LECORAN PROCÉDÉ DE LA VIE DE MAHOMET. T O M E SECOND,  Noms de Librairts Atfotiés. A AMSTERDAM. D. J. CHANGUION. Ii. VLAM. J. A. CRAYENSCIIOI. J. VAN GUL IK. C. N. GUERI n. T. VAN IIARREVELT, A LEID E. les Fr era murray. A ROTTERDAM. L. I; E N N E T. A UTRECHT. E. WILD.  LE CORAN,/ TRADUIT DE L'ARABE, ^ ACCÓMPAGNk DE NOTES, ET PRECEDE D'UN A B RE GE DE LA VIE DE MAHOMET, Tiré des Ecrivains Orientaux les plus eftimés. Par M. S A V A R Y. T O M E S E C O N D. A AMSTERDAM, LEIDE, ROTTERDAM & UTRECHT. CHEZ LES LIBRAIRES ASSOCIÉS. M D C C L X X X V I.   L E C O R A N. CHAPITRE XV. H E G R (i> Donné a la Mecque, compofé de 100 verfets. Au nom de Dien clément & miféricordieux. A. L. R • Tels font les fignes du livre qui enfeigne la vérité. Un jour les infidcles regretteront de n'avoir pas e.u la foi. Laiffe-Ies jouir des délices de la vie, & nourrir CO H'gr eft- une vallée Btaèe entre Médinc & la Syrië. C'écoit Ia qu'haWtojent les Tbêmudhm. GelahcMin. T.ome II. a 3  o L e C o r a n. dans leurs coeurs de douces efpérances. Bientót ü3 verront. Les villes que nous avons décruicës avoient leur terrae fixé. Aucun peuple ne peut avancer na retarder i'inftant marqué pour fa ruïne. Ils ont dit au Prophéte: ó toi qui as re9ii le Coran , tu n'es qu'un infenfé! • Si tu nous apportois la vérité, ne viendrois-m pns accompagné d'Anges ? Les Anges ne viendront que quand il fera nécesfaire; nlors les impies ne feront plus attendus. Nous avons fait defeem're le livre (i) des avertiflemens. Nous fommes chargés de fa confervation. Nous envoyames des Praphètes aux fecles des anciens. Ils furent tous en butte aux traits de la raillerie. Ainfi nous endurcifTons le coeur des méchans. Us ne croiront point malgré 1'exemple des peuples qui les ont précédés. (i) Ce livre efl le Coran. II eft confié i la garde des Angcs. lis doivent veiller a ce qu'il ne fouffre ni changement, ni altération. Celaleilditi. Lorfque Djeu envoya le Coran a Mahomct, Gabriel fut chargé du meiïage. Des Anges furent placés devant & derrière , pour empêcher que les Démons portaffent atteinte a fa pureté. Les Efprits céleftes furent chargés de veiller a fa confervation. Zamcbufcar.  L e Coran. 7 Si nous ouvrions Ia porte du Ciel, & qu'ils fufl'ent prêcs a y entrer, Ils s'écrieroient: fivreiïe oflufque nos yeux, ou nous fommes dans 1'illnfion. Nqus avons placé au firmament des fignes (i) pour contenter les regards. Nous les défendons contre les attentats des démons percés de traits (2). CO Nous avons placé des fignes au firmament. Ce font, fuivant les Arabes, les fignes du Zodiaque dont voici les nonis. Elbaml, eltór, eljauza , elfartan, elaped, elfanbala, elmiznn , elc.cr.ib , elcatis , elgedi , eldelou, eibr.ut. Le bélier, le tauréau, les gémcaux, le cancer, le lion, 1'épi, la halance, le fcorpion, le fagittaire, le caprïcor11e, Ie verfeau, les poiflbns. CO Les Mahométans croient qu'avant Mahomet les Démons s'élevoicnt jufqu'aux fignes du Zodiaque, qu'ils y écoutoient les difcours des Anges, & les révéloient enfuite aux Devins & aux Magiciens. A 1'i'nftant oü Mahomet vint au Monde, Dicu ks chaffii des fphères céleffes', & leur défendit d'écouter les feercts du Ciel. Ii en eft encore qui font des efForts pour y pénétrer; mais des traits enflammés les en précipitem. Les météores que 1'on voit briller au milieu des ténèbres, & que Virgile décrit ainfi: Sajie etiam Jlellas, vento impendente , videbis Preecipites Calo labi, nollifytie per umhras , Flammarum longos a tergo albefcere tratïus. Les Turcs les regardent comme des traits de feu que le Très-Haut lancc contre les Démons qui s'effbrcent de s'élever jufqu'aux fignes du Zodiaque. Maracci, page 384 A 4  i L e Coran. Si quelqu'un d'eux ofe y pénctrer pour entendre il fera pourfuivi par les flamraes. Nous avons éteudu la terre & affermi les monJagnej. Nous y avons fait éclore toutes les plantes dans un ordre admirable. Nous y avons mis tont ce qui vous fert d'aliment, & les aniraaux que vous ne nourriffez pas. La fource de toutes cbofes efl dans nos mains. Nous les difpenfons avec une fage économie. Nous envoyons les vents qui portent la féconditc'. Kous faifons cou'er 1'eau des nuages pour vous déiSItérer. Vous n'en avez pas les refervoirs. Nous donnons la vie &- la mort. Tout funivers efl notre héritage. Nous connoiffons ceux qui vous ont précédés, comme ceux qui vous fuivront. Ton Dieu les ralfemblera tous devant lui. II efl favant & fage. Nous avons créé 1'homme du noir Iiraon de Ia terre. Avant lui nous avions créé les efprits de feu pur. Dieu dit a fes Anges: je formerai 1'homme du li=mon de la terre. Lorfque j'aurai confommé mon ouvrage, & que je 1'aurai animé de mon fouffle, proflernez vous devant lui pour 1'adorer. Tous les Anges fadoréreiit. Eblis feul refufa d'obéir a 1'ordre du Créateur. Pourquoi n'adores-tu pas fhomme, lui dit 1'Eternel ?  L e G o r a n; 9 Mé profternerai-je, répondit Eblis, devant un être foriné de boue ? Sors de ce féjour,. continua k Très-Haut, tu feras reprouvé. Ma malédiction te pourfuivra jufqu'au jour du jugement. Seigneur, repliqua Eblis, diffêre ta vengeance jufqu'au jour de la réfurreclion. Je t'atteudrai, dit Dieu, Jufqu'au terrae marqué. Puifque tu m'as fais tomber, ajouta 1'Efprit rebelle, je rendrai le mal agréable aux hommes, & je. lejfédtiirai tous; Tes ferviteurs fincères fêront fenls épargnés. Dieu dit: je fuis Ia voie du falut; Tu n'auras aucune puiffance fur mes adorateurs;. les infidèles feuls t'obéiront. L'enfer efl leur unique promeffe. II a fept portes. Ils auront leur place marquée auprès de chaque porte. Les jardins & les fontaines fcront le- partage de ceux qui craignent le Seigneur. Ils y entrerout avec la paix & Ia fécurité. Nous óterons f envie de- leurs cceurs. Ils repoferont fur des Hts, & auront les- uns pour les autres mie bienveillance fraternelle. La fatigue n'approchera pomt du fejour ds délices. On ne leur en ravira point la poffeffion. Préche a mes ferviteursmon indulgence & ara ruiféricorde.' A 5  13 L E C 0 R A EN'. Prêche-leur mes chatimens terribles. Recite-Ieur l'hiltoire des hótes d'Abraham. Lorfqu'ils fe furent approchés, & qu'ils lui ëarent donné le falut, il laiila voir quelques uiouvemen» de frayeur. Ne crains point, lui dirent-ils, nous venons te prédire tra fils doué de fcience. Vous m'annoncez, répondit Abraham, un enfant dans ma vieillefle ; qui me prouvera votre prcdiétion? La vérité, ajoutèrent les Anges. Ne défefpére noinr. Et qui peut, dit Abraham, défefpérer de la rriiféricorde divine, fi ce n'eft 1'impie? Miuiflres du Trés-Haut, quelle efl votre miCfion? Nous allons punir des coupables. Nous fauverons Ia familie de Loth. Son époufe feule fera enveloppée dans Ia ruine générale. Lorfque les Anges furent arrivés a la maifon de Loth , U leur dit: je ne vous comiois point. Nous venons tirer tes concitoyens du doute. Nous fommes véridiques; nous ne connümes jamais l'impofture. Sors cette nuit avec ta familie. Marche aprés elIe. Qu'aucim de vous ne détourne la tête. Allcz ou 1'on vous ordonne. Nous lui fitnes connoitre 1'Arrêt porté contre les  L E C O R A W. I i coupables qui devoient tous êtré exterminés au lever du jour. Les habitans de Sodórae vinrent tout joyeux a la maifon de Loth. Ce font mes hótes, leur repréfenta 1'homme jufte. Ne me déshonorez pas. Craignez Dieu , & ne me couvrez pas d'opprobre. Ne t'avons-nous pas défendu 1'hofpitaüté, lui rüpondit Je peuplc ? Voila mes filles, ajouta Leth; contentcz-vous-en. Par ta vie, ó Mahomet! ils periiftoient dans leur coupable ivreffc. Au lever du Soleil Ie cri de 1'Ange prücipita fur eux nos fléaux. Nous enfevelimes Sodöme fous fes ruines, & nous fimes tomber fur fes habitans une pluie de pierres. Ce font des fignes pour ceux qui voient. Sodöme étoit fituée fur le grand chemin. Cet exemple fert d'avertiffement aux fidéles. Les habitans SAleïca (i) étoient corrompus. Nous leur fïmes éprouver nos chatimens; ces deux villes étoient fituées fur la voie publique. Les habitans ffHigr (2) accusèrent nos envoyés d'impofture. (O La ville ffAltïca étoit fituée dans le défen prés de Madian, fur le bord de la Mer Rouge. (2) Les habitans CCIhgr, c'cft-a-dire les Thtmuiitns, Salcb fut leur Apötre Vtytz ci-dejff.s. A 6  Ï2 L e Coran. Nous leur montrames des prodiges, & ils perflftèrent dans leur incrédulité. Ils batiffoient des maifuns dans le rocher, & fe croyoient en füreté. Le cri de 1'Ange les auéantic au lever de 1'aurore. Leurs travaux ne leur furent d'aucune utilité. Nous avons créé le Ciel & la terre, & tout ce que renferme 1'efpace qui les fépare. La vérité préfida a notre ouvrage. Certainement fheure Viendra. O Mahomet, fais une retraite gloricufe ! Ton Dieu eft le créateur, Ie favant. Nous t'avons spporté les fept verfets Qi) qui fervent de priêre, & le Coran précieux. N'arrête point tes regards fur les biens que nous avons difpenfés aux pervers. Ne t'afflige point de leur fort. Etends tes ailes fur les fidéles. Dis-leur: je fuis votre Apötre véritable. Nous avons puqi ceux qui divifent. les livres- facrés; Qui partagent le Corau. J'en attefte ton Dieu, nous leur ferons rendre xm compte rigoureux. Toutes leurs aclions feront péfées. Manifefte nos commandemens, & fuis les idolatres. f_i) Ce font les fept verfets qui compofent le Chapitre de l'introduction. Les Mufulmans les récitent toutes les fois qu'ils font la priere , c'eft-a-dire au lever de 1'aurote, a midi, a trois heurcs, au eoucher du foleil, & 4cux iieures après.  L e Coran» ïj Notre aflïftance te fuffit contre ceux qui fe moquent de la religion. Ceux qui donnent un égal a Dieu verront. Nous favons que leurs difcours t'affligent; Mais célèbre les louanges de ton Dieu; adose famajefté fuprême. Sers le Seigneur jufqu'a rinflant qui terminera tes jours. A 7  14 L e Coran» (O C'eft-a-dire Gabriel. (2) Les Arabes font de tous les peuples de la terre ceux qui ont le plus confervé les mceurs antiques. La vie pattorale efl: cncore honorüe parmi eux. Les Princes ne dédaignent pas de conduirc leurs troupeaux. Leurs filles vont encore puifer de 1'eau a la fontaine. CHAPITRE XVI. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. LES ABEILLES. Donné a la Mecque, compofé de 128 verfets. vengeance célefte s'approche. Ne la hatez pas. Louange au Très-Haut! Anathême contre les idoles! A fa voix les Anges defcendront accompagnés de PEIpric (1). II infpirera a fon gré fes ferviteurs. Prêche 1'unité de Dieu. Mortels, craignez moi. II eft le véritable créateur des Cieux & de la terre. Anathême contre les fauffes divinitts! U a créé 1'homme de boue, & il difpute avec opiniatreté. II a formé les troupeaux qui fervent a vous vêtir, a vous nourrir, & dont vous retirez plufieurs autres avantages. II vous eft également glorieux de les ramener au bercail (2), ou de les conduire aux paturages.  L e Coran. 15 lis portent vos fardeaux aux lieux oü vous ne parviendriez qu'avec peine. Ton Dieu eft clément & miféricordieux. II a tiré du néant les chevaux, les muiets & les anes qui fervent a vos commodités & a votre luxe, & beaucoup d'autres animaux que vous ne connoiffez pas. C'eft a lui d'enfeigner le vrai chemin dont tant d'hommes s'écartent. S'il eüt voulu, il auroit éclairé toute la terre. II fait defcendre Ia pluie du Ciel. Elle fert a vous défaltérer. Elle fert a la croiifance des arbres, & des herbes qui nourriffent vos troupeaux. Elle féconde les germes des plantes. Elle fait éclore 1'olive, la datte, le raifin, & tous les autres fruits. Ne font-ce pas-Ia des fignes pour ceux qui réfléchiffent ? II a parlé, & a fa voix, la nuit, Ie jour, le foleil, la lune & les étoiles, fe font empreffés de fervir a vos befoins: prodige éclatant pour ceux qui comprennent! II a formé les- diverfes couleurs que la terre étale a vos yeux: figne manifefte pour ceux qui penfent! II a foumis la mer a votre ufage. Les poiflbns qu'elle renferme dans fon fein deviennent votre nourriture. Vous y pêchez des ornemens qui décorent vos habits. Vois le vaiffeau fendre les flots, & Ie navigateur chercher 1'abondance, & rends grace au. Très-Haut. II a pofé de hautes montagnes fur la terre pour  1(5 L E C O R A N>- 1'affermir; il y a tracé le cours des fleuves; & des eherains pour vous conduire. II a placé au firmament les étoiles oü 1'homme IIc la route qu'il doit fuivre.- Le créateur fera-t-il fêmblable a celui qui ne peut rien créer? N'ouvrirez-vous point les yeux? II vous feroit impoffible de nombrer fes bienfaits. II eft indulgent & miféricordieux. II fait ce que vous voilez, & ce que vous pro» duifez au grand jour. Les Dieux chimériques qu'ils invoquent, ne fauroient rien créer; ils ont été crées eux-mêmes. Ils font dépourvus de vie & de fentiment. Ils ignorent le temps oü ils ont écé fabriqués. Votre Dieu eft Ie Dieu unique. Ceux qui ne croient point a la vie future ont 1'impiété dans le coeur & repoufTent orgueilleufement la vérité. Certainement il connolt leurs penfées fecrétes & celles qu'ils-dé voilent. II n'aime pas les fuperbes. Demande-leur: quel eft le livre defcendu du Ciel? ïls répondent: un tiffu de fables de 1'antiquité. Ils porteront au jour du jugement le poids entier' de leurs crimes, & une partie de celui des aveu- ' gles qu'ils ont égarés. Malheureux fardeau.' Leurs prédéceffeurs étoient fourbes comme eux. Dieu fapa dès Ie fondement leur édifice (i). Le tolt' O) Gelalsddiu penfe que Mahomet parle dans ce verfer 4e la Tour de Babsl. Nemrod, dit-il, batit une tour fort  L e Coran. j& fe renverfa fur eux, & le chdtiment les furprit, du eóté qu'ils ue prévoyoient pas. Le Seigneur les couvrira de honte au jour de la réfurrection, quandil leur demandera: oü font les Dieux qui étoient 1'objet de vos difputes ? Ceux qui ont recu la fcience, s'éerieront : fopprobre & le malheur vont affaillir les idolatres. Lorfque 1'Ange de la mort frappe les impies, ils demandent grace, & s'écrient: nous n'avons point fait de mal. Vous êtes coupables, leur dit 1'Ange, & Dieu connoit vos attentats. Defcendez dans 1'enfer. Habitez éternellement la dcmeure affreufe des fuperbes. Quelles faveurs avez-vous recuesde Dieu, demandera-t-on aux juftes? II nous a comblés de biens fur la terre, répondront-ils; mais la vie éternelle offre bien d'autres jouiflances. Bonheur au féjour des hommes vertueux! Inrroduits dans lesjardins tfEden, arrofés par des fieuves, ils auront a fouhait tout ce que le coeur peut défirer. C'eft ainfi que Dieu récompenfe la piété. Les Anges diront aux juftes, après avoir tranche le fil de leurs jours: la paix foit avec vous. Entrez dans le Paradis, digneprix de vos ceuvres. élevée. II vouloit monter dans les Cienx & faire la gucrre contre fes habitans. Dieu fapa dès Ie fondement fon édifice. II envoyaun violent tremblement de terre & la tou? fut renverfée..  i8 LeCoran. L'infidéle attend-i! que 1'Ange de Ia mort s'approche? Attend-il que I'arrêt du Ciel foitprononcé? Tels furent leurs prédéceffeurs. Dieu ne les trompa point. Ils fe trompèrent eux-mêmes. Ils ont recu la peine de leurs crimes. La vérigeance dont ils fe moquoient les a furpris. Si Dieu eüt voulu, difent les idolatres, nous & nos pères, n'aurions adoré que lui; nous n'aurions interdit que ce qu'il a défendu. Ainfi parloient ceux qui les précédèrent. Nos Miniflres ne fout chargés que de précher la vérité. Tous les peuplesont eu des Prophètes qui leur ont recommandé le culte de Dieu, & défendu celui des idoles. Les uns ouvrirent les yeux a la lumiére; les autres par un jugement de Dieu reflèrent dans 1'aveugtement. Parcourez la terre, & voyez quelle fut ia fin de ceux qui accusèrent nos Apótres d'impofiure. Si le zèle de leur falut t'enflamme, fonge que Dieu n'eft point le guide de ceux qu'il a égarés, & qu'ils n'auront point de protefteurs. Ils ont juré par le nom du Très-Haut , le plus terrible des fermens, que Dieu ne reffufciteroit point les morts. Infenfés! Peut-il manquer a fes promeffes ? Mais la plupart font dans 1'ignorance. II les reffufcitera pour manifefter les vérités dont ils difputoient, & pour que les infidèles voient qu'ils étoient menteurs. Voulons-nous qu'une chofe exifte? Nous difons: fois; 6k elle efl. Nous donnerons une iiabitation honomble fur ln  L e Coran, 19 terre a ceux qui , injuftement opprimés, fe feront expatriés, pour la défenfe de la foi. Larécompenfe de Pautre vie fera bien plus maguifique. S'ïls le fa>roient! Nous récompenferons ceux qui fupporteront 1'adverlité avec conftance, & qui auront mis leur confiance dans le Seigneur. Tous les Prophètes qui t'ont précédé , n'étoient que des hommes a qui nous révélames nos volontés. Interrogez ceux qui ont recu les écritures, fi vous 1'ignorez. Des fignes & des livres furent les marqués de leur mifïïon. Nous t'avons envoyé Ie Coran pour rappeler aux hommes la doctrine qu'ils ont recue, afin qu'ils en gardent le fouvenir. Ceux qui t'ont dreffé des embüches croient-ils être en füreté ? Dieu ne fauroit-il ouvrir la terre fous leurs pas, & les abymer a 1'inflant qu'ils s'y attendent le moins ? Ne fauroit-il les furprendre dans leurs voyages? Sufpendroient-ils un inftant fa vengeance? Ne fauroit-il les punir par la pene de leurs biens? Certainement le Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Ne voient-ils pas que tous les corps que Dieu a créés, fléchifTent leur ombre a droite & a gauche, pour 1'adorer , & s'humilier devant lui? Tout ce qn'il y a de créatures au Ciel & fur Ia terre, adorent le Seigneur. Les Anges 1'adorent & ne; fe livreut point a 1'orgueil.  SO L e Coran; Ils craigoent Dieu élevé au-deiïus d'eux, & exécutent les volontés.. N'adorez point ceux Dieux, dit le Seigneur; je, fuis le Dieu unique; craignez moi. II eft le Souverain des Cieux & de la terre. Un eulte perpdtuel lui eft dü. Adorerez-vous un autre que lui? Tous les biens dont vous jouifïèz viennent de lui. Quand le malheur vous vifite , c'eft vers lui que vous élevez une voix fuppliante. A peine a-t-il foulagé votre mifére que la plupart d'entre vous portent leur encens aux autels des faux Dieux. Nos faveurs ne fervent qu'a les rendre ingrats. Jouifïèz pervers. Bientót vous faurez. Ils offrent, a des divinités inconnues, une partie des biens que nous leurs avons difpenfes. J'en attefte le Tout-Puiffant, vous rendrez eompte de vos menfonges. Ils attribuent des filles au Trés-Haut (1). Loin de lui ce blarphême ! Eux-mêmes forment d'autres vceux. Si quelqu'un d'eux apprend la naiffance d'une fille, la trifteffe élève un nuage fur fon front. Accablé de cette nouvelle, il fe cache dupeuple, incertain s'il n'outragera pas le meffager, ou s'il ne O) Les Arabes idolatres croyoientque IcsAtiges étoient ïïs iillcs de Dieu. Gf/a!eMn.  L e Coran. ai Fenfevelira pas dans Ia poufïïère. Leurs jugemens ne font-ils pas fscrilèges? Ceux qui ne croient point a la vie future font les méchans. Dieu eft le Très-Haut, le Tout PuifTant, le Sage. S'il furprenoit 1'homme dans fon pêché , il ne laiueroit point de créatures fur la terre. 11 diffère fes chatimens jufqu'au terme marqué que 1'on ne fauroit hater, ni retarder d'une heure. Ils attribuent a Dieu ce qu'ils dédaignent. Ils difent que le Paradis fera' leur récompenfe; ils profèrent uu menfonge. Ils feront précipités dans les flammes. J'en jure par 1'Eternel, nous envoyames avanttoi des Prophètes aux nations. Satan leur couvroit le vice de fleurs. II étoit leurpatron fur la terre; mais les fuppüces ont été leur partage. Nous t'avons envoyé le Coran pour éclaircir les dogines conteftés de la religion, pour conduire les fidéles, & leur annoncer les glacés du Seigneur. Dieu fait defcendre la pluie des Cieux, & Ia terre flérile devient féconde. N'eft-ce pas-la un figne pour ceux qui comprennent? Les animaux vous offrent.des exemples propres -1 vous inflruire: leur lait élaboré dans l'eftomac, entre le chyle & le fang, devient pour vous une boiffon falutaire. Du fruit du dattier, & de la vigne, ne formezvous pas une liqueur enivrante, ou un alimentfain? Ce font des fignes pour ceux qui entendent.  12 L e Coran, Dieu a infpiré a l'^beille de fe conftruire une maifon , fur les montagnes, dans les arbres, & d'habiter celle que 1'homrae lui batit; De fe nourrir de tous les fruits, & d'errer a fon gré. L'abeille tire de fon feiu une fubftance liquide, diverferaent colorée, & falutaire aux hommes: figne frappant pour ceux qui réfléchiilent. Dieu vous a donné la vie. II vous rótera. II en eft parmi vous qui parviendront a la décrépitude, &oublieront tout ce qu'ils avoient appris. Dieueft favant & puiiTanr. II a difpenfé fes dons inégalement. Ceux qu'il a comblés de richeffes, les partagent-ils avec leurs efclaves de manière a les rendre leurs égaux? Nieront-ils les bienfaits du Seigneur? II vous a donné des femmes formées de votre ïang ; d'elles il vous a fait naitre des enfans & une poftérité; fa bonté vous a nourris d'alimens purs. Croirez-vous aux idoles ? Waurez-vous que de 1'ingratitude pour fes bienfaits? Ils adorent des divinités dépourvues de puifTance, qui ne peuvent leur ouvrir les tréfors du Ciel, ni ceux de la terre. Ne donnez point d'égal a Dieu. II fait, & vous re favez pas. II vous offre 1'exemple d'uu efclave qui n'a aucun pouvoir, & d'un homme libre comblé de nos biens, & qui les difhïbue en fecret & en public: ces deux hommes font-ils égaux? Louange au Très-Haut! La plupart font dans 1'ignorance.  Le Coran, ^ II propofe Ia parabole de deux hommes, dontl'un muet de nailïance, incapable de tout, eft a charge a fon maftre, & ne réufïït a rien, & dont fautre commande Le bien, & marche dans les voies de la juliice: ces deux hommes fe refTemblent-ils ? Dieu counoit les fecrets du Ciel & de Ia terre. Le jugement univerfel ne dureraqu'un clin d'ceil, ou fera plus prompt encore, paree que rien ne limite fa puiffance. Dieu vous a tirés du fein de vos mères, dépourvus de connoilTances. II vous a donné 1'ouie, Ia vue, & un coeur pour lui rendre grace. Ne voient-ils pasl'oifeau fendre les airs? Dieu feul peut farrêter dans fon vol. C'eft un figne pour ceux qui ont la foi. Dieu vous a donné des maifons pour habiter, & les peaux des animaux pour former des tentes facties a porter en voyage, & a dreffer lorfque vous vous arrétez. La laine de vos troupeaux, leur poil & leur erin, fervent a votre utilité & a votre parure. II a formé pour vous les ombrages, & les autres des rochers. II vous a donné des vêtemens pour vous . mettre a 1'abri (1) de la chaleur , d'autres (O Gelaleddin penfe qu'au lieu de ces mots tlbar de la chaleur, on doit entendre elbard du froid. Maracci, fui■vant fa manière honnête d'expliquer les difficultés, s'écrie: Kimis fiolidum facit Profjetam fuum, qui caleris nomine frigus intelligat. C'eft toute fon explication, p. 400 , réfutation du Chapitre 16. Nous ofons croire que Gelaleddin  L e Coran. pour .vous couvrir dans les combats; c'eft alnfi qu'il accompli t fes graces fur voüs, afin que vous embrafliez 1'iflamifme. S'ils s'éloignent de toi, ton minifière fe borne a la prédication. Ils nient les dons du Ciel qu'ils connoifTent; la plupart font infidèles. Un jour nous fufciterons un témoin pour accufer chaque peuple. Les incrédules ne feront point écoutés, & il n'y aura plus de pardon pour eux. lis verront les tourmens qui leur font préparés, fans pouvoir les adoucir, ni les différer d'un inflant. L'idolatre, a Ia vue des objetsdefon culte, dira: Seigneur, voila les Dieux que j'ai invoque's. Tu es un vil menteur, lui répondront-ils. II demandera pardon a Dieu, & fes divinite's fc déroberont a fes regards. L'infidèle, qui aura détourné fes femblables de la voie du falut, fubira des peines plus rigoureufes, paree qu'il aura été corrupteur. s'eft trompé , & que (bus Ia zóne torride les vêtemens font auflï néceuaires & Ia confervation de riiomrae expofé k l'aftion d'un foleil brfllant, qu'ils le fon: fous la zóne glaciale a celle du fauvage enfoncé dans la neige ; du tnoins 1'expérience dépofe-t-elle en faveur de ce fentiment. Les Arabes font toujours couverts de longs manteaux de laine qui arrötent l'aclïvité des rayons du foleil, & qui les empêchent du bröler au milieu des torrens de feux que rdfléchit de toutes parts le réverbère des fablcs embrdfes. Dans  L E C O R A N* rtj Dans ce jour, nous ferons lever du milieu de chaque nation un Prophéte, pour témoigner contr'elle. Tu témoignerns contre les Arabes. Nous t'avons envoyé le livre qui inftruit fur tous les devoirs, qui eft la lumière , la grace, & le bonheur des Muftiimans. Dieu commande la juflice, la bienfaifance, & ia libéralité envers les parens. II défend le crime, finjuftice & la calomnie. II vous exhorte afin que vous réfléchifliez. Accompliffez le pafte formé a Ia face du Ciel. Ne vlolez pas vos fermens, paree que vous avez pris Dieu pour garant de leur fainteté, & il fait ce que vous faites. Ne reflemblez pas a celle qui rompt fon fil aprés qu'il eft retors; ne faites pas préfidcrla fraude a vos engagemens, paree qu'une partie des contraftans, eft plus puiflante que 1'autre. Dieu vous tentera dans ce point, & vous montrera, au jour de la réfurrection , ce qui fit 1'objet de vos détats. Dieu pouvoit donner ia même religion a tous les hommes ; maïs il diiïge ou égare ceux qu'il lui plait. Voos lui rendrez compte de vos actions. Evitcz Ie parjure, de peur que le pied qui étnit bien affermi ne glilTe , que le malheur ne s'attacbe il vos pas pour avoir ecarté les hommes du chemin du falut, & que vous nedeveniez la proie des tourmens. Ne vendez pas ia reiigion pour un vil ibtérét, Un prix infini vous attend, dans les mams de Dieu, Si vous faviez ! Tom. II. B  5.6 L e Coran. Vos jouiffances font paffagères; celles que Dieu vous promet font permanentes. Ceux qui auronc fouffert avec patience , recevront une récompenfe proportionnée au bien qu'ils auront fait. Quiconque aura exercé la bienfaifance, & profetie la foi, jouira d'une vie femée deplaifirs, &duprix de fes bonnes oeuvres. Lorfque tu lis le Coran, prie le Seigneur qu'il te délivre des erabüches de Satan foudroyé. II n'a point de pouvoir fur le croyant qui met fa confiance en Dieu. Sa punTance fc bonie a ceux qui le prcnnent pour patron, & qui 1'égalent au Très-Haut. Si nous changeons un verfet du Coran, les infidèles t'accuferont de ce changement; mais Dieu fait ce qu'il envoie, & Ia plupart font dans 1'ignorance. Dis: rEjfprit de fainteté (i) 1'a apporté du Ciel avec vérité, pour affermir les croyans, pour leurmontrer la lumière & les promeffes du Seigneur. Je connois leurs difcours: nn homme , difent-ils, difte le Coran a Mahomet (2). Celui qu'ils foup- (1) L'Efprit de Saimeté : c'eft ainfi que Mahomet nomme 1'Archange Gabriel. Les Auteurs ne s'accordent point fur cetui qu'011 foupconnoit d'inftruire Mahomet. GelaUiMia penfe que c'ütoit Cciin , chrétien que Ie Prophéte viStoit de temps en temps. Jahia croit que c'étoit un efclave chrétien qui Ctoit Libraire. Zamcbafcar dit que c'étoit un jeune homme nomméiAVi , qui travailloit dans la Librairie . & qui étoit fervent Mufulman. D'autres prétendent que deux efcla-  L e Coran. ^ connentparle une langue étrangére, & 1'Arabe du Coran eft pur & élégant. Ceux qui rejettent les préceptes du Seigneur, ne 1'auront point pour guide. Ils ferontlaproiedesfupplices. Ceux qui nient riflamifine, ajoutent le blafphême au menfonge. ves nommés Uaber & I(,fcr , Armuricrs a la Mecque, rinftruifoicnt. En effet lorfque Mahomet pafioit devant leur maifon, il entroit chez cuS, & ils lui lifoicnt le Pcntateuque & 1'EvangÜe. Plufieurs croient que ces paroles, «ne langue étrangire, défignent Salman, Perfau dans lequcl il avoit bcaucoup de confiance. Ccttc variété d'opinions peut nous conduirc a Ia vérité. Mahomet voulant faire pafler fon livre pour divin, commenca par proteftcr qu'il ne favoic ni lire ni écrire. II feignit que Ia dbéïrine qu'il prêchoit lui étoit révélée par Gabriel. Pour jouer ce róle avec fuccès il lui falloit des connoiffances qu'un génie élevé ne peut pas donner feu!. II s'étoit inftruit dans fes voyages. La retraite qu'il fai. foit chaque annce dans une cavernc du Mont Tour , lui fervoit a lier enfemble les difTérentes parties de fon fyftème rcligieux; maïs il lui falloit connoitre la rcligion chrétienne , la juive, & la traditïon de fon pays. Tl ne pouvoit piüfer ces connoifTances que dans les livres & dans le commerce des hommes. Audi fréquentoit-il les Chrétiens, les Juifs, les Pcrfans ; aufii fe faifoit-il lire leurs livres facrés. C'eft pour cela qu'on lui reprochoit d'étre inftruit par des hommes & non par des Anges. Ainfi les différentes opinions des Commentateuïs peuvent fe conciHer. Chacun des hommes cités aura contribué a inftruire Mahomet. li a énfuite combiné fon fyftème de rcligion, « compofe le Coran. D 2  28 L E C O R A N. Les croyans qui deviendront apoftats, fercmt dévoués au courroux & a la vengeaüce du Ciel, a móins qu'ils n'ayent cédé a la violcnce, & que leur coeur ne foit fiiicèremenrattaché a la foi. Ils ont préféré la vie mondaine a la vie future. Dieu ne conduit point les infidèles. II a fceilé leurs cceurs, leurs oreilles & leurs yeux. Ils font enfevelis dans le fommeil de 1'mfouciance. Leur réprobation eft certaine. Ceux que la tyrannie a fait fair, & qui. enfuite ont combattti, & fupporté 1'infortune avec conftance, épronveront la miféricorde divine. Un jour chr.cun plaidera fa caufe, & recevra le prix de fes ceuvres. Perfunnc ne fert traité injufteraenc. Dieu propofe 1'cxemple d'une ville qui repofoit dans une proibnde fécurité. L'affluence des biens lui venoit de toutes p.irrs. Elle fut iugratc env.-rs le Seigneur, & il la revètit du manteau de la famine & de la craime, a caufe de fon inndéUté. Un Prophéte de leur nation, s'eft levé du milieu d'eux. Ils 1'ont accflfe d'impofture; mais le chatiment les a furpris dans leur iniquité. Noumffez-vous des aümens permis que Dieu vous a donnés, & foyez reconnoiflans de fes bienfaits, fi vous êtes fes ferviteurs. II vous a interditles animaux morts, ceux qui ont été hnmolés devant les idoles, le fang & Ia chairdu porc; mals celui qui fans convoitifc auroit cédé a ,1a néceffité, éprouvera combieu le Seigneur eft iaduigent & miféricordieux.  L e Coran. 29 Gardez-vous de proférer un menfonge, cn difant; cela eft permis, ceia eft défendu. Les menteurs ne. profpéreront point. Après de ceurtes jouiflances , ils feront Jiyrés a. des peines. e'ternelles. Kous avons iuteruit aux Juifs cc que nous t'avons déja révélé. Nous ne les avons point traités injuftement. Ils ont été injuftes cnvers eux-mêmes. Ceux qui, après avoir tombé par ignorance, fe eonvertiront, & pratiqueront la vertu , éprouveront la miféricorde divine. Abraham eft le chef des croyans. II fut foumis a Dieu. II adora fon unité, & refufa de 1'encens aux idoles. RecónnoifTant dés graces du Ciel, il fut 1'élu du Seigneur, qui le conduifit dans la voie du falut. Comblé fur la terre des faveurs céleftes, il feradans 1'autre monde, au nombre des juftes. Nous t'avons infpiré d'embrafl'er la rêïiglötj d'Abraham, qui reconnut 1'unité de Dieu , &q .i n'adora que fa Majefté fuprême. Le Seigneur établit le Sabbat parmi les Juifs quj difputoient a ce fujet. II jugera leurs différens au jour de la réfurreétion. Emploie la voix de la fageffe & la force de la perfuafion pour appeler les hommes a Dieu. Combats-les avec Ie charme de 1'éloquence. Dieu c'onnoit parfaitemeat ceux qui font dans 1'égarement-& eeux qui marchent au ikmbeau de Ia foi. Si. vous vous vengez; que la vengeance ne paffe B 3  L e Coran. pas 1'ofTenfe. Ceux qui fouffriroiit avec patienceferont une aftion plus méritoire. Sois confiant; Dieu aidera ta conftance. Nepleure point fiir leur fort. Ne t'alarme point des piéges qu'ils te tendent. Dieu eft avec ceux qui le ctaignent, & qui font bienfaifaire.  LeCoran. 3! CHAPITRE XVII (i). LE FOTAGE NOCTURNE. Donné a la Mecque, compofé de m verfets. Ju mm de Dieu clément & mifé; kor dieux. T J^juange a Dieu, qui a tranfporté pendant la nuit Ion fervireur, du Tempte de Ia Mecque au Tempte de Jérufalem, dont nous avons béni t'enceinte pour y laifTer des marqués de notre puifTance. Dieu voit & entend. Nous donnames le Pentateuque a Moyfe, pont CO Ce Cbapitre eft intitulé Efm , qui vent dire il a tranfportiftniapt la nuit. Mahomet dit fculement dans ie Coran que Dieu Va tranfporté pendant Ia nuit du TcmpI» de Ia Mecque dans celui de Jérufalem. II étoit trop prudent pour décrire ce voyage miraculeux , imaginé pour du poids a Ia nouvelle manière de prier qu'il vouloit établir. 11 fe contenta de Ieraconterde vive voix, & voyant qu'il ne prenoit pas dans Ie public il n'en paria plus. La tradition a tranfmis Ie voyage noéturne comme une de ces vérités que les Mahométans doivent croire fans examen. Les Auteurs les plus graves le regardent comme une vifion. Ils foutiennent que Mahomet ne fut tranfporté quVn efpnt. (Fojez vie de lUaboaet.} B 4  O:2 L E C O R A N. conduite les ènfans d'Ifraël, & nous leur-dé&nJimes de rechercher d'autre proteélion que celle de Dieu. Nous portantes dans 1'Arche Noé' & fa poftérite'. II fut un ferviteur reconnoiffant. Nous prédimes anx Hébreux , darts les livres facrés, que deux fuis corrompus, ils fe Iivreroient a des excès inouis. Lorfque la première e'poque arriva, nous fufcitames contre vous nos ferviteurs. Ils raffemblèrent des arniées formidables ; ils portèrent la guerrc au fein de vos maifons; & la prédiétion fut accomplie, Après se défaftre, nous vous accordames la victoire fur vos ennemis; neus augmentames votre puiffance, & Ie nombre de vos en fans. Ce que vous faites de bien & de mal, vous Ie faites a vous-mëtnes. Lorfque la feconde période de vos malheurs fut venue ,- vos ennemis répandirent Ia confternation parmi vous; ils entrèrent dans le temple, comine Ia première fois, & Ie démolirent. Dieu peut vous pardonner encore; mais fi vous retoumez au crime , fon bras efl prêt a frapper. L'enfer fera la prifon des méchans. Le Coran conduit dans Ia voie la plus füre. II promet le bonheur aux fidéles. II annonce aux bienfaifans une récompenfe glorieufe. Les incrédules feront dévoués a la rigueur des fupplices. L'homme demande le mal au lieu du bien& il efl ardeut dans fes vceux.  L. E C O R A In". 33 La nuit & le jour atteftent notre puiffanee. Nous avons couvert Ia nuit d'un voile, & éclairé la face du jour, afin que vous femployiez a chercher 1'abondance. II vous fert a compter les années & le temps. Par-tout brille 1'empreinte de notre fagelfe. L'homme porte fon fort attaché au col (i). Nous lui montrerons au jour de la réfurreelion un livre ouvert. . Nous lui dirons: lis ce livre & vois toi-même ton compte. Suivez la lumièrc ou les ténèbres, c'eft pour vous que vous travaillez. Vous ne porterez point le fardeau d'autrui. Nous n'avons point puni de peuple avant de 1'avoir averti, paria voix de nos Prophètes. Lorfque nous voulümes détruire une ville, nous prévinmes les principaux du peuple. Ils perfiflèrent daus leur aveuglement» Notre paroje s'accomplir. La cité fut enfevelie fous fes ruines. Coinbien depuis Noë avons nous exterminé de nations ? Toutes les fautes des. hommes font dévoilées aux yeux de 1'Eternel. Nous difpenferons a notre gré les bieis terreftres a celui qui les demandera avec ardeir. (Nous les donnons a qui il nous plaït.) Enfuite nous le pré- CO L'homme porte fon fort attaché au col. Tous les Mufulmans croient ;i la prédcttination. lis penfent que la cieflin de 1'homme Sft écrit a 1'inftant de fa naiffiince. Cette opinion les rend paticns dans Ie malheur & hardis-dani Ie. danger.. B 5  34 Lr. Coran. cipiteronj dans les brafiers de 1'enfer, oü il fera dévoué a 1'ignominie. Enflammé dn défir de la vie future, !e croyant qui marcbera dans le fentier de lajuflice , feraagréable a Dieu. Nous accorderons nos graces aux uns & aux autres. Elles ne feront refufées a perfonne. Vois comme nous avons établi des dégrés parmi les hommes. Dans la vie future, les rangs feront bien plus diflinéts, bien plus glorieux. Ne donne point d'égal a Dieu , & ne refte point aflis fans gloire & fans vertu. Dieu te commande de n'adorer que lui. II te prëfcrit la bienfaifance pour les auteurs de tes jours, foit que 1'un d'eux ait atteint la vieilleffe, ou qu'ils y foient parvemis tous deux. Garde-toi de leur marquer du mépris, ou de les reprendre, & ne leur parle qu'avec refpeft. Sois pour eux tendre & foumis, & adreffeau Ciel cette prière : Seigneur, fais éclater ta miféricorde pour ceux qui m'ont nourri dans mon enfance. Dieu lit au fond de vos cceurs. II fait fi vous étes juftes. II pardonnera a ceux qui reviendront a lui. Rends a tes proches ce que tu leur dois. Fais 1'aumóne aux pauvres, aux voyageurs, & ne difïïpe point follement tes richelTes. Les diflïpateurs font les frères de Satan, & Satan fut infidèle a Dieu. Si tu t'éloignes de 1'indigent, obligé toi-même  £ e C O 8. a n. 35 d'avoir reconrs a Ia miféricorde divüie, parle-lui au moins avec h itnanité. Ne te lie pas Ie Iras au col; ne 1'étends pas de teute fo.i étendue, de peur que tu ne fois expofc au blame ou a Ij mendicité. Dieu ouvre ou ferme fes tréfors a fon gré. II voit & connoit ceux qui Ie fervent. Que Ia crainte de 1'indigencé ne vous faffe pas tuer vos enfans. Nous fournirons a leurs befoins & aux vótres. Cette aétion eft un attentat horrible. Evitez la débauche. C'eft un crime, & le chemin de 1'enfer. Ne verfez point Ie fèng humain, fi ce n'eft enJuftice. Dieu vous le défend. Le meurtrier fera' en Ia puifanee des héritiers du défunt; mais ils ne doivent point exce'der les bornes qui leur font prefcrites, en exigeant fa mort; paree qu'ils font fous la pi'otection des loix. Ne toucbez point aux biens de 1'orphelin ; a moinsque ce ne foit pour les améliorer, jufqu'a ce qu'il ait atteint 1'age fixé. Obfcrvez vos engagemens. Vous en rendrez compte. Rempliffez Ia mefure. Rendez la balance égale , & vous remplirez les loix de la juftice & de 1'honnéteté. Ne cherchez point a pénétrer ce que vous ne pouvez favoir; vous rendrez compte de 1'ouie, de la vue, & de votre cceur. Ne marcliez point orgueilleufement fur la- terreVous ne pouvez ni Ia partager en deux, ni égaler la hauteur des montagnes. b 6  3ó L e Coran. Toutes ces aetions font des crimes aux yeux dti Tout-Puiffant. Dieti t'a révélé cette doftrine tirée du livre de Ia fagelfe. Ne lui donne point d'égal, de peur que tu ne fois jetté dans 1'enfer, couvert d'opprobre. Direz-vous que Dieu vous a choifis pour fes enfans, & que du commercc avec les Anges il a eu des filles? Pouvez-vous proférer ce blafphê-me? Nous avons voulu expliquer aux hommes leurs devoirs dans Ie Coran; mais netrezèlen'a fervi qu'a les éloigtier de la foi. Dis : s'il y avoit d'autres Dieux que Ie TrèsHaut, ils s'efforceroient de s'ouvrir uue route jufqu'a fon tróne. Louange au Tout-Puiffimt! Loin de lui ces blafphêmes! Les fept Cieu^. le louent. La terre rèpète fes louanges. Tout ce que renferme 1'univers publie fes grandeurs ; mais vous ne fauriez compreudre leurs cantiques. Le Tout-Puiffaut eft doux & miféricordieux. Lorfque tu Iiras' Ie Coran, nous étendrons entre toi & ceux qui ne croient pas a Ia vie future , un voile impénétrable. Nous en envelopperons leurs ccenrs, afin qu'ils ne puiffent comprendre. Nous mettrons un poids dans leurs oreilles. Lorfque tu célébres dans le Coran un feul Dieu, ils fuient d'un pas précipité. Nous favons ce qu'ils entendent quand ils t'écou-  L e Coran.. 3^, tent, & ce qu'ils inventent quand dans leur kijuftice ils difent: nous ne fuivons qu'un infenfé. Vois a quoi ils te comparent. Ils font dans Terreur , & ils 11e trouveront plus la vérité. Se peut-il , difent les incrédules, qu'après que. nous ferons dcvenus os & poulïïère, nous foyons raniraés de nouveau? Dis-leur: fufhez-vous- pierre , fer , ou ce qu'il vous- plaira, vous reflufciterez. Qui nous fera retourner a la vie? Celui qui vous a créés la première fois. Ils fecouent la tête, & demandent quand eet. événement arrivera. Réponds-leur: peut-étre qu'il n'eft pas éloigné. Un jour Dieu- vous appeliera du tpmbeau. Vous lui rspondrez en publiantfes louanges. II vous femblera. n'y avoir demeuré qu'un inftant. Recommande a mes ferviteurs 1'honnéteté dausles paroles, de peur que Satan ne feme la difcorde entr'eux. II efl 1'ennemi déclaré de 1'homme. Dieu connoit le fond des cceurs. II peut a fon gré vous pardonner ou vous punir. Nous ne t'avons point envoyé pour être leur défenfeur. II fait ce qui efl dans les Cieux & fur Ia terre. Nous élevames les Prophètes les uus au-defïus des autres. Nous donnames a David le livre des Pfeaumes. Dis-leur: invoquez vos Dieux. Ils ne pourront ni óter, ni changer le mal qui vous oppreffe. Ceux a qui ils'adreffent leurs vceux, font euxmêmes tous leurs efforts pour s'approcher du TrésB 7  33 L e Coran. Haut. Ils attendentfa mifericorde, & cratgnent fes chatimens terriblcs. Nous détruirons ou punirons rigoureufement toutes les villes de la terre, avant Ie jour de la réfurreftion: c'eft un Arrêt écrit dans le livre. Nous aurions accompagné ta miffion deprodiges, fi 1'on avoit cru ceux que nous opérames avant toi. Les Themudéens ne tuèrent-ils pas cette merveilleufe femelle de chameau que nous leur avions donnée ? Nous n'avons fait éclater des miracles que pour infpirer Ia terreur. Nous t'avons déclaré que la puiffance de Dieu embraffe tous les hommes. La vifion dont noust'avons favorifé fera un fujet de tentation, ainfi que 1'arbre maudit, (i) dont il eft parlé dans le Coran. II épouvantera les infidèles; mais il n'accroitra que leurs erreurs. Nous ordonnaines aux Anges d'adorer Adam. Tous fe profternèrent devant lui. Eblis feul refufa d'obéir. Adorerai-je, dit 1'efprit rebelle, celui que tu as formé de boue? (O L'arbre maudit, c'eft 1'arbre zacotim. II s'clève du fond de 1'enfer. Lorfque Mahomet allure qu'il fera un fujet dè tentation, il fait a'.luü'on aux debats des infidèles qui difoient: Ie feu confume les pierres, comment l'arbre zacoum peut-il croitre au milieu de (lammes? Gahlcd.Hn. Le zacoum eft un arbre épineux qui croit en Arabie, & iont les fruits font extrêmement amers. C'eft fans doute \ caufe de ces qualités malfaifantes que Mahomet le place è.ans 1'enfer.  L e Coran. 39 Seigneur, ajoüta-t-il. fi tu diffères tes chatimens jufqu'au jour de la réfurreftion , j'enchainerai la poftérité de celui que tu as élevé au deffus de moi. Peu échapperont a mes piéges. Va, répondit Dieu: ceux qui te fuivront, feront précipités avec toi dans 1'enfer. Us auront les tourmens pour récompenfe. Rends les hommes dociles a ta voix ; attaque-les avec tes k!gions; augmente leurs richelfes &le nombre de leurs enfans; flatte-les par de douces efpérances. Tes promeffes feront trompeufes. Tu n'auras point de pouvoir fur mes ferviteurs. Ma proteétion fera pour eux un afile alTuré. Votre Dieu efl celui qui fait voguer le navire fur les flots, afin que vous vous procuriez 1'abondance. II eft plein de bonté pour vous. Si le malheur vous pourfuit au milieu des eaux, vos dieux s'enfuiront loin de vous. Si Dieu vous délivre du péril, & vous rend a votre patrie , vous 1'abandonnerez, paree que l'homme eft ingrat. Croyez-vous être a 1'abri de fes coups ? Nepeut-il ouvrir un abyme fous vos pasj; ou faire fondre fur vos têtes un nuage chargé de pierres ? Ou trouveriez-vous un refuge? Etes-vous fürs qu'il ne vous ramènera point fur les mers, & que pour punir votre ingratitude, il ne déchainera point contre vous un vent impétueux qui vous engloutira dans les eaux ? Vous n'auriez point de liberateur. Nous honorames les enfans d'Adam. Nous les  4'° L E C O R A Ni portames-fur la terre & les mers. Nous les nourrtmes d'alimens purs, & nous les éievames au-deflus de beaucoup de créatures. Un jour je raflemblerai chaque nation avec fon chef. Geux qui recevront leur livre dans Ia main droite le liront, & ne feront point traités injuftement. Celui qui dans cette vie aura été aveugle, lefera dans fautre. II a perdu le vrai chemin. Peu s'en efl fallu que les infidèles ne t'ayent fait abandonner notre doctrine, & changer nos préceptes-. Cette condefcendance t'eüt procuré leur amitié. , Si nous n'avions afferrai ton cceur, tu étois prés de céder a leurs défirs. Si tu les euffes fuivis,nous t'aurions fait éprouver les mfirmités de Ia vie & de la mort, & tu n'auroisJ pu éviter notre courroux. Péu s'en efl: fallu qu'ils. n'ayent jetté la frayeur dans ton ame , & qu'ils ne t'ayent fait fuir deMedinev lis n'y' auroient pas demeuré longtems; Suivant la loi établie en faveur des Prophètes qui t'ont précéde , loi qui efl immuable. Fais la prière depuis Ie coucher du foleil jufqu's; la nuit. Lis le Coran au point du jour. Les Anges feront témoins de ta lefture. Lis le Coran une partie de la nuit. Ce fera un aceroifTement de mérites, & le Seigneur t'élèvera aun rang glorieux. Dis: Seigneur, fais que Ia vérité préfide amon  L e Coran. 41. entree, (1) fais qu'elle préfide a ma fortie; couvremoi du bouclier de ta puiifance. Dis: Ia vérité a paru , & le mc-nfonge s-'eft dilïïpé comme une vapeur légere. Les fidéles trouveront dans Ie Cotan, leurguérifon, & les graces du Seigneur; mais il hatera la perte des incrédules. L'homme comblé de nos faveurs s'éloigne de nous dans fon ingratitude. Eft-il en proie au.malheur? li fe livre au défefpoir. Dis: chacun prend fes défirs pour loi; mais Dieu fait celui qui marche dans le fentier du falüt. Ils t'interrogeront fur 1'ame. Dis-leur: Dieu s'en eft refervé la conuohTance. II nous a laiffé bien peu de lumières. Nous pouvons anéantir ce que nous t'avons révélé. Tu ne faurois mettre d'obftacle a nos volontés. La miféricorde de Dieu feroit ton feul afile. II t'a comblé de fes graces. Dis: quand 1'enfer s'uniroit a la terre pour produire un ouvrage femblable au Coran; leurs erForts feroient vains. Nous y avons donné des inflruétions a 1'homme- (1.) Lorfque Mahomet entra triomphant a la Mecque, le Tcmple étoit environné de trois cent foixante idoles. 11 les frappa avec une baguette qu'il tenoit a la main, eu criant jufqua ce qu'clies furent renverföes: la vérité a paru , le menfonge va s'évanouir. Cefalerldin. (Voyea. Vie de Mahomc:, huitiême année de 1'Hégire.  42 L e Coran. fur tous fes devoirs; mais opiniatre dans fon iticcédulité, ii rejette Ia lumiére. Les mfidèles ont dit: nous ne croirons point a ta miffion, fi tu ne fais jaülir de Ia terre une fource d'eau vive; Ou fi du milieu d'un jardin, planté de palmiers & de vignes, tu ne fais fortir des ruiffeaux; Ou fi tu n'abaifles Ia voute des Cieux, comme tu nous 1'as promis en vain, & tu ne nous fais voir Dieu & les Anges a découvert; Si tu ne batis une maifon d'or, ou fi tunemontes dans les Cieux, par une échelle, & nous ne croirons point encore a moins que tu ne nous envoies du Ciel un livre que nous puiflions lire. Dis-leur: louange au Très-Haut! Je ne fuis qu'un homme qui vous a été envoyé. Les hommes n'ont point cru lorfque Ia vraie relft gion leur a été annoncée, paree qu'ils ont dit: Dieu auroit-ii choifi un mortel pour être 1'organe de fes volontés? Réponds-leur: fi les Anges habitoient la terre, s'ils converfoient avec vous, nous vous aurions envoyé un Ange pour Mininre. Dis: le témoignage de Dieu me fufïït coutr'eux. li a 1'oeil ouvert fur fes ferviteurs. Celui que Dieu conduit marche dans le vrai chemin. Ceux qu'il égare n'auront point d'abri contre fa vengeancc. Nous les ralTemblerons au jour de Ia réfurredion. Aveugles, muets & fourds, ils auront! le front profierné. L'eufer fera leur deraeure. Si  L e Coran. 43 les flammes viennent a s'éteindre, nous les rallumerons & nous en augmenterons 1'ardeur. Ils fouiFriront ces tourmens paree que rebelles a la foi ils ont dit : eft-il^poflible que devenus os & pouffière nous retournions a la vie? Ne voient-ils pas que le Créateur des Cieux & de la terre peut former d'autres hommes femblables a eux, & fixer le tenue de leurs jours ? Cette vérité efl inconteflable; mais les infidèles fe refufent opiniatrêmeiK a Pévidence. Dis : fi Ia miféricorde divine vous avoit difpenfé des tréfors , vous n'ofeiiez y toucher, paree que Phomme eft avare. Nous donnames, a Moyfe le pouvoir d'opérer fept miracles. Interroge les enfans dTfraël dont il fut le guide. Tu n'es a mes yeux, lui dit Pharaon , qu'un impofteur entouré de prefliges. Tu fais, lui répondit Moyfe, que ces merveillesne peuvent être que 1'ouvrage du Souverain des Cieux & de la terre. Ce font des fignes évidens. O Pharaon ! Je vois ta pene certaine. Pharaon voulut chaffer les Hébreux d'Egypte. Nous 1'enfevelimes dans les eaux avec une partie de fon peuple. Nous dimes enfuite aux enfans dTfraël : habitez la terre; lorfque la promeffe de Ia vie future fera venue, nous vous raffemblerons tous. Nous avons envoyé ce livre avec vérité. La vérité Pa apporté du Ciel. Nous t'avons choifi pour annoncer aux humains, nos promeffes & nos menaces.  44 L e C o r a -Ce Chapitrc eft intitulé Elcahaf, la Cavcrne , paree que Mahomet y parlc de plufieurs enfans qui s'étoicnt retlrés dans une caverne pour conferver leur foi. Certe fable a béauctjup de rapport avec 1'hiftoire des fept dormatis d'EphOfe.  46 L e Coran. Nous leur avons offert des jouiffances, pour les éprouver, & voir qui d'entr'eux en feroit meilleur ufage. Nous réduirons en poufïïère tout ce qui décore la terre. Avez-vous fait attention que 1'hiftoire des enfans qui fe retirèrent dans la caverne, offroit un prodige éclatant? Lorfqu'ils y furent entrés, ils adreffèrent a Dieu cette prière : Seigneur couvre-nous de 1'ombre de ta miféricordc, & fais que la juftice préfide a notre entreprife. Nous les plongeames dans un fommeil profond, pendant un grand nombre d'années. Nous les reveillames enfuite, pour voir qui d'entr'eux fauroit mieux compter le temps qu'ils y étoient reftés. Nous te racontons leur hiftoire avec vérité. Ces enfans croyoient en Dieu, & nous fortifiames leur foi. Nous mimes Ia conflance dans leurs cceurs, lorfque rendant hommage a la vérité, ils dirent: notre Dieu eft le Souverain des Cieux & de Ia terre;nous n'en invoquerons point d'autre ; car nous ferions impies. Peuple, adorez vos idoles. Nous leur refuferons notre encens aufïï Iongtemps qu'elles ne nous donneront point des marqués éclatantes de leur puiffimce. Quoi de plus impie que de préter a Dieu le menfonge? Eloignons-nous des infidèles, jufqu'a ce qu'ils  L E C O R A N. ^ foient revenusauculte d'un Dieu unique. R-nirons. nous dans ia caverne. La miféricorde divine veillera lur nous, & pourvoira a nos befoins. Tom ie temps qu'ils demeurèrent dans Ia grotte on vit Ie foleil en refpeéter i'ehtrée. Lorfqu'il fe levoit, il flécHflbk a droite fes rayons enflammés, il les portoit a gauehe quand il tournoit vers I'occident. La main du Tout-Puiffant opéra ce miracle. Celui que Dieu dirige eft dans Ie vrai chemin. Celui qu'il égare ne retrouvera plus la lumière, & n aura plus de proteéïeur. On les eüt crus éveillés, & ifc dormoient. Nous les tournions d'un cóté & de 1'autre. Leur chien étoit couché les pattes étendues a I'entrée de Ia caverne. Quiconque les eüt apperpus a 1'improvifte, auroit fui épouvanté. Nous les tirames de leur fommeil afin qu'ils s'interrogeaflent mutuellement. Combien de temps demanda 1'un d'eux fommes-nous reflés ici? Un jour, lui répondit-on, ou moins encore. Dieu fait, repri' rent lesautres, ce que nous y avons demeuré. Envoyons quelqu'un de nous avec eet argent a Ia ville, (i) pour acheter des aümeus. Q°u'il fe comporte avec civilité, & qu'il gai-de le filence fur notre retraite. Si les habitans nous voyoient ici, ils nous lapi- CO Quelques interprótes penfent que Ia ville dont Ü eft fait meution dans ce vetfet eft Tarfe de Cilicie.  4-8 L E C O R A Hi deroienc, ou nous forceroient de retourncr a leut idolatrie , & le bonheur feroit éteint pour nous. Nous les ramenamcs a leurs concitoyens , afin qu'ils viffent 1'accompliflement des promeflès du Seigneur; car fa parole eft immuable. La ville difputoit a leur fujet. On propofa de batir un oratoire fur la caverne oü ils s'étoient retirés. Le Ciel les protégeoit, & les fidéles qui défendoient leur caufe s'écrièrent: fans doute nous y élèverons un temple. Ou difputera fur leur norabre, & 1'on dira qu'ils étoient trois & leur chien , cinq & lenr chien, fept & leur chien (i); mais c'eft vouloir pénétrer un myftcre, que peu de perfonnes favent. Dis : Dieu connoit parfaitement leur nombre. Ne parle d'eux qu'avec fcience , & ne raconte point leur hiftoire aux infidéles. Ne dis jamais (2) : je ferai cela demain , fans ajou- (1) On dira qu'ils étoient fept. C'cfl: le fcntiment que 1'on doit adopter fuivant Ebnabbas. (2) Ne dis jamais &c. Quelques Chrétiens ayant dewandé a Mahomet 1'lriftoire des fept dormans. Je vous la raconterai demain, ripondit-il; il oublia d'ajouter, fi c'eft la volontl de Dieu. 11 fut repris de cette omilïïon, & ce verfet lui fut révélé: ne dis jamais: je ferai cela demain fans ajouter: fi ceft la volontê de Dieu. Les Turcs ont parfaitement bien retenu cette maxime. Ils ne font jamais de réponfe abfoluï. Qu'on leur demande viendrez-vous? irez-vous'? Terminerez-vous cette affaire? Ils ajouter.t toujours ii Ia fin de leur réponfe: en cba sllab , fi c'eft la velonti de Dieu.  L e Coran. ^ ' ïjomer: fi c'eft la volonté de Dieu. BfèVê vers lui ta penfee lor.que tu as oublié qüelque cnoïe-, & dis: peüt-étre qu'il m'éclairera , & qu'il me fêfa connóitre la vérité. Ces enfans demeurérent trois cent fept ans dans la caverne. Dieu fait parfaitement le temps qu'ils y refïèrent. Les fecrets des Cieux & de la terre lui font dévoÜés. 11 voit & entend tout. II n'y a point d'autre protefteur que lui, & il n'afrocie perfunae a fes jugemens. Lis le Coran que Dieu t'a révélé. Sa doctrine efl immuable. II n'y a point d'abri contre le Trés-Haut. ^ Sois conflant avec ceux qui 1'invoquent le maiin & le foir, & qui recherchent fes graces. Ne détourne point d'eux tes regards, pour te livrer auxV charmes de la vie mondaine. Ne fuis pas'celui dont ie cceur nous a oublié, & qui n'a pour guïde que fes défirs & fes pafïïons déréglées. Dis: la vérité vient de Dieu. L'homme efl libre de croire, ou de perfifler dans 1'incrédulité. Nous avons allumé des brêfiers pour les méchans. Un tourbiüon.de flammes & de fumée les enveloppera. S'i's demandent des adouciffemens, on leur offrira de 1'eau qui, feniblable a de 1'aira'in fondu, brülera leur bouche. Ils avaleront eet affreux breuvage, & feront étendus fur un lit de douleur. Le croyant vertueux ne verra point périr Ie bien qu'il aura fait. PofïefTeur des jardins d'&feg oü corlent des fleu//. Tom. C  5 = L E C O H A N* ves, paré debraceiers d'or, vêtu d'liabits verdsfiflus en foie & en or, rayonnant de gloire , il repofera fe le lit nuptial, prix fortuné du féjour de délices. Propofe cecce parabole: un homme poffédokdeux jardins plantés de vigncs, entourés de palmiers, & enrichïs de diverfes femences. Ils deviurent féconds, & fon attente ne fut point- tronipée. Nous avions fait eouler un ruifleau au milieu. Une abondante récolte alloit enrichir le pofl'effeur. II fe livra a 1'orgueil, &ditafon voifiu: je fuis plusriche que toi, & ma familie eft plus nombreufe. Fier au milieu de fes poffefïïons, il s'écria: je ne penfe pas que ces campagnes puiffent jamais être ravagées. Je ne crois point a la réfurreétion, & quand je reiTufciterois, j'aurai pour partage des richeffes plus précieufes que celles-ci. . Nieras-tu, lui répondit le fidéle d'un ton affuré, f'exiftence de celui qui t'a créé de poufiière , & qui jufqt,'a ce que je fois parvenu a 1'endroit oü les deux mefs fe joignent. Lorfqu'ils y furent arrivés , i(s oublièrent leur pjilfon, qui s'en retourna dans la mer par une voie louterraine. Ils pafTérent outre, & Moyfe dit a fon ferviteur • apporte-moi de la nourriture. Notre voyage a été fatiguaht, CO JoCüé fils de mm. C 3  54 L e Coran. Avez-vous fait attention, lui répondit le ferviteur, a ce qui eft arrivé auprès du rocher oü nous avonj pafie ? J'y ai laiffé le poiflbn. Satan me fa fuif oublier, & il eft miraculeufement retourné dans la mer. (j) C'eft ce que je défirois, reprit Moyfe; & ils s'en retournèrent. Ils rencontrcrent un ferviteur de Dieu , comblé de fes graces & éclairé de fa fcience. Permets-moi de te fuivre , lui dit Moyfe , afin que je m'inftruife dans la vraie doftrine qui t'a été révélée. Tu ne feras point affez conftant, lui répondit le fage, pour refter avec moi. Comment pourras-tu t'abftenir de m'interroger, fur des événemens que tu ne comprendas point? S'il plalt a Dieu, reprit Moyfe, j'aurai de la conftance & une obéifiance entière. Si tu m'accompagnes, ne m'interroge fur afleun fait, avant que je t'en aye parlé. Ils pattirent. Etant entrés dans une barque , le ferviteur de Dieu la mit en pièces. Etoit-ce pour nous faire périr , lui demanda Moyfe, que tu as brifé cette barque? Voila une action bien merveilleüfe! Ne t'ai-je pas dit, que tu n'étois point aflez patiënt,, pour refter avec moi? Ci) La fuite de ce poiiïbn étoit le fignc anquel Moyfe devoit reconnoitre la rencontre prochaine de celui qu'il chcrclioit. Gtlcleddit).  L E C O R A ft, 55 Que 1'onbii de ma promefle ne t'irrite pas. Ne nfimpofe point une obligation trop diflieüe. lis fe remirent en chemin , & ayant rencontré un jeune homme , le ferviteur de Dieu le tua. Eh qüöi! s'écria Moyfe, tu viens de mettre a mort un innocent. II n'eft coupable d'aucun meurtre. Tu "as commis un ciime. Ne t'ai-je pas dit, que tu n'étois point affez patiënt pour refter avec moi? Excufe-moi encore, ajoütaMoyfe, mais ft déformais je te fais un feule queltion, ne me permets plus de t'accompagner. Ils continuèrent leur route & arrivèrent aux portes d'une cité (i). Ils demandèrent 1'hofpitalité anx habitans, On la leur refufa. Un mur menacoit ruine. Le ferviteur de Dieu le rétablit dans fa première fi> lidité. Tu aurois pu, lui dit Moyfe, attacher im prix a ce bienfait. Ici nous nous féparerons, répondit le ferviteur de Dieu; mais auparavant je dois t'apprendre la fignincr.tion de ces aftions fur lefquelles tu n'as pu garder le filence. La barque appartenoit a de pauvres mariniers; je l*ai mife en pièces, paree qu'il y avoit a fa pourfure un Roi qui enlevoit tous les bateaux par force. Le jeune homme éfoit né de parens fidéles, & (i) Amioche.  5°" L e Coran. j'ai craint qu'il ne les infectie de fes erreurs, & de fon incrédulitc:. J'ai voulu que Dieu leur donnat des fils rneiileurs, plus tendres, & plus dignes de fes graces. Le mtit étoit 1'héritage de deux jeunes orphelins. II cachoit un tréfor qui leur appartenoit. Leur père fut jufte , & Dieu a voulu les laiffer parvenir a 1'agé de raifon, avaut qu'ils reiiralTent leur tréfor. Voila 1'explication des événemens qui ont excité tes queftions. Ils t'iuterrogeront au fujet d'Alexandre. (i) Disleur: je vous raconterai fon-hiffoire. Nous affermlmes fa puiiTance fur Ia terre, & nous lui donnames les moyens de furmonter tous les ob(lades. ■ O) Alexandre eft nommé dans le CoranZou Ommin, c'cft-a-dire pojfefeur de deux cernes. Quelques Auteurs Arabes prétendent qu'il fe nommoit ainfi paree qu'il portoit deux cornesa fa couronne; d'r.utres paree qu'il poffédoit deux Empircs, celui des Perlés & celui des Grecs. Zamchcifcar. Ifinaè'l fils ff AU, dans fon hifioire d'Alexandre fils de Philippe, fou'ient que celui dont il eft parlé dans le Coran n'eft point Alexandre le Crand. ii affure, d'après le fentiment de plufieurs Auteurs, que Zou Cornaiu vivoit du temps d'Abraham, qu'on doit entendre par ce nom Afiid fils SAfphian, fixième roi de Perfe, ou bien EJfaab fils ffElrmi, roi de 1'Arabie Heureufe. Quoi qu'il en foit, le fentiment le plus généralement reen eft que Zou Ccriiain eft le même qu'Alexandre le Grand.  L e Coran. 57 II marcha jufqu'a ce qu'il fut arrivé au couchant. II' vit le foleil difparoitre dans une mer en feu. (i) Ces contrées étoient habitées par un peuple infidèle. Nous lui commandantes d'exterminer cette nation, ou de 1'emmener en captivité. Je chatierai les infidèles, répondit Alexandre, & ils retourneront a Dieu qui les livrera a la rigueur des fupplicës. Mais ceux qui croiront & qui feront le bien auront Ia félicité pour partage. Ils trouveront nospréccptes faciles. II continua de marclier, Jufqu'a ce qu'il fut arrivé aux régions oü fe léve le foleil. Elles étoient habitées par un peuple, auquel nous n'avons point donné de vèteiuens pour fe mettre a 1'abri de la chaleur. Cetté narration eft véritable. Nous connoiffons, tous ceux qui étoient avec Alexandre. (i) II vit le foleil fc coucher dans une mer en feu. Cesmots fi din hamiat, dans une nier en feu, Marracci les a. traduits ainfi : dans une fontaine de boue noire. 11 cd vrai que le mot aïn fiignifie une fontaine, mais il a bien d'autres acceptiuns, il fignifie aufll un courant d'eau, une étendue d'eau. Ilamiat eft un dérivé de Ia cinquième conjugaifrn du verbe barna, il aproduit de la chaleur. Meraccï a prU bamaat q'li veut dire de la boue noire v. pour bamiat lire en feu;, & il a traduit:, il vit le foleil fe coucher duns une fontaine de boue noire. Peut-être auflï que cette iv,aniere de rendre le texte fournilfant une plus ample maücre a la refutation, lui a paru préférable. C 5  5'? La Coran. I! fe remit en cherain, Ec il arriva ent re deux montagnes, aü pied defquelles habitoit une nation qui avoh peine a 1'entendre. O Alexandre ! Lui dfrem-üs , Jagog & Magog dévaflent nos contrées. Recois de nous un tribut acondition que tu èlèveras entre nous, & nos ennemis, une barrière. Offrez a Dieu votre tribut, ditlePrince; c'eftlüi qui a c'tabli ma puiiTance. Seeondez mes cfibrts; j'élèverai pour vous défeudre, un rempart impénétrable. Apportez-moi du fer, afin que je réuniffe les deux montagnes (i). Soufflez jufqu'a ce qu'il s'enfiamme, & jettez deffus de 1'airain fondu. Jagog & Magog (2) ne purent ni êfcalader le mur, ui le percer. (1) Ces deux montagnes font dans Ia Thrace. Alexandre ferma d'un mur Ie pafïage qu'cllcs lailToient entr'elles. Gelaleddin. Lorfque Mahomet a voulu éerire fur 1'hiftoirc, il n'a débité que des fables; mais il a toujours eu foiu de les adapter a fes vues & a fon fyftéme de religion. Le charme inimitable de fon flyle, le ton prophétique avec lequel il les a publiécs, les font paiTer aux ycux des Mahométans pcu inftruits pour des vérités incontefiables. CO J"gog & Magog font les noms barbares de deux Tribus. Zamclafiar les fait defcendre de Japhet, troifième fils de Noë. Ils ajoutent qu'elles étoient anthropophages. D'autrcs Auteurs prétendent que Jagog & Magog étoient des géans. Ils paroiiTent être les mêmes que Gog  L e Coran. 59 Cet óuvhge, dit Alexandre, eft un effet de la miféricorde divine. Lorfque le tcms marqué par le Seigneur, fera venu, il le réduira en pouffière. Ses promeffes fout infaillibles. Dans ce jour tous les hommes feront confondus. La trompette fonnera, & ils feront tous ralfemblés. Nous donnerons, aux infidèles, 1'enfer pour deme ure. Leurs yeux furent couverts d'un voile, & leurs oreilles fermées a la vérité. Les impies ont-üs penfé qu'ils rendroient impunéraent a mes créatures des honneurs divins? 1'enfer fera leur partage. Dis: vous ferai-je connoitre ceux dont les ceuvres font vaines? Ceux dont le zèle efl aveugle, & qui croienc leurs aélions méritoires? Ce font ceux qui ont nié 1'iflamifme & la réfurreftion. Le menfonge préfidoit a leurs ceuvres. Elles feront fans poids au jour du jugement. Incrédules, ils ont fait de ma religion & de mes Minifires, 1'objet de leur rifée. L'enfer fera leur récompenfe. Le croyant qui fera le bien, aura pour demeure les jardins du Paradis. & Magog dont parle Ezechiel, & dont l'Apocalypfe do Saint Jcan fait memion. Maracci. C 6  6o L e Coran. Habkaiit éternel du féjour de délices, il ne défirera aucun changement a fon fort. Si les fiots de la mer fe coloroient en noir, pour décrire les louanges du Seigneur, ils feroient e'puife's avant d'avoir-célébré fes merveilles. Un autre océan ferablable ne fuffiroit point encore. Dis: je fuis un homme comme vous; j'ai été favorile des révéhtions céleftes; il n'y a qu'un Dieu. Que celui qui croit a 1'alfemblée univerfelle falfe le bien , & ne partage point 1'encens qu'il dok a rÉternel.  L E Coran, 6"ï C H A P I T R E XIX. MARIE. La paix foit avec elle. Donné a la Mecque, compofé de 99 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. K. H. I. A. S • (1) Le Seigneur fe fouvint de fa miféricorde envers fon ferviteur Zacharie; Lorfqu'il invoqua fon nom dans le fecret. Seigneur, dit-il, mon corps eft tombé dansrinfirmité. Les cheveux blancs couvrent ma tête. Je n'ai jamais été malheureux dans les vceux que je t'ai adreffés. Je crains ceux qui hériteront de mon rang. Ma femme eft ftérile. Donne-moi un fils, & mets le comble a tes faveurs. Qu'il foit mon héritier; qu'il ait 1'béritage de la familie de Jacob ; & qu'il te foit agréable. Zacharie, nous t'annoncons un fils ïiommé Jean. Perfonne avant lui n'a porté ce nom. (1) K. H. I. A. S. Ces earaiftères font myiterieux, & Dieu feul en a Ia connoilTance. Gelaleddin. C 7  02 L e Coran. Seigneur , répliqua Zacharie , comment aurai-jo ce fils ? Mon époule eft ftérile , & je touche a la décrépitude (i). II en fera ainfi. Ce prodige n'eft point au deiTus de ma puifiance, dit le Seigneur. C'eft moi qui t'ai créé de rien. Seigneur, ajouta le vieillard , donne-moi unfigne pour garant de ta promefle. Tu feras muet pendant trois jours, reprit 1'Ange. II fortii du fanéhiaire, & s'avancant vers les Hé. breux , il leur faifoit ögne de louer Dieu le matin & le foir. Jean! lis les écritures avec ferveur. Nous lui donnames Ia fageffe dés fa plus tendre enfance. II eut la bienfaifance & Ia piété en parage. Jufte envers fes parens, il ne connut ni 1'orgueil, ni la défobéiffance. La paix fut avec lui h fa nainance,-a fa mort; elle 1'accompagnera au jour de la réfurrection. Célèbre Marie dans Ie Coran; célèbre le jour oü elle s'éloigna de fa familie, du cöté de 1'Orient. Elle prit en fecret un voile (2) pour fe couvrir, CO Si 1'on en croit GeUMilri, Zacharie avoit alors cent vingt ans & fon époufe quatre-vingt-dix-huit. ' CO Dès la plus haute antiquité, les fcmmes des Contrées Oricntales ont été dans 1'ufage de fe couvrir Ie vifage. De nos jours elles ne paroiflent point en public fans ctre voilées. Ces voiles font de moufteline & defcendcnt jufqu'a la'ceinturc. On y Iaiffe deux petitcs cu-  L e Coran. 63 & nous lui envoyames Gabriel, notre Efprit fous la forme humaine. Le miféricordieux efl: mon refuge, s'écria Marie: fi tu Ie crains Je fuis Fenvoyé de ton Dieu , dit FAnge ; Je viens t'annoncer un fils béni. ~~ D'oü me viendra eet enfant, répondit la Vierge? Nul mortel ne s'eft approché de moi, & le vice nfefi inconnu. II en fera ahfi , repüqua 1'Ange, La parole du Très-Haut en eft le garant. Ce miraclelui eftfacüe. Ton fils fera le prodige & le bonheur de Funivers.. Tel eft 1'ordre du Ciel. Elle concut , & elle fe retira dans un üeu écarté. Les douleurs de 1'enfantement Ia furprirent auprés d'un palmier, & elle s'écria: plüt a Dieu que je fufle morte, oubliée & abandonnée des humaius, avant ma conception! Ne t'atüige point, lui cria FAnge, Dieu a fait couler prés de toi un ruiffeau. Ebranle Ie palmier, (i) & tu verras tomber desdattes mtires. vertures, afin qu'elles puiffent voir a fe conduire. Deux eaufes doivent avoir introduit parmi les femraes de 1'Orient, 1'ufage de fe couvrir Ie vifa'ge, la chaleur exceffivo qui effaceroitbientöt 1'dclat de leur teint, & lajaloufie exceilive des hommes qui ne veulent pas qu'elles foient vues, (1) Ce palmier étoit defféché , fans branches & fans feuillage , c'étoit en hyver. A la voix de 1'Ange il fe couvrit de feuilles 6c de fruits. Zamcbafiar.  64 L e Coran. Mange", bois, efluie tes pleurs, & fi queiqu'uij t'interroge, Dis-lui: j'ai voué un jeüne au miféricordieux, & je ne puis parler a un homme. Elle retourna vers fa familie , portam fon fils dans fes bras. Marie, lui dit-on, il vous efl arrivé ime étrange avanture. Soeur d'Aaron (i) , votre père étoit jufle & votre mère vertueufe. Pour toute réponfe, elle leur fit figne d'interroger fon fils. Nous addrefferons-nous, lui dit-on, a un enfant au berceau? Je fuis le ferviteur de Dieu, répondit Penfant. II m'a donné 1'Evangile, & m'a établi Prophéte. Sa bénédiclion me fuivra par-tout. II m'a commandé d'être toute ma vie fidéle au précepte de la prière & de Paumóne. II a mis dans mon coeur la piété filiale, ck m'a délivré de Porguei) qu'accompagne la misère. La paix me fut donnée au jour de ma naiffance.. Elle accompagnera ma mort & ma réfurreclion. Ainfi paria Jéfus, vrai fils de Marie, fujet des doutes d'un grand nombre. Dieu ne fauroitavoir un fils. Loué foit fon nom! il commande, & le néant s'anime a fa voix. (O Cet Aaron étoit de la familie du Prophéte de même nom. II étoit frère de Marie, & jouiiToit parmi les Hébreux d'une grande réputation de probité & de vcrtu. Zamcbafcar.  L e Coran. 65 Dieu efl- mon feigneur & le vótre. Adorez-le, c'eft le chemin du falut. Les fechires ont beaucoup difputé; mais malheur a-ceux qui nient raffemblée du grand jour! Que n'entendront, que ne verront-ils point , quand ils paroïtront devant notre tribunal ? Aujourd'hui ils font dans un aveuglement profond. Annonce-leur le temps des foupirs, lorfque 1'arréc fera prononcé. Maintenant ils repofent dans 1'infouciance & 1'incrédulité. La terre & tout ce qu'elle renferme eft notre hérttage. Toutes les créatures reviendront a nous. Rappèle dans le Coran le fouvenir d'Abraham. II fut jufte & Prophéte. O mon père! difoit-il , pourquoi adores-tu des idoles, qui ne voient ni u'entendent, & qui ne fauroient te fecomir. O mon père! j'ai recu des lumières, que tu n'as pas. Suis-moi,je te conduirai dans le chemin du falut. O mon père! n'adore pas Satan, il fut rébelle aux ordrcs du miféricordieux. O mon père! je crains que Dieu n'appéfantiffe fon bras fur toi; & que tu ne deviennes le compagnon de Satan. Abraham , répondit le vieillard, fi tu rejettes le culte de mes Dieux, je te lapiderai. Eloigne toi de moi. La paix foit avec toi, contihua Abraham. J'implorerai pour mon père la miféricorde de Dieu. Sa. bonté me protégé.  S6 L e Coran. Je me fépare de vous & de vos idoles. r,nvo quera, ,e nom du Très-Haut. Peut-être ne rejettera-t il pas ma prière. - J II quüta fa familie, & ,es Dieux gu'elle" adoroic. Nous lui donnames Ifaac & Jacob, tous deux Prophetes. Nous les comblamesde nos faveurs, &nous leur m'pirames le langage fublime de la vérité Chante dans le Coran les vertus de Moyfe. B fut envoyé & Prophéte. Nous I'appelames, du flanc droit du mont Sinai', & nous le fitnes approcher, pour s'entretenir avec nous: ^ Nous créames fon frére Aaron Prophéte, par un oieniait de notre miféricorde. Publie dans le Coran la louange d'Ifmaël, fidéle a fa promeffe, Envoyé & Prophéte II recommandoit a fa familie la prière & l'au*óne. II fut agréable aux yeux ck TEternel. Célèbre Henoch (i) dans le Coran; il fut jufle k Prophéte. CO Les Arabes debitent bcaucoup de fables au Wet d Henoch. Nous nous contemerons de rapporter ce quVn ê&Vk* tb» AH. Henoch fut enlcvé au Ciel a Page dc trois cent cinquante ans. Dieu lui donna Pefprit propWtique & hu révéla les fecrets du Ciel. II lui envoya trcnte volumes facrés. Henoch fut le premier qui fe fervit de la p urne & de-Pepée pour défendre la religion. j, i„. venca 1 aflrologie & appdt .aux hommes a compter & j pefer. * .JZ.:  E. e Coran. 6> Nöus 1'enlevames dans un lieu fublirae. Tels font, entre les fds d'Adam, de Noë, d'Abraham & d'Ifraël, les Prophètes que Dieu combla de fes graces. II les choifit parmi ceux qu'il éclaira du flambeau de la foi. Lorlqu'on leur récitoit les merveilles du miféricordieux, le front profterné , les yeux baignés de larmes, ils adoroient fa Majefté fuprème. Une génération perverti leur a fuccédé. Elle a abandonné la prière, & fuivi le torrent de fes paflïons; elle fera précipitée dans le fleuve du Tartare. Mais ceux qui joindront au repemir la foi & les bonnes ceuvres, entreront dans les jardins cYEden; Jardins délicienx que le miféricordieux a promis k fes ferviteurs, pour les confoler dans leur exil; fes promelTes font infaillibles. Les futiütés en feront bannies. La paix y regnera. Les hótes de ce féjour recevront leur nouniture le matin & le foir. Tel eft le Paradis que nos ferviteurs vertueux auront pour héritage. Nous ne fomtnes dcfcendus que par 1'ordre de Dieu. 'Le pafTé, le futur, le préfent lui appartiennent. II 'ne connolt point 1'oubli. Les Cieux, Ia terre, ce que renferme 1'efpacequi les fépare, forment fon domaine. Sers-le: fois conftant dans fon culte. Lui connois-tu un nom? Eh quoi! dit Fincrédule , lorfque je ferai mort ma ce.ndre fe ranimera-t-elle de nouveau?  68 L E C O R A K, A-t-il donc oublié que nou* favons tiré du néa-x pour lui donner l-exiftence ? J'en jure par ton r>ieu,' nous raffemblerons les hommes & lfs Démons; „ons en fbrmerons une ceinte dans 1'enfer, & nous les foreerons deft enla genoux. Nous choifirons enfuite ceux dont ffnfolence atra P-us eclate contre le miféricordieux Nous connoitrons ceux qui ont mérité davantage le tourment des flammes. avantgge Nousdélivrerons céux qui ont craint le Seigneur, & nous IaifTerons les coupables a genoux. Lorfque vous préchez notre docïrine aux infidé, .1 ilentauxcroyans: lequel denos deux par* eftle plus fort, & le plus floiiiTant? Combien de peuples plus riches & plus puiHms qu eux font tombés fous nos coups? Pu'fle le miféricordieux prolonger les jours de ceux qui font piongés dans Terreur. cesAfifoita^ VOiem VaCCOm^^ ^ nos menace , foit dans ce monde foit dans Pautre. Ils connoltront alors ceux qui font plus malheuren* & P us dépourvus de fecours. feDie«ra les fidéles qui profefferont ,a vraie Les bonnes ceuvres auront un mérite permanent fées y£UX ' & &r0nt m3^mnt récompen-  L e Coran. ^ Was-tu pas vu Pinfidèle fe flatter de recevoir des richefles & des enfans ? Connoft-il Favenir? Dieu lui en a-t-il fait la pro- meiïe? II fe flatte vainement. Nous écrirons fon oflentation , & nous aggraverons fes peines. Nous lui donnerons les biens qu'il demande fur la terre; mais il paroitra nud devant notre tribunal. Ils comptent fur la proteftion de leurs divinités chimériques. Vain efpoir! elles rejetteront leur encens, & fe déclareront contr'eux. Ne fais-tu pas que nous avons déchaïné les Démons contre les iucrédules, pour les porter au mal ? Ne précipke rien contr'eux. Nous comptons leurs jours. Les juftes raffemblés formeront le cortége du miféricordieux. Les fcélérats defcendront dans Fenfer. Cenx-la feuls qui ont recu 1'alüance divine , auront des intercéffeurs. Ils difént que Dieu a un fils, & ils proférent un blafphême. Peu s'en faut que les Cieux ne fe fendent a ces mots, que la terre ne s'entr'ouvre, & que les montagnes brifées ne s'écroulent. Ils attribuent un fils au miféricordieux, & il ne fauro!t. eu avoir. Tous les êtres créés au Ciel & fur Ia terre, lui  79 L E C G R A N. payent un tribut de louanges. II les a comptés, & il ai fait Ie nombre. Au jour de la réfurreclion , tous les hommes paroitront nuds devant lui. II fera régner familie entre les croyans vertueux. Nous avons facilité la lecture du Coran en 1'écrivant dans ta langue, afin que tu annonces la félicité a ceux qui craignent le Seigneur, & les tourmens a ceux qui düputent contre lui. De tant de générations que nous avons anéanties, pourrois-tu faire paroitre un feul homme ? Font-elles entendre le plus léger murmure ?  % E C O R A N. 7-i CHAPITRE XX. //. CO- Donné a la Mecque, compofé de 135 verfets, Au nom de Dieu clément g? miféricordieux. T. H ■ Nous ne t'avons pas envoyé le Coran pour te rendre malheuréux; Mais pour rappeler le fouvenir du Seigneur a celui qui le craint. Celui qui a créé la terre, & élevé les Cieux te 1'a envoyé, Le miféricordieux eft affis fur fon tróne. La terre & les Cieux, 1'iminenfité de I'efpace, funivers entier formeut fon domaine. L'aétion que tu produis au grand jour, & celle que tu voiles des ombres du myftére, lui font également connues. II n'y a point d'autre Dieu que lui. Les plus beaux noms font fes attributs. As-tu enrendu réciter 1'hifloire de Moyfe? (O T. H. Tous ces caraétères font myttérieux, & Dien feul en a la connoiiTance. GehUWn. Zamcbafiar,  -2 L e Coran. Lorfqu'il vit le boiiïbn enflamme', il die a fa familie: arrêtez-vous ici; j'spperpois le feu facré. Peut-être que fen apporterai une étincelle , & que j'y trouverai de quoi me conduire. Lorfqifil s'en fut approché, une voix lui cria: Moyfe! Je fuis ton Dieu; quitte ta clsauffure; tu es dans la Vallée faiute de Thoï. Je t'ai élu. Ecoute attentivement ce que je vais te rêvcler. Je fuis Ie Dieu unique. Adore-moi, & fais la prière en mon nom. L'heure viendra. Peu s'en efl fallu que je ne te Taye révéléa. On rendra a chacun fuivant fes ceuvres. Que 1'incrédule , aveuglé par fes paffions, ne t'empêche pas de croire, fi tu crains de périr. Que portes-tu a la main ? Seigneur, c'efl. mon baton; i! fert a m'appuyer, a détacher des feuilles pour mon troupeau , & a d'autres ufages. Jette-le, ö Moyfe! II obeit. Le baton fe cliangea en ferpent qui rampoit fur la terre. Sailis-Ie fans crainte; ilreprendra fa première forme. Portera main dans ton fein, tu la retireres blanche Ci), fans aucun mal; feconde marqué de ma puifTance. (O Sa main fut couverte d'une lepra" blanche fans qu'ii reflentit auciine doulcur. GdaledAin. Nous  L c •Coran. 73 Kous te renJrons téraoin des p!us grandes mer- véijleii Va trouver Pharaon fj). II paffe les hornes de 1'impiété. Seigneur, répondit Moyfe, dilate mon cceur; Rénds-moi ton ordre facile. Délie Ie Hen de ma langue; Afin qu'on puifie m'entendre. Donne-moi un eonfèilïer de ma familie. Que ce foit mon frère Aaron. Qu'il fortifie ma foihlefie; Et qu'il partage mon emploi. Nous uuirons nos voix pour te louer, & noscceurs pour nous rappeler ton fouvenir, Puifque tu as daigné jetter tes regard; fur nous. Tes vceax font exauc^s, ö Mayfel fiéja nous t'avions donné des preuves de notre bonté vigilante, Lorfque nous fimes eutcndre ces parbles a ta mere ; Mets ton fils dans un panier; Idfie-le fiotter fur ie nil; il le portera au rivage; mon epnemi & le fien 1'a'ccueiIIera , & je lui inlpirerai de 1'amour pour lui. II fera fous ma fauvegarde. Ta fceur fe promenoit fur le bord du fleuve. Vou- (0 Pliaraou fe fÜfoit rendre les hauneurs divdss. Oi* Tome II, D  ~4 L E C O R A N. iéz-vous, dit-elle, qne je vous enfeigne une nourrice ? Nous te rendïmes a ta mère, afin de tranquUlifer fon cceur, &-de fécher fes larmes. Tu mis a mort un Egyptieu. Nous te délivrames du fupplice. Nous t'éprouvames enfuite. Tu as habité plufieurs années parmi les Madianites, & tu t'es rendu a ma voix. Je t*ai choifi pour rempür mes volontés. Partez, toi & ton frère, avec'la puifiance des miractes, & n'oubliez pas mon fouvenir. Ailez vers Pharaon. Son cceur s'eft endurci dans le crime. Parlez-lui avec douceur, afin qu'il ouvre lesyeux, & qu'il craigne. Seigneur, répondit Moyfe, nous appréhendons fon indignation, & fa Violehcé. Ne craignez rien. Je ferai avec vous. J'entendrai, & je verrai. Partez, & dites a Pharaon : nous fommes les envoyés de Dieu; laiffe fortir d'Egypte les enfans dTfraël. Cefle de les opprimer. Les prodiges divins attefleront notre miflion. La paix foit avec celui qui fuit la Iumière. Ceux qui , nous accufant d'impoflure, refteront dans Terreur, vont être punis. Dieu nous fa révélé. Quel eft votre Dieu , demanda Ie Roi a Moyfe? Mon Dieu eft le difpenfateur de toutes chofes. C'eft lui qui a tiré tous les étres du néant, & qui les gouverne.  L i Coran. ~c Quelle fut donc fiinention des anciens peuples, continua le Prince (i)? Elle efl: écrite dans le livre, reprit Moyfe. Dieu en a Ia connoiflance. II ne fe trompe point, & n'oublie rien. C'eft lui qui vous a donné Ia terre pour habitation , qui vous y a tracé des chemins, & qui fait defcendrela pluie des Cieux, pour fécondcr toutes les plantes. Nourrilfez-vous de fes produétions. Faites pnitre vos troupeaux. Ces merveilles font des fignes pour ceux qui ont 1'intelligence. Nous vous avons créés de terre. Vous y retournerez, & nous vous eu ferons forrir une feconde fois. Nous opérames des miracles devant Pharaon. II les accufa defaufTeté, & refufa d'y ajouter foi. Es-tu venu, dït-il a Moyfe, pour nous chaffer de notre pays, par la force de tes enchantemens? Nous t'oppoferons de femblables artifices. Convenons du temps & du Hen. Qu'il n'y ait point dmffacteur, & que tont foit égal. Que raflemblée , répondit Moyfe , fê fafle un jour de féte. Le concours du peuple Ia rendraplus folennelle. Pharaon fe retira , & au jour marqué, il parut avec fes Magiciens. O) En 'adorant des idoles. D 2  J$ L F. C O R A ffc Malheur a vous ! leur dit Moyfe, fi vous ofez fabriquer une ioipofhire contre Dieu. '11 peut vous punir a 1'inflant. Les Magiciensqui ^ vous ont precédes.out póri. Les Mages feréuofrent, pour ngir de concert, & «nrcnt leur déMWiation fecrète. l'riuce, dirent-ils, ces deux hommes font des impofl'eurs, qui veulent par leurs charmes vous chafler de votre pays , & cntraiucr les grands de votre empire. RéunifTez , ajouta Moyfe , les fccrets de votre art. Wèttez par ordre , & que ce jour couvre de ii'oire les vainqneuw. Kous te dot»ons Jechoix, dkent Ie* ?.lag?s, de jettier ta baguette le premier, ou aprês nous. - ComraciTcez, dit Moyfe. A l'inihnt, lturs cordes & leurs baguettes parurent, par feffet de leurs en«hantemens, des ferpens qui rampoient 9a & 14. Moyfe ne put fe d fendne d'un fentimem de frayeur. Nous lui dimes : ne crains rien, tu feras victo;i'.ux. Jette ta baguette. Elle dévorera leurs ferpens, vains effets du preftige. Le Magicien ne liraroft prófpérer. Les Magen fe prsfternèrent p.mradorer le Seigneur. Nous crayons", s'écrièrent-iis, au Dieu d'Aarcn & <)e Moyfe. Crolrez-vous £ tion Ie flanc droic du mom: Sinaï; nous vous avonsenvoyé IaTnanoe & les cailles. Jouiffez des biens que nous vous offrons. Evitez 1'excès de peur de mériter ma colère. Celui fur qui elle tombera fera éprouvé. Je pardonnerai a ceux qui joindront au répentir Ia foi & les bonnes ceuvres. Ils marcheront dans la voie du falur. Qui t'a fi-tót fait(quitter ton peuple, dit Dieu a Moyfe? Seigaeur, répondit-il, c'eft le défir de t'étre agréa'cle. Les Ifraëlites s'avancetn fur mes pas. Nous les avons éprou/és, ajouta le Seigneur, depuis ton dépirt. Sameri les a égarés. Le Prophéte retourna vers eux enflammé de colère, & accablé de trillcfle. O mon peuple ! léur dit-il, Dieu ne vous a-t-il pas fait une promeffe glorieufe ? Vous a-t-elle paru trop long-temps différée? Ou avez-vous voulu attirer fur vos têtes le courroux du Ciel, en violant ma défenfe? Nous ne 1'avons pas tranfgreffée de notre propre mouvement, répondirent-ils; on nous a commandé d'apporter nos ornemens les plus pefans; nous les avons rafTemblés, & Sameri les a mis en fonte. II en a formé un veau raugiffant, & les infidèles ont dit: voila notre Dieu; voilït le Dieu de Moife qui 1'a oublié. Ne voyoient-ils pas qu'il ne leur rendoit point de  Lr e Coran. 79 réponfe, & qu'ils ne pouvcient en attcndre ni bien ni mal? Enfans d'Ifracl, leur crioit Aaron: Ce veau eft une tentation. Le Seigneur eft miféricordieux; Suivezmoi; obéiffez a ma voix. Nous ne ceiTerons.de 1'adorer, répondoient-ils, que Moyfe ne foit de retour? Pourquoi ne m'as-tu pas fuivi, dit Moyfe a fon frère , lorfque tu as vu Ie peuple s'abandonner il Fidolatrie? As-tu donc voulu coutrevenir a mes ordres ? Füs de ma mère, répondit Aaron, ceiïe de me tirer par la barbe, & par la tête. J'ai eu peur que tu ne raVccufaiTes d'avoir fait feiffion avec les Ifraëlites, & de t'avo'r défobéi. Qu'as tu fait , demanda le Prophéte a Sameri? J'ai, dit-il, les connoiiTances (i) que le peuple n'a pas. J'ai pris de Ia poul'ière fous les pas du courtier de Penvoyé célefte. Je 1'ai jettée dans Ia fournaife , c'eft une idéé que mon efprit m'a fuggérée. Fuis loin d'ici. Tu d'rss a tous ceux qui te rencontreront: ne me touche? pas. C'eft une punition (i) Sameri fachant que fous les pieds c!u cheval de Cabriel, le fable fe convertifloic en or, ec devcnoit propre il donner la vie , prit de la poufliere fur laquellc le courfier célefte r.voit imprimé fes pas, & la fomlit avec les ornemens les plus pefans des Ilébreux. II en fit un veau d'or mugifl'ant & animé. ïelle eft 1'opinion des Mahomécans au fujet de ce veau. D 4  ffo L E C O K A !». a aquelle tu feras foirnis jufqu'a la mort. Voü ca Dieu dont tu étois 1'adorateur zélé, il va dc/enirla prole des Hammes , & fa cendre fera jeitée dans la ner. Vous n'avez pofnt d'autre Seigneur que le Dieu nrique, qui embraffe 1'univers de rimmenlité de fa Li.'nee. Nous te racontons ainfi ces éVénemens paffes» Nous t'avons apporté le livre des avertiffemens. Celui qui s'en écartera fera chargé, au jour de la rélurreétion , d'un pcfaut fardeau. II ne pourra s'en débarraffer. Cc fardeau fera fón malheur au jour du jugement. Le jour oü la trompette fonnera (i), les fcéléfats feront ralfsmblés, & leurs yeux feront fcóuverts de ténèbres. ' ' ,' lis S dirórt a bafle vo'x : nous ne fommes reflés fur la terre que dix jours. , Vous n'y etes reftés qu'un jour, reptendront leurs chefs. Nous connoltrons leurs difconrs. Ils te demanderont ce que deviendront les montagnes. Dis-leur: Dieu les difïïpera comme la pouffière. A'ix lieux oü elles étoient, s'étendront de vaffes ptónès, oü Ton na verra ni pente, ni éminence. Les hommes fuivront 1'Ange qui les appcllera. Ils (i) Au fecond fon de la trompette qu'eniboucliera Afr'xpbel, les ames des humains en foniront comme uneffaiiti «i'abeilles, & irotu rejoindre leurs corps. Jatia.  L e Coran. Si 'ne pourront s'en défendre. Leur voix fera humble & foible devant le miféricordieux. On n'entendra que le bruit obfcur de leurs pieds. L'interceflion ne fera utile qua ceux a qni Dien aceordera cette faveur, & qui auront prononcé la profellton de foi qu'il aime (Ji). II connoit le paffé & favenir. LüntelKgence hautaine ne s'étend pas jufque-Ia. Ils humilieront leur front devant le Diéu vivant & éternel; & 1'iinpie périra. Le cröyarit vertueux n'auta point a craindre un fort injufte & rigoureux. Nous avons envoyé du Ciel, le Coran en langue Arabe; ;ou - y avois répandu des exemples mena9 ns; afin d ;n:'j irer la ciainte du Seigneur; & d'inlbuire les hommes. Exalte le nom de Dieu, le fuuverain du monde, & la vérité par excellence. Ne te hate point de répéter les verfets du Coran (2) avant que la révélation foit achevée, & dis : Seigneur augmcnte ma fcience. (1) Cette profeffion de foi efl comme nons t'avons deji dit , la Ha ella allah ou Mabammed rafonl allab, il n'y a de Dieu que Dieu & Mabomet efl fon Prepbètt. II ne faut Jamais pronencer ces mots devant des Turcs a moins que 1'on ne foit difpofé a fe faire circoncire. (2) Mahomet craignant d'oublier un mot, lorfque Cafcriel lui récitoit les verfets du Coran, fe hatoit de les répéter avant même que 1'Ange eflt fini. Dieu lui reprochc fa Crainte & fa précipitation. Gelaled/iin, D 5  o2 L e C 0 r a n. Nous ffmcs ub pafte avec Adam; mais peu ferme dans fa promeffe, il 1'oublia bientöt. Nous ordonnames aux Anges de fe proflerner devant lui. Tous 1'adorèrent. Eblis feul refufa d'obéir. Nous diraes a Adam cc a fon époufe: voila votre ennemi. Prenez garde qu'il ne vous chaffe du Paradis , & qu'il ne vous rende malheureux, Vous n'y foutfrirez ni de Ia faim, ni de Ianudité. Vous n'y ferez inconjmodés , ni par la foif, ni par la chaleur. Le Démon tenta Adam. Veux-tu, lui dit-il, que je te faffe connoitre l'arbre de 1'éternité, l'arbre qur donne une fouveraineté fans fin ? Adam &• fon époufe mangèrent du fruit défendu. Ils appercurent leur nudiré O), & fe firent des habits de feuilles. Le premiér homme fut defobéiffant & prêvaricateur. Dans ia fuhe, Dieu recut fa pénitence. II eut compaffion de lui, & 1'éclaïra. Defcendez du Paradis, leur dit le Seigneur; ,vous avez été ennemis Pun de 1'autre. Un jour je vous enverrai un guide. Celui qui le fuivra ne s'égarera point, & le malheur ne fera point fon partage. Ce'lui qui -ne voudra pas entendre ma doctrine tprouvera f'infortune dés cette vie. < o / '.ra ft ffcpf ccoient uuds, & couverts feuloraent de leutl o;:gue clieyelurc.  L e Coran. "3 Au jour de la réfurrection il fera environné de ré nè bres, Seigneur, s'écriera-t-il, pourquoi fuis-je aveugle? Auparavant je voyois. Nous t'avons prêché nos commandemens, lui répondra Dieu; ru les as oubliés. Aujourd'hui tuvas être plongé dans 1'oubli. Tel fera le fort de 1'idolatre & de i'infidèle. Les peines de la vie future feront terribles & permanentes. Ne réfléchilfent-ils donc point aux raéchans que nous avons exteraiinés ? Ils foulent la terre qu'ils liabitoient. Ces exemples devroient les effrayer, s'ils pouvoient comprendre. Si ï'Arrét du Ciel n'ëtoit prononcé, il hateroit leur fupplice; mais il attend 1'heure marquée. Supporte avec conftance leurs difcours. Publie la gloire du Trés-Haut avant le coucher & le lever du foleil. Célèbre fa louange pendant la nuit & aux extrémités du jour (i); afin que ton cceur foit content de lui-même. Ne porte' point des regards av'des fur les biens d'autrui. Les fleurs qui parent le fentier 'de la vie font uneépreuve. Les biens que Dieu promet font plus précieux & plus durables. Commande la prière a ta familie. Fais-Ia avec perfévérance. Nous n'exigeons point que tu amaffes (;) Les Mahomcitans prient cinq fois le jour. Ils n'onc point de cloches. Des crieitrs annoncent du haut des miaarcts la prière au peuple. 13 6  §4 L E C Q R A N. des treTors. Nous fournirons a tes befoins. La piété aura fa récompenfe. Les- infidèles ont dit : nous ne croirons point a moins qu'il n'opëre des miracles. N'ont-ils pas entendu Fhifloire des nations qui les ont précédés? Si nous les avions punis avant la venue de Mahomet, ils auroient dit : Seigneur, comment aurionsnous la foi, fi tu ne nous as pas envoyé d'Apótre, pour nous enfeiguer tes commandemens , & pour nous faire éviter 1'opprobre & fignominie, Dis: hous attendons tous. Encore quelquetemps, & vous faurez, qui de nous a été éclairé du Ham. beau de la foi ; qui de nous a fuivi le chemin dn falut.  LeCoraiï. §5 Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. Le temps approche oü les hommes rendrotit compte, & dans leur infouciance, i'.s s'éloignent de cette pcnfée. Ils. n'ont enteridu !a lecturé du Coran que pour s'en mo'qüèr. Le cceur livré au plalfir, les impfes fe font dit en fecret : Mahomet n'cft-il pas un homme comme vous? Ecouterez-vous un importeur? Vous le cpn> uoltrez bientöt. Dis: Dieu connoft ee qui fe paffe au Ciel & fur la terre. II fait & entend tout. Ce'livre, ont-ils ajoüté, n'eft qu'un amas confus de fables. II en eft 1'auteur. II les a mifes en vers. (O CeIui q«i lira ce Chapitre fera jugé avec douceut au jour de Ia réfurreftion. Les Prophètes dont il eft fait mention dans le Coran, lui tendront la min, & lui dooaeront le falut. Zamcbafcar. D 7 CHAPITRE XXI (i). LES PROPHÈTES. La paix foit avec eux. Donné a Ia Mecque, compofé de 112 verfets,  86" L E C 0 R A N. Qu'il nous fafle voir des miracles comme les autres Prophètes. Aucune des villes^ que nous avons détruites, n'a embraffé la foi. Ps ne croiront point. Avant toi nous n'avons envoyé que des hommes infpirés. Interrogez les Juifs & les Chréciens fi vous1'ignorez. Nous ne leur donnames point un corps phantaftique. Ils ne demeurèrent pas éternellement fur la terre. Ils virent l'accotriplifTement de nos promeffes.. Nous les fauvames avec nos élus, & les incrédules périrent. Nous vous avons envoyé un livre, pour vous inflruire. N'ouvrirez-vous point les yéux? Gómbièn avons-nous établi de peuples, furies ruines des villes criminelles & punies ? A la vue de nos fleaux les coupables prenoient la fuite. Oü fuyez-vous, leur crioien'tles Anges? Revenez goüter vos p'.aifirs. Revenez au féjour que vous habitiez. Vous allez être interrogés. Malheur a nous, s'écrioient-ils! Nous avons vécu dans 1'impiété. Ils proferèrent ces paroles Iamentables jufqu'a ce qu'ils "furent tous tombés fous le glaive vengeur, eomme la moiffon fous le tranchant de la faux. Nous n'avons pas créé les Cieux, la terre,& tout ce que 1'efpace renferme comme un jeu. Si nous avions formé 1'univers pour qu'on s'en  L e Coran. g^- mbquat , nous aurions été le premier objet de Ia raillerie. Nous oppoferons Ia vérité au menfonge, & elle le fera difparoitre. Malheur a vous qui blafphêmez contre Dieu! Les Cieux & la terre compofent fon domalne, Les Anges ne dédaignent point de s'humilier devant lui, & ne fe lalfent point de fadorer. Ils le louent le jour & la nuit. lis ne ceflent de publier fes grandeurs. Les divinités qu'ils ont choifies fur la terre, peuvent-elles, reffufciter les morts? Si dans-l'tmivers, il y avoit plufieurs Dieux, fa ruine feroit prochaine. Louange au Dieu qui efl afïïs fur le tröne des raondes, malgré leurs blafphêmes! On ne lui demandera point compte de fes aftions, & il leur demandera compte de leurs ceuvres. Les Anges adorent-ils d'autres divinités que Dieu? Apportez vos preuves. J'ai en ma faveur le témoignage du Coran (1). Les Juifs & les Chrétiens ont leurs liyres facrés. Mais Ia plupart ne connoilTeiit point Ia vérité, & ils fuient fa lumière. Tous les Prophètes qui font devancé eurent cette revélation: je fuis le Dieu unique. Adorez-moi. CO Le Coran elt pour moi la preuve que les Anges «V ihrent qu'un Dieu. Le Pentateuque & 1'Evangile atteflent cette vérité aux Juifs & aux Chrétiens. Telle eft 1'explication de Geialeddin au fujet de ce paffage. Nous 1'avons fuivie comme la plus naturelle.  88 L e Coran. Les infidèles ont dit: Dieu a eu unfihducommerce avec les Anges. Loin de lui ce blafphême! Les Anges font fes ferviteurs honorés. Ils ne parient qu'après lui , & ils exécutent fes volontés. II fait ce qui exiftoit avant eux, & ce qui fera après. Ils ne peuvent intercéder fans fa permilfion. Ils font faifis de frayeur en fa préfence. Si quelqu'un d'eux ofoit dire: je fuis Dieu. II feroit précipité dans 1'enfer. C'eft ainfi que nous récompenfons 1'impie. Les incrédules ignorent-ils que les Cieux & Ia terre étoient folides, (i) que nous leS avons ouverts, & que nous avons fait defcendre la pluie qui donne la vie a toutes les plantes? Ne croiront-fs point ? Nous avons affernii fous leurs pas Ia terre par de liautes montagnes. Nous avons laiffè entr'elles de vaftes efpaces, pour qu'ils y tracent des chemins. < Nons avons élevé le firmament pour lui fervir de »oit, N'y reconnoïtront-ils point les fignes de notre puiffancc ? C'eft Dieu qui a fait le jour & Ia nuit. Ilaformé le foleil & Ia lune qui roulent rapidement dans le cercle que fa main leur a tracé. (i) Cette foliditédes CUux n'eft qu'une exprelïïon figuréc , par laquelle Maüomet fait entendre qu'ils étoitnt fermcs a la piuie.  L e Coran. 85} Avant toi, nul mortel n'a joui de 1'éternité; & 11 tu dois inourir, péüveni-iis efpërer d'ètre éteruels. Tont homme doit payer le tribut a la mort. Nous vous éprouverons par 1'infortune, & la profpénté, & vous reviendrez a nous. A ton afpeft les idolatres s'armeront de plaifmteries. Eft-cela , diront-ils, celui qui attaque nos Dieux? Et iis ofent infulter au miféricordieux! L'homme eft d'un naturel prompt & ardent. Je vous ferai voir les c-ffets de ma puiffance, &vousne demanderez plus qu'ils foient accélérés. Quand s'accomplira cette promeffe, demandentils ? Ne nous trompez-vous point? Si les pervers favoient quels tourmens ils éprouveront, quand ils ne pourront écarter la ftamme de leur vifage, ni de leurs reins, & qu'ils n'auront point de libérateur! L'heure les furprendra. Ils feront dans 1'étonnement. Ils ne pourront ni féviter , ni efpérer de délai. Avant toi nos Miniftres furent en butte aux traits de la raillerie; mais ceux qui s'en font moqués, en ont porté la peine. Dis-leur: qui peut vous défendre contre le bras du Tout-Puiffant, pendant le jour, ou pendant la nuit? raalgré eet avertiflemeut i!s écattent fon fouvenir. Leurs divinités les mettront-elles a 1'abri de notre ei urroux? Incapables elles-mêmes de fe défendre, eomment leur donneront-elles du fecöurs?.  j3 L e Coran. Leurs jouifl'ances femblables a celles de leurs pères, ne pafl'eront point les borncs de la vie. Ne voientils pas que nous refferrons leurs limites? Peuvent-ils e/pèrer la viftoire ? Je vous prédirois ce qui m'a été révélé; mais les fourds entendent-ils les confeils qu'on leur donne? Au moindre fouffle de la colère divine, i!s s'écrieront: malheur a nous! Nous étioirs dans Terreur. Nous péfero'hs au jour de la réfurreftion avec des balances juftes. Perfonne ne fera trompé de la pefanteur d'un gram de moutarde. L'équité-préfidera a nos jugemens. Nous donnames a Moyfe & a Aaron Ie livre qui diftiugue le bien du mal. II eft Ia lumière & la règle de ceux qui font pieux; De ceux qui craignent Ié Seigneur dans Ie fecret, & qui redoutent Theure fatale. Et ce livre béni, nous Tavons envoyé du Ciel. Nierez-vous fa doctrine? Nous fervimes de guide a Abraham, paree que nous connümes fon cceur. Quels font, demanda-t-i! a fon père & au peuple, les fimulacres devant Iefquels vous vous courbez ? Ce font, lui répondit-on, les Dieux qu'ont adorés nos pèrès.- Ils étoient dans Terreur , rcp. it-i!, & vous les imitez. Eftce Ia vérité que tu nous annonces, ou veuxtu abufer de notre crèdulité? Votre Dieu, continua Abraham, eft le Souverain  L e Coran. or du Ciel & de la terre. II les a «'re's du néant. Je rends témoignage de fa puifïance. J'en attefte mon Dieu, a peine ferez-vous éloigne's de vos idoles, que je les attaquerai. II les mit en piéces, excepté la plus grande (i), afin que Ie peuple tournat vers elle fes foupcons. Qui peut avoir ainfi maltraité nos Dieux, s'écriêrent les idolatres ? C'eft un impie. Nous avons entendu un jeune homme en parler avec mépris, dirent quslques-uns. II fe nomme Abraham. Qu'on 1'amène fous lesyeux du peuple, afin qu'on témoigne contre lui. Eft-ce toi, lui demanda-t-on, qui as commis eet attentat contre nos divinités ? Le plus grand de vos Dieux, en eft feul coupable, répondit-il. Interrogez-les, s'ils fiivent vous répondre. Rentrés en eux-mêmes ils s'écriërent: nous étions injuftes; Mais bientót fe courbant devant leurs idoles, ils ajoutérent: tu fais qu'elles ne parient point. Pourquoi adorez-vous donc des firnulacres impuiffans, dont vous ne pouvez attendre ni bien ni mal? (O Abraham, après avoir mis cn pièces les idoles de fes pères, attacha fa hache au col de la plus grande qu'il laiffa entière , afin que le peuple tournat Vers elle fes tbupcons. GeMeddin,  ï>2 L E C O R A N. Malheur a vous & aux objets de votre cuItelNWvriez-vous point les yeux? Brülez 1'impie, s'écrièrent les Idolatres, (i) & défendez vos Dieux. Nous commendames au feu de perdre fa chaleur, & au falut de defcendre fur Abraham. Les Idolatres lui tendirent dautres piéges, ek ils furent reprouvés. Nous fauvames Abraham & Loth ; nous leur donnames une contrée dont nous bènlmes toutes les créatures. Nous comblames les vceux d'Abraham par la r.atffance d'Ifaac & de Jacob, tous deux juftes. Nous les établimes nos Vicaires, pour conduire les peuples fuivant la loi divine. Nous leur recommandames la pratique des bonnes ceuvres, la prière & 1'aumóne. lis furent nos ferviteurs. Nous accordames a Loth , la fageffe & la fcience. Nous le délivrames de la vüle abominable, oü les hommes étoient livrés a des excès infames. Nous le comblames de nos faveurs, paree qu'il fut jufte. Lorfque Noè' éleva vers nous fa voix, nous exaucames fa prière, & nous Ie délivrames avec fa familie, des maux qui les affligeoient. O") Les Auteurs Arabes difent que les. Chaldéehs ayluit fait un grand bücher, y jettèrent AbraTiani erichainé, maïs que les Hammes coafumèrent fes licus fans toucher i fa perfemne. ntarrtcci.  L E C O R A if. Nous Ie mimes a fahri des complots d'un peuple pervers, qui nioit Ia vérité de notre religiën, Les incrédules furent enfevelis dans les eaux. Célèbre Pavrd & Salomon, qui jugèrent le dégat que des troupeaux avoient catffé dans tm champ. (i) Nous fümes témöins de leur Sentenee. Nous donnames a Salomon 1'intelfigence de cette affaïrë. II eut en partage la fagefle & la fcience. Nous förcames les montagnes & les oifeaux (2) de s'unïr a la voix de David, pour chantör les Iouanges de I'Eternel. Nous lui enfeignames 1'art de faire des cuirafTes, pour vous couvrir dans les combats. En étes-vous reconnoiffans ? CO LTn troupeau emré dans un champ pendant la nuit, y avoit fait du dégat- L'affiüre fut portée devant David. Jl jugea que les irebis devoient être livrés pour le dommage. Salomon fut d'un fentiment différent. 11 prononca que leur laine, leur lait, & leurs agneaux fereient abandonnés au pofiëiïeur du champ jufqu'a ce que le dommagr ffitréparé , & qu'enfuite le berger rcprendroit fon troupeau. David applaudit a cette fentence. GeJaleddin. O) Les Commentateurs du Coran , inflrnits par les TlMlmudiftes, difent que Dieu avoit foumis a öavid & a Salomon, les montagnes, les vents, Jcs animaux & les démons. Ils commandoient a la nature entiére. Lorfque David étoit fatigué de chantes des cantiques, il ordonnoit aux montagnes & aux oifeaux de le remplaccr. Dieu lui uppri: 1'art de faire des cuirafTes. Mar/tcci. Ll-s Pfeaumes (O Le Temple de la Mecque. ^ 4  104 L e Coran. Servez-vous en jufqu'au temps marqué. IrnmoLzles enfuite devant Ia maifon antique fji). Nous avons donné a chaqué nation fes rites facrès, pour remercier Ie Seigneur qui a multiplié les troupeaux utiies aux humains. 11 n'y a qu'un Dieu. Embraflez 1'Iflamifme. Anuoncez la félicité aux humbles, A ceux qui ne fe rappèlent Ie fouvenir de Dieu qu'avec crcinte , qui fupportent avec confiance les maux qui leur arrivent, qui font Ia prière, & qui verfent dans le fein des pauvres une portion des biens que nous leur avons dtpartis. Les chameaux doivent entrer dans 1'hommage que vous rendez au Très-Haut. Vous en retirezdes avantnges multipüés. Invoquez le nom du Seigneur fur ceux que vous immolez. Qu'ils foient pofés fur trois jambes, & üés par le pied gauche de devant. Lorfqu'ils auront été immolés, nourriffez-vous de leur chair, & en diflribuez a tous ceux qui en demanderont. Dieu les a foumis a votre ufage. Vous devez lui rendre grace de ce bienfait. 11 ne repoit ni la chair, ni Ie fang des viflimes; mais il agrée la piété de ceux qui les immolent. Nous faifons fervir les animaux a votre ufage, afin que vous glorifiez Ie Seigneur qui vous a éclairés. Annonce le bonheur a ceux qui exercent la bienfaifance. (O Mem.  L e Coran. 105 Dieu détruira les pièges teadus au croyant. II haic Ie fourbe & 1'infidèle. II a permis a ceux qui ont recu des outrages, de combattre, & il eft puiflant pour les défendre. Ils ont été chaffes de leurs maifons paree qu'ils ont profeiTé la foi. Si Dieu n'eüt oppofé une partie des hommes a 1'autre, les Monaftères, les Eglifes des Chrétiens, les Synagogues & le Temple de la Mecque auroient été détruits. C'eft dans ces lieux Saints qu'on célèbre les louanges du Très-Haut. II aidera ceux qui combattront pour Ia foi, paree qu'il eft fort & puiffant. Affermis par nos mains fur Ia terre, ils feront la prière, 1'aumóne; ils exercerontIa juftice, & aboliront l'iniquité. Dieu eft le terme de toutes chofes. S'ils t'accufent d'impofture, fouviens-toi que les peuples de Noë, dVW, de Tkemod, d'Abraham, de Loth & de Madian, ont ainfi traité leurs Prophètes. Moyfe ne fut-il pas accüfé de menfonge? J'ai laiffé vivre les pervers jufqu'au temps; enfuite je les ai punis; & mes fléaux ont été terribles. ; Combien de villes criminelles avons-nous renverfées? Elles font maintenant enfevelies fous leurs ruines. Combien de puit? ont été abandonnés ? Combien de fortereffes détruites? N'ont-ils jamais voyagé ? N'ont-ils pas un efprit pour comprendre, des oreilles pour entendre? Leursyeux ne font point fermés a la lumiére; mais leurs cceurs font aveugles. Ils te prefferont de hatèr la vengeance célefte. Dieu E 5 i°5  106* L £ C 0 R A N. ne retraite point fes promeffes. Un jour a fes yeux eft comme mille ans aux vötres. Combien de cités pendant longtemps floriflantcs, ont été anéanties, a 1'inftant oü elles font devenues coupables? Leurs habitans paroitront devant moi. Dis: ó mortels! Je vous prêche la vérité. - L'indulgence, & une récompenfe magniiique, fe» ront le partage des croyans vertueux. Ceux qui s'efforceront d'abotir la doarine du Coran , feront les victimes du feu. Nous n'avons point envoyé de Prophètes, que Satan n'ait mêlé des erreurs dans leur doarine; mais Dieu détruit fes artifices , & les préceptes divins reflent dans leur pureté. 11 eft favant & fage. II fait fcrvir les preftiges du tentateur, a 1'aveaglemem de ceux dont le cceur eft endurci & gangrené. Les imptes font enfevelis dans de profondes ténèbres. Ceux qui ont recu la fcience, intimement perfuadés que le Coran eft la vérité éterneüe, croient enhu'. Leurs cceurs repofent tranquillement dans cette croyance , & Dieu les guide dans le chemin du falut. Les infidèles ne cefleront de douter, qu'au moment oü 1'heure fatale les ftirprendra, & oü ils verrunt les fupplices du jour terrible, Alors la balance fera dans les mains de Dieu. II jugera entre les mortels. Les croyans qui auront exercé la bienfatfance, feront introduits dans les jardins de la volupté. Une pc-ine ignominieufc feta le pvix des incré-  L e Coran. 107 dules & de ceux qui auront blafphémé contre i'Iflamifme. Martyrs de 1'lfiamifme, ceux qui feront morts, ou qui auront été tués fous fes étendards, recevront des biens infinis. La libéralité de Dieu eft fans bornes. Ii les introduira dans un féjour dotit ils feront enchantés. II eft favant & doux. Ce!l,i ' aPrès avoir ufé de repréfailles envers i'infidèle, en recevra de nouvelles infultes, aura pour appui, le bras du Dieu clément & miféricordieux. II fait fuccèder la nuit au jour, & le jour a la nuit. II fait & apprécie toutes chofes. II eft la vérité. Les autres Dieux qu'on invoque ne font que meufonge. II eft le Dieu grand, le TrèsHaut. Ne vois-tu p:s que fa main abaiffe les nuages qui verfent la pluie, qu'auffi-tót la terre fe couvre de verdure? II eft habile cc prévoyant. II poffède ce qui eft dans les Cieux &fur la terre. II eft riche, & fa louange eft en lui-même. Ne voyez-vous pas qu'il a foumis a votre ufage tout ce que la terre coinient, que le vaiffeau ftnd les ondes a fa voix, qu'il foutient fur vos tétes le firmament , paree qu'il eft clément & miféricordieux? C'eft lui qui vous a donné Ia vie. C'eft lui qui vous envoie la mort , & qui vous refuilcitera. O eombien l'homme eft ingrat! Nous avons prefcrit a ckaque peuple fes rites ffc crés. Qu'ils les obfervent, & qu'ils ne difpmeut v Am E 6-  ï:/8 Lr e Coran. fur la religion. Appèle-les a Dieu. Tu es dans Ie chemin véritable. S'ils difputen: , dis-leur: Dieu connort vos actions. II jugera vos dilférens au jour de la réfurreétion. Ignorez-vous que la fcience de Dieu embraffe 1'étendue des Cieux & de la terre? Tout eft écrit dans le livre. Tout eft facile au Très-Haut. Le culte qu'ils rendent aux idoles, n'eft point autorite du Ciel. lis n'ont point la fcience pour gurde. Un jour ils feront fans protefteur. Lorfqu'on récite les verfets dn Coran, on vort 1'indignatïon peinte fur Ie front des infidèles. lis font prêtsi fe jetter fur le leétéur. Dis: vous annonceraije quelque chofe de plus terrible? C'eft le feu de 1'enfer que Dieu a promis aux incrédules. Malheur a ceux qui y feront précipités! O Idolatres! Ecoutez cette parabole. Les Dieux que vous fervez ne fauroient créer une mouche. En vain réuniröient-ils leurs efforts; & fi ce foible infc&e ravit une parceüe de ce que vous leur offrez, il leur eft impoffible de Ia reprendre. L'adorateuróc 1'idole font également impuiffans. Ils n'ont pas portéde Dieu un jugement équitable. 1! elt puiffant & dominateur. II choifit fes Miniftres parmi les Anges & lcshomII apprécie tout. 11 connoit le paffé & 1'avenir. II eft Ie terme de toutes chofes. O .royans! Courbez-vous , fervez , adorez le  L e Coran. icvj Seigiieur ; faices le bien , & vous ferez heureux. Combattez avec courage fous les étendards de Dieu. Vous êtes fes élus. II ne vous a rien commandé de difficile dans votre religion. C'eft la foi de votre père Abraham que vous profeffez. C'eft lui qui vous nomma Mufulmans. Le Coran vous confirme ce titre glorieux. Mon envoyé fera témoin contre vous, au jour de la réfurreftion. Vous porterez témoignage contre Ie genre humain. Accompliffez Ia priére. Faites 1'aumóne. Soyez inébranlables dans la foi. Dieu eft votre maitre. Courage au ferviteur, & louange au patron! R-  110 L e Coran. CHAPITRE XXIII. LES FIDÉLES. Donné a la Mecque, compofé de 118 verfetj» A.i nom de Dieu clément & miféricordieux. T sV. bonheur eft affuré aux croyans, A ceux qui font la prière avec humilité, Qui évitent toute parole defhonnête, Qui obferyent le précepte de 1'aumóne, Qui gardent les loix de Ia chafteté, Et qui bornent leurs jouiffances a leurs feiumes & a leurs efclaves. Celui qui porte fes défirs au-dela eft prévaricateur. Ceux qui gardent fidèlement leurs fermens & leurs traités , Qui font Ia prière avec zèle, Seront les héritiers du paradis. Ils y demeureront éternellement. Nous créaraes 1'honnne du pur Iimon de la terre. Sperme, nous ie dépofons dans un lieu fur. Nous Ie transformons en fang coagulé, ce fang en foetus , dont nous forraons des os recouverts de chair. Nous accompliflbhs notre création eu 1'anfmant. Eéni foit le Dieu créateur!  Le Coran. ii i L'homme fubira la mort. 11 refiufcitera au jour de la réfurrection. Avant de le former, nous avions élevé les fept Cieux. Nous ne négligeons point le foin de noscre'atures. Nous faifons tomber 1'eaü des nuages avec mefure. Nous la lailfons féjourner dans la terre. Nous pourrions a notre gré la faire difparoitre. La pluie fait croitre dans vos jardins le palmier & la vigne; elle fait éclore tous les fruits qui vous fervent de nourriture. Elle fait croitre l'arbre du Mont Sinaï, donton tire 1'huile, qui colore ceux qui s'en nourriffent. Les animaux font pour vous un fujet d'inflruétion. Leur lait vous offre un breuvage, leur chair un aliment. Vous en retirez beaucoup d'autres avantages. Ils vous portent fur la terre, comme le vaiffeau fur les mers. Noë notre Miniftre, dit a fon peuple: fervez Ie Seigneur. Vous n'avez point d'autre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas? Noë n'eft qu'un homme comme vous, dirent les grands voués rt 1'infidélité: il veut dominer parmi vous. Si le Ciel eut voulu nous eclairer, il nous auroit envoyé des Anges. L'hiftoire de nos péresne nous offre rien de fèmblable. C'eft un infenfé. Enfermons-le pendant quelque temps. Seigneur, s'écria Noë, protège-moi contre ceux qui m'accufent de menfemge.  ris L e Coran. Nous lui infpirames de conflruire un vaiffeau fous nos yeux, & füivant nos ordres, & lorfque 1'Arrét eut été prononcé, & que la vengeance lut préte, Nous lui dïmes: fais entrer dans 1'arclie un couple de chaque efpéce d'animaux, & ta familie, excepté celui dont le fort efl arrêté. Ne nous implore point pour les pervers. Ils vont périr dans les eaux. Lorfque tu entreras dans 1'arche avec ta familie, publie les louanges de Dieu qui t'a délivré des mains des méchans. Lorfque vous en defcendrez , adreiTe-lui cette prière: Seigneur, ó toi qui es le meilleur desguides, daigne bénir notre fortie! Le déluge fut un ligne de la puiffance divine. II fit périr le peuple de Noë. Nous établimes fur fes ruines une autre nation. Nous leur envoyames un Prophéte choifi pannieux. II leur dit: fervez le Seigneur, il n'ya point (Tautre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas ? Les premiers du peuple, que nous avions comblés de richeffes, étoient infidèles, & nioient la réfurreétion. Cet envoyé, dirent-ils, eft un homme femblable a vous, il boit & mange comme vous. Si vous obéilfez a la voix d'im mortel qui vous reffemble, votre perte eft certaine. II vous flatte qu'après votre mort, lorfque vos corps ne feront plus qu'un amas d'os & de pouffière, vous revietjdrez a la vie.  « LeCoran. 113 Rejettez, rejettez cette vaine promefle. II n'y a point d'autre vie que celle dont nous jottiflbns. Nous naiflbns, nous mourons, & nous ne reflufcitóns point. Cet homme n'eft qu'un impofteur qui prêteaDieu un menfonge. Nous ne croirons point fa doctrine. Seigneur, s'écria le Prophéte, Iave-moi du crime dont on m'acctife. Encore quelqucs infians, répondit le Seigneur, & ils feront livrés au repeniir. Le cii de 1'Ange exterminateur fe fit entendre, & femblables aux germes defféchés, les incrédules furent anéantis. Loin de Dieu les impies! Nous établfmes d'autres peuples fur les débris de leur empire. Les nations ne fauroient reculer, ni avancer Pinftant de leur deftruction. Nous avons envoyé fucceffivement nos Miniftres. Chaque nation a nié la miflion de fon Apötre. Elles ont difparu les unes après les autres. Nous avons apporté un livre nouveau. Loin de nous ceux qui n'y croiront pas! Nous chargeames Moyfe & fon frère Aaron de précher nos Commandemens, & nous leur donnames la puilfance des miracles. Ils fe préfentèrent devant Pharaon & les Seigneurs de fa Cour qui enivrés de leur puilfance rejettèrent notre doctrine. Croirons-nous, difoient-ils, a deux hommes femblables a nous, dont nous tenons le peuple en efclavage?  n+ L e Coran. Ils traitèrent nos Miniftres d'impofteurs, & ils périrent. Nous donnames a Moyfe un livre pour conduire les Ifraëlites. Nous offrira'es Jéfus & fa Mère a 1'admiration de 1'univers. Nous les avons enlevés dans un féjour qu'habite la paix, & oü coule une eau pure. Prophètes du Seigneur, nourriffez-vous d'alimcns purs; pratiquez la vertu; je fuis le témoin de vos actious. Votre religion eft une. Je fuis votre Dieu. Crdgnez-moi. Les peuples fe font divifés en différentcs feJics, & chacune eft contente de fa croyance. Laiffe-les dans leurs erreurs, jnfqu'an temps. Penfent-ils que les richeffes, & les enfans que nous leurs avons donnés, Scient un bienfait garant de leur bonheur? Ils fe trompent, & ils ne le fentent pas. Ceux que la crainte de Dieu rend crconfpects, Ceux qui croient a fes commandemens, Ceux qui ne lui donnent point d'égal, Ceux qui font I'aumóne, & que la penfée du jugement tieat dans la crainte, Ceux-!a aniraés par un faint zèle, devancent les autres dans la voie du falut. Nous n'exigerons de cliacun que fuivant fes ftn> ces. Nous poffédons le livre de la vérité. Perfonne n'éprouvera d'injuflice. Ceux qui ignorent cette doctrine, ceux dont les-  L e Coran. esuvres n'ont point Ia venu pour objet, refterout dans leur avëuglement. ^ Jufqu'au temps oü les plus puiffans d'entr'eux rfprouvant notre vengeance , Ciieront tumultueufeinent. On leur dira: calmez vos clameurs; aujourd'hui vous n'avez plus de fecours a attendre. On vous a lu mes préceptes, & vous êtes retournés fur vos pas. Avenglés parl'orgueil, vous proferiez vos difcour* criminels, dans 1'ombre de la nuit. Ont-ils cdnfidéré attentivement la doctrine du Coran ? Renferme-t-il d'autres commandemeus. que ceux qui ont été preferits a leurs pères ? Ne connoiffent-i!s pas leur Apötre? & ils nient la vérité de fa miffion ! Diront-i!s qu'il efl infpiré par Satan? II efl venu leur préeber la vérité, & la plupart d'entr'eux 1'abhorrent. Si la vérité eüt fuivi leurs défirs, la corruption auroit gagné le Ciel, la terre, & tout ce qu'ils renferment. Nous leur avons apporté le livre de PinP truction, & üs ]» rejettent avec mépris. Leur demanderas-tu le prix de tonzèle?~Ta récompenfe eft dans les mains de Dieu. Nul ne fait mieux réeompenfer que lui. Ta voix les appèle au chemin du falut, Dont s'écartent ceux qui ne croient point a la vie future. Si Ia pitié nous eüt fait leur prédire les maux qu'ils-  n5 L e Coran. alloient éprouver, ilsn'en auroient été que plus opiniatres dans leur égarement. Nous leur avons envoyé des difgraces pafïagèrcs. Ils ne fe font point humiliés, & n'ont point adreiï'é au Seigneur d'humbles prières. Mais lorfque nous avons ouvert fur eux Ia porte du malheur, ils fe font abandonnés au défefpoir. C'eft Dieu qtii vous a donné 1'ouie , la vue, & un cceur pour fimtir. Combien peu reconnoiffent ces bienfaits! II vous a mis fur la terre. II vous raffemblera devant fon Tribunal. C'eft lui qui fait vivre & mourir; c'eft lui qui a établi la viciffitude de la nuit & du jour; ne le comprennez-vous pas? Loin d'ouvrir les yeux, ils répétent ce qu'ont dit leurs pères: Quand nous ferons morts, & qu'il ne reftera de «otre étre qu'un amas d'os & de pouffière, feronsnous ranimés de nouveau ? On berca nos pères de cette efpérance. On nous en flatte de même; mais ce n'eft qu'un vain fonge de 1'antiquité. Demande-leur: a qui appanient la terre , & ce qu'elle contient? Le favez-vous? Ils répondent: elle appartient a Dieu. N'ouvriront-ils donc point les yeux ? Demande-leur: qui eft le Souverain des fept Cieux, & du tróne fublime?  L e Coran. i17 C'eft Dieu, répondent-ils. Ne lé cAlndront-i!g donc point? Demande-leur: qui tient les rénes de 1'univers? Quel eft celui qui protégé & qui n'eft point protégé? Le favez-vous? " Dieu, répondent-ils. Dis-leur: vos yeux ferontMs donc toujours fermés a la lumière? Nous leur avons apporté Ia vérité, & ilsperfiftent dans le menfonge. Dieu n'a point de fils. II ne partage point I'empire avec un autre Dieu. S'il en étoit ainfi, chacun d eux voudroit s'appfoprier fa création , & 3'élever au-deflus de fon rival. Louange au Très-Haut! Loi„ de lui ces blafphêmes! Sou Kil perce dans 1'ombre du myftère. Il voit tout. Anathême aux idoles! Dis: Seigneur, fais-moi voir les tourmens que tu leur prépares, Ne me confonds pas avec les pervers. Nous pouvons te montrer les fupplices deftinés *ux mechans. Oublie le mal qu'ils t'ont fait. Nous connoiffons leurs difcours. . Disj Se,'Sneur» t" « mon refuge contre les tentations de Satan. Défends-mói contre fes defTeins. Quand 1'impie fubit Ia mort, il s'écrie: Seigneur, laifTe-moi retourner fur Ia terre. ferai le bien, dans 1'efpace de temps que tu maccordenw. Ces vains fouhaits font rejettés. Une  uS L e Coran. fearrière impénétrable 1'arrête jufqu'au jour de Ia réfurrection. Lorfque la trompette fonnera, tous les Hens du fang feront brifés. On ne s'interrogera plus. Ceux dont la balance penchera, jouLont de la félicité. Ceux pour qui elle fera légère, auront trahi leur ame, & demeureront éternellement dans 1'enfer. Le feu dévorera leur vifage, & leurs lèvres fe retireront. Ne vous a-t-on pas lu ma doctrine? Et vous I'avez accufée de faulfeté! Seigneur, répondront-ils : le malheur a prévalu fur nous; nous étions dans 1'aveuglement. Délivre-nous des Hammes. Si nous retournons a Terreur, nous mériterons de périr. Reftez-y couverts d'opprobre, dira Dieu, & ne m'adreffez plus vos plaintes. Une partie de mes ferviteurs s'écrioient: Seigneur, nous croyons. Pardoune-nous. Aye pitié de nous. Ta mifèricorde eft infinie. Vous avez infulté a leur piété jufqu'a ce qu'ils ayent ceffé de vous rappeler mon fouvenir, & vous vous êtes joués de leur crédulité. J'ai récompenfé aujourd'hui leur conftance. Ils poffèdent ie bonheur fuprême. On leur demandera: combien de temps êtes-vous reftés fur la terre ? Un jour, ou moins encore, répondront-ils; interrogez ceux qui comptent.  L e Coran, - np On ajoütera: vous ne 1'avez habitée que peu de temps, & vous 1'ignorez encore. Avez-vous pu croire que nous vous avions créés en vain, que vous ne paroitriez plus devant nous? Gloire foit au Très-Haut! il efl le Roi vdritable,le Dieu unique, & le Souverain du tróne glorietix. Celui qui donne un éga! a 1'Eternel ne fau'roit juflifier fa croyance. II lui rendra compte de fon impiété. Le bonheur ne fera point le partage des Idolatres. Dis: Seigneur, pardonne-nous. Aye compaflïon de nous. Ta miféricorde efl fans bornes.  120 L e Coran, C H A P I T R E XXIV. LA L U M I E R E. Donné a la Mecque, compofé de 99 verfets. /Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. iNous avons envoyé ce thapitre du Ciel. 11 contient la fanftion de nos loix, & des fignes dont 1'évidence doit vous deffiller les yeux. Les impudiques des deux fexes feront punis de cent coups de fouet. C'eft le jugement de Dieu. Vous n'aurez pour eux aucune commifération, fi vous croyez en lui, & au jour dernier. Que quelques fidéles foient témoins de leur chatiment. Un homme débauché ne pourra époufer qu'une femme de fon efpèce", ou une idolatre. Une fille débauchée ne fe mariera qu'a un impudique, ou a un idolatre. Ces alliances font interdites aux fidéles. Ceux qui accuferont d'adultère une femme vertueufe, fans pouvoir produire quatre témoins, feront punis de quatre-vingt coups de fouet. Déclarés infames, ils ne feront plus recusen témoignage. Ceux qui, touchés de répentir, retourneront a la vertu, auront lieu d'efpérer la miféricorde divine. Les  I- E C O R A N, 121 Les maris qui, fur leur'témoignage, accuferont leurs femmes d'adultère, jureroiu quatre fois, par ie üom de Dieu, qu'ils difent la vérité; Le cinquiême ferment fera une imprécation fur eux-mémes, s'ils font parjures. La femme fe délivrera du chatiment, en juraiitquatre fois, par le nom de Dieu, que le crime dont on Taccufe efl faux. Au cinquiême ferment, elle invoquera fur elle Ia ■vengeance célefte, fi elle n'eft pas innocente. Si le Dieu clément & fage ne frifóit éclater fa miféricorde pour vous, il punjroit a 1'inflant leparjurc. Ne croyez pas que le crime du raenteur retombe fur vous; il ne vous en reviendra aucun préjudiee, Perfonne ne fera puni que du mal qu'il aura fait. Le fcélérat, chargé de forfaits, fera dévoué a 1'horreur des fupplices. Lorfque vous avez entendu 1'accufatfon (ij, les -fidéles des deux fexes n'ont-ils pas penfé intérieurement, ce qu'il étoit jufte de croire? N'ont-ils pas dit: voila un menfonge impudent ? : Les^ accufateurs pnt-ils produit quatre témoins? Et s'ils n'ont pu les faire paroitre , n'ont-ils pas proféré de faux fermers? CO Cette accufat'ion fut intentèe contre Al*Au, époufe chérie de Mahomet, que quelques Mufulmans accuferent d'avoir eu commercc avec Sawai,. On peut voir ce tuie nous en avous dit dans Ia vie de Mahomet, ü'xième année de 1'Hégire. Tante II. p  ij2 L e Coran. Si la miféricorde & la bonté ciivine ne veilloient fur vous, ce raenfonge eüt attiré fur vos tètes un chatiment épouvantable. II a pa (Té de bouche en bouclie. Vous avez répété ce que vous ignoriez, & vous avez regardé une caloninie comme une faute legére, & c'eft un crime aux yeux de 1'Eternel. Avez-vous die, lorfqu'on vous a fait ce rapport: il ne nous regardepoint. Louange a Dieu! C'eft une faulfeté évidente. Dieu vous défend de retomber jamais dans une faute femblable , fi vous êtes fidéles. 11 vous dévoüe ft religion. II eft favant & fage. Ceux qui prennent plaifir a publier les foiblefles des croyans, ftibiront un fuppüce affreux. Ils feront punis dans ce monde & dans Tautre. Dieu fait, & vous ne ftvez pas. Rendez graces a la bonté & a la miféricorde diyine, O croyans! ne fuivez pas les traces de Satan. II commande, a ceux q.i'ii a féduits, l'iniquité & Tiniamie. Si la miféricorde divine ne veilloit fur fes créatures , aucun de vous n'eüt confervé fon innocence. Dieu préferve du vice fes élus. II fait & entend tout. Que le riche & Ie putffant ne jurent jamais de ne faire aucune largeffe a Ieu:s pareus, aux pauvres, £: a ceux qui s'cxpatrient pour la défenfe de la foi. Qu'ils reffement pour ecx de la commifératioti. Qu'ils foient bienfaifans. Ne défirent-ils pas eux-mémes, les faveurs du Ciel ? Le. Seigneur efl clément ik miféricordieux.  L e Coran. 1-03 Ceux qui accufeat fauffement des femmes fages, humbles & fidéles, feront maudits danscemoude & clans 1'autre, & livrés a !a rigueur des tourmens. Un jour, leurs langues, leurs mains &Ieurspieds témoigneront contr'eux. Dieu leur rendra, fuivant leurs ceuvres, & ils fanront qu'il efl la vérité immuable. Les femmes corrompus & les hommes corrompus, les femmes vertueufes & les hommes vertueux font faits pour étre unis enfemble. Ceux-ci doivent étre a 1'abri de la calomnie. C'eft pour eux que Dieu ell indulgent; c'eft pour eux qu'il fera éclater fa magnificence. O croyans! N'entrez point dans une maifon étran. gère fans demander pèrmiföbn, & fans faluer ceux out l'habiteiit. L'honncteté 1'exige, & vous ne de. vez pas 1'oublier. Quand même 11 n'y auroit perfonne, n'y entrez pomt qu'on ne vous 1'aic permis, & fi 1'on vous refufe, retournez-vous fur vos pas. L'équité ie demande. Dieu connoït vos aftions. Mais vous pouvez cntrer linrement dans les édifices pubhes, qui vous font de que'que utilité. Dieu fait ce que vous cachez , & ce q«e vous produifez au grand jour. Cpmmande aux fidéles de contenir la licence de leurs repros & d'étre chaftes. Ils en feront plus purs. Digu efl le tcinoin des sclions. Ordonne aux femmes de baifier les yeux, deconferver leur pureté, & de ne montrer de leur corps F 2  W4 Le Coran. Bue ce qui dok paroitre. Qu'elles ayent le fein couvert (i). Qu'elles ne laiffent voir leur vifage qu'a leurs maris , leurs pères , leurs grandspères, leurs enfans , aux enfans de leurs mans, a leurs frères, leurs neveux, leurs femmes, leurs efclaves, leurs ferviteurs, (excepté ceux qui ne leur font pas d'une abfolue néceiïïté,) & aux enfans qui ne favent pas ce qu'on doit couvrir. Qu'elles n'agitent point les pieds de manière a huiler appercevoir des charmes qui doivent être«.oilés. O fidéles! tournez vos cceurs vers le Seigneur, afin que vous foyez heureux. Epoufez des filles fidcles. Mariez les plus fages de vos ferviteurs & de vos efclaves. S'ils font pauvres, Dieu les enrichira. II eft libéral & favant. Que ceux que 1'indigence éloigne du manage, yivent dans la continence, jufqu'a ce que le Ciel leur fj) Les femmes Turques , comme nous l'avons dit, ne fortent point en public, fans étre voilées. En Egypte elles s'enveloppent d'un long manteau de foic noire qu; leur couvre tout Ie corps. Dos babonges d'un cuir jaune & trés raince leur fervent de chaulTure. De lougs calecons & des habits traiuant a terre empèchent qu'on ne leur voie la jambe; mais comme elles ne portent point de bas, Mahomet leur défend d'agitcr les pieds de manière a laiffer appercevoir des charmes qui doivent être voilés. EUes paroiffent toujours en public habillées avec la plus grande décence. Dans l'inténeur de leurs maifons, elles quittent tout eet attirail, & font vêtues de Ia manière la plus légere,  L e Coran. j25 ak donné des richeffes. Accordez i vos efclaves fidéles l écrit qui affure leur liberté, Iorfqu'ils vous te demanderont. Donnez leur une partie de vos biens, Ne forcez pas V0S femmes efclaves a fe proflituerpour un vil falaire, fi elles veulent vivre dans Ja chafreré. Si vous les y contraignez Dieu leur pardonnera a caufe de la violence que vous leur aurez faite. Nous avons envoyé du Ciel des préceptes clairs, femblabks a ceux que nous donnames aux anciens. ÏS. ferVir0"C d,i»«">cliou a ceux qui craignent ïe Seigneur. ö Dieu efl la lumière des Cieux & de h terre. Il éclaire comme la lampe allumée dans le verre & dont 1'éclat reffemble a celui d'une étoile. Sa luiere vient de l'arbre béni, de eet olivier qui n'eft « de 1 oriënt, ni de 1'occident, dont I'huile s'en, De k h moindre Wroche du feu, & produit des rayons toujours renaifTans. Par elle il conduit ceux qu'il lui plait. H offre des paraboles aux hommes pour les inftruire. Sa fcience eft infinie Dieu vous a permis d'exalter fon nom dans les iemp.es, d'y rappe/er fon fouvenir, & del'ylouer, !e matin & le foir. Mortels J que le commerce & le foïn de vos affaires, ne vous faffent point oublier le fouvenir de Dieu.- Faues la prière & 1'aumóne. Craigne? Irjour oü les cceurs & les yeux feront dans Ia confternation. II vous donnera le prix fortuué de vos mérites f a  12-5 L e Coran. 11 vous combiera de fes bienfaits. II les difpenfe a fon gré, & fans compte. Les ceuvres de 1'infidèle relfemblent a la vapeur qui s'élève dans le défert; le voyageur alté:é y court chercher de feau, & lorfqu'il s'en eft approché, ïillufipn a difparu. Dieu rendra aux pervers fuivanc leurs mérites. II eft exaft dans fes comptes. Les ceuvres de l'mfidéle font encorefemblables aux iénèbrcs qui repofent dans les abymes de la mer, couvertes de flots entaffés , & de 1'obfcurité des nuages, ténèbrcs fi épaiffes que l'homme qui y feroit plongé, auroit peine a voir fon bras étendu. Celui a qui Dieu refufe Ia lumière eft aveugle. Ne voyez-vous pas que les Cieux & la terre s'uBiffent pour publier les louanges de 1'Eternel ? Les oifeaux dans les bols les célébrent a leur manière. Tous les êtres créés connoiffent 1'hommage qu'ils lui doivent, & il fait ce qu'ils font. Le domaine des Cieux & de Ia terre lui appartient. II eft le terme ou tout fe doit réunir. N'avez-vous pas vu comme il agite légérement les nuages, comme il les pouffe dans les airs,lesraffemble, les entaffe ? Alors la p'uie tombe de leur fein entr'ouvert; alors des montagnes femblent defcendre des Cieux. La grèle frappe oü il veut. II Ia détourne a fon gré, ék 1'éclat de la foudre éblouit les foibles yeux des mortels. La fuccefiion du jour & de Ia nuit eft fon ouvrage. C'eft un prodige pour ceux qui voient. II a formé d'eau tous les animaux. Les uns rampent fur la terre,  Lr e Coran. 127 les uns marchent fur deux pieds,lesautresfur quatre. II crée ce qu'il veut , paree que rien ne limite fa puiflanee. Nous de'voilons ces merveillcs a vos yeux, & Ie Seigneur dirige fes élus au chemin du falut. Ils alTurent qu'ils croient en Dieu &en fon Apótre. Vaius fermens. La plupart retournent a leurs errcurs, & n'ont point la foi. Après en avoir appelé au jugeaient de Dieu &du Prophete, le plus grand nombre eft retombé dans Si la vérité étoit leur guidc, ils fe hateroient de venir a lui. Leur cceur efl-il corrompu? Doutent-i!s?Craignentüs que Dieu & le Prophéte ne les trorupent? Ne font-ils pas injuffes? Lorfque les fidéles en arpêlent au jugeinent de Dieu & de fon miniflre, ils difent: nous avons entendu , & nous obéiflbus. Ils jouiront du bonheur fupröme. Quiconque eft docile a la voix de Dieu & du Prophéte, quiconque nounit dans fon cceur la crainte & la piété , fera fauvé. Ils ont juré par Ie nom de Dieu, le plus faint des fermens, que, fi tu leur en avois donné 1'ordre, ils auroient marché au combat. Dis-leur : ne jurez point. Votre obéiff.ince efl jufte. Le Tout-Puiffant pèfe vos aétions. Dis-leur: foyez foumis a Dieu & au Prophéte. S| vous êtes rebelles, il ne répondque de fes ceuvres. F 4  i:3 L e Coran. Vous re'pondrez des vótres. La lumière fera le prix de votre foumifïïon. Son miniftère fe borne a vous exborter au bien. Dieu a promis a ceux qui croiront, & qui exerceront la bienfaifance, de leur accorder un empire floriffant, comme il Pa accordé a ceux qui les ont précédés, d'affermir la religion qu'ils chériffent, de diffiper leurs alarmes , & d'afiurer leur tranquiüké. Servez-moi. Ne me donnez point d'égal. Ceux qui, après ces avertiifemens, perfifreront dans l'incréduliré, feront prévaricateurs. Faites Ia prière & Paumóoè. ObëifTez a votre Apötre, afin que vous jouiliiez des faveurs du Ciek L'infidèle n'aura point fur Ia terre d'abri contre notre vengeance, & les flammes feront fon habitation.. Malheur a ceux qui y feront précipités! O croyans! vos ferviteurs, vos efclaves, & ceux qui ne font pas parvenns a fage de puberté, vou* demandcront ia permiftion de parokre devant vous (i) , avant la prière de 1'aurore, a midi lorfque vous (i) L'ancienne autorité des pères de familie, la première que les hommes ayent connue, s'elt confervée dans 1'Oiient. Le Coran ne 1'a point établi. II n'a fait que la rendre plus facrée. Le père de familie y jonk encore des droits que la nature lui a donnés. II eft juge & pontife. Ses ferviteurs, fes enfans ne paroifient point devant lui fans fa permiffion. Ils doivent aller le matin, a midi & le foir lui offrir leurs fervices, & recevoir fes bénédiétions. 11 fuge les différens qui naiCent parmi eux, & immole les viclimes du Btïr/m (fête des Turcs.) C'eft-la que 1'on  L e Coran. izg quittez vos nabits, & après Ja prière du foir. II leur ffera permis de fe préfenter devant vous dans d'autres momens , fi quelque fervice exige leur préfence. Dieu vous déelare fes volontés. II efl favant & fage. Vos enfans parvenus a 1'age viril, vous demanderont la même faveur, ainfi que vous le pratiquates envers vos pères. Le Seigneur vous dévoile fes préceptes. Ii efl favant & fage. Zes femmes agées, incapables de mariage, pourront quitter leurs voiles,- pourvu qu'elles n'affeétent pas de fe montrer. Elles feront mieux de ne point ufer de cette permiffion. Dieu fait & entend tout. II eft permis a 1'aveugle, au malade, au boiteux & a vous, de mangor dans la maifon de vos enfans, dans celle de vos pères, de vos mcres, de vos frères, de vos foeurs, de vos oncles, de vos tantes, de vos pupilles & de vos amis, enfemble ou féparément. Saluez-vous mutuellement; fouhaitez-vous les bénédiaions du Ciel lorfque vous entrez dans une maifon. Dieu vous explique fa doarine afin que vous compreniez. Les fidéles font ceux qui croient en Dieu & a fon Miniftre. Lorfque quelqu'affaire les raffemble dans voit des objets- attendrifians. Le même toft renferme fonvent quatre génörations. L'extröme vieilleffë, 1'age viril, Ia tendrc cnfance, y font reunis par des lienj facrés- & chéris, F 5  13^ Lr. C o r a ta maifon, ils ne doivent point fortir de ta préfencc, fans fen avoir demandé ia permifiion. Ceux qui te font cette detnande font les vrais croyans. S'ils follicitent quelque grace , accordc-la a celui que tti en jugeras le plus digne. Implore pour eux 1'indulgence du Seigneur. 11 eft clément & miféricordieux. Ne parlez pas au Prophéte avec la familiarité dont vous ufez entre vous. Dieu connoit ceux qui fe. retirent de- raffemblée en fecret. Que ceux qui réfulent a fes ordres tremblent. Les maux & les fupplices font prêts a fondre fur eux. Dieu ne poffède-t-il pas ce qui eft dans les Cieux & fur la terre ? II connoit fétat oü vous êtes. Un jour vous paroitrez devant lui. II vous montréra vos aclions, paree que fa fcience eft fans bornes.  L e Coran. 131 CHAPITRE XXV. L E CORAN. Donné h la Mecque, compofé de 77 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. Bdivi foit celui qui a envoyé du Ciel le Coran, ik fon ferviteur, pour prêcher la foi aux hommes. L'empire des Cieux & de la terre eft dans fes mains. II n'a point de fils. II ne partage avec aucun étre le gouvernement de 1'univers. II a tiré du néant tout ce qui exifte, & il en fait fubfifter fharmonie. L'idolatre adore des divinités Impuiffimtes. Elles ne peuvent rien créer. Elles-memes ont été tirées du néant. Ineapables du bien & du mal, elles n'ont auciirr clroit a la vie, a la mort, & a la réfurreelion. Ce livre, difent les infidèles, n'eft qu'tine impofture. Mahomet en eft 1'auteur. D'autres hommes font aidé. Ces difcöurs ne font appuyés que fur1'iniquité & le merffonge. Ce n'eft, a'outent-ils, qu'un amas des fabies de 1'antiquité qu'il a recueilües, & qu'on lui lit le nj*.tin & Ie foir. F 6  132 L e Coran. Pveponds-leur: celui qui fait les fecrets du Ciel & de la terre a envoyé le Coran. II efl indulgent & miféricordieux. Quel efl eet Apótre, difeht-ils? II bou & mange comme nous. II fe proméne dans les places publiqa.es, Un Angc efl-il defcendu du Ciel pour l'infpirer? • Nous at-il montré un tréfor? A-t-il produit un jardin orné de fruits? Suivröns-nous un importeur trompé par des preftiges? Vois a quoi iis te comparent. I!s font dans 1'aveuglement. Ils ne retrouveront plus la lumière. Béni foit celui qui'peut te donner des biens plus précieux, des jardins arrofés par des fleuves, & ornés de palais magnifiques. Ils ont nié la réfurreelion. Le feu fera le prixde leur incrédulité. A leur approche il redoublera d'ardeur, & ils entendront mugir les Hammes dévorantes. On les en retirera, pour les jetter chargés de chaines dans un cachot étroit, oü ils invoqueront la mort. N'en appelez pas une feulement, leur dira-t-on : appelez tous les genres de mort. Demande-leur lequel efl préférable de 1'enfer , ou du Paradis prosnis aux juftes avec la félicité? Dans le féjour éternel, tous les vceux feront cortv blés. Les juftes ont droit d'exiger de Dieu 1'ac compliflement de fes promefTes. Un jour il raffemblera les idolatrei, & demandera  I-, E C O R A M. I3J a leurs Dieux : eft-ce vous qui avez égaré mes ferviteurs , ou fe font-ils livrés d'eux-mêmes a 1'erreur? Seigneur, répondront-ils, ton nom foit glorifié! Nous ne pouvions rechercher d'autre proteclion que la tienne. Les richelfes dont tu les as comblés eux & leurs- pères, leur ont fait oublier ton fouvenir, & ils ont couru a leur perte. II dira aux idolatres: vos divinités vous accufenr de menfonge. Elles ne fauroient ni protéger, ni nuire. Quiconque de vous a vécu dans 1'impiété, va fur bir un fuppiice douloureux. Les Apótres qui t'ont précédé , fe nourriffoient comme les autres hommes, & marchoient dans les places publiques. Nous vous éprouvons les uns par les autres. Serez-vous conflans? Dieu eft témoin. Ceux qui nient la réfurrection ont dit: nous ne croirons point a.moins qu'un Ange ne defcende du Ciel, ou que nous ne voyons Dieu. Ils fe font abandonnés a 1'orgueil, & a des excès inouis. Le jour oü les Anges paroitront devant eux ils ne leur apporteront point d'agréables nouvelles. Les infidèles s'ècrieront: oü trouver un afile ? Nous produirons leurs ceuvres, & nous les réduirons en poufiière. Les hótes du Paradis jouiront des douceurs du repos, & auront un lieu délicieux pour dormir a midi (i). O) Les Orientaux font dans 1'ufage de dormir a midi. Hs expediënt leurs affaires le niatin, font un léger repas F 7  134 L' e Coran. Le jour oü les Cieux & les nuages s'ouvriront quand 1'Ange defcendra, L'emph'e appartiendra au miféricordieux. Ce moment fera terrible pour les infidèles. L'impie fe mordra les doigts, & dira: plót a Dieu que j'euffe fuivi la voie tracée par le Prophéte ! Malheur a moi! plüt a Dieu que je n'euiïe point eu des infidèles pour amis! Ils m'ont fait abandonner riflamifme qu'on m'avoit prêché. Satan trahit l'homme. Le Prophéte dira: Seigneur; mon peuple a abandonné la religion fainte. Les feélérats font les ennemis des Miniftres du Très-Haut; mais fa proteftion eft un bouclier puiffant. Les incrédules ont demandé fi le Coran n'avoit pas été envoyé dans un traité fuivi. Nous 1'avons fait defcendre du Ciel, par verfets & par chapitres, afin d'affermir ton cceur. Toutes les fois qu'ils t'attaqueront avec des paraboles, nous t'en donnerons 1'expÜcation; nous t'enverrons la vérité pour les combattre. vers onze heures, & laiffent palier dans les bras da fommeil Ie temps de la plus grande chaleur. C'eft un befoirc produit par un climat brülant. Les Europé'cns s'y accoutument a la longue. Les Turcs qui pcuvent repofer alors prés d'un ruifleau, a 1'ombre des orangers, fe croient déjü en pofleflion du jardin de délices que leur promet Maliomet.  L e Coran. 135 Ceux qui fe feront Ie plus écartés du droit chemin, feront couchés fur le front dans 1'enfer, &habiteront le féjour le plus déplorable. Nous donnames le Pentateuque a Moyfe. Nous lui donmunes Ion frère Aaron pour coufeiiler. Nous leur commandantes d'aller trouver le peuple qui avoit nié la vérité de notre religion, & nous l'exterminames. Nous enfevelimes, dans les eaux, le peuple de Noë qui accufoit nos Miniflres d'impoflure. II fera un exemple elfrayant pour 1'univers. Des tourmens rigoureux font préparés aux méchans. Aod, Themod, les poffeffeurs de RaJJi (1), & beaucoup d'autres nations. Ecotitèrent fans fruit nos inftructions, & ilspérirenr, Les infidèles ont paffé prés de la ville fur laquelle nous fimes tomber une pluie fatale. N'ont-ils pas vu fes ruines ? Mais ils ne croient point a la réfurrection. Lorfqu'ils t'appercoivent, ils, s'arment d'ironies. Eft-ce-la, difent-ils, 1'envoyé du Très-Haut? Peu s'en eft fallu qu'il ne nous ait fait abjurer le culte de nos Dieux. II falloit notre conflance pour lui réfifter. Ils verront, a 1'afpeft des tourmens, qui de nous ftiivoit le mauvais chemin. CO Rfoi, la vertu , & qui entretiennent dans leur cceur le fouvenir de Dieu. Ils ne fe vengent que quand ils fort attaqués jnjuftement. Les méchans connoitront le féjour qui les attend.  L e Coran. i$3 CHAPITRE XXVII. LA F O U R M I. Donné a la Mecque, compofé de 95 Verfets. Au nom de Dieu clément ei? miféricordieux. T. S. (1) Ces caraétères font les fignes du. livre du Coran, qui enfeigne la vraie-doctrine. II eft la Iumière des croyans, & le gage de leur félicité. II la promet a ceux qui font la prière & l'auuióne? & qui croient fermement ;i la vie future. Nous avons laiffé aux incrédules les plaifirs brillans de la vie. Ils marchent au fein des erreurs. Nous leur ferons fentir nos chatimens dans ce monde & dans 1'autre. La réprobation fera leur partage. Ceiui qui poffède la fagefTe & Ia fcience t'a envoyé le Coran. J'ai appercu du. feu, dit Moyfe a fa.familie: j'y. cours: peut-être vous apporterai-je du bois enflammé pour vous chauffer. (i) T. S Tous ces caractères font myftérieu», &. 1'ou ae peut en donncr d'explication raifonnablc G 5  15$ L e Coran. Lorfqu'il s'en fut approché, une voix fit entendre ces mots : béni foit celui qui eft dans ce feu, & qui 1'environne! Louange a Dieu Souverain des mondes! O Moyfe! Je fuis le Dieu puiffant & fage. Jette ton baton. L'ayant vu tout-a-coup transformé en ferpent, & rampcr fur Ia terre , il s'enfuit a pas précipités. O Moyfe! Calme ta frayeur. Mes envoyés n'ont rien a craindre en ma préfence. Celui qui s'eft égard, & qui abandonnant le vice retournera a- la vertu , éprouvera les effets de ma miféricorde. Porte ta main dans ton fein , & tu la retireras blanche fans aucun mal; ce prodige fera du nombre des fept merveilles que tu feras éclater aux yeux de Pharaon & de fon pfeuple. Ils font prévaricateuis. Les Egyptiens attribuèrent nos miracles aux effets de la magie. Ils les nièrent, quoiqu'ils en connuffent la vérité. L'iniquité & 1'orguei! préfidoient a leurs jugemens; mais confidère quelle fut la fin des impies. - David & Salomon favorifés du don des fciences, publièrent les louanges du Trés-Haut, qui les avoit élevés au-deffus de beaucoup de nos ferviteurs. Salomon fut 1'héritier de David. Mortels , ditil, j'entends Ie chant des oifeaux; (i) je poffède V') Salomon enténdöit ce qu'un oifcau faifoit comprendre a un autrc par fes cris & fes chants.- Zonishafear,  L e Coran.. 155 toutes les connoiffances; j'ai été élevé a ce dëgré fublime. Un jour il raffembla fes arme'es de démons, d'hommes & d'oifeaux, rangées féparément. Lorfqu'il fut arrivé a la vallée des fourmis, une d'elles dit a fes compagnes: rentrons dans nos demeures, de peur que Salomon & fes foldats ne nous foulent aux pieds; car ils ne feront pas attentiona nous. Salomon entendit le difcours de la fourmi , & éclata de rire. Seigneur, dit-il, rends moi reconnoilfant des graces que tu as verfées fur ma familie, & fur moi; fais que j'opère le bien que tu aimes. Que ta miféricorde me mette au nombre de tes ferviteurs vertueux. 11 parcourut de i'cei! 1'armée des oifeaux, & leur dit: pourquoi la huppe n'eft-elle pas ici ? Eft-elle abfente? Je la punirai févèrement; elle n'évitera pas la mort, fi elle ne me donne une excufe légititne. La huppe étant venue fe pofer prés du Roi, lui dit: j'ai parcouru un pays que tu n'as point vu; je t'apporte des nouvelies du royaume de Saba. Une femme (1) le gouverne. Elle pofféde mille avantages. Elle s'affeoit fur un tróne magnifique. Elle & fon peuple adorent le foleil. Satan leur a rendu ce culte agréable. 11 les a détournés du vrai chemin, & ils font dans les ténèbres. (1) Cette femme , fuivant les Auteurs Arabes, eft Br.U caife. Reine de 1'Arabie Henrenfe. ( G 6  156 Le Coun, II les empêche d'adorer le Dieu qui dévoile c*e qtri efl caché dans les Cieux & fur la terre; & qui connoit ce que te cceur recèle, comme ce qu'il produit au grand jour. Ii n'y a qu'un Dieu. II eft le Souverain du tróne fublime. Je faurai, reprit Salomon, fi ton rapport eft conforme a la vérité, ou au menfonge. Vole vers le peuple de Saba, & lorfque tu auras remis cette lettre (i), écarte-toi, & attends la réponfe. - Seigneurs, dit la Reine a fes courtifans, je viens de recevoir une lettre honorable. Salomon me 1'envoie. Eile contient ces paroles: au nem de Dieu clément miféricordieux, A*e vous ékvez pas contre moi. Venes me trouyer, c51 croyez. Seigneurs, confeillez-moi dans cette affaire, jene déciderai rien fans votre approbation. Nous avons du courage & des foldats, répondirent les grands ; mais vous êtes notre reine; princeffe, qu'oi»ionnez-vous? Lorfque les Souverains entrent dans une ville, (i) La lettre de Salomon étoit concue en ces termes : Salomon, ferviteur de Dieu & fils de David, a Ealcaife, Reins de Saba. La faix fait avec celui qui fuit la lumière. jtVe vous révoltez pas contre moi. Vemz me trouver & croyez. II parfnma la lettre avec du mufc; il la fcella de fon fceau, 6c commanda a la Huppe de la porter. Gelaledjin.  L e Coran. 157 dit la reine, ils Ia dévaftent, & plotigent dans fhümiliation les principaux habitans. C'eft ainfi qu'ils agiflent. J'enverrai des préfens (1), & j'attendrai la réponfe. Lorfque 1'Ambaffadeur fut arrivé , Salomon lui dit: pouvez-vous augmenter mes tréfors ? Dieu m'a accordé des biens plus précieux que les vótres. Gardez vos préfens. Retournez vers le peuple qui vous envoie. Nous irons 1'attaquer avec une armée a laquelle il n'aura rien a oppofer. Nous le chafferons de fon pays, & les grands humiliés feront obligés de fe foumettre. Salomon adreffant la parole aux chefs de fes troupes, leur dit: qui de vous m'apportera le tróne (2) de la reine avant que fon peuple vienne fe jetter a mes genoux ? Ce fera moi, répondit Afrit, un des démons:' t'en rendrai poffeffeur avant que tu te fois levé de (1) Balcaife envoya it Salomon mille efclaves, cinqcen de chaque fexe, un grand nombre de plats d'or enrichis de pierres précieufes, du niufc & de 1'ambre. Gclaletldin. (2) Gelalcddin nous fait une defcription pompeufc de ce tróne fabuleux. Si 1'on en croit eet Auteur, il avoit quatre-vingt coudées de long, quarante de large, &trente de .haut. II étoit eompofé d'or & d'argent. Une cou ronne de rubis & d'émeraudes régnoit a 1'entour. Les colonnes qui le foutenoient étoient faites des memes pierres précieufes. 11 contenoit fept appartemens oü 1'on entroit par fept portes.  Lr Coran. ta place. Cette entreprife n'eft point au-deffus demes forces. Je veux t'en rendre maitre, dans un clin d'ceil, ajouta un autre démon qui avoit la fcience du livre. Lorfque le roi vit le tróne a fes pieds, il s'écria: voila une faveur de Dieu. II veut éprouver fi mon cceur fera reconnoilfant ou ingrat! La reconnoiffance eft une jouiffance, & 1'ingratitude n'óte rien a Dieu de fes richeffes. II ajoüca: transformez le tróne de la reine, afin que nous fachions fi elle eft éclairée, ou dans les ténèbres. Lorfque Ia reine fut arrivée , on lui demanda, eflce la votre tróne ? II lui reffemble parfaitement, répondit-elle, Nous recumes avant elle la fcience qui nous rendit Mufulmans. Le culte des faux Dieux 1'avoit égarée. Elle étoit uée au milieu d'un peuple idolatre. On lui dit : entrez dans ce palais. (i) Elle crut que c'étoit de 1'eau entaffée , & fe découvrit les jambes. C'eft un édifïce folide, fait de verre, lui dit Salomon. Seigneur, s'écria Ia reine, j'étois dans 1'aveuglement. Je crois avec Salomon au Dieu Souverain des mondes. (i) Le pa'ais étoit conftruit de verre tranfparent. Un ruifTeau oïi 1'on voyoit nager les poiffbns couloit fous cc merveilleux édifice. Lorfque Ia Reine y entra, elle releva fes habits croyant palier un torrent. Cchhddin.  L e Coran. *59 Nous envoyames Saleh prêcher 1'ünité de Dieu aux Thétnudéem fes frères, & ils fe divifèrent en deux feétes. Peuples, répétoit le Prophéte, pourquoivousha> tez-vous d'attirer fur vos têtes la vengeance du Ciel, plutöt que fes faveurs ? N'implorerez-vous point la miféricorde divine? Nous augurons mal de toi & de ceux qui ont ta croyance, répondirent les Thémudéens. Votre préfage , ajouta Saleh, eft dans les mains de Dieu. II vous éprouve. II fe trouvoit dans la ville neuf feélérats incaplibles du bien, & livrés a tous les exces. Ils jurerent, par le nom de Dieu, de tuerpendant la nuit Saleh & fes difciples, & de dire aux vengeurs de leur fang: nous n'avons point affifté a leur mort; notre témoignage eft véritable. Tandis qu'ils formoient ce complot, nous marquions 1'inftant de leur perte, & ils ne le favoient pas. Quel fut le fuccès de leur deffein criminel ? Ils périrent tous, & le peuple fut enveloppé dans leur ruine. Leurs maifons reftèrent défertes, a caufe de leurs crimes: exemple fenfible pour ceux qui font éclairés. Nous fauvames es croyans qui avoient la crainte du Seigneur. Vous abandonnerez-vous a un crime dom vous connoiffez 1'infamie, crioit Loth a fes concitoyens ?  L e Coran. Aurez-vous commerce avec des hommes de'bau> chés , au mépris de vos femmes ? Vous êtes dans 1'égarement. Chaffons Loth & fa familie de la ville, puifqu'ils confervent leur pureté: telle fut la réponfe des habitans de Sodóme; Nous fauvames Loth & fa familie. Sa femme feule fut enfevelie dans le malheur général. La punition fuivit nos avertiflemens. Nous fimestomber fur les coupables une pluie fatale. Dis : louange a Dieu ! La paix. foit avec feséius. Lefquels de Dieu' ou des idoles métitent ia préférence ? Quel eft celui qui a créé les Cieux, la terre, & qui verfe fur vos campagnes la. pluie qur fert a la' croiffance des plantes, & a rembelliffement de vos jardins? Pourriez-vous produire un feul arbre? Dieu a-t-il un égal ? Cependant ils allbcient des divinités & fon culte. Quel eft celui qui a affermi la terre, qui a mis dans fon fein la fource des fleuves, qui a élevè fur fa furface les montagnes, qui a pofé entre deu:: mers une barrière infurmontable ? Dieu a-t-il un égal ? La plupart font piongés dans 1'ignorance. Quel eft celui qui exauce les vceux de fopprimé qui 1'implore, qui le décharge de fon fardeau, qui, vous a fait remplacer les générations éteintes? Dieu a t-il un égal ? Combien peu réfléchilfent! Quel eft celui qui vous conduit pendant les ténèbres, fur la terre & les mers, qui envoie les nuages  L e Coran. iêi avant-coureurs des faveurs du Ciel ? Dieu a-t-il un égal ? Louange au Trés-Haut ! Anathême aux idoles! Quel eft celui qui a créé l'homme, & qui le reffufcitera, qui le nourrit des biens céleftes, & terreftres? Dieu a-t-il un égal? Apportez vos preuves, fi Ia vérité eft votre guide. Dis: nul autre que Dieu, au Ciel & fur la terre , ne connoit ce qui eft voilé des ombres du myftère. Les hommes ignorent quand ils reffufciteront. La vie future eft parvenue a leur connoiffance; mais ils en doutent, & ferment les,yeux. Les infidèles difent: lorfque le tombeau aura réuni nos cendres a celles de nos pères, eft-il pofllbleque nous foyons ranimés de nouveau? Cette promeffe dont on nous flatte, dont on ber9a nos pères, n'eft qu'une fable de 1'antiquité. Dis-leur: parcourez la terre , & voyez quelle a été la fin des impies. Ne t'afflige point de leur fort, & ne t'alarme point de leurs complots. Quand s'accompliront vos promeffes, demandentils ? Parlez , fi la vérité vous éclaire. Dis-leur: peut-être qu'une partie des peines dont vous voulez hater l'accompliffement , eft prête k fondre fur vous. Dieu comble les humains de fes faveurs, & le plus grand nombre ne 1'en remercient pits. II fait ce que recèle leur cceur, & ce que leus bouche profère.  t6i L i Coran. Les myftères des Cieux & de la terre font écrits dans le livre de 1'évidence. Le Coran explique aux enfans drIfraé'I, les principaux objets de leurs dlfputes. II eft la lumière des fidéles, & le gage des graces divines. Le jugement de Dieu terminera leurs différens. II eft le favant, le dominateur. Mets ta confiance dans le Seigneur. La vérité eft' ton appui. Tu ne faurois faire entendre les morts , ni les fburds qui s'éloignent de toi. Tu ne faurois conduire les aveugles, ni les retirer de leurs ténèbres. Tu ne peux faire entendre que ceux qui croient, & qui font fidéles. Lorfque 1'Arrêt de leur perte fera prononcé, nous ferons fortir de Ia terre un monftre (i) qui criera: fes hommes n'ont point cru rijiamifme. CO Ce monftre que les Commcntateurs du Coran ont peint chacun a leur manière, aura cinquante coudées de long. II courra d'une vitefTe extraordinaire, & aura des crins, des plumes & deux alles. Ebn Jarib le decrit avec Ia tête d'un taureau, les yeux d'un porc, les oreilles d'un éléphant, les cornes d'un cerf, le col d'une autruche , la poitrine d'un lion, la couleur d'un ours, Ie milieu du corps d'un cliat, la queue d'un bélier, & le pied d'un chameau. II fortira de la grande Mofquee de la Mecque, & épouvantera la terre de fa voix. II prononccra ces mots: lts btmmes tfont teint er» fijlmijmt. Zcmicbafcttr.  L e Coran. iÖ5 Nous ralfemblerons un jour, ceux qui ont traité nos oracles d'impofture, & nous les mettrons dans un lieu féparé. Jufqu'a ce qu'ils paroiffent devant le Tribunal de Dieu qui leur dira : avez-vous nié ma religion ? Ne favez-vous pas comprife ? Quelles font vos ceuvres ? L'arrét de leur réprobation fera prononcé, paree qu'ils ont été impies, & ils ne répondront point. Ne voyoient-ils pas que nous avons établi la nuit pour repofer, & le jour pour agir? Ce font des fignes pour les croyans. Lorfque le fon de la trompette rententira, tout ce qui eft dans les Cieux & fur la terre fera faifi d'effroi, excepté les élus du Seigneur. Tous les hommes paroltront devant lui, humblement profternés. Vous verrez les montagnes femblables a 1'eau congelée, difparoitre comme un nuage, a la voix de Dieu qui a fagement difpofé toutes chofes, & qui connoit les aclions des mortels. Ceux qui fe préfenteront avec de bonnes ceuvres, recevront un prix glorieux, & feront exempts des frayeurs du grand jour. Ceux qui n'apporteront que des crimes, feront précipités dans Je feu, Ie vifage profterné. Seriezvous traités autrement que Veus aurez agi? Le Dieu de ce pays que fa bonté a confacré, le Dieu a qui tout appartient, m'a comtnandé de me dévouer a fon culte, & d'émbraffer 1'Iflamifme.  iü4 L e Coran. II m'a chargé de lire le Coran. Ceux qui recevront la lumière, jouiront de eet avantage précieux , & je dirai a ceux qui perfilteront dans Terreur: ma miffion fe borne a vous prêcher. Dis: louange a 1'Eternel! Bientót il vous donnera des marqués de fa puiffance, & vous ne pourrez les nier. II a 1'ceil ouvert fur vos aclions.  ï. e Coran, 16- Au r.om de Dieu clément G? miféricordieux. T. S.M . (O Ces caraétères font les fignes du livre de févidence. Nous te réciterons avec vérité quelques traits de 1'h.ftoire de Moyfe & de Pharaon, eu faveur des croyans. Pharaon s'enorgueillirfoit fur le tróne d'Egypte. II avoit divifé fon peuple en deux parties. Devenu tyran, il en affoiblifToït une, en faifant périr les enfans males, & en ne laiffant vivre que les filles. Nous voulions combler de biens ceux cuii étoient opprimés, les éiever, & leur donner\m héritage. Nous. voulions leur affurer une habitation fur la terre , & déployer aux yeux de Pharaon, ffHaman, & de leurs arraées , les prodiges qu'ils redou' toient. CO T. S. M. Voyez ce que nous avons dit ci-deflus au iiijet de ces caraétères. CHAPITRE XXVIII. L'HISTOIRE. Donné a la Mecque, compofé de 88 verfets.  i6*6 X, e Coran. Nous dimes a la mère (i) de Moyfe: allaite ton fils, & fi tu trembles pour fes jours, dépofe-ie fur lenil. Ne crains rien. Ne t'afflige point. Nous le rendrons a tes vceux, & nous 1'établirons Prophéte. La familie de Pharaon recueillit celui qui devoit étre un jour fon ennemi, & lui caufer des chagrins amers, paree que Pharaon, Herman, & leurs foldats, étoient prévaricateurs. Que eet enfant foit le plaifir de nos yeux , dit Ia Reine d'Egypte. Ne le mettez point a mort. Peutêtre qu'un jour il nous fera avantageux de 1'avoir accueilli. Nous 1'adopterons pour fils. Ils iguoroient 1'avenir. O) La raère de Moyfe 1'allaita pendant trois mois. Craignant enfuite pour fes jours, elle 1'enfcrma dans un coffre enduit de poix , fait en forrue de berceau, & le dépofa fur le Nil. Maracci. La tradition du pays porte que Ie berceau de Moyfe s'arrêta devant le Mckias, ancien chateau bSti a la pointe d'une ifle fituée entre le vieux Caire, & Giza. Cet édifice tombe en ruine. On n'y voit de bien confervé qu'un baflin carré, creufé a la profondeur du Nil, avec lequel il communiqué par un canal. Du milieu de ce baflin s'élève une colonne de marbre qui fert a marquer les divers accroiffemens du fleuve. Auffitöt qu'il commence a croitre, des crieurs publiés vont foir Sc matin confulter la colonne, & proclament dans les rues du grand Caire la hauteur journalière de 1'eau., Lorfqu'ellc eft a un certain période, on fait de grandes réjouiffimces , on coupe les digues, & le Nil arrofe les campagnes. Le mot Mekias fignifie mcfure d'eau.  L e Coran. ig^, La mêre de Moyfe alarmée fut prête a trahir fon ffls; mais nous mimes un lien fur fon cceur, afin qu'elle fut fidéle. Elle ordonna a la fccur de Moyfe de fuivre 1'enfant. Elle 1'obfervoit de loin afin qu'on ne s'en appercüt pas. Fidéle a notre défenfe, 1'enfant refufa le Iait des nourrices étrangéres. Voulez-vous, dit fa fceur, que je vous enfeigne une familie oü il fera nourri, & élevé avec foin ? Nous Ie rendimes a fa mère, afin de fécher fes pleurs, de calmer fes inquiétudes, & afin qu'elle connüt que les promeffes de Dieu font véritables. Lorfqu'il eut atteint 1'age marqué, nous lui donnames Ia fagelTe & la fcience; c'eft ainfi que nous récompenfons Ia vertu. Un jour qu'il entroit dans la ville, pendant le temps oü les citoyens repofent, il appercüt deux hommes qui fe'battoient, 1'un Hébreux, & 1'autre Egyptien. Le premier lui demanda du fecours contre fon adverfaire. Moyfe le frappa, & le mit a snort. Voila, dit-il, une oeuvre de Satan, 1'ennemi, le féduaeur du genre humain. Seigneur, s'écria-t-il, j'ai commis un crime, daigne me pardonner. Dieu lui pardonna paree qu'il eft ittdulgent & miféricordieux. Seigneur, puifque ta miféricorde m'a fait grace, je ne ferai jamais du parti des impies. Le matin il marchoit en tremblant dans la ville. It obfervoit avec inquiètude , quand 1'Ifraëiite qu'il  L e Coran. avoit fauvé la veille, 1'appella une fcconde fois a fon fecours. Tu es un féditieux, lui dit Moyfe. II voulut cependant repouffer par la force ce nouvel ennemi. As-tu deflein de me faire éprouver le fort de celui que tu mis hier a mort, lui cria 1'Egyptien? N'écouteras-tu que ta violence? As-tu douc renoncé a la vertu ? Un homme accouru de 1'extrêmité de Ia ville, lui dit: ó Moyfe! les grands affemblés délibèrent pour te faire mourir. De'robe-toi par la fuite, & fuis eet avis falutaire. II s'enfuit, tremblant d'étre de'couvert, & il adreffa cette prière au Ciel: Seigneur, délivre-moi des nsains des méchans. Sorti de la ville (i), il tourna fes pas vers Madian, & dit ï Seigneur, guidc-moi dans le bon chemin. Arrivé a la fontaine de Madian, il trouva les bergers occupés a abreuver leurs troupeaux. (i) Moyfe partit de Memphis, capirale de l'Egvptc, & demeuta huit jours dans fon voyage. Comme il ignoroit le chemin, un Ange fut fon conducteur. Gelaledóin. ii ne refte aucunes traces de Memphis. Les villes dn Grand Caire & de Boulac auront été Mties de fes débris. Si 1'on creufoit dans les monceaux de fable qui s'élèvent aux environs du vieux Caire , on trouveroit peut-étre des monumens qui fixeroient la pofition de cette ancienne capitale de 1'Egypte. ïhebes, & Alexandric ont laiffé des ruines qui atteflent encore leur ancienne magnlficeace ; niais Memphis a fubi le fort de plufieurs autres villes faitteufos, elle a difparu entièrement de la face de la terre. II  i. e Coran. 109 il appercüt deux fceurs qui fe tenoient a 1'écart. Que faites-vous ici, leur demanda-t-il ? Nous atteudons, répondirent-elles, le départ des pafteurs, pour abreuver nos troupeaux. Nous avons pour père(i) un CheikJi rcfpeftable. Moyfe leur pulfa de 1'eau, & s'étant écarté fous 1'ombrage, il s'éctia: Seigneur, mon cceur foupiroic après le bien que tu viens de m'offrir. Une des fceurs revint a lui , maxhant avec décence, & lui dit: mon père te demande. 11 vent te récompenfer du fervice que tu nous as rendu. Moyfe (2) raconta fon hifloire au vicillard qui lui dit: (1) Le mot chcikh fignific viciilard; mais comme les vieiüards avoient anciennement toute i'autorité, & que les Arabes ont confervé les mccurs antiques, ils fe fervent encore de ce mot pour défigner leurs chefs. { 2) Lorfque Moyfe arriva i la demcure de Jctro, que les Arabes nomment Chaïb, il trouva le diner prèt. Auïstoi & mange avec nous, lui dit le vieillard. Je n'accepte point ton offre , lui répondit Moyfe , comme le prix du fervice que j'ai rendu a tes filles. II eft une loi inviolable dans ma familie: on fait le bien fans en recevoir de récompenfe. Et moi, répliqua Jetro, j'ai pour coutume (& cc fut celle de mes pères) de bien accueillir mes hótes, & de les nourrir. Gtlahddïn. L'hofpitalité eft encore en honneur parmi les Turcs. Si un ètranger fe préfente a 1'hcure du repas, on le fait affe'oir, & il eft traité comme les autres. On ne lui demande point d'oi't il vient, ou il va, cc qu'il eft; qu'eftions accablantes pour les malheurcux. C'eft un homme qui fe préfente a Hicure du repas , on le recoit comme s'il étoit Tomé ƒ/. ü  I^O L E C 0 R A N. ne craifis rien , tu es échappé des mains des mtchans. O mon père ! dit une des filles de Jetro: prends eet homme a ton fervice. II eft robufte & fidéle; il fera le meiileur de tes domelliques. Jetro dit a Moyfe : je te donnerai une de mes filles en mariage , a condition que tu me ferviras pendant huk ans. II dépendra de toi de refter deux ans de plus. S'il plait a Dieu tu n'éprouveras de ma part cpi'humanité & juftice. J'accepte votre propofition , répondit Moyfe ; mais 1'accord aura lieu pourvu que j'accomplilfe un des termes. Qu'aucun de nous ne foit tranfgreffeur, & que Dieu foit le garant de notre a'liance. Le temps fixé étant (i) accompli, Moyfe prarj.it avec ft familie, & ayant appercui du feu prés du lVIont Sinaï, il dit: attendez ici. Je vais reconnoitre ce feu. Peut-être que je vous apporterai du bois enflammé pour vous chaulTer. de la familie, & on Ie traite avec la même bonté. AufE ne voit-on point c!e Mahométan deshonorer 1'humanité, en expofant au milieu des chemins & des rues, fa mifère u fes femblablcs. (i) Lorfque Moyfe fut fur Ie point de quitter Jetro , Ie vieillard ordonna a fa fille de lui donner la baguette avec laquelle il écartoit les bétcs féroces de fon troupeau; c'étoit la verge des Prophètes. Elle étoit faite de myrlhc du Paradis Terrcftre. Adam 1'avoit pofTédée le premier. Moyfe la recut des mains de fon époufe, avec la fcience de Jetro, Gclaltdiin.  L e Coran. i;ï Lorfqu'il s'en fut approché, une voix fortie du milieu d'un buiffon,près de !a rivedroite dutorrent qui coule dans la vallée bénite , lui cria: Moyfe, je fuis le Dieu fouverain des mondes. Jette ta baguette. II Ia vit auffï-tót change'e en ferpent ramper fur Ia terre. II s'enfuit précipitamment. O Moyfe! Retourne fur tes pas. Calme ta frayeur. Tu es en füreté. Mets ta main dans ton fein, elle deviendra blanche fans aucun mal. Retire-la fans crainte. Tu opèreras ces deux prodiges devant Pharaon & les grands de fon empire. Ils font prévaricateurs. Seigneur, dit Moyfe, j'ai tué un Egyptieu; j'appréhende qu'on ne me mette a mort. Mon frère Aaron eft plus éloquent que moi. Commande-Iui de m'accompagner. Qu'il me ferve d'appui. Q.u'il attelte la vérité de mes paroles. Je crains qu'on ne me traite d'iuipofteur. Aaron fera tön foutien, ajouta le Seigneur. Nous vous donnerons une puilfance infigne. Les Egyptiens ne pouront égaler vos prodiges. Vous, & ceux qui vous fuivront, ferez vainqueurs. Moyfe dévoila aux Egyprjens notre doctrine fublime. Tout cela n'eft que menfonge, s'écrièrent-ils: la tradition de nos pères ne nous oifre rien de ferablable. Mon Dieu counoft, di: Moyfe, ceux que la foi éclaire, & qui auront le P radis pour récompenfe. Certainement la felicjc ne fera point le part je d;s Biéchans. II 2  ifk Le Coran. Seigneurs, die Pharaon a fes Courtifans, je ne penfe pas que vous ayezd'autre Dieu que moi. Haman, prépare des briques, & qu'on batiffe une tour (i) élevée, afin que je monte vers le Dieu de Moyfe, quoique eet homme me femble un importeur. Le Roi & fes troupes, livrés a Porgueil, oublièrent la juftice, & penfèrent qu'ils ne reffufciteroient point. Nous faisïmes Pharaon & fon armee, & nous les p'écipitames dans les eaux. Vois quelle eft la fin des impies. Chefs des réprouvés, ils appelieront leurs femblables au feu de 1'enfer. Ils feront fans protecteur au jour de la réfurreélion. Frappés de malédiétion dans ce monde, au jour dernier ils feront couverts d'opprobre. Après avoir détruit les premiers peuples, nous donnames a IMoyfe la Pentateuque, pour rappeler fur la terre le fouvenir du Seigneur. Ce Üvre eft Ie gage des graces céleftes, & la lumière des hommes. Tu n'étois pas avec Moyfe, furie cóté occiden- (i) Les Auteurs Arabes racontent des- fables fans noinbre au fujet de cette tour. Cinquante mille ouvriers y travailloient chaque jour. Lorfqu'elle fut tres-iHevée , Pharaon monta fur le fommet, & lanija centre le Ciel uil trait qui retomba couvert de fang. Le Roi fe glorifioit d'avoir tué le Dieu de Moyfe; mais Gabriel d'un coup d'aile renverfa 1'édifice qui écrüfa une partie de fon armee. Zamcbiifiar.  L e Coran. i^j tal de la raontagne, lorfque nous le chargeames de nos ordres. Tu ne fus point au nombre des témoins. Depuis Moyfe, plufieurs générations fe font fuccedées. Nous les avons lailfées Iongtemps fur la terre. Tu ri'as point habicé parmi les Madianites, pour leur annoncer nos commandemens; mais nous t'avons élu Prophéte. Tu n'étois pas fur le penchant du Mont Sinaï lorfque nous appelames Moyfe; mais Ia miféricorde divine t'a choifi pour prêcher un peuple , a qui il n'étoit point encare venu d'Apötre, afin qu'il ouvre les yeux a la Iumière. Lorfqu'ils reffentoient Ia punition de leurs péchés, ne difoient-ils pas: Seigneur, nous as-tu envoyé un Prophéte, pour que nous fuivions ta doctrine, & que nous embraffions Ia foi? Aprés que nous leur avons eu envoyé un Apótre véritable, ils fe font écriés: qu'il falie éclaterlamême puilfance que Moyfe , & nous croirons. N'ontils pas nié fes miracles , quand ils ont dit: le Per», tateuque & Ie Coran font deux livres de menfonges qui fe prètent un fecours mutuel; nous les rejettons également ? Dis-leur: fi vous êtes véridiques , apportez un> livre divin, oü Ia vraie religion foit mieux établie que dans Ie Pentatenque & dans le Coran, & je le fuivrai auflï-tót. S'ils gardent le filence , apprends qu'ils fuivent leurs défirs déréglés. Quoi deplus aveugle que d'errer H 3  i?4 L e Coran. su gré de fes pafiions loin de la tnmiêfe divinel ear Dieu n'éclaire point les raéchans. Nous leur avons fait entendre la parole de la foi, afin de les tirer de leur égarement. Ceux a qui nous donnames les écritures, croient au Coran. ' Ils s'écrient, lorfqu'on leur explique fa doctrine: Nous croyons qu'il eft la vérité de Dieu; avant fa ventte notis étions Mufulmans. (i) lis recevront une doublé récompenfe , paree qu'ils ont fouffert avec patience, qu'ils ont rendu le bien pour le'mal, & verfé dans le fein de findigent une portion des richelfes que nous leur avious départies. Lorfqu'ils entendent les railleries des méchans, ils s'en éloignent, & ils difent: nous avons pour nous nos ceuvres. Vous rendrez compte des vótres. La paix foitavec vous. Nous n'afpirons point a 1'amhié de ceux qu'aveugle 1'ignorance. Les hommes ne feront point éclairés au gré de tes défirs. Dieu illumine ceux qu'il veut, & connoit celui qui marche dans les voies du falut. lis ont dit: fi nous embraffons ta croyance, nous ferons chafles de notre pays. Ne leur avons-nous pas alfuré un afile oü nous raffemblons des biens de toute efpèce pour leur fubfiftance ? Mais la plüpart font dans 1'aveuglement. Combien nous avons détruit de cités abandonnées (i) C'eft-s-tlire cenfacrés au culfc d'un feut Dieu.  L e Coran. '75 i la volupté & a la débauche ! Le pltrsLgiiahd nombre de ces villes n'ont plus.été habitées, & nous en confervons 1'héritage. Dieu n'a point renverfé d'empire avant d'avoir envoyé dans la capitale, un Prophéte prêcher fes commandemens; & les villes dont les habitans étoient impies, ont été les feuies détruites. Les richeffes qui vous ont éré difpenfées, vous procurent les plaifirs & les agrémens de la vie. Les jquiffances- du Ciel font bien plus délicieulès. Ne le concevez-vous pas? Le jufle qui poffédera la félicité que nous lui avons promife , aura-t-il un fort femblable au mortel qui a joui de tous les charmes de la vie mondaine , & qui au jour de la réfurrection fera rép.-ouvé? , Lorfqu'on appellera 1'idolatre, on lui demandera: 011 font les Dieux que tu égalois a 1'EterneiV Ceux dont la condamnation efl prononcée (i), uiront: Seigneur, nous 1'avonj féduit, comme nous le fümes nous-mêmes. Nous ne fommes point coupables du culte qu'il nous a rendu. Rien ne pouvoit le porter a nous adorer. On ajoütera : appéle tes divinités. II les invoquera inutilement. Elles garderont le filence, & il verra les tourmens qu'il eüt évités, s'il avoit fuivi la vraie religion. (O I-cs Demons. II 4  Kf$ L e Coran. Dieu' liii demandera: qu'as-tu répondu a mes Mi* riiftres? La réponfe mourra fur fes lèvres, & il reftera interdit. Celui que le repentir aura ramené a Ia foi & a la vertu , peut encore efpérer" le bonheur. Ton Dieucrée & élit ceux qu'il vcut. Leurs idoles n'ont point le pouvoir du choix. Louange a 1'Eternel! Anathême aux faux Dieux! Ton Dieu connoit & les replis de leurs cceurs, & ce que leur boucbe profère. II eft Ie Dieu unique. Un tribut de louanges lui eft dü dans ce monde & dans 1'autre. II eft Ie juge fuprême. Tous les hommes paroitront devant fon tnbunal. Que vous en fcmble? fi Dieu prolongeoit les ténèbres de Ia nuit jufqu'au jour de Ia réfurreftion, quel nutte que lui pourroit vous rendre la lumière ? Ne comprendrez-vous point? Que vous enfemble? Si Dieu prolongeoit la clarté du jour, jufqu'au jour de la réfurreétion, quel autre que lui pourroit vous ramener les ombres de la nuit, pour fervir a votre repos ? N'ouvrirez-vous point les veux? Dieu plein de bonté a établi la nuit & Ie jour, Tune pour le repos , 1'autre pour le travail, afin que vous lui rendie» des aclions de graces. Un jour nous citerons les idolatres a notre tribunal, & nous leur demanderons: oü font les Dieux que vous affociiez a ma puilfance.  L e Coran. 177 Nous ferons paroitre un tcmoin de chaque natkm» & nous leur dirons : oü font vos preuves? Ils connoitront que la vérité procédé du Trés-Haut , & leurs divinités chimériques di ante après. Grfaleddin. Zamchafcar. H 7  i%2 £ e Coran. Abraham dit au peuple: fervez Ie Seigneur. Craignez-Ie. Son culte fera pour vous une fource d'avantages. Si vous faviez! Vous adorez des idoles. Vous fervez Ie menfonge. Vos divinités ne fauroient vous procurer aucun bien. Cherchez auprès de Dieu ceux dont vous avez befoin. Devenez fes adorateurs. Rendez-Iui des aclions de graces. Vous retournerez a lui. Si vous niez la vérité de ma miffion, les nations qui vous ont précédés, ont ainfi traité leurs Prophètes; mais un Apötre n'eft chargé que de prêcher la vérité. N'ont-ils pas vu comment Dieu produit une créature? C'eft ainfi qu'il la reffufcitera. Ce prodige eft facile a fa puiffance. Parcourez Ia terre. Contemplez tous les étresque Dieu a créès. II en fera fortir d'autres du néant, paree que rien ne limite fa puiffance. II exerce a fon gré fa juftice ou fa miféricorde. Vous retournerez tous a lui. Vous ne pouvez fufpendre fon bras vengeur, fur la terre, ni dans les Cieux. Vous n'avez contre Dieu ni appui ni défenfeur. Ceux qui nient l'iflamifine, & la réfurreftion , défefpéreront de ma miféricorde, & fubiront la rigueur des tourmens. Mettons Abraham a mort, faifons le expirer dans les flammes, dirent les idolatres. Dieu 1'en délivra, & fon falut fut pour les croyans, un gage de la protection diyine.  L E C O S A s, 182, Vous avez prodigué, leur dit-il, votre encens & votre amour a des dieux impuiffans; au jour de la réfurrectioti une partie de vous méconnoitra 1'autre, & la cliargera de melédiétions. Votre receptacle fera 1'enfer, & vous n'aurez point de défenfeur. Loth embraffa la croyance d'Abraham. J'abandonne, dit-il, mes concitoyens, pour m'approcher de Dieu, paree qu'il eft puiffant & fage. Nous donnames a Abraham, Ifaac & Jacob, & a leurs defcendans, la prophétie & les écritures. Nous le récompenfames dés ce monde; dans 1'autre il aura fa place parmi les juftes. Loth répétoit aux habitans de Sodóme: vous fouillerez-vous d'un crime inconnu avant vous fur la terre ? Aurez-vous commerce avec des hommes ? Les attaquerez-vous dans les chemins ? Commettez-vous mutuellement une aétion infame? Les habitans de Sodöme répondirent: fais tomber la vengeance du Ciel fur nos têtes, fi tes menaces font véritables. Seigneur, s'écria Loth: aide-moi contre un peuple corrompu! Les Miniftres de nos vengeances, étant arrivés chez Abraham, lui annoncêrent une heureufe nouvelle , & lui dirent qu'ils alloient exterminer les habitans de Sodöme livrés a 1'infamie. Loth habite au milieu d'eux, leur repréfenta Abraham. Nous le favons, répondirent les Anges. Nous le fauverons avec fa familie; mais fa femme refters avec les coupables.  1^4- L e Coran. Lorfqu'ils furent arrivés chez Loth , il s'affligea' fur leur fort , & rléplora fon impuiifance. Calme tes craintes & ton chagrin, lui dirent-ils: nous forames venus te délivrer avec ta familie. Ta femme feule fera enveloppée dans le malheur général. Nous allor.s faire tomber fur cette ville les lléaux du Ciel, a caufe de fes abominatiofis. Nous avons Iaiffé fubfifter les ruines de Sodöme, monument frappant pour ceux qui penfent. Chaïb, I'Apötre des Madianites, leur dit: ó mes frères! Servez le Seigneur; croyez a la réfurreétion, & n'oubliez pas la juftice. Ils tccufèrent Chaïb d'impofture. Un tremblement de terre les fit périr, & on les trouva Ie matin étendus dans leur? malfons, la face contre terre.. Aod, Themod ne font plus. Les ruines de leurs cités atteftent notre vengeance. Le Tentateur leur couvrit le vice de fieurs. II les écarta du droit chemin , malgré leur pénétration. Caron, Pharaon, Haman ont difparu de la terre.. Moyfe leur montra des. miracles. Ils s'abandonnérent a rorguei!, & ils ne purent éviter nos cba.imens. Tous ont éprouvé les traits de notre vengeance. Un vent impétueux renverfa les uns; une voix terrible fit difparoitre les autres; ccux-ci furent engloutis dans la terre; ceux-!a enfevelis dans les eaux. Le Ciel ne les punit point injuftement. Ils fe perdirent eux-mémes. Ceux qui mettent leur appui daus les idoles, re£-  L e Coran. j-8-5 femblent a 1'araignée qui fe conftruit un édifice fragile, qu'un fouffle détruit. S'ils réfléchilToient! Dieu fait a qui ils adreffént leurs hommages, paree qu'il efl puiiTant & fage. Nous propofons ces exemples aux hommes. Les fages feuls en ont 1'irtelligence. Dieu a créé le Ciel & la terre. La vérirt préfida a fon ouvrage. Les fidéles y reconnoilTent fa ptïiflance. Lis Ia doctrine du Coran qui t'a été révélé. Fais Ia prière. Elle écarté de 1'impureté & de l'Lnjtfftice. Le fouvenir de Dieu eft le premier des biens. ïl connoit vos aétions. Ne difputez avec les Juifs & les Chrétiens, qu'en termes honnètes & modérés. Confondez ceux d'entr'eux qui font impies. Dites: nous croyons au livre qui nous a été envoyé, & a vos écritures; notre Dieu & le vótre ne font qu'un; nous fommes Muftilmans. Nor.s avons fait defcendre le Coran du Ciel. Ceux qui ont recu Ia loi ccrite croient en lui. Le plus grand nombre des habitans de la Mecque ont la même croyance. L'infidéle feul rejette fa doctrine. Avant Ie Coran, tu n'avois Iu aucun livre. II n'eft point écrit de ta main; autrement ceux qui s'elforcent de 1'anéantir douteroient de fa vérité. Des fignes frappans Ie caraclérifent. Ils font gravés dans le cceur de ceux qui ont la fageffe. Les méchans feuls en nient 1'évidence. Ils ne veulent, difent-ils , y ajouter foi, que  r8ó L e Coran. lorfqu'üs y feront autorifés par des miracles. Réponds-leur: les miracles font dans les mains de Dieu , je ne fuis chargé que de la prédication. Ne fuffit-il pas que nous t'ayons envoyé le Coran, pour leur expliquer fa doctrine ? II efl le gage des graces célefles, & le giii'de des croyans. Dis : le témoignage de Dieu me fuflit contre vous. II fait ce que le Ciel & la terre renferment. Ceux qui croient en de vains fimulaeres, & qui Dient Hflamifme, pén'ront. Ils te défient de hater feffet de tes menaces. Si 1'inftant de la vengeance n'étoit marqué, ils auroient déja été punis; mais elle les furprendera au moment oü ils ne s'y attendront pas. Ils te défient de hater leur chatiment; mais fenfer environne les infidèles. Un jour les fléaux célefles les envelopperont de toutes parts, & on leur dira: goutez le prix de vos ceuvres. O croyans! qui êtes mes ferviteurs, la terre efl d'une vafte étendue; adorez-moi. Tous les hommes fubiront la mort, & ils reffufciteront. Ceux qui auront profeffé 1'iflamifme & exercé la bienfaifance , habiteront éterneliement le jardin de délices oü coulent des fleuves. Gloire a la récompenfe de ceux qui auront travaillé! De ceux qui, ayant mis leur confiance dans le Seigneur, auront fouffert avec perfévérance.  L E C O R A N. Ib'7 Combien d'animaux ne pre'parent point leur nourriture ! Dieu les nourrit ainfi que vous ; il fait & entend tout. Demandez-leur qui a créé" le Ciel & la terre, qui a fait fervir a leurs befoins Ie foleil & la Iune; ils repondent: c'efi Dieu. Pourquoi fe livrent-ils donc au menfonge ? Dieu étend, & rcfferre fes bienfaits a fon gré. Sa fcience embrafle tout 1'univers. Demandez-leur qui fait defcendre du Ciel la pluie pour féconder la terre ftérile; ils répondent : c'eft Dieu. Louange au Très-Haut! La plupart nele connoiffent pas. La vie du monde n'eft qu'un jeu frivole. Leféjour étemel eft la vraie vie. S'ils le favoient! Lorfque le vaiffeau les porte fur la mer, ils invoquent le Seigneur, & lui montrent une foi fincère. A peine les avons-nous ramenés au port, qu'ilsadorent de faufïès divinités. C'eft ainfi qu'ils payent d'ingratitude nos bienfaits fignalés. Ils verront.... Ne voient-i!s pas que nous leur avons donné un afile afluré, tandis qu'on enlêve les hommes qui font autour d'eux? Croiront-ils donc au menfonge? Nieront-ils les graces du Seigneur? Quoi de plus criminel que de blafphémer contre Dieu , de nier Ia vérité qu'on a connue ? L'enfer n'eft-il donc pas la demeure des impies ? Nous conduirons au fentier du falut ceux qui combattront pour la foi. Dieu eft avec les bienfaifans.  isa L e Coran. C H A P I T R E XXX. LES G R E C S. Donné a la Mecque, compofé de 60 verfets. Au nom de Dieu clément öf miféricordieux. A. L. M • Les Grecs ont été vaincus. Ils ont été défaits fur la frontière (1). Ils racheteront leur défaite par la viéloire. Dans l'efpace de dix années (s). Dieu régie le (1) Les deux armées fe rencontrérent dans Ia Méfopotamie, oü elles Hvrèront combat. Zamcbafcar. Les Grecs qui étoient Chrétiens furent vaincus par fes Perfes qui adoroient des idoles. Les Idolatres de Ia Mecque fe réjouirent de leur défaite , & dirent aux croyans: nous triompherons de vous, comme les Psrfes onttriomphé des Grecs. Gclahddin. (2) Cette prédiélion s'étant accomplie, les Mahométans en tirérent de grands argumens pour prouver que Mahomet étoit Prophéte! mais il efl aifé de voir combien font futiles des raifonncmens appuyés fur une prophétie auflï vague , 6c qu'un homme qui connoiffoit l'état de 1'qmpire des Grecs, & de celui des Perfes, pouvoit faire è coup fljip.  LeCoran. !gp fort des combats. Le jour oü ils triompheront fera un jour de joie pour les fidéles. Ils devront leurs fuccês au bras du Trés-Haüt qui protégé ceux qu'il veut. II eft puiffant & fage. Dieu 1'a promis. II ne retratte point fes promeffes; mais la plupart 1'ignorent. Enivrés des plaifirs térreftres, les hommes oublient la vie 'future. Tgnorent-ils que le Ciel, la terre, & tout ce qui exifte dans l'efpace, font 1'ouvrage véritable de Dieu , & qu'il a fixé le terme de leur durée ? Cependant la plupart nient la réfurreétion. N'ont-ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu quel a été le fort des anciens peuples ? Plus puiffans qu'eux , ils y ont laifle des monumens de leur grandeur. Ils 1'ont habitée plus long-temps. Des Prophètes leur prêchèrent la vérité. Dieu ne les traita point injuftemenr. Ils fe perdirent eux-mêmes. Livrésa 1'impiété, ils nioientla religion divine; ils infuttoientafa fainteté par leurs railleries; & ils ont pén". Dieu a créé l'homme. II le relfufcitera, & Ie fera paroïtre devant fon tribunal. Le jour oü le temps s'arrêtera, les méchans défefpérés garderont le filence. Ils ne feront point fecourtis par leurs divinités, & ils les méconnoltront. Le jour oü le remps s'arrêtera, fera 1'infiant de la féparation. Les croyans qui ont exercé la bienfailance habiteront des prairies couvertcs de fleurs.  10O L e Coran. Les infidèles qui auront nié nflamifme & la réfurreétion, feront deftinés aux tourmens. Publiez les louanges du Seigneur le foir & le matin. On le loue dans les Cieux & fur la terre, au coucher du foleil, & a midi. II fait jaillir la vie du fein de la mort, & la mort du fein de la vie. II fait éclore au fein de la terre fiérile les germes de la fécondité. C'eft ainfi que vous fortirez de vos tombeaux. Les hommes créés de boue, & leur difperllon fur ia terre, font 1'ouvrage de fes mains, & atteftent fa puilfance. La création de vos femmes, formées de votre fang, afin que vous habitiez avec elles, 1'amour, la piété qu'il a mis dans vos cceurs, annoncent fa bienfaifance a ceux qui réfléchiffent. La formation des Cieux Sc de Ia terre, la diverfité de vos langues, & de vos couleurs, font pour 1'univers un monument de fa puiffance. Votre repos pendant la nuit, & dans le jour, vos efforts pour vous procurcr l'abondance, font des fignes de fa bonté pour ceux qui entendent. La foudre qu'il fait briller a vos yeux au milieu de vos craintes, & de votre efpérance, la pluie qu'il verfe des nuages, pour féconder la terre fiérile , annoncent fa grandeur a ceux qui comprennent. La ftabilité des Cieux & de la terre, ift fon ouvrage. A fa voix vous vous haterez de fonir de vos tombeaux.  L e Coran. jpj Les Cieux & Ia terre forment fon domaine. L'univers lui obéit. II a forme' toutes les créatures. II ranimera leurs cendres. Ce prodige lui eft facile. II eft Ie TrèsHaut au Ciel, & fur la terre. La fagefTe & la domination font fes attributs. II vous propofe des exemples tirés de vous-mémes. Vos efclaves font ils vos égaux ? Partagez-vous avec •eux vos richeffes ? Avez-vous pour eux le refpeét que vous avez pour vous-mêmes? C'eft ainfi que nous expliquons notre doctrine a ceux qui ont 1'iatelligence. Les méchans n'ont d'autre loi que leurs pafïïons. Qui peut éclairer ceux que Dieu égare ? Ils n'aurout point de défenfeur. Ouvre ton cceur a l'iflamifine; il eft 1'ouvrage de ■ Dieu qui a créé les hommes pour 1'embraffer; il eft le culte faint & éternel; mais la plupart font piongés dans 1'ignorance. Elève ton front vers Ie Seigneur. Nourris fa crainte dans ton ame. Fais la prière, & fuis fidolatrie. De toutes les feéïes qui couvrentla terre, aucune n'eft mécontente de fa croyance. Lorfque la verge du malheur frappe les hommes, ils élévent vers Dieu leur voix fuppliante; a peine ont-ils éprouvé les elfets de fa miféricorde, que le plus grand nombre d'entr'eux retournent offrir de 1'cncens aux idoles. Nos bienfaits ne fervent qu'a hater leur ingrautude. Jouifïèz pervers. Bientót vous faurez.  jp2 L E C 0 R A N. Leur avons-nous envoyé un livre divin fur lequel ils puilTent établir 1'idolatrie ? Comblés de nos faveurs, ils fe livrent aux excès de la joie ; punis de leurs crimes ils s'abandonnent au défefpoir. Ne voient-ils pas que Dieu difpenfe oti retire fes dons a fon gré, afin de donner aux fidéles des marqués de fa puiffance ? Acquittez-vous des devoirs facrés envers vos proches. Soyes bienfaifans envers les pauvres & les voyageurs. O vous! qui défirez les récompenfes du Seigneur, ces aftious ont un mérite a fes yeux. L'ufure, par laquelle l'homme veut augmenter fes richeffes, ne produira rien auprès de Dieu. L'aumöne que vous faites dans 1'efpoir de mériter fa préfence, multipliera au centuple. Dieu vous a tirés du néant. II vous nourrit. II vous enverra la mort, & vous fera reffufciter. Vos divinités peuvent-elles opérer le moindre de ces prodiges ? Louange au Tout-Puiffant ! Anathême aux idoles! Les ciimes des hommes ont attiré les fléaux qui ont ravagé la terre & les mers. Nous leur avons fait éprouver une partie de nos chatimens, afin qu'ils reviennent a nous. D5s:parcourez la terre. Voyez quel fut le fort de ceux qui vous ont précédés. La plupart étoient idolatres. Embraffe 1'ifiamifme avant le jour de Ia féparat'on, avant ce jour dont on ne pourra différer Taccompliffement. L m-  L e Coran. L'incrédule fera chargé du poids de fon inftdélité, & le jufte recevra le prix de fes bonnes ceuvres. Dieu combiera de biens les croyans vertueux. Les infidèles ne recueilleroru>que fa haiue. Les vents quil envoie vous prefager une pluie fortunée, les vaifféaux qui fendent les ondes a fa voix , pour vous procurer fabondance, & vous rendre reconnoifians, font des fignes de fa puilfance. Avant toi nous envoyames des meffagers de la foi prêcher la vérité aux peuples. Les fcélérats furent punis. Notre juftice devoit eet exemple aux fidéles. C'eft FEternel qui déchaine les vents, qui agite les nuages, qui les étend dans les airs, & de leur fein entr'ouvert fait couler a fon gré la pluie fur les campagnes. Ceux qui la recoivent fe réjouiff'ent. Avant qu'elle tombat-, ils étoient defefpérés. Arrétez vos regaals fur les traces de la miféricorde divine. Voyez comme il fait éclore au fein de la terre ftérile les germes de la fécondité; c'eft ainli qu'ilfera revivrelesraorts. Rien nebornefapuilTance. Après ces bienfaits, fi nous envoyons un vent qui brüle les moiffbns, ils1 deviennent ingrats. Veux-tu faire entendre tes prédications aux fourds & aux muets, ils s'en retournent précipitamment. Tu ne faurois tircr 1'aveugle de fes ténèbres. Les fidéles feuls écouteront ta doébine. Dieu vous fait naitre foibles, enfuite il vous donne la force, que fuit la vieilleffe couronnée de cheveux blancs. II crée ce qu'il veüt. La fcience & la puilfance font fes attributs. Torne II. I  1.04 L E C 0 R A tt'. Le jour oü ie temps s'arrêtera: les méchans jureront. Qu'ils ne font demeurés qu'une heure dans letombeau; c'eft ainfi qu'ils mentoient auparavant. Les croyans éclairés par la grace répondront: vous y êtes reftés le temps marqué dans Ie livre divin; vous y êtes reftés jufqu'au jour de la réfurrection. Le voila ce jour; mais vous avez vécu dans 1'aveuglement. Leurs excufes feront vaines; leur foumifïïon fera fans fruit. Le Coran offre aux hommes des exemples multipliés; mais a la vuc d'un miracle / l'incrédule s'écrieroit: c'eft une impofture. C'eft ainfi que Dieu fcelle le cceur de ceux qu'aveugle 1'ignorance. Souffre avec patience. La promeffe de Dieu eft infaillible. Que ceux dont la foi eft chancelante, ne t'infpircnt pas leur légèreté.  L e Coran. ip~ CHAPITRE XXXI. L O C M A N. Donné a la Mecque, compofé de 34 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. -A. L. jVT. Ces caraflères défignent le livre du fage. II efl le gage des faveurs divines, & la himfère des bienfaifans; De ceux qui, fidéles a la prière, font 1'aumóne, & croient a la vie future. Ils marchent au flambeau de la foi. Lafélicité' fera leur partage. II efl des hommes qui, fe jouant de larelidon achetent des hilloires fiivoles, propres a féduire leurs femblables, & a les détourner du droit chemin. Une petóe ignominieufe fera leur récompenfe. LiS-leur un verfet du Coran, ils détoument orgueiileufement la tête , comme s'ils n'entendoient pas, femblables a celui qui auroit un poids dans les oretlies; mais annonce-leur un tourinent douloureux. Les croyans qui auront pratiqué la vertu, habiteront les jardins de dclices. I 2  iyó L E C O II A N. Ils y demeureront éteniellement. La promefle de Dieu' eft véritable. II eft puilTant & fage. II a créé les Cieux fans colonnes vifibles. II a pofé fur la terre de haurës montagnes pour 1'affemiir. II a répandu fur fa furface toutes les efpèces d'animaux. II fait defcendre la pluie des Cieux pour faire éclorc les germes des plantes. Voila fa création. Montrez-moi ce que vos idoles ont tiré du néant. Les mécbans font plongés dans les ténèbres. Nous donnames la fagefle a Locman, & nous lui dimes: renet! graces a Dieu. Celui qui chérit la reconnoiffance en a le mérite pour lui. L'ingrat 1'eft en purcperte. Le Très-Haut. eft riche,.&fa louange eft en Iui-mème. Locman (O cxhortant. fon fils, lui dit : ó mon (i) La plupart des Auteurs Arabes s'accorclent a dire que Lócman fut berger, qu'il étoit noif & avoit de gfoflës lévres. Le Ciel lui avoit donné 1'éloquence en pafrage, & fes préceptcs portoicnt avec eux fa perfuafion. Ils prétent a Locman les réponfcs ingénieufes que 1'on attribue fi Efope , & nous le pcignent fous les mêmcs traits. Si 1'on ajoute a ces caractéres de rcifemblance, celle qui fe trouvc entre leurs ouvrages, on fera porté a croire que ces deux hommes font le mcme. En effet les fables d'Efope ne paroiilént étre qu'une copie de celles de Lócman. De 1'Aiabe elles ont éte traduites en Grec, puis en latin, & enfuite en Francois. Comme chaque Tïadudteur a ajouté a 1'origüini, des fables de fon proprc fond, & conformes au génie de fa natiuii, c'eft en rapprochant les  L e Coran. 107 fils! ne donne point d'égal a Dieu. L'idolatrie efl le plus grand des crimes. IVous avons prefcrit a l'homme des devoirs facrés envers les auteurs de fes jours. II a été porté' avec des peines muitipliées dans le fein d'une mère. .11 a été allaité pendant deux ans. Mortels, foyez reconnoilfans de nos bienfaits, foyez bienfaifans envers vos pères. Je fuis le terme de toutes chofes. S'ils vouloient te forcer a me donner un égal, ne leur obéis pas. Sois leur compagnie dans ce monde., Rends-leur ce que tu dois a la nature, & fuis le fentier de celui qui s'eft converti a moi. Vous parottrez devant mon tribunal, & je vous montrerai vos ceuvres. . ?.;-;;> '• sJ - n\\ |f) Prophéte, & röiifer les yeux comme celui qu'environnent les ombtó de la mort. A peine la crainte s'eft-elle diiïïpée, qu'animés par 1'envie , ils vous  L e Coran. 209 déchirent de leurs langues acérées. Ils n'ont point la foi. Dieu anéantira leurs ceuvres. Cela eft facile a fa puilTanee. Les conjurés fe croyoient invincibles. S'ils reviennent, ils fe mêleront avec les Arabes du défert. lis s'informent de vos démarches. Quand ils feroient de votre partie, peu d'entr'eux fuivroient vos drapeaux. Le Prophéte vient d'offrir un exemple admirable O) a celui qui efpère en Dieu, qui attend le jour de la réfurreélion, & qui craint le Seigneur. A la vue des conjurés, les fidéles s'écrièrent: voila ce que Dieu & fon Apótre nous avoieut annoncé ; leurs promeffes font véritables. La préfence des ennemis redoubla leur foi & leur confiance. Plufieurs des croyans accomplirent le pafte fait a la face du Ciel; plufieursarrivérent au terme de leurs jours; beaucoup d'autres 1'aitendent, & n'ont point violé leur ferment. Dieu récompenfera ceux qui ont été fidéles a leur pafte. II punira les parjures, ou leur fera grace a fon gré; il eft indulgent & miféricordieux. II a rejetté les traïtres chargés de fa colère. Ils n'ont obtenu auctin avantage. L'appui de fon bras a fuffi aux fidéles pendant le combat. II eft fort & puilTant. .11 a forcé les Juifs qui avoient fecouru les idola- (O Cet exemple eft Ie courage & la confiance avec lefquels il foutint les aflauts des ennemis.  aio L e Coran. tres, a defcendre de leur citadelle. II a jetté Vépouvante dans leurs ames. Vous en avez tué une partie, & vous avez mené les autres en captivité. II vous a donné pour hëritage, leurs terres, leurs maifons, leurs richeffes. Vous poffedez un pays oü vous n'aviez point encore porté vos pas. La puiffance de Dieu eft iufinie. O Prophéte! dis a tes femmes: voulez-vous jouir des plaifirs brillans de la vie? Venez: je comblerai vos vceux, & je vous repudierai honorablement. Mais fi Dieu, fon Apötre, & le féjour éternel font l'objet de vos défirs, une récompenfe glorieufe fera le prix de vos vertus. Epoufes du Prophéte, fi quelqu'une de vous fe fouille d'un crime, elle fobira un chatiment plus iv goureux. Cette vengeance eft facile a Dieu. Mais celle qui dévouée au Seigneur & a fon Miniftre, aura pratiqué Ia vertu, recevra une récompenfe magnifique, & occupera une place honorable. Epoufes du Prophéte, vous êtes diflinguées des autres femmes. Si vous avez Ia crainte du Seigneur, banniflez de votre langage les molleffes de 1'amour. Que celui dont Ie cceur eft blelfé n'ofe efpérer. Répondez avec une noble fermeté. Reftez au fein de vos maifons. Ne vous parez point, comme aux jours de 1'idolatrie. Faites Ia prière & 1'aumóne. Obéiffez a Dieu & a fon Miniftre. II veut écarter le vice de vos ceeurs. Vous êtes de Ia familie du Prophéte. Puriliez-vous avec foia.  L e Coran. 211 Gardez le fouvenir de la doctrine divine, qu'on vous lit dans vos maifons. Dieu a 1'ceil ouvert fur fes créatures. Les croyans, les fidéles des deux fexes qui ont la piété, la juftice, la patience, 1'humilité , qui font 1'aumóne, qui obfervent le jeune, & qui vivent dans la continence, pénétrés du fouvenir du Seigneur , chéris du Ciel, recevront le prix glorieux de leurs vercus. Lorfque Dieu & fon Miniftre ont portè une loi, le fidéle ne doit plus douter. Celui qui eft rebelle a Dieu & au Prophéte, eft dans une erreur évidente. Lorfque tu dis a celui que Dieu avoit enrichi de fes graces, que tu avois comblé de biens, garde ton époufe & crains le Seigneur; tu cachois dans ton cceur un amour que le Ciel alloit manifefter; tu appréhendois les difcours des hommes, & c'eft Dieu qu'il faut craindre. Zaïd repudia fon époufe (i). Nous t'avons lié avec elle , afin que les fidéles ayent la liberté d'époufer les femmes de leurs fils adoptifs, après leur repudiation. Le précepte divin doit avoir fon exécution. Le Prophéte n'eft point coupable d'avoir ufé d'un droit autorifé par le Ciel, conformément aux loix divines établies avant lui. Les préceptes du Seigneur font cquitables. (i) Voyez Vie de Mahomet, cinquiême année de 1'Htfgire.  2X2 L e Coran. Les Miniftres que Dieu chargea de fes volontés, le crnignoient, & n'avoient point d'autre crainte. Son approbation leur fuffifoit. Mahomet n'eft le père d'aucun de vous. II eft 1'ctivoyé de Dieu, & le fceau des Prophètes. (i) La fcience de Dieu eft inftnie. O croyans! ayez toujours prérente la penfée du Seigneur. Louez-!e le matin & le foir. II efl plein de bonté pour vous. Les Anges le prient de vous tirer des ténèbres, & de vous conduire dans le droit chemin. II eft miféricordieux pour les fidéles. Ils fe falueront au jour de la réfurrection, & fe fouhaiteront la paix. Dieu leur a préparé une récompenfe éclatante. O Prophéte ! nous t'avons envoyé pour étre témoin, & pour annoncer nos promefles & nos menaces. Tu appelleras les hommes a Dieu. Tu feras la lumière qui les éclarera. Annonce aux croyans les tréfors de la libéralité divine. N'obèis aux infidèles , ni aux impies. Ne leur nuis point. Mets ta confiance en Dieu. Saproteétion eft un fur afile. CO Les Mufulmans regardent Mahomet comme U fceau des Prophètes, Khatem Elnal/ün, Ils difent qu'il eft vent! confirmer Ia miffion de ceux qui 1'ont precédé & qu'il n'en eft point paru depuis lui.  LeCoRAN. 2i;i O croyans! fi vous répudiez une femme fidéle avant d'avoir eu commerce avec elle, rie la retenez point au-dela du terme prefcrit. Donnez-lui ce que la loi ordonne, & la renvoyez avec honneur. O Prophéte ! il t'eft permis d'époufcr les femmes que tu auras dotées , les captbves que Dieu a fait tomber entre tes mains, les filles de tes oncles, & de tes tantes qui ont pris la Suite avec toi, & toute femme fidéle qui te livrera fon cceur. C'eft un privilege que nous t'accordons. Nous cohnoiflons les loix du manage que nous avons établiespour les croyans. Ne crainspoint d'étre coupable en ufant de tft droits. Dieu eft indulgent & miféricordieux. .. , , , Tu peux au gré de tes défirs accorder, ou refufer tes embraffemens ii tes femmes. II t'eft permis de recevoir dans ta couche, celle que tu en avois rejettée, afin de ramener la joie dans un cceur oü régnoit la triftefle. Ta volonté fera leur loi. Elles s'y conformeront. Dieu connoit le fond de votre ame. 11 eft favant & vigilant. Tu n'ajputeras point au nombre (O aéltiel de tes époufes; tu ne pourras les changer contre d'autrcs dont la beauté t'auroit frappé; mais la fréquentation de tes femmes efclaves t'eft toujours permife. Dieu obferve tout. O croyans! N'entrez point, fans permifïïon, dans CO Mahomet avoit alors neuf femmes.  ai4 I* £ Coran. Ia maifon du Prophete, excepté lorfqu'il vous invite a fi table. Rendez-vous y lorfque vous y êtes appelés. Sortez féparément après le repas, & ne prolongez point vos entretiens; vous 1'offenferiez. 11 rougiroit de vous le dire; mais Dieu ne rougit point de Ia vérité. Si vous avez quelque demande a faire a fes femmes, faites-Ia a travers un voile; c'eft ainfi que vos cceurs & les leurs fe conferveront dans la pureté. Evitez de bieder le Miniftre du Seigneur. N'époufez jamais les femmes avec qui il aura eu commerce. Ce feroit un crime aux yeux de 1'Eternel. L'aétion que vous produifez au grand jour, celle que vous enfeveliffez dans 1'ombre, font également dévoilées a fes yeux. Vos époufes peuvent fe découvrir devant leurs pères, leurs enfans, leurs neveux, leurs femmes, leurs efclavez. Craignez le Seigneur. II eft le téraoin de toutes vos aclions. Dieu & lés Anges font propiceis au Prophéte. Croyans, adreflez pour lui vos vceux au Seigneur. Invoquez pour lui la paix. Ceux qui offenferont Dieu & fon envoyé, maudits dans ce monde & dans 1'autre, feront dévoués a des peines ignominieufes. Quiconque bleffera injuftement la réputation des fidéles , fera coupable d'un menfonge & d'un . crime.. " ' '.; ' ' '.' ' O Prophéte! prefcris a tes époufes, a tes filles, & aux femmes des croyans, d'absifier un voile fur  L e Coran. 215 leur vifage. II fera la marqué de leur vertu, & un frein contre les difcours du public. Dieu eft indulgent & miféricordieux. Si les impies, les hommes corrompus, & les féditieux ne fe corrigent, nous t'armerons contr'eux, & Medine les verra bientót difparoïtre. La malédiaion les accompagnera par-tout, & partout oü ils feront arrétés on les mettra a mort. Tel eft 1'Arrét du Ciel prononcé contre leurs femblables. Ses Arréts font immuables. Ils te demanderont quand viendra le jour du jugement. Réponds : Dieu s'en eft réfervé la connoiflance. II veut te IaiiTer ignorer fi fa venue efl prochaine. II a maudit les infidèles, & leur a promis le feu. Ils y demeureront éternellement, fans interceffeur, & fans fecours. Le jour oü ils tourneront leurs regards fur les Hammes , ils s'écrieront: faffe le Ciel que nous euffions obéi a Dieu, & au Prophéte! Seigneur, nous avons ftiivi nos princes & nos chefs, & ils nous ont écartés du droit chemin. Seigneur, redouble 1'horreur de leurs fupplices; accable-Ies de ta malédiaion. O croyans! ne refTemblez pas a ceux qui offc-nfèrent Moyfe. Dieu le lava de leur calomnie, & lui donna une place diflinguée dans le Ciel. O croyans! Craignez le Seigneur. Que Ia vérité préfide a vos difcours. Dieu accordera un mérite a - vos adtions, & ex-  2iö L e Coran. piera vos fautes. Celui qui luit Dieu & fon Miniftre jouira de la félicité fuprême. Nous avons propofé la foi au Ciel, a la terre, aux montagnes: ils n'ont ofé la reeevoir. Ils trembloient de porter ce faint fardeau. L'homme 1'a recu , & il eft devenu injufte & infenfé. Dieu punira les impies & les idolatres. II pardonnera aux fidéles, paree qu'il eft clément & miféricordieux. CHA-  L e Coran. 2 i > C H A P I T R E XXXIV. SABA O); Donné a la Mecque, compofé de 54 verfers. y/« »M» de Dieu clement £? mifé. icordieux. Louange a Dieti! Le domaine du Ciel & de Ia terre lui appartient. Louange a Dieu dans la vie ftiture! II efl 1'age & ëclairé. II fait ce qui entre dans Ie fein de la terre, & ce m en fort, ce qui defcend du Ciel, & ce qui y monte. II eft clément & miféricordieux. Les incrédules ont dit : 1'heure ne viendra point. Réponds-Ieur : j'en attefte 1'Eternel, celui qui connoit les fecrets viendra vous demander compte. L'atómc n'échappera point a fa pénétration. Les moindres chofes comme les plus grandes , font écrites dans Ie livre de Pévidence. Les croyans qui auront fait le bien , chéris du Ciel, jouiront de fes faveurs les plus éclatantes. L'irapie qui fe fera elforcé d'abolir le culte du Seigneur, fera ia proie des plus cruels fupplices. (O Sa»k eft le nom d'une contre'c de l'Airrbie Ueureufe. ■C'eft de-Ja que Balcaifi yint trouver Salomon.  2is L e Coran. Ceux que la fcience éclaire, favent que le livre qui t*a été envoyé du Ciel, eft la vérité , qu'il conduit dans les voies du Dieu dominateur & comblé de iouanges. Vous montrerai-je un homme, dit 1'incrédule en fe jouant, qui allure que nos corps réduits en pouffière, feront ranimés de nouveau? Ou il prête a Dieu un menfonge, ou il eft infenfé. Mais ceux qui nient la vie future font dans 1'égarement. Les tourmens feront leur nartage. Ont-ils levé leurs regards vers Ie firmament? Les ont-iis abailTés fur la terre? Qui peut nous empècher d'ouvrir un abyme fous leurs pas, ou de faire tomber fur leurs têtes une partie du Ciel? Ce feroit un prodige terrible pour celui qui s'eft converti. David fut favorifé de nos dons fublimes. Nous ordonuames aux montagnes & aux oifeaux de répéter fes cantiques. Nous lui apprïmes Tart d'amollir le fer, & d'en former des cuirafles. Nous dimes a fes ferviteurs: perfeftionnez vos ouvrages; notre ceil attentif veiile fur vos travaux. Nous donnames a Salomon 1'empire des vents. Ils fouffloient un mois le matin, & un mois le foir. Nous fimes couler pour lui une fontaine d'airain. Les démons travailloient fous fes yeux, & celui qui sféGffltoit de nos ordres , étoit précipité dans les .flammes. II dirigeoit leurs travaux a fon gré. II leur faifoit él ever des palais, des ftatues, former des vafes d'une giandeur prodigieufe, & des baffins duiables. Fa-  L e Coran. £ip mille de David, travaillez en rendant des actions de graces. La reconnoiffimce eft prefque éteinte parmi mes fervfteurs. Lorfque 1'Ange de la mort trancha les jours de Salomon, les genies 1'auroient ignorée fi un ver de terre n'eüt rongé le baton (O qui appiïyoit fon cadavre. Sa chute les avertit. S'ils avoient eu la connoillance des chofes cachées, ils n'auroient pas été foumis (i longtemps a un travail fervile. Les habitans de Saba poffédoient deux jardins que traverfoitun ruilfeau. Nous leur dimes: jouilïez des bienfaits du Ciel. Ce vallon eft délicieux. Soyez reconnoiffans. Ils abandonnèrent le culte du Seigneur. Nous déchainames contr'eux les eaux entaffées d'un torrent. Leurs jardins fubmergés & détruits, ne produifirent plus que des fruits amers, des Tamarins & quelques Nabc. CO Gelaleddin rapporto ainfi cette fable révérée des Mahométans comme une hiftoire inconreftablc. Après Ia mort de Salomon, fon corps rclta un an entier appuyé fur un bdton. Pendant tout ce temps les génies continuoient a exécuter les travaux pénibiés auxquels il les avoit foumis; mais un ver de terre ayant rongé le baton qüi fervoit d'appui au cadavre, il tomba par terre. Sa elmte apprit aux Démons que Salomon étoit mort & Üs reprirent leur liberté. Ce) Le nalc eft un arbrc commun en Egypte. II a Ie Port & Ie feuilhge du poirier en plein vent.' II porte' un K 2  220 L e Coran. C'eft ainfi que nous punimes leur iögfatitucfe. Ne récompenferions-nous donc que les ingrats? Nous établlmes ehtr'eux & les villes que nous avons bénies des cites flotiOinte», avec un chemin (0 qui conduit de I'une a 1'autre. Marchez y en füreté le jour & la nuit. Seigneur, direut-ils, mets une plus grande difiance entrees cHemifis. Ils fe livrèrent a 1'iniquité, & nous les rendimes la fable des nations. Ils ont été difperfés comme lapoullière; exemple frappant pour celui qui fouTre & qtfl eft reconnoiftant. L'opinion de Saan au fujet de ces petrptel fe vérifia. Tous le fuivirent excepté qnelques fidéles. Nousue lui donnames de puiflance fur eux, que pmr diftiogüer celui qui croyoit a la vie future, de celui qui étoit dans le doute. Dieu obferve tout. Dis aux Uolatres : invcqiez vos Dieux; ils ne fauroient vous aider ni vous nulre, de la pefcnteur d'un atórae, au Ciel ou fur la terre; ils n'y ontaucune puilTar.ce. L'Eterncl ne recoit d'eux aucun feconrs. fruit rond aflez femblable a la corme , & d'un goüt aigrelet. Ses ramcaux font épineux. (,) Ces chemins étoient pratiques de raanière que les voyageurs trouvoient a midi un licu pour repofer, & Ia „uit un autre pour dormir , fans avoir befoin de portcr nv'ec eux des provifions pour fe nourrir & de 1'eau pour fe defaltérer. Gelaleddin. Un femblable chemin fijt tracé autrefois de Memphis a Bérénice fur la Mer Rouge, mats il n'exifte plus.  L e Coran. 22j On ne peut intercéder aiiprès de lui fans fa volonté. Lorfque la crainte fera bannie de leurs cceurs ils demanderonr : qu'a ordouné votre Dieu ? On leur répondra: la vérité. II eft le Dieu grand & trèshaut. Qui vous difpenfe les tréfors du Ciel & de la terre? réponds: c'eft Dieu. De nos deux partis l'uri fult Ie vrai chemin, 1'autre eft dans 1'erreur. Vous ne rendrez point compte de nos aclions; nous ne rendrons point compte des vótres. Dis: Dieu, le juge éclairé, nous raüemblera devant lui. La vérité éterneüe pronoucera entre nous. Dis: momrez-moi ceux que vous alfociez a ü puilfance. II n'a point d'égal. La fcience & la fagefle font fes attriböts. Miniftre du Très-Haut, confole Ia terre par 1'efpoir du bonheur. Elfaye-Ia par des menaces. Elle eft envnonnée des ombres de fignorance. Quand s'accompliront tes promefles, demande 1'incrédule? Parle, fi la vérité t'éclaire. Réponds: le jour marqué arrivera. Vous nepourrez ni le retarder, ni le prévenir d'un inftant. Nous ne croirons ni au Coran , ni aux écritures ditent les idolatres. De quels reproches ne s'accableront-tls pas, lorfqu'ils leront ralfemblés devant le Tribunal de Dieu? Ceux qui avoient pour partage la foiblefie, diront a ceux que Ia puiflhnce rendoit orgueilleux : fans vous, nous aurions embraffé la foi. Les fuperbes leur répondront: nous ne vous avons K 3  L e Coran. point êmpêchés de fuivre la lumiêre , Iorfqu'eUe a paru; n'accufez que vous de votre infidëlité. Vous nous tendiez des pféges, le jour & la nuit, continueront les foibles; vous nous avez commandé 1'incrédulité & 1'idolatrie. Tous cacherontle repentic qui les rongcra a la vue des tourmens. Nous chargerons de chaines le col des impies. Leur récompenfe feroit-elle différente de leurs ceuvres ? Toutes les fois qu'un meffager de la foi prêcha nos menaces dans les murs d'une ville coupable, lesprincipaux citoyens 1'accufèrent d'impollure. Enivrés de leurs richeffes , flattés du nombre de leurs enfans, ils fe crurent a fabri de notre vengeance. Dis: Dieu difpenfe & retire fes bienfaits a fon gré, & la plupart Pignorent. Vos tréfors & vos enfans ne vous approchent point de 1'Eternel. II ne récompenfe que la foi, & les bonnes ceuvres. Ses récompenfes font magnifiques. Le croyant vertueux repofera au fein de la paix dans le féjour de délices. Ceux qui s'efforcent d'anéantir lTflamifme, expieront leurs attentats dans les tourmens. Dis: Dieu départ a fes ferviteurs, des dons plus ou moins éclatans. Tout ce que vous donnerez en fon nom vous fera rendu. Salibéralité efl fans bornes. Un jour il demandera a fes Anges , devant les idolatres aüemblés : vous ont-ils offert de 1'eneens ? Louange a 1'Eternel! notre unique Seigneur, ré-  L e Coran. 2:3 pondront-ils. Les idolatres n'ont adoré que les démons. Le plus grand nombre croit en eux. Dans ce jour, ils ne pourront s'entr'aider ni fe nuire, & nous leur dirons : goutez la peine du feu dont vous avez nié la réalité. Lorfqu'ils enténdent la doarine divine, ils difent: Mahomet n'eft qu'un homme; iFveÜt nous détourner du culte de nos pères. Le Coran n'eft qu'une fable fauflèment inventée. Aveuglés par 1'impiété, i!s traitent de menfonge la vérité qui brille a leurs yeux. Avant toi, nous ne leur avions envoyé ni livre, ni Apótre. Ceux qui les ont précédés accufèrent d'impoflure les meflagers de la foi, & les einpêchèrent de rcmplir leur rnifïïon. ' Un chatiment épouvantable futle< prix de leur impiété. Je vous exhorte a prier Ie Seigneur, snfemble óu féparément. Un jour vous ferez convaincus que Mahomet votre concitoyc-n, n'étoit point infpiré paruu démon. Son miniftère eft de vous prêcher les menaces divines avant que la punition arrivé. Dis: je ne vous demande point le prix de mon zèle. Gardez vos préfens. Ma récompenfe eft dans les mains de Dieu. II eft Ie témoin univerfel. Ses infpirations font vériiables. Les myflères font dévoilés a fes yeux. Dis: la vérité a paru; le menfonge va difparoitre, & il ne fe montrera plus. Dis: Q'je fuis dansTerreur, elle fe tourneracontre K 4  S24 ^ E Coran. moi-même; fi je fuis éclairé, je dois la jumière aux infpirations de Dieu. II ell prés de riiomme. II i'cntend. Quel fpeélacle, lorfque les méchans fortkont treinblans de leurs tombeaux fans pouvoir trouver un afile 1 Ils diront: nous croyons; mais comment leur foi feroit-elle méritoire? ils ne 1'avoient pas fur la terre. Ils y vécurent dans 1'impiété, & fe moquèrent de notre doctrine fublime. Un intervalle immenfj les féparera de 1'objet de leurs vceux. Ils fubiront le fort de leurs prédécclfeurs, paree qu'ils out erré dans le vague du doute.  CHAPITRE XXXV. LES ANGES (O. Donné a Ia Mecque, compofé de 45 verfets. Au mm de Dieu clément & miféricordieux. Louange a Dieu, architeéte des Cieux & de Ia terre! Les Anges font fes meffagers. II leur a donné deux, trois & quatre alles. II favorife a fon gré fes créatures, paree que fi puiffance eff fans hornes. Rien ne peur arrêter Ie cours de fes bienfaits, ni les procurer contre fi volonté. II eft le Dieu domi, nateur & fage. Mortels, fouvenez-vous de fes graces. L'univers connoit-il un autre créateur? Un autre vous difpenfe-t-il les tréfors du Ciel & de la terre ? II eft Ie Dieu unique. Pourquoi vous éloignez-vous de fon culte! Us nieront ta miffion. Ainfi furent traités les premiers Apötres ; mais Dieu eft le terme de toutes chofes. CO Celui qui lira le chapitrê des Anges, verra un jour les huit portes du paradis s'ouvrir devant lui, & il entrera par cclle qu'il veudra. Zamcbafiar, K 5 '  2 20* L e Coran. Mortels , les promefles de Dieu font véritables. Que les charmes de la vie mondaine ne vous enivrent pas; que le tencateur ne vous fafle pas tomber dans fes piéges. II efl votre ennemi. Défiezvous de fa haine. II appèle fes feflateurs au feu de 1'enfer. Les infidèles n'éviteront point les fupplices. Les croyans qui auront fait le bien, jouiront des dons honorables de la mife'ricorde divine. Celui pour qui 1'iniquité a des charmes, croit-il étre dans le droit chemin ? Dieu répand a fon gré Terreur ou la lumière. Que ton cceur ne s'afflige point fur eux. L'Eternel voit leurs aclions. 11 envoie les vents qui portent les nuages fur les contrées ou la terre languit. La pluie rend aux campagnes llériles, leur première féconditc; image de la réfurreclion. Celui qui cherche la vraie grandeur la trouve en Dieu fource de toutes les perfeétions. Les difcours vertueux montent vers fon tróne. II exalte les bonnes ceuvres. II punit rigoureufement le fcélérat qui trame des perfidies. Ses noirs complots feront anéantis. Dieu vous a formés de terre & d'eau. II vous a donné les fexes. II fait ce qui efl caché dans le fein de la mère, & ce qu'elle doit enfanter. II n'abrège point la vie de l'homme. II ne Ia prolonge point audela du terme marqué dans le livre. Tous ces prodiges font faciles a fa puilfance. Une mer d'eau douce & falutaire, & une mei  l jï Coran. 22j d'eau Méé & amêre font bien différentes; cependant 1'une & Paütre vous fourniffent une nourriture fraiche , & des perles pour votre parure. Vous y voyez les vaiffeaux fendre les Hots, pour vous prccurer les commodirés de la vie. Ces bienfaits appèlent votre reconnoifTance. Dieu fait fuccéder la nuit au jour, & Ie jour a Ia nuit. II a cotnmandé au foleil & a la Iime de vous difpenfer leur lumière. Ils parcourent la route qu'il leur a tracée. II efl votre Seigneur. A lui appertient 1'empire de 1'univers. Les Dieux que vous adorez, ne fauroient dans leur impuifTance difpofer delapetlicule qui enveloppe le noyau de la datte. Quand vous les invoquez, ils ne vous entendent pas, & quand ils vous entendroient , ils ne pourroient exaucervos vceux. Au jour de la réfurreétion, ils nieront votre hommage. Aucun d'eux ne fauroit prèdire avec vérité 1'avenir. Mortels, vous êtespauvres devant Dieu. Lui feul poffède la richeffe & la louange. II peut vous faire dffparoitfe de la terre, & produire une création nouvelle. Ce prodige n'eft point au-deflus de fa puiffance. Perfonne ne portera 1'iniquité d'autrui. Envain vous voudricz qu'un autre fe chargeat d'une partie de votre fardeau. Les Hens du fang ne vous feront pas obtenir cette faveur. Avertis ceux qui, fidéles a la prière, nonrrhTent dans le fecret Ia crainte du Seigneur, que 1'aumóue a un prix aux yeux du Trés-Haut, & que les hommes retourneronc a luu K 6  2A$ L E C O R A K. On ne comparera pas 1'aveugle a celui qui voit, les ténèbres a la lumière, & la chaleur au froid. On ne comparera pas la vie a ia mort. Dieu donne rintelligence a qui il lui plait. Tu ne faurois faire entendre ceux qui repofent dans le tombeau. Ton miniftére fe borne a la prédication. Melfager de la foi, la vérité t'accompagne. Annonce nos promeffes & nos menaces. II n'eft poiat de nation qui n'ait eu fon Apötre. Si fon nie ta doctiine, les Prophètes venus avant toi fubirent le même fort; quoique les miracles, la tradition & les livres diyins atteftaffent la vérité de leur miluon.. La mort furprit les incrédules; & quel fut leur chatiment! Was tu pas vu comment Dieu verfe la pluie des r.uages? Elle fait éclore les fruits diverfement colorés. Les fentiers des montagnes font rouges ,blancs, ou de diverfes couleurs. Lecorbeaueftnoir. L'homme & les animaux offrent une prodigieufe variété de nuances. Ceux qui ont la fcience, craignent le Seigneur, paree qu'il eft puiflant & miféticordieux. Ceux qui lifent le livre divjn , qui font la prière, 1'aumóne, en fecret & en public, attendent un bien qui ne périra point. Dieu les récompenfera. II leur départira les dons de fa magnificence. 11 eft miféricordieux & reconnoiffant. La religion que nou? t'avons révéjée eft la véritafc'e. Elle conGrme les livres faints qui i'ont précé-  L E C O R A II. 229 dce. Dieu obferve d'un ceil attentif Ia conduite de fes ferviteurs. Nous avons donné le Coran pour héritage a nos élus. Quelques-uns d'eux s'abandonnent h 1'iniquité. Le plus grand nombre a embralfé Ia vertu. D'autres s'efforcent de fe furpalfer dans la pratique des bonnes ceuvres; c'eft le comble de la perfeétion. Les jardins ÜEden feront leur habitation. Des colliers d'or ornés de perles, & des habits de foie formeront leur parure. Louange a Dieu, s'écrieront-ils ! il a écarté de nous la peine; il eft miféricordieux & reconnoiffant. II nous a introduits dans le Palais éternel, féjour de fa magnificence. Lafatigue, ni la douleur, nlapprocheront point de eet afile. Les infidèles, au milieu des brafiers de 1'enfer, ne pourront trouver la mort. Jamais la rigueur de leurs tourmens ne s'adoucira. C'eft ainfi que 1'impie fera récompenfé. Ils élèveront vers le Ciel leurs cris plaintifs: Seigneur, retire-nous des dammes, nous ferons le bien que nous avons omis. N'avons-nous pas prolongé vos jours ,. leur répondra-t-on, adn que celui qui devoit fuivre la lumière, ouvrit les yeux? N'avezvous pas recu un Apótre? ■Subilfez votre fort. II n'y a point de fecours pour les infidèles. K 7  L e Coran; Dieu connoit les myftêres du Ciel & de Ia terre. II lit au fond des cceurs. II vous a établis fur les ruines des générations paffées. L'infidëlhé de 1'impie 1'accablera de fon poids, & attirera fur lui le courroux & la vengeance du Ciel. Demande aux idolatres: que penfez-vous de vos Dieux? Montrez-moi ce qu'ils ont créé fur la terre. Partagent-ilsavecleTout-PuifTant 1'empire des Cieux? Leur avons-nous donné un livre fur lequel ils puisfent fonder leur culte? Les trompeurs ne fauroient promettre que la fraude. Dieu foutient les Cieux & la terre. S'ils s'écrouloient, quel autre bras que le fien pourroit en arrêter la chute? II eft clément & miféricordieux. Ils ont promis a Dieu, par les fermens les plus folennels, que s'il leur envoyoit un Apötre, ils s'emprelferoient de fuivre fa doctrine. L'Apótre a paru , & leur averfion pour la foi s'eft augmeiitée. Livrés a 1'orgueil, ils ont formé de projets coupables ; mais Ia perfidie ne retombe que fur fon auteur. Qu'attendent-ils, fi ce n'eft le fort de leurs prédéceffeurs ? car les décrets de Dieu font immuables. Non: le Ciel ne révoque jamais les Arrêts qu'il a prononcés. N'ont-ils pas parcouru Ia terre? N'ont-ils pas vu quelle a été la fin déplorable des peuples qui, avant eux marchèrent dans les voies de 1'iniquité ? Ils-  LeCoran. 23 r étoient plus forts & plus puilTans qu'ils ne font; mais rien, dans les Cieux & fur la terre, ne peut s'oppofer aux volontés du Très-Haut. La fcience & la force font fes attributs. Si Dieu punifToit les hommes dés l'inftant oü ils font coupables, il ne refteroit point d'être animé fur la terre. II diffère lés chatimens jufqu'au terme marqué. Lorfque le temps eft venu, il diftingue lesactionj de fes ferviteurs.  232 Le Corah Au nom de Dieu clément & miféricordieux. I. S. J'en jure par le Coran qui contient la fagene , Tu es 1'envoyé du Très-haur. Ta voix appèle les hommes au chemin du falut. Celui qui ell puilTant & miféricordieux fa envoyé ie Coran; Afin que tu leur prêches une religion qui n'a point (i) Les Mahométans récitent ce chapitre dans leurs entc-rrements. De grandes récompenfes font attachécs a fa leélure. Lorfqu'on le lit auprès d'un mourant, dix Anges defcendent a chaquc lettre que 1'on prenonce ; ils fe rangent autour de fon lit, & prient pour lui. S'il meurt, ils alfiftent aux ablutions de fon corps, & fuivent les funéraillcs. L'Ange de la mort refpecte Ie fidéle qui a lu ce chapitre avant d'expircr. II ne peut fe faifir de fon ame que Ie gardien du Paradis ne 1'ait vivifiée par un breuvage célefte. Le Mahométan purifié par ce breuvage, n'aura plus befoin de fe laver dans Ia pifcine des Prophètes, pour entrer dans le féjour de délices. Zatxclafwi. CHAPITRE XXXVI (i). i. s. Donné a Ia Mecque, compofé de 83 verfets.  L e Coran. 23.3- été enfeignée a leurs pères; mais ils viventdans 1'infouciance. Le plus grand nombre d'entr'eux vérifieront nos prédiétions, paree qu'ils font incrédules. Nous avons chargé leurs cols de chaines longues & pefantes. En vain ils voudroient lever la tête. Une doublé barrière arrête leurs mouvemens. Un voile les enveloppe. Ils ne fauroient voir. Soit que tu leur faffes entendre la parole divine, foit que tu gardes le filence , ils perfifteront dans leur incrédulité. Prèche les vérités de Ia religion a celui qui croit au Coran, & qui nounit dans le fecret la crainte du miféricordieux. Promets-lui 1'indulgence de Dieu, & une récompenfe glorieufe. Nous rendrons la vie aux morts. Leurs aéïions, leurs démarches feront écrites dans le livre de 1'évidence. Raconte-Ieur Ia conduite des habitans d'une grande vide, lorfqu'ils recurent les Apótres. Ils avoient accufé de menfonge deux meiTagers de la foi; nous en envoyames un troifiéme, & ils s'écrièrent tous enfemble: nous fommes les Miniftres du Seigneur. Vous n'êtes que des mortels comme nous, leur répondit-on ; Dieu ne vous a rien révélé; voüs êtes des importeurs. Dieu eft, ajoutèrent les Apótres, Ie témoin de notre milïïon.  234 L e Coran. Nous ne fommes chargés que de vous prêcher Ia vérité. Nous augurons ma! de vous, reprit Ie peuple , & fi vous ne celTez vos exhortations, vous ferez lapidés, & livrés aux fupplicesi Sufpendez votre préfage; quand vous aurez entendu notre doctrine, peut-être que vous reviendrez de vos excès. Un homme account de 1'extrêmité de Ia ville, s'écria: peuple, fuivez les Mmifltes du Très-Haut; Suivez ceux qui ne vous demandent point de récompenfe. lis profeffent Ia vraie religion. Pourquoi refuferois-je mon hommage a celui qui m'a créé, & auquel nous retournerons tous? Offrirai-je mon encens a des Dieux dont Ia proteftion me fera inutile, & qui ne pourront me mettre a fabri des chatimens célefles? Ce feroit un aveuglement déplorable. Je crois en votre Dieu.. Peuple, écoutez L'Ange du Seigneur lui dit: Martyr de la foi, entre dans le jardin de délices. Plüt-a-Dieu, s'écria-til, que les infidèles connuffent mon bonheur! Comblé des faveurs du Ciel, je fuis élevé a un rang glorieux. Nous ne fimes point defcendre des légions d'efprits célefles pour chaticr les incrédules; ce n'eft point ainfi que nous les puniflbns. L'Ange exterminateur éleva la voix, & ils furent anéantis. Malheur déplorable des hnmains! Tous les Pro-  L £ Coran. 235 phètes que nous leur avons envoyés ont été 1'objet de leurs railleries. N'ont-ils pas vu les ruines des générations paflees ? Elles ne reparoïtront plus fur la terre. Mais tous les hommes feront raffemblés devant notre Tribunal. Les campagnes ftériles, oü nous faifons écfore les germes de la fécondité, produifent les moiffons dont ils fe nourrilfent; image frappante de la réfurreótion. Nous faifons croitre dans leurs jardins le palmier & Ia vigne; nous y faifons couler le ruilTeau qui les arrofe. Les fruits éclos fous leurs mains laborieufes, deviennent leur nourriture. Ne feront-ils jamais reconnoiffans ? Louange a celui qui a produit toutes les plantes, tous les êtres qui couvrent la terre, & tant d'autres que l'homme ignore! La nuit attefle notre puiffance. Nous lui ótons la clarté du jour, & Ia terre refte dans les ténêbres. Le foleil parcourt fa carrière, jufqu'au Iieu oü il fe repofe, ainfi que fa ordonné le Dieu puiffant & favant. Nous avons reglé les phafes de la lune, & finftant oü elle parolt fufpendue comme la grappe du dattier. (1) CO Le dattier produit trois ou quatre grofles grappes qui naifTent de fon fommet & qui font fufpendues a 1'ea» tour.  ü^6 L e Coran. Le foleil ne dok point 1'atteindre dans fon cours. La nuit ne prévient point Ie jour. Tous les corps célefles roulent dans leurs fphères. Le falut de la race humaine, dans Parche remplie, eft un figne de notre puiffance. Nous avons formé des batimens femblables pour voguer fur les mers. Nous pouvons les enfevelir dans les Hots, & rien ne Uittrok les fecourir, ni les fauver. Si nous laiffbns les hommes jouir de la vie, jufcju'au terme marqué, c'efl un effet de notre miféricorde. On leur dit: craignez celui qui étoit avant vous, & qui fera après, fi vous voulez obtenir le pardon de vos- offënfes; Mais 1e récit des merveiiles du Seigneur, ne fait qn'accroitre leur averfion pour la foi. Lorfqu'on leur recommande le préce pte de 1'aumóne, ils répondent:. nourrirons-nous ceux que Dieu peut combler de biens ? Affurément vous ëtes dans Terreur. Quand viendra, ajoütent-ils, Taccompliflement de vos promefles? Parlez, fi la vérité vous éclaire. Tandis qu'ils dilputent, le cri de TAnge peut fe faire entendre tout-a-coup; & ils difparoitroat de la face de la terre. Ils n'auront pas le temps de faire un teffament, & ils ne feront point rendtis a leurs families. La trompette fonnera une feconde fois (i) & ils CO Elltre le premier & le fecond fon de la trompette , ü s'e!coulcra quarante ans. Gelahdiin.  L e Coran. 137 ft hateront de fonir de leurs tombeaux, pour paroitre devant Dieu. Malheur a nous, s'écrieront ils! Quelle voix nou» a fait quitter le repos (1) oü nous étions? Voïla raccompliffement des promeffes du miféricordieux. Ses Miniftres nous annoncoient la vérité. Un feul fon de la trompette aura raifemblé le genre humain devant notre Tribunal. Dans cejour, perfonne ne fera trompé. Chacun recevra le prix de fes ceuvres. Dans ce jour, les hótes du Paradisboiront a longs traits dans la coupe du bonheur. Couchés fur des Hts de foie, ils repoferont prés de leurs époufes, fous des ombrages délicieux. Ils y trouveront tous les fruits. Tous leurs défirs feront comblés. La paix habite avec vous, leur dira le miféricordieux. S.'parez-vous, dira-t-on aux impies. Enfans d'Adam , ne vous avois-je pas dit: n'adorez point Satan , il efl votre ennemi déclaré; Adorez-moi, c'eft le chemin du falut! II a féduit la plus grande partie des hommes. N'avicz-vous donc pas 1'intelligence ? Voila 1'enfer dont on vous avoit menaces. Allez expier dans les Hammes votre infidélité. Dans ce jour, je poferai-mon fceau fur leur bou- (1) Pcn.lant cct efpace de temps les morts dormiront, mais ils ne fouffriront point. GelalediHn.  238 L e Coran. che. Leurs mains feules parleront, & leurs pieds rendront témoignage de leus ceuvres. Nous pouvons leur ravir la vue, & ils erreroient ca & la au milieu des ténèbres. Nous pouvons les métamorphofer dans le lieu qu'ils habitent, & les rendre immobiles. Celui dont nous prolongeons la vieilleffe , fe rapproche de 1'enfance. Ne le comprenez-vous pas? Nous n'avons point enfeigné la poé'Oeau Prophéte. Cet art ne lui convient pas. Son miniftère eft la prédication & la leéture. II doit exhorter celui qui a la vie, & menacer Finfidèle des vengeances célefles. Ne voient-ils pas que les troupeaux qu'ils polTèdent font un de nos bienfaits? Nous les leur avons foumis. Les uns leur fervent de monture, les autres d'aliment. Ils en retirem: les plus grands avantages. Ils fe défaltërent avec leur lait. Leurs cceurs ne s'ouvriront-ils point a la reconnoiffance? Ils rendent des hommages a des divinités étrangères, & recherchent leur protection. Elles font incapables de leur donner du fecours. L'adorateur & 1'idole feront la proie des Hammes. Ne t'afflige point de leurs difcours. Je co'nnois & leurs fecrets , & ce qu'ils prolerent au grand jour. L'homme ignore t-il que nous 1'avons créé de boue? CÉpendaPt ü difpute opiniatrément. II propofe des argumens, & oubüantfacréation , i! s'écrie: qui pourra ranimer des os réduits en pouffière?  L E C O R A N. ogp Réponds: celui qui les a créés la première fois, les ranimera. II connoit toute Ia création. C'eft lui qui a mis du feu dans l'arbre verd, comme 1'atteftent les étincelles que vous en faites jaillir. L'architeéïe des Cieux & de la terre, ne pourroit-il former des hommes femblables a vous? II le peut. II efl le créateur éclairé. Telle eft fa puiffance qu'a fa voix les étres fortent du néant. Louange a celui qui tient dans fes mains les rênes de 1'univers ! Tous les mortels reparoitront devant lui.  L e Coran. CHAPITRE XXXVII. LES O R D RE S. Donné a la Mecque, compofé de 182 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. I 'en jute par les ordres des Anges; Par ceux qui menacent, Par ceux qui lifent (1) Votre Dieu efl un Dieu unique. Souvcrain du Ciel, de la terre, & de 1'immenfué de l'efpace, il efl roi de 1'orient (2). Nous avons orné le Ciel le plus proche de la terre de féclat des étoites. 1 Nous 1'avons mis a l'abri de fattentat des éfprits rebelles (3). (1) Ce font les Anges qui lifent Ie Coran. Gelaleiiin. O) Les Mahométans croient a la pluralité des mondes, Sc en comptent trois cent foixante. - Cottaia. (S) Avant la naiffance de Mahomet, les démons, comme nous 1'avons déjü dit, prenoient leur eifor dans les fpères céleites, écoutoient. les difcours de Uien & des Anges, & les rapportoient aux Mages & aux Devins; mais lis  L e Coran. 2ii TIs n'entendront plus la voix des Anges. Des traits ehflararaés les rtpouffent de toutes parts. ! Is Tont dévoués k des peines e'ternelles. Un d'eux s'approcha (i) furtivement des fphères célefles; mais une flamme pénétrante 1'en précipita. Demande aux infidèles créés de boue, s'ils font d'une nature fupérieure a celle des Anges. Leur aveuglement te furprend, & ils rient de ton étonnement. En vain tu vcux les inftruire. Leurs cceurs rejettent 1'inflruclijn. S'ils voyoient des miracles, ils s'en moqueroient; Ils les attribueroient aux efFets de la magie. Viélime de Ia raorr, difent-ils , lorfque nous aurons été réduits en pouffière , retournerons-nous a la vie. Nos pères reffufciteroiu-ils? ^ Oui : ils reiïufciteront, & vous ferez couverts •d'opprobre. Un feul cri (2) les fera fortir de la tombe, & deffiüera leurs yeux. a l'inrtant oü Mahomet vim au monde , Dieu les chalTa avec des traits de feu , & il ne leur ert plus permis de pênétrer dans les Cieux. Têi eft le fentiment des Doétcurs Mufulmans. CO m& ces traits de feu, Satan s'cleva jufqu'aux fpK-res célettes , & failit aviJc.r.ent quelqucs difcours éehappés aux Anges; mais il en fut aufiitót-précipité. Gelahddhi. co Ce cri fera Ie dénier fon de la trompette. Jêia. . Tome //. l  24* L e Coran. Malheur a nous, s'écrieront-ils, voila le jour du jugement! Le voila , ce jour de Ia féparation, dont vous lyiez oié la réalité. Raffemblez les méchans, leurs feclatcurs, & leurs idoles; Conduifez-les dans 1'cnfer; Arrètez-les pour les examiner. Pourquoi ne vous défendez-Vous pas mutueliement ? Aujourd'hui ils font dans 1'humiliation. Réunis, ils fe déchireront par des reproches. Vous veniez a nous, diront-ils a leurs faux Prophètes , avec 1'apparence de la vérité. Vous n'aviez point la foi, leur répondront ccuxci; nous n'avions anemie puilfance fur vous; mais vous viviez dans Pimpiété. Voi'.a Paceompiilfetnent des menaces du Seigneur. Egarés nous-mèmcs, nous vous avons conduits a 1'crreur. Tous partageront les tourmens. 'Ceft ainfi que nous puniffons les pervers. Lorfqu'pn leur prèchoit Punité de Dieu, ils fe 11vroient a Porgueil. Abandonnerons-nous nos divinités , dilöient-ils, pour un poëte infenfé ? Celui qu'ils traitoient ainfi, éclairé du flambeau de L. vérité, eft venu confirmer la miffion des Proph'tes. Et vous, vous ferez ia proie des fupplices.  L e Coran. 243 Ils feront le jufte prix de vos ceuvres. * Les vrais fe'rviteurs de Dieu, éprouveront un fort différent. Ils auront une nourriture clioifie, Des fruits exquis (1), & ils feront fervis avec honneur. Les jardins de Ia volupté feront leur afile. Pleins d'une bienveillance mutuelle, ils repoferont fur le lit nuptial. On leur offrira des coupes remplies d'une eau pure, Limpide, & d'un goüt délicieux. Elle n'oiTufquera point leur raifon, & ne les rendra point infenfés. Prés d'eux feront des Vierges intaétes. Leurs beaux yeux feront modefteinent baiffés. Ils fe tourneront les uns vers les autres, & converferont enfemble. Hótes du Paradis, dira 1'un d'eux, j'étois lié avec un incrédule. Crois-tu, me demanda-t-il, a Ia réfurreaion? Penfes-tu qu'aprés notre mort, lorfque nos corps feront réduits en poufïïère, nous fubirons un jugement? Voulez-vous que nous allions voir eet infidèlc? CO Les hótes du Paradis mangeront de ces fruits exquis pour leur pfaifir & non pour conferver leur fanté. Doues de corp; immónels, ils n'auront aucun befoin de préfervatifs comre la maladie. Gelalediin. L 2  244 L e Coran. I! fe levera, & 1'appercevra au milieu de 1'enfer. Ciel! s'éciiera-t-il, peu s'en eft fallu qu'il ne m'ak entrainé dans fa ruine? Si la miféricorde divine n'eüt veillé fur moi, je' ferois reprouvé. N'avons-nous pas fubi la mort, répondront les bienbeureux ? Sans doute : nous avons payé le tribut a la nature, mais nous fommes exempts des fupplices. Le bonheur dont nous jouilfons eft fans mélange. Mortels, travaillez pour le mériter. Combien l'arbre zacoum (i) eft différent du féjour d' Eden. Nous 1'avons planté pour le tourment des fcélérats. II s'élève du fond de 1'enfer. . Ses fruits reffémblent aux têtes des Démons (2). Ils Lront la nourriture des réprouvés. Ils en rempliront leurs ventres; Enfuite on leur fera avaler de 1'eau bouillante, Et ils feront replongés dans leurs cachots. La, ils trouveront ceux de leurs pères qui ont vécu dans 1'erreur. Ils fe font empreffés de marcfter fur leurs traces. (1) L'arbre zcctum efl: préparé pour le tourment des damnés. Aqcun des arbres du défert ne produit des fruits aufiï amcrs. GeMciiin, (2) C'efc-a-dire i des ferpens horriblcs. GelaUAditt.  L e Coran. 245 La plupart des anciens peuples étoient piongés dans les ténèbres. Nous leur envoyames des Apótres pour les inflruire. Vois quel eft le fort de ceux qui ne voulurent pas les entendre. Les vrais ferviteurs de Dieu furent feuls épargnés. Noë nous invoqua, & il fut exaucé. Nous le délivrames, lui & fe fhiuille, de leurs vives alarmes. Nous établlmes fur la terre fes defcendans, feuls refles du genre humain. Nous avons rendu fon nom fameux dans les annales de la poflérité. Tous les hommes béniront fa mémoire. C'eft ainfi que nous récompenfons ia vertu. Noë fut notre adorateur fidéle. Nous enfeveiimes dans les eaux le refte des mortels. Abraham fulvit la religion de Noë. H éleva vers le Seigneur les vceux d'un cceur fincére. Quels font les objets de votre culte, demanda-t-il a fon përe & au peuple? Séduits par le menfonge , adorerez-vous d'autres divinités que Dieu ? Que penfez-vous du Souverain de 1'univers? II porta fes regards vers les Cieux, Et dit: Je ne puis aflïïfer a vos fête». Le peuple le quitta avec dédain. L 3  246 L e Coran. Abraham fe rendit en fecret auprès de leurs idoles, & leur demanda: pourquoi ne mangez-vous pas? Pourquoi gardez-vous le filence? II s'approcha d'elles & les frappa. Le peuple accourut a lui. Adorerez-vous, leur dic-il, des Dieux que vos mains ont fculptés? Dieu vous a créés, vous & vos idoles. Formons un bucher, crièrent les idolatres, & jettons 1'impie dans les Hammes. ils voulurent le faire périr, mais nous anéautimes leurs complots. Je fuivrai, dit Abraham, le Dieu qui m'éclake. Seigneur, donne moi un enfant vertueux. Nous lui annoncames un fils qui poflederok la fagelTe. - Lorfq'i'il fut parvenu k i'adolcfcence, Abraham lui dit: ö mon fils! j'ai eu une vifion. II m'a femblé que je te facrifiois. Vois quelle impreffion ma vifion fait fur ton cceur. Exécute ce que Dieu commande, répondit Ifaac ; j foumis a fes décrets, je foulfrirai avec patience. Ils alloient accomplir 1'ordre du Ciel; déja Ifaac I étoit couché le front contre terre (1). Une voix célefte cria: Abraham! (1) Ifaac étoit couché le front contre terre: Abraham avoit le couteau levé. II alloit frapper: le Ciel 1'arréta. GelaltdMn.  L e Coran. 247 Ta vifion eft accomplie; c'eft ainfi que nous récompenfons la vertu. Dieu a voulu t'éprouver. Une hofiie (1) racheta le fang de fon fils. La poftérité célèbrera fon obéiffance. La paix foit avec Abraham! C'elt ainfi que nous récompenfons la vertu. II fut notre adorateur fidéle. Nous lui prédimes quTfitac feroit un Prophéte diftiBgué. Nous répan'dlmès notre bénédiction fur lui & fur fon fils. Parmi leurs defcendanï, les uns ont Fait fleurir la vertu, les autres fe font livrés a Finiquité. Nous eomblairres de biens Moyfe & Aaron. Nous les délivrames, eux & les Ifiaè'lites, de 1'opprefïïon. Notre proteftioh puilTante les rendit victorieux. Nous leur donnames le livre des loix divines. Nous les gtddames dans les voies de la juftice. La poftérité célèbrera leurs noms fameux. La paix foit avec Moyfe & Aaron! C'eft ainfi que nous récompenfons la vertu. Ils furent tous deux nos adorateurs fidéles. Elie fut 1111 des meffagers de la foi. Ne craindrez-vous point le Seigneur, répétoit il aux Hébreux? (i) Cette hoftie fut le bdlier du Paradis Terreftre. Halel t'avoit offert & Dieu. Gabiiel I'amena a Abraham qui ï'immola en aétion de grslces. Gelaleildin. L 4  -M-ï I. e Coran. Invoquerez-vous Sapf, tandis que vous aband-onnez le créateur fuprêmë ? II efl votre Dieu; II efl le Dieu de vos pères. Deftinés au feu de i'enfer , ils accufêrpnt Elie d'in-poffure. Nos vrais ferviteurs écoutèrent feuls fa doctrine. Le nom d'Eüe fera fameux chez la race future. La paix foit avec Elie ! C'ell ainfi que nous récompenfons la vertu. Eiie fut notre adorateur fidéle. Nous chaisimes Loth ponr étre un des meflagers de la foi. Nous Ie fauvames avec fa familie. Son époufe feule augmenta le nombredes vieïimes. Nous exterminam.es fes concitoyens. Lorfque vous paflez prés des ruines de Sodóme, en partant le matin, Ou dans la nuit, n'ouvrez-vous point les yeux? Jonas, élu Miniflre du Seigneur, Alla fe cacher au fond d'un navire. On jetta le fort, & il fut au nombre des iofortunés, Un poiffon 1'avala, paree qu'il étoit coupable; Et s'il n'avoit loué 1'Eterne!, Il auroit demeuré dans cette prifon, jufqu'au jour du jugement. Le poiffon qui 1'engloutit, le dépofa fur le fable, accablé de peines. Nous fimes croitre un arbre pour lui fervir d'ombrage.  E e Coran, 249. Nousl'envoyames vers une cité qui contenoit plus de cent mille habitans. Hs crurent a Ces prddications, & nous les laifiames accomplir Ie terme de leurs jours. Demandeaux impies, fi Dieu a des filles ?comme ils ont des fils. Aurions-nous crdd les Anges femelles? Ils faventle contraire. Leurs difcours ne fout appuyds que fur le menfonge. H? aflurent que Dieu a enfantd, & ils bïafpfaèment. Auroit-il préfdré des filles a des fils,? Qui peut vous faire porter ce jugement? N'ouvrirez-vous jamais les yeux? Avez-vous une autorité inconteflable ? Apportez votre livre, fi votre opinion eft vraie. Les impies prétendent que Dieu a eu commercavec les Anges, & ies Anges favent que les impies feront la proie des flammes. Louange a 1'Eternel! Loin de lui leurs blafphêmes. 1 Ses fidéles ferviteurs, out feuls droit de parler de lui. r Ni vous, ni vos Dieux, Ne deviez adopter cette opinion fhcrilége. Elle n'eft faite que pour celui qui eft deftmé at» Brafiers de 1'enfer. Nous avons tous nos rangs marqués. Nous fomrnes partagés en différens cceu^ L 5. .  2 O L e Coran. Notre emploi eft de louer le Tout-Puiflant. Les impies ont dit: Si nos pères nous euflent laiffé un livre pour nous inftruire, Nous ferions les vrais adorateurs de Dieu. Ils ont nié le Coran. Ils verront. Lorfque nous envoyames nos Apótres aux nations, Nous leur promimes notre proteaion, Nous leur afTurames que nos armées feroient viaorieufes. Confidère-les. Un jour leurs yeux feront deiïillés. Veulent-ils hater nos vengeances? Lorfque 1'heure fonnera a leur porte, leur réveil fera funefte. Fuis-les jufqu'au jour marqué. Vois. Bientót ils verront. Louange a ton Dieu! Louange au Dieu puifTant! Loin de'lui leurs menfonges. La paix foit avec les Miniftres du Seigneur! Gioire a Dieu fouverain des mondes!  L e Coran. 251 CO Les CcJmraentateiifs du Coran avouent qu'ils ignertm la figniGcation de ce oraftèfé ifolc qui répond i Ja, quatorzième lettre de i'alphabet Arabe. L 6 CHAPITRE XXXVIII. S. (i). Donné a ia Mecque, ccmpofé de 88 verfets. Au nom de Dieu clément 6? miféricordieux. S. J'en jure par Ie Coran; i! efl Ie dépót de ia vraie foi; mais les infidèles vivent dans Ie fade & le fchifme. Les générations préeédentes ont difparu. A la vue des fléaux du Ciel, elles implorérent notre miféricorde; mais il n'étoit plus temps. Les habitans de Ia Mecque font étonnés qu'un de leurs conciroyens, ait été revêtu du caraclère d'APötre, & les infidèles ont dit: c'eft un faux Prophéte. Prétend-il que plufieurs Dieux ne foïent qu'un? Cette opinion eft merveilleufe. Leurs chefs fe font levés, & ont dit: gardez votre ctilte. Soyez fidéles a vos Dieux. Nous connoiffons fes deffeius.  »52 L e Coran. La dernière fefte n'a point prèché I'unité deDieu. Cette doctrine efl: faufïe. Mahomet eüt-il été élu préférablement a nous , pour recevoir le Coran? Ils doutent de ma religion; mais ils n'ont pas encore éprouvé mes chatimens. Ont-ils en leur difpofition les tréfors de la miféricorde du Dieu dominateur, & libéral? PofTèdent-ils 1'empire du Ciel, de la terre, & de l'efpace immenfe qui les fépare? Qu'ils elfaient de s"élever dans les Cieux. Leurs armées, quelque nombreufes qu'elles foient, feront détruites. Les peuples de Noê, d'Acd, & de Fharaon environné de courtifans (1), accufèrcnt les Miniflres de Dieu d'impofiure. LesT.'h'/nitdé.ns, les habitans de Sodóme, les Madianites fe Iiguérent contre leurs Apótres. Tous nièrent leur miffion, & tous éprouvèrent les chatimens célefles. Les habitans de la Mecque n'attendent que le cri épouvantable. Alors la fuite fera inutile. (i) Pharaon eft peint dans plufieurs endroits du Coran avec cette épitète, 20» elaoutad, auteur des pieux. C'eft: ainfi qu'on a traduit jufqu'a préfent ce palTage. Zou fignifie pofejfeur. Aoutad ne vcut pas dire feulement des pieux, il fignifie encore les grands d'une ville. Nous avons cru qu'il etoit plus naturel de rendre ces mots de la majrière liüvante: Pharaon entouré de courtifans, que Pharaon auteur dei pieux. D'ailleurs Mahomet repréfente toujouss ce Prince cnvironne de Seigneurs.  L e Coran. 2.-s lis ont demandé a Dieu leur portion avant lejour dn jugement. Souffre patiemment leurs difcours. Rappèle-toi notre ferviteur David, qui élevoit fouvent au Ciel les vceux d'un cceur vertueux. Nous forcames les montagnes a s'unir a fa voix, pour chanter le foir & le matin, les louanges de' 1'Eternel. Les oifeaux raffemblés répétoient fes cantiques. Nous affermimes fon empire. Nous lui dounames la fagefl'e & 1'éloquences Connois-tu le débat de deux frères, qui entrèrent par furprife dans 1'oratoire de David? I! fut effrayé a leur afpecl. Ne crains rien, lui dirent-ils; un différent nous amène. Juge-nousavec équité. Rends a chacuu de nous ce qui lui eft dü. Voici mon frère. II avoit quatre-vingt-dix neuf brebis. Je n'en avois qu'une. II me Ta demandée a garder. J'ai cédé a fes infiances, & il me Ta ravie. La demande de ton frère eft injufte , répondit David. La fraude & la violence préfident fouvent aux accords des huma'ins. Il n'y a de juftes que les croyans vertueux ; mais qu'ils font en petit nombre ! Dans la fuite David pécheur reconnut que nous Tavions tenté. II fe convertit, & le front profterné contre terre, il implora le pardon de fon crime. Nous lui pardonnames; neius le comblames de biens, & le Paradis fut fa récompenfe. L 7  £54 k E Coran. O David! nous t'avons établie Roi fur la terre. Juge les hommes avec équké. Ne fuis point tes aveugies défirs; ils t'écarteroient du fentier de Dieu. Les tourmens feront le partage de ceux qui, oubliant le jour du jugement, auront marché dans les ténèbres. La création du Ciel, de la terre. & de tout filmvers, eft notre ouvrage. Ce n'eft point un jeu du hafard, comme le penfent les incrédules. Malheur aux infidèles! Ils feront Ia proie des Hammes. Les croyans qui auront fait le bien , feroient-ils traités comme les impies, qui n'ont connu d'autre loi que Ia violence? L'homme vertueux, & le fcélérat, éprouveroient-ils Ie même fort. Nous t'avons envoyé un livre béni. Les fages Ie liront avec zèle, & graveront fes préceptes dans leur cceur. David eut pour fils Salomon. II fut un ferviteur pieux & fincère. Uu foir on lui avoit amené des chevaux excellens (i); ils couroient d'une fi grande vitefle qu'a peine leurs pieds touchoient la terre. J'ai préféré, s'écria-t-il, des biens terrefires au (i) Salomon aflïs fur un tróne, voyoit courir des chevaux excellcns qu'on lui avoit amenés. La courfe dura jufqu'au coucher du foleil. II oublia de faire la prière du loir, & fe punit de cette nègligence en faifant immolcr une partie de ces fuperbes courfiers. Dieu le récompenfa en lui donnant 1'cmpire des vents. Jabia, Zamcbcfcar.  L e Coran. z^ fouvenir de Dieu, en eefftnt de Ie prier jufqu'a ce que Ia nuit ait couvert Ia terre de fon voile. Qu'on ramène les chevaux. II leur fit couper les jarrets & Ia tète. Nous le tentames, & nous fimes affeoir, fur fon tróne, un Démon fous Ia forme humaine (i). Seigneur, dit-il, pardonne a ton ferviteur, accorde-moi le règne Ie plus fiorüTant quffüt jamais. Tu es le bienfaiteur fuprême. Nous lui donnames 1'empire des vents. Ils parcouroient la terre a Ta volonté. Des Démons foumis a fes ordres, élevoient des palais, & pêchoient des perles. (O Salomon portoit au doigt un anneau d'ou dépeadoic la durée de fon empire. II Ie confioit i une de fes femmes lorfqu'il entroit au bain Un Jour qu'il y étoit, un démon nommé Sacar prenant fes traits & fa reflemblance , vint demander 1'anneau a celle qui en étoit dépofitaire! Elle le remit entre fes mains. II le prit, le jctta dans Ia mer, s'aiïit fur Ie tróne du Roi, & changea les loix par lefquelles il gouvernoit les enfans dtfraël. Salomon ayant mutilement cherché 1'anneau qui étoit le gage de Ia durée de fon empire , penfa que Dieu vouloit le punir. II fortit de fon palais & fe mit a parcourir la Judée en criant: je fuis Salomon; mais fes fujcts refufoient de le reconnofl tre. II refta quarante jours dans eet état. Enfin ayant demandé de la nourriture a un Pêcheur, il retrouva fon anneau dans le ventre d'un poifïbn.. II rentra auffitót dans fes droits, fe faifit du démon Sacitr, & le fit jetter chargé de chaines dans Ie Iac de Tiberiade. Ifmacl tbn AH raconte cette fable dans fa chronique.  256 L E C O R A N. II en tenoit d'autres chargés de chaines. Nous lui dimes: jouis de nos bienfaits; repandsks fans mefure, ou les relferre a ton gré. Comblé des biens terreftres, Salomon a été introduit dans le féjour éternel. Célèbre Job notre ferviteur, lorfque levant fa voix au Ciel, il s'écria: Seigneur, le tentateur a raffemblé fur moi tous les maux. Frappe la terre du pied, Jui dit Dieu; il enfortira une fource d'eau propre a te purifier, & a te défaltérer. Nous lui rendimes fa familie, & nous augmentames fes richeffes par un effet de notre miféricorde, & pour 1'innruction des fages. Nous lui commandantes de prendre un faifceau de verges (1) & d'en frapper fon époufe, afin d'accomplir fon ferment, & il obéit. Serviteur fidéle, il élevoit fouvent vers le Ciel 1'hommage d'un cceur pur. Publie les vertus & la prudence de nos ferviteurs Abraham, Ifaac & Jacob. La penfée du palais éternel entretenoit leur innocence. Ils font au nombre de nos élns privilégiés. Chante les louanges OHIfmaël, cYEfifée & (YEkafel, nos ferviteurs diftingués. (1) La femme de Job étoit un peu d'accord avec Satan. Elle exhortoit fon mari a écouter les propofitions du tentateur. C'eft pourquoi Job irrité jura qu'il lui donneroit sent coups de verges. Jabió.  L e Coran. 257 La terre chérit leur mémoire. Ceux qui craindront le Seigneur jouiront de la félicité. Les portes dujardin d'Eden s'ouvriront devant eux-, Le banquet divïn leur olfrira des fruits exquis, & un breuvage délicieux. Prés d'eux feront de j-euues beautés au regard modeile: Telles font les jouiffances que vous promet le jour de la réfurrecHon. Tels font les biens éterneis qui vous font offerts. La fin des péeheurs fera épouvantable. L'enfer fera ieur habitation. lis gémir'ont fur un lit de douleur. Ralfaliez-vous de tourmens, leur dira-t-on: avalez cette eau bouillante & corrompue. Ce breuvage, & d'autres non moins affreux, feront leur partage. II n'y aura plus de grace pour les réprouvés; tous feront précipités dans les Hammes. Les infidèles diront a leurs fédufteurs: vous ne méfitez aucune indulgence. Vous nous avez devancés dans 1'erreur. Notre habitation mutuelle fera horrible. Seigneur, ajoute aux tourmens de ceux qui nous ont conduits a 1'infidélité; augmente pour eux 1'ardeur du feu. Pourquoi ne voyons-nous pas ici ceux que nous mettions au nombre des méchans ? Nous nous moquions d'eux. Les a-t-ön dérobéj 3 nos regards ?  258 L e Coran. Tel fera le langage des habitans de 1'enfer. Dis: je ne fuis que votre apótre. II n'y a de Dieu,, que le Dieu unique & viétorieux. Souverain du Ciel, de la terre, & de 1'immenfi'té de l'efpace, il efl puiffant & miféricordieux. Ce livre efi fhilioire fnblime. Vous vous écartez de fit vérité. Je n'avois aucune connoiffance des efprits célefles quand ils difputéreut. Les révélations divines ne m'ordonuent que la prédication. Dieu dit aux Anges: je créerai fhomme de boue. Lorfque j'aurai accompli mon ouvrage, & que jé lui aurai foufflé une portion de mon efprh, proftcrnez-vous pour 1'adorer. Tous les Anges fe foumirent a 1'ordre du créateur. L'orgueilleux Eblis refufa feul d'obéir. Eblis, lui dit Dieu , pourquoi n'adores-tu pas 1'ouvrage de mes mains? L'orgueil t'enivre-t-il ? Ta grandeur fe croiroit-elle humiliée? Je fuis, lui répondit 1'efprit rebel'e, d'une natnre plus excellente que la fienne; tu m'as créé de feu, & tu 1'as formé de boüe. Sors de ce féjour, tu feras lapidé. Ma malédiction te pourfuivra jufqu'au jour du jugement. Seigneur, reprit Eblis, diffère tes vengeances, jufqu'au jour de la réfurre&ion. Je les difFérerai, dit. le Tout-Puiffant.  L e Coran. «53 Elles n'éclarteront qu'au temps marqué. J'én jure par ta puiffance, ajouta Eblis, je féduirai tous les hommes. Tes ferviteurs fincères feront feuls épargnés. L'Eternel prononpa ces mots: je fuis la vérité, & mes menaces font véritables. Je remplirai 1'enfer de ceux que tu auras féduits. Tu y feras a leur tête. Dis: je ne vous demande point le pris de mes prédications; mon zéle me fuffit. Ce livre efl un avertiffement aux mortels. Vous verrez un jour, que fa doctrine efl vériuble.  ï5o L e Coran. CHAPITRE XXXIX. LES T R O ÜP ES. Donné a la Mecque, compofé de 75 verfets. Au mm de Dieu clément & miféricordieux. Le Dieu puiffant & fage t'a envoyé le Coran. La vérité te 1'appoAa des Cieux. Offre a Dieu une religion fincère. Une foi pure n'efl-elle pas due a 1'Eternel? II jugera les adorateurs des faux Dieux, qui croiens par leur intercefïïon s'approcher de lui. Son jugement terminera leurs débats. II n'eft point le guide du menteur ni de 1'infidèle. S'il avoit defiré un fils, il 1'auróit choifi a fon gré parmi fes créatures. Louange au Dieu unique & victorieux. II eft le véritable architeéte des Cieux & de la terre. II fait fuccéder la nuit au jour, & le jour a la nuit. Le foleil & la lune obéiffent a fa voix. Ils parcourent le cercle qu'il leur a tracé. N'eft-il pas le Dieu puiffant & indulgent? II vous a tous fait fortir d'un feul homme. II tira la femme de fes flancs pour étre fa compagne. Ii  L e Coran. 2ü-{ vous a donné buit efpèces de troupeaux. II vous deffine dans le fein de vos mères, oü il vous fait paffer fous dilféreutes formcs , & dans trois lieux ténébreux. II eft votre Seigneur. A lui appanient la domina.ion. II eft le Dieu unique. Coinment pouvez-vous lui refufer votre hommage? L'ingradtude ne lui óte rien'de fa richeffe; mais il hait des ferviteurs ingrats. La reconnoiilance eft agréable a fes yeux. Perfonne ne portera le fardeau d'un autre. Vous reviendrez tous a lui, & il vous montrera vos ceuvres. II connoit les replis des cceurs. Lorfque le malheuratteint l'homme, il élève vers . lui fa voix fuppliante; a peine efl-il foulagé, qu'il oublie le bienfaiteur, & offre a des idoles un encens coupable. Annonce al'ingrat, qu'il jouira peu de fon infidélité, & que 1'enfer fera fon parage. ^ En feroit-il de même de l'homme pieux, qui, dans 1'ombre de Ja nuit, adore le Seigneur, debout, ou profterné, qui craint le jugement & efpère la miféricorde divine? Dis: le fage & 1'infenfé peuvent-ils étre comparés ? Ceux qui ont un cceur fentent la diflérence. Dis: O vous qui croyez ! craignez le Seigneur. Ceux qui pratiquent la vertu dans cette vie en recevront le prix dans 1'autre. La terre du Seigneur eft étendue. Les perfévérans obtietidront une récompenfe glorieufe. Dis: Dieu m'a commandé de le fervir, de lui montrer une foi pure, & d'être le premier des croyans.  66a Li Coran. Dis: fi je défbbéis aux ordres du Ciel, je crains les tourmens du grand jour. Dis: ferviteur de Dieu , mon cceur lui offre fhoramage d'une foi pure. Dis: adorez a votre gré des divinités étrangères. L'impie qui perd fon ame & fa familie, au jour du jugement, ne fait-il pas une perte irréparable? Dis: un tourbillon de feu couvrira leurs têtes, & enveloppera leurs pieds. Dieu offre cette peinture véritable & effrayante a fes ferviteurs, afin qu'ils craignent fa juftice. Promets la félicité k ceux qui, renoncan'tauculte des idoles , reviennent a Dieu ; promets-la a mes ferviteurs qui , dociles a ma voix, recberchent la perfeelion: ce font eux que Dieu éclaire; ce font eux qui ont la fageffe. Sauveras-tu celui dont 1'arrêt fatal eft prononcé ? II efl déja la proie des flammes. Ceux qui craignent le Seigneur habiteront le palais élevé, prés duquel coulent des ruiffeaux. Dieu 1'a promis, & fes promeffes font infaillibles. N'as-tu pas vu comment Dieu abèifle les nuages qui verfent la pluie? Comment il la raOemble en ruiffeaux qui coulent a travers les campagnes ? L'eau pénèrre dans le fein de la terre , & fait éciore les plantes, dont les couleurs font variées a l'inlini. La cba'eur jaunit les moHToas. Elles toinbent Fous le trancha t de la faux. Tous ces effets fervent a FïuItruction du fage. Celui dont Dieu dilate Ie cceur, en y faifant ger-  L E C © R A N. 263 mer Fiflamifme, Tuit Ie flambeau de Ia foi. Malheur a ceux qui, endurcis dans le crime, rejettent les préceptes divins! Ils font piongés dans 1'aveuglement. Le Ciel t'a envoyé le plus excellent des livres. La même doctrine y eft fans ceffe répétée. Ceux qui craignent le Seigneur friffonnent a fa Iefture; leur effroi s'adoucit par degrés, & ils recoivent avidémeht la parole divine. Le Coran efl la lumiére de Dieu. Par elle il dirige fes élus; mais ceux qu'il égare, ne retrouvent plus Ie droit chemin. L'infidèle ne craint-il point que le fceau de la réprobation ne foit imprimé fur fon front, au jour du jugement? Alors on dira aux méchans: fubiffez des pcines que vous avez méritées. Les générations paffées accufèrent leurs Apótres d'impofture. Elles furent punies a I'inflant oü elles ne s'y attendoient pas. Couvertes d'opprobre fur Ia terre, elles éprouveront dans 1'autre monde des fupplices bien plus terribles. Si elles 1'euffent fu ! Le Coran offre aux hommes des exemples variés, a fin de les inftruire. II efl écrit en Arabe. Sa doctrine efl fimple, & claire. II prêche Ia crainte du Seigneur. Dieu propofe 1'exemple d'un efclave qui a plufieurs maitres divifés entr'eux, & d'un autre qui n'a qu'un maitre. Ces deux hommes ont-ils un fort pareil? Louange a 1'Eternel! La plupart ne le connoiffent pas. Tu mourras, & ils mourront.  3ó4 L e Coran. Au jour de Ia réfurreftion, vous plaiderez tous votre caufe devant Dieu. Quoi de plus impie que de blafphémér contre fa majefté fuprême , que d'accüfer ia vérité de menfonge? L'enfer ne fera-t-il pas le réceptacle des impies? Ceux-Ia ont la crainte du Seigneur qui fuivent la vérité, & qui croient en elle. Le Tout-Puiffant accomplira les défirs de ceux qui auront fait le bien. II les lavera de leurs fautes, & leur accordera le Paradis pour prix de leurs vertus. La proteétion divine te fuffit. Ils voudront t'eiTrayer au nom de leurs idoles; mais celui que Dieu égare n'a plus de guide. Celui qu'il conduit ne s'égarera point. N'eft-il pas le Dieu puiffant & vengeur? Demande-leur: quel efl le créatevir du Ciel & de la terre? Ils répondent: c'eft Dieu. Penfent-ils donc que les idoles qu'ils afibcient a fa puiffance, peuvent empêcher le bien ou le ma! qüi! veut me faire? Le bras du Tout-Puiflant eft mon appui. C'eft en lui que les fages mettent leur confiance. Dis-leur : réuniffez vos efforts ; j'agïrai de mon cóté, & bientöt vous faurez, Qui de nous fera la proie des ftipplices, & pour qui s'allumeront les feux éternels. \ Nous t'avons envoyé du Ciel le livre oü Ia vérité parle.aux hommes. Celui qui la fuit, & celui qui s'en écarté, travaillent chacun pour foi. Tu n'es pas I'Avocat du genre humain. Dieu  L E C O 'il A N. 2(J3 •Dieu envoie la mort a l'homme. Souvent elle le frappe dans les bras du fommeil. II appèle a lui ceux dont 1'arrêt eft prononcé. II laifle les autres accomplir leur carrière. Ce font-la des fignes pour ceux qui réfiéchiffenr. Prendrez-vous d'autres protefteurs que Dieu? Décernerez-vous un culte a des divinités dépourvues de pouvoir & d'intelligence ? Dis: lui feul a le droit de protéger. II eft le Roi du Ciel & de la terre. Vous retournerez tous a lui. Ceux qui ne croient point a la vie future, frémilTent d'horreur au nom d'un Dieu unique. Le fouvenir de leurs idoles répand la joie dans leurs cceiirs. Dis: Dieu fupréme, créateur des Cieux & de Ia terre, toi dont Pccil perce dans 1'ombre du myftère, toi pour qui tout eft dévoilé, tu jugeras les différens des foibles humains. Si les pervers poffédoiant deux fois autant de tréfors que la terre en centiem , ils les donneroient, pour fe racheter de 1'horreur des füpplices qui leur font préparés. Dieu leur fera voir ce qu'ils n'atteudoient pas. II expofera devant eux les crimes qu'ils ont commis. Les flammes, objet de leurs railleries, les cnvelopperont. Lorlque 1'infortune afïïège l'homme, il nous invoque. A peine lui avons-nous trndu une main fecouralie , qu'il dit: je méritoiV cette faveur. Mais ce 6ien. fait e'1 une épreuve, ck la plupart 1'igrorent. Tome II.  L e Coran. Les ge'ndrations paffées tenoient le jnême Iangage. A quoi leur ont feryi leurs ceuvres? Elles en ont recu le chatiment. Les impies denos jours, üprouveront un femblable dettin. Ils ne fauroient arrëter le bras vengeur. Ignorent-ils que Dieu difpenfe ou retire fes faveurs a fon gré, afin de donner aux croyans, des preuvei de fa puiffance ? O mes ferviteurs qui avez pêché! ne défelperez point de la miféricorde divine. Elle peut pardonner tous les crimes. Le Seigneur eft indu'gent & miféricordieux. Retournez a lui. Embraffez 1'Ülamifme avant que vous éprouyiez la punitión sprès laquelle il n'y a plus d'efpoir. Suivez la vraie doflrine defcendue du Ciel; avant qu'une invifible main vous frappe tout-a-coup. Malheur a moi, s'tcriera 1'impie! pourquoi n'aije pas obéi a Dieu? Pourquoi me fuis-je moqud de fa religion ? Hélas! s'il m'eüt éclairé, j'anrois été au nombre de ceux qui le craignent. A la vue des tourmens il s'écriera : que ne puisje retourner fur la terre? Je pratiquerois la vertu. Je t'ai offert des fignes frappans. Livrd a 1'orgueil & • a rinfidélité, tu as dédaigné d'ouvrir les yeux. Au jour de Ia réfurreetion, le front des blafptiémateurs fera couvert de ténèbres. L'enfer ne feroit-it pas le réceptncle des fuperbes? Ceux qui ont eu Ia crainte du Seigneur, feront fau-  L e Coran. 2Ö7 vés. Ils pofTèderont Ie féjour du bonheur. Le mal & la peine n'approcheront point d'eux. Dieu a créé 1'univers. II le gouverne. Les clefs du Ciel & de Ia terre font dans fes mains. Ceux qui nient fes oracles feront réprouvés. Hommes infenfés, m'ordonnerez-vous d'adorer ua autre que lui? Dieu t'a révélé, il a révélé aux peuples anciensque 1'idolatrie rend les ceuvres vaiu.es, & affure Ia réprobation. Adreffe ton encens a Dieu, & lui reuds des aclions de graces. Les infidèles ont mal jugé de fa puiffance. Au jour de la réfurrection, il prendra Ia terre dans fa main gauche, & il placera les Cieux dans fa main droite. Gloire au Très-Haut! Anathême aux idoles! Au premier fon de Ia trompette, tous les êtres créés au Ciel & fur la terre mourront, exceptéfes élus; la trompette retentira une feconde fois, & tousrefTufctteront, & ouvriront des yeux étonnés. La terre fera refplendifïante de Ia gloire du ToutPuiffant. On apportera Ie livre (ij. Les Prophètes & les témoins s'avanceront. La vérité préfidera au jugement des hommes. Aucun d'eux ne fera trompé. Chacun fatisfera pour fes ceuvres. Dieu connoit toutes les aftions. Les infidèles feront condamnés a 1'enfer. Hs^y CO I-es Commentateitrs du Coran entendcnt par ce 1U vre celui ou les aftions de chaque homais feront écrices M 2  £63 L e Coran. defcendront par troupes. Les portes de 1'abyme s'ouvriront, & on leur demandera: des Prophètes ne ie font-ils pas levés du milieu de vous? Ne vous ontils pas prêché la vraie religion ? Nous avons entendu leurs prédications, répondront-ils. Mais les infidèles étoient prédeftinés au feu. On leur dira: entrez dans 1'enfer. Vous y demeurerez éternellement. II eft le féjour affreux des fuperbes. Ceux qui ont craint le Seigneur feront conduits par troupes dans le jardin de délices. A leur arrivée les portes s'ouvriront, & on leur dira: la paix foit avec vous. JouilTez de la félicité. Louanges a Dieu, s'écrieront-ils! II a accompli fes promelfes. II nous avoit mis fur la terre pour gagner le féjour éternel. Sa vafle étendue efl: notre héritage. Gloire a la récompenfe de ceux qui ont travaillé! Les Anges, les pieds nuds autour du tróne fublime, publieront les louanges du Très-Haut. Lorfque la vérité éternelle aura prononcé le jugement du genre humain, ils crieront d'une voix unanime : Louange a Dieu fouverain des mondes!  L e Coran. 269 CHAPITRE XL. L E C R O T A NT. Donné a la Mecque, compofé de 85 verfets. Au nom_ de Dieu clémetu & miféricordieux. N. M • Le Dieu puiffant & fage t'a envoyé le Coran. C'eft lui qui pardonne lespéchés, qui recoit lapéuitence, & qui exerce une vengeance terrible. II eft le Dieu infini & un'ique. II eft le terme itj toutes chofes. Les infidèles Teuls difputent contre la religion fcinte. Que leurs fuccès ne t'en impofent pas. Le peuple de Noë accufa fes Prophètes d'impofture. Les Peuples qui 1'ont füivi , révoltés contre leurs Apótres, attentere;:: i Lurs jours. Armés du menfonge ils voulurent anéantir la vérité. Le courroux du Ciel les a fait difparoitre; & quel a été leur chatiment! L'arrët qui condamne les infidèles s'accomplira. Ils feront la proic des Hammes. Les efprits qui portent Ie tróne fublime, & qui 1'environnent , publient les grandeurs de 1'Eternel, & lui adreflent cette prière : Seigneur, pardonne M 3  i'0 L e Coran. aux croyans. Ta miféricorde & ta fcience e.mbraflent 1'univers. Pardonne a ceux qui ont fait pénitence, & qui Gavent tes loix faintes. Déiivre-les du feu de 1'enfer. Seigneur, introduis-les dans les jardins £Eden que tu leur as promis. Accorde le rnéme bonhetir a leurs pères, leurs epoufes, & leurs enfans qui auront été vertueux. Ta puiffance & ta fageffe font infinies. Seigneur, écarté d'eux les peines éternelles. Celui pour qui tu feras éc'ater ta miféricorde au jour du jugement, jouira du plus grand des bienfaits. Les incrédules entendront ces paroles: la haine de Dieu efl plus violente que celle que vous avez eue pour vousmêmes, ioifqn'appelés a la foi vous ayez refufè d'obéir. Seigneur, diront-iis: tu nous as fait mourir & revivre deux fois; nous avons confeffé nos péehés; ferons-nous éternellement dévoués au malheur ? Vous avez nié fuflïté de Dieu; vous avez offert .de 1'encens aux idoles; le Très-Haut, le Dieu fufrême a prouor.cé l'arrér d» vo'tre condamnation. Dieu vous offre par-tout des fignes de fa puiffance. Votre nourriture eft un bienfait du Ciel; mais il ne donne 1'intelligence qüa ceux qui le fervent. Peuples, invoquez le Seigneur. Montrez-lui une foi pure malgré 1'horreur qu'elle infpire aux infidèles. Celui qui eft élevé au plus haut dégré de gloire, qui eft afiis fur le tróne fublime, envoie fon efprit a fes élus, afin qu'ils préchent Ia réfurreélion.  L E C O R A N. 2~I Le jour oü les hommes fortiront du tombeau, ils ne pourront fe cacher aux regards de 1'Eternel. Quel eft le juge fuprêine du grand jour? c'eft le Dieuunique & victorieux. Dans ce jour, chacun recevra le prix de fes ceuvres. Perfonne ne fera trompé. Dieu eft exact dans fes comptes. Menace-les de eet inftant terrible oü les cceursferent faifis d'effroi. Les méchans n'auront ni ami ni interceffeur qui prenne leur défenfe. Dieu connoit & la fraude des yeux, & les fecrets des cceurs. L'équtté prononccra 1'arrét. Leurs idoles ne iugent rien; mais Dieu voit & entend. N'ont ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu que! a été le fort des nations anciennes? elles ét.>i nt plus puiffanres qu'ils ne font. Des monumens atteftent Üéur grandeur. Le glaive de !a juftice divine les a éxtermihées au milieu de leurs forfaits, & rien n'a pu les fouftraire a fa vengeance. Elles furent rebelles a la voix des Prophètes. Le Seigneur les fit difparoitre, paree qu'il eft fort, & terrible dans fes chatimens. Moyfe fut revétu du caractère d'Apótre, & de la puiffance des miracles. II precha la parole divine devant Pharaon , Haman & Coran, & ils dirent: eet homme eft un faux Prophéte. Lorfqu'il leur eut fait voir la vérité, ils s'écriêM A  273 L e Coran. rent: mettons a mort tous les enfans males des crqyjns. Mais la perfidiedes infidèles s'évanouit dans 1'ombrs. LaiOez-moi punir Moyfe de mort, dit le Rui; je crains qu'il ne faflè changer mon peuple de religion , & qu'il ne ravage mon empire. Dieu eft mon Seigneur & le votre, reprit Moyfe; il me protègera contre 1'orgueilleux qui ne croirpoint au jour oü 1'on rendra compte. Un des parens du Prince qui étoit fidéle, & qui cachoit fa croyance , lui dit: metrez-vous a mortun homme , paree qu'il dée'are que fon Seigneur eft Dieu? il vous a fait voir des prodiges. Si c'eft un fotirbe, fon menfonge retombera fur lui. S'il vous annonce la vétité, vous éprouvcrez une panie des fléaux dont il vous menace. Dieu n'eft point le complice de 1'impofteur ni du fcélérat. O Egyp.iens! aujourd'hui vous commandez fur la terre; votre empire eft floriffant; mais qui vous metra a 1'abri du courroux du Ciel, s'il vent vous punir? je ne vous ordonne rien que de jufte, répliqua Pharaon. La droite raifon eft tout ce que je vous propofe. ' O Egyptiens! ajouta le croyant, je tremble que le fort des nations rebelles ne foit votre partage; Je crains pour vous le chatiment du peuple de Noè', d'zfW, de Tkcmodf Et des générations qui les ont remplacés fur !a terre. Dieu ne veut point 1'opprefïïon de fes ferviteurs. O Egyptiens! Le jour oü 1'on rèndra compte me fait trembler pour vous.  L e Coran. 273 Ce jour oü vous ferez chaffés de Ia préTence de Dieu, vous ne trouverez point d'abri contre fa colère. Celui qu'il e'gare ne retrouve plus le vrai chemin. D-éja Jofeph vous a prêehé Ia religion fainte. Vous en avez douté , & après fa mort vous avez dit: Dieu n'enverra plus d'Apótre. II repand les ténèbres autour de ceux qui doutent, & qui font prévaricateurs. Ceux qui difpntent fur la religion, fans étre éclaircs du Ciel, ne reinporteront que la haine de Dieu & des fidéles. II a imprinjé le fceau de la réprobation fur les ccetirs opiniatres & orgueilleux. Qu'on batiiïe une tour élevée, dit Pharaon a Heiman , afin que je monte vers les portes du Ciel. Je veux m'approcher du Dieu de Moyfe, quoiquece qu'il m'annonce me paroiffe une impoflure. Ainfi Pharaon mettant fa gloire dans l'impiétér s'écarta du droit chemin; mais fes piéges ne tournèrent qu'a fa ruine. O Egyptiens! fuivez-moi, répétoit le fidéle ; je vous conduirai dans les voies de la juflice. Ce monde ne promet que des jouiffances paiïagèreü; la vie future vous olfre le Palais éternel. Le malheur fera Ie prix du méchant. Le croyant vertueux entrera dans le jardin de délices. II y fera comblé de biens ftins nombre. O Egyptiens! ma voix vous invite au bonheur, & vous voulez m'entrainer dans les flsnïaies. Vous me propofez 1'infidéüté, & le culte de vt>sM S  Le Coran. idoles, & je vous exhorte a adorer le Dieu puiflant & miféricordieux. Vos Dieux ne fauroient exaucer les voeux des mortels, dans ce monde ni dans 1'autre. Nous devons tous retourner devant 1'Etre fuprême. Les prévaricateurs feront la proie des flammes; ce font des vérités inconteflables. Vous vous rappellerez mes cxhortations. Je remets ma caufe dans les mains du Tout-Ptiiffant. II veille fur fes ferviteurs. Le Seigneur délivra le fidéle des piéges qu'on lui tendoit. L'arrét fatal fut prononcé contre la familie de Pharaon. Viftimes des flammes, ils y font piongés le foir & le matin; & quand le temps arrétera fon cours, on leur dira : entrez dans le féjour des plus affreux tourmens. La on entendra les plainres des infidèles : nous yous avons fuivis , dira le vulgaire a fes chefs orgueilleux; nous délivrerez-vous maintenant du feu qui nous dévore? Nous y fommes piongés comme vous, répondront leurs Docteurs; la Sentence de notre condamnation efl prononcée. Portez nos cris au Seigneur, diront-ilsaux gardiens de 1'enfer (i): priez-le qu'il fufpende un feul jour nos fouffrances. peuc auffi ^ ^ ^ i>a puiffance n'a point de bornes. Un jour on demandera aux infidèles , conduits devant les brafiers: n'eft-ce pas-la du feu véritable? t- eft du feu, répondront-ils; nous en prenons Dien a témo.n. Eprouvez donc des tourmens dont vous avez nié la réaüté. . Sois patiënt , comme le furent les Apótres qui t ont précédè. Ne défire point de hater le fupplice des mfideles. Ils verront 1'accompliffement de nos menaces. Ils ne croiront avoir demeuré qu'une heure dans Ie tombeau. Je vous attefte cette vérité. Les .pervers ne feront-ils pas les feuls dévouès a la répro, bation ? O 3  318 L i Coran. CHAPITRE XLVII. L E COMBAT. Donné a la Mecque, compofé de 40 verfets. D 1 e u anéantira les ceuvres des infidèles qui écaitent leurs femblables du chemin du falut. II elïacera les péchés, & reélinera Tintention des fidéles qui crcient a la religion que la vérité éternelle apporta a Mahomet. Les incrédules ont !e menfonge pour guide; les croyans marchent au flambeau de la vraie foi. Dieu offre ce contrafle frappant aux hommes. Si vous rencontrez les infidèles , combattez-les jufqu'a ce que vous en ayez fait un grand carnage; chargez de chaines les captifs. Soit que vous mettiez un prix a leur liberté, foit que vous les renvoliez fans rancon, attendez que la guerre ait éteint fon flambeau. Tel eft Tordre du Ciel. II peut les exterminer fans le fecours de votre bras; mais il veut vous éprouver les uns par les autres. La récompenfe de ceux qui mourront en combattant pour la foi ne périra point. Au nom de Dieu clément & miféricordieux.  L e Coran. 319 Dieu fera leur guide; il rectifiera leur intention. II les introduira dans le jardin de déüees dont il leur a fait la peinture. O croyans! défendez la caufe de Dieu; il vous aidera, & il affermira vos pas. Le malheur accompagnera les incrédules ; leurs ceuvres feront vaines. Ils ont rejetté avec horreur Ie livre venu du Ciel. Leurs elforts feront anéantis. N'ont-ils point parcouru la terre? N'ont-ils point confidéré quelle a été Ia fin des générations paffées ? Le Tout-Puilfant les extermina. lis doivent attendre un fort femblable. Lr. proteaion du Ciel efl affurée aux croyans; mais les i rp'cs n'ont point de proteéteurs. Dieu reèevra les fidéles vertueux dans les jardins qu'arrofe'm des fleuves. Les pervers enivrês des plaifirs terreftres vivent dans 1'abrutiffeBienr. Le feu fera leur habiratión. Combien de cités plus puiflhntes que Ia ville qui t'a rejetté de fon fein, ont été détruites? Rien ne put f.ifpendrc notre vengeance. Le jufle ou'éclaire Ia lumière célefte , fera-t-il RmWaiie a l'impie pour qui le crime a des charmes, & qui fuit le torrent de fes pafiïons ? Dans les jardins promis a ceux qui ont la crainte du Seigneur, coulent des fleuves d'eau incorrupti. ble, de lait dont le goüt ne s'altère jamais, & de vin délicieux ? II y coule des ruiffeaux de miel pnt. Tous les Of ■ '  ?.20 L E C O R A Ff. fruits y croifïènt en abondance. La gréce4u Seigneur y veille fur fes élus. Les hötes du féjour de delices , auront-i!s un fort pareil a celui des habitans du feu qu'on abreuvera d'une eau bouiiiaiue, qui déchirera leurs entrailles. Parmi ceux qui écoutent ta doctrine ,il cn efl qui, a peine fortis de ta préfence, demandent aux croyans éclairés: qu'a dit le Prophéte? Dieu a fcellé leurs eceurs, paree qu'ils n'ont d'autre loi que leurs déiirs. Dieu conduira ceux qui marchen: dansles voies de ia juftice , & leur infpirera fa crainte. Les méchans attendent-ils que 1'heure les furprenne tout-a-coup?Les fignes du grand jour ont déja paru. Quel fera leur répentir lorfqu'il viendra ? Souviens-toi qu'il n'y a qu'un Dieu. Implore fa clémence pour toi & pour les fidéles. II vous voit pendant la veille, & pendant votre fommeil. Nous ne combattrons point, ont dit les croyans, ü moins que le Ciel ne nous en faffe un précepte dans un chapitre du Coran. Si la fagefle éternelle envoie ce chapitre avec 1'ordre du combat, tu verras ceux dont Ie cceur eft infeclé, te regarder d'un ceil oü la mort fera peinte. Quel avantage ne leur eüt pas procuré un dévouement généreux? Si le Ciel parle, & qu'ils foient dociles a fa voix, ils en recevront la récompenfe glorieufe. A quoi vous eüt expofé la défobéilfance ? Vous allifz porter la défolation fur la terre, & violer les loix faintcs du fang.  L E C O R A K. 35J Ainfi agiflènt ceux que Dieu a maudits, qu'il a rendus fourds & aveugles. Sont-ils incapables de fentir le prix du Coran? Leurs eceurs fonr-ils fermés ? Satan parera le vice de fleurs aux yeux du lache quiretournera a I'impiété. II lui procurera des richeffes trompeufes. D'accord avec ceux qui ont en horreur Ie précepte du combat, il leur a prorais de fuivre leur exemple; mais le Tout-Puilfant connoit fes fecrets. Oü ftiiront-ils lorfque 1'Ange de la mort viendra trancher le fil de leurs jours, & qu'il frappera leurs vifages & leurs reins? Empreffés de mériter le couroux du Ciel, en s'écartantde ce qui pouvoit lui plaire, ils perdront Ie mérite du bien qu'ils ont fait. Ceux dont le cceur eft gangrené penfent-ils que Dieu ne dévoilera point leurs perfidies ? Nous pourrions te les faire connoitre, a des fignes certains. mais le fon de leur voix fuffit pour les démafquer. Dieu connoit leurs ceuvres. Nous épronverons votre courage & votre confiance dans les combats, iufqu'a ce que nous en foyons certains, & que nous puifïïons iugerdevosexploits. Ceux qui écarteront leurs femblables dufentierdu falut. & qui feront un fchifine avec Ie Pr phétes après avoir été inflruits de notre religion , ne nuironï point a Dieu. II anéantira leurs ceuvres. O crovans! obéiff-z a Dieu & a fon envoyé, & »e perdez pas le mérite dn bien que vous avez farf. O 5  322 L E C O U A N, Les impies qui mettront un obflacle a ceux qui veulent combattre pour la foi, & qui mourront dans leur iufidélité, n'ont plus de pardon a efpérer. Ne montrez point de lacheté. N'offrez point la paix. Vous êtes fupérieurs a vos ennemis. Dieu efl avec vous; il (econdera vos efforts. Cette vie n'eft qu'un jeu frivole; mais la foi & la crainte du Seigneur,auront leur récompenfe. Dieu ne demande pas de vous le facrifice entier de vos biens. S'il 1'exigeoit, vous ne feriez pas affez génereux pour le faire, & la religion vous deviendroit odieufe. O fidéles! Je vous invite a facrifier une partie de vos richelfes pour la guerre fainte. II en eft parmi vous que favarice retient. Elle retombera fur eux. Dieu eft riche, & vous êtes pauvres. Si vous refufez d'obéir, il mettra a votre place d'autres pcuples meilleurs que vous.  CHAPITRE XL VIII. LA VI C T 0 I R E. Donné h Ia Mecque, compofé de 20 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. INous t'avons accordé une viétoire éclatante (ij. Dieu t'a pardonné tes fautes (2)1? il a accompli fes graces, & il te conduira dans Ie fentier de la juftice. Sa proteélion eft pour toi un bouclier puiffant. C'eft lui qui a fait defcendre la fécurité dans Ie cceur des fidéles, & qui a fortifié leur foi. 11 coramande aux railices du Ciel .& de Ia terre. II eft favant & fage. II introduira les croyans dans les jardins oü coulent des fleuves , & les purifiera de leurs taches. Ils jouiront dans le féjour éternel de la fouveraine béatitude. (1) Cette viéïoiro eft Ia prifc de la Mecque. Voyez Vie de Mahomet, huitième année de 1'Hégire. O) C'eft d'avoir été quarante ans Idolatre. Zamcbafie», C 6  3=4 L e Coran. Les impies , les idolatres, & ceux qui blafphèuient, feront rigoureufemènt punis. Le courroux & Ja malédiction du Ciel les pourfuivront. L'enfer fera leur funefle demeure. Dieu a Tous fes ordres les armées du Ciel & de -la terre; il elt puiflant ck fage. Nous t'avons envoyé pour rendre témoignage a la vérité , & pour prêcher nos promelfes & nos menaces. Croyez en Dieu, défendez la caufeduCiel, glorifiez le Seigneur, & publiez fes louanges le matin & le foir. Ceux quï te prcrent ferment de fidélité, le prêtent a Dieu. La main deTRternel efl fur leur main. Celui q i viole la fainte alliance , efl coupable d'un parjure; celui qui 1'obferve fidèlement en recevra la récompenfe glon'eufe. Les Arabes qui n'ont point forti pour combattre (1), diront: nos facultés, & le foin de nos families, ont été un obflacle pour nous; prie Dieu de nous pardonner. Leur cceur dément ce que leur bouche p'ofère. Réponds-leur: qui arrêtera le bras du Tout-Puiffant, s'il a deffein de vous punir , ou de vous récompenfer ? II connoit vos ïiétions. Vous avez penfé que le Prophère. & les fidéles. (i) Cüs Arabes font ceux que Mahomet avoit engagés ;i le fuivre, & que la crainte iles Coréïfhitcs avoit re» tC'.'.'lS.  L e Coran. étoient pour jamais féparés de leurs families. Vos eceurs ont avidement faifi cette opinion. Elle vous a trompés. Elle caufera votre pene. Que ceux qui ne croient point en Dieu, & en fon envoyé , fachent que nous avons allumé des brafiers pour les incrédules. L'empire du Ciel & de Ia terre appartient au TrèsHaut. II punic ou pardonne a fon gré. II eft indulgent & miféricordieux. Allez-vous enlever des dépouilles affurées? Ceux qui font reftés au fein de leurs maifons veulent mareher avec vous , & cbanger le précepte du Seigneur. Dis-leur : vous ne nous fuivrez point ; la défenfe du Ciel eft formelle. L'envie, continuent-ils , vous diéte cette défenfe. Point du tout ; mais peu d'entr'eux ont 1'intelligence des loix. Dis aux Arabes qui ont reflé au fein de leurs families : nous vous inviterons a combattre cotwre une nation puiffante & belliqueufe; lui ferez-vous Ia guerre jufqu'a ce qu'elle ait embrafle 1'Iflamifme? La félicité fera le prix de votre obéilfance. Si vous refufez de marcher, comme vous 1'avez déja fait, attendez Ia vengeance célefte. L'aveugle, le boiteux, le malade font difpenfés de combattre, Quiconque fuivra Dieu & le Prophéte, aura pour partage les jardins arrofés par des fleuves. Ceux qui retourneront fur leurs pas font deftinés aux fupplices. Dieu a regardé d'un ceil complaifant les croyans, O 7  L e Coran. Jorfqn'iis t'ont prêté ferment de fidélité fji) fous l'arbre. II lifoit au fond de leurs eceurs; il leur a envoyé la fécurité. Une victoire éclatante a couronné leur dévouement. Un riche butiu en a été le prix. Dieu efl puiffant & fage. II vous 1'avoit promis, il s'eft haté de vous en rendre maitres. II a détourné de vous le fer de vos ennemis (2), afin de donner aux. fidéles ua figne de fa proteélion, & de vous affermir dans la vraie foi. D'autres dépouilles plus précieufes encore font dans fes mains. II efl pret a vous les livrer. Rien ne borne fa puiffance. Si les infidèles euffent combattu, ils auroient pris la fuite , & ils n'auroient trouvé ni afiie ni proteéleur. La loi de Dieu eft telle qu'elle étoit auparavant. Ses décrets font immuables. II arrêta le bras de vos ennemis dans les murs de la Mecque , & fufpendit vos coups après qu'il (1) Environ treize cents hommes jurèrent a Mahomet •ju'ils combattroient les Coréïfliitcs jufqu'a Ia mort , & qu'ils ne prendroient jamais la fuite. Gelaleddin. (2) Mahomet étoit campé prés de la Mecque. Quatrevingt IdolStres rodoient autour de fon camp pour tuer quelqucs-uns de fes foldats; ils furent faits prifoimiers. II leur pardonna & les renvoya libres. Sa clémence fervit a établir Ia paix & la concorde. Gelaleddin.  l e Coran. j27 vous euc accordé la victoire. II eft attentif a vos aclions. Les idolatres vouloient vous e'carter du temple faint, & empêcher vos offrandes d'y parvenir. Si la crainte d'envelopper dans leur ruine une foule de croyans mêlés parmi eux, & de vous rendre coupables par ignorance, ne vous avoit retenus, vous les auriez exterminés. S'ils eulfent été féparés, nous les aurions punis févèrement. Tandis que les idolatres entretenoient dans leurs. eceurs Ia fureur d'un fanatifme aveugle, Dieu envoya la paix au Prophéte & aux fidéles. Ils firent leur profeflion de foi , & devinrent plus dignes de eet aéte religieux. La fcience de Dieu embrafle 1'univers. La vérité éternelle a accompli la révélation qu'eut le Prophéte quand eHe fit entendre ces mots: vous entrerez dans le temple de la Mecque , fains & faufs , Ia tète rafée , & fans crainte. Dieu fait ce que vous ignorez. II vous prépare une victoire prochaine. Le Tout-Puiffant a envoyé le Prophéte pour prêcher la vraie foi, & pour 1'établir fur la ruine des autres religions. Son témoignage te fuffir. Mahomet eft 1'envoyé de Dieu. Ses difciples font terribles contre les infidèles , & humains entr'eux. Vous les voyez fe courber, adorer le Seigneur, implorer fa miféricorde, uniquement occupés du foin de lui plaire. Les marqués de leur piété paroiffènt fur leur front. Le Pentateuque &  L E Coran. 1'Evangile comparent leur zèle au grain de fromeiiï qui produit un tuyati. II croic, grofïït, & s'affermit (ür fes racines. Le moilfonneur le voir avec complaifanee. Tels font les fidéles Leurs vertus excitent Ia rage des méchans ; mais üieu a promis fa miféricorde a ceux qui ont embralfé la foi, & qui ont exercé la bienfaifance. II leur deftine unetécompenfe glorieufe.  L e Coran. CHAPITRE XLIX. L E SANCTUAIRE. Donné a la Mecque, compofé de 18 verfets. O Croyans! ne prévenez point 1'ordre du Ciel, & de fon Miniftre. Craignez Dieu; il fait & entend. O Croyans! n'élevez point la voix au-deffus de celle du Prophéte; ne lui parlez point avec la familiarité qui règne entre vous, de peur, que vos ceuvres ne foieiit vaines. Vous n'y penfez pas. Dieu a éprouvé la piété de ceux qui parient refpeaueufement a fon Apötre. L'indulgence, & un prix inellimable feront leur récompenfe. L'intérieur (i) de ta maifon eft un fanauaire, (O Par Vintirisur on doit entendre 1'appartemem des femmes. Les Arabes le nomment harem, (lieu défendu), U n'eft permis qu'au mari d'y entrer. II y va ordinairement paiTer 1'après-diner. II s'y trouve au milieu de fes enfans & de fes époufes. Lorfqu'il y eft, il fouffre avec peine qu'on 1'appéle. Mahomet reprend dans ce verfet la groffiéreté de quelques Arabes qui 1'avoient appelé * haute voix pendant qu'il étoit dans Ie harem. Au nom de Dieu clément 6? miféricordieux.  53° I. e Coran. ceux qui le violent en t'appelan.t, manquent au reP peet. qu'ils doivent a 1'interprète du Ciel. Ils doivent attendre que tu viennes a eux. La déceuce 1'exige; mais le Seigneur efl indulgent & miféricordieux. O croyans! fi un calomniateur vous apporte une nouvelle (i), foumettez-la ii un examen rigoureus. Tremblez de nuire a votre prochain, & de vous préparer d'amers repcntirs. Souvenez-vous que 1'envoyé du Très-Haut efl au milieu de vous; fi trop facile il condefcendoit a tous vos défirs, vous deviendriez coupables. Dieu vous a donné 1'amour de Ia- foi; il 1'a embellie dans vos eceurs. II vous ir.fpire 1'horreur de 1'infidéHté, du crime & de Ia rebellion, & vous marchez dans les voies de la juftice. Rendez-en graces a Ia bonté célefte. Le ToutPutffant eft favant & fage. S'il naït un différent entre les fidéles, pacifiezle. Si I'un des partis s'élève injuftement contre 1'autre, combattez-le jufqu'a ce qu'il revienne aux O) Mahomet avoit envoyé Valid aux Mojlalekites pour recueilür ie tribut facré. L'envoyé craignant les efTets de la haine oü il avoit vécu avec ces peuples pendant qu'ils étoient idolatres , revint vers le Prophéte , les acciifa d'avoir refufé le tribut, & d'avoir voulu Ie mettre a raort.Mahomct irrité fongeoit ü la vengeance. Les Bliftalehtes rinrent le trouver, lui firent voir la fauiïet-é de l'a«cufation de Valid, & fe foumirent a ce qu'on "exigcoit. C'eft ce qui donna lieu & ce verfet. Gelalcddir.  I. e Coran. 331 préceptes du Seigneur: s'il reconnoit fon injuftice, rajaenez Ia paix parmi vos frères, paree que Dieu aime la juftice. Les fidéles font frères. Confervez entr'eux la concorde. Craignez Dieu, & méritez fon indulgence. O croyans! ne vous moquez point de vos frères. Souvent celui qui eft 1'objet de vos railleries, eft plus eftimable que vous. Et vous femmes, évitez ce défaut. Celle qu'attaquent vos médifances peut valoir mieux que vous. Ne vous diffamezxpoint mutuellemcnt. Ne vous donnez point de noms vüs. Un terme de mépris ne convient point a celui qui a la foi. Ceux qui ne fe corrigent pas de ces vices font prévaricateurs. O croyans! foyez circonfpeél dans vos jugemens. Souvent ils font injuftes. Mettez des bornes a votre curiofité. Ne déchirez point la reputation des abfens. Qui de vous voudroit manger la chair de fon frère mort ? Vous avez horreur de cette propofition. Craignez donc le Seigneur. II eft indulgent & miféricordieux. Mortels, nous vous avons formés d'un homme & d'une femme, nous vous avons partagés en peuples, en tribus, afin que 1'humanité règne au milieu de vous. Le plus eftimable aux yeux de 1'Eternel eft celui qui le craint. Dieu polfède l'immenfité de la fcience. Les Arabes difent: nous croyons. Ïleponds-Ieur: vous ne croyez point. Dites: nous profefibns 1'Ifla-  ?j2 L e Coran. mifme (i). La foi n'a point encore péoétré vos eceurs; mais fi vous obéiffez a Dieu & au Prophéte , vos ceuvres ne perdront rien de leur prix. Le Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Les vrais fidéles font ceux qui, libres du doutc, croient en Dieu, a fon Apötre, & facriilent, pour défendre Ia caufefainte, leurs vies & leurs richeffes. Apprendrez-vous a Dieu quelle eftvQtre religion? II connoit tout ce qui exifle au Ciel & fur la terre. Sa fcience embraffe fétendue de funivers. Ils te rendent graces d'avoir etnbraffé. riflamifme. Réponds-leur: cette religion ne vientpoint de moi; elle eft un don du Ciel. II vous conduira, fi vos eceurs font fincêres. Dieu connoit les fecrets des Cieux & de Ia terre. Vos aétions font dévoilées a fes yeux. (O La différence que les Mahométans mettent entre la foi & riflamifme, c'eft que 1'une éft la croyance inférieure , & 1'autre , Ia marqué extérieure de 'cette croyance pap «les aétcs religieux. Mamcci.  L e Coran. 333 CHAPITRE L. K. Donné a la Mecque, compofé de 45 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. K • J'en jure par le Coran glorieux. Surpris de voir un Prophéte de leur nation, les infidèles crient au prodige. Victimes de la mort, difent-ils, lorfqu'il ne reftera de notre étre qu'un amfij de poulïïère, feronsnous ranimés de nouveau? Cette réfurredion nous paroit chimérique. Nous favons combien d'entr'eux Ia terre a dévoré. Leurs noms font écr.its dans Ie livre. Ils ont traité Ia vérité .de' menfonge. L'efprit de confufion s'eft emparé d'eux (1). CO L« infidèles prétendoient que Mahomet étoit un Mage, & le Coran un livre de Magie, d'autres qu'il étoiï un Poète, & le Coran un livre de poéiie. Gdaleddi». Ce dernier reproche n'eft pas fans fondement. Tout le Coran eft écrit par verfets. Les premiers Chapitrej font en profe riniée, une partie des deruiers font en vers. Mahomet a déployé dans fon ouvrage toutes les richefles de 1'éloquence Sc de la poéiie.  334 L e Coran. Ne voient-ils pas comme nous avons éicvé le firmament fur leurs têtes, comme nous 1'avons orné d'aftres lumineus? y oppercoivent-ils la moindre imperfeclion ? Nous avons déployé la terre fous leurs pas; nous y avons élevé les montagnes; nous avous mis dans fon fein les germes préciéux de toutes les plantes. Par-tout une magnificence divine éclate aux regards de nos fidéles adorateurs, & rappèle a leurs eceurs le fouvenir d'un Dieu. Nous verfons des nuages, la p'uie bienfaifante; elle fait éclore toutes les plantes qui ornent vos jardins , & les moiflbns qui enrichiflent vos plaines. Elle fait croitre les palmiers élevés, dont les dattes (1) retombent en grappes ftifpendties. Elles fervent a Ia nourriture de nos ferviteurs. La ,pluie rend la vie a la terre fiérile; image de la réfurrection. Le peuple de Noë, les habitans de RaJJI, & les Thémudéens nièrent Ia miffion de leurs Apö'res. Aod, PBaraon, les concitoyens de Loth, les habitans ÏÏAkïca , le peuple de Thobbai, traitèrent (i) Les datders produifent trois ou quatre grofles grappes qui fortent du fommet de l'arbre & qui retombent a 1'entour. Elles font formées de petits rameaux longs & flexibles oü font atrachécs les dattes. Ces grappes pöfent jufqu'a cent vingt livres. La datte eft d'un verd foncé en naiffanf; elle devient rouge a mefure qu'elle groffic, & lorfqu'elle eft murc elle eft noicatre. Ce fruit d'un goü: fucré & agreable, perd beaucoup a étre defleché.  L e Coran. 33s leurs Prophètes d'impofteurs. Tous ont éprouvé les chatimens que je vous annonce. La création de 1'univers nous a-t-elle écoute' Ie plus léger effort ? Cependant ils doutent de la téfurrection. Nous avons tiré l'homme du néant. Le moindre mouvement de fon ame nous efl connu. Nous fommes plus prés de lui que la veine de fon cceur. Lorfque, prés du tombeau, les deux Anges viennent s'afleoir, 1'un a fa droite, & 1'autre a fa gaucbe, II ne profère pas une parole qui ne foit notée exaclement. ^ Les angoiffes de la mort le faififfent. Voila, lui dit-on, le terme que tu voulois reculer. Le fon de la trompette annoncera le jour des menaces. Chaque homme fe préfentera avec un guide, & un témoin. Tu vivois dans 1'infouciance , lui dira-t-on; ce jour n'occupoit point ta penfée. Nous avons fait tomber le voile qui t'avetigloit. Aujourd'hui ta vue fera percante. Un des Anges dira : voila ce que j'ai préparé cont;e lui. Qu'on jette dans 1'enfer 1'infidèle & le prévaricateur; ^ Qu'on y précipite ceux qui ont ernpèché Ie bien, violé les loix, & douté de Ia religion fainte. Qu'on fafTe fubir les tourmens les plus rigoureux a I'idoiatre.  Seigneur, dira Satan, je ne fai point conduit a Terreur; il s'eft perdu lui-méme. Ne difputez point devant moi, répondra 1'Eterncl, votre Arrêt eft prononcé. Ma parole eftimmuable. Je ne traite point injuftement mes ferviteurs. Dans ce jour nous demanderons a fenfer : tes gouffres font-ils remplis ? II répondra : avez-vous encore des viétimes? Non loin de-la , le Paradis eft préparé aux hommes vertueux. Voila, diront les Anges, le bonheur promis a ceux qui ont fait pénitence, & qui ont gardé les comïnandemens du Seigneur, A ceux qui ont craint Ie miféricordieux dans Ie fecret, & qui lui ont offert un cceur converti. Entrez-y avec la paix. Le jour de Téternité commence. Ici tous les plaifirs font raffemblés. L'excés de votre félictté paffera votre attente. Combien nous avons exterminé de peuples plas puifrans que les habitans de la Mecque! Parcourez la terre , & voyez s'ils ont trouvé un abri contre notre vengeance. Ces exemples doivent inftruire ceux qui ont un cceur , des oreilles , & qui font capables de réflexion. Nous avons créé dans fixjours, les Cieux, Ia terre, & tous les ctres répandus dans 1'univers, & nous n'avons point fentt la facigue. SoufFre  L e Coran» 337 Souffre avec confiance leurs difcours, & loue le Seigneur avant le lever & le coucher du foleil. Public fes louanges au commencement de la nuit, & accómplis 1'adbratibn (i). Songe au jour oü le Héraut célefie appellera les mortels. L'infiant oü Ie cri vérkable fe fera entendre, fera celui de Ia réfurreéHori. Nous donnons la vie & la mort; nous fommes le tenue de toutes chofes. Dan,- ce jour la terre óuvrira fon fein; les hommes S'élanceront du torabeau. 11 nous fera facile de les raffembler. Nous connoiffons les difcours des infidèles. N'ufe point de violence pour leur faire embrafler riflamifme. Lis le Coran a celui qui craint nos menaces. (i) Et accómplis t'adoratie,. On doit entendre par ccmots Ia prière nommüc el achi, c'eft-a-dire du Jbuper qu fe fait environ deux- heures après Ie coucher du foleil Marracci s'eft trompc en croyant que ces mots fignifioïenc dec ge^uflex.ons qui n'étoientpointprefiritesparia loi. Xarracci, p. 673. mil Tome II. P  333 L e C o r a ij. CHAPITRE LI. LE SOUFFLÉ DES FENTS. Donné a la Mecque, compofé de 60 verfets. Au nom de Dieu clément G? miféricordieux, I'en jure par le foufïïe des vents itnpétueux, Par les nuages qui portent la pluie, Par les vaifleaux qui fendent les ondes, Par les Anges qui exécutent les arrêts du Ciel, Les promefies que je vous annonce font vérica- bles. Certainement Ie jugement viendra. Par la voüte étoilée des Cieux, Vou^ errez dans vos fentimens divers. Celui que Dieu a rejetté, fuira la religion fainte. Les menteurs périront. Ils font enfevelis dans 1'abyme de 1'ignorance. Quand viendra le jugement, demandent-ils? Quand vous ferez Ia proie des flammes. On leur dira : fubiffez des tourmens que vous vouliez hater. Les juftes habiteront les jardins ornés de fontaines.  L e Coran. 3jp lis jouironc des bienfaits de Dieu, paree qu'ils ont pratiqué la bienfaifimce. Ils dormoient peu la nuit : Des I'aurore , ils impioroient la miféricorde divine. Ils partagoienc leurs richeffes avec 1'indigent qui follicitoit leur bienfaifance, & avec le pauvre que la bonte retenoit. La terre offre des fignes de Ia puiffance divine a ceux qui ont Ia foi. L'homme efl marqué de fon empreinte. Ne Ie voyez-vous pas ? Le Ciel vous en offre des preuves dans Ia nourriture qu'il vous prodigue, & dans Ia récompenfe qu'il vous promet. J'en jnre par le Sonverain du Ciel & de Ia terre, ce que tu dis efl Ia vérité. L'hiffoire des hótes refpectables d'Abrahara efl-elle parvenue a ta connoifiance? Lorfqulls 1'eurent abordé, ils Ie faluèrent: falut, ó étrangèrs! leur répondit Abraham. 11 les quitta, il appella fes ferviteurs, & fit tu'cr un veau gras. II le leur préfenta, & les invita a manger. II avoir conpu d'eux quelque frayeur. fis Calmèrent fes alarmes, &. lui prédirent un fils doué de fcience. Sara défi>!ée fe frappóii le vifage en criant: je fuis agi c & fiérile I! en fera ai fi. cönttnuêrent les Anges; Dieu 1'a prouiis. II poffêde la fagefTe & la fcience. P 2  340 L e Coran. Quel eft le but de votre voyage, leur demanda Abraham? Nous allons, répondirent-ils, chatier uu peuple infame. Nous ferons tomber fur les coupables une pluie de pierres; Leur nom y eft gravé par le doigt de Dieu. Nous fauvames les fidéles; Mais il ne s'y trouva qu'une familie de croyans. Nous y laiffames un exemple pour ceux qui craignent les chatimens célefte?. Moyfe interprête du Ciel, opéra des miracles devant Pharaon. Le Roi & fon armée fermèrent les yeux. C'eft un magicien, direnc-ils, ou un homme infpiré par Satan. La vengeance du Ciel pourfuivit le Piince impie & fes foldats. La mer les engloutic dans fesabymes. Le vent qui porta la ftérilité dans les Campagnes SAod, maniferta notre puiffance. - Sou fouffle empoifonaé corrompoit a i'inflant tout ce qu'il touchoit. Le,. Thimudèens font un exemple de la vengeance divine. 'Nous leur dimes: jouilfez jufqu'au temps. Ils violèrent orgueilIeuLment la défenfe du Seigneur. Le cri de 1'Ange fe fit entendre, & ils virent leur ruine. Ils ne purent fe tenir fur leurs pieds, ni trouver ■ de d.femeur.  L £ Coran. Nous exterttirfaro.es le peuple dcNoë au milieu de fes cri nes. Nous. avons formé les- Cieux avec inteiligence; nous avons étendu leur voüte immenfe. Nous avons applani la terre. La CagtiTa préfida a notre ouvrage. Dans cbaque efpèce d'animaux, nous créames le male & la fameEe, afin de vous inftruire. Chercbez un afile auprès du Tout-Puiflant. Te fuis fon Miniflre fidéle. Ne lui dohnez point d'égal, ou craignez mes menaces. Tous les Prophètes furent traités de magiciens, & d'i.ifenfés. Les peuples fe font-üs légué 1'erreurparteftament? ' Les habitans de la Mecque perfiftent dans leur in- crédulité. Eloigne-toi d'eux, tu ne feras point coupable. Enfeigne le Coran aux fidéles qui profiterout de fa doctrine. ^ Dieu n'a créé les génies, & les hommes, que pour I'aJorcr. Je ne recevrai d'eux aucun préfent. Je ne veux pas leur devoir ma nourriture. C'eil Dieu qui nourrit les humains. II poffëde la vertu & la force. : Les méchans partageront les tourmens, & ils ne diront plus: hatez 1'exécution de vos menaces. Malheur a ceux qui ne croient point au jour des vengcances ! P 3  342 i, e Coran. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. J'en jure par la montagne (i) 5 Par le livre écrit Sur une peau étendue; Par le teirple viflcé (2) ; P r te tolt IfobHH e, Et la raer dans fon plein; La vengeance célefte viendra; Rien ne pourra la fufpendre. Les Cieux ébranlés s'agiteront. Les montagnes arrachées marcheront. Malheur dans ce jour, a Ceux qui ont accufé les Apótres d'impofture! (O C'eft le Mom Sinaï oü Dieu paria ii Moyfe. Zamchofcar. Ca) C'eft Ia maifon de 1'adoration oü foixante-dix mille Anges vont tous les jours faire leur prière. Ce Temple eft bati dans le Ciel, perpendiculairement fur celui de la Mecque. Gelaleddin. CHAPITRE LIL LA MONTAGNE. Donné a la Mecque, compofé de 49 verfets.  L e Coran. 343 Qui ont paffe leur vie dans des dflpUKfs frivoles. Précipités dans les brafiers, on leur dira : voila ce' feu dont vous aviez nié la réalité. Eft-ce une illufion? Ne voyez-vous pas? Vi&imes des Hammes, éclatez en murmures, ou ffeyez patiens, votre fort ne ebangera point. Vous tt'avez que la jufte récompenfe de vos ceuvres. Les juftes habiterónt les jardins de la volupté. A fabn" des peines de 1'enfer, ils jouiront des faveurs du Ciel. Raffafiez vous , leur dira-t-on , des biens qu'ofi vous offre; ils font le p-ix de vos vernis. R- poltz fur ces Hts rangés en ordre. Ces vieren KI Mn d'albaue , aux beanx yeux noirs, vont deve»!r v^s épjuf. s. Ds retrouverout, dans ce féjour, ceux dej.u;s enfans qui auront été fidéles; ils ne'perdront rien du mérite de leurs vertus. Chacun répondra de fes ceuvres. Ils auront a fouhait les fruits & les mets qu'ils dëfïreront. On leur préfentera des coupes remplies d'un vin délieieux, dont Ia vapeur ne leur fera tenir aticuè propos indécent, & ne les excitera point au mal. De jeunes ferviteurs s'emprefferont autour d'eux. Ils feront blancs comme la perle dans fon écaille. Les bötes du Paradis fe vifiteront.&converferont enfemble. Nous étions, diront-ils, p'.eins de follicitude pour r.ctre familie fur la terre. P 4  20jt L E C O P. A N. Le Seigneur nous a regardés d'un ceil prop'ce, & nous avons été délivrés des (lammes. Kous J'invoquions paree qu'il eft bienfaifant & miféricordieux. O Mahomet! prêche les infidèles , tu n'es, graces au Ciel, nimagicien, ni inipiré par Satan. Diront-ils que tu es un poè'te, & qu'il faut attendre que le fort ait difpofé de toi ? Réponds-leur: attendez, j'attendrai avec vous. Sont-ce les égaremens du fommeil > ou fimpiété, qui les infpirent? Diront-ils: le Coran eft une ficlion wgénieufe dont il eT: fauteur? mais ils n'ont point la foi. S'il en eft aiufi, qu'ils mettent au jour un livre femblable. Ont-ils été tirés du néant? fe fout-ils créés eux-' inèmes ? Ont-ils formé les Cieux & la terre? mais ils ne crpietH point. Les tréfors du Ciel font-ils en leur puiffance? poffèdent-ils I'empire ftiprême? Peuvent-ils s'élever dans les Cieux pourécouter les cantiquesdes c-fp its céleftes? Qu'ilsrapportent ce qu'ils ont entenduj & qu'ils nous en donnent des p. euves. L'Etemel a-t-ii des filles, comme vous avez des fils? Leur demanderas-tu le prix de ton zè!e? ils font accablés de dettes. Ont-i s ia connoiffance de 1'avenif? cependant il* écrivent,  L e G o r a n. 345 Te préparént-ils des embüches ? Les infidèles y feront pris les premiers. Adoreront-ils d'autres divinités que Dieu? louange au Trés-IJaut! Anathême a leurs idoles! S'ils voyoient la voute des Cieux s'écrouler fur leurs têtes, ils diroient: ce font des nuages emaffés. Laiffeles jufqu'a ce que le jour de leur ruine arrivé. Alors leurs complots perfides s'évanotiiront, &ils feront fans défenfeur. Outre les tourmens de 1'enfer, les méchans éprouveront divers fiéaux. La plupart font aveuglés par 1'ignorance. Attends avec patience le jugement de Dieu.. Tu marches en fa préfence; célèbre fes louanges en te levant. Publie fes grandeurs au commencement de la nuk,, & lorfque les étoiles paliffent, » 5  346 L e Coran. CHAPITRE LUI. V ET O I L E. Donné a Ia Mecque, compofé de 61 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. "J"'EN jure par Ie coucher de 1'étorle, * Votre compatriote n'eft: point dans Terreur, il n'a point été fédait. II ne fuit point fes propres lumiêres; Tout ce qu'il dit eft une infpiration divine. Celui qui polfède de la force (1) Ta inftruit. Gabriel 1'intelligence fublime, S'affit au plus haut de Thorifon, Enfuite il prit fon vol vers le Prophéte; II defcendit a la diftance de deux arcs, ou plus prés encore. 11 favorifa fon ferviteur d'une révélation. (O ï-'Ange doué de force, de vertu, de beauté, c'efl4-dire Gabriel , favorifa Mahomet d'une révélation. II s'affit au haut de l'horifon du cóté de 1'orient & parut aux yeux du Prophéte fous la forme oü il avoit été créé. GeJtltiiia.  L e Coran. 34.7 Le cceur de Mahomet ne déclare que ce qu'il fait. Difputerez-vous fur cette vifion ? 11 avoit de'ja vu le mérae Ange, Pres du Lotos (1) qui termine le féjour de délices. Prés de eet arbre efl le jardin de 1'afile (2). Le Lotos étoit ombragé du voile qui le couvre. L'ceil du Prophéte foutint 1'éclat de la magnificcr.ee divine. II contempla les prodiges les plus merveilleux du Ciel. Que vous fetnble de Lata & SAhza (3)? Que vous femble de Metiat leur troifiéme idole? Aurez-vous des fils & Dieu des filles ? Ce partage efl certainement injulte. Vos Dieux ne font que de vains nonis; vous & vos pères les avez tirés du néant. Le Ciel n'a point autorifé votre culte. L'aveugle opinion & vos paffions font vos guides. Cependant vous avez reipu la lumière divine. L'homme aura-t-il tout ce qu'il défire? CO Ce lotos, dit GélafiJétH', eft l'arbre nomrae Naic. 11 s'élève a la droite du tróne de Dieu. Les Anges & les Efprits célefles ne peuvent palier au-dcla. CO Ce jardin eft ainfi nommé, paree qu'il fera 1'afile des Anges, des Maïtyrs & des Juftes. Gelaleiiin. C3) Lma, Aloza & Mtnat, dont nous avons déja parlé, étoient les trois principales idoles des habitans de la Mecque. P 6  34» Le C o r a k» La vie prérente & la vie future appartiennent i Dieu. En vain les efprits célefles rèunis intercéderoient pour eux. Dieu feut peut rendre leur intercefïïon utüe, & il n'accorde cette faveur qu'a ceux qu'il aime. Les incrédules prétendent que les Anges font les filles de Dién. Cette aflértion dépourvue d'autorité n'a pour fondement que leur opinion, & leur opinion efl loin: de la vérité. Fuis Pinfidéle qui rejetté riflamifme. II n'ambitionne que les piaifirs terreflres:. c'eft toute fa fcience. Msb Dieu connoit celui qui s'égare, & celui qui marche au flambeau de Ia foi. II pofféde le domaine des Cieux & de la terre. II proportionnera fa punition aux crimes des méchans, & accordera aux juftes la fouveraine félicité. Ceux qui évitent finiquité , & qui ne commettent que les fa ut es inévitables a Ia foibleffe humaine, éprouveront combien la miféricorde divine eft étendtte. Dieu vous connoit parfaitement. H vous a créés dulimon de la terre. 11 vous voit lorfque vous n'ètes encore qu'une maffe informe dans le fein de ■ros mères. Ne vous juftifiez donc point vous-mê» mes. II fait ceux qui ont fa crainte. Que dois-tu penfer de celui qui s'éloigne de la foi? De celui dont 1'avarice regrette le plus léger don?  L e Coran. 345 Sou ceil perce-t-il dans les myftères de la nature ? lit i! dans 1'avenir ? Ne lui a-t-on pas prêché les vérités qu'enfeigne Ie livre de Moyfe, Et la tradition d'Abraham fidéle au précepte? Perfonne ne portera le fardeau d'autrui. Chacun ne recevra que le prix de fes ceuvres. Bientöt les aclions des mortels feront dévoilées^ lis en recevront Ia jufle récompenfe. Dieu eft le terme de toutes chofes. II répand la joie & la triftelfe. Ih donne la mort & la vie. II a créé l'homme & la femme, De terre & d'eau mêlées enfemble. II produira une feconde création. II difpenfe les biens, & en fait jouir. II eft le Seigneur de la canicuie (1). II extermina les Adéens, Et les Thémudéens; aucun d'eux n'échappa a fa vengeance. Avant eux il avoit fait périr le peuple de Noë , livré a tous les excès. II renverfa les villes coupables. II les couvrit de leurs ruines. Laquelle des merveilles du Seigneur révoquerezvous en doute? (O C'efl:, dit Gelaleddin, 1'étpile qui fuit ies gómcaux. On 1'ïdoroit au temps de 1'idolitne. P 7  35» L e Coran. Mahomet vous prcche comme les premiers-Apótas. Le jour approche; Dieu feul peut Ie révéler. Serez-vous étonnés des vérités que je vous annonce ? Vous riez quand vous devriez verfer des larmes. Vous jouez dans finfouciance. Adorez le Tout-Puilfant ; foyez fidéles a fon culte.  L e Coran. 35? CHAPITRE LIV. LA LUNE. Donné a la Mecque, compote de 55 verfets. Au nom do Dieu clément miféricordieux. JL/heüRe approche, & la lune s'eft fendue (1); Mais les infidèles a Ia vue des prodiges, dé tournent la tête, & difent: c'eft un enchantement puiffant. Entratnés par Ie torrent de leurs paffions, ils nienc le miracle; mais tout fera gravé en ca' aétères ineffacables. On leur a développé des hiftoires capables de les détourner de l'erreur. (1) Le fentiment des Commentateurs du Coran eft partagé fur ce Chapitre. Les uns difent que les infidèles ayant demandé un miracle a Mahomet, il partagea la lune en deux; les autres penfent que 1'on doit fimplement entendre par ces mots Vheure approche & la lune s'eft fendue, 1'annonce d'un des nVnes du jugement. Cette opinion patroit la plus vraifemblable. En effet Mahomet déclare formellement dans le Coran qu'il n'a poiut le don des miracles. Voyez Vie de Mahomet, la cinquiême année de fa miffion.  352 L e Coran. Les Confeiis de la fageffe ne leur font d'aucune utilité. Eloigne-toi d'eux. Quand 1'Ange appellera les mortels au jugement terrible, Ils fortiront de leurs tombeaux, le regard confterné, & femblables a des fauterelles düperfées. lis s'emprefleront de fe rendre oü la voix les appellera. Les infidèles diront: voila le jour redoutable. Le peuple de Noë après avoir accufé nos Apótres d'impoflure, nia fa miffion, le traita d'iiifenfé, & Ie chaffa avec mépris. Seigneur, s'écria le Prophéte, viens a mon aide, tes ennemis ont prévalu contre moi. Nous ouvrïraes les portes du Ciel, & la pluie tomba en torrens. Les eaux jaillirent de la terre, & fe rafferablèrent. fuivant nos ordres. Nous fauvames Noë dans 1'arche formée de planches jointes. Notre providence la conduifoit fur les eaux, pour récompenfer celui que les impies' avoient rejetté. Nous T'avons Iaiffée fubfifler, pour fërvïr de monument a la poftérité; mais oü font ceux qui ont ouvert les yeux ? Quels chatimens ont fuivi mes menaces? - Nous avons rendu faciles les préceptes du Coran; quel infidèle ont-ils converti? Aod nia la miffion des Prophètes; quels fiéaux fuivirent mes avertiflemens?  L e Coran. 353 Nous déchaïnames un vent impétucux, dans les jours du malheur. tl ehlevoit les coupables comme des palmiers arrachés. Quels chatimens ont firivi mes menaces? Nous ayons rendu faciles les pre'ceptes du Coran; quel infidèle om-fis converti? Les Thèmudéem rejettèrent la prédication des meffagers de la foi. Héquoi, difoient-ils, nous nous laifTcrions conduite par un homme né parmi nous ? Serions-nous aflez infenfés ? Le Ciel 1'auroit-i! choifi préférablement a nous, pour lui confier fes intéréts? Non fans doute; c'eft m fourbe ambitieux. lis fauront demain que! eft ce fourbe ambitieux. Nous leur enverrons une femeile de chameau pour les c'prouver. Obferve-les; & fouffre avec patience. Annonce-leur cue feau doit être partagée cgalement entr'eux & eet animal miraculeux, & que chaque difiribution doit être marquée. Les Thémudéetis appelêrent un de leurs concitoyéns; il prit fon glaive & tua la femeile de chameau. Quel chatiment fuivit mes menaces! Un feul cri fe fit entendre, & iis furent rednits comme la paille féebe & hachée. Nous avons rendu faciles les préceptes du Coran; quel infidèle ont-ils converti?  354 L e Coran. Les concitoyens de Loth fe moqnèrcnt de fes reW qui parle . renvoyé d£ nous lut le Chapitre du M.féricordieux. Lorfqu'il eut firn' voyant qu'aucun de wm ne prenoit Ia parole, il nous fit ce reproche: pourquoi gardez vous le filence* Les Cé n.es favent mieux répondre que vous. Toutes les fois q«c je le-.. a. lu ce verfet ils fe font écriés: Seigneur no is ne nions ancon de tes bienfaits! Béni foit le nom du Seigneur!  3j5 L e Coran. adiefTe des vceux. Le foin de l'Hmveri 1'occupe fans ceffe (i). Lequel des bienfaits de Dieu nierez-vous? O vous! hommes, & génies, notre ceil attentif veille fur vos démarches. Lequel &c. Si vous pouvez franchir les limites du Ciel & de la terre, fuyez; mais notre volonté eft pour vous lin obitacle invincible. Lequel &c. II lancera contre vous des traits de feu fans fumée, & de la fumée fans feu. Comment pourrez-vous vous en mettre a 1'abri? Lequel eVc. Quand le Ciel s'ouvrira, il fera brillant comme Ia rofe, ou comme une peau teinte en rouge. Lequel &c. Alors on ne demandera point aux hommes, ni aux sénies, quels crimes ils auront commis. Lequel &c. Les fcélérats feront reconnus a des fignes certains', 0n le? faifira par les cheveux & les pieds. Lequel &c. Voila 1'enfer que les impies traboient de fable. fi) Dieu eft occupé a donner la vie, la mon, a abaiffer los unS S; élevcr les autres, a mtperifer les richefTes & a les óier, a é--omcr celui qui ]'invt>!ore , a donnera celui qui lui -lenvmde , a gtmverner funivcrs, & i accomplir dans le temps fes décrets éternel*. GeMeMi».  L e Coran. ^ lis toofljefioht retour des fiammes & de 1'eau bouiilante. Lequel des bienfaits do Dieu nierez-vous? Ceux qui craignent le jugement pofféderont deux jardins. Lequel &c. Ils feront ornés de bofquets. Lequel &c. Dans chacun d'eux jailliront deux fontaines. Lequel &c. Dans chacun d'eux les fruits divers croitront en abondance. Lequel &c. Les hötes de ce féjour, couchés fur des lits de fote, enrichis d'or, jouiront au gré de leurs défirs de tous ces avantages. Lequel &c. v La, feront de jeunes Vierges, au regard modefte, dont jamais homme , ni génie , n'a prophané Ia beauté. Lequel &c. Elles font femblables a 1'hyacinte & a la perle. Lequel &c. La récompenfe de la vertu ne doit-elle pas être magnifique? Lequel &c. Trés de ces lieux enchantés s'ouvriront deux autres jardins. Lequel &c. Une verdure éternelle formera leur parure.  3*0 La' C o s a n. Lequel des bienfaits de Dieu nierez-vous? Deux fources jailliffanteS en feront fornement. Lequel &c. Les dattes, les grenades, les fruits divers y feront raffemblés. Lequel &c. Les houris d'une beauté raviffaute embelliront ce féjour. Lequel &c. Ces Vierges aux beaux yeux noirs feront renfermées dans des pa;illons f iperbes. Lequel &c. Jamais homme ni génie n'attenta a leur pudeur. Lequel &c. Leurs époux repoferont fur des tapis verds & des lits magnifiques. Lequel des bienfaits de Dieu nierez-vous. Béni foit le nom de f Éternel que la gloire & la majefté euvironnent J CHA-  L e Coran. 3öi CHAPITRE LVI. L E JUGEMENT. Donné a Ia Mecque, compofé de 96 verfets. J_/orsque Ie jour du jugement fera venu , Perfonne ne pourra en nier Ia réalité. II abaiffera les uns & élévera les autres. Lorfque la terre aura été ébranlée par un violent tremblement, Que les montagnes réduites en poudre, Seront devenues le jouet des vents; Le genre humain fera divifé en trois parts. Les uns occuperont la droite: quelle fera leur félicité! Les autres Ia gauche: quelle fera leur infortune ! Les élus précéderont ces deux ordres. Ils feront les plus prés de fEternel. Ils habiteront le jardin de délices. Un grand nombre des anciens, Et quelques modernes , feront ces hótes heltreux. Ils repoferont fur des lits enric'nis d'or & de pierres précicufes. Tome II. Q Au nom de Dieu clément & miféricordieux.  36ï Li c o k a M> Ils fe regarderont avec bienveillance. lis feront fervis par des enfans doués d'une jeuueffe éternelle, Qui leur préfenteront du vin exquis (i) dans des coupes de différentes formes. Sa vapeur ne leur montera point a la tête, & n'obfcurcira point leur raifon. Ils auront a fouhait les fruits qu'ils défireront, Et la chair des oifeaux les plus rares. Prés d'eux feront les houris aux beaitx yeux noirs. La blanchcur de leur teint égale 1'éclat des perles. Leurs favcirs feront le prix de la vertu. Les difcours frivo'es feront bannis de ce féjour. Le cceur n'y fera point porté au mal. On n'y entendra que le doux nom de paix. Ceux qui occuperont la droite: quelle fera leur félicité ! Ils fe promèncront parmi des Nnbc (2) qui n'ont point d'épines; Et au milieu des bananiers di.pofés dans un ordre agréable. Ils jouiront de leur cpa:s feuillage, Au bord des eaux jaiiüfl'antes. La une multitude de fruits divers (O Ce vin délicieux fera puifé dans une fontaine qui coulera perpétuellement. Gelaletiiiin. . (2) Ces vabc conferveront une verdüre éternelle , & c'.omieront un orabrage agréable, Julia.  L e Coran. S'offre a la main qui vent les cueiltir. Us repoferont fur des iks élevés. Nous avons rajeuni leurs epoufes. Elles feront VJerges (i); Elles les aimeront, & jouirontde la mémejennefle qu'eux. La clafie de ceux qui oceuperont la droite, Sera formée d'une multitude d'anciens, Et d'une multitude de modernes. Quel foa le fort de ceux qui feront relégu -s k Ia gauche ? Au milieu d'un vent brülant, & de 1'eau bouillr.;:te; Ils feront enveJoppés des tourbillons d'une fumée épaiffe. Elle ne leur apponera ni fraicheur ni contentement. Abandonnés fur la terre a l'ivrefle des plaifirs, Ils fe font piongés dans les plus noirs forfaits;' Et ils ont dit: Vielimes de la mort, lorfqu'il ne reftera de notre etre que des os, & de Ia pouffiére, ferons-nous ra. nitnés de nouveau ? Nos pêres reffufciteront-ils? Réponds-leur: les premiers hommes, & leur poftérité relfufeiteront. CO Elles font vierges. Gtlahddin & 'Zamcbafcar ajortent que le commerce des hommes ne leur fera point pordrc eet avantagc, Q 2  364 L e Coran. Ils feront raffemblés au terrae précis du grand jour. Et vous qui avez vécu dans Terreur, & qui avez nié la religion fainte , Vous vous nourrirez du fruit de l'arbre Zacoum; Vous en remplirez vos ventres. Vous avalerez enfuite de 1'eau bouillante, Et vous la boirez avec 1'avidité d'un chameau altéré. Tel fera leur fort au jour du jugement. Kous vous avons rités du néant, ferez-vous incrédules? Que vous en femble? lorfque l'homme s'rpproche de la femme, Efr-ce lui, ou Dieu, qui donne 1'être a une nouvelle créature? Kous avons prononcé 1'Arrêt de mort contre le genre humain , il ne pourra s'y fouftraire. Kous pouvons metue a votre place d'autre; hommes , & vous faire paffer fous des formes qui vous font inconnues. Vous connoinTez la première création; n'ouvrirezvous point les yeux? Quel jugement portez-vous de 1'agriculture? ETt-ce vous qui faites germer lafemence, ou notre providence qui la fait éclore ? Nous pourrions la rendre fiérile, & vous di.ïez dans votre conlternation : Nous fommes chargés de dettes, & la moifion a trompé notre attente.  L E C O R A N. 355 Que penfez vous de 1'eau qui fert a vous deTaltérer ? Eft-ce vous qui Ia faites defcendre desnuages ,ou notre volonté puilfimte? Nous pouvions la rèndre falée, & amère. Vos eceurs feront-ils fermés a Ia reconnoiffance ? Que penfez-vous du feu que vous faites jaillir du bois? Eft-ce vous qui avez produit l'arbre qui lui fert d'alimenr, ou notre volonté créatrice? ^ Nous 1'avons créé pour vous infrruire , & pour f ufage de ceux qui voyagent dans le défert. Exalte le nom de ton Dieu, du Dieu fuprême.- Je ne jurerai point par le coucher des étoiles, (C'eft un ferment terrible, fi vous faviez!) Que Ie Coran eft un livre refpeétable; Qu'il eft écrit fur la table gardée. Ne le touchez point avant d'étre purifiés. II vient du Souverain de 1'univers. S.era-t-il 1'objet de vos railleries? Ilejetterez-vous votre nourriture ? Ia nierez-vous? Lorfque quelqu'un de vous eft fur Ie point d'expirer, Et que vous le voyez fe débattre contre la mort, Nous fommes plus prés de lui que vous, mais vous ne nous appercevez pas. Si le mourant doit être privé de récompenfe, pouvez-vous ramener fon ame préte a s'envoler?Répondez fi la vérité vous éclaire. S'il eft de ceux qui doivent s'approcher de 1'Eternel, O 3  L e Coran. Le repos, les mets exquis , les jardins de dciices, feront fon partage. S'il doit avoir place parmi ceux qui occupent Ia droite, Les compagnons de fon bonheur s'cmprefferont de Ie faluer. Mais s'il augmente le nombre des infidèles, De ceux qui ont marchè dans Terreur, L'eau bouiilante fera fa demeurc; II fera précipité dans les Hammes. Ces paroles fout la vérité étenielleExalte Ie nom de ton Dieu, du Dieu grand & fuprème.  Lr e Coran. 3fr CHAPITRE LVII. L E EER. Donné a la Mecque, compofé de 29 verfets. Au nom de Dieu clement & miféricordieux. jL/es Cieux & Ia terre Iouent 1'Eternel; il eft puiffant & fage. L'tmivers eft fon domaine. II donne la vie & la rr.ort. Sn puiffance eft infinie. 11 eft le commencement & la fin. II eft apparent & caché. Sa fcience erabrafle tous les êtres. II créa, dans fix jours, le Ciel & la terre, enfinte il s'affit fur fon tróne. II fait ce qui entre dans le fein de la terre, & ce qui en fort; il fait ce qui defcend des Cieux & ce qui y monte; il eft avec vous, en quelque lieu que vous foyez; il voit toutes vos aclions. II rlent dans fes mains les rênes del'univers; il eft le terme oü tout doit aboutir. 11 fait fuccéder Ia nuit au jour, & le jour a Ia nuit; il connoit le fond des eceurs. Croyez en Dieu & a fon Envoyé; donnez une portion des biens qu'il vous alaiffés pour héritage. Le fidéle bienfaifant recevra une récompenfe honorable. Q 4  3«8 L e Coran. Pourquoi refuferiez-vous de croire en Dieu, & a I'Apótre qui vous appêïe a Ia foi? Déja il a recu votre alliance, fi vos eceurs font fincères. C'eft lui qui a envoyé a fon ferviteur fa religion fublime; afin qu'il difïïpe vosténèbres, & qu'il vous conduife a Ia lumière. Le Seigneur a été pour vous propice & miféricordieux. Pourquoi ne facrifieriez-vous pas une partie de vos biens pour défendre la Reügion Sainte ? Dieu a 1'héritage du Ciel & de la terre. Celui qui a donné fes richeffes, & combattu fous 1'étendard de la foi avant la victoire, aura un plus haut dégté de gloire que ceux qui n'ont fait qu'après, ce généreux facrifice. Cependant le Seigneur a promis aux uns & aux autres le féjour de Ia féliciié. II obferve attentivement vos aftions. Quel eft celui qui veut embrafler falliance glorieufe de. Dieu? Ses biens profpèreront. Un prix ineftimable couronnera fon dévouement. Un jour vous verrez les fidéles environnés d'un éclat refplendilfant. Heureufe nouvelle, leur dira-ton : aujourd'hui les jardins arrofés par des fleuves , vont être votre habitation. Vous y demeurerez éternellement. Vous y jouirez de la volupté fuprême. Un jour les impies diront aux fidéles: Iaifiez pénétrer jülqu'i nous quelques rayons de votre lumière. Reftez , leur répondra-t-on , retlez dans les ténèbres. Un mur impénétrable s'élévera entr'eux. Une porte s'ouvrira au milieu. La miféricorde fe tiendra d'un cóté, de 1'autre Ia vengeance. N'avons-nous  L E C O t A NI 359 pas habité parmi vous , s'écrieront les reprouve's ? fans doute; mais vous avez trabi vos ames, défiré notre malheur, & vécu dans le donte. Vous fuiviez le torrent de vos paffions. Enfin 1'Eterne! a prononcé 1'arrèt fatal, & le féducteur vous a trompés fur le compte que vous aviez a rèndre. Aujourd'hui vous ne pouvez vous racheter. II n'y a- point de rancon pour les infidèles. Le feu eft votre demeure. Vous ètes en fa puiffance. Malheur a ceux qui y font précipités! N'efi-il pas temps, que les fidéles fe foumettent humblement a rinftruéïion divine, a la vérité defcendue du Ciel, afin qu'ils ne reffemblent pas a ceux qui recurent les écritures? On les aattendus; leurs eceurs fe font endurcis, & la plupart fe font abandonnés a 1'iniquité. Sachez que Dieu fait éclore les germes de Ia fécondité au fein de la terre fiérile. Nous vous avons e.xpüqué les merveilles de fa puiffance , & vous devez les comprendre. Ceux qui ont embraffé Ia fainte alliance, & qui Ia foutiennent de leurs richeffes, recevront le doublé de ce qu'ils auront donné, & feront récompenfés magnifiquement. Ceux qui croient en Dieu>, & au Prophéte, font les vrais fidéles; ils feront témoins devant Dieu. Leurbonhenr eft afluré. La gloire les environnera. Mais les infidèles qui nient notre doftrine, feront les vidh mes de l'enfer. Songez que la vie du monde n'eft qu'un jeu.fr- Q 5  370 L e Coran. vole. Son éclat, votre émulation pour Ia gloire, le défir de vous furpaffer mutuellement en richelTes & en enfans, reffemblent a la pluie: Ia plante qu'elle fait éclore réjouiflbit 1'ceil du cultivateur. Un vent v brulant 1'a delfechée; elle jaunit & devient une paille aride. Les peines de la vie future feront terribles. Défirez les graces du Ciel. Chercbez a plaire au Tout-puiifant. La vie n'eft qu'une jouilfance trompeufe. Elforcez-vous mutuellement de mériterl'indulgence divine, & le Paradis dont 1'étendue égalel'immenfité du Ciel & de la terre. II fera le partage de ceux qui croient en Dieu & a fon Envoyé. II a étéembelli avec une magnificence divine. Dieu le donnera a fes élus. Sa libéralité eft infinié. Toutes les difgrrces que vous éprouvez étoient écrites dans Ie livre, avant qu'elles vous arrivalfent; cela eft facile a Dieu. Que 1'infortune ne vous abatte point. Que la profpérité ne vous enivre pas. Dieu hait le fuperbe & Ie glorieux. Les avares qui voudroient faire un précepte de 1'avarice, & ceux qui rejettent le culte du Seigneur, ignorent-ils qu'il eft riche, & comblé de louanges? Nous avons envoyé des Apótres prêcher Ia vérité; nous leur avons donné les loix & la balance pour conduire les hommes dans lesvoies de 1'équité. Nous avons enfeignè 1'art de forger le fer, de le rendre propre aux combats, & utile aux befoins de la vie. Dieu connoit ceux qui les armes a la main défendent  L E C O iï A H, 37l fa caufe & celle de fe3 Miniftres en leur abfence. II poflcde Ia force & Ia puiffance. Nous chargeames Noë è: Abraham de la prédication. Nous avons accordé a leurs defcendans le Pentateuque & la prophétie. Quelques-uns ont fuivi les Gommanidemens de Dieu, & un grand nombres'en font écartés. D'autres Prophètes leur ont fuccèdé. Nous revêtïtnes du miniflèse d'Apötre Jéfus fils de Marie; nous .'ui donnames 1'Evangile; nous mimes dans le cceur de fes difciples la piété, Ia miféricorde, & Ie défir de la vie monartique. Ils Pinllituérent, pour fe rendre agréabics au Seigneur. Nous ne leur en avons' point fait un précepte. Ils ne font pas obfervée dans la plénitude de fon inllitution. Ceux qui ont été fidéles ont recu leurrécompenfe; mais la plupart ont eté prévaricateurs. Difcjrpies de Jéfus, croyez en Dieu & au Prophéte; il vous donnera deux ponions de fa miféricorde,.. ® la lumière pour vous conduire; il pardonnera vos olFenfes; il eft clément & miféricordieu;:. Les Juifs, & les Chrétiens, ne doivent pas ignorer que les graces du Ciel ne font point a leur dflpo&s tion. Dieu difpenfe fes faveurs a fon gré. Sa. bien*-. fid'anee eft fans bornes.  3.-2 L E C O R A N. CHAPITRE LVIII. LA P L A,ÏN T E. Donné a Medinc, corapofé dê~22 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux,. T s?. Ciel a entendu Ia voix de ceüe qui t'a porté des plaintes (1) contre fon mari, & qui a levé vers ie Seigneur des yeux baignés de larmes. II écoute vos raifons; il eft intelligent & attentif. Ceux qui jurent que leurs femmes feront auflï facrées pour eux que leurs mères, commettent une injuflice (2). Leurs mères font celles qui les ont mis au jour. Elles ne fauroient devenir leurs époufés. (1) Celle qui porta des plaintes au Prophéte fe nommoic Kbaula. Anus fon époux lui avoit dit: tu feras diformais twjji facrée pour moi que le des de ma mère. C'étoit la formule dont les Arabes idolatres fe fervoient pour répudicr leurs femmes. Mahomet répondit a Kbaula qu'elle ne puuvoit plus habitev avec fon mari, paree que le ferment qu'il avoit prononcé exigeoit leur féparation. Gelaleddin. (1) Dans ce verfet Mahomet eondamne la formule dont les Arabes idolatres fe fervoient pour répudier leurs femmes. I! leur reproche un ferment qui annoncoit une fé-  L e Coran. 373 Le Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Ceux qui jurent de ne plus vivre avec leurs femmes, & qui fe répentent de leur ferment ne pourront avoir commerce avec elles, avant .d'avoir doané Ia liberte a un captif. C'eft un précepte de Dieu. II connoit toutes vos aclions. Celui qui ne trouvera point de captif a racheter, jeünera deux mois de fuite, avant de s'approcher de fa femme, & s'il ne peut ftipporter ce jeüne il nourrira foixante pauvres. Croyez en Dieu & a fon Envoyé. II vous explique fes Commandemens. Leur infraclion attirera fur vous la vengeance célefte. Une humiliation profonde fnivra la rebellion envers Dieu & le Prophéte. Ainfi furent humiliés ceux qui vous précédèrent. Nous avons envoyé du Ciel notre religion fublime. L'opprobre & les tourmens feront le partage des incrédules. Ils ont oublié lejour de la réfurreétion; mais Dieu en a marqué le terme. II expofera devant eux le tableau de leurs ceuvres. II eft le témoin univerfel. Ignorez-vous que Dieu connoit tout ce qui eft au Ciel, & fur la terre? Si trois perfonnes s'entretiennent enfemble, il eft Ie quatrième; fi cinq perfonnes font réunies pour converfer, il eft Ie fixiéme. paration étëröélK , & leur prefcm feulement de jurer qu'ils n'auront plus de commerce avec leurs femmes; ferment contre lequel. on peut revenir en fe fc-umettant au-x peines, portées par la loi. Q 7  374 L e Coran. Quelque nombre qu'on foit, en quelque lieu qu'on fe trouve, il eft totijouvs préfènt. Au jour du jugement, il dévoilera les aftions des hommes, paree que fa fcieijce eft fins bornes. As-tu confidéré ceux a qui les afTemblées clandeltines ont été interdites fi), & qui y retournent malgré la défenfe? La, ils s'entretiennent de projets criminels , d'hoftilités , de révolte contre le Prophéte, & lorfqu'ils s'approchent de lui, ils le faluen; en des termes que Dieu ne lui a point accordés, & ils difent en eux-mémes: notre hypociïfie ne fera-telle pis punie? Leur réconipenfe fera 1'enfer. Ils feront le proie des Hammes au milieu de ce gouifre épouvantable. O croyans! lorfque vous converfez enfemble, que i'iniquité, la guerre, la rebellion aux ordres du Prophéte ne foient point le fujet de vos difcours; que phitot la juftice, la piété, la crainte de Dieu en foient 1'ame. Vous ferez tous raffembiés devant fon tribunal. Les afTemblées clandeflines font infpirées par Satan , pour afiliger les croyans; mais il ne fauroitleur nuire fans la permifiion de Dieu. Que les fidéles mettent donc en lui leur confiance. O croyans! lorfqu'on vous dit: preffez-vous fur vos fiéges, faites-Ie. Dieu vous donnera un efpace (i) Ce font les Juifs a qui Mahomet avoit interdit les afTemblées clandeflines , oü ils formoient des complutj conu-e lui. Ctlaleddia,  L e Coran. 375. rmmenfe dans Ie Ciel. Lorfqu'on vous commande de vous lever, obéilTez. Le Seigneur élcvera les eroyans, & ceux que Ia fcience éclaire, a des places houorables. II voit toutes vos aclions. O croyans! faites une aumöne avant de parler au Prophete; cette ceuvre fera méritoire, & vous purifiera. Si findigence s'oppofe a vos défirs, Dieu eft indulgent & miféricordieux. Craindriez-vous de faire une bonne ceuvre avant de parler au Prophéte? Dieu vous pardonnera cette omiftion; mais accomplilfez la priére. Payez le tribut prefcrit. Obéiffez a Dieu & a fon Miuiftre. Le Ciel veille fur vos aclions. Avez-vous remarqué ceux qui ont formé des liaifons avec des hommes frappés de la colêre célefte ? Ils ne font ni de leur parti, ni du votre; ils profèrent de faux fermens, & ils Ie favent! Dieu les a menacés des plus terribles chatimens, paree qu'ils font livrés a 1'iniquité. A 1'abri de leurs parjures, ils écartent les autres de la loi divine. Une punition terrible les attend. Leurs richeffts, leurs enfans, ne leur ferviront de rien auprès de Dieu; ils feront les viclimes d'un feu éternel. Le jour oü Dieu les reffufcitera, ilsjureront qu'ils lui font fidéles, comme ils vous font juré. Ils croient que ce ferment leur fera de quelque utilite; vain efpoir. Le menfonge n'eft-il pas dans leur cceur? Ils vivent fous 1'empire de Satan. II leur a fait oublier le fouvenir de Dieu. Ils fuivent fes infpira-  276 L e Coran. tions. Ses feftateurs ne font ils pas dévoués a la ré1 probation ? Ceux qui lèvent I'étendard de la rebellion contre Dieu & Ie Prophete, feront couverts d'opprobre. L'Eternel a écrit; je donnerai la victoire a mes Miniflres. L'Eternel poflede la force & la puiffance. Vous ne verrez aucun de ceux qui croient e* Dieu & au jour dernier, aimer 1'infidèle qui e(l rebelle a Dieu & au Prophéte, füt-ce un père, un fils, un frère, un allié? Le Tout-puilfant a gravé la foi dans leurs ceeurs. II les infpire. II les introduira dans les jardins de délices, arrofés par des lleuves. Ils y demeureront éternellement. Le Seigneur rait en eux fes complaifances, ils placèrent en lui leur amour; ils furent les difciples de Dieu; fes difciples ne doivent-ils pas jouir de la félicité fuprame?  L e Coran. 377 CHAPITRE LIX. U ASSEM BLÉ.E. Donné a Medine, compofé de 25 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. J__/es Cieux & la terre louent f Eternel; il eft puiffant & fage. C'eft lui qui a fait -defcendre de leur fortereffe les Juifs infidèles , affemblés pour la première fois. Vous ne penfiez pas qu'on put les y forcer. Ils croyoient que leurs citadelles les défendroient contre le bras du Tout-Puiflant; mais il les a furpris du cöté qu'ils ne prévoyoient pas; il a jetté la terreur dans leurs ames. Leurs maifons ont été renverfées de leurs mains, & de celles des croyans. Que eet exemple vous inftruife, ö vous qui en avez été témoins! Si ie Ciel n'avoit écrit leur exil, il les auroit exr terminés; mais le fupplice du feu les attend dans 1'autre monde. Leur défaftre eft la punition du febifme qu'ils ont fait avec Dieu, & le Prophéte. Le Seigneur punit févèrement ceux qui s'écartent de fa religion. Vous avez coupé, leurs palmiers; vous n'en, avez  3/8 L e Coran. IajfTé qu'une partiè fur leurs racines. Le Ciel 1'a permis ainfi, pour fe venger des prévaricateurs. Le butin qu'il a accordé au Prophéte, vous ne 1'avez difputé ni avec vos chameaux , r,i avec vos chevaux; mais Dieu donne Ia victoire a fes Miniftres, fur qui il luiplait. Sa puiffance cfi fans borues. Les dépouilles enlevées fur les Juifs chaffés de leur fortereffe appartiennent a Dieu & a fon Envoyé. Elles doivent être diftribuées a fes parens, aux orphelins, aux pauvres & aux voyageurs. II feroit i'ijufle que les riches les partageaffent. Recevcz ce que le Prophéte vous donnera , & ne prétendez point au-dela. Craignez Dieu dont les vengeances font terribles. j Une portion eft due aux pauvres qui ont abandonné leur patrie, a ceux que leur zêle pour la religion fainte a fait chaffer de leurs maifons, & de leurs polfeffions. Ceux qui aident Dieu & le Prophéte, font les vrais fidéles. Les habitans de Médine, qui les premiers ont recu la foi, chérifient les croyans qui viennent leur demander un afile; ils n'envient point la portion de butin qui leur eft accordée; oubliaut la loi du befoin, ils préfèrent leurs hótes a eux-mémes. La féliciié fera le prix de ceux qui ont défendu leur cceur de 1'avarice. Ceux qui embrafferont l'Idamifine" après eux , adrelferont au Ciel cette prière: Seigneur, fais éclatcr ta miféricorde pour nous, & pour nos frères , qui nous ont devancés dans la foi; ne laifle  L e Coran. 379- point dans nos eceurs de haine contr'eux; l'indulgence & la miféücorde font tes attributs. As-tu entendu les impies qui difent aux Juifs infidèles leurs frères: fi 1'on vous bannit, nous vous fuivrons; nous ne recevrons de loi que de vous. Si 1'on vous affiège, nous volerons a votre fecours. Dieu eft témoin de leurs menfonges. Si Ion oblige leurs frères a s'expatrier, ils ne les fuivront point; fi on les affiège, ils ne marcheront point a leur fecours. S'ils ofoient le faire, on les forceroit a prendre Ia fuite. II n'y aurok plus de refuge pour eux. L'épouvante que Dieu a jettée dans leurs ames, vous a donné la victoire fur eux, paree qu'ils n'ont point Ia fagefle. Ils n'oferoient vous combattre en bataille rangée.. Ils ne fe défendront que dans les villes fortifiées, ou derrière des remparis. Ils n'ont de courage qu'entr'eux. Vous les croyez unis, & ils font divifés; paree qu'ils n'ont point la fageffe. Semblables a ceux qui les ont prt'cédés, leurs entreprifes ont caufé leur ruine, & 1'enfer fera leur partage. Semblables a Satan qui prèche 1'infidélité aux hommes; lorfqu'ilsontapoflafié, ilajoute: je fuis innocent de votre crime; je crains le fouverain de 1'univers. Ils éprouveront nos chatimens. Les brafiers de fenfer feront leur demeure éternelle. Tel efi le fort des fcélérats.  3«o L E C O R A W. O croyans! craignez le Seigneur; que chacun de vous fonge a ce qu'il fera demain. Craignez le Seigneur; il eft témoin de toutes les aclions. N'imitez pas ceux que 1'oubli de Dieu a conduits a 1'oubli d'eux-mêmes; ils font prévaricateurs. Les réprouvés, & les hótes du Paradis auront un fort différent. Ceux-ci jouiront de la fouveraine béaiitude. Si nous euflions fait defcendre- le Coran fur une montagne., frappée d'une crainte religieufe , elle fe feroit fendue, & eüt abaiffé fon foramet refpectueux. Nous propofons ces exemples aux hommes afin qu'ils y réfléchiffimr. II n'y a qu'un Dieu, Tout efl dévoilé afesyéux, 11 perce dans 1'ombre du myflêre. II eft clément & miféricordieux. II n'y a qu'un Dieu. II eft le Roi faint, Sauveur, fidéle, gardien, prédominateur, viélorieüx, fupré.me. Louange a Dieu! Anathême aux idoles! 11 eft le Dieu créateur, formateur. II a tiré tous les étres du néant. Les plus beaux noms font fes attributs. Tous les êtres créés au Ciel & fur Ia terre publient fes louanges. II poffède la puiffance & la fageffe.  L e Coran. CHAPITRE LX. V E P R E U V E. Donné a Medine, compofé de 13 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. O n W Croyans ! n'entretenez aucune liaifon avec mes ennemis & les vótres (1). Vous leur montrez de la bienveillance, & ils ont abjuréla vérité qu'on leur a enfeignée. Ils vous ont rejettés, vous & le Prophéte , du fein de leur ville, paree que vous aviez Ia foi. Si vous les combattez pour la défenfe de ma loi, & pour mériter mes faveurs, conferverez-vous de l'amitié pour eux? Je connois ce qui efl; caché au fond de vos eceurs, & ce que vous produifez au grand jour. Celui qui trahira mes intéréts aura abandonné le fentier de la jufltce. S'ils vous avoient en leur puiffance, ils vous traiteroient en ennemis, & s'efforceroient de vous faire abjurer votre religion. Les liens du fang, & vos enfans, feront de vains CO Mes ennemis & les vótres, c'cft-a-dire les habitans de la Mecque. Celahddin.  382 L e Coran. titres au jour du jugement. Dieu mettra une barrière entre vous. II obferve toutes vos aclions. La conduite d'Abrabam , & de ceux qui avoient fa croyance, eft un exemple pour vous. Nous fommes innocens de vos crimes, & de votre idolatrie, dirent-ils au peuple. Nous nous féparons de vous. Que 1'inimitié & la haine règnent entre nous jufqu'a ce que vous ayez cru en un feul Dieu. Abraham ajouta: 6 mon père ! j'implorerai pour toi 1'indulgence du Seigneur; mais il n'exaucera point mes vceux. Seigneur , nous mettons en toi notre confiance; nous fommes tes adorateurs ; un jour nous ferons raffemblés devant ton tribunal. Seigneur, fais que les infidèles ne nous féduifent pas; pardonne-nous, tu es puiffant & fage. O vous qui croyez en Dieu & au jour du jugement! leur piété vous olfre un exemple. Que Timpie refufe au Tout-Puiffant 1'hommage qui lui eft dü; il n'en eft ni moins.riehe, ni moins comblé de louanges. Peut-être qu'un jour , Dieu fera régner Ia concorde entre vous & vos ennemis. II eft puiffant, indulgent, & miféricordieux. Dieu ue vous défend pas Ia bienfaifance & 1'équicé envers ceux qui n'ont point combattu contre vous, & qui ne vous ont point bannis du fein de vos families. II aime la juftice. Mais il vous interdit toute liaifon avec ceux qui les armes a la main vous ont chaffés de vos foyers, & ont voulu abolir votre religion. La même dé-  L e Coran. jgg fenfe vous efl prefcrite contre ceux qui leur ont prêté du fecours. Leur montrer de la bienveillance, c'eft être voué a finiqtiité. O croyans! lorfque des femmes fidelles viendront chercher un afile parmi vous (i/), éprouvez-Ies. Si elles profelfent fincèremeivt riflamifme, ne les rendez pas a leurs maris incrédules. Le Ciel défeud une pareille union; mais vous devez rendre a leurs époux la dot qu'ils leur ont donaée. II vous fera permis de les époufer, pourvu que vous les dotiez convenablement. Vous ne garderez point une femme infidèle; mais vous pouvez exiger d'elle ce que vous lui avez accordé par Ie contrat. Cette loi eft générale; elle elt émanée du Ciel. Dieu donne des préceptes; il efl favant & fage. Si quelqu'une de vos femmes fuyoit cliez les idolatres, donnez a fon mari, lorfque vous leur enlèverez des dépouilles, une fomme égale a la dot qu'il lui avoit accordée. Craignez le Seigneur dont vous profeffez Ia religion fhinte. O Prophéte! fi des femmes fidelles viennent te deraander un afile, après t'avoir promis avec ferment qu'elles fuiront 1'idolatrie , qu'elles ne voleront point, qu'elles éviteront la fornication , qu'elles ne O) Lorfque de femblables femmes venoient chercher un afile a Medine, Mahomet les obligeoic i jurer que le défir d'emBrafTer 1'lflamifme étoit le feul motif de leur démarche , que la hainc contre leurs maris ou 1'amour pour quelque Mufulman n'y avoient aucunc part. Gclahddin.  3?4 L E C O R A N. tueront point leurs enfans, qu'elles ne te défobéiront en rien de ce qui eft jufte; donne-leur ta foi, & prie Dieu pour elles; il eft indulgent & miféricordieux. O croyans! n'ayez aucun commerce avec ceux qui font chargés de la colère divine; ils défefpérent de la vie future, comme en ont défefpéré les infidèles qui font dans le tombeau. CTIA-  L e Coran. 3 $5 CHAPITRE LXI. L' O R D R E. Donne a Médine, compofé de 14 verfets. ' Au nom de Dieu clément & miféricordieux. L e s Cieux & la terre louent 1'Eternel; il efl puiffant & miféricordieux. O croyans! pourquoi ne rempliffez-vous pas la promeflé faite a Dieu? II hait ceux dont les actions démentent les paroles. II aime ceux qui combattent pour la foi avec ordre , & qui font fermes comme un mur impénétrable. Pourquoi m'affligez-vous, difoit Moyfe aux IfiaëHtes ? Je fuis 1'interprète du Ciel auprès de vous; vous ne 1'ignorez pas. Ils abjurèrent Ia vérité. Dieu égara leurs eceurs; il ne dirige point les prévaricateurs. Je fuis 1'Apótre de Dieu, répétoit aux Juifs Jéfus , fils de Marie. Je viens confirmer la vérité du Pentateuque qui m'a précédé, & vous anno-eer 1'heureufe venue du Prophéte qui me fuivra. Tome II. 11  336 L t C o u a n. Ahned (i) efl fon nom. Jéfus prouva fa miffion par des miracles, & les IlébreuxVécrièrent: c'eft un impofteur. Quoi de plus coupable que de blafpbémer contre Dieu qui vous appèle a riflamifme. 11 n'eft poinc le guide des impies. Ils voudroient étcindre de leur foufile le flambeau de la foi ; mais Dieu fera briller fa lumière malgré 1'horreur qu'elle infpire aux infidèles. C'eft lui qui a donné au Prophéte des loix & la religion fublime ; afin qu'il étabüüe fon triomphe fur la ruine des autres.cultes, malgré les efforts des ido'latrcs. O croyans! vous enfeignerai-je un moycn d?évi:er la rigueur des tourmens ? Croyez en Dieu & a fon Envoyé; combattez fous 1'étendard de la foi; faites le généreux facrlfice de votre vie & de vos biens; c'eft pour vous la route du bonheur. Si vous le faviez! Dieu pardonnera vos offenfes; il vous introduira dans les jardins oü coulent des fieuves. Vous habiterez le délicieux féjour XEden, & vous jouirez de la félické fuprême. II vous accordera les autres biens que vous déft- (i) Mahomet portoit deux noms, celui SAlmed & celui de Mabammed. L'un & 1'autre dcrivcnt du verbe bamad , il a hui. Le premier eft un fupcrlatif & fignifie très-loui. Le fccond eft un participe & fignifie huc. C'eft le plus glorieus qu'il prcnd dans le Coran.  L e Coran. 3j7 rez; fa procection puiffante, & une vidtoire proChaine. Annonce ces promeffes aux fidéles. O croyans! Soyez les miniftrcs de Dieu , comme le diloit Téfiis fils. de Marie aux Apótres, quand il leur demanda: qui m'aidera a étendre la religion divine ? Nous ferons tes miniftres, répondirent-ils. Une partie des enfans d'Ifraël embrafla la foi, & les autres perfilTèrent dans 1'incrédulité. Nous avons fortifié les croyans contre leurs ennemis, & ils ont remporté la vifroire. R 2  383 L e Coran. CHAPITRE LXIf. LE FE ND RE Dl (i). Donné a Medine, compofé de 11 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. L e s Cieux & la terre loueut 1'Eternel; il eft le Roi faint, puiffant & fage. C'eft lui qui afufcité, au milieu d'un peuple avetigle, un Apötre pour lui expliquer fa loi, le purifier, & lui enfeigner la doctrine du livre de la fageffe. Avant lui, les Arabes étoient enfevelis dans de profoudes ténèbres. II en eft , parmi eux , qui ne font pas encore élevés a la pureté de 1'Iflamifme ; mais Dieu eft puiffant & fage. (i) Le jour de fête des Mahométans eft le Vcndredi. Ils le nomment elgemaa, rafimblée. C'eft le feul oü ils foient obligés d'aller au Temple. Ils y entrent vers onze heures & demie & prient pendant une heure. Le reftc du jour & de la femaine ils font libres, ü 1'on en excepte les fêtes du Ratnzdan & du Bcirair..  L e Coran. 389 La perfeétion eft un grace du Ciel. Dieu la donne a qui il lui plnic. Sa libéralité eft infiiiie. Ceux qui ont recu le Pentateuque & qui ne 1'ont pas obfervé , font femblables a 1'ane qui porte des livres. Malheur a ceux qui abjurent la religion fainte! Dieu n'eft point le guide des impies. O Juifs! fi vous croyez être plus chers a Dieu que le refïe des mortels, défirez la mort, & montrez que vous dites la vérité. Epouvantés de leurs crimes, ils ne formerent point ce veeu indifcret ; mais 1'Eternel connoit les fcélérats. Dis-leur : !a mort que vous redoutez vous fur|prendra. Vous ferez conduits devant celui a qui rien n'eft caché ; i! vous manifeftera vos ceuvres. O croyans! lorfque vous êtes appelés a la prière du vendredi, empreffez-vous d'aller rendre vos hommages au Tout-Puiffant. Que rien ne vous arrête; votre zêle aura fa récompenfe. Si vous faviez! Lorfque la prière eftfinie, allez en liberté. Cherchez a vous procurer les biens que le Cie! a difpenfés aux hutnains; entretenez dans vos eceurs le fouvenir du Seigneur, afin que vous foyez heureux. Mais lorfque 1'intérét fe fait entendre, ils courent oü fa voix les appèle, & abandonnent le Miniftre du Seigneur (1). Dis-leur : les tréfors que Dieu CO Mahomet prachoit un Vendredi dans la Mofquée. Des Marchands entrèrent pendant ce temps dans la Ville i 3  >oo L e Coran. vous offre font plus précieux que des avantages iuomentanés ; Dieu efl le plus magnifique des difpenfateurs. Le tambour annonca leur arrivée. Tout le monde excepté douze fidéles fortircnt du Temple, & laifTèrem le Prédicateur. Ce manque de refpeél 1'engagca a faire defcendïe ce Chapitre du Ciel. Gelahddin.  L e Coran. 391 CHAPITRE LXIII. LES I M PIES. Donne a Medine, compofé de 11 verfets. Aü mm do Dieu clément & miféricordieux. JL/orsqus les impies font eu ta prcTence, üs.di fent : nóns rundons téraoignage a Ia vérité dë ta miffion; Dieu t'a revêtu du caraétère augufie d'Apütre; & Ie Seigneur rend témoignage que les impies font livres au menfonge. I's fe font un voile de leurs fermens. Ils écartent les hommes des voies du falut. Leurs aclions font niarquées au coin de 1'iniquité. Apöftats de riflamifme, le fceau de Dieu efl gravé fur leurs eceurs. Ils n'écouteront plus la fageffe. Ils ont la beauté enpartage. Ils parient avecgrace. Leur taille efl droite & majeflueufe; mais ils friffonnent au moindre bruit. Ils font vos ennemis; défiezvous de leur perfidie. Le Tout-Puiffant combattra contr'eux , paree qu'ils ont abandonné Ia foi. Invitez-les a recourir au Prophéte ; promettez. leur qu'il implorera pour eux la miféricorde divine; ils fecouent la téte & tournent le dos avtc un orgueilleux mépris. U A  392 L E C O R A N. Implore ou non le Ciel en leur faveur, leur fort ne chaugera point; Dieu ne leur parJonncra plus; il ne dirige point les prévaricateurs. N'aidez point de vos biens, difent-ils a leurs femblables, ceux qui défendent Ie parti du Prophéte, jufqu'a ce qu'ils ne Pavent abandonné. Mais leToutPuiflant poffcde les tréfors du Ciel & de Ia terre ,& les impies ne le concoivent pas. Si nous retournions a Médine, ajoutent-i!s,le parti Ie plus fort chafferoit le plus fuible. La puiffance appartient a Dieu. II en f. it part a fon Envoyé & aux fidéles; & les impies 1'i.no-ent. O croyans ! que vos enfans & vos richeffes ne vous faffent point oub'.ier le fouvenir du Seigneur; eet oubli mettroit le fceau a votre réprobation. Verfez dans le fein de 1'iiidigent une portion des biens que le Ciel vous a départis, avant que la mort vous furprenne, de peur que vous ne foyez obligés de dire: Seigneur, fi tu daignes prolonger Ie terme de mes jours , je ferai Paumone & pratiquerai la vertu. Mais Dieu ne différera pas d'un inftant le terme prefcrir. II eft Ie témoin de toutes les aclions.  L e Coran, 393 CHAPITRE LXIV. LA FOURBE RIE. Donné a Ia Mecque, compofé de 18 verfets. Au nom de Dieu clément Cj? miféricordieux. Lrr-s Cieux & Ia terre louent fEternel. A lui appartiennent la domination & la louange. Sa puiffance tra point de bornes. II a tiré tous les hommes du néant. Les uns fontincrédules, les autres croyans; mats il connoit les aQions. II eft farchitecte du Ciel & de la terre. La vérité préfida a fon ouvrage. Ii vous a créés, & vous a donné une forme agréable. Vous retournerez a lui. Sa connoifi'ance embralfe 1'univers. II fait ce que vous cachez , & ce que vous produifez au grand jour. II lit au fond des eceurs. Ne vous a-t-on pas récité 1'hiftoire des infidèles qui vous ont précédés ? Ils ont fubi le chatiment de leurs crimes, & ils fout deftinés auxpeiues de 1'enfer. Les Apótres de la vérité leur dévoilêrent les merveilles du Très-Haut, & fis dirent: nous laifferons« 5  324 L e Coran. nous conduite par des hommes? Incrédules, ils rejettèrent le culte faint; mais Dieu n'a befoin de perfonne; il efl riche & comblé de louanges. Les idolatres traitent de chimère le dogme de la refurreétion. Dis-leur: j'en attefte la Majefté du Dieu f'uprême, vous refTufciterez. II vous montera vos ceuvres; ce prodige eft facile a fa puiffance. Croyez en Dieu , a fon Envoyé, a la lumière defcendue du Ciel; le Seigneur efl inftruit de ce que vous faites. Le jour de raffeinblée univerfelle, vous comparoitrez devant fon tribunal. La fraude fera dévoilée. Dieu expiera les fautes du croyant qui aura pratiqué la vertu; il f introduira dans les jardins de délices, oü coulent des fieuves, féjour d'une éternelle félicité. Les infidèles qui auront abjuré Ia religion fainte, feront précipités dans les flammes , féjour affrettx d'un malheur éternel. Rien ne vous arrivé que par Ia permiffion de Dieu. II éclaire le cceur du croyant. Sa fcience eft infinie. Obéiffez a Dieu, & au Prophéte. Si vous êtes rebelles, fon miniftère fe borne a vous prêcher la vérité. II n'y a qu'un Dieu. Que les fidéles mettent en lui leur confiance! O croyans! vos femmes & vos enfans font fouvent vos ennemis; défiez-vous de leurs careffes; mais fi la voix de la nature, fi la complaifauce vous font  L e Coran. 395 céder a leurs défirs , Ie Seigneur efl indulgent & miféricordieux. Vos richeffes & vos enfans font une tentation; mais Dieu vous offre une récompenfe magnifique. Craignez Dieu dc toute Pétendue de votre cceur. Ecoutez. Obéiffez. Donnez une partiede vos biens, pour fauver votre ame. Celui qui fe fera confervé exetnpt d'avarice, jouira de la félicié. Si vous formez avec Dieu une alliance glorieufe, i! m'ültipliera fes bienfaits, il pardonnera vos offcnfes; il e'l reconnoiflant & bienfaifant. II connoit cc qui efl dévoilé & ce qui efl enveloppé des ombres du myfière; il efl puiffant & fage. R 6  396 L e Coran. CHAPITRE LXV. LA REP UD I AT 10 N. Donné a Médine, Compofé de 12 verfets. An nom de Dieu cléraent cï? miféricordieux. O Prophéte! ne répudiez vos femmes qu'auterme marqué (1). Comptez les jours exactemenr. Avant ce temps vous ne pouvez ni les chaflér de vos maifons, ni les en laiffer fortir, a moins qu'elles n'ayent commis un adultéie prouvé. Tels font les préceptes du Seigneur. Celui qui les trangreife perd fon ame. Vous ne favez pas quels font les deffeins de Dieu fur 1'avenir. Lorfque le terme eft accompli, vous pouvez les retenir avec humanité , ou les renvoyer fuivant la O) Lorfqu'un Mahométan a juré qu'il repudie fon époufe, il ceiTe d'avoir commerce avec elle. A la nouvelle du ferment, elle fe couvre d'un voile , fe retire dans fon appartement, & ne fe lailTe plus voir a fon mari. Lorfque les quatre mois fixés pour la réeonciliation font expirés, tous les liens font rompus; la femme recouvre fa liberté, & recoit en fortant la dot Gxöe dans le contrat de mariage. Les filles fuivent la mere, & les fils reftent avec Ie père.  L e Coran. 307 ltii. Appelez des témoins équitables. Qu'ils aflillenc a vos engagemens. Que Ie Ciel foit pris a témoin de leur fainteté! Dieu prefcrit ces préceptes a ceux qui croient en lui, & au jour du jugement, il applanira les obllacles pour ceux qui ont la crainte, & leur accordera des biens auxquels ils ne s'attendoient pas. Dieu efl: le prix de celui qui met en lui fa confiance. Sa volonté s'exécute infailliblement. II a établi pour cbaque caufe un effet déterminé. Attendez trois mois avant de répudier les femmes qui défefpèrent d'avoir leurs mois. Ufez-eu de mêrae envers celles qui ne les ont point encore eus. Gardez celles qui font enceintes , jufqu'a ce qu'elles ayent mis leur fruit au jour. Dieu applauit les diflicultés pour ceux qui lc craignent. Tels font les préceptes qu'il vous a envoyés. Craignez-le; il effacera vos fautes, & vous accordera une récompenfe magnifique. Laiffez aux femmes que vous devez répudier, un afile dans vos maifons. Ne leur faites aucune violence pour les loger a 1'étroit. Accordez a celles qui font enceintes, tous les foius convenables, pendant Je temps de leur groffefle. Si elles allaitent vos enfans , donnez-leur une récompenfe réglée entre vous avec équité; s'il fe trouve des obllacles, ayez recours a une nourrice. Que le riche proportionne fes largeffes a fon opulence, & le pauvre a fes facultés. Dieu n'oblige perfonne a faire plus qu'il ne peut. A la pauvreté il fera fuccéder 1'aifance. R 7  39 S L e Coran. Combien de villes fe font écartées des loix de Dieu, & des Prophètes! Nous les avons jugéesavec févérité, & punies avec rigueur. Leur infidélité a mérité nos fléaux, & caufé leur ruine. Dieu leur réferve des tourmens rigoureux. Craignez le Seigneur, ó vous qui avez lafageffe! O croyans! le Seigneur vous a envoyé riflamifme, & le Prophéte pour vous 1'enfeigner. II fera fortrr des ténèbres , & conduira au flambleau de Ia foi, les fidéles qui auront pratiqué la vertu. Introduits dans les jardins qu'arrofent des fleuves, hötes éternels du féjour de délices, ils jouiront de tous les biens que le Tout-Puiffant a raffemblés pour les rendre heureux. C'eft Dieu qui a créé les fept Cieux, & les fept terres (i); il les fait obéir a fa voix, afin que vous fachiez que fa puiffance eft fans bornes, Sc que filmvers eft rempli de fa fcience. CO D!su a créé fept Cieux & fept Terres diftans les uns des autres de cinq cent journées de chemin. Tous font habités. L'Etre Suprème regnc fur ces univers. Zat»cbafcar.  L e Coran. 399 CHAPITRE LXVI. Donné a Médine, compofé de 12 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. O Prophéte! pourquoi te prives-tu desplaifirsque le Ciel t'a accordés ? Tu veux plaire a tes femmes. Le Seigneur eft indulgent & miféricordieux. Dieu vous a permis de délier vos fermens; il eft votre patrom II eft favant & fage. Le Prophéte ayant confié un fecret a une de fes femmes (i), elle le publia. Dieu lui révéla cette.indifcrétion. D'abord il la reprit avec douceur, & (O Aiefja & Hapbfa étoient les époufes chéries de Mahomet. Cependant i! les négligeoit qnelquefois pour fon efelave Marie 1'Egyptienne. II eut commerce avec elle dans un jour defliné a Aieflia. Hapbfa Ie fut. Le Prophéte la pria de gardcr Ie fecret. Les promefies les plus flatteufes ne furent point épargnées; mais inutilement. Hapbfa »'y put tenir. Elle alla conter 1'aventure a fon amie. Mahomet en fut inftruit. L'indifcrète époufe fut répudiée. Un mois aprés Gabriel defcendit du Ciel, releva aux yeux de Mahomet les vertus de Hapbfa malheureufe & 1'obligeaa !a reprcndre. Zamcbafcar. LA D k F E N S E.  4-00 L e Coran. enfuite il lui rapporta tout ce qu'elle avoit divulgué. Qui vous a fi bien inftruit, lui demanda-t-elle ? C'eft, répondit Mahomet, celui a qui rien n'eft caché; Votre cceur eft coupable d'une indifcrétion. Implorez la clémence du Ciel; il vous pardonnera. Si vous êtes rebelle au Prophéte, le Seigneur, Gabriel & les vrais croyans, fout fes proteéteurs; & les Anges Ie vengeront. S'il vous répudie, Dieu peut lui donner des époufes meilleures que vous; des femmes qui profefferont riflamifme, qui feront fidéles, obéiffantes, dévotes, pieufes, & adonnées a la prière, foit veuves, foit vierges. O croyans ! arracbez vos ames ck, votre familie' aux flamraes, qui auront pour aliment les hommes & les pierres. Au-deffus d'elles paroitront des Anges menacans & terribles; fidéles aux ordres de 1'Eternel , ils exécuteront tout ce qu'il commandera. O infidèles! ne recherchez point de vaines excufes. Vous ferez récompeufès fuivant vos ceuvres. O croyans! implorez Ia miféricorde divine. Que votre couverfion foit fiucère. Dieu eil'acera vos offenfes. II vous introduira dans les jardins de déiices, oü coulent des fleuves. Le jour oü il diftinguera le Prophete & ceux qui ont fa croyance, un éclat radieux jaillira devant eux, & a leur droite. Seigneur, diront-ils, purifie notre lumière; pardonne-nous; ta puiffance eft fans bornes. O Prophéte ! combats les idolatres & les impies.  L e Coran. 401 Sois terrible Contr'eux. Leur réceptacle fera 1'enfer, féjour du défefpoir. Dieu propofe eet exemple au pervers: la femme de Noë & celle de Loth vivoient fous 1'empire de deux hommes juftes & vertueux- Elles les trompèrent. Quel fut le fruit de leur perlidie'? Dieu les réprouva. Ün leur dit: entrez dans 1'enfer avec les coupables. II offre aux croyans 1'époufe de Pharaon pour modèle. Seigneur, s'écrioit-elle, accorde-moi une demeure dans le Paradis; délivre-moi de Pharaon & de (es crimes; fauve-moi des mains des méchans. II propofe ii leur admiration Marie, fille &Amrau, qui conferva fa virginité. Gabriel lui tranfmit le fouffle divin. Elle crut a la parole du Seigneur, aux écritures, & fut obéiffante.  402 L e Coran. CHAPITRE LXVIL L E ROTA U M E. Donné a la Mecque, compote de 30 verfets. Au noat de Dieu tJélttcnt & miféricordieux. JS.:ni foit celui qui tient dans fes mains les rincs de 1'tmivers, & dont la puilfance eft fins bornes. C'eft lui qui a créé la mort & la vie, pour voirqui de vous en feroit meilleur ufage. 11 eft puiflant & miféricordieux. II a formé les fept Cieux élevés les uns r.udeffus des autres. Tous fes ouvrages font accómplis. Levez les yeux vers le firmament, y voyez-vous la moindre imperfeélion ? Levez-les une feconde fois, vous ne pouvez en fupporter 1'éclat, & vos regards fe rabaiflent fur la terre. Nous avons orné le Ciel Ie plus proclie de la terre de flambeaux lumineux, dont les trairs enflammés repouffent les Démons deftiués aux tourmens du tartare. Ceux qui refufent de croire en Dieu, feront précipités dans les brafiers, féjour du malheur.  L e Coran. 433 Ils entendront les cris du défefpoir. Le feu n'eu aura que plus d'aéHvité. Sa fureür le détruiroit, s'il pouvoit être détruit. Les gardiens de 1'enfer demanderont aux troupes de réprouvés qui y defccndront: aucun Prophéte ne vous a-t-il prêché la foi ? Ils nous 1'ontprêchée, répondrout-ils; mais nous les avons traités d'impofteurs; nous avons prétendu que Dieu ne leur avoit rien révélé, & qu'ils étoient les Apótres du menfonge. Hélas! fi nous les avions écoutés, fi nos eceurs avoient recu leur doctrine, nous ne ferions pas au nombre des réprouvés. Ils feront 1'aveu de leurs crimes; mais Parrêt de. leur condamnation eft irrévocable. Ceux qui nourriront dans Ie fecret la crainte du Seigneur, obtiendront fa miféricorde, & recevront une récompenfe magnifique. Dieu connoit vos difcours fecrets & publics; il lit au fond des eceurs. Ses créatures auroient-elles pour lui des myfléres? II efl pénétrant & inftruit. I! vous a foumis la terre. Parcourez tous les pays habitables. Nourriffez-vous des fruits dont il 1'a enrichie. Vous ferez tous raffemblés devant fon tróne. Etes-votts certains que celui qui règne dans les Cieux, ne peut pas ébranler la terre, & vous enfevelir dans fes abymes? Etes-vous certains que celui qui règne dans les Cieux, ne vous enverra pas-un vent qui lance des  404 L e Coran. pierres? Vous fimricz alors quel eft l'effet de mes menaces. Les anciens peuples niêrentla mrtfion des minidres de la foi. Qullcs furent nies vëngeances! Ne voient-ils pas les oifeaux planer fur leurs têtes, déployer, reflérrer leurs ailes? Qui les foutient dans les airs, fi ce n'eft miféricordieux? Rien n'Échappe a fa vigüance. Quel efl celui qui peut vous tenir lieu d'une armee, & vous fecourir puifTamment, fi ce n'eft le miféricordieux ?' La fourberie eft lep.irraje des infidèles. Qui pourroit vous nourrir, fi Dieu fafpendofc fes bienfaits ? Malgré ces vérités , ils perfiftent dans leur perfidie, & leur averfion pour riflamifme. L'homme qui fe traine le front courbé conire terre, va-t-i! plus droit que celui qui marche debout dans le fentier de la juftice? Dis? c'eft le Tout-Puiffant qui vous a créés, qui vous a donné 1'ouie, Ia vue, & des ames fenfibtes. Combien peu le remercient de ces bienfaits? Dis: c'eft lui qui vous a difperfés fur la terre; vous ferez tous raffemblés devant fon tribimal. Quand s'accomplira cette menace , demandent-ils ? Patlez-, fi la vérité vous éclaire. Réponds: Dieu s'eft réfervé la connoiffance de 1'heure; je ne fuis que 1'Apötre de Ia vérité. A la vue de 1'enfer, la triftefte obfeurcira Ie front des infidèles, & on leur dira: voila ce que vous dsmandiez avec inftance.  'L E C O R A ~N. 4«j •Dis : foit que Ie Très-Haut me réprouve avec ceux qui ont ma croyance, foit qu'il nous faffe miféricorde, penfez-vous qu'il délivrera les infidèles des tourmens? Dis: il eft miféricordieux; nous croyons en lui; nous avons mis en lui notre confiance. Vous faurez qui de nous eft dans l'erreur. Dis-leur: répondez. Si demain la terre entr'ouvcrte engloutifloit toute 1'eau qui fert a vous défaltérer, qui pourroit faire jaillir d'autres fources de fon fein (i)? (O Un incrédule ayant entendu réciter ces mots: qui pourroit faire jaillir d'autres fources de fon fein? répondit: cette bèche, en creufaut la terre. Son impiété fut punie & 1'inftant; fes yeux fe defféchèrent, & il devint aveugle. Celaleddin. Telles font les fables que nous débitent les dévots Mufulmans; tels font les miracles dont ils ne balanceut pas 3 garantir 1'authenticité.  *\o6 L e Coran. CO N. Ce caraétère folitaire a excitd les recherches des Commentatcurs du Coran; mais leurs opinions font fi frivoles que nous ne les rapporterons point. Gclaledtlin dit a fon ordinaire que c'eft un caradlère myftérieux dont Dieu feul a la connoifthnce. CO Cette plume eft celle avec laquelle les Anges écrivent fur la Table garde!e les fecrets étcrncls. CHAPITRE LXVIII. LA PLUME. Donné a la Mecque, compofé de 52 verfets. Au nom de Dieu clément c3? miféricordieux. N • (1) J'en jure par la plume (2), & ce que les Anges écrivent; Ce n'eft point Satan , c'eft le Ciel qui t'infpire. Une récompenfe éternelle t'attend. Tn profeffes la religion fublime. Bientöt tu verras, & ils verront, Qui de vous eft dans Terreur. Dieu connoit ceux qui font égarés, & ceux qui marchent au flambeau de la foi. Ne fuis pas les défirs de ceux qui ont abjuré la vérité.  L e Coran. S'ils fe comportent avec douceur, c'eft pour exciter ta condefcendance. N'imite pas Ie jtirenr qui s'avilit. Fuis le médifant que fuit la calomnie. Fuis celui qui empêche le bien, le prévaricateur, & 1'iujufte. Eloigne-toi de l'homme violent, & de 1'impudique. Que 1'e'clat de fes richeffes & le nombre de fes enfans ne t'éblouifTent pas. Le Coran n'eft pour lui qu'une fable de 1'antiquité. Nous lui imprimerons une marqué de feu furie nez. Nous avons puni les habitans de la Mecque comme les poffeiïeurs du jardin. Ils jurèrent d'en cueillir les fruits le lendemain matin. Imprudents, ils ne mirent point de reftriaion a leur ferment. La vengeance divine enveloppa Ie jardin pendant leur fommeü. La moiffon fut de'truïte, les fruits furent dévorés. Les poflelfeurs s'appelèrent avant 1'aurore. Hatons-nous, fe dirent-ils, d'aller faire lamoifion. Ils s'avanfoient & converfoient enfemble. Les pauvres, difoient-ils, ne nous devanceront pas aujourd'hui. Ils comptoient déja fur une recolte certaine. A la vue du jardin, ils s'écrièrent: notre attente eft trompde.  4eS L e C o r a r;. Nous devions être privés de ces biens. Ne vous avois-je pas recornmandé , ajouta le plus jufte, de rendre hommage il la puiffance divine? Alors d'une voix unanime, ils louèrent le TrèsHaut, & reconnurent leur injuflice. Ils fe firent des reproches mutuels. Infortunés que nous fommes, répétoient-ils, nous étions prévaricateurs; Mais Dieu peut nous donner des biens plus précieux; nous attendons cette faveur de fa miféricorde. Ainfi feront punis les infidèles. Les chatimens de 1'autre vie font bien plus terribles. S'ils le favoient! Dieu a préparé pour les juffes le jardin de delices. Ceux qui ont embraffé 1'Ifiamifme feroient-ils traités comme les fcélérats? Qui peut vous porter a prononcer un femblable jugement? Quel livre vous enfeigne cette doctrine? S'il en eft un, il vous Iaiffe un choix a faire. Vous avons-nous affuré, par des fermens folennels, que cette opinion étoit véritable? Certainement vous rendrez compte de vos jugemens. Quels garams avez-vous de votre croyance? Reclamerez-vous le témoignage de vos idoles? Faites-les paroitre fi la vérité parle en votre faveur. Un jour les méchans feront dévoilés. On les ap • pellera pour 1'adoration , & ils ue pourront s'y rendre. Leurs  L e Coran. 40p Leurs yeux feront baiffés. L'ignominie les eouvrira. Ils refufèrent leur hommage au Très-Haut quand ils pouvoient le lui offrir. Laiffe-moi agir .envers ceux qui ont nié le Coran; je les conduirai par dégrés a leur pene; & ils ne ié fauront pas. Si je prolonge leurs jours, c'eft un piége que je leur tends, Leur demanderas-tu le prix de ton zèie? ils font chargés de dettes. Connoiffènt-ils les myftères de !a nature ? Cependant ils écrivent. Attends avec patience !e jugement de Dieu, & ne fois pas femblable a celui que la baleine reent dans fon fein, & qui dans fa douleur élevoit au Ciel une voix fuppüante. Si la miféricorde divine n'eüt veillé fur lui, i! eüt été jetté fur une cóte déferte, couvert d'opprobres. Elu du Seigneur il fut au nombre des juftes. Peu s'en faut que les infidèles ne t'ébranlent par leurs regards, quand ils entendent la leéture du Coran , & qu'ils difent: c'eft un infenfé. Le Coran eft le dépót de la foi, envoyé aux hommes pour les inftruire. Toute II. S  4io L e Coran. CHAPITRE LXIX. LE JOUR I NE FIT ABLE. Donné a la Mecque , compofé de 52 verlet?. Au nom de Bleu clément & miféricordieux. T jF. jour inévitable! Que ce jour fera terrible ! Qui pourroit t'en faire la peinture? Themod & Aod \e traitèrent de chimère. Un cri épouvantable extermina les Themudécns. Un vent impétueux fit périr les Adéens; Dieu le fit fouffler contr'eux pendant fept nuits & huit jours. On vit les coupables renverfés parterre, comme des palmiers déracinés. Ce fléau n'en épargna pas un feul. Pharaon, les peuples anciens, & les habitans des fept villes ont été anéantis. lis fe revoltèrent contre les Miniftres du Seigneur; des chadrjnens multipliés fuivirent leur rebellion. Lorfque les eaux du déluge s'élevérent, nous vous portames dans 1'arche flottaute. Qu'elle foit un monument pour la terre; que vos eceurs en gardent le fouvenir. Au premier fon de la trompette,  L e Coran. ju La terre & les montagnes emportées dans les airs, feront réduites en pouflïère. Dans ce jour, 1'heure fatale fonnera. Les Cieux fe fendront, Ia voute du firmament s'ouvrira. - Un Ange en gardera rentree. Huit Anges porteront le tróne de 1'Eternel. Le genre humain paroltra devant lui. Nul mortel ne pourra fe dérober a fes regards. Celui qui recevra fon livre dans la main droite, dira aux Anges: prenez ce livre (i); Ufez. Je n'otibüai jamais que je devois fubir eet examen. II jouira de la félicité. Hóte du jardin élevé, Les fruits s'olfriront a fes défirs. Raffafie-toi des plaifirs qui te font offerts; ils font le prix du bien que tu as fait fur Ia terre. Celui qui recevra fon livre dans la main gauche s'écriera: plüt a Dieu qu'on ne me 1'eüt point préfenté! * Que ne puis-je pour toujours ignorer eet examen ! O mort! fais-moi rentrer dans le néant. Que m'ont fervi les richeffes? Ma puiflance s'efi évanouie. Saififlez, jiez 1'impïe; Jettez-le dans les feux du tartare. CO C'eft ie livre oü les röions de chaqiie homme feront ecrites. S 2  412 L e Coran. Qu'il foit chargé d'une chalne de foixante-dix coudées. II n'a pas cru au Dieu grand. II ne s'efl point inquiétédelanourdturedupauvre." II ne trouvera pas ici d'amis. La corruption fera fon pain. Les pervers n'en auront point d'autre. Je ne }ureral point par ce que vous voyez; Je ne jurerai point par ceque vous ne voyez pas, Que le Coran efl: la parole du Prophete honorable. Ce n'eft point le langage d'un Poé'te. Combien peu croierit cette vérité ! Ce n'eft point 1'ouvrage d'un Mage. Combien peu ouvrent les yeux! Le Souverain des mondes 1'envoya du Ciel. Si Mihomet eüt fai: le moindre changement a fa doftrine , Kous 1'auripns faifi fur le champ, Et nous lui aurions coupé Ia veine du creur. Perfonne n'eüt pu fufpendre notre vengeance. Le Coran inftruit ceux qui craignent Ie Seigneur. Nous favons que plufieurs d'entre vous l'accufent de fauffeté. II fera poufler des foupirs douloureux aux infidèles. II eft le dépot de la vraie foi. Glorif.e le nom de ton Dieu, du Dieu grand & fuprême.  L e Coran. 413 CHAPITRE LXX. LES O R D R E S. Donné a la Mecque, compofé de 44 verfets-. Au nom de Dieu clément <£? miféricordieux. On a interrogé le Prophéte fur les chatimens a venir. Les infidèles ne trouveront point d'abri contr'eux. Dieu en efl 1'auteur. II poffède les dégrés célefles. Par eux les Anges & Gabriel monteront vers fon tróne au jour du jugement , dont la durée fera de cinquante mille ans. Souffre avec patience & gaieté. Ils voient la punition dans Ie Iointain; Mais nous la voyons qui s'avance. Un jour le Ciel fera femblable a 1'argent fondu. Les montagnes reffembleront a des amas de laine agitée par les vents. L'ami u'interrogera point fon ami; Cependant ils fe verront. Le méehant voudroit fe racheter des peines de ce jour; au prix de fes enfans , Au prix de fon époufe, de fon frère, Des pareus qui le chériflbient, S 1  4'+ LeCoran. Au prix du genre humain, & enfuite les délivrer eux-mémes, Vains fouhaits ! les gouflTes de 1'enfer Se faifiront de leur proie. Ils revendiqueront Ie Iache & 1'infidèle, Et le riche qui aura été avare. La nature mi: dans le cceur de l'homme 1'impa. tience. Dans 1'adyerfité il devient timide; Dans la profpérité il eft dur & avare. Mais cëux qui perfévèrent dans Ia priére, Qui donnent la portion prefcrite de leurs biens, A 1'indigent qui follicite, & a celui que la honte retient; Ceux qui confeffent la vérité du jour du jugement; Qui évitent avec foin de mériter le courroux du Ciel, Dont perfonne ne peut fe croire a Tabri; Ceux qui gardent la coutinence; Qui n'ont de commerce qu'avec leurs femmes. & leurs efclaves, (car la loi leur accorde ce droit, Et celui qui porte fes défirs au-delaeft coupable); Ceux qui font fidéles a leurs fermens & a leurs traités; Qui, dans leurs témoignages, ne s'écartent jamais de la vérité; Ceux qui accompliffént avec zèle la priére; Seront tous environnés de gloire dans le jardin de délices. Pourquoi les incrédules, le regard baiffé, paffentils rapidement devant toi,  L e Coran. 4*5 A droite, agauche, raffemblés en troupes? Efpèrent-iJs entrgr dans le féjour des voluptés? Non fans doute. Usfaventde quoi ils ont été créés. Je ne jure point par le Souverain de Portent & de foccident, Que nous pouvons leur fubfiitncr un peuple meilleur qu'eux, & que rien ne mettroit obftacle a notre volonté. Laiffe-Ies confumer leur vie dans des difputes frivoles; le jour dont on les menace les y furprendra. Dans ce jour, ils s'élanceront de leurs tombeaux avec la méme prompiitude qu ils courent fe ranger fous les drapeaux miliraires. Leurs yeux feront timidement baiffés. L'opprobre les couvrira. Tel eft le jour qui leur eft annoncé. S 4  44 6 L e Coran. CHAPITRE LXXI. N O Ë. La paix foit avec lui. Donné a la Mecque , compofé de 29 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux, N ous revêtimes Noë,. du caractère d'Apótre , &. nous lui .dlmes: annonce nos menaces aux peuples avant que le jour des vengeances arrivé. Peuples, dit Noë, je fuis le Miuiftre que Dieu vous envoie. Servez, craignez le Seigneur, & obéilfez-moi. II vous pardonnera vos fautes; il vous laiflera accomplir votre carrière. Lorfque le terme marqué fera venu, vous ne pourrez le prolonger d'un inflant; (i vous le faviez! Seigneur, dit Noë, j'ai prêché les hommes, mais mon zèle n'a fervi qu'a les éloigner de la foi. Toutes les fois que je les ai invités a recourir a la miféricorde divine , ils fe font bouché les oreilles de leurs doigts, ils fe font couvert le vifage de leurs vêtemens. Ils perfiflent dans Terreur. Ils ne montrent que de Torgueil & de Topinnureté. Je leur ai annoncé tes commaiidcmcns ouvertement.  L e Coran. 417 Man 2fèle les a pourfuivis, en public & en fecret; Ma voix leur a crié : implorez findulgence du Ciel, le Seigneur efl miféricordieux. II verfera fur vos campagnes une pluie abondante -r II augmentera vos richeffes , & le nombre de vos enfans; il vous donnera des jardins & des fleuves. Pourquoi défefpéreriez-vous de la bonté divine? Dim vous a tirés du néant, & vous a fait palfer fous des formes différentes. Ne voyez-vous pas comme il a créé les fept Cieux qui s'enveloppent dans leur vafïe enceinte ?. 11 a fufpendu au firmament la lune, pour refléchir. la lumière , & le foleil pour la communiquer. II vous a tous formés de terre. Ii vous y fera retourner, & vous en retirera de^ nouveau. II a déployé Ia terre fous vos pas comme un tapis. Elle offre au voyageur des routes fpacieufes. Seigneur, ajoüta Noë, le peuple a été rebelle a ma voix ; il a fuivi les hommes puifrans, dont 1'obflir nation croit a proportion de leurs richeffes, & du. nombre de leurs enfans.. Ils ont conjuré ma perte. N'abandonnez-pas, fe font-ils écriés, vos Dieux Oodd & Soa (1). Soyez fidéles a hom, Iaouc & Nafer. (1) C'étoient des Idoles adorées du temps de Noë. Oodd étoit le Ciel repreTenté fous Ia forme humaine. Sta avoit la flgure d'une femme, Irous la forme d'un lion.» S 5  4TÏ8 L e Coran. Le plus grand nombre fe font laiffés féduire, & leurs ténèbres ne font que s'épaiflïr. Le déluge nous vengea de leurs crimes. Ils les expieront dans les dammes. Ils ne purent trouver de protefteur contre 1'Eternel. Noë adreffa a Dieu cette prière : Seigneur , ne laiffer fubfifter fur la terre aucun monument des infidèles. Ils pervertiroient tes ferviteurs, & d'eux naitroit une génération coupable & corrompue. Seigneur! pardoune-moi, pardonne a mes enfans, aux fidéles qui font entrés dans 1'arche, & exterrnine les pervers. Itfouc celle d'un cheval, & Naftr celle d'un aigle. Zamchttfcar. Le menie Auteur ajoute que plufieurs Ecrivains penfent qipe ces noms font ceux de quelques grands hom» mes dont on adoroit les öatues.  L e Coran, 419 CHAPITRE LXXII. LES G É N I E S. Donné h la Mecque, compofc de 28 verfets. D eclare, ó Mahomet! ce que le Ciel t'a révélé. L'affemblée des génies (1) ayant éconté la lecture du Coran, s'écria: voila une doctrine merveilleufe. Elle conduitala vraie foi. Nous croyoas en elle,. & nous ne donnerons point d'égal a Dieu. Gloire a fa Majefté fuprême! Dieu n'a point d'Epoufe, il n'a point enfauté. Un de nous, dans fa folie, avoit blafphémé contre 1'Eternel. Nous penfionsque jamais homme ni génie n'auroit eet orgueil infenfé. Des hommes voulurent chercher Ia lumière, atiprés de que!ques-uns de nous, & ils n'en rapportèrent que 1'erreur. Ces efprits croyoient comme vous, ó mortels.' que. Dieu ne refftifciteroit perfonne. (1) Ces Génies liabitoient Ninive. lis fe préfentèrene a Mahomet lorfqu'au lever de 1'aurore il prioit fous un palmier. GelaleUin. 9 6 Au nom de Lh'eu clément cjf miféricordieux.  4^o L e Coran. Nous voulümes nous élever dans les Cieux, & nous les trouvames gardes par des troupes vigilantes , &: des feux pénétrants. Nous y avons e té aflis fur des fiéges, pour entendre; mais quiconque voudra écouter déformais, trouvera la flarcme préte k le repouffer. Nous ignorions fi ce que le Trés-Haut a deftiné aux habitans de la terre étoit pour leur malheur, ou pour leur inftruction. Parmi nous il eft des génies vertueux, il en eft de pervers;, nous fommes divifés en plufieurs ordres. Nous favions qu'il nous étoit ïmpoffible d'éviter le courroux du Ciel fur la terre, & que la fuite ne nous en mettroit pas a 1'abri. Nous avons entendu la doctrine du Coran, & nous 1'avons embraffée. Celui qui croit n'a point a craihdre de perdre le mérite de fes ceuvres, ni d'étre rejetté de Dieu. Quelqties-uns de nous profeffent riflamifme; les autres ont abjuré la vérité. Ceux qui ont cru recherchent avec ardeur la vraie doctrine ; Ceux qui 1'ont rejettée ferviront d'aliment aux flammes. Si les habitans de la Mecque marchent dans la voie de la juflice, nous leur accorderons une pluie abondante. Cette faveur fera une c'preuve: s'ils s'écartent d'e la loi divine, ils fubiront des fupplices rigoureux. Les Temples font confacrés aux louanges de 1'Eternel. Ne lui donnez point d'égaL  L e Coran. 424 Lorfque le ferviteur de Dieu s'arréta pour prier, les génies fe preffoient en foule pour 1'entendre. Dis:.j'adreffe au Seigneur un pur hommage. Nul autre ne parage mon encens. Dis: it n'eft point en mon pouvoir devousnuire, ni de vous faire embraffer la foi. Perfömie ne me défendfa contre le bras du ToutPuiffant. Je ne trouverai point d'abri contre fon courroux. Je- ne puls que vous exhorter. J'accomplis le miniltére dont le Ciel m'a chargé. Si vous étes rebelles a Dieu & au Prophéte, vous ferez, la proie des feux éternels. Ils feront prévaricateurs jufqu'a ce qu'ils voient la vérité de nos menaces; alors ils fauront qui de nous avoit choifi un plus foible appui. J'ignore fi les peines que je vous annonce auront un prompt accompliffement, ou fi elles feront différées jufqu'au terme. Dieu feul connoit les myftères; il ne les découvre a perfonne, A moins qu'il n'accorde cette faveur au plus chéri de fes Envoyés qu'il fait accompagner d'un cortége. d'Anges. II fait ce que fes Minifires prêchent aux hommes. Son ceil vigilant fuit leurs démarches. II tient un compte exact de toutes chofes. S y  4^2 L e Coran. (O O toi qui es revêtu de tes habits. Mahomet s'étoit enveloppé de fon manteau a 1'inftant oü Gabriel lui avoit apporté une révélation. La crainte & le refpeét 1'avoient fait fe couvrir. Geialeddin. 0j2) Geialeddin interpréte ainfi ce paffage : Lorfque le fidéle médke le Coran au commencemen: de la nuit, toutes les facultés de fon arae fe réuniflant, il concoit mieux les verfets qu'il lit, & les prononce avec plus de clarté. Maracci rejetté cette interprétation, & prétend que pour entrer dans le fens du faux Prophéte , il feroit mieux de dire- certè in principio noftis majus reiur, £? vim babet boms ad faminas premendas, ij? fubagitan* CHAPITRE LXXIII. LE PROP HETE , revêtu de fes habits. Donné a la Mecque, compofé de 20 verfets. Au'nom de Dieu clément & miféricordieux,. O Toi qui es revêtu de tes habits fji) ! Leve-toi pour prier pendant les ténèbres. Refte en prière jufqu'a minuit ou un peu moins. Redouble de ferveur & chante les hymnes du Coran. Nous te révèlerons des vérités fublimes. A l'entrée de la nuit (2) , 011 a plus de force  L e Coran. 423 pour concevoir, & plus de fircilité pour s'exprimer. De longues occupations te retiennent pendant le jour. Souviens toi du nom de Dieu. Quitte tout pour t'en entreténir. II eft le fouverain de 1'orient & de 1'occident. II eft le Dieu unique. Prends-le pour proteéteur. Souffre patiemment la calomnie. Sépare-toi des idolatres avec gloire. Laiffe moi veiller fur les incrédules que j'ai comblés de richeffes. L'aiffe-les quelque temps au fein du repos. Nous avons des chalnes péfantes, & des brafiers allumés. Nous avons une nourriture qui déchire les entrailles , & des tourmens douloureux. Un jour la terre fera ébranlée; les montagnes réduites en pouflière deviendront le jouet des vents. Nous vous avons envoyé un Apórte, ainfi qu'a Pharaon. II témoignera contre vous. Pharaon fe revolta contre notre Minifire ; une punition terrible fut le prix de fa rebellion. Si vous êtes infidèles; comment éviterez-vous le jour oü les cheveux des enfans blanchironj. Le Firmament s'ouvrira; les promeiTes de Dieu font immuables. lias, Êf ai clarioribus verbis amores fuos propalandos. Maracci, réfutation du Chapitre 73, page 759- C'eft ainfi qu'il réfute le Coran & fes Comraentateurs.  424 L ë Coran. Je vous ai avenis, hatez-vous, fi vous youlez, de marcher dans Ie chemin du falut. Dieu fait que tu redes en prière jufqu'aux deux tiers, jufqu'a la moitié, ou au moins jufqu'au tiers de la nuit; les croyans en font de même. II fait que vous ne pouvez exaétement compter le temps; c'eft pourquoi il ufe d'indulgence envers vous. Lifez du Coran ce qui vous fera le moins pénible. II n'ignora pas qu'il y a parmi vous des infirmes, des fidéles qui voyagent pour fe procurer 1'abondance , d'autres qui combattent fous 1'étendard de la foi. Lifez donc ce qui vous fera le moins pénible. Faites la prière. Payez le tribut facré. Formez avec le Seigneur une alliance glorieufe. Vous trouverez dans fes mains le bien que vous aurez fait. Vpus recevrez la récomprnfe de vos vertus. Implorez 1'indulgence du Seirr gneur; il eft indulgent & miféricordieux.  L e Coran. 4=5 CHAPITRE LXXIV (1). L E M A N T E A U. Donné a la Mecque, compofé de 55 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. O Toi qui es couvert d'un manteau! Léve-toi, & prêcbe. (O Ce Chapitre porte a peu pi es le méme titre que le precedent. Le voici: O toi qui es couvert a"un manteau'. De ce que Mahomet paroit deux fois couvert d'un manteau, Maracci conclut qu'il étoit épileptique & démoniaque. Eft-il une raifon plus frivole? II ignoroit fans doute que les Arabes ne vont jamais fans de longs mantcaux de laine blanche, qui les défendent de Ia chaleur pendant le jour, & qui leur fervent de ht pendant la nuit. Ces robes flottantes font encore des habits de cérémonie, & ils ne paroitroient pas devant une perfonne honnéte fans en étre révétus. II n'efl donc pas étonnant que Mahomet a 1'inftant oü il feiht que 1'Ange lui a parlé en fait été couvert. J'ai vu en Egypte de ces prétendus démoniaques , de ces hommes qui fe difent'infpirés ; loin d'étre enveloppés de manteaux, ils vont abfolument nuds , apparemment pour étre plus dégagés des chofes terreflxes. Le peuple les révére comme des hommes poffédés d'un génie, comme des Saüits.  L E C 0 R A * Clorifie Ie Seigneur. Ptrifie tes vêtemens. Fuis 1'abomination (i). Ne donne point a deflein de recevoir davantage. Attends patiemment ton Dieu. Lorfque Ia trompette aura retenti, Le jour terrible commencera. Les infidèles n'y trouveront point de confolation. Laifle-moi feul avec l'homme que j'ai créé. Je lui ai donné des biens abondans; Et des enfans pour les partager. J'ai applani les obllacles fous fes pas. II attend que je mette le fceau a fon bonheur. Vains fouhaits. II a été rebelle a ma loi. Je 1'obligerai a gravir la montagne pénible. II a penfé, & difpofé. La vengeance divine a été Ie fruit de fes projets. II eit mort comme il avoit agi. II a porté fes regards autour de lui, Et la triftefle a voilé fon front. Sur la terre il fut rebelle & orgueilleux. Le Coran , difoit-il, efl: une impoflure. Ce n'efl que la parole d'un homme. Les feux du tartare puniront ce blafphême. Qui te donnera une idéé de ce gouffre? II ne Iaiffe rien échapper; il ne rend point fa proie. II dévore les chairs des réprouvés. Dix-neuf Anges en out la garde. CO C'eft-a-dire le culte des idoles.  L e Coran. 427 Nous ne 1'avons cörifiee qu'aux efprits célefles. Nous les avons fixés a ce nombre pour égarer les Idolatres, pour alTermir les Juifs dans la vraie croyance, & augmenter la foi des fidéles. Que les Juifs & les croyans ne doutent donc point de cette vérité. LaifTe ceux dont Ie cceur efl infeété, laiffe les impies s'écrier : que Dieu veut-il nous enfeigner par ce nombre myftérieux? Le Tout-Puiffant éclaire, ou égare les mortels, a fon gré. Perfonne ne connoit fes armées. Lui feul en a Ia connoiffance. Ces vérités doivent vous inflruire. Je jure par la lune, Par Ia nuit quand elle püe fes voiles, Par 1'aurore quand elle s'avance entourée de lumière , Que 1'enfer efl 1'abime épouvantable; Qu'il menace les humains; Qu'il avertit celui qui marche dans Ie chemin de la juflice, & celui qui retourne fur fes pas. Chacun répondra de fes ceuvres. Ceux qui occuperont la droite, Entreront dans Ie jardin de délices. Ils demanderont aux méchans: Qui vous a fait tomber dans 1'enfer? Nous n'avons point fait la prière, répondront-ils; Nous n'avons point nourri le pauvre; Nous avons difputé avec les amateurs des frivolités;  428 L e Coran. Et nous avons traité dc chimère le jour de la réfurreclion. La mort fatale nous a furpris. L'interceffion leur fera inutile. • Pourquoi fe font-ils élojgnès ae la religion, Semblables a 1'ane fauvage qui fuit devant une lionnc ? lis voudroieut que Dieu leur envoyat un ordre de fa main. II n'en fera pas ainfi; c:pendant la vie future ne les épouvante point. II u'en fera pas ainfi. Le Coran les avertit. Que. celui q. i veut s'éelairer recherche fa lumière, Les élus du Seigneur écouteront feuls les avertilTemcns divins. Dieu méate q/on le cra'gna. La miféiicot'de. efl fon partage.  L e Coran. 429 L n A M T R E LXXV. LA RESURRECTION. Donné a la Mecque, compote de 40 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. Je ne jurerai point par le jour de la refurrection. Je ne jurerai point pati'ame qui s'accufe elle-même. L'homme croit-il que nous neréunirons pas fes os? Nous opèrerons cette merveiile; nous rejoindrons les phalanges de fes doigts. Mais il nie 1'évidence qui frappe fes yeux. Quand viendra le jour de la réfurreftion, dernande-t-il ? Lorfque 1'ceil fera conflerné; ' Lorfque la lune éclipfée, Ira fe réunir au foleil. Les mortels S'ecfieront: oü trouver un afile? Ils en chercheront en vain. Ils fe tiendront debout devant le Tribunal de Dieu. Les actions anciennes & récentes feront dévoilées. L'homme fera témoin oculaire contre Iui-même. Ses excufeS feront vaines. Ne lis point le Coran avec précipitation.  43- L e Coran. Nous le graverons dans ta méinoire, & nous t'apprendrons a le réciter. Lorfque Gabriel te récitera des verfets , fuis-le attentivement; Nous t'en donnerons I'interprétation; Le Ciel t'en fait la promeffe. Vous chériffez une ombre fugitive, Et vous abandonnez la vie future. Le front des juftes paroitra rayonnant de gloire. Leurs regards feront tournés vers le Seigneur. Le vifage des méchans fera couvert des ombres de la tri (lelie. , Le malheur prêt a fondre fur eux occtipera leur penfée. Leurs craintes feront juftes. Quand f homme eft au lit de la mort, Et que les aflïftans s'écrient: oü trouver une potion enchantée? II fonge alors qu'il va fe féparer du monde; Ses cuilfes fe ferrent 1'une contre 1'autre, Et fon ame eft portee devant 1'Eternel. L'homme n'a point la foi; il ne prie point. II nie la vérité du Coran, & s'éloigne de la religion. Au milieu de fa familie, il vit avec falie. Cependant 1'heure lepreffe; elle eft prête a fonner. Mortels! je le répête, la mort vous pourfuit; elle va fiapper. Croyez-vous qu'on doive vous laiffer affrauchis de toutes loix ?  L e Coran. 431 N'avez-vous pas été une goutte d'eau répandue? Dieu ne vous a-t-il pas formés d'un peu de fang? n'a-t-il pas donné a vos corps de juftes proportions? N'a-t-il pas tiré du néant les deux premiers époux? Le Créateur du genre humain, manqueroit-il de puiffance pour faire revivre les morts?  4>- L e Coran. CHAPITRE LXXVI. V H O M M E. Donné a la Mecque, compofé de 22 verfets. X-/'n o m m e a-t-fl longtemps exifté, fans que nous lui ayons offert des preuves de notre puiffance? Nous lui avons donné 1'être en rapprochant les deux fexes. Nous 1'avons mis fur la terre pour 1'éprouver. II a recu de nous 1'ouie & la vue. Nous avons guidé fes pas dans le chemin du falut, pour éprouver fa reconnoiffance, ou fon ingratitude. Nous avons préparé aux infidèles des brafiers, & des chaines fous lesquelles leurs cols feront courbés. Les juftes boiront un vin exquis mélé avec Teau de Ca fon r fi). C'eft la fontaine oü fe défaltèreront les ferviteurs Au nom de Dieu clément & miféricordieux. (i) Cafiur eft unc des kmaines du Paradis. Les Bienheuretix tnèleront fon eau avec du vin. Gelaleddin.. de  L E C O R A N. 433 de Dieu. Ils en feront 'couler les eaux ï leur gré (i). lis ont accompli leurs vceux; Ils" ont craint le jour qui répandra au loin le malheur. Ils ont diftfibüé au pauvre, a Uorphelin, au captif, une nourriture agréable. Nous vous nourriffons, pour I'amour de Dieu , leur difoient-ils; nous ne vous demandons ni récompenfe, ni aclions de graces. Nous penfons en tremblant a-.i jour des calablfoés, su jour oü la triileffe éiévera un nuage fur les vifages. Leur piété a eu fa récompenfe. Dieu les a dé.ivrés des peines éternelles- Leur tê'te eft ceinte d'un éclat radieux. La beauté & la joie brillent fur leur front. Les jardins de délices, & les vêtemens de foie, font le prix de leur perfévérance. Ils repofent fur le lit nuptial. L'éclat du foleil, & de Ia lune, ne les importune point. Les arbres d'alentonr les couvrentdë leurómbrage. Les rameaux chargés de fruits s'abailiént devant eu;;. On leur préfénte des vafes d'argent, & des coupes égales en beauté au criftal; Ils s'y defaltèrent a leur gré. Un mélange de vin exquis, & d'eau pure"de Zangebil (2) , eft leur boiflbn. Süljabil éft le lieu oü coule cette fource fuperbe. (O I's feront couler les eaux de cette fontaine auteur de leurs palais, par-tout oü ils voudront. Gelaleddin. (2) Cette eau eft auffi agréable qnc le zinzlbef, boitTun que les Arabes aiment avec paffion. GelaUddia. Tume 11. T  434 L e Coran. Des enfans doués d'une éternelle jeuneffe, s'enipreflent a les fervir; la blancheur de leur teint égale 1'éclat des perles. L'ceil, dans ce féjour délicieux, ne voit que des objets enchanteurs ; il fe promène fur un royaume d'une vafte étendue. L'or & la foie forment leurs habits.. Des bracelets d'argent font leur parure. Dieu les fait boire dans la coupe cu bonheur. Telle eft la récompenfe qui vous eftpromife. Certainement votre zèle fera payé de reconnoiflance. Nous t'avons envoyé le Coran du Ciel. Attends avec patience le jugement de Dieu. N'obéis point a 1'impie & a 1'infidéle. 1 Glorifie le nom du Seigneur, le matin & le foir. Adore-le pendant la nuit. Publie fes louanges au milieu des ténèbres. Le plus grand nombre des hommes s'attachent rt 1'ombre quifuit, & laüTent derrière eux le jour terrible. Nous les avons créés, nous avons refferré les fiens qui les uniflent, & quand nous voudrons, nous mettrons a leur place d'autres hommes. Le Coran vous offre f inftruétion. Hatez-vous, fi vous voulez , de fuivre la lumière divine. Mais Ia volonté de Dieu peut feule déterminer Ia vótre. II eft favant & fage. II fera part de fa miféricorde a qui il voudra. II a préparé pour les impies, des fnppüces effrayans.  L e Coran. l, ■ 5 CHAPITRE LXXVII. LES ME S S.AG .Ê R S. Donné a la Mecque, corapofé de 50 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. JPa r les melfagers qui fe fuivent, Par les tenipêtes affreufes, Par les vents qui apportent Ia féconditë, Par les verfets du Coran, Par les Anges qui portent des avertifieinens; Les peines qu'on vous annonce viendronu Lorfque les étoiles auront été anéanties, Que la voute des Cieux fe fera fendue, Que les montagnes feront difpetfées en poufllère, Et lorfque les Envoyés auront été réunis au terme marqué; Dans quel jour le genre humain fera raffemblé ! Ce fera 1'iaftant de la féparation. Qui te donnera une idéé de ce moment épouvan- table ? Malheur dans ce jour a ceux qui auront traité la vérité d'bnpoflure! N'avoiis-nous pas exterminé ceux qui les ont pré- cédés? T 2  43 Le Coran. Au-deffus de vos têtes font des gardiens honorables (i). Ils obfen-ent, ils écrivent; Ils voient toutes vos aclions. Les juftes habiteront le féjour des voluptés. Les fcélérats feront précipités dans 1'enfer. Le jugement met-tra le fceau a leur réprobation. Ils feront dévorés par les flammes. Jamais ils ne fortiront de 1'abyme. Qni te fera comprendre ce jugement terrible? Qui pourroit t'en donner une idéé? Dans ce jour, l'homme ne pourra rien pour fon femblable. L'Eternel aura 1'empire de ce jour. CO Ce font les Anges.  L e Coran. 45' CHAPITRE LXXXIII. LA MESURE IN J U S T E. Donné a la Mecque, coinpofé de 36 verfets. Au nom de Dieu clément éif miféricordieux. ■M m/heür a ceux qui pêfent a faux poids! Qui en sclietant exigent une mefure pleine; E: qui, quand ils vendent, trompent für la mefure ou le poi!s. Ne fongent-ils donc point qu'ils rentifciteront Dans le grand jour, Dans ce jour, oü le genre humain comparoltra devant le Souverain de 1'univers? Vous ne pouvez en douter. Le livre des fcélérats (1) fera Ie Segin. Qui te le fera connoitre, Ce livre oü les crimes feront tracés? Malheur, dans ce jour, a ceux qui ont blafphémé contre rTflanrffme! Malheur a ceux qui nient la réfurrection! L'impie & le fcélerat rejettent feuls cette vérité, (i) C'eft le livre 0(1 font écritcs les aclions des démons & des infidèles. Gtlalt&din.  452 L e Coran. ( La rcl'gion n'eft a leurs yeux qu'une fubie, que raiMiqufté enfanta: Te!s fout lejjKs difcours. Le crime a endurci leurs eceurs. Au jour du jugement, Dieu les enveioppera d'un voile , Et les précipitera dans 1'enfer. Voi.a, leur dira-t-il, les tourmens que vous traitiez de chimère. Ces menaces font véiitables. Le üvrc des juftes eft dliin Qui t'en donnera 1'iutelligence? C'eft le iiv-re ou font c'Cfites ks f.élions ;'ertueuft-s. Les Anges les plus prés de 1'Eternel en fo:.t les témoins. Les juftes feront les hótes du féjour de déiices. Couchés fur le lit nuptial, ils porteront ca & li leurs regards. On verra briller fur leur front les rayons de Ia joie. Ils boiront d'un vin exquis & fcellé. Le cachet fera de mufc. Que ceux qui défirent ce bonheur, s'efforcent de Ie mériter. Ce vin fera mêlé avec 1'eau du Tefnim (3), Source précieufe, oü fe défaitèreront ceux qui feront le plus prés de 1'Eternel. CO A/fin eft !e livre oü font écrites les aclions des Auges, des fidéles , & des Génies. Gtlahidia. (e) Tefnim eft le nom d'une fontaine du Paradis.  L E C O R A N. 4'3 Les fcélérats infultent aux croyans, par leurs plaifanteriers. S'ils palfcnt prés d'eux, ils les regardent d'un ceil mép Haat. De retour dans leurs maifons, ils s'en moquent infolemment. A leurafpeft i!s difent: voila ceux qui font dans Terreur. I's ne font point chargés du foin de les conduire. Au jour du jugement, les fidéles riront des méchaus. Ils les verront, du fein des plaifirs. Les infidèles ont-ils été récompenfés fuivant leurs ceuvres ?  454 L e C o r A Is'. CHAPITRE LXXXIV. V OUVERTURE. Donné a la Mecque, compofé de 25 verfets. JL/orsque le firmament s'ouvrira, Et qu'il aura obéi a la voix' du Tout-Puilfant; Lorfque la terre fera applanie , Qu'elle aura rajetté les morts de fon fein, que les tombeaux feront vuides, Et qu'elle aura exécuté les ordres de 1'Eternel; Mortels, vous vous haterez de comparoltre devant fon tribunal. Ceiui qui recevra le livre de fes ceuvres dans la main droite, Sera jugé avec douceur. II rétöurnera joyeux a fa familie. Ceux a qui on 1'attachera derrière le dos fj), Invoqueront la mort, Et feront la proie des Hammes. • CO f-es infidèles auront. la main droite attachée au col. Ils portcront dans leur main gauche liée derrière le dos, ie livre de leurs ceuvres. GeUUdiïa. Au nom de Dieu clément & miféricordieux.  L e Coran. 4j- Sur Ia terre, ils vivojent avec fade; Ils penfoient gu'-ils ne reljufciteroient point; Mais Dieu obfervoit leurs démarches. Je ne jurerai point par la rougeur du Ciel au coucher du Soleil, Par Ia nuit, & ce qu'elle enveloppe de fes ombres , Ni par la lune quand elle efl en fon plein, Que vous changerez d'état (i). Qui peut les empêcher de croire? Pourquoi n'adorent-ils pas Ie Seigneur, quand on leur lit le Coran ? Au contraire , les infidèles 1'accufent de fauffeté ; Mais Dieu fait ce qu'ils accumulent. Annonce-leur un fupplice effrayant. Les croyans vertueux jouiront d'un bonheur éternel. (O C'eft-a-dire que vous pafTerez de la vie a la mort, & de la mort a Ia réfurreftion. QthUddin.  4.-5 L e Coran. CHAPITRE LXXXV. LESSWNES CELESTES. Donné a la Mecque, compofé de 22 verrets. Au n»m de Dieu clément & miféi icor dieux. Par les fignes qui font dans les Cieux (1), . Par le jour promis (2), Par le témoin , & le jour du témoignage (3), Les habitans de la caverne ont péri. Ils y entretenoient un feu coupable. Tandis qu'üs étoient clïïs a fentour, Ils formoient des projets contre les fidéles. Ils ne les ont tourmentés que paree qu'ils croyoient au Dieu puiffant & digne de louanges; Au Dieu qui a le domaine du Ciel, de Ia terre, •& qui obferve toutes les sflions. Ceux qui ont brülé les fidéles des deux fexes, & qui n'ont pas fait pénitence , feront précipités dans les Hammes de 1'enfer. (1) Ce font les fitnes du Zodiaque. (e) Le jour de la refurrecnon. (3) Le témoin c'eft Mahomet; le jour du témoignage, c'eft le jugement. Jahia, Ceux  L e Coran. 457 Ceux qui, a ia foi, ont joint Ie mérite des bonnes ceuvres , habiteront les jardins qu'arrofent des fleuves, féjour de la félicité fuprêtne. Certainement les vengeances de Dieu feront terribles. II efl le créateur & Ie terme de toutes chofes. II efl induigent & aimant. Il poflede le tróne fublime. Sa volonté efl fa loi. Sais-tu 1'hiltoire des armées, De Pharaon, & de Thémod? Mais les infidèles nient 1'évidence. ^j£u les enveloppera par-derrière. 'ivre efl Ie Coran glorieux; II efl écrit fur la table gardée (1). CO Cette Table Gardee fi fameufc parmi les Mahométans, cd foutennc au-deffus du feptième Ciel. Les Anges Ia défcndent contre 1'attcntat des démons, afin que ce qui y eft écrit ne fouffre aucune altération. Sa longucur égale l'efpace qui eft entre les Cieux & la terre, & fa largcur la diftance qui fe trouve entre 1'orient & 1'occidcnt. Elle eft faite d'une feule pierre précieufc d'une blancheur éblouiffante. Eb» Abbas. Terne II,  45« L e Coran. CHAPITRE LXXXVI. VAST RE NOCTURNE. Donné a la Mecque, compofé de 17 verfets. Au nom de Dieu clément £? miféricordieux. Par le Ciel, & 1'étoile nocturne: Qui te fera la peinture De eet aft-re dont les feux font pénétrans? IQ Chacun a un gardien qui 1'obferve. Que f homme coufidère de quoi il a été créé: D'un peu d'eau répandue, Sortie des reins, & des os de la poitrine. Certaineraent Dieu peut le relfufciter. Le jour oü les myftéres feront dévoilés, II n'aura ni puiffance, ni appui. Par le Ciel qui éprouve une révolutión; Par la terre qui renferme le germe des plantes, Le Coran diftingue le bien du mal; II ne contient rien de frivole. Les infidèles te dreffent des embüches; Je leur tends des piéges. Souffre-les avec patience ; laiffe-les s'endormir que'ques inftans au fein du repos.  L e Coran.' 45^ (1) Le fidéle qui lira le Chapitre du Très-Haut recevra dix dons célefles pour chacurie des lettres que renferment les livres envoyés du Ciel a Abraham, Moyfe & Mahomet: c'eft le fentiment des Uofleurs Mahométans. V 2 CHAPITRE LXXXVII. L E TRES - HAUT (1). Donné a la Mecque, compofé de 10 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. I^oue le nom du Seigneur, du Dieu Très-Haut. II,a créé, & perfeélionné fes ouvrages. La fagelfe éternelle préfide a fes décrets. II fait verdir 1'herbe de vos prairies; 11 la réduit en foin defféché. Nous te ferons lire, & tu n'oublieras rien , Que ce qui plaira a Dieu; il connoit ce qui efl: public & caché. Nous te rendrons nos voies faciles. Inflruits les peuples; tes inflruftions feront falutaires. Celui qui craint Ie Seigneur, y fera docile. Malheur a celui qui n'y foumettra pas fon cceur! Précipité dans le grand brafier;  46a L e Coran. II' n'y trouvera ni la vie ni la mort. Celui qui eft purifié a atteint le bonheur. II a confervé le fouvenir de Dieu, & a prié. Mais vous, ó infidèles! vous préférez la vie du monde. La vie future fera plus délicieufe, & plus durable. Cette vérité eft confacrée dans les livres des anciens ; Dans les livres d'Abraham & de Moyfe.  L e Coran. 461 fi) Le iari» eft un arbrifleau épineux dont les fruits font dégoötans. V 3 CHAPITRE LXXXVIII. LE VOILE TÉ NEB RE U X. Donné a Ia Mecque, compofé de 27 verfets. '3 Au nom de Dieu clément & miféricordieux. T a-t-on fait Ia peinture du voile ténébreux? Ceux dont Ie vifage en fera couveit, Seront femblables a des merceuaires Accablés de fatigue. Précipités dans les feux dévorans, Ils avaleront de 1'eau bouillante. Le fruit du Daria (1) fera leur nourriture. II ne leur procurera aucun embonpoint, & ne calmera pas leur faim. Le front des juftes fera rayonnant de joie. Le contentement de la vertu dilatera leur cceur. Ils babiteront le jardin de délices; Les futilités feront bannies de ce féjour. On y trouvera des fources jailliiïantes, Des lits élevés, Des coupes préparées,  452 L e Coran. Des couffins mis en ordre, Des tapis étehdus. Ne voienc-ils pas comme !c chameau a été créé , Comme les Cieux ont été élevés, Comme les montagnes ont été affermies, Comme la terre a été étendue? Prêche les hommes ; la prédication efl ton miniftère. Ne leur commande point avec violence. L'apofiat & 1'incrédule, Seront les viétimes des vengeances célefles. I!s paroitront devant notre tribunal, Et nous leur ferons rendre compte.  L e Coran. 4ö"3 CHAPITRE LXXXIX. V A U R O R E. Donné a Médine, compofé de 30 verfets. Au nom de Dieu clément miféricordieux. -La r 1'aurore, & dix nuits, Par !a réunion & la féparatfon, Par 1'arrivée de Ia nuit: N'eft-ce pas-la un jurement pour celui qui a de fintelligence ? Ignorez-vous comment Dieu fe vengea des Adéens; Des Aramites dont la taille égaloit la hauteur des colonnes; (La terre ne porta jamais d'hommes femblables). Des Thémudéem qui avoient taillé les rocbers en vallons •, De Pharaon qui, environné d'une Cour brillante, 'C.ouvernoit 1'Egypte avec orgueil? Tous ces peuples avoient fait régner le vice fur la terre. Dieu les frappa de fes fléaux vengeurs. II obferve toutes les afïions. Favorifé de Dieu, comblé de richeffes 6': d'honneurs, l'homme jouit-ii de la protpétité ? V 4  464 L e Coran. II dit: le Seigneur m'a honoré. Le Ciel a-t-il retiré fes dons? L'adverfité Feprouve-t-e!le? II dit: le Seigneur me dédaigne. Point du tout; mais vous n'honorez pas I'orphelin; Vous ne vous empreffez point a nourrir lepauvre ; Vous dévorez avec avidité les héritages; Vous aimez avec paffion les richelfes. Ne font-ce pas-la vos défauts? Lorfque la terre fera réduïte en pouflière, Que Dieu & les Anges viendront par ordre, Que 1'enfer ouvrira fes abymes, l'homme fe fouviendra; Mais quel fera fon fouvenir ? Plüt au Ciel, dira-t-il, que j'eufle fait le bien ! Perfonne ne fe dévouera pour lui aux tourmens; Perfonne ne le déchargera de fes ehaines. O homme! qui eus de la confiance, reviens avec joie dans le fein de ton Dieu. Entre au nombre de mes ferviteurs; viens l.abiter le Paradis.  L e Coran. 4'5 CHAPITRE XC (i). LA VILLE (2). Donné a la Mecque , compofc de 20 verfets. Au nom de Dieu clément & miféricordieux^ Ji-: ne jurerai point par cette ville; Elle eft ton afile. Je ne jurerai pont par le père & fenfant. Nous avons fait nattre l'homme dans les larmesiPenfe-t-il être affrauchi de toute puilfance? II s'écrie: j'ai perdu d'immenfes richeffes. Croit-i! que perfonne ne le voit? Ne lui avons-nous pas donné deux yeux, Une langue, & deux lèvres? Nous 1'avons fait paffer par 1'une & 1'autre fortune; Mais nous ne 1'avons pas foumis a la deraiêre épreuve. (1) Les fidéles qui liront ce Chapitre avec dévotion feront protégés du Ciel; Dieu leur donnera au jour de la réfurrection une fauve-garde contre fa colère. Zamchafcar. (e) La Ville dont il eft parlé dans ce Chapitre eft lai Mecque: c'eft le fentiraent de tous los Commentaieurs.. V 5.  4^ö* L e Coran. Quelle efl: cette épreuve? C'eft de racheter les captifs, De nourrir, pendant Ia familie, L'orphelin qui nous efl: lié par le fang, Ou le pauvre couché fur la dure: C'eft d'embrafler la foi, de prêcher la perfévérance, Et de fe faire une loi de Ia miféricorde. Ceux qui pratiqueront ces vertus occuperont la droite. Ceux qui rejettent notre doctrine feront a Ia gauche. Les Hammes dévorantes s'élèveront au-defius de leurs têtes.  L e C o n a ft; 467 CO Le Mahométan qui lira dévotcmcnt ce Chapitre fera récompenfe' comme s'il avoit donné en aumöne tous les biens que lc foleil & la lune éclairent dans leur cours. Zcmcbafcar. (2) Tous ces Chaphres font écrits en rimes mêlées. Dans celui-ei Ia même continue d'un bout it 1'autre. Nousallons tacher d'exprimer avec nos caraétères les fons Arabes des fix premiers verfets , alin de donncr une idee de ces rimes. Oua fchamjiu oua dobaïba Oua-l-camarin eza jalaïba Oua-l-lailin eza iercbaïlm Oua ffamaïn oua ma iebna'iba Ous-l-lardin oua ma tabaïba Oua nafsin oua ma faoudiba. V 6 CHAPITRE XCI (i). L E SÓL.EIL. Donné r. la Mecque, compofé ele 16 verfets. Au nom de Dien clement fi? miféricordieux., T3 Aar Ie foleil, & fes feux étincclans (2), P;.r la lune quand elle le fuit, Par le jour quand il le laifle voir dans tout fon éclat,  4 (1) Dieu combiera les vceux des fidéles qui liront ce Chapitre ; il adoucira pour eux les peines de la vie , & couronnera du fuccès toutes leurs entreprifes : c'eft le fentiment des Docteurs Mahométans. V 7 CHAPITRE XCII (i). LA NUIT. Donné a la Mecque, compofé de 21 verfets. Au nom de Dieu clément elf miféricordieux, _Par la nuit quand elle étend fes ombres, Par le jour quand il brille de Péclat le plus pur, Par le créateur de l'homme & de Ia femme, Votre zèle aura un fuccès différent. Celui qui fait 1'aumöne, & qui craint le Seigneur, Qui profefTe la religion fublime, Trouvera la route du bonheur facile. Celui qui , dominé par 1'avarice, ne fonge qu'a. amaffer des tréfors, Et qui a abjuré riflamifme, Court dans le chemin de 1'enfer. A quoi lui ferviront fes richeffes quand il aura été précipité dans les Hammes? A nous appartient le foin d'éclairer les hommes.  270 L ë Coran. A nous appartiennent la vie préfente & ia vie future. Je vous menace d'un feu dévorant. Malheur a celui qui en fera la viclime! L'incrédule qui aura nié la miffion du Prophéte, fera eet infortuné. L'homme pieux habitera un féjour bien différent. II a fait le facrifice de fes biens pour fe rendre plus pur. Jamais il ne laiffa un bienfait fans récompenfe. Plaire a Dieu étoit fon unique défir. La pofleffion du Paradis fera fon bonheur.  L e Coran. 471 CHAPITRE XCIII. LE SOLEIL au plus haut de fon cours. Donné a la Mecque, compofé de 11 verfecs. Au nom de Dieu clément ti? miféricordieux. JPa r le foleil au plus haut de fon cours, Par les ténèbres de la nuit, Le Seigneur ne t'a point abandonné; tu n'es point 1'objet de fa haine. (1) La vie future vaut mieux pour toi que la vie préfente. Le Tout-puiffant t'accordera des biens qui contenteront tes défirs. N'étois-tu pas orphelin? n'a-t-il pas accueilli ton «nfance ? II t'a trouvé dans Terreur, (2) & il t'a éclairé. Tu étois pauvre, & il t'a enrichi. Ne fais point de violence a 1'orphelin-, Ne reprimande point le pauvre qui deraande. Raconte les bienfaits dont le Ciel t'a comblé. (O Ces paroles lui furent apportées pour le confoler. Mahomet n'ayant point eu de révélation pendant quinze jours, les infidèles dirent: Dieu 1'a abandonné; il le hait, Gclaleéditt. (2) Mahomet fut idolütre jufqu'a 1'age de quarante ans.  4S2 L e Coran. «sj» Z)«V« clément & miféricordieux. N AVONs-nous pas dilaté ton cceur? (i) Ne t'avons-nous pas déchargé d'un fardeau (2)? II accabloit tes épaules de fon poids. Nous avons rendu ton nom fameux. A cóié de la peine eft le plaifir. A cóté de finfortune eft le bonheur. Lorfque ta prière eft accompüe , prècbe. Elève vers le Seigneur un cceur enilammé. (1) En t'éclairant & en t'accordant le don de Propèétie. GeWled'dtn (2) C'eft-a-dire nous t'avons pardonné Is crime d'idolairie que tu avois commis. m C HAPITRE XCIV. LA DILATATION. Donné a la Mecque, compofé de 8 verfetj.  L e Coran. 473 xP^*.. _ t?^. v?^*. r"5^.. CHAPITRE XCV. L E F I G U I E R. Donné a la Mecque, compofé de 8 verfets. Au nom de Dieu clément ö? miféricordieux. _Par le figuier & 1'olivier, Par le Mont-Sinaï, Et ce pays fidéle , Nous avons créé l'homme dans les plus admirables proportions; Et nous le précipiterons au fond de 1'abyme ; Mais ceux qui croiront, & qui feront le bien, auront une récompenfe éternelle. Qui peut donc porter l'homme a nier le jour du jugement? L'Eternel n'eft-il pas le plus équitable des Juges ?  4,"4 L e Coran, CHAPITRE XCVI. VUNION DES SEXES. Donné a Medine, compofé de 19 verfets. ^« de Dieu clément fi? miféricordieux. JL/is au nom du Dieu créateur (1). II forma l'homme en réuniftant les fexes. Lis au nom du Dieu adorable. II apprit a l'homme a fe fervir de Ia plume (2): II mjt dans fon ame le rayon de la fcience. C'eft une vérité, & il fe révolte contre fon bienfaiteur. Les richeffes augmentent fon ingratitude. CO Les cinq verfets qui commencent ce Chapitre furent apportés è Mahomet fur Ie Mont Hara; ce font les premiers qui lui aient été révélés. Gtlaleddin. Jabia. Abul-Feda. Abu-Decr qui raffembla dans un volume les verfets épars du Coran n'ayant eu aucun égard au temps oü ils avoient *té révélés, ceux-ci qui devroient commencer le recueil, fe trouvent prefqu'a la fin. Voyez ce que nous en avons dit dans la Préface. CO Les Arabes croient qu'Henoc eft le premier qui fe fervit de la plume pour écrire.  L e Coran. 4-5 Certainement le genre humain retournera a Dieu. Que penfer de celui qui trouble Le ferviteur de Dieu lorfqu'il prie, Lorfqu'il accomplit 1'ordre du Ciel, Lorfqu'il recommande la piété ? Que penfer de l'infidóle & de 1'apolTat? Ignorent-ils que Dieu voit? S'ils n'abandonnent 1'itnpie'té nous les traineron» par les cheveux, Par leurs cheveux coupables & menteurs. Qu'ils appèlent leurs adhèrans! Nous appèlerons nos bourreaux. Ces paroles font la vérité. N'obéis point a 1'impie. Adore Ie Seigneur, & t'élève vers fon tróne. CO Les Anges qui punifTent les fcélérats.  47 -_-»srs« CO Cette nuit célèbre fut nommée EUadar, paree que Dieu y difpofa toutes chofes avec fagefle. La tradition nous apprend , dit Zamcbrifcar, que Ie Coran fut apportè pendant cette nuit de Ia Table Gardée au feptième Ciel, dans le Ciel de la Lune. Gabriel qui IV voit recucilli en un feul volume, le ditfta a Mahomet pendant l'efpace de vingt-trois ans. CO L'Efprit , c'eft Gabriel. - ' * 1 ï VVV Au nom de Dieu clément & miféricordieux. jNous t'en voyames le Coran dans la nuit célèbre (1). Qui te fera connoitre le prix de cette nuit glorieufe ? Elle eft plus précieufe que mille mois. E'le fut confacrée par la venue des Anges & de 1'Elprit (2). Ils obéirent aux ordres de 1'Eternel, & apportérent des loix fur toutes chofes. La paix accompagna cette nuit jufqu'au lever de 1'aurore.  L' e Coran. 47? CHAPITRE XCVIIL VÈVIDENCE (i> Donné a la Mecque, compofé de 9. verfets. O) Les Mahométans vertueux qui liront le Chapitre de 1'évidence, feront placés au jour de Ia réfurreétion parmi les créatures les plus excellentes qui foient forties des mains de 1'Eterncl : c'eft le fentiment des Docleurs Mufulmans. CO Par 1'évidence , on doit entendre Ia do&rine d* Coran que prficha Mahomet. Gtlahéditi. Au nom de Dieu clément & miféricordieux. Les Chrétiens, les Juifs incrédules, & les idolatres ne fe fout éloignés de toi que lorfqu'ils ont vu 1'évidence (2). L'envoyé de Dieu ne lit que les livres épurésqui renferment la vraie doctrine. Ceux qui ont recu les écritures ne fe font divifés, que lorfque Ia vérité a brillé a leurs yeux. Cependant on ne leur commandoit que de fervir Ie Seigneur, de lui montrer une foi fincère, d'adorer fon unité, d'obferver la prière, & de payer le tribut facré: c'eft-la la vraie religion.  4. 5 L e Coran. Ceitainement les Chrétiens, les Juifs incrédules & les idolatres feront jettés dans les brafiers de 1'enfer. Ils y demeureront éternellement. Ils font les plus pervers des hommes; Mais les croyans qui pratiquent Ja vertu font ce que Ie Ciel a créé de plus parfait. Leur récompenfe eft dans les mains de Dieu. 11 leur donnera les jardins iVEden oü coulent des fleuves, féjour d'un bonheur éternel. II mit en eux fes complaifances. Ils placèrënt en lui leur amour. La félicité fera le partage de ceux qui le craignent.  L e Coran. 479 CO Les fwdeaux, c'eft-a-dire les morts. Gilaleddi». chapitre cxix. LE TREMBLEMENT DE TERRE. Donné a Medine, compofé de 8 verfets. -iij»—mH?- ,,. Au nom de Dieu clément <£? miféricordieux. jLorsque Ia terre aura éprouvé un violent treinblement, Et qu'elle aura rejetté les fardeaux (1) de foa fein, L'homme dira: quel fpeétacle! Dans ce jour, la terre racontera ce qu'elle fait; Paree que Dieu le lui commandera. Les hommes s'avanceront par troupes pour rendre compte de leurs ceuvres. Celui qui aura fait le bien de Ia péfanteur d'un atóme, le verra. Celui qui aura fait le mal de la péfanteur d'un atöme, le verra.  t'0 Le Coran. CHAPITRE C. LES COURSIERS. Donné a la Mecque, compote de 11 verfets. «3-i , ■ CHA- Au nom de Dieu clément Synduale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No. o6;i fa, 808, eonformément aux difpofitións énoncées dans le préfent ■ Pnvilege; & a la charge de remettre a ladite Ihambre les bun exemplaires prefcrits par Varticle CVIII du Réglement de T23. A Paris, ce vingt-un Déccmbre 17S2. L E C L E R C, Syndic.