usurpé, ses écrits calomnieux auraient plus de chance de pénétrer dans la population de notre pays et peut-être d'y trouver quelque crédit. De tels procédés auraient eu des chances de succès avant la guerre, lorsque les Beiges, trop confiants et trop naïfs, considéraient^ encore 1'Allemagne comme un pays de droiture et de loyauté comme le nótre, mais depuis environ deux ans nous avons appris a connaitre et 1'Allemagne et les allemands et leurs_ moyens grossiers ne sauraient plus nous tromper aujourd'hui. Non, Monsieur le Philanthrope, vous n'êtes pas Beige, vous êtes allemand, vous êtes le vrai teuton qui, même encone aujourd'hui oü tous les procédés malhonnêtes des vötres ont été étalés au grand jour, osez vous présenter aux Beiges sous le couvert d'un faux masqué qui n'arrive pas a cacher les traits de votre face félone, car le moyen dont vous vous servez est lache et sournois. Vous auriez mieux fait de signer vos écrits de votre nom d'allemand, et d'essayer de fairs passer vos Lettres ouvertes, comme des conseils au Peuple beige, conseils qui auraient été repoussés du pied comme ils le méritent, mais au moins ce procédé aurait eu 1'avantage de la franchise. II est vrai que la franchise n'est pas une qualité propre a votre race, qui excelle dans les moyens louches et tortueux. ce qui est connu aujourd'hui du monde entier, et comme rexemple vous est donné par vos Souverains et vos Princes,- vos Chanceliers et vos diplomates, ce Tnême esprit déloyal et intrigant a fini par gagner toutes les classes de la nation allemande, depuis les professeurs d'Université et les etudiants, jusqu'aux dernières couches du peuple. Lespionnage allemand. II est aujourd'hui un fait avéré qu'aucun pays au monde ne possède un service d'espionnage aussi complet que rAllemagne; c'est l'arme préférée des allemands, c'est sur leur systèmc d'espionnage qu'ils basent toutes leurs espérances, car partout ils s'en servent et souvent très-maladroitement: espionnage et sabotage en Amérique oü ils détruisent les * fabriques et usines soupgonnées de faire des livraisons aux Alliés, oü ils introduisent lachement dans des vapeurs en partance ])our les ports des Alliés des engins infernaux qui exposent ces bateaux a la destruction en pleine mer, sans égard pour 1'éq.uipage neutre se trouvant a bord; espionnage au Mexique, oü 1'argent allemand fomente des révolutions et met ce pays a deux doigts d'une guerre avec les Etats-Unis afin que ceux-ci ne soient plus en mesure de fournir du matériel aux Alliés; espionnage en Hollandeoü desbureaux ]>euplés d'un nombreux personnel de teutons sont a 1'oeuvre, on devine dans quelles intentions, et oü, tout récemment encore, on a arrêté un allemand qui avait poussé 1'outrecuidance jusqu'a endosser 1'uniforme d'officier hollandais, et s'était ainsi introduit jusque dans les forts hollandais oü il questionnait les sentinelles sur 1'armement et 1'effectif des forts; espionnage et excitation a la revolte aux Indes Néerlandaises oü ils fournissent argent et arrnes aux Malais, afin de distraire 1'attention de la Hollande de la guerre européenne et d'empêcher ainsi a un moment donné les Pays-Bas de se joindre aux Alliés, ce a quoi ce pays neutre et loyal ne songe guère; espionnage iet excitation a la révolte en Tripolitaine et aux Indes Anglaises, intrigues auprès de 1'Emir d'Afghanistan; en un mot espionnage, sabotage et intrigues partout. Dans les deux Lettres Ouvertes auxquelles je réponds, le même esprit intrigant passé par toutes les fissures, et ce yenin servi a la population beige a jet contenu, est destiné a y jeter le doute, la division et le découragement, si 1'on n'y met bon ordre. Les allemands tachent de décourager les Beiges. Le prétendu Beige anonyme a 1'audace d'écrire les lignes suivantes: "L'allemand, fort de son patriotisme, de sa richesse de ses ^ad mirables facultés d'organisation, sur de lui-même, de soa ''armee et de sa marine, ne doute pas du succes; les Francais ''aont l'orgueil ou le point d'honneur, sinon l'ardent et vrai patriotisme ne lui permettent point de croire a l'anéantis' sement possible de ce qui fut la "Grande France", ni de ses "fspoirs de revanche; confiant en la force brutale du nombre de Russes, ses alliés, paree que ses débiteurs de 20 ou 30 "milliards, espère refouler l'envahisseur au moins hors des "limites de son propre territoire; l'Anglais, froid, égoïste et "calculateur est, semble t'il, décidé, d profiter de ses allian*'ces, pour entraitier d sa suite les autres peuples dans une lutte d la vie d la mort, contre son concurrent redoutable. "/' déclare vouloir, coute que coüte, anéanfir la puissance ger"manique, son orgueilsa fierté et son "militarisme".... Ft ''nous, pauvres Beiges, qu'espéro/is nous? Qu'avons-nous d ''attendre encore, quelle que soit fissue de la lutte entre nos "puissants voisins? Quel sera notre sort? "Serons nous "Pays d,Fmpire" (Reichsland) comme l'Al"sace-Lorraine, ou incorporés dans la Fêdération des peuples "Germaniques, comme la Bnvière, la Saxe, ou le Wurtemberg? "Ferons-nous partie d'un Zollverein Allemand ou bien, nos "chers alliés, après avoir refoulé, comme ils l'annoncent de"puis des mois, les Allemands jusque sur le Rhin, nous "rendront-ils ce que nous avons perdu — du moins matériel"lement — pour leur avoir serv; de couverture, pour leur "avoir permis d'achever lentement leur mobilisation, de pré~ "narer et de concentrer les forces dont ils ont besoin, pour "combattre avec chances de succes les armees Allemandes. ''C esi de cedoux et chimérique espoir qu'on ne cesse encore, "d l'heure actuelle, de bercer les Beiges, tant chez nous qu a "Vêtranger Mais, d en juger d'aprés les resultats de plus de "cina mois de campagne, ce n'est pas de sitot que, grace è. "nos aliiès, nous verrons de nouveau flotter le drapeau na "finnnl sur tios f~ïotcls de Villc. • Èt plus loin, le Philanthrope anonyme ecrit encore les vraisemblables énormités que voici. , » * pux-mêmes " Mais les Beiges ne doivent s en prendre qua euxmem.es "et d leurs divers gouvernements de la calamite qui les ",r'Tur fé&ncê"dêS!pérée aatant qa'inuMe, a ca pmr "ré^ultat de prolonger la durée de la guerre europeenne e "aurap'our consêquence, plus que probable, la dispanüon "de la Belgique de la carte de VEurope, comme nation in- "^f^^tSs pas des heures aussi douloareuses, on serait tenté de rire die 'ces insolences allemandes de ce langag qui es tour k tour insultant et grossier, et qui essaie encore ^ par 1'intimidation, de réduire et de decoura^r les neiges qm neuvent être vaincus, maïs lamais soumis. Maïs vous precne dans le désert Monsieur le Philanthrope, et les quelques Beiges quf voüs ont lu, se seront détoumés de vous, non seulement avec dédain, maïs avec dégout v/\nPmacme" Le= "admirables facultés d'organisation de 1 AUema«ne dont vous narlez, vous, prétendu belpe, nous sont connues, et comme e 1'aidit plus haut, votre Germanie excelle surtout dans 1'organisation de 1'espionnage, du sabotage et de 1Mn crnp Fn outre 1'orgueil de votre race ne connait pas cle bornLS. ft ce sont et'votre orgueil et votre esprit presomptueux qui vous perdront. L'orgueil allemand. Un de vos savants, homme de talent, le chimiste Ostwald professeur a 1'Université de Leipzig, n est-il pas alle jusqu a CCnL'Allemagiie veut organiser 1'Europe, qui ^qu'ici n'a pas "été oreanisée Je vais mamtenant vous expliquer le gral ''secret de 1 Allemagne. Nous, ou peut-être plutot la race "germanique, avons découvert le facteur ^ 1 orgamsation.^Les "autres peuples vivent encore sous le regi ^ v^rB.an;sation " "lisme alors que nous sommes sous celui de 1 orgamsatio . Cette théorie orgueilleuse a été victoneusement repoussée nar une légion de savants et de philosophes dont nous trou vons les opinions résumées dans rouvrage scientifiqueL lemagne a-t-elle le secret de 1'organisation par Jean j^aDauie «t il est inutile que j'insiste, mais eet esprit presomptueux nous montre une fois de plus la mentalite allemande qui confond 1'esclavage et la tyranme avec 1 esprit d orgamsation, mais nous ne voulons a aucun pnx de cette orgamsation la. L/auteur des deux "Lettres ouvertes" se demande encore si la Belgique sera "Pays d'Empire" ou incorporee dans la Fédération des peuples germamques, car, que les aliies refoulent encore les allemands jusque sur le Rhin, ce n est la — d'après lui — qu'un doux et chimerique espoir, dont on nous berce encore, nous Beiges. _ _ Non Monsieur 1'imposteur, nous ne serons ni pays cl Empire, ni incorporés dans la Fédération des peuples Germamques, nous serons et nous resterons Beiges libres et independants, et ie le crie de toute la force de mes poumons a mes compatriotes, tant a ceux restés au pays, qu a ceux residant a étranger, nous redeviendrons bientöt ce que nous avons été et ce que nous resterons, libres de toute tyranme allemande et indépendants. Mes chers compatriotes qui me lisez, repoussez loin de vous les faux Beiges, comme celui que je veux démasquer, dédaignez leur langage veneneux, qui n a d'autre but que d'endormir votre courage et de semer la mefiance et la discorde entre nous. Après 23 mois de guerre, 1'horizon commence a s'éclaircir: grace a nos vaillants A liés, F rangais,' Anglais, Italiens, Russes, lheure de la delivrance approche, et bientöt notre chere Belgique pourra bri ser la grille derrière laquelle elle git captive sous 1 etremte brutale de ses bourreaux. Plus que jamais, Beiges, courage et patience; après la bataille de la Marne en Septembre 1915 qui a coüté a 1'armée allemande des pertes considerables, nous avons encore a enregistrer leur echec a Verdun ou depuis des mois ils piétinnent sur place en y perdant a peu prés un Régiment par jour, et oü la glorieuse armée trangaise subit journellement, sans la moindre defaillance, des chocs épouvantables; après 1'heureuse offensive franco-anglnise de la Somme, qui a permis a nos Alliés frangais et angLais de faire plus de chemin en cinq jours que les allemands n en ont fait a Verdun en cinq mois; après la reculade _ des autrichiens sur le front Italien, après les succes mvraisemblables des Russes sur le front oriental oü nos ennemis^ perdent environ 500.000 hommes en un mois de temps et ou 1 armée autrichienne fuit en débandade, après toutes ces victones successives qui ne sont encore qu'a leur debut, nous pouvons espérer que le Dieu de Justice n'abandonnera pas la Belgique et ses nobles Alliés, mais fera triompher notre cause qui est celïe de 1'humanité toute entière. Non, 1'espoir dont on nous berce n'est pas une chimère, mais sera bientöt la réalite, nous le sentons, nous le voulons, et bientót nous verrons de nouveau flotter le drapeau national sur nos Hotels de y^le et sur nos clochers, tandis que nous foulerons aux pieds barbares venues de 1'Est, nous n'aurions dü faire cause commune avec personne. Notre Souverain, — que Paul Bourget appelle le Roi honnête'-homme, — ainsi que son gouvernement, ont toujours eu soin de suivre le chemin de la loyauté et de la droiture, et ce sont la les caractéristiques de notre race honnête et confiante. II est, du reste, absolument certain que, si le territoire Beige avait été envahi par la France ou par 1'Angleterre, la Belgique aurait fait appel a 1'Allemagne et aux autres garants de notre neutralité, mais ces autres Puissances n'ont pas songé a attaquer et a envahir notre pays comme 1'Empereur des Barbares 1'a fait, et voila pourquoi nous devions faire cause commune avec nos voisins du Sud. Di.re que notre devoir était d'observer une stricte neutralité, comme la Suisse et la Hollande, est insensé: Ces deux pays n'ayant pas été attaqués, ils n'avaient pas a se défendre, et il ne leur était donc pas difficile d'observer une stricte neutralité; cette même stricte neutralité aurait été observée par la petite Belgique, si le brutal colosse teuton nfe s'était pas jeté sur elle. Des arguments aussi ineptes méritent a peine une réfutation. Et puis, avions nous intérêt a laisser passer les troupes allemandes par la Belgique, malgré que, dans son ultimatum insultant, 1'Empereur s'engageait a évacuer le territoire beige aussitöt la paix conclue? Mais qui nous dit que l'Allemagne n'aurait pas considéré ce nouvel engagement comme un chiffon de papier, tout comme le Traité de 1839? Nous avons au contraire tout lieu de croire, après les écrits de ses auteurs batailleurs comme Treitschkë et von Bernhardi, qu'une fois installée en Belgique, elle y serait restée. '' ■ - - ^ Le boche politicien. Je disais tout a 1'heure que le Roi Albert, ainsi que son Gouvernement, ont toujours eu soin de suivre le chemin de la loyauté et de Ja droiture, comme ce Gouvernement a du reste fait son devoir et tout son devoir. L'ennemi anonyme, que je démasqué en ces quelques pages, est étranger a notre pays, puisque teuton, sinon il saurait comme moi, que la Belgique depuis 1830 n'a pas eu un seul Gouvernement aussi populaire que celui qui, depuis plusieurs années, préside avec notre bien-aimé Souverain, aux destinées de notre cher pays, et cependant 1'auteur des "Lettres ouvertes" qui se cache si courageusement sous 1'anonymat, essaie d'insulter ces Ministres, toujours dans le but de tacher de semer la discorde et la mésentente entre les Beiges. "Diviser pour régner" est la devise des teutons en Belgique, mais leurs moyens déloyaux et tortueux ne leur serviront pas. Après avoir écrit "que le Gouvernement Beige devait "tromper la Nation et exciter sa haine contre les barbares "envahisseurs pour qu'elle ne songeat pas d la "barbarie "du gouvernement", le vil agent provocateur ajoute: Pour "non ultramontains la Patrie c'est Rome..:' et plus lom "....que la Belgique se jetterait tot ,ou tard dans les bras de "la Fratice pour échapper enfin au joug de trente années de "gouvernement clérical." Quel politicien de bas étage ne faut-il pas etre, pour se permettre de telles insultes par les temps tragiques que nous vivons, alors qua cette date fatale de 1'insolent ultimatum du 2 Aoüt' 1914, on a spontanément dans toute la Belgique, fait trève aux divisions politiques, et dès le moment ou notre bien-aimé Souverain a fièrement relevé le gant, il n'y avait plus dans notre pays ni catholiques, ni libéraux, m socialistes, ni flamands, ni wallons, il n'y avait plus qu'un seul Parti: le Parti de la Patrie! Les Beiges sentant en danger et leur chère Patrie et les libertés pour lesquelles leurs^ ancètres ont généreusement versé leur sang, se sont groupés comme un seul homme autour de leur Roi et de la familie ^ Royale en faisant le serment de se sacrifier, au besoin jusqu au^ dernier, pour maintenir intact le patrimoine sacré de nos pères. L accord des partis dans notre pays, si divisé en temps normal par les diverses idéés politiques, est une chose vraiment touchante, gar tous les patriotes sincères ont senti des le premier moment, que pour vaincre, il fallait appliquer notre belle devise nationale "L'Union fait la 1as, ils ne 1'auront a aucun prix. Le Congo oeuvre sublime du Roi Léopold II, Le Congo est 1'oeuvre du grand Roi Léopold II dont nous vénérons la mémoire, le Congo a été arrosé du sang héroïque de nos officiers, de nos explorateurs, de nos missionnaires, de nos héros Beiges comme le sergent De Bruyn, le Lieutenant Lippens et tant d'autres, et vous ne 1'aurez pas, ce Congo, oü nos vaillantes troupes a 1'heure qu'il est, /efoulent victorieusement les teutons blancs et noirs, et oü, sous le ciel brülant de 1'Afrique Equatoriale, les nötres versent généreusement leur sang pour la Patrie, en infligeant de dures legons a rennemi présomptueux. Non, vous ne 1'aurez pas notre Congo oü sont morts tant de Beiges héroïques, qui dorment leur dernier sommeil en cette terre Africaine sur laquelle flotte toujours gaiement notre beau drapeau tricolore, étoilé d'or, oü depuis 30 ans les nötres, bravant fièvres et maladies, se livrent a un labeur épuisant, afin d'ouvrir notre belle et immense colonie a la civilisation; non, vous ne 1'aurez pas, notre Congo, vous ne 1'aurez jamais! Le rêve de 1'Empire Colonial allemand s'effondrera dans le néant, et c'est très-heureux pour les petites nations possédant des colonies, car il est certain qu'en cas de succès des allemands, les appétits voraces de ce peuple ne se seraient pas arrêtés aux colonies frangaises et au Congo Beige, Qiais pctit a petit les colonies des autres p,ay,s auraient passé en leurs mains: ils n'en ont du reste pas fait mystère et le Baron Beyens nous raconte dans son ouvrage 'TA1lemagne avant la Guerre", qu'un jour le sécrétaire d'Etat Mr de Jagow, lui a déclaré qu'a son avis le roi Léopold avait été trop favorisé lors du partage de 1'Afrique, qu'un nouveau partage semblait nécessaire, exprimant son mépris pour les titres de propriété des petits Etats, que seules, les grandes Puissances avaient, selon lui, le droit et même le pouvoir de coloniser. C'est donc un avertissement pour la Hollande, le Portugal, le Danemark, qui pourront respirer plus librement le jour oü l'Allemagne sera définitivement terrassée. Les faux prétextes allemands. Pour couvrir ces instincts rapaces d'un semblant d'excuse, les allemands, avec von Bernhardi — 1'enfant terrible de l'Allemagne — en tête, prétendent qu'ils ont droit a leur place au soleil, que la liberté assurée du trafic maritime est pour eux une question vitale et qu'ils doivent trouvei: de la place pour leur surpopulation. Mais leur place au soleil, personne ne la leur a jamais contestée! Mais ce que les allemands entendent par "leur" place au soleil, c'est tout le soleil pour eux et 1'ombre pour les autres. Quant a la liberté du trafic maritime, on se demande ce que signifient ces mots en 1'air. Par qui ce trafic a-t-il jamais été entravé? Certes jamais par 1'Angleterre, la terre par excellence de tout libre trafic, du libre échange et du libre commerce maritime. L'écrivain de ces lignes qui est depuis trente ans dans le commerce et qui était, avant la guerre, en contact quotidien avec les principales firmes maritimes de Belgique, d'Angleterre, de France, de Hollande, etc, qui avait, par ses affaires d'exportation, des relations dans toutes les parties du monde, n'a jamais appris que la moindre entrave ait été mise au trafic maritime allemand : bien au contraire, le commerce maritime allemand s'est développé ces dernières années d'une fagon phénoménale et les grandes lignes de navigation: Norddeutscher Lloyd, Hamburg-Amerika Linie, Woerman Linie, etc. qui peuvent rivaliser avec les plus importantes lignes an- effet, avec lc progrès incessant de 1'industrie en Allemagne, est venue la prospérité, et 1'ouvrier agricole a abandonné ses champs et ses travaux agricoles pour venir dans les villes et dans les centres industriels gagner un salaire plus élevé, et la population des villes a donc augmenté au détriment de celle des campagnes, mais 1'émigration proprement dite a diminue dans des proportions considérables. Pendant les cinq dernières années précédant le début de la guerre, la moyenne du nombre d'émigrants a été d'environ 23.300 par an, (1) dont les trois quarts a destination des Etats Unis et non pas des colonies allemandes, et par contre, de même que quantité d'ouvriers flamands émigrent chaque année vers le Nord de la F rance pour les travaux agricoles, de même chaque année a 1'époque des récoltes, 1'Allemagne devait faire appel aux ouvriers agricoles de la Russie et de la Pologne pour rentrer les moissons. L'argument que 1'Allemagne devait trouver de la place pour sa surpopulation est donc de la légende, pour ne pas clire plus. Principes allemarids. Les mots de Droit, de Justice, de Loyauté, de Traités ou de Conventions, n'existent dans le dictionnaire allemand que comme synonymes de faiblesse ou de chiffons de papier, et le Général von Bernhardi s'applique de son cóté a enseigner au peuple allemand des principes qui sont le contre-pied des principes de la civilisation; voici quelques-unes de ses idéés: ''Partout règne la loi du plus fort." ''Le droit de conquête est reconnu par tous". "La guerre est un facteur indispensable de la civilisation." "La loi est 1'amie du faible." "Les efforts tentés en vue del'abolition de la guerre ooivent "être considérés comme franchement immoraux et stigmatisés "comme indignes de 1'humanité." "Par bonheur il faut considérér comme irréalisables les . "aspirations a la paix dans notre monde." "Notre peuple doit apprendre a reconnaitre que le maintièn "de la paix ne peut et ne doit jamais être le but de la politi"que." ' ( "La neutralité n'est qu'un rempart de papier." L'on se demande comment des énormités pareilles peuvent entrer dans le cerveau d.'un intellectuel, a moins que eet intellectuel ne soit réellement un bretteur et un batailleur par nature, et comme les livres de von Bernhardi fourmillent de Imaximes brutales comme celles que je viens de citer, et qui révoltent notre conscienee, on peut se faire une idéé des 1] „l'Allpmagne avant la guerre" par le Baron Beyens. ravages moi'aux que ce livre 'TAllemagne et la prochaine guerre", — qui est 1'Evangile du bon teuton, — cloit avoir opérés dans les cervelles boches. Cette "Kultur" spéciale, nous^ la leur laissons pour compte, et il est a souhaiter que la défaite formidable que les Alliés infligeront a la Germanie et a ses complices, permettra a nos pays de faire pénétrer "notre" civilisation parmi cette population teutonne qui, le jour oü elle constatera qu'elle a été trompée par ses gouvernants, les culbutera et proclamera avec nous que les principes de von Bernhardi étaient non seulement des hérésies, mais préparaient le retour du monde a 1'état de barbarie. Entretemps, les efforts de tous ceux qui luttent pour démasquer les projets des meneurs de la Germanie, ne sont pas de trop pour éclairer les Beiges et même les neutres sur les intentions de lAllemagne. Déja dans un chapitre précédent nous avons dit que si le coup de main de Guillaume sur la Belglique avait réussi, il n'y. a pas de doute que les autres petits Etats d'Europe auraient subi le même sort: Nous savons aussi que tout récemment encore le Roi de Bavière a déclaré dans un de ses discours incendiaires, que le Rhin, ce fleuve essentiellement germanique, devait devenir Allemand jusqu'a son embouchure, et j'aime a croire que nos bons amis les Hollandais, se seronl dits in petto que eet avertissement n'est pas tombé dans 1'oreille d'un sourd. Du reste, le Général von Bernhardi trouvant lAllemagne encore trop petite, écrit: "De nombreux congénères d'origine germanique ont .été an"nexés a d'autres Etats ou existent comme Etats indépen"dants: ainsi les Hollandais, qui se sont constitués en nation, "mais ne peuvent, ni au point de vue de la langue, ni au "point de vue des caractères ethniques, renier leur origine." Et von Bernhardi pleure, en constatant de son cöté que rembouchure de ce Rhin allemand, si souvent chanté, est en dehors de la sphère d'action de lAllemagne. Avertissement aux petits Etats. Le même von Bernhardi essaie de démontrer que 1'Etat doit toujours aspirer a étendre sa puissance, sans même reculer devant la guerre, que sinon eet Etat dépérit, et ilajoute : "Les conditions misérables de la vie des petits Etats le "démontrent suffisamment." II est absolument certain que, si pour le malheur de 1' humanité, la guerre de rapines déchainée par lAllemagne, provoquée cyniquement par elle, lui eut été favorable, c'en était fait de tous les petits Etats d'Europe; la Hollande avait été avertie déjk a diverses reprises, et les citations ci-dessus le prouvent surabondamment; la Belgique aurait été annexée en récompense de sa vaillante et glorieuse conduite, et traitée avec toutes les rigueurs que le boche sait inventer, pour la punir d'avoir invoqué le Droit, la Justice et la Loyaute pour sa défense j la Suisse et le i)anemark auraient ete absorbes pour les soustraire aux conditions misérables de la vie des petits Etats suivant von Bernhardi. Les autres pays Scandinaves, la Suède et la Norwège, auraient du suivre, cle gré ou de force, et m'ême cela n'aurait pas encore marqué la lm du rêve germanique. Heureusement les peuples civilises d'Europe se sont coalises pour réduire a néant ce rêve de barbare, et aujourd hui que nous sommes a la veille du deuxieme anniversaire de ce monstrueux et gigantesque carnage sans precedent dans 1 histoire du monde, Attila II qui se croyait invincible, commence a chanceler, et le3 glorieuses armées des Alliés, (lont les soldats combattent pour la plus sainte des causes -le Droit et la Liberté — lui porteront bientöt le coup de grace. Ce sera la fin du règne de la barbarie, de l'espionnage, de 1'intrigue et du mensonge, mais entretemps, et jusqu'a ce que nous puissions crier: "Morte la Bete' . nous continuerons dans la mesure de nos modestes moyens, 1'oeuvre d'épuration, nous continuerons a dévoiler les mensonges dont se servent nos ennemis pour égarer les Beiges eï les neutres. Nos' prétendues conventions secrètes avec I Angleterre. ' Parmi ces mensonges, il n'y en a pas sur lesquels les allemands reviennent avec autant d'insistance que sur celui d'après lequel nous aurions violé nous-mêmes notre neutralite au profit de la France et de 1'Angleterre, par des conventions secrètes datant de 1906. L'auteur anonyme des "Lettres ouvertes au Peuple Beige' écrit a ce propos: "Mais et surtout, de quoi nous plaignons nous si, dans son "intérêt, notre puissant voisin (l Allemagne) a refusé de tenir "compte d'une neutralité que nous avions depuis longtemps "violée au profit de la France et de l'Angleterre? Car, est-il "vrai oui ou non, que depuis 1906, des conventions secrètes "nous liaient d ces deux pays pour une coopération contre "l'Allemagne au cas oü celle-ci attaquerait la France?" "....Et si nous avons été envahis, de quoi nous plaignons"nous? N'avons nous pas ce que nous avons mérité?" Non, absolument non, mille fois non, aucune convention secrète ne liait la Belgique ni a la France, ni a 1'Angleterre, pas plus qu'a TAllemagne, comme cela a été expliqué et démontré déja a plusieurs reprises par les copies des pièces officielles, mais ici encore les allemands appliquent ce principe machiavélique qui leur est si cher: Mentez, mentez le plus que vous pourrez, il en restera toujours quelque chose." Les maitres en Allemagne ont donné le mot d'ordre de mentir, et tous les valets et tous les plumitifs de la Germanie mentent a qui mieux mieux. On a beau leur prouver et leur demontrer qu'ils trompent sciemment leur public, néanmoins ïls contmuent a sacharner sur ce clou qu ils espèrent bien enfoncer, mais que nous arracherons malgré tout, paree que la Verite et la Justice finissent toujours par triomnher. II est aujourd hui de notoriete publique que les fameuses conventions secrètes dont lAllemagne fait tant état, ne sont autre chose que le résumé de conversations tenues entre nos chefs d Etat-Major et les attachés militaires britanniques a Bruxelles, et qui n affectent nullement la forme de conventions : D'abord, la conversation tenue en 1906 entre le Colonel Bernardiston et le General Ducarne; ce resumé de conversation porte du reste des rectifications et des ratures, et ne saurait être considere par aucun honnete homme comme une convention. De plus, ce rapport porte en marge les mots: "L' ^entree des Anglais en Belgique ne se ferait qu'après la violation de notre neutralité par lAllemagne." Les allemands de toutes les nuances et de tous les calibres se sont empressés de reproduire cette pièce volée dans les archives de Bruxelles, dans leurs journaux, leurs brochures, leurs livres, etc, mais avec un ensemble touchant et qui prouve le mot d ordre donné, ils ont tous commis un doublé faux: ils ont intentionnellement laissé de cöté 1'annotation en marge, disant que 1'entrée des Anglais en Belgique ne se ferait qu après la violation de notre neutralité par lAllemagne, et pour les besoins de leur mauvaise cause, cette note marginale — qui fait partie du rapport du général l3ucarne — "devait" être omise par eux, car sinon elle faisait s'effondi'er toute leur_ argumentation. Ensuite, leur second faux consiste en ceci, eest qu ils ont traduit les mots: "conversation confidentielle" par 'Abkommen" qui signifie "convention". Tout lecteur neutre appréciera, comme il convient, 1'honnêteté du procédé! ^ Ensuite en 1912, nouvelle conversation entre le Lieutenant Colonel Bridges, attaché militaire britannique a Bruxelles et le Général Jungbluth, notre chef d'Etat-Major. La conversa- ' tion a de nouveau roulé sur une violation éventuelle de la ' Belgique par lAllemagne; le Général Jungbluth a rédigé un rapport résumant cette conversation, et dans lequel il fait ressortir qu il a répondu a 1'attaché militaire anglais que le consentement préalable de la Belgique était indispensable pour débarquer des troupes en notre pays. ; Tous ces rapports sont restés sans aucune suite et ont été classes dans les archives de Bruxelles, d'oü ils ne seraient probablement pas sortis de si tót sans le cambriolage boche; mais toutes ces clameurs d'indignation ont été poussées en Allemagne par ordre, afin de tacher d'influencer les neutres et d'avoir un semblant d'excuses pour les crimes et atrocités commis dans notre pauvre pays. S'il fallait d'autres preuves pour démontrer qu'aucune convention secrète ne liait la Belgique a la France ou a 1'Angleterre, il suffirait de relire les correspondances diplomatiques suivantes (I) échangées après la réponse donsi ée par le Gouvernement Beige a 1'insolent ultimatum AlIemand : 1°) Lettre adressée par Mr Davignon, Mlnistre des Affaires Etrangères aux Ministres du Roi d Paris, Berlin, Londres, Vienne et St Peterbourg. Bruxelles 3 Aoüt 1914 '(midi) "Monsieur le Ministre, "Comme vous le savez, 1'Allemagne a remis a la Belgique "un ultimatum expirant ce matin 3 Aoüt a 7 heures. Aucun "fait de guerre ne s'étant encore produit a 1'heure actuelle, "le conseil des Ministres a décidé qu'il n'y avait pas lieu, "pour le moment, de faire appel aux puissances garantes. "Le Ministre de France m'a dit a ce sujet: "Sans être "chargé d'une déclaration de mon Gouvernement, je crois "cependant, m'inspirant de ses intentions .connues, pouvoir "dire que, si le Gouvernement Royal faisait appel au Gouvernement frangais, comme puissance garante de sa neutralité. "nous répondrions immédiatement a son appel; si eet appel "n'était pas formulé, il est probable, a moins bien entendu "que le souci de sa propre défense ne détermine des mesures "exceptionnelles, qu'il attendra pour intervenir que la Belgi"que ait fait un acte de résistance effective." "J'ai remercié Mr. Klobukowski de 1'appui que le Gouverne"ment francais voulait bien nous offnir éventuellement et lui "ai dit que le Gouvernement du Roi ne faisait pas appel, Dour "1'instant. a la garantie des puissances et se réservait d'ap"précier ultérieurement ce qu'il y aura lieu de faire. s. Davignon." 2°) Té'légramme adressê par 5.TIL te Roi d S.M. ie Roi d' An gieter re: Bruxelles le 3 Aoüt 1914. "Me souvenant des nombreuses marqués d'amitié de Votre "Majesté et de ses prédécesseurs, de 1'attitude amicale de 1) Extraits du Livre Gris Beige. 'TAngleterre en 1870, et de la preuve de sympathie qu'Elle "vient encore de nous donner, je fais un suprème appel a "1'intervention diplomatique du Gouvernement de Sa Majesté "pour la sauvegarde de la neutralité de la Belgique. s. Albert." 3°) Télégramme adressé par le Ministre du R,oi d Lotulres d Mr. Davignon, Ministre des Affaires Etrangères. Londres 3 Aoüt 1914. "J'ai montré votre télégramme au Ministre des Affaires "Etrangères, qui 1'a communiqué au Conseil des Ministres. ^Le Ministre des Affaires Etrangères m'a dit que, si notre "neutralite était violée, c'était la guerre avec 1'Allemagne. s. Comte de Lalaing." 4°) Note remise par Sir Francis H. Villiers, Ministre d' Angleterre a Mr. Davignon, Ministre des Affaires Etrangères. Bruxelles le 4 Aoüt 1914. "Je suis chargé d'informer le Gouvernement Beige que si "lAllemagne exerce une pression dans le but d'obliger la ^Belgique a abandonner son röle de pays neutre, le Gouver"nement de^ Sa Majesté Britanniciue s'attend a ce que la "Belgique résiste par tous les moyens possibles. "Le gouvernement de Sa Majesté Britannique, dans ce "cas est prêt a se joindre a la Russie et a la France, si "la Belgique le clésire, 'pour offrir au Gouvernement Beige, ''sans délai, une action commune, qui aurait pour but de "résister aux mesures de force employées par lAllemagpe "contre la_ Belgique et en même temps d'offrir une garantie "pour maintenir 1'indépendance et 1'intégrité de la Belgique "dans 1'avenir." Comme le lecteur le constatera, dans tout eet échange de lettres, télégrammes, notes, avec Paris et Londres, ne se trouve pas un mot se rapportant a une convention ou engagement quelconques, et pourtant si une convention avait existée, on 1' aurait certes rappelée dans cette correspondance. Le Roi Albert, par un sentiment de délicatesse extreme, dans son télégramme du 3 Aoüt 1914 au Roi dAngleterre, — donc après avoir déja regu 1'insolent ultimatum allemand — fait seulement appel a une intervention diplomatique du Gouvernement Britannique. Tout cela est de la plus claire évidence, et les teutons ne sauraient, du reste, fournir aucune preuve réellement probante qu'une convention secrète quelconque entre la Belgique, et la France et 1'Angleterre ait jamais existée. v Tous ces prétendus griefs boches, inventés apres coup, ont été magistralement réfutés, par nos éminents ecrivains beiges Emile Waxweiler (1), le Baron Beyens (2), et Jules Destrée (3), mais il n'est pas superflu de stigmatiser une fois de plus les procédés des allemands, qui consistent a tronquer complement les faits et les textes, afin de tacher de noircii' leurs adversaires aux yeux des neutres, et d'atténuer ainsi leurs propres crimes devant le monde. Mais le proces beige est tout gagné, car les neutres savent parfaitement qu'il ne suffit pas d'une convers,ation entre un chef_ d'Etat-Major et un attaché militaire, qui n'est pas un plénipotentaire, pour engager un gouvernement, et que, surtout dans un pays constitutionnel comme la Belgique, de telles conventions doivent être signées par le Roi et porter le contre-seing du Ministre compétent responsable. Des conversations comme celles dont 1'Allemagne fait un crime a notre pays.^ sont fréquentes entre diplomates ou officiers supérieurs d'EtatMajor, et il est absolument certain que si 1'attaché militaire aliemand a Bruxelles avait entretenu notre chef ^ d'EtatMajor de 1'éventualité d'une violation de nos frontières par 1'armée frangaise ou par les troupes anglaises, en nous offrant dans ce cas le concours de 1'armée allemande, un rapport aurait été dressé de cette conversation, exactement comme il 1'a été fait après les conversations avec les^ attachés militaires britanniques. En effet, dans "Le Procés de la Neutralité Beige" Emile Waxweiler — qui est un terrible iusticier pour les boches — révèle un précédent qui ne laissc pas d'être trés - piquant; il écrit notamment: "Le 12 Mai 1875, le Baron Lambermont. qui a longtemps "diris'é la diolomatie belee, écrivait a Mr. Jules Devaux, "chef du Cabinet du Roi Leopold II: " "On m'a dit et redit en termes presque suppliants: il faut " "mettre Namur et Liège en état de défense. II ne s'agit " "pas de grands travaux, mais seulement d'un système n[ " "entrainant qu'une très-modique déoense. On a même fait " "remarquer que ces travaux sont indispensables dans les ""deux sens: vous pourrez déclarer en les proposant que " "vous les faites aussi bien pour une armée venant de 1'autre 1') La Belgique neutre et Loyale. Le procés de la neutralité Beige. 2) 1'Allemacrne avant la guerre. 1'Effort Britannique. „ ^ote" N0115 n,e c]emandons donc pas de privilèges, mais nous tenons a ce que la ligne de la Meuse soit barree " mtTÏ so™me> Je,ne Puis mieux condenser la pensée de mon f> mterlccuteur qu en repetant les mots dont il s'est servi„ .lout ce que nous vous demandons, c'est de tenir cinq »>t cela fait, votre tache sera remplie." L mterlocuteur du Baron Lambermont n'était ni plus ni que 1 attaché militaire allemand a Bruxelles, le t Maioi von Sommerfeld. II était venu trouver non pas un militaire mais la personnalité la plus éminente du Département des Affaires Etrangères. II ne lui avait pas demandé „ mplement de prendre en commun des mesures d'exécution pratique, pour le cas oü une armée allemande devrait «nfomiement aux traites, aider 1'armée beige dans la' > defense du terntoire, mais il 1'avait pressé d'engager son gouvernement dans une voie qui était alors toute' nouvelle ,, e, modifier profondement ]e système défensif du pays, et ''del'AlTemagnet P°Ur r^pondre aux c°nvenances stratégiques " "JjX conyersation militaire de 1906 est considérée auiourd hui en Allemagne comme une trahison; comment 1' eut-on qualifiee si elle avait eu la portée de la conversation dinlomatique de 1875?" i _ II n est pas_ inutile, je crois, de faire encore remarquer que si auiourd hui 1 Allemagne nous prétend liés vis-a-vis de 1'Angleterre et de la France. a diverses reprises la Belgique a ete^ accusee en France de s'être livrée. pieds et poings i r, a. i^1Ie™^TnTe- notamment lorsqu'il y a plus de 25 ans, Ie Roi Leopold II fut accusé a Paris, sur la production de documents fabnques par les faussaires, Mondion et Nieter d avoir conclu une convention secrète avec lAllemagne contrë Ja france, et ensuite en 1890, lorsque nos voisins du Sud prétendaient que nos forts de la Meuse étaient dirigés contre Ia trance, et faisaient partie de notre accord avec 1'Alh-magne Mais tous ces canards n'ont pas eu la vie bien longue; ie bon sens public leur a touiours oromptement coupé les ailes, et la parfaite lovauté de la Belgiaue a touiours été neremptcirement prouvée, a la confusion de nos accusatéurs JNos souverams, qui font la gloire de notre chère Belgique ne se sont lamais écartés un seul instant du chemin que notre neutr^hté leur nrescrivait de suivre, et nos grands hommes; d'Etat les Frère-Orban, les Malou, les Beernaert, les de Broqueville et autres, ont toujours eu et ont encore trop 1 amour de leur Patrie et trop conscience des devoirs que nous imoose notre neutralité, pour vouloir engager notrePavs, fonciei ement loyal, clans une voie cjui pourfait porter ombrage k 1'une ou 1'autre des puissances signataires du I C, de 1839. C'est du reste ce que Mr. de Tagow. Secrétaire d Etat aux Affaires Etrangères de 1'Empire Allemand, a dü reconnaitre le 4 Aoüt 1914 lorsque notre Ministre a Berlin, le Baron Beyens, lui demanda si 1'Allemagne avait quelque chose a nous reprocher. "Non, répondit Mr. de "Jagow, 1'Allemagne ne peut rien reprocher a la Belgique et "1'attitude de la Belgique a toujours été d'une correction "parfaite." Alors, que reste-t-il des accusations portées contre nous, de nous être liés par des conventions secrètes avec 1'Angleterre contre 1'Allemagne ? Rien, si ce n'est la preuve d'une mauvaise action de plus de nos voisins de 1'Est a notre égard. Nous avons été trop confiants en 1'Allemagne. Disons cependant a la louange de la diplomatie anglaise, qu'avec la perspicacité qui la caractérise, elle a parfaitement prévu depuis dix ans ce qui est arrivé, et si en Belgique nous avons eu un tort, c'est bien celui d'avoir eu trop dg confiance dans nos voisins de 1'Est, que nous nous plaisions a considérer comme un peuple travailleur, actif et loyal, alors que ce n'est qu'une race félone sans foi ni loi, car1 pendant que les allemands poussaient activement leur travail de taube en inondant notre pays de légions d'espions, pendant qu'ils multipliaient leurs voies ferrées stratégiques aboutissant a notre frontière orientale, ils nous accablaient de nrctestations de pacifisme et d'amitié, poussant Ia Derfidie jusqu'a déclarer encore le 2 Aoüt 1914 — lorsque 1'infame ultimatum était déja écrit — et ce par la voix autorisée du 'Ministre d'Allemagne a Bruxelles, que nous savions bien qu' en ce qui concernait son pays, nous pouvions avoir toutt'd confiance, et renforgant encore cette perfidie par ces mots: "Peut-être que le toit de vos voisins brülera, mais votre maison restera sauve." Tout le monde se rappelle avec émotion en Beleïque la visite que firent en 1910 le Roi Albert et la Reine Elisabeth a la cour de Berlin, et quelques mois plus tard, en octobre 1910, la visite de 1'Empereur et de 1'Impératrice a Bruxelles, et les protestations d'amitié et de sympathie qu'a ces occasions-la Guillaume prodigait a notre Roi et au peuple Beige. Sinistre comédie! Et ensuite, que de fois n'a-t-on pas déclaré officiellement au Reichstag que "la neutralité de la Belgique est déterminée par des conventions internationales et que 1'Allemagne est rlécidée a respecter ces conventions". ou encore oue" 1'Allemagne ne perdra nns de vue que la neutralité bHge est garantie par les traités internationaux." Nous n'avons pas de patriotisme, disent les boches C'est au moyen de nombreusses déclarations rassurantes sur le même thème, et nous reposarit sur la foi du traité de 1839, qu'on a réussi a tempérer quelque peu notre patriotisme, mais ce patriotisme n'était pas mort, comme les boches le prétendent aujourd'hui, il n'était que légèrement assoupi, et il a suffi de la secousse germanique pour lui rendre toute son impétueuse ardeur. En Allemagne le patriotisme est inculqué aux soldats "par ordre", de même que ceux qui se rendent au front doivent chanter, sinon la crosse de fusil du sous-officier ou le plat du sabre de 1'officier se fait sentir a celui qui, parfois plus mort que vif, ne se sent pas disposé a chanter; ils sont patriotes "par ordre", comme ils sont joyeux "par ordre". Dans ces conditions, leur patriotisme ne saurait guère avoir des racines profondes, et la preuve en est dans le nombre sans cesse grossissant des soldats alleminds ciui désertent, et si la surveillance le long des frontières n'était pas aussi sévère, le nombre de ceux qui journellement mettent le fil de fer barbelé entre eux et leur pays tyrannique, serait bien plus considérable encore. Et ce sont ces mêmes boches qui prétendent que le patriotisme beige n'existe guère; 1'auteur anonyme des "Lettres ouvertes", ou plutöt 1'agent allemand, se disant beige, écrit: "Le patriotisme Beige n'existait guère pourtant, il fallait "dotic susciter un enthousiasme factice qui en tint lieu. " II n'y avait en Belgique aucun sentiment National, sinon "011 eüt culbuté depuis longtemps le Gouvernement " A cöté du boche, reparait encore le vil politicien que j'ai déja rabroué, et je lui demande maintenant si en Allemagne on n'apprend pas du tout 1'histoire de Belgique? Je dois supposer que non, car sinon il saurait que dans le cours dies siècles, notre pays a toujours brille nar sa bravoure et son patriotisme. Peut-être serait-il utile d'écrire un jour l"'Histoire de Belgiaue a 1'usage des boches"; on pourrait y rémémorer les faits d'armes de nos ancêtres. depuis Jules César jusqu'a nos jours, et si ce général Romain nouvait dire a cette époque reculée que, de tous les neunles de la Gaüle, les Beiges étaient les plus braves, certes, les Beiges d'auiourd'hui n'ont pas dégénéré; si vous connaissiez, un peu seulement, 1'histoire de notre glorieux pavs, Monsieur le boche. vous vous seriez souvenu de la- bataille des Eperons d'or, des 600 Franchimontois, de la guerre des paysans, du mouvement! populaire de 1830, tout cela est du pur et glorieux patrfotisme. Les statues de Jan Breydel et de Pieter de Conink, du sere:eant De Bruvn et du Lieutenant Linpens, les nombreuses statues de héros qui ornent les places de nos grandes villes, sont les preuves parlantes du patriotisme de notre peuple. De nos jours, notre glorieux souverain le Roi Albert, le vaillant défenseur de Liège le Général Léman, nos courageux soldats de Liège, de Haelen, de 1'Yser, nos milliers de volontaires qui se sont spontanément offerts le jour oü nous avons été lichement provoqués, notre superbe et vaillante armée plus forte qu'au jour de 1'ouverture des hostilités, voila tout ce que le patriotisme a de plus sublime, et voila la réponse a votre lache imputation; les victimes beiges de la tyrannie allemande, le Bourgmestre Max, le Cardinal Mercier, les milliers de beiges civils assassinés par les bourreaux teutons, les njilliers de victimes innocentes qui gémissent dans les prisons allemandes, vous crient encore de leurs tombeaux ou de leurs prisons, tout leur patriotisme, qui fait leur gloire et qui en fait des héros et des martyrs. Et vous, auteur anonyme des "Lettres ouvertes au Peuple Beige", qui que vous soyiez, beige ou allemand, quel est votre patriotisme? Votre insistance a vous faire passer comme beige me fait poser cette question, mais si réellement vous étiez beige, la potence serait encore trop bonne pour vous, car vous seriez pire qu'un Roger Casement; ce serait une preuve de plus que 1'ivraie se rencontre dans les champs les mieux entretenus. Mais il est plus que probable que vous êtes le vrai teutorn se livrant a toutes les basses^ besognes, ce que vous confondez avec le patriotisme tel qu'il a cours chez vous, et il est probable que vous considérez encore votre camnagne de calomnies, de fausses imputations, de mensonges et d'intrigues, comme du patriotisme. Si votre patriotisme consiste a assassiner des vieillards, des femmes et des enfants, a bombarder au moyen de vos Zeppelins des villes ouvertes oü vous n'atteignez que d'innocentes victimes, a couler au moyen de vos sous-marins des bateaux de passagers non armés, des navires-hópitaux et des bateaux de pêche, a détruire les églises et les temples et a incendier les habitations des villes et villages oü vous entrez. a martyriser les prisonniers de guerre, a outrager et a déshonorer les femmes et les jeunes filles dans les nays conquis, a'hurler comme des forcenés ivres le "Deutschland iiber Alles", en un mot. a vous comporter comme les Peaux-Rouges ne le feraient pas, nous vous laissons ce patriotisme la pour compte. Nous, Beiges, nous avons une plus haute conception du beau mot de patriotisme: nous sommes patriotes par amour pour notre chère Patrie, a laquelle nous sommes dévoués jusqu'a verser pour elle la dernière goutte de notre sang, nous sommes patriotes par attachement a notre chère Dynastie, nous sommes patriotes par amour pour notre sol natal, le sol de nos ancêtres, nous sommes patriotes par amour pour notre glorieux Drapeau tricolore, qui .est symbole de Liberté, de Justice et de Loyauté. Ah! nous ne sommes pas patriotes! Allez donc demander aux masses d'ouvriers beiges, qui, en pays occupé, préfèrent souffrir la faim et les privations plutót que de travailler pour les ennemis de leur pays, si oe n'est pas piar pur et noble patriotisme! Allez donc demander a nos jeunes et vaillants soldats qui, depuis deux ans, défendent le dernier lam beau de terre Beige le long de 1'Yser, pourquoi ils sont prêts a mourir dans 1'apothéose de la gloire, si ce n'est par noble et sublime patri^tisme. J'avais moi-même mes trois fils au front dès le début de la guerre: mon ainé est mort en brave a Dixmude. Honneur a lui! Un autre, ayant eu quelques jours de congé après plus de vingt mois de campagne, me décrit son impatience de retourner aux tranchées, paree qu'il ne veut pas laisser aux autres le soin de défendre sa place restée momentanément vide! Le troisième qui, après un an et demi de guerre, apassé quelques mois dans une de nos écoles militaires, m'écrit des lettres d'une impatience fébrile, de crainte de n'être pas en temps utile au front lorsqu'on entamera 1'offensive! Tout cela c'est le vrai et beau patriotisme désintéressé, n'ayant qu'un sern objectif: la délivrance de notre chère Patrie. Et toutes les lettres de tous nos soldats expriment les mêmes beaux sentiments de patriotisme. Allez donc demander a tous les Beiges exilés, tant aux riches, qu'aux bourgeois aisés et même aux ouvriers, qui ne se sont pas enfuis — comme vous 1'insinuez — mais qui ont voulu se soustraire au contact dégradant des teutons, pourquoi ils continuent a vivre en exil en s' imposant les sacrifices et les chagrins que comporte la vie en pays étranger, et tous vous répondront que c'est par patriotisme! C'est même pour nous, qui vivons en exil, un sujet de fierté de constater que ceux de nos compatriotes qui ont dü rester au pays, ou qui y sont retournés sur la foi de fallacieuses promesses, tiennent a distance tout ce qui n'est pas beige, tour ce qui prétend se substituer a notre Roi ou a no'tre gouvernement, comme tout ce qui travaille a desservir notre cause Et c'est précisément ce que nous demandons avec instance a nos compatriotes obligés de vivre en pays occupé, qu'ils évitent tout contact avec 1'ennemi ou ses agents, qu'ils affectent vis-k-vis de lui une indifférence dédaigneuse, qu' ils s'imposent au besoin des privations pendant les quelques mois que 1'occupation ennemie peut encore durer, qu'ils refusenl obstinément de travailler pour lui ou de traiter avec lui, qu'ils lui fassent sentir par leur conduite passive qu' il n'y aura plus jamais rien de commun avec lui, car désormais les flots de sang qui nous séparent, ne pourront s'effacer. Le feu allemand a dévoré nos villes et nos villasres, nos temnles et nos paisibles demeures, le fer allemand a fnit couler des flots de sang innocent, des plus nobles de nos fils, de vieillards, de femmes et d'enfants, et cependant, — forts de leur patriotisme - tous les Beiges, tant les civils que notre vaillante armee, sont encore debout, face a 1'ennemi, devant lequel nous ne nous courberons jamais, fiers comme 1'héroïque Bourgmestre Max que nos ennemis ne parviennent pas k réduire, la haine au coeur, mais le sourire du dédain pour le boche sur les lèvres, attendant avec patience 1'heure de la délivrance. Ils croient nous avoir a leurs pieds. Dé ja une feuille allemande, le "Lokal Anzeiger" de Berlin, a osé écrire: "La Belgique terrassée est tombée a genoux." A genoux, nous, Beiges? Non, infames teutons, je vous ai déja dit que vous ne connaissez pas le Beige, que vous auriez pu abattre a coups de canons s'il n'ayait pas eu le secours de ses yoisins Frangais et Anglais, mais jamais votis ne 1'auriez mis a genoux. Le Beige ne plie pas le genou devant 1'envahisseur ou 1'oppresseur étranger et notre glorieuse histoire est la pour le prouver. Nous en avons bravé d'autres que des boches! Le fier Lion Beige a, dans le cours des siècles, brisé plus d'une fois ses chaines, et cette fois encore, ilbrisera celles que, sournoisement, le teuton a forgées pour lui! Le fier Lion Beige rugit de satisfaction en constatant que 1'Aigle allemand perd ses plumes, qu'il a déja quelques membres brisés, et que bientöt il s'écroulera complètement clans la honte et la boue. Je propose qu'a ce moment la on remplace dans les armoiries d'Allemagne les Aigles Impériales par une hyène, la béte malfaisante, assoiffée de sang, au regard sournois, a 1'aspect révoltant, véritable symbole du teuton que nous n'avons appris a connaitre que depuis le début de la guerre, pour 1'avoir vu a 1'oeuvre a Louvain, Aerschot, Termonde, Dinant, Andenne, et cent autres endroits de notre malhcureux pays. Ils nous rendront compte de leurs crimes. Lorsque vous serez terrassé, peuple maudit, nous vous demanderons compte de vos crimes, nous vous demanderons ce que vous avez fait de notre chère Belgique, jadis si paisible, si prospère et si heureuse, oü des milliers des vótres ont toujours regu une hospitalité inconnue chez vous, oü des milliers d'étrangers venaient annuellement jouir d'un repos bienfaisant, d^ns un milieu simple et familial, nous_ vous demanderons ce que vous avez fait de nos belles et riantes provinces wallonnes et flamandes, oü alternaient les riches .usines avec les mines inépuisables et les beaux paturages, nous vous demanderons ce que vous avez fait de nos trésors artistiques, de notre superbe bibliothèque de Louvain qui avait une réputation mondiale, nous vous demanderons ce que vous avez fait de nos églises et de nos temples, de nos batiments historiques datant depuis plusieurs siècles, patrimoine précieux de nos ancêtres, nous vous demanderons ce que vous avez fait de nos families beiges, jadis laborieuses et aisées, unies et respectées, aujourd'hui ruinées, éparpillées, souvent deshonorées et assassinées! Nous devons les hair. Et le compte que vous aurez a rendre, peuple maudit, sera terrible. Aussi dès a présent, nous appelons sur vous le mépris du monde, la haine de 1'Humanité toute entière et la malédiction de Dieu, car les crimes que vous avez commis sont de ceux qui ne se réparent et ne se rachètent point. La haine certes, je le reconnais, est un sentiment peu humain, mais avec un peuple comme la race allemande, il n'y a pas de sentiments qui tiennent; les allemands foulent tout sentiment aux pieds, et ils n'ont tenu compte d'aucun sentiment lorsqu'ils ont commis chez nous leurs nombreux crimes et fortaitsj ils n'ont fait aucune distinction quand ils ont massacré ou martyrisé religieux, religieuses, vieillards, femrnes, enfants, prisonniers de guerre, non-combattants, et il y a de ces crimes qui anéantissent tout sentiment. C'est pourquoi, nous surtout, Beiges, nous devons haïr les allemands sans distinction, les haïr pour leur barbarie, les haïr pour leurs crimes, les haïr d'une haine, non pas jusqu'a la paix, mais qui se perpétue de génération en génération, afin que ceux qui viennent après nous, évitent le contact avec ce peuple né pour nuire, et qu'ils ne deviennent pas a leur tour sa victime. Le monde entier les réprouve. 11 était presque superflu pour moi d'appeler encore sur nos maTtres du moment le mépris du monde, car partout\ dans tous les pays civilisés, aux quatre coins du globe, on apprécie aujourd'hui le peuple germain a sa juste valeur. Dans tous les pays neutres, il se produit des manifestations contre les procédés teutons et, chose remarquable, toutes ces manifestations sont organisées par des intellectuels, 1'élite des populations: En Hollande, en Espagne, aux EtatUnis, au Brésil, et ailleurs; dans ce dernier pays, ce sont même des personnages officiels qui déclarent que le peuple Brésilien doit ouvertement se ranger du cóté de la civilisation, c'est-a-dire du cóté des Alliés. En Hollande, ce pays de la liberté qui, sous tant d'aspects ressemble a notre pauvre Patrie mutilée, un groupe d'intellectuels, de professeurs d'Universités, de-magistrats, d'ingénieurs, de médecins, d'officiers pensionnés, etc, a pris 1'initiati- ve d'un appel aux neutres du monde entier, pour protester dans les termes les plus énergiques contre 1'usurpation allemande et les plans annexionnistes de 1'Allemagne, et ils déclarent qu'ils pourraient bien rompre toutes relations avec un grand pays qui prétend vouloir absorber la petite Belgique. L Espagne, par 1'organe de plus de cinq cents notabilités du pays, parmi lesquels d'anciens Ministres, sénateurs, députés, recteurs d'Universités, professeurs de droit International, etc, a envoyé a la ville de Louvain une "adresse a la Belgique" et cette brochure constitue un document de la plus haute importance, vu qu'elle émane d un pays neutre: la brochure rappelle 1'Allemagne aux principes d'humanité, profeste contre les actes de ses soldats qui, par les moyens qu'ils emploient, nous font retourner a 1'époque de la barbarie, 1'adresse rappelle les cruautés commises en Belgique par les troupes impériales, les exécutions en masse de noncombattants, les assassinats de prêtres, de vieillards, de femmes et d'enfants, les nombreux sacrilèges commis contre nos églises, la destruction systématique de \illes et de villages, 1'incendie criminel de 1'Université de Louvain; 1 adresse rappelle et apprécie la prosposition faite par les évêques beiges aux évêques allemands de former une commission internationale afin de faire une enquête sur les crimes commis par la soldatesque allemande en Belgique, proposition qui est restée sans aucune reponse; la brochure conclut en rendant hommage a la petite Belgique, qui, avec un courage héroïque a tout sacrifié a son honneur, et a offert une admirable résistance aux hordes teutonnes. Aux Etats-Unis d'Amérique également,^ un groüpe de plus de cinq cents notables a envoyé une adresse aux pays Alliés, exprimant toute leur sympathie^ aux peuples de 1'Entente qui luttent pour la Liberte du monde, declarant qu'ils estiment nécessaire dans 1'intéret de la civilisation que les Austro-Allemands soient défaits; ils considèrent 1'invasion de la Belgique comme un crime qui ne pourra jamais Ctre justifié, et déclarent qu'une paix qui ne restituerait pas notre pays dans son entière indépendance et ne lui accorderait pas une large indemnité, lui permettant de reconstruire tout ce qui a été ruiné et massacre, serait un malheur.- Enfin, d'après ce que nous apprend le "Telegraaf' d Amsterdam, il s'est fondé a Paris un Comité "La Ligue des Pays Neutres", dans lequel figurent déja des représentants de tous lés pays neutres d'Europe et de la plupart de ceux d'Amérique; cette ligue a pour objet d'entamer une campagne contre les envahisseurs et d'exiger la liberté et 1'indépendance des petites Nations. Ces protestations émanant des pays neutres, c'est 1'expression de la réprobation du monde entier contre les procédés brutaux de lAllemagne, c'est la révolte de la conscience dc 1'Humanité toute entière contre les agissements des bretteurs qui ne connaissent que le droit du plus fort. Les neutres en protestant, et en prenant la défense de la Belgique, onit du même coup défendu leur propre cause, car ils sentent bien que si 1'ère du chiffon de papier ne devait pas prendre fin, que si la route ne devait pas être barrée a Attila II et ses' complices, ce serait la fin de leur propre sécurité et de leur propre indépendance, et après 1'absorption de la Belgique, chacun des neutres ou des petits Etats pourrait se demander avec anxiété "A qui le tour.'"' Entretemps, nous voyons avec bonheur et avec fierté que la cause de la Belgique et des Alliés, la cause du Droit et la Justice, rencontre 1'appui et 1'approbation du monde entier. Au point de yue moral, notre cause est donc déja gagnée, en attendant qu'elle le soit sous peu au point de vue matériel. Le mépris dont les allemands se couvrent depuis le début de la guerre, ne s'effacera pas de si tót, et leurs auteurs et journalistes l'admettent eux-mêmes en écrivant: 'Après la guerre, aucun pays au monde n'aura autant d'ennemis que nous!" Cet accès de franchise prouve qu'ils ont conscience de leurs méfaits, et qomment pourrait-il en être autrement, en présence de leurs agissements? Le Général von Bernhardi lui-même dans son livre "1'Allemagne et la prochaine guerre." écrit (au Chap. XII) que 1'Empire Allemand "est partout détesté", mais ü ajoute "a cause de son essor politique et économique". Oui, 1'Empire Allemand est partout détesté, non a cause de son esror politique et économique que tout le monde admettait et admirait, aussi longtemps que cet essor se manifestait d'une manière honnête et pacifique, mais bien a cause du caractère de son peuple, caractère gonflé d'orgueil, et d'une arrogance quifrise le ridicule: j'ai déja fait savoir au lecteur que le Professeur Ostwald veut organiser .1'Etirope, qui jusqu'ici n'a pas été organisée! Voici maintenant encore quelques idéés du Général von Bernhardi au sujet du röle que 1'Allemagne devrait, d'après lui, jouer dans le monde; 1°J ".......les grandes taches du présent et de 1'avenir que "la Providence a proposées au peuple allemand, comme au "peuple civilisé le plus important que 1'histoire ait connu, ; . 2° j "La noble certitude s'impose a nous avec une force ' irrésistible que le peuple allemand a une importance con'sidérable, sinon absolue, pour le développement général de "l humanité. Cette certitude repose sur la supériorité- intel"lectuellc: de notre peuple!" 3°) "Aucun autre peuple n'est aussi capable de synthétiser 'les eléments de la civilisation, de se les approprier, de "continuer a les fagonner selon son génie propre et de rendre "a 1'humanité des trésors plus riches que ceux qu'il en a regus " -•» Ces theses présomptueuses, dénotant un peuple bouffi d' orgueil, ne méritent aucun commentaire, ni aucune réfutation; elles ne provoquent que le rire. Elles nous font songer a ces porcs parés de fleurs, qu'a certains jours de fête on promène par les rues de villages allemands; comme ces bètes se trouvent belles! Leurs moyens indignes. Mais a cóté de eet orgueil que les Alliés se chargeront de dégonfler, ce peuple est d'une mauvaise foi insigne, et un ennemi loyal ne daignerait pas se servir des moyens imimoraux sur lesquels les germains se jettent -si avidement: J'ai déja montré qu'ayant cambriolé les armoires des vieilles archives au Ministère de Bruxelles, les valets de Guillaume y ont trouvé les rapports anodins des généraux Ducarne et Jungbluth, et ils ont cru pouvoir ainsi dénoncer a 1'Univers entier qu'ils tenaient la preuve fde la duplicité du Gouvernement Beige qui avait conclu des conventions secrètes avec 1'Angleterre. L'Auteur anonyme des "Lettres ouvertes au Peuple Beige", brandii a son tdur avec joie un opuscule publié il y a 25 ans, par un certain Major Girard, ayant appartenu a 1'armée Beige; ce Major a écrit qu'en cas de guerre entre 1'Allemagne et la France, 1'Autriche et 1'Italie se rangeraient du cöté de 1'Allemagne, que la Russie serait avec la France, et que 1'Angleterre serait 1'alliée du groupe Italo-Germanique ou qu'elle observerait une neutralité bienveillante a son égard; il a prétendu en outre que 1'Allemagne avait le droit de passage par la Belgique, que notre pays avait a redouter 1' annexion ou le partage, et a annoncé d'autres prophéties a la fagon des voyantes. J'estime que sa seule prophétie au sujet du groupement des puissances, indique la valeur qu'il faut attacher a eet écrit, mais pour faire justice des avis du Major Girard, je rappellerai simplement ce que "Le Procés de la Neutralité Beige' d'Emile Waxweiler en dit: "Mr. Girard n'appartient plus a 1'armée beige: vingt cinq "ans avant la guerre, il avait déja été unanimement stigf "matisé au Parlement et, en Aoüt 1891, un journaliste re; "produisit a son sujet 1'opinion d'un ancien membre du "gouvernement: " "Le Major Girard, disait celui-ci, mène une campagne "absolument antipatriotique, indigne d'un ancien officier.," "Mais que voulez-vous que les neutreS sachent de tout cela? "Ils n'ont retenu qu'une chose, c'est qu'un "Major Beige" a "des idees favorables a certaines thèses allemandes. De "pareils moyens disqualifient une polémique." L'Allemagne peut faire la paix .... si elle veut. Tous les écrits et toutes les brochures allemands n'onc pour but que d'égarer les neutres, de décourager et de diviser les beiges, mais, de même que la diplomatie allemands est la plus maladroite de 1'Europe, de même les moyens dont se servem les teutons, sont les plus grossiers qu'on puisse imaginer. Ainsi le Philanthrope anonyme écrit encore dans ses "Lettres ouvertes au peuple Beige": "D'autre part ,on m'affirme (mais je ne donne cette affir"matlon que sous toutes réserves) que des propositions de "paix auraient été faites il y a un mois d Berlin, par la "France et par la Russie, mais auraient été repoussées comme " inacce ptables. "II d.oit y avoir un fond de vérité dans ces affirmations, "puisqu'a la Chambre des Seigneurs de Prusse, le Chancelier "a déclaré il y a quelques jours "que l'Allemagne pourrait, "dès maintenant, conclure facilement la paix avec la France "et avec la Russie.... si elle le voulait." Les boches ont encore la spécialité de renverser les róles, d'attribuer leurs vilénies aux autres, comme nous 1'avons vu si souvent en Belgique lorsque, pour avoir 1'occasion d' incendier ou de piller, les soldats de la Germanie cultivéo criaient: "Man hat geschossen" et qm'ils avaient eux-mêmes tiré des coups de fusil. Voyez ici ce teuton qui dit qu'il ne' sait pas si c'est vrai que la France et la Russie aient fait des propositions de paix, mais pourtant cela doit bien être vrai, puiqu'un autre boche 1'affirme a la Chambre des Seigneurs de Prusse; une partie de la déclaration citée du Chancelier est exacte, notamment que 1'Allemagne pourrait dès maintenant conclure facilement la paix avec Ia France et avec la Russie, et même avec rAngleterre, si elle le^ voulait: elle n'a qu'a se rendre, pieds et poings liés aux Alliés, et s'en remettre a leur générosité sans conditions, et la paix serait vite conclue. Mais que lAllemagne aurait rec;u des propositions de paix de la France et de la Russie, non, c'est decidément trop peu sérieux. C'est le contraire qui est vrai, et tous les pays du monde savent aujourd'hui qu'a diverses reprises, Guillaume a fait tater le terrain par le Pape et par d'autres personnalités éminentes, pour tacher de pouvoir entamer des négociations de paix, mais toutes ces tentatives ont éte dedaigneusement repoussées par les Alliés, qui ne veulent — et de juste — entrer en aucuns pourparlers, avant que 1'ennemi ne soit réduit k leur merci. Du reste, dans un de ses derniers discours, le Chancelier de 1'Empire a encore déclaré du haut de la tribune du Reichstag, que les Allies refusaient obstine- ment d'entamer des négociations de paix, et cette déclaration la a certes une autre valeur que celle de 1'auteur anonyme que je démasqué. Spécialement en ce qui concerne la question de la paix, ni les neutres, ni les Beiges, n'ont besoin d' être égarés: les journaux quotidiens de tous les pays prennent soin de tenir le monde au courant de la débacle prochaine de 1'Allemagne; les armées des deux empires centraux sont tous les jours honteusement battues par les superbes troupes du Czar: sur tout ce front immense qui s'étend depuis Riga jusqu'aux frontières des plaines de Hongrie; les vaillantes troupes frangaises tiennent a Verdun depuis plus de cinq mois, malgré les renforts que le Ivronprinz y fait amener journellement, et oü il envoie inutilement^ ses soldats a la boucherie; sur le front de la Somme oü les allemands s' étaient renforcés depuis prés de deux ans, oü chaque village et chaque ferme étaient tranformés en forteresse, sur ce front que les boches prétendaient absolument imprenablp, ils sont depuis quelques semaines en pleine déroute, refoulés journellement par 1'admirable offensive Anglo-frangaise et ils y laissent des millieurs de prisonniers et des centaines de canons entre les mams des Alliés et des milliers de morts sur le terrain. II y a quelques jours a peine, un officier Bavarois, fait prisonnier, a déclaré que dans un des derniers combats a la Somme, de tout son régiment comptant 3500 hommes, il en est resté a peine.500. Et 1'offensive des Alliés ne fait que s'étendre! De plus, le spectre de la famine commence a menacer 1' Allemagne, grace a 1'énergique blocus anglais, et rien ne pourra plus la sauver de ce fléau, de sorte que dans un avenir rapproché, les Alliés auront remporté une doublé victoire sur leur ennemi, qui sera battu économiquement et par les armes. Pas de |jaix avant la victoire définitive Non, non, pas de paix avant 1'écrasement de 1'ennemi cominun. Tous, Anglais, Frangais, Beiges, Russes, Italiens, Serbes, nous sommes animés des mêmes sentiments, de la même volonté de persévérer jusqu'au bout dans la voie dans laquelle nous nous sommes engagés. Non, présomptueux teutons, les Alliés resteront fraternellement unis jusqu'au bout de la route ardue, comme nos vaillants soldats sont déja fraternellement tombés cöte a cöte, et ce serait faire injure a nos glorieux morts que de conclure une paix hybride avec 1'ennemi qui a mis le monde a feu et a sang. Non, ce n'est pas pour conclure une paix boiteuse avec 1'hydre au casque pointu, que des millions de jeunesses ont été fauchées brutalement; nous, petit peuple Beige, nous avons lachement ét^ attaqués premiers, et c'est nous qui insistons auprès de nos Alliés pour qu'aucune paix ne soit conclue avant que 1 ennemi ne soit complètement terrassé, car nous craindrions que Ie sol de notre cher pays, qui a été arrosé du sang de* nos glorieux fils, ne nous brüle les pieds, si nous devions cesser la lutte avant que les envahisseurs et les bourreaux de notre chère Bëlgique n'aient été chassés du dernier oom de notre Patrie. Les Alliés ont été unis dans la souffrance et le combat, comme nos héros disparus sont unis dans la mort, et nous resterons unis jusqu'au triomphe final. Non, point de paix avant ce moment* la. et nous serions même tentés de faire de la propagande dans tous les pays neutres, afin de faire comprendre aux pacifistes de tout calibre, que les Alliés ne voient pas d'un bonoeil leur intrusion dans nos affaires. En effet, les pacifistes du monde entier se sont tus comme des carpes, lorsque lAllemagne a envahi et inutilé la Belgique et lorsque lAutriche a massacré la Serbie, mais tout cela se passait encore au moment oü 1'on croyait les Austro-Boches invincibles; cependant aujourd'hui oü la marée tourne, et oü les boches descendent rapidement la pente gracieuse qui mène a la débacle, il se produit des pacifistes partout; qu'ils comprennent donc, quelque louable que soit peut-être leur intention, que leur intervention au moment oü 1'Allemagne désire et a besoin de conclure la paix, parait suspecte aux yeux des Puissances Alliées, qui se chargent, au nom de 1'Humanité toute entière, de chatier ceux qui bnt cru pouvoir impunément violer le Droit et la Justice. Beiges, courage et patience! Que le lecteur me pardonne si je me répète, mais je désire avant tout faire comprendre a mes chers compatriotes qu'ils doivent s'armer encore et de courage et de patience; déja le radieux soleil de la délivrance commence a! monter a l'horizon, la victoire est absolument certaine, et quelques mois a peine nous séparent encore du beau jour oü les cloches de nos temples sonneront a- toute volée pour annoncer au monde entier l'he.ure de la libération. Je sais bien qu'en pays occupé, quelques officiers de Guillaume et quelques fils de teutons font encore semblant de croire a leur victoire et continuent leurs beuveries aux cris de "Deutschland iiber Alles", mais c'est du bluff allemand, admirablement rendu par le crayon satirique de Louis Raemaeckers, qui nous fait voir entre autres un dessin montrant un soldat allemand k 1'allure vigoureuse, mais empoigné par trois autres soldats plus vigoureux encore: un russe, un anglais et un frangais. L'allemand crie a son chef: "Commandant, j'ai fait trois prisonniers." — "Bravo, répond 1'óf- ficier, emmenez-les ici." - "Mais, ils ne veulent pas me lacher!" réplique piteusement le soldat au casque pointu. i Et c'est tout-a-fait le bluff germanique:. nous tenons les allemands de tous cótés, et encore ils bluffent devant le monde pour égarer les neutres et les beiges, pour égarer leur propre peuple et pour tacher de se faire illusion a eux-mêmes. Mais nous les tenons décidément, car si quelques-uns en pays occupé chantent encore victoire, d'autres ont plus de franchise, et ici en Hollande oü se réfugient quantité de déserteurs allemands qui passent la frontière et oü ils se savent en liberté et a 1'abri du knout, ils font des décla;rations qui prouvent combien 1'esprit a changé dans les rangs allemands: tandis que dans les troupes des Alliés 1'enthousiasme des soldats augmente journellement avec les victoires remportées sur tous les fronts, que le moral de nos hommes est. même meilleur qu'au début de la guerre et monte en raison directe des succès remportés, dans les rangs de 1'ennemi la situation inverse se produit: Le découragement en Allemagne. Le soldat y est découragé, car la vérité et les nouvelles des défaites parviennent, malgré tout, jusqu'a lui; on lui avait promis qu'il irait a Paris, a Galais, même a Lond es, or depuis plus de 22 mois il se trouve devant 1'Yser qu'il n'arrive pas a passer malgré les efforts répét:és, il connait les pertes immenses subies a Verdun, les fuites desordonnées des troupes austro-allemandes sur le front Russe, il a connaissance des échecs subis partout, il souffre lui-même de la faim, tandis qu'il apprend que les siens restés en Allemagne sont menacés de famine, et il n'est pas étonnant que dans ces conditions les nombreux déserteurs allemands déclarent que le fil de fer barbelé, le long de la frontière hollandaise, y a été placé j3our eux, et que si 1'occasion de passer était plus facile, des désertions en masse se produiraient. II est même étonnant que les soldats allemands ne se révoltent pas et ne refusent pas purement et simplement de se battre plus longtemps. L'enthousiasme commence a s'user, non seulement dans les trouoes allemandes, mais parmi de peuüle lui-même, et le désir de la paix grandit journellement dans toute 1' Allemagne; jamais il n'y a eu autant de pacifistes boches qu'aujourd'hui et leur nombre ira en augmentant tous les jours. Nous lisons dans "La Belgique" de Rotterdam du 10 juillet dr : "La Gazette de Cologne" apprend de Berlin qu'un grand "nombre de sommités appartenant a la science, a 1'industrie, "au commerce et a 1'agriculture, ont formé un Comité Na"tional qui se donnera pour tache de répandre parmi lepeunle "allemand une opinion uniforme au sujet d'une paix honorable "out etabli que les opérations militaires cles allemands s'ac"compagnaient d'assassinats en masse, de pillage de villes "entières, de masgacres prémédités d'hommes, de femmes et d enfants. d incendies de villes industrielles et prospères, "cl0 violation et de sacrifices de monuments précieux. Ce "fut une bonte de tous les instants, par laquelle les allemands 'ont dépassé tout ce qui s'est commis pendant la guerre de t rente ans. Jamais le souvenir de ces évènements ne s'ef"facera de la mémoire des Beiges, ni du blason de 1'Al"lemagne. ( "Les Alliés doivent aux Beiges une reconnaissance incom-^mensurable pour la résistance offerte aux allemands. Et le "moral de ceux des Beiges qui sont demeurés au pays n'est pas moins admirable. ^ Encore au mois de mai de cette année, le gouverneur alIemand en Belgique a signé un nouveau décret pour ap"pliquer la. loi avec plus de rigueur que jamais aux ouvriers "qui refusent de travailler pour 1'ennemi. Cette dernière ^ mesure mit le comble a la politique d'oppression a ou^trance que les allemands imposent a ces hommes indompt tables qui continuent a refuser d'être les complices de 1' "asservissement de leur peuple. . "En Angleterre, poursuivit M. Asquith, nous suivons ces faits avec attention. Nous ne pouvons jamais les oublier. ' Nous réparerons les injusticés commises! ,.v,"Au nom du PeuPle anglais, M. Asquith invita 1'assemblée t>a; envoyer un message en Belgique. II pria les Beiges présents de faire savoir a tous leurs compatriotes que c'est leur ^ exemple aui a fortifie et enthousiasme les armées alliées; ^que les Alliés partagent leurs souffrances et admirent leur patience et leur courage pro'fondément; et que, 'lorsque ,','1'heure de la délivrance viendr i car elle sOnnsra bientól „le fait d avoir participé a rendre sa liberté et ion indé„PeP. ance au PeuPle du monde qui y avait les droits les plus t mcliscutables, demeurera pour lAngleterre un souvenir éternellement glorieux."' Restons unis! Mais en attendant cette fin de guerre terrible, restons, etroitement unis, car 1't nion fait la Force, bannissons de notre esprit tout ce qui peut nous diviser, pour ne songer cju'a ce qui nous unit ; laissons 1'ennemi s'évertuer a appliquer chez nous son principe "divide et impera", et montrons lui que tant qu'il sera chez nous, tant qu'il souillera de sa présenoe notre sol sacré', il p'arrivera pas a nous diviser; que tant qu'il restera sur ,terre deux Beiges, qu'ils soient flamand.s ou_ wallons, ou catholiques, libéraux ou socialistes, ils seront unis pour venger les crimes commis par les allemands sur une population paisible et pacifique. Restons unis pour combattre les criminels qui, non contents d'avoir ravagé et martyrisé notre chère Belgique, songent encore a 1'annexer, afin de ruiner et d'épuiser complètement notre Patrie pour la punir de s'être faite le champion du Droit et de 1'Honneur, pour la punir de s'être montrée rebelle au joug de 1'envahisseur, mais dussions nous être exposés a ne retrouver qu'une 'Belgique toute en cendres depuis la Mer du Nord jusqu'aux Fagnes de Liège, nous accepterions ce sort la,'plutöt que de devoir plier sous le joug de 1'envahisseur, car Beiges nous sommes jusqu'au fond de 1'ame, et Beiges nous resterons jusqu'a la mort. C'est nous qui annexerons. ■ Mais pourtant Guillaume et sa clique doivent sentir que leur rêve d'annexion est fini pour eux: on annexera, oui, mais c'est la Belgique qui annexera une partie de la Germanie a qui on appliquera la peine du talion; la Belgique annexera pour le moins la bande de territoirs qui longe notre frontière Est, car cstte population, quoique vivant sous le lourd talon boche, est apparentée a la Belgique et toutes ses ^ sympathies vont a notre pays de Liberté et de Loyauté; la " justice immanente se tournera ainsi contre ceux qui avaient juré notre perte, qui avaient décidé de nous arracher notre indépendance pour nous réduire a 1'état d'esclavage. Et malgré que la criminalité de 1'Allemagne saute aujourd'hui aux yeux de tous, malgré que des écrivains allemands reconnaissent a présent que le but de 1'Empire allemand en provoquant la guerre n'était autre que d'établir sa domination bur 1' Europe, maintenant que la position de la Germanie devient de jour en jour plus chancelante, il se rencontre des pacifistes pour se réunïr en congrès, et pour se prononcer ouvertement contre toute acquisition territoriale contraire au \ oeu des habitants du territoire que voudrait annexer 1'un quelconque des belligérants. II est assez surprenant de voir des neutres s'efforcer d'intervenir avec des mots dans un débat oü, seuls, ceux qui ont fait le sacrifice de leur sang ont a intervenir, et on se demande d'oü leur vient leur soudaine sollicitude pour 1'agresseur qui bientöt sera le vaincu. Avec beaucoup d'a propos,. "La Belgique" de Rotterdam demande a ces pacifistes s'ils ont protesté: 1° lors de la guerre Hispano-Américaine, lorsque les Etats- Unis ont annexé les Philippines? 2° ont-ils protesté après la guerre des Boers? 3° ont-ils protesté après la guerre Russo-Japonaise 4° ont-ils protesté eontre 1'annexion de la Bosnie-Herzégovine ? 5° ont-ils protesté après la guerre Italo-Turque ? 6° ont-ils protesté après la première guerre des Balkans? 7° ont-ils protesté après deuxième guerre des Balkans^? Non! Dès lors, pourquoi veulent-ils intervenir maintenant, faire le jeu de ] Allemagne,- et empêcher les Alliés d'appliquer a cc pays félon le juste chatiment de ses forfaits ? Ce sont ces forfaitures qui ont complètement modifié la mentalité du Beige qui était pacifique, doux et bon. tandis que les crimes allemands, impardonnables et inoubliables, ont fait germer en nos coeurs des idéés de haine et de vengeance. Le poids de ces sentiments sera lourd a porter, mais le mal qui nous a été fait est si incommensurable, que nous croirions manquer au plus élémentaire de nos devoirs, si nous ne mettions pas tout en oeuvre pour transmettre ces sentiments a nos fils, et aux fils de nos fils, jusqu'aux générations futures. Nous estimons que, dans la mesure du possible, ces sentiments doivent même trouver désormais leur expression dans nos lois, notamment en ce qui concerne le séjour en notrfe pays des sujets appartenant aux pays avec lesquels nous avons été en guerre, en leur rendant ce séjour difficile, si pas absolument impossible, en leur refusant dorénavant la naturalisation, et par d'autres mesures que notre législature examinera sans doute en temps utile. La Chanmbre de- Commercie de Paris vient déja d'étudier la question, et a soumis un projet a la législature frangaise, projet que nous ferons bien d'étudier minutieusement en Belgique. Le retrait de la naturalisation. Pourtant, 1'expérience nous a appris que 1'espionnage est élevé en Allemagne au rang d'une institution nationale, et plus spécialement a Anvers,. oü ces espions attitrés — appartenant a tous les degrés de 1'échelle sociale — étaient a 1'oeuvre, nous avons pu nous rendre compte des conséquences néfastes de 1'intrusion de ces milliers de teutons. Ici encore, la lumière nous vient de France, et le Garde des Sceaux de la République Frangaise a déposé sur le bureau de la Chambre des députés un projet de loi relatif au retrait de la naturalisation. Nous avons été trahis et dupés une fois, et il faut que non seulement nous prenions des mesures pour ne pas 1'être une seconde fois, mais il faut des mesures d'épuration, pour nous débarrasser de tout ce qui, de prés ou de loin, touche a cëux qui nous ont vendus. Déja aujourd'hui, les naturalisés qui se sont enrichis en Belgique et plus particulièrement a Anvers, au détriment de nos nationaux, s' agitent, et comptent que notre gouvernement fera encore preuve de magnanimité vis-a-vis d'eux, comme on 1'a fait les premiers mois de la guerre. Et cependant, qu'étaient ces alIemands et autrichiens naturalisés qui vivaient chez nous, sinon encore de vrais allemands et autrichiens, malgré leur naturalisation: ils avaient leurs écoles allemandes, leurs thé- atres allemands, leurs sociétés allemancles,' leurs eglises allemandes, leurs fournisseurs allemands, ils continuaient a causer allemand entre eux et autant que possible avec les autres, ils élevaient leurs enfants en allemand, bref, ils n' avaient aucune attaché avec la société beige qui ne les intéressait guère, si ce n'est pour 1'exploiter et pour en tirer tout ce qu'elle pouvait leur donner, aucune attaché avec la Patrie Beige dont ils avaient cependant sollicité la naturalisation. Ces naturalisés formaient véritablement un Etat dans 1'Etat, leurs notables étaient a la tête de toutes les fêtes allemandes, la date de la naissance de 1'Empereur, le 27 janvier, était fêtée en grande pompe, et tous les naturalisés y poussaient des Hoch, Hoch, et des Deutschland über Alles sans fin, alors que pour eux, la fête du Roi-Héros, du Roi-Soldat, de notre glorieux Roi Albert, passait inapergue. La plupart d'entre eux étaient souscripteurs a 1'Emprunt de Guerre allemand, et aujourd'hui que nous savons a quoi 1'argent de eet Emprunt a dü servir, nous estimons que ces souscripteurs naturalisés doivent être accusés du crime de trahison en vers notre Patrie. L'esprit de la naturalisation est que le naturalisé fait de son pays adoptif sa nouvelle Patrie, s'y consacre entièrement, adopte ses usages et ses rnoeurs, en un mot tache de se 1' identifier autant que possible, mais ces idéés de sincérité' et de loyauté n'entrent pas dans un cerveau allemand. Celuici ne se fait généralement naturaliser que pour des raisons pécuniaires ou avec d'autres arrière-pensées, mais il n'en reste pas moins sujet allemand, car la loi du 22 juillet 1913 permet a un allemand de se faire naturaliser dans un autre pays, sans perdre sa nationalité d'origine. Le Baron Beyens, notre Ministre a Berlin avant la guerre, écrit que 1'acquisition d'une autre patrie est considérée par la nouvelle législation allemande comme une naturalisation fictive, dont 1'intéressé n'a pas a se préocuper, du moment qu'il entend au fond de son coeur rester allemand et qu'il a obtenu de 1' autorité compétente de son Etat d'origine, 1'autorisation écrite de conserver sa nationalité, sur 1'avis conforme du Consul d' Allemagne. Même les descendants de naturalisés, établis sur territoire étranger, peuvent rester allemands. Ori voit ainsi par quels moyens méprisables, 1'Empire Allemand a consolidé sa position partout dans le monde, et c'est grace a ces moyens que ces milliers de teutons ont pu abuser de la large hospitalité qu'ils rencontraient chez nous. Aussi espérons-nous qu'une des premières mesures que notre Gouvernement prendra a sa rentrée en Belgique, sera le travail d'épuration auquel nous faisons allusion, afin que nous puissions respirer un air pur et sain, et non un air vicié par le contact de cette meute teutonne. "campagnes, un seul sentiment étreint les coeurs: le patrio"tisme, une seule vision emplit les esprits: notre ^dépendance compromis®; un seul devoir s'impose a nos volontés: "la résistance opiniatre. " Dans ces graves circonstances, deux vertus sont indis"pensables: le courage calme, mais ferme, et 1'union intime "de tous les Beiges. " L'une et 1'autre viennent déja de s'affirmer avec éclat sous "les yeux de la nation remplie d'enthousiasme. " L'irréprochable mobilisation de notre armée, la multitude "des engagements volontaires, le dévouement de la population "civile. 1'abnégation des families ont rnontré, de fagon indé"niable, la bravoura réconfortante qui transporte le peuple "Beige. Le moment est aux actes. " Je vous ai réunis, Messieurs, afin de permettre aux Cham"bres législatives de s'associer a 1'élan du peuple dans un "même sentiment de sacrifice. " Vous saurez prendre d'urgence, Messieurs, et pour la "guerre et pour 1'ordre public, toutes les mesures que la "situation comporte. Quand je vois cette assemblée frémissante, dans laquelle "il n'y a plus qu'un seul parti, celui de la patrie, oü tous "les coers battent en ce moment a 1'unisson, mes souvenirs "se reportent au Congrès de 1830 et je vous dem^nde, Messieurs : Etes-vous décidés, inébranlablement, a maintenir in"tact le patrimoine sacré de nos ancêtres? " Personne dans ce pays ne faillira a son devoir. " L'armée forte et disciplinée est a la hauteur de sa tache: "mon Gouvernement et moi-même nous avons pleine confiance "dans ses chefs et dans ses soldats. " Attaché étroitement a la population, soutenu pfer elle, le "Gouvernement a conscience de ses responsabilités et les as"sumera jusqu'au bout avec la conviction réfléchie que les ef"forts de tous, unis dans le patriotisme le plus fervent, le plus "généreux, sauvegarderont le bien suprème du pays. " Si 1'étranger, au mépris de la neutralité dont nous avons "toujours scrupuleusement observé les exigences, viole le ter"ritoire, il trouvera tous les Beiges groupés autour du Sou"verain, qui ne trahira jamais son serment constitutionnel, et du "Gouvernement investi de la confiance absolue de la nation "tout entière. J'ai foi dans nos destinées; un pays qui se défend s'impose "au respect de tous: ce pays ne périt pas. Dieu sera avec nous dans cette cause juste. Vive la Belgique indépendante!" Peuple Beige, courage jusqu'au bout, inspirez-vous de 1'exemple de nos vaillants et glorieux soldats qui ne connais- REPÖNSE Dl BELGE AUX "LETTRES OÜVERTES Aü PEIIPLE BELGE". PAR J^OUIS y ERHAEGEN. £tte brochure se vend au profit de l'peuvre: " i ?°u du jviutilé. 64 Typ. IST.V. Expl. Maatsch. yan Dagbladen, Pbinsegracht 16, Den Haas. mie 1030 k ALBERT lER ROI DES BELGES „Un seul sentiment étreint les coeurs : le patriotisme; une seule vision emplit les, esprits : notre indépendance compromise ; un seul devoir s'impose a nos volontésï la résistance opiniatre." Paroles de S.M. le Roi Albert. REPONSE BI BELGE AUX 'LETTRES OUÏERTES lil PEUPLE BEL6E PAK J^OUIS "Y" ERHAEGEN, Typ. N.V. Expl. Maatsch. yan Dagbladen. Prinsegracht 16, Den Haag. 1916. AVANT-PROPOS. Cette brochure n'a nullement la prétention dun ouvrage littéraire, car je ne suis guère littérateur. Ma carrière jusqu'ici a été remplie par mes affaires d'Exportation qui équivalent a une lutte pacifique de tous les jours, et la situation que j'occupais dans la Garde-Civique d'Anvers, cette Ecole patriotique par excellence, et oü j'eus 1'honneur de remplir depuis 16 ans le grade d'Adjudant Major de Régiment, jusqu'a ce qu'a la date fatale du 7 Octobre 1914, lorsque la Garde-Civique a été licenciée, je dus déposer les armes. Un de mes fils est tombé au champ d'Honneur, j'en ai encore deux au front; par amour pour ma Patrie, je mange moimême 1'amer pain de 1'exil depuis prés de deux ans; c'est dire que je suis patriote de coeur et d'ame. Si j'ai écrit ces lignes, c'est que j'estime que chacun de nous a le devoir de défendre son pays contre la médisance et les accusations calomnieuses dont 1'accablent les bourreaux de notre chère Belgique, et parmi ces calomnies figurent les deux pamohlets "LETTRES OU VERTES AU PEUPLE BELGE" que je veux démasquer. Ces calomnies monstrueuses, répandues en Belgique par nos ennemis sans scrupule, pourraient y avoir fait du tort, tant au loyalisme de notre gouvernement et de la population, qu'a rhéroïsme de notre Glorieux Souverain et <5e nos vaillants Soldats. J'ai donc voulu être utile a mon bien-aimé pays, qui souffre sous le joiig tyrannique de 1'oppresseur félon. Puisse mon modeste travail désabuser ceux qui ont lu les pamphlets calomnieux et contribuer a maintenir haut et ferme le moral et le courage de mes chers compatriotes. L'auteur. Réponse d'un Beige AUX Lettres ouvertes au peuple Beige. Introduction. Le hasard m'a fait tomber entre les mains deux brochurettes intitulées respectivement "LETTRE OUVERTE AU PEUBELGE" et "2de LETTRE OUVERTE AU PEUPLE BELGE" et signées par un Philanthrope qui se dit Beige. La lecture de ces publications, dont 1'auteur se cache sous 1'anonymat, a révolté tout mon être, et moi qui suis Beige de coeur et d'arne, j'ai bondi sous 1'outrage fait a mon Roi et a ma Belgique chérie dans les quelques pages de ces deux "LET TRES OUVERTES" et j'ai aussitót résolu de répondre au tissu de mensonges et de calomnies qu'elles constituent. Quoique des plumes plus autorisées que la mienne aient déja fait justice de toutes les médisances et de tous les mensonges, accumulés par les allemands contre ma chère Patrie et mes compatriotes, j'estime qu'il est du devoir de chacun dé nous d'apporter sa pierre — si modeste soit elle - a la construction de 1'édifice de la défense de notre honneur, et de confondre les calomniateurs toutes les fois que 1'occasion^ s'en présentera, car de même que nos ennemis ne cessent de tacher de jeter le discrédit sur notre Belgique chérie et de mettre sa droiture et sa loyauté en doute, de même notre défensö doit se répéter constamment et la réfutation de toutes ces erreurs voulues ne saurait se faire trop souvent. Le lecteur voudra bien m'excuser si dans cette Réponse mon langage ne conserve pas toujours la mesure qu'il faudrait, mais inon coeur déborde de ressentiment et de haine contre les envahisseurs et bourreaux de ma Patrie et je ne veux pas mettre un frein a 1'élan de mon coeur. L'auteur des Lettres ouvertes au Peuple Beige se cache sous 1'étiquette anonyme de Philanthrope, paree qu'il connait Sans doute la sympathie des Beiges pour tout ce qui touche a la philanthropie et a la charité, et il se dit qu'avec le prénom de Philanthrope et notre nom de familie de Beige qu'il a drapeau teuton, emblême de la brutalité, de 1'arbitraire et de la tyrannie. Les allemands essaient d'exciter les Beiges contre les Anglais. Sournoisement,■ 1'auteur des Lettres ouvertes au Peuple Beige insinue que 1'Anglais calculateur ne veut se servir de ses alliés qu'a son avantage, mais ici encore la réfutation de cette calomnie est facile: Et si toute la colère de 1'Allemagne s'est tournée contre 1'Angleterre, c'est paree que les germains savent bien que l'intervention du Royaume-Uni dans cetle guerre est le coup de grace pour l'Empire: les pièces diplomatiques de fin juillet et commencement aoüt 1914 nous démontrent, clair corame le jour, le noble róle de 1'Angleterre dans cette guerre mondiale, et son vaillant Roi, de même que ses principaux hommes d'Etat, ont fait des efforts surhumains pour tacher d'éviter la guerre et de maintenir la paix a tout prix. Je sais que 1'intrigue allemande est infatigable et que les teutons ont intérêt a exciter partout le sentiment public contre l'Angleterre, car même ici dans la libre Hollande, oü cependant la population voit d'un oeil impartial les évènements qui se déroulent a quelques pas de ses frontières, même ie', influencée par 1'intrigue incessante des teutons, une ]>artie de cette population c?lme et neutre, estime que "1'Angleterre est cause de töut." Demandez cependant a oeux qui avancent cette errèur en quoi ou pourquoi l'Angleterre est cause de tout, et ils ne sont plus en mesure de répondre: c'est 1'intrigue allemande qui par les rnenées de ses agents qu'on rencontre ici partout —dans les cafés, dans les trains, devant les locaux des journaux oü les télégrammes du jour sont affichés — fait petit a petit son chemin, et j'estime qu'ici aib si nous avons le devoir de déraciner cette erreur, non seulement auprès des Beiges, mais également auprës des neutres. L'Angleterre combat pour la liberté du monde. L'Angleterre ne combat pas seulement poür sa propre existence et pour celle de la Belgique et de ses Alliés, mais elle combat aussi pour les neutres, elle combat pour ï'humanité toute entière, elle combat poür la liberté du monde. Aucun pays d'EUrope n'a fait pour cette gueri'e les sacrifices énonnes que l'Angleterre a consentis, non seulement pour elle-même, mais aussi pour les autres, tant en matériel qu'en argent et en hommes: l'Effort Britannique. L'effort anglais peut être qualifié de surhumain, et en examinant ce que cette puissante nation a fait dans les divers domaines, on reste stupéfait devant les résultats que la volonté d'un peuple énergique peut obtenir en un laps de temps relativement court. Notre compatriote Mr Jules Destrée, Membre de la Chambre des Représentairts de Belgique, a écrit a ce sujet un livrè remarquable: "L'effort Britannique", et qui démontre la contribution de 1'Angleterre a la Guerre Européenne depuisaoüt 1914 jusqu'en février 1916. La lecture de ce livre est une véritable révélation pour tous ceux qui n'ont pas suivi de prés tout ce que le peuple anglais a fait depuis le début de cette guerre, a commencer par la preuve, basée sur les pièces diplomatiques, que 1'Angleterre n'a pas voulu la guerre, et n'eut été la violation de la Belgique, on ne sait pas si elle aurait été entrainée dans cette guerre, ni a quel moment elle y aurait participé. Mais 1'Allemagne ayant voulu la guerre malgré tout, 1'Angleterre s'est mise en devoir de se défendre elle-même, et de remplir son röle de garant de la neutralité Beige, et elle s'est en quelque sorte improvisée puissance militaire. l'Effort Naval. Mr Destrée nous parlant de l'effort naval des Anglais, réfutc 1'objection de ceux qui disent: "Mais que fait-elle, la flotte anglaise?" II renverse en quelque sorte la question et se demande ce qui serait arrivé si la flotte anglaise n'avait pas été aux cötés des Alliés. Poser cette question, c'est la résoudre, car si la flotte anglaise n'avait pas été la, les ports frangais, portugais, italiens et autres, étaient a la merci de 1'Allemagne, et le blocus qui finira par réduire nos ennemis, n'aurait jamais pu se faire sans la suprematie na,vale de 1'Angleterre; cette suprématie a chassé le commerce allemand de toutes les mers, et assuré par contre le commerce et le ravitaillement de nos divers Alliés, yjnsi que des neutres. , Mr Destrée nous montre ensuite les*pertes des flottes anglaise et allemande comparées jusqu'en février 1916, ces pertes pour le cöté anglais se chiffrant par: 37 navires de guerre de diverses dimensions, avec un tonnage d'environ 271.500 tonnes tandis que les pertes de la flotte allemande se chiffrent par: 63 batiments de guerre de diverses dimensions avec un tonnage d'environ 265.000 tonnes. L'Allemagne a donc perdu un plus grand nombre d'unités de combat que 1'Angleterre, quoique le tonnage de part et d'autre se balance plus ou moins; les allemands ont cependant encore perdu un nombre considérable de sous-marins, de sorte qu'en fin de compte les pertes sont désastreuses pour nos ennemis, tandis que celles de 1'Angleterre, oü croiseurs et torpilleurs se comptent par centaines, n'affectent nullement la puissance de la flotte Britannique. La bataille navale de Jutland a fin Mai dernier dans laquclle 1'Amiral Jellicoe a une fois de plus démontré 1'incontestable supériorité de la flotte anglaise, a encore été un désastre pour la flotte allemande qui, après avoir subi des pertes dont elle ne sle relèvera plus durant le cours de cette guerre, a dü fuir devant son ennemi redoutable et rentrer précipitamment dans ses ports d'attache. Honneur, trois fois Honneur a la vaillante et glorieuse marine Britannique! l'Effort Militaire. Mais si 1'Angleterre a déja fait des choses admirables sur mer, son armée de terre, telle qu'elle est constituée actuellement, tient du miracle: Je salue avec émotion et respect la mémoire de feu le Ministre de la Guerre Lord Kitchener, qui a péri le 5 juin dernier dans la castastrophe du "Hampshire", victime du devoir, étant envoyé en mission militaire en Russie; la mort tragique de ce brillant officier est une perte irréparable non-seulement pour le Royaume-Uni, maïs pour tous les pays Alliés. C'est Lord Kitchener qui a fait de TAngleterre une puissance militaire de premier ordre, c'est lui qui a fait, comme sortir de terre, cette valeureuse armée anglaise forte aujourd'hui d'environ 5.000.000 d'homL mes, de ces beaux soldats anglais, héroïques, bravant la mort, et se rendant aux tranchées et au champ de bataille avec le même calme_ et le même flegme que s'ils allaient a une partie de sport. Oü est le temps oü le teuton ijrésomptueux traitait 1'armée anglaise de "petite et méprisable armée"? Aujourd'hui le géant allemand a a décompter avec cette nouvelle armée vaillante qui s'est dépensée partout sans compter, et qui continue a se sacrifier journellement avec un heroïsme farouche, car Tommy a juré d'abattre le Boche, et il tiendra parolé. Non-seulement les impututations calomnieuses des allemands et pro-allemands que les Anglais veulent tirer profit de leurs Alliés, sont archi-fausses, mais je prétends qu'aucun pays n'a fait depuis Te début de cette guerre les sacrifices que la Grande Bretagne a déja faits et fait encore journellement: Plus de 10% de sa population est aujourd'hui sous les armes, et combat partout avec les Alliés: Dès le début de la guerre, les brillants soldats anglais étaient en Belgique, et personnellement je me rappelle 1'enthousiasme de la population Anversoise lorsque, dans les premiers jours d'Octobre 1914, les premiers soldats anglais passaient par les nies d' Anvers, en route pour les forts extérieurs de cette place. Depuis lors 1'armée anglaise s'est vaillamment battue en Belgique, en France, oü encore aujourd'hui c'est elle qui a entamé 1'offensive a la Somme, elle est a Salonique, a Gallipoli, en Egypte, en Mésopotamie, etc. et la preuve du sacrifice oonsidérable consenti par lAngleterre, nous est encore fournie par "1'Effort Britannique" dont nous extrayons les chiffres suivants des pertes anglaises jusqu'au 9 Décembre 1915: en Flandre et en France: Tués Blessés Manquants Total. Officiers 4.829 9.943 1.699 16.471 Soldats 77.473 241.359 52.685 371.517 387.988 aux Dardanelles: Officiers 1.667 3.028 350 5.045 Soldats 24.535 72.781 12.194 109.510 114.555 Autres Théatres de la Guerre: Officiers 871 694 100 1.665 Soldats 10.548 10.953 2.518 24.019 25.684 Totaux 119.923 338.758 69.546 = 528.227 II est certain que dès le début de la guerre, 1'Angleterre qui n'avait jamais disposé d'une forte armée, ne pouvait pas mettre en ligne les masses immenses, comportant des millions d'hommes que nous rencontrons dans les autres grands pays militaires, et c'est pourquoi nous ne saurions assez répéter que 1'effort britannique, sous ce rapport, tient du prodige. Et ce qui est plus admirable encore, c'est que toutes, les colonies Anglaises — sur la défection desquelles 1'Allemagne avait tant compté — ont spontanément et avec ethousiasme, embrassé la cause de la Mère Patrie, elles se sont solidarisées avec elle, et leur élan, dès la première heure, a été superbe: le Canada, 1'Australië, la Nouvelle Zélande, les Indes Anglaises, ont envoyé des contingents considérables de volontaires qui se sont enrölés par patriotisme; même 1'Afrique du Sucl a donné 1'exemple d'un enthousiasme tel que 1'Angleterre elle-même peut-être, ne se sera pas attendue a y rencontrer une telle émulation; les Boers, non contents d'avoir vaillam- ment contribué a écraser les troupes allemandes en Afrique Méridionale, ont encore envoyé des régiments entiers en Europe TEffort Industriel. Mais les sacrifices de 1'Angleterre ne se bornent pas la: Rien de ce que 1'Allemagne a fait, ne saurait être comparé a ce que la Grande Bretagne a réalisé pendant les douze derniers mois: Au début de la guerre on avait créé en Angleterre 11 arsenaux nouveaux. Aujourd'hui ce nest plus 11, mais 90 arsenaux qui ont été construits. La production en canons et en mortiers a été augmentce de quelques centaines pour cent. En octobre 1914 il y avait 184.000 femmes occupées dans les industries de guerre; a présent elles sont 660.000. En 1914 Ie total des ouvriers de cette industrie était de 1.198.600; il est aujourd'hui de 3.500.000. l'Effort Financier. En dehors des sacrifices prodigieux dont je viens de parler, n'oublions pas le "nerf de la guerre" dont 1'Angleterre est si généreuse: malgré ciue ce pays soit si immensément riche, les sommes énormes nécessaires pour conduire une guerre comme celle a laquelle nous assistons, exige des sacrifices tout aussi grands, mais tant le Gouvernement que les particuliers, ont donné avec une générosité sans pareille. Les dépenses journalières que la guerre entraine, montent pour la Grande Bretagne a en\iron £ 6.000.000, soit plus ou moins cent cinquante m'illions de francs par jour: chiffre fabuleux, qui, rapproché de la longue durée de la guerre actuelle, suffit a lui seul pour démontrer 1'immensité cle la charge financière que s'impose 1'Angleterre. Et malgré cela, ce pays avance encore a ses divers alliés les milliards dont ils ont besoin a leur tour, pour pourvoir aux frais immenses causés par cette lutte sans fin, et la générosité du public anglais trouve encore des millions pour secourir les Beiges. l'Aide a la Belgique. . Je ne puis m'empêcher de citer ici le passage que Mr Jules Destrée consacre dans "l'Effort Britannique" spécialement a ce que les Anglais ont fait pour nos compatriotes: "Un Beige qui a assisté au lamentable exode de ses con"citoyens en Angleterre, en octobre 1914, se doit de marquer "ici, en quelques lignes, la reconnaissance infinie qu'il garde a "ce noble pays. Deux cent mille Beiges environ, chassés par 'Tinvasion et 1'atroce fac-on dont les allemands faisaient la "guerre, arrivèrent a Londres en cohues pitoyables, dénués "de tout, n'ayant rien pu emporter de leurs foyers ravages. "Tous trouvèrent dans le Royaume Uni la plus cordiale hospi"talité, comme 1'avaient aussi trouvée en France leurs frères "fuyant devant les hordes teutonnes. On les 'accueillit comme "des amis et des héros; on mit a leur disposition le logement, "la nourriture, les vêtements, 1'argent de poche, avec une dé"licatesse affectueuse particulièrement touchante. "Quelques chiffres, a titre d'exemples, suffiront a donner "une idéé des souscriptions volontaires des Anglais en faveur "de la Belgique: La souscription ouverte par un journal, le "Daily Telegraph pour mettre, a 1'occasion de la Noël de 1914, "un fonds a la disposition du Roi Albert, s'est élevé a "£ 150.000 (Frs. 3.750.000); celle des dons anglais pour les "soldats beiges (British Gifts for Belgian soldiers) a £17.000 "(Frs. 425.000); celle des fonds beiges d'assistance (Belgian "relief fund, National fund for Relief in Belgium, War Refugee "Gommittee) dépasse £ 2.000.000 (Francs 50.000.000) Et il "en est bien d'autres dont le détail sera consigné dans des "livres commémoratifs. Et il en restera bien d'autres dons "encore, modestes et discrets, d'autant plus touchants, qu'on "ne connaitra jamais! "Depuis, le nombre des réfugiés en Angleterre a sensible"ment décru; certains sont retournés en Belgique, d'autres "sont partis a 1'aventure, par le monde. La plupart de ceux "qui restent ont trouvé des emplois et se sont établis d'une "manière stable. Tous, quoiqu'il advienne, se souviendront "toujours, avec émotion, de la fagon dont 1'Angleterre leur "ouvrit a la fois sa bourse et son coeur, dans les terribles "jours de la grande épreuve." Les 'quelques pages qui précédent auront démontré, j'espère, les sacrifices immenses faits par 1'Angleterre, pour elle-même et les Nations Alliées, et comme Beige, je suis heureux de pouvoir ajouter que ce peuple loyal emporte non seulement toute notre admiration, mais a droit a toute notre reconnaissance. Prétendu droit de Passage par la Belgique. Le Philanthrope imposteur se donne beaucoup de mal pour tacher d'expliquer au peuple Beige "qué 1'Allemagne avait "le droit de passer par la Belgique, que le droit de passage "innocent est du d toutes les nations avec lesquelles on vit "en paix, et ce devoir s'étend aux troupes comme aux parti"culiers." Ce "droit de passage innocent" sous la plume d'un teuton est magnifique! Ce passage "innocent" me fait songer aVisé, a -Aerschot, a Dinant, a Tamines, a Termonde, oü le sang — innocent celui-la — de milliers de vieillards, de femmes et d'enfants Beiges, a coulé a flots. Le calomniateur anonyme des "Lettres ouvertes" écritqu'en agissant comme elle 1'a fait, 1'Allemagne a usé purement et simplement de sqn droit! Non, l'Allemagne n'a pas usé purement et simplement dun droit, elle a abusé purement et simplement de sa force, et la preuve du crime commis par elle en violant la neutralité de la Belgique se trouve dans la déclaration faite le 4 aoüt 1914 au Reichstag par le Chancelier de 1'Empire, lorsque dans un moment de franchise que, depuis lors, il aura bien des fois regretté, il déclara: "N,os troupes ont occupé le Luxembourg et ont peut-être "déja pénétré en Belgique. Cela est en c,ontradiction avec "les régies du droit des gens. "...Naus avons été forcés de passer outre aux protestations "justifiées des Gouvernements luxembourgeois et beige. L' "injustice, je le dis ouvertement, l'injustice que tious commet"tons de cette fagon, nous la réparerons dès que notre but "militaire sera atteint." Donc des déclarations absolument formelles: la violation de la neutralité beige est contraire au droit des gens, c'est une injustice que l'Allemagne commet, mais néanmoins elle passé outre aux protestations "justifiées" du Gouvernement Beige. Le Chancelier, le représentant direct de 1'Empereur, le déclare sans la moindre réserve, et si eet Empire parjure avait eu un atóme de "droit de passage" par la Belgique, il se serait prévalu de ce droit et se serait bien gardé de faire des déclarations aussi catégoriques que celles que je viens de rappeler. Cela seul constitue 1'accusation la plus formidable contre l'Allemagne, qui n'a jamais essayé de se servir de ce prétendu argument de "droit de passage"; ce sont des plumitifs sans vergogne et sans aucune valeur qui ont jeté ce nouveau brandon de discordes dans le débat, et quoique, comme je viens de le dire, les seules déclarations du Chancelier de 1'Empire suffiraient a le réfuter, cette question de droit a été traitée de main de maitre dans 1'admirable ouvrage "La Belgique Neutre et Loyale" de feu Emile Waxweiler, Directeur de 1'Institut de sociologie Solvay a I'Université de Bruxelles et Membre de 1'Académie Royale de Belgique : La neutralité Beige. Les cinq grandes puissances, 1'Angleterre, la France, 1' Autriche, la Russie et la Prusse dont l'Allemagne est 1' héritière, ont établi par le traité de 1839,^ art 7, que la Belgique serait un Etat neutre k perpétuité, et cette Neutralité perpétuelle ou permanente met eet Etat hors de toutes les guerres quelconques. Le traité de 1839 oblige donc la Belgique a rester neutre, mais oblige aussi par contre les puissances qui ont consacré cette neutralité, a la respecter et même a la défendre par les armes, si la Belgique était attaquée soit par 1'un des co-signataires du Traité, soit par un «autre Etat quelconque. II découle de ces obligations réciproques que 1'Etat neutre doit défendre sa neutralité, et la convention de La Haye du 18 Octobre 1907 stipule: d l'Art. 5: qu'une puissance neutre ne peut laisser passer a travers son territoire les troupes ou même les convois d'un belligérant, et d l'Art. 10: ne peut être considéré comme un acte hostile, le fait par une puissance neutre de repousser, même par la force, les atteintes a sa neutralité. Du reste, la neutralité de la Belgique une fois violée par les allemands, notre pays avait, de par le Traité de 1839, 1'obligation envers la France, 1'Angleterre et la Russie, de s'opposer par tous les moyens, au passage des troupes allemandes, car il est certain que si nous avions^ toléré ce passage, les armées frangaises et anglaises auraient a leur tour envahi notre pays, auraient traité la Belgique en ennemie, et dans ce cas la, c'en aurait été fait non-seulement de notre Liberté et de notre Indépendance, mais aussi de notre Honneur. D'ailleurs,. ce n'est pas seulement le Devoir qui nous a commandé d'agir comme nous 1'avons fait, mais le souci de notre Honneur aussi nous a fait prendre cette attitude, car avec un Souverain comme notre bien-aimé Roi Albert, qui est 1'incarnation même de la Loyauté et de 1'Honneur, le cheminque nous avions a suivre, du moment que nous étions lachement attaqués, ne pouvait laisser de doute pour personne. Tous les arguments, quelqu'insensés qu'ils soient, sont^bons pour 1'auteur anonyme des "Lettres ouvertes" pour tachef de tromper et d'induire en erreur les quelques rares Beiges qui auront lu ses élucubrations; ainsi je relève encore cette phrase: "Oü donc était l'intérêt de la Belgique de faire cause com"mune avec nos voisins du Sud? Notre devoir était d'obser"ver une stricte neutralité, comme la Suisse et la Hollande." Remarquez, cher lecteur, que 1'auteur anonyme qui n'est autre qu'un teuton, parle de "nos voisins du Sud", "notre devoir", etc, uniquement pour donner le_ change a oeux qui le lisent et pour ticher de produire 1'impression qu'il est Beige, mais eet agent provocateur allemand ne trompera personne: ses movens sont trop lourds et trop grossiers et découvrent immédiatement le caractère germain brutal et maladroit. L'intérêt de la Belgique de faire cause commune avec nos voisins du Sud et avec 1'Angleterre, nous a été imposé par 1'Allemagne qui a envahi et mutilé notre pauvre Belgique, car si nous n'avions pas été lachement attaqués par les hordes questions qui peuvent tendre a grandir et è. fortifier notre chere Belgique. L Allemagne jalouse de ses voisins. L auteur des Lettres ouvertes", en bon teuton qu'il est estime qu n ne pouvait convenir d l'Allemagne de se laisser ^ecraser par la Russie d'ici d deux oti trois ans, quand l' ^empire Moscovite aurait complèté son ornement, et de quel aroit voulions nous, Beiges, empêcher l'Allemagne de régler ses comptes avec la Russie, avec la France qui n'a iamais (ibandonne ses idees de revanche, et avec l'Angleterre iablouse de voir s accroltre sans cesse la puissance maritime et comme rciale allemande Mais les Beiges ne voulaient nullement empêcher la Germame de regler ses comptes avec qui que ce fut, les Belg-es voulaient simplement, comme c'était leur droit et leur devoir empecher les hordes teutonnes d'envahir leur territoire et de venir y semer la destruction et la mort. Si la barbare Allemagne estimait avoir des comptes a régler avec ses voisins dont elle etait jalouse, c'était son affaire, mais elle avait a sa S1&nature Qui se trouve au bas du Traité de 1839 et a respecter notre neutralité, mais du moment qu'elle sest attaquee a notre pays dont les frontières devaient lui etre sacrees, nous 1'avons regue comme on regoit le camDnoleur qui veut penétrer dans votre maison: la vaillante conduite de notre glorieuse armée a Liège —oü les hordes germaines sont tombées comme des mouches — en est la preuve; le boche a paru tout surnris de notre résistance et des coups que nous lui avons infligés, et avec sa mentalité toute speciale ü aura dit maintes fois en parlant du BeigeCet animal est fort méchant: Quand on le frappe, il se défend. L Allemagne voulait la guerre avec la France et la Russie. Mais les fameux comptes a régler avec la Russie, la France e lAngleterre, ne sont que des mots: L'Allemagne a joué le role de ventable agent provocateur, paree qu'elle voulait la guerre a tout prix, non pas avec l'Angleterre, mais seulemen^ avec la Russie et la France. L'Allemagne aurait au contraire voulu que l'Angleterre restat neutre, et c'est ce ciui est prouve par les offres faites par le Chancelier de 1'Empire a bir h (Toschen, Ambassadeur de la Grande Bretagne a l>erlm, le Chancelier en effet offrit, en cas d'un conflit avec,la France, et qu'il se terminfit a 1'avantage de 1 Allemagne, de garantir 1'intégrité du territoire frangais, tout en ne prenant aucun engagement au sujet des Colonies frangaises, ce qui veut dire en d'autres mots, qu'en cas d'une avec 1'Autriche, guerre avec la France. Or, les études et les préparatifs^ de 1'Allemagne pendant ces dernières années, auraient dü ouvrir les yeux aux autres puissances d'Euvope, et leur dire que ce pays de mauvaise foi manigangait de nouveau quelque chose a sa manière, comme c'était réellement le cas% mais leurs craintes et leurs méfiances, quelquefois mises en éveil, ont pu être endormies chaque fois sous les hypo'crites protestations pacifiques de Guillaume. Entretemps 1'Allemagne travaillait a 1'ombre, sans relache, s'armait jusqu'aux dents, préparait en silence tous ces engins barbares que nous avons vus a 1'oeuvre depuis lors, pour tomber ensuite a 1'improviste sur son adversaire, comme le brigand attend le soir 1'inoffensif passant au coin d'une rue et le terrasse avant qu'il ait eu le temps de se mettre en garde. Car toute la fagon cle guerroyer des allemands sent le brigandage: depuis' le lache ultimatum nous laissant a peine quelques heures de nuit, heures tragiques, pour délibérer, jusqu'aux Zeppelins ne servant qu'a tuer femmes et enfants, aux sous-marins coulant en pleine mer des navires die commerce sans défense et portant des centaines de passagers non-combattants, tels que le "Lusitania" et d'autres, aux gaz asphyxiants, aux jets de liquides inflammables, aux balles dum-dum, etc, tous moyens plus barbares les uns que les autres, et qui dépeignent parfaitement le caractère du teuton. C'est avec ces moyens-la, que toute THumanité réprouve, que 1'Empereur des barbares a cru pouvoir surprendre ses adversaires, car il fallait surprendre la France et la Russie, et ne pas leur laisser le temps de respirer. Le coup était parfaitement prémédité, et nous en trouvons la preuve dans le Livre du Général von Bernhardi,, 'L'Allemagne et la prochaine guerre," qui était devenu le credo de rAllemagne, mais que moi je qualifierais volontiers d'acte d'accusation contre 1'Allemagne; nous lisons dans cetouvrage criminel, sur lequel j'aurai 1'occasion de revenir, cette déclaration: "D'une fagon ou de 1'autre, il faut que nous réglions nos "comptes avec la P'rance pour avoir les mains libres dans "notre politique mondiale. C'est la première condition et la "condition indispensable d'une saine politique allemande et "puisque 1'hostilité frangaise ne peut être éliminée une fois "pour toutes a 1'amiable, eh bien! que cela se fasse par la "force des armes. II nous faut abattre la France de telle sorte "qu'elle ne puisse jamais plus nous barrer le chemin." L'aveu est brutal et dénué de tout artifice, mais si 1'on se dit que le livre du Général von Bernhardi a été écrit en 1913, donc un an avant la guerre, on acquiert la certitude que 1' Allemagne voulait cette guerre, coüte que coüte, et que si un prétexte ne se présentait pas promptement, on en aurait cherché ou provoqué un; von Bernhardi dit en effet encore, après avoir rappelé les guerres antérieures de son pays: "Aujourd'hui nous sommes a la veille de prendre une "décision plus importante." Devant le Tribunal impartial de 1'Histoire, tout cela prouvera la préméditation du peuple allemand et lui ;-era compté coinme circonstanoe aggravante des crimes et des souillures dont il s'est couvert. Vis-a-vis de la Russie, les déclarations sant moins catégoriques, mais néanmoins l'Allemagne a suivi d'un oeil inquiet la réorganisation de 1'armée Russe, 1'augmentation de sa flotte et de son artillerie, le développement de son réseau de chemin de fer et de ses voies stratégiques, et comme en 1916 ou 1917' tout ce travail gigantesque aurait été achevé, il fallait frapper un grand coup, et tacher d'abattre promptement la France, comme le dit von Bernhardi, pour se retourner ensuite avec toutes ses forces contre la Russie. L'Allemagne a voulu régler ses comptes avec ses deux voisins de 1'Est et de 1'Ouest; le reglement commence a se faire actuellement a la Somme et en Bdcovine, mais nous doutons qu'il se fasse comme les Germains 1'avaient cspéré. L'appétit vorace de l'Allemagne. A tout propos l'Allemagne parle de l'Angleterre jalouse, mais cette jalousie anglaise est une légende qu'il faut déraciner, et les allemands ne la mettent constamment en avant que pour que 1'on ne songe pas a leur propre jalousie^ qui les brüle, car c'est d'un oeil d'envie qu'ils regardent les Colonies des autres pays, 1'Angleterre, la France et même la petite Belgique. L'Angleterre et la France ont mis des siècles a assurer et consolider leur domaine colonial, et l'Allemagne qui n'a réalisé son unfté que depuis 1870 après avoir dépouillé la France de deux de ses plus belles provinces, 1'Alsace et la Lorraine, voudrait aujourd'hui écraser complètement cette France afin de lui voler ses colonies et tacher de se hausser a la hauteur de l'Angleterre, qui y passerait a son tour si on ai'arrêtait a temps l'Allemagne insatiable. De cette jalousie de l'Angleterre est né en Germanie le rève de la "Weltpolitik" ou Politique Mondiale. ; L'Allemagne, non contente di'avoir réalisé son unité qui faisait d'elle la première puissance du continent, non contente d'avoir pu en 40 ans donner a son commerce et son industrie un essor sans autre exemple dans 1'histoire, et, ce grace aux milliards frangais de 1870, non contente d'avoir déversé un torrent de teutons dans tous les pays du monde et dans les colonies des autres, non contente d'avoir elle-même des colonies magnifiques a 1'Est, a 1'Ouest et au Sud- Ouest d'Afrique, ainsi qu'en Chine et en Oceanie, veut encore s'accaparer des colonies de ses voisins, et cela nullement par besoin, mais pour la simple gloriole, uniquement par jalousie et pour tacher d'égaler la puissance coloniale Britannique. Elle parle avec envie du Canada, de 1'Australie, de 1' Egypte, de Malte, de Chypre, de Gibraltar, des Indes, de l'Afrique du Sud, et des autres colonies et protectorats anglais, de même que des belles colonies frangaises, et des protectorats de ce pays! L'Algérie, la Tunisie, Ie Tonkin, rindo-chine, Madagascar, et le Congo F rangais la brülent de jalousie, et quand on lit les auteurs allemands, on sent la rage qui les ronge a 1'idée que la France, battue par 1'Allemagne, a su néanmoins s'élever au rang de seconde puissance coloniale du monde. Notre Congo. Même le Congo, qui est échu en partage a la Belgique, est 1'objet de ses convoitises, et ici encore, rAllemagne ayant a faire a un petit Etat faible, a de nouveau, cyniquement, fait preuve de la plus insigne mauvaise foi: après avoir versé des larmes de crocodile, paree que lors du dernier partage) de l'Afrique, 1'Allemagne ne trouva pas son comote, le Général von Bernhardi écrit: "La petite Belgique, Etat neutre, prit possession d'une "partie relativement considérable et d'une grande valeur." et plus loin le même auteur militaire ajoute: "Lorsque la Belgique fut déclarée neutre, personne certaine"rnent n'a pensé qu'elle revendiquerait pour elle-même une ^grande et précieuse part de l'Afrique. II est permis de se "demander si la neutralité n'a pas été lésée déja par cette "acquisition." Vous voyez la tendance, lecteur, et il est certain que, considérant que "rAllemagne et la prochaine Guerre" de von Bernhardi constitue 1'Evangile de tout bon teuton, on a dü être bien prés de se dire en Allemagne, que la Belgique comme Etat neutre, n'avait pas le droit de posséder le Congo et qu'il fallait le lui enlever. C'est du reste a quoi tendait 1'Allemagne, malgré que 1'Etat du Congo ait été déclaré neutre par les actes du 26 Février 1885, et que cette même Allemagne eüt reconnu 1'annexjon du Congo a la Belgique sans faire la moindre réserve au sujet de sa neutralité; mais que sont pour ce pays des engagements ou des traités, si ce n'est des chiffons de papier! A diverses reprises le gouvernement allemand a sournoisement entamé avec la France des négociations pour le partage du Congo, les teutons trouvant que cette Colonie était une charge trop lourde pour nos épaules, mais chaque fois ces propositions malhonnêtes pour nous dépouiller de notre belle Colonie Africaine, ont été repoussées par la France loyale, qui n'a pas voulu se prêter a ces marchandages honteux. Rien cependant ne rébute le boche qui revient constamment a la charge, et a propos de notre Congo, nous trouvons encore une hypocrisie jusque dans 1' ultimatium brutal qui, en date du 2 Aoüt 1914, fut remis a Mr Pavignon, Ministre des Affaires Etrangères. Cet ultimatum était rédigé en allemand et voici le texte de son art I: "Deutschland beabsichtigt keinerlei Feindseligkeiten gegen "Belgien Ist Belgien gewillt, in dem bevorstehenden Kriege, "Deutschland gegenüber eine wohlwollende Neutralitat ein"zunehmen, so verpflichtet sich die deutsche Regierung, beim "Friedensschluss Bésitzstand und Unabhangigkeit des Kö"nigreichs in vollem Umfang zu garantieren." C'est-a-dire que si la Belgique consentait a prendre vis-a vis de 1'Allemagne une attitude de neutralité amicale, le gouvernement allemand s'engageait, au moment de la paix, a garantir 1'indépendance et 1'intégrité du Royaume, mais dans ce texte, on ne dit pas un mot de notre colonie, et nous clevons supposer que cette omission a été intentionnelle, vu que cela cadre entièrement avec les vues allemandes: Le gouvernement allemand voulait, au moyen de ce texte formel, se réserver une porto de sortie, et nous dire, lors de la conclusion de la paix, en cas d'une issue heureuse de la guerre pour lui, que 1 ultimatum ne parlait pas de notre colonie, et que par conséquent on nous la confisquait sans autre forme de procés, et les boches auraient trouvé mille raisons pour justifier cette confiscation. Comme je 1'ai, du reste, dit dans un chapitre antérieur, c'est de la même fagon que 1'Allemagne voulait agir vis-a-vis de la France, lorsqup Mr. von Bethmann-Hollweg déclara a 1'Ambassadeur de la Grande Bretagne a Berlin que le gouvernement Impérial n'avait pour but aucune acquisition territoriale aux dépens de la France, mais qu'il ne pouvait prendre aucun engagement au sujet des Colonies Frangaises. Mais le comble de 1'outrecuidance, pour ne pas 1'appeler d'un nom moins parlementaire encore, est atteint par le Philanthrope anonyme des "Lettres Ouvertes", lorsqu'il a le cynisme d'écrire les lignes suivantes, qui découvrent son origine teutonne et qui prouvent qu'en bon germain ciu'il est, il épouse les idees de von Bernhardi et ses adeptes au sujet de la spoliation de notre Congo. II dit notamment: "Maris, épouses, tnères, frères, soeurs, fiancées, amis, je "vous en conjure, au- nom de ce qui vous reste de vos chères "affections, au nom de l'humanité, demandez la paix d l'Al"lemagne, demandez t,out au moins, d pouvoir adresser au "chef de ses armées une supplique pour l'obtention d'un "armistice. Guillaume II ne voudra pas abuser de sa victoire "vis-a-vis d'un petit peuple, que les nécessites de sa politique "l'ont obligé d'écraser Offrons le Congo comme rangon "de notre indépendance. "Qui sait si lors de la conclusion de la paix, en supposant le "triomphe de 1'Allemagne, cette attitude ne nous vaudra pas glaises, en sont la preuve, et si ce commerce a pu se développer d'une manière aussi gigantesque, c'est grace a la liberté dont il a toujours joui partout. Les autres pays qui entretiennent un commerce maritime considérable, les EtatsUnis, la trance, lltalie, la Hollande, les pays Scandinaves, etc, se plaignent-ils d'entraves apportées a la liberté du trafic maritime ? Des mots boches, des dérivatifs teutons, et pas autre chose. En ce qui concerne 1'argument que les allemands doivent trouver de la place pour leur surpopulation, il est aussi peu fondé que les antérieurs, car l'Allemagne possédait de magnifiques colonies trés étendues en Afrique, en Océanie et en Chine, mais ce n'est pas de ces cótés la que se dirigeaient les émigrants quittant les rives de la Sprée ou les plaines de Poméranie ou de Silésie, ces colonies essentiellement allemandes ne recevaient que quelques fonctionnaires et quelques négociants avec leur personnel pour trafiquer avec les noirs; les colons allemands se dirigeaient de préférence vers les pays des autres, et avec 1'instinct d'infiltration qui les caractérise, ils allaient, a 1'époque oü 1'émigration allemande battait son plein, s'établir par villages entiers aux Etats-Unis, au Brésil, en République Argentine, en Australië, oü ils allaient — tout comme chez nous en Belgique — tacher de supplanter les nationaux et intriguer au profit de la mère-patrie. Et pourtant, les auteurs allemands se plaignent et crient de toute la force de leurs poumons "Haro sur le baudet" lorsque des sujets d'autres nationalités viennent s'établir en Allemagne; ainsi von Bernhardi ne se gêne pas pour écrire: "L'Allemagne elle-même est exposée a une "invasion pacifique continue des ouvriers slaves. De nom"breux Polonais ont fixé leur domicile en plein coeur de la "Westphalie. On ne s'oppose aujourd'hui que faiblement a "ce tor rent." L'invasion pacifique des sujets teutons dans les autres pays doit être admise, mais on doit s'opposer \a 1'émigration étrangère en Allemagne! Toujours chez le boche 1'histoire de la paille et de la poutre; et pourtant si nous considérons ce qui s'est passé en Belgique, c'était plus qu'une invasion pacifique, c'était un torrent impétueux de boches que rien n'arrivait a endiguer, et tout ce monde venait s'implanter chez nous — ouvriers, commis et employés, boutiquiers, négociants, médecins, etc - obséquieux et rampant d'abord, hautain et arrogant ensuite; or, si nous avons pu constater cela par nous-mêmes en Belgique, il est certain que la même chose s'est passée dans les autres pays d'Europe et dans les pays d'outremer. Je viens de dire avec intention: "a 1'époque oü 1'émigration allemande battait son plein", car sous ce rapport aussi la situation a bien changé durant ces dernières années: en "qui assure a 1'empire un avenir de sécurité. Le Comité se "propose d'exclure les opinions unilatérales." Les socialistes de 1'opposition de leur cöté. avec la franchise qui les caractérise, viennent de manifester également contre la guerre, et "La Métropole" de Londres du II Juillet dr. reproduit leur manifeste, qui a été publié dans le journal allemand le "Volksrecht" et dont voici le texte: "Ce qui devait arriver est désormais arrivé: la famine "règne a Leipzig, Berlin, Charlottenbourg, Brunswick, Mag"debourg, Coblentz, Osnabruck ainsi que dans beaucoup d' "autres villes. Partout il y a des scènes tumultueuses causées "par les gens affamés et le gouvernement a répondu a ces "manifestations par 1'état de siège. M. de Bethmann-Hollweg "accuse 1'Angleterre du crime de vouloir affamer 1'Allemagne; "le gouvernement allemand n'aurait-il pas dü prévoir que "pareil fait surviendrait, dès 1'instant qu'il était en conflit: "avec la Russie, la France, et 1'Angleterre elle-même? "La guerre est un crime, et le blocus économique que ces "trois puissances nous font n'en est que la continuation. "D'autre part, pourquoi le gouvernement allemand a-t-il fait "une politique impérialiste, en entrant en conflit avec tous "les Etats et provoqué finalement la guerre mondiale en "n'aya'nt pour alliées qu'une Autriche dégénérée et qu'une "Turquie en banqueroute. Du reste, après ce crime, le gouvernement allemand en a commis un autre en ne prenant "aucune mesure pour enrayer Ia pénurie des vivres. "Si le peuple avait connu de suite la situation réelle, son "enthousiasme Dour la guerre eüt vite disparu. Car on 1'a "trompé en lui affirmant que, s'il tenait jusqu'au bout, 1' "Allemagne dicterait la paix et dominerait le monde. On a "également surpris sa bonne foi en lui disant qu'avec da'jl "sous-marins on pourrait contraindre 1'Angleterre a se rendre, "tandis qu'en réalité la guerre sous-marine ne peut susciter "que de nouveaux ennemis a 1'empire. On nous a laissé sup"poser qu'une avance dans les Balkans amènerait des vivres "en grande auantité. C'est faux, attendu qu'en Asie et a "Constantinople la population manque aussi de vivres. "A présent, on veut faire patienter la population avec la "prochaine récolte: ce qui est une nouvelle tromperie. Depuis "vingt-deux mois de lutte deux récoltes ont été consommées, "de même aue de grandes réserves de bétail, de sucre et "autres produits se trouvant dans le pays au début de la; "guerre. En outre, tout ce qui se trouvait dans les pays "occunés a été également réquisitionné et finalement ce qui "fut imoorté des pays neutres. Tous ces vivres ont été con"sommés en vingt-deux mois. Actuellement il ne reste plus "rien dans les pays occupés." Cette pièce a une grande importance, en ce sens qu'elle est la preuve que la vérité commence a se faire jour en Al- lemagne même, et quoiqu'au début d'Aoüt 1914 tous les socialistes de 1'Empire aient unanimement voté tous les crédits de guerre, oe sont eux qui aujourd'hui dessillent les yeux du public de leur pays, en lui montrant combien ila été trompé par les dirigeants prussiens et par le parti de lfci guerre. Les Alliés iront jusqu'au bout Teut cela sont évidemment des motifs pour que les Alliés redcublent de vigueur dans toute leur action, et c'est ce qu'ils sont bien décidés a faire, comme nous en trouvons 1'affirmation dans leg discours des différents Ministres dans les pays de nos amis. Dans un interview avec un correspondant du Chicago Daily News le 10 Mai dr., Sir Edward Grey a encore répété que la conférence proposée par 1'Angleterre a 1'Allemagne en juillet 1914, ou la conférence de la Haye proposée par le Czar de Russie, aurait pu aplanir le litige en huit .jours, mais comme 1'Empire Germanique a repoussé toutes ces propositions tendant a éviter une guerre fratricide, les Alliés sont bien décidés a aller jusqu'au bout, et de ne pas rriettre fin a cette guerre, avant que 1'esprit de demination qui règne encore parmi la caste prussienne ne soit complètement brisé. De plus, Sir Edward Grey a déclaré que la promesse d'Asquith au sujet de la restauration de la Belgique et de la Serbie sera tenue, que les Alliés combattent pour 1'égalité des citoyens devant la loiet pour la paix, qu'ils veulent en Europe une paix durable et qui soit garantie ccntre toute guerre d'agression. Des déclarations analogues« ent été faites par les Ministres Frangais, Italienset Russes, et par conséquent tous les pacifistes du monde auront beau s'agiter pour arriver a une paix boiteuse, rien ne sera fait avant l'écrasement définitif du militarisme prussien. Les Alliés garantissent l'intégrité et l'indépendance de la Belgique C'est pourquoi c'était pour nous, Beiges, tout a la fois un réconfort et un stimulant, que d'apprendre qu'en Février dernier, les* représentants de la France, de 1'Angleterre et la Russie ont formellement déclaré au Ministre de Belgique, qu'ils ne déposeraient les armes que lorsque notre cher pays aurait été complètement restauré dans son intégrité et son indépendance. Les représentants de 1*1 talie et du Japon ont de leur cöté formellement adhéré a cette convention. Peuple Beige, ne vous laissez pas égarer* par les faux apótres du pacifisme, car ce sont ou des agents attitrés de 1'Allemagne et payés par celle-ci pour faire de la propagande pacifiste, ou bien ce sont des neutres qui se sont abstenus de nous soutenir effectivement par les armes lorsque nous avons été lachement attaqués, et nous devons leur faire comprendre poliment, mais énergiquement, que nous désirons seuls régler la question de la paix entre nous Alliés, et les Empires du Centrc avec leurs complices, comme nous avons seuls dü nous défendre contre eux, et les neutres n'ont pas qualité pour intervenir, ou bien encore ce sont de mauvais patriotes, des dégénérés, qu'il convient de clouer au pilori, et, sur le point de saisir la proie qu'ils ont eu tant de peine a atteindre, les Alliés n'entendent pas se la laisser arracher. Non, chers concitoyens, pas de paix pour le moment; nous avons déja tant souffert par le crime odieux dont -avons été la victime, que nous pourrons bien encore subir quelques mois d'épreuves et prolonger encore quelque temps notre ténacité; 1'heure de la délivrance sonnera d'autant plus vite. Ténacité et courage partout: tant au front oü notre sublime et vaillante armé'e continue a susciter 1'admiration du monde, qu'en pays occupé, oü le .peuple Beige doit rester fier et insoumis et dédaigner tout contact avec 1'oppresseur, qu'a 1'étranger oü le Beige, bourgeois ou ouvrier, continuera sans murmurer et sans se plaindire, a subir les privations qu' entraine 1'exif et a travailler dans la mesure de ses moyens a 1'oeuvre de la libération. Ayons une confiance illimitée dans nos Alliés .pour qui les conventions et les traités ne sont pas des chiffons de papier, car ils nous rendront bientót notre chère Belgique plus grande et plus belle que jamais. . Discours vibrant de Mr. Asquith. Mr le Ministre Asquith, a 1'occasion de la fête Nationale de Belgique Je .21 juillet dernier, a encore prqnoncé a Londres un vibrant discours qui est certainement un réconfort pour nous, et j 'ai la conviction que ses admirables paroles trouveront unc^ écho dans les coeurs de tous les Beiges. Je ne puis résister a la satisfaction de reproduire une partie de ce discours, et Mr Asquith, après avoir rappelé que les opérations militaires allemandes ont été systématiquement suivies de meurtre et de pillage au détriment de la population beige, continue: "L'Angleterre ne 1'oubliera pas et a assumé la tache d' "assurer la restauration de la Belgique. "C'est 1'exemple de la Belgique qui a animé et fortifié les "armées des peuples alliés. "Mais bientót sonnera 1'heure de la délivrance! "La résistance de la Belgique contre 1'agression allemande "n'a pas son pareil dans 1'histoire des petits Etats, depuis "les temps antiques oü Athènes et Sparte luttaient contre la "Perse. Les débuts surtout ont été effroyables. Les faits II faut chatier les traitres. C'est avec un véritable soulagement que le peuple Beige a appris que notre Gouvernement vient d'instituer une Commission qui aura pour mission de prendre des mesures contre les beiges dégénérés qui, par la plume ou par la parole, ont trahi les interets de la Patrie, qui ont essayé d'empoisonner notre population par des journaux ou des brochures irh,mcncles, comrne les "Lettres ouvertes au Peuple Beige", ou qui, par des discours antipatriotiques, se sont employés au detriment de la cause beige, et celui qui a un coeur vraiment beige battant dans sa poitrine se réjouira a cette nouvelle. Aussi avec "La Belgique" de Rotterdam, nous ne pouvons qu'applaudir a cette décision et souhaiter que cette Commission ait la main ferme, car son action décisive et loyale soulagera la conscience indignée de nos compatriotes. II faudra chatier les auteurs de brochures et d'articles de journaux infames qui ont eu pour but de prendre la défense de l'enyahisseur de notre patrie mutilée, qui ont cherché a endormir le courage et la persévérance de notre patriotique population. II faudra chatier ceux — fonctionnaires ou autres — qui par lacheté ou jpar vénalité, ont épousé la cause de nos ennenns, ou leur ont prêté un appui ou un encouragement quelconque. II faudra chatier les misérables qui ont aidé nos maïtres du moment a serner la division parmi nous, Ou qui ont recherché leurs faveurs, sous quelque forme que ce soit. II faudia chatier surtout ceux d'entre les beiges qui, tombant sous 1'application des lois de milice, n'ont" pas répondu a 1 appel de leur Roi et ont préféré laisser les autres se ,..aiJe trouer la peau a leur place. C'est contre ces laches qu ïl faudra sevir avec la dernière rigueur, et quoiqu' heureusement, ils^ soient peu nombreux, les conseils de guerre ne sauraient être assez sévères a leur égard. Ces êtres méprisables, tant ceux qui séjournent encore en pays neutre, que ceux ^ qui ont repassé la frontière après la publication des arretes les appelant sous les drapeaux, rougiront sans cloute en songeant a leur vaillant Souverain, notre immortel Koi Albert qui a payé de sa noble personne, qui par son glorieux exemple a suscite des légions de héros, ils rougiront sans doute en songeant a leurs camarades de 1'immortelle epopee de Liege, de Haelen, de 1'Yser qui ont montré a tous comment. savent combattre et mourir les soldats patriotes qui se sacnfient pour le salut de leurs concitoyens, ils rougiront sans doute lorsqu'a la fin des évènements tragiques actuels ils devront continuer a vivre en exil pour ne pas sub(ir la peine que merite leur lacheté, ou s'ils rentrent dans notrjs chere Belgique, ils devront rougir devant les membres du conseil de guerre qui seront pour eux sans pitié, ils devront rougir journellement en devinant sur les lèvres de leurs concitoyens les épithètes de "lache" et de "déserteur" ils devront rougir pour leurs enfants, ils devront rougir iusqu'a leur dernier jour pour expier leur félonie envers la Patrie. Conclusion. Et vous, chers concitoyens, qui devez vivre en pays oecupé, sous le lourd talon boche, exposés sans cesse aux vexations et aux persécutions d'un ennemi sans scrupule, continuez a braver la tyrannie et tout son cortège, continuez, malgré le, joug du vainqueur temporaire, a vous montrer rebelle et" insoumis, et a lui prouver que le Beige ne plie pas Jei genou. Vous aurez ainsi contribué a soutenir 1'oeuvrc de vos frères, de vos fils, de vos époux, de vos fiancés, qui, ia-bas, aux bords de 1'immortel Yser exposent constamment leur existence pour le salut de tous, qui lut^tent jour et nuit pour 1'écrasement de la tyrannie et le triomphe du Droit et de la Liberté, qui lutten't sans trève ni repos pour la délivrance de notre chère Belgique, qui luttent jusqu'a la mort pour le Roi et la Patrie. Je tiens a rappeler ici le beau et vibrant discours prononcé par le Roi Albert a la Réunion des Chambres Beiges, le 4 Aoüt 1914, paree que cette harangue patriotique nous tragait notre devoir et la conduite que nous avions a tenir pendant le cours des graves évènements qui se préparaient a ce moment la, et c'est avec le sentiment d'une joie indicible que nous constatons que la population Beige toute entière a suivi a la lettre la parole Royale. Voici textuellement le discours du Roi: "Messieurs, Jamais, depuis 1830, heure plus grave n'a sonné pour "la Belgique: 1'intégrité de notre territoire est menacée. " La force même de notre droit, la sympathie dont la Selgi"que, fiére de ses libres institutions et de ses conquêtes "morales, n'a cessé de jouir auprès des autres nations, la "néceSsité pour 1'équilibre de 1'Europe de notre existence "autonome, nous font espérer encore que les évènements1 "redoutes ne se produiront pas. " Mais si nos espoirs sont dégus, s'il nous faut résister Ji "1'invasion de notre sol et défendre nos foyers menacés, ce "devoir, si dur soit-il, nous trouvera armés et décidés aurx "plus grands sacrifices. Dès maintenant, et en prévision de toute éventualité, notre "vaillante jeunesse est debout, fermement résolue, avec la "ténacité et le sang froid traditionnels des Beiges, a défendre "la patrie en danger. " Je lui adresse, au nom de la nation. un fraternel salut. "Partout en Flandre et en Wallonië, dans les villes et les sent ni privations, ni fatigues, dites-vous qu'il vaut mieux supporter avec patience et résignation encore quelques mois cl epreuves, plutöt que de passer sous le joug tyrannique d'un oppresseur que le monde entier déteste et méprise. Haiu les coeurs, chers concitoyens, vive la Belgique Immortelle. Libre et Indépendante, Vive le Roi! et bientót résonneront d un bout a1 autre de notre Belgique chérie ces strophes tquchantes qui font monter a nos yeux des larmes de joie et d'espérance et qui nous redisent la gloare, de notre chère Patrie et 1'héroïsme de nos ancêtres : La Brabanconne. Après des siècles d'esclavage Le Beige, sortant du tombeau, A reconquis par son courage Son nom, ses droits et son drapeau, Et ta main souveraine et fiére, Peuple désormais indompté, Grava sur ta vieille bannière: Le Roi, la Loi, la Liberté! Marche de ton pas énergique Marche de progrès en progrès! Dieu, qui protégé la Belgique, Sourit a tes males succès. Travaillons, notre labeur donne A nos champs la fécondité, Et la splendeur des arts couronnc Le Roi, la Loi, la Liberté! Ouvrons nos rangs a d'anciens frères De nous trop longtemps désunis. Beiges, Bataves, plus de guerres, Les peuples libres sont amis A jamais resserrons ensemble Les 'liens de fraternité, Et qu'un même cri nous rassemble Le Roi, la Loi, la Liberté! O Belgique, ö mére chérie, A toi nos coeurs, a toi nos bras, A toi notre sang, ó Patrie! Nous le jurons tous, tu vivras, Tu vivras toujours grande et belle. Et ton invincible unité Aura pour devise immortelle Le Roi, la Loi, la Liberté! Le Ier Aoüt 1916.