G.\ O.'. DE FRANCE. DE LA COMMÉMORATION FUNÈBRE DES MEMBRES DU G.\ O.*. DE FRANGE, DÉCÉDÉS DAKS IE COUKS DES ANNEES MAC.*. 5835 ET'5836,1 CELECUÉE rAU LE C.*. O.*. DE FRANCE LE J.\ DO ler H.'. LUNAIRS (Nissan) 583j (3i mars 1837, crc vuig"). O.*. DE PARIS. IMPRÏMERIE DE Mme Ve DONDEY-DUPRÉ, RUE SAINT—LOUIS y N° 46, AU MARAIS. 1837 AVIS A TOUS LES ATEL.-.. Le G.-. O.", de France, en consacrant annuellement une commémóration funèbre a la mémoire des membres qu'il a eu le malheur de perdre , donne a la Mac.-, une preuve touchante ct fraternelle des regrets que lui inspire la mort d honoiables Mac.', et de bons citoyens. T e G • O • a déia invité les Alel.'. de sa correspondance a concourir ace tribul de deuil en lui transmettantdes documens sur leurs Présidens décédés dans le courant de 1 annee mac.-.. II leur renouvelle aujourd'hui cette invitation, et les priede ne la point perdre de vue lorsqu'un nouveau deces vient apporter une douloureuse vacance la dïrection de leurs travaux. 11 invite aussi les families des Off. . du G. . O. . et des députés a répondre a ses instances par 1'enyoi des memes documens sur ceux de ces HU. . FF.-, qui viendra.ent a deceder ratre Tépoquc actuelle et celle oü sera célébree la commemoration suivante. T e G ■ O • rappelle que ces documens consistent dans les noms prénoms, age, lieu de naissance , qualites civiles et ma?.-!, date de décès et principaux faits de la vie maf. . et profane des FF.'. décédés. Ces Communications sont soigneusementrecueilliesparle G.*. O.-, et confiées au F.-. Orat.-. chargé de prononcer 1 oraison funèbre. Les faits prètent k 1'éloquence, et lors mêmequ'ilsne seraien nrésentés que comme une nomenclature, lis excitent 1 ïnlcret et produisent toujours le bon exemple. Ces mèmes fa.ts peuvent concourir a 1'histoire del'Ordre, qui seraitmoinsnegligee si les matériaux de ce genre étaient plus abondans. P. MOR AND, Secrétaire. Nota. Les lettres et documens doivent être adressés f'ranco k M. le Gp.and Nétoki , rue du Four-Saint-Germam, n 47. POMPE FriNFRRP — - • ■— • 5835-5836. v Y4' i '-du mois lu»aire Nissan, 1'an de Ia V 5837' 3l mai's I837 , ère vulgaire. ^ 0.-. de Franc e, régulièrementconvoque et fraternellement réuni en assemblee genera e, a 1'effet de célébrer ]a commémoration unebre des Membres duG.-. O.-. décédés, dans le courant des années 5835 et 5856, sous le A LA GL.-. DU G.-. ARCH.-. DE L'UNIV.-. LE G.". O.*. DE FRANCE. point géométrique connu des seuls vrais luac.*., dans un lieu très-régulier, tres-fort et très-couvert, ou règnent la paix, le silence et 1 ecpute. Midi plein. Les travaux ont été ouverts a l'O.-. , d'après le Rituel des cérémoniesfunèbres, par le T.-. R.-. F.*. Bouilly, représentant particulier du G.*. Mait.*.. Siégent a l'O.'. les RR.'. FF.'. Arthaud, Président de la Ch.- • Symb.\ ? en tourj Gontie, Pi c— sident de la Ch.'. de Correspondance et des Finances, et Janin , Président du Supr.-.Conseil des Rites; A 1'Occ.-. par les VV.-. FF.-. Pillot, i" Surv.-. de la Ch.-. Symb.-. , et Taskin, 2e Surv.-. de la Ch.-. de Correspondance et des Finances; Le banc des Orat.-. est occupé par les VV.-. FF.-.Pinet, Orat.*. de-la Ch.\ Symb.-», Orat.-. en tour, et de la Chanterie, Orat.-. de la Ch.-. de Correspondance et des Finances ; Siégent au bureau des Secrétaires, les VV.-. FF.-. Faultrier, Secrétaire de la Ch.*. Symb.-., Morand, Secrétaire de la Ch.-. de Correspondance et des Finances, et Bourgouin, Secrétaire du Supr.*. Conseil des Rites. Sont présens a l'O.*. les VV.-. FF.-. Lafon , J)oyen, Albkrt , Gastebois ctTESSON. Un cénotaplie de forme pyramidale, orné des insignes civils et mac.-. des RR.-. FF.-, décédés, s'élève au milieu du temple. Ilestentouré de cyprès, et a ehacun de ses angles des cassolettes antiques répandent une clarté mystérieuse. I/encens fume au pied du monument, dont la garde est confiée a deux Off.-. Hon.-., les VV. . FF.*. Lafon et Albert, et a deux Off.-. titulaires, les VV.-. FF.-. Vassai, et Ca- mus. Le temple est entièrement drapé de noir. Sur des écussons appendus aux murs sont tracées les initiales des noms des RR.-. FF.-, décédés, initialesentoux-éesd'emblèmes mac.-.. D'autres écussons renferment des sentences morales. Une Col.-, d'harmonie est placée dans la tribune d'Occ.-.. Sur 1 invitation du R.-. Président, lecture est faite du tracé particulier de la commémoration funèbre des années 5833 et 5834, célébrée par Ie G.-. O.-, le 27 février i835. La rédaction en est conforme au procés-verbal approuvé et imprimé. Les VV.'. FF.-. Maitres des cérémonies, sur 1'ordre du R.-. Président, introduisent les FF.-. Visiteurs reconnus comme Mac.-, réguliers; ils les font placer en ordrc et en sik-ncc sur les Col.-.. Le R.-. President adresse a ces TT.-. CC.-. FF.-., et pai'ticulièrement a ceux des Atel.-. dont faisaient partie les RR.-. FF.-, décédés, une allocution touchante pour les remercier de leur concours pieux et fraternel. Apres une batt.-. de deuil, le R.-. Président annonce les rnotils de la solennité funèbre dans l'allocution suivante : TT.-. CC.-. FF.-., « Vous serez étonnés peat-être qu'un septuagénaire préside encore cette cérémonie funèbre. En s approchant, a mon age , de la tombe de ses frères, on court risque d'y descendre soi-mème, de rejoindre ceuxdonl on voulait honorer la mémoire,et qui semblent nous dire en nous tendant la main : « Viens dormir avec nous! » » Mais ilest de ces devoirs impératifs, il est de ces dettes du coeur qu'on doit acquitter a toutes les époques de la vie. Plus on a vieilli, plus on a su connaitre, apprécier ses vrais amis. Viennent alors a notre souvenir ces belles paroles de Lucain : Scire mori, sors prima viri. «Le premier devoir de 1'homme estdesavoir mourir.» » C'est donc avec une enticre résignalion, et, j'oserai le dire, avec ce calme de 1'ame que ne tourmente aucune crainte, aucun pénible souvenir, que je me presente devant ce maüsolee , et que j'a.i cru devoir y jeter le premier rameau de cyprès et d'acacia. Leposte éminent auquel vous avez daign.é m'élever, mes FF.-. , allége le poids des ans ; il réveille en moi cette diguité d'homme, ranime mes forces épuisées; et je sens que ce glaive de 1'honneur déposé par vous dans mes mains s'y raffermit, comme autrefois celui de Nestor, au milieu des Grecs ; je sens enfin qu'il me fait répéter, sous la neige épaisse qui couvre mon froht : Sororum fila trium patiuntur atra. « II reste encore de quoi filer auxParques. » » Mais il ne s'agit point de combattre en ce moment douloureux et solennel; il ne s'agit point de repousser les atteintes portées par des innovateurs insensés aux bienfaits impérissables de la Y. •. L. *.... Ceux qui long-temps les ont défendus, propagés avec nous , ont quitté cette Q terrestre; leurs manes révérés sont la qui nous appellent, qui attendent nos adieux fraternels et 1'expression de nos regrets. »Toutefois, quand je parcours cette liste de deuil, et que je trouve parmi ceux que nous avons perdus, des citoyens moissonnés dans la fleur de 1 age , des peres de familie si nécessaires a 1'amour d'une epouse adoree, a 1 education , a la destinée d'enfans cheris; quand j y vois de ces respectables, de ces utiles artisans, formant autant de ruisseaux fertiles qui composcnt le grand fleuve de 1'état..... et que je nie retrouve debout, moi , après soixante-quinze hivers, privé de ceux qui devaicnt soutenir , consoler ma vieillesse , ayant perdu le titre de père, et n'offrant plus, sur la scène du monde, qu'un vieux roseau courbé par la tempëte sur le bord du torrent pret a 1'engloutir,.... Ah! je ne saurais m'empècber de dire : « Eh ! pourquoi la mort ne m'a-t-elle pas moissonné a la place d un de ceux que nous pleurons?... i) Je dois vous 1'avouer , mes FF.*., cette bizarrerie du destin me ferait presque douter de 1'éternelle justice , si tout-a-coup une voix secrète ne me disait : « Vieillard insense, qui veux critiquer les décrets de la divine Providence , profite de ce qu'elle t'oublie sur la terre pour y répandre tout le bien qui est en ton pouvoir : baisse ton front humilié, et prononce ces admirables paroles d'un ancien sage : Sanctiks ac reverentihs de actis deorum crederc, quam scire.v. II y a plus de piété et de révérence a se soumettre aux actes de Dieu qua les vouloir comprendre. » La clochefunèbre se fait entendre. Quand elle a cessé son lugubre tintcment, le R.-. Président proclame la perte que le G.'. 0.*. et la l\Iac.'. ont faite dans la personae des RR.'. FF.-.. Hacqüet, 55°, OfT.'. cl'honnetir du G.'. 0. .. rorie, 33c, \ rrice-d'uzy, 33', i ri Ti it [OfF.-. lionoraires Llairain-Dkslauriers , K.-.,s coquardon, 33', ( " Fustier , R.*. C.\, Doyen, J Marchand, R.". C.\, Off.*. titulaire du G.\ 0.*.. Barrots (Charles), K.*.,\ Leprince, K.*., Députés de diffërens Rey, R.-.C.-., ) Atel.-.. Buffardin fils, M.'., Vén.*. de la L.*. des Vrais Amis réunis , O.*. d'Avignon. Dubarret, 32e, Vén.*. delaL.*. dePaix et Pa?°- faite Union, O.*, de Toulon. Willemin père, R.*. C.\, Vén.-. des Élèves de Minerve, O.-, de Marseille. Ferrat, 32% T.*. S.*. duChap.*. de laRéunion, Vall.*. de Toulon. Cette proclamation est suivie d'une triple batt.*. dedeuil. LeR.*.Président ditetles VV.*. FF.*. Surv.*. repetent : Honorons la mémoire des RR. •. FF.•. que nous avons perdus ! Tous les FF.', ajoutent cette expression de la douleur fraterfrelle : Génussons! gemissons / gémissons! La Col.*, d'harmonie fait entendre un morceau d'un caractère grave etplaintif. Le R.*. Président dónnela parolcau V.•. F.*. Pinet, Oraten tour, qui prononee le discours suivant : « II n'est pas loin de nous, mes FF. •., le jour ou, déeoré d'ornemens de fète, ee temple retentissait de nos accens de joie, oü, soutenu par vos encouragemens, j'osais essayer de rappeler aux Maconsl'utilité de leurs travaux: aujourd'hui, la mort nous environne de ses pompes lugubres , et c'est encore le faible soufflé de ma parole qui doit animer ce triste appareil, et soulevant ces voiles chargés delarmes, en faire sortir quelques souvenirs de la vie. Ainsi, rapide et a flots pressés, coule notre existence, réfléchissant parfois la sérénité du ciel, et plus souvent les sombres nuages de la tristesse. » Mais quoi, mes FF. •.! au milieu de ces vicissitudes, 1'homme demeurera-t-il sans soutien et sans guide ? Du sein de ces débris que chaque jour amoncelle, ne se dégagera-t-il aucun principe de duree, qui réchauffe notre cceur et fortifie notre ame ? La vertu est la condition de notre nature : seule elle communiqué de la dignité a notre être, de 1 importance a notre néant, de la stabilite a nos pensees , qui, sans elles, se dissiperaient au hasard comme une vaine poussière, jouet des vents. » La vertu fait le mérite reel des talens et des dispositions supérieures de 1'esprit; par elle aussi les qualités modestes s'élèvent, s'ennoblissent, acquièrent du prix et un pur éclat. » Cet enseignement ne ressort-il pas du triste spectacle qui se déploie devant nous? Que de sujets de douleur dans ces existences brisées! que de sujets de consolation dans la manière dont elles furent remplies! que de travaux utiles perdus pour 1'avenir! que de bons exemples fournis par le passé ! » 'V oyez Hacquet, voué aux oecupations multipliées du notariat, possesseur d une fortune'qui assure 1'indépendance , chevalier de Saint-Louis : on duait, a eonsiderer ses travaux et ses plaisirs dans le monde profane, qu'il ne lui reste ni le temps de faire , ni le moyen de désirer quelque chose. Mais 1'amour du bien , aiguillon si vif pour qui est digne de Ie sentir, ne laisse pas de repos. Aussi Hacquet' se voue-t-il de bonne heure a la Maconnerie; et quand, disperses par la tempète, les ouvriers sont léduits a travailler isolement, il en réunit un nombre assez considérable pourconstituer un rite particulier (i). Ce triomphe, toutflatteur qu'il est, n'cnivrera pas son esprit judicieux, et, dès que les circonstances le permettront, Hacquet, des premiers, signera le concordat destiné a concentrer au foyer national les rayons épars de la lumière. » Cependant, compulsant les bibliothèques, il recherchera en érudit la naissance de ce feu bienfai- (1) Rite Écoss.% d'He'rod.-., fonde en 58o4 dans les Atel.\ du P/iénix, a de Paris. sant, 11 cn signalera les éclats luminenx , lcsdefaillances. Si sa modestie 1'a détourné dc publier lc fruit de ses recherches, espéronsque sa familie , en les mettant au jour, nous donnera enfin la solution du problème de notre origine, que nous derobent les ténèbres de 1'antiquité. » Voyez Willemin père, Vén. •. des Élbves de Minerve , O.-, de Marseille; Rey, député vers nous; Marchand, Off.*. du G.-. O.*.5 CoQuARDONjOff.*. honoraire : le premier horloger, Ie second banquier, le troisième fabricant de plaque , le quatrième graveur sur métaux. Ces enfans de 1'industrie prouveront par le fait que, malgré les différences d'état et d'éducation, le cceurde Thommeesttoujours avide de bonnes semences, et qüe partout 1'acacia pousse ses'racines et déploie ses rameaux protecteurs. k Commentne pasarrêternos regards sur Fustier et sur Dubarret, tous deux attachés a Tinstruction publique, et tous deux persuadés que le plus noble délassement de la propagation de la science est 1'étude et la propagation de la sagesse. Doyen de nos Off.*.,Fustier ne quitta jamais 1'école d'Hiram, ou il était entré de bonne heure. » Une marqué de confiance bien grande lui fut donnée par ses frères. Le G.'. O.", voulant s unir aux solennelles réjouissances de 1'empire, lors du mariage de celui qui en portait le (aix, vota 1 education de quatre enfans au collége des Arts et Métiers de 'Clia!ons. Fustier fut chargé de 1'exécution de cette mesure honorable et douce : 011 ne pouvait choisir ni un coeur plus fait pour la sentir, ni un esprit plus capable de la diriger. Le rapport qu'il présenta ensuite au G.-. O.', n'est pas seulement intéressant par 1'objet même, mais instructif et curieux par les détails sur le régime de la célèbre école : c'est un véritable ouvrage. Les derniers instans de Fustier furent un souvenir pour ses frères : il nous a légué ses cordons, ses livres maconniques en confxant 1'exécution de ce legs a son ami le F.*. AIbert, qui siége en ce moment tout prés du cercuei 1 de celui dont il posséda l'afTeclion et la confiance. Vous voyez a la même place le F.*. Lafon, médecin de 1'hospice des vieillards, qu'une intimité ancienne et invariable comme tous les sentimens honnêtes, unit jusqua la mort a Fustier. LeF.-. Lafon, pour remplir ce dernier devoir de 1'amitié, se dérobe un instant a des soins qui recommandent son nom et satisfont son coeur 5 tant est grande la force des affections dont la vertu est le principe! » La médecine, cette science si chère a la société, fournit de nombreux adeptes a la Maconnerie. La Maconnerie et la médecine pleurent Michel Lepiunce, ex-Off.*. du G.-. O.*.; les pauvres regretteront toujours 1'inépuisable trésor de sa science et de sa chariié. » L amour de 1'humanité brilla dans Buffaudin fils , d'Avignon. Libre et sans élat, il s'était fait tin devoir de soigner les malades. 11 a succombé a une maladie que son zèle sans limites lui fit contracter. » Comment ne pas regretter le libraire Barrois (Charles) ? II faudrait pour eela ne se plus souvenir qu'il fütl'Orat *.du Supr.'.Conseil des Rites, etqu'on y admira la sagesse et la douceur de ses discours. » Pourrais-je vous oublier , Borie, Brice-d'Uzy et Clairain-Deslaurier»? vous, mes collègues dans le monde profane, mes devanciers dans la carrière maconnique? vous, Borie, qui vous dclassicz du barreau par les lettres, qui embellissiez la fralcrnité par la poésie ? vousd'UzY, heureux émule de Borie? vous enfin, Clairain-Deslauriers? Recomman- dable au barreau, oü votre santé vous empêcha scule de multiplier vos succès, vous trouvates encore des forces pour servir notre cause sacrée. Yos travaux sont présens a tous les esprits : les rappeler scrait presque faire injure a votre mémoire 5 aussi bicn la tristesse glacé ma langue... Yous remplissiez 11aguère ma fonction... la mort ne vous a pas mème laissé le temps de demander la sanction de votre ouvrage ; et c'est moi qui suis appelé a vous rendre le triste office que vous rendiez hier a d'autres. i) Quittons par la pensée ce lieu sombrc; portons nos regards sous le beau ciel de la Provence, non loin de Toulon, sur cette rive inclinée, oü s'étend le champ de la mort a la face de la vaste plaine des mers. Arrêtons-nous vers ce tombeau modeste que distinguent nos emblèmes, et que le soleil semble vouloirréchauffer en le caressant de ses brülans rayons. C'est celui de Paul Feiuiat, T. •. S, •. du Chap.'. de la üéunion. On peut dire de lui qu'il naquit de la veuve, car il fit, dès 1'enfance, paraitre les dispositions qui nous sont les plus chères. Embarque jeune, au service de la marine, distinctie déja par sa docile activité, il se signala sur le vaisseau qui le portait dans une epidemie qui s'y dédara. Embrase du zele d'ètre utile, son jeune coeur lui fit trouverdes forccs au-dessus desonage. Celte honorable conduite lui ouvrait un avenir brillant sur la mer. La délicatesse de sa santé lui faisant craindre de n'être pas au niveau des devoirs de cette carrière pénible, il y renonqa. Ce même scrupule 1 eloigna des emplois qu'on lui offrait sur terre ; il éprouvait Ia crainte des travaux a jour fixe, comme tous les hommes a qui la santé manque souvent. II se voua a la pharmacie. Vous savez, mes FF.-. , ce que cette profession exige aujourd'hui d'instructi°n : elle est le rendez-vous de plusieurs sciences, la chimie , la botanique, etc.w. II montra que dans cette détermination il n'avait pas mal ju gé de luimême. Mais, fidéle a ses inclinations, il fittoujours aboutir la conclusion de ses vastes études au soulagement de 1'humanité souffrante, Améliorer les alimens et les remèdes du pauvre, en aDaisser ie prix,non pas seulement dans la maison, ou souvent on les distribuait pour rien, mais partout et dans 1'ensemble du commerce , voila quel fut 1'objet favoride ses méditations. Aussi sa mémoire exhalerat-ellelong-temps un suave parfum de charité. » Telle est, mes FF.-., 1'énumération trop nombreusede nos pertes ; etpeut-être eussiez-vous souhaité qu'au risque d'aigrir vos douleurs, je m'arretasse davantage k chacun des noms qui la composent. Mais si vous considérez que chez les hommes d'un vrai mérite la modestie étend presque toujours un voile sur leurs meilleures actions; que la sagesse consiste moins en de rares éclats qu'en une perfection soutenue et en une suite constante de bons sentimens qui ne sont bien perceptibles que pour le cercle rapproché des parens, des amis et des connaissances, vous excuserezla rapiditéde ma course. Ce que je puis dire d'un mot, c'est que tous ces Frères brillèrent par les vertus qui nous sont recommandées, la bonté du coeur, 1'activité de l'espnt, la tolérance non cette tolérance qui s'accommode de tout, paree qu'elle ne se soucie de rien, mais cette heureuse facilité qui, avec des opinions arrêtées autant qu'il est permis k notre faiblesse , ouvre un libre passage aux convictions differentes : et qu'ayant sans relache dirigé leur existence au milieu de travaux utiles, ils out pu dire en arrivant au but : Quilto/is paisibleinent la vie, car nos jours out ctê pleins. » A I approohe de cetle heurc suprème, est-il beaucoup d hommes qui puissent se repdre a euxniêmes un pareil témoignage? La vie est courte; personne n en doute : peu de geus en atteignent le 'praie ordinaire ; le fait est la pour le prouver : et ie temps , ce irésor précieux, n'est pas seulement dissipé en frivolités, en vains plaisirs, mais, ce qui xst pis, consuiné a ne rien faire. Une inquiétude secrète nous tourmente et nous porte a rcnvoyer le moment de tirer parti de notre existence, vers je 11e sais quel concours d'événen.ens que chacun rêve a son gré; et tandis que nous courons ambitieusement après cetle occasion de vivre, nous ne voyons pas que la vie elle-même nous échappe. Ce sont pouitant ces choses simples , vivre dans sa condition , savoir s'en contenter et s'y plaire , en accomplir gaiment les devoirs, les étudier et tacher de s'y pcrfectionner cliaque jour; cultiver les liaisons de familievet d'amitié; ne se souilier d'aucune ingratitude, d aucun mensonge, d'aucune parole injuste ou téméraire; employer les loisirs que nous laissent nos devoirs a d'utiles coopérations au progits des sciences, au soulagement de l'humanité; ce sont, dis-je, ces choses simples, a la portee de tout le monde, qui marquent I'existence du sceau de 2 1'utilité et du mérite. Les rayons éclatans du génie se lèvcnt rarement sur les nalions , et passent le plus souvent comrne de brulans météores. Mais la probité , l'honneur , 'la délicatesse , 1 amour de 1'étude , les dispositions secourables , ces vertas de tous les jours entretiennent , fórtilient et consolent la sociélé. Vous les praiiqu&les ces verlus . o vous que nous pleurons en ce moment, agféez ce dernier adieu'; vous les pratiquates pour le bien de 1 humanité , el ces vertus, par un juste retour , vous donnerént avee la paix de 1'ame la reconnaissance de vos semblables. Le retentissement honorablè de votre nom, dans le silence même du tombeau, est 1 echo de 1'excellente réputation dont vous jouites avant d'v descendre. Les regrets qui inondent vos cercueds attestent que vous savourales les douceurs de 1 amitié, le plus grand bien de la vie bumaine; et notre empressement a étudier votre conduite, alaprendie pour modèle, sera un témoignage rendu a 1 excellence de vos actions. » Le R.*. Président adresse au \F.*. Orat.\ des félicitations sur le toucbant tribut de regrels fraternels qu'ïl vient de payer a la mémoire des RR.\ FF.-, décédés. 11 lui dit que Je silence et i'éinotion de tout lauditoire onl été lin premier temoigna(»e de reconnaissance pour son beau talent et son noble coeur. II regrette que le caractère de cette imposante soJennité nelui penncüe pas de provoquer cette balt.-, si énergique de lasatisfaction fraternelle qu'il vient d'exciter de nouveau et toujours au plus liaut point. Pendant la quète faite par le V.*. F.-. G.'. IIosp.-., aidé de deux Maitres des cérémonies,la Col.', d'harmonie exécute un more,eau d'un caractère religieus. Des branches d'acacia et d immorlelles sont distribuées aux FF.*, par les Maitres des cérémonies. Sur 1'invitation du Pi.-. Président, les VV.*. FF.-. Surv .-. se rendenL a rautel, et suivi de ces V\ .*. FF.-, et des VV.-. FF.-, de l'O.-., le R.-. Président se rend au pied du cénotapbe. Cette marche, lente et sileneieuse , est accompagnée par la Col.-, d'barmonie. Le R.*. Président prononce 1'allocution suivante : « Ce n'est donc plus que sous ce voile funèbre que nous pouvons communiquer avee vous, manes chéris de ceux que nous appelions du doux nom de freres, et dont taut de fois les bras furent eniaees avee les nóires! ...Ah! lorsque, après un grand eombat, les braves relèvenl sur le ebampd'honneur les restes de ceux qu'atteignit le fer de 1'ennemi, et leurrendent des devoirs mililaires, ne devons-nous pas de menie, nous qui avons combattu, nous qui combattrons eneore les détracteurs de 1'ordre mac.'. enFrance, vous rendre les mêmes devoirs ? ons Brice-d'Uzy , Leprince, Willemijï père , MarchawO , Hacqtjet , brrfardijy (ils , Uibarret, Bey , Borie, Fcstier , Coqtiardon, Barrois, Fer rat et ClaihainDeslaurieus (i) , vous dont les longs services, Ie zèle infatigable el cetle noble énergie du vrai Macon nous ont si souvent secondes a repousser les atteinles f'ortenient combinces des enncmis de Vart royal, des agens désorganisatcurs, dc ceux-la qui n'arjissent que dans 1'ombre , et surtout dc ces ambilieux impuissans qui, le mot de Progrès sur la bouche, ont le venin de 1'envie dans le cceur! Ah! s'ils pouvaient, comme nous, contenqiler eet emblème de la mort, ces insensés dont 1'uniqne occupation est de compromellre leur existence , en troublant le repos des autres, je leur dirais, en désignant ce cenotaphe, ce que disail Horace aux jcunes Atbéniens qui lui reprochaient ses gouts »olitaires : Cur trepides in usum Pvsccnlis ccvi pauca ? (1) Les dix premiers FF.*, sont dcccdcs pendant 1 annee ^835 el les quatre derniers FF.-, en 5830. » Pourquoi se tourmenter pour une vie qui dure si peu ? » « Ah' tant que nos coeurs battront, tant quc les rayons vivifians de Ia V.-. L.-. viendront nous éclairer, nous guider, nous forlifier dans Ia noble et sublime taclie qui nous est imposée, nous vous remplacerons sur cetle lerre ou vous avez laissé de si beaux exémples , de si bonorables souvenirs ; et quand nous irons vous rejoindre a cetle GZ3 de paix , d'égalilé humaine et de récompense du bien qu'on a pu faire, puissions-nous faire dire de nous a nos suecesseurs , ce que nous proclamons sur votre cendre révérée, la voix émueet les yeux mouillés de pleurs.' » « Les FF.', que nous regrettons ont bien » vécu, efforcons-nous de mé rit er comnte eux les » regrets de nos FF. •. » LesVV.-.FF.-.Surv.-. repetent ces dernières paroles avee la plus touchante expression, et une triple batt.-. de deuil est tirée. LeR.*. Président et lesVV.*. FF.*, qui 1'accompagnent font trois fois le tour du monument lunèbre aux accords d'une musique plaintive. Au troisièmc tour , en deposant les branches d acacia et d'immortelles, le R.-. Président dit : « Si dans les temps les plus reeulés , si chez les hordes les plus sauvages, la tombe des morts fat honorée d'liommages pieux et couverte de rameaux et de fleurs qui allégent la lerre , avec quel religieux cmpressement eelte dette antique et funebre doitelle ètre acquittée par ceux-la qu unit le lien le plus fort, le plus constant de la douce fraternité i On dépose sar la tombe superbe des grands de la terre de riebes sculptures, des órnemens bosselés en or; une longue et fastueuse énumeration de leurs titres , de leur noble origine Cliez nous tout existe et s'endort sous le niveau de 1 égalité. Cliez nous , un simple rameau béni de nos larmes eouvre les restes de ceux qui se sont séparés de nous ; chez nous, une identité secrète, impérissable, existe toujours entre ceux que la mort a Irappes et ceux qu'elle oublie quelques instans encore. Puissent donc nos ames se confondrc de nouveau sous eet acacia qui tant de fois fut témoin de leurs enlacemens! Puissent enfin pénétrer jusqu'a leur cendre cbérie, et la faire palpiter de plaisir, ces paroles sacramentelies qui s'échappent de nos coeurs : « Que le Gr. Arch.-. de l'unwertfasse paix ,, et misèricorde aux RRr. FF.-, que nous » civons perdus. » Tous les FF.-, exécutent Ia batt.-. de deuil, et repetent: Gémissons! gd/nissons! gémissons ! Le R.*. Président dit : » Que les douceurs cCune éternelle paix soient » la réeompense des JUl.\ FF.'. que nous civons » perdus. » Les\ V.'. FF. •. Surv.*. repetent ces paroles, et tous les FF.*, èxécutentla triple Lalt.-, dedeuil. De retour a FO.*., après avoir allumé le feu céleste, le R.*. Président, invite les VV.*. ï'F.*. Surv.-. et les FF.', de leurs Col.*, a faire troisfoisle tour du cénotapheet aydéposer leurs branches d'acacia et d'immortelles. La Col.*, d'harmonie exécute une marche funèbre. Les VV..*. FF.*. Surv.*. ct les FF.*, ayant ensuite repris leurs'places, le R.*. Président invite les iF.*. de l'O.*. et des Col.*, a se mettre debout et a 1'ordre. II prononce ces mots : « Oh ! voyez comme cetle flamme s'élève pure vers la voule azurée ! On croit apercevoir les ombres reünies de ceux que nous pleurons, s'élever düucement et nous dire : <( Amis, eest la-haut que nous nous retrouverons... Oui, déja Ie G.*. A.*. de 1'Univ.*. exauce nos voeux et fait conduire nos FF.', bien-aimés au séjour de 1'immorlelle paix : oui,«oi FF.', ont rccu la réeompense de leurs ver lus ; suii'ons les nobles exemples quils nous ont laisse's. Confians comme eux dans la juslice divine, espéronsƒ espérons ! espérons! » Tous les FF.-, repetent la triple acelamation, et exécutent une batt.-. d allegresse. Le I\.-. Président adresse des rcmerciraens aux FF.', qui ont concouru par leur présence u célébrer la mémoiredes RU.-. FF.'., membres duG.'. O.'., dccédés dans le courant des an- nées mac.'. 5855 et 5S36. Le R.'. Président ferme ensuite les travaux par les TVIvst.*» ïiccoulumcs. Minuit pV.• •. Tous les FF.', se retircnt en ordre et en silence. Lc Representant particulier du G.-. M.*., KOUILLY. Va conforme ;i la minute. Les Off-'- >ligni'taires de la Ch.'. de Correspondance el des Finarices , GOiSTlÉ, Président; TARDIEU , l" Surv.-.; TASK.IN, 2= Surv.'.; DELAÉHANTERIE, Orat.-. Par Mandement duG.\ O.*. P. MORAND, Secrétaire.*] Timljréct gccllé par nous, G. ■. Garde des Timbresct Scèaux dn G.v O.--,. CANÜS.