D E   JQXJRNA3L IPOLITIQUK V' DE J I " ~vV 'l '.i'.'f - ' -* Tètn. 1. Juillet 1787. ^ ü' O F TER D A M' ohez J". B R ON KHORS T.". M D- C C L X. X X- V. 1:1-  CoadHïms pour F Abonnement. Le Prix de la Soufcription de ce Journal pour 12 Volumes eft de ƒ 9 - d\ffollandèr qu'on paiera en foufcrivanr. On peut s'abonner en tout tems pour rannée complette, & les Volumes déjfc publiés feront donnés aiu Prix de FabonHement. „ Le prix de chaque Volume fera d'un florin de Hollande, pour les perfonnesqui n'auront pas foufcrit. On s'adreffera chez J. Bronkborft Libraire a Rotterdam & chez les principaux Libraires de la Hollande. A Bruxelles chez Collaer, Dujardin, . de Filkbon, de la Haye &c., Libraires. A Hambourg chez Ambroife Daclin „ Libraire pour tout le Nord. On pourra adrefer les diffèrentes pieces fue Pon defireroit faire paroitre dans le Journal Politlcpe de Hollande a 1'Editew,.  J0XJH.NAIL POOTIOU& HISTOIRE, avons, dans le Profpcétus de cc Journal, pris avec le Public 1'engagement de lui mettre fous les yeux la bafe fiir laquelle ejft fondée la Conftitution de la République , & les divërfes entreprifes forrnéi's pour la renverfer, ou pour la confoHder. Afin dc ne rien laiffer a défirer fur uri fujet auffi important, & qui doit fixcr aujourd'hui 1'attentiou de toute Fliurupe , nous remon terons a 1'établiffement des Bataves , & nous ferons connoitre la forme primitive de leur Gouvernement. Nous dirons enfuite quelque chofe de leur état fous la Domination des RoHiains, fous celie des Francs, & de leurs Souveraifts jufqu'aPhilippell. Alors l'exiftencé politique des habitans des PaysBas, connus fous le nom de Provinces torn. I. Juil. 1787, A Unies, D E HOLLANDE.  £ Journal Poütique Unies, prend une forme nouvelle; Ia Tyrannie & la SuperftirJon, ces deux objets de la haine de tout homme libre , font chaffées par une Nation, qni mêrne fous les loix d'un Maftre, avoit toujours eu 1'efclavage en horreur. Un Prince auffi habile que vaillant devient 1'ame de lardvolution & le défenfeur des opprimés; il touchoit au moment de fe voir éïeyé a Ia place du Souverain dont il n'étoit que leRepréïentant, lorsqu'il tomba fous les coups d'un traitre. Héritier de fes talens & de fes dignitös, Maurice undefesfils, fe fignale par des exploits & des cruaute's; les defi cendans direcls ou collatéraux de ce Prince , foutenus d'un grand nom, &dufouvenir des fervices de leurs ancêtres, mettent en ufage tous les moyens d- 1'intnigue, de Ia féduftion & de la violence pour s'emparer d'une autorité prefque iUimïtée. Quelques défenfeurs de la liberté s'oppofent aux entreprifes de 1'ambition; les uns meurent victimes de leur zèle patriotique; d'autres languident dans les prifons , dans 1'exil, ou font privés arbitrairemeiit de leurs plaees, fous le pié-cxte fpécieux & ordinaire du bien public. Enfin les Colons Anglais d$  de Huüande. g de 1'Amerique Septentriona!e, opprimés par leur Métropole en fécouent le joug; cette révolution allure Ie llambeau de la guerre dans les deux mondes; la République reconnoit 1'Indépendance des Américains ; attaquée par 1'Angleterre , elle fait caufe commune contre elle avec Ia France. Ses Navires Marchands privés d'efcorte deviennent Ia proie de 1'ennemi les ordres que donnent fes Chefs font retardés, contrariés, ou violésouvertement. La faine partie de la Nation juftement allarmée de voir fes plus chers intéréts négligés ou trahis, a vouhi remonter a la fource des abus introduits dans 1'admi• niüration du Gouvernement; elle 1'atrouvée dans la trop grande influence du Stadhouder, & dans 1'extinction prefque totale des droits'qui doivent être le partage du citoyen d'un Etat libre. De la les réclamations & les réformes faites depuis fix ans, dela les efforts des amis de la Patrie pour en faire revivre les privileges, dela enfin les tentatives des partifans de 1'Ariftocratie qui feignent pour fe concilier 1'appui de Li populace, de foutenir les intéréts du Stadhouder; dont ils auroient vu 1'abaifA 2 fement  4 Journal Politlqut fement avee joïe, s'ils n'avoient craintde perdre les places lucratives & l'autorit^ ,dont ils jouiflent. Tel eft le Plan de notre travail relativement a la partie hiftorique, divifée en trois .époques: depuis 1'établffement' des Bataves jufqu'a la révolution arrivée fous Philippe II,- depuis cette révolution jufqu'au Stadhoudéiat de Guillaume IV", & depuis ce Prince jufqu'au tcms aftuel. Nous ne nojïs fomtnes point diffimulé la difficulté detraiter cette dernkre époque, & nous favons qu'il eft quelquefois dangereux de dire la vériié, quand elle peut déplaire a des hommes puilfans; mais la crife qu'éprouve Ja Répubüque ne permet pas a celui qui prend la plume d'être retenu par aucun fentimcnt de crainte , furtout quand il choifit pour guide 1'Hiftoirc, & qu'il rend un compte fidele des événemens autérieurs & de ccux qui fe patiënt fons fes yeux, Nous braverons donc le danger que nous ppuvons ccurir, & refpeétant toujours la Religion, les Loix fondamentaies de la Conftitution , (Sc 1'autorité des Souverains, nous croyons obtenir le fuffrage de tous Jes cceurs honnêtcs. Cette récompenfe, 1»  de Hollande. g>' fa' plus precieufe de notre travail, nous 1'outiendra dans la carrière pénible oü nous' entrons, & nous dédomraagera des défagrémens que fans doute nous y rencontrerons. Nous affirmons auffi fans crainte' d'étre dömentis par qui que ce puifie être, que nous ne fommes ftipendiés paraucune perfonne du Parci que nous avons embraffé volontairement &■ en connoiffance de caufe, & que nous n'attendons d'autre prix de eet Ouvrage que celui que le Public y daignera mettre eii 1'honorant de fafaveur. PREMIÈRE EPOQUE. Depuis rétalliffiment des Bataves, jufi gu'a Philippe II. L'origine des Bataves, comme celle de fous les Peuples, fe perd dans la nuit destemps ; on fait qu'ils fortirent de la Germanie, & qu'ils habitoient dans la Heffe,avant leur émigiation. Ce fut environ 160 ans avant 1'Ere Cbrétienne que les Cattes, les Cbérufqües & les Hermondures, peuples de la Germanie, s'uuirent pourchafA 3 fer  6 Journal Politique fff c?2 leur Patrie les Bataves, qui namrellement courageux auroient, malgré la fupffiorfté du nombre de leurs ennemis, pris les ai mes, s'ils n'euOent ctd ddtournés de ce deffnn gd-dreux mais témé.aire par leurs Prétres, qui dans les tems anciens feryoient de coafeii aux Nations du N?rd de 1'Europe. „ Pourquoi vouloir, „ leur dirent-ils, attendre un ënnemi „ trop puuTant & trop nombreux? Vous » t0ffiberez fous fes coups, & vous en„ trainerez dans une pene certaine vos „ femmes & vos enfaris. Prés du rivage >, de ia Merdu Nord, a 1'embouchure du „ Rhm, il eft un Pays inhabiid qui vous y, fournira les reffjurces de la chaffe & „ de la Pêche: c'eft ia qu'ii fttrt rranf„ porter vos Dieux & vos families; vos „ cruels aggrefleurs n'oferont venir vous „ y troubler, & vous vivrez en hommes „ übr.s au licu de moun'r en défefpdrés." Les Bataves fe rendirent a ces fages avis, & envoyercnt queiques uns d'entre eux pmr prendre corjiroiffance de 1'azile indiqué par leurs Prètres, & fur Je rapport de ces députés ils s'cmbarquerent, emportam avec eux tout ce qui compofc ia  de Hollande. f 3a richeiTe des peuples agrefl.es, des armes $ des uftenciles de ménage groliierement travaillés , & quelques beftiaux. lis defï cendirent le Rbin & vinrent fe fixer dans une ile formée par les deux bras de ce fleuve, nommée 1'ile des Bataves, éc depuis BATAVIË : elle comprend une grande partie de la Gueldre acluelle, de la Hollande, & de la Province d'Utrecht. C'efr. de ce Peuple, qui changea de Patrie plutóc que de fubir la 'loi d'un vainqueur, que' les Hollandois tirent leur origine , & nous croyons devoir fixer quelque tems les yeux de nos Leéteurs fur le tableau des mosurs, de Ia Religion , & furtoutdU Gouvernement d'une Natiorr , daflt les d-fccndans ent prouvé tant de fois qti'ils n'avoient point dégénéré de leurs aricétres.' Les Bataves avoient les m<£urs & les vertns des Germains ; 1'amour de Pir,dépendance , 1'horreur du menfonge & dé la perfidie, 1'hofpitalité , la tempérancé fofmoien; leur car.icr.ere; la guerre étoid leur paffion dominante , la chaffe & la pêché leurs amuferacns favoris, & leurs reffources pour fournir h leur fubfiftance.- lis é.oient renommés par leur pruderie?^ la A 4 fo-  § Journal Politrque folidité de leur jugement, & leur franchife ; «ne heureufe pain mé les avoit préfervés de ces bcfoins faétices engendrés par le h xi, enfant de 1'opulence & pere des viccs. L.a dépouïlle des animaux leur fu-voit de vétemens; & des huttes de bois c -uvertes de paille étoient leurs demeures. Ilsne favoient ni Pre, ni écrire, mais ils étoient habiles dans 1'art bicn plus néceffaire pour eux de dompter le:, chevaux, & de trayerfer les Seuves a la nage. Leur bravoure naturelle écoit eucore augmeniée par. la préfeuce Ódescris de leurs femmés & de leurs enfans , qui les excitoient a vaincre ; Lsmeres &les époufes des bkffésfucoientle fang des bïefl'ures pouren hater laguérifon. Envjloppés dans les té;;èbres dü Paganifme les Bataves a 1'cxemple des peuplcs du Nord, a^orjient le Soleil & la Lune; le Feu reccvoit auffi chez eux. les honneurs di.vins, qu'ils accordoient encore a p/lu> Cours Deux, tels que JNJercure & Hercu!e. Leurs Piêires, qui fe mêloient aufli de propl.é'ifer, avoieiu un grand c: é.iit, tfc.bcauco ip d'mliuence dans leGouvernettstat'y on n'èntreprenoit rien d'importaat fa s Iclj eonfiilter, & leurs téponfes. éioient  de Hollande.- $ éiüient régardées comme des Cracks.Chez une Nation qui ne connoiffjit pasde plus grand bien que Ia Liberté , la förme du Gouvernement étoit Démocratique. La Souveraine Puiffance réfideit dans Pafletrf blée générale des Nobles & du Peuple,qui choifilfoient les Rois, les Généraux,. les Juges & les Capitaines auxquels la conduite des afl'aires publiques étoit confiée,Detefhnt le jong de 1'autorité-arbitraire les Bataves quoique gouvernés par les plus'' ilJuftres de leurs Gotripatriotesavoknt grand foin d'évdter 1'ecueil deTariitocratie, & confervoient toujours la puillanre' fuprê-uie a l'aflemblée du Peuple-, dans la-' q.uclle les aOaires nnportantes étoient d-ecidées a 1'unanimité- des voix. 1'Eüte deJa NoblefTe, & les plus babiles d'entre le: Peuple délibéroient fur Iapaix &la Guerre',Öi pour marqué de leur indépendance i 1 s ■ fe-rendoient en armes a Paifemblée ou cha-' cun avoit Ie droit de parler;-'es Patres'* feuls' pouvant impofer filence. Les RoiV &■ les autres, Chefs de la Nation , quand'lé.ur ;1ge, 1'antiquiué de leur race , des ex*-plons guerriers, ou une éoquence per-' luafive les: rendoient recommandablesy, Al 5; étoient  I® Journal PoHtiojte étoient écou-és avec refpcct, & portoierrt la parolc, mais 'pour donner des confeils cc jamais des ordres. Quand la Propofition déplaifok, on la rejettoit par un cri général, & pour 1'accepter on agitoit les lances, Ce qui étoit la plus grande marqué d'applaudiiTement. Dans ces aiTemblées générales on faifuit l'éleftion des Rois chargé, è: eondufrele» Bataves au combat, & quand ils gardoient leur dignité en tems de pais, ils gouyernoient la Nation , mais fans jouir d'un pouvoir arbitraire; le Peuple ayant fur eux plus d'autoriié qu'ils ntn cxercoient fur lui. La NoblelTe du Sang étoit un titre a la dignité Royale, & ceux qui en éroient revêtus ne la pofféJdiettt que pendant une annee, ou tan* quj duroiem les hoffili és; rarement ils ta confervoient toute leur vie. Les Batavesétoient trop prudens, ft trop jaloux d>e leur Liberté, pour laifïér k un Chef Militaire Ie tems d'aftufér de f'on pouvoir paf une longue joirffmee.. Ces Chefs Müi ment, qui par ure heureufc c-omb'inaifbiii vous:préfervoit dès ab'us-de l'An'ftocratie,. dir Defpotifme, & de la Démocratie ! Nous ijiuirions; du plaifir fii doux. pour un amii dfie  de Hollande.. i'S'. de Phumatiité , de vous peindre touj< uk libre & tranquüle au milieu des convulfions politiques , & des révolutions far.glantes qui cbangerent le deltin de tous les Peuples. Mais fi cette fatisfaction nous eit refufée , fi nous fouimes obligës d'oiTrir a nos lectcurs le tableau des guerres que' vous avez foutcnues contre d'es^nnemis étrangers, & celui des divifions inteftincs qui n'ont que trop fouvent troublé votre repos; fi nous avons a vous rejréfénter luttant toujours conté les attentats de la.Tyrannie &del'Ambition , nous n'aurons pas du moins la douleur d'oft'rir Ie fpeclacle de votre aflerviiTement. total. Vous avez fiéchi noblement fous la Puiffance Romaine;.vosvainqueurs&vos Sou* verains n'ont pu vous ddpouiller de vos privileges; le cruel Phiüppe ofa le tenter, vous rompites tous les liens qui vous at* tachoient a lui,, vous. abjunites fon Empire., cc vous repr'tfès les droits de la Li. bertd. Souvenez - vous de ces géhéreux efforts, ne ndgligez pas une occafion qui ne fe préfenteroit plus, confommez un' ouvrage heureufement commencé , que les difficultds ni les perils ne vous ,étonuent, A ? &  I41 J6Urml Politiqice & que nous puifiions en finiffant eet oirvrage v us feliciter d'avoir reconftruit fur des fondemens indbranlables 1'édifice de V..tre véntable Conftitution. Quelques anndes après leut dtabliffemenl fur les bords du Rhin, les Bataves firent alliance avec le Peuple Romain , lorfque fes Lég%ns commanddes par Jules Céfar ayant conquis la Gaule,^ s'approcbcrent du Rhin pour pdrter la guerre dans la Germanie. Ils promirent de joindre leurs annes a celles des Romains, qui de leur cotd' s'engagerent ;\ les traiter en ALLIES & en FR ER ES, fans en exiger aucun tribut. La valeur reconnue des Bataves, ex: lapoMtique de Cdfar qui vouloit ciinnnuer le öbffibre de fes ennemis, ftirent les caufesd'un traitd fi avantageux. Fideles a leur promeffe, les Bataves envoyerent a Cdfar Fëlïte de leurs Soldats, comuiandés par les- plus braves & les plus habiles Chefs de leur Nation. Le Héros Romain leur' dut en partie la conqtitke de 1'Angleterre ,& quand il eut arbotd 1'étendart de la guerre civile , ils 1'aiderent a vaincre Potrrpée, & le fuivirent dans toutes fes expd(feions. Augulïe inilruit de le-ur bravoure- &  de Hollande. 15 cc de leur fidölité, ne crut pas pouvoir mieux confier qu'a eux la garde de fa perfonne, quand il fut parvenu k 1'Empire. Les Monflres qui fous le nom d'Empereurs regnerent a Rome, depuis Augufte jufqu'a. Vefpafien, avoient porté plufieur» atteintes au traité fait avec lej Bataves, & loin d'avoir pour eux les égSïds que méritent des Alliés & des Freres, ils les. avoient révoltés par leurs injuflices écleur Tyrannie. La terreur q.u'infpiroient le» armcs Romaines retint pendant long temp» les Bataves fous le joug, ils le portoient en frémiffant de rage, maisilfalbit un Chef intrépide pour leur perfuader de ïë brilér. Claudius Civilis, forti du fang. des Rois, fut le Héros qui forma le projet d'affranchir fes concitoyens, & d'attaquer les Romains affbiblis par les guerre» civiles toujours renaiiTantes, & difperfés dans des q-uartiers d'hiver. II raffembla dans un bois fr.cré fous prdtexte de leur' donner un feffiti , les prineipaux de la Nation & leur repréTenta qn'il étoit honteux pour un Peuple libre de foüffrir fans fe ▼enger les affronts qu'ils enduroient, il Imx expofa le plan qu'il avoit cóncu, &. cous>  i 6 Journal PolHique tous jurerent de feconder fes efforts. CU vilis engagea les Peuples voifms dans fonparti, écrivit a huit cohortcs Bataves quiétoient dans 1'Armée Romaiae de venir joindre leurs Compatriottes , & tous fondjrent fur deux Camps .des Romains & lesbrulerent. Ils gagnerent enfuite fur les nièmes enncmis une bataille qui leur mé-rita prrmi les. Germains & les Gaulois le titre de Reftamateurs de la Liberté; muis la vicioire paffa du có'té'des. Romains, &: Civilis fut obligé de fuir vers Ie Rhin, pü le Vainqueur le pourfmvit.- Un terrein marécageux s'bppofoit aux eff r:s de la Cavalerie Rotnaine, & le fantaflin armé-' trop pefament ne pouVöit pénétrer qu'avecp'eine jufqu'a la retraite des Bataves.- Un des leurs eut la UVcheté de paffer du có't£ de i'ennemi, & lui décöuvrlt un endruit, dout le fol avoit afféz de conftdance pour' fupporter le poids de la Cavalerie.- Ce' transfuge , ihdigne du nom d'hotnme libre fervit de guidè a quelques Efcadrons,. qui diargerent les Bataves , & les taillerent en pieces.- Civilis, trahi par la fortnne, ne fut plus un Héros aux yeux dè' fes Compatriotesj les plaintes & les re-I ' gfuCues>;  (fe Hollande. procbes- s'éleverent de toutes parts contre lui; on 1'accufoit d'avoir entraind !a Nation dans une guerre malheureufe pour contenter fa vengeance perfonelle. Ceux qui pendant le cours de fes victoires lui avoient déféré les titres les plus glorieux ne le nommoient que l*ennetni defaPatrie* Superieur a tous les revers du fort, & a1'injuflice des hommes, Civilisobtintp^ut* fa Nation un paix honorable; elle conferva le titre d'Alliée & d'Amie du Peuple Romain, & ne fut fujette a aucun tribut.. Nous nous fommes permis cette digreffiou pour rappeller a la mémoire de nos leéteursle ïiom d'un Héros, auffi fameux par fa vaieur que par fon Patriotifme, & dont l'illuflre Famile de Wajfenaar fe fairgloire. de tiper fon origine, qu'elle n'a point dé.-: mentie. Dans les AmbalTades , dans les armées, dans les affemblées fouveraines ,• le ; dignps defcendans de Civilis', ont foutenu 1'honneur de ce grand nom ,. & lesvra's interets de leur Pa'rie. Nous avons cru devöii aulit prouver que fans un traitre la difcipline Militaire &. le nombre auroient échoué devant la vaieur, foutenuepar 1'euihoufiafme de rindependance. II. ne  18 Journal Politique ne faut a 1'homme libre que des arme» pour vaincre des mercénaires foudoyés par Ia Tyrannic: les colones de PAméri. que Septentrionale ont donné a Saratoga la preuve de cette vcrité , qui doit être gravée dans le creur d'un vrai Républicain. Dechfré par les gucrres civiles dontSylla & Marius avoient donné !e funefte fignal , 1'Empire Romain , gouverné par desTyrans imbécilles débauchés & cruels Penchoit vers Pa ruine, & fea Peuples dj Nord, dont le fer étoit la feule richeiTe fond.rent fur ce Coloffe que le luxe avoit énervé. Entre ces Nations que les Romains nommoient Barbares, les Francs fe drithiguoient par leur intrépidité; ils furent les premiers qui attaquerent, vers le milieu du troifieme fiecle, les Provinces fituécs prés de 1'etoïbouchure du Rhin, & qui étoient alliées de 1'Empire, ou Soumifes a fes Loix. Ils trrent une irruption dans 1'tle des Bataves & s'y établirent: Conftance Chlore réuffit a les en chafler, mais après la mort de ce Prince ïfs fundi' rent fur la Gaule que Confhntin , furBommé depuis le Grand , les forca d'a- ban-  de Hollande. jp bandonner. Les Saliens , autre Peuple d'AUemagne, chaffé de la Franconie par leurs voifins les Saxons, vinrent defcendre dans 1'ile des Bataves, & dans U Zélande. Le fameux Julien connu fous le nom d'Apoftat, les y vint attaquer p?.r mer & .par terre; ils fe rendirent a lui fans réfiftance, & ce Prinee leur accorda quelques ter-res dans le Pays des Bataves, mais ils en furent chalTés par les Quades' que les Saxons avoient aufli contraints d'ab.indonner leur Patrie, & qui srétablirent dans les environs de Nymégue. Ce mélange de Nations fit perdre infenfiblement a la Batavie fon ancien nom, qui pourtant s'eft perpétué jusqu'a nous par celui de Betuwe que CGüfcrvc itüe netïte partie de l'fle formée par les deux bras du Rhin. Les Bataves conferverent cependmt encore'leur nom jufqu'au commencement du cinquieme fiecle. On trouve dans ce tems la première conftitution Ré* pu ilicatne dans les Provinces , connues aüjoürd'hui fous les noms de Brabant,. Flandre, Hollande & Zélande. Les habitans de ces Provinces qu'on appelloit Artnöriques, a caufe de leur fituation au- près  «> Journal Poli'ïque prés de la mer, déftspérés de fe voirinon-des par un déïuge de Barbares coutre lesquels les Empereurs , occupés par des guerres civiles ou des disputes Théologiques, ne pouvoient les défendre, chafferent les juges & les Officiers Rómains , & s'unirent enfemble pour la dëfenfe commune. Les chroniques de ce tems ont négligé de nous apprëndre le nom de celui, qui le premier concut le fublime projet d'aflranchir fes compalriotes du joug. des Romains , & nous ignorons auffi la véritable forme de gouvernement qu'avoitadopté la nouvelle République ; on fait feulement qu'ils étoient indépendans de1'Empire, & qu'ils ne fuivoient que les loix qu'ils avoient- fair.es, Ils ne confer-verent pas fans doute longtems cette indépendance , puisque nous voyons que Clodion Chef ou Roi des Francs avoit étendu fon autorité jusques dans la Batavie OÜ ces Peuples s'étoient établis depuis longtems. C'.lt k cette Epoque que le nom de Batave fe perd, & que la Nation q.ii le portoit de trouve coufondue avcc les Francs, les Romains, & les Saxqns. Mais quoique cette Nation ait fubi le fort-  de Hollands. sï fort de tant d'autres qui ont disparu, ks habitans des Provinces Unies fe font gloire d'en fortir, ils font jaloux d'en confereer le nom, qu'ils ne prononcent qu'avec refpeft. Tel eft 1'empire du courage .& des vertns, il ne peut être andanti que par la deftruction totale du globe. Après la ruine de 1'Empire Romain dans 1'occident, Clovis , Roi des Francs , fe rendit maitre de la Gaule, & fonda k Royaume qui potte le nom de France. Sous ce Prince & fes fucccffeurs , jusqu'au regne de Dagobert , les habitans des Provinces qui compofent aujourd'hui la Rdpubliqne furent foumis aux Francois, ou fe révolterent contre eux, felon ks circonftances, la force ou la foibksfe des uns & des autres. Dagobert afliegea & prit Utrecht, y fit b.ltir une Eglife , & une Douane pour la perceptioa des droits fur les marchandifes qui venorent par k Rhin. Ce Prince fut auffi k premier qui nomma des Ducs, des Comtes , & d'autres Miniftres d'Etat pour gouverner k Pays en fon abfence. Ou ne peut donc pas douter que les Rois Francois de la première race n'aient été- Sou-  £2 Jour ral Polhique Souverairis des Provinces Unies;*Je lang de leurs fujets s'efl: mélé avec celui des habitans , ils ent une origine* commune, cc malgré les clameurs & les inveclives des Partifans outrés de 1'Angleterre , les Francais plus qu'aucune autre Nation, font les alliés naturels de la Rdpublique. Si d'un cóté 1'ambition, 1'intrigue, unefaulTepolitique , fi de 1'autre un excès de vengeance & de fierté ont quelque fois rompu les liens qui devoient unir fans retour les deux Pcuples, une heureufe alliance les a refferrés, & nous efpérons qu'ils ne feront jamais brifés. Les Frifons, les Saxons & les autres Peuples qui habitoierit dans 1'ancien Pnys des Bataves, encouragés par la foiblefie des Rois fainéans., fucéèjfleurs de Dagobert, avoient feêoüé le joug de la Dorniüation Francaife, mais en 692 Pepia le Gros, Mafte du Palais attaqua ces Peuples avec une püiffante arrfiée, & gagna fur eux une bataille décifive. Radboud leur Chef envoya des Airbaffadeurs a Pépm pour lui demander, la Paix, qu'il leur accorda, fous condition de payer tribut & de ïeconr.ükre la Souverainete des Rois de  de Hollande. 8j tle France. Quelque tems après les Frifons, impatiens du jong , & refufant d'ouvrir les yeux a la lumiere dc PEvanpjle , conduits par le mê ne Radboud firent une incurfion fur les Frontieres de 1'Empire Francais. Pepin fortdit fine eux , & les défit dans un fanglant co rabat., auprès du Rhin, aux environs de Duurfiede; le vainqueur fit uu rietje butin , & s'empara d'Utrecht. Un traité fuivit encore cette guerre, & Grimoald, fecond fils de Pepin, époufa ïheudefinde , fiille de Radboud. Grimoald afialliné. a Liege dans 1'Eglife de St. Larobert, par ordre de fon époufe & de fon beau pere, &, une nouvelle révolte de ce Roi Prifon, obligerent Charles-Martel a lui déclarer la guerre, mais aprés 1'avoir vaincu il lui accorda la paix a condition quM embrafferoit le Cbriftiariifme. Poppo, fucceircur de Radboud engagea fes fujets dans une nouvelle révolte qui n'eut pas une fuite plus heureufe, que les aiirres tentatives faites par les Frifons pour recouvrer leur Liberté. Charles Martel , vainqueur des Sarrazins, réfolutd'attaquer les Frifons par mer & par terre, il tomba fur eux avec taut de fune, qu'illes miten fuite  54 Journal Polhiqut fuite, les tailla en pieces, & parcourant tout leur Pays, detruifit leur Temples , & brula leurs bois facrés. Leur Roi perdit la vie dans le combat, & ceux quiéehapperent furent obligés de fe foumettre de nouveau a la Domination Francaife. Ou prétend que depuis cette victoire les Frifons furent gouvernés par des Ducs ou Comtes que les Ilois de France nommoient pour les reprefenter. Charlemagne, ce Prince fi fupéricur a fon fiecle, &quin'auroit point d'égal fans la cruauté qui fouilla fes victoires, vint a Nymegue après avoir foumis les Saxons; il y fit batir unraagnifiique Palais, & confirma tous les dons accordés par fes prëdéceffeurs a 1'Eglife d'Utrecht. Un Roi Frifon accompagna Charlemagne dans fon expédition a'Efpagne , & perdit la vie dans le fameux combat de Roncevaux ou 1'arriere-garde du Monar. que Francais fut taillée en piéces. L'éloigne» ment d: ce Prince enhardit les Saxons a la revolte, ils firent une irruption dans la Province appellée aujourd'hui Grcningue; Charles en é;aut hiltruit envoya contre eux une artrée , commandée par trois de fes plus habiles Généraux, & qui fut reu- for  de Hollande. 2j forcé de quelques troupes que fournit un Comte de Frife, nommé Thierri, parent du Monarque Francais, & que les anciens Hiftoriens prétendent être la tige des pre* miers Comtes de Hollande. II eltdumoins certain que les Chroniques atteftent que le premier Comte de Hollande, étoit Prince du fang de-France. Nous avons vu les habitans du Pays connu prefeutement fous le nom de Provinces Unies , changer de Gouvernement, fous les Ronuins, & fous la Domination des Francs. Notre projet dans eet ouvrage étant de rendrc compte des chanaemens arrivés dans la conflitution de ces Peuples, nous croyons devoir arréter qnelque tems le Lecteur fur 1'état oü ils fe trouvoient fous le Regne de Cbarlemagne. Le nom des Bataves, comme nousl'avons dit étoit oublié , celui des autres Peuples qui s'ét lient mê és avec eux avoit fubi le même fort; les Frifons feuls conlérverent le leur, qui fut mème pendant quelques fiecles commun aux habitans des autres Provinces de leur voifinage: le titre de Libres qu'ils poffé loient exclufivement leur valut fans doute eet honneur. Heureux Tm. I. Juil 1787. B s'ils  26" Journal Poütique s'ils avoient toujours comme 1'inefr.imable prix de 1'Indépendance! Eu confervant leur nom, & le Pays qu'ils avoient habité de tems immémorial, les Frifons changerent de mceurs & de Religion. Ils embrafferent le ChriiYianifme qui adoucit leur férocité, Charlemagne inftitua des dcoles publiques oü la jeuneffe recevoit les principes de la Religion, des arts & des fcienccs que ce Prince cultivoit, malgrd les foins du Gouvernement d'un Empire immenfe, & les guerres continuelles qu'il foutint ou qu'il entreprit. Le Commerce ne prit un accroilfement confidérable que fous laDomination des Rois de France de la première ,& de la feconde race. Le gouvernement: du Pays avoit tellement cbangd de forme qu'il eft ndceiT.iire de prendre une jufte notion de celle qu'il avoit au neuvieme Siècle. Dans les anciens tems la PuilTance Souverainerdfidoit dans 1'alTemblée générale de la Nation, qui choifilfoit les Rois, lesGénéraux d'armée & les Juges qu'elle chargeoit de la gouverner, de la défendre, & de terminer les différends qui pouvoient furyenir entre les Membres de la Confédéra- ratioa.  de Hollande. »f 'Tation. Mais quand les Romains fe furent rendus mal tres d'une partie du Pays ; ils en confierent le foin a des Gouverneurs , qui donnoient des loix au Peuple & qui nommoient des Chefs qui leur étoient fubordonnés. Les Francs fe conduifirent de même, & nous avons vu que Dagobert I nomma des Ducs & des Comtes pour gouverner en fon nom. Charlemagne s'étant rendu maJtre de toute la Frife, depuis le Wezer jufqu'a 1'Efcaut, la fit régir par des Officiers qui dépendoient de lui. Quelque fut leur titre, Ducs ou Comtes , on les appelloit Serviteurs du Roi, jufqu'a ce qu'ayant trouvé le moyen de fecouer le joug de cette dépendance, ils s'érigerent en Souverains. Nous verrons cette ufurpation légitimée & le pouvoir des Comtes durer jufqu'a Philippe II; mais alors les Etats des fept Provinces fe déclarerent indépendans; leur Liberté fut reconnue par 1'Efpagne même, & garantie par les autres Puillances , ils font donc les feuls Souverains du Pays, tels que les furent les anciens Anciens Bataves & Frifons , les Romains, les Francs & les Dus ou Comtes^ En conféquence de cette Souveraineté qui  «8 Journal Poliiiqut ne peut leur étre conteftée, les Miniftr^ qui gouvernent en leur nom, quelques tures qu'on leur donne, ne font que les Serviteurs du Souverain, comme ils étoient ceux du Roi, fous la Domination des Monarques Francais de la première & feconde Race. Ces Rois laiffoient quelque •fois aux Peuples la liberté de choifir euxffiêmes leurs Ducs ou Comtes , mais feré■fervant toujours le droit de confirmer ou d'annuller 1'éleélion. Souvent le Fils fuc cédoit au Pere dans ces dignités, mais on en demandoit toujours lapermiffion au Roi, jurqu'a ce qu'elles foient devenues bérédU taires. Le Duc ou Comte recevoit du Souverain une Pateme & des Inltructions .qui lui enjoignoient d'érre fidele au Roi de gonyerner les Peuples felon leurs loix & coutumes particuf eres; de proté >er la Veuve & POiphelin; de punir les malfaiteurs , & de verfer dan; le TréPor Royal Jes impóts de chaque anné* Ildevoitauffi rendre publiquemgnt la jultice, & veillcra ce que les Officiers fubalrernes, Stadhouders ou Lieutenants, & Echevins s'acquitaffent fidelement de leurs fonctions. Les Pucs ou Comtes étoient encore obligés dg  de Hollande. if de convoquerdes affembées de jüfticfr, & d'autiiS p irticulierement deftii éts pour fa.re, en tems de gueire, prendre ks armes aux Vaffaux du Roi. Les autres Aifenblées générales du Peuple telles que ks Germains & les Bataves avoient coutume d'en convoquer, furent abolies par les Francs. On trouve une Loi de la fin dubuitieme fiecle qui défend ces affemblées, a moins qu'elles ne foient convoquées par ordre expres du Roi. Cependant les Rois de France de la ftconde Race affembloient fouvent les Prineipaux de la Nation, & donnoient audience aux Députés des Provinces conquifes & aux Ambaffadeurs des PuiiTances étrangeres. Dans ces aiTemblées nommées champs de Mars ou de Mai, on traitoit de la Paix, de la guerre, & des affaires générales de la Nation.' Les Rois terminoient les différends qui s'étoient élevés entre ks Ducs, Comtes, Pays, ou Villes ; i'.s faifoient de nouvelles Loix, mais a/ec le confentement des principaux de la Nation. Ces affemblées générales , appellées auiïi Cours Plenieres, font 1'origine des P;.rlen,ens de France-, B 3 &  5* Journal Polit ique & des affemblées des Etats dans cette' République. Sous la dominarion des Francs les Ducs ou Comtes gardoient tours emplois toute leur vie , l moins qu'ils ne fuff&nt élevés a de plus hautes dignités, ou que par quelque malverfation ou révolte ils ne s'attiraffent la disgrace du Souverain ; leurs Fils même,comme nous 1'avons remarqué, ne leur" fuccédoient pas toujours. Charles le Chauve ordonne cependant qu'a la mort d'un Comte, dont le fils étoit a la Cour, le Comté feroit gouverné par les plus proches parens du défunt, jusqu'a ce que le Roi eut conféré au fils la dignité duPere; que fi ce fils étoit trop jeune le Comté' feroit gouverné, en fon nom par les mémes' perfonnes ; enfin que fi le Comte mouroit fans laiffer d'enfans males fa place feroit occupée provifioneilement, par un des premiers Seigneurs du Pays, jusqu'a ce que le Roi eüt fait connaitre fa volonté , foit en confirmant le Régent ad interim, foit, en nommant un nonveau. Comte. Ainfi la dignité de Duc ou de Comte qui dans fon origine avoit été élective , devint héréditaire. Saus dotre dans  de Hollande. 31 dans les commencemens les Comtes demanderent au Spi.'verain la permiffion de laifief leurs fi'efs & leurs dignités a leurs héritiers; mais enfuite ils en dispoferent fans attendre cette permiffion , même fans la demander. La juftice dans les Villes étoit adminiftrée par des Baillis & des Echevins que les Comtes ou leurs Stad' houders choifi ioient. Ou trouve en Frife, au commencement du treizieme fiecle, dés confeillers & des jurés que le Peuple choiliflbit pour faire la fonétion de juges; Environ vers le même tems il y avoit auffi dans la Weft-Frife des anciens , ou Vroedfcha^pen , dont on prenoit les avis dans les alfaires importautes ; dans les plus anciennes villes, telles qu' Utrecht, le gouvernement municipal, & la juflice étoient entre les mains du Bailli & des Echevins; les Baillis repréfentoient le Comte, en fon abfence, & vraifemblablement ils tenoient de lui leur place aihfi que les Echevins. Ces détails fur la conflitution du Pays dans ces tems prouvent que i'autorité des Comtes n'étoit 0riginairement que repréfentative de celle du Souverain, & que les citoyens de pluB 4 fieurs  3* Journal Politiqut fieurs villes avoient confervé le droit de choifir ceux qui dcvoient les gouvernér ïes juger ou les aider de leurs confeils' Sous I'empire despotique de Charlemagne , le peuple des Pays Bas gardoit encore qudque influence dans ce qui concernoit' le gouvernement particulier des villes; pourquoi donc aujourd'hui' vovons nous une faérion Ariftocratique vouloir priver des Citoyens d'un Ktat libre, du droit de prononcer fur le choix des perfónnes ebargées du dépot précieux de la Liberté? pnirquoi des Ambitieux veulent ils fe montrer plus injuftes que ne ie furent les Francs & les autres conquerans barbares de ce Pays , & qui pouvoient Ie glaive a la main couper jusqu'a la racine les privileges de la Nation vaincue.. Nous le répéterons encore ici ; depuis que la République ett reconnue indépendante la Souveraineté réfiJe dans le PeuP'e, & ceux qui gouverncnt FEtat, ne font que fes Rep-éléntaus. On ne croira prs, fans doute , que nous confondions la Populace avec le Peuple, & que nous voulions infinuer que la République des Provinces Units doive être la proie d'u.  de Hollande. 33 d'uneDémocratie effrénée; ce feroit avancer un principe aufii abfurde que dangereux. La voix du Peuple n'eft Pimage de celle de Dieu que quand elle eft d'accord avec le vrais intéréts de la Patrïe , qui dans un Ëtat libre ne furent jamais de laiiTer 1'autorité entre les mains d'un petit nombre de Régens , ou d'un Miriifirè Univerfel, qui difpofant de toutes les charges honorifiques' & luc'ratives, eft certain d'attirer a fort' p'arti les ames' ambitieufes & intércffées,' qui malheureufement en tout pays ne font;que trop faciles a rencontrer. Nous hui-' r&rïs' ces réflexions par une qui nous fem-' ble' importante' ; la première fois qu'ori tröuve dans FHiftoire le titre de Stadhou-" der, il défigne un Lieutenant du'Comte;» qui lui-même n'étoit que le RêpréleritanÉ du Souverain. Nous'verrons dans la fuite1' par quel moven le pouvoir des Stadhouders' s'eft ac'cru, &' comment ce titre efï" devenu prefque fynonime a celui de Roi.' Les' anciens Ecrivains" placent en 863'! 1'érectiöil de la Próvince de Hollande eri' Comté, iïs prétendent qu'nn Prince nommé'Thiérti' recut d'un des fuccelfeurs'dé'" Charlemagne' le 'titrè de Comte dè Hollande" pbïïi? avoir defendu" le Pays coinre'less . JL3r 5- s Noii*  34 Journal Politique ! Normaria's. Si 1'anecdote eft vraie le fervice méritoit la récompenre. On trouveauffi dans les Chroniques que Louis, dernier fils de 1'Empereur Louis le Déboanaire, fit préfent au Comte Tbierri d'une' Foröt avec toutes fes dépendances, fituéeJ felon quelques Auteurs dans les environsde Dordrecht, Villa qui fut long tems la dëmeure des Comtes de Hollande. Cependant le Princereconnu pourpremier Comtede Hollande vivoit en 898, & fenommoit saiffi Thierri; l'Hiïtoire lui donne le titrede Comte de Hollande, quoiqu'il ne pofmtt qu'unepartie de cette Province ,. qui même dans ce tems ne portoit pas encorele nom fous lequel elle elt connue aujóurd'hui.. II ne faut pas douter que ces donsn'aient é;é. faits avec la réferve de foi & hommage envers le Seigneur Suzerain, & que le premier Comte de Hollande n'ait été Vaffal du Roi de France qui le décora de ce titre ; mais la foibleflé des fucccfleurs, de Charlemagne, &' lé partage de fon valfe Empire, dimi-nuerent la crainté de Pautorité. Souveraine.. Les Ducs &:le8 Comteserr.fecouereut p.eu a.peu le joug, & fe dé-daicreac enfuite indep.:ndans... Les inva-  de Hollande. 35 fions fréquentes desDanois ouNjrmands, & les guerres fanglantès que fe faifoient les Rois, les empêcherent de réprimer ces ufurpations, que le tems rendit légitimes. • Telle eft 1'origine de ces Souverainetés qui fubfiftent encore dans l'Allenngnc & dans' 1'Italie. Depuis la fin du neuvieme fiecle,* jufqu'au commencement dutreizieme, Fhi*" ftoire ne nous offre rien de relatif au plair de notre ouvrage. II ne paroit pas que les' Comtes aient rien changé a la Conftitu-~ tion, & ce filence des Hiftoriens nous autorife a croire que les habitans jouilfoient'plus ou moins des privileges que le Monar-' ques Francois leur'avoient laiffés. Nuus^ trouvons qit'en 1203, Thierri VII m lurut fans poflérité mafculine , ne laiffant qu'une " fille nonimée Ada que fa merc' fit époufer ' a un Comt'e de Loon n'ommé Louis, ef-' pérant qu'elle hériteroif- du Comte de Hol-' lande.- Mais les Nobles de cette Province' renverferent 1'ordre de la Succefiion, & p'arvinrent a donner Ia Souverarneté aGnil- ' laume, frere du défunt: Ce changement' qu'ils opererent prouve qu'elle étuiralors* leur1 influence, & neus croyoiis qu'il ne* fera: pas inutile de placer ici quelques ré-~ B'6J cher'^  55 Journal Polit iquc cherches fur ''origine de1 I'ordre des Nobles, qui CDiiferve encore aujourd'hui,, malgrd la Conftitution Pvépublicaine, Ia: prérogative- de préfiler aux Affemblées. Provinciale?, &] d'y voter avec les députës des Villes.- Suivant les plus anciens Ecrivairs quP önt parlé de 1'Etat de ce Pays , les habitansformereut toujours deux Claffes, celle desNobles, & celle du Peuple. Les Nobles. étoient illuftres foit par les-emplois ou les terres qu'ils- pefféloient, foit par 1'antiquité de la race dont ils-fortoient, Tels furent Claudius Civilis, Verritus, Malorix, & plufieurs-autres, chez ks anciens Bataves & Frifons. Dans des temps poflérieurs' les-Saxons étoient partagés en "trois claffes; les- Nobles, les Hommes Libres-,. & lesSerfs.. Les mêmcs-différences exilTerent dans- la Frife, quand cette Province comprenoit tout lePays qui s'étend depuis le-Wezer jufqu'a 1'El'caut: les Loix Frifbnnes qui furent en vigueur jufqu'au tems; de Charlemagne s'exp' quent clairement k eet: égard:. Depuis ce tems jufqu'a celui drmt nouspirl- ns 'ei roéinesdéu- minatio s iuKfilièrent j.mats le nombre des\rfs dimt-- BliS,.  de Hollande.- 37- mia. Ce fut un des avantages que produifit la manie des Croifadesr, les Sei* gneurs pour fubvenir aux dépenfes qu'exigeoit le voyage d'outre mer vendoient la liberté a leur* ferfs, & 1'humanité rentra dans fes droits, ou du moins en recouvra un partie. Les Nobles- furent aulïï dansces temps décorésde 1'Ordre deChevalerie par les Prince-s Eccléfiaftiques ou Séculiers: eet ordre obligeoit k- répandre fon fang pour la Foi, pour la défenfe desVeuves,des Orphelins , & de 1'innocence opprimée. Ges anciens Chevaliers avoient beaucoup de 'reflémblance avec ces aventuriersfi connus dans les Romans fous le nom de Chevaliers errans. Les Gentilshommes qui avoient été-recus Chevaliers portoient feuls le titre de Seigneurs, les-autres ne pre» rioient que celui-d'Ecuyers» Les Souvee rains donnoient aux Nobles des terres en' fiefs-, foit pour récompenfe des fervices qu'ils en avoient recus a la guerre, fok pour les attacher a leurs intéréts,- mais fi les-Nobk-s refufoient de fecourir leur Seigneur Suzerain, ou fe rendoient coupables envers lui du crime de-félonie,, leurs- fiefs' étöient confifqués. II arriva fouvent-auflï que.'  1 3§ Journal Po lid que' que les Nobles, pour fe concilier lesbonnes graces ou s'afTurer de la protection desComtes, leur donnoient les terres qu'ils poffcdoient en propriété, pour les tenir enfuite de ces Princes a titre de fief. Les Nobles habitoient ord;nairement des cM* teaux fortifiés que les Comtes leur don-noient Ia permitTion de tp»ftriiiré-, & au tour desquels demeuroient les Domeftiqnes & les Vaffaux de ces Seigneurs. II s'éta-bliflbif encore autour de ces chiteaóx des' hommes libres, qui dcfrichoïentles terreins' incultes , & qui vivoient fous'la proteétjon' de la Fortetefle. Ces établifll-mens s'ac crurent infenflblement, & formerent des" Villages-, & même des Villes, que les■ propriétaires des cbareaux gouvernerentr avec la permiiTton des Comtes ; ces'établif'fèmens furent appellées Seigneuries, & prirent le nom du Cnüteau fous Ia protection duquel ils avoient été formés. Quelques-unes de ces Seigneuries ne relevoient ' pas des Comtes & la Juflice y étoit exercée au nom du poffeiTeur', mais dans les^ Fiefs donnés par les Comtes , ces Princesy exercoient la juftice, fnrtout la criminelle, par eux mêmes oü par leurs Baillis;-  de Hollande.- 35P Tel étoit dans ce Pays PËtat des Nobles , dont 1'autorité s'accrut en proportion des fecours qu'ils fourniffoient aux Com-tes en tems de guerre.- II paruit que du tems des premiers Comtes, chaque Noble g-ouvernoit les habitans de fa Seigneurie, mais fous 1'autorité du Comte, qui étoit refponfable en vers les Princes Francs ou Allemaucis de la maniere dont la juftice s-'adminiitroit.- Le Gouvernement général du Pays, le droit de faire la guerre ou la; paix, & celui d'établlr des impots, appartenoient fans dóute aux Comtes, mais \\' eft auffi trés vraifemblable que dès les premiers tems , ils avoient auprès d'eux un Confeil compofé de Nobles du Pays , comme" il n'eft. pas polftble de douter qu'ils etr aient eu dans des tems plus modernes. Les; Comtes de Hollande ayant foutenu prefque continitellement'contre les Evéques ■ d'Utrecht ,~les Comtes de Flandre & les; Sbuverains' du Brabant , de longues cV cruelles guerres , oü Faffiftance & les confèils de leurs ValTaux leur furent de laplus' grande importance; ces Princes récómpen-ferent;de tels fervices par des conceffions,; dè-dómaines-v & des :augmèntations de Pri-- vi--  4ö Journal Politïque viJcgcs. h Mefure qü'è les Nobles devinrent plus intérèïfés a la confervation & 3 la defeöfe du Pays, ilss'immifcerent da: Vantage dans le Gouvernement, & léur cönfentement fut indifpenfable pour entreprendre un guerre. Us étoient auffi garants ,ou Pietges des traités de Paix, & les S .uverains étrangers avoient plus de cönfiancé dans la garantie du corps des Nobles, què dans la promcfïe des Comtes. Tel étoit le pouvoir & la prépondérance des Nobles Icrsqu'ils entreprifefit de donner au Comte Guillaume la .Souveraineté de la Hollande & de la Zéfapde: Cette derniere Provincè ne lui obëiffoit pas en entier, il en partageoit la Souveraineté avec les Comtes de Flandre, & de concert avec la PrincelTe': Jeanne donna des Privileges & des Ordonrianccs a la Ville de Middelbourg; les deux Souverains jurerent de maïhtènif cés loixinviolablement. Cet ufage de s'obüger par' ferment a conferver les Privileges d'un' Peuple fubfifte encore chez toutes les Na-tlons qui ne font pas foumifes au defpo-tlfrfie le plus abfolns & quand le Souve-' rain viole ce ferment, fes fujets ne lui' doivent'ni fidélité-ni obéillance- óplus forté« ttik  de Hollande. 41 «Sifon dars un Etat Répuhlicain ks Chefs, fes Magi'ftrats', les Minilïres d'Etat qut n'exercent qu'un pouvoir repiefentatifpcuvent & duivent être dépoTés par leurs concitnyens, quand ils en frahifTent les irttérets, pour embraffer ceux d'un parti d» reclement opppfé a la Confiatution & au bonheur de la Patrie. Plufieurs Villes de' la Hollande & de la Zélande reclirent dé nouvelles Loix & obtinrent dé nouveaux Privileges de Guillaume II, qui fut aufli Rni des Romains. C'cft fous FlorentlV, piédécelfeur de ce Prince qu'bn trouve les premières traces de 1'fnquifition dans les Pays-Bas. Cet odieux tribunal, inconnu chez les Nations les plus barbares, doit fon établiflement au Moine Efpagnol Dominique', que PEglife Romaine a mis au rlombre des Saints. L'Ordre qu'il fonda1 fous le nom de Freres Prêcheurs, appellés depuis Dominicains, & les Moines de 1'Or-dre de St. Francois, autorifés par lés Papes recherchoient toutes les perfonnes fufpeétes' d'enfeigner ou de pratiq'uer des nou> veautés en matiere de Foi, condamnoient celles qui en étoient cönvaincues, & lesliwoient ehfuite aux Ju ges féculiers, quL les-  I* Journal Politique les faifoient périr dans les Hammes. Quand'' Une Ville ou une Province étoit infeéïée d'héréfie les Papes faifoient prêch r une Croiiade contre elle, & des milliers de fanatiques s'armoient pour exterminer leurs freres avec Ia même fureur qui les avoit guidés dans les charnps de la Paleftine contre les Infideles. Le Domiiiicain Conrad de Marpurg, Inquifiteur zÖié fe dift ngua dans ce Pays, par fa rigueur & cöndamna au feu plufieurs hérétiques, dont la plói part, felon le témoignage même des EcrÜ vains Eccléfiaftiques, furent condamnés avec tant de précipitation qu'on ne fedon* noit pas le tems de les interroger, nid'entendre leur juftification. Nous nous ferions difpenfés de retracer ces horreu-s, mais elles ont été caufe d'une fi grande révolution dans le Gouvernement de ce Pays, que nous avons cru indifpenfable d'en indiquer 1'origine. On Verra Philippe II faire nllumer les buchers de 1'Inquifition, & perdre fépt Provinces par la cruelle' & fuperftitieufe obïfihation de ne voulöir fbuffrir aucun hér tique dans fes Etats.Etrange prétention de ce Monarqae, qui maltre de la plus grande partïè de l'Amê- rq. e  ie Hollande. 4S r'ique, comptoit des millions d'Idolatres> au nombre de fes fujets; il eft vrai que, par fes ordres, on les maffacroit pour les convertir. Louis XIV, trompé dans fa^ vielleffe par une cabale bigote , voulut auffi forcer les confciences, & fes Dragonades firent fortir de fon Royaume des mift liers d'hommes induftrieux, qui enrichirent' 1'Etranger des pertes de la France. Triftes effets d'un Defpotifme intolérant. ■ Florent V. fils & fucceffeur de Guillaurrie II. maria fa fille Marguerite au PrinceAlfonfe fils d'Edouard I. Roi d'Angleterre. II fut ftipulé dans les conditions que les jeunes Epoux fuccederoient a Florent & rccevroient 1'hommage des nobles & des habitans des bonnes Villes; maïs ques'ils ne maintenoient pas les Loix & les Privileges du Pays, tout ce qui étoit promis par le Traité feroit regardé comme nul.- Cette condition , qui prouve que les habitans des villes avoient dès ce tems part'au gouvernement, fuffiroit pour immortalifer Florent V. il ne penfoit pas comme tant de Princes qui regardent leurs fujets comme des Esclaves, ou qui vculent-s'élever audesfus de leurs Maitres. Ce  44 Journal PoUtique Ce fut fóus'fon regne que Ia Province deHollande qui relevoit du Brabant, a-eaufe de Ia- ville de Dort & de quelques tenitoires aux environs fut délivrée de cetteVaffdhé, ie 13. Avril w?3, Florent fitavec Philippe le Bel, Roi de-France une Alhance, qui deplut a Edouard Roid'Augleterre au point qu'il menaca le Cpmte de Hollande de retenir fon fils Jean & de le mettre en prifon , fi le traité avec la France n'étoit pas rompu.- Le Comte répondit qu'il ne pouvoit ni ne vouloit rien ehanger aux mefuns qu'il avoit prifes, & qu'Ëdouard étoit maitre de traiter fon fils, comme il lui plairoit. Le Roi d'Angleterre irrité d'une réponfe fi ferme, réfolut de mettre"en ufage Ia rufe &" la violence pour avoir le Comte en fa puilTance. Pour y réuffir il fomeuta la mésintelligenc-e qui fubfiftoit depuis quelque tems entre Florent &■ plufieurs feigneurs de Hollande, qui tinrent confeil a Berg-op-Zooin & a Gatnbrai, fur les moyens qu'ils cmploiroient pour fe faifir de leur Sou verain & 1'envoyer en Anglete.re pour y finir fes jours dans les fers. Tel fut 1'engagement qu'us p.ireut en préfence de 1'Evêque de Dur--  Je Hollande. - 45 "Pu"ham , envoyé par Edounrd pour fe concilier avec eux, mais les fcélé'ats avoient réfdu d'aifaffiner Florent, & quelqiKS auteurs ont foupconné même qu' Edoüard r/'ignoroit-pas ce perfide complot. Les eóhjurés ièignircnt de vouloir fe réconcilier avec le Comte, qui !es recut en grr.ce, & jugeant de leurs cceurs par le fien , d >nna dans Utrecht un feltin k ces jtraitrfcs pour feller la réconciliation. Après le repas Florent s'endormit, & les conjures profiterent de fon fommeil pour affurer le fuccès de leur attenrat; lorsque » toutes leurs mefures -furent concertées, un d'entre eux vint eVeiUer le Comte & lui propofa une partie de chaffe que le Prince, amateur de eet exereice, accepta volontiers. Etant arrivé au rendez-vous, il fut entouré de plufietirs conjurés, qu'il falua trés honr.êtement, mais un d'eux, faififfsnt la bride de fon cheval, lui annonca qu'il étoit leur pri fon nier; un autre lui enleva le faucon qu'il portoit au poing. Le Comte prit d'abord eet anentat pour une plaifanterie que ces feigneurs fe permettoient, mais on lui déclara qu'il ne reverröit plus la Hollande; alors 1! j or-» tg  40* Journal Politique ta Ia main fur fon Epée, mais un descon-jurés qui avoit déja tiré la fienne, le menaca de lui óter la vie , s'il faifoit lamoiudre réfiftance. La nouvelle de cette pcrfidie s'étant répandue, les habitans des villes & de la Campagne prirent lesarm'es, cc fe mirent a la puurfuite des conjuics qui avoient mené leur prifonrier dans un ebateau fitué pres'dn Zuiderse, afin de pouvoir conduire le Comte en Angieterre. Le Chatem fut bientót entouré de maniere qu'il n'etoit pas poïüblc de faire embarquer Florent, ni de le conduirc par terre en Brabant., ni en Flandre; & 'les -conjurés prirent un chemin détourné pour fe rendre aNaarden avec 1'infortuné Comte lié fur un cheval. Un d'eux, nomiW Velzen, ayant pris les devants rencontra une troupe d'habitans de Naarden aux quels il demanda ce qu'ils vouloient. que vous nous rendiez notre Comte repondirent ils. Velzen retourna vers les fiens, a toute bride, cc tint avec eux un c'onfeil, dont le réfultat fut que ne pouvant rdfifïer a la foule qui venoit de tous cótés, & ne voulant pas leur livrer le Comte en vie, il falloit s'en défaire par un aflas-  ,de Hollande. ^ aiTaiTmat. Velzen, fans attendre même que la réfolution fut unanime, courut fur le Comte, & prenant fon épée a deux mains , la kva pour lui abattre la tête; mais le cheval qui portoit le malheureux Florent, épouvainé par 1'adtion de Velzen, fauta dans un foffé, & le coup ne porta que fur les mains du prifonnier, qui étant liées en furent abattues. Le JMcurtrier mit pied a terre, fe jetta fur le Comte & lui porta plufieurs coups; les autres Conjures eurent la baflidfe de 1'imiter & Florent mourut après avoirreeu plus de vingt bleiTures. Les braves habitans de Naarden arriverent trop tard , & trouverent leur Souverain nageant dans fon fang, & rendant les derniers foupirs; ils ne ptirent dans 1'inftant venger fa mort que par celle de deux Valets des meurtriers qui s'acharnoient encore a frapper le Prince expirant. Les alT.üTms, aufli !aches que féroces, avoient pris la fuite; - Velzen fe renferma dans le Chateau de Kronenburg, s'y croyant en fureté , Woerden quitta le Pays pour n'y jamais reparaitre, Amflel choiftt avec quelques uns des fiens la Pruflè pour fon azile. Sans doute  4'8 Journal Politique doute cette Province étoit alors déferte, ou ils habitans vivoient fans loix & fans Chef: nous l.e fuppofons du moins, puifqu >1 s'y flxa, & nous ne croyons pas que da; s aucun ten s une Nation ou un Prince fe foit deshonoré en donnant azile aux meurtïieurs de leurs S uverams , ou a leurs Complices. 'Un pareil mépris des Lor? Ls plus facrées, fuffiroit pour ternir la ghiiie du Prince qui s'en feroit renducoupable , & les plus grande* quaht^s , Ie courage le plus héroïque, ne pourroient efl'acer cette tache aux yeux de la poPérité. Telle fut la fin tragique de Florent V qui furp: fia tous fesprétléceffeursenpu flknce, & qui le premier joignit au titre de Comte de Hollande c ux de Comte de Zélande , & de Seigneur de Frife. L'am ur du Peuple qu'il mérita par les Privileges qu'il I«| accorda, le f mint long tems con re la haine des Nobles, mais ne piu Ie fauvér de leur Barbarie. Sa mort fut vengée par 1< fuppliee de Velgen & de quelques autres qui furent obligés de rendre le chateau de Kronenburg qu'ils ne ponvoient plus défendre. Le Comte de Cleves av it demandé qu'ils lui fulfent congés, mais les Frifons  de 'Hollande. ^ ïbns & les Hollandois menacerent de-tiier, fans diftinétion de rang ni de qualité, qui* conque refuferoit de leur livrer les meurtriers. Velzen donc expia fon crime par le fupplice de la roue, & les autres furent punis de même en divers endroits de k Province; quatre des conjurés, plus heureux quoique non moins eoupables, entre lefquels l'Hiftoire nomme Benskoop & Van Tellingen furent fauvés par le Comte de Cleves , qui les fitconduire dans fes Etats. Nous fommes entrés dans quelques détails au fujet de ce déteftable auentat, commis par ceux qui devroient donuer au Peuple 1'exemple des vernis & du Patriotifme, mais qui n'ont que. irop fouvent prouvé que la Noblefle du fang dont ils font ft vains, ne s'allie pas toujours avec celle des fentimens, bien préférabie a Fautre, .pur effet du bazard de la naiffance. La haine d'Edouard eontre Florent, -première caufe de eet horrible attentat, fut auiTi le funefte préfage des maux.que devoit occafionner a la Hollande fes allianccs avec 1'Angleterre.; elle en recueille encore aujourd'hui les triites fruits. PuüTe-t-elle ne flus gemir fous. le joug decettePuiffau.ee, Tom. I. Juli 1787. C 4c  <(o • Journal Politiqu: & triompher d'une cabale qui depuis deux fiecles cherche fa perte! Nous en dirons davantage quand 1'Hiftoire nous en fouruira 1'occafion. Après la mort de Florent le Roi d'Angleterre eut la Politique de ne donner azile' a aucun des Conjurés, il témoigna la plus grande horreur de leur crime dont il profnoit, & ne négligea rien pour procurer au Prince Jean, fils du défunt, la dignité de fon pere. II envoya des Députés pour demander qu'on fit partir pour 1'Angleterre, au moins trois Nobles de chaque Province, & deux Bourgco:s de chaque Ville, pour reconnoïtre le jeune Prince Comte de Hollande, pour 1'accompliffement de fon mariage, pour confirmer le traité fait long temps avant avec Ie Comte Florent , & . traiter des affaires du Pays. La Lettre de Créance des Ambaffadeurs Anglois étoit adreffée aux Chevaliers-Bannerets, Nobles, Echevins, Bourgeois & habitans des Comtes & Pays de Hollande, Zélande, Frife&c' Larépunfe d'Edouard a la Lettre qu'on lui avoit écrite pour Pinformer de la mort du Comte, étoit adreffée aux Echevins, Bourgemai- fres  de Hollande. ^ tres, & h toute la Bourgeolfie de Dort, « celle de Zélande & aux Bourgeois de Zierikzee. On voit clairement que dèslors la Bourgeoifie, mènje fous des Souverains héréditaires , avoit p.irt au Gouvernement. & garantiiToit les alliances & les traites avec les Puiffances étrangeres. Mais Edouard, en paroiffant embraiTer les i.itérêts de fon gendre, ne travailloit que pour lui: après la conclufion du Mariage ü fit jurer au jeune Prince, qu'il choifiroit a fon arrivée en Hollande Ferrer df Havering pour fes Confeillers fecrets, & qu'il ne feroit rien contre leurs avis fans en avoir obtenu la permiffion de fon beau pere, qui fe trouva feul mattre dansles Etats de Jean. Politique toujours fuivie par les Rois d'Angleterre quand ils ont donné leurs filles aux Stadhouders, Politique qui Jeur a réuffi jufqu'a la guerre d'Amerique , & qai vient ^nma. u flambeau de la guerre civile. Nous trouvons fous le regne du Comte Jean, un exemple des violeuces oü peut fe laiffer entrainer un Prince aveuglé par d'indignes favoris. Wolferd van Borftekn s'étoit emparé de 1'efprit du jeune •€ 4 Comte  .5* -Journal Politiqut Comte dont il obtenoit toutes les graces, & dirigeoit toutes les a&ions; il devint odieux au Peuple & fa perte fut jurée, furtout pour avoir altéré lamonnoie. Une nouvelle injuftice de ce Miniftre ambitieux mit le comble a la haine générale , & caufa fa perte. Dort avoit, commeplufieurs autres Villes, obtenu du Roi Guillaume , Comte de Hollande, le privilege que les crimes commis dans fon enceinte ne pourroient êtrejugés que par fes Echevins , fans aucun appel, felon le droit dont avoient joui leurs Prédéceffeurs. Aloud que Wolferd avoit nommé Bailli de la Hollande Méridionale , entreprit >:e violer ce privilege. 11 y avoit dans les prifons de Dort quelques criminels que le Bailli voulut interroger préliminairement; les Echevins penfant que ce droit leur appartenoit voulurent faire, & firent-la première information, & prétendirent enfuite que le Bailli avoit approuvé ce qu'ils avoient fait, quoiqu'il n'en convint pas.Pendant que lesEchevins s'occupoientde la pourfitite de cette affaire, le Comte vint aDort accoropagné VVolferd,qui exigeaqu'on lui remit.dansl'infirant 4out.es les pieces du procés, prétendant  de Hollande. 55' ^u'il étoit du reffort de la juftice du Oomte , de quelque nature que fut le crime dont il s'agiifoit; les Echevins refuferent de livrer les pieces, foutenant que leurs Privileges s'y oppofoient. Wolferd irrité de ce refus, menaca les Echevins de les faire arrêter, & ordonna même a quelques uns d'entre eux de fuivre Ie Comte qui partit de Dort pour fe rendre a la Haye. On penfa dans cette Ville qu'il n'étoit pas prudent de lailTer aller feuls ces Echevins,' qui pour avoir foutenu leurs privileges déplaifoient au f&vori,- on leur afibcia une Députation de la Magiftrature qui fe rendit a la Have auprès du Prince, exccpté Hein & Pauweh qui s'étoient monti és les plus zélés pour le foutien des Privileges. Ils refterent quelque tems a Delft paree que le Comte ne pouvoit rien déciderfans Wolferd, qui n'étoit pas alors a ia Cour. On y manda ces deux Echevins, quifoupconnerent qu'on avoit defléin de leur faire ' un mauvais parti, & fur 1'avis qu'ils recurent que ce foupcon étoit fondé , ilsretournerent k Dort. Le Comte & Wolferd fe r; ndirent peu de tems après a Delft, fans deuce dans le deffein de fe faiftr des deux C 3 Eche*  54 Journal Politiqut Echevins, mais apprenant qu'ils étoient partis,, on porta le diiTérend devant la Magiflrature de Delft , oü la caufe fut foute11 ue avec chaleur de.part & d'autre. Le Bailli offrit de combattre en Champ-clos, contre le Champion que les Echevins de Dort choifiroient pour foutenir leur Droit, mais ceux ci jugerent qu'on ne devoit pas cxpofer des privileges au fuccès d'un combat fingulier. Ce moyen n'ayant pas réuflï Wolferd fit condamner Hein & Pauwels, pour n'avoir pas ofé attendre le Comte; Ia conduite des Echevins fut traitée de rébellion , & Jean partit pour la Haye menacant Dort des effets de' fon indignation. Les Députés de cette Ville ayant donné connoiflance a leur concitoyens des menaces du Cómte, on fe mit en état de défenfe, on nomma quatre Capitaines de la Böurgeoifie, on écrivit a toutes les bonnes Villes de Hollande & de Zélande , pour lés prier de faire caufe commune avec Dort, enfin rien ne fut négligé pour réfiller au Cómte , ou pour micux dire k fon favori. L'effet fuivit bientót la menace & Wolferd fit occuperles environs de Dort pourcoupertoute communication avec la Ville. Le Bailli  de Hollande. §5 Bailli Aloud pofté a Slydrecht dans la maifon de Kraaijeftein avoit 'Barre' la riviere avec une eftacade ,&envoyé pendant lanuit un Navirepour s'approcher de la Ville. Auffitót que les Bourgeois furent avertis de cette entreprife ils coururent aux armcs, & fe rendirent par terre & par' eau de-' vant Kraijenfiein. Le Bailli en étoit abfént, & fe mêlant dans la foule, il eut le' bonheur de n'être point reconnu, mais arrivé devant la maifon, il fit volte face avec quelques unsdesfiens, &attaquales Bourgeois qui le forcerent a fe retirer au dela du Pont-levis. Dans cette attaque le vaillant défenfeur des Privileges de la Ville , Plein fut noyé, fans pouvoir être fauvé Aloud ayant eu le tems de faire lever le: Pont. Les Bourgeois ne voulaut point perdre un tems precieux devant cette maifon , retournercnt a Dort, fans autre perte' que celle du brave Hein, mais il y eut" plufieurs morts du cóté d'Aloud , qui fans' délai fit avertir Wolferd de ce qui venoit de lui arriver. A cette nouvelle le Favori réfolut de fe rendre en Zélande avec le' Comte, & de revenir attaquer Dort avec des troupes. Ce deffein fut découvert'& C 4 les"  i jfö Journal PoUUque les Holiandois ne voulant pas être privés^ de leur Comte, murmurerent hautement contre Wolferd, qui ne fe croyant pas en fureté dans la Haye, en partit, de nuit, emmenant fon Maitre dont il difpofoit a fa volonté. Ne doutant pas qu'on ne fe mlt k fa pourfuite, il fit rompre tous les pouts, & fe rendit en diligence a Schiedam , oü il vouloit s'embarquer pour la Zélande. Le départ du Comte ne pouvant être long-tems fecret caufa dans la Haye une émeute générale, & les habitans excités par les pleurs de la jeune Comteflé, fe rendirent en peu d'heures aFlaardingue; ils y apprirent que Wolferd étoit déjaembarqué , mais que le calme 1'empêcheroit de p mvoir s'éloigner. Pendant que l'air retentiffoit des gémiffemens de ceux qui déploroient la fuite de leur Souverain, les plus hardis montant dans des barques de Pêcheurs, font force de rames , joianent blentót le navire du Comte, & le determinant a revenir. Wolferd fut fait prif,nnier a cöté de fun Mahre, & conduit a Delft en prifon avec fon Epoulè, mais on remit en liberté fon Gendre Van Voorne, q.u.'d avoit. contrtint de le fuivre., & qui avoit.  de Hollande.- 57 avoit eu la fermeté 'de lui dire qu'il romproit tout commerce avec lui, s'il perfiftoit dans le deffein d'enlever le Comte. Ce foible Prince de retour a la Haye ne fit aucun effort pour fauver fon favori de la fureur du Peuple. Celui de Delft qui avoit juré a Wolferd une haine irréconciliable, s'affembla devant la prifon & menaca d'y mettre le feu fi on refufoit de lui üvrer le traitre. Ceux qui étoient dans la prifon , foit qu'ils partageaffent le reflentimeut du Peuple , ou qu'ils en craigniffent la violence, • jettereut a la porte Wolferd déf rmé qui' füt auflitöt percé de mille coups. Peu de tems après Aloud eut le même fort, & les' Pjourgeois de Dort ayant appris la mort de Wolferd , affiegerent lamaifon de Kraaijen ,1 & s'en emparerent; Aloud .& quelques uns ' des ilens furent conduits a Dort, jugés a niort, & exécutés devant la Ville. • Au moment oü nous retracons celté cntreprife de Jean I coutre les privileges de fes fujets, pour foutenir l'injufiice d'uri ! Miniftre, les habitans d'Utrecht font' attaqués parleürCo fouverains, unisaccux" de la Gueldré, pour favorifer 1'ambitiórC «Tuii Stadhouder, & les punir d'avoirèfct?'  5'3 Journal Politiqut bord réclamé leurs privileges ufurpés, & de. les avoir enfuite repris , en deftituant des Magiflrats indignes de leur confiance; Dort menacé fe mit en défenfe, Utrecht' depuis buit mois tient la méme conduite,. Dort conferva fes privileges, & Wolferd' fut trop cruellement puni; nous fouhaitons qu'Ütrecht remporte la victoire fur fes oppreffeurs, & que le Stadhouder pour les intéréts duquel la République eft en feu ;, ne recoive d'aurre p.unition que d'être enfin forcd.de fe renfernrer dans les hornes des fonclions de fes emplois , fans pouvoir a l'avenir s'oppofer k fes Maïcres, & fouIer aux pieds les droits du citoyen dont il tient fon Etat & fa fortune.. Le Cómte incapable de tenir féiil les rê«es du gouvernement ,-s'étoit déja livré aux ennemis de.Wolferd, qui n'étant pas dispefés- k fe laiffer conduire plus ]üngtemss-par 1'Angleterre, d'autant plus que ié, Roi de France avoit depuis peu rempprtééde grands avantagcs furie Comte de Flandre, allié d'Edouard , . obligerent léur Söuverain k rappeller Jean d'Avefnes, &'ca.lui abandonner toute 1'Autorité. Ce noovetuuMinifiKefit.«fle«lliance asrec les«  de Hollande. 59 prmcipales Villes de Hollande p'óur tirer vengeance du meurtre de Florent, non: feulement fur ceux qui en étoient coupables, mais fur leurs defcendans, jufqu'a la' féptieme génération; cette alliance fut faite au nom du Miniftre , du Comte & des' Echevins, confeillers & Bourgeois des Villes , & nous n'en faifons mention que pour dönner une nouvelle preuve de l'influence : des citoyens dans les affaires importantes. • Jean I. le dernier de la race des premiers' Comtes de Hollande mourut a la fleur de' fon age , & Jean d'Avefnes , Comte dé' Hainaut, qui lui fuccéda, par droit d'hérédité, fut foupconné mais fans preuves,n d'avoir haté par le poifon la mort du jeu-" nè Comte. Cette calomnie fuc fans doute ' répandne &l accréditée par les partifans de ' 1'Angleterre, mócontens de 1'alliance que ; le nouveau Comte avoit conclue avec Philippe le Bel, dont les fecours 1'aiderent 4a triompher de fes fujets'rebelles , & dul Comte de Flandre. L'événement le plus' remarquable de la guerre fut le fiege de ' Zierikzéeparles Flamands, qui après avoir' lancé- des torches ardentes qui mirent le° feuJdans la Ville, entreprirent dé la prén-'" (>6U drt's  6° Journal'Politique • dre d'aiTaut; mais les habitans, fecondeVpar, leurs femmes, vinrent a bout de repouffer 1'enneui, qui voyant I'impoflibilité : de réuffir par la forCe des armes changea le fiege en blocus., afin de réduire.parfa'mine ■ lcs-affiégés a fe rendre.. Ils eurent recoursau Confeil de Hollande, compofé vraifemblablemeiu des Nobles & des Députés des Villes alors-aiTèmbles a Schiedam , pour veiller a 1'équipement de.la Flotte. C'eft Ia première fois qu'on trouve dans 1'hiftoire le titre de. Confeil de .Hollande, donné al'afTernblée des Nobles & des Députés des Villes de cette Province. Grimaldi,, Commandant de la Flotte.Francoife defcenditlaMeufe, vint mouiller fur les Có~ (es de Zélande.a iavue de Zierikzée. La Vicïoire qui s'étoit d'abord déclarée pour ■ les ■ flamands - paffa du cóte de la Flotte ïocibinée.de France cc.de Hollande; les V3iil'eaux..:ennemis furent pris,. coulés a fond j .ou mis eu fuite; Je.Comte deFlan-■ dre.futfait prifohnier. è&eonduit en Fran* cesilë cri de.Guerre pendant le Combat fut: .Hollande & .Paris. La levée du fte> ^edeeZiërikzée, ,& la rédufliön de toute ■ W-Zétodetldivirieiit ammédiatement-cette • Wh-  dè HolUndi. - 6i viétoire. Jean II. mourut a Valeneiennes ■ p.eu de tems après ce Combat, dont fort' fils Guillaume qui luifuccéda, avoit partagé 1'honneur avec 1'Amiral Grimaldi. Le nouveau Comte ayant recü Thommage de fes fujets , fit un voyage en France, oü il époufa Jeanne de Valois niéce de Philippe le Bel: a fon retour il trouva le Peuple & la Nobleffe divifés au fujet des impóts. • Dans les tems anciens la force des armes ■ & celle des préjugés avoient donné aux Nobles & au Clergé des prérogatives injiiftes, (St les roturiers qui font la vérlta- ble force d'uu Etat & la fource de fa profpérhé, fupportoient feuls le fardeau des ■ charges publiques. Le Peuple qui depuis • un demi fiecle avoit acquis plus de confi.-dération, & qui fe voyoit confulté dans ; les aflaires du gouvernement, fe plaignit hautement que les Nobles prétendifi'ent ètre francs de toute impofition, & qu'un grand nombre de ceux qui reclamöient ce ' privilege priflent le nom de Nobles, fans pouvoir.faite preuve fuffifante de la noblefie de leur race: ces gentils hommes de ' nouvelle date , rendoient encore pluslourd pour les habitans dés Villes & de'-la Cam* G->: pa--  6-2 Jour na! Po litique ' pagne Ie poidsdes impóts. Ce mécontentement pouvoit entrainer des fuites flcheu-fes, fi Ie Comte Guillaume, peu de tems après n'eut cönvoqüé i la Haye , une affemblée générale dés Nobles & des Eche-" v'ins des Villes, dans laquelle après une müre délibération il fut réfolu que perfonne ' a 1'avenir ne feroit exempt de payer les ' impóts, a'moins de prouver la Nobleffe' de fa race. Ce tempérament qui n'étoit qu'une demi-juftice parceque, fans méprifer la Nobleffe du fang, nous ne croyons pas qu'elle doive donner a celui qui la poffede la cruclle prérogative de ne point" contribuer aux charges de 1'Etat , oude ïi?y contribuer qu'arbitrairement, & a titre de don gratuit. Cette dénomination atten-~ tatoire a 1'autorité du Souverain,. & injurieufe pour la Nation e(l une refie du pouvoir tyrannique que la Nobleffe & Ie Clergé s'arrogeoient dans les fiecles d'iguorance. On pourroit encore excufer la fierté du' Noble & fes prétentions , fondées fur le fecmrs de fon bras qui prótege & défend 1 la Patrie, mais fur quoi l'Eccléfiafiique fonde-t'il le droit dont il pi étend jouir dene payer aucuae part dans les impofij  de Hollande.- 63 tïóns publiques-, même dans celles qUi intëreuent particulierement fa' füreté, tellesque la garde & 1'illumination des Villes pendant la nuit? Heureufement ces immunités ridicules & abfurdes ont difparu des Pays féparés de la Communion Romaine; les Miniftrcs de la Religion n'y font dïfpenfés d'aucun devoirde citoyen; il feroit féulement a défirer qm'ils n'abufaflènt pas de la crédulité du Peuple, en 1'aveuglant fur fes propres intéréts. Tous dans cette République ne fe rendent pas coupables de cette féduétion , rcais nous n'auróns que trop fouvent dans le cours de cette Hiltoire 1'occafion de prouver que la plüpart d'entr'eux ont été lestrompettes delafédition, des émeutes & de la guerre civile qui défole aujourd'hui ces Provinces. V L'Epoque du quatorzieme fieclë fut' marquée dans la Hollande par le funefte efprit de parti dont la rage fut portee aux plus cruels excès. Nous croyons que les tiides circonflances oü la République fe trouve quatre fiecles après , exige que nous préfentions a nos Leéïeurs 1'origine, les progrès & la fuite de la malheureufe queraüe qui' divifa' une Me'ré"& fon Fils, &,  Joumal\PolHiqut qui fit brifer a leurs fujets tous les Iiens" de Ia nature & de 1'amitté. Après la mort de Guillaume IV qui ne laiffa point d'enfans , deux de fes foeurs , Marguerite: Epoufe de 1'Empereur Louis, & Philippine , mariée a Edouard III Roi d'Angleterre, fe préfehterent pour recueillir la fucceffion. Le droit d'aineflé donnoit k Marguerite la jouifiance des Comtés de Hollande & de Zélande, Souverainetés oü ! la Repréfentation avoit lieu, mais Edouard ' if en fit pas meins tous fes efforts pour que fon Epoufe partageat ce riche hé'rïtage : Jeau de Beaumont fut charge" de prendre les intéréts de la Reine d'Angleterre, mais ayant embraflé le parti de la France d'autres Seigneurs recurent les pleinpouvoirs de cette Princefiè , pour entrer ' en conférence avec les autres héritiers au : fujet du partage de la fuceefiïon. L'Empereur Louis fit valoir les droits de Marguerite, & les Comtés de Hainaut, de" Hollande & de Zélande, étant régardés comme Fiefs de 1'Empire aufii bien que la Seigneurie de F'rife, les habitans de ces Provinces fe montrerent difpofés a reconnoifre Marguerite pour leur Sou verajne,  de Hollande. 6§' fe flattant d'être plus heureux fous fon gouvernement, que fous celui de 1'Angle» terre, qui du tems de Jean I avoit vouludominer trop defpotiquement. Louis, en qualitd de Seigneur Suzerain, donna Pin» velïiture desquatreProvinces a fon Epoufe,& ordonna aux Nobles & aux Villes de la reconnoitre pour leur legitime Souveraine, leur promettant de ne jamais accorder au Roi d'Angleterre, ni aaucunautre Pinveftiture de ces Provinces, en toute ou en partie. Marguerite craignant les mauvais dfleins de PAngleterre s'étoit alliée avec Philippe Roi de France, & prit fa route par les Etats de ce Prince pour le rendre dans le Hainaut, dont elle fut reconnue Comteflë, a condition qu'elle ne toucheroit aucuns revenus de cette Province, avant- que les dettes dufeuGomte fon frere fulTent paydes. Elle vint enfuite en Hollande pour y recevoir 1'hommage de fes nouveaux fujets, qui fe fervirent de cette occafion pour obtenir des Privi-leges, qu'elle leur accorda volóntiers paree que tous les habitans avoient rdfolu de reconnoitre fon • droit, avant qu'Edouard e&t mis- le pied dans le- Pays. Cette- Prin-- celfe-  6<5 Journal Polïtique ceiTe s'engagea, tant en fon nom que pour fa poftérité de n'entreprendre aucuneguerre hors des limites de la Hollande, de la' Zélande & la Frife, que du confentement des Nobles, des Ecuyers, & des bonnes Villes de Hollande; & difpenfa tous les habitans du fervice Militaire fi la guerre étoit entreprife fans leur aveu. Elle réuflit aufll pour toujours au Comté de Hol-' lande la Ville d'Amfterdam: cette réunion, & les Privileges accordés par Marguerite' furent ratifiés par fon Oncle Jean deBeaumont, qui appofa fon fceau a tous les actës. La prompte inauguration de Marguerite déconcerta les projets d'Edouard, *ui prétendoit partager avec elle la Souveraineté , mais cette Princefie la retint entiere, jufqu'a ce qu'elle fe vit forcée de recourir au Roi d'Angleterrë, lorfque fa fltuation devint défefperée. A peine avoit elle recu 1'hommage de fes fujets que fon Epoux la rappella auprès de lui, mais en même tems il promit d'envoyer pour gouVerner le Pays , Guillaume fon fecond fils, qui malgré fa jeunefle avoit de grands ta-' lens. - Cette promelTe fit confentir les Hollandois au départ de leur Souveraine, & Louis ■  dè Hollande.- 6? Louis fon fils ainé rénonca publiquement,, en 1346, a tous fes droits qui furent tranfportés par un Decret Impérial a Guillaume & fi ce Prince mouroit fans poflérité a fon Frere Albert. Guillaume fut envoyé en1 Hollande, mais déguifé pour échapper aux cmbüches que les Anglais avoient dreiTé fur fa route pour s'emparer de lui: Marguerite alla rejoindre fon Epoux, & fon fils employa toute 1'année fuivante a fe concilier 1'affection des habitans. II ne prenoit que le titre d'héritier préfomptif des Comtés de Hollande & de Zélande, mais il travailloit fous-main a s'emparer de la Souveraineté, du vivant de fa Mere; projet qui lui réulPit bientót. L'Empereur Louis étant mort fubitement fa Veuve fe trouvant fans appui contre les entreprifes d'Edouard, céda la Hollande, la Zélande & la Frife k fon Fils Guillaume, ne fe refervant que le Hainaut. Les Lettrés de ceffiön furent données a Munich & ratifiées depuis a Gertruidenberg, parlesChevaliers & les Ecuyers de Hollande, & par Dort, Middelburg, Zierikzée,Gertruidenberg, Leide, Delft, Haarlem, Alkmar, Amfterdain j &• Oudèwater, qui dans ce tems-  ö'8 $ournal Poütïquè' tems étoient les principales Villes de 1%' Hollande & de la Zélande. Guillaume après aVoir promis, felon le témoignage de tous les auteurs contemporains, de payer a fa Mere une penfion de dix mille écus, récut en qualité de Comte de Hollande & de' Zélande, 1'hommage de plufieurs Nobles; & de quelques Villes. Le Gouvernement paroiffoit établi fur une bafefolide, lorfque peu de tems après il s'éleva entre la Mere & le Fils une mésintelligenee qui leur mit les armes a la main Pin contre 1'autre. Cette funeftedivifion naquit du re-, fus de Guillaume fit de payer a Marguerite la penfion qu'il lui avoit promife; juftement irritée de ce réfus, laPrinceffe qukta le Hainaut, & fe rendit en Hollande, elle obtint quoiqu'avec peine , que fon fik re nonceroit a la Souveraineté, puifqu'il manquoit aux Conditions qui la lui avoient affurée. Guillaume délia de leur ferment les Nobles & les Villes, & Marguerite reprit la Souveraineié dont elle ne jouit que peu de mois, car fon fils fe- repenr.it bientót d'avoir abdiqué. Les principales Villes • & les-plus puiflans de la Nobleflè embrafferent fon partij Delft lereconnut de nouveau pour Comte de Hollande, plufieurs Vil--  de Hollande. .69 -Villes fuivirent eet exemple, & Guillaume ;fe vit en peu de tems a la téte d'un parÉt .confidérable. Sa Mere apprit en Hainaut ,ce changement qui la confterna d'autant plus qu'elle comptoit fur la fidélité depluifieurs Nobles & de quelques Villes; mais .elle nefeflatta pas de pouvoir avec cefoible fecours réfifter a la faclion de fqn fils qui prenoit tons les jours de nouvell.es forces. Dans cette perplexité elle eutrecours 3 fon beau-frere Edouard, a qui elle offrit de ceder pour quelques années la Souveraineté de ces Provinces, s'il vouloit la défendre contre les Partifans de fon fils. Le Roi d'Angleterre accepta eet otTte fans balancer. Pendant cette négociation le feu de la difcorde s'aüuma de toutes parts dans ce Pays ; les Paitifans de Guillaume s'armerent contre ceux qui étoient reftés ft> deles a Marguerite. Chaque faétion fe diftingua par des noms & des couleurs qui fervqient k perpétuer les haines mutuelles; les Partifans de Guillaume portoient le nom de Cabilliaux & des bonnets gris; ceux de Marguerite fe nommoient Hamegons, & portoient des bonnets rouges. sCette manie d'arborer des marqués diftinc- ti-  7* Journal Politique tives , & d'adopter des furnoms, fe trouw» prefque chez tous les PeupJes, dans les tems des divifions inteftines. Les démelés des Empereurs & des Papes , les fanglantes querelles des Maifons d'York & de Lancaftre, les guerres civiles fous Henri Hl & Henri IV, furent p0riginë en Italië des Guelfes & des Gibelins, en Angleterre de la Rofe blanche & de la Rofe xouge; en France des rioms de Ligueurs & de Royaliftes: dans cette République, depuis Maurice jufqu^ dos jours , la couleur Orange a toujours été arborée par les féditieux & les ennemis de la Liberté- fi ceux qui Ja défendent prennent une marqué diftinclrive c'eft celle qui caraéterife le fervice de 1'Etat, & qui leur rappelle la fidéhié qu'ils doivent.a leurs Souverains. Qu'il nous foit permis de faire ici des vceux pour 1'extinction de ce funefte efprit de parti, & pour Ja réunion des citoyens. Puiffent tous ceux que 1'ambition & 1'aveuglement ont égaré , connoitre leurs véritables intéréts,'& jouir des avantages inefhmables d'une confiitution dégagéeenfin de toutes les entraves de J'Arifiocratie & du Defpotifme! Mais la Tyrannie eftfourde aux  de Hollande. yi aux vceux de 1'humanite; c'eft du fang qu'il lui faut, & la cruelle ofe encore protefter qu'elle ne veut que le bonheur de ceux qu'elle égorge. La fuite au tnois prochain. f O L I T I Q ü E. Jaloux de mériter 1'eltime & le fuffrage du Public, nous ne lui préfenterons que ce qui nous paroitra devoir fixer fon attention. La multitude & 1'importance des évcnemens confignés dans les feuilleshebdomadaires nous offrent un vafle cbamp dans lequel nous moifTonnerons avec prudence, n'infdrant dans notre recueil que les faits intéreffans , & marqués furtout au coin de la véritd. Si ces faits, déji publiés en partie, ont perdu pour quelques uns de nos Leéteurs la fraicheur de la nouveauté, ils ne pourront du moins être contredus, & ce n'eft pas, a notre avis , un mdrite de peu d'importance. L^rsque deux partis oppofds offrent le tableau du même événement chacun lepeint des couleurs les" plus favorables a fa caufe, ce que 1'un exagere 1'autre le dimi-nue, & fans doute il eft difficile, quelque fois  ■f* Journal Politique fois.même Jmpoffihle, de favoir dans les premiers inftans a quel rédtdonner lapréférence. Mais quand un Ecrivain qui ne veut faire illufion ni aux autres , ni a lui même, a le tems de comparer & d'appri.cier les variantes, il peut garantir Pauthenticité de ce qu'il publie, & s'infcrire en faux contre les récits des Nouvelliftes trompés ou trompeurs. Pour ne poinr nous écarter de ce devoir nous ne publierons que les événemens arrivés dans la derniere quinzaine d'nn mois,, & dans la première de celui qui précédera la livraifon de chaque Volume, fans renoncer pourtant a publier ce qui nous pa_ roitra intéreflant, & que nous pourrons inférer pendant les derniers jours de 1'impreffion. 1'Epoqué a laquelle nous commencons ce Journal eft marquée par des événemens de la plus grande importancc, qui peuvent brifer a jamais les licns de la confédération de ces Provinces, unies depuis deux fiecles , & troubler peut être pour longtems le repos dont jouit 1'Europe. Le Defpotisme & rAriftocratie ligués pour conferverdes prérogatives ufurpées, & perpétuer un pouvoir Tyrannique vien-  de Hollande. .73 'Viennent de dunner pour la feconde fois le fignal du meurtre de leurs concitoyens ; des fatellites , auffi- löches que cruels, croyant obtenir une viétoire aifée , ont prêté leurs bras aux ennemis de la Liberté. Voila les alTreux excès que nous de-vons retracer , & que leurs auteurs, ne Tougiflent pas de juitifier, en invoquant VUnion d'Utrecht, garant facré des Droits , ■des Privileges & des prérogatives , qu'ils veulent détruire parle fer & le feu, après avoir folemnellement juré de les maintenir , & de les défendre. Notre tiche eft douloureufe & pénible, mais les engagemens que nous avons pris nous font une loi de la remplir, & nous le ferons avec la confiance que dok inipirer une caufe rjufte devant Dieu, .& devant les.hommes, du moins devant ceux qui ne font ni les amis, ni les esclaves, ni les penfionnair.es de la Tyrannie. Notre Plan étoit, comme nous I'avons annoncé, de ne raffembler dans ce premier volume, que les faits arrivés depuis ie 15 Mai, jusqu'au Juin; mais les hoflilités commifes fur le territoire de la Villa ■d'Utrecht, ont excité dans la République Tam. I. Juil. 1787. D une  Ti Jmrnai Politique une fermentation générale, & doïvent in» ;fluer fi puiffamment fur le cours des événemens , que nous ne .pouvons en retarder le rédt. Nous craignous avec tous les amis de 1'humanité que eet attentat n'ait des fuites funeftes , mais il auroit .anéanti fans retour tous les Droits des citoyens, s'il n'avoit été prévu, & fi les deux plus opulentesVilles de laHolIanden'a■voient par des moyens extrémes, mais in.dispenfables, prévenu la perte entiere de eette Province & de tout 1'Etat dont elle eft le plus ferme Soutien : oui, ,c'eft aux Villes d'Amfterdam & de Rotterdam, que la République devra fon falut & fm exiftence: ,1a Révolution opérée dans la première le ai Avril dernier, & dans la feeonde deux jours après , n'a peut .êiirc pas .d'exemple dans Philloire d'aucun Peuple , :,& nous eroyons devoir avant d'en offrir le tableau a nos Lefteurs , en faire feutir Fimportance & la néceflité. La trop fameufe expélition contre Hattem cc Elburg avoit dévoilé le fylléme oppre.ffif de la Gueldre, e'eft a dire de Ja JMajorité des Eiats de cette Province,; felle de Hollande furprife & juftament ia-  3c HollanSe. f$ ■Signée de la conduite da Prince d'Orartge, qui devoit en qualhé de Stadhouder-, interpofer fa médiation , & qui préferant le parti de la violence a celui de la douceur, avoit donné, faas delai, les Patentes pour la tnarche des Troupes deftiuées au fiege de ces deux Villes, la Hollande, difons nous, prit les mefures les plus fages , & les reTolutions les plus vigoureufes pour le falut de Ja République. Elle fomma le Prince de déclarer dans vingt ■quatre beures fes véritables fentimens, au ftijet de 1'attentat commis par les Etats de Gueldre, contre deux Villes, parties intégrantes de la Souveraineté de leur Province , & qui n'etoient eoupables d'aucune rébellion. La réponfe du Stadhouder, peu conforme aux intentions des Etats de Hollande les forca de fuspendre ce Prince des fon-éïions de Capitaine Général de leur Province, & de lui retirer la nomuiatton de tous les emplois Militaire», depuis le grade d'Enfeigne jusqu'a celui de Colonel , inclufivement: nous réfervons pour la partie hiftorique de ce Journal les détails de eet événement, préfude celui Da qui  7.6 Journal Poliüque qui nous occupe aujourd'hui, & don: nous allons indiquer la fource. Pour arreter dès fa naiffance 1'incendie qui menacoit d'embrafer la République, & pour calrner la fermentation qui en agitoit.tous les membres , deux puifTans Monarques fe font portés pour Médiateurs. Le digne fucceffeur du Grand Frédéric, en qualité de beau.-frere du Stadhouder, & le Roi de France, comme Allié de la République, ont réuni leurs efforts pour rétablir 1'harmonie entre les Repréfentans de 1'autorité Souveraine & leur Premier Miniltre. Les talens & la probité des deux Négociateurs chpifis par les Cours deVerfailles & de Berlin, donnoient les plus flatteufes efpérances, & 1'Europe attentiye au fuccès de cette médiation, croyoit que le Prince d'Orange facrifieroit volontiers au bonheur de fa Patrie, quelques vaines prérogatives , & confentiroit a la réforme d'un Réglement opprelftf, ÏHtrodutt par la ,violence , & contre lequel trois Provinces réclament. 1'Europe s'eft trompée, le Stadhouder aveuglé fans doute, du moins aous nous plaifons k le penfer, par de *ejr_-  de Hollande. 77' perfides Confeillers, a fans ceiTe oppofé' ia roideur la plus invincible a toutes les propofitions conciliatoires. H a prétendu que les prérogatives & les drons qu'on lui conteltoit faifoient une partie efl'encielle de la Conltitution del'Etat, que les Souverains de Ia Hollande avoient Gommis envers lui laplus criante des injuftices; & qu'ils devoient la réparer preliminaireriient a toute propofition. Les hornes" que nous nous fómmes prefcrites ne permettent pas de difcuter ici les aflertions du Prince, mais lorfq' ie nous ferons parvenus, dans la partie hiftorique, aux époques de 167a, 1748, 1780 & années fuivahtes, ncu'; fero'is voir la riuiü é des"' prétentions que le Prince annonce avec tant de hauteur, & nous prouverons que fa conduite anéceflité'celle des Etats de Hollande, qui loin de pouvoir être accufës d'injufh'ce , n'ont fait voir que trop dè' patience & d'égards. Les refus confians du Stadhouder obligerent les Monarquës Pacificateurs a rappeller' leurs Miniftres, & celui de France ne put réuffir a faire entendre au Prince qü'il ne deyoit pas prétendre a marcher D 3 fur  <3 Journal Poli tique- fur même ligne que les Souveraim, qu'étanfr ni flollandois il falluit qu'il prouvrït fon amour pour fa Patrie , & quluneprirogative de plus ou de moins ne faifoit rien * n»fluence d'un Stadhouder qui ne doit robtenir que par jes feruceSi Ces vérités font malheureufement fi oppofées aux fentimens du Prince qu'on n'ofa même pas. les lui préfenter , & Monfieur de Rayneval avant de quitter la Haye crut devoir annoncer les malheurs que fa prudënce lui faifoit prévoir. Puifque Mr. le Prince deNa fa u, écrit-il ? enveloppe toujours dans des refus , il veut donc la guerre civiie:. en ce cas il faudra laifer un libre cours atrx événemens,. En reconnoiflant la vérité de ce préfage , on ne comprenoit pasquelles étoient le* reffources du Stadhouder, ni quelle perfpe&ive lui faifoit déployer tant-de fierté; 1'inté.êt de fa Maifon exigeoit qp'il fit quelques légers. facrifices, & la,guerre civiie devoit néctff.drement lui. faire perdre, & ce. qu'il réclamoit & ce qu'on ne lui difputoit pas.. Ces ConjYctnres. fondées fur les regies ordinaires de la Poiitique furent bientót détruites, & Ie Plan du Stadhouder fe dévoila aux yeux ies. moins clairvoyans.. Dans. l'afilmblée desi  tic Hollande, f$ des- États de Hollnnde une majorité contraire aux véritables intéréts dè la Patrie } prenoit infenfiblement le delï'us daris routes les délibérations, les ellens de neuf Villes" conftamment attachées a la bonne caufe étoient infruétueux, enfin on s'attendoit aVoir renouveller les horreurs de 1672, &■ de 1747. Ce preflentilnent n'ëtoit que trop certain, la mine étoit chargée, maisla Providence a permis qu'elle fut évëntée, prefque au moment de 1'explofion. La cabalë dominante devoil propofer &-décider dans un mème- jour,- de rendre au' Prince le Commandèmërif de la Haye, & 1'exercice de fa charge de Capitaine Général; de rompre le Cordon de Troupesqui courre la Province d'abolir tous les Corps Francs, & généralement toutes les véMütions prifes depuis 1780. II eft facile de prévoir quelles fuites fuheftes auroit entrainé le fuccès d'une telle cónfpiration:: 1'Alliance avec la France étoit'rompue; le fang des amis de la Patrie aüroit coulé' dans Utrecht, & dans toutes les- Villes oppofées au Syftême defpotique; les Magifirats défènfeurs' de la Liberté gémiflant" dans les prifons, ou maffacrés par la Po-pulacé, par le fer des Soldats-ou tombant D 4- fous-  8o Jounml Politique ious la hachedes bourreaux auroient péri viclimes de leur zele. Ces craintes ne font ni chimériques, ni exagérées, la conduite des Etats de Gueldre & de ceux qui tiennent leurs féances dans Amersfoort fait alfez connoltre quels projets deftructeurs ils avoient concus. Dans cette funefte fituation les yeux des vrais Gitoyens fe font tournis fur Amfterdam & fur Rotterdam,, feules' capables de fauver la Patrie du danger le plus éminent oü depuis Philippe II elle ait été expofée. Les vceux de la plus faine. partie des habitans de ces deux. Villes■ étoient depuis long tems tra* his par la majorité de leurs Confeillers, vendus au Defpotifme, ou guidés par des. principes Ariltocratiques, & qui croyant ne pouvoir perdre leurs places qu'avec Ia vie,.fe. flattoient. de conferver leur influence, & bravoient ks réclamations réitérées de leurs concitoyens. Mais les dignes defcendans de ceux qui abjurerent un Souverain légitime devenu Pyran , ont fait-connoltre a. des Magiftrats indignesde leur confiance que la main qui les avoit élevés fur le fiege pouvoit, & devoit les en faire, defsendre. Par les détails oünousallons entrer.fur cette révolution nos Lee» teurs •  de Hollande. 81 téurs pourront juger des fentimens de ceux qui 1'ont opérée; ils verront qu'en fe portant a une démarche que le falut de la République exigeoit, il n'étoit pas poffible de faire éclater plus demodémion , &que nul fentiment de haine & de vengeance n'a caufé-la difgrace des Confeillers qui pour leurs intéréts perfonnels avoient trahi leurs fermens & leur devöir. Ce n'eft pias, nous le favons, fous ces couLairs" que eet événement a été repréfenté par quelques écrivains, ■ mais le compte que ' ubus en rendons eft appuyé fur des preuves authentiques & qui mettent la vérité dans tout fon jour; Ce fut le famedi si Avril qu'une Dépbtation du' Confeil-de-guerre de la Bour- ' geoifie armde d'Amfterdam, compofée du plus grand nombre des Officiers, ayant a1 fa tére Monfieur Goudoever, un des cinq Colonels, fe rendit a THötel-de- Ville, oü fe trouva auffi une Députation des deux Sociétés Patriotiqucs.' Ces deux Commiffions attendirent que le Confei] fut afTern-blé, & remirent entre les mains du digne ' & refpeclable Mr. Hooft, Bourguemr.itre Préödent, un Déclaratoire, oir les jüftes ; 1>'5J plairP'  8f£^. Journal 'Polititjue plaintes du Confeil de guerre & de lèi Bourgeoifie contre la majorité du Cön-f feil-de-Ville étoient: expofées avec autant de raodération que les eirconftances & laconduite de cette majorité pouvoient le permettre, '& qui finiflbit par demander que neuf membres du Confeil-de-Ville fuffent démis de leurs places, & que des fujets dignes de la confiance descitoyens, fuccedaffent a ceux qui 1'avoient trahie tant de fois. Pendant les délibérations du; Gónfeil-de-Ville , ce Déclaratoire fut lil; aux Compagnies Bourgeoifes qui étoient fous- les armes devant 1'Hötel-de- Ville, & dans plufieurs-autres endroicspour prévenir tout défordre; elles y donnerent un confentement prefque unanime.. Apiès de longs & violens débats & des protefiations de la part des membres dont la démifiïón étoit demandée, il fut enfin réfolu: a la pluralité des voix de nommer quelques Confeillers, pour travailler dej concert avec le Confeil de guerre & ks Cönftitués de la Bourgeoifie a remplir leur.vceux. Cette réfolution fut luea haute voixxdans.l'Hótel ,deVille, paiTadebouche Cö.)b'öiicbe, cVfut accueillie ayec des acacia*  de Hollande.- gV, ctamatións de joie plufieurs fois réitérées. Ces acclamations redoublerent k la fortie de Mr. Hooft & des Régens amis de la Patrie; une morne filence fut la feule punition que le Peupié fit éprouver aux* autres. II leur fut fignifié par un Officier public, au nom du Confeil de guerre cV des confiitués de la Bourgeoifie, de ne faire aucuue fon&ion de Confeillérs, pen-dant 1'intervalle qui devoit s'écouler de-puis leur dépofidon jufqu'a leur rempla-cement. ■ La nouvelle de cëtté importante démarche faite par la plus puiffante Ville de' la Républiquê , étant arrivée le même foir" a Rotterdam, la réfolution fut prifed'imiter fans délai eet exemplé. • L'abondance ' dés-marieres ne p'ermettant pas d'inferer!' dans notre Journal les'détails des'deux ré-volutionsi nous 'donnerons la préférence' a- celle de Rotterdam qui s'eft paffee fous nos-yeux* &■ dont Jé fuccès a été plus ; prompt. D'ailleurs' les mótifs & la on-duite ayant été les mêmes dans les deuX-' Villes, les deux récits auroie:t trop dé'-' rêffemblance, & nous croyons quéleLec^ D-tfJ téttfr  8:4 journal' Folftique ' teurpourrafe contemer de celui que nous-; Juipréfentons. Le -Dimanche '22 Ié Confeil de guerre de la Bourgeoiie armee de Rotterdam, & les Cönftittiés de la Société Patriotique concerterent leurs opérations, & réfolu-^ rent de fe rendre, en corps , lelendemain a; 1'Hótel-de-Ville, & d'y demander la démiffion de fept membres du Confeil: ils engagerent aufïï Monfieur Kreet, Secretaire.-du Confeil de guerre d'être leur or-^ gane dans le Confeil-dcVille.. Nous regrettons dé ne pouvoir' dónner en entier la traduétion du difcours que prononca Mr. Kreet daris cette occafion; nous nous borneronsdoncjmalgrénousjadesfragmeiis qui feront juger de 1'Eloquence fimple ,jmais énergique, & de ia faine Logique qui regnenr dans -cette harangue ; digne des bèaux-jours de Rome, quand les Triburs y^défendoient les droits du Peuple. Elle futlue & approuvée dans la Séance du 22, & :c'ëftTous cette date que nous en pla-. cons -'1'Extrait.* - ,, .Le .Cönféil de guerre de la BÖurgeoi3,,M*vmééde Rotterdam, aprèsunemüre  ie Hollande, 85 „ délibération a réiblu qu'une Députation „ compofée de Meffieurs les Capitaines& Enfeignes préfens, & accompagnée de Meffieurs les ConfHtués de la Bourgeoifië, fe rendra demaindanslaChambre du Confeil de cette Ville, & que le difcours fuivant y fera prononcé par ,, Mr. Kreet, Secretaire du dit Confeil' de guerre, autorifé & chargé fpéciale-- #) ment de porter la parole.'-'' Exïrait du difcours de Mr, Kreet.'Nobles & Vénér-ables Seigneurs, »t C'efl en ma qüalité de Secrétaire dü * ,i Grand Confeil de guerre dé cette Ville, , ,, & par 1'drdre exprès de ce Confeil,. dont une nombreufe & refpeétable dé~,,■ putation paroit ici folemnellement, & -afliftée des' Conftitués d'iine Sociétë : ,f compofée des plus notables Négocians, . ,,• Bourgeois ou habitans de cette Ville;; ,,■ c'efl, disje, en cette qualité, que j'al „ dü me charger de porter la parole au' „■•nom dé nöus tous."" t»>Cé qui, depuis quelque tems, s'efl WtÏ faift  Journal Politlqut „ fait, êcrit, & dit ouvertement, dans „ cette République, dans cette Province, „ même dans cette Ville , & furtöut 1'é-„ vénement arrivé récemment a Amfler„ dam , dóit Vousconvaincre, N. &V. S. „ainfi que tons les membres -de la Ré-gence, que le bandeau qoi couvroit les „ yeux de la Nation eft tombé fans rétour, „ & que les tems font venus oü perfonne „ ne peut fe flatter d'être en étatdes'op„ pofer plus long-tems aux réformes ju„ gées nécefiaires , non pour changerl'an-„ cienne Conftitution, mais pour 1'épu-„ rer & en corriger les défauts introduits „par 1'inobfervance des vrais principes • „ de cette Conftitution dans la fórme du i „ Gouvernement. „ La Conftitution du Gouvernement u de cette Ville & de la Province a ioujours réfidé dansun Souverain , qui éta,; bliflbit ou faifoit établir des Magiftrats & des Officiers de juftice; il exercoit „ les autres droits de Souveraineté, mais il étoit obligé d'avoir égard aux Privi,, leges, que les habitans de chaqüe Ville,, t, place ou diftrici avoient obtenus. • „ Une Souverainéte ainfi bornée exigeai  dè Hollandei 37" „.nééefTairement , & fortifia fucceffive",raent, a mefure queles Privileges & le; pouvoir du'Peuple s'augmemoient, une \,.fecondePuifance,.Xzmxt partie dé notre conlHtution , deftinée a repréfenter le Peuple, confidévé comme Sujet & è ",.fervir de digue pour arreter. les entreprifes des Souverains- contre les droits„.légitimes de la Nation.- „ Avant 1'année 1581 la Sóuverainété: ,, étoit entre les mains des Comtes * Ducs " ou feigneurs-.de ces Provinces, qin, . pendant leur abfence, les faifoient ré>> „ gir par des Gouverneurs ou StadhouT, ders dont le dernier, en Hollande, fut „ Guillaume Prince d'Orange, que nou> '„ appellons Guillaume I. Depuis ce tems ,, aprèsque PhilippelP, dernier Comte „ de Hollande fut déclaré déchu de fes \ droits a la Souveraineté, les ConfeilIers-de-Ville furent revêtus feulement '*t de cette feconde puiffance dont je viens de parler , pour fervir principalemenr " de contre-poids a 1'autorité des Chefs de PEtat ou de leurs Officiers, qui nfr \\.gligeroient de maintenir les droits du. „,***,-  5® Journal Poliilque ii "ppe Ion ponvn r Sn,„„.„:. - revint au 1'ancknne forme de öouve° M ^n c;ffiffle Ies Américai.s o^-. .. lecoué le jong de l'Angleterre. » ci Mr. Kreet rapporte k trouw dinsTünion d'Ütrecht, qu ' ftJV0nferVer,esd^scVPavüegesdom «ra ion ; dans le projet de donner laSou-" vèrain,- a Guifiaume premier , mJ™ V mort de ce prince fit échouer. On lak tonte Souveratne entre les mains de Pord« Equefire & des Députés des V ]L . tude du fort dela nouvelle République & ^ fon «dépendance firent fubfifte, Confiuutton, mats feulement par un con ^.aclte.nonWldelap:^ C'eft a regret olUe nous avons renfemé danss  êe Hollande. 89 dans ce peu de lignes ce que Mr. Kreet dévefoppe, & prouve fans- replique dans fon difcours-, relativement a la forrae anoienne & aétuelle du Gouvernement, nous allons le laiffer parler, en prenant toujours la liberté d'extraire. „ Donc , Meffieurs, ce cónfentement „ tacite, quelque long qu'il foit, ne dé,, roge en aucune maniere a la feconde partie de notre ancienne conititution,. qui exige que le Peuple ah desTribuns qui veillent fur les abus que s'eft permis & que fe permettra toujours la „ Souveraine PuilTance , dans quelque „main qu'elle puilfe être. C'etlpouravoir ,, négligé cette partie de notre Conftitution que les émeutes- populaires ont troublé de tout tems, & troublent en,,■ core aujourd'hui notre République; cesémeutes avoient leur fource dans la préférence donnée parun parti auStadhoudérat, ck par un autre au feul gous, vernement des Etats; Sous un Stad„ houder il falloit porter fon joug&ce lui de fes Courtifans; fuus 1'autorité des ,, Etats, fans Stadhouder, on portoit le „ joug d'un petit nombre de families qui „ex-  9P Journal Polltique „ exereoient un pouvoir fi arbitraire qufotf „ fe flatta- de s-'en délivrer en rétabliflanr „ le Stadhoudérat. Mais, ce moven regardé comme un remede infaillible a„ nos maux, les-doubia; non feuiementle >, Stadhouder & fes partifans donnerent „ de fréquentes atteintes aux droits dus, Peuple, mais la plupart des Régens, ,i dont le devoir étoit de s'oppofer a ces „ abus, les favoriferent pour pouvoir £ „ leur tour écrafer fous le poids de leur „ détefiable Ariftocratie &leurs inférieurs ,. & leurs collegues dont Tame généreufene partageoit pas cette lache ambition: „ ces malheurs ne feroient point arrivés „ fi le Peuple avoit eu des Repréfentans , „ qui s'oppofant a une première infraétion , „ en auroient prévenu une feconde. -■ Ces amis du. Peuple , dignes de fa con. „.fiance, auroient déconcerté lés -perfides» „■ projets de ces.Régens, qui pour faire „ leur Cour au Stadhouder lui cédoient ,,tout,. &-fervoienr fon ambition pour „ conferver leurs places ; ils-auroient re» jetté la première recommandation ha„ zardée par un Courtifan, au nom du „ Prince & cette fermeté en eut empêch-: d'au-  de Hollande^ «fa „. d'autres de revenir a la charge. Les: „ Souverains auroient confervé leur pou- „ voir dans toute fon intégriré; le Stadhouder fe feroit toujours vu Pobjet de ,, l'affeétion générale,. récompenfe infaillible de toute perfonne élevée en dignité dans-un Etat, & qui fait en préférer ,, le bonheur a fon intéièt particulier. ,,. Eft il , Meffieurs , un feut homme d'honneur qui ne faffe avec nous des }, 'Vceux pour voir les chofes rétabliesdans cette heureufe fituation , & la fin 5, des fatales divifions qui' troublent au» jourd'hu') cette République? C'efl: dans „. cette vue fi louable & fi' falutaire que Meffieurs Hubert & de Monchy anciens Echevins-, au; nom: de leursconftituans,. le Grand confeil' dè Guerre de cette Ville, &• Meffieurs-les Echevins en ex- „. ercice, fe font réunis pour demander ,, au Souverain le rétabliflement du nombre primitif de quarante confeillers de Ville. Ceft dans le uiéme deiTein- „ que neuf' membres du confeil de cette Ville ont fait les efförts les plus dignes- „, d'eloges pour qu'a 1'avenir les Magi- tti ltrats ne fuflènt plus choifis par le Stad- ,,. hou*-  9* Journaj 'Poütique i, houder, mais' par le Souverain & qus •v les places vacantes dans ce Confeil ne fulTent plus remplies par 1'intermiffion V* du Stadhouder. Un bon Régent ne »» Levant régler fa conduite que d'après ,» fon ferment & fes devoirs, & n'êtreres, devable de fon élévation qu'au crédit »> que fes' talens cV fa conduite lui ont ». acquis, la Ville de Haerlem a fait dansje 1'alTemblée Söuveraine la célebre pro,i pofition de fixer invarrablement le dé,i gré d'influence qu'il convenoit d'accor.» der au Peuple dans le choix de fes Maai» giftrats. Mais comment la Majorité t» du Confeil de cette Ville a-t'elle traité ,> tous ces objets fi importans ? Quelmé„ pris n'a t'elle pas témoigné pour la par. »*/ tie de fes cóncitóyens la plus Notable? m k quel excès ce mépris n'a t'il pas été „ porté relativemént a la derhiere Requê,> te préfentée au Souverain par lés con»* ftitués de la Bourgeoifie, dont je viens de parler? cette Requête qui tendoit a •* demander i'ouverture des conférences „ fur la propofition de Haerlem , a ére „-rejettée par la ftulè voix de cette Ville ;*-qui forma la Majorité dans 1'affemblée ,i Sou-  de Hollande.. ^ ,ï, Söuveraine. — Ce trait & tant d'autres j, du même genre prouvent clairement.que, la Majorité du Confeil de cette Ville a totalemcnt oublié fon premier inftitut, j, oule.regardecommen'exiftantplus,&.que J9 loin de feconfidérer comme repréfentant d'unPeuple libre elle s'en croit la maitreffe JS abfolue. Le confeil de guerre de cette Ville a cru devoir agir de concert avec .s, la plus refpectable partie des Bourgeois ,, & habitans qui préfenterent au com,, mencement de cette année au Souverain une Requête dans laquelle ils déclarent, s, au nom de leurs commettans, qü'ils ne 5, peuvent lailTer plus longtems les intéréts de leur Viüe ni ceux du Pays entre les ,> mains de ces confeillers qui fecondés s, par leurs partifans, s'oppofent aux ef,, forts de leurs Collegues attachés aux vr|i5 principes de la Conftitution. — j, On fait que la Majoijté des membres ,, neutres de PaiPemblée Söuveraine a fait w un rapport favorable a cette Requête, qui u'eut pas été rejettée fi ces mêmes j, Confeillers n'eufient pas trouvé moyen de faire prévaloir leur fuffrage particu^ lier dans une affaire qui leur étoit per- >j fon-  'S4 Journal Voütique „ fonelle, & de réduire au filence lcsbra„ ves Peufionnaires d'Amfrerdam , en leur 's, oppofant ces trois ennemis déclarés da Peuple, qui jouoient alors dans la Con„ feil-de- Ville d'Amlterdam , le même róte que jouent dans celui-ci les Con5, feiilers qui di-spofent de tout felon leut „ propre Volonté, ou plutót felon Ia Ve~ •j, lonté du Maitre auquel ils font fi Ifc. ,., chement aifervis. Samedi dender ii ces ennemis du Peuple ont rceu dan* i, Amflerdam la récompcnfe de leur honteufe conduite, le Confeil de guerre & « la Bourgeoifie de cette Ville ont pris „ ouvertement la défenfe des droits du Peuple, & ont prouvé i leurs Régens „ la difFérenced'uneConfiitutionvraiment „ RépuWicaine, d'avec Ie gouvernement Ariitocratique de Venife. " lei Mr. Kreet fait Jeéture du DécI*ratoire 'prefenté au confeil de Ville d'Amlterdam. „ Les mêmes ralfons, Meffieurs, obli■„ gent atijourtHiui le confeil de guerre s, de cette VÏIfc & ]a Bourgeoifie réunie „ avec lui cfemployer iei les mêmes êk5, preflïons. Us ne peuvent fans le plus J5 éminent danger laiflér fiéger davantage ,s dans  4e Hollande. 5g w dans cè Confeil, Melfieurs Van der Heimy j, Van der Hoeven, Collot d'Efcury, Van s, Teylingen, van Hogendorp, Van Stave- ren , & Van Ba/el, leur declarant qu'ils re font plus membres de ce Confeil, „ ,& que des .ce moment ils font privés dc j., I'exercice de tous les emplois & offices inhérens a la qualité de Confeillers , .5, fans pouvoir jamais , dire&ement ni in^ direétement, réclamer contre leur dei, miffion, par laquelle ils font dëliés d« ferment qu'ils avoient prê;é, en ea,,, trant dans ce Confeil,. Enfuite Mr. Kreet promet, au nom de fes Commettans toute füreté aux Confeillers démis , pour leurs perfonnes , families & bieusj il demande a ceux qui eonfervent leurs places de remplir, fans délai, celles qui font vacantes & de re.cevoir le ferment des fujets nommés pour ee remplacement, fans en envoyer la noïninatfon au Stadhouder de la Province, eonformement au Privilege de 1Ó15. i, Soyez tous- perfuadds , Meffieurs, „ continue 1'Orateur, que dans cette dé5J marche nous n'avons été eonduits paf „ auciin motif d'intdrêt perfonnel, ou « de  fff Journal Pélitique .„ de haine contre les Confeillers dépófés^ „ ni contre aucun de ceux qui leur ap.„ partiennent, mais par la néceflité abfo„ lue d'employer ce moyen fi défagréable „ pour nous, comme 1'unique qui puifTe faire avorter les perfides complots de .„ nos averfaires, tout préts de porter e, a notre Liberté le dernier & le plus fa„ tal coup qu'elle ait jamais reeu. Nous proteftons auffi devant vous, Meffieurs., & devant Dieu, qui.connoit noscceurs «, & nos plus fecretes penfées, que nous 4, n'avons d'autre defiein que de recouvrer .„ nos droits légitimes, négligés trop longs, tems. Nous ne penfons pointa détruire 5, le Stadhouderat, k en revêtir un autre „ perfonne„ ni a le rendre un vain titre 4, fans pouvoir & fans infiuence. Nous ne cherfhons aucun changement dans „ l'Eghfe Dominante, mais nous maintien,, drons la profeflion & 1'exercice public .„ de la Religiën, d'après les décifions du „ dernier Synode National de Dort; con- fervant la toléra nee Chrétienne envers s, les autres Communions permifes par le Souverain. Nous proteftons encore que „ notre feui defiein eft d'avoir.une Ré- *> gene  Se Fhllande. ff i^-gence compofée de Perfonnes, qui ne ,j foient redevablcs de kurs places, au Stadhouder, ni a aucun autre indivi,., du dont ils dépendent, maisfeulem nt a 1'eftime & a l'aftëtrion de leurs concitoyens qu'ils auront obtenues par leurs talens & leur conduite. Le Confeil de guerre termina fa" féance par autorifer fes membres compofant la JDéputation, de prendre telles mefures qui feroient jugées néceiTaires pour obtenir fans aucun délai la démiffion des fept Confeillers, & leur remplacement, fans employer aucune violence, auffi long-tems qu'ils ne feroient pas contraints d'y recourir p >ur leur. défenfe perfonnelle. Tous ks membres préfens a la délibération s'engagerent fur leur parole d'-honueur, de garautir & de défendre contre toute violence. les Perfonnes, Families & Biens de tous & ■un chacun d'eux , de leur Sécrétaire ,dès Confeillers refhr.s en place, & des no'uveaux, 'des Conflitués de la Bourgeoifie & de leurs Conftituans.. Cette déiibéraJion fut fignée par 6? OIBciers. En conféquence de cette réfolution les membres 4e la Sociéié Patriotique furentavertis que Tom. I. Juil 17S7. E la  #8 Jeurna! Politiqm :1e lendemain matin on feroit une démarche importante, & qui demandoit leur préfence; une .Compagnie recut ordre de fe joindre a celle qui étoit de tour pour la garde, & toutes les autres furent commandées pour le lendemain fept heures & demie du matin, afin d'occuper les Portes de la Ville & les differens poftes qui leur feroient indiqués, Le Lundi 53 , jour a jamais mémorable dans les annales de la République, les membres de la Sociélé Patriotique, qui n'étoient pas fous les armes, fe rendirent en noir, comme ils eju avoient été priés, a la maifon de la ditte Société. Prefque tous étoient inftruits de 1'objet de cette Convocation extraordinaire, & le filcncc fqui regnojt dans mie fi nombreufe affenjblée prouyoit .que chaque individu , quoique perfuadé de la nécclfité de 1'entrcprife, n'éprouvoit aucun fentimcnt de haine , ni de vcngean.ce. A 9 heures Mcflicurs les ■Conuitués fe rendirent., en corps , dans la grande Salie d'aflemblée , & Monfieur Corneille Van den Bofch, 1'un d'eux, prononjea Je Difcours fuiven:; M /-  de Hollande, , ^ • JMeJp.eurs, 'Compatriotes & Coft- citoyens , ,, Après avoir montré tant de patience, & mis, fans fuccès en ufage tou* les m moyens les plus modérés pour fauver j., notre Liberté des dangers qui la ma5, nacent, voici le tems enfin oü la né„ cefiké la plus indifpenfableuous fait m e ,, loi de nous porter a la démarche la plus importante & la plus vigoureufe, 11 nous ne voulons pas perdre fans retour cette précicufe Liberté. Meffieurs les Officiers compofant le Confeil de guerre de cette Ville, cc Meffieurs les Confti,, tués de cette Société ont réfolu, avec 1'approbation & l'affiltancc de leurs Conllituans , de dépofer aujourd'hui ,, quelques membres du Confeil-de-Ville. ,, Ils fuivront 1'exemple qu'a donné Camedi dernier la puifTante Ville d'AmIterdam, & nous devons gemercièr Dietj de eet événement, puifque d'un »q cöté notre fituation ne permettoit pas ,, le moindre retardenent, ccquedcl'autre Ia démarche que nous alkns faire, n fëfpijE trés dangcri'iilé , & rourroit enÊ a erst-  jtoo Journal Polifique j,, trainer des fuites , qui mürement péfées , 3, devroient faire trembler les plus hardis , ,, fi nous iPétions aflurés de Pappui d'Am. 3, fterdam dans PAffemblée Söuveraine de cette Province. RaiTmés par une efpé., rance auffi bien foi(dée , noüs pouvon-s donc nous porter, pour lefalut de notre Ville & de la Patrie, a la démarche itn., portante que je viens vous annoncer. a, Si elle exige de nous du courrge, Mei'. „ ficurs, elle demande auffi de Ja prua, dence & de la modération. Que perfonne de vous ne laifle échaj per aucun „ mot, ne fe permette aucune acldon, „ qui puifle attirer le moindre blame fur „ notre entreprife; n'infultez ni d'efilt ni de parole aucun des Confeillers qui ferontdépofés; défendez vous, dans cette circonflance, de toute expreffiun piquante ou malhonnête envers vos conetoyens qui font d'un fentiment coh„ traire au votre, & fupportez avecgrandeur d'ame les outrages que vous pnur„ riez en recevoir. Surtout que les Bom r geois apmés ne secartent point de la 5, ftricTe obéifiance qu'ils doivent a leurs Officiers, & qu'ils n'employent la P ree que  de Hollande. ï'oi f.- q'ué fur 1'ordre expres qu'ils en ree * ,y vront. Permettez-moi, Meffieurs, de vous „ faire fouvenir que vous ötes Chr-étiens, & que nous avons mé-me- parmi-nous des1 „ Miniftres de la Religion; comme tels' „ rappellons nous aujourd'hui ces paroles- de FEcriture: Que Pamertume, la' „ co/cre, rempartement, ks clameurs, la „ calomnle, en un met toute méchanté s'é„ lolgne de Fous.- Nos ames, mes chers Compatrior.es, ne doivent connoltre ni „, 1'aigreur, ni lahaine, ni lavengeauc £ * ces paOions fou-illeroient la beauté, ia ,? légitimité de notre entreprife , & la ren„ droient désagréable aux yeux del'Etre' „ fuprême en Ia préfencc de qui nous fum.. n mes au moment d'executer eet impor„ tant delfein ; & dont la précieufe bénédiclion nous eft fi nécefiaire pour que' „ nous puiffions voir les fuites de notre „ démarche répondre a-nos dé-firs. Soyons „ donc guidés par le feui & véritable amour „ de la Patrie, par la feule conviétion de la neceffité iuévitable de nous déterminer a une entreprife auffi importante, r, pour le falut du cette Ville & del'Etat; E5 ^et  i.ei Journal'Politique- & n'y faifons entrer anemie haiiie perv fbnelle, ni le moindre défir de vem,, geance.. Nous pourrons ainfi nous flat- ter qjtie le Souverain Maltre du monde ,,. daignera du haut de fon Tróne approu- ver notre conduite, éc Ja couronner par „ fa- divine bé.nédiction.. ,, Puiffe, fenfible a nos vceux 6c a nos ,, prieres , la Célefte Provideuce nous ac- corder un lieureux luccès, cc remplir ,,. nos adverfaires de crainte 6c de refpeéli Puiffe-t'elle exempter nos braves ci*« ,,. toyens- armés de la trifte néceffité de re-„. pouffer la force par la force! Que Dieu ,,. nous faffe jouir d'un fuccès qui ne foit? „ troubld par aucun défórdre, & que nous. cc notre pofiérité puiffions avec. joie &-. ,,. réconnoiflance recueülir les heurcux fruits„ de; ce que nous entreprenons pour les„. intéréts de la eb.ere Patrie ! Ainfi-foit-il." J'ai tilché de-conferver les expreffions de.Mr, Van den Dofcb, dont le difcours,. audelfus de tout é.loge mérite d'é.tre traduit dans toutes les' langues.. Sa leclure nedoit laiffér aucun doute fur les véritables. feminiens, des dé.fenfeurs dé Ih Liberté';: Oefti la.meilleure.répoiife qu'on puiffe faire* 44 t 1 aux;  de Hollande.- ïóg> al)x calomnies dont- les- partifans du Defpotifme les noirciflent.- A 10 heures un detachement dè Bourgeois armés- vint fe polier devant la maifon de la Société, alors Melïïéurs les Dé-" putés du Confeil de guerre, les Conftitués' de la Bourgeoifie & leurs Conflituans fe: mirent en marche, trois-a-tro:£ & re leur Patrie &• leur Liberté' d'une ruine' entiere. Les deux Députations ayant demandé & obtenu l'éntréee dansie Confeilde-Ville, Mr. Kreet y fit leclure du difoóurs-dont nous avons donné 1'extrait,-E 4. a-près'1  'ï«'4 journal TolUiqas après Jaqirelle ïe Confeil demanda que les Députés fe retiraffent pour laïfleratijConfeülers la liberté de délibérer fur leur propofition. Les Députés refuferent de fortir, a moins que les fept Confeillers n> fortiifenr en même tems , les regardant déja comme démij de leurs places. Sur ce refus ces fept Confeillers protefterent de fa maniere la plus forte contre toute ce qui s'étoit fait cu fe feroit, & leurs fept Colkgues qui compofoient avec eux cette fatale majorité, en appelleren*, a la réfoJinion des Etats de Hollande, du 9 Aoüt ÏC58, felon laquelle nul membre delaRégence n'a le droit de démettre un de fes Collégucs. A eet argument Meffieurs les Députés répondirent qu'il ne s'agiffoit pas dans la conjor.éture rétuelle de citer ni d'invuquer cette réfJution, puifque les fept Confeillers éto'e r eflécïivement dépofé-s, non p.ir ktus Collegues , mais par ia Bourgeofie. lis iufilterent pour que cette dépofnion fut coiifommée fur lechamp, par l'initallatbn de fept nonveaux Confeillers. Ceux qui venoient d'étre démis avant perdu tout efpoir fe retirerent, &ia nsajorité de ceux qui étoient reftés nemma JJOUJT  de Hollande. i*$ •pour remplirlesplacesvacantes, MeffieursRam, Van Dender, De Monchy, Top ,• FJUnckhuifen, Van Beeftingh, & Erberveld.- Avertis de leur nominarion par plufieurs Officiers- de la Garde Bourgeoife,députés vers eux a eet effet, ces Meffieurs' fe rendirent a 1'Hêtel de Ville , furent introduits dans la Salie du Confeil, &prêterent ferment. Après cette cérémonie &quand ils' éurent pris placé dans le Confeil , les Députés de celui de la Garde Bourgeoife & les Conftitués , démanderent que la précédente Députation qui étoit riommée pour porter la voix de la Ville 3' fafl'emblée Provinciale,- fut révoquée , & r»emplacée par une autre ;• en conféquence: de cette demande Monfieur Bvogaert Boürgemaitre, & Meffieurs les ConfeiK 1'erS Eifevier, Reepmaker, & Van Hoogfiraaten furent chargés de la Députation. .Vers ks cinq heures dü foir Meffieurs" les Députés du Confeil- de-guerre , les Conflitués & leurs Conftituans revinrent a laJ Maifon de la Société dans le même'ordre" qu'ils én étoient fortis'. Quoique leur dé-' marche- eut été' coüronnée du fticcès le plus prompt & le plus" heureux, ils viè' JËr § Mi'  JournalPblitiqut laifferent écbapper aucune marqué de joieinfulrante pour les. adverfaires dont ils venPient de triompher, & qu'ils avoient mis, hors, d'état de nuire plus long-tems aux; va-ais intéréts, de la Ville &.de la Patrie.. Peut-être croira-t'ón que fé voyant fouss les yeux; du Publk-,. ils n'ofoient faire éclater leurs véfitables feminiens, & qu'ils fe; dédommagerent de cette contrainte quand! ils. furent rentrés dans le lieu de leur Affemblée. Nóus pouvons affurer, fur tout; ce que les hommes-connoilTent de plus refpectable, que ceux qui.ont concouru a cette révolution n'ontéprouvé d'autre contemement que celui d'avoir rendu a leur Patrie le. fervice lê plus éminent qu'elle en, ait-jamais recu.. Nous less avons entende, prerque tous, déplorer la fatale néceUï'é de reeourir a des moyens< violens , & plaindre quelques uns . des Confeillers détnis, qui perdoient avec. leurs places une augmentation de revenus néceffaire l 1'entretien d'une familie nombreufe.. Quoique la journée n'eut été marquée par aucun ■ défordre, certains propos indifcrets firent craindre aux. Magiftrats que la Popalace, féduite par ceux-, dont ■ on venoi* de-  de Hóllahdk- 107 dè punir'Ia mauvaifè conduite, ne fe portat pendant la- nuit a quelque Violence;' on crut donc que'la prudence exigeoit desprécaurions. Plufieurs Compagnies refte-' rent fous les armes jufqu'au lendemain y & deux pieces de Canon furent placées' devant l'Hótel-de-Ville; ces fages m'efures • prévinrertt toute émeute, & s'il y'avoitc quelque Complot contre la tranquil ité puj~ blique, perfonne du moins n'ofa la trou-1" bier. Si les trop nombreux partifans que' lés Confeillers démis s'étoient faits depuis' long-tems dans la bafie claflé du Peuple,■> rëfierent dans un repos , fans douteforcéj; ceux d'un rang plus diftingué ne garderènt pas le filence. Ils avoient , dès le' même jour , fait répandre le bruit que dans^ la prochaine affemblée des'Etats ', la cön-" duite du Confeil de guerre & des membres • dè la Société Patriotique féroit hautement' désapprouvée, & que les Régens dépoféS 5 rèprendroient leurs places; Pour donner ' plus conlifiance a cé bruit, onze anciens5 Echevins unis de fentimens & d'intérêts '• aVec les Confeillers deftitués , & qui s'é-" töiënt déclarés chefs d'une-Société foi-di-■ faut-Patriotique, expoferent djins urte Re-1l£ijt> qtiêiV-  S** Journal Pólltïquf quête leurs plaintés a 1'Affemblée Souve* raine au fujet de ce qui s'étoit paffe, de-ixai.dant que les chofes fuffent rétaWiesAir Fancien pied, pour prévenir les fuitesfeintfles d'une telle innovation, & pour le bien de la Ville & de la Patrie. Lesfept dépofe's,. founnus des fept qui nePétoient pas, drefferent de leur coté'uije Requête,, dont les- expreffions- contre les«uteurs de leur difgrace n'étoient pas, & naturelle ment ne rouvoient pas être ménagécs;: ils y demand^ient juflice & répara* tion de l'outrage qu'ils avoient regu de la part,, d 'oient-ils d'un petit nombre de -citoyens,. tandis que la plus grande partie detefloit un attentat fi contraire aux privileges de Ja Ville & a la- CoafUtutiön> Non contens de cette Requête, & fe prétendatit- toujours légitimes-Confeillers les qnatre-d'entre eux qui avoient é:é chargés-,-depuis- le mois de Février de porter anx- Etats la vx iy. de la Ville ,. partirent pour.la Haye,. avant les nouveaux-Députés-qui-les trouverent dans Je Logement de Ja' Ville ,. comme s'ils' avoient' eu lfr droir.de. 1'occ-tiper,-& qui n'éurent pa»' Pimpolitefle de les en faire fortiry comme Ponti  de Hollande.- 1-09 Pont publié quelques Gazettes men fon-geres. Ce trait de modération ne les toueha pas, le lendemain ils fe rendirent de trés bonne heure a l'Aflemblée des Etats, & s'emparerent de la-place-deftinée , a. Ia Députation de Rotterdam. Les nouveaux Députés parurent, & préfenterent la Lettre qui les autorifoit ;■ & les anciens les Requétes dont nous avons parlé; alors les dé-bats commencere-nt dans rAITemblée :Dort & fept autres Villes foutinrent que' l-'affaire de Rotterdam étoit purement Domtflique, que le- Souverain n?y devoit' point intervenir, & que Ia nouvelle Députation étoit la feule qu'on dm reconnoitre comme légitime.- L'Ordre Equeftre & fix Villes de fon parti foutinrent le contraire, &-Gouda étant demeurée-neutre laré4bIution fut-fa-yorabie pour Rotterdam-, dont les nouveaux Députés prirent la place' qui leur appartenoi t, leur Lettre de Créance' fut approuvée, & ils■ donnerent-leurs voixv dans-tont ce qui fit la matiere des'délibé--" rations du-jour, faas qu'on adrelfttla paröle aux anciens , qui ne furent que firn*" pies fpecla-teur»; Le lendemain ils voidui rtnt-encore renouveller leurs. prétentions j; ü 7 1'uaJ  il»- Journal Pblitique' 1'un d'èux homme trés éloquent, fortin* frrtiit, & capabie de rendre dè grands fervices a'la Patrie s-'il en avoit embraffé les véritables inté êts, voulut prendre la parole, mais elle lui fut interditè en vertuv1 de la réfolution prifelaveille; enfin, pour" lïe plus parler de ces débats, nous dironefèulement que l'Aflemblée Söuveraine, par égard pour quelques uns de fes memJ Bres ■, & pour n'être pas accufée de précipitation , voulut bien revenir encore fur " cette affaire déja jugée, & qu'elle fut fans ; retour décidée purement Domeftique, a la* pluralité de onze voix contre fept , celle ' de Rotterdam j ne pouvant être demandée dans une délibération qui lui étoit perfonnelle. Pendant cette0efpece d'incertitude la prudence exigeoit qu'on prlf a Rotterdam tou-tes les précautions néceffaires pour prévenir les émeutés de la pöpulace en faveur' des Confeillers dépofés , non par aucun: motif de craintè, mais afin de ne point fe voir réduit a la funefie néceflité de verfer' le fang des citoyens, dont 1'aveugïementmérite plus de pitié que de rigueur. Le Magiftrat donna doncordre de déinonter" léss  dè Héïïandè. Iès- batteriésplacéès- fur les Móles du có-té.; de la Meufe, &: chaque jour plufieurs-; Compagnies Böurgeoifes- occupoient les poftes- les- plus importans. Cé feivice -extraordinaire , quoique indispenfable , pou* voit devenir onéreux a.beaucoup de citoyens qui n'ont d'autre reflource que le' travail de leurs mains; la fociété PatriotLque■ s'empreffa de réparer cette perte,.elle ouvrit en lèur faveur une foufcription^ hébdomadaire pour tout le tems que dureroit ce fervice, & chaque membre feconda une propofition fijufte en foufcrivant felon fes- facultés. Les citoyens les plusopulens, des Dames , des juifs- même fi-i rent parvenir des fommes confidérables & Meffieurs . les Commiffaires de ce fonds d'indemnité, plufieurs joignirent a la beauté, de 1'aétion, la modeftfe de taire lëurs-; noms.. Pour ne point bleffer la délicatelTe dés citoyens que les befoins dé léur familie obligeroient d'accepter ce dédommage-ment ou annonca par la voie des papiers < publics , qu'ils pourroient s'adrelPeraleursOfficiers & que leurs noms- ne feroi?ntpoint • connus.. Meffieurs les - Médecins, ■ Gliirurgiens & Appthicaires,. Membres deo la.i  m~ Journal Poliiïque ïi- Societé Patriotique , s'affemblerent & réfoiurent d'offrir, provifioneliement pour le terme d'un an, a dater du premier Mal de cette année, leurs foinspour toutes les Maladus extérieures ou intérieurcs dont lés Bourgeois armés pourroient être attaqués relativement a leur fervice Militaire. Meffieurs les Médecins & Chirurgiens ne voulaut abfolument aucun honoraire pour leurs Vifites & leurs panfemens , & Mefifieurs les Apothicaires faifant grace de la' préparation des drogues &Mé-dicamens,dont la Vaieur, réduite au taux le plus" modéré, feroit payée par Meffieurs les Commiffaires du fonds d'indemnité. Ces der-niers, touchés d'une offre fi généreufe en ont donné connoiffance publique a tous' les Donateurs, Donatrices &Membres contribuans du fonds dont ils font dépofitair'es , ne- doutant pas qu'aucun d'eux ne fignale fon amour pour la Liberté , en fecondant par fa contribution un fi beau projet. Les Bourgeois armés, faifant le fervice, ont été avertis qu'ils pourroient' cnoifir tel Médecin ou Chirurgien qu'ils' Voudroient par'mi ceux deflinés au Bataillon , daiis lequel fe trouve leur Compagv  de Hollande. 11$ fiie, en prenant la précaution de fe munir d'un billet du Capitaine ou d'un Officier fupérieur de leur compagnie. Piécaution fiéctiT-dre pour que les Bourgeois armés qui ont refufé de faire le fervice-n'ufurpent pas les droits de leurs concitoyens qui fe facrifient avec tant de Zèle pour le maiiïtien de la Libené. Nous avorts cru devoir offrir k nos Lecleurs ces deux acles de Patriotisme, non pour en faire Péloge , ils n'en ont pas befoin, mais peur donncr ilne nouvelle preuve des fentimens donï les foutiens d'une li belle caufe font animés. Que le Public équitable compare leurs droits, kurs motifs, & leur conduite , avec les procédés Tyranniques, le pillage & leMeurtre que fepermettent leurs adverfaires, & qu'il prononce. La Oeftitution des neuf Confeillers d'Arufterdam , quoique décidée parleVceu de la Bourgeoifie, & leconfentementd'une partie des membres du confeil de cette Ville, n'étoit pas encore confommée fans retour par un remplacement. Le aMai, quatre Compagnies Bourgeoifes furent pollé^s devant &' dedans la Maifon-deVillej, laRégence s'afièmbla, ó;Mr. Hooft fe  ïi'4' Joimval Politiqwe fe trouva feul dans la Chambre des Bbürguemaitres, deux de fes Collégues étant indifpofés & le troiiieme préfidant a la condamnation d'un criminel. Une Commiffion compofée de trois Colonels, de plufieursCapitaines & Officiers- de la garde Bourgeoife, & de quinze Conftitués de la Société Patriotique, munis d'un aéte de qua*lification fignéde plus de 15000 citoyens,. fe rendk a 1'hótel de Vrille, recut les honneurs Militaires, & ayant été introduite dans la Ghambre des Bourguemaitres, y préfenta ime Requête pour- demander que ce jour même ou le Lundi fuivant, au plus tard, les places des-Confeillers dépofés le 2.1 Avril par la Bourgeoifie, fuffent remplies par des perfonnes dignes dela confiance des Citoyens-. En même temsla Cömmiflïon préfenta une Lifte de 27perfonnes pour que le Confeil en choislt 9; Mr. Hooft fe rend'x avec la Requête &. la Liftë dans la< Chambre dü Confeil ,. oü nul des membres depj fésnefepréfenta. lia féance ayant duré jufqu'a 4 heures après midi-,. Mr. Hooft annonca a la Commiffion,. que fa R.quête avut été favorabk-ment accueillie, que les neuf nouveaux; Go»*-  de Hollande.. Ml ftilters feroient choifis & recus au ferment le kindi prochain , & qu'on délivreroit & la Commiflion une copie authentique de. cette délibdration. La Bourgeoifie fit échter fa joie en apprenant une réponfe lis conforme a f.& vccux, & la témoigna par les acclamations dont elle accuèillit MrFJooft a fa fortie de 1'Hórel cle-Ville. Le Lundi 7 fut un jour de triomphe.' pour le Patriotifme dans Amfterdam. Avant; huit heures du matin ió CompagniesBourgeoifes furent placées en difl'érens endroits, &furtout aux environs de 1'ilótel-de-Ville &: de 1'Arfenal.. Tous lesConfeillers auxquels la femaine d'avant on avoit: remis la nomination , fe rendirent k lii Salie du Confeil , excepté; trois , qui par indifpofition ou par. d'autres- caufes nepurenraiTifter ala féance.. Les Confeillers-qui avoient protefté contrePEleclion des nouveaux. ne comparurent pas, mais le Confeil, malgréecetteabfénce,. choifu pour remplacer les, Membres deflitués, Meffieurs Farr.et, Nobel, du Quefne,. Ajfehenberg, de Roth, Qrth , Goll, Rutgers le jeune , &:.lfevering.. Cètte. ElecYton' fut communiqués auftj> tót. aux: deux. Députations. du Confeil de guerre-  w* Journal Politiqué guerre & de Ja Bourgeoifie, & aux notfveaux Elus que des Huiffiers de la Ville' allerent avertir de fe rendre au Confeil. Tous ayant accepté Finvitation furent introduits dans la Cha.nbre du Confeil, p,êterent ferment & pr'reut féance. Apiès cette Cérémonie le Confeil en corps , fortit de la Chambre, pré:édé des Huiffiers,& fuivi des deux Députations fit le tour de la Gallerie & defcendit le grand efcalier de 1'HótePde-Ville, au fon d'une brillante Mufique. Les 6 Compagnies poftées fujr le Dam, & les 10 autrs furent averties de l'Eleétion & de la preftation de ferment des nouveaux Confeillers; ces Compagnies quitterent enfuite leur pofte, furent fe ranger en battaille devant la maifon de Mr. Hooft & le faluerent d'un tripje Vivat! répété par la foule immenfe des fpeétateurs. Ainfi fe termina le magnifique fpectacledu triomphe de la voiX du Peuple. Jamais, comme nous Pavons déjadit, révdutions ne furent plus néceffaires & feites plus h propos que celles dont nous Venons de rendre ccmptc. Les Etats de la' Province d'Utrecht, qui riennent leurs fóances dans Amersfort, & qui, comme Pa  de Holland:. sif Pa trés bien remarqué le Rédacteur impartial d'un papier public national, ne font compofés que des Repiéfentans d'un Clergé qui n'exilte plus, de quelques Nobles, & des Députés de deux Villes , celles d,Utreeht, de Wyk te Durftede & de Montfort en étant féparées; ces Etats, difons-nous, ne voulant accepter aucune méliation raifonnable, avoient formé le projet de reduire Utrecht par la force des armes. Pour en venir a bout il falloit des troupes, & celles qu'ils ont a leur folde u'étoient pas affez nombreufes, & comme 1'événement 1'a prouvé , manquoient de courage. Ces Meffieurs ne trouverent pas de meilleur moyen que de députerdeuxd'entr'eux leS Srs Athlone SaPerponcher aux Etats de Gueli dre,dont les Membres, al'exception de qüeP quesuns, avoient prouvé leurs intentioni Tyranniques & meurtriers , en faifant attaquer Hattem & Eiburg. Cette démarcho eut tout le fuecès qu'on en devoit attendre , & qui vraifemblablement étoit afluié d'avance. Quoique la querelle entre les Etats qui tietinent leurs féances dans Amersfort, & la Ville d'Utrecht, ne dut intéreffer en rien la Gueldre, elle n'en co»-  «■irS jTottrml Politique iconclut pas moins un Traite de déferffr mutuelle , fous prétexte, car la cruauté ju'en manque jamais, des ordres donnés par les Etats de Hollande è Mr. le Général-Major Van Rvfe!, commandant le ;Cordon, d'entrer fur le territoire d'Uitrecht a un lignal convenu. Les inter.tions de la Hollande étoient connues depuis long-tems, le cordon de troupes a fa .Tolde qui convre fes frontieres, eft auf' .deftiné a défendre la Ville d'Utrecht contre toute attaque; c'efl: un devoir indifpenfa,ble prefcrit par l'Union dUt recht, qui a diété cette conduite.aux Etats de Hollande; ichaque ConféJéré doit s'oppofer de toute fa force aux attaques d'un ennemi étranger ou domeftique , contre un niembre de la Confédération ., & lui conferver fes droits , Privileges & Prérogatives. Toutes les perfonnes qui ont part au gouvernement de la République font ferment d'obferver & de faii-e obferver eet article, & .c'eft en vertu de ce ferment que le-s Etats de Hol'ande, informés des projets hofiles médités contre la Ville d'Utrecht, (!ounerent a Mr. Van Ryjfel les ordres dont Jfe pMlgnent 1£s E.ats de Gueldre & d'A- cuers-  is Bol landt.. HJ> iHiersfort, eux qui violent fans fcrupule iles loix de 1'Union. Le Confeil d'Etat, qui n'eft qu'un College chargé du Département de la .guerre, ■& qui ne peut exercer aucun droit de Souveraineté, prit fur lui de défendre a la Garnifon de la Haye , j& a toutes les Troupes du Cordon d'entrer fur aucun territoire fans attaché , c'efti-dire fans que les Patentes données par le Souverain fuflént munies de. la perjniflion .ou des Etats Généraux, ou des Etats de la Province fur le territoire delaqnjelle ks troupes entreroient. Toute perlbnne qui a la moindre notion des droits des Souverains ne peurra qu'être.étonnée , pour ne rien dire de plus fort, de la conduite incroyable du Confeil d'Etat, qui pour favorilér les deüéins meurtriers de la Gueldre & des Etats d'Amersfort, prétendoit retenir dans l'inaétion les troupes de la Hollande. Les Etats de rctte Province jultement indignés de eet attentat a ■leur Souveraineté, commis dans leur réfideuce, ordontierent a Mr. Van Rysfel de n'obéir qu'a Eux feuls, !e prirent ainfi que tous ceux ronfiés a fon Commandement fous leur Protcfiion fp.c'ciale, & lui  Isa Journal Politiqut enfoignirent de fufpendre du fervice les Officiers qui feroient convaincus d'avoir donné connoiffance au Confeil d'Etat des ordres qu'ils avoient recus. Sur le rapport de ce Général la fufpenfion fut prononcée dans FAffemblée des Etats de Hollande, le 3 Mai a la pluralité de 12 voix, contre les Colonels Fan der Duin, & Van Rechteren, & le Lieutenant - Colonel Van Hoogenheim, Malgré des mefurcs auffi fages que .vigoureufes & digncs des vra;s Repréfentans d'un Peuple Libre, les oppreffeurs du eitoyen ne ehangerent rien aleur Plan, Mr. le Prince d'Orange fur leurs ordres délivra ks Patentes néceffdres pour la marehe des troupes, & les fit parvenir aux Commandans. Cette opération ne put refter en fecrette, & fur le bruit qui «'en répandit, le Stadhouder écrivdi rt Mr, Fagel, Greffier des Etats Généraux, le priant d'iflurer de fa part L. H. P. qu'il u'avoit point envoyé, comme 011 le publioit, 17 Couriers pour porter ces Patentes, & que des imputations auffi fauffies étoient iiiventées pour le noircir aux yeux de la Nation. II nous femble que cette efpcce de juftification fe réduit a une chi-  ie Hollande. til chicane fur les termes : en eiTet que Mr. le Prince d'Orange ait envoyé les Patentes par 17 Couriers ou par un feul, il n'en eft pas moins certain encore que 1'Union d'Utrecht nomme les Stadhouders Médiateurs dans tous les différends qui peuvent s'élever entre les Membres de la ConféJération , & que 1'office de Mediateur ne lui permettoit pas de délivrer des Patentes pour rdpandre le fang des Citoyens qui reclament des droits impréfcriptibles. On nous répondra fansdoute, & c'efl: la le grand argument des partifans de ce Prince, qu'il eft obligé d'obéir aux ordres des Etats dont il eft Capitaine Général. Nous fupprimerons les réflexions que le paffé pourroit nous fournir au fujct-de cette obéiflance, &nousrenfermant dans les circonttances aótueiles, nous dirons que les devoirs du Stadhouder devoient l'emporter fur ceux du Capitaine Général, & que s'ils font abfoluraent in. compatibles, on a commis la plus fatale de toutes les imprudences de conférer ces deux charges a la même Performe. L'attaque d'Elburg & de Hattem avoit déja démontré cette vérité, que le maflaciedes Tom. I. Juil 1787- F ci'  Journal Polhiqus citoyens d'Utrecht inent de porter au dernier dégré d'évideuce. - Les Troupes de Gueldre & celles » Ia répartition d'Utrecht étoient en marche avec un train d'Arrillerie, tiré par force de 1'Arfeual d'Arnhem, nialgré le refus du comrnis prépofé a la garde de eet Arfenal, & fans aucun ordre du Confeil d'Etat. Ce fonnidable appareii s'approchoit du territoire de la Vilie d'Utrecht, dont Je Magtlirat donna connoifl'anee aux Etats de Hollande du périlqui menaeoit la Ville reclamant la proteéiion & les fecour, de cette Puiffimte Province. QuoiqtPil ne fut pas poffible de douter du projet fauguinaire de la Gueldre & des Etats ri'Amersfort, ceux dc Hollande, toufours fi. deles obfervateurs des loix de 1'Union, & deteftant tout; démarche boftifc, fe c'ontenterent des ordres qu'Üs avoient donnés a Mr. Fan Rsffel, & Jaifferent \ leurs Conlédérés le funefte honneur dc rép-indre les premiers le fang de leurs Compatrjotes. Enfin le 9'Mai, jour malheureux & que la pofiérité la plus rcculee ne fe rappellera qu'avec horreur, Ie Confeil de Ville c'UÏIStfBt fut averti de Papproche d'un Corps de  de Hollande. lij ■de troupes deftiné h s'emrarer d'un pofte important fitué fur le territoire de la Ville. A cette nouvelle Iacloche d'allarme fonne ,ia Bourgeoifie & les Auxiliaires prennent ies armes, on demande des Volontaires, il -s'en préfente en foule, & on en choifit 230. Le Confeil de Ville nomme un de fes Membres, Mr. d''Averhoult, p®ur comtnander ce détachement, mais avec ordre de fe tenir fur la défenfive. Nous allons laiifer parler ce brave Commandant , & nous ne retrancherons de fon rapport que quelques détails relattfs aux difpofifions qu'il a faites pour la marche de fa troupe., pour ia mettre en bataille, en raifon d.n terrein qu'il occupoit, de la pofition de Teunemi, & des autres circonlhnces de fon expédition , qui n'apparticnnent qu'a la Tactique. Ces détails cependant prouvent une préfence d'efprit & une Connoiffance de 1'Art Militaire qui feroient honneur a 1'Ofiicier le plus expérimenté. C'efl: ainfi que Foccafion dévcloppe des talens qui feroient demeurés dans 1'uublü F a RAP-  ï*i Journal Politique RAPPORT Fait au Confeil-de-Ville d'Utrecht, par Mr. d'Averhoult commandant le Détache.flient des Bourgeois de cette Ville & des Auxiliaires dans le Combat du 9 Mai, prés de Vreeswyk. Nobles, Grands & Vênérables Seigneurs, „ Sur les Ordres que Vous m'avezdoni, nés de marcher avec un Détaehement vers la Seigneurie de Vreeswyk, autre- ment appellée le Vaart, & d'y refter „ en Garnifon jufqu'a nouvel ordre, paree „ qu'on étoit informé que quelques Com„ pagnies d'Infanterie du Régiment du Comte Van Efferèn s'en approchoient; 3, cette violation abfolué du territoire de „ la Ville faifant craindre qu'elle ne fut blo, „ quée, écne pouvant pas foufi'ir d'ailleurs „ que les Eclufes fe trouvalïént au pou- voir des ennemis déclarés de la Ville & „ de la Bourgeoifie; fur ces ordres donc, „ je fuis forti, le 9 Mai, entre fis & fept m heures d" fóir, avec un Corps de deux m cents hommes d'Infanterie, tous volon- !> tairgg,  dé Hollande; 5-2$ ii taifes", la moitié tirée des Compagnies' s,< Turkyen, Papevaandel & Fortuin , &- 1'autre moitié compofée d'Auxiliaires; „ j'avois de plus trois pieces de Canon f, de trois livres dc balles, & la Com- pagnie des Chaffeurs, fore de trente hommes. Je mis les Chalfeurs al'avant- < garde, & j'en détachai quelques uns5 ,., avec ordre de vifiter les chemins, les hayes & les maifons. $—■ Nous arri,, vames prés de jfutphaas ou la Troupe ,-, fit halte,- & le Canon fut mis enétatde' ,, fervir. Je recus en même tems rapport ,-, de 1'Avant-garde qu'un Corps-de Mili,, taires nous attendoit en ordre de Ba,-, taille devant le pont de Jutphaas; j'a- vois deffein' de faire halte quand nous; f, ferions plus prés d'eux, & de leur en,, voyer un Officier,- pour leur communi,-, quer les ordres dont j'étois porteur ,• & leur demander de nous livrerpaffage.,-, Mais un moment après il me vint ded/a- vant-garde uu fecond rapport que les',, Militaires s'étoient déja retirés; ce qui me fit dans la crainte de quelque fur,, prife, donner ordre de vifiter les mai„- fons, & de faire halte a 1'eutré.e du' F 3 Vil--  Ï2 Journal Poütiqut „ Village: nous le traverfames & la rmit étoit lort obfcure. J'avois vu par ce »> qui étoit arrivé k Jzitphaas qu'il devoit „ y avoir déja quatre Compagnies ri'EfFeren au Vaart, & les habitans de Jut„ phaas m'avoient dit qu'il y étoit venu „ trois Compagnies du même Bataillon, M ainfi Je m'attendois a trouver le Ba» „ taillon en;ier au commencement du „ Village du Vaart. En conféquence je >, priai Mr. Viffcher, Bailli de cette jut, risdiétiorx, de prendre les dévauts avee „ un Officier , quand nous approcherions ,» du Village, & d'avertir de notre arri„ vée 8t denos ordres, le Commandant » du Bataillon & les gens de la juftice du „ üeu, & de leur repréfenter que peut„ ft re ils ignoroient que ie Vaart appa*„ tenoit au territoire de la Ville. Je ne fus pas peu furpris lorfque fur les dix „ heures, étant a. un quart de lieue du '*> Faan Ies ChaiTeurs vinrent mVertir « qu'ils avoient été prefque au deffus du ■M Baraillon. Je donuai ordre dans 1'iu„ ftant a Mr. ie Lieutenant 't Hoen, qui » commar.doit le premier Peloton , de faire *> faire k fa troupe un mouvement en ar- »» riere»  de lloïïande, ztf „ r'kit, de droite & de g a irclie; je fisprentte a ce Peloton une pofition oblique pour démaf'quer Ie.Canon, que les' „ Officiers d'Artüierie s'empreflérent avec la plus grande céferité de mettre en étatr de fervir; je plac/ai les chafTeuis a Talie „ droite le long dn foffé. ,, Pendant que je fèifois ces difpofitions ,„ fans qu'on etrt crié qui rive fur nous, ,, & fans que le Comte d'P.fferen pm fa„ voir gar conféquent fi nous érrons arms,, ou ennemis, les Grenadiers de fo n ÏÏataillon firent feu fur nous en traitre; ; „ cette décharge tua le Cannoïder Van ,, der Vierk, & blcfTa quelques t - nos geus. J'ordonnai alors aux Chaffeurs de faire feu-, mais la feconde dé„ charge de Pennend fut vit de prés la pre-' „ miere, & j'eus la douleur de voir tomber le brave Mr. Corneiffe Covert Vif,, fcher, Capitaine Lieutenant dclaCom„ pagnie Turkyen, Commandant des chaf„ feurs, & qui me fervoit d'Adju Jant nous eumes encore quelques bleffés* ,,. Les chaffeurs, & les deux demi-Pelo„• tons qui s'étoient ouverts obliquement, M, répondirent a cette déchargé, &■ le CaP 4 „. nol*  12« Journal Politlque „ non commenca a jouen Après quel„ ques volées le feu de renncmi parut „ cefllr & s'éloigner de plus en plus , „ il avoit mème diminuédès les premiers„ coups de Canon; il paroit cependant » 1ll'ón nous jetta des Grenades, au moins nous en vimes diltinctement le >, feu, & un des nótres eut la moitié de „ fon chapeau emportée. Enfin 1'Ennemi ayant pris la fuite, les Officiers d'Artillerie lui envoyerent encore quelq ues boulets; alors je fis celTer le feu, re„ connoltre le champ de Bataille &jefus m informé 'que 1'ennemi étoit en fuite ; & que la terre étoit couverte de fufils. „ Ce combat n'a pas duré une demi- heure. J'allai prendre pofte avec ma troupe fur 1'endroit que 1'ennemi avoit occupé, j'y fis halte pendant plus d'une demi„ heure pour 1'attendre, après avoir fait >, placer une piece de Canon en face d'un „ chemiu détourné , & une autre en avant „ de ma troupe. Je me retira* enfuite fur „ Jittphaas oü nous reft;iti\fs toute la nuit „ fous les armes. Je m'y déterminai par „ 1'avantage de ce pofie , & dans la crainte que 1'ennemi, qui n'éteit peut-être déhit  de Hollande. I2t> fait qu'en partie, ne s'embufqtrót dans ,', une fauffaye, auprès de laque'de je de,, vois palier, & qu'a la faveur de 1'obfcu- rité il ne me pri't en flanc. Je ne ,, puis , Meffieurs , donner trop de louan,, ges aux Officiers, Bas-Officiers , Bour,, geois armés, Canoniers & Chaffeurs,' ,•, qui fe font trouvés avec' moi dans cette ,, affaire, & ce feroit leur faire tort a ,v tous que d'en diftinguer un plus que ,, 1'autre."" Mr. Daverhoult nomme les Gfii-* ciers de la Bourgeoifie d'Utrecht, des Cannoniers, des Auxifaircs de Lcyde,de Zufphen', & de Hattém & ceux des' Chaffeurs. II parle enfuite des renforts' qu'il a recus dans la nuit, des ordres"' qu'il' a donnés' a la pointe du jour, pour' aller reconnoire le charnp de bataille &■ prendr'e les dépöuilles' de 1'ennemi. Sur" lé rapport qu'il recut que' le Far.rt é oit abahdonné', il fe mit en marché p ur oc-" Cuper ce pofte, il y ar.iva fur lts fept heure s & demie, il' fit placer du' canon' a'üx principales avenues', & dreffer une' batterie du cö:é de' la'Guéldrè,- Tl laiffa' la' moitié' de fon monde fous les armes,* F 5 &  £3° Journal Polïtique cc envoya 1'autre chercher des Logemensdans le Village: mais les habitans s'étant tous redres iViane avac leurs. effèts, on ne pouvoit trouver aucune noutiture. La journée & la nuit pafTées avaient mis la troupe de Mr. d'Averhoult furies dentsr cc n'érant relevéeni par les troupes du Cor- , don, ni par la Bourgeoifie d'Utrecht, il n'étoit pas poffible qu'elle refbAt dans cette fituation.. On tint un Confeil de guerre & il fut décidé unaniinent de fe retirer dans, la Ville. Après avoir rendu compte des ordres qu'il donna pour cette marche, Mr. d'Averhoult termine ainfi fon rapport.. „ Je me flatte, Nobles , Grands & Ve> „ nérable* Seigneurs, d'avoir rempli Vos „. intentions , & je n'ajouterai que peu. „. de mots a mon récit. La conduite ferme „. & intrépide des trois Meffieurs, Fijfcher „ nous a caufé la plus grande admira- tiou; ils ontfoutenu en héros.la mort de leur digue frere. Je reeommande ,-, auffi a vos Vos Soinspaternels la Veuve „ du malheureux.ócbrave Canonier/^« der Flerk èc le Bbmbardier FamSéhup^»^ >«. trés dangereufement bleffé.. Signé J. A. D'averuoult Commanf dhm duDliachemcnt en t oyé au Fuirt. Sauiü  de Roïïande* . rgi S'ans doute nos Leéteurs reconnoitront fans peine dans ce Rapport le ton de la vérité; ils y adtnireront auffi la modeftie de ce brave Commandant qui ne fe permet pas la moindre expieffion qui donne fujet a fon éioge perfonnel. Mais s'il éviteavi&' tant de foin de parler avantageufement de lui-même, tous ceux qui ont combattu; fous fes ordres rendent hommage a fa pru-dence & a fon Courage. Cette Viétoire r. fl c'en eft une que d'avoir mis en fuite ftne troupe de laches aifaffins-, a été trop'' chcrement achetée par la perte de deux: citoyens tués en trahifon ; leur fang crie' vengeance & 1'obtiendra fans doute. Malgré: la douleur que doit caufer cette perte a toute ame honnête & fenfible , on reconnoit les foins- de la Providence, qui a répandu la terreur parnii les Satellites de lai Tyrannie, & qui a préfervé'd'une perte inévitable ce foible Détachement. Qu'éfï' ee en' effet que 1130 Bourgeois & 3 pieces; de Canon du plus petit calibre, pourcontraindre un Bataillon de troupes reglées> k la fuite la plas honteufe? 14: Ca^ffes,, plus de ïoo fufils , les- étendarts-des Quarliers Maitres, un grand nombre de. cha-E & oeaua;  vp; Journal Pollthjue peaux , bonnets, fabres, fpontons, corïï'es,, habits, havrefacsi la Caifle Militaire, le cheval du Major, &beaucoupd'uftenciks; des prifonniers de guerre, & des bleffés font Iespreuves incontelhbles de cette déroute qui imprime fur le Régiment d*Ef» feren une tache inefFa^able; vainqueur on Feut détefté, fuyard on le méprife. Le Gomte d'ElFeren avoit pourtant alT'uré dansAmersfort que fon Régiment en valoit trois; fa jaéhnce a.été punk, & ces Bourgeoisdont on avoit tant de fois tourné les cxercices en dérifion, dans moins d'üne demi-hei;re' on fait prendre la fui'e aux héros qu'il avoit tant vantés, & qui ont prouvé qu'ils n'étoieit que Soldats-, c'efta dire ge»s? h la Solde, &. non pas- Milt* taires <\\\\ fignifie Combattans, Nous avonscru- devoir donner un détail-circonftancé &: authentique de cette fatale rencontre nous y. avons joint urecourteénumération des dépouilles laiifées par 1'énnemi' fur le champ de Bataille & dans le Village qu'il oocupoir. Le Leétuir jugera du défró de croyance qu'il fa ut donner aux recits' de certains Gazettiers nationnanx, &: üirtout. de- celui, de- CJeves t qui joignant ks--  de Hollande. 133. les injures au menfonge le plus palpable, écrit que 400 Bourgeois d'Utrecht qu'il nomme des Brigands ont attaqué a /'ƒ*provifie & traitreufement environ iso hommes du Régiment d'Efferen , qui fö font vus contraints par la fupériorité du nombre & le feu du Canon, it prendre la fuite. Comment peut-on méprifer le Public au pöint de lui vouloir perfuader que 120 hommes ont avec eux 14 Tambours& plus de 200 Fufils? Nous nous cort-tenterons, ici de cette réllexion fulftfante' pour faire connoltre le ftyle & la facon de penfer de eet Ecrivain , qui depuis longtems a fait frêVe avec la décence & la vérité, pour fe livrer fans- pudeur, auxplattes plaifanteries , aux jeux de mots,aux injures les plus groffieres & a la ca-.lomnie. Si c'eft la du talent, qui voudroit en avoir a pareil prix ? Dés qu'on eut entendu dans Utrecht les coups de Canon , le Magiftrat trésoertain que la'Bourgeoifie n'avoit pas commis- les premieres-holtilités-, fit donner le' ft-tial dont on étoit convenu , en cas d'attarpie, avec Mr. Van Ryffel. Ce Général-en fit avertir les Etats-de Hollande qüP E 7 ex*-  I34> Journal Pbiïttque ordonneren* auffitót de faire marcher leurs troupes au fecours d'Utrecht. La Légioii de Salm, les deux premiers Bataillons de Grenier Wallons, les Régiments de Byland, de Saxe Gotha & quelqnes autres obéirent; mais les- Etats Généraux & leConfeil d'Etat envoyerent ordre a tous les Chefs- des Régimens de n'entrer fur le territoire d'aucune Province, fans ie: confentement du Souverain de cette Province , ou fans des Patentes qui leur en donnaiïent la permiffion.. En conféquence de ees ordres un grand nombre d'Oflicierscouvrirent leur c^ésobéitTance envers leur Souverain, du prétexte fpécieux d'un ferment fait aux Etats Génénux écrefuferent d'entrer dans la Province d'Utrecht. Le Régiment de Pallardy Infanterie, en Garnifon a Woerden , donna le fignal de la Ré- ' bellion, & quand Mr. de Ryffel fit de^ mander aux Officiers une réponfe précifei! ne s'en trouva que 3, le Lieutenanr Colonel, le Major cc un Enfeigne qui obéirent, le refte felon les ordres des Etats de Hollande fut fufpendu de fervice, &: qu-Iques jours apiès remplacé. Les Soldats de ce Régiment, enhardis par 1'ex- ' emgle.-  de Hollande* 135 emple de leurs Officiers s'attrouperent, prirent 1'es armes pouffant le fameux cri: Oranje boven; menacant de s'emparer des portes de cette Ville, une des Clefs de Ja Hollande du cóté de la Province d'Utrecht. Quelques détachemens de Bourgeois Auxiliaires tant de la Haye que de Leyden &. dTautres Villes, étoient heureufement ralTemblés a Woerden, dans le deiiéin de marcher au fecours; d'Utrecht.. Dans cette circondance ils offrirent leursfecours qui furent acceptés, & avec quelques Huifards de Salm , ils défarmerent Ces braves foutiens du Prince, qui furent renfermés & detenus prifonniers jufqu'a ce que les Etats de Hollande aient prononcé fur leur fort. Ils ont depuis té* moigné leur repentir, le Souverain leur a fait grace, ils lui ont prêté publiquement un nouveau ferment, & obé.ffent maintenant fans murmure a' leurs nouveaux. Officiers. Le troifieme Bataillon de Grejiier a fuivi ie mauvais exempls de Pallardy; les Auxiliaires Font encore mis a la raifon, & les Officiers feuls auteurs de cette rébellion , font caffés & remplacés.. II. en fexa de méune de Stuard &. desautre3:  *Stf Jotlrtlal PoHlïque' Régimens s'il s-'en trouve encore de re-belles. II fe préfente p]us d'Officiers b> deles & capables de fervir avec honneur, qu'il ne pourra s'en rencontrer qui mant queront a ce qu'ils doivent au feul Souverain dont ils recoivent leur folde. Cette défobéiffance fondée fur le ferment prête" aux Etats Généraux, & fét la défenfe qu'ils ont faite aux Troupes, & dont nous avons parlé, mérite une difcufTunr particuliere. Nous avons dit que Ie Confeil d'Etat s'arrogeoit un droit de Souveraineté qui ne lui appartenoit pas, & qu'il étoit fimplement un College char?é' du Département de la Guerre. Nous difons auffi que les Etats Généraux, quoique repréfentant la Souveraineté Collective des fept Provinces, n'ont pas le droit de donner aucun ordre aux Troupes d'aticune Province, que par le cónfentement ■ exprès cVformel du Souverain de chaque Province. Cette affertion paroltra fansdoute au premier cöup d'ceil un Paradoxe, ffl'iis quelques m >ts fuffiront: pöur démon' trer (a v.rré de ce ql!e nous avancons. Dans toute Société compofée de pi%. frMrs Men bres réunis pour la defenfe & le*>  de Hollande. 137 Iss intéréts de Ia Conférlération, mais dont les propriétés font dilTinctes & régies par des loix particulieres, fans qu'aucun des Membres puiflé commander a 1'autre,. dans une telle Société donc, il faut une Affemblée toujours exiftante, qui repréfente la maffe entiere , & qui jouiffe en apparcnce de tous les droits du pouvoir abfulu. Ce Callege de repréfentaus recoit toutes les propofftions, rend toutes ks réponfes relatives aux intéréts de la Confédération , c'efl lui qui décide s'il faut repouffer 1'attaque d'un ennemi, s'il convient de s'Unir avec quelque étranger; c'etl entre fes mains que tous ks fubalternes employés par la Société promettent d'en foutenir les droits. Enfin ce College paroit étre k centra de toutes ks opérations & Ie chef de la Société; mais il ne faut qu'un peu de reflexion pour fe convaincre que ce pouvoir n'éft. que le réfultat des volontés de chaque Mèmbre de Ia C'onfédération , qui charge fes Députés de fe conformer a. fes intentions, dont ils ne' peuvent s'écarter , &Toppofition d'un feul membre fufiit pour annuller les décifions des. autres. Telle eft la. bafe fur laquelle re»  138 Journal Polhïque repofe 1'autorité des Etats Généraux': f! efPvrai que les Stadhouders' ont violé cette Loi fondamentafe quand elle s'uppofoit aleurs vues. Maurice la rériama quand il fut queftion de condure avec FEfpagne la trêve 12 ans; la Zélande qu'il avoit engagée dans fes intéréts refufant d'y donner fa voix, ce Prince foutint que les Etats Généraux ne pouvoient rien décider qü'unaniment, & quand il eut trouvé dans cette trêve fes avautages perfonnels, la Zc'aikTé óöiiicïïLit. mais le même Maurice n'invoqua plus cette Unanimité quand il fit arrèter dans fon Palais , par les Officiersde fes gardes, au nom des Etats Généraux, Oldenbarneveld , Hugues de Groot, & les autres défenkurs de la Liberté» Les Etats. de Hollande loin d'avoir confenti a cette détention, n'en avoient pas même connoiffance. Guillaume II. alla. plus loin encore; il fit afïïeger Amflerdam, fans que cette entreprife eut é é propófée dans l'Affêmblée des Etats Gé-.éraux. Ces violations des droits-'inhérens a la Souveraineté de chaque Province ne peut les anéantir; ks Eta;s Généraux, dans les circonfiances actuelks-, ne doiveut ni ne peu-  ie Hollande. - *3P peuvent donner aueun ordre au troupes de Ja Hollande fans le confentement des Etats. de cette Province, feuls MJtres de leur Milïëè qu'ils payent, & qu'il» peuvent employer comme il convient h leurpropre jfll c é , cc au m-ainticn delTJniun d'Utrecht violee a force ou verte par ks Eta's (fe Gueldre & ceux d'Amersfoort. Nous finirons cette digrefïïon par mettre fous les yeux de nos Lecleurs PArticle de 1'Union d'Utrecht qui juflifïe & autorife la conduite des Etats de Holhande, prcte&etrr? d'une Ville, partie intégrante de la Confé.'ération, & dout Jes citoyeas ont été HKifTac'é-s par une violation mauifeite du droit des gens, chez tous les nationspo» ticées.. Premier Artitfe de rUnion cffJtrechK », Le Dnehé de Gueldre, le Comté'de* Zutphen, les- Comtés de Hollande &: „ de Zélande, Ia Province d'Utrecht,, celle de Frife éclesOmmelandes, après avoir déclaré qu'elles s'unillént a.jamais> ,, ont arrêté : Que chaque Province, billies, „„ Membres éjf habitans d'ke/le, confer- veronS  Ï40 Journal Polittque ,, ver om leurs Privileges particulier s & fpéciaux Libertês , exemptions , droits, 5, coutnmes, ufages , & toutes autres prérogatives , dans lefquelles les autres Confédérés ne pourront leur faire non j, feulement le moindre tort, préjudice ni léfton, mais les autres Membres de la Confédération feront obligés de leur préter fecours, de toutes les manieres „.convenables & poffibles , même des biens de la vie, s'il eft néceffaire; de les fou„ tenir, protéger & défendre contre tous ,, & un chacuu, qui, & quelque cepourroit être qui veudroit leur faire la moindre „ violence par les voies de fait, relativem vement aux dites libertés , franchifes , „ Privileges &c." Voila ce que les Membres de la Souveraineté , les Stadhouders ,• tous ceux qui ont part au Gouvernement Général&particulier de la République, jurent d'obferver & de faire obferver. Voila le principe conttitutionel de la-conduite des Etats de Hollande, qui défendent la Ville d'Utrecht contre la violence de fes Cc-fouverains, Ligués avec ceux de Gueldre & lé Stadhouder. Nous croyons qu'il n'elt point  de He !lM de. 341 point de Leéteur qui n'approuve cette conduite , & qui, d'après les détails oü nous fommes entrés au fujets des Etats Généraux, ne fente que leurs prétentions font dénuées de tout fondement, & qu'ils ne peuvent exercer aucuns droits de Souveraineté , fans le confentement de toutes les Provinces, moins dans le cas actuel que dans toute autre, puifqu'il s'agit du maintien des ioix de 1'Union. Le feul droit de cette alTemblée eft d'offrir fa médiation , & non d'interpofer fon autorité, e'eft ce qu'elle a reconnu publiquement tant de fois, & furtout dans fa réponfe ■au feu Roi de PruiTe; elle déclara a ce Monarque qu'elle n'a point le droit de s'immifcer dans le diiTérend qui exifte entre la Province de Hollande & le Stadhouder, & qu'elle ne peut que fe porter pour Médiatrice dans une querelle domeftique. Tel eft le feul langage que doivent parler les Etats Généraux, la Conftitution ne leur en permet pas d'autre: fi tous les Souverahis leur accordent le titre de HAUTES PUISSANCES, 1'éclat de ce titre rejaillit fur toute la République, & ne peut autorilér cette AlTemblée a pren- dre  $#t Je at na/ Pollti-qtie dre un ton Defpotique avec aucun des Membres de la Confédération. Enfin nous -fépétons, & nous croyons Pavoir prouvé-, que ce College repréfentatif de la Souvee raineté colleét-ive de la République, ne -dok jamais oublier qu'il n'eft compofé que de.Députésamovibles, tirés des Régences de chaque Province, & dont Pofiiceeftd'êtrc Porgane paffif de la volonté générale, fans pouvoir dans aucun cas parler en Maitre, a moinj? d'y être fpécialement autorifé par u'n confentement unanime. Nous penfons que cette difcuflion eft de la plus grande importance, & nous ofons prier nos Lecteurs d'y donner la plus férieufe attention. Dans la fatale querelle qui divife la République, chaque parti prétend foutenir la Conftitution & 1'Union d'Utrecht. Le Prince d'Orange même le prétend auffi. dans un Manifefte dont nous parierons bientöt; mais les feulcs luniieres du bon fens, aidées de la connoiiTance du véritable état des chófes, fuffifejk a tout honnète honime pour prononcer en faveur des Souverains de la Hollande & de tous ceux qui foutiennent la même caufe. Reprcnons le cours des évenemens politiques  [de Hollande, 14S ïitiques que nous avons interrompu au Combat du 9 Mai; les Hufiards de Salra quelques jours après, en faifant Patrouille fur le territoire de la Ville rencontrerent un Détachement du Régiment de Monfler & 1'ayant repouue amenerent quelques prifonnieis; mais des HiuTtrds& quelques chafléurs du méme Corps ,. ne formant pa$ en tout 40 hommes, furent attaqués un autre jour par plus de 60 Cavaliers du Régiment de Tkuyl, & malgré la fupériorité du nombre ce foible Détachement fou* tint le choc, repoufla 1'ennemi, & lui fit encore des prifonniers. Dans toute autre circonftance ces petites rencontres ne mériteroient pas d'occuper une place dansce Journal, mais il efi bon de fairecpnnoltre la bravoure des Troupes Ariftocratiquts. On a vu qutlquefois de mauvaifes caufes bien défendues, mus celle-ci n'eft pas mieux fervie par 1'Epée qu'elle ne Pa été jufqu'ici par la plume. Ce n'eft pas que le Prince négligé aucun moven de perfuader aux Troupes qu'il eft leur unique Maltre; nous en avons vu la preuve dans la démiiTion accordée & un Officier, & tcutes font faites fur le méme modele. Après  144 Journal PotUique Après avoir certifié que eet Officier a fer. vi 1'Etat avec fidélité , dans te! Régiment, pendant tant d'années, Mr. Je Capitaine Général ajoute : ,, Enjoigncns a tous ,, Gouverneurs, Commandans, & autres ,, qui font/ïw notre obéijfance deluidonner toute aide &c." Jamais Généraliffime, jamais Connétable n'a o(é Te fervir du mot obéijfance au lieu de celui de Cotnmandement, & nous ne pouvons trop nous étonner que les Souverains de la République aient permis a leur Capitaine Général une expreffion , qui attaque fi ouvertement les droits du pouvoir fuprême; expreffion que nous avons relevée pour faire connoltre d'ou vient la défobéifiance d'une partie des Régimens a la folde des Etats de Hollande. N'otre inte.tvtion n'étant pas d'offrir au public une énumération feche de faits & de dates, nous interromprons fouvent nos récits par des réflexions, quand elles pourront éclaircir les doutes ou détruire lés préjugés du Lccteur. Revenons raaintenant aux fuites de 1'attaque du 9 , & difa'ns quelques mots fur les honneurs funebres rendus aux deux premières viétimes de  de Hollande. tflje la Tyrannie. Leurs précieux redes furent dépofés dans la terre, le 15 & le 16., ravec la pompe, relative a la diflërence de leur rang dans la fervice Militaire, &dans Tordre Civil , mais tous deux emporterent au tombeau les .mêmes regrets, & la même vénération de la part de leurs vrais ■ concitoyens. Une Compagnie de Chaffeurs , deux pieces de Canon, trainees spar des chevaux caparaconnes de noir, la •Compagnie Turkyen ouvroient la marche ; les Adjudans de cette Compagnie précé• doient le CaroiTe du corps, & portoient le Blafon du défunt, audeifus duquel étoit une infcription en ffyle lapidaire, comvpofée par Mr. Van Hamesveld, & contenant les qualités, un court ëloge de Mi:. 'Vïjfcher & la date de fa mort. Nous n'a•vons pu nous refufer au plaifir de rendre •un foible hommage Poëtique aux Mdnes .de ce brave Citoyen, en paraphrafant ainifi cette infcription:: ■Le courageux VISSCHER au Printems Se fa vie, dief ut, en défendant UTRECHT £? fa Patrie, Tom. I. Juil, 1787. G Par  146 Journal Pol'ttlque Par le plomb des tyrans un glorieux trêpas i Jmitons ce Héros, & ne le pleurons pas. Le Lendemain on inhnraa aux dépends de la Ville Robert Fan der Flerk, Canonier, avec les honneurs Militaires de fon grade* Les Membres de la Régence, les Conftitués de la Bourgeoifie, les Officiers d'Artillerie & tous ceux qui s'étoient trouvés ï 1'aélion affifterent a cette cérémonieLa Ville fera ériger & 1'honneur de ce brave Citoyen un monument dans PEgiife oü. repofe fa cendre, & un fur 1'endroit même oü Mr. Vificher a été tué. L'Hiftoirè qui furvit è. la defiruétion de tous les monumens ne laiflèra pas périr la mémoire ni les noms de Vificher & de Van der Vlerk, & les générations futures fauTont qu'il fut des oppreficurs fanguinaires dans 1'azile même de la Liberté. Les Etats de Groningue & ceux d'Overylfel indignés de la conduite de leurs Députés dans 1'AiTemblée des Etats Généraux, les ont hautcment défavoués, & leur ont envoyé ordre , de ne donner aucun eonfentement a 1'emploi de la Milice, ni des munitions de guerre , dans aucune que-  de Hollande. 147 quereïïe entre les Membres de PEtat, ou. entre les Régens & les Citoyens; de né point approuver les démarches violentes fakes par aucun Membre de la ConféJération, ou par quel^u; Miniitre d'E at, & moins encore de prendre au nom des Etats Généraux aucun Officier fous une proteélion particuliere; enfin de ne pas concourir a la moindre méfure qu'on voudroit prendre pour empêcher une julTeinfluence du Peuple fur les Régens. Les Etats d'OveryiPel ont en outre privé le Général Van der Hoop de tous fes emplois Militaires a la répartkion de leur Province, pour le punir d'avoir étéfejoindre aux troupes raiTemblées pour attaquer Utrecht. D'un autre coté les Etats de Gueldre & leurs Alhés d'Amerfort allarmés du mauvais fuccès de leur dér ut, & des réfolutions des Souverains de la Hollande ont fait propofer une Conférence que ceux-ci, fideles obfervateurs des loix de PUnion , pour donner une preuve authentique de la pureté de leurs intentions , ont acceptée. Mai* craignnnt avec raifon que cette Conférence ne fut un nouveau piege, une rufe G 2 pfjur  .148 Journal Poliüque pour gagner du tems, & ramafler des focces plus confidérabks, ks Etats de Hollande ont fixé un terme trés court, paffé lequel ils n'écouteroient plus aucune propofuion. Cette condefcendance a jetté 1'allarme parmi les citoyens, & fans blamer la modération de 1'Aflémblée Söuveraine, ils ont cru devoir lui repréfenter le danger de prêter oreilk a des propoCtions captieufes, & la fupplier de ne fe prêter a aucun arrangement qui pourroi-t blelfer fa dignité , ou livrer la Ville d'Utrecht en proie a fes perfécuteurs. L'Affemblée des Députés de tous les Corps Francs de la Province, a préfenté k Leurs Nobles &Grandes Puiffances, au nom deplus de 50000citoyens arrrésune Requête dans laquelle ces Députés après avoir retracé aux Souverains les fervices qu'ils yiennent de rendre k Woerden & k Oudewater, & ceux qu'ils peuvent rendre encore, les fupplient de ne plus fournir aucun argent k la CailTe de la Généralité ; de fe fervir des Bourgeois Armés & des Troupes de la Province, pour combattre les enemis dédarés des citoyens; enfin de fuipendre k Prince de fes charges de Stadhouder  de Hollande. I4'9' Houder & d'Amlral Général, & de celTer de lui en payer les appointemeris. Cette derniere propofltion doit d'aütant moinsparoitre étrange, que le Prince a fait part' aux Etats' Généraux qu'il avoit délivré des' Patentes aux Troupes, pourempécherquela Province d'Utrecht ne fut envahie par les Corps-Francs. Ils n'ont pas été les' feuls qui aient fait parvenir des plaintes' aux Etats de Hollande; plufieurs müliers' de citoyens'd'Amfterdam, de Leyde &' de Haerlem oiït auffi préfenté des Re-' quêtes. Nous alionS donner tin extrait de: celle de Haerlem , ne pouvarit dans uit' öuvrage tel que celui-ci les1 faire connoitre toutes, & nos Lecleurs jugeront de Iajüftice des griefs de la faine partie de IaNation. ,, Nous fouhaitons, difent les'citoyens-' ,, de Haerlem, qu'on puiffe trouver un ,; moyen de rétablir 1'Union & les Fonde* mens de notre République, & nousne,j-pouvons que té'moigner notre approba-' ,,' tion & notre reconnoiflance de la con,,-duitc de Vos Nobles'& Grandes Puif- fances , qui mettent tout en ufage pour , j- n'employer qu'a la derniere extrémité-' G 3 dés  15° Journal Politique „ des moyens violens que la Nation a „ toujours en horreur. Les principes pa* cifiques & Ja conduite de cette Pro»> vince la jufïifieront aux yeux de PEu„ rope & du monde entier, & prouvé. » ront a la Poftérité la plus reculée que „ Vos N. & G. P. n'ont rien négligé pour „ prévenir les malheurs de la guerre d>, vile. Mais auffi nous ne pouvons dif>, fïmuler que Pintention de nos adver„ faires , qui 0nt mis toute la République " a deux doi§ts defaper.e, eft de pouM V°*» au m°yen conférences pro» pofées par le QQD&U d,Etzt%lMtn. " ür]effet aes mefuresindifpenfablespri„ fes par Vos N. & G. P. pour la dé„ fenfe & la proteéïion dues a nos Com- patriotes opprimés; & de réfroidir le s, zele & le courage de leurs défenfeurs. Nous fommes loin de penfer que Vos „ N. & G. P. confentent jamais a rien „ qui porte la moindre atteinte aux inté„ rêts oua la Liberté du Pays. Nous fommes méme certains, d'après lesfen„ timens trop connus de nos adverfaires , „ que ces Conférences feront infructueu„ mais 1'expérience nousdonne lieude crair.- dre  de Hollande. i$X „ dre qu'en faifant des propoiitions inad„ iniffibles on ne s'efforce de retarder & „ de rendre, s'il étoit poiTible, inutiles les mefures de Vos N. & G. P. 1— „ Les Etats de Gueldre du moins leur „ Majorité, ont perdu toute confiance; „ auprès de la Nation. La conduite de la Gueldre en vers les habitans de „ Hattem & d'Elburg, n'a que trop r, prouvé la tyrannie du plus grand „ nombre des Régens de cette Pro- vince, tyrannie qu'ils ofent couvrir du „ voile fpérieux de 1'amour de la Patrie 5 „ ces opprefleurs hypocrites, en violant „ les Arfenaux du Pays , écrivent au C011„ feil d'Etat qu'ils tremblent de voir s'al„ lumer la guerre civiie; & plufieurs ,, d'entr'eux ont ofés dire depuis long-tems „ qu'il falloit verjer le fang des Citoyens. „ Les Etats d'Utrecht font placés aux „ yeux de la Nation dans un jour plus> „ défavorable, & méritent encore plus> „ 1'indignation d'un Peuple Libre. A 1'E- poque de la guerre avec les Anglois, „ lorfque tous les Citoyens étoient m- dignés de la honteufe conduite de 1'A^ »„ miral Général, ces Etats feconderent G4 7r k*  *5?S Journal Politique „ les difpofuions des habitans de leur Pro„ vince qui vouloient brifer le jong du „ Stadhouder ;■ ils le montrerent alors amis du Peuple, ils Pêxciterent k préfenter des Requêtes pour abolir im „ Réglement de Régence opprefïïf, &: 1'encouragerent a- prendre les armes »» Pour donner plus de force a ces Requêtes. Ils abufoient le-Peuple par de flatteufes promeffes, pour établir en„ fuite PAriliocratie, le plus'haïirable cc le plus infupponable de tous les Gou„ vernemens.. Mais lorfque les habitans „ de la Province d'Utrecht & furtout ceux 5, de la Capitale, ayant pénéiré les perfi. „ des defleins des Etats, voulurent faire ,, valoir les droits qui leur appartiennent, „ on changea de ton, & tout fut mis en „ ufage, promeffes & menaces, pour faire „ courber le Peuple fous le joug. Quand enfi i la patience de la Bourgeoifie d'U„ trecht fut épuiféé cc que les indignes Régens eurent été dépofés, les autres 3, Membres de 1'Etat tranfporterent leur " Affembiée dans Amersfort, & n'ont 5,. cefle d'y dónncr des preuves évidentes „, deevengeauce cVde perfidie. Sous pre- textee  de Hollande. ' 153 sj texte de leur süreté perfonnelle, ils ont' „' raflémblé les Rég'tmèns a la répartition 9i de Ia Province, proteftant toujours qu'ils n'avoient aucun delTein hoftile contre # Utrechr. • Nous avons' pu facilement apprécier la vaieur de ces prote(tations; .5 en apprenant que ces Etats, malgré toutes leurs promeffes pacifiques , fai- foient erttourer Utrecht'de tous cötés'" „- & demandoient a la Gueldre un rénfort ,,- de troupes, pour appuyer leur fyllême 5, a force ouverte. L'elfet a malheureufe,, ment prouvé ce complot, le territoire de „ la Ville a été violé , le Village du Vaart a „ été occupé; des Söldats ont attaqué ua' „• Détachement des Bourgeois 'qui ne cóm--" „• mettoit aucune hoffilité; enfin le pré„ cleux'fang du Citoyen a été répandu." Les Citoyens de Haerlem après avoir prouvé que Ie'Confeil d'Etat qui offre fa mé liation ne peut être regardé comme : neutre dans cette querelle, repréfententL aux Etats de Hollande que ceux de Güel- " dre '& d'Utrecht ofent encore accüfer Lv' N. & G. P. d'être les agreffeurs & fe 'Perviront fans doute de ce -prétèxte pour atta-:~ quer leur Province. • Ils'ajoutent lqü'ilss G 5- cfóyènr5  154 Journal Politique croyent néceiTaire d'être toujours préparés a une vigoureufe défenfe & que la conduite des Bourgeois armés i Woerden , & a Oudewater, prouvé que la génération aétuelle ne dement point de la valeur de fes ancêtres. „ Enfin difent les Citoyens de Haerlem, nous fommes convaincus, d'après les „ preuves inconteltables fournies par les onze Villes, que le Stadhouder aétuel „ doit être regardé comme la fouree & la „ caufe des troubles funeftes, & des „ moyens tyranniques employés pour le „ bouleverfement & la mine de la Patrie. Nous croyons qu'il nous eft permis en ,, même tems de mettre fous les yeux deVos. „ N. & G. P. que les habitans de cette Province ne verroient qu'avee la plus „ grande répugnance les deniers publiés, fruitsdeleurstravaux,employésplus long », tems a 1'entrien & i 1'aggrandiffement ,, d'un Miniftre d'Etat, dont les deffeins „ hoftiles contre la Liberté & le bonheur de cette Province fe manifeftent avec J} tant d'évidenee. Telles font les plaintes, tels font les feütimens de taat de miUiers d'aabitans is  itHoïïande: 155 is Ta Province de Hollande, & de tantd'autres dan3 la République,mais dont la Tyran» nie de leurs Régens étouffelavoix.Cen'étoit pas d'ailleursfans raifon , que les intentionsdes Etats de Gueldre & d'Utrecht, &1* Conférence propofée étoient fufpedtes. Le* Etats de Hollande recurent une Lettrede ceux d'Utrecht qui les accufe d'êtreles infraéteurs dé 1'Union, & les violateurs du territoire, en y faifant entre?leurs troupes & qui finit par demander réparation de cette infulte faire i la Souve*raiueté d'Un Confédéré- Les Etats dir Hollande repondirent § ce libelle,- dont nous avons faitgrace a. nosLecteurs, avec' la dignité qui leur eonvient, & fe contemterent dè demander une explication claire; & trés prompte des expreffions équivo*ques dont les Etats d'Utrecht s'étoient feiF~ vis , & protefterent qu'ils prendroient eni eas de refus toutes les mefures qu'ils avoienc en. main pour repondre a'uneMiffive quMlfe regardoient comme une Déclaration' d«? guerre. Si les véritablès infraétcurs dè* 1'Union s'étoient contentés d'employer dè* fephifmes pour" rejétter 1'odieuxi dé? feuff G 6- «yav  *$6 Journal Poütiqve conduite fur les Etats de Hollande, ce ■ manege: ordinaire de la Tyrannie n'auroiü rien d'étonnant ni de dangereux; mais pendant cette Conférence & ces pourpalers ils travailloient a confommer leur ancien projet en changeant de batterie.. Malgré le ton tranchant de Meffieurs les Etats de Gueldre & d'Utrecht , & leurs • menaces d'employer contre la Hollande tous les moyens que Dieu la Nature • eur ont donnés; ils fentoient que leurs fórces échoueroient contre celles de tous les Citoyens armés de la Province qu'ils menacoient. Mais ils y ont des partifans du haut parage qui n'ont pas négligé de lés fervir, en fe fervant eux mémes; & pour empëcher les Bourgeois de veler an i fecours de ia Ville d'Utrecht, ou a la i défenfe de leurs Frontieres , ces zéléspn> teéteurs du Defpotifme ont mis en ufage : •léurs reffdunces orciinaires pour exciter des émeutes.. Déja ie Gazettier de Cleves ; avoit: annoncé que 6cos bons habitans ■ d'Amlterdam , dignes fouüens. de la vraie : Oöniiitution Stddhoudérienne avoient pro* unssde^ombattre.lesfatriotes, & de rét- ta-v-  de Hollande. 157' tabl'ir dans leurs places les Confeillers injüftement dépofés. On méprifa cette me* n'ace paree qu'on en méprifoit 1'Auteur, & fe repofant fur la fidélité connue de la Bourgeoifie armée & du Corps-franc de cette Ville, on croyoit n'avoir rien a ré* douter; Un malheureux événement a prouvé que dans les circonftances aftuelles; i'excès de précaution eft d'une néceffité abfolue. Depuis quelques jours certains cabarets d'Amfterdam , & du quartier du Kattenburg, étoient le rendez-vous indiqué pour figner une Requête par laquelle les Etats de Hollande feroient priés de rendre au Stadhouder toutes les prérogatives qu'on lui avoit accordées en 1766, & d'abolir toutes les réfolutions eontraires. De tous ces cabarets les plus fameux & & le plus fréquenté étoit fitué dans le Reguliers -Straat: le 29, au matin, plu- fieurs -Charpentiers de Navires & gens de ' la lie du Peuple , armés de Sabres & de couteaux attachés a des batons , s'yrafTem- ■ bierent, & ne laiffoient paffer perfonne devant cette maifon fans exiger par force de joindre fa fignature h cette Requête. Cés -violeuees allerent même jufqu'a jetter dans-  *5S Jeurnal Politique- dans Peau un particulier qui avoit abfofcment refufé de figner; une telle brutalitéfut bientdt publique & attira une foule de monde devant cette maifon, mais avant fept heures & demie du Gok il ne s'étoit «ncore commis aucun defordre. Alors, fur un fignal qui fut donné, lesCharpentiers de Navires s'élancerent fur les fpectateurs, & en bleilerent plufieurs; cette attaque imprévue, & qui n'avoit été provoquée par aucune violence alluma la fi> reur du Peuple qui calfa les vitres du cabaret , y entra, & après avoir mis en fuite les aggreiTeurs, ne laiifa rien d^entier dans cette maifon. A 8 heures & demie deux Compagnies Bourgeoifes vinrent appaifer le tumulte , .& fe faifirent de quelques per* tonnes qui s'étoient cachées dans la maifon. Nous ne pouvons nous empêcher de Femarquer fici que la négligence de 1 Officier prépofé a la police eft la feule caufe de ce premier exdès malheureufetnent fuivi tPautres plus confidérables. II ne pouvoit ïgnorer les vfolences commifes dès le matin par ces Charpentiers de Navires, & fon devoir étoit de demander main forte a la Bourgeoiüe arm'ée, pour contenk  de Hottande. 159 ces furieux &prévenirtoutattroupement, fans attendre que la nuit laiffit une libre cours aux emportemens condamnabks oü; fe font livrés les deux partis. Ce reprocbe quoique tres bienfondé, n'eft pas unprétexte pour excufer le pillage qu'on s'eft permis dans les maifons, dont ks mattres font connus par leur attachement au parti contraire a la Liberté. Nous déteftons avec tous les gens bounêtes, ces indignesrepréfailles du pillage, qui depuis fi longtems carafterife lesfoutiens du Defpotifme. C'eft avec ks armes, quand il n'eft plus d'autre moyen, qu'il faut repouftër les, outrages, mais on ne doit jamais fe ven>ger en brigands. Des qu'on eüt appris dans le quartier de Kattenburg ce qui s'étoit paffé dans lat Ville, les habitans de ce quartier fuppots fenatiques du parti Stadhoudérien, pillerent les maifons de quelques Patriotes , & craignant avec raifon les fuites de cette violence, leverent le Pont qui joint leur quartier ala Ville, s'armerent defufils,prirent dans 1'Arfenal du Canon & des Munitions &. fe préparerent a foutenir un fiege. La nouvelle de ces exces fe répandit auflitöt dans  Journal PolWqtie dans Ia Ville, & la partie des habitans qüP n'eft point accoutumée a réprimer les premiers mouvemens de la colere, jura de fevenger fur les ennemis de la Patrie les plus' connus, & qu'elle favoit être les premiersauteurs de ce ddfaftre. De la rnenace t< Pelfet 1'intervalle ne fnt pas long; prefque' aü même inftant les maifons du Libraire' Arendscz de fon frere, celles de Panden Bourguemaitre Rendorp & du Botr-emnltre actuel Beels furent pilldes, tous les meubles brifés & jettés par les fenêtres; ■ celle de Mr. Dedel, auffi Bourgemaitre en exerctce , auroit eu le même fort fans la précaution qu'avoit prife le Magillrat d'y envoyer une Compagnie Bourgeoife , qui la préferva de tout dommage. Cette précaution prouve que les Chefs du Peuple nepartageoient pas fafureür, & que nepouvait la prévenir, ils en ont empêché les fuites. Malgrd la fageffe & la vigilance de leurs mefures, ils ne purent avoir Pceil partout en même tems dans une Ville inimenfe & rempüe d'Etrangers, d'Aventu-' ïiers de tous les genres, qui trop fouvent' fans refTources& fans principes, mettenf ■4"J>rofit une émeute populaire, & ne fon- gtnv-  dè Hollande. ï6i gent qu'au butin qu'ils pourront faire, tandis que les Citoyens ne peufent qu'a la vengeance. Le Peuple ne pouvant fatisfaire la fienne fur la maifon de Mr. Dedel, fe répandit dans d'autres quartiers, & n'épargna les demèures des partifans les-plus connus de la maifon d'Oiange, furtou't celles oü fe fignoient des Requêtes Antïpatriotiques. Les Compagnies Bourgeoifes parvinrent a rallentir la fureur qui n'avoit que trop fignalé cettè nuit fatale. Si les ombres de cette nuit avoient cacbé les exces commis danslaVille, lejour éclaira devant Kattenburg une fcene fanglante. Dès le matiina Compagnies Bourgeoifes furent envoyées pour éteindre le feu de la rébellion dont le foyer étoit dans cette 11e; mais les habitans, comme nous Pavons dit s'étoient préparés a la défenfe. Croyaut ne pouvoir 'Être forcés dans leur retraite par la précaution qu'ils avoient pirife de lever le Pont, ils oferent agir offénfivement, & firent feu fur la Bourgeoifie avec les trois pieces de gros Canon qu'ils avoient enlevées de 1'Arfenal. On leur répondit avec deux pieces de Canon , mais dónt -1'eiTet étoit perdu parceque les mu- tins'  5fo Journal Polittque tins étoient a couvert derrière des barraques de bois. Mr. Falentyn, Capitaine •4e la Bourgeoifie , eut alors la préfence d'efprit & le courage d'établir uneBattcrie fiottante fur un bateau-plat; il y fit placer 3 ou 4 petites pieces de Canon , & des balles de Laine pour fervir de baftingage. Uji grand nombre de Bourgeois & furtout de Membres du Corps-franc fauta fur ce bateau, le conduifit vers le Pont, & fit feu fur les mutins que cette manoeuvre hardie découragea. Pendant que le bateau paffoit fous le Pont, un jeune Matelot, Agé de 17 ans, fans redouter la grêle de balles qui pleuvoit des deux cótés, monta jufqu'au haut du Pont; coupa la corde qui le retenoit, & lefittomber. La Bourgeoifie s'avanca au pas redoublé , & protégée par le feu du bateau-plat, pénétr* dans 1'ile, dont les habitans feréfugierent dans 1'Arfenal, d'oü ils continuerent a timais ils en furent heureufement chafl'és. Les uns fe retirerent a. IVittenburg, après avoir levé le Pont derrière eux; d'autres fe cacherent dans des maifons, mais les Bourgeois en prirent environ 6o qui furent envoyés a 1'Hó.tel-de-Ville, avec le Canon dost  de Hollande. %H 1 dont ils s'étoient fervis & les Drapeaux | Orange, fous lesquels ils avoient combat» I til. Les mutins ont perdu cinq hommes , I laJBourgeoifie un Canonier,&desdeuxparts 1 plufieurs out été bleffés. Telles font les | principales circonftances de cette funefte I journée, ou. les intéréts d'un Miniftre I. d'Etat ont arm é des Citoyens les uns contre | les aurres. On a vu fouvent des Peuples | divifés entr'eux en venir aux mains pour la Religion, pour le changement ou le I ehoix de leurs Maltres, pour en foutenir 1 «u pour en attaquer les droits; mais , par l une fatalité qui lui eft particuliere, cette I République n'a jamais été troublée au de» I dans que pour Pambtion des Stadhouders , qui ne peuvent exercer aucun pouvoir itnj médiat fur le moindre individu de Ia Nation. Pour prévenir le retour des excès & des i malheurs que nous venons de retracer, les Magiftrats d'Amfterdam ont pris les ; mefures qu'on devoit attendre de leurs foins paternels. La maifon de Mr. Dedet eft toujours gardée ; des Compagnies Bourgeoifes font fous les armes; une Publieatioa défcnd fous les plus féveres peines ks émeutes cc le pillage , & promet iooa So»  ï&t Journal Poliitquè flcrins de récompenfe k quiconque mettra-8 entre les mains de ia Jufïice, ou déclarera ceux qui ont dévafté les demeures de leurs" Concitoyens. Par un heureux hazard laBibiiothcque de Mr. Rendorp ayant échap." pé k la fureiir du Peuple, on a"donné k fes Domefiiques une cfcorte pour tranfpor-" ter a la maifon de campagne de leur maitre, les livres & les ellèts qui peuvent encore être de quelque ufage; 50 a 60 Citoyens ont offert de former une Compagnie de Cavalerie; leur géuéreufe pro-' pofition a été'acceptée; ils font le fervice avec un zèle qu'on ne peut trop louer. Enfin rien n'a été négligé pour rétabür 1'ordre, & le fupplice d'un de ceux qui fe font abandonnés au pillage prouve que les Magiflrats d'Amfterdam ne penfent pas comme ceux de Goes, qui pendant le pillage commis dans leur Ville difoient d'un grand fens froid: Les Patriotes ont pris leur plaifiJr tout PEté a faire 1'exercice; il eft bienjufte que le Peuple fe divertife deux trois jours a leurs ctèpnids. On ne devoit jamais, nous le répétons, imiter de fr mauvais exemples, & nous pouvons affirnier que tous les Patriotes , foit dans leurs düV  de Hollande. i$S difcours ou dans leurs Lettres déteftent ,cette indigne maniere de fe venger des ennemis d.éclarés de la Liberté. Puiffe urt excès fi condamnable être le dernier dont les défenfeurs de la Patrie aient a rougir.1 Au même tems oü dans Amfterdam, pout le foutien du Defpotifme & de fes hauts partifans., on fignoit des Requêtes, on formoit des affociations, il s'jSrigeoit aRotterdam une nouvelle Société Patriotique , -compofée des Citoyens delaClafle moyenne , unie d'intérêt avec la première & approuvée par la Magiftrature. Cette Affociation dont les Membres en moins de quinze jours, font au nombre de 5 k 600, déconcerte les projets des Ari(h> crates de cette Ville, & dément ce qu'ils ont avancé tant de .fois, même dans leurs Requêtes aux Souverains, qu'ils avoient pour eux la voix du Peuple. La fatisfaction que 1'établiüèment de cette nouvelle Société caufa dans Rotterdam aux citoyens bien intentionnés, fut ausmentée quelques jours après par la ncmination de Monsieur Elfevler k la place deBourguemaltre. La qualité de Confeiller-de Ville efl elfentiellenient inhérente a celle de Bourgue*. mai-  t6<5 Journal Politiqu» maitre, & les fonétionsde cette première charge municipale ne pouvant plus Ótre remplies Mr. Van der Hoeven, undes Confeillers dépofés le 33 Avril; le Confeil-deVille nomraa, par la voix du fort, pour remplir cette vacature, Meffieurs Elfevier & Van Hoogftraaten. Cette nominatioa faite hors du tems ordinaire du changement de Régenee, ne devant par conféquent point etre envoyée au Stadhouder, le fut aux Seigneurs Etats de ia Province, & L. N. & P. G. choifirent Mr. Elfevier, le plus ancienConfeiller des deux Candidats. Tous deux poffedent a jufte titre laconfiance, 1'eftime & la Vénération des amis de la Patrie, & cette joie caufée par 1'élévation de Mr. Elfevier ne porte aucune atteinte aux fentimens que Mr. Van Hoogftraaten a droit d'attendre de la plus faine partie de fes Concitoyens. En rendant aux deux fujets propofés une égale juflice, on regarda la place de Bourguemaltre comme une récompenfe, digne du zèle que Mr. Elfevier a fignalé depuis fi long-tems pour la Liberté. Luttant d'abord prefque feul, contre le parti qui cherche a la détruire, expofé a la haine, aux invectives d'une po-  ie Hollande, ló> populace elTrénée , & fouvent même k des entreprifes contre fes jours. Enfin il occupe un rang qui lui donnera les moyens de faire recueillir d'une maniere encore plus efficaee, a fes concitoyens & a fa Patrie les heureux fruits de fes talens & de fes vertus. Les menaces des Etats de Gueldre & d'Utrecht, le ton de Souverain pris par les Etats Généraux, 1'infolence & la rébellion des habitans de Kattenburg, les refus de tant d'Officiers d'obéir aux ordres de leurs vrais maitres, enfin l'éreétion d'une Société Orange dans la réfidence même des Etats de Hollande, paroiflbient autant de reflbrts mis en jeu tout -k- la fois par une maitreflé roue , cachée au fonds du méchanisme. Mr. de Rayneval avoit, comme nous 1'avons dit, trés bien prévu que le Prince vouloit la guerre Civiie, mais eet habile négociateur n'avoit peut étre pas prévu que le Prince la déclareroit par un Manifefle , figné de fa main , & rendu public par fon ordre. A ce mot nos Le&eurs fe récrieront fans dou' te, & trouveront fort étrange un Manifefle , publié par ua Miniftre d'Etat contre  •1Ö8 Journal PolUique tre Ses Maitres, nous partïgeons leur Oiprife, cVnous avóuons quel'Hifloire d'aucun Peuple n'oflïe un paieil exemple. Des fujets opprimés ou léfés dans leurs droits, ont expofé fouvent leurs plaintes., ileurs .griefs, ont fait parvenir a leurs Sou•verains des remontrances refpecluenfes-; même après s'être pleinement juflifiés., ils ont demandé quelquefois bautement la reparation qu'ils croyoient leur être due. Mais aucun n'avoit jusqu'a ce moment appellé a fon fecours une partie de la Nation, &ne 1'avoit autorifé, en fon propre & privé nom, h répandre le faug de fes concitoyens, & a fe révolter contre les légitimes dépofitaires de 1'autorité Söuveraine. On nous répondra peut .être que dans 1'Afie quelques brigands heureux, arborant 1'étendart de la rébellion , font parvenus a renverfer de leurs trónes des Empereurs de Perfe, du Mogol & du Japon; & qu'il fe trou.ve parconféquent des exemplcs de Généraux d'Arroée ou de Miniftres, qui joignent a 1'audace de tirer 1'épée contre leurs Maitres, celle de vouloir jullifier leur attentat. Nous ne 1'ignorons pas, mais nous .croyons auffi pouvoir  de Hollande. rö-5 Wir alTurer que chez tous les peuples qui ne gémilTent .pas dans les fers du Defpo■tifme, & moins encore dansles Républiques, on ne vit jamais paroitre un manifefte tel que celui dont nous allons rendre. compte. li eft vrai que les Rédacteurs de ce morceau unique en fon genre, pour le rendre moins révoltant, & moins ridicule , lui ont donné le titre plus modefte de Déclaratoire; mais 'il ne faut pas fe laifler éblouir par les termes , ce n'en eft pas moins une Dcclaration de Guerre, dans le fens le plus formel , & le plus étendn. "Nous aurions pu dire fimplement a 'nos Leéteurs : Voyez les Gazettes Ilollandoiïes de la Haye, de la Brielle, de Bommel , & furtout la Gazette écrite en Fran» cais a Cleves, Vous y trouverez ce Déclaratoire, qui n'eft qu'une Rapfodie des menfonges & des injures dont ces feuilles font tiffues, avec quelques exprefïïonsDefpotiques brochant 'fur le tout. Mais notre Journal étant deftiné fpécialement ;l tafR-mbler les traits épars dans les papiers publics, nous difcuterons ici ce Déclaratoiie, non pas phrafe par phrafe, il fandroit un volnme. Nous extrairons les pafTtnu I. Juil 1787. H fa-  *"« Journal Politique fagcs les plus faillans & nons yjoiadrotM .quelques réflexions adrejfëes aux Rédafleurs de cette piéce, & non au Prince qui Pa fjgnée , tant par égard pour fa Naiffan.ee, que par la perfuafion ou. nous fommes encore qu'il eft aveuglé par de perfides flaiteurs, qui lui déguifent fes intéréts & 'fes ieyoirs, Extrait du Déclaratoire, i, NOUS GUILLAUME, par i* Gr ace de Dieu Prince i'Orange & dg 9, Naffau, Stadhouder héréditaire, Capi„ taine & Amiral Général des Provinces Unies &c. &c. &c. a tous ceux qui ce$ ** préfente; Ijront o.u entendront Ure, Sa- Nous releverons ici les Rédacteurs qui dè.s leur entrée dans la carrière ont fait plufieurs faux-pas, préfage afièz mauvais pour le refte de la courfe, Le Prince qu'ils font pailer n'eft point par la gr ace de Dieu, Prince d'Orangg; toute 1'Europe fait qu'après la mort de Guillaume IU, Roi d'Angleterre, Louis XIV, a.cheta de tous  ie Hollande. t?t tous les héritiers de la Maifon de NalTau Ja Pt-incipauté d'Orangc. Les Rois de France font donc les feuls Princes iOrange, & c'efl: par leur c-omplaifame, & non par la grace de Dieu que le Stadhouder a&uel prend le titre de Prince d'Orange, Auffi Mr. de Rayneval, ne 1'a jamais nommé que Prince de Najfeu, dans fa cor■refpondance avec le Miniftre du Roi de Prufle. Les Redacteurs du Déclaratoire favent trés bien tout cela, mais ils favent encore mieux que les hommes fe conduifent par les mots, & que le nom d'Oran» ge entretient 1'epthouilafme d'une partie du 'bas peuple & de la Soldatesque de la République, dont le cri de révolte elt: Oranje boven. Autre faux -pas: it tous Ceuv £rV. Salut, a qui s'adreife cette phrafe Royale? aux Souverains du Prince qu'on fait parler, & a tous les habitans de la République qui contribuent a 1'entretien de fa familie, de fa table & de fes domeftiques. On conviendra fans doute que « ton M-ajeflueux elt iei trés déplacc, puisque le Prince ne peut le prendre qu'a« vee les habitans deNafau dont il eft Souverain , comme Feudataire du Saint Empire IrLomain. H £ hes  97S Journal Politique Les Rédaéteurs commencent par faire dire au Prince que depuis quelques anndes il eft en butte a des calomnles atroces & a des outrages qu'il n'a pas merité; que furtout dans la Hollande les Souverains ne fe font point oppofds a cette licence ddteftable qui tend a lui ravir non feulement ce qu'il a de plus cher, fon honneur & 1'amour de la Nation, mais encore a fufciter le mécontentement & ladéfiance contre lui & contre fon adminiftration. Le Prince "fe plaint encore, par Porgane d;s Rédacteurs, du grand nomLre de droits légitimes & héréditaire: dont on 1'a privé publiquemenï, des troubles & du défordre oü fa chere Patrie eft expofée; des mouvemens factieux de quelques Membres du Gouvernement qui abufent de leur influence fur une partie de la Na.tion , & fur les délibérations du Souverain, pour renverfer la conftitution, &détruire 1'Union entre les Provinces, fous prétexte d'un nouveau projet de Gouvernement, fondé fur uneutilité chimérique, mais réellement oppofé .aux véritables intéréts de la chere Patrie. „ Si nous avons ;f fait-on dire, au Prince, regardé d'un » Kil  dè HlJlande.- 17$ ,-, téil'tranquille & même avec mépris toutes ces injuftices, & fi nous n'avons ,, employé que les moyens les plus modé,, rés pour coniérver nos droits légitimes ,-, il ne faut Pattribuer qu'a notre pen,, chant a la douceur, & furtout au foin que nous prenons de conferver le repos & le bonheur public, & d'éviter toutes les démarches qui pourroient „ aigrir de nouveau les efprits, & don,j ner plus d'aliment au feu de la difcorde." Répondons a ce long expoi'é de griefs & voyons quel en eft le fondement. Nou»' connoiffons prefque toutes les produftions avouées ou anonymes qui ont paru depuis fix ou fept ans contre Tadminiftration du Prince. On n'y a pas toujours obfervé. les regies de la modération, on y amême quelquefois paffé les bornes de la Liberté Républicaine , mais fi l'on en excepte deux ou trois brochures, il ne fé trouve dans ces écrits aucune imputation calomnieufe. II eft vrai qu'on y reproche au Prince, & qu'on lui prouve par les faits fa négligence pour la protecétuon du commerce, & pour l'exécution des ordres du Souverain dans la derniere guerre avec 1'AngleH 3 terre.-  terre. Les Etats de Frife , aujourd'hni fe* partifans, fe joignirent aiors i ceux de Hollande pour lui demander compte deladésobéilfance des Officiers, chargés de eonduire a Brei! 1'Efeadre demnndée par la France. Depuis la paix on a reproché & prouvé au Prince fes entreprifes réitérées contre les Privileges des Villes & des Citoyens; on s'eft élevé furtout avec force contre les ordres qu'il donna Pannée derniere pour Pattaque d*Elburg & de Hattem, & contre ceux qu'il a donnés recemment pour la marche des troupes de Gueldre , de celles a la répartition de la Province d'Utrecht, & même de quelques. Régimens appartenants a la Hollande, qu'il emploie mafgré les défenfes desSouverains de cette Province. Voila. ce qu'il plait fine Rédacteurs du Déclaratoire de nommer Cahmnies alroces publiés fous les ycux& du confentement des Souverains; autre faulfeté: ils ont févi contre deux ouvra£es dont 1'un ne contenok que des vérités , tropfortementénoncées, & dont 1'autre étoit un tiffil déteftable d'injures dirigées contre les mceurs irréprochabks deS-» A. R. 1'Epoufe du Prince Stadhouder. Qua&it  4t Hollande. i?S Quant aux autres écrits le Souverain n'a1 pas cru devorr reftreindre la liberté de la Prefie , qui dans un Etat Républicain eft, felon le fentiment de' la Vï le de Zkrikzée , le boulevard de la Libet té' Civiie. Venon» maintenant a- ces droits légitimes & héréd'f taites dont le Prince eft prtvjé par les Etats de Hollande: Le Conimandement de Ia Garnifon de la Haye , qui le rendoit maitre des Souverains dans leurpropre réfk dence; 1'eXercice de la charge de Capitaine Général dont il a fi vifiblement abu-1' fé; le privilege de pafiér feul par une porte, 1 interdite aux Repréfentans de PAutorhé' Söuveraine ;■ Ia prérogative de voir lrs honneurs Militaires accordés a fa feule perfonne, fon nom & fes armes fur k s DrapeaUx de PEtaf, & dans tous les endroits ofi le nom & les armes du Souverain doivent paroitre exclufivement. Si un excês de complaifancè ou d'adulation a permis au' Prince la jouiffance de cespréroguives, inouies dans tout Gouvernement oü la fubordination eft connue Le Souverain a lé droit imprefcriptible d'abolir ces conceflions dèsqu'elles font, ou qu'elles peuvent devenir dangereufes. II 4, Nous  J Tfi Jout nal Polit ique Nous ne ferons aucune remarque fur Ier mots de chere Patrie de penchant a la doncettr, & de foin pour la confervation du repos & du bonheur public; les événemens aétuels feront aflez connoltre la vaieur d& ces expreffions. Cet examen d'ailleursnousmeneroit trop loin; continuons celui du' Déclaratoire. Auffi long-tems, dit-on dans cette piece , que nous avons vu fubfifter le »* lien ftcré de 1'Union , & les Régences légitimes des Provinces & des Villes, „ felon leurs Privileges gf Libertés, nous; penfions par la nature des difficultés, & par Pexemple des tems pajfés, avoir un jufte fondement de croire que les dangereux projets des inftigateurs de ces difficultés fe découvriroient d'eux mêmes, & qu'enfin nous verrions re,, vivre la concorde, 1'amour & la confiance, qui jufqu'au commencement de troubles aétuels, ont confervé la Ll,, berié, li Religion de Notre République,. & Pont fait montrer au plus haut dégré de gloire & de profpérité. Cette efpérance depuis quelque tems fe fortifioit encore par les plus heureux fuc- „ cès.-.  de Hollande. 177 cès. Dans toutes les Provinces , & par,, ticuliereméut en Hollande, les plus ha,, b'iles & les plus fideles Régens, foute- nus de la plus grande partie des bons ,,- Bourgeois & habitai s', donnoient des preuves'évidentes de leur averfion pour ks dangereux complots, & les injuftes ,, réfolutions prifes par un petit'e nombr'e de Conjurés, qui fe fervoient des ar- mes de quelques Citoyens abufés pour ,,- oppofer la violence aux' propofitions modérées de leurs Compatriotes, & „■ pour rendre inutiles les'defléins des lé„ gitimes Régens. Le momênt appros,- clioit que, dans 1'AÜemblée même des „ Etats de Hollande, on alloit prendre „■ des réfolutions conformes aux'vceux de „• la plus grande & de la mèilleure partie de la Nation , póur rétablir chacun dans ,,- fes droits légitinus, & mus rendre le • plein exercice de toutes nos Dignités—„• mais, a'notre grand regret, ces ÓLÏic'm's „■ équitables des Régens & des Bourgeois „••amis de Ia Patrie , au'lieu'd'obligér ,, les 'Chefs de la dabale a ' rénon'cer 'a .j leurs innovatibns , les ont au'contraire H 5' ..''pw*  ■*7# Journal Poïïtlque „ porté's aux derniers excès, leur ont „ fait violer la Conftitution Provinciale „ folemnellementr jurée, & rorapre leliën de 1'Union." La fuite de eette complainte ne porte que fur les Corps-francs, & furie changement dans les Régences d'Amfterdarn &. de Rotterdam, dont nous avons rendu eompte. On y parle auffi de la Propofitrion de Haerlem pour régler 1'influence du Peuple, & donner des inltruétions au Stadhouder. Nous en épargnons le détail k bos Lefteurs & nous allons faire quelques obfervations fur le paragraphe précédent.. Nous penfons qull étoit inutile, &même trés maladroit de peindre la douleur amere du Prince, en apprenant la dépofition de ces habilss & fideles Régens, qui le fer» voient fi bien;. mais il eft de la derniere indécence de donner au plus grand nombre des Regens de la. Hollande le nom de Chefsde Cahale, & de Conjurés. C'eft a ceux qui s'oppofent aux Souverains &.aux intSrêis de la Patrie que ces titres conviennent,. on devroit même leur en donner d'Jiutresma's nous avons promis d'être aiodérés , na gré le mauvais exemple. Nous; ne.  de Hoihfide. 17.9- li'e difons rien des mots Religion, Liberté, placéS dans toutes les pieces qui fortent de la même fabrique, pour féduire les fimples; nos Leftèurs en comparant les aétions avec les paroles fauront bien' ft quoi s'en tenir. Nous leurs épargnerons auffi la Leéture d'une page in-folio de menfonges & d'injures contre ceux que le Déclaratoire nomme Chefs de Cabale & Conjurés; nous ne ferons connoltre què cé' qui pourra convaincre de 1'excès' d'infolence des Rédacteurs. Ils accufent les Etatsde Hollande d'avoir agi offenfivement d'accord avec les Corps-francs, & d'avoir vio]é lë territoire des Etats d'Utrecht ,-Mem-bre Souverain de la Confédération, en y' faifant entrer un corps-de troupes légeresv k la folde de la feule Province de Hollande, & d'avoir troublé dans leurs Cantonnemens& dans leurs marchès les troupes de Ia1 Gcnéralité, envoyées fur la demande des; Etats, munies" des Patentes" du Prince,& deftinées a% bv süreté-du territoire de' cette Province, felon le ferment qui leur*" fait un devoir d'en foutenir les intéréts &: la Souveraineté; Jl faut avoir une riiahie ineurablé dè-'ca*II &■ lön*i-  iSa Journal Polkiqitt lemriier & vouloir en même tems trahir la' caufe du Prince qu'on faitparler, que dV fer, en fon nom, avancer unpareillefauffeté. Nous ne ferons point a nos Lecteurs 1'injure de la réfuter, nous les prieronsde fe rappeller le combat du 9 au Vaart , & nous fommes perfuadés qu'ils ferontindignés de voir les affaffins de leurs concitoyens , les violateurs du Traité d'Union; accufer la Hollande du crime qu'ils: ont commis. Autre Accufatión: La Hollande a violé les Loix Conftitutionnelles de la République, en donnant ordre aux Officiers de Généralité, fans en pré venir 1'Union , fans Patentes du Prince, Capitaine Général, fans permiffion des Seigneurs • Etats d'Utrecht, . d'entrer fur le territoire de leur Province, entreprife fans exemple, contraire, a Pobdiffance jurée a la .Gcnéralité-, . autant qu'au refpeB dii au Capitaine Gênéral, éc qui annonce le deffein d'agir of. , ofienilvement, & en ennemi déclaré'. : Nous: fouhaiterions que les -Rédacteurs du .Declaratoire eufiènt pris la peine de iire.PUuion d'Utrecht avant d'accufer les Jürats- de.. Ploilande .de Tavoir violéé; fi i c'teü t  de Hollande. i S i' e'eft avec connoiffance de caufe qu'ils en' parient, on ne peut les regarder que comm'e des impofteurs. Ils difent que la conduite de la Hollande eft fans exemple; cela fe peut: jamais les privileges des Citoyens n'ont dié violés aufïi ouvertement qu'ils le font aujourdhui pat* les Etats de Gueldre & ceux d'Amersfort. Mais du moins il n'eft pas fans exemple qu'un Stadhouder ait employé' les troupes de 1'Etat, fans en donner connoiffance a la Généralité ; on fe föuvient encore de 1'attaqüe d'Amfterdam par Guillaume II; on fe föuvient auffi qu'utl des Aïeux du Stadhouder actuel commandoit ces troupes. Les Stadhouders ont ils donc le droit, pour fatisfaire leur ambition ou leur vengeancè, de renverfer les fondemens de la Conftitution ? Et la Hollande ne pourra t'ellep^s', pour fecourir un membre de la Confédération injuftement attaqué , fé fervir de fes propres troupes felon les loix de la Conftitution? Tel'eft pöurtant le Paradoxe infoutenable qu'on établit, & qu'on cherche a prouver'dans ce Déclaratoire, dont nous allons nous hater de terminer llexamen. • Apièé'  i'8a Journal Politlque Après avoir jetté les- hauts cris fur la" fufpenfion prononcée par la Hollande contre les Officiers qui ont obéi au Confeif d'Etat; après avoir repréfenté le danger oü fe trouvent expofées la Religion, la Liberté par les menées d'une cabale pernicieufe, qui pour fatisfaire fon ambitionallume le flambeau de la guerre civiie, renverfe les Régences dans plufieurs villes, & la forme entiere d'un heureux Gouvernement ; enfin après avoir rappellé que le' fang & les fervices des ancêtres du Prince font Punique fource & le principal fondement de la Liberté de la République, les Rédacteurs font dire au Stadhouder qu'il auroit craint de perdre 1'amour que lui' témoigne la plus grande partie de la Nation, s'il avoit tardé plus long-tems a déclarer fes véritables fentimens. Nous avons été, fait-on dire au; „ Prince, confirmés dans ces fentimens „ par les préparatifs des Etats de Gueldre „ d'Utrecht, & des autres Conrélérés, „ pour le maintien de 1'Union & de leurs „ droits. Nous avons penfé ne pouvoir „: mieux leur témoigner notre zèle& notre amoux:  de Hollande.- i*8jy „. amour pour les veritables intéréts de „. la chere Patrie, que dedéclarer, comme ,,. nous déclarons par ces préfentes, que „ nous fommes réfolus de travailler de la ,,. maniere la plus prompte & la plus forte , „. de concert avec les Seigneurs Etats „ de Gueldre, d'Utrecht, les autres Con- fédérés, & les Villes,, avec toute la ,,. puiffance, 1'autorité & Pinfluence qui' „ font inhérentes a nos éminentes dignités,. „ pour rémedier aux infraétions qu'a dé- „ ja fouffert 1'Union.. Et afin que „ nous puiffions mieux réuffir, par laréw„ nion de tous les pouvoirs, nous invitons „ trés amicalement & irès firieufement, „ les Seigneurs Etats Généraux, tous les,, Colleges de Régence & de Juftiee, tous,,. les Membres qui les compofent, la bonnf „ Bourgeoifie, ö5 tous les habitans des'u,, nir d nous, chacun felon fon pouvoir , dans ce prejjant befoin. Non feu» „ lement nous efpérons que les Seigneurs ,,. Etats des autres Provinces feconderonr nos elforts, mais nous nous flattons „. auffi que les Seigneurs Etats de Hol„ lande &.de West-Frife, en particulier, con-.  384 Journal Politique ,j convaincus du danger éminent dans Ie-' ,i qnel 1'ambition & 1'influence d'un petit ,i nombre de perfonnes ont jetté la chere ,i Patrie, n'héfitèront pas plus long-tems ,i a révoquer fur le champ & préalable,, ment leurs refólutioHS pr'écipitées &.illé,i gitimes prifes a notre défavantage au fujet'flf» Commandement de la Haye, & de la chargé de Capitaine C én ér al de la ti Hollande. Nous efpérons auffi que les dits Seigneurs Etats annulleront toutes les accufations, calo'nnies & menfonges ,j dont on a noirci dans leur Aflèmblée', ,, nos inténtións pures & notre conduite in~ nocente; & que pour nous jüflfffierpletnement des ces accufations, nous faire ,i jouir'de nos droits & Prérogatives légitimes, & pour nous donnèr le moyen ,t de conferver la dignité qui convient a ,,■ notre haute naiffance, éVqui eft étroité,j ment unie a la Souverainaé même de ,i PEtat, ils nous rappelleront au plu tót dans leur Province, afin que nous puiffions tërminèr leurs différends avec les ,, Confédérés , rétablir le bon' ordre & tf la tranquillité, & fauver avèc la>. bèriêm di&ion de Dieu, & 1'affiftance de Con- fé*5  de Hollande.- I85: ,y féaéréa , /* chere Patrie- d'une deftruc-,r tion totale.- Donné' £ Nymegue le 26 Mai 1787.- Guillaume Prince ePOrange. Et plus bas: Par ordonnance de Son Alteft'e Guillaume Van Citters. Nous fommes furpris que les Rédacteurs aieut terminé fi modeftement ce Déclaratoire: il falloit foutenir jufqu'au bout le ton de Souverain, & faire dire au Prince: Car tel'eft notre bon plaijir; donné a..Pan de grace. ., de notre Rsgne le. . -. . Nous avons retranché de eet extrait tout ce qui nous a femblé-ne pas mériter Pattention du Leéteur, telles, par exempie, que les afï'urances réitérées des louables & pacifiques intentions du Prince , du def_fein ou. il eft de faire jouir chaque individu dela République de fes droits, Privileges & IJbertés, de maintenir la Religion, & la conftitution ètablie & jurée, c'efl: - a- dke-  ï8tf Jeutnaï Politique dire la conftitution Stadhoudèriennt. NovS avons difiingud par des caraderes italiqueS les expreffions de ee Manifefte qui annoncent plus particulierement l'impofture , Phipocrifïe, Ie Depotifme & la Rébellion, & nous fommes perfuadés que tout homme honnête plaindra le fort d'un Prince, que des confeillers perfides deshonorent a la face de 1'Univers, en lui faifant arborer 1'etendart de la révolte , tirer 1'épée contre fes Maitres-, le fondement de quelque doctrine.. Aucune doctrine ne peut. être fondée avec: certitude, que fur des Expériences. 5. II n'ëlï point étonnant qu'un Méde* oin defirant,. pour le hien.deThumanité: introduire ou décréditer „ quelque Méthode, exagere ou attenue des Phénoménes, obfervés , &. qu'il forme des confé.quences générales des cas particuliers.. G'eft.. pourquoi quand il s'agit d'introduire' une- doctrine, de quelque importance,. quoi qu'on convienne de Ja bonne föi de PObfervateur, on ne doit point déférer k fts. raifonnemens pourlapratique, a moins qu'après avoir pefé les circonftauces-, Vön. fe_ voie forcé de renoneer a une opinio»», différente , que peut être Ton avoit adop*f téê auparavant , ou que 1'ón fente le défaut des Expériences contraires, qui fem* bloient venir a 1'appui de cette opinion.. V.) Les Qüeftions propofées précédenten t-,& fur lefquelles 1'Academie défiredes folutions dignes de fon fuffrage, font. les fuivantes, pour lefquelles elle follicite' detnouveau Ie. zele.&Jes talsns.des geusd4clettres». Al.  de Hollande. A. Plus le fujet de la'Queftion quifuit, eft patriotique , plus PAcadémie fait des vceux pour que les bons Citoyens redoublent de courage, de zele & d'émulation ï elle repete fes inftances & fa propofition» de 1'Année derniere:- Quels font les ob'jets de VHiJloireNatu-relle des Provincts-Unies , au fujet defquels' on ait lieu de fe flatter , que des recherchesplus exables pourront procurer quelque uti-litè a notre Patrie 0a la Société humaine:Et on y a ajouté en 1782. que 1'ón ne-de-mande pas une firnple nomenclature desob'Jjets qu'on pourroh" reohercher & cultiver* avecfoin , mais que Pon' deftre en mème" tems un expofé des motifsquidonneroient' lieu d'efperer que la Patrie en retireróh dePutilité; Les Mémoires döivent êtree envoyés^ avant le 1 Novembre 1787: • B. Le 21 Mai* 1781. la Société-publia1 les Obfervations fuivantes1: ■ Malgré' les grands progrès que"Pon" a > faits dans la connoiffance de PAirV orti T/i fait jufqu'a préfent, que peu-d^xp'é-ïiences-fur-PAir condenfé^, ce^qiï^pi&uj--rroit'. Être;- amibüé-aaPimpeF^^^ cJuMbS  0.10. Journal Po Ut! que ? chines ou del'appareil neceffaire rtcet égard.'. Cette.raifon. engnge la Société a demander:. 1. Une defcrlption de Pappareil le plus propre a. faire des -expériences fur Pair conden-fé, de la .fapon la plus commode & la plus afjurée. i. De reehercher avec cette appareil:PaEiion de Pair condenfè dans des -cas diffêrens,. de s\occuper entr,autres de la vie. animale ,.de. la.. croisfance des Plantes , &. de Pinflammahilité des. différent es efpeces ■ d'air. Et. ^-. dexpofer qu'ell&s fuites, ou quelles., nouvelles. connohfantes on ppurroit en -.dêduire.'. La: Société n'a' recu ' aucun Mémoire, & propofe de nouveau la même Queftion , , ppur.y être.répondu avant le j, Novem-bre:J787.- O. La Société propofe pour PAnné 1787 la';.QueQio.n fuivante:: „ J'Hifloire nous fojrnit-elle des Preu? ,,. .ves quetoutes les.Républiques font torn- \ 5, ,bées en décadence , après avoir atteint le • „..pliis.hamdégré de profpérité* dont la Société liumabe étoit fufceptible de leurs s;. .tems j .ouudu: moins lorfqu'ellts paroif 55.,laient: PaVoir i atteint ? , Et s'il'eu sMjefi'lainüj /aut-ili.auribue;-..leur. décadence '  de Hollande, 2ii; j,.dence ,.a ■ des. caufes • accidentelies, -ou ; „>doit on plutöt la regarder comme prö„ venante des mêmes-fources , d'oü dérivoit la profpérité dont elles jouirent?" — Ge!a pofé, peut-on en faire Pappli- ,, cation auffiau tems plus éclairé d'au- jourd'hui? Et fi on peut 1'y appli- ,, quer, quels font en général les moyens „ de prévenir 1'effet nuifible de ces caufes - „ d'ailleurs fahitaires, & d'alfermir par' ,,- la la durée-du bonheur, & la profpéri* ,y té d'une République?" La Société-defire-,. que ce fujet foit traité d'une maniere générale , philofophique , . 6c applicable a toutes les Républiques de nos tems, & ne voudroit pas qu'on en-trilt'dans une difcuffion particuliere. Elle ' S'attend 'paü-conféquent, en cas que Pon 1 crüt devoir attribuer la decadence des Républiques aux mêmes fources d'oü derive ' leur profpérité , qu'on en prouve la pofilbilitó tant par la.Nature des chófes mêmes , , que par des faits conftatésdansl'Hiftoire, > & qu'en fuite Pon indique lesmoyens pro- • pres a empêcber, ou a 'prevenir ces fuites '• ntiiübles, .mais en même tems faifables en i eux-mémes. • K-7/  aria- Journal Politique D. Pour répondre avant 1788: Par quelles regies de conduite, fondées fur la Théorie, £j> confirmées par l'Expé* rience, pourroit-on conferver la fanté de ceux, qui faifant le Voyage des Grandes Indes éprouvent les effets pernicieux d'um changement extréme de Climat de fapon' de vivre? Indépendamment des regies générales , pourroit-on en indiquer des particuliere: qui varieroient fuivant les différente** claffes des individus-, auxquels on devroiï les appliquer? E. On demande*. Que doit-on pen f er dela Gradation, que plufieurs Philofophes tant ' anciens que modernes, ont admife entre les Btres naturels, cj? jufqu'a quelpoint pouvons nous parvenir a nous affurer de la réaonfes aux Queftions pro- pofées"  de Hollande. al| -.pofées, de même.que les dehors des Bil■lets , ne doiventpas être écrites de la main ■propre des.Auteurs, ni avec expreffion de • leur nom, ou demeure; maisSignêes d'une Devife, & accompagnées d'un Billet cacheté, qui porte la même Devife en dehors , & dans 1'intérieur duquel le Nom ,& 1'Adrefle de 1'Auteur foient pleinement ■ügnifiés en main propre ; de plus elles doivent être .écrites très-.lifiblement en Jlollandois , Francois, ou Latin , & ei> ,voyées Franches de port, a Mr. iC. C. H. vanper Aa, Secrétaire dela Société. LePrix deftiné a celui qui, aujugement de la Société , aura le mieux repondu aune .des Queftions mentionnées ci - delTus , e(t' .Une Médaille d'Or, frappée .auCoin ordi« jftaire de la Société, au bord de laquelle fera marqué le nom de 1'Auteur , avec 1'Année de fon.Couronnement. B ne fera -cependant pas permis a ceux qui auront .remporté le Prix, ou un Accejfit, de faire imprimet leurs DdTertations , ft-it en entier, ou en partie, foit apart, ou dans .$uclqu' autre Ouvrage, fans en avoir ob- ,ten*'  Scö Journal Poltlique «etui expreiTement 1'aveu de la Société, La Société repète au Public la R-éfolntion fuivante, qu'elle a prife a 1'egard dc tous les Mémoires, Avis, &c. qu'on voudra bien faire parvenir pour être inferés dans fon Receuil, & qtti obtiendront fon approbation a eet efFet: // fera per- mis h un chacun de remettre ou d'envoyer li un des Directeurs, ou au Secrétaire de la Société, un Ouvrage quelconque qu'il défireroit de placer dans la Colleition de fes Mémoires, muni feulement d'une Devife, 'pourvu, qu'On y joigne un Billet cachetê, dans lequel le Nom & Je domicile de PAueur foit marqué. Enfin , paree que les Loix de la Société, qui jufqu'ici excluoient fes Membres du droit de concourir pour les Prix pro pofés, la privoit fouvent d'excellens Mémoires; Elle a rëfolu dans fon Aflèmblée de 1'Année 1780. d'accorder a tous 'fes Membres, la liberté de fe mettre fur les rangs pour obtenir le Prix propofé pourvu que dans ce cas, i. Un Membre de la Société fera obligé d'envoyer fon Mémoire écrit d'une main  de Hollande-, I2t mam étrangère, fous peine d'étre, exclu du Prix, s'il paroit n'avoir pas rernpU cette condition. 2. Tout Membre de la Société qui lui adretïe un Mémoire, pour concourirpour quelque Prix, fera obligé de diftitiguïr fon Mémoire, & le Billet, qui lui appartieut par la lettre L. L'Academie a terminé fa féance en nomuiant pour Directeur. Son Excellence Monfieur ETIENNE de KALI TSC HEF, Gentilhomme de la Chamhre de V Impératrlce de Ruffie, & fon Miniftre Plénipotentiahe pres la République des Provinces Unies, a la. playe. Et pour Memiris. Son Excellence Monfieur le Comte »e HERTZBERG, Gurateur del"Academie Royale des Sciences de Berlin, Sécrétaire d'état & de Cabinet de S. M. le Roi de Ptafe, Chevaller de f Ordre de FAigle noir, &c. &c, Mon-  -4aa Journal Politique Monfieur 'EULER, Secrétaire de T.Am demie de St. Pétersbourg. Mr. le ROY, de f Académie Royale des .Sciences cl Paris. Mr. 1'Abbé SPALANZANI, Profefeut d'Hiftoire Naturelle a Padoue. Mr. le Chevalier MARS1LIO L.A,U- JDRIANI, a Milau.  JOLTÏL.NAL POLITIQUE m. o x x 2w :d je* Tom. 1. Aoüt 1787. A ROTTERDAM «xhez J. BR0NKHORSL M D C C L X X X V I I.  Gond'ttions pour f Abonnement* Le Prix de la Soufcription de ce Journal ;pour 12 Volumes eft de ƒ 9 - d'Hoilan.de., ,qu'on paiera en foufcrivant. On peut s'abonner .en tout tems pour Pannée complette, & les Volumes déja publiés feront donnés aux prix de 1'abonnement. Le prix de chaque Volume fera d'un iflorin de Hollande, pour les perfonnes qui n'auront pas foufcrit. On s'adreflèra chez J. Rronkhorft Libraire a Rotterdam & chez les principaux Libraires de la Hollande. A Bruxelles chez Collaer, Dujardln9 de Filhbon , de la Haye &c. 5 Libraires.. A Hambourg ,chez Ambroife Daclin, Libraire pour tout le Nord. On pourra adreffer les différentes pieces que Von defireroit faire paroltre dans le Journal Politique de Hollande a PEdiJCft*r,  JOURNAL POLITiQUE D * HISTOIRE, Suite de la Première Epoque. JL andis que Margnerite follicitoit :le fecours du. Roi d'Angleterre, les Partifans de fon Fils fe trouvant les plus forts atta« -querent les chateaux de leurs adverfaires & les détruifirent, dans I'abfence des propriétaires qui s'étoient rendus auprès de la PrirtceiTe. C'efl: dans ces attaques, qu'on peut placer fous la date de 1350, qu'il eft fait mention pour la première fois de Pufage de la poudre a canon. Aucommencement de Pannée fuivante Marguerite ayant •raffemblé une flotte compofée de Vailfeaux '(FAngleterre, de Zélande & de Hainaut, rencontra celle de Hollande auprès de Veere dans File de Walcheren, Après un combat fanglant oü la perte fut apeu-près égale, la PrincelTe contraignit fon Sis & L 2 fe  <22ó" -Journal -Polit'tque .fe retirer en Hollande. Cet échec n'abat,tit point Guillaume, il conclut avec les Nobles & les Villes de- fon parti un Traité par lequel il s'engageoit a chafTer du Pays ;tous ceux qui tenoient pour fa Mere, & a ne faire aucune paix avec eux que ,du confentement général. Quelques mois après les douze Villes tqui avoient pris parti pour Guillaume, voyant qu'elles foutenoient le plus grand fardeau de la guerre civiie, fans avoir •beaucoup de part au Gouvernement, fi:rent enfemble.un Traité fépaié , feprometr tant une-indemnité mutuelle de toutes les pertes que cette guerre pourroit leur eau•fer. La prudence leur dicla cette affociation ,• & dans les circonflancesofi fe trouve aétuellement la Hollande, elle devroit imiter un tel exemple. La .Gueldre & les ' OpprelTeurs de la Province d'Utrecht font •ligués contra la Liberté, pourquoi ceux qui la défendent ne s'uniroient- ils pas p.iur le foutien de la Conftitution Répu'blicaine? Nous fommes bien élpignés de confeiller 1'emploi des moyens violens, mais nous croyons auffi que 1'exeès de la modération peut entrainer la perte de PE- tat.  dè Hollande. 2t>?" tat. Ün accord unanime, foutenu' par la' force, eft capable d'en impofer a la Tyrannie & de la contraindre a renöncer a fes projets deftruéteurs; trop de délaisl'enhardira, elle tentera quelque entreprife téméraire; alors des flots de fang couleront,& peut-être' le mal ferat'il fans remede. Nous fouhaiton's que ce funefte préfage ne s'accomplifie pas, mais nous gémifibns fur la fécurité de tant de milliers d'hommes qui les armes k la main, fe contentent de: prévoir le danger fans le prévenir. Un fecond combat naval oü Marguerite fut vaincue la contraignit de paffer en Au-" gleterre , & de recourir ala médiation d'Edouard, qui fut auffi acceptée par Guillaume. Après de longs débats le Roi' d'Angleterre ne crut pas pouvoir pronon-' eer fur ce differend; Jean de Beaumont & Walrave de Luxembóurg choifis pour ar-' bitres déciderent que Guillaume demanderoit pardon a fa Mere, qui de fon córé 1'accorderoit gracieufement; qu'elle céderoit de nouveau a fon fils la Souverainetéde Hollande , Zélande&Frife, moyennant trne penfion fur le revenu de ces Provin-' ces, & qu'elle conferveroit le Hainaut.' L 3 C'elV  22&' Journal Pölittqve. C'efl ainfique la Hollande, la Zélande St la Frife pafl'urent de la maifon de Hainaut dans- celle de Baviere. fVlarguerite. ne furvéeut pas long-tems & eet accord , &. fonfilé quelques années après au retour d'un voyage en Angleterre , tomba dans un fré.néfie dont: les accès furent fi terribles qu'if tua,, fans aucun fujet, Gérard de Wateringen,, un. des Seigneurs qui 1'avoient lemieux fervi.. On ne voulut plus alors laif» fer. le gouvernement au Prince; il fut enfermé. d'abord; a la Haye& conduit enfuite au Quefnoi, Ville du Hainaut, oït il vécut encore trente ansmais toujours privé de fa.liberté; Ba- détnence & la défentiön de Giiiflaume ,. rallumerent le feu des faéüons , &. les Hoekfes, qui depuis quelques années s?étoient tenusstranquilles., commencerent. a remuer. Le DucAlbert, choifi par Guillaume pour, fon Succeffeür-, s'il mouroit fans enfans, devoit naturellement avoir,la Rëgence du Pays, pendant la maiadiedé fon frere. G'étoit auffi le fentiment des-Hoekfes, mais leurs adverfaires les Ca~ billaux,. quoiqu'ils eulfent confenti qu'Albm fuctédit. a fon frere, craignirent de voir  Bhllande. voir échapper de leurs mains les rênes du' Gouvernement, s'ils aceordoient la Régence ft ce Prince. Tls foutinrent donc' qu'il falloit reconnoitre en qualité de Gouvernairte f Maf kilde de Lancafife, Epoufe' de Guillaume, & ne craignirent pas alors\ d'offrir le Gouvernement ft' une Princefie' étrangere, eux qui avoient atiparavant reMe" de reconnoitre pour Comtefle, Marguerite, fdle unique de Guillaume III, fous prctcxte qu'ils ne voulbient pas être foumis aux loix d'une femme. Ainfi de tout tems 1'ambition a embraffé des opinions contradicloires quand elles fe trou-voient favorables ft fes projets ;, nous e-nverfons de fréquens exemplcs dans le cours de cette hifloire. Les Hoekfes-, qui fans doute avoient déjft traité ftcrettement avec Ie Düc 'j88s&* le fervirent fi bien qu'il fut mandé de la part Matilde & de la plüpart des Nobles é* des Villes; on le reconnut d'abord ft Dort, i & enfuite dans les autres Villes de Hollande, en qualité de Régent & de Protec~ teur du Pays, & les Patentes furent fignées ft Rotterdam par la Princeffe Matilde de- Lancaftre. Le Duc en prenant poffefL 4> fion'  23'0' Journal Folitiqur fion de la Régence promit de gouvernerv pendant la maladie de fdn frere, avecl'affiltance. des bonnes Villes & par le confeil de ceux qu'il choifiroit, d'aocord avec ces Villes, felon les droits & les ufages du Pays. Les habitans promirent de lui obéir, de 1'aider a gouverner, & a terminer tous les diiTérends. Le Duc, foit que 1'intérêt du Pays ledemanddt,.foit qu'il redoutdt le parti qui lui"étoit oppofé, ou qu'il voulut récompenfer ceux qui 1'avoient ólevé, fit plufieurs changemens dans la Magiftrature des Villes.. II voulut auffi changer, hors du tems celle de Delft,, mais il ne put y réuffir; il fut plus heurenx. dans d'auires Villes, puifque quelques ann es après il parut vuuloir que les Echevins fuflènt démis remplacés, mémi dans-le-coiirs dè Pan nee, felon fa feule volonté, (oit quM habitat la Hollande, ou qu'ii en fut abièut. Nous ne faifuns cette remarque, dit Wagenaar, que pour: prouver le droit que s'arrogcoient dès tems Ja les Cjmtes, de cbanger les Régences a leur gré. On verra dans le cours de cette hilloire les Stadhouders, qui ne  'de' Hollande.m 231- font pas Souverains, prétend.re au même ' droit, & les Villes avoir la fuiblefiè de les en laiffer jouir. Delft föutint fes Privileges & fe déclara'contre Alben, qui réfolut de réduire la Ville paria force des , armes. • Les habitans leverent des troupes a leur fólde, choifirent des chefs pour les 1 commander, & après avoir ruiné quelques ' chateaux de leurs adverfaires , firent une imiption dans la Haye , y forcerent lapri-" fon, .& emmenerent avec euk les prifon-" niers de leur pani que le Duc y déte-" noit. A ■ cette - nouvelle Albert revint 'de ; Zélande , & affiegea Delft ld premier Avril! J319. La Ville au bout de deux mois & demi'fut obligée de capituler; les Botir-' géois demanderent pardort aü Duc, luii payerent 40000 Eens , & firent aba'ttre leurs s niurailles. Les Nobles & les étrangers ,' qni avoient commaridé'-les 'troupes,■ ne : furent póint compris dans cé traité;-plu-' fieurs' d'entr'eux étoient forris deia' Ville pendant qu'on 'dreflbit - la' Capitulatión :3 > & s'étoient enfermés dans Hetifdèn." Le; Duc les y fit affiéger, mais ad'bout d'un 1 an de réfiftance', •ils:réntrérèrit'lefj:sgfacé'SJ par la médiationuu Seigneur d'Arkèi ] 'en1' LL$8 cé*:-  ajt- Journal Eölüïqus- cédant le: chat/an. de. Heufden t\i Duc,. &.en fe foumettant: a faire dans PJfpace; de deux ans le Pdlèrinage de Jérufalem : con-> dition digne du fanatifme & de 1'ignorance • dé ces tems la.. Nous avons vu le Comte Jean t pour r foutenir i un Mihiflre injufte, vouloir afliéger; Dórt; ,iei.fle Duc Albert n?ayant qu'une autorité repréfentative , attaque Delft qui défend > fes Privileges &. s'én. empare: il femble que par une fatali-tééattachéd a la Hollande, moins fes ennemis domeftiques ont eu de véritable pouvoir , plus ils ont obtenu de fuccès contre. eilej .Philippe ID ne put laaréduire, & fes Stadhouders lui ont fouvent fait fubir leur jcjug.•■. Puiffe t'elle. démentir cette funefté ' expérieuce, & fe fouftraire au danger qui li menace dans le moment oü nous écri- vonseeci! ! Albert après avoir' hèureufementterm'mé une guerre avec Edouard, Dtlc de Gueldre 5 .& mis fes partifans dans.les plus hau:s: empkffs en .Hollande , s'ennuya d'y comw.ander au. nom d'un autre, .&vouluts'en affurer.la Souveraineté. On fe contente larement du fecond rang, quand foutena nTifnr ftftfntl puilLuite, on peut&'éleveri au.  / de Hollande.- 233 au premier. La démence de Guillaume . déclarée incurable affermiflbit encore Albért dans fon projet, mais il jugea que pbur réüflir il lui falloit abfólümentia faveur du Peuple, & furtout PinVeftiture-' de PEmpereur. - D'ailleurs'Edouard III, Roi d'Ahgleterre n'avöit point encore rcnoncé a faire valoir fur la Souveraineté" de; ce Pays , les droits de Pbilippine fónEpóufe. • Le Duc Régent mit a profitle repos quelifi donnöit li p'aix' avec la Gueldre pöur' aCcomplir fon doublé projet. - Il indiqüa,en 1364, a Gertrudenberg, uhè aflèmblée" générale des Nobles & des Villes'de la1 Hollande, & de la Zélande % 'ott y déelara , cPaprès la demandë du Prince, qüéia Reine ' d?Angleterre n'avoit aucuil droit';fur"ets ; Pays, qui de tems immémórialayarit étéJ irtdivifibles , étoient' échüs- par droit' de'-' fticceflion; au Duc Guillaumé,' & au Ré-" gent déclaré fon légitime fuceerïeur. Mu-" .ni' de cette Déclarati'oM antbentiqüe ,■ Albert accömpègné de piufiéur's ;Nobks; &> plèinernent autorifé 'par lés ' Villes ï fe-ren-^ dit én Angtéterré, pbur traitér avée atv fujet' des'prëténtïöns deforf Epöiïfe'",» 'maks41 'ne put 'térmirièf qu'eV 3 <*?•£..-■  -34 - Journal Politique - pe.id.int le Duc Régent s'étoit adrelTé par' Requête a Ia Cour Impériale, e.xp fant h\ malad'e incurable dont fon Frere étoit at- taqué d.puis treizeans, &demandant 1'in— veftisure des Gomtés de Hollande , de Zé-• lande, .& de la Seigneurie de Frife. L'Empereur Charles IV,. lui accorda fa demande &par un Refcrit ordonna aux habitans de • le. reconnoitre pour leur Souverain,- mais jufq'j'en 1389 Albert ne prit dans le Puys d'auire titre que celui de.Régent; ce qui prouvé que. les.habitans prétendoient êtrefndépendans du pouvoir Impérial, &■ ne-reconnurent Albert pour légitime Souverain qu'après la mort de.fon Frere» Alors ■ il recut I'hommage des Nobles & des Vil-; les-, & fixa fon féjour a,la Haye.. La paffion de ce Prince pour Adélaïde de Poelgpvft caufa dans le Pays -des troubles , dont: le réc'.t entre xlans notre pjan.1. Cétte'.jeuue.& charmante p'erfonne s'em-' para fi, bien de.Pefprit dir Prince-, .qu'elle. difpof iit i ft: fa" Cöur de toutes -les -graces , ■ cV- que par . fon crédit les Cah'dlaux repri-* jent-, faveur.-. Des Nobles du .parti des lld&kfesi autrefois -toutrpuifPins ne virent.-; pjtssfans* dduléur..ce. changement.; ils- ai-,-  de Ilólhrnde.- 235" grifent la colere du Comte d'Oftervant, filsd'AIbcrt, mécontent que le pouvoir d'Adéiaide 1'emportat fur le fien, & qui rougi-fibit que- le commerce illégitime de fon Pere deshonor&r- fa maifon. La mort dela-Favorite fut réfolue, & la nuit du- 21 au 22 Septembre 1390 , dss hommes armés 1'aiTaffinerent a la Haye ; GuillaumeKid*er\ Malt-re d'Hótel du Prince voulantla défendre-eut le même fort. Les aflalfins quitterent aufii tót la Haye & le Pays, mais le Comte d'Oftervant, chef du complot, -y refta encore quelque tems. Quoique cet -attentat ent caufé la plus grande douleur a Albert, il ne fe prefla pas d'en rechercher , ni d'en punir les Auteurs; cependant follicité par le pere de fon Mai-tre d'Hótel • il' fit citer publiquement les Nobles qui s'étoient rendus fufpeéts par leur fuite. Cinquante quatre avoient quitté le Pays, & aucun d'eux n'ayant comparu i, ils furent - condimnés a -mort parcontumace, avec confifcation de biens.Le Comte d'Oftervant intercéda inutilement pour eux-auprès de fon Pere-, qui quatre ans après donna un Edit par lequel tous les habitans de Hollande & de Zélande' I> 7/ étoieBt*  ftfj^' Journal Pólitique étoient autorifés a tner, partout oü il les: pourroient trouver ceux qui avoient affaffrné- quelqu'un dans le Pays. En même tems les Baillis de Woerden & d'Oudè-water recurent ordre de faifir les afPaffins • de Guillaume Kufer, s'ils paroifToient en ■ Hollande.- C'efl: ainfi qü'Albert déguifiV ft vengeance perfónelle fous le prétexte de punir les affaflins de fón Maitre d'PI6téi. L'Année d'avant, fón fils qui recevoit' jeurnellément i des marqués de mécontentemene de la part du Duc , craignant d'ê^ tre arrêté, avoit quitté la Haye & s'étoitretiré dans le chateau d'Altena, dont fon ! pere lui avoit fait préfent; Dès qu'il eut" abandonné Ja Cour, les Nobles du parti dés Cabillaux 1'accuferent auprès du Dued'a'voir voulu s'emparer du Gouvernement, & d'être PauteuF du meurtre d'Adélaïde:: ces imputations irriterent Albèrt au point qu'il réfolut d'afliéger fon fils dans le cMtsau d'Altena , & de le contraindre a quel- quecpris-que-ce füt,-de fortir du Pays,Parmt les Nobles qui irriterent le Duccontre fón fils, celui qui Penfiamma encore davantage fut Jean, Seigneur d'Ar-tói,;.revêtu depuis 138^, de la charge de- Stad'  dé Hótfandè,a%?? Stadhouder de Hollande; de Zélande & de I Frife. Creft la première fois, qu'on trouw dans l'hiftoire le titre" de Stadhouder pour;' défigner rOffieier chargé-de repréfentér le ■ Souverain abfent. Sans doute dèscetems' la. cette charge donnoit bèaucoupd'auto-rité a'celui qui la poffédoit, maiselleue devint réellement dangereufe pour la Lhb'crté des habitans ' de ce Pays, qne fous Maurice. Nous n'avons -parié de 1'alTaffi- nat d'Adélaïde, & de fes fuites que pour.'' prouver dans quelsexcèscriminelsleshom-» mes font entrainés par d'efprit faftieux, & i la foif des honneurs. ■ Le. Syftême Ariftocratique que Ia Pro* vince de Frife embrafie dans les troubles^ aétuels-, & qui dément eet efprit d'indé-pendence qui la caraétérifoit, & dont elle • étoit fi fiere autrefois-, nous-a fait croire ' qu'il ne feroit pas inutile- d'indiquer l'é*; poque oü cette Province a plié fous ie jóng des Comtes. de Hollande, & la caufe.' de cette révolution.'• Depuis la mort fu-. nefiede Guillaume IV1, afiaifinéiën Frife y, Pan 1345, les habitans de la Province jouiffbientde leuriLiberté; les Villes étoient" SQUvernéés par les Magiftrats, &lesCar&-i- pagnesi  a'38- Journal Pöïitiqne pagnes par les Nobles, & prétendoientne" rlépendre que dé 1'Empire. Auffi long»" tems que Guillaume V conferva fa raifon , i il- fut trop occnpé de rétablir le repos dans ' la Hollande, pour penfer a troubler celui de la Frife, & Albert étoit trop pacifique pour former ce projet , fi les Frifons di- vifés entre eux ne lui euffent fourni 1'occafion de les attaquer. Un Gentilbomme dont les biens étoient fitués dans la Frife ' & dans le Pays de Groningue, ayant fuccotnbé dans une difpute avec d'aütresNo-" bles, vint en 1381 implorerl'affiftance d'Albert, & le reconnut*-pour fon Seigneur Suzerain.- L'ardeur de fe venger lui fir trahir 1'intérêt de fa Patrie , & découvrir' la mésintelligence qui la troubloit; mais Albert différa d'y porter la guerre jufqu'en 1395. II prit alors pour prétexte de foninvafion la mort de fon üncle Guillaume IV, qui n'étoit pas" encore vengée, mais la vérhable raifon étoit de réduire fóus fa puiffance la Frife, fur laquelle il croyoit • avoir un droit légitime. II lui falloit un 1 Chef capable de commander les forces qu'il; rïlfembloit, & ne penfant pas en poüvoir ' treuver un plus habile que le Comte d'Of-" tërvant,>  dè Hollande. a'33? tervant, fon fils , il lui rendit fes bonnesgraces , & le rappella auprès de lui. Ge Prince revint accompagné de plufieurs Nobles du parri des Hoekjes qui reprirent auffi auprès d'Albert leur ancien ne faveur. Les Frifons avenis du péril qoi lesmenacoit conclürent une alliance avec 1'Evêque d'Utrecht qui promit de ne donner paflage a aucunes troupes qui voudroient attaquer la Frife. Lés habitans de cette Province, affurés des bonnes intentions de celle d'Utrecht, tinrent confeil dansune aflèmblée générale fur les moyens de repoufler 1'ennemi, ou de rendre fon inViPion infruéleufe. La plupart furent d'avis de 1'attaquer auflkót qu'il auroit débarqué , difant qu'ils préferoient de mourif en Libres Frifons, plutót que d'êtrefoumis & un Prince étranger. Un des principaux Nobles leur confeilla au contraire de ne point's'oppofer a la defcente de 1'enïiemi, & de fe re.rfermer dans les VillesSe dans les fórtereiTés. II foutint qu'une armée de cent mille hommes feroit oblifeé'i de quitter bientóc le Pays , faute de fübfidance, & que tous f.s exploits fe rê\ duiroient & décruire une douzaine de Vil- laps-*  2^3 Jour-nel Politiqutr leges, au lieu qu'en livrant batailie avé* des forces fi difproportionnées, on s'expoferoit a uue défaite prefque certaine. ©n n'écouta point un avis fi fage,quoique 1'armée de Frife ne füt que de' trente mille eombattans, remplis de courage a la vérité, mais trés mal armés. ©n la partagea en trois divifions , qui furent placées> derrière une digue peu éloignée de Fendroit oü 1'ennemi devoit faire fa defcente. L'Armée Flöllitndaife, renfbrcée de troupes Francaifes,' Allemandes & Anglaifes, bien pourvue dé munitions , partit d'Enkhuyfen, & arriva le 24 Aoüt a la vue des cótés de Frife. Six mille iioffirnes avoient été- envoyés pour s'oppofer a la defcente, ou du moins pour déi fendre la digiie , ils ne purent y feuiïlr, 1'armée Hollandaife s?empara de ce pofte important, & des deux cótés on difpofiv tout pour en venir aux mains. Le combat fut fanglant, & les Frifons trahis par celui qui les commandoit y perdirent un' grand nombre des leurs; le refte fut contraint de prendre la fuite.- On ne fit pas plus de cinquante prifonniers: les Frifons aimerent mieux fe faire tuer que de fe rendre  dè Hottandèi 24T Stt, ptifértttit de mourir en hammes Ithrer plutSt que de vivre en efclaves. Pourquoi faut il quline Nation anirrtée dufaint enthoufrafme de 1'indépendancey nouriffè' dans fon fein des faaieux & des traitres?' Albert s'empara des plüs fortes plaees, revint ft> Enkbuyfen aux approches del'hiver, emmenant le traitre Fan deKuindtr, qui dans le premier combat: avoit pafte" de' fon cöté avec fes deux fils, & lui avoit ai» dé. ft- vaincre fes compatriotes-. Ainfi lesufurpateurs' ont toujours pris les transfu» ges fous leur proteétiom Malgré leur dé* faite les Frifons fecourent le joug plus d'une fois, & quoique malheureux dans reurs- tentatives-, Alb'ert-fut obiigé-de con>clure avec eux en 1400, une treve, qui fufpendit les hoftilités , & pendant laquelle ils ne le reconnurent pas pour Maïtre. Ce Prince fe vit contraint dans la même année d'employer la force" des armes pour punir.unMiniftreinfidele, &révolté contre. lui.. Jean , Seigneur d'Arkel', étoit depuis; dtx ans ■ revêtu de la charge de Stadhouder de Hollande, & de celle deReceveur' des revenus de-cetteProvince , fans avoir' ja*-  94 s. Journal Politique' jamais rendu compte da fon adminiftration^ Albert dont les finances étoient épuifées' par la guerre de Frife, exigea enfin que fon Minifire juftifiat de- 1'emploi des deniers qu'il avoit eus entre fes mains , mais le Stadhouder, au lieu d'obéir eutl'audacede déclarer la guerre a fon Maltre. L'hiftoire peint ce Jean d'Arkel cómme un; homme rempli d'orgueil & d'ambition, qui s'étoit déja fait connoltre par des actes de violence contre les Nobles de fon voifinage, dont les forces étoient infé_ rieures- aux fiennes. II refufa de rendre compte afon Souverain , fous prétexte qu'il avoit a la cour des ennemis auxquels il ne vouloit pas confier Fexamen de fon adminiftration. Le Duc Albert chargea fon fils de foumettre ce rebelle par toutes fortes de moyens, confirqua fes biens fitués en' Hollande, & le bannit a perpétuité de la Province. Arkel mit le comble a fon audace en déclarant la guerre "au Duc & a fon' fils, &c en leur envoyant un Manlffte, pour rniüiicer 1. s hoft Ücés. La f;uer e en:re le Souverain & fon Mui Pre a\o't déj'4 dure,. &; la victoiie n. s'étoit pas tou'  de 'Hollandei 243 jours déclaré pour la meilleure caufe, mais ■le .Comte d'Oftervant fe mit a la tête d'une ■puiffante armée, & dans la crainte que TEvêque d'Utrecht, qui s'étoit uni avec •les Frifons ne pré.at fon fecours au Stadhouder, Albert & fon fils traiterent parüculierement avec la Ville d'Utrecht. Les •Bourguemaltres, Echevins & Confeillers s'engagerent ft pourfuivre d'Arkel jufqu'a ce qu'il fut entierement vaincu, les conditions furent réglées & garanties par les Villes de Dort, Haerlem , Delft , Leyde , Middelbourg & Zierikzée. Le Souverain de la Hollande aiTuré du fecours d'Utrecht fe mit 'en marche pour attaquer les poffeffions du Stadhouder, qui ayant vu 1'orage qui fe "formoit contre lui, s'étoit allié avec quelques Seigneurs Allemands óVGueldrois, .& s'étoit jetté avec eux dans Gorcum, que le Comte d'Oftervant afFtéga, au mois de Juin 1403. Enfin le fiege trainant en dongueur, le Comte & le Stadhouder entrerent en conférence , & choifirent pour arbitre 1'Evêque de L;ege, qui fit confetuir Arkel a demander pardon a genoux au Duc & ft fon fils , & ft fouffrir que le Paviilon du Souverain iiottat pendant -un jcur  ;244 Journal Toliiiqut jour fur les murs du Chateau d'ArkeT. S paroit qu'Albert ne demandoit qu'il fortir avec hjnneur de cette guerre inteiiine , & qu'il n'exigea plus que le Stadhouder lui rendit compte de fon adminiftration, Cette pak ne dura pas longtems, & les hoftilités recommencerent quelques années ^près avec plus de fureur qu'auparavant. Ce trait d'hiftoire a un rapport trop mar•qué avec les circonltances adiuelles pour qu'il foit néceffaire de Pindiquer a nos 3Leéieurs.Nous nous contenterons de remar>quer que le premier Stadhouder de Hollande donna un exemple, malheureulèanent trop bien imité par quelques uns rde fes fucceffeurs. Notre but dans eet Guvrage étant de Taflembler tout ce qui peut donner des luimiere6 fur la véritableCoiiftitution , & fur iles droits du citoyen, nous allons mettre fous les yeux du Leéleur quelle étoit 1'influence des Villes du tems d'Albert, qui jnourut peu après fa néconciliation avec ArkeL Jufqu'au treizieme fiecle les Nobles feuls avoient part au gouvernement, & garantiflbient les alliances, mais a meiiirj que les Villes par leur commerce ac- quirent  de Hollande. «15 .quirent des richeffes, & par conféquent de la confidération, elles commencerent a S'immifcer dans l'adminiftration, & leur influenee augmenta par les faétions des Hoekfts & des Cabülaux. Dort , Haeriem , Delft & Leyde portoient alors le nom de Capitaies, & jouilfoient d'une plus grande .autorité que les autres.; Gouda & Amftep■dam, réunies enfuite au Comté de HoU laude furent auffi comprifes dans le nomibre des grandes Villes, & fous les Comtes .de la Maifon de Bourgogne & d'Autriche , ces fix Villes envoyoient leurs Députés aux Etats , & partageoient avec les Nobles le droit de donner leurs voix dans cette affemblée. Sous le regne d'AIbert il arriva dans les Régences des Villes quelques changemens, qui méritent de trouver place ici j dans les anciens tems 1'adminiftration municipale étoit entre les mains des Baillis .& des Echevins nommés par les Comtes, & qui exercoient auffi la fonétiön de jugcs , même dans les Villes qui appartenoient a des Seigneurs partieuliers, Mais fous Albert on trouve des Bourgueinaitres, chargés ,4e radminiffration des Villes, & des Coh- la  -*46 Journal Politiqut feillers , ou Vroedfchappen , quidélibérofent fur les affaires importantes du Pays, &de la Ville, & qui étoient auffi chargés de .choifir les Magiftrats annuels. .Avant.1349 le nom de Bourguemaltre n'étoit pasconbu en Hollande,,fi ce .n'eft peut être k Dort, mais un peu plus tard on trouve .ce titre établi a Leyde & ailleurs: Delft,, .Rotterdam & Amfterdam avoient auffi des Magiftrats nommés,Confeillers. Les Bourguemaitres.étantd'une création plus moderne que les Echevins leur.céderent d'abord le pas, mais leur charge devint bientót.plus importante .que les fonc;tions des Echevins, qui étant nommés par de Comte n'avoient aucune ;autorité Pur les Bourgeois, & n'étoient pas.chargés de l'adminiftration dés deniers publics. Les Confeillers de-Ville font d'une inftitution auflï ancienne que les Bourguc-maitres , ou du moins les uns .& les autres n'ont pas un date de 8 ou 10 ans de différencé. Cependant une Lettre de 1449 fait mention que dans Amfterdam , il y avoit eu depuis longtems un -.certain nom:bre de Confeillers. Mais ce nombre n,e fut pas dabord déterminé.j on affcmbl-oic dans  "de Hollands. s&jjjj ••dans les oceafions importantcs"ie-s plus fages , les plus norables, & les plus richel citoyens p mr demander &'fuivre leurs avis; "& dans Pannée 1587 quand il fut queftion de régler les droits refpeétifs des Nobles '& des Villes, on reconnut que les Colleges des Confeillers étoient auffi anciens que les Villes , ou du moins qu'on n'avoit -pas mémoire de leur Création. Ce qui ■prouvé que de tout tems 'les Bourgeois avoient choifi pour les aider de leurs'Confeils , un nonibre indéterminé de citoyens , Telon Timportance des affaires; mais de ce Prince avec Adélaïde de Poelgeeft; & les Iloekfes obligés de fuir après le meurtre de cette faver fe. Ils revinrent avec Guillaume rentré dans les bonnes graces de fon Pere, mais ils n'eurent pas la même influence qu'avrparavant, & ne lareprtrent •que fous le regne du fils, qui les placa dans les Régenoes de plufieurs Villes. Leurs Adverfah-es auffi jalotrx qu'eux d'avoir part au gouvernement, exciterent des émeutes qui coutetent la vie a plufieurs citoyens «des deux partis, dans Haerlem, A-rnfterd.am & Delft. Mais ce fut a Dort que la M 2. furear  a5<3 Journal Politique fureur des deux faclions fit verfer plus dè lang, & nous croyons devoir entrer dans quelques détails fur eet événement funefle. Les Magiftrats de cette Ville étoientprefque en nombre égal de chaque parti & Guillaume a fon avénement les confïrma dans leurs places : Pannée fuivante, au tems ordinaire du changement de Régence, il y laiffa les mêmes perfonnes, ce qui n'était pas encore arrivé a Dort. Selon toute ap^parence le Prince informé du partage des fentimens parmi les Magiftrats n'avoit pas aVOiriu fe décider en faveur de la moitié contre Pautre, dans la crainte des fuites fdcheufes qui pourroient réfulter de cette préférence. -Les Régens du parti des Cabillaux, foupconnant qu'on avoit deffein de les fupplanter, chercherent lesmoyerss de fe maintenir par force dans leurs places. .Schoonhout, Cortfeiller de Ville, -Philippe fils naturel de Lek Bailli de la -Hollande Méridionale, le grand Officier, deux Bourguemaitres, & .cinq des neuf Echevins firent une ligue ppur difpofer arbitrairement de tout, & perfécuterles autres Magiftrats du parti des Hoekfis, qui campofoient Ia j$morité. Le Peuple tnéeontent de Pad- 4Pini-  de Hollande.' a§i miniftration municipale, murmurad'abord fecrettement , & préfenta enfuite des Rèquétes pour obtenir la réforme de quelques abus. Les Régens ligués craignant 1'effef de ce mécontentement, fe fervirentdeleur influence dans le Confeil pour y faire décider la conftruction d'un fort, capable de contenir la Bourgeoifie. On fe mit fans tarder a 1'ouvrage, & au commencement dé 1407 le fort fut achevé & rempli de munitions' de guerre; le peuple ne voyoit cette entreprife qu'avec peine, & feflattoit en vain de la voir échouer. Les Régens du parti des Hoekfes, foutenus du plus' grand nombre des citoyens, prirent les armes & marcherent vers lefort. Leurdef-' lein n'étoit pas d'employer la violence, mais de demander dans quèlle intentioncette Cftadelie étoit conftruite, mais de demander dans quelle intention cette Citadelle étoit conftruite; k leur appróche les Cabillaux, coururent aux armes , & lancerent une grêle de flêcbes contre les Bourgeois, que cette attaque imprévue mit dans une telle fureur, qu'ils confraigni'rent leurs adverfajres a fe retirer Mf 3 dans  %$i Jourrat'Pöütique-.- dans deux maifons pourvues de munitionf?de guerre, ils tirerent alors fur la Bourgeoifie qui fe défendit'avec courage, & le fang coula des deux cótés.. Enfin la peur fa i fit les alliégés qui fe fauverenl les uns apiès les autres par des portes de derrière , leurs chefs tinrent bon quelque tems, mais ils furent. obligés de fe rendre. Les Bourgeois leur auroient fait; un mauvais paiti s'ils n'euflcnt été retenus parles.principaux. d'entc'eux. Le Bailli & le Receveur de la Hollande Méridionale , le grand Officier, deux Bourguemaitres, & quatre • Echevins fe laifferent conduire en prifon, fans la-moindre réfiftance. Auffitót lesMembres de Panden Confeil,. les Corpsde metier, quelques Nobles, les plus fichés Citoyens &.la Bourgeoifie firent-uneafibciation , & fe promirent mutuellement; afliftance & indemnité pour tous domma-ges qui pourroient réfulter.de cette émeüte. La Ville refta fans Régence pendant quelques mois , les plus riches citoyens tenoient confeil tous les-jours , «Sc .dans eet intervalle les prifonniers coururent grand rifque d'être facrifiés au refientiment des Bourgeois. Guillaume ayant tétabli la Régence;; i  de Ebllande. 2^3 gencc, quoiqu'il fut méconten't que les citoyens euffent employé la force contre fes Officiers, accorda cependant a la'Ville la permiffion de bannir a perpétuité du Pays quelques "uns des'anciens Magiftrats. On leur fit jurer qu'ils ne le vehgeróient jamais fur aucun Bourgeois ', mais ce ferment' fht mat gardé, le nouveau 'Grand-Officief 1UL dlliillIIJC ilUpiCS UC rS-UllClUeUJi \)6 lcèv"  *3&*- Jcjtrnal PüMqïte- • les deüx-Souverains également fatigués 4b la guerre, conclurent une.trêve de trois ans. Après qu'elle fut expirée, Guillaume équipa quelques Vailïèaux qui croifant dans le Zuiderzée intereepterent le navigatiou &- ruiuerent le commerce des Villes maritimes de la Gueldre.... Les Seigneurs de Viane & de Kuilenburg,...alliés du Comte de Hollande, joignirent leurs troupes aux Hennes, & firent une irruption dans le Vé* luwe, oü ils s'emparerent de plufieurs plajces qu'ils brulerent après les avoir pillées. Enfin au mois d'Aoüt 141a, lesdeuxPrinces hïent la Paix ; le Duc de Gueldre ceV da au Comta.. de Hollande fes droits fur Gorcum & le Pays -d'Arkel, moyennant cent mille Ecus de France... II s'engagea encore a.obliger le Fils de Jean d'Arkel 4 livrer au Comte ^ Gorcum qu'il polfédoit encore-, &-depuis ce tems • cette, Ville & le.Pays d'Arkel font réunis au Comté de Hollande. Les condkions du Traité furent garanties par,.les Evêques d'Utrecht & de Liege».. Jamais on ne put réfdudre Pupirw'iltae Stadhouder a prendre des fentimens pa*«ifeijues., il quitta la Gueldre , & fo réft> m  de- Hollande!' - ■'259"' gia dans- le Brabant oü quelques mles-de ' fes terres étoient fituées. Plufieurs No* bles de la Hollande Méridionale, ayant formé le defl'ein de fe-faifir de ce rebelle; Póbferverent de fi prés- qu'ils le furprirent fur les Frontieres du 'Brabant, & le con* duifirent a- la Haye, oü.Guillaume le rei tint en prifon pendant quelque tems, Ie fit, enfuite transférerau Chateau de Gouda», &enfuite a Zevenbergen, oü ilreftajufqu'ea 1425 qu'on luirendit la-liberté , dont il ne s jo.uit pas long-tems, ayant finifes jours peu : de tems-après. Genefutniparvengeance-, . ni par tyrannie que le Comte de Hollande fif arrêter d'Arkel & le retint prifonhier*, Ie iuin de fes jours lui avoit dicté cette conduite rigotireufe.- Dès-qu'il eut fait la ! paix avec le Duc de Gueldre, ce Prince lui découvri-t un projet tramé par quelques,.Nobles de Hollande pour fe faifir de lui, & le malfaerer, mais il ne lui en nomma pas le* Auteurs. Guillaume ne put foupcouner que Jean cl'Egmont, ger> dre d'Arkel, qui depuis plufieurs années ■ ne- paroiffoit devant lui que.muni d'un fanf-conduit ; préeaution qu'aucun aut?e Ntfble n'avoit jamais prife. Ce fout*- M-7;,  26"ö ' Journal Polïtique ' eön bien fsndé fut confirmé par le Stad-hóuder, qui peu de* tems après fa détention declara ceux qui avoient formé le deiTein de fe faifir du Comte, & de le livrer au Duc de Gueldre. Leurs noms refterent fecrets quelque tems, mais enfin le bruit fe répandit en Hollande que ces traitres étoient les Seigneurs d'Kgmont &1 d'YiFelftein : le premier annonca qu'il étoit prêt a fe juftifier en préfence du Comte, pourvu qu'on luiaccordatunfauf conduit; on le lui envoya. II fut cité devant le Confeil du Comté, maisn'ayant pas comparu , - fes biens ' furent confifqüés au profit' du Souverain qui's'en mit en pofiefiion. ■ Les "-deux coupables s'étoient renfermés dans YlTelftein, place fo'rte pour ces tems la; le Comte leva des troupes pour en faire le fiege, mais quelques parens d'Ëgmont propoferent un accomodement qui fut accepté, & dont lesprincipales condltions ' étoient : 'Que le; Comte de Hollande feroit mis en poiPffion de la Seigneurie&duChdteaud'Yffelftein; que les deux traitres quitteroient la Province, & n'y reparaitroient jamais fans Ia pérmiflion du Souverain, qui de fon cóté pro-  ck: Hollande'-.'- % g j pTOtnit de leur faire une penfion, ainfi qu';V leur Mere, fur les revenus de leurs terres. Tèlle fut la fin d'une guerre dont les principales circonltances -ont tant de rapport avec les événemens aétuels, que nous avons -cru devoir les configner dans eet ouvrage deftiné furtout a'rétracer cs qui peut inftruire, relativement a la Cónffitution de cette République. Nos Lecteurs remarqueront que le pouvoir d'un Stadhouder, dés fon origine, fut dange»' reux pour le Souverain, & que ce premier Officier civil peut abufer encore plus de fon infliience quand il eft ën même tems revêtu du Commandement Militaire. Jean d'Arkel, Beaufrere du Duc de Gueldre, fier de' cette Alliance, refufa de' rendre compte de fa conduite a fon Souverain, pcit les armes contre lui, ne voulut ac> cepter aucune propofition conciliatoire * p.iéféra d'être le Vaflal d'un Prince étraftger plutót que d'obéir r\ 'celui que la nature & les loix lui avoient donné pourmaitre. Enfin d'Arkel, complice d'une confpiration contre fon Souverain légitime, errant hors de fa Patrie, y fut ramené pour languir prefque-jufqu'a la fin de fes jutUS  ü.6a : Joürndl Poftrique jours dans une prifon: trop foiblë'cba* timent pour tant de crimes. Si nous trou> vons dans lliiftoire qu-elques rebelles heureux il s'en- rencontre auflï dont les ar> tentats ont été punis par une fin plus funefte que celle du- premier -Stadhouder de Hollandei II femble que le deftin de cëttc Province foit depuis quatre fiecles, de fe voir défcbirée par des Faétions, & troublée par des ambitieux ou par des Tyrans. Guillaume VI é tant'mort en 1417, la trop fameufe jfacqueline fa fille 'unique lui fuccé"-da: cette .Princefle, Veuve a Seize ansj d'un Dauphin de France , fe tröuvoit alors en Hainaut, avec Marguerite de Bourgogne , fa mere, & les plus fidelesferviteurs du Comte dèfunt. Son Oncle le Duc de Bourgogne fe rendit'dans ce Pays & réuffit fans beaucoup de peine a- faire reconnoitre le droit de la'jeune Princtlfe, qui arriva-bientót en Hóllaiide, oü les Cabillaux a la première nouvelle-de la mort du Comte avoient déja excité dans plufieurs Villes des émeutes que la Comtelfe appaifa-bicntór. Les Seigneurs d'Egmont & d'Yfielitein, coiidamuéSj comme nous 1'avons , I vu , •  de Hollande,- zê$' vu-j ft la perte de leurs-béritages, pour' avoir confpiré-contre la Liberté & les jours de leur Souverain-, commencerent les hoftilités, & .ayant raflemblé quelques troupts, s'emparerent par lurpnfe*, de la Ville & du Chareau d'YiTdftein. Les feigncurs de Bréderqde & de Montfort, a' la tête des Bourgeois de la plupart des Villes ds Hollande &< de - We ft-Frife,. rnontrerent'qu'ils étoient -difpofés ft embralTer les. intéréts, de la .Princrffe qu'on avoit prop ie t ;ö.nnuitre pour Söuveraine, éc v:.... v metare le fieg-e devant Yl Iftein. Les habitans d'Ütrecht &: d'Ameisfort preffeient furtout. vivement les .attaques , perfuadés' qu'a prés-la prife de cette Fortereffe dangereufe pour leur f tranquillité, la Comtcffe ne leur en refu-; feroit pas la déraolition. • Aia fin de Juin de la même annéc: la Place fe rendit par capitulation; les deux Freres, & les étran? gers ft leur fo-lde eurent la liberté de fe retirer , & • la j'eune Comtc-flë accorda aux Vainqueurs la permiffion de ■ démolir Ie eM'eau , les Portcs les Murs, & les Tours de la Ville. Pendant ce fiege les Sèigneurs du parti des Hoek/es s'afl'urerent de ■  tó*4 Journal Poti'tiquè de. quelques Villes- qu'ils foupconnoicril' peu favorables aux intéréts de Jaqueline , & quand cette Princeffe parut en Hollande, elle y fut reconnue Söuveraine, excepté a'Dort, oir la faéiion óés C-abit/aux étöit alors toute puifïante. La ComtefTè voulant captiver' la bienveillarice des habirans, confirma tous les privileges, on fe flattöir de vivre heureux fous fon regne»' quand Jean deBaviere, fon Oncle Evêque' de Liege, porta le trouble dans le Pays pour fatisfaire fon ambition dont les intéréts lé rendirent jourd a la voix de la reconnoiffance'. A'-peine fon frere étoitaü tombeau, peut être même avant qu'il y fut defcendu, le Prélat oubliant qu'il devöit fa fortune aux fê4cours dé Guillaume , mit tout en ufage pour dépouiller Jacqueline de Pbéritage paternel. AiT:iié de 1'appui de Dortvil réfolut de qnitter 1'Etat Eccléfiaffique, &: dé fe rendre mai. tfe du Gouvernement de eePays, aümoinsfous Ie1-nom de Gouverneur, s'il ne pou. voit obtenir le titre de Comte. II fuivit dé prés la jeune Princeffe & fe rendit a Dort, oü fes amis les Cabillaux le recuteHt a bras ouverts, & le firent reconnoi- fo  de' Hailande. rre Gouverneur ; la Briele dont il dispo-fóit lui donna le même titre , mais les autres Villes le lui sjefüferènt, alléguant le Tedament de Guillaume, qui recommandoit le mariage de fa fille aveo Jêan , Duc de Brabant, & qui devoit, empêcher dechoilir aucun autre Gouverneur. L'Evêque de Liege voyant qti'ilne pourroit s'emparer du Gouvernement qu a force ouverte,fe ligua avec jean d'Egmont, & Guillaume d'Arkel pour s'aflnrer du chateaude ce dernier, &.de la Ville deGorcum, -places qui lui donneroient le moyen de s'emparer aifément du refie de la Hollande-Méridionale. Egmond avoit des amis dans cette Vilve, oü-quelques Magiftrats tenoiént" en¬ core le parti des-feigneurs-d'Arkel ; il parvint a s'-y introduke a 1'irrrprovifte, & fecouru de quelques uns: des itens', u contraignit la garnifon Hollandoife-j-u fe rctirer dans le Chateau» • d'Arkel ayant reflèmblé quelques troupes de Gueldre & de Liege , fuivitEgmond, &:fejetta dans Gorcum,-dont ils réparerent les forfiflcations pour fe mettre en état de défenfe. La Comteffe , a la tête des troupes de Hollande & de Zélande, accourat au chateau  •aöS Journal Politiqui têau d'Arkel pour attaquer Gorcum qui' n'en étoit féparée que par un fofl/é; les Bourgeois d'Ütrecht ctd'Amersfort, ayant fait brèche aux remparts, entrerent dans la Ville, & le rede de 1'armée Hollandaife les fuivit , dans eet alfant Guillaume d'Arkel perdit la vie avec plus de mille dés fiens; Egmont & plufieurs Nobles de Gueldre furent faits prifonniers, & quelques uns eurent la tête trancbée. Walrave de Bréderode, un des'plUs grands foutiens de la CoEUtefie', fut le feul homme de marqüe qui périt de ce cóté. Les Nobles & les Villes de Hollande, n'ignorant point la part que Jean de Baviere avóit eue dans 1'attaque de Gorcum, crurent oppofer une diguè aux entrèprifes de eet Ambitieux, en fe hatant de faire conclure le Mariage de leur Söuveraine avec le Duc de Brabant, coufin Germain de cette Princeffe, par fa mere, fceur du Duc de Bourgogne. Les noces fe célébrerent a la Haye, aü m'ois de Mars 1418, le Duc de Brabant prit auflitót le titre de Gomte de Hollande & de Zélande , k'g Villes & le plat-pays le reconnurent en eette qualité.- Ce mariage fembloit de- vóir,  'de Hollande. o.6f voir, comme nous venons de dire, rui» ,ncr tous les projets de 1'Evêque de Liege, qui connoiflant les forces de la Maifon de Bourgogne, & n'ayant pour lui que Dort & la Brille, ne pouvoir pas fe flatter de conferver plus longtems le titre & 1'autorité qu'il avoit ufurpé. En fe faifant proclamer Comte .de Hollande par fes amis, il irritoit encore davantage les nombreux partifans de la Söuveraine légitime. Ces difficultés infurmontables pour tout autre , ne furent pas capables d'arrêter 1'entreprenant ,& opiniatre Jean de Baviere, qui feut donner a fon ufurpation une apparence dejuftice, & obtenir même de fa niece une pait dans le gouvernement. On tenoit alors a Conftance le fameux Concile, convoqué pour réformer 1'Eglife dans fon Chef & dans fes Membres, mais dans lequel Ü femble-qir'on travaiila plutöt a perpetuer les abus qu'aies réformer. L'Empcreur Sigifmond fe trouvoit a ce -Concile, préüdé -par le Pape Martin V, que Jean de Baviere étoit tien certüin de mettre dans fes intéréts. Une injuftfee 4? pliïj ne devoit rien eoüter a ee.ux qui firent  £68 Journal Politicus rfirent bruler Jean Hus malgré la foi (run fjuf-conduit. L'Evêque de Liege, décidé a quitter PEtat Eccléfiaftique, & a fe maner, jetta les yens fur E'ifabeth, Duchefle de Luxe mbo urg , Veuve d'Antoine de Brabant, mort fans poltérité, Cette 'Princefle étoit Coufine Germaine de Si.gifmond, & Jean de Baviere envoya des perfonnes affidées k Conftance pour Remander a PEmpereur fon confentement a ,ce mariage, & en même tems l'inveftiture des Comtés de Hollande, Zélande & de Hainaut, dévolus a 1'Empire par la mort de Guillaume VI, décédé fans enfans milles légitimes. Les envoyés de Jean deBa■viere avoient aulïï commifFion de remettre au Pape 1'Evêché de Liege, & de folliciter un Bref pour lui permettre de fe marier. L'Empereur, faifit avec plaifir Poccafion de pr curer a fa Coufine un Epoux illuftre & puiffant, & de caufer du chagrin a Jaqueline, dont lepere lui avoit donité quelques fujets de mécontentement ; le Pape ayant accordé to ;t ce qu'on lui .avoit demandé , le mariage de jean de Baviere feconclut en peu de tems. Le nouvel Epoux ree ut uu Diplome d'invePi- ture,  fde fltflltmde. 469 tu £, dans lequel Sigifmond ordonnoit, aux Nobies & aux Villes des Comtés de Hollande, Zélande & Hainaut, de reconnoitre Jean Duc de Baviere, & fejs def.cendans mdles légitimes, pour leur Seigneur; les déliant du ferment de fidélité „qu'ils avoient pré té a Jean de Brabant & .k la .Princeffe Jaqueline. Muni de cette piece, Jean de Baviere., prit le titre de ipomte, & en cette qualité donna de grandfi privileges k la Ville de Dort. II accorda auffi | toutes les Villes de Hollande & de Zélande la permiffion de convoquer des Affemblées & de tenir -confeil enfemble., • fur :les affaires du Pays, pourvti que ces Affemblées ne fuffent pas contraires a 1'autorité du Comte & a fes intéréts. Le but de 1'PJfurpateur, en accordant des privileges aux Villes , étoit de les engager a le reconnoitre pour Souverain ; le Diplome impérial lui .devenoit inutile fans Paveu des fujets., mais eet appas ne feduigt pe*fonue , & .les Villes conapri.•rent trés Lbien que Jean révoquerofr lies Privileges quand fon pouvoir ferok affer» mi. d'Ajlleurs la -reftriéHon flüi ernpêclioit les Villes de prendre aiicune réfi> lu-  *yo Journal 'Tolitbgite iution contraire k PAutorité du Comte, ou a l'intérêt de'fes Domaines, pouvoit -s'étendre a tant d'Objets, qu'elle ren dit •oulle la permiffion de -s'aflèmbler fans ■Faveu du Souverain ou de fes prépofés. •Ainfi loin que les Villes fe déclarafl'ent ■pour Jean de Baviere , elles fignalerent 'leur fidé é pour la jeune Comteffe, en fe portam-pour cautien des fommes-qu'elde avoit empruntées , ■ & en réuniflant leurs tforces pour affiéger Dort , le principal -'Potuien & la Place d'araies de PUfurpa«teur. Jean de Baviere déféfp'érant d'attirer'les :Villes dans fon parti, réfolut d'employer -la force pour fe maintenir dans 'fon ufurpation. Les boftilités commenceirefk,--& le Pays fut dófolé par le pillage ,que les deux partis fe>permettoient. Les Pirateries des habitans de Dort & de la -Brielle obligerent les Souverains a inviter les Villes de -les aider a mettre le fieire devant Dort, dont la conquête pouvoit feule mettre oSa aux -troubles civils. Les Jloilandais & les Br&bancons s'emparerent de deux poiles.qui .coupoient da communi- tjflRÏxucc la .place affiégée., .&y.eo»öriri-  de Hollande. -firent des Forts. Les aiïiégés -ne manquant ni de provifions, ni d'hommes atïtaquerent les Brabancons avec tahtdefuccès qu'ils leur enleverent plufieurs navires; eeux-ci-fe vengerent fur le Pays de Voorne qu'ils pillerent. Depuis fix femaines le fiege duroit fans aucun progrès ■feniiblej ks habitans de Dort étoient avertis deto«t ce qu'on devoit entreprendre contre la Ville; la difette fe faifoit fentir dans 1'armée., & I'argent y étoit fi rare que Philippe dc Waifenaar, tréforier de Hollande fut obligé d'en emprunter fous fa propre caution , a dix pour cent. Enfin le Duc de Brabant fut contrahit de quitter le Fort "gu'il oecupoit, & le brula; les afiiégés appercevant la flamme, fortirent & tombant fur Parriere-garde des Brabancons la mirent en déroute; 1'armée Hollandaife fe retira quelque tems après, laiflant Garnifoa dans le fort qu'elle avoit conftruit a Papendrecht; Jean de Baviere , a ia tête des Bourgeois de Dort attaqua ce Fort & s'eti ■empara. Après eet avantage il tenta «ne entreprife plus importante .& fe rendit atatrre de Rotterdam .par farprife: eet échec Tom. L A-nit 17,37. N £t  *7& Journal Politiq.ut fit craindre avec raifon au Duc cc k fon Epoufe que leur Oncle ne pénétrat plus •avant dans la Hollande, & ne s'emparat ,de Delft, de Gouda & de Leyde, Ils .écouterent donc les propofitions de paix: que leur fit le Duc de Bourgogne qui ayok .offert la Médiation ; & Jean de Baviere affuré de titer parti du bon état aétueldefes affaires, laifi'a Je Duo de Bourgogne mal,tre de terminer le dilférend. Ce Prince, jetenu en France, nomma fon fils Philippe, Comte de Gharolois, pour Ie repréfenter dans les Conférences, & dreffer les arti,cles de Paccompdement, dont yoici les principauxi f, Le Duc & la DucbefTe de Brabant, 5, & jean de Baviere ainfi que fes Alliés ,, fe réconcilient pleinement, & fe tien;, nent quittes reciproquement de tous les „ excès commis pendant les hoftilités. La Ville de Do-t, les charges de t, BailJi ,& de Pykgraaf de la Hollande Méridionale, Gói£umj les Pays dJAr.?tf kei , de Leerdam , de Schoonewoerd , ,f sfHaggftein, & la V'iUe de Botterdam, n /ont &cdés a Jean de Baviere, h condi-  dé IMlandi. ,„ tien de les tenir, en fief, du Duc-de Brabant & de fon Epoufe. Si la ComtefFe meurt fans enfans le ,, Duc de B'abant fon F.pjux , cederaauf- fitót ajean de Baviere, le Hainaut, ia. ,, Hollande, Ia Zélande & la Frife. Le Pays fera gourerné petidant cinq sns par le Duc , fon Epoufe & Jean de Baviere; tous les Officiers de Juftice des „ Villes & de la Campagne , qui n'auroient „ été nommés que par le Duc & fon „.Epoufe, feroat aufli ferment d'obéir ,, au Duc de Baviere, comme gouvernant fous 1'autorité des Souvcrains." Jean de Baviere doit renoncer a tous „ les droits qo'il prétend fur le Pays , ea „ vertu de Diplêtnes Impériaux, ott d« „ Brefs du Pape, & remettre dans uti ,, tems fixe, tous ces titres au Duc de „ Brabant & a fon Epoufe, qui s'enga- gent i lui payer dans deux ans cent „ mille nobles d'or Anglais , fous la cau„ tio« des Nobles & des Villes de Hoi- laade & de Zélande, ü toutefois ils toni „ feotent a. cette garantie. 55 Dort fera exprelfétnent comprïfe dans  ,ö-74 Journal Politique ;s, ce Traité ; tous fes privileges feron.t „ coniirmés par le Duc de Brabant & fon »» Epoufe, & .Rotterdam fera indemniiée f» des pertes qu'elle a pu fouffrir. Tous les articles de ce Traité furentju:rés de part & d'autre fur les Evangiles, mais Jean de Baviere viola bientót les conditions, quand il crut pouvoir Ie faire impunément. II prit alors les titres At fils du Hainaut, de Hollande & de Zélande, ,& d'aérïtierpréfomptlf"de ces Comtés. La fituarion de Jaquejine n'étoit pas affez défefpérée pour la faire foufcrire k des con(dition's fi défavantageufes, mais le Comte de Charlois chercha fes intéréts dans ce Traité: on en eut Ia preuve après la mort de Jean de Baviere, qui lui avoit cédé fes ,dro.its? peut-être méme avant 1'accord^ dont nous veirons de rapporter les principales conditions, qui ne rétablirent Ia tranquillité que poyr quelques mois, Le Duc de Brabant & fa jeune Epoufe quittter.ent la Hollande pour calmer par leur préfence des troubles qui divifoient IePeu.r ple .& la Nobleffe dans les Etats du Duc. J$3& 4p jB.avbre mit leur ablence a profit pouf  de Hollande. 175 pour franchir les bornes de fon pouvoir; il vouloit recompenfer les Cabillaux qui 1'avoient fervi dans fes projets d'é:évation , mais aux termes du Traité les Emploisdevoient être conférés parle confentement' des Souverains autant qu« par le fien. Il s'enhardit cependant a donner, de fa propre autorité, des charges a fes amis, & i changer dans plufieurs endroits, même a Amfterdam la Régence hors du tems ordinaire. Les autres Villes qui rre 1'avoient pias encore reconnu Gouverneur, craignirènt de pareils changemens', & s'efforcerent de trouver des m%yens de fe mettre a 1'abri de ces coups d'autorité. Leyde, oü le Comte Philippe de Waffenaar commandoit, s'unit avec Utrecht &' Amersfort, qui s'étoient rendues ennemies de Jean, pour avoir aidé la Princeffe' Jaqueline a s'emparer d'Yffelftein & dé Gorcum. Elles étoient informées auffi que' Jean avoit conclu une alliance avec le Duc ' de Gueldre pour faire une invafion dans laProvince d'Utrecht, s'emparer d'Amersfort , de Monfort, les partager & faire élire ' un Evêque k leur gré, après la mort de celui qui occupoit alors le fiege. Quelques ; N'3 Gen-'"  2?ö Jeitrnal PoUtiqut Gentilshomtnes du parti des Hotkfe: eurrerent dans la Ligue de Leyde & des autresVillt-s-; ils dédarerent la guerre a Jean , &. a,'emparerent aullitót de quelques chuteaux, des. Seigneurs de fon parti. Le Duc en, recevant cette déclaration de guerre a laquelle. il éioit loin de s'attendre, fe rendit a. Gouda pour y rafllmblerdes troupes y celles d'Utrecht vinrent lui piéfenter Iecombat, mais le peu de monde qu'il avoit & fon deflein d'affiéger- Leyde 1'empêche. rent de 1'accepter. Né pouvant 1'y enga* ger ceux d'Utrecht fe retirerent, & jetterentcinq ï.fix cents hommes dans Leyde,, que Jean affiégea bientót, après s'être emparé de quelques forts , qui en défendoient fes- approches, & i ui appi rtenoient a des, Seigneurs du. parti des Hoekfes. Frédérik^, Eyêque d'Utrecht n'auroit rien négligé pour délivrer Leyde, s'il n'eut eu befoin de fes propres forces pour défendre faErovince cortre Hnvafibn dü DucdeGuep. dre qui cherchoit k fe rendre maltre d'A* mersfört: il ne put que faire palTër des vivres. aux affiégés, qui commencoient & fentir la difette , & qui fatigués d'ün fiege de deux mois ééouterent. les propofitions dut  ie Üotiaride. ■ ijf du-Drie de Baviere. II exigea que la Ville? lè reconnut en qualité de Gouverneur du Pays, & que Phiïippe de Waffenaar lui céda la Vi comté de Leyde', & prbtoït de fon cöté' que les troupes d'Utrecht en Garnifon dans la Ville auroient' ktlibcné-'de fe retirer dans' lëur Province.' A ces conditions la Ville' fe rendit, mais la G'arnifon contre la foi' du Traité fut attaquée , défaife, & mife en fuite auprès de Woerden. Les citoyens' de Leyde, croyant gagner au changement de maïtre, fe réjoutrent dé n'être plusfous la dominatiori de leurs Seigneurs particu-" Pers qui leS- avoient traités avec trop de' rigueur, nfais' dans*la fuite ils ne fé troüverent pas' mieux de 1'autorité immédiate des Gomtes de Hollande,- Après'la conquête de Leyde, Jean de Baviere s'approcha des Prontieres du Brabant, & fans' doute il avoit projetté depuis lóng-tems de dépouiller non' feulement de la Hollande & de la Zélande , mais encore de fespropresÉtats lfËpoux de Jaqueline, Prince foibl'e de corps & d'efprit, indolent & adoni é' aux plaiiïrs, laiiTant le gouvernement du Pays entre les mains' de gens d'un^ mérite médiocre & d'une fidélité fufpeéte. N 4 Les.'  2?"8; Journal Poittiqutr Les Brabancons méconteris de leur Souverain défiroient un Régent, mais perfoimene penfóit :V Jean de Baviere, excëpté les« Confeillers du Duc qui felon toute apparence avoient fecrettement traité avec lui, & Pavoient flatté de la Régence. fi'après eet efpofr jëan s'approcha des. frontieres du Brabant, & pour fe ménager a tout événement une retraite , il réfolut de mettre Garnifon dans Gertrudenberg, qui lui ouvrit fes portes a la première fommation. Mais Thtttri de Mérwede, qui commandoit dans le Ch.lteau: pour la Ccmteffe Jaqueline, refufa delelui livrer , conformément aTaccord fait entre le Prince & les Souverains, dont un article ordotmoitaux Gouverneurs dè toutes lés Pfaces fortes, de ne les remettre kJean de Baviere qu'aprés la mort de la Gomreffe, décédée fans enfans. L'ambitieux Bavarois- qui ne refpeftoit ni i traité', ni ferment, attaqua In Phceavéc tant' de fbrces que le Gouvernetrr fut obfigéde capkuler. La conquCte de cc- Chdteau: pfouvoit rendre plus süfe & plus facile-uu-e inyafron dans le Brabant, mais la chance avoit totrrné-; les, principaux Seigneurs de. ce.  de Hollande. S79 ' cè .Duché avoient mandé de France Phi-" lippe, Comte de St. Pol, qui fut recon-" nu Gouverneur, & qui fa'chant les' delFeins de Jean fe mit en état de les faire éehouer, fut alPez heureux pour y réuffir, & garantit le Brabant des loix d'un : perfide & rufé politique, a qui le'moindre prétexte fuffifoit pour étendre fon pouvoir. " Si fa funefte ambition troubla le Pays, la divifion qui ne tarda pas a éclater entre la ComteiTe & fon Epoux acheva de tout mettre en combuftion , & de fournir un nou-'* vel alimént a ia fureur des factions. Nous ' réfervons pour le Volume 'prochain le recit: des malheurs caufés pnr les paffions des 1 Souverains , dont en tout tems & en toutu pèys les fuje-ts font les trifles viétimes. ' La fuite au mois prochain.1' P O L I ÏÏQ U E*/' Ce n'étoit pas fans raifon que nous avions s annoncé en. finiifant notre dernier No.\ que ' fans doute le Confeil d'Etat héfiteroit cfo-'' béir aux ordres des Etats Généraux ' quand 1 il$ feroient oppafés aux intéréts duPrincé^' N;5J  & conforaresparconféquent ft la Cónffltwtion du Pays. & aux droits des Souverains» £é. College, qui nereconnoit cFaucre Ma|-trcque k Stadhouder.; &.qui favoities' moyens qu'on .alloit employer pour redon* nerft. Ia. perfide cabalailfunefte Majorité , refufa:. de, faire parvenir aux troupes les* ordres de. Lv H. P.\qui leur enjoignoient' de ne pas quitter le territoire de la Géné- ralité, ou de retourner fur leurs pas iii elles étoient déja en marche.. Le Confeil« d'Etat fit plus, il réfolutd'écrireauxConfédérés pour fe plaindre de la conduite des Etats Généraux.. Une démarche auffi ineonféquente doit être mife au rang deschofes vraies, quoiqu'invraifemblables , & caraélérife'. 1'efprit qui dirige, toutes les Opérations de ce College dans les circon-narees aduelles. Quand les ordres qu'il I recoit s'accordent. avec fes fentimens, , rien n'é^ale la promptitude de fon öbéiffance ; quand ces ordres ont pour but les > intéréts de la Liberré , quand ils peuvent e déconcerter le plan de's opprefiéurs , &favorifer les-vues falutaires des défenfeurs •• deUai,Cönftirution Républicaine, alors les • difficultés fe préfeiiteut, Jes plus frivoles PtéV  (te Hollande: - , 281' prétextes font faifis avec avidité, enfin on décide d'aveftiries Confédérés avant d'obéir. II faut être'témoin d'une pareille conduite pour y ajouter foi: d'ailleurs ce trait n'eft pas le feul qui furprendra noss Lecleurs ', nous fouhaiterions qu'ils én fuffent quittes pour de TétorurerÉerit, mais' ceux que nous leur'méttrons bièntót fous ' les yeux exciteront en euxdes fentimens' d'horreur & d'indignation. N'anticipöns^ point fur les événemens.' 1 & continuon*"" notre réeit^ • Pendant qtië le Confeil d'Etat, trés in-" ftVuit de ce qtli deVoit bientAt arrivef dé-'' libéfoit pour gagner dh tems, un Mëmbre ; des Etats prétèndus d'Amersfort, ofa infulter danss 1'Aflemblée.même des Etats * Gé'iéraux-- Mr. Daverhoult, 1'un des Dé-' pütés 'des vrais Etats d'Utrecbt, & tirer a moirié fon épée contre lui. • Cette vio-~ lenee' fans exemple arrêta la'' féance', on1 fit: réfir'er 1'a ggre fleur'J- & PAflèmblée' fe~ fépara.' Le furieux Ariftocrattè, defcendu 1 par un petit efcalier, rencontra au'pied dii'! gfand fon adverfairë,' & fans réfpecl:- pourf Pëncéinte" de' la' Cour 'de Hollande \- mit'E habit-bas'i & draf 1'Êpée' 'contre lé viWh*'* N-'-é0 qÖeurr  *S*' Jountial Tolit'fqas • oueur du Vaart: Le Major de Ia Courfuiw vint, éV.forca Ie téroéraire affaillant a rengainer. Le lendemain 1'offenfeur & Pollenfé fe rencontrerent dans Ie bois de Ia Haye , & la querelle fe feroit vuidée park-s armes, fi quelques perfonnes ne fufllnt paraven u es tt prévenir 1'effufion de .fang.. On avoit. répondu des • bruirs défavantageux fur le courage de l'aggraffeur» mais Mr. Daverhoult a défaVowé ces bruits , & par lavoie.des papiers pnblics:-a rendu témoignage k la conduite de fon adverfairë, ea nfiurant qu'il s'étoit comporté en brave homme dans larencontrequ'ils avoient eue. Trois témoins, gens d'honneur ont certrfié que fans prendre d'autre - intérct que celui de la vérité , ils fe croyoient- obligés d'attefter que Meffieurs Tayl & iTAverhoult, s'étoient condui's dans cette oceanen , .comme.il convient a des perfonnes dé courage & d'honneur. Nous ne revoquons point en doute la vaieur de Mr. Tuyl, mais nous pënfons qu'if auroit pu i la réferver .pour. d'autres circonfianees , & i)e ..pas manquer au refpecl, qu'il devoit a PAfTeanblée 'dans laquelle if avoit le bouheunvde . fe .trouver , & k la réfidence. du Söiuverain de la Province,,.  de Hollande. ■ 283 L'es efpérances -fondées fur Fadmifllott des Députés d'Utrecht aux Etats Généraux fe font évanouies par la conduite de la Frife, qui a-défavoué fes Députés qui avoient concouru a cette admiffion. L'affémblée d'Amersfort a triomphé pour quelque tems encore, .& forme avec les troi-S Provinces du même fentiment une Majorité, qui fe prépare fans doute a profiter du tems de fon regne pour achever d'incendier la République. Nous croyons pouvoir affurer ceux qui j non fans apparence de raifon, tremblentpourlaLiberté, qu'il lui relle -encore des appuis capables de refifter i toutes -les attaques de la force <5t de la rufe. Quoique la Gueldre ait écrit au Stad- 1 i.... j. 1 .• Etats, fi les Députés d'l Itrecht continueht d'y avoir fé.ihce, quoique fans doute Ta Zélande fe prépare a féconder 1 le plan tyrannique la Hollande qui feule peut faire face k tant d'ennemis conjurés * pöur la perte de 1'Etat, la Hollande, malgré la défeftion d'une partie de-" fek troupes , . fi comme nous n'en dou- tous ■ pas , fes Citoyens armés fe roo-n- ■ N 7 :' tiéat  a&f '■■ ffournal Poiïtiqtter' tfent les'dignes defcendans des Vainquëur&; dè Phifppe, la Hollande, difons nous, bravera les atténtats de'fes cruels Confédérés. L'ÖverylTel, Groningne , & la Ville d'Ütrechr, qui font caufe commune: avec elle s'uniront afeseflbrts; lePuiffant & généreux Allié de la République neföuffrira pas qu'elle foit décbiréé, comme le fut la Pblogne, il ÏÜf doir fes fecours &; ne les lui refivfera pas , quand les ^vérita-1 bles Peres de la Patrie les réelameront. Lui! feul entre tous les'Monarquesde 1'Europe, a-droit de prendré parti dans cette funefte -' querelle, il a garanfi 1'fnifépendance des" Provinces Unies, &nepermettrapasqu'aueunè Puiffance 'y porte atteinre. Moins; eficore permettrat-il qu'elle foit troubléé pour les intéréts d'un feul homme. Ce grand Monarque ne fe fera point allié rvec une Nation libre pour la lailfer gémir enfuite fóus le plus dur & le plus htimiliant de * tóus les efclavages. • Nous efpérons avant' la fin de ce Volume pouvoir convaincre -' nös Leéieurs de la vér!té de nos coiq'eéhK" res. Les Etats d'Utrecht ont'offert aMon* fiëur le Rhingrave de Salm le titre de Gé--' gé-rap!  dé Hollandèi- s.&'$: ntóFenchef, & ft Monfieur le ColoneP Fan: dér Botch celui de- Général-Major pour commandër les Troupes & les Auxiliaires aétuellement'au fervicede la Ville 9 & - qui pourront être ft 1'avenir employéss fd'r le territoire de la Province.' Ges deux •' Officiers - ont accepté-un titre qui leur ' donne la preuve la plus flatteufe de lacon-' fiance des Etats, en leur courage & leur ' capacité, après avoir recu Papprobation ' des Etats de Hollande au fervice desquels-; ils font en qualité d'Ófficiers fupérieursde la Légionv- On ne négilige dans TÖveryfiel aucunedës-précautions qui peuvent mettre la Pro-vkice ft couvert d'une-attaque de la part: de la Gueldre, qtii non contente de s'être ' liguée-avec TAlFemblée d'Amersfort pour>r epprimer Utrecht paroit difpofée ft décla*' rer la guerre au rede de la Confédération 9-, qui' n'embrafïs' pas fon fyftême. - En con-.! féquence de ces jufies-craintes j les Com-miflaïres pour 4'État de défcnfe de 1'Óver-" yffel, atuorifés par une refolutiön del'Affe'mb!ée; Provinciale, & efcortés par des-* Auxiliaires de' Zwolle fé font emparés d'un ' Fort pourvu d'Artillerie. Ils n'ont fait cett&e  a86 Journal'Polüique ' cette démarche que fur Ie refus du Confeil ' d'Etat auquel ils s'étoient -adreffés , pour demander Ie Canon dont ils avoient befoin pour la süieté de leur Province, & d?après les difficultés qu'ils avoient efluyé tant de la part du Commis de la Généralité, que du Major de ce Fort fitué fur le territoire de leur Province. On ne peut; s'euipêcher de gémir fur 1'Anarchie que " Pinfluence Stadhoudérienne a introduite : dans le Gouvernement de la République. ■ Un Confeil d'Etat ^ payé par la Généralité- doune arbkrairement des ordres aux : troupes, refufe a des Souverains 1'ufage des munitions de guerre, & 1'accorde k • d'autres, obék aux Etats Généraux dans un téms,.& ne refpeéle pas leurs ordres dans d'autres ckconkances. Les intéréts d'un ! feul homme, minidre & fujet lui-même % • fervent de thermometre a toutes ces variations, & fes partifans appellent ce défordre , véritable image ducahos, ïancienne ' Conftitution: il n'eft paspoflible d'enimpo- ' fer avec plus d'effronteiie; cette Confti-' tütion n'a pas eucore 40 ans d'ancienneté , & n'a été introduite que par les déteftables ' xaoyens qu'on emploie aujourd'hui pour f  de Hollande. «-87' Br conferver. II nous femble entendre le' fils a'un ennobli vanter 1'antiquité de fa' race, ou plutót voir réclame* 1'effet d'une promefiè exiaée le couteau fur la gorge. Ce ue font pas les fcules Provinces d'Overyflel &:de Groningue qui s-'oppofent' au Defpotifme; les mêmes fentimens éelatent dans celles oiVla Majorité, des Régens tyrannife la volonté de la faine partie des citoyens. Deux Villes de la Zéla-de ont' cléclaré a FAifemblée des Etats de leur Province, combien ellesdéteftoient Is conduite des Députés aux-Etats Généraux; nous allons mettre fous les yeux du Lecteur la propofition de la Ville de Flefilngue, en date du 18 Juin; elle eft: conforme aux fentimens du Magiftrat de Zierikzée, autre Ville de la même Province,& prouve qu'on réclame de toutes parts contre le fylïême opprelfif des partifansdu Stadhouder.- ,, Les Députés de Fleffingue ont ordre de déclarer a PAlFembiée Provinciale ,,.que la Régence- de cette Ville ne peut fe difpenfer de faire connoltre fa fur,,.prife & fon indignaiion en apprenaut ,,. la conduite.de -quelques uns des Dépu- „tés  28S Journal P'olitiqiie tés de la Province aux EtatsGénériiixv „ dns les circönftances facheufes oü fe 3, trouve la République. ,, La Régence croit avoir les plus for-„■ tes raifons de blaraer particulieremet • la conduite du Député ordinaire Fan' ,, Citters, qui fans attendre ni demander „ les ordres des Etats de la Province, a' ,, pris fur lui de concourir a la proteftion' ,,- que lesr- Etats- Généraux ont accordée „ aux Officiers que la Hollande a déaiis pour avoir refufé de lui obéir. Ce même „ Député, fans y être autorifé, a concou„ ru auneNégoeiationde'aoo^oeoflorïns y „ ouverte pour le compte de la Gueldre , „ d'Utrecht & de la Frife, afin dé fervir i „ 1'indemnité promifè aux Officiers-démis „ par la Hollande.- Cé Député favoit, 'ty ou du moins devoit favoirqu'üft point' ,, de cette importancè demande leconfen„• tetrtènt général dè töus les Mémbres de' „ PErat.- Sans eónnoitre les intentions: V, dè FAflenrblée Provinciale, & parcon„ féquent de fa propre autorité, Mr Fan ,, Citters a fait' reeémment aux Etats Gé,,-néraux la violente & inconflitutionelle w. propofition de faire marcher dans lë  tïe TToUaiule. 2#ö' Pays de la Géréralité les troupes a- Y» „ repartiiion de la Hollande, & qui fe ,r trouvent actuellement dans Cette Pro-„. vinei. Propofition qui pirte une atteinte ,, inexcufable a- Ia Souveraineté des Etats„ de Hollande, feuls Maitres de-leurs ,0 troupes cantonnées dans leur Province: ,,. propofition enfin qui autorife ces trou„. pes ft; tranfgreflër les ordres de leurSou„. verain. „ La Régence défavoue dbnc expreffé* „ ment la conduite du Siéur Van Citters ,,. dans-tous ces points , & fur-tout laifFe ,,. pour fón compte &.pour celui des per*,,. fonnes qui peuvent y avoir confenti , „. ce: qui regardé Pemprunt dés £00,000 „ florins. Le Magiftrat-de Elefïïngue croit. „ fuperffu dè prouver a 1'AffemWée Pfo„. vinciale qu'une teil* conduite tend k „. ravir toute efpéranee dé voir terminer ,, les fune-ft.es trou-bles- de la République ,,, ,, & ne pent que faire rompre pour jamais „ le nceud qui depuis dèux fiecles unit ht1 ^ff Hollande & la Zélande. Cette con*- „. duite-arbitraire peut encore irriter avec ,y raifon la Hollande dont on méprife la ,tre d'une telle invafion, qui le perdroit fans rejfouree avec toute fa familie, quel.qu'en fut le fucqès ? Pour jultifrer fa conduite il s'eft toujours rétranehéfurl'obéiffan.ee .qu'il dolt aux Ordres des Etats qui iui dernandent pour la marcfae des troupes ;ies Patentes -qu'il ne peut refufer, & qu'il £0: ,obligé de donner en qualité de Capi- , jfcaiue Général. Nous voulons bien regarMï .comme légitime ce frivole prétexte 4ont aucun homme de bon fens ne pent Itre ia dupe; nous remarquerons feule- ] snent ^ue cette obéhTance aux ordres de j ia Gueldre & de 1'Aflèmblée d'Amersfort, jae peut donner au Prince Le droit de rete»> 3,ir «d.ans fon Armée plufieurs Régimens ;a | ia Solde de la Hollande, malgré la défenfe exprefle des Etats de,cette Province; nous i du'Qns encore que cette obéiilanpe nepeutl 1'autQxjfer % eom.bler de faveurs ie traitref <.;ui a débauehé la Garnifon d'Oudewater, ,& dont h j£te eft*nife a prix4 par la plus jt^rte de^ pro.icrjpt.ionii.. Mais quelprétexte^, m  ■èfe Iloiïcmdï. ' 257 •ce Prince, fufpendu par les Etats de Hol'lande des fonclions de la charge de Capitaine Général de leur Province , ponrroitil alléguer pour couvrir une invafion fuf leur territoire? Peut--être les Confeillers qui le féduifent depuis fi long-tems Pont ils flatté que la Populace des Villes & de laGampsgne, animéeparfapréTence, fe fouleveroit & renouvellant les horreurs de 1672, ■& de 1747, contraindroit les dëfenfeurs de la Libené è. plier fous le joug. Nous ifignorons pas que dans cette clafle de citoyens on a feu roénager aa Prince de nombreux partifans dont Paveugle fureur ne refpecferoit ni Pautorité dvt Souverain, ni les loix de Fhurnanité; nous favons que des fiots de fang rougiroient la terre, taais nous favons aufiique ce triomphe honteux & barbare, fi toutefeis la Tyrannie Pobtenoit, ne feroit que paiTager ou local, & n'entraineroit pas la perte entiere de la Liberté dans la Province de Hollande. Tous les citoyens n'y font pas corrompus, il en exifie des milliers qui n'ont point encore pris les armes; leurs bras oppoferoient unedigueque le torrent da Defpotiüne nepouroitbrifer, &nousofons ü a alTurer  -Journal Politique affurer qu'ils n'ont rien ft redouter de leurs ennemis domeltiques. A 1'égard des Puiffances étrangeres, dont on veut faire craindre 1'intervention , .elles font trop -juftes & trop -prudentes pour s'immifcer ■les armes ft la main dans une querelle, oü recu chacini de PArfenal de Delft deuxpieces de Canon de quatre, avec les ufteneiles & les munitions néceffaires. Pour' récompenfer la'fidélité des troupes du Cordon qui n'ont point trahi leur devoir, & pour ks indemnifer des fatigues & de la dépenfe qü'exige un fervicè pénible, Meffieurs les Commilfaires ont augmenté de dix.fous- par femaine la paye de chaque Soldif. rr nni imfit^ an^'alltres P'ra/ifications accördées antérieurement, compofe une' paye de cinquante deux- fois qu'on' peut évaluer a prés de cent dix fois de France par femaine. Oü conviendra qu'il n'y a pas dans le monde de troupes"*mieux récömpenfées que celles de la Province de Hollande, cc que des Souverains auffi généreux mérltent des Soldats-fideles. Mts. les Officiers ont auffi recu en gratification une année de leurs appointemens, & la O 4. Gar-  3°ï Journal Politïque Garnifon de Ia J-Jayea eu part aux-mêmes; faveurs. Malgré tant de graces répandues fur le Militaire on voit chaque jour les pernicieux effets de la féduclion, des traitres cherchent è débaucher le Spldat& Tor a. la main reufliffent quelque fois a.Ie rendre parjure. Pour prévenir ces complots la Ville de Rotterdam a fait a PAPfemblée Provinciale une propofition qui n'a pas éprouvé les lenteurs ordinaires. En conféquence les Etats ont prolongéjufqu'au 20 Juiller de cette année, 1'amnifiie accordée aux déferteurs; ils ont pro» mis de récompenfer tous ceux qui dénonceroient quelque perfonne que ce puiffe être, qui tenteroit de débaucher leurs Soldats. Les Officiers de Jufiice font chargés de veiller fpécialement fur les Miliisires fufpendus de fervice, ou calTés, & de les punir comme traitres a 1'Etat, s'ilsferendent coupables du crime de féduétion. D'autres articles de cette propofition ont rapport aux opérations confiées "v la Commifïiun pour 1'Etat de défenfe de la Hollande & de. la Ville d'Utrecht, & ledernier regardé les Députés de la Province a la Généralité, qui doivent être avertis de-  de Hollande. 3°3 | n'y point voter d'apiès leurs fentimens , | mais d'après les ordres qu'ils recoivent, 1 H fous peine d'être rappellés fur le champ. Pendant que les Eiats de Hollande ner négligent aücune précaution pour fermer' aü Defpotifme 1'entrée de leur Province | & pour y prévenir Pefrüfion du fang des' citoyens, les Etats de Gueldre redoublent' j de rigueur. Sur les plaintes de 1'AlTem'blée d'Amersfort, ils ont ordonné de faire'' d'es perquifitions pour favoir quéls ha-" j titans éioientr partis dour affilter la Ville d'Utrecht, «Sc de défendre toute alfociation dè Bourgeois armés. Dans les Principes tyranniq'ues qui les gtudent leur conduite' elt conféquente , il eft naturel de fervir i fes alliés & de diminuer le nombre de leurs ennemis, mais ces Meffieurs ne fe font pas contentés de ce moyeh violent, ils ont' fait afficher dans Elburg des citations juridiques pour ajourner1 criminellement un Bourguemaitre de Hattem, un d'Elbdrg, un Eehevin & le Secretaire de la même Ville, paree qU'ils n'ont pas profité dè PAmniftie accordée par les "Etats, Amnift'ie que trés peu 'd'habitans de Hattem 9 &un feuld'Elbürgortt'acceptée,' Amniftie Ü 5-' bon fens n'ont plus de force, & la voix. de.quelques Régens amis du Peuple & de • la Liberté fe trouve anéantie par 1'influence dés ambitieux qui veulent elever un Phantóme pour régner a 1'abri de fon nom.. Nous avons fait mention dans le premier ■ Volume de cc Journal de la propofition faite par 1'Aflembiée générale des corps armés de la Hollande,, de lüfpendrele Prince de fes charges^de- Stadhouder &.d'Amiral General dans la Province. L'abondance ■ des matieres nous avoit alors empêclié d'éntrer dans aucun détail aPégard de cette - pro--  ■ de Hollande.- 305' propofition , que nos Lecteurs pourroient regarder comme hazardée , ou rejettée par le Souverain, Nous croyons néceffaire pour détruire cette prévention , de donner 1'extrait de la réfolution prife dans le Confeil-de Ville de Schiedam, le 4. Juin' dernier.- . ,, Ayant dcfibéré'fur 1'extraït des Réfo-' iutions de L. N. & G. P. du 25 du mois -dender , contenant une Requête de 1'Af.femblée générale des"Corps armés, confi;dérant que cette propofition non feulement", a- été faite dans 1'Aflemblée Provinciale , . dés le 10 Septembre de l'anr.ée palfée,-, mais prête a être changée en réfulution.Le Confeil-de Ville penfe qu'aciuellementlés raifons'les plus preffantes & les mieux1 fóndées exigent que cette propofition foit" réalifée, par.-' les Députés a PAiTemblée-' Söuveraine, avec la concurrence des Villes; vötantes, puifque A\ a' jueé a. proposde faire parvenir k tL N. & G. P. un Dé-claratoire de nature aexciter leur juiteref-" fëntiment Déclaratoire rempli de ter-- mes injurieux contre unnombre dè Régens1 ik.de Miniltres; & dans lequel les-réFduittons de L. N.'& G. P- font pubjiquémenf-c &6>> teda-1-  3<^ Jourhal Pülitique déclarés illégales de la maniere la plus int décente. Déclaratoire qui annonce un deffein formé de fe mettre au deflus da Souverain, d'exciter les habitans de toute la Province & des entreprifes féditieufes , & a faire éprouver aux Membres refpéïables de PAlfemblée de L. N. & G. Pi. ies effets d'une vengeance efliénée Déclaratoire enfin prefque équivalent a un Manifefte hoftile, concu en termeslesplus defpotiques , & qui loin d'annoncer Pintention d'adhérer aux juftes défirs de £>. N. & G. P. & a ceux de la plus faine partie des habitans de différentes Provinces', particuliërement de la Gueldre, d'Utrecht, & d'Overyflel, pour rétablir le repos dans ■ 1'Etat, prouve aucontrairel'envie de perfilter avec une opiniatreté fans exémplé,. dans la prétention d'étendre fa grandeur & fon autorité perfonnelle, & en même tems de confpirer avec la Majorité des Etats deiGueldre , & quelques perfonnes Afi'embléés a Amersfort, pour attaquer a main armée notre Province , & rendre inutirés lés < juft«s mefiiresprifes pürL N. &G.P. — De SSuverain ne peut paspermettre qu'unpareil Chtijp.rateiir 3 s'il refte -toujours attaché'a. • fon-;  de Hollandèl gó?'* Ion Syftêrne, jouiife dans cetfe Province .d-'aucüne pertion de 1'autorité qui luiaé.é confiéè. En éönféqüence le Coufeil- de-Ville a réfolu de charger exprefiement fes Députés de fe conformer k la iufditë propofition, &" de faire connoltre a PAffemblée Söuveraine Pintention de Meffieurs leurs Comtnettans, auffi-tót qtie les Déj putés de Dort & de Haerlem s'acquiteront de la Commiffion dont ils font chargés' par Meffieurs leurs Principaux." Ce n'éfoit pas fans raifon que nous avions reproché aux Rédacteurs du Declaratoire , d'expofer lé Prince au reffeutiment de fes Souverains, & de lui faire perdre I' fans retour leur confiance. Les fentimens I exprimés par le Confeil-de-Ville de Sehie- • I dam font ceux de tous les citoyens, & dé tous lesMembres de laSouveraineté qui con* noilfent les droits d'un Peuple Libre". I A moins de fermervolontairementlesyeux' ou d'être payé pour les fermer fur les.evéi nemens % qui depuis la guerre d'Amérique r ont amené fucceffivement la Révolution aftuelle, toute perfonne inftruite & fax> fant ufage des lumier^s de la raifon, con• viendra que les Souverains de la Hollande; , O 7 ,flUK-  gcrS Journal Politiq.ïie' fartout, ne pouvoient fe difpenfer de té*moigner la plus grande indignation contre leur premier Miniftre qui s'ou'blie au point de les infulter, de les menacer, de leur parler en Maitre, de s'unir a leurs ennemis, & d'inviter les habitans a la révolte.Nous répétons qu'il n'y pas de Gouvernement oü ces attentats n'euffent été puni»au moins par la privation fubite de toutes-charges & de tous appointemens. Le fameux Connérable de Bourbon qui pour la' nailTance & les talen*-Militaires peut être comparé , même mis audeffus de tant de■-' Princes, perfécuté par la vindicative & 'jaloufe mere de fon Roi, paiTa du cófédes ennemis de fa Patrie,- La punition fuivit de p.ès le crime, il fut déclaré traitre & • jncapable de polPédcr aucune charge dansle Royaume; ce Prince avoit auffi des Sou*verains pour Parens, mais aucun ne préivnrlir n faire révoouer un arrêt fi Tufte. ■ JJOUrDOU , uuigJC ica lApuiu, wuuin uw jours marqués par les remords & l'hunriïiation. Tout le monde fait 'a réponfe d'unGrand d'Ëfpagi e aCbarlequint: qui lui: demandoit de recevoir chez lui le ConnéiableSire ,iépondh le fier &&éuéreuxEfpagnol,./.e  dé Hólldndti. tiïii rièn ürefufer a Votre Majejfi, mais \ quand le Qönnètable fera forti de ma maifon j fy ferai mettre le feu. On connoitaufli: les dernieres paroles de Bayard ; ce Ghevalier fans peur &'fans reproche, expirant fardé-champ de bataille, répondita .Bourbon qui regrettoit la perte d'un fi brave Guer r rier: Monfeigneur,ne me plaignez pas,je meurs" fidele-a mon Roi , vousfeulêtesaplaindrcpuifqtte vous Favez trahi. Bourbon pénétré d'un fi; jutte reproche, rougit & foupira, mais fut afiez grand pour honorer Bayard defeslarI mes. Nous ne finirons point eet article ■ fans déplorer encore 1'aveuglement fataP' du Prince Stadhouder, entrainé dans lé même ablme par de perfides Confeillers,, qui ne fervent aujourd'hui fa caufe avec" tant dé chaleur que par 1'impuifiance ou. ils font d'opprimer leurs concitoyens fansce prétexte. Que leur importe en effet la' perte de 1'Etat, celle du repos de 1'Eu; rope entiere, celle même du Prince qu'ils j prétendent fervir, pourvu que pendant' ' quelques inttans ils jouiffent du plaifir devoir leurs concitoyens livrés au meurtre,, au pillage, & k toutes les infultes d'une: populace «Si d'une Soldatefque eifrénée ? ■LJa-i  giö- jour na! PoJiiique La plus grande preuve des perhicieiTx1' effets que peuvent produire les Confeils fi-' niltres dont nous venons de paiier, eft i'événement dónt nous allons reiidre compte. On y verra le coupable projet d'achever la ruine de PËtat en trompant une.Perfonne atlgufte , & fe fervant de la pureté' même de fes iutentions pour jncendier la' République, ou pour engager, en cas demauvais fuccès, un Souverain étranger a quitter le róle de Médiateur pour préndre celui d'offenfé. Ce récit nous eütraihera dans une difculïïón fans doute délicate, mais nous éviterons 1'écueil qu'elle préfente , & nous dirons la vérité , fans manquer aux égards qu'exige la naifiance illultre d'une'Priiicefie, alliée de fi piés ;V un puilfant Monarqüe. • Depuis quelques jours on appercevoir dans la Playe des mouvemens plus marqués parmi ceux qui font 'profefiion d'embrafier le Parti Stadhoudéiien;'des ordres donnés a cërtains föur'niiïeurs de la Maifon dii Prince; les efibrts qu'on tentoit puur engager lts habitans de Ia Campagne a figner des Requêtes pourrérablirle Stadhouder dans les droits qu'il prétend lui ap- parV  dè Hollande,- 311' pnrtenir hexéditairement; toutes-ces cireonftances raflemblées, & des avis partictUiers qu'on méditoit dans la Gueldre. une entreprife fur la Hollande, nepermet-toient pas de r.égligerksmoindresprécautions, & Meffieurs les CornmiflairesdeL.N. & G. P. avoient fans ceffe les yeux; ouverts fur la Province confiée a leurs foins. On ne tarda pas a. voir de quelle importance il avoit été d'accepter la propofition d'Amfterdam , relativement a cette' Commiffion: fa vigilance a fauvé la Hollande ,. nous ne craignons pas de 1'aflurer,; quoique notts ne formions aucun doute' für la pureté des intentions dela Princefle. La grandeur de fes fentimens cela bonté' de fon coeur fout de furs garans qu'Elle' verferoit des larmes de fang fur lés affreufês fuites de fa préfence a la Haye. On les lui a cachées fans doute; & fi jamais: Elle en eft perfuadée, Elle chaffera de fa préfence ceux qui ont ofé lui confeiller la demarche qu'Elle fit le 28 Juin. Ce jour Mefikurs de la Commiffion fi#rent avertis qu'il devoit arriver dans Paprés diner quelque événement extraordinaire, puifqu'on avoit ordonné des ielais de  Sia: Journal Politique de 15 chevaux fur un chemin ddtournê qui conduit de Gueldre en Hollande, du cèté de Schoonhoven. Sur eet avis leur* Nobles Puiflances ordonnerent a Mr. Fan Marie, Lieutenant au Régiment de Hef fen Phillpsthal, Cavalerie, de ie rendre'. avec 20 Maitres au Boerenpas, pres de Haa/lrechf, de s'y polier & de ne laiffer pafler aucunes perfonnes fans leur demander le lieu de leur départ & celui de leur' deftination; Cet Officier étoit expreffément chargé d'arrêter tous ceux qui pourroient être fufpecls de vouloir agir contre Ia Province , éc de fe eoncerter pour 1'exécution de cet ordre avec Mr. De Lange de Wyngaert, Membre du Confeil-de-Ville de Gouda, commandant un Détacheemnt dü Corps-Franc dè cette VÏÏle. A quatre heures & demie Meffieurs les CommiiPaires furent aveitis- que Madame la Princeffe d'Oranga accompagnée de Madame de Waffenaar h Dame d'honneur, & de Mrs. van RandwykScBèntink avoit é-érencontrééprès de Haaftrecht, &' cfeortée jufqu'a Goejauwerwelle Sluys. Meffieurs Blok & de IVh fe rendirent en toute diligence auprès de S; A. R, & lui reprefenterent que fon ap- parition  di llotla-u1?. & paridon fi peu attendue, cc les circoniiances critiques oü' fe trouvoit le Pays leur faifoient prévoir les faites funeftes qui réfulteroientd'iin tel voyage; qu'érant charges fpéciakment de la défenfe de la Province , ils fe trouvoicnt obligés, malgré tout le refpeét dont ils étoient pénétréspour S. A% R. de la fupplkr de ne pasavancer plus loin, avant que L. N. &G. fi n'aient fait connoitre leurs intentions' a ce fujet.. Madame la Princeffe protefta: qu'elle-étoit venue avec les- intentions ksplus< purer, que fon defein. avoit été de Penirfon voyage fecret jufqu'a ce qu'Elle eut été arrivée a la maifon du Bois; qu1 alors elle en auroit donné connoifmce a Mr. le Greffier des- Etats Généraux, & a Mr. le Grand Penftonnaire de Hollande-, & qtielk leur, auroit: pmpofè- ks; moytns. de rétablir le repos dans: la chere Patrie , conformément 7t la Cdnfiitutiön bien établie, & a ïhonneur ■de fa maifon:. ' Meffieurs les Cömmiffaires trés perftia* dés de la pureté: des intentions- de Madame la Princeffe, mais ne pouvant dans une circonftance de cette nature, prendre fur eux de. déférer aux defirs de S. Ai.  314' Journal Poütïqiie R., fins les ordres abfoius des- Seigneurs' Etats -Souverains de la Province, Elle fe refolur, après plufieurs pour-parlers, d'att'endre dans Schoonhoven la réponfe de 1 %• & G. P. De cet endroit Madame ia Princeffe écrivit a Mr. leGreffier des Etats Généraux, & a Mr. le Grand-Penfionnaire de Hollande. Le lendemain les h tats de cette Province étant affemblés, Mr. le Grand Penfionnaire leur préfenta la Lettre de Madame la Princeffe; ils en recurent en même tems une pareille qui leur fut remife de la part des Etats Géie^nx, qui invitoient L. N. & G. P. a lever fans aucun délai Pobfiacle qui -'oppofoit au voyage de S. A. R. , afin qu'Elle püt ef. fediuer fes. louables deffeins. Meffieurs de la Commifiïon rendirent compte par écrit de Pévénement de la veillefc de la conduite' qu'ils avoient tenue. Ces objets importans ayant été mis en délibération, 1'Ordre Equefire, Dtlfi, la Brielle & deux' ©u trois autres Villes conclurent abiftmer' la conduite des Comnrflaires, & a prier la Princeffe de hater fon voyage. Douze Villes ne crurent pas de voir adup.er cet avis; elks approuverent la conduite de Mef-  de Hollande. 315 'Meffieurs de la Commiffion, & confidé» itant les fuites de 1'arrivée de S. A. R. comme pouvant être tiès funeftes dans les circonftances aétuelles, elles ne voulurertt rien ftatuer avant d'avoir communiqué ce.t événement extraordinaire ;\ leurs Régences refpeélives. Madame la PrincelTe qui avoit -promis d'attendre la Réponfe des.Etats de Hollande, fut informée par une Lettre de ;L. N. & G. P. qu'il ne leur étoit paspoCdible, d'en donner une décifive auffi promptement que 5. A. R. le dófireroit. Sans -doute ce délai, qui ne pouvoit être tixé •précifcment décida la Princeffe k ne pas •attendre la rélbfution , elle partit le fame.di, de trés grand matin, de Schoonhoven,, oü malgré les impoltures de da Gazette de Cleves, elle avoit été-traitée avec tous les refpecls düs.a fa haute natffance-; &prenant fa route par Leerdam , elle arriva le ■jnême foir a Ntmegue. Les Etats Généraux s'affi-mblerent ex'traordinairement le lendemain , 1 Juillet, pour prendre Leécure de la Miffiye £uU .yant.e du Prince Stadhouder^ £?AfJTS  Journal Pólitiqut IIAUTS et PUISSANTS SEIGNEURS, »> Nous fommes avertis dans Fin flanst que S. A. R. notre chere Epoufe, parj* tie de Nymegue, pour fe rendre a La ».» a étd arrêtee par un Détache- „ meut de Bourgeois armës & de Militai«4 res, aux environs de Schoonhoven, & „ enfuite par les ordres de Meffieurs les „ Commiffaires des Seigneurs Etats de Hollande, conduite dans la dite Ville, „ oü Elle eft retenue & gardée. „ Nous ne pouvons, Hauts & Puifrans ü Seigneurs, nous difpenfer de vous té„ moigner la fenllbilitë que nous avons éprouvée en apprenant Pattentat com„ mis envers une Perfonne illuftre, &qui „ nous eft attachée par les nceudsles plus chers- ,, Vos Hautes PuiiTances comprennent aifément que nous ne pouvons nous „ montrer infenfdDles a une fiétriffurefaite s, a Notre Perfonne, a celle d'une Prin- celle de Ssng fioyal, & a Notre Mai„ fon; & nous attendons avec une en„ tiere aflürance, que V. H. P. rondrent bien preudxe les mefures convenables, „ pour  de ■Hollande. gry ï, rpour délivrer au plutót S* A. R. & la faire remettre en Liberté. ,, Nous nous flattons auffi que V. H. P. ** fenfibles ft nos intéréts., ft notre hon- neur, ft eelui de notre chere Epoufe, .,, & de nos Enfans, s'emploieront ft faire .„ promptement réparer Poutrage fait ft S. A. R. d'autant plus que nous ne pou„ vons croire que les Maifons Royales anxquelles Notre Epoufe & Nous fom^ mes alliés, fe montrent indifférentes i w un tel affront. ."Sur quoi &c L'attente du Prince n'a pas été trompée & les Etats Généraux ont fait ft ceux de Hollande .les plus preffantes inftances pour les engager ft faire venir au plurót S. A. R. laiffant pour leur compte les fuites d'un refus. Nous n'avons alréré aueune des circonftances relatives ft 1'apparition auffi imprévue qn'extraordinaire de Madame 11 Princeffe d'Orange, & après avoir confidéré fous ioutes fes faces eet événement ü finguiier, nous pe voyons pas qiPon puiffe accu-  518 Journal Poliiique nccufer Meffieurs de la Commiffion d'avoir. commis un attentat, ni que S. A. R. ait été Prifonniere; il eft vrai qu'elle n'a pas pu continuer fa route pour la Haye; mais comment y venoit-elie, & devoit-on 1'y laifier parvenir ? Voila 1'Etat de la Queftion ; & L. N. & G. P. ne pouvoient la décider fans le plus férieux examen, & 'la parfi•cipation de tous les Membres de la Souverainété, même fans le confentement de la partie éclairée des habitans de la Province. Qu'il nous foit permis de communiquer ici nos réflexions, qui peut être «e feront pas inutiles aux Leéteurs furtout Etrangers , qu'on s'efforce de trompet- fur les affaires de la Réoublique. Dès leléffis la correfpondance entre Meffieurs de Goerts & de Rayneva!, Chargés de rétabhr la 'bonne intelligence entre les Seigneurs Etats de Hollande, & le Prince Stadhouder, S. A. R. Madame la Princeffe d'Orange ctui devoir écrire qu'il ne convenok pas ati Prince fon Epoux de faire les premiers démarches-, que 1'honiieur & 1'intérêt de fa Maifon ne lui persnettoient pas de céder aueune de fes prérogatives, & qu*au contraire le 'Souverain voix  ■ Se Hollande. «tevofr réparer les injuftices qu'il avoit -commifes en privantle Prince du Commandement de la Haye, e'eft.a-dire du droit de difpufer, ft.fon gré, des Troupes deftinées ft la garde du Souverain dans fa propre réGdence. Sans doute Madame la Princeffe d'Orangc n'eft plus dans .ce fyftême puifqu'Elle allure, & fa parole dok ■être facrée, que ks intentions qui la conduifoient ft la Haye font pures ccfalutaires. Mais puifque S. A. R. a configné dans ;unc Lettre rendue publique par la voie de Pimpreffion , les fentimens qu'Elle avoit .il y a fix mois, nous croyons qu'avant d'entreprendre le Voyage de la Haye, cette Princeffe auroit pu , fans s'abaifter , faire favoir aufli par écrit, aux Seigneurs Etats de Hollande k changement arrivé dans fa facon de .penfer. En fuppofant que Madame la Princeffe d'Orange ne.crut pas cette précaution aufli néceffiire qu'elle étoit iudifpenfable , Nncognito de fon voyage, & ks perfonnes dont elk étoit accorepagnée , faifoient .ft Meffieurs ks ■Commiifaires un devoir de la conduite qu'ils oik tenue. Nous ajouterons même qu'il dépeudoit abfolument de S. A. RTom,. I. Jout 1787. P de  Journal Polirif ue de lever J'obftacle ,qui -s'oppofoit a fou voyage:; Elle pouvoit détailier les vues :dans ;une Lettre, au lieu de fe renferaier ,dans une proteftarion vague, & puifque fon intention étoit d'expliquer fes fenti. •mens auffi tót après fon arrivée a,la Haye, il ne devoit pas lui coüter beaucoup d'anticiper cette explication de quelques heures. D'après le Déclaratoire du Prince, S. A. R. étoit, nous ofons le di>e, obligée d'en délavouer, au nom même fon Epoux, les expreflions qu'aucun Souverain ne peut fouffrir fans mairquer k fa dignité. Madame la Princeffe d'Orange, née fi prés du Tróne, doit refpecler plus qu'une autre les droks du pouvoir Cuprême, auflü facrés dans les Repréfentans d'un Peuple Libre qUe dans ,'a perfonne daMonarque le plus abfolu. Si les Confeillers deS. A» R. étoient aniroés d'un véritable zèle pont fa Perfonne &; i\\-" 1 li de cette Ville , qui malgré fon attachement I pour la maifon d'Orange a remp.fi les de-' I vóirs de fa placé en honnête homme. " I Une telle conduite eft fi rare dans fes pa-" rèils' que nous nous empreflbns de lui ren-' I drè juftice, nous fommes même pcrfuadés ' que dans le nombre des partifans du Stadi\ houder' il s'en trouve plufieurs qui détef| tènt ces atrocités que 1'honneur & la Re-' il ligion répr'ouvent, & qui rendroient odieufe ' 1 la caufe la plus jufte. Les Députés de' I Zierikzée qui fe rendoient ft 1'Aflèmblée ! Provinciale , inftruits de la fédition de; Middelbourg, s'arrêterent ftVeere ; la Po-" I pópulace lesinfulta, les nommant traitresv | ft la Patrie , & fans la vigilance de Mr." }\ Van der Boon, leur' viè auroit été en dan-" m gér. Ayant écrit ft'Mr. Van de Spiegel,' ! Confeiller-Penfionnairé de Zélande', pbur*" r fayoirdè lui fi leurs'perfonnes feroient en'1 P 50 sftit:>"  jaS'. Journal PolilïqM> »*reté. dans Middelbourg,. ils recurenf. pour toute réponfe qu'il ne- pouvoit pas-; Ie leur garantir, & ils- retournerent dansleur Ville. La Régence de Fleflmgue prefque? entierement compofée de Magiftratsbien intentionnés pour la Patrie, fit fermer les portes de la Ville , & placer du: Canon fur les murs; les- Tyrans de Middelbourg ne voulant laiflér dans 1'lle de Walcheren aucun azile a la Liberté, dé* taeherent iodo k 1200 Payfans, armés de fabres , de fourches , de batons; chamarrés de Rubans-Orange & animés par des-' liqueurs fortes.. Ges furieux dirigerent leur marche fur Fleffingue,. faifant retenir Pair du fameux cri Orange au defus; les, Bourgeois de Fleffingue engagerent leursMagiftrats k céder au torrent, & a ne pas-; expofer leur Ville a Ia fureur des-Payfans contre lefquels on n'étoit pas en état,. difoient-i'^, de fe défendre. Ils-promirent que la plus grande tranquillité régnerok. dans la Ville, & que perfonne ne recevroit Ie moindre demraage. On eut Ia foibleffe de lescroire, les portes s'óuvrirent ,. lés Payfans emrerent en triomphe, les Régens firent ferment de conferver au; Piincc -  dè ÊoÜanik Prince'toutes fes dignités héréditftires, &: de maintenif FAncienne Conftitution', c'eftfrdire celle de 1748', rënouvelléeen 1766. AprcS cét aére de condefcendance , le-' Peuple qui avoit prómis d'éviter tout excès, ne put fé eóntenir; les'injures', les' mauvais traitemèns cómmencerènt; les Magiftrats furent contriunts peur fe fouftraire ' aux violencés dont on les rnenacoit , de-: 'trainer eux mêmes les'canons'depuis less rèmparts , jufqu'au Maga2in ; le Pillage' commenea, maïs ne fut pas auffi' violent': efü'a' Middélbóurg , cependanr plufieur&s citoyens connus par leur zèle pour la Pa-' trie, inftruits qu'ils étoient fur la liftede-: profcription qüe les Chefs dè la Cabaleavoient donné a leurs agens fubalternesV abandonnerènt leurs demeures , & quitterënt la Ville fans ofer rien emporter de; léurs effets les plus préeieuxv Ainfi'toutef\\t de Walchereneft au pouvoif du'Prince , • fés Drapeaux flbttent fur les Tours, &fur les clocbers Magiftrats, Bourgeois, Payfans', Etrangers, chevaux & chiens^ portent fés'couléuïs; Pour terrmher'ctrieexpédition d'une nfaniere di'gne dii ebrtó^" svencement, la Régencè de Middeib'dürg^> pl'6-> «ö1  339-' Jeumal Ptlitrqut en corps-, précédée des Miniftres de Ia RelUgion & du Drapeau Grange,.a fait.uneProcefilon fo-lemnelle, & ordcnné une illumination générale-pendant- deux jours,, en réj'ouifiance-de la ruine totale de quelques centaines de Citoyens, de la profcription , de la fuite & du maflYcre de. quelques Patriotes. ■ Et c'efl;'dans le dixhuitieme fiecle, dans PEurope;, dans un Pays-qyi fe prétend 'libre que fe commettent de pareilles horreurs , qu'on pardonneroit a peine aux Peuples que nous nommons fauvages! Dequoi nous fervent nos. Doix, nos fciences, nos arts, dont nous fommes fi ' fiers ; quel fruit recueill'ons. des Principes d'une Religion fiiinte, dont lé divin Auteur nous recommandé après Pa'mour de Dieu, celui de-HosfemblablesS. E't pour comble d'horreur les barbaresdont nous retracons ici lesatrocités, ofent: parler de Pveligion, s'annoneer pour en. être-les foutiens &'les vengeurs, eux qui. ioin de mériter le titre de Clnéuens, ne ■ font pas dignes du nom d'hommes.- Pendant que des fdnatiques aveuglés èY Ignorans , aoiroés par des fourbes ambitiëux t perfécutoient, pilloient, maflacroient leurs - Ccn^-  de- Hollande. 33!' concitoyens en Zélande-, ks fitellïteydé la Tyrannie exercoient en Gueldre les' mêmes crautés, & les avoient ommencées avant le départ de la Princeffe, prcfque fous fes yeux. La Gamifon d'Arn-' liem , dès k eojuin, avoit donné k fignal en attaquant la maifon dü Sr. Limpers,qui forcé de recourir au moyën d'une défenfe légitime, tira fur les affaillans & les mit en fuite. Le Préfident Bourguetnaltre'informé de^cet événement fe contenta dé répondre qu'il en dönneróit connoiffance le Sur-lendemam 'k la Régence. Les Sol-' dats recommencerent deux jours après leurs'; infultes, leurs ménages &' pafférent aux voies de fait; un garcon boülanger récut' plufieurs coups de fabre qui mirent fa vie' en danger. A ce nouvel attentat lés Bourgeois crierent'vengeanCe, & furent d'avis" qu'il étoit tems de 'décidér s'il falloit demander au Magiftrat la permiffion de fe : défendre, ou en ca's de refus ne pas lui' obéir; on propofa même d'abandonner la'• Ville; enfin le réfultat fut d'envoyer au Piéfident Bóurguemaitre une Commiflion , compofée de Mémbrës de toutes ks claffds-de citoyens, & qui fut fuivie par les ï- 7 Plug *  3?4: jotirftal Politique" pilus cónfidérables-; par les Miniftres deIa Religion qni donnerent alórsTexemple de-Ta conduite que devroient tenir leurs" pareils pour' le véritable intérêt dela Patrie. La voix du Peuple prévalut & la Régence Aflèmblée ne put refufer Ia jufte' protection que les: citoyens font en droit!1 d'en attendre;; on défendit toute Patrouille' Militaire, & les BourgeoiVeurentpermi£ fibn d'employer la force en cas d'attaque.Ce triomphe ne fut pas long & quelquesjours après les- Söldats, dónt on avoit animé le courage en leur faifant diftribuer" 1000 florins pöur boire, fe répandirentd-nns Ia Ville, portant des CoeardesOran-ge , &'criant comme des forcenés, Orange' au dejfus! le tonnerè écrafe les Patriotes! ■' léur rage exaltée par les liqueursTortes-v ne connut plus de frein, ils tirerênt par ' p'elottons- dans les fenêtres, &'dans less portes des maifons des citoyers connuss par leur attachement a la Patrie, aucun1 n'ofoit paroitre dans la rue fans porter Ia ' ïivrée de 1'efelavage pour éviter les plus' eruels traitemens. La Régencé ne dégni-fa plus fes fentimens, & joignantTironie& Pinjuflice fit publier qu'Elle ne contrai-- gcoit-  ik- RölUndèï- 3.5.31 gnoit perfonne aprendre la couleur Orange,. mais-que les-citoyens-qui nelaprendroient pas-ne feroient' point écoutés s'ÜS venoientfe plaindre de quelques mauvaistraitemens;On prétend même que cette Régence a fait pendre un Bourgeois, qui défendant fiV perfonne & fa maifon avoit tué un Cavalier: Nous ne garantifTons pas ce fait,, quoique très-vraifemblablé, mais-il eft au ' moins certain que le Bourgeois-gémit dans un cachot, & que fön coupabte aggreffeur a recu des honneurs-funebres- dignes^ du guerrier le plus courageux:. Enfin danstöute Ia-Gueldre les mêmes excès-font lamarque certaine de 1'attachement qu'infpire■■ Ia maifon d'Orange, & du zèle dont on< brule pour la Religion & pour le main-tien de 1'ancienne Conftitution.- Nos Lecteurs s'appercoivent bien que: nous fuivons plutót la liafon des faits que-' 1'órdre des dates, furtout qüand il n'eft' pas abfolument néceff.ure de fixer 1'Epoqne" précife d'un événement. Cette méthode-' que nous fuivrons toujours, mais fans; nous livrer a des anachronlfmes trop. marqués nous a engagés a ne point parlér, en ' fon tems, de la propofition d'Amflerdam, i pDU|»'  334- Jourr.el Poli tl que pour demander la Médiation de la Franceentre les Provinces, fans cefler de p'rendre les mefures qui peuvent mettre le Pays. a 1'abri de toute invafion. C'étoit rpar dé-férence pour la Cour de Berlin , que celiede Verfailles avoit fait des démarches pour' amener le Prince Stadhouder a fe réconci-' lier avec les Etats de Hollande, & a confentir aux changemens que fouhaitoient lameilleure- partie des habitans de Gueldre,. d'Utrecht & d'OverylPel, dans le Régiement oppreffif qui fait le fujet de leursjuftes réclamations. Cette déférencen'ayant produit aucun eiTet,.la Ville d'AmfterdanP a fenti qu'il ne convenoit pas a la dignité-; du Roi de France d'interpofer ouverfement fa Médiation entre un Miniitre & fes Souverains , mais Elle a fenti que ce Monarque, Allié de la R.épublique, étoit lefeuP qui püt intervenir dans une querelle qui' divife les Confédér'és, & le feul auquel lès Provinces qui déf-irent fmcérement le-' rêtour de la bonne intelligence, & la prof-' périté générale , puffent s'adrelfer. Nous ' Pavons déja dit , -& nous ne ciaiguonspas ; d'étre contredits par ceux qui connoiifentrles premières regies de Ia Paine Politique,.  dè Hollande. 33$" I la France elt 1'unique Puiffance qui ait le I droit de parler & d'agir dans le fat al différend qui divife la République. Cepen* dant Elle n'a point encore ufé decedroif,I Elle attend que fon Teconrs foit réclamé1 par fes Alliés qui ne cherchent- point a fo| menter le trouble, & qui n'ont d'autres I vues que la Profpérité de 1'Etat & la Confervation des- droits de leurs concitoyens. Alors la France faura montrer t toute 1'Europe qu'Elle n'a point en vain garanti 1'indépendance de la République, & fes poffeffions. Malgré les bruits injurieux qu'on répand comre fes projets, elle prouverafon défintéreflèment', cómme Elle 1'aprouvé dans la guerre d'Atnérique. C'efl: aux Puiflances qui ne font, pour ainfi dire, que de naicre ; ou qui cherchent a fe dédommager de quelques pertes, qu'il ap.-* partient de profiter des troubks de leurs voifins pour1 s'aggrandir. La France eft audeflus de ces foibles reflburces; fa ferti» lité , fuii immenfe population , fa bravoure & la loyauté de fes habitans, la modération & les vertus de fon Roi, doivent raffürer la République contre tout projet am* bitieux-. de la part de fa fidelle Alliée, & contre-  33 droits-  f,38- Journal Politïqu'e droits de la Confédération. Enfin ce Peri-* fionnaire finit par propofer ouvertément,* en cas de rupture de la Confédération, foit que quelques Provinces refhfïent unies ,> foit que la Zélande le jugertt neceffaire pour le maintien de fon Commerce & de' fon indépendance , de mettre la Province fiut, une autre ProteEtion. Ge langage n'a pas befoin de Commcn-' taire , il, eft parfaitement expliqué par les horreuis dont la Zélande vient de fe fouiller, & doit faire juger des fentimens de cette. Province relativement ft la Médiation de la France , la voix de Fleffingue eftétouffée, celle de Zierikzee qui n'envoye fon avis que par écrit ne fera pas écoutée,. &- ce n'eft pas la proteélion de la France que Mr. Van der Spiegel confeillèroit; du moins fa préfence ftlaProceffionfolemnelle de Middelbourg donne lieu de lepréfumer.D?ailleurs on n'a pas oublié que la Zélande déclara hautement ft la Généralitév fa répugnance ft s'allier avec la France, & & qu'elle donna même un long Mémoire pour prouver que cette Aftiatice devoit au moins ne pas fe conclure avec tant de; précipitation. Voyous maintenant li la Gueldre prêtera plus volontiers 1'oreille ft la-  Üe Hollande. J3c propofition qui blefferoit les pr'étendus .droits hirèditaires & légitimes de ce Priaice, & voudra que tous leseonféderes fe foumettent a 1'efclavagc qui la deshono£t, & qui olfre aux yeux de 1'homme raifon nable la plus .revoltante des contra.dictions , ce que nous allous prouver en peu de mots. Le grand tnoyen juftifica* .tif employé par le Prince depuis 1'attaque de Hattem fe rédtiit a la néceflité d'obéir aux ordres des Etats de Gueldre , fes maitres, auxquels il ne peut, dit-il, refufer des Patentes pour la marche des Troupes. Ce prétexte Spécieux , quoique frivole, avoit jusqif.a préfent<été trouvé raifonnablepar des pafonnes peu inftruites; •mais depuis que les Etats que le Stadhouder appelle fes maitres, perrnettent a leurs Troupes d'élever ee Prince au deÜ'us d'Eux, depuis -qu'Eux mêmes prenueut .publiquement fa livrce , & font arborer fon Pav.llon ., fur tous les Edifices pubiics, il eft impoilible de conelliereette conduite fervile avee Pcxercice du Pouvoir fuprciBC , & la feule maniere d'eiv-pliq-uer cette contradiction , eft de penfer que la Zélande & la Gueldre reeen-noifiint ta«- le-  • is Hollande., S^f lement ie Prince pour leur Souverain. Cette eonjeciure acquiert un nouveau d.é^ré de vr-aifemblance, par la formule introduite en Zélande depuis les maffaeres ,& le pillage exereés en Phonneur du Prin,ce , tous les Miniftres de la Religion prient d*abord pour fa Perfonne & fa familie, enfuite pour les Etats, & la Régence. On ne doit done pas s'attendre .que cette Province, celles de Gueldre & de Frife adoptent la propofition faite par la Hollande de reeourir a la Médiation de Ja France. Dans le cas oü Elles ne la rejetteroient pas formelleinent, il elt a préfumer qu'Elks propoferont que 1'Angkterre & la Prune entrent aufli dan* cette Médiation. Nous fommes fondés a le croire d'après la remarque du Gazettier de Cleves, trés inftruit des Seerets du Cabinet Stadboudérien. Cet Eerivain trop connu pour ne reipecter aueune des regies de l'bonnêteté , vient de prouver qu'il ignore les premiers élémens de la Politique , en annoneant que k Médiation de la France iéra rejettée par ks Etats Généraux , prrceqne les Rois d'Augkterre & tk Psuflè doivent auiii (être confultés, P e Pa»  34* Journal Politiqut Parens d'un Miniftre disgracié paf fott Souverain ne peuvent qu'intercéder en fa faveur, mais un diiférend entre des Souverains ne peut êfre foumis qu'a la Médiation de leur Allié commun. Voila ce que le Gazettier de Cleve-s auroit dü favoir avant de prédjre., mais depuis bien des Bedes le don de .Prophétie, & celui de raifonner julle ,ne fe rencontrent pas dans Ie méme individu. Si trois Provinces fe déclarent contre la Médiation de la France, celles d'Overyüél & de Groningue ne balanceront pas •d'y accéder, n'ayant aucun projet de Tyrannie, elles défirem fincérement Ia fin des troubles. La première juftement irri•tée de voir, lans fon aveu, fes troupes employées 3 1'oppreCion & au maflacre des citoyens, les a redemaudées en vain, & & porté fes plaintes avec auffi peu-de fuccès au Capitaine Général, qui ne peut pas dire .qu'il foit autorifé >,k retenir ces troupes, & qui cependant n'a pasrefp.été la volonté des Etats d'Overyfiè-1, fes Maitres auffi bien que ceux de Gueldre. Cette conduite inexcufnble n'a pas étépnricauffr.ót qu'elle auroit dü fitte, cc 1'Alfem- bl£e  , de Hollande. §4* 'bléa Söuveraine de POveryiTel s'eft contenté d'abord de cafier le Général Van deiHoop & les troupes ft fa feilde qui reftcroient dans 1'armée Stadhouderlenne, que Ie Courier du bas Rhin appelle Parmée des Etats Généraux. 'Les excès que les Soldats de cette arnrée avoient commis dans la Gueldre invitoient les partifans 'du Stadhouder dans 1'Overyffel ft fignaler leur attachenrent pour fa caufe, par les moyens qui leur font fi familiers ; déja même, dès Ie 27, date remarquable, ils commencoiertt * les mettre en ufage. Les Membres d» la Société Orange de Deventer, armés de fabres & de couteaux attaquerent quelques •■Bourgeois armés de Zwolle , 'qu'on avoit demandés potrr prévenir le défórdrequ'ort Tedoutoit avec raifon. Cette attaque im'•prévue & non provoquée óbligea le Corps 'Franc de Deventer & les.Auxiliaires ft re-pouffer la force par fa'force, ils parvin-rent ft fefaifir de quelques féditieux; & trois "Officiers de la garde'Bourgeoffe, Membres de la Société Orange, 'furent déclarés incapables de fervir la Ville. Le 30 la-Régence fit afficherunePublicafiomqui , p.>ur prévenir le ciéifein que céïtaines perfonnes Tom. /. Mout tftitf, Q :ma-  §44 Journal Poliiique .manifeftoient de chercber a ;reaiettre-la Ville Tous 1'ancien joug Stadhoudérien, defendoit a tous les habitans faifant lefer,vice dans la garde Bourgeoife de paroitre dans les rues avec leurs armes, ni de les .prêter a qui que ce fut, fous aucun prétexte. vCette défenfe ne,regardoit pas les Membres du Corps Fraac, qui étoient au ,contraire autorifés a porter les armes comme auparavant, & a s'en fervir pour la Liberté & 1'Indépendance de la Ville. Tous les habitans difpofés k défendre la Ville contre 1'influence Stadhoudérienne & la Tyrannie Militaire étoient invités k fe rendre k 1'Hótei-de-Ville, pour y prêter entre les mains des CommUTaires nommés a cet effet par le Magiftrat le ferment fuivant;: Je promets & certifie que je dèfendrai de tout mon pouvoir , & fidelemeni cette Ville contre la rélnt/odutlion de Pancienne inftuence Stadhoudérienne, & contre toute violence de la part de ceux qui s'en déclarepoicnt Partifans. Je promets aufft d'obéir a cet égard aux ordres dela Régence. Tous £enx qui prêterent ce ferment furent autorifés « conferver leurs armes &4o»Eoui> jjeois de Panden tie garde, qui.ne compa- xure.it  'de Hollande. '343 ■rurent pas devant ia Commiffion furent défarmés. Cette précaution étoit de la plus grande •importance; 1'émeute populaire & la tra'hifon travailloient au même moment é la ruine de FOveryflel. II (brtit d'Elburg, 'Ie 27, un grand nombre de Militaires , déferteurs des troupes de la Hollande, qui tdébarquerent k Raffelt. fLa Régence de cette Ville, féduite par un nommé d'Al»waj,recutces Soldats, & fans en donner connoiffance aux Etats de la Province, ni demander leur corifentement, lespritau ferment, comme Milice Bourgeoife. Les Tyrans Gueldr >is trop laches pouragir \ tforce ouverte'contre POverylfel-, en firent «violer le terriioire par desgensqu'ilspourroient défavouer au befoin, .'& crurentoperer une diverfion -qui prevint celle qu'ils apprdhendoie it. Les'Commiffaires de 1'Etat de défertfe, a la nouvelle de cet atten-tat envoyerent un Meffager-d'Etat, portatrt ordre au Magiffrat diété' 1'approche' d'Un: corps-de troupes ala Solde.de Ia Gueldre, qui fous prétexte d'én mettre les Frontieres a 1'abri d'une invafión ^ imagi- naire,,pille les maifons des habitans Pa-triotes de.l'Overyffel, fituées fur le. territoire.  de Holhmcle, 34$ tbire Gueldrois. Ces inftiftés faites a dePféin de provoq-üer des repréfailles', qui puiflent fourhir occafion d'entrer a main armée dans la Province, privée des troupes a fa répartition , & que le Prince retient, malgré' desv ordres contraires, ces' infultes donc, & les preuves d'un defl'ein: hoftiie contre leur territoire n'ont pns permis aux-'1 Etats" d'üveryffel de négliger le foin de leur défenfe, ils ont réfolude former des brigades de Bourgeois armés & & de lever des troupes pour remplacer celles qui leur défobéiflent y ils ont confié Ié Commandemcnt général de la Milice réglée & des citoyens armés k Monfieur le Chevalier de Ternant, Officier au fervice. de Francé , q"üi s'eft diftingué dans la guerre d'Afnerique par fa vftleur &fes talens. Leurs Nobles Puifianccs ont aufli fnfpendu le Prince Stadhouder de fa charge de Capitaine Général, Órde tous fes emplois Mi-' litaires a la répartition de leur Province, & ont chargé leurs Députés'aux Etats GénérSux de ne coneourir k aueune réfolution violente, contraire a la Vérïtablé Conftitution Républicaine, & de fe joindre k la Hollande. Ainfi nul doute fur 1'adhéfion Q> de  35P Journal Politique de 1'Overyficl ft ia Médiation de la France. La Province de Groningue a déclaré fes fentimens fur la conduite tenue par les Etats Généraux dans les troubles aétuels, & trouve que ce College adopte un principe très-dangereux pour les Confédérés , en prétendant avoir droit de donner aux Troupes des ordres direélement oppofés ft ceux qu'elles ont recu de leur Souverain, qui les paie, & fur le territoire duquel elles font. Le Confeil d'Etat,. felon le fentiment de Groningue, prend une liberté qui ne convient pas ft un College fubordonné, en s'ingérant d'executer avec la plus grande promptitude des ordres contredits par Ie Protêt de la Majorité des Provinces; & de refufer dans autre.tems d'obéir ft des réfolutions prifes par quatre Provinces. Conduite, ajoute cette Ville, qui fait connoltre le deflein formé de détruire la Plollande, le premier & Ie plus puiffmt des Confédérés, qui contribue lui feul plus que les fix autrus aux dépeafes générales. La Ville de Groningue donc eft d'avis que les Députés de la Province ■ ft la Généralité doivent êire chargés de s'oppofer ft toutes réfolutions viedentes, de  de Hollande. 351 de la "nature de celles dont il vient d'étre fait mcntion; de protefler contre de telles réfolutions illégales, de' fe joindre ft la Hollande relativement ft 1'emploi destrou-' pës & des Munitions de guerre, &furtout ft' 1'égard de la Province d'Utrecht : La' Régence de Groningue ne pouvant recon-" rioitre comme légale la voix de cette Pro-' vince, d'autant plus qiie les'Députés des Etats alTemblés dims la "Ville d'Utrecht, fónt admis ft 1'Aflemblée'des Etats7 Généraux, en 'vertu'd'une Lettre dé Créance:' récorinuè légale, par les Députés'de trois Provinces.' Cette Régence eftimè' donc ' que la voix d'Utrecht, airfi part'agée eft: nulle , & que 'toutes les décifions des Etats ' Généraux'në peuvent étre rëfpeétées m dans le Pays , ni dans 1'Etranger , par au-1" ctine perfonne rftifonnable , aufli idng-fems " qU'elles feront prifes d'une maniere'fi cón- " trairè 'ft la: Conftitutionl' II efl: donc hors dë ; doute qüe , pour faire ccfler une Anar- " chié fi'funefte , Ift voix de Groningue1 fera póur la Médiation dë la France; ainfi trois Provinces Paccepterónt1, & vraifemDlableïrrerir trois'la declineroht; en' cas^qire ié'"  3«fc" Journal TcUïiqae- fuffrage.dTTt'reeht'foit compté ce feraenacore partage égal. Cómment faire.difpa-roicre cet obftacle qui s'oppofe au réta-~ bliffement fi uéceffaire de 1'harmonie entre) les Membres de la Confédération? Le tems nous 1'apprendra; reprenons le cours ; des événemens que nous avons cru devoir " interrompre pour offrir au Leéleur les raifóhs qui jdéterminent une partie des Con-fédérés k ,fe ranger a 1'avis de la Hol- lande. Nous n'en avons rappprté qne les principales i mais elles fuffiront fans doute pour prouver combien 1'intervention de Ia France elt indifpenfable pour fauver la République d'une ruine totale. . En attendant 1'heureux eflèt de cette Püiifante intervention, tous les moyens de défenfe font employés pour garantir la Hollande d'une invafion , &. pour renforcer . la >Garniibn d'Utrecht. . Amlierdam 1 & Rotterdam fignalelrt leur zèle par des . efforts proportionnés a leur opulence; Elles ont lévé des Milices Bourgeoifes, & <équ;ipé des -navires de garde, qui fe portent partout oü Meffieurs de Ia Coinmif-' £oin; de.-Woerden trouvent leurs fecours i péV  dé Hollande. • 3^3' neceffaires. Les Bourgeois armés s'empreifent de réparer le vide que la trahifon a? faité dans le Cordon, & móntrent une : ardéur & une difciplïne qui feroient honnèur aux Militaires. Nos Lecteurs feront ' fansdöute fatisfaits de favoir quelle im> preflion le courage des Bourgeois armés ; produit fur la Nation Francaife, dont le jugement en cette rnatière n'eft pas récufablè, • Vöici cé qu'en dit la G'azette de France'du 10 Jüillet, Article de la Haye, fous la daté du 30Juin: :„- Les Etats de ' „• Hollande ont rayé de leur Etat Mili,,-taire tous les Corps qui ont refufé dro- ' „• béir k leurs ordres; les Officiers qui les ; „■ ont entrainés dans la défobéiflance ont : „- été calfés & déclarés incapables de ren,, trer jamais au fervice de la Province." Au furplus la défertion de ces troupes n'a phs produit un effet auffi facheux qu'onpou- " voit le craindre. Le zèle Républicain a fuppUê au vide qué les troupes réfraffaires laif foient dans le Cordon; de nombreux Corps 1 dè' MiHce Nationale, trfc bien 'e vercés, Je '*' font emprefj'ès de toutes les Villes de la Pro-' vihcej d'aller rémplir lesp-oftesabandonnés,r ■ Q 4' alt  3?4 Journal Politique oh le fervice fe fait avec une régularitéqifon n'auroit pas attendti de troupes auffi nouvellement difciplinées. Braves défenfeurs d'une Liberté fi cherement acquife par vos Ancêtres* voda ce que penfe de vous une Nation renommée pour fon courage , fafidelité & fon amour envers fes Souverains; une Nation plus libre fous un bon Roi, que vous ne le frites & ne le ferez jamais fous 1'influence immodérée du Sradhoudérat. Sön- fentiment- vous venge aflez des injures d'une Cabale perfide , & de celles de quelques Ecrivains méprifables, payés pour vous dénigrer. ■ En facrifiant leurs jours pour défendre leur Patrie ces généreux citoyens armés n'ont point perdir de vue les intéréts de leurs-families j ni ceux de leurs compatriotes unis -a eux parles mêmes fentimens. ■ Ils.--ont fait parvenir a. 1'Alfemblée Söuveraine de la Hollande un Déclaratoire dont nous croyons néeeiïaire de donner 1'Etrait. „ Lés Bourgeois armés ont quitté leurs femmes, leurs eufans; tout ce qu'ils ont de plus-cher; pour voler • au fecours de : lanPatrie -menacée des plusgrands dangers; ; pour; la' dérenfe des Loix, '& le maintien i de e  de Hollande. 355 de la Juftice. II eft a-craindre que profitant de leur abfence ceux qui féduifent uue partie de la Nation, & 1'excitent a la révolte, ne faifiifent cette occafion pour accomplir leurs perfides deffeins. Nous, Commandants des Corps armés & Détachemens de Bourgeois aétuèllement fortis dé nos domidles refpeétifs, en notre nom, & en celui des citoyens fervant fous 110S ordres, avec leur confentément unanime, déclarons a toutes perfonnes , de quelquè rang, Etat ou qualité qu'ellés puiffent être, que nous regarderons comme faites a nous mêmes, tóutes les infultes, violences ; - pillages • qu'auront enduré ''dans leurs perfonnes ou dans leurs biens, nos femmes, enfansouParens ; que nous regarderons du même ceil Ie tort fait aux Perfonnes , biens' & families de nos concitóyens qui fans avoir quitté leurs demeures, font connus' pour vrais Patriotes, , &' qui par leurs difcours & leurs acltiöhs : ont travaillé, chacun felon 'fon pouvoir, , au foutien' dé la bonne caufe Que : nous regarderons comme ïkaftrés h ü Pd- trie, les Membres "de 1'Etat , les Régens • des--Villes,; de ia Campagne , & tous OfQj/ ficier's i  3S<5' Journal Politiqvé' fiéiers de Juftice convaincüs d'avoir 'favö-rifé direétément ou indireótement la fédi-" tiön, les violences & -le pillage, ou d'avoir négligé de les réprimer. Enfin 1 qü'après avoir , avec la Bénédiétibn Di-vine, mis uri frein a la füreuj des enne-rriis publics de notre Liberté, nous'ne" dépoferons' pas les armes, mais que' nous * réfterons' aflemblés jufqu'a ce qnè nous ; ayons vengeance & fatisfaétion des dommages qu'auront fouffert les Perfonness dont nous avons parlé." ' „ Et pour que perfonne n'ignore notre -' déffein, & puiffe fe tenir en garde cóntre les fuites "de notre jufte reffentiment, nous '! avons jugé néceffaire de faire inféier dans s les Papiers publics ce Déclaratoire, dont Pöriginal eft muni de nos fignatures, &; que nous Tegardons comme ayant même fdrce & vaieur que li'nous', & les citoyens s| fervant fous nos ordres enavions juré 1'exé--' cution." L'Affemblée Söuveraine de Hollande a 1 lépondu a ce Déclaratoire en affurant tous ; les Bourgeois armés de fa haute prote'érión , & de fa reconnoiflance pour le zèle & la 1 fidélité dont ils donnent des preuves fi 1 éclatantes-.;' Less,  êèHoïïdndé: Ues Détachemens de la Böurgeoiftë ar- mée de Rotterdam poftés aux paflages de 'J'Ylfel & du Leek , ne compofant pas la ' Majorité - de : ce Corps i, leurs Officiers iPont pu concourir au Déclaratoire dont: ïious venons -de donner 1'e'xtrait. • D'après Ié veeu de la! pltis grande partie des Bour- geoisarmés'' pour la: 'gardé 'de' la Ville,. lê confehtement • unanime "dé FAflèmblée • générale'  3'6V Journal Pölltiq»? forts dans- la Zélande & dans la Guèldre pour derrüire la Liberté , plus en Hollande les citoyens de tous les ordres figualent leur zele pöur la conferver & la défendre. Nous fimes~ mention , le raois' dernier, d'une nouvelle Sociéié Patriotique, érigée ft Rotterdam le 23 Mai, & qui avoit en pèu de jours pris un accroiffement confidérable. Ellecomptè ft préfentpfus de mille Membres , dont la plupart font en état de rendre leS armes ft la main les plus grands fervices ft la Patrié. Ces braves citoyens fe font adreffés ft Meffieurs les Magiftrats & Jeur ont fait connoJtre qu'ils' étoient difpofés ft verfer la" derniere goutte de leur fang pour la Liberté ; que la Garde Boutgeóife étant diminuée par les DétacheMü : eut é.é imprudent de mettre un grand nombre de défenfeurs, plus néceffaires dans Utrecht. Un Meffager de PAflemblée d'Amersfort parut devant Wyk, & remit è •'Officier de garde une Lettre adreffée a Monfieur de Nys, Commandant, ne donnant qu'un quart d'heure pour y réponidre. Cette Lettre contenoit une Patente du Prince, munie de 1'attache des Etats d'Amersfort , & qui ordonnoit au Commandant d'ouvrir les Portes au Général Sprengler , fi connu par la conquête de Haltem , & aux troupes qu'il commandoit. Le Confeil de-Ville s'aflèmblafur le champ, .& les Bourgeois, & les Auxiliaires fe rendirent a leurs poftes. Après de vifs débats dans ce .Con-C-il la Majorité décida que p ur éviter 1'eflufion inutile du fang des citoyens , il falbit rendre la Ville. ^Ainfi, fans coup férir , le Général prit prjfleffion de Wyk a fij heures & demie ,d»  Journal Politigut du matin, fous condition qu'aucun habitant ne feroit léfé, daus fa perfonne ïii daus fes biens: les Auxiliaires & plufieurs Bourgeois, furieux d'une Capitulation fi non honteufe du moins tropprécipitée, fe retirerent a Utrecht. Malgré la parole du 'Général, Meffieurs de Nys, de la Faille , & Fan der Kemp, furent mis aux arrêts dans leurs maifons, gardés par des Soldats & depuis conduits a Amersfort par un Détachement de Dragons. Dès que la nouvelle de cette infraction parvint a Utrecht, on y anêta les Parens de quelques Membres de 1'Aflèmblée d'Amersfort, on mit des fentinelies k leurs portes, & on renouveila les défenfes de laifler fortir •de la Ville aucun des Confeillers démis. "Ces précautions étoient indrfpenl'ables pour •arrêter la fureur fanguinasre de 1'Aflcm'blée d'Amersfort, par la crainte d'une repréfaille. La prife de Wyk privé les Etats d'Utrecht d'une voix & donne a 1'ennemi •un -point d'appui pour fes opérations, il s'occupe des moyens de s'y fortifier, & triotnphe de cet avantage-pa'fiager. Mais cetre conquête lui fera fatale; Monfieur 1'Ainbafladeur de France en a t'z'x parr'1 fa  ~tïe Hollande. 'Ta-Cour, qui n'ayant pu voir d-'un-oeil indifférent-le combat du Vaart, fera plue mécontente decette nouvelle invafion d'une Ville partie intégrante de la Province, & ■ contre laquelle 1'Affemblée d'Amersfort a moins de droits , que n'en avoient les Etats de Gueldre contre Hattem •& Elburg. Ceuxci du moins avoient pour jufiifier leur tyrannie -une Majorité de fuffrages, qui ne peut pas fervir de prétexteaux Membres de PAffemblée d'Amersfort. Quoique la France ne cherche point a s'immifcer dans Jes différends intérieurs de la République, elle ne pourra fe difpenfer., comme -Médiatrice, de blamer des aéles de violence fi diamétralement oppofés aux principes de la Conftitution , & par conféqucnt a lTndépendance de la République, ■dont Elle eft garante par fon Traité d'AIHiance. En -effet 1'Indépendance efl un mot vide de fens, s'il efl permis a quel-ques Membres de la Confédération de nnettre en ufage la force Militaire pouc détruire les Privileges & la Liberté de leurs ^concitoycns. Le Roi de France s'eft albe" ■avec un Etat, compofé de Membres Indépendans les uns des autres quant adeur 3-om, J.-Jioüt .1787. ^R régime  3&8 Journal Polklque régime intérieur, & réunis pour l'intérêt général., & non avec un Etat déchiré par les entreprifes hoftiles d'une ligue qui pour les intéréts, ou du moins fous prétexte des intéréts d'un feul homme, veut renverfer la Conftitution , cc rompre les liens dé 1'Union. 11 eft,donc cercain que S.M. T. C. ne peut fe montrer indifférente dans ie défordre anarchique qui trouble les Provinces Unies, ni fe difpenfer de prendre toutes les précautions que la prudence exige pour s'oppofer k 1'introdiuSion de Troupes „étrangeres dans le territoire de la République, dont Elle a garand toutes les PoffefTions. Un Camp de ui 150QO hommes s'aiïèmble dans la partie du Hairir.ut Francais arrofé paria Meufe, pour .veiller fur leg moiivemens des Puiffances voifmes des Pays de la Géuérallté ; les Carnifons de PArtois , de la FlandreFrancaife, & des cöteg du Boulonnais jufqu'a Dunkerque forment un Cordon de plus de 40,900 hommes; feize Vaiftéaux de Ligne Jont en arerjement a Brest, 0: prêts au premier ordre a entrer dans la Manche, x>u le Port dc Cherbourg eft :en é.tat de f£geyoir ,uue Flotte. Ces préparatifs ne font  ■de Hollande. .g-6j> font fans doute qu'un effet de la Prudence du Miniftere Francais, •& les gens inftruits prétendent qu'aucun Souverain Etranger ne prendra les armes pour foutenir le parti •du Stadhouder. Cependant 1'obftacle que la Princeffe d'Orange a rencontré dans fon voyage de la Haye, femble détruire ces, affurances pacifiques. Sa Majefté PrufPieune a fait remettre par Monfieur de Thulemeyer, fon Envoyé extraordinaire auprès de Leurs Hautes Puiffances, les deux Memoires fuivans, le 10 Juiilet» Voici celui préfenté k PAflemblée 'êes Etajs Généraux-: 'HAUT-S et PUISSANTS SEIGNEURS, Vos Plautes Puiffances ont prévaftgement la douleur & PEtonnement de fit Majefté Pruffienne quand Elle apprendroit ique S. A. R. Madame la Princeffe d'Orange , fon augufie Soeur, a été arrêtée gar des gens armés auprès de Schevnlmw«, ■& empéchée de continuer fon voyage ;a la Haye, ou cette Princeffe ft rendoït avec les intentions les plus falntaires. Le Hei eft informé des fentimens de k MaR 2 writé  ,37» Journal Politique jorité de PAffemblée de V. H. P. a-Pdsartf de cette entreprife imprévue &déteftable, & Vous en témoignerafa fatifadlion." C'efl: par ordre exprès de-fa Majefté Prufiienne, que le Souflïgné aremisa leurs i Nobles & Graudes Puiffances les Seigneurs Etats de Hollande, le Mémoire dont efl: jointe ici la copie, & dans lequel S.M. infifle Fur la réparation éclatante & fur la punition des Auteurs de cette infulte. V. H. P. concourront fans doute avec ce zèle ardent que le Souflïgné a eu le bonheur d?éprouyer dans plus d'une occafion, k entretenir 1'amitié & la bonne infelligence qui a fubfiflé jufqu'ft préfent entre les deux Etats*" La Haye ce 10 Juillet 1787. -Signé Thulemeyer, Mémoire du même Miniftre aux Etats de Hollande: NOBLES, GRANDS jst-PUISSANTS SEIGNEURS. jjL-e Roi n'a.pu apprendrc qu'avecleplus ,yjf  de Hollande,' 1 vrf reiTantiment Pattentat commis prés' de Schoonhoven , contre la Perfonne de for> augufte Sceur S. A. R. Madame la Princéfle d'Orange-, que les intentions les plus falutaires conduifoient a La Haye. S. A. R. ayant été arrêtée dans fa route s'eft vüe entourée de gardes , on a même pollé des gens armés dans fa chambre. C'eft par ordre exprès de S. M. P. que Je Soufligné, fon Envoyé extraordinaire, a Phonneur de s'adrefler a V. N. & G. P. & d'infifter, de la maniere laplusinftante & la plus forte, pour obtenir une réparation éclatante, prompte, & la punition : dés auteurs de cette infulte. l\ s'empreffera de rendre compte au Roi fon Maltre de Peffet qu'aurónt produit dans 1'AlTembfée Söuveraine de la Hollande, les Mémoires de fon Miniftre. ' S. M. connoitra par le réfultat des Délibérations de V. N. & G. P. quel prix " Etles attachent k fon amitié & a fa bieuvelllance. Li Haye le io Juillet 1787. ' Signé Thullemeyer. R'3 Ce : 1  JournalPoli tique Ce Mémoire a.été remis 4 la grande Bc<« fogne, & dans la même féauce Haerlem, Leyde, Amfterdam , Gorcum, Schiedam , Schoonhoven, Alhnar, Monnikendam &: Purmerende ont par des raifons folides, prouvé qu'èlles ne pouvoient confentir & Parrivée de Madame la Prinetflc dans la. Haye,. &; ont fait inférer leur fëntiment dans les Regiftres de 1'Aflemblée. Dort a déclaré: ne-pouvoir s'expliquer fur les Lettres du Prince óc. de la Princelfe, a caufede leur ftyle injurieux a-Ia Souveraineté. Gouda. &. Rotterdam faute de.pouvoirs fufV fifans, ne fe font pas- expliquéés ce jöur ■ 2a',, mais-depuis elles ont donné leur avis, conforme a celui des neuf Villes., Cés-; délibérations équivalent k une réponfëj. que cependant les Etats de- Hollande w> tarderont fans doute pas a faire au. Mé*, moiré préfenté. au nom de S. M. P. En attendant que cette réponfe foit publique nous croyons que nos Lecleurs nefcront pas;, fichés de favoir le. fëntiment de Ia Cour de Verfailles, au fujet dui voyage de la Princefïé, &; de.la conduite ' des. Seigneurs Etats de Hollande; Nous. inférerons., donc iei I Partiele de la Gasette.-  de Éoliande. 373 de France, du 13 Juillet, relatif aux affaires'de la République, en priantde le lire avec attention, &-de ne point oublicrque Cette Gazette eft' MimjlérielJe. De la Haye le 5 Juillet 17B7. La Princeffe Stadhouder, après s'êtrè-' rendue ft' Amersfoort auprès de fon Epoux, en étant repartie', ft ce qu'on croyoit, pour Nymégue, avóit pris la route de la Haye; les Commiffaires des Etats de Hollande, ayant été - infl'ruits' de fa rharche, envoyerent' un Détachement de troupes auxiliaires 4 Kimpen-Waard, pour lui rs.préfenter que, dans la 'conjonclure actüclle, fa préfence ft la Haye pourroit occafionner du tumulte, & pour la prier de ne pas avancer plus loin fur le territoire dè la Province. Les cinq Commiffaires' fe rendirent auprès d'EHe, lui offrirentde la Conduire ft 'Woerden, oü elle pouvoit compter fur tous les honneurs' &les égards ■ dus ft fon fexé, fon rang & fa naiflance. La Princeffe préféra de fé rendre ft Schoonhoven, oü Elle fut accompagnée pardeuxMembres de la Commifïïon, auxquels elle ■ R'4. don*  374 Journal tolUiq'ue donna fa parole de ne pas continuer ion voyage, jufqu'a ce qu'Elle fut inforroée des intentions de Leurs Nobles & Grafcdes Puiffances." " Le même jour, 28 du mois dernier, la Princeffe écrivit au Confeiller-Penfionnaire de Hollande, pour 1'informer de ce qui s'étoit paffé, & pour informer les Etats de la Province que Fobjet de fon voyage a la Playe étoit de contribuer, par fon intervention, a prévenir un guerre- civiie, & a ajuffer les différends exiftans; Elle écrivit auffi' au Greffier Fagel, a qui Elle envoyoit une copie de cette Lettre,' pour la mettre. fous les yeux des Etats Généraux, qui ont pris la réfolution de prier les Etats de Ho'lande, de faciliter au plutót 1'aniv-ée de la Princeffe a la Haye."' Leurs Nobles & Grandes Puiffances • ont reuarquéj en général fur cet objet, qu'après la Déclaration ptiblique faite par le Stadhouder, de fes fentimens envers ! FAffemblée Söuveraine de la Province & furtout en csnfidérènt les moyens mis en ufage de fa'part, foit pour débaucher les troup:sv qu'elle paie, foit pour ameuter partout les Militaires & Ia Populace,, co mme. ^  de Hollande." - comme on venoit encqre d'en avoir un exemple a Hellevoetfluys; ce ne pouvoit ctre qu'avec un danger extréme que la Princeffe auroit fait une apparïtion auffi fubite & auffi imprévue en Hollande, fans avoir prév'enu les Etats des intentions Qu'elle avoit déclarées aux Commiflaires ; que d'ailleurs fi fes intentions1 avoient été réellement telles * n'auroit-il pas mieux convenu d'en prévenir le Gouvernement, avec lequel elle avoit a traiter, que le petit peuple , qui s'étoit'dé/a'attroupé,'le 29 au matin, autour de ia maifon du Bois, oü Pon avoit fait,' en iecret,"des préparatifs pour la recevoir? Cependant les Etats' n'ont rien déterminé pofitivement & do uze Villes ont pris la Lettre "de la Princeffe, & la demande des Etats Généraux, ad referendum." La Princeffe eft retournée a Nymègue, d'oü Elle a écrit de nouveau aux Etats de Hollande j "*& aux Etats Généraux j * le Stadhouder a auffi écrit a ces derniers. ' On apprend qu'il a levé 'fon 'camp de Zeilt, * mals on ignore quel chemin a pris fon ar- " jnée.°' ' & *|5 c£st  37<5 Journal 'Poliïique • Cet Afticle peut faire juger quellé RB* fation. le voyage de la Princeffe, a produit chez 1'Etranger, & que la -conduite de3 Commiflaires de L. N..&..G..P. ne fera regardéé comme un attent at, que dansles-Cours abufées par -un faux récit, out prévenues par 1'affection. que lés Hens dü fang leur infpirent pour lafamille Stadhouderiennei . La dérniére phrafe de cet Article prouve auffi qu'en'Fr'ance on neprend pas le change pofte, oü, bientet, la difette, ladéfertion i & le défaut, d'argent la détruiront. . C'efl:' fans dóute cette détreffë qui a excité lesplaintes -de 1'Affemblée d'Amersfoort contre Ja prife dë quelques • bateaux chargés defoin, d'aVóine & dé Gënevre, dont les ■ navires armés d?Amfterdam fe font empa» pa-rés dans le Zuiderzee. Nous convenons qu'il n'eft pas agréable pour Meffieurs d'Amersfoort de fe voir eouper ïes vivres* müs: c'eft le fort de.la guerre, & ceux .  dè tioUandè. $ff' qiii débauchent des Bataillons entiers, devfoient fouffrir fans fe plaindre la perte de quelques rations de fourage, órde li- qüeurs fbrtès.' Les deux Mémoires du MiniftrePruflien ont 'fait croirte aux Partifans du Stadhouder qiie bientót une armée formidable vièndroit appuyer la demande en réparation de Vattentat eómmis contre S. A. R. & pour " anticiper la punition deftinée aux Patrio*tés , quelques habitans de Leerdam, petite' Ville de Hollande , fhifartt partie des ' Domaines du Prince, excités par des Membres 'dé leur Régence', ont élevé des arcsde-triomphe devant les maifons pillées des ; Patriotes; & arboré le Drapeau Orangs-' fur les clochers. Un Détachement de Cavalerie', d'Infanterie & -de Bourgeois ar- • més forti de Viane avec une piece de Canön; sVft préfenté devant Leerdam , & : y ' eft entré après une courte oppofition; ■ les Drapeaux & les Arcs-de-triomphe ont; été détruits ou efflpórtés; le Bourgue-' m'aitre de Knyf, PEeh'evih de Man, & un 1 Bburgèois, chefs & inft'igateurs de la fédition otit été cö'nduits dans les prffons ■ &t -Fiane7 & fans'doute ils ferCint pr.fii;  Journal Politigue • comme réfraclaires aux ordres du Souve-1rain. L:s Payfans des-environs de Leer- ■ dam, qui s'étoient. évertués a placer d«s Drapeaux Orange fur les cloehers, les ont fait difparoltre- au plus vitei Une fe'dition dont les fuites pouvoient être, dangereufes a éclaté Je 13 dans la partie de la Hollande Meridionale appellée Oud Beierland. A . dix heures & . demie du foir k Confeil-de-guerre des trois Corps armés de Dort recut avis pardeuxExprès-, que dans ce Canton des mouvemens féditieux s'étoient annoncés d'unemaniere a faire redouter ks plus terribles vioknces. Lé Confeil-de-guerre donna connoiffance de cette nouvelle au Bourguemaltre Préfidaut, quf-fit aifembkr auffirót ks Cornmiifaires de 1'Etat de défenfe , & a minuit &tdeffii foixante & -douze.hommes cominandés pat Mr. Dekker fe .mirent en marcbe,,avec deux pieces- de canon, de 3 livres de Balk. lis arriverent de trés bonne Jieüre A V Gravendeel oü le .Corps franc, ayant a fa têce k Bailli.de Tendroit, étoit fous ,ks armes; ils--.apprirent que tout dtojten combuftion dans Oud. Beyerland, &cy marcheren: en diligence. A la vue " . da  de Hollande.- 37^'' du Village Ia troupe fe mit en bataille, & fut attaquée par quelques mutins, décorés de rubans Orange, armés de fabres& de couteaux mais qui furent défarmés & attachés au canon. Alors les pillards firent feu du Village, les Bourgeois y répondirent, & les Payfans rccommencerent ft tirer de tous cótés , même des maifons, jufqu?a ce que le Commandant eüt ordon» lïé de faire jouer 1'Artillerie. II ne donna cet- ordre que pour mettre fin ft la fureur des payfans, & fit pointer contre des arbres afin de blefiër le moins d'hommes qu'il feroit poffible. Malgré ces precautions la foule étoit fi grande que deux révoltés furent tués fur la place, & pluficiirs autres blelïés; la refie prit la fuite. Alors on ehtra dans le Village, & les habitans Patriotes qui dans le commencement de Ia fédition avoient été défarmés par adrefle , fe joignirent au Détachement de^ Dort qui vifitoit les maifons des chefs de Ia révolte.- Ou'en prit plufieurs, & dans la Société-Orange on découvrit des armes, des munitions & des papiers, dont on .s'empara. Environ trente féditieux ont-été conduits dansles prifons de Dort, R -7 Rt  Journal' PvlttiqUt 1 & feront pumVfelon la rigueur desordottö nances qu'ils ont violées. De ce nombre» 'font deux Anciens de PEglife, plus cou> pables que les aveugles Villageois qu'ils ■• ont excirés k la rebellion, en leur perfuadant que les Patriotes cherchent èdétruire la Religion dominante. C'eft fur de pareils impoftéurs que le glaive de la Juftice' doit frapper, & non fur les viaimes de leurs déclamations fanatiqües. • Ce que nous avons dit au fujet de cette'' révolte doit faire préfumer k quêls excès ; la populace des Villes & de la Campagne fé feroient livrées dan3 la Province de Hol-: lande , fi la Princeffe fut arrivée a la Haye. Nous favons que dans les endroits fitués s fdr fon palfage les partifans de la Maifon 1 d'Orange, inftruits du voyage deS. A. Rv ■ avoient réfblu- de pillet les maifons des s Patriotes, d'en enlcverles Draps &l.'s cou-1 vertures des lits, &'dé les étendre fur le chemin de la Princeffe, qui malgré fon 1 defïein de ga'rder Fincognitb, feroit entrde ida Haye, -précédée & fuivie de quelques ïrtilliers de Payfans, dont la fureur auroit train les falutaires intentions de S. A.'- fL Les Miniftres & les Régens fi bien déflg-  'éè'Boïïandé;- -3.3$ i nés dans le Declaratoire du Prince, aövroient fubi le fort'des freres de' Wüt, & les Répubicains* pour venger le ■ rnaiTacre • des foutiens de la Liberté , auroient alors oublié leur modératiön j & courant aux armes ne re%* auroient dépofées qu'après avoir ' détruit les aflaffinsi ou péri fous leurs • coups. Cette peinture n'eft point ' exagérée; ; les' déteftables chefs de M ! faétion Anti-Républicaine défefpérés d'a» voir échoué dans un projetqu'ils croyoient • infaillible, ont tenté un autre voie que la » Providence a rendue inutile, & dont nous ne dirons que ce qu'il nous eft permis d?én publier. En Gueldre, foyer des pro-' jets deftruéleurs de toute Liberté , eft une i petite Ville appellée Bommel; il s'y compofe une Gazette qui le difpute en impofture & en inveétives a celles de Cleves &de la Brielle'. Le Rédacteur de ce Libélle en avoit compofé un dans lequel il avoit raiTemblé' tout' ce que la calomnie la plus ■ effrénée, & la fureur la plus féditieufe ■■■ ont jamais imaginé de plus capable d'animer au meurtre une populace aveuglé& ignorante; quelques milliers d'exemplaires ; de cette production jnjernale qui devoiera't1 ètï$  3*2 Journal Polhique être diftribuésdans toute la Hollande, furent confiés ft une perfonne qui venoit 4 Rotterdam, & qui entra dans la Ville fans que fa voiture eut été fouillée. Elle ignoroit peut-être la nature du dépot qui lui avoit été confié, mais il étoit trop volumineux pour n'être pas découvert par ceux qui habitoient la maifon oü elle avoit defcendu, & qui foupconnam qu'il ne pouvoic fortir de la Gueldre que des productions dangereufes, firent part de leur défiance au Chef de la Police. Ce digne & vigilant Magiftrat ne perdit pas un inftnnt & s'..mpara de tous lesexemplaires, diltribüés en paquets avec les adreffes de ceux qiii devoient les répandre dans la Province. Voila tout ce que nous pouvons dire au fujet de ce nouvel attentat contre le rerepos & la vie des citoyens; peut-être un jour nous fera-t-il permis d'entrer ft ce• fujet dans un grand détail, & de mettre dans tout fon jour la fcélérateffe des ferpens que fa République nourrit dans fon fein , & de fa plus pure fubflance. Ce que nous avons expofé aux yeux de nos Lecteurs, relativement ft tout ce- qui s'eft paffé depuis le combat du o 1 MaVi;  dë Hollande. 3 33" Mai, prés du Vaart, proitve combien Ia Médiation de la France elt indifpenfable pour prévenir de nouvelles horreurs ,• <& qu'en y recourant 'les Seigneurs Etats de Hollande fe1 font montrés • ks< vér-itables Peres, & les dignes Repréfentans de leurs concitoyens. L'efpoir qu'ils- ont fondé fur cette Médiation ne fera pas trompé; leur Puiffant Allié, comme nous 1'avions annoncé au commencement de ce volume, ne leur refufera aucun des fecours qui font en fa puiffance pour rétablir 1'harmonie entre ks Membres divifés de la Confédération. Cé Mönarque en a fait porter 1'aflurance aux Etats Généraux dans le Mémoire fuivant, préfenté a Leurs Hautes Puiffances, le i8Juillet, par Monfieur le-Marquis de Vérac, Ambaffadeur de S. M,. T. C. HAUTS kt PUISSANTS SEIGNEURS. „■Le Roi a été -informé que ks Etats de la Province de Hollande ont propofé;, le 7 de ce mois, a Vos Hautes Paiffances de recourir a fa Médiation pour la conciliation des différends qui divifent la Répiibïique."  38/J"' Journal PoliiiqUe „ Sa Majefté a été infiniment fenfible & cette marqué de confiance, & Elle a ordonné au Souflïgné , fon Ambafladeur,de déelarer a V. H. P. non feulementr qu'Elle eft difpofée a y répondre, mais auffi qu'Elle s'empreifera de concourir,autant qu'il pourra dépendrè d'EUe, au rétablifièment du calme dans la République , & de la bonne harmonie entre les ditTérens Membres de 1'Union." ,, Le Roi faifit avec emprefliment cette occafion pour exprimer a V. II. P. la vive douleur que lui caufent les troubles qui agitent les Provinces Unies, & pour fixer Leurs regards fur les. défaftres qui en feroient la fuite, s'ils n'étoient bientótarrêtés. ,,.Sa Majefté penfe que pour atteindre ce but défirable , il eft inftant que V. H. P.' prennent les mefures les plus promptes &lés plus efficaces pour arrêter, des a préfént les: démarches hoftiles auxquelles on' fê lï'vre dans plufieurs Provinces. V. H. P. présuendront^ainfi la guerre civiie & faci-literont le füccès de la conciliation qu'il1' eft fi défirable •d'éfieétaer. Cette exhortation de la part du Roi, Lui eft diétée par Paraitié qu'il porte- a -la République, par lïn--  de Hollande. 3*3- Fintérêt qu'il prend a fa confervation, & i fa profpérité, & par Paffe crion particuliere qu'il a pour chacun des Membres qui la conftituent."' L'Affemblée des1 Etats-Générauxapris 5 felon 1'ufage , ce Mémoire ad referendum, pour le communiquer aux Provinces, qui fans doute ne tarderont pas a y répondre d'une-maniere qui s'accorde avec les- fages exhortations-, & les vues bienfaifantes dü Monarque Francais.- Nous nous conten-terons de remarquer que le Roi n'éxige rien, ccqu'il s-exprime avec tous les égards qu'éles-Souverains-fë doivent mutuellement,.. malgré qu'il. foit^, fans contradiéKon ïrne ■ Puijfance dü premier rang , & que la Cóuronne de France foit dans fa Race dépuis plus de huit ftècles , avantage dont aueuneBynalVie n'a joui dans i'Univers;- Quoique les Mémoires préfentés parMY. de- Thuleméyer, de la part de fa Majedé-:PfulÏÏ-énne - a-ient fait craindre aux uns , &: efpéfer aux: autres que ce Monarque perfifteroit a demander la réparation de 1'obfracle apporré au voyage de Madame Ia> Princc-iTé d'Orange; & que fon reffentw mant,auroit. des fuites faules pour le repos >  '336" Journal Poliftquë pos de la République , on fe flatte-que réponfe des Etats de Hollande k S. M. P. préviendra toute démarche hoftile. L'équtté du Roi de Prune elt trop connue pour qu'il foit permis dé douter qu'après les éclaircilTemens que les Etats de Holland* Lui donnent, il continue k traiter d'attentat une précaution indifpenfable que tous les Souverains du monde auroient prife en pareille circonflance. Nous croyons que le Public impartial prononcera en faveur des Etats de Hollande, & nous lui préfenterons la réponfe que L. N. & G. P. ont, dans leur Affemblée du 14, réfolu ' de faire parvenir k S. M. P. parlavoiede fon Miniftre. Le ton de vérité , de décence, cc en même tems de noble fermeté ; qui regne dans cette réponfe, prouve qu'efl foutenant leurs droits légitimes & incontellables, les- Souverains de la Hollande " ne fe perrnettent pas de fortir des bornes : de la mödération que doit caraélérifer tout ce qui émane du Pouvoir fuprême, entre ' Puiffances égales. On ne peut difputer cette égalité ttux Etats de Hollande , leur Province eft la plus confidérable cc le feul foutien de la République, dont les Am- baf-'  Je Hollande, ïbaffkdeurs dans toutes les Cours Etrangeres recoivent les mêmes honneurs que ceux des têtes couronnées. Nous efpéxons que nos Lecleurs partageront nos fentimens. après avoir pris connoiiïance 5des motifs qui ont néceflité la conduite des Seigneurs Etats de Hollande au fujet du Voyage-.de Madame la Princefle d'0range. Réponfe de LEURS ROBLES & G RA ND E S PUISSANCES * S A MAJEJSTE PRUS,SIENNE. „ L. N. & G. P. connoiflent trop les égards düs k S. M. P. & k fon illuftte Ivlaifon, pour avoir permis dans leur Province , ainfi que s'exprime Mr. 1'Envoyé Extraordinaire,.aucun attentat contre la Perfonne de-S. >A. R. Madame-la Princefle .d'Orange & de Naflau , Poeur de 5. M. ;Elles ne doutent pas que S. -M. n'ait auffi pour Elles les mêmes égards que les Puiffances -Souveraines fe doivent mutuelleroent, & par conféquent Elles ne fe feroient pas -attendu que S. M. dont les fentimens équitabks font.fi bien connus,, :au-  'gtS JsurnahPolii'tjim uroit regardé comrne un >atttnt-at contre S. A. R. la conduite de L. N. & G. P. a Fégard de cette Princeffe; conduite qu'Elles ont dü tenir en leur qualité de feuls Souverains de cette Province, & qui n'a .e» .jFautxes motifs que le loin indifpenfa.ble de veiller a la confervation du repos des habitans, & i la profpérité du Pays.'5 L. N. & G. P. auroient fouhaité que S. M. eut été mieux informée de cet événement & des eirconftances qui Pont accompagné. Elles ne doutent pas qu'un tel éelairciflément n?eut prévenu le Mémoire qui Leur a été remis par Mr. de Thulemeyer, & L. N. M G. P. ne ;peuve-nt pas. croire que S. M. prétende .que S. A. R. foit audeiTus du Souverain de cette Province, ni que fur ce Principe Elle regardé comme un attentat, ou une injure Pobftacle que S. A. R. a ■éprouv.é tdans fon voyage a la Haye, qui pouvoit jfctw fi contraire aux intéréts de FEtat. .,, Cependant pourprouver leprix qu'EfJes attachent a Patoitié & a Pafféétioa de S. M. Leurs Nobles & Grandes Puidances se 'font auctine dülkulté de déclarer que ent jéténemeut Leur a été trés lénfible, & qu'Eües  ée 'Hollande. rvoudroient avoir pu le prévenir; ce qui 'Vraifetnblablement feroit arrivé fi S..A. R. ,au lieu d'entrer a 1'improvifie fur le territoire de cette Province, après une absence de prés de deux ans, Les eüt prévenu du deflein qu'Elle avoit de fe rendre ik la maifon du Rois, & des intentions *}ui 1'y conduifoient. II eut été poflible alors a L. N. & G.' P. non feulement de prónoncer fur ces deux objets, mais en mime, tems de propofer a la Princelfe leurs léflexions a ce fujet, & de la faire refibuvenir de quelle manier» le Prince Stadhouder Héréditaire avoit, depuis le mois de Septembre 1785 abandonné Ia Province, emmenant avec Lui toute fa Familie; du mécontentement -qu'il a tant de fois témoigné contre les Souverains de ia Hollande, & du nombre de démarches qu'il a faites pour rendre cette Province la vietime de fon reffentiment ,, & pour eroployer contre elle toutes les forces de la République dont il peut difpofer. L. N. &G. P, auroient pu rappeller si la Princefle Pimpreffioii qiï'a du prodtiire fur leurs (fprite le Declaratoire publié par fon EponsIeaS Mai dernier, & deus lequel U & aaéconnu fis»  30° "Journal Pvïïtiqtit 1'indépendance du Souverain, & vendu par conféquent toute relation avec lui incertaine,& flottante. Enfin L. N. &.G.P. . auroient fait remarqner a S. A. R. les différens fentimens de la Nation, dont la partie la plus difting.uée .& la plusrecommandable reclame fes Privileges, & fe trouve prévenue contre le Stadhouder qui s'oppofe a ces réclamations; pendant que Pautre partie embraffe des opinions contrales,^ que.le petit peuple féduit & infenfé abufe partout de la .maniere la plus dangereufe du nom d'Orange, en porte les couleurs & fe livre fous.ce prétexteau plus grauds excès de révolte ,& de fureur. „ Outre ces confidérations fi intérefl'antes pour le repos de Ia .Province, L. N. . & G. P. auroient remis fous lesyeux de S. A. R. relativement au projet de fe rendre a la.Haye,.que daus Pintention, oü Elle étoit d'offrir fon intervention, ou d'entamer quelques conférences avec le Souverain pour terminer les différends & mettre fn.a la mésintelligence, ce.projet, tout louable .qu'il =eft dans fon principe., ne pouvoit jamais produire les fruits que :S. A. Pv. s'en promettoit; .d'autant plus •que  de Hollande. 351 •que la Nation, après tout ce qui s'efl:pafTe*, ne pouvoit fuppofer dans S. A. R, Pimpartialité qui doit principalemem ca•raétérifer une Médiatrice, & que les conférences entre le Souverain & fon Stadhouder, ou avec la Perfonne qui le repré•fente a cet effet, avons fernée avec tant d'adreJJ'e dans les Pays Bas. C'efl: ainfi que cet Ecrivain'faifit toutes les ;occafions de calomnier la France aux yeux des Etr'angers j & des Partifans crédules de la! Maifon d'Örange: au refle on ne doit pas être étonné • de ce-manege dans linPénodifte, quiforge des nouvelles déflitüées dé la pliis légere ■ vraifemblance , telles, par exemple , qu'une Lettre datée de Rotterdam; inférée dans la-dernier Nó. dé Pt feuilie. (Ti y lit . 5r que la Régence de Rotterdam fiippliée ,„-par r Wa Société ' foidifant' Patriotique-; ST d?aboiir'la' Société Siadhouderienne, a i SJP,non Teulement rejetté cette Requête',, ,>. mais -  de Hollande. 403'- friölaïs pris fous fa hauté p'rotecTton cette i* Société Stadhouderienne, & les Con5) feillers dérhls; que cette conduite avoit irrité les Membres de la Société foi-diJant Pdtiotique, au pöint qu'ils avoient: réfolü de démettre Mr. Gevers Bailli, Mr.' Elfevier, Bourguemaitre, & Mr. Baelde, „ Echeviri Préfident, que la Régence s, avoit été en difpute ouverte & violente „ avec le Conféil-de-guerre, & que ces sS ditTérends avoient occafionné la clöturé ,t des Portes dé la-Viilependant qtielques' $,• jours. Qui croiroit qué des détails fi bien circonfia'nciés ne 'font qu'un tifl'ü d'impofiures? rien' de plu's vrai cepéndant: il n'a jamais été queftion i Rotterdam dé demander 1'abclition dé la Société Orange, beaucoup plus ridicule que dangereufe; la Régence prend fous fa proteétion générale tóus les citoyens paifibles, quelque foit leur facon de' penfér, mais jamais Elle ' ne prendra' fous fa protèclion fpéclale dés ■ citoyens fufpects ou pérnicieux, & dés • Pinfiant 'qu'ils tr'oublerönt ou feront troubler le repos public, Elle les püiiira. IP n"eft-dans Rotterdam aucun habitant biefi ■ S'7. jji-i-  4©f ! Jourhal Politique intentionné, qui ne foit pénétré de reconnoiffance & de refpect pour tous les Membres de la Régence, & particulierement pour les trois qu'il a plu au Gazettier de Cleves de défigner dans fon paragraphe impofteur, comme les objets de la'haine des Patriotes. Les Portes de la Ville ont été gardées avec foin pendant quelques jours, on en a même fermé la moitié, mais ces précautions n'avoient pour objet aucun déplacement dans pa Régence, ni aueune difpute domeflïque; Nous en avons ï'ndi-' qüé les raifohs en parlant de la décou-1 verte de certaiUs imprimés fé.litieux. Lé Gazettier de Cleves les connoit ces impri-' més , mais il s'eft bien gardé d'en prrler, il a mieux aimé batir une fable, & 'en irrtpofer a fes Leéleiirs pour déguifer le véritable motif rs précautions prifes a Rotterdam. Que cette Léttre foit une invention de la part de l'Ecrivain , ou qu'Elle lui ait éié envoyée par un correfpondant infidele , nous atteftons que riin de ce qu'elle contient n'eft connu dans cette Fille , & qu'elle n'a pu être écrite que par le Calomnialeur le plus mèpt ifable. Nous  de'Hollande. '•■ 4.05% Nöus nous ferions difpenfés- de faire ces rèmarques, fi nous ne les avions pas jugées nécefiaires pour prémunir nos Lecteurs contre les artifices des ennemis de la Liberté, qu'on cherche a dérruire par la force des armes& par les traits de ; l'impofture. C'étoit fur récit que nous-avions fait quelques rèmarques au fujet de l'impofture inférée dans le Courier du Bas Rhin, mais • cette feuille nous elt tombée dans les mains, . & Partiele nous a paru trop curieux pour" ne pas lui donner place ici. Nos Lecteurs verront avec quel foin les circonftancesv • font détaillées, pour mieux abufer le Public ^ & fauront une autrefois apprécïer ■ ce qu'ils trouveront de relatif aux affaires de la République dans cette Gazette, oü 1 depuis fix ans il n'y pas eu un feul événement de ce genre préfenté fous fon véritable point de vue. EXTRAlT du Courier du Bas Rhin, No 60. - Be Rotterdam le 24 Juillet. „ Comme il-y a ici^eux Sociétés, 1'une de Patrio- • testes  4-ö6' Journal Politlqut tès modernes, Paut're de' Stadhoudèrhns. Les prémiers s'adreiTerent la femaine derniere au Magiftrat, & demanderent que la Société Stadhouderienne fut fermée & abolie. Le Magiftrat ayant délibéré la deiTus, réfolut de rejetter la demande des fupplians, & de prendre au contraire la Société des Stadhoudériens fous fa proteétion, avec déelaration que celui qui' feroit la moindre violence a la dite Société, oü a quelqu'un de fes Membres,feroit conlidéré & puni comme pérturbatéur du repos public. Le Magiftrat a pris en même tems fous fa protectión particuliere les Membres de Régence dér?oféspar " ks Bourgeois. Les Patriotes ne font nullement contens de cetté conduite de leurs ■ Repréfeiitans, & comme le Grand Bailli Gevers, k Bourguemaitre Elfevier, deuxdes plus grands Patriotes', & -PEchevin Daalde, fe font oppofés le plus fort a la demande des-Bourgeois Patriotes j ceux cine parknt que dépofer ces trois Régens. Voila pourquoi nos portes ont étéfermées deux ou trois jouis la femaine paffée ;'leMagiftrat ayant auffi réfolu que ks Portes ce feroient plus tenues fermées, il envoya : deuxx  de Hollande. 40? deux Mc ffagers-de-Ville pour les faire ou* vrir; mais le Confeil-de-guerre Bourgeois envoya immédiatement un autre MelTager pour les faire tenir fermées; ce qui eut lieu. Le Magiltrat ayant tentéde nouveau le lendemain de faire ouvrir les Portes, il gagna la Bataille & les Portes font depuis ouvertesi" Nous ajouterons aux réflexions déja fai> tes fur ce Paragraphe, que rien n'ettplus fingulier que 1'afFeclation de nommer modernes les Patriotes qui foutiennerrt uneConltitution auffi ancienne que la République , & d'appeller Patriotes Stadhoudériens ceux qui cherchent a renverfer cette Conftitution, pour élever fur fes débris & confolider le pouvoir abfolu d'un feul bomme, dont Pinfluente pernicieufe 65 deftruétrice de toute Liberté, ne date que 40 ans, au plus. Chez toutes les Nations le-mot Patriote a fervi pourdéfigner les citoyens qui penfoient, & .qui agiffoient, comme penfent & agiffent les vertueux & braves habitans de cette République , objets des injures & de la calomnie du Gazettier de Cleves, & de tous ceux qui ont le malheur de luireffembler; ma's-  4©8' Journal 'Poliliquè'' mais cet Ecrivain efl: le premier peut-être0 qui a ofé nommer Patriotes, lesaffaffins;les Tyrans de leurs concitoyens, les enn'emis du bonheur cc de la Liberté. Nous* finirons en aflurant nos' Leéteurs que le' Confeil-de guerre & le Magiftrat'de Rotterdam n'ont jamais eu enfemble la plus' petite altercation, & que la clóture des" portes dépend abfolument, ainfi que les' Gardes extraordinairés , des ordres dela" Régence. C'eft en fon nom, & par une invitation exprefle cc perfonnelle dë fa part " que lesBourgeois prennent les armesjleConfeil-dè-guerre ne difpofe point des Portes , & d'ailleurs', comme nous Pavons déjft dit, aueune des deux Sociétés Patriotiques de cette Ville, n'a fait encore la moindre démarche pour demander a'la Régence 1'abolition de la Société-Orangc, dont les chefs ' n'ont pas-ofé même faire connoltre lenom ' des Mémbres qui la cömpofent. Ainfi tout nöus porte a cröire que la Lettre que neus avons tranferite, part de la féconde imagi-native du'Gazettier de Cleves , ou lui a:'été • envoyée par quelque habitant de cette Ville que la calomnie la plusabfurde n'é-'  dé Hollande. 409 n^étonne pas. Au refte cette aboiition de Société Orange dont il n'a pas été queftion a Rotterdam a eu lieu a Leyde: la Bourgeoifie armée & le Corps Franc ont obteiru de la Régence une défenfe aux Membres de cette--Société féditieufe de s'affembler, & en même tems une amendede mille florins a été publiée contre toute perfonne qui vendroit, loueroit ou prêteroit fa maifon a cette Société. Tous les Membres de la Garde Bourgeoife qui avoient figné des Requêtes contre la véritable Conftitution Républicaine , ont été décla- res incapables de iervir ia Ville, & obligés dé porter léurs armes m Doel. Telles font les ■ précautions- qu'on a prifes a, Leyde pour alfurer le repos - public, &' qu'ón n'a pas - encore cru devoir A vn . „„:„ r. : .n_- j'c-uu'»- t ïwuuujiu, urn»» ii jamais cues n y deviennent nécéfiaires, nous pouvons aflurer que les Régens qu'il a plu au; Gazettier de Cleves de défigner, ne s'op-< poferont jamais au vceu légitime de leurs concitoyens bien intentionnés. Ces rèmarques que nous avons jugé de ' quelque utilité.pour détruire une calom- • nie^  4'ltP Journal Politiquè' nie dont les effets peuvent être dangereüx dans les circonftances aétuelles, nous ont diftrait du recit de quelques événeménsj que nous remettrons pour le prochain volume, & nous terminerons celui -ci par quelques réflexions fur un projet conciliatoire, dont certains'papiers publics ont parlé. Pour prévenir une guerre Générale que les troubles de la Hollande pourroient allumer, la cour de France a propofé, dit on, un congrès a Paris, oü les Puiffances alliées dü Stadhouder feront appellées. Ce projet pacifique fait honneuf aux fentimens d'humanité de celui qui le premier Pa rendu public, mais il neparoit pas s'accorder avec la dignité du Monarque Fiancais ni avec celle de la République. Le Prince Stadhouder , confidéré individuellement, & relativement a fes alliances avec des têtes courönnés , occupe dans PEurope un rang qui mérite du re(peet & des égards ; les ha'utes dignités donc il eft revêtu ajoutent a fon éclat, & lui donnent une exifience qui Péleve audelTus de tant de Princes qui ne lui ceden-t-eu rien pourFantiquitédelaRace, & la  Me •Hollande. 41.1 4a grandeur des alliances. Mais dans 1'é-tat aéluel des ehofes, les intéréts particuJiers de ce Prince ne peuvent point don,ner matiere i la tenue d'un Congrès. Une .juTemblée de cette nature n'eft convoquée ordinairement que pour terminer ou pour .prévenir une rupture entre des Souverains., .& non -pour engager, moins encore pour -obliger des Souveraius a rendre leur conifiance k ,un Miniftre qu'ils en ont privé., „& qui loin 'de chercher a la regagner., ,travaille a la perdre fans retour, en augmentant le nombre .de fes torts. D'ail•leurs ce n'eft pas feulement ici le Souve-rain qui feul a fujet de fe plaindre de la .conduite de fon Miniftre, c'est la partie Ja plus recommandable de la Nation, d'une Nation libre qui reproche, ,& qui prouvé a ce Miniftre les plus ,énorrnes abus d'un psuvoir, qui