Construction Relative dans chrétien de Troyes par P. FABRIEK LA CONSTRUCTION RELATIVE DANS CHRËTIEN DE TROYES. LA CONSTRUCTION RELATIVE CHRÉTIEN DE TROYES ACADEMISCH PROEFSCHRIFT, TER VERKRIJGING VAN DEN GRAAD VAN DOCTOR IN DE LETTEREN EN WIJSBEGEERTE AAN DE RIJKSUNIVERSITEIT TE GRONINGEN, OP GEZAG VAN DEN RECTOR-MAGNIFICUS DR. F. M. TH. BÖHL, HOOGLEERAAR IN DE FACULTEIT DER LETTEREN EN WIJSBEGEERTE, IN HET OPENBAAR TE VERDEDIGEN OP MAANDAG 24 NOVEMBER 1924, DES NAMIDDAGS TE 3 UUR DOOR PIETER FABRIEK Geboren te Zwartsluis H. J. PARIS AMSTERDAM — MCMXXIV A MA FEMME Après avoir terminé cette étude je tiens a témoigner ma profonde reconnaissance a mon éminent Maitre, M. K. Sneyders de Vogel, qui dans ses lecons et dans ses Cours de Syntaxe a 1'Université de Leyde, m'a indiqué la méthode d'entamer un pareil sujet. En outre je me rappellerai toujours la facon bienveillante, dont il m'a soutenu dans 1'exécution du présent travail. Qu'il me soit permis d'exprimer également ma sincère gratitude a M. Emile Boulan pour ses lecons si suggestives. TABLE DES MATIÈRES. Page Inteoduction 3 Chapitre I — Les différentes valeurs logiques de la relative „. .. 24, Chapitre II — Les relatives sans antécédent 76 Chapitre III — Le pronom relatif adjectif et la nature de Pantécédent 89 Chapitre IV — Le pronom relatif neutre 105 Chapitre V — Les ad verbes relatifs dont, oit, que.. 126 Chapitre VI — Fusion de la proposition relative avec une proposition objective 143 Chapi tre VII — Place du relatif par rapport a son antécédent 150 Chapitre VIII — La liaison entre les relatives 157 Conclusions 169 Bibliographie 173 1 INTRODUCTION. La conception de la linguistique professée par F. de Saussure x) a fait école et pénètre de plus en plus dans les recherches scientifiques. Le langage est une activité psychophysique; pour les études linguistiques il faut donc partir des valeurs psychologiques et voir quels en sont les aspects formels dans la langue. La pensée de Phomme, composée d'idées, de sentiments, de tendances volitionnelles, produit de sa vie individuelle et sociale — comparée a une „nébuleuse" par De Saussure 2) — doit être décomposée. „La pensée, chaotique de sa nature, est forcée de se préciser en se décomposant" 3). C'est le róle de 1'intelligence ; „c'est par elle que nous devenons conscients 4) de ce qui se passé en nous, de ce que nous éprouvons et percevons, pour distinguer, classer et nommer ces choses" (= les pensées et les sentiments). Après cette analyse, l'homme tachera d'exprimer sa pensée, et pour cela il se sert de signes conventionnels qu'il va combiner a 1'aide d'instruments de liaison pour former des phrases. Mais une phrase dit plus que les symboles qui s'y trouvent; 1'intonation, le geste, tout le contexte peuvent traduire la pensée ; la construction aussi. La syntaxe comme discipline s'occupe de tous ces éléments constructifs dans les mots, dans les „unités secondaires" et dans la phrase. La grammaire s'occupe de tous les faits d'expression conventionnels. II s'ensuit de ce qui précède que la grammaire descriptive de la langue contemporaine — et la syntaxe de même — doit aller des „faits de pensée" aux „faits d'expression". II faut grouper les phénomènes linguistiques „non d'après 1'ordre des signes, 1) F. de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1922. 2) Op. cit. p. 161. 3) Ibidem p. 162. 4) Ch. Albert Seehehaye, Les régies de la Grammaire et la vie du langage, Germ. Bom. Monatsschrift VI p. 291. 3 mais d'après 1'ordre des idéés Suivant ce principe M. Brunot a composé „la grammaire idéale" dont parle M. Bally 2), oü se trouvent réunis sous la même rubrique tous les moyens d'expression servant au même but. M. De Boer 3), qui ne se place pas au point de vue de M. Brunot, part de la forme grammaticale, du signe, pour expliquer ensuite psychologiquement, c-a-d. en tenant compte des résultats acquis par la psychologie linguistique, quelques phénomènes de syntaxe isolés 4). Mais la question de savoir si cette méthode pourra servir a une syntaxe descriptive compléte du francais moderne reste encore ouverte. Pour la grammaire descriptive M. Salverda de Grave s) s'exprime ainsi: „In een beschrijving van het Frans als een geheel, als een samenvatting van de wijze, waarop de Fransen, wat hoofd en ziel vervult, neerleggen in de taal, is het verkieselik het uitgangspunt niet in de taalvorm te nemen". Comme le titre 1'indique, le sujet de mon travail appartienfc au domaine de la grammaire descriptive du Xlle siècle, d'une époque reculée dans 1'histoire de la langue, et par suite 1'état des choses est tout autre que quand on étudie la langue actuelle. On s'occupe de la langue écrite, d'un langage littéraire, on travaille sur des textes appartenant d'ordinaire a une „langue morte", comme est pour nous le francais du Xlle siècle 6); on ne peut recourir a 1'oreille ni pour saisir les nuances ni pour comparer. II n'y a d'autre moyen que de partir des procédés formels ; la même différence fondamentale existe entre la grammaire „descriptive" et la grammaire „historique". De Saussure rejette ce dernier terme comme inexact puisqu'on peut étudier 1'histoire de la langue sans donner de grammaire historique ; il parle de „linguistique diachronique" par opposition a la „linguistique synchronique" ; il représente la première par une ligne verticale, la deuxième par une horizontale. Quand on étudie une certaine époque dans 1'évolution de la langue, donc un état de langue, 1) F Brunot, La pensée et la langue, Paris, Masson, 1922, introd. p. XX. 2) Ch. Bally, Traité de Stylislique, Winter, Heidelberg, 1909, p. 259. 3) Gedenkbundel „De drie talen" p. 19 (Een weinig syntaxis). 4) C. de Boer, Essais de syntaxe franeaise moderne, Groningen, Noordloff, 1922. 5) J.-J. Salverda de Grave, N. Taalgids XVI p. 238, dans une entique détaillée de „La pensée et la langue". 6) R. Blümel, Einjührung in die Syntax, C. Winter, Heidelberg, 1914, p. 91. 4 on travaille dans la direction de 1'axe horizontal, on donne une description synchronique. Quand il s'agit d'un phénomène de langue isolé dans cette époque, ou dans un écrivain illustre, on pourra prendre comme point de départ tantöt la forme, tantöt 1'idée, et il sera trés souvent possible de mettre en pleine lumière la valeur psychologique et logique d'une forme de syntaxe. Blümelx) dit : „Um eine Sache zu verstehen, müssen wir zuerst wissen, was sie an sich bedeutet; um das zu erreichen, müssen wir sie einfach als gegeben hinnehmen". Et un peu plus loin il continue : „Diesen Gebrauch haben wir nach Form und Bedeutung genau zu erfassen, und zwar grammatisch-psychologisch im Sinne der betreffenden Sprache, der betreffenden Sprachstufe, Mundart, usw." Le but de mon travail est de faire connaitre quelle était pour le célèbre poète champenois du Xlle siècle la valeur de la phrase relative dans son système de moyens d'expression ; de faire ressortir pour quelles valeurs logiques elle était le moule syntaxique ; en outre de faire voir quels étaient a cette époque les outils syntaxiques qu'il avait sous la main pour faire la ligature, et de quelle manière il s'en servait. II sera donc nécessaire de donner dès maintenant quelques remarques générales sur la valeur psychologique de la proposition subordonnée, dite adjective quant a 1'idée, relative (conjonctive) quant a la liaison, et sur sa valeur logique dans 1'analyse de la pensée. La phrase adjective est la construction phraséologique de 1'adjectif; pour en comprendre la valeur psychologique il faut prendre comme point de départ la nature distinctive de ce symbole linguistique. Par aperception (ou par association) les représentations d'un objet et d'une qualité peuvent devenir conscientes immédiatement 1'une après 1'autre, et même simultanément, quand elles ont été reliées plusieurs fois ; dans 1'image verbale 1'adjectif se place alors avant le substantif. On ne peut se représenter p.e. Néron sans penser immédiatement a sa cruauté et on dira „le cruel Néron", de sorte que le substantif se place sous 1-accent; les deux mots dans eet ordre représentent une unité psychologique, ce qui sera toujours le cas avec une qualité 1) Op. cit. p. 89. 5 connue. Quand dans le groupe d'aperception „objet-qualité" le lien entre les deux éléments est moins étroit, autrement dit, quand la représentation de la qualité devient consciente quelque temps après celle de 1'objet, 1'adjectif se place après le substantif, avec lequel il partage Paccent. Ils forment une dualité psychologique. Le choix de 1'adjectif se fait en partie par le libre arbitre de celui qui parle : 1'adjectif aura son caractère de distinctif (Je laisse de cöté ici les procédés stylistiques qui intervertissent souvent 1'ordre des termes). Kalepky *) en dit: „Nur ausgepragt logisch distinguirend gebraucht, folgt das Adjektiv seinem Substantiv, in jedem anderen Falie geht es ihm voran". II s'ensuit qu'entre 1'adjectif postposé, et 1'adjectif employé prédicativement il n'y a qu'une différence graduelle. On peut exprimer une qualité sous forme de phrase ; il y en a même pour lesquelles c'est le seul procédé formel possible. Bien qu'il y ait des phrases adjectives qui puissent former une unité psychologique avec leur antécédent, elles le suivent toujours ; il est impossible — a une seule exception prés — de les faire précéder a cause de leur accent phraséologique et de leur construction. Leur caractère sera en général celui de 1'adjectif postposé. Dans 1'analyse de la phrase, 1'adjective joue le röle de distinctif logique; elle renfermé toujours quelque détermination, caractérisation, qualification, un détail ou un éclaircissement, servant a distinguer, d'une manière plus ou moins compléte, un substantif des autres, et comme elle met la caractéristique a part, donc en pleine lumière, elle constitue un des plus puissants moyens d'analyse de la phrase. Les adjectives „déterminatives" forment un tout psychologique avec leur antécédent: „Je connais Pair que vous jouez ; Phonneur qui vous échoit est bien mérité." Dans ces phrases aucune séparation n'est possible entre le nom et la détermination. Hyena d'autres formant une unité psychologique non seulement avec Pantécédent, mais de même avec 1'idée exprimée par le verbe dont elles constituent le complément nécessaire: „Jelevoisqui se promène ; je sens mon coeur qui bat" (1'adjective se rapporte 1) Kalepky, Zeitschrift für Bom. Phil. XXV (1901) p. 340 ; dans les Eaeais de M. de Boer (p. 7—ll)se trouvent d'autres citations prises dans les travaux de Cron et de Von der Drieseh, oü est exprimée la même idée. 6 au complément). „Votre petite est la qui dort" (elle se rapporte au sujet). Ce sont les relatives prédicatives 1), parmi lesquelles on trouve selon la définition usuelle des „déterminatives" et des „explicatives" 2). Les „explicatives" sont d'une conception plus indépendante par rapport a 1'antécédent, et différent psychologiquement des deux espèces précédentes, ce qui explique e.a. le différent emploi du subjonctif dans ces phrases. A ce point de vue on peut dire qu'il y a des affinités psychologiques entre les „explicatives" et 1'adjectif postposé — dualité psychologique — et entre les „déterminatives" (y compris les „prédicatives") et 1'adjectif préposé — unité psychologique. II est remarquable que la seule relative capable de précéder son antécédent soit précisément cette relative „prédicative" (dans 1'exemple suivant une „explicative"): „Entrant dans le salon j'ai trouvé la, qui m'attendaient, mes deux amis." La valeur logique d'une adjective est trés variée ; dans le livre de M. Brunot 3) nous la trouvons par conséquent répartie sur différents chapitres. Certaines de ces valeurs peuvent étre exprimées par 1'adjectif seul, le contexte y aidant; rapport de causalité: „Intelligent, doué de bon sens, eet homme fera son chemin" ; de finalité: „potion soporifique" ; de concession: „cette jeune fille déja dégoütée de la vie ?" ; de condition (ou de temps): „Un secours immédiat peut le sauver"; „eux sortis, la discussion continua"; de conséquence: „il faudra un travail assidu pour rattraper le temps perdu." II est donc tout naturel de retrouver ces rapports exprimés par la phrase adjective, er non seulement dans les „explicatives" ; la „déterminative" aussi, a cöté de 1'idée de restriction, peut exprimer autre chose. Dans „(1'élève) qui travaille fera des progrès" on trouve le sens hypothétique d'une relative sans antécédent. Dans ce qui précéde je me suis servi des vieilles dénominations „expheatives" et „déterminatives", surtout pour faire voir que ni logiquement ni psychologiquement elles couvrent toutes les nuances de la pensée. „Cette séparation est vraiment trop com- 1) A. Tobler, Verm. Beitr. III p. 72. 2) E. Polentz, Franz. Bélativsatze als pradih. Bestimm. und verwandte Konstruktionen. Progr. Berlin 1903. 3) La pensée et la langue, pp. 803 et suivantes. 7 mode", comme remarque M. Brunot*). Et puis, la „déterminative" ne détermine pas toujours ; il y a seulement détermination2) „sitöt qu'il y a accord entre celui qui parle et celui qui écoute ou qui lit sur 1'individualité des êtres, des objets, des actions, des espèces dont il est question au propos". Dans une phrase comme „Le livre que vous réclamez vous a été dé ja rendu il y a quinze jours" il y a détermination, mais nullement dans „L'élève qui travaille fera des progrès". Quand on veut „étiqueter", ce sont surtout les relatives complétant le prédicat qui donnent de 1'embarras. Dans Ayer 8) § 295 on trouve des régies pour reconnaitre une „explicative" — quand le nom est déja déterminé d'une autre manière, 1'adjective qui s'y rapporte est une explicative — mais dans : „J'entends votre père qui nous appelle" 1'adjective est nommée „déterminative" bien que 1'antécédent soit déja déterminé. J'ai insisté un peu sur 1'arbitraire de ces formules pour montrer qu'elles cachent plutót les vrais rapports au lieu de les éclaircir ; et puis, pour motiver que je n'en ai pas fait grand cas dans mon travail. II faut ajouter — et cela se rapporte plutöt a la nature hybride de la copule, du pronom relatif — qu'on trouve nombre de relatives qui ne déterminent ni ne caractérisent 1'antécédent, et qu'on compte aussi parmi les explicatives. Quand on dit: „II demeure maintenant a Lyon, oü il s'est étabü comme médecin", la relative ne donne aucun éclaircissement, aucune qualification de 1'antécédent, pas plus que dans : J'ai rencontré votre frère qui m'a dit, etc. Par un procédé linguistique „technique" celui qui parle ou écrit fait la ligature entre deux pensées de conception indépendante au moyen de 1'outil syntaxique appartenant a la construction relative, qu'il trouve sous la main, pour éviter de cette manière la répétition du même mot. Le pronom „relatif" (ou mieux „conjonctif", comme dit Littré) est ici moyen d'économie linguistique, pour ainsi dire ; il 1'est par sa nature doublé : représenter 1'antécédent dans la subordonnée (fonction de pronom), faire la ligature avec une autre phrase (fonction de conjonction). On peut dire la même chose des relatives ayant pour antécédent une phrase. Quant aux relatives sans 1) Op. cit. p. 700, note. 2) Op. cit. p. 136. 3) C. Ayer, Grammaire comparèe, 4e édition (1000). 8 antécédent, au point de vue syntaxique ce sont des phrases substantives, remplissant la fonction de sujet ou de complément (a 1'accusatif, au datif, au génitif, ou sous le régime d'une préposition) de la principale. II n'y a pas de chapitre de syntaxe, je crois, oü se dessine si fortement la différence entre la langue parlée et la langue écrite ; la première se sert aussi peu de la phrase relative, que d'ailleurs des subordonnées en général; le peuple surtout emploie peu de phrases relatives compliquées ; pour lui la ligature idéale est celle au moyen du „mot-outil", de la copule invariable que : II avait un baton qu'il le tapaitJ). M. Brunot dit a ce sujet : „Le développement complet des formes conjonctives n'apparait pas aux langues populaires comme une nécessité. Quand le peuple use de conjonctifs, il s'y embrouille, les multiplie, les confond". Et parmi les gens d'une certaine éducation, dans la „bonne société ?" M. Bally 2) dit qu'on commence a dire : Le livre que j'ai besoin ; des choses qu'on ne peut pas aller contre. M. F. Doucet 3) raconte qu'un ingénieur lui disait: „C'est ce que je m'apercois" et il ajoute que 1'ingénieur en question n'est pas un isolé. On peut y comparer 1'emploi de quod en bas latin dans la langue parlée (du IHe au Vie siècle) *), et de quoi en francais par rapport a un nom de chose surtout (encore de nos jours). Dans la langue parlée la décomposition de la pensée a quelque chóse de spontané, avec des différences graduelles amenées par le milieu ou 1'occasion, il est vrai; dans la langue écrite, plus réfléchie, plus logique, cette analyse a un tout autre caractère. Elle fait la liaison des phrases par des procédés de coordination et de subordination tout différents ; celui qui écrit — surtout un écrivain de profession — travaille plus a tête reposée ; il biffe un mot, le remet a sa place, modifie sa phrase, remplace un instrument de liaison par un autre, pour rendre 1'expression des rapports aussi régulière que possible. Dans cette décomposition voulue, consciente, tout intellectueHe, la construction relative joue un grand röle ; c'est la qu'elle est en pleine floraison ; 1) F. Brunot, La pensée et la langue, p. 181. 2) Ch. Bally, Le langage et la vie, Paris, Fischbacher, 1913, p. 60. 3) Gedenkbundel „De drie talen", Noordhoff, Groningen, 1924, p. 30. 4) J. Jeanjaquet, Recherches sur la conjoncHon que, diss. Zürich, 1894, p. 47 ; cf. aussi 1'emploi de quem en bas latin. 9 la oü 1'on n'a pas le geste, Pintonation a son service pour se faire comprendre, elle est d'un emploi fréquent, précisément a cause de sa valeur de distinctif logique, de moyen d'analyse, valeur que j'ai relevée ; elle constitue le moule syntaxique pour des valeurs logiques variées. Quand on compare la langue de Chrétien de Troyes — et en général celle du moyen age — au fran§ais moderne, on voit qu'elle présente deux grands avantages de clarté dans 1'enchaïnement des phrases, a savoir la plus grande liberté dans 1'ordre des mots, et les signes flexionnels pour le nominatif et 1'accusatif dans la plupart des noms, deux faits de syntaxe qui se soutiennent réciproquement. Quand ces avantages — qUi ont aussi leurs inconvénients — disparaissent, la tendance se fait valoir d'exprimer les rapports entre les phrases d'une facon aussi nette que possible au moyen de conjonctions et du pronom conjonctif; quant a ce dernier on peut dire que „le pronom relatif a déclinaison compléte, traduisant a la fois la nature de son antécédent et sa propre fonction dans la subordonnée, est une conquête des langues a développement avancé". Pour 1'ancien francais en général il semble qu'il n'y ait pas eu une si grande différence entre la langue de la conversation et la langue écrite que de nos jours 2). A la page 9 de ses Essais M. De Boer donne une citation 3) oü je lis qu'en général les écrits du moyen age ont un caractère moins savant et plus populaire, et se rapprochent plus de la langue parlée. La langue littéraire de Chrétien de Troyes sera assurément en rapport étroit avec le-milieu social oü il vivait, avec la langue de la cour, et avec celle des gentilshommes et des nobles dames qui y vivaient, avec la langue du public choisi, devant lequel ses poèmes étaient lus. Une étude sur la phrase relative et le pronom relatif dans un écrivain sera naturellement avant tout un travail syntaxique. Quand on examine la valeur logique de ces phrases dans Chrétien de Troyes et 1'emploi qu'il fait du pronom relatif comme instrument de liaison, on est dans le domaine de la syntaxe; j'ai évité 1) J. Jeanjaquet, op cit. p. 43. 2) L. Foulet, Petite Syntaxe de 1'ancien francais. Paris, Champion, 191» (voir 1'Index). , ... m- 3) J. Cron, Die Stellung des attributiven Adjektivs im Altfranzostschen (Diss. Straszburg 1891) p. 86. 10 le terrain de la stylistique, bien que la limite entre ces deux domaines soit difficile a tracer exactement. Un exemple : en parlant de ce annoncant (et résumant) une phrase, comme dans Perceval 921 Je vos pri qu'a mal ne taigniez Ce qu'a vostre salu me toi. 3819 Oil ce ne cresra ja nus Qu'il la beisast sanz fere plus, il me faudra indiquer la valeur d'adverbe relatif de que ; mais quand j'ajoute que eet emploi de ce semble répondre a un besoin de clarté dans la langue, je suis plutöt dans le domaine de la stylistique. Traitant plus spécialement du pronom, je ne pourrai pas non plus éviter de faire une excursion sur le terrain de 1'étymologie. Puis, 1'emploi des relatives n'est pas seulement une question de syntaxe, c'est aussi une question de style ; quand je désigne p.e. une construction habile, une période souple d'allure moderne, composée a 1'aide de quelques relatives, je m'occupe du style de Chrétien — non de stylistique, ce qui est autre chose — mais ces quelques remarques isolées ne pourront pas öter a mon travail son caractère d'être en premier lieu une étude de syntaxe. Je ne me dissimule pas les difficultés qu'une pareille étude comporte. II serait superflu de dire que, ayant pour objet une langue „morte", elle ne saurait jamais être aussi pénétrante que quand on s'occupe de la langue contemporaine. II faut se contenter de présenter les choses comme on les trouve dans le texte ; quand on a rassemblé une certaine quantité de faits semblables, on donnera, si possible, une conclusion ; souvent il sera plus prudent de s'abstenir, afin de ne pas risquer de se tromper grossièrement. Par conséquent il faut donner en général tous les exemples d'un fait de syntaxe, bien qu'il y ait naturellement des cas oü il serait inutile de tacher d'être complet. Avant de les traiter a part, il sera bon pour avoir une vue d'ensemble de passer rapidement en revue les différentes espèces de relatives qu'on trouve dans Chrétien. Dans ses relatives les plus simples celui-ci caractérise le nom au moyen d'un pronom relatif accolé a un adjectif employé prédicativement, comme cela se fait encore dans la langue moderne. Quelques exemples suffiront: Cligés 1104 Les janz qui sont amassees. 1965 Un Grezois qui mout estoit sages. 11 2052 De 1'esparre qui fu quarree. 6513 Morz fu ses pere, li rois, Qui viauz iere. On peut y ajouterle vers Cl. 29 del siècle qui fu jadis x). Perceval 883 An la sale qui fu pavee. 3108 Vostre niece qui tant est bele. Un autre groupe — oü les relatives montrent comme dans le premier le plus de ressemblance avec un adjectif — comprend celles composées d'un pronom relatif avec une forme verbale : Erec 1614 Plus cler que chandoile qui art. 6551 A la nativeté qui vient. Cligés 814 Sanblent deus chandoiles qui ardent. 1993 serjanz Qui portoient diverses armes. 2443 Assez plus tost que cers qui fuit. 3504 Cligés sor 1'erbe qui verdoie Descant a pié. Perceval 4615 Si veis la lance qui sainne. 4699 - qu'il avra La lance qui sainne trovee. 6160 A querre la lance qui sainne. Surtout le vers 4699 montre que „la lance qui sainne" est pour lui une unité psychologique. On trouve souvent aussi la relative comme périphrase exprimant la possession, remplacant donc un adjectif possessif: Erec 5142 De coutes porpointes qu'il ot Fist un lit feire. Cligés 3546 An son la lance que il tient Aporte la teste Cügés. 4361 la richesse qu'ele a. 5381 Por les oevres que il a feites. 5495 Come la chose qui est moie. Perceval 96 des javeloz que il avoit. 122 „ „ que je port. 923 li pires anemis que j'ai. 3111 Einz ne veistes mes si gent (une épée) Del lonc e del lé que ele a. 1) Cf. Tv. 5985 jusqu'au jor, qui est hui. 12 Charrette 2401 les armes que il avoit. Philomena 170 Avuec la grant biaute qu'ele ot. Guill. 1855 D'ire et de mautalent qu'il ot Parmi les' relatives plus longues on trouve des „déterminatives" — quantitatives ou qualitatives — et des „explicatives" ; ces dernières sont le moule syntaxique pour des valeurs logiques plus variées encore que de nos jours. Les relatives prédicatives sont chez lui trés nombreuses. De même on en trouve avec la valeur d'une phrase indépendante, et, mais cela assez rarement, d'autres se rapportant a toute une phrase. II se sert dans une large mesure des relatives sans antécédent. II faut signaler ici un procédé syntaxique, caractéristique de la langue de Chrétièn — comme de 1'ancien francais en général — qui consiste a placer dans la principale un substantif, qui logiquement aurait sa place dans la subordonnée. II s'en sert avec toutes sortes de subordonnées : Cligés 2989 Sire, ja ne vos esmaiiez De vostre cheval s'il est morz. 4658 Si li comanca a anquerre Del chevalier, qu'ele li die S'ele estoit sa fame ou s'amie. Charrette 119 Vos ne savez Del seneschal qu'il me requiert. (interr. que = ce que ; cité par Tobler, V.B. I, pag. 22) 2177 que je vos die Del passage com il est maus. 5501 Et avuec m'asseüreroiz De vostre amor que je 1'avrai. Yvain 1967 et peor n'aiiez De ma dame qu'ele vos morde. Perceval 3361 Savoir si nus d'ax li diroit De la lance qui ensi sainne E del graal ou lan le porte. Dans quelques-uns de ces exemples la subordonnée est une question indirecte *), dans d'autres c'est une objective ; cette construction est aussi trés fréquente avec une relative : 1) Tobler, V.B. J. p. 22. 13 Charr. 3640 Ne fust afebloiiez assez Des mains que il avoit plaiiees. Yvain 3405 Et que (li lions) devant lui s'umelie Por le serpent qu'il avoit mort. On trouve surtout ce procédé dans une relative qui, avec le substantif, a la valeur d'une causale (pour d'autres ex. voir p. 28); la préposition est de, por ou par *). Psychologiquement la relative forme une unité avec le substantif préposé, mais par Paspect formel de cette idéé dans la langue, 1'attention est attirée d'une part sur 1'antécédent qui est souligné, d'autre part soit sur 1'action qui a son point de départ dans le complément (circonstanciel), soit sur la caractérisation qu'on en donne. En lisant les poèmes de Chrétien on est frappé du grand nombre de relatives, souvent assez longues et compliquées, ou sous forme d'incise ; si 1'on peut dire de 1'ancien francais en général qu'il affectionne la relative, cette assertion est surtout vraie pour notre poète; on peut y voir une preuve de son esprit logique, capable de distinguer et d'analyser, sans s'embrouiller dans ses constructions. Quand on compare sa langue a celle de la Chanson de Roland, le plus pur exemple de parataxe en francais, oü 1'on trouve peu de phrases relatives compliquées, on voit qu'elle constitue un progrès notable quant a ces faits de syntaxe en un demi-siècle. Dans le développement historique des langues de la familie indo-européenne on peut constater que peu a peu 1'hypotaxe s'est substituée a la parataxe. Les langues non-écrites juxtaposaient leurs phrases2) ; 1'intonation et le geste y aidant le sujet parlant arrivait a être compris de celui qui 1'écoutait. II s'ensuit que 1'hypotaxe existait bien psychologiquement ; seulement, elle ne trouve que plus tard son expression grammaticale, bien qu'on doive ajouter que les langues les plus primitives montrent déja des traces d'hypotaxe exprimée 3). Dans les langues littéraires la subordination prend peu a peu plus d' importance ; la langue écrite qui doit se passer des indications que fournissent la mimique et le ton, réclame plus de hens ; elle doit rendre les rapports qui existent entre les phrases aussi 1) Dans un seul exemple on trouve sanz (p. 46). 2) A. Meillet, Ling. historique et Ling. générale, Paris, Champion, 1921, p. 162. 3) A. Meillet, op. cit., p. 164 ; H. Paul, Prinzipien, § 100, § 101. 14 clairs que possible. A ce point de vue la langue a fait un pas en avant depuis le Roland d' Oxford Dans la langue du Roland, appartenant a un état de civilisation peu avancée, les vers forment d'ordinaire une proposition compléte qui n'est pas reliée par la syntaxe a celles qui constituent les vers précédents ou suivants ; la relative comme incise y fait exception ; dans la langue de Chrétien elle abonde ; on rencontre chez lui a chaque pas des périodes souples et bien conditionnées oü la relative joue un röle prépondérant. (Au cours de mon travail j'aurai 1'occasion de revenu: sur cette différence). Pourtant la phrase indépendante reste, dans Chrétien aussi, le grand concurrent de la relative; je ne pense pas ici aux principales servant a éviter la succession de plusieurs relatives, mais au fait que Ie récit s'avance par 1'emploi de phrases juxtaposées qui se succèdent; cela m'a surtout frappé dans Perceval qui est pourtant la dernière oeuvre du poète. Cette tendance explique de même 1'emploi assez rare de relatives se rapportant a toute une phrase. II me sera permis de donner ici quelques exemples de constructions souples avec des relatives, qui ont une allure tout-a-fait moderne. Charr. 5824 Tant qu'a la cort vint la novele, Qui au roi Artu fu mout bele, De la reïne qui aproche 1). 6027 Et la reïne, qui antant Ce don eles se vont vantant, A soi meïsme an rit et gabe. 6082 Et la dame, qui li avoit Ses armes vermoilles bailliees, Beles et bien appareilliees, Et son hernois et son cheval, Le voir an dist au seneschal. Perceval*) 4076 E Keu qui envieus estoit E est ancor e toz jorz iert Ne ja nul bien dire ne quiert Li dist.... 1) Ce vers n'est pas „moderne", mais, au contraire, caractéristique de 1'ancien francais (cf. pp. 22 et 38). 2) Sans ponctuation, selon 1'édition de G. Baist. 15 Un exemple de deux incises qui se suivent, une dans la subordonnée, 1'autre dans la principale : Perc. 4503-07 Quant fu vestuz e bel e bien E de la cote e del mantel Qui molt fu bone e bien li sist Au roi qui devant son tref sist S'an vienent andui main amain. Après ces exemples d'incises bien placées, quelques exemples oü la relative devient a son tour phrase régissante pour une autre : Perc. 1197-1201 Diz en donc del vaslet galois Qui me demanda fet li rois Les armes de sinople taintes Au chevalier qui hontes maintes M'a fetes selonc son pooir ? Charr. 5623-25 Li josteor au joster muevent, Qui conpeignons assez i truevent Qui por joster venu estoient. Guill. 3855-58 Del vaslet fist son chanbrelain, Qui an la foire de Bristot Les deniers, que por le cor ot, Departi as povres por s'ame. Autres exemples de constructions harmonieuses: Cligés 6639-43, Perceval 1045-49, 1223-29, 7915-21, 8556-60, etc. Une relative extrêmement longue se trouve dans Cligés (voir la note de W. Foerster): Quant h rois esgardez les ot ( = Cligés et Gauvain) Une pieca tout con lui plot 4953 Et maint des autres qui disoient Que de neant maius ne prisoient Le blanc chevalier tot de plain D'armes, que mon seignor Gauvain, N'ancor ne savoient a dire Li ques fust miaudre, li ques pire, Ne li ques 1'autre outrer deüst, Se tant conbatre lor leüst, 4961 Que la bataille fust outree. II sait manier adroitement les débris du relatif latin, qui a 16 perdu un si grand nombre de formes en passant par le bas latin et le plus ancien frangais ; il sait se tirer d'embarras avec les outils syntaxiques qu'il trouve a sa disposition, et qui lui suff isent, grace a la grande liberté dans la construction des phrases, et a 1'existence des désinences flexionnelles du nominatif etdel'accusatif dans la plupart des noms, ce qui rend la phrase claire et compréhensible. II n'est pas étonnant qu'il ne puisse pas toujours éviter un entassement de qui et de que, puisque sa langue se sert, a cóté du pronom relatif, de 1'adverbe relatif que ; de la conjonction générale que avec toutes sortes de significations ; du que causal avec le sens d'un car affaibli, etc. Quelquefois on cn trouve de vraies cascades : Cligés 6228-27 Et Cligés qui rien ne savoit De la poison que ele avoit Dedanz le cors, qui la fet mue Et tient qu'ele ne se remue, Por ce cuide qu'ele soit morte. Cligés 6710—14 Avuec les messages qui vindrent Fu Jehanz qui bien fist a croire Que de chose, qui ne fust voire Et que il de fi ne seüst, Tesmoinz ne messages ne fust. De même Charr. 2885-37 (trois fois qui), Yvain 2288-90 (quatre fois que), Perceval 2092-94 (trois vers commencant par que), 8457-60 (quatre vers introduits par que), 8992-95 (de même), Guïll. 1162-64 (quatre fois que), 1424-28 (cinq fois que, une fois qui), etc. Soit dit en passant, il répète quelquefois sans aucune nécessité la conjonction que *) : Charr. 1429 (voir la note de Foerster) : Et d'une chose me creez Que li chevol que vos veez Si biaus, si clers et si luisanz Qui sont remés antre les danz Que del chief la reïne furent. De même Cligés 4265, Charr. 3075-77, 3910-11, 2714, Perceval 4835 (4 vers avec que), 8810-11, 8472-74, etc. 1) II est intéressant de comparer 1'emploi de que au XVIIe siècle ; of. G. Lanson, L'art de la prose, p. 57 et suivantes. 17 Dans ses Essais M. de Boer attaché avec raison une grande valeur a la distinction entre „syntaxe figée" et „syntaxe vivante". II s'exprime ainsi1) : „Tout chapitre de syntaxe descriptive doit être basé sur une distinction aussi nette que possible entre ce que nous avons appelé les cas de syntaxe „figée" ou „locutionnelle", et les cas qui obéissent encore aux tendances de la syntaxe „mobile" ou „vivante". Est-ce que nous pouvons dans la langue d'un poète du Xlle siècle reléguer parmi les archaïsmes de syntaxe quelques constructions appartenant a la syntaxe de la phrase relative ? IJ est évident que ce sera beaucoup plus difficile que pour la langue contemporaine oü nous avons 1'oreille a notre service pour décider et oü nous trouvons dans la littérature le grand nombre d'exemples dont on a besoin — surtout si 1'on est étranger — afin de pouvoir décider avec quelque certitude. La question est donc de savoir s'il y a dans Chrétien des locutions avec la construction phraséologique d'une relative qui pour lui sont déja devenues des agglutinations. Je ne veux examiner ici que quelques cas; plus loin dans les différents chapitres j'aurai 1'occasion de faire la part de la syntaxe „figée" dans son oeuvre. Prenons d'abord dans la langue actuelle Fexpression „que voici (voila)", p.e. dans „le passage que voici (voila)". Assurément pour nous ce n'est autre chose qu'un élément lexicologique; que a perdu complètement sa valeur de pronom relatif; nous ne sentons plus un verbe dans „voici". „Le passage que voici" équivaut a „ce passage-ci", de sorte que „que voici" a pour celui qui parle et celui qui écoute la valeur d'une simple détermination. Dans Chrétien je 1'ai trouvé deux fois sous cette forme : Cligés 2174 Nus fors le conté que voi ci 2) De vos n'i a mort desservie. Charr. 178 Sire, ma dame que voi ci 3) M'avez otroiiee a baillier. Mais assurément pour lui „que" a encore la valeur d'un pronom relatif, et „voi" est senti comme le présent du verbe voir. Quand la rime Pexige il peut intervertir 1'ordre des éléments: Cligés 5472 Je sui a vos, pansez de moi, Et dites as janz que ci voi, etc. 1) op. cit. p. 35. 2) Les manuscrits A. M. B. ont „qui est ci". 3) Le* manuscrit E. a „qui est ci". 18 Le verbe peut être a une autre personne : Erec 5793 „savez que monte Ceste chose que ci veez f" En outre on trouve : Cligés 2520 toz caus que je ci voi. Perceval 6690 Que passer ne porroit il pas Par cele planche que ge voi. 8583 D'une cité que ge voi la. Puis, la même locution sous la forme d'une principale — le „voici" de la langue contemporaine — appartient de même encore a la syntaxe mobile ; d'ordinaire on trouve vez ci : Erec 4373 Vez ci la voie et les esclos, „ 4878 Vez ci le mort! Cligés 1722 Vez ci les traïtors sor nos ! „ 6471 Vez ci Bertran ! Mais a cöté on trouve : Erec 389 Vez 1'ostel aparelhé ci. II s'ensuit que pour Chrétien Péquivalent de notre „que voici" est encore vivant. En règle générale il se sert d'une autre expres» sion — qui ci sont — dans laquelle 1'ordre des mots ne s'est pas non plus immobilisé, oü le verbe peut être a une autre personne et a un autre temps. L'indication de lieu est aussi variée. Cligés 859 Mes conpaignons qui ci sont. „ 4178 Oiant trestoz caus qui sont ci. Charr. 1887 „Cez tonbes qui ci sont De quoi servent ?" „ 5003 Et cez reliques qui sont ci. Yvain 1011 Fors vos tot seul qui estes ci. „ 5263 Que nos cheitives, qui ci somes, La honte et le mal an avomes. „ 6335 Gié Gauvains, qui vostre niés sui, Mon conpaignon ne reconui, Mon seignor Yvain, qui est ci. Perceval 1191 Que vostre cope vos anvoie Vostre chevaliers qui ci fu. „ 4013 Mes qu'il vos anvoie m'amie Ceste pucele qui est ci. 5012 E les dames qui sont delez L'an blasment molt. 19 Perceval 6119 Mes sire li rois qui est ci. „ 7514 An eest grant pales qui est ca. ,, 7788 E les puceles ne veisse Que hersoir apoiees vi Par les fenestres qui sont ci. Tous ces exemples prouvent que pour Chrétien il ne s'agit pas encore d'une expression figée. Prenons un autre exemple, la formule connue; „il fist que sages", dont on trouve des dizaines d'exemples. Syntaxe figée ou syntaxe vivante pour lui ? Avant de décider il faut remarquer d'abord que ces constructions se trouvent chez lui exclusivement avec les verbes faire et dire. Comme on sait, Tobler x) voit dans que le pronom neutre, de sorte que Pexpression signifie : faire ce qu'un sage (ferait). II est bien remarquable que ce dernier verbe complémentaire manque toujours. Puis, on ne trouve jamais ce que au lieu de que, bien que cette forme du pronom neutre se trouve fort souvent dans Chrétien. Avec ces faits pour base il est permis de conclure que, pour Chrétien, cette expression est déja conventionelle. Que n'a plus la valeur d'un pronom neutre, mais est devenu pour lui le que comparatif; „faire que sages" a pour lui le sens de „agir comme un sage", ce qui est prouvé 2) par le fait qu'on trouve les mêmes constructions avec com(e), e.a. Perceval 2111 Ausin fet ele come sage. „ 2058 E li dit come deboneire. Avec d'autres verbes que faire et dire il se sert uniquement de com(e) : Erec 4176 Ele respont come afeitiee. Perceval 8141 S'an deust aidier come ber. Guill. 3288 Et si lor promist come rois. L'objet de mon étude est la langue d'un poète; on pourrait se demander si la syntaxe de la relative ne sera pas sous le joug — et en tout cas sous 1'inf luence — des exigences du mètre et de la rime. Pour répondre a cette question il faut considérer d'abord que les poèmes de Chrétien sont écrits en octosyllabes, les plus faciles des vers francais, de sorte qu'il n'y a pas lieu d'atten- 1) Verm. Beitr., I, p. 12. 2) Prouvé aussi par un vers comme 563 PUerlnage (antérieur a Chrétien) : Que fois fist li reis Hugues qui vos prestat ostel. 20 dre que ces exigences Paient obligé — lui, poète si habile et styliste si fin — a adopter des tournures impossibles a la langue ordinaire 1). Puis, un poète aussi observe les régies de la syntaxe assez fidèlement; Blümel 2) en dit: „auch die dichterischen Formen der Syntax sind ziemlich fest". D'ailleurs, ces libertés poétiques ne peuvent atteindre que Pordre des mots dans la principale comme dans la relative p.e. : Guill. 815 Et je puis feire que porrai ? Aprés vos deus de duel morrai; elles influencent aussi la place de la relative par rapport a son antécédent. C'est pour obtenir une rime que Chrétien bouleverse Pordre normal dans Charr. 408 Et quant cil la voit, si li prie, Por quoi a ris qu'ele li die. Et avec une relative (pour d'autres exemples voir p. 165 oü je traite la liaison des relatives a la principale): Cligés 6716 Li message haut home estoient De Grece, qui Cligés queroient. Perceval 4439 Donc est la pucele vangiee Fet Percevax que Kex feri. Quant mes sire Gauvains Poi, etc. „ 3061 Les colomes forz i estoient Qui le cheminal sostenoient D'arain espes e haut e lé. Puis, il y a des cas oü Pon peut se demander, pourquoi le poète évite 1'emploi de la relative, en choisissant p.e. une causale avec que, ou car, ou paree que, oü le sens permettrait aussi bien une relative avec cette valeur. D'ordinaire on ne peut en donner aucun motif avec certitude ; quelquefois on peut alléguer les exigences métriques : Erec 475 La pucele ne tarde plus, Qu'ele n'estoit mie vilaine. Charr. 1269 Or vos reposez mes anuit, Que vos m'avez randu si bien Mon covant, etc. 1) J. le Coultre, L'ordre des mots dans Crestien de Troyes, dies., Leipzig, 1875, p. 7. 2) Op. cit. p. 109. 21 Avant de commencer a rassembler mes matériaux, je me suis naturellement demandé quels étaient les travaux syntaxiques déja parus sur Chrétien de Troyes se rapportant a mon sujet. En consultant P. Horluc et G. Martinet, Bibliographie de la syntaxe du francais (jusqu'a 1905), K. Vollmöller Krit. Jahresbericht (1890-1913), les registres sur Romania et Zeitschrift für Rom. Phil. et pour les dernières années les Index des mêmes périodiques, j'ai trouvé a. J. Weiss, Beitrage zur Syntax der Pronomina im Chev. au Lyon des Chrestien de Troyes (Zeitsehr. für das Realschulwesen, t. XII, 1887). Ce travail ne donne que trois pages (514-517) sur le pronom relatif; il prend aussi quelques ex. dans Cligés (éd. F.). b. J. Ellinger, Syntax der Pronomina bei Chrestien de Troies, Zeitsehr. R. Schulw., t. XI, 1886. (Yvain éd. H.; 31 pages) II ne donne que trés peu sur le pronom relatif. c. J. le Coultre, De Vordre des mots dans Crestien de Troyes (diss. Leipzig, 1875, Yvain éd. H.; des ex. pris dans Erec et Enide). d. F. Bischoff, Der Conjunctiv bei Chrestien (Halle, Niemeyer, 1881). e. J. Nastasi, Die Lehre der Nebensatze im Cligés von Chrestien de Troyes (éd. F.; Linz, progr. 1894, 52 pages). Je n'ai pu 1'avoir; la critique de A. Stimming dans le tome II Krit. Jahresber., p. 199-201, n'est pas favorable. Les mêmes travaux — a 1'exception de celui de Weiss — sont mentionnés a la page LVI de PIntroduction de Pédition (1909) de Philomena par M. C. de Boer. Comme on voit, ils sont tous «* a Pexception de a et de e— antérieurs aux éditions critiques de W. Foerster et, sauf celui de Bischoff, ils ne s'occupent que d'un seul poème de Chrétien. A Pheure qu'il est nous avons 1'avantage de pouvoir travailler sur les éditions critiques de Foerster pour Erec, Guill. d'Angleterre, Cligés, Lancelot, et Yvain ; pour Philomena nous avons celle de M. de Boer ; pour Perceval Pédition critique de G. Baist s'est fait attendre; il n'a donné qu'une édijbion provisoire. II existe un assez grand nombre de travaux consacrés au pronom relatif en général (voir la Bibliographie), et il va sans 22 dire qu'on y trouve bien des exemples pris dans les oeuvres de Chrétien. Pourtant j'ai cru qu'une étude d'ensemble sur la phrase relative et 1'état d'évolution du pronom relatif pourrait être de quelque utilité. En tout cas, le travail m'a tenté, et je 1'ai entrepris. Seulement j'ai laissé de cöté 1'emploi du Subjonctif dans la relative, ce qui me semblait permis après le travail de Bischoff; quant a 1'ordre des mots, Le Coultre (p. 70-75) ne traite que d' Yvain et d'Erec; a mon avis il n'y a rien de particulier a remarquer pour les autres poèmes. Pour les citations je me suis servi des petites éditions de Foerster pour Erec et Enide (1909), Cligés (1921), Yvain (1912), et Guill. d'Angleterre (1911); de la grande édition pour Lancelotx); pour. Philomena et Perceval des éditions indiquées plus haut. J'ai suivi 1'ordre chronologique de ses ceuvres (Foerster, Einleitung Wörterbuch, p. 28 et 29), mais j'ai placé les citations prises dans Philomena et Guill. d'Angleterre a la fin, pour qu'on puisse voir si 1'on y trouve quelque chose de particulier, ce qui peut être intéressant pour ceux qui doutent de Pauthenticité de ces poèmes. 1) De Lancelot j'ai examiné seulement la partie qui est de la main de Chrétien. 28 CHAPITRE I. Les différentes Valeurs logiques de la Phrase relative. Les procédés de coordination et de subordination en ancien frangais montrent des différences avec ceux de nos jours ; on y trouve des constructions et des tournures que nous n'employons plus. Le besoin de logique en matière de langue est plus grand aujourd' hui qu'au temps de Chrétien x). Ce n'est pas qu'il n'ait aucun soin de s'exprimer avec exactitude ; il est assez consciencieux et scrupuleux. Pourtant on peut indiquer dans la liaison de ses phrases des négligences comme partout dans la vieille langue. D'un autre cóté on y trouve des constructions trés claires qui sont tombées dans Poubli; puis p.e. des phrases coordonnées la oü nous demandons plutót une idéé de subordination 2). Ensuite, le rapport entre deux phrases est souvent exprimé d'une manière que nous n'aurions pas choisie. C'est un fait connu que surtout la relative en ancien francais occupe trés souvent la place d'une autre subordonnée; c'est la construction de prédilection; elle a empiété sur le terrain des autres phrases dépendantes. W. Schaefer 3) a déja indiqué eet emploi caractéristique des relatives ; F. Strohmeyer 4) a complété ce recueil d'exemples et donne un grand nombre de subdivisions. Cela nous montre une fois de plus qu'on ne trouve guère a une époque déterminée des moules syntaxiques servant a une fonction seulement. Commencons par le rapport de causalitê. Ce rapport peut encore de nos jours, sons la forme d'une relative simple, s'exprimer de la même manière, p.e. Mon frère, qui travaille, fera des progrès. 1) l. Foulet, Petite Syntaxe de 1'ancien francais, § 416. 2) G. Dubislav, Ueber Satzbeiordnung für Satzunterordnung im Altfranz. Diss. Halle 1888. 3) W. Schaefer, Ueber die altfranz. Doppelrelativs&tze, Diss. Marburg 1884. 4) F. Strohmeyer, Ueber verschiedene Functionen des altfranz. Relativsatzes, Diss. Berlin 1892. 24, A. La relative exprime la cause ou la raison. o. Par une relative simple: Erec; 164 „Dameisele, estez !" fet li nains, Qui de felenie fu plains; 241 Le chevalier armé dotoie, Qui vilains est et outrageus; 254 Ja mes retrover ne porroie Le chevalier, qui s'en va mout grant aleüre; 1270 Ne leisserai mon oste anuit, Qui mout m'a grant enor portee ; 3271 Erec contre lui leva sus, Qui mout estoit bien anseigniez; 8315 Devers lui se torna la dame, Qui mout estoit sage et cortoise (de même 3391); 3859 Et cil dist, qui fu esmaiiez; 3952 El tre le roi estoit antrez Mes sire Gauvains toz lassez, Qui chevauchiè avoit assez; 4477 Et reclaimme Deu et aore, Qui secors anvoiié li a; 4673 Deus la fist un po retarder, Qui plains est de misericorde ; 4701 Vostre biautez, qui tant est fine, Buene avanture vos destine ; 5535 Et li plusor d'angoisse suent, Qui plus dotent que il ne fet Et de sa honte et de son let; 6618 mout doit estre bele et jante La flors qui nest de si bele ante. Cligés j 505 Doi les (= les yeux) an je blasmer ? Nenil. Cui donc ? Moi, qui les ai an garde; 1887 Et cil se metent a la fuie, Qui lor remenance n'i voient; 1344 Mes Alixandres ot le pris, qui par son cors leiiez et pris Quatre chevaliers an amainne ; 1704 Et Des qui nuire lor voloit Anlumina la nuit oscure; 1714 Mout lor est la lune nuisanz, Qui luist sor les escuz luisanz (de même 1716); 1940 Antor lui voit sa jant ocise, Qui desarmee fu sosprise ; 1962 Li traïtor bien se deffandent, Qui secors de lor jant atandent; 2067 De tot ice mot ne savoient Lor janz, qui estoient defors ; 2957 Et Cligés a joie retorne, Qui de deus parz le pris an porte; 8095 Thessala, qui mout estoit sage D'Amor et de tot son usage, Set et antant par sa parole, Que d'amor est ce qui 1'afole; 3315 L'anperere a la cope prise, Qui an son neveu mout se croit; 3824 Ot l'anperere tant beü Del boivre qui li ot pleü ; 8481 Lors se metent tuit a la fuie Li Sesne qui mout le redotent; 8532 Et cil de lui chacier s'angoissent, Qui por les armes nel conoissent; 3616 Grant joie an font Gre et Tiois, Quant Cligés voient sus monté, Qui la valor et la bonté De 1'arabi veü avoient; 4011 Li dus, qui cuide et croit et panse Que Cligés n'ot vers lui deffanse, Isnelemant armer se fet; .4053 L'anpererriz mener s'i fet, Qui por Cligés est trespansee ; 25 4924 Que Cligés n'ot d'arester cure, Qui antandu ot la murmure. De caus qui dient: „C'est Gauvains" ; 5244 Neïs vostre oncle nel set mie, Qui beü a de 1'andormie ; 5501 Jehanz tot maintenant respont, Qui mout desirre la franchise; 5540 Et quant il li a descovert Le voir, si con vos le savez, Qui oï dire le m'avez ; 5799 Des te confonde, Qui as tote biauté estainte ; 6223 Et Cügés qui rien ne savoit De la poison Por ce cuide qu'ele soit morte. Charr.: 216 Mes li cuens Guinables 1'oï, Qui au monter fu pres de li; 280 Et li chevaliers 1'arestut, Qui mon seignor Gauvain conut; 1988 vos meïsmes bien le savez, Qui sovant leües avez Les letres qui sont sor la lame ; 3439 Et li rois, qui la pes queïst Mout volantiers se il poïst, S'an vint de rechief a son fil; 3546 Deus force et vertu Donoit contre son averseire Au chevalier, qui devoit feire La bataille por les cheitis ; 3821 Donc le dut Lanceloz bien feire, Qui plus ama que Piramus ; 3966 ce dit li rois, Qui mout estoit frans et cortois ; 4149 Ne fu pas mervoille s'il prindrent Lancelot, qui desarmez iere ; 4294 Morz qui onques ne desirra Se ceus non qui de li n'ont cure Ne viaut venir; 4349 Je ne sai li queus plus me het, ou la vie qui me desirre Ou morz qui ne me viaut ocirre; 4662 Mes del sanc qui jus an degote Ne des plaies nule ne sant Cil qui a autre chose antant; 5099 Cil qui de nul mal ne se dote A fet remenoir sa jant tote; 5887 Bien vaingne mes sire Gauvains Qui la reïne a ramenee; 5598 Nostre mestre an fu li hira, Qui a dire le nos aprist; 5790 Si ot chevaliers avuec eles Assez qui armes ne portoient, Qui prison ou croisié estoient. Yvain : 1054 Et cil, cui il estoit mestiers, Manja et but mout volantiers ; 1083 Mes De puisse je aorer, Qui m'a doné le leu et 1'eise De feire chose qui vos pleise; 1580 La dameisele, qui fu brete, Fu de lui servir an espans; 1789 Et cele tient le chief beissié, Qui a mesfeite se savoit De ce que leidie 1'avoit; 2721 Fors Yvain, Le desleal, le traïtor, Qui 1'a leissiee et deceüe; 8498 Et s'espee, qui fu colanz, Chiet del fuerre; 4060 Et la pucele, qui s'esmoie, Comance mout fort a plorer; 4209 Le jaiant a trové desclos, Qui an sa force se fioit. Perceval: 595 Plorant le beise au departir La mere qui molt chier 1'avoit; 850 Et les armes bien li seoient Qui totes vermoilles estoient; 898 Yonez qui molt fu cortois Li dist: 26 amis veez le la (de même 1547); 2125 Dex.... doint grant mal Auguinguerron le senechal Qui tot eest pais a destruit; 2143 E ses genz estoient molt liees Qui cuidoient avoir conquis Le chastel e tot le pais ; 2384 Que po d'aide li feront Li chevalier qui foible sont; 2549 E Clamedex e ses genz crievent Qui la novele ja savoient; puis aux vers 2555, 3297, 4076, 4128, 4236, 4300, 4469, 4542, 4941, 5303, 5543, 5979, 6316, 6353, 7610, 9178. Phil.: 107 a vos m'anvoie Progne, qui mout grant desir a De parler a Philomena ; 463 Si Fa Deables anchante, Qui de mal feire ne repose, Que.. .. ; 544 Pandions, qui plorer le voit, Ne cuide mie qu'il li mante; 632 (les domestiques sont en train de préparer les hts) Ce ne fu joie ne deliz Au traïtor, au fel tirant, Qui de dormir n'avoit talant; 818 Traïtres, mes peres te crut, Qui ta traïson n'aparcut; 863 Mes le traïtor tant cremoient Qui d'aus estoit et rois et sire Qu'il n'an osoient un mot dire. Guill.: • 464 il prient por sa delivrance De qui de tot a la puissance; 468 Mes de ce est mout esbaïe Que de fame n'a point d'aïe, Qui miauz d'ome eidier li seüst; 620 „Ha ! danz truanz, com or mantez !" Font de rechief li marcheant Qui mout estoient mescreant; 1260 Cele respont qui mout fu sage; 8082 Mes or me restuet esforcier De guerroiier mes anemis, Qui mon seignor m'ont mort ou pris. A cöté de ces relatives simples pour marquer le rapport causal, la langue de Chrétien a recours a d'autres copules x). On trouve que dans une large mesure; puis car (relativement rare; dans les 1500 premiers vers d''Yvain on trouve cinquante fois que causal, et quatorze fois car). En outre on trouve la conjonction por ce que; dans le monologue d'Yvain tombé amoureux de Laudine, il dit: 1455 Et moi doit ele ami clamer ? Oïl voir, por ce que je 1'aim. Et ja m'anemie la claim, Qu' (= paree que) ele me het, si n'a pas tort; Que ce, qu'ele amoit, li ai mort (= car). On trouve aussi de ce que avec un sens causal: Guill. 205 „Mout le ( = Dieu) coroces et travailles De ce que tu demores tant". 1) Cf. O. Rohte, Die Kausalsatze im Französischen. Diss. Göttingen 1901. 27 Et a ce que : Perceval 8071 Mes asez le puet deviner A ce qu'il vit les treces blanches Qui li pandoient sor les hanches. (De même Perceval 2784, Guill. 2516). Mais trés souvent Chrétien se sert du procédé qui consiste a placer hors de la phrase le substantif de la causale précédé d'une préposition (por, par, de), tout en y rattachant une relative (Introd. p. 18). Comme nous avons dit, ce sont des constructions caractéristiques de la vieille langue. b. Relative avec prolepse du substantif. Erec: 1. précédé de por: 2404 Mout plus grant joie ancor menerent D'Enide.... Por la grant biauté qu'an ü virent; 3074 (Erec a vaincu le dernier des cinq chevaliers) Erec ne le vost plus requerre, Qu'a terre cheoir se leissa; Mes a la lance s'abeissa : Celi n'i a mie leissiee, Por la soe qui fu brisiee (= paree que Ia sienne était brisée); 8287 Por la biauté qu'an li veoit, Tot son pansé an li avoit; 4330 Tant que la pucele trova, Qui par le bois aloit braiant. Por son ami que dui jaiant Avoient pris; 4835 Se ceste dame se desheite Por son seignor qu'ele voit mort, Nus ne doit dire qu'ele et tort; 6830 Li larges rois De Gavoie, qui mout Pot chiere (= Enide) Tot por Erec qui ses niés iere; 6957 Mout lor ot doné largemant Por ce qu'il est de grant franchise Et por Erec qu'il ama tant. 2. Avec de: 5680 Mout an est la nuit anpiriee De sospecon et de peor, Que ele avoit de son seignor, Qui (causal) se viaut metre an grant peril. Cligés: 1. avec por: 175 Mes por 1'otroi qu'il an a fet, Li covient son buen consantir ; 546 (La reine voit Alix. et Sored. palir et soupirer) Mes ne set por quoi il le font Fors que por la mer ou il sont ( = paree qu'ils sont sur mer); 1708 (Dieu est contre les traitres) Car il n'avoit de lor ost cure, Ainz les haoit por lor pechié Dont il estoient antechié; 2073 Por son escu qu'il reconnoissent Trestuit de duel feire s'angoissent; 2815 Et s'ele rien amer devoit Por biauté que an lui veïst, N'est droiz qu'aillors son 28 cuer metst; 4095 (exemple avec don) Por le cop don Cligés cheï, L'anperere mout s'esbaï; 4185 Mes se ne fust por mon neveu Que je n'obliërai ja mes, Volantiers feïsse a toi pes ; 6118 (Fénice est 'mise dans le sarcophage) Un lit de plume a dedanz mis Por la pierre qui estoit dure; 6589 (Jean sera puni pour avoir caché Cl. et F.) Por la honte qu'il a soferte, Randue 1'an iert la desserte ; 6728 Grece vos est abandonee Et Constantinoble donee Por le droit que vos i avez. 2. Avec par: 766 Amors de buen seignor porrist Par mauvés serjanz qu'il norrist (serjanz = le coeur et les yeux); 2657 Par les mauvés consauz qu'il croient Li baron sovant se desvoient; 6611 Par un boivre que vos beüstes, Angigniez et deceüz fustes La nuit, quant vos noces feïstes. Charr. : 1. Avec por: 1067 Del querre plus ne se deloie Por le covant que il li ot; 1713 Furent remeses les caroles Por le chevalier que il virent; 2132.... uns chevaliers.... venoit Por la reïne que tenoit Meleaganz; 4088 Et li rois mout plus 1'an prisa Por la leauté qu'an li vit; 4122 Mes la reïne les retient Por mon seignor Gauvain qui vient. 2. Avec par: 932 (Lanc. consent a rendre la hberté au chevalier de la demoiselle) Et lors i ot cil conoissance (= consentement ici) Par la parole qu'ele ot dite, Si li rant le chevalier quite (elle a promis a L. de 1'aider si 1'occasion se présente). 3. Avec de: 2440 De la joie que il an orent Lor croist force; 8640 Que cil (= Lanc.).... Ne fust afebloiiez assez Des mains que il avoit plaiiees. Yvain : 1. Avec por: 1281 Mes por la dame de la vile Que il voloit veoir, le dist; 2043.... mes janz.... Qui loé et conseillié m'ont Por le besoing que il i voient (= paree qu'ils le trouvent nécessaire); 8252 tuit voldroient Por la proesce, qu'an lui voient, Que il cüst la dame prise ; 8405 Et que (li lions) devant lui s'umelie Por le serpent qu'il avoit mort; 3455 Et a lui a pris conpaignie (lui = le lion) A trestoz les jorz de sa vie Por la grant amor 29 qu'an lui ot; 4013 Por 1'esperance qu'an lui ont, Se confortent et joie font. 2. Avec par: 3567 Une cheitive Estoit an la chapele anclose, Qui vit et oï ceste chose Par le mur qui estoit crevez (paree que le mur était crevé ; on peut aussi expliquer par = a travers). 8. Avec de: 797 Mes plus de cant foiz se seigna De la mervoille que il ot (= audit) ; 889 il Pot plaindre De la destresce que il sant; 2458 Or a feste mes sire Yvains Del roi qui avuec lui demore ; 2836 De la peor que il an ot Se feri an sa maisonete (il se précipite dans sa maison paree qu'il a peur d'Yvain qui ressemble a un sauvage); 3942 De la pitié que il 1' (= datif) an prant, Li respont; 5931 De la joie que il an ot, Li dist au plus tost que il pot: „Ore avant, bele ! Des vos saut!" Perceval: 1. Avec por : 668 La pucele de peor tranble Por le vaslet qui fol li sanble ; 725 Por la fain qui formant 1'angoisse Un des pastez devant lui froissë E manjue par grant talant; 3257 Por le prodome se dotoit Qui dolcemant le chastia De trop parler; 8856 E panse que an la forest An soient li vaslet alé Por le pont qu'il vit avalé; 3997 Qui an la joe fu ferue Por un seul ris que ele ot fet; 4138 eles (= les gentes) s'an aloient fuiant Por un faucon qui vint bruiant; 5775 Por ce que bel e gent vos voi E por mon frere qui m'an prie Vos ferai bone conpaignie ; 6097 Qui ne mue color ne manbre Por nule peor que il ait (= paree qu'il n'a pas peur du tout; avec négation surtout ces phrases sont remarquables); 6214 Lor penitance a pié feisoient Por lor pechiez que fez avoient; 6361 Por le pechiè que tu en as Avint que tu ne demandas De la lance ne del graal; 6873 Qui de mire eust grant mestier Por ses plaies que il avoit; 8221 De joie feire tuit se lassent Por lor seignor qu'il ont molt chier. 2 Avec par: 1220 Par vostre langue Panuiose Qui avra dite mainte oisose M'avez hui le vaslet tolu. 8. Avec de *): 1089 Quant il santi qu'il fu bleciez De la colee qu'il ot prise ; 1) Avec a : 766 je croi A ces ansaignes que je voi Que chevalier a eu ci. 30 5174 E s'ainz nee fille travaille. De quan que ele puet et set De sa seror que ele het; 5835 Et mes sire Gauvains 1'ahert Si 1'an leva e pale e vert De la peor qu'ele ot eue. Philom. : 1. Avec por: 723 Ou Pandions plore mout fort Por sa fille qu'aler an voit; 1451 Et il devint hupe copee Por le pechié et por la honte Qu'il avoit fet de la pucele ; 1465 Por les mauves qu'ele tant het Chante au plus doueemant qu'el set Par le boschage : „Oei ! Oei !" Guill. : 1. Avec por: 1863 (Li rois) vos fera pandre Por son dain que vos avez pris. 2. Avec de: 119 De la mervoille que il ot Se leva sus plus tost qu'il pot. B. La relative exprime la base (= „grond''') sur laquélle le contenu de la principale se jonde *). A cóté des relatives qui expriment la cause ou la raison, on en trouve aussi qui renferment plutöt la base sur laquelle se fonde 1'assertion, le jugement énoncés dans la principale. Elles remplissent la fonction d'une „bijzin van grond", comme on dit en hollandais, p.e. Hij moet wel bekwaam zijn, dat men hem die post toevertrouwt. La principale exprime la conclusion de ce qu'on trouve dans la subordonnée. La forme typique de ces phrases en frangais est celle avec que ; ou la trouve dans la langue contemporaine presque exclusivement après une principale interrogative : Qu' avez vous que vous ne mangez point ? De même dans Chrétien, e.a. Yvain 3531-33 Que fet que ne se tue Cist las, qui joie, s'est tolue ? Que faz je las ! que ne m'oci ? De même : Perceval 2565, 5018 ; Charr. 107, 3709; etc. Mais chez lui on la rencontre également avec une phrase affirmative: Yvain 616 La vostre langue soit honie, Que tant i a d'escamonie ! 1) M. Delibes se propose d'étudier ees phrases dans une thèse de 1'université de Groningue. 81 Charr. 4443 Mout an fist (sc. li rois) que bien afeitiez, Que la reïne 1'ala dire. (T V A Kil 1'ala). Pourtant il faut remarquer que ces subordonnées reliées immédiatement par que a la principale sont rares. D'ordinaire on trouve dans la phrase régissante le démonstratlf ce oü la causale trouve son point d'appui (p.e. Erec 8598 Mes de ce fist que fos li cuens, Qu'il n'ot que 1'escu et la lance). Puis, quant est trés fréquent*) comme copule (e.a. Erec 4018, 4421, 4431, 4725). Yvain 2179 Ahi ! qu'est ore devenuz Yvains, quant il n'est 9a venuz. (A que il, H qui). Comme les derniers exemples montrent, les trois ligatures que, quant et qui alternent dans les manuscrits. Une phrase comme Erec 3343 Trop avez fet grant mesprison, Qui tel chose m'avez requise se rencontre avec que dans les manuscrits BPVE. Les vers suivants dans Cligés montrent la différence entre une causale, exprimant la cause et celles qui renferment le motif pour conclure : Cligés 3430 Lors se metent tuit a la fuie Li Sesne, qui mout le redotent, Parmi la forest se desrotent. Et Cligés, qui ne set 1'aguet, Hardemant et folie fet, 8435 Qui de ses conpaignons se part. Le dernier vers exprime la base de la conclusion que Cligés „hardemant et folie fet". Relative simple: Erec : 3117 Honie soit ma langue tote, Qui 1'orguel et 1'outrage dist; 3498 „Sire!" dist il, „quel haste avez, Qui a tel ore vos levez"; •8555 Con vos a eist cuens anvaï, Qui por vos amainne tel ost! 4030 „Vassaus !" fet il, „folie feites, Qui par force aprés vos me treites (les manuscrits BPVAE ont quant); 4803 N'est pas fortune anvers vos chiche, Qui tel enor vos a donee ; 4831 Mout 1) A consulter la-dessus, F. Bischoff, Der Conjunctiv bei Chrestien, Diss. Halle. Niemeyer, 1881, p.p. 44, 45 et 48. 32 devriiez avoir grant honte, Qui ceste dame avez ferue Por ce .qu'ele ne manjue ; 5909 Fos estes.... Qui vers ma dameisele alez ; 6708 Donc vuel je grant folie anprandre, Qui au descrivre vuel antandre. Cligés : 761 Mi serjant (= le coeur, les yeux) an moi trop se flent, Qui tote lor volanté font Et de la moie cure n'ont; 861 Mout sui vilains qui m'an corroz ; 3016 „Des !" fet ele, „estes vos fesniee, Ma douce dameisele chiere, Qui si avez tainte la chiere ? 3087 Cist maus (= mal d'amour) don n'est il ipocrites, Qui douz me sanble et si m'angoisse ? 3365 Mout fu bien la poisons conf ite, Qui si la travaille et demainne ; 5795 Morz est pire que nule love, Qui ne puet estre saolee ; 6243 Morz ! ies tu forsenee ou ivre, Qui m'amie as morte sanz moi ? Charr. : 1853 Ne fist que vilains ne que fos Li chevaliers, qui el mostier Antra a pié por Deu proiier ; 5211 N'est pas la novele cortoise, Qui la reïne eest duel porte. Yvain : 1440 Si sui mout fos qui m'en despoir ; 3066 „Sire chevaliers ! que volez, Qui a tel besoing m'apelez ?" (Schaefer, op. cit., p. 29, compte cette phrase parmi les consécutives ; ef. p. 40); 4416 Mout est ore fos qui ancharge Por ta parole si grant fes. Perceval : 5037 Certes molt m'an avez hui morte Qui tel deablie avez dite ; 5084 Molt estes fos e estapez Qui an cele presse hapez Ces fers de lance e testieres ; 5106 Don n'estes vos sains e heitiez Qui ci tote jor agaitiez E nule rien n'i avez fete ; 6022 Sire molt vos ont fet grant honte Li meres e li eschevin Qui assaillent des hui matin A vostre tor ; 6252 Molt par fu sainte cele morz Qui sauva les vis e les morz ; 6658 De coi fustes vos apansee Qui si tost m' avez amanbree Mesure ; 7706 Or dites qu'i antandeiez Qui si fort me desfandeiez Que ge n'i venisse veoir ? 8800 es tu molt hardiz Ou molt fos qui ton non me diz. Phill. : 868 Mes Tereus folie fist Qui avuec Philomena mist une vilainne.... Guill. : 252 Mes grant folie pansiiez Qui sanz moi aler voliiez ; 850 „Ha ! Des", dist il, „con m'ont traï Li marcheant de pute orine, Qui m'ont tolue la reïne ! Los, mout me ras desconforté, Qui mon anfant an as porté; 1239 Mes je sui fole qui vos croi. 33 Avec un substantif placé hors de la phrase ou trouve la même valeur causale de motiver la conclusion renfermée dans la principale, p.e. dans Cligés 4675 : Mes an le puet tenir por fol De la joste qu'il a anprise. C. La relative ênonce le fait qui motive le sentiment exprimé dans la principale. Relatives se rapportant d un substantif préposé. Erec : 1. Avec de : 197 Mout me poise de ma pucele Que si m'a bleciee cil nains ; 3104 Et mout s'est blasmee et maudite, De la parole qu'ele ot dite ; 4403 Mout fu dolanz et angoisseus Del chevalier, que il lor vit Demener a si grant despit; 4913 El chastel avoit grant moleste Del conté qui estoit ocis. 2. Avec por: 6847 Por la clarté qu' eles randoient cil s' esbaïrent. Cligés : Avec de : 257 Cil de terre, cui pas n'agree Des vaslez que aler an voient; 267 Que des vaslez mout lor enuie Que Damedés a port conduie Sanz anconbrier et sanz peril; 3442 Et li vaslet tuit esperdu De lor seignor qu'il ont perdu ; 4361 Mout li est po de son anpire Et de la richesce qu'ele a; 5957 Qu'ele n'a soing ne ne li chaut Del servise qu'il li prometent; 6237 A po que li cuers ne li part Del duel, qu'ele ot que il demainne. Charr.: Avec de : 406 Del chevalier que cil aporte Sor la charrete se mervoillent Les janz ; 4203 et mout s'ancoupe Del pechié qu'ele fet avoit; 4743 Et lors a primes se mervoille De ses doiz qu'il trueve plaiiez ; 5229 Mes tel duel a et tel pesance De Lancelot qui est traïz. Yvain : 1. Avec de: 42 Mes cel jor mout s'esmerveillerent Del roi qui d'antre aus se leva ; 680 S'an fu dolanz et angoisseus Del roi qui aler i devoit; 1190 tuit furent tressué De 1'angoisse qu'il orent por le sanc vermoil Qui devant aus fu degotez ; 1474 Ne de rien n'ai si grant destresce Come de son vis qu'ele blesce ; 1546 De 1'amor, qui an lui s'est mise, Le trova trespansé et vain ; 34 1788 Si se comance a repantir De celi qu'ele avoit blasmee ; 8028 Mes de sa char que il voit nue Est trespansez et esbaïz; 8529 Au revenir mout fort se blasme De 1'an que trespassé avoit; 3790 Mes del lion, que venir voient Avuec lui, duremant s'esfroient; 6690 Mes sire Yvains formant s'esjot De la novele que il ot. 2. Avec por: 1196 Et les janz plus et plus desvoient Por les plaies qui escrevoient. Perceval: 1. Avec de : 747 Por deu ne vos enuit il mie De vostre anel que je anport; 833 E de ses conpaignons iriez Qui as chastiax se departirent La ou le meillor sejor virent; 1949 Si s'esbaist tot e mervoille De sa face qu'il voit moilliee ; 4883 E li plusor grant joie avoient Del tornoi qui remes estoit; 5410 Lors fu ele molt desconfite De son pere qui li ot dite Ceste ranpone e eest afit; 5355 il m'estoit grief De ma seror qui tesmoignoit Que Melianz de Liz estoit Li miaudres de toz. 2. Avec por: 88 E main*enant li cuers del ventre Por le dolz tans li resjoi E por le chant que il oi Des oisiax qui joie feisoient; 8432 Ensi lor duel celes feisoient Por lor seignor qu'eles veoient Siure la male dameisele. Phil.: Avec de : 1176 Car mout granz pitiez 1'on prenoit Del grant duel qu'ele demenoit. Guill. : 1. Avec de : 1855 Chaut le virent et tressué D'ire et de mautalent qu'il ot; 2453 A tant la dame an la nef antre, Cui li cuers voletoit el vantre Del roi qu'ele aloit ravisant; 2541 Mes cil qui a la dame vindrent A mout grant folie le tindrent De 1'anelet qu'ele avoit pris x); 2646 Et ses janz la tienent por fole De son seignor que ele acole. 2. Avec sor: 1479 Tant s'est danz Fouchiers eschaufez Sor Marin, qui vers lui s'orgueille. Dans la principale se trouve, comme on voit, un verbe (intran- 1) Cf. A. Tobler, Verm. Beitr., I, 19. 35 sitif) marquant la douleur, 1'indignation, la surprise, 1'étonnement, le dépit, la joie ; ces sentiments sont motivés par le fait exprimé dans la relative. Par la nature même de ces verbes la phrase régissante exprime en même temps un jugement personnel sur le fait mentionné dans la subordonnée, mais ce jugement n'a pas le caractère général d'une conclusion, comme c'est le cas dans les phrases du groupe B. Dans Erec 197 (groupe C) la blessure a comme conséquence, comme suite naturelle : mout me poise ; mais dans Cligés 3435 (groupe B) le départ de Cligés n'a pas comme conséquence : folie fet; c'est la une conclusion. Logiquement, les relatives de notre groupe C (motif) montrent le plus de ressemblance avec celles du groupe A (cause ou raison), et se distinguent nettement de celles du groupe B (base-conclusion). Pourtant il faut les séparer du groupe A paree qu'elles peuvent être réduites — comme celles du groupe B! — a la construction typique d'une causale introduite par que1). II faut remarquer qu'on ne trouve dans le groupe B que des relatives simples (un seul exemple avec prolepse du substantif), et dans le groupe C, que des exemples avec prolepse du substantif; dans le groupe A les exemples avec por — correspondant a la conjonction usuelle por ce que — prédominent et dans notre dernier groupe ceux avec de. Les relatives de ce groupe se rapportant a un substantif préposé, précédé ordinairement de la préposition de, expriment logiquement la causalité, comme nous voyons ; quant d la forme on peut dire qu'elles remplissent la fonction d'une substantive sous le régime de cette préposition („kasus" satz 2). En francais on trouve Tune a cóté de 1'autre la phrase „substantive" : „Je suis content que votre frère vienne", et la proposition „adverbiale" de cause : „Je suis content de ce que votre frère vient". L'ancien francais se servait volontiers d'une troisième tournure : „Je suis content de votre frère qui vient 3)." Ce sont précisément les constructions que nous venons d'examiner et que nous avons fait entrer dans le groupe „causalité", quand le verbe de la principale était de nature affective ; avec d'autres verbes comme vangier, remanbrer, parler, oir, etc, régissant la préposition de, 1) Pourtant cette forme est rare; cf. p. 32, note 1 (Ex. Ptre. 2565). 2) E. Matzner, Syntax der Neufranz. Sprache. Berlin, Ferd. Dümmler, paragr. 390. S) II y en a parmi les phrases citées qui sont encore toutes modernes. 36 et avec quelques autres suivis de la priposition a, on trouve le même procédé. Ces relatives forment un groupe a part. D. Relatives avee substantif préposé, en fonction d'une substantive sous le régime prépositionnel d'un verbe. Erec : 459 Et mout (Amors) se cuide bien vangier Del grant orguel et del dangier Qu'ele li a toz jorz mené ; 1115 „Dame !" fet il, „s'il vos remanbre Del nain qui ier vos correga" ; 2276 Mes mout le mercia eingois De 1'enor que feite li ot; 4181 II apert mout bien a son vout Qu'il a pale et descoloré. Cligés : 1211 Del roi parlerai des or mes Et de Post qui a Londres vint (= de ce que Post vint a Londres) ; 2528 De son frere qui le desfie Lor quiert consoil ; 2860 Et s'orroiz del duc de Seissoigne Qui a anveiié a Coloingne Un suen neveu ; 2996 Si qu'an le voit tot an apert A la color que ele pert; 3485 „Garz I, fez il, „ga leiras le gage De mon seignor que tu as mort; 6691 Et Cligés n'a pas oblié Que lors n'et le roi mercié De s'aïe qu'il otroie. Charr. : 879 Et dit que mal randra la dete De la voie qu'il a anprise ; 2609 Si te deüst ressovenir De la charrete ou tu montas ; 4316 Nus del laz ne s'apergoit Qu'antor son col avoit lacié ; 5281 Si le mercie de 1'enor Qu'il li a feite. Yvain : 1014 De 1'enor que la me feïstes vos randrai ci le guerredon ; 1797 Merci crier vos vuel Del grant outrage et de Porguel Que je vos ai dit come fole ; 1847 Et andemantres manderoiz Vos janz et si demanderoiz Consoil del roi qui doit venir; 2904 Tant qu'an la fin h fu avis D'une plaie qu'il ot el vis ; 6480 Mauveisemant vos ai merci Le servise que me feïstes Del jaiant que vos occistes (= d'avoir tué le géant). Perceval: 2881 De sa mere li resovint Que il vit pasmee cheoir; 3361 Einz dit que apres ax iroit Savoir se nus d'ax li diroit De la lance qui ensi sainne E del graal ou lan le porte ; 4033 Tant que il vos avra vangiee De la bufe e de la frangiee Qui por lui donee vos fu; 5300 A vos me sui clamer venue De ma seror qui m'a batue. Guill.: 1515 Et mout vilmant Pot ranposné Del pis que dire li savoit (= de ce qu'il savait lui dire de pis) ; 2090 .. .. li rois.... antandoit A son avoir que il vandoit (= était occupé a vendre ses marchandises). 87 E. La relative avec le substantif préposé a la valeur d'une subjective ou d'une óbjective (compl. direct). Je ne regarde pas comme un groupe a part la proposition substantive qui remplit la fonction d'attribut déterminatif (les substantives attributives). „II m'a exprimé le désir que" équivaut a „II désire que" (cf. Ayer, § 287). I. En fonction de subjective. a. Avec substantif préposé sans préposition. Erec: 4863 Ire li done hardemant Et Yamors qu'a sa fame avoit. Charr.: 5375 Mes joie le cuer li soslieve Qu'il a si grant de la reïne. 6. Avec substantif préposé précédé de de: Erec : 1025 et si te plot D'une tel feiture d'un bot Qui feri la pucele et moi (=et pourtant il te plut. qu'une pareille créature frappat la demoiselle et moi); 6523 Si li distrent la verité, Comant il estoit avenu De son pere qui morz estoit et trespassez.' Charr. : 5325 Tant qu'a la cort vint la novele De la reïne qui aproche. Yvain : 500 Anviron moi est li garanz (= la preuve) De mon bois qui est abatuz ; 4750 I fu venue la novele Del jaiant cruel et felon, Que li Chevaliers au Lion Avoit an bataille tué. Guill.: 1762 Ja ne verrons huit jorz passez Que avanture nos vandra De seignor qui nos retandra. II. En fonction A'objective. a. Avec substantif sans préposition : Cligés : 3318 Et maintenant la force sant Qui del chief el cuer li desgant; 5787 et ot Le duel que l'anperere mainne. Charr. : 4205 Vers celui don ele savoit Qui suens avoit esté toz dis. Perceval: 3896 E cil qui onques n'oblia Le prodome qui li pria Que ja chevalier n'oceist Puis que merci li requeist. Guill. : 1976 Ja ne quiert conté, qu'an li rande, Li borjois (= le bourgeois ne demande jamais qu'il lui rende compte). 6. Avec substantif précédé d'une préposition : Erec: 825 L'avanture lor a contee Del chevalier que armé vit Et del nain felon et petit Qui de la corgiee ot ferue Sa pucele sor la main nue. Cligés : 1496 Et voient venir la mervoille De 1'ost qui defors s'aparoille Por le chastel confondre. 38 Charr.: 119 Vos ne savez Del seneschal qu'il me requiert (= ce que le sénéchal me demande ; c'est donc un exemple avec que interrogatif neutre 1); 5222 N'i a nul qui la novele oie De Lancelot qui est perduz, N'an soit dolanz et esperduz. Yvain: 2321 Quant la dame oï les noveles Del roi qui vient. Perceval: 2549 E Clamedex e ses genz crievent Qui la novele ja savoient Del bien que cil dedanz avoient; 4542 La reine vint a ce mot Qui la novele oie ot De celui qui venuz estoit; 6058 qui la traison fist De vostre pere qu'il ocist. Phil.: 519 Povre acheison avez trovee De vostre fille qui vos sert (= le prétexte que votre fille vous sert). Guill.: 2829 Premiers conta de la reïne, Que li marcheant li tolirent. Nous avons peut-être affaire a un exemple avec oü dans Charr. 3660 : Et (la dameisele) panse se il (= Lancelot) la (= la reine) savoit A la fenestre ou ele estoit (= s'il savait qu'elle était a la fenêtre), Qu'ele 1'esgardast ne veïst Force et hardemant an preïst. F. La relative d valeur d'une consécutive. Pour marquer la conséquence la relative peut se rapporter : 1. a un membre de la phrase régissante (avec corrélatif); 2. a toute la phrase régissante (sans corrélatif). Nous verrons que la deuxième espèce est rare dans Chrétien; elle montre beaucoup de ressemblance avec la relative qui marqué le motif pour conclure (grond). Comparez p.e. Cligés 861 Mout sui vilains qui m'an corroz (Causalité, „grond"). Erec 5610 Ceste chose est mout perilleuse, Qui dolant a fet maint prodome (qui = de sorte que ; conséquence). Surtout après une principale interrogative la concordance est grande; c'est pourquoi Schaefer2) range la subordonnée du vers Yvain 3066 „Sire chevaliers ! que volez Qui a tel besoin m'apelez ?" 1) A. Tobler, Verm. Beitr., I, p. 22. 2) Op. cit., p. 29. 89 parmi les consécutives ; a mon avis (cf. Strohmeyer, p. 17) elle a la valeur d'une causale („grond")1). A cöté de ces relatives on trouve dans Chrétien la construction usuelle avec que; dans les manuscrits qui et que alternent, p.e. Erec 6674 Alixandres, qui tant conquist Que soz lui tot le monde mist. (Qui dans les man. H P B.; la grande édition de 1890 a de même qui). a. Avec corrélatif consécutif: Erec: 594 S'il i a chevalier tant os Qui vuelle le pris et le los De la plus bele desresnier ; 785 Mes ne cuidoit qu'el siècle eüst Chevalier qui tant hardiz fust, Qui contre lui s'osast conbatre ; 1630 Et s'an fist tel home antremetre, Qui bien estoit mestre del metre ; 2819 Je li cuit feire tel assaut Qu'il conperra mout duremant (dans le manuscrit H oü 1'on trouve quil le — sans mout — on n'a pas affaire a une relative, mais a une adverbiale consécutive); 4890 N'i a si hardi qui la tort; 5544 Li rois Evrains ot les noveles Que teus janz a sa cort venoient Qui grant conpeignie menoient; 6917 Tant an i avoit amassez, Qui el mostier antrer ne porent. Cligés : 1979 Car tost s'i porroient anbatre Tes janz qui les damageroient; 2545 Por ce loent tel pes a querre, Qui soit resnable et droituriere, Et li uns 1'autre ne sorquiere (après Et au vers 2546 que n'est pas exprimé; c'est une consécutive adverbiale) ; 5577 Ancore i a de tes reduiz Que nus hon ne porroit trover ; 6127 S'iert an la sepouture mis, Don Jehanz s'est tant antremis, Qui mout 1'a feite riche et noble. Charr.: 1104 Si tenoit chascuns une hache, Tel don 1'an poïst une vache Tranchier outre parmi 1'eschine (c'est un des rares ex. avec don ; de même Guill. 2498); 4172 Li ont si grant honte feite, Qui li devroit estre retreite S'il n'an estoit prise vanjance ; 5775 Mes an lui s'est tote reposte Mauvestiez, s'a trové tel oste Qui tant 1'enore et tant le sert Que por s'enor la soie pert. Yvain : 5 A cele feste qui tant coste, Qu'an doit clamer la pantecoste (Schaefer, p. 25) ; 386 Et s'i pant uns bacins de 1) Pour le rapport entre causalité et conséquence cf. F. Brunot, La pensée et la langue, pp. 803 et 829. 40 fer A une si longue chaainne, Qui dure jusqu'an la fontainne (exemple connu ; Schaefer, p. 25, Strohmeyer, p. 23); 1635 Mes ja n'i avra si estout, Qui son cheval monter an ost (Schaefer, p.26); 1852 Et il n'i avra ja si haut, Qui s'ost vanter, que il i aut. Avec tres comme corrélatif, 290 Einsi tres leide creature, Qu'&n ne porroit dire de boche. Perceval: 4773 Einz n'i ot dame si senee Qui por lui son duel ne demaint; 5346 cele qui tel joie an a Qui jusqu'au pié 1'an anclina; 6006 il n'i eust Nul tant hardi qui que il fust Qui an osast pierre eslochier; 6895 Ge li aport une herbe tel Qui molt ce cuit li aidera ; 7637 Vos oissiez ja tex noveles Qui vos enuiassent molt fort; 8162 Ne ja nus n'iert si desheitiez Qui de ma dame parte iriez ; 8548 Mes tu as hui feite tel chose Que nus chevaliers fere n'ose. Guill.: 1707 Mes Loviaus sor tel roncin sist Qui an po d'ore Pot ataint; 2498 An ceste nef a tel avoir, Don Pan porroit cant mars avoir. 6. Sans corrélatif consécutif : Erec : 5183 Bele mule ot et bien anblant, Qui a grant eise la porta; 5610 Ceste chose est mout perilleuse, Qui dolant a fet maint prodome. Avec adverbe relatif: 2642 Mout estoit riches li haubers, Que a 1'androit ne a 1'anvers N'ot tant de fer come une aguille (le man. B a qui). Cligés : 4667 Et point Morel qui se desroie ; 6167 Et s'i a dis cierges qui ardent, Qui feisoient grant lumineire. Charr.: 3388 Ja si buenes armes n'avra Mes fiz, qui mal gre m'an savra, Qu' autressi buenes ne vos doingne ; 4073 Que neïs veoir ne la let (la = la reïne) Son fil, qui mout an est dolanz. Perceval: 4263 E point des esperons d'acier Le cheval qui pas ne va lant; 5687 J'ai une seror molt cortoise Qui de vos grant joie fera. Avec adverbe relatif: 6358 li diax que la mere ot De toi quant tu partis de la Que pasmee a terre chei. Guill.: 2848 Comant 1'igle Pan espossa, Qui a terre le trebucha. Le vers Yvain 1463 est remarquable : 41 Grant duel ai de ses biaus chevos, Qui fin or passent, tant reluisent; la, la principale suit la relative, pour exprimer 1'idée explicative x). " Quelquefois on trouve dans la principale un substantif précédé du mot „une(s)", avec le sens de „tel", auquel la relative se rattache ; elle a donc la valeur d'une consécutive, p.e. : Erec 5775 Mes une mervoille veoit Qui poïst feire grant peor Au plus hardi conbateor. Cligés 880 Amors li a el cors anclose Une tancon et une rage, Qui mout li troble son corage. La conséquence négative aussi peut être exprimée par une relative ; le tout a le sens d'une phrase avec sans que. La principale est quelquefois affirmative : Erec 4735 Enide chevauche delez, Qui de son duel feire ne fine. Charr. 5789 Si ot chevaliers avuec eles Assez, qui armes ne portoient. Avec adverbe relatif: Cligés 5766 Quant la parole a antandue L'anperere, a painne se tient, Que pasmez a terre ne vient. Mais ces relatives sont surtout fréquentes avec une principale négative; on les trouve après les expressions : il n'i a nul, il n'i a un seul, il n'i a celui. Erec 1982 Ne n'i ot nul Qui faucon ou tercuel n'eüst. De même : Erec 2018, 4211, 5473, 6390 ; Cligés 2209, 4648, 5056; Charr. 268, 1478, 6012; Yvain 5514; Perceval 4477. Erec 2747 N'i a un seul qui duel n'an face. De même : Erec 6166 (avec cui) ; Cligés 1076, 3675, 4116, 5002, 5709 ; Charr. 200, 2098 2), 5190, 5237, 5709 ; Perceval 9075. Perceval 4656 il n'i a celui Qui n'ait s'amie avoeques lui. 1) A. Tobler, Verin. Beitr., I, p. 170. 2) Avec cui. 42 Avec adverbe relatif: Erec 840 N'i a cel qu'a li ne se taingne. „ 1929 N'i a nul qui remenoir ost, Que a la cort ne vaingne tost. Après ces locutions trés souvent le relatif n'est pas exprimé l): Erec 53 Ne n'i a nule, n'et ami Chevalier vaillant et hardi. Charr. 2434 N'i a celui joie n'an et. „ 5224 N'i a nul qui la novele oie De Lancelot, qui est perduz, N'an soit dolanz et esperduz. Yvain 6132 N'i a celui, ne soit bleciez. Avec une autre principale : Erec: 527 Ne n'a baron an eest païs, Qui ne 1'eüst a fame prise; 1254 N'i a chevalier qui ne die ; 1437 N'i remaint chevaliers ne dame, Qui ne s'atort por conveiier La pucele et le chevalier ; 1773 Ja nus ne dira qui ne mante Que.. .. ; 2051 N'est riens qui ne fust as noces le jor; 8874 Je n'ai veisin qui ne mé dot. Avec principale afflrmative: 739 Desliiee et desafublee Est la pucele sus montee, Qui de rien ne s'an fist proiier ; 3180 Li escuiiers devant aus sert Qui son servise pas ne pert. Cligés : 391 N'an la cort n'a baron si haut Qui bel ne 1'apiaut et acuele ; 670 Je cuidoie que il n'eüst An Amor rien, qui buen ne fust; 824 Por ce que nus ne la veïst, Qui ne cuidast qu'ele reïst; 3801 Devant son cop riens ne remaint, Que tot ne porfande et deronpe ; 4197 Car de ses homes n'i a deus, Qui nel taingnent por mescheant; 4773 N'i a ne chevelu ne chauve, Qui a mervoilles ne 1'esgart; 6130 N'a remés ne petit ne grant, Qui n'aut aprés le cors plorant; 6647 Chastiaus ne vile n'i remaingne, Ne citez, ou il ne soit quis. Charr.: 1600 Ne cuit qu'onques un an veïsse, Vers cui je ne vos conqueïsse ; 2791 Ja nule autre chose si grief Ne me diroiz que je ne face, Por merci et por vostre gr ace ; 4119 Mes uns toz seus n'an i remaint, Qui miauz n'amast a retorner An son païs que sejorner; 4488 Qu'il ne dit rien qui mout ne pleise ; 4929 Nul chevalier ne vos an ost Vers cui la bataille n'anpraingne. Yvain : 216 je cuit Qu'il n'i avoit ne fer ne fust Ne rien, qui 1) Voir plus loin, p. 161. 43 de cuivre ne fust; 605 N'i avra prevost ne voiier, Qui volantiers ne vos convoit; 2955 Et si me dist, que nule rage N'est an teste, que il n'an ost (il = un oignemant); 8502 N'i a maille qui ne descloe. Perceval: 608 E cil s'an va qui pas ne cope (principale affirmative) ; 2705 N'il n'i a moinne ne nonain Qui damedeu ne rande graces ; 5518 Si diroie ge tote voie Qu'il n'i a ci dame qui nel voie ; 5906 N'i a si mauves qui ne praigne Forche ou flael ou pic ou mace ; 5910 N'i a si petit qui n'i voise E qui aucune arme n'i port; 8038 Del franc chevalier debonaire Don an ne puet parole treire Qui ne soit de corroz ou d'ire. Phil.: 594 Leanz n'ot nul serjant oiseus, N'escuiier, ne vaslet adroit, Qui ne servist de que que soit; Guill.: 1043 N'i a ne pain ne vin ne el, Qui par son comandemant n'aille ; 1279 Nus ne Pesgarde ne ne voit, Qui ne die. Avec adverbe relatif ; trés souvent la principale est affirmative : Erec : 1478 Or s'an vont, que plus n'i atandent; 3087 Chevauchié ont jusqu'a la nuit, Qu'a vile n'a recet ne vindrent; 6374 Et dient tuit qu'onques ne finent: Deus saut celui, etc. Ciigés : 2017 Que ja li cuens par nul eür N'eschapera que pris ne soit; 4685 Et cil leissent chevaus aler, Que plus ne se vont atardant (les manuscrits C R ont qui); 3462 Lors s'an va que plus n'i areste 2); 6781 Ne ja avuec li n'avra masle Que ne soit chastrez an anfance (gr. éd. de 1884 a qui). Charr.: 873 Les espees bien i a oevrent, Que ne finent ne ne reposent; 4044 Riens nule qui mestier m'eüst Ne me failli nule foiiee, Que ne me fust apareilliee. Yvain : 463 II n'i paroit branche ne fuelle Que tot ne fust covert d'oisiaus ; 576 onques mes hom N'iere eschapez que n'i fust morz Ou retenuz ; 2866 Mes n'est riens, tan po de son et, Que an leu, ou 1'an bien li fet, Ne revaingne mout volantiers ; 3472 Que qu'il manja, devant lui jut Ses lions, qu'onques ne se mut; 3702 A s'aïe ne failli onques Dameisele desconseilliee, Que ne li fust apareilliee ; 4823 Einsi est an la queste antree 1) Voir plus loin a la page 139. 2) Cf. K. Sneyders de Vogel, Syntaxe historique du francais (Wolters, Groningen), § 372 ; M. Sn. de V. considêre que comme conjonction dans un exemple analogue (Soland 2021). 44 Et trespasse mainte contree, Qu'onques noveles n'an aprist. Perceval: 641 E ne dist que ja ne trovasse Mostier qu'a orer n'i tornasse; 4486 S'an retorne come il i mut C'onques d'autrui cop ne recut; 5778 Tantost li chevaliers s'an torne Que avoec ax plus ne sejorne ; 6835 Messire Gauvains tot escoute Quanque la dameisele estoute Li dit, c'onques mot ne li sone. Guill. : 752 Et li maronier a mont traient La voile, que plus n'i delaient; 8291 La mer trespassent a droit cors, Que nule foiz ne fu troblee Ne correciee ne iree. Outre les cas cités plus haut, le relatif n'est pas exprimé non plus dans : Erec 553 Qu'il n'i avoit si povre rue, Ne fust plainne de chevaliers Et de dames et d'escuiiers, N'ostel tant povre ne petit. Yvain 6138 Que jagonce ne esmeraude N'ot sor les hiaumes atachiee, Ne soit molue et esquachiee. Pour nier la conséquence on trouve que-ne aussi avec la valeur d'une conjonction; je ne regarde pas que comme adverbe relatif dans une phrase comme Cligés 704 Li darz est parmi 1'uel passez Qu'il n'an est bleciez ne quassez. Pas plus que dans Cligés 708 Se li darz parmi 1'uel i antre, Li cuers por quoi se diaut el vantre, Que li iauz aussi ne s'an diaut, ou dans Perceval 1692, 3434, 6079, etc., puisque le sujet de la subordonnée est exprimé. Bischoff x) le fait bien pour un vers comme Erec 5515 Onques nus ne vint d'autre terre La Joie de la Cort requerre, Qu'il «'i eüst honte et domage Et n'i leissast la teste an gage. Pour lui qu'il équivaut a qui. Je reprends cette question en parlant de 1'adverbe relatif que (p. 142). 1) Op. cit., p. 86. 45 En outre on trouve la conjonction sanz ce que (jamais sanz que). Bischoff*) en donne cinq ex. dans Yvain (1985, 2123, 3825, 4384, 4582); dans sa note sur le vers 232 d'Erec — gr. édition 1890 — Foerster ajoute 1'exemple Cl. 2260. II y en a encore quelques-uns : Cligés 728, 2832, 6562 ; Phil. 943 ; Guill. 1100, 1524. On trouve un seul exemple avec le substantif hors de la phrase, précédé de sanz 2) : Cligés 5699 L'anpererriz, sanz mal qu'ele et, Se plaint et malade se fet. Quelquefois on trouve dans Chrétien deux relatives se rapportant au même antécédent, dont la deuxième exprime la conséquence niée, et la première la condition ou la concession. Ces relatives ne sont pas reliées entre elles par et 3), ce qui s'explique par leur valeur différente : Erec 2038 N'ot menestrel an la contree, Qui rien seüst de nul deduit, Qui a la cort ne fussent tuit (gr. éd. que; H C ont qui). L'antécédent de la seconde relative n'est pas „ménestrel" mais 1'unité secondaire „ménestrel qui rien seüst de nul deduit". Quelques autres exemples : Erec: 1982 Ne n'i ot nul, queus que il fust, Qui faucon ou tercuel n'eüst; 2051 N'est riens qui joie puisse feire Et cuer d'ome a leesce treire, Qui ne fust as noces le jor; 5701 An tot le chastel n'a remés Home ne fame, droit ne tort, Grant ne petit, foible ne fort, Qui aler puisse, qui n'i voise; 5756 Ne soz ciel n'a oisel volant, Qui pleise a home, qui n'i chant. Cligés: 2967 Mes n'i a Tiois n'Alemant, Qui sache parler solemant, Qui ne die (P a que); 4669 Ne n'i a un seul qui le voie Qui ne die li uns a 1'autre (R a que). Yvain: 2323 N'i a nul qui la novele oie Qui n'an soit liez. Guill.: 3040 N'i remaingne n'a mont n'a val Nus hon n'a pié ne a cheval, Qui are ne lance porter puisse, Que demain toz as guez ne truisse. Avec adverbe relatif: 1) Op. cit., p. 103. 2) Cité par M. K. Sneyders de Vogel, op. cit., § 373. 3) Voir „la liaison des relatives", p. 167. 46 Cligés: 1092 Fait crier, que nus n'i remaingne, Qui puisse armes porter an ost, Que après lui ne vaingne tost; 5456 Que ja n'iert mes hon qui la voie Que *) tot eertainnemant ne croie Que 1'ame soit del cors sevree. Charr.: 5994 Qu'il n'est riens qui armes ne port Qu'a lui veoir ne se deport. La concessive (conditionnelle) n'a pas toujours la forme d'une relative dans ces combinaisons, p.e. Yvain 352 Ne nus ne s'i porroit fier Fors moi, s'antre eles s'estoit mis, Que maintenant ne fust ocis. De même Yvain 2866. Guill. 3044 Qu'il n'i remaingne sers ne frans, Si chier com il a lui meïsme, Qui n'et eingois ore de prime Le gue de la marche passé. Le relatif n'est pas exprimé dans Cligés 198 An quel leu porroit 1'an trover Home, tant soit puissanz ne riches, Ne soit blasmez, se il est chiches, Ne nul, tant et mauveise grace, Que largesce loer ne face ? (ce dernier „que" est naturellement pr. rel, a Paccusatif ici; cf. Cl. 8801). Dans Erec 1928 : Que nul tant hardi n'i eüst, Qu'a la pantecoste ne fust, on peut regarder que comme introduisant une consécutive avec corrélatif tant, ou comme adverbe relatif se rapportant a nul2). G. La relative é valeur d'une finale. Comme nous venons de 1'indiquer, il y a des rapports étroits entre causalité et conséquence ; de même cause et finalité sont des notions trés proches 3). Après avoir parlé des relatives avec 1) Ca qui. 2) Cf. Bischoff, op. cit., p. 85. 3) F. Brunot, op. cit. p. 844; cf. aussi pour ces rapports psychologiques Jac. van Ginneken, Principes de linguistique psychologique, Paris, Riviêre, 1907, p. 138 sqq. 47 la valeur d'une causale ou d'une consécutive, je donnerai ici quelques cas de relatives avec la valeur d'une finale. Les exemples n'abondent pas dans Chrétien, pas plus que dans 1'ancien francais en général (cf. Strohmeyer, op cit. p. 25). Erec 278 Et la reine autressimant A Deu, qui de mal le deffande, Plus de cinc ganz foiz le comande. Cligés 428 A cui il porra comander Eingleterre tant qu'il revaingne, Qui la gart an pes et meintaingne. Yvain 748 Mes sire Yvains maintenant monte, Qui vangera, s'il puet, la honte Son cosin. Perceval 5281 Ge vos i bai lerai couduit Fet li sires qui vos manra. „ 5285 Vos donrai vitaille a porter E chevax qui la porteront. Quand 1'existence de 1'antécédent est présentée comme désirée, la relative marqué aussi la finalité, comme dans: Perceval 5664 Tant que 1'on truisse Fevre qui referrer le puisse. Philom. 1137 S'el poïst home recovrer Qui a sa seror 1'aportast Duremant la reconfortast De son duel et de son enui. Pour d'autres ex. voir Bischoff, op. ciU, p. 81 et suivantes. H. La relative d valeur d'une concessive. Comme dans la langue moderne on trouve dans Chrétien cette valeur. Une proposition concessive est 1'opposé logique d'une causale ; elle donne la raison du contraire de la phrase principale. Quand la concession est exprimée par une relative on pourrait intercaler „pourtant" après le pronom relatif. Erec : 508 De tant povre robe et si vil Por qu'est vostre fille atornee, Qui tant par est bele et senee ? 3541 De mautalant sont enivré Vers celui qui onques nes vit, Ne mal ne lor a fet ne dit; 3590 A tant ez vos poignant le conté, Qui, si con 1'estoire Teconte, Estoit chevaliers forz et buens ; 3830 Si 1'a si duremant 48 feru Sor la pane de son escu, Qu'au retreire est li branz brisiez, Qui mout estoit buens et prisiez. Cligés : 708 Se li darz parmi 1'uel i antre, Li cuers por quoi se diaut el vantre, Que li iauz aussi ne s'an diaut, Qui le premier cop an requiaut ? 3596; Et f ierent de si grant vertu Li uns 1'autre sor son escu, Que les lances voient an clices, Qui forz estoient et feitices ; 3787 Fenice qui 1'esgarde et voit Ne set pas que ce Cligés soit. Charr.: 1572 Mout a au chevalier valu Quant la pucele le salue, Qui sa boche pas n'an palue Ne ne li a neant costé ; 8618 et des seles pegoient Li argon, qui mout fort estoient. Yvain : 513 Onques n'i ot home a seür An forteresce, qui i fust, De dure pierre ne de fust. Perceval: 8484 Si bien s'afiche que il saute Sor la rive qui molt fu haute. Philom.: 138 Que ne poïst, ce croi, sofire A totes ses granz biautez dire Li sans ne la langue Platon Ne la Omer ne la Caton, Qui mout furent de grant savoir ; 712 Au departir Pandions plore Et beise an foi le desleal Qui panse traïson et mal. Guill.: 1269 et qui ne sera A ses noces que il fera, Qui preudon ne chevaliers soit, Semondre le fera de droit. On les trouve de même avec un substantif hors de Ia phrase, précédé ou non d'une préposition (d'ordinaire por *)). 1. Sans préposition : Yvain 5580 Des maces li donent granz cos, Que petit d'aïe li fet Escuz ne hiaumes, que il et. (= bien qu'il ait e. et h.) 2. Avec préposition : Cligés : 864 Ja mes festuz n'an sera roz Por desfiance ne por guerre, Que je doie vers Amor querre ; 1508 Mes por esmai que il an aient, N'ont nul talant que il se randent; 3308 Mes por chose que j'aie dite, N'i aiiez ja male sospite ; Car li boivres est nez et sains. Yvain : 1506 Nes Des, s'il s'an voloit pener, N'i porroit, ce 1) A. Tobler, Verm. Beitr., II, p. 24—34. 49 cuit, assener, Que ja mes nule tel feïst, Por painne que il i meïst; 1743 Ne por amor que a lui et. Perceval: 1132 Mes li vaslez sa vesteure Ne volt lessier que ne preist Por rien *) qu' Yonez li deist; 1153 Rien fors les armes ne volt prandre Por proiere que lan li face ; 2570 Mes ja por duel que ele an et Ne remanra mie ce cuit. Philom.: 880 La dameisele n'eüst soing Por afeire ne por besoing Que ja eüst de rien qui soit. Guill. : 1395 Ne pueent as vilains retreire Por norreture que il aient (bien qu'ils regoivent une mauvaise éducation) 1587 Vos nen estes point anpiriez De chose que dite vos aie 2). Mais les concessives sous forme d'une relative qui se trouvent le plus dans Chrétien — et en ancien frangais en général — sont celles introduites par les pronoms relatifs indéfinis (de généralisation). Chez lui on trouve qui que (nominatif), cui que (cas oblique), que (quoi) que (neutre), quel que (de quelque nature que), ou que et quant que (quanque). Ce dernier est traité avec les relatives sans antécédent, paree qu'il introduit généralement une phrase substantive ; les premiers au contraire amènent dans la grande majorité des cas une adverbiale avec un sens concessif; rarement ils se trouvent en tête d'une substantive. Par le mode du verbe — d'ordinaire le subjonctif 3) — et par 1'adjonction de que, le sens est toujours trés général. La signif ication d'un vers comme Cligés 227 Et qui que li blast et deslot, est a peu prés : „N'importe qu'il y ait quelqu'un qui le blame ou le désapprouve, le valet, etc". Je citer ai d'abord ces adverbiales. I. Qui que. Erec: 5055 Qui que il soit, son non me dites ; 5209 Mes qui qü'alast ne anz ne fors, Toz jorz estoit devant son cors Enide; 5424 Qui que il soit 4), dites le nos ; 5726 Qui que parot, mout li est ta t, Que.... ; 6570 Mes qui que venist ne qui 1) Cf. p. 117. 2) Cité par M. Sneyders de Vogel, op. cit., p. 274. 3) Cf. F. Biscboff, op. cit. p. 90. 4) Se rapporte a un nom de chose „mal trespas". 50 non, N'i fu pas obliez li pere Ma dame Enide ne sa mere. Cligés: 225 Mes qui qu'an et duel ne pesance, Ne qui que li tort a anfance, Et qui que li blast et deslot, Li vaslez au plus tost qu'il pot Comanda ses nes aprester; 2845 Qui qu'an face chiere ne groing, L'un de vos deus a 1'autre doing. Charr.: Pas d'exemple. Yvain : 619 Dit a chascun, qui que il soit; 677 Mes qui qu'an soit liez et joianz, Mes sire Yvains an fu dolanz; 695 Et qui que remaingne a sejor, II viaut estre jusqu'a tierz jor An Broceliande ; 772 Qui que le doit conparer, Ne finera tant que il voie Le pin ; 1068 Mes qui que vaingne ne qui voise, Ne vos movez ja por la noise ; 4797 Qui que il soit qui veuille ; 4890 Qui que vos soiiez. Perceval: 24 E s'il ot mal dire d'autrui, Qui que il soit ce poise lui. Guill. : 2842 Qui que lor discorde conpert, II n'i avront ja nul damage ; 2649 Qui qu' an parot. Un coup d'oeil sur ces exemples nous montre que 1'ancien frangais n' emploie pas exclusivement cette forme comme prédicat — ainsi que la langue moderne — mais aussi comme sujet. IL Cui que. Erec : 820 Cui que torner doie a enui, Ja eist espreviers vostre n'iert; 845 Car bien est droiz, cui qu'il soit let, Que cette dameisele Pet; 2448 Lui estoit bel, cui qu'il pesast; 6219 A cui que il desabelisse. Cligés : Pas d'exemples. Charr. : 504 Cui qu'il enuit ne ne seit grief; 2311 N'an ne li puet contretenir Passage, ou il vuelle venir, Que il n'i past, cui qu'il enuit; 2656 Cui qu'an soit la honte ; 3391 Et si vos praing, cui qu'il enuit, Vers trestoz homes an conduit; 4999 Cui qu'il enuit ne cui qu'il poist. Yvain : 3611 Qu'estre porriiez delivree, Par cui que soit, de eest peril. Perceval: 475 E g'i irai cui qu'il an poist; 674 Cui qu'il soit grief; 1118 Cui qu'il enuit. Philom.: 713 Cui qu'il griet. 51 Guill.: 2398 Cui qu'il enuit ne cui il griet. III. Que que (quoi que). Erec : 48 Par reison beisier li estuet Des puceles de vostre cort La plus bele, a quoi que il tort (la grande édition de 1890 a que que) ; 1814 Que qu'il m'an doie avenir ; 2105 Tot sofri, que que li grevast; 2458 Que qu'il li deüssent coster; 2725 Mes je vos pri, que qu'il avaingne ; 6008 Que que il li doie grever, Li covient dire et otroiier : „Conquis m'avez" ; 6051 Que qu'il me griet. Cligés: 3223 Que par ce cuidera venir A sa joie, que qu'il li tart, Que ; 3869 Que qu'il vos an deüst cheoir; 4100 Lors ne se puet mie tenir, Que qu'il 1'an deüst avenir, Fenice ; 5307 Que qu'an avaingne. Charr. : 160 Que que ce soit; 172 Que que il li demant; 811 Que qu'il an deüst avenir ; 1808 Que que il te doie coster ; 1809 Que qu'il t'enuit ne qu'il te griet. Yvain : 1803 A quoi que tort (= quoi qu'il en arrivé) ; 1592 A quoi que la chose montast; 2506 Que que il vos doie coster; 3371 Mes que qu'il 1'an avaingne aprés ; 3730 Que qu' avaingne de la bataille ; 4459 Que que tu dies; 4599 (6433) Que qu'il me griet; 5736 Que qu'il m'an doie avenir; 6103 Ou de que que soit le sormaint. Perceval: 718 E tu an perdroies Ia vie, Que qu'il tardast jel te promet; 1854 E la dameisele atandoit, Qu'il Faparlast de que que soit; 2018 Que que ele antandant li face ; 3324 E que qu'il li deust grever ; 5335 Que qu'ele die ; 5861 Que qu'an doie avenir ; 7059 (7432) Que qu'il m'an deust avenir; 7290 Que que il vos doie coster. Philom.: 594 Qui ne servist de que que soit; 925 Que que ce soit ou biens ou maus. Guill. : 216 Que que il vuelle devenir; 344 Que qu' avenir m'an doive ; 519 Que que m'an chiee; 1201 Que qu' avenist; 1451 Mes que que 1'an aille disant. IV. Quel que. a. Les deux membres ne sont pas séparés. 52 Erec : 5 Por ce fet bien qui son estuide Atorne a san, quel que il Pet; 1981 Ne n'i ot nul, queus que il fust, Qui faucon ou terguel n'eüst; 2067 De rien nule, queus qu'ele fust; 5606 Donez la (= joie de la cort) moi, queus qu'ele soit. Cligés: 1851 Et queusque soient les dessertes, Les portes nos seront overtes ; 6775 L'anpereriz, queus qu'ele soit. Yvain : 2230 II demanderoit la bataille; Car queus que fust la definaille, II voloit comancier toz jorz Les batailles et les estorz. Perceval: 4318 Chevaliers autre ne doit Oster.... De son panse quel que il Pet. Philom.: 436 Queus que an fussent les dessertes. II faut garder ensemble les exemples suivants: ■ Yvain 184 A quelqu'enui, a quelque painne Ting cele voie et cel santier. Erec 3040 Et li chevaus tant s'esforca Qu'a quelque painne se dreca. Cligés 6659 Trestote la quinzainne antiere Les ont chaciez a quelque painne. Perceval 7409 E cil se lieve a quelque painne . Guill. 2412 Que la nef tote antiere et sainne Ont mise au port a quelque painne. J'ai placé 1'exemple Yvain 184 le premier, paree que W. Foerster dans sa note — petite édition 1912 — veut y voir le commencement de 1'emploi de „quelque" avec le sens de „un peu" ; c'est pour cela qu'il 1'écrit en un seul mot, comme dans les autres exemples qu'il y cite (auxquels j'ajoute Perc. 7409). Cette explication est trés plausible; pourtant A. Tobler x) s'y oppose et dit que „quel que" a toujours le sens concessif; M. Lucien Foulet 2) est de la même opinion ; Meyer—Lübke aussi. Ces trois savants écrivent donc „quel que" en deux mots; le dernier s'exprime 8) ainsi: „On trouve en effet de bonne heure quel que employé en apparence comme pronom indéfini : a quel qu'enui, a quel que painne, Ting cele voie (Chev. Lyon 184), ce qui signifie a proprement parler : avec quelque ennui, avec quelque peine que cela puisse même avoir été, je suivis ce chemin". 1) Verm. Beitr., II, 32. 2) L. Foulet dans Bomania t. 45, p. 220. 3) W. Meyer-Lübke, op. cit. III, p. 715. 53 Dans les vers suivants on trouve quel que — substantif — que: Perc.: 599 An quel que leu que vos ailliez ; 666 Que les puceles saluasse En quel que leu que les trovasse ; 5610 Que de li li resovenist An quel que leu que il venist; 8178 Si mangeroiz quant vos pleira An quel que leu que vos serra. Philom.: 67 Qu'il ira quel que tans qu'il face (D4 et D6 quel tans que face); 1056 Ari quel que leu que li cors gise. Les exemples ne se trouvent que dans Perceval et Philomena ; les vers Yvain 4846 An quel leu que ele onques soit; 5803 An quel leu que il onques aut, — de la petite édition 1912, se trouvent dans la grande édition 1887 avec „quel que leu que" ; Foerster a donc changé sa version (selon le manuscrit P). II a apporté une pareille modification dans les vers Cligés 176 (selon R T) et 4112 (selon A B T). Les nouvelles lecons de ces cas isolés constituent assurément des améliorations du texte. Peut on tirer une conclusion des faits indiqués ? En discutant ce point je laisse de cöté 1'édition de Perceval de Baist, qui n'est que provisoire ; aussi elle ne donne aucune variante des vers cités. Dans 1'édition critique de Philomena de M. De Boer on trouve du vers 67 la variante quel tans que (selon les manuscrits D4 et D6, qui s'écartent sur ce point des autres manuscrits de la familie x, préférée par 1'éditeur). On n'y trouve aucune variante du vers 1056, et on peut donc admettre que tous les manuscrits sont d'accord. Je n' ose pourtant pas tirer des concluslons trop risquées de ce fait, et je me bornerai a constater que le texte critique de Philomena s'écarte sur ce point de celui des autres poèmes. 6. Les deux membres sont séparés. Cligés: 176 Quel pesance que il an et; 1066 Quel ore qu'il deüst venir; 1878 Et vont quel part qu'il onques vuelent. 2913 Quel part qu'il aille ; 4112 Mes onques nus qui la veïst, Quel sanblant que ele feïst, Ne sot por qu'ele se pasma; 4347 Quel part qu'il tort. Charr.: 397 Mes va quel part que tu voldras, Et j'irai la ou tu iras ; 710 Quel ore que jel voldrai prandre ; 1064 An quel leu qu'ele soit, Je la querrai tant que je 1'aie ; 2861 an quel leu que il fust; 3898 QueJ ore que cil 1'an semoingne. Yvain: 2740 Quel part qu'il aut; 3850 Quel duel que je an doie avoir (H F G quel que duel) ; 4346 An quel leu que ele onques soit; 5803 An quel leu que il onques aut. 54 Perceval: 8852 De quel ore que il venist; 6823 E va quel part que tu voldras ; 6862 E dist chevaliers or alez Quel part que vos onques volez; 7145 Or serai ge liee e joieuse D'aler quel part que vos voldroiz. Dans les vers comme Yvain 4346, 5803, Perc. 6862 oü 1'idée de généralité est encore renforcée par 1'adverbe onques, on peut voir 1'origine de quelconque. Dans-Chrétien je n'ai pas trouvé eet adverbe accompagnant qui que; le développement de cette combinaison a déterminé le francais quiconque (Godefroy x) donne un exemple avec kikienkeske: kikionkes k'il soit (S. Bernard, Sermons). Korte 2) cite le vers suivant: Qui qui onques s'en entremette, etc. (Jean de Condé, Dits et Contes III, 140, 21); surtout pour une époque postérieure, il faut tenir compte de la formation savante quiconque, quelconque, sur les modèles latins quicumque, qualiscumque. V. Ou que. Cligés: 6263 Et 1'une a 1'autre, ou qu'ele fust, Conpaignie feire deüst. Charr.: 5645 ou qu'il soit. Yvain: 3764 que je m'an vois, Ou que soit, logier an eest bois; 6007 Por voir, mes sire Gauvains aimme Yvain et conpaignon le claimme, Et Yvains lui, ou que il soit. Perceval: 5290 Ou que il aille ; 5568 ou que ge soie ; 7418 ou que ele aille. Comme dans les exemples avec quel que se rapportant aux substantifs leu ou part, la concession porte sur le lieu. Comme phrase substantive on trouve: Erec 6148 Qui que 1'antande et qui que 1'oie, Ja essoines neZ retandra. (en fonction de rég. dir., avec représentation). 1) Godefroy, Dictionnaire de V'ancien francais. 2) J. Korte, Vie bezichungslosen Rclativsatz: im Französischen. Diss. Göttingen, p. 40. 55 Phil. 796 Et qui que viaut si m'an espit Car n'ai garde de nule espie ! (en fonction de sujet). Avec lequel comme relatif sans antécédent: Cligés 1987 Maintenant covenist morir, Le quel que soit, a la parclose. Charr. 289 Que vos ou a prest ou a don, Le quel que soit (=un destrier), me bailhssiez; „ 291 choisissez Des deus le quel que miauz vos piest. Perceval 8847 Si fai le quel que en voudras (= de deux choses) Pietsch *) donne encore un assez grand nombre d'exemples pris dans d'autres auteurs. Parmi les relatives sans antécédent (p.79) on en trouve oü qui exprime seul le sens général, p.e. Yvain 1447 Qui se viaut, si 1'oie ! (Cf. Phil. 796). Charr. 1690 Et qui le viaut oïr, si 1'oie ! „ 2113 Car qui se viaut, antrer i puet (V qui que, A cil qui). Dans ces exemples — qui sont a multiplier — qui a vraiment le sens de qui que, de quiconque. II me semble donc exact de regarder le premier élément comme pronom relatif ; pour expliquer de quelle manière une phrase substantive, une relative sans antécédent, est arrivée au sens d'une adverbiale exprimant la concession, il faut supposer Veffet d'anacoluthes, de même que pour qui avec le sens de si 1'on (p. 58). Une phrase comme qui que parot, qui que venist, une fois existante comme subjective, indiquant une personne, se joint facilement a une autre principale sans être en rapport direct avec ce qui s'y trouve. Meyer-Lübke a) considère aussi qui comme relatif, et dit „qu'au lieu de la réduplication — comme en latin quisquis, quidquid — le roman emploie 1'adverbe relatif que. On trouve bien en ancien francais rarement qui qui 3), mais 1) C. Pietsch, Beitrage zur Lehre vom altfranz. Belativum. Diss. Halle 1888, pp. 30 et 31. 2) W. Meyer-Lübke, Oratnm. des langues romanea, t. III, p._ 706. 3) C. Pietsch, op. cit., p. 26, 30, donne des exemples. Subjective : Qui qui tiegne avisé ne sage L'omme qui.... Folz est (Jean de Condé, Dit» et Gontes, III, 119, 77); concessive : Qui qui me tiegne a niel, ie me tieng chier (Aiol 980). J. Korte, op. cit., p. 40 ajoute deux exemples; aux pages 51, 52, 53 il donne des ex. avec cui que, que que, lequel que introduisant des relatives sans antécédent. 56 son isolement prouvé son caractère non-primitif". Le pronom est relatif aussi dans cui que, que (quoi) que, quel que, quant que ; ce dernier est resté dans son röle de relatif sans antécédent, et introduit des phrases substantives ayec le sens de tout ce que ; rarement il a un sens concessif (cf. p. 88). Dans ou que et comant que *) on a affaire a un (adverbe) interrogatif, qui a obtenu une valeur concessive et générale par 1'adjonction de que. La question de savoir si dans ces locutions on a affaire a un relatif ou a un interrogatif a été décidée de différentes fagons. II faut remarquer d'abord qu'elles n'ont pas la même origine ; il faut mettre a part les deux dernières, ce qui me parait necessaire, vu qu'on ne trouve pas de relatives sans antécédent avec oü que ni avec comant que. J. Korte est partisan du relatif; Ullmann 2) de même ; P. Fahrenkamp 3) ne les traite pas dans sa dissertation sur les pronoms interrogatifs ; M. C. de Boer 4) dit dans sa note sur le vers 436 de Phil. que queus que est pronom relatif + que> e^ cite pour comparer Erec 1981 queus que il fust. Quant a qui (cui) que il les met a part dans son Index, mais ne se prononce pas. M. K. Sneyders de Vogel 6) les regarde avec Bischoff (p. 90) comme des interrogatifs ; Pietsch 6) s'y oppose ; Littré, Godefroy dans leurs dictionnaires parient de relatifs ; Matzner 7) aussi. Dans Partiele 8) déja cité de M. Lucien Foulet ils sont regardés comme interrogatifs; il admet comme sous-entendue une sorte d'interrogation indirecte : „peu importe", „ne li chaut". En parlant du développement de quel que, il dit tout de même que dans „Le quel que soit" le quel est pronom relatif. Quoi qu'il en soit, dans la vieille langue déja, le premier élément a perdu le sens interrogatif, ce qui est prouvé par le fait que ces relatifs 1) e. a. Cl. 74, 75», 2554, 3910, Charr. 4470, Tv. 148, Perc. 220, 2567, Phil. 670, 671, Guill. 595. 2) K. G. Ullmann, Die Stellung des Rel. pr. Zu seinem Beziehungsworte (in den altesten Sprachdenkm.). Diss. Greifswald, 1901. 3) P. Fahrenkamp, Die Syntax der subst. Interrogativpronomina qui, que, quoi. Diss. Göttingen, 1907. 4) C. de Boer, Chrétien de Troyes, Philomena, éd. critique. Paris, Geuthner, 1909. 5) Op. cit. § 130. 6) Op. cit. p. 26 note ; il dit que Bischoff, pour prouver la nature interrogative de qui, n'a pas le droit d'alléguer le latin quisquis ; on pouvait se servir de quis comme rel. sans ant. ; cette forme restait dans quisque ■= quisquis, et dans quisquis. 7) Op. cit. I 32, 133, XI 187. 8) Romania, tome 45, p. 220. 57 de généralisation s'emploient comme relatifs sans antécédent. Quand deux phrases commencant par qui (cui) que sont reliées, on trouve dans Erec 6148, Charr. 2811 la répétition de toute la locution. Dans Erec 6570, Yvain 1063, Guill. 2398 la deuxième est introduite par qui (cui), par le relatif. Quand on trouve donc en tête de la deuxième proposition la ligature que, on peut conclure qu'on a affaire au pronom. Dans Charr. 1809. Que qu'il t'enuit ne qu'il te griet, le deuxième que est le pronom neutre. Comme on voit on rencontre pour le neutre rarement quoi (deux ou trois fois). Quant au déplacement de sens dans la direction de la conjonction moderne quoique x), il faut comparer, Erec 2458 Destriers lor donoit sejornez Por tornoiier et por joster, Que qu'il li deüssent coster. (= combien que ce soit) a Yvain 6433 Et jel ferai, que qu'il me griet (s'approche de la conjonction quoique du frangais moderne). I. La relative a valeur d'une conditionnelle. Commengons par quelques remarques sur le relatif qui avec le sens de si 1'on. De quelle manière ce pronom est-il arrivé a cette signif ication ? Pour expliquer cela il faut partir — comme pour qui que — du pronom substantif, du relatif sans antécédent. Naturellement qui dans ces phrases substantives indique toujours une personne (rarement des animaux, p.e. Roland 2523). Quand on en examine quelques-unes (p. 77), on voit qu'elles ont souvent un sens conditionnel, e.a. Cligés 672 Nel set qui ne Pa esprové ; Guill. 1492 Qui riches est, mout trueve amis. Mais pour cela on ne peut pas dire que dans toutes ces phrases qui ait le sens de si 1'on, puisqu'il y a dans cette locution non seulement un élément hypothétique. mais en même temps une idéé de généralité. Quant a cette dernière notion, il faut se rappeler que dans les relatives sans antécédent le pronom peut remplir deux fonctions entièrement différentes, selon en effet qu'il remplace un nom déterminé (p.e. Yvain 2766 Mes tant di, que traïz nos a, Qui a ma dame t'esposa, c-a-d. 1) Cf. M-Lübke, t. III, p. 714 ; Verm. Beitr. III, p. 1. 58 Lunete) ou bien au contraire qu'on lui attribue une signif ication tout-a-fait générale (p.e. Yvain 2756 Car qui aimme, est an grant porpans); autrement dit: qui peut avoir le sens de celui qui ou de quiconque. II faut ajouter que ce dernier se rencontre le plus souvent. Pourtant, dans ce cas on ne peut pas encore affirmer le sens de „si 1'on", de „si quelqu'un" ; il sera nécessaire que la principale ait un sujet a elle, de sorte que la construction entière présente une anacoluthe. Dans le Roland on trouve quelques vers qui se prêtent trés bien, a mon avis, a indiquer 1'étape intermédiaire pour arriver au sens „si quelqu'un, si 1'on". II faut comparer les vers Rol. 1181 Ki dunc oïst Munjoie demander De vasselage li poust remembrer. 3483 Ki dunc veïst ces escuz si malmis Cez blancs osbercs ki dunc oïst frémir Cez chevalers ki dunc veïst caïr De grant dulor li poüst suvenir 1), aux suivants oü 1'on trouve la même formule avec ki, mais alors sans principale: Rol. 1341 Ki lui veïst 1'un geter mort sur 1'altre ! 1680 Ki puis veïst Rollanz et Oliver De leur espees e ferir e capler ! 8478 Ki puis veïst ü chevaler d'Arabe. Quand ces formules se trouvaient isolées le sentiment du datif se perdait; elles donnaient naissance a d'autres locutions semblables, qu'on mettait par anacoluthe auprès d'une principale avec un sujet différent, comme p.e. dans : Rol. 596 Chi purreit feire que Rollant i fust mort Dunc perdreit Carles le destre braz del cors. Nous voila donc arrivés a 1'étape oü la relative fait intervenir une personne existante ou supposée existante sans la mettre en rapport direct avec ce qui est énoncé dans la proposition 1) Cf. les vers suivants dans Chrétien : Erec 3809 Qui li veïst son grant duel feire, Ses poinz detordre, ses crins treire, Leal dame polst veoir. 5888 Mes qui bien seüst raviser Tot son ator et sa biauté, Dire poist par verité, Qu' onques.... 59 principale1), c'est-a-dire a 1'emploi absolu du pronom qui. II est donc permis de dire qu'on est en présence de qui = si Von, quand on peut reconnaitre dans la construction ces deux traits caractéristiques : a. la subordonnée — la relative — a un sens hypothétique trés général; b. dans la principale n'est pas mentionnée une personne a laquelle qui se rapporte; par conséquent les deux propositions ont des sujets différents. Dans la Zeitsehr. für Bom. Phil. t. XX, 1896, p. 525, P. Marchot donne une brève explication oü il part aussi de qui dans une phrase comme : Qui dort dine, et oü il suppose aussi 1'effet d'anacoluthes. Pourtant, il ne la base pas sur des exemples pris dans les textes, mais sur une phrase imaginée. Dans Chrétien j'ai trouvé les exemples suivants: Erec : 6111 Mes miens n'an est mie li torz, Qui reison i viaut esgarder; 6485 Car li contes n'est mie bries, Qui le voldroit recomancier. Cligés: 779 La coche et li penon ansanble Sont si pres, qui bien les ravise, Que il n'i a qu'une devise Aussi con d'une greve estroite; 1140 Mes autant valut par igal Li hernois au cors Alixandre, Qui le vossist prisier ou vandre, Con tuit li autre doze firent; 1239 A cel jor, comant qu'il soit ores, Qui le chastel vossist deffandre, Ne fust mie legiers a prandre; 1544 Et qui la verité descuevre, Miauz que 1'uevre ne que li ors Valoient les pierres defors. Le sujet de la principale peut être on, p.e. : Cligés 1540 Mout est buene et riche la cope : Et qui a voir dire n'agope Plus la devroit 1'an tenir chiere Por 1'uevre que por la matiere. Charr. : 1505 Ors cant mile foiz esmerez Fust plus oscurs que n'est la nuiz Anvers le plus bel jor d'esté, Qui 1'or et les chevos veïst Si que 1'un lez 1'autre meïst; 1906 Car set homes mout forz et granz I covandroit au descovrir, Qui la tonbe voldroit ovrir: 2384 „Sire, ainz que nos veigniemes la, Feriiemes, ce cuit savoir, Qui (= si quelqu'un) iroit anquerre et savoir De quel part les noz janz se tienent (cité par Foerster); 3084 Ains 1) Tobler, Verm. Beitr., I, 150. 60 ne fu, qui voir m'an requiert, Si maus ponz ne si male planche ; 3876 Que bien set que cil (= Lancelot) 1'ocirroit Qui conbatre les leisseroit (Foerster). Yvain: 2002 Qui (= si quelqu'un) autrui viaut ocirre ou prandre, Se cil 1'ocit, qui se deffant, Dites, se de rien i mesprant ? ; 2005 (Réponse de Laudine) „Nenil, qui bien esgarde a droit; 3130 Car ce seroit trop vilains jeus Qui d'un domage feroit deus (Foerster); 4443 Et qui le voir dire an voldroit, Des se retient devers le droit. Perceval: 1007 E qui le voir dire an voroit, Lui meismes gabe e decoit Qui fet promesse e ne la solt; 1262 Qui asené e adrecié Le vaslet des armes eustBons chevaliers fust sanz dotance; 1857 E il li conté Si com oi avez el conté : Qui autre foiz le conteroit Enuiz e oiseuse seroit Que nus contes ce ne demande ; 3438 Qui 1'eust lavé e paingnié E fet lit d'aveinne e de fain N'eust il (= le cheval) mielz le vantre plain Ne plus bel le col e le vis ; 4106 Qui lors veist dras anmaler E covertors e oreilliers.... Uns clers sages e bien letrez Ne poïst escrire.. .. ; 6902 ele (= 1'herbe) a tel force Qui la metrast desor 1'escorce D'un arbre.... Que la racine reprandroit; 6910 Puis n'avroit garde de morir.... vostre amis Qui ceste herbe li avroit mis Sor ses plaies ; 7696 De 1'un chief jusqu'a 1'autre alast Li Hz qui un po le botast; Tex fu li liz qui voir an conté C'onques.. ..; 7685 qui garde i preist. Avec le sujet on dans la principale : 1440 Ce qu'an ne set puet an aprandre Qui painne i vialt metre e antandre. Philom : 1454 Ancore qui crerroit son los Seroient a honte trestuit Li desleal mort. Je ne trouve pas d'exemple dans Guillaume. Qui peut avoir en même temps un sens concessif, et équivaut alors a même si (etiamsi quis): Erec 2416 Aussi iere Enide plus bele Que nule dame ne pucele Qui fust trovee an tot le monde Qui le cerchast a la reonde. Cligés 5784 Ne pié ne main ne remeüst Qui vive escorchier la deüst. 61 Charr. 6031 Bien set que por tot 1'or d'Arabe, Qui trestot devant li metroit, La meillor d'eles ne prandroit Cil qui a totes atalante. Yvain 3228 Qui de trestot le bois d'Argone Li avroit fet lances, ce cuit, N'an avroit il (= Yvain) nule anquenuit. (paree qu'il brise un si grand nombre de lances) Perceval 3040 jusqu'a, Limoiges Ne trovast an ne ne veist Si beles qui les i queist ,, 5096 Car qui li avroit toz plumez Les grenons ne se movroit il (on peut lui voler tout). Phil. 662 Qui li donast trante mars d'or, Ne fust il pas d'assez si liez. Je ne trouve pas d'exemple dans Guillaume. Par le rapport des phrases entre elles, par tout le contexte, on peut attribuer quelquefois a qui le sens de si je, si tu, etc, Perceval 1814 Mes qui vos diroit or androit Tot nostre covine e nostre estre Vos cuidereiez puet cel estre Que de malvestié le deisse (qui = si je). Yvain 6564 Qui avroit toz fet amassez Voz chevaliers por eest afeire, Ne s'an oseroit avant treire Toz li miaudres, bien le savez. (qui — si vous). Guill. 1428 Et lor parole est si tot une Que ja tant n'an orroiz chascune, Mes que les anfanz ne veoiz, Que vos ne cuidiez et creoiz Qu'il n'et parlé que li uns seus, Qui oïz les avroit andeus. (qui = si vous). II faut faire mention ici des conditionnelles commencant par : (ne) fust qui ; un substantif (ou un pronom) se trouve entre le verbe être et le relatif, et fait fonction d'antécédent. La signi- 62 fication est: Si cette personne (chose) (n') avait (pas) existé. Charr. 4039 Et je fusse morz grant piece a, Ne fust li rois qui de ci va, Qui m'a mostré par sa pitié Tant de doucor et d'amistié. Yvain 740 S'est nus qui de moi te demant (=si quelqu'un s'informe de moi auprès de toi). „ 8928 Ne fust Kes qui anbricona Le roi tant que il li bailla La reïne et mist an sa garde. Philom. 230 S'il fust, qui 1'an vosist reprandre. J. La relative a valeur temporelle, a. La phrase relative peut avoir le sens d'une phrase débutant par quand ou par si; quelquefois la valeur conditionnelle prédomine; en tout cas une limite précise ne peut être fixée. Erec : 1509 Nus, qui le voir vossist dire, N'an poïst le mellor èslire ; 2081 Cers chaciez, qui de soif alainne, Ne desirre tant la fontainne ; 2649 Nus, qui ja vestu 1'eüst Plus las ne plus doülanz n'an fust, Que s'il eüst sor la chemise Une cote de soie mise; 4228 plaie qui an fust ointe, Ne faussist, qu'an une semainne Ne fust tote garie et sainne. 5860 Si faz folie qui me vant. Cligés: 160 Car de rien nule ne s'alose Riches hon, qui toz jorz repose ; 165 Et cil est a son avoir sers, Qui toz jorz 1'amasse et acroist; 1816 Mes Alixandres Paparcoit, Qui de Post foïr les an voit; 2851 Ne plus que les voiz qui s'assanblent, Si qu'une chose sole sanblent; 8270 Thessala, qui servir le voit, Panse ; 3879 Serjanz qui son seignor ne dote, Ne doit remenoir an sa rote ; 4928 Cligés, qui la parole antant, Anmi le champ vers lui s'eslance ; 5767 Et maint des autres qui 1'oïrent; 6283 Et mout se travaille et esforce Fenice, qui Pot demanter, Qu'ele le puisse conforter. Yvain: 620 Langue, qui onques ne recroit De mal dire, soit maleoite ! 1075 Ce seroit solaz et deliz A home, qui peor n'avroit. Quant jant si avugle verroit; 2519 Joie d'amor, qui vient a tart, Sanble la vert busche qui art; 5118 Et les janz, qui venir les voient, disoient. Perceval: 5 Car an terre qui rien ne vaut Bone semance 63 i seche e faut; 115 Voir me dist ma mere ma dame Qui me dist que deable sont; 160 Qu'a terre est de peor cheuz Cil vaslez qui nos a veuz ; 288 eest hernois me dona Li rois Artus qui m'adoba; 1012 E li vaslet qui s'an aloit A une pucele veue; 8741 Lors li dist: bele dex vos saut Percevax qui atainte 1'ot; 6261 Hui ne deust om qui deu croie Armes porter; 8557 Sire fet il donc me manti La dameisele qui me dist E por voir acroire me fist C'une foiz i passoit le jor Ses amis por la soe amor; 8926 Tel que james nule pucele Qui de moi oie la novele Ne die a nul chevalier honte. Guill.: 219 Et li rois qui lever la voit Li demande que ele avoit; 736 Vasaus, trop estes de grant cuer, Ou trop foz ou trop desdeigneus, Qui d'avoir estes besoigneus Ne ne deigniezcinc besanz prandre ; 1028 Ne ja par lui n'iert refusee Chose qui li soit comandee ; 2143 Mes les janz qui lor seignor voient, S'i arestent et s'i amassent Por lui esgarder ; 2315 Li mestre mariniers s'esmaie, Qui voit les vanz tancier toz quatre. b. La relative a le sens d'une phrase introduite par après que (trés rare). Erec: 2338 Li rois fist maintenant monter, Qui ot oïes les noveles, Clers et chevaliers et puceles (plus tard — éd. 1909 — changé par Foerster en „qu'il" selon C B P V E). Charr : 43 Et Kes, qui ot servi as tables, Monjoit avuec les conestables. Perc.: 5812 Li sires qui ot pris congié Ot ce que sa fille demande. c. Quand la relative exprime un rapport de simultanéité, elle peut marquer en même temps la modalité ; le pronom a alors la valeur de pendant que ou 'de comme *). Quand le contexte suggère le sens adversatif — ce qui arrivé quelquefois — qui équivaut a tandis que. Erec: 3738 Mes li chevalier pres la tienent, Qui antre lor braz la soztienent; 4908 Puis se prant Enide a 1'estrier Et saut sor le col del destrier, Si con li comanda et dist Erec, qui sus monter la fist; 4917 Et Erec, qui sa fame an porte, L'acole et beise et reconforte; 5770 Erec aloit lance sor fautre Parmi le 1) Voir pour cette conjonction M&tzner, op. cit., II, p. 199 et suivantes. 64 vergier chevauchant, Qui mout se delitoit el chant Des oisiaus, Cligés: 1942 Et cil fieremant les anchaucent, Qui les reoignent et estaucent Et detranchent et escervelent; 1949 Et lor anemi les conduient, Qui fieremant aprés s'esleissent, Un seul d'aus eschaper n'an leissent; 2932 Mes tes cuide Vangier sa honte, qui 1'accroist; 2947 quant il voient Que li lor les Sesnes convoient, Qui s'an vont come desconfit; 4301 Et Fenice, qui le regarde Come peoreuse et coarde, Ne set, ques afeires le mainne. Charr. : 85 La novele an a Kes oie Qui avuec les serjanz manjoit; 4177 Tant que la reïne trova, Qui au mangier estoit assise. Yvain : 1412 Mes cele i remaint tote sole, Qui sovant se prant a la gole Et tort ses poinz. Perceval: 2140 Si Pont Anguinguerron mostré Qui se seoit devant son tré ; 6296 E Percevax el santier antre Qui sopire del cuer del vantre ; 7107 E apres s'amie s'eslesse Qui s'an aloit grant anbleure ; 3154 Uns vaslez d'une chanbre vint Qui une blanche lance tint (de même 894, 3176, 3193). Philom.: 1438 Ainz s'an fuient et cil 1'eschace, Qui del ocire les menace. Guill. : 754 et li rois remaint, Qui mout se demante et conplaint; 2300 Mes les ondes formant esbolent, Qui la nef dehurtent et folent. La simultanéité est exprimée aussi par que que *): Erec : 983 Que qu'il chancele, Erec le bote; 2795 * Que qu'ele se demante issi (C einsi) Uns chevaliers del bois issi; 6237 Que qu'eles parloient ansanble, Une dame sole s'an anbla. Cligés: 1568 Et li chevos anbelissoit, Que que li fils d'or palissoit (en même temps idéé de contraste = tandis que); 1729 Que qu'il s'arment. Charr : 1553 Que que il vont einsi parlant, Ne vint mie cele part lant Li chevaliers ; 1957 Et que que la pucele monte, Li moinnes trestoz li raconte Quanque cil leanz fet avoit; 2793 Que que cil merci li demanda, A tant ez vos parmi la lande Une pucele. Yvain: 61 Que que il son conté contoit; 649 * Que que il 1) Tobler, Verm. Beitr., III, p. 9 ; les exemples avec astérisque sont cités par Tobler. 65 parloient einsi, Li rois fors de la chanbre issi; 972 * Que que il iere an cel destroit; 1144 Que qu'il aloient reverchant...., Vint une des plus beles dames; 3471 Que qu'il manja, devant lui jut Ses lions; 3563 * Que que il einsi se demante; 6455 * Et que que il se desarmoient, Le lion corant venir voient; 4965 * Que que il parloient einsi, Lunete del mostier issi. Perceval: 737 Que que cil la prie e semont; 3092 Que que il parloient ensi (de même 3793, 4709, 4944); 3152 Que qu'il parloient d'un et d'el; 5946 Que que cele son talant dit; 7335 Que qu'il pansoit a la pucele ; 7862 Et que que il se desarmoit Une pucele antre ceanz ; 9007 Que que cil dui ensi parloient E les dames les escoutoient. Philom. : 1391 Et cil tote voie la haste, Que qu'il mange et que qu'il taille, Que son fil amener li aille. Je n'ai pas trouvé d'exemple dans Guillaume. d. Avec le sens d'une temporelle introduite par quand ou depuis que, on trouve souvent des phrases débutant par Vore* le jor, le terme, grant piece a, suivis de Padverbe relatif que. Cet emploi est encore moderne. Erec : Avec le sens de quand : 839 Jusqu'a tierz jor qu' Eree revaingne; 2993 1'ore que ; 4264 Ce fu un samedi de nuit, Que mangierent peisson et fruit. Que alterne avec quant: 5294 Au matinet quant il s'esvoillent (de même e.a. 5672). Avec le sens de depuis que: 2678 Grant piece a que il fust montez. Cligés: Quand : 2387 Quant il iert venuz an aage Que il devra an pris monter; 4362 L'ore que Cligés s'an ala; puis 5103» 6231, 6430 (au tans que). Depuis que: 2252, 5571, etc. Charr.: 2622, 3691 (l'ore que), 3899 (le jor que), 4070 (le tans que), etc. Yvain : 2680 Tant que a la miaost vint, Que li rois cort a Cestre tint; 2082 (le jor que; de même 3858, 4712, 4747); 2172 (la voille que); 3662 (Pan que); 3748 (et 4002 ; a tel ore que) ; 3990 (jusqu'a demain que) ; 4589 (hui que). Perceval: quand: 69 (au tans que) ; 349 (cele ore que) ^ 2748 Ce fu a une pantecoste Que la reine sist dejoste Le roi Artus ; 3270 (au matin que); 8398 (1'eure que); 4572 Jusqu'au 66 tierz jor que il i virent Une dameisele; 6222 (au jor que); 8625 (l'ore que). Depuis que: 287 (cinc jorz que); 336 (quint jor que); 6326 Sire fet il bien a cinc anz Que ge ne soi ou ge me fui, Ne deu n'amai në ne le crui, N'onques puis ne fis se mal non. Philom.: 37, 461. Guill.: 63, 66, 296, 1106. La conjonction, lors que ne se trouve que Cligés 5487 Cil s'an vont isnelemant tuit, Lors que cele 1'ot comandé; et Perceval 8499 Hersoir de ce grant mervoille oi Lores que ge devant lui ving. K. Relative en fonction de déterminatif prédicatif *). Dans la construction : „Je sens mon cceur qui bat", la relative forme un tout psychologique non seulement avec son antécédent, mais aussi avec le verbe de la principale 2). Ces relatives peuvent déterminer le complément direct, avec des verbes comme voir, entendre, sentir; trouver, rencontrer; avec avoir (ld) — p.e. „J'ai les yeux qui me piquent" — ou laisser; avec voici, voilé. De même elles peuvent se rapporter au sujet (et au prédicat nominal) avec des verbes comme être la, être debout, rester; avec les verbes de mouvement comme venir, survenir, arriver, entrer, passer, etc,p.ex.,,La jeune fille arrivé qui les amuse".Cette espèce de relative se trouve en grand nombre dans Chrétien. I. Elle se rapporte au complément. Erec : 904 Voi la cele jante pucele Qui por toi plore et Deu apele ! 1753 Quant la bele pucele estrange Vit toz les chevaliers an range, Qui 1'esgardoient a estal; 2938 A tant la dame venir voient, Qui les trois chevaus amenoit, Et Erec qui aprés venoit; 8133 Quant il vit Erec et Enide Qui de vers la forest venoient; 3217 Quant li cuens vit son escuiier, Qui sor le destrier ver seoit; 4329 Tant que la pucele trova, Qui par le bois aloit braiant Por son ami; 5109 Sire, j'ai un chastel ci pres, qui mout siet bien et an sain leu ; 5695 Et trueve anselé son cheval Et le roi qui montez estoit. 1) Cf. Polentz, Franz. BelativsStze als pr&dikative Bestimmungen und verwantte Konstruktionen, Progr. Berlin 1903; A. Tobler, Verm. Beitr., III, 72. 2) Introduction, p. 6. 67 Cligés: 2473 El palés est venuz tot droit Et trueve assez qui le conjot; 3578 L'anperere mout s'esjoï, Quant son neveu Cligés oï, Qui si les semont et enorte ; 3661 Tant que les doze qui venoient Vit. Charr.: 47 A tant ez vos un chevalier Qui vint a cort mout acesmez; 1975 veïstes vos Un chevalier, dites le nos, Qui une dameisele mainne ? ; 2028 Vit un chevalier qui venoit Del bois ; 2222 A tant ez vos serjanz Qui tenoient haches tranchanz ; 2270 un home trové ont Qui lor demande quLil sont; 2685 S'ot el chief un hiaume lacié Qui tant i estoit bien assis ; 3328 Et voient celui qui estanche Ses plaies ; 3956 Quant la reïne voit le roi, Qui tient Lancelot par le doi; 4602 Quant Lancelot voit la reïne Qui a la fenestre s'acline; 4851 Ou il trova La reïne qui se levoit. Yvain : 281 Quant je trovai an uns essarz Fors sauvages et espaarz, Qui s'antreconbatoient tuit; 375 Ci pres troveras ore androit Un santier, qui la te manra; 380 La fontainne verras qui bout; 709 Puis verra les tors an 1'essart Et le grant vilain, qui les garde ; 774 Ne finera tant que il voie Le pin, qui la fontainne onbroie, Et le perron, et la tormante, Qui gresle et pluet et tone et vante; 1319 Ci poez ester et seoir Et anz et fors les janz veoir, Qui passeront parmi la voie ; 1953 ou il a trovee La dame, qui ne li dist mot; 2816 Tant qu'il trova delez un pare Un garcon, qui tenoit un are ; 4859 il ot et voit et si antant Les povres dames, qui feisoient Mout tres grant duel; 5195 Vit puceles Qui diverses oevres feisoient; 6588 je verrai An vostre cort aucun prodome, Qui prandra le fes et la some De ceste bataille sor lui. Perceval: 554 Se vos trovez ne pres ne loing Dame qui d'aie ait besoing; 769 Mes un vaslet galois i ot Qui a de vostre vin beu ; 2901 E il vit par 1'eve avalant Une nef qui d'amont venoit; 8018 Lors vit devant lui an un val Le chief d'une tor qui parut; 8029 Devant la porte un pont trova Torneiz qui fu avalee; 3464 deus homes trovai Hersoir seanz an une nef Qui aloient nagent soef; 4188 Avons veu un chevalier Qui somoille sor son destrier; 5666 il virent Gent qui hors del chastel issirent; 8258 As fenestres d'une tornele On esgardoit une pucele Qui venoit tot aval un pré. Puis 933, 1314, 3049, 3348, 3394, 4157, 4573, 4615, 4897, 68 4926, 5069, 5524, 5624, 5668, 5899, 5997, 6807, 6514, 6642, 7228, 8065, 8071, 8501. Philom.: 1434 Et voit une espee qui pant A la paroi. Guill.: 446 La ont une roche trovee, Qui estoit fandue et chevee; 567 si voit Marcheanz qui au port estoient; 959 il trova an un prael De marcheanz un grant tropel, Qui sopoient sor blanches napes; 1681 Marins voit Lovel avaler Et Rodain, qui venoit aprés ; 1793 Une loge voient de lez, Qui estoit feite de novel; 2463 Mes ele regardoit un cor, Qui au mast de la nef pandoit. Aprés les verbes voir et entendre on peut d'ordinaire remplacer la relative par un infinitif, p.e. Yv. 380 La fontainne verras qui bout (= bouillir). A cóté des relatives on trouve naturellement Pinfinitif (ace. cum inf.), p.e. Yv. 402 Car tu verras.... arbres pecoiier; Charr. 8170 S'orent veü de la a mont Le chevalier passer le pont; Perc. 5491 Qui a bien veu Dan Meliant de Liz cheoir ; etc. Puis on trouve trés souvent un participe (présent ou passé) e.a. Erec 4207 Quant Erec voit le roi venant; Perc. 3067 Quant li sires le vit venant; Perc. 5495 or poez veoir Dan Mehant de Liz gisant. Avec part. passé : Charr. 5128 Ont mon seignor Gauvain veü Del pont trabuchié et cheü An 1'eve qui mout est parfonde ; Perc. 1789 Encois vit crevez e fanduz Les murs e les torz descovertes (de même Yv. 4391). Après trouver on peut remplacer la relative par le part. présent qu'on trouve e.a. dans Charr. 4668 An son lit trueve Ke dormant; Yv. 2888 Qu'un jor le troverent dormant An la forest deus dameiseles. Avec part. passé: Perc. 1731 Trova.... les meisons viez decheues. Pourtant les exemples avec infinitif ou avec participe n'abondent pas dans Chrétien ; la construction avec la relative est de beaucoup la plus usitée 1). 2. Se rapportant au sujet: Erec: 1172 Atant Yders antre an la porte, Qui la novele lor aporte. Cligés : 2641 Sovant a 1'anpereor vienent Si home, qui con- 1) Dans Philomena on trouve aprés veoir trois fois 1'acc. cum inf. (auz vers 544, 723, 1296), une fois le part. présent (au vers 1306) et une seulé fois la relative (au vers 1434). 69 soil li donent; 8606 Car li Sesne estoient antor, Qui le rescoent par estor ; 6064 Et Thessala vient qui aporte Un mout precieus oignemant; 6149 Sor la fosse sont li baron, Qui le cors i couchent et metent; 6507 Aprés aus vont plus de vint mile, Qui le sivent jusqu'a la cort. Charr. : 736 Et d'autre part armez estoit Uns chevaliers, qui le gardoit; 3568 Li rois vient Qui tant com il puet les detient, Si se painne de la pes feire ; 3954 An la sale ou venue estoit La reine qui Patendoit; 4116 Avuec la reïne remainnent Puceles qui joie demainnent; 4417 Et sa janz est lez lui dolante, Qui le gardent et qui le tienent. Yvain: 917 Et 1'espee est an son aguet Dessus, qui tret et fiert et prant; 1542 Mes la dameisele repeire, Qui li viaut conpaignie feire ; 3787 Et vaslet saillent jusqu'a set, Qui li ont le pont avalé; 4091 Tant que li jaianz vint batant, Qui les Chevaüers amenoit. Perceval: 299 La sont li hercheoir ma mere Qui ses teres herchent; 1188 Antre Yonez par mi la porte Qui au roi sa cope raporte ; 2317 Atant la dameisele vient Qui de lui grant joie demaine ; 4681 E mes sire Gauvains saut sus Qui dit; 5711 Li chevaliers s'an part adonques Qui mon seignor Gauvain conduit La ou de mort le heent tuit. Guill.: 2061 Et la nes muet, qui ront et fant A force les ondes devant ; 3170 message muevent Qui les ont quis tant qu'il les truevent. Je n'ai pas trouvé d'exemple dans Philomena. Les relatives préd. se rapportant au sujet sont trés fréquentes dans la langue moderne ; avec être p.e. „Votre petite est la qui dort; La femme était dans 1'escalier qui criait." Pour les rendre en hollandais il faudrait se servir d'une phrase comme: Zij ligt daar te slapen; de vtouï? stond op de trap te schreeuwen. Après les verbes de mouvement comme venir on pourrait remplacer la relative par un infinitif, p.e. Cligés 6064 Et Thessala vient qui aporte = Elle vient apporter. Aussi on trouve 1'infinitif, e.a. Yvain 6180 vienent le roi proiier; de même le part. prés. Yv. 4091 li jaianz vint batant. 8. Se rapportant au prédicat nominal. Erec: 1014 Je sui Cil qui an la forest ier fui Avuec la reïne 70 Guenievre ; 4155 Je sui Erec qui fu jadis Vostre conpainz et vostre amis; 5922 Et je sui cil qui se teira. Cligés : 194 De ce me croi Que largesce est dame et reïne, Qui totes vertuz anlumine ; 2786 Ce fu Cligés qui an lui ot San et biauté, largesce et force ; 3566 Je sui Cligés que vos querez. Charr.: 10 Ce est la dame qui passé- Totes celes qui sont vivanz ; 15 Je ne sui mie cil Qui vuelle losangier sa dame ; 1896 C'est uns veissiaus qui a passez Toz ces qui onques furent fet; 2272 Chevalier somes, Qui an noz afeires aiomes. Yvain : 359 Je sui, ce voiz, uns chevaliers, Qui quier ce que trover ne puis ; 3928 Et je sui cil qui ja i a Trop grant domage et trop grant perte ; 6285 Je sui Yvains Qui plus vos aim qu'ome del monde. Perceval: 1614 C'est l'ordre de chevalerie Qui doit estre sans vilenie; 1704 Uns chevaliers sui qui vos prie Que leanz me faciez antrer; 2500 Marcheant somes Qui vitaille a vandre amenomes ; 3865 Que je sui cil qui la beisa; 4563 Ge seroie li chevaliers Qui ja ne vos faudroit d'aie; 7153 Or sanrjlez vos bien chevalier Qui pucele doit conduire. Je n'ai pas trouvé d'exemple dans Guillaume et Philomena. L. Relatives faisant portie d'une comparative. Erec: 4853 Revint Erec de pasmeisons Aussi con li hon qui s'esvoille. Cligés: 1792 Car aussi con foudres qui voie, Anvaïst toz caus qu'il requiert; 3754 Si les assaut Come los qui a proie saut Fameilleus et esjeünez ; 4077 Estanceles ardanz an saillent Aussi come de fer qui fume, Que li fevres bat sor 1'anclume ; 4400 Ainz est come edefiz, Qui ne puet estre desconfiz Ne par deluge ne par feu. Charr.: 2759 Come 1'aloe qui ne puet Devant 1'esmerillon durer. Yvain : 158 As oroilles vient la parole Aussi come li vanz qui voie; 914 Car ele (= la porte) estoit autressi feite, Con 1'arbaleste qui agueite Le rat, quant il vient au forfet; 1142 Come avugles, qui a tastons Vet aucune chose cerchant; 1778 Aussi con la busche qui fume, Tant que la flame s'i est mise; 3525 Et 71 li lions son cors retint, Qui a la mort toz acorsez Coroit come pors aorsez, Qui ne prant garde, ou il se fiere; 4252 Car tuit corent a la cuiriee Si con li chien, qui ont chaciee La beste tant que il 1'ont prise. Perceval: 6954 Ses chevox ot merlez e ros Roides e contremont dreciez Come pors qui est hericiez. Guill.: 908 An tel tormant est coveiteus Qu'an'abondance est sofreiteus Tout aussi come Tantalus Qui an anfer suefre mal us. Je ne trouve pas d'exemple dans Philomena. Nous voyons que la relative dans ce cas forme un tout psychologique avec le substantif qui constitue le deuxième membre de la comparaison. II faut mentionner ici 1'expression come dl (cele) qui = en homme qui, tournure, dans laquelle on n'introduit pas avec la proposition comparative une seconde personne, mais oü la première est caractérisée par la comparaison. Cette locution a trés souvent une valeur causale. Erec 4612 Et cort vers lui si come cele Qui sa dolor mie ne cele. De même 2478, 5203, 5986. Cligés 2103 Mes tot aussi con cil qui songe. Charr. 1413 Et quant cil Pot, si la conjure Come cil qui ne cuide mie Qu'amie ami, n'amis amie Doient parjurer a nul fuer. De même 4, 634 (come cil cui) 716, 779 (come cil qui s'esvoille) 1276, 1824, 2609, 3448, 8627, 3697, 8742, 5282, 5676. Yvain 4131 S'a tel destresce come cil Qui miauz s'ameroit morz que vis ; 6706. Perceval 8579 Je le sai fet la dameisele Si veraiement come cele Qui an terre metre la vi (la mère de P. est morte). De même 7004, 7124, 7918. Phil. 1170. Guill. 1520 Li vilains tot li reproche Come cil qui male boche a. De même 2624. 72 Comme on voit, les deux poèmes — Cligés et Yvain — qui nous offrent le plus d'exemples d'une comparaison compléte au moyen d'une relative, n'ont presque pas „come cil qui". Inversement, la Charrette montre un emploi fréquent de cette tournure, a cöté d'une seule comparaison compléte. A remarquer le vers Cligés 2824 Ne dirai pas con cil dient Qui an un cors deus cuers alient oü 1'on introduit d'autres personnes, indiquées par cil ( = ceux). Ce dernier exemple prouve que Chrétien y sent encore 1'idée comparative ; mais c'est une exception, qui ne nous empêche pas, a mon avis, de ranger cette expression parmi les servitudes grammaticales. M. La relative a le sens d'une proposition avec fors que. On trouve dans Chrétien des relatives qui se rapportent a un substantif précédé de la préposition fors, sans que pour cela elles aient le sens d'une adverbiale introduite par fors que. P.e. dans Perceval 1892 De vitaille n'a plus ceans Fors un chevrel c'uns mieus sergenz Ocist hui main d'une saiete ; de même Perc. 6570; Cl. 3102, 5425, 6408 ; Charr. 982, 1246; Yv. 1011. Mais on a bien cette signification dans Charr. 4284 et mal ne sant Fors de duel qu'au cuer me desgant. De même dans : Perc. 148 ma mere.... Qui me dist que li ange estoient Les plus beles choses qui soient Fors deu qui est plus biax que tuit; 3586 Que por rien nule n'i aloie Fors por li que veoir voloie; 7659 Ne n'i ot rien qui d'or ne fust Fors que les cordes seulemant Qui estoient totes d'argent (dans cette phrase qui pourrait être supprimé). N. Relatives tautologiques. Dans son étude sur le style de Chrétien de Troyes 1) R. Grosse a relevé de nombreux exemples de tautologie. Dans notre 1) B. Grosse, Der Sül Ohreatien's von Troies, Franz. Studiën, I (1881), p. 127. 78 domaine aussi on en peut signaler. Le pronom possessif est quelquefois répété sous forme d'une relative qui alors ne sert que de remplissage, p. e. Erec 1371 Ma douce niece, donez li De voz robes, que vos avez, La mellor, que vos i savez ; Perceval 6873 ses plaies que il avoit; etc. Avec un pronom démonstratif : Perc. 1583 Ces dras que ci veez; 4013 ceste pucele qui est ci; Charr. 1887 Cez tonbes qui ci sont; etc. Autres exemples (la tautologie, souvent, n'est pas compléte): Erec 504 Erec mist son oste a reison, Qui sire estoit de la meison. Cligés 5627 se par avanture Voient janz aprés aus venir, Qui vaingnent por aus retenir. Charr. 473 Ses ostes qu'ele ot ostelez. 515 Li covertoirs qui fu sor lui. 4278 D'une ceinture qui'il ot cainte. Yvain 255 Des que devant moi fu assise La pucele, qui s'i assist. 958 Li chevaliers, qui s'an fuioit, Par cele porte s'an foï. Guill. 1509 Ses iauz et sa face essuiant Des lermes que plorees ot. 3108 „Des !" fet la dame, qui respont: „Puet estre voirs ?" O. La relative a valeur d'une principale *). La copule a le sens de et il ou de et celui (ceux)-ci, p.e. Yvain 1288 Parmi cele fenestre agueite Mes sire Yvains la bele dame, qui dist: Biaus sire ! etc. (qui = et celle-ci). Quelques autres exemples : Erec: 331 (Li nains) ot feru tot einsimant Erec el vis mout leidemant, Qui a seü le chevalier Por sa honte acroistre ou vangier ; 1910 Li message sont retorné A lor seignor Erec arriere, Qui les recut a bele chiere ; de meme 5061, 5405, 6183, etc. Cligés: 3816 Et cil le rala dire Au duc, qui mout an ot grant ire ; 4617 Les armes qu'aportees orent Mostrent Cligés, qui mout les loe ; de même 3883, 3795, 6401, etc. Perceval: 4547 E apres vint la dameisele qui rist quant 1) Voir Introduction, p. 8. 74 ele 1'esgarde ; 5780 E mes sire Gauvains remaint Qui de ce mie ne se plaint Se il est seus o la pucele ; de même 5131, 8612. Avec le sens : et celui-ei, dans 3123, 3148, 5576, 8197, 8239. (Inutile de multiplier les exemples). II ne sera peut-être pas dénué d'intérêt, afin de pouvoir comparer la langue de Chrétien avec celle du Roland, de donner ici un relevé succinct de toutes les relatives qui se trouvent dans ce dernier poème. Pour marquer la causalité. Cause, raison: relative simple (194, 1031, 3871) avec subst. préposé (2575, 2839, 2856) Motif (grond) : relative simple (378, 392, 1193, 3804). Pour marquer la conséquence. Avec corrélatif (18, 290). La conséquence niée (= sans que ; la principale est toujours négative, exc. au vers 2021, avec adv. relatif) : avec pronom (1433, 1814, 2905); avec adverbe relatif (531, 759, 1003, 2418). Le relatif n'est pas exprimé aux vers 102, 958, 1525, 1803, 1836, 1845, 2294, 2401, 2797, 3418, 3815. La finalite: 275. La condition : chi = si 1'on (596); ki = quand ou si au vers 311. Le temps: 107 (simultanéité); puis assez souvent 1'adverbe relatif que après: anz (197), jurn (970), ure (1242, 1406 etc). Comme relative prédicative; se rapportant au complément (1991, 2979, 3516, 3765) ; au sujet (2144, 3443). Faisant partie d'une comparative : 427 (cume celui ki), 2525. La grande richesse en relatives avec des valeurs si variées qu'offre Chrétien saute aux yeux quand on compare ses poèmes au Roland ; dans ce dernier on trouve pourtant plusieurs exemples de la conséquence négative exprimée par une relative ; dans ces phrases le pronom est le plus souvent sous-entendu. 1) Le numérotage des vers est selon 1'édition (Gröber) de la Bibliotheca Romanica (Num. 53, 54, Roland d'Oxjord). 75 CHAPITRE H. Les Relatives sans Antécédent. (pronom substantif) Le nom semble renfermer une „contradictio in adjecto", comme remarque A. Tobler *); quant au sens 2), nous avons vu en parlant de qui = si 1'on (p. 58) qu'il est d'ordinaire trés général, bien que ces propositions puissent quelquefois indiquer des personnes détérminées8). Par conséquent elles servent souvent a exprimer des vérités générales, des sentences, des proverbes : Phil. 816 Assez otroie qui se test; Yvain 2756 Car qui aimme est an grant porpans, etc. Cette valeur générale en explique de même le sens hypothétique ou concessif: Cl. 8168 Qui a le cuer, si et le cors. Au point de vue syntaxique ce ne sont pas des adjectives attributives, mais des propositions substantives, remplissant la fonction de sujet, de complément ou de prédicat nominal. Ce dernier cas est rare; je n'en sais qu'un seul exemple : Charr. 2602 Je sui qui vuel passer au pont. Je ne traiterai ici que celles qui représentent des personnes, et pour ce qui concerne le neutre celles avec quanque, paree que ce pronom s'emploie exclusivement dans cette fonction ; les autres relatives sans antécédent seront traitées avec les pronoms qui les introduisent. La relative peut précéder ou suivre la principale : Guill. 1592 Qui riches est, mout trueve amis, Et mout est vils qui neant n'a. L'ancienne langue, comme on sait, faisait du relatif sans antécédent un emploi beaucoup plus large que la langue moderne, 1) Tobler, Verm. Beitr., I, 117. 2) Pour la nature de ces phrases cf. Matzner, op. cit., §§ 386, 387, 394, 472; de mème 1'Einleitung de Julius Korte, Die beziehungslose Belativt&tze im Französischen. Diss. Göttingen 1910 ; puis Meyer-Lübke, Grammaire des langues romanes, III, p. 711. 3) C. Pietsch, Beitidge zur Lehre vom Altfranz. Belativum. Diss. Halle 1888, § 3. 76 qui fait dépendre d'un pronom déterminatif la relative qui ne se rapporte pas a un substantif. Mais pourtant on trouve de ja ehez Chrétien dans la plupart des cas le déterminatif cil, cele, etc. Dans Yvain je compte 114 cas avec cette particule, contre 51 relatives sans antécédent. Quand la principale précède on y trouve aussi comme corrélatif démonstratif il au lieu de cil; p.e. Erec 3094 II dormira, qui plus se diaut. Cligés 4464 Par foi! donc m'a il maubaillie, Qui mon cuer a an sa baillie. De même teus: Erec 4438 Teus vaut petit, qui mout se loe. 5925 Teus cuide avoir Le jeu joé, qui puis le pert. Les exemples sont a multiplier. Quand c'est la relative qui précède, le pronom est quelquefois représenté dans la principale par un pronom comme cil, la, etc. (voir les exemples). Toutes ces propositions occupent a proprement parler une position intermédiaire entre les deux groupes : relatives sans et celles avec antécédent. Le nominatif qui. I. La relative en fonction de sujet. a. La principale précède. Erec : 4 Por ce fet bien, qui son estuide Atorne a san, quel que il 1'et; 1767 Bien doit venir a cort de roi qui par ses armes puet conquerre Si bele fame ; 2610 Ne set qu'est bien, qui mal n'essaie ; 3813 Et trop fust fel, qui la veïst, Se granz pitiez ne 1'an preïst; 5927 Por ce est fos tot an apert, Qui trop cuide et qui trop menace. S'est qui fuie, assez est, qui chace ; 5932 Aparelliez sui de deffandre S'est qui estor me vuelle randre ; 6059 N'est pas amis, qui antreset Tot le buen s'amie ne fet; 6325 D'enui croist son conté qui deus foiz une chose conte;6 689 S'an prist, qui vost. Cligés : 637 Fos est, qui sant anfermeté, S'il ne quiert, par quoi et santé ; 672 Nel set, qui ne Pa esprové, 674 Fos est, qui devers lui se met; 685 Fos est, qui son mestre desdaingne ; 1310 N'est vostre amis, qui ci vos faut, 2650 Mes il dit que mout 1'estuet jante Et bele et sage et riche et noble, Qui dame iert de Constantinoble ; 3882 Seignor ne crient, qui ne le prise, 77 Et qui nel prise, ne 1'a chier (la relative précède); 4260 Qu' (= car) enor i a et si gueaingne, Qui a prodome s'aconpaingne ; 4479 Acorez est, qui le cuer pert, Mal doit avoir, qui le dessert; 4543 Mal se conoist, qui autrui croit De chose qui an lui ne soit; 4656 Bien sache, qui seü ne 1'a, Que.. .. ; 6160 Adonc se poïst bien prisier, Qui sanz maumetre.. .. ; 6501 Ne doit mie estre sanz peor, Qui ce m'a fet. Charr.: 478 Mes an celui (= le lit) qui est de la Ne jist qui desservi ne la ; 798 Dahez et, qui vos oï onques (qui équivaut a si je); 1385 Onques, ce cuit, ne s'adreca, Qui fors de eest chemin issi; 1682 Dahez et qui joer i quiert; 1683 Dahez et qui deignera joer ; 1757 Mal dahé et, qui le crerra Et qui por vos se recrerra; 2280 Cor mauvés est qui se demore Et qui a eise se repose Puis qu 'il a anprise grant chose ; 3816 Mout est qui aimme obeïssanz ; 3850 Avuglez est qui de ce dote Que.. .. ; 3886 Mout est fos qui sa mort desirre ; 4185 Si va et vient qui onques viaut; 4257 Malveise est qui miauz viaut morir Que mal por son ami sofrir; 4266 Assez est qui novele porte Eincois la leide que la bele ; 4373 Onques amor bien ne conut, Qui ce me torne a reproche; 4777 Bien est voirs que mout se foloie Qui de fame garder se painne; 4905 Droiz est que son forfet conpert, Qui si an est provez repris. De même 4346, 4410, 4412, 4414, 4976, 5171, 5583, 5584. Yvain : 461 S'est qui croire m'an vuelle; 502 Plaindre se doit qui est batuz; 644 Bien tanceroit a un estrange, Qui ranposne son conpaignon; 998 N'est mie prodom qui trop dote; 1553 Puet donc buen siècle avoir, Qui voit qu'on le quiert por ocirre ; 1942 Bien est an prison qui aimme ; 2062 Dahez et qui li deffandra; 2185 Car mout est fos, qui se demore De son preu feire une sole ore ; 2187 Mout est hardiz qui vanter s'ose De.. .. ; 2488 Honiz soit de sainte Marie Qui por anpirier se mariel 2490 Amander doit de bele dame, Qui 1'a a amie ou a fame; 2507 Assez songe qui ne se muet; 2766 Mes tant di que traïz nos a, Qui a ma dame t'esposa (= Lunete); 3883 Car fos est qui prodome atret Antor lui, s'enor ne li fet; 4281 Car por neant fet la bonté, Qui ne viaut qu'ele soit seüe; 4330 Cortois ne sages ne seroit, qui de rien nule an doteroit; 4369 Qu'il n'iert mes qui por nos parot (= quelqu'un); 4370 Mal et de De, qui la nos tot! 4873 N'iert mes qui die ne qui lot (= quelqu'un); 4416 Mout 78 est ore fos, qui ancharge Por ta parole si grant fes; 4958 N'iert ci, qui plus vos an apraingne ; 5490 Mon chastel et ma fille a per Doit avoir et tote ma terre, Qui les porra andeus conquerre, Qui ja vos vandront assaillir. Perceval: 244 Fos est qui delez lui s'areste ; 529 Si s'an foi qui foir pot; 856 E dahez ait qui altres quiert; 1788 Que bien cuidast qui les veist que il fussent tuit de fin or; 2167 Dahez ait hui ceste novele Fit li vaslet e qui 1'a dite; 2774 N'est mie sages qui ne dote Felenies trop descovertes ; 2864 muit est malves qui oblie S'an li fet honte ne leidure ; 3827 S'est qui a certes i antande ; 4671 Molt grant enor avroit conquise Qui le siege porroit oster E la pucele delivrer ; 5768 Beneoiz soit qui m'anvea Tel conpaignie come ceste ; 5820 Tort a qui puis fame la claimme ; 9189 Au relever fu sanz perece Qui eineois i pot avenir (pour relever le roi qui s'est évanoui). De même 2230, 2247, 4350, 4610, 4624, 5092, 6653, 6667. Philom.: 231 S'il fust qui 1'an vossist reprandre ; 316 Assez otroie qui se test.; 840 Voir dist qui dist; 947 trop vient a tans Qui mauveise novele aporte ; 1004 noire vesteüre port Qui ire et angoisse a de mort. Guill.: 327 Fos est.... qui buen consoil croire ne viaut; 933 N'a pas 1'avoir qui 1'anprisone, Mes cil qui le despant et done ; 1187 Que (= car) enor a, qui se chastie De mauvestié et de folie ; 2976 Car mout meserre et mout mesprant, Qui vers sa mere guerre anprant x). b. La relative précède. Erec : 6 Car qui son estuide antrelet Tost i puet tel chose teisir, Qui mout vaudroit puis a pleisir; 1225 Qui croit consoil, n'est mie fos ; 1399 Qui mellor quiert, ne set qu'il viaut; 1400 Qui le chevauche, ne se diaut; 2428 Qui li pooit feire servise, Plus s'an tenoit chiers et prisoit; 3536 Qui me porra le chief doner Del chevalier que je tant he, Mout m'avra bien servi a gre; 4426 Qui avoir le porra, si 1'et; 5577 Car qui tost va 1) II faut ajouter les questions directes débutant par „qui est qui", ou le deuxième qui introduit une relative sans antécédent. Yvain : Qui est qui se demante si ï Perc. 170 : E dist qui est qui la apele ? 9165 E qui ert ore qui savra Consoil doner 1 Charr. 2593 : Li queus est ce.. .. qui tant a folie et orguel. Dans une question indirecte : Cligés 6495 : Si ont anquis et demandé, qui est qui ce li avoit fet ; Charr. 781 : Se mervoille qui puet estre qui 1'a feru ; 3684 esgarde Qui est qui de toi se prant garde. 79 Ia droite voie, Passé celui qui se desvoie ; 5751 Car qui point porter an vossist, Ja mes a 1'uis ne revenist. Avec représentation dans la principale : 3852 Mes qui la (= la fame) honist et leidange, Cil la trueve mellor sovant. Cligés: 134 Qui ce refuse, n'est pas sages ; 830 que qui verroit, quant la boche oevre, Ne diroit mie, que li dant Ne fussent d'ivoire ou d'arjant; 975 Car qui par mon droi non m'apele, Toz jorz d'amors me renovele; 995 Qui de la chose a desirrier, Bien la doit requerre et proiier; 8163 Qui a le cuer, si et le cors ; 3875 Car qui n'an paüst et tressaut, An larrecin porchace ; 3888 Et qui a Amor se comande, S'est droiz qu'an reverance 1'et; 4257 Et qui viaut enor gueaignier, A caus se doit aconpaignier; 4465 Qui me desrobe et tot le mien, Ne m' aimme pas, je le sai bien ; 4476 Mes qui li dona eest consoil, Ne me poïst miauz acorer; 4573 Qui a prodome se comande, Mauvés est, s'antor lui n'amande ; 4783 Qui le conoist, si le nos die ; 5241 qui dame m' apele Ne set que je soie pucele. Yvain : 169 Et qui or me voldra antandre Cuer et oroilles me doit randre ; 1444 Qui Amor an gre ne requiaut Felenie ct traïson fet; 1865 Car, qui peor a de son onbre, S'il puet, volantiers se desconbre D'ancontre de lance ou de dart; 2470 Et qui vost la terre veoir, etc.; 2756 Car qui aimme est an grant porpans ; 3542 qui pert la joie et le solaz Par son mesfet et par son tort, Mout se doit bien haïr de mort; 3561 Et qui ce pert par son mesfet, N'est droiz, que buene avanture et; 4424 Qui peor avra, si s'an fuie ! 5811 Car qui gaaigne la semainne Vint souz, n'est mie fors de painne; 5680 Et qui merci prie et requiert, N'i doit faillir, quant il la rueve Se home sanz pitié ne trueve; 5704 Qui 1'a, si 1'et! 5976 „Certes, qui or te respondroit", Fet 1'autre, „mout seroit musarde". Avec représentation : 5387 Et qui an garist autremant, II n'aimme mie leaumant. Perceval: 1. Qui petit seme petit quialt E qui auques Tecoillir valt An tel leu sa semance espande Que 1680 Qui trop parole pechié fet; 2958 Qui ceste eve passee avroit Dela ma mere troveroit; 3636 Qui la voie tenir savroit Au lac qui est sor Cotovatre La la (= 1'épée) porroit fere rebatre; 3848 Qui fet folie sel conpert; 4762 Qui boen escu qui bone 80 lance Qui bon hiaume et boene espee ot Presanta li; 5074 Qui a gaaignié si 1'anporte; 5088 Qui si s'anbat petit s'a chier; 5770 Qui si bel conpaignon me presta Ne me het pas ; 5935 Qui oir le vodra si 1'oie ; 6065 E qui n'an revoldroit mantir Le doit sauver e garantir; 6243 E qui issi ne le crerra Ja an la face nel verra; 6283 Qui aler i voldroit Si tenist le santier tot droit; 9129 Car qui set voie demander Par tot le monde puet aler. Philom.: Pas d'exemple. Guill.: 11 Qui les estoires d'Angleterre Voldroit ancerchier et anquerre, Une.... An troveroit a saint Esmoing; 1036 Qui s'umelie, si s'essauce; 8127 Mes qui pêche par ignorance, N'i afiert pas granz penitance ; 8203 Qui nes amera, Nostre buens amis ne sera. II. La relative en fónction de rêgime direct. Erec : 259 Se je truis qui armes me prest. Cligés : 6648 Qui andeus les amanra pris, Plus avrai que nul home chier. Charr.: 1088 Ne troverai qui le m'an ost; 3852 „Or quier", fet li rois, „qui te croie !" Yvain : a. la principale précède : 2202 II ne trueve qui pour lui mante; 3605 Ne je ne truis qui m'an deffande ; 3695 Ne ne trovai, qui me deïst De vos chose qui me seïst; 3686 Se je ne truis qui s'ost conbatre ; 5138 S'onques an ta vie trovas Qui te feïst honte ne let; 6558 Ne troveroiz qui s'antremete De vos eidier; 6569 S'est ore einsi, que vos n'avez, Qui deffande vostre fontainne. b. la relative précède (avec représentation) : 1822 Car qui se desroie et sormainne Et d'outrage feire se painne Quand il an a eise et leu, Je 1'apel plus mauvés que preu. Perceval: 3448 Qui crieroit orandroit Ci ou nos somes 'hautemant L'an 1'orroit ja molt hautemant La ou ge ai enuit j-eu (avec représ.); 3722 Si m'anvoies tu se toi siet Qui de ceste poinne me giet. Philom.: pas d' exemple. Guill.: 26 Ja ne matine ne messe Ne perdroit tant com il eüst, Qui dire et chanter li seüst; 1267 Et qui ne sera a ses noces, ..... semondre le fera de droit (avec représ.) 6 81 III. La relative en fonction de régime indirect. Erec : 45 Qui le blanc cerf ocirre puet, Par reison beisier li estuet Des puceles La plus bele; 570 Qui 1'esprevier voudra avoir, Avoir li covandra amie Bele et sage sanz vilenie. Cligés: 2591 Et qui ne le sert par amor, Feire li estuet par peor ; 4622 Qui ci me voldroit demander, Por quel chose il les fist repondre, Ne 1'an (= li an) voldroie pas respondre; 5826 Qui chastes ne se viaut tenir, Sainz Pos a feire li ansaigne Si sagemant, que ; 5632 Qui voldroit leu aeisié querre Por s'amie metre et celer, Mout li covandroit loing aler, Ainz qu'il trovast si deütable (tous avec repr.) Charr.: 623 Mes mont i covandroit grant painne, Qui an la terre antrer voldroit. Yvain : 5756 Dahet, fet il, qui vos an quiert Ne foi ne ploige ne creante. Perceval : 2806 Mes qui me voldroit demander Se je sai comant il a non Je li respondroie que non. Point d'exemples dans Phil. et Guill. IV. La relative en fonction du génitif. D' ordinaire la relative précède, et est représentée dans la principale par un pronom possessif. Trés rare ; quelques exemples seulement. Charr.: 3229 Qui fet enor, Tenors est soe. Yvain : 1960 Cinc canz dahet et s'ame Qui mainne an chanbre a bele dame Chevalier, qui ne s'an aproche; 2723 Bien a sa jangle aparceüe, Qui se feisoit verais amerre (= amant). Perceval: 519 Qui as dames enor ne porte, La soe enors doit estre morte; 1149 Maudite soit sa gole tote qui changera n'avant n'apres Tes bons dras por autrui malves. Le cas oblique cui. I. La relative en fonction de sujet. Yvain 507 Et dahez et, cui (8) ce est bel 928 S'estoit pris et detranchiez toz, Cui (4) la porte ateignoit dessoz. 3244 Et dient, que buer seroit nee, Cui (8) il avroit s'amor donee. Guill. 903 Car cui (4) ele (m coveitise) esprant et assaut, Com il plus a, et plus li faut. 82 (exemple remarquable; la relative est représentée dans la principale par il — fonction de sujet — et par li — fonction de rég. ind. ; espèce d'anacoluthe). Perc. 4676 E 1'espee as estranges ranges Porroit ceindre tot aseur Cui (3) dex donroit si boen eur. 5365 Dahez ait cui (8) il fu bel. Guill. 1380 Par nule reison de fisique Ne puet garir ne respasser, Cui (8) nature le (= sauce amère) fet user. II. Relative en fonction de régime direct. Cligés 1794 Cui (4) de lance ou d'espee fiert, NeZ garantist broingne ne targe. 2032 Cui (4) il consiut, par mi le fant. Charr. 2415 Nes garantist ne fuz ne fers, Cui (4) il fiert bien. (annoncé par nes) III. Relative en fonction de régime indirect. Cligés 4804 Car cui (4) il fiert par anhatie, Ja n'iert tant forz, ne li covaingne Que del cheval a terre vaingne. Perc. 2408 Cui (4) il ataint pas ne li sanble Que il soit d'armes aprantiz. 3112 Vos la donroiz cui (3) vos plaira. Guill. 369 Car cui (4) Deus espire et alume, Dolors li sanble soatume (= suavité). Phil. 853 Cui (3) avient une (sc. chose) n'avient sole. On trouve cui prépositionnel — comme relative sans antécédent — dans : Erec 2173 Toz seus s'an vint au chief del ranc Por joster, se il trueve a cui. Cligés 4921 Et de quanque il puet s'ajance De bel joster, se trueve a cui. Yvain 4371 Mal et par cui nos la perdrons. Comme on le voit, quelquefois la phrase régissante est une conditionnelle, p.e. Erec 5928 S'est qui fuie; de même Yv. 83 461, Perc. 3827, Phil. 231 (dans tous ces exemples la relative fonctionne comme sujet) ; Erec 259, Yv. 3686, 5133 (comme compl. direct). Le pronom relatif sans antécédent a la même forme que 1'interrogatif; il est souvent difficile de dire si 1'on a affaire a une proposition relative sans antécédent ou bien a une question indirecte, quand on ne regarde que la forme. C'est le sens, résultant de tout le contexte, qui doit nous aider a décider ; p. e. Cl. 2524 Reisons est que a lui se taingnent, De lui doivent lor seignor feire. Qui leaus est, et or i peire. La signif ication est: Nu moet blijken, wie trouw is ; c'est donc une interrogation indirecte. On peut ranger parmi les relatifs sans antécédent qui-qui distributif1). Erec 2116 Qui vost cheval, qui vost monoie ; Cligés 5135 Tuit, qui a pié, qui a cheval; Perc. 2412 Cui perce piz et cui mamele, Cui brise braz et cui chanole. On trouve aussi que-que: Erec 6181 Trestoz li pueples i acort, Qu'a pié que a cheval batant (B qua cheval qui a pié); 1861 Dis que chevaliers que serjanz, Avuec les somiers anvea; Yv. 4342 Et cil tantost que 9a que la Se departent; Perc. 2245 Ses chevaliers li ai toz que morz que pris an ceste anee ; 7485 Sire il i a molt bone garde Cinc cenz que ars que arbalestes; Guill. 1163 Et sachiez que tant me pleisiez Que por biauté que por savoir Que je vos vuel a fame avoir (ici le sens diffère un peu de celui dans les autres exemples). On trouve qui ainz ainz, qui miauz miauz dans Erec 2687 Chevalier corent qui miauz miauz ; 4202 Et qui ainazinz des tantes issent; Cligés 4695; 6509 Et toz li pueples i acort, Et un et autre qui ainz ainz ; Charr. 251 ; Yv. 3258 que il s'an fuient qui ainz ainz. En comparant eet état de choses a celui du Roland, on s'apercoit que dans ce dernier poème ne se trouvent pas mal d'exemples de notre construction. On y rencontre le nominatif qui dans une relative en fonction de sujet dans les vers 240, 391, 888, 888 (la graphie chi !), 1047, 1107, 1122, 1192, 2062, 2063, 2144, 2524, 2608, 3010, 8559, 3804 — les vers 119, 577, 3884 1) Chrétien se sert aussi de cil distributif, p.e. Erec 2045 et suiv. ; 2390 ; Perc. 5730. 84 avec la conditionelle régissante : S'est — (dans tous ces cas la principale précède) ; puis dans 1418, 2109, 2494, 2523, 3271 (la relative précèdë). En fonction de régime direct 742, 781, 2908. En fonction de régime indirect 226, 1181, 2584, 3483, 3484, 3486. Le cas oblique qui se trouve dans une relative en fonction de sujet deux fois, aux vers 8657 et 8840. Quanque (quant + que). Ce pronom neutre s'emploie bien souvent en ancien francais comme relatif sans antécédent, avec le sens de tout ce qui (que). A. Le nominatif. 1. La relative en fonction de sujet. Charr. 1239 Mes ne li piest ne atalante, Quanqu'est bel et jant a chascun; 5913 Car quanque li piest, m'atalante. 2. La relative en fonction de compl. direct. Erec 6718 Et quanque fu et quanque iert, Li fontcertainnement savoir. Les exemples sont rares ; je regarde quanque avec un verbe impersonnel comme accusatif, p.e. dans le vers Charr. 3386 Si vos donrai.... quanqu'il vos faut (voir pour cette question p. 106, ce que avec un verbe impersonnel). B. L'accusatif. 1. La relative en fonction de sujet: a. La principale précède : Erec 2094 Que mout lor piest quanque il voient; Cligés 2586 Fet est quanque comande et dit; 5352 Bien m'iert quanque vos me feroiz ; Charr. 4378 Ainz est amors et corteisie, Quanqu'an puet feire por s'amie ; Yvain 5406 Soiiez vos beneoiz clamez Et vos et quanque vos amez ; 5478 Et de eest chastel vos atant L'enors et quanqu'il i apant; Perc. 4202 Fet fu quanque il comanda. b. La relative précède ; Cligés 4437 Je sui toz vostre et quanque j'ai; Charr. 3882 Quanque tu dis, rien ne te vaut; 4806 Quanque vos dites, est neanz. Avec représentation dans la principale : Yvain 2782 Quanque il ot, tot li ancroist, Quanque il voit, 85 tot li enuie; Cligés 3799 Et quanque Cligés d'aus ataint, Devant son cop riens ne remaint. 2. La relative en fonction de compl. direct. a. La principale précède: Erec 548 Quant Erec ot tot escoté Quanque ses ostes ot conté; 680 Or a quanque il li estut; 2715 Si fai porter arjant et or, Et quanqu'il estuet a prodome ; 3190 Et cil respont que il fera Volantiers quanque lui pleira; 5668 D'avoir quanque vos coveitiez ; 6533 Mout fist bien quanque feire dut; Cligés 892 Et quant ele s'est bien refeite De panser quanque li anheite ; 2815 Ainz orroi bien quanque vos dites ; 2785 Si li done quanqu'ele pot (doner); 2850 Ne poruec que li autre set Quanque cil aimme et quanqu'il het; 2997 Qu'ele n'a pas quanqu'ele viaut; 4613, 5146, 5390, 6666; Charr. 1959 li raconte quanque cil leanz fet avoit; 2775 A neant porroies conter, quanque tu dire me savroies ; 3385 ; 4388 A feire quanque viaut amors; 4687 Or a Lanceloz quanqu'il viaut; 5411 Qu'il feroit quanqu'eles voldroient; 5796 S'a pris de li quanque il a ; Yvain 801 Si vit quanque il vost veoir; 1545 Et porchacier et aporter quanqu'il voldra ; 1841 Et je li donrai au retor Quanqu'il voldra que je li doingne; 2050 Ore a la dameisele fet Quanqu'ele voloit antreset; 2557 comander me poez quanque buen vos iert; 3311, 3900, 4284 ; Perc. 947 Li vaslez ne prise une cive Quanque li rois li dit e conté ; 2229; 5449 E oi quanque oir durent; 5620 Si ot quanque il li estut; 6834 escoute Quanque la dameisele estoute Li dit. b. La relative précède. Erec 5584 Quanque cuers desirre et covoite, Orent plenieremant la nuit; 6607 Quanque il ot m'abandone ; Cligés 4559 Et quanqu'il dit, por voir afiche ; 5856 Et quanque dame puisse avoir, Qu'apartenir doie a bonté, Nos a tolu.... La morz ; 6668 Que Thessala quanque il vuelent Lor aporte; Charr. 637 Quanque ele viaut li promet; Yvain 4530 Quanqu'il (= li lions) ataint, ï'an a osté Si que les antrailles li perent (Avec représentattion) ; Perc. 249 Quanque il voldra, li dirai ; 3314 Qui quanque mestier fu li firent. Assez souvent quanque est annoncé par tot, ou trestot, qui jouent alors le role d'antécédent, de point d'appui. 86 a. Avec le nominatif : Erec 5899 Et tot croist dedanz le porpris, Quanqu'a riche castel covient; Cligés 221 Que ses pere li a trové Tot quanque li vint a creante ; Charr. 5036 Tot quanque vos an siet, me plet ; Yvain 1801 et se descire Trestot quanque as mains li vient; 4600 Trestot me piest, quanque li siet. b. Avec Vaccusatif: Erec 499 Trestot quanque mestiers lor fu Ont a lor volanté eü ; 884 Tot deronpent quanqu'il ataingnent; 1197, 3206, 5162, 5918, 6085 ; Cligés 4280, 5052, 5144, 6329, 6379 ; Charr. 1779, 4521, 5931 ; Yvain 3859, 4451, 5679, 6415 ; Perc. 1246, 1483 2169, 8945, 8577. Quanque précédé d'une préposition se trouve : 1. Avec de: Erec 1860 Quant chargiè furent li somier De quanqu'a prodome a mestier ; 1783, 2527, 5561, 6140, 6787 ; Cligés 219 Bien a li vaslez esploitié De quanqu'il a quis et rové ; 1601, 4554, 6177 ; Charr. 1345 il n'a cure De quanque ele 1'aparole ; 5, 2961, 8016, 3291, 4484 ; Yvain 1797 vos mercieroi De quanque vos me voldroiz feire ; 2083, 3133, 8332, 4189, 5404, 5835 ; Perc. 288 Einz demanda de quanque il voit Comant a non ; 6087, 7444, 8199. 2. Avec a: Erec 3917 Que ne vos aille lués eidier A quanque je porrai mander. 3. Avec por: Yvain 6079 Por quanque Des a fet por home ; 6427 Que ele ne 1'an randist rien Por quanque dire li seüst (le sens est concessif). 4. Avec sor: Charr. 1792 Sor quanque vos tenez de moi Le vos comant et pri ansanble. Quanque peut avoir le sens de que que concessif (neutre), p.e.: Cligés 769 Ne puet faillir qu'il ne s'an plaingne, Quanqu'il avaingne, ou tost ou tart; Perc. 935 Ne m'eüst gueres correcié Li chevaliers de quanqu'il dist; etc. On trouve Pexpression „quanqu'il pot", oü quanque marqué 87 la mesure, comme ce que dans quelques cas (cf. „plus tost qu'il pot"): Erec 4873 Li uns devant 1'autre s'an fuit, Quanqu'il pueent, a grant eslis ; 6824 Quanque pot, d'Enide atillier Se fu la reïne penee ; 6638 ; Cligés 1222 ; 4793 Et cil poingnent, si s'antrevienent, Quanqu'il pueent esperoner; Charr. 1451 Et si cort quanqu'ele pot corre; 2238, 5918 ; Yvain 881, 1284, 4727 ; Perc. 685, 2179. La même expression avec de: Cligés 4920 Et de quanque il puet s'ajance De bel joster; Perc. 5178. Quanque peut se rapporter a des êtres vivants (hommes ou animaux): Cligés 1215 Li cuens Angrés ses janz amasse, Quanque vers lui an pot torner Par prometre ne par doner ; Perc. 380; Yv. 5406. — Cligés 1756 Con li lion a proie corent, Qui quanqu'il ataingnent devorent; Perc. 202. A cöté de quanque on voit déja dans Chrétien 1'emploi de la locution moderne qui 1'a supplanté, c-a-d. tout ce que (trois exemples) : Erec 520 Se sofrisse qu'ele preïst Tot ce qu'an doner li vossist; Clig. 6155 S'a Jehanz buen leisir eü De feire tot ce que li sist; Perc. 3745 Tes cuers ait tot ce qu'il voldroit. Comme on voit, elle ne se montre qu'a titre d'exception. (Pour quanque dans Phil., voir 1'Index ; dans Guill. on le trouve aux vers 114, 406, 409, 410, 475, 864, 875, 945, 984, 1217, 1682, 1818, 2113, 2763). Dans le Roland quanque n'est pas fréquent; on n'y trouve qu'un un seul exemple de ce pronom employé sans antécédent: 3202 Jo vos otri quanque m'avez ci quis. Puis quatre fois dans „quanqu'il pout" (aux vers 1175, 1198, 2298, 3232). 88 CHAPITRE III. Le Pronom relatif adjectif et la Nature de l'Antécédent. A. Le pronom. Remarques préliminair es. — L'édifice compliqué du rela^tif latin n'est pas passé intact en roman ; par suite de 1'usure phonétique et la perte du sentiment des cas — secondées par la tendance générale de la langue a rendre le système aussi simple que possible — on voit en bas latin une réduction considérable de formes v). La première simplification est la disparition des formes du féminin singulier : quae et quam ont été supplantés par qui et quem ; on peut constater ce fait dans les nombreuses inscriptions tumulaires chrétiennes qui emploient les formules : qui vixit annos.. .. ; cum quem vixi annos.. .., lorsqu'il s'agit de femmes2) (a partir du quatrième siècle). Pour le nominatif on peut expliquer ce fait par 1'influence de 1'interrogatif qui ( qué (d) peut donner atone que, tonique qué >► quei > quoi. On le trouve dans Chrétien: a. Comme relatif sans antécédent; 1'image verbale de la pensée se compose d'ordinaire du pronom seul, ou du pronom précédé d'une préposition (quelquefois avec un verbe a rinfinitif). Erec 2771 Et gardez, ne soiiez tout ose, Se vos veez nes une 1) F. Diez, Qrammatik der Mom. Sprachen, Bonn, 1872, III, p. 322; Jeanjaquet, op. cit. p. 27, et 41 ; G. Rydberg, op. cit. p. 327 sqq, p. 1028 sqq. Pour d'autres hypothèses sur la base latine, voir K. de Jong, op. cit. p. 10-17. 2) Pour les exemples cf. G. Rydberg, op. cit. p. 349. 118 chose, Que vos m'an diiez ce ne quoi ; 5122 Ne furent pas de logier coi, Mes petit troverent de quoi; Cligés 1015 Ancor n'ai je gueires sofert, Por quoi tant demanter me doive ; 4469 Qu'assez i ot reison por quoi; Yvain 4842 Con Damedés avoit de quoi ; 6641; 6720 Ne distrent ne ce ne quoi ; Perc. 6937 Se j'avoie sor coi monter; avec que atone, sans préposition: Perc. 2369 Dedanz les murs de Beaurepaire N'a que boivre ne que mangier. Dans les vers Yvain 1715 Ne ja mes devant moi ne vaingnes, Por quoi de lui parole taingnes ! 4784 Que ja par force, que je puisse, Por qu'aïe ne consoil truisse, Ne li leirai mon heritage *); Perc. 7876 C'onques avint ne fet ne fu Qu'a eest port eust abatu Chevalier por coi gel seusse Que ge le cheval n'an eusse, — on a affaire a la conjonction, avec le sens: dans le cas oü. La forme atone de Vinterrogatif se trouve dans Yv. 1227 et 8585. b. Quoi se rapporte d la pensée, exprimée dans une partie ou dans la totalité de la phrase 2): Erec 15 Et tret d'un conté d'avanture Une mout bele conjointure, Par qu'an puet prover et savoir, etc. (P coi, E quoi); Cligés 72 Et des barons que il tenoit An sa conpaignie toz jorz, Por gu'estoit dotee sa corz (trois mss. ont quoi); 6772 Por quoi (se rapporte aux vers précédents) aussi come an prison Est gardee an Costantinoble, L'anpererriz, ques qu'ele soit; Yvain 3530 Au revenir mout fort se blasme De 1'an, que trespassé avoit, Por quoi sa dame le haoit; 3603 Et neporquant je vos dirai Le voir, que je n'an mantirai, Por quoi je sui ci an prison. c. On trouve déja dans Chrétien un assez grand nombre de cas, oü quoi se rapporte a un nom de chose (exceptionnellement a un nom de personne). L'ancienne langue montre la tendance manifeste a restreindre cui prépositionnel aux noms de personnes et quoi, coi aux noms de choses. II se rapporte trés souvent a des substantifs comme chose, rien qui sont tout prés d'un neutre pour le sens 8). 1) Cf. A. Tobler, op. cit., I, p. 164 sqq.; G. Rydberg, op. cit. p. 1022; note Foerster vers 1227 et 4784. 2) G. Rydberg, op. cit. p. 1022 oite JS. 15 et Cl. 72 (of. la note de Foerster). 3) Voir pour ce dévéloppement Rydberg, p. 1028. 119 Erec 5773 La chose a quoi il plus beoit; Cl. 2904 Si li tarde que ele an oie Chose, de quoi ses cuers s'esjoie ; Yv. 1690 Ne voi rien por quoi je me teise ; Perc. 5110 La chose por coi il remaint; 6348 Ne ne fis rien que je seusse Par coi merci avoir deusse; 6540 Se ge feisoie nule chose Por coi il se plainsist de moi; Phil. 1097 Si s'est de tel chose apansee Par quoi el cuide estre seüre. II se rapporte a des substantifs dbstraits (étape oü 1'on est encore prés du sens neutre) : Erec 4629 N'eüsse dite la parole Por quoi messire ca s'esmut; Cl. 1974 N'avront garde que sor aus vaingne Force, de quoi maus lor avaingne; 5434 Or m'estuet que je vos conoisse Un panser et un parlemant, A quoi nos dui tant solemant Nos somes pris et acordé ; 5836 Que aconpaignier vos volons Au duel, de quoi nos nos dolons ; Charr. 60 Tu n'as force ne avoir Par quoi tu les (= les captifs) puisses avoir; 485 Dites moi, fet il, la querele Por quoi eist liz est an deffance; 6742 Qu'avoir ne richesce n'en a Des Babiloine jusqu'a Gant, Por qu'il leissast Meleagant Eschaper se il le tenoit (Rydberg, p. 1023) ; Yv. 258 il ne savoit Le terme puis que il avoit Herbergié chevalier errant x); 1171 De feire la haute despanse A quoi la cheitive ame panse ; Perc. 2877 Ne mangerai a si grant feste Por que cort anforciee tiegne Tant qu'a ma cort novele viegne ; 4020 E 1'acheison por qu'il le fist; Phil. 934 Li diaus por quoi sui tant dolanz ; Guill. 1711 Qu'il sache s'avanture tote, Por quoi il s'an estoit foïz. A des substantifs concrets : Erec 4239 Je n'ai mie Plaie de quoi je tant me duelle, Que ma voie leissier an vuelle; 4392 Et corgiees andui tenoient, De quoi si vilmant le batoient; 4715 Feisons tost une biere, Sor quoi eest cors an porterons ; 6792 Ceste oevre fu el drap portreite, De quoi la robe Erec fu feite ; Cl. 2091 Mout les refont desconforter Li autre escu, por quoi il croient Que li cors lor conpaignons soient; 6633 Quant l'anperere ot romantoivre La poison, qui li plot a boivre, Par quoi Thessala le degut; Yv. 1100 les portes Par quoi maintes janz furent mortes ; 4854 Le cheval sor qu'ele seoit; Perc. 3310 La coute as quatre acors seisissent Qui el lit estandue estoit Sor coi li prodon se gisoit; 7232 E sor 1) Tobler, Verm. Beitr., IV, p. 46. 120 le perron fu la cles De coi fermee estoit la nes ; Phil. 1074 Mes ne set angin porpanser, Par quoi el li puisse mander ; Guill. 702 deus perches an couperont Sor quoi la dame an porteront; 712 Si ont la litiere aportee, Sor quoi la dame an ont portee. A un nom de personne: Cl. 3198 Ja de moi ne puisse anfes nestre, Par quoi il soit deseritez. Nous voyons qu'on trouve sept cas de que atone prépositionnel: deux fois par rapport a une phrase (E. 15, Cl. 72) ; trois fois par rapport a des noms abstraits (Ch. 6742, Perc. 2787, 4020) ; deux fois par rapport a des noms concrets(Fi>. 258, 4854). De Jong (op. cit., p. 72) donne aussi Yv. 1172 De feire la haute despanse A que la cheitive ame panse; Foerster a changé que en quoi (2 man. ont cui, F a que). Pour d'autres cas voir pronom relatif général, p. 52 ; comme interrogatif atone Yv. 1227, 3535. Le neutre quoi < quid s'est donc étendu au dela de son domaine *); eet emploi curieux de quoi s'est maintenu dans tout le cours de la langue jusqu'a nos jours 2); on peut y comparer 1'emploi de quod en bas-latin (voir p. 90). Tournures avec que neutre. II faut reconnaitre que neutre 3) dans des expressions comme que je sache 4)(=ace que je sache). On le trouve avec les verbes savoir et pouvoir, d'ordinaire au subjonctif; le sens est restrictif. Avec savoir : E 1005 Ains mes ne te vi, que je sache ; Yv. 573 Et disoient, qu'onques mes hon, N'iere eschapez, que il seüssent; 6489 N'onques oï parler n'avoie De chevalier, que je seüsse, etc. Perc. 4742 E se ge rien mesfet eusse Au chevalier que ge seüsse Molt volantiers pes li queisse ; 6348 Ne ne fis rien que ge seüsse Por coi merci avoir deusse ; 7072 Einz mes que sache ne te vi. 1) Cf. F. Brunot, Histoire