La parole est accordée au V.*. F.*. CheminDupontès, Oi-at.'. en tour, qui prononcele discours suivant : TV. R.*. Présid.*., i" et 2° GG.*. Surv.-., Off.-. hon.-. et dignit.-. , VV.*. Off.*. et Membres du G.*. 0.-., et vous toüs honorables Visit.*. mes FF.*., Je n'ai pu me défendre , je 1'avoue , d'un- sentiment pénible, lorsque, pour mon début a cette tribune , d'oü 1'orateur adresse aux représentans et a 1'élite de Ia macounerie des paroles qui doivent retentir dans tous les atel.*. de France, je me suis vu obligé de rendre un triste devoir a ceux de nos freres que la mort a moissonués au milieu de nous. II m'eut été plus doux et peut-être plus facile d'essayer un de ces sujets de philosophie morale ou de doctrine maconnique, avec lesquels mes reflexions el mes travaux babituels m'ont plus familiarise. Cependant il a fallu obéir, et j'ai trouve une sorte de consolation dans la pensee que je commencais ma carrière d'orateur par un acte de soumission au G.*. O.-., et par le sacrifice de mes goiïts personnels. Si le ministère que j'ai a remplir est difficile pai la mulliplicité des sujets qu'il faut traiter dans un seul discours, s ïl est peu lavorable aux mouveraens oratoires, par la nécessité qu'impose ce grand nombre de sujets de se borner a de simples et incomplete» notices de biographie, il a aussi son importance, et je 1'ai reconnu des le premier instant qui a suivi ma résignation. II appelle des méditations profondes, de hautes vérités morales; il est 1'accomplissement d'un devoir sacré ; et le G.-. O.*., lorsqu'il a fondé cette cérémonie annuelle, a eu une pensée religieuse qui est un nouveau titre au respect que doivent a 1'institution inaconnique tous les hommes dont ie cceur ne s'est pas fermé aux sentimens tendres et généreux. Rien n'est en effet plus propre a perpétuer le règi*e de la vertu sur la terre que les pieux hommages rendus a ceux qui nous ont précédés dans la carrière de la vie. Qui de nous, en entendant le récit simple et vrai des bonnes actions de nos frères appelés depuis peu devant le Iribunal suprème, ne se sent pas pressé du désir de fournir aussi une ample et digne matièro d'éloges a ceux qui seront chargés de Ie rappeler au souvenir des Macons ? Ces sortes de récits sont une exhortation touchante, qui se personnifie, si j'ose le dire, qui prend un corps pour Trapper nos sens, ébranler notre imagination , réveiller les sentimens les plus purs au fond de nos coeurs, et produire sur nous 1 impression la plus forle et la plus salutaire, en confondant le précepte avee 1'image de lami que nous pleurons, ou plutót avee eet ami lui-même. J'en appelle a chacun de vous, mes.*. FF."., dans les premiers tems surtout qui ont suivi la perte d'une personne aimée, votre coeur ne vous 1'a-t-il pas représentée avee ses traits, sa démarche, ses gestes et sa voix : illusion douce pour les cceurs aimans, ef1'ravante seulement pour les ames timides, chez lesquelles elle a produit la superstition des ombres et des fantómes? et lorsque dans ces pénibles momens, qui ont aussi leur charme et leur volupté, vous vous rappeliez les vertus de 1'être chéri, mais, hélas! pcrdu pour toujours , ne vous êtes-vous pas sentis nieilleurs? n'avez-vous pas apprécié mieux que jamais ges bonnes qualités? cette appréciation ne vous a-t-elle pas rendus plus indulgens pour ses defauts n'avez-vous pas éprouvé le besoin d'imiter les unes et d'éviter les autres ? Certes, mon imagination me représente avee autant de réalité que si je les voyais des yeux du corps, les frères dont nous déplorons la perte. Je les vois aux places qu'ils occupaient ordinairement •, je les entends : mes regards les cherchent encore, mon oreille s'ouvre a leurs accens. Efforts inutiles! Nous ne les verrons plus, nous ne les entendrons plus! et 1'astre du jour ne sera pas encore revenu au premier équinoxe du printems, que nos freres sürvi- vans diront aussi de plusieurs d entre nous : Nojis ne les verrons plus, nous ne les entendrons plus! L'impitoyable mort ne nous accordera donc jamais, seulement pour une année, la dispense de cette triste cérémonie ? Je croyais n'avoir a parler que de cinq de nos frères, et, tout en accusant le destin de nous les avoir enlevés, je me félicitais cependant de n'avoir pas, comme beaucoup d'orateurs qui m'onl précédé, a gémir sur la perte d'un plus grand nombre. Mais tandis que je recueillais péniblement les matériaux qui devaient m'aider a remplir ce douloureux ministère, voila qu'une sixième victime, et une victime bien chère, m'est annoncée, et il m'a fallu faire un nouvel effort sur moi-même. Ainsi la laux est suspendue a cette voute comme lepée de Damoclès. Frappera-t-elle de préférence, dans 1'année qui s ouvrc , a 1 Oriënt, sur les siéges des surveillans, au banc des orateurs, des secrétaires, ou sur les colonnes ? Nous 1'ignorons ; mais elle frappera , elle frappera probablement è plus d'une place*: soyons prêts, etvivons comme, a 1'heure fatale, nous désirerons avoir vécu. Qu'a-t-elle, au reste, cette mort, de si terrible ? La nature bienveillante a tout fait pour nous la rendre douce: elle nous berce d'espérances jusqu'au dernier moment; elle nous ote presque toujours le sentiment de nos souffrances et de notre fin. Mais nous , ingenieux a nous tourmenter, nous avons donné a une abstraction négative la forme d'un spectre hideux 5 nous avons armé d'une faux le monstre imaginaire ; nous avons la faiblesse de confondre 1'idée de notre délivrance des liens du corps avec celle d'une fosse, d'un appareil lugubre, qui pourtant alors nous seront tout-a-fait étrangers. Ah! si la mort est effrayante, ce n'est pas pour nous, c'est seulement pour ceux qui nous survivent, qui nous ont chéris, a qui nous avons été utiles, auxquels nous pourrions 1'être encore. Elle est d'ailleurs une grande lecon pour les vivans. II est bon qu'ils en aient souvent 1'image devant les yeux, toute fantatisque qu'elle est. Elle leur apprenda estimer ce qu'elles valent, les vanites de la vie , a s'attacber davantage aux biens solides , a la paix de la conscience, a la noble independance , a 1'activité dans les travaux sans les tourmens de 1'ambition et de la cupidité. Précieuse faculté de prévoir la mort! De tous les êtres qui vivent sur la terre, l'homme seul a recu de la divinité cette prévoyance 5 et de ce privilege résulte , comme de tant d'autres attributs , sa superiorité, son immortalité. Pourquoi Dieu, qui n'a rien fait en vain, nous aurait-il donne, anous seuls, de savoir que nous mourrons, si nous devions mourir tout entiers? Ce serait un présent funeste dont i iciec ne peut se concilier avec celle de la bonté par excellence, et imeux vaudrait paitre et ruminer tranquillement comme Ie bosuf, pour être frappé d'un coup inattendu. Homrne faible, tu te plains de mounr a chaque instant par la prévision et par la crainte de la mort. Abjure toutc crainte, et garde ta prévision. Par cela seul que tu sais d'avance que tu dois mourir, tu es averti que ta condition est bien au-dessus de celle des animaux, qui-ne Ie savent pas; que ta vie mortelle n'est qu'une faible portion de ton existence; qu elle n'est qu'une préparation a une vie meilleure. Que tes actions soient dignes de tes hautes destinées : tu envisageras la mort sans effroi, et quand elle arnvera, tu ne te plaindras pas de la brièveté de ton passage sur la terre. Entrons donc avec la fermeté de la philosophie religieuse, et avec 1'attendrissement de 1'amitié fraternelle, dans cette galerie de deuil que la mort nous ouvre trop fidèlement chaque année. En jetant un coup d'ceil rapide sur les six personnages qui y figurent, je remarque dans les traits de cinq d'entre eux, tels qu'ils les avaient parmi nous , ce calme, cette sérénité qui annoncent une vieheureuse par la satisfaction de Ia conscience; cette aménite qm, lorsqu'elle est naturelle et sans affectation, prouve un bon esprit et un bon ccrtir. C'est donc 1'étal habituel des Macons, de ceux principalement qui ont persévéré dans la carrière. On ne persévèrc pas dans cetle carrière de philantropie sans ètre un homme de bien, sans réduire au silenceles passions désordonnées, sans nourrir son ame de bons sentiraens. Or rien n'est plus propre a impriraer sur la physionomie le calme, la noblesse et la grace qui sont le caractère de la vraie beauté. Si de eet ensemble nous portons nos regards sur chacun en particulier, dans 1'ordre assigne par la mort elle-même, nous voyons a la premiere place un de ces hommes rares qui trouvent dans leur charité le moyen de faire beaucoup de bien sans avoir de fortune, et dont la vie devrait êlre longue, si c'était dans cette vie terrestre que la vertu dut ètre récompensée. La carriere du F. •. Guillaume fut courte. II naquit a Paris le 2 septembre 1774? et mourut le 26 mars 1829 , quelques jours après que le G.*. O.', venait de célébrer une cérémonie semblable a celle qui nous rassemble aujourd'liui. Le temple de Janus, dont la clóture annoncait 1'interruption des ravages de la guerre, a été fermé trois fois a Rome, dans le cours de prés de buit siecles. Notre templs de la mort ne se ferme jamais. Noctes atque dies patet. Fils d'un médecin , Marie-Joseplï Guillaume recut une éducation soignée. Laborieux, intelligent, d une uuui.cui manuiduicy cju ii conserva toute sa vie, i! se fil egalement chérir de ses maltrcs et de ses condisciples. Les premiers se trouvaient heureux d'avoir 1 occasion de donner des récompenses éclalantes' a un pareil eleve, dans ces concours ou les jeunes cceurs font 1'a pp ren lissage de 1'amour de la gloire , et des nobles efforts qu'elle exige; les seconds applaudissaient avec la joie de 1'amitié aux succes d'un aussi bon camarade. Par sa position , par scn goüt pour 1'étude, par ses inclinations philantropiques qui se développaient. avec lage, Guillaume était naturellemcnt porté a embrasser une profession consacrée au soulagement des infirmités humaines. Livré quelque tems a la medecine, il fut oblige, par des circonstances particulières, de 1'abandonner pour une des branches qui sen rapprochent le plus. Une these, soutenue avec honneur a 1'école de pharmacie , lui permit bientót d exercer un art dans lequel il devait acquérir plus d'un genre de gloire. Une épouse vertucuse comme lui, et qui le seconda dans sa carrière de bienfaisance , deux filles, le charme et 1'orgueil de leurs parens, semblaient assurer au F.-. Guillaume cette félicité pure que donnent les jouissances domesliques, et 1'exercice paisible d une profession honorablc etutile, Le modeste Guillaume , qui jusque-ia 11 tiau connu que des mallieureux d'un quartier oü la moindre interruption de travail en fait beaueoup, Guillaume va être transporté, sans y penser, sur un plus vaste tliéatre. Et qui 1'y portera ? la fidélité au devoir, 1'amour de la patrie, sa philantropie toujours active. Nommé sergent-major de la garde nationale, lorsqu'elle fut installée en 1814, il conserva le même gradejusqu'au lieenciement de cette milice citoyenne, sans vouloir en accepter de plus élevé, malgré les instances qui lui furent faites a plusieurs reprises. La reine des cités est menacéc par des nuées d'ennemis accourus de toutes les parties de 1'Europe. Ils sont pres de ses murs, et déja des Tartares la dévorent en espérance. Guillaume vole avec sa compagnie aux plaines de Vincénnes. II combat d'abord en soldat; mais bientót le carnage lui impose d'autres devoirs. II donne sur le champ de bataille les premiers soins aux blessés ; il les envoie cbez lui. Sa maison etson jardin sont devenus un liópital, oü sa digne épouse, secondée par les élèves en pharmacie, étanche des ruisseaux de sang. II y court lui-mème par 1'ordre de ses chefs. II se multiplie pour soulager un plus p-rand nombre de malheureux. Soins, médicamens, linge, argent, tout est prodigué a des Francais , a des hommes de toutes les nations. Malgré l'attcntion de Guillaume a se dérober aux éloges, a cacher même ee qu'il a fait, son nom est prononeé avec respect, avec attendrisscment, dans le faubourg Saint—Antoine. Ceux qu'il a secourus se— crètement avant la catastrophe qui 1'a mis en évidence , se plaisent a raconter ses bienfaits ; ils augmentent 1'admiration pour lui. On en conclut que ce nest pas 1'ostentation , que c'est son coeur qui I'a guidé dans cette occasion éclatante. Quoique ses moyens soient sensiblement réduits, il est toujours généreux pour les malades et pour les indigens. On le nommc commissaire de bienfaisance : c'est un lionneur qu'il a mérité ; mais ce sera aussi une charge nouvelle; car ne pouvant fermer 1'orcillcaux cris de detresse, il suppleera souvent de ses secours personnels a des ressources toujours trop faibles pour les besoins. II éprouva Ia vérité de ce qu'a dit un ancien phllosophe , que 1'argcnt le mieux placé est celui qu on emploie a faire du bien. Vers la fin de 181G, son officine devint en quelques heures Ia proie desflammcs. Le faubourg entier, qui est une grande ville dans une cité immense, fut sensible a ce malheur privé comme a une calamité publique, et c'en élait une en effet. Par les soins de la garde nationale, du corps des pharmaciens, et des habilans du quarlier, eette officine bicnfaisante fut a 1'instant rétablie. Sous un roi, juste appreciatcur du vrai merite, unc si haute vertu, une vertu au-devant de laquelle venaient d'eux-mêmes de si éelatans hommages , ne pouvait rester sans récompense. Louis XVIII couvrit du signe de 1'honneur Ia noble poitrine du bon pharmacien. Guillaume était parlout oü il y a du bien a faire. Nous 1'avons vu commissaire du bureau de charité; il en devint un des administrateurs. II était membre d'une société de prévoyance entre les pharmaeiens , et honoraire d'une de ces sociétés de secours mutuels , si utiles pour donner a la classe des artisans des habitudes de bonne conduite , d'ordre et d'économie , et ou ils trouvent des secours dans leurs maladics et dans leur vieillesse. II devait ètre aussi franc-macon : c'est pour de telles ames que la Mac.', a été instituée. II fut dans nos temples ce quil était dans le monde, un ange de bonté, de douceur et de modestie. Long-tems il 11e voulut ètre, dans la L.*. des Sept-Écossais, que maitre des cérémonies, et cette fonction convenait a ses manières aimables. On eut de la peine a lui faire accepter le second maillet. Le G.'. O.*, appela dans son sein un frère aussi honorable pour 1 ordre, mais qui malheureusement ne fit que passer au milieu de nous. Laissant une épouse justement adorée, ct deux filles chéries, notre F.-, ne dut pas quitler la vie sans regret, heureux du moins d'avoir donné sa fille ainee au F.*. Soubert, qui lui a succédé dans sa pharmacie, et qui a pour la veuve de son ami, les sentimens dun bon fils, pour sa jeune fille ceux dun père. Pourquoi fallait-il que la félicité des jeunes epoux fut troublée six mois après leur union, par la perte dun père vertueux, que les regrets de nombreux amis, d'une grande population, les larmes des pauvres , ont accompagné dans l'asile de la mort ? Aujourd'hui même ils ont célébré le fatal anniversaire sous les auspices de la religion. Voici celui de nos frères dont 1'extérieur fait exeeption au calme, a laserenité, al'expression de contentement que j'ai remarquées dans les cinq autres. Gardez-vous d attribuer eette rudesse apparente a la froide insensibilité : elle vient au contraire d'uuc ame aimante, d'une ame de feu, dont les impressions étaient fortes et profondes. Reconnaissez-y les effets des fatigues d'une vie agitée, des souffrances physiques, et surtout de ces blessures morales qui vont au fond du cceur, et dont les hommes qui sentent vivement, ne sont jamais bien guéris. Telle fut la destinee du F.*. Louis-Joseph Bailly, qui servit long-tems la Maconnerie de son zèle et de ses talens, en reconnaissance des consolations quelle lui procurait, qui merita et ohtint du G.*. O.-., par la persévérance de ses utiles travaux, le titre d'officier honoraire, et ne demanda cette récompense que Iorsque sa santé fut altérée de Ia manière la plus alarmante. II naquil le 10 janvier 17^7» a Bethune , département du Pas-de-Calais. Ses parens, qui jouissaient d'une honnête aisance, acquise par des travaux assidus dans le commerce, lui firentdonner toute 1'instruclion qu'il pouvait reeevoir dans une petite ville. Ma is il acheva ses etudes a Angers , dans un ordre célèbre par ses verlus, par sa science, et par les grands talens qui s'y sonl formés, chez les pères de FOratoire, oü son assiduité et ses progrès le firent si bien dislinguer, qu'il y devint professeur. La commotion de 1789, en détruisant toutes les anciennes institutions, le lanca dans Ia vie civile. Comme tant d'aulres, il salua avec enthousiasme 1 aurore de Ia liberte 5 mais bientot désabusé de ses douces etbrillantes illusions, révolté de la basse et atroce tyrannie qui pesait sur la France, ne voyant plus Thonneur et Ia générosité nationale que dans les armées, il courut se placer sous leur égide. II fut envoyé en qualité d'adjoint au controleur des dépenses, d'abord a 1'armée du Nord, ensuite a celle des Ardennes. II parvint plus tard au rang d'inspecteur des finances. , lul 13 Plus üellc epoque de sa vie. II était alors d'une humeur vive et enjouée. Heureux époux, heureux père, il se partageait agréablement entre les travaux que lui donnaient ses fonctions, et l'édueaüon d'une 611e, 1'objct de toule sa tendresse. II eut la satisfaction de 1'unir a un homme estimable: il jouissait du bonlieur de sa fille. Mais vaines et trompeuses espérances! après quelques années de manage , elle fut enlevée a son mari, k ses enfans, a 1 amour de son père. Ce coup terrible ne fut pas ]e seul qui brisa son cceur; ,1 eut a pleurer la perte d'un frère cbéri, qui a.ssait une nombreuse familie : de cette affliction sortu une douleur plus poignante et plus dangereuse pourun homme de son caractère. II prit avec lui un de ses neveux ; 1'ingratitude paya ses bienfaits. Enfin , mis a la retraite avant le terme de ses travaux , il ne put supporter le repos auquel on le condamnait. Quelques efforts qu'il fit pour se distraire dans diverses sociétés, et particulièrement dans la Ma^onnerie, eet aliment, un bureau de recettes qui lui la.ssait beaucoup de loisir, ne suffisaient pas a sa brulante activité. II se laissa dominer par une mélancolie qui mina son existence. Frappé dans ses dermers jours d'une paralysie presque compléte , il s eteignit, le ,o septembre , 839, dans cette situation deplorable et sans cspoir, oü 1'homme, n'étant plus lui-méme , a les ïniirmues ue ia premiere eufance. Sensible a 1'excès, long-tems heureux, il ne fut pas assez fort contre les chagrins auxquels il n'était pas préparé. Les contrarietes le mettaient hors de lui-mème , comme le simple récit dune action vertueuse , d'un trait de générosité, de désintéressement, exaltait son ame jusqu'a 1'enthousiasme 5 ses paupières humides décelaient sa vive emotion. Du reste , ami sur , fidele et dévoue , constant daus ses affectionSj macon bienfaisant, instruit et zelé, il laissera parmi nous un nom cher et honorable. Si , 1'ame déchirée des longues et cruelles souffrances qui ont tenniné les jours du F. •. Bailly, nous sommes presque tentés de regarder comme un bienfait une mort qui 1'a délivré d'une situation ou il n'existait plus que pour la douleur, quels sentimens de tristesse, de compassion et de regrets, ne nous inspire pas eet autre frère, si jeune encore , et dont la carrière bonorable qui a exigé tant d etudes et de travaux, fut tout-a-coup interrompue, lorsque son talent était dans toute sa vigueur ! Vous vous rappelez cette figure douce et spirituelle, mais assombrie, portant aussi des traces d'un chagrin qui semblait lc suivre partout, le préoccuper, et lui donner dans le moment ou on 1'abordait, dans celui ou il allait faire «nienure sa voix eloquente , une sorte uembarras ct de timidité. Tous les dons de la nature, de 1'éducation et de la fortune, s'étaient réunis sur le F.*. Janson de Sailly, pour le rendre beureux. Une circonstance importante dans la vie, et qui devait compléter ce bonheur , 1'a détruit entièrement. Ne a Paris, le 26 juin 1782, de bons parens dans laisance , qu'il ne cessa jamais de cliérir et de vénerer, il recjut dans la maison paternelle les premières instructions de quelques amis de la familie, anciens élèves de 1'Université. II acheva ses études sous des professeurs renommés, a Técole centrale des Quatre-Nations , y remporta un grand nombre de premiers prix, et mérita detre nommé élève delite du département de la Seiner- Recu avocat le 2 novembre 1808, il faisait, des causes qui lui étaient confiées, 1'examen le plus attentif et le plus scrupuleux 5 il a brille dans plusieurs affaires d etat civil. II avait pris pour modèle M. Tripier, qui 1 honorait de son amitié, et qui avait plaidé pour lui dans ses causes personnelles. Enfin, dans ses allégations de faits et dans ses citations d'auteurs, il avait su obtenir la confiance des magistrats, et notamment de M. le premier président de la cour royale. ]N ayant pas eu d'enfans de san mariage, il s'élait, en quelque sorte, cree une palernile nctive , par ie vif intérèt qu'il prenait a un jeune orphelin qui lui avait été confié, ainsi qu'il le dit dans son testament, et au sort duquel il a en effet pourvu. II aimait a obliger, mais toujours avec discernement 5 empresse a secourir le malheur, mais sévère pour 1'inconduite. Par son travail et ses économies , il avait considérablement augmenté son patrimoine. II jouissait de soixante mille francs environ de revenus, la raajeure partie en immeubles. II en a disposé d'une manière qui le placera parmi les bienfaiteurs de 1'humanité. A la suite d'un assez grand nombre de legs particuliers en rentes viagères , qui sont la dette de la reconnaissance , ou la continuation des bienfaits qu il répandait sccrètement sur quelques parens et amis malheureux, il laissa la propriété de tous ses biens a 1'Université , pour 1'établissement, a Paris, d'une institution , sous le nom de collége Janson , ou des jeunes gens distingués par leur piété filiale, et ages de douze ans au moins, serontadmis pour faire leurs liumanités. Un de ses plus intimes amis pense que si une mort, que le F.*. Janson ne croyait pas aussi prompte, le lui eut permis , il aurait revu son testament comme macon. II s'est consume lentement par unc maladie de langueur , ct a expiré le 6 décembre 1829 , après avoir été plus de quarante-huit lieures privé uc i usage üe Ia parole et de ses facultés. Distingue dans la MaQ.*. comme au barreau., il a été initié, le 23 janvier 1824, dans laL.-. de la Pliiladelphique, et en a dirigé les travaux pendant trois ans, depuis 1826. Rose-Croix dans le méme cliap.-., 3°e au conseil du Mont-Tliabor, il avait recu une digne récompense du G.-. O.-. , qui 1'avait appelé dans sa Chambre de correspondance et des finances. Les archives de 1 illustre Atel.*., ou il a recu la lumière, conserven! un fort beau discours de lui, sur le pardon des injures, qu'il offrit comme tribut maconnique, cinq mois après sa réception. On y admire, avec les principes de la plus haute inorale, les fruits d'une vaste érudition. Elles ont cncore son Introduction historique ci la conférence sur le duel, morceau admirablement écrit, bien pense , et dans lequel il a eu 1'art, comme président, de ne point laisser percer son opinion sur une question qu'il devait plus tard discuter avec la force de son excellente logique, et avec cette éloquence entrainante qui ne 1'abandonnait jamais dans les sujets dont il était bien pénétré. Par suite de cette timidité dont j'ai parlé , le F.*. Janson paraissait d'abord avoir quelque difficulté a s exprimer. II fallait lui faire une douce violence pour le décidcr a prendre la parole. Mais une fois lancc , il était serré, vif, profond dans la discussion. Je n'oublierai jamais 1'effet quil produisit dans une conférence sur le suicide , aux Sept-Ecossais. Quelques orateurs avaient admiré la mort volontaire de Caton. II défendit avec une chaleur et des argumens irrésistibles les vrais principes de la morale , et prouva que, par son acte de désespoir, eet inflexible Romain avait fav'orisé la cause de 1'usurpateur, et avait mal servi celle de son fils, de la patrie et de la liberté. Homme éclairé, juste et bienveillant, d'un commerce aimable et sur, Janson couronnait toutes ces qualités par la modestie, inséparable du vrai mérite 5 il tenait a bien faire, et dedaignait 1 eclat, sou- _ vent trompeur , de la renommée. Nous serons dédommages de la secheressc obligee de ce résumé, par une notice bistorique que nous promet, sur eet bomme de bien , le F. -. Hermerel , 1'un de ses anciens amis et condisciples, a qui je dois une bonne partie des renseignemens que je viens de vous donner. Funeste mois de décembrc ! peu de jours après avoir précipité Janson de Sailly dans la tombe, il nous ravit un autre frère qui avait quelques années uc pius, iiidio qui, par une vie toujours sans nuages, par la santé dont il paraissait jouir, et dont il avait le coloris comme aux jours de la jeunesse , promettait une longue jouissanee de lui-même, et au monde et a Ia Maconnerie, ou tous 1'estiruaient et le chérissaient. Sil est vrai que les contrariétés et les passions abregent la vie, il 1'est donc encore que celui dont le voyage sur cette terre a été comme le cours d'un fleuve qui roule ses eaux limpides , paisiblement et sans obstacle , est quelquefois frappé sans qu on ait pu prévoir, et presque sans quil soit possible d'assigner la cause d'une fin aussi prompte. Peu d hommes ont eu une carrière constamment aussi douce que le F.-. Nogahet, né a Dijon en 1769, et mort le 19 décemhre dernier. Destine dabord a la profession de son père, ar— chiteete ingénieur attaché au corps des ponts-etchaussées, il ne montra pas de dispositions pointes arts dont cette profession exige la connaissance et la pratique. On allait diriger ses premiers essais dans 1 ordre judiciaire, lorsque les événemens de 1789 et leurs suites changèrent entièrement sa destination. Par les soins de M. Félix Nogaret, son parent, littérateur aimable , aujour9'hui 1'un des doyens des gens de lettres , et que j'ai connu il y a 35 ans au ministère de 1'intérieur, division de 1'instruction publique, avec unc santé si frêle qu il paraissait très-vieux et pres de s'éteindre, notre F.-, obtint des emplois dans les administrations de ld eapitale. Le dernier qu'il occupa fut celui de chef du bureau de liquidation au département de la Seine , ou était le F.*. Benou, dont il a été le compagnon fidele dans toute sa carrière civile et maconnique. Jouissant en 1797 d'un patrimoine qui lui assurait une existence houorable, il épousaM"6 Legrès, fille d'un respectable magistrat. II eut le malheur de la perdre sans enfans, après sept années d'une union parfaite. En 1809, il contracta un second mariage avec M"e Boulard, fille d' un négociant renommé par un commerce considérable dans la haute pliarmacie. II existe de cette alliance deux jeunes fils destines au commerce, et une fille de dix-huit ans, dans lesquels on reconnalt 1'excellente éducation qu'ils ont recue. Le F.'. Nogaret , qui sentait depüis long-tems, dans 1'intérêt de sa familie , la nécessité de se rendre indépendant des emplois révocables, traita, par le conseil du F.-. Benou, d'une charge de commissaire-priseur, et 1'exerca pendant neuf ans. La douceur de son caractère, la droiture de son jugement, et sa bienveillance envers ses collègues, lui valurent ljientot 1 lionncur de faire partic de la. chambre de discipline de sa compagnie, espèce de magistrature inter paves, dans laquelle il se montra toujours un indulgent conciliateur. Son idee principale élait de laisser a sa familie une fortune capable de la placer a 1'abri des événemens. Aussi, dès que sa charge fut vendue, il en employa le prix a construire une maison considérable, dont il dressa les plans, dont il fut le seul architecte, et qui doubla son revenu. II avait aussi acquis un domaine utile et agréable pres de Montargis. Ce fut au retour de ce domaine, qui devait etre un jour sa retraite, qu'il fut atteint de la maladie a laquelle il succomba deux mois après. II était depuis peu second surveillant de la Chamb.\ Symbolique, ou il avait long-tems exercé, avec une amabilité qui nous enchantait, les fonctions de M.-. des Cérémonies. II appartenait au G.-. O.-, depuis 1822. Nous avons tous eu 1'occasion de remarquer sa douceur, qui se manifestait par son langage, par toutes ses manières, par le son de sa voix ellememe, 1'égalité de son caractère , une politesse exquise, sans étre recherchée, qui ne pouvait avoir sa source que dans la bonté du cceur. A Ia modeslie juil avait dans ses gouts, dans toutes ses habitudes, )n neut point supposé qu'il jouissait de vingt-cinq rulle franc&de rente. En consacrant toute sa fortune 3 a 1'éducation tic ses cnfans et a leur etablissement futur, il niettait en réserve des économies pour un noble plaisir, pour un plaisir de Macon, celui de distribuer lui-même des secours au malheur et a 1'indigence..Tout son voisinage le sait; on sen souvient aussi enbénissant son nom et en legrettant lc bienfaiteur, au village de Vitry, oü il pouvait aller se délasser sans s'éloigner de la capitale, dans une maison de campagne qu'il y avait acquise. Pendant que lhomroe habitué aux aifaiics aug inente sa fortune, qu'il 1'acquiert et en jouit noblcment lorsqu'il réunit, comme le F.". Nogaret, la délicatesse a 1'habileté, 1'bomme de lettres, 1'amiMes seiences, ne négligé que trop souvent ses intéréts. Entrainé malgré lui, a lexclusion de tout autre soin, par ses études favorites, il n'a pas 1'art difücile d allier le culte de Plutus avec celui des muses. Cette remarque va trouver son application. Naguère encore, dans une de nos dernieres assemblées générales, siégeait d'office a cette place de second surveillant un frère qu'a son costume de 1'autre siècle, aux cheveuxblancs qui couvraicnt sa tête vénérable, a la faiblesse de sa voix , on jugeait d un ège avancé. Cependant sa physionomie fraiche et ouverte, cette figurelarge et pleine qui n'avait point laissé approcher les rides de la vieillesse, repous- tm ,a <'ra,nte a uue Perte aussi imminente Qui eut cru, en voyant le F. ■, LidoNWE au milieu de nous, rayonnant de santé en apparence, ct d'un ealme ' d une quiétude si parfaite, qu'il s'était occupé une grande partie de sa vie, qu'il s'occupait encore hab.tuellement de calculs et de mathématiques ? qui eut cru surtout qu'il était dans un état voisin de h pauvreté P Cest que ee bon frère avait le cceur aussi affectueux que 1'esprit rigoureux et exact. Lorsqu'il se trouvait au milieu des macons, il se livrait aux seules inspirations de son coeur; il oubliait, et ses beso.ns, que d'ailleurs il cachait partout avee une noble fierte, et ses études, qui impi.iment ordinaiicment de la sechcresse et de la sévérité dans les traas. II était probablement Ie doyen des macons : j a! vu son nom comme visiteur a la suite du procésverbal d'une des chambres du G.\ O •• tem1P ;i , « pres d un demi-dW., c, je M 8uis dc J meme que c etait bien sa signature. Nicolas-Joseph Lidonne naquit a Périgueux, lc o juillet i757, de parens aussi recommandables nar leurs vertus que par leur position sociale. Son père avocat distingué, le destinaita sa profession. Apvè's avoir PrePai'e k ses études, il l'envoya, a l^e de quatorze ans, les achever a Paris, au collége de *«». ele,e de ceue ancicnne c. cdlèbro mai50„. ,| fut recu avocat au moment ou , perdant son pere, u dut se suffire désormais a lui-raême. II suivait avcc distinction la carrière du barreau, lorsquela révolution, qui dépla?a les hommes et les choses, changea le plan de vie qu'il s'était tracé. Le ministre Abrial, appréciant son mérite, le nomma chef de division au ministère de la justice. Plus tard, il fut désigné pour être eonseiller en la cour d'appel de Limoges. Mais , cédant a son gout pour les sciences, il refusa ce poste honorable, pour rester a Paris, et se livrer sans réserve a 1'étude des mathématiques et des sciences naturelles. II a laissé sur les sciences exactes plusieurs manuscrits, que sa modestie, excessive peutêtre, ne lui a pas permis de publier, quoique le succès du seul qui ait été imprimé eut du 1'cncourapcr a la publication des autres. Ce sont des tables de tous les diviseurs des nombres, auxquelles il a joint un mémoire sur quelques polyèdres, appelés les corps d'Archimède. Cet ouvrage, qui a paru in-8" en 1808, a été accueilli a 1'Institut, et il en a été fait un rapport, daprès lequel le directeur général dc lmstruction publique 1'a adopté pour les bibliothèqucs des lycées. II a obtenu les suffrages du celèbre Lagrange, deM. Mauduit, qui en a fait mention dans la nouvelle édition de sa géométne, du ministre de 1'intérieur et du grand-maitre dc 1'université. Les journaux savans Tont cité avec beaucoup d'éloges. Le i Lidonne a long-tems professé la science qu il aflcctionnait. Avec unc ame expansivc , quoiqu il parlat peu , il aimait a fréquenter les sociétés littéraires el philantropiques, et clans toules il se fit estimer par ses qualites morales , cliérir par la douceur de son caractere. L'Athénée des arts se félicilait de le compter parmi ses membres; il 1'a vivement regrette, et s est plu a rendre des hommages solennels a sa mémoire. Ce digne frere, veuf depuis long-tems et sans posterite, ee qui a pu contribuer a augmenter son indifterence pour la fortune, vivait modestement d'un faible revenu , pour lequel il avait des suretés hypothecaires. Par une bonté excessive, il renonca a ces suretes en faveur d'un collaléral, qui ne lui paya plus sa rente. Les privations, le chagrin qu'il ressentit de cette ingratitude , et dc ce cruel abus de confiance, abrégèrent les jours de ce respectable vieillard. Ma penible tache devrait étre terminée : elle se boinait, lorsque j en ai etechargé, a la commémoi ation, deja longue et difficile pour un seul discours, de cinq de nos frères; et depuis, une cruelle destinée, en ajoulanta la liste funèbre, m'a imposé le devoir de Par'er d'un sixième, que j'ai connu, quej'ai admiré, que j'ai ehéri pendant neuf ans dans 1'illustre Li'. du Mont-1 habor, pour lequel nous avons tous eprouve ici les mêmes scntimens. Les limites ordinaires de nos discours sont déja dépassées, et j'aurais a decrire une vie civile, uue vie militaire, une vie maconnique, si bien remplies, que chacune d'elles meriterait d'amples détails. Yous êtes fatigués, MM.*. FF.*., d'un long récit, dont les partiesdiverses presentent les mêmes idéés et les mêmes formes; et moi je suis épuisé par les douloureuses impressions que j'ai ressenties en tracant tant de lugubres tableaux. Excellent F.*. Lecoüturier, intrépide au milieu des braves, verlueux citoyen, fidele macon , et, dans ta triple existence, toujours bon, toujours simple et modeste, toujours bienfaisant, long-tems dans cette enceinte on aimera a s'entretenir de toi. D autres orateurs rediront mieux tes vertus, tes hauts faits d'armes dans une longue carrière qui embrasse depuis Jemmapes jusqu'a Waterloo, tes qualites solides ct aimables, tes bonnes ceuvres. Quant a moi, jen'ai que des larmes a te donner ; je ne puis, pour remplir un rigoureux devoir, qu'csquisser rapidement un pale tableau, qui demanderait un pinceau frais. et vigoureux» Francois-Gervais-Edouard Lecoutubieb , mort le 10 dc ce mois, est né a Falaise, le i3 juin 1768 , d'une familie qui tenait et qui tient encore dans lc pavs un rang bonorable. De bonnes etudes a 1 uni- versité ile Paris, ses goiïts simples et littéraires, 1'avaient engagé dans Ja carrière de 1'instruction publique. Le maïtre d'études du collége de Louis-leGrand nc se doutait pas qu'il deviendrait un jour officier général, et officier distingué. Sous-lieutenant le 3i mai 1792 , il gagna successivement tous ses gradcs par sa bravoure et son mérite. II était, en 1796, capitaine d'une compagnie de carabiniers, lorsqu'il fut frappé, devant Manheim, d'une balie qui lui fracassa 1'articulalion du coude gauche, et toute sa vie il a souffert de cette blessure. Le ier octobre 1800, il fut fait chef de bataillon sur le champ d'honneur, sous les murs d'Ancöne, pour avoir, a la tète de deux cent cinquante braves, pris sur rennend une redoute défendue par cinq cents hommes, encloué neuf bouches a feu , et enlevé un drapcau. En 1808, il était sous-inspecteur aux revues, avec rang de colonel, puis aide-de-camp du maréchal de France Lauriston-, en i8i5, adjudant-commandant a 1'état-major de la grande armée. Les etats authentiques de sa vie militaire constatent trente années de service effectif, et vingt-trois campagnes dans presque toutes les parlies de 1'Europe. Membre de la Légion-d'honneur cn 1804, cheva- lier de Saint-Lou;s en 1Ö14, ottieier üe ia Legiond'bonneur en i8i5, il fut, en 1822, marécbal des camps et armées du roi. Dans sa retraite, bien digne dun guerrier pliilosoplie , il fit un noble usage de ses loisirs, quil consacrait a la littérature, a la maconnerie, a la vie champêtre, pour la paisible jouissanee de laquelle il avait aclieté, pres de Meulan, une maisonnette, ou il passait depuis quelques années la belle saison. 11 voulut encore ètre utile a son pays, qu'il avait servi aveetant de dévouement, et aux soldats, dont il avait toujours été le père. II a publié , en 1819, des Réjlexions sur le corps royal d'état-major j en 1820 , un Der nier mot sur ce corps; en 1821 , des Considéralions sur les retraites des militaires, les pensions de leurs veuves, et les secours a accorder a leurs enfans ,• en 1822, 11 n Dictionnaire portatif ct raisonnè des connaissances militaires, puis une llectijication de ce qui avait été rapporté dans le tomexi des Victoires ct conquêtes, sur la défense d'Ancone. II était, en outre, un des collaborateurs du Journal des sciences militaires, qu'il a enrichi de plusieurs articles fort remarquables. Dans toutes ses productions , on reconnait 1'homme méditatif, 1'officier expérimenté, le bon citoyen, et surtout le pliilantrope. La Maconn.*. était pour lui une affaire serieuse, dont il senlait toute 1'importance pour le perfection- nement et Ie bonlieur de l'humanije. II Ia jageait particulièrement utile aux militaires, pour tempérev dans leur ame 1'influence des cruelles nécessités de la guerre. Aussi fonda-t-il, en i8o3, la L.*. des Vrais amis reunis, au i6e régiment d'infanterie lé- 7 • »J gère. II fonda et prcsida encore, en 1807, la L.*. du 6o" régiment d'infanterie, alors a Raguse. Ce fut la qu'il donna la lumière aux généraux Lauriston et Molitor, depuis maréchaux de France. Membre et plusieurs fois président de difïerens Atel. •. du MontThabor, a Paris, il y portait eet amour de ses frères, cette simplicité, eet aimable abandon, eette modestie, qui 1'aecompagnaient partout, toujours pret a ètre au premier ou au dernier poste , suivant qu'on avait besoin de lui. II y a deux mois a peine qu'a 1'occasion des élections, il écrivait a eet Atel.*. pour le prier de ne pas lui donner de fonctions qui exigeassent la contention de 1'esprit ou 1'usage de la parole. II offrait d'ètre maitre des cérémonies ou garde du temple. Et c'était par le président d'une des chambres du G.*. O.*, qu'était donné eet exemple de renoncement a une vanité qui n'est que trop souvent dans les Atel.-. une occasion de refroidissement, et même de trouble. Nous 1 avons vu le même parmi nous, dans toutes les fonctions qu'il a remplies. Dans sa présidence, c'était un père au milieu de ses cnfans. La vraie di- guité pour lui cpnsislait a se montrer leur ami, leur égal. Etranger a 1'ambition malgréson mérite éminent, a la soif des richesses, il avait passé sa vie, non sans fatigues, mais sans ces peines qui rongent le cceur, et minentTexistence. Une constitution forte, latranquillité de son ame , qu'aucune passion, aucun souci ne troublaient, nous faisaient espérer de le posséder encorc long-tems. Nous le savions indisposé, mais peu de jours avant sa fin nous avions été rassurés sur sa situation. Quel funeste retentissement dans cette enceinte a ces mots foudroyans : Lecouturieu n'est plus! Son coeur est tout entier dans son testament, qu il revoyait chaque année. Ses dernières dispositions sont du 6 mai 1829. Après une distribution equitable et bienveillante de ses biens a ses parens, a des amis dignes de ses affections, il donne a la caisse hospitalière du G.'. O.'. 3oo fr.; a celle du MontTbabor 200; autant a celle du Berceau de Guillaume, a Falaise, dont il était le représentant: puis il ajoute i5o fr. pour 1'extinction de la mendicité, et une pareille somme pour la caisse générale de 1'enseignement mutuel. Ces dispositions n ont pas besoin de commentaire : on y retrouve, comme dans la vie entière de Lecouturicr, l'exccllent ciloyen , le bon nia^ con, 1'ami de riuimanité souffrante, celui des lumières pour améliorer le sort des classes inférieures. MM.1. FF.-., je n'ai pas enlendu faire une oraison funèbre dans le sens que le monde attaché ordinairement a ce mot. Je n'ai pu, d'après le nombre des sujets que j'avais a traiter, et je n'ai dü, d'après 1 esprit de notre institution , que retracer quelques faits, en suivant les notes qui m'ont été fournies par plusieurs bons freres, que je remercie au nom du G.*. O.-, de France (i). La précision et la simplicité de ces notes en garantissent 1'exactitude. Je n y ai ajoute aucun ornement. Et pourquoi aurais-jc altere ou embelli la verité ? Ce n'est pas en maconnerie que nous sommes obligés de trouver des vertus la ou il n'y en a pas. Nous n'avons point a célébrer des hommes qui aient fait un grand bruit dans le monde, et qui, en remplissant la terre de leur nom, (') Ces tc'moignages <1e reconnaissance s'adcessent aux FF.*. Soubert , Josepli Bauer et Mordelet, pour le F.\ Guillaume; Pillot, pour le F.-. Bailly; Hermerel, DeSMARBST et ArtAUD, pour le F.-. JansoD; Benou, pour Ie F.-. Nogaret; ïaskin, Pillot et Luton, ce deruier archiviste de 1'Athe'ne'e des Arts, pour le F.'. Lidonne; Benou et MorAnd , pour le F.-. Lecouturier. Je dois particulièrement remcrcier les FF.-. Benou et Pillot pour 1'empressement qu ils ont mis dans le doublé service qu'ils m'ont rendu. Si j avais pu avoir les autres notices aussi promptement, j'aurais eu plus de loisir pour prcparer mon allocution, et pcut-étre serait-elle plus digne de son important sujet. aient pesé sur clle. Pour nous édifier ct pour nous consoler, nous rappelons modeslcment des frèresqui ont fait Ie bien sans ostentaiion, dans la vue d'obéir a la mission qu'ils ont reeue de la divinité, et aux iuspirations de leur cceur, qui par cela scul ont bien merité de leurs semblables, et sont les plus dignes des regards de la divinité et du vrai sage. Les taclies légères de leur vie ont été bien effacées par eet amour du procbain que le divin législateur recommande eomme 1'aceomplisseaient du premier, du plus indispensable des devoirs, et en faveur duquel il promet Ie pardon de toutes les fautes. Quand nous ne serons plus, que 1'on puisse dire de nous , comme nous avons le bonheur de pouvoir le dire de nos frères : lis furent cliaritables et bienfaisans. Nous n'aurons pas besoin d'autre éloge devant ceux qui nous survivront, d'autre recommandation devant le Juge suprème. C'est la en effet tout 1'homme, tout le citoyen, tout le maeon. Hors de la, tout est vanité, tout est mensonge; et les oraisons funèbrcs les plus élcquentes, si elles ne eélèbrent pas de vrais services rendus a nos semblables, soit par des travaux utiles, soit par des oeuvres charitables, ne sont que de brillantes impostures, des outrages a la moraie, j'ai presque dit des conspirations contre 1'humanité. Un profond silence a régnc pendant la lecturc uII aiscours au v. ■■. t. ■. Urat. \. Le R. •. Président voyant dans 1'attention soutenue de 1'auditoire Ja preuve du haut intéret qu'il lui a inspiré , exprime au v.-. F.-. Chemin-DdpontÈs, le regret que le earactère de la cérémonie ne lui permettepas de provoquer par une triple batt.\ les témoignages de Ia satisfaction et de la re- connaissancëdesYV.-. FF.-.. Sur 1 invitation du R.-. Président, les Maitres des cérémonies distribuent aux FF.-, des branches de cyprès et des touffes d'immortelles. Pendant ce tems, la musique exécute un morceau d un caractère grave et mélancolique. La distribution terminée, leV.-. F. -. G.-. Hosp. aidé de deux Maitres des cérém.-., recueille a l'O.-. et sur les col.-., le tribut de la bienfaisanceMac.-. en faveur des FF.-, malheureux; le F.-. IIosp.-. reste dépositaire de la collecte.' Ces VV.-. FF.-, ayant rempli leur office charitable, le R.-. Président fait conduire par les Maitres des cérém.-., au bas de l'O.-., prés du mausolée, les VV.-. FF.-. Surv.-.; il les re;joint accompagné des RR.-. Présidens, des Off.-. Hon.-. et des VV.-. FF.-, de l'O.-.. Tóus les FF.-, des col.-, sont debout et a 1'ordre. ün presence au cenotapne, ic n.\ rresictent dit : « Emblêmes touchans de ceux qui ne sont plus ! » Guillaume, Batlly, Janson de Sailly , Nogaret, » Lidonne, Lecouturier , recevez par ma faible voix » 1'expression des regrets vivement sentis de tous » ceux qui m'entourent, et 1'assurance que vos noms » révérés vivront a jamais dans le souvenir desEnf.-. » de la V.-. Lum.-.. » lts ont bien vécu : saclions mériler comme eux » les regrets de nos FF. •.» Ces derniers mots, reproduits par les deux Surv.*., sontsuivis d'une triple batt.*. de deuil et de 1'acclamation trois fois répétée : gemissons! Apr ès «n intervalle qu'une musiqueplaintive arempli, le R.-. Président et les VV.-. FF.-. Surv.'. repetent: lis ont bien vécu : sachons mèriter comme eux les regrets de nos FF. ■. De nouvelles batt.-. de deuil, et après elles 1'acclaniation gémissonsl sont suivies d un morceau de musique analogue au précédent. i^e n. . ï resident reprend Ia parole et dit: « Aidez-moi, mes FF.-., a rendre nos derniers » devoirs aux III.-. et bien aimcs FF.-, que nous » regrettons ! Allons jctersurleurscendres quelques » fleurs, symboles fidèles de 1'altachement que nous » leur porlions, et de la pureté de celui qu'ils nous » ont prouvé tant defois. » Aux sons d'une musiquc du caractère le plus religieux, le R.\ Président, les VV.\ FF.-, de 10.-., les Surv.-., et successivement les FF.-, qui décorent les col.-, font trois fois le tour du eénotaphe. Avant de déposer la branche de cyprès et le bouquet d'immortelles au pied du monument, le R.-. Président prononce ces paroles, que les Surv.-. répètent ensuite : Que le Gr.-. Arch.-. de l'Unw.-. fasse paix et misericorde aux FF.-, que nous avons perdus! II dit ensuite, et les Surv.-. après lui Que les douceurs de l'étemelle paix soient le partage et la rècompense des excellens FF.-, dont nous déplorons la pertel Enfin, le R.-. Président ajoute : « Eh! comment n'en aurions-nous pas 1'espérance ? » Oui, la terrc doit être legere au brave qui i Jiioha » de son généreux sang , au savant philantrope qui „ Sans cesse étudia les secrets de la nature, pour » adoucir les maux de ses semblables 5 a 1'opulent » modeste, qui thésaurlsa toute sa vie pour doter » après lui la jeunesse studieuse; enun mot, a tout » homme de bien qui recueille après lui sur sa tombe » des regrets et des pleurs. Ah! que leur belle vie » serve d'exemple a tous les Mac.'. . » Les Surv.-. repetent: Que leur belle vie serve d'exemple a tous les Mac.'.! Le R.'. Président, les Surv.-. et tous les FF.-, reprennent leurs places. Le R.-. Président fait tirer une dernière batt.-. de deuil qu'il termine par ees mots : Espérons ! espérons \ espérons! répétés par les Surv.-. et tous les Fl. .. II adresse ensuite 1'allocution suivante aux membres du G.-. 0.-. et aux TT.-. CC.-. IF.-. Visit.'. : « Membres du G.". O.", de France, je ne vous „ féliciterai point de 1'empressement que vous avez „ mis a eoncourir k cette funèbre eommémoration : „ vous n'avez fait que remplir un devoir sacre. C est tt • TC • FF • ■ Visiteurs, que je m a» a vous, 11.. » ui^sse; a vuut>qui ei.es venus en si grano nombrc, )> vous associer a nos justes regrcts; a vous, digni» taires des Conseils et des Chapitres, ex Vén.-. et » Vén.-. en exercice, parrai lesquels il nous est si » doux de revoir sur nos Col.-, les plus fermes sou» tiens de 1'Ordre et les plus grands propagateurs de » la V.-. L.-. Enfin, c'est a vous qui eomposez une » députation de chaque Atel.-., ou travaillèrent si » utilement ceux dont nous lionorons la mémoire, » et que désigne, dans cette imposante réunion, le » plu3 touchant et le plus profond recueillement... » Reeevez tous les remercimens du sénat maconni» que! Votre présenee seule pouvait le consoler de i) ses pertes : elle fait sa force, sa gloire; et c'est » toujours avec un nouveau sentiment de satisfac» tion et de noble fierté, qu'il vous recoit dans son » sein. Reportez dans vos |~Ep respeetives et 1'accord » fraternel qui règne parmi nous, et ce désir uni» versellement senti, de maintenir dans toute Ia » maconnerie franeaise cette concorde et cette ré» gularite qui en sont 1'ornement et Ie soutien! » Puissiez-vous alors , pour nous donner le plus » doux prix de nos travaux et de notre zèle, avoucr » que nous étions dignes d etre vos fidèles manda» taires, et que nous n'avons cessé de travailler a la » prospérité de 1'Ordre ! » Le R.-. Président ferme les Trav.-. par les 4 myst.-. acpoutumcs. Tous les FF.-, sc relirent en paix et en silence. Min.-, pi.-. Signó a la minute, par tous les FF.-, présens. Collationné par les Off.-. dignit.-. de la Ch.'. de Correspohtdance et des Fitiances. CBSUCIIET, Pres.-.; TARDIEÖ, 1" Stirv. •. DOOMERC, -x' Surv.' MÉRILHOU, Oi'at. Pd!' Afilmlcrnent thl Cr. •: O. P. MORAN13, Si'rn tnux' do la Gli.'. Tinibtu ct scellt; par nous G.-. Gardé dos timbre ct sccaux du G.-. O.'., CAMUS. G.'. O/. DE FRANCE. COMMÈMORATION FÜNÈBRE DES dlWe«u£t6» du, (j*/. 0.-. ö6 ^ zaAice Ufc.Lr.DES DANS LE COURS DE L'ANNÉE MA?,. SSsg, CÉIÉBRÉE « 3« 0 DU .« MO.S LUN. (NISSAN) 583o, (a? MARS .83c, ÈRE VUtGre.) *fff# O.-. DE PARIS. 1MPRTMERIE DU F.-. DONDEY-DUPRÉ RUE SAINT-LOmS, N° 46, AU MARArs. i83o. POMPE FÜNÈBRE 582g. A LA GL.-. DU G.-. A.\ DE L'UNXV.-. LE G.'. O.'. DE FRANCE. ,U"' lande la 5°, 27 mars i83o, ère vulgaire. v^.eG'';? '-deFr""Ce' r%uliwement eonT", 6' f,'-"Crnell«».e..t réuni en assemblee speciale pour la commémoration funèbre de ceux de «es membres l-'ü a perdus dans le courant de 1 nnee 58ag sous le poin, géomélrigue connu des seuls vrais Mac.-., dans un lieu L-régu- lier, et ou règnent le silence, la paix et 1 equite; midi plein. Les Trav.-. ont été ouverts : A l-O.-., par le T.- üf.-.et V.-. F.-. Boü.llv, Président de laCh.•. Symb. •., en 1 absenceduT. . 111.-. et Besuchet, Président de laCh.-. de Correspondance et des Finances, en tour; A 1'Occ.*., par les VV.'. FF.-. Tard.eu, iSurv.-. de la Ch.-. de Correspondance et des Finances, etMüre jeune, a-Surv.*. duSupr.-. Cons.-. des Rites. Le Y.*. F.*. Chemin-Dopontès, Orat.-. de la Ch.-. Symb.-., chargé de prononcer le discours funèbre, siège au banc des Orat.-. LeV.-. F.-. Morand, Secrétaire de la Ch.-. de Correspondance et des Finances, est au bureau des Secrétaires. A la droite et a la gauche du R.'. President , sont conduits et placés successivement les V V FF.-. Richard, Président du Supr.-. Cons -. des Rites, et Besuchet, Président de la Ch.". de Correspondance et des Finances. i VV • FF.-. Chaslin, Deloche, Tesson , Trüet ct Vassal, Off.'- hon.'-t décorent l'O.*. Le Temple est entièrement tendu en noir, parsemé de larmesblanches, et présentant, dans six écussons, les initiales des noms des VV.\ décédés ; il est éclairé par un grand nombre de bougies. Au nnlieu du Temple, s'élève, sur plusieurs gradms, une colonne funeraire richement drapée, et oü sont mêlés aux insignes Mac.*, des FF.-, décédés, les insignes militaires et d honneur de plusieurs d'entre eux. Des cypres et des cassolettes antiques, dans lesquelles brille une flamme lugubre et mystérieuse, entourent le monument, aux quatre extrémitésduquel sont placés, commedoyens, les VV.\ FF.-. Rustier, Albert, Polak, OfF.-. hon.-. et Mure ainé, Off.-. Tit.-. Les VV. . FF.-. Ooquardon , Taskin et ClaiRain-des Lauriers , Commissaires nommés par a Ch.-. de Correspondance et desFinancës pour Ia direct,on de la cérémonie funèbre , sont aies pendant les Trav.-. par les Maitres des Cérémonies des trois Ch.-. administraties du O.-. Tous les Membres du G.\ O.-., Off.-., Représentans-nés ou élus étant placés, et Ie Temple dos et couvert, Ie R.-. Président ouvre les Trav.-. par une triple batt.-. de deuil et 1 acclamation Gémissons ! trois fois repetee. II est donnélecture du tracé des Trav.*. de la cérémonie funèbre du 14 mars 1829, ere vuig.*.. Les Col.*, consultées et le V.*. F.-. Orat.-. entendu dans ses conclusions , la redaction en est approuvée a 1'unanimité. Le ier Maitre des cérémonies annonce au R.'. Président que six députations de RR.-. LL.-. de Paris et un grand nombre de FF «'.Visiteurs sont dans le Salon d'attente, et demandent la fav.-. d'assister aux Trav.-.. Le Maitre des Ceremonies ayant ajouté que tous ont été reconnus en leurs qualités et comme Mac.-, rég.-., Le R.'. Président fait donner 1'entrée du Temple aux TT.-. CC.-. FF.-. Visiteurs et aux Députations des RR.-. LL.-., savoir : Des Commandeurs du Mon.t-Tha.bov, Des Disciples de Saint Fincent de Paul; De Jérusalem écossaise ; De la Philadelphique; Des Sept Écossais réunis ; Et de la Trinité. LL.-. auxquelles appartenaienl connnc di- gnitaires ou comme membres, et dont le G.-. O.*, déplore la perte, les W.\ FF.". : Lecouturier, Maréchal de camp, Chev. de 1'Ordre royal et milit. de Saint-Louis, Off.-, de la Lég.d Hon., ex-Presidenl de la Ch.-. de correspondance et des fïnances, G.\ I.-. Q.-. 33* deg.-, du rite Ecoss.*., ancien et accepté. Lidowhe, ancien Avocat et Professeur de niathématiques, Off.-. du G.-. O.-., G.-. I.-. G.-. 33". Nogaret, Proprietaire, Cotnmissaire-priseur honoraire, 2e Surv.-. de la Ch.-. Symb.-., G.-. I -. G.-. 33e. Janson de Sailly, Avocat a la Cour royale, Off.-. du G.-. O.-., G.-. Chev.-. El.-. K.-. GuiLLAUME,Pharmacien, Chev. de la Lég.-d'Hon., Off.-. du G.-. O.-., G.-. I.-. G.-. 33'. Bailly , ancien Inspecteur général des finances , Off.-. Hon.-. duG.-.O.-., G.-. I.-.G.-. 33e. Les TT.-. CC.-. FF.-. Membres des députations et Visiteurs étant placés par les soins des MM.-, des Cérém.-. , Ie R.-. Président leur adresse 1'allocution suivante .- TT.-. CC.-. FF.-. Visit.•. des divers Atel.-. de La Correspondance du G.-. 0.*. de France, « Je ne saurais vous saluer, selon notre antique ■n usage, avec le glaive de 1'honneur; ma main, vous d le voyez, n'est armee que d'une branche de cy» pres. L'0.-. est couvert d'un crêpe funèbre. Plu» sieurs anneaux de la grande chaine Mac.-, sont » rompus : des hommes aussi recommandables par » leurs qualités personnelles que par d'eminens » services, ont gagné le séjour de 1'éternelle paix. » lis ont quitté cette demeure terrestre et passagère » ou s'agitent tant de passions, cette grande loge » des vivans, ou se mêlent et se heurtent tant d'ou» vriers avides, a qui l'on pourrait dire avec Ho» race : Cur trepides in usum Poscentis tevi pauca ? - Pourquoi vous tourmentez-vous, pour uae vie qui «lemande si peu ? » » Ceux dont nous avons a déplorer la perte avaient » un autre système : ils ne s'agitaient, ne se tour» mentaient que pour le bien de leurs semblables. » Vous allez entendre 1'éloge de chacun d'eux , que » doit proférer une bouche eloquente, philantro» piqué-, et lorsque vous saurez ce qu'ont fait pour » la patrie, 1'honneur, la science, 1'humanité, et » surtout pour notre Ordre, les lil.*. FF. ., Gu,il- » ïaurae, Dailly, Janson-de sailly, Nogaret, Lidonne » et Lecouturier, vos regards attendris se porteront » vers ce mausolée; et dans vos cceurs profondément » émus retentiront ces admirables et consolantes » paroles de Tacite : Simulacra vulhis mortal ia suilt; forma menlis tptema. « Les trails du visage sont périssables ; ceux dc 1'ame sont éternels. - » Oui, la tracé que laisse après lui sur la terre uil » bienfaiteur des hommes est ineffacable; oui, le » G.-. A.\ de 1'univ.-. lui prépare dans un autre » monde 1 effet des bénédictions qu'il recueillit dans » celui-ci. Entendez sous ces voiles funèbres la voix » de nos FF.-, bien-aimés, qui répondent a nos » hommages! Voyez cettevapeur légere qui s'élèveau» dessus de ce sarcophage, et voltige autour de nous » pour nous aider encore a former la chaine d'union! » Tant il est vrai que ce qui nous fut cher ne périt » pas tout entier; et qu'il s'échappe de sa dernière » demeure une identité secrète , invisible, qui nous » ranime et nous console.... Ah! sans cette émana» tion de la pitié céleste, ceux qui survivent a ce » qu'ds ont tant aimé, seraient trop malbeureux. » Won, non, la Providence, en nous frappant de » coups imprévus, sous lesquels il faut succomber » sans murmure , fait luire a nos yeux obscurcis par » les larmes, a notre imagination bouleversée, anéan» tie, 1'espoir consolateur de cejoindrc et de revoir » ceux que nous avons perdus. « r uyez üonc lom au parvis ue nu» tempte», piu» fanes insensés, qui, par unc jactance mondaine, » ou par une erreur de secte , osez faire profession » de matérialisme, et méconnaissez la dignite de » votre être, jusqu'a nier 1'existence de celui qui le » créa! Apprenez que, sur le premier livre dorde » la franche-maconnerie, c'est-a-dire aux tems les » plus reculés, un sage illuslre, un savant revere, » grava ces paroles mémorables : Tout Macon, fier » de son titre, et c/ui cotnprend bien son artf ne sera » jamais un athée stupide , un libertin sans religion. n Allez, jeunes mécréans, don Quichottes mo» dernes d'une fausse philosophie, allez errer ca et » la dans le néant de votre fatale chimère ! Ne croyez » point aux effets d'une pieuse morale! riez de la » pudeur d'une jeune fille, de la bonne foi dun » ami, de la bénédiction même de vos parens! Sou» tenez que tout se detruit par la mort j qu il ne » reste rien après nous qui puisse occuper nos der» niers momens! Je ne vous repondrai que par ces » vers adressés a 1'un de vous qui se présentait a » 1'initiattion de nos mystères, et qui revint de son » erreur : C'est en vain que sur 1'^ime oo batit maint syslême j C'est le soufflé du créateur, Jnvisible comme lui-raême, La flamme Je la vie et son régulateur. Gette flamme après nous sans doute existe encore . Que devient—ellc enfin? le plus savant 1 igiiore. Maïs 11 est un moyen de prevenir l erreur: C'est d'épurer cettc ame en qui tout est mystère , Et de la rendre digne , alors qu'eHe est sur terre, De retourner a son auteur. » Telle fut la pensee des FF. •. que nous pleurons; » ils ont cru franchement a la justice divine et a la » reconnaissance des hommes. Les regrets que nous » exprimons en ce jour, et les hommages funèbres » que nous rendons a leurs manes , remplissent déja » leur attente. » Cette allocution, prononcée au milieu du silence et du recueillement de tous les FF.*., est suivie d'une musique d'un caractère grave et religieux. Après un moment de silence, la cloche funèbre se fait entendre. Une musique plaintive lui succède. Bientót la cloche sonne 1'heure de minuit, symbolisant la dernière heure de la vie. Le R.*. Président se leve et dit : Honorons la mèmoire des lil. •. FF.'. qui ne sont plus Les FF.*, se sont en même tems levés k l'O.*. et sur les col.*.; les Surv.*. repetent les paroles du R.*. Président. Cette proclamation est suivie d'une triple batt.*. de deuil.