HISTOIRE D u B AS-EMPIRE. TO M E C I N QV I E M E.   HISTOIRE D U BAS EMPIR E. EN COMMENCJNT a CONSTANTIN le Grand. Par Monfieur LE BEAU, Profejfeur Émèrlte en ÏUnivErsitÉ de Paris , Profejfeur d'Éloquence au CoXLEGE R.oyal, Secretaire ordinaire de Monseigneur le Duc d'OrlÉans, & ancien Secretaire perpétuel de 1'Académie Royale dés Inscriptions et b elle s-lettres, tome cinqüieme. A MAE S T K I C H T, Chez Jean-Edme Dufour & Phil, Roux, Imprimeurs-Libraires, aflöciés. M, DCC.^L'XXX,   SOMMAÏRE D U LI V RE VINGT-UNIEME. ÊO DO S E a Thejfalonique. IL, Belles qualités de Théodofe. 11%, Calomnies de Zojzme. réfutées. IV. Fautes de Théodofe. V. Caraclerc de Flaccille. VI. Familie de Théodofe. VII. Théodofe délivre la Thrace. vin. Exploii du Géné~ ral Modaire. IX. Gratiën a Milan. X. // retourne dans les Gaules. XI. Baptême de Théodofe. XII. Loix>de Théodofe concernant la Religion. XIII. Loix civiles. XIV. Théodofe envoye en Egypte un grand nombre de Goths. XV. Divijion entre les Goths. XVI. Graden fe prépare a repoujfer les Goths. XVII. Avantages de Graden & de Théodofe fur les Goths. XVIII. Théodofe a Conjlantinople. XIX. Loi contre les Hérédques. XX. Théodofe fe con" cilie tamour des peuples. XXI. Athanaric vient a Conjlantinople. XXII. Intrigue de Maxime le Cynique. XXIII. Concile de. Tomé V. A  * SOMMAIRE DU LlV. XXK Conjlantinople oüSt. Grégoireejlconfirmé dans l'Epifcopat. XXIV. Troubles dans le Concile au fujet du fucceffeur de Mélece. XXV. St. Grégoire abdique PEpifcopat. XXVI. // obtient le confentement de Théodofe. XXVII. Eleclionde Nedaire. XXVIII. Décrets du Concile. XXIX. Loix de Théodofe contre les Héréüques a Voccajion de ce Concile. XXX. Loix en faveur des Evéques. XXXI. Concile tfAquiléc. XXXII. Suite des intrigues de Maxime. XXXIII. Concile de Rome & de Conflantinoplt. XXXIV. Troifieme Concile de Conjlantinople. XXXV. Loifuriesfacrifices. XXXVI. Exploits de cette année. XXXVII. Les Goths fe foumettent a VEmpire. XXXVIII. Divers ejfets de la clemente de Théodofe. xxxix. Famine a Amioche. XL. Loix de Théodofe. XLl. Loix de Gratiën. XLII. St. Ambroife obtient la grace d?un criminel. XLIII. Gratiën travaille a la dejlruclion de l'idoldtrie. XLIV. Famine dans Rome. XLV. Difcours d'Anicius Bajfus. XLVI. Gratiën fe rend odieux. XLVII. Caraclere de Maxime. XLVill. Ilejl proclamé Empertur. XLIX. // marche contre Gratiën. L. Mort de Gratiën, LI. Circonjlance de fa mort.  HISTOIRE D U BASE M P I RE. LI F RE VING T- UNIEME. GRATIËN, VALENTINIEN II, THÉODOSE. LA défaite de Valens fembloit devoir entrainer la mine de 1'Empire. A la vue de Théodofe élevë fur le tröne, 1'audace des vainqueurs s'arrêta, & le courage revinl aux vaincus. Toiis connoifloient fa capacité & fa valeur. Le nouvel Emper reur recut a Theffalonique des dépuA ij Gratis» Valek- riNIEN II THÉODOSE. Ann. 379. 1. Théodofe a Theffa» ionifjue.  Gratiën Valek- tinien H Théodo- se. Ann. 379. Themift. cr. 14. Lïban de ulcifcenda mom ]uliani. Zof. I. 4. Jornand. He reb. Git. c. 27. 4 H I S T O I R E tés de toutes les Pro vinces orientales. Ils obtinrent pour leurs villes &pour eux-mêmes tout ce que la juftice permettoit de leur accorder. Thémiftius, a la tête des principaux Sénateursde Conftantinople, pria le Prince de venir au plutöt fe montrer k fa capitale; il demanda pour la ville la confirmation de fes privileges, &pour le Sénat de nouveaux honneurs , qui nXA'ent 1'élever a la dignité du Sénat Romain; comme la nouvelle Rome égaloit déja 1'ancienne par la magnificence.des édifices, des ftatues & des aqueducs. Libanius, toujours inconfolable de la perte de fon crédit, tenta dans ces premiers moments de prévenir Théodofe en faveur de 1'idolatrie ; il lui adreffa un difcours pour 1'exciter a venger la mort de Julien, attribuant k 1'oubli de cette vengeance tous les malheurs de 1'Etat: il prétendoit que le filence des oracles étoit iine marqué fenfible de la colere des Dieux, qui ne daignoient plus donner de confeils anx hommes, Les vaiaes remontrances de ce fanatique ne produifirent d'autre eft'et que de le rendre méprifable.  nu Bas-Empire. LiVi XXI. 5 L'Empereur ne s'occupoit que des moyens de foulager les peuples, & de relever 1'honneur de 1'Empire. Le diadême qu'il n'avoit pas defiré, xn'altéra rien dans fon caractere. Auffi chafte, auffi hnmain, auffi défintérefle qu'il 1'avoit été dans fa vie privée , il ne fe permettoit que ce que les loix lui avoient toujours permis. Senlible k 1'amitié, ami des hommes vertueux, fidele dans fes promefles, libéral 6c donnant avec grandeur, communicatif & d'un accès facile , il ne voyoit dans la fouveraineté que le pouvoir d'étendre fes bienfaits. Un jour qu'ilcommettoit desjuges al'examen d'une confpiration qu'on prétendoit formée contre fa perfonne, comme il les exhortoit k procéder avec équité & avec douceur : Notre premier foin, dit un de ces CommifTaires, doit être de fonger a. la confervation du Prince. Songe^ plutót a fa réputation , repartit Théodofe , Veffent el pour un Prince n'efl pas de vivrt long - temps, mais de bien vivre. Son extérieur noble & majeltueux attiroit le refpeft; fa bonté infpiroit la confonce. Prudent & circonfpeftdans A iij Gratiën Valentinien ii Théodo- se. Ann. 379. ii. Belles qualités de Théodofe.Pacat. paneg. Vi&. epit. Themlfl. or. 19.  Gratjen VAtEN- tinien ii Théodo- SE. Alm. 379. i ] l ] \ < ( 1 1 t ƒ ƒ r F r f 6 HlSTOIRZ le choix des Magiftrats, il eut en arnvant k l'Empire le finguüer bonheur den trouver en place un grand nombre , tels qu'il les auroit choifis. II n'etoit pas favant; mais il avoit un goüt exquis pour tout ce qui regarde Ia littérature , & il aimoit les gens de Lettres, pourvu que 1'ufage qu'ils faifoient de leurs talents, n'eüt rien de dangereux. II s'inltruifoit avec foin de 1'hiftoire de fes prédécefleurs, 6c neceffoit de témoigner 1'horreur que tui infpiroient 1'orgueil, la cruauté, a tyrannie, & fur-tout la perfidie & 'ingratitude. Les aftions Mches & inhgnes excitoient fubitement fa colee; mais il s'appaifoit aifément, & in court délai adoucifloit la févérité le fes ordres. II favoit parler k chaun felon fon rang, fa qualité , fa •roferlïon. Ses difcours avoient en uême-temps de la grace & de ladigni2. Ilpratiquoitles exercices du corps, ins fe Iivrer trop au plaifir & fans ü fatiguer. II aimoit fur-tout la proïenade; mais Ie travail des affaires récédoit toujours le délaflemenr. II 'employoit d'autre régime pour con:rver fa fanté, qu'une vie fobre &  nv Bas-Empïre. Llv. XXI. 7 frugale ; ce qui ne l'empêchoit pas de 'm!mmmm donner dans 1'occafion des repas, oü ^AA™*_" Pélégance &la gayeté brilloient plus TiKIENn que la dépenfe. II diminua dès Ie Thêodocommencement celle de fa table, & Ann.Ej79. fon exemple tint lieu de loi fomptuaire. Mais il conferva toujours dans le fervice de fa maifon eet air de grandeiir, qui convient a un puiffant Prince. Ce jufte tempérament d'une noble m. économie a prête égalementaux louan- ni£alod™" ges de fes panégy rilt.es & a la cenfure Zofirae de fes ennemis. Zofime , déclaré con- réfutée.». tre tous les Princes qui onttravaillé y^['l'f* au progrès du Chriftianifme, repro- ' " che a Théodofe le luxe de fa table, Ia midtitude de fes eunuques, qui difpofoient, dit-il, de tous les emplois, & gouvernoient 1'Empereur même. II ne tient pas k lui qu'on ne croye que ce Prince, plongé dans Ia mollelfe, endormi dans Ie fein des plailirs, livré k des bouffons & k des farceurs qui corrompoient fa Cour, ne fit par lui-même rien de mémorable; qu'il dut tous fes fuccès a fes Généraux; qu'il vendoit au plus ofFrant les charges & les gouvernements; & que fous A iv  8 H I S T o I r e 071x7^5" Teëne> ,les Provinces accablées Valen- aimpots, epmfées par 1'avarice de "rS ^g^rats, f^foient des vceux • sE • pour cnanger de maitre. A ces reproAnn. 379. ches, Zofime ne manquepas d'aiouter celui d'avoir aboli le culte des Dzeux. Ce dernier trait décele le reffentiment de 1'Auteur; & 1'on fent que fes inveclives ne font que le cri de Tidolatrie terrafTée. Un autre Kiftenen, payen ainfi que Zofime, mais plus equitable , fait de Théodofe un heros accompli. II remarque même , comme un exemple prefque unique, que ce Prince devint meilleur fur le tröne , & que fa grandeur fit croitre fes vertus. II le compare k Trajan , dont il hu attribue toutes les belles quahtés d'efprit&de corps, fans lui donner aucun de fes vices. IV. II faut cependant convenir qu'entre Ttóodo- :fS imPutations de Zofime, il en ett fe. deuxqm femblent avoir quelquefonZof. i.4. dement. Théodofe multiplia les coinmandements: au-lieu de deux Généraux , 1'un de la cavalerie , 1'autre de Tinfanterie, il en étsblit jufqu'a cinq, & peut-être encore plus. II doubla le nombre des Préfets, des Tribuns, des  du Bas-Empire- Liv. XXL 9 ■ :. Capltaines. Les gages de ces Officiers -— épuiibient le trélbr, & leur avance Valen. ruinoitles foldats , fur lefquels ils s'é- tinien II tabliffoient des droits arbitraires. II T"^D°commit une autre faute d'une confé- Ann, '37g, quence encore plus dangereufe. Les malheurs précédents ayant diminué le nombre dés troupes , il recut dans fes armées les barbares qui venoient d'audela du Danube lui demander dufervice. C'étoit altérer la difcipline des légions , '&c donner des armes & des lecons aux ennemis de 1'Empire. Sa femme jElia Flaccilla, que les v. Grecs nomment fouvent Placilla, & %™^e™ quelquefois Placidie, contribua beau- cille_ coup k fa gloire & au bonheur de fes Du Cange fujets. Elle étoitEfpagnole, felonie/™; fentiment le plus fuivi, fille d'Antoine, Grèg.Nyfi. Conful en 382. Jamais union ne fut de Placilmieux affortie. Ils fembloient fe dif- la' puter 1'un a 1'autre le prix de toutes les vertus. Flaccille fecondoit Théodofe lorfqu'il s'agiffoit de fermeté &C de juftice ; elle le devancoit dans les aöions de douceur & de bonté : c'étoit un modele de piété , de chafteté, de tendreffe conjugale. Elle favoit allier la modeftie avec une noble harA v  9 H 1 s T O I x g GkATIEN Jeffe>J['^"lilité avec Ja grandeur dame. PW de foi, de zele pour se. e Ie wn&fiort fon man par fon exem* Ann. 379. ple & par fes confeils. Elle lui répétoit fouvent ces paroles :Nt perder jamais de vue ce que vous ave{ éee' & ce que vousêtes. Lorfqu'elle quitta 1'Efpaene e Ie etoit déja mere d'un fik & d'une iille. Arcadms doit être né en 377 & Pulchérie 1'année fuivanfe. VI. Théodofe avoit un oncle, qu'on *££ croitfre^érim, qui fut Conful Jofe. en 3oi. DevenuEmpereur, il contiVia. epit. mia de 1'honorer comme un fecond Ti'6miA Fere> °n fait «F'*1 eut«nefceur, dont Zo/. 1. 5. le norn eft ignoré; & plufieurs freres Symm. i. plus ages que lui, defquels on ne a*W2 C0nn0Ïot qu'Honorius, qui mounrtaUud. Sere vant 3 P4« II paroït qu'ils demeurerent **, & in en Efpagne, & qu'après Ia mort d'HoZZ nor!us> Théodofe fit venir è Confst;iu.i.,. tantinople fes deux filles , Therman- 8L«* !ie^rSeren(T Leurme'e étoit une Da».* iW me Elpagnole, nommée Marie. Théoi, art. j. dofe mana 1'ainée è un Général que ITultoire ne nomme pas. Serene , Ia cadette, époufa Stilicon. Elle étoit adroite , ïnfinuante , inftruite par la  nu Bas-Empirb. Liv. XXI. ti ^^^^ leöure des Poëtes. L'Empereur 1'ai- ■ maparprédileaion; elle charmoitfes ~~™" chagrins, elle favoit appaifer fa cole- tinien ii re ; il lui confioitfes fecrets. II paroït ThJ°d°même qu'il 1'adopta ; du moins les Ann,j7?, enfants de Stilicon & de Serene , fontils appelles par Claudien, petit-fils de 1'Empereur. L'obfcurité repandue fur les parentsde Théodofe fait honneur a ce Prince : c'eft une preuve qu'il ne leur permit pas d'abufer de fa puiffance, & que Pamour qu'il avoit pour fa familie ne 1'emporta pas fur celui qu'il devoit a fes fujets. Le premier foin de ce guerrier ac- vil. tif & vigilant, fut d'affembler des Théodofe troupes pour chaffer les barbares hors Teh'^ a de la Thrace. II en avoit battu 1'année Zof. i. 4. précédente un corps très-nomkreux; mais il en reftoit encore la plus gran- "cu^d. inde partie, divifée en plufieurs détache- 6°. ments, qui continuoient de ravager jföP- & la Province. Théodofe fappella les de laud. foldats difperfés après la défaite de Scrcn*. Valens; & par la févérité de la dif- Llciplinè , qu'il fut tempérer de dou- örof. l. 7. ceur & de largeffes faites a propos, il <• ufit renaïtre leur ancien courage. II raf- a,Xg«»! fura les habitants des campagnes ; Si t. vj. A vj  gmeaagem 12 H I S T O I R E ^—- de timides fugitifs, il en fit des ^ Valen- dats Hm ne refpiroient que vengeantikïenii ce. U enróla fur-tout ceux qui traTheodo- vailloient aux mines, gens endurcis Ann. 379. aUx PiUs rildes travaux. Cette armee Profi. jeparée en divers corps, donna la chafchrcn. fe aux Barbares, & les relTerra vers Uac.chr. leS bords du Danube. II fe livra pluMarc'd. neurs fanglants combats, dont les EcriChr. vains du temps ne détaillent aucune circonftance. Ils nous apprennent feulement que le 17 de Novembre, on recut a Conflantinople la nouvelle d'une grande vicloire remportée fur les Goths, les Huns & les Alains. Une partie de ces nations repafla le fleuve avec Fritigerne , Alathée & Saphrax. Ceux qm refterent en Thrace fe foumirent a 1'Empire, & donnerent des otages. Stilicon commenca de fe fignaIer dans cette guerre. Ón croit que ce fut dans une des rencontres qui furent fréquentes pendant cette campagne , que le fameux Alaric, encore jeune alors , & chef d'un detachement de I'armée dé Fritigerne, furprit Théodofe, & 1'enferma fur les bords de I'Hebre. Mais on ne dit point par ouel moyen 1'Empereur fe tira de ce péril.  r>è Bas-Empire'. Liv. XXL 13 De tous ces exploits celui du Gé- " """"^ néral Modaire eft le feul dont 1'Hiftoire nousait laifle quelque détail. Mo- tinien li daire étoit du fang royal des Goths. ThéodoUn démêlé qu'il eut avec Fritigerne AnBE"37g^ dès le temps de Valens, 1'avoit fait vm' paffer au fervice de 1'Empire. II s'y Explok étoit tellement diftingué par fa fidé- du Gênélité & par fa valeur, que Théodofe daa;re_°" le mit a la tête d'un corps de trou- Zof. L 4. pes. Ce Général, fans être appercu des s- Gresennemis, vint fe pofter fur une hauteur, qui commandoit une vafte plaine, oü les barbares s'étoient répandus pour' le pillage. Ayant appris par fes coureurs, que les Goths enfeveüs dans le vin , étoient épars ca & la & couchcs par terre, il ordonna a fes foldats de ne prendre que leurs épées & leurs botteliers, &l de fondre fur eux. II n'en coüta que la peine de les égorger, la plupart endormis., tous hors d'état de fe défendre. Après avoir recueilli leurs dépouilles, on marcha vers leur camp fermé de quatre mille chariots. On y trouva leurs femmes, leurs enfants & leurs efclaves. Les Goths en conduifoientun fi grand nombre, que, dans leurs marchès, les uns  mm^mt *4 H I S T Ö I R E rempliffoient les chariots, les aurres Valen- nuvoientapied&ymontoientaleur tinien ii tour. Toute cette multitude fut emTheodo- menee prifrnniere. Nous voyonspar Aan. 3'79. Ies le«res de St. Grégoire de Nazianze, que Modaire fut lié avec lui d'une etroite amitié. L'éloge que ce St. Prélat fait de fa piété, & le fecours qu'il lm demande pour appaifer les troubles de 1'Eglife , ne permettent pas de douter^qu'en quittant les Goths, Modaire n'eüt abandonné le parti de 1'Ananifme. Cette première campagne de Théodofe annoncoit un regne gloneux, & rendoit le repos a la Thrace défolée depuis trois ans par les plus horribles ravages. IX. Gratiën s'étant décharge fur fon muT 3 ™uvceau eoIlegue du kin de 1'Orient, Soc. i. 5. nt a Sirmium un féjour de quelques «. 6 mois. II remporta de fon cöté plugra^ia.' ?TS avantages fur différents partis de Efifi. barbares, qm s'étoient avancés iufAmLrd qu 'en- Pannonie- 11 reprit ehfuite Ie Ambrof. de de la Gaule, en paffant par fide. i. i. Aqmlee& par Milan, ouil arrivavers !f fi"de. J"?Iet LesCatholiques, dont il s etoit declaré le protecieur, accout. i. roient fur fon paffage , & faifoient  nu Bas-Empire. Liv. XXI. 15 des vceux pour la profpérité de fon -■ gouvernement. Pendant fon féjour k ^f*™* Milan, il eut de fréquents entretiens tinien 11 avec St. Ambroife. II avoit pour ce ThéodoSaint Evêque, tm rèfpect mêlé de ten- An*E'J79 drelTe, & puifoit dans cette fource fé- CgJ TA' conde,laconnoilTance&Parnour de la /. ti, tu. vérité. Lorfqu'il étoit parti pour l'Il- y ue- }• lyrie , il avoit prié St. Ambroife de Xirey:** lui compofer quelque ouvrage , pour tui. Grot. le confirmerdans la foi de la Confubf- 1° •ƒ tantiabilité; & il en avoit requ deux VAmhroif.' livres intitulés De la Foi. En partant ««. 19de Sirmium, il lui écrivit pour le h^e"ercycl'ej^ prier de confondre les fecïateurs de 1 i7. art'm Macédonius, qui nioient la Divinité 44» du St. Efprit. II vouloit même que le St. Prélat le vint trouver en diligence. St. Ambroife s'en excufa; il attendit 1'Empereur a Milan, & fe contenta pour lors d'ajouter trois autres livres aux deux premiers, dans 1'efquels il prouvoit la divinité du Fils: il lui promit d'écrire dans la fuite fur la divinité du St. Efprit,- & s'acquitta de cette promelTe deux ans après. Ce fut fans doute par le confeil de ce Saint, que Gratiën révoqua la loi qui permettoit aux Hérétiques de tenir leurs  . 16 fflSTO/AE Gratien affemblées. Le zele d'Ambroife ne fe Valen- renfermoit pas dans les bornes de fon tinien ii Diocefe : le fiege de Sirmium étant 1heodo- yacant paf k m()rt de j^j..^ germi_ Ann. 379. nius,Jurcine, queGratienavoit laiffée dans cette vilie avec fon fils Valentinien, entreprit d'y placer un Evêque du même parti. Sur cette nouvelle, Ambroife vole a Sirmium ; il s'oppofe avec fermeté aux efForts de 1'Impératrice, & vient a bout de faire nommer un Evêque Catholique; c'étoit Anémius. Ce coup de vigueur fut l'origine de la haine implacable dont les éclats fcandaleux déshonorerent Juftine, _& augmenterent la gloire de 1'intrépide Prélat. x> Les incurfions des Aliemands apII retour- pellerent Gratien dans la Gaule plufes Gau- tót ^ n'a«roit defiré. Ils ne Fatjes tendirent pas, & ce Prince paffa 1'hyZcf. 1. 4. ver a Treyes. II y publia plufieurs c. Z' ' 5' ;Ó1X- Les débiteurs du fïfc fe mettoient s0{. 1.7. a couvert des pourfüites, en faifant *'n ceffion de leurs biens : ce qui dongrat"°a.' noif occafion a des fraudes plus préCod. n. judiciables aux peuples quau Prince L4iJ''i même; Pllifque le Prince ne perdja/. i{.'m'. mais ce qui lui eft dü, & qu'il fait  nu Bas-Empire. Liv, XXL 17 le dédommager aux dépens de fes fu- '' "** jets de ce qui lui eft enlevé par des Gy^^ rnains infidelles. Gratien ordonnad'em- tinien H ployer contre ces débiteurs la rigueur Théododes fupplices r k moins qu'ils ne prou- Ann_ j7?> vafTent qu'ils avoient été minés par ^,Ug.i2, quelque accident involontaire. II con- 13, 14 > firma les privileges accordés aux Mé- I5* decins. Théodofe en fit autant dans la füite. Aufone, en fortant du Confulat, prononca en préfence de 1'Empereur le difcours de remerciment que nous avons encore, &c qui peut fervir a fixer une des époques du dépérifTement de 1'éloquence. Au commencement de 1'année fui- —n»»» vante , Théodofe, Conful avec Gra- Ann. 380. tien, tomba malade a ThelTalonique. XI. On défefpéroit de fa vie, & toutl'Orient craignit de voir éteindre eet af- dofe. tre nailTant, qui promettoit k tant de Pr°f?' peuples des jours plus fereins &c plus Socj, Ja tranquilles. L'Empereur, plus occupé c. 6. du foin de fon ame que de la guérifon Sol-l- 7. de fon corps, defiroit le baptême. Mais ''^ö/. 1.4. inviolablement attaché k la foi Catho- Jorn. de lique, qu'il avoit héritée de fes peres, rei- Get- c' il ne vouloit être baptifé que par un 5' Amym Orthodoxe. UfitvenirAfcole,Evêque  j3 Hts T O J R g —— de Theflalonique. Ce Prélat, célebre Val"™ Par fa vertu» mais renfermé dans les tikienH fonctions de fon miniftere, étoit enThéodo- core inconnu a Ia Cour. Lui feul avoit AnrT^o. fervi de défenfe è la Macédoine dans s. Mg. de Ie defartre de 1'Empire; & lorfque les «v. /. Jff. Gothsvainqueurs,pilIantimpunément 3* Hermant, ^ Tjirace , & pouflant 3U loin IeUTS rUde s.' partis, étoient venus attaquer ThefGreg.i. 9. falonique dépotrrvue de fecours, Af* l* cole, fans autres armes que les prieres qu'il adrelfoit a Dieu, avoit repoulfé leurs efforts. Frappés de la pefte & pourfuivis par un bras invincible, les Goths avoient pris la fuite.. Théodofe 1'interrogea fur fa croyance; il répondit : Qu'il n'en avoit point cTautre que celle de Niccc; & que c'e'ioii la doctrine conjiante de toute la Macédoine, ou les dogmes <£Arius ri'avoient jamais eu le crédit de sétablir; plus heureufe en ce point que les Provinces Orientales, & que la ville de Conjlantinople, oh les Jecles Hérétiques deckiroient le Jein de FEglife. L'Empereur, fatisfait de cette profeflion de foi, recut le baptême de Ia main d'Afcole, avec plus de joie qu'il n'avoitun anauparavant recu de Gratien lacouronne Impériale. II con-  nu Bas-Empirk. Liv. XXI. 19 ferva tou j ours un profond refpect pour mmm^mm ce faint Evêque; il fe gouvernoit par y**™* fes confeils dans ce qui concernoit les timen il affaires de 1'Eglife. La confïance d'un Théodofi grand Prince, & 1'éminente vertu a.an.^80, du Prélat releverent beaucoup Péclat du fiegede Theffalonique. Le Pape Damafe revêtit Afcole & fes fucceffeurs de la qualité de Vicaire du St. Siege pour rillyrie Oriëntale; ils avoient 1'autorité de juger en dernier reffort les caufes eccléuaftiques dans ces Provinces; ils y tenoient le premier rang entre les Primats, fans préjudice des droits refpeétifs des Eglifes. La guérifon de Théodofe fuivit de prés fon baptême. Sa convalefcence fut longue : il ne XII. put quitter Theffalonique avant le ^*A*? mois de Juillet. II profita de ce temps fe , conde repos , pour remédier aux défor- cernantia dres de 1'Eglife & de 1'Etat. II traita ^Jjfj^ d'abord les Hérétiques avec douceur; c. 4. & St. Grégoire de Nazianze paroit dou- Grel- Naï.> ter fi cette tolérance venoit d'un dé- "™y-a faut de zele, ou fi c'étoit un effet de Cod. Th. 1. prudence, que ce Saint ne peut s'em- "'• *• pêcher d'approuver. Mais Théodofe ljeg.\"[' ne tarda pas a déclarer quelle étoit /. 9. tit.  20 II I S T 0 I R E ~T Ia doclrine k laquelle il fouhaitoit que val™ tousfesfujetsvouluffentfeconfofmer. tihiÉnII Et comme la ville de Conftantinople Théodo. étoit tout k la fois la capitale de fon Ann. 38o. Empire, d'oü fes Edits pouvoient plus 35-%. 4, aifément fe répandre dans toute 1'é5. tu. 3s. tendue de fes Etats, & le centre de ff' 6' 7' 1'héréfie qui s'y étoit affermie fous le /. 15. tit. regne de Conftance & de Valens, ce \'u*'.\ fut au pe«ple de Conftantinople que iel'" dès le 28 de Fëvrier, ^ adreffa uneloi « de ces hommes dangereux, qui abu- ; g tit z fent de leur puiffance & de leur ere- Ug. 3. tit'. dit pour opprimer les foibles, & tou- V ue- 6jours ils ont trouvé des Magiftrats in- "^i,\S\ téreffés ou timides qui fe font prêtés 5, 6. k leurs injuftices. Sur une plainte non V' averee , on arretoit les accules; on 2i ,23, les lailToit languir dans des cachots 24, 17, étroits & incommodes, oh ils ne pouvoient dormir que debout: Ik, ces 302.«fe,*?; miférables, fouvent innocents, étoient us- l- 8. abandonnés k Pavarice des géoliers, )•£ ^ qui leur vendoient bien cher les né- Ug. 1, z'. cefïïtés de Ia vie , & les traitoient cruellement Iortqu'ils n'avoient pas de T'tz. tit. 3uoi payer : ils y mouroient fouvent 1. i*g. 80. e faim. Les Magiftrats, occupés de f9^ &ai fpe&acles, de fellins & d'amufements Go°d'. P[' frivoles , ne trouvoient pas le temps de vifiter les prifons. Théodofe défen- ^'i'^Ji dit de mettre aux rers quiconque ne /. j. ««.9. feroit pas convaincu : il voulut que us' *• I'accufateurfut detenuenprifon, pour fubir la peine du talion, s'il étoit re- üba'n. fanglante lecon, continuerent leur voyage, en obfervant une plus exa&e difcipline. Ce melange de Goths & de Ro- xv. mains introduifit le défordre dans les Divifion, armées. On dit même que l'Empe- GJtr!ls< * reur, pour attirer a fon fervice un plus grand nombre de ces barbares, leur permettoit de retourner dans leur pays en fubftituant un foldat en leur place , & de revenir reprendre leur rang' lorfqu'ils le jugeroient a propos. Malgré la haine qu'ils avoient jurée au nom Romain, Théodofe, a force de carefles & de libéralités , parvint a gagner le cceur de quelques-uns, & k les attacher iincérement k 1'intérêt de 1'Empire. C'étoit le plus foible parti, s'il n'avoit eu pour chef un jeune homme plein de courage; il fe nommoit Fravite. Payen de Religion,mais fincere , ennemi du déguifement & de 1'artihce , il 'dételloit les noirs deffeins de fes compatriotes , &c croyoit B iv  mmmmmmm 3a H 1 S T O 1 R z Gratie» Jire.Ponr eux PIus encore gu'jl ne Vaien- aevoit, en ne les démafquant pas. II TisiENii epoinamême une Romaine, pourne Theodo- pas entretenir dans fa maifon une feAnn. 380. crete mtelligence avec la trahifon & la perfidie. A la tête de 1'autre parti etoit Eriulphe, homme violent & emporté. Un jour qu'ils étoient tous deux & la table de 1'Empereur, qui, potir adoucir 1'humeurféroce de ces barbares , les traitoit fouvent avec magnificence, le vin échauffant leurs efprits, ils fe prirent de paroles. Dansles tranfports de leur colere , ils dévoilerent le fecret de la confpiration générale. Les convives prennent la fuite en tumulte: Fravite tire 1'épéeöctue Eriidphe : les gens de celui-ci accoururent pour venger leur maitre ; ils alloient mettre en pieces le meurtrier, fi les gardes du Prince ne fe fulTent jettés a la traverfe & ne 1'euffent tiré de leurs mains. Théodofe, averti par eet événement du complot des barbares, ne crut pas devoir employer la violence pour en prévenir les effets : il prit fans doute des mefures de prudence , dont J'hiftoire ne rend aucun compte.  du Bas-Empire. Liv. XXL .33 Les Goths établis en Thrace , n'é- ■■toientpas mieux intentionnés que leurs compatriotes. Oubliant les ötages qu'ils timen ii avoient donnés 1'année précédente , ils Théodo- envoyerent des partis en Pannonie, Al)ns 'g0> &c favoriferent le paiïage d'Alathée & xvl de Saphrax , qui, fans trouver aucun Gratien obftacle , vinrent encore avee Friti- (e prépare r 1 \ 1 a repoul- gerne le montrer en-deca du Danu- fer Jes be.. Vitalien commandoit en Panno- Goth?. nie. Gratien ne comptant pas beau- Tf^f coup fur la capacite de ce General, tul vu dt par tit de Treves au mois de Mars , s. Amb. après avoir ordonné des levées d'hom- ,' mes^ de chevaux & de vivres; & il n.tii. 16, alla attendre a Milan que fes troupes lel- I2fulTent aiTemblées. Jultine quis'y trou- J-'l]^ voit alors , toujours ardente a pro- 5,6,9^ téger 1'héréfie , profita de ce féjour 10 ■ " » pour folliciter 1'Empereur d'accorder ^ '' aux Ariens une des Eglifes de la vilIe. Elle obfint feidement par fes importunités , que cette Eglife fut mife en féqueftre. Mais bientöt Gratien, honteux d'une fi foible complaifance, la rendit' aux Catholiques , fans attendre les remontrances de Saint Ambroife. Ce fut fans doute par le confeil du faint Prélat, que ce Prince B v  34 H i s t o i r e «ei»pta les femmes chi-étiennes de la Valen- neceffité de monter fur le théatre , a tinienii moins qu'elles n'euffent démenti la Théodo- fainteté de leur Religion par les déAnn. 5S0. fordres de leur vie. II impofa une amende de cinq livres d'or a quiconque retireroit dans fa maifon une comédienne ou une danfeufe. Théodofe animé des mêmes fentiments, entreprit dans les années fuivantes de réformer la licence & le luxe des gens de théatre; il défendit d'acheter , de vendre , d'inhxuire, & de produire dans lesfeftins ou dans les fpectacles, d'entretenir même dans fon domefrique, une chanteufe ou joueufe d'inftniments ; d'expofer dans les lieux publics oh fe trouvoit 1'image des Princes, les portraits des pantomimes , des cochers du cirque , des hiftrions : il interdit aux comédiennes 1'ufage des pierreries & la magnificence des habits ; aux femmes chrétiennes & a leurs enfants tout commerce avec les acteurs & les actrices. XVII. Gratien étant parti de Milan au gelede"" m?is de Juin ' Paffa Par Aquilée , & Gratien prit la route de la Pannonie. II dé& de fit les partis des G«.ths qui rirvi-  pu Bas-Empire. Liv. XXL 35 eeoient la Province. Pour les déta- *■ cher du refte de la nation , il entra ™*H en négociation avec eux , & conclut TINien h un traité de paix, auquel Théodofe Théodocrut dcvoir accéder. Mais ni Alathée, ^f^o. ni Saphrax , ni Fritigerne ne furent Theodofe compris dans ce traité. Celui-ci s'é- fur les tant féparé des autres après le paffage G°^.s- ^ 'du Danube , prit fa route vers la fomjinb. Theffalie, dans le deffein de ravager f'-choifi Pour Evêqne Par ^s Catholir. u.6, " ^ll,es en 370, & chafle par Valens, Phiiofi. 1. Démophile poffédoit feul toutes les I. f! 19, EgixfèS, Valens étant mort » les Catho-  du BasEmpirr. Liv. XXI. 37 liques avoient appellé Grégoire de - ' ■ Nazianze pour les ioutenir contre les 93 ATIEN 1 ' / • 1 r a 1 ' alen- heretiques. Gregoire ,fans etre attaché tinien II a aucun liege, étoit revêtu du carac- Théodctere épifcopal: il avoit été ordonné A.nn.^80. Evêque de Safime en Cappadoce, dont chon. du il n'avoit jamais pris polteffion. Après Cod. n. la mort de fon pere , qu'il avoit aidé Hern!'"'t' , . - _.r ' _j a vie de dans les fonchons d Eveque de Na- Greg. l. . zianze fa patrie , il s'étoit retiré dans c- 9la folitude. PrelTé par les inftances de h^^/er 1'Eglife de Conftantinople , qui le /. ï7. an. prioit de venir combattre les ennemis 59' de la foi, il s'étoit rendu dans cette ville. Ce Saint Prélat, chéri & refpecté des fideles, perfécuté fans celTe par les Ariens, avoit par la fainteté de fa vie &c la force de fon éloquenee, ranimé la foi prête a s'éteindre dans la capitale de 1'Empire. Un Philofophe Cynique , nommé Maxime , flétri de crimes & de chatiments , mais hypocrite efFronté , étoit venu d'Alexandrie traverfer les fuccès du faint Evêque, & s'étoit fait fecretement ordonner & inftaller par une cabale fur le fiege de Conftantinople. Chafle aufli-töt par les Catholiques, il étoit allé trouver Théodofe aThef-  3§ H I S T O I R £ faloniquepour implorer fa proteclion. Va*™»* L'Empereur Pavent rebuté avec inditinienII gnation; mais ce fourbe étoit foutenu Théodo- par un puilTant parti. Tel étoit letat Ann.E38o. de. ^g1'1^ de Conftantinople a 1'arriyée de Théodofe. Ce Prince , deux jours après, c'eft-a-dire, le z6 de Novembre , fit demander a Démophile s'il vouloit embraffer la foi de Ni- cee; & fur fon refus, il lui ordonna d'abandonner toutes les Eglifes de la yille. Le Prélat hérétique préféra 1'exil a 1'abjuration de fes erreurs : il alla mourir k Bérée en Thrace, dont il avoit été autrefois Evêque. Grégoire ne foupiroit qu'après la retraite ; accablé d'années 8c de travaux , il vouloit fe décharger du fardeau de 1'épifcopat. L'Empereur le retint malgré lui, le conduifit lui-même k la grande Eglife, & le mit en poffeffion de la maifon épifcopale & de tous les revenus attachés au fiege de Conftantinople. Eunonius , le chef des Ar.oméens, dogmatifoit alors k Chalcédoi• ne. Comme il étoit hardi Scfubtil dans la difpute, il attiroit a fes difcours un grand nombre de perfonnes. Théodofe lui-même tt'moig a quelquede-  du Bas-Empize. Lik XXI. 39 fir de 1'entendre; mais 1'Impératrice ~ - Flaccille 1'en détourna, en lui repré- ^am*fentant que ce feroit accréditer 1'er- timen u reur & autorifer une curiofité dange- Th*°do" reufe. ^ _ Ann. 3S1. Après avoir dépouillé les Ariens des Xix. Eglifes de Conftantinople, il déclara Loi conpar une loi datée du 10 Janvier , fous ^.JjJ** le confulat d'Eucherius & de Syagrius, cod. Th. qu'il ne feroit permis a nulle fefte i- 16. tit. hérétique , &c nommément aux Pho- ^TUhge'oi'L tiniens, aux Ariens, aux Eunomiens, 5. c. 1. de tenir leurs affemblées dans 1'enceinte d'aucune ville; qu'on n'auroit b2 ' nul égard aux refcrits impériaux qu'ils Appendix, pourroient furprendre en leur faveur; que la foi de Nicée feroit feule pu- TULArian. bliquement profeiïee; que lesEvêques a,t. 136, orthodoxes feroient dans toute 1'éten- ^f/f ' due de 1'Empire remis en polTeiïion aru M] des Eglifes, & que ü les hérétiques formoient quelque entreprife féditieufe pour s'y maintenir, ils feroient eux-mêmes chaffés des villes fans efpérance de retour. Cette loi ne leur ötoit que les Eglifes des villes. On voiteneffet que dans ce même temps, les Ariens obtinrent hors de Conftantinople, 1'Eglife de St. Moce, qui torn-  _ 4° II I S T 0 I R B teH™ ,boit,en/uine : ils Ia réparerent i elle Valen- tomba fept ans après , lorfqu'ils y étikien ii toient affemblés, & en écrafa un grand Theodo. nombre. Elle ne fut rebatie que fous Ann. j8i. Ju"inien. Sapor, un des plus illuftresGénéraux de Théodofe , fut charge de faire exécuter cette loi dans toutes les Provinces. II n'eut pas de peine a y rétabhr la paix , excepté dans Antioche. II en chaffa Vital , Evêque des Apollinariftes, qui avoient forme une fefte féparée en 376. 1 mais le peuple Catholique étoit lui-même dmfé entre deux Evêques orthodoxes , Paulin & Mélece. Celui-ci, pour retabhrla concorde, offroit de partager 1'épifcopat avec Paulin, k condition qu'on ne nommeroit point de fucceffeur k celui des deux qui mourroitle premier. Sur le refus que ftt Pauhn d'accepter ime propofition fi raifonnable, Sapor donna les Eglifes a Mélece , & n'en laiffa qu'une feule a Pauhn pour y célébrer les mytferes avec fes partifans , qu'on appelloit Euftathiens. Ce triomphe de la foi, fi long - temps opprimée , combla de joie les fideles; & dans la fuite plufieurs Conciles en témoignerent a  dv Bas-Empire. Liv. XXI. 41 Théodofe une pieufe reconnoilTance. ~RA E'M L'Arianifme abattu n'ofoit faire v^lxn* éclater fon reiTentiment. Les vertus timen li de Théodofe rendoient impuiffante la Töéodomalignité naturelle a 1'héréfie. II étoit Ann 35,. irréprochable; fes fujets 1'aimoient a- xx. vee tendreiTe; & iamais Prince ne fut Théodofe plus propre a regner lur les eiprits, a lie ra. la faveur de ce doux empire quil fut mour des s'établir dans le cceur de fes peuples. p yPJ^ La douceur de fes regards, celle de or< 1.5, tö, fa voix, la férénité qui brilloit fur fon 17,19. vifage, tempéroient en lui 1'autorité c°d'Jh£% fouveraine. Grand obfervateur des 8 ,9.* loix, il favoit cependant en adoucir io.«i«. la rigueur. Dans les trois premières Us'1' années de fon regne , il ne condamna /, 13. at, perfonne a la mort, II ne fitufage de 11-ue- '> fon pouvoir que pour rappeller les a' 5'4' exilés , faire grace aux coupables dont 1'impunité ne tiroit pas a conféquence, relever par fes libéralités les families ruinées, remettre ce qui reftoit a payer des anciennes impolitions. II ne puniffoit pas les enfants des fautes de leurs peres par la confïfcation de leurs biens : mais il ne pardonnoit pas les fraudes qui tendoient a fruftrer fe Pringe des contributions légitimes;  mmammm 42 H I s T o I R e gITthTk é?ale,ment ta?tentif a arrêter deux exVa«" ces'd ennch'r fon tréfor par des exactinien ii tions odieufes , & de le laiffer appauTheoD0. vrirparnégligence. Ses fujets le reAnn. 381. garcioient comme leur pere; ils entroient avec confiance dans fon palais comme dans un afyle facré. Ses ennemis mêmes, qui auparavant ne fe fiant pas aux traités, ne fecroyoient point en füreté a la table des Empereurs, venoient fans défiance fe ietter entre fes bras; & ceux qu'on n'avoit pu vaincre par les armes, fe rendoient volontairement k fa bonne foi. xxi. On en vit un exemple éclatant dans . a«w Ja perfonne d'Athanaric. Ce fier Mo. i C. P. narq«e des Vifigoths, qui avoit traité If f* 2 eêal 3 eSal avec Valens, chaffé par or. ITA fritlgerne du territoire oii il s'étoit Sec. 1. 5. long-temps maintenu contre les Huns 'u«\fa* ne* d>£Veffource que la géné• route de Théodofe. II oublia le ferPrcfp.chr. ment qu'il avoit fait autrefois, de ne MmcI, jamais mettre le pied fur les terres Or'of.i.j. «es Romams, & envoya demander c 34. a 1 Empereur une retraite porr lui & Jorn ic pour les Goths qui lui étoient de2S; • • meures fideles. Théodofe oublia de fon cöté les hoiïilités d'Athanaric; il  du B/is-Empihe. Lh. XXI. 4J tint k grand honneur que fon palais —— devint 1'afyle des Princes malheureux; ^ee»£..il 1'invita a venir a fa Cour ; il alla tinien n plufieurs milles au-devant de lui, & Th*°d°1'ayant embraffé avec tendrefTe , il le Ann '^ït conduifit k Conftantinople. Athanaric ar. Chr. y entra le onzieme de Janvier avec Goth., eet air de grandeur, que Pinfortune £ ajoute encore aux Princes qui favent ' s eïever au-defTus d'elle. L'Empereur roxm- de lui fit les honneurs de fa capitale, s£r^ & le Roi barbare , qui n'avoit vu jufqu'alors que les forêts & les cabanes . des Goths , ne put confidérer fans étonnement la fituation de cette ville, la hauteur de fes murs, la beauté de fes édifices, ce nombre infini de vaiffeaux qui remplilToient le port, 1'affluence de tant de nations qui venoient y aborder de toutes les contrées de la terre , la belle ordonnance destroupes rangées enhaies fur fonpaffage. II étoit payen,& avoit même perfécuté les Chrétiens avec violence. Frappé de cette forte d'admiration, qui agit plus fortement dans les ames les plus groflieres, il s'écria : Certes , l'Empereur efi le Dieu de la terre ; & quiionqut qfe lever le bras contre Udy  _ , M H I S T O 1 R B Ti itiUibl'mef * fi Perre. La vue Valen- ^ Ia ftatue de fon pere, érigée par tisiehh Conffantin, lui tira des larmes-iff. Theodc- „ut établi dans le fein de fa familie Ann. 38r. « le traitement honorable que lui ht Théodofe, lui promettoit les jours les plus heureux de fa vie, lorfqu'il fut frappe d'une maladie qui le conduifit au tombeau le quinzieme jour apres fon arrivée. L'Empereur lui fit ™ d^ magm%iesfunérailles: il y afïïfta lui-même , marchant devant le cercueil. Les Goths qui étoient venus avec leur Roi, charmés de la bonte de Théodofe , lui vouerentun attachement inviolable. Les uns s'en retournerent dans leur pays, publïant hautement les louanges de ce Princeles autres en plus grand nombre s'engagerent dans fes troupes. Ils furent employés a garder les paflages du Danube contre les entreprifes de leurs * compatriotes, & ils s'en acquitterent avec fidehte. Pendant le court inter. valle qui s'écoula entre 1'arrivée & la mort d'Athanaric , Thémiftius pronon?a dans le palais en préfence de Théodofe, un difcours dans lequel en faifant 1'éloge de l'Empereur il  dü Bjs-Empire. Liv. XXI. 45 montra que la juftice la bonté, Ia JJJ~J—vigilance a maintenir 1'ordre , font les Gy£™E1* qualités eiTentiellesdelafouveraineté; timen H que ee font ces vertus qui forment Théodola vraie grandeur du Prince & le bon- . SE- , , " - . Ann. 381, heur des iujets. La faveur que Théodofe accordoit XXII. a St.Grégoire, & 1'affection des Catholiques, ne mettoient ce Prélat a meieCycouvert , ni des attentats des héréti- nique. ques, ni des fourdes intrigues de Ma- f^'^j}' xime. Cet hypocrite n'ayant pu fé- yjta fua. duire l'Empereur, étoit retourné a & °r- }2Alexandrie. Loin de s'y tenir en re- Bann, " pos, il forca Pierre, Evêque de cette tui. vie de ville, Prélat bien intentionné , mais S-Da""'fe^ foible & timide , de lui donner des lettres de communion, &c de le reconnoïtre pour légitime Evêque de Conlrantinople. II menacoit de le dépolTéder lui-même. Le Préfet d'Egypte , craignant les fuites d'ime audace fi déterminée, fobligea de fortir de la Province. Mais Maxime, muni du témoignage de Pierre, palTa en Italië, & vint a bout d'en impofer k tout 1'Occident. Damafe étoit luimême alors vivement attaqué par les Cülomnies de l'anti-Pape Urfin, qui,  4-6 HlSTOIRR rr relegué a Cologne , tachoit inutileGratien ment de s'accréditer auprès de Gra- v alen- . t _ - l . •tïnien ii tien- Le Pape ne fut pas mfbrmt par Théodo- fon propre exemple ; il ne fit pas réAnaE%St flexion que la révolte de Maxime con" tre ce faint Prélat reffembloit k celle d'Urfin contre lui-même. II fe laiffa tromper, & mit les Evêques d'Occident dans les intéréts de 1'impofteur. Grégoire avoit encore d'autres afTauts k foutenir dans Conflantinople. Les hérétiques fe vengeoient fur lui de leur difgrace ; ils avoient porté la hardiefTe jufqu'a lui jetter des pierrès pendant qu'il prêchoit au peuple dans 1'Eglife des Saints Apötres. Sa pauvreté évangélique, la fimplicité de fes liabits, fon vifage mortifié & atténué par les jeünes, fon corps courbé d'auftérités & de vieilleffe, fon extérieur "peu avantageux, oppofé au fafte &c k la magnificence des autres Evêques, le rendoientun objet de mépris. Comme s'il eut été lui-même d'intelligence avec fes ennemis, il ne fongeoit qu'a quitter le fiege épifcopal. Son deffein fut découvert : les Catholiques aüarmés s'afTemblent auffi-töt; on le fiipplie de ne pas abandonner fon peu-  nu Bas-Empire. Liv. XXI. 47 ple; on le force d'en donner fa pa- ■ ' ' role. 11 promet de demeurer jufqu'a Gy£™1'arrivée des Prélats qui devoientin- tinienII celTamment tenir un Concile a Conf- Théodotantinople, & qu'il efpéroit engager AnnVjSi; a nommer un autre Evêque. Théodofe, réfolu de faire totis fes xxm. efForts pour rétablir la paix dans 1'E- Conciie glife univerfelle, & en particulier dans ^ f £ï celles d'Antioche & de Conflantino- goiré eft ple, avoit convoqué pour le mois de confirmé Mai de cette année, un Concile de tont J&flfj 1'Orient. Cent cinquante Evêques Or- Gng. Na\. thodoxess'yrendirentdesdiverfesPro- ca!m- dc vinces. II y en vint auffi trente-fix qui , étoient attachés a 1'héréfie de Macé- c.8.' ' donius. L'Empereur, efpérant les ra- Theoi- L mener, les avoit appelles au Concile. Projp.chr: Mais a peine y furent-ils arrivés, qu'ils Marcel. fe féparerent, proteftant qu'ils ne con- c^r AUx fentiroient jamais k reconnoitre la con- Zon. t. 7l. fubftantialité. Les Prélats Catholiques P- ï6commencerent par examiner 1'ordi- BP°f„ai nation de Maxime; elle fut déclarée Hermant, nulle, & Grégoire, malgré fes larmes di s& fa réffiïance, fut confïrmé dans la L 9' poffeffion du fiege de Conftantinople. ' TUI. II n'y fut pas long-temps tranquil- Arim- anle. Mélece, qui avoit d'abord préfidé w. lece,art. i (,,  48 Histoirx • ' au Concile, mourut en peu de jours. Val™ L'Empereur témoigna fa vénération timen il pour la vertu de ce faint Evêque par Théodo- la pompe des funérailles qu'il lui fit AnnSE*8l> faire. Le corps de Mélece fut porté xxiv. è Antioche; & , contre la coutume Troubies des Romains, toutes les villes qui fe dans le trouvoient fur le palTaee, eurent or- Concile i , , .r _ 0 7 au fujet dre "e *e fecevoir. Cette mort troudufuccef bla la paix du Concile. Les partifans feur de je Mélece & de Paulin étoient en- Melece. c . , Greg. tf„K. nn depuis quelque temps convenus enfarm, de tre eux, qu'on ne donneroit point de c'refNvff l*ucceufeur a ceiuï des deux qui mourin füake'. rok le premier, & que les deux parittu. tis fe réuniroient fous 1'autorité du Chryfj'aus furvivant. Cet accord avoit même été Meietü. conflrmé par un ferment. Cependant Soc. /. 5. dès qUe Mélece eut fermé les yeux, e'so\. l. 7. ^ Concile fe trouva partagé en deux s.io, 11. avis. St. Grégoire, alatête desvieilTUi viede Jards, demandoit que la convention 3>.Melece, ~. 7 , , ., T ,r -rt> 9> rut executee; il reprelentoit que la Vie de S. bonne foi & la paix de 1'Eglife d'AnAmlr, art. ^g^y étoient également intére(fées : que Paulin avancé en dge, recommandable tailleurs par fa vertu & par la puretéde fa doilrine, méritoit bien d'occuper une place qu'il laijferoit bientót vacante: que d'agir  du Bas-Empirb. Liv. XXL 49 iTagir autrement, ce feroit a lafois ren- Gratien dre la divijion éternelle, & mettrele bon valendroit dans le parti de. Paulin, dont le tinien II rival ne pouvoit devenir Evêque, fans Th*°do" yiolerun pacle authentique. Cesmotifs, Ann.'381. quelque puiffants qu'ils fuflent, n'arrêtoient pas les nouveaux Prélats , qui, faute de meilleures raifons, s'écrioient que Paulin n'étoit en communion qu'avec les Eglifes d'Occident, & que JefusChrijl ayant honorê l'Oriënt de fa prcfence , la partïe oriëntale ne devoit pas céder a. tautre. La chaleur & l'acüvité de ces jeunes Evêques entraina enfin les vieillards. Flavien,Prêtre d'Antioche , fut élu pour fucceifeur de Mélece. Le feul Grégoire refufa de confentir k cette élection : il prit de nouveau le parti de renoncer a 1'Epifcopat, Sc ne fut retenu que par les inftances de fon peuple. Cependant on avoit mandé aux Evê- *, ques d'Egypte, Sc de Macédoine de goi're H~_ venir fe joindre au Concile, fous pré- dique 1'étexte de contribuer au rétabliflement ^op^l' de la paix. C'étoient fans doute les de1' ennemis de St. Grégoire qui les y «I» fio. avoient appellés. Les Evêques d'Occi- Tc^f'1^' dent étoient prévenus contre fon or- $0^.1.7,c» Tornt V. C ?•  5° H I S T O I R E dination : Timothée ,• frere & fiic- t ceffei.ir de Pierre d'Alexandrie, mort timen li depuis peu, & les autres Evêques d'EThéodo- gypte n'étoient pas mieux difpofés. Ils Ann.^Si. reclamoient 1'autorité des canonsconfy$ ad ' tre »n Prélat, qui déja Evêque de deux Baron. fieges, difoient-ils, étoit venu s'empa- SUAmbt! xer encore, de cellli de Conftantinoan. n.' ple. St. Grégoire n'eüt pas été embar-raffé de fe défendre, s'il eilt fouhaité de gagner fa caufe. Mais il embrafla avec emprefTement cette occafion de fe fouftraire a tant de cabales & de traverfes ; Sc après avoir déclaré que pour calmer la tempête, il fubifToit avec joie le fort de Jonas, il abdiqua 1'Epifcopat en plein Concile. II y eut un petit nombre d'Evêques qui fentirent la perte que faifoit 1'Eglife de Conftantinople, & qui, pour n'avoir rien a fe reprocher, fortirent de 1'affemblée avec une profonde douleur. Les autres accepterent fans délibérer, la démiffion d'un Prélat, dont 1'éloquence excitoit leur jaloufie, & dont 1'auftérité condamnoit leur luxe. xxvi. II ne devoit pas étre fi facile d'obiiobtient .fenil. je confentement de Théodofe. le conien- ^ , 11 tementde ^regoxre alla au palais; & s'appro  tsu Bas-Empire. Liv. XXI. 0 criant de l'Empereur, qu'il trouva environné d'une cour nombreufe & bril- y*™. lante : » Prince, lui dit-il, je viens timen II » vous demander une grace; vous ai- Thés^do" » mez a en accorder. Ce n'elt pas de Anns, "8l, » Por pour mon ufage, ni de riches Th^0do» omements pour mon Eglife : ce ne fe. » font pas non plus des gouvernements J^y-J » ni des emplois pour quelqu'un de » mes proches. Je laiffe ces faveurs k » ceux qui recherchent ce qui n'eil » de nul prix. Mon ambition s'eft tou» jours élevée au-defTus des chofes » de la terre. Je ne defire de votre « bonté que la permiffion de céder a » Penvie. Je refpe&e le tröne épif» copal; mais je neveuxle voirque » de loin. Je luis las de me rendre » odieux a mes amis mêmes , paree » que je ne cherche k plaire qu'a Dieu. » Rétabliffez entre les Evêques cette » concorde fi précieufe; qu'ils termi» nent enfin leurs débats, fi ce n'eil » par la crainte de la juftice divine, » du moins par complaifance pour » l'Empereur. Vainqueur des barba» res, remportez encore cette yi&oire » fur 1'ennemi de 1'Eglife. Vous voyez „ mes cheveux blancs & mes infirC ij  . 5-- H I S T O 1 R B - » mités. J'aiépuiféaufervice de Dieu Vaalen-n * ce m'avoit donné de forces. tikien ii » Vous lefavez, Prince; c'eft contre Théodo- » mon gré que vous m'avez chargé du Ann. 381 * fardeau fous lequel je fuccombe: " » permettez-moi de le mettre a vos » pieds, Scd'achever en liberté cequi »> me refte d'une longue & pénible » carrière". Ces paroles affligerent fenfiblement l'Empereur. Mais la demande étoit auffi jufie que fincere; il confentit k regret; & le faint Prélat, après avoir dit adieu k fon peuple par un difcours plein d'une tendreffe noble & chrétienne, qu'il prononca dans la grande Eglife de Conftantinople en préfence des Evêques du Concile, alla terminer le cours d'une vie pénitente & laborieufe dans fa . diere folitude , après laquelle il n'avoit ceffé de foupirer. xxvn. ( On ne pouvoit fe flatter de donner Eieftion a Grégoire imfucceffeur d'un égal méxiir^' r!te- Théodofe recommanda au ConSoc. 1. j. cile de ne rien négliger pour trouver *• ; un Pafteur digne d'une place fi imporc.7?8,io.' tante. Mais les vues de la plupart des Thcod. 1. Prélats n'étoient pas fi pures que cel5- '-8,9. les du Prince. Les intéréts d'amitié o.u  du Bas-Empire. Liv. XXI. 53 de parente déterminoient les fuffra- IE~ ges. II y avoit alors a Conftantinople v^ekun nommé Nectaire, né a Tarfe d'une ttniën II familie Sénatorienne, & aöuellemenr Th*°do" Préteur. Comme il étoit fur lë point Ann. 3§r. de retourner dans fa patrie, il alla ren- Uarcd. drevilite a Diodore, Evêque deTar- chr. Zon. fef, pour lui otfrirde fe charger de fes lettres. Diodore eherchoit alors dans vu de s.' fon efprit fur qui il feroit tomber fon G"^'J'^ ehoix. La vue de Neöaire fïxa fon cA ' irréfolution. Les cheveux blancs du Magiftrat, fa phylionomie noble & majeftueufe , la douceur & la probité peintes fur fon vifage, le rendoient refpeftable. Le Prélat, frappé de cette idéé, le conduit au nouvel Evêque d'Antioche, qui avoit beaucoup de crédit fur Fefprit de l'Empereur: il lui demandafa voix en faveur de Neclaire. Flavien recut d'abord en riant la recommandation de Diodore; il trouvoit quelque chofe de bifarre a propofer un laïque prefque inconnu, en concurrence avec les Eccléliaftiques les plus diftingués dans le Clergé des Eglifes d'Orient.,Cependant, par complaifance pour fon ami, il confeilla k Neélaire de différer fon départ de C iij  54 H I S T O 1 R E gHt"i7n ^"e,^ues iours- Théodofe, pour ao V/ ien- cejerer 1'élecnon, pria les Evêques de timen li lui donner par écrit les noms de ceux Theodo- que chacun d'eux avoit en vue, fe Ann. 381. réfervant la liberté de choifir. Flavien ayant compofé la liiie de ceux qu'il propofoit férieufement, voulut bien, pourne pas défobligerDiodore, ajouter a la fin le nom de Nectaire. Ce fut a ce nom que s'arrêta la penfée de l'Empereur; il connoiffoit ce Magiftrat; il eflimoit fa vertu. La vie de Neclaire n'avoit pas toujours été fort réglée; mais il avoit corrigé dans la maturité de 1'age les défordres de fa jeunefTe. Théodofe, après avoir plu. . fieurs fois relu la lifie avec réflexion, fe décida peur Neclaire. Ce choix furprit tous les Evêques; on fe demandoit qui étoit ce Necïaire ; on fut encore plus étonné d'apprendre qu'il ne fut pas encore baptifé, quoique déja avancé en age. Ni cette circonftance , ni les repréfentations de plufieurs Prélats ne firent changer d'avis a l'Empereur. Neöaire fut baptifé; & avant même que d'avoir quitté 1'habit de Néophyte, il re5iit les ordres facrés , & fut, en préfence du Prince, infiallé lur le  nu Bas-Empirb. Liv. XXL 55 _ fiege épifcopal, avec le fuffrage una- ^—^ nime des Evêques , du Clergé, & du Valenpeuple de la ville. Ce fut un Prélat tinien H médiocre, plus pieuxque favant,plus Thes°°°~ eapable de ménagement que de ferme- A.Hn» 381, té, plus verfé dans les affaires politiques que dans les matieres dela foi. ' Mais Théodofe fut heureux qu'ure choix fi hafardé n'eut pas des fuites plus facheufes; L'agitation qui avoit régné dans le XXVIII. Concile, tant que les interets perfon- d„ Con_ nels avoient divifé les efprits , fe cal- cile. ma par 1'élettion de Ne&aire. Dans Soc. 1.5. Ie filence des paffions humaines, la foi c-5o^ u 7> paria feule, & fon langage fut una- c. 9. nime. Toutes les héréfies contraires p*FJd a la décifion de Nicée , & a la doe- H*Za'nt trine orthodoxe fur la Trinité, fu- »•« de s. rent frappées d'anathême. Pour con- Gt*$- u S« fondre les Macédoniens, qui nioient c' la divinité du St. Efprit, on arrêta le Symbole, tel qu'on le chante anjourd'hui a la MelTe, a 1'exception de 1'addition Filioque, qui eft plus récente. On fit plufieurs canons de difcipline.. Le plus fameux eft celui qui donne k 1'Eglife de Conftantinople le premier rang d'honneur après celle de Rome; C iv  - 56 H i s t o i r g Gratiën &Ia™fc;n qu'aUegue le Concile, c'efr Vaien- °:ue Conftantmople eft la nouvelle Rotinien ii me. Ce canon ne parloit que du rane • Theobo- on 1'étendit depuis 4 la jurifdicW Ann. 33i. Le Concile de Chalcédoine attribua è 1'Eglife de Conftantmople, 1'ordination des Métropolitains de la Thrace, de 1'Afie & du Pont. Ce nouveau patnarchat eut la fupériorité d'honneur fur ceux d'Alexandrie & d'Antioche: mais il n'en fut point un démembrement; paree que les trois Diocefes dont it fut compofé, ne dépendoient auparavant d'aucun patriarchat. Les Evêques fe féparerent vers la fin de Juillet, après que Théodofe eutpromis d'appuyer de fon autorité 1'exécution de leurs décrets. Ce Concile n'étoit pas écuménique dans fon origine ; mais il le devint enfuite pour ce qui regarde la foi, par l'acceffion du Pape Damafe, & de temt 1'Occident. II tient le fecond rang entre les Conciles généraux. xxix. Tandis que les Evêques employoient xJéodot leS arm,eS fPiritueIles pour abattre 1'ercontreies r*ur> l'Empereur armoit contre elle héréti- 1'autorité des loix. Dès les premiers ques a jours dumois de Mai,lorfque les Pré-  nu Bas-Empire. Liv. XXI. 57tats s'aflrmhloipnt. il donna 1p {io-nal par deux loix contre les Apoftats &c vale'n-'' les Manichéens , qu'il déclara incapa- tinien II bles de tefter, &c de recevoir aucun Théod°héritage,aucunedonation teftamentai- Ann. 3S1. re. Gratien , deux ans après, fuivit fon roccafion exemple. Pendant la tenue du Conci- deceConle , il défendit aux Ariens de batir cd^d Tk aucune Eglife, ni dans les villes, ni /. 16. dans les campagnes, fous peine de con- üt- ?• hsfïfcation du fonds fur lequel on auroit ]it\ ofé en conftruire. Pour mettre fous un 7. ufque ai feul point de vue toutes les loix de ^ce Prince contre les Hérétiques, je c°Vi." ' " les raffemblerai ici en peu de mots. imp'r. 0II leur interdit toute affemblée, më- f"'-Ban*' me dans les maifons particulieres ; & t.i'p.491. s'ils contrevenoient a cette défenfe, 789. il permit aux Catholiques d'ufer de voies de fait pour les diftiper : cette permiflion pouvoit être d'une dangereufe conféquence. II leur défendit d'ordonner des Prêtres ou des Evêques; il commanda de rechercherleurs Miniftres, & de les forcer de retourner dans leur pays natal,. avec défenfe d'en fortir ni de demeurer a Conftantinople fous quelque prétexte que ce fut, II avoit fur-tout en horreur les C y  5§ HlSTOIRE Gr" • Manichéens : ces Hérétiques fe diviValek- f°ient en plufieurs feftes, dont queltikien 11 ques-unes avoient des pratiques auffi Th*°do" contraires a la pudeur qu'a la Religion: Ann. 381, Ü profcrivit ces fectes infames ; il déclarapuniffables de mort ceux qui feroient convaincus d'y être engagés; il ordonna au Préfet du prétoire d'en faire la recherche. II renouvella plufieurs fois ces loix ; mais il eft a remarquer que la derniere année de fon regne, il rendit aux Eunomiens la liberté de donner & de recevoir par teftament. On apportediverfesraifons de cette variation. La plus vraifemblable a mon avis, c'efr. que l'Empereur s'éloignant alors de Conftantinople, oii il laiffoit fes deux fils, vouIut par cette indulgence adoucir 1'aigreur de ces Hérétiques, qui formoient un parti redoutable. Sozomene obferve que les peines portées contre les Hétérodoxes dans les loix de Théodofe , n'étoient que comminatoires ; qu'elles ne furent jamais mifes a exécution; Sc quece Prince ne témoignoit d'eftime qu'a ceux qui revenoient a 1'Eglife par un mouvement libre de leur volonté. D'ailleurs, il s'étudia a  nu Bas-Empire. Liv. XXl. 59 • j„~An^c W Wpi-pfiarrrues. Ce fut dans ce deffein qu'il fit poier dans Valen- la grande place , les buftes en marbre TlWMn de Sabellius,d'Arius, de Macédomus Théodo & d'Eunomius. Ces buftes ne s eie- Ann_ ^u voient que de deux ou trois pieds au-deffus du terrein, & étoient ex~ pofésa toutes les infultes des paffants. Quelques-uns des Evêques aflem- m blés a Conftantinöple ne s'occupoient foyeur pasfeulement des affaires de lEghle, des Evêqui devoient être leur unique objet; ques^ r ils fe mêloient dans les querelles ie- iu]it/^ culieres & fe laiffoient traduire de- ue. s, «o. vant les tribunaux pour y fervir de £ «. témoins. Théodofe défendit d y con- C9.*.rj. traindre aucun Evêque : il déclara ug.6 7. qu'un Evêque ne pouvoit, fans del- ?• honorer fon caraftere , fe faire en- ^ 7.. tendrepubliquement en qualité dete- . .0. moin. II permit de citer les Pretres S;/J'^ en témoignages ; mais il les exempta „flcA,c<1s, de la queftion , qui étoit alors en üfage dans les caufes criminelles , pour affurer la vérité des dépoiitions; k condition qu'ils feroient févérement punis, s'ils étoient convaincusde faux. Car , dit-il, ceux qui dbafêtip de. nos refpeclspour couyrir la fraude & l'e mm- C v}:  . 6° Hl S T O I RB Gratiën"^' mèr[Unt chdtimmts les ptus Valen- ngourcux. Après la conclufion du Con- ?r d1;'donnnéouv;Ila 1Wre ■** se. ™1*üonne i de remettre toutes les Ann. 381. tgWes entre les mains des Evêoues qui profeffoient la vraie foi ITT, myfiere> la Trinité; & pour les reconnoure a une marqué fenfible il deiigna nommément dans toutes les Provinces de 1'Empire les Prélats les plus orthodoxes, déclarant qu'il ne tiendroit pour Catholiques, que ceux qm communiqueroientaveceux. Pour honorer encore le caraöere épifcopal, il fit transferer d'Ancyre a Conftantinöple les reliques de Paul Evêque de cette derniere ville, mie les Ariens avoient fait mourir k Cucufe, fiZ^Tf de Conftance. Le corps fut depofe dans une Eglife, qui porta dansk fuite le nom du Saint; c'étoxt celle que Macédonius, fon perfecuteur avoit fait bltir ; & cette tranflation fut regardée comme un triomphe que le Martyr remportoif apres fa mort fur fes ennemis. A 1'occafion de cette cérémonie, Théodofe renouvella k 1'égard de ConftantinoP'e, la loi ancienue qui défendoit  r>u Bas-Empihe. Liv. XXI. 6t d'enterrer les corps ou les cendres des ^T^^j morts dans 1'enceinte de Rome & des Valenvilles municlpales; il n'excepta que tinien II les reliques des Martyrs Sc les corps The°do" des Empereurs qui avoient leur fé- A.nn, jsi. puiture dans le veftibule de 1'Eglife des Saints Apötres, oü 1'on permit auffi d'inhumer les Evêques de Conftantinople. J'ajouterai ici une autre loi de Théodofe, quoiqu'elle n'ait été faite que cinq ans après. II s'introduifoit dès-lors une forte d'impofture, qui devint dans les fiecles fuivants beaucoup plus commune & plus fcandaleufe. Des charlatans, qui, felon St. AugufHn, étoient pour la plupart des Moines hypocrites Sc vagabonds , abufoient de la fimplicité des peuples ; ils alloient de ville en ville, Sc vendoient de fauffes reliques de Martyrs. Théodofe tacha d'abolir ce honteux trafic , capable de décréditer les vrais objets de la vénération des fideles : il défendit de transférer un corps hors de la fépulture , de vendre ni d'acheter des reliques. La doctrine du Concile de Conltan- XXXI. tinople fut recue de tout 1'Occident; d.A°^ile c'étoit celle de 1'Eglife univerfelle; iée.  ^^ Oriënt, & que toutes les parttes y ecchf. L étoient préfentes, il n'étoit pas h pro7 18. ««.17. pos de transférer la décifion de ces deux caufes en Occident, & de chan-  . 64 H i s t o i r e è~s ger' Par des innovations les bornes VAtEN- que leurs peres avoient pofées; que tinien ii les Evêques d'Orient avoient fujet de Théodo- soffenferdeleurdemande. II lesbMAnn. 38,. n?°}t de témoigner un peu trop de chaleur contre les Orientaux, & d'ajouter foi troplégérement a Maxime, xxvn, ? e"r deVoil°* ^s importures! ™!'e . ^te rePonfe de Théodofe trouva de Rome les Evêques deja affemblés a Rome 11 & de c P avoit lui-même fait revenir a ConftaniSu9* ,,n°PIe k, pjupart des Prélats, qui, lo> tI_ lannee precedente , avoient affiifé aiï sir1fpef , C g£neraI' afïn de P^ndre avec cd. Th flx les m°yens de rétablir la concorEa^us d.e entre 1 Eglife d'Orient & celle d'Oc- "uTs] C1ient CfE^quesrecurentune.déAmiJX futatlo.n du Concile de Rome, qui £ * . T mvito« a fe rendre en Italië. Ils f fZ'f; f en exciJferent fur la difficulté de s'é4. > loigner de leurs Eglifes, oul'héréfie, FUury hifl. nouvellement profcrite, excitoit enïsl ls +corede grandstroubles. Usfeconten19. terent de deputer a Rome trois d'entr eux avec une lettre par laquelle ils juftifioientl election de Neftaire & de Flavien, & envoyoient leur profe'*üon de foi tout-a-fait conforme è la ■ croyance des Occidentaux. Le Pape  nrr Ras-Empire. Liv. XXL 6% Damafe, a la tête du Concile de Ro- me, répondit par une exponuun u<= Valen. foi claire & détaillée fur le myftere timen II de la Trinité : il déclara que les Evê- Thes°d°ques d'Occident abandonnoient Maxi- Ann, 3gi, me, reconnoiffant qu'ils avoient été trompés par fes fourberies, & remerciant Théodofe de leur avoir ouvert les yeux. Ce Concile écrivit a Gratiën , pour le prier de réprimer 1'infolence de la fadion d'Urfin , qui, malgré les ordonnances de l'Empereur , fe foutenoit en Italië. Gratien répondit par un refcrit adreffé auVicaire Aquilin , dans lequel il le réprimandoit de ce qu'il ne faifoit pas exécuter fes ordres : il attribuoit ces troubles a Ia négligence , ou même a la collufion des Magiftrats, & les menacoit de punition, s'ils ne procuroient pas le repos a Damafe. II établiffoit de nouveaux les regies des jugements eccléfiaftiques. La difgrace des hérétiques, lom de les abattre, échaufFoit leur opiniatre- me Con- té, & les accréditoit parmi le peuple. cile de Leurs Evêques, chaffés des autres vil- J^™' les, fe réfugioient dans la capitale de Soe. l. 5. 1'Empire; ils y répandoient leur ve- <• ">,w,  66 Histoire gUTtTn mn' & Conflantinople retentiffoit de Valen- controverfes. On s'affembloit dans les tinienII places publiques pour difputer fur Theodo- FefTence de Dieu; les femmes, les Ann. »8i. artifans, les valets, s'érigeoient en SaK. i. 7. dogmatilïes : c'étoit une frénéfte épiThlod}]' démicïue- L'Empereur voulut d'abord c 16. ' impofer filence; il défendit ces danPhüofi. i. gereufes contetfations. Ses efrorts fuP%Ci'ad fen* inutiles- U crut que pour fermer Saron. la bouche k 1'héréfie , le meilleur "tdTsï mo^en étoit de la confondre. II afGrcgj.io. femWa encore un Concile de tout l'Oc 13. nent, &y manda les chefs de tou- udtn' te$ leS feöAes< Ils SV rendirent ainfi 139. ' que les Evêques orthodoxes. Ceux-ci n'approuvoient pas cette condefcendance du Prince ; c'étoit k leur avis paroïtre chanceler dans la foi", que de remettre en queftion cé qui avoit été décidé par tant de Conciles. Un d'entre eux ofa faire connoïtre a l'Empereur le mécontentement général des Catholiques. Théodofe venoit de déclarer Augufte fon fils Arcadius; & ce jeune Prince, %é de fix ans, affis a cöté de fon pere , partageoit avec lui les hommages des Prélats , qui venoient faluer l'Empereur a mefure  nr; Bas-EmHRE. Liv. XXI. 67 qu'ils arrivoienta Confhntinople. Am- Gratien ni -1 T7,rfi™,o rl'Tronp . etOlt Uil v,,™. vieillard auffi fimple dans fes moeurs ™i»H que célebre pour la faintete de la vie. sE< S'étantpréfenté Èt Théodofe, & 1'ayant Ann. j8i. falué avec refpeft, il paffa tout droit devant Arcadius, & fe contenta de lui dire, en lui portant la main au vifage : Dieu vous garde, mon fils. L'Em- pereur, offenfé de cette familiarité indecente, ordonna auffi-töt de faire retirer ce vieillard. Alors Amphiloque fe tournant vers lui : Prince, s'écria-t-il, vous ne pouve{fouffrir qu'on manque de refpecl a votre fils ; ptnfc vous que le Pere célefte , le Souverain des Empzreurs & des Êmpires , pardonne a ceux qui blafphêment contre fon fils unique, ou qui ufent de ménagement & de condefcendanceenvers ces blafphémateurs? Ces paroles firent une vive impreffion fur l'Empereur; il embraffa le faint Prélat, & concut plus d'horreur que jamais contre les dogmes impies des Ariens. Les conférences s'ouvnrent au mois de Juin : ce qu'on en fait de certain , c'eft qu'elles fe terminerental'avantage des orthodoxes, & que les hérétiques furent confon-  mm^m 68 H I S T O I Jt E dus. Eunomius, le plus redoutable de va™ *ous Par f? Ulbtilité & fa hardielle, tinien li & qui avoitcorrompuplufieurs ChamThéobo- bellans de l'Empereur, fut envoyé Ann. 3'si. en exi1 oh ll mourut. Théodofe épargna feulement les Novatiens, qui témoignoient la même ardeur que les Catholiques pour la défenfe de la doctrine orthodoxe fur la Trinité. Le zele de 1'Empereur pour étouffer les hérefies, n'eut pas le fuccès qu'il defiroit : privées d'honneurs & de crédit, elles fubfifterent pendant tout fon regne , comme on le voit par les loix qu'il fut obligé de renouveller prefque tous les ans. Ce dernier Concile de Confhntinople ne fe tint qu'en 3 83 : mais ce fut une fuire du Concile écuménique affemblé en 381; & j'ai cru qu'il étoit a propos de 'fuivre fans interruption la conduite que Théodofe a tenue a 1'égard des ennemis de 1'Eglife catholique. xxxv. L'idolatrie s'afFoiblirToit de jour en ïiSrifi ^°Ur' Conftantin hu avoit porté les ces. premiers coups : Gratien & ThéoCod. Th. dofe fe propofoient d'en achever la iolh't fuine- Une mort prématurée traverfa 8. s' " le projet de Gratien, Théodofe eut  nu Bas-Empire. Liv. XXL 60 ^^^^ le temps d'y réuffir; mais il ménagea . ■ce defTein avec prudence; &£ avant yf™* •que d'abattre les temples , il voulut timen U en miner les fondements par diverfes Thés°do' ordonnances. II fe contenta cette an- Ann_ '^%u née de bannir des temples les facrifices &c les cérémonies fuperftitieufes, par lefquelles on confultoit les Dieux furl'avenir. L'année fuivante, ilufa d'indulgence a 1'égard des payens de 1'Ofrhoëne. II y avoit a EdefTe un temple fameux,otné de magnifiques ftatues, & qui fervoit de lieu d'affemblée au peuple de la ville. On avoit obtenu de l'Empereur _un ordre de le fermer ; ce qui excitoit les murmures de tout le pays. Théodofe permit de le rouvrir, a condition qu'on n'abuferoit pas de cette liberté poiir y célébrer les facrifices dont il avoit interdit Pufage. Pendant que ce Prince animoit par XXXVI. fa préfence les Evêques affemblés k *x£™ Conftantinople, il fe préparoit amet- ann£e. tre fes troupes en campagne. Les Zof. 1.4. Squires, qui faifoient partie des A- cS°c^ ' 5* lains, joints aux Huns & aux Car- 'mioft. l. podaces, avoient paffé le Danube. Les Carpodaces étoient un refte de 3o,V4'0"  7° HlSTOÏRB la nation des Carpes , qui, chaffés de Vïiex" leurpays par les Goths, s'étoient éta* timen H blis dans 1'ancienne Dace. L'Empereur Théodc- marcha en perfonne contre ces barAnn.^8!. bares > les défit, & les obligea de reCtmfuUt.' paffer le fleuve. Dans le même temps, henor. une armee de Goths traverfoit la MaOrof.u 7. cédoine, & marchoit vers la Theffa' jo/nand. Jiè. Théodofe fe repofa du foin de Gct- les repouffer, fur Bauton & Arbo*'Suid. in gafte, que Gratien avoit envoyés a k&foya.-^ fon fecours avec un grand corps de fff " troupes. C'étoient deux Capitaines Francs , qui s'étant attachés au fervice de 1'Empire, parvinrent aux premières dignités. Tous deux vaillants, défmtérefTés , & plein de prudence: mais Bauton étoit plus fidele, plus doux & plus modéré; il fut Conful dans la fuite, & fe contenta des diftincrions que lui procuroit fon mérite. Arbogafte,hardi, emporté, cruel, ambitieux au point de vouloir dominer fes maïtres, étoit d'ailleurs réglé dans fes mceurs, fobre & frugal, vivant comme un fimple foldat. Ces deux Généraux arrêterent les Goths a 1'entrée de la Theffalie ; & par leur bravoure & leur fage conduite., ils  nu Bas-Empire. Liv. XXL 71 leur firent perdre 1'efpérance de pé- ^ . tt ,\ Gratien nétrer plus avant. Les Goths regagne- Valen_ rent la Thrace, oü ne fe flattant pas tinienH de pouvoir fe foutenir contre les Thés°do" forces de Théodofe , ils prirent le ajujuj?». parti de retourner an-dela du Da- nube. Ce n'étoit pas pour eux une re- XXXVIT„ traite plus affurée. Le voifmage des *f s " . , • 1 i- / r 1 Goths fe Huns, qui les avoit obliges lous le foumet. regne de Valens de quitter leurs de- rent a meures, les tenoit dans de continuel- r|^"les allarmes; & ce peuple malheu- „r.^Ys, reux,ne pouvant ni refter tranquil- 19lement dans fon pays, ni en fortir 1 impunément, couroit rifque d'être en- idac. fafi. tiérement détruit. Théodofe crutpouvpir profiter de leur embarras pour Ch*'"' le bien de 1'Empire. La Thrace & la Synef. mais qu'il leur en reftoit tinienH affez pour devenir des fujets utiles. Théodo- Dans ces circonftances, il leur enAnn. 3S2 voya Saturnin, au commencement de ' 1'année dans laquelle Antoine étoit Conful avec Syagrius , différent de celui que nous avons vu dans le confulat 1'année précédente. Saturnin étoit propre a cette négociation. Parvenu par fon mérite aux premiers emplois militaires, il ne pouvoit manquer d'être agréable a une nation guerriere, qui n'eftimoit que la valeur. II connoiflbit les Goths contre lefquels il avoit fervi dans toutes les guerres, &c il en étoit connu. II ne fe preffa pas de terminer cette importante affaire. II leur fit entendre a loifir que la clemence de l'Empereur leur tendoit les bras; qu'il vouloit bien oublier les violences pajfées; qu'il ne tenoit qua. eux de trouver un afyle ajfuré dans le pays même qu'ils avoient Sabord ravagé, & enfuite inondéde leur propre fang, pourvit qu'ils fe confacrajfent Jincérement au fervice de 1'Empire : que s'ils étoient affe^ fages pour embraffer ce parti, ils auroient a fe fêlicüer de leurs dêfaites, puifque le vainqueur  nu Bjs-Empiïlè. Liv. XXL 73 ï&mqueur leur aaordoit ce que n avoient ^ ;>« leurprocurerdesfuccbs paftgers, dont VALE1I. écouterent ces propofrtions. Leurs iHEED0' chefs fuivirent Saturnin a Conöanti- A„n, 3si. nople, oü étant arrivés le 3 d'Octobre , ils fe profterneferil devant l'Empereur, lui demandërent grace , & lui promirerit une inviolable fidélité, Théodofe permit a toute la nation de s'établir dans la Thrafe & dans la Mé* fie. Elle y répara les maux qu'elle y avoit caufés; les campagnes furent enfemencées, & fe cöuvrirent de morffons : les villages fe releverent de leurs ruines, & les bords du Danube xecouvrerent leur ancienne fertilité., Un grand nombre de Goths prit des établiffements a Cordlantinople, & du 'fervice dansles armées.Si 1'onen juge par 1'événement > cette politique de Théodofe n'efl pas exempte de eenfure. II eft vrai que les conjonöures n'étoient pas les mêmes que du temps de Valens : auffi tant que Théodofe vécut, les Goths fe tinrent dans les hornes de la foumiffion, Mais la foibleffe de fes fucceffeurs réveilla leur haine qui n'étoit qu'affoupie. Théo» Tome V, ö  , _ 74' Hls t o i r g Ga^TiEN d°fe IeS laiffa réunis dans le même VAtEN- Pavs '■> ceu* qui fervoient dans fes trou- 832 t ft rien,un corPs a part {ous se des chefs de leur nation. Cette difAnn. 38j. tmcrion les empêcha de s'incorporer aux autres fujets ; bientöt ils sen féparerent, & exciterent de nouveaux troubles. Théodofe étoit fans doute alfure de les contenir tant qu'il vivroit; mais un Prince bon & prudent porte fes vues au-detè des bornesde U vie; il écarté les dangers les plus eloignes; il prépare des jours heureux * ies 1 ucceffeurs & k leurs fujets Ceft par les effets de cette prévoyance paternelle qu'on peut dire qu'il regne encore fur la poftérité. xxxvni Les barbares établis depuis neu k Divers ef- <^.„./i„ ^- 1 . jJcu a fe.s de la ^onftantinople , avoient peine k fe ciémence pher aux loix d'une police réglée Un de Théo- d'entre eux ayant commis quelque'vioLüan.or. iencJ >le peuple fe jetta fur lui, le M, i,. maffacra, & traïna fon corps dans Ia e W- mer. La cruauté d'une telle vengeance pouvoit caufer le foulevement de toute la -nation. Potir le prévenir, 1 heodofe hata de punir la ville- il retrancha Ie pain qu'on avoit coutume de djftnbufr au peuple i mais il fe  nu Bas-Empire. Liv. XXL 7$ ^^^^ ïaifTa fléchir dès le même jour. Ce Prince mettoit fon bonheur a pardon- Gy^™ ner. II donna la vie a quelques Gala- TinienU tes condamnés a mort, & fit grace a Théodoune ville de Paphlagonie , que 1'hif- Ann*E3'8l> toire ne nomme pas, non plus que le crime dont elle s'étoit rendu coupable. L'intempérie des faifons produifit XXXIX. en Oriënt la ïtérilité & la famine. Le /na™che! pain manqua dans Antioche. Malgré l iban. vit, les foins empreffés des Magiflrats, le peuple s'en prenoit a eux de fa mifere : il menacoit d'égorger le Sénat. Philagre, Comte d'Orient, fe contenta d'abord d'exhorter les boulangers a . fe relacher fur le prix du pain; il craignoit qu'ils ne prifTent la fuite s'il ufoit de rigueur k leur égard. Mais voyant que le peuple Paccufoit de leur vendre fa proteöion, il voulut fe juftifier a leurs dépens. II les fit arrêter & appliquer a la torture au milieu de la grande place, pour leur faire dire s'il y avoit qiielque Magiftrat qui s'entendït avec eux. La populace impitoyable repaiflbit fes yeux du lupplice de ces malheureux; elle étoit armée de batons & de pierres D ij  _ TC Hl S T O I R E " pour afibmmer le premier qui Dren- %\\™" droit leur défenfe. Un fi grand Vtinien H ger n'effraya pomt Porateur Libanius Théodo- II ofa percer la foule; & ayant péAnn.jsa. netré j^fqu'au tribunal, il paria avec tant de force en faveur de ces inno< ents, qu'il calma la colere du peuple, & engagea Philagre a faire ceffer les tortures. Ce miracle de perfuafion perd beaucoup de fon autorité ^ paree qu'il n'eft rapporté que par 1'Auteur même. Je foupconnerois que quelque convoi de vivres furvenu k propos, aida aux efforts de fon cloquence. XL. Les abus & les vices qui cherchent TWcT fansceire a s'introduire dans im grand i>. Etat, trouvoient un obfiacle puiflant cod. Th. dans la vigilance de Théodofe. II ré~ Jtl'e!' *' Prima le hixe , en défendant aux par/. 9. tit. ticuliers 1'ufage de Por fur leurs ha^lts' ^ °ta aux calomniateurs tout 21! Vs!'i. moyen d'excufe, toute efpérance d'impunité. Comme il favoit que la bonté du Prince 1'expofe a la furprife, & que ceux qui, par leurs richefles & leur crédit, font plus en étatde payer les taxes publiques , font d'ordinaire les feuls qui obtiennent des remifes,  nu Bas-Empirb. Liv. XXL 77 il défendit aux Officiers d'avoir égard ~t~en fur eet article k fes propres refcrits.^ Valen_ Si Gratien n'avoit pas les qualités tinien it Lrillantes de Théodofe, il ne lui cé- THÉsED'a" doit pas en humanité , en attention Ann_ j8i( fur la police de 1'état, en zele pour le XLI. progrès de la Religion Chrétienne. Loix de Des Gouverneurs durs & avarespre- Grodnn.i. noient quelquefoisla liberté d'impo-* u. tit,6. fer des taxes extraordinaires, qu'ils H- unicfaifoient autorifer par des lettres des Préfets du prétoire. II arrêta ces con- Ambmf. ■cuffions, & défendit abfolument de «ffic 1. 2. lever aucun impöt qui ne fut établic' par un édit du Prince. Perfuadé que les mendiants valides font dans tont Etat un levain de fédition & de défordres , &c que les moins dangereux font en quelque forte des frelons qui dévorent Ia fubfrftance des vrais pauvres, il profcrivit ce métier honteux : il ordonna que les mendiants qu'on trouveroit n'avoir d'autre titre k la compaffion. publique , que le libertinage & la pareffe, feroient livrés k ceux qui les auroient dénoncés, k titre d'efclaves, s'ils étoient de condition fervile, & de colons perpétuels,. s'ils étoient libres. D iij  maamamit ?s HisTotRe GrTtTTn i ■VEvè?ne de MiIan » °» Gratien Valen- *ailo.11: alors fa réfidence la plus ortinien li dinaire, profitoit de la bonté natuTheodo- j-elle de TEmpereur, pour le porter Arm. 381. a des acïions de clémence. Maisphrxui. fieurs Officiers du palais, qui ne chers. Am- choient qu'a perdre leurs ennemis ou tieat la }flirs.nvaiix, tkhoient d'éloigner de graced-un 1 oreille du Prince , un Prélat fi oppocnminei fé k leurs projets violents ou injuftes. c 24.' Un Magiflrat s'étoit échappé en difTiil vie cours injurieux contre l'Empereur - il t. i:i7 *n flltconvaincu & condamné k mort. • Comme on le conduifoit au fupplice, Ambroife accourut au palais pour intercéder en fa faveur. Les ennemis que eet infortuné avoit a la Cour, ayant bien prévu cette follicitation , avoient engagé le Prince k une partie de chafle dans fon pare : & lorfqu'Amb -oife vint demander audience , on lui répondit que l'Empereur étoit k la chafle , & qu'il n'étoit permis k perfonne d'aller troubler fes plaifirs. L'Evêque feignit de fe retirer; mais il trouva moyen de s'introduire fecretement par une autre porte avec les valets qui menoient les chiens, Alors s'étant préfenté a Gra~  J}U Bas-Empire. Lh. XXL 79 ^^^^ tien,il fe fit écouter malgré les contradiaions des courtifans, & ne quitta ValeNt le Prince qu'après avoir obtenu la gra- Tisien ii ce du coupable. SE Ce faint Prélat foutint 1'honneur de Ann ^1'Empereur & du Chriftianifme dans XLm. une affaire plus éclatante. L'autel de Gratien la Viaoire fubfiftoit k Rome danspa ««J^ falie du Sénat, depuis que Julien 1'a- truaion voit rétabli. C'étoit un monument cé de l'idoialebre oü 1'idolatrie fembloit encore "ie/urattde triompher, & que les Sénateurs chre- dignit, tiens ne pouvoient voir fans honte & Sym. fansdouleur. Gratien fit ceffer cefcan- u eJV\?; dale ; l'autel fut détruit. II fit plus; il God. Th. confifqua les reyenus aflignés k 1'entretien des Pontifes,& les terres dont z;f i 4[ la fuperftition avoit fait donation aux tui. Grat. temples. II annulla les privileges & «* m.& les immunités des Prêtres & des Vef- Damafi, tales; il ordonna que les fonds qui leur ««. 13feroient légués par teftament, feroient ^ j£ dévolus au fifc , & il ne les laifla 33. jouir que des legs mobiliaires. Jamais Mem. 1'idolatrie n'avoit reeuwde coup plus £ fenfible. Attaquée dans fon fanauaire, ,40. elle anima a fa défenfe les Sénateurs payens: ils drefferent une requête pour demander la révocation de eet édit, D iv  mmamm 80 H1 s T 0 1 R £ G^iT & dfnterent a« «om du Sénat en^ Vai.en- *ier ^ymmaque k la tête du college t1NJENi[ -des Pontifes, qui tous étoient SénaTheobo- teurs. Ce Symmaque eft celui dont Aon.3si. ?ous avons dix livres de Lettres. II etoit recommandable par fon mérite & par celui de fon pere que nous svons vu Préfet de Rome fous Valentimen. II avoit été Gouverneur de la Lucanie & du pays des Bruttiens, &c Proconful d'Afrique. La demande des payens ne pouvoit être appuyée d'une plus grande autorité, Mais les Sénateurs chrétiens, & c'étoit le parti le plus nombreux, défavouerent hautement les députés. Ils mirent entre les^ mams du Pape Damafe , une requête toute contraire, par laquelle ils protetfoient que loin de demander lé retabliffement de l'autel de la Viftoire , ils étoient réfolus de ne plus aller au Sénat, s'il étoit rétabli. Damafe fïttemr cette requête k St. Ambroife pour la remettre a l'Empereur. Gratiën, prévenu par Ie Prélat, renvoya les députés Payens fans vouloir les entendre. II refufa même la robe de grand Pontife, qu'ils avoient apportee pour la lui préfenter a cette oc-  du Bas-Empirz. Liv. XXI. 81 +i<\r>n Bj- reietta ce titre que Conf- tantin & fes fucceffeurs avoient juge Gratie» a propos de conferver. Ilcrut que dans TIN1EN H 1'état de foiblefTe , oü tant de coups Théoboredoublés. avoient réduit le Paganifme, il n'étoit plus befoin de ce ménagement politique. Depuis ce temps, le titre du grand Pontife ceffa d'être attaché a la dignité impériale ; & Gratien conféra au Préfet de Rome la jurifdiftion dont avoit été revêtit le chef de la Religion Payenne. Zofime raconte que le premier des Pon-tifes en recevant la robe que Gratien lui renvoyoit, s'écria: S'il ne vent pas ttre grand Pontife, Maxime le fera bientót. La témérité de ces paroles eft voilée dans 1'expreffion latine, fous une équiyoque affez puérile. Si le fait eft véritable, il faut fuppofer qu'on avoit déja en Italië quelque preffentiment i de la révolte de Maxime. Ann. 383. L'année fuivante, Mérobaude étant xliv. Conful pour la feconde fois avec Satur- d jsa™nqe_ nin, les Payens attribuerent a te co- me. lere des Dieux que Gratien mépri- Ambr. cl. foit, la famine dont Rome fut affli- ^cffic. gée. La moiffon avoit marqué dans /. 3. c. 7. cette contrée de 1'Italie, & les vents Symm. 1. D v i e"-7-£'  __■_..,„ _ ga H I s T o i r £ gTZ^T» contraires avoient arrêté les vaifïeauv Valen- fu apportoient le bied d'Afrique. Ce tinienII rut alors que Rome fit connoitre la Théodo- prodigieufe corrüption oii elle étoit Ann. js5. parvenue depuis un peu plus de trois /. io. tf. fiecles, & que nous avons tracée d'aJ4- vance dans Phifloire de Conftantin 14 Te. Anë}^, dans une pareille extrémité' Thanift. avoit fait fortir de Rome les étran- 2roL gerS' rXCeP^ hs Médecins, & ceux Tin. Grat. qui enleignoientles arts libéraux. Cette an. 16. & durete, a laquelle la néceffité fervoit ""sucl'in d,'excilfe> avoit ététrop fouvent imi*. 4». fee< P3™ i'occafion dont je parle, tous les etrangers eurent ordre de fortir de la ville; mais on y retint par privilege, les baladins & les danfeufes, qui fe trouverent au nombre de trois mille. Ces malheureux bannis, errants fans fecours dans les campagnes def* féchées & ftériles, étoient réduks a fe nourrir de gland, de racines & de fruits fauvages. Leur fort déplorable attendriffoit ceux qui, dans leurs propres maux, confervoient encore quelque fenfibilité du malheur des autres. Perfonne n'en fut plus vivement tou. ché que le Préfet de la ville; on croi q.u'ü fe norftffloit Anicius Bafius. Cé*  nv Bjs-EmpïRS. Liv. XXI. 83 tok un vieillard ferme & generen* , rempli de cette charite que la rvehgion VAlEK. Chrétienne étend fur tous les hom- ™,„i( mes, & de cette confiance qu'elle inf- T"«°9 pire dans les plus rudes adverfites. Ann. j8ji- Ilaffemblalesplusriches Citoyens. XLV. w Que faifons-nous? leur dit-iLPour «Jg» prolonger notre vie, nous faiions B^ » périr ceux qui travaillent a la lou» tenir. Ces étrangers que nous ban» niflons, ne font-ils pas une partie » de 1'Etat, précieufe & neceffaare i » Ne font-ils pas nos laboureurs, nos » ferviteurs, nos marchands, quel» ques-uns même nos parents ? Nous » ne retranchons pas la nourriture è » nos chiens , & nous la plaignons » a des hommes! Que la cramte de » la mort eft aveugle en même-temps » qu'elle eft cruelle! Qui voudra de» formais nous procurer, par un com» merce utile , les néceffites de Ia » vie ? Qui voudra enfemencer nos » terres? Qui nous fournira du pain, » fi nous en refufons a ceux par les * mains.defquels la Providence nous » le donne? Quelle horreur les Pro» vinces vont-elles concevoir de Ro» me ? Enverront-elles leurs entants • 1 D vi  - S4 ü I 3 T O t R.g » dans une ville homicide? Mais te Va lek- * raim qm va confumer ces inno- se> » notre ? Nous epargnons quelques Aan.js^. » morceaux de pain; nous achetons » un repit de peu de jours au prix » de Ia vie de tant d'infortunes; » lemblables a ces malheureux navi- * gateurs, qiü, pour éloigner Ia mort » de quelques moments, fe dévorent » les uns les autres. Sacrifons bien » plutot toutes nosfortunes; ce fera * fuM^er a meilleur marché que par » Ia perte d'un feul homme? Nous » n'avons de fecours a attendre que » du Gel: d fera d'airain pour nous » ü nous fommes impitoyables pour » nos freres: notre miféricorde mé» ntera la fïenne. Ouvrons les bras » aces miférables; contribuons tous » a leur fubiMance. II ne nous en coü» tera pas plus pour les nourrir, que » pour en acquérir d'autres après les » avoir perdus. Et oü en trouverons» nous qui veuillent s'expofer a Ia » mort en fervant des maitres inhu» mams " ? Ce difcours arracha des larmes aux plus infenlibles. L'avarice meme ouyrit fes tréfors. On £t venir  nu Bas-Empjre. Liv. XXL t$ des bleds de toutes parts; on permit ' "* 1'entrée de la ville aux bannis, que la famine avoit épargnés. Le fuper- xinien H flu des riches verfés fur les pauvres, Théodoprocura a ceux-ci le nécefTaire; & A.nn.Ejs3. la charité d'un feul homme , aflez féconde pour fuppléer a Ia ftérilité de la terre, fauva la vie a unpeuple nombreux. Gratien avoit de la bonté & de Ia XLVT. juftice ; mais il manquoit de pruden- {eG\a^ ce. II venoit de publier plufieurs loix odieux. qui tendoient a foulager fes peuples, Ced.Th.L -& a les affranchir des vexations que 1^'t'^' les Officiers exercoient dansles Pro- i. 13. üi. vinces, en fuppofant des ordres de J°- H- 8- r.,rr r c L\. ut. 3. FEmpereur. S appercevant que la ta- u^ , cilité naUirelle avoit tellement mul- Zef.1. 4. tiplié les exemptions, que ceux qui r'ademeuroient affujettis aux charges publiques , en étoient écrafés, il révoqua toute immunité , tout privilege; &c pour donner 1'exemple, il fe réduifit lui-même au droit commun, & voulut que fa propre maifon partageat le fardeau des contributions. II défendit de faire exécuter aucun ordre du Prince qui ne feroit pas juftifié par lettres-patentes, En un mot.,  ^ 86 '■ Histoire GRAT1EN d s'occupoit a rendre fes fujets heuValen- ^eux,J mais il ne fongeoit pas alfez tinienii a ménager leurs efprits. Franc & fans Théodo- défiance, trop livré au plaifir de la Ann. 383. chafle, & trop peu attentif aux murrnures de fa Cour , il prodiguoit les diflindions k des barbares, & furtout k des Alains qu'il avoit attirés a fon fervice. II leur donnoit des emplois honorables' dans les armées; il les approchoit de fa perfonne; il prenoit même plaifir k s'habiller k leur maniere. Cétte préférence excita d'abord la jaloufie contre les nouveaux favoris, & bientöt une haine fecrete contre le Prince. Les Romains, comblés de fes bienfaits, les oublierent dés qu'ils les virent partagés avec des étrangers. Ces mécontentements préparoient une révolution; il ne manquoit plus qu'un chef pour la faire éclater. XLVil. II s'en trouva un a 1'extrémité de 2m2 VEmpi™, afiez hardi pour lever l'éme. tendard de la révolte, & afiez ha- uaM ^ ^H6 P°Vr ^re cro*re ft»'il y avoit ètè fPrcé- M^gnus Clémens Maximus Dial. a, c. tenoit un rang confidérable dans les 7- légions Romaines, qui défendoient  du 3as-Empire. Liv. XXL 87 'alors la Grande-Bretagne contre les —— incurfions des barbares du Nord. La VA1E!f. naiffance &c le earaöere de eet itfur- timen 11 pateur fontun problême hiftorique ; Th*°do* 6c dans la contrariété des opinions, Ann. jgj. il eft difficile d'afleoir un jugement af- Diai. 3. c. furé. LesPoëtes & les Panégyriftes, 15. qui luipréparoient fans doutedes élo- /^ia[n ges s'il eüt été heureux jufqu'a la fin, 0rof_ /. 7, Font chargé d'opprobres après fa dé- «. 34faite. Selon eux, c'étoit un batard forti ^' de la poufTiere; il fut dans fa jeu- Bawfo* neffe valet de Théodofe , dont la pro- f>p *<* tection lui tint lieu de mérite , &c lui procura de 1'emploi dans les troupes. D'un autre cöté , Maxime fe couvrit du mafque de la Religion ; il honora les Evêques ; il fit mourir des Hérétiques. Ce zele fanguinaire, qui ne coüte rien a un Prince fans humanité , èc qui n'en impofa ni a St. Martin, ni a St. Ambroife, lui a cependant rendu favorables quelques Auteurs Eccléfiaftiques , de ceux même qui ont défapprouvé fa cruauté. Par une bifarrerie très-commune, ik ont condamné Faftion, & eftimé la perlbnne. A les entendre, Maxime fortoit d'une ilktftre origine; il avoit  88 Histoirb ■ autantde vertu que de valeur; & pour Vaalen-N Porter avec gloirele nom d'Empereur, timen li d ne lui manqua qu'un titre légitime. Théodo- Dans cette oppofition de fentiments j Ann. 383. ïe crois 5ue Ie meilleur parti eft de ne rien afiurer touchant fa familie , & dejuger de fon génie par fes actions mêmes. On y verra un politique qui fe joue de la Religion; un ambitieux qm n'a point d'autre caraclere: doux & cruel felon fes intéréts; brave lorfqu'il peut le paroïtre fans péril; timide contre des ennemis courageux; adroit a colorerfesinjuftices; d'un génie affez vafte pour former de grands defTeins, mais trop foible pour furXLVlil monter de grands obftacles. ' 11 eft' j 11 avoi* Pris naiffance en Efpagne proclamé dans la même contrée que Théodofe Empe- dont il fe vantoit d'être allié. II fer'Tof. i:4. vit avec Iui dans la Grande-Bretagne, na. epit. lorfque Théodofe y faifoit fes pre- paneT'' mïeK& f°US IeS °rdreS de {°a ciaüd. dc Pere- Etant refté dans ce pays, il par40. vint aux premières dignités de la mi» CjMa, hce. ü ne put, fans jaloufie, voir Soc. 1. j. eleveftir le tröne celui qu'il traitoit t. ii. d'ancien camarade de fervice , tandis »fp>chr. qUe lui-même c!emeuroit caché dans  nu Bas-Empire. Liv. XXL 89 mmmmmm un coin obfcur de 1'Empire. La haine tien qu'il concut contre Gratien , auteur y*™6. de 1'élévation de Théodofe , le porta tmuen 11 a corrompre lestroupes,toujours plus The°do_ féditieufes en cepays, paree qu'elles Ajm.js;. étoient plus éloignées du Souverain. II fema des mécontentements & des murmures; mais il eut 1'adrefle de couvrir fes intrigues, & fe ménagea le prétexte dont il fut fouvent fe prévaloir, d'avoir été malgré lui entrainé k la révolte. Les faveurs que l'Empereur répandoit fur les barbares, acheverent de foulever les efprits: les Officiers & les foldats déclarerent que puifque Gratien méconnoiflbit les Romains, ils ne le reconnoiffoient pkis pour Empereur. On proclama Maxime Augufte; & malgré fa feinte réfiftanee, il fut revêtu de la pourpre. II s'embarqua aufli-töt a la tête des XLIX. foldats Romains , & d'un grand nom- ^ bre de Bretons qui accoururent au pre- tre Gramier fignal. Pour autorifer fa rébel- tien. lion, il fit courir le bruit qu'il agiffoit de concert avec Théodofe. Etant r&. tpit. abordé a 1'embouchure du Rhin, il W-f- 4traverfa comme un torrent, la Gaule f- ,4/ 2" Septentrionale, entraïnant fur fon paf- bnf. 1.7, . .. 1 t. 34.  . 90 Hl S T 0 I R E S,Ve5 tr?Ipfdu pays'& une Vaxen- tltllele deA Gaulois qui le reconnurent tinien II pour maitre. II étoit déja prés de PaThéobo- ris, lorfqu'il vit paroïtre Farmée de Ann. 383. Gratien, qui marchoit a fa renconTui. Grat. tre> Malgré les- défertions, elle étoit 1 s- eJ,coJe affez nombreufe, Sc commandee fous les ordres du Prince par deux Genéraux valllants Sc fideles , MérobaudeaauellementConful,& le Comte Vallion. Gratien préfenta la bataille, que Maximen'accepta pas. On refta campé en préfence durant cinq jours, qui fe paflerent enefcarmouches. Dans' eet intervalle, Maxime pratiqua les troupes de Gratien ; il en corrompit la plus grande partie. Le tyran répandoitlargent 4 pleines mains; Sc au contraire, les profufions précédentes du jeune Empereur ayant épuifé fes finances , il ne lui reftoit plus de quoi retenir des ames vénales & fans foi. D'abord toute la cavalerie Maure pafla du cöté de Maxime : les autres corps fuivirent fuccefiivement eet exemple; Sc Gratien fe voyant trahi, fe fauva' a courfe de cheval, & prit le chemin des Alpes pour gagner PItalie, avec trois cents cavaliers ou'il croyoit fideles. J  nu Bas-Empjrb. Liv. XXL 91 II en fut bientöt abandonné. Toutes . les villes lui fermerent leurs portes. G^*^f Alors errant ca & la, fans fecours & TIMEN H fans efpérance, pourfuivi par un déta- Théodochement de cavaliers ennemis, il quit- AnnEjg3> ta la robe impériale pour n'être pas Li reconnu. On rapporte diverfement la Mort de maniere dontil perdit la vie. Selon Gpx^n'a_ 1'opinion la plus commune , Maxime „eg, envoya pour le pourfuivre, un de ViS. tPu. fes Généraux nommé Andragathe, né \'n fur les bords du Pont-Euxin, & en pfótm. 6t. qui le tyran avoit une finguliere con- & d* otó" fiance. Ce barbare étant averti que s.Ang.dc le Prince approchoit de Lyon, fe mit civ. I. 5. c. dans une litiere; & dès qu'il apper- ^.'ma ( ciit Gratien fur 1'aiitre bord du Rhö- m*'*' ne, il envoya lui dire que c'étoit fa Soc. l. 5. c. 11. pour partager les malheurs. Gratien ai- e> I3, moit tendrement cette PrincefTe, qu'il Pnfpavoit depuis peu époufée. II pafTa le e%?j?l la fleuve, & ne fut pas plutöt a terre , 1.14. ' qu'Andragathe s'élanca de fa litiere, &c 0rof-l- 7' le poignarda. Ce récit auroit befoin c' ^'arctL d'un meilleur garant que Socrate, qui chron. paroit en être le premier auteur. II Zon- '•IIeft beaucoup plus fur de s'en rapporter T\lo{\. p. a St. Ambroife, qui n'a pu ignorer la 57- Baronius*  92 HlSTOIRE mort d'un Prince qu'il chériflbit, & va*"™ dont 11 étoit ,chéri- Ce fikt Prélat, tinien ii après avoir gémi fur Ia malignité des Tkéodo- ennemis de Gratien , qui avoient ofé Ann.-383. repandre des calomnies fur fa chafm. Grat. teté' quoiqu'elle fut irrépréhenfible, an. 18. raconte qu'il fut trahi par un homme »•'• *J. qui mangeoit a fa table, & qu'il avoit honoré de gouvernements & d'emplois diftingués : que le Prince, invité a un feftin, refufa d'abord de s'y trouver; mais qu'il fe 1'aiffa perfuader par les ferments que ce perfide lui fit fur les faints Evangiles: qu'on fit' reprendre a Gratien fes habits impériaux; qu'on Ie traita avec honneur pendant Ie repas, & qu'il fut affafliné au fortir de la table. On ne fait quel eft ce traitre dont parle St. Ambroife. C'eft fur une mauvaife lecon de la chronique de St. Profper, que quelques Auteurs ont attribué ce noir forfait au ConfulMérobaude j fa mort, que nous raconterons dans la fuite, le juftifïe affez d'Un foupcon fi injurieux. D'autres, avec auffi peu de fondement, jmputent ce crime a Mellobaud, Prince Francois. II vaut mieux dire que 1'Auteur en eft inconnu. Si.  nu Bas-Empire. Liv. XXL 93 Jéröme dit que quelquesannées après, on voyoit encore avec horreur , dans Vaiek; la ville de Lyon, les marqués du fang tiniek it de Gratien , fur les murailles de la Thés°doi chambre oh il avoit été maffacré. Ann. 383, Gratien, témoigna en mourant la jli. tendre confiance qu'il avoit en St. Am- Circonf* : broife : il le nomma plufieurs foispen- ^e0srt e ; dant qu'il recevoit les coups mortels; Ambr. il avoit encore fon nom a la bouche s£m^£ : lorfqu'il rendit les derniers fonpirs; l ™"h & le faint Prélat qui raconte le fait p/aim. 61, • en verfant des larmes , protefte qu'il &a 1 n'oubliera jamais ce Prince, & qu'il z^. ' ' ' : 1'offrira fans ceffe a Dieu dans fes prie- Orof. 1.7. res & dans le faint Sacrifice. II fait en ep.^ toute occafion I'éloge de fa piété & so'c 1. {. tinknÏi douze ans pouvoient-ils oppofer aux Théodo- fuccès rapides de 1'ufurpateur ? Ce qui AnnE's redoubloit leur crainte , c'eft que nn 3 Maxime s'étoit deja pratiqué des in- fratr.tyep. ... ' i 1 38, telligences en Italië. Les payens, rePmu. pa- doutables par leur nombre, & par 1'ef"jf'aronius. P"1 de vengeance qui les animoit, Hermant, fe félicitoient fecretement de fa vicvie de St. toire. Quoiqti'il fut Chrétien, & qu'il r./. 3. eut une fernme très-pieufe, il les avóit TiU.'vit'dt gagnés par la flatteufe efpérance de s. Ambr. rendre a leur cultefon ancienne fplenan' 34' deur. Son frere Marcellin, qui s'étoit rendu a Milan avant même que la révolte fut déclarée, travailloit a former de fourdes intrigues. Dans cette extrémité, Juliine donna ordre de fermer le paffage desAlpes avec degrands abattis d'arbres. Se défiant de tous fes courtifans, elle eut recours k St. Ambroife cru'elle hanToit, mais dont elle connoiffoit la fsdéüté & le courage. Elle dépofa fon fils entre fes bras, lui recommandant avec larmes ce jeune Prince & le falut de 1'Empire. Le généreux Prélat embralTa tendrement Valentinien; & fansconfidérer le péril, il entreprit d'aller au-devant de Pen-  nu Bas-Empire. Liv. XXII. 101 ■nemi, & de s'oppofer feul a fes pro- , grès. Valentinien pouvoit venger la TIN1EN # mort de fon frere fur Marcellin, qu'il Théodo«voit entre les mains : par le con- AnnSE-g feil de St. Ambroife, il le renvoya au tyran. Un guerrier plus a&if que Maxi- St Am. me auroit profité de 1'effroi que fa broiVe va vidtoire avoit répandu, pour fe ren- trouver dre maitre de tout 1'Occident. Mais m2T' foit qu'il craignit d'attirer fur lui les orat. injun. armes de Théodofe en s'approchant Vdtnt. & de fes Etats, foit qu'il voulüt affurer t?^]n\\ fes conquêtes avant que de les éten- w« de s. dre, il s'arrêta dans la Gaule, Sc fixa Ambr-L ï« fonféjour a Treves. Ambroife en paf- c' jJ{L v!e fant par Mayence y rencontra le Com- de s. Amte Vi£lor. Le tyran 1'envoyoit de fon huan' I4' cöté a Valentinien, pour engager ce Prince k venir en Gaule, afin de concerter enfembleune paix folide & honorable aux deux partis: il lui promettoit une entiere füreté. Le Prélat étant arrivé k Treves, ne peutobtenir une audience particuliere. II fe préfenta donc devant le tyran au milieu du Confeil, quoiqu'il lui parut que cette démarche dérogeoit a la dignité épifcopaïe. II expofa en peu de paroles FobE iij  Vaeen- ïet de fa, commifïïon; c'étoit de de* tinien 11 mander Ja paix è des conditions raiThéodo- fonnables. Je ne la refufe point , dit Ann.3S3. Max™e; mais c'efi d Valentinien a vemr-lui-même la propofer; qu'il me regarde comme fon 'pere : la défiance feroit un outrage. Ambroife répartit, qu'on ne pouvoit exiger d'un enfant & d'une mere veuve, qu'ils s'expofafent d paf er les^ Alpes durant la rigueur de Vhyver : qu au refle, il n'avoit aucun ordre de tien promettrefur eet article: qu'il n'étoit chargé que de traiter de la paix. Maxime , fans vouloir s'expliquer davantage , ordonna au Prélat d'attendre le retour de Vicïor. Ambroife, au milieu d'une Courennemie, n'ayantpour lui que Dieu & fon courage, ofa fe féparer de communion d'avec 1'ufurpateur; & fur la plainte que lui faifoit Maxime : Vous ne pouve^, lui ditïl, participer d la communion des fideles ,qu 'après avoir fait pénitence d'avoir verfé le fang de votre Empereur. Enfin , Viftor arriva; il rapporta que Valentinien étoit pret d'accepter la paix ; mais qu'il refufoit d'abandonner 1'Italie pour venir en Gaule. Sur cette réponfe, Maxime congédia St. Am-  nu Bas-Empire. Liv. XXJI. 103 _v^; broife, qui, ayant pris fa route par la Gaule , rencontra a Valence en Dauphiné , de nouveaux députés que Va- Théodolentinien envoyoit a Maxime. En tra- AnnSEverfant les Alpes , il en trouva tous les paffages gardés par des troupes de 1'un & de 1'autre parti. Après plufieurs députations récipro- m. ques, Valentinien confentit a recon- mAdcec_om" noitre Maxime pour légitime Empe- ment dc reur de la Gaule , de 1'Efpagne, & Maxime de la Grande-Bretagne; &c Maxime fJteJe^ luiaffura Ia pofTeffiontranquille duref- Amb. lite de 1'Occident. La crainte de Théo- bdi ^addofe,quiarmoit déja,contribuabeau- "|BB. coup a déterminer 1'ufurpateur a eet Sosl l. 5.' accommodement. Maxime afTocia a e- ™'[ 1'Empire fon fils Viftor encore en- c_ £ '7' fant, & lui donna le nom de Flave, Zof. l 4. que les Empereurs portoient depuis n\*g£ Conftantin, mais qu'il ne paroit ni chn " ' par les médailles, ni par les Auteurs, Baron™. qu'il ait pris pour lui-même.LaGran- £p^son"d de-Bretagne, dépourvue de la j eunefTe Rtïntf. ' du pays & des troupes Romaines, que üftip. p. Maxime avoit prifes a fa fuite, demeu- ^aiU ' ce , pourvu qu'il veuille bien agir Mart. c d'après eux, il répétoit fans ceffe, qu'il *^^ & n'avoit point dejiré le diadême; que le s Martin, Ciel s'étoit fervi des foldats pour le for- art. 7 , 8. eer d l'accepter; qu'il n'avoit pris les armes que pour foutenir le choix de la Provïdence; que la facilité de fa victoire étoit une. marqué évidente de la proteclion divine ; & qu'aucun de fes ennemis n'avoit pêri que dans La guerre.. Les flatteurs outroient encore les éloges qu'ilƒ31foit de fa bonté. Les Evêques mêmes ' fe rendoient de toutes parts k la Cour; & felon un Auteur Eccléfraffique de cestemps-la, ils proffituoient leur dignité a la plus honteufe adulation. St. Martin, alors Evêque de Tours, futle feul qui foutint 1'honneur du miniftere apoftolique. Ilvint demander grace pour des profcrits ; mais il la demanda fans s'avilir, & d'un ton qui impofoit au Tyran même. Son extérieur n'étoit rien moins qu'avantageux ; il n'aE vj  lo8 Histoirb VOlt de cmmr] miP fnn ür C tinten ïi f r.a&ere- Maxime , 1'ayant pmfieurs Théodo- r°is invité avec inftance a manger a AnnE?8? ^ ' 3Voit toujours répondu 3- qu'il ne fe croyoit pas permis de s'affeoir a la table d'un homme, qui, de fes deux maïtres, avoit öté a 1'un la vie, a 1'autre la moitié de fes Etats. II fe rendit cependant aux prefTantes follicitations de Maxime ', qui en parut ravi de joie, & qui invita, comme pour une fête folemnelle, les plus diftingués de fa Cour. Martin s'affita cöté du Prince; un Prêtre de 1'Eglife de Tours, dont il fe faifoit toujours accompagner, fut placé entre Marcelïin & fon oncle. Lorfque le repas fut commencé, 1'Echanfon ayant préfenté a boire a Maxime , celui-ci donna Ia coupe a St. Martin , voulant qu'il 'en büt le premier, & la recevoir enfuite de fa main. Mais 1'Evêque, après avoirtrempé fes levres, fit porter Ia coupe a fon Prêtre, comme a celui qui méritoit la préférence d'honneur fur tous les convives. Cette liberté, qui trouveroit aujourd'hui peu d'approbateurs, fut admirée de toute la Cour : on Iouoit hautement Martin,  nu Bas-Empire. Liv. XXII. 109 _mm_mmm^ d'avoir fait a 1'égard de l'Empereur, — °n A 1 1 vi/l Valen- ce que tout autre Eveque n auroit ole TINIENu faire a la table du dernier des Ma- théodogiftrats. Maxime lui fit préfent d'un An^E's vafe de porphyre,' que le Prélat con- nn" facra a 1'ufage de fon Eglife; & comme il pénétroit les plus fecretes penfées du Tyran , & qu'il découvroit déja dans fon coeur le defTein de détröner Valentinien, il lui prédit que s'il paflbit en Italië, il auroit d'abord quelque fuccès, mais qu'il y trouveroit bientöt fa ruine. Maxime le mandoit fouvent k la vil. Cour; il le traitoit avec honneur; H°enn,^urs & foit par hypocrifie, foit par les ^me de accès paflagers d'unepiété fuperficielle Maxime & inconféquente , il aimoit a s'en- read a St' " , . ' . 1 -n Martin. tretemr avec hu de matieres de Ke- Salfm Sev, ligion. Mais la femme de Maxime, iuk 2- *. dont le nom n'efi pas venu jufqu'a ^ yU de nous, avoit pour le faint Prélat une s. Martin vénération plus profonde & plus fin- art. 8. eere. Elle 1'écoutoit avecdocilité , elle lui rendoit les devoirs les plus humbles &' les plus aflïdus : & comme la piété prend quelquefois une forme finguliere dans les femmes de la Cour, elle voulutun jour, avec la permif-  IIO II 1 S T O I R E ^mm~m- fion de fon mari, le fervir a table.1 tinienII EHe apprêta elle-même les viandes; Théodo- elle lui donna a laver, lui fervit a Aan % k°ire' ^e t"lt debout derrière lui , «n- 3 }■ ^ recLieillit avec refpecl les relles de fon repas. St. Martin y confentit avec peine, en faveur de quelques prifonniers , dont il follicitoit 1'élargiffement. VIII. L'accommodement du jeune EmThéodofe pereur & du Tyran ne pouvoit fubMaxi'me" ^er *"ans l'agrément de Théodofe. La pour Em protection de ce Prince étoit devenue pereur. néceffaire a Valentinien, & a Juftine, Amb.' eP'. gouvernoit fous le nom de fon j6. fils. C'étoit la crainte de Théodofe , «rh\%iJ\ P^US ^ue ^a difiiculté du pafTage des *"*' 'I9' Alpes, qui retenoit le Tyran dans la Gaule. Maxime redoutoit un guerrier habile & heureux,quifaifoitde grands préparatifs pour venir jufque fur le Rhin, lui arracher le fruit de fon crime. Pour conjurer cette tempête, il envoya fon grand Chambellan. C'étoit un homme grave & avancé en age, qui, dès 1'enfance de Maxime , avoit été attaché a fon fervice. Le député, fans entreprendre de juftifier fon maitre au fujet de la mort de Gratiën,  nu Bjs-Empire. Liv. XXII. ni expofa a Théodofe 1'état de 1'Occident, le traité conclu &c la foi don- tinien1"i née; il lui repréfenta qu'au-lieu de dé- Théodofoler 1'Empire par une guerre civile , AnnSE;s qui favoriferoit les deffeins des bar- '3 bares toujours prêts a forcer leurs barrières, il étoit plus a propos de réunir contre eux les forces des deux Etats; qu'il trouveroitdans Maxime un guerrier capable de couvrir les bords du Rhin , tandis qu'il défendroit luimême ceux du Danube ; il hnifToit par demander fon amitié & fonacceffion au traité des deux Princes. L'Empereur ne fe trouvoit pas encore en état d'entreprendre une guerre fi éloignée. Pour mieux afTurer la vengeance qu'il devoit a fon collegue & a fon bienfaiteur, il crut qu'il lui étoit permis de diffimuler, & d'attendre une occafion que 1'ambition de Maxime ne pouvoit manquer de lui procurer. II accepta les propofitions du Tyran , le reconnut pour Empereur des pays qui lui avoient été cédés, & confentit que les ftatues de Maxime fuffent placées a cöté des hennes, de celles de Valentinien & de fon fils Arcadius.  ï!2 HlSTOTRg Valen; Ce ^toit Ie feul qu'av°ir alors tinien ii Théodofe ; & fon pere 1'avoit affoThéodo- ciéa 1'Empire, & honoré du titre d'AuArc'a- gllftf ' dès Ie mois de Janvier de cette mus. année. Cette éclatante proclamation Ann. 3S3. s'étoit faite dans la place de l'HebArcaditi dome-, Arcadius étoit agé de fix ans , AuguftèUS & Théodofe fongeoit a lui donner un ciTconfié précepteur, auquel il put confier un Arfenï* d-épÓtfl précieux * 1'Empire. Thémifïdac.ch'r. tmsj alors célebre par fon éloquence, faft. defiroitavec emprefTement cetemploi; Chfn"1 J1 avoit Pllbliquement témoigné ce dePro^, fir dans une harangue qu'il avoit proton, noncée dans les premiers jours de cette Thciifi.' année Pour n°norer le Confulat de er. 16,18. Saturnin. II femble même que PEmes°c-l' 5- pereur avoit en lui une confiance parY0°.' 1. 7. ticuliere; & lorfqu'il fe difpofoit a parc 12. tir pour 1'Occident, il lui avoit reu™'f- commandé le jeune Prince avec tenZof- i 4'. drefle en préfence du Sénat. Mais quoiOrof.i.j'. qu'il eftimat les Iumieres & la proHiAMif- bité.de cet Orateur Payen, il cher<*U. 1.12. choit un Chrétien fage & éclairé pour P"gi ad former le cceur de fon hls, & y jetter TuTvh de lesPllresfemences de la véritabïe ver- S^Arfene. tu. II le trouva dans Arfene, diltingué par fa noblelTe, plus encore par  nu Bjs-Empire. Liv. XXII. 113 Pintégrité de fes moeurs , 6c par une — ~£ parfaite ccmnoiffance des lettres Sc de V^E*"U toutes les fciences humaines. Lorf- xheodoqu'Honorius , qui naquit 1'année fui- se. vante , fut en age de recevoir des le- ^rcacons , il le joignit a fon frere fous Ann> 3g3ï la direöion d'Arfene. Cet habile inftituteur ne manquoit d'aucun des talents propres a former de grands Princes, fi dans fes éleves la nature ne fe fut pas refufée a fes foins. II eut 1'honneur de lever des fonts baptifmaux, Arcadius Sc Honorius. Théodofe lui donna fur eux Pautorité qu'il avoit lui-même. Mais Arfene , après onze ans de travaux continuels, fe dégoüta de la Cour. II vivoit dans la - pompe & la délicatefTe; fuperbement vêtu & meublé , fervi par un grand nombre de domeftiques, l'Empereur lui entretenoit une table fomptueufe. A 1'age de quarante ans, vers 1'an 394, il fit réflexion, que , tandis qu'il fe livroit tout entier a 1'éducation des deux Princes, il ne travailloit pas a fe réformer lui-même. Frappé de cette penfée , il fe retira fecretement du palais ; Sc s'étant dérobé a toutes les recherches de Théodofe, il s'alla ca-  114 HlSTOIRE cner dans je défert de Scéfhé , oh il tTn"nii vt*ut j"%l'a ¥He de quatre - vingtThéodo- quinze ans dans la plus auflere pénise. tence. Voila ce que 1'on peut adopdius." ter comme certain au fujet de 1'éduAnn. 383. cation qu'Arfene fut chargé de donner aux enfants de Théodofe. Les autres circonftances, que leur fingularité n'a pas manqué d'accréditer, uniquement fondées fur le récit de Métaphrafte, font plus propresa embellir une légende romanefque, qu'a trouver place dans 1'hiftoire. x Théodofe ne fe repofoit pas tel- Théodofe lement fur le zele & la vigilance d'Ar- fo0nfieisk *ne ' ^u'd ne P"* m^~m^me toutes des le- les occafions d'infpirer a fon hls les ?ons de vertus néceffaires aux Princes. II 1'acclemen- coutumoit de bonne heure aux acThemijt, ^ons de bonté & de clémence. On or. 19. conduifoit un jour a la mort des crilCgd'thUj' mine^s avoient outragé par leurs Ug'. unie. ' difcourslamajefléimpériale.Flaccille, Xiphu. toujours prompte a fecourir les malm Tm. heureux? en donna avis a fon mari. II fe plaignit qu'on ne 1'eut pas averti avant la condamnation, pour leur épargner même la vue du fupplice , & leur envoya fur le champ leur gra-  du Bas-Empire. Liv. XXII. 115 ce , après 1'avoir fait figner par Arca- r^=^* dius. Théodofe, dont le caraöere avoit beaucoup de rapport a celui de Titus, xhéodoIui reflembloit fur-tout par le mépris se. ou'il faifoit des iniures. RafTuré par Arca» la propre conlcience, il nen croyoit A.nn. 383; pas mériter de véritables , & il avoit 1'ame trop élevée pour s'abaifTer a écouter celles qui n'avoient aucun fondement. II déclara quelques années après a tout 1'Empire ce fentiment généreux, par une loi dans laquelle il défend aux Juges de punir les paroles qui n'attaquent que fa perfonne : Car, dit-il,j? elles proccdent de légèrete\ elles font méprifables ; fi elles viennent de folie, elles ne mentent que notre pitié; fi elles font produites par le deffein de nous faire outrage , nous devons les pardonner. En conféquence , il lie les mains aux Magiftrats fur eet article, Sc leur ordonne de lui renvoyer la connoifTance de ce crime , afin qu'il puifTe juger par la qualité des perfonnes , fi le délit mérite d'être éclairci, ou d'être oublié. II y eut cette année quelques ex- XI. péditions peu confidérables en Oriënt. ^I"^"6* Théodofe fe contenta d'y employer en O- rient.  Il6 Histoire ~ fesGénéraux. Les Sarrafins, au mépris mmSii des ancienstraités, attaquerent les terThéodo- res de 1'Empire; ils furent punis de se. leur infidélité. Une peuplade de Huns bius" ^tablis en Oriënt, rirent des courfes Ann. 383 en Méfopotamie, & vinrent affiéger Pacat. pa- EdeiTe, d'oii ils furent repoulTés. Ils "Iw"' revinrent pe« de temps après avec un UL°C°V' renfort de Perfes qui s'étoient joints Perf. 1. 1. a ces barbares; mais ils ne furent pas tui. plus heureux. Ces Huns étoient une Theod. art. portion de cette nation féroce, dont M'de G ■ n°US avons trac^ 1'hiftoire fous le regn'ts \ 1. 'T, Bne de Valens. Tandis que leurs com2. p'art.p'. patriotes fïloient au nord de la mer 325. Cafpienne , ceux-ci s'arrêterent a l'orient de cette mer, le long de 1'Oxus. Le nom d'Euthalites ou d'Abthélites qu'ils portoient, fignifioit dans leur langue, qu'ils habitoientprès d'un fleuve. Les Hiftoriens Grecs & Latins les diftinguent encore par le furnom 'de Blancs , paree que leur teint n'étoit pas bafanné comme celui des Huns du Nord. Dans un climat doux & fertile, 1'efpace d'environ trois fiecles avoit changé leurs mceurs & les traits de leur vifage. Leur figure n'avoitplus rien d'afTreuxni de difforme, &c leur  Du Bas-Empire, Liv. XXII. 117 j: maniere de vivre ne retenoit plus que "'^^ quelques traces de la barbarie de leur TIN1EEN n ■ origine. Ils habitoient dans des villes ThéodoI dont la capitale étoit Korkandge , que A^A_ les Grecs appellent Gorgo. Ils avoient DIUS, unRoi, des loix, une police réglée. Ann. 383. Ils étoient fideles dans le commerce entre eux , & avec leurs voilins. Les plus riches fe formoient une petite cour d'une vingtaine de clients , qu'ils i nourriffoient a leur table , & qu'ils entretenoient a leurs dépens. Ces fubalternes attachoient inféparablement leur fort a celui de leur patron ; &t > lorfqu'il venoit a mourir, ils fe fai: foient enterrer avec lui. Telles étoient \ les mceurs de ces Huns Euthalites, I dont il fera plufieurs fois parlé dans ; la fuite de notre hiftoire. ^■.■-mjm Ricomer, qui avoit eu la plus gran- Ann ; de part a. leur défaite, fut 1'année fui- xn ï\ vante revêtu du Confulat avec Cléar- Confuls. que. Tous deux, quoique Payens, l^'-fj^ i étoient eftimés de Théodofe , & dif- h^FiaZ\ 1 tingués, 1'un par les emplois militai- /. 1. £.'9. I res , 1'autre par les charges civiles. Ri- "f; I corner, Franc,ois de naiflance, & forti ^ c' F' I du fang des Rois , s'étoit attaché a Valentinien premier. II parvint a la  ^^^^ 11$ H I S T O I R g 2===ï dignité de Comte des domeftiques. 11 mm il avoit été mvoJé au fecours de VaThéodo- lens .dans la guerre des Goths ou il se. s'étoit fignalé. Gratien 1'avoit donné mus." k Théodofe , qui fit ufage de fa braAnn. 384. voure, & 1'éleva au grade de Général de la cavalerie &c de 1'infanterie. On croit qu'il fut pere de Théodémir,Roi des Francois avant Pharamond. II étoit lié d'amitié avec Symmaque ; & Libanius compofa en fon honneur un panégyrique que nousn'avons plus. Cléarque , Vicaire d'Afie, avoit fidékment fervi Valens dans le temps de la révolte de Procope. II en avoit recu pour récompenfe , le Proconfulat de la même Province, & enfuke la Préfeclure de Confiantinople. D'abord, ardent idolatre &c protecteur déclaré du fanatique Maxime , il avoit fans doute permis a fon zele de fe modérer pour ne pas déplaire a Théodofe, qui le nomma Préfet de Conftantinople une feconde fois. XJïi Son fuccefleur, dans cette dignitiusTré- té ' fl!t Thémifiius : l'Empereur voufct de c. hit peut-être le confoler de ce qu'il ^Thtmiti ne 3V0^ P3S con^é 1'éducation d'Artr.i^ii. cadius. Le nouveau Préfet remercia  jfu Bjs-Empire. Liv. XXII. 119 Ie Prince par un difcours qu'il pro- ' nonca devant le Sénat. Théodofe en- Vale». tendoit avec plaifir eet Orateur ver- ™™3' tueux, & lui fourniffoit fans ceffe une SE. abondante matiere d'éloges. II diminua Arc a- 1 1 a 5-1 dius. les impots dans le temps meme qu il A[m étoit obligé d'entretenir de nombreufes armées. II veilloit avec une attention paternelle a la fubfiftance de Conftantinople, y faifant venir des vivres par mer, même pendant Fhy~ ver, & vifitant en perfonne les magafins qu'il regardoit comme fes tréfors les plus précieux. II augmenta les diftributions qu'on avoit coutume de faire au peuple, & attira par cette iibéralité un plus grand nombre d'habitants. Antioche, plus éloignée des yeux xiv. du Prince, ne iouiffoit pas d'un fort Procuiu* auffi heureux que la capitale de 1 Hm- comtes pire. Eumolpe, Gouverneur de Sy- d'Orient. rie? étoitim Magiftrat fage & com- ^-'^J patiffant; mais il ne pouvoit arrêter * tul les violences tyranniques des Com- Tkeod.en. tes d'Orient. Proculus, revêtu de cette l6° charge depuis deux ans , étoit en meme-temps libéral & cruel : fes largefles ne lui coütoient que des injuf-  120 H I S T 0 I R E - tices ; il prodiguoit aux uns ce qu'il \ tTnieTii raviffoit aux autres. II fit maflacrer, Théodo- fous je ne fais quel prétexte, un grand ! ^ nombre de perfonnes dans le bourg mus." deDaphné. Théodofe, inftruit enfin de Ann. 384. fes forfaits, le dépofa avec ignominie. Mais il fut encore trompé dans le choix de fon fuccefleur. Icarius, fils de ce Théodore qui avoit été mis a mort fous le regne de Valens, fut envoyé a la place de Proculus. L'étude &c 1'amourdes lettres par lefquels ce nouveau Comte étoit parvenu aux honneurs, promettoient une conduite plus fage & plus modérée. En effet, il n'aimoit, ni 1'argent, ni les plaifirs ; mais il étoit défiant, fuperbe, imprudent, auffi inhumain que fon prédéceffeur. La pefte défoloit Antioche & les autres villes de Syrië; elle cefia en peu de temps; mais elle fut fuivie d'une longue famine. Antioche fut bientöt remplie d'une foule d'indigents, qui venoient y chercher du fe-1 cours. On 1'exhortoit a les foulager: Laijjnns , dit-il, pêrir ces miférables ;] les Dltux les condamnent puifqtf ils les abandonnent. Ces paroles cruelles ex-J citerent une jufte horreur. II continua de:  du Bjs-Empire. Lh. XXII. ui de fe rendre odieux par les mauvais ' " traitements dont il accabla les beuIangers & les marchands de bied, & Théodo-. par les rapines qu'il toléroit dans les Officiers de police. Le peuple fe fou- V1VS. leva; & 1'on peut conjecïurer par une Ann- 38+» inveftive de Libanius, que le Comte fut dépouillé de fa charge. Mais I'hiftoire n'a pas laiffé a la poftérité , la fatisfaftion d'apprendre avec certitude , quelle fut la punition de ce barbare Commandant. Théodofe ne perdoit pas de vue XV; le grand defTein qu'il avoit concu d'a- v£™~e(J battre entiérement 1'idoMtrie. Après ^t^de avoir défendu dès le commencement Théodofe -de fonregne, lesfacrifices par lefquels po"r d*r , V , / / i U • truire 11- on cherchoit a penetrerdans lavemr, doiatrie. ' il avoit enfin interdit toute immo- Amlt. ie iation de vicBme. II n'étoit plus per- diy'/e™* •mis aux Payens que d'allumer du feu i'7, fur les autels., d'y brüler de 1'encens, Lihan' & "avoir beaucoup avancé pour la dé- 9° 'tlt 'u truire tout-a-fait. 11 ne reftoit plus hg. ij. en Oriënt qu'Alexandrie, oii 1'on ofat c^£d'T£d •encore faire couler le fang dans les j, ë. t\ Tornt V* F 167.  Ï21 HlSTOIHB - ' '■• temples. Libanius , toujours avocat il des idoles , entreprit par un difcours Théodo- de fléchir Théodofe en leur faveur. Arca ^ employoit toutes les couleurs de mus." fa rhétorique pour exagérer les in- Ann. 384, fultes que les Chrétiens faifoient aux ™- ^ Dieux & a leurs adorateurs : il ac- 17*°"art' cufoit fur-tout les Moines; il avancoit que , fecondés des Officiers &c des foldats , ils brifoient les ftatues, ils abattoient les édifices facrés, ils égorgeoient les Prêtres fur les ruines de leurs autels, & que fous prétexte de faifir en faveur des Eglifes, les fonds appartenants aux temples , ils s'em* paroient des biens des particuliers, & dépouilloient de leurs terres les légitimes poffefTeurs. II prétendoit que les Empereurs Chrétiens juftifioient eux-mêmes le culte ancien, puifqu'ils le toléroient dans Rome & dans Alexandrie ; qu'ils laifToient fubfiller plufieurs temples; qu'ils n'excluoient pas les Payens des plus éminentes dignités, & qu'ils recevoient le ferment de fidélité fait au nom des Dieux. II finifToit par ce trait de hardielTe : Les hab'uants des campagnes fauront bien défendre par les armes leurs divinités, fi  du BAs-Empire. Liv. XX1L 123 &n les vient attaquer fans les ordres de "' fEmpereur. S'il eft vrai que ce difcours ^^'n calomnieuxfoit parvenu jufqu'a Théo- Théododofe, ce Prince le recut fans doute sE«omme un avis de ce qui lui reftoit Dros.' a faire pour fermer a jamais la bou- Ann. 384. che a 1'idolatrie , & lui öter toute :efpérance. II avoit déja envoyé en Egypte Cynégius, Préfet du prétoire, avec ordre d'abolir le culte des idoles dans cette Province , &c dans tout I'Orient. II le chargea en même-temps de porter a Alexandrie les images de Maxime , & de Py faire reconnoitre Empereur , felon le traité qui venoit d'être conclu entre les trois Souverains. Ce Magiftrat, ferme & incorruptible, s'acquitta de fa commiflion, mais avec prudence. II fit cefler en plufieurs endroits les facrifices ; il y ferma les temples. En arrachant aux peuples les objets de leur adoration, il fut prévenir leur révolte , Sc les confoler de la perte de leurs Dieux, par un gouvernement équitable, qui a mérité des éloges publics de la part de Théodofe dans une de fes loix. Ce témoignage eft plus dign? de foi que celui de Libanius, Le fophifte, irrité' F ij  I«4 HlSTOIRB *~ contre Cynégius qui venoit de démo- v alen- >• ,. 1 tinienH «runtemple magmnque, qu'on crort Tréodo- être celui d'EdefTe, dépeint le Préfet Arca- comme un nomme cruel, lans méndius. teabufant de fa fortune, efclave de Ann. 384. fa femme gouvemée par des Moines. Nous voyons par la fuite de 1'hiffoire, que Cynégius ne vint cependant pas a bout de ruiner entiérement le culte idolatre, ni dans 1'Egypte, ni dans la Syrië. Ce fut alors que les Payens oubliant leurs anciennes violences, commencerent afe prévaloir de cette maxime, dont les fideles avoient fait ufage dans le temps des perfécutions, & dont les vrais Chrétiens ne js'écarteront jamais : Que la Religion doit s'établir par la perfuajion, & non par la contrainte. XVI. Théodofe ne pourfuivoit que les Il eft erreurs capables de troubler 1'ordre paT^es Pubüc. II épargnoit ces fecïes paciLucifé- fiques, qui rampoient dans PobfcuriMarc'eii & ^ & ie. flIe.nce' c'eft ?o\\r cette raifanft. Li- *°n gH'ilj faifoit grace aux Novatiens. Uil. Les Lucifériens furprirent même fa TUI. bonté naturelle. Se Dlaknant d'être j neoa. art. r, , 1 o 19. £> A- periecutes, paree quds n'avoient pas auez ue torce pour etre perlecuteurs, rian. art. 140  du Bas-Empïre. Liv. XXII. 125 1 deux de leurs Prêtres, Marcellin & " ■'■ , Faufiin, ïni préfenterent une requê- Jggfo ,1 te. Ils imputoient fauffement aux Ca- théodo- tholiques les violences les plus ou- se. : trees. Le ton de piété, que Phypocri- £ivs~ i fie emprunte aifément,. trompa Théo- Ann, 3S4; dofe. II les recut comme des Ortho; doxes injuftement outragé^s r il fe déI clara leur protefteur par un refcrit, I dans lequel il traite d'hérétiques leurs | adverfaires, reconnoifTant néanmoins \ que c'eft. aux Evêques qu'il appartient iï de décider les quefiüons qui concer{ nentla foi. Valens n'avoit conclu la paix avec xvïï, Ie Roi de Perfe, que par la néceflité AmbaffaI de tourner toutes fes forces contre pei£e* J les Goths. II paroït que les conditions paeat. du traité ne furent pas avanfageufes p*"»g- art- k 1'Empire , & qu'on fut obligé d'a- or_ a bandonner TArménie a Sapor. Ce Prin- 14,. 15. i ce étoit mort en 379, après avoir vécu I & régné avec gloire, foi'xante & dix 0 'clau}_ Je i ans. Son fits Artaxer n'avoit occupé nu?u Ho| Ie tröne que quatre ans. Sapor III, ^ e .f I fils & fucceffeur d'Artaxer, craignoif ua't..fl/. I Théodofe,-qui entretenoit une armée Chron. I fur les bords du Tigre. Moins guer- c™ar"J" I rier que fon aïeul, il prit le parti E iij.  |ïf ? HjSTO/KE de détourner 1'orage par un nouveau i S Lraké-.Po^/e giller l'EmpereurThéobo- Komain, il nt rendre a fes images les; se. mêmes honneurs qu'on rendoit a cel- ■ mul" *es des Ro?s du'pays, & lui envoya i Ann. 384. a Confïantinople une célebre ambaf- ■ Grof. 1.7. fade avec de riches préfents; c'étoit: w'/. 5. des P^rreries, de la foie, & des élé, (. 12. ' ' phants pour trainer fon char. La néAeaA. 1. gociation dura long-temps, & ne fut Pairic. in terminee que cinq ans après, en 389. excerpt. Mais il y a lieu de croire que Théo- xt'mt'' d°{e fit acheter cette h'fpenfion d'arIg'.^l' mes.» de la celTion de quelques terihi £od. ritoires. Du moins il eft certain que SVÖ dès Pan387, U exercoit lesdroitsde tdThemiji. Ia fouveraineté fur la Sophanene, Sz p. 484. fur les Satrapies voifines. Cette ProteoTont vinc,e' ütu^e ea^^ d» Tigre, au midi /. 3.V. ij'. de PArménie & au feptentrionde Ni""'tïi fibe & d'Amide» avoit appartenu aux Theod art. Perfes i & quelques Auteurs la nomai. ' ment au nombre de celles que Jovien leur avoit cédées. Ils la dilfinguent de la Sophene , Provinced'Arménie, plus occidentale Sc plus voifine de 1'Euphrate. XVm. Stilicon fut député vers le Roi de Stilicon Perfe. II étoit encore dans la première  ui) fijs-EArrniE. Liv. XXII. 127 jeuneffe; mais il avoit déja fait con- ■ noitre fa valeur & fa dextérité dans gjjj la conduite des affaires. II tiroit fon jhéodoorigine de la nation des Vandales. Son ^se.^ pere avoit commandé fous Valens les DIUS' troupes auxiliaires de Gevmanie. II Ann. 3S4. avoit 1'efprit élevé, plein de feu, ca- env°y«fe pable de former de grands projets, eaaJ[ £ & d'en fuivre 1'exécution; éloquent, iaud. Sübicn fait de fa perfonne, d'un teint l- *> vif & animé, noble dans fon port & dans fa démarche , il s'attira 1'ef-r time des Seigneurs de la Perfe & du Monarque. Les Rois de Perfe étoient pafhonnés pour la chafTe : Stilicon fe fignala dans ce divertiffement, & fit admirer fon adrefle a tirer de 1'arc & a lancer le javelot: c'en fut aflez pour faire écouter favorablement fes propofitions. Retomné quelque temps après a la Cour de Théodofe, il fit conclure le traité de paix entre les deux Souverains. Reu de temps après 1'arrivée des xix. AmbafTadeurs de Perfe, le 9 de Sep- , Divers tembre, il naquit un fecond fils a Théo- „^„"7 de dofe. L'Empereur le nomma Hono- cette anrius, en mémoire de fon frere, qu'il avoit tendrement aimé. II lui donna (£'m, F iv  . 128 H i $ t o i r £ ~= des fanaiffance, le titre de Nobiliffitinienji m,e' °f le défigna Conful pour PanTHioDo- nee 386. I! n'y avoit eu jufqu'alors Akca, T Sïï$* p/étems a Conftantinodius. Ple •* 1 neodole en doubla le nombre • Ann. js-4i mais il ordonna en même-temps que cMaruL deux Préteurs enfemble ne feroient cu„d de Pour le« jeux publics, que la même la«d. se, depenfe & laquelle un feul avoit été "sZ' 1 i auPara™ obligé. 'Les MagiuVats fe ep. 20. ruinoient fouvent, foit par les larChr. au, geiles qu'il étoit d'ufage de faire Sc iT"o ^'dsportoienta Pexcès, foit pari* *i, a*', magnificence dont ils fe piquoient dans. J7 * * 1. les fpeöacles qu'ils donnoient au peu* &i. 3. ep. P|e; J'Empereurmit un frein a une va~ j5. 82, mte fi nuifible aux families, en réut'tJhl ë]^tces dépenfes. Valentinien venoit ieg.\*: d en faire autant pour POccident; Sc l ij. tit. les deux Princes avoient par ces loix \loI'J:fl fP°ndtl aux defirs des deux Sénatl /. 1. tk. de Rome Sc de Conftantinople, qui. 16. Ug. gemiffant de ces abus, auxquels leurs *mk ep. membres étoient forcés de s'affujettir, 11, en avoient propofié la réforme. Mais comme leurs plus fages réglements deviennent trop fouvent iniitiles par les difpenfes que la faveur obtient pour y contrevenir^ Théodofe dédarapap  nu Bas-Empire. Liv. XXII. 129 . une loi, que quiconque demanderoit *■ „ . 7 1 1 r • " 1' 1* VALEN- au Prince un relcrit pour avoir la li- TINIEN n berté de violer un décret du Sénat} Théodoferoit noté d'infamie , & puni par la A*^_ confifcation du tiers de fon patrimoi- mus. ne. II éteridit fa générofité jufques fur Ann- 384; 1'Empire d'Occident. II honoroit Symmaque , & le combloit de préfents. II fit conduire a Rome des chevaux & des éléphants pour les jeux du cirque. Le bied d'Afrique, n'ayant pu arriver a caufe desventscontraires, Rome étoit menacéede la famine ,lorfqu'elle recut avec une joie incroyable un grand convoi de bied que Théodofe y envoyoit de Macédoine,. Le Sénat lui marqua fa reconnoiiTanee de tant de bienfaits ,, par une ftatue équeftre qu'il fit dreffer en 1'honneur de Théodofe le pere. Rome, qui depuis long: temps avoit perdu 1'habitude de voir des triomphes,. en vit un vers ce tempsla d'une efpece toute nouvelle, &c auffi frivole que Rome elle-même 1'étoit devenue en comparaifon de ce qu'elle avoit été autrefois. Un homme dn peuple ayant déja enterré vingt. femmes, en époufa une qui avoit rendu le mêV ms. office a. vingt-deux maris. On at^ E y.  m r3ö H 1 s t o I r e tendoit avec impatience la fin de cê tiniemi p°"veau manage, comme on attend Théodc- 1 ïfiue d'un combat entre deux athlea'c'a. *es \élebres-En£ni Ia femme mourut, dius. le man , la couronne fur la tête a^n.384. & unepalme k la main, ainfi qu'un vainqueur,conduifit Ia pompe funebre , au milieu des acclamations d'une populace innombrable. St. Jéromerapporte ce fait dont il fut témoin oeulaire. XX. Conftance avoit déclare' inceïtueux Uk,r leS m^fï™ onf !es avec leurs nieles marla- ;.es' 1 neodof e les défendit entre couges emre fins-germains, fous peine du feu & germanL. de h con£fcation des biens. Ces allian- Viel. epit. ces avoient ete permifes jufqu'alors; Ambr. ep. mais la pudeur naturelle qui les ren- Liian.orde ' U{ P3™* "ne raifort angariis. "irritante pour les mterdire tout-a-fait. Symm. II laifla cependant la liberté de les' \TauI' contraéler fous une difpenfe obtenue de eh i. du Prince. Arcadius modéra dans la 1 cod'n Ülke h T18uem exceffive de cette loi, /. 3.'tu. ' en retranchant la peine du feu; mais ia. ug 3. rl declara ces mariages illégitimes, les TTm e,nh*}tS 1ui en naïtroient inhabiles | God. i. 7. fucceder Sc k recevoir aucune dona>«. i. ug. tion de leurs peres, les ferames pri-  nu Bjs-Empire. Lh. XXII. 131 vees de leur dot qui feroit dévolue ~"ale^~ au file. Quelques années après, Ar- T1 *"*ü cadius abolit entiérement la loi de fon Théoeopere, que fon frere Honorius continua de faire obferver dans fes Etats. DIVs. Kiliinien rétablit dans fon code Pan- *nn- ï*# ciendroit Romain fur eet article, & j^JJJJ permit dans tout 1'Empire , les ma- ^.',9! riages des coufins-germains. Mais la m. 5. u«. difcipline de 1'Eglife a confervé la loi 6- Tdu de Théodofe; elle a toujours prof- Theoc. art. crit ces allrances comme illicites, a 20. moins qu'il n'y eut difpenfe accordée pour les contraöer. Le melange des barbares faifoit croïtre la licence parmi les troupes. Les Officiers & les foldats s'écartoient de leurs quartiers pour piller les campagnes, & traitoient en ennemis les fujets de 1'Empire. Théodofe enjoignit aux Gouverneurs des Provinces, & aux défenfeurs des villes , dont nous avons déja parlé , de 1'inftruire fur le champ du nom de ceux qui fe rendroient coupables de ces défordres. L'Orient étoit en paix. Elle ne fut xxr. troublée en Occident que par une in- Sarmares curfion des Sarmates ; mais ils furent v^n^'/i repouffés par les Généraux de-Valen- iv.ep. 16. F vj  _ «j5? E I S T O I il E timen. Ce Prince, qui paffa cette année. tïnienii tantota Milan, tantót a Aquilée, fit Théodo. conduire a Rome un grand nombre arca. d,e P»fonAniers- On les fit combattre ditjs. dans 1 arene les uns contre les autres 'A»n. 384. avec les armes de leurnation, pour le divertiflement du peuple. xxn. Probe, alors Préfet d'IIlyrie, conpSx.de fervoit fous Valentinien la confidératat. tion que fa naiflance &c fes richefles Symm. lui avoient depuis long-temps procu*4-7?L 1?' rée'. Pfincipal Minifire du jeune Prin«p. 3 6. /. ce, il étoit chargé du. gouvernement ci*°. fet de Rome depuis Ia fin de 1'année 16, 171 précédente. II pofTéda pendant trois l*T£' ans cette dignité qu'il n'avoit pas re- oiympoi. cherchée, & dont il demanda plufieurs 't^^0*' fois d'être déchargé. II la devoit a la 2/e°"i0-' recommandation de Théodofe , dont cw. hfi. il étoit eftimé. II paffoit pour 1'hom- j-9-«''-l9« me le plus éloquent de fon fiecle. Sa eê'3' femme, Rufficienne , fille d'Orfitus , Préfet de Rome Fous Conftance, fecondoit fon amour pour 1'étude; & Fon dit qu'elle lui tenoit fouvent le  I.3Ö HlSTQIRE —— llcUUJJCclU pCUUcUlL LJLL il ULl KJU II Valen- compofoit. Le pere de Symmaque lui ttinienII ' • / i t • Théodo- a'vo'lt laiffe une éclatante reputation se. a foutenir, mais une médiocre for'mus" tune> Quoiqu'il affeflat de retracer. Ann. 384. 1'ancienne fimplicité Romaine, on appercoit dans fa conduite un combat de modeffie & de vanité, oü 1'une & 1'autre ont tour-a-tour 1'avantage. II refufa defe fervir d'un charfuperbe que Gratiën, avoit deftiné a 1'ufage des Pré. fets de Rome, & il débita fur ce fhjet k Valentinien les plus fages maximes: Q_ue le fajie ne releve pas Les Magijïra* tures; que Les mceurs du magifrat en font le plus bel ornementl que Rome,. toujours libre, quoique foumife d fes Princes , n'a jamais Ju & ne fait pas encore refpecler une pompe frivole, qui n'ejl d fes yeux de nulle reffburce pour fupplèer d la vertu. Mais dans la fuite, ce Romain fi modefle , voulant par fa magnificence faire briller fon fils alors s Préteur y trouva fort mauvais qu'on prétendit lui faire obferver la loi qu'il avoit follicitée lui-même pour borner la dépenfe des Magiflrats : il fe donna beaucoap de mouyements pour en obr êenir la difpenfe 5 &; n'eut point de i  du Bas-Empire. Liv. XXIL 137 repos qu'il n'eüt dépenfé en cette oc- r cafion deux mille livres pefant d'or. VAttó-| II donna plufieurs fois de bons con- théodofeils a Valentinien. Ce Prince voulut se. impofer une taxe a certaines compa- ^ros" gnies chargées des fonrnitures de Ia Ann. 384, ville de Rome; Symmaque lui repréfenta , qu'a» Prince compromettoit fon autorité en commandant Cimpofjiblc ;que d'une impofition trop onireufe, il ne recueilloit que des mécontemements & des murinurts ; qu'en épuifant fes fujets, il gagnoit moins qu'il ne. ptrdoit, puifqWil les mettoit hors d'état de rendre les fervices attachés d leur condition; que la ehejje du Prime & celle despeuples étoientinféparables, & que toutes les deux pre noient leurJouree dans l'humanitêdu Souverain. En entrant en charge, il trouv» en place d'affez mauvais Officiers fu» balternes, qui avoient été nommés par l'Empereur : il prit la liberté de lui mander : Que la nature produi* foit toujours ajfe^ cPhonnctes gens pour remplir les. pof es de CEtat ;■ que pour les démêler dans la foule , il faUoit d*a-= bord écarter ceux qui demandoient; qu$ ceux qui méritoient fe trouveroient dans k rejle, On peut aifément conje&urer;  J33 IIlSTOIRE . ~ que cette lecon ne plut pas au jeune t^iexH rrince : au moins je loupconne qu'un Théodc- refcrit adreffé a Symmaque, & qui Arca- £e tr.ouve e,ntre Ies loix de Valentinien, pius. fervit de réponfe a cette remontrance. Ann. 384. En voici les termes : 11 n'eft pas permis de rafonner fur la décifion du Souverain; c'eft offenfer la majeflé Impériale que de douter du mérite d'un homme qu'elle a honoréde fon choix. La date de ce ref¬ crit tombe iur la fin de cette année, temps auquel le Prince nommoit les' nouveaux Officiers; & le ton que prend ici Valentinien, s'accorde affez bien avec la fierté préfomptueufe d'un jeune Empereur. XXIV. Mais 1'intérêt de la Religion Payendflym! ne étoit raffairela plus importante de maque $ Symmaque. Ce fut pour la foutenir r«Eumpe" ^* le Penchant de fa ruine qu'il rcuhvlJdu nit tout ce qu'il avoit d'a&ivité, d'apaganif- drelfe & d'éloquence. II s'étoit déja «•e. inutilement adreffé a Gratien, qui ioV ;4. navoit^pas meme daigne répondre a Amlr. fa requête. II comptoit trouver moins S.1'2' de fermeté dans un Prince de treize Sym'm. & ans ■> .qui ■> malgré le traité de paix, ep. 11,12, devoit craindre Maxime & fes intri*7,57„& gues. Dans cette efpérance , il affem-  bv Bas-Empire. Liv. XXII. 139 Ma le Sénat; les Sénateurs Chrétiens furent exclus de la délibération. On TÏ>;IEN n fit un décret en forme de plainte, Théodofur lequel Symmaque dreffa fon rap- A^/A. port; il 1'envoya a l'Empereur en qua- mus. lité de Préfet de Rome, obligé par le Ann- 384' devoir de fa charge de rendre compte ya_ au Prince de ce qui fe pafToit dans la Unt. ville. ' i Jamais la caufe de 1'idolatrie ne fut j"oy En~ plaidée avec plus de chaleur & d'é- noiius. loquence. La requête contenoit deux J'^^"r chefs; ondemandoit que l'autel de la a'rlm J7." Viöoire fut rétabli dans le Sénat, & xxv. qu'on rendit aux Prêtres &c aux Vef- Ex1"a"e tales les fonds, les revenus, les pri- *. ^1 " vileges dont Gratien les avoit dépouillés. L'Orateur faifoit valoir 1'ancienneté du ctdte qu'on prétendoit profcrire; il tiroit avantage de la tolérance de Conftantin, de Jovien, de Valentinien le pere , qui n'avoient troublé dans les temples, ni les Dieux, ni leurs facrificateurs. II étaloitavecpompe les obligations que les Romains avoient a la Vi&oire , tant d'ennemis abattus , tant de Royaumes conquis, tant de triomphes. II oppofoit al'exemple de Conltant & de Conftance , eer  mmm^ 140 ÉISTOIRS Vaxek- ?ui de Valer^tinien le pere, qui, du fé~ tinibnII lour des Dieux , oii fa vertu 1'avoit Théodo- élevé , confidéroit avec attendriffeArca- ment>s larmes des Veftales, &c s'ofdius. fenfoit de voir détruire ce qu'il avoit Ann. 384. youlu conferver.II faifoitparler Rome k Valentinien & k Théodofe tout enfemble: „ Princes généreux, difoit-elle, » peres de Ia patrie, refpeöez mes » années. C'eflau culte des Dieux que » je dois la durée de mon Empire; » je ferois ingrate de les ouhlier. Per» mettez-moi de fuivre mes maximes; » c'eft le privilege de ma liberté. Cette » Religion que vous m'arrachez m'a » foumis 1'univers, elle a repomTé Han» mbaide devant mes murailles, elle »> a précipité les Gaulois du haut de » mon Capitole. N'ai-je donc fi long» temps vécu que pour tomber dans » le mépris ? laiffez-moi du moins le » temps d'examiner ce nouveau culte » qu'on veutintroduire; quoiqu'après » tout, vouloir me corriger dans ma » vieillefTe,c'eft s'y-prendrebientard; » c'efr me faire un affront fenfible U afoutoit que tous les cultes, toutes les Religions tendent au même but, quoique par des voies différentes,  nu Bjs-Empmé. Liv; XXII. 141 trii'il fahoit laifler aux hommes la li- berté de choihr le chemin pour ar- .T>fTL*N1"T river a ce fanchiaire augufre, ou la théodoDivinité s'enveloppe de fa propre lilmiere , & fe dérobe a leurs yeux. II mus* relevoit le miniftere des Pontïfes & Ann. 3S4, des Veftales, & montroit combien il étoit injufte de les priver de leur fubfiftance , de leur ravir les droits qui leur revenoient de la libéralité des , teftateurs. II infiftoit beaucoup fur la famine dont Rome avoit été défolée aufli-töt après 1'édit de Gratien : c'étoit , a 1'entendre , un effet manifeff e de la vengeance des Dieux, qui voyant que les hommes refufoient la fubfiffan- . ce a leurs Prêtres, la refufoient euxmêmes aux hommes: c'étoit le facrilege de Gratien qui. avoit féché les fruits de la terre jufque dans leurs racines. II excufoit cependant ce Prince, féduit par de mauvais confeils; & il finilïbit en exhortant Valentinien aréparer le mal que fon frere n'avoit fait que par la malice des impies, qui avoient fermé 1'accès du tröne aux députés du Sénat dépolitaires de la vérité. CesCorjfeillerspervers,c€Simpies, Eile ^  ^^^^ 142 H I S T O l S. £ dont parloit Symmaque , étoient les tinileen il hommes plus faints & les plus rei'. TlIÉODO- pectables de 1'Empire; le Pape DamaArca- * &,Saint Ambroife. La délibération dius." du Sénat avoit été tenue fort fecrete : Ann. 384. la requête arriva a Milan, & fut pré- vée pTr'le è l'EmPere™ dans fon Confeil, Conft-iJ. avant que perfonne fut informé de Pen-r treprife.Ceux qui compofoientle Confeil , furpris de ce coup imprévu, & craignant que la partie ne fut déja liée avec Maxime pour appuyer la cabale, opinerent tous, Chrétiens ainfi que Payens, a confentir a la demande. LEmpereur feid ne jugea pas a propos de conclure, & remit la décifion au lendemain. c^mb1' ' St'Ambroifefutaverti furie champ tue°paras" du danger dont le Chrirtianifme étoit Ambroi- menacé. II dreiPe auffi-töt une requête fe- contraire pour fortifier la Religion du Prince : il lui repréfente ce qu'il doit a Dieu ; qu'il ne peut fans une forte d'apoflafie rendre aux Payens ce que Gratien leur a óté; qu'ils ont mauvaife grace de fe plaindre de la fouftraction de leurs privileges , eux qui n ont pas épargné le fang des Chrétiens : que FEmperetir ne les force pas  nu ISas-Empire. Liv. XXII. 143 & rendre hommage au vrai Dieu: — ou'ils doivent au moins lui buffer la Val£N- A iM , / o 1 i- •• TIN1EN II meme liberte , & ne le pas contrain- théododre a honorer leurs folies divinités : se que c'étoit facrifier aux idoles , que ^£1" d'opiner en leur faveur: que les Chré- Ann. 384. tiens faifant la plus grande partie du Sénat, c'étoit une forte de perfécution, que de les forcer de s'afTembler dans un lieu 011 il leur faudroit refpirer la fumée des facrifices impies: qu'un petit nombre de Payens abufoient du nom du Sénat; que fi cette entreprife incroyable n'eut pas été tramée en fecret, tous les Evêques de 1'Empire feroient accourus pour s'oppofer au fuccès. II prioit Valentinien de confidter Théodofe dont il avoit coutume de prendre les avis fur les affaires importantes : & quelle plus importante affaire que celle de la Religion &c de la foi! II demandoit communication de la requête pour y répondre en détails. „ Si vous prenez le » parti des infideles, contimioit-il, w les Evêques ne pourront fermer les » yeuxfurune prévarication ficrimi» nelle : vous poitrrez venir a 1'Egli« fe , mais vous n'y trouverez point  14+ HJSTOIX.E — ""!""- » d'Evêque, ou 1'Evêquen'y fera que TiriiEvïl 9 pour vous en interdire Fentrée. Qua Théudo- » lui répondrez-vous, quand il vous Arc'a w d°ra : refufe vos dons; nos dius" » autels ne peuvent les fouffrir; JeAnu. J84. p fus-Chrift les rejette avec horreur; » vous les avez proftitués aux idoles: » pourquoi cherchez-vous les Prêtres » du Dieu véritable, après avoir re» cu entre vos bras les Pontifes des » démons ? Que répondrez-vous en» core a votre frere, qui vous dira »> au fond de votre cceur : Je ne me » fuis pas cru vaincu, paree que je » vous laiffois Empereur ; j'ai vu ia » mort fans regret, paree que je me » flattois que vous maintiendriez ce » que j'avoisétabli pour 1'honneur du »> Chriftianifme. Hélas! que pouvoit » faire de plus .contre moi celui qui » m'a öté la vie ?. Vous avez détruit ~>> les trophées que j'avois élevés a no« tre Religion fainte; vous avez caffé » mes ordonnances,, ce que n'a ofé faire mon rebelle meurtrier. C'efl maintenant que je recois dans mes y> entrailles la bleffure la plus cruelle, *> La meilleure partie de moi-même » eft dans le cceur de mon frere ; & » c'eft-lè  du Bas-Empirb. Liv. XXII. 145 » c'eft-la qu'on me pourfuit encore; » c'eft-la. qu'on me porte encore des Valen; ^ , „ i, , . /,- TINlENlI » coups mortels . 11 lui reprefente Théodoenfuite fon pere qui s'excufe d'avoir SEfouffert 1'idolatrie dans le Sénatde Ro- K™£~ me, fur ce qu'il ignoroit ce défordre. Ann. 384. En effet, Valentinien n'étoit jamais entre dans Rome, depuis qu'il étoit parvenu a 1'Empire. St. Ambroife conclut enfin, que l'Empereur ne peut foufcrire a la requête de Symmaque, fans offenfer a la fois tout ce qu'il doit refpeéler, fon frere, fon pere Sc Dieu même. Le jeune Valentinien avoit le cceur xxvin. droit, & ne manquoit pas de prendre fre'v"ee le bon parti, lorfqu'il n'en étoit pas ïentinien. détourné par les artifices de Juftine. La lettre de St. Ambroife trouva dans fon ame des difpofitions favorables; elle acheva de le déterminer. II la fit lire dans le Confeil; il reprocha aux Chrétiens leur perfide foibleffe; &c s'adreffant enfuite aux Payens : Comment ofei-vous penfer, leur dit-il, que je fois ajfe^ impie pour vous rendre ce que vous a enlevè la piété de mon frere ? Que Rome demande de moi telle autre faveur qu'elle voudra: je la chéris comme ma mere; mais je dois plutot obiir d Tomé V. G  mr^mi^ Ï4Ö II I S T O I 3. E Dieu.ll prononca ces paroles d'un ton auroit pronon- Théodo- cees Théodofe. Perfonne n'ofa repli- Arc'a- qUer^ & lef 9omtes Ba"ton & Rudiüs. monde, Généraux des armées d'Oc- Ann. 384. cident, quoique nourris dans le paganifme, furent eux-mêmes d'avis de rejetter la requête. On difoit a cette occafion, que la Vicloire étoit uneingrate, qui, par un de fes caprices ordinair es , avoit abtndonnéfon défenfeur, pour favoriferfon ennemi. L'affaire étoit terminée ; cependant St. Ambroife crut que, pour honorer la vérité, il devoit réfuter les raifons que le Préfet avoit fi pompeufement étalées en faveur de 1'idolatie. II s'en acquitta par un ouvrage que nous admirons encore ; il y foudroye les fophifmes de Symmaque, avec cette fupériorité que donne la vérité, quand elle eft foutlhue par la beauté du génie, & la force de Péloquence. XXIX, La Religion Payenne fut bientót Veftaie après déshonorée par un fcandale, qui PSyLl. 1. couvrit Symmaque de confufion. St. 9. cf. 118, Ambroife avoit oppofé au petit nom- J19- bre de Veftales, ce peuple nombreux de vierges chrétiennes, qui renon-  bv Sas-Empire. Liv. XXIL 147 tjoient pour toujours a tous les hon— ■ neurs & a tous les plaifirs du fiecle ; il avoit obfervé que les Payens avoient théodobien de la peine k trouver parmi eux fept fille-s, en qui les plus flatteufes diffinctions , la vie la plus commode A.nn. 384. & la plus faftueufe, 1'efpérance d'être libres après un certain nombre d'années, la terreur du plus afFreux fupplice, puflent conferver pendant quel* que temps une virginité forcée. L'événement juftifia deux ou trois ans après cette réflexion de St. Ambroife. Une Veftale fut convaincue d'incefte , Symmaque, revêtu du fouverain pontificat, depuis que Gratien 1'avoit refufé , pourfuivit devant le Préfet de Rome, fon fuccefTeur, la punition de la Veftale coupable. Elle fut enterrée vive felon les loix anciennes, & fon corrupteur fut puni de mort. La guerre que Symmaque avoit dé- XXX. clarée a la Religion Chrétienne, ren- Symma» dit quelques Chrétiens injuftes a fon fétema"égard. Les murs de Rome étoient d'u- traïter les ne conftruction folide & très-magni- ®™efique. Les pierres, remarquables par s>en •leur étendue , étoient liées enfemble fieavec 1'airain & le plomb. Des ciG ij  I4§ IllSTOIRE - toyens avides venoient pendant Ianuit Valen-^ enlever ces rnétaux, & dégradoient Théodo- leurs propres murailles. Valentinien se. chargea le Préfet d'en informer. On dius" acci^a Symmaque d'avoir faili cette Ann. 384. occafionpour fevenger du peu de fucS. Aug, ces de fa requête ; d'avoir fait enle»onf. 1. 5. ver des Chrétiens du fanöuaire des 1'oltra' Uu Eglifes, pour leur faire éprouver les PctU.1.3. tourments de la queftion; d'avoir mis *• ^5. en prifon des Evêques mêmes qu'il Vaf^'i envoyoit prendre dans les Provinces. eP. 31. L'Empereur, dans un premier mouUermant, vement d'indignation, rendit contre Ambr.i. 3'. le Préfet un édit lévere, lui ordonc, 22. nant d'élargir tous les prifonniers , V^d"d' ^ de ce^er ^es pourfuites injuftes. 'fe. art. 14, Symmaque fe juftifia en défiant les accufateurs de prouver leur calomnie, en prenant a témoin toute la ville de Rome; &, ce qui n'admettoit point de replique , en s'appuyant du témoignage même du Pape Damafe, qui reconnut par écrit qu'aucun Chrétien n'étoit fondé a fe plaindre du Préfet. Je ne dois pas oublier ici une circonftance qui fait honneur au ChrifKanifme , a 1'occafion de 1'ordre que Valentinien avoit donnéèSymmaque, de  nu Bas-Empire. Liv. XXII. 149 mettre les prifonniers en liberté : J'i- — gnore, repond - il, quels Jont ceux que TII!IENn; votre Majejlê veut que je délivre; nous Théodoavons ici dans les prifons plufieurs cri- Ars^_ minels ; j'en ai pris connoijfance ; il mUs. riy a pas un Chrètien. Peu de temps Ann. 384. après, les habitants de Milan ayant prié Symmaque de leur envoyer un ProfefTeur d'eloquence , que la ville devoit entretenir, St. Auguffin, qui n'étoit pas encore revenu des erreurs de fa jeunefTe, pourfuivit eet emploi. La vanité 1'avoit conduit d'Afrique h Rome pour y enfeigner la rhétorique; inais il n'étoit pas content des defordres qui régnoient dans les écoles. Symmaque , a la recommandation de quelques Manichéens, fe détermina én fa faveur, après avoir éprouvé fa capacité par un difcours public , dont il fut très-fatisfait. Le Pape Damafe mourut le 10 ou xxxf. 11 Décembre de cette année , ayant ^'^^ gouverné avec fagefTe pendant 18 ans, Damafe.3 & environ deux mois. Onze jours Profp. chr. après, Sirice fut élu en fa place. Ur- u°^fr^ fin renouvella en vain fes prétentions CAron fur le liege de Rome; il fut rejetté Pagi ad par le peuple ; & Valentinien foutint B^°t^ant G iij  150 H 1 S T él 1 h E ~_ Féle&ion de Sirice nar un t^frrt* An tinienII 2 3 revnerde 1 annee fuivante. Le preThéodo- mier foin du nouveau Pape fut de Arca- fonde.r les difpofitions de Maxime. Les mus. mtelligences qu'on le foupconnoit Ann. 384. d'entretenir avec les Payens d'ltalie , yLbriSt' d?nnoient a J'Eglife de juftes allarmes. mr. .4. Sln<;e jui é(.rivk doiK pour 1>exhor_ tui. ru de ter a demeurer fidele h Ia Religion tf.aiTft qn'il avoit j^qu'alors profeffée.Maxi- vie de Siri- me, dans fa réponfe, lui protefte d'un 1, attachement inviolable a Ia doctrine 3' Catholique. II la maintint en effet; mais en tyran , & avec une cruauté qui arracha des larmes è 1'Eglife même dont il prenoit la óéfenfe. xxxil. Les Prifcillianiftes furent 1'obj et de «Tem"" fo/\zele fangiünaire. Quoique cette óu Prif- heréfie n'ait pas été une de ces fec«llianif- tes dominantes qui ont agité 1'Empire, su%. Sev. caufé de. grandes révolutions dans hifi. '1.2. ' 1'ordre civil, elle mérite cependant Pro/p.chr. une place diftinguée dans cette hifJfaLc'. 44. to*re* ^ep- *a Premiere contre laquelle Jfid.'de' le bras féculier fe foit armé du glaitS.d' Ve 5 1,Eg}ife témoigna pour lors par Baron, an. un cri général, combien elle eft éloi381. gnée de eet efprit de perfécution, qui BaJLai va Iefer a la main chercher 1'héréfie  du Bas-Empire. Liv. XXII. 151 iufque dans le fein de 1'Hérétique. La ——— fource du mal vint de 1'Egypte. Mare m „ de Memphis ayant formé un compofe Théodomonftrueux de diverfes erreurs, join- j*^, tes aux pratiques les plus obfeenes des DIUS Payens , des Gnoftiques, & des Ma- Ann. 384. nichéens , fut chaffé par les Evêques. TM. M II paffa d'abord dans la Gaule aux environs du Rhöne , & de-la en Efpagne , oü il féduifit une femme noble, nommée Agape , & le Rhéteur Helpidius. Prifcillien, né en Galice , embralFa fes dogmes impies, &c devint aulfi-töt le chef de la fefte. II étoit noble, riche, fpirituel, éloquent, d'une grande leöure , & fubtil dialecticien. A ces qualités fi propres a féduire, il joignoit des apparences de vertu encore plus dangereufes, 1' qu'elle devint en fe difpofoit a paffer en mus. Gaule. Ann. 384, Ithace attendit 1'événement de Ia c^ndie §.uerre civiIe- APres la mort de Grade°Bor-e tien' lorfque Maxime eut choifi Ia deaux. ville de Treves pour fa réfidence , Suip. Scy. PEvêque vint faire fa cour au Tyran , ' Profp, & u" préfenta une requête dans laChron. quelle il faifoit une affreufe peinture 'ikrmam, des de Prifcillien & de fa fee- vie de St. te. Maxime, qui affecloit un grand zele Ambr. 1.3. pour la foi Sc la difcipline de 1'Egli'tul vie ^'manda aufli-töt au Préfet des Gau- ie 5. Mart. les, & au Vicaire d'Efpagne, de faire «<■'■> 9. transférer tous ces Hérétiques k Bordeaux, ou fe devoit afTembler un Concile. L'ordre fut exécuté. Inftance tenla en vain de fe juftifier devant le Concile : il fut déclaré déchu de 1'épifcopat. Prifcillien , pour éviter la même condamnation, refufa de répondre, Sc en appella a l'Empereur. Le Concile eut égard a fon appel; il s'abftint de prononcer contre lui; Sc toute 1'Eglife hlama ces Evêques d'avoir renvoyé a la puiffance féculiere une eau-  nu Bas-Empirs. Liv. XXII. 157 . J: fe eccléfiaftique. On condnifit donc ~ I a la Cour de Maxime, & le chef & TINIENll les feclateurs. Idace & Ithace les y Thécdoi fuivirent pour les accufer, & morttrerent par un acharnement qui n'a- DIUS# voit rien d'apoftolique , que la paf- Ann. 384. fion les animoit plutót que le zele de la vérité. Ithace, le plus violent des 1 deux , étoit un homme de peu de j jugement, hardi, hautain, grand parI leur , aimant la dépenfe & la bonne 1 chere. II voyoit par-tout le Prifcillia| nifme; la fcience, la régularité des I mceurs , 1'extérieur mortihe n'ofoient I paroitre k fes yeux fans être foupcon| nés d'héréfte. i Une fainteté reconnue ne fuffifoit xxxvu. J pas pour lui impofer fdence. St. Mar[ tin, qui étoit pour lors a Treves, ne I ceffoit de 1'exhorter a renoncer au per- fauver la fonnage d'accufateur, fi contraire a la douceur épifcopale. Ithace lui re- ques< ! procha d'être lui-même un Prifcillia- s,dP. Sev. { nifle déguifé. Le faint Prélat ne pou- ^ PriJ._ \ vant rien fur eet efprit opiniatre, prit ciii.an. 9. le parti de s'adreffer a Maxime; il le & ™ & fupplia de ne pas verfer le fang de ces malheureux: Quils étoient afe{punis par la fentence épifcopale qui les ju-  ^ J58 HlSTOlkE Valen- geoh- hérétiques, & les chajjoit de leurs I tinien ii Eglifes ; qu'il étoit inoui qu'un Juge ■ Theodo- Jeculier prononqdt dans une caufe de foi. Arca- L autorite d'un Evêque fi refpecfable wu, arreta Maxime, tant que St. Martin fut Ann.384 a Treves; & lorfque le Prélat fortit de la ville, il fe fit promettre par Ie lyran qu'on épargneroit le fang des ' accufes. xxxviii 9ue les/ollicitations cruelles d'Ithace Punition f de fes partifans, firent oublier a cmie" & ^fme la Parole qu'il avoit donnée. defesSec- Jf chargea de 1'information le Préfet tateurs. Evode , Magirtrat integre, mais féveSufr sev. re. La caufe fut examinée en deux auPacat. pa. diences. Prifcillien convaincu, n'ofa «* art. delavouer fes infamies; il fllt déclaré Pr'ofp.chr. couPaWe & mis en prifon, jufqu'è ce ldac chr. que le Prince eut été confulté. MaxiTüi. Pnf- me ordonna de trancher la tête k 9- Prifcillien & a fes complices. Sace etoitl'ame de toute cette procédure; il avoit aflïrté k la queftion. Mais apres avoir conduit ces miférables juf* qu'aux portes de la mort, il s'arrêta par une vaine politique; & comme sit eut encore été temps d'éviter la haine publique, il refufa de fe trou-  nu Bjs-Empirb. Liv. XXII. 159 _ ver au jugement défïnitif. L'Avocat — " du fifc prit a fa place le röle d'accu- Vaieh^ fateur. Prifcillien eut la tête coupee Theodo. avec la veuve Euchrocia , & cinq de se. t fes fectateurs. Inftance & un autre ama| complice qui n'eft pas nommé , fu- Ann> j8"j, rent dépouillés de leurs biens , re|| légués pour toujours dansles ifles Sylines, nommées maintenant Sorlingues, a la pointe occidentale de 1'Angleterre. Quelques autres en furent quittes pour un exil de quelque temps, paree i qu'ils n'avoient pas attendu la queftiort | pour avouer leurs crimes & révéler I leurs complices. Une femme, nommée ! Urbica, connue pour être attachée k la doftrine de Prifcillien , fut affommée k coup de pierre par la populace dans la ville de Bordeaux. Maxime n'oublia pas de tirer avan- xxxiX. tage de cette exécution cruelle & ir- i&m de P n ex,' -C' " Maxime réguliere, comme d une adhon heroi- au Pape que en faveur de la Religion. II en- sirice. voya au Pape Sirice,une copie des piéces du procés avec cette lettre:Afo«s Amir_ L \ vous protejfons que nous ne dejironsrien 3. c. 15. i avec plus lardeur, que de conferver la \ foi Catholique dans fa puretê, de ban\ nir de 1'Eglife toutes les divifons , &  ^^^^ IÓO H I s T O I R E VAiEtf- dc V° 'ir t0UfleS Evêamsfirv'lr D'im dans tinienII um parfaue union de cceur & d'efprit. Théodo- Après un difcours affez obfcur, qui A rca- paroït ,avoir raPPort a" fchifme d'Urdius. fi_n qu'il fe vante d'avoir étouffé, il Ann. 38;. ajoute : Pour ce qui concerne les horreurs des Manichéens , qui font depuis peuparvenues d notre connoijjance, & qui ont été vMfiées en jugement, non par des conjeclures, mais par l'aveu des coupables, faime mieux que votre Saintetê en foit inftruite par les acles que je lui envoye, que par notre bouche, ne pouvant énoncerfans rougir, des crimes honteux tout d la fois d commettre & d rapporter. XL. Cette Iettre ne fit pas fur le Pape ji£gj°"ete Piniprefiion que Maxime avoit efpé- hlame le ree. Sirice blama la rigueur employee fuppüce contre les Prifcillianifies, & les plus ïiilianif-" faïnts Pré!ats de 1'Occident furent du tes. même avis. Jamais Hérétiques n'aSuip.Stv. voient été plus dignes de punition; j.3. iJs renouvelloient toutes les abomi- Tacat. pa- nations de ces fecles hypocrites & vo««. luptueufes, qui avoient enveloppé ^'pro/p. f°us de ténébreux myfieres la débauthron. ' che la plus effrénée. Mais 1'Eglife en J/td. de pourfuivant 1'héréfie, avoit toujours  nu Bas-Empire. Liv. XXII. v6i épargné la perfonne des Hérétiques ; elle ne connoiflbit d'autres armes que fes anathêmes; & cette mere tendre, Théodopriant fans ceffe pour fes enfants éga- . rés, demandoit a Dieu, non pas leur mus_ mort, mais leur converfion. L'achar- Ann. 385. nement de ces Evêques les déshonora virisillufir. aux yeux de toute 1'Eglife. Quoiqu'ils c,p^; ai eufTent été déclarés innocents dans un Baron. Synode tenu a Treves par leurs par- Hermant, tifans , le Concile de Milan, en 390, Xir'i.3* & celui de Turin en 401 , les con- r. 15. damnerent. Idace, qui étoit le moins ™coupable, fe démit volontairement de "0* „*t Tépifcopat, & perdit enfuite le mé- ia, 13* rite de cette aftion par les efforts qu'il fit pour y rentrer. Ithace fut excommunié , &c mourut en exil. Mais perfonne ne témoigna contre St Mar_ ce Prélat fanguinaire, plus d'indigna- tin fe fé- tion que St. Martin. Dans le temps Pare de même que le Synode de Treves étoit d.a. affemblé, ce faint Evêque vint a la vee les Cour, pour intercéder en faveur de ^aci^n** Narfès & de Leucade. Ces deux Com- fjf tes alloient périr, paree qu'ils avoient art. 15. été fideles a Gratien. Les amis d'Itha- Su Aml' \ ep. 24. ce venoient d'engager Maxime a en- nu. vie ie voyer des Tribuns en Efpagne, pour s.Manin,  löi JJ 1 S T è I R E Vaien- ^l!ger fouverainement les Prifcillianiftikien 11 tés > & leur öter les biens & la vie Théodo- C'étoit mettre en péril les plus innoArcI- cents; ,car on confondoit alors avec mus. ces hérétiques tous ceux dont 1'extéAnn. '38j, neur portoit des marqués de mortificaüon. Dés que ces Prélats apprirent que St. Martin approchoit de Treves, perfuadés qu'il s'oppoferoit a 1'exécution de ces ordres violents , ils lui firent interdire 1'entrée de la ville au nom de l'Empereur, s'il ne confentoit as'accorderavec eux. St. Martin, ayant repondu d'une maniere qui ne 1'engageoit pas, entra dans Treves, alla au palais, demanda la grace des deuxComtes, & la révocation des CommilTaires nomméspour 1'Efpagne. Maxime differa de lui répondre fur ces deux pomts; & St. Martin rompit toute communication avec Ithace & fes par. tifans, qu'il traitoit de meurtriers. Ceux-ci s'en plaignirent amérement k Maxime: Nous fommes, lui dirent-ils, perdus fans rejfource , fi vous ne force{ l Evêque de Tours d communiquer avec nous ; fon exemple va farmer contre nous un préjugê univerfel. Martin ritfi plus feulement lef auteur des hérétiques; il s'en  du Bas-Empïre. Liv. XXII. 163 diclarc le vengeur: lui laiffer ce pouvoir, ~ • c ejt rejjujater Fnjcillien. Ils le lup- TIN1EN u plioient avec larmes de faire encore Théodonfage de fa puiffance, pour abattre un féditieux. II ne tint pas a ces hommes mus~ injuftes & inhumains, que Martin ne Ann. 3S5. fut confondu avec les fecfaires. Mais le tyran refpeöoit fa vertu. II le manda ; il lui paria avec douceur; il tacha de lui faire approuver le traitement fait aux hérétiques; & le voyant inflexible, il entra dans une furieufe colere , quitta brufquement 1'Evêque , & donna ordre de mettre a mort Narfès & Leucade. A cette nouvelle, Martin retourna promptement au palais; il promit de cemmuniquer avec les autres Evêques, li l'Empereur pardonnoit aux deux Comtes, & s'il révoquoit Fordre donné aux deux Tribuns. Maxime accorda tout. Martin rentra le lendemain en communion avec les Ithaciens. Mais il partit le jour d'après , pénétré d'un vif repentir de s'être laiffé entrainer a cette condefcendance , qu'il fe reprocha toute fa vie. St. Ambroife témoigna deux ans après plus de fermeté. II aima mieux fortir de la Cour de Maxime, oii il étoit re-  164 HlSTOIRE Valen" tenu Par un intérêt important, que de tin"* il communiquer avec les Evêques qui Théodo- avoient fait périr Prifcillien. A^ La mort de eet hérétique montra mus." dès-lors quel effet devoient produire Ann. 385. dans toute la fuite des temps ces proXLil. cédés inhumains. Loin d'éteindre 1'hépHcVdes réfie' !lle la répandit, & 1'accrédita. Prifciüia- La Galice fur-tout en fut pour longniftes é- temps infectée. Ceux qui avoient éhéréfie!"1 conté Prifcillien comme un prophete, Suip. Sev. le révérerent comme un martyr. Son ' corPs & ceux de fes adhérents mis k Cod'.ihX mort avec lui, furent tranfportés en 16. tit. 5. Efpagne; on les honora de magnih"4*' 44°s ques funérailles. On juroit par le nom jg ' 65.' de Prifcillien. Le fanatiime devintplus rui. Prif- vif, & la difcorde plus opiniatre. Ses an. feftateurs furent condamnés 1'an 400 par le Concile de Tolede. Malgré tous ces anathêmes , malgré les loix accablantes d'Honorivis & de Théodofe le jeune, cette pernicieufe doctrine fe foutint jufqu'au milieu du fixieme liecle. XLIH. Théodofe, dont les fentiments s'acConfuls. corderent toujours avec la plus faine pdacatpa- Partie de 1'Eglife, n'approuva pas 1'emneg. art. portentent des Ithaciens. C'eft ce qu'on 19.  bu 2as-Empi:ls. Liv. XXII. \6$ peut conclure des titres odieux dont — les charge Pacatus , Orateur Payen , Jggjjj dans un difcours qu'il prononca quatre théodoans après en préfence de Théodofe. Ce se. Prince avoit donné le Confulat a fon fils Arcadius; & Valentinien lui avoit Ann. 3S5, nommé Bauton pour collegue. St. Au- Si. Aug. guftin , qui profeflbit alors la rhétori- c°"f- l&6que a Milan, compofa, felon 1'ufage, jdvèrfdiu. le panégyrique de Bauton & de Va- Vtüii. 1. lentinien. II avoue dans fes confeffions, qu'il devoit y débiter un bon vie de s\. nombre-de menfonges, auxquels, dit- Amhr. 1.4» il, n'auroient pas laiffé d'applatidir c- 2' ceux mêmes qui en connoifToient la faufTeté. De la maniere dont il s'exprime, il femble qu'il ne 1'ait pas prononcé. ^ _ x Tandis que Maxime défendoit en Jmtmefa. apparence la foi Catholique, juftine vorife les 1'attaquoit véritablement, & abufoit Kv^r\ de 1'autorité de fon fils pour relever le 20™ T'ep' parti des Ariens. La fermeté de Valen- Sermo At tinien fon mari 1'avoit obligé de fe Jƒ ■ ™n contraindre tant qu'il avoit vécu : elle contra Aun'avoit pastrouvé Gratien plus difpofé xau. k feconder fes intentions. Mais après J^J* la mort de ce Prince, lorfqu'elle crut Uan. <■. 14. k puiffance de fon fils affermie par le M- 1. *.  ^^^^ l£>6 UlSTOIRE ' traité conclu avec Maxime , elle leva i tTni^n ii Ie maf<ïue> & & déclara hautementi Théodo- protectrice de 1'Arianifme. Sa vivacité: ^ ^ naturelle étoit encore animée par les i dius." Dames de la Cour, qui, depuis la fé-. Ann. 385. duciion d'Arius , s'étoient tranfmisi Soc. 1.5. comme de main en main le poifon de : 'sV' 1 cet héréfiarque. Elle n'eut pas de peine \ e. °ï]. '7' a fe faire obéir du jeune Valentinien,, r/ieod. 1. efprit doux, facile , foumis fans ré- ■ j'mJ/// ferve aux volontés de fa mere. II étoit hintr. ' bien d'une autredifficulté de fubjuguer liaiic p. Ambroife. Elle n'avoit a lui oppofer lïaronius. Cxlï'un adverfaire fort inégal dans la Hermant, perfonne d'Auxence , que les Ariens *Ambr j'' avo*ent choifi pour être leur Evêque. f.ot34 &4 ^ étoit Scythe de nation , & fe nomfuir. moit Mercurin. Mais ayant été condlsl'lm traintde quitter fon pays a caufe de br.an. 38. fes crimes, il avoit changé de nom, &c pris celui de PEvêque Arien, auquel Ambroife avoit fuccédé. Ce faux Prélat, fans talents, comme fans mceurs , faifoit peu de profélytes : il ne comptoit entre les fiens aucun des habitants de la ville. Tout fon troupeau fe réduifoit a un petit nombre d'OfRciers de la Cour, & a quelques Goths. II n'avoit d'autre Eglife que 1'apparte-  du Bas-Empire. Liv. XXII. 167 ment ou le charriot de Juftine, qu'il accompagnoit dans fes voyages. ValenCette Princeffe voulut 1'établir dans "héodS une des Eglifes de Milan. Elle choifit se. ï la Bafilique Porcienne, qui étoit dans Arca" : ce temps-la hors des murs : c'eft au- AiTn. 385. ) jourd'hui 1'Eglife de St. Victor. Elle XLV. | prévoyoit une vive réfiftance de la teur0 1 part d'Ambroife; mais elle étoit réfo- donnet ( lue de mettre en oeuvre en cette oc- une, ES1;." I cafion toute la force du pouvoir im- Ml" i périal. Ne pouvant pardonner a 1'Ej vêque d'avoir, malgré elle, placé un Catho'ique fur le fiege de Sirmium , I elle avoit oublié Pimportant fervice qu'il avoit rendu a fon fils, en s'expoI fant lui-même pour arrêter les progrès I du tyran , & ne cherchoit qu'une occafion de le perdre. Valentinien fait \ venir Ambroife au palais; & fuivant i la lecon diftée par fa mere, il em\ ploye d'abord la douceur pour 1'enj gager a céder la Bafilique. Sur le refus | du Prélat, a quoi on s'étoit bi en ati tendu, il prend le ton de maitre; il I commande, il menace. Ambroife eft 1 inébranlable: il rappelle au jeunePrins! ce la piété de fon pere; il 1'exhorte a I conferver cette précieufe portion de  168 Histqjre fon héritage; il lui expofe Ia croyance ZmtvTl cathoüque ; il lui en montre la conThéodo- formité avec celle des Apötres, & 1'opArc'a ?°^ltson de ceue des Ariens. Cependws' dant le peuple accourt en foule au paAnn. 385. lais; il demande a grands cris qu'on lui rende fon Evêque. On envoye un Comte avec des foldats pour difliper cette multitude : fans s'effrayer, ni fe mettre en défenfe, elle fe préfente aux foldats, & s'offre a mourir pour la foi. La Cour, intimidée de cette fermeté, prend le parti de céder pour le moment; elle prie St. Ambroife d'appaifer le Deunle. & le renvove avec na- rrtlp rfp npnpn pntrpnfenrlro li U-r filique. XL VI. Cette promefTe n'étoit qu'une feinte fes comre de Juffine. Elle accufoit St. Ambroife s" C°Am! d'être 1'auteur de 1'émeute; elle tachoit fcroife. même de foulever le peuple contre lui, & prodiguoit dans cette vue les careffes & les préfents. Elle offroit des dignités a quicorique feroit affez hardi pour le tirer de 1'Eglife oii il fe tenoit renfermé, & le conduire en exil. Un Officier, nommé Euthyme, fe chargea de 1'enlever; il alla fe loger prés de 1'Eglife, & tint un charriot préparé. , Son 1  nu Bas-Empire. Liv. XXII. 169 Son pro jet fut découvert; le peuple ^ ' prit 1'allarme; & le coiirtifan, crai- T1^"~u gnant pour lui-même, fe retira au pa- ThéoboËtis. L'année fuivante, a pareil jour, A^A_ Euthyme, ayant encouru la difgrace mus. du Prince , fut arrêté & conduit en Aan. jfl j. exil fur le même charriot. Ambroife le fit alors repentir de fon mauvais deffein , par la vengeance la plus digne d'une ame généreufe , & la feule que permette le Chriftianifme : il le confola, il s'empreffa de lui fournir de 1'argent & tout ce qui lui étoit néceffaire pour adoucir fa difgrace. Auxence, de fon cöté, fervoit le parti Arien de tout ce qu'il avoit de talents f-'il . . prêchoit tous les jours, & ne perfuadoit perfonne. JuÜine n'étoit pas de caractere a fe xlvii. contenter d'une première tentative. ve^u°xu;f. Comme li elle eut voulu punir Am- forts ae broife de fa réfiftance, elle lui en- Juftine. voya demander de la part de 1'Empereur une'autre Bafilique, nommée la Neuve, plus grande que la première, & renfermée dans 1'enceinte de la ville. Ambroife répondit, qu'il n'étoit permis ni a 1'Evêque de donner une Eglife, ni k l'Empereur de la rece- Tome V. H  Valen-' I°lr: ?"Ki nUveipas droit, ajoufa-t 11, i j tinièn U ^^wr particulier fa maifon; & de Théodo- une fermeté mêlée de refpect. L'eunuque Calligone , grand Chambelj lan, s'étant approché du Prélat, ofa lui dire : Quoi! de mon vivant, vous êtes affei hardi pour défobéir d l'Empereur ; je vais vous abattre la tête. FrapI pe , lui répondit Ambroife , je fuis pret d mourir; tuferas Coff.ce d'un eunuque, & moi celui d'un Evêque. Ce Callii gone eut deux ans après la tête trahchée pour un crime dont il femblok qu'un eunuque ne put être foupconI né. Dans cette crife violente, le peu: ple ne voulut pas abandonner fon I Evêque; il paffa la nuit en prieres l dans 1'Eglife. Enfin , le jeudi-faint, , l'Empereur fit donner ordre aux folH iij  174 Ut S T~ O I & X • dats de quitter Ia Bafilique neuve; & tTnieTïi la tranquillité fe rétablit dans la vilThéoüo . Ie. Jufiirie renferma fon reffentiment A'rc'a P°Ur ^ ^Te ^attr dans une autre dius. occafion. Valentinien, peu capable de Ann.- 38j. diftinguer entre ce qui lui étoit dü, & ce qui étoit dü a Dieu, regarda 1'Evêque comme fon ennemi déclaréj & fur les inftances que lui faifoient les Seigneurs de fa Cour de fe rendre è 1'Eglife, oii le peuple 1'attendoit pour aflurer la paix: Vraiment, leur dit-il, je crois que fi Ambroife vous Uordonnoit, vous me livrerie^ pieds & mains lies d fa difcrétion. L. Tel étoit alors 1'aveuglement de rSria f Prin?e' ' Grégoire de Nyffe prononca fon orai- Du Cangc fon funebre, & renditbientöt le mê- fa^J/u}^ me devoir a Flaccille. Cette grande nor. ad & fainte Impératrice ne furvé'cut pas Thtm. p. long-temps a fa fille. Elle mourut a A111lUntU Scotume en Thrace , oü elle étoit chr, allée prendre les eaux minérales. Son corps fut rapporté a Conftantinople. Elle fut honorée des larmes de tout PEmpire , qui perdoit en elle un ferme foutien des vertus de Théodofe. Les pauvres fur-tout la pleurerent; elle les aimoit avec tendreffe ; ils n'avoient befoin auprès d'elle d'aucune autre recommandation que de leur mifere , de leurs infirmités, de leurs bleffures. Sans gardes & fans feite, elle paffoit des jours entiers H iv  „.„^^ BlSTOIRE Valen- dans Ies hópitaux, fervant elle-mê- i tinienII me les malades, & leur rendant les Théodc- plus hunjbles offices, que fes mains Arca- ennobliffoient. Comme on lui reprédius. fentoit un jour, que ces fonöions ne nn. 3&j. s'accordoient pas avec Ia majefté impériale, & qu'il lui fuffifoit d'affifter les pauvres de fes aumönes : Ce que je leur donne, dit - elle, n\fl que pour le compte de l'Empereur, d qui l'or & l'argent qppartiennent. II ne me rejle que le fervice de mes mains, pour \ m'acquitter envers celui qui nous a donné tEmpire , & qui leur a tranfporté fes droits. Elle vifitoit fréquemment les prifonniers, & travailloit k leur déïiyrance. Sa mémoire eft encore en vénération dans 1'Eglife Grecque, qui célebre fa fête le i4Septembre, qu'on croit être le jour de fa mort. Elle laiffoit deux fils ; quelques Auteurs y en ajoutent un troifieme , nommé Gratien ; mais ce dernier qui mourut avant fon pere, naquit de la feconde femme de Théodofe. Arcadius commencoit fa huitieme année;Honorius n'avoit encore qu'un an. L'Empereur le mit entre les mains de fa niece Serene, Flaccille laiffoit  du Bjs-Empire. Liv. XXII. 1-7 encore dans le palais un neveu qu'elle y—^ avoit pris foin d elever avec Arca- TINIEN 11 dius; c'étoit Nébride. Théodofe hu théodo. procura quelques années après une alliance illuftre , en lui faifant épou- VWs. fer Salvine, fine de Gildon, Prince Ann. m Maure & Comte d'Afrique. Nébride fut revêtu en 396 cle la dignité de Proconful d'Afie. St, Jéröme parle , . avec éloge de fa vertu. Un palais que Flaccille avoit fait batir a Conflaritinopie., conferva dans la fuite le nom de cette Princeffe. On lui avoit, de fon vivant, érigé une ftatue : elle étoit placée dans le Sénat avec celle de fon mari & de fon fils Arcadius. La douleur de Théodofe ne lui u. faifoit pas perdre de vue le bon or- Loix de dre de 1'Empire, & les devoirs du jheod°-Souverain. Tifamene gouvernoit la hoi. Th. Syrië avec une dureté. infupporta- j-9-'»-7. ble. 11 n'avoit aucun égard aux loix ófy^Vque l'Empereur avoit publiées pour ,c0d. h/i. le foulagement de fes peuples; ftP'^A**. fous le regne d'un Prince rempli Ü!'^'u\\ d'humanité, la Syrië reffentoit tout 7. le poids de Ja tyrannie. Libanius en cf^T^ ^arêUft ^ej.plaintes a l'Empereur par T°. '4. /, H V 449-  mmmmm HlSTOIRB y~~ un difcoiirs , oü il demandoit an tinien ii nom de la Province, ia dépofition Théodo- de ce Magiftrat inhtimain. On ne Arca- £S pas de ^ueIIe ma"iere fut traité dius. Tifamene. Mais nous avons une loi Ann. 385. du 9 Décembre de cette année, par titan. or. laquelle Théodofe donne ordre au Sec. I. y. Préfet du Prétoire de deftitner tous cis, les Juges qui feront devenus odieux par leurs concuffions, öu même inutifes par leur négligence ou par une longue maladie; il lui permet d'en nommer d'autres en leur place, & de punir ceux qui fe trouveront coupables ; il lui ordonnê de ne faire i\ l'Empereur le rapport de leur crime, qu'en lui annoncant leur chafeiment. Deux jours après, il ht confre 1'adultere une autre loi, qui ordonnê de meftre a la torture pour tirer Ia preuve de ce crime, nonfeulement les efclaves dü mari aceufateur, mais auffi ceux de la femme acc-ufée. Ce Prince témoi'gna toute fa vie une extréme horreur de ce défordre j & de tous ceux qiü fouillent la pureté des mceurs, II écarta par fes loix tous les fubte-ïfugeg , tous les délaij. q^i pöü*  du Bjs-Empire. Liv. XXII. 179 voient ou en éluder, ou en retarder la punition. II défendit aux Juifs la Vaeen- ,".'■01 1 v. tinienII polygamie ; & ordonna que les abo- Théodo. minations contraires a la nature, fe- se roient expiées en place publique par le fupplic-e du feu. Ann. 38$; H vj   SOMMAIRE D V LIVRE VINGT-TROISIEME. fe O PINIJTRETJÉ de Jujline en faveur des Ariens. II. Valentinien les 'autorife par une loi. III. Nouvelles entreprifes contre St. Ambroife. IV. St, Ambroife rajfure fon peuple. V. Fin de la perfécution. VI. Maxime sintérefle pour^ lts Catholiques. VII. Aclions de piété de Valentinien. VIII. Théodofe interd.it aux Chrétiens toute participation d fidoldtrie. IX. Guerre des Gruthonges. X. Leur défaite, XI. Théodofe épargne les vaincus. XII. Hifloire de Géronce. XIII. Théodofe époufe Galla. XIV. Sénateur accufl pour des fonges. XV. Loix de Théodofe, XVI. Sédition £ Alexandrie. XVII. Nouvel impöt. XVIII. La féditlon commence d Antioche. XIX. Elle s'allume dans toute la ville. XX, On abat les flatues de la familie Impériale. XXI. Fin de la fédidon. XXII. Prediges fabuleux. XXIII. Crainte des habiiarus, xxiv. Ils frtnntnt lafuite. XXV»  iSi Sommaire Imerrogatoires. xxvi. Punition. xxvil. Changement des habttants £ Antioche. XXVIII. Difcours de St. Jean Chryfof ióme. XXIX. Flavien part pour aller fléchir ÜEmpereur. XXX. Colere de l'Empereur. XXXI. Arrivée des Commijfaires d Antioche. XXXII. Conduite qu'ils y dennent. XXXlii. Informations nouvelles. xxxiv. Courage desMoinss. XXXV. Hardieffe de Macédone. XXXVI. Les Commijfaires remittent taffaire au jugement de l'Empereur. XXXVII. La joie renait dans Antioche. XXXVIII. Cefaire va trouver l'Empereur. xxxix. Flavien fe préfente d Théodofe. XL. Difcours de Flavien. XLI. Clémtnce de l'Empereur. XLII. Le pardon ejl annoncé aux habttants d'Antioche. XLIli. Joie de toute la ville. XLIV. Maxime fe prépare d la guerre. XLV. On lui députe St. Ambroife. XLVI. St. Ambroife devant Maxime. XLVII. Maxime paffe les Alpes. XLVin. Valentinien fe réfugié d Theffalonique. xlix. Théodofe ramene VaIcnütath d la croyance orthodoxe. L. Succès de Maxime. LI. Généraux & Officiers de Maxime. LH. Tatien fuccede I d Cynêgius dans la dignité de Préfet du Prétoire d'Orient, üih Difpofitions de I  vv Liv r e XXIIIe. i8j Théodofe. Liv. Loix de Théodofe. LV. Trahifon punie. LVI. Soulevement des Ariens d Conjlantinople. LV1I. Flotte de Maxime. LVIII. Bataille de Sifcia. i.ix. nataiiie ae reiau. la, xaeoaoiü pourfuit Maxime. LXI. Mort de Maxime. LXII. Mort d'Adragathe. LXlll, Guerre des Francs. LX1V. Clémence de Théodofe. LXV. Aciions de jufiice. LXVI. Théodofe rej'ufe de rétablir Fautel de la Vtcloire. LXVII. Synagogue de Callinique. LXVIII. Théodofe exclus du Sanc- i tuaire.   i8, HISTOIRE D U B AS-EMPIRE. L1VRE VIN G T- TR.0 1S1EME. VALENTINIEN II, THÉODOSE, ARCADIUS. AU commenceraent de Pan 386, *———* Honorius , agé feulement de Vaien- » t • • * \- timen II quinze a ieize mois, recut le titre Theodo. de Conful, qui lui avoit été dés fa se. naiffance deftiné pour cette année. ArcaII eut pour collegue Evode, Pré- Ann. 386. fet du Prétoire de Maxime; & cette 1. , Opinia-  l8<5 // / s T O I li E union prouve que Théodofe vivoit ra7n en Paix av?c le Tyran, & qu'il le Théodo- reconnoilloit pour Empereur. L'imse. périeufe Jufline n'avoit pas renonce mul" 'au deffein de rendre a 1'Arianifme la Ann. 3S6. fupériorité dont il avoit joui fous le treté de regne de Conftance & fous celui de faveur e" Ya,Iens' Elle employoit toute 1'autodes A- «té de fon fils pour troubler la paix «ens. des Eglifes ; elle menacoit d'exil les sJp'/st. EvêcIlies> s'ils n'adhéroient aux déhifi. '1. 2.' crets de Rimini; elle attaquoit AmRuf.1.1. broife par des outrages publics, & 'sol), 7. Par de fourdes intrigues ; elle tachoit c 13, ' de femer parmi le peuple 1'efprit de ihtf de difcorde i & regardant comme un af- ferm, 1, front le peu de fuccès de fes cabales, tui. vie de elle excitoit fon fils a la venger dn tn.^' "?al qu'eUe ne pouvoit faire. Les Ariens & les courtifans efclaves de la faveur, fecondoient fa paflion. Tout étoit odieux dans Ambroife: on noirciffoit fes vertus même; c'étoit un factieux, un rebelle, qui ne cherchoit par fes aumönes qu'è fe faire des créatures. Pour lui, loin de s'en allarmer : C'eflun reprocke, difoit-il, dont je n'ai garde de rougir; tinSi mer Ambroife de fe rendre devantl Théodo- lui pour difputer contre Auxence, fe: Arca- réfervant fe pouvoir de décider par fon i mus." autorité fouveraine. Ambroife s'ex-Ann, 386. cufa d'aller au palais y plaider la eau-fe de Dieu devant l'Empereur, ni de-vant aucuns juges féculiers : il repré- ■ fenta que les conteftations qui con-cernent la foi ne doivent fe traiterqu'en préfence des Evêques, & il of- • froit a Auxence d'entrer en difpute! avec lui devant un Concile. Juftine,, ne trouvant plus de refTource ni dans fes menaces, ni dans fes artifices,, congut le deffein de faire afTalflner 1 Ambroife. Elle s'occupoit de cette af- > freufe penfée, lorfque les miracles qui s'opérerent a la découverte des corps de St. Gervais & de St. Protab , 1'effrayerent fans la changer. En vain les Ariens s'efforcoient de tourner en ridicule des'prodiges que tout le peuple attribuoit a la fainteté de 1'Evêque, aufli-bien qu'aux mérites des deux martyrs. L'Impératrice n'ofa combattre plus long-temps le Prélat. Elle le lailTa en poffeffion de toutes les Eglifes de Milan. Les  bw Sas-Empi&s. Liv-. XXIII. 193 Les remcwitrances de Maxime fi- >. rent peut-être fur 1'efprit de Juftine Tjjj*£j encore plus d'imprefiion que les mi- tkéodoracles. Elle le craignoit, & ne vou- se. loit lui donner aucun prétexte de ^usf prendre les armes. Ce tyran fut bien- Ann. 586, aife de faifir cette occafion de faire VI. une a&ion digne d'un Prince légiti- 4^£S? me, pour diminuer, s'il étoit pofii- fe pour ble, i'odieux de fon ufurpation. II lesCathaconjura Valentinien de ceffer la guerre qu'il faifoit k la vérité. On a con- Jtok r. fervé fa lettre dans laquelle il pro- . tefte de fa fincérité, & déclare que e "£ le feul motif qui le faffe agir , eft le TW. 1. vif intérêt qu'il prend k la profpérite de Valentinien : que s 11 eut tormé quelque deffein fur 1'Italie , il ne devroit fonger qu'k entretenir le feu de la divifion que le jeune Prince allumoit lui-même dans fes Etats: Cefi une chofe infiniment périlleufe, ajou£oit-il, de toucher d ce qui regarde Dieu. En même-temps que Valentinien va. fe déclaroit ennemi de la foi Catho- Aai.°n? iique, par une bifarrerie, dont les d® exemples ne font pas rares, il s'oc- ünien. (pnnoit d'actions de niété. II donnoit pr"dent. ordre de rebatk & d'agrandir a Ro- 6> To me V, I  194 H I S T o I R e ' me la Bafilique de St. Paul fur le die- ZSmXi mi? d',oftie- Ce Pro^et fut enfu"« Théodo- exécuté par Théodofe, & achevé pan Arca Honorius. Placidie, fille de Théododius. fe, y ajouta de riches ornements. Le: Ann. 3S6. jeune Prince ne fe contenta pas des; Gmter. \olx Aqa établies par Conftantin, &: Mcixx.6. Par f°n pere Valentinien, pourobli-' Baronius, ger les peuples a fanctifier le diman-1 tui. c^e . jj défendit de faire ce jour-la 1 Theod, art. , . ag_ aucune procedure, aucun acte , au- ■ Cod. Th. cune tranfaftion ; d'exiger le paye-1 /. 8. tu, s. ment d'aucune dette; de débattre au-! cun droit, même devant des arbitres;; & il déclara infame & facrilege qui-1 conque ne s'acquitteroit pas en ce faint jour des devoirs que prefcrit la Religion. vm. Les ordonnances de Théodofe s'ac- ■ Théodofe cordoient mieux avec la pureté de aux Chré- fa foi- 11 "'avoit pas porté les der-, tiens tou- niers coups a 1'idolatrie; & dans 1 te partici- chaque Province fubfiftoit encore un f-idoiL Pontife fupérieur, qui étoit chargé de «ie. la police de toute la Religion PayeniC°ii ne' Ce trtre regardé comme très-ho,*„ i'es, ' norable, étoit conféré aux perfonnes ji'ij les plus diftinguées de 1'ordre municipal, On te donnoit quelquefois a  nu Bas-Empirs. Liv. XXIII. 195 des Chrétiens malgré eux; d'autres *U'M"T'' — moins lcrupuleux que Gratien, alloient Jfiggfa jufqu'a le rechercher; 1'ambition, qui théodofait plier la confcience au gré de fes se. defirs, leur perfuadoit que cette di- DIUS" gnité n'exigeant aucun acte particu- Ann, 3S6, lier d'idolatrie, n'étoit pas incompatible avec leur Religion. Théodofe , mieux inftruit des obligations du Chriltianifme, ne voulutpas a la vérité abolir cette fonction; 1'ordre public la rendoit néceffiüre tant que le paganifme fubfifteroit; mais il défendit aux Payens d'y contraindre les Chrétiens, & a ceux-ci de 1'accepter. Depuis cinq ans, la paix n'avoit été IX. troublée en Oriënt, que par quelques . Gl^rrê r , ■ r■ -1 i / des Gru- mcurhons qu on avoit racilement re- thonges. primées. La réputation de Théodofe cuud. in rendoit la frontiere refpeétable a tant A°conj-ulat de nations guerrieres, dont 1'Empi- honor. re étoit environnée; lorfqu'un nou- Symm. t. vel effaim de barbares vint menacer 3^ ^ la Thrace des mêmes défaftres qu'elle Um. fafi. \i avoit éprouvés fous le regne de Va- Chr^' l ij lens. C'étoient des Oftrogoths, ap- chu arct' I pellés auffi Gruthonges, qui, dix ans 1 auparavant, chaffés de leur payspar I les Huns, erroient dans cette vafte lij  196 HlSTOIRS ' Va" contrée qui s'étend du Danube dianier tixievÏi Baltique. Réunis fous un chef nomThéodo- mé Odothée, ils entrainerent avec I eux une partie de ces nations féromus" ces > dont ils traverfoient le pays. L'a- j Ann. 386. mour de la guerre & 1'efpérance du pillage leur afibcierent un grand nom- ■ bre de Huns; & c'eft a caufe du melange de ces deux puiffantes nations i que quelques Auteurs donnent a ces ; barbares le nom de Gothuns. Tout-a- ■ i coup la rive feptentrionale du Danu- ■ be parut couverte d'une multitude 1 immenfe de guerriers fuivis de leurs 1' charriots, de leurs femmes & de leurs ; I enfants. Ils envoyerent demander le : J paffage a Promote, Général des troupies de la Thrace. Ce Capitaine, auffi [S rufé que vaillant, s'avan?a auffi-tot I avec ion armée, qu'il étendit le long I du fleuve pour en défendre les bords., En même-temps il choifit entre fes foldats des hommes de confiance, qui, j favoient la langue de ces barbares;; il leur ordonna de pafler le fleuve,, de tromper les ennemis en leur' j promettant de leur livrer 1'armée Ro- ■ j maine avec le Général. Ceux-ci s'ac- ■! quitterent adroitement de leur com- 1  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 197 ^^^^ miffion. Ils demanderent d'abord une ——— fomme exorbitante pour récompenfe de leur trahifon. On difputa long- théodotemps; enfin, on fe relacha de part se. & d'autre, & 1'on s'accorda fur le prix A)R^" dont la moitié feroit payée fur 1'heu- Ann. 586, re, & le refte après la viftoire. On convint & des fignaux, & du moment de Pattaque; elle devoit fe faire de nuit. Les foldats revinrent, & informerent de tout leur Général. On avoit choifi une nuit ou la hl- x. ne ne donnoit pas de lumiere. L'obf- Leur décurité fembloit favorable aux barba- fdlte' res pour dérober le paffage; elle 1'étoit encore plus a Promote, pour leur cacher fes mouvements. Lorfque eette nuit fut arrivée , les ennemis jettent dans des canots faits d'un feul arbre ce qu'ils avoient de plus braves foldats : ceux-ci devoient defcendre les premiers, & égorger les Romains, qu'ils s'attendoient k trouver endormis. Ils font enfuite embarquer les autres, afin de foutenir leurs camarades. Ils laiffent fur le bord les gens inutiles au combat, femmes, vieillards, enfants, qui ne devoient paffer qu'après le fuccès. Cependant Pr©I iij  mm^m^ HlSTOIRE mote,inftriut de ces difpofitions, fe timen li Preparcut a les recevoir. Ayant ral Théodo- femblé les jours précédents un trèl Arca- Fand nombre de groffes barques, il mus. ies rangea fur trois lignes; & quoiAr.n. 386. qu'il ne laiffat entre elles qu'un médiocre intervalle, il en eut afTez pour border le fleuve dans 1'efpace de vingt flades, c'efla-dire, de deux mille cinq cents pas. On obfervoit un grand fllence, & la largeur du fleuve empêchoit les ennemis d'entendre le bruit des barques & des rames. Lorfque tout fut prêt du cöté des Romains, Promote fit donner le fignal dont fes I émiflaires étoient convenus avec les barbares, pour leur indiquer le moment du paffage. Les Gruthonges font aufïi-töt force de rames, & s'avancent avec impatience comme a une viétoire aflurée. Au même inftant, les deux premières lignes des barques Romaines fe détachent afin d'envelopper les ennemis. Celles qui font audeflbus s'étendent dans toute la largeur du fleuve pour former une barrière : les autres, aidées par le courant, defcendent avec impétuofité. Fort fupérieures aux canots des barbares par  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. W _ leur élévation, par leur maffe , & par —— le nombre des rameurs, elles les neur- TIN1EN u tent, les renverlënt, les britent, les théodoeoulent a fond. La plupart des Gru- ^ thonges font entraïnés au fond des DHJSeaux par le poids de leurs armes. Ceux Ann. 386. qui traverfent le fleuve, font arrêtés par la troifieme ligne des barques qm bordent la terre; ils y trouvent la mort. En peu de temps, le Danube n'eft plus couvert que de cadavres & de débris. Jamais combat naval ne coütatant de fang. Odothée y perdit la vie. , Les vainqueurs après avoir detruit xi. & enfevelidans les eaux 1'arméeen- Jhêodo.. nemie, paffent a 1'autre nve, ils s em- les vain. parent des bagages, & mettent aux cus. fers les femmes, les enfants,& tous ceux qui n'avoient pas trouvé place dans les canots. Théodofe, qui, fur le premier avis de Promote, étoit parti de Conftantinople, arrivé en ce moment. II vient trop tard pour vaincre , mais affez tót pour fauver les vaincus. II juge de l'importance_de la vittoire par la quantité de butin , & par le nombre des prifonniers. II leur fait rendre la liberté & leurs dé1 iv  . 2e® H 1 S T Q I K s ■ vAlEN." f?ui!.le,s : 11 y mm «néme des tinienII öerahtes; &par cette généreufe elétb*oD0. mence, il les cha„ge en fujets affec. Arca- t,onnes- II recoit dans fes troupes ceux mw. qui lont en état de porter les armes, Ann. 3S6. & donne aux autres des terres a cultiver. II laiffe Promote dans la Thrace pour garder la frontiere. Xii. Ces barbares difperfés en divers fcS8 fanto"s de )a Thrace, confervoient «mee. Je\,r ferocite naturelle ; ils avoient peine k s'accoutumer k la difcipline Romaine. Un de leurs détachements, eompofé des plus braves & des mieux faits , campok aux portes de Tomes métropole de la petite Scythie, endecè du Danube. L'Empereur leur avoit afligné une paye plus forte qu'a fes propres troupes; il leur avoit par honneur donné des colliers d'or. Fiers de ces diftinöions, ils méprifoient les foldats de la garnifon; ils les infultoient & les maltraitoient en toute occafion. Ils formoient même des deffeins fur la ville; & 1'on avoit fujet de tout appréhender de leur caraftere brutal & impétueux. Géronce commandoit la garnifon; c'étoit 1 homme du monde le moins propre  au BaS'Empirz. Liv. XXIII. 201 k fouffrir ces infultes. Auffi fougueux SE!!""? que les barbares, il ne leur cédoit ni Valenen courage , ni en force de corps, "héodo? II réfolut de les prévenir; & ayant se. fait part de fon deffein aux Officiers Arcade la garnifon ; comme il les voyoit Ann_ j8'^ intimidés, & peu dilpofés k le fuivre, il ne prend avec lui que fa garde, qui formoit un fort petit nombre, fort a cheval Pépée a la main, & va d'un air intrépide charger les barbares. Les autres foldats, faifis defrayeur, fe tiennent fur la muraille, fimples fpeöateurs d'un combat fi inégal. Les barbares fe moquent d'abord de la folie témérité de Géronce; c'étoit a leurs yeux un infenfé qui venoit chercher la mort; ils détachent fur lui quelques-uns de leurs guerriers les plus braves & les plus robuftes. Géronce s'attache au premier qui vient k lui, il le faifit au corps; & tandis qu'il s'efforce de le renverfer de cheval, un de fes gardes abat d'un coup de fabre 1'épaule du barbare qui tombe par terre. Ce coup faifit les autres d'effroi. Géronce fe jette tête baiffée au travers de Pefcadron, les foldats Romains, ranimés par fon exemr; I y  202 H I S T O ƒ R E PIe ' fortent de Ia ville; ils fondent tinienii mr Ia troupe ennemie, ils en font Théodo- un horrible carnage. Ceux qui échapArca- j?eren.t' fe réfugierent dans une Eglibius. 'e voifine qui leur fervit d'afyle. GéAnn. 386. ronce, ayant par cette adtion de valeur réprimé 1'infolence des Gruthonge, s'attendoit è des récompenfes. Mais Théodofe, irrité qu'il eut de fon chef, & fans 1'avis de fes fupérieurs , entrepris un coup de cette importante, fongeoit bien plutót a le punir, On 1'accufa même de n'avoir attaqué les barbares que pour leurenlever les colliers d'or qu'ils tenoient de la libéralité de l'Empereur. Géronce s'en juftifia par le foin qu'il avoit eu auffitöt après fa vicloire, de remettre ces colliers entre les mains des Officiers du tréfor. Si 1'on s'en rapporte a Zofime, qui ne rend prefque jamais juftice a Théodofe , Géronce n evita un traitement rigoureux qu aux dépens de fa fortune, qu'il fallut facrifier pour acheter Ia protection des eunuques du palais. Xin. . Théodofe avoit conduit a la guerJphout°fe ? c°ntre A!e? Gruthonges, fon fils Gaiia, Arcadius, age de neuf ans. II revinï  nv Bas-Empixe. Liv. XXIIL ae'3 _ avec lui a Conftantinople, oü il entra comme entriomphe le 12 dOc- TIN1EtiU tobre. II époufa quelques jours apres théodoGalla, fille de Valentinien premier j>*^ & de Juftine; Selon Philoftorge, elle d1us. étoit Arienne ainfi que fa mere. On Ann. 3S6. ne voit pas cependant qu'elle ait eau- Uacfijf. fé aucun trouble dans 1'Eglife : mais c^'l° ce ne feroit pas une preuve de la pu- Zof. 1.4. reté de fa foi. Elle mourut avant fon Soc. 1.4. mari; Sc fous un Ëmpereur tel que ep]ifCj/Ut Théodofe , on pouvoit ne pas s ap- I0. c. 7. percevoir que 1'Impératrice fut hérétique. Zofime recule ce mariage d'une année , & il en fait une aventure romanefque qui ne s'accordeguere avec le caraöere de Théodofe , Sc qui auroit befoin d'un meilleur garant. Ce Prince n'avoit d'autre pafTion XIV. que de rendre fes peuples heureux : il 1'étoit lui-même , lorfqu'il trouvoit pour des occafion d'ufer de clémence. Un Sé- f°"&eïnateur d'Antioche , qui aimoit a don- *J an-Vl' ner de magnifiques repas , raconta un jour devant un grand nombre de convives, des fonges qui ne lui promettoient rien moins que 1'Empire. Quoiqu'il affeftat d'en rire le premier, on fentit qu'il étoit la dupe de ces  m_mm 2°4 Hl S T O I it B "vaIeT rfl°n,S fH.voles' Les Parafites' firenf ™nh leur devoir; ce fut de le flatter d'aThéodo- oord, & de Paccufer enfuite. II étoit Arca- rt S'n e{k vfcu '«is Ie regne de dtos. Gonftance ou de Valens. Les juges ^n.386. fe piquoient d'un zele impitoyabfe; ils faifoient de cette extravagante une altaire d Etat. Tous les convives, excepté les délateurs, étoient traités de complices. II y en avoit déja deux condamnés k 1'exil; plufieurs avoient louffert la queftion. Le Secretaire de Libanius fut accufé entre les autres * on prouva qu'il étoit mort avant le ieltin dont on faifoit tant de bruit: jl n en fallut pas moins pour arrêter les mformations déja commencées. Théodofe fit ceffer & ceffa toute cette procédure. Ne puniffant qu'è regret lest crimes réels, il étoit bien éloigne de s'engager a pourfuivre ceux qui n'etoient qu'imaginaires. XV. Toujours pret k pardonner les atTh£ao-e ??te? ^ntre fa Perfonne, il punif{e ion ieverement les atteintes portées Cod. Th.u a Phonneur des particuliers. II ordonu/lti na ^ue ceux entre les mains de qui i?'9/tiu t°mberoitun libelle diffamatoire, euf34. ns, 9. fent a le déchirer fur Ie charap, leur  du Bjs-Empire. Liv. XXIII. io$ défendant d'en réciter k perfonne le contenu, & foumettant k la même ^""'n peine, & celui qui 1'auroit compofé, théoixo& celui qui 1'auroit communiqué, a «• moins qu'il n'en déclarat 1'auteur. Pour DK"" donner plus d'éclat k la ville de Conf- Ann. 586=; tantinople , il voulut que tous ceux tu.44.teg. qui étoient revêtus de dignités civi- j'i4>i(vt les ou militaires, ne paruflent en pu- ia. ug.' blic que fur des chars attelés de deux «»"■• & ** chevaux : les Magiftrats du premier Goi' ordre, tels que les Préfets du prétoire & ceux de la ville, avoient des chars k quatre chevaux. Car felon une louable difcipline établie dès le temps de la république, il n'étoit pas libre aux particuliers de fe diftinguer par la pompe des équipages : c'étoit le rang, & non pas la fortune qui permettoit 1'ufage des voitures d'appareil. Les ftatues des Princes étoient un afyJe : ceux qui redoutoient la violence & Pinjuftice, trouvoient leur füreté dans 1'enceinte oh ces ftatues étoient placées. Mais il arrivoit que certaines gens s'y réfugioient par malice & par affectation de terreur, afin de rendre odieufes les perfonnes par qui ils fe préten-  =c6 H I S T t> I R E doient menacés. Théodofe ordonnai tinienii ^lie ceux <ïin auroient recours a ces; Théodo- afyles, y demeureroient pendant dix: Arca- iours» °c courent comme des forcenés *arf* follS le PorticP,e- La redoublant leurs HoT£' c.ns en fe dépouillant de leurs robes, M. 5. c nsappellent les citoyens; ils leur exa- Xi g6rent Ie fu^et de Ieur allarme. On 14/1'j? accourt de toutes parts : bientöt un 22,23. PeiIple innombrable les environne : la fureur fe communiqué plus promptement que leurs paroles ; la plupart ignorent encore la caufe du tumulte, & frémiffent déja de colere. Tout-acoup, fans aucun commandement, il fe fait un grand filence; cette immenfe populace demeure calme & immobile, ainfi que la mer aux approches  du Bas-Empirê. Liv. XX1IT. 2'ri d'un violent orage; & un moment Ü5ÜÏLL' après, pouffant des cris furieux, & fe ^>£*divifant en plufieurs troupes comme Théodoen autant de vagues, les uns fe jettent se. dans les Thermes voifines; ils renverfent, ils brifent,ils détruifent & les Ann. 387. vafes & les ornements: d'autres courent a la maifon de PEvêque Flavien; & ne Payant pas trouvé, ils reviennent a la falie du Confeil, d'oü le Gouverneur n'avoit encore ofé fortir : ils tachent d'en enfoncer les portes, & menacent de le maffacrer, ce qui n'étoit pas fans exemple a Antioche. N'ayantpu réufTir, ils fe difperfent en criant : Tout eft perdu : la ville eft abymée; une impojition cruelle a dltruit Antioche. Tout ce qu'il y avoit d'étrangers , XX, de miférables, d'efclaves, groffit la le°£a£ foule des féditieux. Ce mélange con- d"e la Fafus ne connoitplus ni Prince , ni Ma- miiiymgiftrats , ni patrie. A la yue des portraits de l'Empereur, qui étoit peint Hom. 2. c. en plufieurs endroits de la ville, la 3. rage s'allume; on 1'infulte de paroles % om-3'c' & a coups de pierres; & comme s'il Hom.c, refpiroitencoreplusfenfiblementdans 3- 1 - 1 . . Hom, o. c, les ouvrages debronze, on va atta- u  £I2 II X S T O I R E V/Ven"* t}Uer 'es flatues: on n'épargne pas celTiNjÉs li fes de Flaccille, d'Arcadius, d'HonoThéodo- rius, ni la ftatue équeftre de Théo- Areca- dofe le Pere' °n attaché des cordes mus. a feur col; chacun s'empreffe de prêAnn, 3S7. ter fon bras a ce miniffere de fureur : »om.i7.c. on les arrache de leur bafe ; on les \iban. Je J?,rife en morceaux, en les chargeant vita &■ or. dopprobres & d'imprécations : on 14. ij, en abandonne les débris aux enfants "o//!*4. *ïui Ies trainent par les rues de la Theod. 1. ville. ysö 7'7 Ce dernier excès d'infölence efc.4'; ' frava les coupables eux-mêmes. La XXI. vue des hnages d'un Empereur fi refFin de ia pe&able, brifées & mifes en pieces, ÏAaTcr les fraPPad'horreur,commes'ilseuf14, ij,' fent vu les membres du Prince même 33. épars & déchirés. Pales & tremblants, la plupart s'enfuyent & fe renferment. La fédition fe rallentifToit; mais elle n'étoit pas encore appaifée. Une troupe des plus opiniatres s'afTemble autour de la maifon d'un des principaux Sénateurs, qui, fe tenant renfermé chez lui, paroiffoit condamner la révolte. Ils y mettent le feu. Pendant 1'emportement du peuple, les plus lages citoyens n'avoient ©fé s'expo-  [ nu Bjs-Empire. Liv, XXIII. 213 mmmmmm :; fer : les Magiftrats , cachés dans leurs \ maifons, ne fongeoient qu'a confer- ^^nSb 1 ver leur vie. Ne pouvant fe concerter Théodo1 enfemble, ni prendre aucune mefure, J ils en étoient réduits a faire des vceux Dius. I au Ciel. Quantité de voix appelloient Ann. 387; 1 en vain le Gouverneur. Quoique ce ij fut un Officier vaillant, & qui s'étoit i fsgnalé dans la guerre, cependant il n'ofa fe montrer jufqu'au moment oü il apprit que la plus grande fougue du peuple étoit paffée , & que la mair fon du Sénateur n'étoit attaquée que par une poignée de miférables. II s'y tranfporta a la tête de fa garde. II n'en coüta que deux coups de fleches pour difliper ce refte de féditieux. Le Comte d'Orient qui commandoit les troupes , & qui n'avoit pas montré plus de hardieffe , vint alors fe joindre a lui. On les blama tous deux dans la fuite, de n'avoir pas affronté le péril pour défendre les ftatues de l'Empereur, & pour épargner a Ia ville un fi criminel attentat. Leurs foldats pourfuivirent les mutins qui fuyoient devant eux. On en prit un grand nombre , qui furent auffi-tót enfermés dans les prifons.  *H H I S T O ƒ R s On tTnieTil Plus viie populace, qui ont coutume Théodo- de fignaler leur rage dans ces émeutes Arc'a- 'ouda".ies» ne Prirent aucune part a nros." celie-ci. L'agitation qui fubfiftoit en- Ann. 387. core dans les efprits après tant de fe- xxii. couffes violentes , fit, comme il ar- febukifr.* rivefouvent,imaginer des fantömes Liban, or, & des prodiges bifarres. On ne poulf - Y9?* croire ^ue ce défordre n'eut pas t, 23.'7* Ptoduit par une puiffance furnaturelle. Le bruit courut que dans le fort du tumulte, on avoit vu un vieillard d'une taille gigantefque, monté fur un puiffant cheval; & que s'étant changé d'abord en jeune homme, enfuite en enfant, il avoitdifparu. On difoit encore que la nuit d'auparavant, on avoit apper$u au-deffus de la ville, une femme horrible a voir, & d'une grandeur effrayante; que ce fpectre avoit paffe fur toutes les rues en frappant Pair d'un fouet avec un bruit affreux. Ce n'étoit rien moins dansPidéedu peuple,qu'un monftre infernal qui excitoit les efprits a la fureur, de la même maniere que les valets de Pamphithéatre animoient a grands coups de fouet la rage des bê-  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 215 i tes féroces dans les fpectacles- Selon —S St. Jean Chryfoftöme, il n'étoit pas 1 r • lil ai T1NIEN 11 1 beioin que le demon courut dans théodo- ! 1'air; c'étoit affez qu'il entrat dans SE- ! leur cceur, & qu'il y foufflat le feu i de la révolte. Elle avoit commencé Ann. 387. I au point du jour; a midi le calme | étoit rétabli dans la ville. , Mais ce calme n'avoit rien que de xxiïï. < fombre & de lugubre. Après eet ac- Crainte i cès de frénéfie, les habitants, abat- da"tshabl" j tus, confternés,ne fe reconnoilfoient chryfofl. j qu'avec horreur. La honte, les re- Hom. 3. c. Imords, la crainte tenoient tous les ^m 6 ^ cceurs accablés. La vue des courriers a. qui partent pour informer 1'Empe- Lih- orreur, leur annonce déja leur condam- \\* i nation. Les innocents & les coupables tw. h attendent également la mort; mais 1 perfonne ne veut être coupable; ils ' s'accufent les uns les autres. Les :j Payens, qui n'étoient pas plus cri3 minels que les Chrétiens, tremblent 1 qu'on ne leur impute tout le défordre. ' Tous, renfermés avec leurs families n qui fondent en larmes, déplorent le ; fort de leurs femmes & de leurs enf fants; ils fe pleurent eux-mêmes. Par) tout regne une affreulé folitude. On  Il6 HlSTQIRE voit feulement errer ca & la, dans Valen- ies places & dans les rues, des troupes TINIENlI j> i . a T *1 Théodo- darchers, trainant aux pnions des se. malheureux qu'ils ont arrachés de ^uus" *eurs mai'ons' vAnn 3S7. La nuit fe paffe dans de mortelles XXiv. inquiétudes : elle ne préfente a leur ihpren- efprit que des gibets, des feux, des fiUte. 3 échafauds. La plupart fe déterminent chryfoft. a quitter leur patrie, qui ne leur paflom. 2. c. rojt pius qU'un vafle fépulcre. Les lUm. V'ê. riches cachent & enfouiffent leurs ri1, 5,6. cheffes. Chacun fe tient heureux de Hom^ 5. c. fauver fa v;e< Des ie point du jour, Hom.'13. les rues font remplies d'hommes, de ï. femmes, d'enfants, de vieillards, qui ^'or.T^ 'uyent la colere du Prince comme un aj, " ' incendie. Les Magiftrats, incertains du fort de la ville, n'ofent les retenir. A peine peuvent-ils, a force de menaces, arrêter les Sénateurs, qui fe préparoient eux-mêmes èdéferter Antioche. Les autres fortent en foule , & fe difperfent fur les montagnes & dans les forêts. Plufieurs font maffacrés par les brigands, qui profïtent de cette allarme pour infefter les campagnes voifines; & 1'Oronte rapporte tous les jours dans la ville quelques-uns des  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 217 des cadavres de ces malheureux fu- — gitifs. VALEN:r O j , . TINIEN II Cependant les Magntrats étoient théodoaffis fur le Tribunal, & faifoient com- se. paroïtre ceux qti'on avoit arrêtés a la ^„s! fin de la fédition , & la nuit fuivante. Ann. 387. Ils déployoient toute 1'horreur des xxv. fupplices. On pouvoit leur reprocher gat"jreS°" de n'avoir rien fait pour empêcher le chryfoji. crime : cette crainte les rendoit plus Hom- 3-cimplacables; ils croyoient faire leur #öJ,'5.c apologie en puniflant avec rigueur. 3. Les fouets armés de plomb, les che- Hom' 6*cvalets , les torches ardentes , toutes Hom. s. e. les tortures redoutables a 1'innocence 4. même, étoient mifes en oeuvre pour Homarracher 1'aveu du crime & des com- in. or.i4n plices. Tout ce qui reftoit de citoyens «< dans la ville étoit affemblé aux portes du prétoire dont les foldats gardoient 1'entrée. Lk, piongés dans un morne fdence, fe regardant les uns les autres avec une défiance mutuelle, les yeux Sc les bras levés vers le ciel, ils le conjuroient avec larmes d'avoir pitié des accufés, & d'infpirer aux juges des fentiments de clémence. La voix des bourreaux, le bruit des coups, les menaces des Ma- Tome V. K  £l8 HlSTOIRB ' t giftrats les glacent d'efFroi; ils prê- nNiEhïl t.ent l'oreille a toutes les interrogaThéodo- tions ; a chaque coup,a chaque géa«e^ mifïement qu'ils entendent, ils tremmus." kient Pour leurs parents, pour euxAnn. 3S7. mêmes; ils craignent d'être nommés entre les complices. Mais rien n'égale la douleur des femmes : enveloppées de leurs voiles, fe roulant a terre, & fe trainant aux pieds des foldats, elles les fupplient en vain de leur permettre 1'entrée ; elles conjurent les moindres Officiers qui paffent devant elles, de compatir au malheur de leurs proches, & de leur prêter quelque fecours : entendant les cris douloureux de leurs peres, de leurs hls, de leurs maris , elles y répondent par des cris lamentables ; elles refTentent au fond de leurs cceurs tous les coups dont ils font frappés ; ck les dehors du prétoire préfentent un fpeftacle auffi déplorable que les rigueurs qu'on exerce au-dedans. XXX'l. Ce jour affreux & funefte fe pafTa Punïtions a interroger & a convaincre les coupabies. La nuit étoit déja venue ; on attendoit au-dehors dans des tranfes mortelles, la décifion des Magiftrats:  nv Bas-Empire. Liv. XXIII. 219 on demandoit a Dieu par les vceux ^""**EE? I les plus ardents , qu'il touchÉt le cceur Vl lEN" i des Juges ; qu ils vouluffent bien ac- Tkéodo- corder quelque délai, & renvoyer se. le jugement a l'Empereur , lorfque b*ls." tout-a-coup les portes du Prétoire Aon. 38.7. s'ouvrirent. On vit fortir a la lueur i des flambeaux entre deux haies de foldats , les premiers de la ville char; gés de chaines, languiffants & fe traï- nant a peine, les tortures ne leur 1 ayant laiffé de vie qu'autant qu'il en I falloit pour mourir de la main des | bourreaux a Ia vue de leurs conci!i toyens. On avoit voulu commencer j ce terrible exemple par la punition I des plus nobles. On les conduifit au j lieu des exécutions. Leurs meres, leurs 3 femmes, leurs filles, plus mortes li qu'eux-mêmes, veulent les fuivre & ( manquent de forces. Le défefpoir les ranime; elles courent, elles voyent leurs proches tomber fous le glaive , : & tombent avec eux par la violence j de leur douleur. On les emporte k 1 leurs maifons. Elles en trouvent les portes fcellées du fceau public : on avoit déja ordonné la confifcation de I leurs biens; & ces femmes diflinguées K ij II  —O HlSTQIRE — par leur rang & par leur naiffance,font n*Su rédllites a rendier un afyle, qu'elles Théodo- ne trouvent qu'avec peine; la plupart Arca ^C leUrS Parents & de leurs amis remus." f"fant de leur donner retraite, de peur Ann. 3S7. de partager leur crime en foulageant leur infortune. On continua pendant cinq jours de faire le procés aux coupables: plufieurs innocents furent enveloppés dans la condamnation , s'étant déclarés criminels dans la force des tortures. Les uns périrent par 1'épée; d'autres par le feu; on en livra plufieurs aux bêtes : on ne fit pas même grace aux enfants. Tant de fupplices ne raffuroient pas ceux qui reftoient : après tant de coups redoublés, la foudre fembloit toujours gronder fur leurs têtes : ils craignoient les effets de la colere du Prince; & quoiqu'il ne put encore être inftruit de la fédition , on entendoit fans ceffe répéter dans la ville : L'Empereur faitil la nouvelle ? Efi-il irritè ? L'a-t-on flèchL* Qu'a-t-il ordonnè? Voudra-t-il jitrdre Antioche ? Pour effacer, s'il étoit poffible, lamémoire du foulevement, chacun s'emprefToit de payer 1'impöt qui en avoit été 1'occafion. Loin de  nu Bjs-Empire. Liv. XXIII. 221 le trouver alors infupportable, les ha- '" ~ bitants offroient de fe dépouiller de ^^"^ tous leurs biens, & d'abandonner a Théodo1'Empereur leurs maifons & leurs ter- se. res, pourvu qu'on leur laiffat la vie. Antioche étoit une ville de plai- Ann. 387. fir & de difTolution. L'adverfité, cette xxvn. excellente maitreffe de la philofophie Change Chrétienne , la changea tout-a-coup. J^"^" Plus de jeux, plus de feftins de dé- d'Antiobauche, dechanfons &. de danfes laf- eUe. cives,de divertifTementstumultueux. ^hryf°fi- /-\ 5 i'i , Hom. 4. c. Un n y entendon plus que des prie- a. res Sc le chant des pfeaumes. Les Chré- Hom- 6- c« tiens, qui faifoient la moitié des ha- 1'Uom . bitants, pratiquoient toutes les ver- e. 1.' tus; les Payens avoient renoncéa tous Hom. 17. les vices. Le théatre étoit abandon- lS> né; on paffoit les journées entieres c. 4. dans 1'Eglife , ou les cceurs les plus Lihan'or' agités fe repofent dans le fein de Dieu M' même. Toute la ville fembloit être devenue un monaftere. Libanius en gémit; Saint Jean Chryfoftöme en félicita les habitants; il préfere aux emportements infenlés de leur gaiété ordinaire les fruits heureux de leur infortune & de leur triffelfe. Ce grand homme, animé de 1'efK iij  HlS T Q I R E ~~ Pfit de Dieu, fut feul dans ces jours tinienII d allarme & de douleur, la confolaThéodo- tion d'un peuple nombreux. II étoit AacA- né»J Antioche 1>an 347, de parents dius. nobles. II avoit pris les lecons de LiAnn. 3S7. banius. Mais la beauté de fon génie, xxviii. le goüt du vrai & du grand, la lec- Siuln ,tUre affidue d? ces admirables mode-' Chryfof- les ^ue Pancienne Grece avoit entdme. fantes, & fur-tout 1'étude de 1'Ecri^Paiiad. ture-fainte, dont la fublime fimpli-' So'c. 1. 5. Clte palfa dans fon efprit comme dans C'ch ra f°n COeur' Iui donnerent un ton d'éJionTf'c l°q"e«ce fort fupérieure k celle de 2, fon maïtre. Ce fut une de fes ames ^ Hom. 4. choifies que Ia fagefPe de Dieufe plaït c'hÖ,„. 5. k former de temps en temps, & k : fcfiim. montrer aux hommes pour leur ap- j fT'f* Pr,fldre jufqü'è quel degré peuvent ' Hom. V4. s elever les forces humaines foutenues I e i. de Ja grace divine. II embraffa d'aef?;1- 8' b.ord 'a profenion d'Avocat. L'injufZon.,. 11. tics des hommes qu'il voyoit de trop P. 36. prés, Pen dégoüta prefque auffi-töt. Joan.lt. SaiRï Mélece le Lefteur. II fe re- I fijt. b^- nra dans la folitude; & le Démofthene : dm. du chriftianifme, vécut pendant deux JZf L ansrenfermé dans une caverne, ou ] 19. f.7,9. " ne s'occupoit que de la priere &  du Bas-Empire. Liv. XXIIL 223 de 1'étude. Le mauvais état de fa fanté 1'en fit fortir k 1'age de trente-trois : ans.IlfutbientötaprèsordonnéDiacre théodo< par faint Mélece. Flavien lui conféra i.la prêtrife en 385 ou 386, & lui con- DIUS_" I fia le miniftere de la parole. II étoit Ann. 387. . alors dans un age oü 1'on peut être i] affez inftruit & affez exercé dans la ( pratique de la morale évangélique, l pour accepter fans préfomption le reI doutable emploi de la prêcher aux au3 tres hommes. II parut comme un ange i chargé d'annoncer les ordres du Ciel; | & s'attira, fans y prétendre & fans en I vouloir tirer aucun avantage tem| porei, 1'admiration de toute la ville t d'Antioche. L'éclat, la folidité, la forI ce, la pureté de fon éloquence, lui I fit donner avec raifon le furnom de | Chryfoftöme. Depuis le vendredi 26 | Février, jour de la fédition , jufqu'au I jeudi de la femaine fuivante , il deI meura dans le filence. Enfin, lorfque 1 les plus coupables furent punis, que I plufieurs de ceux que la terreur avoit \ bannis de la ville , commenc/nent a I revenir, & qu'il ne reftoit plus que 1 1'inquiétude de la vengeance du Prin> ce.il monta dans la tribune. Pendant K iv  mmlmmmmilt ?H M I S T O I R E VjLLES tout le temPS du carême, qui comtinien n ™enca cette année k Antioche le huiThéodo- tieme de Mars, il continua de prêarca- fher au PeuPIe> dont il fut calmer mus. les craintes, & effuyer les larmes; & Ann. 387. Pon doit principalement attribuer k ce grand orateur la tranquillité ou la ville fe maintint au milieu des diverfes allarmes qui furvinrent. II prononca dans. eet intervalle vingt difcours comparables a tout ce qu'Athenes & Rome ont produit de plus éloquent. L'art en elf merveilleux. Incertain du parti que voudra prendre Théodofe, il mêle enfemble Pefpérance du pardon, &Ie mépris de la mort, & difpofe fes auditeurs k recevoir avec foumiffion & fans trouhle, les ordres de la Providence. II entre toujours avec tendreffe dans les fentiments de fes citoyens; mais il les releve & les fortifie. Jamais il ne les arrête trop long - temps fur la vue de leurs malheurs; bientot il les tranfporte de la terre au ciel: pour les diflraire de la crainte préfente, il leur en infpire une autre plus vive; il les occupe du fouvenir de leurs vices, & leur mon-  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 225 m^0mm fre le bras.de Dieu levé fur leurs têtes, & infiniment plus terrible que celui tinien lf du Prince. , Théodo- II y avoit déja huit jours que les ^e.^ courriers qui portoient a l'Empereur mus_ la nouvelle de la fédition, étoient Ann. 387.' partis d'Antioche, lorfqu'on appnt XXDC. qu'ils avoient été arrêtés dans leur ^ pour route par divers accidents, oc obh- fléchir gés de quitter les chevaux de pofte ï'Empepour prendre les voitures pubhques. ch;yfo^ On crut qu'il étoit encore temps de Hom. 3. c. lesprévenir; & toute la ville s'adreffa ^ 6 e. a 1'Evêque Flavien, Prélat venera- 2> ble par fa fainteté, & chéri de 1'Em- Hom. 17pereur. II accepta cette pémbte commiffion; & ni les infirmites d une ex- u trême vieillelïe, ni la fatigue d'un Liban.dc long voyage dans une faifon incommode & pluvieufe, ni 1'état ou fe Zof.i.4-. trouvoit une fceur unique qu'il aimoit tendrement, & qu'il laiffoit au lit de la mort, ne purent arrêter fon zele. Réfolu de mourir ou de fléchir la colere du Prince, il part au milieu des larmes de fon peuple. Tous les cceurs le fuivent par leurs vceux; on efpere que la bonté naturelle de l'Empereur ne pourra fe défendre d'écouK v  . . ||M _ 226 &ZSTOIRE v7^- ter un Prélat fi refpeöé. Zozime fait TiKiEKii üonneur de cette députation k LibaThéodo- mus, & aun certain Hilaire, diftinArca- ?l,é». di*;il' Par fa naiffance & par fon mus. lavoir. Nous avons en effet deux difAnn. 387. cours de Libanius, qui femblent avoir ere prononcés devant l'Empereur, lun pour appaifer fa colere, 1'autre pour louer fa clémence. Mais ce n'eiï qu'une fiftion de déclamateur. Si 1'on s'en rapporte k Libanius lui-même, il paroït qu'il ne fortit point de la ville. Cefophilte, qui veut toujours jouer un grand röle, prétend avoir beaucoup fervi k raffurer les habitants,& k difpofer enfuite a la douceur les Commiffaires de Théodofe. II y a tout lieu de croire que ce recit üe Zozime n'eft qu'une fable inventee pour dérober aux Chrétiens la gloire d'avoir fauvé Antioche. cY*; 1.,9Llo'lclue ^avien fït une extréme 1 Empe d.lh&ence, il ne put atteindre les courreiir. ners. Ils arnverent avant lui , & leur chryfoji. rapport excita dans Théodofe cette rT' M' v,lolente-colere, dont les premiers acHom. i7. ces étoient toujours prompts & ter*■ a. nbles. II étoit moins irrité du renW, m verlernem de fes proprw flatucs • ie  nu Bas-Empire. Liv, XXIÏL 117 des outrages faits a celles de Flaccille — - & de fon pere, L'ingratitude d'Antio- ijjjjgfj, che redoubloit encore fon courroux, théodoII avoit diftingué cette ville entre toutes celles de 1'Empire par des marqués D*£A_" de fa bienveillance : il y avoit ajouté Ann. 387. de fuperbes édifices. On venoit d'a- epiji. ad chever par fes ordres un nouveau pa- C£°Sïais dans le fauxbourg de Daphné , & 3 °m'1'c' il avoit promis de venir inceffam- lh. 0r. ment honorer Antioche de fa préfen- l ce. Son premier mouvement fut de \^c. i^. ' détruire la ville, & d'enfévelir les Zof.1.4. habitants fous fes ruines. Etant reve- ^j'-7' nu de eet acces d'em portentent , il jheoph. P. choifit le Général Hellébique, & Cé- 60. faire, Maitre des offices, pourl'exécu- n^dtion d'une vengeance plus conforme not% 30. aux regie de la juftice. Comme il igno-oit encore la punition des prlncipaux auteurs du: défordre , il chargea ces Co-nmiffaires d'informer contre les coupables, avec pouvoir de vie & de mort. II leur donna ordre de fermer le théatre, le cirque, & les bains publiés ; d'öter a la ville fon territoire, fes privileges, & la qualité de métropole; de la réduire, comme avoit autrefois fait l'Empereur Sé^ K vj  ^^^^ 228 HlS TOIRE Valen vere, a !a condition d'un fimple bourg tinienÏi *°umis a Laodicée fon ancienne riThéodo- vale, qui deviendroit par ce changement métropóle de la Syrië; de remus. trancher aux pauvres la diitribution Ann. 387. de pain, qui étoit établie dans Antioche comme dans Rome & dans Conftantinople. xxxt. Hellébrique & Céfaire, étant partis detc'om! 3Vec ces ordres "goureux, rencon- miffaires. trerent Flavien, & redoublerent fa chryfoji. douleur. II continua fa route avec plus ^ om. 12. d'empreffement pour ohtenir quelque Hom. 16. grace. Les deux CommifTaires fe hac'h' tei-ent d'arriver en Syrië. La renomc. 1.' '7' mee qui les devanca , renouvella la Hom. 18. terreur dans Antioche. On publioit e%Bom 21 ^U'^S ven°lent a l'a ^te d'une troupe ei..' ' de foldats, qui ne refpiroient que le Liban. or. fang & le pillage. Les habitants pro151 22, noncoient eux-mêmes leur propre fentence : On égorgera le Sénat; on détruira la ville de fond en comble ; on la reduira en cendres avec fon peuple; on y fera pajfer la charrue , & pour éteindre notre race, on pourfuivra le fer & le feu d la main ,juf que dans les montagnes & les déferts, ceux qui y chercheront une retraite, On attendoit en trem-  nu Bas-Empire. Liv. XXIH. 229 blant le moment de leur arrivée. On f?""^ fe difpofoit de nouveau a prendre la fuite. Le Gouverneur qui étoit Pay en, Théodo. vint a 1'Eglife, oü une multitude in- se. nombrable s'étoit affemblée, comme Arca." dans un afyle ; il y paria au peu- Ann. 3S7. ple , & s'efforca de le raflurer. Lorfqu'il fe fut retiré , Saint Jean Chryfoftöme fit reproche aux Chrétiens d'avoir eu befoin d'une voix étran-' gere pour affermir des cceurs que la confiance en Dieu devoit rendre inébranlables. Enfin, ceux qui connoiffoient le caraftere des deux Officiers, vinrent a bout de calmer ces allarmes. On commenga de fe perfuader que le Prince ne vouloit pas ruiner Antioche , puifqu'il confïoit fa vengeance a deux Miniftres fi équitables 6c fi modérés. A leur approche, une foulede peuple fortitau-devant d'eux, & les conduifit a leur demeure avec des acclamations mêlées de prieres & de larmes. C'étoit le foir du 29 Mars. En effet, les deux CommifTaires xxxn. n'étoient pas de ces courtifans yüs C**&te & mercénaires, qui, livrés fans re- tiennenr. ferve a la paffion de leur maitre, vont chryfifi.  230 II i S t 0 i R E m'r ' ■■" auffi vïte que fón caprice , & lui préïïËëTii Parent d'inutiles repentirs. C'étoit des Théodo- hommes prudents & vertueux. Hellébique étoit même uni d'amitié avec diusV St- Grégoire de Nazianze; & c'eft une Ann. 337. louange pour Théodofe d'avoir choifi Hom. 17. dans fa colere, deux Miniftres proCHo'm. is. Pre.s' nonpas a la fervir aveuglément, c 1,4. mais a la diriger & a la retenir dans Liban.or. \es bornes d'une exacte juffice. Ils ap2i ' ' prirent en arrivant que les Magiftrats Gng. Nai. les avoient prévenus , & que la féep- 123. dition étoit déja punie par des exemples affez rigoureux, Cependant par les ordres du Prince, ils fe voyoient réduits a la trifte néceffité de rouvrir les plaies récentes de cette malheureufe ville, & d'en faire encore couIer du fang. Ils fignifierent d'abord la révocation de tous les privileges d'Antioche. XXXIII. Le lendemain ils firent comparoi- tiönTnou- trf ^us ceL1* qui compofoient le Conveites. feil de la ville. Ils écouterent, & les chryjoji. accufations formées contre eux, 6c i. i%1.7' 'eurs réponfes. L'humanité des juges Hom. 18. adouciffoit autant qu'il leur étoit perLiLn 4' - m's' *a féy.érité de leur miniftere : ils i'iTih"' n'employoient ni foldats ni li&eurs  du Bas-Empire. Liv. XX1IL 231 pourimpofer filence; ils permettoient • aux accufés de plaindre leur fort, de ^ienII verfer des pleurs; ils en verfoient eux- théodomêmes ; mais ils ne leur laifToient ef- se. pérer aucune grace; ils paroiffoient trol" a la fois compatiffants & inflexibles. Ann. 387. ï Sur la fin du jour, ils firent renfer:i mer tous ceux qiii étoient convainj cus, dans une grande enceinte de j murailles , fans toït 6c fans aucune \ retraite qui put les garantir des inju1 res de Pair. C'étoient les perfonnes les plus confidérables d'Antioche, par leur naiffance, par leurs emplois 6c | par leurs richefTes. Toutes les famil| les nobles prirent le deuil; la ville j perdoit avec eux tout ce qu'elle avoit t d'éclat & de fplendeur. Le troifieme jour devoit être le xxxiv. plus funefte: tous les habitants étoient d^s01^4 j glacés d'effroi. C'étoit le jour deftiné nes. °1_ au jugement 6c a Pexécution des cou- chryfoji. j pables. Avant le lever du foleil, les cH°m\17' Commiffairesfortent de leurdemeure bL'.I's. 1 a la lueur des flambeaux. Ils mon- c- 4. { troient une contenance plus févere ^ban'or' j que la veille, 6c Pon croyoit déja ffood.i. 1 lire fur leur front ia fentence qu'ils 5«f-19alloient prononcer. Comme ils tra-  232 H I S T O I R E ■ ■ - verfoient la grande place fuivis d une •^nienÏi folde de Peuple, une femme avancée Théodo- en age, la tête nue, lescheveux épars, se. faifit la bride du cheval d'Hellébique, wus" & s'v tenant attachée, elle 1'accomAnn. 3S7. pagne avec des cris lamentables. Elle demandoit grace pour fon fils, diftingué par fes emplois, & par le mérite de fon pere. En même-temps Hellébique & Céfaire fe voyent environnés d'une multitudeinconnue, que des vêtements lugubres, des vifages pales & exténués, faifoient reffembler a des fantömes plutöt qu'a des hommes. C'étoient les folitaires des environsd'Antioche, qui, dans cette trifte conjonéture, étoient accourus de toutes parts; & tandis que les Philofophes Payens, plus orgueilleux, mais auffi timides que le vulgaire, étoient allés chercher leur fureté fur les montagnes & dans les ca vernes, les Moines, qui étoient alors les vrais Philofophes du Chriltianifme, & qui portoient ce nom a jufte titre, avoient abandonné leurs cavernes & leurs montagnes, pour venir confoler & fecourir leurs concitoyens. Ils s'attroupent en grand nombre autour des  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 233 Commiffaires; ils leur parient avec -" I hardiefTe; ils ofFrent leurs têtes a la place des accufés; ils proteftent qu'ils xhéodone quitteront les juges qu'après avoir se. obteou grace : ils demandent d'être 1 envoyés a l'Empereur : Nous avons, J(Lluli 3g'7i difent-ils, un Prince Chrétien & religieux ; il écoutera nos prieres ; nous ne vouspermettronspas de tremperves mains dans le fang de vos freres, ou nous mourrons avec eux. Hellébique & Céfaire . tachoient de les écarter en leur répon- ; dant, qu'ils n'étoient pas maitres de pardonner, & qu'ils ne pouvoient défobéir au Prince fans fe rendre euxmêmes auffi coupables que le peuple d'Antioche. Ils contiinioient leur marche, lorf- XXXV. qu'un vieillard, dont Pextérieur n'a- d^a^1acc^! voif rien que de méprifable , s'avanca done. a leur rencontre. II étoit de petite taille, vêtu d'habits fales & déchirés. SaififTant par le manteau 1'un des deux CommifTaires , il leur cornmanda k tous deux de defcendre de cheval. Indignés de cette audace, ils alloient le repouffer avec infulte, lorfqu'on leur dit que c'étoit Macédone. Ce nom les flrappa d'une vénération profonde. Ma-  mmmmi6i -34 ff I S T O I R B Vaxkn- ?étone v5v°it dep^s Iong-temps fur t,n1jjmi le lommet des plus hautes montages* T„ioDo- deSyne occupé jour & nuit de la ArcI- Pnerf- L'auftérité de fa vie lui avoit' AnDnIU4'v ner lefurnom de Crithopha- ' A f'/arce qu'ü ne fe nourriffoit que de fanne d'orge. Quoiqu'i! fut trèsurnple, lans aucune connoilfance des chofes du monde, & qu'il fe fut rendu comme invdible aux autres hommes il etoitcétebre dans tout 1'Orient. Les ^iuunudires, s etant jettésa fes pieds Ie pnoient de leur pardonner, &c de ïouffnr qu'ds exécutaffent les ordres de 1 Empereur. Alors ce foiitaire, inftruit par la Sageffe divine, leur paria en ces rermps • ». M« J » paroles au Prince : Vous n'êtes pas » feulement Empereur , vous êtes » homme,& vous commandez k des » hommes de même.nature que vous. » Lhomme a été formé k la refTem» blance de Dieu : n'eft-ce donc pas » im attentat contre Dieu même, de » detriure cruellement fon image > » On ne peut outrager Pouvrage, fans » jrnterl'ouvrier. Confidérez k quel» le colere vous emporte Pinfulte fai» te a une figure de bronze. Et une  du Bas-Empire, Liv. XXI1L 235 » figure vivante , animée, raifonna- — » ble, n'eft-elle pas d'un plus grand 1Qgfi » prix ? II nous eft aifé de rendre k théodo» l'Empereur vingt ftatues pour une «.^ » feule : mais après nous avoir öté la ÖJ.£S_" » vie, il lui fera impoftible de rétablir Ann. 387. » un feul cheveu de notre tête ". Le difcours de eet homme fans lettres fit une vive impreflion fur les Commiffaires. Ils promirent k Macédone de faire part a l'Empereur de ces fages remontrances. Ils fe trouvoient dans un extréme xxxvi. embarras, & n'étoient guere moins Les Com- . . ' . ^. a miflaires agites au-dedans Teux-memes, que remettent les coupables dont ils devoient pro- l'affairé noncer la fentence. D'un cóté, les *uJ"s,e" . /**/*• ment tic ordres de lEmpereur leur tailoient rEmpecraindre d'attirer fur eux toute fa co- reur. lere ; de 1'autre, les cris & les vives £^ff^ inftances des habitants & fur-tout des f, 2.' Moines, dont les plus hardis mena- Liban. ot, coient d'arracher les criminels. des a3mains des bourreaux, & de fubir euxmêmes le fupplice, défarmoient leur févérité. Dans eet état d'incertitude, ils arriverent aux portes du Prétoire, oii 1'on avoit déja conduit ceux qui devoient être condamnés, Ils y ren-  . 23Ó H I S T O I R E VAlEN. contrerent un nouvel obftacle. Les tinienH Evêques qui étoient alors dans AnThéodo- tioche , & il s'en trouvoit toujours Arc'a- quel5ues-uns dans cette capitale de mus. 1'Orient, fe préfentent devant eux; Ann. 587. ils les arrêtent, & leur déclarent que s'ils ne veulent leur paffer fur le corps, il faut qu'ils promettent de laifTer la vie aux prifonniers. Sur le refus des Commiffaires, ils s'obftinent a leur fermer le paffage. Enfin, Céfaire & Hellébique, ayant témoigné par un figne de tête qu'ils leur accordoient leur demande, ces Prélats pouffent un cri de joie , ils leur baifent les mains, ils embraffent leurs genoux. Le peuple & les Moines fe jettent en mêmetemps dans le Prétoire, &la garde ne peut arrêter cette foule impétueufe. Alors cette mere éplorée, qui n'avoit pas quitté la bride du cheval d'Hellébique, appercevant fon fils chargé de chaines, court a lui, 1'entoure de fes bras, le couvre de fes cheveux, le traine aux pieds d'Hellébique, & les arrofant de fes larmes,elle conjure ce Général, avec des cris & des fanglots, de lui rendre 1'unique foutien de fa vieilleffe, ou de lui arracher k  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 237 -elle-même la vie. Les Moines redoublent leurs inftances: ils fupplient les Juges derenvoyer le jugement a 1'Em- théodopereur : ils ofFrent de partir fur le se. champ ,&promettent d'obtenir la gra- A^^_" ce de tant de malheureux. Les Com- Aan. 387. miffaires , ne pouVant retenir leurs larmes , fe rendent enfin; ils confentent a furfeoir Pexécution jufqu'a la décifion deThéodofe. Mais ils ne veulent pas expofer tant de vieillards, atténués par les auftérités, aux fatigues d'un long & pénible voyage. Ils leur demandent feulement une lettre ; ils fe chargent de la porter au Prince, St d'y joindre les plus preffantes follicitations. Les folitaires compoferent une requête, dans laquelle, en implorant la clémence de Théodofe, ils lui mettoient devant les yeux le jugement de Dieu, &c proteftoient que s'il falloit encore du fang pour appaifer fon courroux, ils étoient prêts a donner leur vie pour le peuple d'Antioche. Les deux Commiffaires convinrent xXXVll. qu'Hellébique demeureroit dans la La ioie ville, & que Céfaire iroit a Conf- dans An. tantinople. II firent transférer les cri- «oche. minels dans une prifon plus commo- Chryf°fi'  238 HtSTOIRZ de. C'étoit un vafte édifice, orné de nmSh. portiques & de jardins, oü, fans les Théodo- délivrer de leurs chaines, on leur perarc'a m't de recev°ir toutes les confolations mus. de la vie. Cette nouvelle fit renaitre Ann. 387. Pefpérance, dont les effets fe diverfiHom. 17. £0ient felon la difFérence des caracteHo'm. 18. res- Les citoyens fenfés bénifToient «• 4- Dieu , & lui rendoient des actions de Hom. 20. graces . iis fe flattoient que PEmpeLibln. or, f eur, en confidération de la fête de 23> Paques qui approchoit, pardonneroit les offenfes qu'il avoit recues. Mais une.jeunefTe difPolue , dont cette ville voluptueufe étoit remplie, s'abandonnoit déja aux excès d'une joie extravagante ; elle avoit en un moment oublié tous fes malheurs. Dès le lendemain du départ de Céfaire, pendant que les principaux d'Antioche étoient dans les fers, & le pardon encore incertain ,les bains publics étant fermés, une troupe de jeunes libertins coururent au fleuve, fautant, danfant, chantant des chanfons lafcives, & entraïnant avec eux les femmes qu'ils rencontroient. Ces défordres n'échapperent pas aux féveres réprimandes de St. Jean Chryfofföme : pour les tirer  du Bas-Empike. Liv. XXIII. 239 de cette folie fécurité , il fit de nou- ^^ÜT vëau prrónder fur leurs têtes le ton- VAlEfr- 1 1- !• 1 • 01 tinien II nerre de la vengeance divme, oc les théodomenaces de. celles du Prince. se. Céfaire étoit parti dés le foir mê- ^yA" 1 me. Une foule de peuples, & fur-tout Ann. 3&7X 1 les femmes, rempliffoient le chemin xxxviil ! fur fon paffage jufqu'a Ia diftance de Céfaire 1 prés de deux lieues. Mais ce fage Of- HT ficier, voulant éviter 1'éclat des accla- pereur. 6 mations populaires , attendit que la Lib- or' i nuit eut obligé cette multitude de fe Theoi. 1. retirer. Afin de faire plus de diligen- 5. e. 19. I ce, il n'avoit pris avec lui que deux So*' L 7> domeftiques ; & le foir du lendemain, '. il étoit déja fur les frontieres de la I Cappadoce. II ne s'arrêta dans fa route que pour changer de relais; & ne fortit de fon charriot, ni pour dormir, 1 ni pour prendre fa nourriture. II voi lok avec plus d'emprefTement, que s'il fe fut agi de fa propre vie. Quoiqu'il y eut plus de trois cents lieues d'Antioche a Conftantinople, il arriva dans cette derniere ville le fixie1 me jour après midi. Comme il étoit a fans fuite , il y entra fans être connu, i & fe fit fur le champ annoncer è 1'Em\,pereur. II lui préfenta le procès-vér-  Valentinien II Théodg- se. Arcadius.Ann. 3 87. XXXIX. Flavien fe préfente a Théodofe. Chryfofi. 21. c. 2. 240 HlSTOIRE bal, qui contenoit le détail de la fédition & de fes fuites. 11 n'y avoit pas oublié la requête des Moines, & la remontrance de Macédone. II en fit la lecture par ordre du Prince. Auffitöt, fe jettant a fes pieds, il lui repréfenta le défefpoir des habitants, les chatiments rigoureux qu'ils avoient déja éprouvés , la gloire qui lui reviendroit de la clémence. Théodofe verfa des larmes; fon coeur commencoit a s'attendrir: mais lacolere combattoit encore ces premiers mouvements de compaffion. II y avoit déja fept 011 huit jours que Flavien étoit arrivé a Conftantinople. Mais foit qu'il crüt l'Empereur encore trop irrité, foit que ce Prince 1'évitata defTein, il ne s'étoit point jufqu'alors préfenté a Théodofe. Plongé dans la douleur la plus amere, il ne s'occupoit que des maux de fon peuple; fon abfence les lui rendoit plus fenfibles, paree qu'il ne pouvoit les foulager. Ses entrailles étoient déchirées; il paflbit les jours & les nuits a verfer des larmes devant Dieu, le priant d'amollir le coeur du Prince. L'arrivée de Céfaire lui rendit le courage ;  nu Bas-Empirz. Liv. XXIII. 241 i rage; il alla au palais; & ce fut peuti être Céfaire même qui lui procura VAtEN- r 1 > . tinien il 1 une audience, ann d appuyer les pne- théodo1 res de celles de ce faint Evêque. Dés se. i que Flavien parut devant l'Empereur, Arcail fe tint éloigné, dans un morne li- Ann. 3S7. | lence , le vifage baiflé vers la terre, j comme s'il eut été chargé de tous les i crimes de fes compatriotes. Théoi dofe, le voyant confus & interdit, l s'approcha lui - même, & levant a j peine les yeux , le cceur ferré de j douleur, au-lieu de s'abandonner aux | éclats d'un jufte courroux, il fembloit ] faire une apologie. Rappeilant en peu \ de mots tout ce qu'il avoit fait pour \ Antioche, il ajoutoit a chaque trait: i C'ejl donc ainjl que j'ai mérité tant d'ou- trages. Enfin, après le récit des bienj faits dont il avoit comblé cette ville ingrate: » Quelle eft donc 1'injuftice ! » dont ils ont prétendu fe venger ? j >> continua-t-il: pourquoi, non con- » tents de m'infulter, ont-ils porté : » leur fureur jufque fur les morts ?, j » Si j'étois coupable a leur égard, l » pourquoi outrager ceux qui nefont » plus & qui ne les ont jamais of- » fenfés ? N'ai-je pas donné k leur Tome V. L  ^^^^ 242 BlSTOIRE a«u«u«. w v.jje maj.qUes (je pr^^rence fuf ™*il » toutes. les autres de 1'Empire ? Je Théodo- » defiroisardemmentdelavoir; j'en arca- * Par!oi? fans ceffe ■" j'attendois avec mus. M inipatience le moment oü je pourAnn. 387. » rois en perfonne recevoir les té» moignages de leur affeöion, & leur » en donner de ma tendreffe ". XL. Flavien, pénétré de ces juftes reF/m™ Proches>&POuffant un profond fou- vien. pir, rompit enfin le filence , & d'une chryfoji. voix entre-coupée de fanglots:» PrinBom. „. „ ce,dit-il,notre ville infortunéen'a » que trop de preuves de votre a» mour, & ce qui faifoit fa gloire, » fait aujourd'hui fa honte & notre » douleur. Détruifez-la jufqu'aux » fondements, réduifez-la ën cen- »> dres, feites périr jufqu'a nos en» fants par le tranchant de 1'épée; » nous méritons encore de plus fé» yeres chatiments; &£ toute la terre » épouvantée de notre fupplice, a» vouera cependant qu'il eft au-def» fous de notre ingratitude. Nous en » fommes même déja réduits è ne » pouvoir être plus malheureux. Ac» cablés de votre difgrace, nous ne » fommes plus qu'un objet d'horreuf.  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 243 » Nous avons dans votre perfonne ™'"" ~I offenfé 1'univers entier; il s'éleve jW1^ » contre nous plus fortement que théodc» vous-même. II ne refte a nos maux se. » qu'un feul remede. Imitez la bonté » de Dieu : outragé par fes créatu- Ann. 3S7, » res , il leur a ouvert les cieux. » J'ofe le dire , grand Prince; fi vous » nous pardonnez, nous devrons no» tre falut a votre indulgence ; mais » vous dèvrez k notre ofïenfe 1'éclat » d'une gloire nouvelle. Nous vous » aurons par notre attentat préparé » une couronne plus brillante que » celle dont Gratien a orné votre » tête; vous ne la tiendrez que de » votre vertu. On a détruit vos fta» tues : ah! qu'il vous eft facile d'en » rétablir qui foient infiniment plus » précieufes! Ce ne feront pas des » ftatues muettes & fragiles, expo» fées dans les places aux caprices & » aux injures: ouvrages de la clémen» ce, & aufPi immortelles que la ver» tu même, celles-ci feront placées » dans tous les cceurs, & vous au» rez autant de monuments qu'il y a „ d'hommes fur la terre, & qu'il j „ en aura jamais. Non, les exploits L ij  ,^ 244 H i s t o i r e V™ » guerrjers, les tréfors, Ia vafte éten-. time* ii » due d im Empire ne procurent pas i Tüéodo- » aux Princes un honneur auffi pur Arca- " ,& fuffi durabIe, que la bonté & mus. » ia douceur. Rappellez-vous les ouAnn. 3s7. „ trages que des mains féditieufes fi?? rent aux ftatues de Conftantin, & „ les cpnfeHs de ces courtifans qui » 1 excitoient a la vengeance : vous „ favez que ce Prince portant alors V ]a main a f°n ""ont, leur répondit „ en fouriant: Rafure{-vousJe nefuis i „ point ble{fê. On a oublié une grande „ partie des vicloires de eet illuitre : „ Empereur; mais cette parole a fur„ vecu k fes trophées ; elle fera en» tenduedes fieclesa venir; elle lui „ rn entera k jamais les éloges & les ! „ bénédiftions de tous les hommes. \ „ Qu'eft-ilbefoin de vous mettre fous v l£s yeux des exemples étrangers ? II nê faut vous montrer que vous- 1 „ meme. Souvenez-vous de ce fou» Pir généreux, que la clémence fit I „ iortir de votre bouche, lorfqu'aux „ approches de la fête de PÉque, an» noncant par un édit aux criminels " JJS Pardon, &aux prifonniers leur » dehvrance, v©us ajoutates : Qjie  nu Bas-Empire. Liv. XX1IL 24^ s „ n ai-je aujfi le pouvoir de feffuj"citer =s-*^rr" „ les triorts! Vous pouvez_ faire au- jgjjgn „ jourd'huicemiracle: Antioche n'eil théodo„ plus qu'un fépulcre; fes habitants ^se.^ „ ne font plus que des cadavres; ils j|ul" jj „ font morts avant le fupplice qu'ils Ann. 387. 1 ont mérité : vous pouvez d'un feul \„ mot leur rendre la vie. Les infiI „ deles s'écrieront : Qu'il ejl grand. I „ le Dieu des Chrétiens ! Des hommes, , ,, il en fait faire des anges ; il les af I „ franchit de la tyrannie di la nature. { „ Ne craignez pas que notre impuI „ nité corrompe les autres villes : ij „ hélas! notre fort ne peut qu'effray er. S „ Tremblants fans ceffe, regardant I „ chaque nuit comme la derniere, I „ chaque jour comme celui de noI „ tre fupplice, fuyant dans les déI „ ferts, en proie aux bêtes féroces , 1 „ cachés dans-les cavernes, dans les 1 „ creux des rochers, nous donnons „ au refte du monde 1'exemple le plus ! „ funefte. Détruifez Antioche; mais I „ détruifez-la comme le Tout PuifI „ fant détruifit autrefois Ninive: ef] „ facez notre crime par le pardon ; 1 „ anéantiffezla mémoire de notre atI „ tentat, en failant naitre 1'amour & L iij  ,mmimmm 24ö H I S T O I R E 'vTI^T » |a "connoiffance. II eft aifé de brü, tinienIi " Jer.des maifons, d'abatrre des rm- ;i Théodo. „ r^les:maisdechangertout-a-coup : arca- " de* ^belles en fujets fideles & al i AnT.a " f'c'?cnnes> c'eft 1'effet d'une vertu Ann. 387. „ divuie. Quelle conquête une feule il „ parole peut vous procurer! Elle | „ vous gagnera les cceurs de tous les I „ hommes. Quelle récompenfe vous ! „ recevrez de 1'Eternel ] II vous tien- j «? dra compte non-feulement de vo-I » tre bonté, mais auffi de toutes les 1 a&ions de miféricorde que votre ! „ exemple produira dans la fuite des „ liecles. Prince invincible, ne rou- j „ giüezpas de cédera un foible vieil- 1 „ lard , après avoir réfifté aux prie„ res de vos plus braves Officiers: „ ce fera céder au Souverain des Em- | „ pereurs, qui m'envoye pour vous « prefenter 1'évangile, & vous dire 1 » de fa part :. Si vous ne remette{ pas 1 s, les of en/es commifes contre vous, vo- \ „ tre Pere cilejte ne vous remettm pas „ les vótres Repréfentez-vous ce jour „ terribledans lequel les Princes » ~ les flliets comparoitront au tri» bunal de la fuprême juftice; & faij, tes réflexion que toutes vos feu- I  du Sjs-Empire. Liv. XXIII. 247 .. „ tesferont alors effacées, par le par- „ don que vous nous aurez accorde. n Pour moi, je vous le protelte, thêodo1 grand Prince, fi votre jufte indigna„ tion s'appaife , fi vous rendez a mus. „ notre patrie votre bienveillance, Ann. 387. | j'y retournerai avec joie; j'irai be„ nir avec mon peuple la bonté di„ vine, & célébrer la votre. Mais fi vous ne jettez plus fur Antio„ che que des regards de colere, mon „ peuple ne fera plus mon peuple; „ je ne le reverrai plus; j'irai dans „ une retraite éloignée cacher ma : „ honte 6£ mon affliaion; j'irai pleu[ „ rer jufqu'è. mon dernier foupir, le „ malheur d'une ville qui aura ren„ du implacable k fon egard le plus | „ hu main & le plus doux de tous „ Princes". Pendant le difcours ds Flavien, l'Empereur avoit fait effort fur hu- dee™,Em-même pour reflerrer fa döuleur. En- pereur. fin, ne pouvant plus retenir fes lar- ggt 1 mes : Pourrions-nous, dit-il, refujer le t ^ 1 pardon d des hommes Jemblables d nous, iheoi. U \ après que le Maitre du monde s'etant t'*^ i rèduït pour nous d la condition d'efcla- ^ ^ \ ve ,. a bien voulu demander grace a fon L iv  mammgm 2 il leur difoient tous les jours le dernier chryfift. ;; adieu; & 1'éloquente charité de Saint ! Jean Chryfoftome pouvoit k peine les c'j]h'J'ar. ■\ raffurer. Enfin, la lettre de Théodofe 15, n, | arriva pendant la nuit, & fut ren- 23S due a Hellébique. Cet Officier géne'| reux fentit le premier toute la joie I qu'il alloit répandre dans Antioche. I II attendit le jour avec impatience ; I & dès le matin , il fe tranfporta au Prétoire. L'allégreffe peinte fur fon vifage annoncoit le falut; il fut bientötenvironné d'une foule de peuple qui pouffoit des cris de joie ; & ce lieu arrofé de tant de larmes quelques jours auparavant, retentiffoit i d'acclamations & d'éloges. Tous ceux que la crainte avoit jufqu'alors tenu L v  . . 25° II I S T O I R E cachés,. accouroient avec rranfportr TisiEN.ix tou.s s'efForcoient d'approcher d'HelThéodo- lébique. Ayant impofa filence, il fit Akca- ki-même la leclure de la lettre; elle mus. contenoit des reproches tendres & Ann, 3$T. paternels: Théodofe y paroiffoit plus touché des infultes faites a Flaccille &afon pere, que de celles qui tomboient fur lui-même. II y cenfuroit eet efprit de révolte & de mutinerie qui fembloit faire le caraftere du peuple d'Antioche; mais il ajoutoit qu'il étoit encore plus naturel a Théodofe de pardonner. II témoignoit être affiigé que les Magiftrats euffent oté la vie a quelques coupables, & finiffoit par révoquer tous les ordresqu'il avoit donnés pour Ia punition de la ville &c des habitants. XLïII. A ces mots, il s'éleve un cri gé* tou°eeiae néïai- TouS fe difPerfent Pour aller viiie. porter cette heureufe nouvelle a leurs chryfifi. femmes & k leurs enfants. La veille Hem. 21. on accufoit de lenteur& Flavien & Cé'idem. in faire ; aujourd'hui on s'étonne qu'une epiji ad affaire fi importante fi difficile, ait C°Hom. 7. ^ fi Promptement terminée. On ou... 3.' " vre les bains publics ; on orne les nies utan.or. ■& les places de feftons & de guir-  nu Bas-Ëmpiré. Liv. XXlIf. d^f prhdes ; on y dreffe des tables; An- SZ^^>' tioche entiere n'eft plus q'u'une falie r n' t r ■ J ' 1 t TINIENli- de feftm. La nuit fuiyante egale la Théodo, 1'umiere des plus beaux jours; la ville' se. eft éclairée de fiambeaux; on bénit a.rca-- r • B1US. 1'Etre Souverain qui tient en la mam Ann. 387. le cceur des Princes; on célebre la I;> 4?< clémence de l'Empereur; on comble Strab. lr de louanges Flavien, Hellébique & l6, Céfaire. Hellébique prend part k la réjouiffance pubüque ; il fe mêle dans les jeux, dans les feftins. Les jours fuivants on lui drefTa des ftatues ainfi qu'a Céfaire ; & lorfqu'il fut enfuite rappellé par l'Empereur, il fut conduit hors de la ville avec les vöeux &; les acclamations de tout le peuple. Flavien recut k fon arrivée des témoignagnes de reconnoifTance encore plus précieux &C plus dignes d'un Evêque; il fut honoré comme un ange de paix, & toutes les Eglifes re'tentirent d'aétioris de gracés.' II eut même la confolation de retrduver encore fa fceur, k qui Dieu avoit prolongé la vie jufqu'a fon retour, & de recevoir fes derniers foupirs. Plufieurs villes s'étoient intérefiees en . faveur d'Antioehe : le Sénat & le p'éüL vj  ttaimgal!m ff I S t O I RE r- VaÏenC PIe d? Conftantinople avoient joint t tinien n Ieurs mftances k celles de Céfaire Sc Théodo- de Flavien. Séleucie, fituée fur la Arca- "?;er a quarante ftades de 1'emboubius. chure de 1'Oronte, avoit auffi enAnn. 3.S7. voyé une députation a l'Empereur. Cette ville célebre, autrefois appellee let faur cTAntioche, avoit beaucoupperdu de fon ancien luftre. Antioche, après en avoir été long-temps jaloufe, affeftoit alors de la méprife.r; & fes habitants enivrés d'un infolent orgueil au milieu même de leurs défaftres", difoient hautement, qu'ils aimoient mieux voir périr leur patrie, que de devoir fon falut a de pareils intercefTeurs. II paroït que les habitants d'Antioche ayant obtenu leur pardon , oferent demander k Théodofe la permiffion de donner a leur ville le nom d'Arcadius. Mais on ne voit pas que ce Prince ait eu égard a leur demande. Ainfï fe terminerent les fuites d'une fédition, que k politique fe feroit cru obligée de chatier a la rigueur, pour donner un exemple terrible. Celui qui yeille en même-temps k la füreté Sc k la gloire des Monarques qui le fer-  du Bas-Empire. Lh. XXIII. 233 vent, ne voulut armer contre lescou- Ü^^. pables que le bras de leurs propres Valen- r" . - " ., , . „. r, . 1 1 tinien II Magiftrats; il ne lailia au Prince que xhéodcPhonneur de pardonner. se. L'état.de 1'Occident donnoit alors Akcaa Théodofe de grandes inquiétudes. Ann. 387. Maxime fe préparoit a la guerre , &r xliv. faifoit des levées d'hommes U d'ar- f gent. Ses exaftions défoloient la GauIe; il épuifoit les Provinces; & re- re. nonfant a cette feinte douceur qu'il 1 *• avoit jufqu'alors afTectée, il s'enri- Faca't,FCchilfoit par les exils Sc les profcrip- «^. > ALEN" • .5* * ' 7 i TiNiEun auJ°urd hui je la demande pour un égal. Théodo- f«i lui donne cette égalitè, réparArca- tk fiéreme.nt Maxime ? Le Tout-Puifmvs. fant s repliqua Ambroife , qui a conAnn. 3$7.fervé d Valentinien 1'Empire qu'il lui avoit donné. Cette fermeté irrita le tyran; il s'emporta en inveclives contre Valentinien, & contre le Comte Bauton, qui avoient, difoit-il, amené jufque fur les frontieres de la Gaule les Huns & les Alains : il reprocha au Prélat de 1'avoir trompé la première fois, & d'avoir arrêté le cours rapide de fes conquêtes. Ambroife jufHfïa le Comte & l'Empereur; il fit voir que loin d'attirer les barbares dans la Gaule, ils les en avoient écartés a^force d'argent. II fe difculpa lui-même en rappellant a Maxime la bonne foi & la franchife dont il avoit ufé dans la première négociation : il le fit fouvenir que Valentinien étant le maïtre de venger la mort de Gratien fur Marcellin , frere de Maxime, qu'il tenoit alors en fon pouvoir, il le lui avoit renvoyé : il demandoit en récompenfe les cendres du défunt Emp ereur.  | nu B.is-Empihe. Liv. XXIII. 257 Maxime alléguoit pour raifon de fon . v refus, que-la vue des cendres de ce T1^™~n Prince animeroit les foldats contre théodoi lui: „ Et quoi, répondit Ambroife ] j*-^ » défendront-ils après fa mort celui mus. }, qu'ils ont abandonné pendant qu'il Ann. 3S7» „ vivoit? Vous craignez ce Prince » lorfqu'il n'eft plus ! Qu'avez-vous >> donc gagné a lui öter la vie ? Je me » fuis défait d'un ennemi, dites-vous : » non, Maxime, Gratien n'étoit pas » votre ennemi; c'étoit vous qui » étiez le fien. Il n'entend pas ce que J» je dis en fa faveur; mais vous, I » foyez-enle juge. Si quelqu'un s'éleI » voit aujourd'hui contre votre puifI » fance , diriez-vous que vous êtes » fon ennemi, ou qu'il eft le votre ? 3 » Si je ne me trompe , c'eft 1'ufurI » pateur qui eft 1'auteur de la guerre; » l'Empereur ne fait que défendre fes I « droits. Vous refufez donc les cen1 » dres de celui dont vous ne pour] » riez retenir la perfonne , s'il étoit I » votre prifonnier ! Donnez a VaI » lentinien ce trifte gage de votre ré| » conciliation. Comment ferez-vous ] » croire que vous n'avez pas attenté 1 » u la vie de Gratien, fi vous le pri-  258 H1 S T O I R E Vale" ^ " ^Z de Ia ^Pulrure " ? 11 convaintjnienII 9uit enfi»te Maxime d'être 1'auteur Théodo- de la mort du Comte Vallion, qui Arca- n'^toit coupable que de fidélité endius." yer.s *°n maitre. Ambroife, entre les Ann. 3S7. mains & fous le pouvoir du tyran, fembloit être fon juge; & Maxime confus ne fe tira d'embarras qu'en ren voyant le Prélat, & en lui difant qu'il délibéreroit fur les demandes de Valentinien. Ambroife avoit eu trop d'avantage fur Maxime pour efpérer aucun fuccès. II aigrit encore le tyran en refufant de communiquer avec les Evêques de fa Cour, qui avoient fait mourir Prifcillien. Maxime faifit ce prétexte pour lui donner ordre de s'en retourner fans délai. Le faint Evêque, plus propre a foutenir avec force, & avec franchife la vérité & la jufiice qu'a fe démêler avec fouplefle des détours obliques d'une négociation épineufe , partit, malgré les avis qu'on lui donnoit fecrefement qu'il feroit affafiiné en chemin, S'il eft vrai que Maxime eut formé ce deffein , Dieu préferva TEvêque. II revint k Milan, & rendit compte a Valentinien de fon ambaflade , qui  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 259 _^ n'avoit fervi qu'a démafquer le tyran. •—-—- Le jeune Empereur ne perdit pas ^™'n encore 1'efpérance de prévenir une théodorupture ouverte. Ses courtilans lui se. perfuadoient que la roideur inflexi- D^AJ ble du Prélat avoit rebuté Maxime; Ann.387. fic celui-ci donnoit a entendre qu'il xlvii. n'étoit pas éloigné de renouer la né- a^Xj'^e gociation. Domnin s'offrit a conduire Aipes. cette affaire; c'étoit un Syrien , qui Zof. 1.4. s'étant introduit h Ia Cour du jeune Tieeof^L Prince, étoit devenu fon confident & fon principal Miniftre. On le regardoit comme un profond politique, & il avoit lui-même la plus haute idéé de fa propre capacité. Maxime le recut a bras ouverts; il accepta fans réfiftance toutes fes propofitions, &flatta fa vanité en le comblant d'honneurs & de préfents. Le Miniftre s'applaudiffoit d'un fuccès ft brillant; il ne doutoit pas qu'il n'eüt fait de Maxime le meilleur ami de Valentinien. Le tyran, profitant de fon imprudence, le fit au retour accompagner d'une partie de fon armée : c'étoit, difoitil , des troupes qu'il prêtoit a fon collegue, pour dompter les barbares qui menacoient la Pannonie. Domnin  ^^^^ ïGo II I S T O I R Z Valen" ^ Treves vers ^a ^n du mOlS ïwiex<Ïi d'Aout, fort glorieux des préfents Théodo- qu'il avoit recus, & du nombreux ^se. ^ renfort qu'il conduifoit a fon maïtre. pivs.' Maxime le fuivit de prés avec le refte Ann. 337. de fes troupes; il fe faifoit précéder d'un grand nombre de batteurs d'eftrade, pour arrêter tous ceux qui pouvoient donner des nouvelles de fa marche. II trouva le pas de Suze ouvert par le pafTage de Domnin; & s'étant joint k fes troupes avancées, qui avoient abandonné PAmbafTadeur pour garder 1'entrée de l'Italie, il prit le chemin de Milan. XLVIll. _ Valentinien, furpris de cette irrupVaiemi- tion imprévue, fe fauva en diligence n.en Ce \ a -i > n- „ , ö réfugié i a Aquilee. Bientot ne s y croyant Theffalo- pas en füreté, & n'attendant pas un UZof.'i m.eilIeur *°rt que cehu de Gratien, Suip'. Set'. s'd tomboit entre les mains de 1'uvh. Man. furpateur, il s'embarqua avec fa mere, 's^Aug de ^ §aSna Theffalonique, pour y troucivk. 1'. ;. ver un afyle fous la proteftion de ^26. Théodofe. Probe, que fes grandes ric "u!'7' cheiïes expofoient a un grand danger, Soc. 1.5. accompagna le jeune Empereur dans f"rw / ^3 ^L"te' ^s qu'ils furent arrivés dans h e.°i\ \ cette capitalede 1'Illyrie, ils firent fa-  nu Bjs-Empirs. Liv. XXIII. ;6i I voir k Théodofe, qui étoit alors k ' ■■• 1 Conftantinople,i'extrêmitéa laquelle Valeiji ils étoient réduits. Ce Prince écrivit Théod" i auffi-töt k Valentinien , qu'il ne devoit se. s'étonner ni de fes malheurs, ni des fucces de Maxime : que le Souverain lêgi- Ann. 3S7. j time combattoit la vérité, & que le tyran s°l-l- 7j faifoit gloire de %■ foutenir : que Dieu c'plJfofi l I fe déclaroit contre 1'ennemi de fon Eglife. ïoje. 8.' 1 En même-temps il partit de Conlfan! tinople, accompagné de plufieurs Séj nateurs. Lorfqu'il fut a TheffaloniI que, il tint confeil fur le parti qu'il ) devoit prendre. Tous les avis alloient j a tirer de Maxime une prompte ven! geance : Qu'il ne falloit pas laiffer vivre ji plus long-temps un meur tri er, un ufurpa' teur, qui accumulant crime fur'crime , ) venoit d'enfreindre des traités folemnels. I Théodofe étoit plus touché que per» fonne du fort déplorable de deux Emf pereurs, 1'un cruellement mafTacré, ' 1'autre chafTé de fes Etats : il étoit hien ) réfoiu de vengerfonbienfaiteur&fon 1! beau-frere. Mais comme 1'hyver ap; prochoit, & que la faifon ne permet: toit pas de commencer la guerre, il cmt qu'au-lieu de la déclarer avec une précipitation inutile, il étoit plus k  202 HlSTOIRE Vale^ ProPos d amufer Maxime par des efpé^ tt*££.u ranc.es d'accommodement. II fut donc* ; Théodo- d'ayis de lui propofer de rendre a VaJ Arca- lentinien ce Hu ü avoit de nouveau umus." mfpé, & de s'en tenir au traité de Ann.387. partage,le menacant de la guerre laj plus fanglante, s'il refufoit des con-- ditions li raiionnables. xlix. Au (ortir du Confeil, Théodofe tira 1 Théodofe Valentinien a 1'écart, & 1'ayant tenVaktó- drement embraffé: » Mon fils, lui dit-. nien a la » n, ce n eft pas la multitudedes fol- ordyadCC * datS ' C'eft la Proteftion divine qui ort o o- w donne jes ^ccès d_ns jaguerre> Lj_ Suidas in ^ fez nos hiftoires depuis Conftan0'va.Kev- » tin: vous y verrez fouvent le nom'tZTi. * bre& la force du cöté des infide5. c 15.' » les, & la viétoire du cöté des Prin» ces religieux. C'eft ainfi que ce » pieux Empereur a terraffé Licinius, » & que votre pere s'eft rendu invin» cible. Valens, votre oncle, atta» quoit Dieu; il avoit profcrit les » Evêques orthodoxes; il avoit verfé » le fang des Saints. Dieu a raffemblé » contre lui une nuée de barbares; il » a choifi les Goths pour exécuteurs ■ > » de fes vengeances; Valens a péri » dans les flammes. Votre ennemi a  du Bas-Êjsipïre. Liv. XXIII. 263 » fur vous 1'avantaee de fuivre la » vraie doörine : c'eft votre infïdé- Vaien- »> lité qui le rend heureux. Si nous xhéodo» abandonnons le fils de Dieu, quel se. » chef, malheureux déferteurs, quel A*££ » défenfeur aurons-nous dans les ba- Ann. 3S7. » tailles " ? Dieu parloit au cceur de Valentinien en même-temps que la voix de Théodofe. frappoit fes oreilles. Fondant en larmes, le jeune Prince abjura fon erreur, & protefta qu'il . feroit toute fa vie inviolablement attaché k la foi de fon pere & de fon bienfaiteur. Théodofe le confola; il lui promit le fecours du Ciel & celui de fes armes. Valentinien fut fidele k fa parole; il rompit dés ce moment tous les engagements qu'il avoit coniradtés avec les Ariens; il embraffa fincérement la foi de 1'Eglife.; &C fa meré Juftine, qui mourut 1'année fuivante toujours obftinée dans fon erreur, n'ofa même entreprendre d'efFacer les heureufes impreffions des paroles de Théodofe. L'hyver fe paffa en négociations infruftueufes. Maxime envoya des dé- Succès da putés a Théodofe qui les retint long- ^rm^ témps a Theffalonique fans leur don- 40. & de  2iïetnent du culte de leursDieux. Ce c °j. '5' £UI fans doute une fi flatteufe efpéranSigon. de ce qui aveugla Symmaque. Cet illuftre 7»"/""' Sénateur, qui avoit paru jufqu'alors '9' un modele de fageffe &C d'attachement afesmaitres légitimes, fe déshonora en cette occafion par un difcours qu'il nrAnnnn -j lei Inncnffp rln tvran T o ville d'Emone, aujourd'hui Laubach dans la Carniole, foutint un long fiege: on ne fait li elle fut prife. Bologne fe fignala en faveur du nouveau Prince ; elle lui érigea des monuments fur lefquels elle lui donnoit a lui & a fon fils Victor, tous les titres que la flatterie avoit inventés pour les Souverains. L'Afrique fe foumitk fes Lieutenants, & fut bientöt épuifée par fes exadtions. Avant la fin de 1'hyver, tout  bv Bas-Empire. Liv. XXIII. 265 tout 1'Occident le reconnoiffoit pour '—'—* ma;tre' , , „ . - niSï La terreur de ion nom s etoit re- Théodo- pandue jufqu'au-dela du Rhin & du SE- Danube; plufieurs nations de la Ger- mus.~ manie lui payoient tribut. En effet, Ann- 3S7. fes forces étoient redoutables: le nom- , L,T- bre & le courage de fes troupes fem- &om?X bloient lui promettre la conquête de ciers de 1'Orient. A la tête de fon armée é- U^lme' toient fon frere Marcellin & Andra- 40* ' v' gathe, tous deux auffi méchants que Owf. 1.7. lui, mais plus braves & plus intré- c' Jl'm pides. Andragathe , pour fermer k Uttnd.i. Théodofe 1'entrée de 1'Italie, s'occupa 17-1.6. pendant 1'hyver a fortifier les Alpes Juliennes & les pafTages des rivieres. Maxime, ayant choifi Aquilée pour fa réfidence, gouvernoit de-la tout 1'Occident : réfolu de ne pas hafarder fa perfonne, il s'attendoit a voir bien- töt k fes pieds Théodofe chargé de fers. II avoit établi pour Préfet de Rome, Rufticus Julianus , que fes partifans avoient onze ans auparavant fongé a élever a 1'Empire pendant une maladie de Valentinien. C'étoit un homme cruel & fanguinaire; mais in- xertain du fuccès de la guerre, il fe Tornt V, M  266 II I S T O I R E ménagea une refTource auprès de tinien li 1 neodole ? en le conduilant avec une Théodo- douceur, & une humanité qui ne lui SE- étoient pas naturelles. Le peuple de mul" R°me ayant brülé la fynagogue des Ann. 387. Juifs, Rufticus attendit a ce lujet les ordres de Maxime. Celui-ci envoya des foldats pour contenir le peuple & rétablir la fynagogue. La proteclion qu'il accordoit a cette nation odieule, acheva de lui faire perdre 1'affeöion des Chrétiens, dont tous les vceux fe réunifToient en faveur de mm*?*™* fon ennemi. Ann.3s8. Théodofe avoit pris le Confulat ld. pour la feconde fois, & s'étoit don- facedTk ^0Ur c°l'e&«e Cynégius qui étoit Cy"ege * depuis quatre ans revêtu de la dignité dans la de Préfet du prétoire d'Orient. Ce prfdu p"v ^e Ma8^rat avon fecondé avec zetoired'O- le' miUS ^ans éclat & fans violence, rient. le deflein formé par Théodofe d'a- 'zóf/f' bolir l'idolatrie- 11 mourut a ConfSocV.t. tantinople dans le mois de Mars de t~ 12. cette année. Le peuple dont il étoit Sox 1. 7- chéri alfifta en foule a fes funérail' T,il, lps"5 & les honora de fes larmes. rhcod. art. Son corps fut dépofé dans 1'Eglife des nou i4j2-' ^aints -Apótres j & 1'année luivante  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 267 fa femme Acantia le fit tranfporter en ^^55 Efpagne oü il étoit né. Théodofe dé- Valen; r D > tinien II libéra long-temps fur le choix d'un ThéodoPréfet du Prétoire. Cette place de- se. venoit plus importante par la néccf- ^"^s" fité oü fe trouvoit l'Empereur de s'é- Ann. 3Sg> loigner de 1'Orient, pour aller combattre Maxime. Son fils Arcadius qu'il avoit laifTé a Conftantinople , n'étoit pas en age de foutenir le poids des affaires. Enfin, il jetta les yeux fur Tatien , connu par fa capacité, & par les charges qu'il avoit exercées fous Valens. C'étoit lui cjui, en 367, étant Préfet d'Egypte, avoit traité durement St. Athanafe, & les Catholiques d'Alexandrie. Le changement de Prince avoit fans doute changé la Religion du Magiftrat. Son hls Proculus fut fait en même-temps Préfet de Conftantinople. L'Empereur prenoit toutes les me- tin. fures que la prudence lui infpiroit .Dlfp°fipour le fuccès d'une expédition fi pé- Théodofe rilleufe. Afin de ne laifTer derrière lui Patat. c. aucun fujet d'inquiétude, il renou- 3^J?" vella les alliances avec les Princes 40. ' v' voifins de fes Etats. Les Provinces n'é- St. Aug. tant pas encore remifes des maux d'"v/1' >• M 1}  2-68 HlSTOIRE — —qu'elles avoient foufferts fous le reSiS'ïl g"? nialheureux de Valens, il ne pouThéodo- voit fans les dépeupler entiérement, Arca e" tifer t?lltes les trouPes qu'il faldIus." ^0it 0PP0'"er aux nombreufes armées Ann. 388. de Maxime. II attira donc les barbaRuf.l. 2. res qui, en fon abfence, auroientpu 19.31. infulter la frontiere. Les habitants du ihtod. /. Caucafe, du mont Taurus, des bords Ph'ilofi. 1. du Danube & du Tanaïs, Goths, 10. c.8. Huns, Alains , nations endurcies a Zo/. 1.4, toutes les fatigues, vinrent en foule lui offrir leurs fervices. II ne leur manquoit que la difcipline : Théodofe les y drelfa en peu de temps fous des Capitaines expérimentés. Bientót ces barbares apprirent a obéir è Pordre fans confufion & fans tumulte , a réfifter a 1'attrait du pillage, a épargner les vivres, & a fouffrir patiemment la difette,apréférerl'honneur au butin. L'amour & 1'admiration que les vertus de Théodofe leur infpirerent, en firent des Romains. II y en eut cependant qui conferve- rent leur ancienne lerocite, & qui nous Je verrons bientot. Théodofe fe ht accompagner dans cette expédi-  nu Bas-Empirb. Liv. XX1IL 169 ____js_!i tion par quatre Généraux, que leur —~~ valeur, & leur expérience militaire v*™^ avoient déja rendu célebres. Promo- théodote , renommé par la défaite des Gmthonges, avoit le titre de General dius. de la cavalerie. Timafe , qui s etoit Ann. 38?." diftingué dès le temps de Valens, commandoit 1'infanterie. Ricomer & Arbogafte, Francois de naiffance, 5c pleins de cette bravoure impétueufe qui plaït fur-tout aux barbares, eurent la plus grande part aux opérations de cette campagne. Ces Officiers formoient fon confeil. Mais avant que de partir, il voulut confulter Dieu même par 1'organe d'un de fes plus faints ferviteurs. Jean 1'Anachorete vivoit dans les déferts de la Thébaïde prés de Lycopolis. II étoit fameux par fes miracles. Théodofe lui écrivit pour lui demander quel feroit le fuccès de fes armes. Jean lui promit la vidoire; & ce Prince ne forma depuis ce temps-la aucune entreprife importante fans avoir confulté ce faint folitaire. II n'oublia pas de faire les régie- liv. ments néceffaires pour maintenir pendant fon abfence le bon ordre dans v M iij  5;o ftlSTOIRK ~— 1'Eglife & dans 1'Etat. II défendit de tinieTu nZuve™ aux hérétiques de tenir des Théodo- aliemblees. II déclara nuls & adulteArca- £S,les mariaSes entre les Chrétiens mus. *es Juifs. Les hommes puhTants Ann. 3S8. fur-tout en Egypte & dans AlexanCod. Th.i. drie , ville turbulente & pleine de dél' * 7i {o/dres' s'a"nbuoient 1'autorité d'ar9. ru. ii. reter leurs ennemis, & de les tenir hg. ,mk. en chartre privée, quoique cette vio- ;. I; u ie?c,e füt dès Ies temPs anciens pro- TiU.ru/, h^ee par les loix Romaines. ThéoStc. oiym. dqfe adreffa au Préfet d'Egypte une 'nol \.& lo1 PIl.ls «goureufe que les précédentes; il foumit eet abus aux peines du crime de lefe- Majefté. Ce Prince fi jufte & fi religieux fe laiffa cependant alors entraïner A une violence également contraire a la Religion & è la juftice. Olympiade, fortie d'une familie très-illuftre, & connue dans 1 hiftoire de 1'Eglife par la fainteté de fa vie, & par fon attachement a St. Jean - Chryfoftöme perfécuté, étoit alors dans fa première jeuneffe. Ayant perdu fon mari Nébride qui avoit été Préfet de Conftantinople, elle renonca a un fecond mariage , & fe conlacra au fervice de Dieu. Elpilde  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 271 Seigneur Efpagnol, coufin de Theo- dofe, après de vaines folücitations, s'adreffa a l'Empereur pour la con- théodotraindre de 1'époufer. Le Prince fut piqué du refus d'Olympiade , comme OIVS' d'un mépris qu'elle faifoit de fon al- Ann. 388. liance; il commanda, il menaca: tout fut inutile. Voulant vaincre la coriftance de cette femme, il ordonna au Préfet de Conftantinople de tenir tous fes biens en faifie , jufqua ce qu'elle eut atteint 1'age de trente ans, dont elle étoit encore éloignée. Olympiade écrivit a l'Empereur qu'elle le remercioit de 1'avoir déchargée d'un fardeau fi onéreux ; & que s'il vouloit 1'obliger tout-a-fait, elle le prioit de diftribuer fes biens aux pauvres & aux Eglifes. Le Préfet gênoitbeaucoup Olympiade , & la tenoit dans une forte de fervitude: un fi dur traitement n'ébranla pas fa réfolution. Enfin , Théodofe, au retour de la guerre contre Maxime , admirant lui-même la fermeté de cette veuve Chrétienne, lui fit rendre fes biens & fa liberté. L'Empereur étoit prêt a partir de Theffalonique, lorfqu'il fut averti M iv  _______ 272 H I S T O I R JE VaiEN- qu'un ?rand n°mbre de barbares intwienit corPoresafesIégions, s'étoient laifle Théodo- corrompre par les émiffaires fecrets Arca- de Maxirae- Ces traïtres s'étant apdius percus que leur perfidie étoit découAnn 388. verte, prirent la fuite vers les lacs Tui4' , les marais de la Macédoine , Sc s'alTheod.not. Ierent cacher dans les forêts. On en36. voya après eux des détachements, qui les pourfuivirent dans leurs retraites. On en maffacraplufieurs; mais ij en echappa affez pour faire dans la iutte de grands défordres. L'Empereur le mit enmarche avec toutes fes troupes, & prit la route de la Pannonie lupeneure , conduifant avec lui Va- iV-UliiJlClJ. LVX .tes opérations de la guerre n'éSouieve- totent pas encore commencées, Sc aZs r dna„0n, Publioit a Conftantinople Conflanti- ^ elle etoit finie, & que Maxime D2'r fV0lv ,défait Théod° Ce fau„ bfuit f_ chSgeant Soc.Ls.c. toujours de nouvelles circonftances % 1 , C" ?affant de bouche en bouche, on c 14. ' «toitle nombre des morts & desblefThcoph.P. fes; on ajoutoit que l'Empereur étoit "codi„ P°\"f?™ de prés , Sc qu'il ne pouHig. voit echapper. Ceux qui avoient le  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 273 matin inventé cette fable, Tenten- doient débiter le foir revêtüe de tant __J_f*_t de particularités & avec tant d'afTu- tóéodo- rance , qu'ils devenoient eux-mêmes *E,111 r Arca- les dupes de leur propre menlonge. mus. Les Ariens, irrités de voir les Eglifes Ann. 38P; de la ville en la poffeffion de ceux Conjtanu qu'ils en avoient fi long-temps ex- c0j4Tllt /. clus, crurent aifément ce qu'ils dé- 16. tit. 4. firoient. Ils s'afTemblerent & coururent mettre le feu a la maifon de 1'E- \'$'°'1J' vêque Necfaire. Elle fut réduite en cendres avec le t®it de 1'Eglife deSainteSophie, que Rufin fit réparer dans la fuite par ordre de l'Empereur. La fureur auroit été plus loin, s'il ne fut arrivé des nouvelles certaines, qui détromperent les féditieux. II fallut demander pardon de cette infulte. Arcadius en écrivit a fon pere, & obtint grace pour les coupables. Mais afin de réprimer a 1'avenir Pinfolence des hérétiques, Théodofe étant arrivé a Stobes, fur les frontieres de la Macédoine, renouvella par une loi du 14 de Juin, les défenfes qu'il leur avoit faites tant de fois de s'affembler, de prêcher, de célébrer les myfteres. II chargea le Préfet du prétoire M v  „,.„ , 274 H i s r o i r s de veiller k 1'obfervation de cette ortinien ïi donnance, & de punir les contreveThéodo- riants. Deux jours après, étant encore Arca- dan^laJ,meme ville, il ordonna au mus préfet d employer les plus féveres cha". ^n. 38s. timents pour impofer fdence k tous ceux qm difputeroient publiquement fur. a doctrine, & qui, foit par des predicanons, foit par des confeils, echaiifferotent fur ce point 1'efprit des peuples. lvii. Théodofe faifoit diligence: le 21 £f *lh™,il f,toit * Scupes en DardaAmbr.ep. "ie' Vll]e eloignee de 35 lieues de 40. Mobes. Son armée marchoit fur trois c- colonnes. II n'avoit pu établir de ma0™//. 7. §a.ns dans un pays dont Maxime vec 3 f. noit de le rendre maitre: mais la Pro"J.r.4. vidence divine lui applanilfant toutes les difficultés, les magafms du tyran lui furent ouverts par les troupes mêmes qui avoient ordre de les garder. II ne lui reftoif qu'une inquiétude. II fembloit impoffible de forcer les Alpes Juliennes, défendues par Andragathe, Capitaine habile, vadlant, determiné. Maxime eut été invincible, s'il fe fut tenu derrière cette chaïne de montagnes, dont il  du Bas-Empirb. Liv. XX11L 275 ' pouvoit aifément fermer tous les paf- - — ; fages. Son aveuglement lui fit perdre i eet avantage, & leva eet obftacle aux théodo, fuccès de fon ennemi. Le tyran fe se.^ ; perfuada que Théodofe faifoit pren- dius. i dre k Valentinien & a Juftine la route Ann. 388. I de la mer pour débarquer en Italië. : Sur une fi foible conjefture, il raf- .1 fembla tout ce qu'il put de vaiffeaux v légers ,& en donna lecommandement I aAndragathe, avecordre de fe faifir 3 du jeune Empereur & de fa mere. \ Ce Général ayant abandonné le pofte \ important qu'il occupoit, perdit fon i temps k courir vainement les mers I de PItalie & de la Sicile. Après le départ d'Andragathe, 1'ar- LVIII. i mée de Maxime fe partagea en deux *a«me corps, dont chacun furpaffoit en nom- Pacat% 'ci bre les troupes de Théodofe; & ayant 34. traverfé les montagnes, elle entra dans les plaines de la Pannonie. Pour enfermer 1'ennemi, qui ayant, pafie . la Save, marchoit entre cette riviere & celle de la Drave, 1'un des deux eorps s'arrêta prés de Sifcia, ville alors confidérable, qui n'eft plus qu'un ' bourg nommé Sifzek, fur le bord méridionaldelaSave.L'autre corps comM vj  . Valen- po(é df troupes d'élite, & commaritinien H de Par Marcellin, frere du tyran alla Théooo- camper APetau fur la Drave. Théoa'rc'a- Ao\f. avanjoit avec tant de diligence Dlus q« il arnva è la vue du camp de SifAnn.388. cia, beaucoup plutót qu'on ne Py attendoit. Auffi-tót profitant de la furpnfe fans donner è fes foldats le temps de fe repofer, ni aux ennemis celui de fe reconnoitre, il paffe k la nagealatete de fa cavalerie, gagne les bords, tombe avec furie fur les troupes de Maxime qui accouroient en defordre pour difputer le paffage. EHes font renverfées, foulJes aux pieds des chevaux, taillées en pieces. ^euxqm echappent au premier maffacre, veulent fe fauver dans la ville • es uns font précipités dans les foffés; les autres aveuglés par la terreur, donnent dans lespieux armés de fer qui defendent Pentrée; la plupart s'écrafent mutuellement dans la foule ou penffent par le fer ennemi; Ie refte fait vers la Save. U tombant les ims fur les autres, ils s'embarraffent c* ie noyent : bientöt le fleuve eft combiede cadavres. Le Général, qui neft pas nommé dans 1'hiftoire, fut engloim dans les eaux.  du Bas-Empire. Liv. XXIII. 277 Marcellin étoit arrivé le même jour ;===' a Petau. Théodofe s'étant remis en marche le lendemain, vint le troi- théodofieme jour fur le foir camper en fa **> préfence. Les deux Généraux & les DIUS. deux armées ne refpiroient que le Ann. 388. combat; le fuccès animoit les uns; B^',e la rage & le defir de la vengeance deapetau. enflammoit les autres. Ils pafferent la Pacat. c. nuit dans une égale impatience. Dés 3^^6"e que le jour parut, on fe rangea en 40™ r' bataille. C'étoit des deux cötés la même difpofition; les cavaliers fur les ailes, Pinfanterie au centre; a la tête des pelotons de troupes légeres. On s'ébranla, & après quelques décharges de traits & de javelots, on s'avanga de part 5c d'autre avec une égale fierté pour fe charger 1'épée k la main. La vi&oire fut quelque temps difputée. Marcellin favoit la guerre; il avoit un courage digne d'une meilleure caufe. Ses foldats fe battoient en défefpérés. Enfin, enfoncés de toutes parts, ils fe débanderent & prirent la fuite. Ce ne fut plus alors qu'un affreux carnage. La plupart mortellement blefTés, allerent mourir dans les forêts voifines, ou fe précipite-  ^B 278 H1 S T O I R E rent dans le fleuve. La nuit mit fin 1 tinien 11 au maüacre & a Ia pourfuite. Au comThéodo- mencement de la déroute, un grand arca- lorfs de tro»Pes baifia fes enfeignes, mus. öc demanda quartier : les foldats ietAnn. 388. tant leurs armes fe tinrent profternes a terre , comme pour attendre leur fentence. L'Empereur, doux & tranquille dans 1'ardeur même de la batadle , leur ordonna avec bonté de fe relever, & de fe joindre k fon armee ; & fes ennemis devenus tout-acoup fes foldats, partagerent avec leurs vainqueurs la joie de leur propre défaite. L'hiftoire ne parle plus de Marcellin, qui périt apparemment au milieu du carnage. ThESfofc j Maxime n'avoit pas eu le courage pourfjf de fe trouver en perfonne k Pune ni a Maxime, i autre bataille. ii s'étoit tenu a quelJW,. que diftance de fes armées. A la nou40,' lu velIe de ]a doublé viöoire de ThéoAmir. ep. dofe, il prit la fuite fans tenir de route tof. 1 - certaine : detefté des vaincus, pour'•3U ' jj1 par Ies vainqueurs, déchiré au- dedans par les remords de fon cri- • me,il ne voyoitnulle retraite aflurée. - Conduit par la crainte, le guide le plus infidele, il alla fe jetter dans A-  du Bas-Empirz. Liv. XXIII. 279 _ quilée. C'étoit fe renfermer lui-même dans une prifon, pour y attendre le TINIEN u fupplice. La ville n'étoit pas en etat Théodode tenir contre une armée viftorieufe. Théodofe marchoit avec fes troupes DIUS. légeres. Lorfqu'il approchoit d'Emo- Ann. 3S8. ne, qui venoit de reffentir tous les maux d'un long fiege, les habitants fortirent au-devant de lui avec les démonftrationsde la joie la plus vive. Les Sénateurs, vêtus d'habits blancs, les Prêtres Payens couverts de leurs _i :„uQr n»nom(.iitc. étoient fuivis U1L13 UUltJ Ulliviiiv."-, 5 V i« {Vifmt retentir I n_• j 1—Ao inAnire. L entree i x au vi".»"" —- ■ du Prince fut un triomph.e. Les portes 1 étoient ornées de fleurs, les rues de | riches tapis: par-tout brilloient des flambeaux allumés. Une multitude de tout fexe & de tout age s'empreffoit 1 autour du vainqueur : tous le felici; toient, & prioient le Ciel de cou» ronner fes fuccès par la mort du , ^Théodofe, ayant traverfé la ville, | franchit fans peine les Alpes Julien- Maxime. nes,dont Maxime avoit laiffé les paf- jw«. fages ouverts; & s'arrêta a trois mil- 43,-44,4£ i les d'Aquilée. Arbogafte, a la tete  üSo H I S T 0 I R E — d'un gros detachement, s'étant avantinien^u C^ jufqu'a la ville, forca les portes Théodu- qui n'étoient défendues que par une ^se. poignée de foldats. Maxime, encore diusI phis dépourvu de confeil que de forAnn. 388. ces, étoit fi peu inflruit des mouve^onf"L- ments de lbn ennemi, qu'on le trouva Orof.'l.j. occupé a diftribuer de 1'argent aux c 35. troupes qui lui reftoient. On le jette Auiu'&a en bas du tri')unal? on uu arrache ViS.'tpU. le diadême, on le dépouille, & les Zo/. 1.4. mains liées derrière le dos, on le con^Soc. 1.5. duit au camp du vainqueur, comme Phdofl.i. un criminel aulieu du fupplice. L'Em10. <■. 8. pereur, après lui avoir reproché fon hif.'ar. -furpation & 1'aflaffinat de Gratien, faJi. ' lui demanda fur quel fondement il Thoi avoit ofé publier, que dans fa révolte „„"-j, il agiflbit d'intelligence avec Théodofe. Maxime répondit en tremblant, qu'il n'avoit inventé ce menfonge que pour attirer des partifans, & s'autorifer d'un nom refpecfable. Cet aveu & 1'érat déplorable du tyran défarmerent la colere de Théodofe : la compaffion follicitoit déja fa clémence, lorfque fes Officiers enleverent Maxime de devant fes yeux, & lui firent trancher la tête hors du camp. Ainfi  Oü Bas-Empire. Liv. XXIII. 281 périt eet ufurpateur le 28 de Juillet, 011 felon d'autres, le 27 d'Aout, cinq ^""^ ans après qu'il eut fait périr fon Prince théodolégitime. On fit mourir enfuite deux se. ou trois de fes partifans les plus opiniAtres, & quelques foldats Maures , Ann. 388. miniftres de fes cruautés. Théodofe fit grace a tous les autres. Andragathe, après avoir inutile- lxii. ment cherché Valentinien fur lesmers d'Italie & de Grece, avoit regu fur g_t„e. les cötes de Sicile un échec dont on ignore les circonftances. 11 faifoit voile versAquilée pour rejoindre Maxime, lorfqu'il apprit fa défaite & fa mort. Ce furieux, qui ayant trempé fes mains dans le fang de Gratien , ne pouvoit efpérer de pardon , prévint ion fupplice en fe précipitant lui-même dans la mer. Vittor, fils de Maxime, qui, dans lxiii. un age encore tendre , portoit déja Guerre le titre d'Augufte, étoit demeuré dans desFrani:i la Gaule. Son pere avoit confié le foin de fa perfonne, &c la défenfe du pays a Nannien &c a Quentin, qu'il avoit établi maïtres de la milice. Tandis que Maxime étoit occupé de la guerre contre Théodofe, ces Généraux en  i aS2 H I S T O I R s VaieTT avoient deux k foutenir contre les Sa-' tinienii xo"s & contre les Francs. Les preThéodo- miers avoient fait une defcente fur Auca- les cotes de la Gaule : ils furent a:féAnnTss men'reP°uffés- H n'en fut pas de mèi princes, Genobaude, Marcomir & iunnon, ils palferent le Rhin, ravagerent le pays, malfacrerent les habitants, & donnerent 1'allarme k Cologne. La nouvelle en étant venue k ireves , Nannien & Quentin affembierent des troupes, & marcherent al ennemi. A leur approche , la plupart des Francs repaflérent le Rhin avec leur burin. Ceux qui demeurerent en-deca, furent taillés en pieces pres de la forêt Carbonniere: c'étoit une partiede la forêt d'Ardenne qui s etendoit entre le Rhin & I'Efcaut Apres ce fuccès, les deux Généraux le feparerent. Nannien refufa de pourWe les Francs dans leur pays, perfuade qu o„ les trouveroit en état de fe bien defendre : il fe retira k May ence. yuentm, plus téméraire, prit feul Ie commandement de Parmée , & pafla le Rhm prés de Nuitz. Au fecond campement, il trouva de grands  nu Bas-Empme. Liv. XXIII. 2S3 _______ villages abandonnés. Les Francs, fei- Val_n_" gnant d'être efFrayés, s'étoient reti- TI 'n rés dans des forêts dont ils avoient tkéodoembarrafïé les chemins par de grands A*V_ abattis d'arbres. Les foldats Romains DIUS. mirent le feu aux habitations, & paf- Ann. 388. ferent la nuit fous les armes. Au point du jour, Quentin entra dans les forêts ou il s'égara. Enfin, trouyant toutes les routes fermées, il prit le parti d'en fortir, & s'engagea dans des marais dont ces bois étoient bordes. On apper$ut d'abord^ un petit nombre d'ennemis, qui, élevés fur les monceaux d'arbres abattus comme fur des tours, lancoient des fleches empoifonnées, dont la moindre bleffure portoit la mort. Leur nombre croifTant a chaque moment, les Romains tenterent d'abord de traverfer les marais pour gagner la plaine.^Mais ils reconnurent bientöt que c'étoit chercher une perte affurée. Les hommes & les chevaux s'enfoncant de plus en plus a chaque pas dans une vafe molle & profonde, y demeuroient engagés & immobiles, expofés k tous les coups des ennemis. II fallut donc retourner fur leurs pas a  __M_B_; a^4 HI S T O I n E ValEn.~ 'ra/er,s llne grêie de traits. Dans ce tinienii defordre, toute Parmée fut d^ruite Théodo-Plufieurs périrent dans les marais! Arca- Sf11* 9U1 gagnerent les bois, chermus. chant èn vain une retraite, trouveAnn. 388. rent par-tout Pennend & la mort. Hérachus, Tnbun des Joviens, & prefque tous les Officiers y laifTerent la vie. II n'y eut que très-peu de foldats qui Ie fauverent k la faveur de Ja nuit. Quentin revint en Gaule couvert de honte. fl y apprit Ja mort de Maxime, & fe vit lui-même en grand danger de fubir Ie même fort. Arbogafte, envoyé par Théodofe en cette Frovince, fit mourir le jeune Viftor. Nanmen & Quentin, dépouillés du commandement,neconferverent leur vie que par la clémence du vainqueur. cEe c:vlmals Vi?°5re' 3Prè* »ne guerre de Théo- , e» ne moins ^ng'ante, ni dofe. plus defintérefiee. Théodofe pouvoit ciaud. in regarder comme fa conquête, tout confui. 1 Accident, & fur-tout les Provinces Honor. que Maxime avoit enlevées a Gra- Arnbr. v. tIen , & qu_ je Valeminjen St. Aug. VOlt Jamais poffédées. La perfidie de e*. i. j. c. ceux qU1 s'étoient liyrés au tyran, 6c  nu Bas-Empirb. Liv. XXIII. 285 qui avoient fecondé fon ufurpation, gr1----, le mettoit en droit de les punir. II n.yALEliI"r i* v tt 1 • • v I • T1NIEN li rendit a Valentinien tout ce qu u avoit théodoperdu; il y ajouta le refte de 1'Occi- se. dent, Sc n'écouta point les confeils d'une politique avide & ambitieufe, Ann. 38S. qui auroit bien fu lui établir des droits pacat, c. fpécieux fur la Gaule, 1'Efpagne & la 45 > 46. Grande-Bretagne. II accorda une am- °™f'!'7' niftie générale a ceux qui avoient ru/. t. 2, fuivi le parti de Maxime; il leur con- 'y'j-' . ferva leurs biens Sc leur liberté. En zof.f.*/. les dépouillant des dignités qu'ils te- Cod. Th. noient de la main du. tyran, il les M« laifTa jouir de celles qu'ils poffédoient I4' eg' avant la révolte. Toutes les inimitiés cefTerent avec la guerre. Théodofe oublia qu'il avoit vaincu ; 6c ce qui eft plus difficile encore & plus avantageux pour alTurer la paix, les vaincus oublierent qu'ils avoient été fes ennemis. On vit alors, ce qui, felon la remarque d'un Auteur Payen, ne peut être que 1'effet d'une vertu rare 6c fublime, un Prince devenir meilleur lorfqu'il n'eut plus rien a craindre, & fa bonté croitre avec fa grandeur. Théodofe veilla plus que jamais & entretenir fes fujets dans la profpérité  _ *3 i de Maxime, pour exercer dans la tul vie de i Gaule des concuflions & des vio- s'- Ami>r\ lences. C'eft ainfi que Théodofe ren| dit la paix a 1'Empire. La mort de art. 4';. | Juftine affura celle de 1'Eglife. Cette i PrincefTe Arienne n'eut pas la latifI faftion de voir fon fils rétabli dans ij fes Etats : avant que la guerre fut |terminée, elle alla rendre compte k fi Dieu des perfécutions qu'elle avoit ij fufcitées aux Catholiques. Théodofe, j après s'être arrêté deux mois a AqidI lée, vint k Milan, ou il pafTa le refie I de 1'année & les cinq premiers mois I de la fuivante. II demeura trois ans I en Italië, pour rétabnr 1'ordre dans ; 1'Occident, & pour inftruire dans i'art de régner le jeune Valentinien,  188 HlSTOIRE z^r.z±t dont il gouverna les Etats avec le Valen" zele & 1'autorité d'un pere. Ce erand tinien li _ . . r. „ i i • Théodo- Pnnce ne croyoit au-deüous de lm se- aucun des détails qui pouvoient con^nus" tribuer au fuccès des affaires. Les ProAnn. 3S8. vinces qui abondoient en mines de fer, étoient obligées d'en fournirune certaine quantitépour forger les épées & les autres armes: elles acquittoient ainfi leur tribut. On en tiroit beaucoup des mines du mont Taurus & de Ia Cappadoce. Mais on voit que les fraudes fi pré;udiciables a 1'Etat dans ce qui regarde la fourniture des armées, étoient dès-lors connues & pratiquées. Des entrepreneurs infideles 6i avares fe faifbient donner de 1'argent au-lieu de fer, & cmployoient pour les armes des foldats, des matieres de mauvaife qualité, qui leur coütoient beaucoup moins qu'ils n'avoient re§u. Ces miférables, pour le plus léger profit, auroient fait perdre vingt batailles. Théodofe, dans fon expédition contre Maxime, s'étant apper^u de cette fraude, la défendit par une loi du 18 Oófobre de cette année , & ordonna que les Provinces i fourniroient en nature le meilleur fer. , ïl I  tw Bas-Empire. Liv. XXIII. 2S9 I! n'eft pas dit qu'il ait puni; & par - r conféquent 1'abus dut continuer. tinieni'i L'inclination bienfaifante de Théo- Thododofe fut pour les Sénateurs payens un motif de faire une nouvelle ten- DIUs. tative en faveur de 1'idolatrie. Maxi- Ann- 3ss. me leur avoit donné lieu d'efpérer j^^j. le rétabliffement de l'autel de la Vic- refu°e °d_ toire. Ils députerent a Théodofe pour rétabiïr demander cette grace. Ils trouverent j^y^^8 encore auprès du Prince un obftacle re. invincible dans le zele de Saint Am- Ambr. e/„ broife. Le Prélat s'oppofa k leur re- s£* A r 1 • • g Symm. I. quete avec ion courage ordinaire ; oc 2.ep. 31. comme Théodofe fembloit flatté du Soc-l- Jdefir de fatisfaire le Sénat de Rome, c' lj'iü Ambroife ceffa de le voir, & fe tint rw.a«„ pendant quelques jours éloigné de la 46. Cour. Son abfence donna un nouveau poids k fes remontrances; & Théodofe rejettala demandedes Sénateurs. Symmaque, qui avoit peut-être encore cette fois plaidé la caufe du paga nifme , voulut proffter de Poccafion pour fe laver du reproche qu'on lui faifoit avec juftice, d'avoir déshonoré fon éloquence en faveur de Maxime. II pronon^a un éloge de Théodofe , dans lequel il faifoit fa propre Toms V4 N  üpO . I/lSTOIRE ' ~ apologie , & montroit qu'il s'étoit Valen- perfonnellement reffenti des iniuftitinienII 1 j ,, r ,. .. •. Théodo- ces "e ' ulurpateiir. Mais comme u se. eut la hardieffe de revenir encore fur mus" 'a bemande 'du Sénat, Théodofe, irAnn. 38S. rité de cette opiniatreté importune, le fit fur le champ arrêter avec ordre de le conduire a cent milles de Rome. Symmaque s'échappa & fe réfugia dans une Eglife, tk le Prince fe laiffa bientöt adoucir par les prieres de plufieurs perfonnes diflinguées. II pardonna k Symmaque, & lui rendit même toute la; faveur dont il 1'honoroit depuis long-temps. LXVli. Quoique Théodofe fut ennemi de Synago- 1'erreur, il exigeoit des Chrétiens la CaMrd modération , & la douceur qui fait que. le phis beau caractere de la Religion Ambr. ep. qu'ils profeffent. Callinique étoit une A°PauUn V^e épifcopale de 1'Ofrhoëne fous la 9h.*Jmbr. métropole d'Edeffe; elle fut depuis tui. vie de nommée Léontopolis. Les Juifs y all't ^tJ' voient une fynagogue, & les héréTUury,hiji. tiques Valentiniens, un temple eneccief. 1. richi d'un grand nombre d'ofïrandes. ï9. i, 14, naD-tants Chrétiens brülerent la fynagogue; & les Moines, troublés dans fexercice de leurs cérémonies  du Bas-Empire. Liv. XX1IL 291 religieufes par les hérétiques, mirent y™*""6? le feu au temple, dont les richelTes Valenfurent confumées. Le Comte d'Orient " en écrivit k Théodofe qui étoit a Se. Milan, & accufa 1'Evêque d'avoir con- Arcafeillé ces violences. Le Prince ordon- Ann. 388. na que 1'Evêque rebatiroit la fynagogue k fes dépens, que les Moines feroient févérement punis, & qu'on dédommageroit les Valentiniens de la perte qu'ils avoient faite. Ambroife étoit alors a Aquilée. Ayant appris 1'ordre de l'Empereur, il lui écrivit pour en obtenir la révocation. II fe plaignoit qu'on eut condamné 1'Evê1 que fans 1'avoir entendu : il repréi fentoit que les ordres du Prince alloient faire ou des prévaricateurs, fi les Chrétiens y obéiffbient, ou des martyrs, s'ils aimoient mieux obéir d la loi de Dieu & de leur confcience : que 1'on avoit laijfé impunies les violences tant de fois exercées contre 1'Eglife, foit par les Juifsy ■< foit par les hérétiques ; quelle honte fe\ reit-ce pour un Empereur Chrétien, qu'on eut fujet de dire que fon bras ne s'armoit que pour venger les hérétiques & les Juifs ! Cette lettre n'ayant pas produit 1'effet qu'il defiroit, il retourna N ij Li  2'9~ H i s t o i s. E P/°mptement k Mllan; & l'Empereur: tinièn II etant venu a 1'Eglife, 1'Evêque prit Théodo- le ton du Prophete Nathan, en fal aII'a. fent Parl«r Dieu k Théodofe en ces dws. termes : C'ejl moi qui vous ai choijïl Ann. 3S8. pour vous élever d VEmpire; je vous ai livré Carmée de votre ennemi; je l'ai redui t fous votre puiffance ; fai placé vos enfantsfur le tróne ;je vous ai fait triompher fans peine ; & vous faites triompher de moi mes ennemis ! Comme il defcendoit de la tribune, Théodofe lui dit: Mon pere, vous ave^bien parlé «ujourlhui contre nous. Non pas contre vous , Prince, repartit Ambroife, mais pour vous. L'Empereur aVoua qu'il étoit trop dur d'obliger 1'Evêque a la réparation de la fynagogue; mais,, ajoti%t-ïl, les'Moines font coupables de beaucoup de defordres. Comme Timafe , Maitre de la milice, nalurellement hautain & infolent, qui étoit préfent a eet entretien, s'emportoit en inveöives contre les Moines: Je parle d l'Empereur, lui dit Ambroife ; avec vous je traiterois autrement. II obtint que 1'ordre. fut révoqué, & ne confentit a céiébrer les faints Mylïeres, qu'après avoir.tïré de Theo-  nu Bas-Empire. Liv. XXIII. 293 dofe une parole réitérée. Ce n'eft pas ■ ~f que ce faint Prélat autorifat ces procédés violents en matiere de Reh- théodogion : il avoit montré le contraire dans «v-^ 1'afFaire de Prifcillien. Mais il regar- DIVS. doit comme un crime, de forcer des Ann. Chrétiens h rétablir des édifices dans lefquels Dieu étoit outragé. Cependant comme les Chrétiens, trop fouvent animés contre les Juifs d'une haine que le Chriifianifme n'autorife pas , continuoient en Oriënt de détruire ou de piller leurs fynagogues, cinq ans après, Théodofe ordonna de punir févérement ces excès, ^ declarant que la feöe Judaïque n'étoit profcrite par aucune loi, & qu'elle devoit avoir par-tout fon Empire le libre exercice de fa Religion. Ce fut un bonheur pour 1'Etat & LXVHL pour 1'Eglife d'avoir en même-temps J^0^ un Evêque dont la liberté héroïque fg nduai- retenoit dans de juftes bornes la puif- re. fance fouveraine, & un Souverain ^f.,/ j dont la généreufe docilité fe prêtoit 50.. /, 7> aux confeils falutaires de 1'Evêque. c i*. C'étoit une coutume introduite par la Jf^Su flatterie , tk tolérée par la timide com- Ambt. l, 6. plaifance des Prélats, que les Empe- <=• «S. N Ü4  294 BlSTOIRE reurs pendant la célébration de 1'ofValen- £ce furrent affis dans ie fanctuaire, t1nien II . ' _. A - , . . , Tkéodo- ou les Prêtres leuls avoient leur plase. ce, felon 1'ancienne difcipline. Un Amvs~ ïour que Théodofe y étoit refté après Ann. 588. avoir fait fon ofFrande, Ambroife s'en étant apper^u, lui envoya demander ce qu'il attendoit : J'atiends , répondit l'Empereur , le moment de participer aux faints Myjleres. Alors 1'Evêque lui fit dire par un de fes Diacres , que le fancluaire étoit réfervé aux feuls Prêtres ; que la pourpre donnoit droit d tEmpire, mais non pas au faurdoce, & qu'il devoitprendre place avec les autres laïques. Théodofe recut eet avis avec relpeft, & fe retira hors de la baluftrade, en difant, qu'il n'ayoit eu dejjein de rien entreprendre contre les canons de 1'Eglife; qu'il avoit I trouvé cette coutume établie d Conjlantinople , & qu'il remercioit lEvêque de l'a■voir injlruii de fon devoir. II retint li fïdélement cette lecon , qu'étant re- I tourné a Conftantinople, Ia première fois qu'il vint a 1'Eglife , il fortit du fancf uaire , après avoir porté fon of- ■ frande a l'autel. L'Evêque Netfairè : lui ayant envoyé demander pourquoi i I  du Bas-Empire. Liv. XXIII. '295 il ne reftoit pas dans 1'enceinte fa- — crée : Hélas ! dit-il en foupirant, fai ^^n'u appris bitn tard la dijférence d'un Eyê- xhéodoque & d'un Empereur.' Que dé temps il se. ma fallu pour trouver un homme qui ofdt me dire la vérité! Je ne connois Ann. 3S8. qu''Ambroife qui foit digne du nom d'Evêque. Depuis ce temps, les Empereurs prirent leur place dans 1'Eglife a la tête du peuple, hors de 1'enceinte deftinée aux Prêtres; & cette coutume fubfifta fous les fuccefTeurs de Théodofe, jufqu'Èl ce que les Princes ufurperent une partie des foncfions eccléfiaftiques, & que par un mélange bifarre, voulant être tout a la fois Empereurs & Evêques, ils ne furent ni Evêques ni Empereurs. N iv   297 SOMMAIRE D V LIVRE VINGT-QUATRIEME. I. D ÉSI NT ÈRES S EMEN T de Théodofe. II. 11 vient d Rome. III. Dé~ fordres abolis. IV. Loix contre les Manichéens & les Magiciens. V. Rêglements qui concernent le Sénat & les jugements. VI. Etat de 1'idolatrie dans Rome. Vil. Plujieurs Sénateurs s'obftinent en faveur de tidoldtrie. vul. Elle ejl détruite d Rome. IX. Impofture d'un Prêtre Payen. X. Occafwri d'une fédition des Payens dans Alexandrie. XI. Fureur des Payens. XII. Olympe fe met d leur tête. XIII. lis refiflent aux Magiftrats. XIV. Les féditieux prennent l'épouvante. XV. L'Empereur ordonne de dêtruire tous les Temples d'Alexandrïe. XVI. Defcription du Temple & de l'idole de Sêrapis. XVII. Fourberies des Prétres de Sêrapis. XYUU N V  S O M M A I R E On met en pieces fa fiatue. XIX. Deftruclion du Temple. XX. Dèbordement du NU. XXI. Idolatrie abolie dans Alexandrie. XXII. La ville de Canope purifiée. XXin. Le paganifme détruit dans toute l'Egypte, xxiv. Temples abattus en Syrië. XXV. Loix contre Cidolatrie. XXVI. Etat oü Théodofe laiffa 1'idolatrie. XXVII. Libanius demande une loi contre les follicitations fakes aux juges. XXVIII. II fe plaint des protections que les Officiers'de guerre accordent aux payfans. XXIX. Valentinien en Gaule. xxx. Météores. XXXI. Loix. XXXII. Sédition de Theffalonique. XXXIII. Rufin excite Théodofe d la vengeance. XXXIV. Mafacre de Theffalonique. XXXV. Remontrance de St. Ambroife. xxxvi. St. Ambroife refufe d Théodofe lentrêe de 1'Eglife. xxxvil. Théodofe demande d être réconcilié. XXXVIII. Entrevue de Théodofe & de St. Ambroife. XXXIX. St. Ambroife lui ïmpofe la pénitence. XL. Loix fur les Diaconeffes. XLI. Loi fur les Moines. XLH. Obélifques & flatues de Théodofe d Conftantinople. XLlil. Loix de Théodofe. XLIV. Ravages des Barbares en Macédoine. XLV. Théodofe dêcouvre Uur  Du LiVRE XXlVe. 299 i retraite. XLVI. Ils font taillés en pie., ces. XLVII. Mort de Promote. XLVHI. ! Théodofe d Conftantinople. XLIX. Egh\ fe de St. Jean-Baptifte. N vj   HISTOIRE D U B AS E M P I RE. LIV RE V IJS Cr T- Q UA TR1EME. VALENTINIEN II, THÉODOSE, ARCADIUS. TIMASE & Promote , qui venoient de fervir 1'Etat avec ze!e TINIEN1T dans la guerre contre Maxime, en Théodcfurent récompenfés par le Confulat de 1'année fuivante. Les dépenfes qu'a- Dnjs. voit entraïnées une expédition fi im- Ann- 3S9* portante, ne rendirent pas Théodofe DéTf;mé_  gca II i $ t o i r-E ^"""*^ moins fcrupuleux fur les moyens d'ac- quenr. II iavoit que la fraude déf- TIMEN 11 ,l « . tf Théodo- honore les particuhers, & que le fimse. ple foupcon d'intérêt fuffit pour avilir Dros." k majefté fouveraine. En conféquenAnn. 3S9. ce de ce principe, il abandonna un reffement drcit légitime, qui pouvoit quelqueZ™"' fois devenir fufpeft. II publiale 23 de Uai fafi. Janvier une loi, par laquelle permetSymm. i. tant ^ fes fujets de profiter des codi%'cl'a\Th. ciles & des fidéi-commis, il y renon/. 4. th. 4. coit pour lui & pour fa familie, & US' 2' déclaroit que tout ce qui lui feroit légué de cette forte, demeureroit aux e'nfants du défunt ou a fes autres héritiers. II acceptoit cependant les donations qui lui feroient faites par des teftamentsrevêtus de leur forme; mais il rejettoit toute diflinftion , tout privilege qui s'écarteroit du droit comraun. Par cette générofité, il donnoit aux particuliers un exemple que les Princes mêmes fes fucceffeurs n'ont pas fuivi. Juftinien n'a pas inféré cette loi dans fon code. H. Après avoir fait rentrer 1'Occident ïl viem a f0us PobéifTance de fon Prince légiti'Rp™at'.Pa- me> Théodofe partit de Milan pour ncS. c. 1, aller k Rome. La longue abfence des i , 47-  du Bas-Empire. Liv. XXIV. 303 Empereurs, & les troubles des der- =s= nieres années avoient introduit dans ££gq cette derniere ville un grand nom- théodqbre de défordres. L'idolatrie , malgré se^ jes atteintes qu'elle avoit recues, s'y D^A' maintenoit avec plus de fierté que Ann. 389. dans le refte de 1'Empire. Théodofe, cw. touché de ces maux , voulut y remé- fi** Condier en perfonne. Accompagné de Va- ^o"r'/ lentinien & de fon fils Honorius , qui idac.fafi. n'avoit pas encore cinq ans accom- chT'Marcd plis , & qu'il avoit fait venir de Conf- chr%" iantinople apres la mort de Maxime, chr. aux. il entra dans Rome le treizieme de 5' rJuin, & cette entrée fut un magni- 's0{.l.7. pqué triomphe. On portoit devant <■■ u- ^ fon char les repréfentations des ba- ^hl°ft^' tailles gagnées, & des villes reprifes sidon. 1. furies rebelles. Mais rien n'attiroit les 3. ep. 11. regards autant que Théodofe lui-même, qui, renon^ant a fa propre gran- : deur, voulut faire a pied une partie du chemin, fe laiffant librement abor- ; der, s'entretenant avec les citoyens, partageant leur joie, écoutant avec gaieté ces chanfons folatres & fatyriques, dont la liberté Romaine avoit confervé 1'ufage dans les triomphes. II I alla d'abord au Sénat, & préfenta aux  ^^^^ 3©4 HlSTOlRE s^^mm' Sénateurs aflemblés fon fils Honoriusv tTnieTu De~& .il fe rendit A la grande plal Théodo- cej oii il fe montra fur la tribune aux ^se. harangues, &c fit des largeffes au peuoiTs" PIe* Les ïours fidyants , il prit plaifir Ann. 3S9. a fe promener dans la ville, fans gardes & fans autre efcorte que la foule dont il étoit environné, vifitant les ouvrages publics , entrant dans les maifons des particuliers avec lefquels il converfoit familiérement. II lui fallut entendre dans le Sénat fon propre panégyrique, prononcé par Latinus Pacatus Drepanius , le plus fameux Orateur de ce temps-la. C'étoit upf Gaulois de la ville d'Agen: car depuis long-temps,l'éloquence fembloit s'être retirée dans la Gaule, & fur-tout dans 1'Aquitaine, ou, perdant 1'ancienne majefté Romaine , elle avoit pris le ton de faillie, & cette délicateffe aft fectée qui dégénéré en féchereife, 6c ramene enfin la barbarie. On vit quelques jours après arriver a Rome des Ambafladeurs Perfes, qui venoient de la part de Sapor III, offrir des préfents a l'Empereur, & renouveller le traité d'alliance. Défót- 11 s'appliqua enfuite a corriger les  du Bas-Empire. Liv. XXIV. 305 défordres. L'Hiftoire en cite deux, —555^ dont on ne trouveroit point d'exem- va"n- ple dans les nations les moins poli- théodocées. On avoit bati depuis long-temps se. de vaftes édifïces, oü 1'on faifoit le ^£1" pain qu'on diftribuoit au peuple. Ce Ann. 3S9,; travail étoit attaché a certaines famil- dres abo- les a titre de fervitude. C'étoit auffi hss'gc ; la punition des moindres crimes, que c. 18. d'être condamné a tourner la meule; Tttoph. p. car alors on écrafoit encore le grain 6^od Tft k force de bras. Comme le nombre /. u. tu, des travailleurs diminuoit tous les l6- US' , r unie. jours, les entrepreneurs, pour y fuppléer, eurent recours a un expédient criminel & barbare. Ils établirent a eöté de leurs boulangeries des cabarets , ou des femmes perdues attiroient les paffants. On y avoit ménagé des trappes, qui communiquoient k de pro fonds fouterreins, ou les moulins étoient placés. Les malheureux qui s'engageoient dans ces lieux de débauche, tombant dans ces cachots ténébreux, y étoient détenus, & condamnés a tourner la meule toute leur vie , fans efpérance de revoir le jour. Cette cruelle fupercherie, ignorée de tout autre que de ceux qui la prati-  3c6 H I S T O 1 R E q«oient, s'exercoit depuis plufieurs Zxïmïl année*»& quantité de perfonnes, furThéodo- tout d'étrangers, avoient ainfi difpaa*e- ru. Enfin, un fbldat de Théodofe, DIUS. ayant donné dans ce piege , & fe Ann. 3S9. voyant environné de ces fpeöres hideux, fe jetta fur eux le poignard k la main, en tua plufieurs, & forca les autres k Ie laifTer fortir. L'Empereur en étant informé, punit févérement les entrepreneurs, détruifit ces repaires de brigands; & afin de ne pas laifTer manquer le fervice du peuple , il fit un réglement pour y attacher un nombre fuffifant de travailleurs. L'autre défordre étoit un fcandale public. Lorfqu'une femme étoit convaincue d'adultere, on lui impofoit pour chatiment la nécefiité de multiplier fes crimes. Renfermée dans une cabane deftinée k la débauche, elle étoit obligée de fe proftituer k tous venants, & de fonner une cloche toutes les fois qu'elle recevoit un nouvel höte, afin que le voifinage fut averti de fes horreurs. L'Empereur abolit cette déteftable coutume, fit abattre ces cabanes, & condamna les femmes adulteres k de rigoureufes punitions.  du Bjs-Empire. Liv. XXIV. 307 II ne montra pas moins de zele a -■- réprimer les abominations des Manichéens. II les chaffa de Rome, & les -théodqdéclara incapables de teller, ni de re- J*^ cevoir par teftament, comme étant B___ exclus du commerce des hommes. II Ann. 3S9. ordonna qu'après leur mort leurs biens iv. feroient faifis & diftribués au peuple. ^conté Pape Sirice joignit a cette féyérite Mafd. du Prince les rigueurs de la difcipline chéens & eccléfiaftique. Comme plufieurs d;en- ^e^{' tr'eux, pour fe déguifer, fe mêloient Cod[ n. parmi les Catholiques, il défendit de 1.9.«m6. recevoir & la communion^ aucun de llJ\16['tit^ ceux qui auroient jamais été infeftés 5'. Ug, v%. de cette héréfie : mais s'ils étoient Hermant véritablement convertis, il comman- Amhu i 6< da de les renfermer dans des Monafte- 2. res pour y faire une rude pénitence , & de ne leur accorder PEuchariftie qu'a la mort. Théodofe fut plus indulgent a 1'égard des Novatiens tk des Donatiftes, qui continuerent d'avoir leurs Evêques. II ne fit aucune grace aux magiciens : il voulut qu'on les déférat aux tribunaux, dés qu'on en auroit connoifiance. Mais comme ces malheureux fanatiques étoient eenlés profcrits,& que chacun fe croyoit  S°S Hjstoire en droit de les tuer d'autorité privée; tinienii Empereur le défendit fous peine de Théodo- mort. II femble qu'il ait ignoré la véAma. nt.able ™fon qui re"d ces homicides mus. cnminels; celle qu'il apporte c'eft! Ann.3s9. qu'il craint que leurs complices ne prennent ce moyen de fe fouftraire eux-memes k la juftice , ou qu'on n'abu/e de ce prétexte pour fatisfaire des mimities particulieres. Réïi'e- , Lf,Sénat n'avoit Pas moins befoin mentsqui ^e ref°rme que le peuple. Les richefcancer- fes y avoient ufurpé le rang au-deffus «ïït * de,sd^és. Sans égard au grade fules juge- Peneur que donnoient les magiftratu en forte q»'°n n'o21. " P' f}yes contredire, & que la fortune cod. Th. rai la chüte des idoles. Rome étoit déja Ambr.tr. remplie de Chrétiens ; ils compo- n. foient la plus grande partie du peu- ^'/^ ple, & même du Sénat. Mais les fa- verboDom, crifices abolis dans plufieurs Provin- fi™. 6. ces, s'étoient jufqu'alors maintenus SJ$*'^*% dans Rome. Symmaque les foutenoit zöf.!. 4. encore par fon éloquence, par fon 'SM. crédit, par une réputation éclatante ', \ , , 1 .... r, 1 Grut. mjc. de probite & de vertu. Albin, Fre- cdxxxv, $. fet de Rome , qui avoit fuccédé dans cdxxxvj. cette charge a PHiftorien Aurélius 5Viöor, avoit auffi une grande autorité; & quoiqu'il eut deux filles, Leeta & Albine , qui font devenues célebres dans 1'Eglife par leur piété, il étoit confidéré comme un des principaux chefs de la Religion payenne. La fuperbe architeöure des temples, la richefTe de leurs ornements , la beauté des ftatues des Divinités forties de la main des plus célebres ouvriers de i'anciennè Grece, en un  312 HlSTOIRE mot, tout le brillant appareil de Ia Zmivii fuPerftiti°n attachoit le peuple, dont Théodo- 1'efprit fe lailfe aifément féduire par se. les yeux. On préféroit a une Relimus." Sion térieufe & toute fpirkuelle un Ann. 389. c«Ite qui refpiroit la joie & les plaifirs. Les fêtes introduifoient les divertiffements , fouvent même les diffolutions; les cérémonies les plus auguftes étoient égayées de danfes, de feffins & de fpectacles. vn. Théodofe alfembla le Sénat: il exPlufieurs pofa en peu de mots la folie du Pas-ohm-"" ganifme ; il exhorta les Sénateurs k «ent en embrafTer une Religion fainte, èmanèe ndola-de ds Dïe,1 même-> don£ les dogmes étoient ttiè: ^ autorifés par tant de miracles , & dont la morale pure , fimple & fublime élevoit fans recherche & fans étude , les derniers des hommes au-deffus des plus grands Philofophes, fupérieurs eux-mêmes aux Dieux qu'ils adoroient. II permit enfuite de parler, & il écouta les raifons de ceux qui défendoient la caufe du Paganifme, Ce qu'ils difoient deplus fort,fe réduifoit a ceci; Que le culte qu'on vouloit profcrire étoit auffi ancien que Rome; que leur ville Jubfijloit avec gloire depuis prés de dou^e cents  B o Bas-Empire. .Lh. XXIV. 313 | xents ans fous la proteclion de leurs '■ I Dieux ; quil y auroit de timprudence I d les abandonner. pour adopter une Re- Théodo■ ligion nouvelle, dont les ejfets feroient se. i peut-être moins heureux. Théodofe, les DIUs." voyant obflinés , leur déclara, que Ann. 389. Valentinien, auffi-bien que lui, ne regardant quavec horreur le culte impie dont \ ils étoient entêtés,on ne devoit plus s'ati tendre d tirer du tréfor public les fraix \ nécejfaires pour les facrifices; que d'ail: leurs ce fardeau devenoit infupportable d VEtat, qui, étant environnê de barba; res , avoit plus befoin de foldats que de . viclimes. Après ces paroles, il les ü, co.ngédia. e Comme, felon les maximes Romai- vin. nes, c'étoit le tréfor public qui de- EUe e& voit fournir aux dépenfes de la Re- ^e0£^'e * i ligion , les facrifices cefferent dés que i le tréfor fut ferme. Les temples fu1 rent abandonnés. Une grande partie de leurs ornements furent tranfportés i dans les Eglifes Chrétiennès. Les fêtes 1 des Dieux tomberent dans 1'oubli, &l ) les Sacerdoces dans le mépris. On c permit au peuple d'abattre les objets de la vénération payenne ; car, felon Saint Auguftin, les Chrétiens ne les Tome V. O  3I'4 BlSTOIRE Y N détruifoient qvi'avec la permiffion du tikienÏi Pfince : Nous fongeons, dit-il, d brïThéodo- fer les idoles dans lé cceur des Payens, Arca avant am de les renverfer de leurs audius. te^s- Mais l'Empereur réferva pour Ann.389. 1'ornement de la ville, & fit placer en différents lieux les ftatues faites par d'excellents Artiftes. Dans cette profcription de lïdolatrie,il y eut peu d'opiniatreté. Les grands & les petits couroient en foule i\ 1'Eglife de Latran, pour y recevoir le Baptême. Plufieurs Sénateurs reconnurent leur aveuglement. L'Empereur n'employa jamais les fupplices; il n'exclut pas même les Payens des dignités; & la différence de religion n'effacoit pas dans fon efprit le mérite des talents, ni des fervices. L'idolatrie, terraffée dans Rome par Théodofe, affoiblie encore dans la fuite par fon fils Honorius, ne fut cependant tout-a-fait étouffée qu'en 451 par 1'édit de Valentinien III & de Marden. IX. Alexandrie étoit dans 1'Empire le ■empd°un" ^econd remPart oü 1'idolatrie con■Pttm tinuoit a fe défendre. La fuperftition Payen. Egyptienne, la plus ancienne de toutR%4 a*.' teS' ^ *a c^arëée des chime-  nu Bas-Èmpire. Liv. XXIF. 315 „ | res que 1'efprit humain fait produire, ———~I y dominoit encore, malgré les efforts Ti£*j^n j de tant de faints Evêques. Cynégius , théodo■ §ui avoit été envoyé en Egypte cinq n-^ i, ans auparavant, n'avoit ofé entre- mus. prendre de détruire le paganifme dans Ann. 3s9. ij une ville fanatique & féditieufe. Mais j la découverte d'une horrible impofI ture, toute femblable a celle qui, J du temps de Tibere, avoit excité une 1 indignation générale, aida beaucoup ] k décréditer les idoles. Un Prêtre de 3 Saturne, nommé Tyran , abufoit des ] femmes les plus qualifiées de la ville, sj en perfuadant k leurs maris que le ! Dieu exigeoit qu'elles paffaffent la j nuit dans un Tem ple. Les maris s'efi timoient honorés de la préférence; 1] ils paroient eux-mêmes leurs épou\ fes, & les conduifoient au rendez' vous. La nuit venue, le Prêtre , caché j dans la ft'atue. du Dieu, faifoit parler 1'idole; il éteignoit les lampes au moyen de certaines cordes difpofées ! k ce defTein , & contentoit fes defirs impurs. Une femme moins crédule que les autres le reconnut a fa voix. Elle en avertit fon mari. Le fourbe, appliqué a la queftion, avoua fes cnO ij  ^^^^ 316 H I S T O I R z '; mes; ü fut puni; mais la honte de TiNi^*H *°n imp'iétëréjaillit fur tous les payens Théodo- d'Alexandrie. Arca- L'Evêque Théophile acheva de les couvrir de confufion. Ce Prélat étoit Ann. 3S9. depuis quatre ans affis fur le fiege X. de cefte capitale de 1'Egypte. C'étoit Sïnfu- Un hon?me de beaucoup d'efprit & rikion des de favoir ; hardi dans fes entreprifes, 1'ayens conftant & intrépide dans 1'exécution. Snarfe'r 11 ? 2Voit danS Ia ville un ancien temRuf.i.z'.c P]e de Bacchus, dontil ne refloitrien de folideque les murailles. Conftance ct ï°6,'17! J'avoit autrefois donnéaces fauxEvêSoK.).7. ques, qu'il envoyoit pour prendre C'Èla li la p!ace d'Athanafe. Théophile le desËdejlo.manda a l'Empereur pour ouvrir une Macrcb.i. nouvelle Eglife au peuple Catholi- %Th\ld'i qUe-' d°nt le nombre croiffoit tous j. c ai.' Jes )o\ns. Pendant qu'on travailloit a cum. la réparation de eet édifice, on déilvtrêpï ^ouvrit des fouterreins plus propres Suid' a rceeler des crimes, qu'a fervir & des cérémonies de Religion. C'étoit %l?Jx le dépÓt deS myfleres fecrets. On y 'X™' rrouva un grand nombre de figures Man. ï. bifarres , ridicules , infames , que la ar-v' lt' KIperftition diffolue avoit autrefois Liban. de „ r' \ 1 , / , templis, expo(ees a la veneration des peuples;  nu Bas-Empire. Liv. XXIK 317 mais qu'elle cachoit avec foin , de- puis que le Chriftianifme avoit ou- Jgjg^ vert les yeux aux hommes. Théo- théodophile, plus ardent quecirconfpeft, af- se. fecta de les produire au grand jour, £££ & de les faire promener dans la ville, Ann. 389; pour dé^rier 1'idolatrie. _ Prcfp. Les payens , irrités qu'on dévoilat pcro"^1'3' leurs honteux myfleres , entrerent en Marc.[ Chu fureur. Ils s'animerent a la vengean- TheoPh.r< ce; & s'attroupant dans tous les quar- 61 'Td*' tiers de la ville, ils fe jetterent k Theol'an. main armée fur les Chrétiens. C'étoit 51. fr/W* a chaque initant des combats; le fang 4I"°£ 4°; ruiffeloit dans toutes les rues. Les de rheoph. Chrétiens étoient fupérieurs pour le ««• 7- ^ nombre & la qualité des perfonnes. cMftuZaf. Mais leur Religion, ennemie de la vio- des lades, lence & du carnage, leur infpiroit la 3^ modération. Les payens avoient fait Aeai\ 'des du temple de Sêrapis leur fort & leur lnfi. & B. citadelle. De-la fortant avec rage, ils ^; bleffoient ou tuoient les uns, ils en- sehmidt. trainoient les autres avec eux, & les <£■ forcoient a facrifier. Ceux qui refu- ^rlpid. foient étoient mis a mott par les plus mf. cruels tourments : on les attachoit XI. en croix ; on leur brifoit les jambes; dJlpea" on les précipitoit dans les fofTes conf- ens. O iij  . 3i8 Histoihb Valen- truIt" autrefois P°"r recevoir le farfgj tinien ii des viftimes, & les autres immondi- • Théodo- ces du temple. L'Eglife honore en-1 Arca- tre fes martyrs ceux qui, dans cette| mus. occafion, préférerent la mort a Pa-| Ann. 389. poftafie. x». Les féditieux, devenus plus hardis $ fe me7è * force d'attentats & de mcurtres, i leut tête, iongerent k fe donner un chef. Entre 1 les Prêtres de Sêrapis étoit un in> pofteur nonfmé Olympe. II étoit vena .! de Cilicie pour fe confacrer au culte | de ce Dieu. Un extérieur de philofophe, une grande taille, un airim- Ijl pofant, joint k un efprit pénétrant, avifé, infinuant, & k un caraöereaffable & officieux a 1'égard de ceux de fa Religion, le faifoient regarder dans Alexandrie comme le héros du ji parti. 11 avoit cette éloquence ardente j & emphatique qui fait enivrer le peu- j ple, & allumer dans les cceurs le feu. du fanatifme. II prenoit le ton de prophete; & fe difant infpiré de Sêrapis, il avoit prédit a fes plus intimes confidents, que ce Dieu alloit bientöt quitter fon temple. Dans le temps que Cynégius renverfoit les idoles en diverfes Provinces de PO-  nu Bas-Empire. Liv. XXIF. 319 rient, 8c que les payens confternés — - fembloient douter de la puiffance de „^Yl leurs Dieux, il les affenniflbit dans théodo- leur Religion, en leur repréfentant A^A_ que ces jlatues n étoient qu'une matiere D1Us. corruptible; mais que Les intemgenccs «-un. JOy. kernelies qui les avoient habitees , s'etoient retirees dans les cieux. Ce fut eet enthoufiafte que les rebelles mirent a leur tête, pour les commander dans les attaques, 6c pour régler la défenfe , fi on entreprenoit de les forcer. En effet, Evagre, Préfet d'Egypte, XHL 6c Romain qui commandoit les troupes de la Province avec la qualité J^gi£ux de Comte , voyant que cette fédition «ats. n'étoit pas une de ces émeutes paflageres, fi fréquëntes dans Alexandrie, msic rtnp 1'arViai-npmpnt la furpnr "J"w " .- cronloient de jour en jour, crurent au'il étoit temps d'emalover leur au¬ torité, lis fe préfenterent aux portes aux leditieux qui le msntroient aux fenêtres 6c fur le haut des toits, ils leur demanderent comment ils étoient affez hardis pour prendre les armes, & affez barbares pour égorger leurs concitoyens fur ks. auteis de leurs O iv  - 320 H I S T O 1 R g Dieux. On ne leur répondit que par tinien H des C"S confus. En vain ils leur re- • Théobo- montrerent que leur attentat étoit un Arca- cnme d'Etat; qu'un brigandage li atro&niuSo cealIoit armer c°ntre eux toute la 389. puiffance de 1'Empire , & toute la rigueur des loix: ils ne furent pas écoutes, & ils fe retirerent perfuadés qu'on ne pouvoit réduire que par la forca des efprits fi opiniatres. Mais comme ils craignoient qu'il n'en coudt beaucoup de fang, ils en écrivirent & l'Empereur, & attendirent fes ordres. Cependant Ia fureur des féditieux s'embrafoit de plus en plus, par la vue de leurs crimes paffés, & par les difcours d'Olympe. Après avoir immok les impies, leur difoit-il, vous devei, s'il en efi befoin, vous facrifier vousmême. En mourant pour la défenfe de vos Dieux, vous vous rendre^ irnmoriels comme eux. Xiv. Cet importeur infpiroit aux autres «KÜeÜ/" P!"S deco»rage &de réfolution qu'il prennent J1 en avou lui-même. Lorfqu'il fut que ï'épou- les ordres de l'Empereur alloient arrivante. ver, il fortit fecretement du temple pendant la nuit; & s'étant jetté dans un varffeau, il paffa en Italië, oü il de-  du Bjs-Empire. Liv. XXIP~. 321 meura caché. Pour juftifier Ta fuite, r-— il racontoit qu'étant cette nuit-la dans le temple de Sêrapis dont les portes théudcétoient fermées, pendant que tous ^ ^ fes compagnons étoient endormis, ^IVS\ il avoit entendu une voix qui chan- Ann. 389. toit AUduia; &c qu'il avoit jugé que les ordres de l'Empereur alloient donner 1'avantage aux Chrétiens. Le jour étant venu, lés couriers arriverent; & les payens ayant quitté les armes, comme s'ils eufTent efpéré que le refcrit de Théodofe leur feroit favorable, vinrent fe rendre dans la place devant le temple, pour en entendre la le&ure. A peine eüt-on ht les premiers mots, oü l'Empereur marquoit 1'horreur qu'il avoit du paganifme, que les Chrétiens poufTerent un cri de joie, & que les payens, glacés de frayeur, oublierent leur fureur paffee & leur Sêrapis, & ne fongerent plus qu'a cacher leur honte. Quelques-uns fe confondirent dans la foule des Chrétiens; d'autres fe difperferent dans la ville & dans les campagnes, oü ils chercherent les retraites les plus fecretes. Chacun d'eux ne voyoit plus que la punition qu'il avoit méritée. PluO v  ■ 322 H I S T O I R S ~~ fieurs abandonnerent 1'Egypte. Deux twieTii Pontifes^Hellade&Ammone, feréThéodo- fugierent a Conftantinople , oti n'éArc'a t3nt paS connus'iIs ouvrirent une écomus." le de Grammaire. Ammone avoit été Ann. 3.89. Prêtre d'un fmge adoré comme divinité par les Egyptiens. Heilade avoit fait la fonction de Prêtre de Jupiter: il continua toute fa vie a gémir fur le défaftre de 1'idolatrie; & il fe vantoit a fes amis d'avoir tué de fa main neuf Chrétiens dans la fédition d'Alexandrie. XV. L'Empereur dans fa lettre relevoit tJJT" Ie bonheur d5s Chrétiens qui, par ce donnt de niaffacre impie, avoient reeu la coudétruire ronne du martyre. II déclaroit que Temples cf feroit déshonorer ces glorieufes d'Aiexan- vi&imes que de venger leur mort: drie' qu'ü ne prétendoit pas mêler avec leur fang celui de leurs meurtriers: qu'il pardonnoit aux payens, pour leur apprendre quelle étoit la douceur de ceux qu'ils égorgeoient, & pour les porter a embraffer une Religion a laquelle ils feroient redeva. - bles de la vie. Mais il ordonnoit de détruire tous les temples d'Alexandrie,fource malheureufe de forfaits  nu Bjs-Empire. Liv. XXIV. 323 & de féditions. II commettoit rheq- ■ phüe a 1'exécution de eet ordre » & chargeoit le Préfet &C le Comte de Théodo- foutenir 1'Evêque. 11 faifoit préfent a «. 1'Eglife de tous les ornements 6c de d*™toutes les ftatues des temples, dont Ann. 3s9. le prix devoit être employé au foulagement des pauvres. Théophile, armé de ee refcrit, com- xvi. men9apar le temple de Sêrapis. Ce P^™?' Dieu étoit le plus révéré de tous ceux tempie & qu'adoroit Alexandrie. Dés la fonda- de ridoie tion de cette ville, ce culte y avoit deséraPls paffé de Memphis , oü il étoit établi de toute antiquité. Sêrapis étoit le Souverain des enfers, que les Grecs, difciples de 1'idolatrie Egyptienne, reconnoiffoient fous le nom de Pluton. Dans la fuite des temps, il avoit été décoré des attributs de prefque toutes les divinités. Jupiter, Neptune , le Soleil, le Dieu du Nil, Efculape étoient confondus avec lui; tout le Ciel fembloit réuni dans fa perfonne, felon la fuperftition des Egyptiens. Quelques Chrétiens fe font imaginé que c'étoit dans 1'origine le Patriarche Jofeph, qui ayant comblé 1'Egypte de biens pendant fa vie, feO vj  324 II / S T O I R s vT^T rATl derenu après fa mort 1'objet timen ii a «ne veneration facrilege. Mais cette Théodo- opmion eft mal fondée. Jamais les anArca- ciens Egyptiens n'ont mis les homdius. mes au nombre des Dieux. La ftatue An„. jso. etou d'une grandeur démefurée* elle atteignoit de fes deux bras les deux murs oppofés du temple. Sur fa tête selevoit un cafque antique, que fa Jorme a fait prendre tantöt pour un üojileau, tantöt pour une corbeille. A cöté du Dieu, paroiffoit Ie chien Cerbere, dont les trois têtes étoient entortillées des replis d'un énorme ierpent, qui pofoit fa tête fur la main droite du Dieu. Ce n'étoit pas cette ftatue qui, fous le regne du premier desPtoIemees, avoit été apportée de Sinope; elle étoit plus ancienne , & peut-etre avoit-elle été tranfportée de Memphis a Alexandrie, lorfque cette derniere ville fut bdtie. St. Clément dit que Séfoftris 1'avoit fait faire de toute forte de métaux; qu/il entroit auili dans fa compofition des pierres & du bois, & que dece mélange refultoit une couleur bleue. II en nomme 1'onvrier firyaxis, qu'il ne feut pas confondre avec le fculpteur Athé-  nu Bjs-Empire. Liv. XXIV. 325 „ien , béaucoup plus moderne , qui —~ travailla au fameux tombeau de Mau- TIN1EN u fole L* temple étoit d'une ftrutture théodoencore plus admirable que la ftatue. ^ C'étoit un ouvrage d'Alexandre, ou, mvs felon d'autres, de Ptolémée, fils de Ann. 389. Laeus. II étoit blti fur un tertre fait de main d'homme, dans le quartier j'AWannrip. nommé Rhacotis. Un y montoit par plus de cent degrés. Ce tertre étoit foutenu fur des voutes partagées en plufieurs berceaivx qui communiquoient enfemble , ö£ fervoient k des myfteres d'horreur, dont 1'idolatrie cachoit 1'infamie ou la cruauté, La plate-forme étoit bordée de divers édifices deftines au logement & aux différents ufages des gardiens du temple, & d'un grand nombre de fanatiques qui faifoient une profeffion extérieure de chatteté On y voyoit auffi cette celebre " bibliotheque, rétablie depuis que 1'ancienne avoit été brülée du temps de Jules-Céfar, & qui fubfifta jufqu a 1 invafion des Sarrafins. Après avoir traverfé cette enceinte, on trouvoit un vafte portique qmregnoit duw» ne place quarrée, au nuheu de la-  3^6 HlSTOIRE m I l-4 qUCjje s'élevoit le batimer.t du temValen- p]e foutenu fur des colonnes du mar- tinien II } , , , ■ t< i ■ r ■ Théodo- °re le plus precieux. 11 etoit lpacieux se. Sc magnifique. Les murailles étoient Arca- revêtues en - dedans de lames d'or, Ann. 3S9. d'argent, Sc de cuivre, placée les unes fur les autres , en forte que le métal le plus riche étoit au-defious. On découvroit apparemment tantöt celles d'argent, tantöt celles d'or, felon les diverfes folemnités. Ammien Marcellin ne trouve dans Punivers que le temple de Jupiter Capitolin, qui put égaler en fplendeur Sc en majefté ce fuperbe édifice. xvii. La fourberie des Prêtres contriFourberie buoit a le rendre célebre par de faux tres de Sé- m*racles 5 propres a furprendre la crérapïs. dulité du vulgaire. La ftatue de Sêrapis étant placée a 1'occident: on avoit pratiqué dans le mur oriental, une ouverture étroite Sc imperceptible, par laquelle le foleil, dans un certain jour de 1'année, dardoit a une certaine heure fes rayons fur la bouche de 1'idole. Cé jour-la on apportoit dans le temple une image du foleil, pour faluer Sêrapis. Le peuple, a la vue du rayon qui éclatoit fnr  du Bas-Empihe. Liv. XXTF. 327 les levres de la ftatue, ne doutoit pas £ que ce ne fut un baifer du Dieu du jour : il applaudiffoit a grand cris a théodo1'embrafTement des deux divinités ; 8c les Prêtres ne manquoient pas, DIUS~ après quelques moments , de refer- Ann. 389; mer 1'ouverture, 8c d'enlever 1'image du foleil, dont la vifite ne pouvoit être plus longue fans trahir 1'artifice. On raconte encore des prodiges d'une pierre d'aimant placée a la voute du temple, 8c dont les Prêtres feuls avoient connoilfance. Si 1'on en pouvoit croire les Auteurs fur eet article, elle auroit admirablement fervi Pimpofhtre. Selon quelques-uns, on pla§oit fous cette pierre, une ou deux fois 1'année, une figure du foleil d'un fer trés - mince 8c trés - léger , qui s'élevoit d'ellemême jufqu'a la voute. Selon d'autres, un char de fer avec les chevaux, repréfentant le char du foleil, y demeuroit perpétuellement fufpendu. Ils ajoutent que dans le temps de la démolition, un Chrétien ayant enlevé la pierre d'aimant, toute la machine tomba, 8c fe brifa avec fracas. Mais ces merveilles font de la  B1IUL 32^ H i s t o / r z ~£~ même nature que celles qu'on a 1 tinienii long-temps débitées fur le tombeau Théodo- de Mahomet. Arca- L'Evêque, accompagné du Goumus. verneur & du Comte , étant entré Ann.389. dans le temple, commanda d'abattre^ olnL, Cet ?nlre fit P*lir d'effroi' en pieces le.s Chrétiens mêmes. C'étoit une opi-' la ftatue. mon répandue parmi Ie peuple, que fi quejqu'un ofoit porter la main fur Sêrapis, la terre s'ouvriroit auffi-töt, & que toute la machine du monde s ecróuleroit dans 1'abyme. Théophile,qui méprifoitces rêveries,donna ordre a un foldat, armé d'une hache, de frapper Sêrapis. Au coup qu'il porta en tremblant, tows les affifiants poufferent un grand cri : Ie foldat redoubla, & mit en pieces le genou de 1'idole, qui n'étoit que de bois pourri. On le jetta au feu; &c les^ payens s'étonnerent de le voir bruler, fans que le ciel ni la terre donnaffe aucun figne de vengeance. On abattit Ia tête, dont il fortitune' multitude de rats, auxquels le Dieu fervoit de retraite. On brifa enfuite leis membres; on les arrachoit avec des cordes; on les trainoit par la vil- !  nu Bjs-Empire. Liv. XX1F. y-9 le; enfin, on les réduifoit en een- —— dres Le tronc fut brule dans 1 ampni- T1N1EB u théatre, 6c les payens eux-mêmes tkéodon'épargnerent pas les raillenes a cette ^ divinité auparavant fi redoutee. DIUS . On travailla enfuite a demohr le Ann 389. temple. Bientót ce ne fut plusquun monceau de ruines : mais il tut im- tion du I pofiibie d'en détruire les fondements wmplf : conftruits d'énormes quartiers de pierres. On y trouva gravées des figures tout-i-fair femblables k celles dont les Aftronomes fe fervent encore pour défigner la planete de Vénus. Les Chrétiens prétendirent que c'étoit des croix, êc 1'on a débité k ce fujet des conjeöures fort édifiantes. La croix, I felon Socrate 6c Sozomene , étoit en caraaeres hiéroglyphiques, le fymbole de la vie future; 6c Rufin rapporte que , fuivant une ancienne tradition recue en Egypte, la religion du pays 6c le culte de Sêrapis, devoient prendre fin quand le figne de la vie paroitroit aux yeux des hommes. Mais comme cette figure fe rencontre fur un trés-grand nombre de monument* de 1'Egypte, ou la croix ne peut avoir lieu ) phifieurs Savants  33° HlSTOIRE ' ■ - croient aujourd'hui, avec bcauconp TiNiEiTil de vraifemblance, que cette ftgure Théodo- n'eft au contraire quun téinoignage Arca de l'aveuglement déplorable avec iemus. quel 1'idolatrie proftituoit fes adoraAnn. 589. tions aux objets les plus infames. So- ! crate avoue que, dans ce temps-la même, les Payens ne s'accordoient pas avec les Chrétiens fur la fignhication de ce fymbole : c'étoit, felon toute apparence, le Phallus des Egyptiens, & ce qu'on appelle aujourd'hui le Lingam dans les Indes, dont la Religion a de grands rapports avec celle de 1'ancienne Egypte, xx. Après la deftruöion de 1'idole & rntnTdu" du temP^e' une nouvelle inquictude Ny" u fe répandit dans Alexandrie. Sêrapis étoit regardé comme le maitre des eaux du Nil; c'étoit dans fon temple qu'on mettoit en dépot le Nilometre, c'eft-ü-dire, la mefure dont on fe fervoit pour déterminer la hauteur du débordement. Conftantin 1'en avoit ötée autrefois ; mais Julien 1'y avoit placée de nouveau. II arriva que cette année, la crue des eaux tarda plus que de coutume. Les Payens en triomphoient : ils publioient que  no Bas-Empire. Liv. XXIV. 331 Sêrapis,irrité, avoit maudit 1'Egyp- — - ~ te, & qu'il la condamnoit a une ^ éternelle ftérilité. Le peuple murmu- théodoroit déja : il demandoit hautement j*.^ qu'on lui permit de faire au fleuve D1US. les facrifices prefcrits par le rit an- Ann. 38.9. cien. Le Préfet, craignant une fédition ouverte , en écrivit a l'Empereur. Ce Prince fenfé 8c religieux répondit : qu'// valoit mieux demeurer fidele d Dieu, que dtacheter, par unfacrilege, la fertilitè de tEgypte : que ce fleuve tarijfeplutót, ajoutoit-il ,fi,pour le faire couler, ü faut des tnchantements & des facrifices impies , & fifes eaux veulent être fouillées du fang des viclimes. Cette réponfe n'étoit pas encore arrivée, qu'on vit croitre le Nd plus rapidement qu'è Pordinaire. Ses eaux parvinrent en peu de jours a la jufte hauteur que 1'Egypte defiroit; & comme elles continuoient de monter , on en vint k craindre qu'Alexandrie ne fut inondée , & que Pabpndance des eaux n'amenat la ftérilité , qu'on avoit appréhendée de la féchereffe. Les Payens fe moquerent publiquement de ce caprice de leur Dieu ; ils en firent des plaifanteries  SS* H I S T O I R E fur Je thé3tre ; mais plufieurs d'entinien li tr eux j reconnoiffant enfin que le Nil ThéoD0. netok qu/un fleuve, fe convertirent Arca- 311 Cnrifiianifme. A„Dn Tso UÊk fl-T 1,emPIa«ment du tem- XXL9', fl de S5"P" Vune Eglife qui porta idolatrie , "om ce prétexte, on y tenoit école de maI gie. II y avoit auffi un temple de Sé;i rapis. Mais la divinité propre du lieu ► : portoit le même nom que la ville. La i! figure en étoit bifarre 5c monfirueui' fe : c'étoit un vafe furmonté d'une i, tête, & dont le ventre étoit fort larjj ge. On 1'adoroit comme vainqueur Èi de tous les autres Dieux; &c cette )] folie opinion étoit fondée fur une fa?  33^ H i s t o i r e ~- 'ble qui ne mérite pas d'être rappor- tee- Soit que cette ville füt du dioTkéodo- cefe d'Alexandrie, foit qu'elle fut Aro déPendante de 1'Evêque de Schédie, mlt fn etoit Plus voifine, Théophile Ann. ys9. s'y étant tranfporté, fit rafer le temple du Dieu Canope, réduifit ce lieu A recevoir les immondices de la vil- i Ie, détruifit les autres temples &les retraites de proftitution ; purgea de ce culte impur les bourgades d'alentour,& fit batir des Eglifes, oü les reliques des martyrs attirerent une chafle & fainte dévotion. Pour fubftituer des exemples de vertu aux diffolutions qu'il banniffoit, il conftrui- l fit plufieurs monafieres. Celui de Canope devint célebre par la vie pénitente & retirée de ceiix qui 1'habitoient. Les Auteurs Eccléfiaftiques en font de grands élcges; tandis que les Payens , regardant ces Moines comme établis fur les ruines de leurs divinités, s'efforcoient de les noircir par leurs calomnies. LéSïa , Au fignal ^ue ^on"0^ 1'Evêque niime dé' d'Alexandrie, les autres Prélats de truit dans 1'Egypte s'armerent de tout leur ze- gy£V'?" le> DanS les vilIes' dans les camPa" gnes,  du Bas-Empirb. Liv. XX1F. 337 gnes, &c jufque dans les déferts , tous les Temples, toutes les ftatues torn- ^,*™*~n boient par terre; & de ces monceaux théodode ruines , fortoient des Eglifes & des Monafteres. Le paganifme , qui ne mus>" peut fe foutenir fans desobjets maté- Ann. 389.' riels & fenfibles, périffoit avec fes idoles. Les idolatres couroient en foule aux Eglifes, pour y recevoir le caraclere du Chriftianifme : & 1'on peut dire que les eaux du baptême , plus fécondes que celles du Nil, inondoient ce grand pays, & préparoient pour le Ciel une abondante récolte. Cette heureufe révolution avoit été d'avance annoncée a de faints folitaires. Les Payens fe vantoient qu'Antonin, célebre philofophe 6c magicien de Canope, mort peu de temps auparavant, avoit prédit, que bientöt tous les Temples feroient minés, & qu'ils feroient changés en fépulcres. C'eft ainfi qu'il appelloit les Eglifes oü 1'on dépofoit les reliques des Martyrs. II fut plus difficile de purger la xxiv. Syrië & les Provinces voifines. Plu- Temples fieurs villes réfifterent aux ordres de ^bat.tusen l'Empereur. Le Temple de Damas Tomé F. P  33^ . H i s t o i k e fut changé en une Eglife; on en fit t.inienii de même du fameux Temple d'HéThéodo- liopolis, confacré au foleil ,& dont Arca- leS. murailles étoient incruftées de mus." trois totes de marbres en compartiAnn. 3S9. ments. Les Payens, après 1'avoir déTheod. 1. fendu quelque temps les armes a la 'ior./.'y. 1)1 aJn' flirent enfin obligés de eéder. t. ' ' Mais les habitants de Petra & d'A^.-Ahx. réopolis, en Arabie, & ceux de RaBa/oniusf^3- en Paleftine, montrerent une tui. réfolution fi opiniatre de conferver Thcod.an. leurs Dieux, que l'Empereur ne ju5 ' S9, gea pas a propos d'en venir aux extrémités. II étoit dangereux de foulever ces Provinces voifines des Sarrafins & des Perfes. Afin d'épargner le fang des habitants de Gaza, déterminés a facrifier leur vie pour leur Dieu Marnas, Théodofe fe contenta d'en faire fermer les Temples. Le zele de Marcel, Evêque d'Apamée, une des principales villes de la Syrië , fut couronné par le martyre. Le peuple, obftiné dans 1'idolatrie, étant inftruit des ordres de Théodofe , fit venir des Galiléens idolatres & des payfans du Mont-Liban pour défendre fes Temples. Mais le Comte d'Orient étant arrivé dans la ville avec  du Bas-Empihe. Liv. XXIV. 339 deux Tribuns fuivis de leurs foldats, ■ 1 •■ on n'ofa faire de réfiftance, &c les ^"jj Temples furent abattus. II reftoit en- Théodocore celui de Jupiter. C'étoit un fo- ™' lide & fuperbe édifice, conftruit de DIUS. grandes pierres, liées enfemble avec Alin- 3S9> le fer & le plomb. Comme le Comte fatiguoit fes foldats fans beaucoup avancer la démolition, Marcel lui cohfeilla de s'en aller ailleurs exécuter les ordres du Prince, & de le laiffer chargé de ce travail, dont il efpéroit venir a bout avec le lecours de Dieu. II y réuflit en effet par un miracle queThéodoret rapporte fort au long. 11 détruifit enfuite les Temples des campagnes voifmes. Mais ayant entrepris de ruiner celui d'Aulone, canton du territoire d'Apamée, il fut furpris par les Payens, & brülé vif. Quelque temps après, comme fes enfants ( car il avoit été marié avant fon épifcopat) vouloient accufer en juftice les meurtriers, le Synode de la Province leur défendit toute pourfuite : jyPétant pas jujle, difoient ces faints Prélats, de tirer vengeance cCune mort heureufe pour Marcel, & glorieufe pour fa familie, P ij  34® H I S T O I R R Wt'III UIlIH .l.J.A _ VAlE . Le ne *ut Pas feulement clans l'Otinien n rient 1ue la g"erre fut déclarée aux Théodo- idoles. Valentinien , conduit par les ArcI- confeils de Théodofe, donna les mêmes ordres pour 1'Occident. St. MarAnn. 3S9. tin , Evêque de Tours , fut dans fon xxv. Diocefe & dans une partie de la Gau«e1Xl-ido- 16 \le flé.au de Idolatrie. Plufieurs ïêrrie. Evêques imiterent fon exemple, & Cod n. profherent du zele d'un Empereur, lojeg.io, dont le nom étoit devenu auffi re11,12, & doutable aux idoles qu'aux barbares. m God. Cette deftruclion ne fut pas Pouvrage d'une feule année ; il paroït qu'elle fit la principale occupation de Théo- . dofe pendant qu'il féjourna en Italië. Et pour réunir fous un feul point de yue tout ce qu'il fit a ce fujet, je vais rapporter ici trois loix qui furent publiées dans les années fuivantes. La première, datée du 27 de Février 391,3 Milan, défend d'immoler des viftimes, d'entrer dans les Temples ou Chapelles confacrées aux divinitésPayennes, d'adorer les ouvrages de la main des hommes. Si un Magiftrat ofe entrer dans un Temple , foit a la ville, foit A la campagne , pour y adorer, il eft condamné  nu Bas Empire. Liv. XX.IV. 341 a une amende proportionnée a fon 55^^! rang, ainfi que feS> Officiers, pour Val^ ne pas s'être oppofes a cette prota- Théodonation , ou pour n'en avoir pas auffi- se. tot porté leur plainte a l'Empereur. D*£*" Cette loi eft adreffée au Préfet de Ann. 385. Rome. Elle fut, le 17 de Juin de la même année, renouvellée pour PEgypte, par une loi datée d'Aquilée. Cette derniere .ajoute qu'il n'y aura point de grace pour ceux qui auront formé quelque entreprife en faveur des Dieux &c des facrifices. Ces termes défignent la peine de mort; mais elle ne tombe que fur les complots féditieux. Enfin, Théodofe étant retourné a Conftantinople, adreffa au Préfet du Prétoire d'Orient, une loi du 8 deNovembre 392. Celle-ci en^ tre dans un plus grand détail, & profcrit toutes les branches d'idolatrie: elle défend a tout homme, de quelque condition qu'il foit, d'immoler en aucun liëu des viöimes, de faire même aucun facrifice, aucune offrande a fes Dieux domeftiques dans 1'intérieur de fa maifon; d'allumer des cierges en leur honneur, de brüler de I'encens, de lufpendre des guirP iij  landes : » Si quelqu'un ofe facrifkn timen n * °.u confulter les entrailles des vieThéodo- » times pour découvrir 1'avenir, ton-Arca- * tePerfonnf fera recue è 1'accufcr: mus. » comme s d etoit criminel de lefe- • An„.389. » Majefté, & il fera puni comme » tel, quand même fa curiofité n'au» reut pas eu pour objet la perfonne » du Prince : il eft affez coupable » dQ vouloir franchir les bornes que n la Providence a pofées k nos con» noiffances, & s'inflruire du mo» ment auquel les voeux criminels P qu il fait contre la vie des autres » hommes, feront accomplis. Ceux » qiu offriront de 1'encens aux ido» les, qui orneront les arbres de ru» bans & de bandelettes, qui dref- * feront des autels de gazon, fai» fant a Ia Religion une grande in- » jure, quoique les hommages qu'ils i » rendentauxfauffesdivinités foient 3 » de peu de valeur, feront punispar » a confifcation de Ia maifcn ou de » Ia terre que leur fuperflition aura » profanée. Si quelqu'un fait un fa- 1 » enfice dans une maifon ou fur une 1 * 'erre Q.uï ne hii appartienne pas, » fuppofé que le propriétaire n'en  ou Bas-Empize. Liv. XXIF. 343 _^ » ait pas eu connoiffance, le coupa- >- ' . < i„ Ar. Valen- » ble payera une amende de yingt- tinienII » cinq livres d'or; le propriétaire en théodo» payera autant s'il eft complice ". Les Juges, les défenfeurs des villes, mus. les Officiers municipaux fon chargés Ann. 3S9; de veillerfur ces profanations, &_de les déférer aux Magiftrats, fur peine de fe rendre eux-mêmes coupables, s'ils y manquent, foit par faveur, foit par négligence. Les Magiftrats qui étant avertis, n'auront pas fait leur devoir , feront condamnés eux Sc leurs Officiers fubalternes, a payer trente livres d'or. Dieu couronna par d'heureux ftic- XXVI. cès le zele de ce religieux Prince. Th"Jdo°£ La lumiere de 1'Evangile pénétra dans ïaiffa ri* des pays ou elle étoit encore incon- j^«enue : elle devint plus brillante chez 7'"on'ee' les peuples qu'elle avoit déja éclai- Baroaiu;. rés. St. Jéröme dit qu'on voyoit tous ad . • • \ 11 r 1 1 Baron. les jours arriver a Jerufalem des trou- Maunireut pes de Moines qui venoient de 1'E- Voyagt thiopie, de 1'Arménie , de la Perfe & des Indes. Les Goths, dont une par- p% ' tie étoit encore idolatre, les Huns qui fembloient n'avoir aucune idéé de religion, & les autres barbares du P iv  L1 _ _ 344 ff i s t o i r e Valen- ^ptenrrion, embraffoient le Chriftiatinien ii ni™e- Théodofe établiffoit des moThéodo- nafteres dans les lieux les plus infecJUca- tes .de, ^Perffitions. Le Mont-Liban mus. aVO]t ete de tout temps habité par des An„. 3g9. peup es prefque fauvages , féduits par les plus groffieres illufions du paganrfme. L'Empereur y fonda un célebre monaflere, dont on voit encore aujourd'hui les ruines dans la vallée de Canobine. Cette vallée eft formée par une grande ouverture, qui fe proJonge plus de fept lieues dans le flanc du Mont-Liban. Elle eft efcarpée des deux cotes, & arrofée-de quantité de rontaines, qui, tombant de rochers en rochers, forment d'agréables cafcades. Toutes ces fources fe réunif(ent au fond du vallon, & forment un torrent rapide. Ce lieu , fi propre a la retraite & k la dévotion, fe peupla d hermitages & de cellules Le monaflere étoit bSti dans 1'endroit Ie plus efcarpé de Ia montagne, vers le milieu de la pente. On y voit au/ourdhui un convent de Maronites; eelt le fiege de leur Patriarche. Tels furent les efforfs de Théodofe pour «eindje Pidohltrie. Cependant il ne  nu Bas-Empire. Liv. XXIV. 345 Pétouffa pas entiérement. Les Tem- r—^ pies furent prefque tous abattus: mais Valenf • i- 1 » 1 .1 t r \ timen II les particuliers, malgré la detente des théodo- loix, continuerent encore long-temps se. a faire des facrifices dans leurs mai- ^rus" . fons, & a confacrer des monuments A.nn. 3S9. a leurs Dieux. On toléra même encore quelques folemnités payennes, des feftins , des fêtes, des jeux ; & il refla aux fucceffeurs de Théodofe plufieurs fuperftitions a déraciner. Libanius n'ofoit plus employer fon xxvil. éloquence en faveur de 1'idolatrie. II Libanius en fit un meilleur ufage : il demanda J^™3"^6 au Prince la réforme de plufieurs abus contre les préjudiciables' au bonheur des peu- follicüaples. L'exercice de la juftice fe cor- """g^1" rompoit de plus en plus. Les Juges, juges. employant la matinée aux affaires, Lih- or; paffoient le refte du jour a recevoir "TdUnteT des vifites, qui n'étoient pour Por- aud judi-' dinaire qu'un manege de corruption. "'• Les follicitations étoient devenues un eoa^a%l trafic. Les coupabies achetoient le cré- dmus madit des hommes puiffants, qui ven- g'lfi™tibus' doient leur confcience & celle des Ju- ^.TdEufges. Les Philofophes , les Gens de tathmm. Lettres, les Médecins fe prêtoient a , C°i^h' ce commerce. Les Profeffeurs publics us. 6. '' P v  _____ 346 H i s t o i r b W- fég%eoJe"tleurs écoles.&paiToient timen li le temP5 chez les Magiftrats; il arriThéodc- yoit de-li que les moins habiles ,touArca- 'our.s P1,115 ProPres k ces intrigues, mus. avoient le plus grand nombre de difAnn.389. ciples;les peres cherchant la protechon du maitre plutöt que Pavancement de leurs enfants; ce qui, felon la remarque de Libanius, préjudicioit a 1 education publique, première fource de la profpérité ou du malheur des Etats. Ces foHiciteurs mercénaires, après avoir prévenu les Juges en particulier , les accompagnoient aux au* diences; ils affiégoient le tribunal j fouvent ils interrompoient les caufes par leurs cris : ils alloient quelquefois jufqua menacer les Juges. Ce défordre fubfiftoit depuis long-temps. Pour y remédier, Gratien avoit défendu aux Magiftrats de recevoir après midi aucune vilite. Cynégius, Préfet d'Orient , avoit rendu fur ce point une nouvelle ordonnance. Toutes ces précautions étoient fans effet. C'étoit un commerce établi, & il fe trouvoit trop ayantageuxaux plaideurs de mauvaife foi & aux folliciteurs, pour ne pas fe maintenir, k moins qu'on ne Par-  du Bas-Empirb. Liv. XXIV. 347 rêtat par la punition. Libanius demanda une loi févere a ce fujet : il confeilloit a Théodofe de défendre Théodomême aux Juges de donner des repas, se. ni d'en aller prendre chez les autres, ^Rx^* la bonne chere étant un appas de fé- Ann. 389,. du&ion. II avance dans cedifcours, qu'autrefois les Juges n'avoient pas la liberté de manger ailleurs que chez eux , fi ce n'étoit a la table de l'Empereur. II paroït, par un autre ouvrage du même Orateur, que Théodofe profita de eet avis, quoique la loi qu'il fit alors ne foit pas venue jufqira nous. II s'étoit introduit dans les campa- XXVIII. gnesun autre défordre. Les payfans, Hfeptów pour s'affranchir de la dureté des exac- t^a-Ja°' tions,avoientimaginéd'acheterlapro- que les teöion des Officiers de guerre, qui les dernieres étinEius. celles de la guerre civile. Carietton Ann. 38o. &Syrus avoient été fubftitués k Nanrt^'Jj" ?ien & a Quentin pour commander Frdnc. 'ti. ,es troupes du Rhin, & s oppofer aux *• 9- Francs, qui menacoient d'une nouvelle irruption. Arbogafle engagea le jeune Empereur a fe mettre a la tête de fon armée pour aller chatier ces ! barbares , ou les forcer k reïtituer ce ! qu'ils avoient enlevé 1'année précédente après la défaite des troupes de Quentin, &c k livrer les auteurs de la guerre. Pendant qu'il étoit en marche, Marcomir & Sunnon envoyerent demander une conférence : elle j leur fut accordée. Ils fe rendirent au I eamp de l'Empereur. On ignore les conditions du traité ; on fait feulement qu'ils donnerent des ötages. Valentinien alla paffer 1'hy ver k Treves. ' Se, p Avant que Théodofe eut quitté Mare. chr. KO!Tie , Serene, fa niece , manée k Phiio/i. 1. Stilicor, étoit accouchée d'un fils, qui ^mm- fllt.nommé Eu'chérius. Vers la fin du nor, an, \, mois d/Aoüt, il tomba une grêle d'une  nu Bas-Empirë-. Liv. XXIV. 351 prodigieufe groffeur, qui ne ceffa point mmrms*a! durant deux jours. Elle abattit beau- Vaien; 15 1 p , TIMEN II coup cl arbres , & tua un grand nom- Théodobre de beftiaux. Peu de jours après, SESc peut-être dèsle lendemain , car les Auteurs n'ont pas fixé la date avec A.nn. 3S9, plus de précifion, il parut un météore extraordinaire. Voici la defcription qu'en donne Philoftorge qui vivoit dans ce temps-la. „ On vit, dit-il, » vers le milieu de la nuit, dans le » zodiaque a cöté de la pianete de » Venus,unalire nouveau auffi grand » Sc auffi éclatant que cette pianete. % On appercut auffi-töt une multitu» de d'étoiles qui venoient de toutes » les parties du ciel s'affembler au» tour de eet aftre, comme un effaim » d'abeilles autour de leur Roi. En» fuite tous ces feux fe confondant » en un feul, prirent la forme d'une » longue Sc large épée étincelante, » dont le premier aftre faifoit comme » le pommeau, furpafTant tous les autres par fon éclat. Ce phénomene » pouvoit encore fe comparer a Ia » flammequis'éleve d'une lampe.Son » mouvement étoit différent des au» tres corps cclefles. II fe leva d'a-  t^mmmn 352 Histoire "Valen * bord^&fe coucha avec Ia pianete TiNiEN il ?? de vénus. Les jours fuivaots s'en Théodo- » ecartaut avec lenteur par 1'on mouArca- * veinent Propre, il avancoit peu-fimus. w peu vers le feptentrion, étant emAnn. 3s9. » porté par le mouvement commun, » d'orient en occident avec les au» tres étoiles. Au bout de quarante » jours, il fe trouva au milieu de Ia » grande Ourfe, &s'y éteignit". Cet Auteur ajoute que, dans le même temps, parurent plufieurs autres phénomenes dont il ne donne aucun détail ; mais il ne manque pas d'en tirer les plus finiffres préfages. II rapporte encore qu'on voyoit alors un géant en Syrië, & un pygmée en Egypte, dont il raconte des chofes merveilleufes. • Théodofe demeura en Italië Pan- AxxË0' fuivante' dans laquelle ValentiLoix.' 2*en W, Conful pour la quatrieme Uac. chr. fois avec Néotere, qui, depuis dix ans, fdtlV' °ccuPoitMes premières dignités de lèg. ;'. ' 1 Empire, & qui étoit cette année Pré/. 9. tu. 2. fet du prétoire de 1'Illyrie oriëntale. t Fn desPri"cipauxfoins de Théodofe' /. xyf'th. futdemettre les foibles a couvert de j. hg, 1$. 1'oppreffion. II défendit d'arrêter qui  nu Bas-Empire. Liv. XX1F. 353 que ce fut fans décret; il réprima les violences, & déclara infames les ju- Valenges qui favoriferoient les opprefTeurs, théodofoit en leur procurant 1'impunité, foit se. en différant de les juger, foit en adou- ^ivs' ciffant les peines impofées par les loix. Ann. 390. Quelque horreur qu'il eut de 1'im- /. 16. tit. piété Judaïque, il regardoit les Juifs 8- UB- 8- 1 r r • o , • 1 1 • / Baron. ep. comme les iujets, & le croyoit obhge I0Ji de les défendre de 1'injuftice. II arrêta ies avanies qu'on leur faifoit, furtout en Egypte. II avoit renouvellé la loi de Conftance, qui leur défendoit d'acquérir aucun efclave Chrétien; mais il défendit auffi, deux ans après , de les troubler dans la police de leurs fynagogues, & de les forcer a recevoir ceux que leurs Primats & leurs Parriarches avoient excl.us de leurs afTemblées. II condamna a mort un perfonnage confidérable, nommé Héfychius, pour avoir corrompu le Secretaire, &C dérobé les papiers de i Gamaliel, Patriarche des Juifs, dont f eet Héfychius étoit ennemi. Théodofe donna cette année deux ,XXXII. exemples également illuftres; 1'un des I Séaition terribles excès auxquels la colere peut ,fon^1lf(5a" emporter les meilleurs Princes, lorf- Theod. 1, 5.c 17.  354 Histoire ~ gu'ils neprennent confeil que de leurs «ÏSSn aduI?teursi i'autre du généreux reThéodo- Pentir que peut exciter dans leur ame aIga Zde falutaire- Theffalonique , camlt P^aIe de 1'IHyrie, étoit devenue une Ann. 39o. vdle des plus grandes & des plus peuSci i. 7. plées de 1'Empire. La licence s'y étoit '/<"/: 1.2. accri'edans la même proportion que «iS, 1 opulence & Ie nombre des habitants. Le peuple étoit paflionné pour les fpectacles; il chériffbit, il eftimoit mêmes ces vils miniltres des divertiffements publics, qui font la pefte des moeurs, paree qu'ils ne peuvent fe faire des partifans, fans diminuer 1'horreur des vices dont ils font infecfés. Botheric commandoit les troupes en Illyrie. Son échanfon fe plaignit k lui des pourfuites criminelles d'un co- . cher du Cirque, embrafé d'une paffion brutale. Botheric fit mettre en prifon eet infame fédufreur. Comme le jour des courfes du Cirque approchoif, le peuple, qui croyoit ce cocher néceflaire a fes plaifirs, vint demander fon élargiflement. Sur le refus du I Commandant, il fe mutina. La fédition fut violente ; plufieurs Magif- J trats y perdirent la vie, & Bothé-  du Bas-Êmpire. Liv. XXIP. 355 ric fut affommé k coups de pierres. La nouvelle de eet attentat excita ^'A"N7, l' • 1 / 1 r - TIMEN 11 1 indignation de Théodofe. II vouloit Théodod'abord mettre a feu Sc k fang toute SEla ville. Ambroife Sc les Evêques des Gaules qui tenoient alors un Synode Ann. 390. k Milan, vinrent a bout de Pappai- xxxin. fer. II leur promit de procéder felon ^Theoles regies de la juftice. Mais fes cour- dofe a la tifans, & fur-tout Rufin , effacerent vengeanbientöt ces heureufes impreffions. Ru- cejheoclt [. fin, 1'un des plus fameux exemples 5. c. 17. d'une élévation rapide Sc d'une chiïte 5ot- 7« éclatante , étoit né k Elufe , capitale %alun' v;t. de cette partie de 1'Aquitaine qu'on Ambnf. nommoitalors Novempopulanie. C'eft dic aujourd'hui Eaufe en Gafcogne. Sorti ' 5 d'une familie obfeure, il avoit tou- Amb. ep. tes les qualités d'efprit Sc de corps !^!,.s qui pouvoient faire difparoitre la baf- Ruf. 1.1. fefTe de fa naiffance. Une taille avan- Pbiiofi. 1. tageufe, une phyfionomie male & fpi- ^J' L rituelle, des yeux vifs Sc pleiris de feu 3. ep. 81, prévenoient en fa faveur. 11 s'expri- &z^cqq' moit avec facilité & avec grace. Cé- SuidJ' toit un efprit infinuant, pénétrant, PxepTyo?. étendu, mais profond Sc caché, tou- Hiy.ep. 3. jours occupé de projets ambitieux stAmir qu'il formoit fourdement, Sl qu'il 57.  35ö Jl I S T O I R E ménageoit avec adreffé. Rempli de nmÏÏla V1CeS' mais habIle a Prendre toutes Théodo- ]es apparences des vertus eontraires, Arc'a- ll- s'a"acna a Théodofe, & furprit mus" bientöt fa conflance. II n'eft pas étonAnn. 390. nant que ce fourbe en ait impofé aux idem. Th perfonnages les plus vertueux, qui '"oCli fouvent fe font un fcrupule d'être idcm.Ar- trop clairvoyants, & une loi de récad.n0:.l gier leur eftime fur celle dumaïtre, lorfque Ie mahre eft lui-même digne d'eïtime. St. Ambroife 1'aimoit, & partageoit Ja joie de fes profpérités. Symmaque le combla d'éloges pendant fa vie ; mais Symmaque ne peut éviter ici de paffer pour un flatteur intéreffé ou timide, puifqu'auffi-töt après Ia fin tragique de Rufin, il changea de langage, & le noircit des plus affreufes couleurs. Dans.le temps de la fédition de Theffalonique, Rufin, Maïtre des offices, tenoit déj; Ie premier rang dans les confeils. Appuyé de fes partifans, il fit entendre a Théodofe qu'il étoit néceffaire de donner un exemple capable d'arrêter pour toujours les féditions, & de maintenir 1'autorité du Prince dans la perfonne de fes Officiers. 11 ne lui fut  du Bas-Empire. Liv. XXIV. 357 pas difficile de rallumer un feu mal — J ' éteint. On réfolut de punir les Thef- T^fe faloniciens par un maffacre général. ThéodoThéodofe recommanda exprefiement SEde cacher a Ambroife la décifion du D*"* Confeil; & après avoir expédié fes Ann. 390; ordres, il fortit de Milan , pour éviter de nouvelles remontrances, fi le fecret de la délibération venoit a. tranfpirer. Les Officiers chargés de cette bar- xxxiv. bare exécution ayant recu la lettre Maffacre du Prince, annoncerent une courfe ^eThelTade chars pour le lendemain , & paf- Ruf. t. 2. ferent la nuit a faire toutes les dif- c lSpofitions néceffaires a leur deffein. Le f'* " ' jour venu , le peuple ne fachant pas So$. 1.7. qu'il couroit a la mort, fe rendit en c'p4'r foule dans le Cirque , fans s'apperce- v-lU Amlr. voir du mouvement des foldats, dont Hermant, il fut tout-a-coup enveloppé. Ceux- v" ,dc,s^ , r, ~ 1 1 ... Ambr. 1.6. ci avoient ordre de palier tout au fil c. 12. de 1'épée , fans diftinclion d'age ni tul vie deAc fexe. Au fignal donné, ils pouffent Sa'n A™r' un grand cri, & fe jettent avec fureur fur la multitude. On frappe , on égorge, on précipite, on tue les enr fants lur le fein de leurs meres. Les 'habitants, renfermés dans cette vafte  ■ in il wi. ^ 11 I S T O I li z 'Valek. enceinte, morts, bleffés , vivants, actinien n cumulés les uns fur les autres, ne font Théodo- bientöt plus qu'un monceau. Ceux qui Arca- fuyent.trouvent la mo« dans les rues dius. de la ville : Theffalonique eft jonchée Ann. 39o. de cadavres. Des étrangers, des citoyens pacifiques, qui n'avoient eu aucune part a la fédition , furent facrifiés k cette aveugle vengeance. Jamais 1'humanité ne montre plus de yigueur que dans ces fcenes cruelles oü 1'inhumanité triomphe. L'hiftoire a confervé feulement la mémoire d'une aöion généreufe; les autres fe perdirent dans la confufion de eet hornble maffacre. Un efclave voyant fon maïtre faifi par les, foldats , I'arrache de leurs mains; & pour lui donner ie temps de s'échapper, il fe livre lui-même, &recoit la mort avec joie. • Un marchand nouvellement entré dans le port, courut a fes deux fils qu'il voyoit prêts k périr; il demanda en grace de mourir a leur place, & offrit a cette condition, tout ce qu'il poffédoit d'or & d'argent. Les loldats, par une indulgence brutale, lui permirent d'en choifir un; & le malheureux pere les regardant tour-è-  du Bas-Empire. Liv. XX1F. 359 tour, pleurant, gémiffant, & ne pou- ""-""""?'*' vant fe déterminer dans ce choix fu- ^"^t nefte, qui déchiroit fes entrailles, théodoles vit enfin égorger tous deux. Le se. maflacre dura trois heures. Sept mille ^us." hommes ypérirent; quelques Auteurs Ann. 390; en font monter le nombre jufqua quinze mille. On dit que Théodofe, touché de repentir, peu de temps après le départ des courriers, en avoit dépêché d'autres pour révoquer 1'ordre ; mais que ceux-ci arriverent trop tard : ainfi qu'on a vu prefque toujours que plus les ordres méritent d'être révoqués, plus ils volent rapidement & s'exécutent avec promptitude. Cette cruelle tragédie répandit par XXXV. tout 1'Empire 1'étonnement &laconf- tr^"101d* ternation. Ambroife Sc les Evêques $t. AmafTemblés a Milan, furent pénétrés de broife. la plus vive douleur. Le faint Prélat, Amhr- f' auffi affligé de la faute de Théodofe r'u^ l 2, qu'il aimoit tendrement, que du mal- <• 18. heur des ThefTaloniciens, ne différa t>/ tv • ■ vie de St, pas deenre au Prince pour le rap- Ambr. 1.6. peller a lui-même. Non, lui difoit-il, f- 13' je naurai pas la hardieffe d'ojffrir le faint Sacrifice, fi vous ave{ celle d'y ajifer:  Valentinien II Théodose.Arcadius.Ann, 390. XXXVI. St. Ambroife re- fufe a Théodofe 1'entrée de 1'Eglife Iheod. 1. J. c. 17. So^. I, 7. c. 24. Ruf. I. 2. c. 18. A„g. de civ. I. 5, c, 26. Ambr. de diverf.hom, 3 , o** orat. in fun. Theod, 360 HlSTOIRE il ne me feroit pas permis de cllebrer ces augujtes myjleres en la prifence da rneurtrier d'un feul innocent: & comment le pourrois-je devant lesyeux d'un Prince qui vient cTimmoler tant d'innocentes vietimes. Pour participer au corps de JefusChrifl, attende^ que vous foye^ mis en étatde rendre votre hoftie agréable d Dieu; jufque-la contente^-vous du facrifice de vos larmes & de vosprieres. Nous avons encore cette lettre; on y fent refpirer une tendreffe réfpectueufe jointe a la fermeté épifcopale. Mais la confeience de Théodofe lui parloit encore avec plus de force & de liberté. Sa bonté naturelle ayant enfin diflipé les noires vapeurs de fa colere, lui montrpit Theffalonique en pleurs, & fes fujets égorgés. II ne fe voyoit lui-même qu'avec horreur; & pour fe laver d'un forfait fi énorme, tremblant de crainte & déchiré de remords , il revint a Milan, & marcha droit a 1'Eglife. Ambroife fort au-devant de lui, & s'oppofant a fon paffage , femblable a eet ange redoutable qui défendoit 1'entrée du jardin d'Eden après la chüte de notre premier pere : „ Arrêtez, » Prince,  nu Bas-Empire. Liv. XXIV. 361 » Prince, lui dit-il : vous ne fentez SP—— » pas encore tout le poids de votre » pêché. La colere ne vous aveugle théodo- » plus, mais votre puiffance & la s*- » qualité d'Empereur offufquent vo- Dius." » tre raifon, & vous dérobent la vue Ann. 390. » de ce que vous êtes. Rentrez en TiIl\ri,e \ f , / 1 r de S.Ambr. » vous-meme ; conhderez la poul- e^o, » fiere d'ou vous êtes forti, & ou 61. » chaque inftant s'empreffe a vous re- » plonger. Que 1'éclat de la pourpre » ne vous éblouilfe pas jufqu'a vous » cacher ce qu'elle couvre de foi- » blefle. Souverain de 1'Empire, mais » mortel & fragile, vous comman- » dez a des hommes de même nature » que vous, & qui fervent le même » maitre : c'eft le Créateur de eet » univers, le Roi des Empereurs com- » me de leurs fujets. De quels yeux » verrez-vous fon temple ? Comment » entrerez-vous dans fon fanctuaire ? » Vos rfiains fument encore du fang » innocent; oferez-vous y recevoir » le corps du Seigneur ? Porterez- » vous fur la coupe facrée ces le- » vres qui ont prononcé un arrêt in- » jufte & inhumain ? Retirez-vous, » Prince; n'ajoutez pas le facrilege Tome V. Q  ~Valen w atantd'homicides.Acceptezlachai- tiniennii * ne felwaire de la pénitence , que Théodo- » vous impofe par mon miniftere la ArcI- * fentence du fouverain Juge. En la dius. » portant avec foumiffion, vous y Ann. 390. » trouverez un remede pour guérir » vos plaies, encore plus profondes » que celles dont vous avez affligé *> Theffalonique". L'Empereur voulant exculer fa faute par 1'exemple de x David: Fous Pavei imité dans fon pêché, lui répartit Ambroife; imite^-le dans fa pénitence. Théodofe recut eet arrct comme de la bouche de Dieu même. II avoit Pame trop élevée pour rougir de 1'humiliation qu'il effuyoit •a la vue d'un grand peuple; il ne fentoit que la confufion de fon crime, & retourna a fon palais en pleurant &enfoupirant. II y demeura ren ferme pendant huit mois, excepté un voyage qu'il fit k Vérone, ou il féjourna une partie des mois d'Aout & de Septembre. , xxxvii. Selon Ia difcipline ordinaire de 1'ESne°ndefe §]ife'Ies Patents n'étoient alors pu■a être ré- bhquement réconciliés que vers la concilie, fête de Paques ; & les meurtres volontaires n'étoient remis qu'après plu-  nu Bjs-Empire. Liv. XXIV. 363 fieurs années de pénitence. Aux ap- ' ■ proches de la fête de Noël ,Théodo- T™NNU fe fentit fa douleur. Rufin , moins Théodo afïligé que lui, quoiqu'il fut la prin- &se.^ cipale caufe de fes regrets, entrepnt dius. de le confoler ; & comme ce cour- Ann. 390. tifan lui demandoit pourquoi il s'abandonnoit a une fi profonde trifteffe, l'Empereur pouffant un grand foupir qui firt fuivi de larmes : Hélas ! Rufin , lui-dit-il, fe peut-il que vous ne fentiei pas mon malheur ? Je gemis &jepleure de voir que le temple du Seigneur efi ouvert aux derniers de mes fujets ; quils y entrent fans crainte ; quils y adreffent leurs prieres d notre commun mditre ; tandis que t'entree nien efi interdite , & que le Ciel même efi fermépour moi. Car je me fouviens de cette divine parole : Celui que vous aure^ lié fur la. terre, fera lié dans le Ciel. Prince, répondit Rufin, firai, fi vous le permefr tt{, trouver P Evêque, & je l'engagerai par mes prieres d vous affranchir de vos liens. 11 n'y confentira pas, repliqua l'Empereur; je connois Ambroife, je fens la juftice de fon arrêt; jamais il ne violera la loi divine par dêfêrence pour la majefiê Impériale, Sur les inftances  mBmÊmmm HlSTOIRÈ Valen de 'Rllfin » qui promettoit avec continieuÏi hance ^ fléchir Ambroife , 1'EmpeThéodo- reur lui permit de le tenter; & fe Arca- Jf'f. lui"même de quelque fuccès, mus. il le fiuvit de loin. Dès ou'Ambroife Ann. 39o. appercut le Miniftre: Rufin, lui ditil, quelle efi votre impudence ? Cefi vous dont lepernicieux confeil a rempli Theffalonique de carnage & d'horreur, & vous ne rougifei Pas ** vous ne tremblei pas ? vous ofii approcher de la maifon de Dieu, après avoir fi cruellement déchirêfes images vivantes! Rufin fejettanta fes pieds, le fupplioit de recevoir avec indulgence l'Empereur qui alloit arriver; alors Ambroife enflammé de zele : Je vous avertis, Rufin, lui dit-il, que je lempêcherai d'entrer dans le lieu faint: & s'il veut continuer d'agir en tyran, il pourra m'égorger encore. Taccepterai la mort avec joie. A ces paroles, Rufin mandapromptement a Théodofe qu'il ne pouvoit rien gagner fur 1'infiexible Prélat; que pour éviter un éclat fcandaleux, il lui confeilloit de ne pas_ aller plus loin. L'Empereur, qui etoit déja dans la grande place de ville, continua fa marche en difant: J'irai, Grfefuyerai t affront que je n'ai que trop mérité,  j/ju Bas-Empire. Liv. XXIV. 365 Ambroife étoit dans une falie voi- ■ fine de 1'Eglife, dans laquelle il avoit J^™^ coutume de donner fes audiences. Théodo- Voyant approcher Théodofe , il s'a- se. vanga en lui reprochant de vouloir DIUS> ufer de tyrannie contre Dieu même, Ann. 390. & de faire violence a la difcipline xxxviu . 1 1 » rr Entrevue de lEghfe, en pretendant saffran- deSt,Amchir de la pénitence : Non, répondit broife & Théodofe; je ne viens point ici pour Tne0" violer les loix; mais pour vous conjurer Thiod. l. d'imiterla clémence du Dieu que nous fer- 5- »7vons, qui ouvre la porte de fa miféri- cf0^ 7' corde aux pécheurs pénitents. Et quelle Ruf.i.i.c. pénitence ave^vous faite d'un fi grand ^ ^ crime, repliqua 1'Evêque ? Ceft d vous, 9" jit lui dit Théodofe, d'appliquer le reme- hg. 13,6de fur mes plaies; & cefi d moi de le m^d\. recevoir & de le fouffrir. Alors Am- st. Amlr. broife, touché de fon humble réli- art. 62. gnation, lui dit, que puifqu'il n'avoit écouté que fa colere dansl'afFai- Tac '.ann. re de Theffalonique, il devoit pour i.yc.i. toujours impofer filence a cette paf- Dt9-!'-7fion téméraire & furieufe, & ordonner par une loi, que les fentences de mort & de confifcation n'auroient leur exécution que trente jours après qu'elles auroient été prononcées , Q »i  366 &ISTÓIRE ' Polir laiffer a la raifon, le temps de ma'il revenir a 1'examen, & de réformer Théodo- les jugements dans lelquels elle n'auArca- roit Pas été conf"ltée. Théodofe apmus. prouva ce confeil, & fit fur le champ a™. 39o. dreffer la loi que le Prélat propofoit. 11 nous en refte une tout-a-fait pareille , datée de 1'an 382 , & attribuée k Gratien. Entre les critiques, les uns prétendent que la fufcription & la date de cette loi, font également fauffes, & que ce n'eft autre chofe que la loi même de Théodofe. D'autres penfent que celle de Théodofe ne fubfifte plus, & que la loi qui nous refte eft véritablement de Gratien ; mais qu'elle ne fut faite que pour 1'Occident, & qu'elle fut abolie dés 1'année fuivante par la mort de ce Prince. Quoi qu'il en foit, la loi de Théodofe ne faifoit qu'étendre aux jugements rendus par le Prince , ce qui fe pratiquoit a 1'égard des fentences prononcées dans les tribunaux. Le Sénat, fous 1'Empire de Tibere, avoit déja ordonné que les fentences de condamnation ne feroient xxxix ex<^cutóes Hu'au bout de dix jours. Saint Am- Le faint Evêque permit auffi-tót  du Bas-Empire. Liv. XXIV. 367 a. l'Empereur 1'entrée de 1'Eglife. A- ==; lors, Théodofe profterne, baignant tinien II la terre de fes pleurs, & fe frappant Théodola poitrine , prononca k haute voix se ces paroles de David : Mon ame efi dius. demeurée attachée contre la terre; ren- Ann. 390. dei-moi la vie, Seigneur, felon votre broife lui promefe. Tout le peuple 1'accompa- »«P?* ce gnoit de fes prieres & de fes larmes; & cette majefté fouveraine, dont 1'impétueufe colere avoit fait trembler tout PEmpire, n'infpiroit plus alors que des fentiments de compaffion & de douleur. St. Ambroife régla le temps de fa pénitence; l'Empereur 1'accomplit avec foumiffion & fidéhte; il s'abffint pendant eet intervalle ^de porter les ornements impériaux. C'eft ainfi qu'Ambroife fut réparer le crime de Théodofe : exemple a jamais mémorable ; mais unique dans tous les fieclés. II ne pouvoit naitre . que d'un heureux concours de circonflances. Pour le donner au monde , il étoit befoin de la rencontre d'un Prélat & d'un Prince également extraordinaires : il falloit un Evêque digne de repréfenter la Majefté divine , par 1'éminente fainteté de fa Q iv  . SGS &'STOJRe ^7 vie, par k fublimité de fon génie: tisienII Par une fermere' prudente & éclaiawjoö. ree, par Ia force /„ne élo^JÏnce n Dros. de fon caraftere : il fall0jt auffi ^,90 -Emp ere,. imentp|eu ^ dans Ia grandeur, mais affez relevé par fes qualités perfonnelles, pour sabanTer fans s'avilir. De plus Ie* bornes des deux puiffancef fpi£ ^&^mPorelle,pofées^ fus-Chnft même, & affermies fous IncTJfTv/11 » étoie"' PnW fokldement Oblies, qu'un Pnnce, pubhquement fufpendu de Ia eommuni0n) ne h ^ ^ i q , ,LTKn Perdre d» refped & de l obeiffance de fes fujets/ iSv,, dlfr°,dofe,' foumis aiIy ^* de I'Eles diaco- s e' n en erojt pas moins attentif k .effes. mettre un frein k la cupidité des Ec- j_ tiamfme, les diaconeffes étoient des cod n. veuves qm fe confacroient a des ceu- ?7 rChari!é & de lotion. Elles 28. * ihi ««nnlojent les femmes & les fille? • God. elles difiribuoient les aumönes dei ^ CS; eIle"'acquittoient encore de quelques autres fonflions qui conve-  du Bjs-Empire. Liv. XXIPÏ, 369 noient a leur fexe. L'avarice s'introduifant peu-a-peu dans la maifon du rï^'n Seigneur, & les rapports de minif- Théodotere formant une liaifon entre le Arsce^ Clergé & ces femmes pieufes, il ar- mus" rivoit fouvent qu'elles fe laiffoient Ann. 390. en^ao-er a fruftrer leurs héritiers na- recommandé de n'admettre ces dia- Theod. l. coneffes qu'a lage de foixante ans. *«; 17. Théodofe en fit une loi; il ordonna \\ de plus, qu'elles feroient nommer un c. 8. §. 4curateur a leurs enfants , s'ils n'étoient pas en age de majorité; qu'elles fe déchargeroient elles-mêmes entre des mains fidelles de 1'adminiftration de leurs biens; qu'elles n'auroient la difpofition que des revenus; que les fonds & les meubles pafferoient après leur mort k leurs héritiers, & qu]elles n'en pourroient rien aliéner, ni par donation entre-vifs, ni par teftament, ni par quelque autre a&e que ce fut, en faveur des Eglifes, des Eccléfiaftiques & des pauvres. Cette loi, fans doute , excita des murmures; puif- Q v  „„„„„„. 370 H I S T o I r e VaIeT" quf- d-UX mois après' Théodofe fut «mirt! ?.3e d'en reftreindre 1'étendue; il Théodo- lama aux diaconelfes la liberté de Arca- difPofer feulement de leurs meubles, mus. Par donation entre-vifs; mais le refte Ajm. 39o. de la loi fubfifta dans fon entier. L'Empereur Marden, dans la fuite, voulut bien fuppofer que Théodofe avoit entiérement révoqué fa première loi, quoiqu'il n'en eut abrogé que la moindre partie, XL7. Ceux qui avoient renonce au comSesMoï- "ierce des hommes pour fervir Dieu ües. dans la retraite, commencoient a Cod n. s'écarter de leur inftitut. Ils fréquen- i.ug'.iX l0ient,les villes ' ils y Portoient cette &m God. aprete de caradtere qui s'acquiert aiGiannMft. fément dans la folitude; ils fe mêï.' Iojent des affaires civiles & eccléfiaftiques; ils troubloient même quelquefois 1'ordre de la juftice , en employant la violence pour fauver les accufés. Quelques - uns échauffoient les efprits par des difputes publiques fur les points de foi; leur zele contre 1'idolatrie n'étoit pas toujours régie par la charité & par la prudence. L'Empereur, fur les repréfentations des Magiftrats, leur défendit 1'entrée  nu Bjs-Empire. Liv. XX1F. 371 des villes , & leur enjoignit de ié " ^ ■ ■■ tenir dans leurs retraites. Mais deux ans après, il céda fans doute a d'au- théodotres follicitations , & leur rendit leur se. ... / Arca- premiere hberte. mvs. Pendant le féjour de Théodofe en Ann. 390. Italië , Arcadius qu'il avoit laifTé a XLU. Conftantinople , ne pouyant apparemment s'accorder avec j'Impératri- tue de ce Galla, fa belle-mere , 1'obligeade Théodofe fortir du palais. On ne fait ni la caufe, ni les fuites de ce traitement inju- pie. rieux. En mémoire de la viófoire rem- Mare. chr. portée fur Maxime, Proculus, Pré- SfJ; fet de Conftantinople, fit dreffer dans clxxxv. 6 1 le cirque, un obélifque, qu'on voit 7- ^ , ,, • tt j Anthol.l. encore dans Pancien Hippodrome. 4 c l6 C'eft une feule piece de granite d'E- BusUq.cv. ovpte, de vingt-quatre coudées de dj r ' o 1 . . Spon, haut, & dont chaque face a fix pieds voyc\ge^. de large vers la bafe. II eft chargé P- 137. d'hiéroglyphes, & foutenu fur qua- ^J^n"f-' tre dez de bronze. La bafe e^: ornée nopu,i.i. de bas-reliefs, & porte deuxinferip- p.yi.ii*. tions. On y apprend que cette pier- > re, après avoir été long-temps né- imp. oriënt. gligée & couchée par terre, fut dref- l-P-lIfée en trente-deux jours. Les Grecs r' racontent cme eet obélifque fut en- Gyii. toz Q vi  372 Histoirefiiite abattu par un tremblement de tinien li *erre » & g»e plufieurs fiecies après Théodo- lous les derniers Empereurs Grecs Ahca- arcl^ecfe 1'éleva, au moyen d'une mus. inhnite de cables & de poulies; maisAnn. 59o. qu, s'en falloit un travers de doi^t P:tT{' ?Vl "e f^ k la ha^ur des dez fur c u, ' 'eiquels d devoit pofer. Que tout le peuple, témoin de cette méchanique etonnante, crut alors toutes les peines & les dépenfes perdues; mais que 1 entrepreneur , fans perdre courage, ayant fait apporter une grande quantité d'eau, pafia plufieurs henres a jmbiber les cables qui foutenoient cette maffe énorme, & qui ie raccourarent affez pour 1'élever aii-defius des dez, & la pofer en fa place. Arcadius fit auffi ériger une ftatuek fon pere , fur une colonne dans 1 Auguftéon , prés de 1'Eglife de Sainte-Sophie. Cette ftatue étoit d'argent, & pefoit fept mille quatre cents bvres, qui font onze mille cent de n,.M nos marcs. On rapporte que cette —~ annee, on vit en 1'air, pendant trente xliii. Jour5s> une colonne de feu. Loix de L'année fuivante, Tatien &c SymThéodofe maque étant Confuls, Théodofe crut  nu Bjs-Empire. Liv. XXIV. 373 ,v,Jt'„ qu'il étoit temps de retourner en Orient. Mais pour ne laiffer en Occi- t1aien il dent aucun des défordres qu'il s'étoit Théodopropofé d'y réformer, il publia en- Ars^_ core plufieurs loix. La mifere infé- mus. parable des guerres civiles, avoit ré- Ann. 391. duit plufieurs peres a la trifte néceffité de vendre leurs enfants. II remit L °_ 'üu £ en liberté ces malheureufes viétimes Ug.1.1.9. de 1'indieence > fans les obliger de tit.14.Ug. rien payer a leurs maitres. Les lol- Geit dats de Maxime & ceux que Théodofe avoit licenciés après la défaite du Tyran, infeftoient les campagnes , pilloient de nuit les métairies, faifoient des vols & des maffaeres fur les grands chemins. Le port des armes étoit défendu aux particuliers: Théodofe leur permit de les prendre, & de pourvoir a leur propre füreté. Après qu'il eut ainfi rétabli la paix & le bon ordre en Italië & dans les des tob" contrées voifines, il prit le chemin res en Made Conftantinople avec fon fils Ho- e*J™£norius. Etant arrivé a Theffalonique, c'eft que de- tinien II puis 1 arnvée de l'Empereur, eet inThéodo- connu vient toutes les nuits fort faArc'a- tJ,gué' Prendre fon repas Sc coucher dius. chez eile; Sc que le matin, après aAnn.39,. voir payé fa dépenfe, il fort Sc va PafTer la journée oü bon lui femble. LEmpereur, efpérant en tirer quelque lumiere, fe leve, le fait faifir par fes gens, 1'interroge. Comme on ne pouvoit lui arracher une parole, il le ht fouetter avec violence; Sc ce traitement ne furmontant pas encore ion obftination k garder le filence , i ordonne a fes cavaliers de lui déchiqueter le corps avec la pointe de leurs épées, Sc lui déclare en mêmetemps qu'il eft l'Empereur. Alors ce miferable, faifi d'effroi, avoue qu'il eft l'efpion des barbares; qu'il afoin de les avertir de la marche du Prince, & de la route qu'ils doivent tenir pour faire leurs pilfages avec füreté. Théodofe, après s'être inftruit de la pofition des ennemis, lui fait couper la tête, Sc retourne k fon XLVl. Cai?f dont d n'étoit Pas éloigné. lis font , DeAs Ie P°int du jour, s'étant mis iec" en a tete d'Un détachement; & ayant  nv Bjs-Empire. Liv. XXIV. 377 laiffé dans le camp le Général Pro- ■ ——'• mote, avec le gros de 1'armée, il va ^^'n chercher les barbares. On les fur- xhéodoprend dans leurs forts; on les égor- se. ge la plupart dans les marais oü ils s'étoient enfoncés pour éviter la mort. Ann, 39*t, Théodofe fit dans cette journée admirer fa bravoure perfonnelle; mais il manqua de prudence. Le carnage avoit deja duré long-temps, lorfque, par le confeil de Timafe, il fit fonner la retraite, pour laifTer rafraïchir & repofer fes foldats, qui étoient encore a jeun, & épuifés de chaleur & de fatigue. La joie de la viófoire les ayant invités k boire fans modération, ceux des barbares qui avoient échappé par la fuite, informés de ce défordre , fe rallierent , revinrent charger les vainqueurs difperfés &C piongés prefque tous dans le vin & dans le fommeil; ils en maffacrerent un grand nombre. Théodofe, qui fe repofoit fous une tente, auroit luimême péri dans cette furprife, s'il n'eüt été averti affez a temps pour prendre la fuite avec quelques - uns de fes Officiers. Le Général Promote, qu'il avoit mandé fur le champ avec-  ^^^^ 378 HlS T O I R E Valen le refte de 1'armée , étant accouru txnien 11 au-devant de lui, le pria de mettre Théodo- ia perfonne en füreté, & lui pro- Arca- "V* de Iui rendre bon compte de ces mus.' déferteurs rebelles. Promote doublé Ann. 39i. ]e pas, trouve les ennemis encore acharnés au carnage, fond fur eux XL Vil aVCC tant de furie ■> 3u'il n'en laiffe More de echapper qu'un très-petit nombre. Promote. Ce fut Ie dernier exploit de Promo- ctudt \er aUqud 1,EmPereur pemvoit feul Uud.sunc. djfputer la gloire du plus grand Ca1.1. pitaine de fon temps. II avoit conRuiTi-u trihtlé Plus ». ,/« aul;J doi'x & auffi humain que Théo.u s.An.tr. dofe, il les égaloit tous deux en eran■ • 7'. deur d ame, en tempérance, en courage•, & faxfeut efpérer qu'il les éValeroitunjour en prudence politique oc en icience militaire. uiorme / Ce qui ?r5uve Ia force naturelle de j ft co" f™ ame>c eft qu'en très-peu de temps, duit*; il lut redreffer la conduite, & fe Cor- 1 nger de tous fes défauts. II avoit perfecute 1'Eglife & Saint Ambroife; il s attacha fortement a la vérité & au faint Prélat; il concut pour lui une tendrefie vraiment filiale; il 1'appel-  nu Bjs-Empizz. Liv. XXV. 391 gmmmmmm loit fon pere; il fe pénétra des fen- ValerJ* timents de la plus folide & de la plus TINIEN n fervente piété. II étoit adonné aux jeux Théododu cirque; il s'en éloigna tout-a-fait; Ar^_ il retrancha même les plus folem- mus. nels , telsque ceux qui fe célébroient Ann- 39».' lejour de la naiffance des Princes. Afin de fe détacher de la paffion pour la chafle, il fit tuer en un jour toutes lesbêtes de fon pare. On pouvoit lui reprocher d'aimer la table; il prit une telle habitude de tempérance , que dans les feftins qu'il Continua de donner aux Seigneurs de fa Cour, pour entretenir leur affecfion, il s'abftenoit de manger. II ofa même faire 1'effai de fes forces contre un ennemi , qu'il eft plus fage de fuir que de braver. On le foupconnoit d'avoir eu des engagements criminels : foit pour rétablir fa réputation, foit pour fe rendre a Pavenir invulnérable, il affronta ce que la volupté a de plus dangereux. Une Comédienne de Rome , auffi fameufe par fes déréglements que par fa beauté , embrafoit . toute la jeuneffe Romaine. II voulut la faire venir a la Cour. Son Envoyé, corrompu par Pargent des amants de R iv  392 Histoire —- cette courtifanne, étant revenu fans Sn ,Ie.' ü en fit Partir un fecond. VaThéodo- 'entinien n etoit pas marié ; on ne Arca- "t01t E0'"*' q"'éPHS P3r 33 ren0m" dius. mee,nn Prince de vingt ansn'eutcédë Ann. 39ï. a une paffion qui ne fait pas refpeöer Ia pourpre. Mais lorfque cette Comédienne fut k la Cour, il s'abftint de la voir, meme fur le théatre; & quel- • ques jours après, il la renvoya avec mépris, fans 1'avoir vue; n'ayant voulu que donner une preuve de fa continence , & une lecon a ceux de Ion age: préfomption qui tourna heureufement a fa gloire, mais qui montre qu'il y avoit encore trop de jeuneffe dans la vertu même de Valentinien. Schele 5 a^?°h 3 t0US Ies Confeils; & >our ia ma'gre.lon peu d'expérience , il y uftice. montroit une prudence naturelle, & toute la maturité d'un vieillard. Ennemi des délateurs , il s'oppofoit k leurs pourfuites. Des perfonnes nobles furent accufées d'avoir confpiré contre lui. Le Préfet preffoit le jugement avec ardeur. Valentinien arrêta d'abordles procédures, & défendit toute rigueur judiciaire durant le faint  nu Has-Emvihe. Liv. XXV. 393 temps de Paques, oü 1'on étoit alors. mmmmmS Quelques jours après, lorfque 1'inf- ^f**^ tance commencoit, & qu'on faifoit xhéodola ledure de la requête de I'accufa- se. teur, il s'écria le premier que c'étoit une calomnie. II voulut que les ac- A.nn. 392. cufés demeuraffent en liberté, jufqu'a ce qu'on eut des preuves qu'ils étoient coupables. Cette équité fit bientöt connoitre leur innocence, & défarma pour 1'avenir la malice des délateurs. Chéri de fes peuples , il les mérjageoit comme fes enfants, & ne voulut jamais confentir a de nouvelles impopofitions. lis nepeuvent, difoit-il ,fup' porter les anciennes ; ne feroit-ce pas une duretc' inhumaine de les accabler encore ? Cependant il avoit trouvé le tréfor épuifé; & par une fage économie, en fe retranchant les dépenfes de luxe èc de plaifir, il le laiffa fort riche. II aimoit tendrement fes fceurs; mais il aimoit encore plus la juftice; il refufa de juger un procés dans lequel elles difputoient a un orphelin la poffeflion d'une terre , & il renvoya 1'affaire aux Juges ordinaires. Elles fe défiflerent de leur prétention ; & 1'on attribua cette géit Y  S94 Histoire vW, nérff™? confeiJs de leur frere, tikienII ;53 Iaci"te releva les efpérances des Théodo- Sénateurs Payens. lis firent une nouArca- velleTten^ve en faveur de leurs idodius. Les députés qu'ils envoyerent en Ann. j92i Gaule, demanderent avec inftance le IV. retabliffement des privileges dont GrarïquTe 6 fen avoit dépouillé leurs Prêtres & des séna- leurs temples. Les idolatres, qui é- ITrÏT f°ient en.COre en Srand nombre dans ens rejec- Jes premjers emplojs de ,a & jimbr. ep. d.es armées , réuniffoient leurs folli"dem d. Cltations: Ieurs effoi"ts étoient vifs & cbim'ra- Pr.euants- Saint Ambroife, occupé du Un,. lom de fon diocefe, n'étant pas averti Manlus, de cette entreprife, nepouvoit, comTheod.'an. me ]l avoit fait huit ans auparavant, 57. fortifier 1'efprit du jeune Prince conto une fi puiffante cabale; & il en coütoit beaucoup a Valentinien pour refufer une grace. Cependant il trouva.dans fa Religion feule affez de force pour réfifter: il rejetta la requête; & comme les députés s'autorifoient de la tolérance de fon pere, qui avoit laiffé fubfifterles facrifices : Hé Men, répondit Valentinien Je fuivrai l'exem'. pk. de mon pere & de mon frere : tous deux om été Empereurs, je dois les imi-  nu Bas*Empis.e. Liv. XXF. 395 ^^^^ ter tous deux. Le premier ne vous a pas rendu vos privileges ; le fecond vous les a ótés. Que Rome me demande toute au- Théodotre faveur; elle ejl ma mc.e} ;.s mêmes de 1'EmpeAnn. 39z. reur. En peu de temps, il vit fa puiffance fi bien établie, qu'il fe crut independant, & prit le titre de Général des armées, fans 1'avoir recu de fon maitre. VI. Valentinien s'appercut trop tard de ouvm«Sé !.afcendant q»'avoit pris fon fujet, & entre lui " VOuIu5 s affranchir de eet efclava& Valen- ge- Un jour donc étant affis fur fon «men. tröne, & regardant Arbogaile d'un ceil menacant, il lui mit entre les mains un écrit par lequel il le dépquilloit de la charge de Général. CeIui;ci n'y eut pas plutöt jetté les yeux, qu il s'écria herentent: Ce n'e/l pas de vous que je tiens eet honneur; ce nejipas vous non plus qui firei le maure de me lóter. En même-temps il met 1'écrit en pieces, & fe retire. De ce moment 1'inimitié éclata, & les gens de guerre prirent hautement le parti du Général. Ils ne fuivoient plus que fes impreffions ou leur propre caprice ; & Valentinien fit de vains effortspour  du Bas-Empire. Liv. XXV. 397 les contenir. Renfermé a Vienne dans eji fon palais, & réduit prefque k 1'état TINIENu d'un particulier, il ne difpofoit plus Théodoni des emplois de la milice, ni même Ar*'a. des affaires civiles. Perfonne n'ofoit mus. s'adreffer au Prince, ni obéir aux or- Ann> 391» dres qu'il donnoit, foit de vive voix, foit par écrit, fi Arbogafte ne les avoit approuvés. Les amis de l'Empereur devenoient les objets de la haine du Général, & bientót les vidtimes de fa cruelle jaloufie. II porta 1'audace jufqu'a en demander plufieurs pour les faire mourir; a quoi Valentinien répondit avec fermeté : Quil fe garderoit bien de lui livrer des innocents; quil fe croiroit digne de mort, s'il rachetoit fa vie par celle de fes amis; que fi Argobafe étoit altèrè de fang, il pouvoit verfer celui de fon maürc, On rapporte que dans un emportement de colere, Valentinien voulut un jour arracher 1'épée d'un de fes gardes pour tuèr Argobafte, & qu'ayant été retenu, il tacha enfuite de déguifer ce mouvement impétueux, en difant que fon deffein avoit été de fe percer lui-même , paree qu'il ne pouvoit fouffrir de porter le nom d'Em-  _im> 1^ Idem , de de Ion crime. Cependant, pour ne ohitu Va. pas fe déclarer coupable, il n'empê- Unt. cha point qu'on rendit h l'Empereur TZ^'J: d'e les honneurs accoutumés. Les funé- 5,, 'Ambr. railles furent célébrées dès le lende- ««. 71.  . 4^4 H i s t o i r e main, jour de la Pentecöte. Le corps tinien II tut enfuite tranfporté a Milan, pour Théodo- y recevoir Ia fépulture. Tout le cheArca- n"n ét?k bordé d'"ne foule de peumus. Ple qui fondoit en larmes. On pleuAim. 392. roit la perte de tant de vertus, qu'une mauvaife éducation n'avoit pu étouffer, & qui dès leur première fleur, promettoient une prompte maturité Les barbares ne montroientpas moins de fenfibihté que fes fujets naturels ; jls regrettoient fa juflice & fa fidéhte dans 1'obfervation des traités. Mais toutes les douleurs étoient réunies dans le cceur de fes deux fceurs Jufta & Grata. Elles ne quitterent pas Ie cercueil jufqu'è Milan ; & pendant les deux mois que le corps de leur frere demeura expofé fans être inhume, elle pafferent auprès de lui dans es gemiffements & dans les larmes les jours entiers & la plus grande partie des nuits. Théodofe qui partageoit fincérement leur affliftion , fe fit un devoir de la foulager par fes lettres. II écrivit auffi ü Saint Ambroife dont il connoiffoit le tendre attachement pour ce Prince. II donna fes ordres pour 1'enterrer k Milan. Am-  du Bas-Empire. Liv. XXr. 405 broife avoit fait préparer un tombeau ■ • de porphyre. Le corps y fut dépofé Théod°auprès de celui de Gratien. Mais ce arc'aqui honora le plus la fépulture de Va- »ius. lentinien , ce fut 1'éloge que pronon- Ann'i9i' ca Saint Ambrofe, & qui fubfifta encore , long-temps après la deftruction du monument. Auffi eft-ce la Religion même qui gémit par la bouche d'un grand Evêque; & qui toute occupée d'objets immortels, ne donne rien k la vanité d'orateur. II n'eft guere poffible de douter XI qu'Arbqgafte n'eüt bien fouhaité de Eugene recueillir le fruit de fon crime. Mais s'il EmPe* avoit été affez hardi pour précipiter du 'Xir. ». tröne fon Prince légitime, étant né bar- 57. bare, il n'ofoit encore y monter lui- R"f-l- 2< même. II falloit accoutumer les Ro- e'J£m. 1. mains a lui obéir fous le nom d'un au- 3- me fPn nom, ne parloit Jr't. 72? r' qu'au nom d'Eugene, Sc il demandoit que Théodofe le reconnüt pour Empereur d'Occident. Mais ce Prince ayant fait fentir par quelque parole qu'il regardoit Arbogafte comme 1'au1 - teur  nu BAS*EkPiitE. Liv. XXK 409 teur' de la révolution, les Evêques * entreprirent de Ie juftifier : ils oferent Theodo_ protefter que ce Général n'avoit eu Arc'aaucune part a la mort de Valentinien. dius. Leur foible apologie ne fervit qu'è. Ann«3?;i"' leur attirer k eux-mêmes la fecrete indignation de Théodofe. II leur fit attendre fa réponfe pendant quelques jours, & prit enfin le parti de cacher fon reflentiment, pour ne pas avertir trop tot fes ennemis. II honora même les députés de quelques préfents, & les congédia avec des paroles qui n'ötoient pas a Eugene toute £fpérance d'accommodement. II paffa le refte de 1'année & la fuivante a faire les préparatifs de cette importante & périlleufe expédition. Le tyran voulut auffi gagner Ambroife, dont 1'autorité pouvoit couvrir fon ufurpation. II lui demanda par lettres la continuation de fon amitié; mais il n'en recut aucune réponfe. Cependant le faint Evêque lui écrivit dans la fuite avec le refpect du a un Empereur , par condefcendance pour quelques perfonnes qui avoient befoin de fa recommandation. Son filence ne méritoit que des louanges; Tornt F. S  410 II I S T O T R E • 1 ■' fa complaifance a befoin d'apologie. Théodó- La Cour de Conftantinople étoit Arg'a- a^ors troublée par une de ces catafdius. tcophes, qui, depuis long-temps, efAnn. 392. fraye-nt ies hommes fans les guérir de Rufin^'ré- l amt>ition. Rufin, Conful cette année, fetduPré- sennuyoit d'attendre la préfeéhire »oire. du prétoire, le plus haut degré de Ambr.ep. pUifl-ance auquel un fujet put atteinciaud. in dr-e. Tatien en étoit depuis quatre ans ^ZoCa' en P°^en^on' a'n^ *lue de la faveur chl'.AUx. du-Prince. Naturellement fier & haï^l 'foi. Th. 1. tain, il aigriffbit par fes mépris la jat). üt. 2S. loufie de Rufin. Son fils Pro culusrem4$. ic'g- 9. pnffoit la feconde dignité, celle du tit.4x.hg. Préfet de Conftantinople. Rufin ju]X,\^'tit 8ea qu'^ ne P01^0^ arracher a Ta1. hg. 23'. fien la préfecture, s'il ne lui enleï. 12. voit auparavant Peflime de 1'Empereiir« Les deux Magiftrats n'étoient /. 14. tit. . ö 1j.ieg.12. pas irreprehenfibles : on leur reproPagi ad choit des concuflions, des confifcatiöns injuftes , des impofitions exTheod. art. traordinaires établies fans 1'ordre du >n. not. Souverain, des privileges accordés ou révoqués , felon leur caprice. Si ProCulus-, fils de Tatien, étoit le même que le Comte d'Orient deftitué pour fes cruautésen il auroit été fort  du Bas-Empire. Liv. XXV. 411 capable des excès qu'on lui imputoit -~':: ainfi qu'a fon pere. Mais il n'elt pas The°d0vraifemblable que Théodofe eut vou- arcalu revêtir d'une plus éminente digni- D1USté un homme qui s'étoit rendu indi- Ann'29*" gne d'une charge inférieure. Rufin, trouvant dans la conduite des deux Préfets quelque fondement a la calomnie, n'eut befoin pour les perdre que d'envenimer leurs actions, & de groffir leurs fautes jufqu'a en faire des crimes. Tatien étant accufé fut obligé de fe démettre de fa charge, & Rufin lui fut fubftitué. Le nouveau Préfet du prétoire fit nommer des CommifTaires pour juger avec lui fon prédécefTeur; mais il étoit 1'ame de toute cette procédure; & fa volonté devoit former la fentence. Proculus, n'efpérant aucune grace, xv ni même aucune juftice de la part Procuii» d'une impitoyable ennemi, prit le mis k parti de fe dérober par la fuite a une ™"e^ & condamnation inévitable. Rufin en exilé. fut allarmé. Outre le dépit de laiffer échapper fa proie, il craignoit 1'activité & les reflburces de Proculus, capable de rompre toutes fes mefure5. II trompe Tatien par fes artifiS ij  412 H I S T O I R E ===== ces, par fes promeiTes, par fes ferSE ' ments; il vient a bout de calmer fes arca- craintes, & 1'engage a faire revenir AnnJ.U392. f°n fils' Tatien & Proculus font auffitót mis en prifon; on inftruit leur procés en peu de jours; ils font condamnés, le fils a perdre la tête, le pere a être étranglé. On les condui- . fit le fixieme de Décembre au quartier de Syques, au-dela du canal qui forme le port de Conftantinople; c'eft aujourd'hui Ie fauxbourg de Galata. Le hls eut d'abord Ia tête tranchée: on alloit exécuter la fentence prononcée contre le pere , lorfqu'on vit arriver un courrier de l'Empereur qui apportoit Ia grace de tous les deux. Rufin 1'avoit arrêté a deffein; mais il vint affez tot pour fauver la vie a Tatien. Ce pere malheureux paffa le refte de fes jours dans un trifte exil, pleurant fon fils & fa fortune. II mourut avant 1'année 396. XVI. On doute encore qu'ils euffent mé- moirremeft ^ ?3 m°.rt,' C'eft Peffet ^ produit déshono- 1'irrégulanté de leur jugement. Mais rée par il eft certain que Rufin le perfuada de* a Théodofe. Dés que Tatien eut été Théodofe dépouillé de fa charge , ce Prince fit  du Bas-Empire. Liv. XXV. 413 une loi qui condamnoit k mort les 1 conculfionnaires; ils n'étoient aupa- THE0Dtïravant punis que par une amende. arcaMais, dit Théodofe dans cette loi, D1us. on m peut impofer d ce crime une peine Ann' '92* trop rigoureufe. II ordonna la reftitution des biens confifqués par les fentences de Tatien. II déchargea les Provinces des contributions extraordinaires impofées par ce Préfet. On prétendoit que Proculus, pour fe faire des créatures, avoit gratifié plufieurs habitants de Conftantinople, en les infcrivant a Pinfu du Prince fur le röle de ceux qui avoient part aux diftributions de pain. L'Empereur les fit rayer du röle, & annulla les libéralités de Proculus. Un loi d'Arcadius, publiée après la mort de Rufin , rétablit 1'honneur de la Province de Lycie; elle rend aux Lyciens le droit de pofTéder des charges, & défend de les outrager par aucun nom injurieux. II eft fait mention de Tatien dans cette loi; mais elle s'exprime a fon fujet d'une maniere obfcure & tóut-a-fait équivoque. Les uns croient que fa mémoire y eft de nouveau flétrie; que Tatien étoit né er« S iij  414 HistöiAe T . Macédoine, & que c'étoit lui-même hse.D0" qui> dans 13 préfefture, avoit déshoarc*a- noré les Lyciens. D'autres penfent au contraire <ïue Tatien étoit deLycie; que toute fa Province avoit partagé fa difgrace, que les Lyciens avoient été declarés infames & incapables de pofféder aucune dignité, &c que par cette loi, Arcadius rétablit la mémoire de Tatien en même-temps qu'il efface 1'injufte ftétrifTure de fescompatriotes. XVII. La coutume s'étoit déja établie de ifsai-yi?/ reSarder les Eglifes comme des afycd. Th'. les mviolables. Les Evêques & les 1. 9. tit. Clercs prenoient la défenfe de ceux &ih?God. (i.ul s'v rènigioient, & les criminels mêmes y trouvoient une protecfion contre les plus juftes pourfuites. Le refpeót fi légitime pour les lieux faints, donnoit occafion a plufieurs abus. Théodofe ordonna que les débiteurs du fifc, qui auroient recours k eet afyle, pour s'exempter d'acquitter leurs redevances, en feroient tirés par force , ou que les Evêques feroient obligés de payer pour eux. Nous verrons dans la fuite les diverfes variations de la jurifprudence des Empereurs fur Partiele des afyles.  nu Bas-Empire. Liv. XXV. 415 Arbogafte , qui régnoit en Occident, fous le nom d'Eugene, pre- sE voyoit bien que la paix avec Theo- arcadofe ne feroit pas de longue durée. ^Jjj^ Réfolu de paffer en Italië, il crut XVIII_ devoir auparavant aflurer la Gaule. ExpédiMarcomir & Sunnon , chefs des «««JAtFrancs, étoient liés avec lui par la contre ]es parenté. Leur haine n'en étoit que Francs, plus vive contre un homme qu'ils regardoient comme un déferteur de franc.i.i. fa nation. Ils inquiétoient le pays c 9. par des courfes continuelles; les traités ne les contenoient que jufqu'è ce qu'ils trouvaffent occafion de les rompre. Le plus fur étoit de les mettre hors d'état de nuire. Dans ce deffein , Arbogafte fe rendit a Cologne au fort de 1'hyver avec une armee. II croyoit cette faifon favorable pour pénétrer dans le pays, & y faire le dégat, tandis que les forêts, dépouillées de feuilles, nepouvoient favorifer les embufcades. II paffa le Rhin , pilla les terres des Bructeres, voifins du fleuve, & celles d« Chamaves ; c'eft aujourd'hui laWeftphalie le long du Rhin. Tout le terrein étoit abandonné. Marcomir fe monS iv  Theodo- se. Arcadius. Ana, 392, Ann. 393. XIX. Honorius Augufte. Ciaud. in 4°. Conful. Uonor. Zof.l.,. Idac, fijt. tra feulement fur le haut des montagnes a la tête de quelques troupes de Cattes & d'Anfivariens, qui habitoient 1'intérieur du pays iuf- uaus id inunnge. Arbogaite,ne pouvant atteindre des ennemis qui n avo;ent pas plus d'équipage, & qui fuyoient auffi aifément que des orleaux, revint fur les bords du Rhin. II y fit venir Eugene avec le refte des troupes, pour en impofer aux Francs & aux Allemands, par la vue d'une armee nombreufe. En effet, ces barbares concurent une grande idéé de la puiffance d'Eugene. ils 6rent alliance avec lui; &, ce qui la rendoit plus affurée, ils lui donnerent un nombre confidérable de leurs troupes pour fervir dans la guerre contre Théodofe. : Ce Prince s'y préparoit fans préciprtation. II prit le Confulat pour la troifieme fois, & fe nomma pour collegue , Abundantius. C'étoit un foldat de fortune : né dans Ia petite ScytMe en-deca du Danube, il avoit acquis de la réputation dans les armées dès le temps de Gratien, & étoit parvenu aux premiers honneurs  bv Bas-Empire. Liv. XXK 417 de la guerre. II réuniflbit les deux ——— titres de Général de la cavalerie & th£odc~ de 1'infanterie. Son Confulat ne fut arca-point reconnu en Occident. Ëuge- Aidiius^, ne fe fit infcrire dans les faftes avec ^ Théodofe. II y avoit déja dix ans c. 15'. qu'Arcadius avoit été déclaré Auguf- So^l. i.e, te: Honorius recut ce même titre en préfence de 1'armée affemblée dans n. c. 2. 1'Hebdöme, le dixieme de Janvier, F^p'cc^' felon plufieurs Auteurs , & le quin- a^inj' zieme felon drautres. Mais une éclipfe infir. aode foleil qui arriva dans le temps i**^- '6même de cette proclamation, for- not[ * me une preuve certaine en faveur de ceux qui la different jufqu'au vingtieme de Novembre. Honorius commencoit fa dixieme année, Théodofe, étant rentré dans le pa- xx, lais avec le nouvel Augufte , 1'em- inftrucbraffa avec tendreffe. Le Poëte Clau- /'e, .. . . • • 1 t t. 1 iheodole' dien Jui met ici dans Ja Douche un a fon fiu. difcours plus conforme, fans doute, CW 4'« aux grands fentiments de ce Prince, Cjf"[fr' qu'a la vérité hiflorique. II Ie fait parler a - peu - prés en ces termes: n Mon fils, fi vous étiez defiiné a; » commander a des Perfes , vous« n'auriex befoin que d'être iffu d*ArS v  4*% H i s t o i r s n taxerxe, pour porter Ie diadême, -HEODO- „ jyjgjg ceJu; d()nt .g v-eng d,orner Arc'a- » votre tête, exige un titre fupéHmo- * rieur 3 .Ia naiffance; c'eft la vertu, rius, » Pour bien régner fur les autres y Ann, 393. » Ü faut favoir régner fur foi-mê» me. C'eft un devoir commun k » tous les hommes, il 'eft vrai; mais » vous devez apprendre pour 1'uni» vers, ce que les particuliers n'ap» prennent que pour eux. Vous ferez » efclavefous la pourpre, fi les paf» fions vous tyrannifent. Combien » eft-il plus difficile a un Prince de » les maitrifer! La facilité de les fa» tisfaire, leur prête 1'attrait le plus » dangereux. Elles font courir les » autres hommes vers les objets de » féduéfion; mais elles viennent les » offrir aux Princes; elles les ame» nent au pied de leur tröne. Ils peu» vent tout ce qu'ils veulent : fon» gez donc a régler vos defirs : fon» gez que vous allez être placé fur :» un théatre éclatant de lumiere, en » vue k toutes les nations du mon» de, environné de regards percants, » qui pénétreront jufque dans votre » cceur. Et ne comptez pas que Ia  nu "Sjs-Empire. Liv. XX F. 419 » renommee vous falTe aucune gra- —■ » ce : foyez clément, comme Dieu Hj°_ » même; prudent fans défiance; vrai arca» 8c fincere : faites le bien que vous . j^lu*" » foubaitez qu'on dife de vous , fans RIUS< >> vous inquiéter fi 1'on vous rend Ann. 393. » juftice. L'amour de vos fujets fera » votre garde la plus füre; méritez » d'être aimé. Quelque puiffance que « vous ayez, le coeur de vos peu» pies fera toujours libre. Occupez» vous de leur intérêt plus que du » votre; ou plutöt, ne féparez pas » ce qui eft inféparable : leur félicité » feule peut vous rendre heureux. » Perfonne n'a plus de fujet de trem» bier, que celui qui fait trembler » les autres. Soyez vous-même une » loi vivante. Vos exemples donne» ront a vós ordres plus de force que » ni les menaces, ni les chatiments. » Vous gouvernerez des Romains. » Ce n'eft pas 1'orgueil & la fierté » qui les tiendra foumis : plus vous » vousrapprocherezd'euxparlabon» té 8c par la douceur , 8c plus ils » vous éleveront au-deffus de leurs » têtes. Apprenez la guerre; étu» diez-en toutes les parties; endurS vj  ^ 420 H I S T O I R E f -— » ciflez-vous a tout ce qu'elle a de heodo- w pénible. LaifTez aux Rois Afiatiques Arca- » ce luxeincoinmode qui accable les H0N0- * armfes> & qui met obftacles aux rius. » fuccès. Partagez avec vos foldats Ann..$9.3. » toutes les fatigues; ils n'en fenti» ront que 1'honneur. En attendant » que 1'age ait fortifié votre corps, » formez-vous 1'efprit & le cceur r » rempliflez-vous de grands exem» pies. L'hiftoire de vos prédecef» feurs vous montrera ce que vous » devez fuivre, & ce qu'il vous fa ut »■ éviter ". Comme le jeune Prince témoignoit un grand defir d'accompagner fon pere en Italië, Théodofe loua fon ardeur; mais il lui repréfenta qu'il n'étoit pas a propos d'expofer fon enfance a des périls, qu'elle n'étoit pas en état de partager. II lui . promit de 1'appeller auprès de lui, fi Dieu couronnoit du fuccès Ia juftice de fes armes. 3ÖCT. II efi étonnant que Théodofe , Magnifi- obligé a tant de fraix pour les difThéodofe Polltlons dune guerre importante, Cod. Th. trouvat dans fon économie précé\ju dente ' un fonds aflez «che, non-feu&ibi'cX fcment pour ne point charger fes fu-  du Bas-Empjre. Liv. XXV. 421 jets de nouveaux impöts, mais en- •1JJ' '- — core pour répandre des libéralités THE.°Dtr" nouvelles. La diftribution de pain arca- fondée par Conftantin en faveur de j?^^ la ville , a laquelle il avoit donné fon mus. nom, confommoit par jour quatre- Ann. 39-5. vingts mille mefures de bied. Conf- Coi-h'fl0 . 1/1 . ., /. 11. ut. tance en avoit retranche la mome. 24.%. 2. Théodofe , non-content de la rétablir cy. Ahx. en entier, y aiouta encore en faveur c°dl*de ceux qui avoient depuis peu bati taaun. p. des maifons a Conftantinople. Cette *4ville s'agrandilToit tous les jours, Sc cL/hT// l'Empereur s'étudioit a 1'embeliir. II i.P.76,sy fit conftruire cette année une place firn- ^ ornée de portiques , qui fut d'abord impM0"r't\ appellée de fon nom, Sc qu'on nom- z.p. 505. ma dans la fuite la place de Taurus: on n'en fait pas la raifon. Arcadius y placa, 1'année fuivante, une colonne de marbre fort élevée, au-dedans de laquelle étoit pratiqué un efcalier e,n limacon qui conduifoit jufqu'au fommet. Semblable aux deux célebres colonnes de Trajan Sc de Marc-Aurele qu'on admiroit a Rome, celleci étoit dans toute fa longueur ornée de bas-reliefs qui repréfentoient les exploits de Théodofe. Sur le haut  Histoire — étoit pofée la ftatue de ce Prince, heodo- quj £ut abattue par un tremblement Arca- de terre fous le regne de Zénon , hÓno- en 4801 A cóté étoient celles de lés ritjs. deux fils, pofées fur deux obélifques Arm, 573. qUi portoient fur autant d'arcades de marbre : Arcadius étoit a 1'Orient, & Honorius a 1'Occident. XXii. Le grand nombre de foldats qu'on fVemÜi" aurembloit de toutes part, pouvoit 1 e»"' Th. canfe beaucoup de défordre dans les 1. 7. tit. 4. Provinces. Elles étoient obligées de ffc8'/°' f°urrür des vivres a cette jeuneffe 3.' 9' 'S' g»erriere, qui devient plus infolente è mefure qu'elle fe voit plus nombreufe. Les foldats exigeoient de 1'argent au-lieude vivres; ilsdifféroient de recevoir leur ration, lorfque les vivres étoient a bon marché, pour fe la faire payer a un plus haut prix, Torfqu'ils étoient renchéris. Ils vi- ' voient chez leurs hötes è difcrétion, comme dans un pays de conquête. L'Empereur arrêta toutes ces vexatiöns qui corrompent la difcipline, & qui rendent les entreprifes des Princes auffi odieufes, & fouvent plus onéreufes k leurs fujets qu'a leurs ennemis.  nu Bas-Empire. Liv. XXK 423 _ Eugene étoit déja en Italië avec •—■ 1'armée qu'il avoit conduite aux bords H^DO" du Rhin. Arbogafte , par la puiffance Arca- qu'il avoit dans la Gaule, & par le H^o_ crédit que fa naiffance lui donnoit rius. chez les barbares , y avoit joint les Ann- 393- XXIII garnifons Romaines & des corps nom- Eugené breux de Francs, de Saxons &C d'Al- paile en Iemands. Avant qu'Engene eut quitté • la Gaule, les Payens, attentifs a pro- rj'" r' fiter de toutes les conjonctures, lui Paul. vit. avoient demandé par députés, la ref- A!nbr°{- . r 11 Orof. L. 7. titution des revenus de leurs tem- Ct 3S> pies, & le rétabliffement de l'autel tul vu de de la Viftoire. Le tyran, moins fans St,t A™br' doute par attachement au Chriftianifme, que par la crainte d'aliéner 1'ePprit des Chrétiens, avoit refufé de les fatisfaire. Une feconde députation n'avoit pas eu plus de fuccès. Mais Arbogafte & Flavien, 1'un maitre du tyran, 1'autre de 1'ltalie dont il étoit Préfet, tous deux également impies & redoutables, ayant joint leurs inftances a celles des Sénateurs Payens, il n'ofa réfifter plus long-temps. II crut fauver les apparences, en cédant les revenus des temples, non pas aux temples merries, mais a Flavien &ck  . 4H Histojrk Théodo. Arbogalte, auxquels il les abandorr- se. °" na* ^ net s'expliqua pas fur l'autel de Arca- la Viétoire; rnais il le laifia rétablir Ho'koI fanS aucun.e oppofition de fa part. rius. Ce flavien , qui fignala dans cette Ann. 393. guerre fa haine contre Théodofe,, xxiy. étoit- comblé des bienfaits de ce Prin- Fiavien!" Ce' Etant entré de bonne heure dansSymm. i. la carrière des honneurs,il avoit été, 'p. 8. fous le regne de Gratien, Gouverv.'su' neur de SlciIe> Vicaire d'Afrique, Ruf.i.i. Quefteur du palais, Préfet d'Italie Sc 'AWoj d'lWyrie. 11 paroït que dans le temps fit.Ti.'c. de la révolte de Maxime, il avoit re5. noncé aux affaires pour fe livrer en- Imh'ot' tiérenf nt è 1 'étude»ou 2 fit de grand* So{. r. 7. Pr°grès; Les Payens louent fa proc 22. ' fonde érudition , aulfi-bien que fa MfrT'i. haute faS.efff & fa vertu- Symmaque , 28. 'c. è, *°n ami intime, lui prodigue les plus &iH Va- grands éloges. Les Chrétiens même tul Th conviennent qu'il étoit très-favant «*.63,76. ^ns les lettres, Sc très-habile dans le maniement des affaires politiques. On lui donne le titre d'excellent hiftorien. Théodofe, après avoir reconquis 1'Occident ,. le tira de fa retraite, Sc le donna au jeune Valentinien , pour faire ufage de fa capacité  du Bas'Empire. Liv. XXV. 425 fupérieure. II étoit depuis deux ans J. .... ■ redevenu Préfet d'Italie, lorfqu'Eu- Théodogene vint prendre poffeflion .de ce A^EC"A. pays. Son zele fanatique pour la re- dius. ligion Payenne empoifonna toutes Honofes belles qualités. II devint ingrat & An™^,* rebelle. II étoit Pontife & entêté de toutes les chimères de la divination. II fut le plus ardent è'exciter Eugene a la guerre, lui promettant un fuccès infaillible, dont ilprétendoit trouver des préfages dans le vol des oifeaux & dans les entrailles des victimes. A 1'approche du tyran, Saint Am- XXV. broife avoit quitté fa ville épifcopa- Remon- « o ti • • 1 1 t» 1 Ti ' • trances le, & s etoit retire a Bologne. 11 een- inutiies vit è Eugene pour juftifier fon éloi- deSt.Amgnement. II lui fait entendre dans fa br°^e- ? ... ... Amb. ep. Iettre qu il ne croit pas devoir com- ai Euge. muniquer avec un Prince qui favo- nium. rife un culte facrilege : il lui rend Jt^mhu compte de la conduite qu'il a tenue rui. vie de fous Valentinien , pour combattre la Amlrdemande des Payens , & lui repré- 7i' fente avec une liberté relpeftueufe, combien la condefcendance eft criminelle, lorfqu'elle trahit la caufe de Dieu. Cette lettre ne produifit aucun  ^^^^ 426 H ï S T f) I R. B efFef. Le Prélat paffa de Bologne k Théodo- Fayence , & les Florentins 1'ayant Arca- invité a venir chez eux, il ié rendit Hono- *}eur.s Prieres, & demeura dans leur rius. V1"e jufqu'^ ce qu'Eugene fut forti Ann. 393. de Milan. Le Clerge, dans 1'abfence de fon Evêque , fe montra animé de fon efprit. II refufa les préfents qu'Eugene vouloit faire a 1'Eglife, 6c ne lui permit pas même d'y entrer pour s'unir aux prieres des fideles. XXVI. La protettion d'Arbogaffe & de L'idola- Flavien rendit a 1'idolatrie dans 1'Ocrétabiit a cident> les f°rces qu'elle avoit perRome, dues. Les temples s'ouvrirent dans toute 1'Italie. Rome rétablitfes Dieux; la fumée des facrifices s'élevoit de toutes parts : on égorgeoit par-tout des victimes, on confultoit leurs entrailles, on y voyoit les annonces de la viftoire d'Eugene. Tous les préparatifs de guerre étoient infecfés de fuperftition. En fortifiant les paffages des Alpes Juliennes, on y placa des flatues de Jupiter foudroyant, 6c on prétendit les armer contre Théodofe, par des confécrations magiques. Eugene eut la foiblefTe depermettre que la figure des Dieux fut peinte fur fes  nu Bas-Empjrb. Liv. XXV. 427 enfeienes, & que la ftatue d'Hercule ~ füt portee k la tete de Ion armee. SE_ Théodofe imploroit de plus puiflants Arcadéfenfeurs. Couvert d'un cilice , il fe profternoit devant les autels ou R1US. repofoient les cendres des Apötres Ann. 39}. & des martyrs. II fe préparoit aux combats par la priere & par le jeune. Au-lieu d'interroger des vief imes muettes, il confülta Saint Jean d'Egypte, ïon oracle ordinaire dans les importantes entreprifes. II dépêcha en Egypte, Eutrope, un de fes eunuques, en qui il avoit confiance, avec ordre d'amener Jean a la Cour, ou, fi 1'on ne pouvoit 1'y déterminer, de favoir de lui fi l'Empereur devoit attendre ou prévenir 1'ennemi, & quelle feroit 1'ifTue de cette guerre. II ne fut pas poffible d'engager le faint Solitaire a fortir de fon défert; mais il fatisfit avec joie aux queftions de Théodofe : il répondit , que L'Empereur devoit aller chercher l'ennemi ; que t'expedition contre Maxime avoit été facilement terminée; quil en feroit autrement de celle-ci ; que la vicloire demeureroit d Théodofe ; mais quelle lui coüteroit beaucoup de fang;  . 4^8 HlSTOIRE ^—- & qu'aprh avoir défait le tyran , il fisfi> niroit lui-même fies jours en Italië. Arca- Cette prédiftion ne rallentit pas Ie Ho»o- CouraSe de l'Empereur. Ilnecraignit rivs. point une vicfoire qui devoit être 394. bientöt fuivie de fa mort. II nomma Se Jr0"/"1/65 de,ux fiI£ Arcadius ?™ affemble f troilieme fois, Honorius pour la les «ou- feconde. Eugene , qui ne ménageoit Vs;mn. u Plus Théodpfe ne reconnut pas ce 2.^.83. *-onlu!at. II donna cette dignité a . Vale/, ad Flavien, & continua peut-être IuiAW 1 mê!ne d'en P°«er le titre. Du moins 28. c. 6.' on ignore quel fut Ie collegue de Flaciaud 30. vien en Occident. Théodofe raffemHoiZ: bla.fes coupes. Outre les légions RoUan dc marnes, la réputation du Prince, & iaud.StiiiC. 1'amour qu'il avoit infpiré aux peilde. 1. j. PIes voifins, lui attira un grand nomr. 25. bre de barbares. La Colchide, FlbéSoi. t. 7. rie , 1'Arménie lui envoyerent des Sornand, de foldats. On voyoit dans fon armée rei. Get.c. des Arabes, des Saques, des Perfes aS- mêmes & des Indiens. Les nations d'au-delè du Danube s'emprefferent de le fervir dans cette guerre, & vingt mille Goths le fuivirent fous le xxvi nom de confédérés. Suol' L'Afrique feule ne lui envoya au-  nu Bas -Empire. Liv. XXV. 429 cunes troupes. Ce n'eft pas qu'elle fe * fut déclarée en faveur d'Eugene. A- Th*°do" prés la mort de Valentinien, com- Arcame nous Pavons dit, elle n'avoit re- Dlusconnu pour Empereur que Théodofe. HR°JJS°" Mais Gildon, frere de ce Firme qui Ann.394. avoit été vaincu par Théodofe le pe- refufe de re, ufurpoit dans ce pays 1'autorité {"y", , r • ti , • • • Théodofe iouveraine. II n avoit pris vingt ans cuud. de auparavant aucune part a la rébellion °eiu> Gild. de fon frere; il étoit demeuré fidéle- lde^,6°ment attaché aux Romains qui en a- Honor. voient tiré des fervices importants Tal- Hoclans cette laborieufe expédition. En m'5* récompenfe de fon zele, Gratien 1'avoit revêtu de la qualité de Comte d'Afrique & du commandement général des troupes de cette Province. On ne fait quel parti prit Gildon dans Ia guerre de Maxime contre Valentinien. On voit feulement que Maxime fut maitre de TAfrique. Mais après la défaite de ce tyran , foit que Gildon eut confervé les bonnes graces de Théodofe, foit qu'il les eut recouvrées, ce Prince fit époufer k Nébride , neveu de 1'Impératrice Flaccille , Salvine , fille de Gildon. Cette alliance devoit attacher le Prince Afri-  433 II I S T O I R. z - ■ " " cain , par des nceuds plus étroits, au Theodo- feryice de i'Empire> Cependant il ne Arc'a- fe mit pas en peine d'obéir a 1'ordre mus. qu'il recut de l'Empereur. II n'en- Hono- ■ '. . 1 „ , rius. v°ya m coupes, ni vaiffeaux, ck deAnn. 394. meura tranquille fpeclateur de 1'événement, dans le deflein, fans do'ute , de fe déclarer pour le vainqueur. Théodofe mourut trop tot pour tirer raifon de cette perfidie. XXIX. II étoit bien réfolu de commander Cnoix des en perfonne, & de s'expofer a tous Generaux , 1 , .. . ' ,,. Ruf. 1. 1, Jes penis. Mais connoiffant 1 ïmporio, 12./. tance d'être fecondé par d'habiles c£J& Généraux, il choifit entre les RoConfui. ' mains & les auxiliaires ceux qu'il faHonor. voit être les plus expérimentés. TiBdh Get. nia^e ^ Stilicon furent mis k la tête Orof. 1.7. des légions Romaines. Quatre Capi- 'zlr l t-ainCS' Gaïnas» Ala"c , Saiil & Baslc. i. 7'. CUTe) partagerent le commandement c 10. des troupes étrangeres. Gaïnas & AlaSol-1- 8. ric étoient Goths & Ariens. Le pre- jortand.de n"er avoit pris naifTance au-dela du rel. Get. Danube. Fugitif de fon pays, & réduit k une extréme mifere, il s'étoit jetté entre les bras de Théodofe, s'engageant par fermentè. fervir fidélement l Empire, & a fe foumettre en tout  nu Bas-Empire: Liv. XXF. 431 aux loix & aux coutumes Romaines. ^""^ Alaric, né dansl'Ifle de Peucé,al'em- Tf!Es°D0bouchure du Danube, étoit de la fa- arcamille des Balthes, la plus noble de la jfoNonation après celle des Amales. II por- RIUS. tok lui-même le furnom de Bahh, Ann. 394, qui, dans la langue des Goths, fignifioit hardi & déterminè, Dès la première année du regne de Théodofe, Alaric s'étoit fignalé dans la guerre contre ce Prince. S'étant enfuite attaché a fon fervice , il faifoit fous ce grand Capitaine, PefTai des talents militaires, qui le rendirent dans la fuite le plus redoutable fléau des Romains. Saül étoit payen & barbare; on ne dit pas de quelle nation. Mais le plus recommandable de ces Capitaines étrangers, étoit Bacure : il portoit le titre de Roi d'Ibérie, qu'il devoit a fa naiffance. Les Perfes s'étant rendu maitres du pays, il s'étoit réfugié a la Cour de Valens, & avoit donné des preuves de valeur dans la funefte bataille d'Andrinople. Théodofe le fit Duc des Marches de Paleftine, & lui conféra enfuite la dignité de Comte des domeftiques. Ce guerrier joignoit k la fcience mi-  _ 43- HlSTQIRE liiaire un zele ardent pour la ReliTheodo- gjon j une p:été exemplaire, la bonArca- té, la franchife, & toutes les perfec- tions du corps & de 1'efprit. rius. L'Empereur n'attendoit pour fon Ann. 594. départ que 1'accouchement de Galla, xxx. qui étoit au terme de fa groffeffe. Théodofe E1Ie mom,üt en mettant au monde Ruf. 1.2. un hls qui ne lui furvécut pas. Son cilud v 3Utre ' nomme- Gratien, mourut Confüu ' au^ cette même année. II ne refta Honor. de cette Impératrice que Galla PlaSofi'4' "d'a' celebre par la diverfité de fes c. 2;'. '5' aventures. Théodofe, ayant donné Soi. 1. 7. quelques jours a fa douleur, partit ''PMofi vefs la fin .f!e,Mai- Selon qiieJques ii.c. 2. niitoriens, d fe fit accompagner de Mare. Chr. fon fils Honorius ; mais les Auteurs "'"dTk conremporains s'accordent a dire Ambr. i. s. qu'il le laiffa k Conftantinople avec c 5. éclair- ion frere. II chargea Rufin de conduire les affaires fous le nom d'Arcadius, auquel il voulut bien laifTer le pouvoir de publier des loix. Comme il fondoit plus d'efpérance fur le fecours du Ciel, que fur la force de fes armes, étant arrivé a 1'Hebdome, il entra dans 1'Eglife qu'il avoit fait batir fous 1'invocation de St. Jean-Bap- tifte,  nu Bas-Empire. Liv. XXV. 433 tifte, ck ayant irnploré 1'afïïftanee di- ~— ■* vine par, l'interceffion du faint Pré- Théodocurfeur , il continua fa marche. II pa- a,rscea_ rolt qu'il s'arrêta quelque temps k mus. Andrinople, apparemment pour a- Rf„s0" chever fes préparatifs. II en fortit k Ann. 394. la fin de Juin, Sc prit la route des Alpes Juliennes. Quelque nombreufe que fut 1'ar- xxxr. mée de Théodofe, celle d'Eugene Ia H paffe les furpaffoit en nombre, Sc ne lui cé- ^/V'i 2 doit pas en courage. Arbogafte feul c 33. valoit plufieurs Généraux; il n'avoit cla"tl- 3°d'égal en bravoure que Théodofe, C°"f' Ho~ qui le furpaffoit en prudence Sc en idem, de étendue de génie. A la nouvelle de °lybr- & 1'approche de ce Prince, Arbogafte fu™ ' Sc Flavien , marchant fous les éten- Orof. 1. 7. dards d'Eugene, dont ils dirigeoient c'Jh, 1 r • 1 •» m-Y w Paul. vit. tous les pas, fortirent de Milan. Ir- Ambr. rités contre le Clergé de cette ville, Zof. I 4qui avoit rébuté les préfents & la Soc'l' 5' perfonne même d'Eugene, ilsprotef- %.'/. 7. terent avec ferment qu'a leur retour e- 24. ils feroient de 1'Eglife une écurie Jï*f£''k pour leurs chevaux, Sc quils enrö- ' ' ' leroient les Eccléfiaftiques au nombre de leurs foldats. Arbogafte, joint k Eugene, tint fon armee dans les Tome V. T  Théodo- SE. Arcadius. Honorius.Ann. 354. XXXII. Première bataille. Ruf. I. 1. c. 33. Orof. I. 7. c. 35. Zof. I. 4. Socr. 1. ;. c. 25. 434 HlSTOIRB plaines, tandis que Flavien marcha au-devant de l'Empereur, pour 1'arrêter au paffage des montagnes. Ces défilés étroits & dangereux étoient devenus prefque impraticables par les travaux des ennemis. Le terrein étoit coupé de tranchées , fermé de paliffades, & défendu par des forts garnis de troupes. Flavien, perfuadc qu'il ne méritoit aucune grace , étoit déterminé a périr en déféndant le dernier pofte. Aveuglé de fuperftition, il comptoit beaucoup fur ces foudres dont les ftatues de Jupiter étoient armées. L'Empereur furmonta tous les obftacles; il forca tous les paffages. Flavien fe fit tuer en combattant ; & Arbogafte fut bientöt étonné d'appercevoir 1'armée de Théodofe qui débouchoit dans la plaine, & qui couvroit toute la pente des montagnes. Celle d'Eugene paroiffoit encore plus terrible par le nombre & la fiere contenance de tant de belliqueufes nations. A Ia tête fe montroit Arbogafte, qui portoit feul tout le poids du commandement & toute 1'efpérance du fuccès. Sur les enfeignes de  du Bas-Empire. Liv. XXV. 435 Théodofe, s'élevoit la figure de la """"^ croix; 1'image d'Hercule flottoit fur TfIÉs°D0" les étendards d'Eugene. La bataille arcafe livra fur les bords d'une riviere £™s. _ ... riONO- nommee alors Frigidus, aujourd hm rius. le Vipao, dans le Comté de Gorice, Ann- 394k douze lieues au nord-eft d'Aqui- ^°dZ4[' lée. Théodofe commenca la charge s0{. 1.7. en détachant fur 1'ennemi les barba- c-p*4- f res auxiliaires fous la conduite de fj Gaïnas. Ils rencontrerent une réfiftance invincible. Arbogafte fe trouvoit par-tout, animant fes foldats du gefte, de la voix, &p!us encore de 1'exemple. Le carnage fut horrible. Dix mille Goths refterent fur la place, & le refte prenant la fuite , vint fe réfugier dans les intervalles des Romains. Théodofe, plus afnigé qu'effrayé d'un fi funefte commencement, monta fur un roe élevé; la fe profternant a terre , k la vue des deux armées, il s'écria d'une voix affez haute pour être entendu des lïens : Dieu tout-puijfant, vous fave^ que je riai entrepris cette guerre au nom de Jefus-Chrijl votre Fils, que pour punir un attent at criminel. Si je fuis coupable, exercei fur moi votre vengeance. T ij  ^ ^ 4j6 H I S T O I S. E ■^T~o Mais fi c'efi la jufiice & la confiance se. en votre proteclion qui m'ont mis les arArca- mes a la main, étende^ votre bras pour Hono- nous ficourir 5 afin que ces ennemis inRiiis. fideles ne difient pas : Ou efi leur Dieu > Aan. 394. Etant enfuhe defcendu, il fit avancer fes troupes. Le choc fut violent & foutenu avec une égale viguew. Bacure fit dans cette journée des prodiges de valeur : s'élangant hors des rangs h la tête de fes plus braves foldats, il affronta mille fois la mort, renverfant tout devant lui, rompant les efcadrons ennemis, & fe jettant tête baiflée dans les plus épais bataillons pour atteindre le tyran qui fe tenoit a 1'arriere - garde. Enfin , Bacure, percé de coups, tomba fur des monceaux de cadavres qu'il avoit abattus k fes pieds. La nuit fépara les combattants, avant que la victoire fut décidée. La plus grande perte fut du cóté de Théodofe, & les ennemis fe crurent vainqueurs. XXXIII. Mais perfonne ne fut plus ébloui Etat des de ce prétendu fuccès que le tyran. S. at" Sans experience dans le métier de la Orof. 1,7. guerre, il fe perfuadoit qu'elle étoit «•5j. terminée,& que Théodofe, enfermé  nu Bjs-Empire. Liv. XXV. 437 entre les montagnes & Parmée vic- ■ torieuie, ne lui pouvoit échapper. Théodo-. Au-lieu de réparer par le fommeil les arc'aforces de fes foldats, il leur lauTa paf- »™s. fer la nuit dans la joie & dans la débauche. Arbogafte même, tout ha- Ann. 394: bile qu'il étoit, fut aveuglé comme 2°fi L 4par un efiet de la Providence divine. ™"t£ La feuleprécaution qu'il prit, fut d'en- So{. 1.7; voyer un corps de troupes fous la 2> conduite du Comte Arbitrion , avec ordre de tourner les montagnes pendant la nuit, & de prendre Théodofe en queue le lendemain , pendant qu'on le chargeroit en tête, pour actiever fa défaite. En effet, 1'armée de l'Empereur étoit tellement afFoiblie, qu'elle fembloit hors d'état de hafarder une feconde bataille. Outre ceux qu'elle avoit perdus dans le combat, la terreur en avoit féparé un grand nombre qui s'étoient difperfés dans les défilés d'alentour. Les Généraux confeilloient au Prince de fe retirer pour raffembler de nouvelles troupes , & revenir au printemps fuivant avec des forces fupérieures. Mais Théodofe rejettant ce confeil avec indignation : Non, dit-il , la croix ne T iij  43§ NlSTOIRE — fuira pas devant les images d'Hercule; Th^°do' je ne déshonorerai point par une lachtArca- facrilege , le jigne de notre falut. mus. Cependant voyant fes foldats dé'rius!" couragés, il fe retira dans une chaAnn. 394 pelle batie fur le haut de la montaxxxiv. gne oü fon armee étoit campée, & Théodofe v P3U"3 toute '3 en Prieres. Vers Orof i. 7. le matin, il s'endormit de laflitude, *• 3 5- & s'étant étendu fur la terre, il vit 5. c°24. en f°nge deux cavaliers, dont les habits & les chevaux étoient d'une blancheur éclatante; ils lui ordonnerent de prendre les armes des que le jour commenceroit d paroüre, & de retourner au combat ; quils étoient envoyê pour le fecourir en combattant eux-mêmes ; que l'un d'eux étoit Jean PEvangélijle, & l autre CApótre Philippe. A ces paroles, l'Empereur s'éveilla, & redoubla fes prieres avec plus de ferveur. Au point du jour, comme il étoit retourné au camp fans avoir communiqué fa vifion a perfonne , de crainte qu'elle ne fut méprifée comme un ftratagême, on lui amena un foldat qui avoit eu le même fonge. L'Empereur le lui ayant fait raconter en préfence de toute Parmée : Ce nejl pas pour jn'injlruire,  nu Bas-Empire. Liv. XXV. 439 dit-il aux foldats, que votre camarade — 11, 1 , • r ia Theodo- a ete konore de cette vijion; c ejt un te- SE_ moin que Dieu ma fufcité, pour vous Arca.garantir la vérité de la mienne: fai vu £™SQ*, les mémes objets ; fai entendu les mé- RIUs. mesparoles. Banniffons donc toute crain- Ann- 394« te; fuivons les nouveaux chefs qui vont combattre d notre tête, & mefurons nos efpêrances, non pas fur Je nombre de nos troupes , mais fur la puiffance de ces héros cêlefles qui nous conduifent d la victoire. Ces paroles ranimerent les courages abattus. Théodofe, quittant fes habits, trempés des larmes qu'il avoit verfées dans la priere, les fufpend a un arbre , comme un témoignage de ferveur propre a faire au Ciel une nouvelle violence. En même-temps, il endotTe fa cuiraffe, embraffe fon bouclier; & s'étant armé par le figne de la croix, d'une défenfe encore plus afTurée, il donne le même fignal a fes foldats qui le fuivent avec confiance. Eugene, environné de fes troupes, xxxv. s'occupoit alors a diffribuer des ré- , Seiroride 1 r . . • r \ 1 bataille. compenles a ceux qui avoient lignale AmiT-orat, leur valeur. Voyant de loin défiler « fin. les premiers ranes de Parmée enne- Theod- . . r . ,, . ? , , , . Uem , in mie qui s etendoit dans la plaine, il vfii. 36. T iv  _ . 440 Histoire Thé^, ?k f°nner ]'a!!arme 5 & étant montc m ««■ un.pew tertre pour être témoin Arca- de la victoire : A//e{, dit-il; c\fl un Hono- J°rcene ?ui m ch^ qud mourïr; prerius. nei-le vivant, & amene{-h ici chargé Ann 394. de fors. Arbogafte, moins afïuré, paree cd} £: ^u 11 etolt Plus inftruit, range fes troupes en bataille, & les fait marcher Aug. dy en bon ordre. Les deux armées n'éOrö/.'uy' *0ient Point comparables pour le nom«••}». bre- CeUe de Théodofe ne fembloit «JofcAfc être qu'unepoignéededéfefpérésqiii decim Ho- venoient s'enfevelir au milieu du carmiiiis nu- nage , dont le champ de bataille étoit Zfts couvert-En ce moment, Théodofe aptK 'ii. ' percoit derrière lui le Comte ArbiSoc. i. 5. tnon, tout prêt a le charger en queue 'rw / dès que le c°mbat feroit engagé. II 5. c 24.' a de nouveau recours au Ciel, fon SoX. i. 7. nnique reffource ; & dans le même Zof.i.4. inftant»n en éprouve la proteftion. Hermant, Le Comte, faifi de refpecf pour fon vie de St. Prince légitime, lui envoye deman- Ambr.l.8. der gracej & offi.e de fe .o.ndre • lui, s'il veut lui donner un commandement honorable. L'Empereurprend auffi-töt entre les mains d'un de fes Officiers, une de ces tablettes militaires, nommées teferes, dont on fe  du Bas-Empire. Liv. XXV. 441 _______ fervoit pour communiquer 1'ordre; ■ ■il y tracé un brévet de Général, & Thes°d°1'envoye au Comte qui lui livre fes arcatroupes. L'armée recut avec ce fe- j?™s._ cours un nouveau courage. Mais ref- RIUs. ferré par les détroits des montagnes, Ann- 394".' & embarraffée de fes bagages, elle défiloit avec lenteur, tandis que la cavalerie ennemie prenoit du terrein. Alors Théodofe fautant a bas de fon cheval, & s'avancant a la tête de fes troupes, met 1'épée a la main, & marche feul k 1'ennemi, en s'écriant : Ou ■ejlle Dieu de Théodofe? Tous fes bataillons effrayés du péril ou il s'expofe, s'empreffent de le fuivre. On étoit arrivé a la portée du trait, lorfque 1'air fe couvrit d'une obfcurité ft épaiffe, que quelquesHiftoriensFont prife mal-a-propos pour une éclipfe de foleil. Après un murmure fourd, il s'éleve tout-a-coup un vent impétueux qui attaque diredtement l'armée d'Eugene. D'afFreux tourbillons, qui femblent être aux ordres de Théodofe, arrachent aux ennemis les armes des mains, rompent leurs rangs , enlevent leurs boucliers, ou les renver£ent contre leurs vifages; leurs traits T v  ■ _ 442 HlS T O I R s ^— rebroiiffent fur eux-mêmes; ceux de se. iarmee de Théodofe recoivent de Arca- 1 air une nouvelle force; ils font pouf- hÓnÓ- Jes Plus loin> & ne Portent jamais a rius. taux. tvv^,4' i LeS ^r,°"Pes ImPériales profitent ST' de ce defordre. Elles pénetrent de o fcugene. toutes parts. Les foldats d'Eugene ciaud.t*. noppolent aucune réfiftance. Aveuccnf. Ho- giés de pouffiere , percés de leurs Orof. i. 7. propres traits & de ceux des ennemis » iIs tombent, ils fuyent, ils fe IX' '"' Prec,P»tent dans le fleuve. Les ordres, Via. epu. lescns, les efforts, le défefpoir d'ArZofi 4. bogafte, tout eft inutile. Ceux qui c %,' J' échappent au maffacre mettent bas les Theöd. i. armes,& feprofternantdevant Théoy$ó Y' dofe ' iIs le faIuent comme leur Emc 24.' 7' Pereur, & demandent humblement la ProfP. cy. vie. Ce Prince, touché de compaffion, Uac. fap. fait ceffer le carnage; il leur ordonne Mand. de hii amener Eugene. Ils courent fkr. aufh-töt vers Péminence, oh le tyChr.Aiex. ran repofoit avec tant de fécurité, que les voyant accourir hors d'haleine, il s'imagine qu'on lui apporte la nouvelle de fa vicloire : Ou efi Théodofe , s'écria - il ? Me Vameneivous enchainè comme je vous fai com-  nu Bas-Empire. Liv. XXV 443 manie? Cefl vous-méme, répondent ■■ les foldats, que nous allons conduire d ThéoboThéodofe ; Dieu plus puiffant que vous Arc*a. nous tordonne ainfi. En même-temps, »IU^ ils lui arrachent la pourpre, 1'enchai- \£s. nent, le trainent avec eux, 8c le pré- Ann. 394. fentent aux pieds du vainqueur. Théodofe lui reproche raffaiTinat de Valentinien , fon ufurpation criminelle, la mort de tous ces braves foldats qu'il voitétendus autour de lui, fon infidélité facrilege, 8c fa folie confiance en de frivoles divinités. II prononce fon arrêt de mort; & tandis qu'Eugene tout tremblant demande la vie, un de fes propres foldats lui abat la tête d'un coup d'épée. On la porte au bout d'une piqué dans les deux camps. Les vaincus célebrent eux-mêmes par des cris de joie leur propre défaite; le vainqueur leur pardonne a tous fans exception, 8c les deux armées réunies reconnoiffent également dans Tnéodofe un Prince chéri du Ciel,& dont les prieres ont une force fupérieure aux bataillons les plus nombreux 8c les plus aguerris. Cette mémorable viftoire fut rem? poitée le fixieme de Septembre : elle T vj  Jt_i 444 B i s t o i r e Thsodo- f°"mI.t a Théodofe tout 1'Empire SE. dOccident; & la tyrannie d'Eugene tius' F'ffa comme une ombre, fans laiffer Hono- ancune tracé. L'Empereur alla fe rerius. pofer dans Aquilée. Ann. 504. «1 n t. xxxvil j ,Arb9gafle.5 auteur de tous cesmaux, Suites de devore de rage & déchiré de remords, Ja viftoi- s etoitfauvé dans les détours des monRÜf.i.2.c taSnes- Cette ame altiere avpit égale33.ment en horreur de recevoir la mort Aug. dv. par ordre de fon ennemi, & de decLlyl VT la vie a fa clémence. Sachant c-4'.con- quon le cherchoit de toutes parts , fiiUt. Ho- il fe tua lui-même de deux coups "orof. 1 7 d'épée. Ce qui rendoit la joie de la c 3j. ' ' vicloire plus fenfible a Théodofe, ^Ambr.ep. c'efl qu'elle faifoit triompher la croix s'oc 1. j. dve Jefus-Chrift, & qu'elle prouvoit <-. 2;. 1'impuhfance des Dieux d'Arbogafle. 1-7. II ordonna d'abattre les ffatues de JuZo}4). 4. piter plaeées- fur les Alpes : les fcuMarcei. dres qu'elles portoient étoient d'or ; Chr. & comme les foldats dans cette caieté Hermant, ,. r . , r % ...... b ... rit de St. CR wlpire le lueces, hu difoient qu'ds Amb. /, 8. ne.fe cröiroient pas maltraités fi ces Ct 8' foudres tomboient fur eux, il voulut bien entendre leur plaifanterie, &leur abandonna ces ffatues. On rapporte que cette vicfoire toute mira-  du Bas-Empire. Liv. XXV. 445 culeufe, fut par un nouveau mira- m~"J""—" cle annoncée k Conftantinople le jour Théodomême qu'elle fut remportée. Un pof- A* c'A_ féclé qu'on exorcifoit clans 1'Eglife de mus. St. Jean-Baptifte, s'écria : Tu mas HcN°- r ■ r 1 rius. donc enfin vaincu, & mon armee efi ter- Ann. 394. raffée. A 1'arrivée des couriers qui apportoient la nouvelle de la bataille, on obferva que ces paroles avoient été prononcées, précifément dans lé temps que Paction fe pafToit au pied de Alpes. Quoique cette guerre eut porté un xxxvih caractere de haine & d'atrocité, & ciémence qu'elle eut été plus périlleufe & plus dofj^0" fanglante que. celle de Maxime , elle Ambr. ep. ne laifPa dans le cceur de Théodofe ' 6l' rr 1 ^. Idem. orat. aucune impremon de vengeance. On infu„ rhw vit encore éclater dans ce Prince la Aug. «v. même clémence a 1'égard des vain- l'J'c' z6j cus. Sa vicloire ne fit point vêrfer 4, ^.'7. ' de larmes, & fes ennemis en quittant Paul. vit. les armes, défarmerent fa colere. Loin „ d'étendre la punition fur les enfants conf. HoAt ,ceux qui étoient morts en com- norbattantcontre lui, il regretta les pe- °ro£ l'7' res , & laiffa les enfants jouir paifi- Hermant, blement de leurs héritages. II leur ren- vie ls'dit même les biens conhfqués pour C™ qui nous a tracé une peinture ^s-détaillée de tous les événements oiyZxt de ce temps-la, parle fort au long fidatu. au premier voyage, fans dire un mot ?hec°tl- du/^°nd» ^i n'ailr°it pas moins zöf. 1.4 Prete 3 fa verve & aux flatteries qu'il 5. ' prodigue a Honorius. Les autres EB%!?£ CnV/ïns ëardent le même filence fur 395. ' } & les circonftances de Ia . tui. faifon jointes è 1'état de foibleffe oii J fouvoit Théodofe, donnent lieu Rutu ui- de croire qu'h ne fortit pas de Mi*r. i, 2) lan. II fe contenta d'envoyer a Rome Stilicon , pour annoncer au Sénat Ia declaration du Prince en faveur d'Hononus. Ce Général étoit fans doute charge en même-temps de réprimer i'idolatne , qui avoit repris vigueur fous Ie gouvernement d'Eugene. Mais il paroït que dans Pexécution de eet ordre, le zele fervit de prétexte k 1 avance. Stilicon enleva des lames  du Bas-Empire. Liv. XXF. 453 d'or d'un grand poids , dont les por- — tes du temple de Jupiter Capitolin Théod°étoient enrichies ; & 1'on rapporte arc'aqu'on trouva au-deffous cette inf- joivs. 1 ■ • r\ , 1 ■ n Hono- cription : Un les garde pour un mije- rhjs. rable tyran. Les malheurs qui termi- Ann. 394, nerent la vie de Stilicon, ont accrédité , & peut-être fait imaginer cette prophétie. Serene ne montra pas moins d'avidité que fon mari. Etant entree dans le temple de Rhée, qu'on adoroit fous le nom de Mere des Dieux, elle fit öter k la ftatue un riche collier qu'elle mit a fon cou, & chaffer du temple avec outrage une ancienne veltale qui lui reprochoit fon impiété. Ces rapines ck ces violences n'étoient conformes ni au caractere de la Religion Chrétienne , ni a celui de Théodofe. II ne paroit pas cependant qu'on en ait porté aucune plainte a l'Empereur : Stilicon & Sérene étoient trop puiffants , & 1'idolatrie avoit entiérement perdu courage. Les députés que le Sénat envoya a Théodofe pour le féliciter de 1'élévation de fon fils, le prierent en mêmetemps de nommer pour Confuls de Pannés fuiyante, Olybrius & Probi-  Théodo- se. Arcadius.Honorius.Ann. 394. XLII. Théodofe réunit les Evêques d'Occident avec Flavien d'Anticche. Thcod. I. J. c. 23. So^, l. 8. f. 3. Bar. an. 398. Pagi ad Baron, 454 1/ I S T 0 I R E nus, quoiqu'ils fmTent encore dans la première jeuneffe. Ils étoient fi's de Probe , eet illuftre Sénateur, qui, fous le regne de Valentinien premier 8c de fes fuccefTeurs, avoit rempli les premières dignités de 1'Empire d'Occident. Rome chérifToit cette familie , 8c fe croyoit honorée de 1'éclat dont elle brilloit. Théodofe confentit a cette demande, 8c déligna Confuls les deux freres; ce qui n'avoit d'exemple que dans les families impériales. Eufebe & Hypace , Confuls en 359 , étoient freres de Flmpératrice Eufébie, femme de Conftance. Théodofe avoit rendu la paix k 1'Empire; mais il n'avoit encore pu rétablir la concorde entre les Prélats de 1'Eglife Catholique , divifés au fujet des deux Evêques qui fe difputoient le fiege d'Antioche. LePape Sirice 8c les Evêques d'Occident joints a ceux d'Egypte, étoient attachés k Evagre, fuccefTeur de Paulin , 8c refufoient toujours de reconnoitre Flavien. Lorfque Théodofe étoit encore a Conftantinople, il avoit inutilement exhorté Flavien k faire le voyage de  vu Bas-Empire. Liv. XXV. 455 Rome, pour juttifier fon éleétion. Ce - ' Prélat avoit répondu que s ïl étoit ac- Tn^°DC" cufê fur la foi ou fur les mozurs, il fe arc'afoumettoit volontiers aujugement des Oc- ]j*"c'_ cidentaux ; mais que Ji on lui difputoit rius. le titre d'Evêque , il les regardoit comme Ann" 394» fes parties, & non pas cemme fes juges ; qu après tout il n'étoit pas befoin de proces, & qu!d étoit pret d renbneer d Cèpifcopat. Théodofe , qui aimoit Flavien , 8c qui refpe&oit fa vertu, n'avoit pas voulu Pinquiéter davantage. Après la défaite d'Eugene, les Evêques d'Occident renouvellerent leurs inftances auprès de l'Empereur. Ils fe plaignoient de 1'opiniatreté de Flavien , qu'ils traitoient de tyran. Quelle tyrannie voule^ vous dire } leur repliqua Théodofe : je fuis Flavien; parïe^ , je défendrai fa caufe & la mienne. II les exhorta en même-temps a rendre la paix a 1'Eglife, 8c a étouffer toutes ces femences de divifion. II leur repréfenta que Paulin, auteur du fchifme , étoit mort; que 1'éleöion d'Evagre fon fuccefTeur avoit été irréguliere ; que toute 1'Eglife d'Orient avoit embraffé la communion de Flavien , 8c que les Occidentaux n'ayant  456 Histoirb '■ x"- rien a cenfurer dans fes mceurs, ni Théodo- dans fa doétrine, ils devoient, pour Arc'a.- la légitimité de fon élecf ion , s'en rapHono P,orter a ceux en avoient été les Ru?"" témoins. Ces raifons, foutenues de Ann. 394. 1'autorité d'un Prince auffi ferme qu'éclairé, ramenerent enfin Ie Pape & les Evêques. Ils confentirent k recevoir les députés de Flavien, & s'unirent de communion avec lui. Cependant le fchifme intérieur d'Antioche ne ceffa que vingt ans après; &c les Euftathiens, fous la conduite d'Evagre, demeurerent féparés de Flavien & de Porphyre fon fucceffeur. Plufieurs Auteurs different de quatre années cette réconciliation des Evêques d'Occident avec Flavien d'Antioche. Ils en font honneur a St. Jean Chryfoftöme , lorfqu'il eut été placé fur le fiege de Conftantinople en 39^. xltii. II y eut cette année en diverfes Trembie- Provinces de 1'Europe depuis le mois ments de j r ^ r • <* i « terre & de Septembre jufque dans le mors autres ae- de Novembre , de violents tremblécidents, ments de terre. II tomba des pluies Ambr. orat. . ,, . . . r ■ . in fan. Th. continuelles; les rivieres fortirent de Mand. leur lit. Après la mort de Théodofe, Chr' les Orateurs & les Poëtes, de concert avec  du Bas-Empire. Liv. XXF. 457 ^^^^ avec le peuple, ne manquerent pas — de voir dans ces phénomenes la na- Tw^DO' ture tremblante & éplorée de la perte Arcaqu'elle alloit faire de ce erand Prince. DIUSQuoiquu n eut pas, encore cin- RIUS quante ans, il étoit abattu par fes Ann. 395. travaux continuels. Employé dès fa XLiv. jeuneffe dans les expéditions les plus j!l?r\ d.e ' , ., , c , \ ,, r. Théodofe penibles lous les ordres d un pere in- Amyr% ou fatigable, toujours occupé depuis fon infua.Th. élévation a 1'Empire, foit a conduire l° 2* fes armées, foit è rétablir 1'ordre dans cuu'a. in. 1'Etat & dans 1'Eglife, dont il avoit R»f- & \ trouvé les affaires également déram ^""cIS gées, il n'avoit goüté de repos que fil. Ha-nor. pendant les deux années qu'il avoit Utm j dt palfées dans la retraite après la mort Ma~ injufte de fon pere. II étoit déja at- idem, de taqué d'hydropilie, lorfqu'il manda fon fils Honorius. L'arrivée de eet en- elJtm fant chéri, & la joie qu'il eut de le Owf.i.-. mettre en pofleflion de 1'Occident, lui fit pour quelque temps oublier Soc.ï.f.1'. fes maux. Mais fe fentant affoiblir de 26. plus en plus, il s'occupa des difpofi- /Thcco^'£' tions néceffaires pour pré venir les So\.i.'t. défordres que fa mort pourroit eau- c- 2Sfer. II recommanda encore fes deux xf hU°f_!' fils k Stilicon : ce qui dans la fuite Olymfiod. Tornt V, V  ^^^^ '4$B H I S T O I R E fournit a eet ambitieux un prétexte Théodo- pour prétendre que Théodofe 1'avoit Arca- inftitué" tuteur d'Arcadius ainfi que mus. d'Honorius, & qu'il avoit droit d'exerHoho- eer un pouvoir égal dans les deux Ann. 395. Empires. La flatterie tk la haine que Profp. Chr. Rufin s'étoit attirée, autoriferent en J*«-f"ft- Occident cette prétention , qui trouMa'rc. chr. h!a 1'Empire d'Orient. II ne Chr.Ahx. tient pas k Claudien qu'on ne croie Thcoph.p. encore que Théodofe, avant fa mort, Baronie. avoit arrêté le mariage d'Honorius nu. vie de avec Marie, fille de Stilicon. Ce qu'il Ambr. art. y a Jg certain ? c>eft ^ Jhéodofe 'idem , ayant déja mis ordre a fa fucceffion, jheod.not. ne fit fon teftament que pour laifier 2p%il'd un derraer témoignage de fa piété & Baron. an. de fa tendrefle pour fes fujets. II y 395. exhortoit fes fils k fervir Dieu avec zele , leur afiurant que c'étoit un moyen infaillible d'attirer lés bénédiöions du Ciel fur toutes leurs entr'eprifes. II fit des legs en. faveur des Eglifes. II régla deux points importans, fur lefquels il n'avoit encore pu fatisfaire fa bonté naturelle. II avoit de vive voix accordé le pardon a tous ceux qui avoient porté les armes contre lui; mais Poppofition d'une,  nu Bas-Empire. Liv. XXF. 459 perfonne qu'on ne nomme pas, 1'a- —'"*"""voit empêché d'en expédier un afte Théodoauthentique. II affura par fon tefta- arcament une amniftie générale. II avoit mvs. fait efpérer la remife d'un impöt oné- Rl^s" reux. Un autre de fes courtifans, car Ann, 395. il s'en trouve toujours plus d'un qui combattent auprès des Princes 1'intérêt des peuples, avoit jufqu'alors retardé 1'effet de fa promeffe : il chargea fes fils d'acquitter fa parole, Sc leur en laifTa une loi toute dreffée. Honorius la fit publier dans fes Etats : on ne voit pas qu'Arcadius s'en foit mis en peine; ce qui fait foupconner que 1'oppofition dont on parle, venoit de Rufin qui gouvernoit 1'Empire d'Orient^ Après ces difpofitions, plus glorieufes encore que fes vicfoires, il fentit quelque foulagement. Ii aflifta le matin du feizieme Janvier a des jeux équeftres , qu'il donnoit a Milan pour célébrer les heureux événements de 1'année précédente. Mais après fon repas, le mal redoubla a un tel point, qu'il envoya fon fils Arcadius préfider au fpeétacle en fa place. II mourut la nuit fuivante après un regne de feize ans moins deux y ij  4&> H I S T O I B. E " jours. En rendant les derniers foupirs, Theodo- ü appeii0it Sabt Ambroife , dont les Arc'a- confeils avoient tant contribué a fancdius. tifier fa vie, & k lui préparer de for°us°" U£les confolations dans ces derniers Ann. 39;. moments. Ce Prince n'a pas befoin d'éloges; fes grandes aöions parient affez haut pour éternifer fa gloire. Une feule feroit capable d'illuftrer le plus long regne. II réprima les Goths qui ravageoient 1'Empire; il fit trembter les Perfes qui n'oferent éprouyer fa yaleur; il dompta deux tyrans; il rendit a Valentinien 1'Occident dont il avoit fait la conquête; il impofa fdence aux héréfies; il éteignit prefque entiérement 1'idolatrie ,fans verfer une goutte de fang; il fut auffi célebre par fa pénitence que par fes vertus. * XLV. C'étoit alors la eoutume de céléHonnems krer un fervjce folemnel pour lere- cu on lui j is 1 , renriaprès Pos de_ 1 ame des morts, le quaran- fa mort. tieme jour après leur décès. Hono- ;nTh. rius &,toute l'armée affiffa a cette Hitrcn. ep'. trifte cérémonie, & Saint Ambroife 13. . y prononca 1'oraifon funebre. II y Pauhn. ep. preYenre au fouverain Juge les bonnes Chryf. ft*, ceuvres de ce Prince; 5c en offrant  du Bas-Empire. Liv. XXV 461 a Dieu les prieres & les larmes de ' tout 1'Empire, iltémoigne une fainte Théodoconfiance que Théodofe a déja recu Arca. la récompenfe de fes vertus. Saint j>ius. Pauhn , retire depuis peu dans une RIUS> folitude prés de Nole, compofa un Ann. 39?.' panégyrique qui n'eft pas venu juf- ta ex un-, qu'a nous , & dont Saint Jéröme fait »«un grand éloge. Le corps fut porté per edits a Conftantinople, oh il n'arriva qu'au aPud Becommencement de Novembre. II y fut dépofé dans le maufolée de Conl- vib. efü. tantin. La mémoire de Théodofe a Sod.6. toujours été en vénération dans FE- c'^rceL glife. Les Auteurs Eccléfiaftiques & chr. les Concilesmêmeslepropofentcom- .MJ"^ me le modele des Princes Chrétiens. ^y'" xy' On célébra dans la fuite fon anni- tui. vie de verfaire a Conftantinople, & Fon y St. Ambr. faifoit fon éloge. Nous avons encore "ni2m\ celui que prononea Saint Jean-Chry- Tkeod. art. foftöme,le 17 de Janvier, de Fan 399. 64,89. Ce grand Empereur eft honoré au nombre des faints dans le calendrier des Arméniens. Ce. qui doit paroitre étonnant, c'eft qu'il s'eft trouvé des payens, qui, plus frappés de fes vertus, que foumis a fes ordres, ont fait de ce Prince un objet d'idolatrie, V iij  462 &ISTOIRE Sc^7- & mis au rang de ces mêmes se. l^ieux dont d avoit profcrit le culte. mvt' C'Cft 06 0(116 tém°igne une infcription Hc^no- payenne rapportée par Muratori. hius. Théodofe donna a la partie du mi- Xl'^T' ÏTÏ de rEgvPte' dePuis Ia Pointe du Nou-' D^lta 5 jufqu'aux confins de la Théveaux éta- baide, le nom de fon fils Arcadius. bhffe- Cette grande contrée fe nommoit aufous ]e paravant Heptanome , paree qu'elle regne de contenoit fept nomes ou Provinces vZA°s% \\ üt le même honneur a fon autre chryf.edu. "Is en détachant une portion de la bb 1.13. Bithynie Sc de la Paphlagonie , pour f' Tik en cornPofcr "ne nouvelle Province Theod.art. fous le nom d'Honoriade , ou furent \ .. comprifes les villes de Claudiopolis, JiieroeTs. de Pfufiade, d'Héraclée, de Tius, de Ajfcmani, Cratia, Sc d'Hadrianopolis. Dés le mbLor. , commencement de fon regne en 3 81, t/Cdiffert. l[ rétablit la ville de Rhéfene, C'étoit & t. 4. p. une ville ancienne de 1'Ofrhoëne dont Le%ien le nom Arabe' Ra**™., %nifie jouii Or. chrifi. ce des eaux. On 1'avoit ainfi nomrnée t. 2. P. paree qu'il fortoit de fon territoire 9?cédr. p. Pll,sde300 nnfieauxquiferendoient 314. ' c,ans le fleuve Aboras. Septime Sévere en avoit fait une colonie Romaine; 6c Pon voit par les foufcrip-  du Bas-Émpire. Lh. XXF. 463 nons uu yy«^ " A ^f1"; » Théodoétoit le fiege d'un Eveque. Elle etoit — prefque détruite du temps de Théo- Arcadofe : il la releva, & lui fit porter HD™^ le nom de Théodofiopolis. II donna rius. le même nom a la ville d'Apres en Ann. 39h Thrace, prés du fleuve Mélas. Les ruines de 1'ancienne Babylone fubfiftoient encore du temps de Théodofe, & 1'on n'étoit pas réduit, comme on 1'eft de nos jours, a difputer fur remplacement de . cette ville autrefois fi puiffante. On montroit encore la caverne ou le Prophete Daniël avoit été expofé a la fureur des lions. Les Chrétiens y avoient bati une Eglife. Elle fut abattue par les Juifs; Théodofe la répara, & y établit un monaftere. La Paleftine fut divifée en trois Provinces, dont la troifieme fut nommée Salutaire, ainfi qu'une partje de la Syrië, paree qu'it s'y trouvoit des fources propres a la guérifon de plufieurs maladies: la première Paleftine étoit gouvernée par un Confulaire, & les deux autres par des Préfidents. Qu'il me foit permis de m'arrê- xlviï. ter a cette époque fameufe de 1'hif- Changetoire impériale, pour tracer en peu V iv  mmmmmm 464 H i s t o i r e ThéodtZ de ™?ts rétat °" fe trouvoient alors SE. les fciences.Jes lettres & les arts, mus" ?'P°ÜI d°nner au moins une légere Co- 'dees desmoeurs & des ufages de ce mus. «ede. Toutes ces chofes ont une IiaiAnn. 395. fon imraédiate avec le GouverneSSEta* me"t; & les variations dans 1'ordre anceurs. poiitique, operent a Ia longue dans le monde fpirituel & moral, une révolution fenfible. XLVm. Jamais Ie bon goüt dans les ouvra?eeCdatn" pdrfpntne fut plus épuré que fous les lettres Jf regne d Augufte. Les fujets de ce &dansies Prince étoient nés dans les derniers puis'ie j°.urj de ,a république. Nourris du regne lait de Ia hberté, leurs efprits en contfAuguf. fervoient tout le reffort, & l'envie de plaire au nouveau Souverain leur donnoit de 1'agrément & de Ia douceur. Le gouvernement fombre & melancolique de Tibere, & les regnes fanglants de fes fucceffeurs altérerent cette heureufe température. L'horreur de Ia tyrannie porta dans les efprits la dureté & la roideur. L'éloquence & la poéfie perdirent leur beauté fimple & leur faeilité naturelle. Tout y fut forcé comme la haine, ou affeclé comme la flatterie :  du Eas-Empire. Liv. XXV. 465 il n'y eut plus de milieu entre 1'extrême vigueur & la foibleffe. Sous des Princes foupconneux & malfaifants, le ftyle prit une briéveté énigmatique. Les arts tels que la peinture , la fculpture & l'architeéture, fe foutinrent mieux que la poéfie &c 1'éloquence; paree que leur fphere étant plus bornée, ils fe renferment dans leur travail, & font moins expofés aux impreffions des objets qui les environnent. Sous les regnes heureux de Trajan, d'Hadrien & des Antonins , tout favorifoit 1'humanité : les arts furent en honneur : le bon goüt dans les lettres fe feroit rétabli, fi 1'expérience ne nous faifoit pas connoitre , qu'a 1'exception de la Grece, fon pays natal, oii il n'a cefTé de fleurir pendant prés de mille ans, il n'a qu'une faifon chez tous les autres peuples , & qu'après fa décadence, il ne revient pas plus que la jeunefle dans la vie des hommes. Septime Sévere & les Empereurs qui le fuivirent, violents ou foibles, auteurs ou viöimes des cruelles révolutions, n'étoient pas propres a ranimer les lettres & les arts qui déV v  4,66 Histoïre générerent de plus en plus. A commencer a Claude II, on vit monter fiicceffivement fur le tröne une fuite de Souverains, nés prefque tous dans un chmat rude & barbare, Pannomens, Daces, Illyriens , tels qu'étoit Conffantin lui-même. Ce grand Prince ne paroït avoir fenti ie vrai mérite des lettres, que dans le choix qu'il fit de Lacïance pour 1'éducation de Crifpe, fon fds. Julien les cultiva : H étoit capable de les relever s'il eut vécu plus long-temps; mais iljes auroit mêlées avec les vifions bifarres d'une noire & chagrine fuperftition. Les Goths & les autres barbares qui commencerent après lui h défoler 1'Empire, répandirent avec eux Ia groffiéreté & la rudelTe. XLIX. Théodofe dompta les barbares; il Théodo- ren U g°ütAde 1'érudition ne fe per- dition lit- dit pas fi-töt. Macrobe, habile littéiéraire. rateur; Sérvittsy Charifins , Grammairiens du premier ordre, vivoient fous Théodofe le jeune. Pour connoitre I'antiquité , il n'eft pas befoin d'en avoir le génie. On peut encore raifonner avec intelligence fur les beaux ouvrages long-temps après qu'on a ceffé d'être capable d'en pro-, duire : car je ne mets pas au rang des bons écrivains, Cafiiodore & Sidonius Apollinaris ; les-chofes rares & précieufes que leurs écrits renfer-  nu Bas-Empire. Liv. XXV. 471 ment, font enveloppées de la rouille de leur fiecle. Boëce s'eleva au-deffus de la grofiiéreté du fien; & Martianus Capella femble avoir au contraire recherché comme une parure, toute la barbarie de fes contemporains. . Pour ce qui règarde les arts, dont LiV. le deffin fait le fondement, on peut Des Ans' juger de Pétat auquel ils étoient réduits a la fin du quatrieme fiecle, par les médailles qui nous en reftent, &2 par les morceaux de fculpture & d'architecture dont il fubfifte encore quelques débris : on y voit la même décadence que dans les lettres. PafTons aux mceurs & aux ufages. LV. Ce que j'en dirai ici eft en grande partie extrait d'une differtation de Luxe de! Dom Bernard de Montfaucon, infé- habi«,d« rée dans les Mémoires de 1'Académie R.oyale des Infcriptions & Bel- Mém. les-Lettres. L'Auteur a tiré des écrits Acad. t. de Saint Jean-Chryfoftöme toutes les l3-f-474. obfervations qu'il fait k ce fujet. Depuis Conftantin ,1'habillement des Empereurs d'Orient dans les jours de folemnité, étoit de la plus grande magnificence. Ils portoient le diadême  4?2 HlSTOTRB ou Ia couronne femée de pierres précieufes; ils étoient vêtus d'une tunique de pourpre fur une robbe de foie brochée d'or, & relevée en broderie. Leur tröne étoit d'or maffif. L'or brilloit fur les armes & fur les habits de leurs Gardes & de leurs Officiers, fur leur char, fur les harnois de leurs muiets. On en choififfoit deux d'une blancheur éclatante pour tirer leur char. Les Confuls & les' grands Seigneurs avoient auffi des chars attelés de mulesblanch.es, dont la tête étoit couverte d'or ou d'argent. Le Préfet du prétoire étoit diftingué des Magiftrats inférieurs, par fa ceinture, par fes gardes, par Ia fplendeur de fon char, & par la voix du héraut qui marchoit devant lui, & qui portoit fon épée. L'opulence feule reglo.it le nombre des eunuques & des autres domeftiques : quelquesuns en avoient jufqu'è deux mille, la plupart barbares, qui portoient des colliers & des bracelets d'or. Ce n'étoit pas feulement dans les palais des Princes, c'étoit encore dans les maifons des riches particuliers qu'on voyoit des falies de bains avec tout  du Èas-Empire. Liv. XXF. 473 leur accompagnement, des portiques, de longs promenoirs, de vaftes jardins,des aqueducs.La richefïe y étoit prodiguée , fouvent même aux dépens du bon goüt; ce n'étoit que lambris dorés, portes d'ivoire , murailles incruftées de marbre, couvertes de lames d'or, ornées de colonnes, de peintures, de ftatues ; parquets de mofaïque enrichis de pierres précieufes. L'or, 1'argent, 1'ivoire, faifoient la matiere des; lits , des chaifes, des meubles & des vafes les plus vils. Les tables échancrées en forme de croiffant étoient bordées d'argent. Les convives étoient couchés fur des lits du cöté de la partie convexe : dans le centre du croifTant par 011 fe faifoit le fervice, étoit placé un grand flacon d'or du poids de plus de foixante livres, qui contenoit le vin : on le tranfvafoit dans des urnes d'or plus légeres, pour verfer a boire. Le vin le plus eltimé étoit celui de 1'ifle de Thafe. On n'admettoit au fervice de la table, que de jeunes valets, beaux &bien faits, auflï richement vêtus que leur maitre. Les repas étoient accompagnés de concerts de mufique»  474 H i s t o i r e 6c la falie parfumée des plus précieux aromates de 1'Inde Sc de 1'Arabie. Un grand nombre de parafites égayoient le feftin, & payoient de bons mots 6c de flatteries. Ces bouffons formoient le cortege ordinaire des hommes riches, qui ne fortoient guere de leurs maifons fans être fuivis d'une foule de clients, & précédés de valets portant des baguettes pour écarter le peuple. La parure des femmes étoit chargée d'ornements. Elles avoient le delfus des mains couvert de lames d'or. Le fard étoit d'un ufage commun. Outre les pendants d'oreille , leur vifage étoit environné de pierreries. Elles s'efforcoient d'attirer les regards par la pompe de leur équipage, 6c par une fuite nombreufe d'eunuques & de filles de fervice. Dans les rues de Conftantinople, il eut été honteux a une femme de condition libre, de n'avoir h fa fuite que deux domeftiques. Rien n'égaloit le luxe des femmes, fi ce n'étoit celui des jeunes gens de qualité. Specla- .La fcvéfité épifcopale tonnoit en des. vam contre les fpecfacles. Ces jeux devenoient fouvent funeftes, 6c le  du Bjs-EmpïRE. Liv. XXF. 475 cirque étoit enfanglanté par la chüte des cochers, qui, dans 1'ardeur de la courfe , brifoient leurs chars, & perdoient la vie fur Farene. Des accidents fi cruels ne rallentiflbient pas la pafiion du peuple pour ces divertiffements; & les plus fages Empereurs en partageoient le plaifir pour paroitre populaires. Les combats des jeux Olympiques s'étoient établis dans tout 1'Orient. On n'y admettoit que des contendants de condition libre; & quiconque étoit foupconné de crime ou de mauvaifes mceurs, ne pouvoit y difputer le prix. Les places du fpeftacle fe trouvoient remplies dés le milieu de la nuit précédente; & la patience des fpeclateurs étoit encore plus étonnante que la force ou 1'agilité des combattants. La Religion Chrétienne n'avoit pas corrigé la licence du théatre : tout y refpiroit encore la débauche & le libertinage. Les funambules &C les faltinbanques modernes n'ont point enchéri fur ce qu'on raconte de 1'adreffe &c de la témérité de ceux de ce temps-la. lvii. Toute efpece de fortilege étoit s°rts & x 0 prcftiges.  476 H I S T O I R E pour lors en grand crédit. On prétendoit guérir les maladies, & fe garantir de tout accident par des enchantements, par des ligatures, par de certains vers qu'on récitoit, par des médailles d'Alexandre-le-Grand, qu'on s'attachoit a la tête ou aux pieds. Les femmes ufoient d'une infmité de fuperftitions a la naifTance des enfants pour leur procurer une vie longue & heureufe. Tout étoit plein de faifeurs de miracles, qui trompoient le peuple par leurs preftiges. LVIH. Dans les procés criminels, Ia falie ufagT' oü !es Juges s'affembloient, étoit féparée du refte de 1'audience par un grand voile. C'étoit derrière ce voile qu'on entendoit les Avocats, qu'on interrogeoit les accufés & les témoins, qu'on alloit aux opinions. Enfuite, pour prononcer la fentence , le Juge fortoit en public, & montoit fur le tribunal. Celui qui étoit condamné a mort étoit conduit a pied au travers du marché, une corde paffée dans la bouche, pour 1'empêcher de parler.^ Dans la cérémonie des nóces, après Ie repas, les conviés, ivres la plupart, menoient au travers de la  du Bas-Empire. Liv. XXV. 477 ville la nouvelle mariée , en chantant des airs lafcifs. Les derniers Empereurs avoient pris grand foin de la fiïreté des voyageurs. De diftance en diftance, on rencontroit fur les chemins publics deux fortes de gites. Les uns nommés Mutationes, n'étoient proprement que des écuries oü 1'on trouvoit des relais de muiets ou de chevaux ; les autres , appelles ManJiones, étoient des hótelleries ou 1'on pouvoit s'arrêter & pafTer Ia nuit. La Province entretenoit ces édifices a fes fraix, ou fourniffoit gratis les voitures & les bêtes de trait, de fomme & de mönture a ceux qui voyageoient avec un brévet du Prince. Les chemins étoient gardés par des efcouades d'archers. Enfin, de mille en mille p«s on conftruifit des corpsde-garde , ou 1'on faifoit fentinelle nuit & jour. Les funérailles avoient confervé beaucoup de traces d'antiquité. Dés qu'une perfonne avoit rendu les derniers foupirs, les plus proches parents lui fermoient les yeux & la bouche. On brüloit rarement les morts. Le Chriftianifme avoit prefque aboli eet ufage : on les enterroit  4?3 ÜISTOIRB hors des villes. Les corps des perfonnes riches étoient enveloppés d'étoffes de fbie, & portés fur des lits dorés. Leurs domeftiques les fuivoient, revêtus d'un fac; les chevaux couverts de mêrne, accompagnoient la pompe funebre. On employoit encore des pleureufes a gages, qui jouoient le röle de la plus vive douleur. tix. _ On croit que les vitres ne furent inven- inventées que vers le temps de Théofitcte de d?fe- Le verre étoit connu depuis Théodofe hien des fiecles; on 1'emplpyoit a une infinité d'ufages. Mais quoique rien ne paroifTe plus facile a imaginer, que de s'en fervir pour faire paffer la lumiere dans les maifons, fans les expofer aux injures de Fair, on ne s'en étoit pas encore avifé. On ne fermoit jufqu'alors les fenêtres que de toile, de parchemin, ou de pierres tranfparentes coupées en lames déliées, telles que le talc, bien plus rare que le verre, & plus difHcile a employer. Les chevaux jufqu'a ce temps n'avoient été couverts que d'une fimple houffe; on commenca a faire ufage des felles : on  du Bas-Emvire. Liv. XXV. 479 en voit, pour la première fois, fur la colonne de Théodofe a Conftantinople ; mais on n'y voit point encore d'étriers. Plufieurs Auteurs prétendent même que ceux-ci ne furent connus que fix ou fept cents ans après Théodofe. II eft cependant probable que cette derniere invention n'a pas fuivi 1'autre de bien loin. En effet, il y a grande apparence que ce font les étriers que Saint Jéróme défigne dans une de fes lettres, fous le nom de Bijiapia; & l'Empereur Maurice, qui vivoit a la fin du fixieme fiecle, les énonce affez clairement dans fa Ta&ique. II eft certain que dans les temps dont nous faifons 1'Hiftoire, on n'avoit aucune idéé des moulins qui font mis en mouvement par le vent ou par 1'eau , ni des horloges a reffort. Ces inventions fi utiles &c ü ingénieufes étoient réfervées pour honorer les fiecles de la plus profonde ignorance. Fin du Tome cinquitme.