L Ë MARIAGE SECRET, C O M È D 1 E EN TROIS ACTES, EN VÉRS; Beprêfeniê' a Fmta'nebleou devant leurs Müjeflis, le Vendredi 4 Novembre 1785; /)Cwr /a ^rffJfflere /ez'x, /ar /« r/tóftre Francais, 10 Mar* 1786. • • . . . Ne fongez qu'an p!-:fir Madame de Volmare , dernier Fers du Ier. Aiïe A A M S T' E It D A M, • Chez CESAM? NOEL GüERINs Libraire(dans )c Poelenftraac. M. DCC. L XXX VII.  PERSONNJGES. m. de BESSONCOUR. PERMAVILLE. MERVAL. Le Chcvalier D I S T E L L EWILLIAMS, Jocquey. E M I L I E. Madame de VOLMARE. La Scène efi dans h Chdteau de M. de Bejfoncour. - , r rMtê de ceux qui 'voudraient s'amufer de la réprefc.- * , ZZZ Dans le d» de chaque Scène, les Afteur. SSTST* dolvcctl^e.en ob™ que le premier lÏÏea^ou.s.ep^er du   L E MARÏAGE SE CR ET, c o m je d i e. acte p s, e m i e |, Le Tüéure reprèfentt un Sa'Jon, cti réPondent plufimrs Appa, tements. SCÈNE PREMIÈRE. E M I L I S, Madame de V O L M A R E, Madame d e V o l m a r k. Fect-on, comme un enfant, ft! dépiter alnfi9 t,, , . . & m i l i e. Eh bien, oui, laiffezimof, Madame de V o l m a r e Vous me boudez auffi ? c m u i £ J'ai befoin d'étre feule. Madame de V o fc m a r k Vous avez befoin d'étre avec moi. ' E M i l i e. Madame d e V o l m a r e. Soyez heureufe & «Ime, & je vous obéis Le bonheur aiferaent peuc fe pa(ï>r d'amisMa,«-un profond chagrin troaÉ'e enfecretvotreaffle*Ce moment m'apparcient & mon caw le reclame A 2  + LEMARIAGESECRET, E m i l i e. To' jours la même. Madame de V ol m a r e. Oh' oui, toujours; vous aimant b en. Les vótres auiourd'hui fonc d ailleurs.... E m i l i e. Très-certames lUadqme de V o l m a r e. Et ttès-prompr^r-tout. Le plaifir, .ce mat*, Ré andaic fon éclat fur votre front ferein; frêtnnt a vos diicours un charme plus airnjble, La gvfcé vous conduit, & vous anime * table. Enchanté du bonheur qu'.l crojt fixé chezlui, Notreoncle, de la Ville exagéranc ennut Veut prendre, cethiver, fon cl,a:eau pour «y«, T'officieux Merval & 1'adroit Permav. le, De fes moindres defirs louangeurs aguens A ce nouveau projet réponde^ ^ f^nds cns, Vous gardez le filence, & / ni vifage De dégvés cn dégrés fe répand un nuage. & E m i h i e. Vousl'avez vu, cruelle! Madame de Volmare. Etj'ai fervivos vceur. E m u 1 e. . En louant ce projec cent fois encor plus queux; C'6ft ^ Madame de Volmare L P E m i l i e, trouWw. Moil point.  i C O M E D I E. 3 Madame de V o r, m a r e. De lescacher, allons, foye/. moins vaine; Offenfez 1'amitié, redoublez votre pejne. Beau calcul! pournous deux fahes-en un moins faux. Mettez, k m'avouer la caufe de vos rnaux, Le courage qu'ici vouj mette/ a les feindrje; L'efForr. fera plus doux, & i'effet moins a craindre. Comre votre chsgrin alors nous ferons deux, Et, fouffrant beaucoup moins, nous agironsbien mieux. E m i l i e. Non, Bon: c'elt fans efpoir. Madame de Volmare. Propos de la trifteflè; EHe eft comme la peur, elle accrcic la faiblelTe. Parions qu'un feul mot, dans votre fort affreus, De ce trifte deftin fait un état heureux. E m i l i Ei Mais, eui. Madame de Volmare. Je vous entends: au fein de cette ville, Tont notre oncleaujourd'hui pourl'hiver nousexUe, Eft un homme fenfible, aimable, doux, charmant; Enfin, ce qu'en un mot, on appelle un amanr..,. Vous détournezles yeux! N'elt ce pas, je devine? é m n i e. A peu pres. Madame de Volmare. En quoi donc me trompai-je, coufine? E m i l i e. Ce n'eït pas un amant, Madame de Volmare. Eh! quoi ? E m i l i e. C'eft un man. Madame Volmare. C'étoit un peu trop fort k deviner auiïi. Gommend fans nul aveu, fans le dire k perfonne! E m r l 1 e. Mon filence avec vous, vous blefle&vous étonne.... Madame d e V o.l mar e. Parions de vos tourments; vos torts vieadiont après» A3  ó LE MARIA GE SECRET, E m i i- i e. Pc mon premier mari les défordresfecreta 1> rhomme aui u feai pouvoit calmer mes maux; LÏmS™n*mon défert m'cn forgea de nouveaur, B Srde^mortelslcplasvrai, le pljj^; Des feux que j'infphais e ne pus me défendre, no're neu de biena, le befoin de 1'aveu P'unonct enïoreaigri contre un prermer neveu, ^fl^ea'qJ'ilm'offrlt, foucinrenc mon courage. ^MaiameDE Volmare L'Amour paria; je connais fon langage. li, m 1 l i £• Au-dela de la Mer 1'ordre du Souverain je vcux de ce prejet lui moncrer les dangers , Ses Pleur*v;V DE Volmare. iX que peuc la railbn la meüIeureP Aumomencd'undéparc, contre un amantqui pleure? E m i l i f. Oh» Vraiment la raifon, ede était bien pour moi, Mais Farceur était conuc m Madame de Volmare. 1V H re9Ut votre foi? E m i l 1 e. Avec tout le fecret que demandait ma crainte, y %ur que rien alóra n y put porter atteinte, ?uimt l 1'Au.el pQUr fuivre fe^rapeauj, Madame de V ° l m A E°. Sans yous £rc revus.  c o m E D i E. 7 E M i l i e. T. . , A peine fes vaiOeaux vSDaie0rde 508 ports: P^donnanc mes offenfes Vamcu par fes anns, k temps & mes inftance/me5' Mononcle pies de lui, m'appeile; fouslaloi Quaucun hymen jamais n'engagera ma foi tour fauver es chag^ins que Ie premier lui donne. Midame de Volmare. Ati! la précautión était alors bien borme. T, j E m i l i e. Jattendais: ce madn, une lettre m'inftruit SS^mpi06' m°n man\par,a Paix recondait, Après. quelqucs momcnts de féjoar dans la terre D un parent nche & vieux, qui lui tient d* S Dans huu jours a Paris, dok etre de retour. * Mon oncle k ce moment y revient a fon tour Jentrevois le bonheur; point du cout: pour 1'année Dans ce maudtc chüreau me voil* confinée Et tout efpoir me fuit. * Madame deVolmare. II n'eft donc pas connu? T . r E m i l i e. Lui, .on nom même ici n'eft jamais parvenu. Madame d e V olm a r e. En ce cas, au plutót cherchona a 1'introduire. E m i l i e. Jev0ll"ES oTvrrJ:"™*rire- b&ÏÏÖÖÖ? voi™o"p=*«^. mot E m i l i e. , Vousmeglacez d'efFroi: Vous voulez.... Madame deVolmare Quel obftacle ? j E m i l ie.' Madame deVolmare. Pour une femme. E m r l i e. Ah.' Ciel! a 4  , L E MARIAGE S E C R E Ts Madame o . Jj^^^le., jeveuxqu'Uvienne^c,.^ ^ Voyez ce qu'il m'en cuüte. Si mon oncle.... E M 1 L I e. Cpmment? deVolmare. Par fe^mis: n'eft ce pas leur devon? E M I L I E. Oh! ils le voudront bien? Madame dkVo^mabk. Nous leur ferons voulom. Voila le nótre a nous. E M I l I e- _ ... Ou! Monfieur Permaville Madame v e iV o t M ar l. e m 1 L I e. _ Mnhfieur P 'erval, mal adroit, ratrepide, ^''^Sdame de Volmare. lUdt^ c'eftaffez, le refte m eft egal. Bavard* 'Madame ft' e V o l m a r b. yous-m^me.....  C O M E D I E. $ Madame deVolmare. |e l'ai Ck, mais il peut être utile. Ou'importe? dans ce monde avec tout homme , ilfjut Eftimer ce qu'n pot & jamais ce qu'il vaut. II ient; vous allez voir comme on traite une affaire. E M I l I e. Madame de Volmare; ah! Oei! qu'al'ez-vous faire? Madame de Volmare. Votre bonneur, enfant. {Elk Icmbrajfe.) SCÈNE II. EMILIE, Madame DE VOLMARE, MER VAL.. M e r v a l. J'arrivh toujours bien. Madame de Volmare. C'èft ce que nous diflons. M e r v a l. J'étois de 1'entretien. Madame de Volmare. Nous parlious de vos foins fuitout, de votre adreife, M e r v a l. Ghez moi, c'efl: habitude». Madame de Volmare. Ah! ah! M e r v a l. Pes ma ieuneffe, 1'eus le goüt d'étre utile, & quand j'agis d'abord [c trouvelepluscourt &lem.euxfan efFort. AulTi j'obbgeavantqti'ón le demande même; Voilapourquoijevoisquetout le monde m'aime. E m 1 l i e (t part. C'eft bien voir. Madame de Volmare, (Bas d Emilie') {A Merval.) JPaix. Surtout Monfieur de Beffoncoup* A 5  ïo LE MARIAGE SECRET, M e r v a l. Oh! lui fan? me vanter, me doit quelque retour. Des qu'il veut quelque chofe.,a teute heureil merrouve, Je ne me défends pas du plaifir que j'éprouve; II a le cceur fi bon! Madame de Volmare. L'efprit fi doux! M e r v a l. Charmant. S'il fe moque de moi, c'efl: toujours fi galmen*. Madame de Volmare. Fait en tout pour le monde. M E r v a l. Ah! bien mieux que perfonne, Opulent, comme il eft. Madame de Volmare. Aufli, ce qui m'étonne, C'eft qu'un Cercle choifi, je fuppofe par vous, Animant fa gofcé, multipliant fes goüts, De p'aifirs plus nombreux n'occupe pas fa vie. I.e fpedtacle, è mon gré, le plus digne d'envie» C'eft un vieillard aimable 3e chez lui carefle. M e r v a l. Ce que vous dires-la, je 1'ai toujours penfé. Mais dit-on quelque chofe , auffi^óc Permaville Du farcafme, avec vous, prend le rire & le üile; Amenez vous quelqu'un, il trouve k vos amis Quelques défauts toujours pour n'être pas admis. * Pour peu qu'ön ait d'efprit, fa rigueur eft extréme; C'ei'c aupoïntque j'ai craint quc lquefoispourmoi-mê- Madame de Volmare. (me. Pour vous, Mon2eur Merval! tout le-monde aura. M e r v a l. (peur. 11 rend déja votre oncle & farouche & grondeur. Pientót tout foufFrira de fon humeur chagrine. Madame de V o l m a r t. Voit-on mieux que Monfieur? Vous trompai.je,cou« Merval. (fine? Il ferait un moyen pour nous en garantir , Si 1'aimable umiiie y voulait confemir.  C O M É D I E. u Madame de Volmare. D'avoir recours h. vous elle a\ak bien envie; Mais elle eft fi timide. E m i l i e. Achevez, je vous prie ; Que puis-je a tout ceci? Merval. Q.;and on eft comme vous, Qu'on a le coeur fenfible tic des regards fi doux, L'ennui d'ua long veuva^e eft lourd pour une femme. E m i l i e. Que yeut-il ? Madame de Volmare. Ma:s je crois qu'il a lu dans notre ame. Merval, Oh ! je vois jufte. Madame de Volmare. £h bien? Merval. En prenant un mari, De vous & de votre oncle également chéri, Vous reprenez 1'empire ici. Madame de Volmare. C'eft admirablel Un mari! M e r val' N'eft ce pas? II faut qu'il fok aimable, Sur-tout vousaimant bien. N'enconnahTez-vouspas> E AI i l i e. Mais j'entrevois encor de bien grands embarras. Madame de Volmare. Avec lui? vous voyez qu'il les fait difparaïtre, Merval. Tout d'un coup. E m i l i e. Je fens bien, fi cela pauvait être..., Merval. Pouvait! Epoufcz-moi, je vous réponds de tout. E m i l i e. Comment!  Ja LE M A R I A <5 E SECRET, Madame de Volmare. Je n'entends pas. Merval. L'oncle a pour moi du goüt. Tour elle dès longtemps j'ai famour le plus tendre. Madame de Volmare. Ah ïoui. Vous .commcncéz k vous faire comprendre. Merval. Je 1'époufe, & tous deux ramenant les plaifirs, Exécütons le plan que traqaienc vos defirs. Madame de Volmare. En y changeant pourtant quelque petite chofe. M e r v a l, Ou'a fon gré librement de tout elle difpofe. E m i l i e , bas d 'Madame de Volmare, Coufine, vous avez joliment réuffi. Merval. Mais pourquoi réflécbir ? Vous vouliez renaVe ici Tout le monde content; vous en voili Maitreflè. . Madame de Volmare. Oh! c'eft que nous fongions è la défenfe exprefle Que mon oncle nous fit de fuivre un autre choix. • x Merval. De peur qu'ón étourdi ne vïnt comme autrefois Porter dans fa maifon & le trouble oc Porage'; ■ Mais, quand il appréndra que c'eft un hom me fage, Qui fait tout ce qu'on veut. d'un efprit... enfin moi, JJ cn fera charme comme vous. Madame de Volmare. ... . ra alfl , • Je le croi. M E r v & l. D'aiilewrs,-puifqne' c'e(l-!è la peur qui vous agite, De la faire ceffer oeéupófts-nóus bien vite. E m i l i e. Quoi dpne encor? ^ M e r v a r. Je:vais'le tro iver; finerqent T° lé prcflèntirai fur notre arrangement. J ' -E m i l i b. Eb, non; c'eft trop de foin.  C O M E D I E. 13 Merval. 1 Je n'en faurais trop prendre. Parbleu, je fens trés bien que c'eft a moi de rendre Notre projec facile, & j'y cours de ee pas. Vous me connauTez bien; ne vous tourmentez pas. De ce que j'aurai fait je viendrai vous inftruire. SCÈNE III. E M I L I E, Madame DE VOLMARE. Madame de Volmare. JPort bien. E m 1 L 1 e. Vous en riez? Madame de Volmare. De quoi pourra-t on rire?' E m 1 l 1 e. Prenez le donc encor pour fervir mon mari. Madame de Volmare. Mais eft-on comme vous? Deux hommes font ici, Vous leur touraez la tête. E m 1 l 1 e. Ec vous, e^t-ce fagefie De fouffrir qu'a mon oncle un indifcret s'adidiTe? Madame de Volmare. Bon! n'avez-vous pas peur? Pour ie perdre aujourd'hui, A qui pouvions-nous mieux nous adre;Ier qu'a lui? Puis è ce mot d'hymen, facheux dans notre bouche, II accoutumera foa oreille farouche. C'eft toujours un pas fait; de ce premier effort Nous aurons le profit, quand il aura Ie tort. E m i Li e. Oui, vous avez toujours une manière heureufe De voir tout. Madame deVolmare. Comme vous, uue trifte & facheuf;, Et tout n'en va pas moins. E m 1 l 1 e. Mais j'enteads approcher Quelqu'un.  14 LE MARIAGE SECRET, Madame de Volmare. C'eft un Valet; il a 1'air de chercher. E m i l i e. Je ne le connais pas. SCÈNE IV. EMILIE, WILLIAMS en Jocqney Anglois, Madame DE VOLMARii. Madame de Volmare. Que voulez-vous. Williams. Un tame. Madame de Volmare. Eh! bien, en voila deux. Williams. Jé vois; mais fur mon ame Vous mettez diableraent du trouble en mon efpric. Celle que je viens pour, 1'être, i ce qu'on m'a dit, Avec des yeux bien beaux, mine jolie. A laquelle de vous m'aJrefler, je vous prie! E m i l i e. Comment! II eft galant. Madame de Volmare. Mais, enfin, ditesnous Son nom? W i l l i a m s. C'eft Hémilie, Madame de Volmare. Ah! Coufine, c'eft vous. E m i l i e. Ehbien, que voulez-vous. Williams. Matame, c'eft un lettre, Que mon maitre a vous même il m'a dit dérémettre. X E m i l i e. Queleft-il? Williams. Moi, fur cout défendu de nommer.  COMfiDlE. l5 Lé lettre, il le dira. g'j' peuc vous allarmer? .Williams. Monfieur, il voudroit lé réponfe. Je vous la remettrai dans un petit moment »j r ., w 1 t' l i a m s. Ce Monfieur il attend fort mal patiemmeot. «li ii m I l I e. Ah! ma coufine! Madame D E v o l m a r e. ün bien ? E m I l i E. (EOe fa) JugCZ de ma ' »^co^ta^^ & je 'dépéchl mon'VofSl on^^ E*"„ fór & adroitpour vofs 3 ^ ;» >' 5ble  C O M É D I E, 17 W i l l i a M S. Moi, Montame, incapable. Madame de Volmare. Tant pis. Adroitement,, fans qu'on foupgonne rïefl, II faudrait renverfer ta voiture, mais bien, W i l l 1 a m s. Mon voiture adrét'ment ? Madame de Volmare. Oui. W i l l i a m s. Möntame, il veut rire. Madame de Volmare. Non, non. Williams. N'entendre pas ce qu'Matame il veut dire. Madame de Volmare, tirant Ja bourfe. Je vais m'exphquer mieux. Tiens, ces vingt-cinq louii Sont k toi, li tu fais tout ce que je te dis. Williams. Que Matame il répète, & je comprecds, je penfe. Madame de Volmare. Tu vas rendre a ton Maitre en toute diligence La lettre qu'il attend ; & très-certainemenc II fera , de la liie, occupé feulemenr. Tourmente tes chevaux, mène les de manière Qu'il vicnne un accident qui jette tout par terre. Sois plus adroit encor, brife une roue, enfin Fais qu'il.ne puiflè plus pouriuivre fon chemin. Tu le peux. Wil l i a m s. Fort beaucoup ; mais fait-ilca, mon Maltre? Madame de Volmare. Qu'il ne s'en dóute pas. Williams. U mé pattraf Madame de Volmare. , n , • Peut-étre, Meme il le faudrait. Williams, PoiDt. ■ ■■■■ - jea^^ukmmüt J  l8 LE MARIAGE SECRET, Madame de Volmare. Crois qu'il s'appaifera, Et que lui-même après te récompenfera. - H Williams. Lui, mé récompenfer auffi? Madame d e Volmare. Je te 1'aflure. Enfin, veuX-tu ma bourfe? Williams. En jettant fa voiture ? Madame deVolmare. Oui. Williams. Brifant fa roue? Madame de Volmare. Oui. Williams. Mon Maitre il s'ra content P . Et les vingt-cinq louis font i moi, dans 1'infiant, Vous dltesy-n'eft-ce pas ? Madame de Volmare. Oui. Tu .fais bien m'entendre. Williams. J Té n'vois pas cé qui peut m'empêcher de les prendre. J Madam? deVolmare,/^ donnant la bourje. Te comDte donc fur toi ? J V? illiams, tendant Vautre mam. < Pendant que vous cailez, [ La roue y 1'être deux. Madame d e Volmare. Oh! une, eelt affez. Williams. Matame, il n'a qu'a tire. Madame DE V o,l m a r e. A ce aue ie te donne Paioute une autre loï; c'eft que jamais perfonne Ne faura que cela vient de moi. Williams. Tout le mal, N'ayez pas peur, Matame.il viendra d'la cheval. C'eft nous autres com'ca, qui nous féfons fans cefle.  COMEDIE. 59 Madame p e Volmare. Ton Mafcre avoic raifon de vanter ton adreffe: Mais la lettre eft écrite, on vient te 1'apporter. Sois exact & difcret. W i l l i A m s. Matame il peut compter. SCÈNE VI. Madame DE VOLMARE, EMILIE, WILLIAMS. E m i l i e , "d Williams, en lui donnant la lettre. t i i J. iens, rends cela. Williams. Je vole ou Matame il commande. E m i l ie. Ajoute, mon ami, que je lui recommande De fe bien ménager; & toi qui le conduis, Apporte a le fervir les foins les plus fuivis; Ton zéle, fois-en für, aura fa récompenfe. Madame de Volmare. Elle a raifon,: pour lui redouble de prudence; Prends bien garde qu'il foit hors de tout accident. Williams. Matame, je férai que chacun eft content. {Williams fort.) SCÈNE V I I. Madame DEVOLMARE, EMILIE. E m i l i e. Quelle lettre! Madame deVolmare. Peut-être, après 1'avoir finie. Aura-til le plaifir le plus doux de fa vie. B 2  flo LE MARIAGE SECRET, E M I L I E. Oui, d'ignorer 1'inftant qui doit nous réunir. Madame de Volmare. Il viendra. Emilie. Parlez-moi toujours de l'avecir. Madame de Volmare. C'eft qu'il eft ce qu'on veut, & qu'il rend tout poffible. Voyez-y le moment, oh ce mari fenfible S'offre h vos yeux tremblant de furpnfe & d'amour. Et vous ? Emilie. Pour augmenter mes ennuis en ce jour, Des plaifirs que je perds augmentez donc les charmes, Cruelle! Madame de Volmare, riant. Quel bonheurvous promettent ces larmes! Emilie. Mon défefpoir vous plaïc:je ne puis concevoir... Madame de Volmare. Merval revient. Emilie. Je fuis. Madame de Volmare. Je vais le recevoir. (Emilie fort.) S C E N E Vilt Madame DE VOLMARE, fade. V o'u s êtes perfonnel, quand il faut être utile. Ah! non, Monfieur Merval... Je vousrendraidocile. Les armes de 1'elprit font les défauts d'un fot.  C O M E D I E, 21 SCÈNE IX. Madame DE VOLMARE, MERVAL. Merval. J e viens d'agir, Madame; &, c'ès le premier mot, Befibncour fouriant prenaic très-bien la chofe. Permavüle qu'il crainc, & que tout indifpofe, S'eft mis entre nous deux, a voulu tout favoir. II n'enapasri, lui; car mon plan , mon efpoir, I! a tranche fur tout avec une amertume.... Savez-vous fur 1'humeur qui toujoürs le confume Ce que je penfe, moi? C'eft que notre ficheux Pourrait de la coufine être fort amoureux. Madame de Volmare. Vous étes k le voir? Merval. La chofe eft donc certaine ? Madame deVolmare. Tour preuve, il n'en faudrait qu'une pareille fcène. Merval. L&,jenem'yfuispas trompé: mais en toot cas, Je lui pardonnefort; car je ne le crains pas. Prenant alors un ton de raifon ,defagefle, Votre oncle a demandé fi dans ceci fa niéce Etait pour quelque chofe; & moi, j'ai repondu Que eet hymen était entre nous convenu. J'ai bien fait ? Madame de Volmare. Comme en tout. Merval. Car j'ai par cette adrefle Si bien fur notre compte éveillé fa tendreiTe Qu'il doit fe rendre ici pour 1'en entretenir: Mais je ne la vois point: il faut la prévenir. Madame de Volmare. Elle vient de fortir. Merval. Son abfence eft cruelle; B 3  22 LE MARIAGE SECRET, Voilé raffaire en tr&in, & la fin dépend d'elle. Madame de Volmare. Oui, de 1'aller chercher il faudrait prendre lom. Merval. Si ie fcavais oh c'eft..... Madame dé V o l m a r e% Elle n'eft pas bien loin. •"C-': 1 . .,' M e r v a l. Dites-le-moi, j'y cours. Madame de Volmare. Votre adreiTe eft connue Et fonde mon efpoir. AHez dans 1'avenue. Merval. Bien avant? ■ Madame de Volmare. Tout au bout. Merval. Cela fuffit; j'y vais. Madame de Volmare. N'allez pas vous tromper. n Merval. ' Me trompai-je jamais? Madame de Volmare. Cherchez, vous trouverez. Merval. Btemöt je vous 1'amène. Madame de Volmare. Et vous nous tirerez d'une bien grande peine. Vovez iufqu'au chemin. 1 Merval. Oh! je 1'aurai. Madame de Volmare. J'entends Ivïotfieur de BefToncour, ne perdezpas de term. Merval. Cela rend fa p-éfence encor plus néceffaire Gardez-le ici jufqu'a... Madame de Volmare. Bon! vous n'aviez que faire De me le dire... Oui, cours... Ah! encore un moment, Mon aimable Emilie, & ton cceur eft content.  COMEDIE. a3 SCÈNE X. PERMAVILLE, M. DE BESSONCOÜR Madame DE VOLMARE. * * M. de Bessoncoür, V^e la commence-t.il? de demandes pareilles val-t on mceflamment m'étourdirlesoreilles? J'ayais bien défendu qu'il en füt jamais rien.' '„ Permaville. lis ïont tous deux d'accord! M. d e BESSONCOÜR. V' Jc 1'empêcherai bien. Madame de Volmare. CUaelque chofe.mon oncle, aujourd'hui vous chagrine? M de Bessoncoür. J'ai cru dans le falon trouver votre coufine Madame de Volmare* Elle vient de paffer dans fon appartement. M. de Besssoncour Je voudrais lui parler, dites-lui promptement Madame de Volmare. vous êtes fi fèché. M. de Bessoncoür. C'eft égal, qu'elle vienne. SCÈNE XI. PERMAVILLE, M. DE BESSONCOÜR. M. de Besssoncodr E n m'ifolant, j' ai ciü me fauver cette fcène II faut que ce Merval vienne ici m'alarmer Permaville. Mais, vraiment, vouscroyezqu'ellepoarrot 1'aimer? M. de Bessoncoür Non pas; mais 1'époufer: &par fes défaots méme B 4  j* L E MARI AGE SEC RE T, Acquérir aifément ce qae toute femme aime, L'entière independance & le plas grand poavoir. Permaville. H eft für qae bientót Merval vous ferait voir Cet eflain d'importans qae Paris voit renafcre. M. de Bessoncour. Et tons cenx de la Cour ou qui feignenc d'en être; Qui poar finger les Grandsgdtent tout ceqa^lsfont; Seaverjt'tout a vingt arts, hors les dettesqu'ilsont; Et dans 1'oifivcté qui retrécit leurs ames, S'établiflent an nom fur les pleurs de vingt femmes; Pegardent les parents, les occles, les maris, Comme des Tréforiers dönt 1'or fait tout le .prix. Qu'entendrai-je chez moi ? Le babi! incommode D'hommes parlant chevaux,de femmes caufant mode: De cinquantcétourdis, nommésgenscommefi faut , Qui s'EiTemblent bien tard pour fe quitter bientót, Ecjugeantparle jeu fi la maifon eft bonne,, Se moquent au fouper du maltre quiledonne. Je crains trop cet ennui, c'eft le plus cher de tons. P e r m a v i l l l k. Et c'eft le retrouvcr qu'unir Merval a vous. Car enfin, a 1'amoar qae mérite Emilie , S'il joignait ces projets que la raifon allie, S'il voyoit dans ces cceuds un titre heureux & doux , Quimetunamitendre, encor plas prés de vous, Et qui, multipliant fes moyens dc vous plaire , Affure k vos vieux jours un aprmi nécefiaire; S'il favaitvous créer, en corxiblant fes delirs , De nouveaax fentimer.s &. de nouveaux plaifirs, jiiche & fans héritiers, avec un cceur fenfible, Ne pas y confentir, vous ferait bien pénibie. M. de Bessokcour. Te ne le fais qae trop: & c'eft piécifémtnc Paree que je fuis bon, que je fais le méchant. Faible, comme je fuis, fi je prendscetteentrave, D'abord je ferai maftre & puis bientót efclave. Eh! jamais ai-je fa me défendre longtems? Ma nièce & fon mari m'ont défo!é deux ars : J'ai juié de la fuir daDS ma colere extréme, Eh bien! elle eft chez moi: ceferoittout demémc. Pour prévenir 1'attaque & parer ce malheur,  C O M E D I E. .25 II faur crier bien haut: cela pent faire- peur. Vous- fouriez!.... - [Permaville. J'entends. «pj M. de Bessoncoür., Je vois venir ma nièce* Jc vais faire un beau train. scene'x vi | PERMAVILLE , M. DE BESSONCOÜR, EMILIE, Madame DE VOLMARE. M''7..3t) ÏSiQLStÖ S. v;:>';fl 8üo/ »3fJ«> • é -,ifii t . de Bessoncoür. TV/T IVJLalgre votre. proraeffe Vous êtes donc déjJTlafle d'étre avec moi, Madame? eh; bien, partez. 'Emilie. Moi, mon cncle; & pourquoi? M. de Bes s on c ou r. 'Pbnrquoi! rrralgré Ja loi que j'avais prononcée, Oubliant mes bienfaits & la peice palïëe, Voilid'un autre ehoix votre coeur occupé?... Ma Jam e de Volmare, Eile! d'un autre cboix! On vous. a bien trompé. Emilie. Mon oncle, vous aimer, vous confacter ma Viël Refter ce que je fuis , voüa. rna ,feule envie. M. de Bessoncoür. Qu'eft ce donc que.. Merval a 1'inftant m'a conté? Madame de V o l m a'r e. Tout ce qu'il a vculu. 'Permaville. Je m'en étois douté. Seroit-il digne,lui,d'un cpeur comme le votreV E M 1 e 1 e. je ne veux époufer ni Merval ni tout autrc. M. de. Bessoncoür. Parlez-lui donc bien net: 'car rempli d'un beaa feu,  26; LE MARIAGE SECRET, II s'eft k-rmoi tamöc vanté de votre aveu. i Vous voyez la colère oh ce foupgon me jette; Te vous 1'ai touj'ouïs dit & je vous le répète, N'allez pas lè deffus faire le moindre effai; Car dès le premier, mot, je vous parle trés vrai; Te vous tiervs mo patole & de vous me fépare. Emilie, d Madame de Folmare. Voitè de beaux fuccès que Merval nous prépare! II eft plus animéffar ce poiDtque jamais. Madame d e V o l m a r e , bas a Emihe. Ne-bJamons-poinUesgens qu'il faut louer après. M. de B e,s s o n c o u r. Si vous me préférèz un nomme qui vous aime, Libre a vous, vous pouvez difpofer de vous-même. Mais pour'l'avoir'ki je n'entends pas radon; Et votre époux & moi dans ]& même maifon, Jamais, j'en jure bien, nous ne ferons enfemble. SCÈNE XIII. Madame L>E' VOLMARE- Merval, aminanl le Cbevalier £? lui montrant i Monfitut de BeJJoncour. L.3 I -T ! » 3. E voila; • t*> i ' •■ ■ >M Emilie, è part. 'Ceft rui'! Ciel! :.m . Madame de V o l m a r e, bas a Emilie. m u . i * A m o '. Du courage.^ Le Chevalier, a part. Je tremble. Merval. Mon ffifó vous vbyez un fort brave gargon StTa connu iadis le père en garnifon ; ^ itf twSÏÏ W «ïaus la plus grande peme. v. Emilie» •Quoi! - \  COMEDIE. 27 Madame be Volmare. Paix. i qjj J] " Permaville. II a toujours quelqu'un qa'ii nous amène. M. b e B e s S o n c o o r. Mais en efFet, Monfieur me paraft fort ému. Merval. C'eft qu'il eft.inoui qu'il ne fok pas moulu. Sa roue eft en éclats: fa voiture en canelle. E m i l i e, Ah! Dieu. PeJUM'AVILLE, C'eft fingulier, cette route, eft,fi belle!' , L-EChEVAI. ier. De 1'indifcrëdon que je commets ic:, L'excufe eft mon malheur, Monfieur, & votre amiV M, e r v a l. D'abord il refufoit conftamment de me fuivre • Mais on n'a point lJr-haur. de quoi coucher ni vivre • Je i'ai bien afturé qu'il trouverak .chez vous Les fecours les. plus -prompts & l'accueilleplusdoux.- M. d e .B E $ Si o n c o u r. Oui, Monfieur, & c'eft moi dans cette circonftance. Qui dois a mon ami de la reconnoiflance. Emilie,. Monfieur n'eftpas pas:blefie? Merval. Non , fans doute, il n'a rieiir C eit-la, premièrement, comme vous croyéz bien Ce que j'ai demandé. L e C h e v a l i e r. Lots de mon aventure j'étois a lire b. pied, fort loin de ma voiture. 'P e r m a v i l l e, L'accidenteft étrange,autant qu'il eft heureux. Merval. On 1'auroit fait exprès,qu'on n'aurait pas fait mieux. Parbleu, fi quelque jour je veux brifer la mienne. Je vous demanderai le Jocquey qui vous mène II s'en acquitte bien.  28 LE MARIAGE SECRET, Le Chevalier. Oui; c'eft un étourdi. Emilie. II faut lui pardonner. Madame de Volmare. Nous tacherons ïci De vous faire oublier toute fa mal-adreffe. Le Chevali er. Ouelle feroit 1'humeur qui dans ces lier» ne oeffes D'après ce que j'éprouve & tout ce que je vois, C'eft une récompenfe a préfent que je dors. Merval, II eft aimable, au moins. Permaville. Mais, de Monfieur, fans doute, Les gens & les chevaux font encor fur la route. M. de Bessoncoür. 11 faudroit y fonger. Permaville, du ton le plus poli. Et t&cher que demain, Monfieur füt en état de fuivre fon chemin. Merval. Eft-il preffé? Le Chevalier. Mais, non. M. de Bessoncoür. Je vais voir qu'on afiemble Mes geus: & fuivez-moi, nous irons tous enfemble. - Le Chevalier. Mais"" Merval Te vais avec vous, ce fera bientót fait. Pit hmaville, en s'en allant. Notre étrangerVa fair bien jeune & bien d.ftraiL  COMEDIE. So SCÈNE XIV. EMILIE, Madame DE VOLMARE. Madame de Volmare. JVIerval a-t-il toujours tant de torts que vous vt • ». Emilie. (dites?.. Vraiment de fes hazards faiteslui des mérites. Madame de Volmare, riant. Ah! des hazards pareils, il en a quand on veut. Emilie. Ah ! méchante ! c'eft vous. .. Madame de Volmare. TT . . Vous voyez ce que peut Un lot bien employé, furtout par une femme. Emilie. Qui vous refifterait? Tant d'efprit & tant d'ame? Mais n avez-vous pas vu ? Permaville inquiet Nous dévorait des yeux, & foupconne un fecréf II va, li nous reftons, le croire davantage. Madame de Volmare, riant. Si nous les rejoignions, cela ferait plus fage, N'eft-cepas? 6 * Emilie. Mais.... Madame de Volmare. Eh bien! Emilie. ., , Je crains de me trahir. Madame de Volmare. Moi, je foDge au danger; ne fongez qu'au plaifir. Fin du premier ASte.  So LE MARIA GE S E C R E T, ACTE II. SCÈNE PREMIÈRE. LE CHEVALIER , Madame DE VOLMARE. Madame de Volmare. h ! Monfieur mon coufin, nous aurons du tapage. Le Chev.alier. N'ai-je donc pas-été bien tranquille & bien fage? Madame de Volmare. Comme un amant heureux. LeChevalier. Quelle méchanceté! J'ai de moi-même été furpris.... Madame de Volmare. En vérité! Cet effort nous promet une belle prudence. Le Chevalier. N'ai-je pas a Merval parlé reconnoiflance; A votre oncle, refpects; a fon ami, combats? De tout le monde, eDfin , ne m'occupais-je pas, Si ce n'eft de ma femme ? Madame de Volmare. Oh! oui, fur qui fans ceffe Vos regards fe portaient avec une tendrefle Plus béte. Le Chevalier. Eh bienl voyez; au filence réduit, J'ai mis dans mes regards tout ce que j'ai d'efprit. Madame de Volmare. Deux ou trois fois encore ayez par aventure De cet efprit, coufin ; & bientót, je vousjure, Et votre femme & vous, vous ferez loin d'ici. Le Chevalier. II faut donc n'y rien dire & n'y rien voir aufii ?  I COMEDIE. 3l Madame d e Volmare. Jifaut voir les dangefs & fans humeur attendre Ma coufine qm feule au falon dok fe rendre. tt /- ,i • L E Chevalier. .11 tallait eommencer par-Ja votre lecon..,. Je la verrai, Dieux!... SeuleJ... Madame de Volmare. Etourdi 1 la raifon..,. ! « . , l e Chevalier. J en ai depuis un an. iMadame de Volmare. •PerdeZ.en donc lefrui? Hn J'°Ur' ind0CiIe> L e C h e v a l l i e r. T , , Non, 1'efpoir rend tranquille. bTZTf°ï ^J^eft fouvent maladroit: Maismon bonheur eft fürjcomptez fur mon fang-froid. Madame de Volmare. lleitpeintdansvosyeux, vosdifcours, vetreeefteEn pourrais-jedouter? Reftez-lè. Le Chevallier. Lii ïeal, long-temps encor! .Madame de Volmare. c- i , . Mais elle va venir. Si cela vous plaft mieux, vous pouvezen fortir. 1. e Chevalier. Te reflè T* le,VOÜ,ez; m'en f«ut-il davantage? je reite, cc ne dis mot. i Madame de Volmare. Vous devenez trop fage.' t7„„ o Chevallier. Vous voyez?,... Madame^ de Volmare. Om, je vois comment je dois agir.  32 LE MARIAG E S -E C R E T, S C E N E I I. ■L E CHEVALIER,, feül. "R o n ' elle f t de moi. D'honneur, c'eft un plaiGr m vo\r' ces gens fenfés, qai dans leur paix profonde Prennènr leur cceurpoarrègle &jagent tout le monde. On eft für avec eax d'avoir toujours des tons. Oh' que ie voudrais bienvoïr tous ces efpnts-forts Prisd'une paffion bien conditionnée , Par la peine & 1'abfence encore aiguillonnée, E" les enténdre alors..;.Quelqu'an vient:...C eft Mer TJn importan déja: ne me voila pas mal. Cvai SCÈNE III. i j'tMbatacft■ . si *[ LE CHEVALIER, MERVAL. ;oil^3oi39V ,éiU03tibaoV ?23S7«0vm - . Merval. A h' c'eft vous! Chevalier. Seal? x ' LeCheval;ier. Je fais me fuffire. Merval. Tant mieux,nouscauferons; fen ai long & vouadu*. Le Chevalier, o part. (Haut.) Ah' me voila perda. Dans an autre moment, je vous écoaterais avec empreffement: Mais c'eft qae j'attendais.... Merval. Eh bien ! c'eft a merveille. Je viens attendre auffi ?aeyanJuyfi7ananger. Nouspouvons être enfemble, &c eft nous arranger. L e Chevalier, feïgnant ae s en aller. Je vais... J Merval. Si vous fortez, vous pouvez m obliger. Te Chevallier,a part. Qaelhomme- pour le f uir,onnefaitquel toa^prandnj.  C O M É D I E. Merval. Ge monde eft un échange, & tout eft de s'entendre; Tantót dans vos malheurs je vous ai bien fervi4 Lr, C 11 e v a l i e til Mieux que je n'efpéniisi Merval. Servéz-moi donc auflï. L e Chevalier. Oh.' mon Dieu, dans 1'inftant: parlez, dites-moi vite ; je vole... Merval. Quelle ardeur! ■... Le Chevalier. Oh.' c'eft pour être quitte. Merval. Trop bon : mais calmez-vous, & reftons-la tous deux» Car fans nous déplacer vous m'obligerez mieux. Le Chevalier, d part. Ciel! Merval. Votre oeil attentif obfervait Emilie. Le Chevalier, d part. Ou veut-il en venir ? Merval. Vous la trouvez jolie ? 1 Le Chevalier. Sa coufine a 1'ceil vif & le fourire fin. Merval. Mais fon air de bonté cache un efprit malin. Bien fou qui s'y fieroit. Egale, douce & bonne, Sans eftorts Emilie a fon cceur s'abandonne. Sa coufine fait rire: elle, il faut 1'adorer, Ne le trouvez vous pas ? La Chevalier, d part. Veut-il me pénétrer ? Merval. A quoï révcz-vous donc ? Le Chevalier. Je n'aiparlé qu'al'autre, Merval Emilie a toujours 1'efprit qu'il faut au vótre. C  S4 LE MARIAGE SECRET, Le Chevalier. Vraiment, vous en parlez avec une cbaleur. .. Merval. Telle qu'elle 1'infpire & qu'elle eft dans mon cceur, L e Chevalier. Vous 1'aimez? Merval. Comme un fou. Mon aveu vous étonne. Mon amitié... L e Chevalier. Je fens la preuve qu'il m'en donne. Merval. Auffi j'attends vos ioins. Le ChevalierSur ce point-la? Merval. Beaucoup. Vous voyez bien qu'il faut que je vous dife tout. L e Chevalier. Si quelqu'un a des droits a cette confidence Je puis vous aflurer que c'eft moi. Merval. Je le penfc L e Chevalier. Sans doute. Et vos amours, comment vont-ils ? Merval, Fort bien. Le Chevalier. Bien! Merval. Tout eft entre nous d'accord; je lui conviens. Le Chevalier. D'accord! c'eft fort heuréux. Merval. Vous en voyez ma joie. Le Chevalier. Vous pouvez donc y croire ? Merval- II faut bien que j'y croie; Car je vais 1'époufer. L e Chevalier. Vous allez i'époufer ?  C O M É D I E. BS Ah! ce mot la fjffit pour me tranquilifei% Merval. II eft bien quelqu'obftacle. L.e Chevalier. Oui, cela pouwait être. Merval. Mais faiblë, & que bientót j'aurai fait diïparoitre. Le Chevalier. Ce fera bien a vous. M e r v a l. C'eft le confentement De Tonele. Avec le tems je 1'aurai fürement: II m'aime tout-a-fait. Le Chevalier. je le concois fans peine. Merval. Pour termincr 1'afFaire & Ia rendre certaine, Elle m'avait tantót vers fon oncle envoyé: II m'a fouri d'abord; mais il m'a rudové Tout k 1'heüré en ren trant, d'une forte manière. Je viens voir quels cfforts a nous deux il faut faire. Le Chevalier. C'eft au mieux. M e r v a l. Vous voyez qu'il faut abfolument Que je lui parle feul, & cela promptement. Le Chevalier. Oui. Merval. Pour qui que ce foit ne s'ouvre cette porte; Mais je me fixe ici, jufqu'a ce qu'elle forte, Et j'attrape au paffage un moment d'entretien. Le Chevalier. Moi, je m'en irai donc ? Merval. Vraiment, j'y compte bien, Vous êtes mon ami. Mais ce qui me chiffonne, C'eft Monfieur Permaville & fa trifte perfonne, Quel'on trouve partout, & qui toujours, toujours E ourdit Emilie avec fes plats amours. C 2  3JLE MAR1AGE SECRET, Le Chevalier. Ouoi! Permaville Paime? ^ Merval Eh, oui! il laime a la rage, Le Chevalier, apart. Et de deux. Merval. Son amour eft comme lui, fauvage , Humorifte, gróndeur, & jaloux a tel point, . Qu'il eft farlceffe au guêt & ne vous quitte pomt. \fous ne pouvez jamais ou rien dure: ou neti faire, Oue-mon facheux n'amve, alors il faut le taiie. ^ LeChevalier. Un facheux, c'eft gênant. Merval. Je vous laiffe a penfer: Aufii i'efpère en vous pour m'en débarraffer LeChevalier. Ce font donc la les foins qu'il faut que je vous rende, Merval. Amufez Pimportun. jue Chevalier. Moi! Merval. Je ne vous demande Ou'un feul petit quart - d'heure. ^ LeChevalier. Ah! j'entens dans ces heux , Tandis que librement s'épancheront vos feux , < Pour fervir votre amour & vous laifler pres üelle, Dehors, tranquillement, je ferai fenunelle i II eft gai. Merval. C'eft aifé. Le Chevalier. Pas pour moi: car, vraimcnt, Si pour m'en délivrer j'avais quelque talent, Des long-temps, croyezmoi, j'en auraisfaituiage. Merval. On les fait promener, on parle argent, voyage ... Eh bien, ne vient- ü pas! je vous 1'avais bien dit,  C O M É D I E. 3^ Vous favez oh j'en fuis, vous avez de I'efprit: CHiand ici vous vcrrqz anïver Emilie, Emmenez - Ie dehors. Le Chevalier, d'un ton dHronie d'impatience. Oui. Merval. Je vous remercie. ' Chevalier, apart. Au Iieu d'un, maintenant j'en ai deux contre moi. SCÈNE IV. LE CHEVALIER, MERVAL, PERMAVILLE. Permaville, dans le fond du thédtre. ■Oecidons Emilie. ..Ah! ouec'efl-cequeje voi?.. I s etaient a caufer; un peu de patience, lis iortjront fans doute! Merval , au Chevalier. T7 ' , II faut que je commence: Vous me feconderez. Je vais imaginer Quelque prétexte adroit pour 1'y déterminer. Le Chevalier, apart. Je garde Ie fallon; fi quelqu'un 1'abandonne, Ce ne fera pas moi. P E r M a v i*l l e. T „ . , „ „ Pour une fin d'automne La lmree eit fort belle, il faut en convenir ; On fe promenerait avec un yrai plaifir. ~ . h JF ChKVA'LIER. Que n'cn jouiiTez-vous? Merval, au Chevalier. Fort bien. Permaville. t x i- ■ ,> , , r. Depüis un heure Je cours & fuis fi las. (II s'affied.) Vous permettez 9' Le Chevalier, apart. t r ,< j • Demeure Juiqua demam matin. C3  $8LE MARIAGE SECRET, Merval» au Chevalier. II s'affied. Le Chevalier, apart. Le bourreau! (A Merval') le le vois bien. J Merval. D'ailleurs, ce féjour eft fi beau? La maifpn, les jardins, 1'afpect qui les décore... Permaville. Oui peut - être Monfieur ne connait pas encore Tout cela; c'eft charmant. Merval. Je lui difais aufii. L e Chevalier. T'ai bien remarqué tout en arrivant ia. J Merval. De votre appartement je lui vantais la yue: Vous devriez, Monfieur, 1'y mener pour la von. Le Chevalier. Non, non; c'eft déranger.... Permaville. II eft trop tard ce foir. II faut, pour en juger, le plus grand jour. L e Chevalier- Sans doute, Et le premier plaifir, après dix jours de route,, C'eft le repos. {11 s'ajjied.) Merval, aw Chevalier. Eh bien ? L e Chevalier. J'en.ufe comme vous. Merval, au Chevalier. Comment, fi vous reftez, le congedierons - nous ? ^ Permaville , has% Pai Pair de trop ici: ce n'eft pas moi qu on chalie. J Le Chevalier , S? part. - Nous verrons de nous trois qui ccdera la place,  COMÉDIE. 3p Merval, bas au Chevalier. Parlez donc. Le Chevalier, bas d Merval. Parlez, vous : moi, j'ai pris mon parti, Merval, bas au Chevalier. Lnfin.... Le Chevalier, bas d Merval. Je ibrtirai quand il fera forti. Merval, DE Bessoncoür Sa femme.'.,. Je veux voir. R' (ƒ/ heurte une chaijje.) Emilie , füyant. Quelqu'un... c'eft fait de nous' (Le Chevalier la/uit.) S' SCÈNE XI. M. de Bessoncoür, feul. nnAm?mmC-' jG ne Puis retem> mon courroux S C E N E XII. DE BESSONCOÜR, PERMAVILLE VALETS o/>/wta»ï & la hmière. ' V^li> M. de Bessoncoür. A h .' c'eft vous ?  48 LE MARIAGE SECRET, P e r M a v i l l K. Qu'avez - vous a ener de la lorte? M. De Bessoncoür. Oh! j'en ai grand fujet: la füreur me tranfporte. Permaville. Et pourquoi ? qu'a -1 - on fait ? M de Bessoncoür. Ce Chevalier charmant, Oue 1'on amène iei, dont on plaint 1'accident , Savez-vous ce que c'eft, avec fes pohtefies? Permaville. Non: quoi donc? m de Bessoncoür. Le mari de 1'une de mes meces. Permaville. Le mari!^^ ^ ^ bessoncoür. Tres mari. Permaville. Qui vous a dit cela ? M. de liESSONCO u r. Moi, qui viens de 1'entendre, & tout-a-1 heure la La nuit fur les objets répandait quelque doute, pent e- j'cntends parler trés vivement; Jécoute: Seul avec une femme & d'un ton attendri, _ Ce Monfieur Chevalier s'exphquait en man. Permaville. Et cette femme?... M de Bessoncoür. Au bruit que j'ai fait eft partie: Pui cru pourtant au cri reconnaitre Emilie. J Permavlle Fmilie' Elle aurait un époux! Ah! grands Dieuxl M. de B e s s o n c o u r. N'eft ce pas révoltant? Qu'en dites- vous ^ Permaville. , M. de B e s s o n c o d r. Merval, qui va cherchcr fon mari, le PJ^me, LoTfque la lui donner ü veut que je conlente! L'entendez - vous ? p e R-  C O M ED I E. 40 Permaville. Qui diable entend cet homme lè9 m. de Bessoncoür Eft-ce uneerreur, unjeu? Qu'eff-ce donc que cela? Ce qu il fait & fera toujours quoiqu'on lui dife M. deBesssoncoor. II vient avec cet air.... Permaville. Qu'a toujours la fotife. SCÈNE XIII. MERVAL, M. DE BESSONCOÜR PERMAVILLE. " ' M. de Bessoncoür. JCjH bien! Monfieur , encor venez vous,parplaifir, De nous chercher quelqu'un ? fc*«SWi Merval. , . . Je fuis las de courir, Et de chercher par-tout, pour ne trouver perfonne. L Permaville. C eft f§cheux: car toujours le fucccs vous couronne. M. de Bessoncoür. Sa'hÜlV1531 eXempIe' êtreC0DCeDt de vou» Merval. Mais pas trop, M. de Bessoncoür. «, • , r Réunir deux époux, Seivirleursfeuxfecrets.vraimentpeut.on mieuxfaiMerval, (re 2 Que peut fignifier cette ironie amére? " M. d e Bessoncoür. Que votre Chevalier, ce paffintmalhcureur, Ec quiregut de vous des fbins fi eénéreax, Eft 1 époux de ma cièce. d  go LE MARIAGE SECRET, Permaville. Oai, 1'époux d'Emilie. Merval. D'Emilie! allonsdorx: qoelle eft cette folie? Permaville. Monfiear les a furpris, & le fait eft certam. Merval. Emilie! M. dëBessoncour. Oui, c'eft elle, ou fa couflne erifia : Car je ne puis, au vrai, bien affirmer laquelle. Merval. Allez dans le jardin: vous verrez fi c'eft elle. M. de Bessoncoür. Quoi ? Merval. Jeviensd'y trouverun grand particulier Madame de Volmare avec le Chevalier. M. de Bessoncoür. Te ne pardonne pas plus a 1'une qu'i 1'autre. Permaville. Elle, prendre un mari! quelle erteur eft la votre? Avec le cceur, 1'efprit, & la tête qu'elle a. Merval. Le cceur ,1'efprit,ce font beaux témoinsdeceux-Ji, Bien conféquentsfur.tout.Desia:ts;voilimespreuves. Tamór, fur le chemin laquelle de nos veuves M'a bien vïteenvoyé?... Üepuisqu'jleftvenu, Qui d'elles deux toujours 1'a feul entretenu?... Qui 1 laiffames nous avec lui, tête Héte?,... Madame du Vo'mare. AH! je ne fuis pas béte. Permaville. Vous aVz bien raifon de le dire, ma foi. M F r v a l. Rcpprt chez trus les faiis, vous verrez comme moi, P e r m a v i l l l e. Mais la voix était bien.... M. de II e s s s o n c o u r. Oui, celle d'Emilie. Mais, 1'une ou 1'autre enfin, elle fera punie.  C O M E D I E. 51 Je veux que Ie galant d'abord parreaujourd'hui. Permaville. Lui! bien. M. de Bessoncoür. J'y "«? metttre ordre; &cefoir avec lui, Puifquf mon amicié, mes foins, riefl fa ffore Pmllju'elle m'a irompé, qu'ii emmène une irrgrate. (//>«.) Fin du fecond Acle. D 2  £ï le mariage secret, ACTE III. SCÈNE PREMIÈRE. EMILIE, Madame VOLMARE, LE CHEVALIER. Madame de Volmare. h bien! douter de vous, c'était donc une effenfe, Le Chevalier. Je fuis un malbeureux. Madame de'Volmar e. Jugeant vorre prudence Je cuirs chercher mon orc'e & 1'arrêter cbez lui. E> re''trart du jardin, il paffe par ici, Ei vous De voyez rien. Le Che vali'er- Eh! Je ne voyais qu'elle; Que j'aime, que je peros, que ma fautecruelle Privé d'un proufteur que rien ne peut fléchir. Je lens tiop a quel point vous devez me haïr. Emilie. Vous haïr! mon ami! vous avez rü le craindre? Madame de Volmare. N'êtes-vous pas déji rou» dtux afl'ez a plaindre! Pou-quoi charter vos m*ux du poids de la douleur? En amarant 1'efprk, eik-flê ric Ie cceur. Le Chevalier. S'il reftait queiquM'poir dans ce moment d'orage,« Madame de Volmare, Tout finit. LeChevalier. Maia voyez: qu*avons-nous ?  COMEDIE. J3 Madame de Volmare. . _ Le cnurape Et moi: confervez l'un; & 1'autre, j'en répond». ., . . E M l l i £• Ah! mon amie! Le Chevalier. Hélas! Madame de Volmare. ■ , . . „ P!lJS dejarmes, voyonss Jout ceci, c'eft ma fiute. Emilie. Ah j la chofe.... Madame de Volmare. c.. „ . ttftnèsfóe. Si je nel'ava'spas, en hrifart fa voiture, Forcé. de s'arrêter & de venir ici, Nousn'en fcriors p?s tous aj poinr rü rous voic?. LeChkvaliek. Otez donca monroeur le n n.nris qui l'accsble, Charmante femme ! Oh!oui.vvousfea!e&es coupable M ad-i me de Volmare Non: je fn'slapr'mit-rc : ;I faut mertrerostorts En commun tou* lrs 'tois, air fi que nos efterts. L E. C H fc VALIER. Ce qae j'ai fiit.... Midame de Volmare. Eft fait. Voyorts oe qu il faut faire. Mon oncle eft vi<" mais bon L e Chevalier, Au moins fi fa ct ère Me laiflait d'un feul jgurefpérér |e oétai! Mais, tombant i les pieu>j'ii fait un vain fff*' Et voiilu par mes pleurs toucher fon cceur lèüfiblej Hélas; au premier mot eicor plus infl xible II m'a fermé la bouche avec ure rigueur.... Madame de Volmare. Qui n'eft pas tnute & lui, j'en coi oais bien 1'autenr. Vousferiez moins coupable, elle érant moKs j ]k * Mais vos eunemis, grace aajc charmes .''Emilie, So^t un oncle amnureux ce ion a i'orité, Qu'irritent deux jaloux, qua oué*- m< gal é. Ainfi c'eft Ie tems feul oui permet l'elpéra'nct. D3  5+ LE MARI AGE S E C R E T, Maintenant vos devoirs font dans 1'obéiüance. PartCZ- Le Chevaliek. Aapvès de lui -q-je nous reftera-i-il * Madame de V o l m a r e. Un cce ir qui, plus que vous, fouffre de votre «il, V«eam e anê fa ar rtonr touparslafor■ une QÏÏl^4b!?tt5b.i5 vnas deviendra commune. Vous créez des plaifi, ^M**** j*"0"* Madame D e V o l m a r r. Difpofez de mon fon , a>Vous je le corfie. H Madame de Volmare. Vous me verrez biemdr. r _ ^ fui Mff. LL C h e V a ^ ^ ^ & teo(Jpe am]ej Madame de V o l m a r e, *,y Et voila tout le mal: car, fi quelqu'ami lage, Aux écl.ts de mon oncle oppolant le courage, Eüt ausqué fon cceur; dans ces nouveaux liens, Eüt fi^u iui faire voir une fource de biens,  I COMEDIE. si Le bonheur, les plaifirs que par fon indulgence Sa vieilleffe obtenait de la reconnaiffance, Nous étions tous heureux. Merval. C'eft affez vrai, cela. Madame de Volmare. VouS'même.... Merval. Oui, je devais être cet ami-la: Mais tout difait d'abord que c'était Emilie, Et ce n'eft pas, ma foi, pour fon rival qu'onprfe. ■ Madame deVolmare. Vous voila rafluré fur la rivalité. Merval. J'aurais d'autant mieux fait , que d'un oncle irrité Sur ce premier hymen obtenant le fufFrage, Rien ne s'élevait plus contre mon mariage, Je gagnais deux amis, j'ótais tout embarras. Madame de Volmare. Ah! de votre intérêt je ne vous parle pas. Merval. •C'eft beaucoup cependant. Un mêmeefpoirnouslie; Ecoutez, faites-moi le mari d'Emilie, Et je vais m'employer pour vous faire accorder.... Madame de Volmare. C'eft elle & non pas moi qu'il faudrait décider. Merval. Elle le voudra bien. Madame de Volmare. Eh bien, qu'elle y confente, Et mes foins font a vous. Merval. Ah! vous êtes charmante.... Permaville pourtant.... Madame de Volmare. Ne Fépoufera pas, Soyez für. j M e r v a l. Vraiment. Madame de Volmare. J'en réponds. D 5  |8 LE MARIA GE SECRET, Merval. Eu ce cas.... Mail le voila qui rêve? Madame de Volmare. II vient. Merval. Pour notre affaire, Savez-vous avec lui ce qu'il nous faudrait faire? Madame de V o l m;a r e. Quoi donc? Merval. Ici notre homme a le plas grand crédit. II aime, & fon erreur a- caufé fon dépte. Rendez libre Emilie-, & faites qu'il efpère; II pariera pour vous, vous aurez grace eutière. Madame de Volmare. Fert bien: mais c'eft tromper. Merval. Que! fcrupule avez-vous? Madame de Volmare. II n'enfaut point avoir? Merval. Attraper un jaloux, Un méchant qui nous nuit, que Ion intérêt poufle; C'eft juftice. Madame de Volmare, Vraiment! Merval. Et c'eft bien la plus douce. , Madame de Volmare. Malin, reprochez moi mes rufes de tantót; Vous en avez bien plus. Merval. On en a quand il faut. ]e fors: aflurez-vous des foirs de Permaville, Je vous réponds des miens, & d'un fuccès facile.  C O M E D ï E. Z9 SCÈNE III. Madame DEVOLMARE, ftule. J^, h ! Mcffieurs \es amants, que vous voila bien tousl Prêchant les procédés que vuus craignez pour vous. SCÈNE IV. Madame DE VOLMARE, PERMAVILLE. Madame de Volmare. MCpable a i svo'ci!'amre;allons,donnon<5«nous 1'aircoa- P e R m a V i 1. l e , d p'JTt. Je veux nepas jecroife & lefoupcon m'accable. Je voisl'unedesdi ux, tachonsde m'éciaircir: Qjel ton tri'te: Telt elle. (haut.) Qui feule dans ces lieux peut donc vous re'enir ? Madame d e Volmare. L'efpoir, qu'y laifie un onclt a ma douleur mortelle , De ie voir, le flèchir. Permaville, d part. (Haut.) Pour sfftire chez lui votre orc'e eft retiré; Madame de Volmare. A la même co ère eft.il toujouts livré? Permaville. En e(Hl de plus jufte ? Avec autant d'étude Joigniï-on plus de tufe a plus d'ingra icude? II n'a qu'un feul defir; peut on 1'offenfer mieux ? En fecret msriée! Madame de Volmare. Oui, le crime eit i-ffreux; J'en conviens avec vous. Permaville. d part. rih! mais quand on 1'accufe, Un coupable toujours lc,ait troaver une excufe. C'eft 1'autre.  5o LE MARIAGE SECRET, Madame de Volmare. Mais du tort rapprochezle malheur. Sarsrefiocirces, fansbiéns. en proie è h douhur, Reeriés &profcrits par le meilleur des hommes; Voyez pour l'avenir dans quel état nous fommes. Permaville. Neus fomrne»! Que vous fair le fort de deuxEpoux ? Madame de Volmare. Comment! Permaville- Vous en parlez comme li c'éroit vous. Madame de Volmare. II le faut bien , hélas! Permaville, ns.le k la fois: Tout feul con-re fon cceur, fcS amis & fa riece. Combattra t tl longtemps, comptez fur fa foiblefie» Madame de Volmare. Ah! que vous m'enchantez! Permaville. Mais plaifir pour plaifix. Vous heureux, aidez moi tous k le devenir. Madame de Volmare. Eh! comment. s'il vous pl&ï. ? Permaville. Par 1'hymen d'Emilie; Midame de Volmare. Vous en demandez plus que ne peut une amie. Permaville. Du moirs, parlez pour moi. Madame de Volmare. Je m'y peux engager. Permaville. P^ur excïnre Merval daignez me proteger. Madame de Volmare. M >n opcle, dms fon ccei"- tantót vous a fait lire; Moi, jVi lif'd*ns c 1 ji d'Emilie; & pms dire, Q^e !ü emeni Merval ne 1'épiufera pas Permaville. Vous me reDder l'efpoir; & je vais de ce pas, Pour vous re ndrc la paix. mettre tout en ufage. Madame de Volmare. J'eotends mon ncle. Permaville. Aüons, Madame, du courage, Et nous 1'emporterons.  COMEDIE. 63 SCÈNE V. MERVAL, Madame DE VOLMARE, M. DE BESSONCOÜR, PERMAVILLE. M. de Bessoncoür, enentrant, d Merval. N on, qu'ils partent ce foir: I.smont trompé tousdeux,je ne veuxplus les voir... (A Madame de Volmare,) Madame, c'eft donc vous qui, bravant ma défenfe, Voulez mVmbirralTer d'un bomme qui m'offenfe? Smvez le, puiique feul ce Monfieur vous convient. Madame de Volmare. Mon oncle! M. de Bessoncoür , lui remettant un portefeuille. Allez: voilé ce qui vous appartient. Madame de Volmare. A moi! M. de Bessoncoür. Prenez: je fcais quelle eft votre fortune: xu.eJe Chevalier fert, & n'en poffede aucune. A déternels befoins vous feriez condamnés, y,r0t!s,ncJes craiDa'rez plus avec cela: prenez; Mais laiflez-moi tranquille. Madame de Volmare. ,T Homme trop refpeótable, Vous me comblezdebiens en me croyant coupable. t M. de Bessoncoür. Vous étes, & beaucoup: je le fcais; mais mon cceur Deüre fon repos & non votre malheur. Madame de Volmare. En efl>il de plus grands que ceux de vous déplaire; De vivre loin de vous, a votre ame étrangère? M. de Bessoncoür. Vous euffiez, le penfant, agi différemment. Merval, Le pouvaient-ils au fait? Parions fincèrement. On ne peut être franc avec ceux qu'on redoute!  ■• comu d pe»maville "JCine. £our des maUxiDCertninsperdre/..vousdevr3K h;,,no5 Un cceur comme Jevötre a befo^e nenT ^ r>»a D E B E s o N c o n „ ' Ceft par eux que de nous on abufc fans cefle Vous verrez quelle fuice aura cette fÏÏéll?' Q.oü e r m a v i l l e. M d e Bessoncoür. VfenHra tran<*U!i,e' Emilie a fon tour Viendra de yceux pareils me tourmenter un inr* . Qu-'aurai-ja a lui répondre ? Udrmenctr un Jour; Permaville. Au lieu de deux hcure^xVouTcïrre^r-51^''67 Et je paierai pour eux, M e r v a l, ii • ion: tout déiend Hu HmV taites en un pour elle: & cro-z Eii'  68 LE MARI AGE SE CR ET, M- B^8^1avo^ SCÈNE VIL nt ttTv/iti 1F M. DE BESSONCOÜR, WERVAL'E^RMAVILLE; Emilie, fepècipitant aux pieds de fon oncle. TV/1 i r^nputil? . vos genoux que j'em- M on oncle fepeut ü ... j Qg r< M* o, m vous amedemandergrace? Avez-vous auffi, vous^, d i ^ ^ ^ Non; non:pnifqu'elle eft faite> qu'enfïn un époux Peuc Mamais. x L L Madame: eh! mais, ce n'eft pas vous. Jvl e r V A l. C'eft uiüqae.aqoe^pointramitié vous égare. VousavezVcommeelleU.Ehlbienl'avais.jedh? 11 me pleuc des neveux. 11 H Merval. Remettez votre efpnt. Emilie- . ' N'avez.vous pas grom», qum. jie A vous! Queft ce ceci? de qui me parlez-vous? x Emilie. Du Chevalier. Permaville. Comment! M e r v a l. De lui? Emilie. De mon époux.  C O M £ D I E. 59 Merval. Votre époux! c'eft un jeu. Pek m a v i l l e. Parlez vous vrai, Madame? M. de Bessoncoür. Mais achaque minureil change donc de femme ? C'était votre coufine, & c'eft vous maintenant? Permav i lle,apart. Vous verrez qu'on m'aura joué comme un enfant. Mesval. A quoi boa cetce feinte V allons, c'eft affezrire. Emilie. Mais non; je ne' ris poinu M e r v al. Je ne fais plus qu'en dire. M. de Bessoncoür, Qui de vous eft fa femme, & la fin? SCÈNE VIII, & dernière. MERVAL, EMILIE, LE CHEVALIER . Madame • DE VOLMARE, M. DE BESSONCOÜR, PERMAVILLE. Le Chevalier; LiA voila. Merval. Emilie'. Permaville. Emilie! ' Madame de Volmare. Oui: c'eft bien celle-la. Le Chevalier. L'amour depuis un an a f ormé notre chaine; Condamnésau fecret, k 1'abfence, k la peine, • Nousn'avionsdu deftinconnu que le courroux : Mais,vous nous pardonnez,tout eH bonbeurpournouj. L 3  ?o LE MARIA GE SECRET, M. de Bessoncoür. En arrivant ''ci, voas étïez mariée? Madame de Volmare. Quand vous !a pardonnes la faute eft oubiiée; Vous 1'avezdic M. de Bessoncoür. Mais. vous . dites moi-donc auffi , Ce quedécidémcnt vous êtes dans ceci? Le Chevalier, Oh! la plus noble amie. Emilie. Et la foeur la plus chère." Madame deVolmare. Qui vous coimaiflant biea, ait de votre co'ère R- cu les premiers traits, épuifé tous les feux Pour ne plus leur laüTer que vos bontés pour eux: C'eft toujours votre nièce a qui vous fake1- grace i Vosamispermettront qu'elle prenne ma place. Emilie. Croyez qu'avousaimer, vousobéir toujours, Et mon époux & moi confacnront nos jours. L e Chevalier. Ah! mon cceur... M. de Bessoncoür. C'eft fort Wen ; fi i'on change Ia femms Le mari ne Peil pas; & tu jours dans fon ame Sont les mêmes vertus-que vous me vantiez tous. ;L e Chevalier. Ces Mefiïeurs. M. de Bessoncoür. Tous les deux m'ont répondu de vous. P e u m a v i l l e, C'eft ce monfieur Merval.,. M e r v a l, d part* Ah\ la doubie friponnc! M. de B e s s o n c o u k, Prés d'elle aimez-un peu 1'oncle qui vous la don ;e. L e C k e v a l i e r» Mes jours fcront a vous. Madame de Volmare. T'-ut vous Ie gnrdntit Cts Mefiieux» vous diront....  / COMEDIE. ?r Merval. , ,., Oh •' rien: nous avons dk Tout ce qu'il en fallait. Perma vil le,a part. ,Oai, pour être bien dupe. M. de Bessoncoür. Ailons changer les foins donc pour vous ons'occupe. V os voyages, je crois, font finis. 1 Le Chevalier. n -r „ , A jamais, Puifque prés delle & vous m'ont fixé vos bienfaits M. de Bessoncoür. Vecezdansce moment» eft joucr de fortune iJen etre, fur les ueux, au moias quitte pour une, Fin du troip.hme £f dernier Ac~Ie.   1