HISTOIRE NATURELLE D U C O U R L I AFRICAIN. Ayant été confervé dans le museum De fon Altesfe Sérenisfime Monfeigneor le Princa D'ORANGE-NASSAU. P A R FEU Mr. Ai v O S M A E R, res de Fksfingue & de Har km &c. A amsterdam, chez J- & E L W E, M D C C C V.   HISTOIRE NATURELLE DU C O U "R L I, A F R. I C A I N QTANTALUS Linn.') Nommé au Cap de Bonne-Espérance' COQ D'INDE de FORET. ±\.vor\s nous eu plufieurs foïs 1'occafion de reconnoitre les justes plamtes de tantde Plryllciensexpérimentés, a caufe des noms fouvent mal donnés, dont on a embrouillé tant de produótions de la nature, parceque ceux qui 1'ont trouvé Ie premier, n'ont pas eu asfez de discernement pour les bien diftinguer, nous en rencontrons de nouveau un exemple évident, dans 1'oifeau que nous allons décrire ici, comme ayant été envoyé du Cap de Bonne-Espérance pour la menagerie fi renommée du Prince, et confïé a mes foins, fous le nom de Coq d'Inde de Forêt, quoi quil ne lui manquoient pas toutes les marqués de la race, que f ammal devoit avoir nécesfairement, pour être rangé dans cette clasfe et de porter a propos le nom maintenant mal donné. 1'Oifeau que nous avons intention de décrire, et de dépeindre ici, autant a caufe de fon bec long et courbu, que de fon col chauve ec de fes joues Inrgcs , qui frappent d'abord la vue, autant que de fes patres longue*, plumées prèsque jusqu'aux genoux, de fes griffes, ci nommées doigts, et au reste de la ftructure de tout fon Corps, appartient a plus jüstë.titre. fous la race des coureurs d'éckasfes, efe panm\eux, dans celle de? Tant aks pu de ces oilèaqx, que nou* Hollandois nommons Wulp et Nimmerzat, les Francais Courlls, Ies;  4. H I S T O IR E NA TURELLE Anglois €arleim (tous deux, d'après la voix de ces animaux) et les Allemans WM-, Regen- ou Wetter-Vogel, (ce qui veut dire oifeau ie Vent, pluye oit tems, ou bien jamais rasfajie) De cette race d'oifeaux plufieurs habitent difFérentes partres du monde, de facon cependant, que quelques uns, paroisfent appartenir a cette partie et d'autres a une autre. Ordinairement ils font tres rapides, volant en troupes enfemble, et peuvent être regardés comme d'oifeaux de trait, qui chan-gent de démeure felon les faifons de fannée. Dans les dif. férentes fortes de ces oifeaux , on n'a pu remarquer une grande différence (pour ce qui regarde la forme , la grandeur, le desfin ou couleur des ailes) entre le male et la femelle, comme cela le ■vérifie dans- notre Co-urli Europeen. Autant qu'on a pu 1'obferver, la pluspart pond trois ou quatres ceufs de même que ceux de nos Courlis Européens , qu'on rasfure asfez généralement cTen pondre quatre , qu'on dit d'être d'un trés bon gout, et qu'on tient pour une déiicatesfe. Au reste ils féjournent dans les terres marécageufes, autant aux environs des rivieres et des lacs , qu'aux bancs de mer bourbeux et des bords de mer, ou ils fe nourrisfent principalement de grenouilles, de petits poisfons, et de vers, les quels ils favent tirer fort adroitemcnt de la terre, avec leurs becs, juscement formés pour cela, en forme de poincon, courbé au bas bout. ——• Selon le propos de quelques Voyageurs , la chair des Courlis étrangers procure aux habitans despays , oü ils féjournent, une nourriture pas moins délicate, que les notres nous en offrent. (*~) De cette belle espéce d'oifeaux Ie Comte de buffon n'a pas décrit moins de quinze fortes , et en C) Voyez Ia déscriptibn intéresfante, donnée par Ie fameux houttuin- duCourli gris , dans le bel ouvrage , traitant de diffiérens oifeaux des Païs-bas T 4a Sieur Seïp, Tom. II. FoL 109 & 110.  *Ja6. X Mm^jmEm ox KMPSCME e^aliaax zoo G«i: 'MOSCHrKAIiXOEK.   du COURLI AFRICAIN, 5 en a fait dépeindre onze, lequel nombre a été augmenté depuis, i caufe de plufieurs dècouvertes dans les différentes parties du monde, de fix : comme on peut les trouver rasfemblé dans une quatorzieme et derniere édition du Systema Natura brievement décrit par le Chevalier linn^us (*) et auquel nous pouvons joindre, comme une espéce nouvelle, la vingt et deuxieme forte, de Iaquelle, nous allons donner une description d'après nature, et reprefenter ausfi aux Amateurs de 1'Histoire Naturelle un image exact fait par le fameux peintre d'oifeaux a. schouman. O JV trouve cependant le Tantalus Calvus ma! décrit et apparement faute de s'être trop presfé, favoir: 1'arriere tête noire , autant que le bec, et les pStes; tandis qu'au contraire en cette espéce toutes ces parties, comme elles font ausfi décrites et peintes, font toutes de couleur rouge dans les ouvrages cités par le Sieur gmjslin lui même. A 3 *)E&>  DESCRIPT10N D' U N TANTALUS ou COURLI A F R. I C A I N. Noirmé au Cap de Bonne Esperance, COCQ D'INDE de FORET. Tal?. X. (^!e Tantak ou Courli autant beau que rare, qui a a peu pres ving't pouces de hauteur, et la grandeur d'un chien domestique ordinaire, a une tête chauve , dont la partie fupérieure , et de devant est couvert, depuis le bafe du bec, jusqu'a la moitié du fommet, courant, tant foit peu,au haut des yeux, dans une ligneun peu penchée?, par une élevation de peau rouge, tandis que le bec rouge ayant par le bout la forme d'un faux, de la longueur de plus de fix pouces, n'étant poinf. pourvu de narines, mais a dans le bec d'en haut, au dedans, tout pres du palais, une creusfée a traite, et les joues couvertes , depuis le haut des yeux , et de coté depuis le bafe du bec, tout comme la gorge , et ausfi le devant et les cötés du col jusqu'au devant la poitrine d'une peau grife bleuatre. Mais la reste du col par derrière, et de coté, tant foit peu couverte de plumes obfcures, ou d'un verd noiratre et pendantes, qui pendent en forme ronde des deux cötés, le leng des épauïes de devant vers la poitrine, et y forment, pour ainü dire, un collier oval de couleur noiratre; c'est donc ausfi principalement a caufe de la grande étendue en nudité du col, qui frappe 1'oeil, que j'ai cru avoir trouvé une raifon fuffifante, pour donner a eet oifeau les marqués et le nom pas mal placé de Tantalus Nudicollus ou Courli a Col nud; pour le diftinguer de celui ^ue le Sieur de buffon a décrit et depeint fous le nom de Tête nu'è  DESCRIPTION d'un COURLI AFRICAIN. f me f» et qui paroit dans le treizieme ou derniere édïdon du System Natur* du Sieur l.nn.os (£) comme renzieme rac£ ^ Tantalus Calvus ou Courlis a tête nuè , avec lequel le notre paroit avoir au reste beaucoup de rapport. Le centre de la prunelle de 1'ceil de eet oifeau est noir, et entouré d'un cereïe d'un rouge clair: les trous des oreilles font découverts, larges , et fitués en bas, au bas et derrière 1 alignement des machoires, concus dans la peau nuë des joues; la langue est courie et mmce , de même que dans tous les espéces de Courlis connus jusquaprefent, la gorge large, fans cependant fe teraiiner dans un fee de chair. Au reste tout Ie corps de eet oifeau est bien pourvu de plumes , et paroit (au lointain) être d'un verd , et bien d'un verd noiratre; quoique chaque plume (regardee de plus pres) donne une belle reverberation, étant couverte d'un verd foncé noir et mêlé dune couleur fombre d'acier bleuatre : les plumes de la partïe de derrière Ie col , poitrine et queue, font furtout d'un verd fombre luifant et les premiers, a favoir les plumes de la moitié de la poitrine, ou commence le collier fi desfus nommé, font longues et roides. Au milieu des ailes , les grandes plumes font d'un brun foncé 9 ou de couleur de cuivre rouge , et entouré par en haut d'un bord couleur d'acier tres vif,qui ne peut-être imité que trés imparfaitement , a caufe de la lueur et nuances des eouleurs, et qu'on n'a Pu de^ peindre, dans le desfm ci joint, que tres imparfaitemenc, (quoiqu'au reste trés exacte) étant au reste les grandes plumes de Ia même couleur verd foncé, qua toé le corps, et en même tems fi long , qu' y étant ferrés, elles s'étendent jusqu'au dela de la queue, qui est cour- fS fSt- fTll& * °ifeaUX' Tom-' VIIL W « pi, alutt R ggm lom, L Faxt, 2. gag. 649/ et 05.3,. *  8 DESCRIPTION d'un COURLI AFRICAIN. courte, pendante, et finit dans la forme d'im oval, et est couverte, de même que la partie du ventre d'en bas, de plumes d'une couleur verd noiratre. Les patés, qui font fortes et longues et feulementpourvues de plumes couleur de rofe jusqu'un peu au haut des jointures des genoux, ont trois griffes de devant au doigts, qui font liés depuis le premier membre ("comptant du pied) et font pourvus, de même que le griffe de derrière, d'un ongle noir, étroit, dentelé et courbu par en bas, tandis que celui de fortil du milieu est plus large que les autres. Ce beau oifeau, differe donc, felon moi, de tous les autres Tantaks ou Courlis décrits jusqu'aprefent, même ausfi du Tantalus Calvus ou Courli a tête nüe , que nous difions ici haut avoir le plus de rapport avcc le notre et qui habite avec lui le même païs: étant d'ailleurs plus affirmi dans mon opinion , paree que j'ai trouvé les marqués, d'un col par devant nud jusqua la poitrine, un collier de plumes longues et d'un verd noiratre, le bec plus long, les pdtes plus hautesr excepté encore une grande diffèrence de couleurs et que ïanimal est en tout plus fort; chez tous les espèces de ces oifeaux qui ont été envoyés au Cabinet d'animaux du Prince , fous le faux nom de Cocq, d'Inde, et fe trouvant aux païs intérieur du Cap de Bon Espérance, et a caufe de quoi il me paroit que j'aye le droit,de tenir non feulement eet oifeau pour un Tantalus Calvus, mais pour une espéce toute nouvelle. F I N.