LE SAGE .* *• *d:-.a n s sa RETRAITE, C O M E D I E EN CINQ ACTES ET EN PROSE MELE'E D'i RIETTES, Traduit de VEfpagnoï, Par Mr. L I N G U E T„ Mifc au Thcdtre Francais Par Mr. DALAINVAL, Mufique de Mr. GretRy, ; .Rcprefcntce pour la première fois au Theatre Fraa« | cais a la Have, pour le benefice de Mr. d e Bïiay, le 19 Septemb. 1782. A La HAVÉ Chez tl CONSTAPEL, Libraïr^ M. D. C C.LXXXIL  PERSONAGES Alphonse, le Sage, D. Guttiere, fin Cbambel/afi D. Alvar Nunss. j e a n, ricbe Laboureur , IJeatrix, Sa fiik Constahce, fa Brti) M on tan, Jbn lï/s , Martin, laquais de D. Gutt'ierer Jacjnthe, f&Ssanu de Beatrix, I' i r cis j Garcon laboureur , Bhuno, G arpn de ferme , Mr. De Brsy Mr. Chevalier. Mr. Carron. Mr. Dalainval. Mtle. Martin. Mlle. Baudri. Mr. Donis. Mr. Plante. Mad. Lancey, Mr Manyer. Mr. Beaufiis, ACTEURS CHANTANS. Deux CorypbJes C *ronTi"e* \^ Mr. Durand. rMnd. Manyer. Mad. Plante. ^ Mlle. Martin. Gardes, Seigneurs de la Cour, Payfan:, Mufk liens Sc.  L E S A G I, • i,:. " ITT -i Ö ».1* >. «;|' ,', dans sa RETRAITE, ACTE PREMIER. - :—■ . La Thtatre repféfente la Galerie du Palais tfAlphonfe le Sage. SCÈNE PREMIÈRE. tiek.e & Martin les fuiven:., Beatrix. ete -üj • • *J '1,4 Ce jeune Homme eft bien plein de Galanterie & do r&mm- jacinthe Parlez bas, Madame, car je crois qu'ils nous Nfe vent* Beatrix. Tu m'éffrayes. JacintheC'eft 1'Amóur qui le ramene far vos tracés. Tc vais bientöt X^^^^ÉSuA Ibis qui je luis, TOR» H fc^ turner a y dlcr' Martin, Avancez, Monficur; p. Gut*  ¥ L E' SAGE D. GüTTIERE. EHcs mc trouvcronc importun. Martij. 'P5c perdcz -pas Je moment favorabie. D. GüTTIERE, te n'ai jamais rien vu de (1 beau (a Beatrix} pardonnez, Madame, 1'iropoliteffe apparenie qui rie me permee pas de vous perdre de vü£; - mals vos bcaux rdiïtcraC Un aCUüiC aUqUd j'J n'ai poinc la force 4S 'BEATRIX. Galant Cavalier, votre honnetété nc m'cft poïnt a cnargc & JC VOus en remercie, mais faites moi la firacc de me laiffcr libre, nous nous retrouverons fouvem au merne endroit oü vous m'avez vue aujauM'hui, SrErvef S qUC je V°US d°Me' ****** D. G'Jtti ere. J'obéis, Madame avec regret. Jacintiie, a Martin. Cavaüer'Ami' "e m'aPPrendrsz-vous pas quel cft ce Martin. Diable; c'eft Dom Gutciere, Ie favori du Rol At» phonie. J A C I N Tii E, Oh/ oh. Martin. Le premier Officier de fa charnbrc", & ii n'en cft nic m-ins complaifans commc vous voyez: mais puiss ojf^ux commc vous. ' H ' P?  DANS SA RETRAITE. 5 D. GüTTIF.re. Miis apprcncz- moi du moins votre dcmcure. I] e at r 1 x- Jc ne }e puis, raais je vous prpmets de vous revoir dcmain. D. Guttiere Jc afte dorx ici. üeatjux. Adieu, QeUi s*en va avsc Jacimhi') SCÈNE SECONDE. D. Guettiers & Martin. M AÏ.TI n. Pour qui la prenez vous.' D. GüTTIERE. Pour unc Dame de graudc quaüté, fans doute. M ARTIJJ. . Vous voila aflez biön pris. D. Guttiere. Je nai point a m'en repentir. MARTIN. N'ayez pas peur non plus qu'elle ijauque nu rendez-vous qufelle vous a donné. D Guttiere. Elle m'a laiffé un affez bon pa^e, vois ce diamant.1 Mart in. Elle faura bien vous Ie faire payer, D. Guttiere. Comment. Martin. Croycz vous donc, Morifkur que j'ignore tous Ie* A 3 tours  L E SAGE tours de ces coureufes 1'a; voilk 1'heurc oü/elles ten~ dent leurs filets, oü ellcs font leurs meilleurs coups. PUnc fort voilée bien foigneufement, elle refufe avce cpiniatreté dc fe découvrir, c'eft qu'elle eltlaidc, fa tnodeftie eft'une précaucion prudente, elle attend le moment de faire valoir fa laideur avec avantage, Ccpendant la curiofité lui ferc d'hamecon; c'eft avec cela qu'elle vous attrape d'un jeune nigaud, des gants, desd'entelles, desrubans, puis,quand elle voit qu'on la preffe, qu'on veut fQavoir a quoi s'entemr, que fait elle? Elle montre fa figurc, & s'en va, lans qu'on iongc a laretcnir, uncautre, au contraire, fait fonds iur ia beauté, elle ie cachc, oü elle fe montre a propos; elle craint, dit elle, lajaloufic d'un maris foupccmneux-, pour la voir, li faut des fommes infinis; elle tirc toujöurs des bas de foie,du chocolat, des byjoux; elle domie una adreile en l'air & puis crac, elie s'échappe co'mme ur.e biche Une autre fort paree comme une dceffe: elle va voir une maiade, mais c'eft fa boude qui ne le porte pas bien: elle fait un paqtiet de mille chofes nécciiaires a fa malade, la dupe paye, i'il fe fache, on lui dit avec fierté eh bien; Monfieur,' reprenez tout, on 1'appaifj avec quelques faveurs légeres & l'efperance de quelque chole de plus, quand it veut en füite i,'imfurmer de ia beauté, il ie trouve que perfonnene laconnoit. d'Autres fontencore mieux; elles refemblent a ces fixt de pèchcurs qui arrêtent les petits poiübns, comme le gros: tout leur eft bon, ells ne refulent rien. D. GUTTIERK. La divine beauté que j'adorc n'eft point dans cc cas Ja; fes charmes, la moaeftie, les graces, ont captivé mon cceur; de lorte qu'il n'eft occupé, qu'a s'applaudir d'avoir perdu la liberté, ah; Martin, je meurs d'amour. M AE.T1N. Que ne la fuivez vous donc, li. elle vous a C vivenient touché. D. GOTT I ERE. Je crains dc la choquer k. dc manquer au lever du ioï:  I DANS SA RETRAITE 7 Roi: voila fon heure, j'aurais trop a me reprocher de 'm m'y être point trouvé. Martin. Nous voilh au palais fi ie ne me trompe j'appcreois nos avanturieres qui s'en vont par ik, fort vice. D. Guttiere. Puisque ie hafard veut que nous les rencontrion® lencorc, fuis les, Martin , n'y manque pas. Martin. Je le vcux bien: ces oifeaux ia vous ferons voir da ] pays. I>. Guttierb feul. Par ce moyen ie connaitrai quel eft 1'obiet qui a faij ifur moi une fi fortc irnpremor., mais Le "Roi fort; ij : faut cacher mon amour. SCÈNE TROISIEME. JLe Roi avec uns trés grande fuite, troupe de Mui Jiciens de Guttiere, lorJque le Roi efl cjjls on éxé~ cute le morfeau de mii/ique ci etprès, des managet famnites. JDieu d'Amour, en ce jour Viens avec Mars nous deffendre Oui; vierp deffendre Et les loix, & la Cour. La beauté pour fe rendre n'i^coute que i'honneur Et Vénus devicns plus tendre Quand la gioire ajoute au tonheur i Le Roj. $m'iis fe taifent, n'ai je pas deffendn qu'on chantat êa vanc  « LE SAGE var.t moi ces vers effeminés, les poé'tes n'ont ils pas les belles actions des grands hommes a peindre dans leursotivra?»;cs, qu'iiss'y appliquent,quils les mectênr en vers & qu'en fuitê on" les chante, voila le moyen de ■ piaire a l'efprit cornrne a l'ordille; ce mélange cPamour & de gioireamolit le cccur & fletric le courage. ( apait) ah; charmante perfonne que je rculiis mal a écauer, votre foüv.éntr dc moaefprit, je n'ai cclTcr de ioafïrir depuis que je vous ai vue & ie n'ai point de foulagcment a attendre, c'eft .bien afl'cz d'avoir la faibleO'c' dé'couter ün'pareil stmour fans y joindre celle de ik déclnrrerC^?//) lesRois en tenant la place des dieux Solvent commc eux fe montrer fupérieurs aux pafiions, Comnhcnt pfcronc ils t'ylivrer eux meines tandis qu'ils font fait po.ur les répriroer dans les autres; que i'on chante quclques traits de la vie de Rodrigue furnoamió \e Cid de 1'cipagnc. On chante fair des mariages famnites. Dans les airs d'un vol moins rapide Les Éclairs, vont iemant 1'horreur 1'Aigle aitier eft moins intrepide, Ouand il p rte au lotn la terreur, Par fes mams, Bellone inlléxibli Agitaj.t fes pales fiambLaux Dc Rodrigue le bras terribies Sur fes pas ouvrait des tombeaux Au rnême jnftant tendre & fenfible, II cede a des tranfports nouveaux Soudam au milieu du carna^e Son Père était presque rnoürant, S.-n fi!s s'ouvre aiors un paffage; Dans fes bras le prend en pieurant, Pardonne lui patrie, s'I! parait t'uublier, La Nature attendrie üembie avec lui cricr. Ah! mon Pere ah! mon Pefe , üui, la glotre cft moins chere. Je n'ai point de regrt-t, Et i'un coeur repetait Ah;  DANS SA' R E t R A I ï Ë. $ Ah; mon Pere, ah; mon Pere, . Maïs connaifTant fon ame toutc enticre* Poüf fon Pere', oubüant Pétat Pour Pétat oubüant ion Pere Bientót retournant au combat Cette ame fi tendre & fi fiere A fauvé fon Pere & l'état Le Roi. " Ce morceau me plait d'avantage,le fait eft vrai, mkU le ftilc eft erop chargé d'hyperboles, un Hiftonen doic être c'air fimplej & véridique,en cliargeant fes récits d'ornements fuperfius }1 les rend toujours fuspe&s; on oeut fe'ocrmetre des libertés dans les ouvrages d'imaeiLion, mais quaiid H s'ajrit de la vérité, U faut comme m anciens, Ia péindre r.uë, c'eft par ia qu'une Hiftoire peut inftruire la poftérité, c'eft ce qui m'a fait entreprcndre écrirccelle d'Efpspne, il n'ya guere qu-un Roi qui puiffe faire ayec fuccès le tableau de fon fiecle, car. ne de* pendant de perfonnc il ne prodiguera n'y les éioges n'y les fatires mal apropos D. güttiere. Ce font ces nobies occupations qui ont vaiu a.vötre Majefté le nom de fage* que les favants lui onc donné Lè Rói. te ne mérite pas ce nom : Les limitcs de l'efprit huirmin font trop etroites, dcpuis ma jeuneffc je travaille dans plus d'un genre» plus j'acquiers de fwence_& plus ie vois combien je fais peu de chofes- {apart} j';c;nore fur tout Part de vaincr? mes paffions ( bant ) que me lert 1'empire, fi le filcrtce même ne fuffit pas pour mé dcfiendre de mon propre ccèur. On chante Vair fiiivant des manage: famniies. " . Quand riiori cccur vol'e 'a la gloirc Une amantc un Pere qnt mes vceux Vainqueur hcureux j'ófe le croire. jc fiïis drgfié enfin de tötts deux , % Oii; Mars je Tenrends & je vcux Servir & 1'Amour, & la gloire', 1 B , Lyf  Le Roi. Cela fuffic,qu'iïs fe retirent, Nunes qu'on avertifTe les veneurs que je fortirai demain pour la chafie, rai a ce charmant endroit qui s'appelle la vega floridR vS^xl ?mffé je, v aPPrendre enfin quelle eft cette teauté fi dangereufe pour mon repos: Cii«) Guttiere, je veux que vous veniez ce foir stee moï promener * la montagne voifine. D. GuttieRï. _ Je mis trop honnoré de pouvoir vous obéir. Le Roi , apart. fouffr?ntanP D. Gtjttierï» Que dis tu, Martin? Martin. Je fais qui eft la dame. D. Guttier-E. Apprends le moi bien vite. Martin. Je 1'ai fuivie jufqu'a une Auberge, oü elle s'eft fen-r due tout droit; elle y a pris une chambre: En moina iie rien elle y eft devenue petite paylanne fraiche,  DANS SA RETRAITE. ~ïï charmante comme une rofe, un jeune Garcon était Ik tout prêt avec une charrette bien arrangée, elle s'eft mife une gafe fine devant le vifage, & s'eft élancée dans la vofture avec la légere'te d'une Nymphe, il y avait derrière un payfant k pied qui m'a inftruit de tout cequi la concerne: C'eft la fille d'un laboureur nommé Jean qui demeure k la véga floriaa oü le Roi aime tant k chaffcr, D. guttisre. Ah; Martin quelle chütte; cependant, puifque Ie Roi va demain a ce village, je 1'accompagnerai, je faurai pourquoi cette belle fille eft venue fainfi Deguifée, m'infpirer un amour fi violent? tout ce qui s'eft pafie me paraitrait un ionge, fi eet amour qui me refte tic me failait pas voir que c'eft une vérité ( ils finent.) Fin du Premier ABe, SCÈNE PREMIÈRE. JEAN & fes GARCON FAYSANS &o. o Jean. yVllons, Meffieurs, allons, le jour eft déja grandi, Bx.tr np. Pourquoi nous appellez vous Meffieurs ? B % Jean ACTE .SECOND Le tbèdtre rèprefente le village dt la véga ftoridh, d'un cêté eft la matjan de Jean, de Paujre le portail d'un temple, au pied, eft une épilapbe, au milieu du tbéêtre „ eft un gro: orme, le fond & les autres couliffes pat pareie du village.  ,|* .H T ]U E SAGE J*AN. Parceque vous faites les pareffeux apparement j allons, allons a 1'ouvrage, toi Antoine, va faire labourer ces champs qui fon: aupres 1'hermita^e, menés y dix paires de bceufs & autant de mulcs, afin que J'ouvrage aillc plus vite, toi Bruno, va a la cote oü Comlance fait vendan^er, rempiis y quatre oucinq paniers des plus beaux raifins, tu les porteras a nos voifines, & furtout au medecin; quoi que je n'aie pas ,encore étédans lecasde 1'cmployer ni pour moi ni pour les autres je le paic toujours u'avance, afin qui n'eptrc point dans rna Maifon, je vcux empecher qu'U ne fe chagrinc de voir qu'on le porte bien chez moi. Brun ?. J'y vais avant que lc foleil foit plus chauj, • Jean. Toi Tircis, va dire a mes enfans de venir auffi trayaiüer, quoi qu'ils n'en ayent pa.s beloin, il faut toulours qu'ils s'occupent pour i'exemple, quand on dcmeurc dans un petit endroit, il nefaut pas être a hen :faire, cela caufe dcs.caquets. ïjrcis. J'y vais, &j'irai dejeuner. SCÈNE SECONDE. Jean [tul Je te rends mille gracesfouveram arbitre de la Narure des ncheffes dont tu nva« combic, autant que ma vue peut s'etendre, mon ceil n'eft frappé que des prcuws de tes bienfaits, c'eft ta lihérajité qui m'a rendu ma-tre de ces Cnamps féconds, de ces prairies inepuifafctes, de ces ruiffeaux qui les fertiiifent, dc ces trou- . peaux  D A N § SA. RET RA I T E. ïtj peaux qui les animent, de ces" vignes qui nous préparent une rcfource fi délicicufe contre la.farigue denos travaux, accepte ma reconnoifiance, dispenfateur fupréme des biens & des raaux \ daigne continuer de veiller fur moi & fur ma familie, écarté les chagïins qui pourroienc empoifónner 1'étatde félicité oü tü - * is conduit, oui je fuis 'ieurcuxs[on ne 1'eft qu'aurant qu'on eroic 1'être» dc tous les bienfaits le plus grand eft de m'avoir prefervé de 1'ambition, je ruis né dans cette maifon ruftiquê, au milieu des chataigniers & des chêJi.es ; je n'ai jamais vü ni Séville, ni ie Roi, quoi que je n'en fois qu'a deux lieus; ce n'cfc point un caprice 'ridicule, c'eft une antipathie naturelle contre Pair faux ;des cóurtifans, je ne change-rois point mon humble imétairie contre les plus beaux chateaux, je vis ici réIfpeÉté de mes égaux, fans défirer de vains honneurs quand on s'éieve oans le monde, ce n'eft que pour tcm,ber de plus haut, j'ai toujours fous lesyeux', 1'excmr'plé du chünc abattu par lafureur des vents, & du rofcau qui y refittc par fa foibleifc même. SCÈNE TROISIEME. JEAN, BEATRIX, MONTAN. Beatrix & Montan, enfsmbk, OVÏon Pere nóus voila. JEAN, BEATRIX, MONTAN. Beatrix & Montan, enfsmbk, '■ - ai-ni Mi^üirb .'.a^trjy2'tr^-'n,: • 'f i .eb zvrt on Pere nous voila. Jean. Mon. fils Montan, Beatrix ma fille qu'eft ce qu'i; y a. Montan. Mon Pere je vcnois vous demander une peticc grace, Beatrix. jgt moi auffi. B S Mon-  *4 L E SAGE Montan, Mais nc rous fachés pas. Jean. Ma douce 'cfperance, foutiens de ma viclleffe, föisi que ne ferais-je pas pour vous, tout ce qui frappe ici vos yeux vous apartient, c'eft pour vous que mes tra» vaux i'ont acquis. motan. Eh bien mon Pere il faut vous réjouir une venez voir ie Roi, on dit qu'i! chaffeici autour, aujourd'hui tout le village cft déja forti pour aller au devant. Beatrix. Vencz embraffer fes genoux, puifque c'eft a lui que nous dcvons notre tranquilité, laiffes la eet babit mal propre, habiüez vous commc les jours de féte, vencz. , Jean, Arretéz, moi aller voir le Roi? êtes vous fbus? quoi Je ferois a mon age ceque je n'ai point encore fait dc ma vie, allcz j'ai pris un parti il y a longtems a eet •epard, je vcux bien lui obeir, mais le voir non : ce n cft point fierté de ma part, c'eft menagement, c'eft' refpecT:, voyez le foleil il éciaire tout le monde, mais quand on le fïxc il ebiouit, je ne vcux pas voir le Roi qu'eft - cc qui m'en reviendroit? me donnera t'i! d s eroplois ou des cordons bleus,'rou.es. non, jc ne gagnerois aupres celui que du mépris & des affronts, no^, je fuis ebligé a Paiiscr , a le fetvjc comme mon nviitre, mais rien rem'oblige a 1'ë.vóTr, je Tuis peucqrieux de toute fa rnagnificence, dailleursne fuis je pas Roi ici moi mèmeï nus cpteaux voila mes villes, les champs font mes p ovinces, &mon fceptre eft la charjh ' que j'ai fi longtems maniée, c'eft avec elle que je Gouverne mes fujets, j'abaiffe ce qui s'éleve, j eleve ce qui s'abaifle & par reconnaifiancp ils me payentde riches tr'buts," mes tapisfont les fleurs des prairies, je »fai point d'autres dais que Isa arbres de mon verger, eeux des grands fcigneurs font ornés de ileurs öroctés avtQ  ■ DANS SA RETRAITE, ig avec art, les miens font couverts defruït» formés par te nature, lequel cft 'c plus agrcable, d'avoircomme eux une peinture qui trompe ou Commé raoi une realité» utile? ó ma chere folitude, je le préfere a tout, riem re vaut le calme que tu m'affures, qu'aije a faire d'aller confiderer la pompe des Rois? leurs , couronnes leurs fceptres, puis qu'enfin tout cela tombe, tout va fen« ïevelir dans le cerceuil, ilfirt. SCÈNE QUATRIEME. MONTANT BEATRIX JACINTHE. Beatrix. V^/uel étrange entêtement? ' Montan. Les autres viennent de loin pour voir le Roi; luir il fe cache, ii s'enfuit pour ne le point voir. Jacinthe Qjellc fotte Philofopliie. B eatrix. ' y a t*il un homme raifonnable qui ne fe réjouhte pas de' voir fon fouverain. Jacinthe. Je n'ai jamais vu une parcrlle opiniatreté. Montan. Mon Pere & moi ma fceur, nous penfons bien differemment; je meurs d'envie de voir la Cour; la vie de la campagne m'ennuie, je ne fcnge ayec piaifir, qu'k la rnagnificence de ia ville, tout le reite me dégüfi-te. üa-* güAce.  ïfj' L £ SAGE Beatrix. Vous avez raifon; j'y ai écé queiquefois, votis ne pouvez en rien jmaginer qui ne foit au defibus de la verité pour rnoi, je iais bien que je ne puis plus mouter de piaifir dans, un village (apart) fur tout depuis que mon ceeur efh a la Cour, avec Dom Guttiere, ah, jacinthe, quel nom; c'elt de celui que depend tout mon bouheur. Montan. Mon Pere ne poura t'il pas, avec tout le bien que' ]e ciei 'lui a envové, vous donner pour mari un grand feigneur-j il eft en état de vous affurer plus de cent mille üucats de dotc. Beatrix. Suivaht lui, c'eft ce mocquer que de fonger k rhtf donner un autre mari qu'un payfan; rrais patience it faudra bien me confuitèr toujours, adieu monfrere, je m'en vais a la mefle: j'ai entendu dire que le Roi s'y trouverait. Montan. Si vous y voyez Conflance, faites lui bien mes compllments. i Beatrix. Moi; Ia voilh qui'vient; vous vous en acquiterez mieux vous méme. SCÈNE CINQUIEME. Constance & Montan. Mo nta n. jtüionjour belle Conftance; le jour me parait plus vif de-  DANS SA RETRAITE, i% dcnuis que ie vous vois. le zéphir, depuis long-tems murmurait entre ces feuilk-s que Conftance allait arnfér: ces fleurs raêmes en vous appercevant croyienc voir lever le foieil. Constanci. Gardez, Montant toutes vos galanteries pour un autre jou'?; pour le prefenc nous navons autre chofe a faire que d'aller voir le Roi qui trient k notre village. Vous êtes ricbe & je fuis pauvre: Si vous m aimez faites moi riche comme vous, ou de-.enez pauvre comme moi; fongcz que dorcnavant je ne vcux plus vous entendie qu'en prefencc du curé {elle s en va), i Montan. Arrêtez un moment, écoutez, elle me fait payer ch-r le bonheur de 1'avoir vuë,on n'eft jamais heureux qu'il n'en coüte quelque chole (ilfort) SCÈNE SIXIEME. LE ROT, ALVAR NUNÊS, DOM GUT-i TIERE, BEATRIX, JACINTHE & les & Payfans que la Curiofitc altire font dans le fcnd. Le Roi, apart. Jcftfs venu fous prétexte de chaffer jufqu'ici, afin do irevoir cette charmante fille pour qui les aftres m inlpiircnt une fi violente paffion, (èaut) cette Eghfe eit I belle Nunés N u nes. On ne s'attendrait pas, fire, k en trouver unepareille i dans un village. D. GüTTIBRE. II y a ici un Payfan fort riche qui y a fait des préI feas magnifiques.  ïS LE SAGE Le Roi. Avant que d'entrer dans 1'Eglife, je vcux voir une #>itaphe donc la forme finguliere excite ma curiofttéJ D, Guttiere. C'eft fans doute quelque vieux monument ilss'ecar-' tent fur un des coitis du Tbédtre, on voit il'aulreYa- ■ cintbe & Beatrix qui les regarclent. Jacinthe, mon trant Guuiert. Avancez- fans rien craindre. Beatrix. Jacïrthe, je trcmble depuis quejel'ai vü, c'eft fans ; doutes un grand Seigneur, mes fottes efperances s'en vont en fumée. Jacihthe. 1'Amour a fouvent [égalé des partis bien moins con>. vcnables. JBeatrix. Comment veux tu qu'un gentilhomme me veuille époufer, moi fille de Jean le laboureur. Jacinthe. Mademoifelle. vous ne feriez pas la première qui auriez pasfé du village a la Cour. D. GüTTIERE. Votre Majefté femble contente de ce quelle vient de i lire. Le Roi. C'eft-la meilleure & la plus finguliere infcription que j'ai vuë de ma vie elle meriteroit d'être écrite en lettre dor, lifcz cette étrange ëpitaphe. D. GUTT i ERE , Ut. C'y Git Jean le laboureur qui n'a jamais fait fa Cour h perfonne, il n'a jamais été a la ville, quoique plein de refpect. pour le Roi il ne la jamais .vu, il n'a ni éprouvéni infpiré'lalcrainte, il n'aconnuni lesbefoins ni les blesfures ni laprifon, pendant! une vie de foixan- j te ans, il n'a vu arriver dans fa maifon ni accident ii djfpute ni maladie. Nit- ;  dans sa retraite. 1$ N u n ê s. Ii n'y a peut être pcrfonne au monde qui put en dire mutant. D. Guttiere.; 11 n'y a point de datte. Le Roi. Cela eft vrai, ie voudrois bien qu'un parcil homme tfutencore en vie, pour avoir le plaifir de le connaitre. D. gutt1eke. Tl eft aifé de vous eneclaicir, voila un petit dröle du < village, hola, viens, ne crains rien. TlRCiS tremblant, Qae me voulez vous Monf. Monfeigneur ? D. Guttiere. Trens garde que c'eft le Roi qui te parle, Le Roi. Comment t'appelle- tW TlRCiS. Mr. Tircis. Que fais tu? ^ v Tircis. ]e Garde des bêtes. Lï Roi. Dis moi y a t'il quelqa'un ici qui s'appelle Jean le ; laboureur. Tircis. le fuis un fot Monfieur, furtout k prefent, je ne faioisTous répondre!, dcmandez k Beatrix? Le Roi. Qui „eft cette Beatrix. Tircis.' ■ C'eft cette fille qui fe tcacne, c'eft la plus jolie du I viltëge. c a  %• L E SAGE D. GüTTIERE. Ma belle .fille venez parler au Roi, mais dieu.' n'eft cc pas celle'que j'adore? <*< ' Le Roi, apart. N'cft-ce pas la 1'objot qui m'attire ici ? Beatrix. Seigneur j'embraffc vos genoux. Le Roi. Levez vous charmante pcrfonne, je ne faurois vousj voir a,mes pieds, Beatrix. Que me veut votre Majeftc ? Le Roi. Elle a toute 1'affurence d'une femme du grand mon-! de, il y a t'il ici un homme appelié Jean le laboureur ? 1 B eatrix. Qui, c'eft mon Pere. Le Roi. II eft donc encore en vie? Beatrix. II fe porte fi bien qu'il vivra encore longtems, a fort i Sge de foixante ans, il n'a jamais eu feulement un mail de tête. / Li Roi. Pourquoi donc a t'il fait placer ici fon épitaphe ? Beatr i x. II dit que c'eft une folie de le batir des Maifons pour • le peu de cems que 1'öri a a vivre, au lieu que ie torn- ■ beau devant être notre demeure pendant des fiecles,ill a vouiu faire batir Ie fien avant fa mort. Le Roi. Eft ril riche Jean le laboureur?  DANS SA RETRAITE 21 Biatrix. Sire il a plus de cinquante charrues qui nc travaillent que pour lui. Le Roi. De quoi s'habille t':l ? Beatrix. De ferge grife. Le Roi. Comment eft fa vaiffelle? Beatr1 x. De terre Grofiière. L« Roi. Pourquoi t Beatrix. Par. ce qu'il aime en tout la fimplicité, il détefte les depenfes inutiles. Lk Roi. Eft-ce qu'il eft avare? Beatr ix. Au contraire, il donne une partie de fon bien aux pauvres, il a des terres qu'il enfcmence expres pour eux, il leur en diftribue tout le fruit. Li Roi. Voila un fingulier homme, & pourquoi dedaigne t'il de voir fon Roi? Bl atr i x. II dit qu'il 1'aime, qu'il le refpecte comme un bon fuiet qu'il lui donneroit tout fon bien, mais qu il ne veut pas le voir, cette idéé le domine fi fort que chaque fois que votre Majefté vient, fi fe cache. Le Roi. II eft trop héufeux de favoir fe contenter de 1'état ou il eft né, j'envie la grandeur d'un homme ?rti meprife ma maa;nificence, & ne veut pas me voir, fi je n'étais pas roi je voudrois être Jean le laboureur, quel état veut il donner a fes enfans avec tant de C 3 Bea-  %i LE SAGE Bia mix. Quolqu'il puifle me donner Cent mille ducats dedote il ne veut me marier qu'avec un payfan du village, ii dit qu'il ne veut pas d'autres nobleffe que celle qui vient de Dien. Li Roi, apart. II n'en lera rien, je mourrai plutöt que de la vojr dans les bras d'un autre, {bout) & vous que .vous enfemble. Beatrix. • Sire j'ai le cosur fi élevé que hors la Cour rien ne pourroit me convenir. Le Roi. Voulcz vous que je vous amene a la Cour. Beatrix. Sire, fi au mariage de votre Majefté elle vouloït me placer aupresde la reine j'irois volontierscnCour, lans cela je ne dois plus y pènfer. ! Martin. Voilk une Payfane qui n'eft pas degoutéc Le Roi. Belle comme vous êtes quand vous feriez moins riche, vous reufiiriez facciement a la Cour, je n'y puis plus tenir, fortons, je trouverai un autre moment pour lui parler avec moins delgêne, que vous femble Don Gutture, de 1'Orgeuil de ce Payfan Phüofophe? D. Guttiere. II fe vante de r.'avoir, ni fait la Cour k perfonne, ni voulu voir fon Maitre, voilk une vanité bien oppoféa i Ia modeftie qu'il affecte dans tous le refte. Le Roi. Je fuis fi piqué, que je veux m'en venger, ah, Jean le laboureur je veux aujourd'hui que vous faffiez votre. Cour & que vous me voyea. SCE-  pans'sa' RETftAITE. *g SCÈNE SEPTIEM E; D. GUTTIERE, BEATRIX. D. Guttiere. Charmant objet fouffréz que je vousdife deux mots/: Beatrix. Soit, deux mots, pas d"avantage. D. Guttiere Le premier c'eft que je vous ay vuè' a la ville, le fecond c'eft qu'a i'inftant vous m'avez infpiré ia plus ardente paffion. Beatrix. Vous ne faviez pas qui j'étois; a préfent que nous nous connaiflbns lous deux, 1'intervalle prodigieux qui nous fepare me déffend de repondre a votre amour. D. Guttiere. Ce n'eft pas la une raifon, il n'y a rien que 1'amour. n'égale. Beatrix. Ecoutez il y a dans le village un grand orrae fous fequel les filles viennent danler le foir, fi vous voulez.y vènir déguifé, nous caulérons enfemble. D. Guttiere, Puis-je y compter? Beatrix. öui, je me retire de peur de donner a penfer auxgens malins. D. Guttiere. Adieu je yais foupirer jufqu'a eet heureux moment, Bea-  JU t Ë è A 6-E Beatrix, apart. 'Pourquoi ftut-il qu'il foir, gentiihomme? D. Guttiere. Pourquoi n'eft elle pas née de condition J Fin du f-cond ASs. ACTE TROISIEME SCÈNE PREMIÈRE. BEATRIX. JACINTHE, d'un coti, D. GUTTIER E & MARTIN, de Pautrt, kabWs en Pay/ans., Beatrix. Il n'y k perfonne encore fous l'ormeaUjf Jacinthe Nous fommes venues trop tót. Beatrix. je voulois voir fi Don Guttiere fi feroit déjk rendu* Martin. J'ai laiffé nos chevaux attachés 1'k bas k un faule. D. Guttiere. II r.'eft pas poffible que 1'on nous reconnoiffe dans Cc deguifjmenc, voilk 1'orme. Martin. Et voilk la fille. D. GuetTiere Vous voyez m'a belle Maitreffe combien je fuis obeis*  DANS SA RETRAITE. AS •Obeiffant, nous fommes égaux apréfent.cet habillenrnt fimpie vous repond de ia n'aivetée de mon mour, imais aujourd'hui que je fuis laboureur pms - je elpercr i de receuiliir quelques faveurs pour les ioupirs que j ai i itmés. Beatrix. II vaudroit mieux pour moi peut-être cu'aulieu de changer d'habit vous euffies chaagé dc facon de penler. D, Guttiere. Que craignez vous? 1'éau n'eft pas plus pure que le : fond de mon cceur. Beatrix. M'aimez vous? D. güttie r è. Plus que moiroóme, il n'y a rien que je ne préfe■ tafle au bonheur d'entendre votre belle boucbe avouec ma paffion & me donner heu d'efperer que vous y pourez devenir fenfible. Beatrix. Ecoutez moi, je fuis fille d'un Payfan, maïs je ne m'eitime pas moins que fi j'etois nee d'un Gentilhamme, ce peu de mots ne luffit il pas pour vous impoier filcnce. D. Guttiere. Bien au contraire il juftirie mes efpérances. Beatrix. N'entendez vous pas que cela veut dire que vous n'avez rien a obtenir de moi que par le mariage. D. GuTT i eb e. Jc n'ai point d'autres intentions je fuis prêc avoüs en faire une promeffe authentique. Beatrix. Oh, les papiers s'en volent, mais votre amour eft fi fincere on commence a fe raflember .. fWus nous verrons ce foir, je vous indiquerai i'beure & i©  m t "E* S A G B. SCÈNE SECONDE. £«r mimes, MONTAN, CONSTANCE, *>J les Payfans. Beatris. Q^ue chacun fe place afin que la danfe commence, 1 Montan, a Co n sta nCe qui eft arrivêe avec les autres. Affeyez vous de cecöté, ma chere, c'eft celui du ceeurat a ce qu'on die. Constance. ]e ferai beaucoup mieux aux pieds de votre fceur. Beatrix. Voila, la première fois, belle Conftance, qu'on vous; voit au bal: qui peut vous avoir reconciliés avec noss divertiffements ? CONSTANCg. II eft naturel, ma chere Beatrix, que vous en foyez ; furprife, mais je n'y viens que pour obeïr a votre: Pere, vous favez combien on refpe&e fes ordres dans tout le village; il m'a fait dire de venir fous 1'orme, & qu'il y viendrait aufli pour m'y fervir comme mon galant. Beatrix. Ce fera une nouveauté pour moi d'y voir mon Pere> Montan. Allons, chantons, amufons nous. 9*.  I DANS SA RETRAITE, n On chante la ronde deïamour & la folie. Rions, danfons & foin du chngrin .Que donne la tendrefle , Vive le vin , le jus du railin . . h v « Vaut mieux qu'une maitreffe: ,g Sècher pour fuzon, Gémir pour fuzon, Ce n'a ni rime ni raifon N'ayons qu'un refrin, Et le verre a la main Gobergeons nous do l'enfant maKn. Beatrix bas k Guttiere qui la frend four danfer. Nous allons, reprendre nos jeux ordinaires faites attention feulement k ce que je raconterai & proffitez ! en, allons mes enfans laiflbns la danfe. & contons chaqu'ununehiftoire. C'eft la loiqüe noustaousfommes im• pofés, vous favez que mon pere nousFk convaincu, que louvent on fe procure une initrudtion & un amufemenc tout enfcmble, je vais commencer, {Beatrix conté l'Hipire') Beatrix. . II y avoit une fols, une Payranne k qui un feigneur faifait 1'amour, il était 1'ornement de.la Cour, commé elle celui du village, il voulut lui faire une promeffe de mariage; mais elle qui favait que cela n'a rien de folidc, s'enfuyait toujours.il vint enfin döguiié pour la voir k fon village & comme 1'amour eft ingénieux, pour le ménager un plus long entretien, la Payfmne lui dit {elle lire fon moucboir) écoutez moi bien mon gentilhomme; vous vöyez combien il faut nous défier de tout les yeux qui nous entoures. Si avant que de vous en aller,, vous voulcz me -parler encore, il y a a notre maifon, du cöté des cbamps, une porte, qui répond k une allee dc 1'auriers, entrez y hardiment, lendez vous k un berceau formé par une verdure epaiffe; attendez moi la feul, & au milieu de la nuit, j'irai vous f trouver, il v avoit auffi des versou le. Poëte peignait les tranfports de 1'amour, mais je les ai oubliés j allons, que chacun en difc autant kfon tour/ D. 3  PI l e sage T). GüTTIERE. C'eft un avis que Beatrix a voulu me donner. Tircis» Je vais dire auffi quelque cfiofc, mais voila notrei maitre. scène troisieme. Jkan, let mtmes^ tout U monde fe leve. Jean. Bon foir; mes en fans, Dieu vous Garde tous* vi a t'il encore de la place? ' Co ns tan ce. Qui eft ce qui ne vous donneroit pas la fie nnc quand vous avez tous nos cours. Jean. Voudrez vous bien, belle Conftance, me fouffiir • Ba au pied de vous. Constance Vous foufTrir; ce ferait a moi de vous pder de me • lauler au pied de vous {chacun f, rajfiif) Jean. Eh bien, continuez donc j'ai aimé auffi autre- fois Ie plaifir tout comme vous, jexcitais aiors 1'cnvie i de tous les jeunes gens du canion, aucun ne me fur- ■ paflaic a courir ou a jetter la barre; mais de touc cela, il ne me refte que le fouvenir, je fuis apréfenc un vieux arbre dont 1'automne a féché les fceuilles. T i r c i s. Bon; notre m2ftre, pour vous rajeunir, vous n'ajcz; qu è- maner les Garcon avec les filles qui lont ici, & commencer par moi, • *"* J»AJf.  DANS SA RETRAITE. 0 Jean. S&vez vous quil pourrait bien en êtrë quelquc cho. fe; voila le temps d'établir nies Enfants. Jc vouJrais Conftance, que cc gargon la, {mantram mentans) fut tin Prince, & je croiro;s encore i'honorer en lui prefentanc votre main Je ne re'garde point au bien, j'ert ai plus qu'il nevous en faut, ce que je veux, cc que jecherche, pour mon fils; C'eft une femme vertueufe, trouvant en vous la difcrétion, la beauté jointe a la jnodeftic & la fageffe, je ne demande pus d'autre dot. En échangcant mon krgent, contre toutes vos vertus, je crois les avoir encore a bon marché, ainfi, ma chere Conftance, c'eft moi qui me charge de vous doter. Je vous donne trente mille Ducats, non pns en hirdes & en'taffiqucts innutiles, ils font en beiies & bonnes terres, & voila la leule efpece de biens qui foit vrairnent eltimable; Les maifons s'ecroulent, les troupenux meurent, 1'argent caché eft 1'amorce des voleurs. Mais des terres ne courent jamais aucun rifque. Allons, je voudrois que cela ie put terminer demain. Montan. j'embrafTe vos genoux. Jacinthe. Pourquoi ne mariez vous pas beatrixtout de fuite? Jean. Je ne vois point ici pour elle de parti convenable. J a c in t h k. Donnez lui un feigneur. Jean. Un Seigneur? non, de ma vie; pour que ce que j'ai amaffé par mes travcaux, on le diffipe a des niailèries', non, non, il faut de la convenance dans les maringès je fuis riche, mais je n'oublie pour cela ni mon nom, ui mon état, je ne demande dans celui qui fera.mon gendre que trois chofes, de la probité, une familie lans reproche, & un habit gris. D 3 Mar-  5n, mon arcour doi: ceder.... Le Roi. Ne repüqucz pas. je ne vcux pas que perfonne puiffe dire que j'ai eu moins dc pouvoir fur mes pafiions que vous fur les votres, mais fongez que Beatrix eft 'une fille"d'honneur , que jc veux ia prote^cr. Si je ne vous croyais pas des intentsons pures, je ne favorifcrait point votre amcur. Ce n'eft pas en fouffrant des défordres que j'ai mérité le nom de Sage, alions Guttiere fuivez moi. Fin d:4 Troijleme sf3e. ACTE QUATRIEME. La Thêdtn reprefente Ia r.bambre ruftique. SCÈNE PREMIÈRE. BEATRIX JACINTHE. ■ Jacinthe .Cjji peut donc ainfi obfcurcir vos chsrmes, belle ï^iwrix? 1'amour; fans douse, caule ia mélancolie que M  DANS SA RETRAITE. 43 fevous vois; mais ces foupir? que vous pouffez fsnt il les attribuer k 1'ablencc Ce votre amant ou a queique j'alouüe ? Beatrix. Ah! Jacinthe, k queique cho'e de pire. J acinthe. Commcnt quelqu^ chojë de pirc? Beatr. i x. Oui, Jacinthe. Jacinthe Pourquoi me le cacher; vous connaifTez mon attaChément, je fars depuis combien de tero's vous aimez Guttiere. C'eft la lans doute 1'amanc que vous re grettez. Beatrix. Ah! Jacinthe, je crains bien que eet amant ne foit perfide. Jacinthe Je ne vous entends pas. Beatrix. Je crains de m'entendre moi m?me helas! les animeaux dans leur Couleur peuvent au rooms jcttër des cris: mais moi, il faut que ie me privé mdme de cette funefte refource, j'ai le defespoir dans le cceur & je n'ole parler de ce qui le caufe. Jacinthe. Quel peut êtrc le fujet de cette doulcur que vousn'cfez confier a votre Jacinthe. Beatr ix. Tu as raifon, jedois maconScnce k ton attachement, en partageanr. mon chagrin, tu l'adoucira peut érre, tu lais tout ce qui m'eft arrivé avec Guttiere, tu faiscomment je le trouvai k Séville, comment je l'aimais dés que je le vis Tu Yk vu venir k nos danfes dégu'fe; aux nocesdc Conftance; il !é üfflflrigua par fes graces; parfon addreffe, toutes les fois qu'ü paraiflait, je le F 3 «ou-  4« LE SAGE trouvais plus digne de mon amour; tu fais tout cela.' • Jacinthe. Oui, je me le rappelle. Beatrix. Ecoute donc le reftc que tuignorcs, & juge fi ma trifteffe eft fondce, Une nuit, la plus belle du monde, dont 1c filence méme avait des charmes, dont 1'obfcujitö n'inlpirait point d'effroi, j'allai le joindre dans cec endroit charmant oü je 1'avais deja tant vu; nous nous y rendions pour parier de notre paffion, fans autres temoins que le refpecb de fa part, & la pudeur dc la mienne; 1'amour m'éclairait, helas; ce Dieu cruel ne fefait bnller fon flambeau devant moi que pour m'éblouïr, 1 peine fus-je arrivéc que Guttiere fe mit a me peindre fa tendreffe dans les termes les plus touchans, le murmure d'un riffeaux n'eft pas plus doux que fes infinuantes parol es, toute fon ame paraiflait être paffee fur fes levres, quand i! me vit émue il me paria de mariage: il promit de m'époufer: il pric Ie ciel a temoin de fes engagements, & moi touchée de la reconnoiflance, attendrie par tantd'amour, troublée de fa vivacitc, ]e ne pus lui rien refufer , ma chere Jacinthe, il devintmon époux.cc fut la l'origine de ma douleur & de mes maux, depuis ce moment, il eft tour. changé, il differe de jour en jour 1'accompliffement de ti parole: Je vois trop claircment qu'il; m'a oubliée. infortunée? tout ce qui s'eft palïé me parait comme un fonge: helas! mon bonheur s'eft évanoui comme uiae illufion trompeufe. La crainte a fuccèdé dans mon coeur a i'efpérancc. Queique fonds que je puiffe faire fur l'équité du Roi, je ne m'en reproche pas moins la faibleffe funeftc avec la qu'elle je me fuis fi imprudemment livrée, juge fi dans lafituation oü je luis, une fille qui aime 1'honneur peut être tranquille. Jac inthe. Les promeffes des amans iont queique fois peu fürcs. Beatrix. II eft vrai, mais ..  DIA N S SA RETRAITE. % Jacinthe. Cachez vos 1'arraes, voilk votre per». SCÈNE SECONDE. ITEAN, MONTANT, CONSTANCE, BEA* TRIX, JACINTHE. Jean ]VLchere fille.... Montan.: Ma i'oeur.... Co ns tan ce. Mon aimable Beatrix. . . • Jean. Tu parais trifte. Montan. D'oüvient votre chagrin? Constanc». Vous vousplaifézk 1'écart, vous-paraiffez nous fuir. Jean. D'oüvient la mélancolie qui ternit ta beauté ? Beatrix. Je m'amufp.is k adruirer le doux murmure de ce ruis* fcau. La beauté qoc le ntöis d'avril rend k la terre. JeAN. Nous venons ici mon enfant te propofer le remede leplus propre au chagrin qui t'accable,te voilk kla fleur aeta jeunefle, il eft temps que nous ayons tous deux ja fatUïaéüon, toi, de te voir dans les bras d'un Epoux - « qm  43 L E SAGE qui t'adorera, moi, de te favoir marice & contente. JusqueS la il me lemble qu'ii manquera toujours queique cfufe a mon bonaèur: j'ai arrangé ton manage Béamx. Tircis. Mon mairre, i! arrivé ici un monfieur qui vouscher" che avec grand empreffemenc Jean. Je tc dirai après de quoi il s'agit. SCÈNE TROISIEME, D. GUTTIERE, TIRCIS, Je: tnemes. Beatr i x. CjTrands dieux; C'eft Dom Guttiere; D. Guttiere. Qui s'appelle ici Jean le Laboureur ? Jean. apart. Je ne fais cc qu'il me vcüc,(fo«0 c'eft moi monfieur, a votre lervice. Beatrix. Cache toi mon Amour. Jean. Que me voulez vous ? D Guttierb. Je vous apporte une Leure du Roi. JSA*W  IANS SA RETRAITE. 49 Le R«i; écrire k Jean laboureur ? c'eft un rare exempic ce ^^^„^ t, -a u 1'ccrire de Ta main, & pour Ia ■ pJL' SE a ***** £. qu> M. *a JM* Cta* bellan* J e A n. Ie ne meritais pas tant d'honneur: mais je n'en Tuis pasVoln?^ LettreJ «K* Jeune tonoc, i& moi cette Lettre , tu as la vue meillcure. . D. Gtjtti ere, a part. L'nïr de Béatrix annonce aflez fa dou'cur, il fauh» tacher de Pappaifer un peu & de lui cacher que je me Sarie k une autre femme de mon rang; renir la nro- ™e foibleffe desho- Eorante. .,... Montan; tl Ut. •nom Henrique de Guevara m'a ditqu'en formant un > vo, vons lui aviez pronus de me óreter de P r^nt fiTn avais befoin, ce beitïn eft venu; ü ^ ftufcent Se ducats, fakes ^^f^ £ de les rcmettre au porteur, fur ce je pne dieu, &c.a Tircis. Le Roi, 1'appelle fon coufin. Jacinthe. Bon; tous les riches ne font ils pas parents. Jean. Je tiendrai ma parole; un homme ne doitjangij T manquer- tout ce que j'ai appartient au Roi; je fuis feitpour lm obeïr. Montant, Conftance, vencz avec moi, (ils forum.) G SCE-  Sö L E SAGE SCÈNE QUATRIEME. D. GUTTIERE, BEATRIX. JACINTHE. D. Gutt ere, apart* -L/a générofité de eet homme me furprend, a préfent, n laut difhmuler avec Beatrix: car je luis dans mot tort. Beatrix a Jacinthe. Me regarde t'il? j acinthi. Non, parlez lui, vous. Beatrix. Plutót mourier que d'avoir cette baffeffe: c'eft moi qui luis offenfée,que fait il a préfent? Jacinthe. II regarde le ciel. Beatrix. Ah-, traftre! D. Gutt i er«. Qu'on a de peine a feindre de 1'amour qu'and on n'en fent plus. Beatrix. N'approche t'il pas? Jacinthe. Non, il ne bouge pas. Beatrix, avec indignation. Monfieur le gentilhomme, monfieur Guttiere. D. Guttiere. Ma chere Beatrix, je fuis enchanté de vous voir;. mais ie vous croyaiz occupée, & je n'ofais parler de peur dc vous diftraire. Bs-  DANS SA [RETRAITE. 3* Beatr ix. Vous êtes bien poli. D. Guttiere.' On 1'eft toujours avec ce qu'on aime. Beatrix. Quelles marqués d'amour» me laiffer en proie aux inquietudes de l'abrence,oublier la paroie, manquer a des engagement facrés.... D. Guttiere. Oui, belle Beatrix, vous avezraifon: mais 1'arrive'e iée la nouvelle Reine m'a donnétantd'occupaaon, qu'il maétéimpoffible de me livrerau penchantde moncosur ;ayez un peu de patience, & quand ees embarras leront finis, vous verrez combien je vous fuis fidele, cn I pareille occafion il faut aller pas a pas. Beatrix. Le traitre m'infulte, mais je vcux le pouffer a bout. D. Guttiere. Eft ce que vous vous déffuz de mon amour? Beatrix. Non Monfieur, mais il me femble que rien ne vous ■ empftche aujourd'hui d'accomplir cette heureufe pro: meffe que le mien n'a que trop mérité.Jacinthe, prendfi ! garde que mon pere n'arrïve. jac i nthb. T'y veille. J Beatrix. Avez vous oublie les fermens que vous m'avez faits, icn appellant le ciel a temoin?... D. Guttiere. Et fi je ne m'en fouvenais pas, qu'auriez vous a me reprocher ? G 2 B£Jt-  fi L E SAGE BïATRIX. ye me reprocherais k moi-mOmc d'avoir cu la balL-ffc de me fier a un perfide. D. GüTTIERE. Vous vous fachez; non, ma chere Beatrix, j'avoue tout, jé n'ai rien oublié: mais ce court dé'ai n'elt pas, un crime, fur tout étant dans la ferme réfolution de vous époufer. Beatr i x. Vous me raffurez un peu: faites moi une graceD. Guttiere. Quelle grace? Beatrix. Geile de me donner un écrit figné de vous qui puifle me trar.quiliifcr. Dom Guttiere. Que dites vous ? ne voycz vous pas que la paroie d'un honnètc homme vaut mieux que tous les écrits, laiffez la toutes ces idéé de fignature. Beatrix. Ingrat» tu te démasqaes enfin, (ham} quoi ? vous refufez a mon amour cette légére complaifance ? je ne vous parais pas la mérïter. D. Guttiere. Elle eft inutile; puisque je n'aurai j'amais d'autre époufe que vous. Beatrix. Vous me trompez. D. Guttiere, Moi. vous tromper? Beatrix. Oui, perfide. D. Gutt i eb e. Qaoi, Beatrix, vous vousdéfiez de votre amant»  DANS SA RETRAITE. 55 Beath x. • 0.ii ie vois trop bien a quoi tout ceci tend, pots-je efpére; que vous me donnerez votre main,quand vous me refufcz un fimple écnt? D. Guttiere. Songez que voila votre pere. Beatrix (apart.') Je trouverai bien moyen de t'y forcer. SCÈNE CINQUIEME. JEAN, '& ks mïnm> Jean. Tout eft prêt, Monfieur, vous trouvcrcz des domcitiques char^s de 1'argent que leRoi deroan^e,&tes M qu'U défie de fes courtifans: ce que j'en dis net SoiJc iar veoKeance: je lui obeis de bon saqus Maïs ^ne'puis m'empecher d'avoucr W^™^,* Guevara eft un dangereux bavard: il s'eft: Mte. o alkr üubber ce que je n'avais dit qu'a lui. Cela part d aa coeur bien bas. Adieu Monfieur. D. Guttiere. Adieu, («7 s'etrja.) ] . G S S C E-  54 E SAGE SCÈNE SIXIEME. JEAN, MONTAN, CONSTANCË, BEATRIX. Jkan. ï^eprenonsce que nous difions. Beatrix, (apart.) Je ne fuis guere en etat de l'entendre. Jean. Je t'ai choifie pour mari un laboureur bien fait, fage & vertucux, c'eft cette demiere qualité furtout, donc je fais le plus de cas. II n'eft pas riche, mais j'aime mieux de la probité fans bien, que du bien lans probité, cela pofé Beatrix.' N'allez pas plus loin, mon pere, je ne veux point me maner a un laboureur. Jean. Pourquoi dont ? Beatrix. Paree que j'ai le coeur plus élevé: vous auriez tort de vouloir me forcer; ma répugnance eft trop railönnabie. Jean. Ce qu'il j'y a de plus raifonnable c'eft de m'obeir. I e a t r i x. Riche comme vous êtes ne prendrez vous jamals d'autres. fentimens ? Le piu> grand avanrage des richefle, c'oft de donner pour ainfi dire une autre nais- faa-  dans sa retraite. 55 fance a un homme, en" lui procurant"le moyen de s'ennoblir. pourquoichercher a m'avilir,quant vous pouvez me donner un rang plus diftingué .... iaites moi époufer un gentil homme. Jean. Ecoute ma fiile, je veux te donner des raifons convaincantes Montan. Voila un autre meffage de la part du Roi. Beatrix. Que fera-ce ? Jean. Je fuis tout lurpris, mais voyons. SCeNE septieme. ALVAR NUNES, le: mèmes. Alvar. ous êtes tous étonné de me voir. Vous le fer r davantage encore de cette i'econde Lettre du Roi. Jean. II cft vra' qne je ne fais a quoiattribuer tant de bonté Lifons„j3 me fuis rappellë que DomHenrique m'a „dit que vous av;?z promisde me'.ervir, vous & vos „ Enfansl, Envoyez moi les furie champavcc dom Alvar „Nunés. J'en ai befoin. Adieu''le Roi me demande mcsUnfanto? Ah; Pargetu me touche peu; mais mes Enfans, me les euiever c'eft m'arracher 1'ame. j ' S ' f Pfv-ft^ " ""At."  5* LE SAGE. Aavar. ' Ne craignez rien, le Koi ne veut que rcconnaitre votre rare fidélité. JeAN. C'en cft fait de mon bonheur (ajés Etifa/ts^ pour vous autres je vois bien que cela ne vous afflige guere, ou -l lort funefte a arnenè chez moi ce Henrique.? pour renverler toute mafelicité ,quoi mes enfans,vous pouvcz aimer le tumulte de la cour? Montan. Oui, mon pere. Jean. r Songez donc combien on eft plus heureux dans le calme de la retraite. ALVAR. Le Roi n'ordonne jamais rien que de raifennabie. Et il cft étonnant que vous apportiez de la reTiftance. Jean. Cela eft vrai; mais pouvez vous me reprocher ma douleur? je fuis pere, & mon coeur s'attendrit en voyant qu'on m'arrache aujourd'hui les deux prunelies des yeux. Beatrix & Montan. Confolez vous mon pere. Beatrix. Je viendrai vous voir tous les jours. Jean. Allez donc puisqu'il le faut. . • Alvar. II y a lk bas une voiture qui nous.attend. Jean. Permettcz, monfieur',que je donne k mon fils quelques avis qui font le fruit d'une longue expérience. Alvar. Je ferai charmé de les entendre. Jean. Tu vas k la Cour, mon enfant tu es jeune & riche, tu auras grand beloin d'ailer la fonde a la main, lur une me* fi pleine déceuils; d'abord conlerve, ta.vertu, voila  DANS SA 'RETRAITE. 37 voilk le moyen de te fauver de t©us ics dangers, enihite mefure ta dépenfe fur ton bien, ne fais point' de dectes &; paie toujours au moment oü tu es promis-, Ne foisni avare, ni prodigue, 1'un fe déshonore, 1'autre fe ruine, maisfonge cependant, ce qu'on depenfe, on le perdj ce qu'on épargne Gn le retrouve, fais en fotte de paraitre toujours complaifanc & jamais bas, fois poli;" la politeffe. fait airrier: Cela coute peu & rien n'eft plus avantageux. fans être de 1'avis de tout le monde- ne contredit jamais perfonne; ón fe-fait par la des annemis fans convaincre ceux k qui 1'on parle. pour .ce qui regarde les femmes, je n'ai rien k te dire, tu e3 marié avec Conftance & je ne te crois pas capabie de lui manquer: mais cependant conduis toi avec les autresfemmes, de facon que ta retenuene foit peint grosfiéreté, nites honnétetés galanterie toi Beatrix retiens de ces avis ceux qui peuvent teconvenir: allez, que Dieu vousaccompagne; pour moi,dar,sma douleur, il ne me reltea d'autre foulagement que de vivre ici inconmj C/V iyen va) Montan & B e a t r 1 Xt Un moment, mon pere, arretez. SCÈNE H U I T I E M E. ALVAR, MONTAN, BEATRIX. Alvar. f Il fait biend'accoucir les adieux.je vous affure que ja n'ai point encore vu tant de fageffe dans un homme. Montan. Je vais, fi vous le permettez prendre congé de ma femme. Alvar. Cela eft jufte. H  55 - LE SAGE bèatrix. Nous vous fuivons, 6 fortune! fi je ne {urmonte pas ta funefteinfluence, jen'aurai k m'enprendre qu'amoi» Fin du Quuirieme ASte. ACTE CINQUIEME. Le 'Fbe&trt reprefente U Palais brillant, il faut une tdblë S§ le taf is de velours. SCÈNE PREMIÈRE. LE ROI, DOM GUTTIERE. D. Guttiere. j^Lpeine, Sire, fuis je arrivé a Vega florida avec votre ordre, que je 1'ai montré au laboureur Jean. Sans dire untmót, fans fouffler, il a fur Ie champ été chercher la fomme en Or & me Pa remife en ajoutane qu'il ne manquait jamais k fa paroie. Le Roi. Tant de génèrofité me furprendD. Guttiere Qu'ant k Henrique de Guevara, il n'en 'parle pas fort refpedtueufement, & je crois que votre Majefté le lui pardonne, il ma chargé de plus, de lui faire retnectre douze muiets, qui, pas leur beauté, font réellement un préfent confsdérable, il y a même joint un petit agneau avec un couteau pendu au cou. C'eft un emblême dont je ne puis pas pénétrer le fens. Le Roi. C'eft fa foumifiïon fans doute qu'il a voulu fignifier par Ik-, ainfi il ne ceffe de m'en donner des preuves, dans le temps même oü il parait le iplus cloigné de fe ien-  DANS SA RETRAITE. 5<* Tendre a ce que ie défire, mais il n'aura point a fenre2 r- ie veux recompenfer fa vertu & la fidélité de SconY étonner 1'avenir. j'aienvoyé chercher auffi fes enfans, afin de 1'éprouver en tout. D. GüTTIIRE. Votre Majefté, veut avoir le plaifir complet. Le Roi. Sa srandeurd'ame mérite d'être honnorèe, ma place m'v obligé, quand d'ailteurs, je n'y ferais pas porte, moins ilbrisuel'éclat,&plus il en ett digne. a lez refournez i fon villageamenez le fur le champ lui méSe avec vous,fous prétexte d'une affaire tres importante, qu'and il fera ici' faites le bien habiller, qu'on ait pour lui autant d'égards que pour moi; qu'on lui feffe voir mon palais & toutes les riciieffes qu'il renfcrï pour cffayer fi nous ne pourrons pas lui faire ouSier fa chaumiere, je le verrai fans etre vu, alle» promptement, il rnetarde qu'il ne loit ici. D. GüTTIERE. je pars, Sire; (i part) «ains bien que ce voyage li ne foit ma perte Qiljitt.) SCÈNE SECONDE. LE ROI, ALVAR NUNES. Alvar.. Les Enfans de Jean Je laboureur font ici reridus £ vos ordres. . >' Le Roi. Et le pcre,comment a t'il pris cela? Alvar. . Avecbeaucoup de peine , quoi que je cherchalie a je raffurer, il repondatc toujours, mon bien , luit, tEsh mes Enfans. . , . . ^ Ss  L E SAGE Le Roi. Qu'ils ontrent. SCÈNE TROISIEME. LE ROI, ALVAR , MONTANTBEATRIX, JACINTHE. Montant, & BzATRiXtfejettewMX genoux du Roi Le Roi. Lsvez tous, les procédés de votre Pere éxigent ma reconnaiflance;quoi que jefacheque d'abord il fera peu iatisfait de ma mamere de Ia marquer, je ne nuis ce pendant m'empecher de tenir ma paroie comme il a re" nu la fienne. . * Beatrix. II eft fi content, Sire, de fon état; qu'il ne veut pas sélever plus haut,& fouhaitcenous contraindred'v reïter; mais nous ne pouvons trop laifier voir corri bien nous femmes fenfibles a des bontés qui nous oivrent une autre carrière. 4 ' u LE Roi.i Je fais , Bëatrix que vous n'aimez pas le villrge. Beatrix. ticübcT SirC'la C0Ur 3 P°ar m0i Un a"raic tout pal'* Le Ror. Vous n'y ötes pourtant pas née; 1'amour de la patrie eft ordinairement fi puifiant. . . . F Beatr ix. Bien des rarfons 1'affoibliffent en moi: ce n'eft on'i ci que je puis reprendre mon véritable état. C'eft du Roi feul que je puis attendre juftice. L»  * DANS SA RETRAITE f* Le Roi, apart. De la faeon dont elle parle, jecroirais presque qu'elle auraic a fe plaindre de Guttiere, diffimulons (baut)js fuis fenGble aiacofinar.ee que vous me mar^uea, j'y repondrai. ' B 1'ATR.IX. I "Votre Majefté ve-rra par eet, ecrit (tik lui domis un memotre) la trahiiön qui m'a été faite, puiffe ta bonté m'en faire avoir la réparation ? Le Roi. Je le lirai Alvar, c'elt vous que je charge d'«voir foin d'eux. J ACINTHC. Mademoifeile, le Roi ,eit ce .méme étranger que nous avons vu au logls. Beatr ix Tais toi; je le vois bien, (ils s%ea voni$. SCÈNE QUATRIEME. Le Roi, (fml.) Déatrix m'a remis un papier cacheté ; je voix qu'il y a la queique miftcre. Son honneur ferait il offenfe? iinais cela n'eft pas poffible. Un gentilhomme tel que iGuttiere aurait il ofé lui manquer après les avis que je lui ai donnés! malheur a lui s'il 1'a fait, rien ne pourrait m'empecherde le punir. Lifons cependant. „ Dom Uïrtnere m'a abufée fous ombre d'une promeffe de ma'nage votre majefté,& votre juftice Sire, eft interesses a Ie punir " qu'ai je Iu ; quoi; Guttiere a ofé désüonore une fille que j'ai refpectéc moi même;il n'a pas craint de Ia dèshonnorer. qu'andj'ai craint moi méme de l aimer; il a profité de mes menagemens pour le tramr : les conleils feuls que je lui ai donnés fuffüent pour Ie convaincre. C'elt a moi même qu'il a fait une snlulte, en outrageant Beatrix. H3 SCK'  U LE SAGE - SCÈNE TROISIEME. LE ROI, DOM GUTTIERE. D. guttuer.k. Sire, ie?n le laboureur eft ici, 1'obeiflance feule 1'a contra nd'y venir bien contre ion gré: j ai une autre ÏTuvdle plus intereffante a vous apprendre; 1'Infante d'Arragon , notre Augufte Reine , eft prêce darnyer Dona Léonore de moncade, que je vais époufer ./. Votre majefté fe dètourne: elle parait ™'™™n™J* vif reffentiment, queique traitre fans douteaura noirci ma éüélité ,.. Ah; ne le croyez point. . . Li Roi. II fuffit. (il s'en va.) SCÈNE SIXIEME. DOM GUTTIERE, feuU Ouai'. je vu.' le Roi eft irrité; il n'y a qu"un mor&t il me comblait de caresfes. J'ai beau chercher la êaufe de ce changemen. . . Serait ce Beatnx? Mais non un fi faible fujet n'auroit pu détruue mon crédit. 1 e mal vient fans doute de plus haut, UI faut men éclaircir. (il fort.) SCÈNE SEPTIEME. ALVAR , JEAN , MARTIN , TIRCIS, fous tnagnifiittetrtenl babillis La Mufique. Le cbmr de Vljle fonnante. A h déployons toute notre harmonie p^;  DANS SA RETRAITE. 63 Pour chanter des jeux fi doux. Unisfons, unisfons nous Pour chanter des fcux fi doux Te n'aimerai jamais que vous. . D ms nos accords dans notre fimpnome Faifons brillcr les éclairs du genie Unisfons unisfons nous Pour chanter des feux fi doux. Alvar. Que dites vous de cette Mufique? * Jean. Elle me parait bonne, mais j'aimerais encore mieux les oifeaux de nos bocages. Alvar. Etes vous contant de la beauté de eet habit? Jean. " Hélas; Monfieur, il n'eft que trop beau.croyez que tout eet équipage me géne, me tourmente plus qu'il ne me fait de plaifir. ^ Alvar. Toutes ces faveurs que le Roi vous fait, vous le &zvez k la reconuoiffance. Jean. Ne les dois je pas auffi a mon argent? hélas! pour toute reconnoiflance, je ne voudrais que la permiffiori de m'en Tetourner fur le champ k mon village, dulFeje la payer de cent mille autre ducats ? Alva r- Vous ne vous plaiféz donc pas k la Cour ? Jean. J'y fuis fur les epincs: je ne ferai jamais qu'un matt* vais Courtilan. Martin. Voulez vous que je vous enfeigre k le devenir ?  L E S A G E -: Jean. Voyons* . Ma rttn, I) faut être* fourbe, rependre k droite & a gauche beaucoup de politeifes ambulances... Jean. Qu'eft ce que vous appellez politesfes ambulantés. Martin. Celles qui ne fefvent k rien ; au furplus ne donnés jamais, promettez toujours, riéz ou .faites en fcmbianc k tout inltant, ne faites rien pour rien , gardez vous de payer vos dectes. 1'ouez k ton & k travers, proJiguez aux autres les confeils que vous ne fuivéz point,fachez par coeurquelques mauvais vers pour les placer a propos oü non, ayezavec eela un habic noir, pour paraitre décémmcnt les iours de deuü, & je vous ticns pour le plus parfait Courtifan, queique foc que vous foyez d'ailleurs. jean. Je ne retiendrai jamais tout cela; je tremble mêmë fl'avance de m'en fouvenir ah; Monfieur! Le Roi ma rcndu un mauvais fervice, qu'eft ce que je ferai de ces habits Ia? mon gros furtous gris ne me gêne point, & il me dure trois ans fans lequitter, jecrois toute cette rnagnificence lk, bien inutile & peut être bien dans;éreufe, s'il n'y avoit point k la Cour tant de grands jennes garcons arrachéz k la charrue , pour en faire •des faineans en livrée, on trouveraitplusde laboureurs a la campagne, & tout n'en ferait que mieux. Alvar. Vous avez railön. Voyons cependant toujours le Palais. Jea n Je le vois il eft digne de fon Maitre, Alvar. Prenez la droite. ïe Alt  DANS.SA RETRAITE. % „Jean. _____ _ _ kLa bonne heure. jc la prends: ma's a ouoi bon tan* de cérémonie? ne voyez vous pa, qu'a tgotes les piaces du monde nous lommes toujours, vous Alvar Nur.és, & moi Jean le laboureur? N'admirez vous pas ceVVallons, ces peintures, ces plafonds? jean. Non, furement, mes plafonds'k-moi,- valent bien mieux. Alvar. Quoi; ils font mieux peints. Jean. Non pas, mais plus utiles: ce font fi vous voulez le iavoir de bonnes groffes pièces de lard qui tapiffenc tout mon plancher , j'y trouve une refföurce contre le froids, contre lafaim: mes.antichambres font remplies de vieilles charrues , de toutes lortes d'outi'.ö ruftiques brifés k force delervir, jëtes-pends k la muraille comme des trophées honnorables : ce font des preuves glorieufes fe ma force & de mon travail,cro\ez vous que tout celanevaut pas bien tous ces Colifichets-ci? au moins 1'ornement qui en rerultc pour ma maifon, n' eft dü qu'a \ moi feul. Alvar. Voilk une étrange Phüofophie. Jean. C'eft la mienne, Monfieur; j'ai la confeience n'ette qu'on me rende avec cela' ma cabanne & fa charmante tranquilité, le refte ne (era pour moiqu'une folie,ü ce. la dure, le Palais fera mon tombeau.  H L E SAGE SCÈNE HUiTIEME. LE ROI, ALVAR NUNES, JEAN. (ou crie) place, place. Alvar. Prenez gardez kvous, voilk, Ie Roi. J e a n. Le Roi! ah ciel! ou me cacher ? Alvar. Gardez vous en bien, reltez. Jean. Je n'en fuis pas le maitre. Alvak. Oü voulez vous vous cacher ? Je a n. Sous ce tapis ah ; vielleffe infortunée; (i7 veut f* lacher.) A lvar. Etes vousfou? Jean. Cela fe pourrait bien. Al var. Quand le Roi vous cherche lui méme. Le Rol Qu'y-a-t'il donc? Alvar. Jean le laboureur, Sire, qui a l'arrivée de votre ma* efté, voulait fe cacher. Lf  DANS SA RETRAITE. 67 Le Roi. ^ Approchee pourquoi mehaiffez vous? qui vous portea rcdouter fi fort ma vue ? ai je donc l'air fi feroce ? Jean. Moi, vous hair, Sire; j'cn fuis bien éloigné, s'il feut vous dire lavcrité, je me fuis toujours perfuadé que Ie jour oü je vous verrai, ferait le dernier de ma vie, jc 1'éprouve bien. Je vois k préfent que ce prctcndu Dom Henrique, n'était "autre que votre Majefté, & depuis ce facheux événement je n'ai plus vecu, tous mes jours ont èté marqués par de nouveaux chagrins: on m'a arraché de ma retraite tranquille, pour me trainer k ce Palais, oü je méne une vie plus cruelle que la mort. Le Roi, Vous vous accufez vous même d'ingratitude quoi; nctit laboureur, votre maitre, oubliant fa dignité, a bien voulu s'abaiffer k vous aller voir, & vous avez 1'infolence de lui refufer une vifite f avtc emporumem ) eft-ce-lk le retour que vous devez a mes bontes ? la a-econnoiffance que vous me gardez? Jean, (éjfrayê.) Oui, je 1'avoue, Sire, je fuis coupable; voilk ma tê$e, puniflez moi. Le Roi. Le défaut d'éducation peut vous fervir d'éxcufc: je fusprends mon reffcntiment, il faut biend'ailleurs pasfer queique chofe k un homme qui me prêtede 1'argent. Jean. Je ne vous ai rien prêté; tout mon'bien eft a yoas1; les ducats que vous m'avez demandé en lont ies intéréts. Le Roi, ilfait un figne a Dom Alvar quifiru 'Bon, je fuis content', aüeyez vous. Jean. Devant le Roi? non Jean le laboureur n'eft point 1 2 fl  98 L E SAGE. fi grofficr; ce quihönnore lés grands devient une fource C'afironc pour les petits,non Sire je fuis bien la; que votre majefté s'afftye coujours. Li Roi. ■ Vous ne favez pas vivre, quoi; vous voulez commandcr dans ma m-ilou ? Jean. Si je vous ai manqué dans la mienne je ne vous connoillais pas, daignez l'oubfier'. Le Roi. Jc fuis chez moi: c'eft avous dc faire tout cc que je vous ordonne. Jean. Vous avez raifon Sire, ie me tais & j'obcis. Le Roi, (en riant.') II me parait que voüa a peu prés ce que je difais la ruit du louper. Jean je fuis honteux de ne vous avoir pas connu, & les reprociies que je me fais, vous en vengent affez. Le Roi. Ra^furez vous, Jean vonsdinercz aujourdhui avec moi.' je veux vous payer durepas que vous m'avez donnéoubliez que je fuis votre Roi comme jefoübliemoi même. Ne voycz ici que votre amie, votre egal Alvar Nunes, avertiffez Dom Guttiere de letenir pret; faites apportcr la t;ib!e qui eft deja defiëe, & qu'on dife aüï En'ans de Jean de \enir affi'ftcr au repas de leur pere, ( j Jean) ce le ra un repas lingulicr: fi les mets n^y (ónc pys agrérblcs la iecon que je veux y donner fervira d'avis poar vous. & d'exemple au refte de mes lujets., SCE.  DANS S: A RETRAITE. $H SCÈNE NEUVIEME. LE ROI, JEAN, MONTANT, BEATRIX, D. GUTTIERE, ALVAR (/ute.) D. Guttiere. Jean le laboureur,affis avec le Roi; que fignifie,cela? M;!o n t a n. Grand Dieu; monPere avec le Roi k Ia même table? Beatrix. Voilk le plus beau ou le dernier jour de ma vie. Jean. Puis je demander, grand Roi, ce que fignifie ce mittere? , _ „ Qaa appsrté une table Avec trots plats ou font un/eptret un miroir, & une epée. Le Roi. Voilk les trois plats que je vous confervais; dans le premier eft le fceptre, la marqué du pouvoir que tous mes fujets font obdgés dc reconnaitre. Jean. Je ne m'en fuis jamais écarté. L e R o i'. Ici eftun miroir; il'fignifie que le Roi doit être Ie miroir de la nobleffe. II en part des rayons qui pénetrenr/jusque dans la plus chétive Cabane.il rend tout préfent aux veux du Roi, c'eft le Soleü dont rien ne pout fuir la élarté. Jean. Je cra'ms cette clarté fi puret I 3 L*  74 &.T". L E SAGE " Le Roi. tfe craignez rien, jean le laboureur, Ie Roi n'a ric» a vous reprocher, mais cette épée eft ddftinée a punir un traitre que vous déshonore. Jean. ? fjai dö'nc peut me dèshonorer ? Le Roi. Un perfide qui, en méprifant mes avis, vous a fait *me mlulte: Alphonfe Guttiere a promis mariage a votre fille. Jean* Qu'entends je? Le Roi. A 1'abri de cette promeffe, il en a obtenu des Faveurs ïl refule aujourd'hui de 1'époufer, il lentira fi je fuis jufte & fevere, d'abord, je pretends qu'il 1'époufe. CuttieFe donnez lui la main. D. GüTTIERE. ~Sire,fongez au moins, ... Le Roi. Vous ofez repliquer? d. guttieue. Non Sire, jc i'cpoufe. Le Roi. Son honneur eft content, mais ma juftice 'ne l'eft pas, pour donner un exemple; vous porterez votre tèze fur 1'échafaud. Beatrix. Ah; Sire j'embraffe vos genoux. Jean. Vous me voyez a vos pi* ds: Accordez moi ia vie de Guttiere, c'eft ia feule grace que je vous demanderai jamais. Le Roi. Je vous l'accorde, afin même d'éffacer dans cette al- han-  DANS SA RETRAITE. 7Ï liance toute inégalité , j'ennoblis vos enfans avec Ie droit de port er mon écuffon, de plus je donne k Beatrix trois villes qui valent le doublé de 1'argent que vous m'avez prêté. qu'ant k vous, pour vous punir d'avoir vecu loixante ans fans me voir, je veux que vous reftiez ici, & que vous me voyez tous les jours de votre vie. Jean. Je ne trouve plus k cette condition rien qui m'éti fraie. Fm du dernier Acte 6? de k piece.