1505 LA SüPERSTITION DES CAMPAGNARDS. RECHERCHES SUR LES IDÉÉS SUPERSTITIEUSES DES CAMPAGNARDS UUANT AUX PLANTES, ANIMAUX ET HOMMES, COMPILÉES PAR fl IQ O. J. VAN DER HAER, Dr. en droit u Arnhem. Arnhem, S. II IJ M A N J z. 1900 LA SUPERSTITION DES CAMPAGNARDS. RECHERCHES SUR LES IDEES SUPERSTITIEUSES DES CAMPAGNARDS, QUANT AUX PLANTES ANIMAUX ET HOMMES, COMPILÉES y „ par O. J. VAN DER HA ER. Dr. en droit a Arnhem. Scire potestates herbarum usumque medendi. Aeneis XII 396. Arnhem, S. H IJ M A N Jz. 1900. A 11. WITTE Inspecteur en retraite du Jardin Botanique a riJniversité de Leide DEDIE p a r 1'A. uteur. L'impression que la forêt fait sur nous est, d'après les circonstances, plus ou moins grave. Une forêt de hêtres nous ranime et nous rend joyeux. Les troncs grisatres luisants, sont couronnés d'une verdure foncée formant de belles arcades, qui font passer les rayons refractés d'une maniére magique. L'air qu'on y respire est du plus pur. Les feuilles tombantes se décomposent trés lentement et ne nourisssent que quelques herbes grêles et une mousse tendre. La perspective pittoresque, dont on jouit parmi ces troncs, est illimitée par 1'absence d'arbustes et de bois taillis qui puissent s'y opposer. La morne silence qui y règne a quelque chose de majestueux qui fait du bien. Touriste ou chasseur, qui parcourt le bois, est mis en train de chanter avec Tieck: „Silence du bois, qui rend joyeux aujourd-hui et demain jusqu'a la fin de mes jours, oh que me ranime votre splendeur majestueuse! Quel contraste avec la forêt des sapins communs (Pinus silvestris). II y a la cette obscurité mystérieuse qui nous met dans une disposition sérieuse et bien grave qui ne tarde pas a accabler quand les arbres s'y trouvent trop unis, de sorte que 1'épaisseur empêche au soleil d'y pénétrer et aux oiseaux d'y traverser en volant. Des champignons et moisissures, de toutes sortes, vegètent dans ce tapis, glissant des aiguilles tombées et empestent 1'air qu'on y respire. Usnea barbata (barbe-mousse) d'une longueur de 3 a 4 mêtres descendent du tronc et des branches. Aux endroits, un peu exposés au soleil, on trouve quelques plantes de la bruyère comme Erica tetralix, Calluna vulgaris, puis. Vaccinium Myrtillus, Vaccinium Vitis idaea etc. Picea excelsa (de pix, poix; produit une grande quantité de résine) grand et bel arbre, toujours vert, tout rustique, habitant les regions extra-tropicales de 1'hémisphère boréal. Rameaux distiques, souvent trés longs et pendants. C'est lui qui fournit le bois de Sapin du Nord, que 1' on emploie en quantité enorme pour toute sorte de travaux de menuiserie et autres. Solitaire, le sapin fin fait une belle figure. Unis, les branches inférieures se gatent. Le sol se couvre d'une mousse duveteuse. L'air est frais et balsamique. Ecureuil et perroguet d'Allemagne (Loxia pytiopsittacus) aiment a séjourner aux sommets pour se régaler aux graines ailées que renferment les cönes cylindriques. Malgré tout cela on ne s'y sent pas a son aise. Les arbres, parallèlement placés, ont quelque chose de monotone, les aiguilles, vert fongés, répandent une obscurité, qui, malgré tout, ne manque pas de nous attirer. Comme arbre forestier, le chêne oceupe, au moins dans la partie occidentale de 1'Europe, sans doute le premier rang. Au point de vue pittoresque, le tronc massif, rugueux, les branches tordues, la taille etc. fournissent un élément decoratif unique dans son genre. La longévité du Cljêne est proverbiale 1'age de quelques- uns, des plus renommés est estimé a *environ quatre mille ans. La föret de Fontainebleau en renferme plusieurs de taille remarquable. Le roi de nos arbres, fier de son importance, répand toute sa majesté quand il se trouve isolé dans un gazon ou une prairie. Réunis, en groupes, il crée les paysages forestières que le pinceau d un Ruysdaal a immortalisés. II mérite a lui seul tout un livre explicatif, tellement son róle mythologique et légendaire est important dans la tradition européenne. Le plus vaste, le plus fort et le plus utile des arbres est devenu en Europe le roi de la végêtation. La place d'honneur que 1'aigle et le lion occupent parmi les animaux revient, parmi les végétaux, au chêne. Zeus 1'avait adopté comrae son arbre de prédilection. La place du dieu de la foudre et du tonnerre est au millieu du chêne. La première réponse de 1'oracle est donnée par le tonnerre. Le premier temple de Jupiter a Dodone a été une forêt de chênes. C'est par le bruit des feuilles de son chêne, qui s'agitaient sans être remuées par le vent que Zeus annon^ait aux hommes sa volonté suprème. Les oracles de Praeneste étaient rendus par des lettres sculptées sur le chêne. (Peucerus de praecipuis generibus Divinationum. Witcenberg 1580). La fille de Zeus, la sage déesse Athénè, avait prudemment placé un copeau du chêne de Dodone dans le navire des Argonautes pour les garantir du naufrage. II n'y a pas encore quinze ans qu' a Sorano, dans la campagne de Rome, une jeune bergère, surprise par 1'orage, se réfugia sous un chêne et pria la madone. Pendant qu'elle priait, une dame lui apparut; grace a cette dame la pluie ne tomba point sur le chêne et la jeune bergère retourna chez elle sans avoir re?u une seule goutte de pluie. On cria tout de suite au miracle. Le curé appela d'abord chez lui la jeune beigère, et puis la fit mener dans un couvent de Rome, oti 1' on prépare sans donte sa canonisation. La bergère Jeanne, dans le district de Lastra a Signa, surprise par 1'orage, rappela autour d'elle les patres et les brebis et enfonga dans le sol son baton de bergère. A' 1' instant même, surgit du sol un chène qui abrita, sous ses branches, patres et brebis. Pour ce beau miracle Jeanne fut canonisée et on dressa prés du chêne une petite chapelle en 1'honneur de la Vierge. Les téméraires qui montent sur le chêne de Jeanne, pour en couper des branches, peuvent être surs que 1'arbre les renversera. cependant il est permis de dêtacher quelques petites' pousses pour les garder dans les maisons. Par ce talisman on est garanti de tous les orages, pourvu que devant cette touffe de chêne sacré, on invoqne ainsi le nom de Jésus et de Marie: „Col nome di Gesti e di Maria Questa tempesta la vada via." Pline nous apprend, ce que d'ailleurs la science moderne admet aisément, que, dans la création, les chênes ont précédé les hommes Les Grecs appelaient les Chênes les premières mêres. C'est le Chêne auquel était suspendue la toison d'or, cherchée en Oriënt par les Argonautes. A Chieti, dans les Abruzzes, on cueille les feuilles du Chêne sur lequel la foudre est tombée, et les donne, comme un talisman- infaillible aux pauvres recrues qui partent pour la guerre. Grace a ce talisman les soldats ne seront point atteints par les boulets. La théorie homéopathique, similia similibus, a affecté profondément le mythe. Oü la foudre est tombée une fois, elle ne tombera plus; son action est neutralisée par le chêne déja frappé, la foudre est 1'arme divine, aucune autre arme ne tombera sur un objet sur le quel 1'arme divine elle-même n'a plus aucun pouvoir. C'est encore pour éloigner la foudre qu' en Allemagne on place une branche de chênes sur le dernier chariot de la moisson. Les anciens Grecs attribuaient le déluge de Béotie aux querelles de Zeus et de Hera, dès que les pluies cessèrent, on vit s'élever sur la terre une statue en chêne, comme symbole de la paix conclue entre le roi des dieux et sa femme. Le gland, disaient les anciens, excite Vénus. Fécond, par excellence, on reconnut en lui non seulement un fécondateur parmi les arbres mais aussi le fécondateur des hommes. En Piemont, poar éloigner les quaestions indiscrètes des petits enfants, on leur apprend qu' ils sont nés dans les bois et précisément sous un vieux chêne. Le chêne est done 1'arbre anthropogenique, par excellence, de la tradition européenne. D après la superstition italienne, germanique tchèque, serbe etc. c'est une büche de chêne que, la veille de Noel, pour la renaissance annuelle du soleil sauveur du monde, du Christ sauveur, il faut placer sur le feu (de Gubernatis Tom II p. 69). Hauté d'abord par les dieux brillants du paganisme, le chêne est devenu la refuge privilégiée des madones et des saints adorés dans les campagnes. Madame Coronedi-Berti a constaté, d'après 1 oselli, chez les habitants de Bologne le culte spécial du Chêne. Dans Ier, campagnes on voit souvent des images de la Vierge suspendues a un vieux tronc de chéne; 1'image prend parfois son nom de 1 arbre auquel elle se trouve attachée; la maduniina d' la guerza (c'est a dire la petite madone du chêne). Dans un livre populaire sur les miracles de la Vierge, imprimé a Bologne en 1'année 1679, on trouve la légende qui suit: „Dans une chapelle on avait oublié une petite statue de la Vierge: un patre pieux 1'enleva et la plage dans le trou d'un liège (quereus suber) devant lequel, pour faire honneur a la Vierge, il se rendait tous les jours et jouait de la flüte. Le vol. ayant été dénoncé, le patre fut saisi et condamné a mort. Mais, pendant la nuit, grace-a la madone, la statue et le patre revinrent a leur arbre bien-aimé. Les gendarmes se rendirent une seconde fois prés du liège et essayèrent de ramener le patre fuyard; mais malgré tous leurs efforts pour s eloigner de 1'arbre, ils demeuraient toujours a la même place. Ils attribuèrent alors ce fait étrange a un miracle de la Vierge devant la quelle ils se prosternèrent tous, en demandant excuse au patre. Saint Rouan ou Rénan, de même, un saint fort entèté ne veut point quitter ses vieux chênes. C'est M. Ernest Rénan, un saint manqué lui même, qui nous 1'apprend dans ses Souvenirs d enfance (Revue des deux mondes. Dec. 1876). A la mort du saint tous les chefs étaient assemblés dans la celluie autour du grand corps noir, gisant a terre, quand 1'un d'eux ouvrit un sage avis: „De son vivant, nous n' avons jamais pu le comprendre; il était plus facile de dessiner la voie de 1'hirondelle au ciel que de suivre la tracé de ses pensées; mort qu'il fasse encore a sa tête. Abattons quelques arbres; faisons un cliariot oti nous attellerons quatre boeufs. Laissons — les le conduire oü il voudra' qu'on 1'enterre.' Tous approuvèrent. On ajusta les poutres, on fit les roues avec des tambours pleins, sciés dans 1'épaisseur des gros chênes, et on posa le saint dessus. Les boeufs, conduits par la main invisible de Ronan marchèrent droit devant eux, au plus épais de la forêt. Les arbres s'inclinaient ou se brisaient sous leurs pas avec des craquements effroyables. Arrivés enfin au centre de la forêt, a 1'endroit oü étaient les plus grands chênes, le chariot s'arrêta. On comprit; on enterra le saint et on batit son église en ce lieu. Dans aucun pays d'ailleurs on ne s'attend a trouver le culte du chêne aussi répandu que dans la Gaule des Druides oü les chênes ont dü, pendant assez longtemps, tenir lieu de maisons, oü le dieu Teute lui-même était représenté sous la forme d'un chêne. Le culte du chêne, pour le Druide, était 1'équivalent du culte de sa propre maison, de son temple, de son pays. Le roi saint Louis administra encore la justice sous le chêne de Vincennes. Les Gaulois, le jour du c'anger, se rassemblaient, au son d'une timbale. autour des chênes. (Dictionnaire historique des Institutions, Moeurs et Coutumes de la France). Le chêne ne donnait pas seulement aux Gaulois le toit, le gland, le miel, mais encore le gui, auquel ils attribuaient, ainsi que les Scandinaves, des propriétés magiques merveilleuses. Au commencement de 1'annéc, le chef des Druides cueillait avec une faucille d or le gui sacré, auquel, d'ailleurs, on attribue d après Linné, une origine mystérieuse: Sponsalia Plantarum: „Viscum veteres absque semine produci putarant, quippe eundem saepe in inferiori latere ramorum nasci videbant; quomodo autem semina visci ab una arbore ad alteram volitare, ibique lateri inferiori ad- haerere potuerint, captu fuit ipsis admodum difficile. Dies vero edocuit turdum baccas ejus comedere, pulpaque illarum vesci; semina vero reddere integra, quae una cum excrementis ramis inhaerent... sic turdus sibimet ipse malum cacat." Dans quelques provinces de la France on conserva pendant longtemps 1'usage d'aller cucillir du gui du chêne, que 1'on regardait comrae un talisman. Les enfants demandaient des étrennes en criant: Au gui Van neuf\ La cérémonie de la récolte du gui par les Druides est décrite d'une manière plus détaillée au mot „ Gui." Les pays germaniques qui avaient consacré le chêne au dieu Thunar, ont aussi conservé longtemps le culte du chêne, même aprés que Boniface 1'apótre des Allemands, a Geismar sur Weser, eut fait déraciner le chêne consacré au dieu du tonnerre. Pour sauver les chênes sacrés, les Allemands du moyenage, non seulement pleuraient et priaient mais ils recouraient a la ruse. Chez les Lettes, habitants de la Livonie méridionale, le chêne est représenté comme un arbre solaire. D'aprés leurs chants populaires (Mannhardt, Lettische Sonnenmythen), dés sa naissance, la fille du soleil a été promise par son pére au Fils de Dieu. Mais lorsqu'elle fut en age de se marier, le soleil, au lieu de la donner au Fils de Dieu, la livra a la lune, en priant le dieu Perkun (le dieu de la foudre) de prendre part a la noce. Alors Perkun frappa le chêne Le sang du chêne jaillit sur le drap en laine de Marie. Un autre chant populaire s'exprime ainsi: „Je comptais les étoiles; le seul astre du matin manquait; il courait aprés la fille du soleil. Perkun parcourait le ciel, en se querellant avec le soleil. Le soleil n'obéissait point a Perkun. II avait vendu sa fille a 1'astre du matin. Perkun frappa le chêne d'or; la fille du soleil pleura amèrement, en ramassant les branches d'or. Toutes les branches étaient la; la seule branche du sommet manquait; elle la retrouva après quatre ans. Un troisième chant ajoute quelques détails intéressants: La lune emmène la fille du soleil; Perkun suit la noce ; sautant par la porte ouverte, il brise le chêne d'or; le sang du chêne jaillit sur le rocher sombre; la fille du soleif demeura trois ans sur les branches." Un quatrième chant revient sur le même mythe, en y ajoutant une nouvelle image solaire: L'astre du matin faisait sa noce; Perkun chevaucha par la porte, et il brisa le chêne vert. Le sang du chêne coula et jaillit sur mes habits et sur ma petite couronne. Ainsi pleurait la fille du soleil, et elle ramassa, pendant trois ans, les feuilles détachées: Ma mère oü dois je laver mes habits, pour en effacer le sang? — Ma fille, ma petite, va a 1'étang dans le quel neuf ruisseaux coulent, — Ma mere oü dois je faire sècher mes habits ? — Ma fille, dans les jardins oü poussent neuf rosiers. — En quel jour ma mère, devrai je remettre mes habits blanchis ? — Fille, le jour oü neuf soleils brilleront. A propos du mythe des Lettes, M. Mannhardt fait, encore mention de 1 arbre de Dieu du Taaras ou chêne cosmogonique finnais, aux branches d'or, couvrant le ciel; d'après le Kalcvala, le chêne planté par le fils du soleil aurait été déraciné par un nain sorti de la mer et devenu géant. Cet arbre aux branches d'or qui couvre le ciel semble être ici 1'aurore même, le nain est le soleil qui chasse 1 aurore, en déracinant 1'arbre qui la représente, le s°ii a 1 occident, le matin a 1 oriënt. La légende esthonienne fait de ce chêne un arbre bien heureux, un arbre de 1 abondance, tel qu'etait le pommier des Hespérides. De ses branches sortent des berceaux, des tables, des maisons merveilleuses, et surtout Ia maison de bain de son propre frère qui viendra avec une hache le terrasser. La fenètre de cette maison est la lune elle-mème; sur le toit le soleil s'amuse et les étoiles dansent. Le docteur Mannhardt compare ici, trés a propos, a ce chêne celui de 1'ile de Bujan, une espèce de Paradis terrestre dans la tradition populaire russe: sur le chêne de 1'ile de Bujan, le soleil va se coucher tous les soirs; du sommet de ce chêne il se léve tous les matins; le chêne est habité par la vierge divine Zarja (le nom russe de l'aurore) et gardé par le dragon Garafena. A Pron, les chênes consacrés a la divinité étaient entourés par une espèce de batisse, qui rapelle les contines de la Prusse orientale Cet endroit était le véritable sanctuaire de toute la contrée, et avait son prêtre, ses fêtes et ses sacrifices. Les cérémonies achevées, le peuple se rassemblait avec le prêtre et le chef du tribunal. Mais la cour, le scinctus sanctorum oü s'élevait le chêne sacré, était réservé au prêtre, aux sacrificateurs, aux personnes menacées de mort qui y cherchaient un asile. A 1'exemple des dieux qui se rassemblaient sous 1'arbre universel (personnification du ciel) pour décider du sort de 1'humanité, le tribunal des anciens Slaves, ainsi que celui des anciens Gaulois et des anciens Germains, se tenait sous un vieux chêne. L'arbre, personnification de la sagesse suprème, l'arbre spécialement duquel sortaient les réponses du Zeus dodonien, le chêne devait inspirer aux juges la verité dans les sentences. Constantin Porphyrogénète affirme que les anciens Kusses, en arrivant a 1'ile de Saint Georges, accomplissaient leurs sacrifices sous le grand chêne, devant le quel le peuple et le prêtre chantaient un Te Deum; après quoi le prêtre distribuait des branches de chêne au peuple ^Ralston. Chants / populaires de la Russie et Afanasieff: Observation poëtique de la nature parmi les Slaves). Dans la province de Toula, lorsqu'on coupe les bois, les paysans vont encore a la recherche des vieux chènes qui s'élevaient prés d'une source; et ayant enlevé 1'écorce de leurs branches, ils la trempent dans la source, pour la garder ensuite soigneusement dans leurs maisons corame le meilleur préservatif contre le mal des dents. Ailleurs, au premier coup de tonnerre, on appuie le dos contre le tronc d'un chêne, et on croit, par la, se garantir de tous les maux. Dans 1'Ukraine, la semaine des Rois, appelée la semaine verte, on érige sur une grande place un mat de chêne, avec une roue attachée au sommet; on entortille autour de la roue des herbes, des fleurs des rubans; autour du mat on plante des branches de bouleau; on fait des jeux, on s'amuse et on chante: Chêne sec, détords-toi, La glacé te convrira. — Je ne crains pas la glacé, Le printemps viendra: II me détordra. Ainsi que le coucou annoncait aux paysans romains 1'arrivée du printemps, ainsi que les paysans romains, lorsqu'ils entendaient au mois de mars gronder le tonnerre, étaient avertis que la belle saison arrivait, 1'arbre du dieu de la foudre, 1'arbre nuageux, 1'arbre orageux d'Indra, de Zeus, de Perkoun ou Peroun, le chêne évoquait, chez les Slaves le retour de la nouvelle année. Nous avons vu que, dans 1'ile de Bujan de la tradition russe, le chêne est évidemment un arbre solaire; le ciel doré de 1 Oriënt et de 1'Occident est représenté par eet arbre; mais le ciel n'est pas toujours couvert des rayons d'or; lorsque les nuages ou les ténèbres le couvrent, le ciel devient un arbre orageux. Le chêne se rencontre donc dans les légendes héroiques russes parfois sous la forme d'un arbre solaire, parfois en sa qualité d arbre de 1'orage. Le brigand Solorei (Rossignol) batit son nid sur sept chênes ;■ on 1'appelle Rossignol, paree qu il siffle d une manière effrayante et irristible et, par son sifflement, fait trembler toute la terre; Rossignol personnifie évidemment le vent de 1'orage. Ilia Muromietz (Élie de Mourom), le héros solaire par excellence, 1 Hercule de 1'épopée russe, pendant le combat, aime, comme Indra et comme Zeus, a se cacher on a se déguiser. II nest plus alors le dieu lumineux, mais le dieu drapé du nuage comme d une cuirasse, le dieu guerrier. Ilia, cependant, le même qui, avec son seul poignet, aurait pu arracher tous les chênes de la forêt, le mème qui, dans un combat contre le géant Rossignol, avec une seu'le fléche avait brisé un chêne en mille morceaux (évidente représentation de la foudre qui déchire le nuage), a peur d'un héros plus fort que lui, Soiatogor, et, saisi de crainte monte sur un chêne pour échapper a ses pour-suites, La couronne civique des Romains était tressée avec des feuilles de chêne: „Civica (corona) écrit Pline, lignea primo fuit, postea magis placuit ex esculo Jovi sacra.' . Pline nous assure aussi que les deux chênes qui s élevaient prés de 1'autel de Zeus dans le voisinage d'Heraclée avaient été plantés par Héraclès lui-même. La statue de la victoire d'Herculanum tient une couronne de chêne a la main. Une petite chanson populaire piemontaise communiquée par M. Nigra au professeur Mannhardt parle de trois poules sur un chêne et de trois coqs dans un chateau, qui doivent invoquer le soleil et le beau temps. Sol, mirasol, Tre galine s'una rol, Tre gai ant un castel, Preghé Dio c'a fassa bel. Dans la légende indienne de Cakuntala. le jeune prince (le soleil) quitte la jeune fille, sa fiancée, encore mal habillée, et la prie de 1 attendre prés d'un étang dominé pai un arbre, jusqu a ce qu il revienne lui apporter des habits de noce. L'hymne vedique dit que 1'aurore se pare pour le soleil. Le prince Soleil veut embellir sa bien-aimée 1 Aurore. En attendant que le prince revienne (c'est a dire que la nuit sombre passé et que le matin apporte a 1'aurore sa robe de noce), la jeune fille monte sur un arbre, qui se trouve presque toujours être un chêne (ici, évidemment le ciel sous forme d'arbre nocturne). Au pied de 1'arbre une femme noire, une vieille femme (autre représentation de la nuit), vient laver son linge; 1'image de la jeune fille se reflète dans 1'eau (1'océan nocturne). Mais la femme noire ne permet point a la jeune fille de s'admirer trop longtemps dans 1'eau, ni de puiser cette eau de vie dont la sorcière semble avoir le secret; elle pousse donc la jeune fille dans 1'eau. La nuit endort 1'esprit, fait oublier; et le prince oublie la jeune fille qui 1'attendait; Ia sorcière, la femme noire, la nuit occupe prés du prince la place de la jeune fille: celle-ci, après avoir été plongeè dans 1'eau, passé par de nombreuses transformations, jusqu' a ce qu'elle prenne la forme d une colombe qui adressera, en présence du prince, un doux reproche au pigeon volage pour Pavoir abandonnée. Alors le prince se ressouvient de tout; il détruit le sortilège en frottant la tête de la colombe, qui redevient une jolie femme, et fait réparation a sa tendre et malheureuse épouse. L'oiseau male nous cache un dieu; la colombe qui lui 2 parle, une deésse lumineuse et, dans notre cas précisément, 1'aurore éternelle celle qui, en réveillant tous les jours le monde et en lui donnant la lumière, c'est a dire la sagesse, a eu le droit de s'appeler Athènes. Le Chêne vert (quercus ilex) jouait originairement dans le mythe le même róle que le chêne petit (Fagus graecorum et quercus aesculus Plinii); on confondait souvent les deux arbres, mais le chêne 'vert, a cause de ses feuilles sombres et toujours vertes, ne tarda point a devenir une plante funeraire a la fois et symbolique de 1'immortalité, ainsi que le cyprès, le cèdre et autres conifères. Excellent combustible, le chêne vert attire facilement sur lui la foudre. Avant Franklin il est entré en fonction de paratonnerre; il rend un service précieux aux hommes en attirant sur lui les effets de la colère de Dieu. Méritant d ètre divinisé. son sort mythologique a été des plus malheureux. Pendant que son frère, de 1'hémisphère boréal, le quercus robur, a re?u des honneurs presque divins le pauvre chêne vert, a 1'exception de lAmerique qui 1'a réhabilité, a ete des plus malheureux et fut condamné et calomnié comme un arbre infame. Les anciens Grecs et Romains avaient commencé a entamer quelque peu la réputation de eet arbre honorable, en le consacrant a 1 impure Hécate, en couronnant de feuilles de chêne vert les trois Parques funeraires et le dieu ivrogne Silène, qui ne parvint point cependant, malgré eet accoutrement, a détruire en lui les effets de la liqueur de Bachus. Sur le chêne de Dodone on faisait chanter des colombes, sur le chêne vert, Virgile nous fait, au contraire, entendre les cris funestes du corbeau. Sénèque nommait déja le chêne vert, avec 1'if et le cyprès, parmi les arbres tristes. Ovide (Metamorph. I, 112) faisait même grand honneur a eet arbre. D'apres lui, dans 1'age dor, les abeilles, symboles vivants de 1'ame immortelle, venaient sur le chêne vert y fabriquer leur miel: Flumina jam lactis, jam flumina nectaris ibant Flavaque de viridi stillabant ilice mella Pausanias fait mention d'une forêt de 1'Arcadie consacrée a Héra, oü 1'on voyait des oliviers et des chênes verts pousser sur la même racine. Tous ces précédants, ne seraient que fort honorables et témoigneraient tous en faveur du chêne vert. Mais 1'arbre malencontreux a fait du bien aux hommes et il ne s'est en trouvé que fort mal. Le chêne vert, qui nous fournit le meilleur de nos combustibles (ce qui le fit consacrer par les Arcadiens a leur dieu Pan, le dieu du feu, Lucidus Pan, le fils de la nymphe Dryope qui avait été changée en chêne, fèté par les Grecs avec Promethée), le chêne vert producteur du feu comme Promethée, le chêne vert qui se sacrifie pour les hommes comme Promethée, le chêne vert qui chauffe les hommes et qui leur apporte la lumière, le chêne vert qui attire sur lui toute la rage du dieu de la foudre, ce noble martyr du monde végétal a subi, par le fait du christianisme, le même sort que son fondateur il a été méconnu, outragé, calomnié. Dans 1'Acarnanie et a Sainte Maure dans les iles Ionniennes, le regretté poète Aristote Valaoritis a entendu cette légende qui se rapporte au chêne vert. Lorsqu'il fut décidé a Jerusalem de crucifier le Christ, tous les arbres se rassemblèrent et s'engagèrent d'une seule voix a ne pas livrer leur bois pour 1'instrument de 1'indigne supplice. Mais il y avait aussi un Judas parmi les arbres. Lorsque les Juifs arrivèrent avec les haches pour découper la croix destinée a Jésus, tous les troncs se brisèrent en mille petites pièces, de manière qu'il fut impossible de les utiliser pour la croix. Le seul chêne vert resta debout tout entier et livra son tronc pour qu'on en fit 1'instrument de la passion. Voila pourquoi le peuple de Sainte-Maure a pris en horreur eet arbre, voila pourquoi les bücherons ioniens craignent de salir leur hache et leur foyer en touchant a 1'arbre maudit. En attendant, 1'arbre calomnié par les Grecs et quelque peu aussi par les Latins, continue, comme un véritable bienfaiteur, a faire des miracles en Russie, et surtout a guerir, comme Jésus, les petits enfants D'après Afanassief dans les gouvernements de Woronez et de Saratof, lorsqu'un enfant est malade, et surtout malade de consomption, on le porte dans la forêt, oti 1'on fend pour lui le tronc d'un chêne vert en deux; on passé trois fois 1'enfant par la fente de 1'arbre; après quoi on lie 1'arbre avec un fil. On fait ensuite avec 1'enfant trois fois neuf fois (le nombre des jours dont se compose le mois lunaire) le tour de 1'arbre, aux branches duquel on suspend enfin la chemise de 1'enfant, paree que 1'arbre martyr prendra généreusement sur lui tout le mal qui s'était attaché a 1'enfant, qu'il sauve par son propre sacrifice, digne d'un Dieu. J. H. Knoop, Hortulanus, Mathematicus et Scientiarum amator dans son Dendrologie of beschryving der plantagiegewassen zegt blz. 27: „Aan de Eikenboom, te weten aan de takken, en niet op de bladen, groeyen de bekende Gal-noten ook Gal-appels genaamt, (Lat-Gallae), welke, behalve hare nuttigheid ende gebruik in de Medicyne en Chirurgie, aan de Verwers tot het Zwart verwen en tot het maken van inkt dienen: Dog men vind ze niet aan de Bomen hier te Lande, nog in Hoog-Duitschland, of Frankryk, enz., maar ze komen voort in Asia, omtrent Aleppo, Tripoli, en elders in de Levant. Op de Bladen dezes Booms groeyen ook dikwyls, zo wel hier te lande als elders, in de Najaarstydt weeke, sponsieuse, ronde Noten, de gedaante en het aanzien hebbende als Galnoten, gelyk sommige meenen, dog ze komen beide op eenerley wyze voort, namelyk door de beet van een zogenaamd Insect of Mug, waardoor de fyne vezeltjes der schors geledeert zynde, een Uitwas, door het toevloeyende Zap, aangroeit dat een klootronde gedaante verkrygt, en dus de gemelde zogenaamde Noten daardoor ontstaan; waarin vervolgens doorgaans een Wormtje groeit, door het Zaad dat het Insect ter plaatse van de beet nedergelegt hadde, en in de Noot begroeit is. Aanmerkelyk is hetgeen de Ouden van deze Noten waanden, namelyk dat men daaruit jaarlyks de. Vrugt- of Onvrugtbaarheid, Besmettelyke of Gezonde Lugt konde voorzien en voorzeggen; want zy geloofden dat, wanneer men eene zodanige Noot, die niet doorgaat is, opent en dat daar in een Wormtje gevonden word, zulks een Onvrugtbaar Jaar en duurte voorspelde; en zo er een Mug uitkomt, zulks een aanstaande Oorlog, maar een Spin, besmettelyke Ziekten, voorzeide. En dit word nog heden van zommige voor waarheid aangenomen en vertelt.... Dat deze Boom reeds in de eerste Eeuwen geagt en in waarde, jaa in groote waarde gehouden is, zulks schynt te blyken daaruit omdat van dezelve op vele plaatsen der heilige Bladen gewag gemaakt wordt, als Genes. Cap. XII vs. 6, XIII vs. 18, XVIII vs. i, XXXV vs. 4, II Sam. Cap. XVIII vs. 9, Jos. Cap. XXIV vs. 26, Judic. Cap. VI. vs. 11. Ten laatsten moet ik, aangaande de gemene Eikenbomen, nog aanmerken dat deszelfs jonge Bladen, Schorsze Akers en Doppen der Akers (Capulae) een verkoelende en t'zamentrekkende kragt hebben, en derhalven zeer ge- prezen worden, voor allerlei Buik-loopen, Bloed-spuwenr al te sterke Stonden, en inwendige Wonden. Men gebruikt dezelve in Water of in goede Wyn, naar de omstandigheid, gekookt zynde, van welke Drank men 's daags eenige Romers vol drinkt; of men gebruikt de gedroogde Bladen of Akers, fijn gepoeyert. De Decoctie van de Bladen is ook een goed middel voor een zéére Keel, daarmede gegorgelt wordende. Men zegt dat het vogt van Reegen, dat op een afgekapte Eikenboom eenige tydt gestaan heeft, de kragt heeft om de Wratten en allerlei Vlekken des Ligchaams, die niet van de geboorte af geweest zyn, te verdryven, als men die dikwils daarmede wascht. Dit weet ik zeker, dat, om de Wratten te doen weggaan, geen zekerder middel is, als het Menstruum Mulieris, dat ik niet nalaten kan bij deze gelegendheid te melden, tot dienst van diegene die het noodig mogten hebben. Claude Civile, ayant le projet de délivrer ses Bataves de la domination des Romains, les convoqua dans une forêt sainte. C'était la qu ils adoraient leurs dieux et leur faisaient des offrandes. Dans une partie isolée du bois se trouva le char mysterieux de Nerthus la Terre nourricière, trainé par les prêtres au moment ou'ils s aper^urent que la déesse y eüt pris place. Cétait la que se trouvaient les arbres, les plus agés, gros et pesants. On y avait èrigé les autels aux quels furent attachees les offrandes. Les images des divinités s'y trouvaient ainsi que les signaux de guerre, contrefagons d'animaux, sous lesquels chaque tribu était accoutumée de se battre; 1'origine des. soi-disants figures héraldiques. Le christianisme monotheiste a bien dépla?é ce culte des bois mais le peuple tenace et têtu, comme un ane, dépla^a, tant ouvertement qu'en secret, sa vénération aux restes des sanctuaires d'autrefois, aux arbres; témoins de sa religion. Lindebom, „Hist. episc." Daventriensis p. 421 raconte 1'origine miraculeuse du rongen of hilligen boom qui se trouva a une lieue de Wyhe. Au chateau voisin de Wezenbourg le valet eut violé et massacré la femme de chambre. Occupé a la campagne, on 1'accusa, de ce forfait. II prit un morceau de bois cylindriqne du chariot a fumier 1 enfon$a dans la terre et invoqua Dieu a son aide qu il fut tellement sur de son innocence qu'il serait impossible que ce bois se convertit en arbre. Le bois se feuilleta tout de suite et poussa en chêne gigantesque. On y erigea une chapelle qui a été enlevée avec 1'arbre en 1660. A Bergharen, entre la Meuse et le Rhin, se trouve encore le saint-Tilleul au quel fut suspendu, il y a quelques années, une boite a 1'inscription: „Souvenez-vous des pauvres". A. Harjel, village en Lstlande (Russie) dont les habitants sont de la même race que les Germains; fut tué, il y a quelques années, dans la nuit de St. George, St. Jean et St. Michel, sous quelques arbres; un coq noir. Prés de Warbourg au Diemei, dans la principauté de Paterborn, au pied du Donnersberg se trouve un chêne seculaire auquel les habitants de Wormelen et Calenberg se rendent annuellement en cortège sollennel. La vénération des plantes de nos ancêtres est transmise a la postérité. II se peut que le régit de la création du premier couple humain selon les Edda's a coopéré ce ligament paree qu'on retrouve, comme le prétend Grimm, les idéés cosmogénétiques des habitants du Nord aussi chez d'autres tribus. Ymir, géant méchant, originaire du Chaos, fut tué par les fils de Buri, lèché de la glacé par la vache qui nourrit Ymir. De son cadavre ils formèrent la terre. Passant par la plage ils trouvèrent deux arbres, aska, frêne et embla, peut-être orme; dont ils firent des créatures humaines, homme et femme. L'ainé des fils leur inspira 1'esprit et, la vie, le deuxieme 1'intelligence et le mouvement, le cadet la figure, le langage, 1'ouïe et la vue. Un récit de la Création, originaire des Indes, fait naitre le premier couple humain d'une plante, nommée „Rheum Ribes". D'aprês les auteurs Grecs le genre humain a germé des graines de la frêne. D'après les Perses il a poussé de 1'arbre „askun". Dans beaucoup d'oeuvres poétiques, chansons nationales, legendes, traditions et contes bleus du bon vieux temps les plantes poussent des sépulcres et 1'ame du défunt y passé. Les plantes pensent, parient, gémissent, pleurent et saignent comme nous. Du sépulcre d'amants malheureux poussent des arbres ou des fleurs qui s'unissent: »Es wachsen Lilien auf beider Grab, Sie wachsen zusammen mit jeden Blatt." Une traduction allemande, du poème anglais de Marguerite et Guillaume, fait mention qu' après leur mort: »Aus ihrer Brust eine Rose entsprang, Eine Linde aus der seinen; Man sah sie oben am Kirchthurmknauf Sich zum Liebesknoten vereinen." Une fille de Lithuanie cueillit une rose, du sépulcre de son amant, qu'elle donna a sa mère qui lui dit: «Das ist ja die Rose nicht, Ist des Jünglings Seele." Beaucoup de légendes parient d'arbres qui poussent du sang de ceux qui sont mis a mort innocemment" A Camern en Magdebourg poussèrent sept chênes, miraculeusement unis. Occupé a couper un des troncs, la souche exsuda des larmes sanglantes jusqu'a 1'apparition du nouveau tronc. A Uerdingen sur Rhin, au moment oü une fille, condamnée pour cause d'infanticide, subit la peine de mort cette fille invoqua une ordalie: au dessus de la muraille, prés de la Porte centrale, un arbuste, dont les feuilles ressemblèrent a celles du Peuplier Tremble et sur lesquelles le peuple vit des gouttes de sang, poussa et y resta jusqu' en 1877 lorsque porte et muraille furent rasés. On prétend que le beau Chêne, du bois de Luchow, contrée de Lunebourg, ayant une hauteur de 70 pieds; a poussé dans la bouche d'un roi tombé au champ de bataille. On ne voit pas de rosée et pas d'herbes a 1'endroit oü un homicide a été commis. Les oiseaux n'y chantent pas. Dans un bois entre Alt-Strelitz et Neu-Brandenbourg oü un tel crime fut commis, poussa a 1'endroit même du forfait; au premier son de cloche de midi, une plante carduarcée. La tige avait deux bras qui bourgeonnèrent en tête d'homme, tout couvert d'épines. Au dernier son de cloche la plante eut disparu. Le baton, avec lequel un Curé la battit se carbonisa et son bras se paralysa. Trois demoiselles, de mceurs légéres, habitaient dans un Chateau-forestier prés de Nürnberg, qui frappé de la foudre se réduit en cendres Leurs ames passèrent en trois grands arbres. Aussitót qu'on en abatt un 1'ame passé dans un autre. Quand on sonne le sermon ou les vêpres, le passant entend des voix séduisants et rires et voit des figures parmi les rameaux. Quelquelois la face humaine reste, intacte en passant dans les arbres. Un ouvrier a Salzungen eut déracinée des souches. Occupé a les fendre devant sa maison, un marabout grisatre en sortit, entra dans la maison, fit devant la fenêtre la moue au paysan et se comporte d'une manière trés indécente. Un exorciste dut 1 attraper et le bannir ailleurs. Quelquefois les ames sortent de pure volonté des arbres et reprennent la figure humaine. Ce sont pour la plupart des filles qui aident a filer et faire la moisson. Un jeune paysan, qui se passionna pour une telle aide dans la saison ou 1'on coupe le foin, lui lia les jambes a 1'entrée de la dernière voie. Elle en cassa une et s eloigna en pleurant. L'autre jour le gargon cassa une jambe et resta estropié pendant toute sa vie. Ce singulier accident arrivé constamment a un membre dans cette familie. L'ame d'une paysanne dans les contrées de Bidschow en Bohème quitta, de nuit, le corps et se glissa dans le saule, au bord du ruisseau. Le mari, qui s'en aper^ut, coupa 1'arbre; mais au mème moment la femme mourut. Les enfants dormirent tranquillement dans un berceau des verges entrelacès de ce saule. Lorsqu ils grandirent ils firent des sifflets avec les rejetons de la souche et conversèrent avec leur mère en sifïlant. Ivalewala, le ïemarquablc epos national des Finlandais, fait mention dun bouleau qui parle, pense, pousse des cris et verse des larmes. Wainamöinen, le héros de ce poème epique, eut perdu sa harpe, a cinq fils de métal qu'il toucha de sorte que tous les animaux s'assemblèrent pour 1'écouter. D'après la traduction allemande de Schiefner il marche: „Kopfgesenkt und schlechter Laune." Le long de la lisière d'un bois »Hört er eine Birke weinen, Hort den Maserbaum er klagen" en demande la cause »Wirst ja nicht zum Krieg geführet Nicht zum Kampfe du gezwungen." La boileau répond: üOftmals sind zu mir, der Zarten, Oft zu mir, der armen Birke, Kinder in dem raschen Frühjahr Her zu meinen Stamm gekommen, Schlitzen mit dem scharfen Messer, Aus den Bauch mir meine Safte; Böse Hirten ziehen Sommers Ab mir meinen weissen Gürtel, Machen Schalen, machen Scheiden Machen daraus Beerenkörbchen; Oftmals sind bei mir, der Zarten, Oft bei mir, der zarten Birke, Madchen, die am Stamme sitzen, Die an meine Seite weilen, Schneiden Laub mir von der Krone, Binden Zweige fest zu Besem." C'est ainsi durant 1'été mais, dépourvu de ses habits, pendant 1'hiver il frissone de froid et pousse des cris plaintifs aux fortes gêlées. Wainamöinen lui adressa des consolations «Weine nicht o grünes Baumchen, Klage nicht du reichbelaubte, Jammre nicht mit weissen Gürtel! Solist ein wonnig Loos erhalten, Voller Lust ein neues Leben; Wirst sogleich vor Freude weinen, Wirst voll lauter Lust ertönen." et fit une nouvelle harpe du bouleau. Ce bouleau ne fit pas comme un autre, au Grand-duché de Bade, qui, a tous les trois coups de hache que lui porta un tonnelier, s'écria o Jésus; de sorte que le tonnelier prit la fuite, tout effrayé. Walter: Vater ist 's wahr, dass auf dem Berge dort Die Baume blüten, wenn man einen Streich Drauf führe mit der Axt? Teil: Wer sagt das Knabe? Walter: Der Meister Hirt erzahlts. Die Baume seyen gebannt, sagt er, und wer sie schadige dem wachse seine Hand heraus zum Grabe." Ce que Schiller fait raconter ici au jeune Suisse fut une opinion, fort répandue, depuis les Alpes jusqu'en Suède. Elle est encore en vogue, du moins il y a quelques années, parmi les habitants de la Silésie ou le paysan n'aime pas a couper, sans nécessité, dans 1'écorce d'un arbre. II vient d ecouter de son père et grand-père que la blessure fait du mal a 1'arbre et le fait saigner. C'est tout a fait la même chose dans la mythologie antique. D'après la traduction de Voss, Ovide chante de la forêt sainte de Céres: „Eine gewaltige Eiche, der Vorwelt Riesin, erwuchs dort, Wald sie Allein .... Auch lag die übrige Waldung drunten so tief, als unter den Waldungen liegen die Krauter.' Erisichton veut la faire couper. Ses serviteurs refusent constamment. II prend la hache: „Und sobald ihr den Stamm die entweihende Rechte verwundet strömt hervor Nicht anders das Blut aus gespaltener Wünde als, wann vor den Altaren ein Stier, das herrlichste Opfer, fallt, der blutige Strahl aus zerschmettertem Nacken emporsteigt.'" Non seulement dans la Mythologie antique des Grecs et des Romains les hommes se transforment en plantes mais celle des Scandinaves en indique aussi des événements fort remarquables. En Autriche vécut un paysan riche et avare avec sa fille Marguerite. Son voisin, pauvre diable, n'eut qu'un seul fils, nommé Jean. Les jeunes gens s'aimèrent mais le paysan riche sut empêcher toute rencontre. Marguerite se creva, journellement, les yeux a force de regarder, du jardin, Jean. Celui-ci fit la mème chose du chemin, tant que tous deux se convertissent en plantes. Marguerite se corporifia en Nigelle (Nigella arvensis) Gretchen im Büsch, Jean en Polygone (Polygonum aviculare) Hannes am Wege. Le Tilleul est depuis les Temps, les plus reculés, indigène en Europe Originaire de lAsie septentrionale il semble être importé par les Celtes, peuple issu de la race indogermanique. Les Goths, les Danois et les Anglo-Saxons fabriquèrent leurs boucliers du bois de Tilleul, couvert de cuir bien épais; et leurs lances de jet du bois de Frêne. II porte aussi le nom d'arbre de village paree que, placé au centre, les villageois se réunissaient sous son toit de feuilles pour discuter, examiner et arranger les affaires. Plagé auprès des maisons, il ne manque pas a exercer une certaine influence sur le sort de la familie. Comme arbre d'église, il réunit les membres de la communauté jusqu'au commencement du culte. Dans la Mythologie scandinave le Tilleul est 1'arbre de Holda, la plus aimable des déesses. Plus-tard la Vierge Marie entre dans sa place. A Chraupen, en Aütriche, une vipère s'entortilla autour du bras d'une fille, occupée a couper 1'herbe ; siffla d'un son aigu a un tilleul creux, disparut, sans mordre, par un saut et se cacha. Dans 1'arbre se trouva une statuette, représentant la Vierge, qu'on porta, avec les formalités réquises, a 1'Eglise. Le lendemain elle fut retrouvée a la même place, ce qui se répéta trois fois; après quoi on fit auprès du Tilleul un berceau de feuillage, dans lequel la statuette fut réverée. Partout en Allemagne. et surtout dans la partie méridionale les serpents sont des convives agréables dans les maisons, oü ils répandent toute sorte de prosperité. A 1'état sauvage ils vivent en compagnie sous un roi ou une reine couronnée, auxquels ils sont fidèlement attachés. On attribue au serpent des forces mysterieuses et extraordinaires. La consomption de sa viande a des suites particulières et bizarres. Souvent les jeunes filles sont for?ées, par un anathème, de se métamorphoser en serpent. Chez les Longobards et peut-être chez d'autres tribus Germains, la culte du serpent fut en vogue et, sans doute, les serpents domestiques, en sont les vestiges. Berlinger, (Volksthümliches aus Schwaben I pag. 496) écrit: In jedem Hause ist eine Hausotter; sie befindet sich irgendwo in der Wand und durchzieht das ganze Haus. Sie bedeutet Glück, verlasst das Haus mit den Hausleuten und bezieht das neue. L. H. Lutzen, dans son oeuvre „Ophiographia PhysicoChymico-Medica, Augsbourg, 1670, pag. 107 raconte que les serpents domestiques mettent les paysans en süreté du mal contagieux parmi les bestiaux. Un habitant de Merklin, en Bohème, raconte a Grohman (Sagen aus Böhmen von Dr. Josef Virgil Grohman, 1863, pag. 221) qu'ils se trouvent la, dans chaque maison, deux grands serpents, male et femelle avec des petits. Quand on tue, a coups de baton ou de massue, le male ou la femelle ou un des petits; le père ou la mère de familie ou un des enfants meurt. Une fois il remarqua la foule, reünie devant une maison, pour voir le serpent domestique, qui, échappé de son asile fut tué. Huit jours après, exactement a la même heure, le proprietaire de la maison mourut. Au Spreewald il y a dans chaque maison deux serpents qui contribuent au bonheur des habitants (Von Schulenburg. Aus dem Spreewald, pag, 96.) II y a un commerce familier entre les serpents et les habitants de la maison dont ils sont les convives. Entre enfants et serpents il y a des liens d'amitié. Rochholz (Altdeutsches Bürgerleben, 1867, pag. 112) raconte: „Das Sennenkind auf der Scheideck, schlagt die Schlange die mit ihm aus der gleichen Schüssel Milchsuppe iszt, mit dem Löffel auf den Kopf: „Lag' seh, frissist óch Brot, wenn du Mammi suifist?" So ist für die Vorstellung des Dorfkindes selbst der finstre Hauskeller — der gewöhnliche Aufenthalt der Hausschlangen in Schwaben — nicht ohne allgegenwartige Geister. Das Stadtkind dagegen erwiderte auf die bekantte Katechismusfrage, ob der allgegenwartige Gott auch im Kartoffelkeller sei: O nein, da hatten Ihn unsre Kellerratten schon langst gefressen ! Bündiger lasst sich der Unterschied zwischen Stadt und Land kaum ausdrücken." (Altdeutsches Bürgerleben, 1867, pag. 112.) Aussi avec les adultes les serpents sont dans des relations intimes. A la ferme Maihausen entre Mensikon et Münster, dans la vallée Emmen, la servante-laitiere, occupée a traire les vaches vit tout a coup un gros serpent couronné. Sachant que les serpents aiment le lait, elle lui donna a boire. Ils restèrent dans une telle intimeté qu'elle partagea son lit avec le serpent. Le matin, avant son mariage, le serpent eut disparu mais laissa sa couronne. (Rochholz, Naturmythen pag 192). Une Sennoise a Langriss en Bavière fournit regulièrement du lait a un serpent. Descendant a 1'autómne, des montagnes, dans son village il 1'accompagna. Au moment de son mariage elle fut curieuse si le serpent vint assister a la cérémonie. II arrivé réellement se traine en haut, le long de sa chaise, et fait tomber, en secouant la tête, une couronne d or dans son assiette. Son mariage fut heureux et prospère (Sepp Altbayerischer Sagenschatz pag 615). A Immeneich, prés de St.-Blasien en Bavière, la servantelaitière donna chaque matin du lait chauffé a un gros serpent couronné. Pour un motif quelconque elle dut quitter sa place. La servante, qui la rempla?a, trouva le lendemain sur la sellette a traire une couronne d'or a 1'inscription: „pour récompense". Elle la rendit au paysan qui la fit parvenir a la fille qui etait partie. Le serpent ne s'est plus présenté. (Grimm, Mythologie, pag. 5 72). Au Grand-düché de Hesse, une fille re?ut chaque aprèsmidi de sa mère une cuvette, de lait avec des morceaux de pain blanc, avec laquelle elle se rendit au jardin. Dès qu'elle commenga a manger, le serpent-domestique apparut d'une crévasse a la muraille et mangea avec elle. S'il se fut retardé la fille cria: Unke, Unke, komm geschwind, Komm herbei, du kleines Ding, Solist dein Bröckchen haben, An der Milch dich laben. Le serpent ne but que le lait et laissa le pain intact. Une fois la fille prit la cuiller, frappa tout doucement la tête du serpent, en disant: „Ding eet ook Brokken." La mère qui se trouva a la cuisine, entendit 1'enfant parler a quelqu'un et, voyant sa fille frapper un serpent, elle prit un morceau de bois et le tua. La fille, jusqu' ici grande et robuste commenca a languir. Le hibou, oiseau funèbre, (strix tioctua) fit entendre ses cris plaintifs: „Koem mit" et frappa a la fenêtre en volant autour de la maison. Peu de jours après la fille mourut. Au bois de Béraun, en Bohème, un jeune aveugle, connu partout, soigna une vieille femme, qui tomba subitement malade et ne lui put fournir la nourriture journalière. Accablé de faim, il chanta d'une manière tellement, touchante, que les serpents du bois se réunirent, les corps dressés, pour 1'écouter. Au bout de ses forces il ne put plus chanter et s'écria d'un ton plaintif: „O, que quelqu'un me fasse miséricorde et me donnasse a manger." Les serpents s'éloignèrent pour retourner bientót avec un cuissot de chevreuil, qu'ils mirent, par la fenêtre, sur la table de 1'aveugle. (Grohmann pag 217). A Lübbenau, dans les branches du Spree, vivent beaucoup de serpents aquatiques. Chaque maison a son couple, qui ne se montre pourtant pas avant la mort du père ou mère de familie. Un vieillard vit, le lendemain après la mort de sa mère, 3 un long serpent mort devant la maison. Ces serpents avaient autrefois, pour souverain, un gros serpent robuste; ayant a la tête deux agrafes, auxquelles il porta une couronne d'ivoire artificiellement gravée, pièce heritée de roi en roi. Le Comte de Lynar, refugié politique d'Italie, s'établit a Lübbenau. Dépourvu de moyens, il tacha a se procurer la couronne de serpent. Sachant, qu'il ne la mit que sur quelque chose propre et blanc, il attendit le moment, oti le roi fut en familie; pour étendre un drap blanc. Le souverain y déposa sa couronne et s'amusa de ses camarades. Le Comte saisit la couronne et forga son cheval de courir a toutes jambes. II entendif un sifflement aigu tous les serpents le poursuivirent. Au point de la saisir, une muraille arrêta sa course, le noble cheval en sauta par-dessus et le voila sauvé. II regut pour la couronne une somme dargent suffisante a faire batir le chateau de Lübbenau. En souvenir éternel, la familie a, dans ses armoiries, un serpent couronné et une muraille. (Dr, H. Pröhle, Deutsche Sagen 2 te Auflage 1879, pag. 90). Une reine de serpent vécut a 1'endroit oü le Strundbeek prend sa source. Elle était d'une taille belle et majestueuse d un teint du visage comme on ne le voit que dans 1 are en ciel et sa couronne fut garnie de pierres précieuses. Elle 11e fit mal a personne et accepta volontiers du lait et des sucreries. Une veuve avec son enfant, arrivée de 1 étranger, etablit son domicile prés de la source. Elle ignora 1 existence du serpent. Le matin, avant de se mettre a 1'ouvrage, elle laissa une marmite a bouillie pour 1 enfant. Quand elle rentrait la marmite était toujours vide et néanmoins la fille eüt du jeüner bien des fois. Elle raconta d'une jolie compagne de jeu. La mère se mit en observation et fut fort effrayée en voyant un gros serpent s'approcher de 1'enfant qui poussa des cris de joie. Avec le manche de la cuillère, il divisa la bouillie en deux parties; disant: 1'une moitié pour vous 1'autre pour moi, après quoi ils consumèrent la bouillie. Un des curés de Strunden conseilla d'éloigner 1'enfant. La mère trouva un grand diamant au lit de sa fille (Montanus die Vorzeit, pag. 127). Une paysanne a Tubingue vit, maintesfois, un serpent roi prendre son bain froid au Saaie (Panzer, Beitrag I. s. 183). Quelques filles en Slesvig trouvèrent une multitude de serpents sifflants, empelotés; dont le plus grand porta une couronne d'or. Une des filles déploya son tablier blanc et bientót le plus grand y mit sa couronne de 1'or pur, garni de pierreries d'une verdure foncée. La fille accourut et prit la couronne. Le roi des serpents siffla d'une manière si terrible que la fille devint sourde. La couronne fut vendue bien cher. (Nork, Myth. p. 961). A Saterland en Oldenbourg, quelqu'un, monté a cheval, traversa un bois et vit, a cöté du chemin, sur une couverture blanche, une belle couronne. II s'en empara mais a peine s'étant éloigné a 100 pas il entendit un sifflet aigu. Un millier de serpents accoururent a sa poursuite et ce ne fut qu'apres avoir jeté et couronne et couverture qu'il put poursuivre son chemin. A Hasbruch, autre endroit d'Oldenbourg, quelqu'un, qui eüt enlevé au roi la couronne, éprouva que les sujets -accourent au secours du roi quand il pousse des cris de détresse. Au sifflet une multitude de serpents accoururent et poursuivirent le voleur même dans sa maison. Ii pria sa femme de 1'enfermer dans la garde-robe paree qu'il avait fait du mal. Les serpents cependant se glissèrent par le trou de la serrure et par les fentes dans la garderobe. Après 1'ouverture on trouva l'homme mort et le corps mutilé d'une terrible manière. (Strackerjan. Aus Oldenburg II. S. 108). En Bohème il y a des serpents qui portent tous des couronnes. On les trouve dans un coin de la redoute du chateau de Pardubitz. Mettez y un drap blanc et le serpent y pose sa couronne. Au moment qu'on 1'öte, le serpent vous suit et demeure dans la maison oü la couronne se trouve. En Luxembourg on appelle les serpents couronnés: „Schiesschlangen". Sans ailes ils traversent 1'air avec la rapidité de la flèche. A Schonebourg prés d'Eschet, un bücheron, faisant meridienne sous un arbre, entendit bruit et tapage. II leva les yeux et vit un serpent qui traversait 1'air et déposait, a plusieurs reprises, des pièces d'or dans la tête d'un cheval. Après avoir examiné combien de temps le serpent s'absentait, il prit 1'or et retourna a sa place au pied de 1'arbre. Le serpent s'étant apergu qu'on 1'eüt dépouillé, se cogna la tête contre 1'arbre et tomba mort a terre. Du reste la vie et les moeurs des serpents Luxembourgeois ne différent pas des autres. (Gredt, Sagenschatz des Luxemburger Landes, 1885, S. 277 u. s. w.). La longueur d'un serpent couronné, en Oldenbourg est de 10—16 pieds, 1'épaisseur est environ celle de la jambe d'un homme. En Samland, une contrée de la Prusse orientale, le serpent-roi a 12 têtes. Dans quelques contrées de Bohème les serpents se réunissent a un jour fixé, entourent le plus distingué, sifflent aussi longtemps sur sa tête qu'un suc visqueux, qui devient plus tard dur comme la pierre, se sépare. Cette pierre serpentine est diaphane, a une couleur d'émeraude est glandiforme, au bas bout sans inégalités et a trois trous. Le serpent porteur n'est jamais seul mais toujours entouré de dignitaires. Dans le cas qu'on a a faire avec une serpente-reine, il faut la mettre sous un pot pergé dans une fourmillière, monter sur un chêne voisin, la tuer a coup de fusil et s'emparer de la couronne. En Oldenbourg la peau d'un serpent-roi est si dure que la balie de fusil ricochète. La vertu d'un homme saint peut tuer le serpent. Les habitants de Huy sur Meuse avaient bien de la peine d'un gros serpent qui empoisonnait 1'eau d'une source. Ils invoquaient le secours du saint Domitien qui le tua par ses prières. En reconnaissance on lui batit une chapelle prés de la source, et annuellement, au 7 Mai, les fidèles s'y rendent avec le clergé qui bénit 1'eau après quoi cela renferme une remède efficace contre la fièvre. (Baron de Reinsberg-Düringsfeld, Traditions et légendes de la Belgique, 1870, I. p. 315.) La légende ne fait pas mention des maladies et incommodités qui sont les suites de 1'empoisonnement par le serpent comme le fait une gravure dans 1'Église de Mun derkingen en Würtemberg. La femme du marguillier de la chapelle au montagne avait en 1498, puisé dans et bu d'une source empoisonnée. Peu après elle se sent enceinte et souffrait beaucoup. Se confiant en Dieu et invoquant la mère divine elle accoucha enfin de 62 serpents Dans la source on trouva un qui eut 20 pieds de long. (Birlinger, Volksthümliches aus Schwaben, I. S. 253.) Les filles frappées d'excommunication, sont souvent for?ées de prendre la figure du serpent. Une légende Tyrolienne en fait mention. Le Saint-Baumschloss, lezNauders habité de trois filles, renferme un grand trésor. Au 24 Juin, les jeunes gens ayant allumé le feu de St. Jean ; une fille accourut et appela „Jean". Un des gargons, de ce nom de baptême, s'avanga. Elle lui dit: suivez moi et une fois arrivé a la place indiquée il faut vous deshabiller tout a iait. Je vais me métamorphoser alors en serpent et je me trainerai 3 fois en haut contre vous. Soyez sans peur. Une fois la chose faite, je suis délivrée et le trésor est a vous. Le gargon 1'accompagna et se déshabilla; la fille prit la figure d'un serpent, se traina deux fois en haut mais la troisième fois le gargon frissonna tellement qu'il ne put plus la supporter. Une des filles serpentines, la plus célèbre, est a Bale. Elle aura son séjour dans un palais souterrain avec celui qui la délivre par trois baisers. Hercule se trouva une fois en Scythie. Un orage violent fut cause qu'il détela les chevaux et mit sa peau de lion pour s'endormir un instant. Eveillé, les chevaux furent disparus. II alla a la recherche. Arrivé dans la contrée Hylaea, il les trouve dans la grotte Echdna. Une figure demi-femme demi-serpent répondit a sa demande si elle eüt vu des chevaux égarés, qu'elle s'en fut emparée et ne voulut les rendre qu' a condition d'une liaison intime. Hercule y consentit mais elle differa de jour en jour la restitution des chevaux de crainte qu'il la quitta. Enfin elle restitua les chevaux en disant: Vous m'avez payé le droit de sauvetage car j ai trois fils de vous. D après Herodote (Hist. IV, 8 en 9) de ces trois le peuple des Scythes doit être issu. Saxo-Grammaticus (Historia Danica pars posterior, pag. 146) raconte que d'après la tradition populaire en Jutlande, Norvège et Suède, la consommation d'un bouilli, fait de serpents blancs, rend une intelligence admirable. II y a 80 ans, mourut a Grindelwald, au canton de Berne, v n paysan qui pratiquait la necromancie et fut appelé „le thaumaturge" Occupé a exercer la magie et implorer la bonté céleste, il s'enfermait régulièrement dans sa chambre. Le domestique, trés curieux de savoir ce que son maitre faisait, per?a un trou dans le cloison de bois et vit que le paysan tint ferme un serpent a tête blanche, qu'il commen?a a cuir dans une marmite. Bientót une mousse blanchatre monta jusqu'au bord de la marmite et prit la forme d'une boule, blanche comme la neige. Le professeur de magie fit semblance avoir oublié quelque chose, quitta la chambre pour se rendre a la cuisine et laissa la porte entre-ouverte. Dans ce moment le domestique se glissa dans la chambre secrète et supposant que 1'écume blanche serait du lait cuit, il passa le doigt sur le bord de la marmite et le lècha. Puis il se rendit au champ pour couper 1'herbe. A peine arrivé, il vit que chaque brin d'herbe et chaque fleur se courbait devant lui. Rochholz, Naturmythen. S. 197 raconte que chacun qui mailde, en Tirol, le peau d'un serpent blanc sait ce qu'un autre pense. En Allemagne on prend encore maintenant le „Coluber Natrix" serpent nageur, comme nourriture. Lens (Schlangenkunde, S. 500) raconte: „In manchen Gegenden wird sie als wohlschmeckend gegessen" et page 191 qu'un chasseur aux serpents, ayant pris un froid et ne trouvant point de soulagement aux remèdes ordinaires accepta le conseil d'un homme expérimenté et prit „eine ohne den Kopf gedörrte Kreu zotter, zerstiess sie, siebte den Staub durch, nahm davon einen Esslöffel voll, der salzig schmeckte, trank ein paar Glaser Wasser nach, legte sich auf eine Bank, schlief lange und wachte dann vom Schweisze triefend und gesund wieder auf. De oude Drentsche Scheper, die nog gelooft aan volksspoken met reuzenvingeren, die in groote steenen nog het teeken ziet waar de reus den steen heeft aangepakt, raadt aan om een slangevel, d. w. z. een vel dat door eene slang is afgeworpen, mêe te nemen en goed te bewaren. Een stuk slangenvel toch, op eene wonde gelegd, werkt heelend. Monsieur Shaw (Voyages, tome 2, p. 194) dit que la Couleuvre a Collier (Natrix torquata) est la plus rusée de tous les serpents et qu'elle a séduit la première Femme, par le péché de la quelle le Genre humain, qui sans cela participait aiix propriétés Divines, est devenu fort corrompu et trés malheureux. D'un autre coté Monsieur Shaw loue la Couleuvre a Collier, lorsqu'il 1'envisage comme le serpent d'Esculape, auquel animal on attribue tout autant de mérite, que nous sommes obligés d'en reconnaitre a juste titre a la science salutaire de la Médecine; autant qu'elle est fondée sur l'expérience, la discrétion et la prudence, le serpent en est ordinairement l'emblème. II y en a qui croient qu'on doit chercher 1'origine de eet emblème dans la vertu médicinale du serpent d'airain érigé par Moise, et qui fut après un objet d'Idolatrie. Certaines parties du serpent servent a un but quelconque. En Bavière on attrapait et peut-être qu'on le fait encore, au „Frauendreissigst" le temps entre 15 Aoüt, assomption de la Vierge Marie et 14 Septembre, 1 exaltation de la Croix, un serpent; l'enfermait dans un pot neuf, le faisait mourir de chaleur et de faim, après quoi on le mettait dans une fourmillière. La viande rongée, on construisait des os, qui composent 1'épine dorsal, une sorte de Patenótre, le soi-disant „Fraisbeter" qui guérit ceux qui sont sujets au „Frais" — épilepsie ou convulsions. La peau d'un serpent, trouvée en plein champ et pilée dans un mortier, guérit en Schwaben les blessures occasionées par piqures et coups. La peau, d'un serpent, écorchée a St. George, 23 Avril, portée 9joursaucou; est en Bohème un febrifuge, de même que la tête, coupée a ce jour la d'une monnaie d'argent; quand on la porte en poche. Un gargon-charretier de Holzhausen prés Dillingen en Schwaben, pour éprouver la force de la langue de serpent 1'eüt collé dans son fouet. Le cheval qu'il en touchait chaque matin avait assez pour toute la journée. Quelquefois on soud la langue dans les éperons du cavalier. La langue arrachée avant St. George a un serpent vif et portée dans la jarretière de la jambe droite rend fort et intrépide. On prétend en Meclenbourg que la langue du serpent, portée dans les souliers, garantit de 1'atteinte des projectiles et des coups de sabre. Les blés de semence, passés par la peau du serpent, comme par un entonnoir, ne sont jamais attaquées par la vermine ou le gibier. (L. H. Lutzen, Ophiographia Physica-Chymico-Medica.) Mais revenons a notre tilleul dont les serpents nous ont éloignés trop longtemps et trop loin. Dans la Mythologie Scandinave, Sigurd, après avoir tué le serpent Tafnir, prend un bain dans son sang; une feuille de tilleul lui tombe entre les épaules et le rend, dans cette partie du corps vulnérable. Non seulement les fleurs et les fruits du tilleul avaient, comme aujourd-hui, l efficacité d'un remède mais les rejetons, mis dans la bouillie qu'un enfant prend pour la première fois, sont un garanti contre les maux de dents. L'écorce, mise sur la poitrine, préserve contre les effets magiques. Johan Herman Knoop, Hortulanus, Mathematicus et Scientiarum Amator, zegt in zijne beschrijving van den Lindenboom, blz. 53, § 15: „Voor het overige so heeft deze Boom ook zijn nuttig- heid in de Geneeskunde, inzonderheid deszelfs bloemen, welke zeer geprezen en veel gebruikt worden voor Draayingen des Hoofts, Convulsien of Stuipen, inzonderheid der Kinders; Vallende Ziekte en Beroertheid : Men maakt tot dien einde een Conserv van een gedistilleert Water uit de Bloemen : Dit Water word ook grotelijks gelaudeert, hetzij alleen of beter met wat Lavendelwater, of eenige druppels Lavendel-olie, om het baaren der Vrouwen te bevorderen. De binnenste Schors of jonge Takken in Water gekookt, is een goed middel voor de Waterzugt, daar van Daags eenige Romers vol gedronken. En cas que les pillules Pink, pour personnes pales, n'ont pas tout le succès qu'on en désire on peut s'en servir avec toute confiance. La légende de Philémon et Baucis, ce couple heureux qui désirait terminer ses jours au mème instant, est partout connue. A Beekhuizen, prés d'Arnhem, on montre auxtouristes deux Tilleuls dont les troncs se sont entortillés. II y a plusieurs endroits qui s'attribuent 1'honneur de pouvoir indiquer 1'endroit oti ce couple a terminé ses jours mais c'est tout de mème avec la robe unie de Jésus dont Trèves et Argenteuil s'attribuent 1'honneur de la conservation. Aux curés et aux fidèles d'en faire 1'arbitrage. Nous avons déja remarqué que le bois cylindrique d un char a fumier se convertit en chêne. Tel chose arriva au champ de bataille a Stuckenbergsanger en Harz. Le soir, l'issue encore indécidée, le géneral en chef enfonga son sabre dans la terre en s'écriant: A nous la victoire quand le sabre se convertit en arbre pendant la nuit. Le lendemain les soldats virent un bel tilleul, qui eut poussé pendant la nuit, et les animait de sorte qu'ils remportèrent la victoire. Les gnomes aiment a se tenir debout le tilleul. A la demande ils cueillent des herbes médicales pendant la nuit, pour les mettre devant la porte de la maison oü se trouve un malade. A Starberg en Harz se trouva un tilleul vieux dans lequel parut de temps a temps une figure, ce qui faisait croire qu'il y avait la un trésor. On le trouva en effet, mais une multitude de revenants apparurent pour exiger les bêcheurs en sacrifice. Un d'eux s'écria dans 1'anxiété „je ne veux pas" et immédiatement trésor et revenants disparurent Pendant 1'action de creuser tout mot est absolument interdit. On en trouve la cause II, Rois IV, vs. 29. Aussi les animaux aiment a séjourner prés du tilleul. A Wesselaar prés Neveln, une femme fila, pendant la nuit, au pied d'un tilleul millénaire entourée de toute sorte d'animaux. Entre Auwegen et Huyssen, en Flandre, un paysan s'endormit sous un tilleul. Éveillé par des sons aigus dans 1'air, il regarda en haut et vit que 1'arbre fourmilla de chats. Fort ému, il voulut prendre la fuite mais se vit entouré de milliers de chats. Quelques-uns faisaient des omelettes a la célestine et s'en régalaient. Un joli petit chat lui en offrit, il refusa trois fois mais accepta-a la longue. Avant de manger il fit la signe de la croix et tous les chats avec les poiles a frire s'évadèrent sous des gémissements et miaulements horribles. D'après une autre légende, cela arriva lorsque le paysan demanda, après la première bouchée, aj nom de Dieu, un peu de sel. Encore aujourd-hui les chats se réunissent toutes les nuits sous le tilleul cataire pour chanter, frire et manger et personne a la hardiesse de s'en approcher. Les chats de Freya symbolisent les malignes caresses et les joies sensuelles (R. B. Anderson Myth. Scandinav^. Légendes des Eddas). Quand une fille en Hesse, Waldeck, la Prusse orientale ou au Rhin, ne soigne pas bien les chats, un mariage infertile en sera la suite; de même, quand avant les cérimonies nuptiales un chat est assis sur 1'autel de 1'Eglise. Dans la Prusse occidentale les malignes provoquent un mariage malheureux en faisant cheminer deux chats, les queux liés, le long de la route que les fiancés prennent pour faire sanctionner 1'accomplissement du mariage dans 1'Église. Dans les Wetterau, les filles, qui caressent les chats, sont assurées d'un beau mari, les jeunes hommes en Silésie et Tirol qui font de même, restent célibataires. Les chats de Freya surtout sont désignés pour les offrandes au moment oü le paysan sème son blé, s il y a danger que les produits agricoles seront abimés par la grêle; ou bien après la moisson. Afin que 1'Esprit malin n'abime pas la récolte on fait noyer, en Bohème, au printemps dans une mare, un malou noir, 1'enterre sous un arbre fruitier ou bien dans le champ. Pour atteindre le même but on le fait cuire quelquefois le soir de Noel. A Rosin en Bohème, dans la saison des semailles, les paysans se mettent en marche avec une fille déshabillée et un malou noir. Arrivés au champ, ils lui 1 mettent un cadenas au cou et 1'enterrent tout vif. En Nassau on veille aux intéréts de 1'agriculture de la manière suivante : Le Lundi avant la veille de carème les jeunes gens de Heidenheim se mettent en route pour demander de la paille afin de détourner, par un feu solemnel, les dommages qui peuvent être causés par la grêle. Quelques uns, des plus grands, se rendent au bois pour couper trois sapins, des plus grands, qu'ils emballent de paille, après quoi ils les érigent triangulairement et pendent au sommet, dans un panier, un chat vif. Au pied ils amassent du paille et des taillis. Le lendemain, le curé, le bourgmestre, le maitre d'école avec tous les enfants s'y assemblent et, après avoir fait trois fois 1'oraison dominicale, on allume les combustibles et fait périr le chat dans les dammes. La direction de la fumée est un indice incontestable d'une bonne ou mauvaise récolte. Dans les Vosges, les chats, liés aux pieux, furent brülés dans les feux de carême. (Dr. Heino Pfannenschmid, Fastnachtgebraüche in ElsasLotharingen 1884, S. 25). Le Docteur Ulrich Jahn (Die Deutschen Opfergebrauche bei Ackerbau und Viehzucht 1884, S. 107) raconte: „Up den vastelavondt so hadden de Schöler gemeentlich einen pott thogerechtet, dar was eine lebendige katze inne, der wezen ledder ummbe de vöthe gewunden und gebunden; den poth smiten sie mit nedder, wenn de hungerdock viel. So spranck de katte dar uth, konde sus nergens mit den klawern hechten; die jagenden de jungern so lange bis se dode quam; so was der vasten der hals entwey." Sur la place de Grève a Paris brula le feu de St. Jean. Quelquefois le roi l'alluma lui-même. Au beau milieu se trouva le mat auquel on pendait une cage, un panier ou un sac avec deux douzaines de chats vifs. Le peuple se divertit aux cris pergants qui précédaient les dernières convulsions. Sur 1'esplanade de Metz on brulait annuellement au Fête de St. Jean six chats (Wilhelm Mannhardt. Der Baumkultus der Germanen und ihrer Nachbarstamme. Myth. Untersuchungen, 1875. S. 515). Le jour du saint Sacrément, le onzième après Pente-cóte, on célébrait a Aix en Provence une solennité extra ordinaire et bien rare. Le plus beau chat du canton, emmailloté comrae un enfant, fut mis dans une caisse et exposé pour être admiré publiquement. Chaque génou se fléchit, chaque main le couvrit de fleurs, on donna de 1'encens ; grimalkin was treated in all respects as the God of the day. A Briangon en Dauphiné, au commencement du fauchage des blés, on enjolivait un chat avec des rubans des fleurs et des épis. Si, pendant les travaux quelqu'un fut blessé, on le mit a coté du chat, — „le chat peau de balie ' pour faire lêcher la blessure. A la fin du moisson on enjolivait le chat de nouveau, après quoi on mangeait buvait et dansait. Le bal terminé 1'animal fut solennellement deshabillé par des jeunes filles. Prés d'Amiens on dit au lieu de „le moisson a terminé", „on va bouffer (tuer) le chat. (Mannhardt, Antike Wald und Feldkulte S. 173). Au Chateau Erondegem, dans la Flandre orientale il y avaient autrefois des revenants en telle masse que personne osait y entrer. Jean 1'intrépide se présenta, a condition qu'on lui donna tout ce dont il avait besoin pour faire des omelettes. Ainsi, équipé de tout point il se rendit le soir au chateau, alluma le feu dans une des chambres et commenpa a cuire. Une porte s'ouvrit et le chat entré se mit au feu pour se chauffer et demanda a Jean ce qu'il fit la Mon petit ami, je fais des omelettes répondit Jean. Cela ce répétait sept fois, après quoi les sept chats se prirent sous les bras et dansaient avec un miaulement horrible. Jean, qui eut mis clandestinement une grande motte de beurre dans la poèle, la jeta, tout brülant sur les chats qui disparurent sous des cris affreux. Le lendemain la femme du cordonnier avec six autres, se trouvèrent au lit toutes couvertes de brulures. Au chateau les revenants ne se montrèrent plus (J. W. Wolf, Grootmoederken, Archieven voor Nederduitsche sagen, sprookjes, volksliederen, volksfeesten en volksgebruiken, kinderspelen en kinderliederen, blz. 42). A Rumpehorst en Westphalie les chats multipliaient si prodigieusement que les habitants devaient prendre la fuite. Un vieux paysan, du village voisin, Henri Volbert s'offre a les bannir. II entra dans la maison traga, avec la craie, un cercle autour du foyer s'y mit la dedans et fit bouillir de 1'eau dans une marmite. Les chats arrivèrent pour voir ce que c'était mais ne purent pas franchir la raie. Le paysan dit au premier-venu „Mon cher petit chat, mets toi a cöté de moi. II le fit après que le paysan eüt invité les autres en disant: «Lieb Katzlein setz dich hier, Sagt Henrick Volbert zu .mir." Le second et les autres arrivèrent. Tous réunis dans le cercle tra?é, le paysan vida la marmite avec 1'eau bouillante sur les chats qui s'évadèrent en poussant des cris aigus et prolongés. Le lendemain toutes les vieilles femmes au village eurent des brulures et on ne vit plus de chats a Rumpehorst. La legende raconte en plusieurs endroits de Luxembourg qu'une domestique, occupée a décrotter les souliers, et commengant par les siens, un chat lui dit: „ce n'est pas usage qu'une servante commence a cirer sespropressouliers"; a quoi la servante répondit: la pratique dans ce pays-ci ne veut pas que les chats parient et frappa le chat avec le talon du soulier au visage. Le lendemain on en vit 1'empreinte sur la figure de la maitresse de la maison. (Dr. N. Gredt, Sagenschatz des Luxemburger Landes, 1885, S. 114) Non seulement que les sorcières se metamorphosent ellesmêmes en chats, mais quelquefois elles peuvent faire subir cette transformation aussi a d'autres personnes, comme la fit la vieille sorcière Bametje a Amsterdam en 1556 avec des pauvres orphelins, qui grimpaient sur la tour de la vieille Eglise et jouaient avec les pattes sur les cloches, en chantant: »Wir wollen von hinne nimmer weggehn, Bis wir Bametje in Feuer sitzen sehn." (J. W. Wolff, Niederlandische Sagen 1843, S. 494). II est évident que les chats, aiment a avoir leurs bals publics. A la digue qui mène a Sas van Gent ils dansaient chaque nuit et chantaient: - «Poet aan poot, steert aan steert, Katjes, laat ons dansen." Pendant la nuit, un cercle magique fut brulé dans 1'herbe. (Wolff, Grootmoederken, blz. 131). Au 27 Fevrier 1555, Mein Cornelis de Purmerend fut condamné au feu dans un procés sorcière è. Amsterdam. Parmi d autres, elle eut confessé qu'environ dans 1'an 1535 une douzaine de chats furent venu le soir pour danser une demi-heure autour d elle. (Scheltema, Geschiedenis der heksenprocessen, bl. 132). En Allemagne les chats agrandissent quand on les rencontre pendant la nuit. (Montanus die Volksfeste, Volksbrauche und Deutscher Volksglaube, in Sagen, Marlein und Volkslieder, S. 166). Aux iles Hollandaises, surtout Terschelling et Ameland, il y a beaucoup de chats fantömes. A la première on peut les voir s'agrandir insensiblement a la grosseur d'un poulain (Dr. G. J. D. Schotel. Vaderlandsche volksboeken en volkssprookjes II, bl. 294). Dans les contrées de Hildesheim il est encore usité qu a la tournure du soleil en hiver, les domestiques^ entrent dans le verger, et dansent autour de chaque arbre fruitier en chantant: „Freue ju, Böme Nyahr is komen, Dit jahr ne karre vul, Up 't jahr en wagen vul." A d'autres endroits on met un torchon autour de chaque arbre, ou 1'enfume avec du thym brulé, cueilli au nuit de St. Jean; ailleurs on met une pièce de monnaie sous 1'écorce. Dans 1'Angleterre occidentale, au jour de Noël, on se met en marche vers le plus grand verger du village, oti on adresse la parole a un arbre, le représentant de tous, et 1 asperge de cidre ou d une autre boisson. Ces moyens, pour faire porter des fruits aux arbres, ont une vieille origine. Les peuples moins civilisés temoignent ieurs respects et hommages par la danse, par 1'attachement de festons, par les fumigations et par les offrandes. En Westphalie les arbres fruitiers font partie de la familie. On leur annonce la mort du paysan. Cependant ce traitement n était pas toujours si afïfectueux. Quelquefois on les secoue fortement, les frappe avec des pois en sac; dans la Flandre Occidentale, le premier jour de la carême, mème avec un fouet; en chantant: „Appelboompje wilt niet klagen, Al krijgt gij nu wat slagen, Gij moet van dit jaar dragen Appeltjes zeer frisch en rood Op ieder tak Een moutzak." Prune épineux (Prunus spinosa) arbuste buissonnant, commun sur les bords du chemin, est un excellent préser- 4 vatif contre la foudre. Dans la nuit de la Sainte Valpurgis (i Mai) on fait du bois des petits croix qu'on plante sur le fumier pour détourner les sorcières. Si dans quelque endroit le buisson est trop précoce en fleurs, la pureté des moeurs des jeunes filles y a une mauvaise réputation. Du Merisier commun (Cerasus avium), dont nous admirons, au mois d'Avril les belles grappes florales blanches, Dodonée raconte que les campagnards les cultivent a cause de leur force admirable pour détourner les sorciers et les malfaiteurs. Pour le même but on place en Bohème une branche du Merisier devant la fenêtre Le Cerisier (Cerasus. Juss) est un denos arbres fruitiers les plus estimés et les plus utiles. Ses fruits sont les premiers de la saison, ils sont d'un goüt trés agréable, rafraichissants et trés digestes. Le docteur Mannhardt nous a fait connaitre une foule de superstitions populaires slaves et germaniques qui se rapportent au cerisier. (Baumkultus der Germanen). D'après ces superstitions ie cérisier semble être consideré le plus souvent comme un arbre sinistre. Les anciens Lithuanciens croyaient que le démon Kirnis était le gardien des cerisiers. Les démons allemands et danois se cachent souvent dans les vieux cerisiers, et causent du dommage a ceux qui s'en approchent. C'est par 8l copeaux de bois de cerisier que les Slaves tachent de deviner si on est délivré des vers, ou des blanches gens (biale ludzie); on les jette sur 1'eau: s'ils surnagent, les vers n'y sont pas; s'ils s'enfoncent, c'est une preuve infaillible, dit on, que les vers existent. Les copeaux semblent donc symboliser ici les vers, êtres diaboliques qui se cachent dans le corps humain. Les Albanais brülent des branches de cerisier la nuit du 23 au 24 décembre, la nuit du ier et la nuit du 6 janvier, c'est a dire dans les trois nuits consacrées au nouveau soleil, et on garde les cendres de ces branches pour en féconder la vigne. On dirait que, par eet acte, ils brulent les démons, cachés dans 1'arbre, qui empêchaient la végétation On prétend maintenant que le meilleur moyen pour détruire les effets du phylloxera, est la cendre versée en abondance au pied du vigne. Nil sub sole novi. Dans le Nivernais, les amoureux placent une branche de cerisier ou de pêcher devant la porte de leurs belles la nuit qui precède le ier Mai; ailleurs on suspend des branches de cerisier a la maison des femmes impudiques. Les proverbes allemands, francais et de la haute Italië •conseillent au peuple de ne pas manger les cerises avec les riches, paree qu'ils choisissent les plus müres, ou font pis encore: mangent la partie charnue et jettent a leurs convives le noyau ou la queue. Dans un enigme populaire que 1'on entend a Ponte-Lagoscuro prés de Ferrare, les ■cerises sönt représentées comme des chevaliers: Alto, alto bel panier; Sento mila cavalier Con la testa insanghena; Mi ghel digh, nessun el sa. (A de Gubernatis, la Mythologie des plantes (Tome II, P- 58). Un paysan a Herrenalb au Grand-düché de Bade, voulant •couper un cerisier prés de 1'Eglise Barbara, pour en faire un verge de fléau; entendit au premier coup: ahi! au second de même, aprèsquoi le paysan s'enfuit. Le lendemain 1 arbre fut disparu. En Thuringue on ne grimpe pas sur un cerisier a St. Jacques — 25 Juillet — car on court risque de tomber et de se casser le cou. Le Poirier (Pyrus communis, Linn) Arbre atteignant, selon les variétés, une hauteur de 5 a 15 mètres, laforme de sa ramure est pyramidale ou vaguement arrondie; ses feuilles sont ovales, acuminées, petiolées. A 1'état sauvage ses ramilles sont épineuses. Souvent il a pris un aspect sinistre devant 1 imagination populaire, probablement a cause de son bois qui pourrit facilement et qui craque, ou peut-être des vers qui rongent la poire. Le chasseur bossu personnage démoniaque d'une légende suisse que 1'on raconte entre Wildegg et Lupfig, joue de mauvais tours sur un poirier sauvage; il s'y pendit lui-même et il y pendit les siens. L'évêque Amator, dit Girard de Rialle, fit arracher et brüler un poirier dAuxerre, auquel tous les chasseurs des environs apportaient les têtes des bêtes qu'ils tuaient. Dans le département de 1'Orne, pour chasser les mauvais esprits qui attaquent les pommes et les poirCs, on brüle la mousse du tronc et des branches, et on chante: Taupes et mulots, sortez de mon enclos, Ou je vous brülerai la barbe et les os. Bonjour, les rois, jusqu'a douze mois, Douze mois passés, rois revenez. Charge, pommier ; charge, poirier! A chaque-petite branchelte,Tout plein ma grande pouchette. A Valenciennes, les enfants courent les rues avec desflambeaux, en criant: Bour, peumes. poires, Des cerises noires, etc. (A de Gubernatis la Mythologie des plantes Tome II,. P- 297). D'après une légende de la Thuringe, citée par Mannhardt, (Baumkultus der Germanen I, 146), une vache enflammée se changea d'abord en poirier, et ensuite en vieille femme. Cette légende figure trois saisons de 1'année: 1'été enflammé devient poirier en automne, et vieille femme, c'est a dire stérile, dans la saison d'hiver. Dans 1'Argovie, en Suisse, lorsqu'un gargon est né, on plante un pommier; et pour une fille, un poirier. Le poirier est donc consideré comme inférieur au pommier, peut-être paree que son bois et son fruit se corrompent plus facilement, a cause de la carie qui les ronge. C'est pourquoi en Allemagne, le peuple tourmenté par le mal de dents, s'en prend au poirier: Birnbaum, ich klage dir ; Drei Wiirmer die stechen mir, Der eine ist grau Der andere ist blau, Der dritte ist rot, Ich wollte wünschen sie waren alle drei todt. Dans les proverbes populaires, 1'ours parait comme 1'ami des poires; il s'en approprie la plus grande quantité, de manière que toute société faite avec 1'ours, pour le partage des poires, devient trompeuse. Dans 1'ancienne Rappresentazione del Figliuol Prodigo, un compagnon de 1'enfant prodigue dit déja: Giü, disse 1'orso. e' fia di molte pere: El tempo pur lo fece poi mentire. Le proverbe toscan de nos jours dit: „Chidivide le pere con 1'orso, n'ha sempre men che parte." Le proverbe des paysans espagnols a remplacé 1'ours par le maitre, et recommande de ne jamais partager avec lui des poires ni sérieusement ni par jeu. Les contes populaires piémontais, lorsqu'ils finissent par des noces, concluent par cette plaisanterie traditionelle. „A 1'an fait tante nosse e tanti spatüss mi i jera daré de 1'üss e a 1 an gnanca dame na fetta d' prüss." (Ils ont fait maintes noces et maintes réjouissances; je me trouvais derrière la porte, et je n'ai pas même regu une tranche de poire). La poire était souvent un symbole érotique chez les anciens; si on taillait des statues de Héra en bois de poirier la poire était spécialement consacrée a Aphrodite. Columelle conaissait une espèce de poire que 1'on appelait „pira vencrea (la poire d'amour). Mais en général, le poirier n'occupa pas beaucoup 1'imagination populaire, qui 1'a craint quelquefois, mais rarement en fit 1'objet d'un culte. Un paysan sicilien, voyant qu'avec le bois d'un poirier stérile on allait fagonner un crucifix, lui langa ce vers comique : Pira 'un facisti e mraculi vói fari ? (Tu n'as pas fait des poires et tu veux faire des miracles) de Gubernatis Mythologie des plantes. Tom II, p. 298. A Löpsing demeura le chasseur Haperlei, homme malicieux. Après qu'il se fut pendu au poirier des revenants paraissaient dans ce lieu, on y voyait des lièvres a trois pattes et les gens s'y égaraient. On décida de couper 1'arbre mais les haches et les scies perdirent leur tranchant, le sang coula des blessures et il ne fut qu' a 1 aide d'un père Capucin qu'on put achever 1'oeuvre. Pour forcer un voleur de rendre les choses enlevées on se rend en Westphalie avec trois clous dont on ne s'est pas encore servis, ou pris d'une bière, enduits du gras d'un condamné a mort, a un poirier, les tend vers 1'Orient et les chasse dans 1'arbre en récitant une conjuration dans laquelle le voleur, tout en lui remettant en memoire les trois clous avec lesquels Christ a été crucifié, est ordonné au nom du Père etc. de rapporter les choses enlevées. La poire d'angoisse n'est pas de la familie de ces fruits délicieux, c'est tout simplement un instrument de supplice, tout a fait diabolique, datant du seizième siècle, et qui consistait en une sorte de cadenas fait en forme de poire, que les voleurs introduisaient dans la bouche des patients qu'ils voulaient dévaliser. Cet instrument était muni de certains ressorts intérieurs, au moyen desquels il s'élargissait et faisait tenir la bouche béante de manière a ce qu'on ne puisse jeter un cri. II n'y avait moyen de le fermer qu' a 1'aide d'une clef faite expressément pour ce sujet. L'origine de cette abominable invention remonte, selon les uns, a un certain voleur nommé Palioli, né dans les en virons de Toulouse et selon les autres, a un chef de bandes, le capitaine Gaucher. (M"e Clarisse Juranville. Proverbes et souvenirs historiques se rapportant aux plantes, p. 187). Le Pommier (Pyrus Malus Linn) est un de nos arbres indigènes les plus anciennement connus. Trés souvent on le rencontre a 1'état sauvage dans les bois et les haies de la France, comme du reste dans toutes les parties temperées et chaudes de 1'Europe. Voisin du Poirier il s'en distingue cependant par un port un peu moins élevé 8 a IO m. de haut, plutot étalé que pyramidal. La chair de la pomme est presque toujours moins sucrée, un peu acidulée, moins aqueuse et plus ou moins farineuse. J. H. Knoop, in zijne beschrijving van den appelboom, waarschuwt tegen het gebruik van raauwe appels; deze veroorzaken inzonderheid aan zwakke, tedere menschen, als ze te veel gegeten worden, of ook wanneer ze niet wel rijp zijn, Winden; voor Hypokondriake en andere Menschen, die met verstoptheid des Buiks gekwelt zijn; worden ze inzonderheid zeer geprezen. Men prepareert tot dien einde ook eene nuttige Syroop in de Apotheken Syrupus Imperialis genaamt. Pomme d'Adam est 1'équivalent de fruit d'Adam, et orr discute encore trés oisivement si ce fruit était une véritable pomme ou une grenade ou une orange, ou une figue ou autre fruit pareil, riche en semences. Dr. Johann Heinrich Dierbach. Professor der Medicin in Heidelberg, mehrerer gelehrten Gesellschaften Mitglied, sagt in seiner: „Flora Mythologica, oder pflanzen kunde in Bezug auf Mythologie und Symbolik der Griechen und Romer. Seite 101 : „Auch der Apfelbaum wurde schon in den frühesten Zeiten in den Garten kultivirt, wie wil' noch heut zu Tage thun; aber die Nachrichten der Alten von seinen Früchten sind vielfach verwirrt und vermengt worden, und das um so leichter, da bei ihnen alles, was eine apfelförmige Frucht hat, Malum hiess, und keineswegs immer die eigenen Arten durch Beiwörte kenntlich gemacht werden; daher so viele Widersprüche von dem, was auf die wahren Aepfel, was auf die Quitten, was auf die Pomeranzen, was auf die Granaten zu beziehen ist, die oft alle blos Aepfel genannt werden Nur der Zusammenhang und Sinn des Ganzen kann hier genügenden Aufschluss geben. Die Aepfel waren Symbole der Sonne; daher gewisse Trabanten der Persischen Könige, iooo der Zahl nach, auf ihren Staben goldene Aepfel trugen, Melophoren oder Aepfeltrager genannt (Creuzer Symbolik II S. 220). Ein Apfel in der Hand des Apollo deutete auf den altesten Preis in den pythischen Spielen, welches ein Apfel war. (Winkelmann II, S. 494). Es kommt zwar in unsern Waldern einzeln der Apfelbaum im wilden Zustande vor, allein seine wahre Heimath ist das Morgenland. Tournefort (Reise in die Levante, III p. 265) sah solche Walder an den Glanzen von Persien. wo Aepfel, Birnen, Pfiaumen u. s. w. die gewöhnliehsten Baume sind. Pomme de Newton. En 1665, Newton, ce génie dont s'honore lhumanité, se retira dans son domaine de Woolstrop. Un jour que, plongé dans une méditation profonde, il était assis sous un pommier, une pomme vint tomber a ses pieds. Cet incident si vulgaire le fait réfléchir sur la nature de cette singulière puissance qui sollicite les corps vers le centre de la terre, et les y précipite avec une vitesse accélérée; soudain un éclair illumine son esprit et il con?oit la première idéé de la gravitation universelle, proprieté en veitu de la quelle tous les corps s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré des distances. Plus tard il expliqua a la fois par cette loi unique le mouvement des planètes autour du soleil, celui de la lune autour de la terre, le cours des comètes, le flux et le reflux de la mer. (MUe Clarisse Juranville. Souvenirs historiques se rapportant aux plantes, p. 188). La pomme de Guillauine Teil est assez connue pour en faire mention. La Vénus Uranie et la Vénus de Milo sont représentées avec une pomme dans la main. Ln Serbie, lorsque la jeune fille regoit la pomme de son amoureux, elle est engagée. Chez les Esclavons de la Hongrie, le fiancjé, après avoir échangé 1'anneau avec la fiangée, lui donne une pomme, symbole essentiel de tous les dons nuptiaux. Dans un chant populaire sicilien, un amoureux trompé par sa belle lui rappelle le temps ou elle lui donnait la pomme d'amour: Tu non ci pensi, leta maritata, Quannu mi dasti lu pumu d'amuri. Dans un fragment de Sappho, la vierge est comparée a une pomme qui est sur 1'arbre; tant qu' elle reste sur 1'arbre, tout le monde la désire; dés qu' elle en tombe, elle commerce a pourrir et personne n'en veut plus. Les jeunes filles grecques invoquent sans cesse, avant le mariage, la pomme d'or (Zecchini, Quadri della Grecia Moderna, p. 328). A Monte San Giuliano en Sicile, d'après ce qu' écrit' M. Pitré, le jour de St. Jean, chaque jeune fille jette de la fenêtre de sa chambre, une pomme dans la rue, et reste a guetter pour voir qui la ramassera. Si c'est un homme, elle se mariera dans 1'année; si c'est une femme, point de mariage pour toute une année; si on regarde la pomme sans y toucher, cela signifie que la jeune fille, en se mariant, deviendra bientót veuve; si le premier passant est un prêtre, la jeune fille devra mourir vierge. Dans le Monténégro, la belle-mère offre une pomme a la jeune mariée, qui doit la jeter sur le toit de la maison de 1'époux; si la pomme tombe bien sur le toit le mariage sera béni, c'est a dire, il y aura des enfants. Prés de Tarente, dans 1'Italie méridionale, écrit M. de Simone, au diner de noee, lorsqu'on airive aux pommes, „ad mala" chaque convive en prend une et, 1'ayant entamée avec le couteau, place dans 1'incision une monnaie d'argent; on offre le tout a la jeune mariée : celle ci mord dans la pomme et retire la monnaie. Sur d'anciens tombeaux helléniques, on voit Eros représenté avec un panier, duquel tombent des pommes. La pomme est un évident symbole erotique, symbole de géneration et a la fois d'immortalité. Dans le paradis des anciens, dans le jardin des Hespérides, on mangeait des pommes d'or; on mange des pommes d'or dans le paradis des enfants chrétiens : dans le Pseudogildas, il est question d'une ile mystérieuse oti il n'y a ni voleur, ni ennemi, ni violence, ni brouillard, ni chaud, ni froid, oü la paix règne, oü il y a une floraison perpetuelle. D'après les croyances du peuple normand, les ames des bienheureux s'abreuvent a des sources qui jaillissent au milieu d'une pommcraie dans cette ile féerique d Avalon, 1'ile des pommes, oü la tradition anglaise fait dormir le 101 Arthur. Dans un mystère dramatique persan, Mahomet rend son ame au moment même oü il sent 1'odeur de la pomme que 1'ange lui a passée. La déesse scandinave Idhuna s'identifie avec 1'arbre de 1'immortalité, qui est un pommier; c'est dans le jus de ces fruits, dans cette espèce d'ambroisie tirée de la pomme, que les dieux nordiques retrempent leur immortalité. Cet arbre comme tous les pommiers miraculeux du mythe, de la légende, du conté populaire, était gardé par un serpent, ou un dragon, ou un gros ver, ou un chien, ou autre animal fabuleux. L'accord des traditions semitiques et indo-européennes sous ce rapport, est complet. Dans une légende polonaise, variante évidente de Tanden mythe des Hespérides, le faucon prend la place du serpent; une jeune princesse par une malédiction magique, est enfermée dans un chateau d'or placé sur une grande montagne de glacé; devant le chateau, se trouve un pommier aux pommes d'or. Personne n'a pu parvenir a ce chateau. A moitié chemin, un faucon aveugle le cheval, de manière que le chevalier qui va pour délivrer la jeune princesse est renversé dans 1'abime. Un jeune héros prédestiné parvient enfin a tuer le faucon, et a cueilir les pommes d'or; il en donne au dragon qui veille a la porte, pénètre ainsi dans le chateau et délivre la jeune princesse. Dans un chant populaire des enfants de 1'Allemagne, on demande a la cigogne d oü elle vient; elle répond: I min faders affilgard (de la pommeraye de mon père); la cigogne, d'après les croyances gérmaniques est censée amener dans cette vie et exporter dans 1'autre les petits enfants. D'après une légende populaire du Hanovre, qui fait partie des Nordische Sagen de Kuhn, une jeune fille descend a 1'enfer par un escalier qui se présente a ses yeux sous le pommier de la basse-cour de sa maison. Elle voit un jardin, oü le soleil semble encore plus beau que sur la terre; les arbres sont en fleurs et chargés de fruits. La jeune fille remplit son tablier de pommes, qui deviennent d'or dès qu'elle revient sur la terre. Nous avons ici, comme dans tous les contes analogues, une représentation évidente du voyage du soleil dans la nuit. Dans un chant populaire des Lettes (cf. Mannhardt, Die letüschen Sonne?imythen), le pommier représente évidemment un arbre solaire, une personnification du soleil. Le soleil perd d abord sa pomme d'or et pleure; on 1'engage a s'endormir dans la pommeraie, et on lui fait espérer que, le lendemain, il retrouvera sa pomme d'or; le soleil pleure ensuite, paree qu'il a perdu sa nacelle d'or: on le console en lui disant qu'il en aura une autre, moitié d'or, moitié d argent. Dans un chant roumain, publié par Marianescu, 1'enfant Jésus, sur le sein de la Sainte Vierge, s'agite, ne veut pas s'endormir et pleure; pour le calmer, la vierge lui donne deux pommes; 1'enfant en jette une en haut, qui devient la lune; il jette 1'aütre qui devient le soleil. Après eet exploit, la Vierge Marie lui annonce et promet qu'il deviendra le Seigneur du Ciel. Dans les Notli, de Straparola, par la grace de trois pommes que la sirène donne a la belle princesse, celle-ci obtient de voir son mari, Fortunio, d'abord jusqua la poitrine, puis jusqu'aux genoux, et enfin en entier. Indra, dans un hymne vedique, guérit aussi, en trois periodes nocturnes, la sombre jeune fille Apala, tombée malade et devenue laide, jusqu'a ce qu'elle reparaisse resplendissante de beauté. Le dieu Apollon était représenté avec une pomme a la main; comme symbole solaire (A de Gubernatis. Botanique speciale. Tom. II, p. 306) Jean Agnus, riche proprietaire, cultiva une fois ses champs lorsquun pélerin vint 1'aborder et lui dit: „Ton oeuvre est agréable au Seigneur, c'est pourquoi tu es élu evêque de Tongres' Jean s'écria: Plus tót ce baton cylindrique portera des fruits que votre prédiction sera accomplie. Le baton se metamorphosa tout a coup en pommier qui fournit les pommes estimées, dites St. Jean. Jean était evêque de Tongres - Maestricht en 627. Dans la province de Brandebourg on attaché les branches du pommier aux portes d'entrée et d'étable pour empêcher le dragon volant d entrer. En Écosse, les femmes fort attentives font leur possible de se procurer une quenouille du bois de pommier la veille d'Evocavit, le premier Dimanche du Carême. . En Islande on 1'appelle 1'arbre sacré, parceque, aux temps les plus reculés, dans la nuit de Noël ses branches furent couvertes de chandelles allumées qui ne s'éteignaient pas même au vent le plus fort. On n' y met jamais le bois au feu, de crainte qu'une querelle ne provienne parmi ceux qui sont assis au coin du feu. En opposition avec la foi en Suède et dans 1'Ecosse, il est interdit d'en faire 1'équipage d atelier. Sorbier (Sorbus aucuparia). Sorbier des oiseaux ou des oiseleurs. Fleurs blanches ou un peu crémeuses, fruits rouges, écarlates, petits, globuleux, charnus de 4 mm. de diamètre, formant de gros bouquets penchés et persistant pendant longtemps. Bel arbre, moyen, trés décoratif et trés fréquent dans les jardins et les parcs. Europe, Siberie- etc. Sorbier domesiique (Sorbus domestica. Linn; Pyrus Sorbus, Gaertner) Cormier. Fleurs blanc-crèmes, fruits obovales, maculés de rouge. Les fruits de eet arbre nommés cormes ou sorbes sont comestibles, mais seulement alors qu' ils sont devenus biets par le froid ou leur séjour dans le fruitier, c'est a dire lorsque la pulpe est brune, molle et pateuse; mais, tant qu' ils sont verts ils sont excessivement apres et causent une contraction des muscles de la bouche et une sorte d'irritation de la gorge douloureuse et persistante Aubépine (Crataegus oxyacantha) est un de nos meilleurs arbustes pour former des haies défensives Avec ses nombreuses variétés parmi lesquels les C Crus-galli, C. pyracantha et C. linearis sont les plus répandus dans les jardins il concourt a 1'ornement des bosquets par sa floraison printanière, son beau feuillage et ses fruits vivement colorés. En effet la fleur de 1'aubépine, c'est 1 adieu au triste hiver, c'est le printemps, ce sont les beaux jours ! Les femmes Romaines attachaient souvent des branches d'aubépine prés du berceau de leur nonveau-né, et les jeunes Athéniennes en portaient des rameaux aux noces de leurs compagnes. De nos jours 1'aubépine est consacrée a Marie, la reine du ciel, et les jeunes filles en ornent ses autels dans le beau mois qui porte son nom. Autrefois, 1'aubépine n'avait pas de fleurs. Les Juifs, ayant coupé une branche de eet arbuste pour en tresser la couronne d epines du divin Sauveur, des larmes de douleur s'échappérent du rameau. Cette vue toucha le coeur du fils de Dieu mourant, et il changea, ces larmes en fleurs blanches comme la neige. Depuis lors, tous les an.«, a 1'epoque de la semaine sainte, 1'aubépine se pare de blancs flocons (M'le. Clarisse Juranville. La voix des fleurs p. 18) On prétend que Joseph d'Arimathie ayant, la veille de Noël, planté son baton sur le sol, il en jaillit soudain une aubépine en fleur. En Angleterre jusqu'au temps de Charles Ier, on apportait encore en procession, comme cadeau de Noël, une branche de 1'aubépine de Glastonbourg que 1'on prétendait descendre en ligne droite du baton de Joseph d'Arimathie. L'aubépine, disait-on, florissait toujours la veille de Noel. Elle pousse d'ordinaire dans des endroits ou des trésors sont cachés dans la terre. En Suède on la plantait autrefois sur les sépulcres dans lesquelles sont trouvés des armes et des outils de bronze. Après avoir fait mention de quelques Rosacées nous sommes arrivés a la Reine des fleurs: „la Rose" (Rosa Linn). Salut reine des fleurs ! Salut, vermeille rose ! A peine le matin a vu ta fleur éclose. Que les jeunes zéphyrs d'un doux zêle emportés, Racontent ta naissance aux bosquets enchantés; Et le printemps ravi, que ton éclat décore, Te remet la couronne et le sceptre de Flore. Oh ! tu me'rites bien 1'aimable royauté Que la main du printemps décerne a ta beauté N'es tu pas de nos coeurs le riant interprète, L'ornément de la Vierge et Pamour du poète ! La rose, dont le nom seul est presque un parfum, nous ofïfre dit M. Andouit, un ravissant assemblage d'élégance, de grace, de suavité, de fraicheur et de coloris: aussi les poètes lui ont ils consacré leurs vers les plus ingénieux et les plus délicats. Chez les anciens, on s'en couronnait dans des repas et dans les fêtes publiques; on 1'associait au premier sourire de 1'enfance, on 1'effeuillait sous les pas de la jeune fille qui se rendait a 1 autel de 1 hymenée, et 1'on en couvrait la tombe d'êtres chéris et regrettés. Jusqu'a ce jour, on n'a adressé qu'un reproche a la rose, c est d avoir des épines. Si cette particularité de la reine des fleurs déplait a mes lectrices, je leur mettrai sous les yeux les vers suivants : De leur meilleur coté tachons de voir les choses: Vous vous plaignez de voir les rosiers épineux; Moi, je me réjouis et rends graces aux dieux Que les épines aient des roses. Disons encore que la rose blanche est l'emblème du silence et de la candeur, la rose pompon celui de la gentilesse, de la grace enfantine; la rose d cent Jeuillis représente les graces; la rose simple la simplicité; un bouton de rose, une jeune fille, une feuille de rose signifie : jamais je n'importune (MUe. Cl. Juranville. La voix des fleurs p. 13 0Dans la guerre des deux roses, en Angleterre, les partisans du duc d'York portaient une rose blanche, les Lancastres une rose rouge, après avoir répandu des flots de sang, la maison de Lancastre triompha. L'histoire de la rose exigerait, a elle seule, un livre, comme elle a donné lieu a des poèmes et a des romans. Ici je ne fournirai que des contributions mythologiques et légendaires, laissant de coté toutes les louanges qui ne tiennent point au mythe. Ces louanges imagées des poètes ont sans doute popularisé le culte de la rose; (pour Ruckert, par exemple, le soleil est: „Eine goldne Ros' im Blau" et pour Heine „die Rose des Himmels, die feuei glühende) mais elles ne sont point sorties de la tradition populaire. Mais lorsque la rose, dans le Roman de la Rose, de Lorris, devient le prix de 1'amour et du courage, lorsque dans le roman d'Apulée, 1'ane redevient homme en mangeant des roses, lorsque tous les poètes se trouvent d'accord pour nous représenter 1'aurore comme une jeune fille qui répand des roses, nous devons considerer toutes ces images et tous ces récits comme mythologiques. Dans le roman Hindoustani Gul o Sanaubar (Rose et Cyprès, traduit par Garcin de Tassy), pour obtenir la mam de la princesse, il faut savoir répondre a eette question : „Qu' a fait Gul (Rose) a Sanaubar (Cyprés) ? Si 1'on ne parvient pas a la résoudre, on perdlatête. Le jeune pnnce Almas arrivé dans la ville de Vacaf, au Caucase, poui apprendre le grand secret; on lui dit que Sanaubar est le nom du roi de ce pays, que Gul est le nom de sa femme, et que le roi a ordonné de faire mourir tout voyageur qui prononcera le nom de Gul et s'informera d'elle. Gul était une femme infidèle, fille du roi des fées; le roi Sanaubar la tient prisonnière, et la traite fort mal. Toutes les nuits, sans y manquer, la reine Gul revêtue de ses habits royaux, va a 1'écurie, monte un des chevaux particuliers du roi, va se promener chez les nègres, ses amis, puis, vers la fin de la nuit, elle revient, remet le cheval a 1'écurie et rentre au palais; a la fin, le roi Sanaubar surprend 1'intrigue et chatie la femme infidèle et ses nègres. Gul semble ici représenter 1'aurore du soir, que 1'on figure souvent, dans le mythe, belle, mais perfide et malfaisante, qui trahit son époux, le soleil, et s'abondonne, comme Medée, a des oeuvres diaboliques, L'aurore du matin au contraire, est une déesse, une fée, une jeune fille secourable, bienfaisante, qui illumine et donne la lumière a tout le monde; telle est aussi la rose, dans le conté hindoustani intitulé Ia Rose de Bakawali (traduit aussi par feu Garcin de Tassy): On fit venir est il dit, de grands médecins, aussi habiles qu' Avicenne et comparables même au Messie, lesquels s accordèrent a déclarer que le seul remède a la cécité du roi, c'était la rose de Bakawali; la vertu de cette rose était telle, que non seulement elle pourrait guérir le roi mais même un aveugle-né. Les fils du roi vont a sa recherche; la belle sirène Lakka (la lune) dit a Taj-ulmuluk: „Sache que la rose dont tu parles se trouve dans la région du soleil, et qu'un oiseau même ne pourrait y parvenir. Bakawali est fille du roi des fées; cette rose se trouve dans son jardin. Dans le jardin, il y avait un bassin, dont les bords étaient enrichis de diamants, et qui était plein d'eau de rose. On avait adopté aux expèces de rigoles qui 1'entouraient des tuyaux garnis de perles de la plus belle eau. S Au centre du bassin s elevait une fleur épanouie, extrêmement belle et d'une excellente odeur. Taj-ulmuluk comprit sans peine que c'était la rose de Bakawali. Sans hésiter, il ote ses vêtements, entre dans le bassin et va cueillir la rose de son désir. Revenu sur le bord, il s' habille de nouveau, et serre la fleur dans sa ceinture. Par le frottement de la rose merveilleuse, les yeux du roi aveugle deviennent „lumineux comme des étoiles", et Bakawali, devenue femme "au corps de rose", sur son passage fait pousser des fleurs". Ici, le mythe solaire mc semble trop évident pour avoir besoin d'ètre expliqué. L'étang de Bakawali était rempli d eau de rose. On raconte que Nurmahal, la sultane bien aimée de Jehangir, se baignait aussi dans un pareil étang; le soleil donnant sur eet étang, la partie huileuse de 1'eau de rose dans laquelle la belle sultane se baignait se condensa sous l action de ses rayons, et ainsi se forma, dit on, la véntable essence des roses, que les parfumeurs ont ensuite essayé d'imiter artificiellement. C'est sans doute avec 1'huile de roses divine que, dans Homère, Aphrodite parfume le cadavre d Hector. Dans le livre De Virtutibus herbarum, attribué a Albert le Grand, on prétend qu'un grain de rose, si on le mêle avec un grain de moutarde, un pied de belette, de 1'huile d'olive et du souffre „et de hoe ungatur domus, sole lucente toute la maison s'illuminera comme si elle était enflammee. L'une des trois Graces, en Grèce, tenait une rose a la main, les Graces étaient les compagnes de Venus; et Venus ellemême avait, disait on, donné naissance a la rose quand de son pied blessé sortirent quelques gouttes de sang. Selon d autres légendes helléniques, les roses étaient blanches d'abord, et c'est du sang de Vénus qu'elles ont pris leur couleur actuelle. On raconte aussi que les roses doivent leur couleur au sang dAdonis, tué par le sanglier. „Les fleurs, écrit M. Lenormant, au mot Bachus (Dietionnaire des Antiquités grecques et romaines), sont aussi du domaine de Dionysos et, en particulier, la rose lui appartient autant qu' a Aphrodite. Dans un des plus beaux fragments de ses dithyrambes, Pindare invite a se couronner de roses en son honneur, et, sur un mosaique du Vatican. il respire le parfum de cette fleur. Mais il semble que c'était surtout dan§ le culte du Sabazius thrace que la rose ■était un symbole capital. Une des principales fêtes des Thiases dionysiaques de la region voisine de Pangée, sous la domination romaine, s'appelait Rosalia. Dans la même contrée, la légende pla?ait les fameux jardins de roses de Midas (remplacement actuel des roses de Bulgarie), personnage en rapport étroit avec ceux du cycle de Bachus, et la rose y est le type constant des monnaies de la ville de Trazilus." Nous retrouvons 1'aurore représentée sous la forme d'une guirlande de roses aimée par le soleil, d'un jardin de roses, ■de rosiers, dans les chants mythologiques des Lettes, publiés par Mannhardt (Die Lettischen Sonnenmytheri): Was hast den ganzen Sommer Denn gethan, du liebe Sonne ? Einen Kranz von Rosen flocht ich Um den jungen Gerstenacker. — Wo soll ich, meine Mutter, Mir meine Kleidchen trocknen, Austrocknen sie im Winde ? Mein Töchterlein im Garten, In dem neun Röslein wachsen. — Und ich fragte: Lieb Maria, Wo soll ich das Tüchlein waschen ? Lieb' Maria sagte ireundlich: In dem goldnen Rosengarten. — Sage mir doch, liebe Maria, Wo soll trocknen meinen Rock ich ? Hang ihn, Knabe, in den Garten, Wo neun Rosehstöcke blühen. — Ich sate eine schone Rose In den weissen Sandberg. Sie wuchs auf lang, gross, Bis zum Hiramel hinauf. An den Rosenzweigen stig icb zum Himmel hinauf, Dort sah ich Gottes Sohn Sein Rösschen sattelnd. Guten Morgen, guten Morgen, Gottes Sohn, Hast du gesehen Vater und Mutter ? Vater und Mutter sind in Deutschland, Sie trinken des Sonnentochter Hochzeit, Die Sonne selbst bereitet die Aussteur, Den Rand des Fichtenwaldes vergoldend — O Zemina (la déesse de la terre), Blumenspenderin, Wo pflanz ich das Rosenzweiglein ? Planz' es dort aufs hohe Berglein An dem Meere, an dem Hafi Aus dem Rosenstöcklein Ward ein grosses Baumlein, Aeste trieb's bis in die Wolken Steigen werd ich in die Wolken An des Rosenstockes Zweigen. Und ich traf den jungen Knaber. Auf dem Gottesrösslein. Cette insistanee de la poesie populaire des Lettes sur la mème image nous persuade entièrement que la rose mythologique est, le plus souvent, 1'aurore et parfois le soleil. J'ai déja plusieurs fois remarqué que les mythes de 1'aurore et ceux du printemps se correspondent; et puisque le printemps est la saison des fleurs, rien d'étonnant que chez les Slovènes, les Serbes, les Petits-Russiens, les Roumains, les roses aient fourni le nom (rusalya) donné a la fête du printemps; que la madone chrétienne qui a remplacé dans le culte 1'ancienne Venus (la déesse Aurore et la déesse du printemps), ait adopté comme sien le mois des ï'oses, mai, et que la fête printanière de la Pentecóte, qui tombe au mois de mai, s'appelle Pascha rosata, Paques de rose (d'oü Tanden usage des Papes, de donner en ce jour, aux princes les plus pieux une rose en or); enfin, que la guirlande (originairement formée peut-être avec les fruits rouges de 1'églantier, rosa canina) sur laquelle les femmes pieuses comptent leurs prières a la madone, s'appelle rosaire. Dans la Rappresentazione di San Tomasso, la rose est le symbole de la virginité: saint Thomas bénit 1'épouse; un fruit de la terre (frutto di terra) pousse sur la main de 1'épouse; les deux époux en mangent et le trouvent suave; mais ils en restent endormis: Fe^pouse alors a un songe qu'elle décrit ainsi: Vidi una pianta in ciel maravigliosa Oual sopra ogni cosa felice assurge ; Questa a ciascun di noi dava una rosa, La cui bellezza mai trapassa o fugge. L'époux a eu le même songe. Saint Thomas se montre et loue leur chasteté; alors, ils demandent le baptême. Dans les fêtes nuptiales la rose a joué un grand róle; elle figure au nombre des cinq fleurs que lance Kama, FAmour indien. Les filles de joie avaient, a Rome, leur fête, le 23 Avril; dans ce jour consacré a la Venus Erycina, elles se montraient parées, comme Venus, de roses et de myrthe. Est ce par une réminiscence de eet usage païen, qu'au moyenage 1'on condamnait, dans certains endroits, les femmes publiques, les jeunes filles déshonorées, les juifs, a porter une rose comme signe distinctif? Dans les grands repas romains et grecs, les convives portaient des couronnes de roses: on croyait ainsi se garantir de 1'ivresse ; quelquefois, par suite de la même superstition, on ornait de roses la tasse dans laquelle on buvait. La rose, symbole de lumière, d'amour, de volupté, devint aussi, comme il est arrivé pour le plus grand nombre des plantes erotiques, un symbole funeraire. Adonis, 1'amant de Vénus, est aussi une figure de la mort. Nous avons déja fait allusion au mythe de la rose née du sang dAdonis (les Arabes la font naitre d'une goutte de sueur de Mahomet). C'est pourquoi on plante de préférence des rosiers et des cyprès sur les tombeaux, et c'est pourquoi encore, dans les légendes persanes, la rose et le cyprès se trouvent entre eux dans une relation si intime. D'après une légende irlandaise, un malade voit passer, devant les vitres de sa fenêtre, un rosier: c'était un avertissement de mort. La chanson populaire vénitienne chante la fleur de Rosettina, mor te d'amour. D'après les Deutsche Sagen de Wolf, un moine du Xlle siècle, Iosbert, étant mort en adoration de la vierge Marie, en 1'honneur de laquelle chaque jour il récitait cinq psaumes, de sa bouche, de ses deux yeux et de ses deux oreilles poussèrent cinq roses. L'évêque arnva pour en cueillir une et la placer sur 1'autel; les quatre autres a 1'instant même se fanèrent (1'un des privilèges des dieux de 1'Inde est que les fleurs sur leurs têtes ne se fanent jamais). La rosa canina (églantier) passé, en Allemagne pour sinistre et diabolique. Müllenhoff a entendu, dans le Schleswig, une légende oü le diable, tombé du ciel, essaye de se faire pour y remonter, une échelle avec les épines de 1'églantier. Dieu ne permit point a 1 églantier de s'élever, mais seulement de s'étendre; alors, par dépit, le diable abaissa vers la terre la pointe des épines. D'au tres prétendent que 1'églantier a re?u cettc malediction depuis le temps que Judas s'y pendit, c'est pourquoi ses graines sont encore appellées Judasbeeren (les baies de Judas). — On doit aussi mentionner ici la pretendue rose de Jéricho, qui n'est rien moins qu'une rose; son nom scientifique est anastatica hierochuntica. On 1'appelle, a Bologne, rose de la madone, et les femmes du peuple lui attribuent la proprieté de faciliter les couches, cette fleur météorologique, lorsqu'il fait humide, étend ses branches; lorsqu il fait sec, elle les retire comme une boule. Même si la plante est désséchée, et si on la place dans de 1 eau tiède, elle étend de nouveau ses petites branches. On fait cette expérience lorsque le moment de 1 accouchement approche, et on croit que la (délivrance aura lieu au moment même oü la fleur aura tout a fait étendu ses branches. En Allemagne, on appelle la rose de Jéricho „Maria s Hand (main de Marie), paree que la madone, comme la Vénus Génitrix, comme la Diana Lucina, est devenue, dans les croyances populaires chrétiennes, une charitable sage-femme dont la main procure aux femmes en couche une plus prompte délivrance. Ne pouvant s'expliquer autrement le phénomène de eet admirable hygromètre végétal, on songea a un miracle, et a la main toute puissante de la Sainte-Vierge. (A. de Gubernatis. Les légendes du règne végétal). Rose d'or pontifieale. Cette rose est une fleur artificielle dont la tige et les feuilles sont en or. Elle est bénite par le pape le quatrième dimanche de carème appelé le dimanche des Roses. Voici, sur la bénédiction de cette fleur et sur 1'origine de eet antique usage, quelques détails intéressants que nous empruntons a M 1 abbé Gaume. „Anciennement, les souverains pontifes se rendaient a cheval, du palais de Latran, qu'ils habitaient, a ia basilique de Sainte-Croix- en Jérusalem. La était la station du jour, dont la messe comnience, dans tout le monde catholique, par ce mot: Laetare! Rejouis toi! Parvenu a la moitié de la sainte, mais pénible quarantaine, 1 église veut encourage ses enfants et leur inspirer une sainte joie, en leur montrant de plus prés le terme de leur pénitence et la couronne immortelle qui doit récompenser leurs privations et leurs combats. Or, afin de rendre plus vif et plus populaire ce sentiment d'allégresse, Rome le symbolise dans une rose, la reine des fleurs. Tel est le sens de la poétique priére qui en accompagne encore la bénédiction. Après 1'office, le pape, tenant a la main la rose bénite, la montrait au peuple comme remblème de leurs communes espèrances pour 1'avenir et de leurs dispositions actuelles. Portant toujours la rose a la main, le pontife était reconduit jusqu' au parvis de la basilique, par le préfet de Rome, en habit de pourpre et en chaussure de couleur d'or, qui soutenait 1'étrier pour aider le saint-père a descendre de cheval. Afin de reconnaitre ce témoignage de respect, le pape donnait la rose a ce dignitaire, qui la recevait a genoux et lui baisait le pied. Plus tard, les souverains pontifes ont été dans 1'usage d'envoyer cette rose a quelque souverain, a une Église, a une personne éminente, quelquefois aux anciens empereurs d'Allemagne, a 1 époque de leur couronnement. Aujourd'hui, elle est donnée aux princes ou aux princesses dont le saint-père veut honorer la piété et la charité. La bénédiction de la rose d or eut lieu, pour la première fois, sous le pontificat de Leon IX, en 1050 On a conservé une lettre de 1 empereur Maximilien Ier a sa fille Marguerite dAutriche datée du 8 Décembre 1515. Cette lettre annonce que le Pape Leon X envoie la Rose d'or, a 1'archiduc Charles, depuis Charles-Quint. La Rosière, est le nom que 1'on donne, dans certains pays de la France, a la jeune fille qui a obtenu la rose décernée comme prix de vertu et de sagesse La pomme a la plus belle, a dit 1'antique usage. Un plus heureux a dit: La rose a la plus sage. Ces deux vers nous rappellent cette antique institution de saint Médard, évêque de Noyon qui consiste a couronner tous les ans une rosière dans 1'église de Salency. Le prix de la vertu est une couronne de roses et une petite dot. En 1532, la soeur du fondateur fut nommée d'unevoix unanime, première rosière de Salency; elle regut la couronne de la main de St. Médard, et elle la légua, avec Fexemple de ses vertus, aux compagnes de son enfance. Après Noyon, le petit village de Nanterre, patrie de sainte Geneviève, patronne de Paris, voulut perpétuer cette pieuse cérémonie, qui est arrivée d'age en age jusqu' a nos jours, conservant intacte sa touchante simplicité. Lisez le récit suivant de la dernière fête, qui a eu lieu a Nanterre, le dimanche, 20 Mai, jour de la Pentecöte. La foule était grande dans 1'antique village, devenu ville aujourd'hui. C'est qu'on allait, comme chaque année, couronner une jeune fille. Déja 1'église est parée comme en un jour de fête: des fleurs, de 1'encens, des lumières. On se presse, on se foule, dans cette vénérable chapelle, célèbre depuis tant de siècles, oü fut baptisé Louis XIV, et oü s'agenouilla souvent la reine Anne dAutriche, épouse de Louis XIII. Bientót la musique se fait entendre ; c'est le cortège qui s'avance! Les portes sont ouvertes a deux battants. et la rosière, vêtue de blanc, et conduite par M. le maire et son adjoint, fait son entrée aux sons des orgues, qui retentissent sous les voütes saintes. Cinquante jeunes filles aussi en robes blanches et couronnées de roses, prennent place sur une estrade recouverte de damas rouge a franges d'or, au milieu de laquelle est un dais de velours, oü va monter 1'heureuse lauréate. Après un discours que prononce un des ministres du Seigneur du haut de la chaire retragant 1'origine du couronnement actuel, la jeune fille, rouge d'émotion, monte vers le dais de velours, et la, s'agénouillant, elle regoit une couronne de roses blanches d une des dames de charite, qui la félicite et 1'embrasse, en lui passant au cou une chaine d'or et lui attachant une riche épingle, présent flatteur des membres du conseil municipal de la commune. M. le curé, revêtu des ornements sacerdotaux donnés a 1'église de Nanterre par la reine Anne, en 1626, monte a 1' autel, et 1'on remarque alors sa riche étole, ornée de croix et de broderies d'or fin. A ce moment, la musique de la garde nationale placée dans le choeur, se fait entendre, et la nouvelle rosière redescend les degrés et va se placer au milieu de ses jeunes compagnes, qui, toutes, ont a la main un bouquet de blanches fieurs. C'est vraiment un coup d'oeil magique que cette foule parée, ces comissaires de la fête en brassarts bleus, les membres du conseil municipal tout entier, ceints de leur écharpe, ces jeunes filles blanches et roses, aussi fraiches que leurs fleurs, ces chants d'allégresse qui montent vers la voüte du temple, et ces rayons d'un éclatant soleil que tamisent les antiques vitraux de 1'église. La rosière ne peut cacher son trouble d etre 1'héroine d'une telle fête. Le Rosaire est un chapelet ou couronne composé de quinze dizaines de grains sur chacun desquels on récite un Ave Maria. Elle se compose d'autant d'Ave qu'on mettait ordinairement de roses dans une couronne (ou chapeau de roses), offert a la Sainte Vierge. Saint Dominique institua le rosaire en 1208, et le pape Gregoire XIII, en 1573, en mémoire de la fameuse bataille de Lépante gagnée contre les Turcs, institua la fète du rosaire, qui se célèbre le premier Dimanche d'Octobre. (M'le Clarisse Juranville. la voix des fleurs, p. 141). Les Fraisiers sont des plantes de la familie des Rosacées, vivaces, herbacées, a tiges robustes, dont le fruit est constitué par le dévelloppement anormal du réceptacle. Elles sont un symbole des petits enfants qui ont péri autrefois, et consacrés a Holda, plus tard a la Vierge Marie. Celle-ci conduit, le jour de St.-Jean, les petits enfants morts au Paradis; pour manger des fraises. Si les mères en mangent, avant ce jour-la, elles font du tort a la vierge Marie a laquelle les fraises sont destinées et qui pourrait refuser 1'éntrée du Paradis aux petits enfants dont les mères lui auraient volé des fraises. Dans le Pfalz-bavarois les les mères soigneuses y font bien attention. Si, pendant la récolte, des fraises tombent par terre, il n'est pas du tout permis de les ramasser car elles appartiennent a la mère divine et on serait puni par ne plus en trouver pendant toute la journée. On croit cela en Bohème et met les trois premier-trouvées sur une souche pour la Vierge Marie. En Hesse on piqué quelques-uns des plus beaux fruits, comme marqué de gratitude, a un arbuste épineux. Dans la Prusse-Orientale tous les voeux seront exaucés de celui qui a le bonheur de receuillir, dans la nuit de St. Jean, dans un linge les fleurs tombantes du Cornouiller rouge. Le Sureau-comtnun, Sambucus nigra. Arbre de taille moyenne ou petite, decoratif et commun dans les jardins. Evelyn dit: Si les propriétès médicinales des feuilles de 1'écorce, des baies etc. étaient parfaitement connues, je ne sais pas quelle maladie les gens de la campagne pourraient avoir sans qu'ils en puissent trouver le remède dans toutes les haies. Quand on ote la pelure inferieure du bas en haut c'est un vomatif, au cas contraire un purgatif. Johann Hermann Knoop dans son Dendrologia of beschrijving der plantagie gewassen en raconte: Aangaande 't gebruik van de Vlier in de huishouding: De bloemen worden veel gebruikt om er Edik van te maaken, die men in plaats van gemeene Edik bij de Spyzen gebruikt, welke niet onaangenaam van smaak, en zeer gezond is, verwekt appetyt en helpt de Spyze verdouwen; van buiten is hij zeer dienstig voor de Roos, heete Gezwellen, Ontsteekingen en Hooftpyn, op doeken gedaan en dus laauw warm omgeslagen wordende; waartoe ook de versche of gedroogde bloemen dienstig zyn, als er een omslag van gemaakt word. Om dezen Vlier-Edik te maken, zulks geschied aldus: De geplukte en van haare groove groene Steelen gezuivert zynde Bloemen worden langzaam in de schaduwe iets gedroogt, daarna doet men die in een flesch met beste Wynazyn een handvol Bloemen; vervolgens laat men de Flesch, wel geslooten zynde, 2 a 3 Weeken in de Zon staan, dezelve altemets eens omschuddende, daarna giet men die Edik door een fyne Doek, en bewaart die tot het gebruik. Groen of versch moet men de Bloemen niet in de Edik doen, want dan verkrygt ze eene purgeerende kragt of ontstelt de Maag. Van de versche Bloemen word ook een Conserf gemaakt, die zeer gezond en bloedzuiverende is, en zagtjes doet laxeren. Tot dien einde bakt men ook Pannekoeken van deze Bloemen in de bloeityd, op deeze wyze, men breekt de Bloem-trossen af met lange steelen, daarna maakt men een beslag van Meel en Melk; waarin de Eyers niet moeten gespaart zyn. hierby doet men behoorlijk Zout en een weinig gepoeyert Caneel of Muscaatbloem ; vervolgens doet Boter in de pan (Botersmout is nog beter) laat die heet worden, dan vat de Bloem-trossen bij de Steel en stipt dezelve in het beslag, zet ze in de heete Boter, en laat ze daarin zagtjes bakken totdat ze mooye geel rosachtig zyn, en discht ze dan op. Maar 't staat aan te merken, dat men er niet te veelen van eeten moet, anders ontstellen ze de Maag en doen somtyds braken of purgeren ; zynde anders, als ze matig gegeten worden, zeer gezond. * De jonge tedere uitspruitsels worden gezondheidshalven in de Voorjaarstyd ook wel gegeten onder een zoogenaamde Capucyner Salaad of onder ander Groenmoes gestooft en dus genoten; zynde deze Spruiten in alle manieren zeer gezond, zy purgeren zagtjes, zuiveren het Lighaam en het Bloed, en zyn inzonderheid dienstig voor Menschen die veel gallige slym en waterige vogtigheid bij zig hebben, en na waterzugt overhellen. Dog men moet ze met discretie gebruiken want anders ontstellen ze het Lighaam. De binnenste Schors of de Bloemen in Melk gekookt, en daarvan altemets wat gedronken, waarbij men wat zuiker om 't te verzoeten voegen kan, is zeer dienstig voor Menschen die Roos-agtig zyn. Dezelve in Water of goeden Wyn gekookt, en daarvan 's daags 2 a 3 Romers vol gedronken, geneest de Waterzugt zekuur. De binnenste Schors in Boom-olie gedaan en in de Zon of by een Vuur laten trekken is een der beste middels voor de Brand, alsmede voor Jigt, Podagra en allerlei Inflammatie. Men kan in plaats van deze Olie ook alleen maar de gemelde binnenste Schors, met een weinig Brandewyn of Campher-Spiritus bevogtigt zynde, in gemelde gebreeken opleggen, dezelve altemets ververschende. Simon Pauli meld in zyn Quadripartitum botanicum dat hij een zeekeren Hefer van Spaar door middel van de versche Blaaden op te leggen, en zulks te herhalen als de Blaaden droog geworden waren, van de Podagreuze Pynen verlost heeft, voor welken raad hem van gemelden Heer dertig dukaten geschonken wierden. Daar groeit somtijds aan de Stam en Takken van de bejaarde Vlierboomen een zoort van Swam of Camper noelje, Judas-ooren, (Auricula Judae) genaamt; dat meede zyne nuttigheid in de Medicynen heeft, want in gemeen of Roze water geweekt zynde, wort zeer geprezen voor zeere geïnflameerde Oogen. Daar is bijna geen Gewas dat zoo nuttig in alle zijne deelen is als de Vlierboom, want daar is niets aan dat niet van veel gebruik in de Medicyne zy. Begeert iemand volkomen van de grote nuttigheid dezes Booms, en van de Geneesmiddelen die daarvan voor allerlei Ziekten kunnen toebereidt worden, onderricht te zijn, die kan nazien Mart. Blockwitn. Anatomia Sambuci, Lipsiae 1631 edita. De Berg-vlierboom, Sambucus racemosa rubra word gehouden voor eene schadelyke hoedanigheid te bezitten, en moet derhalven niet in het menschen-lighaam genomen worden. Dog de laage Vlier of Hadig Sambucus humilis, sive Ebulns heeft dier gelyke kragten als de gemene. Non seulement le sureau joue un grand róle dans les superstitions germaniques; mais aussi dans 1 antiquité clas■sique, on lui attribuait des pouvoirs magiques. En Allemagne, au Danemark et en France, on le supplie encore avant de s'en servir: „Lorsque les habitants du canton de Labruguière, écrit de Nora (coutumcs, mythes et traditions des provmees de France) ont un animal malade de quelque plaie envahie par les vers, ils se rendent dans la campagne auprès d'un pied de yèble „sambucus ebulus et, tordant une poignée de cette plante dans leurs mains, ils lui font un grand salut et lui adressent les paroles suivantes en patois: „Adieu siès, monsu 1'aoüssier, sé né trases pas lous bers de moun berbenier, vous coupi la cambo, mai lou pey!" Ce qui veut dire: „Bonjour, monsieur le yeble : si rous ne sortez pas les vers de 1'endroit oti ils sont, je vous coupe la jambe et le pied." Cette menace effectuée, la guérison est assurée, ou peu s'en faut. En Sicile, on croit que la tige de sureau frappe a mort les serpents et éloigne les voleurs bien mieux que toute autre baguette. Dans le Tyrol on a pour le sureau un tel respect, qu'en passant devant lui, on óte son chapeau. On pense peut-être que la flüte magique, la flüte enchantée de la tradition populaire, est faite avec le bois de eet arbre, consacré dans la Mythologie du nord, au dieu Thunar, au dieu du tonnerre. Un chant populaire russe nous apprend que les sureaux éloignent les mauvais esprits, par compassion envers les hommes, et qu'ils promettent une longue vie. En Allemagne. on a recours au sureau contre le mal de dents; en Danemark, on croit que le sureau est le génie protecteur de la maison; en Suède, les femmes enceintes le baisent. On n'endommage pas un sureau impunément. Les Lettes supposent que le dieu de la terre Puschkaitis, demeure sous les racines du sureau. Une branche de sureau est employée en Savoie et ailleurs, comme baton de bon augure pour les noces. Pour détourner les effets magiques, on plante le sureau auprès des étables, puits et ruchers. Les ustensiles métalliques de cuisine, frottés avec des feuilles de sureau, ne sont pas susceptibles aux effets de la rouille ou du poison; le bois, après la même opération, ne sera pas attaqué par les vers. Même après la mort le sureau prête service, le charpentier mesure la longueur du cadavre d'un rejeton tout droit; dont le cocher, qui le conduit au cimetière se sert comme fouet. Le frêne — Fraxinus (ancien nom de 1'arbre du grec phraxis, separation; allusion a la facilité avec laquelle son bois peut être divisé). Les Frênes sont des arbres précieux pour l'ornement et le boisement des parcs paysagers, leur vigueur, lenr beau feuillage et 1'abondante floraison de quelques espêces (F. Ornus, F. rotundifolia) les font rechercher pour ces usages; toutefois leur feuillage est fréquemment rongé par les Cantharides, ce que les défigure beaucoup et oblige a les éloigner des habitations par suite de 1'odeur désagréable qu'exhalent ces insectes. Le bois de Frêne est employé dans 1'industrie, surtout pour le charonnage, car il est souple et résistant; on attribue aussi certaines proprietés aperitives, fébrifuges, etc., a 1'écorce, mais c'est surtout la manne, dont on fait un grand usage comme purgatif, qui constitue le produit pharmaceutique le plus important. Elle est principalement produite par les F. Ornus et F. rotundifolia, sous forme d'un liquide sirupeux, qui s'écoule naturellement de leur tronc, a 1'aide d'incisions, se solidifie a 1'air et constitue alors la manne telle qu'on 1'emploie. La glus grande partie provient de la Calabre et de la Sicile. J. H. Knoop in zyne Dendrologia of beschryving der plantagiegewassen, zegt dat de Steen-essche, woud-essche, kleine-essche of Mannaboom de voortbrengster is van het Manna der apotheken, zynde het zap des Booms dat in de warme Landen in de heete Zomerdagen uit de Bladen en derzelver Steelen zweet, en tot kleine Korls van een witte Koleur verdikt, die naarmate de Korls harder worden, een geelagtige Koleur verkrijgen; welke Korls 's Morgens vroeg vergadert en vervolgens tot gebruik in de Medicynen overal verzonden worden. De Italianen noemen het: „Manna di ftonda, tot onderscheid van een ander Manna, hetwelk getrokken word uit deze Boom, door insnijding der Schors, van de Italianen Mawia forsata, of Manna di corpo genoemt; maar dit word zo goed niet gehouden als het na tuurlijke, zijnde ook doorgaans met aarde en andere vulnissen doormengt. Voorts moet ik opmerken dat het opregte of beste Manna een deftig laxeerend middel is, inzonderheid voor tedere Menschen ; want het laxeert zagtjes zonder eenig ongemak. Men neemt er i a 2 Oneen van, naarmate der verstoptheid met een Pruim of ander Zopje, of in Coffy, in plaats van Zuiker. Dr. J. H. Dierbach sagt in seiner Flora Mythologica . Ausgezeichnet sind die Mythen, welche an diesen Baum erinnern. Von einigen Nymphen wurden die Eschen bewohnt, die man die Melischen nannte; sie entstanden gleich den Erinnyen und Giganten aus dem Blute des entmannten Kronos. Die Erinnyen oder Furiën sind, wie man weiss, die rachenden Plage-Göttinnen der Unterwelt ; sie trugen dort Stöcke aus Eschenholz und auch die Giganten suchten, das ihrem Bruder Saturnus widerfahrene Unrecht zu rachen. Nemesis oder Adrastea halt in der Hand einen Zweig von Melia, um, wie Wi?ikelmann sehr schön sagt, ihre Harte und die Unbeweglichkeit in Schlüssen über Vergeltunganzudeuten. Bei der Hochzeit des Peleus und der Thetis, die auf einem Berge in Thessalien gefeiert wurde, wozu alle Götter und Göttinnen eingeladen waren, und alle ein Geschenk gaben, brachte Chiron eine auf dem Berge abgehauene Blumenesche; man schnitzte einen Spies daraus, woran Minerva und Vulcan arbeiteten. Peleus trug ihn zuerst und nachher sein Sohn Achilles. Das Eschenholz ist seiner Harte wegen zu Werkzeugen, so wie zu Waffen brauchbar, und wohl darum ist es warum hie und da dieser Baum als dem Mars heilig dargestellt wird. Le frêne a été regardé par les anciens Hellènes. Romains 6 et Scandinaves, comme un arbre sacré cosmogonique et d'abondance, comme un arbre bierïheureux. Pline attribuait sérieusement au frêne un pouvoir magique contre les serpents Voici ses propres mots: „Contra serpentes vero, succo expresso ad potum, et imposita ulceribus, opifera, ac nihil aeque reperitur. Tantaque est vis ut ne matutinas quidem occidentesve umbras, quamvis sint longissimae, serpens arboris eius attingat, adeo ipsam procul fugat. Experta prodimus ; si fronde ea gyro claudatur ignis et serpens, in ignem potius quam iu fraxinum fugere serpentem. Pour les Allemands aussi, malgré le róle cosmogonique dévolu au frêne dans la tradition scandinave, le frêne a souvent une signification sinistre L' Askafroa (la femme du frêne) n'était pas un esprit bienvaillant; elle pouvait faire beaucoup de mal; et on la fléchissait par un sacrifice le mercredi des cendres (Aschermitwrch), jour sinistre et funéraire. Notez ici une équivoque de langage entre l'ancien mot Aska, Esche (frêne) et le mot Ascke (cendre). D'après Porta (Phytognonomica) les cendres du frêne et du génèvrier enlèvent la lèpre. Le frêne, comme nous savons, un des premiers parents du genre humain, était 1 arbre le plus véneré de la Mythologie Scandinave. Dans 1'Edda, Ganglerie, a la demande oü se trouve le séjour le plus principal et le plus saint des dieux, regoit la rèponse que eest auprès du frêne Yggdrasill, oü ils font la justice. C est le plus grand et le meilleur de tous les arbres dont les branches s etendent jusqu'au bout du monde et s'élèvent jusqu'aux nues, et dont les trois racines touchent le centre de la terre. Une vertu cardinale du frêne est qu'il est conducteur de la foudre. On y peut bannir un désastre dans la forme d un souris, après-quoi il s appelle frene-souris. Deux souris mis dans un pot de fond sur un feu de bois de frêne font accourir tous les souris des environs. Le docteur Joseph Virgile Grohmann raconte de ce petit animal rongeur: „Der Blitz wurde von dem arischen Urvolke ursprünglich als der leuchtende Zahn eines Thieres, einer Maus, gedacht, die in der dunklen Gewitterwolke ■einherfuhr. Spater jedoch identificierte man haufig das Thier selbst mit seinem Zahne und Maus und Blitz wurden gleichgestellt." Spater sagt er: „Die Mause sind Gewitterwesen, ihr Zahn ist der Blitzzahn. Wenn sie denselben fallen lassen, so wird die Seele des Menschen geborn, die nun als Maus im Körper wohnt um nach dem Tode des Menschen wiederum als Maus zurück zu kehren in den Schaarjener Sturmgeister von denen sie ausgegangen ist." L'auteur «st principalement venu a cette conclusion par la circonstance que 1 ame quitte quelquefois le corps humain dans la forme d un souris. Les cas suivants peuvent approuver cette croyance populaire. Trois ouvriers s'égaraient dans un bois, un d eux se mit a dormir pendant que les deux autres allaient chercher de 1'eau. Après 1 avoir trouvée, ils s'étendaient auprès de lui et virent une souris, sortant de sa bouche, se rendre a la source pour boire; après quoi elle rentra, par la même route, au corps. Ils éveillèrent le gros dormeur, tout indignés, et lui dirent dun ton de reproche: „Tu es tellement paresseux que ton ame doit aller chercher de 1'eau. Nous ne voulons plus avoir rien a faire de toi et ils s'en allèrent. Une Meclenbourgeoise, tourmentée du cauchemar, résolut 1 attraper. Elle se couchait chaque nuit, les mains joints au dessus de la tête. Sa mère, qui veilla dans la chambre attenante, 1 entendant gémir s approche d elle avec une bougie allumée; ce qui effraya tellement la fille qu'elle fit tomber les mains en bas et saisit au creux de 1'estomac une petite béte. Sans regarder elle 1'enfonce dans son bas et 1'enferme dans la malle. Peu après elle vient d'entendre que son fiangé est mort. Lorsqu' elle se rendit a 1'enterrement elle emporte le bas. Pendant les cérémonies funèbres, dans 1'Église. prés de la bière ouverte, elle prend son mouchoir pour essuyer ses larmes. En même temps e!le tira de sa poche aussi le bas, une souris blanche sort en sautant et se retire dans la bouche du cadavre, qui rentre de nonveau dans la vie. Au chateau Wirbach-lez-Saalfeld, en Thuringue, les domestiques étaient occupées a pêler des pommes et des poires. Une des bonnes s'endormit. Une souris rouge sortit de sa bouche et s'esquiva par la fenêtre ouverte. Malheureusement on eut mis la bonne sur 1'autre cóté et la souris rentrée, ne trouvant pas la bouche, s'enfuit de nouveau. La fille ne se réveilla plus. A Kratzig, en Pomméranie, la légende raconte d'un palefrenier, endormi pendant la nuit dans 1'écurie, a qui sortit de la bouche une souris blanche, qui alla un bout de chemin pour se retirer enfin dans le vieux crane d un cheval. Son compagnon, qui en fut témoin, voulut assommer le petit animal mais se rappelle encore a temps qu'il ne faut pas tuer les souris blanches. Ajoutez-y que 1 affaire ne lui semblait pas en bon état. A la souris, qui après quelque temps sortit du crane de cheval, il embarassa le passage tellement qu'elle dut prendre la route par un endroit oü récemment un cheval avait fait couler 1 urine. Elle hésita longtemps de le faire mais enfin, prenant sa route tout-près de la tète du cheval, elle gagne le dormant et se glissa de nouveau dans son corps. Tout trempé de sueur l'homme s'éveilla et racontait avoir songé d un séjoui dans le crane d un cheval et qu a la sortie il avait piesque failli tomber dans un gouffre sans fond. (Jahn aus Pommeren, S. 390). Le sujet de nos études nous oblige a nous borner non seulement a 1'Europe mais d'examiner aussi les idéés superstitieuses qui sont encore en vogue chez les peuples de 1'Archipel indien quant a 1'ame humaine. D'après ces peuples incivilisés et sauvages l'homme n a pas une mais plusieurs ames. II y a quelque rapport incontestable dans cette opinion et la différence que 1 antiquité classique faisait entre 1'ombre, les manes et 1 esprit de quelqu'un. „Terra tegit carnem, tumulum circumvolat umbra, Manes Orcus habet, spiritus astra petit." D'après Waitz, Anthropologie der Naturvölker Tom III, p. 194—196 les tribus Indiens de 1'Amérique septentrionale font la même distinction. Eine alte und weit verbreitete Lehre schrieb dem Menschen zwei Seelen zu, eine vegetative und eine sensitive, naeh einer anderen hatte er drei Seelen, eine gute die nach dem Tode in ein warmes, eine böse die in ein kaltes Land kommt, eine dritte die beim Körper bleibt, oder selbst deren vier, von denen eine im Geisterlande fortlebt, die zweite in die Luft geht die dritte im Leibe, die vierte am Wohnorte zurückbleibt." Des tribus, de 1'Archipel indien, ce sont surtout les Niases qui distinguent dans l'homme un trio d'ames, qui sont assimiléer. avec la haleine le coeur et 1'ombre La première appelée „noso" est prise du vent et en retourne après la mort, a 1 exception des nosos des Chefs qui sont persistantes parceque le fils ainé et successeur met sa bouche sur la bouche du père mourant pour intercepter le dernier soupir. En cas qu il ne réussit pas et qu'un autre le fait avant lui, il est obligé de partager le gouvernement avec celui-la. Lame assimilée avec 1'ombre, qu on ne voit qu' a la lumière du soleil, de la lampe, ou du feu, quoique les prêtres la voient toujours, quitte le corps après la moitet devient esprit, bachu-zimate, esprit du mort; qui se rend au royaume des morts. Le troisième ame qui est située au coeur et en est assimilée, s'appelle: „noso-dodo" ame du coeur. Elle est des trois la plus principale car, selon les Niasesr il n'y 'a rien dans l'homme qui ne germe pas du coeur. Ce n'est pas seulement le coeur qui sent mais c'est par ce même coeur qu'on pense et comprend; c'est le coeur qui se rejouit ou se fache. La noso-dodo subsiste après la mort dans la figure d'une araignée, appelée: „moko-moko" et est comme telle 1'objet de la plus grande vénération. A cóté des Niases les Bataks méritent d'être mentionnés. lis n'ont que le .mot „tondi" pour exprimer tout ce qui se rapporte a 1'ame humaine. D'après le Dr. Hagen, les Bataks croient avoir trois tondi's von denen zwei bestandig im Körper bleiben, wahrend die dritte stets ausserhalb des Körpers, aber trotzdem im innigsten Zusammenhang mit ihm verbleibt. Diese drei Seelen heiszen mit Namen: Tondisigulimen oder sipargongom, Tondi-siantahara und Tondi-sichorchor. Diese letztere ist die ausserhalb des Körpers verweilende. Stirbt dieselbe, wo sie sich auch gerade befinden möge, so ist auch der Mensch noch in der namlichen Stunde todt. Die zwei im Körper befindlichen Seelen werden frei, und steigen als Sumangat, vom Niedergang der Sonne, von Westen her, den pfad empor zu Debata's Wohnung, wo sie ein paradiesisches Leben im ewigem Wohlergehen und Lustbarkeit genieszen.... Das ist das Leben des guten Menschen nach dem Tode. Ist der Mensch je doch ein böser, und das Masz seiner Uebelthaten gefüllt, so wird seine Tondisichorchor im Westen verbrannt, worauf auch der Mensch sofort todt niedersinkt. Die zwei andern Seelen können den pfad, der zu Debata führt, nicht finden, son- dern müssen ebenso wie die Seelen der Gemordeten und Gefallenen unstat auf Erden umherirren, fahren bald in den Körper reiszender Thiere, bald in Baumstammen, bald in Felsen oder Wasser, kurz, sie führen ein sozusagen ahasverisches Dasein, Niemandem zur Freude, Allen zum Leid, da sie auch die Macht besitzen, den Menschen zu schaden. Die Seelen derjenigen, welche weder gut noch böse gelebt haben, wohnen auf Baumwipfeln, Berggipfeln etc. aber nicht für immer und ewig, sondern nachdem Debata siebenmal die Form, in welche die Seelen gefahren, zerbrochen hat, können auch sie zu den ewigen Freuden eingehen. Ccpendant la croyance des trois tondi's n'est pas une croyanee universelle, le bas peuple 1'ignore tout a fait et n'accepte qu'un tondi qui siège dans la tête. On croit que le tondi peut exister et agir, indépendemment du corps, qu'il s'est acquit, comme esprit protectrice, beaucoup d'influence sur le corps, qu'il peut le quitter, pour un moment, le faire languir, apporter du bien ou du mal Tondimu alomu' que ton ame sois ton ennemi, est une malediction trés usitée chez les Bataks. Les maladies sont occasionnées par le seul fait que les esprits malins retiennent les tondis ce qui s'appelle: „mangajam". Les idéés que les Javanais, Malais, Macassares et Boeginèses se font du sumangat sont toutes du même genre. On prétend qu'elle subsiste par elle-même et répand par sa présence de la prospérité. La croyance est bien caracteristique que le sumangat a la faculté de passer dans un animal, ce qui fait naitre une relation secrète entre ces deux individus, de sorte que le sort de 1 un dépend tout a fait du sort de 1'autre. Dans le poème Malais „Sjair Bidasari" nous voyons comment le sumangat peut être transporté dans un objet inanimé. Le récit raconte que le principe vital, 1'esprit de la vie de Bidasari fut renfermé dans un petit poisson d'or, expressément fabriqué pour ce but. Du reste 1'opinion est aussi ici en vogue que le sumangat quitte le corps non seulement au moment de la mort mais aussi en cas de frayeur d'évanouissement et de maladie. II est fort usité chez les Macassares et les Boeginèses de retenir ou bien revoquer le sumangat d'un enfant malade, en agitant un linge. Chez les Dajaks, plus spécialement les Olo-Ngadjoes, 1 ame s'appelle: „hambaruan'. On croit qu'elle quitte le corps a bon gré, surtout pendant la nuit; rode partout et fait naitre les songes, mais aussi pendant la journée en cas de frayeur, d émotion, de trou ble etc. Les maladies sont causées par 1'absence de 1 ame. „Die Krankheiten halt der Dajak für Individua, Personen, Knechte des Radja-hantuen und Radja-sial (chefs des esprits malins) welche die Hambaruan des Menschen gefangen fortführen, sie qualen, und an Stelle der Seele dann im Körper des Menschen wohnen. Point de guérison qu' après la rentrée de 1'ame. Cela se fait par un sacrifice solennel, appelé „hirek" qui a pour but de prier les sangiangs, espèce d'esprits bienfaisants, de vouloir bien persuader le radjahantuen et le radja-sial de rendre le hambaruan. La mème conception animitique, quant a 1'origine des maladies, se trouve encore chez d'autres tribus de 1'Archipel indien; entre autres chez les Alfoers de la Minahase. La guérison a aussi ici du rapport avec la révocation de 1'ame. Pendant le sacrifice solennel: „manempek" qui se fait a ce sujet, les prêtres ou sorciers tachent de savoir oü 1'ame se trouve. On fait préparer quelque chose a manger et, imitant le son avec lequel on appelle les petits chiens, elle est invitée aux mets servis. Convaincu que 1'ame y est, on 1 attrape dans un linge qui est déployé au dessus de la tête du malade. On prétend alors que 1'ame fugitive est ramenée. Si cependant le malade meurt cela prouve que 1'ame n'était plus a retenir. II importe de faire mention ici des habitants de 1'ile de Madagascar. Dans un ouvrage publié en 1658 nous lisons: „s'ils deviennent malades, et qu'ils tombent en frenaisie, aussi-tost les plus proches du malade enuoyent un Ombiasse (escriuain, medecin, prestre, deuin) querir de 1'esprit au cimetière, qui y va la nuit, et fait un trou a la maison qui sert de sepulchre, en appelant 1 ame du père du malade, et luy demande de 1'esprit pour son fils ou sa fille, qui n'en a plus, et tend un bonnet au droit du trou, renferme ce bonnet, et s'encourt promptement au logis du malade, en disant, qu'il tient un esprit, et s'en vient promptement mettre le bonnet sur la teste du malade qui est assez fol, pour dire par après qu il a recouuert son esprit qu il auoit perdu dans sa maladie, et commande que 1 on donne recompence a 1 Ombiasse. C'est bien évident que les idéés, quant a 1'origine des maladies sont les mêmes, de sorte que le malade, pour sa guérison a besoin qu on va a la recherche d'une autre ame qui occupe la place vacante. Reste a questionner sous quelle forme 1 ame se présente s'il se trouve hors du corps. Schultze, Entstehungsgeschichte der Vorstellung Seele, S. 334—335 sagt: „Der Wilde kann sich die Seele, auszerhalb des Körpers, nur in ganz anschaulicher Form vorstellen. Man stellt sich also die Seelen vor in der Gestalt geflügelter Thiere: als Vögel, besonders als Tauben; als Insekten, als Kafer, Bienen, besonders als Schmetterling (Seele = schmetterling). Sie werden als Reptilien gedacht: Schlangen und Eidechsen sind hier besonders beliebt. Unter den vierfüszigen Saugethieren sind besonders Maus, Wiesel und Katze die Seelenthiere. Unter den physikalischen Erscheinungen sind es die Licht-Phanomene Z. B. die Irrlichter, dazu Nebel, Wölkchen, Schatten, in deren Formen die Seelen auftreten Quant aux songes, la légende du roi Gunthram, citée par Grimm. Deutsche Mythologie. S. 1036 est bien caracteristique „König Gunthram war im wald ermüdet auf dem schooss eines treuen Dieners entschlafen: da sieht der diener aus seines herren munde ein thierlein, gleich einer schlange laufen und auf einen Bach zugehen, den es nicht überschreiten kann. Jener legt sein Schwert über das wasser, das thier lauft darüber hin, und jenseits in- einen berg. Nach einiger Zeit kehrt es auf demselben wege in den schlafenden zurück, der bald erwacht und erzahlt wie er im traum über eine eiserne Brinke in einen mit gold erfüllten berg gegangen sei". Nous rencontrons chez les peuples de 1'Archipel indien les mêmes conceptions animitiques. Mutatis mutandis, la légende du roi Gunthram se raconte, chez les habitants des iles de la Sonde, de la manière suivante. D'abord il faut se rappelef que les Sondanois distinguent, dans le corps humain, trois ames: lelembutan, juni et sukma. C'est le dernier qui quitte le corps pendant le sommeil. Monsieur Holle dans ses Snippers, Tydsch. v. Ind. T. L. en Vk. dl. XVII blz. 566 en raconte: Un homme couché s'endormit pendant que deux camarades furent assis tout prés de lui. Tout a coup ils virent sortir du nez du dormant, une cigale qui se glissa a travers les broussailles sadagon, disparut dans la terre, pour remonter après quelques instants et rentrer dans le nez. Le dormant, après son réveil, raconta a ses camarades qu'il eut songé avoir rodé et être arrivé a une grotte oti se trouva un grand trésor. II était évident aux deux autres qu'ils avaient vu sortir du nez son sukma et promirent lui indiquer 1 endroit oti le trésor fut caché, sous condition de partage. 11 y con- sentit et après avoir creusé quelque temps sous \c sadagori ils trouvèrent, en effet, un grand trésor. D'après une autre légende chez les Niasois les maladies sont causées par les esprits malins qui s'emparent du corps du souffrant et en chassent 1'ame. II importe maintenant de chasser les mauvais esprits et de faire rentrer, en même temps, 1'ame. Ce n'est pas dit en tant de mots mais la cérémonie, qui a pour but d'effectuer la guérison, la prouve d'une manière incontestable. Le prêtre monte au toit et la, tout ayant les yeux fixés sur le soleil et le ciel bleu, il adresse ses voeux et ses prières aux bons esprits; tandis qu'il étend devant lui un linge afin que ces esprits puissent y déposer une mouche dorée ou étincelante. Une fois arrivée, il dépose 1'insecte appelée „sumange" sur le front du malade par quel fait la guérison infaillible est assurée. II va sans dire que la sumange représente 1'ame chassée. Schultze nous a déja montré que 1'ame en quittant le corps, prend, par préference la figure d'un oiseau. Les peuples de 1'Archipel indien ont la même conception animitique qui est en rapport avec la manière étrange de la quelle ils se servent pour revoquer 1'ame. Fixons d'abord 1'attention aux Macassares et Boegineses On trouve chez eux les expressions „akurru et makurrii\ des racines kurru et karru, avec lesquelles on appelle les poules. On se sert non seulement du même mot pour revoquer la sumangat comme si c'était une poule mais, tout en rendant le son kurru ou karru, on jette du riz pour attirer la sumangat comme on le fait pour réunir les poules. Dans le mot: „lycanthropié" nous trouvons une expression toute particulière de la doctrine qui traite la subsistance 1ndépendente de 1'ame. Lykanthropos est quelqu un qui peut se métamorphoser en loup ou plutót dont 1'ame a la faculté de quitter le corps un certain temps pour prendre la figure d'un loup ou d'un autre animal. Lippert: „die Religionen der Europaischen Culturvölker. S. 45 sagt: Als eine Art Krankheit eine Art Wahnsinn, tritt die Lykantropie bereits im ersten Jahrhundert auf und dauert bis ins spate Mittelalter fort. Sie zeigte sich besonders im Monat Februar; dann verliessen die Kranken Nachts ihre Wohnungen und schweiften auf den Begrabnissplatzen umher, wobei sie sich einbildeten sie seien Wölfe oder auch Hünde (Kynanthropie) Die Wölfe und Hünde nachahmend, strichen sie bellend und brullend umher. Die Behandlung dieser Krankheit durch Griechische Aerzte bestand in Blutentziehungen bis zur Ohnmacht ... Im Mittelalter erreichte dieser Wahnsinn seinen höchsten Grad und wurde vorzüglich dadurch furchtbar dass die Kranken in ihrer Wuth Kinder und Erwachsene tödteten, wovon man im Altherthum nichts wusste." La croyance a 1'existence des loups-garous est répandue, non seulement par toute 1'Europe mais aussi par 1 Archipel indien. Les langues germaniques, ronunes et slavonnes ont toutes des mots pour exprimer 1 idéé d'un homme transformé en loup. En anglo saxon e est le mot vere wolf en anglais, en allemand et en hollandais, weerwolf (vere et weer homme, wolf loup) En Suédois c'est varulf (donX. s'est formé le mot latin gariilphus, qui a donné ensuite le mot francais garoulgarou). Le breton a le mot bletz-garo, le francais, loup-garou, 1 italien lupo mannaro; le grec moderne kalikantsaros-, le polonais, wilkolak-, le tzigane, vlkodlak. En Russie c'est obarolen, dans la Russie arctique wawkalak et chez les Estes dans 1'ile d'Oesel, innimesse hnüt, c'est a dire homme loup (Richard Andrée, Ethnographische Parallele und Vergleiche, 1878. S. 63). La croyance que 1 homme peut devenir loup, existe déja depuis vingt trois siécles. Hérodote, né 484 ans avant notre ère, dit en parlant des Neures (qu'il faut bien distinguer des Scythes): II semble que ces gens sont des sorciers. En effet s'il faut en croire les Scythes et les Grecs établis en Scythie, chaque Neure se change en loup une fois par an, pour reprendre après quelques jours sa forme humaine. Pline en puisant dans Agriopas, lorsque celui-ci décrit les victoires olympiques, raconte, qu' a 1'occasion d'un sacrifice offert a Jupiter Lycaos par les Arcadiens, Demainète de Parrhasia ayant goüté des entrailles d'un jeune loup fut transformé en lycanthrope; mais que dix ans après il redevint homme, s'exerga de nouveau a l'escrime et revint de 1'Olympe en pugilist victorieux. Le meme auteur emprunte encore a Evanthos (qu'il appelle un écrivain grec trés distingué) le récit d'un document écrit que possédaient les Arcadiens et qui devait prouver, qu'un membre de la familie des Anthos, indiqué par le sort, fut conduit au bord d'une eau stagnante, oü il dut se déshabiller et suspendre ses vêtements a un chêne; et qu' ensuite on le forga de traverser cette eau a la nage, après quoi il fut métamorphosé en loup. II ne recouvrerait sa forme humaine et ses vêtements qu' après avoir vécu neuf ans parmi les autres loups sans attaquer un homme. Les vierges de 1'ile de Sena, dans la Mer Adriatique, appelées par Méla prêtresses d'une divinité gauloise, mettaient en mouvement la mer et les vents a 1'aide de certains chants magiques, et possédaient aussi la faculté de se transformer en animaux. Ce que les paiens croyaient a propos de ces métamorphoses fut conservé par les chrétiens. Burchard, évêque de Worms, receuillit de ioi2jusqu'a 1022 plusieurs décrets ecclésiastiques, décrets publiés plus tard par Jacob Grimm (Deutsche Mythologie, quatrième édition, tome III, page 404) Parmi ces documents on trouve les „Interrogationes ' d Eutichianus et une de ces interrogations traite de Ia croyance selon laquelle les Parques seraient a même de douer quelqu'un a sa naissance de la faculté de se changer en loup ou en quelque autre animal. Dans un sermon de baptème, Boniface défendit de croire aux prétendus loups. En 1211, Gervasius Tilburiensis écrivit pour 1'empereur Othon IV (dont il était le chancelier) les Otia Imperatoria, une sorte de recueil d'anecdotes. Dans eet écrit il prétend avoir vu plusieurs fois en Angleterre des hommes qui par sorcellerie (lunationes) se transformaient en loups. „Les Gaulois appellent gerulfi cette espèce d'hommes, les Anglais werwulf: were enim Anglice virum sonat. Ailleurs il dit de ses concitoyens qu'ils croient généralement que, si le destin le veut, certaines personnes peuvent se transformer en loups a 1'aide de quelque sortilège. II le prouve par deux exemples. Certain gentilhomme, Pontius de Capitolio, expulsa de son patrimoine Raimboldus de Pineto, un brave güerrier. Celui-ci se changea en loup (cum mentis alienatione) et causa tant de mal a ce qui était sa propriété autrefois, que plusieurs métairies en étaient désertes. II dévorait les enfants et mordait les hommes faits. Ayant perdu une de ses jambes il recouvra sa forme humaine. Voila ce qui se passait a Alvernia, dans 1'évêché de Clermont. L'autre cas eut lieu prés du chateau de Lach, sur les frontières „Vivariensis episcopata et Misadensis", oü un certain Calaveyra, s'étant entièrement déshabillé, se vautra dans le sable derrière une haie et obtint la forme et la gloutonnerie du loup. Ce que Gervaise raconte de 1'Angleterre s'accorde entièrement avec la singulière rencontre qu'eut un prêtre d'Utovia en Irlande. Celui-ci étant en voyage, passait la nuit en compagnie d'un gargon prés d'un feu qu'il avait allumé dans la forêt. Soudain un loup se montra, qui, aprês lui avoir dit de ne rien craindre, lui apprit que lui, le loup, était „de genere Ostyriensium Uliter," familie dans laquelle par la malediction d'un certain saint „Natalis scilicet abbatis," tous les sept ans un homme et une femme étaient forcés de déposer la forme humaine pour prendre celle du loup. Ils ne recouvraient leur forme primitive ainsi que leur maison et leur patrie, qu' aprés avoir passé sept années dans eet état. Et actuellement lui et sa femme se trouvaient dans cette situation malheureuse. Et sa femme se mourait. Touché des prières du pauvre homme le prêtre se laissa conduire auprès de la moribondc pour lui administrer le viatique. Le loup enleva la peau de la tête de la louve, et voila que se montre le visage d une vieille femme. Le prêtre administra le sacrément ét le loup revêtit de nouveau sa femme de la peau de loup. William Cambden, qui publie 1'ouvrage auqnel est emprunté ce récit dit dans sa Briitannia (parue en 1586) que dans le comté de Tipperary il y avait une légende selon laquelle il vivait des hommes qui chaque année se transformaient en loup. Lui cependant n'ajoutait aucune foi a cette légende. En Irlande 1'on croit que de sept frères, fils de la même mère, il y en a toujours un qui doit être loup-garou. Chose curieuse! La même croyance se retrouve dans la province de Drenthe aux Pays-Bas, avec cette différence cependant que les sept frères peuvent remplir cette fonction a tour de róle. Celui dont c'est le tour court les bois comme un énergumène pendant une année. Grimm dit que parmi sept filles, nées successivement de la même mère, il y en a toujours une qui est loup-garou. Dans les pays septentrionaux de 1'Europe, la lycanthropie est fort répandue. Plusieurs anciens contes le piouvent pour 1'Islande et la Norvège, et surtout la légende de Volsunga, oü se trouvent trois métamorphoses d'homme en loup. Le docteur Wilhelm Herts, dans der Werwolf, Beitrag zur Sagengeschichte 1862, donne nombre de détails interessants sur cette remarquable légende norvégienne. Olaus Magnus nous fait part de plusieurs anecdotes lycanthropiques de la Livonie qui sont fort remarquables. Un gentilhomme en voyage, dut traverser une grande forèt, oü 1'on ne trouvait aucune habitation propre a passer la nuit et oü 1'on put se procurer de quoi manger. Parmi les hommes de sa suite il y avait quelques paysans qui étaient sorciers. A condition que le reste se tint coi, un d'eux offrit d'aller enlever un agneau d'un troupeau qui paissait a quelque distance. La condition agréée, il s'enfonga dans le bois, se transforma en loup, alla droit au troupeau, en prit un agneau et 1'apporta a ses compagnons. Ensuite il s'enfonga de nouveau dans la forêt, pour reparaitre bientot après sous sa forme humaine. Le duc de Prnsse, ne croyant pas aux loups-garous, fit jeter dans les fers un individu accusé de lycanthropie et lni commanda de se métamorphoser. L'homme se fit loup. Le duc fut fort content, mais pour ne pas laisser impunie une pareille impiété, il ordonna de brüler le pauvre homme comme sorcier. Nous allons nous occuper maintenant des moyens a 1'aide desquels un homme peut se faire ou devenir loupgarou. Si les forces surnaturelles produisent des efifets salutaires, ces effets sont ce qu'on appelle des miracles et la force est d'origine divine. Si au contraire ces forces ont des suites funestes, il y a de la sorcellerie et elles viennent du diable. C'est aussi de Satan que proviennent les moyens de se transformer en loup-garou. Le moyen le plus efficace aura été sans doute la possession d'une peau de loup. Cependant je n'ai trouvé que peu de preuves a 1'appui de cette idée. J'en puis néanmoins citer quelques-unes. Vers la fin du XVIme siècle quatre femmes loups-garous (parmi les quelles il y en avait une qui avait regu nombre de preuves d'amour du diable, faveurs dont elle donna une description minutieuse) déclarèrent devant le tribunal qne le diable, après les avoir enduites d'onguent, les avait revêtues d'une peau de loup. En 1603, le parlement de Bordeaux cita un gargon de treize ans, nommé Jean Grenier et accusé de lycanthropie. II déclara avoir quitté la maison paternelle a 1'age de onze ans, pour aller mendier. Un jour il rencontre un autre gargon qui lui dit qu'un monsieur désirait leur parler a eux deux dans une maison située dans la forêt. Ils s'y rendirent et' trouvèrent un grand monsieur vêtu de noir et montant un cheval également noir. Le chevalier mit pied a terre et les embrassa avec des lèvres froides comme la glacé. Ils entrèrent en son service; et alors, aussi souvent qu'ils le désiraient, le monsieur leur donnait une peau de loup et enduisait d'onguent leurs corps nus: procédé magique qui les transformait en loup garous. Jean Grenier avait mangé plusieurs enfants; mais a cause desa jeunesse on ne fit que 1'enfermer, dans un cloitre. Volcker Dircsz, accusé de lycanthropie et condamné au feu a Utrecht en 1595, déclara avoir regu du diable une camisole raccommodée. Le plus souvent on se faisait loup-garou al'aide d'une courroie ou d'une ceinture, pourvue quelquefois de figures astrologiques et fixée par une bouclé a sept ardillons. En 1589, Peter Hump fut condamné a être brulè vif, ayant avoué avoir marché a quatre pattes sous la forme d'un loup-garou et avoir effectué sa transformation a 1'aide d'une courroie faite d'une peau qu'il avait re?u du diable. A Husby, prés de Slesvig, demeurait une vieille qui, le dimanche donnait a manger de la viande a ses valets, sans avoir acheté cette nourriture. Un dimanche, voulant savoir comment cela se faisait, un gargon se cacha dans le grenier a foin, tandis que les autres valets étaient allés a 1'église. II vit alors que la femme prit une courroie, s'en ceignit, devint louve, sortit de la maison et revint un agneau a la gueule. — Eh! se dit il, si elle obtient la viande d'une manière si simple, elle peut nous en donner davantage. Le dimanche suivant, en mettant le viande dans la marmite, elle s'écria comme de coutume: — Ah, mon Dieu, que ne suis-je prés de vous! Sur quoi le gargon cria du haut du grenier: — Vous n'y serez jamais, mais jamais! — Et pour quoi pas, mon grand Dieu ! demanda la vieille. — Paree que vous ne donnez pas assez de viande a votre monde répondit la voix d'en haut. — Eh bien, je me corrigerai, mon bon Dieu! s'écria la femme. — Voila ce que je vous conseille, conclua le garfon. Et désormais ils eurent plus de viande le dimanche. Le gar?on ne put se taire et raconta dans le village ce qui s'était passé. Et lorsque, le dimanche après, la femme, déguisée en louve, alla encore enlever un agneau, 1'on se mit aux aguets pour la saisir, mais elle s'échappa et un coup de fusil tiré sur elle manqua le but. De ce temps-la on attribuait une grande force magique a 1'argent acquis, par héritage, et les balles fondues de ce métal atteigneraient mème les sorciers et les loups-garous. Aussi les boutons dargent auraient cette qualité salutaire. Des preuves en furent faites par les étudiants, de Greifswald, contrée oü les loups-garous abondaient, qui, il y a a peu prés deux cents ans, en tenaient un grand nombre a 1'aide de boutons d'argent. Et c'est aussi avec de 1'argent acquis par héritage que fut atteinte un jour la femme de Husby. Et depuis ce temps elle avait une blessure que nul médecin ne pouvait guérir. A Hindenberg, un village d'Altmark, on raconte qu'un homme qui possédait une ceinture sur laquelle se trouvaient encore quelques poils de loup, devenait si fort quand il s'en ceignait, qu'il pouvait, emporter un boeuf dans sa gueule. II étranglait les bestiaux et dévorait les hommes. Et il n'épargnait que sa femme, paree qu'il avait appris a celle-ci une formule magique a 1'aide de laquelle elle pouvait 1'exorciser. Quand elle employait cette formule, elle débouclait la ceinture et son mari retournait sur-lechamp en homme sensé. Sur 1'Erisberg, dans le Hanovre, eut lieu une vente judiciaire de vieux meubles parmi lesquels se trouvaient aussi quelques ceintures de loup-garou. L'employé du maitre de vente en mit une pour savoir si elles étaient efficaces. Et voila qu'il fut instantanément transformé en loup et s'enfuit. Le notaire monta a cheval, le poursuivit ventre a terre, et 1'ayant atteint lui appliqua un si violent coup d'épée sur le dos que la ceinture se déboucla; sur quoi l'employé redevint homme sur-le-champ. Un paysan-sorcier a Steina prés de Hildesheim négligea un jour de mettre sous clef sa ceinture. Un petit gargon s'en ceignit en jouant. A 1'instant il fut métamorphosé, non pas en loup mais en quelque chose qui ressemblait a un conglomérat de cosses de pois, et il ne marchait plus qu'en trébuchant. Le pére, appelé en toute hate, déboucla encore assez tot la ceinture pour qu'il ne résulta aucun mal de la mésaventure. Mais néanmoins 1'enfant racontait que, sous 1'influence de la ceinture, il s'était senti pris d'une faim enorme, d'une gloutonnerie affreuse et de 1'envie de tout déchirer. Revenons maintenant a 1'onguent dont j'ai parlé ci dessus. D'après les actes d'un procés intenté a Besan?on en 1521, contre Pierre Bourgeot et Michel Verdung, tous deux accusés de sorcellerie, ces deux hommes déclarèrent avoir conclu un pacte avec le diable. D'abord le premier s'y était un peu opposé. Mais enfin 1'autre lui proposant de lui procurer des gains considérables dargent, en le mettant a même de se mouvoir avec la plus grande rapidité, il céda. Quelques heures après ils s'enduisirent du même onguent et ils redevinrent hommes. Devant le juge ils avouèrent avoir dévoré force enfants; surtout des jeunes filles, et avoir eu un commerce charnel avec des louves. C'est le Dr. Rud. Laubuscher qui nous fait part des détails de ce procés: Ueber die Werwölfe und Thierverwandlungen im Mittelalter. Kin Beitrag zur Geschichte der Psychologie, 1850, S. 15. En 1604, un paysan de Cressi, prés de Lausanne battait son blé en grange. Son enfant, ayant soif, lui demanda a plusieurs reprises de 1'eau. Lorsque cela commenijait a ennuyer le père, celui-ci s ecria avec humeui : „Que le diable t'enlève!" Sur-le-champ cinq loups-garous sautèrent dans la maison. se jetèrent sur 1 enfant et 1 emportèrent au diable, qui lui extraya tout le sang en lui sugant un des grands orteils. Ensuite ils coupèrent en morceaux le cadavre, le bouillirent dans un chaudron, partie pour le manger, partie pour en faire de 1'onguent. Les cinq loupsgarous furent saisis et condamnés; on les brüla a Lausanne. II n'est pas absolument nécessaire que le diable se mêle des transformations lycanthropiques, du moins qu'il s'en mêle directement. En Pologne, par exemple, une sorcière enroula un jour sa ceinture et après 1'avoir arrosée d'une liqueur magique, la posa sur le seuil d'une maison oü une fête de noces allait être célébrée. Lorsque les nouveaux mariés le franchirent, eux et six des convives, ils furent changés en loups-garous et en bonds furieux ils sortirent de la maison pour aller hurler pendant six ans autour de la masure oü demeurait la sorcière. Ce temps passé 1'heure de la délivrance sonna. La sorcière se rendit vers les loups-garous et couvrit chacun d'eux d'une fourrure retournée en dehors. Sur-le-champ le charme fatal fut rompu. Seulement le fiancé dont la fourrure était trop petite, de sorte qu'elle ne couvrait que le ventre et non pas la queue, dut garder pendant toute sa vie cette dernière partie du corps. Les légendes de toutes les nations font mention de la force magique et mystérieuse qui peut être renfermée dans une bague. D'après la croyance populaire de Mélien, tout homme entièrement nu se transforme en loup quand on le touche avec une bague magique. Un jour, a Hessen, une bague eut non seulement son effet en touchant quelque personne, mais encore en étant jetée par dessus la tête d'un individu. II y avait dans cette contrée-la une pauvre familie, des gens de rien, mais qui au diner avaient toujours de la viande. Le mari, étonné d'un luxe si peu en harmonie avec le reste, ne cessait de demander a sa femme comment elle se procurait cette nourriture. Cédant aux instances de son mari la femme lui montra de quelle sorte elfe s'y prenait. a condition cependant qu'il ne 1'appellerait pas par son nom quoiqu'il arrivat. Et elle le conduisit a un endroit oü paissait un troupeau de brebis puis s'en alla dans un lieu retiré, jèta une bague par dessus la tête et devint loup garou ; ensuite elle se jeta sur le troupeau, s'empara d'une brebis et s'enfuit avec cette proie. Mais le mari voyant que le berger et le chien la poursuivaient ne put s'empêcher dans son extréme angoisse de crier a haute voix: „Marguérite, Marguérite!" Et voila que le loup disparut en laissant la femme toute nue dans la prairiePar ce dernier exemple notre attention est appeleé sur les moyens a 1'aide desquels on peut faire cesser une personne d'être loup-garou (lors même que ce n'est pas la volonté de cette personne) et reconnaitre ainsi l'homme ou la femme caché sous le masqué de la béte a proie. Le moyen le plus efficace, c'est la mort: la mort rend immédiatement la forme humaine a 1'être métamorphosé. A Casebourg, en Usedom, prés de Swinemunde un homme, sa femme et un domestique ètaient occupés a la fenaison. Voila que tout a coup la femme dit qu elle n en pouvait plus, qu'elle était tourmentée d'une inquiétude qui 1'empêchait de travailler, qu'elle se sentait forcée de s'en aller. Avant de partir cependant elle recommanda a son mari de se sauver dés qu'il verrait s'approcher une béte sauvage, mais seulement apres avoir jete son chapeau a 1'animal. Peu de temps après le départ de sa femme le paysan vit un loup traverser la Swine a la nage et venir droit vers lui. II fit ce que sa femme lui avait recommandé Jet tandis qu'il fuyait, il jeta son chapeau a 1'animal qui s'en saisit en le mettant en lambeaux. En attendant, le valet ayant pris sa fourche a foin, s'était approché du loup par derrière et le tuait ensuite a coups de fourche. La béte succomba et voila qu on vit le loup mourant se changer en la femme du faneur. Prés d'Obervanz dans les Grisons, ródait un loup enragé qui attaquait les gens sans les moindres réserves et qui osait même s'introduire dans le village pour boire, non pas dans les réservoirs mais en mettant la gueule aux conduits qui les remplissaient. C'était en vain qu'on tirait sur lui a plusieurs reprises. Un gagne-petit tyrolien, passant par le village, donna le conseil de prendre une planche d'un cercueil a moitié vermoulu et pourvue d'un trou de noeud. On n'avait qu' a tirer un coup de fusil a travers ce trou pour atteindre le dangereux animal. C'est ce qu'on fit. Le coup partit, on atteignit la béte et 1'on vit qu'on avait affaire a un capucin, métamorphosé en béte sauvage. II va sans dire qu'une blessure faite a un loup garou frappe nécessairement aussi 1'homme qui s'est métamorphosé en béte. Pétrone en faisait déja mention, et plusieurs cas des temps modernes nous affirment ce que dit a ce sujet 1'ancien auteur. Un certain grand-veneur, accompagné de sa suite, rencontra un jour un loup tout enragé et ayant la gueule pleine de sang. C'est en vain qu'on le poursuit avec des balles; pas une ne 1'atteignait. Alors vint un cavalier, qui, informé de ce dont il s'agissait, chargea son arquebuse d'une balie taillée de la moelle du sureau. Ensuite il visa 1'animal au cou et le perga d'un seul coup. Le même jour une femme ayant une blessure au cou vint au chirurgien du village. On la soup^onna tout de suite d'ètre le loup atteint le matin dans la forêt, on la fit avouer et on la condamna au feu. A Ohe et Laak, dans la province nêerlandaise de Limbourg, un chasseur se défendit contre un loup et le blessa au flanc. En suivant les traces du sang que laissait 1'animal il arriva a une pauvre chaumière, oü une femme était occnpée a panser une blessure que son mari avait au flanc. Plusieurs cas pareils a celui que je viens de raconter et qui se passaient a Hessen prouvent qu'en appelant une personne par son nom de baptême on fait cesser 1'état de lycanthropie. Un soir un paysan de Ketlube dans le Meclenbourg, revenait a cheval de Sulpe oü il avait fait ses emplettes. Arrivé dans une sombre forêt de sapins le cheval bronga et refusa d'avancer plus loin. Le rustre descend, pour voir ce qu'il y a, et voila qu'un grand loup s'élance du taillis et attaque le cheval. Comme de mémoire d'homme on n'avait entendu parler d'un loup dans cette contrée, le paysan eut des soupgons; et, se souvenant que son voisin avait la réputation d'être sorcier, 1'idée lui vint que le loup pouvait trés bien être ce voisin. Alors il se mit a crier: „Ernest, Ernest est ce toi ?" Et a peine eut il prononcé ces mots qu'il vit a son cóté le voisin qui le supplia de ne pas le trahir. Le paysan le lui promit a condition de ne plus jamais s'adonner a la sorcellerie. Le voisin tint parole et depuis ce temps on n'a plus entendu parler de loups dans cette contrée. Dans un arrangement pour le théatre de la tragédie: Götz de Berlichingen, Goethe fait chanter par une vieille Bohémienne la chanson suivante: „Mon mari tua un jour le chat noir favori de notre voisine Anne. Alors, la nuit, vinrent sept femmes du village transformées en loups-garous. Je les reconnaissais toutes. Tandis qu'elles m'entouraient en hurlant d'une manière affreuse, je les appelais toutes par leur nom en m'écriant: „Anne, Ursule, Cathérine, Rupèla, Barbara, Elise, Marguérite je vous reconnais! Que me voulez-vous? Alors elles se secouèrent et prirent'la fuite. „D'abord je crus devoir attribuer 1'effet salutaire émanent de 1'exorcisme par les noms, au pouvoir que possède le baptème chrétien sur les puissances infernales. Plus tard je découvris cependant que cette opinion n'était pas a concilier avec la rencontre qu'avait un paysan a Niederfelk en Slesvig. „Une vieille louve attaqua le cheval de la voiture dans laquelle il était assis. La voix de la louve, ne lui était pas inconnue, a ce qu'il lui semblait et il s'écria: „Est ce vous, ma vieille mère, ou ne 1'êtes vous pas? „Sur quoi il vit devant lui sa mère, toute raidie d'effroi. II la prit dans sa voiture et la ramena chez elle. Peu de temps après elle mourut. En vue de ce dernier cas je crois pouvoir affirmer que la métamorphose étant un secret, elle doit infailliblement cesser d'exister dès que la personne qui la subit est reconnue. Quelquefois les loups-garous se trahissent eux mêmes. Non loin de Neiges, prés d'Elberfeld, un couple marié retourna chez soi une nuit en venant d'une partie de noces. Comme il avait plu, la femme releva sa robe de dessus, de sorte que sa jupe rouge devint visible. Arrivés prés de leur demeure, le mari demanda a sa femme de marcher seule en avant, disant qu'il la suivrait bientót. La femme fit ce qu'on lui demandait. Bientót après elle s'apergut que quelqu'un la tirait par sa jupe rouge et se retournant, elle se vit devant un gros loup. Alors elle se mit a crier de toutes ses forces et réussit avec beaucoup de peine a atteindre sa demeure. „L'homme, arrivant quelque temps après ne fit pas beaucoup de cas de l aventure, lorsqu'elle la lui raconta Mais le lendemain en 1'éveillant elle vit des fils rouges entre ses dents et sut ainsi, a son extréme terreur, qu'elle était la femme d'un loup-garou. D'un jeune homme, nommé Lippers, on raconte a Medenbach sur 1'Arke en Prusse, qu un jour en chaperonnant une jeune fille il entendit d'elle des choses qu'il eut préféré ne pas entendre. II prétendit alors devoir la quitter un moment et s'éloigna. Bientót après un animal sortit du taillis qui se jeta sur la jeune fille en déchirant son tablier et son fichu. Puis, a cause de ses cris, il la lacha. Lorsque Lippeis vint la rejoindre, elle lui raconta ce qui s'était passé. Quand il la plaignait elle vit qu'il avait entre les dents des fils rouges de son tablier déchiré et elle se mit a courir le plus vite qu'elle pouvait. Si en Slesvig on enfonce une épée dans la terre devant un loup garou, de sorte que la pointe de 1'arme soit du coté de 1'animal, celui-ci est forcé de rester immobile jusqu'a ce qu'il ait repris la forme humaine. En Suisse, un paysan exorcisait un jour (on ne dit pas de quelle manière) un loup qui s'était introduit dans sa bergerie et qui avait deja un agneau dans la gueule. Le loup fut forcé de rester dans cette position pendant le reste de la nuit. Enfin le jour étant venu, le paysan ourrit une fenêtre et dit au loup: „Mon voisin, 1'agneau coute vingt-quatre batzen. Si tu me les envoies, tu peux garder la béte. „La nuit suivante il trouva devant sa porte 1'argent envelloppé dans un papier; mais le voisin loup-garou s'était de nouveau introduit dans la bergerie et y avait égorgé tous les agneaux; cependant il n'en avait emporté aucun. II y a des loups-garous qui, même après leur mort, sont encore a même de nuire. C'est pour cela qu'on résolut dans les environs de Dantzig d'appliquer la crémation a leurs cadavres. Enterrés, les loups-garous se reveillent quelquefois, dévorent la chair de leurs bras et de leurs jambes et sortent même du tombeau. Alors ils attaquent de nouveau le bétail, pénètr^nt dans lés maisons et sucent le sang aux gens endormis pour retourner ensuite dans leurs fosses. Les gens dont ils ont sucé le sang meurent ordinairement d'une petite blessure au flanc gauche. En Normandie le cadavre d'un loup-garou enterré com- mence par dévorer son suaire; ensuite il pousse des hurlements affreusement plaintifs et la terre au-dessus du tombeau commence a se remuer, tandis que des feux follets infernaux commencent a danser a la ronde. Vient alors un prêtre avec son sacristain pour exhumer le cadavre. Ce qui n'est pas facile. Car une meute de chiens de 1'enfer viennent a 1'attaque, s'emparent de la tête, la détachent du torse et la jettent dans une eau courante qui 1'emporte. Ici on confond la lycanthropie avec le vampyrisme. Le lycanthrope est un homme vivant, devenant loup de temps en temps; le vampire est un homme mort qui sort de son tombeau. La croyance aux loups-garous existe encore toujours parmi le peuple; mais ils ne sont plus aussi terribles qu'ils 1'étaient autrefois. Ils ne déchirent ni ne dévorent plus, ils ne font qu'effrayer et tourmenter. II va sans dire que le diable s'en mêle encore Mais celui-ci même n'est plus aussi malin qu' aux temps passés et il est devenu plus débonnaire. Un berger de Staden prés de Rooselaar (Flandre occidentale), avait regu du diable une peau de loup accompagnée de 1'obligation de se lever chaque nuit pour effrayer les gens qui passeraient sur la grand'route. II regut le titre de loup-garou. Après avoir rempli son devoir, le matin il devait se dépouiller de la peau, la déposer dans un saule creux, pour ne la reprendre que la nuit suivante. Cela finit cependant par 1'ennuyer. Et il aurait détruit la peau s'il avait connu un moyen de s'en débarasser autre que le feu. Mais il n'y en avait pas d'autre et le malheur était qu'en brülant la peau, lui, le loup-garou aurait eu a souffrir comme s'il eut été brülé lui-même. Voila ce qui faisait qu'il hésitait. Son maitre ayant pitié de lui 1'envoya un jour faire une commission a Yperen. Lorsqu'il put supposer que le berger fut a Yperen, il prit la peau et la mit sur un braisier ardent. Au mème instant le berger ressentit des douleurs furieuses et courut de retour a Staden en pleurant et en jetant de hauts cris. Lorsqu'il arriva chez lui, la peau ètait détruite par le feu et les douleurs cessèrent. Et il était si content de ce qu'avait fait son maitre, qn'il ne se sentit pas a même de le remercier suffisamment. Mais désormais le diable le laissait tranquille et il pouvait dormir comme tout le monde. II n'y a pas encore longtemps qu'a une heure de distance du village même, un homme possédait une peau de loup qu'il était obligé d'endosser la nuit pour aller inquiéter les environs. Ses amis, le voulant sauver, 1'invitérent un soir a venir jouer aux cartes avec eux. II accepta et s amusa fort bien jusqn'a ce que 1' heure de minuit commen?ait a s'approcher. Alors il devint inquiet et voulut s'en aller. Mais, malgré lui ses amis le retinrent, et voila que, minuit sonnant, la peau de loup tomba de la cheminée et fut consumée par les flammes du foyer. Les amis jeteient des cris de joie et notre homme se sentit heureux d'être délivré. Cette espèce de loups-garous, appelés boxeuwölfe dans certaines contrées de 1' Allemagne, sautent sur le dos des passants pour se laisser porter par eux pendant quelque temps Dans le Schaumbourg, il n'y a peut-être pas de village ou quelqu'un n' ait éte tourmenté et effrayé de cette fagon. En parlant de loups-garous, le peuple n entend plus maintenant les mangeurs, mais les épouvanteurs d'hommes. Olaus Magnus sur les écrits duquel, j'ai promis de revenir, raconte que chaque année vers Noël un grand nombre de personnes transformées en loups-garous se ïéunissent en Livonie. Pendant la nuit ils se jettent sur les hommes et les animaux avec une fureur causant plus de dommages que celle des véritables loups. Ils s'introduisent dans les caves, y boivent la bière et 1'hydromel et entassent les tonneaux au millieu de la cave, amusements qui les distinguent tout a fait des autres loups-garous. Sur les frontières de la Livonie, de la Courlande et de la Samogitie on trouve un vieux mur, reste d'un ancien chateau. C'est la que se réunnissent chaque année a une nuit convenue des milliers de loups-garous pour ne faire que sauter par dessus ce mur afin de mettre a 1'épreuve leur agilité. Ceux qui ne peuvent pas franchir la muraille sont flagellés par leurs supérieurs. On dit que parmi ces loupsgarous la on pourrait trouver plusieurs membres de la plus haute aristocratie. Ces récits de réunions de loups-garous ne sont pas du tout les seuls dans le genre. Autrefois ces assemblées avaient lieu presque dans toute TAllemagne, et ordinairement entre Noël et 1'Epiphanie. Ces jours-la personne n'osait employer le mot loup dans ces contrées (Prusse orientale), et s'il était nécessaire de désigner 1'animal, on ne disait que gewürm ou ungeziefer, c est a dire vermine. Dans d'autres contrées de 1'Allemagne ces réunions avaient lieu vers la Saint-Jean. Dans le département francais de la Manche on admet que la plupart des loups-garous se montrent entre Noël et la Purification (2 février). A Pont-Aumer ils sont le plus nombreux pendant les quatre semaines de lAvent. En Angleterre le temps des assemblées était le même qu'en Allemagne. (Extrait de la Revue internationale, Deuxième Année, Tome Vllme Première Livraison). Chez les Javanaislla croyance est universelle qu'il y a des hommes qui peuvent se transformer en tigres. Un tel individu porte le nom de matjan gadmigan et est le lycanthrope des Javanais. II s'entend que c'est aussi ici 1'ame qui quitte le corps humain pour passer dans celui du tigre, vue que la transformation n'a lieu que pendant la nuit, et que le corps du dormant, durant 1'opération, reste intact au lit. Si quelqu un manque du petit chenal dans la lèvre supérieure eest une preuve évidente qu'on a a faire avec un matjan gadungan. Quelques endroits ont une mauvaise renommée a cause du séjour de ces individus comme c est le cas avec le dessa au mont Lamongan en Probolingo. Aucun individu aura la hardiesse d'y passer la nuit, on refusera même de le caser, vue que la transformation a lieu a 1'insu du maitre d'hotel. Cependant ce n'est pas toujours le cas et il y a des personnes a qui la lycanthropie n'est pas innée mais qui se sont procurés la faculté de se métamorphoser a 1'aide des formules magiques appelées : „rapal". C'est sous cette dernière forme que la lycanthropie se présente chez les Balinéses. Les personnes qui a 1'aide de certains „mantras" (formules magiques) peuvent se métamorphoser s'appellent „lejakDans leur état metamorphosé ils ródent surtout aux cimetières et aux lieux réservés aux cadavres qui sont destinées a la crémation. Ils ótent aussi les entrailles du corps des dormants et occasionnent de cette maniére la mort de plusieurs. Ordinairement on prend pour métamorphose du lejak une grande espéce de mouche de lueur brillante qui est trés fréquente a Bali A Lombok, d'après Wallace, la croyance est trés répandue qu'il y a des hommes qui peuvent se transformer en crocodiles pour être a même de dévorer leurs ennemis. Sur 1'ile de Timor on appelle les personnes, qui ont la faculté de se transformer temporairement dans un animal chien ou chat par exemple „zwangiPendant le temps du métamorphose le zwangi se nourrit de sang humain, on les trouve dans plus d'un village, leur montre une crainte respectueuse mais en cas de désastre dans la familie ou au village toute crainte est disparue et la pers- onne suspecte est mise a mort sans forme de procés. Transportons-nous aux Philippines. „Es darf nicht unerwahnt bleiben, nous raconte Blumentritt, das den Philippinischen Malaien der Werwolf glaube nicht unbekannt ist. So erzahlt Mozo von den Mundos, dass es unter ihnen Leute giebt, die sich in Kaimans und andere Thiere verwandein können und dann grossen Schaden verursachen, oder gar anderen Menschen den Tod bringen. Dasselbe erwahnt Gemelli Careri von den Pampangos ; es gabe unter ihnen berühmte Zauberer qui disent savoir se transformer en crocodiles, sangliers et autres bêtes furieuses. Des tribus de 1'ile de Sumatra meritent être mentionnés en premier lieu les Malais-Menangkabaws. Ils attribuent aussi a quelques personnes la faculté de se transformer temporairement. On raconte la même chose des Radjangs de Palembang et des habitants de Pasëmah. Chez les derniers la croyance, qu'il y a des hommes qui peuvent se transformer en tigres est universelle. II court différents récits des femmes qui, a leur insu, ont mariés de tels individus. „In dem einen Falie hatte die Neuvermahlte in der Brautnacht gesehen wie ihr Mann, wahnend dasz sie schliefe, sich in einen Tiger verwandelt, das brautliche Lager verlassend und sich aus dem Hause in den nahegelegenen Wald begeben habe. In dem zweiten Falie habe eine schon seit langerer Zeit verheiratete Frau einmal bemerkt wie ihr Mann, der sie allnachtlich zu verlassen pflegte um erst gegen. Morgen zu ihr zurück zu kehren, einmal von einem solchen Ausgange mit einem verbundenen Arme wieder gekommen sei. Sie habe, als er schlief den Verband entfernt um seine Verwundung naher in Augenschein zu nehmen. Zu ihrem Schrecken aber habe sie, anstatt eines Menschenarmes, die Tatze eines Tigers erblickt." On croit méme qu'il y a un village au mont Goenong Dempo, situé dans la partie septentrionale de la contrée Pasëmah, habité par des hommes transformés en tigres. La même croyance existe aussi dans la contrée Korintji, situé dans le Djambi-supérieur. „En Korintji, comme on raconte, est situé le negari Banye-balinka qui porte son nom d un mur de banye, racines applaties qui croissent au dessus du sol et s'étendent a une trés grande distance. Le negari a deux villages, habités par les soi disants urang-tjindaku. Les habitants de 1'un acceptent, a bon gré, la forme d'un homme ou d'un tigre, ceux de 1'autre se transforment, selon les circonstances, en homme ou cochon. A certains temps de 1'année les tjindakus qnittent leur negari et, transformés en tigres, ils glissent a travers les forets pour aller au butin dans les lieux habités. Arrivés a une rivière, qu' ils ne peuvent passer a la nage, ils re transforment en homme ayant un fardeau sur la tête, de sorte qu'ils ont 1'air d'un gagne-petit qui demande le transport au maitre d'un batiment de passage. Au de la de la rivière ils reprennent la forme d'un tigre et poursuivent leur route. Le village une fois atteint, ils reprennent la forme humaine, a 1 exception du petit chenal dans la lévre superieure, et demandent quartier de nuit afin de pouvoir attaquer les dormants dans leur profond sommeil et dévorer les coeurs humains. Ils s accommodent aussi du betail. Le tjindaku qui accepte la figure d'un cochon n'est pas tellement a redouter vue qu' il est végétarien. (Extrait d un exposé du Dr. G. A. Wilken sur 1' Animisme chez les peuples de 1 Archipel indien, inseré dans le Indische Gids, Jaargang 1884). Maintenant, voyons si tous ces détails sur les lycantropes ne peuvent pas nous conduire jusqu' a 1 origine de cette croyance si remarquable. La lycanthropie ne peut certainement pas avoir rapport aux loups de Wodan, comme veulent prétendre quelques auteurs. Elle est plus ancienne que cela, et remonte a des temps bien plus reculés que ceux de la mythologie tudesque. Cette antiquité nous em pêche de mème de croire avee Laubuscher que nous ayons affaire a quelque affreuse épidémie, qui devrait avoir sévi alors pendant des siècles et sans interruption aucune. Ajoutons encore que la croyance a la métamorphose lycanthropique n'est pas exclusivement européenne, puisque on la trouve aussi en Asie et dans 1'Afrique méridionale, oü les femmes des Boschimans peuvent se changer en lions, en hyènes et autres bêtes féroces, et en Amerique, oü les sorciers iroquois peuvent se faire loups. (Richard Andrée, Ethnographische Parallele und Vergleiche. 1878. S. 67). De ces réunions régulières, tenues, comme je disais ci-dessus, a des époques déterminées, et du temps mesuré que dure ordinairement 1'état de lycanthropie, je crois pouvoir conclure que nous avons affaire ici a des débris d'une ancienne fête sacrificatoire de la religion hellénique, fête instituée par un peuple berger (probablement en Arcadie) pour disposer en leur faveur le grand ennemi de leurs troupeaux et pour se réconcilier avec un principe malfaisant contre lequel ils devaient lutter. L'usage païen exigeait que les prêtres sacrificateurs se revêtissent de peaux d'animaux. Pour les sacrifices dont il s'agit ici on aura sans doute eu recours a la peau de loup. Eh bien, lorsque ces fêtes qui avaient pris un caractère national, et auxquelles tout le peuple prit part, commencèrent a tomber en déclin pour bientót disparaitre tout a fait, le souvenir en reste néanmoins et beaucoup des cérémonies anciennes persistèrent pour devenir des coutumes. C'est ce qu'on a vu arriver a plusieurs fêtes religieuses antichrétiennes. 8 Or, sous 1'influence de ces souvenirs, et les mascarades étant dans ces temps-la un des amusements les plus favoris, on se sera plu, en Arcadie par exemple, a se travestir en loup et a effrayer ainsi les voisins et les connaissances. Puis. la superstition coopérant, des légendes et des anecdotes se seront rattachées a ce3 farces. De sombres histoires, des récits d'aventures mystérieuses se seront repandus parmi le peuple toujours avide de contes terrifiants et de tout ce qui donne la chair de poule, qui touche le surnaturel. Et c'est ainsi que cette affreuse croyance aux loups-garous qui a couté la vie a tant de créatures douées de raison, aura pris racine dans des amusements populaires qui a leur tour descendaient de fêtes, de cérémonies religiéuses. Comme nous venons de voir 1'ame passé dans la lycanthropie temporairement dans un animal pour provoquer malheur, infortune. et désastre. Fixons maintenant notre attention sur la croyance sorcière qui a de 1'affinité avec la lycanthropie. Cette croyance suppose qu'il y a des personnes dont les ames ne sont pas, comme celles d'autres hommes, innocentes d'ellesmêmes; mais de vrais esprits malins, qui de temps a temps quittent le corps pour roder et pour faire du mal partout. Grimm, Deutsche Mythologie, page 1931 nous explique ga d'une manière trés intelligible en ce qu'il raconte des Serbes: „Die vjeschtitza (sorcière) ist von einem bösen Geist besessen : wenn sie in Schlaf fallt, geht dieser aus ihr heraus, und nimmt dann die Gestalt einer Henne oder eines Schmetterlings an, dieser geist ist wesentlich eins mit der Hexe, ist die Seele der Hexe. Sobald er ausgegangen ist, liegt der hexe leib wie todt.... Die hexe strebt leuten nach, die sie aufisst, besonders jungen kindern. Findet sie ein schlafenden mann so stösst sie ihn mit einer Ruthe durch die linke Brustwarze, öfnet seine seite, nimmt das herz heraus und isst es. worauf die Brust wieder zuwachst. Einige dieser ausgegessenen leute sterben alsbald, andere leben noch eine zeitlang. Nous trouvons aussi quelque chose de semblable dans 1'Archipel indien. On y croit qu'il y a des hommes qui ont la faculté de s'arracher, pendant la nuit la tête du torse. Avec les entrailles adhérentes, la tête arrachée s'enfuit pour roder et faire du mal partout et surtout pour sucer le sang aux dormants. Rappelons nous avoir remarqué chez'les Bataks comme chez les Dajaks et les Alfoers de la Minahase que la tête est ordinairement considérée comme le siége de 1'ame, la preuve est bien évidente qu il s'agit ici de la même croyance sorcière que chez les Serbes. La tête qui se sépare du torse n'est rien d'autre que la forme sous laquelle 1'ame de la sorcière quitte le corps. Vers 1'aube du jour la tête rentre et s'unit, sans plus, au torse Chez les Malais de Malacca et Riouw les sorcières portent le nom de penang-gaLan. Ce sont surtout des femmes qui ont la faculté de quitter le corps pendant la nuit, de sortir seulement avec la tête et les entrailles, pour boire du sang comme les vampires, par quoi ils prennent surtout soin des femmes enceintes. Chez les Malais-Monangkabaw de Sumatra-central ces sorcières s'appellent palasiéq. Ce sont, comme nous lisons, des hommes qui ont la faculté de séparer la tête avec le cou et les entrailles du corps; de sorte que ces parties forment un complet qui quitte le corps, le plus souvent pendant la nuit, pour aller en flairant de cóté et d'autre dans les endroits oü quelqu un naquit, lut blessé ou mas sacré; pour y lêcher le sang. C'est pour des monstruosités inouies qu'elles avouaint avoir commises ou subies. N'y a-t-il pas même de nos jours des gens qui, bien que leurs facultés intellectuelles étaient saines du reste, s'imaginent avoir des jambes de verre et qui, craignant de casser ces membres, n'osent pas se mouvoir sans un appui, sans un soutien, quelque faible qu'il soit? N'y a-t-il pas des malheureux qui n'osent pas traverser une place de peur de tomber et qui a cause de cette crainte cótoient toujours les maisons? Eh bien, est il donc impossible que quelqu'un croie qu'il est loup et qu'il ait cru vivre a la guise de cette béte et en avoir possedé 1'instinct, la nature ? Mais dans quel état intellectuel devaient se trouver les gens qui ont connu de pareils malheureux, qui les ont regardés comme des loupsgarous, qui les ont saisis, livrés a la justice et voués a la mort? On ne peut que croire que ces malheureux étaient insensés eux-mêmes, qu' a leur tour ils étaient aussi-bien sujets a des hallucinations que ceux qu'ils ont livrés a la justice. En tout cas nous nous trouvons en présence d'une des énigmes les plus étranges qu' aient donné a résoudre les croyances populaires. Mais pour parvenir a se former une idéé juste de la vérité, il faut que nous nous abstenions de toute fantaisie romantique et que nous rappellions sans cesse les paroles de Virgile, devenues proverbiales : Non omnia possurnus omnes! (Revue Internationale. Tome VIII première livraison). La souris, ou plutót le frêne-souris a été la cause d'une excursion animitique qui nous a mené bien loin du point de départ. Cependant le frêne mérite encore notre attention pour quelques moments. En Thuringue, un paysan ne pouvant souffrir les gnomes, les menagait le fouet a la main. Ils se mirent a gronder et prirent soin qu'il ne manqua pas au paysan de ces instruments de vengeance, en plantant dans tous ses terres des verges de frêne. Le paysan attrapa un des gnomes mais au lieu de le fouetter il le frappa a rr,ort. A ceite vue les autres poussaient des cris de douleur et de désespoir, ils déménagèrent et pendant la nuit les verges se métamorphosèrent en frênes aux tiges pendantes; 1'origine 'des frênes-pleureurs. Une Tyrolienne de la vallée d'Alpach, pour effrayer les grenouilles, frappa 1'eau d'un fossé d une verge de fiêne qu'elle avait trouvée en route; mais elle fut saisie d'effroi lorsque immédiatement s'éléva un violent orage accompagné de tonnerre, d éclairs, de grêle et de pluie. La verge fut perdue d'une sorcière qui s'en servait pour ourdir une agitation de 1'air. Le cauchemar, qui se rame dans une tamise, avec des cótes de boeuf, de 1'Angleterre au continent; est quelquefois perché sur le frêne, y courbe les branches et crée les tiges tuberculeuses qu on trouve souvent a ces arbres (Sloet. Het volksgeloof aan het bovennatuurlyke in het Ryk der planten. Gids. 1881). Orme (Ulmus campestris. L.) Bel arbre forestier et d'avenue, trés fréquemment cultivé dans les parcs et les villes. Ils croissent assez rapidement, supportent facilement 1'air vicié des villes et leur bois acquiert avec 1'age une belle teinte rougeatre et s'emploie dans 1'industrie. On con- sidère que les Ormes atteignent leur complet dévelloppement a environ 150 ans, mais ils vivent beaucoup plus longtemps: on en connait qui ont quatre fois eet age. Ils étaient beaucoup estimés des anciens qui 1'appelaient 1'arbre. d'Oneiros ou de Morphée, ou des rêves: „Ulmus Somniorum" Virgile a dit: In medio ramos annosaque brachia pandit Ulmus opaca, ingens, quam sedem Somnia vulgo Vana tenere ferunt, foliisque sub omnibus haerent. C'est sans doute, d'après ce souvenir classique que Petrarque, dans une canzone inédite, publiée en 1'année 1874, a Turin, par Domenico Carbone, place l'orme dans la demeure du Sommeil: Un olmo v'è che'n fronde sogni piove Da ciascun canto e che confusamente Di vero et di menzogna altrui ricopre. L'orme est devenu ainsi, en quelque sorte, un arbre prophétique comme le chêne. Sur la place des villages, on voit souvent un orme au lieu d un chêne, et on rendait autrefois justice sous l'orme tout aussi bien que sous le chêne. Plusieurs villages et la ville d'Ulm tirent leur nom de l'orme. Cependant les anciens considéraient 1 orme comme un arbre funeraire, a ce que 1'on prétend, paree qu il ne produit aucun fruit; mais je suppose, a cause de sa longévité et de la facilité avec laquelle il se multiplie. Dans 1'Iliade, c'est avec le tronc d un orme qu' Achille batit le pont, grace auquel il échappa aux deux fleuves conjurés, le Xanthe et le Limois. Lorsque Achille tue le père d'Andromaque, il érige en son honneur un tombeau autour duquel les nymphes viennent planter des ormes. On racconte aussi qu'aux premiers accords de la lyre d'Orphée pleurant la mort d'Euridice, poussa une forêt d'ormes. En Sicile, on lie parfois le tronc du figuier avec des branches d'orme, paree que 1'on croit ainsi empêcher les premières figues de tomber avant qu'elles soient müres. Johann Hermann Knoop zegt in zyne Dendrologie enz. van den Ipenboom: Men zegt, dat de Hoenders het Zaad van deze Bomen gaarne eeten, en daarvan zeer vet worden, jaa zelfs zo vet, als zy er te veel eeten dat zy er van stikken. Voorts heeft deze Boom ook zijn nuttigheid in de Geneeskunde. De middelste Schors daarvan in Boom-olie gekookt, geeft een zeer goede Wond-olie, om allerlei versche Wonden te genezen. Hiertoe dient ook en zelfs nog beter, het Vet of Balzemagtige vogt, dat men in de blaasjes vind, die men dikwyls op den rug der Bladen van deze Bomen ziet; welke blaasjes ontstaan door de steek van enig Insect. Als men de moeite wil doen van dit Vogt te vergaderen, zo kan men zulks 2 a 3 jaren zonder Verderf bewaren; hetzelve word ook geprezen voor de breuken der kinderen. Un orme déssèché, dont 1 écorce est a même de lier les esprits malins, se reverdit tout d un coup lorsque au cinquième siècle on y passa avec la bière du saint Zenobien. Une branche mise dans le cerceuil était encore toute fraiche après 1000 ans. Noisetier commun (Corylus Avellana L). Le noisetier a joué et joue encore un grand róle dans la superstition po pulaire. D'après la Véritab e Magie noire, que 1'on prétend traduite de 1'hébreu par le magicien Iroe Grego, et qui porte la date de Rome 1750, la verge des magiciens devait être en bois de noisetier, et faite d'une tige vierge, nue et sans insertions de branches secondaires. D'après une légende judaïque, citée par Nork, Ève coupable se cache dans un noisetier. Nous apprenons par les proverbes russes de Dral (Paclovitzj Russkavo naroda, Moscou, 1862) que celui qui porte dans sa bourse une noisette doublé, deviendra riche. C'est pourquoi dans la bourse de quelques paysans russes, 1'on voit réellement des noisettes doublés. M. Mus ■ cogiuri de Mesagne, dans la terre d'Otrante, écrit que les prétendues sorcières de son pays attribuent des propriétés surnaturelles a la branche de noisetier. Lorsqu'elles sont a la recherche d'un prétendu trésor, elles arrivent a 1'endroit mystérieux, avec une branche de noisetier a la main. On prétend que la pointe de la branche se tourne d'elle même du cóté oü git le trésor caché. J. H. Knoop, in zijne Dendrologia of beschrijving der plantagiegewassen, zegt: De Berglieden en andere maken van deze Heester de zogenaamde Wighelroede (Virga divinatoria) bestaande uit een jong eenjarig Loot dat met twee takken te gelyk en alleen, zonder andere Neventakjes, uit de Wortel gegroeit, en op een zekere bij haar bekend zynde wyze d.i met een scherpen vuursteen op St. Jansdag of Driekoningen of vastenavond, als de maan nog schynt en de zon op het punt is van op te gaan, zoodat de twee gesternte aan de tak hare bovennatuurlyke kracht kunnen verleenen; gesneden is. Men behoort daarby het volgende versje op te zeggen: Ich schneide dich, liebe Rute, Dasz du mir must sagen, Um was ich dich thu fragen, Und dich so lang nit rühren, Bis du die Wahrheit thust spüren. Met deze Wighel-roede nu, geven ze voor dat ze de Ertsgangen of de plaatze waar onder de aarde Erts schuilt, kunnen vinden; alsmede waar eenig Metaal, Geld of Schat in de grond begraven en verborgen legt, ze houden tot dien einde deze Roede met beide handen op zekere wijze vast, en dragen die voor hen zig regt uitgestrekt over de Bergen en elders heen, waar dan eenig Metaal enz. in de aarde schuilt zal het einde der roede zig van zelf sterk nederwaarts buigen. In Duitschland heeft men een spreekwoord dat als die Nuse wohl gerathen, es ein gutes Jahr von heirathen ist, und die Kinder wohl gerathen. Om den oorsprong van dit spreekwoord te weten, so moet men aanmerken, dat in Duitschland zeer vele goede Hazelnoten in het wild groeyen en dat de Boere en andere meisjes veel de gewoonte hebben om als de Noten ryp zyn dezelve in de Bosschen uit vermaak te gaan plukken, waarby zig dan doorgaans de jonge Vryers weten te voegen, en in die Notebosschen veeltyds, door Venus en Cupido aangedreven, met de Meisjes over eene Huwelyks-fcake eens worden. Aanmerkelyk is hetgeen men leest in de heilige Bladen, Genesis 30 vs. 37 en 38: Namelyk dat Jacob door middel van met witte strepen geschilde roeden van den Hazelaar, Populier en Kastanien in de Goten en Drinkbakken te leggen, aan de schapen van de Kudde Labans wit en zwart gesprenkelde, gespikkelde en geplekte Lammeren deed voertbrengen. De mystieke kracht van den Hazelaar als wichelroede is thans beperkt tot het opsporen van water in den bodem, geschiedende door personen, die door familietraditien geheel op de hoogte gebleven zouden zijn van alle manipulatien en tooverspreuken. Nork, dans sa Mythologie deutsche Volkssagen und Volksmarchen (Stuttgart 1848. 153) nous apprend que par des baguettes de noisetier, on force les sorcières a rendre aux animaux et aux plantes, la fécondité qu'elles leur avaient enlevée. En Bohème on vénère une chapelle élévée en honneur de la vierge Marie ,,im Haselstrauche," en souvenir d'un boucher auquel une statue de la Vierge, prés d'un noisetier, avait parlé. Le boucher emporta la statue chez lui; mais pendant la nuit la statue retourna a sa place. La Vierge a fait souvent des tours pareils a ses dévots. Marie, voulant rendre une visite a Elisabeth ou d'après une autre légende, pendant sa fuite en Egypte, s'abrita sous un noisetier, quand la foudre sillonna les airs, qui depuis ce temps est devenu une plante protectrice contre la foudre de sorte qu'on met dans 1'Allemagne méridionale, au jour de 1'Annonciation, des tiges devant la fenêtre, au lit ou bien sur les poutres de la maison. En cas d'une vraie incendie on peut 1'arrêter en tirant avec la tige du noisetier au sol un cercle, en trawant dans 1'interieur deux coeurs humains entourés de croix et en y dessinant les caractères A. G. L. A. lettres commen?antes des mots Hebreux: „Attah gibbor loolan adonai" ce qui signifie: Seigneur éternel et tout puissant. Les sorcières sont assujetties a la vertu occulte du noisetier. Impossible d'user de malefices dans les écuries quand 1'avoine est remué d'une tige, coupée au temps qu'on sonne le sermon et sous 1'invocation de la Trinité. 11 y a des sorcières qui volent le lait et 1'enchantent. On peut s'y opposer en liant, en forme de croix, deux bois de noisetier, inscrits 1'un avec les mots Marie, St. Jean, 1'autre „Tetragrammaton'' Adonei, Othecs. Puis on fait tomber, par gouttes, d'un cierge de Paques de la cire sur la croix, 1'envelloppe avec quelques brins de citronelle (Artemisia abrotanum) dans un linge blanc, fait passer le lait par la tamise et la donne au bétail. (Montanus \ olks teste, S. ii 8.) Le noisetier a la vertu. toute particulière, qu'on peut rosser d'importance un absent a qui on veut; en se servant de la manière que nous trouvons communiquée dans Moritz Busch. Deutsche Volksglaube 1877, S. 136. Die Haselruthe zum Durchprügeln eines Entfernten muss eine einjahrige sein und am Charfreitagsmorgen mit drei Schnitten abgetrennt werden, wahrend man nach Osten blickt und die drei höchsten Namen nennt. Will man mit ihr einen Abwesenden schlagen, so nimmt man ein Kleidungstiick oder auch nur einen Fetzen oder Lumpen, sieht nach Morgen hin, spricht den Namen des Anderen aus und haut dann auf das Kleid oder den Fetzen, so lange man Lust hat." L'absent sent les coups. Von Perger Pflanzensagen. S. 245 fait mention d'une légende dans laquelle, le noisetier, sans être coupé pour ce but, a prouvé être un excellent instrument de discipline a distance. „Un berger s'appuya sur un baton de Noisetier. Quelques soldats passèrent. Un d'eux, bon tireur, frappa d'un coup de fusil le baton de sorte que le berger tomba. Sans dire mot il óta son habit attendit le moment que les soldats furent a perte de vue et roua son habit de coups, de sorte que les cris plaintifs du soldat frappé s'entendissent a une demi-lieu de distance " Dodonée raconte. „Den haselaar zelve, zoowel als de vrucht, heeft kracht tegen 't fenyn: want is 't dat men eenen tros van haselnoten ergens in een huys hanght, daer en sal gheenen scorpioen oft ander fenynig beest in komen, maer sal daervan vlieden. Zelfs de landlieden segghen, dat de slanghen, aketissen en alle de andere quade giftige dieren terstond sterven, van dat ze met stocksken of roeyken, van desen haselaer ghesneden, ghesmeten zijn." II n'y a pas longtemps qu' a la Forêt-noire on fournissait aux enfants, qui avaient besoin de s'éloigner loin de la maison des tiges de noisetier pour se défendre contre les serpents. Celui qui a copié 1'Évangile de St. Jean sur un petit morceau de papier peut se rendre invulnérable. II n'a qu' a 1'introduire dans une noisette et la mettre sous la nappe d'autel. En cas qu'on a célébré trois ibis la messe a 1'insu de 1'officiant, la noisette, portée a un ruban au cou, a la vertu desirée. Le chant du cygne de Desdémone, la canzon del Salice, fut un chant de saule. O Salce! Salce! Cantiamo! il Salce funebre sara la mia ghirlanda. Scorreano i rivi fra le solle in fior, gemea quel core affranto e dalle ciglia le sgorgava il cor. L'amara onda del pianto. O Salce! salce salce! Cantiam la nemia blanda. Cantiamo, il Salce funebre sara la mia ghirlanda. Le saule étant le symbole de 1'immortalité on s'en servait dans les cérémonies funèbres. Dans le Nord spécialement, le saule, a cause, de la ressemblance des feuilles, a remplacé 1'Olivier de 1'Europe méridionale, ainsi que celui-ci dans la tradition, a remplacé le palmier arabe et egyptien, et surtout la palma dactylifera, dont la feuille est longue. Le héros solaire Jason, dans son voyage vers le nord et vers 1 oriënt, a la conquete de la toison d or, passé par la prairie de Circe plantée de saules funeraires, aux sommets desquels on voyait des cadavres suspendus; car en Colchide, dit on, on ne brülait point les morts, mais on les enfermait dans des peaux de boeufs et on les suspendait aux arbres, sans doute dans 1'espoir que, par la vertu de 1'arbre ils repousseraient dans une vie nouvelle. La toison d'or, que cherchait Jason, était aussi suspendue a un arbre. Dans une énigme russe, le soleil avec ses rayons est représenté comme un coq perché sur un saule, dont les plumes tombentjusqu aterre. Pour les Grecs et les Latins, qui connaissaient 1'olivier, le saule n'avait pas un grand prix; on 1'appelait corotiamentum rusticorum. Mais il est probable qu avant 1 introduction de 1'olivier, il fut lui-méme 1'objet d'un culte. On peut le supposer si 1'on songe que le dieu Saturne, qui représente les temps les plus reculés, avait adopté le saule comme son arbre. Le saule pleureur (salix babylonica), consacré a la déesse Juno, et spécialement a la Juno Fluonia, est d'après la Botanologia medica de Zorn, le meilleur moyen pour arrêter toutte hémorragie, et pour empêcher une fausse couche. On attribuait au saule des propriétés merveilleuses; entre autres, celle que le jus de feuilles, de saule bouillies dans de leau, mèlé avec du sel, serait un remède excellent pour guérir toute espèce d'ulcère malin. J. H. Knoop, in zyne Dendrologia of beschryving der Plantagiegewassen blz. 168 zegt: Voorts zoo heeft deeze Boom ook zyne nuttigheid in de Geneeskunde. Een afkookzel van de Blaaden of jonge takken gemaakt, is zeer dienstig voor de buikloop en bloedspuwing, alsmeede voor een verhit en gestend bloed, en onmaatige geilheid. Een voetbad van de blaadeu gemaakt is zeer nuttig voor menschen die vermoeid zyn of anders niet slaapen kunnen, want 't verwekt slaap en zoete rust. Groote bladryke takken van Wilge-boomen in de heete zomerdagen in de woonvertrekken gezet, verwekken koelte en maaken de hitte verdraaglyker. Comme il est usité de célebrer, au Dimanche des Rameaux, dans les églises 1'entrée de Jésus en Jérusalem, il faut couvrir le sol de tiges de palmiers. Vue qu' a 1'hémisphère boreal on est a 1'impossibilité de se les procurer, on prend les tiges du saule aquatique qui ouvre ses fleurs au mois de Mars. Ces tiges, après les cérémonies nécessaires qu'on trouve au „Missale ad usum insignis ecclesiae Trajectensis" imprimé en 1527, devinrent des choses bénites et regurent le nom de tiges de palmiers. D'après la quatrième édition de la Sainte-Messe, Venlo 1875, on fait encore bénir et encenser les tiges qui sont distribués plus tard aux fidèles, tout en implorant sur eux, dans les prières les bontés célestes. Les croyances populaires des tiges bénites s'étendjient encore plus loin. D'après elles les tiges abritent la maison et 1'enclos contre la foudre, les champs contre la grêle, les bestiaux contre la peste. Faites, avec ces tiges a la main, trois fois le tour de la maison et de ses dépendances, pas un oiseau de proie attrappera une poule, pas une sorcière aura la hardiesse d'entrer par une fenêtre devant laquelle la tige bénite est pla?ée. Pour rendre cette qualité merveilleuse encore plus forte il faut ajouter au saule des tiges de gui, de génévrier ordinaire, du sabinier, du houx commun, dont les baies rouges servent de matériel aux sorcières pour exciter les orages, et envellopper avec tout 5a la tige écorcée du noisetier. Les tiges du Buis (Buxus sempervirens) sont a préférer aux tiges de saule, qu' on pend a la fa?ade des maisons de campagne. On prend les soins les plus scrupuleux des palmiers bénites, pour s'en servir au temps opportun. Deux touristes, surpris d'un orage prés de Valkenbourg en Limbourg, se retirèrent dans une petite auberge. L'hötesse eut la bienveillance de prendre une tige de 1'armoire qu' elle plaga sur le manteau de la cheminée. Dans la semaine de Paques on envelloppe un palmier bénit d'un linge, 1'attache a 1'image de la mère divine et agite, aux sons des cloches, le paquet trois fois dans 1 air, criant a haute voix: „Loin d'ici tous les animaux sans os et les puces sont disparus pour tout une année. Peuplier, (Populus alba). Le peuple de 1'Andalousie pense que le peuplier est le plus ancien des arbres. Peut-être cette croyance est née dans la langue espagnole, d'une équivoque entre les mots alamo (peuplier) et Adamo. v Du peuplier on a fait un arbre prophétique c'est a dire météorologique; sa feuille étant sombre d'un cóté et blanche de 1'autre, on a vu dans la partie sombre une figure de la nuit, et dans la partie claire une figure du jour. On raconte qu' Hercule traversant les enfers avec une couronne de peuplier, la partie de la feuille, tournée vers lui, était restée claire, 1'autre, tournée vers 1'enfer, était devenue sombre et enfumée. Nous avons déja vu de nombreux exemples d'arbres funeraires devenus arbres générateurs; le peuplier est de ce nombre. Autrefois, dans la campagne de Bologne a la naissance d'une fille, on plantait, si on le pouvait, jusqu' a mille peupliers; et on en prenait grand soin jusqu' au mariage de la jeune fille; alors on les coupait, et le prix de la vente était la dot de la mariée. Dans le Nord ce sont des bouleaux que 1'on plante ainsi. Dr. J. H. Dierbach. Flora Mythologica etc. raconte: Die Pappel des Hercules. Populus graeca Aiton, mit welcher die gemeine weisse Pappel, Populus alba, L, zumal in Hinsicht der Blattfarbe, grosse Aehnlichkeit hat, ist hier vorzugsweise zu betrachten. Unter dem Sinnbilde des Hercules steilte das Alterthum, gleich unter dem des Saturnus, bildlich die Zeit dar, und nicht ohne physischen Grund findet man daher oft diesen Heroen der Vorzeit mit einem Pappelkranze gekrönt. Auch die auf den Altaren des Herakles opfernden bekranzten sich mit den Blattern dieses Baumes. Auf der untern Seite sind sie schön weiss, auf der obern dunkelgrün; mit dem Sommer Solstitium drehen siè sich, so dass an diesem Umstande die Jahreszeit erkannt werden kann; auch an den Weiden und Rüstern hat man etwas Aehnliches wahrgenommen. Von der letzteren sagt Houttuyn (Linné's Pflanzensystem, I P- 3^7): Dem gemeinen Volke dient dieser Baum ge- 9 wissermassen als ein Kalender; denn weil sich die Blatter gleich, wenn der langste Tag vorbei ist, ganz umkehren, so nehmen die Landleute dieses zum Merkmale, dass die Tage wieder anfangen kurzer zu werden. Herkules, sagt eine Mythe, war mit der Silberpappel bekranzt, als er, von Acheron zurückkehrend den Cerberus heraufschleppte. Homer nannte sie deshalb die acherontische, wie sie denn auch überhaupt an feuchten Orten zu wachsen pflegt. Tlepolemos, einer von der Helena Freiern, zog mit den Rhodiern gen Troja, und ward da von Sarpedon erschlagen. Die Rhodier brachten seine Asche nach ihrer Insel zurück, und feierten jahrlich seinen Todestag durch Kampfspiele der Knaben, wobei dem Sieger ein Kranz von Weiss-Pappel lohnte. Ueberhaupt bezeugt man ausharrenden Helden diese Ehre, wie dem Teucer bei Horaz und den Jünglingen der Gymnasien. Satyre kommen bisweilen mit einem Pappelkranze vor. Die griechische Pappel war ins besondere noch den Manen (Piis Manibus) geweiht, womit man vielleicht auf ihr Wachsthum an dem Flusse der Unterwelt hindeuten wollte. Orpheus, um in die Zauberkünste der Hekate eingeweiht zu werden, zündete einen Scheiterhaufen an, zu dem er auch Pappelholz nam (Sprengel, Geschichte der Medizin I. p. 50). Die Pappel der Heliaden. Populus nigra. L. Phaëthon, Sohn des Helios und der schonen Klymene, wurde seiner bekannten. Unvorsigtigkeit wegen von Zeus in den Eridanus gestürzt. Seine Schwestern, die Heliaden (Lampetie, Phaetusa und Aegla) fanden ihn dort und beweinten ihn schmerzlich; die Götter erbarmten sich ihrer und verwandelten sie, um ihren Gram zu enden, in schwarze Pappeln deren Thranen zu Elektron verharteten. Zu dieser Mythe gab wohl die Beobachtung Veranlassung, dass die Knospen dieser Baume im Frühjahre eine harzige Materie absondern, die, von der Sonne beschienen, in Tropfen herabfallt und spater zu einer, der Farbe nach, dem Bernstein ahnlichen Materie wird. Die Italienische schwarze Pappel (Populus italica oder P. pyramidalis), die man bei uns so haufig zur Zierde ziehet, scheint diese Eigenschaft nicht zu haben, dagegen sie die in Sibirien und Nord-Amerika einheimische Populus balsamifera in sehr ausgezeignetem Grade besitzt. Bei den feierlichen Spielen, die man zu Rhodos dem Sonnengott zu Ehren hielt, war des Siegers Preis ein Pappelkranz, und mit einem solchen pflegten sich auch Liebende zu zieren. Quand au peuplier tremble (Populus tremula L.) la touchante légende, qui suit, nous apprend pourquoi les feuilles du tremble remuent sans cesse, et pourquoi eet arbre semble toujours gémir. Lorsque Jésus-Christ mourut sur la croix la nature entière prit part a la douleur universelle; les plantes elles-mêmes, exhalèrent une plainte douloureuse qui s eleva vers le ciel. Un seul arbre, le tremble resta froid et insensible. Je suis innocent, disait il avec orgueil et Jésus est mort pour les coupables: que les coupables se lamentent. Quant a moi, pourquoi serais je triste? En ce moment, un ange portant un calice d or rempli du sang divin qu'il avait recueilli au pied de la croix, et qui passait au dessus de la tête altière du peuplier, 1'entendit; il pencha le calice, laissa tomber quelques gouttes du sang précieux sur les racines de 1'arbre et lui dit: Arbre égoiste et insensible, tu refuses de prendre part a la douleur générale, eh bien pour ton chatiment, lorsque par les plus belles et les plus chaudes journées de 1'été toutes les autres plantes resteront dans le calme et l'immobilité, toi tu t'agiteras sans trêve ni merci; tu trembleras toujours, tu trembleras éternellement, et tu ne seras connu que sous le nom de tremble! (MUe. Clarisse Juranville. La voix des fleurs, p. 124). J. H. Knoop, in zijne Dendrologia of beschrijving der Plantagegewassen, bericht aangaande dezen boom het volgende : De afgeschilde schors van de jonge Abeelboomen, en van de lakken der ouden, zyn dienstig tot Toortzen, want t' zaamen gerolt, gedroogt, en aangesteeken wordende, ligten ze heel sterk. De Aarts-vader Jacob gebruikte de Roeden van deeze Boomen tot het bont worden der Schaapen zyner Kudde gelyk wy by de Haazel-noote-boom reeds aangemerkt hebben. Voorts zoo hebben deze Boomen, inzonderheid de zwarte Populier, ook hunne nuttigheid in de Medicyne, voornamelyk de jonge Knoppen als de Boom in 't voorjaar begint te botten; men maakt er een Tinctuur van, door middel van dezelve op beste Brandewyn te zetten en by de warmte te laten trekken welke een heerlyk middel is voor de Buik • en Roode-loop, en inwendige Wonden en Gezweeren; den Lyder neemt er s' avonds en s' morgens I a 2 Eetlepels vol van in, met warm Vleeschnat. In de Apotheken wort een Salf uit de gemelde knoppen gemaakt, Populierzalf genoemt, welke zeer dienstig'is voor allerley heete gezwellen en verkoelt de brand; is ook ?.eer nuttig voor de Aanbeyen (Haemorrhoides); aan 't Voorhooft gestreken, verdryft ze de Hooft pyn, verdryft ook gestotene, geslagene, of gevallene builen; op de Slapen en I ols gestreken, verwekt ze slaap en rust. En cas qu' on peut rattraper une partie des choses enlevées, il faut les mettre dans un trou pergé dans le peuplier tremble ou bien le Jeudi-soir sous la dalle de feu, et allumer le bois du tremble au foyer. Au premier cas le voleur tremble comme le peuplier. au second il acquiert des plaies causées par le feu, dans 1'une et 1'autre le criminel est a décéler. Aune, Alnus (de al, prés, et lan le bord d'une rivière; habitat ordinaire des espèces de ce genre) Embla est d'après la Mythologie Scandinave la première femme, épouse d'Ask ou Askun; issue du bois de 1'aune que les fils de Bor trouvèrent au bord de la mer. Dans les croyances populaires allemandes, 1'aune a souvent un caractère funeraire et presque diabolique; cependant nous la voyons, dans une légende du Tirol, jouer le róle d'un arbre anthropogonique. Un gargon va se percher sur un arbre et regarde d'en haut ce que font en bas les sorcières; elles mettent en pièces un cadavre de femme, et jettent les morceaux en 1'air; le garfon attrape une cóte et la garde auprès de soi. Les sorcières comptent ensuite les morceaux; elles trouvent qu'il en manque un et le remplacent par un morceau d'aune; alors le mort revient a la vie. Les sorcières, dont les flancs sont formés du bois d'aune, pour se procurer du lait, frappent a Ghees au Pfalz les vaches trois fois d'une tige d'aune. Le Roi d'aune avec sa fille habitent dans 1'arbre. Quand la princesse de Tegernfelde fait sa coiffure au clair de lune, elle se sert de 1'humeur visqueuse des jeunes feuilles comme bandoline. J. H. Knoop, in zijne Dendrologie of beschrijving der Plantagiegewassen zegt aangaande dezen boom: De Schors of Zaadknoppen, word van de Verwers en Leerbereiders gebruikt om daar met Laakens, Hoeden, Leer, enz. zwart te verven. De Schoenmakers leggen dezelve met kleine stukken van oud roestig Yzer eenige dagen in water, of water waarby wat Edik gedaan is, welk naa eenige daagen zo zwart als Inkt word, en tot 't zwarten van 't Leer enz. dient. Men kan ook de Vrugt of Zaad knoppen tot 't maaken van inkt gebruiken in plaats van Galnoten. Men zegt, dat de Melk in Vaaten gedaan, die van het hout van de Witte Els gemaakt zijn, meer Room geeft als in andere. De groene Blaaden, 's Morgens vroeg, als er de Dauw nog op is, vergaadert, en in Kamers gestrooit wordende, daar Vlooyen zijn, en daar na over een Uur weer uitgeveegt, neemen de Vlooyen weg, dewyl ze op de kleeverige Blaaden vastblijven, zo men zegt. Myrte batard, M. des marais, M. épineux (Myrica Gale. L) Fleur vert brunatre. Mars—Avril. Feuilles lancéolées, dentées en scie, rétréciées et entières a la base. Arbuste nain et a feuilles caduques, ci-devant rival du houblon dans la brasserie. J. H. Knoop, in zijne dendrologie enz. zegt aangaande deze plant: „de gemeene Gagel word van sommige bedriegelyke Brouwers met in het Bier gebrouwen om de Hop te sparen, en aan het Bier kragt te geven. Maar zoodanig Bier schynt wel kragtig te weezen, dewyl het ras dronken maakt, maar is zeer ongezond, verwekkende na de ontnugtering onverdraaglyke Hoofdpyn. De Heer Simon Pauli, in zyn leven vermaard Lyf-Medicus en Botanicus van den Koning van Denemarken, was van die vaste meening, dat onze gemeene Gagel de waare Theeboom der Chineezen en Japoneesen was, omdat de Struik en deszelfs Blaaden zeer de gedaante van de Theeboom gelyken, en de smaak der gedroogde Blaaden van de Gagel met die van de Thee eenigzints over een komt; weshalven hy de Europeanen belachte dat ze de Thee zoo ver gingen haaien. Wegens de aangenaame Reuk van deeze Gagel, inzonderheid als die droog is, zoo legt men veeltyds Bosjes van deszelfs Takken in de Kleer, Linne, en Boekkassen welke egter niet alleen een aangenaame Reuk op die plaatzen verspreiden, maar ook een zeer goed Tegen-middel voor de Motten en andere Insecten zyn; even als de Campher hiertoe zeer dienstig bespeurt word. Dr. G. Anton, Erprobtes Krauterbuch oder ausführliche Beschreibung aller heilwirkenden Pflanzen und Krauter, S. 88, sagt über die anwendung: Innerlich wirkt das Kraut gegen Keuchhusten, unreine Hautauschlage und nassende Flechten. Aeusserlich gegen Ungeziefer. Myrtille rouge, Vigne du Mont-Ida. (Vaccinium Vitis Idaea, L) fruits rouges, globuleux de 8 mm. de diamètre, a saveur acide, feuilles persistantes obovales, 2 ctm. de long, vertes en dessus (comme celles de Buis) mais ponctuées en dessous, trés coriaces. Partout en Europe dans les bois siliceux. On s'en sert comme des tiges du Buis, pour orner les images d'un Saint et les Crucifix. Deux légendes sont la pour expliquer 1 origine de eet usage. D'après 1'une, un pieux anachorète demanda, dans ses prières, a la mère divine des fruits pour les pauvres montag nards. Elle óta sa couronne, la détortilla et dispersa les pièces par dessus les montagnes, ce qui fit pousser partout des Myrtilles rouges qui, pour cette raison, s'appellent aussi: Liebfrauenstrauch, Marienpalm, Mutter-Gottes-kirsche. D'aprés 1'autre le diable eut la permission de produire, au moment de la création, une plante. II crea la Myrtille rouge mais la maudit en même temps de sorte que chacun qui mangea les fruits serait réduit sous sa puissance. Dieu 1'empêcha en plagant sur chaque fruit la croix. Les sépales qui couronnent la baie ont la forme d une croix. Dr. W. Büchner, der eine eigene Schrift über die Preisselbeere herausgegeben hat, sagt über die Wirkung und Anwendung derselben als Volksmittel, unter anderem, folgendes: ,,Da die Beeren und der aus ihnen bereitete Saft abstringirende Eigenschaften in hohem Grade besitzen, so dass man auf den Genuss derselben eine augenblicklich belebende Wirkung und vermehrten Appetit verspürrt, so stehen sie nicht nur in grossem Rufe als diatetisches Schutzmittel gegen Schleim und Wechselfieber, sondern sind auch als solches gegen die epidemische Brechruhr in neuester Zeit empfohlen worden. Ich rathe deshalb den jenigen Personen, die an Orten leben müssen, wo Cholera, Schleim und Wechselfieber herrschen, taglich ein oder einige Male eine kleine Portion Preisselbeeren zu geniessen, und sich statt des grünen Salates, als Zuspeise, des Preisselbeermuses zu bedienen. Der verlorene oder geschwachte Appetit wird dadurch wieder hergestellt und die Urinabsonderung befördert, wahrend zu haufige und starke Darmausleerungen angehalten werden. Allen jenen Individuen, welche an einer Verstimmung des Nervensystems leiden, auf welche jede Witterungsveranderung einwirkt, sowie jenen, deren Verdauung in Folge von Auschweifung im essen und trinken oder geistiger Aufregung darniederliegt, sind die Preisselbeeren zur Zeit, in der seuchenartige Krankheiten regieren, in ihren verschiedenen Zurichtungen nicht genug zu empfehlen. In fieberhaften Krankheiten ist das Preisselbeerwasser ein vortreffliches und kühlendes Getrank. Dieses Getrank wird bereitet, indem man zerquetschte Preisselbeeren mit Wasser ubergiesst. Auch kann man sich des Saftes der eingemachten Beeren unter dem Trinkwasser bedienen. Der Aufguss der Blatter dient als Heilmittel bei Krankheiten der Blasé und der Harnwerkzeuge. Les arbres, arbustes et buissons frondifères terminés, nous passons aux arbres a feuilles aciculaires ou persistantes. If commun. (Taxus baccata. L). Arbre indigène en Europe et d'antiquité géologique; il formait une partie des forêts de 1'Angleterre a une période préhistorique. On en trouve des troncs enfouis dans les couches profondes sur les cótes du comté de Norfolk, prés de Cromer. II abondait aussi dans une autre forêt maintenant située sous le canal de Bristol, oü, si 1'on s'en rapporte aux témoignages que fournissent les ossements, les Elephants, les Rhinoceros et les Castors vivaient contemporainement. Le bois de 1'If est dur et compact, mais néanmoins élastique et flexible et s'employait beaucoup dans 1'ancien temps pour fabriquer les arcs. Toutes ses parties vertes sont fortement vénéneuses pour 1'homme et les animaux ; il faut en conséquence prendre soin que les enfants et les animaux n y touchent pas et éviter aussi d'en laisser séjourner des fragments dans les abreuvoirs, car les mêmes effets pernicieux ne manqueraient pas de se produire si 1'eau en était assez fortement saturée. C'est un bel arbre toujours vert, a végétation lente mais de fort longue durée. Dr. J. H. Dierbach, Flora Mythologica etc. erzahlt: Die Dichter der Vorzeit versetzten diesen zierlichen Baum in die dunkeln Schattengange der Unterwelt; ja sie gaben den Furiën Fackeln in die Hand die aus dem Holze des Eibenbaums gefertigt waren. In dem innern Heiligthume von Eleusis bekrannzten sich die Priester mit Myrten und Zweigen des Taxusbaumes, so wie auf gleiche weise Demeter selbst ausgeschmückt wurde. J. H. Knoop, in zijne Dendrologie of beschrijving der Plantagiegewassen zegt aangaande den Taxus oflbenboom o. m. het volgende: „Het hout van de Taxis is geelagtig ros van Koleur en doorgaans met vele aderen doorgroeit, zeer hard en vast, en geen Wormen onderheevig, en derhalven zeer langdurende, weshalven het van de Schrynwerkers, Draayers, en Musicaalsche Instrumentmakers veel geagt word, tot maken van cierlyk ingelegde Cabinet, Tafel, en andere werken, Doozen, Fluiten, Hautbois, enz. De Ouden maakten daar Boogen van, waarvan Virgilius aldus zingt: „Ituraeos Taxi torquentur in Arcos." Aanmerkelijk is hetgeen Suetonius schrijft dat den Keizer Claudius Nero. t Romeinse Volk door een opentlyk schriftelyk Gebod vermaand en verwittigt heeft, dat er tegen de beet van venynige Slangen en Adders niets beeter was dan 't sap van deeze Taxisboom. Celui qui porte en poche une pièce du bois dur et lourd de 1'If est a 1'abri de toute sorte de malefice. Genevrier commun (Juniperus communis. L.) Arbuste toujours vert, rustique, trés décoratif, habitant les régions extra tropicales du globe et les montagnes de 1'hémisphère boreal. Les baies entrent dans la préparation de boissons alcooliques et fournissent divers extraits employés en médecine. Le bois est finement reine, d'une couleur brun jaunatre et d'une odeur aromatique; il laisse exsuder une résine que 1'on confond avec Ia sandaraque. J. Troost, Angewandte Botanik. S. 237 erzahlt: „Aus den Beeren wird der vortreffliche Wachholder-branntwein (in Holland „Genevre", in England „Gin", in Tirol „Kranawitter', in Russland „Robrowitschka genannt) bereitet. Die Bierbrauer setzen mitunter der Bierwürze Wachholderbeeren zu. Nach den Angaben Dr. Schubeler's sollen in Norwegen und Schweden die an den Spitzen der Wachholderzweige oft sich findenden, aus drei lanzetförmigen Schuppen bestehenden Auswüchse, unter dem Namen „Keuchhustenbeeren" oder „Kickbeeren" zur Heilung des Keuchhustens verwendet werden. II n y a pas une piante a laquelle le peuple attribue autant de vertu medicatrice qu'a 1'écorce, les aiguilles, les fruits, la gomme et 1'huile du génévrier. Les charbons même du bois de génévrier restent ardents durant des mois, voire tout une année. Le mot „Juniperus", de Juniores pariens (fructus); allusion aux divers états d'avancement des fruits qu ils portent simultanément, comme le mot allemand „ Wachholder renferme en soi une idéé de rajeunissement, de vivifier, ranimer. C'est pour cette raison que celui qui est au bout de ses forces n'a qu'a se reposer sous le génévrier pour faire disparaitre toute fatigue. En Tirol, le touriste met au chapeau une tige de „kranewit'', nom du génévrier la bas, pour se garantir contre la fatigue et les blessures aux pieds, en marchant Celui qui batit une maison a 1 ile de Rügen met une tige sous la première pierre pour empècher les esprits malins d'entrer. Si la courbure de la baratte est du bois de génévrier pas une sorcière peut empècher que le beurre se sépare du lait. Pour rattraper des choses enlevées on se rend en Westphalie a un Génévrier. en courbe jusqu'a terre une des branches, la maintient avec une pierre en appelant le voleur, qui ne peut pas manquer de se présenter et de rendre sa proie. Alors on laisse aller la branche, et on remet la pierre a sa place. Mannhardt (Baumkultus der Germanen) nous apprend que, dans le district de Waldeck, lorsque les enfants tombent malades, les parents apportent de la laine et du pain dans un bouquet de génévrier, en engageant les mauvais esprits a manger, a filer, et a oublier le petit enfant dont on craint qu'ils se soient trop occupés: Ihr Hollen und Hollinen. Hier bring ich euch was zu spinnen Und was zu essen Ihr sollt spinnen und essen, Und meines kindes vergessen En Esthonie on frappe sur tous les trous, sur toutes les fissures de la maison avec des branches de génévrier, de peur que les mauvais esprits s'y faufilent avec les maladies. Dés que les mauvais esprits s'approchent de la maison, et remarquent le génévrier, ils s'en éloignent. Dans la montagne de Pistoia, pour expliquer 1'usage de suspendre une branche de génévrier devant toutes les portes, on dit que les sorcières, en voyant- le génévrier, sont pousées par une manie irrésistible qui leur est propre, a en compter toutes les petites feuilles; mais les feuilles sont si nombreuses, qu'elles se trompent dans le compte, s'impatientent et s'éloignent, de peur d'être surprises et reconnues. D'après une légende italienne, raccontée en Toscan par une vieille femme de Signa, la Madone fuyait avec 1'enfant Jésus, les soldats du roi Hérode la poursuivaient; pendant qu'elle marchait les genéts et les pois chiches claquaient, et par ce bruit, allaient la trahir; le lin se hérissa; heureusement pour elle, la Madone arriva prés d'un genévrier: alors cette plante hospitalière ouvrit ses branches comme des bras, et se referma sur elle, cachant ainsi la vierge avec 1'enfant. Alors la Vierge langa sa malediction aux genéts et aux pois chiches qui, depuis ce jour maudit, claquent toujours; elle pardonna au lin sa faiblesse, elle donna sa bénédiction au genévrier, que 1 on voit, par conséquence, suspendu dans presque toutes les étables italiennes le jour de Noèl, de même qu' en Angleterre, en France, en Suisse on suspend le mème jour des branches de houx. Le genévrier, de même que le houx, est censé chasser des maisons et des étables toute sorte de sorcellerie, et spécialement éloigner des vaches et des chevaux les monstres qui parfois les hantent mystérieusement. C est pourquoi nous lisons qu'en Allemagne pour fortifier les chevaux, et pour les rendre plus souples, on leur administre, pendant trois dimanches de suite, avant que le soleil se léve, trois poignées de sel, et soixante-douze baies de genévrier. En Toscane, on porte a 1'église le genévrier pour le faire bénir seulement au dimanche des Palmiers. Berghaus nous apprend que, chez les Bachkirs, on garde dans les maisons les fruits du genévrier, pour chasser les mauvais esprits. Dans la Vénétie on brule le genévrier pour purifier 1'air aux vers a soie. Porta, Phytognonomica, recommande les cendres du genévrier contre la lépre (A. de Gubernatis, la Mythologie des plantes, pag. 154). Dans les soi-disants „Rauchnachte ' celles de St. Thomas — 21 Septembre — de Noel, du Nouvel — an et d'Épiphanie 6 Janvier, on est accoutumé en Allemagne méridionale au temps qu' on va traire les vaches et de 1'affouragement du bétail, de faire purifier par la fumée d'encens et de genévrier entremêlés a neuf herbes bénites, par un curé ou par le père de la familie, les édifices et euclos comme remède efficace contre les sorcières et les esprits malins. Avec un morceau de craie bénite, le curé écrit sur toutes les portes les premières lettres des noms des trois Rois. Dans les vieux droits Bavarois on trouve la restriction que celui qui s'approprie la récolte d'autrui par des puissances fascinatrices — maleficiis artibus initiaverit — sera puni d'une amende de 12 solidi. Le coupable ne peut être personne que le soi-disant. „Billwisschneider ou billewitte" d'après van der Schueren et Kiliaan; et qui doit encore exister maintenant. Monté a un bouc noir. des petites faucilles aux pieds, quelquefois au grand orteil, un couteau ou des ciseaux au pied gauche, il traverse les champs de blé et emporte une partie ou la totalité des épis coupés. Cela se fait ordinairement le soir de la veille ou bien le matin du plus long jour de 1'année, et les jours de St. Veit, de St. Pierre et Paul — 15 et 29 Juin au moment qu'on sonne les cloches ce qui, pour cette raison, se fait a ces jours plus court qu ordinairement. Pour découvrir le malfaiteur, qui ne peut être vu que par les enfants nés au Quater-temper ou les Dimanches; on chasse des coins du genévrier, bénits le Dimanche des Palmiers, dans les poutres au dessus de la grange. Le coupable ne tardera pas de se montrer, ordinairement c'est le voisin. Quand on le nomme, a la découverte, par son nom il doit mourir. En Thuringue on monte au midi sur un sureau, avec une glacé, -qui renvoie 1'image des objets, devant la poitrine ; le jour de la sainte Trinilé (huitième dimanche après la Fête de Paques) ou bien a St. Jean le 24 Juin et regarde partout pour le découvrir. C'est cependant quelque chose de bien dangereux car si c'est le coupable qui décourre le premier le chercheur celui-ci doit mourir. Quelque fois le blé battu se rend de soi-même au billewitte. On peut cependant empêcher 9a en jetant, avant le battage, de la cóté gauche, sur 1'aire des feuilles et fruits du génévrier, en disant: „Eh bien prends ton dü." Un autre moyen de défense est de mettre dans la première gerbe une tige du genévrier et de prendre soin qu'elle soit le premier battue, ou bien de pendre au dessus de la porte d'écurie quelques tiges de pin qui doivent également être battues avec la première gerbe. Nous voila arrivés aux Pins, nom générique tandis que le nom de Sapin s'applique uniquement aux Abies et sous-genres. Le pin, comme le cyprès et le sapin, a cause de la solidité de leur bois et de leur feuillage toujours vert figurait la perpetuité de la vie; ce symbole semblait donc convenir aux cérémonies funeraires, chez les peuples qui croyaient a 1'immortalité de lame, En Russie, lorsqu'on porte le cerceuil au cimetiére, on le couvre de branches de pin ou de sapin. Le pin était aussi appelé 1'arbre de Cybèle. On raconte que Cybèle, après la mort d'Atys, se réfugia sous un pin, dans lequel elle croyait que son bienaimé s etait transformé. Martial appelle les fruits du pin (nuces pineae > „fruits de Cybéle." On avait demandé a Zeus la résurrection d'Atys changé en pin. Zeus consentit seulement a ce que le pin fut toujours vert. Une chanson populaire de la Roumanie, citée par le sénateur Messerani dans son Étude sur les peuples de la Roumanie, nous apprend que deux amoureux morts d'amour et ensevelis dans le même cimetière furent changés 1'un en pin, 1'autre en vigne et qu'ils continuent ainsi a s'embrasser. En dépit de la légende de St. Martin, écrite par Sulpicius, qui représente le pin comme un arbre diabolique ; le christianisme même 1'a consacré. La ville d'Augsbourg, qui a pour enseigne une pomme de pin, est sous le patronage de sainte Afra; en Sicile on croit reconnaitre dans 1'interieur du fruit la forme d'une main, et précisément la main de Jésus bénissant le pin qui 1'avait sauvé pendant sa fuite en Egypte. Le pin a fait bien des miracles. A. Ahorn, prés de Cobourg, un vent effrayant envoyé, par une sorcière, avait fait plier le clocher de 1'Église; tout le monde dans les villages d'alentour, s'en moquait; un patre, pour délivrer son village d'une pareille honte attacha une grande corde a un pin et, a force d'invocations et imprécations magiques parvint a redresser le clocher. Nork, (Mythologie der Volkssagen und Volksmarcheri) ajoute que 1'année 1300 a Krain, prés d'un couvent de femmes, une statue de la Madone cachée dans le tronc d'un pin, se fit entendre a un prêtre, c'est pourquoi dans le voisinage fut batie une église en 1'honneur de la Vierge. Dans un chant populaire serbe, un enfant demande a voir ce qu'il y a sous 1'écorce du pin; il voit alors dans le pin une jeune fille assise qui brille comme le soleil. Dans une tradition des sauvages de TAmerique du Nord, citée par Mannhardt, Lettische Sonnenmythen, le soleil remplace le pin. „Bei den Dogrib-indianern,écrit-il, im fernsten Nord-Westen Amerika's, pflanzte Chapewee, als er nach den grossen Fluth die Erde formte, ein stück Holz auf, das zu einem Ficlitenbaum wurde, der mit erstaunlicher Schnelligkeit wuchs, bis sein Gipfel den Himmel berührte. Ein Kichhörnchen lief diesen Baum hinauf und wurde von Chapewee verfolgt, bis er die Sterne erreichte, wo er eine schone Ebene fand. Hier fing sich die Sonne in der Schlinge, die er für das Eichhörnchen legte. Le roi Crésus (Herodote III) menace les habitants de Lampsaque, de detruire leur ville comme on tranche un pin, lequel une fois coupé, ne repousse plus; 1'image était d'autant plus a propos, que la ville de Lampsaque autrefois, dit on, s'appelait Pityousa, „endroit planté de pins . Dans un dessin pompéien, on trouve, avec une couronne de pin, un Amour champêtre, nous trouvons aussi les Faunes couronnés de pin dans Ovide. Virgile appelle le pin pronuba, paree que les flambeaux de noce étaient en bois de pin. Dans 1'hymne de Callimaque a Diane, et dans Longus, les vierges portent une couronne de pin; la pomme de pin non ouverte, symbolisait la vierge. En Podolie, en Petite Russie, les gateaux de noce sont ornés de petites branches de pin; au Japon, le pin semble ètre devenu un symbole de constance et de fidélité conjugales, M. Savio, dans son livre II Giappone (Milan 1875) nous décrit ainsi certains usages nuptiaux; „Les epoux boivent, chacun a son tour, trois fois, trois petites tasses de sahé, devant un arbrisseau de pin, 1'image d'une grue, une tortue, et un groupe qui représente un vieux et une vieille devenus célèbres a travers les siècles a cause du bonheur conjugal dont ils avaient joui pendant leur vie, nommés Takasagono-gigi-baba. Le pin signifie la perpetuité du genre humain et la constance dans 1'amour conjugal, puisqu'il se conserve toujours vert, même sous la neige; la grue représente le bonheur; la tortue est le symbole d'une longue vie, puisque 1'on croit que eet animal peut atteindre lage de dix mille ans. Une fois terminée la cérémonie qui lie ensemble les deux époux, un choeur de jennes filles, s'accompagnant avec le sciamisen, chante ce qui suit: „Les eaux des quatre océans sont tranquilles, et le pays est si calme que le vent n'ose pas même agiter les feuilles de ses arbres. Que les ainoi (espèce de pins qui poussent deux a deux, dans la province de Harima) puissent devenir l'emblême de votre union; alors nous vous verrons toujours unis dans ce royaume pacifique et bienheureux. (A. de Gubernatis. La Myth. des pis.) Au dimanche laeiare — le troisième avant la fête de Paques — les enfants portent en Silésie des tiges de pin, avec des rognures de papier inarbré, qu'ils clouent au-dessus de la porte des étables pour mettre le bétail a 1'abri de toute sorte de malefice. En d'autres régions ce sont les domestiques qui font la même chose avec des tiges sans parures; on les recompense de gateaux et d'habits, jamais d'argent. Ailleurs on piqué, le Lundi de la Pente-cóte, de grandmatin, autant de petits pins, écorcés spiriformes, qu'il y a des chevaux a 1'écurie; dans un tas de fumier. Personne ne les touche et une fois désséchés on les emporte, tant soit peu, solennellement. En Bohème un braconnier peut se rendre invulnérable quand, ayant trouvé 10 le jour de St. Jean, avant le lever du soleil, un sapin avec des cones érigés, il rampe autour de 1'arbre, emporte les cónes, mange chez-soi des graines et, le matin, avant d'aller braconner, en avale une étant encore a jeun. Dans un bois de sapins séjourne quelquefois le soi-disant „huppe-pinastre", individu fantastique, aux yeux étincelants, qui se présente comme oiseau gnome, ou ane sauvage; toujours criant: hup! hup! Dans ce moment personne n'ose entrer au bois. J. H. Knoop. Dendrologie of beschrijving der Plantagiegewassen zegt o. m. van den dennenboom: „ook vloeit uit deze Denneboomen het zoogenaamde Veneetsche of gemeene Terpentijn, dat veel omtrent Straasburg verzamelt en verzonden word, 't welk iets slegter is als 't Terpentijn dat uit de Lorkenboom vloeit; dog 't slegste is datgeene, welk uit de pijnboomen vergadert word; daar in teegen is 't beste en veritable Veneetsche Terpentijn, dat uit de Terpentijnboom, die in het eiland Chio groeit, voortkomt, dog wijl dat zeldzaam is zoo gebruikt men in deszelfs plaats, de gemelde soorten, als zijnde nagenoeg van dezelfde deugd en nuttigheid. De toppen der jonge takken van de Rode Denneboom in Water of dun Bier tot een drank gekookt, word van veele Doctoren zéér gepreezen, als een der beste middels voor de Scorbuit. Vue que le nombre des plantes et des herbes, dont s'occupe la croyance populaire, est a 1'infinie il faut me bomer aux plus célèbres et placer au premier rang les plantes bénites ou herbes sacrées. Au 15 Aoüt, jour de 1'Assomption de la vierge Marie, des trousseaux de neuf différentes herbes sont consacrées; surtout dans 1'Allemagne méridionale. Au milieu est placee une Aunée en fleur, (appelée quelquefois Tête d'Odin) Inula Helenmm de Hele- nion, nom employé par Horace et d'autres auteurs anciens, dérivé de „enaein" purifier; allusion a des propriétés médicinales. — Capitules jeune — vif, grands réunis en corymbes terminaux. Forte plante vivace dont la racine possède des propriétés toniques, stimulantes. D'après Pline, Julie, la fille d'Auguste, empereur romain, s'en servait journellement. L'eupatoire a feuilles de clianvre, en allemand Kunigundekraut, en italien, erba giuha (E cannabinum. L.) Capitules, pourpre-rougeatre, en corymbes terminaux. Feuilles a trois cinq folioles ovales lancéolées, dentées. Belle plante herbacée vivace et rustique, convenable pour orner le bord des pièces d'eau et des fossés. Le nom est employé par Dioscoride, Pline dit que la plante est dediée a Mithridates Eupator, roi de Pont, qui 1'aurait employé comme contrepoison. En Italië et en Russie, on attribue a cette herbe de grandes vertus magiques; la décoction d'eupatoire est aussi censée chasser les fièvres et guérir les morsures des serpents. Valeriane (Vileriana officinalis) Nom du moyen-age, dérivé de valere, être bien portant; allusion aux propriétés médicinales de certaines espèces. Elle possède surtout des propriétés antipasmodiques bien connues, les racines sont la partie la plus active. Elles exhalent une odeur particulière qui a la propriété d'attirer les chats. Ceux-ci éprouvent une véritable jouissan;e a les sentir, a se rouler dessus en écumant de plaisir. Aussi se sert on souvent de leurs racines pour les attirer dans des pièges, lorsque ces animaux deviennent nuisibles aux jardins. On lui attribue le pouvoir de chasser les Elfes, qui su^ent aux doigts et aux orteils des petits enfants de sorte qu'ils ne grandissent pas. La fumée des racines brulées, auprès de 1'enfant, suffit pour les faire prendre la poudre d'escampette. Jïlles sont mal disposées aux fiancés qui font bien de porter sur eux les fleurs de la valeriane, a même de mettre le diable en peine. Dans la campagne de Bologne, on pense qu'il y a une valeriane male et une valeriane femelle qui président a la divination. Les prétendus devins engagent en conséquence, ceux qui désirent apprendre la bonne aventure, a faire 1'aumóne au valérien et a la valériane. Les dupes déposent leur argent dans des ports oti 1'on donne a croire qu'il y a de la valériane. On 1'appelle aussi herbe de St. Georges. Armoise (Artemisia vulgaris. L.) Cette plante tire évidemment son nom de la déesse lunaire Artemis. Des prêtres Egyptiens adonnés au culte de la déesse Isis (Isiaci) portaient d'après Pline, en proccssion une branche d'armoise maritime. Macer Floridus, dans son traité de Viribus herbarum, qui semble remonter au neuvième siècle, la proclame herbarum matrem, lui attribue la propriété de hater les mois des femmes, d'aider les accouchements, d'empêcher les fausses couches de délivrer du mal de la pierre et de détruire 1'action de n'importe quel poison. Wallefridus Strabo dans son Hortulus, la désigne aussi sous le nom de mère de toutes les herbes, en indiquant sa ressemblance avec 1'absinthe. Apulée, De Virtutibus herbarum prétend que, si on porte avec soi, chemin faisant, de 1'armoise, on ne sent point la fatigue du voyage, et que 1'armoise chasse les diables cachés et neutralise le mauvais oeil des hommes. A. Bologne, la superstition, populaire consulte 1'armoise sur Tissue des maladies. On glisse sous 1'oreiller, sans que le malade s'en apergoive, des feuilles d'armoise; celui-ci s'endort il aussitót? la guérison est proche; s'il ne parvient pas a s'endormir, il mourra. M. Pitré nous fait connaitre un curieux usage sicilien: la veille de 1'Ascension, les femmes d'Avola (province de Syracuse) avec de petites branches de 1' Er ba bianca. (Artemisia arborescens. L.) torment des croix et les placent sur les toits des maisons, croyant que dans la nuit Jésus-Christ, en remontant au ciel, les bénira. On garde ces croix d'armoise pendant une année; placées dans les étables, on leur attribue le pouvoir de calmer les bètes indomptables. Ep Allemagne, on emploie 1'Artemisia contre plusieurs maladies des femmes et contre 1'épilepsie. Rogovic, au mot Artemisia vulgaris, relate un conté mythologique interessant du district de Starodubsk: „Le jour de 1'exaltation de la Croix, une jeune fille va chercher des champignons dans la forêt, et voit un grand nombre de serpents entortillés; elle essaye de rentrer chez elle, mais elle descend dans un trou trés profond qui est la demeure des serpents. Le trou est obscur, mais au fond se trouve une pierre luisante; les serpents ont faim; la reine des serpents aux cornes d'or les guide jusqu'a la pierre luisante; les serpents la lèchent et s'en rassasient; la jeune fille en fait autant et reste dans le trou jusqu'au printemps. A 1'arrivée du printemps, les serpents s'entrelacèrent de fa$on a former un escalier, sur lequel la jeune fille monta pour sortir du trou. Mais en prenant congé de la reine des serpents, elle re^ut en don la faculté de comprendre le langage des herbes, et d'en connaitre les propriétés médicinales, a la condition de de ne jamais nommer 1'armoise, ou cornobit (celui qui était noir); si elle prononce ce mot, elle oubliera tout ce qu'elle vient d'apprendre. La jeune 'fille comprenait en effet, tous les propos que les herbes tenaient. entre elles; elle fut cependant attrapée par un homme qui lui demanda par surprise: „Quelle est 1'herbe qui pousse parmi les champs sur les petits sentiers? Cornobit, s'écria t elle, et a 1'instant même elle oublia tout ce qu'elle savait, depuis ce temps, dit on, on nomme aussi 1'armoise Zabutko, c'est a dire hcrbe de l'oubli." Artemisia abrotanum L., est une espèce d'Armoise a laquelle on attribuait chez les Grecs et les Romains, et on attribue encore en Allemagne et en France des propriétés magiques exceptionelles. D'après Pline, 1'abrotanum devait ètre surtout une herbe erotique, si on la pla?ait sous un matelas, non seulement elle éveillait la sensualité, mais elle détruisait tous les obstacles qui auraient pu empêcher 1'union des sexes. Artemisia absynthium L, L'absinthe est 1'une des herbes que Pline appréciait le plus. Johnston dans sa Thaumatographia naturalis, note la croyance populaire d'après laquelle on assure qu'un enfant n'aura ni froid ni chaud pendant toute sa vie, pourvu qu'on lui frotte les mains avec le jus d'absinthe avant que la douzième semaine de sa vie s'écoule. (De Gubernatis. Botanique spéciale, p. 16. 2). Douce-Amère [Solarium Dulcamara L). Vigne de Judée, fleurs nombreuses, pendantes violettes ou parfois blanches. Fruits d'un beau rouge, rarement vert-jaunatre. Plante vivace et rustique, assez commune dans les lieux incultes, occupe la huitième place au trousseau. Une décoctée des semis, receuillis a St. Jean, guérit les furoncles aux mains et aux pieds. La dernière des neuf hei bes est la Tanaisie commune. (Tanacetum vulgare. L.) qui jouissait de 1 honneur d etie transplantée des lieux incultes dans les jardins de CharleMagne. Les militaires qui, en temps de guerre, portent avec eux les fleurs jaunes sont a 1'abri des projectiles. Ces neuf herbes doivent ètre cueillies le Jeudi avant 1'Assomption de la Viprge Marie et avant le lever du soleil. On les lie ensuite par des tiges de la Douce Amère et les attaché, après la bénédiction religieuse, dans les maisons et les écuries comme préservatif a la sorcellerie et 1'orage. Dans le cas que quelque tempête menace on fait bien de bruler une partie des herbes au foyer. Quelquefois on ajoute a ces neuf encore d'autres herbes, de sorte qu'il y a II, 15 voire quelquefois 77. Dans ce cas on place au milieu la Molène. (Verbascum Thapsus. L.) Plante herbacée, bisanuelle, habitant 1'Europe, le Nord de 1'Afrique et 1'Asie occidentale et centrale. Elle se distingue par 1'épais duvet blanc et laineux qui recouvre toutes ses parties. C'est en outre une plante médicinale dont les fleurs sont fréquemment prises en infusion, sous le nom de Bouillon blanc comme calmans émollient et pectoral. En Bohème on arrache la plante avec racine et 1'enfonce dans les maisons et les champs pour chasser les souris. En Allemagne méridionale, elle préserve de la sorcellerie, dans la Prusse orientale elle guérit les maladies quand on brise, tout en priant, la tige florifére vers 1'Orient. Poussée dans un sépulcre elle indique que 1'ame du défunt est encore au purgatoire et a besoin d'un pélérinage. Les bellettes en mangent et guérissent quand elles sont mordues dans le combat avec les serpents. Quelques plantes, qui avec la Molène sont ajoutées aux neuf autres, méritent encore notre attention. Scirpe des lacs, (Scirpus lacustris. L.) Plante annuelle, aquatique ou marécageuse a tige arrondie, nue et lisse, diminuant progressivement de grosseur depuis la base jusqu' au sommet, sans noeuds, spongieuse interieurement. La partie superieure, au dëssus des fleurs est souvent fanée, Dieu en crèva les yeux a 1'orvet. Un elfe peut faire de ce jonc un petit cheval et les sorcières sachent en tirer du lait. Cutnin. (Carum Carvi, L.) Plante bisanuelle originaire de Carie, en Asie Mineure, naturalisée en Europe. Ses graines sont aromatiques et possèdent une saveur chaude; on les emploie comme condiment dans différents mets, en patisserie, pour la fabrication de certaines liqueurs, et on en extrait une huile employée en médecine. C'est une plante chère au peuple, et qui a un caractère presque sacré. Chez les Grecs, si on en juge par Plutarque, le cumin avec -le sel symbolisait 1'amitié. Par le pain et par le sel, dans les pays slaves, 1'on accueille encore les hótes et on les retient dans la maison; par le sel 1'on attire et 1'on retient; de même, sans doute, par le cumin. Le professeur Mannhardt, Baumkultus der Germanen nous apprend que, pour garantir le pain aussitót tiré du four contre le vol des démons de la forêt, on le farcit de cumin. M. Mannhardt explique que le cumin parait avoir la propriété de retenir le voleur dans la maison arec le pain qu'il voudrait emporter. Mais c'est surtout en Italië, ou 1'on mange aussi du pain farci de cumin, c'est sur un sol latin qu'une pareille croyance a pu devenir trés populaire. On sait que le mot continus en latin signifie de prés; il me semble probable que dans le mot cumin on ait reconnu soit le préfixe cum allié avec le verbe ire, soit un mot analogue a continus et, par consequent le grain qui a la force de retenir. Mme Coronedi Berti écrit qu'a Bologne on donne le cumin aux pigeons, dans 1 espoir de les affectionner et de les attacher a la maison, et que, lorsqu'une personne ne veut pas quitter une maison ou une autre personne, on dit d'elle: „On lui aura administré le cumin." On donne aussi le cumin aux pigeons de Rome. Dans les temps anciens, on leur donnait la verveine, dans laquelle on a vu la veneris her ba ou peristereon, appelé encore en italien erba colombina. Aldobrandin de Sienne recommande le cumin pour les enfants nouveau-nés. Dans le Canavèse, en Piemont, les jeu nes filles tachent de faire avaler le cumin a leurs amoureux, dans la conviction qu'il produira sur eux le même effet que 1'on croit obtenir par le même moyen, sur les poules. En effet lorsque les poules s'éloignent trop de la inaison hospitalière qui les nourrit, on essaye de les attirer, de les attacher au toit par le cumin qu'on mèle avec la farine trempée dans 1'eau. De même lorsqu'un jeune fiancé doit quitter son pays pour le service militaire, ou pour aller travailler a 1'étranger, sa fiancée lui donne un pain tout frais, farci de cumin, on lui fait boire du vin dans lequel elle a, d'avance pulvérisé du cumin, ce qui fait quelquefois maudire ainsi les amoureux brouillés. „Maudite sorcière! elle m'a donné le cumin et je ne puis plus m'en délivrer." Le cumin symbolisait, chez les Grecs, ce qui est petit. Des avares, ils disaient qu'ils auraient même partagé le cumin. Mantelet de Dame, Pied de Lion (Alchemilla vulgaris, L) de 1'arabe, al kémelyck alchimique. L'alchemille commune est une petite plante vivace qui croit en abondance dans les prés et les montagnes boisées de 1'Europe. On 1'a attribué des propriétés merveilleuses comme celle de refaire des virginités et de fournir aux alchimistes le matériel d'endurcir le hydrargyre. Livkche (Levisticum oificinale, L.) Forte plante vivace et rustique, habitant 1'Europe centrale. Les fleurs sontjaunes en ombelles composées, feuilles amples tripinnatisignées, a segments grands, cuneiformes. Dr. Frank Söhns, Unsere, Pflanzen, ihre Namenserklarung und ihre Stellung in der Mythologie und im Volksaberglauben; erzahlt von dieser Pflanze: Wie lieblich klingt das Liebstöckel! Ein Blumenstöckchen der Liebe scheint es zu sein, und ist in Wahrheit nichts anderes als eine Umbildung aus levisticum der Neben- form von ligustlcvm das deutlich genug Ligurien als Heimat der Pflanze kennzeichnet, wo sie noch heute arzneilich im Gebrauch ist. Schon friih ist die Umwandlung vor sich gegangen und findet sich liebstuckcl neben liibcstecke. .\ uch als Kosewort ist die hübsche Bildung früh gebraucht: Mein liebstöckel und mein holderdrüssel, mein herzentrost und ro'.enbüschel mein tausendschön, mein augentrost, lasst schon Jakob Ayrer, der altere Zeitgenosse und Landsmann des Hans Sachs, die Geliebte ansingen. Wie sollte ein Kraut dieses Namens nicht zu allerlei Liebeszaubei dienen? Vor allem ist dies in der Rhön der Fall: Niemand kann dem, der es bei sich tragt, böse sein, und die Geliebte zieht es unwiderstehlich an. Pavot. (Papaver somniferum. L.) On cultive le Pavot ordinairement pour 1 huile, dite l huile d oeilette, produite par les graines, et quelquefois, surtout en Asie, pour le suc, qu'on extrait en incisant les capsules et qui fournit 1'opium. Les anciens Grecs connaissaient trés bien le Pavot somnifère. Homère, Theophraste et Dioscoride en ont parlélis n'ignoraient pas les propriétés somnifères du suc, et Dioscoride mentionne déja la variété a graines blanches. Les Romains cultivaient le Pavot avant 1 époque républicaine, comme le prouve 1'anecdote sur Tarquin. Ils en mèlaient les graines, dans la panification, avec la farine. Les Egyptiens, du temps de Pline, se servaient du suc de pavot comme médicament, mais nous n'avons aucune preuve que cette plante ait été cultivée en Egypte plus anciennement. Dans le moyen-age et aujourd-hui, c est une des principales cultures de ce pays, en particulier poui 1'opium. Le nom Opium, appliqué au médicament tiré de la capsule, remonte aux auteurs grecs et latins. Dioscoride écrivait Opos Les Arabes en ont fait Afiun et 1'ont propagé dans 1'Orient, jusqu'en Chine. Dans 1'Inde et en Perse on mange 1'opium mais on ne le fume pas. L'habitude de fumer cette drogue paraitrait une invention chinoise et qui n'est pas ancienne. Rien ne prouve que les Chinois aient fumé 1'opium avant le milieu du siècle passé. Les missionnaires jésuites en Chine aux dix-septième et dix-huitième siècles n'en parient pas. Seul le Père d'Incarville dit, en 1750, que la vente de 1'opium est défendue, parceque souvent on en fait usage pour s'empoisonner. On raconte que Cérès, désesperée de 1'enlévement de sa fille, pour oublier sa grande douleur, s'endormit en mangeant des pavots. Le pavot, poussant d'ordinaire au milieu des moisons, devient aisément 1'attribut de la déesse des blés. Nos jeunes filles renouvellent encore parfois, avec la feuille de pavot et avec la feuille de rose, Tanden jeu d'amour représenté par Théocrite. La feuille de rose ou de pavot doit faire grand bruit sans se casser lorsque 1'amoureux ou 1'amoureuse la frappé, si la feuille se déchire ce n'est pas un bon signe. D'après le même auteur le Pavot doit son origine aux larmes de Vénus déplorant la perte d'Adonis. Menthe. Les Frangais 1'appellent Mentlie de Notre Dame, les Allemands Unser Frauen Müntz, Pietro de Crescenzi, herba, sanctae Mariae. La mentha rotundifolia L., la mentha sylvestris L. la sisymbrium des anciens servaient a faire des couronnes pour les jeunes mariées: Corona Venerts. Les femmes de la campagne dans les Abruzzes, en rencontrant sur leur chemin la petite menthe (mentuccia), doivent en froisser une feuille entre leurs doigts pour être süres que Jésus-Christ les assistera le jour de leur mort c'est pourquoi elles disent: Chi scontra la mintuccia e non 1'odora Non vede Gesü Cristo quando muore. Tel est le nombre des vertus que le peuple attribue a la menthe, que Walafridus Strabo, dans son Hortulus déclarait hyperboliquement que leur nombre est infini. Ovide raconte que Myntha était une nymphe aimée de Pluton, que Proserpine, par jalousie, aurait changée en menthe: Femineos artus in olentes vertere menthas Persephonae licuit. Succise, Morsure du diable, Scabiosa succisa L. (de scabies, gale ; maladie de la peau ; allusion aux propriétés dépuiitives des espèces communes, que 1'on croyait aptes a guérir cette maladie) a la racine épaisse, déformée comme si la partie inférieure en fut mordue; ce qui est aussi vraiment le cas. Le diable s'en servait pour toute sorte de malefice. Marie en óta 1'efficacité, ce qui mit le diable tellement en colère qu'il coupa la partie inférieure avec les dents. A minuit de St.-Jean la racine est compléte et bien conservée, et extraite a ce temps la, elle donne toute garantie contre le diable. En Bohème on suspend la plante extraite dans les écuries et la donne a mangel' au bétail le soir de St. Valpurgis. Rue eommune, (Ruta graveolens L.) Europe méridionale, France etc. Herbe chére aux femmes, qui lui attribuent toutes sortes de vertus magiques. Dans la Thaianatographia naturalis, de Johnston, on lit: „Ruta libidinem in viris extinguit, auget in foeminis." A. Bologne, on dit qu il faut pour qu'elle pousse bien, 1'ensemencer avec des injures (comme le basilic, avec lequel la rue, dans la saperstition populaire présente de nombreuses analogies). On croit qu'elle facilite les couches, et qu'elle est toute-puissante pour éloigner les serpents. On prétend que la belette (dès le temps d'Aristote, Histoire des animaux, IX, 6), avant de combattre les serpents, va se frotter contre cette plante redoutée des reptiles. Le médecin Piperno. De Magicis affectibus (Napoli, 1625), recommande specialement la rue contre 1'epilepsie et contre le vertige. II suffisait de la suspendre au cou, en pronongant une formule de renonciation au diable, et en invoquant Jésus. Piperno la présente aussi comme le meilleur remède contre le mutisme causé par quelque enchantement. Dans 1'Asie, Mineure, on donnait a la rue le nom homérique de möly. Les paysans de Montferrat 1'appellent, erba allegra et la considèrent comme toutepuissante contre 1'hypocondrie. A Venise, la rue dans une maison passé pour un gage de bonheur, mais elle doit ètre réservée pour les seules personnes de la familie: avec elle, s'en va la bonne fortune de la maison. Lorsqu'on ne peut se procurer la plante, on tache, du moins d'en avoir un brin, et on le fourre entre la chausette et la jambe. Dans les Abruzzes la rue fournit un talisman contre les sorcières. On coud des feuilles de rue avec d'autres ingrédients, dans une petite bourse que 1'on porte cachée sur la poitrine. On préfère les feuilles sur lesquelles le papillon a déposé ses oeufs. En frottant le plancher de la maison avec la rue, on est sur d'en chasser les sorcières. En Toscane, les bonnes femmes recommandent la rue contre le mauvais oeil. D'après Macer Floridus, de Viribus Herbartim Mithridate, roi de Pont, employait la rue pour se garantir du poison. Un proverbe de la terre d Otrante dit que la rue guéiit tous les raaux: La ruta Ogni male stuta. (A de Gubernatis. Botanique speciale, p. 327). Avant que les sorcières se mettent en route, dans la nuit de Saint Valpurgis, par la cheminée, pour le Broeken ou d'autres lieux de réunion elles s'engraissent dun onguent. Dans 1'age d'or de la sorcellerie, les médecins, les juristes et les physiciens se sont cassés la tête pour découvrir le secret de la préparation de 1'onguent. Malgrè tous les efforts ils n'ont pas réussi. C'est pourtant évident que la partie principale consistait d un mélange de suc de plantes, d'une graisse quelconque et de sang de chauve-souris. Une composition faite de neuf plantes différentes est connue. D'abord il y a deux fougères. L'une est la petite, mais néanmoins ravissante Lunaire (Botrychium Lunaria, L), qui habite les régions froides et temperées ou les montagnes des pays chauds. L'autre est le Capillaire vrai, les cheveux de Vénus (Adiantum Capillus Veneris L), de adiantos, sec; par allusion a la propriété qu'ont les feuilles de rester sèches quand on les plonge dans 1'eau. Cette trés gracieuse fougère qu'on rencontre croissant ga et la sur les vieux murs, sur les rochers humides, au bord des ruisseaux, quelquefois même dans les puits, nous fournit le sirop de capillaire dont Dodonée a deja fait mention. En Toscane les femmes du peuple font usage du capillus verieris pour hater leurs mois. Porta (Phytognonomica) nous apprend qu'il s'appelle polytrichon „quod multitudinem capillorum faciat" callitrichon „quod nigros et pulchros capillos reddat"; capillus ventris „quod decoros et venereos reddat". Puis le Joubarbe, Jovis barba, Artichaut des toits, Sempervivum tectorum. A Mesagne dans la Terra d'Otranto, les jeunes filles, la veille de la St. Jean, tirent leur horoscope de la fleur de joubarbe (appelée galera.). Elles cueillent autant de boutons qu'elles supposent ou espèrent avoir des prétendants, et appliquent a chaque bouton un nom de prétendent; le matin de la Saint Jean elles vont voir si 1'un des boutons a fleuri; celui-la dira le nom du mari prédestiné. Un usage semblable existe en Sicile. En Toscane, on pile la joubarbe le premier vendredi après la naissance d'un enfant, et on lui donne a boire le jus de la fleur pressée, pour le préserver des convulsions et lui garantir une longue vie. Le médecin napolitain Piperno {De Magicis efcctibus) prétendait au XVII siècle, que la joubarbe éloigne des enfants les fièvres qui sont 1'effet de quelque sorcellerie. Le nom qu' elle porte en Toscane de sopravivolo, a, sans doute, contribué a entretenir ces croyances superstitieuses. Dans le livre, attribué a Albert le Grand „De Mirabilibus Mundi" il est dit que celui qui se frotte les mains avec le jus de la joubarbe, devient insensible a la douleur lorsqu'il prend dans ses mains du fer embrasé. En Allemagne, en Suède et en Angleterre on pense que la Jovis barba, le sempe7'virens tectorum (hrllauk, houselock) éloigne la foudre des maisons. Le Mercurialis perennis est consacré comme la précédente a Wodan. Plante vénéneuse qui est trés commune dans les bois de 1'Europe et jusque dans le Nord de lAfrique. Clytia aimait Helios sans espoir, les dieux la voyant se tourner continuellement vers Helios, la changèrent en une fleur qui se tourne continuellement vers le soleil. L'heliotrope européene qui s'ouvre au lever et se ferme au coucher du soleil est peut-ètre une métamorphose sous laquelle elle se présente maintenant a nous. Grand e. Les dernières, espèce de prêtesses prophétiques, marchaient nu-pieds, les cheveux délachés en habit blanc puur prédire 1'avenir du sang des prisonniers de guerre. Machiavel a intitulé Mandragora 1'une de ses comédies oü 1 on recommande 1'emploi de cette herbe merveilleuse, pour fèconder la femme stèrile. Columella appelait la plante „Planta semihominis" et Pythagore „Anthropomorphos ce qui fait allusion a la forme de la plante. parfois un homme, parfois une femme. Dodonée (Cruydtboek, 1644, p. 749) prétend que la véritable signification du mot tire son origine du grec: „mandra' étable, et ageiro rassembler paree que la plante, a cause de ses forces merveilleuses oblige le bétail de s'attrouper. Circe, fille d'Helios, dans ses aventures avec Ulysse, s'en servait déja et de la le nom „Circaea" a Circe magica inventa. L'Ecriture sainte Génèse XXX vs. 14—17 fait mention des mandragores comme remède féconde. D'après Pline (XXV, 13) la mandragore homme était blanche, la mandragore femme noire; oh doit la déraciner avec la plus grande précaution et marquer, avec la pointe de 1'épée trois cercles autour d'elle. A Chietie, dans les Abruzzes, les paysans se rendent le Vendredi, avant le lever du soleil, avec un chien tout noir a 1'endroit de la Mandragore, deplacent autant de terre que la plante n'y est attachée que par quelques fibres, lient la queue du chien a la plante dangéreuse, appellent le chien par son nom en lui montrant un morgeau de pain, après quoi 1'animal déracine la plante et succombe Dans la montagne de Pistoia, au lieu d'un chien, on se sert d'un baton de chêne attaché par une corde. L'opinion que la Mandragore rendait fécondes les femmes jugées stériles se répandit tellement, et la plante réelle que 1'on donnait pour la mandragore merveilleuse lui ressemblait si peu, que les charlatans du rnoyen age songèrent a en fabriquer pour 1 usage des superstitieux. Un médecin toscan du XVIe siècle, Mattioli a pris soin de nous en avertir dans son livre: de Plantis (Francfort, 1586). De même que, en Allemagne la mandragore alrauna est devenue une sorcière, en France, sous le nom de Mandagloire, ou Main de gloire ou Maglore, on en a fait une sorte de fée. La fée Maglore peut enrichir celui qui la cultive un peu. A cette croyance se rattache la superstition mentionnée par Chéruel (Dictionnalre lristorique des mocurs et coutumes de la France, d'après le Journal d'un bourgeois de Paris rédigé du XV siècle): En ce temps, dit 1'auteur anonyme, frére Richard cordelier fit ardre plusieurs madagfoires (mandragores) que maintes sottes gens gardoient et avoient si grant foi en cette ordure, que pour vrai ils croyoient fermement que, tant comme ils 1'avoient, pourvu qu'il fut en beaux drapeaux de soie ou de lin envelloppé, jamais ils ne seroient pauvres. Cette superstition, ajoute Chéruel, durait encore au XVIII0 siècle. „II y a longtemps, disait Sainte-Palaye, qu'il règne en France une superstition presque générale au sujet des mandragoles; il en reste encore quelque chose pai mi les paysans Comme je demandais un jour a un paysan pourquoi il cueillait du gui, il me dit qu'aux pieds des chênes qui portaient du gui il y avait une tnain de gloire (c'est a dire en leur langage une mandragore), qu'elle était aussi avant dans la terre que le gui était élevé sur 1'arbre; que c'était une espéce de taupe; que celui qui la trouvait était obligé de lui donner de quoi la nourrir, soit du pain, de la viande, ou toute autre cho=e, et que ce qu'il lui avait donné une fois, il était obligé de le lui donnei tous les jours et en même quantité, sans quoi elle faisait mourir ceux qui y manquaient. Deux hommes de son pays qu'il me nomma en étaient morts, disait-il, mais en récompense cette main de gloire rendait au doublé le lendemain ce qu' on lui avait donné la veille. Si elle avait regu aujourd-hui pour un écu de nourriture, celui qui le lui avait donné en trouvait deux le lendemain, et ainsi de toute autre chose; tel paysan, qu'il me nomma encore et qui était devenu fort riche, avait trouvé, a ce qu'on croyait, ajouta-t-il, une de ces mains de gloire(A. de Gubernatis. Botanique spéciale p. 216) Ga'genmanneken, Galgenaas ou Pisdifje s'appelle la Mandragore qui pousse dans la plaine oü il y a une potence et qui a, tant soit peu, la forme d'un pendu. On les soignait de la manière la plus scrupuleuse. D'après Perger elles furent emballées dans des draps de soie blanc et rouge et enfermées dans une couverture de velours noir, a un endroit caché. On lui donne journellement quelque nour- riture, un bain de vin et a la nouvelle lune un changement de linge. Tous ces soins scrupuleux ne manquent pas a être récompensés. La mandragore découvre les choses a venir et secrètes en secouant la tête ou en termes distincts et clairs. On prétend que la vierge d'Orléans s'en serait servie. Elle reste dans la familie mais ne vient pas par héritage au fils ainé mais au cadet, qui doit mettre dans la bière de son père un morceau de pain et une pièce de monnaie. En cas que le cadet meurt avant son père, 1'ainé entre dans sa place et met le pain et la monnaie dans la bière de son frère. Maximilien, Duc de Bavière défendit en 1611, parmi d'autres „superstitiones und aberglauben" de foaillir la mandragore. Vue que la plante ne pousse que dans 1'Europe méridionale on en introduit souvent de fausses exemplaires. Un auteur allemand se plaint dans une brochure publiée en 1703, intitulée „Kurze Betrachtung der Mandragora oder Alraun Wurtzel", qu'on lui a vendu en Bohème, pour vrai „eirien ausgezogenen, ausgedorten künstlich zusammengelegten und gezierten Frosche". Les secrets merveilleux de la Magie naturelle et cabalistique du Petit Albert nous annoncent la manière de la quelle une Bohémienne apprend a un paysan comment faire une Mandragore des racines de la Bryone, Navet du diable. On se choisit la racine de Bryone qui fait allusion a la forme humaine s'y rend au printemps le Lundi a une constellation favorable de la lune avec Vénus et Jupiter. Après 1'avoir défait des jeunes pousses, on la plante au cimetière dans le sépulcre d'un homme, 1'arrose tout un mois, avant le lever du soleil, avec du petit lait de vaches dans le quel on a noyé trois chauve-souris. Après ce temps la on sèche la racine deterrée, qui ressemble plus a un homme qu'auparavant, sur un poèle chauffé de verveines, creusées en Bohème le Vendredi-saint avant le lever du soleil. Puis on 1'envelloppe dans un linceul. Tant qu on possède la racine on a de la chance de trouver quelque chose en route, de gagner au jeu ou d'avoir un succès heureux dans ses entreprises. Reduite en poudre et donnee aux vaches, les rend tellement vigoureuses qu'elles absorbent le lait de neuf fermes. Le beurre qu'on en fait fondre se réduit en écume. Une familie de végétaux cryptogames vasculaires des plus importantes dont on connait a peu prés deux mille cinq cents espèces, dispersées sur toute la surface du globe, sont les fougères. Les anciens attribuaient déja a cette plante des propriétés médicales extraordinaires; d'après Apulée (de Virtutibus herbarum) elle était un remède infaillible contre les blessures, la sciatique, 1'hypocondrie et autres maladies. La plante, dit Perger, était 1'objet de la plus grande admiration des chasseurs et des paysans parceque sans fleurs et sans fruits, (Us ne connaissaient pas les sores, amas d organes de reproduction, petites taches foncées que 1 on observe communément sur la face inférieure des fiondes des fougères) elle pousse si vigoureusement. Dodoens écrit encore au i6me siècle, que la fronde „van achter oft op den rugghe met vuyle stipkens als byster dun stof bespreyt is: welk stof 't onrecht van sommighe voor het saedt van dit ghewas aanghesien ende gehouden is gheweest '. (Bid. 757 >• Mais la fougère est surtout une plante sacrée dans les croyances populaires celtiques, germaniques et slaves. La tradition relative a la semence de fougère est universellement répandue, et pendant le moyen age, au temps oti florissait la sorcellerie, on lui attribuait le pouvoir de résister a tous les charmes magiques. Le point difficile, il est vrai, est de se procurer ces merveilleuses herbes; 1'époque la plus propice est, a ce qu'il parait la nuit de la saint-Jean; mais il faut être pieds-nus, en chemise et se trouver en état de grace. Nous apprenons encore pas Nork „Sitten und Gebrauche der Deutschen, Stuttgart 1849, I, 603; qu'en Allemagne, 1'herbe censée égarer les voyageurs qui ne la remarquent pas la nuit de la Saint-Jean, est la fougère On prétend que, la nuit de la Saint-Jean, la fougère laisse tomber sa graine; celui qui la possède devient invisible; mais si on passé devaflt elle sans la remarquer, on s'égare, méme sur le chemin le plus connu. C'est pourquoi, dans la Thuringe, on appelle la fougère „IrrkrautCelui qui la voit au moment qu'elle laisse tomber sa graine, non seulement se rend invisible, mais, durant cette invisibilité, il apprend tous les secrets et obtient le don de la prophétie. En Allemagne, on appelle aussi la fougère „Walpurgiskraut" On prétend que dans la Walpurgisnacht, les sorcières se servent de cette plante pour se rendre invisibles. La princesse Marie Galitzin Prazorouskaia communiqué, au sujet de la fougère (poporotwik), la note suivante, qu'elle tient d un paysan de la Grande-Russie „La nuit de la Saint-Jean, avant minuit, avec une serviette blanche, une croix 1'Évangile, un verre d eau et une montre on va dans la forêt, a 1'endroit ou pousse la fougère. On tracé avec la croix un grand cercle; on étend la serviette, sur laquelle on place la croix, 1'Évangile le verre d'eau, et on regarde la montre: a 1'heure de minuit, la fougère doit fleurir; on regarde attentivement; celui qui a la chance de voir cette floraison, voit en même temps une foule d'autres choses merveilleuses, par exemple, trois soleils, une lumière compléte, qui dévoile tous les objets, mème les plus cachés; on entend rire, on se sent appeler; devant de pareils spectacles il ne faut pas seffrayer; si on demeure tranquille, on apprendra tout ce qui arrivé dans le monde et tout ce qui pourra encore arriver. (A. de Gubernatis. Botanique spéciale, p. 145). Grimm raconte qu'un paysan en Westphalie chercha, dans la nuit de la St Jean, son poulain égaré. Arrivé dans une prairie quelque poudre noiratre des fougères tombe dans ses souliers. Après son retour chez soi, il fut tres surpris de ne pas être remarqué; et tout au plus lorsqu il dit ne pas avoir trouvé le poulain. On entendait sa voix sans le voir. 1 ersonne sut expliquer ce qui fut arrivé. Le paysan, jusqu'ici invisible, ota ses souliers la poudre tombe a terre et le rendit de nouveau visible. S'il avait réservé ces graines il aurait pu travailler 20 fois plus qu'un autre, étant chasseur il aurait pu devenir franctireur. A sa demande le diable lui aurait fourni la nummulite, pièce de monnaie, qui, une fois mise a la bourse, la garantit de ne se vider jamais tout a fait. L'argent, n'importe la quantité qu'on en prenne, ne diminue jamais si on y ajoute la semence des fougères. Barder Neue Volkssagen, No. 139 raconte d un jeune domestique d'Eschelbach, qui, ayant regu du diable la poudre des fougères, pouvait, avec un attelage de quatre chevaux devant la voiture, traverser les montagnes les plus escarpées au galop. Une fois, retournant de la campagne pour mettre les grains en grange et ne trouvant pas de domestiques pour 1'aider, il monta en char par 1 escaliei au toit et jeta les gerbes en bas. Le paysan, qui regarda, se tut car un seul mot aurait infailliblement fait tomber, du haut en bas, chariot et chevaux avec le voiturier. Un paysan d'Alpnach en Tirol pratiqua d'une manière bien simple pour se procurer la semence magique. Le soir, se rendant au bois, il étendit sa chemise sous un pied de fougère, enfonga, dans un cercle, sept branches cruciformes du sureau noir en terre et trouve le lendemain la poudre désirée sur la chemise. En Styrie on s'abstient de toute nourriture dans les nuits de Noël, St. Silvestre et Trois Rois. C'est surtout dans la dernière qu'on souffre beaucoup des tentations du malin. Pour s'en délivrer on se place dans un cercle magique avec une croix de Crataegus Torminalis (Alisier), qui était encore en fleur a St. Jean. On recueille la poudre tombante dans neuf linges, mises, penla messe, sur le vase sacré. La sainte Hildegarde, Abesse du couvent Rupertsberglez-Bingen, écrit dans son oeuvre. Physica II, 91, que le diable s'en mêle rarement au jeu oü poussent les fougères et s'abstient avec horreur de la maison et de 1'endroit oü elles se trouvent. C est tout de même avec la foudre qui n'y frappe et de la grêle qui n'y tombe pas. A cause de cette qualité détournante on recueille les racines du Polypode vulgaire, qui pousse sur lés troncs d'arbres au jour de St. Jean et les sèche a 1'abri des rayons solaires. Pour mettre le bétail a 1 abri d'ensorcellement, on frotte trois jours avant la nouvelle lune les rateliers avec ces racines ou les enterre sous le seuil de 1'étable. La Chicorée sauvage, Cichorium Intybus L. est une plante vivace qui croit souvent au bords des chemins et des champs. II est probable qu'elle a été transportée par 1'homme en dehors de sa patrie primitive, 1'Inde. On la cultive comme légume, salade, fourrage, et pour les racines, qui torréfiées, servent de subrogation hideuse de café. Ellejoue un grand röle légendaire. Le peuple allemand 1'appelle wegewarte, sonnenwende, sonnenkrant et enfin verfluchte jungler. Un vieux chant populaire de la Silésie autrichienne raconte 1'histoire d'une jeune fille qui, pendant sept ans, pleura son bien-aimé tombé a la guerre. Lorsqu'on voulait la consoler et la décider a se choisir un autre époux, elle répondait: Eh wenn ich lass das Weinen stehn, Wili ich lieber auf die Wegscheid gehn, Will dort 'ne Feldblura werden! c'est a dire: „Je cesserai de pleurer lorsque je deviendrai une fleur des champs sur les chemins. En Bavière, la même légende est encore plus tendre, plus délicate et plus détaillée. On raconte donc qu'une jeune et belle princesse fut un jour abandonnée par son jeune époux, un prince qui était d'une beauté incomparable. La douleur épuisa ses forces; prés de mourir elle prononca ce voeu : „Je voudrais mourir et je ne le voudrais pas. pour revoir mon bien-aimé partout." Les demoiselles ajoutèrent: „Et nous aussi nous voudrions et nous ne voudrions pas mourir, pour qu'il puisse nous voir sur tous les chemins. Le bon Dieu entendit du ciel ces voeux, et les exauga: „Fort bien, dit il, que votre désir se réalise, je vais vous changer en fleurs. Toi, princesse, tu resteras avec ton habit blanc sur tous les chemins ou ton bienaimé passera; vous, jennes filles, vous resterez sur les chemins, habillées de bleu, de manière qu'il puisse vous voir partout." Voila pourquoi on appelle maintenant ces fleurs les gardiennes des chemins (wegewarten). Le poète Hans Vintler, en 1'annee 1411, chantait, d'après la tradition populaire tyrolienne: Viele bezeugen die Vegewart Sei gewesen ein' Fraue zart. Und warte ihr s Buhlen noch mit Schmerzen. C'est a dire. „Beaucoup de personnes attestent'que la gardienne des chemins a été une femme gentille, et qu'elle attend toujours avec douleur son amant." Le nom du jeune prince ou roi n est point donné par la légende allemande; mais ne serait-il pas le même Fioraliso, le même Basilek qui, en Italië et en Russie, a donné le nom au blueL ? La grande ressemblance qu'il y a entre la fleur, de chicorée et le bluet justifierait peut-être cette conjecture a laquelle semble, d'ailleurs, ajouter du poids la ressemblance du conté petit-russien du Basilek, avec le conté allemand de la Wegewarte et peut-être aussi le conté sicilien d'Isabetta. La jeune princesse allemande est abandonnée par son époux; ne serait-il pas ce même époux que la nymphe russalka a attiré vers elle et perdu ? Cette funeste rivale de la jeune princesse qui pleure jusqu'a la mort 1'abandon de son époux lumineux, et qui, en mourant, le cherche encore, ne symboliserait-elle pas la nuit humide qui attire dans ses bras chaque soir le soleil, et qui le soustrait ainsi a 1'amour de son épouse, 1'aurore qui se réveille toas les jours avec le soleil, ainsi que la fleur de chicorée ? Quel que soit le nom du jeune prince sur la terre, — Fioraliso, ou Basilek — le beau jeune homme, le beau prince, le roi d incomparable beauté, que maintenant Ia princesse changée en fleur de chicorée, en sonnenkraut, en httbe de soleil, regarde toujours et de tous les chemins avec amour, est certainement le soleil, vers lequel elle se tourne continuellement. En effet, cette fleur s'ouvre avec le soleil, et se ferme dès que le soleil disparait. Le vieux botaniste allemand (1309—1381), le prêtre Conrad de Megenberg, sur les traces de ses prédécesseurs frangais, qui traduisaient sans doute en latin la langue vulgaire, appelle la chicorée non pas seulement solsequium, mais sponsa solis. On dira 12 maintenant: Comment pourrait-elle, la jeune princesse, représenter 1'aurore, si la fleur de chicorée a la couleur bleue ? Mais il y a aussi la chicorée blanche, et la légende germanique dit précisément que la jeune princesse habillee de blanc fut changée en fleur blanche, pendant que sa suite se transformait en fleurs bleues. En Allemagne, comme a Rome, oü 1'on vendait, sous le nom d'erraticum, atnbubeia la semence de la chicorée comme une panacee, maïs surt'out comme un moyen de fixer Vamour, on attribue des propriétés prodigieuses et toutes bienfaisantes a a chicorée; on ne la déracine pas avec la mam, maïs avec une pièce d'or ou une corne de cerf, qui symbolisent le disque et les rayons du soleil, dans 1'un des jours des apótres le 29 Juin et le 25 Juillet. Alors elle garantit a celle qui la déracine 1'amour du jeune homme qu elle aime. Elle fait encore un miracle plus éclatant si on la porte sur soi: elle donne a celui qui la porte la notion de toutes les bonnes qualités souhaitées en lui par la personne qu'il aime. La racine de chicorée rompt tous les liens, ote les epines de la peau, et rend invisible. Après avoir examine les différentes traditions germaniques qui se rapportent a a fleur de la chicorée, le professeur Mannhardt reproduit e beau chant des Roumains, oü 1'on racconte comment e soleil, demanda en mariage une belle femme qui s'appelait Domna Florilor, ou la Dame des fleurs: elle le dedaigna; le soleil se vengea en la transformant en fleur de chicoree condamnée a regarder toujours le soleil dés qu'il parait sur 1'horizon, et a s'enfermer dans sa tristesse^ des qu 1 disparait. Le nom de Domna Floridor, une espèce Flora, donné par les Roumains a la femme aimée par !e soleil, nous approche peut-être davantage du nom de Fiorahso, donné en Italië au bluet, et que je suppose avoir représente le soleil. La légende roumaine a sans doute pris sa source en Italië, ou elle a pu se développer sur un mythe hellénique, et précisément sur les amours du soleil Hélios avec la belle Klytia. Par la vengeance de Vénus, indignée contre le soleil, qui avait découvert ses entrevues secrètes avec Mars, Helios abandonne Klytia, étant tombé amoureux de la briilante Leukothoë. Klytia, emportée par la jalousie, dénonga 1'intrigue au pêre de Leukothoë, Orchamos, qui ensevelit sous une colline de sable sa fille toute vivante. Une plante aromatique en sortit; cette plante était 1'éncens, le tkus. En attendant Klytia continuait a être tourmentée par sa jalousie, et a désirer ardemment le retour de son amant, qui s'était entièrement refroidi pour elle. Après s'ètre, pendant neuf jours, nourrie de rosée et de ses propres larmes, en regardant le soleil, elle s'affaissa sur le sol, et fut transformée en une fleur blanche et rouge, qui continue a se tourner du coté de son amant volage. Dans la belle Klytia, le professeur Mannhardt reconnait aussi une espèce de reine des fleurs, de Flora, ou déesse du printemps, figure mythologique qui se confond souvent avec celle de 1'aurore, et dans Leukothoë la lune, la blanche rivale de 1'aurore, la déesse de la nuit et de 1'hiver, qui attire vers elle le soleil. Dans 1'Inde, enfin, 1'herbe sacrée tulasi personnifie la déesse du printemps Lakchmi, sous sa forme de Sita. Elle aussi aime son époux solaire Vichnu ou Rama, et elle en est brusquement séparée; ayant été transformée en tulasi, elle porte dans sa main son herbe symbolique. (de Gubernatis. Botanique speciale page 86—92). La tulasi ouvre le chemin du ciel aux hommes pieux, c'est pourquoi lorsqu'un. Indien se meurt, on place sur sa poitrine une feuille de tulasi; lorsqu'il est mort, on lave la tête du mort avec de 1 eau dans laquelle on a plongé, pendant que le prêtre priait, des semences de lin et des feuilles de tulasi. Au grand chemin de Zutphen a Voorst, prés d'Overmarsch, la princesse se montre encore maintenant dans son habit blanc au milieu des ses filles habillées de bleu. Hypericuin perforaturn (Herbe de la St. Jean). Nom grec employé par Dioscorides, derivé de „hyper" hors et „eikoori' imagination, paree que cette herbe possède toutes sortes de. vertus magiques. Le nom de „chasse-diables" lui est attribué par le peuple a cause des feuilles perforées par les griffes du diable qui ne manque jamais a prendre la fuite dans le combat avec 1'homme qui porte sur soi \'hypericum. La nuit de la Saint Jean, il faut en porter sur soi pour éloigner toute sorcellerie. On en met aussi aux portes et aux fenêtres des maisons dans la mème intention. A. Salaparuta en Sicile, on recueille l'hypericum perforaturn et on le plonge dans 1'huile, ce qui le transforme en baume infaillible contre les blessures. Les jeunes Suédoises „la veille de la Saint Jean, composent un bouquet oü entrent neuf fleurs différentes, parmi lesquelles Xhypericum oü fleur de la Saint Jean, est toujours de rigueur. On doit cueillir ces fleurs sur neuf terrains différents. On place le bouquet sous le coussin du lit, et on tache de s'y endorrnir et d'y rèver. Ce que les jeunes filles auront vu en songe ne manquera pas d'arriver. Le Trèfle (Medicago sativa) est un herbe météorologique de bon augure. A 1'approche de 1'orage ses feuilles se dressent. Les Druides avaient une grande vénération pour le trèfle, et on raconte que saint Patrice, pour expliquer le mystère de la Trinité aux Irlandais, leur montra du trèfle, oü 1'on voit trois feuilles sur une seule tige. Mais 1'objèt de la plus grande vénération est le trèfle a quatre feuilles: en Piémont en Suisse, en France, si on trouve ce trèfle exceptionnel, on est presque sur d'avoir du bon- heur dans la vie; les jeunes filles, après avoir trouvé ce trèfle, bientót après trouveront un mari. Une ordonnance du Duc Maximilien de Bavière de 1611 défendit de chercher le trèfle a quatre feuilles, dans certaines nuits et heures sacrées, au moyen de cerémonies superstitieuses. La dite herbe, trouvée dans la haute Franconie entre deux ornières profondes, fut mise, il y a une cinquantaine d'années, sous 1'autel. Le prêtre officiant commence alors a bégayer. Viola tricolor L. Violette tricolore. Pensee sauvage, Herbe de la Trinité est une plante commune dans les champs, trés variable et que 1'on considère comme la souche principale des pensées des jardins. Autrefois elle jouissait d'un parfum des plus exquis, de sorte que les champs de blé furent foulés aux pieds par les personnes avides de la cueillir. Cela lui déconcertait tellement qu'elle suppliait la sainte Trinité de lui priver de son parfum. La sainte Trinité lui répondit: Ta volonté soit faite, et, comme tu n'es pas orgueilleuse, tu porteras mon nom. En Allemagne on 1'appelle „Dreifaltigkeits-blume." Les Fèves (Vicia Faba) d'origine inconnue ont été classés par Pythagore et Ciceron parmi les légumes défendus qui gatent le sang, font enfler le ventre, excitent la sensualité et causent de mauvais rêves. Herodote s'exprime ainsi: Les Egyptiens ne sèment jamais de fèves dans leurs terres, et, s'il en vient. ils ne les mangent ni crues ni cuites. Les prêtres n'en peuvent pas même supporter la vue; ils s'imaginent que ce légume est impur. Plutarque et Diodore de Sicile ont mentionné la culture de la fève en Egypte, mais ils écrivaient 500 ans après Herodote. Dans la Haute Italië et en Russie, le jour des Rois (6 janvier) on mange un gateau, dans laquel on place une fève noire et une fève blanche: la fève noire représente le roi, le male, la fève blanche, la reine la femelle. Les deux personnes qui trouvent la fève sont prédestinées a s'unir, lorsque le hasard fait que la fève noire tombe en partage a un gargon et la fève blanche a une jeune fille. A. Madica (en Sicile), le premier jour du mois d'Octobre, la jeune fille amoureuse sème deux fèves dans le même pot. L'une doit la représenter, 1'autre est a 1'intention de 1'objet de sa prédilection; si toutes les deux poussent avant la fête de St. Raphaël, leur mariage s'arrangera; si une seule des deux fèves pousse, il y aura trahison de part ou d'autre. En Sicile (Noto) et en Toscane (campagne de Florence), les jeunes filles qui désirent un mari apprennent leur sort par les fèves; voici comment: elles mettent dans un petit sac trois fèves, l'une entière, une autre sans 1'oeil, une troisième sans écorce, et elles les secouent; puis elles en tirentune: si elles ont la chance de tomber sur la fève entière, un mari riche et bien portant leur est garanti; si elles tombent sur la fève sans oeil, leur mari sera infirme et gêné; si elles ont le malheur d'attraper la fève sans écorce, le seul mari qui se présentera pour les épouser sera un pauvre diable sans le sou. Les Lémures, c'est a dire les ombres vagabondes de ceux qui avaient mal vécu, d'après la superstition romaine s'approchaient pendant la nuit des maisons et y jetaient des fèves. Albert le Grand, (De Mirabilibus Mundi) nous apprend enfin qu'en mèlant de la chaux avec de 1'eau de fèves a une certaine terre rouge, et en faisant du tout un emplatre, on peut résister au feu, sans sentir aucune douleur. Pois des jardi7is, petit Pois-Pisum sativum L. Le pois de nos jardins potagers est plus délicat que celui des champs II craint la gelée et la sécheresse. Probablement son habitation naturelle, avant la culture, était plus méridionale et restreinte. Le pisum sativum était cultivé chez les Grecs du temps de Theophraste. lis 1'appelaient Pis os ou Pison. Les Albanais descendants des Pelasges, 1'appellent Pizelle. Les Latins disaient Pisum. Cette uniformité de nomenclature fait supposer que les Aryens arrivés en Grèce et en Italië connaissaient la plante et 1'avaient peut-être apportée avec eux. On a retrouvé le petit Pois dans les restes des habitations lacustres de lage de bronze, en Suisse et en Savoie. Elle est plus petite, c'est a dire la graine retrouvée que celle de nos Pois actuels. II n'y a pas d'indication de culture du Pisum sativum dans 1'ancienne Egypte ou chez les Hébreux. Au contraire, il a été cultivé depuis longtemps dans 1'Inde septentrionale s'il avait, comme le dit Piddington, un nom sanscrit, Harenso, et s'il est désigné par plusieurs noms, trés différents de celui-ci dans les langues indiennes actuelles. On 1'a introduit en Chine de 1'Asie occidentale. En résumé, 1'espèce parait avoir existé dans 1'Asie occidentale, peut-être du midi du Caucase a la Perse, avant d'être cultivée. Les peuples aryens 1'auraient introduite en Europe, mais elle était peut-être dans 1'Inde septentrionale avant 1'arrivée des Aryens orientaux. (A. de Candolle, 1'origine des plantes cultivées. p. 263-64). D'après Mannhardt, dans la Mythologie germanique, le pois était consacré au dieu Thor; c'était le mets de prèdilection de Thunar; et saint Nicolas, qui 1'a remplacé en Souabe, s'habille avec la paille des pois. C'est d'un petit pois que, dans un grand nombre de contes populaires indo-européens, sort le petit fiain qui deviendra un héros prodigieux, lequel montera au ciel et des~endra aux enfers. Dans le mythe, le petit pois, comme le plus grand nombre des légumes, est le symbole de la lune. Les braconniers d'Oldenbourg mettent un pois dans la tète d'un chat mort, 1'enterrent et mangent plus tard les pois, qui ont poussé dans la tête, pour se rendre invisibles pendant la chasse, et faire accourir le gibier a leur rencontre. Les petits pois ont fourni matière a des crimes bien graves. II est constaté le 24 Octobre 1863, devant le tribunal de Dantzig, que quelqu'un a été persuadé de fausser son serment par 1'assurance que les suites funestes seraient annulées s'il mettait au moment de jurer un petit pois sous la langue et la tête d'uti hareng dans sa poche gauche. Ail — Alllium (de all, chaud, brülant; allusion aux propriétés bien connues de ces plantes). Ce genre renferme environ deux cent soixante dix espèces, la plupart habitant 1'Europe, le Nord de 1'Afriquq, 1'Abyssinie et 1'Asie extratropicale. Dans les croyances populaires de 1'Asie Mineure, de la Grèce, de la Scandinavië et de 1'Allemagne du Nord, on attribue a 1 'ail une propriété magique bienfaisante. D'après le chant de Sigurdrifa, si on jette de 1 ail dans une boisson, on est garanti de tout maléfice. Macer Floridus, De Virtutibus herbarum. nous apprend que 1'on guérit des morsures venimeuses par 1'ail. Le même nous assure que, si on mange 1'ail a jeun, on est garanti de tous les maléfices qu'on pourrait ressentir en changeant de place ou en buvant une eau inconnue. A. Boulogne, le peuple considère 1'ail comme le symbole de 1'abondance; a la Saint Jean, tout le monde en achète, pour se garantir de la pauvreté pendant toute 1'année; d'oü est déiivé le proverbe: Chi'n compra i ai al de d'San Ivan E povret tot gl'an. En Sicile, on met de 1 ail sur le lit des femmes qui accouchent, et on fait trois signes de croix avec 1'ail pour chasser le polype. A 1'ile de Cuba, 1'ail est employé contre la jaunisse. „Voici écrit M. Piron dans 1' Ile de Ctiba, (Paris 1876), un moyen certain de se défaire de la jaunisse. On enfile treize gousses d'ail a un bout de ficelle, 011 1'attache a son cou, on le porte durant treize jours. Au milieu de la nuit du treizième jour, on se rend a 1'embranchement de deux rues, 011 jette son collier par-dessus sa tête et 1'on regagne son domicile sans regarder derrière soi. Si 1'on n'a commis aucune imprudente curiosité, on est sauvé; plus de jaunisse possible. Quand une fille trouve une gousse d'ail le jour de 1'Assomption de la sainte Vierge il est probable qu'elle se marie dans le cours de 1'année. Un esprit malin tache violer au Harz une jeune fille. Elle tira une plante d'ail de la terre, la tint devant son séducteur qui, tout en reculant, s'écria d'un ton furieux »AUermannsherrn, du böse Krut, Du host mi kenomen meine junge I3rut." Chardon. (Carduus sylvaticus). Le chardon est une plante solaire et météorologique ce qui lui fit, peut-être, donner le nom de carduus sanctus, carduus benedictus, et par équivoque, de carolus saitctus, d'oü son nom italien de carlina ou erba carhna. La carlina, dit M. Clavarino, est une espèce de chardon, qui s'élève fort peu de terre et donne une seule fleur. En piémontais on 1'appelle ciardusse. On la trouve sur les pentas arides et pierreuses des Alpes. Tant que la fleur est ouverte, il n'y a pas lieu de craindre le mauvais temps, mais lorsqu'elle se ferme, la pluie s'ensuit sans faute, mêrrïe s'il n'y a aucun autre indice qui 1'annonce. Elle est donc un excellent baromètre pour les Alpinistes, et elle conserve sa propriété hygrométrique longtemps après avoir été déracinée. Voila, par exemple, 1'une des propriétés naturelles et réelles d'une plante qui, exagerées et agrandies par 1'imagination populaire, ont pu donner lieu a la création d'une certaine serie de mythes météorologiques. Dans le Commentaire du Pape Pie II cité par du Cange, on lit ce qui suit: „Herba reperta est, quam Carolinam vocant, quod Magno quondain Karolo divinitus ostensa fuerit, adversus pestiferam luem salutaris. Apulée attribue au chardon sauvage la propriété d'éloigner tous les maux de celui qui le porte sur lui. Dans la Prusse orientale et en Bohème, on lui attribue la propriété de chasser les vers du corps des animaux. En Bohème, on écrase la fleur du chardon en disant: „Petit chardon, petit chardon, je ne délivrerai point ta petite tête, tant que tu ne délivreras la vache (ou le cheval, ou autre animal) des vers „En Esthonie, on place le chardon sur le premier blé que 1'on fait sêcher, pour en éloigner le mauvais génie qui pourrait survenir. On sait que le chardon est 1'insigne national des Écossais; on raconte donc qu' une fois, pendant la nuit, les Danois s'étaient approchés du camp écossais; mais, tandis qu il avancait en silence, un soldat danois ayant mis le pied sur un chardon, s'y piqua et jeta un cri; ce cri donna 1'alarme a tous les Écossais. (de Gubernatis, Botanique speciale pag. 60). Les paysans Russes nomment, en quelques endroits de la Russie, L'Eryngium planurn, (chardon aux fleurs bleues, en capitules arrondies, d'une hauteur de 60 ctm ) tschertogen ce qui veut dire: „1'expulsion des diables". Les paysans pensent que cette plante, conservée en petits faisceaux séchés, a la force de chasser les esprits malins de leurs cabanes. Paeonia officinalis, — Pivoine des jardins, Europe méridionale. D'après Theophraste il faut en cueillir les graines et la racine pendant la nuit, si on ne veut pas que le pic (picus martius), qui a une sympathie particulière, dit-on, pour cette plante, ne saute aux yeux de 1'imprudent qui se risquerait a en cueillir pendant le jour. Apulée, De Virtutibus her bar um, dit que la pivoine est un remède puissant contre la folie, et d'une efficacité merveilleuse quand on y ajoute le gui, cueilli au déclin de la lune ou dans les Canicules avant le lever du soleil. Macer Floridus, De Viribus herbarum, sur 1'autorité des anciens, recommande la racine de la pivoine contre 1'épilepsie des enfants. Les enfants portaient souvent la racine de pivoine suspendue au cou comme talisman. D'après Pline, Paeon, le médecin des dieux, trouva le premier la plante qui, en son honneur, fut appelée Patonia. Dans un vieux traité de botanique on appelle les pivoines „roses bénites" a cause de toutes ces bonnes qualités. C'etait une excellente herbe magique a moyen de laquelle les sorcières faisaient de vraies miracles. Ortie-Urtica. L. (ancien nom latin employé par Horace et Pline, dérivé de urere, bruler; (allusion aux piqures cuisantes que causent la plupart des espèces lorsqu'on les touche) Genre comprenant environ trente espèces de plantes herbacées, armées de poils piquants et brülants, trés largement dispersées dans les régions temperées et subtemperées du globe, Fleurs petites, verdatres et sans effet. Plusieurs produisent une excellente fibre textile et sont considerées comme douées de propriétés médicales. La grande Ortie (Urtica dioica. L.) abondante chez nous dans les lieux incultes, est fourragère et recherchée par les animaux lorsqu'elle est a demi-fanée. On s'en sert surtout pour la nourriture des dindons. La petite Ortie (Urtica urens. L.), est annuelle et trop commune dans les terres cultivées. Dans les croyances populaires 1'ortie a, le plus souvent, une signification propice. Pour en avoir un remède puissant il faut se rendre le Vendredi, avant le lever du soleil a 1'endroit oü pousse 1'ortie, la saupoudrer et 1'arracher au coucher du soleil. Qui porte sur lui les feuilles de 1'Ortie avec celles de la Quintefeuille (Potentilla reptans) na pas de peur et les spectres et les génies malfaisants ne le tourmenteront pas. Mêlés dans la nourriture des poules, les fait pondre, sans interruption, pendant tout 1'hiver (Dod. 225). D'après une autre légende du même auteur, on met pendant 24 heures, des feuilles d'ortie dans 1'urine d'un malade pour savoir s'il recouvre sa santé ou bien s'il est incurable. Si les feuilles ne se fanent pas il est sauvé, mais dans le cas contraire elles annoncent la mort ou une maladie grave. Pour attraper des poissons avec les mains, il faut ajouter aux feuilles de 1'Ortie le suc de Serpentine (Plantago subulata, L) s'en frotter les mains et le jeter dans 1'eau. Un proverbe hongrois dit que la foudre ne frappe point les orties, probablement en vertu de la même croyance par laquelle on invoque le diable contre le diable. En Toscane, lorsque la feuille du mürier vient a manquer, on y supplée encore en donnant aux vers a soie la feuille d'ortie. Le mot allemand Nessel qui signifie ortie, a été rapproché du gothique nati, de 1'anglo saxon net et de 1'allemand Nets. Victor von Hehn, dans son interessant ouvrage, Kulturpflanzen und Hciusthiere, s étend sur le tissage de 1' urtica dioica par les femmes bachkires. Dans le Turkestan on mêle souvent le fil d'ortie avec le fil de soie, et 1'on en fabrique un tissu que 1 on fait passer pour soie toute pure. D'après Mannhardt, Germanische Mythen, 1'ortie était consacrée au dieu Thunar. Dans le Tyrol, lorsque 1 oiage éclate, on jette des orties sur le feu, pour éloigner tout danger, et spécialement la foudre. La graine d ortie, d après les croyances germaniques, excite a la volupté et facilite les accouchements. Thunar était aussi un dieu du mariage pour les anciens Germains. Gegen böse Traume hilft es, auf einem Schaffell schlafen und vor dem Zubett gehen einen Aufguss von Brennessel würzeln trinken (Buch der Geheimnisse, Ilmenau 1824). Par 1'ortie, si on la cueille avant le lever du soleil, on chasse aussi, en Allemagne, les mauvais esprits du bétail, en prononsant ce quatrain: Brennessel lass dir sagen, Unsere Kuh hat (im Fuss) die Maden Willst du sie nicht vertreiben, So will ich dir den Kragen abreiben. Chelidoine — (chelidonium. L.) nom grec de chelidon, hirondelle; la plante fleurit dit on a 1'arrivée des hirondelles et pourrit lorsqu'elles partent. Elle se plait dans les endroits ombreux et humides au pied des vieux murs. D'après Dioscoride elle est appelée ainsi paree,que avec cette herbe les*hirondelles frottent les yeux de leurs petits aveugles et leur donnent la vue. Aldrovandi (Ornithologia, XVII) nous explique comment on a pu attribuer a cette herbe des propriétés magiques extraordinaires: 1'herbe serait redevable de eet honneur a 1'ignorance du grec des pharmaciens du moyen-age, qui ont vu dans la chelidonia, non pas 1'herbe de 1'hirondelle, mais un coeli donum ; comme don dn ciel, elle devait nécessairement faire des miracles. Qui porte sur soi le Chelidoine avec le coeur d'une taupe, aura des avantages sur ses ennemis et saura se tirer sain et sauf de toutes les mauvaises affaires. Un brin, mis sur la tête d'un malade, le fait guérir s'il pleure et mourir s'il chante; d'après la Magie naturelle page 72. Mis dans les souliers, sous les pieds nus, fera disparaitre la jaunisse. (Kirchener de onderaardsche wereld II pag. 362. 1682.) Petite pervenche. Violette de serpent, Violette des sorciers. (Vinca minor, L.) Fleurs bleues. Les variétés du type différent par la couleur de leurs fleurs qui est violacée, pourpre ou blanche. Jolie plante qui fait son apparition en Avril—Mai. Les Francais 1'appellent encore maintenant: Herbe a la sorcière (Baillon, Dict. de Bot) C'est cependant plutót une panacée contre la nécromancie qu'une plante de la quelle on se servait pour la provoquer. A moyen de la pervenche on peut savoir qui est „Unhold" esprit malin, personne en société avec le diable pour faire des maléfïces." Au nom du diable on coupe quelques tiges de la pervenche. fait bouillir de 1'huile dans une poèle, jette une feuille dans 1'huile bouillante et appelle en même temps un des êtres suspects par son nom. Si la feuille reste dans la poèle, on prend une deuxième, une troisième etc. en appelant toujours un autre nom. Quand une des feuilles saute de la poèle il est évident que la personne nommée est un Unhold (Perger. 24). La pervenche, mise en poudre avec des vers a terre, et mangée avec de la viande est un bon aphrodisiaque. Jetée avec du souffre dans un étang fait mourrir toutes les poissons. Donnée a un buffle le fera crêver en deux. Jetée au feu le fera tirer sur 1'azurin. Chataire — Herbe aux chats (Nepeta Cataria). Fleurs blanches, ponctuées de rouge. juin—Juillet. Plante vivace, ex'nalant une odeur forte qui attire les chats, a été employée comme anti-scorbutique et pectoral. C'était une herbe magique que les Chaldéens appelaient „Bicith". Quand on frotte avec cette herbe et une pierre qu'on trouve dans le nid de la huppe, le ventre dun animal on le féconde et le fait naitre un petit tout noir. Mise dans le nez d'un animal, le-fera mourir, mais rentrer dans la vie après peu d'instants. Frottez en les ruches, les abeilles ne peuvent plus s'envoler; s'ils sont mortes on n'a qu'a les poser dans une mélange de cette pierre avec le cataire pour les faire revivre. D'après la Magie naturelle p. 73 on fait tout de même avec les mouches noyées. En Argovie (Suisse) on prétend que le Cataire irrite et qu'un bourreau compatissant doit manger, avant chaque exécution, quelques feuilles du Cataire. (Perger 143). Langue de chiert (Cynoglossum officinale. L.) Fleurs rougeatres en petites grappes formant une panicule terminale. Juin—Juillet. Plante bisanuelle, appartenant a la familie des boraginées, se trouve dans les terrains calcaires et les dunes. D'après Albert le Grand (Magie nat. 73) on peut rassembler tous les chiens des environs en mettant, a un endroit quelconque, 1'herbe avec le coeur et la matrice d'une grenouille. Quand on le met sous le grand orteil d'un. chien il ne peut plus marcher, en le lui pendant au cou il doit tourbillonner jusqu'a ce qu'il tombe mort. En Argovie on met les feuilles sur les blessures des enfants en conjurant le diable par les paroles: «Lucifer und Tüfelsrüter Heil mir meine Bubi wieder." II est vraiment étonnant que le roi des fleurs, le lis majestueux, fait part des herbes magiques. Cueilli au temps que le soleil entre dans le Lion, vers la fin de juillet, et mélangé au suc du Laurier, puis mis dans un tas de fumier, pendant quelque temps, y fait entrer les vers. Tout cela, bien pulverisé, a des. vertus, extrêmement magiques. Mis autour du cou ou dans les habits de quelqu'un, l'empêche de dormir. Versé dans une jatte, remplie de lait et couverte d'un peau blanc de vache, fait perdre le lait a toutes les vaches des environs. Les Grecs 1'appelaient anthos antheoon, c'est a dire, la fleur des fleurs; Les Latins Junotiia rosa, en souvenir de la fable hellénique d'après laquelle Héraclès enfant, autorisé par son père Zeus, pendant que Héra dormait, aurait sucé le lait de sa mamelle pour pouvoir participer a son tour a la divine immortalité. Mais le lait était si copieux, et il le su?a avec une telle véhémence, qu'une partie de ce lait tombant sur le sol forma, d'après les uns, la voie lactèe ; d'après les autres, la fleur de lis. A la vue de cette blancheur, la déesse Aphrodite, issue elle-mème de la blanche écume de la mer, en con^ut une vive jalousie, et, par dépit, fit pousser au milieu de la fleur candide un pistil enorme. La petite Centaurée. (Erythraea Centaurium) Elegante petite plante, a fleurs rouges, propre a l'ornement des rocailles, qui contient un principe amer, fébrifuge et vermifuge; habitant les régions temperées et sub-tropicales de 1'hemisphère boréal. C'était une plante magique et en même temps vulneraire. Mêlée au sang de la huppe femelle et versée avec 1'huile dans une lampe fait croire, la lampe une fois allumée, a tous les assistants qu'ils sont des sorciers car ils se voient les pieds dans 1 air et la tête en bas. Jetée au feu pendant la scintillation des astres, fait voir les étoiles marcher a la suite et se heurter rudement. Comme cataplasme, appliqué au nez de quelqu un le fait fuir de peur (Albertus Magnus de virtutibus herbarum). Sauge. (Salvia L.) L'ancien nom latin employé par Pline, dérivé de salvere, sauver, guérir, ou salvus, sain; allusion aux supposées proprietés médicinales. La plupart des sauges, étant trés décoratives, un grand nombre d'espèces a été introduit dans les jardins. Fleurs de couleur trés variable, rarement jaunes plus souvent rouges ou bleues. On lui attribue des grandes propriétés magiques. Dans un traité de médecine populaire, attribué a Aldobrandino de Sienne, publié a Livourne par O Targioni Tozzetti Cl872), on recommande d appliquer de la sauge au corps de 1'enfant nouveau-né, après lui avoir coupé le cordon ombilical. On dit aussi en Piemont, que si 1'on place de la sauge dans une fiole de verre et qu'on la cache sous le fumier, il poussera un animal par lc sang duquel on fait perdre connaissance aux chiens. Les petites femmes pensent que dans chaque feuille de sauge, tant soit peu large, se cache un petit ciapaud. Le sauge était une herbe bienfaisante et sacrée, éternisée par la rimaille suivante: »Cur moriatur homo, Cui Salvia crescit in horto ?" pependant on s'en servait dans la Magie. Placée dans une vase vitrée et cachée sous le fumier la sauge produira un ver ou bien un oiseau a la queue du merle noir. La poitrine d'une personne, mouillée du sang de ces animaux, le rend dépourvu de tact pendant une quinzaine de jours. Le ver brülé et les cendres jetés au feu, fait entendre un éclatant coup de tonnerre. Versé dans une lampe, qu'on allume, fait voir que toute la maison se remplit de serpents. (A Magnus de Virtutibus herbarum). D'autres détails, non moins curieux, on peut rencontrer dans le libellus Alberti Magni. De secretis rnulierum „Si muiier biberit salviam coctam per tres dies, tune non concipiet in uno anno (quia salvia est frigida). Au moyen de la sauge on peut ouvrir toutes les serrures. Un brin de sauge, jeté dans un ruisseau, le fait tarir immédiatement. Une autre herbe sacrée est la Mélisse officinelle (de Melissa, Abeille; ces insectes recueillent le miel sur cette plante). Originaire de 1'Asie centrale et occidentale elle est naturalisée en Europe. La Mélisse exbale une odeur forte, aromatique trés agréable et sert a fabriquer 1'eau ou plutót 1'alcoolat qui porte le nom de 1 Eau de Mélisse des Carmes et qui a pour vertu, non seulement de calmer les nerfs, mais encore de dissiper la tristesse, 1'inquiétude et de porter a la gaité. D'après la Magie naturelle, 1 herbe cueillie, entremêlée au suc de cyprès annuel et jetée dans le potage ou dans la purée, la fait fourmiller de serpents. Une courroie trempée dans le suc, mêlé a la sueur d un homme rouge, se brisera au milieu. Celui qui porte sur soi la mélisse est docile et agréable et plus fort que tous ses ennemis. Le boeuf, qui la porte, doit suivre partout celui qui 1'a mise au cou Potentille. Potentilla, L. (sorte de diminutif de potens, puissant; allusion aux propriétés médicales qu'elle possède en réalité fort peu car elle est simplement adstringente. Plante herbacée, vivace aux fleurs blanches ou jaunes, connue dans les temps les plus reculés, comme herbe vulneraire et magique. Enterrée avec le trèfle des prés elle produit des serpents rouges et verts. Ces derniers, reduits en poudre, et versés dans une lampe allumée fait voir des serpents de toute sorte. Mise sous la tête d'une personne alitée, 1'empêche de fermer les yeux. Anserine. Chenopodium, L. (de chen, oie, et pous, patte: allusion a la forme des feuilles). C'est, bien cette forme qui est cause qu'on a mis la plante en relation avec les cobolds, Heinzelmannchen, esprits pygmées domestiques, bruyants, munis de pieds d'oie. Les feuilles du Chenopodium bonus Henricus sont employées comme succédané des Epinards. Les jeunes pousses se mangent aussi a la fagon des asperges. Grimm prétend que cette plante emprunte son nom a Heinz, Heinrich nom favori des Kobolds; ou bien a GrauHeinricli, nom attribué au diable. Mousse (Musci). La taille des mousses varie depuis 2 mm. (Buxbaumia) jusqu' a plusieurs pieds de longueur de tige (Fontinalis) mais elles se tiennent pour la plupart entre 2 et 5 ctm. Leurs feuilles sont toujours petites et ordinairement nombreuses. A 1'exception de la mousse d'Islande (Lichen Islandicum) elles sont dépourvues de proprietés médicales, mais leur emploi en horticulture est au contraire assez important et trés varié. Comme herbe magique la mousse jouit d une réputation hors ligne s'il pousse sur un os de mort. Mais pour préparer un excellent onguent des armes, dont on frotte une arme afin de guérir la blessure faite avec cette arme, il faut prendre la mousse qui pousse dans le crane d'un pendu (Schindler, Aberglauben 178;. La bonne fée que les Allemands appellent Moosweibchen (petite femme a la mousse), est représentée toute couverte de mousse. Elle vit dans le creux des arbres de la forêt, ou sur la mousse elle même. Ces fées font quelquefois des présents superbes, surtout en habits, a leurs protégés. Elles filent avec la mousse et en font des tissus splendides. (Cf. Mannhard, Baumkultus der Germanen, I, 74 et suiv.) Je suis bien loin de croire que dans mon livre j'ai recueilli toutes les notices qui se rapportent a. la croyance populaire. Sans doute il reste beaucoup a y ajouter, et chaque lecteur pourra aisément, en parcourant ces lignes, devenir mon savant collaborateur. L'ensemble des faits exposés dans ce volume ne peut manquer de frapper 1'esprit d'un observateur, ce qui me fait espérer que d autres travailleurs trouveront bon de poursuivre ces recherches.