944J 13e CONFÉRENCE SUR L'ÉDUCATION LE DEVOIR DES INTERNES CONFÉRENCE DONNÉE AU CAMP DE ZEIST le 7 AVRIL 1917 par Le Capitaine Commandant COMTE DE RIBAUCOURT F cy i Le Haye 41 W. P. VAN STOCKUM & ZOON 1917 . rJj^W, 13e CONFÉRENCE SUR L'ÉDUCATION LE DEVOIR DES INTERNES CONFÉRENCE DONNÉE AU CAMP DE ZEIST LE 7 AVRIL 1917 % par Le Capitaine Commandant COMTE DE RIBAUCOURT Le Haye W. P. VAN STOCKUM * ZOON 1917 li Au Major A. E. M. COMTE H. D'OULTREMONT, mon ancien chef respecté et aimé, mort glorieusement pour la Belgique sur TYser le 22 Octobre 1914, je dédie ce travail, en souvenir de 1'amour qu'il témoigna toujours è ses hommes. Amersfoort (Hollande), le 7 Avril 1917. Le Capitaine Commandant, COMTE DE RIBAUCOURT. AVERTISSEMENT. J'ai fait imprimer cette causerie, donnée aux militaires internés au Camp de Zeist, pour répondre a leur désir. Beaucoup des fidèles auditeurs de mes conférences sur „1'Education", m'ont demandé de leur remettre le présent travail lequel renferme en abrègé beaucoup des idéés que j'ai déja traitées devant eux. Ils y trouveront de nombreux sujets de méditation, et des pensées de réconfort aux heures sombres de leur captivité. Combien je suis heureux de pouvoir satisfaire a leur désir; mon but serait largement rempli si j'avais 1'assurance d'avoir par mes causeries soutenu le coeur et le moral de ces braves auxquels j'ai voué tout mon coeur, et auxquels je consacre joyeusement la plus grande partie du temps de ma captivité. C. R. Mes chets Amisl Vous rappeler a la suite de quelles circonstances les troupes du 5e Secteur de la Position Fortifiée d'Anvers furent amenées è entrer en Hollande, me semble presque superflu. Laissés a 1'extrême arrière-garde pour couvrir la retraite de 1'armée, les 30.000 hommes qui sont ici, virent passer toutes les troupes beiges et anglaises en retraite. Elles allaient-oü ? — Personne ne le savait. — La seule chose qui importait alors, c'est qu'elles quittaient la fournaise d'Anvers, ce nid a bombes qui depuis vingt jours et vingt nuits encaissait a chaque seconde des projectiles de tous calibres, cette mer de feu, ce brasier énorme et lugubre, cette abominable vision de PEnfer. Et tandis que les uns, les jeunes, marchaient le dos è Pennemi vers ce qu'on croyait être le repos, vous, les vieux, receviez la tache de couvrir en vous sacrifiant les 100.000 hommes que Pon avait pu sauver par un véritable tour de force. Vous avez accepté ce sacrifice avec cette admirable sérénité qui caractérise le soldat beige, avec cette grandeur d'ame qui a forcé Padmiration du monde. Oui, mes amis, vous fütes les sacrifiés pendant ces heures sombres que nous pass&mes dans le 5e Secteur. •Ceux qui bnt fui ce poste d'honneur et de sacrifice et qui ont rejoint 1'armée de campagne, qui sont pouvus de commandements ou de croix n'en restent pas moins les déserteurs. Ah! il fallait une autre force d'ême pour rester défendre la Tête-de Flandre et Zwijndrecht sans canons, sans mitrailleuses, presque sans munitions, sans vivres, sans outils,'sans havresacs et sans chaussures, que pour se glisser dans les rangs d'une unité en retraite et s'enfuir vers Ostende. Du reste les ordres étaient formels; il fallait tenir jusqu'è la dernière extrémité, empêcher le passage de 1'Escaut, entraver a tout prix ta poursuite. Et je n'hésite pas è le proclamer bien haut: Vous condamner serait condamner le principe qui est a la base des armées, qui est la pierre angulaire de cette sublime institution, a savoir que le premier, le vrai, le seul devoir du soldat est de remplir sa consigne, d'éxécuter sans discussion, sans appel 1'ordre recu au prix même de la vie. Beaucoup de nos Frères sont morts en ces jours mémorables de la défense d'Anvers, dans 1'accomplissement de ce noble devoir. — Honneur è Eux, et Paix è leurs Cendres. Nous eümes le bonheur d'atteindre sans de trop graves pertes le moment fatidique du 9 Octobre a Minuit. A partir de cette heure toute résistance était inutile. Au reste nous étions entourés detrois cótés; seule nous restait ouverte la voie de la Néerlande. Nous n'avions pas le choix: les ordres recus antérieurement nous défendant de nous laisser faire prisonniers des Allemands. # Force nous fut donc de nous présenter devant le territoire neutre de' la Hollande qui accepta notre capitulatión. Le moment fut terrible, mais nous avions la conscience en paix. Nous avions rempli notre tache. En nous sacrifiant, nous avions permis a notre armée de gagner deux jours. Les témoignages allemands sont formels a eet égard. Notre présence avait retardé la poursuite, et notre armée allait pouvoir gagner 1'Yser. Et si des doutes assaillent par moment vos esprits opprimés par deux ans de captivité, dites vous et redites vous sans cesse que vous auez fait votre deooir, tout votre devoir. C'est votre suprème consolation; ce doit être votre reconfort aux heures sombres de votre captivité. Rappelez vous les paroles d'éloges qui furent prononcées en Angleterre a 1'adresse de la Brigade Navale prisonnière comme nous. Et comme je viens de le dire, les rapports de Pennemi sont notre plus bel. éloge. Jamais on n'a frappé des troupes qui ont fait leur devoir et auxquelles la fortune a été contraire. On les salue avec respect. Ainsi se trouvèrent tout è coup désarmés et internés ces hommes qui avaient rêvé un autre sort. Succèdant è deux mois et demi de travaux et de dangers incessants, Pinternement pesa lourdement sur le moral et le physique de ces hommes ardents et braves. Je me rappelle dans ces. jours nébuleux oü le cerveau était vide et le coeur serré d'un chagrin poignant, d'avoir erré parmi vos tentes a la recherche des chers hommes de ma compagnie. Vous aviez eet air abattu, las et farouche que nous représentent si bien les images qui retracent les groupes de prisonniers. Vous en avez tous vu. L'aspect des troupes était pitoyable. Fourbus, harassés, abrutis, sales, déguenillés, beaucoup passaient leur temps è dormir vautrés a même le sol, les autres ne faisaient rien ou faisaient des riens. Mais ce qui frappait l'officier de troupe, celui qui depuis des années avait appris è vous connaitre et è vous aimer comme vous méritez d'être connus et airnés, c'était 1'indicible tristesse qui marquait tous vos visages. Et quand je causais avec mes grenadiers que de larmes je leur vis verser, et combien je pleurai moi-même au milieu de ces bons gros enfants. Tous sentaient que la plus pénible période de leur vie allait commencer, qu'ils devraient assister inertes et inutiles a la lutte pour la délivrance de la Patrie. Heureusement eet état de prostration ne dura pas et après quelques jours de repos et de bonne nourriture, nous pümes constater que les bonnes qualités reprenaient • le dessus; les physionomies devinrent meilleures et le courage revint. L'ensemble des internés représente la Belgique en petit; c'est un véritable monde en miniature. Toutes les mentalités s'y rencontrent, toutes les opinions philosophiques et religieuses s'y coudoient. Chacun y a conservé ou a peu prés, sa mentalité propre, ses qualités, ses défauts, ses vices mêmes. On y voit des travailleurs et des paresseux, des actifs et des lymphatiques, des studieux et des dissipés, des gais et des tristes, des énergiques et des mous, des sains et des malades, des ascètiques et des vicieux, des abstinents et des ivrognes, beaucoup de braves gens et quelques canailles. Les internés furent répartis dans des camps dont les plus importants sont ceux de Zeist et d'Harderwijk. II faut rendre hommage aux autorités Néerlandaises pour la promptitude et la perfection avec lesquelles furent construites ces villes en planches. On peut les regarder comme des modèles du genre; 1'hygiène y est bonne, 1'aif sain, et, n'était la déplorable tendance è la récrimination qu'a le caractère beige, on pourrait presque dire que tout y est aussi bien et aussi bon que possible quand on n'a pas la liberté. La Liberté!!! mot magique dont on abuse tant après en avoir déja tant abusé! II hante Pesprit de Pinterné, lui apparait comme un mirage dont le sépare 1 eternel et triste réseau des „Pikkeldraad." Et de même que Poiseau se laisse fasciner par le rayon de soleil que, reflète le miroir, certains malheureux, se sont laissé envahir par ce mirage au point d'en perdre la raison. Ils ont été victimes de leur manque d energie et de valeur morale. Si quelques uns en sont devenus fous, combien en sont malades. Je leur dédie ici les quelques pensées que je vais vous exposer. Je les convie a les méditer, ils y trouveront des sujets de réconfert et d'espérance; ils y puiseront petit a petit la force morale et Poptimisme que possèdent heureusement tant des nótres exilés comme eux dans ces camps loin du sol béni de la Patrie. Notre situation est bien définie par notre Gouvernement qui a ratifié la capitulation que nous avonsfaite. Nous sommes, suivant toute probabilité, Hés pour toute la durée de la guerre par les articles des conventions internationales; nous sommes désarmés et tenus de rester a la disposition du Gouvernement Néerlandais. Nous pouvons et devons regretter que le hassard des hostilités nous ait amené la, mais: „Nécessité fait loi." Comme je vous Fai dit dans mon introduction, nous devons avoir la conscience bien tranquille; aussi convient-il d'accepter notre nouvelle vie avec la grandeur d'ame que doit montrer tout soldat Beige devant Fadversité. II faut tirer le meilleur parti possible d'une mauvaise situation. Le pouvons-nous? Evidemment, car vous connaissez tous le proverbe: Celui fait ce qu'il peut fait ce quil doit. II importe de bien déterminer notre ligne de conduite et de préciser nettement quel est notre Devoir. Le Devoir est sacré pour tout homme d'honneur, pour tout soldat, pour tout Beige! Nous en avons les plus sublimes et les plus admirables exemples. C'est le Devoir qui commande a nos frères d'armes de mourir en défendant le lambeau inviolé du sol de la patrie, et ils meurent! C'est le Devoir qui commande a nos frères, nos soeurs, nos femmes, nos mères restés en Belgique de résister a 1'envahissseur, et ils résistent! C'est le Devoir qui commande au cardinal Mercier de jeter son manteau de pourpre en travers du chemin du crime, et II parle avec des accents d'éloquence et 11 ouvre les trésors de son coeur avec une si puissante majesté que le tyran reste stupide et indécis! C'est le Devoir qui retient notre Roi dans les trancheés et notre petite Reine au chevet des malades, et Ils vont, 1'Un -donnant (jes ordres, 1'Autre aimant tous les Beiges de son amour de Mère. C'est le Devoir qui ordonne a nos frères déportés sur le sol abhorré de 1'Allemagne de souffrir toutes les captivités, les humiliations, les brutalités les plus incroyables plütot que de travailler pour 1'ennemi sacrilège, et ces Beiges souffrent et meurent pour le Devoir. Je vous le demande, mes amis, serions nous les seuls Beiges dans un pareil moment oü personne n'qserait être lache, indignes de notre beau nom devant lequel. le monde entier s'incline, et ne ferions nous pas aussi notre Devoir? Mais j'entends vos voix ou plutót vos coeurs s'unir a ce concert d'héroismes sublimes et crier comme autrefois nos glorieux ancêtres des Croisades: Dieu le veut! \ Oui, mes amis, Dieu le veut; la Patrie, le Roi, vos families vous demandent beaucoup. Donnez leur plus encore; car c'est trés chic de donner toujours plus que 1'on ne demande. Notre Devoir est si simple et si beau que vraiment on ne con^oit pas que quelques uns des internés s'y dérobent. II faut nous prérarer a travailler au relèuement de notre chère Patrie. Belle et prospère, nous avons laissé a notre départ cette Belgique petite par son territoire mais grande par ses vertus, ses trésors, ses usines; brillante par. le génie de ses arts et de ses lettres; honorée et repectée pour son intégrité et son honnêteté. Y retrouverons nous autre chose que des ruines et des tombes? Dieu le sait, et plaise a Sa miséricorde d'abrèger le calvaire de ses enfants. Mais déja les deuils sont nojnbreux, les ruines immenses, les pertes irréparables. II faudra tout reconstruire dans le domaine économique, industriel, intellectuel et moral. Car de même que la béte immonde a sur son passage tout pillé, tout brulé, tout saccagé et tout détruit, son soufflé abject a empoisonné bien des ames et gaté bien des coeurs. II a semé le vice et les maladies honteuses, attisé les haines, aliumé les luttes fratricides. II nous appartient a notre rentrée de relever les ruines, de chasser 1'esprit impur et de faire renaitre de ses cendres une Belgique plus riche, plus belle, plus honnête, plus travailleuse, en un mot: Plus Beige!! Aussi votre ligne de conduite ici est toute tracée; vous avez 1'impérieux Devoir de vous préparer a cette si belle et si noble mission. J'ai, dans mes conférences sur 1'Education, fait ressortir les principes qui doivent présider a la for- mation le 1'homme. J'ai montré que chacun de nous est formé de trois parties intimèment liées mais ayant comme une personnalité propre: Un coeur, un cerveau et un corps. J'ai attiré 1'attention sur la nècessité de développer chacune de ces parties aussi complètement que possible et suivant les régies de la morale et de la pédagogie. J'ai dit combien était délicate cette éducation et combien était nécessaire 1'harmonie dans le développement des qualités intellectuelles, morales et physiques. Nombreux sont ceux parmi vous qui n'ont pu consacrer a leur éducation qu'un temps trop court. L'occasion se présente de combler cette lacune. Vous pouvez et devez mettr-e a profit les longues heures de votre internement pour vous sanctifier et développer vos ames, instruire et meubler vos intelligences, fortifier et entrainer vos corps, vous perfectionner dans vos métiers, apprendre et méditer vos devoirs de pères de familie et de citoyens. Une nation vaut ce que valent ses citoyens, de même qu' une familie vaut ce que valent ses enfants. Perfectionnez vous. Faites vous plus moraux, plus nobles, plus actifs, plus travailleurs, plus honnêtes, plus intelligents, plus instruits, plus courageux; plus énergiques. C'est tout ce que la Patrie vous demande, tout ce que la société réclame, ce que vos families exigent, ce que nos Morts ont acheté de leur sang! De toutes les éducations la plus negligée est certainement celle du coeur. II n'est pas de sujet plus noble a traiter devant des hommes de coeur que la question de 1'éducation du coeur. II n'en est pas de plus délicat, il n'en est pas de plus beau. Toutes les questions relatives a 1'intelligence et au corps ont été étudiées par la science, mais le coeur échappe a 1'analyse et è la chimie; les observateurs les plus sagaces doivent avouer qu'ils ne peuvent dèterminer de lois pour régir les sentiments, diriger les émotions et brider les passions. Dans la formation de la jeunesse tous les soins vont a 1'intelligence, on négligé le coeur, on 1'ignore. „Ouvrez la plupart des traités de pédagogie, dit „Mr. Comparay, le chapitre du coeur est générale„ment omis. Et la pratique en ce point n'est que trop „conforme a la théorie; combien d'écoles, oüaucun „effort n'est tenté pour cultiver les émotions, les „sentiments sympathiques, tout ce qui fait 1'homme „bon, sociable, aimant et dévoue." Peut-on entendre chose plus étrange? Peut-on voir une plus grande erreur pédagogique? Et pourquoi semblable lacune? Pourquoi voyons nous négliger systèmatiquement le plus puissant des leviers de 1'ame humaine? - Je n'hésite pas a le dire: c'est que dans le domaine de 1'éducation du coeur, les principes positivistes ont fait faillite,' et qu'au fond, sans vouloir 1'avouer, les philosophes modernes doivent reconnaïtre que le niveau de 1'éducation des sentiments n'a pas suivi les progres de la science; et je dis plus: nous voyons des ferments de haine, de jalousie et de colère qui s'élèvent dans le monde et qui témoignent que 1'Amour est en régression sur la terre. Nous en avons le plus triste exemple dans cette guerre. L'Allemagne, formée a 1'école des positivistes et des matérfalistes modernes, nous donne le triste spectacle d'une société ayant déifié les vices les plus affreux, faisant de 1'orgueil le plus fou la règle de sa conduite, pratiquant ouvertement la colère, 1'injustice, la haine la plus sauvage, et tout cela au nom des la civilisation!!! Dê la civilisation positiviste, ouiü! Mais pas au nom de notre vieille civilisation chrétienne. Dans cette guerre sans cesse on nous répète que deux civilisations sont en présence; et bien oui, Messieurs. De notre cóté, c'est la civilisation de Pamour, celle que le Christ nous a donnée au Golgotha et de Pautre c'est la civilisation de la haine, issue du positivisme et du matérialisme avec tout son hideux cortège de crimes, d'abominations et d'égoïsmes honteux. Car enfin en suprème analyse toute la question du coeur ne se résume-t-elle pas en un mot, mot doux entre tous. Le coeur n'est-il pas exclusivement: Amour? C'est la seule force qui réchauffe le monde, c'est elle qui conduit a 1'intelligence, elle seule peut remuer les montagnes et les mondes, elle fait des miracles, elle fait vivre mais surtout sait faire mourir pour la Croix, pour le Drapeau, pour un ami, pour un chef, pour un frère d'armes. Et voyons quel est le röle du coeur dans la vie. L'Amour n'est-il pas le levier le plus noble qui puisse élever Pame humaine? Que de grandes actions n'a-t-il 2 pas produits? N'est-il pas a la base de tous les dévoüments ? La mère aime ses enfants d'un Amour si parfait qu'il a fallu créer un mot pour indiquer ce sentiment, et c'est avec respect que 1'on prononce le Mot: Amour maternel. Le fils aime sa mère d'un sentiment si beau et si profond qu'on donne a ce sentiment le même nom que pour exprimer celui qui unit 1'homme a son Dieu, et 1'on dit: Piété filiale. Envers le drapeau et le pays, on dit: le culte du Drapeau, de la Patrie. Ce sentiment si profond qu'il efface tous les autres, si vaste qu'il embrasse tous les hommes et toutes les chóses, s'appelle: amour, charité, culte, pitié, piété. II honore et vivifie son objet, exalte les coeurs qu'il consume; il est 1'apanage de 1'homme et de Dieu. Sous le paganisme tout était haine, et voici qu'un Homme élève la voie et crie: Aimez vous les uns les autres! Mes disciples, c'est a ce signe que vous les reconnaïtrez! Et les payens interdits se regardaient étonnésn et pleins d'admiration, ils disaient: Voyez comme ils s'aiment! Et ce même Homme venu pour apporter la loi de 1'Amour, répétait: Tu aimeras ton Dieu! Tu aimeras ton père et ta mère si tu veux vivre longuement! Tu aimeras ton prochain comme toi même, tu lui feras du bien s'il te fait du mal, tu l'aimeras s'il te hait! Voyez le röle de 1'Amour dans la civilisation et dans la vie. Est-il besoin après ces citations d'insister davantage? Ah! je sais que toujours le soldat vraiment digne de ce nom sait aimer, car il a souffert, et la souffrance est la vraie école du coeur. Combien votre internement peut vous être utile. Cette vie passée au milieu de frères d'armes oü tout est en commun, les joies et les chagrins, les souffrances et les peines, les vêtement mêmes et quelquefois la bourse, cette vie dis-je est une rude école de bonté, Je charité, de désintéressement et d'amour. Je n'en veux comme preuve que 1'admirable dévoüment que je constate tous les jours dans le corps professoral de 1'Ecole du travail. Oui, chers collaborateurs, j'ai été souvent profondément ému en voyant votre abnégation, votre patience, votre amour pour vos camarades. Vous êtes Pincarnation vivante du grand commandement du Christ: Aimez-vous les uns les autres! Que ceux parmi vous qui ont le bonheur d'attacher aux actes de la vie une valeur surnaturelle, me permettent de leur rappeler cette belle promesse: Ce que vous ferez au plus humble de vos frères ne sera pas perdu. Je Pinscrirai au livre de Vie! Soyez bons, mes amis, développez vos coeursr ouvrez les a toutes les affections légitimes, aimez de Pamour le plus ardent votre Dieu, votre Patrie, vos femmes, vos enfahts, vos frères d'armes, vos compatriotes; aimez les animaux; aimez les choses, ne sont-ce pas aussi des créatures de Dieu? Soyez miséricordieux, oubliez les offenses, pardonnez aux haines, rendez le bien pour le mal, donnez aux pauvres, ramenez les égarés, soignez les malades, sêchez les larmes de ceux qui pieurent et, de cette manière, vous ferez vos coeurs si bons, si grands„ si larges que vous pourrez aimer tous ceux qui souffrent dans notre chère Belgique. En même temps que vos coeurs, développez vos ames! L'homme ne vaut que par sa valeur morale. Le positivisme a fait ériger en dogme le plus pernicieux des sophismes. Et notre organisation sociale,, saturée du matérialisme le plus lourd, mesure la valeur de 1'homme a sa science et a son érudition. On peut être un grand savant et un affreux coquin, ce qui en dernière analyse produit un être néfaste pour la société, tandisque même un ignorant, possédant une haute valeur morale, est toujours un élément heureux. Mr. Séché nous dit: „Ce n'est pas 1'intelligence „qui fait 1'homme, c'est sa conscience." Et quels sont les éléments constitutifs de la valeur morale que vous devez et pouvez fortifier ici ? Le Lieutenant de vaisseau Hébert dans son admirable traité „de la Culture virile" tracé dans les quelques lignes que je vais vous citer tout un programme de vie. „Les Principales qualités viriles, dit-il, sont: „L'énergie, qui défend de la mollesse et de 1'inac- tion, brise peu a peu les obstacles et pour- suit toujours le but; „La volonté, qui rend 1'énergie efficace et incite les subordonnés a 1'obéissance; „Le courage, qui permet de regarder le danger en face de même que les chagrins. les contra- riétés et les épreuves; „Le sang-froid, qui fait juger exactement la qualité de ce danger ou de ces revers; „Le coup-d'oeil, qui permet une action rapide et juste; „La décision, qui mène a bien cette action; „La fermeté, qui protégé de toute défaillance même involontaire pour soi-même et pour les autres; „Le goüt de l'initiative, de la difficulté et des responsabilités, qui permet d'accomplir la tache naturellement, joyeusement, c'est-a-dire dans les meilleures conditions possibles. Et le même auteur continue en disant: „Plusieurs de ces qualités, certes, sont solidaires „c'est ainsi, par exemple, que le sang froid, le coup„d'oeil et la décision constituent la présence d'esprit „et 1'ensemble de toutes ces qualités viriles, la con„fiance en soi-même. Mais, ainsi partagées, elles „permettent de se rendre compte, plus aisément plus „logiquement, des liens étroits qui rattachent la cul„ture virile è la culture physique. La science et la „philosophie moderne nous enseignent, en effet, qu'el„les sont 1'apanage naturel de 1'homme sain, bien „développé et bien portant. L'expérience nous le „prouve d'une facon plus éclatante encore." L'instruction que 1'on donnait en Belgique avant la guerre négligeait trop 1'éducation morale et virile de 1'homme. Bien plus des théories néfastes étaient répandues par une presse spéciale, destinée a démoraliser la jeunesse. Et en effet, comment demander 1'amour de la Patrie, le culte du drapeau et le sentiment de 1'honneur a des hommes qui professaient ouvertement leur idéal de désarmement général et 1'abolition des frontières? Comment parler discipline, abnégation et oubli de soi-même a des hommes auxquels on enseignait de ne se plier a aucune contrainte ni morale ni matérielle? Comment demander une valeur morale a des hommes qui se rouillaient dans la paresse, l'ivrognerie et les vices? Comment exiger de 1'endurance physique d'hommes que 1'on laissait croupir dans une vie sédentaire, sans hygiëne et dans des habitations malsaines et mal aérées? Comment enfin exiger Phéroïsme d'hommes auxquels on ne parlait que de droits et jamais de devoirs, et auxquels on enseignait que Peffort, la souffrance et la chagrin sont des choses horribles et que le bonheur réside dans Passouvissement des passions et dans une vie facile et sans charges. A Dieu ne plaise que vous croyiez que je juge toute notre éducation beige comme entachée de pareilles erreurs, mais il est déja trop qu'une partie de notre jeunesse était soumise a pareille éducation. C'est en signalant le mal que nous apprendrons a nous en garder chacun en ce qui nous concerne. La prodigieuse puissance des Anglo-Saxons au XlXe siècle provient directement de la transformation physique et morale de Panden type. „Cette puissance est récente et non héréditaire, „nous dit Mr. de Coubertin, elle ne tient qu'en partie „aux qualités de la race et elle a sa source principale dans la réforme pédagogique, basée sur le sport, „entreprise par Thomas Arnold." A Pinverse de nos jeunes gens qui sortent de nos écoles non éduqués physiquement et virilement, les jeunes Anglais quittent les Universités et les Ecoles, bien découplés, audacieux, énergiques et pleins d'initiative, aptes è se servir de leurs poings aussi bien que de leur cerveau, désireux de se lancer a corps perdu' dans la lutte de Ia vie. Le goüt des sports demeure chez eux aussi vif è tout age. Les hommes d'Etat, les généraux, les Pairs du Royaume jouent au cricket et au golf et sont plus aptes évidemment è prendre des responsabilités que ceux qui ne quittent leur bureau que pour s'étendre sur une chaise longue ou passer d'interminables heures au café. „La volonté, a dit un philosophe, est l'expression naturelle du tempérament." Un tempérament fatigué, usé, et qui ne se renouvelle pas, ne saurait agir efficacement. (Hébert p. 51). Soyez énergiques, mes Amis, surtout sur vousmêmes. Soyez plus forts que le respect humain. Combien d'hommes qui n'ont pas tremblé devant la mitraille allemande, abandonnent leurs devoirs les plus sacrés devant la raillerie d'un mauvais ami! Peut- on concevoir pareille tècheté !! La vraie formule de 1'énergie est: Dur pour soimême et bon pour les autres. C'est une belle maxime qui par son application facilite la vie. Développez votre volonté par tous les moyens qui sont en votre pouvoir. Jamais vous n'aurez assez de volonté pour le bien. Entrainez vous a gagner journellement quelques victoires sur votre paresse, votre sensualité; imposez vous des fatigues volontaires, en un mot: Posez souvent, tres souvent des actes de volonté. Votre santé morale et physique s'en améliorera sans cesse et vous goüterez une véritable joie, un légitime orgueil a vous sentir plus forts contre vous mêmes et contre les difficultés de la vie. L un des plus beaux exercices de courage que vous pouvez faire est de passer sans dépression et d'une humeur égale votre internement si pénible par sa longueur et si contraire a notre esprit national qui, avouons le, aime la liberté jusqu'a la ücence. Songez a cette belle définition du courage que donne le Général Baron Ambert: „Le vrai courage consiste „dans l'accomplissement de son devoir, quelqu'il soit." Le sang-froid, le coup-d'oeil et la décision sont de belles qualités nécessaires dans la vie: le Sage de 1'antiquité n'a-t-il déja pas dit: Audaces fortuna juvat, La fortune sourit aux audacieux. Enfin, le goüt de 1'initiative, des difficultés et des responsabilités que le Lieutenant Hébert place bien en vedette dans toute sa théorie de 1'éducation virile, est certainement bien négligée de nos jours. Alors que beaucoup d'hommes travaitte^nt, agissent, écrivent, parient, combien peu ne reculent pas devant une résponsabilité. Les deux plus funestes effets au point de vue social de cette forme de 1'aboulie sont: le fonctionnarisme et la paperasserie. Les hommes voulant couler une petite vie facile sans heurt ni résponsabilité, exempte de catastrophes comme de hautes envolées se contentent d'une fonction de gratte-papier. Les facultés s'endorment avec le coeur; le corps se ramollit tout doucement et petit a petit, 1'homme qui est fait a 1'image de Dieu, plus sublime par son coeur et plus grand par son intelligence qne tout le reste du monde, capable de planer par la pensée audessus des nuages, fait pour 1'action, la vie, le mouvement, la reproduction, la volonté, la création, 1'amour, se fait semblable è un mollusque collé a son rocher, et sur son rond de cuir laisse s'étioler toutes ces belles qualités. Combien différente est la vie des colons, des explorateurs, des navigateurs, des commercants, des énergiques, des sportifs. C'est vrai, quelques uns se cassent le cou ou se ruinent, mais au moins ils ont vécu, agi, pensé, travaillé, aimé, souffert. La paperasserie n'est que le même mal appliqué a la sociéte entière. Aucun dirigeant n'osant prendre de résponsabilité, chacun s'entoure d'assez de renseignements pour que toute solution carrée soit impossibfe, et, ne disant ni oui ni non, on croit avoir bien jugé!!! Non non, mes Amis, par une culture virile et morale bien comprise, mettez vous a même d'aimer et de rechercher les responsabilités. Recherchez la vie, la vraie vie avec ses difficultés, ses moments de joie et de peine, vous tomberez peut-être par moment très-bas, mais vous volerez souvent très-haut. „L'ennui naquit un jour de 1'uniformité." Conjointement avec 1'éducation de Parhe, il faut pousser 1'éducation de 1'intelligence; remarquez bien que je me garde de dire: Pinstruction. Ce sont deux choses bien différentes, dont la première est aussi nécessaire que Pautre est souvent nuisible. Je sais que je heurte de front les théories positivistes modernes, mais eiles viennent de recevoir un coup autrement puissant; tous les jours nous les voyons a 1'oeuvre ces savants, ces érudits, ces puits de science! Vraiment un système d'éducation qui conduit aux gaz empoisonnés, aux zeppelins, a la conception d'une kuiture allemande, d'un Gott allemand, qui fait approuver les forfaits dont seraient honteux les cannibales et les sauvages les plus sanguinaires, un systéme d'éducation pareil a fait faillite. Dieu me garde de préconiser pareille méthode qui aboutit è une déformation de 1'ame. Or en physiologie on dit que tout être accusant une déformation grave est un monstre; de même dans le domaine intellectuel et moral, 1'instruction sans 1'éducation compléte du coeur et du cerveau amène è produire des monstres intellectuels dont je viens de vous signaler les tristes exploits. Profitons de la lecon. Développons harmonieusement chez nous la volonté, la conscience, le jugement, la mémoire, 1'attention et toutes les belles qualités qui ornent les coeurs et les cerveaux bien organisés. La base de cette culture intellectuelle et morale doit être laméditation, nourrie par de saines lectures, des causeries sérieuses et des études judicieuses. Rien n'est plus utile que la méditation, c'est a elle que 1'on doit toutes les nobles actions; le coeur et le cerveau y ont leur part, s'aidant, se soutenant, s'excitant réciproquement. Combien d'hommes meurent sans avoir jamais médité, scruté, disséqué une pensée, un texte, leur vie! Ecoutez ce que dit è ce sujet Ie Docteur Groethuyzen, savant sociologue interné en France après y avoir passé quinze années a étudier les archives et les documents historiques: „Je suis content de ma vie de moine, tranquille „et douce Quand on travaille on n'a pas le temps „de méditer; et la méditation est plus nécessaire que J'étude. Je vois ici passer les heures, et chaque „fois que sonne la cloche du couvre-feu, je note que „j'ai enrichi mon ame de quelque chose. Au fond, „c'est un bonheur immense qui m'est survenu, car, „avec la vie que je menais au paravant, toujours au „milieu des paperasses, je n'aurais jamais trouvé la „sainte occasion de méditer en silence des mois et „des mois ...." Paroles vraies et profondes que je vous engage a méditer. Combien de vous consacrent régulièrement un quart d'heure par jour è nourrir leur intelligence et leur coeur, alors que tant de temps est inutilement dépensé è des riens. Si vous voulez arriver a une haute valeur morale il n'y a pas d'autre moyen. Consacrez un moment tous les jours a lire quelque texte choisi oü 1'élévation des sentiments s'allie a la noblesse de 1'idée. Et puis, seuls ou avec quelques amis méditez, retournez, pesez, dissèquez ces idéés et ces sentiments, appliquez les a votre vie. Au bout de peu de temps vous prendrez goüt è eet exercice si bon et si doux. Votre ame -apprendra è avoir faim de la vérité, du beau et du bien comme vos estomacs ont faim de nourriture. J'ai déja donné ce conseil a plusieurs d'entre vous qui m'ont accordé leur confiance et je puis dire que tous ceux qui 1'ont appliqué s'en sont bien trouvés; dans le domaine moral la méditation produit les mêmes fruits que dans le domaine religieux. Loin de moi la pensée de vous détourner de 1'étude. II est légitime de perfectionner votre instruction générale et professionnelle, mais encore une fois, je le répète, il serait fou d'y consacrer exclusivement vos soins. Apprenez a lire, a écrire, a compter pour pouvoir mieux travailler a votre éducation, car 1'ignorance est une situation inférieure a laquelle nous devons a tout prix nous arracher, si nous voulons arriver a vivre dans les sphères élevées de la conscience, du devoir et de 1'honneur. La vigueur physique nous est aussi nécessaire pour le travail. Nous 1'obtenons par le développement harmonieux de notre corps. Nous n'avons pas en conscience le droit de ruiner notre corps par les excès, les vices, la paresse. II est 1'élément agissant de notre être de même que le coeur est 1'élément sensitif et le cerveau 1'élément pensant. Vous devez rendre votre corps beau, fort, sain, dur, insensible aux privations comme a la douleur. Cet entrainement du corps constitue une merveilleuse école de volonté. La valeur virile de 1'homme a un retentissement direct sur sa valeur morale. Je me suis efforcé dans les conférences que j'ai données jusqu'a ce jour de faire ressortir ce grand principe, que mettent merveilleusement en lumière les savantes études des Haeclfel, des Willebois, des Hébert et de tant d'autres philosophes, moralistes et médecins. Le proverbe: mens sana in corpore sano; 1'ame est saine quand le corps est sain, est une vérité si profonde que je crois que vraiment jamais on ne pourra en comprendre 1'étendue. Combien je voudrais vous voir tous convaincus de cette vérité, combien je voudrais vous voir tous 1'appliquer ici pour vous, la-bas pour vos femmes et vos enfants. Vous devez suivre les régies de 1'hygiène et vous livrer a la gymnastique et aux sports. Après quelques semaines d'entrainement, vous ressentirez les effets bienfaisants de 1'activité physique. La circulation du sang sera améliorée, le système nerveux gagnera un plus grand empire sur tout le corps. Vous serez plus hommes car plus vigoureux. Dieu donne aux plus petits les trois éléments nécessaires pour la culture physique: 1'air, la lumière et 1'eau. Nous devons y ajouter un peu de nourriture et beaucoup de volonté. Je le sais, la mode n'est pas a des choses aussi sérieuses, on va plus souvent au cinéma qu'au bassin de natation, au café qu'a la salie de gymnastique, au théatre qu'a des conférences d'hygiène ou a des cours de puériculture. Combien n'orit pas payé de leur santé ou de celle de leurs chers enfants leur ignorance et leur apathie. Je vous en supplie, mes Amis, pensez a vos femmes et a vos enfants, rendez vous forts, vigoureux et sains, vous en avez ici le temps et les moyens. Enfin pour finir eet exposé, il me reste a ajouter un mot bien pénible sur de bien tristes choses. Certains hommes se livrent è 1'alcoolisme, d'autres a des vices honteux et cachés. II me suffit de signaler ces tares pour sentir monter de tous les coeurs honnêtes un mouvement de réprobation. L'alcoolisme, vous pouvez vous y soustraire par un acte de volonté, Pimpudicité est plus terrible, demandez a 1'hygiène et a I'hydrothérapie leur aide puissante, mais la véritable guérison relève de moyens plus hauts, plus sublimes. L'étude de la Religion sort du domaine de ma conférence, a vous de chercher le remède la oü seulement vous pouvez le trouver. Des hommes qui sont les traits d'union entre le ciel et la terre sont la pour vous instruire, vous guider, vous réconforter, vous relever dans vos chutes. A vous d'aller a eux sans orgueil avec des coeurs simples et droits. Le moment est venu de conclure. Recueillez vous, méditez votre vie, attachez vous a vous donner une règle de conduite sévère et vraie, capable de vous conduire a la plus haute perfection. Vous qui n'avez rien a faire ici, employez votre temps a perfectionner votre éducation. Que tous vos soins portent sur votre coeur et votre ame par la méditation. L'Ecole du Travail vous fournit tous les éléments nécessaires a parfaire votre instruction générale et professionnelle. L'air, la lumière, la salie de gymnastique, la plaine des sport, les cours d'hygiène feront vos corps vigoureux et sains. Le temps ne vous manque pas pour lire et étudier toutes les belles théories que nous donne la science sur 1'éducation de 1'homme. Et alors vous serez étonnés du changement qui s'opérera en vous. Les plus pessimistes deviendront optimistes, les timides deviendront forts, tous vous y gagnerez pour le plus grand bien de vous mêmes, de vos families et de notre chère Patrie, car sujvant le mot de S. Em. le Cardinal Mercier, vous aurez appris non seulement a faire le bien, mais surtout a le bien faire. Door W. P. VAN STOCKUM & ZOON zijn te voren uitgegeven: Wat het Belgisch leger deed voor de verdediging van het land en de eerbiediging zijner onzijdigheid, 1914. Verslag van het opperbevel van het leger. (Tijdperk 31 Juli tot den 31 Dec. 1914), met 11 krtn. Prijs f0.75, franco per post f 0.80 P. KRUG. De ondergang van het Duitsche Admiraalschip „Lützow", na den zwaren zeestrijd bij Skagerrak, gedrukt naar het Duitsche handschrift. Prijs f 0 50, fr. p. p. f 0.55 Dr. F. J. SOESMAN. Oorlogs-psychologie. Duitsche cultuur Oorlogs-psyche - Interneeringskamp - Oorlogs-neurosen - Oorlogsverdwazing. Prijs f0.50, fr. p. p. f0.55 Arrêtés et Proclamations de Guerre Allemandes. Documents historiques officiels affichés è Bruxelles pendant 1'occupation du 20 Aöut 1914 au 25 Janvier 1915. Prijs f0.60,fr.p.p. f0.65 Kapt. KLAUS HANSEN (Commandant v. d. U. 32). Het leven in een Duikboot. Prijs f0.25, fr. p. p. f0.30 Jhr. J. J. C. DEN BEER POORTUQAEL. Nederland en Duitschland. Prijs f0.60, fr. p. p. f0.65 Jhr. J. J. C. DEN BEER POORTUQAEL. L'Escaut et la neutralité permanente de la Belgique d'après les traités de 1839 et 1907. Prijs f0.50, fr. p. p. f0.55 Jhr. Mr. R. A. KLERCK. Nederland en België. Prijs f0.75, fr. p. p. f0.80 Dr. J. RUTGERS. Les Guerres et la Densité de la population. Prijs f0.40, fr. p. p. f0.45 J. P. VAN ROSSUM. Oorlog en Beschaving. Prijs f0.60, n. o. f0.65.