LE CORAN PRÉCEDE DE LA VIE DE MA HO MET. TOME PREMIER.  Noms de Libraires Affociës. A AMSTERDAM. D. j. c h a n g ü i o n. b. vlam. j. a. cra yenschot» j. van gulik. c. n. guerin. t. van iiarrevelt. A LEIDE. les Freres murray. A ROTTERDAM. l. bennet. A UTRECHT, b. wild.  LE CORAN, TRADUIT DE L'ARABE, ACCQMPAGNÉ de notes, ET PREcÉdÉ D'UN AB RÉ GE DE LA VIE DE MAHOMET, Tiré des Ecrivains Orientaux les plus ejlimés. Par M. S A V A R Y. *m. _ . A AMSTERDAM, LEIDE, ROTTERDAM & UTRECHT. CHEZ LES LIBRMWS ASSOCIÉS. M DCCLXU V I. T O M E PREMIER.   P R Ê F A C E. Le Coran (i) eft le code des prc'ceptes & des loix que Mahomet donna au* Arabes, comme chef foprême de ]a religion , & comme fouverain. II comprend .cent quatorze Chapitres divifés en verIets. Tous ont destitresqui, tirés fimPJement d'un mot remarquable, ne font point 1'annonce des matieres qu'on y. traite. Tous,exceptd Ie neuvième, onc PPM epigraphe xes mots , qui font le CO Al Coran vient du verbe kar'a (Ure~) Ca mot compofé de ftrdcle al & de Coran, figIlifie laleaurc. Ou doit eenre en Francois 7e Coran l»hen, ÜJ.bro.. mais on ne s VAkoran que Ullibro, paree q„e c'eft répéter Ie meme and? dans deux- Iangues différente,. Perfua^u >l eft toujours temps de s'affrancWr dü joug dun u%e mai établi, j'ai éerk /, Coran A 3  rj P R E' F A C E. figne des Mahométans: au nom de Dien clément êf miféricordieux. Le Coran a pour dograe, lacroyance d'un Dieu unique dont Mahomet eü le Prophéte; pour principes fondamentaux, la prière , 1'aumöne, le jeune du mois Ramadan & le pé'erinage de la Mecque. La morale qu'il prèche eft fondée fur la lui naturelle, & fur ce qui convient aux peuples des climats chauds. Le Coran fut publié dans 1'efpace de vingt-trois ans , partie a la Mecque, pari tie a Medine, & fuivant que le Légiflateur avoit befoin de faire parler le Ciel. Les verfets furent écrits par fes fecrétaires fur des feuilles de palmier, &l fur du parchemin. Auffitöt qu'ils étoient révélés,fes Difciplesles apprenoientpar coeur, & on les dépofoit dans un coffre cü ils refloient confondus. Après la mort de Mahomet, Abu-Becr les recueillit en un volume. Idolatre de fon maitre, regardant comme divin tout ce qu'il avoit enfeigné , il ne s'attacha point a donner au Coran 1'ordre dont il ctoit fufceptible,  PRE'FACE. Vij en arrangeant les Chapitres fuivant Ia date des temps oü ils avoient paru ; il placa les plus longs k Ia tête du recueil, & ainfi de fuite. Celui qu'Ali lat dans l'affemblée du peuple , après la prife de la Mecque, étant le dernier que Mahomet ait public , devroit terminer le volume; il fe trouve le neuvième. Les premiers verfets qui ont été révélés a 1'Apötre des Mahométans, ceux qui devroient commencer le Coran fe trouvent k la tête du quatre-vingt-feiziöme Chapitre. Ce bouleverfement dans un ouvrage qui efl un recueil de préceptes donnés dans différens temps, & dont les premiers font fouvent abrogés par les fuivans, y a jetté la plus grande confufion. Ou ns doit donc y chercher ni ordre, ni fuite; mais le Philofophe y verra les moyens. qu'un homme appuyé fur fon feul génie, a employés pour triompher de 1'attachoment des Arabes a 1'idoMtrie , & pour leur donner un culte , & des loix; il y verra parrni beaucoup de fables, & de A 4  viij P R E' F A C E. répétitions , des traits fublimes, & un enthoufiafme propre a fubjuguer des peuples d'un naturel ardent. La traduition que j'offre au public a été faite en Egypte. Je 1'ai entreprife fous les yeux des Arabes au milieu defquels j'ai vécu pendant plufieurs années. C'eft après avoir converféavec eux.après avoir étudié leurs mceurs, & le génie de leur langue, que j'ai mis la deraière main a eet ouvrage. Si le Coran exalté dans tout 1'orientpour la perfeclion du ftyle, & la magnificence des images, n'ofFre fous la plume de Du Ryer qu'une rapfocie platte & ennuyeufe, il faut en accuier fa manière de traduire. Ce livre eft divifé en verfc-is comme les Pfeaumes 'J.è David. Ce genre d'écrire adopté par les Prophètes , permet a la profe les tours hardis, les expreffions figurées de la poéfie. Du Ryer , fans refpeót pour le texte, a lié les verfets les uns aux autres, & en a fait un difcours fuivi. Pour opérer eet affemblage difForme, il a recours a de froides conjonftions, h des  P R E' F A C E. ix bouts de phrafe qui détruifant la nobleffe des idéés, le charme de la diftion,rendent 1'original méconnoiffable. En lifant fa tradu&ion on ne s'imagineroit jamais que le Coran eft le chef.d'óeuvre de la Jangue Arabe féconde en grands Ecrivains; c'eft cependant le jugement qu'en a porté 1'antiquité. Je citerai a ce fujet, un trait confacré dans 1'hiftoire. Les Poëtes jouilfoient de la plus haute confidération en Arabie. Leurs meilleurs ouvrages affiches fur la porte du Temple de la Mecque, étoient expofés aux regards du public. L'Auteur qui au jugement des connoilfeurs remportoit la pal- me étoit immortalifé. Labid ebnRabia, Eoé'te fameux, y avoit attaché un poème de fa compofition. Sa réputation, & le mérite de fon ouvrage écartoientles concurrens. Aucun ne fe préfentoit pour lui difputer le prix. On mit a cöté de fon poème le fecond Chapitre du Coran;,. Labid quoiqu'idolatre, fut faifi d'admiration a la leclure des premiers verfets, & s'avoua vaincu. A 5  x P R E' F A C E. Cette admiration que la lefture du Coran infpire aux Arabes, vient de la magie de fon ftyle, du foin avec lequel Mahomet embellit fa profe des omemens de la poéfie, en lui donnant une marche cadencée, & en faifant rimer les verfets. Quelquefois auffi quittant le langage ordinaire, il peint en vers majeftueux 1'Eternel affis fur le tröne des mondes, donnant des loix a 1'univers. Ses vers deviennent hnrmonieux & légers lorfqu'ü décrit les plaifirs éternels du féjour de délices; ilsfont pittorefques, énergiques, quand il offre la peinture des flammes dévorantes. S'il eft impoffible de rendre 1'harmonie des fons, & des rimes Arabes, on peut en égalant fon ftyle a celui de 1'Auteur , en circonfcrivant les tableaux dans le cadre qu'il leur a tracé, exprimer la vérité de fes traits , & en offrir une image vivante ; mais pour y réuffir, il ne faut pas unir les penfées qu'il a détachées, en ajouter d'intermédiaires, & faire d'un ouvrage écrit  P R E' F A C E. xj avec chaleur, une profe froide & dégoutante. Maracci, ce favant Religieux qui a pafte quarante ans a traduire , & a réfuter le Coran, a fuivi la vraie marche. II a féparé les verfets comme ils le font dans le texte; mais négligeant ce préceptedu grand maitre: ATec verbum verb'o curabis redelere, fidits Interpres &c. II 1'a rendu mot pour mot. Ce ne font pas les penfées du Coran qu'il a exprimées; ce font les mots qu'il a traveftis dans un latin barbare. Cependant quoique cette traduétion fafle difparoitre les beautés de 1'original, elle eft encore préférable k celle de Du Ryer. Maracci y a joint des notes favantes , & un grand nombre de paffages Arabes tirés des Docteurs Mufulmans; mais comme fon but principal eft la réfutation, il a foin de choifir ceux qui lui fournilfent une plus ample matière. On peut lui reprocher de s'abandonner trop a 1'ardeur de fon zèle, A 6  iij P R E' F A C E. & fans refpe&er le titre d'Ecrivain, de foüiller fa plume par les injures les plus groffières. M. Sale a donné depuis peu une verfion du Coran en Anglois. Je ne fais pas all'ez cette langue pour en apprécier le mérite; mais elle doit être excellente, fi 1'on en peutjuger par fes Obfervations hijloriques Ö3 critiques fur le Malwmétifme mifes a la tcte de la dërnière édition de Du Ryer. Perfuadé que le mérite d'un Traducteur confifte a rendre 1'original avec vérité, je me fuis cfforcé de fairepaffer dans notre langue les penfées de 1'Auteur, avec le colons, la nuance qui les caraflérifent; j'ai imité autant qu'il a dépendu de moi la conciGon , 1'énergie, 1'élévation de fon ftyle ; & pour que 1'image foit reflemblante au modèle, j'ai traduit verfet pour verfet. Le ton prophétique que prend Mahomet fait qu'il s'enveloppe fouvent d'ombres qui lui donnent un air myftérieux; j'ai refpefté cette öbfcurité, aimant mieuxlaifler lapenféeobfcu-  PRE'F ACE. xüj re , que de 1'affoiblir en 1'éclairciffant. Les endroits les plus difficiles font accornpagnés de notes explicatives. Souvent auffi ces notes ne fervent qu'a faire connoïtre le fentiment des Commentateurs, les moeurs des Arabes, ou des faits qui, ayant rapport a 1'ouvrage, peuvent intéreflèr le le&eur. J'avoue que jen'aurois jamais ofé entreprendre la traduftion d'un livre auffi difficile , fi le long féjour que j'ai fait parmi les Orientaux, ne m'cüt mis a portee d'entendre un grand nombre de paffages qui fans cela m'euffent paru 'inintelligibles. L'abrégé de la Vie de Mahomet mis a la tête de 1'ouvrage, eft tiré des Auteurs Arabes les plus eftimés. II fervira a donner une idéé jufte de cethomme extraordinaire, peint comme un monftre par les Ecrivains Grecs & Latins , repréfenté comme le plus grand des Prophètes par les Mahométans. Je me fuis gardé de la partialité des uns, & de 1'enthoufiafme des autres. Pour mettre le Leéteur en état de prononcer avec fagefle fur le LéA 7  Xiv P R E' F A C E. giflateur de 1'Arabie, j'ai rapporté fidèlement fes faits, & non les miracles ridicules que des fanatiques lui ont faulTement attribués. Je terminerai cette Préface en rappro chant une page de la tradu&ion de Du Ryer, & une page de la mienne, afin qu'oa puiffe en faire la comparaifon.  P R E' F A C E. xv LE CHAPITRE DE LA CHOSE JUGÉE. Contenant 45 verjets, êcrit a la Meque. Au nom de Dieu clément & miférij, cordieux. Je jure par 1'Alcoran digne 5, de louange , que les habitans de la Me,, que s'étonnent de ce qu'un homme de leur nation leur enfeigne les tourmens de 1'enfer, il» difent qu'il die des chofes étranges. Quoi , difent-ils , nous mour,, rons? nous ierons terre? & nous retourj, nerons au monde ? Voila un retour bien j, éloigné. Nous favons affurément ce que la terre fera d'eux, nous avons un livre ,, oü tout eft écrit, ils impugnent la véj, rité connue , & font dans une grande „ confufion : ne voyent ils pas le Ciel au}, deflus d'eux, comme nous 1'avonsbati? comme nous l'avons ornê? & comme il „ n'a point de défaut.. Nous avons étendu „ la terre , élevé les montagnes, & avons „ fait produire toute forte de fruits pour „ figne de notre toute-puiflance. Nous „ avons envoyé la pluie bénite du Ciel,  tcvj P R E' F A C E. s, nous en avons fait produire des jardihs, 3, des grains agréables aux moiflbnneurs, 3, & des palmiers les uns élevés plus que „ les autres pour enricbir nos créatures, „ nous en avons donné la vie a la terre j, morte, feche & aride, ainfi les morts forj, tiront des monumeus. Du Ryer, tome » H, page 383. Chapitre L. K. (i). Donné a la Mecque, compofó de 45 verfets. Au mm de Dieu clément &? miféricordieux.- K. J'en jure par le Coran glorieux, Surpris de voir un Prophéte de leur nation, les infidèles crient au prodige. (O Les Commentateurs orft ';di verrement expliqué ces caradtères qui fe trouvcnt a Ia tête de plufieurs Chapitres; les plus habiles pretendent qu'ils font myfténeux, & que Dieu feul en a 1'intelligence.  P R E' F A C E. xvij Viclimes de la mort, difent-ils , lorfqu'il ne rèftera de notre être qu'un amas de pouffière, ferons-nous ranimés de nouveau? Cette réiurreótion nous paroit cMmérique. Nous favons combien d'entr'eux la terre a dévorés; leurs noms font écrits dans le livre. Ils ont traité la vérité de menfonge. L'efprit de confufion s'eft emparé d'eux. Ne voient-ils pas comme nous avons élevé le firmament fur leurs têtes; comme nous 1'avons orné d'aftres lumineux ? y appercjoivent-ils Ia moindre imperfection? Nous avons déployé la terre fous leurs pas ; nous y avons élevé les montagnes; nous avons mis dans fon fein les germes précieux de toutes les plantes. Par-tout une magnificence divine éclate aux regards de nos fidèles adorateurs, & rappèle a leurs cceurs le fouvenir d'un Dieu. Nous verfons des nuages , la pluie bienfaifante; elle fait éclore toutes les plantes qui ornent vos jardins, & les moiffons qui enrichiffent vos plaines.  vnij P R E' F A C E. Elle fait croïtre les palmiers élèvés , dont les dattesretombent en grappesfufpendues. Blies fervent k Ia nourriture de nos ferviteurs. La pluie rend la vie a la terre ütrile; image de la réfurreftion. &c. Le Coran> Urne II, page 306.  A B R E G E DE LA V 1 E DE MAHOMET, TIRE des meilleurs Auteurs Arabes , & des Traditions authentiqucs de la Sonna (i). M ahomet (O honoré parmi les Mahométans du Depuis titre glorieux d'Apötre & de Prophéte , naquit a ta^chme fuivant Mui-re- (1) La Sonna eft une compilatipn de traditions *^*yp^ 1'autorité, chez les Mahométans, eft égale 4 celle de la-nailrance loi orale chez les Juifs. de J- c- ■ (2) Les Arabes prononcent Mohammed , mais ils onc 57^'vant tant de vénération, pour ce nom, qu'ils ne le profèrent r>Hegire.., jamais fans ajouter : Ehiabi , le Prophete , ou RatttiT- 5j. Allah, 1'Apötre de Dieu.  20 Abrégé de la Vie la Mecque CO ™ commencement de la guerre de 1'Eléphant (2). II eut pour père Md Allah , fils SAbd cl Motalkb , & pour mère Ammna, fille de IVaheb, Prince des Zahrites. L'un & 1'aütre tiroient leur origine de l'illuftre Tribu des Coreïshites, la première d'entre les Arabes. Cette Nation la plus jrioufe-, qui fut jamais, de compter une longue fuite d'ancêtres, conferve avec leplus grand foin fes généalogies. Abul-Feda, Prince de Hamalt, un des plus célèbres Auteurs Arabes , nous a donné dans fon hifloire générale, I'Arbre Géüéafcgique de Ja Maifon de Mahomet. II Ie fait defceadre d'Adam, par Abraham & Ifmaèï. Nous nous contenterons de rapportor 1'ordre qu'il établït en remontant jufqu'a ces deux Patriarches. (3) Abul Ca- CO La Mecque efi fituée dans une valide ftéri'e Sa longueur eft d'environ une lieue; fa largeur de Ia moidé Ses environs n'offrent que des déferts & des rochers arides Le puits de Zemzep, que rAnge découvrit 4 A eft la fcule fource dont 1'e.tt foit potable. Les habitans fup. Pleent a cette difette par des citernes oü ils recueillent * Plme. PluOeurs entreprifes pour y conduire les eaux des montagnes voifines n'avoient pas eu un heureux fucces. Une des femmes de Soliman Empereur des Turcs 1 emreprit a fes ft*, & eut la gloire de réuffir. CO Cette guerre fut ainf, nommée, paree que Abraha, V.ce-Roi del'Arabie Heureufe, ayantdéclaré Ia guerre aux Coreislntes , vint, monté fur un Etepbant, pour détruire le Tempte de I, Mecquc. „ péritavec fon armée_ C3j Mahomet ayant eu de Cadige, fa première femme,  DE M A HOME T. Q J fem Mahammed, fils ÜAbd-Allah, fils A'Abd el Motalleb, fils de Hashem, fils tfAbdMenaf, fils de Caci, fils de Kelab, fils de Morra , fils de Caab, fils de Lowa, fils de Ghaleb, fils de /r/zr, fils de Malec , fils de Nadar , fils de Kenana , fils de Khazima , fils de Modreca, fils ólElias, fils de Modar, fils de Nazar', fils de Moad, fils d'Adnan. Jufqu'ici I'Arbre Généalogique n'eft poinc interrompu. Tous les Chronologiftes le regardent comme inconteftable. Adnanïvx un des defcendans Slfma'èl, c'eft encore une vérité confacrée par 1'hiftoire ; mais les Hifloriens rempliflent difFéremment 1'intervalle qui fe trouve entr'eux. Nous ne nous arrèterons point a des difcuflions peu intéreffantes. Eljarra cité avec éloge par Abul-Feda, continue ainfi: Adnan, étoit fils $ Ad, fils d'Adad, fils düElicé , fils üElhomaïcé , fils de Salaman , fils de Nabet, fils de Hamal, fils de Kidar, fils Slfmaël. Ce Patriarche des Arabes chalfé de la Maifon paternelle vint s'établir a la Mecque avec fa mère Agar. II y batit la Caaba (i) 2793 ans avant 1'Hegire. lm fils nommé Elcafem, fe fit appeller Abul-Cafem-Mahanixsd (Mahomet, père de Cafem') fuivant Ia coutume des Arabes qui prennent Ie nom de leur fils aïné. (1) Les Arabes - regardent le Temple de la Mecque comme le premier que les hommes ayent élevé a la gloire de 1'Eternel. L'hifloire place fa fondation 993 ans avant celle du Temple de Jérufalem, c'cft-i-dire, plus de deux mille ans avant 1'Ere Chrétienne : fon nom, Ekaaba le  SS A B R £ GÉ DE LA VlÊ AbttlFcia , Vie de Mahomet, page 2. I ) C«rré, annonce qu'il fut bid dans un tcmps oü les hommes ïgnoroient l'arcbiteclure. Toute leur fcience fe bornoit a élevcr quatre muraUles qui formoient un carré. Tels ont dü être les premiers édifices batis par la mam des hommes. Les Auteurs Mahométans difent que Ie Ciel lui cnvoya Abraham pour Faider a la conftruire. Ces détails font voir avec quel foin les Arabes confervent leurs Généalogies. Le refpect qu'ils ont pour la mémoire de leurs pères, la gloire qu'ils tirent de leurs vertus, leur font une loi de ce foin. Leur manière de vivre, divifés en Tribus, & prefque féparés du refte des Nations, leur rend facile, ce qui feroit impofïïble aux Peuples de PEurope, oü toutes les families fe mêlent, fe confondent. Les Oiientaux mettent leur gloire dans le nombre de leurs enfans. Pour eux, la nailTance d'un fils eft un 'jour de fête. Abd-Elmotalkb voulut célcbrer celle de fon petit-fils. L'Intendance du Temple de Ia Mecque lui donnoit une grande autorité. Cette charge, la plus augufte de 1'Arabie, il la devoit a fes vertus, plus encore qu'a fa nailTance. II raflembla les principaux de fa Tribu, & leur donna un Feflin. Après que les Convives 1'eurenc complimen:é, ils lui demandèrent comment il avoit nommé l'enfant qui faifoit 1'objet de leur joie. Je 1'ai nommé Mahammed, répondit le vieiilard. Ne valloit-ilpas nieux, -reprirent les Convives, lui donner un nom iré de fa familie? " J'efpère, ajouta Èlmotalleb, , que Dieu combiera de gloire dans le Ciel , Pen-  'D E M A H O M E T. «3 „ -font qu'il vient de créer fur la terre, j'ai voulu „ que Mahammed (i) fut le figne de cette efpé,, rance flatteufe. La nailTance de Mahomet , comme celle des hommes fameux qui ont étonné la terre, fut annoncée par des prodiges. Les Auteurs Arabes ne fe lafTent point de les raconter. Si 1'on en croit leur témoignage, a 1'inftant oü il vint au monde, une lumiére brillante e'claira les bourgades & les villes d'alentour; les démons furent précipités des fphères céleftes; Ie Palais de Cofroës fut agité par un violent tremblement de terre , & quatre de fes tours tombèrent ; le feu facré des Perfes allumé depuis plus de mille ans s'éteignit; le lac Sawa (2) fe deffécha tout a-coup. Quoiqu'il en foit de ces merveüles, Mahomet éprouva 1'adverfité en naiflant. A peine agé de deux mois il devint orphelin. Abd-Allah plus célèbre par fa beauté, & la p-areté de fes mceurs, que par fes lichefles , polTédoit la tendrelTe & la confiance d'Elmotalleb. Ce fage vieillard 1'avoit envoyé pour (1) Makummti efl: Ie participe paffe du verbe Hamai, & Cgnifie louê, comblé de gloire. (2) Ce lac qui avoit plus de Gx parafanges de circonférence , portoit de gros navires. II fut entièrement defföché , & I'on y bütit une ville nommée Sawia. Ces derniers événemcns Otant les effets de caufes naturelles 'j ont pu concourir avec Ia naiffance de Kaliomet , fans qu'on puiffe en rien conclure. Elhafei au livre DilatlEliiebou/tt,les preuves de la  =4 Abrégé de la Vie Ahul-Ff ia, Vie de Mahomet. Abul-Feda page 8. Jannab. Ahmedben-Jofepb. j ] 1 I ( O) Les environs de Ia Mecque n'offrant que des rochers arides . & des fahles btufans, fes habitans étoient obligés d'aller acheter au loin leur fubfiftance. Depuis que Mahomet a rendu cette Ville fameufe, depuis qu'il en a fait le fan&uaïre de fa Rcligion, 1'Egypte, la Syrië , 1'Arabie heureufe, la fourniffent abondamment de tout ce qui eft néceiTaire aux commodités de la vie. O) Tatreb ayant donné un afilc a Mahomet fut nommée Wciinet-ElMbi-WaXe, du Prophéte, ou fimplement MeUna-la-VilU. EHe eft moitié molns grande que Ia Mecque, mais fon territoire eft plus fertile. acheter les provifions dont fa ftërile patrie (i) manquoit. II s'avanca jufqu'a Tatreb (V) oü il mourut. II fut inhumé dans 1'holpice SElkareth, oncle maternel $ Abd ■ Elmotalleb. Emporté a la fleur de fes ans, il ne lailTa pour héritage è fon fils, encore au berceau, que cinq chameaux, & une efclave Ethiopienne nommée Baraca. Amana fe chargea fabord d'allaiter fon fils unique; il eut enfuite pour ïourice Tawiba, efclave de fon oncle Abulahab. L'air de la Mecque n'étant pas falutaire pour les ïnfans, on étoit dans 1'ufage de les donner a des iemmes qui les emportoieut a la campagne. II étoit /enu plufieurs de ces nourices. Elles avoient été >ientót pourvues. Mahomet orphelin reftoit. Le >eu d'apparence qu'une mère pauvre payat généreuèment, 1'avoit fait négliger. Halima qui n'avoit oint trouvé de Nourrifion, falla demander. L'ayant btenu , elle 1'emporta dans le défert des Saadites, fon  De Mahomet. SS fon pays. Eile eut pour lui la tendrefled'unemère, Quelques mois après, les affaires de Halima 1'obl^ gerent de retourner a la Mecque Elle mena avec elle fon Nourriffon. Amana charmée de revoir for fils unique vouloit le retenir; mais les inftances de la Nourrice prévalurent. Elle ramena au pays dei Saaditts. Parmi les miracles nombreux dont les Hiftorieni Arabes entremêlent la vie de leur Prophéte, ils citent le fait fuivant avec confiance. Le jeune Mahomet & Mafroub fon frêre de lait, fortis dans Ie campagne, fe livroient aux jtux de leur age. Survïennent deux hommes vêtus de blanc. lis faififlent le jeune Coreïshite, le couchent a terre, & lai ou vrent la poitrine. 'Mafréuh courut raconter l'événement a fa mère. Halima, ignorant les defieins du Ciel, en fut effrayé, & rendit a Amosna le dépót qui lui avoit été confié. Bedam dit que ces hommes vétus de blanc étoient deux Anges, que 1'un d'eux étoit Gabriel, qu'il prit le cceur de Mahomet, le purifia, & le remplit de foi & de fcience. C'eft ainii que 1'aveugle enthoufiafme enfante des miracles qui font recus avidement par la crédule ignorance. II femble que les hommes extraordinaire* ne puiflent paitre comme le refte de inortels. Hercnle, au berceau, étouffe des ferpens» Romulus eft ailaité par une Louve. Gabriel purifia le cceur de Mahomet enfant. Tornt I. E Depris la chute d'A- latn fuivanr. \ bul- F-da.. 6166 Depuii Ia nailTance de J C. ..5S1 *Wan \'hi' g re.. .. sa De Mahonet ... 5 Jannab. Ahmtdbm  A'bre'ge' de la Vi-e ZAhtl-Teda , Vie de Mahomet, pag, Xhnaa'n 'Mul-Ft dn. Depuis la ehute d'A» dam foivant Abul-Feda. én6 Amma s'ücoit chargée de Pédacïtlori de fon fils. A l'age de fix ans elle le mena a Médine oü elle alloit vifiter les enfans d1'Adi, fils &E!najjar fes oncles. Après nvoir paffe quelque temps auprès d'eux, elle retournoit a la Mecque. La mort Ia rurprit en chemin. Elle fut inhumée a Abozva, petite Ville peu diftante de Médine. Abd Elmotnlleb ayant appris ce trifte événement retira fon petit-fils dans fa maifon. II 1'éleva au milieu de fa nombreufe familie, & le chérit comme fes propres enfans. Mahomet jouit peu de fes tendres foins. Abd-Elmotalkb étoit parvenu a 1'extrépe vieillefle, il monrut agé de cent dix ans. Abutakb , frère utérin d'Abdallah , prit fon Neveu fous fa tutelle. II faifoit le comtnerce ainfi que tous les Coreïshites. C'étoit funique reffource des Habitans d'une terre ingrate qui fe refufoit a eoute efpèce de culture. Abutakb apprit a fon élève 1'art d'entretenir, par des échanges avantagcux , 1'abondance au fein d'une cortrée flérile. Lörfqu'il le crut affez inftruit, il le conduifit avec ïüi eu Syrië, oü des intéréts de commerce 1'appelloient. Mahomet n'avoit que treize ans; mais en lui, 1'efprit & Ia réflexion avoient devancé l'age. On s'avatica jufqu'a Bofra (i), ancienne Ville de (i) Cette Viüe appellée par les Crecs Hofr* & par ff» Hébreux Hérfor* ou AJtamt. (La maifon d'fifter) eft  De Mahomet. »p Ja Syrië Dainafcéne. Prés de la fe trouvoit un Monattere dont Babira (2) étoit Supérieur. II domn 1'hofpitalité aux Etrangers & les traita fplendidement, Le Moine habile ayant obfervé avec foin k jeune Coreïshite, dit a Abutakb: „ retourne avec -„ ton neveu k Ia Mecque; mains crains pour lui „ la perfidie des Juifs. Veille fur fes jours. L'avè„ nir préfage des événemens glörieux autfls de ton •„ frère. Cette prédifllofi qui a fait tant de bluft parml les Auteurs modernes, n'a rien de biert merveil. 'leux. Babira put fonder Ie jeune'Coreishite , & decouvrir des indices de ce qu'il feroit un jour. Les lumiéres qu'il acquit lui firent naltre I'envie de firuée environ 4 quatre joumsej aa midide-Damas. AbulFed,, dans fa Géographie en fait la Métropole du pays Les Monaflères ont toujours étéregardésdansl'Orienr. comme ges lieux d'hofpitalité Dans l'Isle de Caadie.ofe lei Turcs leur ont laiflTe de grandes poffeffions, les Voyageurs y font eneore recus, nourtis & coucnés gratuitement. (2) Le Dofteur Prideaux prétend que "Bahba eft Ie même que Sergius, Moine NeSorien. II le faic chaffer de foo Monaflére pour des crimes énormes,' & 1'envoie % Ia Mecque difter le Coran a Mahomet. II eft vrai qu'ü ae cite aucun Auteur pour garant d'une opinion dónt le filence de tous les Hiftoriens contemporain! fait voir il fauSet*. B 3 Depni» li NsifTmce de J c... 591 Avant 1'hegire 40 De Mahomet. 13 Abtd-Fedat_ page ij.  ttt Aisre'ge' de la Vie j * Vlcentlus1 Bellovacen-, fis, Petrus ï'afehaflr.s, JVIartyr Hiftoria Mahumetica,pap. 8. J 1 ; ; 'Jfkul-Teda , |>age 1!, prophétifer. II fit donc une prédiclion qui flattoit fes hótes, qui pouvoit nuire aux Juifs fes ennemis, & qui, fans lui lailTer aucune crainte, lui donnoit 3es efpérances pour 1'avenir. 11 n'eft pas difïicile de faire le Prophéte a ce prix. Nous avons cru devoir ailTer dans 1'oubli les miracles dont plufieurs Au:eurs euthoufiaftes aceompagnent cette entrevue. Nous avons cru devoir taire le fentiment de quellues modernes qu'un zèle contraire égare. * En :ffet le mot Babira fignifiant en Arabe marin, ils font venir le Moine Babira de Rome. lis le bap:ifent du nom de Sergius. Ils Ie donnent pour Précepteur a Mahomet. Ils fétabliflent héros de l'lslamisme , & lui font diéier le Coran a 1'Apótre 3es Mahométans, apparemment fans lavoir l'Arabe. Libres de préjugés, nous avons fuivi la narratiou Omple & fidéle du favant Abu/-Feda, qui s'accorde ivec celle des Hiftoriens contemporains, & nous le-eombattrons point le fentiment de ces Ecrivains sréoccupés , qui fans refpefter la vraifemblance, & le filence de 1'Hiftoire, bathTent fur un mot de lombreufes chimères. Abutakb avoit ramené fon neveu a la Mecque. Héritier de la préfefture du Temple, il y jouiflbit d'un grand crédit. Sa maifon étoit ouverte a tous es Princes Arabes. II y recevoit tout ce que Ia Nation avoit de plus diftingué. Mahomet fe faifoit lijner d'eux par les charmes de fon caraflêre. Par-  de Mahomet. &§ venu a fadolefcerice, on admiroit fa beauté; on aimoit les graces de fon efprit. Ingém'eux dans fes réponfes, vrai dans fes récits, fincére dans le commerce de la vie, plein debonnefoi, plein d'horreur pour le vice, il mérita aux yeux de fes concr toyens Ie furnom A'Eiamin, Vbonwie fur. Telle fut, au rapport de tous les Hiftoriens, la réputation qu'il s'acquit a la Mecque. II la confena jufqu'au temps oü Ie peuple fut révolté de 1'entendre prêcher contre l'idolatrie, & oü les Grands craignirent fon arabition cachée fous Ie manteau de la Religion. A quatorze ans il fit fes premières campagnes. II combattit avec les parens de fon père dans Iesl guerres défendues (i ). II fe diftingua dans les combats livrés entre les Coreïshites & les Kenauites 11 porta enfuite les armes contre les Rwwa* zeniies. Par tout fa Tribu fut vi&orieufe. La paix avoit fuccédé au tumulte des armes. Vainqueurs de leurs ennemis, les Coreïshites fongerent a élever un monument a leur gloire (2). C1) Les Arabes ont quatre mois qu'ils nomtnent fa» CTés , ce fm Moharram, Rajeb, del Caada, del Hajj. Les guerres qui fe font alors font Dommees impies, défendues. O) La garde de la Caaba, dont Ifmaël fut Ie premier Foatife, paHa a fon Sis Nabet. Les Gherjamitu lui fucce-ï B 5 AbtilF cda iage 11. Abul-Fcia ageij.  30 Abri'ge" ds la Vie tLljtHxi, ar LivreiiesRires des cérémonies du peierinage. eh. 68. Mul-Feda, page is. dèrent dans eet emploi Ie plus augufte da 1'Arabie. La violation des lieux facrés le leur fit perdre! Après eux , les Cozaïtes eurent 1'intendancj du Temple. Les Coreïshites Ia leur enlevèient, & la poffedêrént jufqu'au temp* de Mahomet. ( i ) La pierre noire, fuivant !es Auteurs Arabes, étoit éanj forigine une hyscintc blanche. Lurfqu'Abraham & Ifmaël baiilfoient le Tempie, Gabriel la leur apporta. Dans la fuite une femme qui n'étoit pas pure 1'ayant touches, elle perdit f»n éciat, & devint noire. La Caaba ce fanéhiaire antique, dont ils avoient la garde, ne pouvoit contenir dans fon étroite enceinte des Tribus nombreufes. Ils voulurent l'aggraudir. Le Temple fut démoli, & on le réédifia fur le méme plan. Lorsque l'édifice fut élevé a la hauteur oü 1'on devoit pofer la pierre noire, .( i ) ce monument facré fit naitre des différens entre les Tribus. Chacune vouloit ayoir 1'honner de la pofer a fa place. Après bieii des débats on convint de s'en rapporter ao jugement du premier quientreroit dans le Temple. Le hafard y conduifit Mahomet. On le choifit pour arbitre. 11 décida qu'il fa'.loit placer la pierre noire fur un tapis étendu; qu'un homme de chaque Tribu en tiendroit les extrémi" tés, & qu'ils 1'élevèroient tous enfemble. Lors}u'elle fut fuffifamment exhauitée, MahQtnet la prit ie fes propres mains & Ia mit a fa place. On acheta 1'édifice, & on le couvrit de tapis magnifiques.  Uk M a ii o m e t. 31, Rendu a fes occupations pacifiques, Mahomet sYmdioit a contenter fon oncle Abutakb. II étoit a la fleur de rage. Sa probité & fon efprit faifoient du bruit. Cadige, veine riche & noble en enteudit parler. Elle defcendoit comme lui de 1'illuftre Tribu des Coreïshites. Elle faifoit un commerce étendu , & avoit befoin d'un homme intelligent pour le conduire. Elle jetta les yeux fur Mahomet, & lui offrit des avantages confidérables, s'il vouloit fe charger de la direction de fes affaires. II y confentit fans peine, & partit pour la Syrië oü les intéréts de Cadige demandoient fapréfence. (O Maïfara, domeftique de cette Dame Faccompa. gna pendant le voyage. II vendit les marchaudifes ( |) Au rapport de Maïfara cité par Jannab dévot Mufulman, ce voyage fut fécond en marveil es. Tout 18 temps que le voyageur protégé du Cial traverfoit les üéferts brübn's de 1'Arabie, un Ange étendant fes aües le mettoit è 1'abri des rayons du Soleil, 11 marchoit fous eet ombrage miraculeus. A Bofra s'étant affis fous un atbre defféché, i'arbre reverdit, fe couvrit de feuilles & de fleurs. Ce prod'ge operé en préfence de Nelhr & de "Bahha, ces deux Moines, au fujet defquels les modernes ont débité tant de fables, les convertit, & ils raconnurent Mahomet pour Pro;>hè:e. Jannab. Ces miracles atteftés par un dcmeili^ue n'en ont poinr impofé au favant Abnl-Tcda qui , quoique Mufulman, n'a pas voulu faire de la Vie de fon Prophete une raauviife Légende. B 4 AM-Fri*, page  % c t I ƒ f f 1 I 1 I 1 1 1 ] Eh>-ir.i< inm, fepneme tart. ' Eivre 5 Tidiarab des ir.atiè es ca- 3 litufei., ï i i > j -i . Abre'6e' de la Vie ui lui avoient été confiées, fit des échanges avanigeux, & revint cliez Cadige chargé de richefles. ,a réputation de Mahomet 1'avoit prévenu en fa iveur. Son abfence lui avoit paru longue. Le iccès de fon entreprife la combla de joie. Elle ;ntit fon cceur entièrement porté,pour lui, (c'eft expreffion SAbttlFeda). Loin de combattre un penchant légitime, elle 'y livra touie èntière, & offiit fa main a celui qui avoit fait naitre. Mahomet accepta cette faveur vee reconnoifTance. Abutaleb, accompagné des rineïpaux Coreïshites, fit la célébration du maiage. 11 pronot^a cette formule qui mérite d'être apportée paree qu'elie fert a faire connokre les rrceurs des anciens Arabes. „ Louange a Dieu qui nous a fait naitre de Ia , poftérité ü'Abraham öcd'lfmaèl! Louange a Dieu , qui nous a dou.ié pour héritage le territoire fa, cré, qui nousa établis les Gardiens de Ia Mai, fon du pélerinage, & les Juges des hommes! , Mabammed, fils SAbdallah, mon neveu, eft , privé des biers de Ia fortune, de ces biens qui , ne font qu'une ombre paiTagère, & un dépot , qu'on rendra tót ou tard; mais il 1'emporte fur , tous les Coreïshites, en beauté, en vertu, en , inte!ligence,en gloire,& en pénétrationd'éfprit. , Mabatnmed, dis-je, mon neveu étant amoureux , de Cat ige , & Cadige amoureüfe de lui , je  De Mahomet. 33 „ déclare, quelle que foit la dot (1} ndceiTaire' „ pour la conclufion de ce manage, que je me „ charge de la payer. Ce difcours prononcé, Abutakb unit les deux epoux, & donna vingt chameaux pour la dot dti Cadige. On prépara enfuite le feftin nuptial, Sc pour augmenter la joïe des Convives la nouvella époufe fit Q 2 ) danfer fes filles efclaves au fon de9 (i) Les Arabes n'époufoient point de femrae fa!W$ lui afligner une dot dont elle jouiffoir en cas de répudia» tion. Cet ufage fagement établi dans un pays ou la P«H ligimie rigt a de tout temps, a éte confirmé par plufieursi Verfets du Coran, & eft deyenu Loi partni les MahoS métatis. ( 2) Les Egyptifns célèbrent leurs Mariages a peu3 prés de la même manière. Le jour fixé pour la cérémonie , les amies & les parentes de la nouvelle époufe vcmc la prendre a Ia maifon paternelle, & la conduifent em pompa a ceile du mari. Le cortèga eft précédé de Muficiens & de Danfeufes. L» Mariée couverte d'or & de diamans s'avance ft pas lents fous un dais magnifique. Elle eft voilée ainfi que fes campagnes. Lorfque le cortège: eft arrivé ft la maifon du mari, les femmes fe reirene dans 1'appartement d'en haut, d'oü elles voient les hommes a travers des jaloufies. Après Ie feftin les Convives aflis en rond fur des fophas, converfent gtavement, fument, écoutent de la muflque , & s'amufem 4 voir danfer de jeunes filles qui faiOlfent avec une foupleffe étoa* game, les attitudes les plus voluptueust, les pofturet. B5  Abre'ge' de la Vie l i I i < •Jkbnt-Feia. sihmid ben ■ Jofefh. fect ' gtm. eb, 40. ] 1 i 1 \ i Jes plus lafcives. De temps en remps les femmes font entendre leur ei d'aü'greffe Les Mmé, (e'eft-a-dire, Jet Filles Savantes) chantent des ' ers 4!» louange tesnouveaux Epoux, & des hymnes i 1'amour On fe fépare, & le bon Mufulman voit , pour la première ft»s, Ie •Hfag* de fon époi fe. (I) Maracci, vie de Mahomet, page 15, allure que Cad g* mour't a qua^me-muf an.«, & que Mahumet en 3 O ! akus quarame-rrois. I e témoignage de to is les Hiöorieat dêtruit cet.e uffertiot», voyez Jamtab, Ehida, AtHl-ftda, iinballes. Pendant ce temps Mahomet s'entretenoit .vee fes pareus. II n'étoit agé que de vingt-cinq ans (1), Elle :n avoit quarante. Elle fut la première a croire a a miflion , & vécut encore dix an après cette ipoque. Cette alüance enrichiflbit Mahomet. Elle ne 'enivra point. II aima conftamment celle a qui il levoit fa fortune. Auffi long-temps qu'elle vécut, 1 refifla a la loi de fon pays qui lui permettoit d'é>oufer plufieurs femmes. La profpénté ne changea )oint fon cceur. Halima, fa nourrice, vint lui «pofer fa pauvretö. II en fut attendri, & follicifa )our elle la bienfaifance de Cadige qui lui donna in troupeau de quarante brebis. Halima s'en reourna joyeufe au défert des Saadites. Ici l'Hiiroire fe tait. Quinze années de la vie de  D E M A H O al E T. 35 Mahomet font couvertes d'un voile, & répofenii fous le filence. On ignore ce qu'il fit depuis vingtcinq ans jufqu'a quarante. Abul-Feda feul, nous dit un mot; mais c'eft un trait de lumière qui jetto un grand jour fur 1'Hiftoire. Dieu, dit-il, lui avoit infpiré 1'amour de la folitude. II vivoit retiré, & paflbit tous les ans un mois dans une grotte duj mont Hara. C'étoit pendant ces années obfcures que Ie Legislateur de 1'Arabie jettoit les fondemens de fa grandeur future. C'étoit dans le fiience de la retraite qu'il niéditoit cette Retigion qui devoit foumettre 1'Orient. La difperfion du peuple Hébreu après Ia ruine de jérufalem, les guerres de Religion alluméês parmi les Grecs, avoient péuplé 1'Arabie de Juifs & de Chrétiens. II étudia leurs Dogmes» & joignit a ces connoilTances l'Hiftoire de font Pays. L'Eglife d'Orient étoit divifée. Une foule de feftes nées de fon fein le déchiroient. Les Em» pereurs oubliant le foin de leur Empire, mettoient leur gloire a foutenir des queflions de Théologie, tandis que les Perfes, fous les drapeaux de Cosroè's, portoient la flamme & le fer aux portes de Conftantinople. Les Arabes ayant prefque perdvr 1'idée d'un Dieu unique, étoient replongés dans les ténèbres de 1 idolatrie. Le Temple de Ia Mecque un des premiers que les hommes ayent élevé \ la gloire de 1'Ütre fuprême, avoit vu lQuiller iQö £ 6 page 15.  $6 Abre'ge' de la Vie Sancluaire. Ifmaël & Abraham y étoient peints, tenant en main les flèches du fort. Trois eents Idoles en entouroient 1'enceinte. Tel étoit 1'état de 1'Orient, lorfque Mahomet fongeoit a y établir 1'Islamifme, & a rafiembler fous une méme loi les Arabes divifés. Le Conducteur des Ifraëlites leur avoit apporté Ie Pentateuque. Le Redempteur des hommes leur avoit enfeigné 1'Evangile. Mahomet ■▼oulut paroltre avec un Livre divin aux yeux de fa Nation. 11 fe mit a compofer le Coran. Con«oiffant le génie ardent des Arabes, il chercha ylutót a les féduire par les graces du ftyle, a les ^tonner par, la magnificence des images, qu'a les gaerfuader par la force du raifonnement. Un trait ^e politiqUe auquel il dut principalement fes fuc«ès, fut de ne donner le Coran que par verfets, & «lans l'efpace de ving: trois ans. Cette fage précaution le rendit maltre des oracles du Ciel, & il le faifoit pa»ler fuivant les circonftances. Quinze anaêes furent employees a jetter les fondemens de Sbn fyftérae rtligieux. 11 falloit le produire au grand jour, & fur-tout cacher la main qui attachoit au Ciel la chaine des mortels. II feignit de ne favoir ni lire, ni écrire , & comptant, fur fon éloquence naturelle, fur un génie fécond qui ne le trompa jamais, il prit le ton impofant de Prophéte. Numa fe faifoit inltruire par Ia Nymphe Egerie. |>ïaiioai€t choifit pour maltre TArctenge Gabriel..  D E K A H O Ê T. , 37 Le Législateur de 1'Arabie avoit atteint fa quarantiême année; le moment qu'il avoit choifi poui annoncer fa miffion, étoit venu. II fe retira, fui. vant fa coutume, dans la grotte du raont Hara. accompagné de quelques domeftiques. La nuit qui devoit le couvrir de gloire, fuivant 1'expresfion d'AbulFeda, étant arrivée, Gabriel defcendit du Ciel, & lui dit: lis. Je ne fais pas lire, répondit Mahomet. Lis, ajouta FAnge, au nom du Dieu Crêateur. 11 forma Thomme en réuniffant les fexes. Lis au nom du Dieu adorable. LI apprit a Thomme a fe fervir de la plume. 11 mit dans fon ame le rayon de la fcience. Mahomet récita ces verfets , & s'avanca jusqu'au milieu de la montagne. 11 entendit une voix célefte qui répétoit ces mots: ó Mahomet! tu es PApótre de Dieu, & je fuis Gabriel. II refla en contemplation jusqu'au moment oü 1'Ange disparut a fes yeux. Mahomet n'avoit point de confident. II falloit qu'on Ie ciüt fur fa parole. II s'adrelTa d'ab id a fon époufe. Sur de fon cceur, il féduiiït facilement fon efprit. II lui fit le récit de fa vifion , & n'oublia aucune des circonftances gloiieufes qui 1'accompagnoient. „ Ce "que vous m'appren.eas Depuis la cliüred'Adam Tui ar t Abnl-F: da... 6206. Depuis la naiüance de J.C....6SI. Avant 1'Mégire... 13. De Mahomer. .. 40. Ainl Teda , page 14. Elmacin. Le Oran , chap. oü. f. prsm. & fuiv. Abnl-Ttda p page 15 & 16.  si Abre'ge' de la Vie Abmcdben Jcfifh, nage 19. ( i f t < t (1) Vifir vient du mot Arabe Ouzir, qui Cgnifie Confciller. Ali fut le premier qui pona ce titre que les Ottamans donnent au premier Officier de Ia Couronne. C O CaliS' vient du mot K[aJcf fuccelleur. C'eft Ie titre que prirent ceux qui fuccéderent i Mahomêt. Ali, malgré fon adoption, n'obtint le titre de Calife , qu'après Muiter, Omar & Olman. Cette injultice a élevé un fchifme enire les Perfes & les Turcs. Les Perfes regardent les trois premiers fuceeOeurs de Mahomet comme des ufur. patenrs, & n'accordent qu'a Ali le titre de Calife. Les Ottomans fouiiennent le contraire. Dela ces guerres fanglantes qui ont déchiré les deux Empires. , peler a lui. Qui de vous partagera mon emploi, , & iera mon Vifir (1)? Qui de vous veut être , mon frère,mon Lieutenant & mon Calife Ca)"? .es convives étonnés gardoient le filence. Aucun 'eux n'ofoit fe déclarer. Ali iudigné fe leva, & it: „ ó Prophete! ce fera moi. Je partagerai tes , travaux; farracherai les yeux de tes ennemis; je , leur briferai les dentj, & leur fendrai lapoitrine." ?e zèle peu mefuré, ne deplut point a Mahomet. 1 embraffa Ali, & dit, enpréTence de fes parens: , voila mon frère.mon Lieutenant & mon Calife. , Ecoutez-le, & lui obéifiez." Toute 1'aflemMée clatant de rire, tourna les yeux vers Abutakb. "eft a toi défonnais, s'écriat-on, a recevoir ies rdres de ton fils, & a lui prêter obéiflance. Ce' début peu favorable n'arréta pas le nouvel  B E M A H O M E T. 43 Apótre. Inébranlable dans fes defleins, il marcha d'un pas ferme a leur exécution. 11 continua d'exhorter fes parens & (es amis a embrafler 1'islamisme. 11 tonnoit contre 1'idolatrie, & la foudroyoit de fon éloqnence victorieufe. Le peuple trembla pour fes dieux. Les Grands craignirent pour leur puiiïance. La haine fut le fruit de fon zèle. Toute fa familie 1'abandonna. Ses dil'ciples feuls lui reflèrent fidèles. Abutakb foutenoit en fecret les intéréts d'un neveu qui lui étoit cher. Les chefs des Coreïshites vinrent le trouver. Otba, Abufofian, Abugebel, & quelques autres choifis parmi les principaux de Ia tribu, lui parlèreut en ces termes. „ O Abuta„ kb! le fils de ton frère couvre nos Dieux d'op« probre. II accufe nos fages vieillards d'igno„ rance, & foutient que nos pères ont vécu dans „ Terreur. Arréte fes écarts. Réprime fon orgueil „ de peur que la difcorde ne vienne troubler Ia „ paix oü nous vivons." Abutakb parut touché de ces plaintes. II paria avec douceur aux députés, & promit de mettre un frein a la violence de fon neveu. Ses reprélentations furent vaines. Mahomet n'en déclama qu'avec plus de force contre 1'idolatrie. II démontra la vanité des idoles, & 1'abfurdité de leurs adorateurs. Ses difcours étoient femés de traits de lumière qui portoieat le jour a travers les page 10.  44 Abre-ge' de la Vie Ahnl-Ttdn, p«g: 21. I ténèbres dont le peuple étoit environné. Les Coreïshites en furent alarmés. Ils craignirent de voir abolir un cnlte dont ils étoient les foutiens. L'autorité dont ils jouifloient aTabri des autels-, leur parut ébranlée. Ils fe réunirent pour écrafer celui qui en fapoit les fondemens. Leurs Chefs vinrent une feconde fois trouver Abutaleb, & lui tinrent ce difcours: „ Si tu n'impofes filence au fils de ton frère; fi tune réprimes fon zèle audacieux, „ nous allons prendre les armes pour Ia défenfe de „ notre Religion. Les liens du fang ne nous re„ tiendront plus ; nous verrons de quel cóte fe „ déclarera la victoire. Abutakb efFrayé de ces menaces fe hata d'en faire part a Mahomet. II en recut cette fiére réponfe: „ ö mon oncle! quand „ les Coreïshites armeroient contre moi le foleil & „ la lune; quand je verrois ces deux adres, l'un, , a ma droite, 1'autre a ma gauche, je n'en ferois „ pas inoins inébranlable dans ma réfolution.'• Abutakb , convaincu que les promelTes & lesmenaces n'avoient aucun empire fur une ame aulïï Ferme, ne put s'empècher de lui dire: „ que doisi, je répondre aux Coreïshites? pour moi, quoi, que je défapprouve votre conduite , je fens , bien que je ne vous abandonnerai jamais, quel, que parti que prennent vos ennemis." ^ Cependant la Tribn s'étant alfemblée, prononya 'exil contre tous ceux qui avoient embrafle 1'lsla-  de Mahomet. 45 mifme. Le crédit $ Abutakb couvrit Mahomet pour un temps, & l'empêcha d"être enveloppé dans la profcription générale. Le hafard fournit a fon parti un foutien puisfant. II s'étoit retiré dans un Chateau fitué fur le mout Safa. Abugebel (i) 1'y ayant rencontré , 1'accabla d'injures. Mahomet garda Ie filence. Hamza, (2) un des fils d''Abdel Motalkb, connu par fa bravoure, apprit 1'infulte faite a fon neveu. II revenoit de Ia chafie, & portoit fon are fur fes épaules. Bouillant de colére il court a la vengeance. II va droit a l'aflemblée des Coreïshites. II y apper9oit Abugebel, léve fon are, & lui en décharge un grand coup fur la tête. „ Voi- (l) Son nom propre étoit Anima, fils de Hcfliam, fon furnom Abu tl Hocm (Ie père de la fageffe). La haine éternelle qu'il voua è Mahomet, le fit appeller Abn-;ehel, (le père de la folie). Les Mahométans ne prononcent jamais fon nom fans aiomer Laano Allah (Dieu le maudiffe). Abul Feda, Généalogie des Coreïshites. Maracci le confond mal-adroitement avec Gehel, oncle de Mahomet. C'étoient deux hommes bien différens. (s) Les fils üAbi tl Matalleb étoient. Abxtaleb, dont le nom propre étoit Abdmenaf, Zehaïr, Abd'allah pita de Mahomet, Elabbas, Hamza, Elhartt, Gehel, Elmacer.ni Deraz, Abulahab. Les feuls qui fe firent Mufulmans, furent Elabbat & Hamza* Abul-Feda, Généalogie des Careïstütei.  46 Abre'ge.'delaYie la, dit-il, le prix de 1'afFront que tu as fait a mo» neveu." Les Makfoumites s'étant levés précipitainmeut, fe dL-pofoient a repouifer la violence. Hamza, pour les braver, ajouta: „ je vous déclare a „ tous que je quitte les autels de vos Dieux, & „ que je me fais Mufulman." La conVerfion de Hamza fut un triotcphe pour Mahomet. Elle éleva 1'espoir de fes partifans, & abahTa 1'orgueil des Coreïshites. Ils n'osèrent, pendant quelque temps, faire éclater publiquement leur haine. Elle n'en devint que plus dangereufe. lis tramèrent dans les ténèbres la perte de 1'Apotre der croyans. Ils ne cherchoient qu'un homme affez déterminé pour étouiTer dans le berceau la Religion naiffante, en immolant fon chef Le feroce Omar (i) ofFrit fon bras. On encourage fon audace. II partit, tenant en main l'dpée qu'il devroit plonger dans le fein de Mahomet. II rencontra en chemin Naïm qui lui demanda oü i! alloit ainfi armé. Omar ne lui en fit point ïnyftère. Il lui déclara fon defl'ein. „ A quoi „ vas-tu t'expofer , lui repréfenta Naïm * Si tu „ conrmets ce crime, les enfans SAbdmenaf (2) Cl) Omar, dont le nom feul jettoit l'épouvante dans les efprits, fut furuommé Elfaronk, (Ie Divifeur), paree qu'il fendit en deux un Mufulman qui refufoit de s'e» rtpporter a Ia Semence de Mahomet. Eltabar.\ C») tAbdmtnaf étoit le nom propre VAbntalsb,  qe Mahomet. 4,~ „ ne fouffrirörit pas que le meurtvier de leur parent „ foule plus long-temps la terre. Que ne vas-tu „ plutót trouver ta fceur & Satd fon mari. Ils font ,, Mufulmans." Omar, a cette nouvelle, fentit redoubler fon indignation; mais elle changea d'objet. II tourna fes pas vers la maifon d'Anièna fa fceur. On y lifoit le chapitre du Coran , qui a pour titre, T. H. II entendit reciter quelques verfets, & entra. Auffitót qu'on 1'appercut, on ca* cha le volume, & tout le monde garda le filence. Quel Livre lifiez-vous, demanda t-il a fa fceur? Elle refnfa de le fatisfaire. Omar, ne fe poffédant plus, lui donna un foufflet, & lui commanda d'obéir. „ Vos outrages font inutiles, lui répon„ dit Aména. Nous ne pouvons vous accorder „ ce que vous défirez. Daignez nous excufer. Ce „ refus eft une loi néceffaire." Omar, deveau plus calme, fit de nouvelles inflauces, & pronait de rendre fidèlement le ddpót qu'on lui confieroit. Aména ne réfifta pas plus long-temps, & lui remit le Coran. II en lut piufieurs verfets; & 1'enthoufiasme prenant la place de la violence, il s'écria: „ que cette doftrine eft fublime! Combien je la „ révère! Je brüle d'embrafler 1'Islamisme. OCi eft „ Mahomet ? " au Chateau de Safa. C'étoit-la qu'il s'étoit retiré pour éviter la perfécution des Coréïshites. Environ quarante fidêles tant hommes que femmes rafiemblés autóur de lui, s'inftrul. pageïS.  48 Abre'ge'dela Vie foient dans la nouvelle Religion. Hamza, Abubecr & Ali étoient de ce nombre. Le nouveau Prorélyte s'y fit conduite. II frappe a la porte. Ou ouvre. La vue d'Omar couvert de fes armes jetta reffroi dans 1'aflemblée. Mahomet inacceflible a la crainte fe leva, courut a lui, & le prenant par le bord de fon rnanteau le prelfa d'entrer." Fils de „ Kcttab, lui dit-il,avez-vous deflein de refter fous „ ce portique jusqu'a ce que le toit vous tombe „ fur la tête ? Je viens, répondit Omar, croire „ en Dieu&enfonApótre. Iiembraflarislami-rne, & en devint un des plus ^èlés défenfeurs. Sa ferocité ne s'adoucit point. 11 garda fon caraftêre. Incapable de ménagemens, il bravoit, au milieu mêïne du Temple, les Coreïshites aflemblés. La défertion d'Omar, un des plus nobles citoyens de la Mecque, les éciaira fur la ruine prochaine de leur culte. On prit des mefures violentes pour la prévenir. La perfécution devint générale. Trop foible encore pour défeudre fa Religion & fes difciples, Mahomet céda aux circonftances. II permit a ceux qui n'avoient point de familie de fe retirer dans le Royaume d'Abasba (i). La (l) Abasba , antrement 1'abiflii is , t tirê fon nom d'Abasi , le mêrae que Cmh , &U de Canaan , fils de Hm , fils de W- AU tl %«H, dans fon Livre , fur i'excellenee d?s Abiflios, Ab/il*  »e Mahomet. 4 La politique lui dicta ce confeil, C'étoit fe pré parer un refuge dans 1'adverfité. Douze hommes & quatre femmes prirent ce parti. Les plus diftingué: d'entre les transfuges, furent Otman & Rokaïafoï époufe, fillede Mahomet; Zobaïr, fils d'Azvam', Otman, fils de Matoun; Abdallah, fils de Magoud; & Abd el Robman, fils è'Auf ( 1 ). Cette troupe de fugitifs s'einbarqua fur la mer Rouge, & pafla dans les Etats du Najtfbi (2). Le Roi leur fit nu accueil favorable. Ils virent bientót ar Abasha écrit par les Grecs A^ Peuples pénétrèrent dans 1'Abiflinie par 1'Egypte. Ils y fondèrent un Empire, & firent fouvent des incurfions dans 1'Arabie heureufe. Soixante dix ans avant Mahomet, ils y établirent un Royaume dont Ia Capitale étoit Sana*, /ihraha qui en étoit Vice - Roi, enireprit contre les Mee quois Ia guerre de 1'Eléphant. Son arméefut entièrement détruite. Cet événement arriva 1'année de la naiflance de Mahomet. Abd el "Babi. (1) Cette première hégire ou fuite peu connueparmS nous eft trés - célèbre parmi les Mahométans. Elcoda Si Jannab, Ia rapportent a la cinquiêrae anuée de la milfioa de Mahomet. (2) Elnajasbi, mot Abiffin, fignifie Ie Roi. Ce nom étoit commun aux Souverains d'Abilïïnie, comme Pharaon a ceux d'Egypte. Abd el "Babi, Hiftoire d'Abifiinie, pag. 1, chap. 2. C'eft de ce nom mal prononcé que Iet Hiftoriens Francois ont fait celoi de Ntpu. Ttme I. c : Depuis lt 1 chute d'Adam fuivant, AbulFcda. 6208. Depuis IC naiflance de J. C...6as. Avant 1'Héglre g. De Mahomet. ... 4ï, De fa Misfloa. . . 3.  i JUtit-Tc&a, ï>*ge -i- l 'AM-Teia, Vie de Mahomet , pag. aff. Jannab place eet événement deus «ns plas tard. f_i) Les enfans de Hashem formo'ent la familie laplus diftinguée de la Tribu des Coréïshites. Ils prfTédoient 1'Intendance du Temple de ia Mec-iue. Mahomet étoit ie cette familie. ■9 Abre'ge' de la Vie Jafar, fils $ Abutakb. D'autres transfuges le fuïrirent, & leur nombre fe trouva de quatre-vingtrois Citoyens de la Mecque, & treize femmes. Les Coréïshites, pour arrêter ces émigrntions, & pour óter un afile aux partifans de Mahomet, mvoyèrent une Ambaiïade au Roi d'Abifilnie. Ablallah, fils SAbourabii & Amrou, fils iïEtas, ürent chargés de lui porter des préfens, & de lui ■edemander les fugitifs. Ils s'acquittèrent de leur uiffion; mais le Prince étoit prévenu en faveur deï Mufulmans. II avoit écouté avec admiration ceque Jafar lui avoit raconté de 1'Apötre de 1'Arabie. 11 renvoya les Ambafladeurs avec leurs préfens. Ce mauvais fuccès ne rallentit point 1'animofité des Coréïshites. N"ayant pu faire périr fecrétement Mahomet, entouré de zélateurs qui veilloient fur fes jours, ils prononeërent la profcription contre les enfans de Hashem (1 > Le décret pafia au nom de toutes les Tribus. Toute alliance, toute communication leur furent interdites avec le rede des Arabes. Univerfellement profcrits, leur exil ne devoit ceffer qu'a 1'inftant oü ils livreroient aurefTentiment de la'Nation le Novateur dangereux. L'Ar-  De Mahomet. §1 rét écrit fur du parchemin fut affiché dans l'intérieuï de Ia Caaba. Les defcendans de Haf htm tant idolatres, que croyans, ne trouvant plus de füreté au milieu de leurs concitoyens, fe réfugièrent dans le chateau d''Abutakb. Ils y trouvêrent un afile. Abulahab fils de Motalkb, fut le feul de cette familie qui pasfa du cóté des Coreïshites. Les Hashemites de: meurèrent enfermés 1'efpace de trois ans. Les avenues du chateau £ Abutakb étant gardées par les i ennemis, les exilés étoient obligés d'aller chercher i des vivres les armes a la main. Les mois facrés, oü !les hoftilités font fufpendues, étoient le feul temps oü ils jouifibient de quelque liberté. Leur exilduroit encore lorfque le bruit fe répandk, en Abyflïnie, que les Mecquois avoient embra/fé ITflamisme. A l'inftant trente-trois des fugitifs s'ernbarquèrent & pafsèrent en Arabie. A peine defcendus fur le rivage, ils connurent la fauiTeté de cette nouvelle, & fe rembarquèrent fur ehamp. Otmat^ ( i ) AbnUhab, oncle de Marionet fat toujours fon placable ennetni. Om gemil, fon époufe, fille d*Ab»fr. firn, partagea fa haine. Elle femoit des épines dans les lieux oü Mahomet devoit pafler. Le cent onzième cfe«. pitre du Coran les dévoue aux feux étemels. AMehié Cgnifie (père de ia flamme). Ce furnom lui futdormépar •llufion au fort qui 1'attendoit. Son vrai nom étoit JSH §1 Oxx*, Abul-Fiia. C a  i i ] I i 1 i i Abnl-Feda ,1 page 27Jannab. (i) La formule du Diplome commencoit par ces mots In ton nom, 8 Dieu! ces paroles feules demeurèrenr en leur entier; toute le refte fut rorgé. Abufiïd , Abd el Rohman, au Livre El Anonar. Maracci rapporte une autre tradition fur la foi A'Ahmed, Abd el Rabim, oü il eft dit que les vers avoint rongé tous les endroits oü lenom . de Dieu étoit écrit, & lailTé le refte en entier. Ceite tradition rejettée par Elbabar, Auteur de la Sonna, n'a aucune authenticité parmi les Mahométans; mais elle étoit favorable au deflein de Maracci, & il s'cn eft fervi, 2 Abre'ge' de la Vie ils d"Afan, Elzobaïr, fils d*Aivam, & O/man, ils de Matoun, osèrent feuls pénétrer jufqu' a la Vlecque. Les hoftilités continuoient eutre les deux partis. 3n en venoit fouvent aux mains avec des fuccès lifférens. Un événement imprévu fufpendit les disrordes civiles. Le diplome difté par la vengeance les Coreï.bites, fut rongé par les vers. Mahomet 'apprit, & foit qu'il eüt eu part a 1'événement, bit qu'il fut un effet naturel, il feut en tirer pari. „ Mon oncle, dit-il a Abutakb, le ciel adon, né la viftoire a un ver fur le decret des Coréïs, hites. Tout ce que 1'injuftice & la violence a„ voient enfanté vient d'être anéanti. Le nom „ feul de Dieu a été refpefté (i ). Abutakb alla trouver les Coréïshites , & leur raconta ce qui étoit arrivé. „ Si Ie fait eft vrai, „ ajoutat-il, éteignez le feu de vos haines, Ie-  de Mahomet. Si „ vez ranathême Iancé contre nous. Si c'eft une „ irnpofture, je confens a vous livrer mou neveu.,. La condition fut acceptée. On fe rendit au temple. Tout étoit conforme au rapport $ Abutakb. La loi qui profcrivoit les Hasbemites fut abrogée. Rendus a la fociété, ils jouirent de fes droits comme auparavant. Des Hiftoriens, amateurs du merveilleux, placent vers cette époque un miracle infigne opéré par Mahomet. Les chefs des Coréïshites voulant le confondre aux yeux de la nation, avoientgagné Habib, fils de Makc. Ce Prince, agé de cent viugt ans, connoiffoit toutes les religions. II avoit été fucceffivement Juif, Chrétien , Mage. On forca Mahomet de comparoltre devant lui. Le viellard, entouré des Princes Arabes, étoit afïïs fur un tröne au milieu de la campagne. Une foule de peuple 1'environnoit au loin. L'Apótre des Mufulmans s'avance avec confiance vers fon juge, qui lui pr> pofe, pour pruuver fa miffion, de couvrir le ciel de ténèbres, de faire paroitre Ia lune en fon plein, & de la forcer a defcendre fur la Ca** ba. La gageure eft acceptée. Le foleil étoit au plus haut de fon cours. Aucun nuage n'interceptoit fes rayons. Mahomet commanda aux ténèbres , & elles voilen: la face des cieux. II commande a Ia lune, & elle paroit au firmament. E>; C 3  54 At.re'ge' de la Vie le quitte fa route accoutume'e, & bondiflant dans les airs,elle va fe repofer fur le faite de la Caaba. Elle en fait fept fois le tour, & vient fe placer fur la montagne $ Abu-Cobah oü elle prononceun difceurs a Ia louange du Prophéte. Elle entre par Ia manche droite de fon manteau, & fort par la gauche; pnis prenant fon eflbr dans les airs, elle fe partage en deux. L'une des moitiés vole vers 1'orienr, 1'autre vers 1'occident; elles fe rduniflent dans les cieux, & 1'aflre continue d'e'clairer la terre. Ces rêveries inventdes par des vifionnaires, longuement ddcrites par Gagnier, ridiculement combattues par Maracci, & par Ie Doéïeur Pridcaux, font regarddes comme apocryphes par le Mufulznans mémes. Abul-Peda & les plus fages Hiftoriens, loin de les attribuer au Ldgiflateur de l'Olient, n'en ont pas néme parlé. Ils les ont jugdes dignes d'un oubli dternel. Ce filence auroit dü rendre circonfpccts les Ecrivains modernes qui les citent avec emphafe, foit pour exalter, foit pour ddprimer Mahomet. II doit être jugd fur fes actions & fes écrits, & non fur les vifions que lui ont prêtdes des fanatiques. Loin de s'attribuer le don des miracles, il ddclare dans vingt endroits du Coran, que Dieu donne cette puifïance a ceux <^u'il veut de fes ferviteurs, mais qu'il n'eft chargé  de Mahomet. 55 %>t iégiflateur &t w pzêsepfe.  oe Mahomet. 54 qtielle il ofoit combattre les idoles au milieu de leurs adorateurs, mettoit fes jours en danger; rnaii !a mort n'elfraie point 1'ambitieux. Cependant il s' adreflbit plus volontiers aux tribus ctrangères, qu' aux citoyens de la Mecque. Un jour qu'il étoit fur une colline nommée Acaba (1), il rencontra fix habitans d'Yatréb qui converfoient enfemble, 11 s'approcha d'eux, & prit part a la converfation. La grace avec laquelle il s'énoncoit, charma lei étrangers. Ils reconnurent le langagepoli, 1'urbanité d'un Coréïshite (2). Ils 1'écoutérent avec at•tention. Mahomet s'appercevant de l'impreffion qu' il faifoit fur eux, voulut achever de les convain ere. II leur récita quelques verfets du Coran, oü il fait des peintures brillantes de la puilTance divine, & oü il invite tous les humains a embraifer lt culte du feul Dieu de 1'Univers. Les étrangers frap. pés d'admiration, fe foumirent au joug de 1'Iflamifme, & crurent a la mifïïon de Mahomet. L'enthoufiafme qu'il leur avoit infpiré ne s'effaca point, (i) Acaba eft le nom d'une collinc, a peu de diftance de la Mecque. Les enfans de Tafr y avoient une maifon de campagne, o£t Mahomet fe retiroit fouvent, Aint- Feda. C 2) Les Coreïshites formoient Ia Tribu la plus diftioguée & la plus puilTante de toute 1'Arabie, lig psiJokfc* l'Arsbe Ie pliij par & Ie plus élégant, C 6 Depuis Ia chüte d'Adam fuivana Abul-Fcda9 6214 Depuis Ia Naiüance de J. C. . Ó29- Avanrl'Hegue. . . .3. De Mahomet. . . 51. De fa misfion . . 11. Abul-TeJU, page 3e.  éo Abre'ce' de la Vie De retour a Médine, ils devinrent les apotres d« la nouvelle doctrine, & Ia prêchèrent a leur concitoyens (i). La ville étoit partagée entre les Ateafiies Sc les Cazregites. Les nouveaux convertis étoient de cette derniëre tribu. Liés avec les Cofaïdites & les Nadirites, deux tribus Juives, qni ©ccupoient des places fortes aux environs de Médine; ils leur avoient fouvent entendu parlerd'un prophéte, qui devoit foumettre a fon empire toutes les nations de la terre. Sachant avec quelleardeur les Juifs defiroient fa venue, & ayant cru trouver dans Mahomet eet envoyé du Ciel, ils s'é.toiem hatés d'embrafler fa religion, afin de mériter ( ») Lorfque Moyfe traverfolt, a latétedu peuple Hébreu,les Déferts de 1'Arabie, il envoya une arméecoinbsttre les Amalécites qui habitoient Tatreb & l^baibar, & cruelques places voifioes de la Province del Hejax., II leur comraanda de pafler tous les enuemis au fll de 1'épée. L'ordre fut exécuté a la rigueur. Les Ifraë ites ayant jemporté la viöoire, exterminèrent ces Peuples. Ils vinrent enfuite occuper des Villes oü ils n^avoient point laiSfé d' Habitans. Ils en demeurèrent en pofleffion jufqu'au temps oü VsAram ayant rompu fes digues, inonda 1'Arabie heureufo. Ce fut alors, que les, Awajltet & les CofMgitei échappés aux eaux, fe fauvèrent dans \'Hejax. Vs chaffereht ies Juifs d'Yatreb; mais ils leur lailTerent Kbai«W & ptaüeu* autres fortercffes. Ah,l-Fed*% Hiftoire aaiverftUe, pietaiere Partje, au ehgjj, des Amajécitea.  &EMAHOMETV ($1 fes faveurs. Ainfi Mahomet dut ce premier fuccés, autant a Ia politique qu'afon éloquence. L'Hiitoire place un an avant 1'hégire, le fameux voyage no&urne de Mahomet. Les plus giaves Hiftoriens, ceux dont fautorité doit faire loi, le regardent comme une vifion. Mahomet 1'imagio*, pour donner du poids a la nouvelle manière deprier qu'il avoit établie. Nous allons en donner la narration abrégée, d'après Elbekar & Abuboreïra. J'étois couché, dit Mahomet, entre les collines Sava ücMerva (i), lorfque Gabriel s'approchant de moi, m'éveilla. II conduifoit avec lui Elborak (2), jument d'un gris argenté, & fi vite, que 1'oeil a peine a la fuivre dan fon vol. Me 1'ayant confiée , il me commanda de monter; j'obéis. Nous partimes. Dans un inftant nous fümes aux portes dejérufalem. Elborak s'arrêta. Jedêfcendis. & 1'attachai aux anneaux oü les Prophètes avoient coutume d'attacher leurs montures. En entrantdaus le Temple, je rencontrai Abraham, Moyfe, Jéfus. Je fis la prière avec eux. Lorfqu'elle fut finie» je remontai fur Elborak, & nous continuames 110tre route. Nous parcourumes avec Ia promptitude de 1'éclair, l'immenfe étendue des airs, Arri- (i) Ces deus collines.font Otuées pièi de laMecqutv (3), Blfarrt flgnige etinceiiantv Depuis I» hute d'Atiain fuivant Ahd-Fcda, . 61ÏS. Depuis la naiflance de J. C. 630. Avant 1'Hagire ... j. De Mahomet . . 5». De fa Mis» Bon. . . lx. Abul-Fcda s chap. 19 Abnted ben-*Jofiph , hiu\ :bap 4c.  * Abre'ge' de la Vie -vés au premier ciel , Gabriel frappa a la porte. Qui eft-ra, demanda-ton? — Gabriel. — Quel eft ion -compagnon ? — Mahomet. - A-t il recu fa uiiffion?- II 1'a recue. - Qu'il foit le bien venu! A ces mots Ia porte s'ouvrit, & nous entrames. 'Voila ton père Adam, me dit Gabriel. Va le falaer. Je faluai Adam, & il me rendit le falur. Le ciel, ajouta-t-il, accomplifTe tes voeux, ó mon fils Iionoré! ó le plus grand des Prophètes! Nous partimes. Je fuivois mon guide a travers rimmenfité de 1'efpace. Nous arrivames au fecond ■ciel, Gabriel frappa a la porte. Qui eft-la, demanda-t-on? - Gabriel. - Quel eft ton compagnon?- Mahomet. - A-t-il recu famiiTion? — ïl fa recue. — Qu'il foit le bien venu! La porte ï'ouvrit, & nous entrames. ]e rencontrai Jéfus & Jean. Je les faluai, & ils me rendirent Ie falut. •Bonheur! ajoutörent ils, a notre frère honoré, au plus grand des prophètes. Mahomet , toujours volant fur Elborak, toufours conduit par Gabriel, parcourut toutes les ifphêres cdlefles avec les meines cérémonies. Au troifiême ciel, il fut complimenté par Jofeph; au jquatriéme, par Henoc; au cinquième, par Aaron; au fixième , par Moyfe; au feptiéme, il falua Abraham & recut fes felicitations. Dela il franchit me vafte étendue des cieux, & pénétra jusqu'au Lmoê qui termine le jardin de déliees» Les efprits  DeMahomet. é% célefles ne peuvent pafler au-dela. Cet arbre eft ü imraenfe, qu'un feul de fes fruits nourriroit pendant un jour toutes les créatures de la terre. Du pied de cet arbre , fortent quatre fleuves , que rimagiuatïon des Orientaux s'eft plü a embellir. Mahomet, après avoir parcouru toutes les beautés du féjour de délices, alla vifiter la maifon de f adoration, oü les efprits céleftes vont en pélerinage. Soixantedix mille Anges y rendent chaque jour leurs hommages al'Eternel. Les mêmesn'y en-' trent jamais deux fois. Ce temple, bati d'hyacintes rouges, eft entouré d'une multitude de lampes qui brülent fans cefle. Après que Mahomet y eut fait fa prière , on lui préfenta trois coupes reinplies, 1'une de vin, 1'autre de lait, & la troifième de miel. II choifit celle qui étoit remplie de lait. Gabriel Ie félicitant fur fon choix, lui dit qu'H étoit d'un heureux préfage pour fa nation. Après > » 51 »: »' 51 5» rt fe la Mofaab ne lailTa point fon ouvrage imparfarr. Pour afTermir fes ptofélytes dans la foi, il les aména aux pieds de leur Apótre. Accompagné de foixante-trois des plus confidérables, il fe rendit a la Mecque pendant les fêtes du pélerinage. II fit favoir a Mahomet que la nuit d'après 1'immolation des viaimes , ils iroient le trouver au chateau $ Acaba oü il s'étoit retiré. Mahomet les recut a bras ouverts. Elabbas fon oncle étoit encore idolatre; mais le zèle pour fa religion n'avoit point kouffé dans fou cceur la voix de la nature. Conloiffant le motif qui amenoit les nouveaux difci • 'les, il lenr paria en ces termes: „ Citoyens de , Medine, vous favez quel eft Mahomet. Sanais, fance vous eft connue. Nous I'avons féparé du » peuple a caufe de fes opinions. Rien de plsis , avantageux pour lui que votre accueil gracieux; 1 Rien de plus favorable que 1'afile que vous venez lui offrir. Si vos invitations font fincères, foyez fidèles a vos engagemens. Défendez votre foi les armes a la main. Arrachez votre Apótre a la haine de fes ennemis. Mais fi vous devez étre parjures, éloignezle de vous, & ne 1'accueiflez pas pour le trahir." Les auxiliaires répondi nt: „ nous avons entendu, & nous ferons fidèles a notre pafte." Le filence régnoit dans 1'asmblée. Mahomet , pour difpofer les efprits a cérémonie qui devoit s'opérer, fit lire un cha-  de Mahomet. 69 cliapitre du Coran propre a la circonltance. Lorsque la lecture fut finie, il fe leva, & dit: „ Je ,, vous prête ferment, & je vous promets de ne ,, vous abandonner jamais, a condition que vous ,, me défendrez (i) contre mes eöiiemis avec la „ même ardeur que vous défendez vos femmes & „ vos enfans." Si nous mourons en combattant pour toi, demandèrent les difciples, quelle fera notre récompenfe? Le paradis, répondit Mahomet. Etends tamain, ajoutèrent-ils; & il étendit fa main. Alors ils prétèrent ferment d'obéilTance, & ils promirent de mourir plutot que d'être parjures a Dieu & a fon Apótre. Le ciel confirma ces promelTes. „ La récompenfe de ceux qui mour„ ront pour la foi ne perira point. Dieu fera leur „ guide; il rectifiera leur intention, & les intro- „ ( i) Dieu a Permis * ceux 1ni ont re?u des outra„ ges de c imbattre, & il eft puilTant pour les défen„ dre. Le Coran, chap. 22. f. 4°- ce verfet eft, fuivant les Commentateurs, le premier oü Dieu ait permis a Mahomet de prendere les armes pour fa défenfe. Cette permisfion eft répétée dans piufieurs autres verfets. „ O Prophéte! combats les incrédules & les impiei, „ traité - les avec rigueur. L'enfer fera leur afifreufe de,, meure. Chap. 9. f. 74- „ Corabatuz-Ies jufqu'a ce quH n'y ait plus defchis,, me, & que Ia Religion fainte triomphe univerf-lle„ m:nt. Chap. 8. fr. 40. &c. „ Le Coraa, ?hap. 47. r. S.  Le Coran . ch. 9. f. 111. Eb» Tihac t ti Liv e Elanonar, CO Les Awafites & les Cazregices tiroient leur origine d'E/axd, fils de Cohlan. fils de Saba, fils de i'Tesjab, fils de Cothan, (nommé Jotlaa dans Ja Genèfe), fils a'Ebtr. Alitl Veda, Hiftoire umverfelle. Ca) Ebn lihac nous a confervé les roms de ces douze Apóres de l'Islamisme. Les Cazregites: Aead , Saad, fils d'Elrabé, Abdallah, fils de Rtmaba, Rabe', Etbira, ■Mdallah, ftl* d'Otnsr, Obada, Saad, fils d'Obada, Elmmdar.lts Awafites : Ofaïd, Saad, fils de t^houtama, Aafaï. 70 Ab RE'GE.' BE LA VlE „ duira dans le jardin de délices dont il leur a fait „ la peinture." Et dans un autre endroit: „ Dieu „ a acheté la vie & les biens des fidèles. Le para„ dis en eft le prix.... Réjouilfez-vous de votre „ pafte. II eft le fceau de votre bonheur. L'inauguration finie, Mahomet voulut établir la paix parmi fes difciples. Medine ètoit partagée entre les Awafites & les Cazregites. Ces deux tribus defcendoient d'un méme père ( 1). Cette origine commune n'empêehoit pas qu'elles ne fuflent fouvent divifées par des guerres civiles. Le Prophéte permit a fes profélytes de parler, & d'expo» fer leurs plaintes mutuelles. 11 éteignit les anciennes inimitiés, & prècha 1'union & Ia concorde. Enfuite il leur ordonna de choifir douze Princes i'entr'eux pour veiller fur le peuple. Neuf Cazre* p'tes (2) & trois Awafites furent èlus. ,, Je vous » établis, leur dit-il, les répondants du peuple  de Mahomet. 71 avec la inêrne puilTance qu'eurent les difciples ,, de Jéfus, & moi je luis le répondant & le chef „ de tous les vrais croyans." Lorsqu'if eut ainfi ■pourvu aux foins de la religion , il renvoya le» lauxiliaires k Medine. II ordonna a tous les MufuU mans de s'y retirer. II y fit conduire fa familie, 6; n'ayant plus k craindre que pour fes jours, il rentra dans les murs de la Mecque, accompagné feulemeut d\Jbubecr & d'Ali. Jusqn'a préfent nous avons vu Mahomet Iuttant contre fadverlité, oppofer aux inve&ives de fej ennemis, le filence; a leurs decrets violens, la fermeté; k leurs trames, la prudence; & contU nuer, malgré leurs clameurs, a faire des profélytes. Nous 1'avons vu foumettre a 1'Islamisme les Priuces des tribus, gagner par fes émiffaires 1'efprit du Roi d'Abyfiïnie, & fe prèparer par fon adrefle un afile k Medine. Jusqu'ici il n'a paru que derrière un voile. Profcrit a la Mecque, chafTé de Taïcf, environné d'ennemis puiffans, il étoit forcé de couvrir fa marche de ténèbres. Bientót il fe montrera fur un plus grand théatre. Auffi longtemps qu'il fe crut trop foible pour paroltre au grand jour, il n'irapofa point a fes fectateurs la loi de prendre les armes. A peine put il compter fur des fuccès, qu'il fit defcendre du ciel 1'ordre de combattre les Idolatres, & 1'obligation de le défendre jusqu'a la mort. C'étoit a travers millé  jlbul-Ftda. Vie de Ma ■orrut, pag go. (i) Des Auteurs amis du Merveilleux difent que i* Diable entra au confeil , fous Ia fornie d'.n vieillard, & combat.it tous les a.is qui ue tendoieut pas a H mort; ils ajoutent ^Abugehd ayant prononcé la peine capitale , le vieillard applauait , & que 1'Arrêt pafia dMae voU unanime. r2 AbRE'GE'dELaViE ïcueils qu'il dtoit parvenu au point de pouvoir rourner contre fes ennemis leur haine & leurs coraplots. II profita de la circonftance. En rentrant a ;a Mecque il risquoit fa tête; mais s'il dchappoit au fer de fes ennemis, il dtoit für d'être recu en iriomphe a Medine, & devenok maitre de la v.enEeance. II ne balanca pas a prendre ce parti dangereux. Ce qu'il avoit prdvu arriva. Les Coréïshiïes favoient fes liaifons avec ies habitans de Medine. La fuite de fes difciples & de fes proches, les avoit inftruits fur fes deiTeins. Recu a Medine, il pouvoit armer contr'eux deux Tribus puilTantes. Cette crainte leur fit prendre un parti violent. Ut rdfolurent d'dtouffer 1'ennemi de leurs Dieux, & de leur puiflance. On s'alTembla. On tint confeil (O Tous d'une voix concIurent * l»m°rt' Afin de ne pas attirer fur eux feuls 1'inimitid de la familie redoutable des Hasbemites, il fut ddcidé qu'on choifiroit un homme de chaque tribu , & que t«us enfemble poignarderoient le coupable. L'ex-  be Mahomet» L'exécstion de f arrêt fanglant fut remife a la naic fuivante. Mahomet, inftruit du fort dont il étoit menacé, en fit part au généreux Ali. Il lui confia un depót precieus, avec ordre de ne le rendre qu'a fon maitre. II lui commanda de coucher dan* fon lit , revêtu de fon manteau verd, & fortit. Ayant trompè la vigilance de fes alTaflins, il fe reu» dit a Ia maifon SAhubecr. „ Le moment eft venu , „ lui dit Mahomet; il faut fuir. Le ciel 1'ordon- „ ne. Suivrai-je vos pas? Suis-moi. Ils partirent, ^yant pour guide un jeune Idolatre nommé Abdallah* Les ténèbres favorisèrent leur fuite (i). Cependant les aflafEns avoient entouré Ia maifon du profcrit. Chacun d'eux, lepoignard a Ia main,. n'attendoit pour frapper que rinftant oü il feroit, livré au fommeil. N'ayant appercu qu'Ali revêtu du manteau verd de Mahomet, ils attendirent le (i) Cette époque ü célêbre parmi les Maliométat» efl nommée Heglre du mot Arabe Hejara, qui fignifie fuite. C'eft 1'Ere (*) des Orientaux; c'eft d'elle qu'ils datent leurs événemens. Elle arriva la douzième annéa de I'Empire d'Héraclius. Ahil-Feda, au chapitre des Empereurs Romains; Atul-Faraj, au Livre de la démon» flration; Theophanes dans fa Chronologie, page 256. (*) Le mot Ere eft auffi Arabe. II vient d'Erkié, qoi fignifie un temps marqué, une époque, Tome I. D Depuis la tüte d'Alam fuivant V>«l-Ted2I6,  Depuis la nailTance de 3 C....631. Avaatl'Hégire c. De Marionet..... 55. 'Abul-Fcda, page si. (1) Les Mufulmans devots qui ne veulent pas qu'une feule action de Ia vie de leur Prophéte fe foit pafTéefans sniracle, difent qu'il avoit endormi fes afTaflins, en leur jettant de la pouffière fur latóte, & en récitant quelques ■verfets du Coran. O) Quelques-uns d'eux prits a pénétrerdanslagrotte , s'appercurent que 1'entrée en étoit fermée par des toiles d'araignée, & qu'une colombe y avoit dépefé fes ceufs. A cette vue ils retournèrent fur leurs pas. Ce prétendu miracle accrédité parmi les Mahométans , leur a laiffé nne grande vénération pour les colombes. ?4 Abre'ge' >e la Vie natin, afin de ne pas confondre 1'innocent avec le conpable. Ils fe croyoient furs de leurvictime(i). Le jour éclaira leur erreur. Ils s'appercurent. que Mahomet s'étoit échappé; & comme ils n'avoient pas ordre de verfer le fang d'Ali, ils le laifsèrent pour courir après leur proie. Ils fe répandirent fur le chemin de Medine ; mais Mahomet ayant prévu qu'il feroit pourfuivi, avoit pris une route détournée. Retiré dans une caverne du mont Tour, fituéeaumidi de la Mecque, il y refta trois jours, pour laifler pafler la première ardeur des conjurés (2.) H eu partit le quatrième, & fuivant les cótes de la mer rouge, il marcha vers Medine a grandes journées. Abubecr & Abdallah étoient les feuls compagnons de fa fuite. Soraka, fils de Malec, un des meilleurs écuyeurs de 1'Arabie, fuivi d'une troupe d'êiite, atteignit les fugi-  de Mahomet» 73 tifs. - II avoit devancé fes gens, & couroir, la lancea Ia main, fur Mahomet. „ Apótre de Dieu,' „ s'écria Abubecr, voici le perfécuteur. Ne crains „ rien, lui dit Mahomet, Dieu eft avec nous. " Puis fe tournant tout a-coup vers fon ennemi , il lui cria: Soraka, A ce cri, le cheval efFrayé fe renverfe par terre; Ie cavalier étourdi de la chute, croit voir du prodige dans un événement tout na. turel; il demande grace, & conjure l'Apótre de» croyans d'implorsr le ciel pour lui. Mahomet prie, & Soraka eft fauvé. La générofité Tem. porta fur la vengeance. II arréta la fureur de fes fatellites, & leur commanda de fe retirer. Le Prophéte, fi l'on en croit fhiftoire, lui fit cette prédiaion (1.) „O Soraka ! quel fera un jour „ ton maintien, quelles feront tes penfées, lors„ que tes bras feront décorés des bracelets de „ Cofroës Parviz? " Echappé au péril, Mahomet (1) La quinzième année de l'Hégire les Généraux $Omar, ayant remporté une célèbre viétoire fur TesAtgcrd, dernier Rei de Perfe, apporiè.-ent au Calife les bracelets & le diadéme de mallieure^x Prince. Omar üt appeller Sorata qui étoit alors Mufulman , & pour lui montrer combien il honoroit fa bravoure , il le revêtit de ces ornemeus. Ce fut un fpeéhcle amüfant de voir les cheveux gris du guerrier Swaca , & fes brss couverts de pott, contrafter avec Tor, let perlesik les di*» mans. Janaat, D s lag.SifcSS»  ^/Üml-Feaa , page 58. Jtunai, 'Aittl- Fcda g •ige 53. Jannab , P'ge 74Elbckar, O) Le Dscteut rrideaux, emporte par fon zèle , dit '5 AlRE'GE' DE LA VlE continua fa route, & arriva a Coba, bourg fitué prés de Medine, un lundi, Ie douze du mois Rabié premier. Coultoum, fils de Hadam , le logea dans fa maifon. 11 y demeura trois jours, & avant de fortirde Coba, il jetta les fondemens d'une mosquée qui fut nommée Eltacoua, la piété. Le vendredi, il fit fon eiitrée a Medine. Le peuple vint en foule au-devantde lui. L'Apótre des Mufulmans s'avancoit fous un dais de feuillage porté par fes disciples. Chacun fe disputoit 1'honneur de le loger. Les auxiliaires far-tout, le prefibient d'aceepter un appartement dans leurs maifons. Quelques-uns prenant Ia bride de fon chameau, 1'entrainoient vers leur deineure. LaiiTez le aller, leur difoit-il, c'eft un animal fantasque. Enfin, le chameau s'arrêta devant 1'étable des fils HAmrou. L'Apötre dtscendit, & fetjdant la foule, alla loger. zhezAbou Aïoub auxiliaire. Son premier foin fut de coufacrer par Ia religion Ie lieu oü il avoit mis pied a terre en entrant a Medine. II fit venir M*adb, tuteur de Sabal & Sohaïl, a qui ce terrein appartenoit, & leur en fit propofer le prix. Les deux orphelins étant riches, voulurent lui en faire don. II refufa leur offre, & Abubecr paya Ia forum e dont on étoit convenu  De Mahomet. J> , Auffitot qu'» eut acheté ce terrein, il y fit ba tir une mosquée & un hotpice pour fe loger. II j travailla Iui-möme. Son exeraple encouragea le Mufiilmans. Tous voulurent avoir part au fain ouvrage. L'édifice fut achevé dans 1'espace d'on ze mois. Pour s'attacher Ababecr par tous lei Hens, il avoit époufé fa filleAtesha encore enfant Son extréme jeuneffe ayant fait différer la cérémo. nie du mariage, il le confomma huit mois après 1 Hegire , lorsqu'elle n'avoit encore que neuf ans O). II fit batir a fa jeune époufe une maifoa a cóté de la fienne. II eut cette attentiofl pour tou. que co terrein appartenoit a deux orpheljns, que Mahomet le leur enleva par vlolcrtce , & les en chafi avtfÈ inhumanité. . Vie de Mahomet, pag. ns. < te Doéteur Prideaux n'a cité aucun Auteur pour apw puyer un fait qui avoit fi grand befoin d'autorités. AbuU Feda, Jannab, Eltokar, difent poli ivement le contraire. Ils aflurent que Mahomet refufa le don qu'on voulut lui faire de ce terrein. Mmed ben Jofefb ajoute quVi«i«r en paya le prix. Mahomet étoit trop politiqHe pour commettre une injtiftice criante en entrant a Medine. tes ambitieux ne font peint injuftes quand ils ont tam d'iatérét de parolire équitables. CO La chaleur du elfmat de 1'Arabie rend Ie femme* nubiles a cet age. tes Cophtes, anciens habitans de 1'Egypte, époufent fouvent des filles de fix & fept ans. Iir les élévent chez eux jusqu'a l'age oü elles fontnubilejsl alors ils accompliilent la cérémonie du mariager DS r i t : Abnl-Ttdai Vie de Mahomet, pag. 53.  1 4 * i J < i j page 53 "Jannab, p» 7i> (1) Mohageriens viert de »; * roles que le Ciieur fait entendre au peuple du haut de»s JMinareisj au lever de 1'aurore, a midi, i troisheurej*.' »H coucher du foleil & environ deux heures 'après.- r Abul-Tei*1^ «ge SSi-  I li •jut Coran , eh.s. p. 3- > 4«a. prem. t » i«o. I {Befcription de 1'Arabie ®H* SS* \ Alnï-Veda ? p3ge 56. ; EinUbtik, * LeCe©. graphe el Edri%  'JDtHl-fedti 3 3/unuiK- 5*4 Abre'ge' de ia V'rE: les Coreïshites dans ce pofte avantageux. Us netardèrent pas a paroitre. Afiis avec Abubtcr fous ifa dais de feuillage que fes foldats lui avoient élevé , il s'écria ; „ Seigneur! voici les idolatres,. „ L'orgueil & Ie faile accompagnent leur pas. lis viennent pour accufer ton- Apótre d'impolture» „ Seigneur, envoie-moi le fecours que tu m'as „ promis Les deux années ne furent pas plutót en préfenee , que du cóté des Coreïshites, Otba, Sbaïba & Walid , defcendirent dans 1'aré* ne. Mahomet envoya1 contr'eux Qbaïda, Hamza & Ali. Les rivaux en vinrent anx mains & com> battlrent vaillamment pour foutenir 1'honneur de leurs partis. Hamza & Ali, vainqueurs de leurs adverfaires, coururent au fecours tfObaïda, qui-,. quoiqu'il eüt eu le pied coupé, fe défendoit courageufément. lis renverférent fon eanemi , & le lailTérent avec les deux autres, étendu fur le fable. Ce fuccès fut d'un heureux préfage pour les croyans. Us conjnrèrent leur Apótre de ne point expofer fes jours, & d'lnvoqusr le ciel tandis qu'ils combaosroient. 11 parut céder a leurs inftances. Les deux croupes animées également par la haine & le fanatifme , fé chargèrent avec fureur. Les idolatres étoient trois fois fupérieurs en nombre, mais Mahomet commandoit les croyans. Tandis qu'ils repouflbient avec avantage les efforts de leurs ermeTgtö, 11 udreffoit au ciel cette prière; „ 3eigaeur4  D" e Mahomet.- 5 ». fi tu laifles périr cette annéè, tu ne feras plu „ adoré fur la terre; Seigneur, accomplis tes pro „ rnelfes. ". Tout-a coup il fe léve & s'écrie triomphe! Abubecr , triomphe ! Voici le fecour du ciel. 11 fembloit voir les efprits céleftes vole a fon fecours. Son vifage étoit radieux. 11 cour a la téte de fes guerriers; il leur annonce Ie fecoun divin, & porte dans tous les cceurs Tentliouilafm» qui l'enflamme. Les verfets fuivans les avoieni difpofés a toutcroire. „ A lajournéedeBeder... „ lorfque tu difois aux fldèles, ne fuffit-il pas qu< „ Dieu vous envoie un fecours de trois mille an „ ges? Ce nombre fuffit fans doute; mais fi vous „ avez la perfévérance & Ia piété .... il fera vo. „ Ier a votre aide cinq mille Anges ". Les Mufulmans s'imaginant que les milices du ciel combattoient a leurs-cótés, fe-crurent invincibles, & firent des prodiges de valeur. Leur Général,ma{tre de fun ame au milieu de carnage, s'appercut que les idolatres. commencpient a plier, & s'avifa d'un nouveau ftratagêine. II prit une poignée de pouflière , & la, jettanr contre les Coreïshites-.; „ que leurs yeux-, s?écria-t-il, foient couverts de „ ténèbres. Courage , compagnons. Chargezlés „ ennemis. La victoire eft a vous ". A ces mots, les Mufulmans firent un dernier effort, & renver* fèrent touc ce qui réfiftoit encore. Les eouemjsJ ft t> Le Coran, ch. 3. p.öSi torn, prenir-  II Abre'ce' de la ViB f 1 1 JlUl-Teda, pag. 5p. ! i ] I < Le Coran ch. 3 p.öS.j toin. prem. «. ■ ■ ' < 1 1 1 1 -Ijl '1 rirent Ia fuite. La viétoire (1) fut complette, & n riche butin demeura au pouvoir des vaiuqueurs. Les Coreïshites laifsèrent foixante-dix, hommes ur le champ de bataille. Un pareil nembre fuent faits prifonniers. Vingt-quatre de leurschefs, >armi le£quels fe trouvoit Abugebel, périrent dans e combat. Mahomet les fit jetter dans une fofle. I ne perdit que quatorze foldats, qui re9urent le itre glorieux de martyrs. II attribua la gloire de ;ette journée au Tout-puiffant. „ A la journée de Beder, dit-il , oü vous étiez , inférieurs en nombre, le Tout-PuilTant fe hata , de vous fecourir. O) PIuGeurs Hiftoriens Arabes attribuent cette viftsie au miracle. Des Anges vêtus de longues robes flotantes, portant des turbans jaunes, montés fur des cheraux tachetés de blanc & de noir, combattirent a la tête les croyans. Getal Edd'm. Deux Idohltres qui obfervoient Ie combat duhantd'ule colline, appercurent un nuage qui renfermoit des es:adrons d'Anges. Us entendirent les henniffement des rhevaux & la voix de Gabriel qui crioit: approche , laifium ( c'étoit le nom de fon cheval ). L'un des curieux ut percé d'un trait; l'autre manqua de mourir d'effroi. Itbn. Ishae. Tei étoit l'empire de Mahomet fur l'esprit des Arabes , m'ils attribuoient au miracle des fuccés dus au fanatisme pfil övoit leur iHfpirer,  de Mahomet I7 . „ Lorfque yous hnplorates fafliftance du Trés„ Haut, il répondit: je vous eaverrai un fecours „ de mille anges. „ Ce n'eft pas vons qui les avez més, ils font tombés fous ie glaive du Tout-Puilfant". C'étoit en nourrilfant dans le cceur de fes foldats, 1'idée d'un Dieu protecteur de fes armes, qu* il les rendoit invincibles. Ali fon élève, agé de vingt-deux ans, donna dans ce combat des preuyes de cette vaillance, qui le fit regarder comme le Mars de 1'Orient. II tua fept idolatres de fa propre main. Mahomet demeura trois jours fur le champ de bataille. Les différens qu'occafionna Ie partage des ddpouilies , lui fit promulguer cette loi: „ fouvenez-vous que vous devez la ciuquia„ me part du butin a Dieu, au Prophéte, a fes „ parens,aux orphelins, aux pauvres & aux voya„ geurs". Parmi les prifonniers, fe trouvcrent Elnadar & Ocba , fes ennemis implacables. II leur fit tranchér la tête. II retourna a Médine, oii il fut re9u en triomphe. La nouvelle de fa victoire fe répandit dans toute 1'Arabie. Elle paffa les mers. Le Roi d'Abyflinie (1) en étant inftruit, (1) AufiJ tdt qne le Roi d'Abyffinie eut appris la défaite des Coréïshites a "Beder, il descendit de fon Tröae, fe couvrst d'un doublé manteau, s'afllt a terre , & gs.vanir- J*fnr & fes compagnons. Qui de vous, leiu; ■ Cb S.p iSe, tom. prém. Ch S.p i&i. tom. preta. le Corï» cb. 8.p. 184, tom, piem»  t$ A'BRE*G-E' Dl LA Vtt jfbul- Feda jHace cet e-1 sWnement la feconde anliée del'Hé-< gire. Jannab, El-( cc-aa, Elma-\ tin, lerejettent a la troi-' flème. j < i < I i I i demandat il.counoït Bedtr' Nous connoifions parfaitement cette vallée, répondirent les fugitifs. Et moi auffi, eoniinua le Prince. Berger autrefois , j'y gardai les troupêaux , Ie long du rivage dé Ia mer (_E!najashi, chafTé de fon royaume , s'étoit refugié en Arabie fous Fhabit de Berger): hé bien, ajouta t-il, le Tout-Puisfent a fecouru fon Apótre a Bedtr. II lui a doimé Ia! viétoire fur fes encemis. Rendez-lui des actions de gra> CCS. Abu Seïd au Liv. Elamnar.- Cl) Un Orftvre de la Tribu déCaïnua avoit fait fobif' na traitement indigne a une femme Arabe qui vendoie hornet n'y put tenir. lis font a vous, dit-il, a Abdallab. Les Juifs eurent la vie fauve, mais leun biens furent partage's entre les vainqueurs. | Abufofian après Ia défaite de Beder, avoit jur£ qu'il ne fe parfumeroit, & n'approcherou de fei femmes, qu'après avoir livré un fecond combat i Mahomet. 11 fortit de la Mecque avec deux een; chevaux, & vint camper a trois milles de Médine A cette nouvelle, 1'Apótre des Mufulmans monti i'éleva cnire les deux Partis. Mahomet fe rendit a leur quartier, & leur propofa d'embrafler 1'Ifiamisme pour ebtenir le pardon de leur crime. Ils refusérent opiniitrement. On prit les armes contr'eux. Tel fut, fuivant Jannab, Ie fujet de cette guerre. ([) Abdallab, fils de Stlul , Prince de la Tribu des Catngius, fut tantót 1'ami, tantót 1'ennemi de Mabomet. II contraria ou fervit fes projets, fuivant les cireonflafices. Son obflïnation ft refufer de fe faire Mufulman r lui fit donner le nom d'incrédule. Piufieurs OfSciers d» Prophéte lui proposèrent d'abattre la tête de 1'infldèle » ii refufa coaöamment d'y confentir., Abn>- Fidai Vie de Mahom; t, pages '61.  Ahil- Veda page 6i; Jannab. Ahmed ben Jofeph, Hiit jen. Sect. 40 (1) La nuit oü Ie mariage devoir. fe confommer, Ie Prophéte condutót fa fille au jeune fils d'Abntaleb. II mar«aoit devant elle. Gabriel étoit a fa droite, & Miehel & 99 Abre'ge' de la Vie a cheval, & court chercher 1'ennemi. Abufoflan ne tint pas parole. L'approche des vainqueurs de Beder, l'effraya. I! prit précipitamment la fuite. Ses cavaliers, afin d'étre plus legers, jettèrent des facs de farine qu'ils portoient pour leur fubfiltance. Les Mufulmans n'ayant pu les joindre, rentrèrent a Médine. Cette expédition fut nomtne'e guerre de la farine. A peine avoient-ils pofé les armes, qu'ils les reprirent. -Les Solatmites & les Gatfanitcs s'étoient alTemblés prés de Carcarat Ekodr: (c'eft le nom d'un puits fur la route, par oü les habitans des provinces voifines del'^ns-cviennent ala Mecque). 11 étoit important de ne pas Iaifler a leur parti le temps de fe fortifier. Mahomet ayant remis le Gouvernement de Médine a Ebn Om MaRoiim, alla les attaquer. Les Solaïmites ne 1'attendirent point; ils fe débandèrent & laifsérent au pouvoir de 1'ennemi, leurs bergers & leurs troupeaux, qui furent emmenés a Médine. Mahomet voulant récompenfer 1'attachement inviolable du généreux Ali, lui donna en mariage Fatime (1), fa fille chérie. Elle avoit quinze ans.  D Z M A HOME T. $t Si 'Pon en croit les Ecrivains onentaux, elle posfédoit toutes les perfeaions, & elle mérita d etre Hfe au nombre des quatre femmes parfaites (i) qui ont illuftré la terre. La mort tragique tfOwmia , Prince idolatra , rendit célébre la fin de cètte nnnée. fnltruit par la lefture des livres facrés, il avoit nié hautement la million de Mahomet. Réuéchiflant enfuite fur les fucccs du Novatetir,& enflé de fon propre favoir, il réfolnt de fe faire palfer luimeme pour Prophè:te. La tête remplie d'idées de grandeur, il revei noit de Syrië a la Mecque pour exécuter fon pro| jet. En pafiant prés de Beder, on lui montra la Ifoffe oü les Chefs des Corei'shites avoient étéjet- tés. Otba & Sbtiïha fes neveux, étoient de ce •nombre. A cette vue, Ommia mit pied a terra, coupa les oreilles de fon chameau, & chanta une longue Elégie, dont Abul-Feda nous a confervé les vers fuivans. N'ai-je pas aflez pleuré fur les «obles fils des Princes de la Mecque? fa gauche. Soixante - dix mille Anges formoient le cortège de la nouvelle époufe. Ils chantèrent des Hymnes * la louange du Trés-Haut, juf qu'au lever de 1'aurore. Ahmid bot Joföh, Ilift. gén. Seét. 43. CO Cts quatre femmes font, fuivant les Arabes, 1'é» ïioufe de Pharaon, la Yierge Marie, Cadige & Fatimfi» AbnU Tci*. Vie de Maïomet, page  52 Abre'ge' de la Vie Bcpuis Ia CO Les Arabes nés fous un Ciel brülanr font extrémes en tout. Ils aiment, ou haüTent avec paffion. En 1778, pendant que j'étois en Egypte, une femme Arabe ayant appris la maladte d'un fils qu'elle avoit a Damiete, fit trente lieues pour le venir voir. En débarquant, elle demanda des nouvellësde fon fils; on lui dit qu'il étoit mort, L'iafortunée fe précipita dans Ie Kil, A Ia vue de leurs os brifés, femblab k Ia tourterelle cachée daus la forêt profonde, j'ai rempli 1'air de mes gémiüemens. Mères infortuuées, le front profterné contre terre, mêlez vos foupirs a raespleurs. Et vous, femmes qui fuivez les convois, chan. tez des hymnes funêbres entrecoupés de lougs fanflots. Que font devenus a Beder les Princes du peuple, les Chefs des tribus? Le vieux & ls jeune guerrier y font couché> nuds, & fans vie. Combien la Mecque aura changé de face f Ces plaines déforées, ces déferts fauvages, femblent eux-mêmes partager ma douleur. Après avoir prononcé ces mots, Ommia s'abandennant aux excès de la douleur & du défefpoir, tomba mort fur les cadavres qu'il voyoit entasfés (i). La troifiètne année del'Hégire, Fatimt donna  de Mahomet. 93 H fits a Ali. II fut nommé Elhacan. La méme an'ëe, Mahomet profcrivit Caab, fils iïElashraf, n des principaux Juifs de Médine; il s'étoit délaré fon ennemi. La poéfie qu'il cultivoit, lui feroit a fatisfaire fa haine. II n'eut pas plutöt appris défaite des Coreïshites, qu'il fe rendit a la Mec-i ne. Ses fatyres contre 1'Apótre des Mufulmans, fs élégies fur la mort des guerriers enfevelis a Be?r, furent chautées publiquement. Elles rallumèmt dans les cceurs le défir de Ia vengeance. A» rês avoir foufflé a Ia Mecque le feu de la difcore, il revint a Médine, & s'efforca de foulever le ieuple. Mahomet le fit mettre a mort (\). X ') Drdeur'Prideaux, page 86, foutient que Caab i fut point mis è mort, & qu'il évita tous les piéges ue Mahomet lui tendit. Ce fentiment s'oppofe è la vé« té de 1'Hiltoire. Le favant Prideaux confond le Caab 3nt nous parions avec un autre Poëte de méme nom , Salement profcrit pour avoir écrit des Satyres contre lahomet. Ce dernier vint la neuvième année de 1'Hégi: fe jet'er a fes pieds; il lui préfenta un Poëme comafé a fa louange. Le Prophéte en fut ü flatté, qu'il i pardonna,& lui accorda fes bonnes graces. Si le Dociur Prideaux eüt fait attention aux noms des pères de ts deux profcrits, il n'eüt pas tombé daas cette mérife. Le premier fe nommoit Caab üls d'Etashraf, Ie xond , Caab, fils de Zthaïr. :hute d'Alam fuivanc 4bxl-Feda.. 32I§. Depu;s la laiflance de f C 633. Depuisl'He[ire ... 3. De Mahomet . . 55. Jannab,  s ( I 1 t 1 3 < < i Abul- Veda, J?«ge 64. Jsnml. ± AURE'GE' D,E LA VlË Les vers de Caab avoient ému puifiamment lei j Joreïhites. La plupart des citoyens crioient aux arles. Abufofian proflta de ce moment de fermenta- ■ ton, pour venger 1'honneur de fa patrie. II arma rois mille hommes, parmi lefquels fe irouvèrent èpt eens cuiraffiers, & deux eens cavaliers, & lartit a leur tête. II conduifoit avec lui Iienda fon ipoufe, & quinze autres matrones qui portoient les tambours. Elles chantoient les vers élégiaques le Caab, déploroient le malheur de Beder, &ex- j lortoient leurs guerriers a combattre vaillarament. L'armée des Coreïshites, fous les ordres iïAbufo'. lan, marchoit vers Médine fans trouver de réfi-> [tance. Elle vint camper prés d'Holaifa , a fix milles de la ville. Mahomet ne pouvaut leur opporer que des forces bien inférieures, vouloit refter dans les murs de Médine. Abdallab 1'incrédule,, chef expérimenté, appuyoit ce fentiment. Les au-* tres Officiers furent d'un avis contraire. Tous de-' mandoient le combat. Leurs inftances lui firent prendre un parti qui lui paroifibit dangereux. II fortit & la tête de mille foldats, & alla camper a peu de diftance des ennemis. Abdallab le quitta avec trois de fes compagnons. „ Devons-nous obéir, dit-il,' lorfque la verge eft levée fur nos têtes, Iorfquéj „ la mort eft certaine"? Cette défertion n'effraya point Mahomet. 11 difpofa fa petite troupe fur lé  De Mahomet. senchant du mont Abed (i) ,óe la manière la plus ivantageufe. li placa au centre cent euirafïïers; & :omme il n'avoit point de cavalerie, & qu'il craigïoit d'être enveloppé par des ennemis trois fois fu)érieurs en nombre, il pofla derrière l'arméecin. quantc archers, avec cet ordre formel: „ quei, qu' événement qui arrivé, tenez ferme dans ce , pofte; ne le quittez point fi nous fommes dé, faits; pas même pour nous porter du fecours. , Accablez de vos flèches la cavalerie ennemie, , fi elle veut nous prendre a dos". On verra l'-ön>ortance de ce commandement. L'habile Général ivant fait ces difpofitions, attendit les idolatres de >ied ferme. Ils s'avancèrent en bon ordre. Abufofian itoit au centre de l'armée. Kbaled, fils de TValid, rommandoitl'aile droite; Acrem», fils d'Abugebel, commandoit 1'aile gauche. Chacun d'eux avoit cent :ava!iers fous fes ordres. Henda & fes héroïnes lans les derniers rangs, excitoient 1'ardeur de leurs ;uerriers. „Courage,enfans SAbdeldar, crioientfclles, courage! Frappezde toutes vos épées". Les leux partis en vinrent aux raains. Hamza, oncle iu Prophéte, qui combattoitala tétejdes croyans, mimoit leur vaillance, & leur en donnoit 1'exem- O) Ahtd fignifie »». On a donné ce nom è Ia montagne, paree qu'elle eft ifolée, s'éle vant feule dn milieu de la plaine.  ,6 Abre'ge' de La Vie 'Abul-Feda, Vie de Ma hornet, pag. 6$. 'Jiul'Feda. page 66. ple. II avoit étendu a fes pieds Arta , PorteEnfeigne des idolatres; il avoit fait voler la tête ie Seba. La terreur devancoit fes pas. Tout slioit devant lui. Tandis qu'il fe laiffoit emporter i fon courage, tWasha, efclave de Jobrtr, 1'attaqua par derrière , & le tua d'un coup de lance. Au mème moment, Mofaab , fils SQmar, qui portoit 1'étendard de 1'Islamisme, périt. Mahomet releva le drapeau fans s'émouvoir, & le confiaaux mains du brave Ali. Le combat continuoit avec fureur. La viftoire penchoit du cóté des Mufulmans. Les Coreïshites commencoient a lacher pied. A cette vue, les archers placés fur la montagne , ne purent réfifter a 1'appat du butin, & quittèrent leur pofte; c'étoit une faute impardonnable. Mahomet s'en plaint amèrement dans le Coran: „ Dieu, dit il, réaiifa fes promesfes, quand „ vous pourfuiviez les ennemis défaits; mais é« ,, coutant les confeils de la lacheté , vous dis„ putates fur les ordres du Prophéte, vous „ les violates , après qu'il vous eut fait voir ce „ qui faifoit 1'objet de vos voeux, (le butin) ". Kbakd qui appercut ce mouvement, en profita ; II partit a Ia tête de la cavaierie, & vingt attaquer les ennemis par derrière. Dans un inftant, ils furent enveloppés. Pour jetter 1'épouvante dans leur ame, il cria d'une voix forte, que Mahomet avoit «ité tué. Les croyans perdirent courage. Piufieurs pri?  Dé Mahomet. 9? pfïrent la fuite. Les idolatres percèrent jufqu'aa centre, oü entouré de fes plus braves foldats, 1'Apótre des Mufulmans difputoit encore Ia viétoire. 11 fut alTailli d'une nuée de traits & de dards. Le vifage percé, les dents fracafTées, tout couvert de fang, environné de toutes parts par 1'image de la mort, il garda fon fang froid & fon intrépidité. 11 crioit aux amis généreux qui formoient un rempart autour de lui: „ comment des impies qui ont „ fouillé de fangle vifage de leur Prophete, pour„ roient-ils profpe'fer"? Telha facrifiant fes jours pour fauver ceux de fon Apótre, le revétit d'une doublé cuiraffe au plus fort de ia mêlée. 11 eut le bras caflé. Enfin, les efforts des Coreïshites ne purent empêcher les Mufulmans de faire une retraite glorieufe & de fauver Mahomet. Les fers de deux dards lui étoient reftés attachés aux ldvres ; lorfqu'on les retiroit, il lui tomba deux dents. AbufeU eiTuyoit le fang qui couloit abondamment de fes bleflures. „ O AbufeïdX lui dit„ il, jamais ton fang ne fera la proie des fkinines". Les idolatres, maitres du champ de bataille, dépouillèrent les morts. Leurs héroïnes fe portêrent a des excès inouis; elles coupèrent le nez & lea oreilles des Mufulmans qui avoient péri, & s'en firent des colliers & des bracelets. Henda poulTa plus loin 1'horreur de Ia vengeance. Elle ouvrit la poitrine de Hamza, & dévora une partie de fois Tome I. E Abal- Tedt, page 67.  Jannab. 'AM- Tedi page 63. (1) Si quelque chofe peut diminuer 1'atrocité de ce crime, c'eft qu'elle avoit perdu i la journée de "Beder , Hantala fon fils aimé, & que les femmes Arabes nepardonnent point la mort de leurs enfans. (4) Htbal étoit la principale idole des Coréïshites. jj- Abre'ge' de la Vie cceur CO- Abufofian attachant a fa lance la machoire de ce généreux guerrier, monta fur la colline & cria: ,, les armes font journaliéres. „ Tu „ triomphes Hobal tu triomphes. Le com„ bat SAbed a fuccédé a ki journée de Beder ". Enfuite il fit publier ce défi par un héraut: „Mu„ fulmans, trouvez-vous 1'année prochaine k Be, der. Nous vous y attendrons, leut fit répon" dre Mahomet ". Les Coreïshites n'ayant ofé attaquer les ennemis dans le village oü ils s'étoient retirés, reprirent la route de la Mecque. Auffiquïis furent partis, Mahomet s'occupa du foin de faire enterrer les morts. II fit chercher le corps de Hamza. On le trouva mutilé. Les foldats .pleuroient un de leurs meilleurs généraux. Le Prophéte pour les confoler, leur dit: „ Gabriel „ m'a révélé que Hamza étoit écrit parmi les ha„ bitans du feptième ciel, avec ce titre glorieux: Hamza, lion de Dieu, li on de fon Apótre. Ayant fait revêtir fon corps d'un manteau noir, il pria pour lui avec fept invocations. II pria pour tous ceux qui avoient péri dans 1» combat, & les fit  de MahomeT 9J ïnlmmer au lieu oü ils avoient fuccombé. Cei devoirs funèbres remplis, il retournoit a Médine, lorfqu'on vint lui annoncer que les ennemis approchoient. En effet, Abufofian fiché de n'avoirpas inieux profité de"-la victoire , avoit perfuadé au> vainqueurs de retourner fur leurs pas, & d'extermiuer les Mufulmans affoiblis pnr leur défaite. Mahomet leur épargna une partie du chemin, & parui devant eux a 1'inftant oü ils ne s'y attendoient pas, Cette audace les étonua: loin de chercher a renouveller le combat, ils fe retirèrent précipitamment. La défaite de Mahomet ne diminua point fot crédit. Les Mufulmans ne pouvoient 1'attribuei qu'a leur défobéiffance. Us confervèrent pour lu: la mème vénération , & fes volontés furent toujours des loix. Roi & Pontife a Médine, il régloit les affaires du Gouvernement & de la Religion. Des Députés d''Edl & d'Elcara, étant venus lui demanderquelques-uns de fes difciples pour les inftruire dans riflamifme,il leur en accorda fix. Les perfides idolatres en maflacrêrent quatre, & vendirent les deux autres aux Coreïshites, qui les firent mourir. Kbabib, un de ces captifs, avoit tué Haretb au combat de Beder. Ses enfans fachetèrent. Charmés d'avoir une victime a offrii aux manes de leur père, ils invitèrent toute leut •familie a affifter il fa mort. Kbabib enchainé dans E a Jannab, p\ III. Depuis Ia chute d'Adam fuivant Abul-Feda . . 6219. Depuis Ia NailTance de J.C....634. Depuis 1'Hé- gire 4« De Mahomet..... 55. Ainl Feda. Ch.33, P.69. Elbocar , d'apres la tradition i'Abu-IJoreïra dans Jk) Sarina.  Asre'ge' de la Vie un coin de leur maifon, attendoit courageufemeiiï fon heure dernière. Ayant obtenu un rafoir d'une des filles de Haretb, il fe rafoit la tête: au méme inftant, un jeune enfant échappé des bras de cette mère imprudente, s'approche du priforinler; il le faifit entre fes jambes, tenant d'une main le fer tranchant. La mère a cet afpeét demeura immobile d'effroi; elle ne put prononcer une feuleparole. „ N'avez-vous pas peur, lui dit le captif, que „ j'égorge votre fils? Raflurez-vous; je ne fais „ point me venger fur un enfant ", & il Ie laifia aller. Cette générofité ne lui fauva point Ia vie (i), Tous les parens s'étant afiemblés, on Iecon- (i) Les Arabes ne pardonnent point Ia mort de leurs proches parens. Les mères fort fucer a leurs enfans la haine avec leur lait. A peine ont-ils le fentiment de leur exiftence, qu'elles leur infpirent le déflr de lt vengeance. Prés de Giza, a une lieue du giand Caire, «ne femme avoit confervé la tête de fon époux affafllEé. Tous les jours elle mouilloit ces triftes reftes de fes pleurs, & les mor.troit a fa fille ucique. Mon enfant, lui difoit-elle, vois-tu cette tête? c'eft celle de ton pèrejun barbare lui öta la vie. Si j'avois un fils, il feroit mon vengeuri il effaceroit dans fon farg none malheur & notre honte. Ces plaintes, fouvent répétées, firent une impreflion profonde fur le cceur de la jeune fille. Elle pleuroit avec fa mère; elle frémisfoU d'horreur au ncm de l'ailafïïn, Le défir de la ven-  db Mahomet'1 ioi duifit hors du territoiie facré , pour 1'inunolef. Parvenu au lieu du fupplice, il demanda un inftant pour prier; on le lui accorda. II fit une courte prière avec deux inclinations, & dit: „ j'en au« „ rois fait davantage, mais vous auriez pu attri„ buer ma ferveur a la crainte de la mort; frapi„ pez ". Ainfi mourut le dernier des fix Apótres de 1'Illamisme, accordésaux inftances deshabitans de Cara. Leur perfidie avoit rendu Mahomet défiant. Avter, fils de Malec, lui ayant propofé d'envoyer de fes difciples aux peuples de la province de Najd, il le refufa. L'autorité A'Abubecr put feule le déterminer. Ce Mufulman zélé, trompé par Amer , ofa garantir fa fincérité. Mahomet ne pouvant réfifter a fon témoignage , fit partir Elmondar, Anfarien, avec foixante dix fidèles. Arrivés a Bir manna, (le puits du fecours), Elmondar envoya les lettres-du Prophéte a Amer,' Prince de la contrée. Cet ennemi de 1'Iflainisme' fit tuer le meffager, raffembla des troupes, furprit les croyans & les extermina. Caab, fils de-' geance I'emporta bientflt fur la foibleffe &la timidité de-' fon fexe. Elle s'habilla en homme , s'introduifit «n qualïié de domeftique dans la maifon du meurtrier de fon' père, & profitant du moment oü il dormoit, elle féy gorgea au milieu de fa familie. E 3  page 71. au Livre Uanmar. AM-Tt&a f«ge 71. 102 Abre'ge' de la Vie Zaïd qu'on avoit laiiTé parmi les morts, échnppa feul, & alla porter a Médine la nouvelle de cette perfidie. Mahomet en fut pénétré de douleur j mais il remit a un anti* temps la vengeance. Au mois de Rabiè premier, les Nadbirites, tribu puiflante des Juifs, lui demandèrent le prix du fang de deux hommes, qu'Amreu avoit tués en pafTant fur leurs terres. 11 écouta leurs plaintes » & fatisfit a la loi. Pour cimenter la réconciliation, les Nadbirites 1'invitèrent a diner a une de leurs maifons de campagne. Mahomet s'y rendit accompagné d'Abubecr, Omar, Ali, & de quelques autres Officiers. C'étoit un piége qu'on tendoit a fes jours. Les Juifs avoient raflerablé des-, pierres fur le tolt, & devoient 1'écrafer pendant le feliin avec fes compagnons. Tout étoit prêt pour 1'exécution de ce delfein. Mahomet s'appercut qu'ils tramoient une perfidie, & feignant des befoins , fortit de 1'appartement. 11 retourna promptement a Médine, & revint en force atta- 1 quer les - traïtres. Ayant manqué leur coup , ils j'étoient jretirés dans un chateau fortifié. II les y ' affiégea , & fit le dégat a 1'entour. La vue de leurs palaiiers coupés abattit leur courage; la crainte de ne pouvoir foutenir un aflaut, s'empara d'eux; ils fe rendirent a difcrétion après fix jours \ de blocus. lis obtinrent pour toute grace, d'emporter de leurs ricbefles la charge d'uu chameau..  De Mahomet» roj Le Prophéte, dérogeant a la loi qui ne lui accor doit que la cinquièine portion des dépouilles, f< les réferva en entier. Le chapitre 59. autorifs cette difpofition. On y lit ces paroles: „ les dé pouilles enlevées fur les Juifs chalfés de leui „ fortere(Te,appartiennent a Dieu&a fonEnvoyé, „ Elles doivent être diftribuées a fes parens, aüJ orphelins, aux pauvres & aux voyageurs. I „ feroit injufte que les riches les partageaiïent „ Recevez ce que le Prophéte vous donnera, & ,, ne prétendez point au-dela. Craignez Diei 7, dont les vengeances font terribles ". L'oraclf drvin ayant dètruit les prétentions de fon armée,il s'acquitta des devoirs de la reconnoilTance. De puis quatre ans,le dévouement généreux des Me© quois, qui avoient quitté pour le fuivre leurs biew & leurs families, étoit fans récompenfe. II part* gea entre ces difciples fervens , & deux citoyem de Médine, pauvres, tout le butin enlevé furies Nadbirites. Le rede de l'armée applaudit a ce acte de juftice. La méme année, il interdit 1'ufa ge du vin. La difficulté de s'en procurer en Ara bie, les effets de cette liqueur enyvrante fur le na turel bouillant des Arabes , les fcènes d'horreui produites par 1'yvreiTe dont il avoit été témoin,lu; firent promulguer cette loi: „ ó croyans! le vin I „ les jeux de hafard, les ftatues, & le fort de: „ fléches, font une abomination inventée par Sa' E 4. I Aiat-Tei»t page j>%. te Coran ', th. 3. p. na  11• 94. rAb«!-Teda, fag. 71. JC14 Abre'ge' de ea VltE „ tan. Abftenez vous en, de peur que vous ne „ deveniez pervers. „ Le démon ie ferviroit du vin & du jeu, pour „ allumer parmi vous Ie feu des diffenfions, öt „ vous détourner du fouvenir de Dieu & de la „ prière. Voudriez-vous devenir prévaricateurs ? „ ObéiïTez a Dieu & afon Apótre, & craignez-". Tour a-tour Général d'armée & Légiflateur, il faifoit fuccéder aux foins paifibles du Gouverne» ment, le tumulte des armes. La trahifon des habitans de la province de Najd, pefoit fur fon cceur.. Le moment de la vengeance étoit venu. II part fur bitement de Médine,, & va tomber brufquement fur un parti de Gatfanites. Surpris de cette attaque imprévue, les ennemis prirent la fuite, & fe iaaTèrent dans les montagnes. La vallée oü il les renr contra, appelée dans la fuite Zat elReca Cle lieu de 1'infatuations), a tranfmis a la race future le fouvenir de cette terreur pan ique. Durant cette ex? pédition, un brave d'entre les Gatfanites, ofHit a fa nation de lui apporter la tête de fennemi commun. On applaudit a fon deffein; on 1'encouragea. Il partit. Ayant épié le moment oü Mahomet fatigué étoit ailjs a quelque diflance de fon armée, il s'approcha de lui fans armes. L'épée du guerrier repofoit a fes cötés. La poignée étoit d'argent ar? ïiltement travaillé. Le Gatfanite lui demanda la permiflion de la voir. L'ayant re9ue de fes mainsj.  BÉ' M' A H O M E T»- 'tb A*re'eE* de ia Vie redres \Khaibar, ville forte des Juifs. Ils avoient fonné 1'atarme parmi leurs confédérés. Ils avoieut repréfenté la mine prochaine de la nation, fi, elle ne réuniflbit fes Torces contre l'ennemi commun. Piufieurs des fugitifs avoient porté a la Meque le3 déplerables reftes de leur ancienne puiffance. Aniaiés par le fouvenir récent de leur défaflre, ilspeigjioient Mahomet comme un tyran, qui fe fervoit du -voile refpefté de la religion, pour accomplir fes deffeins ambitieux. Ils faifoient voir les tribus Arabes, des environs de la Mecque, fubjugées; les Nadirites chaffés de leur territoire; & le vainqueur infatigable, prêt a donner des fers a tous les Arabes, a ces peuples généreux,. qui feuls parjni les nations de la terre, ne connoiiToient point encore la fervitude. lis montroient aux Coreïshites 1'iflamifme triompliant, leurs Dieux renverfés, & leur autorité enfevelie fous les débris de leurs autels; s'ils ne fe hatoient d'unir leurs armes acelies des confédérés, pour écrafer l'ennemi de la pairie, de la liberté & de la religion. La vérité de ces tableaux frappa les efprits. Les Coreïshites prosiirent de joindre leurs troupes a celles des Juifs. Les peuples des provinces de Najd & de Tehama, qui, outre la caufe commune, avoient a venger des outrages récens, raflemblèrent leurs guerriers. Tous fe préparèrent a marcher vers Médine. Mahomet iuftruit pa. fes émiffaires, des prépa»  de Mahomet. löj ratifs immenfes qne 1'on faifoit contre lui, nes'endormoit pas. L'impoffibilité de tenir la-campagne devant des forces fi fupérieures, lui fit prendre Ie parti defe renfermer dans les raurs de Médine. Salwan (i) Ie Perfan, en qui il avoit beaucoup de coufiance , lui confeilla de creufer un folfé autour des remparts, afin d'arrêter le premier feu des ennemis. Le confeil fut approuvé, & dans un inftant toute la ville fe mit a 1'ouvrage. On n'entendoit de toutes parts que le bruit des marteaux, les cris des travailleurs; Le fol étoit pierreux & difficile a creufen Une roche fort dure réfiftoit aux attaques des pionniers, & rebutoit leur conftance. Mahomet s'appercevant de leur découragement, pril de 1'eau dans fa bouche, & en répandit fur la pier< re; elle s'amollit, & céda aux coups redoublés des marteaux. Les Mufulmans crièrent miracle, & attribucrent a la vertu de cette eau merveiileufe un fuccês qu'ils devoient a leurs nouveaux efForts. Te) ( i) Ce S.ilman étoit fils du Gouverneur d'une vil1j de Perfe. Après avoir beaucoup voyagé , jl fe ren-' dit en Arabie. Séduit par 1'éloquence de Mahomet, il embrafla riilamifme. II 1'aida de fes confeils, & fervitr a la gloire de fes armes. Ebn Ithac. Le Doéteur Pri-deaux le confond avec Abdallab, fils de Salam, Juif fa« meux, a qui, felon lui, Mahomet dut en partfe fesfuecès. La prévcntion avec Iaquelle ce favant > écrit P4fft foa vent tombsr dans de femblables mépiSfe»*. Depuis la chute d'Adam fuivant* Abul-Ftda , 6220. Depuis la naiffauce deJ. C... 635Depuis 1'Hé-gire. . 5.- De Mahomet. . 57;- AbnhFeda^ p. 74.-  page 75- ( i) Si Ten en croit Ie - recit des Auteurs Mahométans, leur Apötre nourrit tous les travaiüeurs avec un panier des dattes qui multiplierent miracnleufcment enne Tes mains. Une autre fois 11 leur donna a fouper aveo •» sgneau röti & un pain d'orge- Plus de «ois mille hemt fiu: fKKOt v&Mh Lt*A A-B RI'GE' DE LA Vi-E Annibal, fe frayant une route a travers les Alpes „ raniina le courage de fes foldats, en faifant répandre du. vlnaigre fur le rocher qu'il vouloit percerPar-tout le grand homme eft lemêmej par-tout il applanit les obftacles fous fes pas, & fait céder la nature a fes efforts. Le charme invincible qu'il. emploie pour produire des prodiges, eft rafluran-* ce du fuccès dout il.eny.vre les cceurs des mortels» Pendant que les habitans de Medine, animés par 1'exemple de leur chef (i), travailloient malgré. 1'ardeur d'un foleil brülant, pour oppofer une barrière a leurs ennemis, une autre merveille.fixa leut attention: Salman s'efforcoit de brifer une roche énorme; Mahomet lui prenant le marteau des mains, en frappa trois fois la pierre; il en jaillit trois éclairs y quefignifient ces éclairs, lui demandale Perfan ?„ Le, „ premier répoiiditle prophéte, m'apprend que Dieu, „ foumettraa mes armes 1'Arabie heureufe; lefecond „ m'aunonce la.conquête de la Syrië. & de l'Occi„ dent; le troifième, la conquête de fOriënt." Cette explication eft auffi bonne que celle de ce  D'e M'a a o-u: w Ti. rcj cotiqnérant, qui, étant tombé par terre , en dé barquant fur le rivage ennemi , dit : compa. gnons, le pays eft anous , je viens d'en prendre polïefïïon. A peine Ie retranchement étoit achevé, que les confédérés parurent. Les Coreïshites auxquels s'étoient joints les Kenanites, formoient un corps de dix mille combattans. Les Catfanites & les autres habitans: de la province de Najd, marchoient après eux. Les Coraïdites commandés par Caab, fils d" Acad'., compofoient farrière-garde de farmée. Les environs de Medine furent couverts de tentes & de drapeaux. Les cafques & lerbouciters réfléchUToient au loin la lumière du foleil. Une forêt delances fembloit étre fortie tout a coup de la terre. Cet appareil guerrier jetta la terreur parmi les Mufulmans (i). Les uns alarmés, gar- ( O Le Coran, chip. 33, f; 10. offre un tableau frappant de ces alarmes. „ Enveloppés par les ennemis, vous detourniez vos regards confternés , vos cceurs en proie aux plus vives „ alarmes, f irmoient de Dieu des penfées différentes", „ Les fidele* furent tentes, & éprouvèrent de violen- . - saruréné rlifnienr • TVph la b«i,hi>. - i „ annonce que des menl'onges. Aiul-Fedet $, page 76-  'Jjsmtah, liioi Abre'ge' de la VlÊ doient un morne filence. Les autres murmuroient. Les Idolatres qui fe trouvoient encore a Medine, éclatoient en reproches. Moatteb, un des plus fé" ditieux, crioit aux mal intentionnés: „ Mahomet „ nous promettoit, il n'y a qu'un inftant, les tré„ fors de Cofroè's & d'Heraclius, il ne fait main. „ tenant oü fe cacher. Immobile au milieu des clameurs d'un peuple contterné, le Général des croyans leur offroit 1'exenple de Ia conftance. La férénité paroiiToit fur fon front, & il donnoit fes ordres avec une tranquillité étonnante. Après avoir lailfé Ie gouvernement de la ville a Ebn om mattoum, il fortit a Ia tête de trois mille foldats, & les difpofa entre les remparts & le retranchement. Réfolu d'afTaiilir les ennemis a l'inftant oü ils voudroient franchir cet obftacle, il fe tint fur la défenfive. Les confédérés firent piufieurs tentatives pour le forcer; mais ils furent repouffés avec perte. Ils tentèrent de fe rendre maïtrcs de la ville du cóté oü elle étoit moins gardée: leur projet fut éventé, & un renfort envoyé a propos le fit évanouir. Le fiège trainoit en Iongueur. On ne fe battoit qu'a coups de flèches & de dards. Quelques cavaliers Coreïshites^ ennuyés de cette efpèce d'inaction, volurent efTayer la bonté de leurs chevaux," ils coururent a toute bride, & franchirent le fofle. Ali marcha contr'eux. Amrou 1'ayant reconnu , lui cria: „ O.mon coulinl avec »juel plaifir je vais t'étea*  D e M A H O M e Ti. „. dre fur le fable. Pardieu, répondit Ali, j'en „ aurai bien davantage a terenverfer amespieds." Amrou furieux, defcend, coupe les jarrets de fon cheval, & va droit a Ali. Les deux rivaux fe mefurent des yeux, & cherchent a fe furprendre;puis s'approchant de plus prés, fe portent des coups terribles» Un nuage de pouflière s'élève autour d'eux, & les dérobe aux regards des deuxarmées. On n'entendoit que le cliquetis de leurs épées, & le bruit dont retenthToient leurs boucliers & leurs cuiraifes. La vietoire fe déclara pour Ali.. Le nuage s'étant diiïïpé, on vit le vainqueur le pied fur fon eunemi, lui enfoncer fon épée dans la gorge.. Les autres cavaliers avoient pris la fuite. L'und'eux étant tombé dans Ie foffé fut tué par Ali. Après vingt jours de blocus , les confédérés voyant toutes leurs tentatives inutiles , défefpérèrent de forcer les croyans derrière leurs retranchemens. La divifion fe mit dans leur camp. MahoI met 1'entretint par fes émillaires. lis fongeoient k fe retirer. Les vents violens du fud-eft ayant reu» verfé leurs tentes, leur en fournirent le prétexte. Les Juifs fe débandèrent les premiers. Les Coréïshites & les Gatfanites fuivirent cet exemple. Aiïït* ré de la retraite des confédérés-, Mahomet.rentra avec fes troupes a Medine^ Les Mufulmans s'attendoient a fe délaiiTer de leurs fatigu.es. Ils avoient dépofé 1'attirail des gues? Ai ul- fcitSi "jannab.  BE Abre'oe' d e la Via i i 1 1 t i i J 1 i i Jannalt g p. 1 53°. j4iul-Feda,' ft-77.- i i i i 1 ] I r 1 c è I iers, & fongeoient a jouir, au fein de leürs faailles-, des douceurs de Ia paix. Ce n étoit pasintention de leur Apótre. II vouloit qu'une irompte conquête leur fit oublier bant de travaus fe d'alarmes. Les Coraïdites avoient foulevé con-' re lui une partie de 1'Arabie; il falloit punir cet; :xemple dangereux. II fit , fuivant fa coutume ,■ rarler Ie Ciel. Au lever' du foleil, il avoit mis' >as les armes; a midi Gabriel lui commanda de leseprendre. II fit crier ces mots par un Héraut:; , Que quiconque entend & eft obéiiïant, fafle1 , la prière du foir contre les Coraïdites. " L'or^ irepublié, il concerta 1'expédition avec Ali, &> jartit fur le champ, fuivi de ceux qui fe trouvoienc sréts. 11 alla camper a Dba ena, (Ie vafe d'eaonire) puits appartenant aux Juifs* Ses foldats s'y endirent a la file. Avant le coucher du foleil tou^ e l'armée avoit rejoint le Général. Le lendemairt' I fe mit en marche, & alla affiéger la forterefleles Coraïdites. Ils fe ddfendirent vaillamment, & ivrèrent piufieurs combats fous leurs murs. L'im-' rétueux Ali , fuivi d'une troupe> d'élite, les reouffoit avec vigueur. Ses faits héroïques jettèj :nt 1'enroi parmi eux< Ils n'ofèrent plus fortir de:urs remparts. Bientót la crainte de s'y voir for- • és, leur óta le courage de fe défendre. Caab >, Is $Afad leur allié, les alarma fur leur fituation. ■ : leur proppfa de recouuoitre Mahomet pour 1'A*  de Makome t. ir-S pötre prédit par les écritures, & de remettre leur Citadelle entre fes mains, a condition qu'il leur accorderoir Ia vie fauve. Les Juifs fuivirent ce eonfeil pernicieus, & après vingt cinq jours de fiége, ils fe rendirent a difcrétion. Mahomet qui vouloit leur perte , leur propofa de choifir pour arbitre de leur fort Saad, fils deMoadb, Prince des Awafites. Ils acceptèrent la propofition avec joie, efpérant un traitement favorable de la part d'un allié. Les infortunés ignoroient que Saad-, blelTé dangéreufement au fiége de Médine,. détestoit les Juifs auteurs de cette guerre, & faifoit des voeux pour leur ruine générale.. On 1'envoya chefcher, & on 1'apporta avec peine au lieu. de 1'asfemblée. „ O Saad\ lui dirent les Coraïdites, ö „ père SAmrou ! montrez-vous compatiffaut & ge„ néreux envers vos afliés ". Tout le monde avoit les yeux tournés vers Saad* On attendoit en filence 1'Arrêt qu'il alloit prononcer. Alors lePrinci des Awafites, foufFrant encore de fa blefiure, prit un air févère, & dit: „ que 1'on mette a mortles hommes ; que 1'on partage leurs biens; qu« „ leurs femmes & leurs enfans foient emmenés en „ captivité. C'eft 1'Arrêt de Dieu, s'écriaMaho. „. met; il a été porté au feptième Ciel, & vient w d'êtrerévéléaJW.Ilfutexécuté a la-rigueur" Abnl-Feit\ page 78.  ii+ Adre'ge" de la Vie 3*tmab. Jmnai, CO Le Coran fait mention de cette conquête, chap. 33, f. 2-ff. ,, II (Oieu) a forC(; ]es jui(-s qui avoient fecouru Ie« „ infidèles a descendre de leurs Ciiadelles. II a jeité „ Tépouvance dans leurs ames. Vous en avez tué une » partie, & vous avez emmené les autres en captivité ". fi). Les hommes au nombre de fept cents furent égorgés. Les femmes, les enfans, & tous les biens des Coraïdites devinrent la proie des vainqueurs. Rihana, la plus belle des Juives, échut en partage a Mahomet. Pènétrée du malheur de fa nation, elle en déteftoft 1'auteur; mais la haine ne put tenir long-temps contre l'idée de devenir l'époufe d'un Prophéte. La vanité féduifit fon efprit; 1'ambition corrompit fon cceur; elle fe fit Mufulmane pour f époufer. Deretour d'une expédition, Mahomet en méditoit une nouvelle. Le foin d'affermir fa Religion ; & d'étendre fa Puiffance 1'occupoit fans ceffe. Lorfque les affaires du Gouvernement le retenoient a Médine,tl envoyok des partis en campagne» qui portoient 1'effroi parmi fes ennemis , & quirevenoient toujours chargés de butin. Le tems que lui lailfoient des travaux continue's, il 1'einployoit a vifiter fes compagnons d'armes, &fes amis. Un iour qu'il s'étoit préfenté chez ZaM, fon fils adop-  O E M A U O ME T. tif, dansun moment oü il étoit abfent, ilappercuc Zainab , fon époufe. C'étoit la plus belle desCoreïshites. Elle joignoit a la beauté les graces de 1'efprit. Tant de charmes avoient depuis longtems fait une impreflion profonde fur le ccsur de Prophéte; mais dans cet 'mttant Zaïnab, couverte d'habits legers qui déroboient a peine lablancheur, & la forme de fon corps lui parut fi belle , qu'il trahit fon fecret, & s'écria: Louange a Dieu qui peut cbanger les cosurs! 11 fe retira en prononcant ces mots. Zaind n"oublia point 1'exclamation de Mahomet. Elle la rapporta a fon mari. Zaïd, en homme politique, la répudia, & lorfque le terme prefcrit fut expiré, elle pafla dans la couche du Prophéte» Ce mariage excita des murmures. Les Mufulmans difoient qu'il avoit époufe la femme de fon fils. Un repas fomptueux oü les principaux citoyens de Medine furent invités, & oü 1'onprodigua les mets les plus rares, les parfums les plus exquis, n'arrêta point les clameurs. Mahomet eut recours aux oracles du Ciel. II fit defcendre le chapitre 33 oü on lit ce verfet: „ Lorfque tu di& „ a celui que Dieu avoit enrichi de fes graces, „ que tu avois combiéde biens,garde tonépoufe, „ & crains le Seigneur; tu cachois dans toncoeur „ un amour qne le Ciel alloit manifefter; tu ap„ préhendois les difcours des hommes, & c'eft n Dieu qu'il faut craindre. Zaïd. répudia, foa<  1 Depuis la ehute d'Ada-n fuivant A bul-Ft da 6i.il. Depuis la Naiflance de J. C. . 636 Depuis 1'Hé gire. . . 6. De Maho met. . . 58- Jannab, page 139. Gourfe contre les Secrites. ' » t « 1 1 1 I JlVul-Feda ,jj Jannab , fi f( b n 1 16 Abr&'ge' de la Vie „ époufe. Nous t'avons lié avec elle, afin qw „ les fidèles ayent Ia liberté d'époufer les femmes ,,, de leurs fils adoptifs , après leur répudiation. „ Le précepte divin doit avoir fon exécution " Cette loi fit taire les murmures, & le complaiknt Zaïd vit fon nom écrit dans le Coran. C'eft le feul des compagnons de Mahomet qui ait eu :et honneur. Au commencement de cette année Mahomet ;nvoya Ebn Salama avec un détachement de cagalerie , contre les enfans de Beer raffemblés a VHaria, bourg fuué fur la route de la Mecque a 3ofra. Cet Officier fe repofant le jour, & mar■hant Ia nuit, furpritles ennemis difperfés dans Ia :ampagne. II en tua quelques-uns, mit les autres n fuite, & fit prifonuier Tbemama leur Chef. II evint a Medine avec cinquante chameanx, & trois aille brebis qui furent partagés entre les foldars. 1 préfenta au Prophéte Ie Prince des Bccriteï. Mahomet Ie traita avec bonté. Flatté de 1'accueil u'il avoit recu, Tbemama fefit Mufulman. II eut 1 liberté. De retour dans fon pays, il devint un nnemi redoutable pour les Mecquois, attaquant E piffant toutes les caravannes qui pafioient fur s terres. Leur ayant enlevé piufieurs convois de led, ils fe trouvèrent réduits a la dernière extrêlité. Preffés par la famine , ils eurent recours a lahomet, & Ie prièrent d'arrêter les courfes de  De Mahomet. n7 Tbemama. II lui écrivit ces deux mots: Confervez mon Peuple, & lat fez poffer fes convois. The-^ mama obéit. Ce trait de généroficé envers des i^nnemis mérite de trouver place dans 1'Hiftoire. Six mois s'étoient écoulés depuis la ruine des Coraïdites. Mahomet avoit laiffé ce teras a fes troupes pour fe repofer. Au mois de Jornada il partit de Medine pour punir les en^ns de Lahian des violenees commifes envers fes alliés. Voulant les furprendre, il prit la route de Syrië, puis par une contre-marche, il parut tout-a-coup au milieu de leur pays. Cette rufe fut inutile. Au premier bruit de fa marche les ennemis s'étoient retirés fur ies montagnes, &il fut impoffible de les y forcer. N'ayant pu rien entreprendre contr'eux, il alla charter les Gatfanites qui avoient enlevé une partie de fes chameaux, & retourna a Medine chargé de dépouilles. Inftruit par fes efpions que la Tribu puiiTante des Moftalekites raffembloit fes guerriers, ilfondit fur eux fans leur laifler le tems de fe fortifier. II lesat' taqua prés d'un puits appelé elmoraïfi (0> ^harit. Chef de la Tribu, s'étant avancé pour le re- (i) Ce puits eft fitué dansles territoire de Codaïd, i cinq milles de la mer, & a vingt -quatre milles d'0■ S7. Jannab, ». i6u  Depuis Ia cbute d'Adam fuivant. Mul-Feda, sgo- Abre'ge' db u Vie da fang des victimes. Tous les foldats fe rafé. rent, fe purifiêrent avec une émulation raerveil. kufe. Un zèle ardent avoit pris la place de latriftefle. Pour la diffiper entiêrement, Mahomet fit obferver qu'on avoit mal interprdté la- révélation divine, puisqu'elie eft terminée par ces mots:. üieu fait ce que vous ignorez. Il vous prépare wie vicloire prochaine, Cette viétoire , ajouta-til, doit précéder votre entrée a Ia Mecque. Courage donc , compagnons , Marchons oü Ie Ciel nous appèJe. Sur Je charap il fit donner le fignal du départ, & ramena festroupes a Medine. Auffi. tót qu'il y fut rentré, il fit des préparatifs contre les Juifs.. II avoit déja détruit deux de leurs tribus, & envahi leur territoire. Ces conquétes ne fuffifoient point a fa füreté, & a fon ambiüon. La. poffeffion de piufieurs places fortes les rendoit. encore redoutables. Toujous prêts a fe foulever, toujours préts a offrir des fecours aux Idolatres ils oppofoient par-tout une bardere kies defleins.. L'impoffibilité de les- rendre Mufulmans, ou fidèles alliés, lui fit prendre le parti d'eu faire des efclaves. Ah mois de Moharam Mahomet partit fecrètement de Medine a la tête de quatorze eens hommes d'infanterie & de deux eens cavaliers. II attaqua brufquement le chateau de Naëm fcremporta: ."erablée. II alla eafuits mettre le fiège devant la..  fl'e Mahomet,- '13 forferefie Elagab; les Juifs s'étoient prépare's a le recevoir. lis avoient fait le dégat autour de leut ville, & coupé leurspalmiers. Us oppofèrent une vigoureufe réfiftance. Les Mufulmans accablés «ie fatiguei, & fouffrant extrêmement par Ia difette des vivres, entourérent Ia tente de leur Général, & lui portèrent leurs plaintes.- II fe rait en prière, & levant les mains auCiel.il s'écria: „ Seigneur, ., tu vois 1'état oü ils font réduits. Les farces leut „ manquent.- Us rneurent de befoia. Ouvre leut „ les portes de cet imraenfe chateau remplide pro« vifions & de richeiTes ". La prière produifit fon effet. Elle ranima le courage des foldats.- Us livrèrent 1'allaut & la place fut emportée.' On j trouva des monceaux d'orge & de dattes; beaucoup d'huile & de miel; des amas d'armes; ■ de* troupeaux de bceufs, de brebis & d'anes. On ap< porta a Mahomet un Iarge cuir de chameau rempli de ceintures, de bracelets, de jarretieres, de pen. dans d'oreille, & d'anneaux d'or; outre une grande quatuité de pierres précieufes. Ces dépouillee farent partagées- entre les vainqueuïs. Avant de laiffer rallentir leur ardeur , il les mena contre le chateau Ekamous; c'étoit la citadelle de Khaihar (Jïjj, Sa fituation fur un rocher & les travaux que (i).K£iti«r fignifie en hébreu un cMtean, Cétwplac*-' f ' Depuis Ia' naiflance da J. C... 637Depmsfdégire; .- 7- De Mahcfiet. . 59* Abxl~FeAi.o p. £8. Ebn libae, J*ber, tii moin osu-»laird. i ~^ i  \Alul~TcAa, page 89. i i J 1 eft fitnée a Ou jours de roarih?, au nordeft de Medine. ies enrirons font fertiles en palmier* & en moilTons. jIM-Fcda, Defcriftion de 1'Arabi-?, pag, £3, Cette Viile eft tiès-ancienne puisque, fuivant le menie Auteur, Moyfe, après !e paflsge de Ia mer rouge, en« voya une ajmée con.re Jas Ainalecites qui babitoiet Tank & ï3* Abre'ge» de la Vie Renatta y avoit ajoutés, la rendoient prefqne imprenable. Ce Prince , le plus riche cc le plus puiflant de la natioii, prenoit le titre de Roi des Juifs. II s'y étoit renfermé avec fes tliréfors. II falltit 1'affiéger en forme. On fit approcher les bellers & les autres machines de guerre. On battit la muraille fans relache malgré les efforts des affié§és. Encouragés par 1'exemple de leur chef, qui s'expofoit aux plus grands périls, les Mufulmans montrèrent une ardeur incroyable. Ou fit brèche. II s'y Iivra piufieurs combats; mais les aflïègeans , tnalgré leur bravoure,ne purent gagner les derniers retranchemens. Mahomet voyant leurs efforts inutiles, fit fonner la retraite. Pendant deux jours il refta enfermé dans fa tente , méditant fur les noyens de fe rendre maftre de la fortereffe. TanSis qu'il combinoit fon plan, Abubecr prit 1'étenlard de 1'Iflamifme, & fuivi d'une troupe d'élite , ilia le planter fur Ia brèche. 11 y combattit vailamment; mais Ia réfiftance opiniatre des afïïégés 'obligea defe retirer. Omar crut qu'il feroit plus  De Mahomet. 13; heureux. II faifit le méme étendard , & appêlan fes braves compagnons, il les mena contre 1'enne mi. Malgré une grèle de dards & de flèches, il: montèrent fur les débris de la muraille, & firem des prodiges de valeur,- mais après un rude combat ils furent forcés a prendre la fuite. Les deux Officiers rendirent compte i leur Général du peu de fuccès de leurs armes. „ J'en jurepar 1'Eter„ nel, leur dit Mahomet, demain je confierai cet „ étendard aux mains d'un brave, ami de Dieu & ., de 1'Apótre qu'il aime, guerrier intrépide qui ,, ne fait point tourner le dos a l'ennemi ". Le lendemain, les Mohagériens & les Anfariens avoient de grand matin entouré fa tente. Le coupenché en avant, 1'oeil ftxe, ils prefToient leurs rangs pour découvrir fur qui tomberoit le choix glorieux. Chaque brave s'en faifoit honneur. Depuis piufieurs jours, 1'invincible Ali gémilToit de voir fon courage inutile; un mal d'yeux le for9oit i demeurer oifif. II parut le front ceint d'un bandeau. Mahomet 1'ayant fait approcher lui frotta les yeux de fa falive , & le mal fe diffipa. Aprós cette cure merveilleufe (1), il lui donna 1'éteti8 bat ils furent forcés a prendre la fuite. Les deux Officiers rendirent compte a leur Général du peu C 1) II eft bien probable que cette cure merveilleufe, fi célèbre parmi les Auteurs Ma'noméians, étoit concer» tée entro le beau-pere k le gecdre. F7 ! Abnl Ft da, page ï.  Moalltm Ttmx.il. a-3+: Abre'ge' de la Vie aard de Ia religion, & envoya contre les affiégés. Mi le recut avec joie, & marcha avec confiance. II monta fur la brèche &* y planta fon drapeau. Les Juifs fortirent en grand nombre pour lerepousrer: mais Ali, inébranlable dans fon pofte, reuverfoit tous ceux qui ofoient fe méfurer avec lui. II avoit étendu a fes pieds Elharetb. Marbab lieutenant du chateau, defcendit pour venger la mort de fon frère. Cet officier étoit renommé pour fa foree Sc fon audace. Couvert d'une doublé cuiraiTe, ceint de deux épées, il portoit deux turbans avec un casque oü 1'on voyoit briller une pierre précieufe de la groiTeur d'un ceuf. Sa main étoit armee d'une lance en forme de trident. Les Mofulinaus n'ofoient fe mefurer avec lui. II marcha fiêrement contre Ali, qui 1'attendoir de pied ferme, & lui dit en 1'abordant : Tu connois Kbaibar. Je fuis Marbab. Mes armes font bonnes , 6? fat le bras d'un bérés. Et moi , lui répondit Ali, je m'appèle le lion; c'eft le nom que ma mère me donna en tiaifant. Je vals te mefurer avec cette épée a la mefure de Sandara. (C'eft un*' fjrande mefure).- A ces mots les deux rivauxen vinrentauxmaïns. Us fe portèrent des coups terribles. Leurs armes en rétentilfoient. Ali plus adroit trompoit le bras defonpefant adverfaire. Ayant faifi 1'inftant oü, Marbab avoit porté a faux ? il lui feadit la tête  D E M'A H O M E Ti- 135^ d'un grund coup de Tab-re. Son casqae, fes-tur* bans ne purent Ie garantir. Marbab, tens, vie , roula fur la pouflïère. Ali ne s'arrêta point a eer.. exploit.. II pourfuivit les Juifs, confternés de Ia; mort de leur chef, & entrant avec eux dans lechateau s'en rendic maitre (i}. Mahomet eu pric poiTeffion. Tous les habitans furent faits efclaves. Parmi les captives on remarquoit Ia belle Sofia ,. file d'un des principaux Juifs. II la defiina a devenir ,fon époufe , & lui donna la liberté pour dot. Tandis qu'il fe délaiToit de fes travaux, & qu'il célébroit avec les chefs de fon armée cette fuperbeconquête, Zainab, fceur de Marbab qui avoit: fuccombé fous le. bras d'Ali,. préparoit fa morr. Elle empoifonna un agneau róti, & le fit fervir a fa table. A peine Mahomet en eut-il mis un mor- (1) Ahxrati rapporte ce trait qa'AM-Feda jnge luiraême.Mcroyable. Nousmarchions, dit-il, fo#s*hor*-dres^d'Ali, contre les habitans de Kbiïbtr, une parrte la gsrnifonfortit pour nom repouder. Tandis que n^ tre Chef combattoit avec une valeur plus qu'humaine,un: J»if lui porta un fl rude coup, qu'il lui fit tomber le bouciier des maitis. Ali furieux arracha Ia po.-te du Chiteau, & s'en fervit comme da bouclier, jufqu'a ce qu'il fe füt rendu maltre de Ia place. J'ai vu, ajoute l'Hiftorien „ eette porte, Huit hommes avoient peine.4 la rernuer..  136 Abre'ge' de la Vie ceau dans fa bouche, qu'il le rejetta en difant: ce mouton eft empoifonné. Basbar, un de fes compagnons, qui en avoit avalé une bouchée, mourut fur le champ. Malgré la promptitude avec laquelle Mahomet avoit rejetté le morceau empoifonné, malgré les ventoufes qu'il fe fit appliquer aux épaules, la malignité du poifon pénétra la maffe «u fang, abrégea fes jours , & lui fit éprouver de violentes douleurs jusqu'a la mort. Cet événement n'étoit pas propre a diminuer la haine qu'il portoit aux Juifs; aufli continua t-il a les dépouiller de leurs biens, & a les réduire en fervitude. Les habitans de Khaibar, voyant toutes leurs forterefles enlevées, ouvrirent au conquérant les portes de leur ville. Us le priérent de leur laifler la culture de leurs palmiers & de leurs terres, promettant de lui remettre la moitié du produit. Leur demande fut accordée. Us demeurèrent en pofieflion de Kbaïbar jusqu'au Califat ü'Omar, qui chaifa tous les Juifs d'Arabie , & les relégua en Syrië, oü il leur donna des terres. ^Les habitans de Fadac, effrayés du fort de leurs Toifins, fe foumirent,& obtinrent les mêtnes conditions qu'eux. Mahomet devant cette conquéte a la négociation, & non a la farce de fes armes % $'en réferva la propriété fuivant cette loi du Coran: „ le butin qu'il (Dieu) a accordé au Prophéte,  de Mahomet 137 „ vous ne 1'avez disputé ni avec vos chameaux , „ ni avec vos chevaux ". Réfolu de ne pas laisier aux Juifs une feule place forte, il conduifit fes troupes victorieufes devmt Ifadi Elcora.(\). Les habitans refufërent de fe rendre. On les a{ïïé;?ea. La place ayant été prife d'afiaut, ils furent emmenés en captivité. Aulïï-tót qu'il eut pris pofleffion de Wadi Elcora, il alla attaquer les forts de JVaiish 5c de Sakilem. On les emporta l'épée a la main. Durant cette campagne, il s'empara de toutes les places fortes des Juifs; il les dépouilla de leurs richeffes, & reduifit presque toute Ia nation en efclavage. Couvert de gloire, chargé de butin, Mahomet ramena fes troupes triomphantes a Médine. A peine étoit-il de retour, que Jafar fils d' Abutakb , revint d'Abiflïnie avec le refte des fugitifs. Mahomet rembrafta tendrement, & dit dans 1'effufion de fon cceur: „ Je ne fais lequel de la prife „ deKhaibar, ou du retour de'Jafar, mecaufe „ plus de joie "? Quelque temps auparavant il avoit écrit au Roi d'AbiiTmie , pour le prier de renvoyer les transfuges , & de le maner avec (1) Wadi Elcora Ggnifie la vafée de Villes. Cette place a tiré fon nom de la multltude de boirgs & de villages qui font dans les enviror.s. Elle eft fltuée adeux journées de Rbaibat ,.du cóté de la Syrië. Jannab. Le Coran j ch. 59,)?-. é. Abid-Vcda, Jannab. Abnl F,da. page si.  ï 33 A B E. E' C fi' DE LA Vit Jidil"Bail H:!»o:re ct'Echiopie t feonde partie , Chap. 3, jti'd- Feda, page pi. Omm habiba, fille d''Abufofian. C'étoit un traït de politique. 11 efpéroit que cette alliance desarmeroit Ton plus redoutable ennemi. Le Prince environné de fa Cour fit lui méme la cérémonie des fiancailles. Ayant fait approcber de fon tróne Omm habiba & Khahd, fils de Laïd, coufin de Mahomet , il prononca ce discours: „ louange a „ Dieu! Roi, Saint, Sauveur, fidéle, véritable, „ puiffant & grand. J'attefte qu'il n'y a qu'un ,, Dieu, & que Mahomet eft fon Envoyé. L'A„ pótre de Dieu m'a écrit pour me demander en „ mariage Omm habiba. J'accoroplis avec joie „ fes défirs, & je doune pour dot a la nouvelle „ époufe quatre eens écus d'or. ',' II compta la fomme en préfence du peuple, & ajouta des préfens dignes de Ia magnificence royale , defiinés pour Mahomet. II ies reeut des mams de Jafar , & confomma fon mariage avec la fille if Abufofian. Ayant propofé a fes foldats d'admettre les fugitifs au partage des dépouilles enlevées fur les Juifs fa propofition fut repue avec applaudilTemenr. Ces malheureux. trouvéreut dans Ia générofité des fidëles un dedommagement des biens qu'üs avoient abandonnés ponr conferver leur religion. Mahomet ayant fubjugué une partie des Arabes, & anéanti Ia nation Juive, manifefta fes vues ambitieufes. Respecté comme Prophéte , obéi comme Général, il voulut eflayer fa puillance, &  De Mahomet. 139. envoyer des AmbaiTadeurs aux Reis. Pour cet eftet ii Bt graver un fceau avec cette légende, MAHOMET, APÓTRE DE DIEU. Cette démarche lui ayant paru de Ia dernièr* importance, il monta dans la tribune, d'ou il avoit coutume de haranguer le peuple, & déclara fon delTein publiquement. Après avoir célébré ies louanges de Dieu, & fait la profeiïion de. foi, il prononca ces mots: „ Mufulmans, j'ai delTein de „ choifir parai vous des Ambalfadeurs, pour les „ envoyer aux Rois étrangers. Ne vous oppofez „ point a mes volontés. N'imitez pas les enfans „ d'Ifraël qui furent rébelles a la voix de Jéfus. „ Les Mohageriens s'écrièrenti Apótre de Dieu, „ nous prenons le Ciel a témoins que nous t'obéi„ rons jufqu'a la mort. Qrdonne, nous fomines „ prêts a partir ".. M A H A M E D, K A f O U L ALLAH.  Abnl-Feda, page 93- (i ) Elhcjax eft une partie de 1'Arabie Petrée. C'eft dans cette I'rovi&ce qa'e» Qtuée Medine. 140 Abre'ge' de la Vie Le premier des Souverains a qui Mahomet envoya des AmbaiTadeurs fut Cofroè's, Roi de Perfe. Abdallab, fils <ÏOzafa, lui remit fa lettre de créance. Le Prince fit appeler un interprète pour la lire. Elle commencoit par cet mots:Mahomet, Apótre de Dieu, a Cofroè's, Roi de Perfe. Cette infcription firrita. II avoit confervé le fade des Souverains de fa nation. Son orgeuil fut humilié de voir un nom écrit avant le fien. 11 prit la lettre, & la déchira en difant : eft ce ainfi qu'un esclave ofe écrire a fon maitre? Ces paroles ayant été rapportées a Mahomet, Dieu, ditil, mettra en pièces fon royaume. Cofroè's ne crutpas 1'audace de celui qu'il traitoit d'efclave afiez punie. [1 écrivit a Badban fon Viceroi dans 1'Arabie heureufe , de lui envoyer furie champ cet infenfé qui 'aifoit le Prophéte dans Ia ^xovrnzzdElhèjaz badban dépêcha deux couriers a Mahomet pour ui fignifier les ordres de fon Maitre. Les envoyés 'e préfentèrent devant lui en tremulant, lui remi. ent la lettre du Vice-Roi, & voulurent lui déclaer le fujet de leur meflage. II les renvoya au lenlemain fans avoir daigné les entendre. Pendant la luit méme, fi 1'on en croit les écrivains Arabes,  de Mahomet. 141 il eut une révélation. Un meflager célefte lui ap < prit la mort de Cofroës (1), aiTafïïné par fon fils (2)oSiroës. De grand raatin il fit venir les envoyés; il leur annonca cette nouvelle , & leur dit: „ apprenez que 'ma religion & mon empire „ parviendront au faite de grandeur oü s'eft élevé „ le royaume de Cofroè's. Allez. Dites a Badhan „ que je 1'invite a embralfer 1'Iflamifme ". Us partirent, & lui rendirent compte de leut miffïon. Peu de jours après, Badhan recut une lettre de Siroè's qui lui faifoit part de la mort de fon père ,P de fon avénement au thróne, & qui lui défendoit d'inquiéter le Prophéte, r rappé du concours des (1) Stfni's étoit le 23me Roi de Perfe, de Ia Familie ie Saffanides. Lhégire ou la fuite de Mahomet arriva la 32me ani ée de fon règne, qui répond a la douzieme de 1'Empire d'Heraclius. /Ibnl-Ftda (a) Avant de faire mourir ce Prince qui, dansles premières années de fon règne, avoit rempli 1'Orient du bruit de fes viélolres, Siroës lui dit: Ne fois point furpris fi je trempe mes mains dans ton lang. Tu m'as donné 1'exemple du parricide. Souviens-toi, qu'après avoir fait brüler avec un fer rouge les yeux de ton père Hormoz, tu le mis a mort. Si tu avois refpeélé les jours d'un père, ton fils refpeéleroit les tiens. A ces mots il donna le fignal, & fes Satellites le mafiacrerent. f ) I i 9 ï t i i ^ft«/- Feda, page 06. ^tj AB RE'GE' DE LA VlE Jéfus eft la vraie croyance. Lui-méme n'a riea ajouté de plus; j'eu attefte le fouverain du Ciel & de la terre. J'ai eu égard a ta rëcommandation. Ton coufm & fes compagnons ont été , re9us avec honneur dans mos Etats. lis y ont joui des droits de l'hofpitalité. J'attefte que tu , es l'Apétre de Dieu-, véritable & véridique. Je t'ai prêté'fenent entre les mains.de Jafar; j'ai | profeffé Tlflamifine en fa préfence. Je me fuis , dévoué au culte du Dieu des mondes. O Pro, phète! je t'envoye mons fils Ariba. Si tu 1'on , donnés, j'irai moi - même rendre hommage a la , divinité de ton Apoftolat. J'attefte que tes pa. , roles font la vérité". II ne recut pas une réponfe aufli favorable de Har et, fils a"Ahu Shamar le Gaffanite. Ce Prince régnoit fur une partie de 1'Arabie déferte. Son Royaume s'étendoit jufqu'aux confins de la Syrië. Sbajaa lui ayant préfenté fa lettre de créance, il la lut, lui dit: „ retourne vers ton maitre. Je par„ tirai dans peu, cX je lui porterai ma réponfe. „ Perifie fon Royaume, s'écria Mahomet"! Hawaza, Souverain de la Province ülemama étoit venu lui-même trouver le Prophéte, & avoit ïtnbrafTé i'lflamifme. De retour dans fes Etats, il jpoftafia. Mahomet lui envoya Solaït avec une Lettre. Le Prince 1'ayant lue, dit a 1'Ambalfadeur: -Je me fuis déja fait Mufulman, j'ai fecouru ie  de Mahomet. ïi( „ Prophéte; mais j'irai porter la guerre a Médine „ s'i! me parle encore de fa Religion. Je ne la i ferai pas cet honneur, répondit Mahomet; Sei I gneur, arrête fes projets, & qu'il perifTe"! Un des derniers Souverains a qui il envoya dei AmbaiTadeurs , fut Elmondar, Roi de Bahraïn II gouvernoit Ie pays qui s'étend Ie long du gol bhe Perfique. Oha lui ayant remis Ia lettere d< bn Apótre , il Ia lut avec refpeft, & embraiTaris. amifme. Les peuples de fes Etats fuivirent for :xemple. Elmondar remporta dans Ia fuite tint rictoire éclatante fur les Perfes. La paix régnoit a Medine. Les Arabes d'alentour avoient embraffé 1'lflamifme. Les Juifs domp iés n'ofoient plus lever la tête. Mahomet choifij :et inflant pour accomplir la vifite des lieux faints. Le quatrième article du Traité dCHodaïbla lui en Jonnoit le- droit. 11 partit de Medine au mois SEl:aada. Un nombreux cortége 1'accompagnoit. Dei bldats couverts de fer, une troupe de bergers coaluifant des viftimes parées de fleurs, offroient touti-Ia-fois un fpectacle guerrier & pacifique. C'ell dans cet appareil qu'il entra fur le territoire facré. Abdallab, fon grand Ecuyer, le précédoit, tenant Sr main la bride de fon chameau. Les Mufulmans, es yeux attachés fur leur Apótre, obfervoient fes ooindres mouvemens. Tout étoit intérelTam pots G s i Abnl-Tci* , Jannab.] AbulFedai page 08. Jamtaii page l'isi  1. lt ii n I f \ J i 1 J Depuis la cfcute d'Aivax fuivan Jlift-Fed*. Depuis la atiOance « [.8 Abre'ge' de la Vie i. II fe rendit au Temple, baifa religieufement I pierre noire, accomplit les circuits facrés, vifi; | . les collines de Safa & de Merva, & fit proclaler la prière a la porte du Sanduaire d'Abraham. I demeura trois jours a remplir les cérémonies pre-1 :rites par la Religion , & après avoir immolé les i&imes, il alla camper a fix milles de la Mecque. .a Ville étoit déferte. La plupart des habitans s'éoientretirés fur les montagnes voifmes. Ilauroit >u s'en emparer; mais la violation d'un pafte juré blemnellement auroit fappé les fondemens de fa Puiflance. Son ambition reglée par la politique. ie 1'aveugla point. Ses ennemis n'eurent jamaii l'avantage de le trouver parj ure. La Religion ne permet pas de s'approcher dei Femmes pendant le tems du pélerinage. Mahomet par un privilége attaché a la dignité d'Apótre, é poufa Maïmouna, lorfqu'il étoit encore revêtu d ïhabit facré de pélerin; mais il ne confomma 1 mariage, qu'après raccompliffement de fon vcet La piété des devots Mufulmans étant fatisfaite, ramena fes troupes a Medine. Kbaled,ü\s SElwalid, Amrou, fils d'Elas, Otl ^man, fils de Ta/ba, ne tardèrent pas a s'y rendr • Le premier étoit le meilleur Général des Arabe A la journée ÜAhed oü il commandoit la cavaler e des Coreïshites, il avoit faitpencher la victoire <  sb Mahomet. if<9 fon cèté. Atnrou, fils iïElas, le méme qui dans la fuite conquit 1'Egypte (i), avoit été envoyé deux fois en ambaflade vers le Roi d'Abiffinie, pour redemander les transfuges; mais Ie Prince, gagné par Jafar, avoit rejetté fa demande. Otbman, Préfet du Temple de la Mecque, jouiffoii d'une grande autorité parmi les idolatres. Ces trois chefs Coréïshites lifant dans 1'avenir, prévirentque le vainqueur des Juifs, 1'allié des têtes couronnées, le Légiflateur de fa nation,en feroit bientót le conquérant. L'un, guerrier ambitieux, voyant la valeur des Coreïshites enchainée, défiroit de combattre fous un Général intelligent, & de montrei fes talens fur un plus grand théatre. L'autre, apré; deux ambaflades ou il avoit demandé la tête de; compagnons de Mahomet,craignoit pour fes jours Otbman revêtu de Ia plus belle charge de 1'Arabie vouloit prevenir une difgrace qui ne lui patoiflbii pas fort éloiguée. Tous trois poulfés par des mo tifs différecs fe firent Mufulmans, & prêtèrent i leur Apótre ferment de fidelité. Jl leur aflural'oubli du paifé; il fiatta leur ambition, & ieur accor da fes bonnes graces. Mahomet avoit envoyé Elbarêt, fils SOmaïr (i) C'eft cet Amron, qui par f ordre ó'Omar, brült ia fameufe Bibliothèque d'Alexandrie, pe.te a jamais irreparable pour les Arts, & les connjiiTaaces humainet. . G 3 ' J.C ...«3». Depuis 1'H<- gire 8 De Mahomet 6o. Janna!/.  Mnl-Ted». page ioo. ( i) Ce Chateau fut nommé par les Francois Crue de Mmt-Rtal. 11 eft firué au-dela du Jiu'dain. Ils s'en rendirent ma!:res a.jrès la prife de J-.-rufalem, en 1098, (1'an quatre cent quatre-vingt-douze de 1'hégire.) Quatre- vingt-ueuf ans aptès, le grand S*Uh- EHdin ayant kaïtu l'armée Francoife prés du lac dc Tiberiade, reprit ce Chateau avic piufieurs autres forterefies- Ce fit dans •cette bataü'.e que Rigni (Lufignan. Roi de Jérufalém,), fon frère Haimar, le Seigneur du Mout , (de MontFerrat) , Ceoffroi, le Prince Renaud, Seigneur du CoÜt seau de Carae furent fai» prifonnlers. Eltnuiu. 150 Aere'ce de la Vie au Souverain de Ba/ra, pour 1'engager a Ce faire Mufulman. L'Ambaffadeur, arrivé kMouta, s'y repofoit dans une parfaite fécurité. II ignoroit le fort qui 1'attendoit. Amrott, fils de Sboraï!, Gouverneur de Ia Ville pour l'Empereur Heraclius, le furprit au fein de Ia paix, & 1'aiTaflïna. C'eft le feul des Ambafladeurs de Mahomet qui ait été tué. Réfolu de venger fa mort, il arma trois mille hommes, & leur ordonna s'avaueer jufqu'a Mouta, Ville de Syrië, fituée vis-a-vis SElcarac (i), d'inviter Ie» habitans a fe foumettre a 1'lflamifme & fur leur refus, de porter le fer & Ia flamme au fein de leurs foyers. Ce fut Ia première fois que les Arabes prirent les armes contre les Grecs. Cette étincelle produiüt un vafie incendie qui, pendant huit cents ans, embrafa 1'Orient. Depuis cet inftant Ie flambeau de la guerre ne cefia prefque d'ê-  ut Mahomet.- ï51 Ere allumé enrre les denx Nations, jufqu'au temps oü les Ottomansconduits par Mahomet fecond s'emparèrenr de Conftantinople (i). Mahomet donna le commandement de l'armée s Zaïd fon fils adoptif & déclara en préfence de fe: foldats que, s'ils perdoient leur Général, Jafai fils $ Abutakb le remplaceroit, & que s'il étoit tué, i!s eliroient a fa place Abdallab fils de Ro-waba, Les Mufulmans fe mirenf en marche fous les ordres de Zaïd. Animés- paria vengeance, ils traversèrent conrageufement les fabrles brulants & les va ftes déferts de 1'Arabie. Après des fatigues in. croyables ils vinrent camper prés de Mouta. A la nouvelle de leur approche les ennemis s'étoient rasfemblés. Une armée de cent mille hommes étoii prête a fondre fur eux. On tint confeil. Le plus grand nombre étoit d'avis d'éviter le combat, & de dépêcher un conrrier au Prophéte pour lui demander du fecours. Ce confeil timide déplut a Abdallab. II fe leva au milieu de l'Affemblée, & dit: „ compagnons, marchons contre les infidèles, „ Ouvrons-nous un païla-ge a travers leur batail„ lons. II ne peur nous arriver que cette alterna* ,", tive, ou le martyre, on la viftoire'*. Cefenti- (i) lis s'en eroparèrent en 1453, 1'an 857 d& rMr girc ( Jannabi JannaÉ. page 190.  ija Abue'oe' dk la Vie ment prévaiut. Cnfe prépara au combat- Les croyans ne formoient qu'un corps de trois mille hommes; mais chacun d'eux étoit endurci au metier des armes. Sept années de triomphes avoient élevé leurs ames. A force de vaincre, ils étoient devenus inviucibles. Cent mille hommes ne les effrayèrent point. Ils livrèrent la bataille. Elle fut longue & fanglante. Zaïd qui combattoit dans les premiers rangs tomba couvert de bleflures. Jafar rcleva 1'étendard, & foutint la gloire du nom Mufulman. Un foldat, lui ayant abatcula main quile portoit, il le prit de 1'autre. Elle fut coupée. 11 le ferra entre fes bras jufqu'au moment oü il tomba deffus percé de coups. Abdallah faifit 1'étendard enfanglanté, & fit des prodiges de valeur pourempêcher les ennemis de s'en emparer. II fuccomba fous le nombre comme les deux premiers Généraux. Les mufulmans prenoient la feite. Kbakd accourut, releva 1'éteni'ard de 1'lflamifme, & rappellaa. 1'entour les plus braves guerriers. Le combat rccommenfa avec une nouvelle fureur. Kbakd faifant un dernier effort, enfon9a les bataillons enne* mis, perca le centre de l'armée, & la mit en fuite. La nuit feule 1'empêcha de pourfuivre fa victoire. Elu Général d'une voix unanime, il campa fur le champ de bataille. Avant le lever du foleil fes troupes étoient fous les armes, & s'avan9oient •n bon «rdre. Lorfqu'il fut a la vue des ennemis,  De Makome f. 153 i! eut recours au ftratagéme. II élargit fes rangs; il fit piufieurs marches & contre - marches, & pat des manoeuvres favantes parut déployer a leurs yeux furpris une armée nombreufe. Les Grecs étonnéj crurent qu'il avoit recu de puifTants renforts. L'épouvantc s'empara de leurs ames. L'impétueux Khaled les ayant attaqués, ils n'oppoférent qu'une foible réfiftance, & fe débandèrent, laiffant leurs bagages au pouvoir de l'ennemi. Khakd chargé de dépouilles, & couvert de gloire, ramena fes troupes viétorieufes. II joignoit a la fcience d'un grand Capitaine une valeur héroïque. Pendant le combat neufépées s'étoient rompues dans fesmains. Les autres généraux n'avoient pas combattu avec moins de vaillance. On compta cinquante coup» d'épée & de lance fur le corps de Jafar , tous recus par devant. Mahomet ayant appris Ie fuccês de fes armes a Mout* effembla le peuple, & dit: „ Zaïd portoit ,, 1'étendard de l'Iflamifme a la tête de l'armée, & ,, il a fuccombé. Jafar 1'a pris, & il a fuccom* „ bé. Abdallab 1'a relevé, & il a fubi unpareil „ fort." A ces mots les croyans fondirent en larmes. Lui-même étoit pénétré d'attendrifTement; mais reprenant fon récit, il ajouta: „ enfin un „ guerrier, (1), fépée des épies de Dieu ayant (l) Kbiltd pon» daas la fuite le nom i'tf Ct it Dim. ?age 190.  Abre'ge* de la Vie Ge Général fameux, vainqueur de Mahomet au combat CAbii, vainqueur des Grecs » Mmta, conrinua fous Ie Califat &,'Akabtcr & di'Ömar le cours de fes exploits glo» ïieux. L& furnom que lui donna Mahomet nefut pointe inconnu a fes ennemis. Theophane, page 378, parie d'mj Smir aomaé K£*lt4., & appele ét Biet,* 9 faifi Pétendard, a forcé Ia victoire a fe déclaree n pour les Mufulmans. La joie de eette victoire fut troublée par la perte de trois généraux. On< avoit apporté leurs corps a Médine. On y voyoit les glorieufes bleifures dont ils étoient couverts.. Ge fpeclacle fit verfer des pleurs a tous les habitans.. La ville fut couverte d'un deuil univerfel. Mahomet ne put retenir fa fenfibilité. II partageoit la «louleur pubiique y & regrettoit deux amis élevésauprès de lui dès 1'eufance. Ilprit le fils de Jafar dans fes bras, & 1'embrafiant tendrement, le mouilla de fes larmes. Ayant rencontré la fille de Zaïd,. il fe.'jetta a.fon col, & ne put étouffer fes fanglots Saad 1'appercevant dans cet état lui dit: O Prophéte! que vois-je? „ Ce font, lui répondit Ma„ hornet,les regrets d'un ami envers fon ami"i On>. fit de magnifiques. funérailles aux généreux guer-riers, & après la pompe funèbre, Mahomet voulant adoucir la triftefle commune, dit: „ O Mu„ fulmans! ne pleurez plus fur Jafar;. fon fort efti ^ digne d'envie. Dieu lui a donné deux aïles, &,-  -ff'e M'a h o m e t- i$$ ,i il s'en fert pour parcourir fimmenfe étendue de$ „ Cieux ouverts a f«s défirs". Un événement qui eut de grandes fuites fit diverfion a la douleur & aux larmes. Les enfans de Bccre, autoriféspar Ie traité d'/lodaibia , étoient entrés dans falliance des Coreïshites. Les Cozaïtes. s'étoient rangés du cóté de Mahomet. La haine qui divifoit ces deux tribus leur avoit fait prendre ce.s partis oppofés. Les enfans de Becre voyant leurs eunemis endormis a I'ombre de lapaix, fentirent renaitre leur ancienne animofité. La facilité de la vengeance les fit pafier fur la fainteté desloix. Ils demandérent des troupes aux Coreïshites, & alierent attaquer les Cozaïtes. Ils furprirent un de ieurs bourgs, maflacrèrent une partie des habitans, & mirent les autres en fuite. Les malheureux alt liés vinrent porter leurs plaintes a 1'Apótre des croyans. 11 leur promit fon affillance. Les Coreïshites, en fournifiant des troupes contne les Cozaïtes, avoient violé le traité dVIodaïbia. Ils ne tardèrent pas a fentir 1'inconféquence de cette conduite. Pour en prévenir les fuites, ils députèrent Abufofian a la Mecque, avec ordre d'offrir toutes les fatisfaction's imaginables: démarche inutile.. Charmé de trouver une occafión fi favorable a fes deiTeins', Mahomet vouloit en profiter» gons prétexte de venger Ia caufe de fes allics, il avoit juré dans fon cceur, d'abaillerlr.atguaü"d«p AM-FcdJ |ü page loï. 'othml-FtMi, >8ge ia» I  Ï5Ö AïSRE'GE' DE LA Vtfc i i l i I i f 1 I f rMnt-Ftd4,t t «oï.«c 103.J H • I tl Tl fi S' » (l) Les Arabes n'on ni cbaifes, ni fauteuils dans leurs appertemens. Un fopha quirdgne a, 1'entour, forme leurs fiéges. Le foir ils y étendeut des matelas qui leur fervent de lits. On les plie le matin, & la ehambre a eouSfcer dtvient faUon de compagnie. dolatres, & de fe rendre maitre de la Mecque. Ibufofian, en arrivant a Médine, defcendit chez hnm habiba fa fille, époufe de Mahomet, II la >ria d'intercéder pour lui; mais ayant voulu s'as;oir fur fon lit (i), elle le plia promptement, , 6 ma fille! lui dit-il, préférez-vous ce lit a vo, tre père? C'eft la couche de 1'Apótre de Dieu, répondit O»?» habiba, & vous êtes Idolatre". 1buf*fian, indigné, fortit en maudiflant fa fille. I entra dans Pappartement du Prophéte, & après avoir complimenté lui paria de négociation. II e put en obtenir une pnrole. Ce filence obftiné li fit fentir la grandeur du mal. 11 chercha des lédiateurs. Abubecr & Ali, follicités de parler 1 fa faveur refusèrent de 1'entendre. L'Ambafiaeur humilié retourna a la Mecque, & rendit comp1 du mauvais fuccès de fa mifïïon. Tandis que les Coreïshites incertains , délibédent fur le parti qu'il falloit preridré*, Mahomet ifoit de grands préparatifs. Ses confédérés étoient rertis de fe rendre a Médine. Tous les Mufu!. ans devoient prendre les armes. Réfolu de fon.  De Mahomet. 15/ drea fimprovilte fur les Idolatres, il défenditd'errtretenir aucune communication avec eux. Hateb, prefTé par le défir de fauver fa familie, trangreifa le loi. 11 écrit ces mots : „ Hateb , fils de „ Battea, aux Mecquois, falut. Apprenez que „ 1'Apótre de Dieu fe dispofe a vous attaquer. „ Préparez-vous a la défenfe ". Sara , fervante des fils de Hashem, fe chargea pour dix écus d'or de porter la lettre. Mahomet découvrit la trahifon ("i). II envoya Ali & Zobaïr a la pourfuite de Sara. Ils 1'atteignirent a quelque diftance de la Mecque. On lui demande Ia lettre. Elle protefte qu'elle n'en a point: on Ia fouille; les recherches font vaines. Ali, indigné , léve fon fabre , & dit qu'il va lui abattre la tête. Sara, effrayée, déploie fes longs cheveux, & rend 1'écrit caché dans leur épaifleur. Mahomet montrant a Hateb le gage de fa perfidie, lui demanda quel motif avoit pu le porter a violer fa défenfe. „ Apótre de „ Dieu, répondit le coupable, je prends le Cieli „ tèmoin que je n'ai point oublié 1'obéifiance que ,, je vous ai jurée, & que mon cceur n'a point „ changé de religion. Mais étranger a la Mec„ que, j'ai laiifé au milieu des idolatres une fem- (1) Des Ecrivains enihouGaftes difent que Gabriel deicsndit du Ciel pour 1'cu inflruire. G7 Ahul- Fti*. page iou  Ui Coran, ch. 6 f. . pjemier. "Mül-Fida. ■ page 103. Jannab. page 202. - Ahtl-Feda, page. 104. 'jsnrsat. igS AiBRE'GE'. Dl LA VÏE „ me & des enfans. Ils y fonr fans parens, fans ,, amis. Je voulois qu'un fervice fignalé leur fit „ trouver des protecteurs ". Apótre de Dieu , ^écria Omar,. Hatebeü un hypocrite & un incré- dule ; permettez que je lui coupe la tête. ,, Arrètez, Omar. Epargnez le fang de mes coinn pagnons. Hateb eft un de ceux qui ont com-„ battu ii la journée de Beder. II eft abfous % Mais afin d'arrêter un exemple dont les fuites eusfent été dangereufes, il fit descendre ce verfet du Ciel: „ ó croyans ! n'entretenez aucune liaifon „ avec mes ennemis, & les vótres. Vous leur „ montrez de la bienveillance, & ils ont abjuré la ,, vérité qu'on leur a enfeignée. 11 vous ont re„ jettés, vous & le Prophéte, du fein de leur „ ville, paree que vous aviez la foi. Si vous les „.combattez pour la défenfe de ma loi, & pour „ mériter mes faveurs, devez vous conferver de „ 1'amitié pour eux ? Je connois ce qui eft caché „ au fond de vos cceurs, & ce que vous produi„ fez au grand jour. Celui qui trahira mes.inté„ rêts aura abandonné la juftice ". ■ Les préparatifs étant achevés, Mahomet partit de Médine le dix du mois Ramadan. Les Mohageriens , les Anfariens, & quelques■ efcadrons Arabes, compofoient une armée formtdabfe. Elle • fur.groflïa dans fa marche par piufieurs. détacheaens des tribus coafédérées.. Le mijne Giuérai;  ;D>E M: A H O MET»; ï&j qui-,- k la journée de Bedér, n'avoit pu réunirquetrois cent treize foldats, comptoit dix mille com- . hattans ralfemblés fous 1'étendard de riflamifme. II avoit marché avec tant de promptitude & de fecret-, qu'il étoit aux portes de la Mecque , avant que les Coréïshites euflent appris fon départ deMédine. II campa fur le foir a- Qi") Morr el Dabran,. & attendit le lever du foleil pour fondre fui les idolatres. Dix mille feux furent allumés par fon ordre. Omar, établi Meftre de Camp , fit une garde fi exacte, que toute communication futinterrompue avec les ennemis. Elabbas, touché de compaffion, .& alarmé du fort qui menacoit fa patrie, fortit du camp pendant la nuit, cherchant quelqu'un qui put apprendre aux Coreïshites que 1'orage grondoit fur leurs têtes. 11 rencontra A' bufofian , Hakim & Bodaïl fortis de la ville pour prendre des informations de l'ennemi. Ayant gp« percu i travers les ténèbres une multitude de feux,, ils s'en retournoient épouvantés. „ Oü courez/ ,, vous, leur cria Elabbdi ? EU ce Elabbas,. d\tAbufofian ? C'eft moi-même. — Qu"'appercois-je • „ derrière vous ? — Mahomet qui vient vous vi„.fiter a la tête de dix mille hommes. — Que me „. confeillez-vous de faire? — De venir fur le: ( i ) Mtrr\«lDtihtan eft fltué k.quatre -lieues de la Mee-»  P.SO4.& 10$ ] i ' t i i 1 a ioj. M 9* l6"o AbR.E'8 Ë' de LA VtE „ chainp lui demander fureté, autrement c'eft „ fait de vous '\ Le confeil fut fuivi. Omar , qui veilloit a fa garde du camp, ayant reconnu le :hef des idolatres, s'écria: Dieu foit loué; voici ribufofian entre nos mams fans pafte ni alliance. [1 courut vite demander fa tête a Mahomet. Elabbas, intercéda pour fon prifönnier, & Ie Prophê:e lui donnant fa parole pour fauvegarde , dit a 'on oncle: emmenez-fe a votre quartier; vous me e préfenterez demain matiu. Au point du jour il Jtoit dans fa tente. „ Hé bien , lui dit le général , des croyans , n'eft-ii pas temps de reconnoitre , qu'il n'y a qu'un Dieu ? — Je n'en doute nut* , lement. — N'eft-il pas temps auffi de reconnol- , tre que fuis fon Apótre? Pardonnez a ma , fincérité , jufqu'a préfent j'ai penfé difTérera, ment. Malheur a vous! lui dit Elabbas. Ren, dez hommage a la vérité , ou votre tête . . . , La fierté 8 Abufofian céda ". II embraifa la eligion du plus fort, & prononca la doublé proeffion de foi. Hakim & Bódatl imitêrent fon xemple. Mahomet ayant tiré Elabbas a 1'écarr, Jt dit: conduifez Abufofian a Pentréede lavallée, in qu'il voie défiler mes troupes. „ Volontiers; mais il eft ambitieux. II aime la gloire. Accor* dez-lui quelque titre qui puilTe flatter fon amour propre, & le diöinguer aux yeux de fes compatriotes ". L'avis fut approuvé, &l'on prr>  be Mahomet» iét „ clama oec ordre: „ quiconque entrera dans la „ maifon d''Abufofian , qu'il foit fauvé. Quicon,, que fe refugiera dans le temple, qu'il foit fauvé. „ Quiconque fermera fa porte, qu'il foit fau„ vé. Quiconque fe retirera dans la maifon „ de Hakim, qu'il foit fauvé ". Elabbas ayant conduit le Chef idolatre au lieu indiqué , parut s'y arrêter , fans deflein. A mefure que les Mufulmans dèfiloient fous leurs yeux, il fatisfaifoit fa curiofité fans affectation. Lorsque la garde du Prophéte vint a paffer, Abufofian appercevantdes foldats hérilfés de fer , dont 1'oeil farouche fiere infpiroient la terreur, demanda qui étoient ces guerriers. Ce font , lui répendit Elabbas, les Mohagériens & les Anfariens qui accompagnent par tout 1'Apótre de Dieu. „ Le royaumedu „ fils de ton frère eft parvenu a un haut degré de ,, puilTance. Telle eft la majefté du carac- „ tére augufle d'Apótre ": a ces mots, il congédia Abufofian , qui, ayant fait aux idolatres le rapport de ce qu'il avoit vu, répandit panui eux la conflernation. Mahomet , ayant renvoyé Hakim & Bodaü, dispofa fon armee de la manière fuivante: il donna un détachement a Zobaïr, avec ordre de gagner, par le chemin de Cada, les hauteurs qui domiuent la Mecque. II commanda a Saad de fe ren-  Page lo6, Jjitnab. gage 20S. jf6"2 AfiRE'GE' de la Vië dre maitre des collines que traverfe le chemin de Coda. Ali, a la tête de la cavalerie, portant en main 1'étendard de Plflamisrae, devoit s'arrêter fur le Hajoun, jusqu'au moment oü Saad crieroit ces mots menacans: „ voici le jour de deuil & de „ carnage; voici le jour oü les lieux faints feront ,, violés s'il eft néceffaire". Kaled , commandant les confédérés, étoit chargé de descendredans la plaine, & de marcher vers les murs de la Ville. Mahomet fe tenoit a 1'arrière-garde pret a envoyer des ordres par tout oü le befoin l'exigeroir. Tous les Généraux avoient défenfe de combattre, a moins qu'ils ne fulTeut attaqués. Ces ordres donnés , les différens corps fe mirent en mouvement. Zobaïr n'ayant point trouvé d'ennemis du cóté des montagnes arriva aux portes de la Ville fans coup ferir. Khaled éprouva de la réfiftance dans la piaine. Piufieurs bataillons de Coreïshites lui dis— putèrent le palTage, & décochèrent leurs fikh.s. Khaled les attaqua 1'épée a la main , les mit en fuite, & les pourfuivit jusque dans les muis de f* Mecque. Mahomet, ayant apperpu le carnage du lommer de la montagne, s'éciia: „ Ciel! que „ vois je? N'avois-je pas défendude combattre?" Les idolatres, lui répondit on , ont attaqué Khaled, & il fe défend. II lui envoya ordre d'épargner lè fang. II descendit du mont Hajoun & fir fon entrée a la Mecque au moment oü le foleil.  DE Ma i! O M e Ti Ifj- paroiiToit fur 1'boriibn. Ali portoit devant lui 1'é tendard de 1'flamisme, Abuhecr étoit a fa droite Ozaïd a fa gauche. Derrière lui marchoit Ofama fils de Zaid. II slnclina profondément pour re mercier le Ciel qui le rendoit maitre du territoir facré & du fanftuaire d'Abraham. II récita a hati te voix Ia chapitre quarante-huitième , qui com mence par ces mots: „. Nous t'avons accerdéun „ victoire éclatante. Dieu t'a pardonné tes fau „ tes, il a accompli fes graces, & il te conduir: „ dans le fentier de la juftice. Sa protection e( „ pour toi un bouclier puifTant ", &c. Tandi qu'il foumettoit un peuple, qui n'avoit jamaiscon nu de maitre, il ne paroiiToit occupé que d'idée; religieufes. La tête ceinte d un turbau nbir, Ié corps couvert du manteau de pélerin, il fembloii plutöt ua fervent Mufulman que le conquérant de la Mecque. II marcha droit au temple. Son premier foin fut de faire abattre trois cent foixante idoles placés a 1'entour. II les frappoit de la can ne qu'il portoit a la.maiu,en pronon9antces mots: „ la vérité a paru,. le menfonge va disparoitre & „ il ne fe montrera plus ". Er cet autre verfet : „ Ia vérité a paru, le menfonge s'efl difïïpé com,, me une vapeur légere " Lorsque les divinités des Arabes eurent couvert Ia terre de leurs débris, il accomplit les fept circuits facrés autour dü temgte, & toucha avec un respect religieux 1'angle L \ Le Coraa ch 34- P, -05. tome fecond. Le Coraa p. 34. tome > fecopd. AbnUFcda. page :07>  CO Les Arabes croyoient que les Anges étoient les filles de Dieu. Ils les repréfentoient fous la forroe d'une femme, & leur rendoient dei honneurs divins. 164 ABRE'SE' DE LA V IE de la pierre noire. Avant d'y entrer, il en fit arracher des portraits (1) de femmes, objets d'un culte facrilege. A Ia vue des tableaux oü Abraham & Ifmaël étoient repréfentées tenant en main lesllèches du fort, il s'écriai „ malheur aux ido„ Uitres! ils ont peint nos respeflables patriarches „ d'après leurs idéés fuperftitieufes. Qu'ont de „ commun avec Abraham & Ismaël, les flèches ,, du fort "? Après avoir détruit tous lex objets eneenfés par Ia fuperftition, il entra dans le temple, prononca la formule , Dieu eft grand, &c. & fit la prière avec deux inclinations. Delü il fe rendit au puits de Zemzem , découvert par 1'Ange a Agar. 11 s'y défaltera , & fit 1'ablution facrée. Ces diverfes cérémonies remplies, il affembla les Coreïshites , hète. Un.crime plus atroce le lui avoit reudu dieux. Sur le point de s'enfuir de la Mecque ,du tfahomet avoit chargé Elabbas de condüire fes^* eux filles a Médine. Elhawairet les ayant rertontrées en chemjn, les heurta brutalement, & les •nverfa .par terre. Cette indignité n'avoit point Tome I, H i Jamei Le Coran,' chap. 100. L'-Antïnr e Livre hafa £l£f in. 'Ante» Livre «ƒ<•  ! AM-Teia, yage 106. Jannab , pag. SOf. ZnOUtS qui lc renuuicui vcuciauic. im - vint Die» ou Déefle. On lui décema un culte & [7© Abre'ge' de la Vie 5té oubliée. EHe fut punie. Ali ayant rencontré e coupable, lui abattit la tête. Henda, époufe 8Abufofian, Sara domeftique 4es fils de Hashem, Fariata & Cariba, ies deux comédiennes d''Abdallab, furent les feules femmes profcrites. Les trois premières obtinrent leur grtce. Fariata feule fut punie de mort. La prife de la Mecque arriva un vendredi le.21 du mois Ramadan. Mahomet y refia environ quinze joürs pour régler les affaires du gouvernement & de la religion. Pendant ce temps, fes iieutenants parcouroient les provinces voifines, appèloient ies peuples a 1'Iflamifme, & renverfoient les idoles. Ifmaël avoit apporté k la Mecque le cake d'un Dieu unique, & élevé un temple a fa gloire. Ses defcendans le confervèrent long-temps dans fa pureté; mais leur nombre s'étant augmenté , la ville ne put plus les contenir dans fon étroite enceinte. Des colonies forties de fon fein, fe répandirent dans les provinces voifines. Elles emportoient avec «Hes des pierres du fanftuaire d' Ifmaël. Ces ïnoBumens facrés ne fervirent d'abord qu'a leur rappeler leur origine, & Ia religion de leurs pères. Peua-peu la préfence de 1'objet vénéré fit oublier les  de Mahomet. tj{ iesfacrifices. La con-uption s'étendir. La Mecque elle-méme recut les divinicés de fes voifins,& devint Ie foyer de 1'idolatrie. Mahomet s'étoit armé contre ce culte facrilège. Soit qu'il mlt fa gloire a faire adorer un Dieu unique, foit qu'il envifageat une feule religion, comme le moyen le pltw ■propre pour rémiir les forces des Arabes divifés, il combattit 1'idotèrrle avec un zèle ardent, &parvint a la détrnire. Si, en forcant les peuples t changer de croyance, il leur faifoit embrafler de nouvelles erreurs, au moins établiiToit-il parmi eusc i'idée fublime d'un être fuprême vengeur du crime, & rémunérateur de la vertu; au moins aboliiïbkil les facrifices affreux, oü le père, étouffimt dar* Cm cceur le cri de la nature, inondoit du fang de fes enfans les autels de fes Dieux. II eft vrai que les Apótres qu'il envoyoit pour convertir les idolttres, n'étoient pas des hommes de paix. Ils pr€choient 1'épée ft la main; & propofoient ou 1'Ifli* mifme, ou 1'efclavage. Khaled, un de ces miflionnaires armés étoit allé I prêcher les Jadimites. Us avoient tué & dépouillé^w/fon oncle lorfqu'ilrevenoit de l'Yemen.avee de grandes richelfes. Ce fouvenir étoit gravé dans fon cceur, & le défir de la vengeance 1'animoitplus encore que le zèle de la religion. II cainpa pre» d'un de leurs puits. Les Jadimites s'y étant ratftmble's en armes, il leur propofa de fe faire Muil 3  I 11 f l Aiul- Feda, j_ page III. I I < 1 I 1 ; 4 I 1 ] JlM-Fid*, page ns. 7» Abre'ge' la Vie liman, & fur leur refus il leur livra coinbat. Us irent vaincus. Une partie refta fur le champ de ataille. Les autres prifonniers devoient être envïenés en captivité. Kbaled leur ayant fait lier les mins derrière les dos, en immola piufieurs aux ïanes de fon oncle. 11 propofa a fes compagnons 'égorger le refte. Salem, qui commandoit une iartie de l'armée, s'oppofa a 1'exécution de cet irdre barbare. Sa fermeté fauva les captifs. Malomet blama hautement la conduite de fon Généal. 11 leva les mains au Ciel, & dit „ Seigneur, , je fuis innocent du crime qu'il a commis". U invoya fur le champ Ali avec une fomme d'argent lour payer le fang des Jadimites. Lorfque 1'enroyé eut acqaitté tout ce que la loi exigeoit il denanda aux parens de ceux qui avoient été tués jnuftement, s'ils étoient fatisfaits. Nous le fommes, •épondirent-ils. La fomme n'étant pas épuifée, 1 diftribua a ces malheureux le refte de 1'argent. Mahomet donna de grands éloges a la générofité i'Ali. Les idolatres fe rendoient en foule a la Mecque, & prétoient ferment d'obéiffance aa vainqueur. Les Hawazenites commandé par Malec, & les Tahfites osèrent s'oppofer au torrent. Ces tribus belliqueufes engagèrent leurs alliés a s'armer pour défendre leur liberté & leurs Dieux. Les Saadites .& les Jocbmites fe rendirent a leur inyitatioa. Ces  de Mahomet. 173 derniers avoient pour chef Doraïd vieillard de plus de cent ans, qui, fous les débris d'un fquélette ambulant, confervoit la vigueur d'ame & le courage d'un jeune guerrier. Tout aveugle qu'il é.oit, il fe fit porter dans une litière a la tête de fes foldats, & éclaira leur courage per fon expérience. „ Plüt a Dieu, s'écrioit-il a la veille de fubir le „ joug, que j'eufle achevé ma carrière, & que „ mon corps reposat fou 1'ombre d'un tombeau"! Infiruit par fes efpions, & du nombre des ennemis, & de leurs delTein, Mahomet fortit de la Mecque le fix du mois de Cbaval. Aux dix mille hommes qu'il avoit amenès de Médine, il avoit joint deux mille Mecquois. C'étoit l'armée la plus nombreufe qu'il eüt commandée. A cette vue un des chefs ne put s'empccher de dire: il eft imposfible que tant de braves guerriers foient vaincus par des troupes inférieures en nombre. Ces paroles déplurent a Mahomet, paree qu'elles infpiroientdc la vanité a fes foldats, & qu'elles pouvoient leur faire négliger les moyens de vaincre. II s'en plaint, en ces mots, dans le Coran: Souvenez-vousde c „ la journée de Honein, oii le nombre de vos fol-t dats vous enfloit le cceur. A quoi vous fervit „ cette armée formidable! La terre vous fembla „ trop étroite dans votre fuite précipitée". Le Général des croyans alla camper a Honein, vallée fituée ii trois lieues de la Mecque. 11 s avanca dans H 3 Le Coran, h.9 p. jqj. >m. prem.  AM- Ttia ( i ) Anus eft Ie nom d'une vallée Qtuée e»tr« Hmiiz, & Taïtf. Jmmai, ï?4 AsRt'ce' df. la Vie les gorges de montagnes pour aller au point cru Jour furpreadte les ennemis carnpés a Autas (0> Ils tournèrent contre lui fon ftratagênie Malec, profitant des ombres de la nuir, vint inveflir lava!* We oü les Mufulmans étoient enfcrmés. II pla9a im corps de troupes a 1'entrée, & leur recommanda de tenir ferme dans ce pofte, fi difpofa la reste de fes foldats fur les collines & dans les creux des rochers. Au lever de 1'aurore les Mufulmans, déployant leurs drapeaux, fe mirent en marche. Malec donna le ftgoal, & ils furent alTaillis d'une grèle de dards & de flèches. Cette attaque imprévue les déconcerta. Environnés de toutes parts, ils perdirent courage, & prirent la fuite avec tar.t de précipitation qu'il n'en refta pas deux enfemble. Mahomet expofé au plus grand danger qu'il eut eouru de fa vie, fe vit pret a perdre en uninflanr te fruit de vingt années de travaux, de huit annéts de conquêtes. Entouré d'ennemis, prefque feul au milieu de leurs bataiilons, il conferva fon fangfroid & fon intrépidtté. II fe reptia prompteinent *ers la droite de l'armée, & s'arrctadans un pofte avantageux. Un petit nombre d'Anfariens & de Mohageriens fe rafl'emblèrent autour de luL Abu-  D E M A H O M B T. 1^5 beer, Omar, Elahbas, & 1'invincible AH, réfoJurent de verfer leur fang pour fa défenfe. Au milieu du défordre général, il crioit: „ Je fuis Ma„ hornet; je fuis 1'Apótre de Dieu; compagnons, „ oü fuyez-vous? revenez fous vos étendards. Les ennemis, entendant fa voix, dirigèrent leurs coups de fon cóté. Us preffoient vivement le pe» tit bataillon oü il faifoit des prodiges de valeur. Aiman, Abdallab, fils de Zobaïr, & Ocatlfrère d'Ali, tombèrent morts a fes cótés. Défefpérant de pouvoir long- tems foutenir les affauts d'une armée victorieufe, il vouloit fe précipiter a travers les ennemis , & mourir glorieufement. Elabbas, voyant fon deffein, fè fetta 3 la bnde de fa mule, & farrèta. Puifque vous m'empéchez d'entrer dans la mélée , lui dit Mahomet , rappelez mes foldats» Auffi-tót, Ehil-bas qui avoit la voix forte, criar. „ ó Mufulmans! revenez autour de votre Apótre, „ revenez fous vos étendards". Les vallons répétèrent ces mots: les fuïards les entendirent. lis s'arrêtérent. Leur première terreur s'étant difiipée', ils rougirent de leur hkheté, & accoururent en foule pour fauver leur Prophéte. Le combat recommen9a avec une nouvelle fureur.. Les Uawaxenites vouloient conferver leur avantage, les Mufulmans effacer leur honte. Mahomet encourageoie fes foldats. Confidérant le choc des- deux arméesj  Jaunmb. xj( Abre'ge' de la Vie voifa, dit-il, Ia fournaife qui s'enflamme. S'appercevant que la victoire penclioit de fon cüté, il employa,pour la décider,le même flratagéme dont il s'étoit fervi a Beder. Il prit une poiguée de pouffière, & la jettant vers les idolatres, „ que leurs yeux, s'écria-t-il, foient couverts de téne> „ bres! Courage, compagnons, la vicloire efti „ vous". Au même moment les Mufulmanspousfèrenc les ennemis avec tant de vigueur qu'ils les mirent en fuite (i). Les Takifites tinrent ferme fous leurs drapeaux, & aimèrent mieux fe faire hacher que de les abandonner. Malec, Général des Jlawazenites, fe retira dans le chateau de Taïtf avec ,les debris de fon armée. Doraïd, Chef des jocbwites, s'arrêta dans la plaine A'Autas. Abu Amer détaché a Ia pourfuite des fuiards, 1'atteignit, & lui livra combat. Animés par la préfence de leur vieux Général, les Jochmites fe défendirent courageuferaent. Enfin, après bien des efforts, les Mufulmans remportèrent 1'avantage. II en coüta la vie a leur Général. Au fort de la mêlée il eut ( i). Mahomet aitribua I'hcnneur de cette viftoirc au fecours Divin. Dieu cóuvrit de fa fauve - garde le Prophéte & les croyans. 11 fit defcendre des batr.illnns d'Anges invifibles a vos yeux, pour punir les icfidéles. Tel eft le fort de préyaricateurs. Le Coran , chap. 9. pag. j93. tome premier.  de Mahomet» 17, Ia cuiiTe percée d'une flèche. Abu Moufa fon neveu le vengea. 11 s'élanca fur le foldat qui 1'avoit bleiTé, & le renverfa a fespieds. Abu Amer, eonfolë par la victoire, fe fit arracher le fer meurtrier, & mourut dans 1'opération. Prés d'expirer il dit a fon neveu: „ faluez le Prophéte de „ ma part, & le priez d'implorer le pardon de mes „ fautes ". L'infortuné Doraïd eut une fin plus tragique. Ses troupes étaut disperfées, ii fuioit dans fa litiére. Rabieb, jeune Mufulman , plein de feu, 1'atteignit. II le tira de la voiture, & le frappa de fon épée; mais il ne pouvoit parvenir a lui öter Ia vie. „ Prends, lui dit le vieux guerrier , „ mon fabre qui pend derrière avec mon baga,, ge ". Rabieb détacha le fabre pefant, & lui fendit la tè'te. Abu Moufa n'ayant plus d'ennemis a combattre, ramena fon détachement au Quartier Général. II fe préfenta devant Mahomet qu'il trouva aflis fur un thróne enrichi d'or, & de pierres précieufes. II lui rendit compte de fon expédition,& lui rapporta les dernières paroles 8Abu Amer. Le prophéte descendit de fon thróne,fit 1'ablutionfacrée„ & levant les mains au Ciel, lui adrelfa cette prière t „ Seigneur , pardonne les pechès 8Abu Amer% „ Accorde-lui une place glorieufe au jour de la 'refurreftion. Qu'il foit élevé au detTus de la AbuUTeia, S/Mar.  f7» Abre'ge1 de la Vie i ' 'AUüFei»} fago ji7. 1 ] , plus excellente partie de la création" Pourfuivant Ie cours de fes exploits, Mahomet; illa mettre le fiége devant Taïef oü Malec s'étoit etiré avec les Hawazenites. La Place étoit fore, II fallut l'afiiéger dans les régies. On ouvrit a tranchée, on fit approcher les beliers, les cata>uhes, les pierriers ; les murailles furent battuessendant vingt jours. Lorsque les brèehes futent praticables, on donna 1'aflaut. Les Mufulmans nontèrent avec leur intrépidité ordinaire. Us combattirent vaillamraent; mais ils trouvérent une réfiftance infurmontable, Malec , a la tête des Ha* wazemites t les repoufla avec pene. lrrini du peu«Ie faccès de fes armes, Mahomet fit le degat auteur de la. Ville.. Toutes les vignes fureiH coupées. On y mit le feu. Ce fpectacle n'abauit point le courage des Takitifes* L'araour de la<. Kberté jeur fit tout fupporter. Ce firatagême n'ayjtut pas réufii, Mahomet en einplaya. un autre qui pouvoic leur devenir plas funefte- ü fit pu> klier autour des ramparts qu'il donneroit la liberté t*. tous les efclaves qui fe rendroient a fon camp» Les affiégés firent fi bonne garde, qu'il ne s'en échappa que vingt-trois. Us fureut déclarés lihres. La rufe & la force devenant inutiles, Omar , pari'or. dre daGédéral, commanda aux woupes de plTer feagage. üu munuure univerfel s'éleval Hé quot,  de Mahomet» *7* diroiènt les Mufulmans, quitterons-nous prife, a» vant que Taief nous ait ouvert fes portes? Témoiti du mécontentement de l'armée, Mahome. fit pu« blier 1'affaut pour le lendemain. Les foldats fatisfaits s'y portèren avec ardeur. lis gagnérent la brécbe 1'épée a la main, & combattirent en, dé* fefperés fur les débxis de la muraille; mais les asfiégés retranchés dans un pofte avantageu*. pré» fentant un front hériffé de lances & d'épées, tandis' que leurs archers faifoicnt pleuvoir une grêle de dards & de flèches, formérent, derrière leurs murs renverfés , un rempart impénétrahle. Après des efforts inouis, les affiégeans ayant perdu beaucoupdu monde , voyant la plupart de lenrs Officiers bleffés, furent obligés de fe retirer. Mahomet fi: donner une feconde fois 1'ordre du départ, &per:bnnenemurmura. L'armée s'étant mife en marche ,J s'arrêta a Gerana., bourg fitué entre Taïef & laj Mecque. C'étoit le depót de toutes les dépauiv!es enlevées a la bataille iïlhneïn & SAutas.- Orj en ils le dénombremeot. II fe trouva fix mille qaptifs hommes, femmes, & enfans , vingt-quatrc mille chameaux, quarante mille moutons r & quatre mille onces d'argeaf Les Hawazenites ne tar~ dèrent pas a envoyer ctes députés au camp de Oe~ rana, Mahomet fe leva a leur arrivée, & leur fi«m accueil ^rackux.. Ils embrafséreor, i'Iflaausaie», 'Abitl-Fedav Hge ii8. Jannab 9, n 23*0  llbtkM. ité Abr'ge' de la Vie & le prièreht de leur rendre leurs prifonniers Sr leurs biens. „ Mes foldats, leur dit-il, ne con„ fentiroient jamais a vous accorder votre deman„ de eutier ; choifilfez de 1'un, ou de 1'autre ". Ils retournèrent vers leurs compatriotes, & revinrent, dix jours après, detnander les captifs de leur nation. Avant de les leur rendre, Mahomet asfembla fes foldats, & leur fit cette courte harangue: ó Mufulmans! vos frères font veuus vers vous, conduits par le repentir. Us m'ont conjuré de „ rendre la liberté a leurs pères,leurs mères, leurs „ enfans. Je n'ai pu réfifter a leurs infiances. Je „ ferois charmé que vous approuvafliez ma cou„ duite: mais fi quelqu'un de vous fe Croit léfé , „ qu'il parle; je promets de le dédommager a la Si première rencontre, oü le Ciel nous accordcra „ de nöuvelles dépouilles ". O Prophéte! s'écrièjent Ie plus grand nombre, nous approuvons ce que vous avez fait. L'acclamation n'ayantpas été générale, il ordonna aux Tribuns de recueillir les voix de chaque foldat, & de lui faire leur rapport. Jls l'affurèrent que toute l'armée avoit approuvé fa générofité. La certitude d'un confentement unaaiime fit convoquer une nouvelle aflemblée. Les députés des Hawazcnites y ayant été introduits , il leur dit: „ tous les captifs qui font tombés eu », partage a moi,& aux enfans SAbd Elmstalkk,  BE M A H O M:E T. i»j font a vous ". Les Mohageriens & les Anfariens dirent: tous ceux qui nous font échus, appartiennent a 1'Apótre de Dieu. A l'inftant les fa mille prifonniers furent rendus aux Htvwazenites. La trait de muuificence fit oublier aux croyans le facrifice qu'ils venoient de faire. II leur céda Ia cinquième portion du butin qui lui étoit due pat droit de conquête. Avant de congédier les députés, il leur fit entendre que fi Malec, leur Général, venoit embrafler 1'Iflamisme, il lui rendroit fa familie , fes richeiTes, & qu'il ajouteroit it ces bienfaits, .un préfent de cent chameaux. Attiré par ces.flatteufespromefles, le Prince fe rendit au camp de Gerana , & fe fit Mufulman. Son attente ne fut point trompée. Flatté de 1'accueil qu'il recut, charmé d'avoir recouvert tout ce qu'il avoit de plus cher au monde, Malec époufa avec chaletu les intéréts d'un vainqueur bienfaifant, & devint l'ennemi le plus rédoutable des Takifites. Le commandement de tous fes compatriotes fut le prix di fon zèle. .■; . Ces nègociations terminées i Mahomet partagea les dépouilles. 11 lui importoit de s'attacher les principaux Chefs des Tribus. Tout ce que le droit des armes lui avoit acquis, fut facrifié pour gagner leur affection. Abufofian, fes deux fils. 2s- H7 Ahxl-TeAa. page lig.  i i MKl~rcia.[ (O McêvU., Cxiènie Calife-, fut ia tige de Ia familie. kV» & Moavia (i); 5 f ï i 1 t L L - Jannab. p. 144. JBntl-FiU, p. 120.  .86 Abre'ge' de la Vie „ vert de lauriers. Pourfuivoit-il une proie? II „ 1'atteignoit. Lui demandoit-on une grace? Elle „ étoit aecordée. S'il jouoit au jeu de hafard ,- Ie fort le favorifoit. S'il difputoit le prix de la cout,, fe; il fournifibit le premier Ia carrière. S'il fai„ foit des prifonniers; il leur rendoit la liberté". Les Livres des Arabes font remplis des exemples de fa générofite. Je ne puis me refufer au plaifir d'écrire le trait fuivant, rapporté par le méme Auteur. Hatem déguifé, traverfoit le territoire SAtvzirate. Un prifonnier chargé de fers le reconnut. Perfuadé que s'il pouvoit fe faire entendre , fes liens alloient tomber, il s'écria: ó Abou Sofana 'a captivité & la vermine m'ont rongé. Mon ami, lui dit Hatem, tl ne faifoit pas me nommer dans une terre étrangère. Cependant, il s'approcha du malheureux, il le fit déchainer & fe mit a fa place. Etant connu, il ne put obtenir fa liberté qu'a prix d'or. II refia dans les fers jufqu'a ce qu'il eut payé fa rancon, qui fut trés - confidérable. ( 1 ) Ah» Sofana, fignifie père de la ferle. Hatem avoit pris ce furnem par amoar pour fa fille nommée Stfana.  De Makome t. tt Hatem laifla en mourant, un fils nommé Adi & la belle Sofana. Ils fuivoient la religion c«ré tienne; mais une partie des Taites qui formoierj leur Tribu, adoroit encore les faux Dieux. Ma hornet envoya Ali avec des troupes, pour renvet fer Elfatas, leur principale idole. Adi prit la fui te, & fe retira en Syrië avec une partie de fes ri cheffes. Sofana étoit reftée a Kbader. Elle fu ernmenée a Médine. Coufondue dans la foule de captives, elle fe trouva expofée au milieu de li Place publique. Tandts qne les compagnes defot infortune s'abandonnoient aux larmes & au défc fpoir, elle réfléchiifoit aux moyens de fortir d< Fabyme. Ayant apper9U le Prophéte qui paffoir elle fe !eva précipitaramerit, & lui dit: „ ó Apó tre de Dieu i celui qui m'a donné le jour n'efl „ plus; mon patron a pris la fuite; faices moi par„ ticiper a Ia grace que Dieu vous a aceordée" Quel eft votre patron , lui demanda Mahomet/ C'eft Adi, fils de Hatem, lui répondit Sofana. — Que le Ciel vous accorde votre demande, comme je le fais moi-même. 11 fit óter fes liens, luireiv dit la liberté, la combla de préfens, & la renvoya a fon frère. Adi fut fi touché de cette générofité. qu'il partit pour Médine & embraiTa 1'Iflamifme. La neuvième année de f Hégire fut célèbre nar r , Eba hit*. t t 1 i k Dcpais ia  188 Abre'GE* de la Vie le concours des AmbaiTadeurs, qui vinrent s'humi- dam fuivant. lier devant 1'Apótre de 1'Iflamifme. La plupart des | Abtti-Feda.. princes Arabes,avoient jufqu'alors été fimplesfpec- Depuis la nailTance de J. C. .. 630. Depuis 1'Hégire. ... 9. Dj Mahomet. . di. Abul-Fida, p. III. Jannab , p. _S4Ö. Le Corfn, ch.j^fiome fecoHd de riches préfens. Un des principaux fut Mofeïla* via, Prince üTemama; Ville qui a donné fon nom a la Province dont elle eft Capitale. 11 fe fit Mufulman, & prêta ferment de fidéïité. A peine futil de retour dans fes Etats, qu'il apoftafia. Sou- verain d'une grande Ville, honoré parmi fes fujets, il crut pouvoir jouer avec fuccès le röle de Pro¬ phéte. 11 fe mit a prêcher. Un nombre de par- tifans aflez confidérable s'étant rangés fous fes dra- peaux, il fe regarda comme 1'égal de Mahomet,& tateurs des combats livrés entre la Mecque & Médine. Ils attendoient pour fe déclarer, 1'arrêt de la victoire. Lorfqu'elle eut prononcé; lorfque les Coreïshites refpectés comme les dépofitaires de la religion & les gardiens du territoire facré, eurent courbé leur front fous la Loi du Mahométifme,les idolatres vinrent en foule rendre hommage au vainqueur, & lui prêtèrent ferment de fidélité. Cette prophétie s'accomplit: „ lorfque Dieu enverra fon j, fecours & la victoire, vous verrez les hommes embralTer a 1'énvie 1'iflamifme". Mahomet fit un accueil favorable aux Envoyés des peuples. 11 le,s traita chacun fuivant fa dignité, & les renvoyaavec  de Mahomet. 189 |luiécrivit en ces mots: ., Mofeilama, Apótre de :„ Dieu, a Mahomet, Apótre de Dieu, falut. Que l, la moitié de la Terre foit a toi, & 1'autre moi„ tié a moi. Trop bien alTermi pour avoir befoin )d'un aflbcié,Mahomet lui fit cette réponfe: „ Ma,, hornet, Apótre de Dieu, a Mofeïlama, le menL teur. La terre appartient a Dieu. 11 en donne „ fhéritage a qui il lui plait. La victoire accom„ pagnera ceux qui le craignent". Les talens de \Mofeïlamf ne répondoient pas a fon ambition. Son règne fut paffager. 11 périt dans une grande bataille que lui livra Khaled, fous le Galifat ÜAbubecr, & fon parti fut anéanti. Arwa, Prince des Takifites, étoit abfent, lorfque les Mufulmans afliégèrent Taïef. 11 vint a Medine, & embrafï'a 1'Iflamisme. II voulut devenir 1'Apótre de fon Peuple. 'Mahomet lui repréfen-| ta 1'opiniatreté des Takifites, & les dangers de fon Apoflolat. Malgré ces avertiffemens Arwa alla prêcher fes 'compatriotes. La mort fut le prix de fon zèle. II fut tué d'un coup de fléche. Caab, fils de Zebaïr, dont la tête avoit été profcrite , ofa retourner a Médine. ChoififTant le moment oü Mahomet étoit a Ia Mofquée en^touré d'un peuple nombreux, il parut au milieu de Taflemblé. II prononca Ia profeflion de foi Abal - Te da, 'age 11a.  ipo ABTtreE* DE LA Vit des Mufulmans, & récita le poë'me fameux rpie les Arabes regardent comme un chef-d'ceuvre de Tart, & qui commence par ces mots = ma féliei■Si commence. Le jour défiri brille a mes yeux, &c. Mahomet fut fi fiatté des louanges du Poére, qu'il fe dépouilla de fon O) manteau & Pen revétit. C'eft: avec ce Caab que le Bocteur Prideaux confondlefatyrique de même nom, mis a mort la troifiéme année de 1'Hégire. La paix régnoit en Arabie. Les peuples, féduits ou domptés, révéroient, ou craignoient leur Apótre, leur conquéraut. Quelques petits Princes idolatres n'avoient point encore fubi le joug. Us ne parurent pas aflez fermidables a Mahomet pour lui faire fuspendre Fexécution de fes deiTeins. C'étoit peu pour lui d'avoir fou- O) Le Calif. 'Mtavta offrit a Caai dix mille drachmes de ce manteau , fans pouvoir 1'obtenir. A la mort dö Pofte il 1'acheta de fes enfans pour vingt mille drachmes. Ce manteau devint un Ornement des Califes. Us Je portoient aux Fêtes folemnelles. Elmtjljftm en étoit sevêtu lorsqu'il parut devant HoUga, grand Khan des Tartares. II portoit auffi a la main la canne de Mahomet. HoUgH ayant fait brfller 1'un & 1'autre dans un b>2n, lit jetter leurs cendres dans le Tjgrt. Ce tfe»  Dl Mah»met. 191 8ï1s les Arabes, s'il n'employoit leurs forces reunies, pour renverfer les trónes des Rois voifins , & pour envalair leurs Etats. La Syrië avoit attiré fes regards. Cette riche contrée étoit a fa bienféance. II en médita la conquête, & fi Ia mort ne lui lailfa pas le temps d'exécuter ce projet, il traca du moins a fes fuccesfeurs la marche qu'ils devoient fuivre. Ayant appris que les Grecs levoient des troupes fur la frontière, il publïa contr'eux la guerre fainte. N'ayant eu jusqu'alors que des tribus divifées a combattre, il avoit couvert du miftére toutes fes démarches. Le fecret de fes expéditions , la rapidité point Ie mépris, dit-il, qni m'a porté i brfller ces deux monumens précleux , c'eft le défir de conferver leur pureté.leur fainteté. Elwfiafem fut le 36e Calife & Ie dernier de Ia familie des Abaflides Holag», aprés avoir emporté -Bagdad d'afiaut , & paiTé les habitans an fil de 1'épée , le fit périr. Ahmti ben J.ftfb , hift. gén, feit. 40.  Ahtü-Ttda rage 123. 192 Aere'gÊ' de la Vie de fes attaques , n'avoient pas laiflë aux enn«<-' mfs le temps de fe reconnoitre. 'Presque tous avoient été défaits avant d'avoir pu réunis leurs forces. C'eft a cette politique qu'il devoit tant de fuccës. Contre les Grecs rasfemblés fous une même domination, la furprife devenoit inutile. II falloit de grandes batailles pour les réduire ; il changea de plan , & manifefta fon intention. Afin que les Mufulmans fisfent des efforts proportiomiés , il leur dévoila les fatigues & les obftacles qu'ils auroient a furmonter, le nombre & le courage des ennemis qu'il -faudroit combattre. Les préparatifs fe faifoient au mois de Rajeb. La chaleur étoit extréme. La fécheresfe & la ftérilité défoloient le territoire de Médine. L'attente des nouveaux fruits, I'espoir d'une récolte prochaine enchainoient les courages. Une armée formidable entralnoit des dépenfes extraordinaires. L'éloquence & la fermeté de Mahomet triomphèrent de tous ces obftacles. Abubecr donna tous fes biens pour la guerre fainte. Omar facrifia la moitié de fes richesfes. Elabbas fournit de grandes fommes d?argent. Obtman apporta mille écus d'or , fit tuer trois eens chameaux , & fe chargea d'entretenir trois régimens pendant la campagne. Tout  DE M A H O M E T. 193 Tout étant prêt, Mahomet fe mit en marche & *lla camper a quelques lieues de Médine. Abdaüa \, rincrédule, y demeura avec fes partifans. Us fe moqnoient des croyans qui, pouff'és par un zèle fuperftitieux, alloient s'expofer a tant de pèrils pendant Texcês des chaleurs. Mahomet leur répond ainfi dans le Coran : „ Satisfaits d'avoir laiffé partir li » prophètc , ils ont refufé de foutenir la caufe du ,, Ciel, de leurs biens & de leurs perfonnes, & ils ont dit: n'allez pas combattre pendant Ia cha>, leur. Réponds-kur : le feu de fenfer fera plus „ terrible que la chaleur. S'ils le cómprenoient! " Parmi les Mufulmans, Caab, fils de Malec, Me. \rara, fils de Rabié, HJal, fils XOma:a, furem les feuls qui refufèreut de fe rendre aux ordres de leur Général. Eu fon abferjae il avoit confié Ie gouvernement de Médine, & Ie fein de fa familie, au brave Ali. Les idolatres, qui redoutoimr fa'fermeté, frémirent de dépit, & cherchérent a jetter des foupcons dans fon cceur. lis pubTiêrent que Mahomet l'awoit IaiiTé derrière paree qu'il étoit jaIoux de fes exploits. Ces difcotirs afïïigèrent Ali. L'amour de Ia gloire fe réveilla. II prit fes armes,' fe rendit au camp, & apprit au Prophéte les bruits pjtiriéux «Jpi cóuróient fur fon ebmpte'. „ Ce font „ des importeurs, lui dit Mahomet. Retournez a „ Médine. Soyez-y mon Vicaire, & prenez foin „ de ma fumiile. Refuferiez-vous de reinplir aft- P prè* de moi la P!«« qu'Aaron uccupoit «upr* 'lome I. I ch. 9,tome premier. Aiallage laj.  Bbn Hsakal El Edril, le -C cógraphe. (i) Ccttc vallée eft aftuelïcment déferte. Les monta» gnes qui 1'environncnt font nomm'ébs par les Arabes, Elafahh, les frngmens de rochers. Ébh Unulzal. Les Tbèmudéens, fes anciens habitans , furent anéantis par la vengaance Divine, pour avoic tué une femclle de .chameau que Sideb, leur Apótre, avcit fait fortir miraculeufemcnt d'un rochcr. Mahomet qui, fondé fur la tradition, rapporto clans piufieurs ehdroiw du Coran leur crime & leur pun.ition, voulut, par fa conduite, attbrmir fa .doctrine, & reftifa de fc défr.itérer i un puits qui avoit jOerui a des inipies. 194 AliRÉüÉ DE LA VlE „ de Moyfe?" Ali, confolé fe rendit a fon pofte, 5: fit taire 1'envie. L'armée des croyans, forte de viögt mille homnes d'iufanterie, & de dix mille hommes de cavalerie, fe mii en manche. ' Les chaleurs étoient exiëiTives. Balles par un foleil ardent, étouffés par la pouffière, dévorés parlafoif, les foldats fuccomboient fous 1'excès de la fatigtie. L'exempie d'un Général qui marchoit a leur tête fans fe plaindre, foutenoit feul leur courage. Lorfqu'ils furent arrivés a Hégr (i) , vallée iituée a une ftarioö de JVadi Elcora, ils voulurent fe défaltérer a une de fes fources. ,, Gardez-vous de boire de cette eau, .„ leur cria Mahomet: elle efi: infeclée; des impies „ s'y font défaltérés. Gardez-vous d'tntrer dans „ ces maifons; les peuples qui les habitoient furent ., iojtóeH & facriléges. Pleurez (Sr eux, & crai,, gnez de mériter le chatiment qui les fit périr."  DE M A 11 O M E T. 195 En prononcanc ces mots, il fe couyrit le vifage de fon manteau, & franchit la vallée au galop. Après avoir traverfé de valies déferts, & fupporté des fatigues incroyables , il arriva a Tabuc (1), oü il trouva des eaux & des palmiers. II s'y arrêta pour prendre des informations de l'ennemi. Ayant appris que les Grecs s'étoient retirés, il fe borna a foumettre les petits Princes des environs, afin-de s'aiïurer des frontières de la Syrië. Comme il étoit fur les terres de 1'Empereur Héraclius, il lui écrivit une feconde lettre pour 1'engager a embraiïer 1'Iflamifme. L'Empereur re9Ut fon AmbalTadeur avec honneur, & le renvoya avec de bonnes paroles. Cependant les habitans des bourgs & des villes voifines, effrayés par 1'approche d'une armée formidable, fe hatêrent de conjurer 1'orage. Ils envoyêrent des députés au camp de Tabuc , & rendirent hommage au Chef des Mufulmans. tohanna, Seigneur ÜAila, Prince chrétien, y vim Iui-même. II obtint lapaix, a condition qu'il payeroit par an un1 trihut de trois mille écus d'or. Le Prophéte lui accorda ce diplome en forine de lettres patentes, „ Au nom de Dieu clément Q? miféïicordieux. < AbuU '■'eda, >as;e 124. Jannel. ^ AbnU 7eda , >age 125. L'Atiteur u I.ivrc 'danmaiy CO T"!'tic ofFre l'afpect riant de la fertilité au milieu du défert. Cette Ville eft fituée a fix ftations de Matiien, vers I'orient, & a quatre ftations de la Syrië. El Edris. Jannab dit que Tabuc eft un lieu fort connu fur la route de Medine a Damas. I S  ] o(S A ii R t C £. DE LA V 1E .. Que ces lettres accordées au nom de Dieu & de ,, Mahomet fon Apótre , fervent de fauvé garde a „ Tohanna, & aüx citoyens ü Ma (i). Que leurs „ v'ailTe&tfx & leurs caravanes parcourent la mer & „ Ia terre, fous la proreftion de Dieu, & de Ma„ hornet fon Prophéte. Que les habitans de Syrië.. de 1'Yemen , & des cótes maritiraes, qui com„ merceront avec eux , jouitfent des mêmes p't.i,, lèges. Si quelqu'un d'eux acquiert de nouvelles' „ richeiTes, qu'il ne les préfère pas au falut de fon „ ame. S'il fait des c^p'ifs , qu'il les traite avec „ humanité, leur accordant la nourriture & les fe„ cours dont ils auront befoin, & qu'ils prometf (i) Aila, Ville fituée au fond de la mer rouge, étoit ancjêrinetrient habitée par des Juifs. Les péjerins d'Egypte pafilnt auprès pour aller a la Mecque. De nos jours, dit AbnlFtda, les environs font incultes. L'aocienne citaaelle, batïe dans la mer, eft détruitc., & le Gouverneur Égyptien qui y réüdöit , s'eft retiré dans la ville élevée fur le rivage , a cinq journées de Rlailian , fituée fur la même có:e. Abul Feda , Defcription de 1'Arabie , page 41. Si 1'on en croit le Coran , Dieu punk ngoureufement les Juifs , anciens habitans i'Aila , devenus idolatres. ' Que vous peindrai-je de plus terrible que la vcngeance „ que Dieu a cxercée contre vous ? II vous a maudits dans fa col ere. 11 vous a transformés en finges & en porc, paree que vous avez brülé de 1'enccns devant les ■ idoles, & que vous êtes piongés dans les plus profonw des ténébres. Le Coran, chap. 5 , page H&  D E M A II O 53 E T. 10 „ tront do payer lorfqu'ils feront devenus libres.' Les habitans SAïla ont gardé précieufement cc écrit , & Je confervehi encore de nos jours. Nor content de cette faveur, le Prophéte fit préfeni aux citoyens SAïld du manteau (i) qu'il portoii Hors. Miihömet reent favorabièrrïent les députés SAdrah & de Jarha, villes fituées fur les frontières de ^ Syrië , & leur accorda ia paix , a condition qu'ils lui payeroiènt un tribut de deux eens écus. Tous les peda fouverains des environs, qui refufóreni d'embraflèr 1'Iflamifine, devinrent fes tributaires. Ocaïder , Prince Chrétien , de la tribu de Kendd, refüfa de rendre hommage au conquéranr. Fier du; titre de Roi de Doumnt Elgendal, ville fituée a ciuq ftations de Damas,-il n'eüvoya point d'AmbaiTadeurs au camp de Tabuc. Retiré dans la forterefle de Madkcn , avec fes tréfors & fa familie, il fe crut a i'abri de la tempête; mais Mahomet creignoit de laifler derrière lui un ennemi dangereux. II dépêcha Kaled avec quatre eens CO Les Sultans Ottoraans pofïïdent ce manteau. Matrad Kbcm, fils de Selim Khan qui régnoit 1'an neuf cent quacre-vingt-deux de Thégire , la 1574 de notre Ere, fit faire une caflette d'or oü il renferma cette rclique précieufe. Les Turcs lui attribuent la profpérité de leur Empire, le fuccès de leurs armes, & fur-tout la vertu de guérir tous les malades qui boivent de 1'eaü oü ou 1'a trempée. Aimtd ben J.fefb, hifi. gen. I 3 r "Abme, ben fêfifi AbulFeda.Jannab.  AluJ- Ffda. gage 226. tgt Abregé de la Vie chevaux, & lui commanda d'cnlever le Prince rebolle. Tout le pays , jul'qu'aux frontières de Syrië , étans fiibjUgnÖ , il paviit de Tabuc après y avoir féjoumé' vingt jours. Tandis qu'il ramenoit los troupes a Médine, Khaled voloit vers Mad'un. Ayant trop peu de monde pour employ'er la forceouverte , il fit ufage de Ia mie. Pofté en embufcade a quelque ditlance du chateau, il épia le moment oü Ocaïder fortit pour la chafi'e , & 1'enlevaavec fon cortége. Hafan, un des frères du Prince, ayant fait quelque réfiftance fut tué. 11 étoit ïevétu d'une cotte d'armes de brocard , couverte de iames d'or. Elle fut envoyée au Prophéte pour gage de la victoire. Cette riche dépouiile attiia les regards de toute l'armée. Chaque foldat vouloit la voir, la toucher. Témoin de leur admiration ftupide, Mahomet la fit celTer. „ Vous contem„ plez avec étonnement, leur dit-il, la richeiTe de cette cotte d'armes •, apprenez que les efïuie„ mains dont Saad fe fert dans le Paradis , font „ infiniment plus précieux." Cependant Khaled, auffi adroit négociateur que vaillant capitaine, fe fit remettre les clefs du chateau de Madhcn , avec mille chameaux, hüit eens chevaux, & quatre cers cuirafles. II amena Ocaïder & fon fiére Mafoud aux pieds de 1'Apötre qui leur pardonna, leur hnpofii tribut , & les renvoya dans leur pays avec des lettres de iauye-garde. En nmenant fonarmée 1 Médine, Mahomet pafia  D E M A H O M E T. 100 prés dn territoire des Ganaimm. Ces Arabes chrétiens diffimulés, avoient élevé un temple pom 1'oppofer a celui dc Koèa, dont il avoit fait la dó dicace, en y pfiaftt folemnellement. Défirant d'artirer chez eux Ie concours des peuples, ils follicè rent un pareil honneur. Le Prophéte étoit prêt r Ie leur sceorder , lorfqu'il apprit qu'/fé» Aiuroi. devoit êteé le Pontife- de ce temple. Ce Moine fervent,.voulant s'atrirer Ia vénération dos peuples, marchoit toujours couvert d'un ciliee (1). Le zèle du chriftianiune, la haine qu'il portoit a Mahomet, le détcrminèrent a partir pour Conöafitrnöpte. II demanda des troupes a Héraclius pour combattre l'ennemi de fa religion; mais l'Ernpereurrefufa de lui accordér fa demaude. Voici le tableau que le Coran nous ofl're de ce temple: „ Ceux qui ont „ bau un' temple, féjour du crime & de 1'inridé„ lité, fujet de difcorde entre lesfidéles, lieu oü „ ceux qui ont porté les armes contre Dieu & ,, fon Mïhiflre drelTent leurs emhiïches, jurent que ,, leur inteniion eft pure ; mais Ie Tout-PuiiTant „ eft témoin de leur menfonge. Garde-toi d'y '» en:rer- Le vrai temple a fa bafe établïe fut Ia (1) C'eft ainfi que les Auteurs Arabes nous peiguent ktiu Amrou, C'étoit fans doute un de ces Religkttx zèlés qui fiufoient tous ieurs efforts pour feutcnir, ca Arabic, )£ Chriftianifme chancelant. 1 4 Celui Eiiin.- ch. 9. v. 18.  i i f i ( ) i J ( Le Coran,. [ ,h 9, p. : c;. tome ! ■ir.m. , 3 i t I c t (i) Le Temple, dont Mahome'' avoit fait Ia dédicacc a C„ 'ti , fe nommoit Eltecetta (J<* 'fUUi) Voyez première année de 1'Fgire. :00 AüRÉGÉ de la V i~e , piëtë (1). La défenfe étoit formelle. Mahomet nvoya des troupes qui renverfèrent le temple des lanatuitcs. Da retour a Médine au mois Ramadan , il punk évèrement les trois Anfaiiens qui avoient refufé de e rendre fous fes drapeaux. Ils furent bannis de la tjCiétè, privés de tous leurs droits. II fut défendu i'entretenir aucun commerce avec eux, même de eur parler. On fuyoit leur approche avec horeu'r. Ce chatiment terrible dura cinquante jours, .orlqu'il les crut alTez punis, il fit defcendre du 'iel ce verfet qui annonce leur crime , leur puniion, & leur pardon. ,, Trois d'entr'eux étoient , refïés derrière. Uannis de la fociété, en exil au , milieu de leurs concitoyens, ils penfèrent dans , leur détreiTe , qu'ils 11"avoient de refuge qu'en , Dieu. II les regarda avec bonté, paree qu'ils , 'c convertirent, & qu'il eft indulgent & miféri, cordieux." A peine étoit-il de retour a Médine, qu'i! eut la >ie d'apprendre Ia foumiflion des Takifites. Cette •ibu guerrière avoit jufqu'alors réfilté a fes armes; lais, fans alliés, entouréa d'enneinis, haralfée fans elfe par les troupes de Malec, chef des Hawazeitcs , elle fe vit contrainte de fuivre le torrent.  d' e Mahomet. 2*1 Elle envoya dix AmbaiTadeurs a Médine. Admis a 1'nudience du Prophéte, ils propofèrent d'embrafler rillanrifme, a condition qu'ils conferveroient encore trois ans leur idole cl Lat; (c'étoit la grande DéelTe des Arabes; mais les Takifites lui rendoient un culte particulier;) leur propofition fut rejettce. Ils deraandérent qu'il leur fut permis de la garder au moins un mois. Mahomet refufa d'y confentir. Ils le conjurèrent de les exempcer de la prière. II leurrépondit qu'une religion lans prière n'avoit rien de bon. Forcés de céder aux circonftances , ils fe foumirent & fe firenc Mufulmans. Pour s'aiïurer de leur converfion, le Prophéte envoya" avec eux Moghaïra & Abufofian, fils de Harb, chargés de détruire 1'idole el Lat. Le peuple de Takef, perfuadé que la üéefie alloit foudroyer les deux facriléges, s'aflembla pour être témoin de la vengeance célefte. Abufofian prit un énorme marteau, & en frappa la ftatue; mais, foit qu'il eüt alTéné le coup avec trop de force, foit que Ia frayeur 1'eüt faifi, il l'utrenvcrie par terre. Les cris de joie & les huées ries Takifites célébrérenr. fa défaite. El Mogharia prenaut le marteau d?un bras plus fur, en déchargea piufieurs coups fur 1'idole , 1'abattit, & la mit en pièces. I es acclamations fe changèrent en cris de cfbuletir. Les vieilles femmes, les yeux baignés de Jannes, chantèrent en fanglotant cette hymne ftinèbre : Sleurez jeunes enfans qui fuccz encore le lait de vos wires; pleurez. Falies vos dernien 1 5 dim FerlrO' )agc lr-T.  2€ 2 Abrégé de la Vie JElSuMl. - t 1 t AbniJ'erla, page ( Zit 8t 22.3. I t t ( I £ Le Coran, ^ ch, o, p. ;„5* igó, tome' ''prein. , 9 b H V (1) C'eft le deruier que Mahamet ait public:; mais ceux qui ont raffemblé les morceaux épars du Coran , ayant eu égard plutót a Ia longueur des chapitres , qu'au temps oü Js ont été donnés, 1'ont placé le nénrième-. Èlpikar. Voyez la Préface. ■dieux ci la grande Déeffe. Fans ne verrez plus cltiger auteur d'elle les petits oifeaux qui lui toient confaciés. Au mois de Chawal, Abubecr, chargé de préfier a la célébration du pélerinage de la Mecque, 'artit avec un cortége de trois eens hommes. S'éint arrêté fl DcViolaïfa , bourg fitué a quelques ïilles de Médine, il vit arriver Ali avec des précp:es nouvellement defcendus du Ciel. En efiit, 2 Prophéte ne croyant plus avoir bcfoi.n de ménser les idolatres, publia (1) le chspitrc de Ia conerfion, oü on lit ces mots: „ Dieu & fon E11, voyé déclarent qu'après les jours du pélerinage , il n'y a plus de pardon pour les idolatres. II vous importe de vous convenir. Si vous perfiftez dans 1'incrédulité, fouvenez-vous que vousne pourrez fufpendre la vengeance célefte. Annonce aux infidèles des fupplices douloureux, &c." Ali devoit lire ce chapitre fulminant dans 1'aflemlée du peuple. Abubecr, jaloux de fon miniflère, itourna a Médine, & dit a Mahomet: le Ciel ne ons a-t-il rien révélé pour moi ? Rien , rèpondit  de Mahomet. 283 ie Prophéte. „ Tous les préceptes que Gabriel m'; „ apportés, j'ai dü les publier moi-mêrae, ou char ,, ger quelqu'un de ma familie de cet emploi. C ,, Abubecr! qu'il vous fuffïfe d'avoir été mon com pagnon dans la grotte du mont Tour, & de vou: être alïïs a mes cótés, fous le dais que 1'on m'é ,, leva a Ia journée de Beder." Je n'oublierni ja mais cet honneur, répondit Abubecr. II s'en re tourna confolé. Arrivé a la Meccjne il préfida a li folemnité du pélerinage, & enfeigna aux peuple: les cérémonies que 1'on devoit obferver pendan1 ces fétes. La veille de Fimmolation des victimes. Ali lut le chapitre de la converfion. Le lendemain i fit un difcours aux Arabes, & déclara, qu'après cette année , nul mortel ne pourroit accomplir les circuit; fncrés autour du fanctuaire d'Ifinaël, fans étre revêtu de 1'habit de pélerin. II ajouta que déformais i feroit défendn fous peine de mort aux idolatres de célébrer la féte du pélerinage, & de s'approchei du temple. Le Coran confirme cette défenfe. (V O croyans! „ les idolatres fons immondes. Qu'ih „ n'approchent plus du temple de la Mecque apréi „ cette année. Si vous craignez 1'indigence , le „ Ciel vous ouvrira fes tréfors. Dieu eft favant & CO E'le eft obfervée a la rigueur. Un étranger qui oferoit s'approcher de la Mecque feroit mis & mort s'il étoit reconnu. I 6 Jatinih, page 2?:,' Le Coran, ch. 9, p. 194, tome prem.  Depuis la chute d'Adam fuivant .«»/■; beda.. 6215. Depuis Ia nailTance rte J. C.. 6jo. Depuis 1'ilc-gire. . 10. De Mahomet. .. 6:. Ébh Isbac. page 273, page 273, 2°4 Adrégk de la Vie m fage." Lorfque la folemnité fut linie, Abubecr & AU retournèrent a Médine. La publication de ces loix mennpantes porta le dender coup a 1'idolatrie. Les peuples vinrent en foule fe foumettre a 1'iflamifme. Les Rois éWimiar (i), entrainés par 1'exemple, & féduits par les lettres que Mahomet leur avoit écrites, lui répondirent qu'ils avoient renverfé les autels de leurs Dieux , & que , foumis a la vraie religion , ils étoient prêts a combattre i'idolatrie de toute leur puiifmce. Ces nouvelles le fiattèrent. II félicira les Princes fur le bonheur qu'ils avoient eu d'ouvrir les yeux a la lumière , & les exhorta a la fidélité envers Dieu & fon Apótre. Pour s'afllirer de ces riches contrées, il envoya deux Lieutenants y comtnander en fon nom. Abou moufa eut le-gouvernement de Zabid & d''Aden. Moadh alla faire fa réfidence a Jand. Intimement lié avec ce dernier-, Mahomet lui donna des preuves de fon amitié a fon départ. II lui ceignit la tête d'un turban ;,il 1'aida a monter fur fa mule, & le conduifit a pied un efpa- (i) Ces petits Souverains étoient au nombre de cinq. Ns régnoient fur différentes Provinces de 1'Arabie heufeufe. Ils defcendoient de Hcmiar fils de Seba qui chaffa Tbetnod de 1'Yemen dans PElbejaz, & qui ceignit le préBier fon front d'un diadême. Jannab. Mmed ben Jojepb. Eluüeürs Auteurs croient que les Ilemiarites font les ƒƒ»• xeriies, dont parle Ptolomée. Ludolphe, Commentaire air THiltoire d'Ethiopic.  be Mahomet. 2ö> ce de chemin asfez long. Moadh, confus, vou loit defcendre. „ Refte», mon ami, lui die Ie Pro „ phête. Ne eroyez pas que je manque a ma di „ gnité; j'accomplis 1'ordre du Ciel, & je fatisfai „ mon cceur. II faut que celui qui eft revêtu di „ commandement foit honoré. Hélas! ajouta-t-il ei n foupirant, fi je pouvois efpérer de vous revoi n 1111 j°ur, j'abrêgerois les ordres que j'ai a vouj „ donner; mais c'eft la dernière fois que je m'enn tretiens avec vous. Nous ne nous réunirons qu'au „ jour de Ia réfurredion." Les deux amis fe quittèrent en verfant des larmes. Us ne fe revirent plus. La joie des nouvelles agréables qu'il avoit recues, füt troublée par un événement douloureux. II nV voit qu'un fils agé de dix-fept mois. C'étoit 1'unique rejetton qui put tranfmettre fon- nom a Ia poftérité. La mort lui enleva cette flatteufe efpérance Le jeune Ibrahim mourut. Cc fut un jour de deuil pour Médine. La nature parut aux yeux du peuple, fenfible a cette perte. Une éclipie de foleil, qui couvrit de ténèbres Ia face des Cieux, fut attribuée a la mort 8Ibrahim. Mahomet, quoique pénétré d'une douleur profonde, voulut détruire cette erreur. „ Citoyens, leur dit il, le foleil & la lune „ font des monumens de Dieu, & 1'ouvrage de fes „ mains; mais ils ne s'ècliplent ni pour la mort ni „ pour la naiflance des mortels." Non content d'avoir établi deux lieutenans dans 1'Arabie heureufe, il envoya Ali précher les peuples I 7 t 1 i Elbtcar, AbulFeda, page lit). Jannab.  2o6 Aqr^gé- de la Vll de cette riche province, & lui recominanda la juftice & la moderation. „ Apótre de Dieu, lui repréfenta Ah', je fuis jeune, & vous m'envoyez a „ des tribus parmis lefquelles fe trouvent des perfon„ nages refpectables par leur age & leur favoir. „ Comment oferai je prononcer des jugemens en „ leur préfence?" Mahomet, lui mettant la main fur la boüche, puis fur le cceur, fit cette invocation: „ ó Dieu! délie fa langue, & éclaire fon efprit." II ajouta ces paroles mémorables: „ O Ali! en quel„ que circonftance que tu te trouves, lorfque deux „ parties fepréfenteront devant toi, ne prononce j?,, mais en faveur de 1'une, fans avoir entendu ïau„ tre." Muni de ces inflruftions, Ali partit. Arrivé dans 1'Arabie heureufe, il lut aux peuples les lettres de fon Apótre, & les preffa d'embraifer 1'Iflamifme. II prèchoit a la tête d'une armée, & combattoit ceux qu'il ne pouvoit convaincre. .Cette manière de perfuader lui réufïït. Toute la tribu de Hamdan fe convertit en un jour. II dépècha un courrier pour porter cette nouvelle a Médine. La gloire.de fon nom, que tant d'explohs guerrier« avoient rehdu fameux, devancoit fes pas. Dans tous les lieux oü il paffoit, les Arabes, ou redoutant la force de fon bras, ou perfuadés par fon éloquence, fe foumettaient a riflamifine. Le torrent fe répandoit de tous cótés, & 1'épée levoit les obftacles qu'il rencontroit dans fon cours. La feule tribu de Najvan conferva fon culte. Fidéle a 1'Evangile,  D E M A HOME T. 20 elle aima mienx devenir tributaire que d'abandonne fa religion. Tandis que le brave Ali rempliflbit le fonétions de fon apoftolat guerrier, Mahomet ne de meuroit pas oifif a Médine. Occupé a recevoir le AmbaiTadeurs des têtes couronnées, a envoyer fe lieutenans dans les provinces conquifes, a exécute par fes généraux des expeditions nécelTaires a fa gran deur, & a lier enfemble les membres épars de cett< grande Monarchie, dont la force combinée devoi fubjnguer une partie du monde ; il paroiiToit auiï grand dans les foins paifibles du gouvernement qu'; la tête des armées. Voyant fa puiiTance établie fin une bafe inébranlable, i! fc difpofa a faire Ie pélerinage de Ia Mecque d'une manière plus folemnelle Cette cérémonie, dont 1'antiquité remonte ali temps d'Ifmaél, avoit toujours été pratiquée depuis par les Arabes; mais 1'idolatrie 1'avoit changée en un culte fuperflirieux, Mahomet, a qui il importoit de Ia conferver, retrancha les abus, & en fit le cinquième fondamental de fa religion. Le Coran Ia prefcrit en. ces mots: ,, accomplifiez le pélerinage de la Mec„ que , & Ia vifite du temple , en 1'honncur de „ Dieu." Le bruit s'étant répandu qu'il devoit préfider a Ia folemnité, un concours prodigieux de peuples fe rendit a Médine. 11 en partit le 25 du mois SElcaada , accompagné de quatre-vingt dix mille pélerins, & fuivi d'un grand nombre de victimes or nées de fleurs & de banderolles. On alla camper a SElholaifa. Ce bourg dont nous avons déja parlé, 1 r r s 3 r eh. 2, p-j. 3; 5#5"tom. prem. 'fiber, fils i'Abdal'tlh , qui Stoir du lélerina;e, le dé:rit ainfi.  2öS ABRÉGÊ DE LA VlË' a un novice pour les voyageurs. Ali y polTédoït un puits renommé pour la falubrké de fon eau. II avoit fait batir une maifon auprès. Le Prophéte y paffa la nuit. Le lendemain au lever de 1'aurore it entra dans la Mofquée & y pria. Lorfqu'il eut rempli cet acte religieus, il monta fiir une chamelle nommée Ekafoua, & conrut rapidement jufqu'a la platne de Batda. La il fe dévoua folemneHement a l'aceomplisfement du pélerinage, & aptès avoir prononcé la profeflion de foi, il dit: me voilé, Seigneur , prêt a foléir; fattefte que tu rfas point d'égal. Le quatriéme jour du mois A'Elkajj, il arriva & la Mecque. Son premier foin fut de fe rendre au temple. II baifa refpectueufement 1'angle de la pierre noire, & accomplit les fept circuits facrés autour du fanétuaire d'Ifmaël , les trois premiers d'un pas précipité, & le refte plus lentement. II s'approcha du marche-picd d'Abraham r & retournant a 1'angle de la pierre noire, il la baifa une feconde fois. Sorti de la ville par la porte des fils des Mahdoun, il moma fur la colline de Sa fa. Arrivé au fommet il fe tourna vers le temple, & profefia 1'unité de Dieu en ces mots: „ II n'y a qu'un „ Dieu. II n'a point d'égal. La domination lui ,. appartient. La louange lui eft due. Sa puilTan„ ce embralfe l'univers. II a fecouru fon ferviteur. „ Lui feul a renverfé les armées ennemies." Après avoir glorifié le Tout-Puilfant il defcendit vers lemom Merva, prefla fa marche dans la vallée, &  de Mahomet. monta letueraent. Parvenu au haut de la colline, il tourna vers le mont Arafat, (i) Y étant arrivé un peu avant le coucher du foleil, il firun difcours au peuple, & lui apprit le fens de toutes ces cérémonies. II continua fa route jufqu'a ce que 1'afire eut entièrement difparu. II vint enfuite a Mozdalefa , (le lieu du concours;) , fuué entre le mont Arafat & Ia vallée Mcna. II y publia la prière du foir, & celle de la nuit. II y coucha fur la terre, & dés le point du jour, il annonca la prière de Taurore. II fe rendit a 1'enceinte SEtkaram, & s'y tint debout jufqu'au lever du foleil. Alors , preiTant Ie p.is, il defcendit dans la vallée Mohajfèr (profonde); de-la paiTant a la vallée Mena, il prit fept pierres & les jetta contre Satan en prononcant la formule Dieu eft grand, &c. Ces rites accompHs, i! fe rendit au lieu de 1'immolation des victimes oii, après avoir harangué le peuple, -il en égorgea foixanté-trois de fa propre main, pour rendre (i) Arafit fignifie connoiffance. Ce mont fut ainfi nommé , paree que Gabriel y apprit a Abraham les cérémonies faintes de la Religion. Elbacan. D'autres Auteurs prétendent qu'Adam & Eve , bannis du Paradis terreftre , & & feparés Pira de 1'autre, errèrent pendant- cent vingt ans fur la Terre; ils fe cherchoient fans pouvoir fe réunir. Enfin ils fe rencontrèrent , & fe recomiurent fur le mont Arafat , oü ils céldbrèrent cet heureux jour ; ce qui fit donner a la moncagne le nom de zornioijfanti. Jannab.  210 AbuLgé de la Vie - 1 i i J Abul- ' Feiia, page 131. Jannab, page a3i., Le Coran, ch. 5, P- 1 K\ J©6. tome prem. I i Jannab, gage 282.: (1) Kbaled ('e Iiata de les recueillir. II les attaeha a fon turban en foirae d'aigrette, & attribua a leur venu toutes les victoires qu'il rempona dans la fuite. (2) Lorfque ces paroles defcendirent du Ciel, la cliamellc du Prophéte acca'olée fous le poids de la révélation. licclüt les genoux, & fe profterna a. terre. Jannab. ;raceau Ciel du nombre de fes années. II charge?.Ui, nouvellement arrivé de 1'Yemen , d'immoler le efte jufqu'a cent, donna la liberté a foixanté-trois :aptifs, fe rafa la tête, & jetta fes cheveux (i)que 'on ramalTa comme une relique. Ce fut alors que :es paroles célèbres defcendirent du Ciel: ,, (2) , aujourdhui j'ai mis le fceau a votre religion. Mes , gntces fur vous font accomplies. II m'a plu de , vous donner l'Iflamifme." Lorfque les victimes airent éré immoiées, tous les fidèles fe nourrirent ie leur chair. L'Apótre donna 1'exemple. II prit 'on repas en public, & n'admit qu'Ali a fa tabla. \prés le repas il alla au temple oü il fit la prière de nidi. De-la il fe rendit au puits de Zemsem, & >ut a longs traits de cette eau miraculeufe. il fit mfuké les fept circuits autour de la maifon faiftte, & fournit la carrière entre les collines de Sa fa & le Merva. Le neuvième jour de la folemnité, i! alla prier ur le mont Arafat. Ce lieu eft confacré a la pélitence en mémoire d'Adam & d'Eve, qui, après me féparation de cent v-iijgt a"s, s'y rencontrèrent.  D£ M A II O M E T. 21 t Dans le dernier difcours qu'il prononca devant le peuple, il réi'brma le calandrier Arabe, & rameiia ("année a fa forme primitive , qui eft lunaire. „Quand le Tout-'Puifiant, aiouta-t-ïl , créa les „ Cieux & la terre , il écrivit 1'année de douze „ mois. Ce nombre fut gravé dans le livre faifit. „ Quatre de ces mois font facrés. C'eft la vraie „ croyance. Fuyez pendant ces jours 1'iniquitéi „ mais combattez les idolatres en tout temps, com„ me i's vous combattent. Sacliez que le Seigneur „ eft avec ceux qui le crajgnent." A la fin de fa harangue il dit adieu au peuple. Et 1'on appela cette folemnité, le pélerinage de 1'adieu. ConnoiiTant fknportance de culte extérieur , 1'empire qu'il a fur les hommes, Mahomet en avoit rempli tous les devoirs avec cette piété noble & fimple, qui imprime dans les efprits une haute idéé de la Divinité. Par-tout 1'exemple avoit accompagn'é le précepte. Le refpect profond avec lequel il avoit accompli les moindres cérémonies, avoit app:is au peuple a vénérer les chofes faintes. De retour a Médine, il fe glorifioit d'avoir donné une religion a fes fcmblables. 11 voyoit réunis fous un chef, fous une loi, les Arabes , cette nacion in dpmptablej qui, a l'abri de fes déferts, avoit bravé la puiflance des Egyptiens, le falie des Perfes , & 1'orgueil des Romains. A la tête tl'un peuple nou veau , enfiaminé de fon enthoufiafme, éuorgueill de fes fuccès, il fe préparoic a combattre la lacheu Le Corau, ™h. 9, P- f95. tome -2 ' ? prem. El C-ouzi, au Livredes rites du pélerinage. Depuis Ia chute d'Adam fuivant AbulFtda 6aa6. Depuis la Nailfance, deJ.C. 641. Depuis PHégire. . 11. De Mahomet. . 63.  ] AbulFeda, page 133. Jannnb, page 284. 1 1 1 I I 9 3 j 3 ( I I ] j Noufa,5.U [ i'Oeba. ] < ( 1 1 irl Abrégé de la Vie & la mollefle des Grecs. II fe flattent de rendre eur empire ou trilutaire, ou Mufulman. La more ,'int détruire ces flatteüfes efpe'rances. II tomba nalade au mois de Sofar. La fièvre le furprit chez 'une de fes femmes nommée Zaïnab. Chacune i'elles avoit fa maifon particuliere; & il les vifnoit :our-a-tour. Le iendemain fe trouvant dans 1'apparement de Mdïmoiina, & ie mal augmentant , il aifembla fes époufes, & leur demanda la permiflion le paffier le tevnps de fa maladie chez Tune d'elles. routes allèrent au devant de fes vceux, & la maibn de la tendre ATesha lui fut défignée. II s'y fit ranfporter fur le champ. „ O, ma chere Aïeshai , lui dit-il, depuis que j'ai mis dans ma bouche le , fatal morceau de KhalBar, je n'ai ceflë de reilen, tir les funeftes efTets du poifon; mais dans ce , moment-ci il dévore mes entrailles, il déchire , les veines de mon cceur." Au plus fort de Ia iouleur, il méditoit une expédiiïon dont il défiroit rdemment Ie fuccès. La mort de Z'aid n'avoit oint été vengée. II falloit des ruifieaux dé fang >our appaifer les ïn&nes d'un ami. II fit venir fótl ils Ogama , & lui commanda de faire une irrupion dans la Patefline a Ia tête d'un corps de cavaerie, & de ravager tout Ie pays depuis Balca Si \'Ai'oum , jufqu'a Obna, oü Zaïd avoit fuccombé. ^et Officier n'avoit que vingt ans; mais il avoit a 'enger la mort d'un père, & Mahomet ne batanca >as a lui conlier le commandement de l'armée. Mal-  de Mahomet. 213 pré de violens accès de fièvre, il s'occupa des préparatifs, & nomma les Officiers & les foldats qui devoient être de l'expédition. Le lendemain de grand matin, il fe fit apporter 1'étendard de 1'Iflamifme, & le remettant au jeune Général, il lui dit: „ pre„ ncz les armes pour la caufe de Dieu; faites vail„ lamment la guerre fainte, & pafTez les idolatres ,, au fil de fepée." Ogama partie, & alla camper * Jorf, peu diflant de Médine. Ayant appris que la maladie devenoit plus grave, il s'y arrèta. La mort du Prophéte fit différer 1'expédition , jufqu'au mois de Rabie. Ce fut alors qxfOfama , ayant porté par 1'ordre $ Abubecr, le fer & la flamme en Syrië, tua de fa propre main le meurtrier de fon père. Tandis que Mahomet étoit aux prifes avec la douleur, on vint lui annoncer la révolte 8 A/wad, Cirnommé Aïala, (le changeant). Sa nailTance & fon efprit lui avoient exquis une grande confidération parmi les Arabes de 1'Yemen. Badhan , qui en étoit Viceroi pour Mahomet, étant venu a mourir, il leva 1'étendard de la rébelliou , tua fon fils, & s'empara du Gouvernement. Devih babilp , & grand faifeur d'enchantemens, il fe difoit infpiré par deux efprits (1), qui lui apportoient la révélation divine. (1) Ces deux efprits fc nommoient Sóidik, & Cboratk 1c frottant & Ie refphndijant. Le premier lui avoit vendu un ane accourumé' a faire mille tours de foupleffc. Le Jimnah. Jannai.  FJbobar. fecond faifo.it paroitre des phamómcs merveilleux & des fpectres qui étonnoient la multitude. C'étoit ainfi que Ie derin Afmat cn impofoit par des preftiges aux fbiN'eè '■•eux du vulgaire. 21,4 Abrégê de la Vie Tandis qu'il cn impofoit par des preftiges grofliers aux-yeux de !a multitude, il fotunettoit par fes armes ies divcrfes Tribus. Ses premiers fuccès furent Brillants; mats f Apótre des croyans prit de fages mefures pour les arrêter. II écrivit a fes partifans, & FiroM, dont le Devin J}fwad avoit tué f oncle, le mit a mort. L'Yemen rentra fous 1'obéilTance de Mahomet. Le mal faifoit des progrès rapides. Les Mufulmans trembloient pour les jours de leur Apótre. Fatime vint lui rendre vïfite. Elle s'avanca au milieu de fa chambre, avec cette majefté qui caraftérifoit la fille du Prophéte. Mahomet la voyant s'approcher de fon lit, s'inclina vers elle & lui dit: ö ma fille! foyez la bien venue. II la fit alTeoir a fes cótés, & lui dit a 1'oreille : „ ó Fatime ! Gabriel „ avoit coutnme de m'apparoitre une fois tous les „ ans •, il m'a vifité deux fois cette année. Je ne le „ reverrai p'us qu'au moment oü je partirai de ce „ monde. Cet inftant n'eft pas éloigné, & je fuis charmé de vous préccder." Fatime fondoit eu larmes. Mahomet s'rppcrcevant de 1'imprefbn profonde qu'il avoit faite fur fon coeur, tridia dc la confoler. „ O ma fille! a'jouta-t-5!; pourquoi vous  de Mahomet» 215 „ abandonner a la trifielTe ? Ne de-vez-vous pas ,, vous réjouir d'ètre la Princdfe des femmes des „ fidèles, la première de votre Nation?" Fatime fóurit. Sa douleur n'en étoit pas moins vive. Elle Aiïvit de prés fon père. Le même jour il fe leva, & appuyé fur le bras de Fadl & d'Ali, il fe rendit a la Mofquée. Etant monté dans la tribune , il publia les louatiges de Dieu a Ia manière accoutumée, & paria ainfi: ,, ö ,, Mufulmans! fi j'ai fait flageller un feul d'entre ,, vous, voila mon dos, qu'il frappe: Si j'ai fiétri fa féputaüon , qu'il déchire Ia miemie: Si je lui „ ai fait foufFrir un affront, qu'il me traite de la même manière: Si je lui ai demandé de 1'argent injuflement, voila ma bourfe: Que perfonne ne „ foit arrêté par la crainte de mon reiTentiment; „ l'injuftice n'entre point dans mon caraétère." Ce éHfcours prononcé, il defcendit de Ia tribune, & fit la prière du midi. Lorfqu'elle fut finie, un homme vint demander trois drachmes qui lui étoient dues. Mahomet ies lui remit avec l'iiïtérêt , en difant: ,, le défrioimeuf de ce monde eft plus facile \ fupporter, que 1'opprobre de 1'autre. Dieu, ajouta,, t-il, a donné le ciioix de cette vie ou de la vie „ éternelle, k 1'un de fes ferviteurs; & il a préfért „ la vie éternellé." Alors , faifant approcher le; Anfariens, ces braves Compagnons, ces Gardes fi ^dèles qui 1'avoient repu fi généreufement, fi vaii lammenr défendu, il leur déclara fes dernières vo AhuiFeda, page 134-  £!bokar, Jmnab. Eltobar. q.\6 Abrégê de la Vie lontés. ,, Chaflez, leur dit-il, tous les Idolatres de „ la péninTiIe d'Arabie ; accordez aux nouveaux „ convertis tous les droits dom jouiffent les Muful„ mans, & foyez fidèles & Ia prière." Ces ordres, regardés comme les articles les plus effentiels du teflaraent du Prophéte, ont été fuivis exactemeut. Nulle autre religion que la Mahornétane, n eft toférée en Arabie. Les profélytes qu'elle fait, jouiffent des mêmes privileges que les Turcs; & a la Porte Ottomane, ils parviennent aux premières dignités de 1'Etat. Quant a Ia prière , fa piété des Mufulmans, le refpect profond qu'ils portent dans leurs Temples, font voir qu'ils font perfuadés de la préfence d'un Etre Suprème. Mahomet termiua fon difcours par une imprécation contre les Juifs, a la perfidie defquels il devoit Ia mort qui couvoit dans fon fein. „ Que les Juifs, s'écria-til, foient ,, maudits de Dieu! Ils ont changé en Temples les „ Sépulcres de leurs Prophètes." Une des dernières actions de fa vie, fut de donner Ia liberté a fes efclaves. Tout le temps qu'il fe fentit alfez de force pour fe rendre a la Mofquie, il fit conftamment Ia prière' au peuple. Lorfque le mal feut attérré , il chargea Abybecr de le remplacer dans cet emploi. II voyoit s'approcher la mort fans efïroi, cc s'entretenoit tranquillement avec la familie, des appréts de fes funérailles. Un jour que fes parens éplorés environnoient fon lit ; Apótre de Dieu, lui demanda 1'un d'eux , fi nous avons le mal-  de Mahomet. iij malheur de vous perdre , qui priera pour vous? Je vais vous le dire , répondic-il. Alors des ple'uH eoulérent de tous les yeux , & il ne put rete 'r les fiens. Les ayant eiTuyés , il continua ainli : „ lorfque vous m'aurez lavé , enfeveK , & mis „ dans le cercueil , vous poferez mon corps 'ur „ Ie bord de la folie que vous creuferez a la plsce „ oü je fuis. Ces devoirs remplis , vous fijrtirez, „ & vous me laiflerez feul. Le premier qui vien» dra prier pour moi, f ra Gabriel mon fidéle ami. „ Michel & Afrap"hel le fuivront. L'Ange de la „ mort , accompagné de fes Léglons' , priera en„ fuite auprès de mon tombeau. Les autres An„ ges, a la tête des Milices Céleftes, fermeront Ia ,, fnarche. Lorfqu'ils m'auront rendu ces dernicrs „ devoirs, vous enrrerez par troupes, vous prie„ rez pour moi, & vous me fouhaiterez la paix. ,, Ma familie inênera Ie deuil , & fera fuivie du „ refte des fidèles. Mais , je vous en conjure, „ qu'aucunes plaintes , qu'aucuns gémifïèmens ne -,, viennent troiibler mon repos. Quant a vous qui „ eutourcz mon lit, dés ce moment je vous donne „ la paix. Je vous p ie de la fouhaiter en. mon „ nom a mes compagnons abfens. Je vous prends „ a témoin que je la fouhaite a tous ceux qui „ embraiferont lTftamifme , jufqw'au jour de la »» réfuireéHoih A qui fera-t-il pen is de „ d cem re dans votre tombeau ? - . A ma ,, familie. Vous y ferez environnés d'Anges qui Tome I. K El tab ar.  A.BREGÉ DE h A VlE ■9 > 4 1 J i jiage 102 4c isó- vous verront , quokjue vous ne puifliez ies ap, percevcir." C'eft ainfi que Mahomet luttant contre la mort, outenoit jurqa'au dernier moment le róle de Proihéte, qu'il avoit commencé a quarante ans: c'eft hifi que maitre de fon ame au plus fort de la doueur, comme il 1'avoit été au mi ieu des combats, 1 accomplifibit avec une préfence d'efprit étonlante la dernicre fcc:ie de la vie humaine. Tou:es fes paroles étoient mefurées fur f idéé qu'on de/oh avoir de lui. Dans ces momens oü la foiDlefie humaine eft accablée fous le bras terrible de ia mort, il recueilloit toutes les forces de fon intelligencc, pour ne rien dire qui fut indigne du caraftère augufte qu'il s'étoit imprimé. Un feul inftant, fon efprit égaré par la violence du mal, fe perdit dans les efpaces imaginaires. ,, Apportez„ moi, s'écria-t-il, de 1'encre & du papier, afin „ que i'écrive un Livre qui vous empêchera de re„ tourner jamais a 1'erreur.V Le Prophéte eft .dans le délire, dirent les plus fages. N'avons-nous pas le Coran ? Ce Livre di via nous fuffic. D'autres vouloient. qu'on le fatisfit. On diipmoit avec cha,leur. Le bruit le rendit a lui-même. „ Retirez„ vous, dit-il aux sMaiis; il n'eft pas bienféaut de „ difputer devant un Prophete." Le malade recevoit de fréquentes vifites. Ses parens, fes amis, les premiers de la Ville, fe reiv tlcient en foule daas fon rppartement. Ce con-  ïe Mahomet. 215 tours 1'importuna. Sentant que fa tête s'aiToibliffoit, il feign.it d'être profondément occupé des idees éternelles , & défendit de laifler entrer perfonne. A'iesha eut feule la permiiiion de refter auprès de lui. Sur de fon alTecTion, il craignit moins de laiffer échapper quelque foibleiTe devant elle. C'eft de cette époufe aimée, que nous tenons les derrrières circonftances de fa vie; en voici une des plus remarquabfes. Les trois derniers jours de fa maladie, Gabriel lui rendit de fréquentes vifites. II lui deraandoit familièrement des nouvelles de fa fanté. Le Lundi, jour oü il termina fa carrière, I'Ange de la mort fe préfenta a Ia porte. Gabriel 1'appercevant, dit a fon ami: „ voila I'Ange de Ia mort » CO ei11' demande la permiflïon d'entrer. Tu es le premier des mortels pour qui il ait eu cette s, déférènce ; il ne 1'anra pour aucun autre. Qu'il „ entre, répondit Mahomet." Le melTager terrible entra; mais 'quittant fon air menacant , il dit: „ ó „ Apótre de Dieu ! ó Ahmed ! 1'EterneI m'a en„ voyé vers toi. II m'a ordonné d'exécuter tes „ volontés. Soit que tu me commandes de prert„ dre ton ame, foit que tu me commandes de la CO I' eft Palé de cet Ange redoutable dans Ie Coran. „ L'Ange de la Mort qui veille fur vos demarches, tran., chera le fil de vos jours, & vous reparoitrez devant. „ Dieu." Le Coran , chapitre 32, page 1^3, tome fc- ZvZ. cond. y K 2 EJfibaK.  9 1 : : Lc Coran, oh. 19, p. tome tecond. 20 Abrégé de la Vie , laiiïer, j'obéirai. Prends-la, ajouta Mahomet. , PuiTque c'eft ta volonté. . . . Dieu, ajouta Ga, bri 1, déiire ardemment ta préfence. Pour moi, , voila la demière fois que mes pieds foüleronc la , terre. ]e m'envole pour jamais de ce monde."' V 1'inftant, I'Ange de la mort remplit fon redouta>le miniftére. Tout cet entretien n'étoit point fans fondement. Mahomet gardant toujours la majefté de fon caactère , vouloit. confirmer ce qu'il avoit fouvent ■épété, qu'avant d'enlever un Prophéte de ce mon3e , Dieu lui montroit la place qu'il devoir occujer dans 1'autre , & le lailfoit maitre du choix: dtesha , la dépofitaire 'de fes -dernières paroles, lous fapprend en ces mots : „ lorfque le moment „ de fon agonie fut venu, j'étois affife prés de lui. ,, Sa tête penchée repofoit fur mes genoux. II s'évanpuit; mais bientót revenu a ltii-même , il ouvrit les yeux & les fixa vers le toit de la mai„ fon. Ses paupières étoient immobiles. Je l'en„ tendis prononcer d'une voix foible, .avec les ci„ foyeus des Cieux. Alors je compris qu'il avoit „ choi j e féjour éternel. Le cceur brifé de dou„ leur, je lui ferrai ia main & je Pèntendis répéter „ ce verfet : tels font entre les fils d'Adam, de „ Noè', d'Abrahatn & d'Ifmaël, les Prophéte» que „ Dieu combla de fes graces. II les choifit parmi ceux qu'il éclaira du flambeau de la foi. Lorf„ qu'on leur récitoit les merveilles du Miféricor-  d ë Mahomet. 221 ■„ dieux, le front pvofterné, les yeux b'afgnés de ,, larmes , ils adoroient fa Majefié fuprême." II rendit 1'ame en prononcant ces derniers mots. „ Alors, continue Aïesha , je pofai fa tête fur 1111 „ eöuffih, je me frappai la poitrine, je me raeur„ tris le vifage en poufTant de lougs gémiffemens; „ Ses ainres époufes partageant ma douleur, rem„ ptirent Pair de leur cris lugubres, & déchirèreor. „ leurs vêtemens-." AufTi-tót que lal nouvelle de fa mort fe fut répandue dans Ia ville, un cri univerfel s'éleva: le Prophéte n'eft plus. La conffernation devint générale. Les hommes frappés d'un étonnement flupide, fembloient étre en délire. Les uns levoienc au Ciel des yeux égarés; les autres, femblables a des convulfionnaires., poufToient des hurlemens; ceux-ci couvant une douleur profonde, gardoient un niorne filence; ceux la , agités de vertiges, fe rouioient a terre. La populace ne pouvant fe perfuader qu'elle ent perdu pour jamais fon Apótre, fe rendit en foule a la porte de fa maifon. Les plus fanaüques s'écrièrent : il n'eft pas mort. II eft ravi en extafe.' Omar emporté par fon zéle ■bouillant, accrédita cette opinion. „ Non, dit-ii, „ le Prophéte n'eft point mort; il eft allé vers le „ Seigneur, comme le fit Moyfe, qui s'abfenta.du „ peuple pendant quarante jours." II meuaea de tuer quiconque oferoit foutenir le contraire. Cette afl'enion favorable aux préjugés de la multitude, K 3  3*9 Abregé de la Vie s f 1 ! Elbtim: i 1 Le Coran, cli. 39. p. tome fecond. Le Coi an, ch. 3 , 1'. f- 7p,-tom. ■ 'pixTO, ugmeuta le défordre. Abubecr eut befoin de toute 3ii autorité pour 1'appaifer. S'étant avancé au miicu du Peuple aflemblé, il paria ainfi: „ ó vous , qui proférez des fermeus fi peu rmfonnables, , daignez m'cntendre de fang-froid." A ce début ■)mar saffit. Abubecr , après avoir prunoncé la brmule de prière accoutumée , continua : ,, ó Mn, fulmans 1 fi votre véncration profonde pour Ma', hornet vous 1'a fait croire immortel, vous étcs dans Terreur. II eft mort. Dieu vit toujours. Lui feul a droit a vos adorations. L'Eternel a l prononcé , en patlant au Prophéte , 1'Arrêt qui., 'duit lever vou doutes: tu mourras,. & Us mgur"ora. 11 ajoute dans un autre verfet ; Mahomet nefl que l\nvoyé de Dieu. D'autres Apótres 1'ont précédé; s'il mouroit, ou s'il étoit tué, abaudonneviez-vous fa doctrine ? Ces paroles tivées du Cor rtn opérèrent la conviaion. Les clameurs & le tumulte firent place aux larmes & aux gémiffemens, Tout le monde' fut petfuadë que le Prophéte n> toit plus. La multitude étant calraée, on procéda. a féleftion d'un fucceffeur. II s'éleva de grands, debats entre les Contendants. Ali défigné Calife par Mahomet lui-même; Ali, fon gendre & fon coufin, avoit plus de droit qu'aucun autre 3 cette haute dij tnitë. Sa jeunefle , & les intrigues aAïesha Ten. firent exclure. Abubecr 1'emporta. II fut faluéj Cn ife. Les Mufulmans le reconnurent en cetid qudité, & lui prétérent ferment d'obéifTaice & del  de Mahomet. 223 fidélité. Ayant pris en main les rénes de 1'état, fon premier foin fut de rendre les derniers devoirs au Prophéte. II y avoij déja" trois jours qu'il étoit mort, & PéaBure commencoit a gagner. Elabbas, fon oncle, éleva une tente dans 1'appartement, & fit mectre ie corps au milieu. II appelia dans 1'inteneur Ali, Elfahll & Cettam fes deux'fils, Ogama ami du défunt, & Socfan, fon domeflique. On lava le corps couvert d'une chemife & d'une faie que 1'on fit fécher en exprimant 1'éna; on 1'embauma avec du camphre, & 1'on oignit d'aromates, les parties qui touchent la terre lorfqu'on fe proftefne pour 1'adofation ; on finit par 1'ablution facrée du vifage, des bras, des Marris & des pféds; enfuite ou Ie reyétit de deux robes Manches & d'un manteau rayé. On feina a l'entonr du bois odoriferano, & 1'on jetta defTus une compofition d'ambre , de mufc & d'aloès. Lorfque le corps eut été mis dans le cercueü, ou le lahfa expofé aux regards de la multitude. Les Hashemitcs cofTduirs par Elabbas furent les premiers a prier pour ie Prophéte. Les MobageIjiens & les Anfariens , compagnons de fes victoi^ re's, vinrent enfuite lui rendre leurs derniers deyö'us. Les princip.iux citoyens de Medine les fuivirent. Le peuple fe rendit par troupes autour de fon cercueü, & pria avec beaucoup d'ordre & de décencc. On voyoit couler des larmes de tous lés y^ux, mais on n'enteiidort ni plaintc», ni gémifTeIv ± L'Autew du Livre el Cbafii.  AbttlFaraj. (i) Ces débats ont donné ocoafion a des Ecrivains peu fcrupuleux dans la recherche dc la i-Ciitc, de dire que Mahomet avoit fon tombeau a la Mecque. Quant ii 1'opinion vulgaire qui place fon corps dans un cercueü de fer fufpendu en fair par des pierres d'aimant attacliées i la voute du Temple, elle doit le jour a quelques Ccographes qui n'pnt jamais voyagé que dans leur cabinet. L'un & 1'autrc fentiment eft démenti par les Auteurs qui ont été fur les lieux. Voycz Jannab , Abul-Feda, AbulFaraj. Les Turcs que j'ai vus en Egypte m'ont tous eonfirmé ]a defcription que jc viens de donner d'après le témoignagc de ces Ecrivains. Lorfque je leur racontois les fables que nous débitons au fujet de leur Prophéte, ils ne pouvoient s'crupêcher de rire de uotre crédulité. 124 AerègédelaVie rnens. La vénération qu'on avoit pour fes dernières volontés, avoit mis un frein a la douleur publiqje. Lorfquil fallut raettre. le corps en terre, il s'éleva de grandes conteüations. (1) Les Mohageriens vouliient qu'on le tranlponat a la Mecque , & qu'on Pinhumat dans fa patrio; les Anfariens foutenoient qu'il devoit refter a Medine, puifque cette ville lui avoit offert un afile contre la perfécution. Un troifiéme parti étoit d'avis qu'on le portat 1 Jéruialenj, lieu de la fépuliure des Prophètes. At/u* beer termina ces différeiis, en rapportant ces mots recueillis de la bouche de Mahomet: Un Prop'iète cl.at êf.e ent er ré nu lieu oü il eft mort. Ces pa-  E-E M A H O M E T. 22' roles firent loi. On creufa la terre a 1'endroit oü i avoit terminé fa carrière, & Ton y defcendit fon cercueü. Ali, Elfadl ik Cottam entrèrent dans le tombeau, & motiillèrent pour la dernière fois de leurs larmes, les reftes mortels de leur Apótre. On ;couvrit le corps de terre, & le peuple fe retira. Lorfque les funérailles furent linies, Fatime, la fille chérie de Mahomet vint pleurer fur fa tombe. Elle prononca ce difcours entrecoupé de fanglots: ö mon père ! ö Minüire du Très-Haut! ö Pro,, phète du Dieu miféricordieux 1 C'en eft donc fait! la révélation divine elf enfevelre avec toi. L'Ange Gabriel a pris pour jamais fon eflbr „ dans les Cieux. Etre fuprême , exauce mes „ derniers vceux ; Hate-toi de réunir mon ame a la fienne ; fais que je revoie fa face; ne me ,, privé pas du prix de fes mérites-, & de fon in,, terceflian au jour du jugement." Puis prenaut un p;u de la pouflière qui couvroit le cerceuil, & Papprochant de fon vifage, elle ajouta: ,, lorfque ,, 1'on a fenti la pouflière de fa tombe, peut-on trouver de 1'odeur aux parfums les plus exquis ? „, Hélas! toutes les fenfations agréables font étein„ tes pour mon cceur. Les nuages que la triftefle „ élève autour de moi-, chnngeroient en nuits fom„ bres les plus beaux jours." Les fouhaits de Fatime furent exnucés, elle ne firvécut que quelques mois a fon père. Aia'ia d'un autre cöré, renfermée dans for apK 5 AbulFedn, page 141. Jan" «!', page 303.  Jannnb, f. S04. 226* Abrêgé de la Vie partéfflent, s'abandonnoit aux larmes & aux ré» gtetè. Au milieu do deiiU univerfel, Sofia, tante de Mahomet , qui avoit 1'ame forte & élevée, propofa des confolations a fa familie, en prononpaot cet éloge funèbre : „ ó Apótre de Dieu! „ vous êtes, même fous la tombe, notre plus chè„ re efpérance. Vous vécütes au milieu de nous, „ ptir , innocent , & juffie. Tous trouvoient en ,, vous un gufde fage & éclairé. Pleure fur vous ,, celui qui peut verfer des larmes. Pour moi,. „ j'en jnre par la félicité dont vous jouiflez , le „ malheur d'avoir perdu le Prophéte ne me fera „ point gémir fur fa tombe. Qu'avons-nous ft crain„ dre de fon ablence ? Le Dieu de Mahomet „ fufpendra-t-il pour nous le cours de fes béné„ diftions ? Au contraire , il les verfera en plus „ grande abondance par fon interceflion. Tran„ quille dans cet aöle , fans crainte auprès de fon „ tombeau, je coulerai paifiblement le relie de mes „ jours a Médine O Apótre de Dieu! „ que 1'Eternel vous accorde la paix dans toute „ fon étendue! Introduit dans Ie féjour de délices, „ vous goütez déja- les plaifirs ineffables de félicité. „ éternelle." Les Auteurs Arabes ont pris plaifir a nous reprefenter leur Prophéte avec toutes les perfections de 1'efprit & du corps. Abul-Feda, plus fage & moins partial, nous a laiiTé ce tableau tracé par la main 8Ali. Mahomet étoit d'une taille moyenne.  de Mahomet, 227 H avoit Ia tête groffe , Ia barbe épaftte, les pan mes desmains, & les rr.antes des pieds fortcs & rudes, les os gros & compacles, le tein vermeil, les yeux noirs , le contour des joucs gracieux, les cheveux fans frifure , & le cou blanc , unï comme 1'ivoire. Le même Auteur nous peint ainfi fes qualités perfonnelles & fes vertus morales. Mahomet avoit recu de Ia nature une intelligence fupérieure, une raifon exquilê, une mémoire prodigieufe. II parloit peu , & fe plaifoit dans le filence. Son front étoit toujours ferein. Sa converfation étoit agréable , & fon caractère égal. Jufle envers.tous; un parent, un étrangcr, 1'homme puiffant, ou le foible , ne faifoient jamais pencher la balance dans fes main?. II ne méprifoit point le pauvre a caufe de fa pauvreté, & ne révéroit point le riche a caufe de fes richefies. II employoit le charme de fon entretien a gagner le cceur des grands, & réfervoit fa familiarité pour fes amis. II écoutoit avec patience celui qui lui parloit, & ne fe levoit jamais le premier. Si quelqu'un lui ferroit le main en figne d'amitié, il ne la retiroit point avant qu'on ne feilt prévenu. II vifitoit fréquemment fes compagnons d'armes , & s'informoit de leurs affaires. Conquérant de 1'Arabie, il s'afféyoit fouvent a terre, allumoit fon feu, & préparoit, de fes propres mains, a manger a fes hötes. Maitre de tant de tréfors, il les répandoit généK 6 MulFeda.page 144.  ■228 Abrégü de la Vis re /lans ben pl mue. m la fc bi Mattod*. Ja.iuob. IT f( d F u Le Coran, i'h. 33, p. ' l \% '95- tome-»' fe^ond. Ol, 33, P*_\% t9<5, tome fecond. , r c (! /. d i t ufement, & ne gardoit pour fa maifon que le finte néceflaire. On dit de kii qu'il furpaffa les homes cn quatre chofes, en valeur, en libéralité, a, lutte, & en vigueur dans le mariage. II difoit uvent que Dieu avoit créé deus chofes pour le Miheür des humains: les femmes & les parfums. Suivant la loi Mahométanne, dictee par lui-mêe, il n'eft permis d'avoir que quatre femmes a la iis. II en époufa quinze, & eut commerce avec j'.ize. II croyoit qu'il étoit de- la dignité d'un rophète de ri'être point Iimiré comme le refte des ortels; auffi fait-il pariet le Ciel en ces mots: O Prophéte! il t'eft permis d'époufer les femmes que tu auras dotées, les capüves que Dieu a fair tomber entre tes rnains, les filles de tes oncles & de tes tantes qui ont pris-la fuite avec toi, & toute femme fidelle qui te livrera fon cceur. „ Nous connoiflbns les loix du mariage que nous avons établies pour les fidèles. Ne crains point d'èrre coupable en ufant de tes droits. DLu eft indulgent & miféiicordieus. De toutes ces femmes, excepté Marie 1'Egyptiene , dont ij eut Ibrahim , Cadige fut la feule qui Lui onna des enfans. II en eut quatre fils, Eknfcm, ont il prit le furnoin, Ekaïeb, Eltaher & AbdaU :h qui moururent tous en bas age; & quatre filles, ttht les iioms font Zesï/iab, Rokaïn ,0:;im Cokhoum iFtii!met Elles furent toutes mariées; mais /tï'ffttt feuls lui furvécut.  de Mahomet. 22c> Nous terminerons cet Abrégé par un tableau destraits qui cara&éiifent partieulièreaient le LégifJateur de 1'Arabie,. Mahomet fut un de ces hommes extraordinaires, qui nc!s avec des tal-ens fupérieurs, paroifl'ent de loin a loin fur la fcène du monde pour. en changer la face , & pour enchainer les mortels a. leur char. Lorfque 1'on confidère Ie point .d'oü il eft parti, le faire de.grandeur oü il eft parvenu, on eft étonné de ce que peut le génie humain favorifé des circonftances. Né idoliïtre, il s'élève a la connoifiance d'un Dieu anique, & déchirant le voile du paganifme, il fonge a donner un culte a fes femblables. L'advèrfité qu'il éprouve en naiiTant, ne fert qu'a affermir une ame faite pour braver tous les revers. Inftruit par fes voyages , il avoit vu les Grecs divifés dans leur croyance, fe charger d'anathêmes; les Hébreux, f horreur des Nations, défendre avec opiniatrété la Ioi-.de.Moyfe les divetfes tribus.Arabes plongées dans les-ténébres de 1'idolatrie. Frappé do ce tableau, il fe retire dans la folitude, & médite pendant quinze années un fyftême de religion qui put réunir, fous un même joug , le Clirétien , le Juif & 1'ldolatre. Ce plan étoit vafte, mais impoflible dans 1'exécution. II crut en affurer le fuccês en établiflant un dogme fimple, qui n'oftfaUt a la raifon rien qu'elle ne puiffe concevoir, lui parut propre a tous les peuples de la Terre: ce fut Ia croyai'ce d'un Dieu uoique, vengeur du crime & remuuératevr de la venu. Mais cotiitce  230 Abrégé de la Vie i! lui falloit, pour faire adopter fa doctrine, fe dire' autorifé du Ciel, il ajouta 1'obligatioO de le regarder comme le Miniftre du Dieu qu'il prêchoit. Cette bafe pofée, il prit de la morale du ChrifHanifme & du Judaïfme, ce qui lui fembla le plus conveuable aux peuples des climats chauds. Les Arabes ne furent point oubliés dans fon plan. C'étoit principaiement pour eux qu'il travailloit. I! leur rappella ia mémoire toujours chère d'Abraham & d'Ifmaël, & leur fit envifager rifiamifme, comme la religion de ces deux Patriarches. Savant dans 1'étude de fa Langue, la plus riche, la plus harmonieuiè de la Terre, qui, par la compofition de fes verbes, peut fuivre la penfée dans fon vol étendu, & la peindre avec jultefle, qui, par 1'harmonie de fes fons, imite le crie des animaux, le murmure de 1'onde fugitive, le bruit du tonnerre, Ie foufïte des veins; fevant, dis-je, dans 1'étude d'une Langue que tant de Poè'tes ont embellie, & qui exifte depuis recommencement du monde , il s'appliqua a donner a fa morale tout le charme de la diftion, a fes préceptes la majerté qui leur convenoit, aux fables accréditées de fon temps une touche originale qui les rendit intéreflantes. Lorfque le moment qu'il avoit choifi pour annoncer fa miflïon fut venu, il envtronna fa marche de ténèbres, & fe borna d'abord a convertir ceux qui fe trouvoient dans 1'intérieur de fa maifon. Sur de fon dómeflique, il gagna, foit par artifice, foit par la fupériorité de fes lumières,  de Mahomet. quelques-uns des principaux citoyens de la Mecque. Lorl'quil vit que fon parti fe fortifioit, il tónna contre 1'idolatrie. Les difgraces, 1'exil , la profcription ne fervirent qu'a fortiSer fon courage. S'étant préparé, par ces émiflaires, une retraite a la Cour du Roi d'Abiffinie, un afile a Medine, il annonca fes deiTeins ambitieux , & parut au grand jour. Les Chrétiens déraafquèrent fes erreurs, & crièrent a 1'impoflure ; les Juifs ne reconnoiflant point dans un fimple citoyen de la Mecque ce Mcffie brillant de gloire qu'ils attendoient, rejettèrent fa doctrine, & fe déclarèrent fes ennemis; les Coreïshites tremblant pour un culte qui étoit la bafe de leur puiflance, mirent fa tête a prix. Ce concoursde clameurs & de haine? ne 1'efFraya point. Sa conftance étoit au-deiTus des revers, & fon génie étoit fait pour applanir les obftacles. Profitant de 1'afileque fes intrigues lui avoient procuré parmi tesCazregit es, il arma Medine contre la Mecque, & réfolut de dompter, par les armes, ceux qu'il n'avoit pu foumettre par la force de la perfuafion. Défefpéroat de furmonter 1'attachement des Juifs & des Chrétiens a leur religion, il abrogea les loix établies en leur faveur, & tourna toutes fes vues du cóté des Arabes. II changea le lieu vers lequel ils prioient, & leur ordonna de fe toumer du cóté de la Mecque. Ce précepte fut recu avec de grandes scclamations, & tandis que le peuple le regardoit comme une faveur du Ciel, le Légiflateur y voyoic  £32- ACUKGÉ DE LA VÏE' un mdygn de fixer la penfée de fes difciples fur urr lieu dont il défiroit ardeinment la conquête. üul point important étoit d'unir, par des Hens facrés, des tribus que divifoient d'anciennes haines. II crés> 1'ordre de la fraternicé; cet ordre fit des citoyens déTunis, une même familie, dont tous les efforts concouroient a la grandeur du chef qui la dirigeoit.. II fallut s'oppofer a fes ennemis, & les repoufler , les armes a la main; ce fut alors qu'il montra cette intrdpidité dont il avoit donné des preuves dans les combats livrés fous les yeux $ Abutakb; ce fut alors qu'il déploya les talens d'un grand Général. La victoire ou le martyre fut 1'alternative qu'il propofa a fes foldats. L'efpoir d'un butin, toujours partagé fidélement, enflamma leur courage. L'affurance d'un fecours divin toujours préfent les ren* ciit invincibles. Obligé de combattre contre 1'Arabieentière avec les feuls citoyens de Medine, la rapiditi de fes attaques, les pofitions avantageufes qu'il fut choifir, la valeur héroïque des guerriers qu'il forma, le rendirent fupérieur a fes ennemis- Tandis qu'il foufïïoit dans tous les cceurs le feu du fanatifme, froid au milieu du carnage, il appercevoit tous> les mouvemens de l'armée oppofée , & profitoit d'une faute, ou avoit recours au llratagême pour lui arracher Ja viftoire. La journée ÜAhed, la feule öü fortune lui fut contraire, fit voir les reflburces de fon génie, & 1'cmpire qu'il avoit fur les efprits. Les Idolatres vairqueurs n'oférent pourfuivra  DE M A H O M E T. =33 leur avantage , & aucun des Mufulmans ne fe détacha de fon Prophéte. Lorfque !a ruine des Juifs, & la foumiiïion de piufieurs tribus Arabes eurent étendu fa puilT'ance, il envoya des AmbaiTadeurs aux Souverains étrangers. 11 ne fe flattoit pas dele» voir tous enibraffer 1'Iflamifme, mais i! fe préparoit un prétexte pour les attaquer quand le temps feroit venu. Après huic ans de combats & de triomphes, la Mecque locée de céder au torrent, ouvrit fes portes au vaiuqueur, & il y commanda en maitre. De retour a Medine, il s'occupa a lier enfemble les membres épars de fa Monarchie naiflante, & a lui donner de la confiftance. Profond dans la connoiffance du cceur humain les Gouverneurs, les Généraux qu'il choifit, furent prefque tous de grands bjmmes. Abubecr, Omar, Othman & AM, fes smis les plus didingués, lui fuccédèrent a 1'Empire, & en reculèrènt fort loin les limites. Ses regards ambitieux fe tournoient avec complaifance du cóté de la Syrië. Déja Khaled traverfant les fables brularits de 1'Arabie, étoit allé venger Ia mort de 1'Ambaffadeur, que la laeheté des Grecs avoit immolè au fein de la paix; déja ce vaiilint Capitaine avoit remporté fur eux une des plus étonnantes viftoires dont les Annales de la poliérhé faifent mention. Le fang de piufieurs milüers de Grecs fufhToit a la ven> geance, & non pas a 1'ambition. Mahomet avoit devTein de démembrer 1'Empire d'Héraclius; mais aujli fage dans fes mefures, que prompt dans L'exé-  234 Abrégé de la Vie cucion, il fentit qu'avant de Partaq&er , il falloit s'aflürer des petits Princcs qui régnoient fur 1'Arabie pétrée. Le même Général qui , huk ans auparavant, n'avoit pu ralTembler fous fes drapeaux que trois cent treize foldats, marcha vers la Syrië a la tête de trente mille hommes. Après avoir rraverfé, comme un éclair, des déferts & des fables dévorants, il établit fon cnamp a Tabuc. Vingt jours lui fufiïrent -pour foumettre tous les peuples jufqu'aux frontières de la Syrië. Ayant impofé tribut a ceux qui ne voulurent pas abandonner leur religion, il retourna a Medine chargé de dépouilles, & couvert de gloire. A fon retour il apprit la foumitfion des Roii dhMetniar qui gouvernoient dinerenres Provinces de FYemen. Les petits Princes idolatres vinrent tour-a-tour s'huniilier devant le Conquérant de la Mecque, & cmbraiTèrent fa religion. Toute cette grande Péninfule qui s'étend entre la mer rouge & le golphe perfique obéit a fes loix.. 11 fe préparoit a pénétrer dans TEmpire des Grecs; plus de quarante mille guerriers, raflèmblés fous fes étendards, alloient ébranler le Thróne des Céfars, lorfque la mort arrêta fes projets & le cours de fes profpérités. A cette nouvelle, Medine fut couverte d'un dcuil itniverfcl. La peinture que nouseffrent les Auteurs contemporains de la conflernation générale oh cette Ville fut plongée, eft effrayante, & prouve quel nfcendant Mahomet avoit fur les elprits. Auffi profond poluique que grand  de Mahomet. 235 Gapitaiiie, il avoit établi fa puiiTance fur une bafefi folide , que 1'Arabie demeura fidéle a 1'Mainifme, & que fes fuccelTeurs n'eurent qu'a fuivre la route qu'il leur avoit tracée. II avoit fi fort exbajté 1'ame des compagnons de fes exploits, que piufieurs d'entr'eux devinrent d'excellents Généraux, & que bientót fous le nom de Sarrafius Hs renverfèrent le Thróne des Perfes, démcmbrèrerft 1'Empire d'Orient, conquirent 1'Egypte , la Syrië, 1'Afrique , fubjuguèrent 1'Efpagne , & a force de combats & de victoires, menacèrcnt de donner des fers au monde entier. Tel fut 1'effet de 1'enthoufiafme que Mahomet fut infpirer aux guerriers éltvés ii fon école. Les grandes Monarchies que formèrent fes fucceiTeurs fe font écroulées, paree que les talens ne fe fuccèdent pas comme les Rois, mais les loix qu'il fit ont furvécu a Ia ruïne des Empires. Tandis qu'enflammés par un zèle plus louable qu'éclairé, tant d'Hilioriens nous peignent Mahomet comme un imbécile; depuis douze cents ans une partie de la Terre révère fa mémoire, & fuit aveuglémcnt fa religion. Les (ages d'entre les Orientaux , qui, s'clevant au-defl'us de la foible vue du vulgaire , lui refufent avec raifon le titre de Prophéte , le regardent comme 1111 des plus grands hommes qui ayent exüté. Uue foule de faux-Prophètes qui ont voulu marcher fur fes traces, fans avoir fon génie & fes lumières, ont tous fait «ne cUute plus ou moins éclatante ii proportion da  236 Abrégé de la Vie de Mahomet. leurs talens. Tel eft le portrait fidéle que l'Hlftoire nous offie de Mahomet. Tous les traits qu'il préfenfe font fondes fur des faits; & je les ai ralTénfe blés avec impartialité. Fin de la Vie de Mahomet.      L E CORAN. (1) CHAPITRE PREMIER. V I N T R 0 D U C T I O IV. Donné a la Mecque, compofé de 7 verfets. (2) Au nom de Dieu clément & mifericordiéux. jLouange h Dieu fouverain des mondes! La rniféricorde eft fon partage: (1) Ce Chapitrc eft intitulé fatatat, introduéüon. Les Auteurs font incertains fur le lieu 011 il a été donné. Les uns veulent que ce foit a la Mecque, les autres a Médine. Nous avons fuivi Ie fentiment le. plus accrédité parmi les Auteurs Arabes. (2) Befm ellab etrobman clrabim. Au nom de Dieu clément & mifericordiéux. Cette formule eft a la tfite de tous les Chapitres. Elle eft exprclTément recommandée dans le Coran. Les Mahométans la prononcent lorfqu'ils Tome l. A  2 L E C O R A N. II eft le roi du jour du jugement. Nous t'adorons Seigneur, & nous irnplorons ton alïïftance: Dirige nous dans le fentier du falut, Dans le fentier de ceux que tu as eomblés de tes bienfaits, De ceux qui n'ont point mérite" ta colere, & fe font préférvés dé Terreur. égorgent un animal, au commencement de leur leéture , & de leurs actions importantes. Elle eft pour eux ce que le figne de la croix eft pour les Chrétiens. Giaab, un de leurs Auteurs cclèbres, dit que lorfque ces mots furent envoyés du Ciel, les nuages s'enfuirent du cóté de TOrient, les vents s'appaifèrent, la mer fut émue, les animaux drelfèrent leurs orcilles pour entendrc, les démons furent précipités des fphires céleftcs, &c.  L e Coran. 3 C H A P I T R E II. LA V A C II E. Donné a Medine, compote de 286 verfecs. Au nom da Dieu clément & miféricordicux. A. L. M • (O II n'y a point de doute fur ce Livre , il eft la régie de ceux qui ctaignent le Seigneur ; De ceux qui croient aux vérités fublimes, qui font la prière, & verfeilt, dans le fein des pauvres, une portion des biens que nous leur avons donnés; De ceux qui croient a la doctrine que nous t'avons envoyée du Ciel, & aux Ecritures, & qui font fermement attachés a Ia croyance de la vie future. Le Seigneur fera leur guide, & Ia félicité leur partage. (1) Ces lettres, difent les Commcntateurs du Coran, font des caractères myftérieüx dont il nc faut point cherchcr a pénéirer le fens. Ils font perfuadés que Dieu n'en a ré élé la connoiffance qu' leur Prop 'ite, & qu'ils feront toujours hiconnus au refte des mortels. Gelaledihi. pilei. A 2  4 LeCoran. Pour les Infidèles, foit que tu leur prêches ou non fIflamifmë, ils perfifteront dans leur aveuglement. Dieu a imprimé fon fceau fur leurs cceurs: leurs oreilles & leurs yeux font couverts d'un voile, & ils font deftinés a la rigueur des fupplices. II eft des hommes qui difent, nous croyons cn Dieu & au jour dernier; & ils n'ont point la foi. lis en impoftnt a Dieu & aux croyans; mais ils ne trompent qu'eux-mêmes, & ils ne le comprennent pas. Leur cceur eft gangrené. Dieu en a augmenté la plaie; une peiflê déchirante fera le prix de leur menfonge. Lorfqu'on leur dit, ne vous corrompez pas fur la terre: ils répondent, notre vie eft exemplaire. Ils font des corruptcurs, & ils ne le fentent pas. Lorfqu'on leur dit, croyez ce que les hommes croyent; ils répondent; 1'uivrons-nous la croyance des hifenfés? N'eft-ce pas eux qui font ies infenfés? Et ils 1'ignorent. A 1'abord des fidèles, ils difent, nous profeiTons la même religion que vous. Avec les fauteurs de leurs héréfies, ils tiennent un autre langage, ils fe déclarent de leur parti, & fe jouent des croyans. Dieu fe moquera d'eux; il épaifïïra leurs erreurs, & ils perfifteront dans leur égarement. Ils ont acheté Terreur pour Ia vérité. Quel avamage en ont-ils retfré? Us n'ont point fuivi la lumière.  LeCoran. 5 Semblables h ceux qui ont allumé du feu , fi Dieu éteint la fiamme qui éclaire les objets d'alentour, ils refleot dans les ténèbres, & ils ne fauröfent voir. Sourds, muets & aveugles, üs ne fe convertiront point. Us relTemblent a ceux, qui, lorfque la tempcte fe précipitedes Cieux , avec les ténèbres, les éclairs & la lbudre, effrayés par 1'ïmagë de la mort, fe bouchent les oreilles de leurs doigts pour ne pas entendre le bruit du tonnerre; mais le Tout-puiffant environne les infidèles. Peu s'en faut que la foudre ne les privé de la vue. Lorfque 1'éclair brille, ils marchent a fa lumière: lorfqü'il difparoit, ils s'arrêtent au milieu des ténèbres. Si 1'Eternel vouloit, il leur öteroit 1'ouie & la vue, paree que rien ne borne fa puilfance. O mortels! adorez le Seigneur qui vous a créés vous & vos pères, afin que vous le craigniez, qui vous a donné la terre pour lit, & le Ciel pour toit, qui a fait defcendre la pluie des Cieux pour produire tous les fruits dont vous vous nourrilïez. Ne donnez point d'égal au Três-Haüt : vous favez Si vous doutez du Livre que nous avons envoyé a notre Serviteur, apportez un cbapitre femblable a ceux qu'il renferme, & fi vous étes fincèrcs, of.-z appeller d'autres témoins que Dieu. Si vous ne 1'avez pu faire, vous ne le pourrez jamais. Craignez donc un feu qui aura pour aliA 3  6 L s Coran. ment, les hommes & les pierres, feu preparé aux infidèles. Annonce h ceux qui croient, & qui font lebien, qu'ils habiteront des jardins ou coülent des fleuves. Lor'qu'ils gouteront des fruits qui y croüTent, ils diront : voila les fruits dont nous nous fommes nourris fur Ia terre; mais ils n'en auront que 1'apparence. La, ils trouveront des femmes puriliées (j). Ce féjour fera leur demeure éternelle. Dieu ne rougit pas plus d'offrir en parabole un mouclieron, que des images relevées. Les croyans favent que fa parole eli la vérité; mais les infidèles difent, pourquoi le Seigneur propofe-t-il de fembiablei psraboles? C'eft ainfi qu'il égare les uns & dirige les autres. Mais il n'égare que les impies. C.-px qui rompent le pafie du Seigneur, qui violent fes loix & s'abandonnent a la cor.uption, feront au nombre des réprouvés. Pourquoi ne croyez-votis pas en Dieu ? Vous étiez morts, il vous a donné la vie; il éteindra vos jours, & il enrallumera le fiambeau. Vous retournerez a lui. II créa pour votre ufage tout ce qui eft fur la terre. Portant enfuite fes regards vers Ie Firmament, CO 0n d°it entendre par ces mots , des femmes qui ne feront point fujettes aux taches naturelles , des Vierges aux yeux noirs, qui n'enfanteront point, & feront exernptcs des bcfoins qu'on éprouve fur la terre, excepté de celui d'aimer. Gtlaltidin. Eligfm.  L e Coran. 7 il forma les lept Cieux. C'eft lui dont la fcience embrafie tout 1'univers. Ton Dieu dit aux Anges, j'enverrai mon vicaire (i) fur la terre. Enverrez-vous, répondirent les Efprits céleftes, un homme qui fe livrera a 1'iniquité, & verfera le fang, tandis que nous célébrons vos louanges, & que nous vous glorifions? Je fais reprit Ie Seigneur, ce que vous ne favez pas. Dieu apprit a Adam le nom de toutes les créatures, & dit aux Anges, aux yeux defquels il les expofa, nommez les moi, fi vous êtes véritables. Loué foit ton nom, répondirent les Efprits céleftes. Nous n'avons de connoiffauces que celles qui nous viennent de toi. La fcience & la fagefle font tes nttriburs. Il dit a Adam: nomme-leur tous les êtres créés, & lorfqu'il les eut nommés, le Seigneur reprit, ne vous ai-je pas dit que je connois les fecrets des Cieux & de la terre? Vos actious publiques & fecrets font dévoilées a mes yeux. Nous commandames aux Anges d'adorer Adam, (i) Dieu choifit Adam pour étre fon vicaire fur la terre, & pour enfeigner les préccptes divins a fa poftérite1. II le créa de Ia fuperficie de la terre. 11 en prit une poignee, oü étoient rafTcmblées les diverfcs couleurs qu'elle contient, & Ia mêla avec difierentes eaux. Lotfqu'il en eut formé Ia figure d'un homme , il 1'anima de fon fouffle, & la matière devint un être fenfible. GeImlidiia. A 4  I L e Coran. & ils 1'adorèrent. L'orgueilleux Eblis (i) refufa d'obéir, & il fut au nombre des infidèles. Nous drmes a Adam, habite le paradis avec ton époufe; nourris-toi des fruits qui y croiflent; étends tes defirs de toutes parts; mais ne t'approchc pas de cet arbre, de peur que tu ne deviennes coupable. Le Diable les rendit prévaricatcurs, & leur fit perdre Fétat oü ils vivoient. Nous leur dfmes, defcendez. Vous avez été vos ennemis réciproques. La terre fera votre habitatiou & votre domaine, juf qu'au temps. Le Seigneur apprit a Adam la manière d'implorer fm pardon. II écouta la voix de fon repentir, paree qu'il eft indulgent & miférieordieux. Nous ditnes, fortez tous du paradis; je vous enieignerai la voie du falüt: celui qui la fuivra fera a 1'abri de la crainte & de la douleur. Les incrédules, & ceux qui traitent notre doctrine de menfonge, feront dévoués aux flammes èternelles. O enfants d'Ifraë'1! fouvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés: confervez mon alliance & (i) Les Doéteurs Mufulmans nous repréfentent les génics comme des êtres qui tïennent Ie milieu entre les Efprits céleftes & les hommes. Eblis, cet Ange ftiperbe qui fe révolta contre 1'Eterncl, fut leur père. Ils habitoient la terre avant la création d'Adam. L'ayant fouillce de leurs crimes, Dieu envoya contre eux les Anges qui les forcèrcnt a fe rctirer dans les ifles, & fur le fommei des montagnes. GtlaUiïm.  L e Coran. je gardera! la vótre: révérez-moi: croyez au livre que j'ai envoyé : il confinne vos écritures : ne foyez pas les premiers a lui refufer votre croyance: ne corrompez pas ma doctrine pour un vilintérêt: craignez moi. Ne couvrez pas la vérité du menfonge: ne dérobez pas fon éclat. Vous la connoiiïez. Faites la prière : donnez 1'aumóne : courbez-vous avec mes adorateurs. En commandant la jufriee, oublierez-vous votre ame ? Vous lifez les écritures, ne les comprenezvous donc pas ? Demandez du fecours par la perfévérance & la prière. Elles ne font point a charge a ceux qui font humbles; A ceux qui penfent qu'un jour ils paroitront devant le tribunal de Dieu. Enfans d'Ifraëj', fouvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés! fouvenez-vous que je vous ai élevés au-de(fus de toutes les nations. Craignez le jour oü une ame ne fatisfera point pour une autre, 0C1 il n'y aura ni interceflion, ni compenfation, ni fecours a attendre. Nous vous déiivrrtmes de la familie de Pharaon , & des maux qui vous accabloient. On malfacroit vos enfans ma'es, on n'épargnoit que vos filles. Votre délivrance efi; une faveur éclatante du Ciel. Nous ouvrimes pour vous les er.ux de la mer; nous vous fiuvames de fes abimes, & vous y Vftes la familie de Pharaon engloir.ie. A 5  L e Coran. Tandis que nous forniions notre alliance avec Moyfe, pendant quarante nuits, vous adoriez un veau, & vous fütes prévaricateurs. Nous vous pardonnames, afin que vous nous rendifliez des actions de grace; Et nous donnames a Moyfe un livre, avec des commandemens, pour être la règle de vos actions. Moyfe dit aux Ifraeïites: ó mon peuple! pourquoi vous livrez-vous a 1'iniquité, en adorant un veau? Revenez a votre Cre'ateur: immolez-vous mutuellement: ce facrifice lui fera plus agréable: il vous pardonnera, paree qu'il eft indulgent & rniféricordieux. Vous répondites a Moyfe, nous ne croirons poinc julcjU'a ce que nous ne voyons Dieu manifeftement. La foudre vous environna , & éclaira votre malheur. Nous vous relTufcitames, afin que vous fulïïez reconnoiffants. Nous fimes defcendre les nuages, pour vous fervir d'ombrage: nous vous envoyames la manne & les Ciilles, & nous dfraes, nourriflez-vous des biens que nous vous ofFrous. Vos murraures n'ont nui qu*a vous-mêmes. Nous dimes au peuple d'Ifraël, entrez dans cette ville; jouiifez des biens que vous y trouverez en abondance; adorez le Seigneur en y entrant. Dites, le pardon foit fur nous. Vos péchés vous feront rernis, & les juftes feront comblés de nos faveurs. Les méchans changérent ces paroles, & nous  L e Coran. i i fitnes defcendre fur eux la vengeance du Ciel, paree qu'ils étoient criminels. Moyfe demanda de 1'eau pour défaltérer fon peuple , & nous lui ordonnames de frapper le rocher de fa baguette. II en jaillit douze fources. Chacun connut le lieu oü il devoit fe défaltérer. Nous dlmes aux IfraéTites, mangez & buvez de ce que vous ofïre la libéralité de Dieu; ne foyez point prévaricateurs, & ne fouillez point la terre de vos crimes. Le peuple s'écria, ó Moyfe! une feule nourriture ne nous fuffit pas. Invoque le Seigneur, afin qu'il faffe produire a la terre des olives, des concombres, de 1'ail, des lentilles & des oignons. Moyfe répondit, voulez-vous jouir d'un fort plus avantageux? Retournez en Egypte, vous y trouverez ce que vous demandez. L'avilifTement & la pauvreté furent leur partage. Le courroux du Ciel s'appéfantit fur eux, paree qu'il ne crurent point afesprodiges, & qu'ils tuèrent injuftement les Prophètes. Ils furent rebelles & prévaricateurs. Certainement les Mufulmans, les Juifs, les Chrétiens & les Sabéens, qui croiront en Dieu & au jourf dernier, & qui feront le bien, en recevront la récompenfe de fes mains; ils feront exempts de la crainte & des fupplices. Lorfque noii3 acceptames votre alliance, & que nous élevames au-deffus de vos têtes leMont Sinaï, nous dimes, recevez nos loix avec reconnoiffance: confervez- en le fouvenir, afin que vous marchiez dans la crair.te. ■ A 6 ■: '• .«• • >  12 L e Coran. Bientót vous retournates a Terreur, & fi la mifciicorde divine n'euc veillé fur vous, votre pene étoit certaïne. Vous connoifiez ceux öentre vous qui tranfgrefferent Ie jour du Sabbat nous les transformames en vils finges. Us ont fervi d'exemple a leurs contemporains, a la pofiérite; & a ceux qui craignenr. Dieu, dit Moyfe aux Ifraé'lites, vous commande de lui imraoler une vacbe (2). Prétends-tu abufer de notre crédulité, répondirent-ils? Je retournevers le Seigneur, ajouta Moyfe, pour n'étre pas nu nom- (1) Une parti des habitans d'A'ila , ville fituée fur le bord de la Mer-Rouge, s'étant obftinés a pêclicr le jour du Sabbat , malgré les repréfentations de leurs concitoyens, furent maudits par David, & transformés en finges. Ils demeurirent trois jours dans cet état, enfuite tm vent violent les précipita dans la mer. Abulfeia rapporto cette fable accréditéc panni les Mufulmans. (2) Hammiel, un des plus riches d'cntre les Ifraëlites, ayant été tué, fes parens conduifirent a Moyfe les prétendus me'urtriers. Ils niérent la fait. On n'avoit point de témoins. La vérité étoir dïfficile a découvrir. Dieu ordonna d'immoler une vache avec les conditions requifes. On toucha le cadavre avec la langue de la viétime. II revint a la vie, feleva, prononca le nom de fon meurtrier , & raourut de nouveau. Abvlfeda. Les Arabes ont puifé cette hiltoire dans Ie Pentateurue, ofi Dieu commande d'immoler une vache rouiïc , d'un ügé formé, fans tache, & qui n'ait point porté Ie joug. On bruloit la vicTime , & fes cendres mélées avec de Teau, fervoient a purifier ceux qui avoient touché un cadavre, Num. cb. JO. Marncci.  L e Coran. bredcs infenfés. Prie le Seigneur, répüquèrent-ils, de nous déclarer quelle vache nous devons lui facrifier. Qu'elle ne foit ni vieille ni jeune, ajouta le Prophéte , mais d'un age moyen. Faites ce qui vous a été ordonné. Prie le Seigneur, continuale peuple, de nous faire connoïtre ft couleur. Qu'elle foit, dit Moyfe, d'un jaune clair, qui'réjouifle la vue. Prie le Seigneur de nous défigner plusparticulièrement la victime qu'il demande; nos vaches fe reffemblent, & fi Dieu veut, il dirigera notre choix. Qu'elle n'ait point fervi & labourer la terre, ni travaillé a 1'arrofement des mofÏÏons ; qu'elle n'ait point (buffert 1'approche du male; qu'elle foit fans tache: tel eu le précepte du Seigneur. Maintenant, s'écria le peuple, tu nous as dit la vérité. Ils im'molèrent la vache, après avoir été fur le point de défobéir. Lorfque vous mites un homme a mort, & que ce raeurtre étoit 1'objet de vos difputes, Dieu proÜuifit au grand jour ce que. vous cachiez. Nous commandames, de frspper le mort avec un des membres de la vache. C'eil ainfi que Dieu reffufcite les morts, & fait br'Üler a vos yeux fes merveilles, afin que vous compreniez. Après ce miracle, vos cceurs opiniatres devinrent plus durs.que les pierres; car a la voix du TrèsHaut, lerocherfe fcndit, & de fes flancs entr'ouverts coulèrent des ruifieaux. Mais le Tout-Puiffant ne négligé pas'vos aétionsiA 7  14 L e Coran. Prétendez-vous , ó Mufulmans ! que les Juifs aiont votre croyance ? Tandis qu'ils e'coutoient la parole de Dieu, une partie d'entr'eux en corrompoit le fens, après 1'avoir comprife. Et ils Ie favoient! Avec les fidèles, ils fe parent de leur religion. Retirés dans leur affemblées, ils difent , raconterons-nous aux Mufulmans ce que Dieu nous a déconvert, afin qu'ils difputent avec nous devant lui '? N'en voyons-nous pas les conféquences ? Ignorent-ils donc que le Très-IIaut fait ce qu'ils cachent, comme ce qu'ils manifeftent? Parmi eux, Ie vulgaire ne connolt le Pentateuque, que par la tradition. II n'a q'une aveugle croyance. Mais malheur a ceux qui 1'écrivant de leurs mains corruptrices, difent, pour en retirer un foible falaire, voila le livre de Dieu! Malheur aeux paree qu'ils Tont écrit, & qu'ils en ont recu le prix! Us ont dit, nous ne ferons livrés aux flammes qu'un nombre de jours déterminé. Reponds-Ieur, Dieu vous en a-t-il fait la promefle? Ne Ia révoquera-t-il jamais? ou plutót, n'avancez-vous point ce que vous ignorez ? Certaineraent les pervers défcendront, environnés de leurs crimes, dans les flammes éternelles. Au contraire les croyans, qui auront fait le bien, habiteront éternellement le paradis. Quand nous repumes Talliance des enfans d'Ifraej, .nous leurdimes, n'adorez qu'un Dieu, foyez bienfaifants envers vos pères, vos proches, les orphelins & les pauvres; ayez de Thuraanité pour tous  L e Coran. ij les hommes; faites la prière; donnez Taumóne; & excepté im petit nombre d'emre vous, vous avez reful'é de fuivre des commandemens, & vous avez marché dans Terreur. Quand nous formames avec vous le pafte de ne point verfer le fang de vos frères, & de ne point les dépouiller de leurs hèritages, vous le ratifiates, & vous en fütes téjaoins. Vous avez enfuite maffacré vos frères, vous les avez chafTés de leurs pofll-fïïons, vous avez porté dans le fein de leurs azyles, la guerre & l'injuftice. Lorfqu'il fe préfente a vous des captifs vous les rachetez , & il vous étoit défendu de les traiterhoftilement. Croyez-vous donc a une partie de la loi, tandis que vous rejettez 1'autre? Quelle fera la récompenfe de cette conduite? L'ignominie dans ce monde, & au jour du jugement, Thorreur des fuppüces; car Dieu ne voit point vos actions d'un ceil d'indifTérence. Tels font ceux qui ont facrifié la vie future a la vie du monde. Mais la peine qui les attend ne fera point adoucie, & ils n'auront plus d'efpoir. Nous avons donné le Pentateuque a Moyfe; nous Tavons fait fuivre par les envoyés du Seigneur. Nous avons accordé a Jefus fils de Marie, la puiiïancedes miracles. Nous Tavons fortifié par TEfprit de fainteté (i> Toutes les fois que les Envoyés duTrés- CO Par l'Efprit de falnteté , les Auteurs Mufulmans entendent Gabriel. Nous lui avons donne Gabriel pour gardien ; il le fan&ifiera & Taccompagnera par-tout ou il portera les pas. Gelahddin,  1enjen« de leur vceu. B 6  36 L e Coran. foit parvenu? au lieu oü 1'on doit Pimmoler. Celui que la maladiè, ou quelqu'accidetu obligeroit a fe ral'er, aura pour expiatiqn le jeune, Taumone ou quelqu'offrande. Lorfqu'il n'y aura rien a craindre, celui qui entreprendra le pélerinage de la Mecque, offrira , après avoir vifité les Saints Lieux, ce que fon état lui permettra. Celui qui ne pourra rien offrii-, jeunera trois jours pendant le voyage, & fepc lorfqu'il fera. de retour. Ce jeune complet fera de dix jours. Nous impofons cette pénitence a'celui qui n'aura point de ferviteurs au Temple de ia Mecque. Craignez Dieu , il eft terrible dans fes vengeances. Le pélerinage fe fera dansles mois prefcrits. Celui qui feutreprendra doit s'abftenir des femmes , du crime, & des difientions. Le bien que vous ferez -fera connu de Dieu. Prenez des provifions pour le voyage. La meilleure eft la piété. Craignez-moi, vous qui avez un cceur. - 11 ne vous eft point défendu de recbercher les biens de Dieu. Lorfque vous retournerez du Mont Arafat, fouvenez-vous du Seigneur, prés du monument Haram. Souvenez-vous de lui , paree qu'il vous a éclairés, & que fi vous étiez venus avant ce tsmps , vous auriez été clans Terreur. Revenez de ce lieu, d'oü les autres hommes reviendront, & implorez la clémence du Seigneur. II eft indulgent & miféricordieux. Lorfque vos. faintes cérémonies feront acconv p'.ies, que le fouvenir de Dieu excite dans vos cceurs  L e Coran. r un amour encore plus grand que celui de vos proches. II eft des hommes qui difent: Seigneur, donne nous notre portion de biens, dans ce monde. Us n'auront point,de part a la vie future. D'autres difent: verfe tes dons fur nous, dans ce monde & dans 1'autre, & nous délivre de la peine du feu. Us auront tous leurs ceuvres pour héritnge. Dieu eft exact dans fes jugemens. Souvenez-vous du Seigneur, dans les jours marqués. Celui qui aura haté ou retardé fon voyage d'un jour, n'aura point de peine afubir, s'il craint Dieu. Ayez fa crainte toujours préfente. Sachez que vous retournerez a lui. II eft des hommes" qui, en difcourant des chofes mondaines, ravilfent votre admiration. Us prennent Dieu a témoin de la fincérité de leurs cceurs; mais ils font ardens a difputer. A peine vous ont-ils quittés, qu'ils fe livrent il l'injuftice. La ruine accompagne leurs pas. Dieu halt les hommes corrompus. Qu'on leur parle de la crainte du Seigneur, ils s'abandonnent a 1'orgueil, & a 1'impiété; mais Ten-, fer fufïïra a leurs crimes. Us y feront couchés fur un lit de douleur. II eft des hommes qui fe font vendus eux-mêmes, pour plaire a Dieu. U regarde d'un ceil propice fes ferviteurs. O. croyans! embraffez 1'iflamifme, dans toute fon B 7  28 L e Coran. étendue; ne marchez pas fur ies traces de fatan; il eft votre ennemi déclaré. Si vous tombez ap.ès avoir connu la vérité, fachez que Dieu e(l fage & puiffant. Attendent-ils que le Tout-Puiffant vienne , dans 1'ombre d'un nuage , accompagné de fes Anges? Alors tout fera confommé. Tout retournera a lui. Demande aux enfans d'Ilïaël combien de prodiges nous avons fait éclater a leurs yeux. Que celui qui rejette les faveurs de Dieu, fache qu'il clt terrible dans fes vengeances. La vie du monde eft parfemée de fleiws, pour les infidèles. Us fe moquent des croyans. Ceux qui ont Ia crainte du Seigneur feront élevés au-deffus d'eux, au jour de la réfurrection. Dieu répand a fon gré fes dons innombrables. Les hommes n'avoient qu'une religion. Dieu envoya les Prophètes, organes de fes promelfes & de fes menaces. II leur donna les écritures avec le fceau de Ia vérité, afin qu'ils jugeaffcnt les différens des mortcis. Ceux qui recurentles Apótres, ayant connu les prédictions du Seigneur, difputèrent. L'envie .leur mit les armes a la main; mais Dieu conduifit les croyans ala vérité, objet de leurs difputes. Ildirige qui il lui plait dans le droit chemin. Croyez-vous entrer dans le paradis, fans avoir fenti les maux qu'ont éproutfés vos pères? Le malheur les vifita. Us reffentirent fes angoiffes, jufqu'au temps oü leur Apótre , & ceux qui avoient fa  Le Coran. 39 croyance , s'écrièrent : quand nous viendra le fecours du Seigneur? Le fecours du Seigneur n'efl-il pas proche? Ils s'interrogerom fur le bien qu'ils doivent faire. Réponds-leur: fecourez vos enfans, vos proches, les orphelins, les pauvres & les voyageurs; le bien que vous ferez fera connu du Tout-PuhTant. II eft écrit que vous combattrez, & vous avez la guerre en horreur. Mais vous pouvez haïr ce qui vous eft avantageux, & defïrer ce qui vous eft nuifible. Dieu lait ce qui vous convient, & vous 1'ignorez. Ils te demnnderont fi 1'on combattra dans les mois facrés. Dis-leur: la guerre, pendant ce temps vous eft pénible ; mais écarter les croyans de la voie du falüt, être infidèle a Dieu, chaffer fes ferviteurs du temple faint, font des crimes horribles a fes yeux. L'idolatrie eft pire que le meurtre. Les infidèles ne cefieront de vous pourfuivre les armes a la main, jufqu'a ce qu'ils ne vous ayent enlevé votre foi, s'il eft poffible. Celui de vous qui abandonnera riflamifrhe & qui mourra dans fon apoflafie , aura rendu vain le mérite de fes oeuvres dans ce monde & dans 1'autre. II fera dévoué aux flammes éternelles. Les croyans qui quitteront leur pafrie, & combattront ponr la foi, auront lieu d'efperer la miféricorde divine. Dieu eft iudufgent & miféricordieux. Us t'interrogeront fur le vin, & les jeux de ba* fard : dis-leur qu'ils font eriln-inéls , & p;us fu-  ■4 5 Le Coran, neftes qu'utiles. Ils t'interrogeront fur l'aumóne-. Réponds-leur: donnez votre fupérflu. C'eft ainfi que Dieu vous fait connoitre fes loix , afin que vous gardiez fon fouvenirdans ce monde & dans 1'autre. Us te demanderont ce qu'ils doivent aux orphelins. Dis-leur: faites fructifier Jeurs héritages. Si vous faites communauté de biens avec eux, fouvenez-vous qu'ils foin vos frères, & que Dieu fait diflinguer le coupable d'avec le jufte. II peut vous affliger a fon gré. II eft puifiant & fage. N'époufez point les idolatres jufqu'a ce qu'elles n'ayent Ia foi. Une efclave fidéle vaut mieux qu'une femme libre infidèle , quand même celle-ci vous p'airoit davantage. Ne donnez point vos filles aux idolatres , jufqu'a ce qu'ils n'ayent embrafl'é votre croyance. Un efclave fidéle vaut mieux qu'un incrédule , quand même celui-ci feroit plus aimable. Les infidèles vous appelent au feu , & Dieu vous, ouvre Ie Paradis. II fait grace a qui il lui plait, & montre fes prodiges aux hommes, afin qu'ils gardent fon fouvenir. Us t'interrogeronc fur les régies des femmes: disleur: c'eft une. tache. naturelle. Séparez-vous de vos époufes pendant ce temps, & ne vous en approchez que quand elles feront purifiées. Lorfqu'elles feront lavées de cette tache, venez a elles comme vous 1'ordonne Dieu. 11 aime- ceux qui font pénitence & qui font purs. Vos femmes font votre champ» Cultivez-le toutes  L e Coran. 41 les fois qu'il vous plaira. PrémunilTez vos cceurs. Craignez Ie Seigneur , & fongez que vous retournercz a lui. Annonce aux croyans le bonheur qui les attend. Ne jurez point par le nom de Dieu, que vous fercz juftes, pieux, ik que vous maintiendrez la paix panni vos fetnblables. II fait & entend tout. Dieu ne vous punira pas pour une parole echappée dans vos juremens. II vous punira fi vos cceurs y ont confenti. II eft indulgent & mife'ricordieux. Ceux qui jureront de n'avoir point de commerce avec leurs femmes (i), auront un délai de quatre mois. Si pendant ce temps ils reviennent a elles, Ie Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Si ie divorce eft fermement réfolu, Dieu fait & entend tout. Les femmes rc'pudiöes laifieront écouler trois mois avant de fe remarier. Elles ne pourront cr.clier .qu'elles font enceintes, fi elles croyent en Dieu & au jour du jugement. II eft plus équitable alors que le mari. les reprenne, s'il defire une fincère reconciliation. II faut que les femmes fe component avec Ia décence convenable, & que les maris ayent fur elles Ia préémiiience. Ci) Lorfqu'un Mahométan a fait ferment de ne plus avoir de commerce avec fa femme , il a quatre mois de délai pendant Iefqdels il peut fe réconcilier avec elle. S'il laiffe paffer le t|rme, il eft obligé de Ia répudier. Elle devient libre & peut former de nouveaux ncéuds.  42 L E C O P. A N. La réputfiation n'aura lieu que deux fois. Les mans garderant leurs femmes avec humanité , ou les renvcrronc avec juftice. Ils ne peuvent rien retenir de leur dot, a moins que les deux époux ne craigniïfent de pafier lesliornes prèfcrites par le Seigneur. Alors le mari a droit de fe raclieter de la rigueur de la loi. Tels font les préceptes divins. Ne les trangreflez pas. Ceux qui les violent fout criminels. Celui qui répudiera, trois fois, une femme (i),' ne pourra la reprendre qu'apres qu'elle aura palfé dans la couche d'un autre epoux qui 1'aura répudïëe. 11 leur fera permis alors de Ie réunir, s'ils croyent pouvoir obferver les Commandemens de Dieu. II les annonce a ceux qui ont la fcience. Lorfque vous aurez répudié une femme, & que le temps de la renvoyer fera venu, -gardez-la avec (i) La religion ruimt le Mahométan qui a fait trois fois le ferment de répudier fa femme, en ne lui permettam de la reprendre qu'apres qu'elle a paflé dans la couche d'un autre homme. Le coupable qui fe trouve dans cette fftcheufe circonftance niche d'éluder Ia loi. II cherche un ami fur la difcrétion duquel il puifle compter, Tenferme avec fon époufe en préfence de témoins, & attend en tremblant 1'événëment incertain. L'épreuve eft daugereufe. Si 1'ofïïcieux ami dit en fortant qu'il répüdie celle dont il eft ce'nfé avoir été 1'époux, le premier a droit de la reprendre; mais fi, oubliant 1'amitié dans les bras de 1'amour, il dëclarc qu'il la reconnoït pour fa femme , il 1'cmmèr.e avec lui, & le mariage eft valide.  L e Coran. 43 hümanité, ou la renvoyez avec bienfaifance. Ne la retenez point par force, de peur d'être prévaricateurs. Cette conduite feroit injufte. Ne faites pas un jeu des loix divines. Souvenez-vous des graces dont le Ciel vous a comblés. Souvenezvous qu'il vous a envoyé le livre qui renferme la fageffe. Craignez le Seigneur. Sachez que fa fcience eft infinie. Lorfque la femme que vous atrrez répudiée aura attendu le temps marqué , ne 1'empéchez pas de former légitimement un fecond hymen. Ces préceptes regardent ceux qui croyent en Dieu, & au jour dernier. Us font juftes & fages. Dieu fait, & vous ne favez pas. ' Les mères allaiteront leur enfans deux ans complets , s'ils veulent tetter pendant ce temps. La nourriture & le vètement de la femme regardent 1'époux. II doit 1'entretenir comme il convient, fuivant fes facuités. Les parens ne feront pas contrahits de faire pour leurs enfans plus qu'ils ne peuvent, ni les tuteurs pour leurs pupilles. II fera permis a la mère de févrer fon nourriffon, du confentement du mari. Us peuvent auffi appeler une nourrice , pourvu qu'ils lui payent fidèlement ce qu'ils auront promis. Craignez le Seigneur. Sachez qu'il a l'ceil ouvert fur vos actions. Les femmes que vous lailferez en mourant, attendront quatre mois & dix jours. Ce terme expiré, vous ne ferez point refponfables de ce qu'elles feront légitimement. Dieu voit vos ceuvres.  44 L e Coran. Le défir d'époufer une ferame, foit que vous te fafiiez paroitre, foic que vous le recéliez dans vos cceurs , ne vous rendra point coupables devant Dieu. II fait que vous ne pouvez vous empêcher de fonger aux femmes; mais ne leur promettez pas en fecret, a moins que 1'honnêteté de vos difcours ne voile votre amour. Ne ferrez les liens du mariage que quand le temps ■ prefcrit fera accompli. Sachez que Dieu connoit le fond de vos cceurs. Craignez-le, & n'oubliez pas qu'il eft clément & miféricordieux. Voüs ne ferez fornuis a aucune peine, en répudiant une femme avec qui vous n'aurez point eu commerce, ou a qui vous n'aurez point affigné de dot. Ce que vous donnerez a vos femmes doit répondre a vos facultés. Le riche & le pauvre les doteront différemment. La juftice & la bienfaifance doivent régler leurs dons. Celui qui répudiera une femme dotée, avant d'avoir eu commerce avec elle, lui lauTera la moitié de la dot, mais du confentement des deux époux, ou de celui feul du mari, la femme peut recevoir la dot entière, ce qui eft plus digne de la piété. N'oubliez pas la bienfaifance entre vous. Le TrésHaut eft témoin de vos actions.1 Accompliffez exactement la prière, fur-tout celle du midi. Levez-vous & priez avec dévotion. Si vous êtes dans la crainte, faites la prière en marchant, ou acheval; lorfque vous êtes en faireté, rsppellez-vous les graces dü Ciel. Songez qu'il  L i Coran. 45 vons a enfefgné la doctrine que vous ignoriez. Ceux qui laüTeront des époufes eu mourant, leur affigneront un legs, comme 1'ëntretien pendant une année, & un afile dans leur ïnajfon. Si elles fortent d'elies-inêmes, les héritiers ne feront point refponfables de ce qu'elles feront avec décence. Dieu eft puiflant cc fage. Les dédommagemens accordés aux femmes répudiées , doivent avoir pour régie la juftice & la crainte de Dieu. C'eft ainfi qu'il vous.explique fespréceptes divins, afin que vous les conceviez. Ne vous rappelez vous pas ceux que la crainte de la mort fit fortir de leiKs maifons au nombre de piufieurs mille (1)? Dieu leur dit, mourez: enfuite il leur rendit la vie, paree qu'il eft plein de libéralite pour les hommes. Cependant la plupart ne le remercient point de fes bienfaits. Combattez pour la défenfe de la foi, & fachez que Dieu fait & entend. Celui qui fera au Seigneur le pret glorieux de fes biens, les verra multiplier au eehruple. II étend, ou refferre fes faveurs, a fon gré. Vous rctournerez tous a lui. (1) La peüe ravageoit Davardan, ville de Judde. I.a plupart des habitans prirent la fuite. Dieu leur dit, mourez, & ils moururent. Piufieurs années après il les rcfiufcita & ia prière d'Kzéchie! ; mais ils confervèrent fur leurs vifages les traces de la mort. Gclr.leMin. • Dans ce verfet, Mahomet fait aliufion a lavifion d'Ezécuicl. Ch.37.  46 L e Coran. Rappelez-vous l'nfTemblée des enfans d'Ifraéi , après Ia mort de Moïïè, lorfqu'ils dirent a leur Prophéte, créez-nous un Roi, afin que nous combattions pour la caufe de Dieu. Serez-vous prêts a combattre, leur demanda le Prophéte , lorfque Ie temps fera venu? Et qui pourroit, répondirent-ils, nous empêcher de marcher fous 1'étendard de la foi ? Nous avons été chafies de nos maifons; on nous a enlevé nos enfans. Lorfque le jour du combat fut venu, tous prirent la fuite, excepté un petit nombre ; mais le Tout-Puiflant voit les pervers. Le Prophéte leur dit: Dieu a élu. Saül pour votre Roi. Comment, reprirent les Ifraè'ütes , auroit-il 1'empire fur nous? Nous en fommes plus dignes que lui. II n'a pas même 1'avantage des richelfes. Le Seigneur, reprit Samüel, 1'a choifi pour vous commander. II a éclairé fon efprit, & fortifié fou bras. Le Tout-Puiffant donne les Diadêmes a fon gré , paree qu'il pofiêde la fcience, & que rien ne borne fon immenfité. La marqué de fa royauté, continua Samué'1, fera Ia venue de 1'arche d'alliance (i). Elle fera Ie gage CO Cette Arche merveilleufe , envoyéc du Ciel & Adam, fut tranfroifc aux enfans d'Ifraël. Les Amalécites les ayant vaincus, s'en emparèrent. Us la portoient a Ia tête de leurs armées, & elle étoit pour eux le gage de la viiftoire. Elle renfermoit un dépöt facré, la chaüflure & la baguette de Moyfe, la thiarre d'Aron , un vafe plein de la marine célef e. & les fragmens des tables de la loi. Les Anges la portêrent a travers les airs, & vinrent la  L e Coran. 47 de votre füreté. Avec elle vous recevrez le depót qu'a laiffe la familie de Moïfe & d'Aaron. Les Anges la porteront. Ce fera un prodige pour ceux qui ont la foi. Saül étant forti avec fon armc!e, dit k fes foldats: Dieu va vous éprouver au bord de ce fleuve. Celui qui s'y défaltérera ne fera point des miens. Ceux qui sren abfliendront , ou n'avaleront qu'un peu d'eau, dans le creux de leurs mains, feront de mon parti. Prefque tous en burcnc avidement. Lorfque le Roi, a la tête des croyans, eut traverfé le fleuve, ceux qui s'y éroient défalférés , s'écrièrent : nous n'avons point de force aujourd'hui contre Goliat & fes foldats. Les fidèles qui croyoient au jour de Ia réfurreétion , répondirent: combien de fois, paria permiffion de Dieu, une petitetroupe a-t-elle vaincu des années nombreufes? Lebras du Très-Haut fortifie les bravcs. Sur le point de combattre Goliat, ils adreflerent au Ciei cette prière: Seigneur,accorde-nous la conftance & le courage^affiermis nos pas, &viens nous fecourir contre un peuple infidèle. Us vainquirent leurs ennemis par Ia volonté de Dieu. David tua Goliat. Le Seigneur lui donna Ia royauté & la fageffe. II lui enfeigna ce qu'il voulut. Si le Tout-PuiflTant n'avoit balancé les nations dépofer aux pieds de Saül. Getaleddin. Telles font les fahles que les Ecrivains Orientaux racontent au fujet dc 1'Arche d'AUiancc.  48 L e Coran. ks unes par les autres, la corruption eut couvert la terre; mais il eft Wenfaifant envers fes créatures. Ces rrrerveiltes foin 1'ouvrage du Très-Haut. Nous te les révélons , paree que tu es au nombre de fes Apötres. Nous ëlevames les Prophètes les nns au defTus des autres. Dieu fit entendre fa voix a ceux-ci. II favorifa ceux-la de dons particuliers. Nous accordames a Jcfus, fils de Marie, Ie pouvoir des miracles: nous le fortiuames par 1'efpiit de fainteté. Si Dieu eut voulu, ceux qui font venus après fes Miniftres, n'sauroient point difputc. L'efpiit dediiïention s'eft emparé d'eux lorfqu'ils ont vu la vérité. Une partie a cru, une partie a été infidèle. Dieu pouvoit a fon gré prévenir leurs divifions; mais il fait ce qu'il lui plait. / O croyans! donnez l'aiunÓHe, des biens que nous vous avons départis , avant le jour oü 1'on ne pourra plus acquérir, oü il n'y aura plus d'amitié, plus d'interceffion. Les infidèles font voués a 1'iuiquité. , Dieu eft le feul Dieu, le Dieu vivant & éternel. Le fommeil n'approclie point de lui. II pofféda ce qui eft dans les Cieux & fur la terre. Qui peut intercéder auprès' de lui, fans fa volonté? II fait ce qui étoit avant Ie monde , & ce qui fera après. Les hommes ne connoiflent de fa majefté fuprême, que ce qu'il veut bien leur en apprëndre. Son tröne fublime embraffe les Ciéux & Ia terre. II les confefve fans effort. II eft le Dieu Grand, le Dieu Très-Haut. Ne  L e Coran» 49 Ne raites point de violence aux hommes a caufe de leur foi. La voie du falut eft affez diftincle du chemin de Terreur. Celui qui abjurera le culte des idoles, pour embraffer ia religion fainte, aura faifi une colonne inébranlable. Le Seigneur fait & entend tout. Dieu eft le patron des croyans. II les cjnduira des ténèbres a la lumière. Le Diable eft Ie patron des incrédules. II les conduit de la lumière dans les ténèbres, & ils feront précipités dans un feu éternel. Vous fouvient-il de ce roi qui difputa avec Abraham, de Dieu qui lui avoit donné la royauté? Mon Dieu, dit Abraham, eft celui qui doune la vie & Ia mort. C'eft moi, répondit i'Irapie , qui donne la vie & Ia mort. Hé bien, ajouta Abraham, Dieu fait lever le foK.il, * Torienr, fais qu'il fe léve a Toccident. L'Infidele reik confondu, paree quele Tout-PuilTant n'éclaire point les pervers. Vous fouvient-il du Voyageur (1) qui, pafiant . Ne nous charge pis au-dclus de nos forces. Fais éclater pour tes fervi. tours le pardon & 1'indulgencc: aie compaffion de nous. Tu es notre Patron. Aide-nous contre les Nations Infidèles. <" i^'^ C 4  <6* L e G o r a n. C H A P I T R E III. LA FA MILLE U AMKAN. Donné a Médine, compofé de ipp Vörrètsv Au nom de Dieu clément & miféricordieux. A. L. M . Il n'y a de Die» que le Dieu vivant & éternel. II t'a envoyé le livre qui renferme la vérité ,pour confirraer les écritures qui 1'ont précédé. Avant lei il fit defcendre le Pentateuque & 1'Evangile, pour fervir de gutdes aux hommes. II a envoyé le Coran des Cieux. Ceux qui nieront la doctrine divine, ne doivent s'attendre qu'a des fupplices. Dieu eft puifl'ant, & la vengeancé^ eft dans fes mains. Rien de ce qui eft dans les Cieux & fur la terre ne lui eft caché. C'eft lui qui vous forme comme il lui plak dans le fein de vos mêres. II n'y a point d'autre Dieu que lui. II eft puifl'ant & fage. C'eft lui qui t'a envoyé le livre. Parmi les verfets qui le compofent, les uns renferment des préceptes évidens, & font la bafe de 1'ouvrage; les autres font' allégoriques. Ceux qui ont du pencbant a Terreur, s'attachant a ces derniers , formeront un fcbtfme,,  L e C q r a n. 57 en voulant les interprater. Dieu feul en a 1'explication. Mais les hommes eonfommés dans la fcience, diront: nous croyons au Coran. Tout ce qu'il renferme vient de Dieu. Ce langage eft celui des fages. Seigneur, ne permets pas que nos cceurs s'écartent de Ia vérité, après que tu nous as éclairés. Ouvrenous les tréfors de ta miféricorde. Tu es la libéralité même. Seigneur, tu raflembleras un jour Ie genre humain devant ton Tribunal. Nous ne faurions douter de cette vérité; car tu ne mancjues point a tes proinelTes. Les infidèles ne reiireront aucun avantage de leurs richeffes & de leurs enfans, auprès de Dieu. Ils feront Ia viaime des flammes. Semblables a Ia familie du Pharaon, & a ceux qui les ont précédés, ils ont taxé notre dodrine de menfonge. Dieu les a furpris dans leur impiété, & il eft terrible dans fes chathnens. Dis aux incrèdules: bientót vous ferez vaincus & raffemblés dans 1'enfer, féjour des tourmens. La rencontre des deux armées ne vous a-t-ellepst offert un prodige ? L'une combattoit pour la foi & étoit de moitié moins nombreufe. Elle parut a l'armée infidèle égale en force. Dieu favorife de fon fecours ceux qu'il lui p'ait. Cet événement eft un avertiflement pour ceux qui voient. L'amour du plaifir éblouit les mortels. Les femmes, les enfans, les richefles, les chevaux fuperbes, C 5  33 L i Coran. les troupeaux , les campagnes, font les- objets d© leurs ardens défirs. Telles font les iouilTances de la. vie mondaine; mais 1'afile que Dieu prépare eft bien plus délicieux. Dis: que puis-je annoncer de plus agréable h ceux qui ont la piété , que des jardins arrofés par des fleuves, une vie éternelle, des époufes purifiées & la bienveillance du Seigneur qui a 1'oeil ouvevt fur fes ferviteurs? Tel fera le partage de ceux qui difent: Seigneur, nous avons cru; pardonne-nous nos fautes, & nous délivre de la peine du feu; De ceux qui ont été patiéns, véridiques, pienx, bienfaifans, & qui.ont imploré la miféricorde divine dés le matin. L'Eternel arendu témoignage de lui-même, quand il a dit: il n'y a de Dieu que moi. Les Anges, ceux: qui polfèdent la fcience & la vérité ont répété: il n'y a de Dieu que le Dieu puiffant & fage. La religion de Dieu eft 1'ifiamifme (i). Ceux qui ont recu laloiécrite ne fe font divifés que lorfqu'ilsen ont eu connoiflance. : L'envie leur fouffloit fon «ifon; mais celui qui rcfufera de fcroira aux procii'ges du Seigneur, éprouvera qu'il eft exaft dans nj jugemens. . Dis a ceux qui difputeront avec toi : j ai livre CO Suivant les Mahométans, la religion que tous les Apoü-es oht recue du Ciel eft 1'lflamiime. Elle eft fondée ftir l'utiité de Dieu, CeUleiMts.  L £ CO -il A f!. 59 mem cceur a Dic.i; ceux qui fuiveat ma 'croyanci». ont imité mon exemple. Dis a ceux qui ont recu les Écritures, & auxaveugles: embraifez Tillamifme, & vous ferez éclaire's. S'ils font rebelles, tu n'-es chargé que de la prédication. Dieu fait diftinguer fes ferviteurs. -, Annonce a ceux qui hleöt la vraie foi, qui verfen: injuftement le fang des Prophètes, & de ceux dont 1'emploi eft de eommander la vérité, qu'ils feront!?, proie des tourmens. Us ont renduvain le mérite de leurs ceuvres, dans monde & dans 1'autre. Us n'ont plus de fecours a attendre. N'as-tu pas fait attention aux Juifs (i)? On les rite au livre de Dieu pour juger leurs dilférens; r.r.er partie s'y refufe & fe précipite dans Terreur. Us ont dit: le feu de 1'cnfer ne nous attemdraque pendant un certain nombre de -jours. Us feront la victime du menfonge qu'ils ont inventé. Quel fera leur fort, lorfque nous les raffembleronsau jour du jugement ? Chacun, dans ce jour dont on ne peut douter, recevra le prix de fes ceuvre.^ Perfonne ne fera trompé. (i) Ce verfet fut révélé a 1'occafion de deux Juifs adultéres qui fe foumirent au jugement de Mahomet. II prononca qu'ils devoient être lapidés. Les coupables rejettoient fa Sentence. On apporta le Pentatcuquc, & 1'on y trouva écrite la peine portée contr'eux. Les Juifs furent lapidés, & leur fupplice indigna toutes leurs Tribus» C 6  L E C O 1 A Ki Dis: ó Dieu! roi fuprême, tu donnerns & óteras a ton gré les diadèmes. Tu éléveras & abaifferas les humains.a ta volonté. Le bien eft dans tes mains. Tu es le Tout-PuiTant. Tu changes la nuit en jour, & le jour en nuit. Tu fais fortir la vie du fein de la mort, & la mort du fein de la vie. Tu verfes tes tréfors infinis fur qui il te plaic. Ne prenez point pour protecteurs les infidèles, a moii:s que vous n'y foyez forcés par la crainte. La colère de Dieu doit- vous faire trembler. C'eft a lui que vous retournerez.- Dis-leur: foit que vous cacliiez ce qui eft dans vos cceurs, foit que vous le produifiez au grand jour, Dieu le faura. II connoit ce qui eft dans les cieux & fur la terre, paree que rien ne limite fa puiifance. Un jour l'homme aura fous les yeux le fpeetacle de fes ceuvres bonnes & mauvaifes, & defirera qu'un intervalle immenfe le fépare du mal qu'il aura fait. Le Seigneur vous exhorte a redouter fa colère. II regarde d'un ceil propice fes ferviteurs. Dis-leur: fi vous aimez Dieu , fuivez-moi. II vous aïmera; il vous pardonnera vospéchds, il eft indulgent & miféricordieux. Obéiiïez a Dieu & a fon Apótre ne vous écartez pas de lui; il hait les rebelles; Dieu a choifi entre tous Jes hommes Adam & Noè", la familie d'Abraham & celle d'Amran. Ces families font forties les mies des autres. Dieu fait & entend.  L e Coran. éi L'époufe d'Amran adreffa au Ciel cette prière: Seigneur, je t'ai voué Ie fruit de mon fein; recois» le avec bonté, ó toi qui fais & entends tout! Lorfqu'elle eut enfanté, elle ajouta: Seigneur, j'ai mis au monde une fille ; (Dieu favoit ce qu'elle avoit mis au jour. Des caraétères marqués difiingtient les deux fexes). Je 1'ai nommée Marie; je la mets fous ta protection, elle & fa poftérité; afin que tu les préferves des rufes de fatan. Le Seigneur regut fon offiande favorablement. II fit produire a Marie un fruit précieux. Zacarie la prit fous fa garde. Toutes les fois qu'il 1'alloit vifiter, dans fon appartement retiré, il voyoit de la nourriture auprès d'eile. D'oü vous vient, lui demandat-il, cette nourriture ? C'efl: un bienfait du. Ciel , répondit Marie. II nourrit abondamment ceux qu'il veut. Zacarie fe mit en prière & s'écria: Seigneur, ouvre-moi les tréfors de ta libéralité; donne-moi un enfant béni, ó toi qui exauce nos vceux ! L'Ange 1'appelTa tandis qu'il prioit dans le fanctuaire. Le Très-Haut, lui dit I'Ange, t'anuonce la naiffance de Jean; il confirmera la vérité du verbe de Dieu; il fera grand, chafte, & élevé entre les Prophètes. D'oü me viendra cet enfant, répondit Zacarie ? La vieillefle m'a atteint, & ma femme eft ftérile. L'Ange lui répliqua: Ie Seigneur fait ce qu'il lui plait. Fais éclater un figne, reprit Zacarie, qui foit le gage de ta promeffe. Tu feras muet pendant trois C7  L E. C O Tv A N. jours, lui dit I'Ange. Tel fera ton- figne. Souviens-toi du Seigneur, & célèbrefes louanges le foir & le matin. L'Ange dit a Marie: Dieu t'a ehoifie; il t'a purifiée; tu es élue entre toutes les femmes. Sois dévouée au Seigneur; adore-le ; courbe toi devant lui avec fes ferviteurs. Nous te révélons ces myftères. Tu n'étois point avec- eux lorfqu'ils jettoient le baton facré. Qui d'eux eüt pris foin de Marie? Tu ne fus point témoin de leurs difputes. L'Ange dit a Marie; Dieu t'annonce fon verbe. 21 fe nommerajéfus, le Meflïe, fils de Marie, Grand dans ce monde & dans f autre, & le Confident du Très-Haut. II fera entendre fa parole aux hommes depuis Ie berceau jufqu'a Ia vieillelTe, & fera au nombre des juftes. Seigneur, répondit Marie, comment aurois-je un fils? Aucun homme ne s'eft approché de moi. II en fera ainfi, reprit I'Ange. Dieu forme des créatures a fon gré. Veut-il qu'une chofe exifte? il dit: fois faite, & elle eft faite. II lui enfeignera 1'écriture & la fageiïe, le Pentateuque & f Evangile. Jéfus fera fon envoyé atiprès des enfans d'Ifraè'1. II leur dira: les prodiges divins vous attefteront ma mifïïon: je formerai de 'boue la figure d'un oifeau; je foufflerai deflus; elle s'animera a 1'inftant, par la volonté de Dieu: je guérirai los aveugles de naiflance, & les lépreux; je ferai  L e Coran. t5| revivre les morts, par la permiflion de Dieu : je i>ous dirai ce que vous aurez maiigé , & ce que 'vous aurez caché dans vos maifons. Tous ces faits feront des fignes pour vous fi vous êtes croyans. Je viens vous confirmer le Pentateuque que vous avez reen avant moi, & vous rendre permife cette partie de la loi qui vous avoit été défendue. Dieu m'a donné la puiffance des miracles. Craignez-le & obéifTez-moi. II eft mon Seigneur & le votre. Servez-le, c'eft le chemin du falut. Jéfus ayant connu la perfidie des Juifs, s'écria: qui m'aidera a étendre la religion divine ? Nous ferons les miniftres du Seigneur, répondirent les Apótres; nous croyons en lui, & vous rendrez témoignage de notre foi. Seigneur, nous croyons au livre que tu as envoyé; nous fuivons ton Apótre ; écris-nous avec ceux qui te rendent témoignage. Les Juifs furent perfides envers Jéfus. Dieu trompa leur perfidie. II eft plus puiflantque lesfourbes. ' Dieu dit a Jéfus: je t'enverrai la mort, je t'éléverai a moi. Tu feras féparé des infidèles. Ceux qui t'ont fuivi feront élevés au-defius d'eux, jufqu'au jour du jugement. Vous reparoïtrez tous devant mon Tribunal, & je jugerai vos différens. Je punirai rigoureufement les infidèles dans ce monde & dans Tatttre. Us n'auront plus de fecours a attendre. Les croyans qui auront fait lé bien, en recevront  €* ka. Coran". Ia récompenfe des mains de fEternel qui hait ■„. mechans. * Nous te révélons ces vérités tirées des fignes & du fouvenir du fage. Jéfus eft aux yeux du Très-Haut un homme comtne Adam. Adam fut créé de pouffière. Dieu lui dit: fois, & il fur. Ces paroles font ia vérité venue du Ciel. Gardetoi d'en douter. Dis a ceux qui la combattront, après la fcience que tu as recue: venez, appellons nos enfans & nos femmes; mettons-uous en prière, Sc invoquons la malédkiion de Dieu fur les menteurs. Je vous ai fait un récit véritable. II n'y a qu'un Dieu. II eft puuTant & fage. 4 S'ils font rebelles, le Trës-Haut connoitles pervers. ^ Dis aux Juifs Sc aux Chrétiens: terminons nos dorens nadorons qu'un Dieu , ne lui donnons point d egal: qu'aucun de vous n'ait d'autre Seigneur que lui. S'ils refufent d'obéir, dis-leur: vous°rendrez témoignage que nous fommes croyans Vous qui favez 1'écriture , pourquoi faites-vous d Abraham le fujet de vos difputes? Le Pentateuque & 1 EvangUe ne font venus qu'après lui. LVnorenez-vous donc? ë Après que des matieres dont vous étes inftruits ont été 1'objet de vos débats, pourquoi difputez' vous fur celles dont vous n'avez aucune connoilfa,, ce? Dieu fait, & vous ne favez pas.  L e Coran. ó"5 Abraham n'éioit ni Juif ni Chrétien. II étoit Orthodoxe, Mufulman, & adorateur d'un feul Dieu; Ceux qui profelfent la religion d'Abraham, futvent de plus prés fès traces. Tel eft le Prophéte & fes Difciples. Dieu eft le chef des croyans. Une partie de ceux qui favent les écritures ont voulu vous féduire; mais ils fe font abufés euxmêmes, & ils ne le fentent pas. O vous qui avez recu le livre de la loi! pourquoi ne croyez-vous pas aux prodiges du Seigneur, puiique vous en avez été témoins? O vous qui avez ?ecu le livre de la loi! pourquoi couvrez-vous la vérité du menfonge ? Pourquoi la cachez-vous quand vous la connoillez? Une partie de cetix qni out recu les écritures ont dit: ayez le matin la croyance des fidèles, & rejettez-!a le foir, afin de les at.frer k l'incrédulité. N'ayez de croyance que celle de ceux qui ont votre religion. Dis-!eur: la vraie lumière vient du Ciel; chacun en a recu fa portion comme vous. Difputeront-ils avec vous devant 1'Eternel? Dis-leur: les tréfors font dans fes mains; il les diftribue a fon gré; fa feience égale fon immenfité. II fera miféricorde a qu'il voud a. Sa libéralité eft infinie. I! eft des Juifs a qui tu peux confier un tréfor. I! te fera fidèlement rendu. II cn eft d'autres des mains defquels tu n'arracherois qu'avec peine un denier que tu leur aurois prèté. La loi ne nous ordonue pas, difent ils, d'étre ju>  66 L e Coran. ftes avec les infidèles. Ils mentent a la face du Ciel, & ils le favent !■ Que celui qui garde fon pafte, qui a la piété, fache que Dieu aime ceux qui le craignent. Ceux qui font commerce de 1'alliance du Seigneur & de leurs fermens, perdent, pour un vil incé.èr, la portion qui leur étoit deflinée dans i'autrc vie. Dien ne leur pariera point au jour de ia réfurrection. II n'abaifiera point fur eux fes regards. II ne les purifiera point, & ils feront la proie des fupplices. Quelques-uns d'entr'eux corrompent le lens des écritures, & veulent vous faire cróire que c'eft le véritable. Us vous difent que c'eft la parole de Dieu, & ce n'eft point la parole de Dieu. I!s piêtent un menfonge au Très-Haut, ik ils le favent! II ne faut pas qne celui a qui Dieu a donné, le livre, la fageffe & le don de prep'nétie, dife aux hommes; foyez mes ferviteurs, mais foyez les ferviteurs de Dieu, pnifque vous étudiez la doctrine du livre, & que vous vous efForcez de la comprendre. Dieu ne vous' commande pas d'adorer les Anges & les Prophètes. Vous ordonneroit-il 1'impiété h vovs qui avez la foi? Lorfque le Tout-Puiffant recut le paéte des Prophètes (i), il leur dit: voici ce que je vous ai ap. (i) Lorfque Dieu donna les. tables de la loi a Moyfe fur Ie Mont Sinaï, il lit paroitre devant lui les ames dctous les Prophètes, ft forma nvec files une alliance. El*  L e Coran. <5>" porté du livre, & de la fageiTe. (L'Apóire du Ciel eft venu vous confirmer cetie vérité. Croyez en lui. Aidez-le de tout votre pouvoir.) Dieu. ajou. ta: êtes-vous réfolus de garder votre engagement ? Recevez vous mon alliance a ce prix? Nous le garderons inviolablement , répondirent les Prophètes. Soyez donc témoins, reprit le Seigneur, je rendrai témoignage avec vous. Quiconque, après cet engagement, retournera a l'infidélké, fera au nombre des pervers. Demanderont-ils une autre religion que celle de Dieu? Tout ce qui eft dans les cieux & fur la terre lui rend un hommage volontaire ou forcé. Vous reparoitrez tous devant lui. Dis: nous croyons en Dieu, ii ce qu'il nous a envoyé, a ce qu'il a révélc a Abraham, Ifmaël, Ifaac, Jacob & aux douze Tribus; nous croyons aux Livres Saints que Moïfe, Jéfus & les Prophètes ont recus du Ciel; nous ne mettons aucune différenee entr'eux; nous fommes Mufulmans. Celui qui profeffera un autre culte que 1'Iüamifme, n'en' redrera aucun fruit, & fera au nombre des réprouvés. Comment Dieu éclaireroit il ceux qui, après avoir cru, & rendu témoignage a la vérité du Prophéte, après avoir été témoins des oracles divins, retour- les s'cngrigèrcnt a n'adorcr jamais qu'un Dieu, & il leur promit tl ce prix fon affiltance. C'eft le fentiment des Doe- teurs Mufulmans & des Talwudilr.es. Maracci.  6S Le Coran. nent a l'infidélité ? Dieu ne conduit point les pervers. Leur récompenfe fera la malédiaion de Dieu, des Anges, & des hommes. Us en feront éternellement couverts. Leur fupplice ne s'adoucira point, & Dieu ne les regardera jamais. Ceux que Ie repentir ramènera dans la bonne vore éprouveront I'indulgence du Seigneur. Les apoftats qui ajouteront fans ceife & leus intquité, n'ont plus de pardon a efpérer. La réprobation eft' leur partage. Autant d'or que la terre en peut contenir ne racheteroit pas des fupplices celui qui mourra dans fon infidélité. II n'eft plus pour lui d'efpérance. Vous ne ferez*" juftifiés que quand vous aurez Mt l'aumóne de ce que vous avez de plus cher. Tout ce que vous donnerez fera connu de Dieu. Toute nonrriture fut permire aux enfans d'Ifi-aë!, excepté celle que Jacob fj) s'interdi't a Iui-même avant la venue du Pentateuque. Dis: anportez le Pentateuque, & lifez fi vous êtes véridiques. L'impie qui nieroit ces vérités, mentiroit a la face du Ciel. Dis: Dieu eft la vérité fuprême. Suivez donc le culte d'Abraham qui adora fon unité, & ne fut point fouillé par 1'idolatrie. (O Jacob étant tombé maladc, s'taterdta la. chair dtchameau.  L e Coran. 6} Le premier Temple confacré a Dieu eft celui de la Mecque; Temple béni, féjour oü brille la vraie lumière. Ce Lieu Saint efl fécond en merveilles. C'efl-la qu'Abraham s'arrêca (i). II efl devenu 1'afile inviolable des peuples. Tous les hommes qui peuvent CO La pierre fur laquelle fe repofa Abraham lorfqu'il batit le Temple, 1'empreinte de fes pieds que Ie temps n'a pu elfacer, 1'afile inviolable qu'il offre a tous ceux quï pénetrent dans fou enceinte, telles fuut les merveilies que décrit GelaledHin. Je ne puis m'empecher de rapporter ici un fait qui prouve combien la préventoin agit puiflamment fur les efprits. On conferve dans une mofqtiéé du "vieux Caire une pierre oü 1'on dit qu'eft gravée 1'empreinte du'pied de Mahomet. Cette relique prceieufe eft confïée ;\ Ia garde d'un Prêtre qui la montrc a ceux qui peuvent lui faire un léger préfent. Elle fait fa richcffe. Pour 1'accréditer, il a foin de publier les miracles qui s'y opèrent. Des femmes de Négocians Fran?ois voulurcnt voir ee monument merveilleux. Elles y parvinrent a la faveur d'un habillement femblable k celui des Turques, & fous lequel il eft difficile d'ctre reconnu. Le Prêtre leur découvre la relique & y répaud des parfums. II les invite a repaltre leurs yeux de 1'empreinte facrée. Elles regardent, elles confidèrent avec attention; mais elles n'appercoivent aucune formc de pied. Cepcndam Ie gardien leur difoit, voyez ces traits, voyez ces doigts, ah! c'eft bien Ia Ie pied de Mahomet. Des femmes Turques répétoiem avec admiration: ah ! c'eft bien la le pied de Mahomet. La vérité eft que cette pierre n'oflie rien de -fsmblable.  70 L E C O R A N. en faire le pélerinage, doivent y venir rendre hommage a 1'Eternel. Que 1'incrédule apprenne que le Tout-PuifTant n'a pas befoin de 1'encens des humains. Dis a ceux qui ont recu les Écritures: ne rejettez pas les merveilles du Seigneur; il eft le rémoin ■de vos actions. Pourquoi rejettez-vous de Ia voie du falut Ie croyanc? Vous voudriez la détourner, & vous la connoiffez; mais Dieune voit point vos actions d'un ceil d'indiiTérence. Vous , croyans, fi vous fuivez la doctrine des Juifs, üs vous arracheront votre foi, & vous rendront infidèles. Hé quoi! pourriez-vous devenir npoftats, tandis jquon vous révèle les oiacles du Ciel, tandis que vous avez au milieu de vous fon Apótre V Celui qui s'attache fonemen: cu Seigneur, marche dans le droit chemin. O croyans! ayez de Dieu une jufte crainte, & vous mourrez fidèles. Embraïïez la religion divine dans toute fon étendue. Ne formez point de fchifme. Souvenez-vous des faveurs dom le Ciel vous a combiés. Vous étiez ennemis, il a mis la concorde dans vos cceurs. Vous,êtes devenus frères, reudez-en, grace a fa bonté. Vous étiez furie bord de 1'abime de feu, il vous en a arrachés. C'eft ainfi qu'il fait éclater fa miféricorde pour vous, afin que vous marchiez dans la voie du falut,  L e Coran. Afin qu'unis par des liens facrés, vous appelüezles hommes a 1'iflamifme, vous commandiez la juflice; vous profcriviez le crime, & vous jouifliez de la félicité. Vous ne reffèmblerez point a ceux qui, après avoir vu la vraie lumière , ont formé des fehifmes & des difllntions 3 les tourmens feront leur partage. Un jour tous les vifoges des hommes deviendfönt noirs, ou refplendiffants. Ceux dont le front fera couvert de ténèbres auront apoflafié. Dieu leur dira: foyez la proie des flammes, puifquc vous avez abandonué la foi. Ceux au contraire, dont le front fera devenu radieux, éprouveront la miférieorde divine & en jouiront éternellement. Teïs font les oracles du Ciel. Nous re les récitons avec vérité. Dieu ne veut point petdre fes créatures. 11 poffede ce qui efl dans les Cieux & fur la terre. II efl: le centre oü tout fe réunira. Vous êtes le peuple le plus excellent de 1'univers. Vous coramandez 1'équité, vous défendez le crime, vous' e oyez en Dieu. Si les Juifs & les Chrétiens embraflbient votre foi, ils auroient un fort plus heureux. Quelques uns d'entr'eux croient; mais la plupart font pervertis. Les Juifs ne fauroient vous caufer que de foibles dommages. S'ils combattenr contre vous, ils tourneront le dos, & n'auront point de fecours a ao •tendre.  7£ L -2 C o r a iv. L'opprobre entaffé fur leurs feces les fuivra psitout. L'alliance de Dieu & des hommes pourra feule aflurer leurs jours. Dieu a imprimé fur leur front le fceau de fa colère. La pauvreté s'eft appéfantie fur eux, paree qu'ils ont refufé de croire aux prodiges divins; qu'ils ont injuftement mis a mort les Prophètes; & qu'ils font rebelles & prévaricateurs. Tous ceux qui ont recu les écritures ne fe reffemblent pas. II en eft lUnt le cceur eft droit. Ils méditent les préceptes de Dieu pendant la nuit, & font fes adorateurs. Us croient en Dieu & au jour dernier; ils commandent le bien & défendent le mal. -Ils fe livrent avec ardeur aux eeuvres de piété, & pratiquent la juftice. Le bien qu'ils font ne leur fera point été. Dieu connoit ceux qui le craignent. Les infidèles ne tircront aucun avantage de leurs ■richefles & de leurs enfans auprès de Dieu. Ils feront les victimes d'un feu qui ne. s'éteindra point. Leurs auraönes font femblables a un vent glauai qui fouflle furies campagnes des pervers, & dévore leurs produétions. Dieu ne les a point traités injuftement. Us ont éré iniuftes envers eux-mêmes. O croyans! ne forraez de liailbns intimes qu'entre vous. Les incrédules s'efforceroient de vous corrompre. Ils veulent votre perte. Leurs difcours ont aflez manifefté leur haine. Ce qui couve daus leur fein eft j. ir j encore. Nous vous en avons don-  L e Coran. 73 donné des prcuves évidente!, fi vous favez comprendre. Vous les aimez, & ils vous hantent. Vous croyez dans 1c livre entier; ils feignent, lorfqu'ils vous reneontrent, d'avoir la même croyance: a peine vous ont-ils quittés, qu'enflammés de colère, ils fe mordent les doigts. Dis-leur : vous mourrez dans votre haine, & 1'Eternel connoft le fond des cceurs. Le bien qui vous arrivé les afflige. Ils fe réjouiffe'nt de vos malheurs ; mais fi vous avez de Ia patience & de la piété, leur méchanceté ne vousnuira point , paree que le Tout-Puilfant connoit leurs eeuvres. Quand, dés Ie matin, tu t'arrachas du fein de ta familie, a delTein de préparerauxfidèles un camp (1) pour combattre , Dieu fuivoit d'un ceii attentif tes démarches. Quand deux cohortes alloient prendre Ia fuite, il ranima leur courage. Que les fidèles mettent donc" en lui leur conQance. A la journée de Beder, oü vous étiez inférieurs en nombre , Ie Tout-Purflant fe hata de vous fecourir (2). Craignez-le donc , & foyez reconnoifians. . CO C'efl Ie camp qu'il prépara fur le penchantdu Mont Abed, i\ fix milles de Médine. Voyez la vie de Mahomet, troifième année de 1'Hégire. C2) Voyez la vie de Mahomet, feconde année de 1'Hé£ire. Tome [. j)  7± L e Coran. Tu difois aux fidèles : ne fuffit-il pas que Dieu vous envoie du Ciel trois mille Anges? Ce nombre fuffit fans doute; mais fi vous avez la perfévérance & la piété, & que les ennemis viennent tout-a-coup fondre fur vous, il fera voler a votre aide cinq mille Anges. II vous envoya ces milices célcftes, pour porter dans vos cceurs la joie & Ia confiance. Tout aide vient de Dieu. II eft puiffant & fage. II peut a fon gré renverfer les infidèles, les mettre en fuite, ou les exterminer. Soit que le Seigneur leur pardonne, foit qu'il les pünifle, leur fort ne te regarde pas. Ils font livrés è 1'infidélité. Dieu eft le fouyerain des Cieux & de la terre. II fait grace ou juftice a fon gré ; mais il eft indulgent & miféricordieux. O croyans ! ne multipliez point vos richeffes par l'ufure. Craignez le Seigneur , & vous ferez heureux ! Craignez le feu préparé aux infidèles. Obéifiez a Dieu & au Prophéte, afin d'obtenir miféricorde. Eiïbrcez-vous do mériter 1'indulgence du Seigneur, & la poffefiïon du Paradis , dont 1'étendue égale les Cieux & Ia terre , féjour préparé aux ' juftes, A ceux qui font l'aumóne dans la profpérité & dans i'adverfité, & qui maitres des mouvemens de leur colère favent pardonner a leurs femblabies. Dieu aiaiQ la bienfaifaace.  L e Coran. Ceux qui, après avoir marché dans le fentier du vice & de 1'erreur, fe rappelent le fouvenir du Seigneur, implorent le pardon de leurs crimes, (que! autre que Dieu a le droit de pardonner?) & abaiidonnent 1'iniquité après favoir conmie, Eprouveront la clérnence du Seigneur, & liabiteront éternellement des jardins arrofés par des fleuves. Telle fera la récompenfe de ceux qui travaillent. Avant vous , Dieu avoit donné des préceptes. Parcourez la terre, & voyez quelle a été la fin de' ceux qui nous accufent de menfonge. Ce livre eft la lumière du monde, la régie de la foi, & 1'exhortation de ceux qui font pieux. Ne perdez point courage, ne vous affligez point vous ferez viftoiieux fi vous êtes fidèles. Si le fer meurtrier voüs atteint, combien de vos ennemis auront un pareil fort? Nous varions lesfuccès parmi les mortels; afin que Dieu connoiffe les croyans, qu'il choififfe parmi vous fes martirs, (il hait les mécbans) Et afin d'éprouvcr les croyans & de perdre les incrédules. Croyez-vous entrer dans le Paradis , avant que Dieu fache ceux d'entre vous qui ont combattu & qui ont perfévéré? Vous defiriez la mort avant qu'elle fe préfeurit, & lorfque vous 1'avez vue, vou; avez balancé. Mahomet n'eft que 1'envoyé de Dieu. D'autres Apótres 1'ont précédé. S'il mouroit, ou s'il étoit D 2  ~6 L e Coran. tué, abandonneriez-vous fa doctrine ? Votre npofiafic ne fauroit nuire a Dieu; & il récompenfe c=ux qui lui rendent g>ace. L'homme ne meurt que par la volonteV de Dieu. Le terme de fes jours elt écrit. Celui qui de-mandera fa récompenfe dans ce monde ia recevra. Celui qui defirera les biens de la vie éternelle les obtiendra. Nous récompenferons ceux qui font reconnoiflans. Combien de Propbétes ont combattu contre des armées nombrcufes, fans fe décourager des difgraces qu'ils avoient éprouvées, en foutenant la caufe du Ciel'? Le malheur ne les a point abattus. Ils ne fe font point avilis par la lacheté. Dieu aime ceux qui ont de la conflance. Us re bornoient a dive: Seigneur, pardcnne-nous nos fa ites , & Ia tranfgreflion de nos devoirs: afipffiViis nos pas, & nous aide contre les naiions infidèles. Dieu les combla de biens dans cette vie, & leur donna la félicité dans 1'autre. II aime les bienfaifns. O croyans! fi vous fuivez les infidèles, ils vous feront retourner fur vos p.is, & vous périrez. Dieu elt votre proteéteur. Qui mieux que lui peut vous w courii ? Nous jetterons 1'épouvante dans le cceur des idolitres, paree qu'ils ont affocié au Très-Haut des divinités impuiflautes. Le feu fera leur habitation, féjour déplorable des pervers. Dieu réalifa fes promcfles quand vous pourfuiviez  L F. C O R A N. ' »r les ennemis défaits; mais écoutnnt les corrleflMe ia lücheté, vous difputates fur les ordres du Prophéte. Vous les violatcs aprèsqu'i] vous eut fait voirceq :i étoit 1'objet de vos vceux (i). Une partie d'entre vous foupiroit après in vie du monde, les autres défiroient la vie future. Dien s'cft fervi du bras de vos ennemis pour vons mettre en faire & vous éprouver. II vous a pardonné, paree qu'il eft plein de bonté pour les fidèles. Tandis que vous p-eniez Ia fuite en défordre, vous n'écouticz plus la voix du Prophéte qui vous rap-, peloit au combat. Le Ciel vous punit de votre défobéiflance. Que la perte du butin, & votre dtfgréce ne vous rendentpas tnconlblsblcs,toutes vos aflións font connues de Dieu. Après ce funefte événement, Dieu fit defeendre 'a fécurité & Ie fommeil f.ir une partie d'entre vous. Les autres inquiets", ofoient dans leurs folies penfées, préter un menfonge a Dieu. Sont-ce la, difóietltMls , les promeOes du Prophéte ? -Répondsr leur: Ie Très-Haut eft 1'autenf de ce défafire. Ils cachoient dans leur ame ce qu'ils ne te manffeftoient pas. Si les promefies qu'on nous a faites, répétoient-ils, avoient quelque fondement, une partie d'entre nous n'auroit pas fuccombé ici. Répondsleur: quand vous autiez été au fein de vos maifons ceux pour qui Ie combat étoit écrit, feroient vernis tomber au lieu oü ils font morts, afin que le Seigneur (i) Le butin. D 3  78 L E C O R A N. conniit & c'prouvat le fond de vos cceurs. A lui en . apptrtient la connoiffance. Ceux qui fe retirerende jour de la rencontre des deux aim.es (i), furent fédui's par Satan, en puniti )U de quelque faute qu'ils avoient commife. Dieu leur a pardonné, paree que fa miféricorde eft fans bornes. O croyans! ne refièmblez pas aceux qui, devenus infidèles, dirent : nos frères ont péri en marchant a la guerre, ou en combattant. S'ils fuifent reftés parmi nous, ils ne feroient pas raorts. Ces paroles impies leur coüteront des foupirs. Dieu donne la vie & la mort. II voit vos actions. Si vous mourez, ou fi vous êtestués, en défendant la foi, fongez que la miféricorde divine vaut mieux que les ricbeffes que vous auriez amaffées. Que vous mouriez , ou que vous foyez més, Dieu vous raffemblera devant fon Tribönal. Tu leur as fait un portrait flatteur de la cltmence divine. Si plus rigide , tu na leur euffes montré que de la dureté, ils fe feroient féparés de toi. Aie de Findulgence pour eux ; demande leur pardon; confeille-les dans leurs entreprifes ; & lorfque tu délibéreras fur quelqu'affaire, mets ta confiance dans le Seigneur. 11 aime ceux qui ont mis en lui leur confiance. (i) Le jour oü fe livra le combat d'Ahed, Abdallab & trois foldats effïayés par ie nombre des ennemis, s'en reloufnèrent fans combattre. (Vie de Mahomet.)  L e Coran. 79 Si Dieu vient a votre fecours, qui pouTa vous vaincfe ? S'i! vous abahdonne, qui appellerez-vous a votre aide? Que les fidèles metteut donc leur confiance dans le Seigneur! Le Prophéte ne fauroit vons tromper. Le fourbe paroitra avec fa tromperie au jour de Ia réfurrectioii. Dans ce jour, chacun recevra le prix de fes eeuvres, & 1'ex'acte jufiice préfidera aux jugemens. Penfez-vous que celui qui aura fait la volonté de Dieu , fera traité comme le coupable qui aura mérité ft colère, & qu'il fera livré aux tourmens de Penfer, féjour du défefpoir? Le Tout-Puiffant les traitera difrererament. II pèfe les actions des mortèls. Dieu a déja fait éclater fa bienfaifimce pour les fidèles. II leur a envoyé un Apótre d'eutr'eux pour leur annoncér fes mei-veilles, les purifier, & leurenfeigner Ie livre & la fagéffe. S'ils étoient venus plutót, ils auroient vécu dans Terreur. Lorfque le malheur s'eft fait fentir (& vous en aviez éprouvë de feinblables) vous avez dit: d'oü nous vient cette difgrace? Iléponds-leur: de vousmémes. La paiffance de Dieu eft infinie. Dieu perrait ce qui vous arriva le jour du combat, afin de diftmguer les vrais fidèles des hypocrites. Lorfqu'on dit aux croyans : venez combattre fous Tétendart de la foi, venez repouffer l'ennemi; ils répondirent : fi nous favions combattre, nous vous fuivrions. Dans cet inftant ils étoiest plus prés de: finfidèlité que de Ia foi. D 4  8o L e Coran. Leur cceur démentoit ce que proféroit leur bouclie; maïs Dieu fait ce qu'iis caclioient. Réponds a ceux qui rettés au fein de leurs foyers s'écrièrent: fi nos fières nous avoient cru ils ne feroient pas morts; mettez-vöus a 1'abri de la mort fi yous êtes véridiques. ' Ne croyez pas que ceux qui ont fuccombé foient morts; au contraire ils vivent & repoivent Ieurnourriture des mains du Tout-Puiffant. Enivrés de joie, combi és des graces du Seigneur, ils fe réjouiffent de ce que ceux qui marchentfur leurs traces, & qui ne les ont pas encore atteints, feront a 1'abri des frayeurs cc des peiies. li.-; fe réjouiflem dé ce que le Seigneur a verfé fir eux les tréfors de fa bienfaifance, 6c 4e ce qu'il ne laiffe point périr la récompenfe des fidèles, Ceux qui, après leut difgrace , ont obéi a Dieu & au Prophéte, ont fait le bien , & craintle Seigneur, recevront un prix glorieux. Ceux qui, a la nouvelle des forces que l'ennemi ralFcmbloit, loin de s'effrayer, fe font écriés: Dieu nous fuffit, il eft le difpenfateur de toutes chofes, Sont retournés comblés des faveurs du Ciel. L'adverfiré ne les a point éprquvés , paree qu'ils ont fuivi Ia volonté de Dieu dont la libéralité efl infinie. Satan s'efforcera de vous infpirer la crainte de fes adorateurs. Ne le craignez point. Craignez-moi, fi vous êtes fidèles. Qae ceux qui courent dans la voie de 1'infidélité r.e t'affligent point, Us nc fauroient nüire & Dieu.  L e Coran. 5i II ne leur donnera point de part a la vie futüre. Ils fouffriront des peines rigoureufes. Ceux que 1'intérêt rend apoflats , ne nuifent point au Tqut-Puifiant, L'enfer fera leur habitation, Que les incrédnles ne regardent pas comme un bonheur de vivre long-temps. Si nous prolongeons leurs jours , c'eft afin qu'ils mettent le comble a leur iniquitc's, & qu'ils foient la prote d'un fupplice ignominéux. Dieu ne lailfe les fidèles dans 1'état oü vous êtes y que jufqu'a ce qu'il ait difcerné les méchans d'avec les bons. Dieu ne vous élevera pas a la connoiffancc de fes myftêres. II choifit les envoyés qu'il [ui plalt, pour les leur confier. Croyez donc en lui & en fes Mimitres. La foi & la crainte du Seigneur auront leur récompenfe. Que 1'avare ne regarde pas les biens qu'il recoit de Dieu comme une faveur, pujfcra'ils-cauferont fon malheur. Les .objets de fon avarice feront attachés a fon col au jour de Ia réfurrection. Dieu a i'héritage dos cieux & de la terre. Rien de ce que vous faites n'échsppe a fa counoiffance. 11 a entendu la voix de ceux qui ont dit : Dien eft pauvre & nous fommes rïchos. Nous tiendronscompte de leurs difcouTS, & du fang des Prophètes injufrement verfé^par leurs mains, & nous leur dirqns: gotitez la peine du feu. Ils y feront précipités a caufe de leurs svp D 5  82 L e Coran. mes; car Dieu n'eft point injufte envers les hommes. II en eft qui difent : nous avons fait ferment a Dieu de ne croire a aucun Prophéte , a moins qu'il ne préfente une olfrande que le feu du Ciel confurae. Réponds-leur : vous aviez des Prophètes avant moi. Us ont opéré des miracles, celui-fa même dont vous parlez. Pourquoi avez-vous teint vos mains dans leur fang, fi vous dites.la vérité, S'ils nient ta miflïon, ils ont traité de même les Apótres qui i'ont précédé, quoiqu'ils fuffent doués du don des miracles, & qu'ils euffent apporté le livre qui éclaire. Tous les hommes fubiront la mort. Chfeun rece-' vra le prix de fes eeuvres au jour de la réfurreaion. Celui qui aura évité le feu & qui entrera dans le Paradis, goütera la vraie félicité. La vie humaine n'eft qu'une joiiiffance trompeufe. Vous ferez éprouvés dans vos biens & dans vos perfonnes. Vous fouffrirez des blafphêmes des Juifs & des Idolatres; mais avez la patience & la crainte du Seigneur. Toutes ces chofes font dans ies décrets éternels. Dieu recut 1'aliiance des Juifs a condition qu'ils manifelleroient le Pentateuque, & qu'ils ne cacheroient point fa doarine. fis 1'ont jetté avec dédain , & 1'ont vendu pour un vil intérêt. Malheur a ceux q i l'ont vendu ! Ne penfez pas que ceux qui s'énorgneilliffent de  Lp, 'Cohan, *?3 leurs actions, & qui veulent être lötfés de ceqü'üs n'ont pas fait, foient a 1'abri des chadmens. Us feront rigourcufement punis, L'empire des cieux & de Ia terre appartient a Dieu. II eft le Toüt-Puïöant. La création du Ciel & de la terre, la viciflïtude des nuits & des jours, offront, aux yeux du fage, des fignes de fa puiffance. Ceux qui , debout , aflis, couchés , penfent a Dieu & médicent fur la création de 1'univers, s'écrietit: Dieu n'a point formé en vain ces ouvrages. Que ton nom foitloué, Seigneur! préfervenous de la peine du feu. Seigneur, celui que tu précipiteras dans les flammes fera couvert d'ignominie. II n'y aura plus d'efpoir pour les pervers. Seigneur, nous avons entendu la voix de ton Prophéte qui nous appeloit a la foi, & qui crioit: croyez en Dieu, & nous avons cru. Seigneur, pardonne-nous nos faütes; Iave-nous de nos péchés, & fais que nous mourions dans Ia voie des juftes. Seigneur, accorde-nous ce que tu nous as promis par ton Apótre, & ne nous couvre pas d'opprobre au jour de la réfurreaion, puifque tu ne manques point a tes promefles. Le Seigneur leur répond: je ne laifferai point périr les actions des hommes, chacun recevra fa récompenfe. J'effacerai les péchés de ceux qui auront été chaffés de leurs maifons, qui auront fouflert, combattu, D 6  84 L e Coran. & feront morts pour défendre ma caufe. Je les introduirai dans des jardins ou coulcnt des fleuvcs. Dieu les recompenfera lui-mêrae. Ses récompenfes font magnifiques. Que Ia profpérité des infidèles, qui font a lif Mecque , ne te féduife point. Leurs jouiffances feront de courte durée, & leur demeure fera fenfer, fé-. jour des infortunés. Ceux qui craignent le Seigneur habiteront les Jardins de délices. Ils y demeureront éternellement. Ils feront les hótes de Dieu. Qui mieux que lui peut combler de biens les juftes? P::rmi les Juifs & les Chrétiens, ceux qui croyent en Dieu, aux Écritures, au Coran, & qui fe foumettent a la volonté du Ciel, ne vendent point fa doctrine pour un vil intérêt. Us trouveront leur récompenfe auprès de TEternel-, qui eft exact a pefer les actions des mortels. O croyans! foyez patiens. Combattez avec confiance. Craignez le Seigneur; afin que vous jouiffiez de la félicité.  L e Coran. g  io2 L e Coran. pourront éprouver la clémence du Seigneur , paree qu'il eft indulgent & miféricordieux. Celui qui s'expatriera pour dérendre la religion fainte trouvera 1'abondanee, & un grand nombre de compagnons. Le fidéle qui . ayant quitté fa familie, pour fe ranger fous les étendards de Dieu & de fon /ipötre, viendra a inourir, recevra fa récompenfe des mains du Dieu clément & miféricordieux. Vous ne ferez point coupables d'abréger vos priores pendant le voyage, fi vous avez lieu de craindre que les infidèles vous furprennent, paree qu'ils font vos ennemis manifeftes. Lorfque tu feras a la tête de l'armée, & que tu annonceras la prière: qu'une partie premie les armes & prie avec toi. Ceux qui auront rendu leur hommare au Seigneur fe retireront derrière, & les autres prendront leur place. Qu'ils pTeunem leurs ftiretés en priant, & qu'ils foient armés. Les infidèles voudroient que vous négligeaffiez vos armes & votre bagage, afin de fondre tous fflfemble fur vous. Si la maladie ou la pluie vous obligent ri vous défarmer, ce ne fera pas un crime; mais foyez fur vos gardes. Dieu a préparé aux infidèles un fuppüce ignominieux. La prière accompli?, gardez le fouvenir du Seigneur, debout, affii, ou couchés. Lorfque vous ferez en fiireté, faites la prière cn eniier aux hcüres pü elle a été prefcrite aux fidèles. Que 1'image des fouffrances ne vous arrête point dans la pourfuite des infidèles. Ils ont comme vous  L E C O R A N. I0g le»* poines, & vous avez de plus qu'eux un efpoir fondé fur le Dieu favan: & fage. Nous t'avons envoyé des Cieux le livre qui ren. ferme'la vérité, afin que tu juges les hommes comma Dieu te 1'a enfeigné; que tu ne difputes point avec les impoftcurs, & que tu implores 1'indulgence du Dieu clément & miféricordieux : Et afin que tu ne prennes ptoittt la défenfe de ceux qui s'aveuglent cux-memes, paree que Dieu feait lesfüttrbes cc les impies. Ils fe déguifent devant les'hommes; mais'ils ne peuvent fe caolier aux yeux de 1'Eternel. II eft avec eux quand , au milieu des ombres de la nuit, ils proferent des difcouft qu'il abhorre. II environr.e do fa fcience toutes leurs aéïions. Vous défendez leur caufe pendant cette vie; mais qui ofera la foutenir devant le Très-Haut? QuelAvovat trouveronf-ils au jour de la réfurredion ? Celui qui, après s'ètre égaré dans les fentiers du vice, implorera la miférieorde du Seigneur, éprouvera les efffets de fit clémence. Celui qui comrnet 1'iniquité perd fon ame. Dieu efl favant & fage. Celui qui rejette la fante on 1'injuflice dont il eft coupable fur un innocent, eft calomaiateur, cc fe charge d'un crime infame. Une partie des infidèles avoient conjuré ta perte-j mais ils fo font perdus eux-mêmes. La bonté divine veilloit fur tes jours. Us n'ont pu te nuire. Dieu t'a envoyé le livre & fa fagefle. II t'a er.fdgné E 4  IQi L E C O R A N. Al-*r ce que tu ignorois , & t'a comblé de fes faveurs. Rarement le bien eft 1'objet de leurs nombreux difcours. Celui qui commande l'aumóne, la juftice, la concorde entre les hommes, & qui remplit ces devoirs par le defir de plaire au Seigneur, recevra une récompenfe magnifique. Celui qui fe féparera du Prophete, après avoir connu le droit chemin , & qui lüivra une autre doctrine que celle des fidèles, obtiendra ce qu'il a defiré. Les flammes de 1'enfer feront fon partage. Dieu ne pardonnera point aux idolatres. II fera grace a qui il voudra. Eux feuls n'ont rien a efpérer de fa miféricorde. Donner un égal au Très-Haut, c'c-fl le comble de 1'aveuglement. Ils ont pour divinités des déeffis (i): mais Satan eft 1'objet de leur culte. Dieu le chargea de fa maledicti'on. J'attaquerai, dit le tentateur, une partie de tes ferviteurs. Je les féduirai. Je ferai naitre en eux les paiïion'. Je leur ordonnerai de couper'les oreilles des troupeaux (2), & de défigurer ta créature. Ainfi paria fatan. Mais 1'apoftat qui, abandonnant le Seigneur, pren- (1) Les Arabes croyoient que les Anges étoient les filles de Dieu. Us leur rendoient des honneurs divins. Les habitans de la Mecque adoroient particulièremênt trois DéeflfcS, Lata, Oza & Mitiot. («) Mahomet reprend la fupcrltkion des Mecquois qui coupoient 1'exfrêmité des oreilles du dixième faon d'une femelle de chameau, & le regardoient comme un ammal facré. Jabid.  L e Coran. 105 dra Je Démon pour patron , pcrira malheureufement. II (latte fes adórateurs par IespromeiTes. II allume dans leurs cceurs le feu des paiïïons; mais la tromperie fera le fruit de fes proineffes. Leur demeure fera 1'enfer, & il leur fera impoflïble d'en fortir. Dieu a promis aux fidèles, qui auront pratiqué la vertu , rentree des jardins Oü coulent des fleuve*. Us y demeureront éternellement. Les promeffes du Seigneur font vérirables. Quoi de plus infaillible que fi parole! Vous ne ferez point traités fuivant vos défirs, ni comme le fouhaitent les chrétiens. Quiconque fera' le mal en recevra la peine, & ne trouvera point de protection contre le Très-Haut. Ceux qui auront cxercé Ia bienfaifance & profefle Tiflamifme, entreront dans le Paradis, & ne feront point trompés. Quelle religion plus faime que Piflamifine! Quoi de plus agréable au Seigneur , que de tourner fon front vers lui, de fiire le bien , de fuivre Ia croyance d'Abraham , qui n'adora qu'un Dieu, & mérfta d'être fon ami! Dieu eft le Souverain des cieux & de la terre. II embrafie tout 1'univers de fon immenfité. Us te confulteront au fujet des femmes. Dis-leur: Dieu vous apprendra vos devoirs a leur égard, & les préceptes que vous lifez dans Ie Coran au fujet des orpheJines a qui vous ne donnez pas ce que la E 5  : o6 L e Coran. loi leur nttribue, & que vous rcfufcz d'époufer. II vous inftruira de ce qui conccrne les enfans en bas ège, afin que vous les traitiez avec équité. Tout le bien que vous ferez fera connu de Dieu. Si la dureté & 1'averfion du mari faifoientcraindre a la femme d'être répudiée, elle doit s'efforcer xle Ie ramener a la douceur. La réconciliation mutuelle elt le pani le plus fage. L'homme eft porté a 1'avarice. Soyez bientaifans,& craignez finjuftice. Dieu eft le téraoin de vos actions. Vous ne pourrez, malgré vos efforts, avoir un amour égal pour vos femmes; mais vous ne ferez pencher la ba'ance d'aucun cóté, & vous les laiflerez 'en fufpens. Soyez juftes. Craignez le Seigneur, & vous éprouverez les effets de fa clémence. Si le divorce a lieu, Dieu enrichira 1'un & 1'autre époux. II eft fage & infini. ' II poffède ce qui eft dans les cieux & fur la terre. Nous avons recoramandé a ceux qui recurent les écritures avant vous, & nous vous recommandons la crainte du Seigneur. Si vous étes infidèles , Dieu n'en fera pas moins Ie Souverain des cieux & de la terre. 11 eft riche, & fa louange eft cn lui-mêrae. L'univers eft fon domaine. Sa proteaion vous fbfiit. Mortels , fi Dieu vouloit, il vous feroit difparcitre , & produiroit d'autres hommes pour vous rcmp'.r.ccr. Ce prodige n'eft point au-deffus de fa p.ii.Tancc.  L £ Coran. 107 Defirez-vous les biens terreflres? lis iput dans fes mains, avec le prix de Ia vie future. II voit & entend tout. O croyans! que 1'équité régie vos témoignages, dufïïez-vous prononcer contre vous-mêmes, contre un père, un parent, un riche 011 un pauvre. Dieu les touche de plus prés que vous. Que la paffiou ne vous écarté jamais de la vérité; qu'elle ne vous fafle pas refufer votre témoignage. Dieu voit vos actions.^ O fidèles! croyez en Dieu, en fon Apótre, au livre qu'il lui a- envoyé, aux écritures defcendues avant lui. Celui qui ne croit pas en Dieu en fes Anges, au Coran, au Prophéte, & au jour du jugement , eft plongé dans l'aveuglemênt, Le croyant qui, après avoir tombé dans 1'infidéiité, en eft forti pour s'y enfoncer plus prpfondément, n'a plus a efpérer de pardon de Ia part de Dieu. II ne 1'éclairera plus. Annonce aux impies un tourment douloureux. Cew.x qui recherchent 1'amitié des infidèles plurót que celle des croyans, prétendent-ils fe faire un appui de leur puiffance? Toute puiffance vient de Dien. Dieu vous a prédit dans le Coran que, lorfqu'on expliquera fa doctrine, la plupart.ne Ia croiront point, & s'en mocqueront. Ne vous a'ffèye? point avec ceux qui tiendront cette condui.e, jufqu'a ce qu'irs eu ayent changé. En les fréquentant, vous deviendriez femblables a eux, & Dieu raflemblera dans Ttr.ftr Timpje & Tinfidcle. E 6'  IOS L E C O R A N. Ceux qui obfervent vos démarches diront , fi Dieu vous envoie Ia victoire: n'avons nous pas la même croyance que vous ? Si les infidèles remportetit 1'avantage , ils leur tiendront ce lang'age: n'avions-nous pas la fupériorité fur vous ? Ne vous avons-nous pas aidés contre les croyans ? Le Seigneur jugër'a entre vous au jour du jugement, & il ne permettra pas que les idolatres triomphent des Mufulmans. Les impies voudroient tromper Dieu; mais ils feront la dupe de leur fourberie. Lorfqu'ils fe lèvent pour prier, ils le font avecoftentatïon. Ilscherchent a fixer les-regards des hommes, & peu d'entt'eux penfent au Seigneur. Flottans entre la foi & 1'infidéiité, il ne s'attachent ni a'. 'une 'ni a 1'autre. Celui que Dieu égare ne feu? roit retrouver le chemin du falut. O croyans! ne cherchez d'amis que parmi les fidèles.' Voulez-vous donner ii Dieu une preuve évidente contre vous? Les impies feront jettés au fond de 1'abyme de feu. Us n'auront plus de fecours a attendre. Ceux qui , après avoir fait pém'tence & s'ctre corrigés, s'attachenmt fermement au Seigneur, & lui montreront une foi fincère, feront au nombre des fidèles que Dieu recompenfera magnifiquement. Pourquoi Dieu vous puniroit-il, fi vous avez de la reconnoilTance & de la foi? II eft lui-méme reqonnoiffant, & fait tout. Dieu n'aime point qu'on publie le mal, a moins  L e Coran. 105 qu'on ne foit la viaime de 1'opprefïïon. II fait & entend tout. Manifeftez ou cachez le bien que vous faites. Pardonnez le tort que vous avez foüffgrt, Dieu eft indulgent & puiffant. Ceux qui , rebelles a Dieu, & a fes envoyés, veulent mettre de la 'différence' entr'eux , croyanx aux uns, & niant la miffion des autres, fe font une religion arbitraire; Ceux-la font les vrais infidèles, deftinés a fubir un fupplice ignorainieux. Mais ceux qui croiront en Dieu,& en fes envoyés indiftinelement , feront recompenfés, paree que le Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Fais-noüs defcendre un livre du Ciel, diront les Juifs. Us demandèrent davantage a Moyfe, quand ils !e prièrent de leur faire voir Dieu manifeftement. La foudre confuma les téméraires. Enfuite ce peuple pervers adora un veau, après avoir été témoin des mervcilles du Tout-PuilTant. Nous leur pardonnames, & nous donnames a Moyfe la puiffance des miracles. Nous éievames le mont Sinaï' pour gage de notre alliance. Nous leur ordonnames d'enirer dans la ville fainte , en adorant le Seigneur, & nous leur défendimes de violer le Sabat. Us nous en firent le pafte folemnel. Us ont violé leur alliance, & refufé de croire a la doctrine divine. Us ont injuftement maffacré 1 es Prophètes, & ont dit: nos cceurs font incirconcii.  no L t Coran. Dieu a imprimé fur leur front le fceau de leur perfidie. Parmi eux il n'y a qu'un petit riambre de croyans. A I'infidélité ils ont joint ia caloranie contre Marie. Us ont dit : nous avons fait mourir Jéfus , le Meffie, fils de Marie, envoyé de Dieu. Us ne 1'ont point mis a mort. Us r.e 1'ont point crucifié. Un corps fantaftique a trompé leur barbarie. Ceux qui difputent a ce fujet n'ont que des doutes. La. vraie fcience ne les éèlaire point. C'eft une opinion qu'ils fuivent. Us n'ont pas fait mourir Jéfus. Dieu 1'a élevé a lui; paree qu'il eft puiffant & fage. Tous les Juifs & les Chrétiens croiront en lui avant leur mort. Au jour de la réfurrection il fera témoin contr'eux. Nous avons retiré nos graces des Juifs, paree qu'ils ont été perfides, & qu'ils écartent leurs femblables des voyes du falut. 'Ils ont exercé l'ufure qui leur avoit été défendue, & confumé injuftement 1'héritage d'autrni. Nous avons preparé des chatimens terribles a ceux d'eutr'eux qui font infidèles. Mais les Juifs qui font fermes dans la foi, qui croient au Coran, au Pentateuque, qui font la prière & l'aumóne, qui croyent en Dieu èk au jour dernier, recevront une récompenfe éclatante. Nous t'avons infpiré' , comme nous infpirames Noë, les Prophètes-, Abraham, Ifmaël, Ifaac, Jacob, les Tribus, Jéfus, Job, Jonas, Aaron & Sa-  L e Coran. i 11 lomon. Nous -dorinames a David les Pfeaumes. Nous t'avons fait connoftre une partie de nos envoyés. II en eft d'autrcs que nous te laiffbns ignorer. Dieu paria lui même a Moyfe. Nous les erivoyames avec des promeffes & des menaces, afin que les hommes n'êuffent plus d'eacufe devant le Dieu puiffant & fage. Dieu eft témoin du livre qu'il t,'a envoyé avec fa fcience. Les Anges en font témoins; mais le témoignage de Dieu fuffit a fon authenticité. L'erreur eft le partage de celui qui refiife de croire, & qui. s'écarte des voyes du Seigneur. Dieu ne pardonnera point aux infidèles chargés de crimes. 11 ne les éclairera plus. II leur montréra le chetein de 1'enfer oü ifs demeureront éternellemeut; ce qui eft.facilc a Dieu. Mortels, le Prophéte eft venu vous annoncer les vérités céleftes. Croyez: il y va de votre bonhsur. Si vous êtes infidèles, le Tout-Puiffant eft le fouvefain des cieux & de la terre. II poflède la fageffe & la fcience. O vous qui avez recu les écritures! ne paffez pas les hornes de la foi. Ne dites de Dieu que ia vérité. Jéfus eft le fils de Marie, 1'envoyé du TrèsIlaut & fon verbe. II fa fait defcendre dans Marie: 11 eft fon fouffle. Croyez en Dieu & en fes Apótres. Ne dites pas qu'il y a une Trinité en Dieu.. II eft un. Cette croyance vous fera plus avantageufe. Loin qu'il ait un fils, i! gouverne feul le Ciel &1a terre. II fe fuffit a lui-mème.  1 12 L e Coran. Jcfus ne rougira pas d'ètre le ferviteur de Dieu. Les Anges qui eavironnent fon tröne lui obéiffent. Un jour, il fera paroitre devant fon Tribunal, 1'orgueilleux qui rejette fon joug. Ceux qui réuniront la foi & la bienfaifance, en recevront le prix. Us feront comblés des faveurs du Ciel. Ceux a qui forgueil fera rejetter la foumiffion au Très-Haut, feront livrès a la rigueur des tourmens. Us ne pourront trouver d'appui ni de protection contre Dieu. Mortels, le Seigneur n fut éclater pour vous fes merveilles. II was a fait defcendre la lumière véritable. U verfera fes graces fur les croyans qui s'attaeheront fermement a lui. II les conduira dans le chemin du falut. Us te confulteront. Dis-!eur: Dieu vous éclairera fur les parens éloignés. La fceur d'un homme mort fans enfans , aura la moitié de fon héritage. Le frère héritera de fa fceur morte fans enfans. Si le défunt a deux feeurs, elles partageront les deux tiers de la fucceffion. S'il a laifie des freres & des feeurs, les males auront le doublé de ce qu'on donnera aux filles. Le Seigneur vous annonce ainfi fes loix , de peur que vous ne vous égariez. Sa fcunce efl h fiuie.  L E C O R A N. M3 CHAPITRE V. Z ^ T A B L E. Donné a Ia Mecque, compofé de 120 verfcts. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. O Croyans! gardez vos engagernens. Nourriffezvous de la chair de vos troupeaux; mais ne mangez pas des animaux qu'il vous eft défendu de uier a la chafl'e pendant le voyage de la Mecque. Dieu commande ce qu'il lui plait. O croyans! ne profanez pas les lieux confacrés a Dieu, ni le mois haram, ni les victimes, ni leurs ornemens (1). Refpectez ceux qui font le pélerinage, & qui cherchent a fe procurer 1'abondance & Ia bienveillance du Seigneur. Lorfque Ie pélerinage fera accompli , la chaffe vous eft permife. Ne vous livrez point a la haine contre ceux qui vous aurontinterdit 1'entrée du temple, de peur que vous ne deveniez prévaricateurs. Exhortez-vous a Ia juflice & a la pièté. Prenez (i) Les victimes que 1'on conduit a la Mecque pour'g être immolées, font oruécs de fcuillage, de fleurs & ttó banderolles.  u,j. L e Coran. garde de tomber dans Ie crime. Craignez Ie Seigneur, Ses chatiraens font cerribles. Les animaux morts, le fang, la chair dot porc, les animaux fuffoqués, affpmmés, tués par quelque chtite, ou d'un coup decorne; ceux qui font devenus la proie d'une béte féroce, a moins que vous n'ayez le temps de les faigner, ceux qu'on aimmoles aux autels des idoles, & fur Iefquels on a invoqué un autre nom que celui de Dieu; tout cela voos eft défendu. La diftribution des parts dues au 'fort des fleches (i) vous eft auffi intêfdite. Malheur aux infidèles qui abandonnent votre religionr Ne les craignez point. Cralgnez-moi. Aujourd'hui j'ai mis le fceatj I votre religion. Mes graces fur vous font accompiies. II m'a plu de vous dönner fjflamifme. Celui qui, cédant a Ia néceflttc de la faiin, fans avoir deffein de mal faire, tranfgreffera les loix que nous avons prefcrit.es , éprouvera 1'indulgence divine. Us te demanderont ce qui leur eft permis. Réponds-leur: tout ce qui n'eft pasimmonde. La proie que vous procureront les animaux dreffés a la chaffe, d'après la fcience 'que vous avez recue de Dieu, vous eft permife. Mangez-cn, & invoquez fur elle Ci) Los chefs du Temple de la Mecque confervoient fept BêcWS facrécs fur lefquelles étoient gravés certains fignes. Lorfqu'on alloit les confultcr, ils les agitoient de leur fouflle, & d'après leurs mouvemens, ils pronoiicoicnt des oraclcs. Gtlsl*J4in.  L e Coran. 115 le nom du Seigneur. Craignez-!e p.irce qu'il eft exact dans fes comptos. Aujourd'hui on vous a ouvert Ia fource des biens. La npurntura des. Juifs vous elt lidte. La vötre leur elt permife. Vous pouvez époufcr les filles libres des fidèlés & des Juifs, pourviï que vous les dotiez; mais il vous elt défendu de vivre avec elles dans ladébauche, & de les avoir comme courtifancs. Celui qui trahira fa foi perdra le fruit de fes bonnes eeuvres, fcfeta dans fautre monde au nombre des reprouvés. O croyans! avant de commencer Ia prière, lavezvous le vifage, & les mains jufqu'au coude. Efl'ukzvqus la tête, & les pieds jufqu'aux talons. Purifiez-vous ap.ès vous être approchés de vos époufes. Lorfque vous ferez malades ou en voyage, & que vous aurez fatisfait vos befoins naturels, ou eu commerce avec des femmes, frottez-vous le vifage & les mains avec de la pouflïere fi vous manquez d'eau. Dieu ne veut pas que vous trouviez fon joug péfanr. II vent vous rendre purs, & accomplir fur vous fes graces, afin que vous en foyez reconnoiflans. Souvenez-vous dope des bienfaits du Seigneur. Gardez i'allknce qu'il comracta avec vous, quand vous dites : nous avons entendu & nous' avons obéi. Ciaignez le Très-1 iaut. II fonde le fond des c eens. (.) croyans 1 Soyez vrais dans les témoignages que vous prèterez a la lV.ce du Ciel. Que la haine ne  n 6 L e Coran. vous porte point a commettre une iniquité. La jultice eft la fceur de la piété. Craignez Dieu paree qu'il connoit vos actions. Dieu promet fit miféricorde, & une récompenfe éclatante a ceux qui joindront a la foi le mérite des bonnes eeuvres. Les infidèles qui accufent notre doctrine de menfonge feront les victimes de 1'enfer. O croyans! Souvenez-vous des bienfaits du Seigneur. Lorfque vos ennemis fongeoient a tourner leurs armes contre vous , il arrêta leur bras. Craignez-le. Que les fidèles mettent en lui leur confiance. Dieu recut 1'alliance des enfans d'Ifraè'1. II leur donna douze chefs, & leur dit: je ferai avec vous. Obfervez la priere. Faites l'aumóne. Croyez eu roes envoyés. Aidez-les. Employez vos richefles pour la défenfe de Ia Religion Sainte. j'expierai vos offenfes. Je vous introduirai dans les jardins oü couïent des fleuves. Celui qui après ces avertiffemens refufera decroire, marchera dans le chemin de 1'erreut. Us violèrent leur paéte , & ils furent maudics. Nous avons endurci leurs cceurs. Us corrompent les écritures facrées. Ils en cachent une partie. Tu ne cefleras de manifefler leur fraude. Pref-ine tous en font coupables; mais aie pour eux de 1'ihdulgence. Dieu aime les bienfaifans. Nous avons recu 1'alliance des Chrétiens; mais ils ont oublié une partie de nos Commandemens.  L e Coran. 1 !: Nous avons femé entr'eux la difcorde & la haine. Elles ne s'éteindront qu'au jour de la réfurreélion. Bientót Dieu leur montrera ce qu'ils ont fait. O vous qui rccütes le livre de la Loi! notre envoie vous a dé voilé beaucoup de pafiages que vous cachiez; il eft indulgent fur beaucoup d'autres. La lurniére vous eft defcendue des Cieux avec le Coran. Dieu s'en fervira pour conduire dans le fentier du falut ceux qui fuivront fa volonté. II les fera paffer des ténèbres a la lumière, & las conduira dans le droit chemin. Ceux qui difent que le Chrift, fils de Marie, eft Dieu , font infidèles. Réponds-leur : qui pourroit arrêtcr le bras du Tout-Puiliant, s'il vouloi: perdre le Meffie fils de Marie, fa mere, & tous les êtres créés ? Dieu eft le Souverain des Cieux, de la terre & de Pimmenfité de 1'efpace. 11 tire a fon gré les êtres du néaut, paree que fa puiffance eft infinie. Nous fommes les enfans chéris de Dieu, difent les Juifs & Chrétiens. Réponds-leur: pourquoi vuus puuit-il donc de vos crimes? Vous ètes une portion des hommes qu'il a créés. II pardonne ou chatie a fon gré. Les Cieux, Ia terre, Punivers,, compofent fon domaine. II eft le terme oü tout doit aboutir. O vous qui recutes les écritures! notre Apótre va vous éclairer fur la ceffation des Prophètes. Vous ne direz plus: ils ont cefle ces jours oü les Miniftres du Ciel venoient nous annoncer fes menaces  Ii s L e Coran. & fes proraeffes. Un d'eux elt au milieu de vous; paree que la-puiffance de Dieu eft lans hornes, iijpf fwnnn' • )i f-'$ Lorfque Moyfe dit aux Ifraëites: fouvenez-vous des graces que vous avez recues de Dieu; il vous a envoyé les Prophètes; il vous a donné des rois, & vous a accordé des faveurs qu'il n'a faites a aucune autre nation; Eutrcz dans la Terre Sainte que Dieu vous a deflinée; ne rctournez pas en arriere; de peur que vous ne marehiez a votre perte. Ce payi, répondirent les Ifraëlites , efl habité par des géans. Nons n'y entrerons point tant qu'ils 1'occuperont. S'ils en fortent, nous en prendrons pofte ffion.- Préfentez-vous a la porte de Ia ville, dirent deux hommes craignant Ie Seigneur & favorifés de fes graces, vous y pénétrerez & vous remportercz Ia victoire. Mcttez votre confiance en Dieu, fi vous êtes fidèles. , Nous ne nous y préfenterons point, dit le peuple a Moyfe, tant que les géans 1'habiteront. Va avec ton Dieu , & combattez. Nous demeurerons ici. Seigneur, s'écria Moyfe, je fuis feul avec mon frère: jugé entre nous & les rebelles. Le Seigneur prononca ces mots: I'entrée de cè pays leur fera interdite pendant quarante ons. Ils erreront fur la terre. Ceflè de t'akruier pour des prévaricateurs.  L e Coran. i 19 Raconte leur 1'hiftoire des fils d'Adam (i) avec vérité. Us préfentèrent leurs offrandes. L'une fut recue, fautre rejettée. Celui qui fut refufé dit a fon frère, je te mettrai a mort. Dieu, répondit le jufte, ne recoit des victimes que des hommes pieux. Si tu attentes a mes jours, je n'aurai point recours a la vcngeance, paree que je aains le Dieu de 1'univcrs. Tu retourncras chargé de mes iniquités & des tisnnes, & tu nabiterns Ie feu deftiné aux pervers. Malgré ces menaccs, la foif du fang prévalut dans le cceur de 1'envieu:;. II tua fon frere, & fut au nombre des reprouvés. Dieu envoya un covbeau qui creufa Ia terre, & lui apprit la manière d'enfevelir Ie corps de fon frère. Malhcureux que je C&isij s'écria !e meurtrier, ne puis-je, comme ce corbeau , eseu&r la terre, & cacher les triftes relles de mon frère? II fe livra au repentir. (O Ces fils font Cabeï & Walel, L'un ófflit' un ïidüer, rautrë des fruits. I.c feu du Ciel confuma 1'olfrande A'Halel'. Ccllc de fon frère fut rejettée. ^è\st}d'iin\ Caïn eft appelé taBil par tous les Auteurs Arabes. Ce mot qui veut dire le premier, elt peut-ctre fon nom propre. Le furnotn de Caïn, qui fignifie trastrc , lui 'aura été donné dans la fuite. II parole dc mOuie Hfftfabtf h'efi qu'un Ctrnom. En eflet il rappele Ie trille événement qui jetta la familie d'Adam dans le deu'il', & fignifie propremcut, il a laijfi par fa mort u/;e aire dans les larmes.  i2d L e Coran. C'eft pourquoi nous avons donné ce précepte aux enfans d'Ifraé'1: celui qui tuera un homme fans en éprouver de violence , fera coupable du fang de tout le genre bumain; & celui qui fauvera la vie a un homme, fera récompenfe comme s'il 1'avoit fauvée è tout le genre humain. Nos envoiés ont paru au milieu d'eux. Ils ont ©péré des miracles ; cependant la plupart ont été prévaricateurs. La récompenfe de ceux qui combattent contre Dieu & fon Prophéte, & qui s'efforcent d'étendre la corruption fur la terre, fera la mort, le fupplice de la croix. Vous leur couperez les pieds, les mains. Vous les bannirez de leur patrie. Telle fera fignominie dont ils feront couverts dans ce monde. Les tourmens feront leur panage dans Pautre, Sachez que ceux qui fe repemiront, avant que vous les ayez domptés, éprouveront 1'indulgence & la miféricorde du Seigneur. O croyans ! craignez Dieu. EiTorcez-vous de mériter un accés auprès de lui. Combattez pour la religion & vous ferez heureux. Quand les infidèles poflederoient deux fois autant de richefles, que la terre en contient, ils les offriroient en vaiu, pour fe racheter des fupplices au jour de la réfuirection; ils feroient refufés; & les tourmens qui les attendent font épouvantables. Envain s'efforceront-ils de s'arracher des dammes. ' Us y demeureront enfevelis, & leurs fouffrances feront éternelles. Cou-  f e Coran. 1;i Coupez les mains des voieurs,'(i) hommes ba femmes, en punition de leur crime. C'eft la peine qüê Dieu a établie con:re eux. II eft pu8JS.it & fage. II fera grace a celui qui touché de repen tir fe corrigera. La miféricorde eft fon partage. Ignores-tu que Dieu eft Ie Souverain des Cieux & de la terre, qu'il punit & pardonne a fon gré, paree que fa puiffance eft fans bornes ? ^ O Prophéte ! ne t'afflige point de voir courir a Hnfidélité ceux qui difent : nous croyons, rarjdis que leur cceur dément ce que leur bouche profère; ni ceux qui, fectateurs du JudaiTme, ouvrent leurs oreilles au menfonge, & par refpect humain, viènnent auffi t'entendre. Ceux qui n'ont point encore écouté ta doctrine , corrompent Ie texte du Peiuateuque, & difent : s'il vous lit 1'écritnre de cett» manière, recevez-la. Déliez-vous-en fi 1'on y quelque changement. Qui préfervera de Terreur celui que Dieu veut égarer ? ceux dont il ne p.uifiera point le cceur , feront chargés d'opprobre dans ce (O Autrefois on coupoit Ia main a un homme qui avoit volé quatre ccus, ou une fomme plus confidérablc Pour un fecond larcin, il devoit perdre le pied gaüche, enfuite Ia mam gauche, enfin le pied droit. Gelakddh, Cette lo. n'eft guère en ufage parmi les Turcs. La baftonnade eft le peme ordinaire du vol. Souvent auffi on coupe la tcce au voleur. Cc crime eft bien rare dans les Villes dlurqme; mais Ic deTaut de police Ie rend fréquent fur les grands cliemins, & furtout dans Ie défert. Tonic I. p  I22 L E C O R A N. monde, & fouffriront dans 1'autre des tourmens rigoureux. Us aiment le menfonge. Les mets défendus font leur nourriture. S'ils te prennent pour arbitre, pror.once entre eux , ou fuis-les. Loin d'eux , leur méchanceté ne te nuira poinc 5 mais fi tu prends la balance, juge-les avec équité. Dieu aime ceux qui font équkables. Comment te prendroient-ils pour arbitre ? Us ont le Pentateuque oü font renferraés les préceptes du Seigneur; mais ils flottent dans le doutef & Us ne croient point. Nous avons envoyé le Pentateuque pour diriger & éclairer les hommes. Les Prophètes qui fuivoieut nCamiftne, s'en fervirent pour juger les Juifs. Les Dofteurs & les Pontifes guidèrent par fes loix, le peuple confié a leur garde. Us étoient fes témoins. O Juifs! ue craignez point les hommes. Craignezroo'i. Ne vendez point ma doctrine pour un vil intérét. Quiconque ne prendra pas pour règle de fes jugemens la vérité que Dieu a fait defeendre du Ciel, fera prévaricateur. Nous avons prcfcrit aux Juifs la peine du talion. On rendra ame pour ame, ceif pour ceil , nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent, blefiüre pour bleffure. Celui qui changera cette peine en aumórie, aura un mérite aux yeux de Dieu. Quiconque cranfgreffera", dans fes jugemens, les préceptes que nous vous avons donnés, fera coupable. Après les Prophètes, nous avons envoyé Jéfus  L e Coran. 123 fils de Marie, pour confirmer le Pentateuque. Nous lui avons donné 1'Evangüe, qui efl le flambeau de la foi, & qui met le fceau a la vérité des anciennes écritures. Ce livre éclaire & itfftrüit ceux qui craignent le Seigneur. Les Chrétiens feront jugés d'après 1'Evangiie. Ceux qui les jugerout autrement feront prévaricateurs. Nous t'avons envoyé le livre véritable qui c'onfirme les écritures qui 1'ont précédé, & qui en rend témoignage. Juge entre ies Juifs & les Chrétiens fuivant les Commandemens de Dieu. Ne fuis pas leurs defirs, & ne t'écarte pas de la doctrine que tu as recue. Nous avons donné a chacun de vous des loix pour fe conduire. Dieu pouvoit vous réunir tous fous une même religion. II a voulu éprouver fi vous feriez fidèles a fes divers commandemens. Elibrcez-vous de faire le bien. Vous retournerez tous a lui, & il vous montrera en quoi vous aurez erré. Que la fcience que tu as recue foit la règle de tes jngemens. N'écoute pas leurs defirs. Evite la fédüction, & n'oublie rien de la doctrine de Dieu. S'ils s'écartent du vraichemin, fache queleTout-Puiffant les punit pour quelque crime qu'ils ont commis. Le nombre des prévaricateurs eft très-grand. Defirent-ils Ie jugement de 1'ignorance ? Quel Juge plus équitable que Dieu peuvent avoir les croyans ? O croyans ! Ne formez point de liaifons avec les F 2  124 L E C O R A N. Juifs & les Chrétiens. LaiiTez-les s'unir enfemble. Celui qui les prendra pour amis deviendra fè.rablable a eux, & Dieu n'eft point le guide des pervers. Vous verrez ceux dont le cceur eft corrompu s'unir pour repouffer, diront-ils, les coups de la fortune; mais il fera facile a Dieu de donner la victoire au Prophéte, & des ordres qui les feront repentir de leurs defl'eins. Sont-ce la ceux qui juroient par Ie nom de Dieu , qu'ils étoient de notre parti, diront les fidèles; leurs eeuvres font vaines, & ils périfl'ent. O Mufulmans ! Si vous abandonnez votre religion , Dieu appellera d'autres peuples. II les aimera & ils raimeront. S'ils font inférieurs aux croyans, ils feront fupérieurs aux infidèles. lis com'battront pour foi, & ne craindront point les reproches de celui qui blarae. Dieu fera cette faveur a qui il voudra. II eft fage & in fini. Vous avez pour appui le bras du Très-Haut, les fidèles, ceux qui font la prière, l'aumóne, & qui adorent le Seigneur. Ceux qui marchent fous la protection du Ciel, de fon Apótre & des croyans , font les miliccs du Seigneur. Ils remporteront la viftoire. O croyans! ne vous liez point avec les Chrétiens, les Juifs & les impies qui font de votre culte 1'objet de leurs raiileries. Craignez Dieu , fi vous êtes fidèles. Ne vous liez point avec ceux qui fe mocquent de la prière, a laquelle on les invite, ils font dans fignorance.  L e Coran. 125 Demande aux Juifs : que! eft le fujet de 1'horrenr que vous avez pour les fidèles ? Elt-ce paree qu'ils croient en Dieu , aux anciennes écritures , ou paree que la p'üp.irt d'entre vous font prévaricateurs? Que vous peindni je de plus terrible que la vengeaiice que Dieu a exercée contre vous? II vous a maudits dans fa colere. II vous a transformés en finges & en pores; paree que vous avez brulé de Pencéns devant les idoles, & que vous êtes plongés dans les profondes ténèbres.. Lorfqu'ils fe font préfentés a vous, ils ont dit: nous croyons.- Us font entrés'avec I'infidélité; i!s s'en font' rerournés avec 1'iniidéfiié; mais Dieu connoit ce qu'ils röcèlenr. Combien d'entr'eux fe Iivrent a 1'infquité? Conbien en verrez-vous fe nourrir des mets défendus? Mais malheur a leurs eeuvres! Si leurs Docteurs & leurs Pontifes' n'arrêtcient 1'impiété de leurs difcours, s'ils ne les empêchoient de tranfgreffer le précepte des alimens, malheur aux maux qu'ils connnettroieht! Les mains de Dieu font liées , difent les juifs. Que leurs bras foient chargés de chaines. Qu'ils foient maudits pour prix de leurs blafphêmes. Au contraire les mains de Dieu font ouvertes, & prêtes a verfer les dons fur qui il lui plait. La grace qu'il t'a accordée ne fera qu'accroftre leurs erreurs & leur infidélité. Nous avons femé parmi eux des hairies qui fermenteront jufqu'au jour de la réfurrection. Le Tout-Puiffant éteindra le feu de la guerre F 3  L e Coran. toutes les fois qu'ils Tallumeront contre toi. Us feront errans fur la terre , & porteront avec eux la cotruption; mais le Seigneur hait les corrupteurs. S'ils avoient la foi , & Ia crainte du Seigneur, nous effacerions leurs péchés; nous les introduirions dans les jardins de délices. L'obfervation du Pentateuque, de 1'Evangile & despréceptes divins, leur procureroit la jouilTance de tous les biens II en eft parmi eux qui marchent dans la boune voie; mais la plupart font impies. O Prophéte 1 dévoiie les loix que Dieu t'a réveJées, afin que ta miffion foit accomplie. Le bras du Tout-PuiïTant te confervera contre les efforts des hommes; paree qu'il n'eft point le guide des infidèles. Dis aux Juifs & aux Chrétiens: vous n'êtes appuyés fur aucun fondement, tant que vous n'obferveréz pas le Pentateuque, 1'Evangile & les Commandemens de Dieu. Le livre que tu as recu du Ciel augmentera 1'aveuglement de beaucoup d'entr'eux; mais ne t'alarrae point fur le fort des infidèles. Les Fidèles, les Juifs, les Sabéens & les Chrétiens qui croiront en Dieu & ra jour dernier, & qui ' auront pratiqné la vertu, feront exempts de la crainte & des tourmens. Nous recümes 1'alliance des Ifraë'iites, & nou* leur énvoyames des Prophètes. Toutes les fois qu'ils leur annoncèrent des vérités , que rejettoient leurs cceurs corrompus, ils furent accufés de menfonge, ou injuftement maffacrés.  L e Coran. i 27 Ils ont penfé que leurs crimes feroient impunis, & ils funt devenus aveugles & fourds. Le Seigneur leur a pardonné , & le plus grand nombre eftretombé dans 1'aveuglement ; mais 1'Eternel eft témoin de leurs actions. Ceux qui difent que le Jrféflï'e Ms de Marie eft Dieu, profèrent un blafphéme. NVt-il pis dit luimême: ó enfans d'lfraé'l, adorez Dieu, mon Seigneur & le vótre! Celui qui donrté un égal au Très-Haut n'entrera point dans le jardin de dèlices. Sa demeure fera le feu. Les reprouvés n'auront plus de fecours a attendre. Ceux qui foutiennent la Trinité de Dieu font b'afphèmateurs. II n'y a qu'un feul Dieu. S'ils ne chaiYgöht de croyance, un fupplice douloureux fera 1c prix de leur imp'été. Ne retourneront-ils point au Seigneur? N'imploreront-ils point leur pardon ? Ii eft indulgent & miféricordieux. Le Meffie fils de Marie 5 n'eft que le Mini.lre du Très-Haut: d'autres envoyés 1'ont p-écédé. Sa mère étoit jufte. Ils vivoient & mangeoient enfemble. Vois coramo nous leur Bonbons des preuves de / unité de Dieu, & comment enfuite i's fe livrent au menfonge. Dis-leur: sdorerez-vous uué idole hvpnifTante, qui ne fauroic ni vous nuire ni vous protéger; tandis que Dieu fait & entend tout? Dis aux juifs & aux Chrétiens : ne paffez point les bornes de la foi, pour fuivre le menfonge. N'emF 4  sa8 L e Coran» braflez pas 1'opinion de ceux qui étoient avani vous dans Ferretfr, 6k qui ont entrainé la plupart des hommes dans leur aveuglement. Les Juifs incrédules ont été maudits par Ia bouche de David & de Jefus fils de Marie. Rebelles & impies, ils ne cherchoient point a fe détourner du crime. Malheur a leurs eeuvres! Vous les voyez courir en fouie dans le parti des infidèles. Malheur aux foifaits dont ils font coupables ! Dieu , dans fa colère, les précipitera pour toujours dans 1'horreur des tourmens. S'ils euffent cru en Dieu, au Prophéte, au Coran, ils n'auroient pas recherché leur alliance; mais la plupart d'entr'eux font pervertis. Vous éprouverez que les Juifs & les idolatres Toni les plus violens ennemis des fidèles, & parmi les y Chrétiens vous trouverez des hommes humains, & attachés aux croyans, paree qu'ils ont des Prêtres & des Religieux voués a humillté. Lorfqu'ils entendent la lecture dn Coran (T), vous les voyez pleurer de joie d'avoir connu la vérité. Seigneur, s'écrient-ils, nous croyons. Ecns-nous au nombre de ceux qui rendent témoignage. Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu, & a la (i) Ce verfet fut révélé a Tarrivée des AmbaiTadeurs du Roi d'Ethiopie. Mahomet leur ayant !u un ChapTtfe du Coran, ils verfèrent des larmes de joie, & fe firent Mufulmans. Gelaltddin. Ces AmbaiTadeurs étoient Chrétiens avant dVmbrafier Tiüamifme.  L e Coran. 12'J vérité qu'il a manifeftée ? Pourquoi ne defirerionsnous pas d'avoir une place parmi les Juües? Dieu a entendu leur voix. II leur donnera pour. habitation éternelle, les jardins de délices qu'arrofent des fleuves. Teile fera la récompenfe des bienfaifans; mais les infidèles, & ceux qui accuferont notre doctrine de menfonge, feront précipités dans 1'enfer. O croyans ! ne défendez point 1'ufage des biens que Dieu vous a permis. Ne tranfgrefiez point fes commandemens. II hait les prévaricateurs. Nourrilièz-vous des alimens licite.s que vous tenez de la libéralité divine. Craignez Dieu, fi vous avez la foi. 11 ne vous punira pas pour un ferment inconfidéré; mais fi vous contractez un engagement réfléchi, fon infraction vous coütera la nourriture de dix pauvres , leur vêtement , ou la rancon d'un captif. Celui qui fera hors d'état d'accomplir cette peine , jeünera trois jours. Telle eft la loi portée contre ceux qui manqueront a leurs fennens. Gardez vos paftes. Cel! ainfi que Dieu vous manifefte ies préceptes, afin que vous lui en rendiez grace. O croyans ! le vin (i), les jeux de hafards, les (O Gehleddin penfe que le Prophéte défend feulèmcnt 1'excès du vin, qu'il eft permis d'en boire pourvu qu'on ne s'enyvre pas. Jabia & les autres Commentateurs du Coran croient que Ia défenfe elt abfolue. Dieu détournera pendant quarante jours fes regards du Mahométai. F 5  130 L e Coran. fiatues, & le fort des flèches, font une abomination_ inventie par Satan. Abfienez-vous-en , de peur que vous ne deveniez pervers. Le Démon fe ferviroit du vin & du jeu pour allumer parmi vous le feu des diflenfious , & vous détourner du fouvenir de Dieu & de la prière. Voudriez-vous devenir prévaricateurs? ObéiiTez a Dieu, a fon Apótre, & craignez. Si vous êtes rebelles fachez que le Prophéte n'eft chargé que de vous annorurer la vérité. Les croyans qui auront pour eux le mérite des bonnes eeuvres, ne feront point coupables pour avoir mangé des alimens dérendas, pourvu qu'ils confervent coufiamment la foi, la crainte du Seigneur, & i'ainour du bien, paree que le Seigneur aime ceux qui exercent la bienfaifance. O croyans! la proye que vos lances vous procureront a la chalTé, fera pour vous une épreuve. Dieu faura celui qui le craint dans le fecret. Le prévaticarenr deviendra la viftime des tourmens. O croyans ! ne tuez point d'animal a la chaffe, qui aura bu du vin , & s'il s'eft enyvré, re Seigneur ne ■ recevra fon repentir qu'aprés quarante jours. Si le coupable meurt pendant cet efpace de temps, il fera traité cWme les idolatres, & abrcuvé de poifon. Mohammed fils A-Jluhamid. La défenfe du vin elt mieux obfervée en Egypte que dans les autres parties de i'Empire Ottoman. Par-tout ailleurs, les Turcs dblS-t 1c précepte fans fcvupule & fans crainte.  L e Coran. 131 pendant le pélerinage de la Mecque. Celui qui violera eette défenfe, fera puni comme s'il avoit tué un animal domeftique. Deux hommes équitables d'enrre vous le jugeront. II fera condnmné a envoyer un préfent au Temple faint, a nourrir des pauvres, ou a fubir un jeune, afin qu'il fente la p:ine defafuute. Dieu pardonne le paffe ; mais celui qui retombera, éprouvera la vengeance célefte. Dieu eft terrible dans fes chatimens. La pêche, avec fes avantages, vous efl permife. Vous pouvez vous en fervir pendant le faint voyage; mais tout Ie temps qu'il durera , la chaffe vous eft défendue. Craignez le Seigneur. Vous retournercz tous a lui. Dieu a établi la Caaba pour être la ftation des hommes. II a inftitué les mois facrés (1), les victimes, les ornemens , afin que vous fachiez qu'il connoit ce qui eft dans les cieux & fur la terre, & que fa fcience eft infinie. , Souvenez-vous que la vengeance eft dans fes mains , mais qu'il eft indulgent & miféricordieux. Le miniftèüe du Prophéte fe borne a Ia prédication. Dieu fait ce que vous manifellcz & ce que vous cachez dans vos cceurs. Quelque charme que le mal ait pour vous , j-I ne doit pas balancer le bien. Craignez le Sei- O) Les mois facrés font Moharram, Rajeb, Diltahda, Drfbaij. On les appelc facrés , paree o^ic petidant c L e Coran:. CHAPITRE VI. LES TROUPEAUX. Dunné a Ia Mecque, compote de 165 verlees. H/ouange a 1'Eternel! II a créé Ie Ciel & Ia ter, re; il a formé les ténèbres & la lumière. Et fimpie lui donne des égaux. II vous a créés de limon. II a marqué le terme de vos jours, & vous doutez encore. II eft' Dieu, dans les Cieux & fur la terre. II connoit vos fecrets *& ce que vous dévoilez. II eft le témoin de vos actions. Quelques évidents que foient les fignes de fa puil' fance, ils les rejettent opiniacrément. lis ont nié la vérité qu'on leur préchoit. Bientót ils feront chaiiés de leurs mépris. Ignorez-vous combien de peuples nous avons fait difparoitre de- la face de la terre? Nous leur avions donné un empire plus ftable que le vótre. Nous envoyions les nuages verfer Ia pluie fur leurs campagnes. Nous y faifions couler des fleuves. Leurs crimes feuls ont caufé leur ruine. Nous les avonj remplacés par d'autres nations. Au nom de Dieu clément & miféricordieux.  L E C O R A N". Ij-r Quand même nous t'aurions envoyé un livre écrit, les infidèles en le touchant de leurs mains fe feroient écriés: c'eft une nnpofture. Si un Ange, difent-ils, ne vient pas accompagner le Prophéte, nous ne croirons point. Quand ' Dieu en feroit defcendre un du Ciel, ils reüeroient iiicrédules. Leur perte eft certaine. On n'attendra point leur repentir. Si nous faifipns defcendre un Ange, ce feroit fous la forme & les habits d'un homme. Mes Miniftres ont été le jouet des hommes avant toi; mais cenx qui s'en font moqués, ont fubi le chatiment dont ils fe rioient. Dis-leur: parcourez la terre, & voyez quel a été le fort de ceux qui accufèrent les Prophètes de menfonge. Dis: a qui appardent ce qui eft dans les Cieux & fur la terre ? Réponds: a Dieu. II a pris la miféricorde pour partage. Il vous raffemblera tous au jour de la réfurrection. Vous ne pouvez en douter. Ceux qui perdent leur ame ne croiront point. U pofféde tout ce que voile la nuit, tout ce que ie jour éclaire. Ii fait & entend tout. Dis-leur: chercherai-je un autre proteéteur que Dieu ? II a fornié les cieux & Ia terre. II nourrit & il n'eft point nourri. J'a recu 1'ordre d'embraffer Ie premier l'ifiamifme, & de ne point donner d'égal au Très-Haut. . Si je fuis rébelle a fa voix, je dois craiudre la p.'iue du grand jour.  133 L e Coran. Celui qui 1'éviiera en fera retlevable a la miféricorde divine. Son bonheur fera «ffbté. Si Dieu vous envoyé 1'afiiiftion , lui feul pourra vous en délivrer. S'il vous eft propice, fa puiffance eft fans bornes. II gouverne fes fervieeurs. La fageffe & la fcience font fes attributs. Eft-il uö témoignage plus fort? Dieu eft témoin entre moi & vous. Le Coran m'a été révélé pour votre inflruftion , & celle de ceux a qui il parviendra. Direz-vous qu'il y a piufieurs Dieux? Je ne proférerai jamais ce blafphéme. II n'y a qu'un Dieu, & je ne dépends point de ceux que vous lui affociez. Ceux qui ont recu les écritures connoiffent le Prophéte, comme ils connoiffent leurs enfans; mais ceux qui perdent leurs ames, ne croiront point en lui. Quoi de plus impie que d'accufer Dieu & fa doctrine de menfonge? Le Seigneur ne fera poi.it profpérer les pervers. Le jour oü nous raffemblerons les humains, nous demanderons aux idolatres: oü font vos divinités ? lis diront, pour s'excufer: nous jurons par le TrèsHaut que nous n'avons point adoré d'idoles. Vois comme ils mentent contrVux-mêmes , & comme leurs Dieux chimériques difparoiffent. Quelques-uns d'eux écouteront la doctrine du Coran ; mais ils ne comprendront point. Nous avons couvert leurs yeux d'un voile, & mis un  L e Coran. *ofds dans leurs oreilles. La vue des plus éctatans prodiges ne lts fera pas fortir de leur incrédulité, a moins qu'ils ne viennent s'éclairer auprès de toi. Le Coran , diront les infidèles, eft un amas des fables de 1'anfiqüiié. En s'éloignant du Prophéte, ils en écartent les autres. Ils ne font de tort qu'a eux-mêmes, & ils ne le coniprennent pas. Si tu les voyois a 1'inflant oü ils defcendront dans les flammes, tu les entendrois s'écrier: plüt a Dieu que nous pufTïons retourner fur Ia terre! Nous ne blafphêmerions plus contre la religion ..divine , & nous croirions en elle. Us ont vu la vérité, qu'ils céloient. Quand ils reviendroient fur la terre, ils retourneroient a Terreur. Leurs cceurs font livrés au menfonge. II n'y a point d'autre vie que celle dont nous jouifions; nous ne refiufeiterons point; tel fut leur langage. Lorfqu'ils paroitront devant I'Eternel, il leur demandera: n'eft-ce pas-I.i une véritable réfurrection ? Elle eft véritable, répondront-ils : nous en jurons par ta Majelté Sainte. Goütez, ajoutera le TrèsHaut , la peine de votre incrédulité. Ceux qui nioient la réfurreétion ne font plus. La mort les furprit tout-a-coup, & ils s'écrièrent: malbeur è nous,.pour avoir oublié ce moment fatal! Us porteront le fardeau de leurs crimes (i); malheuren x frrdeau! (O Lorfque 1'infidèle fortira du tombeau, le mal qu'M  140 L e Coran. La vie liumaine n'eft qu'un jeu frivole. Une vie plus précieufe fera le partage de ceux qui craignent le Seigneur. Ne le comprendrez-vous pas ? Nous favons que leurs difcours t'affligent. Us ne t'aecufent pas d'impofture; mais les impies nient la doctrine divine. Les Prophètes qui t'ont précédé, furent accufés de menfonge. Ils fouffrirent paiiemment Kinjuftice des hommes, jufqu'a cc que nous vinmes a leur fecours; car la parole de Dieu eft infaillible. Tu fais leur hiltoire. Quelque pénible que te foit leur haine, trouveras-tu un chemin pour defcendre au centre de la terre , ou une écheile pour monter aux Cieux , afin ce leur faire paroltre des prodiges?Si Dieu vouloit, ne les appelleroit-il pas tous au chemin du falut? Ne fois donc pas au nombre des ignorans. Certainement il exaucera ceux qui auront écouté aura fait pendant Ia vie s'offrira a fes yeux fous une forme horrible. A une figure hideufe, a un fouffle empefté , ce monftre joindra 1'outrage des difcours. Epouvantté de fon afpeél, quel efl ton nom, lui demandera 1'infidèle? Eli quoi, lui répondra Ie monftre., ma laideur t'effraie! Reconnois ton ouvrage. Je fuis le mal que tu as commis. Dans Ie monde je te portois; tu vas me porter a ton tour. A ces mots, il montera fur fes épaules. Tous les êtres créés auront pour Ie coupable un afpeél effrayant. Tous lui crieront : anathême a l'ennemi de Dieu! C'eft toi que menacoit ce verfet du Coran, ils perterovt. leur fardeau. Jahia.  L e Coran, fa voix. II reffufeifêja les morts, & ils paroftronc devant lui. Nous ne croirons point, difent-ils, a moins qu'un figne célefte n'attefte ta miffion. Dis-leur : Dieu peut opèrer des miracles, & la plupart 1'ignorent. Les animaux qui couvrent la terre, les oifeaux qui traverfent les airs , font fes créatures comme vous. Tous font écrits dans Ie livre. I!s rcoaroi•treint devant lui. Ceux qui blafphêment contre votre doatïne, fonrds & muets, errent dans les ténèbres. Dieu' cgare ou éclaire qui il lui piaït. Dis-leur; fi le fupplice étoit pret, fi 1'heure fonnoit, invoqueriez-vous un autre qne Dieu, fi vous êtes véridiques? Certainement vous 1'invoqueriez, & , fi c'étoit fa volonté, il vous délivreroit des peines qui vous feroient implorer fa clémence. Vous oubliriez vos idoles. Avant ,toi nous envoyames des Prophètes pour avertir les peuples, & nous leur fimes fentir des calamités afin qu'ils imploraflent notre miféricorde. La vue de nos chatimens n'excita point leur repencir. Leurs cceurs s'endurcirent; & Satan leur fit trouver des charmes dans la rébellion. Mais tandis qu'oubliant nos avertilTemens ils confumoient dans les plaifirs les biens que nous leur avions difpenfés, la vengeance divine les fiirprit tout-a-coup , & ils s'abandonnêrent au déièfpoir.  i42 L e Coran. lis furent exterminés au milieu de leurs forfait». Louange en fok rendue au Souverain de 1'univers! Dis-leur: que vous en femble ? Si Dieu vous privoit de Rotte & de la vue , s'il fcelloit vos cceurs, quel autre que lui pourroit vous cn rendre fufage? Vois de combien de manieres nous expliquous runité de Dieu, & ils fe refufent opiniatrêmeut a la lumière. Dis-leur: que vous en femble? Si les chatimens cétclies tomboient fur vous a 1'improvifte, ou pubiiqucment, les impies feuls n'en feroient-ils pas les victimes ? Nous n'envoyons des Minifires que pour prècher aux naiions les récompenfes & les peines futures. Ceux qui auront la foi & la vertu, feront exempts de la crainte & des tourmens. Ceux qui blafphèment contre fiflamifme , recevront la peine de leur impiété. Je ne vous dis pas que je poffède les tréfors céleftes, que je connois les myfïères, ni que je fois un Ange. Je ne prêche que ce qui rn'eïl révélé. L'aveugle & celui qui voit, marclient-ils d'un pas égal? Ne le comprenez-vous pas? . Prêche le Coran a ceux qui craignent. Annonceleur qu'ils feront raffemblés devant 1'Eternel, qu'ils n'ont d'autre patron, d'autre protefteur que lui, afin qu'ils marchent avec prêcaution. Ne repouffe point ceux qui invoquent le Seigneur, le matin & le foir, & qui defirent d'attirer fes regards. Ce n'eft point a toi a juger de leur huen-  L e Coran. 143 tion. I!s ne doivent point juger de la tienne. Ce feroit une injuflice de les rebuter. Nous avons éprouvé les hommes, les uns par les autres, afin qu'ils difent: font-ce Ja ceux fur qui le Seigneur, a raflembjé fes graces? Ne connoit-il pas ceux qui font reconnoiffans? Lorfque les croyans viendront a toi, dis-leur: la paix foit avec vous 5 votre Seigneur a pris la miféricorde pour partage; celui d'entre vous qui aura pêché par ignorance, & qui, pénétré de repentir, fe corrigera, éprouvéra fa clémence. C'eft ainfi que nous developpons Ia doctrine du Coran, afin que le fentier des impies paroiffe au grand jour. Le culte de vos idoles m'eft interdit. En fuivant vos defirs , je me plongerois dans Terreur, & je celferois d'étre éclairé. La volonté de Dieu eft ma loi. Vous y êtes rebelles. 11 ne dépend pas de moi de hater ce que vous demandez. A Dieu feul appartient de pronon. eer fur votre fort. Il jugera avec vérité. II eft le plus éclairé des juges. Dis-leur: s'il étoit en mon pouvoir de hater fon jugement , notre différent feroit bientöt terminé. Dieu cotmoït les impies. II tient en fes mains les clefs de Tavenir. Lui feul le connoit. II fait ce qui eft fur la terre & au fond des mers. II ne tombe pas une ft uille qu'il n'en ait connoifiance. La terre ne renferuie pas un grain qui ne foit écrit dans le livre de Tévidence.  i44 L e Coran. Vous lui rlevez le fommeil de Ia nuit, & Ie réveil du matin. II dut ce que vous fahes. pendant le jour. II vous laifle accomplir la carrière de ia vie. Vous reparoïtrez devant lui, & il vous montrera vos eeuvres. II domine fur fes ferviteurs. II vous donne, pour gardien, des Anges chargés de térrniner vos jours au moment prefcrit. Us exécutent foigneufemenc fordre du Ciel. Vous retournez enfuite devant le Dieu de vérité. N'eft-ce pas a lui qu'il appartient de juger? II eft le plus exact des Juges. Qui vous déiivre des tribulations de la terre &des mers, lorfque, 1'invoquant en public, ou dans le fecret de vos cceurs, vous vous écriez: Seigneur, fi tu écartes de nous ces maux, nous en ferons reconnoiflans ? C'eft Dieu qui vous en déiivre. C'eft fa bonté qui vous foulage de la peine qui vous opprelfe; & enfuite vous retournez a 1'idolatrie. Dis: i! peut entalTer le malheur fur vos têtes, ouvrir des abimes fous vos pas, femer la difcorde parmi vous, faire éprouver aux uns la détrefie des autres. Voyez queis tableaux variés nous vous offrons de la puiffance divine, afin de vous delïillcr les yeux. Ta propre nation accufe de menfonge le livre qui contient la vérité. Dis-leur: je cefTe d'ètre votre ] Avocat. Chaque prédiction a fon terpie fixé. Vous j verrez  L e Coran. i45 Foyez ceux qui déehirent Ia religion, jufqn'a ce qu'ils changent de difcours. Si le tentateur vous faifoft oubüer ce précepte, fongez après vous 1'ècre i ■ ppelé que vous ne devez pas vous afleöir avec les infidèles. Que ceux qui craignent le Seigneur n'aient pour eux que du mépris; qu'ils ne fe rappelent leur fouvenir que pour les éviter. Eloigne-toi de ceux qui, aveuglés par les charmes de la vie, fe joUent de Ia religion. Apprettds que Ie coupable qui aura mérité la réprobntion, ne trouvera aucun protecteur contre Dieu. Qöeique pnx qu'il ofte pour fe racheter, il fera refufé. Victime de fes forfaits, il aura pour fe défaltérer Peau boudlante. Il expiera au milieu des tourmens fon mfidétité. Dis-leur: irrvoquerons-nous des divinités quï ne fauroient nous fervir ni nous uuire? Retournerousnous fur nos pas, après avoir été éclairés, femblables a ceux que Satan a féduits ? Us avoient des compagnons qui les appeloient au chemin du faint La religion du Seigneur eft Ia véritable. Nous avons recu I ordre d'embraffcr 1'iflamifme. C'eft le culte du Dieu de 1'univers. Faites la prière. Craignez Dieu. Vous ferez tous rallémbks devant fon tribunal Architcae des Cieux & de la terre , lorfqu'il veut „onner 1'exiftence aux êtres, il dit: fovez & ils (ont. " ' Tome I, q  14 enfans. Louange a Dieu! Loin de lui ces blafphêmes! II eft le créateur des Cieux & de la terre. U n'a point de compagne ; comment auroit-il des enfans ? L'univers eft 1'ouvrage de fes mains; fa fcience en embraffe Tétendue. II eft votre Seigneur. Ii n'y a point d'autre Dieu que lui. Tous les ètres lui doivent 1'exiftence. Rendez hommage a fa puiffance. U couferve fes ouvrages. II voit 1'ceil, & 1'ceil ne fauroit 1'appercevoir. Tout eft plein de fa bonté & de fa fcience. (O Les Génies font, fuivant les Arabes, des créatures qui tiennent Ie milieu entre les Anges & les bom. mes, &c.  L e Coran. 151 II vous a manifefté fa religion. Celui qui a ouvert les yeux aura pour partage la lumière. Celui qui les a fermés relïera dans les ténèbres. Dieu ne m'a point confié le foin de vous garder. C'eft ainfi que nous expliquons fa doctrine, afin qu'on rende témoignage de notre zèle, & que la Religion foit dévoilée aux yeux des fages. Suis les infpirations du Seigneur. II eft le Dieu unique. Eloigne-toi des idolatres. S'il eik voulu , ils n'auroient pas adoré de faux Dieux. Tu ne feras ni leur gardien, ni leur Avocat. Ne traite point leurs idoles ignominieuferaeut, de p ur qu'ils ne s'en prennent a Dieu, dans leur ignoraiue. Nous montrons aux hommes leurs devoirs. Ils paroitront devant 1'Eternei qui leur préïêntera le tableau de leurs eeuvres. Ils fe font engagés, par un ferment folemnel, h croire en Dieu, s'il opéruu devant eux des miracles. Dis-leur: les merveilles font en fa puiffance; mais il n'en produit pas, paree qu'a leur vue, vous refteriez dans 1'incrédulité. Nous détourherons leurs yeux & leurs cceurs de la vérité. Us n'ont pas cru au premier miracle. Nous les laiflerons s'égarer dans la nuit de Terreur. Quand nous euffions fait defcendre les Anges du Ciel, quand les morts leur auroientparlé , quand nous euffions raffemblé devant eux tous les prodiges, ils n'auroient pas cru , fi Dieu ne 1'etit permis. La plupart d'entr'eux ignorent cette vérité. Nous avons donné pour ennemi, aux Prophètes, G 4  IJ2 L E C O R A 's. > le rentateur des hommes & des génies. II employé des difcoürs' féduifans pour tromper. Fuis-le, & abhorre les menfonges. Laiffe ceuxi qui nient Ia vie future, ouvrir leurs cceurs a Ia féduction qu'ils aiment. LaifTe-les gagner ainfi le prix dont ils font. dignes. Chércberai-je un autre juge que Dieu? C'efi lui qui a envoyé le Coran oü le mal & le bien font péfés. Les Juifs favent qu'il elt véritablement defcendu du C;el; garde-toi donc d'en douter. La parole de Dieu s'eft accomplie avec vérité & avec juftice. Rien ne peut changer les décrets de celui qui voit & entend. La plupart des hommes n'ont pour régie que 1'opi:ron & le menfonge. Si tu Ks fuis, ils t'écarteront du fentier de Dieu. Ton Dieu connoic ceux qui fout dans Terreur, & ceux que la foi éclairé. Si vous croyez en fa doctrine , ne mangcz que des animaux fur lefquels on aura invoqué fon nom. Pourquoi ne fuivriez-vous pas ce précepte? II vous a fair connoitre les alimens qui vous font défendus. La loi de la néceflité peut feulevous les rendre licitcs. La plupart des hommes s'egarent, féduits par leurs païlions & aveuglés par Tignorance. Mais Dieu cohnoit les prévaricateurs. Evitez le crime en fecret & en public. Lemécliant recevra le prix de fes eeuvres. Ne mangcz point .des animaux fur 'lefquels on n'aura pas invoqué le nom de Dieu: c'efl un crime.  L e Coran. 153 Les démons infpireront » leurs adoratenrs de combattre ce précepte. Si vous cédez a leurs inftances vous deviendrez idolatres. Celui qui étoit mort, & a qui nous avons donné Ia vie & la lumière, pour fe conduire parmi les hommes , fera-t-il femblable a celui qui eft plongé dans des ténèbres, d'oii il ne fordra point? Le crime s'embellit aux yeux des pervers. Nous avons mis dans chaque ville des fcélérats pour tromper; mais ils ne trompent qu eux-mêmes & üs ne le favent pas. Après que les habitans de la Mecque ont été témoins d'un prodige, ils ont dit: nous ne croirons point jufqu'a ce que nous ne voyons des merveilles femblables a celles qu'opérèrent les Prophères. Dieu fin ou il doit diriger fa miffion. Les coupables feront • dévoués a 1'opprobre & a la rigueur des tourmens, digne prix de leurs iniquités. Dieu dilatera le cceur de celui qu'il voudra éclairer. II iui fera gotker les douceurs de riflamifme. Celui qu'il égarera aura le cceur oppreffé, femblable a riiomme qui s'efforceroit de s'élever dans les airs. L'abomination fera le partage des incrédules. Cette dodrine eft celle de Dieu. Elle eft la véritable. Nous l'avons démontrée a ceux qui fonr mtelligens. Us habiteront le féjour de la paix, que Ie Seigneur leur a préparé. Sa proteétion fera le prix de leun eeuvres. Au jour de I'aiTemblée univerfelje, nous direns G 5  154 L e Coran. aux génies : vous avez trop long-temps trompé les hommes. Seigneur, répondront leurs adorateurs, ils ont fecouru beaucoup d'entre nous, pendant la vie dont nous avons accompli le cours. Le Seigneur répliquera : le feu fera votre demeure ; vous y relterez a ma volontö. Le Très-Haut eft favant & fage. Nous établirons un ordre entre les coupables, Fuivant leurs actions. Une voix criera : ö affemblée d'hommes & de génies ! n'avez-vous pas eu au milieu de vous les Miniflfes du Seigneur? Ne vous ont-ils pas raconté fes merveüles ? Ne vous ont-ils pas rappelé le fouvenir du grand jour? Les réprouvés répondront: nous le confeilbns contre nous-mêmes. La vie du' monde les avoit féduits. Us témoigneront qu'ils ont éié infidèles. Dieu leur envoya les Prophètes, paree qu'il ne pnnit les villes coupables .qu'après avoir averti les habitans. Les récompenfes feront proportionnées aux mérites. Dieu ne négligé point vos eeuvres. Le Tout-Puiffant efl riche & miféricordieux. II peut a fon gré vous faire difparoitre, & produire a votre place des hommes nouveaux, de même qu'il vous a fait fortir des générations pafTées. II accomplira fes promefTes, & vous ne pourrez les anéantir. Dis a fhomme : travaille fuivant tes forces; je proportionnerai mes bienfaits a ma puiffance.  L e Coran. 155 Vous verrez quels feront ceux il qui le Paradis fera ouvert. Les idolatres ne jouiront point de la félicité. Us ont donné a Dieu une portion de leurs moiffons & de leurs troupeaux, & une autre a leurs di. vfnitës. CO Ce qu'ils leur ont offert a été rcjetté de Dieu; & 1'offrande qu'ils lui devoient, ils 1'ont préfentée a leurs idoles. Malheur a 1'iniquité de leurs jugemens! Pour cimenter leur culte, & attirer leurs femblab!es dans 1'abyme, ils fe font fait un mérite du malTacre de leurs enfans. Si le Très-Haut eüt voulu, il eüt empéché cette barbarie. Fuis-les, eux & leurs blafphêmes. Ils ont dit: ces troupeaux & ces moiffbns font défendus. Perfonne ne pourra s'en nourrir fans notre permifïïon. Us fe perdent dans de faux raifonnemens. Us ont des animaux qu'ils défendent de charger ; d'autres qu'ils égorgent fans mvoquer le nom de Dieu. Us font Dieu complice de leurs menfonges. II les récompenfera fuivant leurs eeuvres. Us permettent aux hommes , & interdflerit aux femmes les inteftins des animaux. Tous mangent de ceux qui font morts. Dieu les récompenfera fuivant leurs eeuvres. II eft favant & fage. L'abyme a englouti ceux qui, dans leur avengle CO Les habitans de Ia Medque ofiroient une portion de leurs moilTons & de leurs troupeaux a Dieu , une autre i leurs idoles. GeUtleddiit. G 6  ijó L e Coran. ignorance, immoloient leurs enfans, & qui, appuyés fur le menfonge , défendoient les alimens qu'il a permis. Us fe font perdus, & n'ont point connu la lumière. C'eft Dieu qui a produit les légumes & les arbres qui ornent vos jardins. C'eft lui qui fait éclore les olives, les oranges, les fruits divers, dont la forme & le goüt font variès a 1'infmi. Ufez des dons. qu'il vous a faits. Donnez les décimes aux jours de la moiflbn. Evitez 1'excés. II hait Ia prodigalité. Parmi vos animaux domeftiques, les uns font faits pour porter, les autres en font incapables. Mangez de ceux dont la nourriture vous eft permife , & n'ècoutez pas les féductions du tentateur. II eft votre ennemi déclarè. Les idolatres prétendent que Dieu a défendu buit couples d'animaux, deux couples de moutons, deux couples de chèvres. Demande-leur: font-ce les males ou les femelles qu'il a interdits, ou in* différemmént ce qu'elles portent ? Repondez-moi, avec quelque fondement, fi vous êtes véridiques. Us ajoütent deux couples de chameaux, & deux couples de bceufs. Demande-leur: font-ce les mftles ou les femelles qu'il a interdits, ou indifféremment ce qu'elles portent ? Etiez-vous témoins lorfque Dieu donna ce précepte ? Quoi de plus impie que de 'prèter un menfonge au Seigneur, afin d'égarer les ignorans ? Certainement il ne dirigera point les pervers. Dis leur: la loi que Dieu m'a revelée au fujet  L e Coran. des alimens, ne défend que les animaux morts, Ia fang & le porc: tout cela eft immonde. Les animaux fur lefquels on a invoqué un autre nom que celui de Dieu font compris dans la défenfe. Celui qui preiTé par la néceffité, & non par le défir de fatisfaire (on appétit , ou par 1'envie de défobéir, aura tranfgreffé le précepte, éprouvera la clémence du Seigneur. Pour les Juifs, nous leur avons interdit tous les animaux qui n'ont pas la corne du pied fendue & la graiffe des bceufs & des moutons, excepté celle du dos, des entrailles, & celle qui efl mêlée avec des os. Cette défenfe eft la peine de leurs crimes. Nous fommes équitables. S'ils t'accufent d'impofture, dis-leur: votre Dieu. eft plein de miféricorde; mais il fera fentir fa vengeance aux fcélérats. Si Dieu eüt voulu, difent les idolatres, ni nous ni nos pères, u'aurions offert de 1'encens aux idoles. On ne nous en a point fait la défenfe. Tel fut le langage de ceux qui les ont précédés, jufqu'au moment oü nos fleaux fondirent fur eux. Répondsleur: fi ce difeours a quelque fondement, fairesuous le connoitre. Ne prenez pas 1'opinion pour guide, & ne mentez pas impudemment. Dis-leur: le jugement du Seigneur fera le véritable; s'il veut, il vous éclairera tous. Dis-leur: appelez vos témoins, pour attefter que Dieu vous a défendu les animaux que vous prohibez. S'ils prêtent ce témoignage, garde-toi de les irniter. G 7  15 8 LeCoran. Ne fuis pas les defirs de ceux qui blafphêment contre rifiamifme, ni de ceux qui ment la viefuture, & qui offrent de 1'encens aux idoles. Dis-leur : venez entendre les commandemens du Ciel. Ne donnez point d'égal a Dieu. Soyez bienfaifans envers vos proches. Ne tuez point vos enfans , per la crainte de la paüvreté. Nous vous donnerons de la nourriture pour vous & pour eux. Evitez le crime en public & en fecret. Ne mettez point votre femblable a mort, excepté en Juflice. Le Seigneur vous en fait Ia défenfe expreffe. Tels font les préceptes que Dieu vous a donnés afin de vous rendre fages. Ne touchez point aux biens de 1'orphelin, a moins que ce ne foit pour les faire frucïifier, jufqu'a ce qu'il foit parvenu a l'age fixé. Rempliffez la mefure. Péfez avec équité. Nous n'exigerons de chacun que ce qu'il peut. Soyez vrais dans vos difcours, dans vos fermens, fut-ce contre vous-mêmes. Tels font les préceptes du Seigneur. Gardezen le fouvenir. Tel eft le chemin du falut. II eft droit. Ne fuivez pas des fentiers détournés,qui vous en écarteroient. Le Seigneur vous donne des loix afin que vous le craigniez. Nous apportames a Moyfe les Tables Sacrées. Elles conduifent le jufre Ji la perfectioii. Les Juifs y trouvent la difHncTion de toutes chofes, Ia lumière, la miféricorde & la croyance de Ia vie future. Croyez au Coran, ce livre béni que nous avons  L e Coran. 159 fait defcendre des Cieux. Craignez Ie Seigneur, & vous éprouverez les eiïets de fii miféricorde. Vous ne direz plus : deux peuples ont recu avant nous les écritures, & nous en avons négligé 1'étude. Vous ne direz plus : fi 1'on nous eüt envoyé un livre , nous aurions été plus éclairés qu'eux. Vous avez recu les Oracles divins, la lumière & les graces du Ciel. Quoi de plus injufte maintenant que de blafphêmer contre la Religion Sainte, & de s'en éloigner ? Nous réfervons a ceux qui la rejettent, un fupplice digne de leur rebellion. Attendent-ils la venue des Anges, 1'apparition de Dieu, ou les fignes de fes vengeances? Le jour oü il les manifeftera, la foi fera inutile a celui qui n'aura pas cru & fait le bien auparavant. Dis-leur: attendez. Nous attendrons. N'embrafle point le parti de ceux qui,divifésdans leur croyance , ont formé différentes feftes. C'eft a Dieu a juger de leurs débats, & h leur montrer leurs actions. Les bonnes eeuvres auront pour prix un bien dix fois auffi grand. Le mal aura le mal pour récompenfe. Perfonne ne fera trompé. Dis: le Seigneur m'a conduit dans Ie droit chemin. II m'a enfeigné une religion Sainte, le culte d'Abraham qui crut en 1'unitc de Dieu, & qui refufa de 1'encens aux idoles. Dis-leur: ma prière, ma foi, ma vie & ma mort, font vouées a 1'EterneI. II eft le Souverain de 1'uni-  ;6o L e Coran. vers. II n'a point d'égal. II m'a commande cette croyance. Je fuis le premier des croyans. Chercherai-je un autre Seigneur que celui qui gouverne le monde? Chacun aura pour loi fes eeuvres. Perfonne ne portera Ie fardeau d'autrui. Tous les hommes paroitront devant le Tribunal de Dieu. II leur dira en quoi ils fe font écartés de fes Commaudemens. II vous a établis fur la terre après les générations paffées. II éleve les uns au-deffus des autres. Ses faveurs font une épreuve. II eft prompt a punir v mais il elt clément & miféricordieux.  L e Coran. CO Les Bofteurs Mahométans avouent qu'ils ignorent la fignification de ces earactères. Gelaleddin, le plus habile d'entr'eux, fe contente de dirc: Dieu fait ce qu'ils lignifient. AUab aalcm htmmrado bszalcc. CHAPITRE Vil. E L A R A F. Donné k la Mecque, compofé de 205 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. -A.. L. S. (O Le Coran t'a été envoyé du Ciel. Ne crains point de t'en fervirpour menacer les méchans & exhorter les fidèles. Sdivez Ia doctrine qui vous eft venue de Dieu. N'ayez point d'autre patron que lui. Combien peu écouteront ces avertiffemens I Combien de vijles nous avons détruites, pendant les ténèbres de la nuit, ou a la clarté du jour, tandis que les habitans goütoient les douceurs du repos! Pöurraivis par notre vengeance, ils s'écrioient: ntus fornmes coupables. Nous demanderons compte aux peuples a qui nous avons envoyé des Miniitres, & a nos Miniftres eux-mémes.  L e Coran. Nous leur dévoilerons , avec connoiffance, cc qu'ils auront fait; car nous en avons été témoins. Le jugement du grand jour fera équitable. Ceux qui feront pencher la balance (i), jouiront de la félicité. Ceux dont les eeuvres ne fe trouveront pas de poids, auront perdu leurs ames, paree qu'ils auront méprifé la religion. Nous vous avons placés fur la terre; nous vous y avons donné la nourriture. Combien peu vous ètes reconnoilfans! Nous vous créames & nous vous formames dans le premier homme: enfuite nous diawi aux Anges: adorez Adam, & ils 1'adorêrent. Eblis feul lui rePuf» fon hommage. Pourquoi n'obéis-tu pas a ma voix , lui dit le Seigneur? Pourquoi n'adores tu pas Adam? Je fuis d'une nature fupérieure a Ia fienne, répondit Eblis. Tu m'as créé de feu, & tu Pas formé d'un vil limon. Fuis loin de ces lieux, ajoüta le Seigneur; le Paradis n'eft point le féjour des fuperbes. Fuis: 1'abjection fera ton partage. Dilïére tes vengeances , repartit 1'efprit rebelle, jufqu'au jour de la réfurrecVion. (i) Les baffins de la balatice oü feront péfées les eeuvres des mortels, auront autant d'étendue que la furfact des Cieux & dc la terre. C'eft Ia croyance que doit avoir tout Mufulman. Elgazel.  L e Coran. iög Le Tout-PuilTant lui accorda fa dcrnande. Puifque tu nTas teuté, contiima Satan, je nTefforcerai d'écarter les hommes de tes voies. Je multiplierai mes attaques. Je femerai des pjèges devant & derrière eux, a leur droite, a leur gauche. Bien peu te rendront des actions de graces. L'Eternel prononca ces mots: fors du Paradis, couvert d'opprobre, & fans efpoir de pardon. Ceux qui te fuivront, feront tes compagnons dans 1'enfer. O Adam! Ilabite lr- Paradis avec ton époufe. Mangez , a difcrétion, de tous les fruits qui y croiffent; mais ne vous approchez point de cet arbre, de peur que vons ne deveniez coupables. Le diable voulant leur ouvrir les yeux fur leur nudité, leur dit: Dieu vous a défendu de goüter du fruit de cet arbre, de peur que vous ne deveniez deux Anges, & que vous ne foyez immortels. II leur aflura, avec ferment, que c'étoit la vérité ; & qu'il étoit un Confeiller fidéle. Trompés par cette rufe, ils mangèrent du fruit défendu. Aufii-töt ils virc-nt leur nudité. (i) Ils CO Adam égaloit en hauteur les palmiers élevés. Une longue chevelure flottoit fur fes épaules. Aprés fa défobéiiTance il appcrcut fa nudité, & s'cnfuit pour fe caclier. Un arbre 1'arréta par les cheveux. Laiffe-moi aller, lui cria Adam. Va, répondit 1'arbre. Dieu 1'appela & lui dit: ó Adam ! fuis-tu mapréfence? Seigneur, répondit le coupable , je rougilTois de paroitre devant toi. jabïa rapporte ces paroles, qu'il dit avoir recucïllies de In bouche du Prophéte. I  164 L e Coran. fe couvrirent avec des feuüles. Ne vous avois-je pas interdit 1'approche de cet arbre , leur dit le Seigneur? Ne vous avois-je pas averti que Satan étoit votre ennetni ? Seigneur, nous fommes coupables, & fi ta miféricorde n'éclate en notre faveur, notre perte elt certaine. Defcendez, leur dit Dieu; vous avez été ennemis Put) de Pautre. La terre fera votre habitauon jufqu'au temps. Vous y vivrcz ; vous y mourrez; & vous en fortirez un jour. Enfans d'Adam, nous vous avons donné des vétemens pour vous couvrir; mais Ie plus précieux eft la piété. Dieu a opéré ces merveiiles pour vous inftrnire. Enfans d'Adam, que Satan ne vous féduife pas, comme il a féduit vos péres. 11 leur enleva le Paradis, quand il fit tomber le voile qui couvroit leur nudité. Lui & fes compagnons vous voyent. Vous ne les voyez pas. Us font les chefs des infidèles. Les pervers difent en violant les loix: nous fuivons les ufages de nos pères. Le Ciel nous a ordonné d'agir ainfi. Réponds-Ieur: Dieu ne fiuroit commander le crime. Direz-vous de lui ce que vous ignorez ? Dis: Dieu m'a commandé la jüftice. Tournez votre front vers le lieu oü. on 1'adore. Invoquez fon nom. Montrez-lui une religion pure. Tels il vous a créés, tels vous retournerez a lui. II éclairs  L e Coran. 1,5- «ne partie des hommes & laifie les autres dans Terreur , paree qu'ils ont choifi les démons pour patrons. Ils croient pofféder la lumière. O enfans d'Adam! Prenez vos plus beaux habits, quand vous allez au temple. Mangez, buvez avec modération. Le Seigneur hait les excès. Dis: qui peut défendre aux ferviteurs de Dieu de fe parer en fon honneur, des" biens qu'ils ont recus de lui , & de fe nourrir des alimens purs qu'ils tiennent de fa libéralité. Ce font les d.roits des fidèles qui croient a cette vie & au jour du jugement. C'eft ainfi que nous dévoilons la doctrine divine aux yeux des fages. Dieu a défendu le crime public & fecret. II a défendu l'injuftice & la violence fans droit. II ne vous a point donné le pouvoir de crèér des idoles, ni de dire de lui ce que vous ne favez pas. Le terme de la vie eft fixé. Nul ne fauróit le prévenir, ni le différer d'un inflant. Enfans d'Adam! II fe levera du milieu de vous des Apótres. Us vous manifefteront mes volontés. Celui qui craindra le Seigneur & pratiquera & Vertu , fera exempt des frayeurs & des fupplices. L'orgtieilleux qui s'éearfera de Tlflamifine , & qui en niera Ia vérité, fera dévoué aux flammes éternelles. Quoi de plus impie que de blafphêmer contre Ie Très-Haut, & d'accufr fes Qtacles de menfonge! Les idolatres jouiront d'un partie des avantages annoncés dans le Coran, jufqu'a ce que TAnge de la  ï<56 L e Coran. mort vienne leur demander: oïi font ies Dieux que vous invoquïez? Ils répondront qu'ils ont difparu, & ce témoignage mettra Ie fceau a leur reprobation. Dieu leur üira: entrez dans 1'enfer avec les génies & les hommes qui y font condamnés. Defcendez dans les flammes. Us maudiront les feaes qui les ont précédés , jufqu'a ce qu'ils y foient tous raffemblés. Seigneur, s'écrieront les derniers: vtoiiè les fectaires qui nous ont féduits. Fais-leur endurer des tourmens doublés des nótres. Dieu leur dira: nous les avons augmentés pour vous tous; mais vous 1'ignorez. Qu'avez-vous de plus que nous, répondront les feflaires? Souffrez donc la peine qu'ont mérité vos crimes. L'impie qui, dans fon orgueil , accufera notre doctrine de fauffeté, trouvera les portes du Ciel fermées (i). II n'y entrera que quand un chameau paflera dans le trou d'une aiguille. C'eft ainfi que nous récompenferons les fcélérats. (i) Lorfque les ames des impies fe préfenteront pour entrer dans le Ciel, elles trouveront les portes fermées, & feront précipitées au fond de 1'enfer; mais les ames des juflcs feront recues dans le feptième Ciel. Gelalediin. Celt la que les Mahométans établiffent leur Paradis. C'eft la que ces hommes fenfuels ont placé des ombrages toujours verds, des ruilfeaux qui coulent fans ceffe, de s fruits exquis & des Vierges aux yeux uoirs, qui ne connoitront d'autre befoin que celui d'aimer.  L e Coran. 167 L'enfer fera leur lit; le feu leur couverture; jufie prix de leurs attentats. Nous n'exigerons de chacun que ce qu'il peut. Les croyans qui auront exercé la bienfaifance, habiteront le Paradis, féjour d'éternelles délices. Je bannirai 1'envie de leurs cceurs. Les ruiffeaux couleront fous leurs pas. Ils s'écrieront: louange a 1'Eternel qui nous a introduis dans ce féjour! Si fa lumière ne nous eüt èclairés, nous n'aurions pas trouvé la route qui y conduit. Les promeffes des Prophètes fe font vérifiées. Une voix fera entendre ces paroles : voila le Paradis , dont vos eeuvres vous ont acquis 1'héritage. Les bienheureux diront aux habitans du feu: nous avons éprouvé la vérité des promeffes du Seigneur, avez-vous fait la méme épreuve? On leur répondra: nous l'avons faite. Un Héraut prononcera du milieu d'eux ces mots: malédiction de Dieu fur les impies ! Ils ont écarté leurs femblables de fa loi; ils fe font efforcés d'en corrompre la pureté. Us ont nié la vie future. Une barrière s'éléyera entre les élus & les réprouvés. Sur Elavaf (1) feront des hommes qui CO Eforaf eft Ie nom d'un mur élevé entre le Paradis & l'enfer. C'eft Ia barrière qui fépare les damnés des bienheureux. Ce mot vient du verbe artif connoïtre. Le mur eft ainfi nommé , paree que ceux qui y feront relégués, connoitront les élus Cc les réprouvés; les premiers,  i6S L e Coran. connolrront les uns & les autres, a des fignes eer. tains. Us diront aux hötes du Paradis: la paix foit avec vous! & malgré 1'ardeur de leurs défirs ils ne pourront y entrer. Lorfqu'ils tourneront leurs regards vers les victimes du 'feu, ils s'écrieront: Seigneur, ne nous précipite pas avec les pervers. Us crieront aux reprouvés qu'ils reconnottront au fceau de reprobation gravé fur leurs fronts: & quoi vous ont fervi vos richelfes & votre orgueil? Ceux qui fuivant vos fermens ne devoient jamais éprouver la miféricorde divine , n'ont-ils pas entendu ces confolantes paroles ? Entrez dans le Paradis; que la crainte & fa trifteffe foient bannies de vos cceurs. Les reprouvés crieront aux bienhenréux: répandez fur nous de cette eau & de ces biens dont Dieu vous nourrit. On leur répondra : cet avamage elf interdit aux infidèles. Us ont fait un jeu de la religion. Ils fe font laifïe féduire par les charmes de la vie mondaine. Nous a 1'éclat dont brilleront leurs fronts; les autres, aux ténèbres répandues fur leurs vifages. Maracci. Elarnf fera 1'afile des croyans qui auront combattu fous 1'étendard de Ia foi contre la volonté de leurs parens, & qui auront pcri les armes a la main. Ils ne feront pas prócipités dans l'enfer, paree qu'il» font martyrs. lis n'entrèront pas dans le Paradis, paree qu'ils ont defobéi. Gslalcddia. les  L i Coran. tgm les oublions aujourd'hui, paree qu'ils ont oublié Ie jour du jugement, & qu'ils ont rejetté nos Orac!es. Nous avons apporté aux hommes un livre (oü brille Ia fcience qui doit éclairer les fidèles, & leurprocurer la miféricorde divine. Attendent-ïls raccomplhTement du Coran ? Le jour oü il fera accompli, ceux qui auront vécu dans 1'oubli de fes maximes, diront: les Miniftres du Seigneur nous prêchoient la vérité. Oü trouveronsnous maintenaut des interceffeurs ? Quel efpoir avons-nous de'retourner fur la terre, pour nous corriger? Ils ont perdu leurs ames, & leurs illufions fe font évanouies. Votre Dieu créa les cieux & la terre, en (lx jours; enfuite ii s'affit fur fon tróne. II fit fuccéder la nuit au jour. Elle Ie fuit fins interruption. II forma le foleil, la lune & les étoiles, humblement foumis a fes ordres. Les créatures & Ie droit de les gouverner lui appartiennent. Béni foit le Dieu Souverain de 1'univers! Invoquez le Seigneur, en public & en fecret; mais évitez 1'oflentatiou. II hait les fuperbes. Ne fouillez pas Ia terre, après qu'elle a été pnrifiée; Priez Dieu avec crainte & efpérance. Sa miféricorde eft proche des bienfaifasi. C'eft lui qui envoie les vents avant-coureurs de fes bienfaits, porter les nuages chargés d'eau, fur ies campagnes arides. La pluie feconde la terre génie, & lui fait produire des fruits en abondance. Tome I. jj  ,•70 L e Coran. Ainfi nous ferons rcfTufciter/J.eS/.:mprts.~ -Nöiis' operons ces ïvtcrveilles poar--votre hitfiuétion. La bonué^We 'proxitiit de bons fruits, par la p.rmiffion.'.dè^ Dieu. La maïivaife terre ne donne que. de -mauvais fruits, C'eft ainfi que nous expliquons la doftrine divine au peuple qui en eft reconftoiffant. Koe', chargé do notre miffion (i) dit a fon peuple , adorez le Seigneur. II n'y a point d'autre Dieu que lui. Je crains pour vous la peine du grand jour. Ton aveuglement eft extréme , répondirent les princes du peuple. Je ne fuis point dans Terreur, reprit Noé', je fuis le Miniftre du Souverain de Tunivers. Je viens vous annoncer les ordres du Très-Haut, & vous donner des confeils falutafres. Dieu m'a donné des connoiffances que vous n'avez pas. Eft-il étonnant qu'il ait choifi parmi vousun homme pour être Torgane de fes promefTes & de fes rrrenaces, afin que vous le craigniez, & que vous mériiiez fon indulgence? Noé' fut traité d'iiipoficur. Nous le Duvamcs avec ceux qui étoient dans Tarche. Les aveugles qui avoient nié notre doctrine, furent eufevelis dans les taux. (i) N6ë avoit cinquante ans lorfque Dieu Tcnvoya ccher. II étoit Charpentier. Zumchafccir.  LeCoran. i7i Nous envoyümes Hod aux Adéens fj) fes fréres. O mon peuple! leur dit-il, adorez le Seigneur, ü n'y a point d'autre Dieu que lui, ne le craindrezyohs donc pas ? Tu es un infenfë & un impofleur, lui dirent les pTinctpaüx du peuple qui étoient voués a 1'infidélité. Je ne fuis point un infenfé, répondit Hod, je fuis le Miniftre du Souverain de funivers. Je rempüs la miffion dont il m'a chargé, & je viens vous donner des confeils firkrratfes. Eff-il furprenant que le Trés-Hfaut ait choifi un homme d'entre vous pour vous faire connoïtre fes volontés? Souvenez-vous qu'il vous a fait remplacer fur la terre, les defcendans de Noë, qu'il vous a multipiiés, qu'il a augnienté votre puiffance. Rap. petez-vous fes bienfaits, fi vous voulez être beureux. Es-tu venu, repartirent les Adéem, nous prêcfièf le culte d'un feul Dien, & nous exhoiter a auirrer ceux qu'ont adorés nos pères ? Si tes menaces Cr) Les Adéem defcendoient d'Aod , fils drAom , fils d-Aram, fils de Sem le premier des enfans de Noë Ils fe liwèrent a 1'idolatrie & 4 1'orgucil. ns habi-oient Bader Maut. Le Ciel leur envoya Hod pour les ramener au culte d'un Dieu unique. Leur Biftoke eft rcmp'i do confulion & d'ohfcurité. Ifmaël-, fi|s d'^//, dans fa cl,ron;qiIe_ Pohoke , Hottmgcr , Euticbes tAlexemdrie & Georre Etmoei» prétendent que Had eft ie même qu'JW, un des Prophètes du peuple Juif. Heter étoit fils &S«fei, fils d Arfba.vad, fils de Sem. Maracci'. II 2  172 L t Coran, font véritables , fuis-nous-en voir l'accoinpliffement. La vengeance & la colère de Dieu vont fondre fur vous, ajovita le Prophéte. Dii'puterez-vous avec moi fur les noms que vous & vos pères, avez donnés a vos idoles? Dieu ne leur a accordé aucune puiffance. Attendez: je vais être fpeélateur de votre ruine. Nous fauvames Hod (1) & ceux qui furent doci- (1) Hod fut un des Prophètes que Dieu envoya. après Noë & avant Abraham. Piufieurs penfent que c'eft le méme qü'Heber. 'Dieu lui ordonna d'allcr précher les Adéens qui adoroicnt trois idoles , & habitoient Elabhafb. Ils avoient pour Roi Elgiagian. Hod les appela long-temps au culte d'un Dieu unique. Les Adéens, loin d'écouter fes prédications, le battirent dc verges. Peu fe convertirent. Le Seigneur leur refufa Peau des nuages pendant quatre ans. Tous leurs animaux périffoient, & la nation étoit prés de la ruine. Ils envoyèrent .i la Mecque Lócman avec foixante hommes pour demander dc la pluie. Mauvia qui en étoit Roi, recut les étrangers avec bonté & leur donna 1'hofpitalité pendant un mois. Enfin ils entrèrent dans Ie Temple, & après s'étre purifiés, ils firent leur prière. Dieu leur fit parottre trois nuages, 1'un blanc, 1'autre rouge & le troifième noir. 11 leur laiffa la liberté du choix. Les envoyés préférèrent le dernier croyant qu'il renfermoit de la pluio; mais a peine furent-ils de retour dans leur patrie, que ce nuage produifit une affreufe tempête. Elle renverfa les maifons des Adéens, arracha leurs arbres, & lit périr la nation. Locman fut le feul épargné. Dieiflui accorda la grace de vivre fept ages d'alile, Chronologie $ Ifmaël, fiis d'Ali.  LeCoran. 173 fes £ fa voix, par un effet de notre miféricorde, & nous exterrainames jufqu'au dernier des incrédules qui acCufoient notre doctrine de menfonge. Sakh (1) Mfnfftre de nos volontés, auprès des (1) Le mime Auteur raconte ainfi cette hiftoire. Sahh fils &"Abid fut éla Prophéte. Dieu 1'envoya aux Tbómudéens après Hod & avant Abraham. Ces peuples habitoient les montagnes. Ils étoient forts & orgueilleu.x. Leur roi fe nommoit Genda. La terre de Cm (c'cft-a-dirc 1'Êthiopie) avoit été leur première habitation. Ils étoient venus s'étfiblir dans ce pays montueux oü ils tailloient des maifons dans les rqchers. Sahb leur prêcha Ie culte d'un feul Dieu. Ses luiigues prédications ne convertireut que quelques hommes du peuple. Les Idolatres firent un pafte avec le-Prophéte, & s'éngagè'reiit a embraflèr fa religion s'il opéroit Ie miracle qu'ils lui demandcroienf: c'étoit de faire fortir d'un rocher qu'ils déiiguèrent, une femelle de chameau. Sahb fe mie en prière, & Dieu fit fortir du rocher I'animal miraculeus avec fon faon fevré. La femelle de chameau alloit païtre pendant le jour & rentroit a Ia ville vers le foir. Elle crioit cn palfant devant les maifons : que celui qui veut du lait s'approche. Les Thémudéens en prenoient autant qu'il leur plaifoit. Anifa, femme très-riche, avoit quatre filles, elle les para & offrit a Cadur de choifir celle qu'il voudroit, a condition qu'il tueroit Ia femelle de chameau. II y confentit, prit une des filles, fortit avec nuit hommes & tua I'animal miraculeus. Le faon s'étoit enfui dans les montagnes. II fut pourfuivi & 1'on partagea fa chair. Trois jours apres, un cri épouvantable, forti du Ciel , & plus éclatant que le tonnerre, fut lc fignal de la ruine des coupables. Leurs ceurs furent brifés & le matin on les trouva morts dans II 3  !?4 L i Coran. Thémudéens, leur dit: adorez Ie Seigneur, il n'y a point d'autre Dieu que lui. Cette femelle de chameau efl un figne de fa puiffance. Laillèz la paitre dans Ie champ du Seigneur. N'attentez pas a fes jours; vous en feriez rigoureufement punis- Souvenez-vous qu'il vous a fait remplacer fur la terre Ia poftérité iï/lod, qu'il vous ya établis, qu'il vous a donné des plaines oü vous élevez des palais, & des rochers que vous taillcz en maifons; fouvenez-vous des faveurs du Ciel& ne répandez pss la corruprion fur la terre. Les chefs des Thêmudtmt , que 1'orgueil dominoit, dirent au peuple qui plus rmmble avoit cru au P. ophète: croyez-vous que Saleh foit 1'envoyé du Seigneur ? Nous croyons a fa miffion, répondit le peuple. Perliftant dans leur orgueil, les chefs ajoütèrent: nous rejettons votre croyance. Us coupèrent les pieds de Ia femelle de chameau, vioièrent la défenfe de Dieu, & dirent a Saleh : fais-nous voir 1'accompUffement de tes menaces, fi tu es finterpréte du Ciel. A 1'inftant ils fentirent Ia terre trembler fous leurs pis, & le matin on les trouva étendus morts dans leurs maifons. leurs maifons. Sahb s'en alla dans la Paleftine d'oü il paffa dans 1'Arabie Pétrée. Toujours fidéle adorateur de Dieu, il mourut ilgé de cinquante-huit ans. Chronologie illfmaël fils dVi.'j.  L E C O R A -N. 175 Le Prophéte, en quittant le peuple, leur dit: je vous ai donné de fages avörtiffemens, mais vous ne les aimez pas. Loih dit aux habitans de Sodóme: vous abandonncrez-vous a uri crime inconnu a toutes les nations de la terre? Vous approchcrez-vous des hommes , dans vos défïrs criminels, au lieu des femmes? Violcrez-vous les lóix de la nature ? Les Habitans de Sodóme ne répondirent rien. Us fe dirent les uns aux autres, chaiTons Loth de notre ville, pui'qu'il ne veut pas fuivre notre exemp'e. Nous fauvames Loth & fa familie: mais fa femme fut punie (1). Une pluie véngereffe (2) fir périr les.coupables. Voyez quelle eft la fin des fcélérats? Nous envoyames Cha'ib (3) aux Madianites , (1) La femme de Loth s'arréta pour regarder derrière die. Une pierre tombée du Ciel la tua. Zamcbafcnr. (a) Cette pluie vengerefTe étoit formée de pierres cuites dans les brafiers de Peófer. EUes frappoient les coupables , & ils périfioient fur Ie champ. GcMcrtdin. (3) Piufieurs Auteurs Arabes cités par Elmacin peulen: que Cbdtb eft le méme que Jetro, beau-pèrc de Moyfe. Caffée nous le dépeint ainfi. Cbuib étoit doué d'une grande beauté. II avoit la taille fine, le corps déiié. II parloit peu & paroilfoit fort recucilli. Lorfqu'il fut parvenu a 1'adolefcence , Dieu lui donna la fagefle & la fcience. Les llébreux nous nfprenneht que Jaro eut fep: noms. II 4  i~6 L e Coran. fes frères: ó mon peuple, leur dit il, rendez hommage au feul Dien de funivers. Us vous a fait voir des marqués de fa puïifance. RemplifTez la mefure. Rendez la balance égale. Ne retrancbez rien de ce que vous devez. Ne fouülez pas la terre après qu'elle a été purifiée. Vous retirerez les fruits de cette conduite, -fi vous avez la fui. Ne répandez point la terreur fur les cbemins. Ne détournez point de la loi divine celui qui croit en elle. Ne lui donnez point de faufles interprétadons. Souvenez-vous que vous étiez en petit nombre & que Dieu vous a multipiiés. Promenez vos regards fur la terre, & voyez quel a été le fort des méchans. Si une .partie de vous croit a ma miffion, tandis que les autres ia rejettent ; attendez que Dieu prononce entre nous. II eft le plus équitable des Jüjges. Les principaux des Madianites, enivrés d'orgueil, dirent au Prophéte: nous te chafferons de notre ville avec ceux qui ont ta croyance , ou vous reviendrez & notre culte. En vain , repiit Ck'/X,, Vous voudriez vaincre 1'horreur qa'il nous inlpire. Nous mentirions a Dieu, fi nous embrafïïons votre croyance. II nous en a délivrés. Lui feul peut nous ordonner de la reprendre. Sa fcience embraffe funivers. Nous avons mis en lui notre confiance. Seigneur, tiens la balance entre nous & le peuple, Tu cs le plus équitable des Juges.  L e Coran. i?? Cet homme, dirent les courtifans , eft un ehchan- teur habüe. 1! veut nous faire abandonner notre pays. Que dois-je faire, dit Pharaon? Retenez-ie , lui & fon frère, & envoyez dans toutes les viües de votre empire, Avec ordre d'amener tous les habiles magiciens. Les Mages, rafïemblés en grand nombre, firent au Roi c.tte demande: Prince, ferons-nous recompenfés fi nous fommes vainqueurs? Comptez fur ma générofité, & fur ma faveur, répondit Pharaon. j:tte ta baguette, dirent les Mages a Moyfe, ou bien nous jetterons les nötres. Commencez, dit Moyfe. lis jettèrent leurs baguettes, & produifirent, auk regards des fpectateurs, un fpectacle étonnant. Nous infpirames a notre Miniftre de jetter fa baguette. Eile fe changea en ferpent qui dévora ies autres. La vérité brilia dans tout fon jour, & léurs preftiges furent vairs. Les Mages vaincus s'humilièrent. Us fe profternérent pour adorer le Seigneur, Et dirent: nous croyons au Dieu dc funivers; Nous croyons au Dieu de Moyfe & d'Aaron. Vous avouez votre foi, leur dit Pharaon, avanr que je vous aie permis de croire; c'eft une fourberie que vous avez préméditée d;.ns la vide, pour en faire fortir les habitans;. mais bientöf Vb«* verrez. II 6  iSo L e Coran. Je vous ferai couper les pieds & les mains, & vous ferez crucifiés. Nous devons tous retourner k Dieu, répondirent les Magiciens. Nous avons cru aux prodiges dont nous avons été témoins: voila le crime qui nous attire ton ind:gnation. Seigneur, répands fur nous la patience, & fais que nous mourions croyans. Lailferez-vous partir Moyfe & Aaron, dirent les courtifans au Hoi, pour qu'ils fouillent la terre de leurs crimes, & qu'ils abandonnent vos Dieux? Faifons mourrir leurs enfans males, répondit Pharaon-; n'épargnons que leurs filles , & nous ferons plus puifians qu'eux. Moyfe, dit aux Ifraè'lites: implorez le fecours du Ciel; foyez patiens. La terre appartient au TrèsHaut. 11 en donne 1'héritage a qui il lui plait. La vie future fera le partage de ceux qui le craignent. Nous avons été opprimés avant toi, répondirentils; nous le fommes encore depuis que tu es notre guide. Dieu peut exterminer vos ennemis, ajouta le Prophéte, & vous donner leurroyaume, pour voir comment vous vous conduirez. Déja nous avons fait fentir aux Egypriens Ia fiérilité & la famine, afin de leur ouvrir les yeux. Us regardoient comme une dette les biens dont ils ont joui. lis rejettent fur Moyfe & fon peuple la caufe de leurs calamités, & ils doiveut 1'attribuer a Dieu; mais la plupart 1'ignorent» Les Egyptiens déclarèrent a Moyfe qu'ils ne  L e Coran*. Y77 Les chefs, qui avoient refufé de croire, dirent au peuple: ü vous fuivez Chaïb, votre perte eft certaine. Us furent renverfés par un tremblement' de terre, & le matin on les trouva morts dans leurs maifons, le vifage profterné contre terre. Ceux qui accufêrent Chaïb d'impofture ont difparu, & font dévoués a la réprobaiion. II dit aux Madianites, en les quittant: j'ai rempli auprês de vous la miffion de Dieu; je vous ai donné de fages avis; pourquoi m'affligerois-je fur le fort des incrédules ? Nos chatimens ont toujours accompagné nos Miniüres, dans les villes 0C1 nous les avons envoyés. Nous puniffons les peuples afin de les rendre humbles. Après Ie malheur, nous les avons fait jouir de la profpérité, & tandis qu'énorgueilüs de nos faveurs ils difoient: ainfi que nos pères nous avons éprouvé la bonne & la mauvaife fortune, nous les avons exterminés a 1'rnftant oü ils ne s'y attendoient pas. Si les habitans des villes coupables euflent eu la foi, & la crainte de Dieu, nous les aurions enrichis des biens céleftes & terreftres. Nos•fléaux ont été le prix de leurs menfonges. Qui pouvoit les affurer que notre vengeance ne les furprendroit pas, au milieu de la nuit & dans les bras du fommeil? Qui pouvoit les affurer qu'elle n'éclateroit point fur leurs têtes pendant le jour, & au milieu, de laurs. amufemens.? ' H s  '7S L s C o r a rf. Penfoient-ils échapper a la vigüance de. Dieu ? Les pervers feroient-ils donc les feuls qui puffent s'y fouflaire? Héritiers de Ia terre que leur ont laiffée des générations anéanties, ne votent-ils pas que nous pouvons les punir? Nous gravons notre fceau fur leun coetirs, afin qu'ils ne puiffent comprendre. Nous te racontons les malheurs des vides auxquelles nous envoyames des Apótres avec Ia puiffance des miracles. Leurs habitans rejettérent con. ftammenrune doctrine qu'ils avoient taxée de faut feté. Ainfi Dieu ferme le cceur des infidèles. Dans ces villes nous trouvames bien peu d'hommes fidèles a leur alliance. La plupart étoient prévaricateurs. Moyfe, qui fuivit ces envoyés, fe préfenta a la cour du Pharaon. I! y opéra des prodiges, fans pouvoir vaincre 1'opioiatreté du Roi & des grands. Voyez quelle eft la fin des impies. Je fuis le Mmiitre du Souveraia de Funivers, dit Moyfe au Prince. Les ordres que je t'annoncerai de Ia part de Dieu font véritables. Je ferai éclater devant toi des fignes de fa puiflance. Lafffè partir avec moi les enfans d'Ifraëi. Si tu as le pouvoir d'opérer des miracles,. répondit le Roi, qu'ils fervent a attefier ta miffion. Moyfe jetta fa baguette, & elle fe changea en ferpent. U tira fa main de fon fein, & fa blancheur étonna ies ipectateurs.  L e Coran. 183 Moyfe relevé s'écria: louange au Très-Haut! Soumis a fes volontés, je fuis le premier des croyans. Je t'ai choifi entre tous les hommes, lui dit le Seigneur, pour te charger de mes ordres. A toi feul j'ai fait entendre ma voix. Recois ce donc, & en fois reconnoiifant. C'étoient les tables oü nous avions gravè des préceptes & des loix propres a diriger les hommesdans toutes leurs aflions. Nous lui ordonnames de les recevoir avec affection, & de les faire obferver au peuple. Jejcur montrerai la demeure des prévaricateurs. J'écarterai de Ia foi l'homme injufle & fuperbe. La vue des miracles ne vaincra point fon incrédulité. La vrr.ie doctrine lui paroitra fauffe. Il prendra le chemin de Terreur pour celui de la vérité. Cet aveuglement fera le prix de fes nienfonges, & du mépris de nos commandemens. Les actions de celui qui blafphême contre la religion, & qui nie Ia réfurreclion, feront vaines. Seroit-il traité autrement qu'il a agi'! Les ïfraëlites, après le départ de Moyfe , fondirent leurs anneaux , & formérent un veau mugiffant (i). Ne voyoient-ils pas qu'il ne pouvoit leur pailer, ni les conduire ? (O Les Commcntateurs du Coran qui veulent tout cxpliquer, difent que le veau d'or qu'adorèrent les ïfraëlites , mugiffbit, paree que le cheval de Gabriel, en galoppant, lui avoit fait voler de la pouflière dans la bouche .  i?4 lit Coran. Ils en firent leur Dieu, & devinrent facrilégedS Le veau ayant été renverfé au milieu d'eux, ils reconnurent leur trreur , & dirent : c'eft fait de nous li le Dieu clément & miféricordieux ne nous pardonne. Moyfe de retour vers les Ifraè'lites s'écria plein d'indignation: vous vous êtes livrés a 1'impiété depuis mon départ. Voulez-vous hater la vengeance divine? Il jetta les tables, faifit fon frère paria tête, & le.tira a lui. O mon frère, lui dit Aaron, le peuple m'a fait violence; il a été fur le point de me mettre a mort: ne réjouis pas mes ennemis, en m'accufhnt; ne me mets pas au nombre des prévaricateurs. Dieu' clément, dit Moyfe, aye pitié de moi, & de mon frère; exerce envers nous ta miféricorde infinie. Ceux qui adorèrent le veau, frappés de Ia colère divine, feront couverts d'opprobre , dans cette vie ; c'efi ainfi que nous récoinpenfons les facrilèges. Ceux qui, après un répentir fincère de leurs crimes, croiront au Seigneur, éprouveront les effets de fa clémence.. Le couroux de Moyfe s'étant appaifé, il prit les tables de la loi, oü ceux qui ont la piété, voient briller la lumière & la miféricorde du Seigneur. Us pretendent que les pieds du cheval de 1'ArcIiange donnenc la vic i tout ce qu'ils touchent.  L e Coran. 181 croiroient point, quelque prodige qu'il ©pérat pour les féduire. Nous leur envoyames le déluge, les fayterelles, la vermine, les grcnouilles, & le fang: fignes évidents de notre puiffance ; mais ils perfévérent dans leur orgueil & leur impiété. Ecrafés fous le bras du Très-Haut, ils dirent a Moyfe: invoqué ton Dieu , fuivant 1'alliance que tu as contractée avec lui. S'il nous déiivre de fes fléaux, nous croirons & nous laifferons partir avec toi les enfans d'lfraël. Nous fufpendimes nos chattmens, jufqu'au terme qu'ils avoient demandé, & ils violèrent leurs fermens. Nous nous vengeames d'eux-,. nous les engloutlmcs dans les abymes de la mer, paree qu'ils avoient traité nos prodiges d'impofture. Nous donnames a des nations foibles 1'orient & 1'occident, fur lefqueis nous répandimes notre bénédiction. Les Ifraêlites virent 1'accompliffeinetit de nos promeffes. Ils furent recompenfés de leurs fouffrances. Les travaux & les édifices du Pharaon & des Egyptiens furent détruits. Nous ouvrimes un chemin aux Ifraêlites, a travers les eatix de la mer, & ils arrivêrent dans un pays idolatre. Auffitöt ils prefférent Moyfe de leur faire des dieux femblables a ceux qu'on y adoroit. Enfans d'Ifraèi , leur dit le Prophéte, quelle eft votre ignorance ? Ces divinités font chimériques. Le culte qu'on leur rend eft vain & facrilège. H 7  rti L e Coran. Vous propoferois-je un autre Dieu que celui"qui vous a é+evés au-defïus dc toutes les nations. Nous vous avons délivre's de la familie du Pharaon , qui vous tyrannifoit, qui faifoit mourir vos enfans males, p'épargnant que vos filles; c'eft une faveur éclatante de Ia bonté divine. Nous freames a quarante nuits (i), le temps que Moyfe devoit refter fur ia montagne. En partant il dit a fon frère Aaron : remplis ma place auprès du peuple; conduis-toi avec fageffe, & ne fuis pas le fentier des prévaricateurs. Moyfe s'étant rendu au temps marqué, & ayant entendu la voix de Dieu, lui adreffa cette prière: Seigneur, daigne me laiffer voir ta face. Tu ne faurois en fupporter la vue, répondit Dieu; regarde fur la montagne; fi elle demeure immobile tu me verras. Dieu ayant paru environné de fa gloire, la montagne réduite en poudre s'affai!Ta , & Moyfe épouvanté fe renverla par terre. (O Les Arabes eomptent par le mat nuits le temps que nous comptons par le mot Jours. La chaieur exceffivc de leur climat a fans doute donné lieu a cet uiage. Us habitent des fables brülans, & tandis que le foleil efl fur 1'horifon, ils fe tiennent ordinairement fous des tentes. Us en Eortent lorfqu'il va fe coucher, & jouili'ent alors du plus beau ciel & de Ia fraïchcur, La nuit eft cn partie pour eux, ce que le jour eft pour nous. Auffi leurs Poètcs ne célèbrent jamais les charmes d'un beau jour; mais ces mots Uilil leili! ó nuit! 6 nuit! font répétés dans toutes leurs chanfoiis.  Lp. Coran. ïjj Moyfe fépara du peuple foixante-dix Ifraêlites , fuivant nos ordres. Un tremblement de terre les engloutit. Seigneur, dit Moyfe, tu aurois pu les faire pjrir avant ce jour, & m'envelopper dans leur ruine. Nous extermineras-tu paree qu'il y a eu des infenfés parmi nous ? Tu égares & diriges les humains a ton gré. Tu es notre protecteur. Tu as voulu éprouver ton peuple. Aye compaffion de nous, & nous pardonne : ta clémence eft fans bornes. Verfe tes dons fur nous dans ce monde & dans Fautre, puifque nous fjinmes retournés a toi. Dieu répondit: je choifirai les victimes de mes vengeances. Ma miféricorde s'étend fur toutes les créa:ures. Elle fera le p:-ix de ceux qui ont la pièté, qui font l'aumóne prefcrite, & qui croient a mes commandemens. Ceux qui croiront au Prophéte que n'éclaire point la fcience humaine, & dont Ie Pentateuque & 1'Er vangile font mention; ceux qui I'honoreront, 1'aideront, & fuivront la lumière defcendue du Ciel, auront la félicité en partage. II commandera la juftipe, profcrira Piniquité, permettra I'ufage des alimens purs, défendra ceux qui font immondes, & déchargera les fidèles de leurs fardeaux, & des chalnes qu'iis portoient. Dis: je fuis 1'interpréte du Ciel. Ma railïïon eft divine. Elle embraffe tout Ie genre humain. II n'y a dc Dieu que Ie fouverain du Ciel & de la terre-. U donne la vie & la mort. Embraiïez l'iflamifuie.  i!r5 L e Coran» Suivez Ie Prophéte; qui ifefi point éclairé par Ia fcience humaine, qui croit- -aif'Dié'u, & vous marcherez dans Ie chemin du -falöt. ..- li eft, parmi les Ifraè'.ices, des dofteurs & des ..Juges- -éifukubles. . - Nous partagcames les Hébreux en douze tribus; & lorfqu'ils demandcrent de Peau & Moyfe, nous lui infpirames de frapper le roc'nerde fa baguette. II en jaillit douze fourees, & tout ie peuple connut le lieu oü il devoit fe défaltérer. Nous abaiffumes les nuages pour les ombrager. Nous leur envoyames la manne & les cailies, & nous leurdimes: inlz des biens que nous vous ofFrons. Leurs murmures ne firent ton qu'a eux-mêmes. Nous leurdimes: habitez cette ville. Les biens qu'elle renferme font a votre difcrétion. Adorez le Seigneur en y entrant; implorez fa clémence; nous vous pardonnerons vos fiiutes, & les juftes feront comblés de mes faveurs. Ceux d'entr'eux qui étoient livrés k 1'impiété , violèrent 1'ordre du Seigneur. La vengeance célefte. punie leur défobéilTance. Demandez-leur 1'hiftoire de cette ville (i) maritime, dont Tïs habitans trn.nfgreffoient le fabar. Ils voyoient dans ce faint jour, les poiffons parottre a la furfaca de i'eau. Les autres jours ils difparoiffoient. C'eft ainfi que nous leur manifeftions leur imp;été. (O Aïla prés du.Suès.  L e Coran. 187 LaifTez les prévaricateurs, difoit-on a ceux qui les exhortoient: le Ciel va les exterminer, ou leut faire fubir les plus rudes chatimens. Nous les pröchons, répondoient les fages, pour nous juftifier devant Dieu , & pour leur inlpirer de la crainte. Us oubliérent des avis falutaires. Nous fauvames ceux qui ies leur avoient donnés, & nous fitnes éprouver aux coupables des peines dignes de leur iniquité. Ils perfévérèrerit orgueilleuferaent dans leur 'défobéifTance, & nous les transformames en 'vils finges. Dieu annonca aux Juifs que ie malheur les pourfuivroit jufqu'au jour du jugement. il eft prompt dans fes chaumens; mais ii eft clément & miférf'Corcrieux. Nous lés avons difperfés fur la terre. II en efl parmi eux qui ont confervé la juftice; les autres fe font pervertis. Nous les avons éprouvés par Ia profpéiité & 1'infortune , afin de les ramener a nous. Une autre génération les a remplacés fur la terre. Réfignés a la provideuce divine, foumis a tous fes decrets, ils ont mis leur confiance dans la miféricorde du Seigneur; ils ont recu i'alliance du Pentateuque, il condition qu'ils ne diroient de Dieu que la vérité , & qu'ils fe livreroient avec zèle a 1'étude des écritures. Le Paradis fera Ia récompenfe fortiinée de ceux qui marehent dans la crainte. Ne Ie comprenez-vous pas ? Ceux qui, aiïïdus a la lecture du Pentateuque,,  lit L e Coran. font la prière prefcrite, recevront la récompenfe der leurs bonnes eeuvres. Quand nous élevames la montagne qni les ombragea; quand ils croyoienc que fon fommet, ébranlé, alloic fondre fur ieurs tétes; nous leur dimes: recevez avec zèle ces tables que nous vous offrons; fouvenez-vous des préceptes qui y font gravés , afin que vous craigniez le Seigneur. Dieu, ayant tiré toute la poftérité d'Adam des reins de fes fils (i), leur demanda: ftris-je votre Seigneur? Tu es notre Dieu, répondirent ils. Nous avons gardé leur témoignage, afin qu'au jour de la réfurrection vous ne puilliez vous excufer fur votre ignorance, Ni dire: nos pères étoient idolatres; ferons-nous punis pour les crimes qu'ils ont cornmis ? Ainfi nous expliquons notre doctrine, afin de ramener les hommes a la vraie foi. Recite-leur l'hiltoire de celui qui refufa de croire (i) Les Ecrivains Arabes expliquent ainfi ce paflage: Dieu fit defcendre Adam dans ITnde. ]1 lui frotta le dos avec la main, & tira de fes reins & des reins de fes fils tous les hommes qui devoient naitre jufqu'au jour de la réfurreétion. Enfuite il leur dit: ne fuis-je pas votre Dieu? Nous atteftons que tu es notre Dieu , répondirentils. II dit aux Anges : foyez témoins de leur croyance. Nous en fommes témoins, répondirent les Anges. Dieu fit rentrcr , continue Elbacan, toute la poftérité d'Adam dans fes reins. Jabia rapporte ce paflage fur la foi d'Eimbbm,.  L e Coran. 18^ i notre religion (i); le Diable le fuivit, & le fit tomber dans fes pièges. Si nous avions voulu, nous 1'aurions élevé a Ia fageffe; mais il étoit attaché a Ia terre, & n'écoutoit que fes paflïons, femblable au chien qui aboye quand tu le chaff'es, qui aboye quand tu t'éloignes de lui. Tels font ceux qui nient la vérité de notre religion. Oifre-leur cet exemple; & qu'il leur ferve d'avertiffement. Ceux qui blaïphément contre fiflamifme, & qui fouillent leurs ames, ont une malheureufe relfemblance. Ceux que Dieu éciaire, marchent dans les voies du falut, ceux qu'il égarc, courent a leur perte. Combien nous avons créé de génies & d'hommes dont l'enfer fera le partage! Us ont un cceur, & ils ne fentent point; ils ont des yeux, & ils ne voient point; ils ont des oreilles, & ils n'entendent point. Semblabies aux bétes brutes, ou plus aveugles qu'elles , ils reftent dans leur abrutificment, Les plus beaux noms appartiennent a Dieu f». CO C'eft Balaam, fils de Beer. Ayant recu des préfens pour vorair des imprécations contre Moyfe, il en porta Ia peine. La langue lui fortit de la bouche, & tomba jufques fur fa poitrine. Gtlahddi'n. ZameÉafcar. CO Ces noms, fuivant les Auteurs Arabes , font au nombre dé.quatre-vragt-dix-neüf. Les habitans de la Mecque les employoient facrilegement cn nommant trois de leurs idoles, menat, allat, elaza. Us avoient tiré cc. trois dénominations de allab, elaziz, menm. Die,, puiJTan, miféricordieux.  100 L e Coran. Sers-t'en pour Pinvoquer. Fuis ceux qui ies em. ploient facrilègement. Us recevront le prix de leurs eeuvres. II eft des hommes qui fe conduifent avec fagefie, & dont Péquité règle toutes les actions. Ceux pour qui Piflamifme n'eft qu'impofture, feront punis a I'inftant oü ils ne s'y attendront pas. Si ma vengeance eft lente, elle n'en eft que plus terrible. N'ont-ils pas dü penfer que Mahomet n'e'toit point poffédé d'un efprit, lui qui n'a d'aurre fonction que de prêcher la parole divine? N'ont ils pas fous les yeux le fpeftacle du Ciel & de la terre, cette chaine d'êtres que Dieu a créés? Ne voient-ils pas que Ia mort peut les furprendre? En quel autre livre croiront-ils ? Ceux que Dieu plongera dans 1'crreur, ne verront plas la lumière. II les laiffera enfevelis dans leur aveuglement. Us te demanderont,. quand arrivera Fheure? Réponds-lcur: Dieu s'en eft réfervé ia connoilfance. Lui feul peut Ia révéler. Ce jour effrayera les Cieux & la terre. II furprendra les mortels. Ils te demanderont fi tu en as la connoilfance. Réponds-leur: .JPievu-feul le connoit, & la plupart des hommes ignorent cette vérité. Je ne puis jouir d'aucun avantage, ni éprouver de difgrace, fans la volonté de Dieu. Si 1'avenir •m'étoit dévoilé, je rafïémblerois des tréfors, & me -mettrois a 1'abri de-s coup du fort; mais je ne fuis  L e Coran. ioj •qifun "homme chargé d'annoncer aux croyans, les menaces & les promeffes divines. Dieu voUs a tous créés d'un feul homme, dont il forraa la femme pour être fa compagne. Ils eurent commerce enfemble, & elle porta d'abord un léger fardeau (i), qui ne gênoit point fa marche. II devint plus pcfant, & les deux époux adrcfférent au Ciel cette prière: Seigneur, li tu nous donnés un enfant bien conformé, nous te rendrons des actions de graces. Le Ciel exauca leurs vceux, & ils partagèrent entre Dieu & Satan, le tribut de leur reconnoiffance. Loin de lui ce cuite faciilège ! Lui donneront-ils pour égaux des dieux qui ne CO tfeve fentit d'abord un fardeau léger qui ne 1'einpéchoit point de marcher. Satan fe préfenta a elle fous la formc humaine, & lui demanda ce qu'elle portoit dans fon fein. Je 1'ignore , répontlit-clle. C'eft pcut-étre ajouta le Tentateur, un anirnal femblablc a ceux que tu vois païtre. lieve ayant répliqué qu'elle n'en favoit rien , il fe retira. Lorfqu'elle fut avancéc dans fa groffeffe, il revint & lui demanda comment elle fe trouvoit. Je crains, répondit-elle, que ta prédiftion ne foit vraic. J'ai de la peine a marcher & a me lever lorfque jc fuis aflïfe. Satan continus: fi Dieu, ü ma prière, t'accordc un enfant femblablc i toi & a Adam, Pappelleras-tu de mon nom? lieve protnit. I.orfqu'clle eut eafanté, Satan revint & la fomma d'cxécuter fa promcffe. Quel eft ton nom, lui dennnda-t-elle? Abtriborh, répliqua le Tcntatc-ur. lieve ayant donné ce nom a fou fils, il mourut fur le champ. Jabi* cité par CaM.  ij)2 L e Coran. fauroient rien créer, qui ont été créés, qui font incapables de les aider, & de s'aider eux-mêmes? Appelez-les au chemin du falut, ils ne vous fuivront point; invoquez-ïes, ou non , ils ne vous procureront aucun avantage. Us font efclaves comme vous. Priez-les, & qu'ils vous exaucent, fi votre culte eft véritable. Ont-ils des pieds avec lefquels ils puiffent marcher, des mains pour faifir, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre? Dis-leur: appelez vos dieux, & me tendez des embuches. Ne croyez pas que je les craigne. J'aurai pour protecteur celui qui a fait defcendre ie Coran. U protégé les juftes. Les idoles, b. qui vous offrez votre enceus, ne peuvent vous fecourir. Elles ne iauroient fe fecourir elles-mêmes. Preflez-les d'entrer dans Ia voie du falut, elles ne vous entendront point. Vous voyez leurs yeux tournés vers vous ; mais elles ne vous appercoivent pas. Que 1'Indulgence foit ton partage. Commande Ia juftice, & fuis les ignorans. Oppofe aux pièges du tentateur fafiiftance du Trés-IIaut. II fiit & entend tout. Que ceux qui craignent le Seigneur fe rappelent fes bienfaits quand ils feront tetatés, & il les éclairera. Mais les infidèles ne pourront plus difiiper le nuage ténébreux que Satan épaiiïïra amour d'eux. Si  L e Coran. i3 Si tu ne fais briller a leurs yeux quelque figne éclatant, ils diront: de quelles fables viens-tu nous bercer? Réponds-leur: je ne vous prêche que ce que le Ciel m'as révélé. Ce livre renferme les préceptes divins; il eft la lumière des croyans, & ie gage de la miféricorde divine. Ecoutez en filence la lecture du Coran, afin que vous foyez dignes de la clémence du Seigneur. Entretiens dans ton cceur le fouvenir de Dieu. Prie-le avec crainte, avec hümilité, & fans l'oftentation des paroles. Remplis ce devoir foir & matin. Les Anges qui font dans la préfence du TrèsHaut, loin de refufer orgueilleufement d'obéir a fes loix , le louent, & fadorent fans ceife. Tome I. I  lp* L E C O li A ü, CHAPITRE VIII. L E BUTIN. Donné a Médine, compofé de j6 verfets. Ah nom dc Dieu clément <£? miféricordieux. ï i. s t'mterrogeront au fujet du butin (i). Réponds-leur: il appartient a Dieu & k fon envoyé. Craignez le Seigneur. Que 1'amitié régie vos pariages; &, fi vous êtes fidèles, obéiffez & Dieu & au Prophéte. Les croyans que Ia pnrole de Dieu pénètre de crainte,, qui fentent augmenter leur foi au récit de fes merveilles, qui mettent en tui leur unique confiance , Qui font Ia prière, & verfent dans le fein du 1'indigent une portion des biens que nous leur avons difpenfés, Sont les vraïs fidèles. Ils occuperont des decréts fublimes dans le royaume célefie. Us jouiront de i'indulgcnce & des bienfaits de Dieu. (O Le partage du butin après Ie combat de Beder ayant fait naitre des différens entre les croyans, Puahomet fit defcendre ce chapitre oü il établit les loix que 1'on doit «Werver -\ ce fuje.t.  L E C O R A N. 195 'C'eft Dieu Iui-même qui t'a fait quitter ta maifon, ■malgré 1'oppofition d'une partie des fidèles. lis combattoient contre toi la vérité, dont févidence fiappoit leurs yeux , comme fi on les eüt conduits a la mort, & qu'ils 1'eufient vue préfente, Le Seigneur vous promit qu'une des deux nations devoit tomber fous votre glaive. Vous defiriez qu'il vous livrat celle qui étoit fans armes; mais le Ciel voulut accomplir fes promeffes, & cxterniïner jufqu'au dernier des infidèles, Afin que Ia vérité brillar, que la vauité s'aaéantit, malgré les efforts des impies. Lorfque vous implorates Taffiflance du Trés-Ham , il répondit: je vous enverrai un fecours de mille anges (i). II vous fit cette promelTe, afin de porter dans vos cceurs la joie & la confiance. Tout aide vient de celui qui efl puiffant & fage. Dieu vous envoya le fommeil de Ia fécurité. II fit defcendre la pluie du Ciel pour vous pufifier & vous défivrer de 1'abomination de Satan, pour lier vos cceurs par la foi, & affermir votre courage. II dit a fes Anges: je ferai avec vous; encouragez les croyans; j'épouvanterai les impies. Appe- (0 Les compagnons de Mahomet étoient fur Ie point dc prendre la fuite. II les raffura en leur promettant un fecours de mille Anges. II leur perfuada fi fortement que cette milice célefte combattoit pour eux, qu'il les rendit inviricibles. (Vie de Mahomet.) I 2  >'JÓ L e Coran. f.mtiffez vos brns fur leurs têtes; frappez-Iès fur les pieds & les mains, & ïYépargnez aucun d'eux. Qu'ils foient punis du fchifme qu'ils ont fait avec Dieu & fon Apótre. Quiconque fe féparera de Dieu & du Prophete, c'prouvera qu'il efl terrible dans fes vengcances. Qu'ils fubiffent le tourmeiit du feu, préparé aux infidèles. O croyans! Lorfque vous rencontrerez l'armée ennemïe marchant en ordre, ne prenez pas la fuite. Quiconque tournera le dos au jour du combat, a moins que ce ne foit pour combattre, ou pour fe faiïïer, fera chargé de la colère de Dieu, & aura pour demeure l'enfer féjour de mifère. Co n'eft pas vous qui les avez tués ; ils font tombés fous le glaïve du Tout-Puiffant. Ge n'eft pas toi, Mahomet, qui les aafTaillis; c'eft Dieuaüa do donner aux fidèles des marqués de fa protection. II fait & entend touu Son bras vous a protégés; c'eft lui qui renverfe les flratagêmes des ennemis. Iirfidèles, la victoire a sfTiiré la décifion de notre caufe. II vous itnporte de quitter les armes. Si vous retournez au combat; vous nous trouverez prêts; miis quelque .nombreufe que foit votre armee, vous n'éprouverez pas un meilleur fort. Le Ciel protégé les fidéle?. O Croyans! Cbéifiiz a Dieu cc a fon Apótre; ne vous écartez jamais de ce devoir. Vouz tcoutcz fc parole. ,  L E C O R A M. 107 Ne reffemblez pas a ctüx qui diftnti nous tntei> dons, fit üs n'eiuendent point. Un état plus vil que celui de la brute, aux yeux; de 1'Eternel, eft Ü'être fourd, muet, & de ne point comprendre. Si Dieu leur eut connu quelque bonne difpofition, il leur auroit donné 1'entcndement; mais ce bienfait n'eüt fervi qu'a ies rendre plus obftinés dans leur éloignement pour la foi. O croyans-! répondez a la voix de Dieu & du Prophéte, puifqu'il vous fait vivre. Souvenez-vous qu'il eft entre 1'homme & fon cceur, & que vous retournerez tous a lui. Craignez la rebellion. Les impies ne feront pas les féuls parmi lefquels elle fe fera fentir. Sachez que ie Tout-Puiffant eft terrible dans fes vpngeanees. Souvenez-vous que foibles, & en petit nombre dans les murs de la Mecque, vous craigniez d'être extcrminés par vos ennemis. Le Ciel a protégé votre foibleffe. II vous a donné un afile, une nóurrir rure abondante , afin que vous foyez recounoitfans. O croyans! Gardez-vous de tromper Dieu & le Prophéte. Ecartez Ia fraude de vos traités, puifque vous êtes éclairés. Songez que vos richefles & vos enfans font ua fujet de tentation, & que Ia récompenfe que Dieu vous prépare efl magnifique. O croyans! Si vous craignez Ie Seigneur, il vou« féparera des méenans; il expiera vos fr.ur.es; iïvoos I 3  jo8 L e Coran. tes pardonnera & verfera fur vous les tréfors de fes iibéralités. Tandis que les infidèles te tendoient des embüches; tandis qu'ils vouloient te faifir, te mettre a mort ou te chafler, Dieu, dont la vigilance furpafi fe celle du fourbe, détruifoit leurs complots. Qu'on life aux incrédnles la doctrine divine, ils répondetttaious l'avons entendue. II nous feroit f.icüe d'en produire autant.. Ce n'eft qu'un ulfu des révefies de 1'antiquité. Dieu. tout-puüTant, fe font-ils écriés, fi le Coran rertferme la vérité, fais pleuvoir les pierres fur nos têtes, fais-nous éprouver les plus terribles fléaux. Le Ciel ne les punk pas, paree que tu étois avec eux, & qu'üs implorèrent leur pardon. Dieu pouvoit leur faire éprouver fes vengeances, quand ils détournoient les fidèles du temple de Ia. Mecque. Ils n'étoient pas fes amis.. Les hommes, vertueux méritent feuls de i'ètre, & la plupart 1'ignorent. Leur prière dans le lieu Saint n'étoit qu'un fifflement des lèvres & un battement de mains. lis entendront ces mots: goütez la peine de votre impié.é. lis emploient leurs richefles pour combattre la reBgion. Ils les difliperont. Un repentir amer cn fora le fruit, & ils feront vaincus. Tous les infidèles feront réunis dans l'enfer. Dieu féparera les bons d'avec les méchans. I! raflèmblera les fcélérats, & les livrera aux tourmens du feu. Leur perte fera confommée.  L e Coran. 15)0/ Dis aux pervers que, s'ils abandonnent 1'infidélité, ils obtieudroflt le pardon du paffé; mais que s'ils y retombent, ils ont fous les yeux i'exemple-, des anciens peuples. Combattez-les jufqu'a ce qu'il n'y ait plus de fehrftiie , & que la Religion Sainte triomphe univerMement. S'ils fe convertiiFent, Dieu fera le témoin de leur actïon. S'ils perfifient dans Ia révolte, fongez que Dieu eft votre maitre, & que vous devez compter fur fa proteétion puiffante. Souvenez-vous que vous devez la ciuquième part du butin a Dieu, au Prophéte, a fes parens, aux orphelins, aux pauvres & aux voyageurs, fi vous croyez en Dieu , & a ce que nous revelarries a notre férviteur, rans cé jour mémorable, oü les deux années fe rencontré-rent. La puiffance du Seigneur, eft infinie. Vous étiez poftés prés du ruiffeau (r), les ennemis étoient fur Ia rive oppofée. Votre cavalerie étoit inférieure. Malgré vos conventions la difcouie fe? feroit mife parmi vous; mais le Tout-Puiffant votiIut accomplir ce qui étoit arrêté dans fes decrets; CO Mahomet étoit campé prés de Beder. C'eft le i om d'un puits. Ce pofte étoit trés-avantagctix paree <;u'il Ie inettoit a ponéc de 1'eau qui eft trés-rare eu Arabie. Le courage _ qu'il fut infpircr ü fes foldats les fittriompher des Corc-ilhites , trois fois fupérieurs cn nombre.  200 L £ C 0 R A N. Afin que celui qui devoit périr fuccombat, Srque celui qui devoit furvivre a la victoire fut témoin de fa gloire. Dieu fait & entend tout. Dieu vous montra en fonge l'armée ennemie peu nombreufe. S'il vous feut fait paroitre p!us formidable, vous auriez perdu courage, & la difcorde vous eüt défunis. Ii vous épargna ce tableau paree qu'il connoit le fond des cceurs. Lorfque vous commencates le combat, il dirainua a vos regards Ie nombre des ennemis ; il di. minua de méme a leurs yeux de nombre de vos foldats , afin d'accomplir ce qui étoit détermi-' né dans fes decrets. II eft le terme de touccs chofes. O croyans 1 Lorfque vous marcherez aux ennemis , foyez inébranlables. Rappelez-vous a ehaque iuftant Ie fouvenir du Seigneur, afin que vous foyez heureux. Obéifièz a Dieu & au Prophéte. Craignez la difcorde, de peur qu'elle n'éteigne lefeu de votre courage. Soyez fermes. Dieu efl avec ceux qui fouffrent avec confiance. Ne reffemblez pas a ceux qui quittent leurs foyers avec oflentation, & détournent leurs femblables des voies du Seigneur. II voit leurs actions. Le diable exaltant le mérite de leurs expioits leur dit : aujourd'hui vous ferez invincibles ; je marcherai h votre tête. Lorfque les deux armées furent en préfence il revint fur fes pas. Je vous abandonne , ajoüta-t-ii : je vois ce qui échappe a vos.  L e Coran. 201 rtgards fi). Je crains Dieu dont les chatimens font terribles. Les incrédules, & ceux dont le cceur eft corrompn difoient: leur foi les a trompés; mais celui qui met-fa confiance en Dieu éprouve qu'il eft favant & fage. Quel fpectacle lorfque les Anges donnent la more aux infidèles (2) ! Ils frappent leurs vifages & leurs reins, & font entendre ces paroles: allez goüter la peine du feu. Ce fnpplice eft du a leurs crimes; car Dieu n'eft point fijufté envers «fes ferviteurs. (i) Gelalejdin expfïque ainfi ce pafrage: Satan ayant pris Ia raflemblance de Soraca fils dc Malec, Prihce de cette contréc, marchoft a Ia téte des Coreïshites. 11 tcnoit la main de Harès, fils de Hafctm. Ayant appereü les Anges qui fe préparoient a combattre avec les fidèles, il prit la fuite. Les Idolatres lui ayant reproché de les abandonner dans un danger éminent: je vous quitte, répondit-il, paree que je vois des Anges que vous n'apperccvez pas. Gelahddin. O) Lorfque 1'homme meurt , Monker & Nakir, deux Anges terribles, viennent 1'examïner. Ils font tenir debouc le patiënt & 1'intcrrogent fur 1'unité de Dieu & la miffion du Prophéte. Quel eft ton Dieu, ton Prophéte, ton culte , lui demandent-ils? S'ils Ie trouvent infidèle, ils le frappent d'une manière épouvantable. Elgazel. Les Thalmudiftes ont a-peu-près Ia méme croyance. Lorfque l'hommo meurt .difent-ils, I'Ange de lamortvienr s'aircoirfur Ie fépulchre; auffi-töt 1'ame fe réunit au corps. Le patiënt fe léve fur fes pieds. L'Ange lui fait fubir ua examen, & s'il eft coupable, il le frappe avec une chain» dont la moitié eft de fer & le refte de feu. Tbalmud» I 5  s02 Le Coran. Ils reflembloient a la familie du Pharaon & aux incrédules qui les ontprécédés. Dieu les afurpris au milieu de leurs forfaits , & il eft terrible dans fes chatimens, II ne retire fes graces d'un peuple que quand il eft perverti. II voit & entend tout. Us reflembloient a la familie du Pharaon & a ceux qui avant eux ont nié notre doctrine. Notre venfrcance les a furpris au milieu de leurs crimes; ainfi nous fimes périr l'armée du Pharaon dans les flots, paree qu'elle étoit impie. L'incrédule qui refufe de croire a 1'ïflamifme eft plus abject que Ia brute aux yeux de 1'Eternel. Ceux qui violent a chaque occafion le pacte qu'ils ont contraécé avec toi, n'ont point Ia crainte du Seigneur. Si le fort des armes les faittomberentre tes mains, effraye par leur fupplice ceux qui les fuivent, afin qu'ils y fongent. Rejette 1'alliance de ceux donttu crains Ia fraude. Traite-les comme ils agiflimt; paree que Dieu hait les trompeurs. Que l'infidèle ne croie pas fe fouftraire a la veageance divine. II ne fauroit la fufpendre. Uniflez vos efforts, raflemblez vos chevaux , afin de jetter 1'épouvante dans 1'ame des ennemis de Dieu , des vótres, & de ceux que vous ignorez. Dieu les connoit. Tout ce que vous aurez dépenfé pour fon fervice, vous fera rendu. Vous ne ferez point trompés. Donne ton confentement a la paix, s'ils la re-  L E C O R A t* 2ÖJ cherchenr. Mets ta confiance dans le Seigneur. II fait & entend tout. S'ils vouloient te trahir, Dieu arrêtera leurs complots. 11 t'a fortifié de fon aide & de celui des fidèles. II a uni leurs cceurs. Tous les tréfors de la terre n'auroient pu produire cette union. Elle eft un elFet de fa bonté. II eft puiffiint & fage. O Prophete ! La proteétion de Dieu eft un afile faffifant pour toi & pour les fidèles qui te fuivronr. O Prophéte ! Encourage les .croyans au combat. Vingt braves d'entr'eux terrafferont deux cents hifi. dèles. Cent en mettront mille cn fuite, paree qu'i'sn'ont point Ia fageffe. Dieu veut adoucir votre tache. II connoit votre foibleffe. Cent braves d'entre vous vaincront deuxcents ennemis, & mille triompheront de deux mille, par la permiffion de Dieu qui eft avec les hommes-' courageux. Aucun Prophéte n'a jamais fait de prifonniers, qu après avoir verfé le fang d'un grand nombre d'ennemis. Vous défirêz les biens terreflres, & Dieu veuc vous donner les tréfors du Ciel. II elt puiffant & fage. S'il ne vous avoit envoyé fes préceptes, les dcpouilles que vous avez remportées vous auroient attiré fa vengeance. Nourriiïèz-vous des biens licites enlevés aux ennemis, & craignez le Seigneur. II eft clément & miféricordieux. O Prophéte! Dis aux prifonniers que vous avez faits, fi Dieu voit la droiture dans vos cceurs, il vous I 6  so$ Le Coran.- donnera des richefles plus précieufes que celles qu'on vous a enlevées, & il vous pardonnera; paree qu'it eft indulgent & miféricordieux. S'ils veulent te tromper, ilt ont été fourbes envers Dieu. ïl t'établit 1'arbitre de leur fort. II eft favant & fage. Les croyans qui auront abandonné leurs families, pour défendre, de leurs biens & de leurs perfönncs la caufe de Dieu, partageront le butin avec ceux. qui ont donné du fecours ëz un afile au Prophéte. Vous n'aurez point de fociété avec les fidèles qui feront refté dans leurs maifons jufqu'a ce qu'ils ayent marché au combat. S'ils implorent votre appui pour la défenfe de leur religion, vous le leur accorderez, a moins que ce ne foit contre vos alliés. Le TrèsHaut eft témoin de vos actions. Les infidèles font unis entr'eux. Si une femblable union ne règne parmi vous, le fchifme & la corruption couvriront la terre. Les croyans qui ont quitté leur patrie pour combattre fotis 1'étendard de la foi, & ceux qui ont donné un afile & du fecours aa Prophéte, font les vrais. fidèles. Ils jouiront de 1'indulgence du Seigneur & des avantages glorieux du paradis. Ceux qui dans la fuite embrafleront la foi, qui s'expatrieront & combattront pour la défenfe de 1'Iflamifme , deviendront vos compagnons. Ceux qui vous font unis font plus ou moins honorablement écrits dans le livre; paree que la fcience du ToutPuiffant embrafle funivers.  L e Coran. nec CHAPITRE IX (*>. LA CONVERSION. Donné a la Mecque, compote de 130 vcrfets,. ^ I V ' L"J L ! (*) Ce Chapitre eft le feul qui ne porte point pour épigraphe ces mots: Au nom de Dieu clément & miféricordieux. Les Auteurs Arabes cn donnent piufieurs raifons. Cette formule, difent-ils, annonce des graces-& ce Chapitre piir blie la vengcance. AU Otman, fils cVApban, ayant été interrogé fur cette omilfion, répondit que le Chapitre dc la Pénitcnce n'ayant paru qu'une fuite dc celui du Butin, oa ne 1'avoit point diltingué par 1'épigraphe ordinairs. 17 D l-claration de la part de Dieu & du Prophéte, aux idolatres avec lefquels vous aurez fait alliance. Voyagez avec fécurité, pendant quatre mois, & fongez que vous ne pouvez arrcter le bras du ToutPuiffant qui couvrira d'opprobre les infidèles. Dieu & fon envoyé dèclarent qu'aprés les jours da pélerinage, il n'y a plus de pardon pour les'idolatres. II vous importe de vous convertir. Si vous perfiftez dans 1'incrédulité, fouvenez-vous que vous ne pourrez fufpendre la vengcance célefte. Annonce aux infidèles des fupplices douiourcux.  220 I. E C u R A N. Gardez fidèlement 1'alliance contraétée avec les idolatres, s'ils 1'obfervent eux-mêmes , & s'ils ne fourniflent aucun fecours a vos ennemis. Dieu aime ceux qui le craignent. Les mois facrés écoulés, mettez a mort les Idolatres, par-tout oü vous les rencontrerez. Faites-les prifonniers. Afiiégez leurs villes. Tendez-leur des embüches de toutes parts. S'ils fe convcrtiffent, s'ils accompliflent la prière, s'ils payent le tribut facré'j laiifez-les en paix. Le Seigneur eft clément & miféricordieux. Accorde une fauvegarde aux Idolatres qui t'en demanderont, afin qu'ils entendent la parole divine. Qu'elle leur ferve de füreté pour s'en retourner, paree qu'ils font enfevelis dans les ténèbres de 1'ignorance. Dieu & le Prophéte peuvent-ils avoir un paéie avec les Idolatres? Cependant s'ils obfervent le traité formé prés du temple de la Mecque, foyez-y'fidèles. Dieu aime ceux qui le craignent. Comment 1'obferveront-ils? S'ils ont 1'avantage fur vous, ni les liens du fang, ni Ia fainteté de leur alliance, ne pourront les empêcher d'être parjures. Us ont vendu Ia doctrine du Coran pour vil intérêt. Us ont écarté les croyans du chemin du falut. Toutes leurs actions font marquées au coin de i'iniquité. , Ils ont rompu tous les freins. Us violent & les liens du fang & leurs fermens. Si, revenus de leurs erreurs, ils accomp'.iffent la  L e Coran. 207 prière, & pavent le tribut facré; ils feront vos frères en religion. J'explique les préceptes du Seigneur k ceux qui favent les comprendre. Si , manquant a la folemnité de leur pacte, ils croublent votre culte, attaquez les chefs des infidèles , puifque leurs fermens ne peuvent les retenir. Refuferiez-vous de combattre un peuple parjure, qni s'eft efforcé de chaffer votre Apótre, qui vous a attaqué le premier? Le craindriez-vous? Mais la crainte de Dieu ne doit-elle pas être plus forte, fi vous êtes fidèles. Attaquez-les. Dieu les punira par vos mains. II les eouvrira d'opprobre. II vous protégera contr'eux,& fortifiera le cceur des fidèles. II difïïpera leur indignation , & fera grace a qui il voudra; paree qu'il efl favant & fage. Avez-vous penfé que vous feriez abandonnés, quand Dieu ne connoiffoit pas encore ceux d'entre vous qui devoient combattre ; quand , fans alliés, vous n'aviez pour appui que le bras du Seigneur, fon Apótre & quelques lidèles? Le Très-Haut connolt vos actions. L'entrée du Temple Saint doit être interdite aux Idolatres. L'irreligion qu'ils profefrènt les en rencl indignes. Leurs eeuvres font vaines. Le feu fera leur demeure éternelle. . Mais ceux qui croient en Dieu, & au jour dernier, qui font la prière, qui payent le tribut facré, n'ayant d'autre c:ainte que celle de Dieu, vifiteront fon temple. Pour eux la voie du falut eft faciie.  5©$ l ï c o' s j » Penfez-vous que ceux qui portent de Peau tas voyageurs (O, ou qui vifitent les Saints lieux , ons un mérite égal au croyant qui dét'end la foi, les armes a la main ? Le Seigneur attaché a leurs eeuvres vin prix différent. II n'éclaire point les pervers. Les croyans qui s'arracheront du fein de leurs . families, pour fe ranger fous les étendards de Dieu, facrifiant leurs biens & leurs vies, auront ies places les plus honorables dans le royaume des Cieux. lis jouiront de la félicité fuprême. Dieu leur promet fa miféricorde. Us feront Pobjei de fes complaifances & ils habiteront les jardins de délices oü. règnera la fouveraine béatitude. La, ils goüteront d'éternels plaifirs, paree que les récompenfes du Seigneur font magnifiques. O croyans! Ceffcz d'aimer vos pères, vos frères, s'ils préfèrent 1'incrédulité a la foi. Si vous les airaez vous deviendrez pervers. Si vos pères, vos enfans, vos frères, vos époufes , vos parens, les richeffes que vous avez acquifes, le commerce dont vous craignez la ruine, vos; habitations cheries, ont plus d'empire fur vos cceurs que Dieu , fon envoyé & la guerre fainte ; attendez le jugement du Très-Haut. II n'eft point le guide des prévaricateurs. Combien de fois le Tout-Puiffant vous a-t-il fait (O C'eft Peau du puits dc Zemzem que I'Ange dëcoiivrït k Agar, & dont les PeTerins boivcm avec un refpect religicux.  L e Coran. 2c*) fen'tir les effets de fa protection ? Souvenez-vous de la journée de Honein, oü le nombre de vos troupes vous enfloit le cceur; a quoi vous fervit cette armée formidable ? La terre vous fembla trop étroite dans votre fuite préeipftéé. Dieu couvrit, de fa fauvegarue, Ie Prophéte & croyans; il fit defcendre des bataiilons d'Anges invifibles .a vos yeux pour punir les infidèles. Tel eft le fort des prévaricateurs. II pardonnera a qui il voudra. II eft indulgent & miféricordieux. O croyans! Les idolatres font imraondes. Qu'ils n'üpprochent pius du Temple dc la Mecque pprès cette année. Si vous craignez 1'incigence, Ie Ciel vous ouvrira fes tréfors. Dieu elf 'avant & fage. Combattez eeux qui ne croient point en Dieu, & au jour dernier , qui ne défendent point ce que Dic-a & le Prophéte interdit, & qui ne profeffent point la religion véritable des Juifs & des Chrétiens. Combattez-les jufqu'a ce qu'ils payent Ie tribut de leurs propres mains, & qu'ils foient foumis. Les Juifs difent quOzaieft fils de Dieu; les Chrétiens difent la même chofe du Meflie. Ils parient comme les infidèles qui les ont précédés. Le Ciel punira leurs blafphèmes. Us appelent Seigneurs, leurs Pontifes, leurs Moines, §: le Meffte, fils de Marie; & i! leur elf commandé de fervit un feul Dieu. II n'y en a point d'autre.. Anathême fur ceux qu'ils affocient a fon culte! Us voudfoieut éteir.dre de leur fouffle la lumièrs  aio L E C 0 II A N. de Dieu ; mais il la fera briller malgré 1'liorreur qu'elle infpire aux infidèles. ILa envoyé fon Apótre pour prêcher la foi véritable, & pour établir fon triomphe fur la ruine des autres religions, malgré les efforts des idolatres. O croyans! Sachez que la plupart des Prêtres & des Moiues dévoren: nnuilement les biens d'autrui, & écartent les hommes de la voie du falut. Prédis a ceux qui entaffent 1'or dans leurs coffres, & quirefufent de 1'employer pour le foutien de la foi, qu'ils fubirons des tourmens douloureux. Un jour cet or, rougi dans le feu de l'enfer ,Tera •sppliqué fur leurs front?, leurs cótés & leurs reins, cc on leur dira : voila ies tréfors que vous aviez arnaffés; jouiffez-en maiatenant. Quand 'e Tout-PuiiTar.t créa les Cieux & Ia terre, il éciivit 1'aniiée de douze mois (i). Ce nombre fut gravé dans le livre faint. Quatre dc ces mois fon: facrés; c'eft Ia vraie croyance. Fuyez pendant ces jours l'iniquité; mais combattez les idolatres en tout temps, comme ils vous combattent. Sachez que le Seigneur eft avec ceux qui le craignent. Tranfporter a un autre temps les mois" facrés, eft un c-xcès d'infidélité. Les idolatres autorifent ce chan- (i) L'annde des Arabes eft lunaire. Elle eft compofée de douze mois; mais comme ils n'ad'mettcnt point de jour intercalaire, leurs mois ne fuivent point lc cours des faifons. Ils parcourent toute 1'annéc , & le méme fc trouve fucceffivement dans lc priiuems, 1'été , 1'automuc & 1'hyvcr.  Li e Coran, su gemene1 une année, & le défendent la fuivante (O, afin d'accomplir les mois facrés. Us permettent ce que Dieu a défendu. Us fe font gloire de leurs crimes. Dieu n'éclaire point les impies. O croyans ! Quelle fut votre conflernaiion, lorfqu'on vous dit: allez combattre paur la foi. Préféreriez-vous donc la vie du monde a la viefüture? Mais que font les biens terreftres , en comparaifoii des jouiffances du Ciel ? Si vous ne marchez au combat, Dieu vous punira févèrement: il mettra a votre place un autre peuple, & vous ne pourrez fufpendre Ci vengeance, paree que fa puiffance eft infirrie. Si vous refufez votre fecours au Prophéte, il aura Dieu pour appui. Son bras le p. otégea quand les infidèles le chalfèrent. Un des compagnons (2) de fa (1) Ce changement s'opéroit ainfi: Lorfque les Arabes Idolatres étoient en guerre pendant un des mois facrés , par exemple pendant le mois Ae Moharram ,\h continuoicne les hoftilités , & rejettoient la défenfe au mois de Safar qu'ils rendoient facré. Gelaleddin. Mahomet abolit cet ufagc qui perpétuoit les maux de la guerre. Les anciens Arabes avoient de même quatre mois facrés pendant lefquels toute hoftilité devoit ceffer. Ces mois font Moharram, Rajcb, Delcaada, Delbajj, lc premier, le feptlème, 1'onzième Sc le douzième de leur année. Les Arabes depuis Abraham & Ifmaël ont toujours célébré le pélerinage de la Mecque lc dixième jour du mois Elbajj ■ etbou abd'' allab Mohammed abuahmed. Lc mot cthaj'j figuiGi1 pélerinage. Les pélerins fe nomment Haggi, ÓO C'eft Abubecr,  ït2 L e Coran. fuite Ie fecourut lorfqu'ils fe refugièrent dans la estverne. Ce fut alors que Mahomet lui dit: net'afflige point; le Seigneur eft avec nous. Le Ciel Lui envoya la fécurité & une efcorte d'Anges invifibles a vos yeux. Les difcours de 1'impie furent anéantis, & la parole de Dieu exaltée. II eft puiffant & fage. Jeunes & vieux, marchez au combat, & facrifiez vos richefles & vos vies pour la défénfè de lafoi. II n'eft point pour vous de plus glorieux avantage. Si vous faviez! L'efpoir d'un fuccès prochain & facile, les auroft fait vol er au combat; mais la iongueurdu chemin les a effrayés. Us jureront par le nom de Dieu que, s'ils avoient pu, ils auroient fuivi tes drapeaux. Ils perdent leurs ames; car Dieu cönnoit leurs menfonges; PuifTe le Ciel te pardonner ta condefcendance a leurs defirs ! II te falloit du temps pour dillinguer les menteurs d'avec ceux qui difoient la vérité. Ceux qui croient en Dieu & au jour dernier, ne te demanderont point d'exemption. Us facrifieront leurs richetTes, & verféront leur fang pour la caufe de Dieu. U connoit ceux qui le craignent. Mais ceux qui ne croient ni en Dieu, ni au jugement dernier, & qui errent dans le vaguedu-doute, te prieront de les exempter du combat. ■ S'ils avoient eu deifein de fuivre 1'étendard de la foi, ils auroient fait des préparatifs; mais le Ciel a rejetté leur fervice; il a augmenté leur lacheté, & onTeur a dit: reftez avec les femmes. S'ils étoient partis avec vous,- ils n'auroieut fervi  L e Coran, 213 qua vous caufer des dépenfes, & a feraerladivifion parmi vos troupes. Piufieurs euffent prété 1'oreille a leurs dircours féditieux ; mais le Seigneur connoit les pervers. Déja ils ont voulu allumer le feu de Ia rébellion. Us ont coutrarié tes projets, jufqu'a ce que la vérité étant defcendue du Ciel, la volonté de Dieu s'eft manifeftée contre leur oppofition. Piufieurs d'entr'eux te diront-: exempte-nous de Ia guerre; ne nous enveloppe pas dans Ia dilfenfion. N'y font-ils pas tombés? Mais l'enferenvironnerales infidèles. Vos fuccès les affligeront, & au bruit de vos difgraces, ils s'écrieront: nous avons pris notre parti d'avance. Ils retourneront a 1'infidéiité, & fe réjouiront de vos malheurs. Dis-leur: il ne nous arrivera que ce que 1'Eternel a écrir. II eft notre Seigneur Que les fidèles mettent en lui leur confiance. Quel eft vorre efpoir?Que nous foyons viftorieux ou manyrs. Pt nous, nous efpérons que Dieu vous punira, ou remeirra en nos mains fa vengeance. Attendez, nous attendrons avec vous. Dis ieur : offrez vos biens volontairement ou a contre cceur, ils feront refufés , paree que vous êtes impies. Dieu rejette leurs offrandes, paree qu'ils ne croient point en lui, & en fon Apótre; paree qu'ils font Ia prière avec tiédeur, & que leurs fecours font offerts è regret.  •2 f4 L e C o r a r;. Que leurs tréfors & le nombre de leurs er/farrs ire t'en impofent point. Ce font des dons funeftes, dont le Ciel fe fervira pour les punir, en les faifant mourir dans Jeur infidélité. Ils jurent, par le nom de Dieu, qu'ils font de votre parti. La crainte de vos cbatimens leur arrache ce parjurc. Les antres, les cavernes, font les lieux qu'ils recherchent. Us courent y cacher leur Iacheté. Ils t'accufent dans la diftribution des aumónes. Us font contents quand ils les partagent, & s'irritent quand on les leur refufe. — Ne devroierft ils pas être fatisfaitsde ce qu'ils ont recu de Dieu & du Prophéte ? Ne devroient-ils pas dire: la faveur du Ciel nous fuffit, Dieu & le Prophéte nous combleront de bien?, paree que nous invoquons le nom du Seigneur ? Les aumónes doivent être employees pour le foulagement des pauvres, des indigens, de ceux qui les recueillent, de ceux qui font réfignés a Ia volonté de Dieu, pour la rédem'ption de: captifs, pour feconrir ceux qui font chargés de dettes, pour les voyageurs, & pour le fomien de ia' guerre fivnte. Telle eft la diftribution prefcrite par le Seigneur. II eft favant & fage. La calomnie attaque Ie Prophéte. On lui reproclie de préter f oreille a tous les rapports. Réponds: il ccoute tout ce qui peut vous être uti'e; il croit en Dieu & aux fidèles. La Miféricorde eft Ie jiartage des croyans. Les  L C C O P, * !I, 2 j v ■tourmens feront ia récompenft; dé ceux qui calomnient lc Miniftre du Très-Haut. Ils prodiguent les fermens pour capter votre bienveillance. II leur feroit plus avantageus de rechercher la faveur de Dieu & du Prophéte, s'ils avoient la foi. Ignorent-iis que celui qui fe fépare de Dieu & de fon envoyé, aura pour demeure éternelle l'enfer, & feracouvert d'ignominie? Les impies craignent que Dieu ne faffe defcendre un chapitre oü üdévoilera ce qui eft dans leurs cceurs. Dis-leur: ricz. Dieu mettra au grand jour ce que vous cachez. Interrogez-les fur cette crainte, ils répondent: ce n'étoit qu'une feinte. Nous nous moquions de vous. 'Réponds-!eur:vous vouliezdonc vous jouer de Dieu, de fa religion & de fon Miniftre. N'apportez plus d'excufe. Vous avez quitté la foi, pour fuivre Terreur. Si que!ques-uns d'entre vous peuvent efpérer leur pardon , les autres, livrés a 1'impiété , feront dévoués it des peines déchirantes. Les impies s'uniffent pour commander le crime & abolir la juftice. Leurs mains font fermées pour l'aumóne. Us oublient Dieu dont ils font oubliés, paree qu'ils font prévaricateurs. Dieu a promis, aux fcélérats & aux infidèles, le feu de l'enfer. Us y expieront leurs forfaits, chargés de fa malédietion, & dévorés par des tourmens éternels. Vous êtes femblables aux impies qui vous ont pré-  2ïö L e Coran. cédés. Us furent plus forts, plus puiflans que vous p.ir leurs richeffes, & le nombre de leurs enfans. lis jouirent des biens terreftres que le Ciel leur départit. Vous avez joui comme eux de votre portion. Vous avez parlé comme ils parlèrent. Leurs actions ont été vaines dans ce monde & dans 1'autre, & ils ont été dévoués a la réprobation. Ignorent-ils l'hiftoire des premiers peuples, de Noè' SAod , d'Abraham , des Madianites, & des villes renverfées? Us eurent des Prophètes qui opérèrent des miracles fous leurs yeux. Dieu ne les traita point ir.juftement. Us furent eux-mêines les auteurs de leur ruine. Les fidèles forment une fociété d'amis. lis font Seurir la juflice-, profcrivent 1'iniquité , font affidus a la prière, payent le tribut facré, &■obéiflent a Dieu & & fon envoyé. Us obtiendront la miféricorde du Seigneur, paree qu'il eft puiffant & fage. II leur deftine des jardins arrofés par des fleuves. Introduits dans les délicicufes demeures $ Eden (ij, ils jouiront éternellement des graces du Seigneur, & goüteronr la vo'.upté fupréme. O Prophéte ! combats les incrédules & les impies. Traite-les avec rigueur. L'enfer fera leuraffreufe demeure. (i) Le mot Eilen eft un des noms du Paradis. Elbacan. En Hébreu il fignifie un lieu de délices. Maracci. En Arabe il fignifie un lieu propre pour le paturage des troupeaux. Us  L e 'Coran. 217 'Ils jüreïit, par Ie nom de Dieu, qu'ils ne tont :poiiu calonmié. Ils font infidèles dans leurs difcours comme dans leur foi. L'objet de leurs vceux ardens leur eft échappé. Us n'ont été ingrats que par'cc que Dieu & le Prophéte les ont comblés de biens. Leur converfion feroit pour eux une fource d'avaiitages. S'ils la différent, Dieu les punira dans cette vie & dans 1'autre. Us n'auront plus fur la terre ni protecteur ni ami. Quelques-uns d'entr'eux ont promis a Dieu que-, s'il ouvroit pour eux les tréfors de fa bienfaifance-, ils 'feroient l'aumóne, & embrafferoient Ie parti de Ia vertu. Dieu r. comblé leurs défirs; i'avarice, l'cloignernent de Ia foi, ont été le prix de fes bienfaits. II fera perfévérer 1'iniquité dans leurs cceurs, juf-■qu'au jour oü ils paroïtront devan: lui, paree qu'otibllsnt leurs fermens, ils ont été parjures. Ne faVoient-üs pas que Dieu connoilToit leurs fecrets & leurs difcours clandeftins, puifque rien n'eft caché ü fes yeux? Ceux qui blament les aumónes des fidèles généreux , de ceux qui n'ont pour vivre que le fruit de leurs travaux, & qui fe mocquent de leur crédulité, feront l'objet de larifée de Dieu, & la victime de fes tourmens. En vain tu implorerois foixante-dix fois pour eur la miféricorde divine. Dieu ne leur pardonnera point; paree qu'ils ont refufé de croire en lui & au Prophéte , & qu'il n'éclaire point les prévaricateurs. Tune I. K  2lg L E C O R A N. Satisfaits d'avoir laiffé partir le Prophete, ils ont refufé de foutenir la caufe du Ciel, de leurs biens & de leurs perfonnes, & ils ont dit: n'allons pas combattre pendant la chaleur. Réponds-leur : Ie feu de l'enfer fera plus terrible que la chaleur. S'ils le comprenoient! Qu'ils rient quelques infrants! de longues pieuts feront le fruit de leur conduite. Si Dieu te ramène du combat, & qu'ils demandent a te fuivre, dis-leur: je ne vous recevrai point au nombre de mes foldats ; vous ne combattrez point fous mes étendards. Dès la première rencontre vous avez préféré 1'afile de vos maifons au combat. Retlez avec les laches. Si queiqu'un d'eux meurt, ne prie point pour lui; ne t'arrêie point fur fa tombe, paree qu'ils ont refufé dc croire cn Dieu & en fon envoyé, & qu'ils font morts dans leur inlidéliié. Que leurs richefles & le nombre de leurs enfans ne t'éblouiffent pas. Dieu s'en fervira pour les chatier dans ce monde, & ils moörroBt daus leur iniq\iité. Lorfque Dien fit defcendre un chspitre , oü il leur coinmandoit de croire en iai & en fon Apótre, & de le fuivre au combat; les plus puifi'ans d'entr'eux , te priant de les en exempter, demandèrent a refter au fein de leurs families. Ils ont voulu demeurer avec les Inches. Dieu a fceüé leurs cceurs. Ils n'écouteront plus la fageife; Mais Ie Prophéte & les croyans, qui ont facrifié  LeCoran. sip leurs biens, & verfé leur lang, pour Ia défenfe de 1'iflamhme, feront comblés des faveurs du Ciel, & jouiront de la félicité. Ils habiteront éternellement le féjour que Dieu leur a préparé, les jardins de déiices arrofés par des fleüves, lieux oü règnera la fouversine béatitude. Piufieurs des Arabes du défert font venus s'excufer d'aller a la guerre. Ceux qui ne croient point en Dieu & au Prophéte font refrés chez eux. Ils recevront le cbatiment de leur infidélité. Les foibles, les malades, les bienfaifans, ceux qui ne pourroient s'entretenir, ne font point obügés de combattre, pourvu qu'ils confultcnt Dieu & fon envoyé. Us éprouveront 1'indulgence &. la miféricorde du Seigneur. Les croyans qui, t'ayant demandé des chevaux que tu ne pus leur fournir, s'en retournèrent les larmes aux yeux, défefpérés de ne pouvoir verfer leur fang pour la caufe de Dieu, n'ont point de repro che a craindre. Mais les riches qui te demandent des exemptions, font coupables. lis préfèrent de refter dans leurs maifons. Dieu imprime le fceau de fa reprobatiou fur leurs cceurs, & ils 1'ignorent. Us vieudront s'excufer a votre retour. Dis-leur: vos excufes font vaines. Nous ne vous croyons point. Dieu nous a manifefté votre conduite. Dieu & fon Miniftre 1'examineront. Vous Tercz conduits devant celui qui connoit ies fecrets. II dévoilera a vos yeux ce que vous aurez fait. K 2  S2-Q •L E C ü U A N. Ils vous conjurcront, lorfque vous reviendrez du ■combat, de vous ëlëlgner d'eux. Puyez-lcs ; 'Aé Tont imraondes. L'enfer fera lcp:ix de leurs eeuvres. Us vous conjureront de leur rendre votre araitié. •Si vous condefcendez a leurs défirs, fouvenez-vous que le Seigneur haft les prévaricateurs. Les Arabes du déftrt lont les plus ophimtrcs des infidèles & des impies. -II convient qu'ils ignorent «les loix que le Ciel a dictees au Prophéte. Dieu .efl favant & fage. Piufieurs d'entf-'eux penfent que les aumónes font ■employées a acquitter les dettes du public, ils défirent que vous éprouviez les revers de la fortuiie. ils épiouveront la vkiliitude du mal. Dieu feit & entend. Quelques Arabes qui ctoient en Dieu & au jour dernier, penfent que le tribut facré les approche ce 1'Eternel, & les fait participer aux prières du Prophéte. Certainement il fes approche de la Majefté divine. II leur procurera 1'indulgence de Dieu clé-ment & miféricordieux. Ceux qui les premiers ont quitté leur pays pour •.uier a la guerre Sainte, ceux qui ont fuivi cet exemple gloiieux, ont mérité Pamitié du Dien qu'ils •aimoient, &- il leur a préparé des jardins oü cooient des fleuves & oü ils goüteront des plaifirs cter■nels. Parmi les Arabes Pafteurs qui vous environnent; -parmi les habitans de Medine, il eft encore des imjpies. Tu ne les cou'.oi* pas; mais cous les conuoif-  L t C o r a p;j 22 h fóns; Un düirbie chatiment leur eft defiiné, & enSpite ils feront livrés au grand fupplice. D'autres fe font avoués coupables. Ils ont vouliv rachèter leur faute par une bonne ceuvse. Peut-ètre le Seigneur abaiftèra-t-it fur eux un regard propice. II eft indulgent & miféricordieux. Reeois une portion de leurs biens en aumóne, afin de les purifier, & d'expirer leur défobéiffance, Prie pour eux. Tes prières rendront la paix a leurs ames. Dieu fait & entend tout. Ignorent-ils que le Seigneur recok la pénitence & les aumónes de fes ferviteurs, paree qu'il eft indulgent & miféricordieux? Dis-leur: agififez; Dieu, fon errvoyé & les fidèles verront vos actions, Vous paroitrez au tribuöal do celui devant qui tous les fecrets font dévoilés. II vous montrera vos eeuvres. D'autres attendent le jugement de Dieu, prépaf rés a recevoir fes chatimens ou fes faveurs. Le Très-Haut eft favant & fage. Ceux qui ont bati un temple, féjour du crime & de Tinfidélité, fujet de difcorde entre les fidèles, lieu oü ceux. qui ont porté les-armes contre Di«tt & fon Miniftre, dreffent leurs embüehes , jureiit que leur intention eft pure; mais le Tout-Pttiftanc. elt témoin de leur menfonge. Garde-toi d'y entrer. Le vrai Temple a fa bafé établie fur la piété. C'eft-la que tu dois faire la prière; c'eft-la que les mortels doivent défirer d'étre puriliésj pa:-ceque le Seigneur aime ceux qui font purs.S 3  222 L e Coran. De deux Temples , dont Fun efl fondé fur ta crainte du Seigneur, & 1'autre efl batï fur 1'argiie que mine un torrent, & qui efl prête a s'abymer avec lui dans le feu de l'enfer, lequel efl aflis fur une bafe plus folide? Dieu n'efl point le guide des méchans. Leurs cceurs feront déchirés, lorfque cet édifice qu'ont élevé leurs doutes, croulera. Dieu eft favant & fage. Dieu a acheté la vie & les biens des fidèles. Le Paradis en efl le prix. Us Combatrront, mettront fl mort leurs ennemis, tomberont fous leurs coups; les promeffes qui leur font faites dans le Pentateuque, 1'Evangile & le Coran s'accompliront; car qui c'r plus fidéle a fon alliance que Dieu? RcjouiffezVous de votre pafte; il eft le fccau de votre bonheur. Ceux qui font pénitence, qui fervent le Seigneur, qui le louent, Ie prient, I'adorent , qui jeünent, qui commandent la juflice, qui empèchent le crime & gardent les Commandemens divins, feront heureux. Le Prophéte & les croyans, ne doivent point intercéder pour les Idolatres, fuffent-ils leurs parens, lorfquils ftvent qu'ils font enfevelis dans l'enfer. Abrfiham ayant promis de prier pour fon père, fatisfit ït fa promefle; mais lorfqu'il connut évidemment qu'il étoit l'ennemi de Dieu, il ronipit fon engagement ; cependant Abraham étoit pieux & humain. Dieu ne laiffe point retourner a Terreur ceux qu'il  L e Coran. £23 a cclairés; jufqu'a ce qu'il leur ait manifeffé ce qu'ils doivent craindre, paree que fa fcience efl infinie. Dieu elt le Souverain du Ciel & de la terre. U donne la vie & la mort. Vous n'avez de patron & de protecteur que lui. 11 fit éclater fa bonté pour le Prophéte, les fidèles & leurs a'liés, le jour du combat: quand une partie de l'armée des croyans étoit fur le point de prendre la fuite, un regard propice les arréta. 11 eft pour eux indulgent & miféricordieux. Trois d'entr'eux étoient reftés derrière. Bannis de la fociété , en exil au milieu de leurs concitoyens, ils penfèrent dans leur détreffe qu'ils n'avoient d'autre refuge qu'en Dieu. Us les regardja avec bonté, paree qu'ils fe convertireut, & qu'il eft indulgent & miféricordieux. O Croyans! Craignez le Seigneur, & exercez Ia jufh'ce. Les habitans de Medine & les Arabes d'alentour n'avoient aucune raifon de fe détacher du Prophéte, & de préférer icurs vies h la fienne. La faim, la foif, la fatigue qu'ils ont endurées pour la caufe de Dieu , leurs marches contre les infidèles , les dommages qu'ils en ont effuyés, étoient autant de mérites dont on leur tenoit compte; paree que le Seigneur ne laiFe point périr la récompenfe de.ceux qui font le bien. Leurs depenfes, Ie paflage d'un torrent, toutes leurs démarches écrites dans le livre de Dieu étoient amant de titres h fes bienfaits glorieux. - K 4  224 1 e Coran. II ne faut pas que tous les fidèles prenneflt les ni» nies a la fois. II efl bon qu'une partie de chaque corps demeure, afin que s'ir.ftruifant dans la foi, ils puiffent inftruire les autres a leur retour. O croyans ! Combattez vos voifins infidèles. Qu'ils trouvent des ennemis implacables. Sonvenezvous que le Très-Haut eft avec ceux.qui te craignent. Lorfqü'un nouveau chapitre vous fera envoyé du Ciel, ils diront: Qui de vous peut croire cette doctrine? Mais elle fortinera la croyance des fidèles, & ils y trouveront leur confolation. Eile augmentera la plaie de ceux dont le cceur eft gaugrené, &.. ils mourront dans leur iuipiété. Ne voient-ils pas qu'une ou deux fois par an, le courroux du Ciel s'appéfantit fur eux? Ces avertiffcmens ne defillent point leurs yeux, & n'excttent point leur repentir. Lorfqu'on leur enverra un autre chapitre ils fe regarderont mutuellement, & fi perfonne ne les vok ils prendront la fuite. Dieu a égaré leurs cceurs., paree qu'ils n'éc.outent point la fageffe. Du milieu de vous s'eft levé un Prophéte diftingué. II eft chargé de vos fiuitcs. Le zèle de vqtre fa'ut 1'eiiflamme, & les fidèles ne doivent attandr* dc lui qu'iudulgeuce & miféricorde. S'ils refufent de croire la doctrine que tu leur eufeigires , dis-leur: Dieu me fiiffit. 11 n'y a point d' autre Dieu que lui. J'ai mis en lui ma confiance,. Ii eft le SpUKcrata du tröne fub'h^.e.  L E C g-r a n. *25 CHAPITRE X. JONAS, La paix foit ave,c lui. Donné a la Mecque, compofé de 109 vcrfets. A. L.M • Tels font les fighes du livre qui contienc la fagefle. Doivent-ils être- furpris- que nous ayons favörifè de nos révélations un de leurs cicoyens, que noüs lui ayons commandé d'annoncer des peines aux méchans & des récompenfes aux fidèles? Cependant !e-s incrédules ont dit: Mahomet efl un importeur.' Votre Seigneur eft le Dieu qui, après avoir créé le Ciel & la terre en fix jours, s'afïït fur fon thröne pour gouverner funivers. On ne peut intercéder auprès de lui fins fa volonté. II eft. votre Dieu. Adorez fa Majeflé fuprème. N'ouvrirez-vous point les yeux. Vous retournerez tous a lui. Ses promeffes font infaillibles.. Celui qui a formé 1'homme le fera reparoitre devartt fon tribunaf. II récompenfera, avec juftice, les croyans qui auront pratiqué la vertil. Les infidèles auront pour boiffon, feau bouillante, & fubiront des tourmens dignes de leur incrédulité. K 5 Ah hom Je Dieu clément & niifêricorJicv.x.  22ö L e Coran. 11 a donné Ia lumière au foleil, la clarté a la lune; il a reglé fes phafes; elles fervent aux hommes a pariagcr le temps, & a compter les années. II a créé tout funivers avec vérité. 11 offre par-tout aux yeux du fage des marqués de fa puiffance. La fucceffion de la nuit & du jour, 1'harmonie de tous les corps créés aux Cieux & fur la terre; font des fignes éclatants pour ceux qui craignent le Seigneur. Ceux qui n'attendent point Ia réfurrection , qui, épris des ch'armes de la vie terreftre, s'y endonnent avec féciuité, & ceux qui méprifent nos oracles, Auront pour prix de leurs actions le feu de l'enfer. Dieu dirigera dans leur foi les croyans vertueux; ils repoferont fur le bord des fleuves dans les jardins de la volupté. Us y publie'tont les louanges du Très-Haut. La paix foit avec vous, fera leur falutation mutuelle. Leur prière finira par ces mots: louange a Dieu Souverain des mondes. Si la main du Tout-Puiitant difpenfoit le mal aux mortcls, avec la même promptitude qu'ils déflrent le bien, leurs jours ne feroient qu'un éclair. Nous laiffons ceux qui niént la réfurrection, s'endormir au Tein de leurs erreurs. Le malheur a-t-il vïfité 1'homme? Couché, afïïs, debout, il élève vers nous fa voix plaintive. A peine 1'avons-nous délivré du fardeau qui Popprimoit, qu'il paffe comme fi nous ne 1'avions pns foulagé. Ainfi 1'impie fe plaït dans fon ingratitude.' Avant vous, notre vengeance fit diTparoïtfe des  L £ C O K A N. 227 nations crimineHes, après que nouS leur eiimes envoyé des Prophètes pour les appeler a la foi. C'eft ainfi que nous récompenfons les prévaricateurs. Après leur defrruction, nous vous avons mis fur Ia terre pour voir comment vous vous conduiriez, Lorfque nous leur dévoilons 1'Iflamifme, les inerédules difent : apporte-nous uu autre Coran ou cnange celui-ci. Réponds-leur: je ne puis rien dranger. Jen'écrisquecequim'eftrévèlé; fijedéfobéiffois a Dieu, j'aurois a craindre le fupplice du grand jour. Dis: fi Dieu eut voulu je ne vous aurois point I11 fes Commandemens, je ne vous les enfeignerois pas. N'ai-je pas vécu au milieu de vous, un grand nombre d'années (i) avant Ie Coran ? Ne Ie comprenez-vous pas? Quoi de plus coupable, que de préter a Dieu un menfonge , & d'accufer fes prodiges d'impofiure? Les impies ne prorpèreront point. Ils iendent des honneurs divins a des idoles qui ne peuvent leur nuire, ni les fecourir, & ils difent: voila nos protecteurs auprès de Dieu. Demande-leur: apprendrez-vous au Tout-puiffant, quelque chofe qu'il ignore dans les Cieux ou fur la terre? louange a fa Majefié fupréme! Anathême contre leurs Dieux chimeri ]ues. Tous les hommes n'avoient originairement qu'une croyance. Ils fe livrèrent, dans la fuite, aux dif- (i) Malmniet avoit quarante ans lorfqu'il commenca a prêcher la dc-ctrine du Coran. K 6  22-8' L e Coran. patés fiir la religion (i). Si le décret c!ternel n'avoh été prononcé, un inftant eüt vu finir leurs débats.. Dieu, demandent-ils, n'a-t-il pas diftingué le Prophéte par quelque figne? Réponds-leur: les fecrets lui nppartiennent. Attendez: j'attendrai avec vous.- j\Totre miféricorde les a délivrés des maux qui les afligeoient, & ils ont été fourbesdans leur religion. Dis: Dieu eft plus puiftiint pour tromper que vous-. Les Anges qui vous obfervent écrivent votre perfidie. C'eft Dieu qui vous ouvre des chemins fur 'a terre & les mers. Lorfque vous êtes embarqués fur un vaiffeau qui vogue au gré d'un vent favorabïe-, vous vous livrez a la joie. Le vont renforce, la tempête gronde, les flots font foulevés de toutes parts, vous vous croyez engloutis, vous appetef Dieu h votre aide, & vous lui montrez une foi pure. Seigneur fi tu nous délivres du péril, nous te rc:>drons des actions de graces. A peine êtes-vous iauvés, qu'écouraut la voix do vos paffions, vous oubliez toute juftice. O tnorteïs! Vous acqucrez au prix de vos ames les jouiP fan ces terreftres, Vous paroïtrez devant notre Trtbunal, & nous vous montrcrons vos eeuvres. La vie du monde eft femblable a Ia pluie que (O Cette religion eft 1'iflamifme, c'cft;a-dire Ie culte «1'un feul Dieu. Elle fubfifta depuis Adam jufqu'a Noë. Celnleddin. Jahia eft du même fentiment. II ajoute que lies peuples comtnencèrent a former des feétes lorfqu'il leur vint des Prophètes, paree que les uns crurent il Jfeur doftrine & les autres.la nièrent.  E e Coran. 229 rroirs faifons tomber des nuages. Elle pdnètredans la terre pour féconder le gerrae des plantes qui fervent de nourriture aux hommes & aux animaux. Les plantes croiffent, la terre s'embellit de leur parure, & fes habitans comptent fur de nou velles rieheffes. Alors, foit dans 1'ombre de Ia nuit, foit a la clarté du jour, nous envoyons la défolation', & les moilïbns ont difpatn , comme fi Ia veille elles n'avoient pas enrrchi les campagnes. C'eft ainfi que nous expliquons les merveiiles du Très-Haut, afin qne les hommes ouvrent les yeux. Dieu appele les ■ büvriaiös au féjour de la paix Si conduit ceux qu'il veut dans les voies du falut. Une récompenfe m'igniiique feralepartagc des bier> fiifans. Lanoirceur & la bonte ne violeront point leur front; ils habiteront éternellement le féjour de déiices. Les fcélérats recevront la peine de- leurs crimes. L'opprobre les couvrira. Us n'auront point d'interceffeur aup-ès de Dieu. Un voile femblable a Ia nuit ténébreufe enveloppen leurs vi fa-ges. Ils feront les victimes d'un feu éternel. Le jour oü nous rafftmblerons tous les hommes, nous dirons aux Idolatres: voila vos places & celles de vos divinités. Nous mettrons de la différenoe entr'eux. Elles nieront le culte qu'ils leur ontrendu. Le Ciel eft témoin que nous rejettions votre encens. Raffemblés devant le > Créateur, leur Dieu véritable , ils "recevront le prix de leurs eeuvres. Leurs idoles difparoitront.' Demande-leur: qui vous nourrit des biens ccK 7  23° L E C O R A y. lelies & terreffres? Qui efl le maitre de foute & de la vue ? Qui fait fortir la vie du feiq de la mort, cc la mort du fein de la vie? Qui gouverne funivers? Ils répondent: c'eft Dieu. Dis-leur: ne le crain. drez-vous donc pas ? U eft votre Seigneur véritable. Que vous refte-t-il après la vérité, fi ce n'eft Terreur? Pourquoi vous éloignez-vous donc de la foi? La parole de Dieu s'eft accompli fur ceux qui commettoient Ie crime; ils ne croiront point. Eft-il quelqu'un de vos dieux qui puifiè formerune créature, & la faire reparoïtre devant lui? Dieu a créé les hommes, & II les raflernblera devant fon tribunal. Pourquoi lui refufez-vous donc votre encens? Efl-il quelqu'un de vos dieux qui eonduife a la vérité? Dis-leur: Dieu conduit a la vérité; il dirige les hommes au chemin du falut. N'eft-il donc pas plus digne d'avoir des adorateurs que ceux qui, étant eux-mémes dans les ténèbres, ne fauroient éclairer perfomie ? Sur quel fondement appuyezvous donc vos jugemens ? ^Us n'ont d'autre régie que leur opinion, & ella n'a rien de conforme a la vérité. Le Très-Haut connoit leurs aftions. Le Coran eft Touvrage de Dieu. II confirme Ia verité des écritures qui le précédent. II en eft Tinterprétation. On n'en fauroit douter. Le Souverain des mondes Ta fait defcendre des Cieux. Direz-vous que Mahomet en eft Tauteur ? Réponds-leur: apportez un chapitre femb.'able a 'ceux  L e Coran. 231 qu'il contient, & appelez a votre aide tout autre que Dieu, fi vous ètes véridiques. Ils accufent de faufl'eté un livre dont ils ne comprennent pas la doctrine, & dont ils n'ont pas encore vu raccoinpliffement. C'eft ainfi que les Prophètes venus avant eux, furent traités d'impofteurs; mais attendez la fin des impies. Les uns croient au Coran, les autres nient fa doctrine; mais le Seigneur connoit les hommes corrompus. S'ils t'accufent de menfonge, rèponds-Ieur: j'ai pour moi mes eeuvres. Que les vötres parient en votre faveur. Vous ne ferez point refponfables de ce que je fais, je fuis innocent de ce qiie vous faites. II en eft qui écouteront ta doctrine; mais peux-tu faire entendre les fourds ? Ils font privés d'intelligence. Les uns attacheront fur toi leurs regards; Mais peux-tu éclairer les aveugles? Leurs yeux font fermés a la lumière. Dieu n'eft point injufte envers les hommes; ils Ie font envers eux-mêmes. Alors qu'ils feront raffemblés'devant lui, le féjour qu'ils ont fait fur la terre, ne leur paroftra avoir duré qu'un heure. Us fe reconoitront mütuellement. Ceux qui nioient la réfurrection ont péri; ils n'ont point été éclairés. Soit que tu fois témoin d'une partie des charimens qui leur font préparés, foit que nous t'envoyons la mort auparavant, ils reviendront a nous, & ie Tout-Puiffant rendra témoignage de leurs eeuvres. Tous les peuples eurent des Prophètes qui les  S02 li 2 C O'R a :<. jugèrent avec équité. Ils n'ont point etc traités ia? jullement. Quand s'accompliront tes menaces , demandent les infidèles? marque-nous le terme fi tu es véritable. Réponds-leur: les tréfors & les vengeances céIgQgé ne font point dans mes mains. Dieu feul en eft le difpenfateur. Chaque nation a fon terme fixé. Elle ne fauroit ni le hater, ni le retarder d'un inifant. Si la punitiou divine vous furprend, ou le jour oute nuit, penfez-vous que les impies 1'ayent accelerée ? Lorfque vous la verrez , y croirez-vous? AAoss vous femirez ces fléaux que vous vouliez hater. Alors on'dira aux méehans: . fouIFrez des peines éternelles. Netes-vous pas récompenfés fuivant-vos eeuvres? Ils défireront (avoir de toi fi ces menaees font véritables. Elles font la vérité méme; j'cn jure par Ie nom de Dieu. Ilsnepourronten fufpendre 1'exécutiou. Alors 1'impie donneroit, pour racheter fon ame, . tous les tréfors de la terre. A 1'afpeét de ia vengeasce divine-, il eachera fon repentir. Le genre humain fera jugé avec équité. Perfonne ne fera trompé. Les Cieux & la terre ne font-ils pas le domaine du Très-Haut? Ses promeffes ne font-elles pas infaillibles ? Mais la plupart 1'ignorent. II donne la vie & la mort, & vous reviendrez tous a lui. O mortels! Dieu vous a envoyé des avertiffemens, un remède pour vos cceurs, la lumière & la miféricorde pour les fidèles, Dons précieux de fa-iibéralité & de fa clémence.  l- E c o j i Si 233, Que leur poiTefiion vous comble de joie! Combien eli-e!le préférable aux riclieffes du monde! Dis-leur: répondêz-moi: parmi les alimens que Ie. Ciel vous a départis, il en eft dont vous défendez 1'ufage, il en eft dont vous Ie permettez. Eft-ce un> précepte divin qui vous aurorife; ou 1'attribuez-vousfauffement a Dieu ? A quoi fonge le blafphêmateur qui nie la réfurrec-. tion ? Le Seigneur eft plein de bonté pour fes créatures , & la plupart ne le payent que d'ingratitude.. En quelqu'état que vous foyez nous vous accomp.ignons. Nous fommes préfens lorfque vous lifez Ie Coran. Nous affiftons a toutes vos actions, & nous en rendrons témoignage. Le poids d'une fourmi, fur Ia terre ou dans les Cieux, le poids le plus petit comme» le plus grand, n'échsppe point a Ia connoiffance du Très-Haut. Tout eft écrit dans lc livre de 1'évidence. La crainte & la douleur n'approcheront poiut des amis de Dieu. Us ont réuni la foi & la piété. Confolés dans ce monde par d'heureufes promeffes, ils en verront TaccomplifTement dans 1'autre; La parole du Seigneur ne c'nange point. Us jouiront de la félicité fuprème. Que les difcours-de 1'impie ne t'afBigent point. La puiffance appartient a Dieu.. II fait & entend tout. f 1 poffède ce que les Cieux & la terre renferment. Ceux qui adorent d'autres divinités ne fuivent-iïs pas leur feule opiuion ? Ont-ils- d'antre appui que le men-, fi»ngfi.?  -34 L e Coran. II a étabü la nuit pour le repos des humains & le jour pour le travail, Ce font des fignes pour ceux qui entendent. Les infidèles difent: Dieu a un fils. Loin de lui ce blafphéme! il fe fuffit a lui-mêine. Les Cieux & la terre font en fa puiffance. Sur quel fondement / établiffez-vous votre croyance? Ne dites-vous point de Dieu ce que vous ne fivez pas! Dis-leur: ceux qui biafphêment contre fa Majefté fuprême, n'arriveront point nu féjour du bonbeur; après de courtes jouiffitnces, nous les citerons a notre Tribunal, & nous punirons leur incrédulité par des tourmens terribles. Rapporte-leur 1'biftoire de Noë, lorfqu'adrefiant la parole a fon peuple, il dit: fimon féjour au milieu de vous, & la prédication des Commandemens de Dieu vous font a charge, mon unique confiance eft dans le Seigneur. Raffemblez vos efforts & vos divinités agiflez au grand jour; ordonnez contre moi, & ne balancez pas un inftant. Si vous rejettez mes inftruétions, je ne vous en demande point ie prix , je n'attend de récompenfe que du Ciéfj il m'a commandé d'embraffer nilamifine. Noë fut traite d'impofteur. Nous le fauvames dans 1'arche avec fa familie. Nous avons établi fa poftérité fur la terre. Ceux qui nloient notre doctrine furent enfevelis dans les caux. Voyez quelle eft la fin des incrédules. Après Noë nous envoyames aux nations des Apótres avec la puiffance des miracles. Elles rcfufèrcnt de  L e Coran. 235 •croire ce qu'elles avoient nié auparavant. C'eft ainfi que nous endurciiTons Ie cceur des prévaricateurs. Dans la fuite nous chargeames Moyfe & Aaron, d'aflnoneer nos volontés a Pharaon & a fes courtifans. Elles furent recues avec mépris par un peuple corrompu. Ps virent la vérité, & ils la taxèrentde menfonge. Elt-cc ainfi, dit Moyfe, que vous parlez de la vérité qui vous éclairé? Sont-ce la des preftiges? Les niagiciehs ne profpèreront point. Avez-vous réfolu, s'écrièrent les Courtifans, dg nous faire abandonner la religion de nos péres, & de cjmmander parmi nous ? Nous ne croirons point. Pharaon ordonna qu'on lui amenat tous les Mages habilcs, & lorfqu'ils furent venus, Moyfe leur dit: jeitez vos baguettes. Ils obéirent. Le Seigneur, ajouta le Prophéte, va anéantir votte prodige; il ne fait point réufïïr les eeuvres des méchans. II confinnera la vérité de fa parole, malgré 1'oppofiiion des prévaricateurs. Les Ifraêlites crurent feuls. La crainte de Pharaon & des grands retint les Egyptiens. Pharaon étoit puiffant & impie. O mon peuple! Dit Moyfe, mettez votre confiance en Dieu, fi vous croyez en lui, & fi vous êtes fidèles. II eft notre uniqueappui, répondirent les Ifraëlités; Seigneur,ne nous laifie pas fous 1'opprcflion des pervers; Fais éclater ta miféricorde;délivre-nous des infidèles! Nous infpirames a Moyfe & a fon frère de batir  235 L e C o r a rf. en Egypte des maifons pour les Ifraêlites, de les tourner vers le lieu oü 1'on fait la prière, de faire célèhrer les louanges du Très-Haut, & d'annoncer nos récompenfes aux croyans. Seigneur, s'écria Moyfe , tu as donné a Pharaon & aux grands de fon empire, la fplendeur & les biens terreftres. Ecarte-les de ta loi; anéantis, leurs richeffes; endurcis leurs cceurs; qu'ils foient fermés a la foi jufqu'a ce qu'ils voient foudre fur eux tes chatirnens terribles. Ta prière eft exaucée, répondit le Seigneur. Soyez juftes; cloignez-vous de ceux qui font dans 1'aveu^ glement. Nous ouvrimes aux Ifraêlites,un chemi:i t travers les eaux. Pharaon & fon année les pourfuivirent les armes a la main. lis furent engioutis dans la mer. Pharaon s'écria alors : je crois qu'il n'y a de Dieu que le Dieu des Hébreux ; j'embraffe leur croyance.. Tu crois, & jufqu'a cet inftant tu as été rebeüe & corrompu. Nous recirerons ton corps de la nier (1) afin qu'il ferve d'exemple a ia poftérité. Combien peu d'hommes font zèlés pour la religion! Nous donnames aux enfans d'Ifraè'1 une habitation fure (2) & des ali.nens pura. Ils n'ont difputé fur ia 1) Quelques Ifraêlites ayant douté de la mort de Piiaraon, Gabriel redra fon corps dc la mer & 1'cxpofr, A leurs yeu\-. BMUéH 1 f? Jr Vse Jiar-'tatten <*ure: Li Syiic.,,.: ••  L E C OU A N. 237 Tèligioii, que quand ils ont vu la lumière. Le TrésHaut jugera leurs dlfférens au jour de la réfurreetiön. Si notre doctrine élevoit quelques doutes en ton -cceur , interroge ceux qui ont lu le Pentateuque avant toi. Dieu t'a envoyé la vérité. Garde-toi d'en ■doüter. (1) N'iinite pas ceux qui aécüfent de fauffeté lesoracles divins, fi tu ne veuxêtre au nombre desréprouvés. Ceux contre qui les décrets immuabics ont été prononcés, ne croiront point. Leur opiniatreté triomphera des plus grands mira.cles, jufqu'a i'inftaut oü ils verront les feux éternels. Autreraent piufieurs villes auroient embraffé la foi, & en auroient goüté les avantages. Le peup'e feul de 'Jonas (2) crut a fa prédication. II fut délivré de CO Mahomet répondit a I'Ange qui lui apporta ce verlet : je ne doute point , & je n'interrogerai perfonne. Gelaleddin. (2) Jonas, dc Ia tribu de Benjamin, élu Prophéte, alia prêcber les Ninivites après Ia mort de Joatban, fils d'Ozias, Roi de Jerufalem. Us adoroient des Idoles. Le Prophete menoit avec lui fa femme & fes deux fils. II perdit 1'ainé au paflage du Tigre. Un Ioup emporta 1'autre, & -fa femme difparut fur les bords du fleuve. Jonas s'abandonna aux larmes & aux gémifTemens. Une révélation lui apprit que fa familie lui feroit rendu & calma fa douleur. II continua fa route & alla prêcher les Ninivites. II les exhortoit a embralfer la vraie religion. Les mjures & les mauvais traitcmens furent le prix de fon zèle. 11 implora le Seigneur dans fa détreffe, & obéiffimU  L e Coran. la peine ignominieufe qui ie menacoit dans ce monde. Nous le Iaiflames fubfifter jufqu'au temps. Si le Seigneur eut voulu , une même croyance auroit uni tous les mortels. Veux-tu forcer 1b terre a embraffer 1'ifiamifme ? La foi efl: un don que le ciel difpenfe a fon gré. Dieu couvrira d'opprobre ceux qui ne veulent point comprendre. l'infpiration divine, il fortit dc Ia Ville, & prédit a fes habitans une vengcance terrible. Dieu couvrit tout Ie pays d'un nuage affreux qui s'abaiffa fur la terre. II en fortoit des Hammes qui rédnifoient en cendres tout ce qu'elles touchoient. Les Ninivites ayant vain cherché Jonas, implorèrent le fecours du Dieu qu'il adoroit. Hommes, femmes, enfans, tous fortirent de la ville, & fiéchirent par leurs prières & leurs gémiffemens Ia miféricorde divine. Ils furent délivrés du fléau vengeur. Jonas arriva. Ne voyant point le chatiment dont il les avoit menacés, & ignorant leur repentir, il s'en alla plein d'indignation, & jura de ne plus retourner a Ninivc. II s'cmbarqua fur le fleuve. Le vaiffeau demeura immobile. Le patron ayant jetté Ie fort, il tomba fur Jonas qui fut précipité dans les eaux. Un poilTon 1'avala, & 1'ayant porté prés de la ville d'Aila, le vomit fur le fablc, après quarante jours. Dieu fit croïtre une citrouille, dont les rameaux s'étendirent & le couvrirent de leurs feuilles. II étoit abfolument nud. Gabriel lui toucln la tOte & elle fe couvrit de chevcux. Le Seigneur Ie reprit avec bonté, & lui rendit fon époufe & fes deux fi's. II retourna a Ninivc. Le Roi & lc Peuple vinrent au-devant de lui, & le recurer.t avec de grandes marqués de joie. II demeura parmi eux jufqu'a la mort. Ifmaël fils SAli, chap. i , Jtnas.  L e Coran. 239 Dis-leur : le fpeftade merveijleux des Cieux & de la terre, les miracles & les prédication ne ferviront de rien a ceux qui ne croient pas. Quel eft leur efpoir? Un fort fembïable a celui des peuples qui les ont précedés fera leur partage. Dis-leur: attendez: j'attendrai avec vous. Notre prbteètion fauva les Prophètes & les croyans. Leur falut eft pour nous une loi. Mortels, ft ma religion vous laifTe des doutes; n'atrendez pas que je ferve vos divinités. Padore le Dieu qui vous enverra Ia moit. II m'a ordonné d'embrafler Piflamiltae. Ouvre ton cceur a la croyance de 1'unité de Dieu, & refufe de 1'encens aux idoles. N'invoque point des Dieux chimériques, qui ne peuvent ni te fervir ni te nuire. Si tu violes ma défenfe tu feras au nombre des réprouvés. Dieu feul peut retirer & les maux & les biens qu'il t'envoie. 11 difpenfe fes faveurs a fon gré, il eft clément & miféricordieux. Mortels, la vérité a brillé a vos yeux; celui qui 1'a vue, a rempli fon ame de lumière; celui qui s'en eft écarté a perdu fon ame. Je ne fuis point votre protecteur. Suis les infpirations divines & attends le jugement de ton Dieu. II eft le plus équitable des Juges.  '^.p L E "C 0 'R A N. N'enveloppent-ils pas leurs cceurs cl un doublé voile, pour fe dérober aux regards du Très-Haut ? Mais quelques efforts qu'ils faiïèut pour fe couvrir. il r-nnnoït ce ciu'ils-cachent & ce qu'ils lailfeiit tn>_ nnae e tona aes cceurs. Le plas vil des reptües eft nourri de fes mains. Tl CHAPITRE XI. HOD. La paix fsit avec lui. Donné a la Mecque, corapofé de 123 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. A. L. R. Un ordre judicieux règne dans ce livre. II eft l'ouvrage de celui qui polfède la fageffe & la fcience. L'unité de Dieu vous y eft recommandée. Je fuis "le Miniftre chargé de vous annoncer fes peines, èfc fes récompenfes. Implorez la miféricorde divine. Converfiffez-vous. X,e Seigneur vous combiera de faveurs jufqu'au terme marqué. Celui qui aura acquis, éprouvera fa libéralité. Si vous rejettez mes avis je crains pour •vous les tourmens du grand jour. Vous paroitrez devant le Tribunal de celui dont la puiffance eft infinie.  L e Coran. 241 tl connoit fon repaire, & le lieu oü il doit mourir. Tout eft écrit dans le livre de 1'évidence. I! créa les Cieux & la terre dans fix jours. Son tröne étoit porté fur les eaux. II confidéroit qui de Vous méritoit le premier 1'exiftence. Quand tu dis aux infidèles, que 1'homme reflufcitera, ils crient a rïmpofture. Sufpendons-nous nos chfitimens jufqu'au temps fixé, ils difent: & pourquoi en différer 1'exéeution? Us les verront un jour, ces peines dont ils fe mo'quoient, & perfonne ne les en délivrcra. Otons-nous a fhomme les biens que nous lui avions départis? II fe défefpère & devient ingrat. Au mal qui 1'opprefibit, faifons-nous fuccéder les jours de la profpérité, ildit: le malheur s'eftéloigné de moi. II s'abandonne a 1'ivreffe de la joie & de 1'orgueil. Celui qui fouffrira avec patience, & quipratiquera la vertu, recevra notre induigence, & une récompenfe glorieufe. Si quelqu'un de mes préceptes échappoit de ta mémoire; fi 1'on exigeoit de toi que tu fifTes paroitre un tréfor , ou qu'un Ange t'accompagnat, m t'afflige point. Ton Miniftère fe borne a la prédication. Le gouvernement de tout ce qui exifte, appartient a Dieu. Diront ils : le Coran eft fon ouva/.e? Répondsleur: apportez dix chapitres femblables a ceux qu'il renferme; pppelez a votre aide tout autre que Dieu, fi vous étes véritables. Terne I. L  24 a L e Coran. Si le fuccès trompe vos vceux, fachez que ce livre eft defcendu avec la fcience du Très-Haut & qu'il n'y a de Dieu que lui. Ne croirez vous donc pas ? Ceux qui, attachés a la vie du monde , défireront fes plaifirs, y recevront le prix de leurs eeuvres, & ils ne feront point trompés; Mais leurs eeuvres feront vaines & fans prix pour la vie éternelle. Le feu fera leur récompenfe. Ceux qui font dociles aux inftructions du Prophéte, qu'accompagne par-tout un témoin fidéle, que précéda le Pentateuque oïi brillent la lumière & la miféricorde divine, croiront a fa doctrine. Les fectaires qui la rejettent n'ont pour attente que les tourmens de l'enfer. Que le Coran ne fnffe naitre aucun doute en ton efprit. II eft la vérité defcendue du Ciel. Cependant la plupart des hommes perfifteront dans leur incrédulité. Quel crime plus horrible que d'accufer Dieu de • menfonge? Ceux qui en feront coupables paroitront devant fon tróne. Voila, diront les témoins , voila ceux qui ont blafphêmé contre le Tout-Puiffant. Les "impies ne feront-ils pas couverts de fa malédiction ? Ceux qui écartent leurs femblables de Ia religion, ceux qui lui donnent de faufles interprétations, ec qui ne croient point a la vie future , ne rendront point Dieu impuiflant. Us n'auront aucun abri contre fa colère. Leurs tourmens feront horribies, paree qu'i's n'ont voulu ni voir ni emendre. Ha ont perdu leurs ames, & ont vu di paroftre leurs di.ux chimér'ques.  L E C O It A w. 243 'Leur ïéprobarión efl certaine. Les croyans vertueux, qui auront mis leur confiance dans le Seigneur, feront les hótes du féjour de délices. Ils y demeureront éternellement. Les uns reflcmblent aux fourds & aux aveugles, les autres a ceux qui voient & entendent, peuventils être comparés ? Cet exemple ne vous éclairerat-il point? Noë, notre Miniftre, dit a fon peuple: je fuis chargé de vous prêcher la parole divine. N'adorez qu'un Dieu ; je tremble que vous ne fubifïïez les chatimens du jour de douleur. Les premiers du peuple voués a 1'incrédulité répondirent: tu n'es qu'un homme comme nous, la plus viie populace t'a fuivi fans réfiexion. Vous ne polfédez aucun mérite qui vous rende fupdrieurs a nous. Nous vous croyons des impofteurs. O mon peuple, reprit No'ë, penfez-vous quefije n'étois dirigé p.ir la lumière de Dieu, & favorifé de fa grace (hélas! elle eft éteiute pour vous), je vous folliciterois a 1'implorer,, tandis que vous l'avez en horreur? Je ne vous demande point le prix de mon zèle; toute ma récompenfe eft cn Dieu; mais je ne dois pas éloigner de moi les croyans. Ils comparoitront devant lui, & je vous vois enfevelis dans 1'ignorance. O mon peuple: fi je les rejettois, qui me protégeroit auprès du Seigneur? N'ouvrirez-vous point les yeux? Je ne vous dis point: les tréfors du Ciel fon* a ma L 2  E44 L E Coran, difpofition, je lis dans Tavenir, je fuis un Ange, ceux que dédaigne Torgueil de vos regards ne jouiront point des biens céleftes; de tels difcours feroient un crirrie. L'Etemel lit au fond des cceurs. Ils répondirent au Propbète: depuis long-temps tu dirputes avec' nous. Fais que tes menaces s'accornpüffent, fi tu es véridique. Certainement, dit Noé, Dieu les accomplira , fi c'eft fa volonté; & vous ne pourrez en adoucir Ia rigueur. Mes avis falutaires vous feront inutiles, fi Dieu veut vous jetter dans Terreur. II eft votre Seigneur & le mier.; nou? retournerons tous a lui. Drrbns-iis : Mahomet eft 1'auteur du Coran? S'il en eft ainfi, j'en porterai le crime; mais je fuis innocent des vótres. Noë eut cette révélation: il n'y aura de croyans parmi ton peuple que ceux qui ont déja embrafl'é Ia foi; ne t'afflige point des actions de Timpie. Conftruis fous nos yeux , TArche dont nous t'avons donné le p'an; n'clève plus ta voix eu faveur des pérvers; ils doivent périr dans les eaux. Noë , travailiant a TArche , étoit en butte aux railleries des paflans. Vous vous moquez de moi, difoit il, je me rirai de vous a mon tour. Bientót vous faurez fur qui tombera Ia vengeance célefte, qui confondra les coupables , & leur fera fubir des fuppficcs éternels. Lorfque nos ordres eurent été donnés, & que tout fut prét, nous dlmes aNoc: fais entrer dans TArche  L- e Coran. 245 un couple de chaque efpèce d'anitnaux , & ta familie, excepté celui qui eft deftiné a périr (1). Fais-y entrer les croyans ; mais le nombre en étoit trèspetit. Noë leur dit : montez dans l'Arche au nom de Dieu qui la fera voguer & s'arrêter , paree qu'il eft indulgent & miféricordieux. Le vaifieau les portoit fur les Hots (2), qui s'élevoient comme de? montagnes. Noë appela fon fils qui étoit demeuré fur la terre. O mon lils, lui dit-il, entre avec nous, ne refte pas avec ies infidèles. (O Excepté celui qui eft deftiné i périr. Elhacan prnfc q:ie c'eft un des petits-fils de Noë dont le no:n n'eft pas parvenu jufqu'a nous. Noë, Sem, Cam , Jsphèt & leurs trois femmes furent les feuls fauvés dans 1'arche. Ccttdda: D'autres Auteurs Arabes font monter le nombre de ceux qui entrèrent dans l'Arche avec Noë jufqu'a quatrevingt perfonncs. C<0 L'Arche avoit fuivant Elba;an douze cents coudces de long & fix cents de Iargc. C'eft 1'interprétatiön fidéle de ces mots: cal elhacen ou can toul elfufinat e!f draa , ou maëtan draa, ou ardeha fet maïat draa. Maracci a traduit ainfi ces mots: l'Arche avoit douze cents coudées de bant èi fix cents de large. 11 a donné au mot toul qui fignifie hngueur , la fignification óelargear, enfuite il s'eft recrié fur rimbécillité des Auteurs Arabes, & fur lc ridicule des proportions d'un navirc qui auroit douze cenis coedces de haut & flx cents de large. Ignoroit-il que le ridicule qu'il répand fi volontiers devoit retomber fur lui-méme? Maracci., Réfutations fur le chapitre 11 du Coran. L 3  24<$ L E C O R A N. je me retirerai fur Ia montagnc, répondit-il; elle me mettra a 1'abri des eaux. Perfonne n'évitera la punitiórt de Dieu , repartit Noë , excepté ceux pour lefquels il a fait éclater fa miféricorde. Les eaux s'élevèrent & tous les hommes furent engloutis. II fut dit: ó terre! abfefrbe tes eaux. Cieux, fermez-vous. L'eau diminua. L'arrêt du Ciel fut accompli. L'ArcWs'arréta furie mont Jouji(Oï & il fut dit: loiu d'ici les impies! Noë adreifa a Dieu cette prière: Seigneur, mon fils eft de ma familie; tes promeffes fout véritables; tu es le plus équitable des juges. II n'eft point de ta familie., répondit Ie .Seigneur; ta demande eft injufte; ne me prie point, quand tu ignore quels vceux tu formes. ]e t'avertis afin que tu ne fois pas au nombre des ignorans. Seigneur , ajouta Noë , tu es mon rcfuge. Ne permets pas que .je t'a.lreffe des vceux indifcrets. C'eft fait de moi, fi ta miféricorde n'éclate en ma faveur. II fut dit: O Noë ! defcends dei'Arche. Que notre falut & notre bénédidion foient avec toi, & avec une partie de ceux qui t'accompagnent. Nous laifie. rons les autres fe plonger dans lespiaifirs, & enfuite ils éprouveront nos chatimens. (i) Lc Mont Joudi eft dans la Méfopotamie. Les Auteurs Arabes prétendent que l'Arche s'y arréta. Ce fentiment eft détruit par 1'autorité du Pentateuque qui la fait,, s'arrètcr fur le Mont Ararat dans 1'Arménie.  L e Coran. 247 Nous te révélons cette hiftoire trrée du livre des >myftêres. Ni toi, ni ton peuple, n'en aviez coïïnoifiatice. Soyez patiens dans vos fouffrances. Ceux qui craignent Dieu auront une fin heureüfe. Hod, Miniftre du Trës-Haut, dit aux Adéens fes frères : fervez le Seigneur ; il. n'y a point d'autre Dieu que tui. Les divinités que vous fonnez font chimériques. O mon peuple! je ne vous demande point le prix de mes foins; ma récompenfe eft' dans les mains de Dieu. N'ouvrirez-vous point les yeux? O mon peuple! retournez a Dieu. Faites pénitence. II fera defcendre la pluie fur vos campagnes. Il augmentera votré puifiance. Ne retombez pas dans le crime de 1'idolatrie. Tu ne 'nous as donné aucune preuve de ta miffion, répondirent les Adéens. Nous ne quittcrons pas nos dieux & ta voix; nous ne croirons point en toi. Quelqu'un de nos dieux t'a frappé de fa vengcance. Je prends le Seigneur a témoin, & vous auffi , rcpiit Hod, que je fuis innocent de votre idolatrie. Environnez-moi de vos pièges, & n'attendez pas que je les redoute. J'ai pourappui le bras du Très-Haut,mon Seigneur & Ie vótre. II contient par fa puiffance les êtres créés. II enfeigne la voie du falut. Si vous perfiftez dans 1'incrédulité, je me fuis acquitté de ma miffion. Dieu mettra un-autre peuple k L 4 "  24.8 L e -Coran. votre place. Vous ne pourrez lui nuire. II conferve la nature entière. L'arrêt terrible fut prononcé. Hod & les croyans, a P.ombre de notre prote&ion, furent fauvés d'un fuppüce épouvantable. Le peuple SAod rejetta nos commandemens; il f.it rebel'.e a notre envoyé, & fuivitaveuglementles volontés des infidèles puiffans. La malédiction de Dieu les a pourfuivis dans ce monde, & dans 1'autre. N'avoient-ils pas été incrédu'es? ne s'étoient-ils pas éloignés du Seigneur? - Saleh déclara nos volontés aux Thémudéens fes fères. O mon peuple! leur dit-il, adorez le Sdgncur; il n'y a point d'autre Dieu que lui. II vous a fwrinés de terre; il vous ya donné une habitation. Faites pénitence. Retournez a lui. II eft proche de vous, & vous entend. O Saleh ! répondirent les Thémudéens , toi qne nous attendions avec emprefTement, viens-tu nous interdire le culte des Dieux , qu'ont adorés nos pères ? Ta doctrine nous pacoit fufpecte, ék nous en doutons. Jugez moi, dit le Prophéte. Chargé des ordres du Ciel, favo.ifé de fes graces, fi je lui défobéis, qui me mettra a 1'abri de fon courroux? Vos efforts ne feroient que hater ma perte. O mon peuple! cette femelle de chameau efl un figne de la puiffance divine. Laiffez-la paitre dans le champ facré. Gardez-vous de lui nuire. Votre défobéiffance feroit fuivie d'un prompt chatiment.  L E C U R A N. Ils tuèrenc Ia femelle de chameau, & Saleh leur dit: jouiffez. Dans trois jours vous ne ferez plus. L'arrêt efl: inévitabte. Notre vengeance éclata. Saleh & les croyans, fous faile.de notre fauvegarde , furent délivrés d'un fiippüce ignominieux. Ton Seigneur eft le Dieu fort, le Dieu puilfant. Les coupables ne purent éviter notre punition. On les trouva le matin dans leurs maifons étendus morts, le vifage contre terre. lis ne fe relevèrent plus. N'avoient-ils pas été rebelles a Dieu ? Ne s'étoient-ils pas éloignés de lui? Nos envoyés étant venus nppirter une heureufe nouvelle a Abraham, lui dirent: la paix foit avec toi. II leur rendit le falut, & leur fervit un veaii róti. Lorfqu'il vit qu'ils ne lui touchoient pas la main (i), il les prit pour des étrangers & fe défia d'eux. (O Lorfque les Orientaux fe rencontrent , après la falutation ordinaire la paix foit avec vous falam alatctm , ils portent la main du cöcé du cceur, & fe la ferrent mutuellemcnt. Lorfqu'ils font étroitement liés, ils réïtcrcnt cette cérémonie, en fe faifant des fouhaits heureux. -S'ils nc connoiffent point la perfonne qu'ils rencontrent, ils lui donnent fimplemcnt le fa'ut, & fi c'eft un infidile, ils fe contentent de lui fouhaiter lc bon jour. Abraham voyant que les deux envoyés céleftcs nc lui touchoient point Ia main, les prit pour des étrangers dont it n'étoit point connu. L 5  «5o I. e Coran. Ne crains point, lui dirent-ils, nous fommes députés vers le peuple de Loth. Nous lui annoncames la nailTance d'Ifaac & de Jacob; mais fa femme rit de notre prédiaion. O Ciel! s'écria t-elle : je fuis avancée dans la vieilleffe, mon mari eft vieux, & j'enfanterois! cela n'eft-il pas merveilleux? Vous déiiez-vous de la puiffance du Seigneur, répondirent les Anges ? Familie d'Abraham, fa miféricorde & fa bcnédiaion font avec toi. La louange & la gloire appartiennent au Tout-Puiffant. Cette prédiaion heureufe ayant diffipé la frayeur d'Abraham, il difputa avec nous en faveur du peuple de Loth , paree qu'il étoit doux, humain, & pieux. Ceffe de nous prier, lui dirent les Anges; 1'ordre de Dieu eft donné, & la peine portée eft inévirable. Nos Miniftres arrivêrent chez Loth. II s'affligea pour eux, & ne pouvant les protéger, il s'écria: ó jour plein d'amertume! Un peuple depnis long-temps accoutumé au crime, vint en foule fe préfenter ii lui. Voila mes filles, leur dit Loth; vous ferez moins coupables en abufant d'elles. Ne me déshonorez pas dans la perfonne de mes hötes. Toute pudeur feroit elle éteinte parmi vous? Tu fais, répondirent les habitans de Sodóme,que nous n'avons aucun droit a tes filles , & tun'ignores pas ce que nous demandons.  L E C O S. A W. 25T Ciel.' reprit Loth, ne pourrai-jeréprimer vosdéfirs infames', ni trouver d'afile contrè vous? Nous fommes les Miniflres du Trés Haut, dirent les Anges a Loth. Ces fcélérats ne t'infulterönt point. Sors cette nuit de la ville. Que perfonne de vous ne fe détourne pour regarder. Ta femme feule enÉÉriNB^cette défenfe. Elle fubira le fort des cou^WesTT'arrét du Ciel s'exécutera au lever du jour. L'inttant de leur ruine efl pr,oche. L'heure arriva. Nous ren verfames Sodome, & nons fimes pleuvoir fur les habitans des pierres marquées de la main de Dieu. Peu s'en faut que la Mecque ne foit auffi coupable que Sodóme. Chaïb, Miniftre du Très-Haut, dit auxMadianites fes frères: ó mon peuple! adorez le Seigneur; il n'y a point d'autre Dieu que lui. Ne retranchez rie-n du poids, ni de la mefure. Vous êtes dans un êtat floriflant; mais je crains pour vous la peine du^ grand jour. O mon peuple! rempliffez le boiffeau. Pefez avec juftiee. Ne touehez point au bien d'autrui, & ne répandez pas la corruption fur la terre. Alors vos richefles, avouées du Ciel, produiront de plus grauds avantages, fi vous avez la foi. Je ne fuis point votre gardien. O Chaïb! répondirent les Madianites, ta loi nousordonne-t-elle d'abandonner le culte de nos pères ? Nous defend-eile d'ufer de nos biens , comme i! nous plak? Es-tu donc le fage, le favant parexceilence ? L 6  "5" L e Coran. Jugez-moi, reprit Chaïb: chargé des ordres du Trés Haut, comblé de fes faveurs, dois-je vous imiter dans les chofes que je vous défends? Mon unique défir eft de vous rendre meilleurs, fi je le puis. Toute ma confiance eft en Dieu. II eft mon foutien.. Je retourne a lui. O mon peuple! que votre fchifme n'attire j^^i vous les fléaux, qui ont fait périr le peuple IWBP les Adéens, les Thémudéens, & les habitans de Sodóme, dont le chatiment eft encore récent! Implorez la miféricorde du Seigneur. Retournez fl lui, puifqu'il eft aimant & miféricordieux. O Chaïb! répliquèrent les Madianites, nous ne faurions comprendre ta doctrine. Tu es fans appui au milieu de nous. Si nous n'avions pitié de ta familie, nous t'autions lapidé» Tu n'aurois pu te dérober a nos coups. O mon peuple! continua Chaïb, ma familie a-telle plus de pouvoir fur vos cceurs que Dieu? L'avezvous oublié? II voit toutes vos actions. Agiffez au gré de vos défirs, j'agirai demon cóté. Bientöt vous verrez fur qui tombera un chatiment ignominieux, & qui de nous eft livré au menfonge. Attendons févénement. L'inflant marqué arriva. Chaïb & les croyans éprouvèrent les effets de notre miféricorde. Notre vengeance éclata fur les coupables. On les trouva le matin étendus morts dans leurs maifons. Ils ne fe relevèrent plus. Semblables wnThemndéens, les Madianites ne s'étoient-ils pas éloignés de Dieu?  L e Coran. 253. Moyfe, Miniftre du Trös-IIaut, avoit fait briller a la cour de Paraon la foi accornpagnée de prodiges; mais les courtifans fuivirent Ia volonté du Prince , & fa volonté étoit injufte. Pharaon précédera fon peuple au jour de la réfuiv rection. II le conduira dans les braliers de l'enfer, féjour du défefpoir. II a eu des imitateurs maudits dans ce monde & dans 1'autre. Malheur a 1'affociation des méchans! Nous te révélons ces exemples tirés de 1'hiftoire des villes. Quelques-unes d'elles fubfiftent encore; les autres font entièrement déttuites.. Nous ne fümes point injuftes envers leurs habitans. Ils fe. p'erdirent eux-mêmes. Les Dieux qu'ils adoroient, loin de les mettre a 1'abri des cbatimens eéleftes, ne fervirent qu'a hater leur ruine. C'eft ainfi que ton Dieu punk des villes coupables. Ses vengeances font terribles. Qu'elles fervent d'exetnple a celui qui craint les peines de la vie future, les peines du jour oü tous les hommes feront raflemblés, & oü 1'on rendra témoignage. Nous le difFérons jufqu'au temps marqué. Dans ce jour, perfonne n'élèvera la. voix, fans la permifïïon de Dieu. Une partie du genre humain fera dévouée au malheur; 1'autre jouira de la félicité. Les malheureux , précipités dans les fHmmes, poufferont des cris & des foupirs. Ils y demeureront auffi long-temps que les Cieux L 7  -54 L e Coran. & la terre fubfifteront, auffi long-temps qu'il p'aira au Tout-Puifl'ant; car il fait ce qu'il lui plait. ' Les bienbeureux habiteront le Paradis, auffi longtemps que les Cieux & la terre fubfifleront auffi long-temps qu'il plaira au Seigneur, qui ne les privera point du don qu'il leur a fait. Ne fois point en doute fur le culte qu'ils profeffent. Ils fervent les Dieux de leurs pères, & nous n'adoucirons point les peines qui leur font préparées. Nous donnames le Pentateuque a Moyfe. II fht un fujet de difpute. Si 1'Arrêt du Ciel n'eüt été prononcé, les débats des infidèles auroient été terminés. Maintenant ils errent dans "lè* vague du. doute. Dieu rendra a chacun fuivant fes eeuvres. Rien n'échappe k fa connoilfance. Suis la juftice qui t'a été recommandée. Que les croyans la fuivent. Ne vous en écartez jamais. Dieu eft témoin de vos actions. N'imitez pas les pervers, de peur que vous ne foyez la proie des flammes. Vous n'avez point de protection ni d'afile contre le Tout-Puiflant. Faites la prière au commencement du jour, au coucher du foleil , & dans la nuit. Les bonnes eeuvres chafient le mal. Ce précepte s'adrefle k ceux qui gardent foigneufement le fouvenir du Seigneur. Souffrez avec patience. Dieu ne laifie point périr la récompenfe de ceux qui font le bien.  L e Coran. =55 Parmi les nations qui vous ont précédés, un petk nombre de juftes s'oppofèrent au torrent du vice. Nous les fauvames ; mais les méchans, abandonnés aux délices de la vie , fe plongèrent dans le crime. L'iniquké n'approche point deTEternel. II n'aurok pas détruit des villes dont les habitans euflènt été vertueux. S'il eüt voulu, une feule religion auroit régnéfur la terre. Ceux que fa grace éclairé, feront les feuls unis. L'efprit de diiïention divi era le refte des mortels. Tels ils ont été créés. La parole divine s'accomplira. L'enfer fera rempli de génies, & d'hommes de toutes, les nations. Nous te révélons ces vérités tirées de' 1'hiftoire des Prophètes, afin qu'elles èclairent, & affermiflent ton cceur, & qu'elles fervent d'exemple & d'avertiflement aux fidèles. Dis aux incrédules: agiffez au gré de vos défirs; nous agirons de notre cóté. Attendons 1'évènement. Dieu connolt les myftères des cieux & de la terre. II eft le terme oü tout doit aboutir. Adore fa Majefté fuprême. Mets ta confiance en lui, & fonge qu'il a Tceil ouvert fur tes acTions.  =5<5 L e C o r a ni CHAPITRE XII Ci). JOSEPH. La paix foit avec lui. Donné a la Mecque, compofé de 111 venets. (i) Lc Mahométan qui lira cc Chapitre ou qui I'enfeignera a fes amis & il fes ferviteurs, aura une mort douce, & la force de ne porter envie a perfonne. Bedavt. (O Des Doèteurs Juifs ayant engagé les principaux citoyens de la Mecque a demandcr a Mahomet riiiftoire de Jofeph, Dieu lui révcila ce Chapitre. Bedavi. Zamchafcar. (3) Cette hiftoire eft admirable, dit Zaachafiar, paree qu'elle eft racomée d'une manière nouvelle, & que le ftyle en eft divin. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. A. L. R , Tels font les fignes du livre de 1'évidence. Nous Pavons fait defcendre du Ciel, en langue Arabe, afin que vous le compreniez (2). Nous allons te réciter une hiftoire admirable, (3) puifque nous t'avons révéfé le Coran. Avant fa venue tu Paurois ignorée.- Jofeph dit a fon père: j'ai vu onze étoiles, le foleil & la lune qui m'adoroient.  L e Coran. 55^ O mon fils 1 répondit Jacob, ne raconte pas cette vifion a tes frères, de peur qu'ils ne te dreflent dts embüches. Satan eft 1'ennemi de 1'hormne. Tu feras félu de Dieu. II te donnera finterprétation des chofes futures. II accomplira fes graces fur toi, fur la familie de Jacob, comme il les a accomplies fur Abraham & Ifaac; paree qu'il eft favant & fage. L'hiftoire de Jofeph & de fes frères fervira d'exemple a la poftérité. Les frères de Jofeph tinrent entr'eux ce difeours: Joft-ph & Benjamin ont toute la tendreffe de Jacob; cependant nous valons mieux qu'eux. II nous fait une injuftice marquée. Mettons Jofeph a mort, ou 1'envoyons dans une terre éirangère, afin que le cceur de notre père nous foit ouvert. Dans la fuite nous nous convertirons. Ne trempons point nos mains dans le fang de notre frère, répondit un d'eux; defcendons-le dans une. citerne profonde ; quelque voyageur 1'emmènera. Pourquoi, dirent-ils a Jacob, ne nous confie tu pas Jofeph? Nous le conferverions avec foin. Laiife-le partir demain avec nous, afin qu'il fe livre en liberté aux amufemens de 1'enfance. Repofe-toi fur nous du foin de fes jours. Je vous Ie remets, en trembiant, dit Jacob (1); (O La crainte de Jacob venoit de ce qu'il avoit vu en fonge une béte féroce dévorer Jofeph. Zamchafiar.  5 8 L e Coran. je crains votre négligence; je crains que mon fils ne devienne la proie d'une béte féroce. Si une béte féroce 1'attaque, nous fommes en grand nombre, & nous périrons pour le défendre. Ils partirent, & convinrent de le defcendre dans une citerne. Nous lui révélames qu'il raconteroit cette aflion a fes fréres, fans qu'ils pufleM la comprendre. I1S revinrentle foir trouver Jacob, & ils pleuroient. Nous nous exereions a Ja courfe, lui dirent-ils,' & nous avions laiffé Jofeph auprès de nos habits. Une béte 1'a dévoré. Tu ne nous croirois pas quoique nous difions la vérité; Voici fa chemife enfanglantée. C'eft vous, dit le vieillard, qui êtes coupables de fa mort. II faut fbuffrir. Dieu feu! peut me fecourir dans ie malheur que vous m'annoncez. Des voyageurs pafférent. On envoya puifer de 1'eau, k la citerne. Celui qui defcendit le fean , s'c'cria: heureufe nouvelle! voici un enfant. -Les fils de Jacob cachêrent qu'il fut leur frére pour en retirer de 1'argent; mais Dieu voyoit leur aaion. Ils le vendirent a vil prix, & s'en ddfirent ainfi. L'Egyptien qui 1'acheta dit a fa femme: traite cet enfant avec diffinaion; il pourra un jour nous être utile; adoptons-Ie pour fils. C'eff ainfi que nous établimes Jofeph en Egypte. Nous lui apprimes a lire dans 1'avenir. La volonté du Très-Haut s'exécute infailliblement; & la plupart des hommes ignorent cette vérité.  L e, Coran. 259 Lorfque Jofeph fut parvenu a fage viril, nous lui donnames la fageffe & la fcience, jufte récompenfe de Ia venu. La femme du Seigneur Egyptien porta fes vues fur Jofeph. Elle ferma la porte, & le follicira au mal. Dieu eft mon refuge , dit le fils, de Jacob. II m'a comblé de biens dans cette maifon ; les ingrats ne profpéreront point. Elle s'efforca de triompher de fa réfiftance; il étoit prêt de céder -a fes défirs, lorfqu'une vifion 1'arrêta (1). Ainfi nous 1'éloignames du crime, paree qu'il étoit notre fidéle adorateur. Elle courut aprés Jofeph qui fuioit vers la porte, & lui déchira fa robe par derrière. Le mari fe trouva h rentree de 1'appartement. Que mérite, lui ditelle, celui qui vient d'attenter a 1'honneur de ta femme , finon la prifon, ou un chatiment rigoureux? Seigneur, dit Jofeph, c'eft votre époufe qui m'a foliicité. Un des parens prononca ces paroles: fi le manteau eft décBiré par devant, votre femme dit la vérité, & Jofeph eft coupable; Mais s'il eft déchiré par derrière,- elle eft criminelle & Jofeph innocent. Le Seigneur Egyptien, voyant Ie manteau déchiré par derrière, dit a fon époufe: voila de vos fourberies! font elles aflez grandes? (O Ce fut Jacob qui lui apparut, & le frappa a Ia poitrine. Aulfitót le feu de la concupifcence fortit de foa cojur. Gelakddin.  £6o L e Coran. O Jofeph! garde le filence fur cette avanture', & toi, implore le pardon de ta faute, tu es feule coupable. Les femmes fe dirent dans la ville: 1'époufe du Seigneur a voulü jouir de fon efclave. L'amour a enflammé fon cceur; elle eft dans 1'avenglement. Ayant appris leurs difëours, 1'époufe du Seigneur les invita a un grand fefiin (i). Elle leur donna des couteaux tranchants,. & elle fit paroitre Jofeph. Charmées de fa beauté, toutes les femmes' le corablèrent de louanges. Elles fe coupoient les doigts par diflraction , & s'écrioicnt: ó Dieu! ce u'eft pas un homme, c'eft un Ange adorable. Voila, leur dit 1'époufe du Seigneur, ce'ui qui in'a rendtie coupable a vos youx. Ceft lui-qui m'a f..it nafrre des défirs. Jufqu'a préfent il y a été infenfible; mais shl n'écbütè ma paffion, je le fêrai rcnférmer dans une pilbn, & ii fe-a miférable. Grand Dieu! s'écria Jofeph: la prifbn efl préférable au crime; mais fi tu ne me délivres des pour- (i) Les femmes Egvptiennes fe vifitent fréquemment & fe donnent des feftins. Les hommes en font exclus. On n'y admet que les efclaves néceffaires pour le fervice. Aux plaifirs de Ia table elles font fuccéder Ia mufique & la danfe. Elles aiment 1'urie & 1'autre avec palfion. Les Almi c'cft-a-dire les filles favant es font le charme de ces feftins. Elles chantent des airs a la louangè des convives & finilfcnt par des chanfons d'amour. Elles forment enfuite des danfes volnptueufes dont la licence va fouvent a 1'excès.  L e Coran. 2q"i fuites de ces femmes, je fuccombcrai, & je ferai au nombre des infenfés. Le Ciel exauca fes vceux. II fut déiivre des pièges tendus a fon innocence. Dieu fait & entend tout. II fut mis en prifon quoique fon innocence fiit reconnue. Deux jeunes Seigneurs y étant entrés avec lui, un d'eux lui dit: j'ai fongé que je preflbis du railln dans mes mains; 1'autre ajouta: j'ai fongé que je portois fur ma tête des pains que les oifeaux venoient becqueter, ö toi qui es jutte! Donne-nous 1'interprétation de ces fonges. Je vous en donnerai 1'explication, dit Jofeph , avant que vous ayez recu de la nourriture. Le Seigneur m'a inftruit, paree que j'ai abandonné la fecte de ceux qui ne croient ni en Dieu, ni ah vie future. Je profeffe la religion de mes pères Abraham, Ifaac & Jacob. Le culte des idoles nous a été défendu. C'eft une faveur de Dieu, qui comble de biens tous les hommes; mais la plupart ne 1'en remercient pas. O mes compagnons d'infortune! Des idoles doivent-elles être préferées au Dieu unique dont la puiffance s'étend fur 1'uuivers ? Vos Dieux ne font que de vains noms que vous avez inventés, ou recus de vos pères. Ils font dépourvus de puilTance. Dieu feul a le pouvoir de juger. II a commandé qu'on n'adorat que lui. C'eft la vraie religion; mais la plupart des hommes ne Ia connoiffent pas.  2f52 L e Coran. O mes'compagnons d'infortunc! Un de vous deviendra 1'échanfon de fon Roi, 1'autre fera crucifié, & les oifeaux fe nourriront de fa chair. Voila 1'explication que vous me demandiez. II dit a celui qui devoit échapper au fupplice: fouviens-toi de moi auprés du Prince; mais Satan efFaca de fa mémoire Ie fouvenir de Jofeph, & il refla piufieurs années en prifon. Le Roi dit a fes courtifans (i): j'ai vu en fonge fept vaches graffes que fept vaches maigres ont dévorées, & enfuite fept épis verds auxquels fpt épis arides ont fuccédé. Expliquez ma vifion, fi vous avez cette fcience. Seigneur,, lui répondirent-ils, ce font lft des phautómes du fommeil, & nous ne favons point interpréter les fouges. L'échanfon s'étant reffbuvenn de Jofeph, dit au Roi: Prince, IaifTez-moi fortir, je vous en rapporterai 1'explication. O toi qui ne trompe point! dit-il k Jófèph: explique nous ce que fignifient fept vaches graffes que fept maigres dévorent, & fept épis verds fuivis de fept épis arides, afin que je 1'apprenne a ceux qui m'ont envoyé. Vous femerez, répondit Jofeph, fept années de fuite; innis laiffez dans 1'épi Ie grain que vous aurez moiffbnné, excepté ce qui fera néceffaire pour votre fubfiftance. (ij Ce Roi, dit Gslaleddin, étoit Elrian, fils i'Eloualiil.  L e Coran. 263 Ces amices feront fuivies de fept autres entièrement fiériles, qUi confumeront presque tout ce que vous aurez mis en referve. Un tems viendra enfuite oü les hommes fe corrempront, & prefferont le raifin. Qu'on m'amène Jofeph, dit le Roi. Un exprès 1'alla trouver & lui dit: prie ton Dieu de te faire connoitre quel dtoit le delTein des femmes qui fe font'coupdes- les doigts, paree que Ie Prince eft indruk de leur malice. Le Roi leur demanda: quel a été le fuccès de vos pourfuites auprès de Jofeph? Prince, répondirent-elles, fon cceur a réfifté au mal. Rendons hommage a la vérité, ajouta la femme du Seigneur. J'ai voulu féduire fa jeuneffe; mais il eft innocent. Mon maftre verra, dit Jofeph,que je ne 1'aï point trompd pendant fon abfence. Dieu ne dirige point les complots des mdchans. Je ne me crois pas cxempt de pêché. L'homme ett encün au mal. Ceux que Ie Ciel favorife de fes graces peuvent feuls 1'dviter. Le Seigneur elt clement & miféricordieux. Qu'on faffe venir Jofeph, dit Ie Roi, je veux me I'attacher. Après 1'avoir entreteuu, il lui dit: demeure dés ce jour auprès de moi, & jouis de ma confiance. ^ Jofeph lui répondit: Prince, donne-moi 1'adminiflration des grains de ton empire,vjefaurailes conferver. Nous établimes ainfi Jof.ph en Egypte. II s'y choifit une habitation a fon gré- Nous verfons nos faveurs fur qui il nous plait, & nous ne laiffons point périr le prix dü a Ia vertu.  2(54 k e Coran. La récompenfe de 1'autre vie, bien plus magnifi. que, fera le partage de ceux qui ont la foi & Ia crainte du Seigneur. Les frères de Jofeph vinrent fe prdfenter a lui. II les reconnutauffi-tót; mais ils nepurentle reconnoitre. II leur fit donner les chofes dont i!s avoient befoin, & leur dit: amenez-moi celui de vos frères qui eft refté auprès de votre père. Ne voyez-vous pas que je remplis la mefure, & que je recois bien mes hötes ? S'il ne vous accompagne, a votre retour, 1'achat du grain vous fera interdit, & vous n'approcherez plus de moi. Nous le demanderons inftamment a notre père, répondirent-ils, &nous feronsce que vous ordonnez. Jofeph commanda qu'on mfc dans leurs facs ie prix de leur bied, afin que de retour chez eux, 1'ayant trouvé , ils revinffent. Arrivés dans leur familie, ils dirent a Jacob: 1'achat du grain nous eft interdit. Envoie Benjamin avec nous, fi tu veux qu'on nous en mefure une feconde fois. Repofe-toi fur nous du foin de fa confervation. Vous le confierai-je, répondit Jacob, comme je vous confiai fon frère ? mais Dieu eft le meilleur des gardiens. Sa miféricorde eft infinie. Lorfqu'ils eurent ouvert leurs facs, ils trouvèrent leur argent,' & s'écrièrent: ö Jacob! Qu'avons-nous a défirer? Voila le prix du bied. II nous a été rendu. Nous en acheterons une feconde fois pour notre familie. Nous conferverons notre frère, & en fa faveur on nous accordera la charge d'un chameau. Cette grace eft facile a obtenir. Je  L e Coran, i^s Je ne Ie laifferai point pirtir, reprit le vieillard, a moins que vous ne vous obligiez devant Dieu a me Ie ramener, s'il ne fe rencontre pas d'obftacle invincible. LorfquMIs lui eurent donné cette aflürance, il s'écria: le Ciel eft témoin de votre ferment. O mes fils! continua-t-il: n'entrez pas tous enfemble dans la ville'; entrez y par ditférentes portes; mais Dieu feul peut vous rendre cette précaution utile. II poiïède la fagell'e. J'ai mis en lui ma confiance. C'eft en lui que tout croyant doit mettre fon appui. Ils entrèrent dans Ia ville, fuivant 1'ordre de leur père, & ils n'en retirèrent d'autre avantage que celui de fati^faire fon défir. 'Jacob étoit doué de fcience. Nous avions éclairé fon efprit, & Ia plupart des hommes font aveuglés par 1'ignorance. lis vinrent fe.préfenter a Jofeph qui appela Benjamin & lui dit: je fuis ton frère. Ne t'afflige point de ce qui eft arrivé. Lorfqu'il eut pourvu a leurs befoins, il fit mettre un vafe dans le fac de Benjamin , & quand ils s'en retournoient, un Héraut leur cria: ó étrangers! II y a parmi vous des voleurs. Les fils de Jacob s'étant retournés dirent: que demandez-vcus ? Nous cherchons Ia coupe du R.oi: celui qui la produira aura pour récompenfe autant de bied qu'en peut porter un chameau. Nous fommes garaws de cette proineffe. Au nom. de Dieu, vous favez que nous ne femmes point venus porter la corruption parmi vous, Tome I. M  266 L e Coran. & que jamais on ne nous accufa de larcin. Quelle doit être * reprirent les Egyptiens, la peine dt celui qui en fera coupable, fi vous'nous en iinpofez? Que celui qui a volé la coupe, répondirent-il, foit livré pour elle, c'eft ainfi que nous punhTons ce crime. On commenca a fouiller dans les facs des frères de Benjamin , & enfuite dans le fien, d'oü on retira la coupe. Nous fuggèrames cet anifice a Jofeph. H n'auroit pu faire efclave foè frère, fuivant la loi du Roi (i), fi Dieu ne 1'eüt permis. Nous élevons qui il nous plait; mais au-deffus de tous les favans, eft celui qui póflede la fcieiTce. Si Benjamin, dirent-ils, a commis ce larcin , fon frère en commit un avant lui. (2) Jofeph repaffbit ces chofes en fon efprit, & ne leur en faifoit rien paroltre. Vous êtes plus a plaindre que nous, difoitil en lui-même; Dieu fait ce que vous racontez. Seigneur, ajoütèreut-ils, fon père eft fort agé, prenez un de nous en la place de Benjamin; nous favons que vous êtes bienfaifant. A Dieu ne plaife, répondit jofeph, que je retienne un autre que le coupable. Je ferois injufte moi-même. (1) II n'auroit pu faire efclave fon frère fuivant Ia loi du pays, paree que I'efclavage n'ètoit pas Chez les Egyptiens la peine du vol. Us fe contentoient de flagellcr le voleur, ou de lui faire rendre le doublé dc cc qu'il avoit pris; mais Jofeph pouvoit retenir fon frère efclave comme Hebreu, paree que parmi les Juifs, le voleur payoit le larcin de fa liberté. Gelaleddin. fa) Jofeph avoit volé une idole d'or a fon grand-père laban & 1'avoit brifée. Gelaleddin.  L e Coran. zcSy Défefperant de le fléchir, ils fe retirèrent & tinrent confeil entr'eux. Avez-vous oublié, dit-Painé', -que Jacob a recu notre ferment a la face du Ciel ? Rappelez-vous ce que vous fites a Jofeph. Je ne fortirai point d'Egypte .que Jacob nejne fait permis, ou que Dieu n'ait manifeflé fa volonté. 11 elt le plus équitable des Juges. Retournez a votre père & lui dites; ton fils a volé. Nous n'atteflons que ce que nous avons vu. Nous n'avons pu étre garants de ce que nous ignorions. Interroge la ville oü nous étions, & les marchands avec qui nous fommes partis; ils rendront témoignage que nous difons Ia vérité. Vous avez inventé ce menfonge, leur dit Jacob. La patience efl le feul remède a mes maux. Peutêtre qne Dieu me rendra tous mes enfans. II eft favant & fiige. II fe détourna d'eux & s'écria! O Jofeph, objct de ma douleur! Le chagrin répandit la paleur fur fon vifage. Son cceur étoit plein d'amertume. Au nom de Dieu, lui repréfentèrent fes fils, vous ne cefferez de nous parler de Jofeph que quand la mort aura terminé vos jours. Helas! répondit le vieillard , je me p.ains de Pirrtpuilfance de ma douleur; je porte mes pleurs devant Dieu; il m'a donné des connoilfauces que vous n'avez pas. O mes enfans! Allez , informez-vous de Jofeph & de fon frère. Ne défefpérez pas de la miféricorde divine. II n'y a que les infidèles qui en défeipérent. M 2  só3 L e Coran. lis retournèrent vers Jofeph , & lui dirent: Seigneur, la mifère s'eft appéfatnie fur nous & fur notre familie. Nous venons vers vous avec peu d'argent. Rempliffez poür nous le boiffeau. Faites éelater votre bienfaifance. Dieu récompenfe ceux qui font le bien. Avez-vous oublié, leur dit-H, ce que vous fites a jofeph, & a fon frère lorfque vous étiez dans 1'égarement ? Seriez-vous Jofeph, s'écrièrent-ils? II leur répondit: je fuis Jofeph: voila mon frère. Dieu vous a regardés-d'un ceil _favorable. Celui qui craint le Seigneur & 'buffre avec patience, éprouvera qu'il ce laifFe point périr la récompenfe de la vertu. Le Seigneur, lui dirent-ils, t'a élevé au-deffus de nous paree que nous avons pêché. Ne craignez de iroi aucun reproche, cominua Jofeph. Dieu vous pardonne. Sa clémence eft infmie. Allez, portez, ce manteau a mon père (i); couvrez-en fon vifage; il recouvrera la vue Amenez ici toute ma familie. Lorfque la caravanne partit d'Egypte, Jacob dit a ceux qui 1'environnoient: je fens f odeur de JoLph, & ne croyez pas que je fois en délire. Vous voila encore, lui répondirent-ils, dans votre r-ncienne erreur (i) Cc manteau eft tout-a-fait miracuIeuK. Gabriel l'apport< ;\ Abraham lorfqu'il fut jetié dans les Hammes. II étoit fait de foic du Paradis. Abraham le Iaifl'a a If.iac qui lc tranfmit a Jacob, des mams du quel il étoit paffe il Jofeph. Zr.mclafcar. Cc manteau répandoit une odeur divine & guériffoit tous les malades qu'il touchoit. Gelcltddin.  L E G O R A Ni 2C)p Celui cfifï apportoit 1'heureufe nouvelle, étarit arrivé, jerta Ie manteau fur ta tetè du vieillard, & il recouvra la vue. Ne vous avois-je pas fait connoitre, dit-ilce que Dieu m'avoit ré.vélé, & ce que vous ignoriez ? Implorez notre pardon, lui dirent fes fils. Nous avons pêché. Je prierai Dieu pour vous, répondit le vLidard; il eft indulgent & miféricordieux. Lorfque la familie de Jofeph £ut arrivée ,'il alla rccevoir fon père & fa mère, & leur dit: efltrez er> Egypte. Fatfe le Ciel que vous y paffiez des jours tranquiiles! II fit alfeoir fon père & fa mère fur un trone, & tous s'étant profternés pour lVioier; voila, dit4l a Jacob, 1'interprétation de ma vifion. Le Ciel 1'a accomplie. II m'a cömblé de fes faveurs:' II m'a, délivré de la prifon. II vous a tirés du défert pour vous conduire ici, après que Satan a eu mis la défunion entre moi & mes frères. Le Seigneur vient facilement a~beut de fes cteffefris ; il eft favant & fage. Seigneur, tu m'as donné la puilTancé; tu m'ss enfeigné 1'interprétation des fonges. Architecte des Cieux & de la terre, tu es mon appui dans ce monde & dans 1'autre. Fais que je meure fidéle a la foi. Imroduis-moi dans 1'affemblée des jufles., Nous te révélons cette hiftoire. Elle eft tirée du livre des Myftères. Tu n'étois pas avec eux lorfqu'ils fe réunirent pour perdre leur frère , & qu'ils lui tendirent un piège. La plupart des M 3  270 L e Coran. hommes , malgré tes défirs, ne croiront point. Garde-toi\ie leur demander le prix du Coran. II a été envoyé du Ciel pour appel er les hommes a leirs devoirs. Les Cieux & Ia terre leur offrent des merveilles fans nombre. Ils paflent & neveulent pasouvrirles yeux. La plupart ne croient point en Dieu, fans mêler a fon culte celui des idoles. P'euvent-ils croire que la punition divine les enveloppera, que rjfieure fatale les furprendra tout-acoup, fans réfléchir a ces vérités? Dis: voila ma do&rine. J'appèle les hommes a Dieu; j'oflre 1'évidence & ceux qui mefuivent; je rends graces au Très-Haut de n'être point idolacse. Kous n'avons envoyé avant toi que des hommes injpiréS & choifis dans les viftes. Les Idolatres u'ont-ils point. voyagé fur la terre? N'ont-ils pas vu quel fut le fort de ceux qui les ont précédés ? La vie future eft la meilleure. Ceux qui craignent le Seigneur font choifie. Ne Ie comprenez-vous pas ? Lorfque ies Miniftres de la foi n'avoient plus d'efpoir, & qu'ils penfoient qu'on les croiroit menteurs, ils éprouvèrent les effets de notre proteftion. Nos élus furent fauvés; mais rien ne put écaner nos fleaux des impies. L'hiftoire des Prophètes eft remplie d'exemples que doivent retenir les hommes fenfés. Ce livre n'eft point une fable inventée a plaifir; il confirme ceux qui 1'ont précédé ; il explique clairement toute chofe. II eft la lumière & la grace des croyans.  L £ Coran. 271 CHAPITRE XIII. L E TONNERRE. Donné a la Mecque, compofé de 43 verfets. (1) A. L. R. Gelahddin fe débarrafle a fon ordinaire de 1'expHcatton de ces caraétères en difant : Dieu fait ce qu'ils fignifient. M 4 Au nom de Dieu clément & miféricordieux. A. L. R. CO Tels font les fignes du Coran. La doctrine que tu as recue du Ciel eft véritable; cependant le plus grand nombre des hommes ne croiront point. Dieu éleva les Cieux fans colonnes vifibles, & s'afïït fur fon tróne. II ordonna au foleil & a la lune de remplir lemr tache. Tous les corps céleftes fe meuvent dans la route qu'il leur a tracée. II gouverne funivers. 11 vous offre des merveilles fans nombre, afin que vous croyez a la réfurrection. C'eft lui qui étendit la terre, qui éleva les montagnes, qui forma les fleuves , qui vous donna les fruits divers. 11 les créa males & femelles. II fait fuccéder le jour a la nuit. Ces prodiges font des fignes pour ceux qui penfent.  27 2 I. e Coran. La terre offre h chaque pas un tableau diverfifié: ici font des jardins ornés de vignes & de légumes. La , croiffent des palniiers ifolés, ou réunis fur une fouche. Tous les fruits font arrofés par la même eau. Cependant ils différent en bonté. Ainfi nous donnons des marqués de notre puiffance a ceux qui comprennent. Si leur infidélité t'étonne, quelle doit être ta furprife, lorfque tu les entends dire: fe peut-il que la pouliière de nos corps devienne une créature nouvelle? Us ne croient point en Dieu. Leurs cols feront chargés de chalnes, & ils feront éternellemeut en proie aux flammes. Us te folliciteront plutót de chater le courroux du Ciel, que fes bienfaits. De fembiables exemples les ont précédé>; mais fi le Seigneur efl: indulgent pour le coupable, il eft terrible dans fes chatimeus. Quelque figne divin diflingue-t-il le Prophéte, demandent les incrédules? Tu n'es chargé que de Ia prédication. Chaque peuple a eu fon guide. Dieu fait ce que la femme porte dans fon fein, de combien la matrice fe reflërre ou s'élargit. Tout eft pefé devant lui. Tous les fecrets font dévoilés a fes yeux. II eft le grand, Ie três-haut. Celui qui parle dans le fecret, celui qui parle en pub,;c, celui qui s'enveloppe des ombres de la nuit, & celui qui paroit au grand jour, lui font également coimus.  L e Coran. L'homme elt environné d'Anges (1) qui fe fuccédent fans ceffe. Dieu les a chargés de veil Ier a fa confervation. II ne rexire fes graces que quand 1'homme eft perverti. Lorfqu'il voudra le punir, rien ne pourra lui mettre obflacle, paree qu'il n'y a point d'abri contre fa puifliince. C'eft lui qui fait briller lafoudre a vos regards, (2) pour vous infpker la crainte & 1'efpérance. C'eft lui qui é'ève les nuages chargés de pluie. Le tonnerre célèbre fes louanges (3). Les Anges tremblent en fa préfence. II lance la foudre & elle fntppe ies victimes marquées. Les hommes difputent de Dieu. II eft le fort, le puiffant. II elt 1'invocation véritable. Ceux qui implorent d'autres dieux ne feront point exaucés. Ils reffemblent au voyageur qui preffé par Ia foif, tend la main vers 1'eau qu'il ne peut atteindre. L'invocation des infidèles fe perd dans la nuit de Terreur. (1) Ce font, dit Elhacan quatre Anges chargés dc vcilIcr fur les actions de chaque homme,.deux pendant le jour, & deux pendant la nuit. Us fe fuccédent fans reMche dans cet cmploi. Julia. (2) L'Ange qui fait briller la foudre eft celui qur 'préflde aux nuages. II les pouffe les uns contre les autres*. ii public les grandeurs dc 1'Eternel, 6c répète fans ceffe ens mots: louange A Dieu'. Gelaleddin. (3) Mahomet avoit envoyé un Mufulman zélé pour eonvcrtir un idolatre & lui faire cmbraffer l'iflamifme. Quel eft ton Dieu, lui demanda 1'infidile? Eft-il .form4 . d'or, d'argent, ou de cuivre? La foudre frappa I'impie & il périt. Gelahddin. M 5:  2?4 L e Coran. Tout ce qui efl dans les Cieux & fur la terre rend a fEtereel un hommage volontaire ou forcé. L'ombre du foir & du matin 1'adore. Quel eft le Souverain des Cieux & de la terre? Réponds: c'eft Dieu. L'oublierez-vouspourchercher des pntrons impuiffans, qui ne peuvent ni feprotéger ni fe nuire? Comparerez-vous 1'aveugle a celui qui voit, & les ténèbres a la lumière ? Leurs divinités chimériques ont-elles produit une création femblable a celle de Dfeu? Dis: funivers eft fon ouvrage. 11 efl: Ie Dieu unique. Tout eft foumis a fa puiffance. II fait defcendre la pluie des Cieux, Ci ies luuch» roulent dans leurs lits , entraïnant dans leur cours 1'écume qui furnage. Telle eft dans la fournaife 1'écume des métaux, que les hommes travaillent pour leur utilité & leur parure. Dieu tïre ainfi 1'inftruction óc la vérité & de la vanité. L'écume difparoit bientót. Ce qui eft utile refte dans la terre. Ainfi Dieu propofe fes paraboles. Ceux qui font foumis & fa volonté, pofTèderont le fouverain bjeri; mais les rebelles, quand ils auroient une fois plus de tréfors que la terre n'en contient, ne pourront fe racheterdes tourmens. L'enfer fera leur demeure. Us y feront couchés fur un lit de douleur. Celui qui fait que Dieu t'a envoyé la vérité du Ciel, reflemblera-t-ii a 1'aveugle? Les fages ouvriront les yeux. Ceux qui dociles aux commandemens du Seigneur, n'eufraignent point fon alliance, ceux qui unifTenc  L e Coran. 275 ce qu'il lui a plu d'unir, (1) qui craignent Dieu, & le compte qu'ils auront a rendre. Ceux que 1'efpoir de voir Dieu rend conftans dans 1'adverfité, qui font la prière, qui donnenten feeree ou en public , une portion de-s biens que nous leur avons difpenfès, & qui effacent leurs fautes par de bonnes eeuvres, feront les hótes du Paradis. Ils feront introduits dans les jardins iïEden. Leurs pères, leurs époufes & leurs enfans qui auront été juftes, jouiront du même avantage. La , ils recevront la vifite des Anges qui entreront par toutes les portes. La paix foit avec vous. iliront-ils. Vous avez été paiiens. Jouiffez du bonheur qu'a mérité votre perfévérance. Ceux 'qui violent Ie pafte de Dieu, qui divifent ce qu'il a uni, & qui répandent Ia corruption fur la terre, feront précipités ,dans l'enfer, chargés demalédiétions. Dieu entend ou reiïerre fes faveurs a fon gré. Ils fe iivrent aux jouiflnnces de cette vie; mais qu'elles font foibles en comparaifon de la félicité éternelle! Sa milïïon, difent les infidèles, elt-elle annoncée par quelle figne célefte ? Réponds-leur: Dieu égare qui il lui piait, & éclairé ceux qui fe répentent. CO Unir ce que Dieu a voulu unir, c'eft, fuivant 'es Auteurs Arabes, croire a tous les Prophètes, & ne mettre aucune différence entr'eux. M 6  z76 L e Coran. La penfée de Dieu fera régner la paix dans 1'ame des croyans. Son fouvenir n'eft-il pas fa paix des cceurs ? Les fidèles qui auront fait le bien poflederont la béatitude. .Nous t'avons envoyé a un peuple que d'autres ont précédé, afin que tu lui enfeignes nos revélations. Us n« croient point au miféricordieux. Dis-leur: II elt mon Seigneur. If n'y a de Dieu que lui. J'ai mis ma confiance en fa bonté. Je reparoltrai devant fon Tribunal.. Quand ieCoran feroit mouvoir les montagnes; (i) quand il parrageroit la terre en deux, tv r~.-.. r les morts, üs ne croiroient pS; mnis Dieu eft le Juge des actions. Les croyans ignorent-ils qu'il peut a fon gré éclairer toute la terre ? L'infonune s'elt attachée fur les pas des infidèles, prrce qu'ils font criminels. Nous ne celTerons d'affiéger leurs villes jufqu'a ce que les promeffes du Ciel foient accomplies. Ses promeffes font infaillibles. Avant toi, mes Miniftres furent les objets de la raillerie ; mais après avoir laifie les incrédules s'endormir au fein des plaifirs, je les chatiai, & quels furent mes chatimens! (O Ce verfet fut révélé a Mahomet lorfque les infidèles lui dirent: fi tu es Prophéte tranfporte les montagnes de la Mecque, fais-en jaillir des fontaines, fais-cn coulcr des fleuves , afin que nous puiffions p'anter & femcr. RaEtine les cendres dc nos pères, & qu'ils atteftent que tu ïs 1'Apótre de Dieu. Celahddin,  L e Coran. 277 Quel elt celui qui obferve toutes les actions des hommes? Us ont donné des égatrx k 1'Eternel. Disleur : nouimez vos divinités. Apprendrez-vous k Dieu quelque chofe qu'il ignore? Ou les noms que vous créez ne font ils qu'un vaiu fon? Us fe font parés de leur iniquité , & ont quitté la voie du falut; paree que ceux que Dieu égare marchent fans guide. Us ont été punis dans ce monde. Leurs fupplices feront bien plus terribles dans 1'autre. Ils n'auront point dc protecteur contre Dieu. Les iardins de délices , arrofés par des fleuves; ces jardms oü 1'on trouvera une nnnrrirnrp érpmelle'. & des omb ages toujours verds, feront le prix de la piété. Les incrédules auront les flammes pour récompenfe. Ceux qui ont recu lés écritures, feréjöuiffentdes vérités qui t'ont été révélées. D'autres.a qui on les propofé, en rejettent une'partie. Dis-leur: Dieu m'a commandé de 1'adorer, de ne point lui donner d'égal. J invoqué fon nom. Je retournerai a lui. Nous t'avons envoyé Ie Coran en langue Arabe. Après la fcience dont le Ciel t'a favorifé, fi tu fuivois leurs défirs, quel afile trouverois-tu contre un Dieu vengeur? D'autres Prophètes t'ont précédé. (i) Nous leur (O Mahomet oppofe ce verfet aux Juifs qui lui repröchaient la poligamie. II dit que les Prophètes venus avant M 7  278' L e Coran. donnames des époufes, & une poftérité. Us n'opérérent point de miracle fans la volonté du Seigneur. Chaque livre a fon temps marqué. II efface & laifie fubfifter ce qu'il veut. L'original eft en fes mains. (i) Soit que nous te fafïïons voir 1'accompliffement d'une partie de nos menaces, foit que ta mort les prévienne, ton emploi fe borne a la prédication. A nous appartient le foin de juger. Ne voient-ils pas que nous avons pénétré dans leur pays, & que nous en avons refferré les limires? Dieu juge, & fes Arrêts font irrévocables. II eft Dmmnt dans r« r— , Leurs pères étoient fourbes; mais Dieu ne peut être trompé. II connoit les mérites de chacun. Les infidèles verront quels feront les hötes du Paradis. Les incrédules nieront la vérité de ta miffion. Réponds-leur: le témoignage de Dieu & de ceux qui poffëdent les écritures, eft une preuve fuffifante en ma faveur. lui, qu'Abraham, Jacob, David, Salomon eurent piufieurs. femmes. (i) L'original efl: dans fes mains: c'eft la table gardée oü tout elt écrit, & oü rien ne s'altère. Dieu y a tracé la chalne de tous les étres. Gelaleddin.  L e Coran. 279 CHAPITRE XIV. ABRAHAM. La paix foit avec lui. Donné a Ia Mecque, compofé de 52 verfets. Au nom de Dieu clément miféricordieux. A. L. R. Nous t'avons envoyé ce livre, pour tirer ies hummes des ténèbres, les éclairer, & les conduire dans la voie excellente & glorieufë. Le domaine des Cieux & de Ia terre appartient au Très-Haut. Malheur aux infidèles! Us feront Ia proie des tourmens. Ceux qui preferent les charmes du monde a la vie future, qui éloignent leurs femblables de la Religion Sainte, & qui s'efforceut d'en corrompre la pureté, font piongés dans 1'aveuglement. Tous nos Miniftres parlèrent Ia langue des peuples qu'ils prêchoient , afin de fe faire entendre. Dieu égare & conduit ceux qu'il veut. II eft puiffant & fage. Nous donnames a Moyfe Ie pouvoir d'opérerdes miracles, pour conduire fon peuple des ténèbres a, la lumière & lui rappeler les merveilles du Seigneur; exemple frappant pour celui qui fonffre patieramenc & qui rend grace a Dieu.  2r8o h e G o r a ;?. Souvenez-vous des bienfaits du Seigneur, difott' Moyfe aux Ifraêlites. II vous a délivrés de la familicde Pharaon qui vous oppriraoit, qui faifoit périr vos enfans males , & n'épargnoit que vos filles. (r) Votre délivrance eft une preuve éclatante de.la bonté - divine. Dieu vous promit que 1'augmentation de fe.s graces feroit le prix de votre reconnoüTance, & que la rigueur des peines le vengeroit de votre ingratitude. Quand vousferiez incrédules, ajoüta Moyfe, quand toute la terre feroit impie; Dieu eft riche & comblé de louanges. Ignorez-vous fhiftoire des nations qui vous ont précédés, de Noë, cYAod, de Thcniod? L'hiftoire de leur poftérité n'eft connue que de Dieu. Ces peuples eurent des Prophètes qui leur offtirent 1'évidence ; mais voués a 1'infidélité , ils portoient leurs mains a la bouche, & s'écrioienr: nous nions votre miffion, &.nous doutons de votce ■ doctrine. Pouvez-vous douter de Diéu , leur repréfentoient nos envoyés ? 11 eft 1'architecte du Ciel & de la terre. II vous appèle pour vous par- (i) La prédidtion d'un Devin fut, fuivant les Auteurs Arabes, la caufe de ccttc perfécution. II prédit qu'iin des enfans qui naïtroit des Ifraêlites renvcrferoit 1'empire de Pharaon. Auflitöt on fit mourir leurs enfans nulles & la nation fut opprimée. GeialeiAin.  L e Coran. aSi donner. II vous attend jufqu'au temps marqué. Vous n'êtes que des hommes comme nous, lenr répondoit-cn. Voulez-vous nous faire abandonner Ie culte de nos péres ? Montrez-nous des miracles. Nous ne fommes que des hommes comme vous j mais Dieu favörife de fes graces ceux qu'il veut. Nous ne pouvons opérer de miracle fans fa permiffion. Que les fidèles mettent en lui leur confiance! Pourrions-nous lui refufer notre confiance ? II nous a tracé le chemin qu'il faut fuivre. Nous fouffrirons patiemment vos perfécutions. Que ceux qui veulent un appui, le cherchent en Dieu! Nous vous chafferons de notre pays, reprirent les idolatres, ou vous embrafferez notre religion. Dieu dit aux prophètes: j'extsrminerai les impies. Vous habiterez la terre après eux; cette faveur elf due & ceux qui ont craint mes commandemens & mes menaces. Les Prophètes éievèrent leur voix vers le Ciel. L'orgueilleux & 1'incrédule furent anéamis. L'enfer les engloutit. L'eau corrompue fera leur breuvage. Ils 1'avaleront goutte a goutte, & elle aura peine a palier. La mort fe préfentera & eux de tous cótés, & ils ne mourront point. Cette boilfon fera fuivie de tourmens horribles. Les eeuvres de 1'incrédule font femblables a la poufiière qu'un vent violent difperfe dans un jour  £§2 L e Coran. orageux. Ils n'en retireront aucune utilité. Ce fera le comble de 1'égarement. Ne voyez-vous pas que Dieu a créé les Cieux & la terre avec vérité? II peut a Ton gré vous faire difoaroitre, & mettre d'autres créatures a votre place. Ce!a eft facile a fa puiffance. Tous les hommes paroitront devant Dieu. Les Idolatres diront a leurs chefs; nous vous avons fuivis, diminuerez-vous nos fupplices ? Les chefs répondront: fi Dieu nous eüt éclairés, nous vous aurions conduits dans le droit chemin. Le murmure ou la patience font. également inutiles dans notre malheur. II eft fans efpoir.. Lorfque 1'Arrèc fera prononcé, Satan leur dira; les promeiTès de Dieu étoient véritables, les miennes trompeufes; mais je ne vous ai point forcés d'y ajoüter foi. Je vous ai follicités; vous m'avez répondu. Ne me faites point de reproches; n'en faites qu'a vousmèmes. Je ne puis, ni vous donner du fecours, ni en recevoir de vous. Quand vous m'égaliez au Très-Haut, je n'ai point cru être fon égal. Un tourment douloureux eft préparé aux impies. Les croyans vertueux entreront dans les jardins oü coulent des fleuves. Ils y demeureront éternellement, par la permiiïion de Dieu. Leur faluiation mutuelle fera: la paix foit avec vous. Ne favez-vous pas a quoi Dieu compare la parole de la foi? A un arbre falutaire qui a pouffé des  L e Coran. 283 racines profondes, & dont les rameaux s'élèvent dans les Cieux. II pfoduit du fruit dans toutes les faifons. Le Seigneur parle aux hommes en paraboles pour les inflruire. II compare la doctrine de 1'infidèle a un arbre mauvais, dont les racines font a fleur 'de terre, & qui n'a point de flabiiité. Dieu affermira les croyans dans cette vie (1) & dans 1'autre, par la parole immuable. II égarera les méchans. II fait ce qu'il lui plait. (t) Dieu affcrmii'.-t la foi des croyans dans cette vie cn leur faifant prnnonccr ces paroles, la Ha ella allab ou Mohammed ragout allab, II uy a de Dieu que Dieu, & Mahomet efl fon Prophéte. 11 i'aflermira dans 1'autre en leur faifant répondre comme il convient aux deux Anges examinateurs qui les interrogeront dans le tombeau. Gelaleddin. Ces paroles la Ha ella allab ou Mabammed ragout allab, forment la profefiion de foi des Mahométans. Ils la profèrent toutes les fois qu'ils ontrent dans leurs Mofquées & qu'ils craignent Ia tentation. En 1778 ayant parti, contre la couturae des Européens , habillé a Ia Framjoife dans les rues de Damicte, je vis 1'horreur peinte fur tous les vifages. Les femmes me regardoient avec une curioftté mélée d'effroi, les enfans prenoient Ia fuite cn criant, & les hommes froncant le fourcil , murniuroient entre leurs de-nts, la Ha ella allab, &c, II ne faudroit pas répéter ces mots devant des Tnrcs. Us ne fouffrent pas qu'on plaifante fur la religion, & fi 1'on étoit entendu , on courroit rifque d'ètre empalé ou circoncis.  ?§4 L e C o r a n; Ne vois-tu pas que ceux qui, foulant aux piedsles graces du Ciel, font devenus impies, ont conduit les peuples a leur pene? Ils feront précipités dans les brafiers de l'enfer, féjour des iniférables. Les Idolatres donnent a Dieu des égaux, pour écarter les humains du fentier du falut. Dis leur; enivrez-vous des plaifirs terrefires, l'enfer fera votre receptacfe. Dis a mes fervïteurs, aux croyans: accompliifez la prière, faites l'aumöne en fecret & en public des biens que nous vous avons departis, avant le jour oü 1'on ne p mrra plus acquérir, & ou les liens de famitié feront rompus. C'eft Dieu qui a rirédu rïéant les Cieux & la terre, & qui fait defcendre la pluie pour faire éclore les fruits divers qui fervent a votre nourriture. Le vaifleau fend les ondes a fa voix. 11 a foumis les fleuves a votre utilité. 11 a ordonné au foleil & a la lune de vous difpenfer libéralement leur lumière. II a formé Ia nuit & le jour pour fervir a vos befpjns. II vous a donné tous ies biens que vous lui avez demandés. Ses bienfaits font innombrables. O combien 1'homme eft injufte dans fon ingraritude! Abraham adrelfa a Dieu cette prière : Seigneur protège (i) cette contrée; éloigne-moi , éioigne ma poftérité du cuite des idoles. CO Cette contrée eft le lieu ou eft bStie la Mecque. C'eft une plaine de fable environnée de montagnes dont  L e Coran. '285 Elles ont couvert de ténèbres une partie de la terre. Celui qui me fuivra fera ton adorateur. Celui qui s'éloignera de moi Seigneur tu es indulgent & miféricordieux. Seigneur, j'ai ètabli (1) une partie de ma familie dans la vallée Itérile, prés de ta demeure fainte. Fais qu'ils accompliflent la prière. Difpofe en leur faveur le cceur d'une partie des humains. Prends foin de leur fubfiftance, afin qu'ils te fendent des actions de graces. Tu fais ce que 1'homme recèle, comme ce qu'il -public Toutce qui eft dans les Cieux & fur Ia'terre eft dévoilé a tes yeux. Louange au Dieu qui, dans ma vieilleffe, m'a donné Ifmaël & Ifaac! II exauce les vceux des mortels. Seigneur , fais que j'obferve la prière , fais que ma poftérité y foit fidéle. Daigne entendre mes vceux. le fol ingrat fe refufe a toute efpèce de culture. Ce fut la que I'Ange découvrit ft Agar le puits üeZemzem, qui fignifie de Veau qui murmure. Cette fource miraculeufe confaerce par la religion elt devenue très-fameufe. Lc huitième jour de Ia folemnité du pélerinage, les Mufulmaus fe rendent au puits de Zemzem & s'y défaltèrent avec un refpeft religieux. Ifmaël s'étant établi dans Ia vallée ftérile, enfeigna aux Arabes Ia religion qu'il avoit recue de fon père Abraham, & leur apprit a n'adorer qu'un Dieu uniqne créateur du Ciel & de Ia terre. II tranfmit ce culte a fa poftérité; mais enfuite 1'idoIStrie prévalut, & le fanctuaire d'Ifmacl fut entouré d'idoles jufqu'au temps ou Mahomet les renverfa par terre. (1) Ifmaël & fa mère.  2 8 6" L e Coran. Pardonne-moi; pardonne a mes pères & aux croyans, au jour du jugement. Ne croyez pas que Dieu négligé les actions des méchans. II diffère leur punition ju'qu'au jour oü ils porteront leurs regards vers le Ciel. Ils fe hateront, ils leveront la tête. Leurs regards feront immobiles, & leurs cceurs faifis d'effroi. Prédis a la terre le jour des vengeances. Seigneur, s'écrieront les impies, attends-nous encore quelque temps. Nous écouterons ta parole; nous obéirons a tes Miniftres. On leur répondra : ne juriez-vous pas que vous ne changeriez jamais ? Vous habitiez au milieu des pervers; vous avez été témoins de la manière dont nous les avons traités ; vous avez entendu nos paraboles. Ils ne celfèrent de dreifer leurs embüches; mais Dieu pouvoit détruire leurs artifices, quand .méme ils euffent été affez puiffans pour tranfporter les montagnes. Ne penfez pas que Dieu anéantiffe la promelfe faite a fes Apótres. II eft puiffant, & la vengcance elt dans fes mains. Dans ce jour, la terre & les cieux feront changés. (i) Le genre humain fe batera de paroitrc devant le Tribunal du Dieu unique & victorieux. Dans ce jour, vous verrez les pervers chargés de chalues. (O Lorfque les hommes rcifufcitcront, la terre deviendra blanche, unie & pure, fuivan: la tradition des deux vieülards. Gelaleidia.  L e Coran. es7 Leurs habits feront de poix. Le feu couvrira leur front. Dieu rend a cliacun fuivant fes eeuvres. II eft exact dans,fes jugemens. J'annonce ces vérités aux hommes, pour qu'elles leur fervent d'avertiffèment, & qu'ils fachent qu'il n'y a qu'un Dieu. O vous qui avez un cceur, gardez ce fouvenir! Fin du premier Volume.  TABLE. Des Chapitres contenu dans le premier Volume. V r I£ de Mahomet. Page I Chap. I. VIntroduition. i Chap. II. La Fache. 3 Chap. III. La familie d'Amran. 56 Chap. IV. Les Femmes. 85 Chap. V. La Table. H3 Chap. VI. Les Troupeaux. 13^ Chap. VII. Elaraf. 161 Chap. VIII. Le Butin. 194 Chap. IX. La Converfion. 205 Chap. X. Jonas. La paix foit avec lui. 225 Chap. XI. Hod. La paix foit avec lui. 240 Chap. XII. Jofeph. La paix foi't avec lui. 256 Chap. XIII. La Tonnerre. 271 Chap. XIV. Abraham. La paix foit avec lui. 279