L'ALTERNANCE; BINAIRE DANS11 W& NÉERfcANDAIS DU SE1ZIÈME SIÈCLE j.van»&st PROF. DR. 6. KUIPER Jan Luyltenstraat 24 Amsterdam-020-722918 I n L'ALTERNANCE BINAIRE DANS LE VERS NÉERLANDA1S DU SEIZIÈME SIÈCLE L'ALTERNANCE BINAIRE DANS LE VERS NÉERLANDAIS DU SEIZIÈME SIÈCLE ACADEMISCH PROEFSCHRIFT TER VERKRIJGING VAN DEN GRAAD VAN DOCTOR IN DE LETTEREN EN WIJSBEGEERTE AAN DE UNIVERSITEIT VAN AMSTERDAM, OP GEZAG VAN DEN RECTOR MAGNIFICUS Dr. J. K. A. WERTHEIM SALOMONSON, HOOGLEERAAR IN DE FACULTEIT DER GENEESKUNDE, IN HET OPENBAAR TE VERDEDIGEN OP DONDERDAG 15 JUNI 1922 DES NAMIDDAGS TE 3 UUR IN DE AULA DER UNIVERSITEIT DOOR JOHANNES VAN DER ELST GEBOREN TE GRONINGEN GRONINGEN — JAN HAAN <£ C°. — UITGEVERS 1922 A MONSIEUR J.-J. SALVERDA DE GRAVE EN SOUVENIR DES CONSEILS ET DES ENCOURAGEMENTS DONT IL N*A CESSÉ DE FAVORISER LE TRAVAIL DE SON ANCIEN ÉTUDIANT. V. D. E. I NTRO D U CTIO N I. Exposé du Problème La Renaissance francaise s'est propagée en Flandre et en Hollande dans 1'ceuvre de quelques jeunes poètes ? S N(? (1539-1595), Lucas de Heere MandeTSieT H0Ut (1542~1619) «* Care, van „J2f« tr?-UVe dans„,eurs poésies le premier essai d'une versification nouvelle. Le vers moyen-néerlandais a trois quatre ou cinq accents, devenu de plus en plus défectueux entre les mams des rhétoriqueurs (Matthys de Casteleyn) fait place au vers compté. Evidemment nous avons affaire tel a une imitation directe de la forme extérieure du vers ïfS* e" *CSt autrement d" rythme iambique, qui s introduit en même temps. 4 D'oü provient ce rythme? Nous espérons démontrer qu'il ne s'agit pas d'un phenomène nouveau, mais que le rythme binaire se trouya! deja a la base du vers moyen-néerlandais D autre part les théoriciens de la nouvelle école poéque vers 1570 ont cru que I'iambe était un Bp?ed aK8 " ?r' VCrS fr,an?ais n'ayant Pas le rythme binaire JimnSf > T SySièrne métriclue. ™e nouvelle question erronée?" ^ qU' * P" d°nner lieu a cettetnéorie Enfin, sous quelles influences ce rythme se manifeste-t-il nouveaSé? éVide"Ce P°Ur qU'°n ait PU "oire Tune Telles sont, en résumé, les questions que nous nous proposons de discuter dans les chapitres suivants Nous jugeons indispensable, avant d'aborder notre nöfre enquête3.61" Prindpe8 qU' n°US °nt Suidé dans 2 II. L'isochronisme da vers néerlandaisl) Les rythmes poétiques peuvent être analysés d'après la méthode expérimëhtale et la méthode auditive. Depuis les expériences de Brücke, dont 1'opuscule intitulé Die physiologisdien Grundlagen der n.h.d. Verskunst parut a Vienne, en 1871, la phonétique expérimentale, s'appuyant sur des calculs irréfutables, a renversé les théories fantaisistes des esprits spéculatifs, et fondé la base de nouvelles recherches fructueuses. La méthode .du papier enfumé gagne de jour en jour du terrain; le lecteur de la Revue de Phonétique rencontre dans chaque nouveau numéro la description d'instruments plus perfectionnés et de procédés plus compliqués. Le chronomètre et le microscope remplacent le métronome-Maelzel et la loupe. Jusqu'ici la méthode expérimentale n'a pu être appliquée sur une grande échelle a 1'analyse des vers: elle exige pour cela des calculs trop compliqués. L'analyse mécanique est peut-être la plus désirable pour les mots et les phrases isolées dont on pourra étudier le jeu délicat des hauteurs, des intensités et des timbres dans les légères vibrations qu'a tracées le style sur le cylindre, — elle est moins pratique pour une suite d'alexandrjns solennels, déclamés avec toutes les nuances que comporte une diction soignée. La réduction des longues courbes a quelques chiffres maniables demande un travail cpnsidérable. Aussi la méthode expérimentale ne saurait jusqu'ici fournir de renseignements complets sur une oeuvre d'art assez étendue ou bien sur la versification d'une époque. Mais heureusement nous pouvons encore disposer d'un instrument précieux, sinon aussi docile: 1'oreille. Elle constitue le principal organe de la méthode auditive. En principe, il n'y a pas de différence entre elle et 1'instrument de phonétique, puisque tous deux vérifient la parole vivante. Les vers s'adressent en premier lieu a 1'oreille. L'impression auditive peut être accompagnée d'une impression visuelle ou graphique; les gestes peuvent compléter les intentions de celui qui parle, il n'en reste pas moins vrai que ce sont les sons eux-mêmes qui traduisent le plus directement la pensée. 1) Les idéés générales de cette introduction se retrouvent, développées plus amplement, dans nos deux articles de la revue néerlandaise De Nieuwe Taalgids, 1915, fase. I et III, intitulés Het isochronisme in het Nederlandse vers et Hoger rythme. 3 D'autres ont déja, avant nous, plaidé la bonne cause de la parole vivante. M. C.-G.-N. de Vooys a déja mis en garde contre les dangers que court la métrique néerlandaise réduite sous l'influence du classicisme a une série de tableaux graphiques dans les manuels de rhétorique. ') Un soufflé frais a passé, depuis la publication des articles de M. de Vooys, sur 1'étude de notre versification. Nous renvoyons d'abord aux Principes de linguistiquepsychologique de M. J. van Ginniken et au Handboek du même auteur, qui nous ont été d'un précieux secours. On lira encore avec fruit les observations de MM. Buitenrust Hettema, Verwey et Poelhekke, qui ont des idéés trés justes, lumineuses parfois. Et quoique Nederlandsche Versbouw de Pr. van Duyse soit toujours, malgré son age vénérable, la mère-gigogne d'oü sortent tous les traités de metnque „orthodoxe", la versification purement graphique commence a perdre du terrain. Mais nous sommes encore trés éloignés de 1'époque oü la métrique néerlandaise aura conquis sa place officielle a cöté des autres branches de la philologie, et oü une enquête systématique ira pénétrant plus avant dans le terrain jusqu'ici presque incultivé.2) Alors seulement la méthode auditive et la méthode expérimentale se prêteront mutuellement la main, le gramophone et le papier enfumé auront pour tèché de venfier ce que 1'oreille a entendu. Car, si 1'oreille est {'instrument le plus parfait dont le phonéticien puisse lamais disposer, elle ne pourra jamais échapper au danger de se laisser égarer par une interprétation trop subjective. Nous arrivons si facilement a entendre un certain rythme, le mouvement iambique, par exemple, alors même qu'il reposé sur une pure fiction. Que de métriciens allemands se sont trompés sur la nature du vers francais, paree qu'ils ne parvenaient pas a se détacher suffisamment de leurs propres rythmes! Mais, une fois qu'on s'est rendu clairement compte des i) Opmerkingen over Nederlandse versbouw. . Taal en Letteren, XV. pp. 47, 78, 133, 188, XVI, p. 181. 2y Nous signalons avec sympathie les articles de M. G -S Overdiep sur le rythme du vers néerlandais publiés dans Tijdschrift v. Ned. Taal- en Letterkunde 34, Nieuwe reeks 26 et 35, Nieuwe reeks 27. fautes qu'implique nécessairement la méthode auditive, on pourra faire 1'éducation de son oreille, jusqu'a lui apprendre a saisir des nuances que la plume du cylindre ne saura jamais indiquer. Dans les pages suivantes nous donnons un essai de métriqe auditive, appliqué a 1'accent d'intensité du vers néerlandais. Ce nous est un devoir bien doux de renvoyer en premier lieu aux publications de M. Paul Verrier, qui nous ont été d'un précieux secours, et dont nous avons adopté les principes qui nous ont guidé au cours de cette étude. ') Comment devons-nous analyser les vers? Condition première: leur valeur esthétique doit être gardée intacte. II faut les lire a haute voix, sans arrêts arbitraires, avec toutes les nuances qu'exige une bonne diction. Rien n'était plus injuste que la facon dont madame Dorbeen2) écorchait Aan den Rijn, de Borger, en ouvrant a chaque reprise de vers ses ciseaux, pour les fermer a la césure: „Zoo rust dan etndlijk, 't ruwe «oorden Van hageljac/it en stormge/oei, En rolt de Rijn weer langs zijn boorden, Ontslagen van de winterboei". Mais ce même esprit s'empare de nous quand nous entreprenons de scander, c'est a dire, de soumettre les vers a la plus cruelle des tortures. Nous avons alors la triste audace de réduire les vers les plus harmonieux a une espèce de litanie monotone, que nous nous plaisons ensuite a baptiser du nom de dactyles, d'iambes, etc. Door 't woud der pijnen kreunt en zucht de wind, En machtig wuiven de gepluimde toppen, 1) Paul Verrier. Essai sur les principes de la métrique anglaise. Paris, Weiter 4909—1910. Tome premier: Métrique auditive. Totne deuxième: Théorie générale du rythme. Tome troisième: Notes de métrique expérimentale. Puis nous avons consulté les articles de M. Verrier parus séparément dans la Revue de VEnseignement des Langues vivantes, février, mars et mai 1912; Revue de Phonétique, 1912, fase. I, II; 1913, pp. 381 et suiv.; Journal de Psychologie, mai-juin 1912; janvier-février 1913. t) Hildebrand (N. Beets), Camera Obscura. 5 les premiers vers du Lied des Storms, de Jacques Perk'), deviennent a peu prés ceci: Door 't woud der pij nen kreunt en zucht de wind, En mach tig wul ven de ge pluim de top pen. Ta ta ta ta ta ta Cet amusement, a première vue assez innocent, a en de graves conséquences. On ne saurait troo soulisrner les dangers de ce système. La scansion orthodoxe détruit le sentiment du rythme, en distinguant grossièrement deux groupes de syllabes: les accentuées et les faibles. Elle mutile les rapports temporels et n'analyse pas le vers lui-même, mais un succédané qui en diffère autant que Ie canevas diffère de la broderie. Elle est cause des confusions entre mètre et rythme, et fait considérer le mètre comme un schéma fixe, le rythme comme une dérogation plus ou moins individuelle. Et enfin, le système-ta ta ta ta fortifie 1'idée funeste que le vers serait composé de pieds isolés, paree qu'il agrandit la distance entre les accents forts par des arrêts arbitraires. Quoi de plus naturel d'orner ensuite la collection de pieds, cette espèce de mosaïque bizarre, d'étiquettes aux noms scientifiques: iambe, trochée, molosse, antispaste! 2) Analysons donc une poésie en respectant sa beauté littéraire. Tout au plus pourra-t-on marquer le retour de 1'accent par le battement de la main ou de 1'index, quoiqu'on monotonise légèrement le rythme. L'analyse mentale sera toujours la meilleure, mais elle exige plus d'exercice. En déclamant ainsi le vers, nous observons régulièrement le retour de 1'accent rythmique. Par un accroissement d'intensité la voix met une série de sons en évidence. Dans toute versification Ie rythme est déterminé par le retour, a des intervalles sensiblement égaux, de 1'ictus. 1) Nous empruntons les vers cités dans ce chapitre a quelques traités de métrique et recueils dé poésies, dont voici les principaux: P. van Duyse, Nederlandsche Versbouw, 1854; J. Geurts, Nederlandsche Metriek. Hasselt, St.-Quintinus-Drukkerij, 1902 (épuisé). Mr. J.-N. van Hall, Dichters van dezen tijd. Amsterdam, P.-N. van Kampèn & Zoon, 1913. Verzen. Amsterdam, L.-J. Veen, 1908 (verzameld door Dr. J.-Aleida Nijland). *) P. van Duyse, op. cit, II, pp. 119—121, donne vingt-huit pieds différents, qui, heureusement n'ont pas été tous baptisés d'un nom classique. ^Que faut-il penser du dernier exemple [u u « u ] vriendelijkere, de gebenedijde? 6 M. Verrier définit l'ictus: un endroit dans le vers oü 1'on bat la mesure et que la voix indique par un accroissement d'intensité.') De même que la musique, le vers repose sur l'isochronisme des intervalles rythmiques. Nous insistons sur le mot sensiblement. On ne saurait mesurer une oeuvre d'art au moyen d'un métronome! L'isochronisme absolu dans le vers n'existe pas; les intervalles rigoureusement égaux ne se rencontrent pas dans la réalité objective, pas plus que la ligne absolument droite ou bien le cercle tout a fait pur2). Nous tendons a en réaliser 1'illusion. Chaque poésie a ses qualités personelles. La vitesse du début change a tout moment. L'émotion provoque le ralentissement, la passion 1'accélération de la voix; la colère froide ou contenue le staccato 3). Les différences de timbre, d'intensité et de hauteur des sons, leurs combinaisons différentes, les images qu'ils évoquent, détournent notre attention de la perception temporelle. Les pauses et les silences, plus ou moins longs, s'ils se trouvent a la fin du vers ou ailleurs, produisent autant d'infractions a la régularité. Malgré ces fines nuances notre oreille ne perd pas le fll. Au moyen d'habiles ralentissements ou d'augmentations de vitesse, elle ramène 1'attention au rythme général de la poésie. En se servant d'un terme emprunté a la musique on pourrait dire qu'une poésie est dite tempo rubato. Cette dérogation n'est pas également grande pour toutes . les poésies: quelques-unes exigent une ligne assez tendue, d'autres s'enveloppent de larges contours. Les rythmes orchestraux sont trés réguliers, ceux qui se rattachent a la langue de la conversation, sont au contraire trés libres: tels par exemple les vers moyen-néerlandais, les formulettes d'élimination des enfants, et quelques proverbes.4) 1) Principes. I, p. 148. 2) Verrier, Journal de Psychologie, mai-juin 1912. 8) G -F. Saran, Deutsche Verslehre. Muenchen. 1907, div. A., et J.-L. Walch Iets over 't voordragen en zingen van poëzie. Taal en Letteren. XV, p. 292. On peut souvent constater l'isochronisme dans la prose. Ainsi Voraison dominicale, prononcée avant le repas, est dite par les protestants néerlandais de la facon suivante: Onze Vader die in de Hemelen zijt Uw naam worde geheiligd Uw Koninkrijk kome, etc. Probablement les allitérations Hemelen - geheiligd et .Koninkrijk fcome y contribuent. 7 Suivant leur propre tempérament certains métriciens ont prêché, soit l'isochronisme absolu, soit la déclamation libre. H. Paul ') exige 1'uniformité .-■ des mesures, en s'appuyant sur les expériences de Brücke, qui eut cependant tort de scander ses vers avec force. Meumann2) défend une conception plus libre. Mais, même lorsque viendra le moment oü la phonétique expérimentale, mesurant en centièmes de secondes les distances qui séparent les accents rythmiques, trouvera les intervalles rebelles a une uniformité rigöureuse, le principe de l'isochronisme restera intact. Le „giudicio dell' orecchio" qu'allèguent si volóntiers les Italiens dans leurs traités de métrique, nous servira de norme. Le nombre des syllabes entre deux accents forts peut varier a tel point qu'on doit se hater a travers les sons faibles pour arriver a temps. Je cite comme illustration de l'isochronisme relatif la chanson que connaissent chez nous tous*les ënfants: Ach mama, mijn kraai is dood, et que nous chantions autrefois ainsi: Ach mama! Mijn Kraai is dood! ^Waarom heb je 'm niet wat eten gege ven, Dan was bij misschien in 't leven geble ... ven, etc. Dans le troisième vers il fallait intercaler toute une série de mets appétissants: Dan was hij misschien door wat soep met aardappeltjes en spek in ('t leven geble ... ven. Nous débitions les mots intercalés avec une vitesse vertigineuse, pour arriver «a temps a geble . . . ven.Evidemment ce n'était la qu'une pure fiction dont notre oreille enfantine se contentait. Mais ce qu'on peut observer, c'est la tendance manifeste a ljisochronisme des intervalles rythmiques. L'intervalle compris entre deux accents rythmiques successifs s'appelle pied. Le pied n'est donc pas une subdivision de la matière linguistique, mais une durée temporelle, dont le commencement et la fin sont caractérisés par un accroissement d'intensité. Celui-ci frappe générale- !) Grundriss der germ. Philologie, 1893, II, 1, p. 909. 3) E. Meumann. Untersuchungen zur Psychologie und Asthetik des Rhythmus. Philos. Studiën, X, 1894, p. 399. 8 ment la partie la plus sonore de la syllabe, c'est-a-dire la voyelle. ') Nous imprimons, d'après la notation de M. Verrier, en lettres grasses la voyelle qui porte 1'accent rythmique: Ik ben met mijn Haat door bet leven gegaan. Hélène Swarth, Mijn Haat. Cette notation est plus logique qu'aucune autre. La barre musicale ( | ) ferait penser a une interruption de la voix. L'accent aigu prêterait a confusion entre accent rythmique »t accent de phrase. L'accent rythmique peut trapper toute voyelle qui porte un peu plus d'intensité que les voyelles environnantes; il suffit même souvent qu'elle ait un peu plus d'intensité que la voyelle suivante. Par contre l'accent de phrase ne coïncide pas néces'sairement avec l'accent rythmique, mais peut trapper une syllabe faible.2) • Voici quelques exemples de a. syllabes rythmiques fortes, mais faiblement accentuées (imprimées en italiques): Het vinnich stralen van de Son Ontschuyl ick in 't Bosschage. Hooft, Granida. Mouring die de Zee te nauw hiel Voor zijn zeilen ea zijn want Die de vogelen te gauw viel Al bezeilde hij maar 't land. Huygens, Scheepspraat. 1) Madame J C. Bakker-Bezemer a eu la bonté de nous communiquer le résultat provisoire de ses expérimentations faites au laboratoire de physiologie de M. le Professeur H. Zwaardemaker. Elles lui permettent de considérer la voyelle comme prineipal organe de l'accent d'intensité. Les consohnes exercent sans doute une grande influence sur „1'an-zu-abstieg" de la voyelle; quelques-unes modifient encore la hauteur de la voyelle, mais cette influence, quoique perceptible au point de vue acoustique, est trés petite, comparée a 1'intensité de la voyelle. Ce résultat, dont nous profltons avec reconnaissance, s'accorde avec celui de MM. Verrier, Minor et Landry. P. Verrier, op. cit., I, p. 148, Landry, La théorie du rythme et le rythme du francais déclamé, 1911, p. 282. 3) Cf. les exemples sous b. 9 b. syllabes rythmiques faibes, mais fortement accentuées (en italiques): Kom mee, er groeit in 't donkre bosch Droog korstmos op groen vochtig mos. Verwey, In 't bosch. Als Jezus zou slapen, 's a\onds spa, Volgden Hem steeds elf engelen na. Pol de Mont, Jexus' slapen gaan. Toen keken, daar 't zóó prachtig was .... Jan Prins, De Bruid. Hem toondet g(j de striemen uwer boeijen. Potgieter, Florence. La voix met ces syllabes en évidence par une intonation particulière. On distingue généralement les rythmes croissants et les rythmes décroissants; au premier groupe appartiendraient Tiambe, 1'anapeste et le spondée croissant, au second le trochée, le dactyle et le spondée décroissant. Cette division est défectueuse, car ce ne sont pas les pieds, mais les groupes de mots qui décident de la marche du rythme. Les syllabes peuvent se grouper de quatre manières autour des accents principaux: a. rythme croissant: fF; ff F; ffFfF, etc.1) (<) b. „ décroissant: Ff; Fff; Ff Ff; Ff Fff, etc. (>) c. „ décroissant-croissant: Ff F; FffF. (><) d. croissant-décroissant: fFf; ffFf. () Exemples:2) 1) F représente une syllabe forte, f une syllabe faible, toujours au point de vue rythmique. 2) Nous donnons nos exemples avec quelque réserve. La marche du rythme est quelquefois tres délicate, et peut dépendre de plusieurs circonstances. L'intonation, les arrêts de la'voix, la subordination des accents secondaires aux accents principaux, voila des facteurs qui jouent un röle important. II y a une limite oü 1'on ne peut pas distinguer le rythme croissant du rythme décroissant. Cf. Meumann, op. cit, p. 416. 10 a, < 'Het meer is teer en frlsch en -wijd. f F f F f F f F Scharten, Ochtend-gezang. En de hond, die zei, zeg scheelt jou wat? ff F fF f F f F Verwey, Degroote honden de kleine kat. Wijzend naar 't Land, mij door Gods wil beloofd FffF ffFf fF Hélène Swartb, Druiventrossen. Zeg, gij, vogel, o zeg, mijn hart..., F f Ff fF f F Willem Kloos, Ik weet niet wat ik zeggen, zal. b. Heerlijke terwe, Fff Ff Siersel der aarde, Ff f F f Goud in uw verwe Fff Ff René de Clercq, Het Lied der Terwe. Goede dood wiens zuiver pijpen .... Ff F f Ff Ff Dr. P.-C. Boutens, Goede dood. De klokken luien, luien mij uit, fFfFf FffF Heffende handen rekken Fff Ff Ff gestrekt f F Willem Kloos, Mijn oogen branden. Ces exemples nous montrent que le rythme n'est pas nécessairement croissant ou décroissant par le fait seul que le vers commence par une anacruse ou non. Celle-ci introduit souvent un mouvement creissant; le rythme décroissant par contre peut débuter par une syllabe faible. C. >< Stille nacht, heilige nacht.... Ff F FffF Kerstlied. Recht door Zee, recht door Zee! F f F F f F J.-P. Heye, Recht door zee. 11 Vroolijk en vr^j FffF Luchtig en blij, FffF Zwaluwen, zwiept gij mijn venster voorbjj. Felix Rutten, Zwaluwen. d. O Nu glijden de tijden zoo langzaam aan, fFf fFf fFf F De dagen, de tragen, zij willen niet gaan ... fFf fFf fFf fF F. van Eeden, Vierde nachtliedje. Zij kwamen gereden met schande en met schrik fFf fFf f F (f) f fF Met wagens vol binden de boeien. fFf fFf fFf G. Gezelle, Tijdkrans. 1) Rarement on trouve des types purs de c et d. Dans FfF et FffF une des deux fortes domine généralement; dans les exemples cités c'est la première. Le rythme est plutöt décroissant. Aussi la poésie de M. Rutten est-elle décroissante a partir du troisième vers. Le type fFf fFf se modifie facilement en Fff Fff ou bien ffF ffF. II se rapproche alors de a ou bien de b, surtout de b. Or, la métrique orthodoxe applique deux scansions selon que le rythme est croissant ou décroissant. Quand le vers commence en principe par une syllabe forte, on fait précéder 1'ictus dans tous les pieds suivants (a). Si au contraire le vers débute par une anacruse, le pied se compose d'une partie faible suivie d'une partie forte (b). a. Zeven | dagen | gleden j henen. Ff Ff Ff Ff Paulus, waar | heen? — 'k Ga de I wereld be | keeren. Ff f F ffFffFf De Genestet, De Heidenapostel. *) Les vers cités ci-dessus ont des rythmes vivants et naturels. Pas n'est besoin de chercher des exemples parmi les vers soi-disant métriques, oü on les retrouve sous les noms de amphibraque (v-u), crétique (-«-) et choriambe (-"«-). 12 - b. Wat treurt | gij, hoog | geleer | de Vos. f F f F f F f F Vondel, Vertroosting aan Gerard Vossius. O de hei | lige onsterf | lijke ster [ ren.... ffF f (f)f F f f F f Hélène Swarth, Sterren. Nous avons vu ci-dessus que 1'anacruse esl facultative, donc la métrique orthodoxe est forcément obligée de reconnaitre dans le même vers une série d'iambes ou d'anapestes et une autre se composant de trochées et de dactyles, quoique le rythme n'ait pas changé: De klok | ken lui [ en lui | en mij uit, fF fFf F. ffF Heffende | handen | rekken Fff Ff Ff ge | strekt.... f F Cette notation donne une idéé fausse du rythme. II serait plus logique d'écrire: De | klokken j luien | luien mij | uit, Heffende | handen | rekken ge | strekt.... La seule scansion rationnelle est celle qui mesure les pieds d'accent fort en accent fort. Dans les exemples sous b, qui commencent par 1'anacruse, le pied est coupé en deux. Nous notons donc ainsi: Wat | treurt gij | hoogge | leerde | Vos. O de | heilige on | sterflijke | sterren. Nous aurons alors une méthode uniforme pour mesurer les vers: la syllabe forte précède toujours les syllabes faibles: F(sans f), Ff, Fff, Fff f:') Een gloeiend heete, rechte weg, fFf FfFfF W. L. Penning, Verpoozing. i) II parait, d'après les expériences de MM. Meumann et Bolton, què notre oreille a besoin de faire commencer la mesure par l'accent: 123 123 123 ou bien 123 123 123 change après quelque temps en 123 123 123. Meumann, op. cit., p. 286. 13 Les distances temporelles entre oe, ee, e et e torment donc les pieds.') Nous divisons les pieds d'après leur nombre de syllabes: F, Ff, Fff etc. Prenons d'abord le Type [Ff] Een witte spree ligt overal.... G. Gezelle, Winterstille. Ce type est trés fréquent dans les vers néerlandais. Les accents forts n'ayant pas tous la même intensité, nous jugeons utile d'ajouter a propos du type Ff quelques remarques sur la subordination des accents rythmiques. II y a des syllabes qui ont seulement un peu plus d'accent que celles qui les environnent. Elles causent un léger mouvement ondulatoire, sans plus. D'autres au contraire, s'élèvent avec plus de force; en elles se concentre la pensée. Ce sont des noyaux autour desquels se groupent les autres sons. La combinaison Ia plus simple est constituée par les groupes Ff ou bien Fff. La répétition prolongée d'un tel groupe serait monotone, a la longue. Si toutefois nous sentons réellement Ff ou Fff comme base de la poésie, par le besoin que nous éprouvons de battre la mesure au retour de chaque F, soit du doigt, du pied, de la tête, ou bien mentalement, il s'agit du rythme élémentaire, oü les petites crêtes s'élèvent toutes a une hauteur uniforme. Mais il se peut aussi que certaines syllabes fortes (F) dominent d'autres F, moins fortes, qu'on sente les F, seules comme jalons du rythme. Les syllabes f et F s'enguirlandent entre la série F, qui est alors a la base du rythme supérieur. Le terme „rythme supérieur" est d'origine allemande. En 1907 M. E. Zitelmann donna un exposé de son l) En pratique nous ajoutons les consonnes initiales de la syllabe forte au commencement du pied, en omettant les consonnes finales. Le léger tort fait par la a l'isochronisme, est largement compensé par 1'avantage de garder la division en syllabes. 14 principe dans Der Rhythmus des fiinffiissigen Jambus, ') „Rhythmus" signifiant rythme supérieur („höhere Rhythmus") avec subordination des accents forts. La combinaison la plus simple est FF. Evidemment ces syllabes fortes sont entourées de syllabes faibles: fFf Ff, ffFffF etc, mais celles-ci, quoique de la plus grande importance dans leurs rapport avec le rythme élémentaire, n'entrent maintenant pas en ligne de compte. F est fort, F faible, au point de vue rythmique. Les métriciens antérieurs a la nouvelle école allemande avaient déja observé que les accents forts peuvent se grouper de deux en deux (dipodies). Dans Nederlandsche Metriek de M. Geurts, par exemple, nous trouvons ce principe trés clairement exposé et illustré de quelques bons exemples (pp. 38—43): O, onvermoeide molenaar O stédeböuwer, schépendrager. Ce rythme dipodique se manifestera surtout dans 1'octosyllabe, a alternance binaire. Voici quelques rondes enfantines avec rythme dipodique: Klikspaan, Arminiaan, Hij durft niet door bet steegjen gaan; Want leder zal hem smijten, Het hondjen zal hem bijten, Het katjen zal hem krabbelen, Dat komt van al dat babbelen. ~) Narre, narre, narre! Drie boeren op een karre, Die riepen reeds van varre: Narre, narre, narre. *) Sinter, Sinter Maarten, De kalvers dragen staarten, De koeien dragen horens, ) "' De klokken dragen torens, etc. *) 1) Cf. Hans Paulussen, Rhythmik und Technik des sechsfüssigen Jambus im Beutschen und Englischen, Bonn, 1913; étude inspirée des principes de M. Zitelmann. 2) Dr. J. van Vloten, Nederlandsche baker- en kinderrijmen, Leiden, 1874, p. 164. 3) ib., p. 52. *) G.-J. Boekenoogen, Onze rijmen. Gids, 1893, p. 13. 15" Au point de vue esthétique ces rythmes sont trés primitifs, et insuflïsants pour servir de point de départ a 1'étude du rythme supérieur. II est même dangereux de s'arrêter trop longtemps a ce vigoureux mouvement de balancement: on serait porté a appliquer cette. accentuation a d'autres poésies. Aussi nous sommes-nous borné a donner quelques exemples seulement, quoique nous en ayons rencontré plusieurs en feuilletant 1'opuscule de Van Vloten et 1'article de M. Boekenoogen. ') Prenons encore cette ronde-ci: Lequel des deux serait le plus satisfaisant: battre la mesure de deux en deux — Prins Robbert was een sjentelman — ou bien de quatre en quatre — Prins Robbert was een sjentelman? La seconde accentuation s'accorde mieux avec une prononciation accélérée. II en est de même en musique: un temps lent, a quatre coups par exemple, s'exprime par C, un temps plus vif par (K L'octosyllabe a quatre accents, dont deux, le plus souvent le second et le quatrième, sont subordonnés aux deux autres, est une des tormes les plus simples du rythme supérieur. Mais a priori nous pouvons présumer que le même principe se manifestera encore dans le décasyllabe et 1'alexandrin. Les accents y sont plus nombreux, les combinaisons de F et F seront donc plus compliquées. Pour étudier une de ces formes d'art nous avons analysé un disque de gramophone contenant le monologue de Rafaël dans Gysbrecht van Aemstel, de Vondel, dit par une artiste éminente, Madame Theo Mann-Bouwmeester.3) Pour analyser un disque de gramophone il ne faut pas !) Van Vloten op. cit, pp. 5, 13, 29, 52, 77, 92, 105, 137, 149, 164. Boekenoogen, op. cit., pp. 13, 20, 33. 3) Van Vloten, op. cit., p. 20. 8; Anker-record, No. 1968-1. Nous avons sulvi le teste da 1'édition de M. C.-H.-Ph. Meyer, Pantheon-uitgave, 3e herziene druk, 1904, les vers 1823—1857. Les variantes de cette édition sont placées au bas de la page. Prins Robbert was een sjentelman Een sjentelman was hij; Hij bad een broek van krenten any En een rokjen van rijstenbrij. *) lé sè contenter de reproduire une ou deux fois le texte: II faut reprendre plusieurs fois de suite, avec beaucoup de conscience, un vers, ou bien deux ou trois mots séparés, pour comparer les intensités relatives des voyelles. Mais a Ja longue on acquiert une certaine habileté a lever le diaphragme de la main gauche, a noter en même temps de la main droite sur le texte écrit 1'accentuation et a vérifier ce qu'on vient d'entendre en replacant 1'aiguille au même endroit du disque. On sera surpris de saisir peu a peu des nuances toujours plus fines. Le bruit nasillard ne vous frappe plus désagréablement: 1'artiste lui-même vous dévoile avec une patience infatigable et avec une voix toujours fraTche les secrets de son talent. Dans le texte ci-dessus les repos sensibles sont indiqués par une barre verticale ( | ).' Le rythme élémentaire est iambique a travers tout le monologue et ne sera donc pas noté. C'est seulement quand les accents acquièrent une intensité particulière, qu' ils sont indiqués par un caractère gras. S'ils sont en même temps les supports du rythme supérieur, ils sont surmontés d'un point, avec une ligne qui les relie a l'accent suivant (■ ■). L'enjambement est indiqué par deux flèches au commencement et a la fin du vers ( > >—). Lorsque les mots ne sont pas reliés par une ligne, nous percevons seulement le rythme élémentaire, quoique avec des accent trés forts quelquefois, partiellement aux vers 1, 5, 10, 32 et 33, complètement aux vers 6, 8, 14, 18—20, 24—27, 29—31 et 34. Quelques syllabes faibles se distinguent dans la phrase par leur grande importance. Comme elles se trouvent entre deux accents forts, la voix ne saurait les mettre en reliëf par une plus forte intensité; aussi les relève-t-elle par une intonation particulière. La voix monte harmonieusement pour trouver un nouveau point d'appui dans l'accent suivant. Les cas les plus caractéristiques sont marqués par des italiques, aux vers 4, 7, 16, 18, 24, 28 et 33. 1. OGysbreght, | zet getroost uw schouders onder't kruis —->—■ ■ | ■ > 2. U opgeleit van God. | 't Is al vergeefs dit huis —> ■ - . . 3. Verdaedight; | hadden wij't in ons behoed genomen, | 1? ■ ■ ■ g 4. 'tEn waer met Amsterdam | zoo verre noit gekomen: | ■ ■ ■ ■ y 5. Dus wederstreef niet meer | uw') trouwe gemaelin. | z> * 6. Verlaet uw wettigh erf | en quel u nergens in. | ■ ■ u- - ■ 7. Al leit de stad verwoest | en wil daer van niet yzen: | 8. Zij zal met grooter glans | uit stof en asch2) verrijzen: | I ; ■ B ■ 9. Want d' opperste | beleit zijn zaeken | wonderbaer. | ■ ■ ■ 10. De Hollandsche gemeent | zal, eer drie hondert jaer ■ ■ . . 11. Verloopen, | zich met maght | van bondgenooten stereken, | "> ■ -■ ■ ! . 12. En schoppen 't Roomsen autaer | met kracht uit alle kereken | -—> ■ — ■ ■ ; a 13. Verklaeren'tgraeflijck hoofd | vervallen van zijn recht, | ■ > 14. Enheerschenstaetsgewijs; | het welck een bits gevecht, | —> ■ ■ ■ . 15. En endelooze3) krijgh | en onheil4) zal verwecken, | r : ■ ■ ■ > 16. Dat zich gunseft Christenrijck | te bloedigh aen wil trecken. | —> ■ ■ , ■ 17. In't midden van den twist, | en't woeden nimmer moe | 18. Verheft uw stad haer kroon | tot aen den hemel toe, | 19. En gaet door vier en ijs | een andre weereld vinden, | 20. En dondert met geschut | op alle vier de winden. | ■ ■ ■— . 21. Uw afkomst midlerwijl | zal geenszins5) onder gaen, | ■ ■ ■ .—> 22. Maer eeuwigh | adelijck en eerelijck bestaen, | ■> > ■ ■ ■ ■ >> 23. Op sloten en in steên, | en loffelijck regeeren, | i) Edition-MEYER: uwe. *) asch en stof. ») endeloozen. *) onweer. «) en zal niet. 18 24. En Aemslels oude naem | en za\ geen lof6) ontbeeren: | 25. Als uw naemhafte stad | haar' Schouwburg open doet, | 26. En voeren7) op 'thoogh tooneel | uw daeden te gemoet | 27. Den Burgemeesteren, | en driemaal twaelef Raeden, | ■ ■ ■ ■ 28. Gezeten | op uw' schild, | van kruissen overlaeden, | 29. Dus | geeft uhaestigh scheep: | 't is tijd, want zonder God | 30. En onze hulp, | 'tware8) omgekomen met dit slot. | 31. Ick zal u met een' mist | en dicken nevel decken, | ■ ■ ■ 32. En voorgaen met mijn glans | en 'tvolck een leidstar strecken, | ■ — ■ ■ 33. In't midden van den stroom, | schep moed, | en wanhoop niet | 34. Maer | volgh gehoorzaam na | hetgeen | uGod | ge | bied.9) Nous notons donc les séries suivantes de rythme supérieur: 1—2. F F F F F F F 2—3. FFFF 3 FFFF 4. F F F F F F 5-6. F F....F FFF 7. F F F F F F 9 F F F F F F 10. FFFF 11-13. FFFFFFFFFFFFFFFFFF 14—15. F F F F F F F 16-17. FFFFFFFFFF 21. F F F F F F 22—24. FFFFFFFFFFFFF 28. F F F F F F 32. F F F F 33. FFFF La durée de quelques séries était respectivement pour un groupe de 11, 8, 6, 4, 4 et 3 distances 14, 8, 8, 5, 4 et 4 6) roem. 7) voert. 8; 't was. 9) Les derniers mots sont prononcés lentement, séparés par des arrèts préparant 1'arrèt final, comme les derniers accords de coda d'un morceau de musique. Cf. Van Ginneken, Op. cit., p. 337. 19 secondes, de sorte que la durée moyenne d'une ondulatiort rythmique est un peu plus d'une seconde. Le passage du rythme élémentaire au rythme supérieur est trés sensible, et caractérisé par une augmentation de vitesse et une prononciation plus liée. II ne. serait pas juste d'identifier le phénomène en question avec Ie rythme dipodique. Dans notre texte le rrombre des syllabes peut varier. Souvent 1'on rencontre dans les alexandrins cette forme-ci: F F FFF, par exemple dans: „op sloten en in steen, en loffeliick Ï9gei^eniiVS- 23)' et puis encore dans les ^rs 4, 7 11 ♦rl'ic ; * ' u Ct-28V Les quatre accents forts renferment trois intervalles isochrones; le premier et le troisième contenant chacun une syllabe F, le second une pause: la cesure Ce type sera fréquent par le fait qu'il se syllabe68 aCCÊntS fiXeS * la Sixième et k la d°üziè™ D'autres combinaisons sont également possibles- on n a qu a se rapporter au tableau ci-dessus. Mais ce qui rapproche es cas différents, c'est le besoin qu'on éprouve de battre la mesure a des intervalles réguliers, séparés les uns des autres d'a peu prés deux piecls ') De quellefaconréalise-t-onle rythme supérieur? D'abord il y a les accents principaux, les F, formant pour ainsi dire les pihers sur lesquels est jeté 1'arc sonore. Trois accents au moins déterminent un mouvement rythmique' repete; le deuxième, en répétant le premier, nous fait pressentir le rythme, et le troisième est nécessaire pour le conformer.2) Aussi le rythme élémentaire est basé !) VoUa aussi le secret des vers de Paulussen qui devienneut plus harmomex par une légere inwrtfion : . Ein Héerstrassgraben i.t d.e léidlfie C&sür (p.50) satisfait moins 1'oreille que Ein Héerstrassgraben lief, die léidige Casür üe meme Zigeüner waren es. Geklirr von Tambm inen (v. 51) est moins élégant que ' Ob es Zigeüner sind? Geklirr von Tamburfnen. h^èreTU T ""ne asthelische Bew«« f"'" die Wirklichkeit des Dhérmen?/ ■' ma'S ,"6 f°rmule Pas la ™™ Téri^le du P ? 7f V XPnqUe 1 isochron'^e«esintervalles rythmiques. *) Cf. Verrier, Principes, II, p. 3. ' *" 20 sur les syllabes fortes quand le pied se compose de deux syllabes (Ff) . Avec deux faibles il y ajdéja différenciation d'intensité (Ff/ ou bien F/f) et, par la, articulation temporelle. Plus 1'intervalle temporel est rempli d'impressions différentes, plus nous tendons a le réaliser comme une unité rythmique. L'arc de tout a 1'heure n'a plus besoin d'être soutenu des deux cêtés par un pilier: il est assez solide pour reposer sur un seul accent. La simple répétition du groupe éveille en nous la sensation du rythme. Aux vers 2 et 3 „'t Is al vergeefs" et „dit huis verdaedight" se suivent parallèlement, avec deux accents forts seulement. Lorsqu'on bat la mesure en récitant, on léve déja le doigt a „'t Is", soutien imaginaire du premier are, quoique le pilier manque (^.^,). Nous indiquons ce fait dans le texte par cette ligne (l ), aux vers 2, 3, 9 et 16. Au vers 9 les trois groupes forment un beau trimètre. Ces derniers groupes sont plus indépendants que ceux qui sont soutenus par deux accents. Ils peuvent même vivre séparément tout en formant une unité rythmique. Au vers 5 „trouwe gemaelin" répond a „Dus wederstreef"; aux vs. 32 et 33 „In 't midden van den stroom" est parallèle a „En voorgaen met mijn glans"; „schep moed" peut-être a „en 't volck". La répétition partielle suffit parfois pour associer le reste du groupe au mouvement général. Passons aux pieds de trois syllabes, ceux du type Fff Dieuwertjen! heugt je nog de avond voor Paasch? E.-J. Potgieter, Dieuwertjen. Als van kindren, die aalmoezen vragen. Hélène Swarth, Weëen. Nous avons déja remarqué que les deux voyelles faiblesn'ont pas toujours la même intensité. Dans „heugt je nog de avond voor Paasch?" les voyelles en italiques ont un peu plus de poids que celles de je et vond. En comparant les pieds dissyllabiques aux pieds trissyllabiques on constate que dans une série de pieds uniformes 1'augmentation de syllabes cause 1'accélération (a), la diminution de syllabes le ralentissement du débit (b). 21 a. Ik weet niet wat ik zeggen zal, , Want In mij juicht er schalmeiend.... F f F f f F W. Eloos, Ik weel niet wat ik zeggen zal. Si hadden malcander so lief, FffF Si conden bi malcander niet -;omen . . . . ') Van twee coninctkinderen. Zij maken wit den nacht met schemerblanke vachten, F f F f F Weidend de duisternis van 't welig donkre dal Ff f F f F P.-C. Boutens, Mijn bleeke denken. Ei, ei, ronkende snaren! F F F f f F - Zingende stemmen de ruimte doorvaren. A. Rodenbach, Minnezingers Meilied. b. Dat zijn geen verschrikkingsgeluiden Maar vrienden in kerkerwee. W.-L. Penning, Geluiden. Van zijn hoog paleis op den Palatijn F f F fF F f FfF Daalt Nero af tot het bloedfestijn. F FfF F f FfF Boele van Hensbroek, Domine, quo vadis? Revenons encore aux vers de M. Boutens cités ci-dessus: Zij maken wit den nacht met schemerblanke vachten, Weidend de duisternis van 't welig donkre dal. On explique souvent — et a tort — la variation rythmique au début du second vers par une syncope. ï) On rencontre quelquefois des pieds de cinq syllabes dans les vers moyen-néerlandais, par exemple dans: Hi is geboren van eenre maghet reene. Hoffmann v. Fallersleben, Niederl. geistl Lieder no. 5; cité par Fl. v. Duyse, De Melodie van het Nederl. Lied en hare rhythmische Vormen, p. 268. 22 Borinski, Deutsche Poetik, p. 78, donne la notation suivante d'un vers de Schiller: Stér - ben ist nichts, doch le - ben und nicht se - hen. En lisant a haute voix les premiers mots, tout en comptant du doigt deux croches pour ster et une croche pour ben et pour ist, on sent tout de suite que ster se prolonge beaucoup trop, comparé a ben ist. Mieux vaudrait la notation suivante: Stér-ben ist nichts, doch etc. Une noire pour ster est trop longue, une croche trop brève. Nous prenons donc la moyenne: trois doublés croches; le reste se partage en une duole. Mais cette notation est encore défectueuse, car les deux syllabes faibles ne sont pas nécessairement de même longueur. Une autre solution a été proposée par les métriciens allemands dans la „schwebende Betonung". En faisant „planer" 1'ictus sur les deux premières syllabes on nivelle la différence entre faible et forte: Weidend de duisternis. Une théorie plus moderne qui se sert aussi du terme schwebende Betonung conserve l'accent fort sur dend et relève l'accent faible sur wei par une intonation particulière. Ces deux théories considèrent le phénomène en question comme une infraction au schéma constant, et tachent de sauver le mètre par un déplacement d'accent. Dans la seconde théorie il y a sans doute du vrai: involontairement la voix monte, a la première syllabe. Mais c'est pourtant autre chose que 1'intonation particulière dont nous avons parlé plus haut, a propos des syllabes rythmiques faibles, mais fortement accentuées. Ici, dans weidend, quand on bat la mesure, le coup frappe wei, et non pas dend; toute autre accentuation sera toujours artificielle et lourde. Lorsque l'accent frappe wei, le premier pied aura trois syllabes, le second deux: FffF f F. Et comme les pieds des vers précédents sont dissylJabiques, on prononcera le groupe Fff un peu plus vite, 23 pour garder Pisochronisme. Du moins, il y aura une tendance a assimiler Fff aux Ff précédents. Malgré eet effort inconscient le pied trissyllabique sera plus long que les pieds dissyllabiques du premier vers. Et comme Fff ouvre une nouvelle série de groupes Ff, dont les intervalles rythmiques seront seulement remplis par une seule faible, le mouvement du second vers devient plus lent après le premier pied: f Ff Ff Ff FfFf Ff F ff F f F f F f F f F En relisant les vers de M. Boutens, on pourra constater ces changements de vitesse: accélération d'absrd dans FffF, ralentissement ensuite. II serait intéressant d'étudier les effets esthétiques que les poètes modernes savent tirer de cette simple variation rythmique. Type \T\ L'accent fort, non suivi de faibles, se trouve le plus souvent mêlé a des pieds de deux ou trois syllabes. Les vers néerlandais se prêtent mal a une suite monotone de syllabes fortes. Voici quelques exemples, empruntés a deux ou trois poètes et puis a des formulettes d'élimination, des rondes enfantines, etc: En hoeveel jonge'en grijzen Zonken al neer, slepen door heete malle F F zandvlakte.... Henr. Roland Holst-Van der Schalk, De Nieuwe Geboort. De hooge Zon heeft heden schoon bevonden De bleeke herfst. Dalend tot waar zij zat.... P.-C. Boutens, De hooge Zon. De beken vloeiden niet, geen windgerucht F Voer door de takken .... F F. van Eeden, Ellen, Eerste Zang. Hik spik sprauw 'k Geef de hik aan jouw, etc. Kleine, kleine, moederke alleen, Douw douw douw derideine!.... René de Clercq, Moederken alleen. 24 Oost West thuis best. (Proverbe). Al gaet in den helschen pit, Eist blaeu, graeu, zwart of wit. Eerste Martijn, vs. 21. Nous terminerons par quelques remarques sur le commencement et la fin du vers. Un vers peut commencer par une syllabe forte ou bien par une anacruse. L'anacruse est simple ou doublé, même quelquefois triple ou quadruple dans le vers moyen-néerlandais. Aanschouw den Held, der Staten rechterhand. Gei-ard Brand, Michiel de Ruyter. Als de aard nog nat is.... Boutens, Als de aard nog nat is. Un vers se termine par une syllabe forte, ou bien par une ou deux faibles. Terminaison masculine: Nacht klimt aan een lucht van satijn — J.-Jac. Thomson, De Dag .... Terminaison féminine: Een meezennestje is uitgebroken. G. Gezelle, Het Meezennestje. Terminaison „glissante": Kind, als het lente is En wij weer samen zijn Al wat nu droevig is Waait in de zonneschijn. .. A Roland Holst, Verlangens Blijdschap. Comment mesurer les faibles après le dernier accent rythmique ? Prenons un vers isolé: Ik had mijn hart als pand gegeven, F F fff F F Les quatre accents rythmiques entourent trois intervalles 25 isochrones. Le dernier F ouvre un nouvel intervalle prolongé dans les sons faibles ven et se terminant par un repos. D'un cöté donc eet espace de temps est limité. Mais nous assimilons par Yinertie ce pied imparfait aux autres. En marquant le rythme du doigt, nous pourrions faire suivre geven d'un dernier coup: Ik had mijn hart als pand gegeven. II sera plus difficile de mesurer la longueur de 1'anacruse. Quand nous commencons par Ik, nous ne connaissons pas encore le rythme, déterminé par la distance entre les accents et le nombre des syllabes intermédiaires. L'anacruse forme le passage du repos au mouvement et n'est limitée que d'un seul cöté: Ik had mijn hart als pand gegeven. >— FFFF -. > Souvent Ie vers forme une subdivision d'une période plus étendue oü le rythme, sans s'arrêter a la fin du vers, passé sans interruption au vers suivant. L'anacruse du second vers forme alors le complément du dernier pied du premier vers: O die wereld, van stralenden bloelenden schijn en die afgrond zoo donker daaronder. H. Swarth, En die afgrond.... Als de aard nog nat is van zomerregen.... P.-C. Boutens, Als de aard nog nat is. Un léger arrêt ralentira toujours le rythme, ne füt-ce que le temps nécessaire pour porter les yeux de droite a gauche. Même en récitant par coeur les vers suivants: En Zeflrus zat nog in 't struikgewas. Daar liep ze heen, hij oefende zijn basstemj maar hield in, toen hij haar zag. H. Gorter, Mei. oü le mot bas-stem est coupé a 1'enjambement, nous 26 ferons sentir Punité du second vers par un petit arrêt è bas. Cet arrêt sera encore de rigueur pour indiquer l'homophonie avec struikgewas, mais il ne nous empêchera pas de compter basstem pour un pied. L'iso'chronisme n'est pas interrompu. Evidemment la pause ne doit pas être trop longue; les deux vers ne formeraient plus une unité: Uw' vonkelende ooge, uw' rooden kam, een laaiend beeld van vier en vlam. G. Gezelle, Canteclaar. Le repos est souvent indiqué par une virgule, un point et virgule ou bien un point. La longueur des repos a la fin des vers est difficile a mesurer dans les vers déclamés. Ils ont au contraire une longueur déterminée dans les vers chantés et dans les poésies fortement rythmées, rondes, danses d'enfants, etc: Dans Wie zal 'm wezen Ik of gij Steek je neus in de Rijst en brij, il y a exactement la durée d'un pied entre gij et steek. En général on peut dire que les arrêts et les silences, qu'ils se trouvent a 1'hémistiche, a la fin du vers, ou ailleurs, comptent seulement quand ils interrompent l'isochronisme. Les petits arrêts — occlusion des voyelles, renouvellement de la quantité d'air des poumons, staccato séparant nettement les syllabes — peuvent être négligés par la métrique auditive. CHAPITRE I La lutte entre Ie vers accentuel du moyen-néerlandais et le vers syllabique se reflète*dans les témoignages des contemporains. Assez rares'aux environs de 1558 — 1'année oü Jan van der Noot écrivit son Ode dans Ie rythme nouveau — ces témoignages se multiplient lorsque nous approchons du seizième siècle. Tandis que les premiers essais de Ia nouvelle technique passèrent presque inapercus, comme une modification inconsciente de la structure intérieure du vers, les théoriciens et les poètes ne tardèrent pas a se rendre compte du changement 'qui était en train de s'opérer, et formulèrent, d'une facon plus ou moins heureuse, les lois de la nouvelle métrique. Nous ne saurions donner un meilleur exposé du problème qu'en réunissant chronologiquement ces témoignages épars et de nature différente. Les rhétoriqueurs ne se sont pas occupés de la question du rythme. Tout au plus se sont-ils bornés, dans leurs poésies aux formes compliquées et aux rimes difficiles, a mettre un peu d'unité dans la longueur de leurs vers.') i) Nous signalons en passant la tentative de réforme du R. P. Engelbertus vander Donck qui, d'après P. v. Duyse, Nederl. versbouw I, p. 21, aurait formulé vers 1523 cette règle: Gy selt in elc regel Xij silben tellen. Van Duyse a trouvé cette assertion dans une Historie der Rymkonst, Anvers 1773, qui cite, a son tour, quelques vers de Van der Donck d'après le manuscrit. Or, il faut évidemment identifler ce rnanuscrit avec celui que M. E. Soens a publié sous le titre de Onuitgegeven gedichten van Anna Bijns, dans les „Leuvensche Bijdragen", IV, et dont Enghelbrecht Van der Donck, d'après une note manuscrite, serait le copiste, et non pas 1'auteur. Les vers susdits s'y retrouvent intégralement. Toutefois ü se peut que Van der Donck ait ajouté Gy selt etc. de son erft. Le mt. qu'a publié M. Soens semble dater de 1540 environ; cette hypothese ne s'accorde pas avec la date que cite la Historie der Rymkonst: 1523. Peut-être y a-t-il la un petit problème intéressant, que nous n'avons pu approfondir, faute d'avoir eu sous les yeux la Historie der Rymkonst. 28 1548. En 1548 Matthys de Casteleyn, prêtre a öqdenaerde et fameux rhétoriqueur, termine De Const van Rethoriken. II y constate que les „facteurs" se servent dans leurs vers de neuf a (ou bien et) douze „pieds", c'est-a-dire syllabes, et pose cette règle: un vers ne doit durer que la longueur de 1'haleine (als eenen aesseme heer den magh). Cette longueur peut aller jusqu'a quinze syllabes au plus (strophe 104). Quant a Palternance des vers masculins et féminins, les „Wallons" 1'observent, mais ce n'est pas une raison pour que les Flamands suivent leur exemple.1) 1558. Dix ans après, Jan van der Noot écrit son Ode et d'autres poésies vers la même époque.2) Dans cette Ode, dédiée au Seigneur de Carloo, un des parents du poète qui se distingua dans la bataille de Saint-Quentin, le nombre des syllabes est compté — c'est déja une première nouveauté — et le rythme a une tendance prononcée a 1'alternance binaire. Non pas que 1'accentuation soit quasi-régulière! Le rythme garde une certaine désinvolture, qui ne laisse pas de nous charmer. Voici la seconde épode: Ghelyck men'siet twee Leeuwen Dat als sy syn besprongen, En seer ras overdronghen: Met iuychen en met schreeuwen, Van veel landtlieden grof, Die heur met scherpe pyken Met bussen, boghen, staven, . Willen dooden en straven, Den boeren niet en wycken, Maer heur weeren met lof.... De la même époque, peut-être d'une date antérieure est De vryagie ende het houwelyck van messer Luciaen de la Noce3) a) dont nous citons quelques vers: i) Cf. J. van Leeuwen, Matthys de Casteleyn, Utrecht, 1894. A. Verwey, Gedichten van Jonker Jan van der Noot, Amsterdam, 1896, p. 7. Vermeylen, Leven en werken van Jonker Jan van der Noot, Antwerpen, 1899, p. 36. Cf. sur la généalogie de Jonker Jan notre article dans Neophilologns, II, p. 99, et sur un exemplaire peu connu de ses oeuvres notre communication dans Het Boek, 2de reeks van het tijdschrift v. Boek- en Bibliotheekwezen, 1919, p. 52. s) La traduction de ces vers et des citations suivantes se trouve a 1'Appendice. 29 De Bruidegom oock goy parture vonde, Die hy aengreep met synder rechter hand, En dansende dansten sy een goy ronde, Volghende nae de manier van Brabant: Sy dansten wel, en op een séker mate StP1É1 Volchden sy oock der instrumenten clanck: Soo lochtelyck en met blyden ghelate, Dat sy van elck daer creghen prys en danck. Plus tard Van der Noot a composé des poésies qui s'élèvent bien au-dessus de ces premiers essais d'un jeune homme de dix-huit ans. Pourtant une distance énorme sépare — au point de vue du rythme — les vers cités des rimailleries d'un Matthys de Casteleyn! -Ici, la longueur des vers est nettement déterminée, le mouvement iambique trés sensible.') 1561. Dirick Coornhert recommande les vers libres, qui vont jusqu'a 16 syllabes. Traduction de Y Odyssee, par Dirick Coornhert: Totten goetwillighen Leser: Un pédant demande a Coornhert: Wat zijn hier reghels van vijfthienen? Sulcx en doen gheen rethorisienen So lanck te maecken : way dats gheen const. Men ghebruyekt thien twaelf ende elf. Dees heeft een ruyme wech op hem self. Tschijnt geen rijm tis schant dat hijt begonst. b) A quoi Coornhert répond: Sulcke neuswijse moet ick vraghen Door wat rechtsy de vrijen plaghen Met heur Wetten dwaeslijck vercoren? Virgilius de groote Poëet 7 *lCz„ Stelt regels van seventhienen breet Ey laet hem om heurluy te hooren. Een volle sin eyscht een heel reghel Daer af de syde rijm tslot en seghel Als elcx een athem uyt mach spreken. Waerom sal ons de thien benauwen Daer sesthien gheen gheest en verflauwen? Is dees ruymt dan byden Latijnen Waerom sal ons benauthëyt pijnen? Soecktmen const? men volch heur maet en voet. c) Van der Noot ne trouva pas tout de suite cette voie nouvelle. De 1'année 1558 date encore le Rondeau sur la paix de Vervim, dont la technique se rapproche de cellé des rhétoriqueurs. 30 Üne défense analogue se trouve dans le Voor-reden du second volume de YOdyssée. Quiconque veut étudier le nouveau rythme, aurait tort de prendre comme point de départ un seul poète. 1565. Lucas de Heere, poète a cheval sur les deux siècles, écrit a Gand Den Hof en Boomgaerd der Poësien, oü il imite surtout Clément Marot1). II fait des sonnets, des psaumes, des odes, mais aussi des refrains („Refereynen"). L'éditeur du Hof en Boomgaard déclare que „ den Autheur jeghenwordigh in zijn dichten ghebruuct heeft reghels mate, dat is (op datt verstaen die van der conste niet en zijn) alle de reghels, oft versen van een Referein, oft ander werc, zijn van eender mate van syllaben Welcke perfectien met meer ander, al schijnen zij nieuwe, nochtans bij de gheleerde gheheel bekend zijn en de dichter zulcke gratie gheven, dat ghy ooc die goed vinden zult, als ghyse wel verstaet." d) De Heere est un versilïcateur médiocre. 11 compte les syllabes, — mais — ajoute M. Vermeylen, „il ne les pèse pas, et tant qu'on les compte sans les peser on ne peut pas parler d'une nouvelle rythmique". 1577. Spieghel der werelt, ghestelt in ryme door M. Peeter Heyns. 't Antwerpen. 1577. Ist dat ghyer iet inne vercreupelt acht, wytet eensdeels de plaetse en d' ander de mate die ick Brabantsche wyse ih ons tale heb' ghewacht. e) 1577/78. Jan van Hout, secrétaire de la ville de Leyde, a été pendant longtemps considéré comme 1'innovateur du nouveau rythme.2) L'auteur du Franciscaender, traduction du Franciscanus de Buchanan, était un violent adversaire des rhétoriqueurs. Les deux spécimens de sa technique, cités par P. van Duyse, font preuve d'un rythme trop sur peut-être, selon M. Vermeylen, qui les considère plutöt comme les fruits littéraires d'un humaniste savant. *) Par exemple Le Temple de Cupidon, Epitre au roi pour avoir été dtrobé, Première Epitre du coq d l'dne. 2) Cf. la citation de Carel van Mander, de 1604. 31 Ode sur la délivrance d'Utrecht (1577): Al ist dat men het leeuken naeckt Van jonghs op voet en huislick maeckt, Zijn leeuwen-aert en sal daarom noch niet verflauwen: Want als men hem ten lesten terght, Bruickt bij straks sijn geweld, sijn tanden, [steert en klauwen.... Et voici la traduction de 1'ode horatienne Eheu fugaces, Posthume (1578): Eylaes, eylaes, hue vliegen so Zeer snellic voort (o vrunt van Loo) Mit vlercken van de wint de scielic vliende jaren: Want de un-betemde doot vertrect Geensins, of eerlic zijn bedect Mit rimpels diep tgesicht, den cop met grize haren. Ce sont, comme on voit, des vers a rythme iambique quasi-régulier. Jan van Hout se prononce sur sa métrique dans les termes suivants:') „De verssen dan, die ic in den jegenwoordigen Franciscaender gebruykt hebbe zijn Alexandrins, zo di bi de Francoyzen werden genomt, ende bestaen van zes voeten of twaelf sillaben, hebbende haren val, rustinge, steunsel of ademhalinge naer de derde voet, 't welc de zeste sillabe is, dewelcke ic onder den anderen verdeelt oft geschakeert hebbe met masculins, opte laetste sillabe rymende, ende mit feminins, rymende opte laetslaetste of voornaestlaetste. Zo nu als ic hope de jegenwoordige myne eerste vruchten u.L. eenichsins connen behagen, zal mi des een prickel zijn, omme my dagelicx in de conste van poëziën, daerinne ic mi noch jong ende onervaren kenne, als de zelve noch geen twee jaren gebruict hebbende, zulx ende inder vougen wy deselve nutertyt gesamentllcken gebruycken, te weten op een zekere mate ende yegelycke !) Nous devons cette citation aux recherches infatigables de M. J. Prinsen J.-Lzn., qui a -publié sur Jan van Hout un grand nombre de détails intéressants, jusqu'ici inconnus. Cf. Tijdschrift v. Ned. Taal- en Letterk., 22, 23, 25, 32. J. Prinsen J.-Lzn., m De Nederl. Renaissance-dichter Jan van Hout, Amsterdam 1907 et Handboek der Nederl. Letterkundige Geschiedenis, pp. 230—231. > 32 sillabe op zijn juyste gewichte comende, meerder ende meerder te ouffenen." f) 1581/85. Dans les Poeticsche Werken de Jan van der Noot, datant de 1581 jusqu'a 1585, nous trouvons seulement une courte explication concernant les nouveautés métriques qu'il introduif: Als die aerdighlyck ierst in d'Brabandts sanck Heerlyke veerschen schoon, hoogh van gheclanck: Oock Ghemeyn veerschen suet: en dies ghelycken Liricscbe veerschen lichten, in woorden rycke .... g) Ainsi pas de remarques sur le rythme! Devons-nous regretter la perte d'un Art Poétique (Kunst der Poeteryen)') que le poète aurait écrit, et oü il aurait pu être plus explicite quant a 1'accentuation de ses vers? Nous ne le croyons pas. Probablement notre Brabancon s'y étendait davantage sur le nombre des syllabes, la césure et 1'élision, suivant le modèle des arts poétiques francais; quant au rythme, il est douteux qu'il ait eu des vues plus profondes que ses contemporains. II nous reste en outre son oeuvre poétique elle-même, précieux témoignage s'il en fut. 1581. C. Landschot écrit, des vers de Jan van der Noot: doende, om die, aangaende de Nederlandsche tale op sekere mesure ende regel te brengen, volghende daer inne den voet van de franchoische poëthen. h). (Cf. Vermeylen, op. cit., p. 95). 1582. Dirick Coornhert se refuse a plier sa personnalité trés prononcée aux lois rigoureuses des chambres de rhéiorique: .... want ick noyt Camer En heb gehanteert, daer de const van reden-ryck Qeplecht wert, met vele wetten verscheydelyck: Van woorden, cesuren, en alreley maten, Met sulck eygen hehaecb, dat sy alt werck haten Welx vrye voet niet danst na den pijp van haer wet. i) (Rymerien). _ !) Mentionné par Grenerus, dans son Apodixe et par Ackermanns, dans V Apologie ajoutée aux CEuvres poétiques de Van der Noot. Cf. Vermeylen, op. cit., p. 45. 33 Et encore: 1583. Nu stemt ick noyt onder eenich Camers socte; Waert dae vreemt of elck mijn ryms vryheyt begeekte » Zal die niet met hoonlyeke spot werden belaecht Van -t Volck; dat sich in baer selfs wet zoo wel behaeeht Dat zy met wissel van' voeten banden breven, Om vrije Rymers in hoor boeyens te leyen?1)' j) Om dat ick niet en heh vhavrfnht v u. .. — r> «.6..« uo luusciie mme tsal al zijn: wat is dit? dees houdt noch d' oude strate cesure en ghepaert-dicht zijn hier heel in den ban!2;/;) (Peeter lleyns: ïbtten Nederlandschen poëten, op de fraccoische mate). 1584. Les poètes peuvent se servir assez inconsciemment du nouveau système de versification, il en est autrement des rhetonqueurs, patients et laborieux „boute-rime" auxquels n echappe pas facilement la modification qui est en train de s operer. En 1584 la Chambre In Liefde bloeyende, d'Amsterdam, publie un livre remarquable: Twe-spraack van de Nederduitsche Letterkunst3), dont nous reproduisons un fraement qui touche de prés Ie problème qui nous occupe. Au chapdre Van de Maatklanck ende uytspraack nous hsons ceci: ' f .... want onder de silben zijn langhe, en korte, ende twyfehnghen die nu lang ende dan kort zyn moghen: de korte rekent men een póós ofte pause toe / In dé langhe twe pózen, de korte wort met een halfrond w en de langhe met een recht schrabbeken - af2hemerkt: dit noemt men voeten / om dat de ghedichten der Kymers / na de vervoeghing der zeiver / schicklyck óf wanschicklyck voórdópen. De Reedners vanouds / hebben dit in haar schrifte / mede waarghenome / maar onder ons ist zó heel vreemd / dat wij Rymers / naulyk óyt daar af hebben hóren spreken / ick laat staan / dat wij in ons dichten daarop zouden achten. Maar in de Liedekens / zijn wy ghedwonghen / t'selfde (dickwils onwetende) waar te nemen; want zullen die ) Cf. Kal ff, Gesc/i. d. Ned. Lellcrk. i d. XVJde eeuw, I, ,,. 999 g) berrure, Vaderlandsch Museum, Hf, p. 306. ; Cf. K. Kooiman, Twespraack, etc. Leiden 1913, 3 34 ghevoechlyck ghezonghen worden / zó moeten de silben na de noten ófte de noten na der silben voeten ghevoeght worden. Oock vint men dat zommige Rymers -hun ghedichten zoet / der anderen wreed vallen / dit komt doort wel óft misstelten ende voeghen der silben: Colyn van Ryssel in zijn Spieghel der Minnen schynt uyter naturen (óf moghelyck met voordacht) op veel plaatsen zoet vallende silben waar ghenomen te hebben.') Daar zynder óóck huydensdaaghs / diëer op beghinnen te achten: ende ick laat my niet anders voorstaan /' zó men hier in met verstandighe opmerking vóórt vaart / óf t'sal mettertyd een behachlyke cierlyckheid ende welstand in onze taal brenghen: doch dunckt my / datmen meer na den aard van onze spraack / als na den voet der Latynisten moet te werck ghaen: mits wy door de menichte der eensilbighe grondwóórden / zeer veel langhe silben hebben. .... Het is veel ghedaan als wij nu tusschen de X ende Xiiij silben onze reghels dwinghen / daar na myn verstand / ghelyck luydende reghels van ener langte behóren te zijn: altyd daart tgheklanck op de naastleste silbe valt / een silb langher als daart op de leste valt / ende dat deze in Rym behóren buert om buert te komen: ghelyck wy zien dat de Fransóyzen doen / die in dezen ons verde verby zeylen: hoe wel onze taal veel gheschickter daar toe inder daad bevonden zal worden. .... Maar weder komende op de voeten / die versta iek in Reviereinen, Balladen, Rondelen, Liedekens, ende zulcke ghedichten / op eenparighe langte ende menichte / behóren ghestelt te zyn: maar in spelen / tzy sinspelen, truerspelen, (ick meen Tragediën) kluyten of tafelspelen, daar in zoud'ick elck na lust vriicheid laten (ghelyckmen van ouds óóck ghehad heeft / op dat de taal ghewoonlyck spreken best ghelyke: datmer oóck spreeckwóórden na gheleghentheyd magh inmenghen, al quamen daar reghels van XV, XVI silben andere weer van VIII, IX ick zoudet niet laken. /) 1) Colyn van Ryssel, Spieghel der Minnen, 1561, préface de D. Coornhert. Ce sont des vers accentuels d'inspiration médiocre, qui s'élèvent toutefois au-dessus des autres rimailleries des rhétoriqueurs. Cf. M.-W. lmmink, De Spieghel der Minnen door Coliji* van Rijssele, pp. LXIV—LXXI. 35 1589. Lettre de Marmx concernant la césure, trop longue pour etre reprodu.te in extenso. Nous en donnerons une tcoc analyse au quatrième chapitre. 1596. Den Lust-Hof van Rethorica (Leiden): .... hout vrye maet, laet u aen geen sillaben knoopen. m) l597' rr^ï1 ™?«?Jander' que nous retrouverons plus loin (Cf. 1 année 1604) annonce dans sa traduction des BucoliqaS: Nieu Fransche wijs ic volgh', hoe wel t'sal wesea Voor veel wat vremts, om dat ment niet en plach. n) 1600. Jacob Duyrn1), poète de qualité inférieure, a été fortement preoccupe de Ia question du rythme. Volei quelques fragments du Spiegelboeck, publié en 1600 a Leyde' .... ende vele onder haerlieden hebben cleyne'acht genomen op de mate ofte veelheyt der syllaben, makende hare regulen dan van thien, dan twaelf ênde dan vnfthien syllaben lanck, al naer dat nïer 'vooï coemt daer ons nochtans de Fransche Dichtstelders eenen ende Sn ^ C0"stl'gher?n w«* # wijsende, m2 ende stellen alleen haer veirssen (soo sy die noemen) aitijt op een maet, het zy van twaelf ofte van dertS syllaben, oft soo sy die noemen) mescaline endfem n ne dat» van twaelf ende derthien overhandt, maekendê aitijt op de seste syllabe een cesure, dat is een afsmjchnghe oft op de vierde ofte vijfde n r den eysch T WeTïkluet ,Welck ick hier in mi n SpieghelbS so seer hebbe ghesocht naer te volghen alst moghelyck s gheweest.. om alle redenrijeke gheesten eenln voet e wijsen hoe dat sy haer behooren nade Fransche maet te voegen, ende de oude maet (so sy die noeme) te laten nTSHh°Pende d3t mettertijt van vele sal nagevo^cht, ende" mtgoede genomen werde. o) ■ Malgré les nouveautés qu'il promet au lecteur Duvm parait être partisan de la vieille école- y .... sommige veersen tellen wy alleen de syllaben oft dLtn on d° V^' ^ S°mm^ tellen wyalïeen dTe il hf „°P de Fransche man.ere om te thoonen dat wy t ln onse tale oock so wel connen als de Fransche doch en begeeren daer niet aan gebonden te zijn p) ' b Sur Jacob Duyrn cf. K. Poll, Ooer de tooneehpelen van den Leidschen rederijker Jacob Duym, Groningen 1898. 36 Craignant peut-être de trouver des critiques sévères parmi les rhétoriqueurs de son temps, il dissimule autant que possible ses innovations: Ick en hebbe niet willen volghen de groote sorchvuldicheyt die de sommighe in cleyne wercken soecken te volgen, als willende binnens regels ooc gebruycken seeckere lengde ende cortheyt van syllaben, daer met sy haer eenen wreeden ende stereken toom inden mont legghen, daer mede sy bedwonghen worden dicwils haren sin te bederven, ende veel harde ende nieu gesochte woorden voorts te brengen, so dat den Leser menichmael wel soude eenen uytleggher behoeven om die te recht te verstaen. alleen hebben gade gheslagen dat in alle reghels de seste syllabe een cesure ofte afsnijdinge can verdragen, gelijck wy tot dien eynde gebruyeken in 't midden des regels / dit teecken, biddende den Leser dat hy int lesen sulex wilde voorbij gaen als of daer niet en stonde, op dat den sin int lesen niet bedorven - en worde, q) En 1606 Duyrn s'est conformé de plus en plus au'nouvel usage de faire attention a la quantité des syllabes. Dans Een Ghedenck-Boeck, oeuvre d'une inspiration médiocre, nous lisons ceci: Wy hebben oock so seer het ons mogelijck is geweest / gehouden de Fransoische maet / ende in onse Versen oft Regulen gebruykt die sy / Heroikes oft Heerlijck noemen / ende zijn van twaelf ende derthien sillaben mM: lanck. Wat de sillaben aengaet / die sult ghy oock van behoirlicke lengde ende cortheyt vinden / ten waer in namen oft eenige dingen die onverandert opde behoirlicke maet niet en connen gebracht worden / sonder het verstant en sin heel te bederven, r) 1602. Bruylofts Bancket, de M. V(lack): „... . om dat ghy zoo al even Nieu Fransche maet ghestelt hebt en gheschreven". s) 1604. Carel van Mander,1) poète et peintre, enthousiaste et i) Cf. sur Carel van Mander la belle thèfe de M. R Jacobsen (Leiden 190H), oü 1'on trouve sur ia versification de ce teMaps (les remarques flnes et profondes. Van Mander a écrit ses remarqües plus 1ót, peut-être même avant la publication de ses Bucoliques (1597). Cf. Jacobsen, op. cit., p. 71. 37 fervent propagandiste des idéés qui nous venaient des artistes de la Renaissance italienne et frangaise, a, lui aussi, exposé ses idéés sur les nouveaux mètres dans son Sdiilder-Boeck, contenant les biographies, écrites en vers, des peintres de 1'antiquité et du seizième siècle. Ick hadde dit bestaende gheen recht verstandt van de Fransche dicht-mate / dan evenwel geen behaghen in onse ghemeen oude mancke wijse. Ick segghe manck / om dat wy de reghelen niet op eenderley mate en ghebruyckten: daarom volghd' ick de langhde van d'Italiaensche Octaven: dan op onse wijse oversleghen. Ick heb geen een - syllabighe rijm-woorden /'oft die op de leste syllabe den rijm-clanck hebben / gebruyckt / dat zijn die de Fransche masculin noemen / en ick op Vlaems staende rijm-woorden; maer hebbe over al ghenomen die den clanck op een nae lest hebben / die ick vallende noeme / ende Fransche Feminin. Hebbe oock vermijdt / die op twee nae de lest den clanck hebben / die ik struyckel dichten noem op d'Italische wijse / diese heeten Druccioli. 't Thadde misschien den Dicht-verstandighen beter behaegt / dat ick dit mijn ghedicht met Fransche voeten hadde laeten voort-treden: Dan 't hadde my swaerder / en de jeught duysterder moghen vallen. Ick bekenne wel / datmen Gallischer wyse / op Alexandrijnsche mate wel wat goets soude doen: Dan daer hoeft groot opmerck / en langen tijdt toe / om vol schoon stoffe / en vloeyende te wesen: en bevinde oock seer goet / en wel luydende / datmen sijn tweede syllabe altijts hardt oft langh neme / en d'eerste cort ghelijck sulckx in onse sprake eerst in het ghebruyck is ghecomen door den grooten Dichter d'Heer Jan van Hout, Pensionaris der Stadt Leyden / die uyt Petrarcha, Ronsard, en ander / sulcx van in syn jeught waer ghenomen / en ghevolgt heeft. Nu ick van de Dicht-const beghinne verhalen / wil ick (als oft hier voegde) heel cort mijn gevoelen / en welmeyninghe daer van segghen / te weten / van de opstijghende / en by ons in swanck comende Fransche wijse en maet / stellende eenige voorbeelden van goede en quade reghelen. Eerst in de Commune van thien en elf syllaben / desen reghel van elven / met sijnfemenijn oft vallende rijm / acht ick goet: Schoon jonghe Ieught, Meestersse van mijn leven. 38 Goet / om dat hy binnen zijnen vier-sillabigen rustclanck begrijpt eenen volcomen sin / en cier-woorden by zyn stoffigh woort / dat de Latynen zeggen Adjectivum by het Substantivum. Oock om dat 't gevolg des regels eenen volcomen sin in hem selven begrijpt / sonder van 't navolgende te moeten ontleenen. Desen volghenden van thien syllaben met staenden rijm is niet soo goet: Een man die wel ervaren is ter Zee. Want zijnen rust-clanck comende op wel / moet van 't navolgende ontleenen. Nu aengaende de ses-voetige Alexandrijnen / van twaelf en derthien syllaben / die op de seste de rust-clanck hebben / acht ick desen regel van derthienen goet: In Gods geplanten Hof, in 't lustig Oostigh Eden. Want hy binnen rust-clanck / en in zijn geheel / volcomen sin begrijpt, f) 1609a. Dans un recueil de chansons religieuses, intitulé Het prieel der gheestelijcke melodie1), publié a Bruges, nous lisons: Soo hebben wy dan onse oude Rhetorycke gebracht op den Fransoyschen en de Italiaenschen voet, te weten op een sulcke, datter niet een syllabe min oft meer en sy dan den sanc is vereyschenden. u) 16096. Vreeds-Triumph-Gedicht (Gorinchem): Momus was ghereet met spot sulcx te verfoeyen, My scheldende dat ick onvruchtbaer had gheslaeft Het nieu Fransch-maet ghedicht twelck als op voeten draeft T'gunt ick als Leerlingh jongh om volghen my gingh moeyen / Bespotten hy / en zey: t'Dicht loopt oft lach aen boeyen. v) 1612. Roemer Visscher, Brabbeling. Den Drucker tot den Verstandighen Leser: .... misschien zullen sommigen afgeven op deze „Quicken", haer beroepende op de maet, ende Fransche snee: op de syllaben, off die lanck off cort sijn, ende dierghelijcke neuswijsicheyt meer. Dan seecker, dit en heeft niet oft weynich om 't lijff. w) ') Cité par Fl. v. Duyse, Het eenstemmig Fransch en Nederlandsen Wereldlijk Lied (publ. p. 1'Académie Royale, 1896, p. 298.) 39 1617. Dans Vlaerdings Rederyck-berg, pièce de théatre d'un rhétoriqueur, se trodve une conversation entre Pan, Midas et Momus, qui commence ainsi: Dat en heeft niet ghemaeekt eweest op de Franse snee Daer houdt men nu alsoo veel van / 't is niet te segghen Wie dat nu niet en kan / die moet thans after legghen. x) 1622. Abraham van Gherwen. U Silben zacht en hard, van silb tot silb beneven maar als ghy hard beghind, steld weer een zacht gheluyd Zet ghéén twé zachte t'zaam, 't welk al te zéér uytmuyt Twé harde magh bestaan, maar beter waart na bleven. Al uwe Silben teld, in eiken Reghel net Op dat ghy niet te veel, noch waeynigh silben zet Van vaers tot vaerzen al, dit is één vasten rpghel. Nu ik dus veel van 't Rymen verhaald heb, moet hier ééns onderscheydelyk stellen 't Verschil datter is tusschen quaad en ghoed / op dat den Leergherighen Lezer eens recht magh verstaan: Waarom dat de Ghedichten somtyds veranderd worden duer de Verstandighe Kunstoenenaars. Merkt aan één Vaersken van myn éérste Liedeken dat ik zelfs ghemaakt heb: doen ik nóch onghe-oeffend was (1605). (Dit éérste Vaersken is quaad) • Ghy christelyke schaar Looft den Héér alleghaar In Si-on uytverkoren Metter Harten éénpaar Duer 's Ghéésts verhueghen daar Uwe stemmen laat hóren. > Merkt: Den tweden, vierden, en zesten Reghel is quaad: zo ghy wel perfekt kund horen int Lezen (ik laat noch Zingghen staan) want de twede, vierde en zeste silben ia elcken Reghel: moeten hard uytghesproken en ghezongghen worden / en daar teghen: de eerste, derde, vyfde, en zuevende silben zacht, alzo ghy merckelyk kund zien en verstaan aan de Verbetering: zo ikt ook zeiver daar na veranderd heb in myn Liedboexken ghenaamd: 40 De ghulde Zang-Fonteyne, Blad XXXVI, als volght: (1620). (Dit ander Vaersken is ghoed) Ghy christelyke schaar Loofd Ghod nu alleghaar In Si-on uytverkoren Met Hart en Zin éénpaar Duer 's Ghéésts verhueghen daar Laat uwe stemmen hóren. ^) Puis Van Gherwen indique quelques amélipriations dans d'autres recueils et ajoute: .... Want als men niet en weet welke silben dat Hart en Zacht uytghesproken of Ghesongghen moeten worden: en dat men niet dan ter rechten plaatsen niet en weet te stellen na den eys des Zanx: dat is even als iemand na de Noten wou Zinghen die sich op de Muziek niet en verstond, y) 1623. Correspondance entre P.-C. Hooft en C. Huygens. Cf. Chap. UI. 1624. Richard Verstegen écrit dans la préface de ses Nederduytsche Epigrammen ende Epitaphien: Aengaende de maet van de Epigrammen ick en twijfel niet eenighe Brabantsche dichters sullen segghen dat sy niet ghestelt zijn op de Brabantsche maet / het welck ooc waer is / maer hier op gheve ick voor antwoordt / dat de Brabantsche maet behoort meer strictelijck onderhouden te worden op de Brabantsche coremerckt. De Epigrammen dan niet teghenstaende / zijn ghestelt op hunne sekere maet / en hebben oock hun cadentie alsoo geobserveert / dat sy niet tot der oor onbehaghelijck syn / als mense niet door het qualijck proriunceren / mal plaisant en maeckt. z) 1625. C. van Heule, Nederduytsche Grammatica of Spraeckonst, distingue trois pieds: iambe, spondée et dactyle; le dernier s'applique aux chansons. Le rythme le plus commun consiste en six pieds, se composant de spondées entremêlés ou non d'iambes: •» O Heer, mijn hert en is niet hoog, Niet op geblazen is mijn oog. !) Abraham van Gherwen, Voor-loperken, inhoudende Een kort Onderricht der Letterkunst, 1624. (L'édition est donc de 1624, mais Van Gherwen a éérit ces vers en 1622). 41 Dans ces vers de six pieds, les 2e, 4e, 6e, 8e et 10e syllabes doivent être longues, les le, 3e, 5e, 7e, 9e et 11e peuvent être longues ou bien brèves. Ces prescriptions, purement personnelles, ont ceci de vrai que la partie faible du pied est souvent presque aussi accentuée que la partie forte. Van Heule prêche inconsciemment Palternance binaire, car ses spondées sont plutot des iambes. 1626. La nouvelle métrique fut lente a s'introduire partout. Soixante-huit ans après que Jan van der Noot écrivit son Ode (voir 1558), un Flamand, Ymmeloot, crut annoncer une découverte toute fraiche dans sou ouvrage intitulé: La France et la Flandre réformées, ou traicté enseignant la vraye méthode d'une nouvelle poésie francoise et thyoise, harmonieuse et débitable (Ypres 1626).') Selon Ymmeloot Pharmonie (ou la mélodie, c'est tout un pour lui) dépend du mouvement iambique. Et fier de sa trouvaille, point neuve, comme on voit, Ymmeloot se croit, non sans un certain pédantisme, le fondateur d'une jeune école qui se concentre dans Ypres. C'est possible, seulement, les noms des disciples sont absolument dépourvus d'intérêt. i) Cf. Van Duyse, Nederl. Versbouw, I, p. 49; Snellaert. Verh. over de Nederl. Dichtkunst in België, p. 223. CHAPITRE II Jusqu'a quel point Ie rythme alternant a-t-il été inconsciemment le principe du vers accentuel avant le XVIe siècle? Pour analyser les vers moyen-néerlandais, nous appliquerons la méthode développée dans PIntroduction: lire è haute voix, d'une facon naturelle, en notant mentalement l'accent. Nous verrons 1'ictus se manifester clairement a des distances isochrones. Prenons quelques vers du Vos Reynaerde (éd. Zwolsche herdrukken): Hoe dtcken sach Reynaert achter rugghe Weder daer die hoenre ghtnghen. Hine conste hem niet bedwtnghen Hine moeste ztere zeden pleghen: Al haddemen hem thoeft af ghesleghen, Het ware ten hoenren vraert ghevloghen, Also verre alst hadde ghemoghem. Grim beert sach dit ghelaet Ende seide: „onreyne vraet, Dat hu dat hoghe so omme goet!" Reynaert andwoerde: , ghi doet quaet Dat ghi mine faerte so versmeert Ende mine bede dus verstorbeert. Laet mi doch- lesen . ij . pater nooster, Der hoenre zielen van den doester Ende den gansen te ghenaden, Die ic dtcken hebbe verraden. Die ic desen beleghen nonnen Met mier lust af hebbe ghewonnen." Grimbeert balch, ne waer Reynaert Hadde emmer zine oghen achterwaert, Tes si quamen ter rechten straten Doe began hem drouve ghelaten Ende arde zeere beefde Reynaert (Daer keerde-si te bove waert). 43 Doe hi beg«n den hove naken, Daer hi waende seere mesraken. (Vers 1727—1753). i) Nous avons choisi ce fragment, paree qu'il a été analysé par M. J. de Geyter, Flamand de naissance, et juge compétent de 1'accentuation moyen-néerlandaise. On nous permettra, avant de traiter les particularités que présente le vers moyen-néerlandais, de réfuter quelques objections qu'on pourrait nous faire, et a juste titre! Toute scansion sera nécessairement subjective. Ce qui paraït mélodieux a 1'un, choquera 1'autre, surtout lorsqu'ii s agit de la reconstruction d'un vers que séparent de notre oreille plusieurs siècles. Personne mieux que nous ne peut être persuadé qu'il faut se garder d'attacher une trop grande valeur aux scansions ci-dessus — qui sont de M. de Geyter — ni aux nötres qui vont suivre. Mais d'un autre cóté on ne saurait nier la haute importance d'une analyse qui laisse le vers intact, qui n'a pas recours anx émendations fScheuses des anciens textes, qui ne se laisse pas influencer par un système préconcu, Si ingénieux soit-il. Alors seulement nous nous rapprochons de trés prés des mtentions de ceux que ne sauraient ranimer par leur personnalité, par leurs inflexions de voix, par le geste, par 1 expression de leur visage, les manuscrits qu'ils nous ont laisses. Et nous constatons que le moyen-néerlandais se rapproche de plus en plus; qu'il ya, certes, des différences avec notre Iangue, mais qu'il y a aussi de grandes ressemblances. II restera toujours des doutes, des vues personnelles, elles ne détruisent pas la valeur de la scansion rationnelle. Nous formulons cette défense une fois pour toutes. A première vue les vers cités présentent un rythme on ne peut pas plus varié. Nous voyons en effet anacruse simple ou doublé; vers sans anacruse; a 1'intérieur, des pieds de une, deux, trois, quatre syllabes même. Deux accents forts peuvent se suivre immédiatement. ) Cf. J. de Geyter, Reinaert-de-Vos in Nieuwnederlandsch met de regels van den middeleeuwschen vei-sbouw in Bietsen en Duitsch en onderzoek naar de quantiteit in Oudduitsch en Gothiek. Schiedam 1885. 44 Le nombre des pieds varie de trois a cinq: toutefois le nombre des accents est en général de quatre. Mais, une fois ces limites trés vastes posées, nous avons le droit de nous demander si, parmi ces libertés, il n'y a pas de tendances, si vagues soient-elles, a un mouvement rythmique plus régulier. Jonckbloet voulut faire plier ce rythme varié a une alternance quasi-régulière, et se vit forcé, par la, de „corriger" un certain nombre de vers, voire d'en biffer d'autres, ') erreur étrange, qui fait ranger Jonckbloet parmi le grand nombre de métriciens qui se sont laissé duper par Péternelle illusion de leur propre oreille. Aussi ne voulons-nous pas insister sur sa théorie. Mais voici un fait curieux: Julius de Geyter, le plus violent adversaire de Jonckbloet, réclamant la liberté absolue des accents faibles, tache d'appliquer ce qu'il croyait être le principe du vers moyen-néerlandais dans son Reinaert-de-Vos in Nieuwnederlandsch et ne parvient en somme qu'a écrire des vers a peu prés réguliers. Qu'on écoute le début de son poème: Willem die den Madoc maakte, Waar bij menig nacht om waakte, Kon het langer niet verduren, Dat men nog Reinaarts avonturen Niet had geschreven in het Dietsch. Vlijtig ging hij dus aan 't zoeken In een aantal Walsche boeken, En nu heeft hij Reinaarts leven, Met Gods hulp, hier neergeschreven. Gods hulp ontbreek u ook in niets. Rien de plus régulier que les vers de eet indépendant. Ainsi Jonckbloet et lui se rapprochent plus qu'on n'aurait cru. Si le mouvement alternant se trouve dans le vers moyen- !) Cf. notamment Over middelnederlandschen episehen versbouw, 1849; Geschiedenis der Ned. Letterkunde, de 1868, 1873 et 1884. 45 néerlandais,') nous devrons surtout étudier les vers k quatre accents,2) puisqu'ils 1'emportent en nombre sur tous les autres, sans négliger les vers a trois ef a cinq accents3). Le type du premier sera (f) F f F f F f F (f) avec anacruse et finale facultatives, donc de sept a neuf syllabes. Les deux autres se présenteront sous cette forme: (f) F f F f F (f) et (f) F f F f F f F f F (f) II demeure entendu qu'on pourra également remarquer des alternances dans les vers irréguliers, tels que ceux-ci: fFf F ff F f F; f F ff F F f F f etc, Nous imprimons en italiques tous les pieds dissyllabiques, sans attacher toutefois une trop grande valeur a ceux qui sont isolés et qui par la perdent plus ou moins leur force rythmique. Nos analyses portent sur deux groupesde poésies distinctes (poésies épiques et didactiques d'un cóté, poésies lyriques de 1'autre) qui présentent chacun une physionomie particulière, comme on verra dans la suite. Pour des raisons purement pratiques nous nous en sommes tenu, quant au choix de nos poésies, au recueil de M. G. Engels: Middel-nederlandsche epische en lyrische poëzie. Et, afin d'échapper a la critique d'avoir choisi des poésies spéciales pour le besoin de la cause, nous prenons simplement les cent premiers vers de chaque auteur. Faisons d'abord une restriction importante. Après la publication des articles de M. G.-S. Overdiep, que nous i) Nuus ne vuuluns pas alléguer comme preuve de 1'altcrnance la Vie de Sainte-Lutgart, oü, dans les vers de 8 ou 9 syllabes, on constate une ondulation tres régulière de forte a faible. Ce mètre, quoi qu'on pense de sa valeur artistique, reste 'un phéaomème isolé, scientilique, qui ne peut avoir aucun rapport avec le mouvement nouveau qui s'est produit au XVIe siècle. *) Inutile presqae de répéter que le terme accent a une valeur relative (Cf. p. 8 de 1'Introduction). Nous ne suivons donc pas M. de Geyter dans sa méthode peu séduisante de vouloir léduire tous les vers a cinq accents en vers a quatre accents, et de placer le cinquièin», avec les faibles qui 1'environnent, en dehors, devant le vers, comme une e?pèoe d'anacruse allongée. 46 avons signalês k la page 3, il est presque superflu d'observer que nos analyses n'ont point Ia prétention d'ajouter rien de nouveau aux recherches sur le vers moyen-néerlandais. La base de ces recherches — M. Overdiep le démontre clairement — doit consister en 1'examen des rapports mutuels entre les accents, et non pas en celui de Palternance binaire. Dans les pages suivantes nous voulons seulement fixer 1'attention sur un phénomène caractéristique du vers moyen-néerlandais, en tant qu'il est en relation directe avec Ie sujet de ce travail. Voici d'abord quelques fragments de poésies épiques et didactiques: Renout van Montalbaen (Engels p. 2). „Den vorsten" seitsi hebbic becant Bats mijn neve die grave Roelant; Dander es met waren dingen Die grave Willem van Oringen 5. Die derde dinket mi Bertram, Een stout ridder ende lofsaro. Die vierde dats mijn here Bemaert: Ic weet wel, si tomen harewaert. Ic vruchte bi Gode die mi gheboot! 10. Dat si riden in hare dool; Ic wilde wel, datsi teser wilen Waren over hondert milen; Si hebben hoge bodscap te doene Die riddren sterc ende coene. 45. „Ganc wech" seitsi, ,,pnrtenare, Datti God onse here beu-are/ Ende nem dese vier hobande Ende ghef mi den besten Roelande: Sech datIen hem sijn moeye sande, 20. Ende ghef mi desen den here Bertrande, Ghef eiken ridder enen hobant, Ende seeh dat icse hem hebbe ghesant Doe die poerde achterwaren wale, Brinc de riddren in de zale. 25. Si comen vor den overmoedichsten man Die nie ter werelt lijf gewan Bi den here die mi geboot! 1c duchte, hi salsa slaen te doot. Ic wilde wel, datsi alle waren 30. Over dustnt milen ghevaren, 4? Dat segghic u. met ghewoude". Tien tiden was Haymijn die oude Onder alle sine baroene. Die stout waren ende coene: 35. Daer sater gewapent achthondert : Dat seit de bouc wien soos wondert. Daer was die overmoed so groot Ende mallijc hadde np sinen sccot Een zwoert met ener goeden egge: 40. Het es al waer dat ic u segge, Haymijn sat tien tiden la enen bVmut van groenre ziden, Die diere, was ende goet, Daer menich goet sfeen tn stoet: 45. Dat nes logene ne geen, Hi hadde gescranct sine been, Sijn ellenboge stoet op sijn knie, Sconre hof hilt Haymijn nie. Hi sat of hem ware onderdoen 50. Dat kerstmede hei ft bevaen; Ende hi hadde met sire tongen Al dat hof also bedwongen, Dat ter niemen spreken dorste, Gheen so rike lantsvorste. 55. Nu camen die vier ridders te male Vor Haymijn inde zale, Ende groeten Haymijn met minnen, Ende al dat si vonden daar binnen Groeten si met goeder trouwen, 60. Ridders, vrouwen ende joncfrouwen., Maer daer was niemen so coene, Die dorste seggen willecomen. Si bogen neder vele sciére An Haymijn alle viere, 65. Ende hine was niet in dien, Dat hi up hem wilde sien. Die seide die grave RoelanU „Wi sijn boden, tot u gesant Ende coraen van den coninc van Vrancrike, 70. Dat gi croont Lodewike. Ens niemen so edel no so seone Die Lodewike mag spannen cronc; Dor u es thof gelinghet met crachlc Veer ich dage ende veertich nachte. 75. Hi heift u gezworen vrede Met twaelf den besten van kerstinede". Haymijn horde wel de tale, Mer hi verzweechse oliemate. Doe Haymijn sine viande 48 80. Vor hem sach in sinen lande, Doe wert hi bleec ende vale, Hine conste spreken gene tale, Ende dat dede den ruddere goet Algader sine overmoet. 85. Haddise sonder lachter mogen slaen, Sine waren hem niet ontgaen. Anderwerf sprac Roelant, Een ridder stout ende becant; „Spreict jeghen ons, Haymijn here, 90. Dat u God geve ere! Wi' biddens u ghenadelike; Ende segt, of ghi Lodewike Cronen wilt, laet u sijn lief! Ghi sout and worden enen dief 95. Of enen gerechten mordenare, Al waert dat hi verdeelt ware, Nochtanne soudire spreken jeghen". Nochtoe rweech Haymijn die dégen. Doe sagen die landesheren 100. Mallijc up andren sere. F lor is ende Blance floer (Engels p. 8). vs. 1317. ,.Sone", seilsoe, „niet ne wene. Ic sal di secgen ende Hen Die rechte waerheit van diVe1) amien: Soe leret, daer es niet int graf; 5. Wi hebben di geseit logene daeraf, Ende daden secgen bede gader Di onser lust, ic ende dijn vader, Dat soe doet ware. Dat wi dat seiden, Daerbi waenden wUe di verleiden: 10. Wi waenden, als duse doet souds weten Dattu harre minnen souds vergeten Etide nemen dan eins coninx dochter; Des soudwi hebben grleeft de snchler Dan o/ïi Blancefloer bleve te wive 15. Emmermeer te dinen live; Om dat soe onedel ende kerslin es, Entijn rader wilde niet gehingcn des Dat soe dijn wijf soude wesen bleven, i) lei, et dans la suite, nous comptons parmi les alternances régulières les pieds oü 1' e muet, dans la prononciation peut s'élider devant une voyelle. 49 ... Wilde hise verdoen; maer hi UeU leven 40. Bi den rade, dien uit hem rieden Ende bevalse comannen ende deed* bieden Te cope ter marct, daer hise sande. Daer cochtense comanne van verren lande Met groten scatte haestelike; 25. „Ende voerdense wech in iremden rike." „Vrouwe", seilhi, „segdi mi waer?" „Jaic" seitsoe al sonder vaer, „Ic salt di doen sien ogelinge.n Doe deedsoe roepen jongelinge, 30. Die dapper waren ende starc, Ende dede oplichten den sarc. Alse Florü niet en vant daer onder, Hi dankes Gode, het dochten vonder; Doe seide hi dat hi wilde leven. 35. Daer wart die rouwe sciere verdween Vander bliscapen, hi wart so blide, Dat hi hem vermat te vaeme sonder bide Ende ne ghere rasten onderwinden Hine soudse soeken ende vinden, 40. Waer sose ware, genendelike Ende brengense weder blidelike. Maer bi des niet merken woude, Wat pinen bi daer omme dogen soude, Ende hose hem soude worden tsure' 45. Dat seide Diedei ic, die dese aventure In dietsche uien walsche vant, Dat menre soude litel vinden in dlant, Die souden willen geloven dies Dat iemen so stout ware ende so ries 50. Ofte van so eoenen sinne, Die soude dorren dor enige minne ' Die coenheit doen, die hi sal bestaen. Van den bliscapen, die hi heeft ontfaen, Sone roeket hem wat over geet. 55. Hi gaet ten coninc, daer hine weet, Ende sijn moeder emmer an sijn sidé; Hi gaet serich ende hi gaet blide, Om Blanc-floer serich ende erre Dat soe es gesent so verre, 60. Ende andersins blide dat soe levet. yHere". seithi, „ic bidde u dat gi mi gevet Urlot te varne, ic wilse soeken, Blance/loer, — wat darf mi roeken, In welken lande ic mi bekeref 65. Des icse vinde; noch biddic, here, Bede u ende mire moeder, Dat gliijs mi noch maect vroeder 50 Ënde mi geraet, alse mi gedoge, - ,.; . In welken lande icse vinden moge." 70. Doe seide hem haergelijc ende swoer, Dat sine wisten waer soe voer. Doe lachterdet die coninc, ende seide hoe quaet Hadde geweest der vrouwen raet, Dat soe riet, dat mense vercochte; 75. Maer Florise dat beier dochte Dat soe levede dan soe doet ware. Soe pensede om hem ende hi om hare, Want hi soude haer volgen, waer soe doet, Ende genieten des selfs des soe genoet. 80. Nu es die coninc harde verdroeft: Hem dunct dat hi raets behoeft Ende lust, hoe hine behouden mach. Hi vloekede die wile ende den dach, Die hise ter marct te cope sinde: 85. So sere ontsach hi hem van sinen kinde, Dat hjjt om hare verZiesen soude, Ende hise gerne weder copen woude Twevout dierre dan hise \ercochle, Waer iemen diese hem weder brochte. 90. Hi vloekte oec harde den selven tijt, Dat hi moeste syn vermaledijt, Doe hi alrerst harre moeder vant, Der hi roefde in der kerstinen lant. Noch bit hi sinen. sone, dat hi blive: 95. Hi sal hem sulke geven te wive, Die scone sal sijn ende van hogen magen, Die crone met eren moge dragen. „Here", seit hi, „oft gi mi mint, Sone gewages nemmer, bedi men vint. 100. In al der werelt wijf ne gene, Die ic minnen mag sonder haer allene. Walewein (Engels p. 18). vs. 33. Die coninc Artur sat tenen male Te Carlioen in sine sale Ende hilt hof na conincs sede, Also hi menichwerven dede 5. Met een deel sire man, Die ic niet wel ghenomen can: Ywein ende Perchevael, Lancheloot ende Duvengael, Entie hoofsee Walewein 10, (Sgn gheselle was daer neghein); / § 5i Ooc was daer Keye die drussate. Daar die heren aldus sa ten Naden etene ende hadden ghedweghen, Also hoghe liede pleghen. • 15. Hebben si wonder groot vernomen, Een scaec ten veinstren in comen, Ende breedde hem neder uplie aerde. Hi raochte gaen spelen dies begaerde. Das laghet daer uptie wille doe; 20. Daer ne ghinc niemen of no toe Van allen gonen hoghen lieden. Nu willic u tsaecspel bedieden: Die stappelen waren root goudijn Entie spanghen selverijn; 25. Selve woest van eXpibene, Wel beset met dieren stenen. Men seghel ons in corten worden, Die stene die ten scake behorden Waren wel oAewaerlike 30. Beter dan al Aerturs rike, Dus saghen sijt alle die daer waren. Mettien hieft up, ende es ghevaren Weder dane het quam te voren. Dies had die coninc Artur toren 35. Ende sprac: „Bi mire conincscrone, Dit scaecspel dochte jni so scone Maerct ghi heren ende siet, Hen quam hier sonder redene niet. Die up wille sitten sonder sparen 40. Dit scaecspel haien ende achter varen, Ende leverent mi in -mine hant, Ic wille hem gheven al mijn lant, Ende. mine crone na minen live WilUc dat sijn eghin blive.'" 45. Van alden heren die daer waren 'Sone durster een niet varen: Si saten alle ende sweghen stille. Die coninc seide: „Wie so wille Goed rudder in myn hof betalen, 50. Hi sol mi dat scaecspel halen, Of wine ghecrighen nemmermere Van desen daghe voortwert ere, Laten wijt ons aldus ontfaren." Noch sweghen si alle die daer waren, 5o. Daer ne andworde noyt een van worde. Alse di coninc dit verharde Sprac hi: „Bi mire conincscrone, Ende biden here van den trone Ende bi al diere ghewelt 56 Den stegereep wistijs deinen danc: Ene scorgie nam hi in sine hant, 45. — Men wiste van sporen niet int lant — Die scorgie was ten inde geknocht. Enen ouden scilt heftmen hem brocht Ende enen spere, die in den roec Gehangen hadde seven jaer ende oec 50. Doe vragende omme sijn gavelot. Ghi moget wel weten, hi was sot. Men brocht hem vollec, hi hiet langen, Ane sijn aertsoen heft hijt gehangen. Om sijn bijl hiet hi oec lopen. 55. Men halet heme, ende hi ginct knopen Ane daertsoen van sinen gereide Doene was daer engene beide: Hi was gereet, hi wilde varen. Die moeder dreef groet misbaren 60. Si helsdene ende custene sere; Die knape bevalse onsen Here. Hi nam orlof an sinen vader, Hi weende ende die mesmede a\gader. Sijn moeder so mesliet haer sere 65. Ende seide, sine sagen nemmermerel Sone deedse, si seide waer die vrouwe. Om haren sone hadsi rouwe: Maer hare sone peinsde al el: Wat si weenden, hi hads spel. 70. Harde saen was. hi te da le Alle trappen ran der zale, Tors maectem dapperlïjc daer of, Den casteel rnemdi ende dat hof, Ende voer danen hi was comen. 75. Mettien so heft hi vernomen Die trache daer si waren leden 50 vele heft hi.na hem gereden, Dat hi van den weghe miste meest, Ende reet in een groet foreest. 80. Hine wiste welc hi varen soude. Den wech verloos hi buten woude, Hi sach al omme, ende hem bedochte Welken wech hi riden mochte. Hi sach waer quamen verlaisiert 85. Viere dieve, die helme gelachiert. 51 riepen: „Ribaut, pautenier! Die leede duvel droech u hier. Ghi selt ons laten den goeden wrene Ende al u wapin groet ende clene; 90. Ende daertoe selen wi nemen u lijf. 57 Wat daedi hier, onsalech keytgf?" Alse die knape die dieve versiet, Hine duehtese alle niet een riet; Een' twint was hi niet vervoert. 95. Die een quam sere te hem waert Ende riep: „Her joncman, beet neder! Ghi moet ons laten pert ende cleder; In wille niet dat gijt vort mere." Die knape sprac: „Lieve here, 100. Te Cardoel waert waer varic daer best? B e a t r ij s (Engels p. 49). vs. 95. Hi reet soe hi ierst machte Ten doester daer hise sochte. Hi ghinc sitten voer tfenstcrkijn, Ende soude gheerne, mocht sijn, 5. Sijn lief spreken ende sien. JVtef langhe en merde si na dien; Si quam ende woudene vanden Vor tfensterkijn, dat met yseren banden Dwers ende lanx was Gevlochten. 10. Menich werven si versochten, Daer hi sat buten ende si binnen, Bevaen met alsoe starker minnen. Si saten soe een langhe stonde, Dat iet ghesegghen niet en conde. 15. Hoe dicke verwandelde hare blye. „Ay mi", seitsi, „aymie! Vercoren lief, mi es soe wee, Sprect jeghen mi een wort oft twee, Dat mi therte conforteert: 20. Ic ben, die troest ane u begheert ; Der minnen strael stect mi int herte, Dat ic doghe grote smerte: In mach nemmermeer verhoghen, Lief, ghi en hebbet uut ghetoghen!" 25. Hi antwoorde met sinne: „Ghi wet wel, lieve vriendtnne, Dat wi langhe hebben ghedraghen Minne al onsen daghen. Wi en hadden nye soe vele rusten, 30. Dat wi ons eens ondercusten. Vrouwe Venus, die godinne, Die dit brachte in onsen sinne, Moete God onse here verdoemen. Dat si twee soe scone bloemen. 35. Doet vervaluen ende bederven. 61 80. Te scherm mede mochte driven Ende letve hi tiere eeren bliven. Dot sprac Reynaert over lanc: Uwes goets raets hebbet danc, Heere Bruun, wel soele vrient. 85. Hi hevet u qualic gehedient Die u beriet desen ganc, Ende u desen beren lanc Over te loepene dede bestaen. Ic soude te hove sijn ghegaen, 90. Al haddet ghi mi niet gheraden. Haer mi is den buuc so ghe laden Ende in so utermaten wijse Met eere vremder niewer spise: Ic vruchte in sal niet moghen gaen. 95. Inne mach sitten no ghestaen, „Ic bem so utermaten zat." „Reynaert, wat aetstu, wat?" Heere Brune, ic at cranche have. Arem man dan nes gheen grave: 100. Dat mooghdi bi mi wel voeten. Wi aerme liede, wi moeten eten. Boen da le: Der Leken Spieghel (Engels p. 68). Om dat die leeke van allen zaken Rime ende dichte willen maken Ghelijc clerken, dat wonder es, So hebbic mi bewondert des 5. Dat ic nu vil bringhen voort Wat enen dichter toe behoort, Die te rechte sal dichten wel; Want dichten en is gheen spel. Drie pointen horen toe 10. Eiken dichtre, ende segghe u hoe; Hi moet sijn een gramarijn, Warachtich moet hi ooc sijn, Eersaam van levene mede: So mach hi houden dichters stede. 15. Oramarie is deerste sake; Want si leert ons scone sprake, Te rechte voeghen die woorde Elc na sinen scoonsten accoorde, Te rechte scriven ende spellen 20. Ende dat pointelijc voort vertellen. Men sal ooc voren vers innen, Hoemen dat dicht zal beghinnen, Middelen ende daer toe enden. Ende uter materiën niet wenden. 64 Dta dochter was hem teer bequame, Si was simpel ende saflmoedtcn, So rechte dueghent ende oetwoedtcfl, 25. Dat alle die stat van horen zaken Gcede woerden plach te maken, Sy was gheheten Lympiose. Sy bloeyde in doechden als een rose. Had si niet guet gheweest van zeden, 30. Si en haddel nymmermeer gheieden, Dat sij leet, als ghi sult horen. Dese vorste hoech gheboren Dochte dick in sinen moet. Dat sulken wijff him waer goet, 35. Die wijs waer ende goederhande, Want dat ghinghe voer sinen lande. Hij prijsde duecht voer die gheboer/e Ende soeticheit voer hoghe woerde. Hi leyde horen vader an, 40. Die was een schamel eerbair man, Van Cleynen guede ende wail ghemint. Hi sprac: „Vrient, du hebste een kint, Lympiose, due guede maecht, Die minen sinnen soe behaecht, 45. Dat icse wil by minen live Hebben tot enen echten wive." Arlamoen sprac: „Lieve heer,- Nu misdoedi alle zeer. Dat ghi schimpens dus bestoet 50. Mit uwen armen ondersaet." Orphaen sprack: „Zwijch, Arlamoen! Dat ic segghe dat wil ic doen, Het es my eernst ende gheen schimp." Die vader sprack in goeder ghelimp: 55. „Heer, wat ghi wilt dat sy. Tghenuecht myn dochter ende my. Wy sijn onder u gheseten: Ghi moecht ghebieden ende lieten." Die heer deedse bij him comen 60. Ende heeftse tenen wive ghenomen. Hi behieltste nader zede Ende hielt bruloft inder stede. Schone cleder ende dier ghelijck Dede hi hoer maken costelyck. 65. Hi creech daer schone kinder by; Maer rechte voert soe dede hi Die kinder vander moeder bringhen, Om dat si niet soude singhen Noch vreuechde milten kinder driven. 70. Si mosten oick al van hoir bliven So verre, dat si niet en konde 65 Hoer kinder sien in enighen stonde. Bat was die eerste vremdichheit. Daer na heeft hij tot haer gheseit: 75. „Lympiose, lieve wijff, Ghi weel wel, dat u selves lijff En is niet weerdich dese eer: Laet die costelicheit voert meer: Ghi moet u simpeliken cleden 80. Ende helpen alle dinck hereden 50 wes hier inden hove valt.7' Die goede vroü was soe ghestalt Ende soe ootmoedich ende soa vol doechde, Dattet hoir wail ghenuechde 85. Wes hair hoir heer ghebieden wonde. 51 quam altoes alst wesen soude, Wast int brouwen of in tbacken, Si maecktet deech, sy nayde sacken, Inder koken sorchde sy mede 90. Datmen alle dinck wael dede. Dair na sprack hoir die heer toe Ende seyde hoer selve, hoe Dat sy niet langher en mochte sijn Vrouwe in aXsulken schijn. 95. Sijn rade haddent also bewaert, Dat hij een wijff van hogher aert Tot sijnen hove halen soude, Die sijn beddenoot wesen soude, Des sijn lant mocht hebben eer. 100. Lympiose seijde: „Wel lieve heer, Ic hope dat ic so hebbe ghedaen, Dat ic danck hebbe begaen Aen allen uwen onderzaten, etc. Ma er lant: Wapene Martijn (Engels p. 90). Wapene Martijn. ,~, Wapene, Martijn! hoe salt gaen? Sal die werelt iet lange staen In dus cranken love? So moet vrouwe ver Ere saen 5. Sonder twifel ende waen Rumen heren hove. Ic sie den valschen wel ont f aen Die de heren cónnen dwaen Ende plucken van den stove; 10. Ende ic sie den rechten slaen, Beede bespotten ende vaen Alse die mese in die dove, 5 67 Sech mi, wanen dit venijn ran, Tooch mi redene daarvan. Want ic gherne lere, 65. Wies scult dat het were." ,,.,Jacop, mi dinct overwaer: Sint dat edelheit hadde voer Te pijnne omme die ere, Ende soe trac den scalken naer, 70. Die raden nu hier, nu daer, Ende niet schelden den here, So es edelheit worden so swaer, Dat soe te clemmen heeft ommaer Ende daelt in lanc so mere, 75. Bits nu al der werelt claer Ende oghesien ende openbaer; Dus es verbannen Ere Ende wederstaen ten here. Nu merc bi der sonnen lecht 80. Bat al der werelt ogen berecht Bi sire edelre naturen: Alse dat swere daer jeghen vecht Entie nevel met sire drecht, Sone can soe tier uren 85. Niet ghetoghen haer scoonheit echt; Aldus verdonkert die scalke knecht Die edele creaturen, Alse hi hem daer ane hecht Ende hare edelheit verplecht, 90. Dat soe laet geduren Bi hare den scalken suren. Sint scalke droegen overeen Dat neen wart ja, ende ja neen, i Ende hem dat wijsheit dochte, 95. Ende edelheit daeromme green, Want daer wasdom ute scheen, Wanen dat comen mochle, So es edel herte worden steen, Want haer ontfaremt dinc en gheen 100. Dan daer men ghelt ute cnochte. Nous avons renoncé a dresser des statistiques pour les alternances binaires qu'on peut remarquer dans les vers precedents. Quelle valeur auraient des chiffres consciencieusement calculés? II serait facile de proposer et a juste titre, d'autres scansions, qui renverseraient le' système etabli. Un critique sévère pourrait condamner comme non-reguliers des vers que nous croyons être 68 iambiques; un métricien pourrait voir des alternances binaires la oü nous nous sommes abstenu de les noter faute de preuves convaincantes. La scansion de ces vers non-chantés nous paraït trop subjective. Nous croyons que les exemples de poésie épique et didactique peuvent suffire pour démontrer que le vers moyen-néeflandais tend fortement a faire alterner ses accents faibles et forts. II y a parmi les vers imprimés en italiques bon nombre d'alternances absolument régulières; d'autres vers, en les lisant a haute voix, se laissent facilement ramener au type du vers dissyllabique, tout en gardant une certaine liberté. Malgré ces alternances, 1'ondulation de faible a forte ne présente nulle part cette monotonie agacante qui fut la joie des versificateurs postérieurs: la voix monte et descend harmonieusement, presque comme un chant plein de fraicheur et d'ingénuité. Les fortes, qui n'ont point une intensité égale, forment avec les faibles, qui, elles aussi, peuvent être de valeur différente, un schéma qui présente a la fois un caractère régulier et libre. Si 1'alternance binaire est une tendance, inconsciemment introduite dans les vers cités ci- dessus, vers non-chantés, et par conséquent de forme beaucoup plus libre et de rythmes peu rigoureux, elle devient presque une règle dans la poésie lyrique, le vers chanté, dont nous faisons suivre plusieurs exemples. Ici la musique nous est un guide précieux: elle nous permet de déduire assez objectivement le mètre des vers. L Van twee conincskinderen.1) 1. Het waren twee conincskinderen, Si hadden malcander so lief, Si conden bi malcander niet comen, Het water was veel te diep. fFff F f F f F fFff F ffF fFff f F ffF F fFff F f F i) Engels, o. c, p. 123. Fl. van Duyse, o. c, I, p. 234—235. 69 2. Wat deed si? Sy stak op drie keersen, fFff F ffF f F Als savons het dagelieht sone: fFff F ffF „Och liefste, comt, swemter overl" fFff FfF F Dat deed seonincs sone, was jonc. fFff F ffF 3. Dit sach "daar een oude quene, ff ff FfF F Een also vileinich vel; fFff FfF Sy ghinker dat licht uutblasen, fFff FfF F Daer verdronker dien jonghen helt. fFff FfF 4. „Och moeder", seidese, „moeder! fFff F ffF F Mijn hoofjen doet mijnder so wee, fFff F ffF Mocht icker een cort half uertje fFff FfF F Spanceren al langhes de see?" fFff F. ffF 5. „Och dochter", seidese, „dochter! fF f F ffF F Alleen en muecht ghi niet gaen; fF f F ffF Weet op u joneste suster, f F f F f F F Ende later die met u gaen." fiFff FfF 6. „Mijn allerjoneste suster fF f F f F F Dat is also eleinen kint, fFff FfF Si pluct maer al de roosjens, f F f F f F F Di si in haer weghen vint. fFff FfF 7. Si pluet maer al die roosjens, f F f F f F F En die bladertjens laet si staen: ffF ff F f F Dan segghen maer alle de lieden: fF ffF ffF F Dat hebben conincs kindren ghedaen." fFfffF ffF 8. „Och dochter", seidese, „dochter! f F f F ffF F Alleen en meueht ghi daer niet gaen fF ffF ffF Weet op u joncsten broeder, f F f F f F F Ende later die met u gaen". ffF ffF f F 9. ,.Och moeder, mijn joneste broeder fF ffF f F F Dat is also eleinen kint, fF ffF f F Hy loopter naer al de voghels, f F ffF f F F Die hy in syn weghen vint." fF ffF f F 10. De moeder ginc nae de kerke, fF ffF f F F De dochter ghinc haren ganc, fF ffF f F Tot sy er by twater een visseher, fF ffF ffF F Haers \ aders visseher vant. fF f F f F 70 41. „Och visseher", seidese, „visseher, fF f P ffF F Mijn vaders visscherkijn! fF f F f F Woudt ghi een weinich visschen, fF f F f F F Tsoud u wel ghelonet sijn." fF ffF f F 12. Hi smeet sijn net int water, fF f F f F F De lootjens die ghingen te gront, fF ffF ffF Hoe haest was daer ghevisschet fF f F f F F Sconincs sone, van jaren was jonc. ffF ffF ffF 13. Wat troc si van haer hande? fF f F f F F Een vingherlinc root van gout: fF ffF f F „Hout daer, mijns vaders visseher! fF f F f F F Dees vingherlinc root van gout." fF ffF fF 14. Si nam hem in haer armen, fF f F f F F Si custen hem voor syn mont: fF ffF f F „Och mondeken, cost ghi spreken, fF ffF f F F Och hertjen, waert ghyder ghesont!" fF ffF ffF 15. Si nam hem in haer armen, fF fF fF F Si spronker mee in de see: fF f F f F „Adieu, mijn vader en moeder! fF f F ffF F Ghi siet mi nemmermee. fF f F f F 16. Adieu, mijn vader en moeder, f F f F ffF F Mijn vriendekens alle ghelyc, fF ffF ffF Adieu, mijn suster en broeder! f F f F ffF F Ic vaerder nae themelrijc." fF ffF f F Dans cette chanson et dans les suivantes, toutes tirées du recueil de M. Engels, nous indiquons d'abord le schéma de la mélodie, d'après Het Oude Nederlandsche Lied de M. Fl. van Duyse'). A cöté du texte les fortes et les faibles se retrouvent dans un tableau correspondant, composé des signes F et f. D'après ce tableau nous déduirons le mètre de la chanson, c'est-a-dire le type commun et idéal auquel se ramènent tous les vers semblables2). Le nombre des faibles variant de 0 a 3 ou 4 a l'anacruse ou dans le ler, le 2ème, le 3ème et le 4ème pied de chaque vers, nous prenons dans l'anacruse et dans chaque pied le nombre !) Nous avons omis pour cette même raison les nos 5, 7, 10, 12—14 du recueil de M. Engels, les mélodies correspjridantes ne se trouvant pas dans Van Duyse. 2) Cf. Verrier, I, livre III. n de faibles qui se trouve Ie plus souvent réalisé, et obtenons ainsi un type commun auquel tendent tous les vers. II sera prudent d'analyser la strophe vers par vers, et chacun avec son nombre spécial de fortes, paree que les vers a trois et a quatre accents alternent souvent, et que les deux types demandent un traitement différent. Ainsi nous constituerons le mètre de chaque vers séparément, les chiffres en caractères gras représentant le nombre de faibles qui, a l'anacruse ou après chaque accent fort, prévalent a travers toutes les strophes. a = anacruse; pl, p2, p3, p4 = ler pied, 2ème pied, etc; O, 1, 2, 3, 4 = nombre de faibles; VI, V2, V3 etc. = ler vers, 2ème vers, etc. Vers ^Sb'es116 cruse ler pied 2e pied 3e pied 4e pied VI a pl p2 p3 p4 0 0 0 0 15 16 1 16 11 10 1 0 2 0 5 6 0 0 3 0 0 0 0 0 V2 a pl p2 p3 0 0 0 0 16 1 15 0 9 0 2 1 12 7 0 3 0 0 0 0 V3 a pl p2 p3 p4 0 0 0 0 16 16 1 16 8 11 0 0 2 0 7 5 0 0 3 0 1 0 0 0 V4 a pl p2 p3 O 0 0 0 16 / 12 2 11 0 2 4 13 5 0 3 0 10 0 Ces quatre tableaux demandent quelques explications. Prenons comme exemple celui du premiers vers (VI). II répond a cette question-ci: Combien de fois, dans les 16 premiers vers des 16 strophes tel nombre de faibles (0, 7, 2 ou 3) se trouve-t-il réalisé k l'anacruse, au premier, au deuxième, au troisième, au quatrième vers? 72 Une série d'additions effectuées sur le tableau des fortes et des faibles a cöté de la poésie montre que dans les 16 premiers vers des 16 strophes l'anacruse se compose d'une seute faible (un coup d'ceil jeté sur le début des strophes: Het waren, Wat deed si, Dit sach, etc, suffit pour contröler le fait); que le ler pied de ces 16 premiers vers contient 11 fois une seule, 5 fois deux faibles; le 2e pied 10 fois une, 6 fois deux faibles, le 3e pied 15 fois une forte sans faibles, le 4e pied 16 fois une simple forte. Les maxima obtenus: 16, 11, 10,15, 16, expriment ceci: toutes les anacruses se composent d'une faible (f); la majorité des premiers pieds (11 fois sur 16) ne contiennent qu'une faible (Ff); une majorité, quoique moins forte, constate la forme moyenne du 2e pied (Ff); le 3e et le 4e pied se composent, sauf une exception, d'une forte (F). Ces majorités réunies constituent le mètre, le type commun et idéal: fFfFfFF. Et en appliquant ce système d'additions a tous les vers, nous trouvons comme mètre: f F f F f F F f Fff FfF f Ff(f)F f F F f Fff FfF Ainsi la strophe est d'une alternance quasi-régulière, excepté après le second pied qui est dans le deuxième et le quatrième vers généralement trissyllabique, et souvent après le troisième (7 fois sur 16). II. Ic stont op hoghe berghen.1) 1. Ic stont op hoghe berghen, tb 1 b t h h Ic sach ter see waart in, f F f P f F Ic sach een scheepken driven f F f F f F F Daer waren drie ruiters in. fF ffF f F 1) Engels, p. 125. Fl. van Duyse, I, pp. 132—133. Ainsi la strophe est d'une alternance quasi-régulière, excepté après le second pied qui est dans le deuxième et le quatrième vers généralement trissyllabique, et souvent après le troisième (7 fois sur 16). II. Ic stont op hoghe berghen.1) F F 73 2.. Den alderjoncsten ruiter, f F f F f F F Die in dat scheepken was, fF f F f F Die schone mi eens te drincken fF f F f F F De coele wyn uit een glas. fF ffF f F 3. „Ic brenct u, haveloos meisjen! f F f F ffF F Dat u God seghenen moet! fF f F ffF Gheen ander soudic kiesen, f F f F f F F Waert ghi wat riker van goet." fF ffF f F 4. „Ben ic een haveloos meisjen, fF f F ff F F Ic en bens alleine niet; ffF f F f F In een clooster wil ie riden, ffF f F f F F God loons hem diet mi riet!" fF f F f F 5. Hi sprac: „wel schone joncfrouwe f F f F ffF F Als ghi int clooster gaet, fF f F f F Hoe garen soudic weten, f F f F f F F Hoe u 't nonnencleet al .staet!" f F ffF f F 6. Maer doen si in dat clooster quam, fF f F f F f F Haer vader die was doot, fF f F f F Men vant in al mijns heren lant fF f F f F f F Gheen riker kint en was groot. fF ffF f F 7. De ruiter haddet so haest vernomen, fFffffF f F F Hi sprac: „sadelt mi mijn peert! fF ffF f F Dat si int clooster is ghecomen, fffF f F f F F Dat is dat mijn hert so deert." fF ff F f F 8. Maer doen hi voor dat clooster quam, fF f F f F f F Hi clopte aen den rinc, fF f F f F „Waer is de joneste nonne fF f F f F f F Die hier lest wijdinghe ontfinc?" fF fFf ff F 9. „Dat alderjoncste nonneken fF f F f F f F En mach niet comen uit, fF f F f F Si sit al hier besloten fF f F f F f F En si is Jesus bruit." fF f F f F 0. „Sit si hier in besloten - fF f F f F F En is si Jesus bruit; fF f F f F Mocht icse eens sien of spreken! fF f F f F F Si soude wel comen uit." fF ffF f F 74 H. Dat alderjoncste nonneken fF f F f F f F Ghinc voor den ruiter staen, fF f F f F Haer haerken was afgeschoren, fF ffF f F F De minne was al ghedaen. fF ffF f F 12. „Ghi meucht wel thuiswaert riden, f F f F f F F Ghi meucht wel thuiswaert gaen fF f F f F Ghi meucht-een ander kiesen, fF f F f F F Mijn liefde is al vergaen. fF ffF f F 13. Doen ic een haveloos meisjen was, fF f F ffF f F Doen stiet ghi mi metten voet; fF ffF f F Hadt ghi dat woort ghesweghen, f F f F f F F Het hadde gheweest al goet." fF ff F f F VI a pl p2 p3 p4 0 O 0 0 8 13 1 13 12 9 5 O 2 0 0 4 0 0 3 0 0 0 0 0 4 0 1 0 0 0 V2 a pl p2 p3 0 0 0 0 13 1 11 11 12 0 2 2 2 1 0 3 0 0 0 0 V3 a pl p2 p3 p4 0 0 0 0 12 13 1 11 12 13 1 0 2 110 0 0 3 1 0 0 0 0 V4 a pl ' p2 p3 0 0 0 0 13 1 13 3 12 0 2 O 10 0 0 3 0 0 1 0 Mètre: f F f F f F F f F f F f F f F f F f F F f F ffF f F 75 III. Het daghet in den Oosten') 2 3 2 2 1. „Het daghet in den Oosten fF f F f F F Het lichtet overal; fF f F f F Hoe luttel weet mijn lief ken f F f F f F F Och waer ic henen sal. fp f F f F 2. Och warent al mijn vrienden, fF f F f F F Dat mijn vianden sijn, f F f F f F Ic voerdu uiten lande, f F f F f F F Mijn lief, mijn minnekijn!" fp f F f p 3. „Dats waer soudi mi voeren fF f F f F F Stout ridder wel ghemeit ? fF f F f F Ic ligghe in mijns liefs armkens fp ffp f p p Met groter waerdicheit". fp f p f p 4. „Lichdy in uws liefs armen ? fF f P f F F Bilo! ghi en secht niet waer: fF ff F f F Gaet henen ter linden groene fp ffp f p ji Versleghen so leit hi daer." fp ff p f p 5. Tmeysken nam haren mantel f F f F f F F Ende si ghinc enen ganck ffp f p f p Al totter linde groene f F f F f F F Daer si den doden Tant. fF f F f F 6. „Och lichdi hier verslaghen fF f F f P F Versmoort al in u bloet! fF f F f F Dat heeft ghedaen uw roemen fF f F f F F Ende uwen hooghen moet. ffF f p f F ') Engels, p. 127. Fl. van Duyse, I, pp. 119 -120, mélodie Al. 7? V3 a pl p2 p3 p4 V4 a pl p2 p3 0 0 0 0 14 14 0 0 0 0 14 / 13 12 13 0 0 7 12 10 12 0 212100 22420 Mètre: fF f F f F F fF f F f F fF f F f F F | .. fF f F f F ƒ 0ls' IV. Van Heer Danielken.1) 1. Wildy hooren een goet nieu liet? F f F fFf F En dat sal ic ons singen, fF f F f F F Wat heer Danielken is gesciet fF f F f F f F Al met Vrou Venus minne. fF f F f F F 2. „Ooi lof', sprac hi, „vrouwe waert! F f F f F f F Ende ic wil van u sceyden, ffF f F f F F Ic wil gaen trecken te Romen fF f F ffF F Al om des Paus geleiden." fF f F f F F 3. „Heer Daniël, wilt ghi orlof ontfaen, fF ffF ffF f F Ic en wil u niet begeven: ffF f F f F F Laet ons in die camer gaen F f F f F f F Die hoochste minne pleghen." fF f F f F F 4. „Dat en doe ic niet, vrouwe fier! F f F f F f F Mi dunct in alle minen sinne, fF f FfffF F U ogen bernen al waert een vier, fF f F ffF f F Mi dunct ghi zijt een duvelinne." fF fffF f F F 5. „Heer Daniël wat ist dat ghi segt? fF ffF f F F Ghi en dort u niet vermeten, ffF f F f F F Coemt ghi noch weder inden berch, fF f F f F f f Dat woort en sal ic niet vergeten." fF fffF f F F 6. „Trouwe neen ic, joncfrou stout ! F f F f F f F Nu noch te geenen stonden fF f F f F F En peyse ic om dijnen rooden mont, fF fffF fFf F Die en achte ie niet tot allen stonden." ffFffffF f F F l) Engels, p. 130. Fl. van Duyse, I, p. 20, mélodie A. 82 2. Twas mijnder herten -wel een mcdecijn, fffF fFfFfF Doen ick hem laetst met ooghen aensach. fF f F f F ffF Eylacen nu is dat trueren mijn, fF ffF f F f F Want ic hem sien noch spreken en mach. fF f F f F ff F 3. Dat lot is nu op mi gevallen, fF f F f F f Ff Dat ic dat suer opsuypen moet fF f F f F f F Ende ic en weet gheenen troost met allen, ff F f F ff F f Ff Dan wat ic doe het is teghenspoet. fF f F ffF f F 4. Mijn lief ken hadde mi uutvercoren fF f F ffF f Ff Eer hi mi laetstwerven verliet, fF f F f F f F Hi en leyde mi niet dan duecht te voren ff F ffF f F f Ff Ende nu laet hi mi int swaer verdriet. ' fffF fFfFfF 5. Och mochte ic den tijt gheleven, f F f F f F f Ff Dat hi mi minde ende ic hem niet, fF f FfffF f F Ic soude mijn herteken in ruste stellen fF ff F fffF f Ff En laten hem oock int swaer verdriet. fF ffF f F f F 6. Die ons dit liedeken so lustich stelde, fF f FfffF f Ff Het was een gheselleken jonc ende fijn. fF ffF ffF ffF Vrou Venus liefde die hem daer toe quelde: fF f FfffF f Ff Het is so quaet bi niders te zijn; f F f F f F ff F Een valsche tonghe gheen argher fenijn. fF f F ff F ffF VI a pl p2 p3 p4 V2 a pl p2 p3 p4 ,000001 010006 756465 /55340 200100 201320 310100 300000 V3 a pl p2 p3 p4 V4 a pl p2 p3 p4 000 01 000006 ƒ41165 /44540 2 2 5 3 O O 212120 300200 31000-0 (V5 de la 6e strophe: fFf Fff Fff F). Mètre: f F f F F f F f fF f Ff(f) F f F fF ff Fff (f) F f F f fF f F f FfF 84 4. Gheselle, laet u gedencken; fF ffF f F F Valt u een vrouwe so hert, f F f F ffF Menich hase wert gewencket, ffF fFfF F Die noyt gevangen en wert. fF f F ffF En condise niet achterlopen. fFfffF f F F 50 volcht haestelijc na fF f F ffF Door haghen ende door straten. fF f F ff F F Die liefde die is onderdaen. fFfffF f F 5. Gheselle, wel lieve geselle, f F ffF ffF F Leeft voort op goeden troost. fF f F f F Hi leyt dicwils gevanghen, fF f F f F F Di namaels wort verlost. fF f F f F Ic wil mi gaen verhueghen, fF f F f F F Vaert wech mijnder herten pijn, fp ffF f F Het is in haer vermoghen, fF f F f F F Het mach noch anders zijn. f F f F f F 6. Adieu, mach ic wel scriven, fF f F f F F Adieu is mijn devijs. fF f F f F Ic hope noch troost te crigen, fF ffF f F F Mijn lief gheve ic den prijs. fF ffF f F Ic sal haer soetelic volghen, fF f F ffF F 51 en mach mi niet ontgaen. ffF fFfF Adieu mijn alderliefste lief! f F f F f F F Ghi hout mijn herte gevaen. fF f F ff F VI a pl p2 p3 p4 V2 a pl p2 p3 000066 00006 764500 76550 202100 20110 30 0 000 30000 V3 a pl p3 p3 p4 V4 a pl p2 p3 000066 00006 755500 75540 211100 .21110 300000 30010 V5 a pl p2 p3 p4 V6 a pl p2 p3 000066 00066 764400 75400 201200 21200 301000 30000 i) D'après Van Duyse: so volchtse haesMijc na. *j Van Duyse: adieu myn alderliefste. 85 V7 a pl p2 p3 p4 V8 a pl p2 p3 p4 000066 000066 /65500 745500 201100 220100 300000 301000 Métre: fFfFfF F fFfFfF fFfFfF F fFfFfF fFfFfF F fFfFfF fFfFfF F fFfFfF XI. Ryck God hoe mach dit wesen. ') 1. „Rijck God hoe mach dit wesen, f F f F f F F Dat ic dus droevich ben? f F f FfF Ic hadde een uutgelesen fF ff F f F F So -vast in mijnen sin, f F f F f F Ic en can haer niet vergheten, ffF f F f F F Hoe seere dat icx mi pijn. f F ff F f F Wat wil ic mi vermeten. fF f F f F F Druck moet mijn eyghen zijn." fp f FfF !) Engels, p. 140. Fl. van Duyse, I, pp. 287—289. V8 a pl p2 p3 p4 0 0 0 0 6 6 7 4 5 5 0 0 2 2 0 1 0 0 3 0 1 0 0 0 XI. Ryck God hoe mach dit wesen. ') 4 4 4 3 J ï ! i s! 4 J i I I «) 4 1. „Rijck God hoe mach dit wesen, f F f F f F Dat ic dus droevich ben? f F f FfF Ic hadde een uutgelesen fF ff F f F So vast in mijnen sin, f F f F f F Ic en can haer niet vergheten, ffF f FfF Hoe seere dat icx mi pijn. fF ff F f F Wa* wil ic mi vermeten. fF f FfF Druck moet mijn eyghen zijn." fp f FfF 86 2. „Schoon lief ick sou u vraghen: f F I F f F F Woudijt in duechden verstaen; f F f F ffF Sal ic noch langer jagen, f F f F f F F Eer ic u sal connen ghevaen? - ffF f FfF Ic hebbe u uutvercoren f F ff F f F F Al in dat herte mijn; f F f FfF Segt mi, salt zijn verloren, f F f F f F F Druck moet mijn eyghen zijn." f F f FfF 3. „Gheselle wel lieve gheselle f F ff F ffF F Segt mi tot deser tijt fF f FfF Hoe dorst ghi mi vertellen f F f F f F F Dat ghi in drucke zijt. f F f FfF Al hebdy mi uutvercoren fF ff F f F F Wat weet ick uwen gront? f F f F f F Mach u wat goeds gebueren, fF f F f F F Weest huesch in uwen mont." fF f FfF 4. „Schoon lief constè ic vercrigen f F ff F f F F Van u een troostelijc woort, fFf FffF Mijn kniekens sou ic buygen fF f F f F F Voor u alst wel behoort. f F f FfF Seer stille soude iet draghen fF f F ffF F Al in dat herte mijn. fF f FfF Wat baet, dat ic veel claghe ? f F f F f F F Drue moet mijn eygen zijn." f F f FfF 5. „Gheselleghizijtseerschoonevan woordeni fFff ff Fff P F Bedroeh is u gheleert, f F f F fF Gelijc den wint van noorden f F f F fF F Sidy van mi ghekeert. fF f FfF Men mach u niet betrouwen, fF f F fF F Dat segghe ic u goet ront, fF ffF fF Begheerdy wil van vrouwen, fFf F fF F Sijt huesch in uwen mont." f F f F fF 6. „Schoon lief wilt goelijc wesen, Antwoort mi niet te fel! fF f F fF Ic heb dicwils hooren lesen, ffF f F fF F Dat twee liefkens namaels maken spel. ffF fffF fF Ic hope den tijt sal keeren, fF ffF fF F Al schiet ghi u tenijn, f F f F fF Nochtans wil ic u eeren fF f F fF F Al soude druc mijn eygen zijn." fffF f F fF 87 7. „Gheselle ghi sout u scamen, Dat ghi mi dus die vermaent, Ghi gaet al door die bramen, Den wech is onghebaent, Die ghi beghint te treden. Och wiste ick uwen gront! Ic waer noch badt le vreden, Waerdi huesch in uwen mont." 8. „Schoon lief, laet uus gedincken So menigen swaren sucht, Die ic u plach te schincken Ende al uut goeder duecht Ter straten ende ter kereken, Als ic sach u blide aenschijn! Hebdijs niet willen mereken, So moet druc mijn eygen zijn." 9. „Gheselle, u soete woorden, Die gaen int herte mijn, Mer oft also ghebuerde, Dat water worde wijn Ende ghi myn minne cost crigen, Waer u dat niet een vont? Soudy wel connen swijghen, Ende huesch zijn in uwen mont?" 10. „Och ja ic, reyn vrouwelijc wesen, Van u heb iet geleert, So waer minen druck genesen, Wes ghi op mi begeert. Och mocht mi dat volcomen! U lieflijc blijde aenschijn En derf ie mi nyet beromen, Druck moet mijn eygen zijn." 11. „Gheselle laet u niet verlangen, Leeft voort op goeden troost, Men leyt so menigen gevangen Die namaels wert verlost. Weest huesch tot alle tijden En maect dat niemant condt Trou suldi aen mi vinden, Sijt huesch in uwen mont." fF ffF fF F ffF f F fF fFf F fF F fFf F fF fFf F fF F fF ffF fF fFf F fF F ffF f F fF fFf F fF F fF ffF fF fF f F fF F ffF f F fF fF f F ffF F ffF f F ffF fFf F fF F. ffF f F fF fF ffF fF F fFf F fF fFf F fF F fFf F fF ffF f F ffF F fFf F fF fFf F fF F ffF ffF fF fF ffF ffF F fFf F fF fF ffF fF F fFf F fF fFf F fF F fFf FffF fF ffF ffF F fFf F fF fF ffF ffF F fFf F fF fF f FfffF F fFf F fF fF f F fF F fFf F fF fFf F fF F fFf F fF 88 12. „Ie dancke u Venus minne fF ffF f F F Van uwer duechden groot! fF fFfF God laet mi trou aen u vinden, fF f F ff F F Helpt mi uut deser noot! fF fFfF U vriendelijc aenschouwen f F f F f F F Doet mijnder herten pijn, fF fFfF O reyn natuere van vrouwen fF f F ffF F Laet vruecht mijn eygen zijn. fp fFfF 13. „Gheselle wilt vruechde bedrijven f F ffF ff F F Als nu tot deser tijt, fF fFfF Ic wil u vruecht toescrijven, f F f F f F F Mijn herte hebdy verblijt. f F ff F f F Al met vrou Venus strale f F f F f F F Hebdi mijn herte doorwont, fF f F ffF U eyghen ben ic altemale, fp f ffp f p p Weest huesch in uwen mont." fp f p f p 14. „Vrouwen eere mach ic wel scriven, ffF ffF f F F Wes mach mi aen gaen ? f F f F f F ') Een bloeme boven alle wijven fp fffF f p F Die heeft mi troost ghedaen. fp fFfF Myn trouwe is mi geloont. fp ff p f F F 2) Vaert wech mijnder herten pijn, tp «p t p Mijn druc derf mi niet rouwen, f F f F f F F Vruecht sal mijn eyghen zijn." |p f p f p 15. Ter eeren van alle vrouwen fF ffF f F F So is dit liet ghemaect, f F f F f F Men loont so die met trouwen; f F f F f F F " Daerom ist dat wel betaelt. fp ffF f F Men mach wel eere bewisën f F f F ffF F Schoon vrouwen op elc termijn, fp ffp f p Cost ic troost van haer vercrigen, ffp f p f F F Druck soude vergheten zijn. ^p |jp f p VI a pl p2 p3 p4 V2 a pl p2 p3 0 0 O O 15 15 O O O O 15 ƒ 14 4 11 O O 1 14 14 12 O 2 1 10 4 0 0 21130 300000 30000 VI a pl p2 p3 p4 0 0 O O 15 15 / 14 4 11 O O 2 1 10 4 O O 3 0 0 0 0 0 4 1 J) Van Duyse: ane gaen. 2) Van Duyse: gelonet. 91 V3 a pl p2 p3 p4 V4 a pl p2 p3 p4 001077 010104 764700 756523 212000 211140 300000 300010 V5 a pl p2 p3 p4 0 1 0 0 7 7 7 4 6 3 0 0 2 0 1 3 0 0 3 2 0 1 0 0 Mètre: F f F f Ff(f)F fF ffF f F f F fF f F f F F fF f F f F ffF fF f Ff(f)F F La conclusion s'imposé: le pied dissyllabique est presque de règle dans la poésie lyrique du moyen-néerlandais; il est pour le moins fréquent dans la poésie épique et didactique. 98 troisième syllabe. Un de ceux qui firent une tentative de vers métriques fut Jacques de la Taillé, qui en 1573 écrivit La Maniere de faire des vers en francois, comme en Grec & en Latin.') II conseille de se servir de pieds simples, iambe, trochée, spondée et dactyle, mais non pas exclusivement de 1'iambe et du trochée, ce qu'il aurait certainement fait si le vers fransais du XVIe siècle avait connu 1'alternance binaire. Les pieds w — etv— v se seraient alors le mieux adaptés a 1'accentuation franchise.2) Et puis il y a encore ceci: les défenseurs les plus acharnés du rythme binaire ont dü reconnaitre qu'un grand nombre de vers francais étaient rebelles au principe établi en dehors des textes, et dans lequel ils font ensuite entrer de gré ou de force les exceptions multiples. Tel par exemple Harsdörffer, „corrigeant" quelques vers de Ronsard: Contre (au lieu de contre) le mal d'amour que tous les maux excede L'artiftee (au lieu de L'artifïce) n'invente un plus present remede etc. 3) Tels encore Qottsched, W. Heinse et J.-G. Gruber en Allemagne,4) et chez nous Constantijn Huygens. 5) S'il est donc peu probable, d'après tout ce qui précède, que le vers francais, non seulement celui de notre époque mais encore celui du XVIe siècle obéisse a 1'alternance binaire telle que certains métriciens de race germanique 1'ont comprise, il faut rejeter toute théorie qui explique la naissance du rythme nouveau chez les poètes de la Renaissance flamande et néerlandaise, chez Jan van der Noot et ses contemporains par la simple imitafion de la poésie frangaise.6) 1) Cf. T. Rucktaschel, Einige Arts poétiques aus der Zeit Ronsard's und Malherbé's. Leipzig, Gustav Fock, 1889, p. 26. 2) Cf. Tobler, Vom Franz. Versbau alter und neuer Zeit. Leipzig, 1894, p. 5. 8) Saran, op. cit., p. 172. 4) Saran, op. cit., pp. 174—176. 6) Voir plus loin. 6) Nous jugeons inutile de discuter la page que M. Saran consacre a la poésie néerlandaise. Six vers du Lofsanck van Bacchus, de Daniël Heinsius — et quels vers! — ne sauraient prouver la justesse de son principe. (Cf. op. cit., p. 187). 108 francaise et italienne, surtout par celles qui ont les mesures a 3/4, a 6/s ou a 9/s» c'est -a-dire les chansons de danse, a accents forts. M. Jacobsen, dans sa thèse sur Carel van Mander, a déja fixé 1'attention sur le fait que la plupart des chansons de la Gulden Harpe, aux mélodies francaises ou italiennes, avaient 1'alternance binaire. L'étude des influences diverses qui ont contribué a transformer le vers moyen-néerlandais, nous conduit a 1'examen des témoignages au point de vue rythmique. lei encore, nous suivons Pordre chronologique. Quelle est la signification de la citation importante de Jan van Hout? (p. 31). Nous avons déja vu que Van Hout, quant a la rime et a la césure, subit 1'influence de ja métrique francaise. En est-il de même lorsqu'il dit: „ces vers se composent de six pieds ou de douze syllabes" et qu'il appelle la sixième syllabe le troisième pied? Pied a pour Van Hout le sens d'accöuplement de deux syllabes. Cette définition ne nous paraït pas être d'origine francaise. Eustache Deschamps, dans son Art de dictier (1392) avait dit pieds au lieu de syllabes, en conservant un terme de la prosodie latine, mais ce terme-la s'était perdu ensuite, et il reparaït seulement avec Rollin, Durand et Voltaire, alors revêtu de la signification qu'y attaché Van Hout.') Nous croyons plutöt que Van Hout a emprunté le terme „pied" a la prosodie classique et qu'il a cru entendre le rythme binaire dans le vers francais, autre exemple donc d'une théorie erronée dont nous avons développé les causes au troisième chapitre. Nous savons maintenant que c'est a tort que Van Mander (1604) considère Van Hout comme le protagoniste du rythme binaire. Déja une vingtaine d'années plus tót ce rythme courait, sans monotonie, dans les vers de Jan van der Noot. Chaque poète puisait ainsi, individuellement, a la riche source d'exemples francais, italiens et classiques. II est donc impossible de suivre dans 1'évolution du vers néerlandais du XVIe siècle une ligne unique: nous y voyons plutöt un tissu complexe de fils, dont quelques- i) Cf, Saran, Der Rhythmus des fr. Verses, pp. 25, 26. 110 second, d'après Van Mander, est fautif, tout en étant iambique. Van Mander ne considère donc pas le mouvement iambique comme inhérent a la nouvelle technique, et cela nous parait significatif. La règle des longues et des brèves trouva beaucoup de résistance: tels les Momus railleurs (1609-b) et Roemer Visseher (1612). A mesure que la nouvelle technique s'introduit, la défense de 1'ancienne technique devient plus apre: Roemer Visseher qualifie les réformes de pédantismes. Dans la pièce intitulée Vlaerdings Rederyck-berg on entend la plainte: „Celui qui ne peut pas Padopter, doit céder". Richard Verstegen (1624) renvoie simplement le" mètre brabancon au marché au blé brabangon. Mais ces attaques n'empêchent pas Ie rythme alternant de faire des progrès. Abraham van Gherwen (1622) donne une définition du pied dissyllabique, sans prêcher pour cela le rythme iambique, car il admet également le trochée (Ff). Toutefois ses exemples sont iambiques. De ce qui précède nous pouvons tirer la conclusion suivante: Par suite de 1'introduction du vers compté francais le rythme du vers non-chanté se régularise, se canalise, dirions-nous, dans la voie de 1'alternance binaire. Ce procés a été haté par la musique, oü la même tendance, par suite de lois plus rigoureuses, aboutit plus vite a une réforme. Quiconque croit entendre des iambes réguliers dans les vers de la jeune école poétique, se trompe fort. Les poètes n'ont pas été préoccupés par le souci de faire couler comme un petit jet d'eau bien dirigé des rythmes uniformes, oü faibles et fortes alterneraient docilement. L'émotion esthétique qu'ilséprouvaient en imitant les grands exemples: un Ronsard, un Joachim du Bellay, un Pétrarque, les préservait de cette monotonie. Quelquefois leurs rythmes se trouvaient un peu a 1'étroit dans le cadre rigoureux du décasyllabe ou de 1'alexandrin, et les accents se heurtaient. Nous terminons cette étude par Panalyse au point de vue rythmique de quelques vers de Luc de Heere, de Van der Noot, de Marnix, de Van Mander et de 112 plus mauvaises poésies de Luc de Heere. ') Quoique 1'émotion n'y manque pas, et malgré quelque chose de simple, de pieux aussi, dans 1'expression, surtout a la fin, la technique reste trés faible. En passant a Van der Noot, nous faisons un grand pas en avant. Non seulement sa technique est plus achevée, mais elle se lie plus étroitement a la pensée du poète. Jan van der Noot, Een Mende reyn, d'après Pétrarque. (Het Bosken, écrit aux environs de 1568). 1. Een hiende reyn sach ick wit van colure 2. In een groen bosch lustich in een valleye, 3. (Wandelen gaen int soetste van den M«ye) 4. Gheleghen fraey bij een riviere pure, 5. Neffens-een bosch seer doncker van verdure: 6. Des morghens vroech deur der sonnen beleye 7. Sach ick soo soet en flerkens het ghereye 8. Heurs schoons ghesichts, dat ick vah diër ure 9. Heur volghen moet latende alle saken. 10. Niemant en roer my sach ic staen gheschreven, 11. Om heuren hals met fyne Diamanten 12. Int gout gheset. Ick wil gaey slaen en waken 13. Nam ick voor my, want yemant straf van leven 14. Mocht dese leet aen doen in vremde canten. t. fFf F, F f (,) Fff Ff, 2. FffF, F f(,)Ff f F f, 3. Fff F.fF f F i 4. f F f F,fF f F f 5. Fff FfF f F f 6. fFf F, Ff Fff 7. Fif F,fFf(,)Ff 8. fFf F, Fff Ff 9. fFf F, Fff 10. Fff Ff,Ff 11. fFf F,fFf 12. fFf F.fF/ 13. Fif FfF f(,)F f 14. fFfF fF,f Ff F F F F F F f, f, f, f, f, f, Ff, Ff, Fff,) F(,)fF f, F f, Ff.2) Ff Ff Ff !) Nous parions seulement de la forme! z) f — faible fortement accentuée. F = forte faiblement accentuée. , = coupe; (,) coupe secondaire. 113 En examinant ce schéma, on voit facilement que 1'alternance binaire est loin d'être régulière. Le rythme , est caractérisé au contraire par une certaine désinvolture. Les variations sont fréquentes: surtout FffF au lieu de fFfF, ') ce qui fait que deux fortes se rencontrent parfois è la césure. Les F sont souvent affaiblies, les ƒ renforcées; les dernières, par exemple dans groen, seer, soo, goey, se font valoir entre deux fortes par une intonation spéciale (Cf. p. 9). Le rythme n'a rien de monotone, et se lie étroitement, par ses ondulations mélodieuses, aux images fralches et limpides que le sonnet évoque, et traduit délicieusement Pémotion du poète. II y a dans 1'accentuation quelque chose de lié. Quelle gradation dans le second quatrain, ou le rythme passé sans interruption du septième au huitième vers, oü la marche va crescendo jusqu'aux mots Heurs schoons ghesichts! Les sons forment un are tendu, et toutefois 1'oreille est a chaque instant agréablement frappé par un accent fort Ia oü on s'attendrait a une syllabe faible. Malgré les variations, 1'alternance binaire est indubitablement a la base de ce sonnet. L'on sent, en récitant ces beaux vers, que le rythme poétique et 1'accentuation des mots ne sont pas toujours d'accord, ce qui fait qu'on est quelquefois obligé de chercher un compromis, a moins de sacrifier complètement è de certains endroits l'accent naturel aux dépens du rythme. Une récitation mélodieuse évite alors le conflit et on ne peut s'empêcher de penser au précepte de Ronsard, dans YAbrégé de l'art poétique f rangais: „Je te veux aussi bien advertir de hautement prononcer tes vers quand tu les feras, ou plus tost les chanter, quelque voix que puisses avoir". Les vers de Van der Noot gagnent en beauté lorsqu'on les dit en chantant. Marnix observe déja beaucoup plus rigoureusement 1 alternance binaire, sans doute sous 1'influence desPsaumes ) Cf. p. 22. FffF est une des caractéristiques des rythmes de Van der Noot: on peut trouver des exemples dans jshaque poésie. Voici quelques vers de l'Ode au Seigneur de Carloo: Eewighen lof te loove. Springhende sonder myden. Vlieghende ende soo schynden. 8 114 qu'il vient d'écrire. La musique aura rendu son oreille plus exigeante. Marnix, Sonnet dédié a Lue de Heere (1576). 1. Godt houdt in syner handt den beker der gerichten, 2. Daer wt, hy bitt'r oft soet eenn' yegelyck en schenkt, 3. Na dat syn wysheyt groot verordent end gehengt, 4. Maer gheensins by gheval also de dwasen dichten: 5. Nu moet syn kerck'altyts (want hys'int cruys wil stichten) 6. Drincken den eersten dronck met bitterheyt vermengt, 7. Maer tgoddeloose volck dwelck vry te wesen denckt, 8. Den droessem drinken wt, end'soo den bodem lichten. 9. Wat willen wy dan doen Lucas in tegenspoet? 10. Sullen wy truerich syn, end geven op den moet? 11. Neen, neen: maer wel getróóst den beker met den dranck 12. Nemen van Godes handt gewillich end in danck 13. End met dees Psalmen soet syn bitterheyt vermenghen, 14. Die ick u t'samen wil met desen beker brengen. Sauf trois ou quatre exceptions, au commencement du 6ème, du 10ème et du 12ême, et après la césure du 9ème vers, oü nous trouvons 1'inversion de forte et de faible, 1'alternahce est observée, même d'une facon trop sévère, et par la la grace est sacrifiée k la force: tel par exemple le huitième vers. Les fortes ne différent pas sensiblement entre elles. De fréquentes allitérations (houdt — handt, dwasen — dichten, droessem — drinken, beker — brengen) renforcent le rythme. Les alexandrins de Marnix font penser aux oscillations sonores d'une cloche de bronze. Carel van Mander, Sonnet dédié a Goltzius. (Bucolia en Georgica, 1597). 1. Den Mantuaen hoe hy in soet Latijn 2. Van Amaryl heeft Echo leeren singhen: 3. Syn wetten oock om 't landt tot mildtheyt dwinghen / 4. Ghesonghen dy in Vlaems / laet danckigh zijn, 5. O Goltzi vry ons eeuwen ciersel / mijn 6. Mecenas groot / Want Schilders sonderlinghen 7. Nut scheppen uyt Poëten / jae één dinghen 8. Is constigh Dicht / en Schildery int schijn. 9. Dan d'een is stom / en d'ander can wel spreken: 10. D'een verwich wijst / en d'ander met bestreken 11. Bij-woorden verhaelt / en duydt al wat begheert. 12. Niemandt bier in Virgilio was gh'leken / 13. Maer wat belanght mijn doen te minst / ick reken / 14. Ist lovens hiet / soo ist onschuldens weert. 118 1'ame même du poète. Cette loi psychologigue, M. Jac. van Ginneken Fa magistralement exposée dans son beau livre, plusieurs fois cité au cours de eet essai. Après avoir étudié les phénomènes de la subordination différenciante (la loi du rythme), de 1'inertie, de Fanticipation et de Fassociation, et défini Funité linguistique secondaire, qu'il appelle construct-ion '), M. Van Ginneken dit, aux pages 314 et 315 de ses Principes de Linguistique psychologique: „Mais c'est dans 1'art, c'est dans la poésie que nous „voyons la subordination différenciante, 1'inertie, 1'antici„pation et Fassociation agir avec le plus parfait ensemble. „C'est la d'ailleurs que nous pouvons nous attendre a „un concours parfait de toutes les tendances psychiqjies. „Nous y voyons en effet toujours une desènte „d'intensité succéder a une élévation et élévation et „descente demandent comme unité leur anticipation et „leur inertie tout ensemble dans le fait de précéder et „de répéter cette même alternance, et les vers et les „strophes se reconnaissent dans Fassociation. „Et nous concevons parfaitement maintenant 1'évolution „de la métrique germanique moderne comme un complément de 1'ancienne et non comme Fexagération d'une „mesure régulière et ennuyeuse, comme on le dit quelquefois. „Les personnes en effet qui tiennent un pareil langage, „croient a tort que les vers germaniques modernes, les „vers du haut allemand, les vers anglais et les hollandais „se composeraient de pieds ayant tous la même intensité „dans les syllabes principales et absolument le même „affaiblissement dans les secondaires. S'il en était ainsi, „ils auraientraison: nos vers dans ce cas seraient ennuyeux. „Mais un vers ne se compose pas de pieds, un „vers se compose de constructions qui, comme nous „1'avons vu partout, ne sont ici encore en possession „que d'un seul accent principal, autour duquel toutes les „autres syllabes plus ou moins faibles se groupent comme „autour d'un centre. „Le poète doit maintenant s'appliquer attentivement a „choisir ou modeier ses 'constructions, a les subordonner i) Principes, p. 274: „Une construction, c'est un groupe de mots, se succédant ou non, reliés ou non par 1'écriture et séparés ou non par la ponctuation, mais qui se tiennent cependant et le montrent avec évidence par 1'influence de forme ou de signification qu'ils exercent les uns sur les autres". 121 e. Si vous trouvez que quelque chose cloche dans ces vers, cherchez - en la faute dans 1'endroit (?) d'un cóté, et de 1'autre dans le mètre que j'ai adapté (?) dans notre langue a la manière brabanconne. ƒ. „Or, les vers dont je me suis servi dans mon Franciscaender, appelés alexandrins par les Francais, se composent de six pieds ou de douze syllabes et ont leur chute, repos, appui ou reprise d'haleine après le troisième pied, c'est-a-dire la sixième syllabe. Dans ces vers j'ai fait alterner ou varier ceux qui sont masculins, rimant sur la dernière syllabe, avec ceux qui sont féminins, rimant sur 1'avant-dernière syllabe ou 1'anti-pénultième. Lecteur, si ces premiers fruits pouvaient vous plaire quelque peu, je serais stimulé a m'exercer journellement dans 1'art des vers, oü je m'estime encore jeune et inexpérimenté, ne m'en étant pas encore servi depuis deux ans dans la forme oü nous nous en servons actuelle•ment tous ensemble, a savoir dans un certain mètre et chaque syllabe pourvu de son accent nécessaire". g. Comme celui qui chanta gentiment pour la première fois en dialecte brabancon des vers héroïques, d'une parfaite harmonie, les doux vers communs et, ressemblant a ceux - la, les légers vers lyriques, d'une belle richesse de mots. h. „ en train d'écrire ses vers, quant au néerlandais, suivant une certaine mesure et règle, imitant en cela la manière des poètes francais". L Car je n'ai jamais fréquenté de Chambres oü 1'art de rhétorique fut cultivé avec plusieurs lois diverses de mots, de césures, et de toutes sortes de mètres, et avec une telle suffisance qu'ils haïssent tout travail dont le pied libre ne danse pas sur les sons du chalumeau de leur loi. / Je ne me suis jamais laissé enröler dans la secte d'une Chambre. Faut-il s'étonner que tout le monde se moquat de la liberté de mes rimes? Ne sera-t-on pas criblé de railleries injurieuses par le peuple qui se contente si bien de sa propre loi qu'il noue des liens avec des pieds variés pour mettre les rimeurs libres dans leurs fers? 122 k. „Paree que je n'ai pas imité le mètre francals, on dira: Eh! voila encore un poète qui suit les chemins battus; la césure et les vers accouplés sont ici bannis". / Car parmi les syllabes il y a des longues, des brèves et des intermédiaires, qui peuvent être tantöt longues et tantöt brèves; les brèves comptent pour une seule pause, les longues pour deux; celles-ci sont notées par —, celles-la par on les appelle pieds, paree que les poésies des rimeurs, d'après leur ordonnance, marchent bien *ou mal. Les rhétoriqueurs de 1'antiquité ont aussi observé ces régies dans leurs livres, mais parmi nous autres rimeurs elles sont tellement inconnues que c'est a peine si nous en avons entendu parler. Et nous les appliquons encore moins dans nos poésies. Mais dans les Chansons nous sommes obligés de les observer, souvent inconsciemment; car, pour chanter ces chansons convenablement, il faudra conformer les syllabes aux notes, ou bien les notes aux syllabes. II arrivé encore que les poésies de certains rimeurs coulent doucement, a 1'inverse d'autres, qui sont lourdes; cela dépend de la place et de la combinaison plus ou moins heureuse des syllabes; Colyn van Ryssel semble avoir introduit a plusieurs endroits de sa Spieghel der Minnen — spontanément ou bien de parti pris — des syllabes harmonieuses. II y en a d'autres qui commencent a y faire attention et je suis sür que, si Pon procédé avec une intelligente attention, la nouveauté introduira peu a peu une charmante élégance et plus d'aisance dans notre langue. II me semble pourtant qu'on devra plutöt considérer la nature de notre langue que suivre les procédés des latinistes, puisque, par le grand nombre de radicaux monosyllabiques, nous avons quantité de syllabes longues. C'est déja beaucoup si nous comprimons nos vers entre dix et quatorze syllabes, puisque, a mon avis, des vers homophones doivent être de longueur égale la oü la rime frappe 1'avant-dernière syllabe et une syllabe de plus la oü elle frappe la dernière. Ces rimes doivent alterner, comme nous 1'observons chez les Francais qui nous dépassent en cela de beaucoup, quoiqu'en effet notre langue s'y prête bien mieux. .... Mais revenant aux pieds que je voudrais de longueur et de nombre uniformes dans les refrains, les 123 rondeaux, les chansons et d'autres poésies analogues, je voudrais accorder a tous une entière liberté (ainsi qu'on a toujours fait du reste) quant aux pièces de thécitre, soit moralités, tragédies, farces ou jeux, afin que la langue se rapprochat autant que possible de la langue parlée et qu'on püt y mêler encore des proverbes. Je ne saurais blamer les vers de 15 ou de 16 syllabes a cöté d'autres qui n'en ont que huit ou neuf. m. Conservez le mètre libre; ne vous laissez pas garrotter par un nombre fixe de syllabes. n. J'imite la nouvelle technique francaise. quoiqu'elle doive paraïtre étrange a bien des gens, paree qu'ils n'y sont pas habitués. o plusieurs d'entre eux n'ont guère fait attention au nombre des syllabes, faisant leurs vers tantöt de dix, tantöt de douze ou de quinze syllabes, comme bon leur semble, tandis que les poètes frangais nous montrent cependant une voie plus commode et plus artistique en faisant toujours de même longueur, soit de 12 ou de 13 syllabes, leurs vers qu'ils appellent masculins et féminins et qu'ils font alterner. A la sixième syllabe ils font toujours une césure, ou coupe, qui peut aussi se trouver a la quatrième ou la cinquième syllabe, selon les exigences de 1'ceuvre. Je me suis efforcé d'imiter cette technique autant que possible dans mon Spieghelboeck. .... pour montrer a tous les rhétoriqueurs la méthode selon laquelle ils devront imiter le mètre frangais, en abandonnant leurs anciens vers. Nous espérons que cette nouveauté trouvera peu a peu de nombreux partisans et approbateurs. P dans quelques strophes nous comptons seulement les syllabes, qu'elles riment ou non; dans d'autres seulement celles qui riment a la mode frangaise, pour montrer que notre langue s'y prête tout aussi bien que le frangais, sans que nous désirions nous y astreindre. Q Je n'ai pas voulu imiter 1'exemple de quelques- uns qui veulent introduire dans les vers des petits genres un choix rigoureux de syllabes longues et brèves; ils s'imposent ainsi une dure loi, qui les contraint souvent 124 a gater le sens et a introduire beaucoup de mots durs, peu usités, de sorte que le lecteur aurait besoin d'un commentaire pour les comprendre. .... j'ai eu seulement soin que. la sixième-syllabe de chaque vers puisse comporter une césure, que nous indiquons par une barre (/). Nous prions le lecteur de ne pas y faire attention, en lisant, afin que le sens de la phrase ne soit pas corrompu. r Nous avons encore suivi autant que possible le mètre frangais, en nous servant dans nos vers de ce qu'ils appellent vers héroïques, comptant douze ou treize syllabes. Quant aux syllabes, vous les trouverez d'une quantité convenable, excepté dans quelques noms propres et noms de choses qui, non-modifiés, n'auraient pu être introduits dans le mètre convenable sans gater la compréhension et Ie sens. s paree que tu -t'es servi du nouveau mètre frangais. t. Cependant je ne m'étais pas encore fait une idéé trés claire du mètre frangais; je ne pouvais pourtant plus me contenter de notre technique ordinaire, qui est boiteuse. Je dis boiteuse paree que nos vers n'ont pas tous la même longueur; aussi imitais-je la longueur des octaves italiennes, adaptées a notre vers. Je ne me suis pas servi d'un seul monosyllabe a la rime, ni de mots qui ont la rime a la dernière syllabe, ce que les Frangais appellent masculins, et ce que je traduis en Flamand par staende (sur pied); partout j'ai pris les mots qui ont la rime a 1'avant-dernière syllabe, que j'appelle vallende (tombants) et les Frangais féminins. J'ai aussi évité ceux qui ont la rime a 1'avant-dernière syllabe, que j'appelle struyckeldichten (rimes trébuchantes), a la manière des Italiens, qui les appellent Draccioli. Ceux qui se connaissent en poésie auraient peut-être préféré que j'eusse fait marcher mon poème avec des pieds frangais, seulement ma tache aurait été par la plus difficile, et la jeunesse comprendrait moins bien. J'avoue qu'on pourrait faire quelque chose de bon a la manière gauloise, en vers alexandrins, mais il faudrait beaucoup de temps et d'application pour exprimer harmonieusement une belle matière. II sera encore utile, pour 125 faire des vers pleins de mélodie, de choisir toujours la seconde syllabe accentuée ou longue, et la première brève, d'après 1'exemple du grand poète M. Jan van Hout, pensionnaire de la ville de Leyde, qui a été le premier, dès sa jeunesse, a observer et a suivre cette règle, trouvée chez Pétrarque, Ronsard et d'autres. Maintenant que je commence a parler de la poésie, je veux dire en quelques mots — comme si cela entrait dans mon exposé — mon opinion et mes idéés sur la versification et le mètre frangais, qui commence a se faire jour et a se propager chez nous. Voici quelques exemples de bons et de mauvais vers. II y a d'abord le vers commun de 10 ou 11 syllabes: j'approuve le vers suivant a onze syllabes, et a rime féminine („vallende"): Schoon jonghe Ieught, Meestersse van mijn leven, paree que les quatre mots devant la césure forment un sens complet et que les mots d'ornements s'ajoutent au mot matériel (adjectivum a cöté de substantivum, disent les Latins). Mais je Papprouve aussi paree que la suite du vers comprend en soi-même un sens complet, sans emprunter au vers suivant. Ce vers-ci, décasyllabe a rime masculine, est moins bon: Een man die wel ervaren is ter zee, paree que la césure après wel contraint d'emprunter a ce qui suit. Et maintenant 1'alexandrin a six pieds, de 12 ou 13 syllabes, avec césure a la sixième. J'approuve ce vers-ci, comprenant 13 syllabes: In Gods etc, car il contient un sens complet avant la césure tout aussi bien que dans son ensemble. u. Ainsi nous avons adapté nos vers de rhétorique a la manière francaise et italienne, de telle sorte qu'il n'y a pas une syllabe de moins ou de trop, suivant les exigences de la mélodie. v. Momus était prêt a condamner cela en me raillant cruellement, disant que j'avais peiné inutilement pour faire le poème dans le nouveau mètre frangais, qui court comme sur des pieds. II se moquait de ce que je 126 m'efforcais d'imiter en jeune disciple, et disait: le poème marche comme s'il était entravé. iv. „Peut-être quelques-uns auront a redire a ces „Quicken", se réclamant de la mesure et de la césure francaise: sur les syllabes qui doivent être longues ou brèves, et d'autres pédantismes. Mais tout cela n'a pas d'importance ou en a fort peu." x. „Ceci n'a pas été fait sur la coupe francaise, qui est tellement a la mode aujourd'hui, plus qu'on ne saurait dire. Celui qui ne peut pas 1'adopter, doit céder. y. Faites alterner les syllabes faibles et fortes, mais, si vous commencez par une forte, faites-la suivre par un son faible. Ne placez pas deux faibles 1'une a cöté de 1'autre: cela fatigue par trop (1'oreille). Deux fortes peuvent se suivre, mais mieux vaut éviter cette'rencontre. Comptez exactement toutes les syllabes d'un vers, afin qu'il n'y en ait ni trop ni trop peu d'un vers a 1'autre: voila une règle constante. Maintenant que j'ai parlé de la technique des vers, il est utile de faire comprendre bien distinctement Ia différence qui existe entre les bons et les mauvais vers afin que le lecteur curieux sache clairement pourquoi les artistes intelligents corrigent quelquefois les poésies. Voici d'abord un couplet d'une de mes premières chansons' que j'ai composée lorsque je n'étais pas encore versé dans la technique (en 1605). Le premier couplet.est mauvais: Remarquez bien ceci: le deuxième, le quatrième et le sixième vers sont mauvais, comme vous 1'entendez parfaitement a la lecture (a plus forte raison en les chantant) car la deuxième, quatrième et sixième syllabe de chaque vers doivent être fortes, lorsqu'on les lit et qu'on les chante. La première, troisième, cinquième et septième syllabe par contre doivent être faibles, comme vous le voyez facilement par la correction, que j'ai pour cela apportée dans mon recueil de chansons intitulé: etc. (en 1620). Cet autre vers est bon: Car, si on ne sait pas quelles syllabes doivent être fortes ou faibles, a la lecture et dans le chant, et qu'on ne sache pas les placer a Pendroit qu'exige le chant, 127 c'est comme si quelqu'un voulait chanter d'après les notes sans s'entendre a la musique. z. „Quant au mètre de ces Épigrammes, je ne doute pas que quelques poètes brabancons disent qu'elles ne sont pas écrites dans le mètre brabangon, ce qui est vrai du reste. Mais je réponds a cela que le mètre brabangon doit être cultivé plus spécialement sur le marché au blé brabangon. Malgré cela les Épigrammes sont écrites dans leur mètre propre et nous avons observé leur cadence, de sorte qu'elles ne sont pas désagréables a 1'oreille, pourvu qu'on ne les fasse pas dures par une mauvaise prononcation." TABLE DES MATIÈRES Introduction i. ii. Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Appendice. Exposé du problème .... 1 L'isochronisme du vers néerlandais 2 Témoignages des contemporains 27 L'alternance binaire dans le vers moyen-néerlandais 42 Le rythme du vers francais et 1'oreille germanique 92 Étude d'infiuences diverses. Con- clusions générales 103 Traductions se rapportant au Chapitre / 120 STELLINGEN i * Qui vauroit bons verg oïr del deport du duel caitif de deus biax enfans petis, Nicholete et Aucassins, etc. (Aucassin et Nkolette, éd. Hermann Suchier. Paderborn, 1906, vs. 1—4) Het^voorstel van Alfred Schulze om de tweede regel aldus te lezen: dd deport. dun uid aniif is onaannemelik. II Er zijn geen voldoende redenen aanwezig, om met Watenphul het slot van de mnl. Beatrijs (vanaf vers 865) als een latere toevoeging te beschouwen. (H. Watenphul, Die Geschichte der Marienlegende von Beatrix der KUsterin, Neuwied, 1904) III Een groep lettergrepen kan, zonder aan weerszijden afgesloten te zijn door een sterk aksent, een golf van hoger rythme teweeg brengen. IV Het is mogelik de grafiese voorstelling van de eenheid van handeling prakties bruikbaar te maken. V „Ni lyrique, ni orateur, il a le soufflé court, 1'invention pauvre: la sensibilité nulle, 1'intelligence (philosophique) médiocre. Les idéés le fuient. (Gustave Lanson, Histoire de la littérature francaise, 14e éd. Paris, 1920) Het is gewenst dit oordeel over Théophile Gautier te herzien. VI De letterkundige kritiek houdt te weinig rekening met de belangrijke taak die de Frans-Protestantse letterkunde omstreeks 1890 ten opzichte van het ontwakend idealisme vervuld heeft. VII De metronoom bevordert bij Franse uitspraakoefeningen een zuivere aksentuatie. 52 66, Die ie ye van Gode helt^ Ne wille ml niemen tsactpel halen, Ic sect jou allen in carter talen, Ic salre selve achter riden; Ic ne wils niet langher onbtden, 65, Eert mi alte verre ontfaert, Ic hem die gone diet begaert Dat iet weder halen sal. Mine lette ramp ende ongheval, Eer ic meer te Carlioen here, 70. Of ic blive doot in de ghere. Ic salre jou mede doen die ere: Ic soude met rechte sijn jou here, Nu salie sijn jouwer alre knecht." Deer Walewein, die nu ende echt 75. In dogheden es ghetrect voort, Hi scaemde hem als hi dit hoort, Datter niemen was soghedaen, Die dat belof durste anevaen Van sinen here den coninc; 80. Ende hi trac voort metleser dinc Ende seide: „Coninc Artur, here, Die worde die ghi hedenere Seid, die hebbic wel verstaen. Die jou ghelof wille anegaen, 85. Suldi houden also ghi seit te voren Dien eet die ghi hebt ghesworenf" Die coninc andworde mettien: „Ja ic, so moete mi goet ghescien? Ware enich rudder bin minen hove 90. So starc of van sulken love, Diet mi leverde in mine hanl, Ic wille hem gheven al myn lant, Ende mine crone na minen live Willic dat sgn eghijn blive. 95. Dies ne keric heden mijn wort". Alse die here Walewein dit hort So dede hi «ne wapene gheretden Ende wapenen hem al sonder beiden, Ende seide: „Vindict in enich lant, 100. Ic saelt u leveren in uwe hant, . So helpe mi God die u gheboot". T o r e c (Engels p. 25j. II. Die aventure seget na desen, Dattie coninginne meer wilde wesen, 53 In geselscap, sijt seker das, Waer dat enege bliscap was. 5. Ende haer goet minderde daer naer, Ende haer man slarf int jaer. Ende si oec daerna genas ■ Van ere dochter, sijt seker das; Ende die deetsi in ene tonne beslaen; 10. Ende cledere ende gout, sonder waen, ' Ende enen brief, daer in sal slaen, Hoe al haer 'saken fijn verg aen. Hoe si opten boem vonden was, Ende hose die coninc troude na das, 15. Ende hoe die cyrkel werd genomen, Daer si in onsalecheiden bi es cómen, Ende dat hare Bruant vander Mon tangen Heeft yedaen al dese calangen, Dit was metter dochter gedaen 20. In een tonne, ende geworpen saen In die zee, ende litense varen Daerse God wilde bewaren. Doe quam die tonne gevaren scire Int lant van der Baserrivire, 25. Daer Ydor in coninc doe was. Daer was si opgehaelt na das, Ende vorden coninc bracht daer saen, Diese scire op dede slaen. Daer vant men in een meissekijn, 30. Dat scoenste, dat in die werelt mach sijn, Ende gout ende selver ende cleder dire, Ende enen brief, dien. lasmen scire, Daer in gercreven stont algadrr, Wat gesciet was raoder ende vader, 35. Ende dat tkint niet kersten ware gedaen: Dit dede die brief al verstaen. Die coninc deet doen kersten daer naer, Ende "deet Tristoise heten vorwaer, Om met rouwen was gedragen. 40. Hi deet doen voesteren in dien dagen. Doen tkint te sinen dagen quam Entie coninc so ouerscone vernam, Wildise nemen tenen wive. Wat hol)it, dat icker vele af scrive? 45. Want alle_ die gene, die hem bestaen, En haddens hem niet doen ave gaen. Hi namse te wive ende dreef fi-este groet: Die brullocht was sonder genoet Gedreven veertien nacht al uut: 50. Ende Ydor wan ane sine bruut Een knapelijn, hebbic verstaen. 54 Ende ter selver tijt oec, sonder waen, Doen die vrouwe daer af genas, Ende si sach, dat een kneplijn was, 55. Loech si sere daer ter steden; Ende des hadden grote wonderlijc/ierien Dengenen, diese lachgen sagen; Want si noit in haren dagen Ne loech dan nu ter stont. 60. Dit dedemen daer den coninc cont, Dies blide was, doe hijt heeft vernomen, Ende seide: „Hier sal ons goet af comen; Ende wet oec wel ende seker sijt, Dat si vortmeer in al haren tijt 65. Maer twewerf noch lagchen sal." Men dede den kinde sine behoefte al, Ende droecht daer ten kerstenhcde, Ende es Torec gehekn mede, Want sijn oudervader hiet alsoe. 70. Men gaf hem ene voestere doe, Die tkint wél achterwaren can. Het wies sere ende werd vrome dan. Daerna dede hem Ydor leren Alrehande spel met groten heren; 75. Want en was engene dinc, Daer bi sinen sin p>e hine. Hine leret bat dan enech man; Ende oec was hi die metste daer an, Diemen eneghen wiste tien tiden: 80. Ende oec conde hi bat riden Dan iemen diemen vinden conde; Ende oec en was nieman ter stonde Soe starc alse Torec, sijt seker das. Ja, doe bi twintich jaer out was, . 85. Quam hi toten vader gegaen Ende wilde riddere sijn gedaen, Dattie vader gerne dede. Ende oec in sire eren mede So maecti hondert ridders daer, 90. Die Torec aile gichte daer naer. Doe si riddere waren gedaen, Stacmen tere quin temen saen, Daer Torec op heeft gesteken, Dat sijn spere moeste breken. 95. Doen staken die andere alle naer; Ende alsi hadden gesteken daer, Doe reet Torec daer op weder Ende reet die quinteine ter neder, Die starc was ende groet. 100. Dies dreef die vader bliscap groet. 55 Daer was doe grote feeste gedaen Van etene, van drinkene, sonder wam. Ferguut (Engels p. 38). vs. 434. Hi sach vore hem staen een garsoen, Hi hiet heme dat hi vollec brochte Sine wapine, die in dagedochle Hadden gelegen menieh jaer. 5. Die garsoen liep vollec daer; Die wapine brachte hi atgader,. Si behageden wel sknapen vader. Die halsberch was roet als een bloet Van rostecheden, maer herde goet, 10. Ende vast baddi die maelgie. In al tlant van Cornuaelgie. En soude men vinden enen smet, Die enen soude maken bet Die helm was van finen stale 15. Getemrert ende verguit wale. Alse die knape die wapine sach, En sach hi nie so bliden doch. l-$SÊjt Hi wilde wel hebben orlof. Van sire moeder, ende hi int hof 20. Ware gewapint op sijn pert: Ui waende onthouden sijn ter vert. Die dorpre en wilde nemmer beiden. In die zale dede hi spreiden Een utermaten swdrte deel. 25. Die wapine warp hire up ghereet. m Een witte bronie daer mede was; Die knape dedese as, ende na das Twee cousen, ende den halsberch groet Wel dapperlike hine anescoet. 30. Den helm so letste hi wel schiere; Een swert gordi, ende een ors diere Brochtemen vor den jongelinc. Ic wane grave no coninc Noit beter met ogen sagen, 35. Om enen ridder gewapint te dragen Ofte twe, aht was te doene. Het was dapper ende coene. Daer jegen hem cume een vogel bilde Te vliegene, daert lopen wilde. 40. Die knape gaf enen lach, Daer hi den wrene comen sach; II i greepene, int ghereide hi spranc: 58 Constic wel ane u verwerven, Ende ghi dabijt wout neder leggen, Ende mi een sekeren tijt seggen, Hoe ic u ute mochte leiden, 40. Ic woude riden ende ghem'den Goede cleder diere van wullen .. ■ spél Ende die met bonten doen vullen. Mantel, roe ende sercoet. In begheve u te o/Aere moet: 45. Met u willic aventueren, Lief, leet, tsuete metten stieren, Nemt te pande mijn trouwe." „Vercorne vrient", sprac die jonc/'rouwe, „Die willic gherne van u onlfaen, • 50. Ende met n soe verre gaen, Bat niemen en sal weten in dit covent Werwaart dat wi sijn bewent. Van tavont over acht nachte Comt ende nemt mijns wachte 55. Daer buten inden vergier, Onder enen eglentier. Wacht daer mijns, ic come uut Ende wille wesen uwe bruut, Te varene daar ghi begheert; 60. En si dat mi siecheit deert, Ocht saken, die mi sijn te swaer, Ic come sekerlike daer, Ende ic begheert van u sere, Dat ghi daer comt, lieve joncAere." 65. Dit gheloefde elc anderen. Hi nam orlof ende ghinc wanderen ■ Daer sijn rosside ghesadelt stoet. Hi satter op metter spoet. Ende reet wech sinen telt 70. Ter stat wert, over een velt. Sijns lieves hi niet en vergat: Sanders daghes ghinc hi in die stat; Hi cochte blau ende scaertofcen, Daer hi af dede maken 75. Mantele ende caproen goet, Ende roe ende sorcoet Ende na recht ghevoedert wel. Niemen en sach beter vel Onder vrouwen cledere draghen. 80. Si prysdmt alle diet saghen. Messe, gordele ende almoniere Cochti haer goet ende diere; Huven, vingherlinc van goude, Ende chierheit menechfoude. 59 85. Om al die chierheit dede hi proeven, Die eneger bruut soude behoeven. Met hem nam hi vijfhondert pont, Ende voer in ere avonstont Heymelike buten der stede. 90. Al dat scoenheide voerdi mede Wel ghetorst op sijn paert, . - '\-, . < Ende voer alsoe ten doestere waert, Daar si seide, inden vergier, Onder eenen eglentier. 95. Ht ginc sitten neder int cruut, Tote sijn lief soude comen uut. Van hem latic nu die tale, Ende segghe u vander scoender smale. Vore middernacht lude si metline 100. Die minne dede haer grote pine. Van den Vos Reynaerde (Engels p. 55). vs. 466. Die coninc sprac tsinen ouden Datsi hem alle bespraken Hoe si alre best ghewraken Dese groete overdade. 5. Doe waren si alle te rade Datsi daer den coninc rieden Dat hine dan soude ombieden Dat hi te hove soude comen. ' No dor scaden no dor vromen 10. Ne lette, hine quame int gbedinghe,. Ende men Brune van dien dinghe, Die bodscap soude laden. Dies was die coninc sciere beraden Dat hi dus sprac te Bruun den beere: 15. „Heere Bruun, dit segghic voer dit heere Dat ghi dese bodscap doet. *tM,*ï»t«l Oec biddic u dat ghi zijt vroet, Dat ghi u wacht van beraet. Reynaert es fel epde quaet: 20. Hi sal u smeeken ende lieghen, . Mach hi, hi sal n bedrieghen Met valschen woorden ende met sconen, Mach hi, bi Gode, hi sal u honen, „Heere", seit hi, „laet u cast yen, llSSI 25. So moete mi God vermalendyen, Of mi Reynaert so sal honen, Inne saelt hem weder lonen Dat hijs an den dulsten zi. vjf, «w 60 Nu ne zorghet niet om mi." 30. Nu neemt hi orlof ende hi sal naken Daer hi zeere sal mesraken. Nu es Brune up die voert Ende hevet in ziere herten on waert Ende het dochte hem overdoet 35. Dat yement soude sijn so quaet Ende dat hem Reynaert hoenen soude, Daer Reynaert hadde de pade sine 40. Gesleghen erom ende menichfoude, Also als hi uten woude Hadde geloepen om sijn bejach. Beneden der woesttnm lach Een berch hoech ende lanc, 45. Daer moeste Bruun sinen ganc Te middeuaerde over maken, Sal hi te Manpertus gheraken. Reynaerd hadde so menich huus, Maer die casteel Manpertus 50. Dat was die beste van sinen borghen. Daer trac hi in, als hi in zorghen Ende in noede was bevaen. Nu es Brune die beere ghegaen Dat hi te Manpertus es comen, 55. Daer hi de porte hevet vernomen Daer Reynaerd ute plach te gane. Doe ghinc hi voer die baybecane Sitten over sinen staert, Ende sprac: „sidi in huus, Reynaert? 60. Ic bem Bruun, des coninx bode. Die hevet ghezworen bi sinen gode: Ne comdi niet ten ghedinghe, Ende ic u niet voer mi bringhe, Recht te nemene ende te ghevene 65. Ende in vreden voert te levene, Hi doet u breken ende raden. Reynaerd, doet dat ic u rade, Ende gaet met mi te hove waert". Dit verhoerde al nu Reynaert 70. Die voersine poerte lach, Daer hi vele te liggbene plach Dor waremhede van der zonnen. Bi der tale die Bruun heeft begonnen, Bekenden altehant Reynaert 75. Ende tart bet te dale waert In sine donckerste haghedochte. Menichfout was zijn ghedochte Hoe hi vonde sulken roet Daer hi Bruun, den feilen vrael, 62 25. Dat prohemium int beghin s'm-■■ Sal verstandenisse hebben in Van datter volg het na; llBnfli Auctoriteife, alsic vei'sta, Ende exemple daer toe mede 30. Sullen hebben propre stede, Daer hem behoort te stane Na datter materiën boort ane; Dat einde van den dichte sal Dat voorste besluten al, 35. Ende daer toe setten proper woort Also tier materiën, hoort: Aldus moet die dichire sijn Van rechte een gramarijn; Want die niet en versinnet des 40. Wat consten gramarie es, Alse leeke liede, die en moghen, Te goeden dichters niet droghen; Want sine hebben gheen fundament Daer men recht dichten in kent. 45. Wat helpter vele of ghelesen ? Hi moet een gramarijn wesen . Ende te minsten connen sine parten Dat is tbeghin van allen ar ten: Die des niet en weet, sijts ghewes 50. Dat hi gheen goet dichter en es Noch dichter ooc en mach sijn, Is hi Walsch, Dietsch of Latijn. Tander point dat ic seide, Dat is warachticheide. 55. Met rechte sullen dichters plien ' Datsi logbene sullen vlien; Want een dichtere ddts een poëte, Die wel wil dat met wete Sine lere ende sine scrifture, 60. Ende dattie ooc ewelike dure. Vint men sine scrifture valsch dan, So en sal nemmermeer man Hem van rechte gheloven voort; Want hi heeft dichten verboort 65. Ende verloren dichters name, Ende sal hebben des ewelike blame. Twee dingen sijn onder dandre al Daer men niet in lieghen sal. Hystorien dat sijn deene; 70. Want om saken en qhene En salmen daer in lieghen een haer; Want wilen in doude jaer En moeste dichten nieman Dan hi diese scouwede an, 63 75. Alse Darijs Troyen dede": Hi sach selve die waerhede Vanden orloghe altemale, Dat hi screef scone ende wale Also hijt sach milten oghen; 80. Want en hadde niement moghen Bescriven dan hi diet sach; . Want mens doe ghemeenlijc plach, Ende noch met rechte soude, Waert datmen trecht doen woude. 85. Daer omme heet ment hyetoria: Historia, alsic versta, Coomt van hysteron, ic hout indien: Dats Griecsch ende luudt also vele als zien, Om datmens niemene betrouwe 90. Dan den ghenen diet aen scouwe. Hier bi zullen die dichten» plien Harde nauwe voor hem zien, Als si van hystorien maken So nauwe vallen die zaken 95. Datmen uut der waerheit keert, Als ons een wijs man leert, Eiide tyen sulken ere an Dies noit scout en ghewan, Ende sulken werpen si in donnere ;&y» 100. Die wel waert is alre ere. Dirc Potter: Der Minnen Loep (Engels p. 82). IV, 1095. In Achayen was wijlneer Een ridder machtich, een edel heer, Die sinhich was ende wel ghedaen Ende was gheheten Orphaen. 5. Sijn lant was wijt ende groot Ende hi en hadde gheen beddenooi, Die him sijn dinghen halp besorghen. Sijn rade quamen alle morghen Ende rieden him tallen tijden, 10. Dat hi uut soude doen rijden Al omme soecken om een wij ff, Die nutte waer voer sheren lijff. Nu plach die vorste tallen daghen, ■ Als hi in den velde reet jaghen, 15. Te riden voor eens mannes duer. Daer sach hi altoes sitten vuer Een schone maghet van goeder zede, Die alle hoirs vaders dinghen dede. Hij was van sinen wive verloost 20. Ende die dochter was alle sijn troost, \ ifjème, néme, et 12*™ vers). Mais le rythme décroissant a quelque chose de haché: chaque pied se détache nettement, grace aussi aux coupes rriultiples. La fusion entre 1'accentuation et le rythme n'est pas compléte et 1'harmonie en souffre. Les vers gardent par la une certaine liberté d'allure. Quoique Van Mander prescrive dans sa Préface, citée a la page 37, des vers dont le schéma plairait a Cats ou a Daniël Heinsius, il n'applique pas rigoureusement ses propres préceptes. Ici encore, nous constatons que ces vers sont écrits a une époque de transition. Coornhert, Recht Ghebruyck. (Recht Ghebruyck ende Misbruyck van tijdtlijcke Have, 1585, Éd. 1631, p. 500). 1. Der dinghen recht ghebruyck brengt vrolijkheidt en baet / 2. Maer 't misbruyck gheeft schade met schuldighe pijne. 3. De Dronckaert zuyckt sieckte uyt gesonden wyne: 4. Want zijn zotheyd en kent haer kracht / eynde / noch maet 5. Daer teghen bruyckt wijsheydt / die des dings aerd verstaet / 6. Tot ghesontheyts lust oock doodelycke venijne. 7. Gesond treedmen veylig door doornen inde Woestijne / 8. Als een doornige voet pijnlijck op pluymen staet. 9. Gryptmen 't Swaerdt bij der snee / 't quetst den dwaas int a a ut i. .. [ghevecht / 1U. Maer hy quetst zijn vyandt die 't wijsselijck grijpt by 't hecht. 11. Den vroeden ist al nut / den narren ist al teghen: 12. Rijckdom en Armoe zijn van selfs goed noch boos: 13. 't Hindert al d'onwijsen / 't helpt al den vroeden loos. 14. Soo veel is aen 't Ghebruyck of Misbruyck geleghen. 1. f F fFf F.fF f Ff F, 2. f F ffF f , f F ff F f, 3. f F ff Ff , Fi Ff Ff, 4. ffF ffF f F , Fff F 116 5. ƒ F ffF f 6. ffF fF 7. f F(,)ff F f 8. ff F ffF 9. ff F ffF 10. f F ffF f 11. 'f F fFfF 12. F ff Fff 13. F fFf Ff 14. /F fFfF , ffF FfF, , f F f F ff Ff, , fFfQFffFf, , Fff FfF, , Ff FffF, , fFff FfF, , fFf F fFf, , ffF FfF, , fFfFfF, , fFff Ff, Ce sonnet, que nous ne citons pas a cause de sa valeur esthétique, est un exemple intéressant du „compromis" que nous avons déja constaté chez les poètes précédents. Coornhert compte ses syllabes, mais en vrai indépendant qu'il est, il n'y regarde pas de si prés: le 2ème, le 3ème et le 14ème vers ont 11 + 1, le 6ème et le Hème par contre 12 + 1, le 10ème 13, le 7ème même 13+1 syllabes! Le rythme est mal a 1'aise dans ce cadre étroit,') deux fortes se heurtent souvent. L'anacruse est simple ou doublé, d'autres vers n'en ont pas. La césure est fort mobile. Malgré ces imperfections, le rythme de ce sonnet est robuste. Comme celui du vers moyen-néerlandais, qu'il -semble continuer, il est renforcé par des allitérations (schade — schuldighe, zuyckt — sieckte — gesonden, kent — kracht, pijnlijck — pluymen). Les variations sont trop fréquentes pour qu'on puisse parler ici d'un rythme a base dissyllabique. Toutefois la tendance a faire alterner de deux en deux syllabes, y est sensible. En comparant ce sonnet a ceux que nous avons analysés plus haut, nous constatons que la fusion entre rythme et langue est moins avancée. Le cadre du vers compté est tracé, mais les syllabes ressemblent a des écoliers qui se bousculent avant de se ranger k leur place. Le même Coornhert écrira sous 1'influence de la musique des chansons oü le rythme coule sans contrainte et oü 1'alternance binaire est mieux observée, sans être monotone. Tels par exemple les beaux vers suivants, du Liedtboeck de 1575: 1) Cf. la citation de Coornhert a la p. 29; „ . . . Waerom sal ons de thien benauwen?" 117 Als aan den troon klaar en doorluchtelicken De gouden zon raet helder licht verschijnt: Dan moet het licht der bleycke sterren wycken, Voor 't meeste licht altijd het minst verdwijnt. In 't groene woudt als laeuwe Westerwinden Beweghen 't lof, dan plucktmer rooskens root, Maar als het zuyd zijn stormblaas wil ontbinden, Verwelckt de bloem,, dan vintmer doornen bloot. Les influences qui ont aidé a faire éclore des rythmes plus réguliers dans notre poésie du seizième siècle: Ie vers compté, la musique, la prosodie classique, seraient impuissantes a produire le changement profond que nous avons étudié, si aux perfectionnements matériels ne correspondait pas dans 1'ame des poètes eux-mêmes le besoin de régulariser le courant de leur émotion esthétique. L'enthousiasme qu'un Van der Noot, un Van Hout, un Van Mander éprouvaient en lisant, en chantant les vers harmonieux de Pétrarque, de Ronsard, de Joachim du Bellay, ils le traduisaient dans leurs propres poésies oü ils s'efforcaient de transporter ces qualités éminemment romanes: la mesure et Pharmonie. L'éditeur du Hof en Boomgaerd ne parle-t-il pas de la grace de la nouvelle technique, la Twe-spraack de son élégance, Van Mander de son harmonie? Envisagée ainsi, la question devient d'un intérêt plus général. II ne s'agit plus d'un phénomène isolé, propre seulement a la poésie néerlandaise du XVIe siècle. Ce besoin curieux de faire alterner fortes et faibles d'une facon plus régulière, nous le constatons dans bien des langues, et a bien des époques: M. H. von SamsonHimmelstjerna 1'a démontré pour Pespagnol et pour les langues romanes en général, dans ses Rhythmik-Studien (1904); le phénomène se présente dans une large mesure en anglais, en allemand, assez souvent en italien1), en grec moderne, dans Ie vers de quinze syllabes notamment, issu du tétramètre iambique caialectique. Y a-t-il a tirer de la une règle générale? Certainement oui. Qu'une seule faible se place après la forte, ou bien deux faibles, que le type fondamental soit Ff ou Fff, peu importe. Les deux cas obéissent a une loi enracinée dans l) Cf. R. Murari, op. cit, passim. 119 „ou a les emmêler ainsi qu'après chaque syllabe ou „chaque deux syllabes il y en ait une propre a por ter „un peu plus d'intensité que les syllabes environnantes „et que les accents principaux portés sur les ondes de „leur entourage chantent ensemble le rythme de son „Sme émue". Pour les poètes néerlandais du XVIe siècle les coups d'essai ne seront pas encore des coups de maïtre! L'évolution esquissée présente non seulement une lutte entre la poésie nouvelle et les vers de rhétorique, mais aussi une lutte intime dans 1'ame des poètes, entre le désir de créer une oeuvre parfaite, et 1'imperfection des organes: une langue peu docile, 1'oreille insuffisamment éduquée. Avec Alfred de Vigny ils pourraient s'écrier: En bien, c'est au bois lourd que sont tous les défauts! Eux aussi, ils sentent 1'écart immense entre 1'idéal et la vérité. Van Mander observe judicieusement: „Dan daer hoeft groot opmerck en langhe tijdt toe om vol schoon stoffe en vloeyende te wesen!" La langue, peu docile d'abord, s'assouplira de plus en plus sous la plume de ceux qui ne faisaient que continuer le travail des poètes de notre première Renaissance. Le vers d'un Hooft, d'un Vondel, d'un Bredero, sera plus raffiné, plus savant; celui de Van der Noot ou de Van Mander, malgré ses imperfections, ne lui cède en rien quant a la fratcheur, la grace juvénile, Ia mesure harmonieuse. APPENDICE. Traductions se rapportant au Chapitre I. ar. „Les fiancailles et le mariage de M. Luciaen de la Noce". b. Au lecteur bénévole. Comment! Des vers de quinze syllabes? Aucun rhétoriqueur ne les fait aussi longs, ce serait par trop facile. On se sert de dix, de douze et de onze syllabes. Celui-ci suit une voie personnelle trop large. Ce ne sont pas des vers! C'est une honte qu'il ait entrepris son travail! c. Je voudrais demander a de pareils pédants de quel chef ils taquinent les „indépendants" avec leurs lois ridicules? Virgile, le grand poète, fait des vers de 17 syllabes. Libre a vous de le rejeter, pour écouter les autres! Une phrase pleine exige un vers entier, dont la rime est la fin et la conclusion, et qui dure la longueur d'une haleine. Pourquoi se laisser gêner par un vers de dix syllabes, quand un vers de seize syllabes n'affaiblit pas le sens? Si nous observons cette liberté chez les Latins, pourquoi nous laisser gêner par une grande étroitesse ? Cherchezvous Part? Suivez leur mètre et leur manière. d. L'auteur s'est servi aujourd'hui dans ses poésies de vers comptés, c'est-a-dire que tous les vers d'un Refrafn, ou d'une autre oeuvre, sont mesurés par le même nombre de syllabes (soit dit a 1'usage de ceux qui ne sont pas poètes) .... Ces perfections, avec d'autres encore, quoiqu'elles paraissent nouvelles, sont pourtant connues chez les hommes du métier; elles prêtent a 1'ceuvre du poète une telle grace que vous aussi les approuverez, si vous les comprenez bien.