Bibliothèque Wallonnc a LEIDE.  L E SIMBOLE des APOTRES, O u LES DOG MES DU C HRISTI A NIS ME, Consideb.es sous leur po int de vue pr i miti f. P A R JAQUE GRASS. fe vend 2i.Bergen op Zoom, chez van Riemsdtk & van Brqnkhorst, Libraires 1791..  Avee Approhation des Eglifet, txaminatrices.  A Son Altesse Serenissime. Monseigneur GJJILLAUME FREDERIC, Prince Hereditaire p'Orange et de Nassau, &c, &c. MONSEIGNEUR» v otre ^lltesfe Serenhfime m'atant permis de lui dedier ce L,ivre, je puis efperer qifelle nefera pas fachèe voir fon nom a la tête  d'un ouvrage fur le Jïmbole des apoires. Les objets qu'il renferme Jont a la ver hè asfez d'scutès, asfez tournes en tous les J'ens posjibles, depuis presqw dixhuit Jiecles qu'ils forti explicitement la Regie defoi d'une grande partiè du genre humain; pour detourner ióut homme qui veut. fe ^diftinguer dans la carrière litteraire, du defir d'exercer fur eux fes talens. II parait même que ce n'eji pas rendre hommage, qu'il ejl dificile de Je Jaire des protebïions & de Phonneur, enlraitant des J'ujets devenus ingrats, parcequ'ils Jont epuifès. Ce pendant quelque moisfonnè que foit ce cliamp, fai.cru qu'il offrait encor quelquechofe a glaner. J'ai cru qu'en remuant la terre endurcie par la multitude des moisfonneurs, on pourrait encor voir germer les grains que leurs pieds y avaient enfoncès, & qui peut être etaient les plus murs, parceque ce font toujours ceux ld qui tombent les 'premiers des epis, lorsque lafaulxJecoue le chaume qui les Jbutient. C'ejl ■ Monfeigneu.r, ce que fai entrepris.' yaifepcrè les Dogmes de convent ion pifrri- eure  eure de ceux que le fimboïe renferme. J'ap* pelle Dogmes conventionnels, tous ceux dont Vautorité ejl en quelque forte fubordonnèe d Veducation, d la maniere de voir ,■ ou d la diff'erence des facultès intelletluelles. Je fm qü'un ouvrage entrepris dans le but de celuici, fur les Dogmes dont- on ejl convenu plus tard, en fixant leur autorité conformèment a la maniere dont chaque parti envifageah les pasfages de l'ecriture qui en parient, nepourrait être que trés interesfant dans le tems ou nous vivons. J'ai esfaïé de donner d mon eglife quelqzies difcours fur ces derniers, & les fenfations qu'ils m'ont donnèes en les compofdnt, ou en les pronongant, ont été les mê~ mes que f at eues , lorsque fai compofé&pronone è ceuxci. Mais Je fens qu'il faut du term pour achever un pareil cours. II faut beaucoup de delicatesfe de main pour cueillir des rofes fans fe blesfer aux epines qui les entourent. Je me borne dans eet ouvrage d examiner les Dogmes du Simbole, dont la veritè cft fentimentale, & lacroïance par consquent generale & presqu' involontaire pour tous ceux qui fe nomment chretiens. En donnant d eet ouvrage le titre, les Dog* 4 w«f  mes 4u Chriftianisme, mon intention tfeft donc pas de déroger d P'autorité, ou d la necesfité des autres veritès que Pecriture renferme , & dont notre eglife a eu le bonheur de fixer le fens, d'une maniere convaincante. Jl aurait peut être mieux valu, mettre quelques■ Dogmes, aulieu de les Dogmes du CJirist ttanisme: Mais comme je ne trouve pas qu'ils aïcnt etès dans les premiers jiecles, des J'ujets. de, controverfes, j'ai laisfê le titre que favais, •mis d'abord après avoir ache.vè ce cours, je crois que eet avertisfement fuffira, pour prevenir des explications arbiiraires & defa■vorables. J'ai tachè de remonter d Porigine des Dogmes du Simbole. Je les envifage cqmtne des per les iombèes du ciel: la multitude aui les a voulues ramasfer, les afouventbrifèes; elle les a melèes avec le fable, & comme leurs parcelles ont communiqué leur eclat d fes grains, il eft arrivé qu>o.n a quelquefois cru, avoir relevé des poignèesdecettefemence precieufe, qmiq-iian n'avait peut être, que du fable luifant d'un eclat etranger. Depuis plufteurs années, des ouvrages de. cette nature font env.fagès comme des cour fes « travers des fables brulants. .Jefoiiqulil rfejl  »'eux. Cependant la prem.'ere fignification me parait plus naturelle, paree que I'Apotre en parlant de novices, doit ausfi fupofer de ceux qui ne le font pas, ou qui font plus avancés. II fait fouvent une difterence entre ceux qui font faibles dans la foi, et ceux qui font forts, entre des enfans et des adultes, ceux qui ont befoin de lait, et ceux qui peuvent fuporter une nourrïture plus folide. C'eft ainli qu'il dit dans fon epitre aux Roma'ns chap. XIV. Ceux qui font faibles croient qu'ils doivent s'abftenir de 1'ufage de certaines Cüofes, ils eftinient un jour plus ]ue 1'autre; et ceux qui lont plus avancés croïent que toute ereature eft bonne, fi on en ufe fobrement et avec aéh'on de graces: ils n'ont point egard aux jours. Les conducteurs des Eglifes devaient apartenir a cette derniere clasfe, ils devaient connaitre ces chofes cachées aux faibles, ou cette liberté dans la foi dont I'Apotre parle dans le 13 verfet du Chapitre de notre texte. Cependant ils devaient comme lui s'cn fervir d'une maniere a ne point fcandalifer les faibles, ils devaient chercher en tout 1'edification des fideles. Le but de^ la foi etait 1'avancement de la pieté, et c'eft a cela que les prerogatives des lumieres devaient fervir, comme des initiës dans les mifteres, ils devaient fervir de modele aux autres. et eet avantage ne pouvait être obtenu c-ue par la pureté des intentions, paria puretéde \ la  DU SIMBOLE. 7 la conscience, et par Ie defïr fincere de rendre la fuperiorité de leurs lumières utiles auxautres. Tel eft a ce qui ine parait le lens de notre texte qu'ils retiennent le miftere de la foi dans une conscience purd M. FR. Le fiambeaü de la foi eh Jefus Christ aïant eclairé une grande partie de l'univers; fa force divine aïant Venverfè les idoles et detruit beaucoupde prejugès du paganisme et du judaïsme, on n'a plus trouvé neccsfaire de tenir en referve quelques unes des verités que 1'evangile renferme, et d'en faire des mifteres pour les faibles, on n'a pas apliqué a ceux qui font nés dans le fein de 1'eglife les paroles du Sauveur Matt. 7. qui defend de donner les chofes faintes a ceux qui font impurs; ni celles du Roi oblervateur Prov. 23. qui dit, ne parle point lorsque le faible t'ecoute, de peur qu'il ne mepriiè la prudence de ton propos. On a ouvert a tous les Chret'ens les trefors du miftere de la foi, et qucls qu'aïent êtés dans la fuite les efforts de 1'adverfaire pour les ieur eniever, il eft fur que dans notre eglife nous en jouisfons dans toute leur plenitude. Et certes M. FR. La foi etaht Papui dés bonnes ceuvres, n'eft il pas necesfaire que fa clarté parvienne a tous ceux qui font apellés h la juftice? s'il faut que ceux qui s'aprochent de Dicu croïent qu'il y a un Dieu, ne doivent ils pas connaitre ce qui peut les affermir dans cette croïance, et qui cemmeun fanal peut leur fervir de guide dans la route de la vertu ? s'il faut que ceux qui viennent a Jefus Christ rejettent le A 4 mal,  8 ORIÖINE ET AüTORITC naai, qu'ils renoncentauxerreursdupolitheisrne, de l'atheïsme.del'idolatrieet de iafuperftition, ne doivent ils pas être fnftruits dans Ia vraye doêtrine du Sauveur, avant d'être d'fpofés & obeïr h ces commandemens ? oui M. FR. quelque grande que fo't la difference qui fe trouve entre les facultés intellcftuellcs des hommes, quelque evidente que foit 1'utilité des inftruól'ons plus etendues, il eft certain que les lumieres de la raifon, et le fentiment de la conscience de chacun font Ia feule regie fur laquelle les hommes feront jugès devant Dieu, il eft donc ausfi certain que tout ce qui peut fervir a eclairer ces deux gu'des, doit être Iivré a ceux qui font appe.lés a en faire ufage. Ce n'eft donc pas 1'eglife, ce ne font pas les hommes qui peuvent dominer fur vos confeïences, vous devez tous compara;tre devant Dieu, vous devez tous fanclifier le Seigneur dans vos cceurs i Pier. III. vous devez tous être prèts a rendre raifon de 1'efperance qui eft en vous: et fi nous avons-lc bonheur de vous être utiles dans les fonftions de notre miniftere, ce ne fera qu'autant que nos difcours font des fuites tirées des principes fondamentaux de 1'evangile: ce ne fera qu'autant qu'ils peuvent foulager votre memoïre, et vous rapeller des chofes dont 1'oubli pourrait entrainer votre perte. C'eft fans doute dans la vue de fermer 1'entrée aux erreurs, qui font fouvent une fuite des idéés individuellcs et quelquefois arbitraires que 1'eglife chretienne a reuni en un abregé tous les articles principaux de la doctrine de J.C. et de fes Apsr-  DU SIMBOLE. Apotres. Ils renferment la regie felon Ia quelle vous devez nous juger, et toutes nos exhortations qui n'ont pas la doctrine de 1'evangile pour bafe, ne font que des ecarts de ia faiblesfe humame, nos intentions doivent étre pures, mais l'infaillibilité n'efl pas notre partage! helas M. FR. notre condït;on fcrait bien dangereufe, fi outre les erreurs qui nous font communes avec vous, nous etions encor refponfables des votres. Vous favez M. FR. que nous apellons ce fommaire des articles de Ia foi chretienne qui doit être le mobile de notre conduite, le fimbolc des Apotres, et c'eft a faire quelques reflexions fur ion origine et fon autorité que nous emploïerons notre prefent difcours. Puisfe t-il contribuer a nous faire lentir l'importance du b-enfait que Dieu nous a accordé par ia predication de 1'evangile! puisfe t-il nous convaincre que quelque faluraire que foit le miftere de la foi, nous devons le retenir dans une confeience pure, fi nous voulons avoir part au falut, a Ia grace de Dieu en J. Chrift, ainfi foit. * * * On a eü dans les fiecles les plus reóulés, on a toujours eü bcaucoup de refpeét pour ces extraits fommaires de 1'evangile qu'on nomme fimbole des Apotres. Les anciens peres de 1'eglife en parient d'une maniere, a nous convaincre qu'ils etaient penetrés du fentiment de leur utilite et de leur importancc. ,, Ils difent, la doctrine du fimbole eft la lumiere de 1'ame, Ia porte du falut; elle eft le feau, la marqué du fidele, elle renferme dans une brieveté proportionnée h. As la  IO ORIGINE ET AUTORITé". la faiblcsfe de notrejmemoire, 1'esfence de tout ce qui fe trouve dans 1'ancien et dans le nouveau teftamcnt. C'eft fa verité qui fanctifie les vivants, et qui vivie les morts.-" Mais dira-t-on, ces fimboles ent ils donc toujours etès les meines, et h tous egards? quelle eft 1'origine de ce nom, et d'ou tirent ils leur autorité ? M. FR. felon quelques uns, le mot fimbole derive d'un terme grec, qui fignifie porter enfemble, unir plufteurs parties feparées pour en faire un tout. Pendant plufteurs fiecles on a eté dans 1'idée, que eet abregé de la docTrine chretienne que nous nommons fimbole des Apotres, ait eu pour auteurs ies Apotres eux mêmes* on a dit, qu'avant de fe feparer pour aller chez toutes les nations precber 1'evangile, ils avaient conferé enfembie fur une confesfion de foi uniforme a propofer a tous ceux qui fe con-vertiraint, et qu'enfuite de ces conferences tenues a Jerufalem, chacun d'eux avait compole un articlc; ce qui felon cette opinion rend raifon du nombre de douze qui eft celui des Apotres. On eft même allé jusqu'a fixer les articles que cbacun d'eux y avait contribué. C'eft ainfi que le pere de 1'eglife Auguftin dit, St. Pierrc compofa Partiele, je crois en Dieu Ie pere tout puisfant, St. Jean y ajouta, et en J. Chrift, et ainli de fuite. Cependant quelqüe bien im&ginée, quelque agreable que foit cette tradition, elle n'a aucun de ces caracteres de verité qui peuvent fixer notre  DU STMBOLE. t [ tre croïance. et certes M. FR. fi les Apotres aura en: compofe ce fimbole tel que nous 1'avons, eft il aparent que St. Luc n'cn eut fait aucune mention dans les regiftres de leurs actes ? Lorsqu'il nous parle, aft. 6. de 1'impolition des mams que les Apotres asfemblés donnerent a ceux que les chretiens de Jerufalem avaient choilis pour conducteurs de leur eglife, n'eft il pes aparent qu'il aurait parlé de ce fimbole s'il ava.t exilié, comme du moien le plus efficace pour appa'fer les troubles qui s'elevaient déja entre les grecs et les hebreux; et pour leur infpirer cette egaüté chretiennc, qui eft une fuite de 1'unité de leur foi ? Mais independamment du filence abfolu de I'evangclifie qui renverfe cette hipothefe, il n'eft fait mention de ce fimbole, il n'cn eft fa.t mention dans Hiiftoire de 1'eglife qu'au cinquieme iiecle de 1'ere chretienne, et il n'eft pas a cro're que les S.'nodes et les Conciles qui fe font tenus avant cette epoque pour regler les dogmes de la foi, n'en eusfent cité aucun articie: Mais il n'en font pas mème mention; au contra re ils compofaient eux mêmes les diferentes confesfions de foi que devaient faire ceux qui etaient baptifés. C'eft ainfi que le fimbole du Concile de N.'céc tenu en 325, et diferent du notre en pluiieurs chofes, etait toujours recité a 1'occalion du Batême, jusqu'au troifieme concile general d'Epheie en 434. Nous fommes tous, difent les auteurs de ces tems, nous fommes tous battilës en ia foi du fimbole des faints peres asfemblés a N;cèe. II faut donc qu'avant cette epoque on n'ait pas connu de limbole umverfel et d'une autorité Apoftolique. 3Von M. FR. Le filence abfolu des Apotres, et des  12 ORIGINE ET AUTORITé. des auteurs des quatre premiers fiecles de 1'eglife; ia difercnce qui fe trouve entre les anc'ens fimboies qu'font parvenus jusqu'a nous, ne nous permet pas de c:oire que la confesfion de foi que nous nommons le fimbole des Apotres, ait été eomposée par les Apotres eux mêmes dans le même ordre d'article.s et d'expresiions dans lequcl il fe trouve maintenant. Le terme Gree que nous avons adopté pour defigner la confesfion de notre foi, fignifiait ausfi un figne qu'on donnait a certaines perfonncs qui etaicnt admifes a quelqu' asfociation, et ■qui devait fervir a les faire connaitre, a les distinguer de celles qui ne 1'etaient pas. Ces marqués confiftaïent cn certains embiemes, ou en certaines paroles relatives aux fönci'ons, aux devoirs qui incombaient aux membres decettefocieté et auxquelles ils pouvaient fe connaitre fans avoir eu aucune relation anterieure. C'eft ainli que les princ:paux habitans de quelques villes donnaient aux connaisfances qu'ils faifaient dans 1'etranger des marqués qu'ils nommaient fimboles, afin que ces perfonnes allant dans leur patrie pendant leur abfence, pusfent être reconnues de leurs parens , et recevoir d'eux 1'hospitalitè. Ceux qui etaient initiès dans les mifteres du paganisme recevfent ausfi des fimboles, des marqués ou des devifes auxquelles ils pouvaient fe connoitre et fe diftinguer de la multitude fans s'être jamais vues anterieurement. II eft apparent que ies Qnetiens aïent a 1'imitation des autres peuples, donné le nom de fim-( bole, aux articles de foi qui leur fervaientde de- vi-  DU SIMB0LE' 13 vifes, de marqués 011 de fignes auxquels ils pouvaient fe diftinguer des païens ou de Juifs, auxquels ils pouvaient fe connaitre et exercer cette charité fraterneile qui etait le caractere diftincHf du Chretien. Ce qui nous ccnfirme dans cette opiifon, c'eft que felon le temoignage des anciensauteurs, les premiers Chredens" gardaient foigneufement ces iimboles, comme des fecrets qu'on aurait profanès cn rendant publies, comme les païens defendaient la publication de leurs mifteres. C'etait au fimbole apoftolique qu'ils appliquaient ces paroies du Sauveur, ne donnezpas les chofes l'aintes aux animaux impurs. Ils defendaient même de divulgucr imprudemment les mifteres du fimbole et ceux de l'oraifon dominicale. Dans leurs asfemblées publiques ils ne lifaient le fimbole qu'apres en avoir fait fortir ceux qui n'etaient pas cncorebattifès, qui n'avaient pas achevé leurs inltruöions. Ces fimboies eraient des engagemens, des promesfes qu'ils faifaient de s'aimer de perfeverer dans la foi, et ces engagemens ne pouvaient être pris qu'après qu'on etait inftruit de la nature des devoirs auxquels on s'engageait. Si nous ajoutons a ces refleclions les reprocbes desennem s des premiers Chretiens, qui les accufaientdelë r.onner mutuellement des fimboies, des marqués des iignesoccultes differens de ceux des autres religions; auxquels ils fe connaisfaient et s'aimaient lans s'être vus auparavant, il rie nous reftera plus aucun doute que le nom de fimbole ne foit emprunté de ce qui fe pratiquait alors partout; qu'il ne fignifie autre chofe, linon ces devifes, ces articles de foi qui diftinguaient les ehre-  14 ORIGINE ET AUTORIT é. ehretiens inftruits, des cathcchumenes, des païens et de juifs, La confesfion de ces fimboies a toujours eté exigée des Chretiens. Les Apotres eux mêmes etant chargés de convert.'r les Juifs et lespaiens etaient fans doute convenus de* ne recevoirdans la nouvelle Eglife que les personnes qui renon§aicnt a leurs anciennes erreurs, et qui promettaient de croïre les articles qu'ils leur propofaient, fans precifement fixer le ncmbre de ces articles, ni les termes dans lequels ils etaient concus. C'eft a cette pratique neccsfaire que quelques uns apliquent Jes paroies de Sr. Paul, qui exhorte fon discipleT'motliée aEp. I: vs. 13. de retenir la lorme de faines paroies qu'il avait entendues de lui dans la foi et la charité qui eft en Jefus Christ. Ctperdant ces premiers articles etaient fimples et peu ncmbreux. L'etude de ceux qui reccvaient 1'evangile etait de prouver 1'eflet qu'il avair produit fur eux par leur conduite, et non pas d'cxamirer des doemes avec une curiofité execsfive, ei de Jes expi'quer fuivant les regies de la lagesfè l uma'ne. Tout liomme qui faifait profesfion de croiie e Jefus Christ etait envoïè de Dieu, le feu! ndemptcur du genre hunïain , et qui en con.èquencc ce eet aveu promettait de vivre d'une man'ere conforme a la pureté de fa faintè Rcligion, etait immed;atcment recu au ncmbre des discples de Jefus Christ. C'etait ie feul preparatif' qu'on exigeait pour Je Balen e. Nous en trouvons une preuve dms le 8 CJ;; p. des Acics des Apotres , ou il eft dit qü'après plufteurs d'scours fur la divine mislion de Jefus Christ, 1'Ennuque de mau-  DU SIMBOLE, 15 manda a Philipe s'il pouvait être battifé, a quoi le dernier repondit, pourvu que tu croïes de tout ton cccur '1 t'eft permis, et 1'aveu que Jefus Christ etait le fils de Dieu fut le feul qui preceda fon batême, Mais cette Ilmplicité qui diftinguait les premiers ehretiens, ne fut pas longtems leur caractere diftinctif, la corruption porta b'entot fa main meurtriere jusque dans Ie fanctuaire de Dieu. II fe trouva bientot des ehretiens qui au lieu de croire de tout leur coeur, ne cherchaient qu'a voir de tout leur efprit; qui au lieu de rendre leur conduite conforme a la Doétrine de 1'evangile, voulaient adapter les verités de 1'evangile a leurs idéés, et a leurs anciennes erreurs. Ils voulaient rediger les dogmes de la religion chretienne en un fifteme regulier, et les demontrer d'une maniere fcientifique femblable "a celle dont on traitait les fciences du fiecle. Dés qu'on a cesfé de fentir la divinité de 1'evangile, dés qu'on en a fait un objet de curiofité, de fpeculation, on a vu enrrer, dans l'e.fjlife toutes ces contradicfions et ces erreurs qui font une fuite inevitable, de lad fference des facultès intellecluelles, des prejugés et des pasfions qui nous dominent, Nous trouvons déja dans les ecrits des Apatres des preuves de cette alterationmalheureufe. Ils avo:ent annoncé aux ehretiens qu'ils devaient renonccr aux oeuvres de 1'iniquité, qu'ils devaient s'adonner a Ia juftice et croire en J. Chrift; parceque leur juftice etant imparfaite, ils ne pouvaient étre juftifiés devant Dieu que par le me-  J.6 ORIGINE ET AUTORITé» merité de ce J. Chrift que Dieu leur avait envoi'è dans fa clemence. Ainfi la foi et les bonnes oeuvres ne faifaient qu'un tout qui ne pouvait pas être feparè. Bientot il y eut des perfonnes qui entreprirent de determiner la nature de cette juftification, de fixer li la foi y influait plus que les bonnes oeuvres; ainli en feparant ce que Dieu avait uni, on fit difparaitre le tout, on n'avait ni foi ni bonnes oeuvres et on fe difputak fur leurs noms. Pours'opofera cette malverfation les Apotres etaient obligès de conformer leurs difcours a la man'ere de parler de ceux dont ils voulaient corriger les erreurs; or cette maniere etant contradictoiie, fa contradiction, apparente fe trouve ausfi dans leurs reponfes, et fournit aux malintentionnès le pretexte de les accufer eux mêmes de contradic-tion. C'eft ainfi qu'on a accufé St. Jaques d'infifter plus fur les oeuvres, et St. Paul plus fur la foi, pendant qu'il eft evident qu'ils s'accordent tous k fourenir que les liens qui unisfent la foi aux bonnes oeuvres font indisfolubles. Dans la fu'te il y a eu des temeraires qui ont voulu exercer leur fagacité fur des cholcs encor plus incomprehenfibles, Ils ont entrepris de determiner 1'union des deux natures en J. Chrift, de fixer fi Ia nature divine avait (buffert, quelles etaient les foufrances de fa divinité, et quelles il avait esfüiées comme homme, et c'eft pour prevenir les rnauvais effets de pareilles recherches qu'on avait ajouté au premier article d'un ancien fimbole, je crois en Dieu le pere tout p.üfsfant invifible et impasfible. Tous les Siecles fubfequents ont produit quelque nouvelle  DU SIMBOLE. Je erreur, qui a obiigé les defenfeurs de la verité, d'ajouter aux fimboies fimples et courts des Apotres pour combattre ces erreurs et empecher les mauvais effets que le melange du menfong» avec la verité aurait pu produire. Nous ne pouvons donc pas fixer 1'epoque de la compofition de ce fimbole tel que nous 1'avons recu, parceque c'eft peuapeu, paree que ce font les difterentcs herefies qui font fuccesfivement ecloles dans 1'Eglife, qui ont forcé fes conducteurs a multipiiér dans differcntes bccafions le uombre des articles, a Ie porter k celui ou il fe trouve aauelkment, et a mettre a coté de chaqu'erreur humaine la verité de 1'evangiie, pour garantir les fidelcs de la contagion funefte dont ils auraient etes infedès fi on n'avait pont mis des barrières au menfonge, ou fi on n'avait pas opoie des digues aux inondations de Terreur. Quoiquc Ie fimbole des Apotres, tel que noUS I avons ne foit pas compofé verbalemcnt par les Apotres eux mémes; il doit pourtant être fobligato.re paree qu'il eft pris fidclemcnt des êcrits des Apotres. Ce n'eft pas lur I'autoritè de 1'Eglile et lans examen, que les Cbretiens doivent recevoir le fimbole, le fens de chaque article dit un Auteur, do t être cherché dans les ecrits des pcres dc 1'Eglife, paree que ce font eux qui nous font connaitre 1'herefie qui 1'a motivé • maïs ion autorité eft celle de 1'ecriture Cha" qu' article eft un guide qui nous montre les ecarts, les routes tortueufes des pasfions, de i ignorance, de 1'imagïnation et de 1'orgueil del hommes et du Prince des tcnebres, mais quL ^ noys  ïS ORIGNE ET AUTÖRITe. nous rapellant les verités esfentiellesdel'ecriture nous aprend a les evitcr. C'eft donc fa conf'ormité, fon analogie abfolue avec 1'ecriture avec la Doctrine de J. Chrift et de fes Apotres qui fait que nous avons recu ce fimbole comme une regie uniqueet infaillibic en mattere de Religion revelée. Cependaftt fuffira-t-il de croiïe ce qu'il nous prefcrit, pour avoir la vie eternelle? la foi en J. Chrift, fuffira-t-elle pour nous fauver? et pouvons nous avoir une connaisfance intuitive des objets auxquels elle fixe notre croïance ? M. FR. Les paroies de notre texte repondent a ces queftions, mieux que tous les raifonnemens que nous pourrions y deftiner, rctenez dit I'Apotre, retenez le miftere de la foi dans une conscience pure. Penfez que dans la foi tout eft miftere, tout eft fentiment et rien n'eft fpeculation. II en eft de la conlideration des objets de la foi, comme du fpeétacle de la nature: L'e*tonnement fuit de prés la medirarion, dans celui ei une feullie, un brin d'hcrbe devicnt un prodige quand on y penfe, et tout eft bienfait quand on en ufe. De même dans la foi. L'incarnation de J. Chrift, fes fouffrances, fa mort et fa refurrcction, Penvoi du St. efprit, et la refurrcction de la chair: chaqu'artic.e renferme un miftere que nous ne pouvons ni determiner ni aprofondir: cependant la confeience,, le fentiment nous attefte leur verité, comme il nous prouve les bienfaits de la nature. Et en effet M. FR. la confeience ne nous dit elle pas que notre juftice eft imparfaite, ne nous dit elle pas que nous avons befoin de la clemenee, du pardon  DU SI MBO LE. ï£ dc Dieu pour obtenir Ia vie etcrnelle a la quelle nous nous fentons deftinès ? et fi Dieu nous offre ce pardon en J. Chrift, ne risquons nous pas dc nous en priver, fi au lieu de le recevoiravcc reconnaisfancc, nous entreprenons de recherchcr iï Dieu ne nous aurait pas pu fauver d'une autre maniere ? Si c'eft le merite des fouffrances du fauveur qui nous procure le falut, ou fi c'eft la bonté de Dieu qui donne aux fouffrances le merite de nous le procurer. Non M. FR. dés que nous cesfons de fuivre le fcnriment d'une bonne confeience dans nos recherches religieules, nous ne pouvons que nous egarer, notre efprit franchit fes bornes, il s'engage dans des detours captieux, qui nous cachent le but de notre deftination, laquelle dans tout ce qui a rapport a 1'ètre fupreme, eft d'agir er non de diicutcr. ö L H.fto.re dc I'cglife nous fournit beaucoup de preuveshumiiiantes de cette verité, par exemple J. Chrift a inftitué la fainte cene, ausfi pournous engager a nous aimer 1'un 1'autre, comme Dieu nous a aimes en lui, mais ces recherches oifeues for la nature de fa prcfence dans 1'euchariItie, nont elles pas changé ce lien de charité en une caufe de haines et d'injufticcs ? Dès que nous (ortons des lïmites dans Jefquellcs notre efprit eft renferme, dès que nous faifbns des articles de la foi, des objets d'une fpcculation ftenle, de recherches curieufes, elle nous du n.t dc notre temcrité, en nous privant de fon effetqu. eft la fanclification. ceux qui ont oubhé de retenir Ie miftere de la foi dans une confeience pure, de foutenir leurs connaisfances par ^ 2 uno  20 ORIGINE ET AUTORITé une probitè reconnue, par un zele ardcnt pour la juftice, un" refpect profond pour Dieu ; ont perverti 1'exelience de 1'ouvrage dont ils etaient chargés, au lieu d'être les organes de la verité, ils font devenus ceux de leurs idéés particulieres: voulant embellir la verité par leurs lumieres plus que par leurs vcrtus ils 1'ont obfcurcie, ils ont produit des difputes qui les ont empcchès eux mêmes et les autres de travailler a leurfancttflcation, fous le pretexte d'eclairer leur raifon. Souvent les foidifants fcrutateurs des mifteres fe font rendus femblables aux fophiftcs de 1'antiquité : Un auteur dit, que deux d'entre eux trouverent dans un endroit un homme blesfè par une fieche lancée par megarde, au lieu de lui preter du fecours ils pasferent toute la journée a rechercher la caufe de cct accident. L'un d-lait c'eft la fieche, 1'autre c'eft la main qui 1'a lancée ou c'eft le motif qui a fait que eet homme fe trouvait la lorsque la fieche fut lancee, ils laisferent peut être perir Ie malheureux de-fa blesfure avant d'avoir pu fe mettre d'accord. Oui M. FR. les objets de la foi, font des objets de filence et d'adoration, et non pas ceux des recherches; II en eft d'eux comme du nom de Dieu dès qu'on le prononce temerairement et a la legere, on le profane, parcequ'on nefent pas le refpeft qu'il merite, Avant toutcs chofes nous devons purifier nos confeiences, nous devons être animès du dclir de la fainteté , et ce defir fuffira feul pour nous convaincre de la necesfité et de la vente de tous les! articles de la foi renfermes dans 1 eyangilè Un ancien difait a un homme abime dans  DU SIMBOLE, 21 la debauche, et qui fe vantait de cultiver la philolophic: il lui difait, as tu pris garde fi ton ame, li ton vafe etait pur et net avant que d'y rien verlèr, car autrcmcnt tout cc que tu y asmis, le corrompra. On peut appliqucr cette reponfe a Ia queftion 13 les difcusiions Ipeculatives lur les objets de la foi, II lescohtroverfes lont utilcs! h elles tombent dans une ame fouilIce de paslions vicieufes, elles font comme dans un vale fale et impur, ou elles fe gatent, et n engendrent qu'orgueil, fuperftitiön et fanatisme. Cette verité ell li evidente qu'elle a étó reconnue de tous,les tems. Plufieurs temples de 1'antiquité païenne portaient des inferiptions qui prouvent, qu'on etait perfuadè que la religion redde dans le coeur, que les hommes doivent croire en Dieu pour 1'aimer, et non pour approiondir les mifteres de fon esfence: dies difnent, ici n'entre rien d'impur. Avant d'entreprendre les actes de leur culte, le pretre de mandait: qui eft ici? Les asfiftans repondaient, nous fommes tous gens de bien, et ce n'etait qu'après cette reponiè qu'il leur etait permis de pner. • HJ^ve?r nenous 'nd;que t-il pas un moïen mfaillible de nous convaincre de la verité de fa doctrine et de fa misfion ? il dit Jeah VU fi quel cun yeut faire la volonté de Dieu, il verra que je fuis envoié de lui. Les Aponcs n'infiftent ils pas lur la lamteté, comme le feul moïen de verifier la foi ? ne condamnent ils pas ces recherches o.feufes, ces geneaiogies fans fin, comme des tables qui empechent de s'cxercer dans Ia pwte i Tim. IV; 7- Sanöifies vous difent ils B 3 z Pier.  22 ORICINE ET AUTORITÓ. i Pier. III. Sanöifies le feigneur dans vos coeurs, alors vous feres prets a rendre raifon de 1'efperance qui eft en vous. Le Roi prophete ne nous indique t'il pas le but de la foi dans le Pf. CXIX. avec lequel nous avons commencé ce St. exercice ? II dit je n'ai pas entrepris de fonder tes flatus, mais je les ai ferrès dans mon coeur afin que je ne pêche point contre toi. Puisfe M. FR. puisfe la pureté de la confeience, puisfe le defir de la fainteté nous animer dans nos entretïcns religieux, das les reflexions que nous allons faire fur les verités de notre foi, alors nous verrons qu'il n'y a aucun autre nom par lequel nous pouvons être fauvés que le nom de J. Chrift. Nous trouverons dans fa doctrine un guide infaillible qui nous montre le chemin de la verité et du falut, nous renoncerons a 1'iniquité, et en invoquant fon nom, nous confirmerons notre foi par nos oeuvres, nous verrons le roïaume de Dieu s'etablir parmi nous avec celui de J. Chrift. La juftice, la paix et le bonheur prouveront la verité de notre foi dans ce monde: La refurreöion de la chair, le pardon des pechès et la vie eternelle fera notre partage dans 1'autre. ainfi foit!  II,. DISCOURS, Unitè de Dieu. Premier Article du Simbo-le*.  T E X T Ë. Epitre de St. Paul aux Hebreux. Chap. XJ: 6. Or il eji impos/ible de lui être agreable Jam ia foi, car il faut que celui qui vient d Dieu, croïe que Dieu ejl, et qu'il ejl le remunerateur de ceux qui le cherchent. Section 3. du Catechisme,  M. T. C. FR. EN J. CHRIST.' JL^e Chapitre dont notre texte fait partie, tend a nous determiner la nature de la foi, et a nous prouver par un grand nombre d'exemples, Pinflucnce falutaire qu'elle a fur notre bonheur. La foi dit I'Apotre eft une fubiiftance des chofes qu'on efpere, elle realife ce qui aux yeux de l'opinion n'eft qu'aparent; elle approche ce qui efteloigné; elle detruit cette impatience, ces inquietudes qui nous font rejetter comme fausfes des chofes réelles, paria feule raifon, que leur action n'eft pas prefente k nos yeux, Rom. VIII: 24. elle eft une demonftration des chofes qu'on ne voit point; elle tient lieu d'evidenceelle nous donne la perfuafion intime, la certitude de Pexiftence des chofes dont nous voïons les eftets, quoiquenous n'en voïons pas directement la caufe. j Et certes M. FR. notre condition ferait bien malheureufe, fi avec un efprit renfermé dans des bornes trés etroites, fi avec un defir de voir, avec une curiofité illimitèe, Dieu ne nous avait pas donné la faeulté d'aquiefcer aux refullats de nos combinaifons imparfaites; fiïle fenïiment de notre coeur ne pourrait pas fu'pléer a B 5 a Pim-  25 V N I T é a 1'imperfech'on de notre efprit, ce ferait alors qu'on pourrait dire a la lettre, il n'y a aucun bonheur fur la terre, Job V: 7. 1'homme nait pour être travaillé comme les etincelles pour voler en haut, et fe disfiper fans qu'on fache ce qu'elles deviennent. Nous en voïons une preuvc dans le premier age de notre vie, fi nous recherchons la caufe du bonheur dont nous jouïsfons dans notre enfance, ne la trouvons nous pas dans cette bonne foi, dans cette confiancc que nous avons dans ceux qui nous entourent? nous voïons les auteurs de nos jours, nous jouisfons des preuves de leur tendresfe, et cette vue fuffit feule pour nous tranquilifer, pour nous determiner k leur obeïr fans nous mettre en peine, fans nous tourmenter par des recherches inutiles; fentir, croire et agir, voila la feule chofe qui eloigne de nous les inquietudes*, qui nousrendagreables, pu qui nous rend hcureuxdans notre jeunesfe. Notre vie ici bas eft k beaucoup d'egards une enfancc conrinuelle; et en effet M. FR. quelles lont les chofes dont nous pouvons nous vanter de ne pas pouvoir porter plus loin la connaisfance? II n'en eft aucune. Apres toutes les recherches posfibles, nous decouvrons en tout desproprietés qui nous echapent, et qui nous prouvent que nous n'avons pas epuifé les fujets. II faut un caractere de verité afin qu'on fache qu'une chofe eft demontréc, et il faut une demonftrati-on pour connaitre le caractere de la verité. Ces deux chofes dependent 1'unc de 1'autre; et comme leur liaifon va jusqu'a 1'infini, nous ne pour- rions'  DE DIEU rjons jamais être tranquilles, nous ne pourrions jamais nous determiner, paree que notre esprit n'a jamais des refultats dont il puisfe dire, ils doivent être les derniers. Oui M. FR. 1'homme qui vcut roujours dechirer le bandeau qui couvre fon esprit, ne voit que des abimes, il n'aquiert que des inquietudes et des doutes; chaque raifon qu'il decouvre eft bientöt combattue par un' autre, qui en peu fe detruit elle même, a peuprès comme les remedes pasfent eux mêmes avec les principes morbifiques dont ils nous delivrent. Ccft fans doute pour nous tirer de ces inquietudes infeparables des connaisiancesimparfaites, que Dieu a donnè a notre cceur plus de pouvoir qu'a notre esprit. Environnés des verités impenetrables, Dieu a donné au cceur le droit d'exiger le confentement, la conviöion de 1'esprit pour nous rendre heureux. Cependant ce Sacrifice n'eft pas imposlible, il eft même facile, paree que les verités mifterieufes font environnées des verités d'un autre genre, qui par leur degrè d'cvidence aident 1'esprit a fe foumettre a celles qu'il ne faurait comprende, qui forcent l'esprit a avouer telle verité doit être, quoïque je n'en aïc pas la vue pleine. L'Apotre met 1'exiftence de Dieu a Ia tête de ces verités cachées qui tiennent indisfolublement a Ia chaine des verités connues. Environnés du fentiment de notre faiblesfe, de celui de Ia dependance, de 1'imperfeétion de tout ce qui exifte, quelle eft la verité que Ie coeur force l'efprit de reconnaitre ? C'eft celle de 1' exiften- ce  35 U N I T é ce d'un Dieu qui a ordonnè les fieclcs* qui a crèéj Hebr. I: 2. toutes chofes de rien; qui nous a crèés, qui nous aime et que nous devons aimer. C'eft la foumisfion abfolue k fa volonté, et Pattente certaine du bonheur qui ne peut vcnir que de lui* L'Aporre prouve par plufieurs" exemples 1'effet falutaire dc cette conviction, qui eft une fuite de I'empire du eoeur fur Pefprit. 11 dit c'eft par la foi qu'Abel offrit a Dieuun plus excellent facrifice que fon frere. La vue des merveilles dontil etait environné, remplit le coeur d'Abel de reconnaisfance et d'amour envers Dieu; il crut aux promesfes de PEternel quoiqu'il n'en voïait pas Paccomplisfement. II crut que la femence promife, que le Mesfie,- delivrerait les hommes des mauvaifes fuites du pêché; et cette attente certaine lui donnait deja la jouisfance de la realité; il offrit a Dieu les premiers nés de fon troupeau, et eet emprefsement de reconnaisfance, cette foi qu'il mit dans les promesfes de Dieu * rendit fon offrande plus agreable que cellé de Cain, le quel n'attendant rien pour 1'avenir, ne mit dans fon facrifice que Ia froideur d'un coeur infenlible, que le calcul d'un efprit qui ne pouvant nier les bienfaits, dit au Bienfaiteur: puisque tu m'as donné tout, il eft jufte que je te rende quelque chofe. C'eft par la foi qu'Enoc fut tranfporté pour na point voir Ia mort. La vue des oeuvres de Dieu, ia jouisfance, de fes bienfaits,,convainquit Enoc de la verité des promesfes qui regardaient le bonheur avenir. L'attente certaine du jRedemp, teur,  DE DIEU. 2? teur, Ie rendit agreable a Dieu. L'eternel donna en lui une prcuve vifïble des effets de Ia foi; il montra que la mort du fidele n'a rien d'effrayant, qu'elle n'eft que 1'abandon de la depouille terrefte, qu'elle n'eft qu'un fommeil, dont nous fortirons pour être transmués, i Cor. XV: 51. L'Apotre augmente Ie nombre de ces exemples, jusqu'a les comparer avec celui des nuages qui forment la nuéc: mais avant de terminer cette_ multitude de preuves qui etablisfent une verité generale et indubitable, il nous montre dans notre texte Ia conclufion naturelle qui cn rcfulte: II dit, il eft imposfible d'êtrc agreable a Dieu fans la foi: il eft imposfible que 1'homme qui pousfe la temerité jusqu'a dire a Dieu , pourquoi fais tu cela ? rend moi compte de tes penfées, Rom. IX: 20. II eft imposfible que Ia creature qui veuri forcer le Createur a raifonner avec elle, Job XVI. lui foit agreable. L'intcrvalle immenfe qui fepare la creature du Createur; les bienfaits non merités et incomprehenfiblcs dont elle jouit, doivent lui temr lieu de vue dans ce qui regarde Pavenir; ils doivent lui inspirer cette vive confiance, que celui qui previent nos defirs pour le prefent, pourra ausfi ex,aucer les vocux qu'il a mis en nous pour Pavenir; ils doivent nous perfuader que celui qui a fait la promesfe eft 'puisfant pour 1'accompIirRom. IV: 21. II faut, dit I'Apotre, il faut que ceux qui viennent a Dieu, qui veulent être heureux en lui, croïent non feulement qu'il eft, car cette croïance eft même involontaire, elle leur eft com.mune avec les esprits impurs, Jac. Il: 19. mais lis  V N I T é. ils doivent fe penetrer du fentiment de leur foumisfion, ils doivent fe perfuader que celui qui a tout fait par fa puisfance, que celui qui leur a donné le fentiment de l'immortalité, eft ausii puisfant pour Ia leur rendre heureufe; lis doivent être perfuadés que celui qui les a chcrchés lorsqu'ils n'exiftaient pas, fe laisfera ausli trouver d'eux lorsqu'ils le cherchent, que celui qui les a tirés des abimes du neant, peut et veut ausfi lesconferuer dans la durée immenfe dc i'eternitè. Tel eft M. FR. le fondement de toutes nos vertus, 1'appui de notre bonheur, le feul moïen de disfiper les doutes, les inquietudes que nous donnent les tenebres dont notre avenir eft couvert. La foi en Dieu, la ferme perfuafion que celui dont nous ne pouvons pas nier 1'exiftcnce, qui eft le Createur de toutes chofes, qui nous a a'més avant de nous donner 1'être, nous aimcratoujours, qu'il agrèera nos efforts vcrtucux quoique faibles, et qu'en J. Chrift il conncra aux effets de fa bonté, dont notre corruption pourrait douter, la certitude des remunerations, ou des recompenfes promifes. C'eft-cette foi qui fait Penoncé du premier article du fimbole des Apotres, et c'eft a faire quelques reflexions fur les verités qu'il renferme que nous emploïerons notre prefent entre- t;en, Puisfe t-il coritribuer a affenhir cn nous cette certitude que nous avons en Dieu un Pere, dont la bonte et la fagesfe doivent nous raslurer dans tout ce qui regarde notre fört prefent et celui qui eft k venir! Puisüons r.cus, etant  de dieu. 3! erant environnés d'une fi grande nuée de temoins, rejetter Ie pêché qui nous enveloppe fi ailement, et pourfuivrc conftamment Ia courie qui nous eft propofée en J. Chrift; ainfi foit' II eft humiliant de voir qu'en parlant de verités ausfi importantes, que celle de la foi cn JJieu, on fe fon cru obligé dc repondre a des objoaipns fnvoles et etrangeres qui n'ont aucune liaifon avec la verité dont on parle. II eft Aumiiiant de voir qu'on s'cft cru obligé de fermer des doutes pour les empecher de s'elever, et de mettre, pour ainfi dire, d'avanccja jumiere de Ia verité, la oü 1'on prevoïait que les vapeurs des pasfions pourraient former quelque rmage qui empecherait les pelerins de fuivre leur route. C'eft fans doute a cette clasfe de difficultes etrangeres et capricieufes qu'appartient la reflexion que quelques uns ont faitc. Pourqum difentiis, les ehretiens cmploicnr ils Ie nombre fingulier dans la confesfion de leur foi ? pourquoi ceux qui font apris a prier notre Pere, ne dilent ils pas nous croions, au lieu de je crois ? II eft evident que dans le berceau de l'efflife la confesfion de foi devait être prononcée par umte, puisqu'e Ie precedait leBatême quinepouvait etre admmiftré fimultanèment que par unl te de perfonnes. Toute perfonne qu, receva t Ie Sacremeut devait preaiablement faire la promes! fe individuelle qui etait Ie refultat des iMruétl ons  83 V N I T é. ons qu'elle avait recues; elle devait asfurerqu'après avoir medité les verités de 1'Evangile, elle leconnaisfait la divinité de fon origine; que la ■voix du Fils de 1'homme avait été 1'echo de la voix de Dieu. Elle declarait qu'elle reconnaisfait la route que J. Chrift avait rracée , pour le chemin du falut. Cette declaration fuppofait un examen perfonnel, dont chacun rendait compte en fon particulier devant les hommes, comme chacun doit rendre compte de 1'emploi defestalens devant Dieu. Les auteurs de 1'hiftoiie des premiers fiecles dc 1'eglife nous informent de ce qui fe pratiquait dans ces occafions ; ils difent, que lorsque les cathechumenes fe prefentaient pour recevoir Ie Batême, 1'Evêque dcmandait a chacun en particulier: rcnoncez vous aux oeuvres de 1'iniquité ? croïez vous que J. Chrift eft le filsunique de Dieu ? et ce n'etaitqu'aprés que chacun avait declaré fa conviöion individuelle qu'ils etaient admis dans cette focieté de fideles, qui n'ofait fe prefenter devant le pere commun, qu'en melant aux voeux pour fon bonheur ceux du bonheur de fes freres, Nous ne trouvons pas que les apotres aïent exigé 1'aveu de 1'exiftence de Dieu, comme d'un dogïre inconnu jusqu'alors. Ils s'adresfaient a des païens ou a des juifs, or dans 1'un et dans 1'autre cas, ils n'avaicnt pas befoin d'infifter fur 1'exiftence de Dieu, parceque perfonne ne la niait. Les païens voïaient comme a 1'oeil, Rom. I, la puisfance de Dieu dans la creation du monde, et non contens d'adorer le Dieu qui les zvait crées, ils s'etaïent crèés eux mêmes une foule de Dieux fubalternes • ils avaient donné a ce  :>r- fous ce Dieu fouverain des miniftres qui fous fes or u,u 'cgid.cm ie mouvement del'univers. Nous en voïons une preuve dans les aöes des Apotres au XIV. Chap. Les habitans de Liftre voïant les miracles que les Apotres avaient operés, dilaient: les Dieux Tont defcendus vers nous: ils appellaat Barnabas Jupiter, et Paul Mercure; ils voulaient même leur porter des facrifices. £es Apotres n'entreprircnt pas de leur donner naee d un Dieu, mais feulement de redifier celle qu ils en avaient. Ils dirent, ce Dieu qui vous fait du b.en, qui vous donne des pluïes du «ei, et des failons fertilcs; ce Dieu qui vous donne Ia vie etlajoïe, n'eft pas femblable aux nommes ;vous ne devez pas adorer des mortels, " vo£? ^ vous convertir des chofes vai- rtnurZT VYarU' qui 3 fait Ie cieI et la terre , e toutes les chofes qui y font. Ainfi les païens £ avaient pas belojn d'être exhorrés de croire d%trZ r' P-!Squ Is croïaient en «ne infinité d etres fupeneurs aux hommes. II parait même que ceux qui fe diftinguaient dc Ia multitu- fè C nSn"^'fannc l'mhé de Dieu; du moins le Cjntemcr dcCefarèe, Aö. X. n'eft nas acr^f m*n&iï 11 craignaitun^rDlau ceftü dit, .1 failaitbeaucoup d'aumones au peuple et pnait Dieu continuellement. L'aveu queTÉnque fit a Philipe que J. Chrift etait Te Ris t Dieu, fupofe deja qu'il croïait de tou fon coeur que Dieu etait. L'Unité de Dien J aparemment parmis les païens^ un de^ S „S' tcs qu'on ne confiait qu'aux initiés Jop pas heurter de front les idéés d a 'm t "e qu. avait admis la Politheisme fe cri cudfi *ouver une preuve dans les actes 1% Ap° otl?  34 DN 1 T°é au 17 Chap. St. Paul etant au milieu de 1'areo-' page, dit aux Atheniens, je vous vois trop credules, rrop devots en toutes chofes, car en contemplant vos devotions, j'ai trouve un autel fur lequel etait ecrit au Dieu inconnu, et celui que vous honorez fans le connaitre, eft le Diau que je vous annonce,) Les Juifs ne niaient pas 1'exiltence d'un feul Dieu non plus; et auraient ils pu pousfer 1'endurc'sfement, jusqu'a meconnaitre les notions communes aux Idolatres, jusqu'a oublier les evenemens arrivés au milieu d'eux, et de leurs ancetres, et a nier que 1'Eternel eft le feul Dieu, Deut. IV. qu'ils ne devaient point avoir d'autre Dieu devant fa face, Deut. VI. II etait donc inutile que les Apotres prechasfent 1'exiftence d'un Dieu que perfonne ne revoquait en doute. Et certes M. FR. qu'aurait pu la refonnance des vaisfeaux deterre, qu'aurait elle pu ajouter de perfuafif a la voix irrefiltible de 1'imperfeöion dc toutes les chofes, a celle de la grandeur, de la variété, de 1'ordre et de i'harmonie de eet univers, a celle dc 1'accro'sfement des plantes, de la fagacitè des animaux, de la ftructure du corps, des facultés et de 1'activité de 1'ame humaine, et a celle de la confeience de tous les hommes dont les fuffrages fe reunisfaient pour proscrire le fou qui aurait ofé dire ouvertement, il n'y a point de Dieu, quand même il aurait fouhaité dans fon coeur qu'il n'y en eut point ? Mais dira t-on, pourquoi les ehretiens ont ïïs trouvé necesfaire de mettre a Ia tète de leur con-  • e dieu. confesfion de foi, I'aveu d'une verité dont Ie ™Lr!f ait-et? ™ crime caPital même chez les peuples qui n'avafent point de revelation' ou pour parler avec Pecriture, Jaques H: i pourquot les ehretiens fe font ils crus obligé de fe demander I'aveu d'une verité que li Diab e croit lm même? Oui M. FR. c'eft dans le feit de Peghfe que font éclofes ces herefies, ces er" SJelS' d°f f°rCe 'CS defCnfeurs de I» verité" IaPtê e dne n0t'IOnS commune^ et a mettre k avofar dne, vfltesrevelées, celle que Ia nature avouait, qui devait être la fource et qui devait fervirdebafeauxautres. II en eft de la veritéiï ru ee^!anLdreSer5eCeS' COmme de i ™£ on ne peur Ir T dC r°UteS ,es autres vale"rs' ix eft anl L L - Ve,U- pas les detruire, mais ii eit aile de les contrefaire, parceque les hommes ne connaisfentpas asfez toutefles qualkés pec.fiqucs de Por, pour les diftinguer k lavue res ^JlTrr r ^ ftns eonlrat res, qui ie rephe k fon gré, trouve tou jours le moten de les alterer. C'eft ainfi que es me! Sés'de PEclf dC 7^ kurs en-eurs aux vepafuïmcnS T'' l6S fai^Ies qui "'auraient pas iu mettre ces erreurs k 1'epreuve les au ra.ent facilcment pu prendre pouffianeage dê luneitcs des notions pofitives, qu'on a tronv^ necesfaire de mettre k la tête des verité reve M u»e v,erité naturelle; elle leur tién 1 eu du" rWr" ^erain qui les fit ferïer! elleleur tient heu d'micriptions, de ces caraöères Jaran 's par Ia foi pubiique qui rendent1« aheraS h non imposfibles, du moins trés difficiles C 3 Vafcf  36* v n i t è Voici M. FR., voici les erreurs qui ont rendfl nccesfaire I'aveu partiel d'une verité que pcribnne ne rgvoquait en doute en entier. P'arrrii les païens, il y avait des foi-difants philofophes, ou amis de la' fagesfe, qui non contents d'aftermir leurs concitoïens dans la conviêtion de 1'exiilence d'un Dieu inconiprehenfible, entreprircnt de fonder les mifteres de eet être infini; de remonter jusqu'a 1'origine du monde et de toutes les chofes crèés. Ils avouaient que Dieu avait exifté dans les profondeurs de 1'eternité, que les expresfions du langage des hommes ne repondaient pas k la grandeur des idees qu'on devait en avoir, ni les idéés k la grandeur du fujet. C'etait asfez dire, pour faire comprendre la necesfité du filence refpectueux dans tout ce qui regarde Pêtre parfait; mais comme I'aveu de 1'ignorance coute k 1'amour propre, ils fe crurént obligés d'en dire quelque chofeau desfus de la conception du vulgaire, Ils avaient avancé que de toute eternité Dieu avait refolu de former l.'univers fuivant un modele toujours prefent a fes yeux, femblable k celui que concoft un architecte lorsqu'il convertit des mater'aux grosfiers en un edifice fimetrique, Us nommaient cc plan le monde intelleêtuel, dont le monde vifible etait la copie. Or comme Dieu ne eoncoit rien que de réel, ils difaient que Ie nionde, avait été crèé de toute eternité ou qu'il avait été formé par des efprits, des Dieux fubalternes que le fouverain des Dieux avait chargés de 1'execution de ce desfein, Us difaient que tout ce qui eft bien dans ce monde _derive du Dieu fuperieur, et que tout ce qui eft mal derive des defauts inherents k lamatiere, en  DE DIEU» 37 ou des defatits des Dieux fecondaires, des efprits fubalternes qui 1'avaient arrangée. Peu après 1'etablisfement du Chriftianisme * il fe trouva des infenfés qui entreprirent d'allier ces conjeöures hafardées avec les verités poti ves de 1'evangile. Us foutenaient ausfi que Ie principe impur, que 1'esprit fubalterne avait crèé le monde materieh Us etablisfaient ausfi detp principes des chofes, c'eft adire, deux Dieux, lm bon et un mauvais, un la fource du bien, et Pautrc 1'originc du mal. On croit que cette ièftc tire fon origine de Simon le magicien dont il efi parle dans les acfes des Apotres, ou qu'il ait cte le premier qui a voulu modifier 1'evangile felon les idéés de la philofophiepaïene, Ses adherents pnrent dans la fuite plufieurs noms; a me-, iure qu'ils etaient battus par la verité fous un cnei, ils ie rangaient fous les etendarts d'un autre, dans 1'espoir qu'ajoutant fes fophismes, fes opmions a celles de fes predecesfeurs, ils auraient plus de fticces; Us furent apellés tantót, comme quelques uns pretendent, Nicoiaites, dont il eft ausfi fait mention dans les ecritures' tantót Guoftiques, Ebionites, Cerinthiens et Marcionites. C'etait toujours des anciennes erreurs qu'on faifait revivre, avec les alterations infeparabies du defir d'innover qui eft fi propre a tous les feöaire*. Tout les heretiques dit un Pere dc 1'Eglife, tous les heretiques, quelques differents que fój'ent leurs noms, quelques eloignés que foïent les païs d'ou ils viennent, n'enfeignent pourtant qu'une erreur, qui eft celle de falfifier les idéés que nous devons avoir de Dieu, de fes perfeciions et de la crèation de toutes cWes. I • C 3 der-  3* U N I T é dernier nom qu'ils ont.porté comme formants une feéte dans le fein de 1'egliie, a été celui dc manicheins. Le Pere de 1'Eglife Auguftin qui avait été dans cette feête fut celui qui les a conv battus après avec le plus de force; et cela n'eft pas furprenant; car il eft aifé de vaincre un ennemi dont on connait d'avance tout lefaible: II eft plus aifé de combattre des erreurs qu'on a epuifé foi même, dont on a été la viétime et dont on a fenti toute 1'abfurdité. T elle eft 1'erreur dont on a voulu arreter la contagion en mettant a la tête du fimbole des Apotres une verité connue de tout le monde, qui avait étè alterée par le malheureux alliage avec les menibnges des illufions et de 1'ignorancs des hommes. Cet article contient donc plustot I'aveu de 1'unité de Dieu, que celui de fon exiftence. tC'eft fans doute pour cette raifon qu'on 1'exprimait toujours dans les Simboles des anciennes eglifes par ces termes: je crois en mi feul Dieu, C'eft fans doute ausfi pour cette raifon, que les premiers apologiftes du Chriftianisme emploient tant de zele pour juftifier 1'eglife des inculpations de politheisme dont les adverlaires la chargaient. Ils difent nous n'admettons pas la pluralité des Dieux, et s'il y a parmi nous quelques uns qui alterent le fens des expresfions de nos mifteres, jusqu'a nous faire pasfer pour idolatres, ces prevarications individuelies ne doivent pas être mifes fur le compte de 1'egliiè; car a cet egard elle n'a recu des Apotres d'autre dogme, que celui qui fait la bafe de la Religioa naturelle, que celui qui etait le fondement de 1'ancienne alliance, favoir que 1'cternei notre Dieu eft le feul eternel , Exod. XX: 3. Nous m  de dieu. ne reconnaitfons qu'un feul Dieu qui eft Ie Pere duqncl proccdcnt toutes chofes, i Cor. VIII: 5. C-eft a cette unité de principe de tout ce qui eft crèe que fe raportent les attributs de Dieu enoncès dans la fuite de cet art'cie. Je crois en Dieu le pere tout puisfant, createur du ciel et de la terre. II a fallu fpecificer les erreurs pour les mieux combattre. II a fallu multiplier les remedes avec les maux. Ces infenfès qui violaient les boines de l'inteiligencehumaine, pour envahir le fanctuaire du Dieu ineomprehenfible, difaient quMs admettaient un Dieu infirjij mais felon eux le travail qui d'ordinaire entra'ne 1'idèe de ia peine chez les hommes, etait incompatibie avec Ia perfeftion, ils croiaïent qu'un etre parfait devait toujours être en repos. C'eft par une fuite de cette idéé qu'ils attribuaient a un Dieu iubalteme Ie pouvoir de crèer Ie monde, et 1'origine du mal. Us attribuaknt a un Dieu fecondaiie le foin d'cxercer Ia boné, a un autre celui de la juftice, a uri tro'fitme celui de Ia pu.'sfimcc, et ainfi l.q fuite. Il eft apparent qu'ils adapta^enr k cc fifteme ;b;urde quelques expreslicns m fterieufes de 1'< cr'ture, out cn park nt de j. Chrift, Je nrmme le premier né d'entre les creaturcs, le fils um'que de Dieu la parole par qui toutes chofes ont été fakes* Jean. I. et Col. I: 13. II eft aparent qu'ÏIs ava! icnt pousfé 1'illufi n ou la fraude jusqu'a vouIot prouver ces abiurdités par 1'evangile. C'eft: pour nous aveftir qu'elles ne s'y rrouvatent p s qu'il a été neccsfaire, de faire des notfons que la railon et Pecritme rous donnent de DieC 4 * ** et  4© U N I T é et de fes attriburs, d'en faire Ie premier artieltf du fimbole de foi des Chretiens. Voici donc le fens que nous devons lui attribuer apres 1'expofé des circonftances qui ontneceslité fa prononciation. Toute perfonne qui fe prefentait pour être re9ue dans 1'egf fe, pour en recevoir le Bateme et 1'euchariftie en fignes de la nouvelle alliance, ehaque neophite devait declarer qu'il avait examiné le contenu de 1'ecrïture, qu'il 1'avait comparé avec les hipothcfes, avec les conjeclures des hommes, et qu'ii ne les trouvait pas puifées dans cette fource pure. II" renonc^ait k ces erreurs et il declarait qu'en tout cc qui regardait la foi, la vertu, fon fort prefent et celui qui eft k venir, il fe tenait a ce que 1'efprit de Dieu avait enfeigné par les Apotres. II promettait de ne reconnaitre qu'un ieul Dieu, que ce Dieu unique etait le feul tout puisfant, que la puisfance n'etait pas oïfive en lui, qu'elle etait toujours en aóiivité, et qu'en confequence de cette activité inaccesfible k la peine, il 1'adorait comme 1'auteur de notre redemption; comme le pere, Ie bienfaiteur de tous les hommes; comme celui qui a toutes les creatures fons la main, qui conduit et dirige toutes chofes par fa providence. Comme le pere, Eph. IV: 6. de tous, qui eft prefent avee tous, qui eft en nous tous, qui nos aime dans cette vie comme fes enfans, et qui recompenfera notre fidelité, notre amour filial par une adoption eternelle en J. Chrift. Unité de Dieu, Unité de Createur, Ünité de providence, Unité d'attributs divins, Unité de redemtion, Uniré de foi, voila I'aveu que ce premier arücle renferme J Oa  BE DIEU. 4r On dirait fans doute qu'apres des indices il ciairs, qu'après avoir placé prés de chaque fentier tortueux qui borne la route de la verité des mains qui avertisfent des precipices par des infcriptions ineffacables; on dirait que les hommes et furtout les Chretiens n'auraient pas du s'egarer de nouveau ? on pourrait dire avec 1'ecriture Eph. V: 8. comment les Chretiens etant devenus lumiere au Seigneur ont ils pu retourner dans les tenebres ? Oui M. FR. nous ne pouvons que gemir a la vue des faiblesfes de notre clpece: comme des perfonnes nées aveugles, les hommes ne peuvent pas foutenir tout d'un coup Peclat de la verite: elle a lui par 1'evangile comme un éclair au milieu des tenèbres, les faibles yeux en ont été eblouis, ils ont cherchè de modifier fa fplendeur a leur vue, et ils font retournés fi non dans les tenebres, du moins dans des ombres tres opaques. Et a quoi attribuerons nous la cauie de ces falfifications abfurdes de Ia verité, dont I'eglife chretienne s'eft rendu coupable, fi ce n'eft k la faiblesfe de fa vue» qui ne pouvait fuporter l'eclat de la verité! Elle n'a pas pu approcher de ce buisfon ardent qui ne fe confumait point, Exod. II. Le peuple regrettait les idoles qui Ie mettaient en paix avec fes pasfions; il voulait retourner en Egipte, Exod. XIV. Les moïfes qui faifaient des prodiges avaient difparu: ceux qui leur avaient fuccedés n'etaient peut être pas eux mêmes exempts de 1'erreur commune, ils melaient peut être des vues humaines dans les fonctions de leur miniftere. Semblabes aux pafteurs interesfés et timides ils ont fait du bruit pour eloigner de leurs troupeaux les bêtes feroces, mais ce C 4 bruit  42 U N I T é. bruit etait fi violent, peut être fi disharmonieus que les troupeaux ont pris eux même 1'epouvante, ils n'ont pas vu le lieu ou ils devaient s'arreter pour être en fureté, ils fe font enfoncés dans d'autres labirinthes, ou ils ont trouvés les mêmes perils, qui par un preftige de 1'imagination qui fagonne tout k fon gré, n'avaient fait que changer de nom, qui n'avaient fait que changer d'apparence pour ne plus infp'rer la frayeur. Oui M. FR. ce font les Chretiens qui ont arraché Mercure de fon temple pour y placer Paul, qui ont renverfé Jupitér pour placer Barnabas fur fon tröne. Ce font les Chretiens qui ont alteré ces notions naturelles de l'unité du principe Createur, confcrvateur et fauveur de tout, qui ont etablis des mediateurs fecondaires, qui fe font adresfés par des facrifices k des êtres faibles et mortels comme eux; qui ont abandonné D'eu, la fource des eaux vives, pour fe creufer de citernes qui ne contiennent point d'eau. . La lumiere divine qufa lui de nouveau fur les Chretiens, 1'epuration de ces erreurs, ou la regeneration de la Doctrine Chretienne eft donc fans doute la verité que nous avouons, que nous promettons de defendre er de conierver dans notre eglifc, par 1'enoncé du premier article du fimbole des Apotres. Voici donc M. FR. voic: les verités qu'il renferme pour nous. Nous declarons que nous nous] fommes ifolés fi j'ofe m'exprmer arnfi, pour mediter ce que la railon et la confc cnce nous cnfeignent touchant 1'être fuprème, touchant Por  DE DIEU. 4i rïgine, la 'confervation et la redemption du monde, que nous avons comparé ces notions claires et primitives avec celles que nous en donne 1'ecriture, et que le relultat de nos recherches a étë la conviftion qu'il n'exifte qu'un Dieu, que ce Dieu eft le feul tout puisfant, le feul qui a crèé Ie monde, le feul qui vcut et peut nous fauver en J. Chrift; le feul qui a foin de nous par fa providence; le feul qui veut nous rendre heureux ici bas; et qui a cette bonne volonté ajoute le pouvoir de nous rendre heureux dans 1'eternité. La fection fuivante de notre Cathcchisme nous fournira dans une autre occalion le fujet d'expofer un peu plus en detail le Dogme de Ia Providence que cet article renferme. Et ferait il necesfaire M. FR. ferait il befoin avant de finir ce difcours, de s'arreter ici pour vous indiquer la confenuence naturelle qui refulte de cette conviction, de I'exïftence d'un feul Dieu, posfedant toutes les perfecn'onsl Non M. FR. rentrez en vous mêmes, et vous entendrez retentir bien plus evidemment que nous pourions vous le dire de ces chaires facrées, vous entendrez retentir au fond de vos confeiences Ia reponfe infaillible qui doit vous fervir de guide. Elle vous ordonnera d'aimer ce Dieu bon qui eft votre pere; elle vous dira d'attendre avec foi, les remunerations eternelles qui fe voïent comme a 1'oeil dans les biens que Dieu vous accorde ici bas. Elle vous dira que vos fcmblables font vos freres, que vous devez renoncer a ces idéés de folitude, d'egoïsme et d'interet perfonnel; que vous devez pardon-  44 V N I T ê donner a eeux qui vous offenfent, que vous devez prier notre pere et non mon pere. Elle vous dira que vous devez asfujettir les pasfions qui comme des idoles vous eloignent du vrai Dieu, que vous. devez vous contentcr de ne voir ici qu'en partie, que vous devez vous reiigner a fa volonté fainte, et que joienant a la lumiere de la nature le flambeau de la revelation, nous devons rehoncer aux mauvaifes convoitifes, vivre fobrement, juftement et religieufement dans ce monde, dans 1'attente de la bienheureufe cfperance, et de 1'apparition dü grand Dieu et faüveur J. Chrift, qui s'eft dönné pour nous, afin de nous racbeter, de nous purifier, pour lui être un peuple propre et adonné aux bonnes oeuvres, Tit- II: 12.- Puisfe M. FR. puisfe cette foi falutaire höus determiner a fuivre, conftamment notre courfe*, afin que verifiant notre foi par nos oeuvres, nous eprouvions la verité de cette notion claire et infeparable d'une conduite vertucufc,' que Dieu eft, et qu'il recompenfe dans le tems et dans 1'eternité ceux qui le cherchent. Ainfi foitl III.  in. b i s c o ifn s; Unitè de Providence. premier Article du Simbole, 3  T E X T E. Aftes des Apotres, chap. XVII. verfits 26, 27, 28. // a fait d'un feul fang tout le genre humam , pour haHi&r fur iomg l'étendue de laHerre; aiant dêterminè les faifons qu'il avait auparavant ordonnées et les hornes de leur habitation. Afin qu'ils cherchent le Seigneur, pour voir s'ils pourj-aiem en quelque for-te le trouver en tatonnant; quoiqu'il ne foit pas lom d'un chacun de nous. Car par lui nous avons la vie, le mouvement et l'ètre felon que quelques-uns même de vos poet es ont dit; car ausfi nous fommes fa race. Seaion 4 du Catechisme  SS. T. C. FR. EN J. CHRISTl Xvc but du difcours que St. Paul prononca dans I'Areopage, ou dans la cour de Juftice d'Athencs, et dont notre texte fait partie, eft cvidemment celui de rectifier les idèes que le peupie avoit de 1'etre fupreme, et celles qu'il avait de fon influence fur ie gouvernement du monde, ou fur la confervation de toutes chofes. L'Evangelifte St. Luc ne nous donne pas le detail des entretiens que Paul eut avec les devots des Juifs, ni de ceux qu'il eut avec Icsphilofophes Stoicicns, ni avec les Epicuriens dont il eft parlé dans les verfets precedents de ce chapitre. II a fans doute trouvé inutile de nous transmettre les evafions toujours uniformes de 1'hipocrifie, les fophismes inintelligibles, les abfurd'ités que 1'imagination enfante lorsque la raifon eft entrainée par elle hors de fafphere. II a trouvè inutile de nous transmettre des opinïonsjabftraites des foidifants favants.qui d'ordinaire commencentparnepas s'entendre etfinisfent par s'aigrir. II lui echappe pourtant un trait, qui peint exactement les ecarts de tous ceux qui adoptent un fifteme pretendu fcientifique, dans 1'icjée de le foutenir; c'eft que lorsqu'ils ne peuvent pas refuter les argumens de ce -mi eft <#ntraire a Popinion dont ils fe font entetés, loin  4« ÜNITé loin d'en revenir fur leur pas, ils font femblant de meprifer les raifonnements de leurs adverfaires, ils traitent leurs discours quelques evident* qu'ils puisfent être; ils les traitent de bavardifes, ils fe difcnt vs. 18. avec fierté, que veut dire ce babillard ? m L'Apotre St. Paul fut conduit dans une place publique, qui dechue( de fa première deftinati«n etait alors Ie rendes-vous de tous les curieux. Lk il ne commenga pas par rendre compte des «ntretiens qu'il avait eus avec les pbilofophes qui 1'acïcompagnaient: k 1'inutilité de la refutaiion de leurs fiflemes inintelligibles fe joignit fans doute cette idee fi fouvent confirmée par 3'experience, qu'il eft inutile, qu'il eft même -dangereux quelques fojs dé traVailler a rendre fages, ceux qui s'imaginent deja 1'être. II s'addresfa au peuple, k une multitude qui ïie cherchait qu'k fatisfaire une curiofité frivole , et perfuadé qu'il n'y avait d'autre moïen de toucher leur coeur, que celui de plaire kleursoreilles, il commenca par faire leur eloge, il dit: O Atheniens! j'ai contemplë vos devotions, et loin de vous accufer d'impieté, loin de vous aceufer de negliger le fervice de la divinité, je vois que vous en avez trop augmentè le nombre. — Vous avèz une quantité d'êtres dont vous fixés pour amfi dire les departemens dans la regie de 1'un'vers. Vous aves une quantité de Dieux que vous croïez connaitre, et vous n'avez qu'un temple dedié au Dieu fouverain que vous ne connaisfez pas, et dont pourtant felon Votre fifteme les autres dependent. C'eft celui  DHPROVIDENCI. Ia que je vous annonce, je vous dis qu'il eft ie feul qui merite votre adoratiom II parait que les motifs que les Idolatres ft» ^T?^-'3115 l6Ur cl^ereligeL aTen pilS tót ete dictes par la crainte des maux, que Mf Ia reconnaisfance des bienfaits; d J 5 ce qu'on cro.t avoir obfcrvé dans les aftedu culte reiigieux des peuples fauvages qu'on a eu occafion d examiner depuis. tin qüe la na ture difent les obfervateurs, fui un co rs re^~ Her et uniforme dans fes operatieve hom" mes jomsfent dc fes bienfaits fans fe mettre ea peine de leur caufe: mais elle ne S?cnnl pas plustót, qu'ils en font etonnés, k £» comme nous n'aprecions la fanté, que Juand nous fommes malades. Lorsqu'ils voTent des evencments finguliers, ils cn cherchenUes ral fons avec bcaucoup de curioiité; leTlmLde ment ne peut pas les penetrer, mais I'S£' non qui eft une faculté plus arden te et PK r" die decde fans henter: elle attribue les elenT ments extraordinaires a des êtres inviffbles Tui on de I'mfluence fur la nature, et qu font cn colere. I s entendent le tonnèi'e, la oZeS les tremblements dc terre, Jes caJamfr^ gif,-*" ques, ils en font epouvanté? e ? g 'chercfent d'appaifer Jes êtres invilibles qui les produifen pela vient que presque toutes les coutumës e Iigieufes des peuples idolatres ont pour oh jet da fe garantir des maux que 1'homme fouörc - "elk les facnfices pour appaifer les Dieux, et S! amulcttes ou ces charmes qu'ils croïaient avoir JouS^rrntir des ^ *b D M  £0 V N I T é La poëfie a peut être été la pr nrere branche de litterature qu'on a cultivée après avoir perfeclionné en quelque forte le langagc. Or 1'imagination etant fon Domaine, il n'eft pas furprenant que les Poëtes aïcnt embelli fes fanta-ifies par Ie charme du Iangage, et qu'ils aïcnt cherché dans Ie ciel 1'origine des chofes qu'on ignorait fur la terre. Us avaient imaginc des theogonies ou des genealogies des Dieux, et ils avaient peuplé le ciel d'une quantité d'êtres tout a fait fomblables aux hommes en pasfions et en opofitions d'interets. Us difaient que les divmités bicnfaifantes etoient difpofées par leur nature a bien faire, et que le foin des hommes devait feulement fe borner a detourner Ie courroux das autres par des vicfimes. II eft cependant apparenr. qu'il s'en trouvait parmi eux, quelques uns qui s'ctaient plus approchés de Ia verité dans leurs ficlions, et qui avaient dumoins fait entrevoir que la pluralité des Dieux n'etait, qu'une fable, qu'il n'y avait qu'un feul Dieu, dont Jes hommes etaient la race ou 1'ouvrage. L'Apotre en cite un, dont 1'autorité venait comme a 1'appui de ce qu'il leur difait. II montre encore une fois, Tit. I: 12. la connaisfance qu'il avait des fciences humaines, et le profit qu'il pouvaït en tirer pour combattre les erreurs, lorsqu'il cite un prophéte païenou unorateur fatidique pour reprocher aux Cretois Ia disfolution de leurs moeurs. Quoiqu'il cn foit M. FR. I'Apotre combat ici ces erreurs comunes touchant Ia providence, foit qu'on les cnvifage comme le fruit de 1'imagination extravagante des Poëtes, ou comme une fuite des ccarts de la raifon or-,. gueil-  SB PROVIDENCE. gt «ueillcufe des PhiJofophes. II dit aimez Dieu pour fes bienfairs, et ne craigr.ez pas le courroux des divinirés fubalterncs, car il n'y en a point. Ce Dieu que vous Bommcz j Df • connu, eft le feul que vous devez l cnorer, fSHr11 f rC kül. qui a Mt Ie monde, et toutes les chofes qui y font. II eft le feul qui D c v Sn f •tCmpieS quc vous confacrez aux Dieux fecondarres, comme pour leur fixer une refidence exclufive. U eft Je feul qui n'a t Paf II e°ftn,ed?b^Cr:fi-Ce%PUfsque t0Ur lu; aP^ent II eft ie leul qui, a ftit iortir d'une feule fiVe d'un feul lang tout le genre humain, Je ilul qu. a foin de vous par fa providence, qui de ermme les faifons, qui eft prés de vous,^üc vous feurpuiTcS^"5 t0Ut CC qui ^' WSTI icui qui a Cree, qui gouverne et entretient Ie monde, qui envoïe Ia pluïe et Ja feche e eles grèles, les tempetes et Ie beau temps, la férti un mot, IJ eft ie feul qui a toutes chofes fous fes ordres, et qu. un jour jugera en juftice e monde un.verlel, qui un jour otera Ie bandeau qu. couvre maintenant votre vue, qu vous fera voir ce que vous ne fakes ici quê toucher qui vous developpera un jour le miftere de ia S demption que je vous annonce. Telles font: M. FR. telles font les müÓDs aim Pecmure et Ia raifon nous donnenr, toucJ, n?Ie fom que Dieu prend, pour Je gouvernemenIta conlervation du monde qu'ilaTréé eII"fe trouvent renfermées dans I'enoncé da niS «mclc du fimbole, eücs moS^BSSi D2 }k  g'i Ü N I T é lafeconde partie, et c'eft 'a faire quelques refiexions fur la verité qu'il etablit et fur les erreurs qu'il tend a detruire relativement a la providence que nous emploïerons notre prefent en? tretien. Puisfe t-il M. FR. puisfe t-il contribuer a raf*finer en nous ce tacf, qui nous fait toucher l'être fuprême fous 1'enveloppe de tout ce que nous arrivé: afin qu'adorant ce Dieu invifiblc, nous renoncions aux oeuvres de 1'iniquité pouif nous adonner a la juftice! — ainfi lo^t! On dira peut être pourquoi les auteurs du fimbole des Apotres, pourquoi n'ont ils pas fait d'une verité ausfi importante, que l'eft celle de la providence de Dieu, un article feparé? pourquoi ont ils compris dans la foi en un Dieu createur celle d'un Dieu confervateur ? -— M. FR. independamment de la liaifon indisfcluble qu'a 1'idée d'un Dieu qui a crèé touteschofés, avec celle d'un Dieu qui doit gouverlier et cohferver des chofes incapable's de fe conferver elle mêmes: independament de cette liaifon, la ,caufe de cette, finerefe fe trouve dans la denomination de-pere, dans le fens qu'a le terme grec, qui eft rendu dans notre langue •Stf celui de.tout-puisfant, et dans lanatare des  »EPR»VIDENCE. £3 erreurs que les premiers defenfeurs de Ia verité avaient k combattre. Les Apotres qui s'addresfaient a Ia multitude, n avaient pas befoin d'infiiter fur la necesfiïv;„n» Providence en general, paree que perionne ne a revoquait en doute. II n'y avait perfonnc alors qui niait Ia necesfité d'une influence etrangere aux chofes vilibles; mais on la dcrogeait a I'etre fupreme pour 1'attribuer a des enploicsfubalterncs. Le peuple toujours creflule avait adopte autant de providences parti»tt?S: q,u 11 y avait de c'asnfications de erel dcvenfmcnts; ou chaque chofe etait prefidee par un divmité particuliere qui felon Pi- commcTf,1"0 aVaTt ^ CaPrices' « f« defauts comme les hommes. Ceux qui fe difaient dIus thes, ils foutenaient I'etcrnité dc Ia matiere Ia necesfité d'un deffln abfolu, ou Iorsqu's voufcuent fe rendre Intelligibles a leurs contemporains ris imitaient ausfi le langage duvulgairc.ils dtfaient fans fC mdait que des ^ndes chofes, lans ie mettre en pemc des petites, qu'il faifait Z SC .lvr arrangent les grandes affaires aans leur C.:b,net, et Iaisfent le foin des autrei a leurs fatrapes ou a leurs minifires. U ne s'agisfait donc alors que de reöifier re* erreurs, , ne s'agisfait que de reduire e nom bre des Dieux h cette Unité, qui rcfufte nerT fairement de I'idée des nerfeft\Ll ■ « • CS~ d'eteudre la providencePd4 dIL^V' * «holes. II fuffiifaitaux Apöttes^dSrrl con-  S'4 U H I T é' contemporains: 1'idolc n'eft rien au monde, c'eft Dieu qui a eompté jusqu'aux cheveux de vos testes, c'eft lui qui opere toutes chofes en tous. Mais bientöt après 1'etablislèment du Chriftianisme, il y eut desülenfès qui entreprirent de modificr ces chimères païenne:, et delesrendre conformesa 1'evangile, ou de chercher dans 1'evangile les ralfons de les fouten r. On ne peut lire fans humiliation 1'hiftoire des abfurdités que des foidifants Chretiens ont produites, et la manière tout ausfi abfurde dont ils ont taché de les aller avec la doctrine fimple de 1'evangile. Par exemple le nombre de trente et celui de fept fe trouvent fouvcnt dans 1'ecriture: cherchant du mistere la ou il n'y en a point, ces fanatiques s'ctaient formée une ctenduc qu'ils nommaient pleroma, plenitude, ou ils avaient placée trente aeons, divinités fubalternes, de different Sexe, qui avaient crèé ce monde, es qui le gouvernaient. Tantöt ils difaient le monde crèè par fept anges, ou fept efprits qui etaient chargés du foin de le conferver. C'etaient des branches du paganisme, entées fur 1'arbre de 1'e.vangilc. Les peres des premiers ficcles de 1'cglife n'avaient qu'a t ach er de les elaguer; de purifier 1'air de ces exhalaifons imei-irtrieres dont les idoles des païens 1'avaient infecté, lorsqu'elles furent detruites par les Apotres. I Ils n'avaient qu'a prouver que le feul Dieu qui a crèé le monde eft ausfi le feul qui le gouverne.' Or cette preuve fe trouve dans la denómination de pere, et dans celle de tout-puisfant qui lui eft attribuée dans cet article. Et en effet, 1'idée de la paternité n'entrainej»elle pas celle d'une bienfailance foutenue ? eft U  DE PROVIDENCE. ilposfible dc s'imaginer un pere qui negligé, qui dedaignc de s'imeresfer au fort dc fes enfants ? non M. FR. cette denomination feule exprime la creation et la providence apartenantes exclulivement a Dieu. Cependant on y a ajouté un terme qui eft rendu dans notre langue par celui de tout-puisfant et qui dans la langue des grecs exprime toutes les idees propres a preferver les Chretiens de la contagion qui infeétait alors 1'eelifc. II renferme 1'idée de pouvoir infmi, celle d'une aaivité contmuclle et celle d'une prefence fans borncs. t Les auteurs des prenfers ficcles de 1'crc chretienne, nous ont transmis ie fens que tout le monde attachaït alors a ce terme; iis difent: Lorsque vous nommez Dieu tout puisfant, ne croïez vous pas qu'il ait le pouvoir dc'crèer le monde de rièn, fans Pinten ention desanges, qui font fes Creatures comme nous? lorsque vous nommez Dieu tout puisfant, n'entendez vous pas par Ia qu'il gouvernc tout par lui même? ne croïez vous pas qu'il cmbrasfe tout le contour du ciel et dc la terre, et qu'il eft prefent par tout? Cette triple fignifïcation qui fans doute etait alors üfuelle, refute feule Ia tripje jerreur dans laquclie fê partaaeaint les feclaircs. Elle montre Pabfurdité de ceux qui en nommant Dieu tout puisfant, foutcna:cnt que le pouvoir dc crècr le monde de rien apartcnaient aux ariges, ou aux divinités fï.balternes qui n'eta?ent pas toutes puisfantes. Elle montre Pabfurdité de ceux qui dïfaient qu'un être tout-puisfant U qui rien ne coutc, doive être oiiif. Elle dit que  5$ U N I T é Pactivïté eft pour lui le repos, que quand même Dieu emploierait des elprits pour gouverner 3e monde, ces efprits etant felon 1'idée commune, opofés les uns aux autres, devaient necesfairement rccourir a lui pour prevenir la deftruöion qui ferait refultée de 1'opcfition de leurs interets. Elle dement ceux qui en nommant Dieu tout-puisfant, ie confinaient dans un fejour imaginaire, comme pour y faire fa refidence excluflve. Elle dit que celui qui peut tout, qui dirige tout, doit ausfi porter fes regards fur tout, et être prefent partout. II eft aparent que les juifs n'avaient pas fu fe preferver de ces erreurs, mèlgré les notions iimplesietfublimes qu'ils avaient récues dc 1'être fupreme. Us avaient etabli une theologie mifterieufe nommèe cabale, ou il eft probable que quelques unes de ces abfurdités fe trouvaient. Du -moins trouvons nous dans le vieux teftament et furtout dans la prophetie d'Eftie au 40 Chap. un pasfage qui tend evidemment a combattre des erreurs de cette nature. Le prophete y dit: qui a rasfemblé toute la pousfiere de la terre dans un boisfeau ? qui a pefé au crochet les montagnes, et les coteaux a la baiance? c'eft Dieu qui eft asfis au desfus du globe de la terre, eta qui fes habitans font comme des fauterelles; c'eft lui qui etend les cieux comme une courtine, c'eft lui qui ne fe lasfe point etne fe travaille point. Les opinions erronne'es de quelques Chretiens, aïant obligés les vrais fideles de compofer cet ^xtrait fommaire de 1'ecriture que nous nom- mems  »E PROVIDENCE. mons fimbole, pour en arretcr la contagion, il n'c raitpas necesfairede multiplier lenombre des articles, il fuffi fait.de 1'adapter auxbefoins du tcms: or comme les hommes n'avaient beibin alors que de connaitre et de fixer 1'objet de leur confiance, il fuffifait de developper clairement 1'idée du vrai Dieu, pour disfiper toutes les terreurs qu'infpirait 1'idée du pouvoir fubalterne des Demons. Ils n'avaient au fond qu'un erreur k combattre, c'etait de convaincre qu'un Dieu tout puisfant ne póuvait pas fe repofer du foin du gouvernement et de la confervation du monde^, fur des êtres fubalternes qui avaient eux mêmes befoin d'être confervés et gouvernés; leur influence devenait nulle dès qu'on etait coinvaincu que Dieu operait tout, et qu'il etait prefent partout. Cependant M. FR. ii elf humiliant de voir combien il efl; dificile de corriger notre efpece combien il eft dificile d'arreter les hommes après les avoir mis en mouvement; il en eft des revolutions des idéés, commes des revolutions qui fe font dans 1'etat poiitique du monde. Elles font quelques fois faciles, parceque les gouvernements font comme les edifices, qu'un orage ou la vetuftè peut faire tomber. II nefaut qu'un effort pour foulever le peuple, pour flatter les deux pasfions qu'il eft le plus facile d'eveiller dans les hommes, I'amour propre et 1'efperance, il faut lui promettre des foulagements d'une part et des ameliorationsde 1'autrc et 1'on eft presque fur de reusfir; mais aprés la revolution faite, il eft dificile de reduire" les cfperances qui s'exagerent aifement, il eft dil ficile de ramener ces pretentions portées au de. D S li  55- l) K 1 I ê la du jufte, II eft dificile d'oppofcr des diguesk un torrent debordé, et de remettre fous le joug des loix, des efprits qui, en croïant brifcr des fers, ont fecoué toute idéé d'ordre et de difcipline. C'eft ce qui eft arrivé dans 1'eglife, après 1'heureufc revolution que 1'evangile avait operée. Le Chriftianisme avait brifè Ie joug des Demons, il avait renverfé les idoles qui empechaient les mortels de porter leurs regards jusque fur cc Dieu inconnu, devant lequel ils les avaient amoncelées: mais a peine ces entravcs furent elles brifécs, que les Chretiens ontperdu de vue leur faiblesfe, et la foumisfion quelle entraine, a peine ont ils entrevu I'eclat de la verité , qu'ils ont voulu violer fon fancluaire, et penetrer dans les profondeurs immenfes ou elle fe tient cachée, fans refpecier cette enceintc infurmontable qui 1'cnvironne. Oui M. FR. ce font les Chretiens qui ont abulé de la libertédcs enfans de Diéu que J. Chrift leur avait acquife, et qui Pont changée en une anarchie, dont la fuite a été un Defpotismc religïcux, peut être peu moins nuifible pour les rnocurs que Petait Pempire des Demons. Ils ont apris a cennaifre cc feul Dieu qui opere toutes chofes en tous, et ils ont oublié qu'il n'a pas befoin de Confeillers. Non contens de toucher ce Dieu , ils onn voulu lc voir. Non contens d'adorer Tfi 1c langage de 1'orgueil, de lui aracher fon fjcret, et de dire peut être aux hommes, le hazard gsuverne le monde, ou vous etes vous memes les artifaps de votre fortunc. Tous rcviennent a cette unité de resfort qui donne du mouvement a toutes les parties qui «ompofent 1'univers. Ils trouvent dans tous les details des convenances. Des convenances entre les organes d'un infeéte, et ie^oduciions qui lui lervent de nouriture, des^onvenances entre les parties qui paraisfent opgolees, qui leur paraisfent des jcux, des ecarts de la nature et qui revienncntpourtant au centrecommun qui iorme 1'ordre et 1'harmpnie de l'unive»s Us voient partout des lieu* qui attachcnt les differents anneaux de la chaine univerfelle erforcent, Jeur elpnta reconnaitre qu'il n'y a q'une mainin-. yfihle qui Ia dirige. Et certes M. I R. fi nous ne Jommes pas a même de penetrer dans les fecrets de Ia nature, fixons nos regards fur fes grandes operations, fur cellos qu'elle ne nous montre, pour ainfi dire, que lorsqu'elles font presque achevée „voïons la terrecpuifée a 1'a-, proche de 1'hiver arfecer le cours de la vegetation; voïons les arbres fe depouiller dq leurs 1 feu lies fletnes, et prefenter par tourt'image * *i Ia decrepitude, voïons les jours ferecrurcir, •' Je ioleil dim.nuerfa fplendeur et fa force; vdïons ' 1 hiver aprocher peu k peu, pour fortifier nos organes, et les mettre en etat de refifter a Ia froideur de la mort dont fes glacés font Pimasre: Voïons le reveil regulier de la nature: voïons laprennere couleur dont elle fe pare, voïons la verdure qm empêche nos yeux d'être ebloui  êi U N I T é I par Ie pms grand eclat du foleil; voïons cette relürreéti on univerfelJe et reguliere de tout 1'univers, et nous trouverons qu'il ne'peut y avoir qu'un Dieu tout puisfant qui 1'opere. Suivons les intcrruptions, les cliangemens du cours dc la nature au milieu de 1'été, voïons les orages qui interrompent fon cours. Le foicil fe palit et fe cachc , Le ciel rendu et fermé de toutes parts, n'offre a nos yeux qu'une voute tencbreufe, qui s'appefantit fur la terre. Peu k peu des nuages epais roulent par masfes dans les airs, et tombent en torrens fur la terre. Des éclairs rapides brifent quelquefois ces voiles dé tenebres fufpendus fur nos tétes. Les vents dechainés fondent fur la terre et fur la mer, ils femblent les bouleverfer dans leurs abimes. Tout gronde, Le tonnère, les vents et les flots. Ces bruits reunis femblent ;;nnonccr la disfolutiori de 1'univers. Peu après la nature fe calme et le Ciel brille d'une clarté plus pure. Oui M. FR. foïons attentifs a ces fpecracles, demandons-k nous mêmes pourquoi ces changemens? pourquoi ces revolutions dans la nature? 11 elles font 1'effet du hazard, d'ou vient que fur le point de fe brifer, ia chaine intime des êtres fe confervc toujours ? Et notre coeur nous dira, il y a un être invilible qui exite et; qui appaife les tempêtes." De cette harmonie dans Ie cours de la nature portons nos yeux fur 1'ordre, et Ia confervation de la focieté. Voïons la guerre continuelle des pasfions. Le faible toujeurs en proïe au plus fort. Les puisfans de' la terre ravager des provin-  De providence. Kg vmces, porter partout 1'opresfion, 1'injuftïce et Ia mort, Voïons les tout d'un coup s'arrcter, et faire des paix peut être ausfi peu motivées que les guerres. Portons nos regards fur la confervation de I'ordre focial; voyons ces grands qui gouvernent tout par eux mêmes; dont Ia vie parait être le foutien de leurs provinces, ces peresde familie dont Ia mort parait devoir entrainer Ia ruïne de leur maifon; Voïons les tout d'un coup precipitès dans le tombeau, leurs places occupées par d'autrcs, fans que la focieté aic (buffert le moindre changement de leur chutcyoions les cn peu oubliés comme s'ils n'avaient jamais exifte, et nous trouverons que c'eft Dieu qui tourne la roue de la focieté, qui a donné des yeux a toutes fes jantes afin qu'elle ne fe renverfe pas, Ezech. I: 15. Tournons nos regards lur cet echange continucl de traveaux et d'offices dans 1'organifation de Ia focieté- Voi ons le laboureur a la charrue, le charetièr mcnant fes produaions a laville, tout ausfi heu reux, tout ausfi etonnant et tout ausfi nccesfaire que fon' femblable fur le trone, dirigé par les memes motifs, tendant vers Ie même but et nous reconnaitrons que I'ordre de Ia focieté, eft 1 effet d'un Dieu tout puisfant, tout commê I'ordre de 1'univers. Nous trouverons que les desordres apparents , ne font que 1'effet de nos vices, nous trouverons qu'il en eft de cesdesor dres comme des armes; la malice ou I'imprudence peut les employer quelquefois pour tuer mais leur but eft pourtant celui de proteger lê faible, et de defendre la patrie. Partout nous reconnaitrons que c'eft Dieu qui donne les faiions et la fertilite, qui ote les rois et qui les eta-  «4 'units "etablit," qui parait quelquefois disfimuler les" tems de 1'ïgnorance, mais pourtant qui arrete Ia fureur des mechants, comme il arrete la fureur des flots, qui a fait d'un feul fang le genre humain, pour habiter fur la terre, afin qu'ils cherchent le Seigneur, s'ils pourraient en- quelque forte Ie trouver, quoiqu'il eft prés de chaqun d'eux: Car c'eft par lui que nous avons la vie, le mouvement et 1'ètre. II eft abfurde M. FR, ils eft abfurde de renouveller des objections fi fouvent rebattues. II eft abfurde de dire qu'il ne convient pas a un Dieu infini, d'abaisfer fes regards jusque fur les vermisfeaux qui rampent fur la terre; qu'ils fe faliraient comme les eaux d'une fource pure s'alterent en traverfant un marais. La creature qui a du occuper une place dans 1'univers, la creature qui a du être produite, ne doit elle pas être confervée ? — D'aiileurs ce ne font pas ces images, ce ne font pas des fleurs qui prouvent Ia verité. On en a de tout ausfi nobles pour Ia providence. L'eclat du Soleil fe fietrit il, en eclairantunlieu impur? fi Ia Providence eft inconccvable, elle a dumoins tous les caracteres de la verité; Phipothefe du hazard, et celle de Pinfluence des efprits fubalternes ont tous les caracleres de Perreur, et placés dans cette alternative, ne devons nous pas reconnaitre une verité inconcevable, plustöt que d'adopter une errcuv incomprehenfible ? D'aiileurs M. FR. en difant que Dieu ne fe mêle que des grands chofes, n'excluons nous pas fa providence de tout 1'univers. Le monde "rifible n'a t-il pas tous les attributs d'un atome, et  DE PROVIDENCE.' 05 en comparaifo'n de 1'infinité de globes qui remplisfent 1'ctendue des cicux? Les plus grands evenements ne ticnnent ils pas a ues petites caufes? Serait il imposfible de prouver qi.'un infeéte peut trancher le fil de notre vie, a la quelle nous attachons tant de prix? Un mets preparé dans un vale infect, ne peut il pas donnet la mort a un chef d'armée ? La mort d'un general, ne peut elle pas caufer la pene a'une Bataille? Ia perte d'une Bataille ne peut elle pas entrainer la mine de tout un empire ? Non M. FR. celui cui empêche les incendies, doit ausfi etouii'er Petincelle; celui qui din>e les grands evenements doit ausfi conciuire les petits qui en font toujours la caufe. Voici M. FR. pour finir ce difcours, voici Ia feconde verité, dont nous atteftons la conviction, et que nous promettons de liiivre par i'enoncé du premier article du fimbole. Nous declarons que le mal, ou que ce -jUe nous nommons de ce nom, que lemal n'eft pas un defaut inherent a la matiere, ni un effet des Demons Qu'il n'eft qu'unc modification des chofes bon' nes, que notre ignorance, nos pasiions et nos defordres nous font trouver mauvaifes. Not s declarons que Dieu eft prefent partout qu'il opere toutes chofes en tous, et que c'eft en lui feul que nous mettrons notre confiance. Cependant nous ne devons jamais oublier que cet objet de notre foi, eft comme tous les au tres, ou comme tous les Dogmes, une verité eachee, hee immediatement a la chaijK des ve ntès connuesj elle doit être ientie, mais ellè ^ ne  V N I T E ne peut pas être determinée. C'eft ce que les hommes oublient fouvcnt, lis veulcnt fouvent fbulever cette envelope qui borne leur vue: ils veulent voir ce qui eft inviiible, au lieu de fe contcnter de le fentir. Delk ces queftions inutiles pour determiner les objets de la providence, la maniere dont elle fe deploïe, la part qu'elle a dans le mal ou dans le bien; delk toutes ces demandes oifeufes, qui ont quelqucfois fait de la Religion une fcience d'amufement, de fïnesfe? de fuperiorité d'efprït et de difputes, paree qu'il a fans doute été imposfible que 1'ecriture s'exprime de maniere k ne pom oir être mal entendue par des efprits bornés, aveuglés par les pasfions et par 1'ignorance. Non M. FR. nous ne devons jamais oublier que nous ne pouvons que toucher" ce Dieu qui eft toujours prés de nous. Nous avons comme dit I'Apotre, les yeux bandès: Mais celui qui touche, tatonne, ne croit il pas 1'objet qu'il touche prefent, quoiqu'il ne puisfe pas le voir? s'il le nie, ne fe rend il pas femblable aux enfans, qui croïent n'être pas vus, en fe couvrant eux mêmes la vue? Oui M. FR. adorons ce Dieu tout puisfant, et nous fentirons qu'il eft notre Pere, que quelquefois il nous chatie, mais qu'il cherche toujours notre bonheur. Adorons ce Dieu tout-puisfant, et nous fentirons qu'il eft prefent partout, qu'il n'y a point de tenebres cu puisfent fe cacher les ouvriers de 1'iniquité. adorons ce Dieu tout-puisfant et nous trouverons qu'il gouverne tout par lui même; qu'il ne nous a pas foumis k 1'empire des Demons: qu'il nous,,protégé contre le mal qui femble quelque leis  DE PROVIDENCE. i'quement dans la boucherie, comme nous en voïons la preuve dans le iome chapitre de cette epitreaux 25 et 27me verfets. P'uüeurs d'entre les Chretiens fe faifaientferupule d'acheter de ces viandes, ou d'asftfter a des. repas auxquels ils etaient conviés par des païens, et ou ils couraieht rïsque de manger quelque chofe qui avait été confacré aux idoles. Us s'etaient adresfès a I'Apotre pour favoir comment ils devaient fe conduire dans ces occafions. Dans fa reponfe il leur dit d'abord, qu'il n'en eft pas de la fuperorité des ltimieres du chretien, comme de celle des cennaïsfanees burhaines qui d'ordinaire ne font qu'enfler ou produire l'orgueil qui meprife ceux qui font moins eclairès. II dit, le chretien doit connaitre les autres, comme il eft connu lui même de Dieu. Dieu connait 1'homme avec toutes fes faiblesfes, et pourtant il 1'aime; il veut lui faire dubien. De même Ie chretien qui fent la fuperiorité de fes connaisfances, n'en doit pas pour cela meprïfer, ou fcandaiifer fes femblables, au contraire :1 doit fonger, que la charitè en eft le principalornement, II doit imiter cette charité de Dieu qui fuporte et qui cherche en tout le falut et 1'ed'fication. Enfuite dc ce principe I'Apotre dit que 1'ufage de ces viandes eft en lui même une chofe indiferente, mais qui peut avoir des bonnes ou de mauvaifes fuites a propprtion des idéés qu'en ont les autres. Les  DE REDEMPTION. 75 Les chretiens devaient uier de cette liberté des enfans de Dieu de maniere a ne point donner du fcandaie, ou a ne point caufer des difputes, des ahirholités fi contra'res a 1'efprit de 1'evangile. Ils devaient s'en abftem'r fi 1'ufage pouvait produire du mal. ma's ils devaient pourtant fonger que cette abftinence, n'etait pas un devoir indispcnfable par elle même, mais feule? ment pour 1'edification des autres. Pour ce qui regarde dit il, pour ce] qui regarde donc de manger des chofes facrificés aux idoles, nous favons que 1'idoie n'eft rien au monde; car quand même les prèjugés donnent le titre de Dieux aux efprits, quand même il y a fur la terre des êrres qui par leur puisfance reprefentent plus particulierement le fouverain de tout, et portent pour cela le nom de Seigneur ou de Dieux; ces denominations ne font employées par nous, que pour nous conformer au langage du vulgaire, nous favons qu'il n'y a qu'un feul Dieu, qui eft le Seigneur et le maitre de tout. Pour ce qui regarde la mamère de fe reconcilier ce feul Dieu, dont nous avons merité la colere par nos pechés, nous favons que les facrificés n'y entrent pour rien, qu'il eft abfurde de s'imaginer que le fang ou la vie des animaux puisfent les expier. II n'y a qu'un feul med'ateur entre Dieu et les hommes, un feul Seigneur qui eft Jefus Chrift, par lequel font toutes chofes, et nous par lui. Tel eftjliï: FR. tel eft le premier trait de lumiere que la revelation fait brilier h. nos fa'bles yeux de cette elevation immenfe, ou 1'esfence de 1'être fuprême refide; nous reconnaisfons un E 5 Dieu  ü'NITé Dieu createur et confervateur de toutes chofes; un Dieu Sauveur, Seigneur et mediateur des hommes; c'eft cet objet de notre foi qui fait 1'enoncé du fecond article du fimbole des Apotres, je crois en Jefus Chrift fon fils unique, notre Seigneur, et c'eft a faire quelques reflexions fur les verités qu'il renferme, fuivant les details de la cinquieme et fixieme fection de notre Catechisme, que nous emploïerons notre prefent entretien, 6 Dieu nous ne pouvons que vous toucher dans notre creation et dans notre confervation; pourrions nous voir plus clair dans les details de votre esfence autant elevée au desfus de nous que les cieux font elevés au desfus de la terre! Seigneur ! vous avez fait luire fur nous 1'eclat de la verité, rendès nous dociles h la voix de votre revelation, afin que nous obtenions la vie eternelle en aprenant a vous connaitre, feul vrai Dieu, et celui qui vous avez envoïé Jefus Chrift, Ainfi foit! M. FR. nous n'avons qu'un feul Dieu et un feul Seigneur Jefus Chrift par lequel font toutes chofes et nous par lui. II en eft de ce fecond article comme du premier. Les fimboies des premiers fiecles de 1'eglife y ajoutaient toujours le terme un, paree qu'ils n'avaient pas befoin de prouver 1'exiftence de Dieu, ni Ia necesfité delaredemption; lefentimentintimedetous les  DE REDEMPTION. 7^ les hommes les reclamait 1'une et 1'autre. lis n'avaient qu'a convaincre de Ia vanité des Idoles, et de Ia nullité des facrificés des chofes terreitres, ou de la nullité de ces vi&imes que les hommes avaient inventées dans 1'idée de detourner la colere de Dieu, qu'ils s'etaient attirée par leur vices. Les Apotres et leurs premiers Difciples n'avaient qu'a reduire la foi en Dieu etlafoienlaredemptionacette unité d'objet qui eft infeparable de 1'idée de fa perfection ou de fa fuffisance, Loin de nous M. FR. loin de nous ces con. jeétures blafphematoires, comme fi les premiers Defenfeurs de Ia verité n'eusfent adopté 1'idée d'unSeigneur, que pour gagner les païens; que paree qu'il aurait étc imposfible de ramener la multitude de cette croïance en une infinité de fous Seigneurs que le paganisme avait erablis. Loin de nous ces discours temeraires, comme fi les premiers Chretiens eusfent pris dans les menfonges du paganifme des armes pour defendre la verité: comme s'ils n'eusfent cherché qu'a compofer avec les Idolatres, et qu'ils leurs eusfent accordé un Dieu fecondaire, pour detruire tous les autres, dont la multitude prodigieufe etait d'une abfurdité evidente. Non M. FR. adorons en filence ces mifteres de 1'esfcnce" divine; rentrons en nous mêmes et nous trouverons dans nous la preuve de la verité et de la necesfité de cet objet de notre foi. Suivons la chaine des verités connues, et nous parviendrons non pas jusqu'a voir, mais jusqu'a toucher cet anneau auquel elle tient, nous parviendrons a fentir que fi cet apui venait a fe renverfer, des abi-  7<5 V N I T ê abimes de malheur feraient pour nous inevitables. Sans doute M. FR. fans doute que le Dogme de la trinité eft encore plus caché que celui de 1'exiftence de Dieu, et celui de Ia providence. Dans ces derniers nous avons une fuite d'evidences qui les prouvent. Aucun des anciens fages du paganisme, qui ont parlé de Porigine des chofes, aucun n'a cru pouvoir admettre indiftinctement comme principe, ce qu'on apelle le hazard ou Ia fortune. Ces mots vagues, difent ils, n'ont été emploiès que pour cxpliquer des effets qu'on n'avait pas prevus, et ceux qui tiennent a des caufes eloignées. Et certcs M. FR. quoique nous ne voïons pas le Createur, la fuccesfion des êtres ne nous force t-elle pas a remonter jusqu'a lui, tout comme la chaine des caufes motricés que nous apercevons dans ce monde ? II eft vrai qu'un mouvement eft produit par un autre mouvement, tout comme un generation par un autre; Par exemple, une pierre eft remuée paria main qui la lance, Ia main eft remuée par le bras auquel elle eft attachée, le bras eft remué par la volonté de 1'homme, et fa volonté eft determinée par d'autres caufes, qui font encore les effets d'autres caufes : mais a la fin il faut pourtant admettre une derniere caufe motrice de tout, une action immediate du premier moteur, qui toujours fimple, toujours Ia mème, n'eprouve point de changement, point de generation ni de corruption, II en eft de même de Ia providence, 1'unité des revolutions conftantes et regulieres de Ia nature ne"  DE REDEMPTION. 7? ne permet pas de les envifager comme des cas fortuits. Et en effet M. FR. lans rapeller ce que nous avons dernierement dit, de I'ordre admirable qui brille dans 1'arrangement de 1'univers; dirons nous que c'eft par hafard que les pluies font conftament plus frequentes en hiver qu'en eté? dirons nous que c'eft par hafard que les chaleurs fonts conftamment plus fortes en eté qu'en hiver? fi le hazard produit des effets fi reguliers et fi etonnants dans la nature, pourquoi ne fe refemble t-il pas a lui même, dans ce que les hommes lui attribuent dans le cours de leur evenements ? pourquoi, pour nc pas m'eloigner de vous, pourquoi lorsque vous jouez n'avez vous pas toujours les mèmes chances ? pourquoi une quantité de dèsjettés au hazard ne produit elle pas toujours le même nombre ? Ce ferait bien alors qu'il pourrait nous convaincre de la réalité de fon exiftencai „ Non M. FR. jettez les yeux fur les plantes et principalement fur les an'maux ou la providence s'exprime avec des traits plus marqués. Quoique les derniers agisfent fans recherche et fans deliberation, leurs aétions neanmoins font tellcment combinées, qu'on a fouvent douté fi les araignées, les abeilles et les ' fóürmis ne font pas douées d'intelligence. Et en effet, fi 1'hirondelle a un but en conftruifant fon nid , fi 1'arraignée a un objet en ourdisfant fa toile, fi les plantes fe couvrent de feuillcs pour garantir leur fruits; fi les racines des arbres aulieu de s'elever en 1'air comme leurs branches, fi elles s'enfoncent dans la terre pour y puiier des fucs nourriciers, n'y reconnaitrons nous pas,  B N I T é pas? que la Caufe de la fagesfe finale qui eft Dieu * fe montre clairement dans ees effets toujours reproduits de Ia même maniere ? „ Mais ici M. FR. ici la nature et Ia raifon fe ta?fent,il n'y a rien qui nous prouve et qui nous rende infelligible cette asfertion d'un ancien que dans le nombre un, fe trouve necesfairement celui de trois, quiafontoureftladernièreanalife, oul'auteurdc toutes chofes; et n'eft il pas humiliant, dit un ecrivain de 1'hiftoire de I'eglife , n'eft il pas humiliant que les hommes aïent portés des blesfures fi fanglaiites a Ia charité chretienne, en fe difputant fur un fujet dont ils conviennent tous qu'il pasfe leur intelligence ? n'aurait il pas été plus fape de croire et de defendre ce que la revelation enfeigne, plustek que d'être peremptoires, decififs et querelleurs fur une chofe qu'ils avouent ne pouvoir comprende, je veux dire fur la maniere dont les trois perfonnes de la trinité posfedent Ia nature divine. 1'Ordre des feétions de notre Catechisme, ne nous permet pas de prouver a prefent la divinité et 1'infaillibilité de 1'ecriture: nous devons renvoïer cet objet a un autre entretien: Mais pour nous qui fommes nés dans le fein de I'eglife, cc renvoi pourrait il fuspendre notre convicVon? pourrait il nous empecher de dire k des Chretiens, croïez parceque Dieu vous le dit! Oui M. FR. ce n'eft pas dans les fiftemes des hommes, c'eft dans 1'ecriture que nous devons puifer cette eau pure, qui defakere Ia foif na- tu-  DE U D 1 M f T I 9 »( 79 turellede Ia juftice, que nos ftu'blesfc et nos pèchés nous donnent. C'eft 1'ecriture qui en nous donnant le fentiment de ce miftere, nous prouve, qui nous fait toucher a Ia main', qu'il n'y avait pas d'autre moïen de donner k des pecheurs la certitude du pardon, que celui de les initier au nom de Pere, du fils et du faint esprit. Les Apotres prechaïent la foi en T. Chrift, mais ils ne difaient jamais de fonder fes mifteres, malgré leur infpiration divine. Us n'ont jamais entrepris de determiner 1'union des deux natures en lui, ce qui a fait depuis ie fujet dc tant 'de difputes; au contraire ils nous avertisfent que tout ce qui regarde les profondeurs de Pêtre fuprème, eft imposfible d'etre rendu par le langage des hommes, et que pourrais je M. FR. que pourrais je vous citer de plus frapant k cet egard que les paroies de faint Paul 2 Cor. XII: 2, 4. Je connais, dit il, je connais un homme en Chrift, qui a été ravijusqu'au troilieme ciel; mais je ne fai pas, ei ce fut cn corps, ou fi ce fut hors du corps, Dieu feul Ie fait. Un tel homme fut ravi en paradis, et a ouï des paroies, mais quelles paroies? tremblez tcmeraires qui parlez fi Iegerement de ce qui eft au desfus de vous; unApotrc, unhommeenChrifta ouïdes paroies inénarables, des paroies qu'il eft imposfible a 1'homme d'exprimer. Toutceque les Apotres et 1'evangile nous en difent, resfemble k i des éclairs qui nous montrent un grand tout, mais qui fe fuccedent d'une maniere fi violente et fi rapide, qui ne nous permet pas d'examiner en detail le grand tout qu'ils nous montrent. Et certes M. FR. li un homme f qui nous parlerait dans ■ J  8c U N I T C cians une langue inconnue, voudrait nous expliqucr fon difcours par d'autres termes de cette même langue dont nous n'entendrions pas un mórj, ne nous refterait il pas inintelligible? 11 en eft de même du langage qui pourrait nous rendre ces chofes inenarrabies du ciel. L'explication ferait a notre faibiesie tout ausfi obicuie que le premier texte; toutes fes expresfions feraient empruntées du langage des hommes qui ne rendent nu'improprement, qui ne rendent que fous des faibles' emblcmes les fecrets de Dieu. Je ne parle pas du terme de perfonnes que la necesfité a fait adoptcr, mais du langage de 1'ecriture. Les auteurs facrés parlent du premier né d'entre les creatures, de la parole parqui toutes chofes ont été faites, du fiis- unique de Dieu, mais ils ne divifent pas les êtres, ils difentpVlat. XI: 27. perfonne neconnaitlefils que le pere, et perfonne ne connait le pere que le jfils. Ils difent Jean 1: 18. perfonne ne vit jamais Dieu que le fils unique qui eft dans le fcin du pere, qui nous 1'a revelé. lis s'accordent tous a dire que s'il y a trois qui rendent temoignage dans Ie ciel, ces trois la ne font qu'un 1 Jean V. — Oui M. FR. c'eft notre mifere qui a rendu 1'expofé de ce miftere necesfaire dans ce monde; et c'eft notre ignorance, c'eft notre mifere qui nous le rend inintelligible. Nous fentons que dans la nature doit fc trouver derrière la fuite des caufes fecondes, une caufe première qui les foutient. Mais fi nous fuivons la ehaine des verités morales, ne trouvons nous pas que fon bout doit tenir a ce principe mifterieux ? La comparaifon de nos devoirs, avec nos transgresfions, ne nous fait elle pas fentir la ne-  DE REDE MPTION. 8r necesfité d'une caufe de redresfemeut de ce desordrc? quel eft 1'hommc qui puisfe dire je n'ai pas hrefoin que Dieu m'asfure polltivement de fa mifericordc ? Jc fens que je puis ftibfiftér devant lui fans bonte ct fans confufion lorsqü'il me jugera en juftice! quel eft 1'homme qui puisfe toujours ctouffer toute crainte a la vue de la juftice de Dieu, quand même il fe rendrait incapable de rougir devant les hommes a la vue de fes crimes ? et voila M. FR. voila la verité evidente qui force 1'efprit a fe foumettre, qui force le coeur a embrasfer ce miftere auquel notre falut eft attaché, cn defendant a 1'efprit de perfcrutcr ce qui eft impenetrable. C'eft ce que les hommes ont entrepris peu apres la mort des Apotres. Ces premiers organes dc la voix de Dieu, n'exigaient d'eux d autre aveu que celui dc reconnaitre que Jefus ctaitleChrift, lemcsfie, ie fauveurpromii, Jean IX: 22. Usne fongcaient pas feulemcntaetablir une theorie fpcculative de fes deux erats. Lorsque Picrre eut convaincu les Israelites de la verité de fa Doctrine, ils lui demandcrent Aft. I!: 38. cequ'ils devaient faire pour être fau\é': • I 'Apotreleur repondit, amendez vous, aio-s que chacun foit baptifé au nom de J. Chrift ci icir's llon des peches, et la foi, Ia repentance fii ccre fera Ie gage du Sr. Efprit que Dieu vors donne ra. L'aveu que J. Chrift etait le fils de Dieu fut le feul qui preceda le Batême dc 1'Enuque '/ ft VIII: 37. Le St. Efprit que Dieu avait acccr ca' Corneille, les heureuies difpofitions qu'il £ vajtmifes dans fon coeur, fuffirenta I'Apotre pour commander qu'il fut baptifé au nom du Se.V neur J. Chrift. C'eft qt!e les hommes vertui ^ eux  82 U N I T é eux fentant alors .le befoin indifpenfable qu'ils avaient du pardon de Dieu et de la redemption, en recevaient avec joïe les asfurances qu'il leur donnait en J. Chrift, fans exiger qu'il leur rendit compte de tous les details de ce pardon, lis fentaient vivement leurs maux, et 1'infuffifance de leur propre juftice, ils fentaient 1'effet falutaire que ce remede produifait fur eux, en leur donnant la paix de la confeience, la paix avec Dieu, et ils en jouisfaient fans examiner tous les details de fa preparation. Us avaient cette notion commune, que tout ce qui regarde la probité, tout ce qui regarde les interets que la creature peut avoira demeler avec le createur, etait du resfort du fentiment intime de la confeience, plustót que des recherches fpeculatives de la raifon. Ils avaient vu J. Chrift, ils avaient étés les tcmoins de fa vie, de fa doctrine , de fes miracles et de fa mort; et cette vue fufhfait pour les convaincre de la divinité de fa misfion. Us jouisfaient de cette paix avec Dieu qui furpasfe i'entendement Phil. IV: 7. et cette paix fuffifait pour garder leurs coeurs et leurs lentiments en J. Chrift: convaincus que le fils et le pere etaient un, Jean X: 30. que le pere etait en lui, et lui dans le pere, Jean XVII: 21. ils ne travaiilaient qu'a être unenfembie,aexer~ cer cette charité, cette juftice, cette faintcté qui etait le fruit de leur foi, et le preuve fentimentale de fa verité. Cependant M-FR. ilefthumiliant de voir combien ,de detours que cherche 1'homme que Dieu a fait droit; combien nous fommes aéiifs a depldïeï le talent de nous accoummer a tout excepté au  DE REDEMPTI9N. «3 au bonheur. a peine fommes nous dans Petat des convalescents, qu'avec le fcntiment de la douleur nous perdons ausfi le delir desremedes, dont 1'ufage pourrait achever notre guerifon. Au lieu de les prendre avec empresfement et avec confiance, nous cherchons h connaitre les fecrets dc Ia pharmacie, nous commeneons a negliger, et même a critiquer fur ce que le fentiment des maladies nous faifait prendre fans aucun fcrupule, C'eft ce qui eft arrivé a plufieurs Chretiens deja dansjl'enfance de i'eglife. Aulieu de continuer a croire de rout leur coeur, ils ont voulu fonder ce qui furpasfe 1'entendem'ent. Us ont porté des mains facrileges dans Ie fanftuaire de Dieu, et comme les vïces ne manquent jamais d'enfanter le mifere, Ie bonheur de Ja paix que J. Chrift avait porté fur Ia terre a difparu , pour faire place aux disfentions et aux injuftices. On ne. peut lire fans fremir les abfurdités que les hommes ont avancées, par cette malheureufe prevarication, qui fait 1'objet d'une curioiité fpeculative cc qui doit toujours être fenti. Les auteurs de 1'hiftoire des premiers liccles de I'eglife, nous difenr que les Gnoftiques et les Valentiniens faifaient du mesfie deux perfonnes; ils difaient que le Jefus etant un de ces efprits, de ces divinités fecondaires qui habitaient la plenitude, avait crèé Ie Chrift, que celui ci avait traverfe le corps de Marie, comme Peau qui traverfe un canal : que lors du bateme du Chrift, le Jefus defcendit, fur lui, et y refta jusqu'au moment ou commencerent fes fouffrances, dans Ie quel il le quitta de nouF 2 veau  V N I T é veau parcequ'il etait impasfibie. Quelques uns croient que St. jean ait ecrit ion evanRÜe pour confondre ces lècta;res, pour convaincre les Chretiens, que le Jefus, le fils unique, etait 1© mème Chrift, le verbe ou la parole qui a été faite chair Jean I: 14. Quoiqu'ii en foit M. FR. c'etait dc pareillcs erreurs que les fuecesfeurs des Apotres avaient a cembattre dans la compofition de leurs fimboies. II aurait fans doute mieux yalu n'y opoier que des pasfages clairs de 1'ecriture. II aurait mieux valu eriger en fimboies, des pasfages dont la verité evidente, prouve que Ia doétrine de J. Chrft etait la doctrine de Dieu qui 1'avait cnvoié Jean XII: 49. qui prouvent que fa mort n'avait pas le feul motif de faire voir le juftc aux prifes avec 1'injuftice et triomphant d'elle. II aurait mieux valu dire a tous les feclaires, perfevercz dans 1'obeïsfance de fes preceptes, alors vous reconnaitrcz en J. Chrift ce rayen de la gioire qu'aucun ceil n'a vu et qui furpasfe votre intelligence. Mais comme les premiers fuecesfeurs des Apotres n'avaient plus le pouvoir miraculcux de convaincre les fausfaires qu'ils mentaient, Acï. V. a Dieu et non aux hommes, ils ont. cru devoir lupiéera ce defaut en melant la fagesfe du monde a celle du ciel; et ils fe font tout a fait rendus ilmblables a des aveugles qui veulent cietciminer toutes les nuances des coulcurs qu'ils ne connaisfent qu'au tacl. C'eft ainfi que nous trouvons dans le Simbole de 1'eglile de Nicée, qui etait generalement recu pendant un tems; C'eft ainfi que nous trouvons dans le Simbole qu'a compofé faint Athanafe et qui a été longtcms confervé dans quelques eglifes; c'eft ainli disje que nous y  de redemption. n y trouvons des expresfions qui ne prefen tent que 1'idée de 1'incomprehenfible paree qu'elles veulent expliquer ce qui eft inexprimable. lis difent, nous croïons en un feul Se'gncur J. Chrift, fils unique de Dieu, engendré ct non point fait, coesfentiel, confubftantiel avec le pere,etpourtant diferent de lui. Us d'lcnt que les trois perfonnes de la trinité ne doivent ctreni conibndues en une, ni feparécs en tro s. Us oifent autre eft la perfonne du pere, autre Ia perfonne du fils, autre ceile de 1'efprit, et Ic pere, le fils et 1'esprit font un être. Non M. FR. refpecions ce voile dont D'eu a co: vert les mifteres dc fon esfence, jusqu'au jour de la mamfcftta'on dc toutes chofes; revenons a I'cvidence, a la clarté fentimentale de 1'ecriture; Croions avec elle, Jean XII -.45. que J. Chrift eft cnvoïé dc Dieu, qu'en le contemplantnous contcmplons celui qui 1'a envoïè, et nous trouverons dans cette croïancc le remede et Ia oonlblation contre tous les maux de la vie, et 1'efpoir certain d'une heureufe eternité. Nous croïons en J. Chrift fils unique deDieu, notre Seigneur. Independament de ce que nous pourrons dire une autre Ibis furies caufes de cette denomination de fils unique de Dieu ; il fuffira de remarquer maintenant que c'eft dans les noms dc Jefus Chrift, que nous trouvons le fondement dc toutes nos efperances, et les preuves de la divinité de notre foi. Le nom de fefus quelque confoiante que foit fa iignification,'etait un nom comrnun aux hommes. Ainfi nous trouvons dans i'epitre aux Collosficns IV : h. 1 n j». Jus, furnommé le jufte, dans les Actes XIII -6. F 3- ' il  o<5 U N I T é il eft parlé d'un faux prophetenommè Bar- Jefus. C/eft le nom de Chrift qui particulieremcnt'le diftmgue des creatures, et qui exprime tous les raports heureux qu'il a avec nous, qui nous forcent d'avouér fa Domination et de lercconnaitre pour notre Seigneur. Et en effet M. PR. notre ignorance dans ce qui regarde notre falut, n'avait elle pas befoin d'un prophete, qui, nous traca une route fure, d'ou nous pourrions conftamment voir cette luéür qui nous indique que la fortie de ce monde ne peut être que Pentrie dans une region plus lumineufe? fi la lumiere dc la nature avait été asfez efficace pour empecher les hommes de fuivre une autre route que celle de la verité; d'ou vient que les peuples qui n'ont point eu d'autre guide, ont imaginé tant de cultes bifarres, tant de pratiques qui choquent même les notions que nous nommons naturelies ? D'ou vient que tous les fages qui ont entrepris de reformer les moeurs, ' de corriger les idees, ont toujours asfuré qu'ils avaient quelque commerce particulier avec la divinité ? D'ou vient que tous les impofteurs ont eu recours a cette asfertion pour accrediter leurs menfonges ? Non M. FR. Ie fentiment de notre faiblesfe et de notre ignorance eft trop aétif, pour ne pas convaincre les fages comme les ignol rans, qu'il n'apartient qu'a Dieu de refoudre nos doutes, et d'eclairer notre raifon. Et que pourrai-je vous citer de plus frappant i cet egard* que les paroies d'un ancien, d'un de ces hommes qui par fa vertu et par fes lumieres avait particulierement merité le nom de fage: etant prés de la mort, il fut demandé ce qu'il croïaït du culte  DE REDEMPTION. 87 culte ctabli dans fon païs ? II n'apartient, rcpondit il, il n'appanient qu'aux Dien de prescrire la maniere dont iis veulent être honores. Les hommes , difait il, les hommes refterqnt toujours vicicux, a moins que Dieu ne leur parle plus clairement, et que touché de leur mifere, il ne leur cnvoïe quelqu'un qui leur portc fa parole. Si nous trouvons dans la Doctrine de J. Chrift cette lumiere des nations, Luc. II :32. fi nous trouvons en elle cette ciarté pure, qui nous empèche dc changer la gloire duDieuincorruptible Rom. I : 23. en la rcsfemblance de 1'image de 1'homme corruptible; 11 nous y trouvons ces notions claires et fublimes qui nous rasfurent fur notre fort a vénir. Si la docilité a fes precepte; nous asfurc cette paix avec Dieu que notre conscience dcfire, Si nous voïons dans fa vie, la verité de fes paroies, li perfonne, Jean VIII '.46. ne peut le reprendre de pêché , ne reconnaitrons nous pas en lui cette onétion prophetique? I Rois XIX : 16. Ne reconnaitrons nous pas en lui ce prophete auquel tous les prophetes de 1'ancicn teftament rendirent temoïgnagc Act. X 143. ne reconnaitrons nous pas en lui cc prophete qui devait venir Jean VI : 14. pour illuminer tout homme venant au monde, pour donncr a tous ceux qui croïent en lui le droit d'être faits enfans de Dieu. Jean I : 12. En fecond lieu, le fentiment des defordres que notre corruption entraine, ne nous fait il pas fentir la necesfité d'une reparation ? n'etait ce pas le fentiment du peché qui avait fuggeré aux peuples idolatres, Pidée des facrificés, de F 4 cet  SS V N I T é ces viftimes abfurdes a nos yeux, par la moïen desqu.elles ils croïaient detourner Je courroux dc Dxeu , qu'ils fentaient avoir excité par leurs dcsordrcs, n'ctait cepaslaconnaisfancedelajuftice de Dieu et celle dc leur injuftice qui les avait portes a etabljr des pontifes , des facrificatcurs, charges de prier pour eux, et de lesreconcilieravec leurs divinités couroucées? Tous les anciens qui ont parle de la nature de notre efpece, admettent laventedenotre chute, ou de notre depravation • ils etabhsfent la necesfité, Ia juftice de la punitïon' et ia necesfité du retablisfement. Et ccrtes M. PR. qui de vous peut dire, que Dieu me fomme de comparaitre devant lui quand il voudra; je m'y prefenterai fans craintc, je lui dirai, je neme fu's jamais écarté des voics dc Ia droiture et dc la juftice, et je demande d'un juge qui voit tout, dont les yeux ne peuvent fuporterlemal, je lui demande les recompenfes duës a une fainteté fans taches; Non M. FR tremblons a la vue de I'ïmperfeaion de nos vertus, et fi celle de nos crimes nous porterait au derefpoir, envilageons Ia juftice parfaite du Chrift Ia verité de fa Doftrine, 1'innocence de fa mort les asfurances pofitives du pardon que Dieuveut nous accorder en lui: Jouisfons dc cette paix de Ia conscience qui eft une fuite d'une foi et d'une repentance lincerc; alors fans er.treprendre de determiner, fi Dieu ne nous aurait paspufauver d'une autre maniere, nous embrasferons ce falut qu'il nous offre; nous reconnaitrons en lefus, ce Chrift, cet oint du Seigneur qui par une feule oblation a confacré pour toujours ceux qui font fanctifiez Hebreux X : 14. Tel  DE REDEMPTION. 89 Tels font M. FR. tels font les grands avantages que la foi en ce miftere incomprehcnlible de la divinité nous procure; nous avons [en Jefus cet oint du Seigneur, ce prophete que toutes les nations defiraient, qui a dislipé les tenebres de la fuperftition et de 1'idolatrie, qui a fait luire fur la terre une clarté celcfte, en nous aprenant a adorer Dieu en efprit et en verité, a renoncer aux mauvaifes convoitifes, et a vivrc fobrenient, juftement et religieufement dans ce monde. Nous avons en lui cet oint du Seigneur, ce fouvcrain pontife, ce facrificateur qui nous a delivrez du joug des victimes humaines, qui eft entré lui même dans le fanctuaire avec une offrande fans tache, et nous a ouvert PaccésautronedeDieu; qui intercede pour nous auprés de notre juge, et qui fi nous fuivons fes traces, devient notre Roi, qui nous protégé contre Ie mal, qui nous donne le pouvoir de vaincre le Demon, Ie pêché, la chair, le monde et tous les ennemis de notre fafut; qui nous accordc fon efprit, pour fceller en nous la verité de fes promesfes, en nous infpirant 1'amour de ia juftice et en nons donnant une paix qui furpasfe tout entendement. Loin de nous M. FR. loin de nous ces queftions oifeufes qu'il eft 11 facile de pousfcr au delk de ce qui eft permis. Aulieuderecherchcrcomment notre redemption ait pu fe faire, contentons nous de.favoir qu'elle s'eft faite, aulieu de commenter le livre de Ia grace, contentons nous de Ie lire, de Ie pratiquer, d'obferver les effets qu'il tend aproduire en nous; alors tout ce qui nous y parait prodigieux difparaitra, et le plus grand prodige a nos propres yeux fera notre E 5 aYütu  00 UNITé Stveuglement, qui au lieu d'accepter un bienfait fi necesfaire avec reconnaisfance, entreprendde J'examiner avec prefomption. Oui M. FR. ilen eft des lumieres de la grace, comme de celles •de_ la nature; cette derniere nous accorde fans peine les connaisfances de première necesfité. c L'etude des travaux utiles et necesfaires a la confervation dc'l'efpece, et facile, elle eft a la portée de tout le monde : mais la nature fe fait pour ainfi dire arracher les connaisfances qui font moins utiles, elle refufe avec rigucr celles qui ne fatisferaient qu'une curiofité indifcrete; Elle donne k tout le monde asfez de lumieres pour aprendre a fe fervir des bienfaits qu' elle nous prodigue, mais elle nous refufe la connaisfanee de la maniere dont elles les prepare, parceque cette connaisfance n'augmenterait fans doute en rien notre bonheur. II en eft de même de la grace, elle nous asfure de notre redemption, elle nous donne Ia connaisfance des moïens que nous devons cmploier pour nous en asfurer nous mêmes, mais elle nous_ refufe la connaisfance intuitive de la maniere dont elle a preparé ce remede, parceque cette connaisfance etait fans doute audesfus de notre imperfeciion prefente. Loin de nous ces recherches oifeufes, qui en nous faifant donner a des meditations inutiles et imposfibles, un tems que nous pouvons emploïer a une pratique necesfaire, nous ferait tantot, adopter tantot rejetter des theories abftraites, qui ne fervent, qu'a tourmenrer ou a egarer 1'efprit: Qui cn nous rendant femblables aux fophiftes, aux fanatiques et aux importeurs, nous feraient faire un jeu dc difcourir fur tous les objets cachés de la grace  DE PROVIDENCE,'' 01 CC et de la morale, fans en eclaircir, et fans en pratiquer aucun, qui foutenant toutes les doctrines fans en adopter aucune, ne font qu'introduire la funefte licence du doute dans ces verités les plus esfentielles knotre repos, a notre fanctification et a notre bonheur. — Contentons nous de ne voir ici qu'en partie, fervons 1'etcrnel avec crainte, pfeaume 2. — Egaïons nous avec tremblcment, baifons le fils de peur qu'il ne fe couro'.ice,et que nous neperisfions en ce train quand la colere de Dieu s'embrafera. fuivons fes traces alors nous trouverons que tous ceux qui croïent en lui, que ceux qui fe retirent vers lui font héureux dans le tems et dans 1'eternité Ainfi   V DISCOURS, Domination de Jefus Christ. Second Article du Simbole.  T E X T E. [ Evang. de St Jean Chap. I ; 14. La parole a été fake oh air, et a habhè parminous, et nous avons contempléfa gloire, qui a été une gloire eomme la gloire du fils unique du pere, pleine de grace et de verité Section 7111e du Cateclusme.  ïvr, T." c. fr. en j. christ! Ijes Paroies que nous venons de lire pour texte, fixent 1'idée que nous devons nous faire de cet objet mifterieux de notre croïance, qui fait le fecond article du fimbole des apotres. La lefture de 1'evangile de faint Jean a fait remarquer a quelques auteurs, que lorsqu'il s'elevc comme par un vol rapide au desfus des nu'ées, pour contempler la gloire de J. Chrift dans le fein du pere; lorsqu'ii raconte 'fa generation eternelle, fon langage n'eft plus cette expresfion clairc, qui peint fans confufion, ce qui eft concu fans obfeurité; qui infinue la verité par la conviéiion, et qui porte la lumicre dans 1'efprit fans le troubler. c'eft plustot, difent ils, un cri d'admiration que pousfe uneameaccablèe de la grandeur de fon fujet; c'eft une voix puisfante, qui fuplèe par une force divine a 1'evidence humaine; fon langage resfemble a un trait de feu, dont 1'eclat trop vif et trop foudain eblouit en éclairant et qui force les yeux a fe fermer dès qu'ils font frappès de fa lumiere. Des qu'il commence fon evangiie, des fon premier effort k nous tracerle caractere de J. Chrift, il perce la nuit des fiecles, il fe tranfporte au dela du tems et du monde, il embrasfe cette du- ree  gó DOMINATIOW rée immenfé, ou 1'être a une plenitude toujours egale, fans fuccesfion, fans changement et fans vïcisfitudes; il voit la parole dans le fein dc Dieu, Dieu elle même, createur de tout, la vie des êtres animés et.la iumicre des intéfligenees. 11 commencc Ion evangiie par ce langage fublimc: au commencement etait Ia parole, fon principe eft des les jours del'eternité, avant que les anges fuslênt crèés, que les abimes fusfent creuies, que la terre fut tirée du neant, que la main du tout puisfant cut fondé les monta»ncs avec leur masfe pefante, avant la lumiere avant les tenebres, avant tout ce qui a été fait il etait; remontes encore plus avant, entasfez iïecles fur fiecles, mondes fur mondes et de cette hauteur effraiante tournés vos regards tremblans avecSt. Jean fur J. Chrift, vous le verrez fubiiftant dans le fein de Dieu, et ausfi eloigné dc fon origine a 1'inftant qui commence avo.re conception cette duréc immenfe, qu'a celui qui la termine, parceque fon exiftence cmbrasfe tous \ les tems. eternellement pasfé avant le premier des jours, lorsque la lumiere fe repandit fur la nuit du neant il etait, eternellement futur après le dernier des jours, 1'orsqu'un fecond neant aura, englouti le vaftc univers, il fera; car Ie tems, le changement n'approche point du fein de Dieu ou il habite; enlörte qu'il etait hiér, et qu'il eft toujours ce qu'il e ft un feul inftant. Voila M. FR. l'eiernité de J. Chrift, avant que rien fut fait, il etait, etil etait le fils unique dans le fein du pere. Cependant M. FR. ce jour n'eft pas encore venu ou la gloire de J. Chrift, parfeitementtrans- figu-  DE JESUS CHRIST. 97 rée brillera dans tout fon eclat fans blesfer nos yeux, ou les êtres unis dans leur chef glorifié dans fon humanitè fainte.apprendronttoutenlui, connaitront le pere par le fils, et verront la divinité dans toute fa fplcndeur. Cc n'eft qu'alors que feront manffeftéés fes grandeurs, et les fccrets de 1'ineffable generation ; maintenant que nous nc voïons que dans des em'emes, que notre entendement captivé par la loi doit iè foumettre a ce qu'il ne comprend pas, et ne pas temer 1'imposfible, en voulant comprendre ce qu'il doit croire; maintenant nous ne pouvons nous elever jusqu'a J. Chrift qu'en fuivant les traits plcins de grace et de verité, les traits de lumiere qu'il a repandu fur Ia terre. il faut ccoutcr la voix dc Dieu annoncée par lesanges, qui 1'apeile fon fils unique, fon fils bien aimé; il faut comparcr les deux alliances, le chercher dans les ombres et dans les figures, juger de fa puisfance par fesprodiges, 1'adoreren tremblant, et comme les disciples eblouis de fa gloire, dire au dedans dc nous fans trouble, fars efforts, fans images tirees des fens J. Chrift eft Dieu, il eft notre Seigneur, il eft le reparateur fur Ia terre et le confommateur dans Ie ciel, il faut dire comme 1'apotre Col. II en lui font tous les trcfors de la fagesfe, mais ils font encore caches. Telle eft M. FR. telle eft la feconde verité du deuxiemc article du fimbole des apotres. Nous croïons en J. Chrift, nous eroïors que cet Oint du Seigneur, ce prophete, ce facrifiateur et ce Koiqui nous etait neccsfaire, eft le fils unique de Dieu et notre Seigneur. C'eft en fuh ant les O details  9? DOMINATION details d'une partie de la feptieme fection de notre catechisme, que nous ferons aujourdhui quelques reflexions fur cet objet de notre croïance. Puisfe M. FR. puisfe notre difcours contribuer k allumer en nous cette foi vive et falutaïre, dont les fruits font les bonnes oeuvres, la Juftice devant les hommes, mais furtottt devant Dieu, ainfi foit! Nous croions que J. Chrift eft le fils unique de Dieu. II eft certain que les prophetes de Panelen teftament, a qui Dieu avait devoilé les avantages de la nouvelle alliance, il eft certain disje, qu'en parlant du liberateur, du mesfie qui devoit arriver, Us attachent a 1'idée de fa perfonne, celle de fils de Dieu d'une maniere particuliere et exclufive pour les creatures; ils y attachent 1'idée d'une filiation et d'une paternité unique, point du tout femblable k celle des hommes, qui ne font nommés enfans de Dieu que par grace et par adoption. Voici quelques traits de leur langage, qui malgré 1'infpiration divine, a pourtant du être rendu conforme au notre, ou mis a la portée de 1'intelligence humaine. ils difent Pf. II: 7. L'eternel m'a dit, tu es mon fils, je t'ai engendré aujourdhui, et quel eftl'aujourdhui de Peternel ? il renferme le prefent, le pasfé et Pavenir. Us donnent a ce fils les nations, les bouts de la terre pour herige  DE J E S ü S CHRIST. 00 (I tage et pour posfcsfion; ils difent, il m'invo- ;J quera difant, tu cs mon pere, et je 1'etablirai :;J ainé, et fouverain, fur les Rois de la terre. >| ils difent Efai. IX: 6. L'enfant qui nous eft né, a le fils qui nous eft donné, a 1'empire fur fes i epaules, fon nom eft 1'admirable, Ie Confeiller, 1 le Dieu fort et puisfant, Ie pere d'eternité et le I Prince de paix. Ausfi cette idéé s'ctait elle identifièe dans | 1'efprit des Israëlites avec celle de fon attente, I ou c'etait dans cette qualité qu'on 1'att.endait; c'eft ainfi que Nathanaël, Jean I: 49. lui repon;J dit, tu cs le fils de Dieu, le Roi d'lsrael. 1 Lorsque Marthc exprima 1'idée qu'elle avait de lui, Jean II: 27. elle dit, oui Seigneur, jecrois I que tu cs le Chrift, Ie fils de Dieu qui devait | venir au monde; — cette conviction s'etcndait | jusque fur les efprits immondes dont il devait detruire les oeuvres; lorsqu'il s'appiocha d'eux I Mat. VIII: 29. ils s'ecrierent, qu'y a-t-il entre I nous et toi, Jefus fils de Dieu! tant il elc vrai | M. FR. la conviétion que le filut du genre i humain ne pouvait être achevé par une creature 1 etait fi evidente, que 1'idée de ia divinitc etait I; infeparable dc ceile d'un fauveur. Mais dira I t'on, enquoi confifte cette filiation? Je pere a I t-il fur le fils la préeminence de 1'age? le fiJs a | t-il fur Ie pere 1'avantage de la Jcunesfe ? non I M. FR. n'entreprenons pas de rompre les barI rieres pour monter avant le tems vers 1'eterncl. 1 N'entreprenons pas de regarder dc trop pres ce ' buisfon ardent, de peur que nos yeux eblouis ne fe meprennent. G 2 Les'  ICO DOMINATION Les hommes ont esfaïé d'eclaircir les idees que nous devons nous formcr de cette filiation incomprehenlibie; pour cet effet ils ont dit d'après I'Apotre, Hebreux I: 3. qui le nomme la fplcndeur de la gloire du pere; Us ont dit que J. Chrift eft fils de Dieu comme les raïons font engendrés du Soleil; dès que le Soleil luit fes raïons exiftent ausfi, ils ne font pas eux mèmes le Soleil, et ils ne font pourtant pas d'une autre fubftanee, ils font de la même fubftance. ils ont dit J. Chrift eft le fils de Dieu comme les ruïsfeaux font les effcts fimultanès des fources. Si le Soleil, files fources etaient eternelles les raïons et les rivieres Ie feraientausfi. Cependant M. FR. quelle que foit lajuftesfedeces images, il faut avouer que tous les efforts que 1'on fait pour contraindre 1'infini, pour confiner ce qui n'a point de mefure dans les bornes etroites de notre intclligence, ne peuvent qu'abaisfer 1'être fupreme jusqu'a nous, qui ne pouvons pas nous elever jusqu'a lui; après toutes les peines posfibles, nous fommes obligés d'avouer que perfonne ne peut fixer cette generation; nous fommes obliges d'avouer, que fa filiation eft tout ausfi admirable que fon empire. Les auteurs facrés qui ne pouvaient pas nous xendre lesfecrets inenarrablesdel'esfence divine appuïent lorsqu'ils en parient en detail fur plufteurs raifons pour les-quelles ils nomment J. C. fils unique de Dieu, fils qar nature, par fubItance, et non par adoption. ils le nomment fils de Dieu k caufe de fa conception et de fon incarnation miraculeufe. Le faint efprit dit 1'ange Luc, I; 35. le faint Ffprit furviendra en toi, et  DE JESUS CHRIST. 101 et Ia vertu du ' Souverain t'enombrera: c'eft pourquoi ce quï naitra de toi faint fera appellè le fils de Dieu. ils lui donncnt cc nom a caufe de fa refurrection , C'eft dit I'Apotre Act. III: 26. c'eft premierement pour vous que Dieu a refuscité fon fils, ct 1'a envoié pour vous benir. ils lui donncnt ce nom , k caufe de 1'importance de fa misfion qui ne pouvait être remplie par une creature. cette raifon eft citée par le fauveur lui même; il dit Jean X : 36. Vous dites que je blaspheme, moi que le pere a fanctifiè.et qu'il a envoïè au monde paree que j'ai ait, je luis le fils de Dieu. enfin ils lui donncnt ce nom k caufe de l'heritage univerfcl, de cette gloire, divine qu'il a a la droite de Iamajefté de Dieu; c'eft a'nli que dit 1'apotre Hebreux I : 6. Dieu a parlè en ces derniers jours par fon fils, qu'il a etabli heritier de toutes chofes, par le quel il a fait les iiecles, et qui etant la fplendcur de fa gloire, Ia marqué engra\èe de fa perfonne, foutenant toutes choies par fa parole puislante, aiant fait par foi même la purification de nos pechès, s'eft asfis a la droite dc la majefte dans les lieus trés hauts; etant fait plus excellent que les anges, il aheritéd'un nom plus excellent au desfus d'eux, car a aucun des anges Dieu n'a jamais dit, tu es mon iils, Je t'ai engendré aujourdhui. Voici donc M. FR. voici ce que nous pouvons toucher cn tatonnant ce miftere que Ia rcv^lation nous fait fentir. J. Chrifl n'eft pas fi.'s de Dieu par grace comme les; Creatures, II eft un avec le pere. L'esfence divine eft cn lui, car Diéu a tellcment aimé Ie monde qu'il lui a donG j né  102 D0MINATION né fon fils unique Jean III : 16. Dieu a envoiè fon propre fils, afin de condamner le pêché en lachairRom. VIII -3. Dieu a envoïé fon fils fait fujet a la ioi Gal. IV -.4 afin qu'il rachetat ceux qui etaient fous la Ioi, et que rfous recusfions I'adoption de fes enfans. en ceci eft inanifeftée 1 Jean IV : 9. la charité de Dieu envers nous, que Dieu a envoié fon fils unique au monde, afin que nous vivions par lui. C'eft fans doute pour ces raifons que nous lui attribuons le nom de notre Seigneur dans cet article. En cette qualité il a toute puisfance au ciel et fur- la terre, toutes chofes lui ont été données en main par fon pere, Matt. XI • 26 Matt. XXVIII: 18. Dieu 1'a, dit I'Apotre, Ph. II: 9.^ Dieu 1'a fouverainement elevé, ct lui a donné un nom qui eft audesfus de tout nom, afin qu'au nom de Jefus tout genou fe ploïe, tant de ceux qui font aux cieux, que de ceux qui font en la terre, et au desfous de la terre. Cet article renferme donc I'aveu d'une fouveraineté univerfelle qui appartient a Dieu en tant que J. Chrift, ou qui a'partient a f. Chrift entant que Dieu, et en tant qu'il eft' devenu plus particulierement notre Prophete et notre Rcdempteur. ^ Cette denomination particulierement inferée dans cet article, a fans doute été occafionnée par Popinion generale dont nous avons parlé ailleurs, et felon laquelle le monde vifible devait être gouverné par des efprits opofës les uns aux autres, par des divinités fubalternes bonnes ou mauvaifes; felon la quelle il devait y avoir plufteurs Seigneurs qui gouver- naient  BE JESUS CHRIST. 103 naient le monde. L'evangile qui devait chaneer la face dc 1'univers et produire une heureufc revolutlon dans les idees et dans les moeurs des hommes, l'evangile dis-je a ausfi emploie quelqucfbis des expresiions qui aux yeux de quelques uns paraisfent indiquer deux dinafties , deux fortes d'empires dans ce monde, 1'un celui dc Ia juftice, attribué a Dieu, et 1'autre celui du mal attribué au Demon. L'ecriture etant deftinée a devenir utile aux hommes, a ausfi du fe fervir de leur langage ufuel: Or comme ces expresfions etaient ufuelles, il n'eft pas iurprenant que l'evangile les emploïe ausfi. C'eftamlx qu'il eft parlé dans Mat. XXV : 40. du feu eternel preparé au Diable et a fes anges. dans 1'Apocalypfe XII: 7, 9- ü eft fait mention d'un combat entre des bons anges, et de mauvais anges. II eft ausfi dans l'ecriture, il eft ausfi fait mention de la puisfance des tenebres Col. !'• 12, 13. opofée au roïaume du fils bien aimé. Cesjidécs etaient alors generales, tous les hommes, tous les efprits vulgaires fans en acceptcr les juifs, croïaient que le monde etait partagés entre plufieurs Dinaftiés appartenantes a des êtres fubalternes ou a des efprits appellés Demons. C'etait fans doute leur influence qui avait porté les hommes ignorans a rendre des cultes, des fervices pretendus religieux a ces Seigneurs, a ces efprits bons ou mauvais. L'ecri: ture parle fouvent de cette depravation funefte de 1'efpece humaine, elle dït Dcuter. XXXII: 17. Ils ont facrifié aux Idolcs qui ne font point Dieux; aux Dieux qu'iis n'avaient point connus, Dieux nouveaux, venus depuis peu, des quels G 4. leurs  £04 D0MINATI0N leurs peres n'ont pas eu peur. Pf. CVI- 57 Us ont facrifiés leurs fils et leurs filles aux Demons. 1 tor. X: 20. Les chofes; dit I'Apotre, les chofes que les gentils facrifient, ils les facrifient aux Demons, et non pas a Dieu. Cette coiruption etait montée a fon comble iors de la venue ue j ^nnit; ene etait li génerale, que tout le inuiiLie eit repreiente comme piongé dans le mal 1 fean V- rn fi,Li>„ _'1. e hpheC. II:_2. de la puisfance dc Pair, qui etait J elpnt qui agisfait alors avec vivacite dans les hommes, comme aveuglés 2 Cor. IV: 4 par le Dieu du fiecle. Us avaient etabüs des autels ou ils confultaicnt ces pretendus efprits, Seigneurs du monde vifible: Us leur accordaient un empire ii ablolu fur les hommes que tous leurs mal, heurs, même toutes les maladies etaient cnvifagees comme des effets funefies de leur influence. Cette opinion ne pouvait que detruire la vertu et favorifer les vices; car quel motif pourra foutenir 1'homme faible dans la pratiqre du bien, fi malgré tous fes efforts il croit que Dieu ne le protegera pas contre Pinfiuence de quelque efprit qui par fa nature prend piaifira malfaire? L'idee que quelque divinité malfailante aie du pouvoir fur nous, ne favorifera t-elle pas le crime? n'cfi; il pas naturel a 1'homme/de croire, qu'il fe rendra propices ceux qui lui fout fuperieurs en les imitant? Oui M. PR ces idéés contradiaoires, qui partagaient Padminiftration du monde en une infinités de departements foumis chacun a quelqu'êtrc particulier et imparfait, etait la caufe dc ces exces de corruption que les Apotres nous reprefentent Rom. I. comme des affeaions infames, qui chan- geaient  BE ] ES US CHRIST. 105 geaient même 1'ufage naturel en celui qui eft contre nature, et c'eft faus doute pour cette raifon que St. Jean I. Epift. V: 20, 21. dit aux Chretiens: gardés vous des Idoles, car ce font elles qui font que le monde git dans ie mal, et qui nous empechent de connaitre le veritable, le vrai Dieu, et d'avoir la vie eternelle. Jefus Chrift devait delivrer les hommes des tourments, des craintes et des vices qui etaient la fuite de cette erreur. 11 devait renverfcr les autels, faire taire les oracles, et convaincre les hommes que 1'idole n'etait rien au monde, qu'ils n'avaient pas befoin de la craindre, qu'il n'y avait qu'un feul maitre, ou que c'etait Dieu qui operait toutes chofes en tous. La deftruction de cet empire des Demons, eft fouvént reprefentée dans l'ecriture comme un des motifs de Ia venue du fils de Dieu; c'eft ainfi que dit I'Apotre Heb. II: 14, 15. par fa . mort il a detruit celui qui avait Pempire de la mort, favoir le Diable. II a delivré ceux qui par crainte etaient asfujettis a fa fervitude; celui dit St. Jean 1. Ep. III: 8. Celui qui fait pêché eft du Diable, or le fils de Dieu eft apparu, pour detruire les oeuvres du Diable. Le prince du monde dit il, Jean. XVI: 11. eftjugé parj. Chrift, il eft jetté dehors par lui, 12, 31. et St. Luc, Chap. X: 38. reprefente Satan a la venue de I. Chrift, tombé de fon trone, ou de fon ciel comme un éclair. Voila une partie de la grande revolution que le fils de Dieu devait effectuer dans ee monde. H ne nous appartient pas de decider li c'eft par G 5 UJi  JGÖ DOMINATION. un excés de charitë que Ie Sauveur a voulu etabiir 1'idée de Ja cesfation de 1'empire des efprits, plustöt que celle de fa nonexisftance. Peut être difent quelques uns, peut être cette opinion, resfemblait elle a un fleuvc impetueux qui s'etait creufe un lit largc et profond, et qui aurait. caufé une inondation generale fi on 1'avait arreté tout d'un coup dans fon cours. Peutêtre aurait il fallu plus dcprodiges, pour convertir les hommes, li on leur avait dit, vous vous etes trompés en accordant aux Demons un empire, qu'en leur difant cet empire que vous croiez eft detruit. Peut être que les reproches, et c'eft fur tout le langage de nos jours, ou 1'on croit avoir pousfé plus loin la connaisfance de 1'homme, peut être que les reproches d'une erreur grosfiere auraient étés plus humiliants pour la chair et Je fang, que I'asfurance perfuaiivc d'un cliangement dans I'ordre des chofes qui en entrainait de lui même un dans Jes idéés, car la vanité des Idoles avait fouvent été reprochée inutilement par les Prophetes. peut être etait ce une de ces verités, que, comme 1'on dit, le fage ne doit laisfer tomber que goutte a goutte. Peut être l'ecriture a-t-clle menagé les idéés vulgaires a cet egard comme elle le fait iorsqu'en faifant arreter le foleii, elle parait etablir que c'eft lui qui tourne autour de Ia terre. Quoiqu'il en foit M. FR. il nous fuffit de favoir que Dieu nous a delivrès de 1'esclavage des Demons, qu'il a detruit cette multitude de Seigneuries ideales ou réelles, pour nous procurer la liberré des enfans dc Dieu,la liberté|de ceux qui ne reconnaisfant qu'un Seigneur qui gouverne tout avec equité et avec fagesfe, mettent en lui  DE ]ESUS CHRIST. 107 lui feul leur confiance , et ne connaisfent d'autre culte religicux que celui des affections tournèes vers la fagesfe, vers la juftice et vers la yertu, qui etaient detruites par 1'idée de 1'empire des Demons. C'eft cette verité de l'ecriture que les peres de I'eglife ont voulu concentrer dans cet article ; ausfi nous informent ils, que dès que quelq'un fe prefentait pour recevoir le Batêmc, on lui demandait, s'il renoncait a cette idéé que Dieu avait asfujetti les hommes a la Dominatïon abfolue des efprits? L'avcu que J. Chrift etait le fils de Dieu, le feul mediateur etfau veur des hommes, devait necesfairement être accompagné de la promesfe qu'on ne s'adrcsferait plus aux Demons, qu'on ne reconnaitrait plus d'autre fouveraineté que celle de Dieu en J. Chrift; qu'on n'emploierait d'autre moïen pour plaire a Dieu, que celui de Ia repentance, de la foi en J. Chrift, qu'on ne reconnaitrait d'autre empire que celui de la charité, dc la fainteté, et de la juftice dont J. Chrift etait le chéf et. nous les fujets. II eft humiliant de voir jusqu'a quel excès les hommes avaient porté la fraude d'une part, et la credulité de 1'autre. Des fanatiques, peut être des importeurs qui trouvaient leur profit dans 1'idée de 1'impire des Demons , avaient tout emploïé pour la fortifier; ils etaient méme parvenus jusqu'a faire pasfer leurs impoftures pour des reponfes, pour des oracles rendus par les ftatues qui reprefentaient ces efprits. Le vulgaire qui par ce moien fe mettait a 1'aife avec fes pasfions, pa-  108 BQMINATION paraisfait ne pas feulement douter de Ia verité de ces reponfes. Le Chriftianisme devait dciillerles yeux du monde a cet egard. II aurait fans doute mieux valu n'expofer que fes maximes et Iaisfer a la verité le loin de s'infinuerdansiescoenrs des hommes par le fecours de la grace qui 1'accompagne ; mais les premiers fuecesfeurs des Apotres, n'aiant plus ce pouvoirjfurnaturel de convaincre, ont cru devoir fuplèer a ce defaut par eux mêmcs, pour cet effet, ils ont debité aleurs contemporains et transmis a lapofteritédesrecits de la deftruclion dc 1'empire des Demons, 'et de la césfation des oracles fixée a I'epoque de la naisfance de I. Chrift, dans les quels ils ont oublie de refpecfer ces notions comunes que nous nommons bon fens, ils ont oublie dans 1'ardeur de leur zele de ne pas devenii contradicloires. C'eft a ce genre qu'appartient Ia reponfe donnée par 1'oracle de Delphes, a I'empereur Augufte iors de la naisfance du fauveur. Un pere de I'eglife nous raconte qu'Augufte fongeant a fe donner un fuccesleur, alla confulter 1'oracledeDelphes, il n'en regut dabord point de reponfe quoi - qu'il n'epargnait point les Sacrifices; a la fin cependant il en tira une qui devait convaincre quele fils de Dieu avait detruit 1'empire des Demons. 1'Oracle lui dit, 1'Enfant Hebreu, a qui tous les Dieux obeisfent, me rend muet, il me chasfc d'ici, et me renvoïe dans les enfers. Sors de ce temple fans parler! II eft aifé de voir la foi que mentent de pareils contes, II eft aifé de voir que c'eft une abfurdité de faire tenira un efprit devenu muet, uneharangueasfez longue, pour dire qu'il ne pauvait pas parler. Si dc pareilles contradictions ont été debitées et cru.  DE JESUS CHRIST. IOO crues, eft il etonnant de voir que la doctrine de 1'evangUé, ait tellement été amalgamée avec les traditions des hommes que dans la fuite elle a presque été mcconnaisfable. Non M. FR. J. Chrift nous a delivrès de 1'empire des Demons, II a detruit 1'influence malheureufe que 1'idée de ces Seigneurs, de ces Souverainetés multipliées avaient fur les hommes; mais cette deftruction ne s'eft pas fake dans un inftant. Son exiftence dans i'opinion etait 1'ouvrage des liecles, et ce n'eft qu'avec le tems qu'elle a pu être detruite. Ce n'a été que lorsque l'evangile eft devenu la Religion dominante, qu'on a pleinemcnt vu que les oracles, et par confequent la theorie des Demons qui les foutenait, "n'etait qu'une impofture. Ce n'eft qu'avec le tems qu'on eft venu a bout d'exterminerlafuperftition. Tant il eft vrai, que quand Terreur eft une fois en posfesiion des efprits, il eft difïïche de 1'en chasfer, quclquefois elle s'allie même avec les idéés nouvelles; et ferait il imposfible M. FR. ferait il dificile d'en trouver encore parmi nous des traces ? feroit il imposfible de trouver encor de nos jours de foi ajoutée aux fonges, au vol des oifeaux, aux difeurs de bonne aventure, aux augures, au choix des jours a 1'aparition de fpectres, a 1'exorcisme, aux presfentimens et a toutes ces erreurs qui ne font que desreftes de cette errcur generale, qui attribuait 1'empire de ce monde a une quantité d'efprits fubalterncs toujours en haine et cn opofition les uns contre les autres. Mais fi 1'enoncé de cet article ne nous rapelle plus  IIO DOMINATION plus 1'empire des Demons, fi ce n'eft plus a I'idolatrie que nous promettons de renoncer en le prononcant, il eft une autre verité que I'aveu de la Domination de J. Chrift doit toujours rendre active et prefente a nos yeux;elle doit nous faire craindre le danger de la fupcrftition et du fanatisme, qui paraisfent engendres par 1'idolatrie, et qui font presqu'ausfi nuifiblcs parmi les Chretiens, que 1'etait le culte des idolcs parmi les paiens. Et certes M. FR. I'Idolatre qui croiait a 1'influence des efprits, s'imaginait de les apaifer par quelques facrificés, il tranquilifait fa confeience par quelques viclimes, mais il n'etait pas perfecuteur: Perfuadé que chaqu' homme avait fon Dieu, fon genie tutelaire, il ne fongeait qu'a fe rendre Ic fien propice, fans fc mettre en peine, pour forcér les autres k reconnaitre 1'empire exclufif de fon ange gardien. Mais lc Chretien fuperftitieux n'a pas cette tolerance, fon imagiriation exaltée, qui lance des éclairs tenebreux fur tout ce qui 1'environne, lui montre partout ausfi des fens cachés, elle lui fait voir en tout du merveilleux; elle ajoute foi aux prediclions ausfi obfeures, ausfi inintelligibles que 1'etaient celles des oracles, ello voit dans tous les phenomenes de la nature des augures, ou des prefages. Et quel eft 1'extreme auquel cette trop grande credulité conduit? c'eft Ie fanatisme reiigieux, inconnu aux paiens. Ces derniers croiaient qu'avec une offrande ils pourraient racheter 1'impunité; mais lc chretien fuperftitieux croit fe rendre infaillïble avec qmelque pratique de réligion minutine. Le paien rabaisfait fes divinités imaginaiT res, jusqu'a les rendre femblabes a lui même, mais  BE JESUS CHRIST. 111 mais Ie chretien fanatiquc et fuperftitieux s'eleve lui même jusqu'a fe rendre femblable a la divinité; il brife tous les liens dès qu'il fe livre en proie a fon entlïoufiasme. Et en effet, quel frein le fanatiquc fuporterait il, puisqu'il s'elance hors des regions de la nature ? II cherche toujours dans le ciel 1'origine des chofes, ï qu'il ignore fur la terre: C'eft a la voix de 1'eternel qu'il croit repondre. Le fanatisme, dit un auteur, rend tout croiable, parcequ'il rend tout posfible; II prend le trouble de fes fens et de fon imagination, pour cette infpiration qui fait les Apotres, et qui n'eft cependant que le fuperftitieux delirc qui pousfc 1'homme aux cruantés. Tout eft furnaturel dans fes caufes et j dans fes effets. Ce font les interets du ciel i qu'il croit venger, lorsqu'il viole les loix de la nature. C'eft une palme immortelle qu'il fepropofe. C'eft au fein même dc Ia Religion et de la verité qu'il va puifer ces crimes; et c'eft furtout ce qui le rend presqu'incurable. Le remords fait quelquefois balancer un crïminel pret^ a fraper; mais Ie fanatique qui fc croit infpiré n'a des remords qu'a balancer, II ne dit point comme le vil asfasfin je comettrai le crime dans les tenebres, car je dois craindre 1'oeil des hommes, il dit je publieraimonmeur1 tre devant les juges, je m'en glorifierai fur 1'echaffaud, car je ne crains que 1'oeil dc Dieu qui m'infpire. Oui M. FR. Ie fanatique loin de fe fousmettre a 1'empire de J. Chrift, qui eft celui i de la charité, s'erige foi même en fouverainj, et ;! s'jl fe couvre du nom du fils de Dieu, ce n'eft que pour en faire un inftrument de fes egarenients et de fon injuftice. Vol-  112 d0m1nati0n Voila M. FR. voila le danger contre Ie quel cet objet de notre foi doit nous garder. Nous promettons par la, de mettre un frein a cette imagination qui nous fait fi facilement trouver du miftere dans tout ce que nous ne comprenons pas; nous avouons que tous les phcnomenes, tous les meteores de la nature quelques menagants qu'ils paraisfent, nous avouons que le tonnere ct les orages ne font pas des avant-courreurs de la colere dc Dieu , que ce font des evenements plus proprcs a nous infpirer la reconnaisfance que la peur, quelques terrible, que puisfcntêtre quelque fois leurs effets. Nous reconnaisfons qu'il n'y a point d'autre empire dans ce monde que celui de la juftice, de la bonté, de la Sagesfe et de la toute puisfance de Dieu que J. Chrift a etabli; nous promettons de nous ranger fans les etendarts de celui qui nous a delivrés d'une tirannie ausfi affreufe que 1'ctait celle de la fuperftition, de 1'idolatrie et du fanatisme. Nous reconnaisfons que 1'efprit du Seigneur a été fur J. Chrift, qu'il 1'a oint d'une huile de joie Efai LXI -.3. Pfaeume XLV : 8. pour evangclifer aux debonnaires, pour gucrir ceux qui ont Ie coeur froisfè, pour publier aux captifs la liberté, pour etablir a perpetuité un trone dont le feeptre eft celui de 1'equité et de 1b juftice. Nous declarons que Dieu nous a elus pour être une Sacrificature Roïale en J. Chrift, une nation fainte , qui par fa conduite doit annoncer les vernis 1 Pierre II de celui qui nous a appellés des tenebres a fa merveilleufe lumiere. Nous declarons que nous renoncerons a 1'impïeté dans Patiënte de la gloire du grand Dieu et de lapparition de J. Chrift, qui s'eft donné foi même pour nous  hl: j E S U S CHRIST, 113 hous, afin dc nous racheter de toute iniquité , pour lui être un pcuple propte, aeorné aux bennes oeuvres. Nous promettons d'obeïr a J. Chr.lt, de fiechir nos genoux au nom de ce Seigneur qui regnc fur tout, I Cer. XV : 24. jusqu'a ce qu'au grand jour, il aura remis le roïaume au pere, afin que D.cu foit tout et iOus. ö Dieu manifeftè fur la terre, peur fauver les hommes! — Achevcz en nous votre ouvrage! Rcgncz fur nous par votre grace et par votre Verité. Afin qu'unis infeparablement avec vous, nous celebrions v os grandeurs, dans le tems et dans une eternité bienheureule! — Ainfi ïoit 1   VI. DISCOURS, Humanité de Jefus Christ. Articles 3 et 4. du Simbole.  TEXTË: i Ep. de St. Paul a Thimothéé Cap. 2. verfets 5 et 6. Car il y a un feul Dieu, et un feul Mediateur entre Dieu et les hommes, favoir J. Ckrtft homme: qui s'ef donné foi même en rangonpour tous, afin (Pêtre en tcmoignage en Jon propre tems. Seaions 8 et 0. du Catechisme,  M. T. C. FR. EN J. CHRIST! JL^cs paroies que nous venons de lire pour texte, renferment le motif qui juitifie le devoir que I'Apotre prefcrit aux Chretiens dans le com men cement dc ce chapitre. J'exhorte dit H, j'exhorte qu'avant toutes chofes on fasfe des requètcs, des prieres, des fupplications et des actions de grace podr tous les hommes. Sans doute, qu'il,n'y a pas de moïen plus efïicace dc rendre Ia charité active, que celui de portcr 1'idée des rapports dans lesquels nous llmmes envers les autres, même "dans notre eommerce particulier avec la divinitê, ou dans nos prieres. Et certes M. FR. qui peut douter de Tintcrvcntion de Dieu dans la confci vation de I'ordre focial3 qui peut douter du devoir indilpcnfablc de s'y foumettre, qui en refulte pour nous, cn voianr le fpéctacle mobile et varié du monde ? Cette circulation rapide de mouvemens tous dirigés par un interet propre, vers un but genera! d'utilité commune: cet echangc perpetuel de travaux et dc bons offU ces, nous fait admirer dans 1'organifation de I'ordre focial le merveilleux ouvrage de la Providence qui 1'arendu neccsfaire, Quelle induftrieuie engrainure entre les roues inombrables qui compofent cette machine immenlë! quel noeud H3  118 HUBAïITé invifible les unit! quel resfort les anime routes* er les fait agir? un feul, lc bcfoin reciproque. II en eft du fpeöacle de la focieté comme de celui de la nature. L'etonncmcnt luit de prés la meditation. Da is celuici un grain de fable devient un prodige quand on y refiechit, tout comme les grandes operations qui nous frapent au premier coup d'oeil; et dans 1'autre un laboureur a la charrue, un marinier fur fon tillac, eft un homme tout ausfi etonnant que fon femblable fur le trone, lorsq'on le conlidere comme une des pieccs esfentielles du mecanisme focial, et que dans ce fifteme on voit tous les agens de la fubfiftance commune reunis, accordés et mis en mouvement par la même loi, qui eft celle du befoin, 11 eft imposfible d'exclure la providence de la confervation de cet ordre: ou comme dit l'ecriture, il eft imposfible de ne pas avoucr, que c'eft Dieu qui a ctablis les Rois et les fujets', les Dominations et les obeisfances. Qu'il faut que le enaitre et le valet, que le riche et le pauvre fe rencontrent, mais que celui qui les a tous faits, c'eft Dieu. Si 1'arrangement inegal de Ia focieté a étc necesfaire, quel moien plus cfficace pourra nous gorter k le refpeöer, que celui' d'cnvifager tous les hommes, dans quel ctat qu'ils fe trouvent, comme des inftruments, k 1'aide des queis le majtre commun veut atteindre le grand but du bonheur et de la confervation commune? quel plus fur moien dc nous rendre indulgents et charitables envers les autres(, que celui de faire de Dieu le centre commun de tout: De lui dire, Seigneur tu as etablis des Rois  DE J E S U S CHRIST. Rois, tu as etablis des dignitcs, accorde leur la fagesfe necesfaire; ct puisqu'ils font refponlablcs devant toi, donne nous la grace de fupportev cette dependance ausfi necesfaire, et dont le fentiment grosfit fi facilcment leurs fautes, et change fouvent leurs mcilleurcs achons en mjuftices: accorde a tous les hemmes, dans quel etat qu'ils foierit, ce fentiment actif, que c'eft h toi qu'ils doivent rendre compte de leur conduite. Cc devoir de prier pour les puisfances, a toujours été regardé comme necesfaire au maintieu dc la paix, et comme une partie esfcnticlie de ia Religion; parceqtfe les fentiments que nous-tcmoignons dans nos priores, nepen vent, s'ils lont reël», qu'influer fur notre conduite. C'eft ainli que nous trouvons dans 1'ancien teftament des pasfages, qui nous prouvent que les Israelitcs fe croïaieni obiiges de prier pour les Souverainsj quand même ils n'appr.rtcnaicnt pas la pefterite de Jacob. Dans lc livre d'EsdraS VI :" tói 11 eft dit', le peuplé doit prier Dieu pour la vicduRoi de Porie ct pour celle de fes enfans. Le prophete jerenfe XXIX :ji ditaux Juifs qui etaient a Babi'lone, cherchez la paix dc la viilc dans laquellc je vous ai faits transporter, piiez 1'eterhel pour elle,- paree qu'en fa paix vous aurez la paix» Et a quelle autre caufe pourrions neus attribuer ces Apotheofes abfurdes', ces elevationsau rang des Dieux, dans lequel les païens placaient leurs fosverains après leur mort, fi cc n'eft a ce fentiment intimc, que Dieu etant 1'auH 4 leur  120 S-.ü M A N I T é reur de I'ordre, de ï'fnegalité dans ee monde, il cn pouvait encor eonlêrver des tracés dans 1'autre. Le Chriftianifme etant defliné a etablir dans ce monde la paix et le bonheur, il eft naturel qu'il tache furtout de donner a nos coeurs ia direclion qui y eft necesfaire, de nous penctrer du fentiment de la necesfité de I'ordre, paree-' que les fentiments font d'ordinairc iCs mobiles dc nos actions. C'eft en particulier ce que I'Apotre fait dans le Chapitre de notre texte i il y inlifte fur les prieres comme fur le plus fur moïen de mener une vie paifiblé et tranquile, en toute honnetetéet picté; car comment les hommes peuvent ils prier pour la paix, fans la rechereher! Comment pourraient ils prier Dieu de leur accorder une vie pailible, fans être pcnctré.s-du fentiment de fa necesfité, et desefforts qu'on doit faire pour 1'obtenir. L'Apotrc nous propofc pour modcle de notre charité, celic du feul Dieu qui veut que tous les hommes parviennenta Ia connaisfance de la verité , ct a la jouisfance du falut; il nous indique le moïen par lequel ce feul Dieu veut repandre les lumieres de la verité, et mettre les hommes en etat d'obtenir le falut. Ce grand moien, c'eft I'envoi de J, Chrift au monde; J. Chrift, dit il, devenu honïme, nous a donné dans fon humanité femblable k Ia notre Gal. IV. 1'exemple de ia foumisfion et de la charité que nous devons avoir pour les autres. J. Chrift devenu homme, a pu fe donner en rancon pour nous tous,ct c'eft k cette grande verité que nous r-endons un temoignage public en ces tems, qui fans doute font plus propres pour cela, que les tems pasfès, L'A-.  DE J E S U S CHRIST. 121 L'Apotre rctrace dans ces paroies ce que ]. Chrift a fair pour nous dans fon bumanitè, ou dans fa quaiitè d'hommc femblabic a nousexccpté dans lc pechè, C'eft 1'objet dc notre foi qui fe trouve exprimè dans les articles trois ct quatriemc du fimbole des Apotres, ou après I'aveu de notre croiance cn fa divinitè fe trouvent ces termes: concu du St. efprit, nè dc la vierge mme, il a fouflert fous Ponce Pilate, il « éte crucifiè, il eft mort, et il a eté enlëveh. Le catechismcrecu dans nos eglifes , explique le fens de cesjarrcles dans les lèctions 8 et 9. et c'eft a faire quelques refiexions tant fur t'hiftóirc de leur compolition, que fur Pimportance de leur contenu que nous cmploicrons cet entretien. Puisfe t-il contnbucr a affermir en nous cette foi falutaire dont le früit eft celui de nous rendre femblables a J. Chrift, comme il eft devenu fembiable a nous ; de mourir au pechè, de vivre en faintetè dc vie, et d'entrer avec lui dans la gloire, ainfi foit! On dira peutctrc, pourquoi eft il necesfaire dc repeter fans cesfe des fujets connus? pourquoi faut il lans cesfe rappeller aux chretiens des dogmes qu'on leur a infpirèj dans leur cni'ance? M. FR. il en eft de verités esfcntielles dc la foi, comme des alimens fimples dc la nature. Lorsque Ia fa'm nous presfc, elle ne nous fait jamais defirer des mets exquis; Le pain' éft le premier objeï dont elle nous prefente i'idcc, et ce n'eft qu'après avoir fatisfait les premiers bcibïns, que nous fouffrens des atteinte dc la friü 5 au-  122 HUMANITé andife. II en eft de même des befoins de hótrë efprit; etant lui même fort bornè, le ecrcle des verités utiles qu'il doit favoir, doit 1'êtré ausfi. Le raifon qui ne s'occupe que du reè'1, a peu de befoins; ce n'eft que i'imagination qui éhtraine 1'homme dans le fejour ,dcs enehantemens, qui le fait oublier foimême, pour courir toujours après dc nouveaux fantomes. *D'ailieufs M. FR\ il eft heuréux, que les verités de Dogme, les verités cachées, foient en petit nombre. II en eft d'elles comme de nos devoirs moratix: cc n'eft pas Ia multitude des loix qui nous les fait mieux obferver, au contraire plus elles font fimplcs, pius leur obfervation fera facile; ausfi 1'etcrnel ne les avait il comprifes que dans dix preceptes,- malsrré la dureté du peuple juifj et encor parmi ces dix commandemenrs, il y cn avait qui fervaient de details aux autres j ct le fauveuf reduit lc conferiu de la loi et des prophetes fous les titres de 1'amout de Dieu et de celui des hommes. Si la multitude des confequenecs 'que les hommes ont tirées de ces deux devoirs fimples et clairs, a été II nombreufe et fouvent fi contradictoire, que ne ferait cc pas fi Dieu avait multiplié le nombre des Verités cachées, et fourni a chaq'un Ie pretextc d'appuier de fon autorité tous les phantomes d'une imagination qui s'egare fi facilement ? Non M. FR. il eft heureuJc pour vous et pour nous, que perfonne i Cor. III: u , ne peut pofer un autre fondement que celui que Dieu a pofé lui même, qui eft J. Chrift; il eft heureux que  BE JESUS C'HRIST. 12$ que nous ne pouvons vous indiquer qu'une route du falut que Dieu a lui même tracée: ct fi votre fenfualité s'ennuierait d'entendrc une verité fimple, a la quelle nous devons toujours vous rapeller, nous n'avons d'autre reponfe h. vous donner que celle d'un ancien: vous mangez toujours les memes mets qüoique preparés difcremment. Les befoins de votre efprit reftent toujours les mêmés, comme eeux de vo* trcCorps: aprenezdone ce que vous favez dejay comme iï vous ne 1'eusfiez jamais apris, car on ne fait jamais fi bïcn les chofes, qu'on ne puisfe pas les oubiier. Ce n'eft qu'a force de fe convaincre fouvent des verités esfentielles, qu'on parvient a les rendre acfivcs dans notre conduite; car 11 nous, ou un ange, Gal. I: 8. du ciel vous annoncerait un autre evangile, que celui qui eft annoncé', qu'il vous foit anathemei Une autre objcclion qu'on pourrait faire ici avec plus de fujet, me parait celle ei. Pourquoi a-t-il été necesfaire de mettre un detail fi fpecifiè dans I'aveu d'une verité iimple? pourquoi a-t-il été necesfaire tic particulariier la conception, Ia naisfance, le crucificment et Ia mort de J. Chrift, la ou felon notre texte I'aveu de Ia croiance en J. Chrift homme aurait tout exprimé, et aurait même ecarté la dangcr des expresfions impropres, qu'on court risque d'emplo'er en voulant inüftcr fur ces details ? M.FR. rapellczvousce que nous avons dit, touchant la compoiition de ce fommairc des articles de la foi que nous nommons fimbole des Apotres. Ce ne font pas les Apotres eux meines qui nous Pont transmis dans les termes ou il fe trouve con-  JH24 HüMAKIlé concu acruellement. Ce font les erreurs, les herclics qui font fuccesfivement eclofcs dans I'eglife, qui ont ren dus ces details, ces repetitions neccsfaires, ct c'eft leur conformité avec l'evangile qui nous les a fait recevoir comme une regie invariable en fait de religion reveiée. Kt en efl'ct, les premiers Chretiens n'avaient pas bcfoin de ces details circonftanciès, plus finceres que curieux, ils ne cherchaient que la verité. ils fentaient le bcfoin d'une reveiation furnaturelle, Us fentaient que la fupériririon du paganisme, que Ie culte des faux Dieux ne pouvait pas leur donner cette paix de la confeience, qui furpasfel'entendement des hommes; que la croiance en ia multitude des Dieux oppofés les uns aux autres, ne pouvait pas epurer les norions de cette vertu, de cette juftice fans la quelle il n'y a point de bonheur fur la terre. Les juifs fentaient que le fang des taureaux ne pouvait pas expier leurs pechés, que le joug des ceremonies avait fourni a leurs conducteurs fpirituels, une fpeculation de fourberic qui n'etait utile que pour eux. Enfin tous les hommes fentaient le belöin d'une revolution dans 1'etat religieux, ou dans 1'etat moral du monde, ils foupiraient tous' après une delivrance qui ne pouvait venir que dc Dieu. Us attendaient tous, comme dit I'Apotre Rom. VIII: 20. Us attendaient dans 1'efperancc qu'ils feraient delivrés de la fervitude de la corruption, pour être en la 1 berté de la gloire des enfans de Dieu. Les Apotres annoncaient cette delivrance; leur preuication aiant tous les caracteres cie la verite, etait crue de bon coeur. Comme Ie grand remede a tous les maux ne pouvait venir que de  de jesüs christ. 12.7 de Dieu, on favait d'avancc qu'il devait y avoir du prodige, du miftere dans la manifcftatiori des details de ce reméde. Ausfi füffifait il aux Apötres d'annoncer a leurs concitctiens, que dans 1'accomplisfément du tems, Gal. IV-.4. Dieu avait envoié fon fils, fait homme, fujet a Ia loi de la nature. Son hiftoire, fa vie dont ils avaient étés les temo'ns oculaires, fon nom feul entrainait 1'idée cf une naisfance miraculeufe, des foufrancës, de la mort et d'une humanité réeile, malgré tous les mifteres qui 1'environnaient. Ils croiaient en Jefus Chrift, ils prouvaient la verité dc leur foi par une vie femblablc a la fienne, et la paix avec Dieu, la pureté de leur vertu, fufiifait pour les convaincre que dans cette nouvelle carrière, ils nefuivaient point les fablcs des hommes artificieufement compofées; mais le flambcau d'une verité, ccleste et infailliblè. Ils adoraient les mifteres fans entreprendre de les fonder. Cependant ce bonheur ns fut pas de longue durée; les cxhalaifons des vices qui avaient inondé la terre, offusquerent bientöt la clartè de ce flambeau defcendu du ciel. II arriva de cette revolution, malgré la divinïté de fon origine, il arriva ce que 1'on voit arriver dans toutes les revolutions humaines. L'exès du defpotisme et de Ja tirann'c les rend quelquefois faciles; mais il eft imposfible d'arreter les hommes dans les juftes bornes, après les avoir mis en mouvement. II eft presque imposfible d'empccher qu'ils ne fasfent que changer d'crrcur ct de mal, en courant en aveuglcs après le bien. II eft presque imposfible d'empccher qu'en voulant abolir les abus, ils n'en abolisfent 1'ufage. 11 eft doulou- reux  126 HUMANITé reux de voir peu après 1'age des Apotres, de voir difparaitre eette douceur qui faifait le carractère diftincn'f des premiers Chretiens, qui faifait 'qu'ils avaient tout en commun; de voir difparaitre cette charité fraternelie, et de voir entrer dans I'eglife ces haines, ces disputes qui en peu Pont presque fait ccsfer d'être ce qu'elle etait d'abprd, L'hiftoire dc I'eglife fournit une leöure fouvent humiliante, parceque comme toutes les hiftoires, elle renferme plus de monumens de vicc que de vertu. On ne peut fans fremir, on ne peut voir jusqu'a quel point on ii pousfé le fanatisme ct la fupercherie d'une part, ct la credulité ct la fuperftition de Pautre. Peu aprés Page des Apotres, et même de leur tems, il fe trouva des inipofteurs qui crurentgagner a cette revolution qui venait d'cclater, Ils s'en crigerent en herauts, ct fc difant eux mêmes être le Chrift, ou fes envoïés, ils ajouterent a la fimplicité de fa Doctrine la confuiion de leurs idéés. Ils voulurcnt expliquer les mifteres cn commentant ou en ajoutant aux ecrits des Apotres; ils introduifirent ainfi une foule d'opinions erronnécs, qui ont forcé les defenfeurs de Ia verité d'ajouter a la brievete des premiers Simboles, d'ajouter des details de leur compofition, ct de les oppofer autorrentdesherefies, comme des digucs qui doivent detourner le cours d'une fleuve, toujours pret ii fc deborder. Je vein vous donnerune idéé fuccincte de ces erreurs, telle que les auteurs de l'hiftoire eccleliaftique nous Pont transmife.  BE JESUS CHRIST. I27 Le grand principe du chrifh'anisme, eft que la Öivïnité dont il developpe les details de 1'eslènce mifterieufe, que Dieu alt revetu, animéuncorps pour demeurer parmi nous , pour fe rendre viliblc h nos yeux, et nous donner la certitude que 1'ouvragc dc notre falut etait achevé, C'eft ce principe limple et facile a faiiïr, que l'ecriture exprime par ces termes ou pard'autrcs Smqminës, le fils de Dieu, s'eft fait fi!s de 1'homme. Dieu eft manifelté en chair. Ce bicnfait mifterieux qui avait etonné les anges de ciel, a frappé 1'esprit des hommes, des que leur cceur a cesfé d'en (ëntir le prix. La prophetie de Simcon a été accomplie Luc. II: 32. Celui qui devait être la lumiere des nations, a ète pourtrebuebement, pour un figne auquel on a contredit, en voulant 1'expliquer. Les premiers heretiques,qui nous fontconnus fous les noms de Cerinthiens et Ebionites, admettaient 1'humanité de J. Chrift, mais ils niaient fit conception miraculeufe par I'operation du St. Efprit; ils foutenaient, felon letemoignage des auteurs de leurs tems, que J, Chrift etait né comme les hommes naisfent, et' qu'il ne s'etait diftingué de fes femblables que par la fuperiorité de fa juftice, de toutes les vertus ou des qualités morales. Quelques uns croïent que c'eft contre des pareils fectaires que St. Jean a ecrit fon evangile, parcequ'il y infifte principalement fur la Divinité de J. Chrift. C'eft pour cette raifon difent les anciens peres de I'eglife, c'eft pour preferver les Chretiens des erreurs des Cerinthiens et des Ebionites, que nous faifons men-  HUMANTTé mention dans nos Siinboles de la concepron ei dc la naisfance du fauveur, pour rappeller fans cesfe a leur memoire, que le Dieu du ciel n'a pas pu naitre comme les hommes naisfent, mais que le corps qu'il a revetu, a éte foi mé d'une maniere miraculeufe par la vertu, parle ionffie ou par Poperation de fon efprit. Ccpendant cette erreur n'a pas été la feule qui a troublé ia paix de I'eglife primitive. Lorsque 1'efprit de 1'homme franchit les barrières qucle fentiment de fa faibletlè devrait leporter a refpecter, lorsqu'il fe laisfe entrainer par le feu de 1'imagination, il n'eft point de chimère, point d'abfurdité qu'il ne confonde avec les lumieres de la raifon. Les Vaientiniens, autres heretiques, les Vaientiniens difent les pcres de I'eglife, trouvaient qu'il nc convenait pas au fils de Dieu, d'être engendré cofnme les hommes, ni d'avoir un corps réel, qui felon leur principe n'aurait pu être exempt des vices inherents a la matiere j Pour cet effet ils foutenaient que ft J. Chrift avait eu un corps, ce corps devait avoir eté formé dans le ciel, d'une matiere aerienne, ou plus pure que la terreftc. lis difaient que ce corps defcendu du ciel tout formé , n'apit fait que traverfer celui de la vierge Maric, fans participer pour rien aux faiblesfes de la nature humainc. Les Gnoftiques, attachés aux principes dc la philofophie paienne, qui difait que la matiere etait vicieuie par fa nature, ct que dans lc ciel il ne fe trouvr.it point de matiere, foutenaient que J. Chrift n'avait point eu de corps du tout: que ce qui nous paraisfait en lui de corporel, n'en etait que le phantomc on la res- fem-  DE JE SUS CHRIST. 129 fcmblance. Selon ce fifteme abfurde tout le contenu dc l'evangile devenait une allegorie. Ces heretiques, difent les peres dc I'eglife, ces heretiques pretendent que J. Chrift n'a pas réellement vecu parmi nous, mais qu'il a feulement fait fcmblant de naitre, qu'il eft né en effigie, pour parler ainfi, qu'il a enfeigné, qu'il a fouffert, et qu'i) eft mort eh effigie; enunmot M. FR. felon cc fifteme, toute l'hiftoire du fauveur etait une fuite nöninterrompue d'enchantemens et d'illuiions. 11 parait que ces heretiques avaient commencé a repandre leurs erreurs deja du tems des .Apoircs; dumoihs St. Jean parle dans fa 1 Ep. Chap IV. des- Ante"chrifts qui ne confesfent point que J. Chrift eft venu en chair. Quoiqu'il cn foit, c'eft pour arreter la contagion de pareilles erreurs, que les fideles ont trouvé necesfaire d'exiger I'aveu des details auxquels les premiers Chretiens n'avaient pas fculemcnt fongé. lis favaient que J. C. avait vecu parmi eux, ils fentaient que la route qu'il leur avait tracée etait celle du ciel, ct il ne leur venait pas feulement dans 1'efprit, de vouloir fixer Ia maniere dont lc teut puisiant, dont celui qui avait crèé la terre de rien, ct 1'homme de la terre, avait pu former et animer un corps femblable au notre, pour retablir 1'image de Dieu que nous avions perdue, et pour donner aux hommes une preuve fenfible que Ie ciel etait reconciliè avec la terre. Cependant le fanatisme n'a pas été le feul mal qui a infeclé I'eglife. L'impofture s'en eft ausfi melèe. La grande revolurion que l'evangile avait operae, attirait fans doute 1'attention de 1 tout  5'3° H O M A N I T é tout Ie monde. C'etait en s'en crgeant en defenfeurs, que les fourbes reusfisfaient afairedes Dupes. Les propheties Mat. XXIV. et 2 Thesl'. II. ont été accompliés. II y a eu plufteurs qui ont dif, le Chrift eft ici, ou il eft la, qui ont étès puisfants en fèduétion, ou qui comme des fautercllcs Apoc. IX: 4. fe repand'rcnt fur la terre en nuiiant aux hommes qui n'avaient pas la marqué de Dieu fur leur front, on croit que Simon le magicien a été le premier qui a emploié cetie resfource pour s avancer dans ce monde. Quoiqu'il en foit, ij y a eu plufleürs faux prophetes qui fc font dits eux mêmes être le Chrift, ou dumo'ns être envoiés de lui, pour achever I'ouvrage qu'il avait commencé, pour etablir fur la terre une Domination univerfelle dont ils déva'ent fans doute être les chefs. II eft aparent que plufteurs aient reuslia faire fortune, aumoins 1'exemplepofterieurdu fondateurduMahometismc prouve que quelques unsont pu reusfir par ce moien: Et c'eft pour mettre les Chretiens en garde contre ces importeurs qui fe jouaient de leur faiblesie, qu'on a été obligé d'ajouter au iimboie des Apotres, tous les caracteres qui felon l'ecriture dïftmguaient 1'envoïé de Dieu, de ceux qui n'etaient animés que par leurs pasfions. Tel eft donc en d'autres termes le fens de ces articles: Nous croions que f. Chr'ft homme, a réellement eu un corps femblable au notre, excepté dans le pêché, que ce corps a été formé d'une maniere miraculeufc, mais qu'il a réellement vecu et fouffert, II eft apparent que parmi beaacoup d'impofteurs heurcux, il yen a ausfi eu qui n'ont recueiili aucun fruit de leurs entreprifes qui confondus' avec les martyrs, auraient encor  DE JESUS CHRIST. encor pu fourvoïer les fidelcs par leur resfemfclanoe avec Chrift, il donca fata dire, nous eioions en ce J. C. qui a (buffert Ia men fous lc gouverneur Romain noniméFoncePilate, lequel a rendu temoignagede fon innocence; nousnc croïons pas qu'il air. voulu dclivrer Jfraèl de la Dominaiion romaine, ni qu'il air. vc-tiiu etablir un Roïaumc terreftremais qu'il fallait qu'ii fouffrit ces chofe.%er qu'il mourut pour rentrer dans fa gloire. Luc. XXIV. Notre Cathechifmc ajoute les verités de foi que ces articles renfern ent pour nous qui n'avons plus les erreurs des premies fcclatcurs de 1'egliié a craindrc. il dit la conception de J. Chrift nous rapelle fans cesfe, que la fb;mation desfon corps h été miraeuleule, exemte de toute contamïnation : qu'etant né de Ia vierge Rfarie, il a eté celui qui devait fortir de la maifon de David, L'aveu dc fa mort foufferte fous ponce Pilate nous rapelle la verité de fon luftoire, et 1'accomplisfement du tems predit par les Prophetes, Dan. IX. ct Gal. IV. La femence portée contre lui nous rappellc fans cesfe, qu'il s'eft laisfè mettre au rang des malfaiteurs, Efai, LUI. qu'il a pris Ia place ,des coupables, qui etait la notre. Son genre de mort auqucl Ia maledicikm etait attachee, nous prouve qn'il a aneanri Ia tnalcdiélion qui etait contre nous, afin de pouvoir nous benir. Sa fepulture nous asfure qu'il eft réellement mort, comme il avait réelïement fouffert, qu'il a fancfifié notre mort, que nous ne devons plus la craindre, mais plustót I'envifager en J. Chrift comme un paslage heurcuxspour nous introduire a une meilleure vie, I 2, Oa oa  132 1 HHMANITé On dira peut être, qu'après avoir mis fur Ia route de la foi, des indices fi clairs qui re permettaient pas aux hommes de fe meplendre dans la connaisfance du fauveur; qu'apies avoïr montre 1'ïnutilité de ces recherches fur la maniere de la formation du corps de J. Chrift, les chretiens fe feront mefiés des lueurs trompeufes de Pimagination, pour ne fuivre que la clarté moins brillante, mais fimple et pure de la raifon et de l'evangile. Et en effet M. FR. ce qui rendait felon Ie fentiment intime dc tous ies hommes, felon le temoignage de l'ecriture; ce qui rendait la revelation necesfaire, etait 1'excès de la corruption humaine, Pexcès de la fuperftition, de Pidolatrie et des \ ices. Or ce changement, ne pouvait être effeöué que par Dieu. Ceux qui etait a même de fixer dircöement la conduite et la croiance du peuple, etaient trop interesfés k conferver 1'empire de Perreur. Les fages du paganisme, les prophetes que Dieu avait envoiés, tous ceux qui indïviduellement s'etaient preferves de la contagion generale, et qui avaient taché d'en guerir leurs femblables, avaient echotié dans la penible carrière de reformateurs du génre humain. . Or fi la raifon et la confeience enfeignaient que la reformation dc 1'efpece humaine ne pouvait être que Pouvrage de Dieu, comme fa première formation 1'avait été, ne difaient elles pas en même tems, que ce Dieu qui donne la v:c h tout, pouvait bien ausfi animer un corps, d'une maniere incomprchenfible pour nous, maïs facile pour lui; que dans cette humanité il pouvait nous parler de maniere k être entendu, puisque neus nous etions rendus fourds au langage qu'il nous  DE JESÜS CHRIST. '33 nous adresje dans fes oeuvres, que dans cette humanïté il pouvait nous donner une image pariante de ce que nous dcvrions êrre, que cette humanïté put fouffrir, ct nous convaincre qu'il s'etait reconcilié avec nous; que fa juftice pouvait nous pardonncr nos crimes moiennant la repentancc. Ne d laient elles pas, que puisque la compofition d'un grain de fable eft pour nous un miftére, nous ne pourrions pas fonder les fecrets de la formation de cette humanité ? C'etait a ce qui me parait, une de ees verités dc fentiment imprcfcriptible, malgré que fes details cchappaient h la faiblesfe de la raifon humaine. C'etait un principe cla'r, qui ne choquait pas les notions comunes. Cependant les Chretiens après avoir fait taire les impofteurs et les fanatïques des premiers fiècles, ont entreprïs de determiner eux memes ce que les autres n'avaient. pu faire; ils ont changé la religion qui avait des preuves fentimentalcs et imprefcriptibles, en une fcience humaine, ou ils ont introduit tous les fophismes, toutes les contradictionsïnfeparables de leurs fciences fiftematiques, qui ne font au fond que l'art d'embrouiller, l'art dc prouver ce que 1'on veut, et non pas ce que 1'on doit. 11 eft humiliant de lire les abfurdités que les Docieurs de I'eglife ont avancées lorsqu'elle etait devenue egliïé dom'nante, ct que fes eveques fe croiaient asfez pmsfams pour cómmandër 1'opin'on des hommes. Tantót J. Chrift etait compofè de deux perfonn. s diftinctes, et le fils de 1'homme n'cta't pss lc fils de Dieu; tamót il n'y avait dans J. Chrift qu'une leulc nature, favoir celle du verbe incarné; tan1 3 tót  *34 H Ü M' A N I T é lot toutes ces opinions etaient condamnées, ct la regie dc foi qu'on prefcrivait aux Chretiens ne prefeutait que 1'idée du faux, ou du moins de ce qui eft incomprehenfible. C'eft airili que dans le conciie de Caicedoine tenu dans le courant du cinquieme fieele, on a decidè qu'il y avait deux natures diftinctes en J. Chrift, mais que ces deux natures etaient unies fans êtrè meJées, ouce qui revient au même, on etabiit que les deux natures en J. Chrift, cta ent une fans eesfer d'être deux, et qu'elles etaient deux fans cesfer d'être une. Oui M. FR.- dès qué 1'oh fait de 1'etudc de la Verité une profe.sfion, un gagnepain, ou un moien de faire fortune, il eft presqu'cmposlible d'en ecarter 1'alliage des pasfions humaines , ciès prejugés et de tous les inconveniens de 1'efprit de corps. Encor s'il ne s'agisfait que des verités purement humaines ^ le mal ne ferait peut être pas fort grand.- Les contradiclions qui en font infeparables, loin d'aigrir les efprits, ne fairaient que les amufer, et en decouvrir les faiblcsfes: Les anciens grecs qui cultivaient les fciences humaines avec tant dc zelc, connaisfaient asfez leurs profesfeurs fous leur veritable caraétere, pour ne pas s'en laisfer impofer par la difference de leurs opinions, Leurs difputes etaient pour eux des fujets d'amufement, ils leur donnaient des noms relatifs a I'obfcurité de leurs raifonnements fophiftiques, 1'un etait apellé le Labirinthe; un autre la confuiion, un troïfieme 1'epée: enfin ils n'etaient connus que fous des noms qui exprimaient la maniere dont ils favaient parler les derniers, et impofer filence a leurs adverfaiies» Mais  St JESUS CHRIST. 195 Mais outve 1'avilisfement auquel on a reduit ceux qui asiujettisféut les recherches de la verité a 1'efprit de corps, a I'eiprit d'etat, a des vues humaines; on a fat fervir les lumieres k tout autre but, qu'a celui auquel elles lont c'.eftinées, on les a rendues dangereuics, aulieu qu'ellcs doivent être utiles.- La phiiofophie eft i devenue fouvent l'art orguciiieux de cenfondre: 1'eioqucnce l'art Funefte detromper; ia poelie un art frivole d'amuler, er 13 religion uu ciel changée en fclence humaine, a quelquefois été entre les mains des ambitieux, un moien de repandre des nou'.elles erreurs, plus funtftes peut être que lesanciennes, de faire difparaitre la rel gion do la charité de J: Ghrift, la feule vraie, pour (bufflef lc feu de la discorc.e et des penecutions,- pour fouffler un feu qui aiant desieehé les hommes, les a piongés dans une indilferer.ee, dans une letargie qui les a fait mepriferla verité même, a caufe des menfonges de ceux qui 1'annoncaient; Ccpendant cette indifferencc, qui malheurcufement n'a fait que trop de progrès de nos jours, cette indiference n'a pas été ac.misfible en matiere d'op'n'ons reiigieufes dans les premiers fieCiCs dc 1'egliie.- 11 s'agisfait alors des verités polïtives et d'atithorité divine;- Les foidifants Docieurs, les fectaTes paria'ent au nom de Dieu , et c'etait ii 1'aide de ce frontispice de la revelation eclefte, fur Iaquelle tous les yeux etalcni fixés, que croiant tous en J. Ghrift ils ont reusli a caufer des guerres deplorab:cs, a faire couler des torrents de fang, et a eommctire toutes fortes d'horreurs et de cruantés, pourfixeriesli* I 4 H)U  156 humanïté mites du miftere de 1'union des deux natures dans la perfonne de J. Chtift. Et qui de vous M. FR. qui de vous n'a pas une connaisfance dumoins fuperficielle des maux et des abfurdités qu'a enfanté ce delir de vouloir determiner ce qui eft impenetrable ! Les Chretiens ont condamné ceux qui difaient que le corps de J. Chrift avait été formé dans le ciel, qu'il n'avait pas été femblable au notre: lis 1'ont dit formé fur la terre, et ils Font renvoïé au ciel revetu de tous les caracteres da la divinité; Us ont dit que ce corps avait confervé une proprieté_qu'ils nomment ubiquité, pour la diftinguer de la toute prefence; c'eft a dire, qu'il eft'prefent partout, fans occuper tous les lieux, qu'il eflprefentpartout, fans êtreprcfent partout, etqu'il n'avait choili quel'hoftie pour fa demeure corporelle. Us ont dit que J. Chrift avait donné a tous les utcnüles, a tous les materiaux, a tout ce qui 1'avait touché fur la terre des proprietés divines ,i et la force de faire des miracles. Us ont donné a la vierge Marie le nom choquant de Merc de Dieu. Us ont foustrait au vulgaire la revelation eelefte, ils lui ont montré ieurs chimères; et comme les païens ils ont elevé au rang de miniftres fubalternes de J.. Chrift une foule d'ètres avec les quels ils difaient avoir eux mèmes des relations particulieres. Us ont dit que ces faints ne devenaient favorables qu'a ceux qui prodiguaient les offrandes h. leurs fonctionnaires. Aulieu d'infpireraux hommes la cfainte de Dieu, ils leur en ont infpiré la peur, qui les are'ndu efclaves dc 1'amour du merveilleux, qui les a rendus fuperftitieux  DE JESUS CHRIST. 137 ticux et cruels: et ce n'a été qu'une fuite de perfecutions et de guerres, ce n'a été que 1'exces du mcnfonge qui a dcfillé les yeux des nations, ct les a mifes en etatd'apercevoirlaclarté celeite de l'evangile de Dieu, a travers les nuages epais dont les hommes 1'avaient couvert. M. FR. baisfons un voile de douleur fur ces abimes que les hommes fe font creufés, remercións Dieu de ce qu'il nous a delivrés de 1'empire de 1'erreur par 1'heurcufc reformation operée dans I'eglife chretienne. N'oublions jamais que les Dogmes, les objets de notre foi font des verités cachées, qui tiennent a la chaine des verités connues, mais qui par la même raifon doivent plustot être fenties qu'aprofondies. Et en effet M. FR. nous devons croire en Dieu; mais qui de nous a jamais vu cet être parfait ? n'eft ce pas la faiblesfe des creatures, n'eft ce pas I'ordre de 1'univers, n'eft ce pas la realité des cffets, qui force 1'efprit a fe foumettre: n'eft ce pas la vue des effets qui nous force de reconnaitre une caufe ? Nous fommés obligés de croire la vie eternelle, mais qui de nous en a recu les details ? n'eft ce pas la connaisfance de la necesfité de la juftice; n'eft ce pas cc fentiment intime du bonheur qui yeftattachè, n'eft ce pas le lentiment impreferiDtible de la juftice dc Dieu, qui force notre efprit d'etendre fa duree au dela du fepulcre pour y voir vivre cet ordre naturel des chofes, qui recompenfe la vertu et qui punit le vice' II en eft de même du Dogme de 1'mcarnationde I Chrift; nous reconnaisfons 1'imperfcction de notre juftice, et ce fentiment intime, ne nous force t-il pas de croire :que Dieu peut nous punir; ne nous force t- il pas de croire que lui  iS'8 H U M A N I T é feul peut nous faire grace; et fi fa bonté nous en donne 1'aslusance, li nous trouvons dans cette asfurance tous les cara'eteres de la verité; cette verité de fentiment ne doit elle pas löreer 1'efprit a fe fournettre ! — Le fentiment du bonheur que Dieu veut nous accorder en J; Chrift, ne doit il pas nous forcer d'adorer cet enitmble admirable de fa niifericorde; plustêt que a'entreprendre de lui dire, Lieu comment as tu fait cela? Voici, pour finir Ce discours, voici les verités importantes que 1'enoncè de ees articles renferme pour nous. Nous croïons que j. Cl rilt eft réellement concu et ï.iéy mais mira'culeuiémcnt par la puisfance du St.- Efprit; qu'il a réelicmcnt vecu parmi lés hommes, qu'il leur a éié femblable en toutes chofes excepté dans le peché ;.qu'fl k été tentè Heb. 11 pour fecourir ceux qui font dans les tentations; nous croïons qu'il aréeliement fouffert dans ion humanité fainte,Que pour notre bonheur il nous fallait une preuve fenfible, que la juftice de Dieu pouvait fe changer cn grace,' ous'accorder avec fa mifcricorde. Nous croïons que Dieu nous adonnè cette preuve en |. Chrift homme; que loin d'entreprendre de fixer la nature de runion de cette ■humanité avec la divimté, nous adorerons en filence les mifteres de i'c;ernel,-quenousrefpecierons les bornes qu'il a preseritcs a la faiblesLb de notre entendement, et qu'eloignanr. de nous les queftions oifeufes fur des verités de fentiment ou toute asfertion fpeculative et humaine peut devenir une eireur, nous adorerons en J. Chrift lc feul mediareut entre Dieu et les hommes: le ■léul  DE JESUS CHRIST. 135» feul qui a paiè Ia rancon pour tous. Nous promettons de faire de la Doctrine la regie invariablö de notre conduite, et que convaincus qu'il n'y a de falut qu'en Dieu, nous fuivrons les traces qu'il nous a laisfées dans 1'on humanité lainte. Que nous pardonnerons a nos ennemis, comme il a pardonné aux iiens. Que nous prierons Dieu pour tous les hommes, afin de mener une vie pailible et tranquille dans la pieté qui lui eft agreable. Que nous mourrons au pêché, dont la mort de J. Chrift nous k prouvé 1'horreur, et nous a procuré 1'asfurance du pardon, et que nous contentant de ne voir ici qu'en partie, nous rcnoncerons k toute iniquité, pour vivre fobremenr, religieufement et juftement dans ce monde , dans 1'attente de celui qui s'etant donne pour nous, qui s'etant rendu femblable k nous, nous rendra femblablcs a lui dans cette vie, et iè montrera a nous tel qu'il eft, dans la bienheureufe eternité. Ainfi foit! vil   VII. DISCOURS. Descente aux Enfers. 4. Article du Simbole.  T E X T E : t Ep. de St. Pierre Chap. III: 19» 20, Par le quel ausfi etant allé, il o, precl-.ë aux Efprits qui font dans la prifon; et qui avaient et és autrefois incredules, quand la patience de Dieu les attend&h une fois, durant les jours de Noé, tan- . dis que l'arche fe prep'arait, dans la quelle un petit nombre , favoir liuif per/onnes Jurent fauvées par Peau, Secnon iome du Catechisma,'  M. T. C. FR. EN J. CHRIST! X^/APOtre St. Pierre etablit dans Ie chapitra de notre texte, cette verité imprcfcriptibic, que Ie plus fur moien d'aimer fa vie ct de voir fes jours heureux, eft celui de fc detourner du mal, de faire le bien, de recbercher la paix et dc la pourfuivre. Les cfforts, dit il, les efforts que'1'on fait dans cette vue, nous procurent deux avantages ineftimables. Le premier eft celui d'attirer fur les juftes les yeux de Dieu, de rendre fes oreillcs attentives a leurs prieres, ou ce qui revient au même, de donner aux hommes le fentiment de I'approbation et de 1'amour de la divinité, fans le quel il n'y a point de bonheur durable, Le fecond avantage que ces efforts nous procurent, eft celui dc desarmer la colcre des autres, de nous donner effectivement Ia pa'X avec eux; de les porter dumoins k nous laisfer vivre en paix, en leur donnant Ia certitude, qu'incapablés de leur faire du mal nous mêmes, il eft inutile qu'ils cherchent k nous nuire. C'eft ce que I'Apotre exprime dans Ie treizieme verfet en difant, or qui eft ce qui vous fera du mal, fi vous fuivez le bien ? Cependant, continue t il, il ne faut pas oublie;-,  144 DESCEWTE blier, que defirer un bonheur inalterable fur Ia terre, c'élt defirer Pimposllble. Tous les êtres fe resfentent plus ou moins, de ce melange de bien ct de mal qui doit avoir été inevitable cans Parrangemént de ce monde imparfait. IndepeUdammentdela differente maniere devot, independament'de 1'empire des pasfions, qui peuvent nous attirer la haine des autres, même lorsque nous merircns leur bienveuillance; il parait que 1'intcrruptiondes jouisfances agrcablcs a étèinevitable dans cet etat d'epreuve, qui eft, celui ou nous vivons ici bas. C'eft cc que I'Apotre dit dans les verfets qui precedent ceux dc notre textc. II dit, il peut arriver qu'on vous fera du chagrin, qu'on vous fera fóuffrir pour la juftice, mais c'eft furtout dans ces fouffrances non mcritées que 1'avantage de l'amour du bien fe fait fentir. Car quoiqu'il ne nous garantisfe pas contre les fenfations desagreables qui viennent du dehors, dumoins il ecarté Ia douleur des remords, II eloigne 1'agitation et la douleur que caufe la haine, les projets de vengeance qui ajoutent aux malheurs auxquels les mechants même ne peuvent pas echapper; et ne vaut il pas mieux pouvoir fe dire, puisquc la volonté de Dieu eft que je fois eprouvè, je veux foutenir mes epreuves avee refignation; je veux fanctifier le Seigneur dans mon coeur afin que fa bonté m'en dedommage. ?' L'Apotre nous prefente en J. Chrift un modcle de cette perfeverance dans le bien, et de cette refignation dans la douleur que les mechans peuvent nous caufer. II dit J. Chrift eft mort ea la chair pour les injuftes, mais il eft vivifié par 1'e-  - AUX ENFERS. Iqg 1'efprit. C'eft a dire quand a fon humanité il a paru fuccomber fous le poids des maux, mais par fa divinitè, par 1'efprit de Dieu Rom. I: 4. 1 Tim. JU: 16. il en a triomphè en refufcitant des morts, et en nous asfurant de notre refurrcction glorieufe. C'eft fans doute relativement a cet efprit, a cette nature divine, que I'Apotre ajoute dans notre texte, par lequel, favoir par 1'cfprit de Dieu qui etait cn lui, etant allé, il a preché aux efprits qui font dans la prifon, et qui avaient etés autrefois incrcdules, quand la patience de Dieu les attendait durant les jours de Noë. Voici M. FR. k ce qui me parait le fens naturel de ces paroies: J. Chrift etant Dieu quand a 1'efprit, c'eft en cette qualité qu'il s'eft manifefté aux hommes du tems de Noë, Gen. VI: 3. pour leur precher Ia répentance. C'eft 1'efprit de Dieu, 1'efprit de f. Chrift qui aïant infpiré tous les prophetes 1 Pier. I: 11. a ausli enfeigné par la touche de Noë, lequel a preché la répentance a fes contemporains, a ces hommes dont les ames font dans Ia prifon, 011 comme dit I'Apotre dans un autre endroit 1 Ep. II: 4. qui font abimées dans les chaines de 1'obfcurité, ct livrées pour être refervées au jugement. Ces paroies ont quelquefois eté citées pour prouver la defcente locale de J. Chrift aux enfers, dont 1'enoncé fait la dernïere partie du £ 41110 ■  146, Ï5ESCÉNTE 4me article du fimbole des Apotres. Sans doute lorsqu'on parle aux hommes,il faut empioier leur langage, or celui etant ausfi imparfair, eft ausfi varié que le font leurs idéés dont il efl la couleur, il n'eft pas etonnant que chaqun Pexplique conformement a fa maniere de voir. ffatrecatcchismerapporto dans la lome feétion, lc fens de ces paroies il eft defcendu aux enfers , a 1'angoisfe ,a la douleur extreme dont 1'ame de j. Chrift a été faifie, et que St. Pierre apelle douleurs de la mort. II dit que le fauveur fatisfaifant au nom des pecheurs, dut fenrir dans fa confeience cette vive detresfe, comme slï eut été abandonné de Dieu. 11 ajoute cependant que ce n'eft que felon fa naturehumaine qu'il a été dans cette extremité, que fa divinké fe tenait comme cachée pour un peu de tems; ü dit qu'on voit en cela, la difference qui fe trouve entre-les tourmens que J. Chrift a foufferts, et ceux que fouffrent les pecheurs. Ces tourmens n'ont été pour lui que temporels, er pour les pecheurs il font permanents; J. Chrift n'cn a point été accablé, il a combattu contre ta puïsfance de 1'enfer, il 1'a renverfee et detruite; il n'a pas laisfé d'efperer en Dieu, au milieu de fes angoisfes : mais les pecheurs condamnés de Dieu fe defesperent, fe depiteat contre lui, jusqu'k Ieblafphemer ouvertement. Le catechisme ajoute que cette Docfrine nous prouve en premier lieu, que J. Chrift a Jatisfaït par un facrifice, au jugement de Dieu; fecondement que fon fang eft le moien par lequel nos atnes font lavées; que par cette mort nos pechés font pardonnés, effacés pour ne plus venir en compte devant Dieu. Et enfin il dit que ce-  AUX ENFERS. 147 la nous prouve que finous fommes membres de J. Chrift, notre viei! hen-me eft crucifié, et notre chair mortifiée, afin que les mauvaifes convoitilcs ne rcgnent plus cn nous. Sans doute, lcmeUleUr commentaire qu'on peut faire fur eer article eft tout entier renfermé dans le mot miftere: Ccpcndanr or 1'a etej ui, mais comme le dogme de l'infaillibilité hun aine n'eft pas recu dans notre eglife, il ferait inutile dc vous faire voir que cette explication prouve 1'efprit du ficele qui 1'a dicièe, ausfi evidemment que celui de l'evangile. On a trouvé dans cette defcente aux enfers, on y a trouvé une plenitude dn ficr'fice de J. Chrift, qui devait achever ce tcnva ncre les chretiens de la nullité des facrificés, qui fe renouvcllaient tous Jes jours dans cette eglife dont on a trouvé necesfaire de fc detaeher. 11 ferait ausfi inutile de vous faire fentir le vide que cette explication laisfe, et le peu dc liaifon qui fe trouve entre la verité qu'elle etablit et la confequence qu'elle en tire. Je n'infiftcrai pas non plus fur ce que felon le temoignage de'quelques anciens, cette partie de Partiele ne fe trouve pas dans les premiers Simboles de i'eglife chretienne, ni fur les diffcrentes manieres dont elle a eté expiiquéc. 11 nous fuffit que les paroies»descendu aux enfers, fe trouvent dan notre fimbole, et c'eft a rasfembler tout ce qui me paraitra necesfaire pour J'aciliter leur entente, pour la rendre efficace et utile dans notre conduite, quej'emploïeraimon discours d'aujourd'hui. Ka . 4  r4ö DESCENTE o Dieu ! fi votre juftice ne peut pas iaisfcr le pêché irripüni, fi Penter eft le partagc des impénitens, donnez nous la grace de nous detourner du'inal! donnez nous Ia grace d'eviter Pabime de malheur dans lequel le pêché pree'phe, et d'entrer en fuivant les traces de J. Chrift, ci'entrer dans ce ciel que votre mifericorde nous a ouvert. Ainfi foit! * * * Nous croïons que J. Chrift eft descendu aux enfers. M. FR. qui de vous n'a pas fremi quelquefois en prononcant, ou en lilant de lens raslis ces paroies ! Le jufte, celui que perfonne n'a pu repfendre d'aucun pechè, celui que Dieu a declaré pour fon fils bien aimé, celui qui avait dit fur Ia croix, tout eft achevé; qui avait remis fon efprit entre les mains de fon pere, qui avait promis au larron converti d'être le même jour avec lui dans Ie paradis: Le jufte qui avait confervé la paix de 1'ame au milieu des foulfrances les plus cruellcs, Le jufte meurt, et fon ame au lieu de pouvo'r fe rejouir d'avoir quitté une depouille qui etait paslibie, fon ame innocente va aux enfers; dans ce lieu ou nos idéés et notre langage ne placent point des douleurs corporelles, maïs un feu qui ne s'eteint pas et un ver qui ne meurt point. Enfin dans ce lieu ou fe trouvent Ie defefpoir de Pimpenitence, la douleur morale, ou Ia douleur du crime dont elle ne s^etait jamais fouillée. Sans  AUX E N E n R S. 149 Srns doute M. FR. lorsque nous avons traverfe une piaine fleurie, et que tout a coup il lè preiénte k nos yeux une profondeur n ménfe, le Veft ge nous iailit, nous rcculcns comme par iijft net, afin de ne pas y tomber. F en eft ce même de quelques tfns ces mifteres que la foi place fur les bon. s de cette carrière agreable de ia vertu quelle nous tracé. Leur vue nous aneantit au prem si afpect, ct nous .enton: c'abord que ie parti ie plus fage ferait cc'ui de nous taire, de ne pas cnrreprendre de les fondu. Cependant au milieu de leurs obfeurités caligineufes nous voïons cies lueurs qui nous asfurent qu'elles ne font pas le fejour du neant, que ce n'eft qu'après les avoir traverfées que nous parviendrons au veritable fejour de la lumiere. 11 en eft ainfi de cet article de la defcente de J. Chrift aux enfers. II parait d'abord qu'en faifan de ces paroies un dogme de croiance, on aïe vouiu proever que la foi ne puisfe fe foutenir que par ies facrificés que la raifon ct le bon fens lui portent, qu'il faut cesfer d'être homme raifonnable pour devenir Chretien fidele. 11 parait ii la lettre, que c'eft comme dit I'Apotre i Cor. I: 21. que c'eft par la folie de la predication, que Ie bonplaüir de Dieu eft de fauver les hommes. Cependant fi nous quittons ces idees noires que nous lommes accouttimés a atacher au nom de 1'Enfer, alors nous trouverons que fi l'ecriture dit que J. Chrift y eft descendu, cette asfertion n'a rien de revoltant pour notre raifon, que ie but que Ia foi en lui nous propofe, eft a tous egards notre converfion et notre falut. K 3 Si  ï£0 DESCENTE Si nous prenons le terme enfer, fimpiement comme un terme, qui ne fignifie pa'j ce que nous nommons ainfi dans notre langue; ce qu'il a d'effraiant difparaitra, et il parait même que l'ecriture dife asfés fouvent que J. Chrift y eft defcendu, pour que nous n'ofions pas en douter. On cite plufteurs pasfages ou il eft parlé de 1'abaisfement de J. Chrift, et ou ce terme que nous avons rendu par enfer fe trouve emploïéf, c'eft ainfi que St. Pierre cite dan- les actes de's Apotres 2. ces paroies du Roi prophete, du Pf. VI. qui parlant, felon les interpretes, du fauyeur dit, Dieu n'abandonnera point fon ame au fepulcre, et il ne permetra point que fon faint lente la corruption. Le terme hebreux rendu par celui de fepulcre dans notre langue, et ou devait fe trouver fon ame, repond exaöement au terme du nouveau teftament que nous avons ausfi traduit par fepulcre, et qui eft le même qui dans d'autres endroits fignifie enfer et geheime, puisqu'il n'eft queftion que du fens d'une parole tirée d'une langue morte, qui n'a plus de fignification ufuelle, ni exacrement determinée, il ferait inutile d'accumulcr les pasfages ou elle fe trouve. Et en effet M. FR. fi nous entendons par ce mot I'enfer, le feu des damnès: quelle eft 1'ame honnete, quelle eft 1'ame fenfible qui ne fremisfe pas en y voiant placerle fauveur! Pourrions nous croire que le defefpoir eut faifi pour un moment 1'ame de celui qui etait la fainteté même ? On a dit que J. Chrift eft defcendu aux enfers pour precher aux efprits, et pour lesdelivrer, mais independamment de ce que l'ecriture n'etablit pas Ia delivrance de ce lieu, cette predication devient nulie, puisque PA-  'aux enfers. {51 I'Apotre dit que J. Chrift y eft allé precher en efprit: Or cet efprit n'eft autre chofe que fa r ïvinitè, qui agisfait fur les prophetes de Panden teftament. II Pexpli-jue lui même en difant aillcurs, que les prophetes ont recherche etcc foin en quel tems 1'efprit de Chrift leur nurquait que devaient arriver fes fouffrarices et la gloire qui devait les fuivre. L'efprit de Chrift agisfant dans les prophetes a ausfi été Urm Noë, qui a preché la répentance aux hommes de fon 'tems, lcsquelsn'aiant pas voulu fe repentir font detenus maintenant captifs en enfer, ou dans la prifon. Non M. FR. detournons nos yeux de Ia vue é'vn abime qui en augmentant les mifteres fans necesfité, ne peut que rendre Pobeisfance de la foi plus diffieile. Recevons avec reconnaisfance Ie facrifice que J. Chrift a achevé fur Ia eroix, ct fans entreprendre dc determiner fi la juftice divine exige que le pleige innocent fubisfe exaccementila peine du coupable, adorons une fatisfsén'on donnée par la mifericorde, et declaréë fcffifkflte par Pamour, Jean III :ó. L'ecriture etant donnée aux hommes pour les roftruire et pour les corrigèr, a ausfi du être concue dans une langue intelligible pour eux: Or fe lens des langues etant local et verfatile comme 1'efprit qui les forme, il n'eft pas furprenant de les voir s'alrerer, de voir des termes vieillir et mourir pour faire place a d'autres, qui'en changeant de tems et de patrie, eveillcnt ausfi des idéés analogues a ces circonftances ct diff'emites de celles qu'ils donnaient ahciennement. K 4 Le  l£2 DESCENTB Le fens literal de l'ecriture n'a fans doute nas pu etre exemt de cette rotation univcrfelle des chofes humaines; Hdoit necesfairement fe trouver dans a revelation des termes dont le lens ufuel eta.t autrefois different de ce qu'il eft de m?FUZ- C'eftainfi ^"'''1 eft dit Mat.XII.quelc ftls dc 1 homme devait refter trois jours et trois nuits dans le coeur de la terre, cc qui ne ülnt iSS xxvir qHUe,Ie, fe^^re- La fczccftiel XXVII dit de la vile de Tir, que ces confins etaient dans le coeur de la me,', qloique lt-r ei-a'^U aux avenues ou au bord de lanter. Moife d.t Deut. IV. que le feu de Sinai brulaït jusqu au milieu, jusque dans le coeur du cel pendant qu'il nes'elevait point au desfus de Ia reg.on de I air, loin d'en penetrer le centre St f^£\^r' IV- Q^J.Chrifteftmontéaudesus de tous les ceux, comme il eft defcendu dans les parties les plus basfes de la terre, et il eft evident que cette derniereexpresfionne fignifie que iamanifeftauondeJ.Chrift en chair, fa mort et fa iepulture._ Si on nous adresfait des pareils discours, qui de nous pourrait en ecarter 1'idée de 1 hiperbole, Quoique dans Ie tems ou ils ont été prononces, üs n'avaient fans doute qu'un fens l.tteral et ordinaire? S'il y a dans le langage fortPc -inS S C°,Ulei,rS qui nous Paraisfent trop s' 11 Pef ™fü 7 en avoir de faibles, que fZY c^%CraTgT eiY P01"tam ce!Ics dé nos Jdees. C'eft fans doute a cette efpèce au'amr Snn C.e!erm* ?e fignifiait alors qu'un lieu in- lesan^1^™^' da"S le ^ "e Pouvaient lesames des morts jusqu'a la reftitution dc toute '  AUX ENFERS. I^J tes chofes. La defcente des corps au fepulcre avait aparemment donné lieu a 1'idée qui placait ce fejour invifible des ames ausli dans ie coeur de la terre Pf. CVI : 17. Efai. XIV : 15. Ce lieu caché etait felon 1'opinion generale le fejour des ames de tous les hommes, tant de ceux qui avaient été vertueux que des fcelerats, cependant avec cette difference que les unes y etaient heureufes et les autres malhcureufes, et que cet etat ne devait pas être eternel. L'hiftoire nous aidc a fixer le fens que tout le monde attachait anciennement a ce terme. Elle nous dit d'abord que les paiens faifaient defcendre toutes les ames des trepasfés dans un lieu fouterain, que ce lieu caché, nomé 1'Enfer, etait felon eux partagé, pour ainfi dire, en deux apartcmens ; 1'un etait nommé le tartare, et il fervait de demeure aux méchans qui y devaient être purifiés par des fouifrances. L'autre conliftait en un Jardin agréabie, nommé les ebamps Elifées, et c'etait la jouisfance de fes delices qui faifait le bonheur des vertueux. II ferait inutile de vous citer des autorités, ct furtout des autorites poetiques, pour vous convaincre que les paiens n'artachaient point au terme d'enfer 1'idée d'une fentence finale, ni d'un fuplice fans fin; mais qu'ils entendaient feulement par la un lieu obfeur et caché, ou toutes les ames etaient confinées jusqu'a cette reftitution de toutes chofes, dont il parait qu'ils aient ausfi eu un presfentiment. Les juifs avaient adopté peut être les mêmes idéés relativement a 1'etat des morts. Us croiaK 5 ient  154 DESCENTE icnt ausfi que les ames etaient indiftinaement detcnues dans un lieu obfcur et fouterain, dans 1'attente foit du Mesfie, foit de Ia reftitution de toutes chofes. C'eft fans doute a cette erreur que doit être apliquée la plainte de Dieu (er. 7 et 19. qui dit que les Isfraelites s'ctaient imagmés une valiée duifils de Hinnom, vallée de Tophet, oujils croiaient que leurs enfans bruleraient au feu, et qui etait une de ces horreurs, un ecart horrible du jcommandement de Dieu. dumoins il y a plufteurs pasfages qui confirment ce que nous avan9ons ici; Job, XVII, dit, je n'ai plus a attendre que le fepulcre qui va être ma maifon, ct les tenebres ou j'ai dresfé mon lit, toutes chofes descendront avec moi dans la pousfiere. L'idée des privations eternelles, 1'idée du néant ne pouvait furement pas venir dans 1'efprit de celui qui dit après Chap. XIX. Je fai que mon redempteur eft vivant, que je le yerrai moi même et non un autre. On cite une iitturgie judaique qui montre encor plus clairement quelle opinion les juifs avaient de leur etat après la mort. Le malade priait, fi lc tems de ma fortie de ce monde approche, accorde moi 6 Dieu, accorde moi une place dans cette partie de la demeure cachée, dans cette partie de 1'enfer qui s'apelle le jardin Eden: afin que j'y fois purifié pour entrer dans ie monde a venir des jufte». La parabole du riche et de Lazare prouve encor plus evidemmentle fens qu'on att3chait a cc terme, elle dit Luc. XVI. que 1'un et 1'autre etant morts furent enfevelis, et etant tous les deux en\enfer,Je riche eleva fes yeux vit Lazare dans cette partie de 1'enfer nommée le fein d'Abraham. Ces pasfages prouvent  AUX ENFERS,' k ce qui me parait asfès claircment, que dans le tems ou la revelation a été donnée le terme enfer ne lignifiait pas ce que nous nommons ainfi de nos jours, mais feulement un lieu invifible ou toutes les ames etaient detenues pour unterris illimité: Les unes etaient hcureufes, les autres malheurcufes, cependant il y ava't communication entre elles, elles pouvaient fe voir, fe parler, et elles avaient 1'efpoir d'en fortir. Ces idéés d'une delivrance infaillible qui attendait mème les vïcieux après le fuplicc d'un tems indererminè, etaient aparement un de ces Molens que 1'advcrfaire ava;temploïés pouraffermir et perpetuer fur la terre Pcmpire du vicc et dc la fuperftition, car la fenfualité eft beaucoup trop forte en nous, pour que la vue d'une peine eloignéc et pasfagcre puisfe nous faire meprifer lc plaifir d'une tentation prefente. Le Sauveur qui etait venu pour detruirc les oeuvres du pêché, a ausfi detru't les idécs qui facilitaicnt fa perpetration: en reformant 1'etat moral du monde, il en a ausfi reformé la croïance. Et ne ferait ce pas a 1'abolition de cette errcur, qu'on pourrait appliquer le jugement du Prince de ce monde, la deftruciion de fon empire , dont il parle Jean XVI. ne ferait cc pas la deftruciion de cet etat des morts que les hommes s'imaginaienr, qui ferait partie de ces chofes que les difciples ne pouvaient pas encor porter, ct dont 1'enfeignement etait refervé a 1'efprit confolateur ? du moins les apotres ne parlcnt que de deux ctats dans lesquels fe trouveront les hommes après cette vie; Ils n'etendent pas I'epreuve au dela du fepulcre. Ils transportent le fidele au fejour de la gloire, et 1'impenitcHt au fejour du mal-  156 D E S C E N T -£ malheur d'abord après cette vie, Aö VIT TIs n admcttcnt point des deciiions revocablcs acres la mort et le jour du dernier jugfmentE ble plutot avoir pour but de folemnifer la nouvelle crcation, ou la refurre&ion, que de porter des fentences jusqu'alors inconnues a ceux geiles regardent La mer et la terre, Apoc! 2 P?er-W- doivent alors rendre leurs morts, puisqu'Us feront eux mêmes changès ' Les premiers Chretiens plus docilcs a ]a voix de la yente plus linceres que curieux; avaiern ausfi mieux faifile fens de l'evangile, ils faS que les expresfions mifterieufes etaient inevitables, puisque l'evangile a eté preché dans un tems ou «felon a mithologie, la^ religion populaire ne confiftait que dans la croïance dès chofes merveilleules et incompreheniibles. Ces ob fcuntes devaient être disfipées: 11 a donc fa'lü y porter la mam, il a fallu fe fervir de leurs noms, non pour les accrediter mais pour les de! rrmre. Ausfi disje, les premiers Chretiens Io5i ■ de chercher dans cet article dequoi confirmer ces idees abfurdes d'un purgatoire, ou des limbes qu on a empruntées des paiens avec quelques changements, ne voiaient dans cette des cente aux enfers, que ce qu'ils devaient y voin Que J. Chrift ayant detruit 1'empire du mal avau ausfi detruit I'erreur qui le foutenait lis croiaient que J. Chrift avait detruit cet enfer ce lieu caché, ou 1'idéc commune placait les ames des patriarches et des fideles de i'ancien teftament jusqu'a fa mort; qu'il les en avait dehvrées Mat. XXVII. et detruit I'endroit même ®u elles etaient. C'eft ainfi que parle le pere de 1'e-  AÜX ENFERS. 157 I'eglife Origene qui vivair dans le 2me ficcle. Nous fommes, dit il, plus heureux que ceux de I'ancien teftamerit; nous n'avons pas bcfoin comme eux d'entrer dans 1'enfer, dansles lieux cachés pour yattendre la venue de J. Chrift, car y ayant été lui même, il nous a mis en etat cie pasfera la vie eternelle, fans que nous aions befoin de craindre les dammes de ce lieu. — Ce n'a été que lorsque les Chretiens ont cesfé de icntir Ie prix de la redemption, lorsqu'ils ont cesfé d'avoir les intentions de J. Chrift, lorsqu'ils n'ont plus eu ie fentiment qui a été cn lui, Phil. II. qu'ils ont enrepris de connaitre la penfée dc Dieu, d'enchainer les profondeurs dc fa fagesfe dans la fphere etroitc de leur intelligcnce, ct qu'ils ont fait revivrc toutes les erreurs paiennes et judaiques, pour les modifier, ou pour les allicr avec l'evangile. Ces reflexions nous font fans doute comprendre le fens que nous devons attacher a cet article du fnnbole. Rappcllcz vons M. FR. les asfertións abfurdes que les fectaires ont avancées touchant la nature humaine de J. Chrift. C'etait celles la qu'il faillait combattfe, ou dont il fallait arreter la contagion. J. Chrift aiant été femblable a nous en tout excepté dans le pêché, aiant eu une humanité rècile, aiant réellcmcnt fouffert et etant réellement mort, a ausfi du fe trouvér effecn'vement dans cet etat invifible ou fe trouvent les ames des trepasiès. Ces paroies n'entrainent donc point 1'idée des fuplices des damnés, mais cllcs renferment feulement un aveu detaillè, que J. Chrift n'etait pas feu-  10° DESCENTE feulement mort cn apparence comme les beretiques e difaient, mais que pendant 1'intervalle qui s'eft pasle entre fa mort et fa refurreöion! fon ame s'eft trouvèe feparée du corps qui etait. dans e lepu ere, que fa mort a été ausii rèelle que 1 eft celle de ceux dont le corps eft dans le tombeau, et 1'ame dans les lieux inviiibles. Voici donc les reflexions partïculieres qui refultentde ces remarques generales; je vous ai fait voir dermerement les abfurdités que les fectaires des premiers fiecles de I'eglife avaient avancees touchant L'union des deux natures en h Chrift.-Les premières exprcslions de cet article ne iuffirent.pas pour arreter les malheureux effets des difputcs, auxquelles les pasfions humaines prenaient plus de part que i'amour de Ia verité. Les heretiques après avoir été obiigés de reconnaitre la divinité de J. Chrift, chercherent de rafhner fur fa nature humaine. Us diftfent que la nature divine aïant anime fon corps il n'avait pas eu bcfoin d'une ame raifonnable telle que la notre: Que 1'ame fenfitive lui avait fuffi et que Ia nature divine etant confondue avec Ia nature humaine, avait fouffert avec elle les dou leurs de la crucifixion et même de Ja mort Cet te asfertion etait dirccteinent opofée au principe del'exangile, qui dit que J. Chrift nous eft devenu (cmblable en tout excepté dans le peché Or comme Ion ame avait été affligèe jusqu'a la mort Mat XXVI et que Ia divinité eft inacccsfible aux affhaions de eette nature, il s'enfuivaït necesfairement, qu'outre la divinité, fon corps avait e;e ammé d'une ame femblable a Ia notre fusceptile des afFeflions de la douleur et de la tri-  AUX ENFERS. 159 triftesfe. C'etait cett' ame qui après avoir exprimé 1'affliction d'être abandonnée de Dieu, qui après la mort de la chair,pasfa dans ces lieux cachés, nommés les enfers, ou les lieux inferieurs, en attendant la glorieufe refurrcction du corps et raccomplisfemcnt de cette prophetie Act. II tu ne laisferas point mon ame dans les lieux fouterains, dans 1'enfer ou dans le fepulcre, ct tu ne pcrmettras point que ton faint fente la corruption. De quelle maniere que 1'on prenne cette descente, il eft fur que nous ne pouvons pas entierement foulever 1'enveloppe mifterieufe qui la couvrc, mais il parait ausli fur qu'elle ne doit point entrainer ces idéés choquantes des foufiïances morales, des remords de la confeience qui fe trquvent dans 1'enfer, dans la prifon des damnés, et qui ne viennent qu'a la fuite des crimes. Elle ne fignifie point ce grincement des deins Mat. VIII. qui felon les paroies du fauveur eft I'effet des reproches de ceux qui, Mat. XXV. ont vu lc pauvre nud, et ne Pont pas habillé j qui Pont vu affamè, et ne Pont pas nourri.; qui Pont vu etranger, et ne Pont pas accueilli, qui Pont vu maladeou en prifon, etne Pont pas vifité. Elle n'eft au fond qu'une confirmat'ion de I'aveu dc fa mort. J. Chrift n'etait pas mort en apparence comme difaient les heretiques, mais il etait mort réellement; fes amis n'avaient pas feulement demandé la permisfion de 1'enterrer, ils n'avaient pas feulement fait femblant de 1'enfevelir, mais ils avaient réellement defcendu fon corps feparé de fon ame dans.le fepulcre. C'eft donc le dernier degré de  I<5° DESCENTE de I'abaisfemeht de J. Chrift, c'eft fon etat lous 1 empire de la mort que nous exprimons par ces termes; Car tel eft quelquefois le fens de cette parole, elle fignifie la plus grande humü'at.on C'eft dans ce fens que le fauveur 1 emploie lui meme Mat. XI. La ville de capernaum avait eté florisfante, etil exprime cet etat de prolpente en difant, elle a été elevée jusqu au ciel: elle devait être reduite a la derniere ignomime, et il exprime cette adverfité en dilam, qu'elle devait être abaisfée jusque dans 1 enier. J. Cnnft lui même, devait jouir de cette glo;re louverame qu'il avait eue avant que le monde fut fait; il devait monter aux cieux, etre ashsa la droitc de Dieu; et dans fon abaisiement, il devait prendre la forme d'un efclave, il devait, Eph. IV defcendre jusque dans Penter, jusque dans les parties les plus basfes de la terre. Telle eft donc Ia verité que cette charité etonHante du iauyeur doit rendre adive dans notre conduite. J. Chrift a fouffert toutes les humiliations , toutes les douieurs au quelles notre nature eft fujette. II a pasfé par les tenebres de Ia mort, par la nuit du fepulcre, pour disfiper les myeurs qu'il nous infpire. II a fait fortir Mat. AAVll. ceux qui etaient eiidormis, ceux que 1 opimon placait dans 1'enfer, dans un lieu inferieur ou un lieu bas, jusqu'a fa venue, il lesa fait lortir de ce lieu pour, les faire entrer dans la fainre cjte , pour nous convaincre qu'il n'y a plus de limbes, qu'il n'y a plus de purgatoire pour les fideles, que Ie motif qui Ie rendait necesfaire aiant ccs.e, ia croiance en devait ausfi finir. Que  BE JESUS CHRIS T\ l€t Que le changement, le jugement de ce monde etait venu, et le prince qui le tehait dans 1'cr1-cur etait jetté dehors, afin que Jefus etant elevé de la terre, put attirer tous les fideles h foi, Jean. XII. Qu'il n'y avait plus dc valiée du fils de Hinnom pour purifier les morts parle feü. Que J. C. ayant été Heb. IX. offert une fois pour oter le pêché, le fideie n';.vait plus befoin de facrificés ni de fouffrances apres fa mort, ou que le moment de fon trepas ferait dabord Illivi dc celui de fon jugement. Oui M. FR. cet article nous asfure qu'il a fouffert une fois lui jufte pour les injuftesi afin de nous amener a Dieu, afin de triompher de la mort et de 1'enfer; afin dé lui oter fort aiguillon et fa vicfoire i Cor. XV* II a fouffert pour nous, afin de nous armer dc cette penfee» que celui qui a fouffert, a defifté du peché, 'que durant le tems dc cette vie, nous ne vivions plus felort les convoitifes de la chair, mais felon ia volonté de Dietn afin de nous asfurer que les foufranccs qu' 1 nous impofe quelquefois dans ce monde, ne font pas toujours Üft figne de reprobatioiï de fa part, et que fi fideles a notre vocation celefte, nous fuivons les traces de J. Chrift, nous avons en lui le premier né d'entie les morts Col. I. celui qui nous delivre des dunnes de la mort, qui nousrendsfaints, fanstaches et irreprchenfiblcs devant Dieu, et quial'heure de notre mort, nous fait voir les cicux ouverts, qui nous met en etat de tenir ce langage de confolation 2 Tim. IV. J'ai combattu Je bon combat, j'ai achevé ma'courfe; j'ai gardé la foi et la vertu, je fai que la couronne'de vie m'eft refervée par Ie jufte juge; je fai qti'au forL t tir  1.6*2 DESCENTE dlZ. tir de ce monde je n'ai pas befoin de mbif d'autres eprcuves, «Sis que j'entrcrai avec lui en paradis, je fat que comme lui, je remettrai mon efprit entre les mams de mon pere qui eil aux cieux. — Ai.nii fok i vin  VUIL DISCOURS. Elevation de J. Chrift, Articles 5 et 6 du Simbole;  T E X T E : «p. de St. Paul aux Colosfiens," Chap. III: i. $ donc vous êtes refufcttés avec Chrift, cherchez- les chofes qui font en haut, tu Chrift eji asfis a la Droite de Dieu, Seftions n st 12 du Catechisme;  M. T. C. FR. EN J. CHRIST! L'Apotre St. Paul fait voir dans Ie chapitre qui precede celui de notre texte, il y fait voir un effet particulier que la predication de 1'evangile devait produire dans le monde, au moment dc la première revelation. C'etait celui de convaincre que la pieté ne confiftait pas en des obfervations ou en ceremonies, telles que la circoncilion, Ia difference des jours, ou celle des viandes, mais dans 1'obeisfance ,■ ou dans 1'imitation de J. Chrift. La veritable pieté, dit I'Apotre, confïfte dans le depouillement du corps des pechés de la chair. Et c'eft ce depouillement dont le Bapteme nous fournit un meilleur embleme que la circoncitjon. C'eft de toutes ces ordonnances onereufes, k 1'obfervation desquelles les hommes fe croïaient obligés, que J. Chrift nous a delivrés en nous protivant que Dieu nous pardonne gratuitement nos offenfes; que ce n'eft pas en portam des facrificés des chofes perisfables a celui a qui tout apart^ent, qu'on fe procure 1'expiation de fes pechés. Cependant quelqu' evident qu'etait ce principe, il n'avait pas asfez de force pour fixer tout «'un coup le jugement des hommes, et pour deL 3 ter»  i<55 SIIVATIO» terminer leur conduite. C'eft fouvenr le fort de la verité, de ne briller que comme des éclairs, et de ne disfiper que peu a peu les tenebres dont des erreurs generales et anciennes couvrent la terre _ II parait qu'il fe trouvait même parmi les chretiens de ceux, qui non feulement avaient de la peine a fe departir d'un ancien principe favori, mais qui felon cette coutume qu'ont presque tous les hommes, de modifier leurs nouvcllcs opinions aux anciennes, rapportaient même la yente de 1'evangile h ce principe, ou qui voulaient enter fur I'arbre de la Religion de 1 C ces branches parafitcs de I'ancien culte, 'fous' 1 oinbre_ des quelles le monde avait pasfé dans ia iccunte charnelle pendant plufteurs fieclcs, C'eft ce que I'Apotre prouve en difant, que perfonne ne vous condamne, comme ont faitautreio's les pnncipautés, les puisfancesque f. Chrift a detruites: que les hommes ne vous condamnent pas, qu ilsnevousforcentpasdenouveauadiftinguer les jours, ou les viandes, ni aadoptcrcette theorie des efprits, des anges, comme des me, diateurs entre Dieu et les hommes. ]. Chrift a prouve que toutes ces ordonnanccs n'etaiént etablics que lüfyant lé comandement des hommes, qu elles devaient donc être abolies Ephef. U ■ ik Car leur utilité dit il n'etait qu'aparente. il en etait du bien qu'avait fait cette pieté d'invention humaine comme de celui qu'a fait dans la focieté la pretendue civilifation. Les hommes n'cn ont pas devenus meilleurs. lis ont fubftitué aux ioix naturelles qm font 1'ouvrage de Dieu, desi - • - jQjx  BE JESWS CHRIST. 16? loix faites par eux, dans les moeurs ils ont fouvent mis la decence a la place dc la vertu, dans les plaiiirs ils ont fubftitué 1'illufion a la realité, ei darislapoliresfelesmaniercsau fentiment. Leurs gouts fe font tellement pervertis a force ce s'egarer, qu'ils diftinguerit presque touiours 1'agreable d'avec 1'utile, et qu'ils preferent même le premier au dernier. Tel etait ausfi 1'effe'- de cette multitude de ceremonies que les hommes s'etaient impcfées; ëiles avaient, dit I'Apotre, elles avaient quelqu'apparcnce dc Ia lagësïë, d'une devotion volontaire, d'une humliité d'efprit, d'une mortiflcatfbh dc la chair, mais ausfi, ciftingi.ant 1'apparence d'avec Ia rcalitc, alle; avaient ma a cette derniere, elles laisfaient fublifter les pasfions qui produifent les vices, en un mot, les hommes avaient fous'leur empire les apparenccs de la pieté, et ils en reniaient la force. Qu'il ne foit pas ainfi de vous d:t I'Apotre, vous ne devez pas mortifier vos membres qui lont fur la terre; mais vous devez mortifier la fouiliure, les affections deregïées, les mauvaifes convoitifes ct 1'avarice. Ce font ces chofes la pour lesquelles Ia colere de Dieu vient fur les enfans de rcbclfon. Aiez donc dit I'Apotre, aïez toujours en vue J. Chrift qui eft mort pour vos pechés et refuscité pour votre juftification. Vous ferez refuscités comme lui, le eiel doit ausfi être pour vous le fejour du bonheur; aïez donc le mème fentiment qui a été en lui, chcrchcz !es eholes qui font en haut, ou il eft aslis a lacroite de Dieu. L 4 Jefus  105 ELEVATION Jefus Chrift elevé h Ia gloire qu'il avait avant que Ie monde fut fait. Tel eft 1'objet de notre ioi, tel eft Ie point de railiement de toutes nos affeftions, que St. Paul nous montre dans ces paroies. ft fe trouve enoncé dans les articles 5 et dmes du fimbole des Apotres; et c'eft a faire quelques reflexions fur les verités impprtantes quils renferment, que nous emploïerons notre prefent entreticn. 8 Dieu.' puisque le ciel eft notre veritable pa trie, aidez nous a y placer nos coeurs, afin qu'en fuivant les [traces de J. Chrift, nous puisSnfi foit"" tra,lfportés k ^«W» de n^re mort. Nous croïons que J. Chrift eft refufcité fe troiheme jour; qu'il eft monre au ciel, ou il eft aslis a la droite de Dieu lepere tout puisfant. M. FR. le foleil de la juftice a fans doute du Juirefurla terre: II a du s'abaisfer jusqu'a nous pour disfiper les tenebres , et pour faire tomber les ecailles dont Ie pêché couvraltnos yeux. II a dti fe rendre vifible, pour nous convaincre, par les ens, pour ainfi dire, que Dieu ne prend pomt plaifir, Pf. XL. aux facrificés des hommes , mais que par une feule oblation, Hebr.X14. II avait confacrés pour toujours ceux qui lont fapetifles; pour nous convaincre que Dieu pa point d'egard a 1'aparence des perfonnes, mais  DE JESUS CMRIST. mais quen toute nation celui qui Ie craint et qui s'adonne k Ia juftice, lui eft agreable. —Cependant quelqu'cvidentes qu'aient eté les preuves, que la plenitude de la Divinité avait animé fon corps dans fon abaisfement Col. II. Quelqu'evidentc qu'ait été la contemplation ]ean I: 14. de la gloire du verbe incarnè, du 'fils unique du pere, pieine de grace ct dc 111ajefté, quelque loyal qu'ait été I'aveu du centenier, cet homme etait jufte Luc. XXIII. il etait veritablement le hls de Dieu Mare. XV. il parait certain qu'il aurait manqué quelque chofe a Ia plenitude de notre conviclion, li fon corps avait fenti la pourriture, s'il avait refté dans 1'etat des morts, ou fj fon ame avait été abandonnée au fepulcre. 11 fallait dit il , aux Difciples etonnés de le revoir, il fallait que le Chrift fouffrit, qu'il mourut ct qu'il refufcitat des morts le troifieme jour. Vous connaisfez M. FR, vous connaisfez asfez 1'importance et la verité de la manifeftation mifterieufe de Dieu en chair, pour que votre foi ne foit pas ebranlèe par quelques contradictions apparentes que des efprits indociles ont cru •trouver dans les details de 1'expofé de ce miftere. II eft dit par ex: que le fils de 1'homme devoit refter trois jours et trois nuits dans le fein de la terre Mat, XII; 40. ct il eft dit qu'il devait refufciter le troifieme jour Mat, XVI. 1'ufage permettait d'exprimer de 1'une et de 1'autre facon, le tems d'un evenement qui s'etait commencé avant la fin du premier, et qui etait fini après Ie commenccment du troifieme jour. II eft dit que Dieu a rcfufcite J. C, Act. II; 24. et il eft dit qu'il s'eft refufcité foi L $ atè.  170 SiJiVATION, menie , el cette difliculté s'evanotiit fans doute, lorsqu'on lit Jes paroies du fauveur; les oen es de mon pere font les mennes, ou ce cue 'e pere fait, le fils Ie fait ausfii M. FR. un I; nsa< e imparfait nc peut que fe ïesientir de i'in-jpeffectionde ceux qui Je parient, et il a lans' doute été imposfible a des hommés pen fnfirriirs cf eviter tout reproche d'inexactitucc. L'efprii de Dfeu leur a' fourrfi les couleurs ct; grand tableau de notre redemptifm, mais c'etaient pourtant des ma'nshumaiuesquiJcsontbroiées. D'aiileurs les mentöurseux mêmes, favent ils arranger leurs paroies de maniere a rendre tout reproche d'inconfequence imposfible aux efprits vetilleux? p. ex. les ennemis du fauveur engagerent les foldats i dire que fes difcïp'es I'avaient enlevé pendant qu'ils dormaient, qui ne fent pas l'inconfequence dc cette defaite? fi les foldats, dit un pere de I'eglife, s'ils dormaient, comment ont ils vu 1'enlever, s'ils ne Font pas vu, comment peuvent ils depofer de 1'a voir vu ? qui ne fent pas, qu'ils ont plustót fongé a la chofe gu'aux paroies, plus au fond qu'a la forme.' ™ Non M. FR. cc n'eft pas I'arrangement des paroies, cc n'eft pas Je fens des facons de parler proverbialcs ct pppuJa'ires, qui doivent fixer notre croiance, et fi des fcrupulcs de cette nature pourraient meriter quelque reponfe, nous n'cn pourrions donner de mcillcure, que celle que I'Apotre fit 2 Ep. de Pier. I: 16. C'eft que l'evangile n'eft pas une fable artificieufement compofée, mais une puisfance de Dieu a falut atous ceux qui croïent La rcfurrcclion du Sauveur a été fi necesfaire a la foi, que les Apotres en font dependrelajufii-  DE JESUS CHRIST 171 fication duSChreden. Chrift eft lïvré difent ils, Rom. IV : 25. Chrift eft livré pour nos oflenfes, er il eft refusfeité pour notre juftification, Sa refurrect.ion etait lc plus fort moien de convaincre les hommes de la divinité de fa misfion, en mettant le feau a 1'accomplisfemcnt des pró* pheties. Cc ne fut qu'après fa refurrection q u'ü put oter de fes disciples 1'idée de la delivrance terreftre d'Ifrael, qu'il putletirexpliquerlcsccrituves, et les convamcre qu'il fallait que lc Chrift mourut, et qu'il refuscitat. Sa refurrcction, difent ils,nous prouve qu'ila brifé lesïliens dc la mort, qu'il 1'avaitfouffertevolontairement Aét. Jl.jPuisqu'il etait imposfible qu'elle le retint en fon pouvoir. Sa refurrcction prouve qu'il avait accompli le facrifice: que Dieu 1'avait deelare fuffifant. Elle nous prouve i Pierre I : 3. que Dieu nous a f'aits renaitrc, felon le grandeur dc fa ïpifcricorde, et qu'il nous a donné par la refurrcction de J. Chrift, 1'esperance d'une vie cterncile. La refurection de f. Chrift nous prouve que fi nous Rom. VI: 5. fommes une même plante avec lui, par la conformité de fa mort, Certainementnous le ferons ausfi par la conformité de fa refuveétion: Que puisque nous fommes morts avec Chrift, nous devons ausfi vivre avec lui, que Rom. 3. ij 1'efprit de celui qui a refuscité Jefus d'entre les morts habite en nous, celui qui a resluscité lefus d'entre les morts, vivifiera ausfi nos corps mortels, par fon esprit qui habite cn nous. Tel eft donc M. FR. tel eft I'aveu que nous cnon cons par cet article. Nous croïons que la toute puisfance qui avait formé et animele corps 4e J, Chrift, s'eft dcploiée ausfi pour le rappel-  17= BLEVATION Ier a Ia vie, pour le reunir a eette ame faint» qui en avait étê feparée pendant le tems qu'il etait dans le fepulcre. Nous croïons que les Apotres, qui nous en ont transmis un temoignage veritable, ont vu la cbair de celui en qui ils avaient cru. Que depuis cette vue leur entendement a été ouvert pour comprendre les eeritures. Que Ie but de leur miniftere, ou que les fonctions de leur apoftolat aboutisfaent toutes a être temoins. Ad. I 128. de la refureétion du Sauveur. Ou comme dit I'Apotre 1 Cor. XV. Nous croions que li Chrift n'eft point refuscité, notre foi eft vaine, que nous fommes encor dans nos pechés. Que fi nous n'avons d'esperance en Chrift que pour cette vie, nous fommes les plus mifera, bles des hommes; mais que fachant qu'il eft refuscité des morts, nous favons ausfi qu'il eft le premier de ceux qui dorment, que par lui notre vie, I'immortalité et notre refurrection glorieufe eft asfurée et mife en evidence. C fuite cie fes crimes. Les fages du paganisme qui avaient entrepris de fondcr les mifteres dc notre propre nature, avaient eu dc la peine a fixer les mobiles de nos affections ct dc nos actions. La maniere d'agir contradictoire qu'on voit dans tous les hommes, les avait induits ï etablir deux principes moteurs de notre conduite.- Ils difaient par exemple, nous avons en nous deux ames,Tune nous porte vers le bien, et 1'autre vers le mal. D'autres difaient, 1'ame de la matiere, ou 1'amc materiellc, combat fans cesfe contre 1'ame intellectuclle. L'ame'de la matiere, ou de la chair, nous asfervit au mal, et 1'ame de 1'entendemciit N a tul  Ï9& JUGEMENT fait que 1'homme ne peut pas pecher. Les apotres trouvaient en annoncantl'evangile,ils trouvaient les efprits preoccupés, remplis de ces diftinctions exagerées, qui ne pouvaient qu'obfcurcir les chofes en multipliant leurs points de vue. pour rectifier les idéés y relatives, ils etaient obligés de fe fervir de leurs noms: Ils parIcnt ausfi de la chair qui eft inimitié contre Dieu, de^ 1'homme animal, qui ne peut i Cor. II. pas même comprendre ce qui eft de 1'efprit de Dieu; et de 1'homme fpirituel qui ne pêche point, et qui n'eft jugé de perfonne i jean. V. M. FR. quelqu'inconteftable que foit la grandeur de notre corruption originelle et actueile, il parait certain que les apotres ont quelquefoïs emploiés de termes pour la defigner, par la féule raifon qu'ils trouvaient ces termes etablïis dans les fiftemes, par la feule raifon que les autres s'en fervaient. II y a dans 1'Epït. de St. Paul aux Rom. VI: 18. un pasfage qui parait prouver evidemmcnt, que l'evangile desapro u■vait ces fubtilités outrées dans les termes. L'apotre y dit, vous avés etés efclaves du pêché; maintenant vous êtes asfervis, vous êtes efclaves de Ia juftice; et il ajoute, quand je vous nens ce langage, je parle a Ia iacon des hommes, a caufe de 1'infirmité de leur chair. C'eft comme s'il regrettait de devoir fe fervir d'un langage obfcur, pour parler de chofes, qu'on ne peut jamais rendre trop evidentesi; de devoir emploier des obfcurités, qui a la peine de pratiquerfeslecons, ajoutaient celle de les entendre. Quoiqu'il en foit M. FR. plufieurs d'entre les Chretiens cherchaient a aliier ces aslértions humaines  D E R N I E R. 197 ffiaincs avec les notïons religieufes de l'evangile. lis difaient que 1'homme etait foumis a une fatalité relatïvement a fa conduite, que ceux qui etaient predeftinès a la foi, feraient fauvés indepcndamment de leurs actions. lis partagaient le genre humain en trois especes: felon eux il y avait un homme fpirituel, qui devait infailliblement être fauvé, et abfous dans le jugement de J. Chrift; parcequ'il avait regu une femence ipirituelle qui etait la caufe de fon falut. II y avait un homme terreftre, incapable d'entendrc et dc recevoir 1'esprit qui engendre la vie eternelle : Un homme terreftre qui devait necesfairement perir, qu'elle qu'eut été fa conduite. Et enfin ils etablisfaient un homme animal, qui devait tenir le milieu entre deux, et dont le fort aprés cette vie repondtait a la conduite qu'il avait tenue ici bas; qui devait feul être jugè felon fes oeuvres. Sans doute tous ceux quitracaient fi temerairement la ligne de feparation entre des creatures qui fe resfemblent toutes, Tous ceux qui parlaient de 1'homme fpirituel, de 1'homme terreftre et animal, tous ceux qui voulaient fixer lc nombre des elus et des reprouvés, fe rangcaient eux mêmes dans la clasie des fpirituels, des elus et des heureux, lorsqu'il etait queftion dc leurs propres perfonnes. Cependant ces vains raifonnements renverfaient direeïement lc but auquel la predication de l'evangile devait conduite. Ils detruifaient le regne de la juftice que J. Chrift avait etabli. Ces infenfés pretendaient que les actions morales etaient involontaires, qu'elles etaient 1'effet d'une harmonie necesfairement préetablie, et que le falut n'avoit aucune liaifon avec la conduite. N 3 Aus-  ÏQö JUGEMENT Ausfi, difent les auteurs contemporains, fe livraicnt ils fans retentie a tous les exces. Ils difaient que la fcmcncc de la foi, qu'ils avaient recue, les rendait femblables a 1'or qui nc perd nende fa valeur intrinfeque, quand même il efi: enfouï dans un lieuimpur; que le falut etait la recompenfe necesfaire de leur foi, fans que les oeuvres qui font involontaïres, parconfequent, indiïfercntes, foi'ent mifes en compte. Ce font M. .FR. ce font les extravaganccs, les menfonges qu'on a voulu confondre par 1'enoncc de cet article. On a voulu otablir par la, que la fafalitë eft incompatible avec 1'idée d'un jugement qui n'abfout que ceux qui auraient dumoinspumal faire, et qui ne condamnc que ceux qui font,inexcufables Rom. I : 20. On a voulu etablir que, quelle que foit Ia grandeur dc notre corruption, quelle que foit 1'infiucnce de la grace, quelle que foit Ia necesfité de la foi, de la vocation et de I'eieétioii: 1'homme doit ecouter la voix de Dieu, II doit ne pas contrifter 1'efprit avec lequel il eftfeellè; il doits'adonncr a Ia juftice pour aller a Ja vie eternellc : II doit s'adonner a Ia juftice, pour cchapper aux peines eternelles, qui feront un cfrêt de Ia fentence que prononcera 1'eternei par Ia botiche de f, Chrift, lorsqu'il viendra jugér Ie monde cn juftice Mat. XXV. On a voulu fixer ce jufte milieu, qui reconnait la necesfité de la grace, fans detruirc la liberté limitée dc la creature raifon* nablc, qui reconnait la liberté de Ia creature dans le choix, et qui attribué tout le fucces a la grace. Voici donc M. FR. voici la verité importante que  D E R N I E R. 199 one cet article renferme pour nous: tout ce que nous favons rclativement a notre fort a venir, tout cc que Dieu a mis a notre portee, touchant notre etat après la deftruöion de notre loge terreftre, fe reduit a la certitude du bonheur pour les jufïes, et a celle de Finfortune pour les impcni'tens: nous favons, Act. 10. que Dien a arrete un jour, auquel il doit juger en juftice le monde univerfel, par Phomme qu'il a deftme pour cclii, dc quoi il a donné une preuve certaine a tous, en 1'aiant refufcite d'entre les morts. . ' i Et certes M. FR. la confidcration de nous meines, ne nous fournit elle pas des preuv.es evidentes cie cette verité? pouvons nous,- nous empecher de voir lc bien et le mal qui eft dans notre conduite! quelque foit 1'aveuglementde Pamour propre qui nous excufe; pouvons nous mus empecher, lorsque nous fommes de lang rasfis, pouvons nous nous empecher de nous dire 2 Sam. XII. nous fommes ces hommes a qui Dieu avait donné lc pouvoir de faire lc bien, ct qui avons feit lc mal! cc n'eft pas 1'cnncmi Icul qui a femé 1'ivraïe dans mon coeur; ce n elt pas Ia fatalité qui m'a' entrainé, c'eft monneme qui ai prefcré les tenebres a la lumiere. C'eft moi même qui ai rcfifté au St. efprit, qui ai ecarté cette fentinclle, cette fauvegardc dc la vertu, qui fc trouvait dans les fentimens dc ma confeience , qui ai couru cn avcuglc, qui dansl idee de me delivrer d'un furveillant importun, me fuis forgé des chaincs qui me tieunent caput fous 1'efclavage du pêché. Om M. FR. lc lentiment du blamc et des louanges, de la recompenfe et des pejnes; les aprenenfions ct es F N 4 crain-  200 JUGE MENT craintesnous font trop naturelles, pour que nous puislions croire que notre choix n'entre pas dans nos actions, et qu'il ne foit pas Ia regie felon la quelle Dieu nous jugera. Cependant s'il manquait encor' quelque chofe a cette clarté, Dieu a changé ce crepufcule des lumieres naturelles en un plein jour, paria predication de l'evangile. C'eft lui qui nous dit 2 Pier. III: r. que les cieux pasferont avec bruit et avec rapidité, que les elemens feront disfous par le même feu qui embrafera la terre, et tout ce qu'elle contient; que le feigneur viendra avec Ia multitude de fes anges, Jude: 14. Pour juger tous les hommes: que le fils de 1'homme Mat. XXV; viendra dans fa majefté, pour asfcmbler toutes les nations devant lui, et pour rendre a chacun felon fes oeuvres Mat. XVI. La revelation nous dit fean V. que tous ceux qui font dans les fepulcres entendront fa voixj ceux qui auront fait de bonnes oeuvres refuiciteront pour posfeder la vie, et ceux qui en auront fait de mauvaifes refufciteront pour leur perte. L'ecriture acheve ce tableau ravisfant des mifteres de 1'esfence divine, qu'elle a en quelque facon mis a notre portie, en difant que Dieu iera notre juge dans la même qualité, dans laquelle il a voulu devenir notre fauveur, que le pere ne juge perfonne, mais qu'il a remis lc jugement au fils Jean V. Et qui de vous M. FR. qui de vous ne fent pas les confolations, que cette asfurance nous fournit! Ce n'eft pas un juge fevere, qui recueille la, oü il n'a point femé: c'eft celm qui eft notre avocat, C'eft ce roi qui a  D E R N I E R, 20 i a eté courormé d'epines, qui a pardonné a fes ennemis, qui a dit pere, pardonne leur, car ils ne favent pas ce qu'ils font; C'eft ce juge qui nous ordonne de pardonncr jusqu'a feptante fois fept fois, Qui fait du bien jusqu'cn mille generations de ceux qui 1'aiment; c'eft le Dieu de charité: en un mot, c'eft un pere, qui juge fes enfans. Ce n'eft donc pas la frayeur que ce jugement doit nous infpirer, C'eft 1'averfion contre le mal, la crainte de deplaire k Dieu; le deur de mourir au pêché, et de vivre en nouveauté de vie. C'eft le deiir de la fanctification que doit nous donner cette certitude, que nous devons tous comparaitre devant ce tribunal d'amour, de juftice et de fagcsfe, pour recevoir felon ce que nous aurons fait, foit bien foit mal. Voila M. FR. voila la verité evidente de l'ecriture que cet article nous enfeignc. N'entreprenons pas d'aller au delk de ce qui eft ccrit en termes clairs et precis: ne preferons pas les tenebres k la lumiere; Ce n'eft pas nous infulter, que de nous parler raifon: au contraire, plus les chofes font faciles et claires, plus elles font esfentielles. Tcnons nous aux paroies evidentes, et li l'ecriture nous fait entrevoir encor des mifteres, refpectons les en filence. Nos recherches ne les penetreront jamais; et tout Ie fruit que nous en pourrions rccueillir, ferait ou de nous egarer dans des Iabirinthcs inextricables; ou de nous familiarifcr avec les mifteres au point, qu'ils cesléraient d'être respectablcs, N 5 Tel- Tel-  202 JUGEMENT Telles font en particulier les circohftances qui doivent accompagner ce jugement eft 1'epoque dans laquelle il fe tiendra: Pour ce qui éft du jour dit l'ecriture Mare. XIII. pour ce qui eft du jour, perfonne ne le fait, ni les anges du ciel, ni ic fils entant qu'homme; il n'y a que le pere qui le fache. Le jour i Thcsf. V : 2. du Seigneur viendra a Pimpourvu comme un voleur clans la nuit. Luc. XVII. comme la deftruciion de Sodommeet de Gomorre furvint pendant qu'on mangeait ct qu'on buvait. II eft même prés dc chacun de nous; car quelque foit 'le nombre des fiecles que le monde peut encor ciürer, le tems de la mort eft celui qui determinera les conditions des quelles dependra la fentence folemnelle qui fera prononcée au jour du jugement géneral. IM'imitons pas ces curieux qui pretendaient fixer le tems de la fin du monde. Le fauveur dit Luc. XXI La ville de Jerufalem fera foulée aux pieds, jusqu'a ce-que le tems des nations foit accompli. L'Apotre St. Paul, 2 Thcsf. II. conjure lés Chretiens de ne point fe laisfer troubier, comme fi le jour de J. Chrift etait fur le point d'arriver. que perfonne ne vous feduife dit il, comme fi nous vous eusfions ecrit quelque chofe de poiïtif fur cela, car le feigneur nc viendra point, que la revolte ne foit arrivée, et que 1'homme du pêché ne foit revelé. La religion de J. Chrift eft une religion de fentiment, et non pas 1'objet d'une fpeculation fterile, ausfi produifit elle, du tems deJ.Chrift, fon effet fur tous ceux qui etaient fineeres, fur tous ceux qui faifaient la volonté de Dieu: II p'y avait que les raifonneurs fubtils et fophifti- ques,  D E 'R N I E R. 203 ques, qui rcjettaient les difcours clairs et fimples du fils de 1'homme. II en fut dc même du tems des Apotres. Corneille croiait de tout ion coeur Act. 10. parccqu'il etait jufte craignant Dieu: mais des que les Simons les magiciens, fe font dits les grandes vernis de Dieu Act. 8,10. dès que les foidifants favants du monde, ont entrepris d'asfujettir les preceptes de l'evangile, a la methode dont ils traitaient les fciences humaines; fa fagesfe a été confondue avec leur folie: et ce malhcureux alliage a mis quelqueföis les Apotres même, dans 1'humiliante lituation Galat. II: 11. de paraitré inconfequents et contradictoires, pour refuter des contrauiciions et des inconfcqucnccs. Et cn effet M. FR. l'hiftoire nous prouve que ces vaines recherches touchant le tems dc la fin du monde, ou de la feconde venue de J. Chrift n'ont jamais fait que du mal. Ceux qui dans les liccles pofterieurs ont reusfi a accrcditcr 1'opinion que J. Chrift reviendrait en Palcftinc, ont alJumë un faux zele dans leurs contemporains. Us ont produit ces croifadesferoces, quiontdepeublé 1'Europe, miné les families, ct enrichis les iculs fois qui leur comuniquaient leur maladie, ou les importeurs qui fe jouaient de leur credulité. Les fausfes prediétions, la fraude fifouvent cccouverte, a produit un autre eliet pernicicux, c'eft celui de 1'incredulité de la chofe même, et quelques vraïes, quelques presfantes que fusfent les exhortations a Ia répentance qu'on pourrait donner de nos jours, en parlant dc cette feconde venue comme prochaine, on courrait grand  204 JUGEMENT grand risque de voir la verité rejettée et con-i fondue avec les viftons menfongeres. Loin de nous M. FR. loin de nous ces recherches oifeufes, revenons a cette verité fimple et claire de l'evangile, a laquelle toutes celles qui lont milteneufes nous ramcnent. Songcons a ce jugement infailiible, quele fentiment intime de notre confeience reclame, a ce jugement infailiible que l'ecriture nouspredit. Alors nous ferons des efforts finceres pour brifer les chaines qui nous rendent esclaves du pêché. Perfiftons Jean VIII 131. en la parole de J. Chrift, alors nous obtiendrons la liberté des enfans Dieu ; la liberté dc ceux qui font le bien par choix, qui s'asfervisfent a la juftice par conviöion, qui ne peuvent pas pecher volontairement, qui pratiquent le bien par des motifs plus forts, que ceux que nous offre la chair, pour fatisfaire fes convoitifes. faifons la volonté de Dieu, alors les fciences humaines, les recherches de la verité qui ont autrefois egaré les prevaricateurs et les temeraires, nous rameneront a ce principe evident, qu'un Dieu jufte, qui dirige tout avec fagesfe et avec bonté, doit ausfi juger les hommes en juftice. que celui qui a eté eprouvé Hebr. IV. comme nous, excepté dans le pêché, eft capable de compatir a nos maux. Nous trouverons que fi Dieu a elu de toute eternité ceux qui feront fauvés, il a envoïé J. Chrift au monde pour les fanaifièr, et lesasfurer de cette eledion gratuite. Nous. adorerons lesfecrets de I'eternel, nous nous contenterons dc cette asfurance, qu'il ne jette Jean VI : 37. point dehors ceux qui viennent a lui, que s'il ne nous  D E R N I E R. 205 nous montre pas ici bas les noms de ceux qui feront a fa droite, ou de ceux qui feront a fa gauche, II foulagera Matt. II. Certaincment, ceux qui font chargés et qui vienncnt a lui. Puisfe M. FR. puisfe la certitude que nous devons tous comparaitre devant le tribunal de Chrift, accomplir en nous 1 Jean IV. ccttc charité qui bannit la peur, qui nous donne 1'asfurancepourle jour du jugement; puisfe ccttc certitude, que nous ne devons pas conteftcr contre Dieu Rom. IX. que lc potier de terre peut faire d'une même masfe des vaisfeaux de different ufage, nous portera posfedcr Thes. IV. notre propre vaisfeau en fanftification et en honneur! puisfe t'elle nous porter h adorer, Rom. II. les rrchesfes de la benignité de Dieu, a recourrir, a une répentance fïncere, afin que nous puisfions recevoir au jour de la declaration du jufte jugement de Dieu; que nous puisfions recevoir en corps et en ame, la gloire, 1'honneur et la vie eternelle, apres avoir perfeveré ici a bien faire, Ainfi foit l   X. DISCOURS, Le Saint Efprit. Article 8me du Simbole.  T E X T E: Ep. de St. Paul aux Romains Chap. VIII: 9. Or vous n'étes point en la chair, mais en V'efprit fi totttefois 1'efprit de Dieu habite en vous.- mais fi que kun n'a point 1'efprit de Chrift, celui la n'eft point d lui. Seflion 14. du Cathechisme.  M. T. C. FR. en J. Christ; !ves paroies que nous venons de lire pour textc, nous tracent ie caractere auquel nous pou. vons reconnaitre la verité de notre adoption, ou de cette qualitè d'enfans cheris de Dieu que nous avions perdue, et qu'il veut nous rendre par fa manifertafion en chair, par 1'envoi dc J. Chrift au monde. C'eft celui d'avoir en nous 1'efprit de Chrift. Vous favez que ce terme, lorsqu'il eft appliquè aux hommes, ne peut être que fynonyme de celui que I'Apotre emploie dans un autre endroit, Phil. II. lorsqu'il dit ; qu'il y ait en vous un même fentiment qui a été en J. Chrift. Car s'il etait queftion de cet efprit de prophetie et de gucrifon qui etait fur lui, Luc. IV. On ne pourrait pas dire que cet efprit dut être en nous, fans nous faire cesfer d'être ce que nous fommes. L'apotre expiique les effets de 1'efprit de Chrift, qui doivent fe voir en nous dans le pasfage cité, en difant; J. Chrift a obeï a Dieu jusqu'a la mort, et il en tire cette conclulion, obeisfès vous donc ausfi fans murmure, afin que vous foïez irreprehenliblcs. Dans le chapitre de notre texte, il montre cn particulier 1'avantage qu'a 1'economie de l'evangile fur celle de la lot", dont il venait de faire la comparaïfbn. II dit, pour ceux qui font en f. Chrift il n'y a plus de condamnation a craindre, comme il y en avait fous Ia loi; parce0 que  2IO 1 I SAINT que tous les hommes 1'aiant transgresfée, ils ne pouvaient pas efperer d'être juftifiés par elle. Cependant en nous delivrant de la peine de ia ioi, il n'a pas anéanti 1'obligation de vivre dans la jultice. La loi ne pouvant fauver les hommes, Dieu leur a fait annoncer l'evangile, qui eft un efprit qui vivifie 2 Cor. III. parcequ'il nous aslurc que J. Chrift a oté la condamnation de 3a loi, en portant les peines en la chair: malgrènos fautes, les comminations de la loi ne doivent doncpasnouscffraicr.puisque f.Chriftaaccompli la juftice. Cc n'eft donc pas fa loi qui tue, mais c eft celle de Chrift qui vivifie, c'eft dit I'Apotre, cet efprit de l'evangile qui doit devenir ia regie de notre conduite. C'eft felon cet efprit que nous devons cheminer: car fi nous continuons a affeaionner les chofes de la chair pour ïesquelles la condamnation de la loi eft venue, nous n'avons a attendre que cette mort que Ia loi prononcc contre fes infrac^teurs: mais li plagaiit notre confiance en f. Chrift, nous luivons fes traces, nous aurons fa vie et ia paix. Car les affeaions de la chair, outre qu'clles nous rendent ennemis de Dieu, en nous portant au mal, nous donnent encor une prefomption qui ne peut que nous rendre desagreables a Dieu,puisqu'eIIe etouffe Ia refignation ct la coniiance de 1'humilitè, qui doit être le premier fentiment des creatures coupables. Qu'il n'en foit pas continue I'Apotre, qu'il n en foit pas ainfi de vous. Vous n'etes point dans _la condamnation de Ia chair, mais dans iciprit de la vie. Malgré la juftice de la loi, ■et la verite de fes peines, vous n'avèz point la mort  .ESPRIT. 21 r mort, mais la vie a attendre:- et vous pouvez vous asilirer dc cette vie, fi vous trouvèz quo Pelprit, que lc fentiment qui a êté en J. Chrift, eft ausfi cn vous. Alors quelles que foient les aifections de la chair pour les chofes qui entrainent la mort, 1'efprit de Chrift les ennobiïa, il vous donnera du plaifir, et même de 1'aptitude a apliquer vos membres pour des inftrumens de juftice. 11 vous donnera la certitude que vos corps fujets a la mort reiufciterontgiorifiès, pour jouir de la gloire dc J. Chrift, dont vous avès fuivi les tracés en croiant en luï. Si 1'efprit de .Dieu qui a été en Chrift, eft en vous, vous ferez enfans de Dieu ici bas, vous ferez delivrès de la crainte de la loi, et vous ferez après cette vie les hcritiers de Dieu et les coheritiers de Chrift. Tel eft le caractere, auquel nous pouvons reconnaitre Ia verité dc notre adoption, et nous approprier le falut que l'evangile nous annonce. C'eft notre resfcmblance avec Chrift'; c'eft que 1'efprit dc Dieu qui a eté cn lui, foit ausfi en nous, alors nous ne fcrons pas dans la crainte, en fongcant a la juftice de 1'être fupreme: mais nous lui dirons abba pere. L'esprït de Dieu rendra temoignage avec notre esprit que nous fommes fes enfans. Vous favcz M. FR. que le terme esprit, St. esprit, prend dans l'ecriture une fignificaticn differente de celle qu'il a dans notre textc, lorsqu'il eft emploïé pour exprimer 1'exiftcnce mifterieufe de 1'être fupreme. II fignifie alors cet ob jet de notre foi enoncé dans le 8me article du 'fimbole, oü en exprimant notre croïance au St. Ü 2 es-  ■112 L E SAINT esprit, nous declarons felon notre catechisme, que comms Dieu nous a rachetés par J. Chrift, ii nous rend participans de cette redemption par fon faint esprit, que cet esprit habitantennous, nous fait connaitre fesgraces, et Ia vertu du merite du fauveur : qu'il la fcelle dans nos cceurs , en nous regenerant; en forte que par fon moïen nous recevons tous les dons, ct tous les biens qui nous font offerts en J. Chrift. C'eft a faire quelques reflexions fur eet objet de notre foi, que nous emploïerons notre prefent entretien. Puisfe-t-il contribuera rendre nos esprits dociles a la voix de 1'esprit de Dieu Idociles a fuivre fes impulfions faintes! afin que le temoignage de notre conscience, fe joignant a celui de 1'esprit de Dieu, nous puisfions être delivrés de la fervitude et de la crainte, pour vivre dans la paix, dans la joïe et dans la confiance des enfans de Dieu, Ainfi foit! Nous croïons au St. Esprit, cet article s'eft toujours trouvé dans les fimboies de I'eglife chretienne, ileft même le feul qui dans les premiers fiecles aït été prononcé purement, fans aucune de fes reftricfions ou amplifications qui font 1'eftet de la differente maniere de voir des hommes, et qui caufent tant de disputes. On s'eft tenu a cet egard litteralement a I'ordre de J. Chrift Mat. XXVIII. On a baptifé les chretiens au nom du pere, du fils et du St. Esprit, en  ESPRIT. 213- en leur cnfe'gnant de garder toüt ce qu'il avait commandé, plustot que d'approlbndir les mifteres qu'il leur avait fait entrevoir. il parait même qu'on etait tellemcnt convaincu de la necesfité de 1'obeisfance ftrifte a cet egard , que le bateme, oü la croïance au St. Esprit n'etait pas exprimée, etait regardé comme imparfait. Nous en trouvons une preuve dans les Ac>cs des Ap. au XIX. oü il eft dit que St Paui aïant trouvé a Ephefe des Disciples qui avaient recu le batème de St, jean, lequel n'avait pas encor parlé du St. Esprit, ces disciples furent batifés, ct qu'ils recurent alors ces dons miraculcux, qui accompagnaient fouvent les fideles dans lecommencement de I'eglife. Mais dira-t-011, d'oü vient qu'on a respeété ii ce feul egard le voile qui couvre lesprofondeurs de la fagesfe de Dieu ? D'ou vient que cet article eft ii uni, II fimple et ii court, pendant que ceux qui le precedent ont tant de details circonftanciès! M, FR< il eft un terme h tout. Queisque foicntles egaremens de 1'imagination, elle. a fes bornes comme la raifon, et il n'y a de la d;f ferencc que dans 1'etendue de leur Domaine respeöif. Dans les premiers fiecles dc 1'eglile, les temeraires ct les curieux avaient asfez demifteres a fonder touchant le pere et le fils: ils avaient tellemcnt multiplié les queftions y relatives, qu'il ne leur reftait point d'attentionpour celles ci. II fe peut ausfi que le fens qu'on attachait gencralcmcnt au fimple nom d'efprit, fuffifait pour les convaincre qu'il n'y avait pas lieu a difputer fur la rcalitè du fouffle, de la vertu ou du pouvoir de Dieu, et que pour cette rai0 3 fqil  214 ti E SAINT fon ils n'a'ent pas entrepris de fixer le fens pa-ticulier qu'a ce terme, 1 orsqu'il exprime Jes mfteres de Ia divinité. Quoiqu'il en foit, les auteurs de l'hiftoire des premiers iiecles de J'eg ife, ne nomment point d'herelie, ils ne parlent point de controverfes qu'on ait vemilées fur cet ohjet de Ia foi chretienne. II etait reiérvè aux Iiecles poftericurs, de faire naitre des queftions oifeufes , touchant lc maniere dont ie St. Efprit procédé. II etait refervè aux iiecles poftericurs de cómbler la mefure des ecarts de 1'imagination , ct de caufer un fchisme dans. I'eglife, pour determiner s'il faifait dire que le St. Efprit procédé du pere par Ie fils, ou s'il faillait dire qu'il procédé du pere et du fils. Peut être, vaudrait il mieux pasfer a Partiele qui fint, puisque le filence refpectueux qu'ont gardé les chretiens des premiers fiecles, eft fans doute la conduite Ia plus lage que la creature peut garder envers le createur, dans tout ce qu'il lui fait entrevoir de mifterictix touchant fon esfence incomprehenfible. Cependant cet objet de notre foi eft trop esfenticl ii notre falut, pour que nous n'emploions pas un discours a rasfembler ce qui peut contribuer a nous y affermir. L'ecriture, faifant brillera nos yeux quelques raions du foleil eblouisfant des mifteres de 1'esfence divine, parle fouvent de 1'efprit, du St. efprit, et en enfeignant la trinitè des perfonnes dans 1'unitè d'esfcnce, elle lui attribué toutes les perfections divines. C'eft ainfi que Ie Roi prophete, paiiant de Ia toute prefence dit Pf. CXXXIX. ou irai-je loin de ton efprit, et oü fui-  ESPRIT. 215 fuirai-je loin de ta face ? L'Apotre dit. 1 Cor. Ii. L'efprit qui nous a revelè les chofes qu'on n'a point vues, fonde toutes chofes, même les profondeurs de la fagesfe de Dieu. il dit 2 Cor. XII. l'efprit opere toutes chofes en tous. L'ecriture le nomme l'efprit de verité, Jean XV. qui procédé du pere. Enfin elle nous ordonne dc battifer cn fon nom, et d'attacher 1'efperance, la certitude de notre falut 2 Cor. XIII. a la grace de notre feigneur J. Chrift, a la charité de Dieu, ct a la comunication du St. Efprit. II me parait que lc fens de ces pasfages eft asfez evident, pour determiner notre croiance a cet egard, et "pour nous convaincre, que la lumiere d'ou fortent ces éclairs, eft trop eblouisfante pour que des yeux charnels puisfent entreprendre de la percer. Cependant on n'a pas laisfè dans la fuite, que de faire naitre bcaucoup de queftions a ce fujet, et de confondre les idèes en voulant les rccn'fier. On a dit par exemple, le St. Efprit n'eft pas egal a Dieu, puisqu'il fonde les profondeurs de Dieu, et |que 1'action de fontier-fuppofe des recherches, que Dieu ne fait pas, paree qu'il voit tout, d'un coup d'oeii immediat. mais on ne confidere pas que le langage de l'ecriture eft un langage humain, qui ne peut que porter les marqués de 1'imperfection des idèes humaines qu'il exprime. Sans doute 1'homme doit examiner, il doit fonder avant de connaitre, et lorsqu'il eft queftion de l'efpritdivin, il n'a d'autres termes pour en exprimer ces opcrations, que ceux qui expriment les iiennes. L'ecriture dit ausfi de Dieu qu'il fonde les coeurs et qu'il eprouve les reins. Cepen0 4 dant  SlS L E SAINT dant on fait asfez que la connaisfance de Dieu n'eft pas I'effet de ces recherches penibles, de ces examens preliminaires auxquels les hommes doivent recourir avant de juger.mais qu'elle eft Peffet de ce coup d'oeil immediat qui voit tout. On a dit, que l'efprit etant rcprefentc comme un don de Dieu, ne pouvait pas étre egal a cc!ui qui le donne, ou qui Penvoie. Mais il cn eft même de la connaisfance. du fauveur; c'eft Dieu qui dans fa mifericordc nous a donnè fon fils unique, qui 1'a envoié au monde pour nous lauver. On a dit que le St. Efprit n'aiant pas ete donnè Jean Vil. avant la glorification de f. Chrift, n'a pas eu part aux ouvrages de la divinité avant cette epoque: mais ceci n'a rapport qu'aux dons miraculeux de l'efprit, qui n'etaient pas departis fi vifiblement auparavant, cela ne fignifie autre chofe, finon que I'ancien teftament n'etait pas fi clair que le nouveau, que l'efprit en diöant les propheties, s'etait caché fous le voile des fieclcs qui devaient encor s'ecouler, et que fous l'evangile cevoiie etant foulevè par 1'accomplisfement des chofes predites, on voiait a n'en pouvoir douter, que c'etait l'efprit qui avait infpirè les prophetes. II en eft de même de cette phrafe fcan XVI. que l'efprit ne parle point de foimème. Le fauveur dit ausfi de lui Jean XII. qu'il n'a parlè que d'apres le commandement qu'il avait regu du pere. II en eft de tous ces pasfages comme de ceux qui attribuent a 1'être fupreme des membres ou des organes., Dieu aïant voulu fe manifefter plus particulierement aux hommes par Ia revelation , a menagé notre faiblesfe. L'imperfeaion de notre vue intelleauelle nous empeche de Ie voir td qu'il  * S P R I T. 217 qu'il eft : l'imperfeaion de notre langage nous empcche de 1'exprimer dignement, tout comme les formes des ouvrages de la nature, nous empechent de determiner celle dc leur auteur, en nous difant il eft notre pere, mais aucune de nous ne lui resfemble. Ce n'eft pas que Dieu aïe plaifir a nous dcrober la vue de fes perfeaions » mais c'eft parceque nous ne pourrions lafupporter dans la loge fragile de notre corps; et il eft evident que comme dans la nature les contraftes apparents forment des harmonies rèelles, et prouvent 1'unité du principe createur et moteur de tout; de même tous ces pasfages de la revelation qui paraisfent fe contredire, qui paraisfent diiferencier esfcntiellement les trois perfonnes, n'ont d'autre but que celui de prouver que le pere, le fils et 1'esprit font un, que le même Dieu operc toutes chofes cn tous. Telle a conftammant été la Doarine de I'eglife chretienne, malgré 1'obfcurité que la multitude des controverfes a necesfairement portée dans 1'expofé des details de ce qui eft incomprehenfible. Les peres de I'eglife ont toujours eu foin de fe garantir contre les reproches de politheisme, dont leurs adverfaires les chargeaient, pour quelques unes des paroies qui exprimaient leurs mifteres. Us difent, la parole eft nommée fils de Dieu, ét Dieu, a caufe de 1'unite dcfubftance. Quand le foleil pousfe un raïon, la fubftance n'eft pas feparée, mais etendtie; ainfi la parole eft esprit d'un esprit, et Dieu de Dieu, comme une lumiere allumée d'une autre lumiere. Oui M. FR. jouir eft a nous, connaitre eft a Dieu: contentons nous donc de cette Q s ma-  Si!? tl SAIUf maniere de voir partielle, jusqu'a ce que nous le connaitrons comme li nous a connus, jusqu'a ce que nous le verrons tel qu'il eft i Jean III Fixons un moment nos regards fur les operations de la divinité que l'ecriture attribué au St. Esprit; qui nous forcent de foumcttre notre Esprit a cette foi mifterieufe en 1'esfence divine, et dont la nature explique en même tems lemorif de cette denomination particuliere d'esprit, de St. Esprit qui lui eft attribuéc. Son Domaine eft celui du Souverain maitre de tout, et comme le Sauveur dit Jean V. Mon pere travaille toujours, et moi je travaille ausli: l'ecriture dit de même que les operations du St. Esprit font toujours celles de 1'être fuprême. C'eft 1'esprit qui lors de la creation, fe mouvait fur le desfus des caux pour donner une forme a la nature, et póur faire fortir du nèant les êtres. C'eft lui qui conferve, qui gouverne les êtres incapables de fe conferver eux mêmes. Si tu envoïes dit le Roi prophete Ps. CIV. ii tu envoïes ton esprit, les creatures qui defaillent, qui retournent en leur poudre font recrèées, et la face de la terre fe renouvelle. Dans 1'etat civil des hommes tous leurs talents, toutes leurs facultès font reprefentées comme des effets de cet esprit divin qui fe comunique ii nous, de ce foleil qui de fa hauteur au desfus de tous les cieux, repand fur nous quelques uns de fes raïons. "-C'eft 1'esprit qui donne la fagesfe et la prudence pour gouverner les peuples. J'ai mis a part dit 1'eternel a moïfe Nombr XI : 17. j'ai mis a part de 1'esprit qui etait fur toi, je le mettrai fur les anciens d'Israel, afin,qu'ils portent avec toi la char-  ESPRIT. 219 charge du peuple. Celt l'efprït qui met les hommes en etat d'exercer les arts, et dc cultiver les fcicnces, quelque foient les abus qu'ils en font, lorsqu'ils s'eloignent dc ce principe d'ou leurs lumieres naturelles decouleïit. L'eternel a apelle Exod. XXXV. Betfatèel par, fon nom, il 1'a rcmpli de fon efprit en fagesle, en intelligence, en fciencc pour toute iorte d'ouvrage; même d'invcnter des desfeins, pour travailler en or, cn argent, cnairain, dans la fculpture des pierres, dans la mcntiilenc, et pour travailler en tout ouvrage exquis. L'apotrc St. Paul confond les orgueilleux qui voient dans la fuperioritè dc leurs talents leur propre ouvrage, il les confond en leur rappellant la fource d'ou ces dons dcrivent. II dit, I Cor. IV. qui eft cc qui met de la difference entre ten ct un autre! qu'eft ce que tu as, que tu n'aiespoint reeu? en un mot M. FR. Quelle que loit la difference dc nos talents, lorsque nous envifageons la peine que nous cotite leur icui developpement, loin de nous en enorguéillir, nous devons avouer avec humilitè, non pornt a nous, mais k l'efprit de Dieu appartient la gloire pour 1'amour de fa gratuite. Cependant quelques evidentes que foient les operations de l'efprit faint, dans la creation et dans la confervation des êtres ; c'eft lurtotitdans 1'etat religieux, dans 1'etat moral du monde, ou dans I'eglife qu'clles fc rendent vifibles. Comme 1'être fupreme, 1'esprit le cache oans la nature, fous 1'enyeloppe des caufes fecondes, mais dans I'eglife il iiuleve, dumoins il attenue asfez ce voile,pour être plus evidemment appercu.  220 1 E SAINT vE / 5et M' FR: eft ce qui a etendu Ia -vue des prophetes, jusque fur les evenements arrivés plufieurs Iiecles après eux, et qui ne pourwf'nT.1'^1 d'une Prevoiance naturelle' tnile^nt -dlt PaP°tre' Par avance leur rendait temoignage des fouffrances du mesfie, et\des divers degrès dc gloire dont elle devait être ftuvie, C'eft l'efprit de verité qui a enleigne aux Apotres ce qui venait de Dieu C'eft 1 elpnt qui Jes a confoiès, qui leur a enfei"nè toutes choies, _ct leur a reduit en memoire tout ce que J. Chrift leur avait dit. -C'eft l'efprit qui les adefendus, contre les puisfances du hecle, qui es a ihftruits de ce qu'ils devaient repondrea leurs perfecuteurs, fans qu'ils 1'etisient meditè auparavant. C'eft l'efprit qui a rendu temoignage a J. Chrift, Far des prodiges, par des fignes ct par differents effets de la toute puisfance. Quelle qu'ait été la diverfité des dons, la diverfité des operations des premiers organes dont Dieu s'eft fervi pour annoncer 1'evangile c'etait 'le même efprit qui les animait tous I Cor. XII: 4, Et certes M. PP. quoiqüe flotis n'aiöfis pas la lumiere de la prophetie, ni les dons des miracles,n apperceyonsnous pas ausfi des operations divines que l'efprit produit en nous, et qui nous prouvent qu'il demeure eternellement avec les fideles, Mat. XXVIII. Lorsque nos yeux s'ouvrent pour voir Pefperance dc notre vocation et la_ grandeur de 1'heritage que Dieu nous a promis i_ Cor. II. Eph. I. N'eft ce pas l'efprit faint, qui les detourne des chofes vilibles et penslables auxquelles nos fens nous attachent? lorsr  ESPRIT. 221 lorsque nous elevons nos coeurs vers Dieu avec confïance; lorsque nous difons abba pere, au Dieu de juftice et de faintetè, a celui dont les yeux ne peuvent fupporter la vue du mal; n'eft cc pas l'efprit de Dieu qui appaife nos confeiences, qui donne temoignage a notre efprit que nos pechés fonteffacès, que nous avons auprès du pere un Avocat, ct qu'il n'y a plus dc condamnation pour ceux qui font en J. Chrift? lorsque nous avons lc courage de reliiter aux tentations, dc refter fideles a notre devoir, de rcnoncer k ces vices que le monde ne punit pas, et auxquels peut être, il applaudit, n'eft ce pas l'efprit de Dieu qui nous fanctifie, qui nous illumine pour connaitre lc ycritablc ? lorsque nous fupportons les adverfitcs avec refignation, lorsque dans les maladies nous voions fans elfroi le tombeau s'ouvrir devant nous; lorsque nous voions fans peine les piailirs, les jouislances fenfuelles auxquelles nous attachons tant de prix s'enfuir loin de nous, n'eft ce pas 1'esfprit de fainteté qui nous monire les cieux ouverts, qui nous fait voir act. 7. la gloire de Dieu, et qui nous prouve que les foufirances de cette vie ne font pas a contrepefer avec les jouisfances k venir ? Oui M. FR. li nous conliderons 1'empire abfolu qu'a fur nous la fenfualité , la facilitè avec laquelle notre efprit fe prete a juftifier les defirs des fens, et fi nous voions les changements que produit en nous la penfèe du St. efprit, tel que l'ecriture nous lereprefente; les nouvelles lumieres que cette penfèe repand dans notre ame, les confolations dont elle nous comble: nous ne pouvons pas douter que c'eft l'efprit qui nous regenere, qui nous comble,  1222 I. E S A I N t le, qui nous illumine, qui nous fanctirieet qui Rom. VIIJ. habitant en nous, nous rendra fembiables ii J. Chrift dans la refurrecn'on, après avoir produit en nous fes fentimcnts dans cette vie. On a dit, pourquoi les dons miraculeux du St. esprit qui etaient le partage des premiers chretiens, ne font il plus departis aux ridèles? pourquoi ne pouvons nous pas nous convaincre de Ja verité dc Ia foi, par la vue des guerifons ftibites, et du don des langues etrangeres dans les ridèles? M. FR. loin d'entreprendre d'être les confeiilers dc 1'eternel, rentrons en nous mêmes, 'ct nous y trouverons asfez de motifs qui juftifient même a nos yeux, la fagesfe de cette dispenfation dc Dieu h notre egard. Dabord il parait que les miracles ne font pas toujours un moïen infaillible de convertir les impies. La facilité avec laquelle ils peuvent les confondre avec les preftiges, les rend fouvent inutilcs. Les magiciens Exod. VU. d'egipte imiterent les miracles de Moïfe, et le coeur de pharaon s'endurcit. Simon le magicien exercait l'art d'enchanteur, Aft.VIII. et le peuple de famarie lui etait attaché comme aux apotres. — Le fauveur rious cn donne lui même une preuve Mat. XIII. Les juifs y eft il dit, rejetterent les discours de' fagesfe qu'il leur avait adresfés, ilsne voulurent point ccouter la fapience du fils du charpentier, et J. Chrift n'y fit gueres des miracles, a caufe dé leur inciedulité. Mais independamment de Pinutiïité des miracles, parmi des hommes qui pervertisfent tout en  ESPRIT. £23 en s'y acèoutümant, il eft une autre raifon qui a fait ccsfer leur necesfité. C'eft 1'etablisfement, ou les progrès de l'evangile. L'idolatrie paienne et Ia dureté du-peuple juif avaient couvert Le monde de tenebres epaisfes ; II a donc talJu des éclairs foudaïns et violents pour disnper ces images fornbres. Les hommes d'alors mcntaient k Dieu, ils mentaieht au St. esprit en refiftant aux Apotres, et il a fans doute fallu des prodiges, pour dechirer le bandeau qui couvrait leur vue, pour renvérfer les idoles, et pour Rom. XIV. convaincre que le Roïaume de Dieu n'etait ni viande, ni breuvage, mais juftice, joïe et paix. Cependant après que cette conviciion a eté donnée, aprés que 1'etoile de 1'evangile, après que les éclairs violents de 1'esprit ont pu percer les tenebres dc l'erreur, fa lumiere naturelle li j'ofe m'exprimcr ainfi, fa lumiere douce et lüave a dü luffire, et c'eft même celle qui convient le mieux a des êtres, qui doivent volontairement preferer la verité au menfonge, puisqu'il doivent rendre compte de leur conduite. Certes M. FR. quel but les miracles auraient ils pu avoir, après que I'olivier de la foi a été planté, et qu'il a pris des racines asfez profondes pour réfifter aux orages? Les diverfes feöes qui dans la fuite ont troublé la paix de I'eglife, croïaient toutes en J. Chrift, elles croïaient toutes en Dieu et au St. Esprit; Leurs disputcs ne roulaient que fur des facons de parler, fur des manieres de voir, les uncs peut être ausli dcfectueufes que les autres. Si 1'esprit avait operé des miracles pour confondre ceux qui croïaient •en lui, 11 les hommes auraient pu faire des pro- di-  224 1 E SAINT diges, pour yeriftèr leurs idéés humaines, Le roïaume de Dieu n'aurait il pas été divifépn'aurait il pas porté la guerre aulieu de cette harmonie, de cette paix et de ce fupport mutuel qu'il eft deftiné a etablir fur la terre ? non M. FR. Loin d'exigef que Ie St. Esprit nous force , qu'il nous fasfe violence pour nous detourner du mal; qu'il fasfe desmiracles pournons convertir, adonnons nous volontairement a la juftice, demeurons en 1'amour de J. Chrift Jean XV. gardons fes commandements; alors nous appercevrons que 11 l'efprit ne nous donne plus le pouvoir de commander aux elemens, il nous donne ceiui de commander aux pasfions. Que li les fruits dc 1'efprit ne font plus les miracles, ils font la charité, la joie, la benignitè, Ia patience, la douceur et la temperanee Gal. V. Nous verrons que fi le Don des langucs, fi les propheties onf cesfé, ces trois dons dc l'efprit demeurent, favoirlafoi, 1'efperance et la charité I Cor. XIII. Au lieu de nous attendre k des inipirations foudaines, a des tranfports de l'efprit, qui peuvent devenir ceux du cerveau, foions dociles a cette voix perfuafive dc la verité quil nous fait entendre par l'evangile. Suivons les mouvemens, les difpolitions vertueufes qu'il produit en nous, au milieu de nos cxcès, aions la qualitè de gens de bien Act. 11 : 24. Alors nous reccvrons l'efprit ct Ia foi qui nous joignent au feigneur. Loin de nous enorgueillir des avantages que Dieu nous accorde, nous le prierons avec ferveur de nous donner grace pour grace. Nous marcherons felon 1'esprit, en mettant notre confiance en Dieu. L'amour du bien nous fortifiera dans Je bien. Nous ne contrifte- rons  % S P R I T. 225 rons pas 1'esprit avec lequel nous fommes fcellès pour le jour de notre Redemption. Nous ne pechcrons pas contre lui; mais fanöifiant nos membres pour être fon temple, c'eft par fon fecours que nous combattrons le bon combat, que nous garderons la foi, et que nous acheverons notre courfe, dans 1'attcnte certaine de la couronne de juftice qui nous eft refervèe. Puisfe cet esprit dc verité nous conduire en toute vcrite. Puisfe 1'esprit de faintetè, fanctifier nos corps et nos ames, afin de les rendre propres a la jouisfance de la gloire du ciel. Ainfi foit!   XI. DISCOURS, L'Eglife.' Article ome du Simbole.  TEXTE: Ep. de St. Paul aux Ephefiens Chap. V: 27. Afin qu'il Je la rendit une Eglife glorieufe, ri1 aïant ni tache, ni ride, ni aucune autre chofe femb lab le, mais ajïn qu'elle fut Jamte, et irreprehenftble Section 15. du Cathechisme  M. T. C. FR. en J. Chrift. L>es paroies que nous venons de lire pour tex« te, nous montrent les effets que doit produire cette liaifon intime, que Dieu a voulu contracter avec fes Creatures en J. Chrift, et qui eft reprefentée ici fous 1'embleme de 1'himen. II parait, que I'Apotre met 1'union des Chretiens avec Dieu, et la maniere dont ils devaient temoigner au dehors les fentiments que fon amour infpire; il parait dis-je qu'il met la pieté Chretienne en oppofition, avec ce que les peuples idolatres appellaicnt de cc nom, avecl'idée qu'ils fefaifaientdes rapports qu'ils. avaient avec leurs divinités imaginaires, et avec la maniere dont ils croïaient les fervir. Dans les cclebrations des mifteres dc leurs divinités; dans ces aaes folemncls, qu'ils appellaient culte public, ils fc pérmettaient toutes fortes d'cxcts: et Selon les tcmoignages qui en font parvenus jusqu'a nous, les eclebrations de ces mifteres, etaient des veritables orgies d'imptueté , tant dans leurs discours, que dans leurs actions. C eft a cela que paraisfent fe rapporter ces paroies de I'Apotre, vous etiez autrefois tenebres comme les payens, njaintcnant vous étes lumiere au feieneur; ne communiquez donc plus accsceu-, b P 3 vres  230 L ' E G L I s E vres infruauenfes des tenebres, neprenezroint choEue^ Pal'°leS fa,eS' ^ «SSfS ■ fa renqDuhl1/T"S °nt ?UX mêmes hoiltc de dónnezK « °ieZprudens' ne V0lls aba»" öonnez pas a ces transports caufés par Ie vin Jïï^r£ï^ï*iir fétCS ^'.nellë ; cn 1 nonneur de Bacchus, aux mifteres deCeres Testrit me * ^°!eS'' ma,'S foïe "empS'de i «pra de Dieu Ne tcmoigncz pas votre ioïe par leurs chanfons lieentieufes, mais par dés cannques , par des Pfcaumes, ou par des elans de votre coeur vers I'Eternel,' rendantïraces k Dieu, par notre Seigneur f. Chrift Caf dit P, potre, le but que Dieu veut at c ndre cn vous faifant du b,cn; le but de l'evangile, de Ia -e- te £ IdnW pLdet°Urner des V1'ces,quelecul- eux n /mi h rCte"f'?nt' de ies aimcr po"r e x memes, de les eclairer, et de les reunir en un asfocatmn fratërnelle, en une facrifica ure tu de'eem-116 a??°n fafnte' ^ anoncalesver! tus de celui, qm jes a appellés des tenebres h ft merveilleufe lumiere i Pier. II. ouTomme dk le afin qu il Ia fanöifia, qu'il Iarenditglorieufe ii amnt mtacheniride, ni aucune autre chofe Xlflê.maiS ^ ^efutfainteett-ï! JilJe pS-Ut que Ies Patres, ou les Direaeursdes fo enmites des mifteres du pagamsme SeT taient parmi la multitude, 1'idée de quelouV Kenr/VeC ]6UrS Prete"du£ « • LA-" exemples de ceux- m. fP .■/■... _n com-  t ' E G L I S * 131 commercedesDieux avec des'mortels, femblent apuïer cette ophrion; dumoins 1'apotre emploie cette image mifterieufe comme une chofe connue II dit, ce grand miftere de la foi chretien'ne , doit produire dans fes initiés un tout autre effet, que les mifteres du paganisme II ne doit pas autorifer parmi eux les vices et les exces, mais il doit les porter a la chaftete, a la vertu et " la faimeté. Cette focieté de chretiens que Dieu a choifis, en attendant'que la }™>mj° l'evangile fe repande plus loin, doit emploier pour s'accrediter, pour fe rendre digne de amourde Dieu, elle doit emploier la foi et la faintcté de la vie. C'eft 1'obiet de notre croiance enoncè dans lc ome article du fimbole dès Apotres, concu en ces termes: je crois la faintc eglife umvcrfelle, la communion des faints. Vous favez lans doute M. FR. vous favcz le motif qui a fait mettre une difference entre la manière de prononcer les quatre derniersarticles du fimbole, et celle dont on exprime ceux qui les precedent. Un a omis la prepofition cn, parcequ'il a fallu eparer le createur dc la creature. _ H a fallu placcr un indice fur la route mifterieufe de la foi, pour oter tout prctexte d'ignorance a ceux qui abandonent la fotirce des eaux vivcs, pour le creufer des citerncs qui ne contiennent pomt d'eau. 11 a fallu dire je crois que Dieu a elu des hommes pour les fanaifier, je crois qu il veut leur accorder lc pardon dc leurs peches, la refurreaion dc la chair, et la vie ctcrne.le; mais en croiant ces chofes, je ne mets ma confiauce qu'en Dieu qui me les aonne. P 4 ut  Z3% !< ' E G LI S B * aaonnent a la juftice et a la fainteté, ou on'ik appartiennent a 1'eelife de I Chl- n ;i J\q venable de finir ftg!£g&^$ ^r'Z derernp^eeN9 erPr1^,13^^ °" a*trouvé q^la foi en Dieu, defir" de l un™ ^ E,prit' eft ^eparable du oeiir de L juftice et de la fainteté, que la foi rnifteLu^^ de ^xiftence; jxiutcneuie de I'etre Suprème, et des rannom c "dï re,lirSJ0m?eS e"VerS dePplaScei ais-je, 1 aveu des fent mens que cette foi S Sdnf> °" 3 trOUVé ffpS veut me .JnH,'J rCr°IS qt,e le Dieu de ^ntetë SaS df S "i' aVant de mc re"dre P31ticipant du pardon des pechés, de la refurrec non de la chair et de la vie eternelle. mtteFRan? T- C°m Pas des di^usfions de cette ce artick fe rrT™ ï°m °CCU^ U ^ W ü feÏÏved/nTv" danf! «°tre «nibole, cornme dre de le denffl eVa"glle' et fans entrepiénquélquis ?e£ion; r°US,n°US b°rnerons a faire qu'il'renferme m ^ ^ V6rités imP°« Jauveur des {homes! fi vous nous avez donné la  Ii'EGLlSE. 2?3 Ia certitude du pardon de nos pechés; achevés en nous votre ouvrage, rangez nous ici bas parmi ces elus, parmi ces faints ct fideles, dont la converfation et celle des Bourgeois des cicux: d'ou nous vous attendons, pour être rendus femblables a vous. Phil. III: 20. felon cette efficace, par la quelle vous pouvez vous asfujettir toutes chofes. Ainfi foit! * * * Nous croions la fainte eglife univerfclle, Ia communion des faints. Le terme d'eglife fignifiait dans la langue grecque dont nous l'avons pris, une asfemblée populaire, convoquée pour entendre quelque haranguc: Dans la fuite on 1'a donné ausfi au lieu oü ces asfemblées fe tcnaient. il parait que les Apotres, fideles ii I'ordre de leur divin maitrc, cherchaient bien plus a convaincre les hommes de ce qu'ils devaient être, qu'a leur fixer le nom que leurs asfemblées devaient porter. Dumoins en parient ils avec asfez de diverfité, pour nous prouver que lc nom eft moins important que la chofe. Tantót ils fe fervent du fimple nom d'asfcmblée, Jac. II: 2. pour defigncr leurs congregations: tantot ilscmployent tous les deux, celui d'eglife et d'asfembléc Hebr. XII. tantót ils confervent le nom de Sinagogue a ces asfemblées, < u ils fe rendaient comme Chretiens pour anonccr l'evangile aux juifs Aét. XIII: 14, 17. Quoiqu'il en foit M. FR. l'efprit de Dieu a fanctifié- ce nom, en 1'attachant a Pasfembléé des Chretiens P 5 A&.  2 34 L ' E G L I S E' Aö. II: 26. ct 1'avantage d'y appartenir fait fans doute none plus grande gloire. _ II n'eft donc pas ici queftion des decrets impenetrables de 1'eternel. Le Dogme de 1'e glife n'eft que Ie refleö fi j'ofe m'exprimer ainli, du tableau de 1'elecïion gratuite, quifetrou ye place trop loin de notre vue, pour pouvoïr etre plemement faifi dans cette vie. II nous as iure que Dieu veut fauver gratuitemcnt ceux qu'il a predeftinés, en nous faifant voir que malgré les excès du vice, Dieu a toujours conferve fur cette terre Ie noiau de cette armee celefte, qui degagée de toute fouillüré entonne dans I'etermte cc cantique, qu'elle n'avait rendu qui faiblement ici, faint, faint, faint Le Seigneur tout- puisfant, qui etait, qui eft' er qui eft a venir. . En effet M. FR. Ia corrtiption qui avait monoe la terre etait fi evidente, fi incompatible avec le bonheur du genre humain, que même ceux d entre les paiens, qui avaient en quelque lorte refilte autorrentdes vices, et de 1'idolatrie avaient fenti la necesfité d'une asfociation toujours fubfiftante, ou d'une eglife, depofitaire des bonnes moeurs et des lumieres de Ia verité Cette asfociation de fages, devait fervir de planchc au genre humain, pour Ie fauver du naufrage pourletoutemrjusqu'audesfechement des eaux' ou jusqu'a ce que les hommes fusfent plusgeneralement en etat de connaitre Ia verité et de Ia prativtv" oetait pour parier avec j'ecriture, i Rois XIX; 18. Ce pent nombre, que Dieu s'etait re- fer-  L ' E G L I S E 235 fervé, et qui n'avait point flechi fes genoux devant Baal. Un lage de 1'antiquité avait mêrne formé ;un plan d'une pareille focieté chpifie, partagée cn differentes clasfes); les uns etaient deftinés ii Ia medïtation, d'autres a 1'enfeignement et d'autres k 1'entretien de la maifon commune. Le monde etant encor dans fon enfance, on croiait qu'il fallait a la multitude des Idoles, ou des figures, et qu'il n'y avait qu'un petit nombre de fages, qui pouvaient adorer Dieu cn Efprit et en verité, et etendrepeu a peu cette connaisfance fpirituelle ct cfficace fur les autres. II eft même apparent que dans la première inflitution des mifteres du paganisme, ceux qui y etaient initiés, croiaient apartenir k cette focieté choifie, qui devait eclairer le genre humain, ct faire ccsfer 1'idolatrie. Cependant comme les meilleurcs inftitutions purement humaines s'alterenr, ces plans avaient ausfi eprouvè les vicisfitudes de tout ce qui eft terrestre. Ces foidifants depolitaires, ou initiés dans les mifteres avaient, au feu de fe diftinguer par la pureté dc leurs moeurs, et par la clarté de leurs lumieres, ils avaient introduit des pratiques abfurdes, des purifications arbitraires, qui tenaient lieu d'autre fuperiorité. Ils croiaient s'elever au desfus du vulgaire par des miftlfications ou par des exorcismes. Comme les pharifiens qui fc vantaient ausfi d'être fes initiés dans les mifteres de f'alliance de Jacob , ils mettaient fur les hommes de plus grandes charges que celles qui etaient necesfaires, Act. XV: 28. II parait même qu'ils avaient inondé le monde de leurs productions fophiftiques ct im'ntelligiblcs ; et c'eltapparementa ceslivres d'cxorcismes, qu'il eft  236 i'eglise eft fait allufion dans les aétes XIX: 19. oü il eit die, que St. Paul aiant converti plufieurs perSonnes, elles [apporterent les livres contenants des chofes curieufes, qu'elles les brulerent, et que leur prix montait a cinquante mille pieces d'argent. Cependant ce qui etait imposfible a la chair, Dieu 1'a effectué en famifericorde; 1'ccriturenous enfeigne cette verité bien plus evidemment que ne Pavaient fait les notions naturelles. Elle reprefente tout Je genre humain comme tombé dans une corruption fi generale, qu'elle dit que tous les hommes ont pêché, et font dechus de la gloire de Dieu, Rom. III -.2?. Que perfonne ne lera, juftifié devant Dieu Habac. I. Puisque fes yeux font trop purs, pour qu'ils puisfent voir le mal. Mais comme la bonté et la miferieorde font infinies en Dieu, il n'a pas voulu Jaisfer toute Ia lignée d'Adam dans la perdition : il a refolu par fa pure bonté, et gratuitement de retirer les hommes du pêché par J. Chrift, 1 Pier. I : 19. En leur donnant pour marqués de cette elcction gratuite, la répentance, Ia foi, et Ia juftice. 11 a etabli jefus pour être Roi eternellement lur toutes les nations, Dan. VII : 14. Philip. II : 9. L'ecriture nous enfeigne que Dieu a toujours eu une eglife, un certain nombre dc fidèles, qui attendaient leur falut de lui. C'eft fans doute a ce troupeau que fait allufion le Roi prophete, lorsqu'il dit Ps. XLVI. Les ruisfeaux rejouiront Ia ville de Dieu, qui eft; le faint lieu des demeures d'israel: Dieu eft au milieu d'elle, elle ne fera point ebranlée. C'eft fans doute ausfi a ce nombre d'heureuxque le  Jj'EGLISE 237 le fauveur fait allufion lorsqu'il dit Luc. XIII: 20. Plufieurs viendront d'oricnt et d'occident, du'feptentrion et du rriidi, et feront aslis a table avec ceux ci dans lc Roïaumc de Dieu. Ce fut ausfi ccttc conviction qui fit dire a pierrc Act. X. Je reconnais que Dieu n'a point d'egard a 1'apparence des perfonncs , mais qu'en toute nation, celui qui le craint ét qui s'adonne a la juftice , lui eft agreable. Dansl'accomplisfemcnt des tems, Dieu a manifcfté plus evidemment cc miftere. C'eft après les fouffrances, après la refurrcction de J. Chrift* qu'il a ordonné Luc. XXIV. de precher en fon nom, la répentance et la remislion des pechés parmi toutes les nations, en commencant par Jerufalem. C'eft par J. Chrift qu'il a voulu rendre encor plus vifible cette focieté d'heureux, cette eglife qui devait fe repandre fur toute la terre. tous cciix qui etaient dociles a la voix de l'evangile, etaient reeus dans cette congregation , oü il y avait diverfité de minifteres, diverfité de dons, mais un même fc'gneur un même efprit quioperait toutes chofes cn nous. Ceux qui s'asfociaient de bon coeur a cette nouvelle focieté, avaient fans doute lieu de croire, qu'ils etaient du nombre de ces elus par pure bonté, de ces premiers nès Plebr. XII. de ces juftcs fanctifiés, dont Dieu eft lc juge, et dont les noms font ecrits dans les cieux. Ausfi leur foi produifait elle les effets infeparables de cette conviction. Ils etaient tous d'un commun accord, louant Dieu Act. H. excreant la charité, ils portaientjlasmarque de Dieu fur leur front, après avoir étés lavès dans le Batéme de J. Chrift. leur exemple etait entre  238 t'EGlISE les mains de Dieu, un moien efficace pour aiouêtSvès.j°UrS 31,eglife des gens 1uidevait;« Cette focieté n'était au commencement pas nombreufe, mais elle devait le devenir. Les Apotres en etablisfant la gratuité de Dieu dans cette election.en faifant ientir au-x hommes que leur propre merite n'etait pas fuffifant pour determiner le choix de Dieu, que le plus grand pouvait etre asfervi au moindre Rom. IX. que c etatt de Dieu feul qui fait mifericorde: en etablisfant disje, cette verité inconteftable que Dieu peut faire Mat. XX. ce qu'il veut de fes biens: ils n'ont jamais limité le nombre de ceux qui fans entreprendre de fonder les deercts de 1 eternel ,^ devaient faire tous leurs efforts pour parvenu- a cette conviction heureufe, qu'ils appartenaient a ces elus, k cette asfcmblée de lamts, depohtaires de la verité. fideles a I'ordre de leurmaitre, Mare. r3: 10. ils travaillaientk etendre le Domaine de cette eglife, Ilsnemettaïcnt point de condition k la qualité de chretienUs reccvaient le juif et le grec, 1'homme libré etile lerviteur; Us ufaient même de conclefcendance; Us emploiaient tous les molens permis pour gagner des ames au fauveur. Et que pouraije vous citer de plus frappant k cet egard, que les paroies de Sr. Paul i Cor IX: 20, 11 dit, je me fuis fait aux juifs, comme juif, a ceux'qlii font fans la loi, comme fi j'etais fans la loi: je me fuis asfervi a tous, par gagner plus de perfonnes. C'eft que 1'esprit confolateur avait fans doute mis a leur portie, quelques traits de ce tableau ravisfant des DecretSdel'eternel,relative- ment  L'EGLIS. 239 ment au bonheur que la predication de l'evangile devait operer dans le monde. II leur avait fans doute fait fentir la verité de cette prophetie Jcr. XXXI. Chacun d'eux n'enfeignera plus fon prochain, ni chacun fon frere, en difant connaisfez 1'ctcrnel: car ils me connaitront tous, dcpuis le plus petit d'entre eux, jusqu'au plus grand. Us favaient que la plenitude des gentils devaient entrer Rom. XI : 25. Pour être fauvée avec Israël. La foi etant le moïen de juftifier les hommes, ils prechaient a tous la parole qui la produit Rom X. Ilsfaifaient tous leurs elïbrts pour accelerer 1'accomplisfement de cette promesfc, que la terre fera remplie de la connaisfance de 1'eterncl Efai. XI : 9. comme les caux couvrent la mer. Ils faifaient tous leurs efforts pour reduire Apoc. XI : 15- les roïaumes du monde , a 1'obeisfance de notre feigneurj.Chrift: afin qu'il regne fur tout, aux fiecles des fiecles. Cependant M. FR. il eft humiliant de voir les alterations funeftes que les hommes portent dans tout ce qui eft confiè a leur adminiftration. a peine la focieté des chretiens fut el ie asfès nombreufe, pour que les avantages qui y etaient attachés , fusfent partagés entre une multitude, que la jaloufie en diminua le prix. Les fideles de Ia circonciiion Act. X : 45. S'etonnerent de ce que le don du St esprit etait ausfi repandu_ lur les gentils. Que Dieu etait ausfi leur Dieu, Rom. III: 28. Et qu'ils avaient ausfi recu fa parole Att. XL Ils n'etaient pas contents de ce que les gentils fusfent coheritiers Ephes. III : 6. des promesfes en Chrift par l'evangile: De ce qae toute la parentè etait nommèe dansles cieux ^ et  240 I/'eglisb et fur la terre; Us voulaient encor jouir d'une parentèparticuliere. C'eft fans doute cet egoisme, qui a empec'hè les hommes de jouir en paix de cette lumiere, qui avait lui fur toute la terre par Ia predication de l'evangile. Us ont portè cette prediiecfion, cette parti'alitè humaine dans leurs ïdees rêUgieüfes : et non contents de fediftinguer des idoiatres & des vicieux, paria fainteté a ia quelle la foi les appellait, ils ont cherchè a fe diftinguer des chretiens par la maniere d'enviiager ct d'exprimer les Dogmes de la foi. Ils ont voulu penetrer ces fecrets que Dieu avait feulement fait entrevoir. Ils ont voulu occuper la première place dans Cette asfemblèe d'elus; Us ont etabli des eglifes dans i'eglife, et cette malverfation a bientot fait disparaitre les caracteres qui conftituent fes veritables membres, pour y fubftituer des caraöeres factices, qui ne pouvaient que caufer des troubles et des difputcs, parcéque chacun les faconnait a fon grè. c'eft pour empecher les chretiens de s'y meprendre, que les defenfeurs de la verité out reuni dans cet article, toutes ies marqués que l'efprit de Dieu affeSe a I'eglife chretienne par la bouchc des Apotres. On a dit, nous croions une eglife, nous croions que cette eelife eft falnte, et que les faints qui Ia comporènt doivent s'aimer. Vous favez-M. FR. vous favez fur quoi font fondes ces attributs d'um'tè et de fa ntetè de I'eglife. Les Apotres nous 1'expliquent, St. Paul eft celui qui infifte le plus fur ces objets. II rend les paroies du fauveur, lean X: 16. Qui parle d'un feul pafteur, et d'un feul troupeau, Qui prié" jean XVII. Son pere que les fideles un enfembie foient. tl les rend par  t ' E G L I S E 247 par 1'emblemc de Ia liaifon des divers membres d'un corps. II dit 1 Cor. XII. Rom. XII. comme nous avons plufieurs membres en un feul corps, et tous les membres n'ont pas une même operation, Ainfi nous qui fommes plufieurs, nous fommes un feul corps cn J. Chrift. chacun cn fon particulier ies membres,' les uns des autres. Ces Hens font felon lui,t'ünité de 1'esprit, et celle du Batême. 1'unité dc la foi , Ëphef. ÏV. Et dc la Doctrine touchant lc falut. L'unitè de 1'cspcrancc touchant l'avenir, ct enfin 1'unitc du chef par lequel tous doivent être iuuvcs Eph. 1. ct qui eft J. Chrift. 11 expliquo de même cette fainteté de I'eglife, il n'infirrne pas ccttc verité que l'experiencc et recriture cfablisferit: II ne dit pas que les fideles foient parfaitcment faints j exempts dc tout pechè dans cette vie. Notre connaisfance 1 Cor. XIII. etant imparfaite, la fainteté qui enderive,he peut que i'être ausfi. li nous difons que Je pêché n'eft point cn nous, ia verité n'eft point cn nous non plus 1 Jean I. Cette fainteté de I'eglife, qui n'atteindra fa perfection que dans la vie a venir, fe rapportc a la fiiintcté, h. la pureté dc la parole anoncéc, a la fainteté des defirs et des intentipns a laquelle les chretiens font appellès. ils doivent fans cesfe, Phiilp. III. pourfuivre, pour tachcr de parveiür au but, auquel Dieu. les a appcllés. La derniere' partie dc cet article, quï,parle dc ia communion des faints, ou de ceux qui font apellés ii la fainteté, a été ajoutée pour empecher les mauvais elfets que Ia difference des opinions fur certains points particuliers, ou que  242 l'eglise la difference des feétes aurait pu produire. C'eft un aVerrsfement, qui prouve qu'il n'eft pas donné aux hommes, d'arracher toute l'ivraïe que 1'ennemi fcme dans Ie champ du feigneur. Et en effet M. FR. lorsque ks hommes fortent de la fphere traeée, lorsqu'ils vont au delk de'ce qui eft ecrit: c'eft bien moins dans 1'idée de devenir meilleurs, que dans ie defir de briller, et même de dominer fur les autres. Tel a été le premier effet dc cette multitude de chriftianismes, qu'on a introduit dans cciui dc l'evangile. Chaquc feeïe s'arrcgeait Ie droit de fixer la conduite et Ia croiance detaillée des autres, chaque ëglilé particuliere voulait occuper la première place dans ces asfemblées communes, chaquc feöe vantait le nom ce fon fondateur, pour meprifer les autres i Cor. 111. 1'une nommait Apollos_, 1'autre Cephas, une troifieme Paul, ct oubliant que ces hommes n'avaient étés que des óuvriers de Dieu, ils perdaient dc vue 1'unité du chef, qui eft J. Chrift. 11 a donc fallu dire' que Jefus etant la pierre angulaire, le fondement dc I'eglife; la foi en lui devait fufttre pour unir les hommes; que cc n'etait pas aux chretiens de fe perfecuter, ni même de decider fit'unbatisfait fur ce fondement dc Por,,de Fargent, du bois ou du chaunie, mais qu'il apartenait a Dieli feul d'appröuver Poeuvrc dc chacun. II a fallu mettre des bornes a cet orgueil qui ne dit jamais c'eft asfez. 11 a fallu dire que la charité fraternelie etant Ie caractere diftinctif du chretien, Ie defir de dominer ne pouvait pas entrer dans I'eglife de J. Christ: que quelque foit le rang qu'une vilïe occupe dans I'ordre focial, elle doit depouillcr toute idéé de pre- fe-  l' f. g l I s e ^43 férence et de domination ,dans ces asfemblées religictifcs: qu'une eglilë n'avait pas le droit d'excommunier une autre pour quelque diference d'opinion particuliere: qu'une eglife n'avait pas le droit de rejettcr ce que 1'autre avait ftatuéde conforme a l'evangile; quelle ne pouvait pas recevoir dans fon fein, le vicieux qui avait été juftement exclu d'une autre: que 1'infaillibiüté n'etant pas le paftage du genre humain, il n'y avait point d'eglife, ni d'individu particulier qui put fc 1'arroger; 11 a falü declarer que ni la circoneilïon, ni le prepucè n'etant d'aucunc vertu devant Dieu, Galat. VI. unè eglife particuliere ne pouvait pas brilër les liens de 1'unité , pour quelque difference de rites; ou même de 1'expofè des details des mifteres de la foi. J. Chrift etant lc chef de I'eglife, la foi en lui devait uuir toutes les' égRfèS particulicres. Tel eft le 1'Iits dc: ces noms univeriëile ou catholique attribiiés hl'eglilë. ces termes fignifient' que quelle que foit la difference foc;ale descmpires, des provinces ou des villes; quelle que foit la multitude des eglifes pai ticuiieres, elles ne compofent qu'un corps,'dont tousles membresfont snimès du même efprit, qui n'ont qu'un chef], Chrift. C'eft ici M. FR. qu'on voit lc plus cvidemment 1'ivraie que 1'cnnemiafemè dans le champ du feigneur. Les conducteufsdes eglifes, les ehèfs des feétes ont oublié que les asfemblées chretiennes nè devaient être entretenues que par des anciens j, des m'niftrcs ct des Diacres, eins par leurs freres, et ils ont introduit 1'inegalité du rang. dans cette congregatie!*' oü il n'y'avait point ci'apparence de perfonne,' ils out attaché 1'idée'de i'ainoiïté a celle de leur charge, ils ont aecufê d'hercne q z ceux  244 l' e g l i s e ceux qui s'oppofaient a leur orgueil demefurè, ils ont lancè des anarhemes contre leurs rivaux, ils ont maitriféics confciences, & Ils en ont exi: gè un compte qui n'apartient qu'a Dieu. Au lieu de s'elever, de fe diftingucr par leurs vertus et par leurs lumieres, aulieu d'être foumis aux puisfances que Dieu a établies, ils ont violc I'ordre de la fociété. Aulieu de donner a Cefar ce qui lui revient, ils fe font mis a fa place; et n'ofant dire, je veux être grand, je veux gouyerner le monde: ils ont dit je fms infaillibie, j'ailedroit de commander, parceque je parle au nom de Dieu. _ M. FR. s'il eft humiliant, de voir les alteratiöns funeftes que l'egiife a eprouvèes dans les differents iiecles, s'il' cfr humiliant de voir 51 a multitude des fectes qu'a enfantècs le delft de commander 1'opinion toujours plus forte que les hommes, les rufes qu'on a emploiees, la fausfe cpndefcendap.ee qu'on a cue pour ies paiens, afin de les foumettre non h 1'empire de j, Chrift, mais a celui dc leurs fembiables; le melange affreux qu'on a fait de leurs opinions, avec les Dogmes de la foi; les pratiques fuperftitieuies, les exorcismes qu'on a rcintroduits dans cette eglife, dont les Apotres les avaient bannis en faifant bruler leslivrcs; en un mot M. FR. s'il eft douleureux de voir I'eglife de J.. Chrift corrompue et denaturèe pendant une fuite de fiecles, confolons nous cn, remerciüns Dieu, de ce que par une heureufc reformation il 1'a rapprochèe de fa première purcté. Voici donc la verité que cet article renferme pour  L' E C L I S E 24.5 pour nous. nous croïons que Dieu, touché de Ia mifere des enfans d'Adam, veut fauver fes elus gratuitement. qu'il a envoie J. Chrift au monde, qu'il 1'a defïiné pour être chef de cette eglife, a qui la parole de la verité a été anoncée, que tous ceux qui croient en lui, qui confervent la parole de J. Chrift dans fa pureté , qui adminiftrent les facremens comme il 1'a ordonné, et qui vivent d'une maniere conforme a fes divines inftructïons, fonr membres de cette eglife qui miüte ici bas contre le pechè; et que fi dociles a la voix dc Dieu, ils perfeverent dans Ie bien , s'ils exercent cette charité que J. Chrift exige, et dont il nous a donné 1'excmple: loin de fe perfecuter, ils s'aideront mutuellement a avancer leregne de la juftice, a affermir et resferrer les liens qui les unisfent ici bas, jusqu'h ce qu'ils foient elevès a la cemmunion de ces faints qui ont achevé leur cotirfe, et obtcnula couronncde juft'ce, M. FR. il parait que 1'espr't defecte, que le defir d'innover ct de raffiner fur les dogmes religicux ait disparu de desfus la terre. Dumoins de nos jours on ne voit plus naitre de ces focietés, qui pretendant être la feule vraïcEglife, rendent presque imposfible de fixer fes veritablcs caracteres exterieurs. Les perfecutions ne font plus ies profelites de 1'crreur, parcequ'elles ont cesfé d'être un moïen dc convertir: et a juger par la tolcrance religicufe dont notre fiecle fe fait gloire, on devrait bientot voir ces temsheureux, oü lc loup et 1'agneau doivent paitre enfemblc, Efai. LXV : 25. Oü il n'y a Galat. III. ni juif, ni grec, ni esclave ni libre: mais ou Q 3 t»US  246 L' E G L I S E tous font un en J. Chrift, en qui ils font batt'fés, Cependant il s'en faut de bcaucoup que ce fup» port aïe les caracteres de cette paix, de cette union fraternelle, qui doit regner dans I'eglife üniverfelle, 11 eft plustot l'effet de l'epuifemert et dc. la lasfitude, 11 parait que les hommes ont comme 1'homme, les paslions des differens ages. Autrefois 1'amour propte'qui croit perdre fes avantagés cn ies voïant partagès entre un grand nombre; 1'amour propre infpirait aux hommes le defir dé fe diftingucr par des opinions religieulës; Chaque jour voyait, pour ainfi dire, eclorrc une nouvelle fecte, qui fe difait être la feule vraïe eglife, et qui fe par.tagcaiten d'autres, dès que fes adherents etaient asfez nombreux pour blesfer leur jaloufie individuellc. Cette pasiion ne fedeploie plus cn matiere de dogme ci'autorité'divine, mais elle n'a fait que changer cl'objet: après avoir parecuru tous les genres de raffinements en fait d'opim'on religieufe, elle a choifi ühe autre carrière; et n'avons nous pas vu de nos jours, fe former' de ces asfociations particulieres, ' qui' .fc vantent d'avoir feules'pour objc't la recherche ce la verité, ét de travailler exclüfivëmcnt a la perfection dc Pcfpcce humaine! n'avons nous pas vu dé ces asfociations dont ies asfemblées fe tiennent fous le voile de la nuit, qui s'engagent par le voeu du ferment, qui dedaignent'le nom de fecte pour prendre cëlui d'ordre? N'avons nous pas vu des Francmacons et des Illuminés, fe vanter d'avoir feuls trouvés ies fecrets de la vraie fagesfe; fe repandre ct fe multiplier lorsqu'ils etaient perfcctitès, et^fè rëfroiöir, même fe disfoudre dès qu'on ne les a plus honorès d'uneani. . mad-  if EGUSE *47 madvcrfion particuliere? Si le defir de raffiner en matiere dc foi,a cesfé d'être dangereux, celui de raffiner en politique.ne produit iJ pas des effets tout ausfi functies 5 autrefois on fe perfecutait pour avoir la meilleure efpece de foi, aujourdhui on fc pérfecute pour avoir la meilleure forme de ce qu'on apclle gouvernement. Si les hommes n'ont plus l'efprit de feeïe qui les rend perfecuteurs, ils ont l'efprit de parti, qui les rend cruels. Tant il eft vrai M. FR. que le pits grand ennemi du bien rèel.eft ce bien imaginaire, qui ne fe trouve nulle part; tant il eft vrai qüë l'efprit des hommes n'a qu'un cercle trés etroit a parcourir. L'homme fait des efforts pour traverfer 1'immenlité qu'il voit devant lui, il fe trouve après bcaucoup dc peines a la même place dont il etait parti, et pour eviter le reproche de n'avoir pas fu quitter fon champ, il en transplante quelques fleurs, il detourne le cours d'un ruisfeau, il lui donne un autre nom, et il fe van te d'avoir aquis un nouveau dpmaine, Voici M. FR. la conclufion que nous pouvons tirer des verités importantcs que cet article tenferme. L'infaillibilité n'etant pas Je partagedes mortels, ne pouvant voir ici qu'en partie, nous devons nous contenter des lumieres que Dieu nous a donnèes dans l'evangile. II eft fans doute des marqués, auxquelles on peut reconnaitre la vraie eglife; Ce font Ia predication pure de la parole, Padmin ltration des facrements inftituèsparj. Chrift, et 1'excrcice de la discipline apoftolique, ou la confervation dc I'ordre que les apotres y ont etabli. Le bonheur de voir parmi nous ces marqués, doit fans doute nous f Q 4 rem-  a43 i'eglisj rcmplir de reconnaisfance envers 1'eternel Ce pendant ces marqués quelques heureufes qu'clles foient, font colleftives, elles conviennent a des corps d'eglife en entier. Mais dans ces corps il peut y avoir des membres infecrès, dans 1 eglife! il peut y avoir dc ceux qui difent feigneur, leigneur, & dont le coeur eft nourtant eloigne de lui, qui n'entreront pourtant pas dans le roiaume des cieux. Et voila M. fr. voila le caractere qui doit diftinguer chaque membre de I'eglife, ou chaque chretien cn particulier. C'eft Ia famtète de Ia vie, & la faintèté des dehrs. Alors quelle quefoit l'Imperfccticn denos connoisfances ici bas, nous trouverons fufifammcntdans Ia parole de Dieu, la fcience laplus necesfaire, qui eft celle de vivrc heureux, en aprennant a vivre cn paix avec Dieu, avec nous niêmés & avec les autres. Nous n'entreprendrons pas de foulever le voile qui couvrc les Decrets de Dieu. Perfuadès que le faux Zele, la malice & 1'impofture peuvent reusfir a nous tromper, nous prcfererons Fignorancc des chofes que Dieu n'a pas trouvé a propos de mettre a notre portee; Surs de n'etre point trompès, nous nous confolcrons de n'etre point inftruits. Ne pretepdoiis pas M. FR. ne prctendons pas a 1'ïnfaillibilité, inaisexaminonslesccritures.etguidès par 1'esprit de Dieu, nous parviendrotis a fixer ce jufte milieu entre J'fncredulité et la fuperftition, au dcla duqtiel la vraïe foi ne faurait fe trouver. Loin de delaisfer les asfemblées des fidèles, nous trouverons un bonheur dans 1'ouïedc cette parole qui confolc, qui inftruit et qui fanétifie. Nous trouverons un bonheur dansj^et avautage d'animer notre zele par Vei- em-  l'eglise 249 cmple des autres, et de faire fervir notre propre lumiere, d'inftrument de convcrfion ct d'edification pour nos fréres. nous trouverons un bonheur dans cc devoir dc conlcrver Epbef. IV. I'li— nité de l'efprit par lc lier. de la paix, de nous joindre pübliquement, pour rendre ii Dieu nos hommages, pour exércer ia charité envers ceux qui font membres d'un même corps. Et vivant ainfi dans la communion des faints, naus verrons 1'accomplislement dc la promesfc de Jefus Chrift. Nous 'e verrons toujours avec fon Eglife Mat. XXVIII. Nous verrons qu'il la protégé, afin que les portes de 1'enfer ne puisfent prevaloir contre elle. Nous umsfant a notre chef, nous vivrons dans 1'unitè de l'efprit, dans 1'unité dc la foi, de Pcfperancc & dc Ia charité , en attendant du ciel 1'apparition de notre Seigneur J. Chrift, qui nous purifiera de toute fouillure , pour nous rendre participans de la communion des faints, & de la gloire eternelle, Ainfi foit. Cs   XII. DISCOURS, Le pardon des pechés. Article iome du Simbole  TEXTE: Act. des Apotres, ( Chap. X: 43- Tous les prophetes lui rendent temoignage, que quiconque croira en lui recevra la remisjion de fes pechés par fon nom. Sectiön 16 du Catechisme.  M. T. C. FR. en J. Christ, X-^e Chapitre dont notre texte fait partie, renferme le recit d'un evenement, qui prouve les avantages qu'a la nouvelle alliancc fur 1'ancienne. C'eft entre autres, celui de dechirerle voile qui feparait les nations , et dont la vue avait induit ceux qui etaient plus favorifès a faire une difference eslenticlle entre des creatures qui fe resfemblent: a meier 1'idée d'une predileciion nationale et permanente, a celle qu'iis avaient ducreateur ct du pere de tous les hom mes. L'evangile devait dabord ètre anonce ajcruialcm, puisque les Israel 'tes etaient plus a même de verf. fier fes heureufes nouvelles, en les comparanü avec les oracles des prophetes qui leur avaient étés confiés. Cependant ce nouveau foleil ne devait pas eclairer feulement cette petitc partie du monde, il etait deftiné a gorter la v;e et la feconditè fur toute la terrc. Dieu, Rom. IX: 25. Oféell: 23. Dieu devait appelier fon peuplc, celui qui n'etait point fon pcuple , ct la bienaiméc celle qui n'etait point la bienaimée. L'hiftoire dont le chapitre dc notre texte parle, devait convaincre les Apotres de cette verité, et leur fervir de guide dans les. fonctions de leur  254 LI PARDON leur minifiere. Nous y voïons dans la ville de -Cefarée un homme diltingué par la place qu'il y occupait; attaché au culte des idoles. 11 eft dit de lui qu'il etait devot, craignant Dieu avec toute fa familie, faifant bcaucoup dJaumoneSfflupeuple, ct priant Dieu contint ellcmenr. II ferait inutile de rechércher avec quelques urs des commentatcurs, cemment corneilie avait pu parvenir ï cette connaisfance pure, a cette iinccré crainte de Dieu. — etait ce par les lumieres de la nature? avait il eu quelque revelation particuliere? avait il eu comme Commandant des troupesdans une ville de lapaleft'nc, avait il eii oecaüon d'cxamincr les principes rcligicux des juifs? avait il entendu parler de 1'accompüsiëment des propheties, du miniliere de St. Jean, dc la vie ct dc la mort du fauveur/ des prodiges operés par les Apotres! etait ce urt de ces traits viliblcs ct extraordinaires du St.' Esprit? ou faut il chercher lc principe dc fa pieté dans toutes ces caufes reünies? Non M. FR; n'allóns pas au delk de ce qui eftecrit. Contentonsnous de favoir que la pieté, que les pricres ét les aumoncs moment en memoire devant Dieu, et qu'il accorde aux dispolitions qui les procuilent; 1'avantage de lui être agreables en J. Chrift. II manquait une chofe a I'achévement dc fouvrage du i'alut du centenier de Cefarée. II devait aprendre a connaitre, il devait confcsltr lc nom de celui dont le merite lui était imputè h juftice. II devait être agregè a cette focieté naislame des chretiens, pour annoncer ia vertu de celui qui les avait appcllès des tenebres u fa merveillcufe lumiere. C'eft pour cet cf c qud Dieu  DES PECHÉS 255 Dieu Tui ordonna pa rune apparition extraordinaire, de faire venir i'apotre, dont ies entretiens devaient iui decouvrir les mifteres de fc pieté. une vilion extatique accordée a Sr. Pierrc dc. vait ausii ie convaincre que ie roïaume dc J. Chrift ne confifiait point en viandc, ni brcuvage, ou que ce n'etoit pas aux juifs feuicmenc que l'evangile devait être anoncé. I'Apotre n'en comprit le fens qu'après 1'arrivéc de ceux que lc centenier avait envoiés vers lui. Cc fut alors que l'efprit lc lui rendit evident, cn lui ordonriant de les füivfe. Après avoir entendu de Corncille le recit de ce qui lui etait arrivé, il recut une nouvelle ium'cre. 11 comprit 1'inutilité de ces formes, qui fe cönfondarit avec le fonds, deviennent des entravcs qui empechent les hommes de fe rapprocher il comprit que 1'homme ne devait point teriir pour fouillèes les chofes que Dieu.a purifiées: Qu'il n'y avait cn J. Chrift ni juif, ni grec. Je reconnais dit-il , je reconnais que Dieu n'a point egard a l'apa-rence des perfonnes, mais qu'en toute nation celui qui le craint, & qui s'adonne ii la juitice lui eft agreable. I'Apotre nous fait voir le fondement decebon plaifir, que Dieu prend a la juftice quoique imparfaite des hommes. C'eft en \. Chrift dit-il, qu'il leur faitannoncer la p: ix. 'C'eft a ce jefus dont vous connoisles l'hiftoire, que ies prophetes rendent temoignage, que quiconque croira en lui, recevrala remisfion de fes pechés par fon nom. Telle eft M. fr. telle eft la caufe de la juttification des hommes. Le meriie de f. Chrift en qui nous croiuiis.ct tel eü le fruit qüi noi s  2-56 I E' P A R D 0,N nous revient de cette croïance,le pardon dé tous nos pechés. C'eft lc contenu du iome article du fimbole des Apotres, concu cn ces termés, je crois ia •rcmislion des pechés. et c'eft a faire quelques reflexions fur les verités importantes qu'il renferme , que nous emploïerons notre prefent entréticn. ö Dieu! affermisfez cn nous cette foi falutairc qui produit ia juftice, ct dont ia fin eftlepardon de nos pechés et la viceternellc, au nom de J. Chrift. Ainfi foit! Nous croïons la remisfion des pechés. M. PK; le fens de cet article efi asfez evident, pour r'avoir belbin cn lui même d'aucune explication. On n'a pas a craindre 1'incredulité en annoncant aux Chretiens que Dieu veut leur faire grace: Qu'il veut leur pardonner leurs pechés, et les juftifier en J. Chrift. Dispofés a croire ce-qu'ils font obligés dc defirer, ilsnc rejettent point la caufe de leur falut; et fi 1'on trouve parmi eux des incredules, s'ils font indifferents aux bonnes nouvelles que i'evangile leur annonce, ce n'eft que lorsqu'il fait de la foi &dc la répentance, les conditions de ce pardon. II lic nous refte donc que quelques reflexions h faire fur l'hiftoire, & fur la doublé fignificarion que les fideles des premiers fiecles attaehaient a eet article, qui fans dou-  des P e' C II ê S. 257 clomc a éteinfcré dans /a confesfion dé foi des chrêtiens depuis Ie tems des Apotres. En premier lieu, on attachaita 1'enoncè de cet article; 1'idec du pardon des pechés commi's avant lc batcme. C'etait 1'etat du genre humain avant la venue de J. Chrifti & avant la predication de» 1'evangïie qui avait rendu cette diftinction necesfaire. Tout Ie monde etant plongé dans i'idolatric; dans i'ignorance et dans lés vices qui cn font une fuite; II n'eft pas fuprenant quë les hommes fc fentaient dechus de Ia gloire de Dieu,' qu'ils craignaient fa vengeance: et que dans les acles dc ce qu'ils appellaicnt Culte divin, Fidée de detourner des peines mentées, foit Cntrèe plus que le defird'attirerdes faveurs. Les païens, convainctisde Ia necesfité d'obeïra Dieu, conva'ncus qu'ils cn avaient violé les loix naturelles, etaient ausfi perfuadés qu'ils avaient merité fa colère. A la verité, Ia vue de la bonté de Dieu leur pouvait donner quëlqu'espoir dü pardon : Les facrificés propitiatoires qu'ils avaient introduits!, pouvaient en quelque forté appuïer 1'espoir d'obtenïr Ia Clcmence d'un Dieu, qui dans la nature n'eft que bonté.' Cependant cette esperance n'etait qu'une csperance,' et tout cc qu'elle pouvaitproduire de plus avantaeeux, etait de laisfer les hommes dans 1'incertitude, k quelles conditions, de quelle maniere et jusqu'a quel point leurs pechés feraient pardonnés.' .. Les juifs n'avaient en general, pas plus de certitude du pardon de leurs pechés, parecque lc tcmóignage que les prophetes en avaient rendu . avait encor été couvèrttde I'envelöpé des puilt bres  25» LE PARDOfl bres et des fïgures. A Ia verité la loi accordaït 1'impunitè des fautes journalicres, des peehés eommis par faiblesle ou par ignorance, moienant les facrificés qu'elle leur avait prelcrits: Mais contre les fautes graves, contre des crimes atroces, elle avait prononcè ja peine dc mort, fans leur laisfer aucune certitude qu'elle ferait commuée. Ceft fans doute h. des crimes de cet-. te nature, que le Roi prophete faitallufion , iorsqu'en avouant, Pf. LI. fon indignité il dit, tune prens point plaifir aux facrificés, autrement j'en donncrais. L'holocaufle ne t'efl; point agreable: Les facrificés qui plaifent a Dieu, font 1'esprit froisfé, et un cceur contrit. C'eft comme s'il difait, fi jc pouvais expicr mes crimes , comme mes fautes, par des facrificés, j'en porterais : Mais je ne vois pas que Ia loi m'autorife,a csperer leur expiation par fes offïahdes; La feule chofe qui me donne 1'espoir de ce pardon, eft la répentance, ou le changement dc mon cceur. Telle etait la condition du monde lorsque le fiiuvcur y eft apparu. Les juifs & les gentils etaient asfervis fous les rudiments de Ia Loi Gal. IV. Us etaient detenus captifs dans 3e pêché , fans avoir une connaisfance certaine dia moïen qui pouvait les rctirerde cette fervitude: Us avaient befoin d'une declaration pofitive de Dieu, pour être perfuadès que les vices de 1'idolatrie et de leur fuperftition pasfée leur fcraienï pardonnés. Les apotres invitaient les uns & ies autres a la communion dc cette eglife, qu'ils etaient chargés de fonder; ils leur promettaient a tous la remisfion parfaitc de tous leurs pechés eommis avant leur converfion: ct lc batcme dc J. Chrift etait le gage de ce pardon, pour tous ceux qui  DES P;"E C H é S. 2Ó9 qui croi'ant a l'evangile fe repentaïent fincerement. Cet espoir que Dieu avait entretenu dans les fideles de 1'ancienne alliancc par differentes reyelations, ou comme dit notre texte, par le temoignage des prophetes, cet espoir disje, a eté plemement dccouvert, il a etc changé en certitude par 1'cnvoi dc J. Chrift au monde. C'etsieht ra les ciefsdu Roïaumo des cicux ,que le fauyeur'avait confiées a res apotres: que tout cö qu'ils auraient lié fur Ia terre, ferait lié dans les cicux, et tout cc qu'ils auraient deliö fur la terre, ferait delic dans les cieux, Mat. XVI: 19. Telle a etc fautorité qu'il leur aconfiée peu ayant fon ascenfien Mare, XVI. Allez dit il, allez par teut Ie monde, prechez l'evangile ;itoute creature, celui qui aura cru, & qui aura été battife, fera fauvé. il leur cxpliquacnmemctcms le fens des propheties, il leur ota cette enveloppe dont 1'avcnir les couvrait. II dit Luc. XXIV. II falTait que le Chrift fouffrit,qu'il rclüscita des morts, & qu'on precha cn fon nom la répentance & la remisfioh des pechés* en commenennt par Jcrufalem. C'eft a cet ordrc que fc rapporte lc rcfultat du discours, que Pierre rint a la multitude ctonnéc des changemens operés dans les apotres par lc St. esprit Afl. II. Ammctul■:■/. yotis leur dit il, et que chacun de vous foit battife au nom de J. Chrift, cn remisfion des pechés. C'eft ausfi ii cèlH que tend le discours de St. Paul a ceux d'Antioche en pifidic. fl les exhorte a la foi cn l'evangile, par le motif qué c'eft 1'evangile qui nous indique Ie moi'en d'obtemï le pardon'de tous ies pechés, pour Icsquels Ia loi R 2 n'of-  260 LE PARDON n'offïaït aucun remede. fachez dit iJ, Ach XIII *. 38. que c'eft par ce Jefus que vous eft annoncée la remisfion des pechés, & que de tout ce dont vous n'avés pu être juftifiés par la loi de Moïse, quiconque croit, eft juftifié par lui. En parlant de fa propre converfion aux juifs, II dit qu'Ananias de Damas Act. XXII. 1'exhorta de devenirmembrede I'eglife de J. Chrift , pour obtenir le pardon de fes pechés. Que tardes tu lui dit il, leve toi, fois battifé, & lavé de tes pechés en invoquant le nom du Seigneur. Ces pasfages proüvent evidemment que dans le berceau de I'eglife, le bateme etait toujours accompagné de la confesfion & de la promesfe du pardon des pechés, puisque c'etait par 1'effïcace du merite de J. Chrift, dont le fang etait reprefenté fous 1'embleme de l'eau, qu'ils esperaïent obtenir ce pardon. Tel aété conftamment le fens que les peres de I'eglife y ont attaché. Dans quelques anciens fimboies on avait mis immediatement aprés I'aveu de 1'elevation de J. Chrift y ces paroies: Je crois que c'eft par la mort que j'obtiens le pardon de mes pechés. Ils difent, la remisfion des pechés par J. Chrift, eft 1'unique moïen de nous fouftraire & la peine de la mort qüe nous avöns meritée. Le pere de I'eglife Auguftin dit, Ie bateme de la répentance ote le pêché 01'iginel, & celui que nous avons eommis nous mêmes. Et qu'elle qu'ait été la difference de leurs fentiments fur d'autres points de la foi, ils's'accordent tous fur celuici, que ceux qui etaient dignes de recevoir le bateme, obtehaient en même tems la certitude du par-' don de tous leurs pechés par J. Chrift. — Ce  DES PEGHCJS. 2<5l Cc font les deux verités, que cet article renfermait pour les chretiens des premiers Iiecles. Leurs pechés leur etaient pardonnés en J. Chrift, & ce pardon leur etait asiuré dans le tems qu'ils recevaient le batême. Le batême n'etait donc pas la caufe du pardon des pechés par lui même, mais par le merite de J. Chrift dont-il rctracait 1'cfficace. Et fe pourrait il M. Fr. que les premiers chretiens n'eusfent fait que changer d'erreur, en embrasfant la foi en 1'evangile'! fe pourrait il qu'après avoir reconnu I'infufifimce de la loi, 1'inutilité des facrificés & des ceremonies anciennes, Us eusfent cru que la pratique d'une nouvelle, leur eut procurè un pardon qu'ils ne pouvaient obtenir par leur propre merite ! Non M. Fr. le batême ne faifait que reprefenter 1'ablutïon qui leur etait accordce par 1'efïcacité du merite de J. Chrift. 11 en etoit dc fa vertu , comme de celle des holocaustes. II eft imposfible dit I'Apotre Hebr. 10. que le fang des rauraux öte les pechés : de même 1'ablution du batême, ne purifie qu'autant qu'elle elevc les hommes a J. Chriftf par lc répentance. Dieu Fa elcvé difent les Apotres Aét. 5. Dieu a elevé Jefus par fa puisfancc, pour Ptince & fauveur, afin de donner a Israël la répentance & la remisfion des pechés. II a donnè par lui, II a donnè Act. 11. ausfi aux gentils la répentance pour avoir la vie. — On a ataché au moment du batême la certitude du pardon des pechés anterieurs, parceque c'etait alors que 1'homme faifait uue profesfion E 3 put  262 LE PARDON publiquede Ja foi cn J, Chrift, & qu'il s'engageait a renopc-ër k Pinjuftice, aux oeuvres de 1'iniquité: c'etait alors qu'il s'engageait a la répentance. Cette condit'ion aecompagnait toujours 1'action du batême. I'Apotre Act. 2. dit aux juifs, amendez vous, & que chacun foit alors bat'fè au nom de J. Chrift, en remisiion des pechés. Jl nomme Jc batême un lavement de regeneration. Et St. Paul fupofe que le fainteté eft une fuite infaiilible de ccttc regeneration, IJ dit Rom. 6, nous fommes donc'enfevelis avec lui en fa mort par Jc batênie, afin que comme Chrift eft refuscité des morts par la gioirc du pere, nous aüsfj parcillemcnt cheminions en nouveauté de vie, Les chretiens etaient persuadès, qu'il n'y avait que ceux qui croiant a l'evangile, cherchaient de rendre leur vie conforme afes preceptes,qui etaient digncs de recevoirle liateme. Car pour tous ceux qui le recevaient fans fe 'répentir on le croiait nul, ils m'en "tiraient aucun avantage: On ne connaisfait d'autre regie pour eux que eeliede I'Apotre Hebr. 10. qui dit, aceux qui rejettent le facrifice de j. Chrift qui feul peut les fauver, il ne refte plus d'autre facrifice pour leurs pechés. Ausfi dans les premiers fiecles de 1'Eglife, il parait qu'on ne batifait que ceux qui fous Je nom de cathecumenes avaient étés inftruirs dans la. Doctrine de l'evangile, & qui avaient donnè pendant quelque tems des preuves de la lincerité de leur répentance. Ce n'etait qu'après ce tems d'epreuve , qu'on les admettait devant I'eglife, pour temoigncr folemnellemcnt. & pubiiquement qu'ils renoncaient au mal: Pour te- moig-  DES PECHeS. 263 mwgner "publiqucment la lincerité dc leur foi & de,leur répentance. C'etait après cet avcu , après la promesfe qu'ils failaient d'imiter J. Chrift, qu'on leur accordait ie gage vifible du bateme, inftituè par lui, & qui les asfurait de leur juftification devant Dieu, ou du pardon de leurs pechés. Cependant outrele fens primaire de cet artieie, qui regarde le pardon des pechés eommis avant la convcrlion, 011 avant lc batême, On lui attachait un autre qui etend la promesfe du pardon ausii fur les rechutes, fur les pechés eommis après lc bateme , par des creatures clont lepartage ne parait pas être la perfeclion. Les auteurs de 1'hiftoiredes premiers fiecles dc I'eglife, nomment des fectaires, qui voulant mettre des hornes ii la mifericorde de Dieu, difaient, qu'il ne pardonnait aux hommes, que les pechés involontaires, eommis par faiblesfe, oupar ignorance.Que ceuxquiavaient commisdes crimes arroccs, efpeiaientemain lc pardon de Dieu par J. Chrift, cn éntrant dans I'eglife & en cmbrasfmt la foi cn l'evangile; Ou dumoins, qtiele pardon des peehès devait être refufé a ceux qui , après Icurbatêmeretombaient dans quelque grand desordre, & qui apoftaliaicnt totalement la religion Chretienne. M. Fr. quoique les apotres parient d'un pechè a mort 1 Jean. 5. 16. d'un pechè contre l'efprit Mat. 12. qui ne fera point pardonnè, Quoiqu'ils parient 2 Pier. 2.dcsperlbn~ ucs pour qui i! aurait mieux valu, qu'ils n'eusfent pas connu la voie de la juftice, qu'après 1'avoir connue fe detourncr du faint commandement qui leur avait été dpnné; 11 ne parait pourtant pas, R 4 que  L E PARDON que l'efprit de Dieu aïe voulu permettre aux hommes de refufer ies confolations de l'evangile a ceux qui fe repentent,'quelsque puisfentavoir etes les crimes qu'ils ont eommis' après ' leur première Converfion. II ne 'parait pas que 1'eyangale autorife ces diitinaions pofitives entre peches mortels, & pechés venicls; Entre peches aux quels les hommes peuvent accorder des mdulgences, & d'autres qu'ils ne peuvent pas abioudre. " Ces pretentions temeraires du pouvoir des clefs.accordè a un certain ordre dc perlönries, appartient fans doute a ces alterations que la vanitè & 1'ambition des hommes ont introduites dans le Chriftianisme. Car Ie but dupasfage Jean XX. fur lequel on fonde ce pouvoir, n'eft pas de mettre des hommes fur le tribunal de Dieu: Mais feulement de ies autorifer aprecher de la part de Dieu, & a asfurer les hommes des conditions fous les quelles feules'leurs pechés leur (eront pardonnés. Je vcus envoie dit le iauyeur, comme mon pere m'a'envoiè ;& quel etait Ie but de cet enyoi ? II nous I'indique lui menie Mat. XI. C'etait celui dc fouiager ceux qui etaient'chargés & travaillés, de donner le repos de Paine a qeux qui apprenaient 'de lui a etre humbles &debonnaires. C'etait la,la commishoiidontil^avait chargé fes apotres. A'quiconqu'ë dit-il, a quiconque vous pardonnerez les peches, non felon votre volonté, mais felon celle du St. efprit, que vous recevrez, felon I'ordre de l'evangile'que je vous autorife de prcehcr au monde, ils feront pardonnés. " "'' Les apotres n'envifagent pas Pobcisfance Ie la lot, comme un port inabordabie pour ueux qui cn  DES PECHeS 263 cn font une fois fords: Us etablisfent la posfibiIfte du retour, & ils attachent même a Ia fincerffé de ce retour, la vertu de rendre huls les premiers egarements,, 'd'en erfaccr Ie fouvenir comme s'ils n'eusfent pas eu lieu. JIs difent celui qui eft nè de Dieu 1 Jean V. ne pêche point, c'eft a dire le malin, 1'impenitence ne lc touche point. La bonté de Dieu, dit notre cathcchisme, lui renret fes fautes, enforte qu'clles ne viennent point en compte devant lm'. Les apotres comparent les Israè'lites rejettès Rom. II acesarbresfecs& presque morts, qui ne lais'fent pourtant pas d'avoir dans le tronc & dans les racines un certain fuc, un principe dc vie qui par les fecours de Dieu, peut pousfer des nouveaux rcjettons. Sion a foin dc ces arbres fi on les cultive, fi on les arrofe, fi on en retranchc ce qui eft inutile, il arrivera qu'ils reprendront leur premier etat. De menie, quoiqu'on air perdu Ia première mnocence, 1'on n'a qu'a exciter ce qui refte de bon, qu'a prendre Ia peine qu'a travailler, on n'a qu'a chercher pour trouver, a demander pour qu'il foit donnè, & a heurter pour qu'il foit ouvert. Oui M. PR. quelque Colt Pabus que les hommes font de la grace, par pefp0ir du retour: Quoiqu a cet egard nous devons plustót craindrc de vous dire trop , que trop peu; li ne nous apartient pas de mettre des borncs a la miferi- casföEs XLn' f?''?' d° brifer Ie ]'ofeau casic as. ju.il U n'aparticnt pas aux hommes de prononcer des fentences irrevocables. Et qui de vous pourrait ignorer ces pasfages de 1'ecriture Rom. II, qm difent, que la bonté de Dieu, R 5 que  266 L.E PARDON que(apatience .& fa lenteur a punir, invite connnuellement les hommes ii la répentance. Prenez gartte dit 1'apotre, prenez garde que par rcndurcisiement de votre coeur, vous ne vous amasfiez, a vous même un trefor de colere, pour lc jour du jufte jugement de Dieu. Enfeigne avec douceur, 2 Tim. II. Supporte patiemment iesjmauvais, afin d'esfaier ii quelque jour Dieu leur donnera la répentance pour connaitre la verité. Me rejette ies heretiques qu'aprés quelques admonitions Tit. III. Ce qui eftfaibleHebr XII. Et chancellant ne doit pas être tout a fait demis, II faut au contraire faire enfbrte qu'il fe rerabiisie. Et que pourrait on citer de plusevident ii cet egard, que la conduite que 1'apotre a tenue lui même 1 Cor. V. & U. Cor. II. II avait livrè-un grand pecheur , qui etait tombé après fa première converlïon, il 1'avait livré a Satan pour Ia deftruaion de la chair, afin que l'efprit fut fauvé, dans la journéc du Seigneur; mais furee qu'il fe repeniitfinccrement,ii exhortede lui pardonner, deleconloler, de peur qu'il ne fut accablé par 1'exccs de fa douleur, 11 parle ausfi de plufieurs perfonnes 2 Cor. XII, qui avaient pechè auparavant, & il fc plaint de ce quelles ne s'etaicnt pas encor repenties. I'Apotre St. Jaques 5 dn dans.Ie même fens, fi quelcun s'eftegarèdii cHemin de la verité, & qu'un autre le redresfe, qu'il fache que celui qui aura ramené unpecheur de fon egarement, fauvera une ame de la mort, & eouvrira un grand nombre de pechés. En parlant de divers ordres de pecheurs ils ordóiinent d'avoir' de la compasiion pour les uns, & dc fauver les autres avec frayeur, comme les arrachant du feu, & le fauveur lui mê-  DES P E C H é S. 267 menie Apoc. II, en menacant de frapper de mort les vieieux, ne laislë pas d'ajouter cette condition, s'ils ne fe repcntcnt de leur impicté, Cette idéé, dont Ia fource n'etait pas la douceur et Ia charité dont J. Chrift avaitdonné I'exemple & le precepte, cette idéé li contraire a la charité, qui exclue pour jamais ceux qui pechent après leur première converlion, qui refufe lc retour a la grace a ceux qui revlennent a la répentance, eft apparemment unc des caufes qui ont donné naisfance a ce prejugé qui fietrit pour toujours ceux, qui ont une fois donné du fcandale, et qui avaient fubj les peines de la discipline ecclefiaftique, lorsqu'elle etait obfervée felon les precepres arbitrairs des hommes. C'eft apparemment ausfi une luitede cette errcur quietendmême,lahonted'un hommepuni par la" juftice, jusque fur ceux qtn lui appartiennenr. Quoiqu'il en foitM. FR.cétarticIeactéenvifagé comme un moïen de preferver les chretiens de cette penféó, &du desefpoir qu'elle pourrait eaufcr. II nous asfure le pardon des pechés eommis avant la converfion, & celui de ceux qui nous pourfuivent après, puisqu'il ne parait pas que dans ^cette vie nous puisfions être entierement delivrez du corps de la mort, C'eft fousce point dc vue,que Iesperesdcl'e, glife primitive ont toujours envifagè eet article, ils difent, l'ecriture parle d'une triplo répentance. La première eft celle de ceux qui dociles a la voix de la verité, apprennent a connaitre leur depravation naturelle , qui commencent a detefter les crimes eommis dans 1'etat d'aveu. gle.  268 L E PARDON dement,'dans lequel ils etaient avant que 1'evangile leur fut annoncé ; De ceux qui s'en repentent, & qui croïant en J. Chrift defirent recevoir le bateme de Ia regeneration pour avoir la vie. La feconde eft une répentance continuelle, elle eft J'effet du combat perpetuel que la chair & le fang livrent a tous les hommes, même apres qu'ils fe font convertis: elle confifte dans la vigilanee fur foi même. C'eft difent ils, c'eft J. Chrift qui en nous apprenant a prier tous les jours, pardonnenous nos offenfes, nous apprend " a nous'repentir & a nous corrigcr de nos fautes journalieres, & qui nous autorife a en espercr le pardon. Enfin il eft une répentance plus grave, une répentance plus .eclatante pour ceux qui ont commis des crimes eclatants, & qui etant exclus de I'eglife, de la communion des faints, ne peuvent être readmis, qu'a condition qu'ilsdonnent gloire_a Dieu 2 Cor. VU. C'eft cette répentance qui vient d'un coeu'r veritablement penctrè dü ntal que le peché renferme: qui produit une reformatiori rèelle des moeurs, un changement de vie esfentiel. ' C'eft aprés cette répentance, qui felon le temoignage de I'Apotre, produit une tnftesfe dont on ne fe repent jamais, que' nous recev'ons, comme Ie fauveur recut le disc plequil'avait reniè, que nous recevons de nouveau dans notre communion, ceux qui en etaientdechus. Que nous leur pardonnons leurs fautes, pifsque il nous ordonne de par°?F"cr jusqu'a feptante fois fept fois. Matt. XVIII. r: Tel eft le fecond motif que les premiers chretiens ent cu, en inlërant cet article dans le fimbole  DES PECHéS lÖO, bole des Apotres. Ils ont voulu combattrc les erreurs de ceux quin'ufant pohit demifericorde,; excluaient pour toujours de I'eglife, ceux qui avaient apoftalié dans les perfecuLions, ou qui avaient eommis des fautes gravcs aprés avoir recu lc bateme. Us ont voulu etablir par la, que puisque la bonté de Dieu, invite les hommes a la répentance, puisqu'il veut rendre Eiai. 1:18. blancs comme la neige, les pecheurs qui feraient teints de cramoifi, Puisque Dieu peut pardonner même au brigand converti a Pheure dc la mort, il n'appartient pas aux hommes de feparÈr pour toujours de' lleglife j ceux qui comme des enfants prodigues reviennent &implorent dei rentrer dans la maifon paternelie; II n'appar nt pas auxhommés de refufer les gages du pardon des pechés, aux penitens a qui Dieu en accorde larealité. Voici donc M. FR. voici la verité que cét ar^ ticle renferme pour nous, qui etant nés dans le fein de I'eglife, recevons presqu'cn cnrrantdans ce monde, le bateme en ligne de Palliance de grace que Dieu k contractée avec les fidèles, <& avec leurs enfans par J, Chrift Aft. II. Rom.IX: 9. Nous croïons, & ce font les paroies de notre Catechisme. Nous croïons que Dieu par fa pure bonté, quitte k fes fidéles leurs fautes ? ■desorte qu'elles ne viennent plus en compte devant lui pour être punies. Que c'eft en J. Chrift: que ce pardon nous eft accordè.- Nous croïons Ju'én recevant le bateme, Dieu nous purifie en. Chrift de cette contamination que le pêché a rendue hereditaire: qu'il nous delivre des peines que la nature d'une alliance eternelle inflige aux de-  270 LI PARDON descendans des mfracteurs de cette alliance Nous cróïons que Ja répentance etant necesfaire* pour nous asfurer de ce pardon, f! n'y a pour nous rien de plus faeré, rien dc plus indispenfa0)c, que cic nous inftruire des conditions fous lequi - les Dieu vetn neus faire grace: que d'entrcr dans cette eglife de J. Chrift, hors dé laquelie ii n'y_ a point de falut; de renoncer aux oeuvres dePiniquire.en renouvellant dans Ja participation dc l'eüchariftie, le voeu eternel queJes premiers chretiens faifaient en reeevant Je bateme.' Nous croïons que le pêché nous cnvcJoppant li aiJement Hebt, XIL Un voeu, une promesfe de répentance tic fuffife pas pour obtenir ce pardon , maïs que nous devons conftamment pourfuivre la coürfe qui nous eü propofée, que nous dë^ vons veil Jerfur nous mêmes,qucnousdevons prer examiner nes penehans, afin cic rclifter a ceux qui nous en trainen t,ou afin d'arrachercesmembres qui nous feraiént bronchcr. Car Ja' répentance n'eft pas en elle méme la fainteté, elle eft feulement une preuve du changement falutaire de mal en bien qui s'eft fait en nous, & que Dieu veut bemr en lerendam acrif. Et ne ferait ce pas faire injure a fa mifericorde, que dc dire, que lorsqu'i 1 veut nous aprèndre a mafcher feuls, tandis que nos pas font encor chahcclJants, iJ voulut nous rcfufer de nous reJever après nos chutes. Et cértes M. FR', notre vie etant une mffënWf mterrompuc dc faibJesfes, ne ferait ce pas d'un autre cotc, faire de j. Chrift un.miniftre du pêche Gal. IL Si après avoir été jüftifiés par lui, nous fertOBs encor trouvés pecheurs par maJicc. Ainii  DES PECH és. 271 Ainfi n'avicnne dit I'Apotre, nous ne devons pas rèedifier ce que nous avons detruit, & comme la perfeclion ne parait pas notre parrage, un repentir continuel & fincere efi: la Jeule vertu fens tache qui nous refte. C'eft Ie peager frappant fa poitrine qui descend juftifié dans lamailon. C'eft une répentance continuelle proporrionce a nos fautes, qui nous asfure du pardon des pechés: qui nous asfure que Dieu fait dcquoi nous fommes faits, & qu'il nous pardoime les faibksfes qui fuivent notre convcrlicn, qui nous asfure que nous n'aneantisfons pas Ia graceénnoüs corrigeant de nos fautes. Enfin M. FR. c'eft la répentance, la foi, la vigilancc & Ia pricre, qui nous donnent ia paix de 1'ame, & qui nous asfurent que Dieu a tellemcnt aimé lc monde, qu'ila donné fon fils unique, alin que quiconque croit en lui ne perisfe point, mais qu'il aitlavie etcrnclle. Puisfe M. FR. Ia foi cn J. Chrift produirc en •nous ce repentir fincere auquel Dieu accorde la juftification ! puisfe la vue dc notre faiblesfe, nous porter a travailler a notre falut avec crainte & avec tremblément, avec cette crainte filiale qui nous preferve de la fecurité, & qui nous garantit contre le desespoir. Puisfe un repentir fincere nous rendre indulgents en vers les autres, nous porter a; la vigilance & a Ia pricre, afin que celui qui eft jufte, foit juftifié encor, queceluiqui eft faint, fo.it fanch'fié encor; Qu'offrant a Dieu des creurs humbles éecontrits, nous recevions de lui grace pour grace, & que neus rejouisfantde ce que nos noms font inferits dans lc livre dc la vie, nous attendions avecasfurance 1'heure dc Ia mort, ou Dieu elfacera en J. C. tous nos pechés, & esfuïeratoutesleslarmesdenosyeux. Ainfi foit!   La Refurredlion de Ia chair, & la vie eternellei Articles n& 12 du S'mbole  TEXTE: S''de Êpitre deSt. Paul aTirnothée Chap. I: Verfet. 10. Qiii mamtenant a été maniféftée par Pappa'rition de notre fauveur J. Chrift, qui a detruit la mort, & qui a mis en lumiere la vie & l'immortalité, par l'evangile. Seétion 17 du Catechisnie.  M. T. C» FR. en Jè Chrigfi L»e Chapitre dont notre tëxte fait partie, ren/ terme quelques exhprtations paternelles, q«e 1'apotre donne a fon Difciple Timothée, pour augmenteren iuï ie zele; 1'ardeur dc s'aiTcrmir clans ia foi: Ou d'augmenter en lui ce don , que Dieu lui avait deparri. II infifte fur ccttc necesfité , en expofant les efiëts falutaircs que la foi produit. Ces erfets font le depouillcment de toute crainte, lc lens rasfis, la force de l'efprit & la charité du cceun Les resforts que Ia foi met én Oeuvre', pour effectuer le bonheur du genre humain, font bien plus cfficaccs&plus folidesque ceux que Ia fagesfe du liecle emploïe pour le même effet. Cette derniere met toute fon adresfe a diriger les paslions des hommes, qu'elle envifage comme le feul mobile ?dcs grands travaux & des actions utiles. Cependant elle ne coniidere pas ,qu'un bonheur fondè fur Ie feul dcvclopemcnt des paslions, porte en lui même le germe dc fa deftruciion totale. Et en effet! quel bonheur eut être la fuite de ces delirs qui ne conna sfent point de bornes; qui allant toujours au dela des jomsfanees, ne peuvent qu'êtrc enflammés par 1'opolition des autres> fe detruire par leur chocJS 3 mui  £7<5 rksurrë'ction de la cöai« mutuel, & changcr^e monde en une fcene de troubles, de crainr.es & de malheurs continue]s! La fagesfe du ciel qui brille a nos yeux par le fiambeau de la foi , nous indique une route debonheur plus fure, qui remplit notre ame d'une paix profonde pendant cette vie, & d'une douce efperance a la vue de la mort. Après avoir condamné cette aciivitè inquiete , qui fe tourmentepouramasfer des biensperisfables, elle nous ordonne de reprimer les paslions, au lieu de les enflammer, de les contenir au lieu de les remuer. Elle nous tranfporte au dela du tombeau, en nous y montrant des trèfors plus dignes de nos recherches, que le font les biens perisfables & imparfaits de la terre. Et quel moïèn plus cfficace pourrait elle nous donner, pour etouffer la craïnte que doit toujours caufer la posfibilité de Ia pertedes biens,fujetsnecesfairement aux vicisfitudes: pour rasfoir nos fens toujours agitès, pour nous donner Ia force de l'efprit, & Ia charité? Quel moïen plus fort que celui d'unir les habitans de la terre a ceux du ciel, de nous prefenter toujours la eotironne immortelle, que la grace de Dieu nous deftiné', li nous fuivons cette vocation fainte qu'il 'nous amanifeftèe pleinementpar 1'apparition de notre 'Seigneur J: Chrift, & qu'il nous adresfe toujours par le predication de 1'evangiie? C'eft cette manifeftation glorieufede J. Chrift, qui a porté le bonheur fur la terre , qui a detruit la mort, & mis en lumiere la vie & 1'immonalité. Les interpretes font asfes d'accord fur Ie fens de ces paroies. lis apliquent tous la deftruciion de la mort, k la deftruciion de cet?e  ET LA VIE ETERNEI LE. Hjy. Ignorance abfolue.dans 'aquelle etaient les païens, rclativement aux fuitcs de la 1'cparation du corps & de 1'ame, que la mortentraine, Malgré ce que les fages d'éntre eux avaient avancé, touchant la reftitution future de toutes chofes, 1'idée de la refurreÖion de Ia chair, ne parait pas être entrée dans leurs fiftemes. Ils paraislaient croire que leur loge terreftre une fois detruitc, refterait toujours en proye ii la mort. C'eft J. Chrift: qui a dislipé ces tenebres, cn nous asfurant par des promesfes claires & pofitives, par fa propre refurreclion, que 1'homme interieur doit un jour être remis, fi j'ofe m'exprinicr ainfi, que 1'ame doit être remife dans fon etui matcriel dont la mort la fait lortir. Que la toute puisfancc divine rappellen encor une fois le corps a la vie, quelle le reunira avec 1'ame, par une refurreclion glorieufe, dont lc retour du printems, dont la refurrcction annuellc de la nature , dont notre reveil journalier nous donncnt toujours 1'embleme. il a dislipé 1'ignorance abfoluc des païens, &fixé la foi vacülanre des juifs, a 1'cgard du bonheur qu'auront nos yeux & notre chair, de voir encor le redemptcur. II a asfuré les hommes, que ce qui eft femé corrtiptiblerefuseïtera incorruptible. A la certitude de la refurrcction, il a ajouté le plein jour rclativement a; 1'imortalité de 1'ame, i! a ajouté des nouvelles lumieres ii celles de Ia raifon & au fentiment de la conscience, il a mis en evidence cette durée eternelle dc 1'ame, que les lumieresjnaturelles reclamaient; il a mis en evidence cette vie nouvelle, cet etat permanent qui doit fuivre la deftruciion de ce monde vifible, & le jugement jjniverfel, 3 Ce  278 RESURRECTION DE LA CHAIR Ce font M. FR. ce font les objets de notre ( 101, enonces dans les deux derniers articles du limbole des Apotres. Je crois la refurrcÖion de la chair, & la vie eternelle. C'eit a faire quelques reflexions fur les verités importantes qu'ils nnferment, que nous emploïerons notre prcfent cntrctien, Sauveur des hommes! qui vous êtes rendu lemblable anous, rendes nous fembla'blesa vous. i>ctruilez en nous la mort du pêché, afin que vivants d une vie nouvelle, nous puisfions attendre avec confiance la refurreaion glorieufc & la bienhcureuie Eternité. Ainfi foit' L article de la refurreaion de la chair, temnnait quelquefois les fimboies de I'eglife primitive: paree qu'il etait imposfible dc fuppofer un autre but a cet evencmentmiraculeux, que la toute puisfance d'un Dieu juflo & fans devait operer par la refurreaion du corps, que celui de perpetuer la durée de ces deux parties, qui ont confhtue 1'homme dans fon etat d'cpreuve icibas. La vie eternelle, ou 1'immortalité, avait trop de preuves naturelles, elle etait trop for temcntpresfentie& entrevue par les païens, elle etait asfez clairenjent & asfez feu vent repetée dans les ccritures, pour que ceux qui en cmbraslaient la foi, ne pusfent pas en douter Cc n ont etc que les rellriaions, que les herctfaues mettaient dans les details de cette verité, qui ont ren.  ET LA VIE ETERNELLE. 27^ rèfldufneeesfaire d'ajouter I'aveu explicite de ia \ie eternelle, au Dogme nouveau de Ia refurrcction generale du corps, que la rcvelation aetabli Ce dernier article a fans doute été inferé dans toutes les cónfcslions de foi, dès 1'origine de I'eglife. Les apotres font dependre de fa verité celle dc tout l'evangile. En annoncant aux hommes le pardon de leurs pechés par J. Chrift, ils y ajoutaient dabord la promesfe Aft. XVII: 18. Que fa refurreftion etait un gage de la leur. Kt. Paul i Cor. XV. dit que s'il n'y a point de refurreftion, d'entre les morts, Chrift n'eft point refuscité non plus: que 11 Chrift n'eft point refuscité, la predieation & la foi fontvaincs; tous les freres ?qui ont dit avoir vu J. Chrift aprés fa refurreftion font des impoftcurs. il prouve la verité dc cette foi, par la force du fentiment quelle a produit en ceux qui, pour la verifier ont meprifèles perfecutions, ou qui les ont foufertes avecjoïe, &iletablit, qu'amoinsd'unedemence abfolue, il eft imposlible de braver les perils & la mort même, fans des preuves evidentes de la verité, pour la quelle on renonce aux biensdcla terre & h la vie. Illieli etroitement la certitude de la refurrcction, avec celle de la vie eternelle, que 1'une s'evanouit II elle eftfeparéedeil'autre, li d't, fi les morts ne refuscitent pas, ne vaut il pas mieux dire, mangeons & buvons, car demain nous ne ferons plus, Ausfi ferait il ftipcrflu de s'arrcter ici, pour accumulcr les preuves d'une verité li fouvent repetée dans ies ecritures. II fuffit 3 4 il  ?8o RESURRECTION DE LA CHAIR Jl fuffit de vous faire remarquer le motif doup lequel on a preferé, d'exprimer cet article par les termes, de la refurreaion de la chair, aulieu dc la relurreftion du corps. C'eft qu'il s'eft trouve des perfonnes, qui posfcdées du defir de raffiner, expliquaient pe Dogme allegonquement, qui cntendaient par Jk quelque reformation, ou quelque changement fpirituel. C'eft fans doute, a ces perfonnes que 1'apotre fait allufion 2 Tim 11 lorsqu il dit.ils fefont devoïcz de la venté.end'ifant que la refurrechon eft déja arriyée. D'autresadmettaient la reftitutiond'un corps dans Ia vieaveHir, mais ce corps efait felon eux fpirituel, tout a iaitdilcrent de celui que 1'ame avait animé pendant la vie. C'eft pourrendre toujours prelenté Pi-, dee de I'identité de fubftance, qu'on a trouvé necesiaire d'exprimer la croiancc de Ja refurrecdu'corpi3 Ch3II'? ?lust0? que celleplusmdefiqie 1m "^"'arreteraï pas non pluska eclaircir ce qu ilyad incomprehenfible, dans Jes details que 1 eenture nous donne de cet evenement miraculeux, m h vous expliquer Ia posfibiiitédelareumon dc nos membres eii fubftance.' "Il iuffit de vous rendre attentifs a ce qui fe pasfe dans'la nature, il fuffit dc vous rendre attentifs a la demonftration qu'en donc I'Apotre, La femence dit.il.quonjëtteen terre n'eft point vivifièe, fi elle ne meurt; quand on feme, 011 ne femepomtle corps qui naitra, mais un grain nud, & Dieu lui donne le corps comme ii veut. Non M FR nous n'avons qu'a ftiivre les metamorohofes étonnantes de quelques êtres, les rc.'urrections re, guiieres de tqute Ia nature, nous ïi'avon, qu'a y ajoti-  ET LA VIE ETERNELLE. 2Sl «jouter les details de la refurreclion de f. Chrift, & la conformité que doit avoir la notre avec la fienne, pour être convaincus, que la toute puisfancejde Dieu, n'a befoin que de faire entendre fa voix, pour que les parties fubftantielles de nos corps, qui ont été crées avec Ia terre, re, paraisfent, comme les fruits qui ont été confumès. pour quelles fe rcunisfent, & que ce qui eft femé en corruption, rcfuscire incorruptiblc, que ce qui eft femé en deshonneur, refusciteen gloire, que ce qui eft femé en faiblesfe, refuscite en force: quece qui eft femé fenfuel, refuscite jpirituej, La refurreaion des morts, doit arriver pour donner lieu a ce jugement folemnel ,'qui fe fera de tous! Ies hommes, ausiitot qu'ils feront refusQités. Les fuites de ce jugement feront la feparation des hommes les uns d'avec les autres, & I'asfignation qui leur fera faite de leurs differens partages, dans cet etat permanent qui fuivra la uisfolution du monde, & qui eft appellé dans Ie dernier article, la vie eternelle, Sansentrerdans des details lur ce que 1'ecriture nous fait entre. voir, relativement aux differens dcgrès de bonheur, ou de malheur qui fera adjugè aux hommes; jcremarqueieulement, qu'on a vouluipar cet article , preferver les fidèles de la contagion de Ferreur de ceux, dont nous avons parié ailleurs, qui diltinguant 1'hommc cn terreftre, animal & fpirituel , croiaient qu'il n'y en avait que les deux dermeres clasles deftinées a 1'imortalité. on a voulu rendre toujours prefente 1'idée, que Dieu aiant cree tous les hommes, les aiant foumis tous au,\ memes Joix dans cc monde, ils etaient 3 5 ausft  282 RESÜRRECTION DE LA CHAIR ausfi tous deftinés a vivre eternellement, tous a être jugésjeij juftice, & a recevoir felon leurs eeuvres foit bien, foit mal. Voila M. FR. les verités imprefcriptibles dont la revelation exige de nous la croïance. Voila la moisfon que l'ecriture offre a nos befoins dans toute fa maturité. voila les trefors de lumiere dont elle nous a rendue l'exploitation facile, & qu'elle a rendu en même tems imposfible de meconnaitre. il eft fans doute d'autres verités qu'elle nous fait entrevoir, il refte fans doute encor quelque chofe aglaner, dans ce champ fecond qu'elle a confié a notre labour. 11 refte encor de veine en veine, des filons ii creufer, dans ces mines incpuifabies qu'elle nous ouvre; mais il faut avoir la vue percante pour Jes faifir & pour les fuivre- Qui M. FR, il en eft de ces verités de plenitude, de furcroit de lumiere, que l'evangile renferme, comme des bienfaits de la nature, dont les hommes font ufage. ils fuivent tous Ja même regie dans Ia preparation de ceux qui fönt de première necesfité, le pain du riche n'eft pas plus pain que celui du pauvre, ce n'eftqu'après avoir fatisfait les premiers befoins, que les hommes fe livrent a Ia diference de leurs gouts dans la preparation des differentes viandes. II en eft de même des verités que l'ecriture nous fait entrevoir, comme appartenantesalafimetrje inférieure de 1'edifiee du bonheur, dont elle ne nous montre en ple'n que les facades : elle n'en a pas parle dc maui.re ii rendre"la diference de leur entente independante de notre optïque, ou imposfible. Sans doute M. FR. c'eft un grand avantaee pour nous, d'en avoir ïlnli le vrai point de  «T LA VIE ETERNELLE. 283 de vue: mais cc bonheur nous autorife-t-ii k condamner ceux, qui peut être, fans:qu'ii v ait dc leur faute, ne fe trouvenr pas fur notre" ligne! Si Dieu ne nous montre certaines chofes qu' h jtravers un miroir, s'il a lui même taillé ce miroir k tant de facettes, ferait eek nous abri, fer toutes celles qui ne s'accommodent pas a notre vue? Dans les dogmes du limbole, la diference dcsfacultés imelleétuelles&idc 1'education n'a point dc prife; fes verités font tellemcnt fondees fur des fentiments imprefcriptiblcs, elles font li fouvent repetées, ciles font ii cvidemment liècs-k la cbaine des verités connues, que la foi loin d'être imposfible, deviem 1'acile & même in volontaire, que ia foi loin d'être le tombeau dc Ik raifon, en devient i'apui. J'cntends ici par Ia foi, cet Aöc de notre esprit & de notre cceur, par lequel lis fc foumettent a I'evidence de plufteurs preuves reünies, par lequel ils fuivent les lumieres & Ie fentiment, Ik ou Ia contramto des fens manque, & nous empechede fuivreune autre route, que celle que nous fommes pour ainfi dire, corporcllcment forcés de fuivrc. & c'eft dans cc fens que Ia foi cn les verités csfeurieücs de PeyarJgile n'eft pas p! us mifterieufe, que celle dc beaucoup de chofes dans Ia vie, que nous reconnaisfons être vr.j'es, quoique nous n'avons pas une connaislanee intuitive de la maniere dont elles exiftent, Les appuis de noire bonheur eternel, ne lont pas plus cachés, que le font ceux do notie bonheur dans ce monde. 11 fe tiouvc dans l'ecriture trois fortos d'ob- jets,  ■. R£ SURRECTION DE LA CHAIR 284 jets, dont elle ajoute la connaisfance, aux lumie-, j'es naturelles, & que nous devons comme dit Je fauveur, que nous devons croireïquoiquenous ne les ai'ons pas vus. Nqus ne voïons pas J. C, & fes miracles, nous n'avons pas entendu de lui la doctrine de l'evangile: & nous devons pourtant ie reconnaitre pour 1'envoié de ciel, pour celui qui nous a tracé la route du falut, & qui nous en a ouvert 1'entrée. Nous ne voions pas la gloire qui fera manifeftée en nous dansl'eterr nité, & nous devons pourtrnt 1'attendreavecasfurance. Nous ne comprenons pas les mifteres de l'evangile, & nous devons pourtant les croir rc. Tel eft 1'empire de la foi auquel nous devons foumettre Ja raifon. Mais faut il renoncer h fon ufage! faut i! cesfer de être homme. raifonnable, pour devenir chretien fidele? Non .M; Fr, la foi n'eft pas 1'enncmie de la raifon. la religion chretienne n'a rien a redouter de fon vcritablc exercice; plus nous cherchons a la fortifier, pips nous appercevons que leurs lumieres loin de s'eteïndre, fe communiquent & fe foutiennent: plusnous cherchons a les reunir, plus nous fentons Ja necesfité de leur accord. II cn eft de ces deux clartès, comme de J'etude de Ja nature, & de Ia connaisfance de Dieu, qui en eft la fuite.Laphiiofophiedit unautheur,quin'eftetudieè que fuperficiellementfait meconnaitre lc createur: Mais cette mémo Philofophie, cette meme etude de lajnature, lorsqu'elle eft aprofondie, mene infailliblornent a la connaisfance & a 1'adoration de Dieu. II en eft t'e meme de la foi: Lorsque nous nejettons que des règards pasfagers fur fon eclat, il eblouit nos yeux fenfuels, mais fi nois cxaminons. attentivement les objets qu'elle nous pro-  ET LA VIE ETERNELLE. 28^ propofe, & les raifons dont elle les apuïc, nous trouvons qu'elle etend la l'pherc- de notre intelligence naturelle : que la trouvant a 1'entrée d'un labirinte obfcur , elle lui tend la main, elle 1'eclaire & lui ferr de guide, la oü la raifon aban* donnée a elle même, n'aurait pu que s'egarer. Et en effet M. Fr. nous ne voïons pas J. Chrift,nous neil'entendons pas lui meme anoncer fa doctrine , nousnele voions pas la confirmer par fes miracles, &nous devons pourtant croire qu'il eft 1'envoiede Dieu, qu'il n'y a pas d'autre chemin qui menc au bonheur, que celui qu'il nous a tracé : qu'il eft lui même la caufe & Fauteiir denotre falut. Mais quelles font les preuves raifonablcs de cette croïance !' Ici on eft autorife a demander k 1'infïdele, quelles font les preuves de fon incredulitè? Car en infirmant ce qui a été cru, ce qui a fait le bonheur des hommes pendant des fiecles, ii donne le droit de s'ecarter de la regie ordinaire des d;scus!ïons humaines, &d'exigcr, que celui qui nie preuve, ou dumoins qu'il detruife les preuves de celui qui affirme. Mais fa raifon cftüci bien plus en defaut, que ceüe du fidele. II y a beaucoup d'evidence pour , & point de clartè contre. Nous n'avons pas vu ], Chrift nous mêmes, mais nous le croïons furie temoignage de ceux qui ont joui de cette vue. Et pourquoi lénierions nous! Les apotres,n'etaient ils pas en etat de faire ufage de leurs fens ! Ne l'ont ils pas vu asléz fouvent, & etant cn asfez grand nombre, pour ne pas pouvoir fuppofer la posfibilité du contraire! N'ont ils pas rendu ce temoignage h leurs contemporains, qui auraient pu les dementir s'il avait été faux! Le fruit qui i^r re.'  --286 RESURREC T ION DE LA CHAIR revenaitl de cet aveu j nous permet ii de croire, qüe 1'interet le. leuraitdiQe ? Non M.Fr; FApotrej Act. 2. difait aux juifs asfemblés, que toute Iamaifon d'lsraëi fache certainement, quë Dieu 1'a fait Seigneur & Chrift, cc Jefus que vous avez crücifiè. lis cn èurent componction de cceur , mais ils ne [centredirent pas. Les apotres portcrent cc temoignage dans les païs lointains, ce fut par feit aide, qu'ils renVerfercnf les Idoics i qu'ils disfipererit les tenebres de Fignorance & de la fuperlFtion : leur predication etait ifcahdale aux juifs5 folie aux Grccs i Cor. I. mais perfonne he Ja difait menfohgerei Aucun des; hiftoriens dc ces Iiecles n'infirmc l'hiftoire dc J. Chrift. lis parient de lui comme d'un homme extraordinaire , qui a caufè une grande revolution dans 1'etat religiëux du monde, & jamais comme d'un être de raifon. lis ne traitent pas fés difciples comme des vifionaires,, Us les accufent de temeritè, cn ce qu'ils s'ccartaient des opinions recues, & jamais ilsjne les accufent d'impofture. Eft cn effet, fi nous n'cntcndohs pas les difcours du fauveur, n'cn voïons nous pas 1'accomplisfcment! Le fceptre oté de juda iors de fa naisfanfe, lui a-t-il etc rendu depuis? Ce temple dont il ne devait refter pierre fur pierrc', a-t-il été rebati depuis! Ccttc nation qui avait été le depofitaire des Oracles de Dieu, & qui cn avait ft fouvent abufè, a t'elJe pu fc fouftralre a ccttc fentence de difperfion & d'avilisfcment, que lc fauveur avait prononcée contre cllea Non M. Fr. fi nous nions des faits pareils, il faut nier toute i'Jiiftoire de l'antiquité. Et quelle contra-* dia**  ET LA VIE ETERNELLE, 28'7 diétionmalicicufe ! On croit fur lc temoignage dc quelques uhs, qu'il a exifté un conquerant, qui a porté le fleau de la guerre par tout, qui par fon ambition a rendu tous lés contemporains malheureux, quoiqu'il n'en ï'cfte plus des tracés; & on rejetterait Ie temoignage d'une infinité de perfonnes, qui asfurent que j: Chrift a voulu porter lc bonheur fur la terre, malgré les preuves evidentcs qui en exiftent encor. L'incomprehenfibilité dc cet evenement n'cn detruit pas ia verité. a Quoi fc reduirait notre bonheur dans cc monde , ii nous né voudrions jouir de ce qui lc compofe, qu'après avoir derer* miné avec certitude, c mmient cette compoütiou fc fait! 11 eft fur que les alimens nous cornervent, mais fi 1'homme ne voudrait cn prendre, qu'après avoir fondè comment ils fe chaugent cn parties de notre éne, nerisquerait ilpasderaourird'inanition! Nos membres obcisfent a notre volonté, mais quels fent lesresforrs de cc rnecanismc ! Sur quoi eft fondè 1'cmpireque l'efprit a fur le corps ? Tout eft miftere pour notre in • telligencc. l'Hommedoit partout croire. cc qu'il ne comprend pas, ii ne lë comprend pas foi même & pourtant il jouit dc fon exiftcuce, ii la croit. Et pourquoi voudrait ii voir plus clair, dans ce qui eft encor plus incomprchcnlible , dansl'economie dc la grace! Nous n'avons qu'a examiner les incomprehehübiiités de la nature, qui ont feu, malgrc notre ignorance, & nous ferons persvadès que les profondeurs de la grace rie font ni moins posfibles, ni moins vraïes. Et certes M. Fr. n'eprouvons nous pas les cftets de cette verité inconccvable ! Celui qui eft chareé  £88 RESURRECTION DE LA éHAIR & travaille j Ie pecheür qui eft affligè par les remords de'la confeience, ne fe fent il pas foulagë en s'adresfant a fon juge, par la mediation de f. Chrift ! Si armès du bouclier de la foi j vous vous prefentes devant le trone de 1'eternel, ft vous frappez votre poitrine , en difant ■, Seigneur fois apaifè envers moi qui fuis pecheur; ne defcendès vous jamais jtiftifiès dans vos maifons! 3S!e vous femble t'il jamais entendre cette voix confolantc* fois appaifé mon fils, tcs pcchès te font pardonnés ? Oui M. Pri nous n'avons qu'a examinèr les c-ffets que produit la foi en J. Chrift, La paix de la Confeience, Pamour du 'bienjque cette foi donne h ceux qui dans I'ordre de falut prefent par l'evangile s'adreslent a lui; Ce bonheur, ce changement des inclinatiohs éft trop rcèl, trop pur & trop elevè, pour ne pasdevoif être un effet invifible cie 1'clprit, comme tant d'autres j dont nous nc pouvons pas douter, malgré que nous ne comprenons pas comment ils fe produifent. Le changementfalutaircque l'efprit a operé par l'evangile, dans 1'etat rcligieux du monde eft trop feniibic, trop recent & trop con■ftatè, pourqu'on puisfe douter de 1'exiftence vifible de celui qui s'eft rendu femblableanous, 'pour fe purifier une eglife faintc,quin'ani tache ni ridc. Pour pouvoir douter du pasfage vifiblë de celui qui a fait defcendre ces raïons de la fagesfe eclefte fur la terre ! Et 1'homme qui refJfe fa croïance_ a des pareils recits, fur des telles epreuves, doit a plus forteraifon envifager comme un tisfu defables, toute l'hiftoire de 1'antiquité cn general, & tous fes evenementsen particulier. II eft donc vrai M. Fr. quoique nous «'aïons pas vu j: Chrift de nos yeux cörpórels' noiig  ET LA VIE ETERNELLE. 289 nonshe pouvons pas refufer de croire , qu'il eft vetru au monde. Si nous n'aveuglons pas volon. taircmcnt iesyeux de notre intelligcnce', nous fommes obligèsde dire comme I'Apotre 1 Jean V. Nous favons que le fils dc Dieu eft venu, & qu'il nous a donnè 1'intelligencc, pour connaitre Ia verité. En fecond lieu, nous ne comprenons pas les mifteres de la revclation, & nous devons pour tant les croire. Nous ne voïons pas la feliciié qu'elle nous promet dans Pavenir, & nous devons pourtant Pesperer avec aslurance. Et faut il renoncer h 1'ufage de fa raifon, pour croire ce qu'on nc comprend pas, & pour attendrel'aproebe de ce qui dans un moment eft trop eloigné, pour être vu clairement par nos yeux corporcls! n'eft ce pas plustot Pexercice de la raifon qui nous prouve la realité des chofes incomprchenfibles? n'eft ce pas le favoir, qui nous rend humbics, en nous faifant fentir toujours plus vivement notre ignorance? Connaisfons nous lesmefures de la terre! Savons nous furquoi font fondès^fes apuis, & quelle eft la pierreangulairequi la foutient? Connaisfons nousle fejour, Ja quaJité de la lumiere, ou celle des tenebres ? Savons nous comment fe forme la pluïe & ia rofée, pour faire pousfer Je germe de Pherbe? Si le rcfultat des recherches des hommes etait vrai, pourquoi leurs fiftemes font ils fi variables! Cette fuccesiion perpetuelle, ce flux & reflux d'opinions, n'eft il pas une preuve que les hommes n'ont pas encor deviné jufte! la continiiité du changement dans les opinions, n'attefte t-elle pas la contiuuité des erreurs ? Nous -ayancons d'age enage,  2pO RESUEREtTION DE L/l CtUIE ajoutant toujours a la masfe des lumieres: nous croïons Jouvent faire des nou velles decouvcrres, & quand nous voulons en faire ufage, nous trouvons que nous n'avons fait que decrire un ceicle, ou même que nous n'avons que changé d'erreurs. Nous lentons tous Pabfurdité du fifteme des Demons, des esprits fiibal ternes , qui devaient avoir crèe ce monde: mais le iifteme d'un ficcle dont on vante tant les lumieres: ce fifteme nouveau, qui cn depit de ce qué dit l'ecriture, a voulu fixer 1'origine & les epoques de la nature, oftret-.'l, moins d'abfurdités! eft il moins ablurde de faire du globe, une masfê dc verre en fufion, de lui donner de milliers de fiecles pour fe refroidir, pour fc condenfer & pour devenir habitablc ? Ce fifteme moderne, n'a t-il pas moins de caracreres dë verité. que celui des creatcurs fecondairies ? Oui IVL FR. le feul fruit r.èel dc toutes ies veilles, dc toutes les meditations humaines, a été jusqu'k prefent- celui de reconnaitre que nous ne favons rien. Et fi dans Ia nature vifible nous fommes environnés de tant de mifteres, pouvons nous nier la profondeur de Ja fagesfe de Dieu, dansl'economie de la grace ? pouvons nous rejetter fes jugemens parcequ'ils nous font incomprehenfibles ? fi dans la creation du monde vifible, nous n'avons pas été les confcillcrs de Dieu; oferons nous entreprendre de connaitre la penfèe de 1'eternel, dans la creation nouvelle, ou dans notre reftauration? pourrons nous nier fes voïes, parcequ'H nous eft imposfibte de les trouver? partout M. FR. partout nous dévons dire avec Job XLU. II yades chofes nop rnerveïlleufes pour nous, nous ne connaisfons rien. Sinon que Dieu peut faire tout ce qu'il veut.  tf lA VIE BTERNEtLÉ", 2QÏ II n.y a presque n'cn dont la certitude, dont 3a radon] a laquelfc perfonne ne puisfe en oppufer une contraire duinoins cn apparence, foit encor dccouverrc: & quelque foit le ridicule dont on a voulu coüyrit cette claslé de philolbphesde Paritiquité.dont la fifteme etait celui de la croïance fimple, il efi pourtant fur,qu'avec les reftnaions necesfaires, il eft le feul quiconyienne a notre imperfeaion. De tous les fiftemes, il n'y avait aucun dont les bafes etaient plus fo. lides que les fienncs. Et les voici M. FR. fi la comprehenlion, difaient ils, etait une fuite dc 1'evidencc, pourquoi Jes mêmes objets, produifent ils des idéés diferentes dans les hommes' pourquoi Ja ciiofe qui fait du plaifir a 1'un, caute t-elle dc la douleur a un autre?pourquoi les tcmperaments des hommes, changent ils leurs gouts & leurs pencliants? pourquoi lc même objet faitil des imprësfions diferentes, fur les differents organes ? pourquoi Ia pomme, parait elle palea la vuependant qu'elle eft douce au gout, & agreable al'odorat? pourquoi le même objet, vu dansun miroir, changc t-il, felon que le le miroir eft dispofe? pourquoi les maladies, pourquoi Iafanté, Iefommeil, la joïe&Iatriftesfe, pourquoi Ia jeunesie &l'age avancé, nous font ils voir difcremment les mêmes objets ? pourquoi les opinions nationales, pourquoi 1'education ou les Ioix' conventionelles, nous donnent elles des diff'e, rentes idéés de 1'honnete, de ce qui eft honteux, du vrai & du faux? pourquoi une figure nous parait elle differente, felon qu'elle eft pofée' loute dempnftran'on difaient ils, eft formé e ou des chofes demontrées, ou d'autres qui nc le lontpomt. fi c'eft des chofes qui fe dementrenr, T 3 ei-  702 RESURRECTION DE LA CHAIR cl les mêmes devront être demontréesjusqu'al'inflrii. li c'eft des chofes. qui ne ledemontrerit póint alors tout le raifonnement devicnt inutile. il faut un caractere de verité, afin que 1'on fache que c'eft une demonftration, & nous avons bcfoin d'une demonftration , pour connaitre le caractere de verité ; or comme ces deux chofes dependent 1'une de i'autre, & que leurprogresfion va jusqu'a Pinfini, elles nous obligentde iuspendre nos jugemens. nous n'ofons doncricii affirmer avec asfurance, mais ce que nousdeclarons, font des objets de notre croïance. M. Fr. fi c'eft lfe langage qui nous convient le mieux, dans ce qui ree-arde les operations de la nature, ne doit il pas kplus forte raifon, nous caraöerifer, lorsqu'il eft queftion de celles de Ia grace? Enfin M. Fr. nous ne voïons pas la felicité que l'evangile nous promet dans Pavenir, & nous devons pourrant Pesperer avec asfurance. Et certes M. FP. ne voïons nous pas des fortes Iueursd'csperance, qui disfipent ces tenebres epaisfes, dont nos fens font environnés a cet egard ? Sans parler des promesfes claires & poluives que Dieu nous en donne, notre raifon ne nous force t-elle pas plustot a la croire, qu'a en douter? Ce Dieu fage qui ne fait rien lans tin but necesfaire, nous aurait il donné 1'idée d'un bonheur eternel, après nous avoir mis dans Firn-» posfibilité de 1'atteindre? Nous aurait il infpire des defirs.qui ne peuvent jamais être acconipfs? aurait il reculé les termes de la perfeftibiiité de notre ame, au dela de ce que le monde renferme ? aurait il rendu notre ame trop perfectible pour cette vie, avec le désfein de la detmire au moment,  ET LA VIE ETERNELLE. 293 ment, que degagéc des liens de la terre, elle prerid fon csfor pour'voler vers fa fphere naturelle? Cette paix de la conscience qui fuit nos efforts vertueux, ne ferait elle pas une anticipation de la remuneration parfaitc, que fa juftice accordera h la vertu ! eft il plus aparent que Dieu fera un miracle pour ancantir fon image, que de croire qu'il trouvera plailïr a conferver eternellement un être indestructible ? Om M. FR. nous n'avons qu'h rentrer en nous mêmes, nous n'avons qu'a envifager ccttc fraycur que nous infpire 1'idée d'un aneantisfement abfolu: ccttc joïc, ce plaifir rèel.que nous donne 1'idée d'un Dieu reconciüè, d'un Dieu pret a nous recevoir cu grace. nous n'avons qu'a comparer les notions que les ouvrages de Ia nature nous fournisfent dc Dieu, & de fes attributs, de nous mêmes ce de notre diftination; nous n'avons qu'avóir 1'influcncc que la vertu a fur Ie bonheur, a la comparer avec ce que l'evangile nous en dit, po'.r nous convaincre qu'il n'y a rien de plus intime que 1'accord de la raifon & de la foi; qu'il faut que 1'homme renonce ii 1'ufage de ces facultès, qour rejettcr Ia croïance de ces veritésesfentielles que le fimbole nous prefcrit, malgré oiie nous ne voïons pas fes objets de nos yeux corporcls: pour comprendre que 1'infidcle risque de toutpcrdre,pendantquelefidclc, courtla chance la plu hcureufe: pournous convaincre qu'il n'ya pas d'autre chemin qui mêne lila vie &al'imortalité.que celui que nous a ouvert 1'a-parition dc notr e Seigneur J.Chrift pariaprcdicationdcl'cvangilci Et ne difons pas M. Fr. ne difons pas qu'une foi appuièe fur le temoignage eorruptiblc des fens, ferait plus inebranlablc. elle n'eft pas celle T 3 qui  204 [resurrection de la chair qui convient le mieux a des creatures douèes d'intelligence. Nous en voïons la preuve dans les difciples de J: Chrift. Ils avaient une foi fenfueüe. leurs fens les forcaientde reconnaitre la puisfance du fauveur, mais ausfi leur foi reftait elle attachèe aux objets fenfuels. Ils attendaient toujours des avantages corporels, un roïaume terreftre, la delivrance vifibie d'Israël. Ce ne fut qu'après que cette vue leur fut otce [, que leur efprit put s'eléver vers ces biens plus nobles, plus: durables que f: Chrift leur avait promis. . Et n'en ferait ü pas de même de nous ? fi nous euslions le bonheur de voir le Chrift, ne demanderions nous pas, que nous en reviendra t'il _? Ne demanderions nous pas d'être asfis a fa droite, de maitrifer cn fon nom lesnations?Mat. XX. Non M. Fr. c'eft meconnaitre la nature de 1'homme, que de croire qu'une foi fondée fur le temoignage des fens, ferait la plus convenable pour lui infpirer cette fainteté de coeur, ces fentiments fpirituels que Dieu exige de nous pour nous rendre heureux. C'eft un effet dc fa mifencorde & de fa fagesfe, qu'il nous a mis dans Ia necesfité de faire jufage dé notre intclligence, pour nous donner Ia croïance en Ia caufe, paria vue, & par le fentiment des effets: pour nous elever a la foi des chofes invifïbles, par les mifteres dont il a couvert celles qui font vifibles. Pour nous donner comme dit I'Apotre, pour nous donner cette foi, qui eft une fubfiftance des chofes qui nous efperons, & une demonftration de celles que nous ne voïons point. . 11 cfi" donc vrai M. Fr. I! n'y a rien de plus intime que Paccord dc la foi, & dc Ia raifon. Ceux  ET LA VIE ETERNELLE. 2.0 f'eux qui ont toujours dit al'intelligcncehumaine de Ie taire,dans ce qui regarde les verités eslentielles de 1'evangile, n'ont pas fait asfez J'honneur a la Religion chretienne: elle n'a rien h redouter du veritable exercice de la raifon. Mais eeux qui 1'ont maldefendue, mal commentèe & mal expliquèc, ont eu raifon de craindre pour leur propre ouvrage. On a fouvent alterè ee don precieux du ciel; les paslions des hommes y ont fouvent melé leur alliage, & l'ont rendu presque meconnoisfable. Mais Dieu n'a pas permis qu'on en efface entieremcnt fon bufte, 11 j'ofc m'exprimer ainli. Au milieu des obfcui itès & des detours de la fcience humaine , on a toujours deeouvert la religion celcfte, & c'eft ciie, quenous avons lc bonheurdevous annoncer dans-notre eglife. Nous n'exigeons pas de vous une foi avcugle. Nous ne demandons pas que vous vous foumetticz a toutes ces opinions particulieres, que les hommes ont entasfècs , & que les paslions, ou un faux zele, ont voulu criger en articles de foi. C'eft aux verités cvidentcs de l'evangile, que nous devons vous rappeller aunoni de Dieu, & li nos perfonnes entrent pottr quelquechofe dans les fonSions dc notre mim'ftcre, nous ne pouvons vous dire , fmon que nous fomincs des vaisfeauxde terre, mais 1'exccllencedes trcfors que nous vous olfrons, vient de Dieu. 3 Cor: IV: 7. Sans doute M. Fr. fans doute c'eft un bonheur, que nous n'avons plus bcfoin de venger la religion du ciel, du ridicule dont une fausfc philofophiea cherchede la couvrir, parccqu'elle 1'avaït confondue avec la fuperftition & avec les -opiniT 4 ons  »9<5> RESURRéGTION DE LA CH AIR ons humaines. Les traits mordants d'une raillerie malicieuse, lancès pendant quelques annèes contre les verités de la foi font epuifès, ils fc jont emousfès, ou plustót ils n'ont fait que rekver 1'eciat de ce rocher inebranlable, contre lequel iis font venus fe brifer. La verité. a fait asfez de progrès, pour que ceux qui entreprendraient defe moquer des verités esfentielles de l'evangile, dans des bonnes compagnies, foïent mcprifès, couverts eux mêmes par un jufte retour, du ridicule qu'ils voulaient jetter fur les autres: & fi 1'on voit encor quelques uns de ces traits moqueurs, qu'emploiaicnt autrefois des foidifants philofophes, contre les verités de la religion, ils ne font plus lancès aujourd'hui, que par des hommes de la derniere clasfe , qui comme des efclaves, ne prennent les hab.'ts & les vïces de leurs maitres, qu'après que ces derniers les ont en quelque forte ufès. La railleric eft dc venue trop generale, pour qu' elle puisfe être un moïen de fe diftinguer par fa nouveauté: Et l'hiftoire de nos jours nous. prouve asfez, que ce mal aïant pasfè par presque toutes les clasfes, ait atteint fa derniere c/ife: & que par une fuite des revolutions cont nuellcs, il difparaitra entierement; que les vrees nous attaquent maintenant par un autre endroit , affin de tenir en haleine des creatures pour qui la fecurité, & ausfi funefte quele peril. Cependant M. Fr. fi nous reconnaisfons la noireeur du menfonge, fommes nous pour cela plus attachés a la verite ? Si nous reconnaisfons 1'abfurdité de 1'irreligion, foinmcs nons pour cela plus  ET LA VIE ETERNELLE. 29? plus arferniis dans la foi ? Prouvons nous par notre conduite, qu'elle eft une puisfance de Dieu au falut! M. Fr. une legere attention, nous prouve, quelerefultat de ces difputes, n'eft presque autre chofe qu'une indiference funefte. Les deux partis exiftent toujours, & la paix qu'ils paraisfent avoir conclue, n'eft peut être qu'un fommeil, la fuite de 1'epuifement, qui fufpcnd pour quelques jours la pourfuite des hostilitès. Oui M. Fr. C'eft furtout de nos jours quenous devons vous dire, n'enchainez pas votre raifon deja fi faible & fi bornéc. Cherchez a la fortifier, deploiès fes facultès ausfi en matiere de foi: alors vous en connaitrez la necesfité. la vue des mifteres de la nature, vous donnera la foi en ceux de Ia grace. Le fentiment de ce qu'elle eft, lui prouvera Ia verité de ce que l'evangile lui promet qu' elle deviendra, elle ne fe croira pas la raifon univerfelle, elle refpectera les bernes, au dela dcsquellcsil ne lui eft pas permis d'avanccr, elle fe foumettra, parcequ'elle ne ipeut pas tenter 1'imposlible. Elle reconnaitra la verité de ce que dit 1'apotre 2 Cor. IV. Si notre evangile eft couvert, il n'eft couvert que pour ceux qui perisfent. Si notre evangile eft couvert, c'cfta dire, non pas fi notre foi eft obfeure, miftcrieufe&chargée de voiles: mais fi falumierenaturelle n'eft pas appercue, fi fon evidence ne frappe point, fi la divinité de fon origine trouve des ennemis: En un mot fi le Chriftianisme eft couvert d'un voile, quiempeche les hommes de decouvrir fa verité & fon origine coleftc, II n'eft tel que pour ceux qui perisfent, dont lés paslions, ou lé Dieu de ce liecIc,ont aveuglé Pentcndement. Voi-  20S RESURRÏ3CTÏÖN BE LK CfiAtR. Voici donc M. Fr. voici Ia conclufion qu? terminera le cours de nos reflexions fur le fimbole des apotres. 1'Homme eft plustót fait pour agir, que pour aprofondir. Ildoitmoinss'attacheraux recherches fpeculatives, qu' a la pratique de fes devoirs. Ses meditations ne le roenent pas bien loin; partout il trouve des abimes dans lésquels fa vue fe perd; mais lorqu'il eft queftion de la pratique, fa raifon & fa confeience lui difent toujours ce qui eft de fon devoir, elles fixent toujoursfa croïance dans cequi regarde fon bonheur. Si quelcun, dit Ie fauveur, fi quelcunveut faire Ia volonté de celui qui m'a envoiè, il connaitra ii ma doótrinë eft de Dieu, ou fi je parle de moi: meme .& 1'apotre propofe k fondifciple, de penfer a Ia fainteté de la vocation que Ia grace de Dieu lui avait adresfèe, comme a un moien infaillible pour augmenter le don de la foi. On peut dire des verités de la foi, ce que 1'on dit de la legiflation humaine. Ce n'eft pas pour les honnetes gens, que les loix font données, ils les refpectent fans être intimidès par les peifies: elles doivent contenir les malfaiteurs. De nième,cenefont pas les fains qui ont pas befoin de remedes, mais ceux qui font malades. &en effet M. FR. ferait ce a la vertu d'être incredu1c ? ce n'eft pas elle qui fe moque de Ia foi, elle en font trop le befoin, elle fe rejouit a favoir que Dieu eft. elle fe rejouit a penfer a cette redemptïon etonnante que Dieu lui h donnée en J. Chrift, a cet esprit faint, qu'il lui accorde, pour 1'affermir dans Ia pieté; elle fe plait a penfer a ce fejour gloricux, oücllc fera clevée après avoir appartenu ici bas h ccttc eglife fainte. Elle trouve  ET LA VIE ETERNELLE. igg ve fes delices dans la certitude que Dieu ae;rèera en J- Chrift fes efforts quoique faibles, & qu'il lui pardonnera fes fautes. La vertu n'a pas befoin de voir J. Chrift en chair, pour croire que fans la fanöification, nul ne verra le feigncur. il en eft d'elle comme des effets de la charité." la charité, dit 1'apotre i Cor. 13. La charité eft benigne, elle n'eft point infolente, elle ne s'enfle point, elle endure, elle croit. de même M. FR. nous n'avons qu'a faire attcntion h ce que nous aprend 1'experience, pour être eonvaincus, que la vertu mene necesfairement h la foi,_& que cene font que les viccsqui menent a 1'incredulité. Pour être convaincus que la vertu mene a cette foi, qui croit que Dieu efi , & qu'il recompenfe ceux qui lc cherchent, Heb. Xh Et quejee ne font que ies vices du coeur, qui mettent dans la bouche de Pinfenfé cê langage detestable.il n'y a point de Dieu. Pf. 14. Puisfe cette foi vive & conftante, nous porter a lapratique du bien : afin qu'eprouvant ici bas la verité des promesfes de 1'ctcrncl, nous yfoïons affermis de plus cn plus. Puisfions nous, nous contenter de ne voir ici qu' cn partie, d'attendre avec patience la manifeftation des chofes , dont nous avons tant de preuves raifonnablcs._ Puisfions nous ne pas être des auditeurs oubheux Jac. I. de la parole, mais la mettre en oeuvre. Afin que nous foïonsheureux dans tout ce que nous ferons; afin qu'après notre mort, nous puisfions voir face a face, celui en qui nous avons esperé, en qui nous a<-ons cru, & par lequel nous lerons fauves. Ainfi foit!  ERRATA. Peg. 4. Ligne 34. infaiallible, L. infaillible.' Pag. 5. Ligne 19. 16 L. 26, Pag. 10. Ligne 19. convertiraint, L. converti- raient. Pag. 13. Ligne 25. reflections L. refiexions. Pag. 18. Ligne 22. feullie L. feuille. Pag. 22. Ligne 11. das L. dansPag. 31. Ligne 3. pour fuivre, L. pouriuivre. Pag. 33. Ligne 25. un feul Dieu. L. Dieu. Pag. 33. Ligne 34. la L. le. Pag. 35. Ligne 4. 4 L. 19. Pag. 37. Ligne 5. potives L. pofitives. Pag. 37. Ligne 24. Guoftiques L. Gnolh'ques. Pag. 37. Ligne 28. tout L. tous. Pag. 38. Ligne 3. manicheins L. manichéens. Pag- 39- Ligne 2. dugnel L. duquel. Pag. 41. Ligne 3. bornc L. borde. Pag. 41. Ligne 28. moifes L. Moife. Pag. 48. Ligne 12. acicompagnaient L. accorapagnaient. Pag. 49. Ligne 4. religeux L. religieux. Pag. 55. Ligne 11. de L. d'un. Pag. 55. Ligne 26. partagaint L. partageaint. Pag. 61. Ligne 27. recourcir L. raccourcir. Pag. 67. Ligne 24. vangence L. vengeance. Pag. 8:. Ligne 30. enuque L. eunuque.  ERRATA. Pag. 83. Ligne 17. le L. la. Pag. 87. Ligne s. Dien L. Dieux. Pag. 90. Ligne 8. et L. eft. Pag. 90. Ligne 11. rigucr L. rigueur. Pag. 91. Ligne 4. ces L. des. Pag. 103. Ligne 22. acceptcr L. excepter. Pag. 107. Ligne 28. impire L. empire. Pag. 110. Ligne 33. minut'ne L. minutieufe. Pag. 119 Ligne 20. pas la L. pas a la. Pag. 128. Ligne 24. terefte L. terreftre. Pag. 131. Ligne 2. il donc a L. il a donc. Pag. 134. Ligne 15. emposfible L. imposfible. Pag. 146. Ligne 3. celui L. celuici. Pag. 150. Ligne 12. Pf. 6. L. Pf. 16. Pag. 154. Ligne 8. ou L. oü. Pag. 169. Ligne 17. faillait L. fallait. Pag. 171. Ligne i8!eL. Ia. Pag. 174. Ligne 15. corp L. corps. Pag. 175- Ligne 34 ou L. oü. Pag. 177. Ligne 15. occafionce L. occalonné. Pag. 178. Ligne 9. fantafies L. fantaifies. Pag. 186. Ligne 17. confidence L. confiance. Pag. 186. Ligne 22. abonde L. abondé. Pag. 186. Ligne 29. 7. L. 8. Pag. 187. Ligne 24 de la L. delk. Pag. 190. Ligne 24. momentancés L. momentanè#s.  Errata. Pag. 193: Ligne 22. , L. & 32. L.,. Pag. 202. Ligne 2. eft L. &. Pag. 205. Ligne 16. recc-uvrir L. recourir. Pag. au. Ligne 6. ennoblra L. ennoblira. Pag. 2i5.Ligne 32. ces L. Ies. Pag. 233. Ligne 14. donné L. appliquè. Pag. 237. Ligne 23. nous L. tous. Pag. 240. Ligne 35. L. foient un enfemble. Pag. 269. Ligne 15. appar nt L. appartient.