1030 E 76 EDGAR TANT LE CRÉPUSCULE DES SOIRS M C M X V I I Ces pocmes tirés k 50 exemplaires hors commerce ont été choisis par Madame Berthe Brevée—Copijn dans „Le Vent dans la Mature" et „Les Floraisons Dernières", manuscrits inédits. Jadis aux premiers jours du monde Toutes les femmes étaient belles Les noires ainsi que les blondes Et les brunes telles que Toi. . . mais Toi! Jadis aux premiers jours du monde Toutes les femmes allaient nues; Aujourd'hui seules dévêtues Restent nos plus belles statues. . . mais Toi! — 8 - D ans le jardin Tout plein De soleil Vermeil Le prjintemps Et le chant Du merle se mêle Au murmure frêle Du proche ruisseau . . . Un fond de riants coteaux Et le bleu du rêve D'oü 1'espoir s'élève . . . — 9 Sous un ciel bleu, d'étoiles parsemé Vingt-huit mai — nous nous sommes promené, Te souvient-il? par un étroit sentier . . . Malgré nous, sans le savoir peut-être, Nous aurions voulu disparaitre Loin de tout ce qui a du naitre . . . A travers le verbe morose Nous respirions de vastes choses, Parfum épars de blanches roses . . . Nos mains, nos yeux ne se sont pas cherché, Vers notre cceur nous les avons gardé Et nous nous sommes rencontré! . . . En nous chantait une marée Et nos ames s'en sont allées Unies, mais inconsolées! . . . — IO - D 'avoir trop regardé les cieux Mon coeur s incline vers la terre D'avoir trop regardé tes yeux Mon coeur te voudrait toute entière! . Ils vont le soir Sans nul espoir Et dans le noir Ils vont s'asseoir! Vient 1'aube en pleurs Et leur Douleur A la couleur De leur vieux cceur. De jour-en-jour. Privés d'amour, Ils vont toujours Vers quel séjour? — 13 — Trainant le pas, Les vraiment las S'en vont hélas! Vers le trépas! La bonne fin Oü tout est bien Oü 1'homme enfin Est Ame? ou rien! . - 13 — — H — Lorsque 1'été vermeil dore les moissons blondes Et qu'on sent voltiger par les airs et les ondes Comme un soupir d'amour, la tristesse du monde Descend et s'amoncelle en mon ame profonde. Je ne suis pas de ceux Qui se voilent les yeux, Au soleil je vois mieux Les pleurs des malheureux. Puisque sont morts les dieux Et que vides les cieux Je me rends vers les tombes Oü les vains espoirs tombent Lorsque 1'été vermeil dore les moissons blondes!... — ti Est-ce un souhait trop souhaité, Est-ce un désir trop désiré, Est-ce de 1'avoir trop rêvé Qu'en des jours de noire tourmente Tu apparais la seule Amante Dont 1'Amour grave et immortel Vaille le cri perpétuel Vers rinfini?. . . Qu'en des heures de folie ivresse Tu sembles 1'Unique Maitresse Dont me reste le Baiser cher Pour consoler le cceur amer Prèt a rendre toute la vie?. . . Par Toi je ne crains la détresse Qui m'arriva, combien souvent! De le perdre en réalisant! . . . - i5 — — i6 — L'ETERNEL DIMANCHE Quand je serai en toile blanche Cloué dru dans la bonne planche, Quand le Poète sera 1'Ange, Je vivrai 1'Eternel Dimanche! . . . Toujours dedans, toujours dehors, Tel est le montone sort De celui qui a jamais dort. Sept jours, sept jours qui sont Dimanche!... Mais si le Hasard qui fit Celle Que j'aime d'amour éternelle, Par hasard est mon étincelle.^ Lumineux sera mon Dimanche! ... — IÉ II se peut que je trouve doux Le petit coin, notre humble trou, Dernier virginal rendez-vous. D'un autre cher premier Dimanche Plus de pleurs sur notre infortune, Plus d'adieu sur la maigre dune, Placide un bleu rayon de lune, Avec les cloches du Dimanche! . Tu m'aimeras bien, n'est-ce pas? Nous ne serons plus jamais las, Les roses mourront sous nos pas. Comme sur ton sein le Dimanche! - i7 — — 18 - Le Destin nous jeta, Chère, aux bras 1'un de 1'autre, Comme il jette aux récifs ou dans le port le cötre! Le vent vint du Midi, mais plus souvent du Nord. Si tu fus mon récif, combien de fois mon port! . . . Longtemps tu fus pour moi la lointaine Inconnue Mais le soleil soudain creva la grande nue: Ce fut 1'apaisement, mais d'abord ce fut 1'eau. Le Bonheur fut 1'instant, 1'après fut le tombeau! Sommeillons notre somme en notre lit de pierre, Une aube radieuse ouvrira la paupière, Et quand ne viendrait plus le souhaité reveil, A tous nos vains espoirs préférons le sommeil! . . . — 18 — i9 — TABLE Page Mes cheveux au vent 7 Jadis aux premiers jours du monde ... 8 Dans le jardin , * . 9 Sous un ciel bleu 10 D'avoir trop regardé les cieux . . . . 11 Ils vont le soir 12 Lorsque 1'été vermeil 14 Est-ce un souhait trop souhaité . . . . 15 L'Eternel Dimanche 16 Le Destin 18 - 19 — A paraitre après la guerre: (Euvres Complètes d'EDGAR Tant: Poèmes —jProses — Théatre: 3 vol. a fr. 3.50. A part: L'Exil a Veere (S. L. van Looy, Amsterdam) fl. 0.50 LE CRÉPUSCULE DES SOIRS . •.. — 7 - M es cheveux au vent Ainsi que les herbes. Mon ame au tourment Ainsi que les gerbes! .