318 H36 L'AMOUR QÜÈTEUR, C O M JÉ Jü> X JÉ EN DEUX ACTES; Repréfentée, pour la première fois, h Paris, au mois de Septembre IJJJ. A AMSTERDAM, / Etfitrouve A PARIS, Chez CAILLEAU, Imprimeur - Libralre , rua Saint -Severin. M. DCC. LXXXII.   IA/ 318 B36 L'AMOUR QUÊTEUR, CHANSON. Xüpiter on jour en fureur, Avatt banni l'Amour fur terre} Gourmand Sc ne fachant nen faire, 11 Ce mit Frêre Quêteur. D'un Perfonnage refpedable , Avec 1'habit il prit le ton : Frère Amour en capuchon , Bis. Ne pouvait qu'être aimable. Bis. Voüa le pauvre Cupidon , Courant le monde a 1'aventure: Le Dieu q'ii foumet la Nature, Eft réduit a l'abandon. A la porte d'un Monaftère, 11 arrivé bien fatigué : Faites - moi la charité ? Bis. Je fuis dans la mifère. Bis. <£>* Aux cris du petit Sédufteur , Une Nonne vint a la porte ; Voyant Cupidon de la forte , La pitié gagna fon cceur. Pour vous délafler de la route, Mon fiére, entrez dans la maifon. Prenez-moi par mon cordon , Bis. Ma (beur, je, n'v vois goucte. Bit. ^ ^  L'AMOUR QUÈTEUR, CHJNS0N Sans ypenfer, Ia pauvre Agnès ^'eLoupdans la *t '°n mnocence chérie, Va s'envoler pour jamais. "ere Amour eut tanr a>£\ eut tant deloqnence, Q-^pamnt ik conrerrir, ^'faitaimerle plaifo, ^ En Penant pénirence. Voila Ie petit Cupidon , Courant de celluie en celluie A SceurBnVi^e^Sceur üie, ya Préfentant fon tronc. Detoutesil recoic i'aumönes Et P°ur le Dimanchefuivanr, Chaque Nonne du Convent BW. Ie reco«mande au Próne. Bis] L'Amour enfroc était charmant, Ma,S a Pas moins vola^e j Je vais achever mon vo^e , ° ieur dit~il , d'UB ton dolent. ^!queltourmen:!AMquelf lkej Vous noèqui^ez, perit foppen, Lai/Tez-nous votre cordon. BU Wafoeur, Dieu vous béniffe. ito.' AVERTISSEMENT.  A VE RTIS S EME N T. C'kst d'après cette Chanfon charmante ♦ que j'ai concu & exécuté cette bagatelle. Le Public a daigné la recevoir avec bonté , & la voir avec plaifir. J'ai dü , fans doute , ce fuccès a la manière auffi neuve que vraie , dont plufieurs roles, & principalement celui de Madame Barbara, ont été rendus. Comblé des eneouragemens que le Public voulait bien me donner , je me ferais contenté de fes applaudiffemens réitérés , & jamais je n'aurais ofé me livrer au grand jour de 1'impreffion , s'il ne m'était tombé entre les mains une Comédie, portant le même titre que la mienns , reprélentée & imprimée a Rouen. Comme j'ai craint que 1'on ne les confondit, je me fuls trouvé forcé , malgré moi 3 è faire imprimer la mienne, & a la donner au Public, en réclamant fon' indulgence & fes bontés pour une bluette , dont 1'a-propos a fait le principal mérite. B  PEK SONNAGES. L'A MOUR. MERCURE. Madame BARBARA, Maurejfe de Tenfion. URSULE, y AGNÈS, / BRIGITTE,/ P'nfionnaires dc Madame Barbar*. ROSETTE,] La Scênefe P4* dctns m Fauxhurg & Fans.  L'AMOUR QUÊTEUR, CO M Ê D I E, K^-. .. —SjgÈg-=*^-^. » ACTE PREMIER. Le Tkédtre repréfente une rue ; fur la droite, efi une maifon dont toutes les fenétres font grillées. SCÈNE PREMIÈRE. L'A MOUR, MERCURE. Ils entrent chacun d'un cóté oppofé. MERCURE. ne me trompe pas, c'eft ce frippon d'Amourl L'A MOÏÏE. C'eft ce coquin de Mercure ! MERCURE. Eh ! bon jour, Frère.  8 L'AMOUR QUÊTEUR, L'A moür. ter?e°? ^ ^ rencómré' Par quel hafard fur la M e b c tj e e. Par le même hafard que toi. L'A mouk, t-omment ? M e r c u e e. Comme toi, je fuis banni de 1'Olympe. L'A m o u 5, Eh • la caufe de ton banniffement ? MïSCUEE 'Sler°fqiee'slaffé * f W*« chafTa du Cie ;7 ' Se,gneur Jupiter t'eut La bonneS L'e 'ZZT fi ^ ^ long-tems de ro„/ ' C m en voulait dsP™ rDpreifances p°u;'°n L'A mouk. Tu n'en es pas extraordinairement fiché. M e r c ue e.  C O M E D I E. 9 eft rêduite i fouffler les forges de fon vilain mari. L'A m O u r. Mon exil ne fera pas long. Mais que comptetu faire fur ce pauvre globe ? M e r c u r E. Je fuis, comme tu fais, a deux mains. Je n'y manquerai pas d'occupations. En quittant l'Olympe, j'ai demandé a Plutus des lettres de recommandation auprès de plulieurs Traitans. Si je puis obtenir une caiffe , je vivrai honnêtement & paifiblement : Mercure peut, je crois, fans dégrader, devenir Financier. L'A m o ü r. Certainement. Mercure. Et toi, oü vas-tu de ce pas ? L'A m o u r. Je refle ici. Mercure. Comment! dans un Fauxbourg 7 L'A m o u r. Oui; je fuis en guerre.... Vois-tu cette maifon ? Mercure. C'eft, fans doute, celle de quelque jaloux ; car je la vois hériflee de grilles ? L'A m o u r. Non. Mercure. C'eft dofic une prifon? B3  jo L'AMOUR qUÊTEURi . L'A moüï, h.ncore moins. Mercure.. y u eft-ce donc ? L'A m o u r. ïel£ °mbier qui renferme de jeu»es tourteï.eiles, charmantes autant qu'innocentes. Mercure. Explique-toi plus clairement. L'A m o u r. Je bloque cette maifon d'Éducatlon: elle eft habitee par une -vlette MaitreiTe qui garde de 5d?e;Ü°n"r8r»emre Ie%^ °« efcotpte I a rol n , ZG 3 308' beIles com™ »e joïr. & d'éclaqt ^ 8 epan,°uir 3 moins de <* d eclat, ce font ces rofes que je veux cueillir. Mercure. ***** -r- . , L'A m o u r. ■Le mien , fans doute. _ . Mercure. Le tien? L'A moïïi, En eft-il de plus intéreffant ? Mercure. Pauvre Amour, il faut te pardonnef tu „e c'eft faïd! r' °" dö l.e nommer élement, eft fau de toi. Iq^e-wi bien, mon cher frère ,  C O M £ D I E. ii que tu n'es plus recu dans ce qu'on appelle la bonne Compagnie; ton nom feul donne des vapeurs. Si tu veux réuffir, cache-toi fous un des habits du Caprice- L'A mode. Sous un habit du Caprice , dis-tu ? Quoi! ce Dieu volage , inconféquent, dom les faveurs font 'des offenfes, qui traïne apres lui fouvent le remord , & toujours le mépris.... Mercure. Eft le Dieu qu'adorent les Francsis. II a détruit tes Temples , & recoit aujourd'hui 1'encens que les Mortels brülaient autrefois fur tes Autels ; profite donc de mon confeil, & ne te montre que fous lis livrées de ton plus cruel ennemi. L'A m o u r. Et quel eft fon habit favori? Mercure. II en a mille pour un. Vrai Caméléon , il paraït le même jour fous vingt formes différentes : on Ie voit le matin , en fimple habit d uniforme» a la toilette d'une jeune coquette , parler combats, chevaux, courfes , batailles , & noueu en meme tems un ruban , ou placer une mouche anaihne. Le foir, auxgenoux d'une prude , d parle conltance & difcrétion en graffeyant, fous la fagure intéreffante d'un Abbé mufqué. Veut-il s introduire chez la précieufe , il prend le ton & 1 air empefé d'un froid Robin. Faut-il plaire a cette favante, qui, fans rien favoir, parle de tout , iuge tout, & dont les arrêts font irrevocables . plus négligé dans fa parure, il vient d un pas de  I2. ^«OVn^uÉTBUS il foumet les Beauté, i„ i , ' avec Ietluel We Financier. plus rebel,es> eft celui L'A MOüï, Eh b- i Mercu'he. ^Pehtir:6"-' F»» %et de Ven S C E JV E T I Madame BARBAR A TTRsnrr- i Madame Baseaj(a< j* " ons, Mefdemoifelles rentte . «Va- >t»*te* • R'en, Madame. Madame Bauau, Comment rien ' v^„, Ciel!unRoman IT R 7 \,V°yons''' • 0hl VoiJa donrTn °man' Mademoifelle ?.., Ri "C Vo™??' vo- °«»P« i a I-e de  C O M É D I E. 13 plus dangereux que cette lefture , & fout le cceur £ pour 1'efprit, & qu'il faudralt brüler tous ceux quWes compofent , comme des empoifonneurs publics ? II eft cependant .bien intéreffant. Madame B a b a r A. Taifez-vous.... Si vous voulez vous orn er 1'efprit. & vous former le cour, lifez le Miroir du Monde , les Délices de la Retraite... . Voila ce qu'on appelle de bons Livres, & non pas des Korans. .,. Allez , que cela ne vous arrivé plus. U r s u l e. Non, Madame. Madame B A r B a r a. Rentrez.... Un inftant, .Mademoifelle Brigitte , un inftant: que vois-je la dans votre bavette ? Brigitte. Ah , Madame ! c'eft une Chanfon charmante ; elle eft intulée: VAmour Quêteur. Ecoutez bien , je vais vous la chanter ; ïuplter un jour en fureur , Avait banni 1'Amour.... Madame B A r b A r A Jefaififfamde la Chanfon. Voulez-vous vous taire ? . .. Voulez-vous bien vous taire?.... Eft-ce qu'une Demoifellebien élevée, doit chanter de paredles Chanfons? Vous ' mériteriez.... Que je vous en trouve jamais, oc vous verrez.... Brigitte. Ah ! vous pouvez la garder , je la fais par coeur....  *4 l'AMOUR QUÊTEUR; Madame Bars Ara. occuP;z1s u;-b;,I01 'donciquoi vous vous o • r> , , A G N È S. v-ela mamufe. Madame Bar ba ra Agsès. Vous faites un crime de tour. Madame Barbasa. Vous raifonnez , je crois d f Rentree, rentrez. Toi, re/ie, Rofette «S1 C # N JB Hl Madame BARBARA, ROSETTE, ^ R O SET TE. V ü E voulez-vous , Madame ? Madame B a r b ar A. Ecoute, Rofette: je fuis obliVée d'alW f ■ %po„ne"-i/fT m°" abfMce • fc ces  C O M É D I &• 15 ROS ET TE. Oui ï Madame ; vous favez que je vous rappoïte tou: bien exaftement. Madame B A R B A R A. ~ • cos Tiens voila les cleft de la Om,.mon enfant, liens, v m- porte ; tu les remettras ^gnes, * t manderas bien , de ma part, de n ouvnr P qu'a moi. Entends-tu? R O S E T T E. Oui, Madame Vous penferez a moi en faifant vos eraplettes. Madame B ARB ARA. Oui , oui; mals rentre , car je ne veux pas mamufer long-tems, & 1'heure me prefie.... terme bien la porte SCÈNE IV. L'A M O U R , jfml* en habit de Vélerln. Bon voila Madame Barbara éloignée ; proO m , vuua -3rVipr de nous ïntro- fitons de fon abfence pour tacner de n™ dmre cbez elle fous ce dégmfement,... Frappon. a la porte.  s C E N E ^ 'e'amour, agnès d ' finéiregrilll: TT- ^ VÜI frappe? je » . a Mo Us, MadeiS rftïï f" dl? »» 6n! mot, «lême devant moi. P°rt£ 3 ouvrirait dW Ah,Cieir V^^WÊS' ••^UASête3P^treforcierV fe«e aucun maJ. * 1 le pouvoir ™eme de yous a g n É s. Vousnementez pas? Non. v vamou*' Jes KinsT y°yQz "en ce cordon qui mc  C O M É D I E. 17 A g n è s. Oui, Monfieur. L'A M o u R. Eh bien! lui feul fait toute ma forcellerie. A g n è s. Comment cela , Monfieur le Pélerin ? L'A M O U R. Je n'ai qua en frapper doucement trois ou quatre fois une porte, fur le champ elle s ouvre d'elle-même. A g n e s. Voila un merveilleux cordon!...: Mais, de erace , ne vous en fervez pas ïci. L'A M O U R. Oue craienez-vous ? ^ Ag nes. C'eft ma femaine de garder la porte , & fi Madame Barbara trouvait un homme dans fa maifon , elle s'en prendrait a moi feule. L'A M O u R. Ne craignez rien , mon aimable Demoifelle ; je mourrais plutót de fatigue a votre porte , que de 1'ouvrir malgré vous. A g n è s. Je ferais bien fachée d'être la caufe de votre mort. L A M O U R. Et vous la ferez cependant , fi vous perfiftez dans votre refus cruel.... Je fuccombe a la fatigue. A g n è s. Madame Barbara ne peut pas tarder a revenir:  ^ vous fera entrèr! P"ie' fans do"te , & a „ E'A ai o 17 a. A G JV È s. non, ji0n.... Cer^n • '-ertamement non. p, ,. m o u a. elle foit de retour ;e I J 6 fens » avanc de fatigue. ur ' Je mort de fajm & i Surement ? A G N È s. «a L'Amour. Surement... q; vous ailez ^ * ^ •* Cruautó ^ me votre porte. ™6 V0,r exP"er fur ]e pas de A, , Agnès. • ne mourez pas M~ r eolere de Madame Barbara! ^ 4 t0l"e Ja ^'A m o u j}, Jeï'£T V°US M —Penferont.... } Venez M^^'™^Ven», Monfieur le PéJerin , venez. . -L'A m o u a. ^ J6V0US a^'obJigation! A G K E S & Madame Barbara le favaj, • , . vait' /e fiwis perdue.  C O M ÉD1E. *9 L'A M o u R. ^^^^^^ jem'ennau A g n è s. Venezdonc. prene,moiPar mon cordon, machère Demoifelle i car je n'y vois pas clair, Agnès. VAMOUR QUÈTEUR, ACTE II. LeThédtre recente la Clajfe de Madame Barbara * t///u/e, Brigitte, & d'Agnès. Madame BARBARA U R 9 ï T r i? BRIGITTE, ROSe\Te''tbg0nes' & eW*^ vous ont confiés fmes fo ^T' ' ' "J^ Parens Je jour heureux ou Zus tL VOUS de,^ bénir cobmedans un afyle Sr ^ chez moi qudle. Trembiez tcmteJ W' V-1 CaJme & tra"dans Je monde. V^TZ u*™* Pour renrrer moi ; c'eft un'pouffi eflCOnnaiffez Pas comme pence fans ceffe8at *UL° ,aMme °u K"»o- jour. Tous Jes hoS v'fPem *5 en u« Parjures, perfides Ce 7 f V°laSes ' ing^ , veulen: quP4 not holnZ.^ ""^ ^ A G N È S.  C O M É 2> / E. 21 A G N È S. Et qu'eft - ce que c'eft que notre honneur , Madame ? Madame B A R B A R A. La fotte , avec fa demande Notre honneur c'eft.... C'eft ce que nous avons de plus cher au monde C'eft la vertu Les hommes cherchent continuellement a nous la faire perdre pour fe moquer enfuite de nous ; car une fille qui a perdu fa vertu , devient la rifëe de tout le monde. A G N È S. Et comment voit - on qu'une fille a perdu fa vertu 1' Madame BARBARA. Cela fe-voitpar fa conduite Pour vous accoutumer de bon heure a la conferver précieufement, écoutez - moi..,. Vous voyez tous ce» anneaux de verre ? A G N È S. Oui, Madame. Madame BARBARA. Ils font bien fragüas; 1'honneur 1'eft mille fois davantage : je vais donc vous donner a diacune un de ces anneaux Confervez - les bien pré- cieufement Ne les dqnnez z perfonne.... Em- pêchez même que perfonne n'y touche.... Je me les ferai repréfenter tous les jours ,. & celle qui aura le malheur de le caffer ou de le donner , doit s'attendre k toute ma colère 11 fe fait déja tard Rangeons la Claffe.... Retirez-vous cha- cune dans votre chambre.... Couchez-vous tranquillement, & fur-tout confervez bien précieufe- É  M CAMOUR QUÊTEUR C*?. .a."."S &. ™°S * »~» donner... {VrfiU, Agnh S, Bnzhte ,emun, chacune lans Uw chambre; Maimc B„,bara fon „cc k, aura james Fenfionnaircs. ) SCÈNE II. du ,^ fa Ms jeMes g. losns, & vous prétendez fr„« ie reviens dans 1'inftant.. Ne vous éloignez pas , je revici . L'a m o V r. AUez, je vous attends avec impatience.... i., —— ~" SCÈNE l V. L'A M O U R, fiuL- J conde.... Brigitte! charmante Brigitte SCÈNE V. L'AMOUR, BRIGITTE. Brigitte. M-u Ah ! ah ! c'eft un E voila , me voila An' d homme! L'amour. Oui, charmante Brigitte'Mais , ^ grace , ne fakes pointdebruit,ou je ferais perdu. Brigitte. ( ■r nui vous amene iet Vous avez raifon ; mais qui jou Qu'y faites-vous? Que me voulez-vous ^ ^  *3 L'AMOÜR QUÊTEUR, L'A M O V h Brigitte. Vous êtes donc amoureux de moi? L'A m o u r. Om, charmante Brigitte. Brigitte , & a^A"™ *» >*> «« L'A mou8. Ce n'eft pas tout: Bridtrp • fl i je vous aJe> i, fau*t ^ *p- vou'ez que Brigitte. C'eft abfolument néceffaire ? L'A m o u r. Bri gitte. Eh bien! je vous aimerai , moi. L'A m O ü R. Jene me contente pas de paroles. Brigitte. vous avez raifon. t , L'A m o u r. Je veux des preu ves. Brigitte. queJles preuves voulez-vous?  C O M É D I E. 29 L'A MOt'B. ' Ce que vous avez de plus précieux. Brigitte. Ma foi, je n'ai rien de plus precieus a vous donner.... qu'un petit anneau de verre, que vienc de rne confier Madame Barbara. II n'y a pas une heure que je 1'ai, & j'ai déja penfé le cafler vingt fois : j'aime encore mieux que vous le gardiez que moi. Le voulez-vous ? L'A mo uk, Très-volontiers. Brigit te. Eh bien! attendez-moi, je vais vous 1'aller chercher. L'A m o tj r. Ne foyez pas long-tems. Brigitte. Non , non.... Sans adieu, mon Amoureux. L'A m o u R. Et de deux.. .. Attaquons vite la troifième.... Agnès ! ma chère Agnès !... SCÈNE VI. L'A M O U R , AGNÈS. Agnès. A. H ! c'eft vous , Monfieur le Pélerin; gue me voulez-vous ? L'A m o tj s. C'eft trop long-tems me contraindre, charmante  30 UAMOÜR QUÉT EU R, -Agnès ! Apprenez que je ne fuis pas ce que je parais a vos yeux ; je vous adore , & je me fuis ainli déguiié pour m'introduire ici; voyez en moi votre Amant. Agnès. Mon Amant!... Et qu'eft-ce qu'un Amant ? L'A mous, C'eft un homme fenfible, qui ne voit que la Beauté qu'il adore , qui ne vic que pour elle > & qui met fon étude & fon bonheur a lui plaire». Agnès. Et quand il lui plaït ? L'A MOUH, II eft le plus heureux des hommes. Agnès. Vous êtes donc le plus heureux des hommes „ car vous me plaifez beaucoup. L'A m o u r. Agnès , que ce tendre aveu m'ehchante ? Agnès. Je vous dis la vérité .... J'aime beaucoup toutes mes Compagnes; mais je ne reffens pour aucune le fentiment nouveau que vous m'infpirez. L'A MOüR. Vous voulez donc bien de moi pour votre Amant ? Agnès. Oh! oui.... L'A M O U R. Ècoutez , Agnès; on ne doit rien refufer a fon Amant.  C O M Ê D I E. V- Agnès. Je ne veux auffi rien vous refufer. L'A M o u r. Eh bien! donnez-moi.... votre anneau ? Agnès. Mon anneau ? * L'A M O V R. Je vous en conjure. Agnès. Et qu'en voulez-vous faire ? L'A M O U R. Le garder toute ma vie. Agnès. Je le garderai auffi bien que vous. L'A M o u R. II me ferait fi précieux ! Agnès. En quoi pourrait-il vous fervir ? L'A M o U R. II me ferait un gage toujours préfent de votre amour pour moi; il me prouverait comben vous m'aimez. A g n e s. Vous le prouverait-il plus que ma parole ? Je crois bien a la votre.... Me voyez-vous vous rien demander. L'A M O U r. Ah! vous pouvez tout exiger.... Mon fang , ma vie, tout eft a vous. Agnès. Et.... Et.... votre cordon ?  32 L'AMOUR QUÊTEUR, L'Amoür. il eft a vous. Agnès. Ah]... gardez-le. L'A moüs, Eh bien ! Agnès.... eet anneau ? Agnès. Oh ! non. Madame Barbara m'a trop défendu de Je donner a perfonne. L'A MOffR. QuoÜ... vous me refufez > Agnès. II le faut. L'A moüs, Vous nè m'aimêz donc pas ? Agnès. Je crois que fi. L'A MOUR. Et vous ne voulez pas me donner eet anneau ? ' Agnès. Nori.-.. Mais (Lui montrantfon anneauA -Le voila.... ' ^, . L'A mour. Eh bien !... Agnès. Ne pouvez-vous pas me le prendre? L'A mour. Vous êtes charmante!  CO M É D I E. 33 SCÈNE VIL L'AMOUR, URSULE, BRIGITTE, AGNÈS. Ursule. Ten ez.... J'aurais dü mieux vous réfifter : voila mon anneau , cruel ; mais je vous le donne en pleurant. L'A m o.u r. Pouvez-vous être fachée d'cbnger votre Amant? Brigitte. Tiens , mon Amoureux , tiens , voila mon anneau. L'A mour. II fera mon bonheur. Agnès. Elles vous donnent toutes les deux leurs anneaux ? L'A mour. Oui Ursule. Que vois-je? Vous avez les anneaux de Brigitte & d'Agnès ? Agnès. Oui. Brigitte. Le tour eft bon, le frippon a nos trois anneaux! Ursule. Ingrat I... Vous me trompez donc ?  34 L'A MOUR QUÊTEU R> Agnès. Vous les aimez donc auffi? L'A mour. Vous êtes toutes trois charmantes ; pourquoi ne vous aimerais-je pas toutes les trois ? 1 Brigitte. J'y confens volontiers , moi; mais a charge de revanche. Agnès. Fakes comme vous voudrez.... Mais pourquoi ne m'aimez-vous pas feule ? Ursule. Vous êtes un perfide, rendez-moi mon anneau ? L'A m o u r. Soyez auffi raifonnable qu'elles. Ursule. Elles ne connaiffent pas Famour comme moi. Allez , je vous aimais de bonne-foi; je veux être aimée de même. SCÈNE VIIL L'A MOUR, URSULE, BRIGITTE, AGNÈS, ROSETTE. R o s e t t e. A H ! ah ! . .. Que vois -jé.! Un homme ici! Un homme avec ces Demoifelles! Madame Barbara!... Madame Barbara !...  C O MÉ D IE. SCÈNE IX. LesPréCÉDENs, Madame BARBARA. Madame BARBARA. Erï bien!... Quoü... Qu'eft-ce? Ursule. Nous fommes perdues. Madame B A R B A R A. Ah , Ciel! Un homme !. .. Un homme !... Brigitte. Eh! ou!, un homme , & qui nous a pris nos anneaux a toutes les trois. Madame BARBARA. Vos anneaux ! . .. vos anneaux !... Qu'en■tends-je !. . . Retirez-vous , Malheureufes , retirez-vous, & craignez tout de ma jufte colère 1 ( Toutes les ?enfionnaires fe retirent. ) SCÈNE X. L'A MOUR, Madame BARBARA. Madame BARBARA. Et vous, Monfieur le dróle, que faites-vous ici ? ... Ah ! je vais vous faire punir de la bonne manière.  36* VA^MOUR QUÊTEUR 3 L'A mobe. Arrêtez , Madame Barbara , arrêtez; vous ne connaifiez pas encore tout mon crime : Pamour, il eft vrai , m'a conduit ici; mais ce n'eft pas de ces morveufes dont je fuis amoureux. Madame BaüBAKA. Et de qui donc ? L'A mour. De vous feule. Madame BakbarA. Ah ! fi tu dj fa is vrai! L'A mour, C'eft vous feule , oui , vous feule que je cberchais ici ; c'eft pour vous feule que je m'y fuis introduit, k 1'aide de cordon magique qui m'en a ouvert la porte, & c'eft a vos pieds que je veux vivre ou mourir. Madame barbar a. Eh bien ! me voila toute déconcerte'e.... Ah' rei evez-vous donc , relevez-vous donc 5 vous êtes trop dangereux ! L'A mour. Non , je meurs a vos pieds fi vous m'êtes cruelle ! Madame B a r b a r a. Ah ! vivez , vivez , & qui pourrait vous réfifter? L'A mour. Vous m'aimez donc ? Madame barbara. Eh ! oui , dont bien j'enrage! L'A mour. Que mon triomphe eft glorieux ! Madame barbara.