577 Le léral Prêtre Alert futtnr li RoMqc. èfeeneé JCiétoriqueé. 1107—1108. Imprimerle N. ALBERT8, Kerkrade. Le ¥ni Prêlre AH fondateur de Rolduc. Scènes historiques (1107 et 1108) composèes et représentèes a l'occasion du huitième centenaire crypte de Kolduc cëlèbrë le 13 juillet 1908. Itnprimcric N. ALIiKRTS, Kcrkradc. Notice historique. Ailbert d'Anthoing, célèbre écolatre a Tournai, i homme d'une sainteté éminente, arriva conformément aux desseins de la Providence, dans le pays de Rode (Rolduc) en 1'an 1104. C'est la qu'il construisit une chapelle ainsi qu'une simple maison en bois. Deux ans plus tard il batit une église & Elsbach. II revint en 1107 a Rode et y érigea un petit sanctuaire en pierre. A cette époque une calamiteuse famine sévissait dans ce pauvre pays, dévasté par 1'empereur Henri IV. La même année 1107, Embricon, noble et riche seigneur des bords de 1'Aar, se joignit au saint prêtre avec son fils Hériman, qui plus tard devint évêque de Brême et de Slesvig. Embricon abandonne ses immenses richesses a Ailbert, qui par la est mis è même de réaliser ses vceux et de construire la crypte actuelle ainsi que le monastère, en style lombard. (1107 et 1108). Avant 1'arrivée d'Embricon, «Burchard, évêque «d'Utrecht (commedit Pollet, d'accord avec les Annales "de Rolduc) informé de la sainteté de vie de ce serviteur ♦de Dieu, vint le trouver pour 1'engager a quitter sa « retraite, en lui offrant un établissement dans son dio«cèse, avec des fonds tres considérables; mais Ailbert «préféra rester a Rolduc, oü la Providence le dédom♦magea bientöt de ce qu'il avait dédaignéd'aller cher«cher ailleurs. Les Annales de Rolduc rapportent que plusieurs jeunes clercs vinrent a Rode pour être instruits par Ailbert; il est permis de supposer que le jeune conite de Saffenberg fréquenta ses le?ons. Pour faeiliter 1'intelligence des dernières scènes qui nous montrent Ailbert dans la vie publique, il importe de savoir que 1'histoire citecomme contemporain du saint prêtre, Odon, qui était, comine lui et avec lui chanoine et écolatre a Tournai et Rupert de Lii'ge, hommes éminents qui soutenaient, comme Ailbert, avec beaucoup d'énergie la cause de 1'Eglise contre Henri IV et Henri V. Odon, nommé par le Souverain Pontife évêque de Cambrai, trouva dans la bravoure de Robert II, comte de Flandre, un grand soutien contre Waleher, évêque intrus, soutenu par l'empereur. Alfred Cauchie nous apprend qu'en 1'an 110/ le 25 décembre, la paix fut conclue entre l'empereur et Robert II dans la ville d'Aix-la-Chapelle. Or, un document des Archives de Zutphen prouve que 1'évêque Rurchard était a cette même date h Aix-la-Chapelle. Le document porte Ia signature de l'empereur et celle de 1'évêque. II est évident que Burchard est venu a Rolduc a cette occasion. La crypte, la plus intéressante qui existe en ce style, fut consacrée le 1<Ï dcc. 1108 par Otbert, Kvêfjue de Liège. La charte qui date du même jour et qui porte le sceau d'Otbert, se trouve dans nos archives. FERSONN AG ES. AILBERT, fondateur (le Rolduc. OTBERT, Evêque de Liège. ADELBERT, Comte de Saffenberg. ADOLPHE, fils du comte. liURCHIIARDT, Evêque d'Utrecht OTHON, comte de Zutphen. ROBERT, comte de Flandre. EMBRICON, vassal du comte de Saffenberg. HÉRIMAN, son fils. THÉOBALD, ) MANFRIDE, i clercs' GÉRARD DE GUELDRE, jeune seigneur. Témoins de la consécration de la crypte. Enfants nobles. Choeur. Le Vénérable Prctre Ailberf fondateur de Rolduc. Scènes historiques. (1107 et 1108). Première part ie. (1 107.) Scène première. AILBERT l MANFRIDE [ jeunes clercs. THÉOBALD ) ADOLPHE DE SAFEENBEIIG I . GÉRARD DE GUELDRE j Jeunes seigneurs. AILBERT (aux jeunes gons vaquant a 1'étude) Assez, mes enfants, assez; lo vaisseau trop chargé coule et 1'arc trop tendu se brise. Je vous ai fait attendre; mais la familie sévit si atrocement dans nos environs, que je n'ai pu achever avant 1'heure les visites chez les pauvres. Oh ! la vue de la misère me déchire le cujur. Pauvres mères, pauvres enfants! Je n'ai pu les rassasier. MANFRIDE. Donnez-leur de notre repas, inon père. Nous subsisterons de bien moins et suivrons votre exemple. ADOLPHE. Je vais retourner au bourg et vous apporter de la nourriture, mon père; j'en suis bien sur, dans 1'amour que vous portez aux pauvres affamés, vous n'avez rien réservé a vous-même, et ... AILBERT. Laissez, laissez, mes enfants; Dieu pourvoira a ma subsistance! Je lone votre générosité et je suis heureux de constater que vous avez horreur de 1'égoïsme; que vous, jeunes lévites, Pespoir de 1'église, et vous, jeunes comtes, 1'espoir de 1'Empire, que vous voulez partager vos biens avec les pauvres, et qu'a 1'exemple de notre divin Maïtre, vous vouez aux malheureux votre aide et toute votre affection. L'heure venue, vous m'accompagnerez dans le village, pour porter secours et consolation dans les tristes cabanes. Parlons de vos études. Eh bien! mes jeunes comtes, la grammaire latine, vous plait-elle V Les déclinaisons et les conjugaisons sont-elles bien gravées dans vos mémoires? Avez-vous traduit sur votre tablette la première page du Saint-Evangile? ADOLPHE. O! inon père! Je n'ose presque 1'avouer. Ces exercices monotones m'ennuient fort: c'est toujours la même chanson, toujours le mêine refrain. Franchement, cela ne me va pas, mon père. GÉRARD. (') Et moi, clier oncle, j'oublie tont. II suffit de jouer un quart d'heure et tont est embrouillé dans mon esprit; c'est conune si une éponge bien trempée avait passé sur mon cerveau: tout est effacé; je 11e sais plus rien. ADOLPHE. J'aimerais bien ïnienx, moi, courir dans nos bois, faire la chasse aux cerfs et aux chevreuils rapides, les poursuivre sur un jeune coursier fougueux (1) I«es seigneurs Gérard de Gueldre, Goswiu de Heiusberj? et Théodoric de Kleef étaieiit pareuts d'Ailbert d'Authoiiig. (Auiialesls sacvifices, „„els mngnai, men dévouementn vonn unpose ?n hnuS Signitó » laas de droits pour I'hommo, ou lo droit de Dieu est violé. II n'y a pas d'infidé- lité onvers 1'horamo la oü il faut rester fidéle a Dieu. ROBERT. Mais (juo puis-je seul contre la puissance de 1'Empereur? Irrité contre le saint évêque Odon, il s'avance avec ses troupes vers ('ambrai, Walcher, l'évê(pie intrus a ses cótés . . AILBERT. Et Odon? ROBERT. Est a Cambrai AILBERT. Et tombera vietimo as vers cette colline, oü je dois lui ériger 1111 sanctuaire. Le jour viendra, Seigneurs, oü vos successeurs veiTont cette humble demeure changée en une vaste maison, peuplée d'une jeunesse 110111breuse; le jour viendra oü les enfants de vos pays. quittant les bords de la mer lointaine, viêndront en foule s'abreuver ici a la soureo de la foi et, de la science. Si je ne me trompe, Seigneurs, cetto humble maison a de grandos destinées; ne troublons pas les vues de Dien Laissons a la Providenee de poursuivre soa o'iivre. BURCH HARDT. Je cède, sire Ailbert, a vot.ro volonté. Dien parle par votro bouche. Kxéeutez done les déerets de la Providenee, jetoz les fondenienls de ee sanctuaire. dont les haut.es destinées doivent mi jour réjouir notre peuple. Scène VII. EMBRICON. J'ai suivi vot.ro discours, sire Ailbert. Non, cette 1'ois la ronominéo ne trompe pas. Votre piété et votre sagesse m'attirent vers vous. Je m'appelle Embricon et suis vassal du eomto de Saffenberg. Vous êtes pauvre, je le sais. et le pays que vous habitez, dévasté par la guerre ne saurait vous proeurer une honnête subsistance. Je possède une fortune considérable, un riche héritage de vignobles et de terres fertiles sur les bords de 1'Aar. Je vous la cède tont entière, cette possession, sire Ailbert Continuez votre (ouvre, homilie de Dien. Abattez cette cabanede bois, faites disparaïtre la petite cliapelle et jetez bien avant dans le sein de cette colline les fortos assisos d'un superbe sanctuaire; élevez dans de larges proportions cette maison du Seigneur, dont vous proclamiez tantot la duréo et la gloire. I^ du monde et do ses vanités je viendrai urlup avec vous dans le nouveau sanctuaire et, si vous le perinettez, couler en paix dans le nouveau cloïtre le reste de nies jours. AILBERT. O sainte Providence, je bénis a genoux vos voies'adorables! II s'élèvera donc a la gloire de votre 110111 le sanctuaire, dont je méditais depuis tant d'années la construction (')• II s'élèvera ïi ce même endroit, dans cette même clairière a 1'herbe fleurie, que je contemplais si souvent en Flandre dans des visions ineffables. II s'élèvera en ce lieu prédestiné oü retentirent dans les airs les suaves mélodies des anges. Je crenserai ses fondements bien avant dans ce même sol, d'oü montèrent les sons mystérieux des cloches argentines, indice non trompeur qiie, dans les ages futurs le saint sacrifice de la Messc sera célébré une infinité de fois dans ce sanctuaire béni. J'imprimerai sur sa face trifolióe 1'image de 1'adorable Trinité et je le dédierai a 1'honneur de la Vierge Marie et de 1'archange Gabriel. Grand Dien, bénissez mon oeuvre, car il est écrit: Si Ie Seigneur ne bdtit la maisou, en vain travaillent ceux qui la hdtisseni. Si le Seigneur ne garde la cité, en vain veiüeront ses gardiens. (i) Tous ces détails sont empruntés & la vie du vénérable Ailbert dccrite dans les annales de Roldtic. Seconde p a r t i e. (1 108). Scène première. MANFRIDE et THÉOBALD. THÉOBALD. Tu as été au chateau, Manfride ? MANFRIDE. Quelle fête, Théobald! Le chateau abonde de seigneurs ecclésiastiques et laïques. Des la pointe du jour le son des trompettes a annoncé du liaut des tours que la cérémonie allait commencer. Une immense multitude d'hommes de tout rang et de tout age se trouvait en i masse compacte devant Pentrée du sanctuaire, richement orné et pavoisé. Tout a coup les rangs s'ouvrirent et 1'on voyait défiler en brillant cortège, d'abord une série d'enfants nobles en velours bleu avec un manteau d'écarlate, ensuite les nobles seigneurs Ailbert de Norvenich et son fils Adolphe, (x) Godefroid de Kerda, Geveno de Bonn. Guillaume de Dalheim, Ludolphe de Betenburn, Embricon et son fils, enfin le comte de Saffenberg lui-même avec son fils Adolphe; suivaient, précédés de la sainte croix. des ecclésiastiques en grand nombre parmi lesquels on remarquait leschanoines d'Aix-la-Chapelle, Wiric et Liérelin, les Archidiacres Alexandre de Liége et Jean de Cologne, Brunon archevêque de Trèves et Otbert, évêque de Liège, cpii fait la consécration. (i) Tous ccs seigneurs sont expressémeut n om més clans la charte; c'est une preuve de la haute cousidératiou dont jouissait le fondateur de la Maison de Kolduc et la Maisou elle-même. Quand le cortège était vomi devant la porto du sanetuaire, les évoques et les prêtres sont entrés aocompagnés seulement du conito de Saffenberg, de sou fils et de <|iiol«)ues autres seigneurs. THEOBALD. Et le ponple? MANFRIDE. Le peuple s'est arrêté a petite distanoe ; il loue et bénit Dien. II ne peut coutenir sa joie, (jui éclate tantót en priores tantót en chants d'allégrosse Mais écontez: Dieu de bonté, source féconde, O comble-nous de tes bienfaits, Fais qu'en nos coeurs la grace abnnde, Embrase-les de ses reflets. THÉOBALD. Quelle joie ponr le père Ailbert! J'étais avee lui. II a passé la nuit entière en pénitence et en prière. C'était tonehant a voir. Tantót la face contre terre et profondémont prosterne il versait des larines en abondance, tantot debout et iminobile, les yenx fixés snr les reliert a-t-il été prévenu de cette faveur? THÉOBALD. Je ne le sais. Mais avec (piel transport de joie a-t-il re^'ii ce dépot sacré! Que de priores a-t-il adressées a la glorieuse Martyre! O vous, s'écria-t-il, qui au milieu des flanunes ètes restée intacte, fait.es (pie par votre puissante intercession le sanctuaire, dans lequel vous allez reposer, et la maison, qui va surgir autour de ses niurs sacrés, ne soient jamais la proie du feu dévastateur! O vous, dont la gorge fut transpercée du glaive, donnez aux inalades qui vous implorent, une prompte guérison. O vous. (pii devant les méchants séducteurs restiez immobile comme la colonne de granit, donnez a la jeunesse chrétienne qui vous invoque, une force invincible dans les fatales séductions contre rHonneuret la Vertil! Faites, o sainte Vierge, que d'age en age le peuple d'alentour implore dans ce lieu votre puissante intercession et restez la patronne de ces aimables lieux. MANFRIDE. O! j'en suis bien sur, Dieu aura exaucé la prière de son humble serviteur. Scène II. ADOLPHE DE HAKKENBERG et les enfants nobles. ADOLPHE. La sainte cérémonie touche a sa fin. J'amène ici les jeunes enfants. Mon père veut qu'ils attendent ici sa venue et (jii'ils chantent, pendant que la cérémonie s'aehève, en joyeux accents la gloire de Dieu et ses grands bienfaits en ce jour. CHOEUR. Tont 1'univers est plein de sa magnificence; Qu'on 1'adore ce Dieu; qu'on 1'invoque a jamais: Son empire a des temps précédé la naissance; Chantons, publions ses bienfaits. UNK VOIX. En vain le monde, en son délire, Par ses appas trompeurs voudrait-il nous séduire, Nos ccEurs ne failliront jamais. Ils sont a toi, Seigneur, au Dieu de notre enfance Et proclament ta gloire et ta magnificence: Chantons, publions ses bienfaits! TOVT I.K CHOKÜR répète. Tout 1'univers UNH VOIX scule II donne aux fleurs leur aimable peinture; II fait naitre et inürir les fruits; II leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraicheur des nuits: Le champ qui les recut les rend avec usure. UNK AUTRK. II commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains: Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. CHOKl'R. Tout 1'univers Scène III. AILBERT, LE COMTE DE SAFFENBERG, L'ÉVÊQUE OTBERT, les tcinoins, les jeunes clercs, les enfants. OTBERT. Le voila donc consacré a Die» le nouveau Sanctuaire avec 1'eniplacement de la maison de Dieu (jue tu ériges ici. Je répète a la gloire de cette sainte maison, batie comme Sion sur la montagne du Seigneur les sublimes paroles qui résonnèrent sous la voute sacrée pendant 1'acte de la Consécration.^) «Voici donc Jérusalem, cette grande cité «céleste, ornée comme 1'épouse del'Agneau; «elle est devenue le tabernacle de Dieu. Ses «portes ne seront pas fermées pendant le «jour, elle ne connattra pas 1'obscurité de la «nuit; tes rues, o Jérusalem, seront pavées «d'or pur et le cantique de la joie résonnera «dans ton enceinte. Dans tous tes (piartiers «on entendra le chant de 1'allégresse. Tu «brilleras d'une lumière éclatante et tous les «confins de la terre t'adoreront: Heureux qui pour Sion d'une sainte ferveur Sentira son ame embrasée. Poursuis, Rolduc, ta destinée: Etends partout le règne du Sauveur. Réjouissez-vous, o vous tous qui aimez cette maison, réjouissez-vous au jour desa naissance et cliantez ses destinées et sa gloire future: Leve Rolduc, ton front radieux, Dieu te bénit du haut des cieux, lis sont a toi tes fils nombreux, Sainte Cité, reQois nos vceux. LE COMTE DE SAFFENBERG (assis sur un siège entre son filsetOtbert; Ailbert sur les degrés prés d'eux.) Déja a 1'aube de ce jour mémorable, Ailbert, (i) Paroles prises du Pontificale Komauum h la cérémonie delacousécration des églises. nous avons cédé 111011 fils et moi, debout devant 1'autel, cos terres a Dieu; jo veux ratifier cettc cession en co moment devant vous et devant tous ceux (jui sont ici présents, en lisant les paroles écrites. sur la charte scellée ce matin mème par le seigneur Otbert, Evêque de Liège ici présent. »Au nora de la sainte et indivisible Trinité. Qu'il soit connu to«s les fidèles présents et futurs que le seigneur Adelbert de Saffenberget son fils Adolplie out cédé :"i 1'Eglise, construite sur sa propriété a Rode par les soins des religieux, qui y demeurent, et con«sacrée a 1'honneur de la bienheureuse Marie et du 'Saint Archange Gabriel et ont remis irrévocablement a la communauté religieuse tout ce qu'ils possèdent ->en ce lieu ou dans les Iieux adjacents. OTBERT. Et dans cettc mème charte, Ailbert, j'ai fait les dispositions suivantes : »Que moi Otbert, évêque de Liège, veux que la com«inunauté ne relève que de moi et de mes successeurs, qu'elle soit exempte de toute autre jurisdiction, que «1'élection d'un supérieur se fasse librement par les frères, qu'il soit permis d'administrer librement le baptême aux enfants des nobles et aux autres qui le denianderont, de donner la sainte communion et la sépulture et de prêcher librement la parole de Dieu.< Furent témoins les seigneurs ici présents. Donnce a Rode mcme Van du salut 1108, a la première indiction, la trnisième annce du rïgne de Henri V, aux i'les de décembre. AILBERT. O sainte et adorable Trinité, qui m'avez appelé vers cette sainte collino, je vous rends graces a genoux de vos inoffables bionfaits ! Les yeux fixés sur le sanctuaire maintenant consacré a Dieu, jo m'écrie avec David: Qu'ils sont aimés, grand Dieu, tes tabernacles, Qu'ils sont aimés, et cliéris de mon coeur! La tu te plais a rendre tes oracles : La foi triomphe et 1'ainour est vainqueur! O! que do gonérations rediront cos paroles, lo coeur brülant d'amour onvers cotto sainte domoure. (On entend au loin le cantique: Qu'ils sont aimés.) O! oui, ils seront aimós ces tabernaeles. Dos guerriors y viendront so sanctifier dans la pénitence, ot, dos saints óvèques l'honoreront do leur amour onvers la sainte Eucharistie ('). Quant a inoi je 110 suis (in'un pauvro pêlerin sur cotto torro; j'irai oü Diou m'appolle; jo mourrai pout-otre bien loin de eette doinoure de prédilection, — niais c'est mon dósir le plus ardont, — non, j 'en ai le doux pressentiment — un jour mon corps viendra roposer dans co sanctuaire et y attendra la résurrection (2). Noble ot magnanime comte de Saffenberg, soyez boni a cause de votre libóralitó! Si jo compromis bien la voix do Diou, f»^<-' toinbéc dans le calice. (2) I,es ossenients dn vénérable Ailbert reposèrent a Sechtem prés de Bonn dans une cliapelle appartenant a la familie noble de von ('.eiser Schweppenbnrg:; le 30 juillet is,)4 le Directeur «le Kolduc ent le bonlieur «le les transporter a Kerkra«le et le 7 aont ils furent trés solennelleinent «léposés «lans la crypte, coufornu'mcnt ;\\\ «U'sir «lil fondateur exprimé claireinent pendant sa vie (Annales de Kolduc). (3) Allusion aux ducs de KimbourK, qui appelaient l éjflise «1e Koldtic leur église et sont enterrés dans la crypte et dans 1'é^lise Henri II. Henri III, Walram III. sera changée mais ta race, o noble comte, ne sera pas éteinte et 1'amour envers cette maison restera vivant dans leur coeur. Une lignée de rois et de reines issus de ton sang règnera dans ce pays et le gouverneront en une paix, que rien ne troublera; je ne sais quel attrait les attirera vers cette demeure, mais ils professeront hautement a 1'applaudissement de leur peuple qu'ils »aimeront a séjourner dans cette enceinte*. Et vous, noble prince de 1'Eglise, un lien indissoluble unira désormais les destinées de cette maison naissante a celles de votre glorieux diocese. Quand le terrible ouragan soulevé un jour par l'orgueil^) et la licence des peuples aura passé par le monde chrétien et couvert de ruines une grande partie de 1'Europe, quand les temples et les cloïtres auront disparu, cette maison et ce sanctuaire seront restés debout, comme on voit ici et la quelques rares épis debout dans un champ de blé, que la grêle a eouché par terre. Debout, oui, mais en quel état! Ah, je la vois abandonnée, déserte la eité de Dieu; ses murs sont délabrés sous les secousses de la tempête furieuse. O mon Rolduc bien aimé, il ne reste plus de traces de ton antique beauté! Qui te consolera, o fille de Sion? Tes gar- (i) Pendant les troubles de la Réforine Kolduc fut tellemeut éprouvé autant par les guerres iucessautes que par les iutrigues de la politique, qu'il n'échappa que par miracle h la ruiue générale des cloïtres et autres batiments religieux. II 11e put résister h la tourmeute de la Kévolution ; en 1793 il tomba aux maitis des troupes fran^aises, les religieux furent expulsés, et en 1797 la cominunauté freligieuse fut supprimée. La Maison resta abandonnée et déserte jusqu'en 1'an 1831. Kn cette année le désir des derniers religieux fut accompli et Kolduc, changeant de destiuée deviut le petit Séininaire du diocese de Uiège ; sagemeut organisé par les soins de Mgr. Van Hommel le séminaire comptait bieutót 300 élèves et prospérait. — lorsque, k la suite de la cession d'une partie du Limbourg «\ la Hollaude 1S39, il passa en 1843 dépouillé de ses possessious, appauvri, eudetté, ne comptant que 60 élèves au Diocèse de Kuremonde. On conualt la suite de sou histoire! _ I/amour envers Dieu et envers la jeuuesse chrétieune a triomplié! Dieu soit loué ! diens sont dispersés! couverte do haillons, tu tends la main a quiconquo passé a cöté de toi. .... N'y a-t-il personne? . . . personne? . . . Ah voila que sur le tróne de St. Lambert se leve un de tes successeurs, o noble Evêque! Son cceur bat d'amour pour la jeunesse. O généreux pasteur du troupeau du Christ, o allez, allez a elle, prenez-la en pitié, pansez ses plaies hideuses. II y va, et Rolduc, mère d'une nombreuse jeunesse, reprend ses habits de joie et autour d'elle résonnent les chants d'allégresse Mais que vois-je? O malheur! De nouveau Ia cité est déserte, les rues de Sion pleurent. Ils quitteut mornes et sileneieux en longues rangées, tes jeunes lévites, o Rolduc, les yeux mouillés de larmes et le regret dans le cceur. Ah, c'est bien la ton privilege Rolduc: quiconque a habité sous ton toit, s'il a le cceur noble, ne t'oubliera jamais. On entend au loin : Adieu Rolduc, séjour de mon enfance, Adieu Rolduc, aimable lieu, Rolduc, oü règne 1'innocence, La paix et le bonheur, adieu! II faut quitter ce sanctuaire. Adieu, riant séjour des bois! Bénis Rolduc, c'est ma prière, Grand Dieu, bénis-le mille fois. O quel sombre nuage enveloppe connne un immense crêpe de deuil la sainte maison! Mais le nuage se dissipe le soleil perce.... et je vois dans une clarté toujours croissante la croix, qui s'avance et après elle un évêque au milieu de ses prêtres! Auspice Deo! Sous les auspices de Dieu ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Salut, salut o nouveaux princes de 1'Eglise! Salut, o prêtres au cceur large et généreux. O ne craignez pas! L'amour est tout puissant! Avec 1'héritage de cette mai- sou appauvrio vous avez reyu lo riche logs do 1'amour onvers olie! O voyoz, do touto part affluo lino jeunesse nombrouse! Ello vient des rives lointaines, olie vient dos bords de la mer, elle vient d'an de-la de 1'Océan. Elargis tos murs, o Roldnc et rohausse-les! O vous qui aimez cette eité, restaurez lo sanctüaire dans son antique beauté, ornez ses murs d'or et de mille couleurs et cliaque fois qu'a 1'aurore des siècles renaitra ce jour heureux, célébroz-le en cantiques d'allégresse et soiinez les fanfares: car le Seigneur est bon et sa bonté s'étend de génération en génération! (Choeur final). Les cieux nous proclament la trloire du Seigneur, L'immense firmament 1'oeuvre du Créateur! Le jour qui finit au jour le redit. La nuit dans son ombre a Ia nuit qui la suit, L'immensité dans sa beauté, Chante: Gloire et honneur, Gloire a toi, Seigneur!