Bib'Heek Universiteit van Amsterdam' 01 3087 7715   DESCRIPTION D' U N ANIMAL PEU CONNU JUSQÜICI, QUI PORTE LE NOM DE C O U D O U, ET QXJI APPARTIENT k L'ESPECE DES CERFS, Tranfportê pour la première fois en vle du Cap de Bonne Espérance en Europe, pour la Menagerie D E SON ALTESSE SÉRÉNISSIME, MONSEIGNEUR LE PRINCE UORANGE ET DE NASSAU, STADHOUDER HEREDITAIRE, GOUVERNEUR, CAPITAINE'GE'NE'RAL ET AMIRAL DES PROVINCESUNIES DES PAIS-BAS, &c. &c &>c. P A R A. V O S M A E R> Confeitler de S. A. S. Diretteur de Son Cabinet d'HiJloire Naturelle & des Curiofüés, ainfi que de la Menagerie, Membre de /' Académie Impériale, Correfpondant de VAcadémie Royale des Sciences de Paris, Membre de celle de Madrid, 6? 'des Sociêtés Littéraires de Vlisfingue & de Haarlem, &c. Traduit Par Mr. RENFNER. * A AMSTERDAM, Chezles Héritiers P. MEYER et G. WA RN ARS, MDCCLXXXIII.   HISTOIRE NATURELLE D U COUDOU DA F RI QUE. Monfieur le Corate de Buffon parolt encore incertain a 1'égard d'une des plus grandes efpèces d'Antilopes qui foient connues jufqu'ici. II n'en a vu que la tête furmontée de fes cornes; & une feconde corne lui a été donnée par Mr. Baurhis, Commis de la Marine, fous le nom de corne de Condoma du Cap de Bonne Efpérance, nom qu'il a cru devoir adopter, mais que eet animal n'a jamais porté que je fache. Je le connois d'ancienne date fous celui de Couddu, & cette dénomination, qui nous eft venue fi je ne me trompe des Hotrentots, aura été changée par méprife ou par corruption en Condoma. 11 eft plus que probable que ce Coudou eft le même animal dont Gesner(ö), d'après Ca jus, nous a donnélatête & les cornes ; mais ce ne fauroit etre la chèvre inconnue indiquée par Kolbe (£) dans fa Defcription du Cap de Bonne Efpérance , & qu'il repréfente avec une barbe & des cornes droites, fous la forme que Mr. de Buffon (f) a rapponée au Coudou , fans 1'avoir vu en vie. Aldrovande.(^) auffi nous a donné d'après Cajus, la figure de la tête & des cornes; mais le deffin de Gesner rend avec plus d'exaétitude le contour torcueux des cornes. D'ail- (a) Gesner de Qttadr. p. 20j\ & 1'Edition Allemande dont: le titre eft Thierbuch, Zurich 1563. fol. p. 67. Kolbe, Tom.L, pag. 170. de 1'Edition Hollandoife in folio, ohfetrouve aufïi la figure. (c^Hift. Nat. Tom. XII. pag. 301. Item> Defcript. du Cak de Mr. d'Daü- benton s Tom. XV. pag. 192. f d^) De Quadrup. Blfukis, pag. 740. Bon. 1642. A 2  4 D E S C R I P T I O N DU D'ailleurs Mr de Buffon remarque très-bien quel'animal da Ca jus ne fauroit être le Strepftceros des Anciens, mais plutöt le Coudou, auquel Ca jus & fes imitateurs ont attribué mal 3 propos le nom de Strepftceros. Les cornes que Mr. de Buffon (O prête au Coudou, appartiennent tout aufïï peu a eet animal, mais a YElan de Kolbe, que nous connouTons aujourd'hui fous fon véritable nom de Canna, & que nous décrirons dans un mémoire fut. vant. Le quadrupède que nous allons faire connoitre plus particu^ lièrement fóus fon vrai nom de Coudou, eft le premier de cette efpèce qui ait été tranfporté vivant en Europe; nous 1'avons pofTédé dans laMénagerie de S. A. S. le Prince d'0range. Plufieurs Ecrivains en ont donné des defcriptions & des figures affez imparfaites, d'après les renfeignemens plus ou moins inexafts qu'ils avoient eu oecafion de fè procurer. Nous rapporterons & nous appréciërons leurs découvertes; mais nous ofons dire que de toutes les figures du Coudou, la nötre mérite aflïrrément la préférence, puifqu'elle a é:é deffinée fous nos yeux & d'après nature par la main habile du Sr. Schoumann. Cette préférence lui a été adjugée fans reftriétion par les ConnoifTeurs, qui ont confronté 1'animal vivant avec. les defilns qu'on en avoit faits auparavant. Le premier deffin du Coudou nous a été donné il y a déja quelques années, par le Sr. Ridinger (ƒ), célèbre artifte auquel nous devons les figures très-bien faites d'un nombre prodigieux d'animaux. Celle-ci m'a paru afTez fidéle, & je la crois copiée d'après un deffin original, ou peut-être d'après une peau préparéé qu'on lui aura apportée du Cap. Mr. (e) Tom. XII. Planchë 46. bis: pag. 357. Wfuiv, & pag. 377 6? 378lf) Dans J'une des douze belles Planches du Paradis, qui portent pour rnfcnp-tion; Joh. El. R.idmnge^ inv.fsi. tfexcudit. Aag. Vind..  COUDOU van de Kaap de Goede Hoop.   C O U D O U D'A F R I Q U E. 5 Mr. Houttuyn, Doéteur en Médecine & amateur pasfionné'de 1'Hiftoire Naturelle , a mis au jour une autre figure de ce même animal (g), dont il n'indique cependant pas le nom; elle a été faite avec foin d'après un deffin qui lui a été communiqué par fon Collégue Mr. Narcissus. Quoique la forme en général foit affez bien repréfentée, on y a pourtant omis plufieurs fignes diftinftifs, tels que les rayes blanches transverfales qui defcendent du dos fur les flancs, les rayes ou taches blanches de la tête, &c. D'ailleurs on n'a point ajouté la defcrip» don de 1'animal; feulement on s'eft contenté de remarquer qu'il avoit été tué, il n'y a pas longtemps, fur les cötes orientales d'Afh* que, & que de loin on 1'avoit pris pour une licorne, paree quevu de profil il paroifToit efFeftivement n'avoir qu'une feule corne. Mr. Gollini, Secrétaire Intime & Directeur du Cabinet d'un des plus illuftres Protefteurs des Arts & des Sciences, 1'E~ leéteur Palatin, a inféré la defcription & la figure de eet animal étranger, dans les Mémoires de VAcadémie Palatine (£), fous le nom 'de Cerf du Cap de Bonne Efpérance. La figure a été' copiée d'après une peau empaillée qui eft confervée dans le Cabinet de S. A. E., mais 1'éxécution de 1'eftampe eft mauvaife» tant pour le deffin que pour la gravure. La defcription au contraire eft affez exaae, & offre tous les détails que pouvoit fournir la fimple peau d'un animal. La figure qui fe trouve dans le grand Ouvrage de Mrs., Knorr & Muller CO, ^ également manquée, & I» defcrip* m Houttuyn Eefchryving der Dieren, Planten en Mineraalen volgens Cg) fetfaJenftel van den Heer Linn*us. Vol. I. Part. 3. peg. 267. Tab:: 26. Jmft. 1762. gr. 8°. £ R-*i Acta Acad. Palat. Vol. I. pag. 487- Manh. r?66. 4°'- U rO Knorr 6? Muller Deliciz Nature* fekttce; of Kabinet vanzeiï(0 laaiheden der Natuur, II. Deel,Tab. K. 5. Ê?Tab. 1*1. f|;/°f^ de 1'Edition Hollandoifo imprimée a Dort 177.1 ■ en format d Atlas uvea des piancnes erumuiui.es,. A 3  6 DESCRIPTION tv defcription a été faite d'après; une peau très-mal préparée. On y adopte le nom corrompu de Coetoe. Enfin on a traité de eet animal dans une Nouvelle Defcription du Cap de Bonne Efpéranee & la figure eftropiée qu'on y a placée, eft, dit-on, deffinée avec toute l'exaélitude poffible d'après nature, c'efU-dire, d'après le fujet qui a fervi de modèle a notre eftampe. Mais le moyen de fe fier a ces fortes de relations amhentiques, puifqu'ki on met les cornes du Coudou derrière les oreilles, & qu'on le repréfente avec une barbe de bouc, qu'il n7a jamais eue! Et cependant on allure encore dans le texte, „ que le menton eft orné d'une barbe a longs poils. * Mr. Pal las a rangé ce beau quadrupède dans Ia clafTe des Jntilopes, & la notice abrégée qu'il en donne, eft celle d'un obfervatëur éclairé (/). Ce Savant a fait un féjour de plufieurs années a la Haye, pour fe perfecTrionner dans 1'étude de FHiftoire Naturelle; & pendant tout ce temps il a eu tous les jours 1'entrée de notre Cabinet. II a vu cent fois la tête cornue du Coudou qui y eft dépofée, & il ne dit pas un mot de fe barbe. Mr. Pallas nous quitta vers Ia fin de 17 66". ou au commencement de 1767 , & le premier Coudou vivant quf foit venu en Europe, a été conduit ici plufieurs années après fon départ. Au refte ce Naturalifte eft aulfi dans 1'idée que eet animal n'eft pas le Strepficeros des Anciens i il en a confervé cependant le nom, ou par analogie, ou h1'exemple de Cajus. Mr. le Baron de Plettenberg, Gouverneur du Cap de Bonne Efpéranee, a la politeffe officieufe duquel, le Cabinet du Prince d'Orange doit beaucoup, m'annonca par une lettre du 13- (*) Nouvelle Defcription du Cap de Bonne Efpéranee, avec m Journal Bitton* %^k ZTw^^ ^ 'AfH<1Ue'Edit' Ma"M*> 4». du C° %)LA$ %a7^'a z^oa, Tom. L fafe. 1. pqg. j7. N. ij. Bertl.  COUDOU d'AFRIQU E. 7 13. Mal 1776' Que eet animal ü peu connu étoit embarqué & deftiné pour la Ménagerie de S. A. S. II y arriva erïèétivement en très-bon état le 2 2 de Septembre de la même année, après avoir féjourné quelque temps dans les écuries de la Compagnie des Indes a Amfterdam. Le Coudou eft, après le cheval & le zèbre, 1'un des plus beaux quadrupèdes que je connoifle. On ne fe Wok point de 1'admirer, lorfqu'onle voyoit marcher & paitre dans le pare de la Menagerie. Saforme, fes mouvemens & fon port réuniffoient toutes les graces & toute la nobleffe, dont une Providence admirable dans toutes fes ceuvres, s'eft plue a orner les.: plus grandes & les plus belles races de cerfs. 11 n'étoit pas moins remarquable par un bois fuperbe, dont les finuofités produifoient 1'efFet d'une fpirale allongée, fans qu'on y découvrit une feule ramification imparfaite; par le caraftère de fierté qui animoit fa tête; par de longs poils qui flottoient fur fon cou & fur £1 poitrine, & par de belles rayes blanches tirées du dos fur les flancs tout le long de fon corps. II étoit tel enfin qu'on le trouvexa décrit en détail dans la defcription qui va fuivre.. Tous les traits de eet animal excitent, chacun a part, 1'admiration de 1'Obfervateur: ils rappellent a la mémoire de eelui-ci plufieur-s animaux différens, dont fon imagination aime a trouver les beautés réanies dans un feul. Cet animal fi beau ec firare, étoit male, & fon naturel étoit d'une ..fingulière douceur, pour ne pas dire d'une grande bontcv Je ne 1'ai jamais vu donner la moindre marqué de méebanceté ni .de férocité: il fe laifloit approcher, toucher, carefier fans défiance. II aimoit beaucoup le pain, & il le prenoit de la nwm de tous ceux qui vouloient lui en préfenter. Pendant fon féjour dans la ménagerie, fa nourriture ordinaire étoit l'herbe, lefoin,, 1'avoine & d'autres grains: il mangeoit volontiers la carotte, &. furtout le pain,, dont les cerfs privés <3c les.autres efpèces de- «ette;  .8 DESCRIPTION do jcette claiTe font auffi fort friands. II dormoit comrne eux, la tête appuyée fur le corps. Ses gardiens m'ont aiïüré qu'il ruminoit. Pour moi, je n'ai jamais pu le furprendre dans cette fonftion, 1'éloignement du lieu ne m'ayant pas permis des vifites affez fréquentes. Sa voix tenoit de celle du cerf qui eft en rut, mais il rayoit rarement. Sa courfe reffembloit au trot du cbeval, & elle paroifToit fufceptible d'une grande viteflê; mais la plupart de ces animaux contraclent par la longueur du voyage & par le défaut d'efpace fur le vaiflëau, une roideur de membres qui ne fe diffipe que difficilement. Lorfque dans fes accès de gaieté il fe mettoit *t courir & k bondir, on 1'avufouvent lever le derrière du corps, fans que jamais il ait fait mine de ruer. Quoique les mefures que j'ai prifes de eet animal, indiquent une grande taille, il n'étoit pourtant pas encore parvenu a fon entier accroiflêment. C'eft ce que nous marquoit Mr de Pl etten berg, ajoutant qu'il avoit vu au Cap des cornes de Coudou beaucoup plus longues que celles du Coudou qu'il nous envoyoit. II paroït donc que lorfqu'il a pris tout fon cru, il doit furpaffer en volume les plus grands cerfs & même le cheval. Quant a la différence des fexes, je n'en puis rien dire de fatisfaifant, n'ayant point recu jufqu'ici les éclaircifTemens néceffaires. Nous nous en rapporterons fur cc fujet avec confïance aux recherches infatigables de Mr. Gordon. Dans le nombre des peaux de Coudou que j'ai vues, ^ les taches blanches de la tête, & furtout les rayes des flancs, différent fenfiblement. Tantót les tempes font marquées de deux taches, tantót il y a en trois, & quelquefois elles fe confondent en une feule tache prolongée. La même variété a lieu quant aux rayes du corps. Ridinger repréfente fon animal fans barbe, tel qu'il 1'eft effeaivement: on y diftingue fur le devant du mufeau deux petites rayes blanches, qui fe réunifïent fous  COUDOU d'A F R I Q u E. # fous la forme d'un V; fur chaque joue paróiflcnt trois taches obliques.; le corps eft rayé de dix bandes blanches, dont la quatrième & la cinquième fe rapprochent de très-près vers le bas. Dans le deffin de Mr. Collini, on ne compte que fept rayes fur les flancs, & la première fe termine en fourche a deux branches. Chez Knorr & Muller le Coudou eft dépeint avec neuf larges bandes. Enfin 1'individu que nous avons eu fous les yeux, avoit fept rayes blanches d'un cóté, & neuf de 1'autre. Aucun des Auteurs que je viens de citer, n'a donné une barbe k eet animal, & je puis afïurer que je n'en ai pas trouvé la moindre tracé dans les têtes préparées qu'on m*a envoyées, ou que j'ai eu occafion d'examiner. II eft donc évident qu'il n'a point de barbe. Les Coudous du Cap demeurent h une grande diftance des cótes, & fe retirent même fort en avant dans l'intérieur du pays, s'il en faut croire le Journal Hiftorique d'un Voyage de Terre, qui eft Jt la fuite de la Nouvelle Defcription du Cap de Bonne Efpéranee. Selon cette relation on s'étoit mis en route de la Ville du Cap le 16 Juillet 1761. & ce ne fut que le 22 Novembre, & ainfi après un trajet de quatre mois, qu'on les apercut pour la première fois fur les bords de la rivière Gamma. A la même hauteur on découvrit aulfi le Rbinocéros, le Camelêopard, des Chevaux Sauvages, & des Quachas, qu'on dit être des Zèbres batards (w). Lc £m~) Le Gouverneur du Cap, Mr. le Baron de Plettenberg, dont j'aurai jouvent occafion de louer 1'attention orficieufe, nous envoya vers la fin de 1780. un animal fort rare qui porte le nom de Qjtagga. L'Obfervateur le plus fuperficiel y reconnoiflbit du premier coup d'ceil le Zèbre du Cap, mais d'une race bacarde. Je fuis perfuadé que les Zèbres fe mêlent avec les chevaux fauvages, & cejix. ci avec les Zèbres; & il doit réfulter de eet accouplement une efpèce miloyennc. Aufii je me fouviens d'avoir vu en 1748. ou 1749, un de ces Qtiaggas, qui fc trouvoit dans les écuries du feu Stadhouder, & qui étoit également originaire du Cap: il différoit quant a la robe, de celui qui nous eft arrivé en dernier lieu. La defcription que nous donnons aujourd'hui étoit déja achevée depuis long^ tsanps; mais la publication en ayant été retardée par différens obftacles, je recus B d ins  10 DESCRIPTION Dü Le Coudou qui nous écoit venu du Cap, n'a vécu qu'erw viron trois mois: il mourut d'une maladie de confompdon. Le pays fee & montagneux de 1'Afrique contrafte trop avec le climat de la Hollande, & furtout avec le terrain bas & marécageux du pare de notre ménagerie, pour qu'on puiffe efpérer d'y conferver long-temps cette efpèce: peut-être auiïi eet animal ne peutil pas fupporter une nourriture étrangère. La peau a été préparée, & pourroit un jour occuper une place dans le Cabinet de la Haye. Nous nous flattons que notre defcription, & la figure exacte qui 1'accompagne, ne laifferont rien a. defirer. Mon Editeur & moi, nous n'y avons épargné ni peines ni dépenfes. 11 réfulte des obfervations que j'ai faites, que 1'animal dont Mr. de Buffon n'a vu que la tête furmontée de fes cornes, & qu'il décrit fous le faux nom de Condoma, s'appelle Coudou de fon vrai nom; que cette autre dénomination n'eft vraifemblablement qu'une corruption de celle-ci; & que felon toutes les apparences le Condoma n'exifte nulleparr. J'ai également prouvé que les cornes attribuées par le même Auteur au Coudou (Tom. XII. PI. 46. bis.) appartiennent a un animal entièrement différent , qui a porté jufqu'ici le nom trés - impropre ÜElan du Cap. Graces aux recherches de Mr. GoRDON, ce quadrupède fi rare eft dans 1'intervalle le Supplément du Töme V. de VHlftoire Naturelle de Mr. d e Buffon, réimpriméea Amfterdam d'après 1'édition de Paris, fous les yeux & avec les additions de Mr. le Profeffeur Allamand. J'y ai trouvé avec le plus grand, plaifir une defcription du Oiiagga, qui a été communiquée k Mr. Allamand par Mr. Gordon. E11