DESCRIPTION PHYSIQUE d E LA CONTREE de la TAURIDE, rel at ivement aux trois REGNES de la NATURE. Pmrfervirdefuited VHiftoire dts Dêcouvertes faites par divers favans Foyagturs dans plufteurs Contrées de la r v ss iztf de/«perse, &c Pu~ bliéeen 1779, d bERNE 6f d la haye. TRADUITE du RÜSSE., e t ENRICHIE de NOTES, A LA H A T E, Chez J. VAN GLEEF, M. pcc. LXX.xrilL   AVERISSEMENT L'Ouvrage dont nous donnons ici la Tradu&ion, a été publié en 1785 par 1'Académie des Sciences de Petersbourg, fans nom d'Auteur: fa modestie, aparemment, 1'a déterminé a garder le filence; car 1'ouvrage par lui même, eft digne de tous les éloges: la partie de la Botanique, furtout, y eft traitée avee beaucoup de favoir, de préciflon & de détail. Elle eft même remplie de vues patriotiques trés bien faifies. L'Auteur, dans toutes les occafions, indique les plantes a multiplier dans la Tauride & les avantages qui doivent en réfulter pour le pays &c. Dans la partie de la Minèralogit, 1'Auteur laiffe, k la vérité, quelque chofe a défirer: il femble que, rélativement a eet objet, il n'a fait qu'entrevoir la Tauride. II fe peut que les moyens lui ayent manqué: pour aprofondir cette partie, il ne fuffit pas de parcourii- les montagnes, de voir beaucoup de pays; il faut s'y arrêter longtems, <5i furtout creufer dans le fein de la terre, pénétrer dans fes entrailles, &c. Or, on fait de refte que ce n'eft pas la toujours 1'ouvrage d'un ümple particulier, dans un pays furtout oli 1'on rencor,tre, indépendamment des obftacles généraux, celui du préjugé religieux ; car tout bon Mufulman eft ennemi de ces fortes de découvertes & par ignorance & par principe de religion. Pour s'en convaincre on n'a qu'a lire Tournefort & tant d'autrcs voyageurs qui ont cu a faire mxMahométam dans leurs courfes. L'Autcur peut cependant n'avoir pas eu tous fes inconvéniens a combattre : s'il a parcouru * 2 ]a  iv AVERTISSEMENT. Ja Tauride fous les aufpices de 1'Impératrice, toutes les difficultés auronc, fans doute , été aplanies: le génie fublime de cette grande Soüveraine fait donner 1'impuifion néeeflaire aux recherches de ce genre; témoin, entre autre, la. nianiere dont les Pallas, les Gmelin, les Lepechine, &c. ontvoyagé dans la vafte étendue de fon Empire, en Perfe & en Georgië. Mais nous ignorons abfolument les circonftances dans les quelles 1'Auteur s'eft trouvé pendant fes courfes. & il ne nous refte qu'a juftifier 1'efpece de critique que nous nous fommes permife a fon égard: critique qui tombe uniquement fur cette forte de laconisme avec lequel il a décrit les Minéraux de ces contrées-la. Par exèmple, il y indique bien quelques Mines deFer; mais U rie donne aucune idéé de la pofitiön ni r'e la direftion de leurs Filons dans le fein de la Terre. II parle desproduits volcaniques, des Laves, des Pierres-ponces, &c. mais il ne dit mot s'il en exifte des Craters, fi les coulées de ces Laves font étendues, .11 les Bafaltes en font prismatiques ou irréguliers &c. Quöiqu'il enfoit, 1'ouvrage en queftion eft excellent, & ce n'eft point, en aucune facou, pour le déprimer öu pöur en diminuer le mérite que nous avons avancé quelques objeftions. Mais indépendamment de fon mérite intrinfeque, ij a encore celui d'étre Ie premier en ce genre, comme le premier aufli qui nous ait donné des idéés juftes fur les objets phyOques de la Crimée. En un mot, c'eft le feul qui foit vraiment bon; car jusqu'ici on n'en avoit eu que des notions faufles, des deseriptïons erronées: la Carte même de Mr, le Chev., de  AVE RIT 1SSEMENT. v teKinsbergen, publiée en 1787 par H. Friefeman a Amfterdam, eft maintenant imparfaite. Elle avoit été levée avant la jonftion de la Tauride a 1'Empire de Rujfie. Or, depuis lors, les lieux ont changé de nom ,• on leur a donné des noms Ruffes; on en a bati de nouveaux; plufieurs ne font même pas marqués fur cette Carte, ou font mal placés. On n'y trouve'j p. e. pas 5 le Port de Sevaftopolsk, le Cap de Sêl George , le villagede Simiaousfe, SJcïiaban-calé ou le Fort des Bergers, la haute Montagne de Tjemerdji, les rivieres d'Akar-fou & de BaUa-fou, quelques Bayes entre Parthenide & le Petit Lambat. Le Grand Lambat eft placé derrière Kifilbafch, & trop loin dans les terres. Les Monts d'Jya - dagh y font nomraés Monts Sinabda, &c. Qu'on juge donc combien doit être précieux un ouvrage oli 1'on trouve partout 1'exaclitude & la précifion, & qui ne laiffe a défirer que plus de détails dans quelques parties de fes descriptions feules. ■ L'oti voit par eet ouvrage que touteè lesMontagnes de la Tauride font ce qu'on nomme Secondaires & Tertiaires; car elles font toutes ou Argileujes ou Schifteufes ou Calcaires. Cependant 1'on y trouve auffi quelque part beaucoup de Crijtaux de Roche, & des efpeces de Jafpes. Ces reftes des Matieres primitives ne prouvent - ils pas que les Mmtagnes primitives y ont également exifté dans l;s trés au. ciennes époques; mais qU'ayant efluyé ces révolutions terribles , ces changemens inconcevables auxquels tout notre globe paroit avoir été affujetti, & ayanr, été couvertes par les eaux de la mer, * 3 elks  vr AVERTISSEMENT. elles ont été détruites & converties en Argiles, en Schiftes, parmi lesquels les débri's des Corps Marins ont formé les Matieres Calcaires ? Nous avocs confervé la mefure Rufle pour les diftances des lieux & les dimmenfions des Miné. raux, afin de ne pas tomber dans les fra&ions en la réduifant en pieds de Roi; mais pour la connettion de 1'ouvrage, nous allons donner un précis des rapports de cette mefure de France. La nouvelle Verfie a été fixée par le Gouvernement a.500 Sajenes. üne Sajene contient 3 Archines. Une Archine contient 16 Verfchocs, ou 26 pouces 6 lignes & h du pied de Roi. Par conféquent une Verfie contient 5/2 Toifes, 3 pieds, 7 pouces & 6 lignes de France. Et 103 Verfies & \ font égaux a un Dégré du Méridien, celui-ci étant fuppofé de 57040 Toifes, ou de 25 iieues communes de France. La livre de Ruffie k celle de France, eft dans le rapport de 40-33: e'eft-a-dire, la Poude de Ruffie pefe 40 livres du pays, ou 33 livres poids de mare de France. Toutes les Notes font du Tradutteur; celles de 1'Auteur ont été fondues dans le texte, cc renfermées dans des parenthefes. Comme la Tauride eft une acquifition toute nouvelle encore pour la Ruffie, nous croyons devoir donner ici un abregé hiftorique dc fon antiquité. Du tems des Argonautes, 1400 ans avant notre Ere , cette Presqu'ile étoit non feulement conaue, mais célébre déja. Ses habitans étoient des Cim.  AVERTISSEMENT. vir Cimmériens, dont ceux qui occupoient la Partie montueuje, s'appelloient Taures, d'oü par la fuite destems, touce la Presqu'ile s'appella Taurique. Ses cotes Méridionales & Occidentales furent occupées par des colonies Grecques de Mikt, qui fonderent la ville de Cherfon, h quelques Verjles vers le Sud - Oueft de Sevaftopol adluel , & qui furpafla bientót les autres villes en pui/Tance. Les cótes Orientales , jusqu'au Don, étoient au pouvoir des fouverains Grecs de Vospor ' ainfi nommés de la ville de Vofpor, aétuellement Kertsch, & quianciennement s'appelloit Panticapé. Mais 1'intérieur de Ia Presqu'ile étoit habité par des Scythes, dont fes invafions fréquentes dans les polTeflions des Grecs obligerent ceux - ci d'implorer le fecours de Mithridate, Roi de Pont. Ce Prince chafla les Scythes & regla le royaume de Vospor qui comprenoit alors la partie méridionale de la Presqu'ile, avec le continent oppofé, jufqu'au Caucafe. Quant a Ia partie Occidentale, elle étoit pofTedée par les Cherfonefiens, fouvent en guerrë avec les Vosporiens. Du tems de Dioclétien les Sarmates conquirent tout ce pays. Ils furent remplacés par les Alanes & les Goths. Vinrent enfuite les Empereurs Grecs. Mais les Hutis & les Hongres & après eux les Co/ars, & a la fin les Poloutzes s'en mêlerent aufii. Vers la fin du 12. fjecle les Genois s'empare. rent de Pont & de tous fes Ports, s'établiffant fur les cótes de la Cherfonefe Taurique. Dans le 13e. fiecle, les Moungales ou les TarUres, en chafTerept les Poloutzes & doonerent le nom de Crime, quï  vhi AVERTISSEMENT. qui veut dire Forterejfe, a la ville de Solgate. Maü les Genois y étoient déja fi formidables, que les Moungales ne purent leur enlever aucun port ni Fort maritime. lis ont pofledé la ville de Caffa jusqu'en 1475* que les Turcs conquirent toute la Presqu'ile En 1774, a 1'aide de la RuJJie, les Tartares de la Crimée fe déclarerent indépendans ; & en 1783, toute la Presqu'ile fe réunit a VEmpire de RuJJie, & reprit fon ancien nom de Cherfonefe Taurique. Depuis lors elle eft régie par un Gouverneur-Général, après avoir été partagée en 7. Cercles ou Diftridls; favoir: i°. Le Cercle de Simpheropole (cy-devant Ah- ^itietfchet.y 2. De Levcopol. 3. d'Eupatorie ( cy ■ devant Koslow ou Geslev.") 4. De Pérecop. j. Dneprowsk, fur le Dnepre, ou le Nieper. 6. De Melitopol. Et 7. De Thanagorie (cy-devant Taman dans, Yljle de ce nom.) Aktiar a pris le nom de SevaflQ' pol, & Soudak, celui d'Athinée. Contre 1'ordinaire des Préfaces, on ne diramot, dans celle-ci, de la tradu&ion: on n'a aucune pretention a la beauté ou k 1'élégance duftile; mais, on en garantit la fidélité. DESCRIP-  PREMIÈRE PARTIE. De lapojltion phyjïque des Contrées de la Tauride, de la nature & des propriêiês de fon Sol & de fes Eaux, de tous les objets du Rhgne minéral qiCon y rencontre. La Tauride, nouvellement jointe k VF tpi' re de Rujfie, eft fituée entre le 50 & le 55. degré de Longitude, & entre le 45 & le 47 de Latitude. Vers le Nord elle étend fes domaines jusqu'au Gouvernement de Catherimslaw, a i'Eft , elle eft entourée par la Mer d'Azoyv & par la Rivière de Cuban; & au Sud, k rOueftk au Nord-Oueft, par la Mer Moiré. Eu égard a la lituation &a la nature des Contrées que la Tauride renferme, on peut la divifer en 4. Parties: en Païs-plat, en Païs-montueux, la Presqu'ile de Kertfch, & 1'lfle de Taman, qui toures contiennent des objets divers, dignes d'être obfervés. En conféquenet A cn*-  X * X chacune de ces Parties fera décrite ici féparément. P. Du Pays-plat, ou Uni. Cette Partie eft fo-rnée de vaftes Plaines9 placées vers le Nord & qui s'étendent depuis le Dnieper jusqu'a Perecop , & de Ik jusqu'aux Rivières de Salghir & de Boulghanak Occidental , entre les Mers Noire, d'Azow & de Siva~ che, (ouPutride\ Elles fe reffemblent toutes par les propriétés & la nature de leur Sol; & quoiqu'afiez élevées au deffus du niveau de la Mer, les Lacsfalès, les Salines & les Corps Marins pétrifiés qu'on y trouve, font croire qu'elles étoient autrefois couvertes par la Mer. Le Sol eft presque par tout le même: il confifte en une Jerre franchz argileufe jaune, qui mêlée a la fuperficie de Terreau provenu de la pourriture des Vègétaux, paroït gris-jaunatre, & abonde, en quelques endroits, en parties Salines, particulierement dans le Diftrift de Perecop & le long de Sivache ou la Mer Putnde. Entre Perecop & Koslow, & par de-tö, le long du bord de la Mer-Noire, on rencontre fous cette Argik, une Pierre ealcaire en cou- ches:  U 3 X dies, mêlée de fragmens de Coquilles & de Grivier (a); mais iï poreufe , qu'il eft vifible qu'elle a été rongée par 1'eau. La fcrtilité de ce Sol n'eft pas uniforme: elle dépend de-fon mélange avec la Terre noiré gra(fe (ou le Terreau) & de fon humidité. Dané (a) L'Original dit: Gros Salie de Mer. C'eft envain. iqu'on s'impofe la devoir de traduire litteralement un Auteur il eftimpoffible de ne pas s'en écarter dans Jes endroits du moins ou eet Auteur n'eft pas clairj comme ici, p. e. II n'explique nulle part la différerjCe'qu'il met entre le Sable de Mer & les autres Sables„ quoiqu'il fe ferve fouvent de la même dénomination. Valmont de Bomare, qu'il cite quelquefois ; diftingue, il eft vral, le Sable en trols efpèces générales: le 5able de Terre , celui de Rivière & celui de Mer. Maïs toutes ces efpèces fe' trouvent indifTéremment; dani les Mers comime dans les Continens & les Rivières. Ainfi le nom générique de Sable de Mer rie donne au« cune idéé de fa nature. Et comme 1'Auteur avoic ajouté FadjecVif de gros, on a cru pouvoir le nommer gravier. On aura la même attention dans le refte dé 1'ouvrage; " • II en eft encore de même lorsque 1'Auteur dit j qu'on trouve dans Tauride' 'des Terreins, compofés dt Coquilles brifées fcp de Sable de Mer. C'eft apparemmèni le Fdun qu'il vouloit défigner: d'autant plus que lê no'm pró'pre de Falnn n'exifte pas dans la' langu'e Ru'ffe- è %  X 4 X Dans plufieurs endroits il produit affez de Vègètaux & d' Herbes propres aux Paturages, & eft fufceptible de difterens genres de cultures. On n'y rencontre nulle part de Buis; cependant les Jardins des environs deKoslow & a la Pointe de Tarchan, oü les Arbres fruitiers & autres différentes efpèces croiflent presque fans aucun foin, prouvent qu'il n'eft pas impoflible de lés y multiplier. L'Eau des petites Rivières & des RuhTeaux, eft pour la plupart trouble & de mauvais goüt; ce qui provient de leur fond limoneux & de la trop grande égalité du Terrein qui 1'empêche de couler librement, & la rend presque ftagnante. Dans les Puits de différentes profondeurs , elle eft fouvent faumatre, quelquefois infipide, & contient, fuivant la nature du SoU plus ou moins de parties Salines. Mais dans le Diftriór. de Koslov/ , oü quelques-uns de ces Puits ont jusqu'a 50. Sajenes de profondeur, & d'oü on Ia tire k 1'aide dés Chevaux, elle eft excellente & fi claire, qu'elle ne cède en rien aux meilleures Eaux des Sources ou des Rivières. Les Lacs Salês, épars en divers endroits de ces Plaines, font les objets qui mentent le plus notre attention , tant par les avantages qu'on  X 5 X qu'on en retire , que par raport a leur origine. Us font a différentes diftances de la Mer, mais en général dans fa proximité: ils différent auflï entre eux par leur étendue. Leurs Bords font quelquefois en pentes douces , & quelquefois elcarpés & hauts: les premiers font pour la plupart des Marais Salans, & les autres ont la même efpèce pour Sol que leurs environs. La profondeur de la plupart de ces Lacs n'eft que de j\ archine & le fond des uns eft Sa'olonneux & des autres Limoneux. On ne fauroit remarquer aucun mouvement particulier ou courant a la fuperficie de leurs Eaux, & d'oü 1'on püt conclure qu'ils renferment des Sources Salées a leur fond, Quant aux Ruijfiaux qui fè rendent dans quelques-uns de ces Lacs, leur eau généralement, eft fans faveur. Ainfi, on ne fauroit tirer d'autre conféquence touchant leur origine, finon qu'ils étoient jadis joints a la Mer, & qu'ils en ont été féparés par quelque révolution dans la Nature. Sans doute que plufieurs de ces Lacs formoient ci-devant des Golf es: ceci fe conjeóture par la pente douce de leurs Bords A 3 k  X 6 X & 1'éndroit oü ils étoient ouverts, & par les. Coquilles marines qui s'y rencontrent. Les Lacs dans le voifinage de Koslow. particulièrement, confirment encore plus évidemment cette fupofition, car tout le Terrein qui les fépare de Ia Mer, n'eft qu'un compofé de Coquilles brifées & de Sable de Mr , qui rempliflent également la Pierre Calcaire de leurs Bords. Quant h leur communication fouterreine avec la Mer, guoiqu'on n'en ait pas d'indices certains, il eft néanmoins trés vraifemblable qu'il en exifte, jusqu'a préfent dans plufieurs, & que la plus cu moins grande quantité de ces conduits. fouterreins, contribue, peut-être a la difference obferyée dans la matière Saline de leurs Eaux f car les unes font abondamment fournies de Sel, & d'autres en contiennent fi peu, qu'on n'en retire guère, ou en trés petite quantité. Parmi les Lacs abondans en Se/, ceux de, Perecop tiennent le premier rang : vu la quan. tité de Sel qu'on en retire annuellement, il eft a croire que fans un accroiffement conftant de la matière Saline, ils en feroient déja épuifés depuis longtems. Le tems oü le Sel fe forme ordinairement fur les Lies, eft celui des Mois les plus chauds, de VEtèj commencant a la fin de Juin, & con- tinuant-  M 7 OC tinuant jusqu'en Aoüt; & plus laSaifon, eft féche plus il fe forme de Sel, parceque 1'Eau des Lacs sevaporant alors davantage, accelère la condenfation de la Matière Saline. Mais les pluyes produifent un effet contraire. Lorsque rien n'empêche cette condenfation, le Sel fe forme au fond des Lacs en Mottes folides, de deux doigts d'épaiffeur: il eft compofé de petits & demoyens Criftaux, étroitement réunis entr'eux, dont quelques uns repréfentent manifeftement des Quadrilateres: d'autres fontfi confufément entaifés qu'ils n'ont aucune figure déterminée, & font plus ou moins purs & blanchatres, fuivant le fond du Lac. Mais on rencontre quelquefois fous ces Mottes, au fond même du Lac, des Criftaux ifolés, d'une grandeur & d'une tranfparence remarquables, dont la figure eft regulièrement cubique. On n'employe d'autres Inftrumens pour la récolte des Se/s, que des Pelles de bois, au moyen des quelles on enleve les Mottes de Sel dedeffusle fond, & après les avoir fecouées dans 1'Eau pour endétacher la Terre, on les met dans des chariots traïnés par des Bceufs, écon les envoye au Bord: la profondeur des Lacs eft ft peu confidérable, que ces Chariots y entrent jusqu'^une alfcz grande diftance de leurs Bords„ A 4  X 8 X 2°. De la Partie Montueuse. Les Contrées de la partie Montueufe fonC bornées au Nord par les Rivières de Salghir & de Boulghamk ; car de - Ik, Ie terrein s'éleve vifiblement jusqu'aux pieds des Montagries, qui fe hauffant aulïï par dégrés vers le Sud, forment le Bord méridional de la Mer en demi-cercle; de facon que par une de leurs extrémités elles s'étendent k l'EJi jusqu'a Caffa (ou Theodojie') & par 1'autre, a VOueft, jusques prés de 1'Embouchure iïAlma. Mais le vrai commencement de ces Montagnes doit être placé au milieu de ce Territoire, a 20, verlies environ de Salghir, vers CaraJJou-bazare; parcequ'on y rencontre les premières Collines, couvertes de Terre Vègitale & de gros grayier rouge. EHes continuent jusques prés de Caraffbu-bazare, ou elles deviennent deja de moyennes Montagnes. £u égard k leurs pofition & élevation, routes ces Montagnes fe difh'nguent, en Rangées de devant, l'Intermédiaire, & la Chaine méridionale de barrière. Quelques-unes d'elles font croire qif elles fe font formées, en différens tems, du fédiment des eaux de la Mer, & d'autres piontrent qu'elles font des produits du Feu, &  X 9 X & les troifièmes préfentent des marqués évidentes des changemens qu'elles ont fubis, par les efforts violens des Feux Souterreins combattant foppofition de 1'Eau. Mais en général, elles fe reffemblent en ce qu'elles fe prolongent toutes entre l'Efl & FOueJl, que leur face Sep* tentrionale eft plus inclinée que la Meridionale, & que la Pierre Calcaire eft leur principale partie conftituante, a toutes. Celle-ci eft de différente folidité & qualité, felon le mélange des parties hétérogènes; mais fes Couches font, presque partout, dirigées vers le Sud. Les pieds des Montagnes font pour la plupart couverts de Bancs argileux, & 1'on y rencontre difterens Schijies & quelques autres efpèces de Pierres & de Terres dont on parfera plus circonftantiellement dans la fuite , lorsqu'on décrira en général, les avantages & prérogatives que la Nature a accordés a cette Partie montueufe. Peu d'endroits au monde,peut- être,réunisfent autant de différentes fortes de perfeélions , que cette Bande de Montagnes: des fites agréables, une Terre fertile fourniffant des récoltes abondantes, des Champs émaillés de fleurs & d'autres producliions utiles, des Bois a toutes fortes d'ufages, des Jardins remplis des meilA 5 leurs  X io x leurs Arbres fruitiers, & une quantité inombrable de Sources & de Fontaines ruuTelant de tous cötés des Montagnes , & Formant des Ruisfeaux,& tout cela presque, fe rencontre a peu de diftance 1'un de 1'autre. Les Vallées entre les principales Montagnes, font pour la plupart découvertes: leur Soi,ainfi que tout le pied Septentrional des Montagnes, eft d' drgüe jaunatre ou grife, mêlée de petites Pierres, fous une couche épaifle de Terreau, qui dans quelques endroits, a plus d'un § archine de profondeur. Et autour des Montagnes Craieufes, ce Sol eft mêlé de Marne Crétacée, fervant a 1'améliorer. De plus, 1'eau qui découle des hauteurs, y entretient 1'humidité néceffaire & concourt a fa fertilité. Les Montagnes de la rangée intermédiaire, qui renferment également des Vallées fertiles, font couvertes de Bois , a commencer a VAncien Crime, jusques Inkerman qui s'étendent vers la Mer jusques a la Üiaine Méridionale de Varriere. Cette Lhalne de Montagnes renferme les Sources d'eau; celles qui courent vers le Mord , s'y repandent dans toutes les Vallées; & celles qui fe dirigent au Sud, arrofent tous les Lieux fitués le long de la Cóte Méridionale de la Mer* Noire. Les premières fe partagent en deux: une.  X « X xme partie coule vers le Nord-Efi, k Sivafche3 & 1'autre vers PQuefi, dans la Mer-Noire. Une des plus hautes Montagnes, fïtuée vis-è vis d'AchtmetfchetSc nommée Tfchatir-dagh (cc que nous décrirons plus en détail ci deffous) occa-. fionne ce partage. Et comme elle fe trouve presqu'au milieu de toute la largeur de la Presqu'ile, on doit en conclure que le Terrein y eft plus élevé que partout ailleurs. Parmi la quantité deRuifleaux qu'on rencontre depuis Caffa jusqu'a cette Montagne (a) plufieurs peuvent palier pour de petites Rivières; entre autres, le grand & le petit Caraffou, & Salghir. Ils fe réuniflent a %o. Verftes environ, de leur Embouchure dans le Sivafche. Parmi d'autres petites Rivières moins notables, on doit diftin- (o) II fe trouve ici une fingulière raéprifedans l'original. L'Auteur, aprèsavoir conftaté que Ie Tfchatirdagb étoit 1'endroit le plus élevé de Ia Tauride, fait couler les Rivières, de Caffa vers cette Montagne. L'inconherence de cette idéé eft frapantc, & Ia carte du Cuevalier de Kinsbergen prouve tout jufte le contraire, Mais ce n'eft qu'une dhiraction de 1'Auteur, & dans tout eet ouvrage, il donne trop de preuves de fa capacité, pour qu'on pCt imputer cette erieur X autre chofe.  X 12 X diflinguer Bourultfcba, Zouya & Befchterek, qui fe jettent dans le Saighir; le Grand , le Pefj'i & le Moyen Indales, Boulghanak, & Boufouk* fou qui fort prés de P Ancien Crime, qui tombent toutes dans le Siyafche. Quelques-unes des Rivières au de-la de cette Montagne , vers l'Occident,font auffi alfez grandes: telles font le Boulghanak Occidental, VAlma, Catfcha & Cabarta, qui toutes féparement, mais a peu de diftance 1'une de 1'autre, fe jettent dans laMer Noire. Parmi les Ruilfeaux qui tirent leur origine de la partie Méridionale de la Chaine même, & vont droit a cette Mer, ceux des environs de Soudak, d'Ouskuth & d'Jloufchta, fe diftinguent des autres par leur grandeur, mais n'ont point de noms particuliers, excepté deux zupvès d'Alta, favoir: Akar-fou & Balla-fou. Toutes ces Eaux parcourent avec une rapidité remarquable, 1'escarpement des Montagnes pour fe répandre dans les Vallons, & franchisfant dans leur route des Roes & des Rochers, forment dans plufieurs endroits des Cascades naturelles, qui embellilTent fingulièrement les environs. Les plus belles de ces Cascades font dans la partie Septentrionale des Montagnes, & particulièrement dans les hauteurs du Grand Caraffou  X *3 X & de Salghir, & prés' de F Ancien Crime, dans la petite Rivière de Boufouk-fou, qui coule fur une pente efcarpée de roe de plus de 2. Sajenes d'élévation, & qui après les pluyes, s'il s'y trouve affez d'eau , préfente 1'afpeft le plus agréable. Mais les Sources de ïAkar-fou dans la partie Méridionale, font les plus remarquablesde toutes,'; elles offrent des fpeftacles étonnans. Elles jailliffent de delfus un Roe trés efcarpé de plus de 150 Sajenes d'élévation au deffiisdelaSuperficie de la Terre, & fe dirigent de-la droiten bas, Elles font a8. Ferftesde Yalta. Des chütes auffi confidérables procurent de' grands avantages aux Habitans de cette Partie Montueufe; car indépendamment de la facilité d'y conftruire des Moulins, ilspeuvent encore tout auffi aifément, en arnener les Eaux partout, par des petits Canaux & des Conduits fouterreins, depuis les hauteurs jusqu'a leurs Champs, leurs Jardins & leurs Potagers, & même dans les Villes & Villages, pour leur ufage journalier. II arrivé fouvent que les Canaux creufés fur les flancsd'uneAfoBtagwe, fe trouvent, a quelques diftances feulementdes fources d'une Rivière, dèja de qudque Sajenes plus élevés que Ja Rivière même; ce qui n'interromptcependant pas Jeur cours. Mais  X u X Mais leur rapidité, fe réglant alors fur la fitua^ tion du fond& de fes detours, diminue d'autant plus fenfiblement, qu'elles s'aprocheiit davantage de leurs Embouchures; auffi les moins confidérables, tarilTent en Eté. Le fond pierreux de ces Ruiffeaux devient Limoneux proche de leur Embouchure; ce qui s'obferve plus particulièrement encore, dans toutes les Rivières de la partie Septentrionale des Montagnes. Leur profondeur varie, felon les Saifons: dans les mois chauds de 1'Eté , elle eft en général , presque nulte; en Automne & au Printems, elle eft affez grande. Leurs Bords font dans quelques endroits PierreUx, dans d'autres Jr'Meux & fort étendus* parceque les pluyes continuelles font déborder ces Ruiffeaux a une grande diftance: alors leur Eau eft fort trouble, quoique' par foi-même elle foit pure , agréable'au goüt & ne contienne aucune partie nuinble. j Les Lieux fitués le long des Bords de ces Rivières, font en général les meilleurs,tant pour 1'Agriculture que pour les Paturages; auffi la plus grande partie des habitations s'y trouve; & autour d'elles, de vaftes Jardins plantés en ordre continu, accompagnent partout le cours de ces Rivières & Ruiffeaux: vus de loin, ce mé»  X 15 )0 melange d'Arbres fruitiers & de ceux qui fef. vent a 1'ornemenc feul, eft d'un effet fi admirable qu'on ne fauroit fe répréfenter quelque chofe de plus beau. A 1'égard de la fertilité particuliere de cette Partie, les endroits qui s'étendent vers le bas du Salghir & du grand Caraffou & furtout ceux des environs de 1'Embouchure du dernier, furpalfent les autres.Quantaux/ardins, ceux qui font le long dCAlma, de Cat/cha, de Cabarta & du Bord méridional de Ia Mer Noire, & diftinguent tant par la quantité que par la qualité de leurs fruits. Et pour ce qui regarde la beauté des Sites, le* Canton del'Ancien Crime,ainfi que ceux qu'on voit vers le haut de rindale, de Bouriultfch & de Zouya, méritent Ja préférence. Ceux du cercle d'/ichmet/chet & de Manghoupa, avec quelques autres vers le bas d''Alma , de Cat/cha & de Cabarta, ainfi que les fituations vers la partie Méridionale des Montagnes, dans les environs de Yalta, rie font pas moins remarquables. Mais tout ceci fe verra plus clairement dans la defcription détaillée de toutes les Parties montueufes. Les Montagnes de laRangée de Vavant, n'ont aucune liaifon réguliere au commencement entre elles.mêmes, & font jettées fans nul or. dre;  X is" x ére mais prés de Caraffou-bazare, élles commencent a fe joindre, & forment une Croupe, dont un bout s'étend jusqu'a Frfncien Crime, & 1'autre jusqu'a Bagtfchiffarai. A fes pieds, au Sud font de trés vaftes Plaines, entièrement découvertes. Les Montagnes a la droite de ces mm ^ VEft a FOueft, fe hauffent en efcarpement, & font compofées en partie d'une Argüe jaunatre fertile, mêlée dans quelques endroits de Pier re calcaire, contenant des fragmens de Coquilles petrifiées, & en partie du Craie compafte , blanche & jaunatre , remphe de Silex. Leurs pieds font couverts de Marne Cretacêe, qui pourroit être employee a 1'amélioration du Sol argileux des Champs, Telle eft la Montagne au pied de laquelle eft immediatement fituée la Ville de Caraffou-bazare, & dont les Bancs de Craie s'étendent fans interruption jusqu'a la Rivière dTndale. : La Chalne qui s'étend a la gauche des memes Plaines, fe haulfe beaucoup plus doucement & fes Cimes de Roche, qui ne forment presque qu'une feule Couche, font couvertes de Taillis. La Pierre calcaire greme de cette Chaine, eft pour la plupart fi molle, qu'on la taille aifément pour les batimens. Et parmi fes Pétrifications, on rencontre le plus fouvent  X 17 X fouvent des Turpites, & rarement des petites FeEtinites. . Autour des Bancs d'argile on rencontre de Tocre - martiale jaune & rougeatre, de la Sanguine (ou Craion rouge,') & une autre efpèce dc celle-ci, brune, refTerablant ala Terre iïombre. Dans lecarclede Carajje-bazare, les hauteurs forment des tïaines en pente douce, trés agréables; & entre les petites rivières de Bourioutu fcha & de Zouya, on rencontre des bocages & des champs cultivés. Prés d''Jchmetfchet, la pente des Montagnes devient encore plus lenfible, d'oü il réfulte que de eet endroit élevé & découvert, ón a une vue trés agrëable fur tous les environs* particulièrement fur le cours de Salghir. 'Mais a 15. Verfl.es de-la, fur le chemin de BaSifchisfaray, les Montagnes commencent k fe raprocher; & a 1'eridroit oü paffe YAlmd, elles font presque déja reünies. Elles continuent de cette forte réfpace de 5. verftes, & fe féparent de nouveau k BaÜfchijfaray, laiffant entre elles dc longs efpaces unis. A la gauche du chemin de BaUfchijfardy k Jchmetfchet, on rencontre, k 5. Verftes de 1'embouchurc du petit ruiffeau Bodriak dans YJlma, une Montagne digne d'une attention parüculière , a caufe dé la quantité de Ca. B vernes.  X x8 X vernes pratiquées dans fes flancs, pour la demeure des anciens habitans de ces contrées & de dilférentes efpèces de Betrifications renfermées dans fes plus hautes fommités. Les Tartars la nomment Biakla-koba: fon élevation au deffus de la fuperficie du Sol environnant, eft environ de 50. Sajenes, & au deffus du niveau de la Mer, peut-être de 100. Par la pofition & par la nature de fes Couches, elle eft analogue a celles de fes environs, étant compofée de Piert e calcaire couverte d'une couche épaisfe de Terreau & de Taillis, a 1'exception de fes cimes qui font toutes nues, & confistent uniquement en couches épaiffes & en gros bloes de Pierre ifolés, repandus ca & la. Ces couches fe préfentent en grands escarpemens tournés vers le Sud, & font remplies d'une quantité innombrable de Canrnes de diffé rentes grandeurs, dont plufieurs fe font confervées jusqu'a nos jours, & d'autres font dégradées par les laps du teras. Coramunément elles ne furpaffent pas de beaucoup la hauteur d'une Sajene & demie. On rencontre dans plufieurs , des Pierres creufées en forme de Baquets, qui recevoient 1'eau par une ouverture pratiquée au haut de la Caverne D'autres contiennent, dans les murs & dans ïe plancher, de grandes forres en forme de quar-  X 19 X quarré' allongé, creufées dans la Pierre, & coni blées de terre, oü font enterrés, fans dou» te, les corps des habitans de ces Cavernes. La Pierfe qui fert de mur a ces Cavernes, & celle d'alentour, eft remplie de ProdaEtions marines pétrifiées: ce font des. Oftracites, dont quelques-unes, de forme allongée, de plus de \ $ Aniline de longueur, & d'autres presque rondes; des Grlffites, des Entrochites & des Vermicülites. Avant d'arriver aux cavernes, on rencontre une Pief re ifolée, d'une grandeur immenfej attachée feulement par fa baf* k la Montagne. Elle eft presque toute creufée en dedans, & on y entre par une porte pratiquée dans une de fes faces, & dans une autre, une petite fenêtre ronde pour y donner du jour. Au refte, une Pierre argileufe verte qu'ori rencontre dans les bords du ruifieau Bodriak, mérite auffi d'être obfervée: on ne la tróuve nulle part dans les autres endroits de la Partie montueufe, & elle tire fon origine de YArgiU graffe verte, nomraée Bol ou Terre bolaire. _ Les Montagnes dü cercle de Batifchiffaray différent de toutes les Septentrionalesde laRangée de devant, par 1'afpecl: & la nature de leur Piefré. Elles font compofées de Bancs Calcaires escarpe's, fort hauts , couverts en bas è'Afgile mêlée de Terre calcaife, & én ouétB 2 #*  X 20 X qües endroits de Cfiaux pure, qui couvre auffi Ja plupart de Vallées & Vallons fitués entre ces Montagnes Mais leurs cimes deRo- che, nues d'un cöté ou de 1'autre, fe terminent en couches taillées a pic, qui fendues & écartées'dans plufieurs endroits, offrent des afpefls fort varié3. Ces Couches font d'autant plus remarqua. bles par leur épaiffeur, qu'elles furpaffent toutes celles des autres Montagnes & contiennent en quantité des petites Coquilles de différentes efpèces cy-deffus nommées. En dehors ces Couches tiennent du laps du tems,une couleur gris-foncée , & font noiratres aux endroits qui avoieht été expofés a 1'écoulement des eaux, qui ont emporté des parties du Terreau qui les recouvroit, de forte que les nids d'oü fe font détachés de trés gros Bloes, paroiffent blanchatres & jaunatres dans 1'intérieur. Ces bloes, qui gifent dans la Vallèe oü BaktfchiJJa7ay eft bati, femblent être, a caufe de leurs faces taillées a pic, de trés hauts murs de Fierre. De Ca) Comme on ne connoit pas de Chaux pure naturelle ou foffile, il eft apparent que 1'auteur a pris> iei la Fm ine fojjile, le Lqc hm« Jolare de Wallerius,» pour de la Chn:i>: pure.  X m X De BaktfcMJJaray a Manghoupa, vers le Sud* .Guejl, ainfi que vers YOueft jusqu'a Inkermane, les Mo72tag?2es continuent a être du même genre car tout eet efpace eft occupé par des Bancs Calcaires analogues a ceux des cy-devant, 6c dont quelques-uns gifent ifolés. Elles font d'une Pierre compofce de différentes Pétrifications, lesunes brifées & reduites en Chaux (a~), lesautresencore entières, mais 11 étroitement cimentées, que plufieurs de ces Montagnes paroisfent ne former qu'un feul & même Bloc, & préfentent par la des vues étranges , & particulièrement celles qui font presque toutes pellées- On y trouve des Cavernes pareilles k celles dont nous avons déja parlé; mau la plus remarquable eft k 5 Verftes de Baktfchiffarayy dans une haute Montagne ifolée de forme conique, nommée Tiapé -kirmane & couverte de bois depuis les pieds jusques prés de la Cime qui eft . de Roche nue, de trois cctés taillée a pic, et oü 1'on a pratiqué deux & trois rangs de Cavernes. Quoique cette Montagne foit plus haute que celle des environs d'Alma, on trouve cependant, presqu' k fon fommet, des rangées de grandes Coquilles pêtrifiêes. Dans les Cavernes, on rencontre auffi des Os humains, mais on ne fauroit en Ca) Cdlcinteï, apparemment. B 3  X 22 >.( £n conclqre qu'elles ayent été conftrmtes uniqu^ment pour renfermer les corps morts, comme quelque Ecrivain 1'imagine; car les ouvertures praciquées en haut & a 1'entrée en forme de fénêtres & les différentes Citernes poiir la confervation de 1'eau, prouvent tout le contraire ( a ). A 7. verjles de la vers le Sud, fe trouve ehcore une Montagne, fur la rivière de Cat/cha, & deux autres prés de Manghoupa, apellées du nom de deux FortereJJes baties jadis fur leurs Cimes, Tcherkeffe- Kirmane &Eski - Kirmane, & qui contiennent également quantité de Cavernes. Dans la plus fpacieufe de celles qui avoient été taillées dans la dernière de ces Montagnes, & au travers de la quelle on moncoit dans la FortereJ/e, il exifle encore dans un grand trou, CO Le raifonuement de 1'Auteur n'eft pas concluant.' Tournefort, dansla Lettre XIV. defon voyage dans le Levant (ed: de 1727, grd. in — 8°. ) dit, que les bons Muzulmans font affez fimples pour s'imaginer qu'ils font plaifir aux morts en verfant de 1'Eau fur leurs tombeaux: cela peut, difent-ils, leur donner du rafraichiffement. On voit même plufieurs femrnes qui vont manger & boire dans les Cimetières le vendredi, croyant apaifer paree moyen la faim & Ia foif de leurs maris. Les Cavernes en qucllion peu* vent donc avoir été delïinées a la fepulture.  X *3 X trou, une excellente fource d'eau , a plus de 20. Sajenes au deffus de la fuperficie de la terre. La Montagne fur la quelle fe voyent les Ruines dé Vancienne Manghoupa, fe diftingue des autrespar fa trés grande êlevation; c'eft laplus haute des Centrales; d'ailleurs fon afpeft a de grandes beautés. Elle eft ifolée , entourée de tous cötés quafi, de vallées fertiles, & couverte de bois, qui devient d'une plus belle venue a méfure qu'il monte vers la cime. Celle - ci eft couronnée de rochers efcarpés & fa fuperficie, qui, a quelque finuofités prés, eft tout unie, & couverte de Terre - Végétale qui conferve encore des reftes de jardins. Dans fes flancs rocailleux, on remarque 'auffi des Cavernes dont une a VEft, a plus de 7. Sajenes de longueur. Les murs de celle-ci font couverts de Salpétre de Houjfage trés blanc, produic par 1c mélange des vapeurs du fumier avec la Terre Calcaire; car les Habitans a&uels de Manghoupa y gardent encore leur bétail. Les Pêtrijications qu'on rencontre dans cette Montagne, ainfi que dans celles qui fenvironnent, ne font que des Entroques & des V>rmiculitcs; maison n'y voit pas de traces feulement de gran4es Coquilles. & 4r !,es  X H X Les Montagnes dTnkermane font en partie couvertes de Taiiiis , & en partie font de Roe nud , telle eft celle ou étoit bati Inkermanè. Les Montagnes qui favoifinent , ri'ont qu'a leurs pieds une couche de Terre ou de Chaux enpetit grain, & leurs cimes forment-des roebes trés efcarpées , qui renferment une quantité inombrable de Cavernes , faites avec des foins & une habiiité plus particuliere* que les précédentes. Dans quelques endroits elles font a 5 étages, avec des Efcaliers intermidiaires taillés dans le Roe, pour communiquer d'un étage k 1'autre. Plufieurs confervent des tables ci des bancs, taillés de même, & dansles 3. Egljfes qui y ont exifté , les Autels font du même travail. Mais un Puits creufé tout au fommet de la Montagne, eft ce qui mérite le plus d'êtrë remarqué.' II fe trouvoit dans la Forterefie dTnkermane : or la roche fur la quelle efië étoit pofée, a plus dc 50. Sajenes d'élévation au deflüs de ia fuperficic ehvironhante. II eft apréfent tout comblé; mais cy - devant il eoritenoit de 1'au qui fervoit k 1'ufage des Habitans du lieu. Les cimes dc la Montagne la plus proche dTnkermane, &fituéea fagauche,, contiennent, outre les Petrifications cy-deffusdéfigriées, des Buccardites dont le deffus eft cn deffin, & des • ■ des  X *5 X des CpcMiteS unies. Et dans'les débr'is de la Roche qui conilitue la Montagne, on rencontre des Piritss'en glolules & en rognons, cöuvertes d'une ecorce calcaire & d'une Terre ocreufe, reflemblante k hRouille; mais en dedans elles font couleur de Soufre & brillantes. Toutes ces prcciuSïons de fouffre mêlées de Fer, font dans quelques endroits entalfées par rangs, & dans d'autres, en morceaux ifolés. Le Salpêire de Floujfage fe forme auffi des va» peurs de la Terre fur les murs de quelque Cavernes d'ici, comme dans celles de Manghoupa, & ii paroit qu'ils doivent leur origine a la même caufe. La Manie Sableufe entree dans la compofition des Bancs Calcaires cy-delïus décrites , & la quantité inombrable de Produclions marines qui s'y trouvent par Couches, demontrent que la Mer a depofé fes fedimens dans cette contrée. A. 6. Verlies dUnkermane, versie Sud-Eft, le Smectis ou Argile k Foulon (a) qu'on tire du ,fein de la terre, mérite d'être remarque. Les (fl) L'Original dit: Argile Savoneufe, mais WTerra Soponaria des Minéralogiftes,, eft le Smectis des Franco is. ' B S  X a6 X Les Femraes Tartans & Turques en font ufage dans les Bains pour fe la>er la tête. On en aporte en quantité de Boulaclava a Conftantinople, oü. FOko (c eft. a-dire, 3. livres) fe vend 6 a 7 Parows. Les Tartares le nomment Kil, & non pas Kifekil, comme les Minéralogiftes le prétendent. Ce dernier nom peut lui avoir été donné par les Turcs, paree qu'on 1'envoyoit auparavant de Caffa dans 1'étranger. II venoit a Caffa de Sobli, vülage a 20. verftes $ xhmetfehet, vers le haut fjlma, oüil avoit été decouvert. Mais cette Mine eft presque deja épuifée. Quant a 1'endroit d'oü ontire le Smems adtuel; il eft prés du village de Beihrmane, aux pieds des Monts, fur la pente d'une Colline de quelques Ftrftes d'étendue , toute compofée de Marne cretacée, commune a toutes les Montagnes Craieufes, & fur la quelle croiifent divers Arbriffeaux , parmi lesquelson a creufé partout des trous , des. a 10. Sa3mes de profondeur , pour en tirer le SmeÜis en queftion. Le premier Lit qu'on découvre en creufant ces trous, eft de la Marne crétacée en couches; vient enfuite une Marne a Foulons gritatre,'proprea fouler les draps. Sous celle-ci, au fond même, fe trouve le Smectis: U eft gris- foncé  M v X foneé ou vert d'Olive, tant qu'il eft humide, & compofé de différens feuillets remplis de points brillans: fèché, il fe couvre d'une croute blanc-jaunatre. Ses principales propriétésfont de paroïtre fort doux & fort gras, étant broyé entre les doigts, d'écumer un peu dans 1'eau, & d'abforber 1'huile & les graiffes: auffi 1'employe t' - on avec fuccès pour öter les taches des draps & des autres matières de laine, & pour blanchir le linge; mais en ce dernier cas, on doit ie délayer dans de la leffive. ( Quelques minéralogiftes foutiennent que les Tures employent ce Smeftis a la fabrication de leurs pipes; mais felon le dire des Tart ar es, il ne fert qu'aux ufages ci - deffus indiqués) Pour exploiter cette Terre, on en cherche le nid(ou la Mine') oh 1'on creufe k laprofondeur marquée, & d'oü on la tire dans de grands Paniers. On 1'expofe alors pendant quelques jours au foleil pour la fécher, car elle eft toujours humide au fortir de la Mine: dans quelques endroits elle eft même toujours dans 1'eau qui fuinte au fond des ouvertures. Lorsque tout le trou en eft épuifé, on pratique des galeries dans les cötés, pour pourfuivre Ia veine, & fouvent les Mineurs vont ainfi fous terre, d'un Trou k 1'autre. Ses Lits ordinairement, ne vont  X *8 X vont guère au de la de if Archine dans la profondeur. Vu la fituation & la nature des Cowches de defibus les quelles on a tiré ce Smectis jusqu'a prefent , on doit conelure qu'il peut s'en rencontrer ailleurs aux environs des Montagnes Craieufes qui auroient les mêmes qualités exterieurement. Depuis Inkermane vers le Nord-Oueft, les Montagnes commencent a bailfer, & fuivant le cours de Cabartha, de Cat/cha & d'Alma, elles fe terminent de ce cöté a fembouchure de la dernière; & a méfure qu'elles s'aprochent de Ja Mer , leur élevation baiffe. A 1'égard de la nature de la Pierre & de la Terre qui les conftituent, elles différent de celles des environs d'Inkermane , en ce qu'elles font pour la plupart Argileu/es, & furtout prés de fembouchure des rivières cy-deffus nommées. La Pierre Calcaire même qui s'y rencontre, eft beaucoup plus dure, & mêlée en plur fieurs endroits de grayier (a) & de petites Caqidlles brifées, tout a fait différentes des précé.- dc air- CO L'Origina! dit: de gros Sable de Mer. I! feinbie ^u'un gros Sable de Mer, r±c peut être qu,e gravier.  X 29 X demmentmarquées, mais reffemblantes k celles qu'on trouve dans les Montagnes de la Rangée de devant. Au refte, elles font en partie cou^ertes de Taillis, & en partie toute nues. Leur Sol, ainfi que celui des Vallées arrofées par ces rivières, eft trés fertile, a 1'exception d'un efpace de quelques Verjles k leur embouchure, oü il devient falé, ce qui fe remarque particul/èrementpar la végétation de ces lieux. Mais autour de la Mer, elles font uniquement compcfées d'Argile jaune , qui communiqué fa couleur aux Pierres même qui y gifient. Dans les bords ff Alma, prés de fon embouchure, on rencontre une Argile ferrugineufe , en gros grains £f en couches, couleur de canelIe, (b) & des Poudingues en gros bloes. Mais tous les endroits fttués vers le haut de ces trois Rivières, fe diftinguent, non feulement par la fertilité de leur Sol, mais par leurs fituations même,- carle long de leurs bords on voit, outfe quantité de Jardins, des Plaines rafes, abondantes en excellens Paturages & en Végétaux, & propres a 1'agriculture, particuJièrementle long d'Alma. Lcs (&) C'eft aparemment ia Mine de Fsr hepttiqui: la Mine ie fer Pyritiforme de Mr, leC-c dc Buffon,  X 3° X Les Montagnes qui s'étendent d'Inkef mane a 1'occident, & qui entourent tout le Havre dö Sevafiopolsk, ne font non pluspas fi hautes que celles qui pénétrent dans 1'interieur de cette lifière. La Pierre qui les conftitue, eft analogue'en tout k celle des précédentes, qui fe rencontre au nord aux environs des trois rivières, & qui eft propre a être fcieé & taillée pour les batimens, ainfi que cela fe voit par les grandes Tables qu'on rencontre parmi les Ruines de Vancien Cherfon, fituées proche de la. Le fol de ces Montagnes eft Argileux mêlé de petites Pierres. & qui laiffe croïtre dans quelques endroits du menu Bois. Vers le Port même, ces Montagnes prefentent de deux cötés, des bords efcarpés; mais plus loinde la, elles font plus inelinées; &les endroits fitués aux environs de leurs pieds, ont le même genre de Sol que celui de leurs cimes. Quant au Port même; il pénètredans 1'interieur du Golfe versInkermane, 6 Verfles enlong. Sa largeur varie; mais ne furpalfe jamais 2. Verfles. Ses différentes Bayes, dont une a droite, de 3. Verftes de longueur, & d'autres moins confiderales, jointes a fa profondear fuffifante auprès de fes bords même, a la fureté de 1'cntrée, & fon fond Limoneux, le rendentfi propre  X 3* X pre a fervir d'afile a" toutes fortes de batimens, qu'il peut fans contredit, être compté parmi les meilleurs du monde. A 3 Verjles de la , vers le Sud, prés des Ruines de Cherfon, on a un autre petit Golfe, qui mériteroit le nom de Port. On en rencontre enfuite encore deux , mais peu profonds, au boras des quels fe forme le Cel de Cuijine en eté. Le bord de la Mer, depuis ce Port juspu'au Cap oü eft le couvent de St George, eft en général coupé a pic & compofé de Couches de Pierre Calcaire entremêlée de Coquilles; & auprés du Cap même, il s'é'eve avec les Montagnes a une affez grande hauteur. La Cote méridionale de ce Cap, préfente une ftru&ure de Montagnes remarquable: ayant plus de 100. Sajenes d'élévation, elle n'eft compofée , depuis le ba- jusqu'en haut, que de couches minces de petites & de grandts Coquilles hrifêes du genre des Ano~ mites, qui en quelques endroits & furtout vers le bas , font changées en Pierre folide. L'eau qui descend des hauteur & arrofeces couche,Aévoun fédiment Calcaire & crétacé autour d'elles. La fuperficie de ces Montagnes eft couverte £Argïle martiale rounedtre, que fe mê'ant è l'eau, donne en plufieurs endroits une teinte rouge a la Pierre qui les conftitue. On y ren- cgd-  X s*.X contre 'aüffi ca & la, la Farine foffile QMn t & a leurs pieds, dans les fentes des Pierres, quantité de Pyrites Sulfureufes décompofées jj changées en une Matière gris-claire, avec des Pailletes friables, qui reffernblent a. de ïargentl Quelques rnorceaux de ces Pyrites font couvertes de Soufre en poudre O) d'autre rnanifestent du Fitriol-martial, jaune, qui a perdu fa couleur naturelle Verte par fon mélange avec des particules ocreufes. L'ufage qu'on fait de ce Fitriol dansles Tanneries, fon emploi dans la fabrication de 1'Encre, & même dans la pharmacie^ font affez connus ; mais les Tartares s'en. fervent pour nettoyer leurs fabres, piftolets & leurs autres armes d'acier & de fer. La Pierre Jtramentaire fe rencontre auffi parmi ces Pyrites; elle eft de différentes coulcurs, ily enaderouges, de jaunes, d'oranges, & même de mêlées de ces trois couleurs & de vert, contenant la Matière vitriolique (b). Les O) Celt 1'eflorescence Vitriolique , vraifemblablement, que 1'auteur prend pour du Soufre natif, (b) L'original dit: cantenant la Mine Sè ViMolJ (-OU Viif-olique')  K 33 X Les Montagnes entre le Cap $t. George Uk Boulaclava, méritent une attention particulière,, attèndu qu'elles préfentent des marqués éviden. tes des changemens qu'elles ont fubis, & des caufes qui les ont occafionnés. Elles font compofées de Couches de Piene Calcaire compacte-, & brillante en dedans, & s'élevént en efcarpemens dü cöté de la Mery dont une partie eft cernée par 1'Eau, & 1'autré caffée & brifée de différentes manières, par quelques efforts extraordinaires t)es bloes immenfes, détachés de leurs Cimes, giffent dans la Mer proche de laCöte. Plufieurs Couches de Ia même Pierre, font dans' une pofitioii perpendiculaire^ & particulièrement dans les Montagnes qui bordent le Port de Boulaclava% öii diverfes produftions du Feu fouterrein, & dont nous rendróns compte ci-deffous, prouvent que eet élément avoit jadis agi dans cette contrée. A leur fuperficie, on rencontre presque partout, une Argill rouge martiale toutes (a) Toutes les Contrées, oü Jes Volcans ont exifté ou exiftent encore, contiennent toujours de grapds efpaces de Terre rouge argileufe, Cette remarque cépendant n'a point encore été faite, & on eft Itoiinê C  X 34 X toutes !es Pierres même y abondent en particules ferrugmufes, d'oü réfulte leur couleur rougea- comment elle a pu échaper a tant d'habiles Obfervateurs qui qnt décrit avec toute Ia fagacité poflïble les Contrées Vtlcaniques qu'ils ont parcourues. On rencontre fouyent auffi des Montagnes, qui ont le caraSère Folcanique , ï 1'exception des Laves ou des Safaltes, &c, dont elles font entiérementdépourvues» On pourroit, entre autres, citer pour exemple, celle qui fe trouve a cöté des Bains de Gei/mar, dans ia Heffe . nommée SbhSnberg. Elle eft de forme conique, & fon ancien Crater exifte encore, mais fendu depuis Ie haut jusqu'en bas, & nulle tracé de Laven de Bafalte. Son Sol eft rouge presque partout, & 1'on rencontre dans fes flancs . non des Bancs, mais de vraies Coulits de Schifte Spathique rouge • foncé, jSi 1'on doutoit qu'elle ait jamais été Folcan, on prieroit de prendre en confidération: t*. Sa forme conique. 2°. Son Crater. 30. Elle fe trouve dans une Contrée décidément volcanique , & la Montagne df Grebenftein indubkablement Vokan éteiht', n'eft qu'a 1 liquede la. Et 40. on ramaffe fur fes flancs, d'affez gros fragmens de Bafalte trés bien confervé, mais ifo'és & cpars, qui ne peuvent y avoir été transportés par la main d'homme; car quel en auroit été Je butV Nefe peut-il donc pas que ce füt un Folcan êteint dunt les Laves & Bafaltes, &c. ont été entiérement décompofés par le laps du tems, & convertis en Argile rouge qu'on voit en fi grande abondance dans fes environs, & même fur fes flancs?  X 35 X rougeatre, qui, jointe aux veines blanches de Spath calcaire grênu, leur donne une aparence de Marbre. Dans quelques fentes des Roeher s, on rencontre auffi des Crijlaux cuhiques &f feuillelêt de Spath demi-tranfparens, figurant des demihexagones (a).On y trouve auffi, dans quelques endroits, du Schijle calcaire gris mêlé de blanc. On n'apercoit aucune Pêtrificaiion dans ces Roches; mais dansles Poudingues (ou Breches) ou trouve des fragmens de Coquilles furies Cimes même des Montagnes. Le Cöté EJi de la Montagne, oü 1'on a bati la Forterejfe de Boulaclava, efl couvert de Poudingues. Un Spath ferrugineux nuance de gris & de rougeatre comme du Marbre, & couvert d'écaiiles brillantes; de même que la Mine de Fer («) On ne comprend pas ce que 1'Aureur veutdlre par Crijlaux demi-kexagones. Peut-être vouloit-il défigner des Crijlaux rhomboïdaux. Oa , feroit-ce le Spath crijlallifé en Dents de Cochon ? il forme en effet des Pyramldes tetraëdres qu'on peut facilement prendre pour des demi-hexagones. Quant a la forme Cubique qu'il affigne au* mêmes Crijlaux, on diroit qu'il s'agiE ici de Spath • fluor. c %  X 36 X Fer Spathique rouge - brime, compacte & pé« fante, fe montrent au deffous d'eux. Cette dernière eft comptée par les Minêralogiftes dans la claffe des meilleures Mines de Fer, a caufe de la facilité de fa fonte & de la folidité du Fer qu'on en tire , & qu'on peut convertir en Acier. La même pofition & la même qualité de Roches continuent vers VOriënt, le long de la Cote, Les Produits des Feux fouterreins dépofés aux pieds de ces Montagnes de la manière cydeflus indiquée, confiftent en une Pierre-ponce lioiratre en grands morceaux d'Argile, compacte & dure ( a ), avec de la Pyrite Sulfureufe & des Crijlaux éflorefcens; & en 4. efpèces de Laves, dont une eft trés compacte & femble être tiflue de Crijlaux de Schorl noir: plufieurs de ces (a) L'Auteur dit: Argile Pétrifiée. II eft poffible qu'il ait pris fa dureté par une marqué de Pétrification. En un fens, il auroit raifon, irais on a cru ne pouvoir autrement défigner ici cette qualité de l'Argile, qu'en la nommant dure &? compaBe II eft vraifemblable, au refte, que cette préiendue Argile pétrifiée ne foit qu'une vraie Lave, puis qu'elle fe trouve parmi les frodmts Vokaniques &c,  X 37 X ces morceaux pefent plus de 20. livres. Une autre eft gvis-verdatre , poreufe, remplie de grains de Verre, & comme enduite en dehors de Verre blanc ff Vert Ca). La troifième, eft terreufe, brune , & contient de petits triftaux de Schorl noir. Et la quatrième, grisfoncée ou noiratre, eft criblée de petits creux remplis de Crijlaux éfiorefcens (b) noirs & tdancs. Le Port de Boulaclava s'étend environ une Fer {leen longueur, du Sud au Nord; mais fa largeur ne furpaffe guere les 50. Sajenes. La Cóte Septentrionale eft bafie; les trois autres forment des Montagnes trés efcarpées. Son entrée, au Sud, 'eft incommode, paree qu'elle n'eft large que de i5. Sajenes, & fes Bords de Roe, C<0 On n'a rencontré jusqu'ici de ces Vertes que dans le Volcan éteint de SandHff prés de Saxerihaufen qu de Francfort; mais ceux - ci font, ou Blancs diaphanes ou Blancs mats nac és. Qn doit les placer at} nombre des Pierres Obfidietmes des Anciens, & des Pierre: de Gallinace des Péruviens , qui n'en différent que par leur couleur noire. On en trouve auffi de Vert-d'Olive, a Lang-göntz, prés de Giefjen. (fc) Le tradufteur n'eft pas för d'avolr bien faiiï le fens de 1'Auteur ici, ne connoiffant pas Ie Synonime en Francois des Criflaux dont 1'original parle, c 3  X 38 X Roe, efcarpés de deux Cótés, la rendent ttfcj dangereufe par les vents trop forts. Cette ouverture étroite entrede hautesMowtagnes de Roche, fait croire que cette partie a eifuyé un affailfement par un Tremblement de terre, qui aura formé le Port en queftion. Vers la Mer & le long du Port, la furface des Montagnes eft ftérile; mais a quelque diftance de-la, vers rOueft, commence le Bois Taillis, & a 5. Vet' jles vers l'Eft, le Bois de haute futaye même. Les Lieux fitués fur leur Cèté Septentrional, ne font pas dépourvus defertilité en général, & abondent en Jardins & en Champs, quoique le Sol ne foit, pour la plupart, qa'un mélange d"Argile gris-jaunatre, & de Galets. Mais les plus beaux fe trouvent entre les Hauteurs fur le chemin de Talta, oü s'étendent,dans un espace de plus de 20. Verftes, des Vallées fertiles; ceux du chemin de Baktfchijjaray, a 6. Verftes de-la, fur la Rivière d'Achtiar, méritent aufli laprëférence fur les autres, par la beauté de leurs fites, & la qualité du Sol. Au refte, les Montagnes de Boulaclava apartiennent, vu leur élevation, aux primitives de cette Contrée; & elles commencent la principale Chame qui longe toute la Cóte Méridionale. Mais avant de d'écrire celle-ci, on doit parler des Montagnes fi- tuées  X 39 K tuées entre cette Ckains & celles de Ia Rangië de devant que nous avons déja décrites, & qui par leur élevatton & leur pofkion , doivent étre comptées pour des Intermédiair s ( ou des Centrales.) Le commencement de ces Montagnes Centrales doit être placé auprès de Vancien Crime, d'oü elles s'étendent le long de toute la bafe Septentrionale de la principale Chafae, jusques quufi Boulaclava. f.lies font en partie jointes les unes aux autres, en partie féparées par des Vallées & Vallons, & éparpillées en long & en large dans eet efpace. Elles fur paffen t en hauteur toutes celles de la Rangée du devant, mais le cède a celles de la principale Chaine Méridionale. Quant k leur nature, leurs pieds font en plus grande partie formés de Couches argileufes, entremêlées d'efpèces Schifteufes, & en partie de Poudir.gues; & vers leurs cimes, d'une Pierre calcaire dure & compacte oü 1'on ne rencontre, de même que dans les Schiftes, aucune Pêtrification. Mais les Montagnes autour de VAncien Crime, font d'une ftrufture particuliere, & furtout celle qui eft connue fous le nom d'Agermifch. Elle eft entiérement féparée des autres, & fe dirige par une longueurde c 4 8,, Vsï,  X 4° X 8. Verftes environ, de VJL$ h FCueft , k la droite de la Vallee oü étoit C.Ancien Crimet. Ses pieds font en talus & couverts d'Argile jaune & rouge; mais le refte, jusqu'a la Cime, eft de Pierre calcaire Irijèe & étroitement foudée, mêlée de Caillqux roulés & de Coquilles marines pétrifiées, parmi lesquelles on diftingje le plus les Pechtinites & les Cochlites: le tout en Couches folides. Ses Cimes, presque unies, font couvertes d'une Terre épaiffe tkdeBois , & a leur bout Septentrional, on trouve au milieu d'un Bois, fur une pente de Roche, une Ouverture digne d'étre remarquée. Elle n'a guereplus d'une Sajene de diamêtre enhaut j mais 1'on ne fauroit jusqu'a préfent déterminer fa profondeur; parceque les Lits de Pierre du dedans, qui faillent, empêchent les poids attachés a la corde de pénétrer jusqu'au fond. Cependant on peut la mefurer jusqu'a 50. Sa. jenes fans aucun obftacle; le Terreau & les Feuilles d'arbres qui s'y voyent, prouvent que les Eaux des Pluyes s'y rendent des Hauteurs. Les Tartares nomment cette ouverture, Inghiftan ■ Kouiu, mais la regardant comme un abyme incommenfurable, il n'ofent, par fuperftition, 1'aprocher feulement. Les Montagnes a tla gauche de la Vallêe ci- deflus  X 41 X deffus. nommée,fonten grande partie Argileufes, en dehors, & couvertes de Bois- en dedans elles renferment de gros bloes d'une Pierre Calcaire dure. A leurs pieds fe trouve , en, divers endroits, une Argile ferrugineufe rougeatre , ainfi que Ia Terre a Potier blanche; Les Tartares en font des Pots, & différentes fortes de Vafes. Mais prés du village d'Amurath, af> Verftes de VAncien Crime, la matière conftituante des Montagnes redevient de la même nature que de celles dont nous avons ci-devant parlé; avec la différence feulement, que dans les Pierres foudées, on ne trouve guere de Pétrifications, & que dans une profondeur de plus de 10. Sajenes de la fuperficie, on rencontre des lits d'un Schifte crétacé noiratre (ou de la Pierre noire, du Crayon noir); & au desfous, des feuillets minces de Selênite noirdtre transparente. Cette Pierre noire tombe en poudre h fair, fermente avec Veau-forte, & fert, fuivant Booiare, a ameliorer les vignes (a). On 1'appel- le (<0 D'après cette description, cette Pierre nohe doit être V Ampelüe des Minéialogistes. C 5  >.( 4* M ie auffi Crayon -noir, parcequ 'elle fert k traCe r des lignes, comme le charbon. Le fol aux environs de toute- ces Mmtagnes eft Argfeux, mêlé de Gravier & de Ter'eau, formant une couche affez épailfe, particuiiérement dans le cercle de t'ancien Crime, oü fe trouve une vafte Vallée abondante en jardins, «n prairies et en charnps La fituation ici eft une des plus belles, furtout pour la vue; car indépendemment des objets variés qui frapent celle-ci dans la l'allèe même & fur les Montdgnes, on peut auffi y apercevoir les trois Mérs (celles d'dzow, Noire & de Sivafche ) &la presqu'ile de Kertfch. Au nord de la Montagne d'AghermiJch, fe trouve ausfi prés de la rivière d'Jndale, une trés agréable & fertile Vallèe, qui par fa fituation unie & fa vue fur les Montagnes boifées environnantes, mérite d'être distinguée. A 15 Verftes environ de V'ancien Crime, fur le chemin de Soudak, les matières constituantes des Montagnes font analogues a toutes, celles des Centrales dont nous avons parlé, & n'en différent que par la pofition d'une Pierre calcaire dure,en couches, qui, dans quelques endroits de leurs cimes, eft perpendiculaire, s'élancant vers le haut comme des murs, Leurs pieds font  X 43 ) C font couverts d1 Argile jaune & quelquefois grisclaire, fur la quelle fe forme, aux bords des Ruiffeaux, le Sel marin- Entre fes couches, on trouve auffi en plufieurs endroits, l'Ardoife folide ou grojfiere, grife: elle ne fe délite pas en feuilles, & s'imbibe d'eau, quoique dure; par conféquent n'eft guère propre a la couverture des Toits. Les Montagnes qui fe dirigent de ce chemin vers la droite, font de la même forme & nature que celles qui font vers le haut du grand Caraffou & de-la jusqu'a Salghir. A leur extérieur, ainfi que dans leurs Vallées, elles font en plus grande partie couvertes de Bois; mais, on y rencontre auffi quelquefois des Plaines rafes. Sur une de ces Montagnes, h 30. verftes de Karaffou-bazare vers le Sud'Oueft, fe trouve tout au fommet, une immenfe Ouverture qui mérite attention: la glacé s'y coruerve toute 1'année. Cette Montagne, dans le fein de la quelle Ia nature a établi une Glacière, s'éleve, ainfi que lesautres hauteurs qui 1'entourent, presqu'è 1'égal de la Chaine méridionale. Ses cimes font toute nues & tapiflees d'une Pierre calcane fisfile , & d'une couche épaifie de Terre. Plufieurs  X 44 X eurs couches de cette Pierre font pofées verti» calement, dont quelques unes alfez hautes, au milieu d'elles fe trouve ïabyme en queftion. Son ouverture, en demi cercle, eft d'environ 40. öajenes. A VEJl & au Sud^eWe eft entourée de hautes couches efcarpées, & a l'Ouefl & au Nordj de mêmes couches inclinées, qui revêtent également fon fond. Ses bords commencent par un elcarpement de 15. Sajenes: ils deviennent enfuitemoins efcarpés, & continuent encore environ 12. Sajenes jusqu'a 1'endroit oü fon fond eft rempli de Glacé & de Neige, au deftus des quelles 1'ouverture a 7. Sajenes de longueur & 14. de largeur. Tout a fait au fond fe trouve un autre Trou, qui n'a guère plus d'une Sajene de longueur; mais on ne fauroit déterminer pofitivement fa prpfondeur, k caufe des différens obftacles qui empêchent de la mefurer. Les traces de la Glacé qu'il renferme, fe décelent en haut & en bas, par la réfonnance que produifent les I'ierres qu'on y jette. A la gauche de ce Trou, on voit une fente, profondedans la Montagne, remplie également de glacé.' On ne fauroit attribuer la formation de cette glacé, k rien autre chofe, qu'a 1'écoulement des  X 45 X des eaux, qui s'y rendent des fommités: ]e ldcal Ie prouve évidemment; &c'eft aucommencement du Printems, fans doute, qu'il s'en forme le plus, paree qu'alors Ia Neige qui fe trouve autour de cette Ouverture j fe fond par la chaleur du foleil, & en s'y écoulant. fegéle de nouveau par le froid presque continuel qui doit y regner, k caufe de Ia profondeur extraordinaire de ÏAhyme, oü le foleil ne peut Jamais pénétrer , & a caufe de la neige perpé. tuelle dont fon fond eft couvert. Dans les mois de Jiïillêt & d'Aout, le volume de glacé diminue ordinairement a caufe de la chaleur de 1'air, qui alors atteintmême le fond de VMyme: auffi s'y trouve-t-il moins de glacé en Automne qu'au Printems & au commencementderEté, & de-la vient vraiferhblablementlebruit, comme «'il contenoit plus de glacé dans les tems chauds que dans les tems froids. Mais dans le tems indiqué même, la fonte de Ia glacé eft plus ou moins confidérable, fuivant Ja qualité de lafaifon & le degré de la chaleur; & j'eau dégelée alors dans 1 Abyme, géie de nouveau en hyver, & par con féquent la glacé ne fauroit jamais s'y épuifer totalement. Dans les Montagnes voifines de Solair, on ren*  X 46 X rencontre par - tout, tant fur leurs Cêteaux que dans les Fallons, quantité d'Argile ferrugineufe brune & rougeatre, & au defibus de celle - ci, en plufieurs endroits, de la Mine de Fer limo■neufe de différentes formes; & des Stalagmiies dans les fentcs des Montagnes. Aux environs du village d'EniJfalê , fitué vers le haut de la Rivière ci-deffus nommée, les pieds des Montagnes abondent en différentes efpèces ScMJieufe*. On y trouve auffi, outre UArdoife grosfiere grife, une Ardoife compacte ou Argileufe, dont les feuillets ont plus d'une demie Archine d'épaifïeur, & qui varie dans fes couleurs, a caufe du mélange des parties ferrugineufes; & une autre tendre & noiratre, ou VArdoife matgre, qui eft fi fragile, qu'elle fe réduit d'elle même en petits fragmens a 1'endroit même oü elle git. Au refte, fa pofition aux pieds des Monts eft en plus grande partie perpendiculaire. Quant aux lieux fitués prés des hauteurs de Salghir > il s'y trouve des Plaines rafes entre les Montagnes, dont le Sol eft par lui-même Argileux & Pierreux , mais couvert d'une couche épaifle de Terre vêgétale, & par conféquent propre a 1'agriculture. Les bords de cette Rivière font couverts de ^ ar dim & de Prairies, & les Montagnes abonJ dent  X 47 X dent en Bois. A quelque diftance de-la vers l'Oue/l, ces Montagnes centrales baiflënt un peu, & continuent ainfi jusques prés de Boulaclava; & dans toute cette étendue, elles confiftent, en plus grande partie, en Bancs d''Argile, oü les différentes efpèces de Schiftes fe rencontrent en quantité, & font en général cou vertes de Bois. A 1'égard de la ferrilité du Sol, les cantons renfermés par Je Salghir & F Alma, fe diftinguentdans cette continui'.éde Montagnes: on y rencontre des l ollies vaftes, abondantes en divers Paturages & propres a toutes fortes de cultures. 11 nous refte è décrirc maintenant la nature des principales Montagnes maritimes & leur pofition. Elles commencent, comme on 1'a déja dit, a Bouiaclava, ékcour nt de-Ja paralellementaux Bords de Ia Mer Noire jusques prés de Caffa ( Iheodofte) formant une Chaine qui n'eft interrompue que parfois; & dans toute cette étendue, on rencontre tant de traces des efforts violens des Feux fouterrdns, que cette partie méridionale des Montagnes mérite une attention plus particulière que toutes les au^res. Leur hauteur, quoique non encore pofitive- ment  X 48 É 'inent metaree, furpaffe probablerhent les 303 Sajenes en plufieurs endroits; mais on n'y rencontre nülle. part des Pétrifications. La chaine primitive de ces Montagnes, commenganta Boulaclava, parcourt fans interruptioh environ 30. verftes en longueur, & obfervant presque toujours la même élévation: il s'èn détache en: fuite ünc partie auprès du village aYAloupW, qui s'éloignant de la Mer , fe dirige jusqu'a Talta , & eft connue foüs lenom d'Jya-daghe: La cöte Septentrionale de cette chaine eft moins efcarpée & couverte de Bois ;& la Méridionale n'eft en pente que vers le bas des pieds ;&. vers les cimes, fort efcarpée. La Roche qui forfflë ces efcarpemens, eft partout uniforme ;c'eft - a direde Pierre calcaire compacte, gris-foncée; apartenant au genre des Pierres puaniesi cit dans la trituration , elle donrte urie odeur d'ceufs pourris. Les pieds inclinés de cette Chaine fe terminent en bords efcarpés, mais pas bien hauts, a la Mer, & confiftent èn un fond Argikux oü l'eau des Pluyes & des nelges ; descendant deshauteurs, a creufé deprofondes Ravines; car cette próximité des Montagnes avec la Mer & leur extraordinaire efcarpement , occafionnent une violence dans fa chüte. Mais plufieurs de ces Ravines, ainfi que les grandes Piet-  X 49 X fiefres tombées des hauteurs & qui fe trouvent autour d'elles, ont encore une autre origine; car les fentes qui fe rencontrent dans quelques endroits parmi elles , & fafpeér. horrible des Montagnes prés du village de Simyaouffe > k 2o. Verlies de Talta, oü 1'on voit des maffes énormes de Pierres éparlës ca & la, & jusques furleRivage: tout ces objets prouventindubitablement que le Tre'mbkmeni de Terre s'y eft fait fentir jadis. Dans tous ces Ravins & dans les Bords des Ruiffeaux, 1'on trouve de grandes couches de Schiftes des efpèces dures & fragiles, parmi les quelles bn rencontre auffi jbeaucoup d'Ardoifes en rognons, pour la plupart de forme ronde & couvertes d'écorce jaune & rougeatre ocreufe; effet du mélange des parties ferrugineufes. Et parmi les efpèces Schijleufes , 1'on découvre dans quelques endroits , VArdoife des. Toits noire, qui fe déliteen feuillets minces, nefermente pas avec YEau forte, & éclate peu oü pas du tout, au feu. Toutes ces quaiités prouvent qu'elle eft propre a la couverture des Toits. Dans les Ranc's a'rgileüx formant le pied de cette chaine, il n'eft pas rare de trouver l'efpece d'Argile Sthifteufe noire, qui fe defiechant D 1  X 50 X & "Vair,- fe brife en petits morceaux, dont elle coüvre des efpaces entiers. Le Sel Marin s'y forme auffi dans quelques e. droits des Bords des Ruiffeaux. Le Sol fuperfkiel de èes Pieds, paroft par foi même ftérile , n'étsnt qu'une Argile fedie; cependant il p;oduit malgré cela, non-feulement dans quelques endroits du Bois & des Pd. turages, mais des Végètaux même qui ne ferencontrent pas ailleurs. Les Jardins plantés le long de la Cöte , depuis Boulaclava jusqu'a Talta, fe diftinguent même de tous les autres par la grande variété & 1'exCellence de leurs A'bres fruitiers, qui feront tous indiqués & déerits k leur place. Si 1'on recherche les caufesde cette fertilité, on ne fauroit 1'attribuer qu'a cette immenfe quantité de Sources & de Fontoines d'eau renfermées dans le fein de la Terre* qui y entretiennent unehumidité continuelle: eelle-ci fuplée a tous les defauts dans la qualité du Sol, ce qui fe conörme aifément par les lieux qui par leur fituation font privés de toute humidité, & par la abfo!üment ftériles. Les Roebes efcarpées dé la chaïne en ques« tion, font entiérement nues jusqu'au Village fJloupkai de-li, s'aprochant de Talta, elles comme-  X 51 X commencent a fe couvrir de grand & de petiE Bois, qui s'étend enfuite plus loin. Dans le Canton de Talta, ces Montagnes offrent un afpeói; bien agréable: elles entourent la Cöte de la Mer en demi-eerde & s'élanceni vers le hautpar différens étages, couverts de Boiso Depuis les pieds jusqu'a leur moyenne région, elles font ferméecs de Bancs argileux* enfuite de Pierres dures Calcaires, que des parties ferrugtneufes font paroïtre rougeatres en quelques endroits. Dans toute cette chafne on rencontre fur les Cimes mêmes, des Plaines valles, en partie de Roe, & en partie couvertes d'une épailfe couche de Terts. Les Tartares les nomment ta'ilia. Elles produifent les meilleurs Pdturages, & les Habitans de la Cóte y font paitre leurs troupeaux en Eté, oü ilsjouiuent encore de 1'avantage d'être a 1'abri des piquures des guêpes & d'autres InferStes, La Plaine aux pieds de ces Montagnes, qui s'étend jusqu'a Ia Mer eft couverte de Cbamps & de Jardins: les deux petites Rivières qui 1'arrofent, ne contribuent pas peu a fon embelïiffement. C'eft Akar-fou & Balla-fou. La dernière mérite furtout d'être remarquée: el!e fait raoüvoir trois Mwlins, quoique l'efpacë D 2 ÉjjÜ  X s* X tm'elle parcourt depuis fes fources jusqu'a fon Embouchure, n'ait pas plus de $ Fer/ï«; de fscon que l'eau détournée vers fon haut, & Conduite a un de ces MottZiwf, au bas du Cóteau* eft élevée de 3. Sajenes au deffus de 1'horizon du refte de fon eau; ce qui prouve la rapidité du courant de cette petite Rivière. Le cercle de Talta, ainfi que tous les endroits Maritimes, en général, abondent en Ruiffeaux & en Fontaines que fourniffent les Montagnes: on en entend le murmure partout, & leur eau dans les plus grandes chaleurs des mois d'Eté, eft auffi froide que la glacé même. Depuis Talta jusqu'a Aloufchta, la grande Chaine de Montagnes continue a peu prés uniformérnent, s'éloignant feulementplus de la Mer, & étant couronnée de raêmes Rochers efcarpés couverts de Bois que jusques-la; mais fes pieds, dans eet efpace, différent, de nature: ils font hériffés de trés hautes Montagnes de diffétentesformes, ifolées, en partie Argileufes & en partie Pierreufes , qui portent des marqués innombrables des changemens violens que ce Terrein y a fubis. Prés de Talta on trouve fur une de ces Mon. ta-nes, un Abime immenfe , comblé óePierres; & a 1'entour, de grandes fentes & crevaffes font bombées de tous cötés. Ses pieds font presqu'en talus, & unis. Les Pierrej qui s'y trouvent, apartiennent au genre des Laves dures. Elle font couvertes d'une Croute grosfiére, noire & jaunatre, & le dedans en eft. gris - clair & gris - foncé, bigaré de Crijlaux noirs de Schorl & de paillettes de Mica, ce qui les rend en tout refiemblantes au Piperino des Minéralogiftes, employé kRome & auti es endroits de Yltalie, dans les Batimens. La grande dureté de cette Pierre, la rend D 3 fus-  X 54 X (Usceptibledepoli: oupourroit donc ï'employer en Colonnes & a d'autres ornemens; les plus brunes paroiffent y être les plus propres- La Montagne du Cap en eft comme revêtue, & de'tres grands bloes, verticaux, la couvrent de tous cötés; mais fur les cimes, ce font de grandes Dalles quarrées, horizontales. Autour de fa bafe, on rencontre en quantité, du Spath ferrugineux rouge-brun, & de l'Argile rouge, A 5. Verftes de ce Cap a il en exifteun autre auprès du Petü Lambat, compofé de la même efpece de Pierre; mais pasaufli élevé. 11 forme avec le premier une Baye furüfante pour fervir de refuge'aux vaiffeaux. Les environs de cette Baye manifeftent plus que partout ailleurs encoré, les effets d'un Tremblement de Terre. Les Rocbers efcarpés de la grande Chaine font fendusici de différentes manières, & d'immenfes Pierres font répandues a fes pieds, & jusques dans la Mer même a une aflez grande diftance des Bords: plufieurs d'elles font fort élevées au deffus de la furface de 1'Eau ; tout le rivage eft; couvert, dans un efpace de quelques Verftes, de Bloes de Pierre Calcaire rouge, remplie de fentes par 1'effet des Feux fout er r eins, qui ja font paroitre bigarée, par 1'infiltration d'un Sffth blanc dans fes fiffures. Auprès,  X 55 X Auprès du Grand Lambat, fïtué fur une haute Montagne a 4. Verfles de-Ik, on retrouve encore les mêmes Produits,- P'olcaniques, en grands bloes perpendiculairement pofés, dont quelques-uns ont plus de 2. Sajenes en longueur & en largeur. Les Montagnes k Bancs argileux qui s'étendent du Petit Lambat jusqu'a /iloufchta, égalent presque, par leur élevation, celles de la Principale Chaine fituées derrière elles, & forment vers Ja Mer un bord haut & efcarpé. On y trouve, ainfi que dans toutes celles qui parviennent jusqu'ici depuis Talta, différentes especes de Schijles argileux; & dans la Montagne fur la quelle Ie village de Partbenide eft bdti, du grès feuilkU , que les Habitans du Lieu & du Lambat, employent a la couverture des Toits, quoiqu'il foit peu propre a eet ufage. On rencontre auffi dans ces Bancs argileux, partout, & particuliérement au bord de Ia Mer3 d'épaifïes couches d''Argile pétrifiée grife & jau^ natre, abondante en parties ferrugineufes, & dont les. couches font pour Ja plupart couvertes d'excroiffances de Quartz blanc, d'une trés grande pureté , & qu'on employé a Ia fabrique des verres. On trouve encore du Quartz ftw.lkiê le plus pur, en grands morceaux, entre D 4 Talta  x 5ö x mêa & Ourfove. Quant a la fertilité du Ter, rein dans toute cette étendue; elle eft analogue presquen tout, aux endroits fitués .entre Bouhaclava & Talta. ' Aux piecjs de Ia Gfrafae croiffent dans quelques endroits des Jrbriffeaux, & fur les Cimes le Bois même, & d'autres Végétaux: des Jardins fiuitiers s'étendent tout le long de la Cóte. Aux environs d'Ourfove, la fituation fe distin "ue par fa beauté: des Roches': efcarpées entourent ici une Vallés en pente, & fontcouvertes d'un Bois épais: les deux bords d'une petite Rivière qui traverfe cette Vallés par le milieu, font couverts de vaftes Champs & Jardins. I ■ Prés d'Jloufchta la grands Chaine s'interrompt „ &. deux immenfes Montagnes détachées d'elle, ferment dans un grand lointain, la Vallée cyrienus nommée. Une de ces Montagnes eftré■putée être la première de toute la Tauride, & a caufe de la reffemblance de fes Cimes a une Tent e ou Pavillon, les Tartms font nommée Tfchatir-dath ou TfchadirdagU, quiveutdire Montagne en Tente, ou en Pavillon. Par fa longueur, elle fe dirige entre YEft & VOuefts s'éievant de ces deux cótes en bords efcarpés; $le deux autres, fes pieds font en pente douce,. dont  X 57 X Jont celui du Nord s'étend environ ia. Verftes & celui du Sud, 15. Verftes jusqu'a la Mer même, & confifte en Bancs argileux & en différentes efpèces de Schiftes. Elle a, fur fes cimes, des Plaines unies, vers le Sud .& le Nord, en partie Pierreufes & en partie couvertes d'une épaiffe Couche de Terre qui produit différentes Plantes Alpines; mais le milieu même de la Montagne confifte, vers la Cime, uniquement en Pies hauts de la Pierre - puante calcaire, grife, trés compacte & dont les couches en plufieurs endroits font perpendiculairement élevées. Au Sud, fes pieds fon tous couverts d'un Bois épais. 11 continue également au Nord jusques prés de fes Sommités ; avec 1'exception que plus il s'en aproche, plus rare il devient, ne formant a la fin que des Bocages épars. Un de ces Bocages receie auffi un Abime oi» la Glacé & la Neige fe confervent toute 1'année. 11 n'eft pas auffi vafte que celui dont nous avons deja parlé; car il n'a guere plus de 4. archinesde diamêtre , & peut-être 14. Sajenes de profondeur. Tout au Sommet, dans quelques autres erevafles, la Neige fe conferve également tout Un été: Cependant elles font trés peu profonD 5 des,  X 58 X des, & feulement a 1'abri des rayons dü So. kil; ce qui prouve 1'élévation diftinguée de. cette Montagne, joint k ce qu'on 1'apercoit du C6té de Pérecop, k plus de 70. Verftes, & que pour la plupart du tems. elle eft couverte de nuages. Par un tems fort clair , on peut voir de cette Hauteur, presque toute la partie Occidentale de la Presqu'ile Taurique: les objets variés qui fe préfentent alorsala vue, font de la plus grande magnificence; & nommément les Montagnes boifées qui 1'environnent & qui lui font bien inférieures en ëlévatlon, la vafte Plaine qui s'étend vers Koslowe, la Mer Noire, & toutes les Habitations de ces lieux. La feconde Montagne qui ferme la Plaine d'auprès Aloufchta, eft a la droite de celle que nous venons de décrire, & ne lui céde guere en élévation. Sa longueur fe dirige du Nord au Sud. A vEfl, elle eHArgileufe & couverte de Bois, vers fes pieds; mais vers le haut elle eft formée de mêmes Roches Calcaires que celles defesautres Montagnes environnantes. Vers YQueft, elle eft compofée de Bancs Argileux mêlés de Schifts, dans fa partie inférieure, & d'immenfes Bloes de Poudingues font fendus & bnfés de différentes manières; ce qui donne un aipeft étrange a toute la Montagne. Quelques-  X 59 X ques-uns de ces Colofles pofés fur fes cimes., relfemblent a des hautes Tours, a des Pyrami■des; d'autres a des Colonnes, & femblent être Fouvrage des mains d'hommes. Les Poudingues qui repréfentent ces édifkes imaginaires, ne font pas d'une folidité uniforme: il y en a de fi fragiles, qu'on les brife a lamain: d'autres, font extrêmement durs, & préfentent un compofé de fragmens de Pierre Calcaire, de Quartz , & degrands & petits CaiU loux, tous cimentés par une matière argileufe. On rencontre auffi dans quelques-uns de ces Bloes, des morceaux $ Argile pétrifiée, rougebrune tenant Fer, fj? couverts de taches brillantes couleur de Plomb. Ca) Toute la partie fupérieure de Ia Montagne couverte de ce Poudingue eft ftérile, mais vers fa bafe, elle n'eft pas dénuée de fertilité, & aux environs du village de Temirdji, le Sol eft propre a 1'agriculture & k la culture de différentes (a) Toute cette description eft trés obscure. Seroit-ce de Ia Mine d'Antimoine parelüe a celle qu'on tire d'Antoni - Schacht, a Chemnitz en Hongrie? Comme celle-ci, elle a des taches rondes, couleur de Plomb (fi Ton veut) fur une Pierre argileufe grife. Ou feroit-ce de ia Mine d'Argent Manche?  ):-( 6o X rentes fortes. d'Arbres & autres végétaux ds> Jardinage- Les Montagnes qui g'ffent de li vers leNord, font couvertes de Bois épais. Une Pierre Calcaire, noire, qui s'y rencontre, mérite d'être remarquée: elle eft d'une confiftance fi dure, qu'ellereffemblea un Silex, & doit, fans doute, fa couleur au mélange d'une Matière com^ buftible. Combinant la nature de cette Pierre, avec la fituation & 1'afpecl de cette Montagne, il eft impoffible de douter que les Feux fouter, reins n'ayent auffi produit jadis différens. effets dans cette Contrée. Tout 1'efpace compris entre cette Montagne & Tfchatir - dagh , eft occupé par des Bancs arjlmx fort élevés, qui s'etendent jusqu'a Al ufchta. Parmi les efpèces Schifteufes , on rencontre en abondance une Pierre .-rgileufe noire, fi f agi'e, que fes débris recouvrent entiéi emer;t plufieurs de ces Bancs. Le Sol aux environs d''Aloufchta, ainfi que de toute laCóte méridionale, eft jaune Argileux, & fi fee dans les lieux élevés, que les Plantes ïémées exigent immanquablement d'être arrofées; on doit même 1'améliorer avec du fumier pöur 1'agriculture. Mais le long d'une médi'  X 6i X médiocre Rivière qui y ferpente, onvoit quan* • tité de jardins pourvus de differens Arbres fruitiers; parceque ja couche de Terre a fes deux bords, eft épaifle & humide par foi - même. A queiques Verftes de la VaVée oü le village aétuel d's loiJchtaeHütué, la Chaine des grandes Montagnes maritimes, interrompues jusques la, recommence & continue enfuite fans interruption, jusqu'a Ourku:h, fe tenant éloignée d'environ 10. Verftes de la Cöte. Tout l'efpace compris entre elle & !a Mer9 eft occupé par de hautes Montagnes argileuf si matière qui compofe également tous leurs pieds. Au refte elles font de même nature que celles qui font entre Talta & Aloufchta. Relativement a 1'élévation & la nature des Roches qui conftituent cette Chaine, elle eft analogue avec hprincipale que nous avons déja décrite & dont elle n'eft qu'une partie. Mais quant a Ia qualité du Sol des lieux fitués a fes pieds, il eft égal a celui du Canton d''Aloufchta. Dans les Vallées & Valons, le long des Ruisfeaux, le Terrein eft aifez fertile,- mais fur les Hauteurs il demande de 1'amélioration & de 1'arrofement, parcequ'il eft extrêmement aride & produit trèspeu de Végétaux par foi même. En face d'Ouskuth, les Cimes de la Chaine fe  )( 6z X fe féparént en deux d'une manière particuliere, ïaiflant une longue ouverture entre elles, & oü 1'on a pratiqué un chemin droit a Karaffe- lazare. , Dé deux cötés de cette Ouverture font deux tics hautes Rbches* de forme presque Cónique, qu'on apercoit de loin du chemin de Perecop svant toutes les autres Montagnes. Aux environs du milieu de leurs pieds, on trouve en quantité de la Mine de Fer Argüeufe. De médiocres Montagnes '$Argile jauneék deSchifies, s'ctendent ici depuis ces Roches jusqu'è. la Mer: ón rencontre auffi parmi elles, d'épailfes Couches de Pierre Argüeufe noire & grife, fur la queÜefe forme, aux environs d"Ouskuth, ainfi que par de-la, le long de la Cöte, quantité de Petits Crijlaux de Roche f» qui par leur pureté&transparertce, ne cedent en rien aux Cri- (a) L'original ajoute: avec une pointe aiguè au deffus (ou en haut~). On a fuprimé cette addition , comme inutile; car fi 1'Auteur vouloit défigner par-la la Piramide ordinaire & commune aux Crijlaux de Roche ■ ce n'étoit qu'alonger le discours. Mais s'il avoit quelqu'autre idéé en vue, elle étoit incompréhenfible pour le Tfaduéleur, 1'Auteur ne 1'ayant point expliquée.  X 63 X Crijlaux Orïentdux. Ils font raffermis par léur bale, dans un Quartz folide. Parmi les Schiites de ces Montagnes, plufieurs, 'k caufe de 1'abondance du Fer qu'ils contiennent, Ont Uon feulement changé de couleur, mais font cóuverrs même d'Oére jaune. On trouve auffi parmi em, dans différens endroits, dés Puudingues qui fe montrent également par-ci-par Ja, aü Sud & au Nord des pieds de deux Roches ci-deffus indiquées. La Vüllèe d'Ouskuth jusqu'a la Mer, traverféepar une petice Rivière, eft affez agréable par la quantité de Jardins; mais les Montag. ties environnantes font pour la plupart ft riles. D'Ouskuth a Soudak, la Chaine de Montag* «esfedirigedela même manière que d'Aloufchta k Ouskuth, & on n'y remarque aucune diffërence ni dans la nature de fa Pierre, ni dans les propriétés de fon Sol, fmon qu'dle eft encore plus éloignée de la Mer. La Cóte de la Mer eft formée de mêaies hautes Montagnes Argt'eufes ftériles, qui produifent feulement par-ci par-la, du Bois, en s'ap'óchant de Soudak; mais les Vallées & Vallens fitués entre elles, font fertiles, & on y rencontre partout des Jardins & des Champs. A io. Verftesd'Ouskuth, \inCap, qui s'avan- ce  X 64 >C ce afl& loin dans la Mer, mérite d'être remark qué,: il apartient au genre des Hauteurs primitives qui giffent fur la Cöte méridionale de la Presquile Taurique. Une haute Montagne, éloignée de toutes les autres, forme ce Cap, qui correspond cependant par toutes fes parties conftituantes, a toutes les Montagnes qui 1'environncnt. On voit encore jusqu'a préfent fur fes Cimes, les ruines d'une 'loar de pierre & d'autres Bdtimens: les Tartares les nomment Tfchoban - cali, ou le Fort des Bergers, parcequ'elles fervent d'azile aux Troupeaux, qui y paiifent en été. S'aprochant de Soudak onvoït encore unCap, trés diftingué par fon élévation & par fon étendue dans la Mer: il eft formé par les Moratagnes de Soudak, Prés de Soudak même, toute la face des Sites change, & toute la Contrée préfente de nouveau des traces évidentes des événemensquela Nature y a opérés, relativement aux changemens dans la Partie montueufe méridionale & fur ïes Cótes de la Mer. La grande Chaine de Montagnes, s'éloignant de 12. Verftes environ de la Mer, eft couronnée de Rochesperpendiculairement pofées, & brifées de différentes facons & dont la Pierre Calcaire, qui les conftitue, eft mar-  X °~5 X imarbrée de rouge cc de jaunatre : effet dü mélange des parties ferrugineufes. Les Montagnes .argüeufe s qui s'en détachent vers la Mer & qUi font éparpillées fans aucun ordre, font féparéeS les unes des autres par de profondes Ravines , & couvertes d''Argile grife & jaunatre, fous la quelle giïfent différensMinéraux; favoir: le Schifte groffxer, gris, la Pierre argüeufe dure $ les Poudingues, formant dans quelques endroits des Montagnes mêmes; la Mine de Fer argüeufe j brune ert dédans & rougeatre en déhors, en couches épaiiTes & en Mottes écailleufes >• 1'Ocrc & les Criftaux de Sêlénite. Au refté les trés-hautes Montagnes de Roche de la Cöte même, manifeftent, tant par leur afpect. que par leurs parties conflituantes,qu'elles ont été en partie foulevées par les efFortS des P eux fouten eins , & en partie en ont fubi différens changemens, parmi les quels la Haütèiir für la quelle la Ville de Soudak eft fituéei doit furtout être comptée pour le principal; Elle eft éloignée des autres, & de forme presque conique, toute formée d'une Pierre caïcafc re dure dont les couches , fi étroitement foüdées, qü'ort ne fauroit les diftinguerj font faturéet, d'une couleur noire-foncée aux pieds dè la Montagne. Dans la partie fupérieure, cettë E P&*  ):( 66 X F terre eft grife-noiratre; mais k caufe du mélange das parties ferrugineufes, elle manifefte dans quelques endroits d'autres couleurs. Ces fubftances, ferrugineufe & inflaramable, indiquent déja alTez 1'origine de cette Montagne; mais les différens produits des Feux-fouterreins qui gilfent a fes pieds, le témoignent encore davantage. Ce font quelques Laves de 1'efpèce de celles que nous avons déja ci-deffus défignées; favoir: une Pierre-ponce noiratre & grifatre, mêlée de Calcaire; de grands mor. ceaux d'une Pierre argüeufe, grifatre, remplie de Criftaux de Schort & d'Efiorefcens, & des Scories ferrugineufes qui relTemblent parfaitement a celles de nos forges. A la droite de cette Montagne, on en voit encore une , furpaflant toutes les autres en hauteur. Elle eft entourée de profondes Rayines de trois cótés, & au quatrieme, baignée par la Mer. Les Ravines font revêtues de couches épailfes d'Argile pétrifiée & de Schifte gris extrêmement compact., qui ont des inclinaifons différentes; quelques - unes même font verticalement pofées. Parmi les Schifïes cornpafts, on en rencontre qui fe- délite aifément en feuillets, & s'imbibe peu d'eau; il paroïc ,,par conféquont, propre k  X 6> X k la couverture des toits. La Cime de la Montagne elt légerement concave a fon milieu; il y croït, ainfi que dans d'autres endroits de fa fur« face, du Bois de haute futaye. Au refte, elle eft entourée de Koelies, qui s'élevent en Pies du cöté de la Mer depuis fa bafe, & font bouleverfées de différentes manières. La Pierre Cal" taire qu'on y rencontre, contient auffi un mélange de Fer, & paroït par - la marbrée de rouge & de jaunatre. Les Montagnes le long de la Cóte k la gauche de Soudak, ont des afpeefs vaiiés. Elles font plus baffes que les deux précédentes, mais elles leur font analogues par la nature de leurs Minéraux. Les plus proches ont, pour la plupart, leurs Cimes en arrêtes, & leurs pieds, couverts d'Argile grifatre, mais celles qui font a une 8«e de Verftes de-la , vers Sud-Eft, avancent en Promontoire dans la Mer, dont les Roches bouleverfées prouvent, qu'elles avoient jadis efluyé une forte fecoufle. Sur leurs cimes, ainfi que fur les autres Hauteurs qui fe détachent d'elles vers Ie Nord, on rencontre dans les fiflures, quantité de Spaths Calcaires jWnes, & des Boules marneufes, pénêtrées de veines noires Spathiques, qu'on nomme Pierres èloifoniiées (Ludus Heimontii)* « L E a W  X 68 X LeSoZ, auprès de Soudak même, eftftérile, & k 1'exception de deux ou trois fortes de Plantes particulieres, il ne produit presque aucun Végétal, a caufe de fa féchereffe extraordinaire, qui doit être attribuée, ainfi que dans tous les endroits de la Cóte ci-deffus marqués, a l'acrion des Feux fouterreins dans les tems anciens. Mais a 5. Verftes de-la, le Sol eft déja beaucoup plus fertile: les Montagnes vers le Nord, contenues dans eet efpace, commencent & devenir boifées, & leurs flancs produifent différentes Herbes. Les fameux Vignobles de Soudak, qu'on préfere a tous ceux de la Tauride, occupent entre ces Montagnes, une vafte Vallée qui s'étend environ 10. Verftes, jusqu'a la Mer même. Le fond de leur terrein , eft u'ne Argile grifatre, mêlée d'une Terre noire éf grajje & de gravier, & au deffus de la quelle git une autre Argile dure , rougeatre. D'ailleurs la quantité inombrable de fources d'eau qu'il recele & qui 1'entretiennent dans une humidité continuelle, facilite, non feulement la production des meilleures efpèces de Raiftns, mais auffi d'autres fruits déücieux, dont les Jrbres plantés fans aucun ordre & mélangés d'autres fervant uniquement a 1'ornement, donnent le plus agréable afpecl du monde a ces Vignobles. De  X 69 X De Soudak a Caffa, les Montagnes font en partie Argikufes & abondantes en efpèces Schifteufes, & en partie de Pierres Calcaires a leurs cimes, oü croiifent quelques arbres dans quelques endroits. Ellesfont alfez hautes, & celles de la Cöte, pour la plupart ftériles,* mais a quelques Verftes de-la, les Vallées & Vallons fitués entre elles, font fcrtiles & abondent en Pdturages & autres Végétaux: on y voit auffi des jardins a Arbres fruitiers, plantés le long des ruiffeaux qui les traverfent. A 15. Verftes de Caffa, la Principale Chafne de Montagnes fe termine, ducöté de la Mer, pajr de hautes Montagnes en Roche, ifolées, la plupart formées de la même Pierre Calcaire noii atre, que celles de Soudak. Quelques-unes d'elles s'élevent en arrêtes, & font couvertes de Bois & de Brouffailles. Vers la Mer, elles font taillés a pies formésde Poudingues (de Cailloux cimentés par une Argile rouge* br une ~) dont des bloes immenfes, détachés font repandus aux pieds des Montagnes & dans la Mer. Dans les fentes des Montagnes, on renconr tre dans quelques endroits, une Pierre verte resfemblant k du Jafpe , qu'on nomme Pierre dl Corne, & fon autre efpèce, yeinée ff tadietée-^  m 70 x & pres du Village d'OtoujJe, ainfi que par de= la , vérs Caffa, 'on trouvèfurles Montagnes argileufes, du Tak blanc. & pur (verre de Mos co- vie); mais' fes morieaux rf ont guere plus de \ d'Archine de longueur, & font trés raboteux & poreux. Les Montagnes qui s'étendent de cette extrêmité de la Principale Chaine vers Caffa, devienrent argileufes presque toutes; & il eft a remarquer que leurs Roches commencent k reeeier des Coquilles pêtrifièes dont on n'avoit eu jusques-la aucune tracé dans toute 1'étendue de cette Chaine. Vers la Mer, on remarque fur ces Montagnes de grands affaifièmens & éboulemens; particuliérement dans toute cette partie du terrein autour d'une Baye, oü étoit conftruite la Doublé Batterie. Ce qui joint aux Pierres qui fe trouvent dans la Mer, prouve que les Montagnes y ont fubi différens changemens dans leur pofition & dans leUr nature. v s Celle aux pieds de la quelle eft fituée Caffa, vers hMer, eft compofée, en plus grande partie, d'Argile marneufe, blanchatre, mêlée, dans quelques endroits, d'Ocre jaune, & qui produit trés peu de Vègètaux. La Pierre qu'elle contient , n'eft formée que ds petites Coquilles; elle a  X 7i X a fervi k la conftruólion de presque toute Ia ville. f Le Cap qui s'étend des pieds de cette Montagne & Ja Pointe de Terre qui s'avance de la Presqu'ile de Kertfch, forment une Baye vafte, \ qui fert de Port k toutes fortes de vaiffeaux. Le rivage de la Mer, qui, depuis Boulaclaya jusques-la eft couvert de Sable de Mer gris & de Cailloux roulés; 1'eft ici, le long de Ja Baye, de Gravier jaunatre fur lequel croiflent des joncs, & d'Ecailles de différentes Coquilles La Mer y rejette en quantité de YJlgue qu'on employé cn France pour enfumer les Terre. & pour enveloper les vafes de verre qu'on tranfporte. Au refte la Nature a pofé les bornes k la Partie montueufe k 1'extrêmité de la Montagne que nous venons de d'écrire, de facon que dela vers V Oriënt, commence la Presquile de Kertfch, qui differe des zones précédentes & par fes fituations locales &par la nature de fon Sol, comme onle verra clairement paria de$> qription fuivante. 3°. De la presq.u'ile de Kertsch. La Presquile de Kertfch, qui n'a qu'un pew> E 4 pl«»  X r> X plus de 20. ^êr/?ej de longueur, & 20 a 50 $e largeur , préfente k fon entrée des Plaines j:afes, GjC unies, qui fe couvrent enfuite de Coljines, & prés de Kenfch, de petites Montagnes même. Les Bords de la Mier Noire & de celle SAzovt qui 1'entourent, font fort élevés & efcarpés, formés pour la plupart de Cóteaux argileux-, dont quelques - uns s'étendent dans les. Terres, interrompant en lung & en large les dites Plaines, Entre ces Collines, dans les Vdlons, on renr contre fouvent de grands & de petits Lacs SaléSy oü le Sel fe forme en été, & qui par leur pofition prouvent évidemment, qu'ils ti• rent leur origine des Golfes de la Mer; car plufieurs d'eux n'en font féparés que paf des Langues de Terre étroites & balfes, dont le Sol n'eft que Sable de Mer & Coquilles, d'oü 1'on doit conclure que les vagues de la Mer ont comb.lé leur communication. Tous ces endroits manquent abfolument de Rivières, a 1'exception de quelques Ruiffeaux peu importans, dont 1'eau tarit en été, & n'eft pour la plupart, que bo.nrbeufe; auffi les habitans de ces lieux, & de ceux qui font fitués entre Perecop & Salghir , font obligés de  X 73 X dèfe fervir de l'eau des Puits, qui, felon fon fond, eft dans quelques endroits fort faumatre. Mais aux environs de Kertfck & de Jénicalé, Jes Montagnes fournilfent d'excellentes öources, dont l'eau eft amenée par des conduits fouterreins,. dans ces deux villes. Le Sol en général, k 1'exception des Marais Salans autour des Lacs Salês, peut paffer pour fertile. 11 eft formé, ainfi que la plus grande partie de la Tauride, d'une Terre franche argi~ leufe, couverte d'une épailfe couche de Tem grajje êf noire, trés propre a 1'agriculture r auffi le cercle de Kertfch paffe -1 • il pour le plus abondant en grains de toute cette contrée. II produit partout, en grande abondance , des Pdturages & autres Végètaux: les Vignes & les rneilleurs Arbres fniitiers y réuffiroient fans grande difficulté, temoin les jardins qui reftenr, encore auprès de Kamifch-bouroune, a 6. Verfles de Kertfch , &c ceux des environs de Jénicalé. La Presqu'ile eft abfolument dépourvue de Bois; mais il femble que rien n'empêcheroit far multiplication, vu le fuccès qu'ont ici les Arbres des jardins, & les Arbrijfeaux de Rofier é* d'Epines qu'on y rencontre, quoique rarement, dans les Vaüons. E £ L'Ifthme  X 74 X L'Ifthme Arabat forme une partie féparée de la Presquile de Kertfch, & m'érite des obfervations particulieres. II fe dirige presqu'en droite ligne, du Sud au Nord, entre les Mers d'Atow & de Sivafche (ou Putride) il a environ 20. Verftes de longueur , mais fa largeur varie, ayant tantót plus, & tantót moins d'une Ferfte. Le fond de fon Sol eft Sable & Coquilles, & a 1'exception de quelques Collines, fon terrein eft uni. On y rencontre auffi quelques petits Lacs Salês, fur lesquels, ainfi qu'aux bords de Sivafche, le Sel fe forme dans les grandes chaleurs de 1'été. L'eau douce s'y trouve bien dans quelques Puits creufés,- mais pour la plupart elle eft Saumdtre. Quant aux Végétaux, il n'y croit que des Herbes de paturage, aux quelles le fond du Sol eft propre. Les Montagnes, qui commencent &6. Vzrftes de Kertfch & fe terminent au bout de la Presqu'ile ont une fituation uniforme: car en traver fint célle-ci en large, elle forment différentes Chaines, entre les quelles fe trouvent des Val. léés fpacieufes. La Pierre Calcaire qui les conftitue , eft remplie de Coquilles pétrifiées. Dans ces Vallées du Canton de Kertfch, on rencontre quantité de Buttes ( Tumulus) fort élevées.;  X 75 X élevées : tombeaux des anciens habitans de cette centree. Elles font de différentes dimenfions. Souvent plufieurs font rangées fur la même ligne, a cöté 1'une de 1'autre, & fherbe qui les recouvre, leur donne une apparence de Collines produites par la Nature. LesBancs argileux des bords de la Mer -Noire & du Go'fe de JénicaU, font quelquefois mélangés de la même Pierre Calcaire que celle des Montagnes de la Presqu'ile, & particuliérement a 1'endroit oü ce Bord forme un Cap. Dans d'autres, fes efcarpemens font formés uniquement de différentes couches dArgile mêlées avec de la Mine de Fer & de YOcre, & de dépouilles de Coquilles marines. La couche fupérieure eft partout d'Argile fertile , mêlée de Terre grajje ff noire ; vient enfuite 1''Argile Jaune ordinaire, d'une Sajene d'épaiffeur. La troifieme eft une Terre brune ferrugineufe, mêlée d'Ocre & de différentes Coquilles oü 1'on rencontre auffi de la véritable Mine en Globules. Les Coquilles y font fouvent rempiies d'Ocre bleue, proprement nommée Bleu dePruffe natif. Au deffous de celle-ci, une Argile Manche, mêlée de fragmens de Coquilles, s'étend par couches jusques au fond. - Prés de Takelmijfe, a 25. Verftes de Kertfch, oü  X 7Ö X oü le bord ha ut & efcarpé de la Mer efl fórmé de pareilles couches, 1'on trouve quantité de Mine de Fer limoneufe, qne les vagues de la Mer détache & rejette fur le vivage: par fa dureté, elle reifemble k du Fer de fonte. Mais entre les Hts d''Argile , dans le bord même, elle eft de 1'efpèce des fragiles, & couverte de taches de Bleu de Pruffe natif. On trouve auffi aux pieds de ces efcarpemens, de la Terre verte, (vertclair) qui doit vraifemblablement fa couleur au mélange de YOcre jaune avec le Bleu de Pruffe. Prés de Kamifch-bouroune (ou Cap des Joncs ) qui n'eft qu'un amas de Sable, trés peu élevé & s'avaneant de quelques Verftes en forme de Presqriïle dans la Mer, on rencontre dans quelques endroits, du Sable ferru. gineux noir; & les lits inférieurs des Sables du bord, ont une teinte verdatre : c'eft-la que 1'on trouve le plus du Bleude Pruffe natif&des conglomérations de Coquilles pétrifiêes, faturées de Mine de Fer. Quant aux Coquilles en général, renfermées partout dans les Roches de cette Cöte; elles font pour la plupart de 1'efpèce de celles qua la Mer y rejette encore de nos jours ; mais comment font-elles parvenues a une profondeur de quelques Sajenes & fous des couches dVrgz'/e  X 77 X d'Argile? On ne fauroit autrement Óécidet cette queftion, fi non que c'eft 1'effet des fédirnens de la Mer dépofés en différens tems, & qu'il faut renvoyer aux anciennes Epoques de la Nature. La Cöte de Ja Mer dAzow eft analogue pres. qu'en tout a celJe que nous venons de décrire; a 1'exception qu'on y rencontre moins de Co. quilles pétrifiées. Au refte elle abonde également en Matüres ferrugineufes, & 1'oU y retrouve dans quelques endroits YOcre jaune & YArgile rouge. En s'aprochant de Kertfch, les bords de Roche du Colfe de Jénicalé forment une affez grande Baye, dont le bout Sud eft un Cap affez élevé &en Pic, nommé M-bouroune. De la jusqu'a Jénicalé & dans toute cette contrée le bord eft extrêmement haut, mais de la même nature, étant compofé d'Argile blanchdtre marneufe , mêlée dans quelques endroits d'Ocre jaune, & de Pierres formées uniquement de petites Coquilles. Versie Nord, kr. Verfie de Jénicalé, ,es Sources falées, fituées fur Jes Cimes des Montagnes, mentent d'être obfervées. Elles fem blent bouiJJir en fortant de Terre, & raportent du Pétrole de fon feiu: celui.ci fornage 1'eau dans  X 78 X dans des baffins creufés autour d'elles, & on 1'y ramaffe pour être employé a graiffer les roues, ou dans les lampes en guife d'huile. II a auffi fon utilité dans la Médécine, furtout l'egard des membres gélés. Epuré par la distillation, il eft encore en ufage dans les Apothicaireries pour différens remedes , de même que pour de certaines Compofitions fef vant a fArtillerie. La Terre argüeufe k 1'entour de ces Sources, eft toute imbibée fuperficiellement de cette Huik de Montagnes; de facon qu'elle eft noire comme de la Poix, & s'allüme facilement au feu, donnant une odeur forte & désagréable. A 5 Verftes de la, vers le Nord-Ouefl, on trouve, également fur les Cimes d'une Montagnes, un Marais rempli d'un Limon noir SuU fureux dans une Eau falie amere, qui répand une odeur d'oeufs pourris. Sur les Vègêtaux de ce Marais fe forme le Foye de Soufre (Hepar Sulphuris); ce qui joint aux Sources en queftion, démontre 1'exiftence d'une Sub(tance inflammable dans le fein de la Terre; Ceci mérite d'autant plus de confidération , qu'on en retrouve des marqués abondantes dans la'partie oppofée au Golfe de Jénicalé i c'eft-a-dire dans Visie d: Taman qui nous refte i décrire- D*  X 79 X 4°. De l'Ile de Taman. Cette Ile remarquable, git le long du De'troit de Jénicalé, & en eft en partie entourée, & en partie par les bras de Ja Rivière de Cuban. Elle n'a pas 10. Verftes de diftance de la pointe Septencrionale de Ja Cóte de Jénicalé; mais dans d'autres endroits, eJJe en eft a 18. Sa longueur, jusqu'a Temruk, fait environ 60. Verftes; mais fa plus grande Jargeur, jusqu'au' bras méridional da Cuban, eft de 40; &lamoindre, jusqu'au Liman, oü ce bras fe jette, un peu plus de 20. Verftes. Sapofition, relativement au niveau des eaux environnantes, eft fort élevée; fes bords font presque partout efcarpés , ayant plus de 10. Sajenes de hauteur. Lc Terrein y eft pour la plupart argileux «Sc mmtueux, mais fes Montagnes, compofées de Bancs $ Argile, peuvent n'être comptées que pour des Collines , vü leur peu d'élévation , quoique de loin elles paroiffent être alfez hautes : aparence qui n'eft due qu'a Ja pofition exhaulfée de ïTsle même. Ony rencontre aufli, dans quelques endroits un fond de Sable, particuliérement dans Ja partie Méridionale, aux environs de Liman, oü fe  fe^trouyent auffi de valles Sa/iwej & un grand Lac Salé, oü le Sel fe forme en été. Les marqués de 1'abondance des Parties Salines dans ce Terrein, fe manifestent également en différens autres ehdroits; ce qui n'a pas empêché cependant qu'on n'y ait pratiqué cidevanc 1'agriculture avec fuccès, & particuliérement dans les Vallées en pente entre les Collines , oü la couche fupérieure du Sol eft mêlée de Terre noire graffe. Quant aux Piturages, on n'y en manque pas, & ils ne différent en rien,. ainfi que les autres Végètaux i de ceux qui fe trouvent" dans la Partie de la. Presquile de Kertfch qui lui eft oppofée. La Nature n'y produit pas fpontanément du Bois & des Eroujfailles; mais comme on voit aux environs de Taman, de Valles Jardins de quelques Verftes d'étendüe , oü le-Raifin & différens Arbres fruitiers croiffent depuis biert du tems, 1'on doit en eonclure qu'il n'eft pas impoffible de les y multiplier non plus. Entre les principales caufes qui contribuent a la fertilite deC2tte lle, 1'on doit, fansdoüte, compter la nature même de fon Air, qui fe remplit oontinuellement de vapcurs de l'eau environnante; d'oü il arrivé que pendant les Mois dé la plus grande chaleur, on y effuye, non feu* lemens  X 8i X lement de Rofé's pafticuliéreraent fortes; maïs d'épais & Jongs Rrouillards même, qui rafraichiffent laTejre&lui communiquent 1'humidicé néceffaire a la végétation. ( Mu le Confeiller d'Etat Muller pretend que Je nom même de Taman dérive de fes fréquens Brouillards; car en Turc & en RuJJe le Brouillard fe nomme Toumane; or, il affirme que les Turcs appellent \Tle en queftion, Toumane, & non pas Taman )* Onn'a aucune Eau courante dans toute VIle\ mais Ia Terre y renferme dans fon fein d'abondantes fources d'Eau douce, témoin Jes con* duits fouterreins pratiqués pour amener cette Eau dans la ville de Taman & fes environs, & les Puits des différens autres endroits. De tous les objets remarquables de cette ï/e, & produits par Ia Nature, les Goufres qui rejettènt un Limon falê, ékles Sources fa'ées qui contiennent du Pétrole, méritent le plus notre attention. Les premiers font. k 5. Verftes de Taman, vers Sud - Eft, fur les Cimes des Montagnes ar* gileufes, feparés, mais peu éloignés les Uns des autres. Quelques Uns ont dèja términê leur a&ion : d'autres rejettènt encore une Boüe óü tinion gris -foncé mêlé de Pètrolé, qui fe réF pand  X 8» x pand autourd'eux fur la furface d i Sol, &quï par une addition continuelle y forme deja des Collines. Ces Collines font de forme presque ronde, avec une petite ouverture tout au milieu du fommet, oü le Limon en queftion s'éleve comme une veflïe, & d'oü il fe répand de tous cótés. Le Sol aux environs de ces Collines eft tout & fait ftérile & couvert en différens endroits de Sel admirable de glauber , qui fe manifefte égal -ment fur le Limon deflëché. Auprès des Gouffres le terrein eft p'ein de fentes, -de crevalfes, & mouvant lorsqu'on marche deffus; ce qui doit être attribué au vuide qui eft deifous. Les Gouffres, ci-devant agilfans, confiitent maintenant en de hautes Collines, formées de Limon projetté, qui en fe deiféchant, s'eft fendu partout. Aux environs des Gouffres qui font encore en act-ivité, on fent une certaine chaleur dans 1'air , quoique la Matière projettêe paroilfe froide au ta&. On remarque de plus que cette Matière eft rejettée en bien plus grand volumependant les jours chauds que dans les tems froids. Tout cela doit fervirde preuve de 1'exiftence d'une Subflance inflammable qui agit la dans le fein de la Terre. Les  X 83 X Les Sources falies, plus abondanres en Pi* irole que ces Gouffres même, font a 3. Verftes du Liman mêridional du Cuban & a 20. de Taman, droit vers le Sud. Elles occupent une étendue de 300. pas dans un Vatton entre deux Montagnes. Elles ont auffi une ouverture ronde & rejettènt quelque Limon; mais en général elles font remplies • d'une Eau falie bourbeufe que le Pétrole furnage. Celles qui font prés du grand chemin de Liman, en abondent le plus: une couche d'un pied environ d'épais* feur, les recouvre, & ce Pétrole eft beaucoup plus épais & plus noir que celui d'auprès de jfenicalé. La Terre aux environs de ces Sources falies eft pour la plupart Marneufe, «Sc tout 1'efpace qu'elles occupent eft rempli parun Schi/ïe Mafneuxgrisdtre & légerementjaundtre, alumineux^ faturé de Pétrole, qui fe délite en feuillets minces al'air, & peut être employé a la fabricatiori de YAlun. Ces Hts des Schifles de cette efpece, s'étendent bien par de - lk les Sources falies j & dans tout ce Vatton-, dars qutlques endroits* ils font verticalement pofés. L'on dit que vers le haut du bras méridiorial de" la Rivierede Cuban, prés de laci-devant Colonie de Nekraffbw, on trouve des Sources de NapMc F 2 pur$  X 84 X pur, fans mélange d'eau. Vu donc cette grande abondance de l'Huile des Montagnes dans différens endroits de cette lle, 1'on doit conclure que tout fon intérieur eft rempli dans la profondeur, de Matieres combujlibles réjineufes , d'oü cette Huile fe diftille, felon les opinions des Phyficiens, par 1'action des Feux - fouter r reins: auffi la trouve- t-on, pour la plupart, dansles lieux oü jadis les Feux-fcuterreins, avoient exercé leur violence. II nous refte encore k remarquer que ce Pétrole eft fi volatil, qu'il répand fes vapeurs a des diftances presqu'incrovables: par les vents d'£/ï, 1'odeurqui en.émane , fe fait fouvent fentir dans l'air, anx environs de KaraJJe-bazare, au milieu de la Presqiiile de Tauride. Quant a la continuation de la Cöte de Taman le long du Détroit de Jenicalé; il efta obferver qu'elle eft en plufieurs points analogue h celle de Kertfch qui lui eft oppofée, étant compofée, comme elle, de Bancs argileux, parmi lesquels on rencontfe , quoique rarement, des fragmens de différentes Coquilles; mais on n'y trouve aucune tracé de la Pierre calcaire , dont toute ITle même eft dépourvue. Mais la principale conformité de leurs bords confifte, èn ce que femblable a ceux des Rivières,  X «5 X vieres, ils correspondent entre eux; fi bien que quand un d'eux préfente un Cap, ou un angle faillant, 1'autre, a l'opofite, préfente une Baye ou une anfe rentrante: refultat du violent Courant Xeau dans ce Détroit, qui de tems en tems change, fuivant Ia direétion & la force des vents. Mais en général, la Mer eft beaucoup moins profonde prés des bords du Taman, qu'a 1'opofite: ils'en détache même deux Bancs fort étendus, dont 1'un court paralellement a Ylle, & 1'autre, foumarin, coupe le Golfe en diagonale & s'aproche fi prés du bord oppofé, qu'il ne lailfe qu'un paiïage trés étroit entre eux pour les vaifieaux. Ces deux Bancs forment une Baye fpacieufe devant la ville de Taman, qui mériteroit même le nom de Port, fi fon peu de profondeur n'empêchoit les gros vaifieaux d'y entrer. F 3 AyaM  x 86 x Ayant décrit les différentes pofitions des lieux» les propriétés & la nature du foi, & tout ce qui méritoit d'être obfervé dans le Regne minêral, nous préfenterons de même les autres objets relatifs a la conftitution phyfique de la Tauride; c'eft è dire, fon Climat, la nature de fon air , fes Pégêtaux & fes Animaux. Du Climat et de la natu- b£ de l'air. Relativement au Climat, Ia Nature a doué la Tauride de toutes les meilleures propriétés qu'on puiffe attendre de fa favorable pofition; & fi on manquoit de preuves de cette affertion, fes produflions Pégétales feules doivent le témoigner; car indépendemment de quantité d' rbres & de Plantes fauvages, propres feulement aux Contrées méridionales, les Fruits. les plus délicats, qui demandent un grand foin & des abris contre les froids dans les Climats molérés même, murifTent ici dans les jardins fans aucune peine & travail comme nous le ferons voir en détail ci-defTous. La  X 8? X La falubrité du Qlimat doit encore fe conflrmer par la confidération, que l'air chaud y régne les \ de 1'année, & que la Nature ne s'y repofe que 4. mois dans 1'année, & quelquefois encore m 'ins. Le Printems commence communément au mois de Mars, & la chaleur de l'air, elf iyant les variations du tems, croït par degré jusqu'aux plus grandes, qui durent, depuis la mi-Juin jusqu'a la mi-& quelquefois jusqu'a la find'Aout. Etquoiqu'on n'ait point obfervé encore a quel degré ces chaleurs parviennent, en général cependant elles font fortes. Mais les vents forts & continuels, qui pendant tout ce tems foufLnt avec une régularité particuliere , depuis les 10. heures du matin jusqu'k 6. du foir, les tempérent & les rendent plus fupor tables que dans bien des en» droits de la partie Méridionale de la Rujfie. Les pluyes fréquentes, accompagnées fouvent de tonneres violens, contribuent auffi beaucoup a rafraichir 1'Air. Dès le commencement d'Aout les nuits deviennent déja fr.iches, «Sc ala mi Aout, les cha'eu s du jour même, commencent auffi 9 diminuer. Les Mois de Septembre «Sc d'Oéto. bre, forment communément la plus belle faifon de 1'année: la chaleur de l'air eft modérée alors F 4 •&  X n x & le tems agréable; ce qui coutinue queique fois jusqu'a la mi-JNovembrefans interruption. A"!a fin de ce mois commence ordinairement Y/iutomngy fuivi, enDécembre, d'un froid trés inconftant tfHiver, & de Neige s; mais les geIées, qui furviennent alors, ne durent jamais plus de 2. ou de 3. jours; & il arrivé même fouvent qu'on a des jours chauds & agréables dans le mois de Janvier. Quant aux différens vents obfervés dans toutes les faifons de 1'année; ceux du Nord & du Nord'Eft, peu vent être comptés pour les plus confhns; car ils durent plus long tems que les autres, & traverfart des Plaines rafes oüils ne rencontrent aucun obftacle a leur direétion, ils fouffent toujours avec irpéfuufité, apportant la Neige & Je froid en Hiver, & un tems nébuleux en Automne & au Printems. Mais Jes mêmes vents, fouflant dans le même ordre en Eté , fervent le plus a rafrafchir & a purifier l'air, & on doit les regarder comme un don particulier de Ja Nature dans cette Contrée. Tous les autres vents, au contraire, tangent fi fouvent de force & de direétion , qu'on peut les appeJJer tous en général, inconftans : & ils n'ont aucune qualité diftinguée, excepté ceux du Sud-Oueft, qui fouflent, quoique ra- rement,  X «9 X rement, avec impétuofité pour la plupart du tems en Automne. . Pendant ieur regne, on obferve une certame caleur particuliere dans l'air; de plus ils font accompagnés de féche. reife , malgré la quelle le ciel eft cependant couvert alors; en quoi ils relfemblent fi bien k ces Oura^ans chauds de la Perje & des autres endroits de VAfie, qu'on peut les regarder comme de la même efpèce Le degré de chaleur qu'ils occafionnent ici dans l'air, n'eft pas aufli confidérable a la verité , qu'il 1'eft ordinairement dans ces contrées-la; d'ailleurs ils n'y produifent pas non plus d'aufli mauvaifes fuites pour la fantéde 1'homme, qu'en Afie; ce qu'on doit vraifemblablement attribuer , a ce qu'en traverfant toute la longueur de la Mer-Noiref ils changent de nature. Ainfi la difterencedans la pofition des lieux, occafionne aufli quelque defférence dans la nature du Climat des diverfes parties de la Tauride; car dans toutes les Plaines qui s'étendent depuis le Dnieper jusqu'aux Montagnes, on resfent des chaleurs & des froids plus vifs; les Pluyes mêmes y font plus rares en Etê, qu'ailleurs; parceque leur fituation nue, & les Vents forts qui y regnent, empêchent, pour la pluF 5 part,  X 90 X part, rhumidité de l'air de s'accumuler & de former des nuages pluvieux. Mais dans la Partie Montueufe, on trouvs une différéhce notable entre les lieux fitués vers le Nord & ceux de la córe méridionale, malgré le peu de dirtance qu'il y a des uns aux autres; car les derniers étant couverts au Nori par une haute Chaine de Montagnes, font bien moins expofésaux froids que les vents en apportent, que ceux du Nord. Les vapeurs chaudes de la Mer contribuent aufli a y tempérer l'air: aufli y rencontre-t-on des Plantes particulieres qu'on ne voit pas dans les autres endroits. En Etê, 1'action de la chaleur folaire yeft beaucoup plus forte, parceque la grande Chaine de Montagnes le long de la cóte, fert h faire réfléchir les rayons du foleil; & quoique l'air, en pompant les vapeurs de la Mer, contribue le plus a la formation des Pluyes dans la Partie Montueufe; elles font cependant rares dans la Partie méridionale, parceque les vents de Mer diflipent les nuages qui s'élevent & les chalTent plus loin au Nord; d'oü il arrivé fouvent que dans le même tems que 1'on efluye une Pluye forte a un des cótés de la Chaine, un tems ferein &une trés grande chaleur même, continuent a 1'autre.  X 5>r X La pofition des Montagnes qui forment cette Chaine, & les différentes ouvertures quelleslais* ient entre leurs cimes , occafionnent auffi quel. ques Gnguladtés obfervées dans les vents; cac dans quelques endroits ils changent pluGeurs fois en un jour, de force & de dire&ion: 4 arrivé même alor?, qu'ils forment quelquefois des Ouragans G violens> qu'ils déracinent les plus grand» arbres. Mais ce qui mérite le plus d'être remarqué, c'eft un certain vent de 1'efpece des Inconftans , obfervé dans le canton de Boulaclava & dans d'autres endroits de la Cóte méridionale, qui, k 1'inftar de ces Rafales de Mer, commence par fouffler avec violence, & s'appaife dans untrès court efpace de tems, Et quoique pour la plupart du tems il s*éleve ici après le coucher du foleil, il produk cependant une chaleur remarquable & une odeur forte dans 1'air. Sa direc tion ordinairevient du cötéde la Mer, & comme on ne le remarque nulle part que dans les endroits ci-deflus nommés, il paroit vraifemblable par toutes ces qualités & ces fignes, qu'il cft produit par les vapeurs Sulfureufes des Sub. ftances inftammables fouterreines cachéesdans les abimes de la Mer, & dont on découvre tant de traces fur ce bord. Juge-  X 9* X Jugeant en général des propriétés de 1'air de la Tauride, il n'en contient enlui-même aucune nuifible; & en excluant les lieux fitués proche de Sivafche, on ne fauroit le confidérer que trés fain; car il n'y exifte aucune caufe qui puifle empêcher de lui attribuer cette qualité. Tous les lieux y font dans une pofition fuffifamment élevée au deffus du niveau de 1'eau environnante; on n'y rencontre nulle part ni Marais ni Eau ftagnante, & les vapeurs de la Terre s'y diffipent & s'épurent par les vents continuels. Le canton de Sivafche feul, eft fujet aux vapeurs putrides qui s'y élevent dans les mois chauds; mais qui ne fe répandent cependant pas au loin, & ne font fenfibles que dans fon voifinage, lorsque les vents viennent de fon cóté. Mais comme dans tous les autres cas, lesendroits qui forment la Contrée de la Tauride ne font pas tous dans les mêmes circonftances, on remarque aulïï quelque différence entre eux quant a 1'air; & ils font réputés plus ou moins fains lesuns que les autres, fuivantleur pofition partielle' & quelques autres caufes. La Partie montueufe. par exemple , eft regardëe juftement comme la plus faine, a caufe de fa meil- leuer  X 93 X Jeure expofition & de 1'excellence de fes Ëauxt 1'on préfere enfuite les cantons de Kqüow & de Kertfch h tous les autres. On n'a point obfervé de maladies particulieres jusqu'ici dans cette Contrêe: les communes font les Fievres &lesFieyres chaudes (a) qui fe manifeftent, pour la plupart, comme dans. les autres ciimats chauds, vers la fin de ÏEtê, quand les jours font encore chauds & les nuit» déjk froides. Mais fi on prenoit alors des précautions nëceifaires contre le réfroidiflement , on verroit qu'elles ne font pas inévitables. Les Tartares doivent nous fervir d'exemple la desfus: leur maniere de vivre & de fe vêtir, les expofe rarement a ces maladies. On a aufli des Dijfenteries, dans cette mêrae Saifon, occafionnées en partie par les mêmes caufes, & en partie par 1'ufage des Fruits nonmurs. La Pefle ne s'eit jamais engendrée dans la Jauride; elle y a toujours éte apportée de la Tur- (a) On peut-être les Fievres malignes; carlesRusfes donnent le même nom a ces deur maladies différentcs, les nommant toutes deux, & même liFievre Putride , Fievre chauds.  X 94 X Tarquie. Mais ce qui mérite le plus d'être re. marqué, c'eft que la maladie cruelle, connue dacs la partie Méridionale du Gouvernement iïJJlracan fous le nom de Maladie deCrimêe, eft abfolument inconnue ici: on n'en entend feulement pas parler, & il eft trés vraifemblable que ce nom lui a été injuftement donné (o) II regne a Ajtracan une efpece de Lepre qu'on, apelle la Maladie de Crimée, & qui attaque des gens de tout age, mais prlncipalement ceux du bas peup:e, qui fe nourlffent communément de mauvais poiffons & d'alimens cruds ou falés. Cette Maladie ne parvient a fcm degré de maügnité qu'au bout de quelques années, & pour !ors elle devient mortelle; de f orte que les remedes, qui auroient pu Ia guérir dan* les commencemens , ne font plus d'aucun effet. Les? premiers fymptomes par les quels eUe s'annonce, ftnt un vifage boufli & bleuStre, des taches rouges a différens endroits du corps particuliérement aux extrêmités: ces taches ne font pofnt douleureufes d'abord ; mais elles caufent par la fuite des démangcaifons, & des cuiffons violentes. Au bout d'uno couple d'années, toute Ia peau du corps devient rude, dure, écailieufe, & prend une c -uleur rouge tirant fur le btun % le vifage s'enfle confidérablement 8r devient abfolument difforme. Les glandes qui font fous la peau du vifage, fous la langue, celles du Nes  X 9S X Mz & de toutes les extrêmités, fe dürciffent & deviennent fquirreufes- Les tumeurs s'ouvrentpeu a peu fcdégénerent, communémentaux Jambes, en ulceres malins qui exhalent une odeur fétide. Quelques unsde ces ulceres fe defiechent d'eux mêmes & fe ferment alors fis reftent quelquefois fermés, quelquefois aulïï ils fe rouvrent. Les Bubons exulcérés forment une croute hideufe, & lorsqu'elle fe feche.Ie Malade reflent une cruelle démangeaifon. Si l'unedo écaüles vient a fe détacher par quelque accident, il en réfulte aulïï - tot des ulceres qui pénétrent jusqu'aux Os, & l'on a des exemples que des doigts ou des Orteuils font tombés articulation par articulation. En fin le mal pénétre dans les parties intérieures , la Gorge, s'exulcére, les Narines fe ferment ou fe remplifient d'abcès. La Longue & le Palais font rongés, & fouvent tout le PM tombe. Dans des circonl flances aulïï déplorables, le Malade conferve tout fon appéttt, & jouit pour 1'ordinaire d'un fommeil tranquile; la transpiration eft tantöt libre & tantöt interrompue. Quelques • uns relTentent des douleurs dans las membres, furtout lor^qu'il fe fait quelque variationdans 1'Atmosphere; d'autres éprouvent des maux de tête; Ie pouls eft foible & accéléré furtout ver« Ie foir. On ne peut pas dire que cetre Lepre foit contagieufe , quoiqu'elle attaque queIqu"fois des families entieres. II paroit qn'il faut attribuer le principe de eet affreux mal, a un dégré extréme de corruption da^s Ie fang & dans les autres humeurs qui fe forment dans le fang & qu'on peut Ie regarder comme Ie dernier dégré du Seorbut. NB: Nous  X 96 X NB: Nous devons les détails de cette cruelle Maladie au célebre & malheureux Samuel George Gmelin, mort martir de YHis. toire naturelle dans les prifons du barbare Vsmey-Chan. Mais Mr. Camper, qui a vu un homme attaqué de cette maladie a Londres, & eu occafión de traiter un autre a Amfterdam > la regarde comme YEUphentiafisy la vraie Lepre des Grecs, qui n'a rien de commun avec le Seorbut. L'autorité de ce Savant profond, eft décifive, & il ne doit plus refter aucun doutefur 1'efpece de ce mal. Les malades dont parle Mr. Camper, venoient de Vdmérique oh ils avoient été atteints de cette terrible & incurable maladie: les détails qu'il en donne, font vraiment effroyables. Fis de la Première Partie.  X 97 X ae. P A R T ï Ë» Du Regne Vjègétal. En parlant de la fertüité du Sol & de la nature du climat, nous avons plufieurs foïs fait connoïtre- que le Regne Vègètal etoit également trés abondant par tout ici. L'ordre exige donc, que nous rendions compte maintenant de tous les produits qui le compofent. Les Plantes font auffi variées dans la Tauride, que les contrées qui la compofent le font par leur ficuation, par les proprietés de leur Sol & par la nature de YAir. Elles repondent toutes au but général que la Nature leur a impofé; car les unes fervent a embellir la furface de notre globe, & a multiplier les fites agréables les autres font deftinées aux diffei ens ufages de 1'homme & conG tierr-  >C 9* X tiennënt des vertus médicina^s & autres qualités utiles: les troifiemes fom propres aux paturages & a la nourriture d'autres Animaux. Enfin il en eft aufli dont on ne connoit pas encore le mérite , ainfi que dans les autres Pays, & qui ne fervent qu'a animer la curiofité des Botaniftes a la recherche de leurs qualités. Relatrvement a leur conformité avec des Plantes des autres Pays, les l^égétaux de la Tauride font pour la plupart de la même efpèce que ceux des contrées méridionales de YEurope; mais il s'en trouve aufli, & particuliément dans la partie méridionale des Monp-gnes, qui ne font indigenes que dans YAfie feule; & ce font, pour la plupart, les rhêmes que ceux qui croiffent fur la cóte oppofée, en A'atoliey & qui nous font déja connus par les decriptions du célebre Tournefort. Parmi ceux - ci on en rencontre, dans quelques endroits, qui necroisfent communément que dans les Pays Septentrionaux; & fur les Cimes des plus hautes Montagnes, on trouve des Plantes Alpines. Un mélange aufli varié doit fervir de preuve de 1'excellence du Climat & du Sol de la Tauride^ Les Plantes des Jardins confiftent en partie en celles qu'on y avoit tranfportées des Pays voifins, I  X 99 X voifins, & en partie de Ia Turquie, & la différence remarquée en divers endroits entre elles, ne dépend pas autant des caufes pbyfiques, que des foins qu'en prennent les propriétaires:1 car la nature contribue partout uniformément a leur produ&ion. Et quoique leur nombre en général, foit déja affez confidérable, on l'augmenteroit encore bien davantage, fi on y en introduifoit d'utiles des Pays étrartgers, tant de YEurope que de YAfie, conformément aux con^enances des terreins. Combinant donc le rombre confidérable de ces VègêtauXy avec les diffiérentes fins & ufages aux quels ils peuvent fervir, nous devons, pour en rendre mieux compte, les divifer en plufieurs clafies. En conféquence nous transcrirons ici, i°, les Plantes des Jardins & des champs; 2°. les Arbresdes Forêts& les Arbustes; 3°. les Fleurs & les Herbes qui croiiïent dans le fauvage. Des Jardins en Général. Les endroits oü la pus grande partie des Jardins de la Tauride fonc plantés, ont déji' été été indiqués ci-deffus: ils fe refièmMent G % tous  5K ioo ):( réciproquement en ce qu'ils font toujours fitués Je long des Rivieres & des Ruijfeaux qui des* cendent des Mo?ztagnes & facilitent leur arrofement. llsoccupent partout une immenfe étendue, & pourvoyent aux commodités & aux o\ foi s des babitans; car ils fervent non feulement a la produ&ion de différens Arbres fruüiers, mais encore a la culture de toutes fortes de Lêgumes & de Plant-es, De plus, ils renferment des prairies pour les Pdturages & les Fauchages; auquel cas leur grande étendee & les Arbres plantés la fans aucun ordre, les font paroitré plutót comme des Bois fruüiers crées par la Nature, que comme des Jardins produits par 1'art. Outre le Arbres fruüiers, on y rencontre aufli partou': diiTérens autres, fcrvant en partie a l'ornement, & en partie pour donner de 1'ombre ; en conféquence ils font ordinairement plantés autour de leurs enclos; mais dans plufieurs endroits ils croilfent aufli indistinélement avec les Fruüiers, & forment un mélange trés agréable. . Confiderant l.'état intérieur de tous les Jar. dins en général, & les foins qu'en prennent les habitans, on y remarque parcout fi peu de traces  X »oi x traces-de travail & de foins, qu'il fembleroft qu'on a abandonné presque tout aux ibllicitudes de la Nature feule. Malgré cette négligence cependant, tout y réuffit a merveille. 11 arrivé rarement qu'un propriétaire gréffe quelque Arbre, ou qu'il le farcled'une maniere convenable; mals malgré cela, la plupart des Fruits font d'une qualite difiinguée. Dans ce cas, la Vigne eft ce qui mérite le plus d'être obfervé ; Ie Raifm y eft d'une grandeur remarquable, quoiqu'on le laifle croitre dans un parfait abandon, car ce n'eft que quelque part feulement qu'on foutient fes feps par des Echalas; on les laifle s'étendre par terre, ou elles s'entortillent autour des Arbres, quifetrouvent a leur portée, comme la Vigne fauvage. Tous les foins que prennent les propriétaires de leurs Jardins fe bornent presqu'uniquement dans 1'arrofement: ce qui même n'eft pas d'une néceffité abfolue partout; aufli ne le font-ils pas autant pour les Arbres frui'iers, que pour les Plantes fémées parmi eux, & pour les Fr airies qui les accompagnent. Relativement a 1'inégalité obfervée parmi les Jardins de la Tauride, nous avons déja indiqué ci-defius les endroits oü fe trouvent les meilleurs; neanmoins, è 1'pccafion de chaque G 3 Plantt  X 102 X flante nous indiquerons encore, nommément les Jardins oü il s'en trouve le plus. En conféque/ice nous allons commencer parun dénombrement de toutes les efpeces 8/irlns, ainfi. que des autres Végétaux des Jardins. Nous préfenterons avant tout, les premiers, par ordre; c'eft - a - dire, fuivant le rang que leurs ' Fruits obfervent ordinairement pour leur maturité. Les Arbres Fruitïers et les Buissons. X°. LesGuignes. (Prunus Cerafus, deLinné.) Elles fe trouvent en quar tité dans presque tous les Jardins, & de deux efpeces: la première, en mü/ilTant, devient towte rouge; la feconde refte jaune, & eft plus grande que la première. Elle crott le plus dans les Jardins des en- ; vïrons de Soudak, & mürit dans les mois de j Mai & de Juin. Les Tartares 1'appellent j Kiriafc, & employent fes jeunes branches ; en tuyaux de leurs pipes. 2°. LesCerifes (Prunus Ctrafus, de Linné.) 1 Elles mürüTent dans le mois de Juin & fe ■ trou-  X io3 X trouvent par tout en quantité; mais n'étant partout que fauvages , elles font petites, rouge-foncées & aigres. 3*. Les Abricots. (Prunus Armèniaca, deLin.) Ils muriffent aufli vers la fin de Juin, & fe trouvent, pres.que dans tous les Jardins, en trés grands arbres; mais plus encore aux environs de YAncien Crime & de Soudak. En général, les Abricots ne font pas grands, presque tout jaunes, & fort agréables au goüt. 4°. Les Prunes ( Prunus domejiica, de Lin. ) Toutes leurs efpeces muriffent dans le mois de Juillet. La première, jaunatre, ronde, de la grandeur d'une -IXoix, fe trouve en plus grande partie aux environs de BaktJfhijfaray & de Soudak.. La feconde, grosfie, alongée, jaune, reflemblant aux Pra* nes de Ste. Catherine des Francais, ne fe trouve que dans les Jardins de Baktfchijfaay. Viennent enfuite les Prunes noires communes, répaudues en abondance dans tous les Jardins. Les Tartares les nomment Irik. lis en expriment le fuc, qu'ils font cuire jusqu'a la coniïftance de Miel. Us le mêlent avec de 1'eau &en font leur boisfon, qu'ils nomment Petmijfe. G 4 Dans  X 104 «X Dans les Jardins vers le bas de Cabartha, il fe trouve une efpece particuliere de Prunes-noires , de la grandeur d'un oeuf da poule. Et aux environs de Biktfchiffaray, on en rencontre Ja grande efpece ronde. 5°. Les Poires (Pyrus comwuni', de Lin.) Elles ne münffent pas toutes en m'ême tems. U e efpece mfirit, presque dans tous les Jardins, dans Ie mois de Juillet. Elle eft d'une grandeur médiocre, arrondie, d'un vert tirant fur le jaune, & trés fucculente. La feconde, d'une formé alongée, jaune , d'un goüt particulier, fe trouve, pour Ja plupart, dans les Jardins le long de Catfcha & de Cabartha, La troifieme & Ia meilleure, mürit dans Je mois d'Aout. Elle furpalfe en grandeur («) & en goüt toutes les autres, & croft, leplus, dans les Jardins fkués le long d'Indale & de Catfcha. II fe trnuve eneore, aux environs d'Aloupka, une efpece particuliere de Poires dliiver, de Ia taille d'une groffe Pomme, d'un O) C'efl 1'efpece de Poires qu'o-n nomme ea Rujfis, Doulis, trés communes, en Ukraine.  X tof X d'un vert tirant fur le jaune, & marquée de petites taches rouges, comme les Poires de Roujfelet de la France. Elles muriffent dans 1'arriere faifon de 1'Automne, de même qu'une autre variété de celle - ci des environs de Caraffou-bazare, qui eft ronde, & platte, & qui refiemble a la Bergamotten mais n'exiftant que dans le fauvage, elle n'eft pas bien agréable au goüt. Les Pommes. (Pyrus mants, de Linné.) Dans tous les-Ja-dins; & leurs efpeces variées mün'iïbnt, depuis la mi - Juillet jusqu'a la fin de Septembre. Elles font en général, d'une grandeur médiocre; mais quelques unes d'un goüt exquis, particuliérement celles d'Automne des environs de Souduk. Elles font plus grandes que "les autres, d'un goüt aigrelet admirable, d'un rond aplati, & d'un rouge-foncé. 6U. Les Meures*. ( Morusalbanigra, de Lin) Les Meures noires, a feuilles d'une gran. deur remarquab'e &donties Baies fontpresque de la taille des Prunes noires, croiifent en quanfité dans tous les Jardins maritirnes depuis Boulaclava jusqua Soudak, de même qu'aux environs de Bahfchiffaray le long $Alma, de Catfcha & de Cabartha. G 5 Ces  - X io* X Ces Arbres ont quelquefois | Archine de diametre. Leur fruit qui mürit dans le mois de Juillet, a un goüt aigre agréable, & ce n'eft que par raport a lui que Y/irbre eft entretenu dans les Jardins: Les Tartans en font une grande confommation , de frais & de féchés. On peut en faire du firop, qu'on employé avec fuccès dans différentes maladies. Une autre efpece, a les feuilles & les Baks beaucoup plus petites, & ces baies font blanches & rouges. Elle fe trouve avec les prècédentes dans plufieurs Jardins de la partie Septentrionale des Montagnes; mais plus encore aux environs de YAncien Crime. Elles eft plus propre a la nourriture des Vers xa Soye, & mérite d'être plus multipliée pour les Soyeries, non introduites jusqu'a préfent encore par les Tartares, fans égard au climat, a 1'air , & aux autres circonftances , trés favorables partout a un pareil établilTement. 8°. Les Avelines. Noifettiers francs. Elles font de deux efpeces, & fort groJTes: 1'une eft ronde, & 1'autre alongée. La plupart croilfent dans les Jardins maritimes aux environs de Yaltaj elles font même en  X *>r x en grande abondance, & muriffent dansle mois u'riouc. Outre celles-Ja, on ren* cont e aufli dans les Jardins aux env'ir ns de Baktf hisfarai & autres endroits, deus efpeces encore, dont 1'une ronde, petite, avec une pointe aiguë, & trés huileufe: 1'autre, de la taille des Noifettes ordinaires des bois, eft d'une forme alongée, & refte blanche après fa maturité. O. Les Noyers. (Nuxjuglans, deLinné.) Ils croiffent dans presque tous les Jardins, tant dans la partie feptentrionale que dans Ja partie méridionale des Montagnes; entre Boulaclava & Aloufchta, on ea rencontre même des Arbr:s d'üne grandeur extraordinaire, qui ont plus d'une Archine de diametre, & dont les branches s'étendent a plufieurs Sajenes. Indépendament de leurs fruits, Jeur ombre fert aux Habitansd'abri agréable dans les grandes chaleurs. lis muriffent vers la fin d'Aout: en genera!, les Noix font groffes; mais il s'en trouve aux environs de VAncien Crime de Ia trés groffe efpece. io. Les Vignes (Pïtis vinifera, de Lin.) Les difFérentes efpeces de Raifins, muriffent  X ie* X riffent depuis la mi - Aout, jufqu'a Ia mi = Q&obre. Elles font trés variées, & different entre elles tant par la couleur & la forme des Raifïns, qu'en partie par d'autres qualités, étant plus ou moins propres pour le Vin &pour le tranfport dans les pays lointains. Voici la lifte de toutes: i. Le Raifin blanc, gros, allongé, a peau, épaiffe & k grandes feuilles. II reffemble a celui qu'on nomme a Ajlracan, Raifin de Casbine, & mürit au commencement d'Ottobre; il eft propre, ^au tranfport, a caufe de fa fermeté. ï. Raifin ordinaire blanc, long, reffemblant a celui qu'on nomme a Aflracan Mamelles de Cheyres. 11 mürit avec le précédent, & foufFre le tranfport. 3. Blanc, rond, pointu vers le bout, a feuilles velues par deffous. En müriffant en Septembre, il prend une teinte jaune; c'eft le plus propre pour le Fin. 4. Blanc, rond, a peau épaiffe, trés gros. 11 mürit en O&obre, & fe trouve égale-  X ï°9 X €galement propre pour le Vin, comme pour le tranfport. 5. Blanc, rond, k peau mince, gros, & qui en mürilfant en Aout devient bleuatre. II ne peut fe tranfporter a caufe de la firielfe de fa peau; mais il peut être employé en Fin; les Tartares Ie nomment Biaafe-ifume. 6. Blanc, rond, petit, a peau mince. II reffemble a celui qu'on nomme Kifchmifch k Aftracan; mais il contient de gros pepins, au lieu qu'on n'en apercoit guere dans 1'autre. Leurs Feuilles a tous deux, font velues par deffous. 11 mürit en Aout, eft propre pour le Vin, & ne fuportepoint le tranfport. 7. "Blanc, oblong, de médiocre groffeur & reffemblant au Kifchmifch long d'Aftracan. En müriffant en Aoüt, il de? vient jaunatre, d'une douceur remarquable, & un des meilieurs pour le Vin. 8. Jaunatre, rond, avec une petite tache noireau bout; il mürit en Septembre, & a une certaine apreté au goüt; d'oii les Tartares 1'ont nommé Mufcad. II peut  X «° x peut être tranfporté, & employé en Vin, qui ne contra&e rien de fon apreté. . Rouge-clair, rond, d'une grandeur remarquable, & tranfportab;e, o. Rouge -clair . allon^é, petit. 11 mürit un peuplus tard que le précédent, eft d'un g< ,üt-très agréable, & peut fe tranfporter. :i. Noir, alongé, de la groffeur prefque d'une Prune-noire, a feuilits d'une grandeur remarquable & découpées mo:ns profondément que celles du Raifin noir ordinaire. II mü-it en Oélobre, & peut être tranfporté & employé en Fin rouge. Les Tartares le nomment Asma. ^ [2. Noir, long, d'une groffeur médiocre, mürit en Septembre, & peut être tranfporté. [3. Noir, rond, trés gros. En mürisfant en Septembre , il prend une couleur bleuatre, une douceur remarquable, & devient tiés propre pour la fabrication du Vin rouge, 14. Noir, rond, petit, a feuilles trèspeu décou-  X "» x découpées. II devient aufli bleuatre en müriflant, & propre au Vin. 5. Noir tirant fur le rouge, le plus gros, reffemblanta la Prune noire, & comme veiné. II murit eo Oótobre, & qu0iqu'a peau trés épaiffe & dure, festiges, font fi fragiles & calTantes, qu'on ne fauroit le tranfporter. . A Aftracan on 1'appelle Raifin de Conjlantinople, La plupart de ces Raifins croilTent dans les Jardins aux environs de Soudak ; mais quelques-uns fe trouvent aufli en abondance dans d'autres endroits maritimes, de même que prés de BaktfchiJJarai, le long 8Alma, de Catfcha , de Cabartha, &c. Le Vin qu'on en fait, tant rouge que blanc, eft d'une qualité fupérieure. II eft d'une force modérée, d'un goüt agréable, & fort fain; aufli peut on le compter au nombre des meilleurs Fins de table. Mais quelle amélioration ne recevra -1 il pas encore avec le tems, lorfque fes Vignes feront mieux foignées qu'elks ne 1'étoient jufqu'ici, & qu'on aura transport^ Leurs Seps fur les hauteurs, oü 1'Air & le Sol leur font fans comparaifon plus con-  K "2 X convenables, que les bas-fonds oü ils fe trouvent acluellement ? ir. Les Pêches (Amygdalus Perfica, de Linné.) II s'en trouve également dans la partie Sepcentrinoale comme dans la partie Méridionale des Mo.tagnes; mais les meilleures font dans les Jardins Maritimes aux environs d'Ourfove & de Soudak. Elles mürisfent en Septembre, font d'une grolTeur médiocre, blanches en dehors & en dedans, mais n'ont pas le goüt aufli agréable qu'il le feroit, fi leurs Arbres avoient été greffés. Aup ès de Soudak onenconnoit une efpece particulière, dont la chair eft rougeatre en dedans, mais dont le goüt eft pareil a celui des autres. j2. Les Amandes QAmygdalus Communis, de Linné. Dans les Jardins des environs de Bakt' fchijfarai, le long iïAlma, de Cat/cha, & dans quelques Jardins Maritimes, ainfi que prés de Tenicalê, mais en général pas en quantité,. & d'une feule efpece, petites, a écorce épaiffe, müriflant en Septembre. Les Tartares en font peu de cas, & n'ont pas beau-  X "3 X ibeaucoup taché jufqu'a prefent de les muidplier, fans égard aux fuccès de ces arbres partout oü ils font bien entretenus; tóarnüii* gré cette négligence, ils parviennent k la hauteur des Saules médiocres. Par conféquent leur grande propagation pourroit être d'une grande utilité, furtout fi on introduifoit les meilleures efpeces, comme celles de hPerfe, dont les Noifettes, quoique pétites, font envelopées d'une écorce fi mince, • qu'on peut les calTer a la-main, & dont le fruit eft d'une douceur & d un goüt trés agréables. 14. LeCoignier. (Pyrus Cydonia.) lis fe trouvent dans presque tous les Jardins, & furtout en grande quantité dans YJJle de Taman; on en rencontre aufli de fauvages, dans les Montagnes entre Balouclava & Aloufchta. Le fruit mürit vers la fin de Septembre, & engénéral il eft d'une groffeur médiocre. Mais puisqu'il réuflit ft bien ici, on auroit pu y introduire celui de la plus groffe efpece qui croic dans les Montagnes de Cauvafe prés de Mssdak, & qui fe diftingue par le goüt; d'ailleurs il eft partieuliérement propre a être confit. H is. La  X ft» X tS' Le Cormier cultivé. (Sorbus domejlica, de Linné. ) C'eft la même efpece que celle de la France & des autres contrées méridionales de VEurope , & fe trouve ici en quantité fuffifante le long de Catfcha, d1'Alma, de Cabartha & des Cötes. Ces arbres égalent les grands i'ommiers en hauteur , leurs feuilles font comme celles des CörmierS ordinaires ; mais leurs baies font grolfes comme des Potnmes fauvages, & de deux efpeces: 1'une eft ronde, & 1'autre allon* gée, en forme de Poire. Elles font jaunes d'un cö é & rougedtres del'autre. En murilfant elles donnent un afpecltrès agréable a l'drbre. Avant de les manger, on doit les gar* der quelques jours: elles acquierent par la de la molleffe & du goüt. En France on les feche pour 1'hiver, & fuivant le témoignage de Du Hamel, on peut en faire du Cidre qui furpaffe en force celui des pommes. Elles mü. iffent ici au commenceme t d'Ofrobre. 16. LeCornouiller. (Comusmafcula, de Linné.) En quantité dans tous les Jardins, & undes Arbres les plus communs des Foréts, crois-  X "5 >C cronTant dans presque toutes les Montage nes, & qui dans le tems de fa fieuraifon s & vers 1'Automne, lorsqüe le fruiten efi: déja mür, eft d'un afpeél agréable. Ses Baies font de la groffeur d'une grande Olive, rouge-foncées & trés aigres; mais gardées après avoir été cueillies, leur aigreur diminue, & les Tartares les mangent fraiches ou féchées. Mais le meilleur emploi a en faire eft de les confire ou de les mariner comme 1'Epine -vinette. ij. Les grehadiers. ( Punica granatus, de Lin.) lis ne croiffent en aufli grande quantité que dans les Jardins maritimes méridiohaüx entre Balouclava & Aloufchta; mais ils ne font tous que des fauvageons, transportés de la Natolie, & par la petits & pour la plupart aigres, qüoique müriffant parfaitement en Oétobre. Or tout ceci prouve qu'on pourroit introduire ici les meilleures fortes, dont on tireroit différentes utiln tés; car ces arbres ne fervent pas peü s rembelliflementdes Jardins, lorsqu'ilsfont couverts de leurs Fleurs rouges, quidurenc depuis la mi - Juin, jusqu'en Aout, Leur Fruit d'ailleurs contient üne propfiété médicinale: 1'écorce de celui-ci eil fürH % toüi  X «fi X tout employée dans la Pharmaeie; & la oü il s'en trouve beaucoup comnv, p. e. en Perfe; onl'employe aufli dans les Tanneries, 3 8. Les Olives. (CUa Europas, de Lin ) Cruifl'ent dans diftVrcns Jardins le long de Ja c6te. depuis Baiouclaya jusqu'a Lambat; & les Sauvagttms, dans Jeurs Montagncs de Ruches y mais en général, pas en quantité. Les troncs de leurs Arbres abandonnés aux foins de la Nature feule , onf dans quelques endroits prés d'un Arckine de * diamêtre , & donnent fuffifamment de fruit, qui n'eft pas bien gros. Mais il feroit faciie d'y remedier, en greffant les Jrbres & en les transplan tant dans des lieux convenables. Mais les Tartares en font fi peu de cas, qu'ils n'en cueillent le fruit qu'occafionellement, pour être feulement mariné. La multiplieation de ces Arbres feroit d'autant plus aifée qu'autour de leurs racines ils forc beaucoup de jeunes tiges 4 qui transplantées, réuflilTent k merveille. 19. Le  X "7 X ro. Le Plaquernjnier ou le Guaïacana (Diospyros lotus, de Lin.) Cet Arbre, propre uniquement aux climats chauds, Croït ici dans les Jardins maritimes entre Balouclava & Aloujchta, & fans relfembler en rien au Ptlmier; il en a recu Je nom des Tartares. II fert plus a rembelliffement qu'a 1'utilité,* car vu fa grandeur, il peut être compté parmi les plus hauts Arbres. Ses Feuilles,, trés belles, & relfemblant par la forme & par la grandeur a celles des Noyers, font en ovale-alongé , d'un vert funcd audelTus, &d un vert pale, & tantfoit peu velues en deffous. Entre leurs tiges paxoilTent, en Juin, de petites Fleurs blancbatres, enfuite des Baies, rondes, de la grolTeur d'une Cerife contenant quelques graines. Ces Baks en murilTant en Automne, prennent une couleur jaune; mais quoique doüces, elles font trés aftringentes, & par la jugées être bonnes contre les Diarrhées. Selon les écrits des voyageurs, une espece particuliere de groiTes Baies de cet Jitbrt, eft employée en Amérique a. faire •H 3 une  X Ii8 X une farte de Confiture ojj de P^êe, agréableau goüt, & de YEau de Vie. Les Tartans en font peu d'ufage, & ignorent d'oü cet Arbre leur a été aporté. Mais c'eft de la Natolie, vraifemblablement; car il croit dans plufieurs endroks de YAfie; & en Perfe en grande quantité même, & oü on 1'appelle également Paltnier Sauvage. oj. Le Carcajfe des Tartares. Micocoulier ( Celius Orientalis, de Tournefort.) Les Tartares appellent de ce nom une certaine forte de Bayes dun Arbre, qui par leur goüt méritent peu d'attention> mais qui par leur rareté exigent d'être obfervées. Elles croiffent en quantité dans les JarUns, entre Balouclava & Yalta, ainfi que dans leurs Montagnes de Roche & fur quelques Pies des environs de Soudak, mais dans 1'état fauvage. Leur Arbre eft de la hauteur d'un Orme, & fort branchu vers le fommet. Ses petites Feuilles font ovales, pointues vers le bout, & dentelées aux bords. Elles $but tfès roides & raboteufes, d'un vertfantê en deffus, & d'un vert pale en des- fous j  ■X »'9 X fous ,* en bas, vers la Tige elles ont des bords inéqaux. Leu.s Fleurs n'ont aucune beauté, elles font petites & cachées parmi les Queues des FeuVUs. Les Baies pendent a de longues Queues reffemblant un peu a la Cerije, & renferment une graine dure. Elles commencent par être jaunes & deviennent enfuite rouffes. Elles font douces au goüt, mais ayant quelque criofe d'Scre. - Elles müriffent en Oéïobre, & la oü ïl s'en trouve fuffifamment, les Tartares les mangent. Au refte cet Arbre apartient aulïï uniquementaux Climats chauds, & Townefort dit dans fes voyages qu'il s'en trouve en . Natolie. On adeux efpeces particulieres de cette forte de fruit dans la partie méridionale de YEurope dont 1'un eft noir, & 1'autre rougeStre. Quant aux propriétés medécinales de ces Baies, on leur en attribue, ainfi qu'a leurs Feuilles, une aftringente. li. LeNefiier (MespilusPyrocantha, de Linné.) 11 fe trouve dans presque tous les Jardins; H 4 &  X i*° X & dans Visie de Tqman, en grande quantité mèine- On en a aufli dans le fauvage o/ humide, favorifent le plus fa croiifance; & comme les pasties de la Tauride dépourvues de Bois ne manquent pas de pareils lieux, on ne fauroit choifir un meiileur Arbre que celui-ci pour en former des Forêts. Dans toute la Partie méridionale de la Rujfie même , oü le Climat & le Sol lui font convenables, il réufliroit aufli parfaitement. En Italië, il eft déja regardé comme trés utile, & on 1'a mulriplié en quantité, ainfi qu'en Franu oü on Tapelle PeupUer de Lombardie i. Peuplier ordinaire, ou Peuplier. (Populus nigra.) II fe trouve dans la plüpart des Jardins qui fontlelong des grands Ruiffeaux , & aux bords desquels il croit fpontanément. Et quoi-  X "3 X qüoique les Botaniftes croient que le précédent n'eft que Ja fouche de celui-ci, il eft cependant extrêmement rare que celui-li croiffe quelque part dans Ie fauvage. 3. Peuplier blanc, (Populus alba de Linné.) Avec le précédent dans les Jardins ; & le long des bords des rivieres & des ruiffeaux. Sa feuille, d'un vertfoncé en deffus & blanche comme la neige en deffous, donne un agréable afpeéï a 1'arbre. 4. L'Orme. (Utmus Campeftris, deLin.) II fe trouve en quantité dans tous les Jardins, & planté autour des enclos. II en vient aufli dans Ie fauvage, vers le haut de Salghire. 5. Frêne. (Fraxinus exceljior, del/n.) II fe rencontre le plus dans les Jardins ft tongd'^ma, de Catfcha, de Cabartha, & dans les lieux maritimes entre Balouclava & Jloufchta oü il s'en trouve aufli fuffilarament dans le fauvage. 6. Saule de Babylone (Salix Babylonica , de Lin.) Cette efpece particuliere de Saule fe trouve mais rarement, dans les Jardins aux environs de Baktfchiffarai, de Soudik & le long de Catfcha ; car elle n'eft propre qu'aux contrées  X «4 X eontrées Aftatiques d'oü probabletnent elle ï a été aportée. Samaniere étrange de croitre, la diftingue de toutes les autres efpeces. Sa hauteureft comme celle des Saules ordinaires; mais fes branches font fi minces & G piiantes, que ne pouvant s'élever elles pendent toutes jusqu'en terre, ce qui donne un air tout particulier a cet Arbre. Sa feuille eft oblongue, dentelée, étroi* te, vert-clair avec une töte blanche transverfale. On peut Ie multiplier comme les autres efpeces de Saules; & c'eft ce qu'il mérice décidément a caufe de fa rareté: d'ailleurs; mêié parmi les autses Arbres il ne contribue pas peu a fembelliffement des Jardins. p. Térébinthe, ou Piftachier fauvage ( Pijia. cia Terebinthus.) Un des plus beaux Arbres de la Tauride,. & qui croït dans les Jardins aux environs de Soudak, d'Ouskuth, le long d''Alma, de Cabartha & dans d'autres endroits de la cóte méridionale de la Mer Noire; & dans le fauvage, aux environs du Port de Sevastopolsk, de Balouclava & dans les Montagnes Maritimes. Indépendamment de fon afpecl; agréable, il a encore d'autres pro- priétés.  X "5 X priétés utiles, mais inconnucs. aux habi> tans; aufli en font-ils iï peu de cas, qu'ils ne le confiderent qu'a 1'e'gal des autres Arbres des Föréts. II égale les plus grands Fruniers en hauteur, & a quelquefois prés de f , 'rchine de diametre. II eit touffu & branchu vers Ie fommec, couvert d'une écorce gerfée d'un vert clair, & fon intérieur eft blanc réfineux , d'une t<ès dure confiftance. Ses feuilles par paires fur de longues Queues rougeatres aplaties par defius> font terminées par une petite foliole. Elles font longues j.élargies au milieu, d'un vert foncé luifant & fuffifamment fermes & épaiffes. Ses Fleurs naiffent au commencement de Mai, avant les Feuilles, entaffées en gros bouquets; mais par elles mêmes, elles font petites, jaunatres , & guere jolies. Les Pouffes males & femelles naiffent fur djfférens Arbres; mais il n'y a que les dernieres qui portent fruit, confiftant en de petites Noifettes de la groffeur d'un Pois, reffemblant a des Bayes; elles font couvertes'd'une peau fine, rougeatre tirant fur le jaune au commencement,i mais qui devient a la fin bleue & aigrelette. chaque Noifette ren- ferme  X "6 ):( frme un Noyau blanc, dont le goüt res* ferable a celui des Piftaches. ' A la fin de juillet tout VArbre fe remplit d'une Mattere réfineufe liquide, qui par fon odeur agréable, reffemble au Beaume de la Mecque; & c'eft dans les tiges des bouquets portant fruits, qu'elle fe manifefte le plus, Encasfant celles- ci, la Ré fine découle par goutes blanchatres. Les Noisettes en font aufli abondamment pourvues. Dans ce même tems, il fe forme aux bbrds & au bout des Feuilles de quelques Arbres, de petites vesfies rouges, occafionnées par la piquure de quelqu?s InfeEtes , & qui renferment également une réfine visqueufe. Les Jpothicaires appellent cette Matiere réfineufe , Térébenthine de Üiypre (Terelenthina Cytria) d'oü lui eft venulemême nom dans fes langues- étrangéres. On 1'aporte en Europe de \Tsle de Scia, mais en fi petite quantité, qu'elles refte rare partout, ou bien elle eft falfifiée par le mélange avec celle de Venife qui découle des Méléfes. A 1'égard de fes propriétés médicinales, elles eft comptée, au nombre des meilleurs Beaumes, & peut être employée dans plu- fieurs  X 1*7 X fieurs cas avec fuccès a Ia place du Beaume ie la Mecque. Quant a Ia maniere de lacueilljr; elle ne demande pas, fuivant les écrits, beaucoup d'adrelTe &. de peine. Les habitans de Scio font des incifions avec une hache dans les troncs des arbres , depuis la racine jus. qu'a fes branches, & la Térébenthine en découle elle même fur des pierres placées a 1'entour, dedeifus des quelles on Ia ramaffe avec de petits batons qu'ils laiffent égouter dans des vafes; & cette récolte dure depuis Aout jusqu'en O&obre. On cueille auffi dans cette Isle fes Noifettes, qu'on mange comme les Piflaches & qu'on marine pour en faire le commerce a Conftantinople. Tous les écrivains aiTurent qu'en greffant fur cet Arbre Ie véritable Piftachiér, dont il eft congénere,. il en devient d'une beauté diflinguée, & fournit d'ailleurs plus de Térébenthine. Ainfi, confidérant toutes fes utilités, il mérite d'être multiplié en quantité. Et comme il s'en trouve déja fuffifamment dans les Jardins & dans d'autres endroits de Ja contrée de la Tauride, il ne s'agit dans le premier moment, que de tranfplanter tous ces Arbres  X X Jrbr.es dansle même endroit, pour être plus ' aiférnent multipliés & pour la recolte de la Térébenthine, qui avec le tems pourra devenir du nombre des plus utiles produftions de la Tauride; au furplus on pourroit aufli fe procurer \ par le moyen ci - deflus indiqué , les véritables Piftackes , en faifant venir quelques-Uns de leurs A'bres de la Turquie, pour la greffe. La grande conformité d'ailleurs de la Térébenthine avec VArbre qui fournit le Beaume, & qui apartient également au genre des jPiftachiérs, rend vraifemblable la poflïbilité de multiplier aufli cet utile Végétal dans les contrées de la Tauride. g. Le Laurier. (Laurus noHlis, de Linné.) 11 croït fpontanément en affez grande quantité, autour des Jardins'près des villages maritimes A'Aloupka & de Moutskor. II eft de la même efpece que celui des parties mé. ridionales de VEurope, forme ici d'aiTez grands Arbufles, & fans égard au terrein pierreux, cü il croït fans aucun foin, ü porte annuellement des fruits. Les Tartares n'en font aucun ufage, & n'en prennent nul foin ,• de lk vient qu'ilv n'ont pas fongé jusqu'a préfent a le multiplier  X «9 X plier k a le tranfplanter; ils n*én auroient cependant pas peu embelli leurs Jardins $ car cet Arbre conferve fa yerdure toute 1'année, & fes feuilles fraiches font trés agréables a la vue. Indépendammënt de 1'emploi de ces feuilles dans la cuifine, elles ont encore, ainfi que Ie fruit, une propriété medicinale : les apothicaires les èmployent 4 faire ce qu'ils appellent Huik en Féres Les Fleurs des Jardins. Toutes les Fleurs des Jardins de. la Tauride font des efpeces communes de YEurope; par conféquent elles n'exigent pas des descriptions: il fuffit d'en indiquer les différens genres, & les lieux oü il s'en trouve ie plus. k. Lilas. (Syringa vuig.) Leurs grands Buiffons embelliffent lesjart dins des environs de YAncien Crime , de YAlma, de Koslow & du Taman. i. Le Rofier (Röfa gallica:') blanc & rduge; II fe trouve en luffifante quantité & en fleurs doublés, dans les Jardins aöx énvjr. I roni'  X r3° X rons de 1'Ancien Crime, de Baktfchijfaraï de Jenicalè & du Taman. 3. Rofe jaune (2?o/a eglanteria, de Linné.) Elle eft rare, & en Fleur s firaples, dans les Jardins autour du village de Bakfane f fur la riviere de Bouriultfch. 4. Jasmin blanc. (Jasminum Oflicin.') Dans les Jardins de Baktfchijfaraï feuls, & pas en quantité. 5. Bafilic. (Ocymum lajilicum, de Linné.) Dans les Jardins des environs de Bakt" fchijfaraï, de Balouclava & dans d'autres maritimes. e & ailleurs. Elles ne different en rien de celles des autres Pays. 3. Les Betteravts rouges & b'anches. Outre les BetUraves communes, ils s'en trouve une efpece particuliere dans les Potagers des enviros.s de Baktjchjfaraï ; elle elt d'une grandeur remarquable, & presque toyte ronde, comme le Navet. 4. Les Ravcs. Dans les Potagers c'es environs de Baktfchjfaraï. le long de Cabartha, & ailleurs. Elles font longues «Sc blanches. 5. L'Oignon. En quantité dans les Potagers maritimes, d'oü on le transporte dans les autres endroits. 11 eft quelquefois fort gros. 6. L'Ail. Dans les mêmes endroits , & dans ceux de la partie feptentrionale des Montagnes, 7» Les Fêves. EndifFérens endroits, mais le plus dans les Potagers aux environs de Baktfchijfaraï. I 3 8. Les  X »34 X 8. Les Haricots. Dans les Potagers auprès de Baktfchis* faraï & le long de Cabarta auprès du village de Divan* Koi. 9. Pois-chiche, oü Pois d'Èfpagne. Ce foht les mêmes que ceux de YAfie & des Pays méridionaux óeYEwope, & ne different des Pois communs que par leur forme anguleufe & par leur groffeur, Leur Tige n'a pas plus de \ archine en hauteur, les Feuilles petites , & chaque Cojfe ne contient que deux Pois. Ceft dans les Potagers prés de Balouclava qu'on en ieme le plus. lo. Mayenne, ou Melongene. (Solanum Melongena.) Concombre d' Armenië. En quantité dans les Potagers prés de Baktfchijfaraï & ailleurs. Elle reffemble en apparence feulement aux concombres; car elle eft d'un rouge violet, & d'un goüt tout différent. Les Tartares, ainfi que les autres Nations Afiatiques, en font une grande confommation, les préparant de différentes maïiïeres. ïu Les  X m X ïr. Les Pommes d'amour. (Solarium lycoperJicum,) On les feme avec les précédentes, & on les mange également. J2. Poivre d'Inde. (Capjïcum annuum.') Dans différens Potagers. Les Tartares les marinent, & en font ainfi une grande confommation. 13. Les Pommes de Terre (Helianthus tube* rofus.) Dans un feul Potager, du village de Corbacoule , fitué au pied méridional de Tfchadir - dagk. 14. Blé de Turquie. (Zea maïs, de Linné.) Dans les Potagers auprès de Baktfchis» faraï, de Balouclava, Ie long de Cabartha, & ailleurs» 15. (Holcus facharatus, de Lin.) On Ie feme dans les Potagers prés de BaktfchiJJaraï, & le long de Cabartha: aux environs de Koslow aux bords des cbamps des Meions d''Eau,- mais uniquement pour 1'ornement. U croit fur des grpffes Tiges ou Joncs, de plus de 4 Archines de hauteur, & fes Epis branchus, fe repandent en haut de tous cótés en forme d'un Bal-ai. I 4 -Ses  X 136 X Ses Feuilles reffemblent en tout a cejief des Joncs, &fa graine fort groffe, eft d'un jaune tirant fur le rougeatre. En multipliant beaucoup cette Plante, on peut fe promettre de grands avantages; car elle eft prodigieufement fertile, & fes Joncs font. fi propres au chauffage, que toute la Boucharie n'en connoit pas d'autre, faute de Bois. Maisil s'y trouve une autre efpece, qui produit fur d'auffi hautes Tiges de grands bouquets contenant de groffes graines blanches, dont les Habitans font leur nourriture ; & celle-ci mérite le plus d'êtrecultivée dans le Paysplat de la Tauride. %&. Tabac de Virginie. On le feme dans phifïeurs Potagers, & furtout aux environs düAloufchta & autres endroits maritimes. ij. Le Lin. Aux environs SAloufchta , d'Ouskuth & d'autres lieux, le long de la Cóte. ï,S, Le Cbanvre. Dans les mêmes Potagers. mais pas en quantité. ï.o. Les Concombres. Dans la plupart des Potagers. 20. Les  X 137 X %o. Les Concombres longs de Turquie Aux environs de Baktfchijfaraï & ail» leurs, en quantité. 11. Les Citrouilles jaunes. Presque partout. 12. Citrouille, furnommée Coubanka. Elle eft oblongue, rétrécie par le milieu, jaune en dehors, & rouge tirant fur le jaune en dedans; a caufe de fon extréme douceur & de 1'excellence de fon goüt, c'eft la meilleure de toutes les efpeces pour la cuiffón. En Europe elle eft connue fous le nom de Citrouille de Surinam, & a AJlracan on 1'a furnommée Coubanka, parceque fes graines y ont été aportées de Cuban. On en feme en quantité dans les jardins maritimes & furtout entre Aloufchta & Soudak: elle mürit après toutes les autres. 23. Citrouilles en forme de bouteilles, ou k longs-cols. Dans les Potagers autour de Baktfchijfaraï, & dans ceux du voifinage de la Mer* 24. Citrouilles longues, reffemblantes aux fauciffes. _ , I 5 Dans  X 138 X Dans Ia plupart des Potagers. Les Tartares en font une grande confommation, & les apprêtent de différeates fortes ,• mais le plus, en les farciffant de viandes, dont ils font ce qu'ils nomment Dclma. z$. Les Meions. On les feme dans les jardins Sc dans les Champs. L'efpece qui y mürit la première, eft ronde, plate, jaune en dedans & d'un goüt trés agréable. Elle eft fuivie par la grande efpece, oblongue, jaune, en dedans blanche ou verte, &qui eft du même genre que celle qu'on nomme a Jftracan, Melon de Boucharie, qu'elle égale pour le goüt. La troifieme efpece eft aulTi ronde, ayant la chair rouge, & le dehors comme couvert d'un filet; mais dont le goüt eft médiocre. 26. Meions d'eau, rouges & blancs. On les feme aufli dans les Jardins Sc dans les champs; en général ils ne font pas grands, & d'une bonté médiocre; ce qui vient en partie de la nature du Sol, qui n'eft point mêlangé de Sable. néceflaire a la bonne produftion de cette plante, & en partie peut-être, de ce que les Tartares n'ont  X 139 X n'ont pas eu foin d'en avoir de la bonne graine des autres Pays. Les Meions de Taman font préférables k toutes les autres de la Tauride. Les Bleds, ï. Le Seigl'e. On le feme au Printems & enAutomne, dans les Plaines qui s'étendent de Perecope k Salghire, dans la Presqü'ile de Kertfch, & dans quelques endroits de la Partie montueufe. a. Le Froment. On en feme pour Ia plupart au Printems, & partout en bien plus grande abondance, que des autres Bleds ,• furtout dans le Cercle de Koslow & a la Pointe de Tarchan. II fe diftingue des Fromens des autres Pays par Ia groffeur de fon grain. Sa farine convenablement preparée, eft d'une trés grande bonté & blancheur. 3. L'Orge. On en feme aufli en quantité dans différens endroits; mais il ne fert, pour la plupart, que de nourriture aux chevaux. 4- L'Avoi-  X *40 X 4. L'Avoine. On en feme en petite quantité, & dans les endroits feulement oü le Terrein lui eft convenable; mais c'cftdans YLle de laman qu'il réuflilfoit Je mieux ci-devant. j. Le Miilet. Agrosgrains, rouge & jaune. Onle feme dans plufieurs en iroits en abondance. Cette efpece de Bl»dy la plus piodu&ïve de toutes, n'eft pas uniforme partout. D?ns les terreins les plu> fe tiles, comme dans le diftriéï de Kertfch, & vers Ie bas du Salghire a Tembouchure du GrandCaraJJou, il n'ert pas rare de voir le Froment donner 30 pour r.; dans d'au'res, 10. & 20. Mais le Millet produit ordinairement S-jaS Les Forêts. L'étendue que les Bois en général occupent dans la Partie montueufe. forme environ 150. Verlies en longueur; mais on ne fauroit en déterrainer au juüe la labeur , paree qu'il fe trouve entre les Montagnes boifées des efpaces vuides : .Cependant dans plufieurs endroits ils s'éten-  X 141 X s'étendent au travers des Chaines des Montagnes a plus de 10 Verftes. Leurs Arbres ne font pas d'une taille uniforme partout: Elle dépend du fond du terrein, plus ou moins propre a y contribuer. Dana toutes les Montagnes de devant & centrales, ils ne font ni aufli hauts ni aufli gros en géné. ral, que dans celles qui font vers Ja Mer, & particuliérement dans les gorges profondes aux environs des Montagnes maritimes; ce qui pro vient pour la plupart de ce que Jes Montagnes les plus proches du Nord ne font couvertes qUe d'une couche mince de Terre, audeflbus dela quelle fe trouwe une Pierrt compacte; par con féquent les racines des arbres ne fauroient y pénétrer bien profondement, & par-Ja leur croiiTance eft retenue. Mais dans les g0rgts entre les Montagnei mêridionales, ces couches de terre font fuffifamment épaifles ; de plus 1'eau qui y descend des hauteurs, ajoute en core a cette épaifleur le Terreau qu'elle yapor" te. D'ailleurs ces endroits ont en eux mêmes" plus d'humidite* que les cimes découvertes des Montagnes de devant, qui contribue aufli entre autres, a la belle venue des Arbres. Les principaux endroits cü il croït Ie pIUg de grands Arbres, font entre Balouclava & Talta für  X 142 X fur la cöte Septentrionak des Montagnes maritimes , ainfi qn'autour du pied de Tfchadir - dflgfc , dans le ca qui müriffent en Automne, font petites, d'un rouge-foncé, & contiennent un offélet noiratre, avec un Noyau blanc en dedans, qui n'en eft pas entiérement recouvert; il eft même tout k découvert par en haut, ce qui lui donne un air étrange. Au refte, on fait que cet Arhre fert dès les tems les plus reculés, a 1'ornement des Jardins en Europe, par tout oü le climat le permet: &que confervant toutel'année fa verdure il peut être taillé de différentes formes. Son intérieur même 1'a fait furaYamment connoitre ; car il eft d'une couleur rouge agréable, & propre a différens ouvrages-de menuiferie. K Baguenaudier. ( Colutea Arlorefctni.*) Sur les Montagnes dTnkenm- e ; de Se» yaftopoljk & dans le* Buis de Taftd. Cet agréable & trés beau Miffon, reffemble par fes ieuilles & par fes Fleurs a Y..caccia de -ibérie; mais fes Cojfes font tout a fait différentes: elles font compolées dune peau fine, blanchatre, enflées en forme d'une Veffie, &renferment de petites grai. nes comme des Pois. Ce Buipn a rarement 2. Atchines de hauteur, & fe rencontre pour la plupart en petit Arlufte touffu. Dans le mois de Mai il fe couvre d, groffes Feurs jaunes; enfuite de Cojfes en forme de veffie, & alors il eft finguliérement agréable a la vue, & mérite par lk d'être introduit dans les jardias pour leur embellifTement, Du Hamel affure que fa Feuille a une vertu purgative, comme la Folia Senna; mais on ne 1'employe guere , parcequ'elle ne produit cet effet que prife en trés grande dofe. 23. Tamarifc. (Tamarix Gallica, de Linné.) II croït aux bords de tous les Ruffiaux fi multipliés dans la partie méridionale des Montag*  X 159 X l Montagnes, & fe trouve aufli dans d'autr^ contrées méridionales de la RuJJie. Ses petites Feuilles & fes petites Pendeloques rougeatres qui paroiffent fur fesfom. mités au commencement de 1'Eté, lui donnent de la beauté. On pourroit en entourer les Etangs & les endroics humides dans les Jardins, pour leur embellifTement! Les Tartares appellent cet Arbre, Gilgi Une , & font de fes branches fines, des manches a leurs fouets. 24. Saule. (Salix pentandra.) Le long des Rivieres & des Ruiffeaux mais le plus, fur le grand Indale & vers le bas d''Alma, de Catjcha & CabartH. 25- (Salix Helix, de Linné.) Avec les précédens. Ses Feuilles font petites, jaun&res, & il efl plus petit que le Saule ordinaire. 25. (Salix Caprcea. de Lin.) Rarement, aux environs des Ruiffeaux dans les bois, & vers Je haut de Salghire. 27. Sumac, ou vinaigrier. (Mus coriaria.) En fuffifante quantité dans les Montagnes boifées de Yalta & par de-Ja jusqu?a I Aloufcbta } mais en trés petits Mifom, dont  X lêo ):( dont lés Branches s'étendent par terrê i les plus hauts ne s'élevent pas plus d'un Archine. Ses Feuilles, toujours par paire fur des pédicules longs, rougeatres, font oblongues, dentelées, avec un peu de duvet. Au milieu des Tiges fupérieures des Feuilles, paroiffent dans le mois de Juillet, h 1'extrêmité des Rameaux, de petits Bouquets de Fleurs jaunes tirant fur le blanc, qui deviennent enfuite des Baies rouges couvertes de petit duvet, fort aigres, & renfermant une graïne. Dans les autres contrées méridionales de VEurope, & particuliérement en Efpagne, on plante cet Arbufte en forme de Vignes, dans des Jardins féparés, «& on le coupe annuellement jusqu'a la racine. On feche fes Rameaux, & on en fait le commerce pour les Tanneries. Les nations Afiatiques font un grand ufage de fes Baies, qu'elles mangent apprêtées de différentes facoris. Les apothicaires employent auffices Baies, ainfi que fes FeuiU les & fes Fleurs. a8. Sureau. (Sambucusnigra, de Linné.) En grande quantité partout dans les Boit  X i6-i X Bois & autour des Jardins, en Arbres moyens: les environs de YAncien Crime en abondent Ie plus. 29. Obier. (Vibumum Opulus.) En quelques endroits de toutes les forêts. 30. Viorne. (Viburnum lantana.) Sur les Montagnes, aux environs de BaktfchiJJaray & vers le haut de YIndale. 31. Troëne. (Ligujlrum vulgare, de Linné.) Cet Arbufte. aüezconnu dans les autres parties de la Rujfie , croït ici en quantité dans la plupart des Montagnes boi/ées. Ses bouquets de fleurs blancs qu'il produi: dans le mois de Juin, fes Feuilles luifantes, Sc fes Baies blanches, le rendent propre a orner les Jardins. ' 32. Aube-épine. (Crataegtis Okyacantha.) En quantité dans toutes les Montagnes boifées. II y vient en moyens Arbres; au refte il eftficonnu, qu'il n'a pas befoin d'une description particuliere. 33. Pommier fauvage. (Pyrus malus.") En nombre fuffifant dans les forêts, <5t furtout dans les Montagnes maritimes. 34. Poirier fauvage. (Pyrus communis.) L Dans  X i6i X Dans toutes les forêts; & en quantité remarquable dans les Montagnes maritimes. 35. Poirier a feuilles d'olivier fauvage (Pyrus Salicifolia, de Pallas.) Cette efpece particuliere de Poires, croit ici dans toutes les Montagnes boifées en grands & petits Arbres, & mérite d'autant plus notre attention, qu'elle eft nouvellemènt découverte , & connue depuis peu aux botaniftes. Ce nouveau Végètal croït le plus dans les parties méridionales ó'Ajlracan, aux environs de la riviere óeTereka, (dont 011 lui avoit donné le nom) & en Perfe. On le déligna, comme ci-delfus, a caufe de la fingularité de fes Feuilles, qui le font reffembler a un certain Olivier fauvage. Cet Arlre eft de la grandeur des Poztiers communs des JaYdins, & fes Rameaux font couverts d'aiguilles aigues & longues. Les Feuilles, oblongues, étroites, & presque toutes blanches, comme celles du Salix Capraea de Linné. Le Fruit eft rond, gros & extrêmement juteux ; d'ou Ton doit conclure qu'il feroit d'un trés agréable goüt, fi on le greffoit a des Jrbres'  X I63 X Arbres de Jardins: on en augmenteroit même la groffeur par la, & on en feroit une excellente efpece de Poires de Jardins. Au furplus cet Arbre mérite d'y être introduit, pour fa forme particuliere. 3<5. Azerolier du Levant. (Mespilus Oriënt alis, de ïournefort. V. Voyage du Levant, T. 2. pag. 396. & 397. Lettre XXI. ed. in %°. de 172.. Ce nom lui a été donné par Tournefort, > premier Hiftorien de cet Arbre découvert en Natolie. II croit en abondance dans toutes les Montagnes maritimes, depuis Balouclaya jusqu'a Soudak, & dans quelques parties • des Montagnes Centrales. A caufe de fon Fruit, il mérite d'être introduit dans les Jardins. II égale par fa taille les grands Prunierst fes Rameaux font trés touffus & s'étendent beaucoup en circonférence. UEcorce du Tronc eft grifatre gercée, & celle des Branches, lilTes, rougeatres tirant fur le noir* & préfentant aux bouts des aiguilles aigues. Ses petites Feuilles touffues, font dispofées par bouquets fur les Rameaux: elles font profondément découpées aux cótés L 2 &  X I«4 X .& aux bouts, pales & couvertes de duvet blanc de deux cötés, fur des Tiges rougeatres , ainfi que les veinules de leur partie inférieure. Le fruit forme des baies pentagones aplaties, de la grandeur d'une Cerife, jaunes au commencement, & rouges ala fin, & préfentent au bout vers le haut, cinq foliftes pointus. La chair en eft jaune, d'un aigrelet agréable. Elles font toujours au nombre de 4. & de 5. enfemble, dont chacune contient 5. petits offelets. Vu Ie goüt agréable de ce Fruit, dans 1'état fauvage, il eft a espérer qu'il le deviendroit davantage, fi on en tranfplantoit les Arbres dans les Jardins, & qu'on en greffat fur des efpeces qui leur font analogues. 37. Prunier de Bois. ( Prunus Sylyeftris.) Presque dans toutes les Forêts, parmi les autres Arbres. 38. Cochêne. (Sprbus aucuparia, de Linné.) Le peu qui s'en trouve, croit fur les plus hautes Montagnes, comme le Tfchadir-dagh , & quelques autres maritimes. 39. Meri-  X **s X 39- Mérifier a fruit noir. (Prunus avium.) Pour ia plupart fur les Montagnes dt Roches, en grands & moyens Arbres. 40. Epine noire. (Prunus fpinofa.) Dans toutes les Montagnes en quantité. 41. Epine - vinette. ( Barberis vulgaris, de Linné.) En abondance dans les Montagnes aux environs (TAchmetfchet, de Baktfchiffdray, le long 8Alma & vers le haut de Salghire. 42. Amelanchier. (Mespilus cotoneajiar.) UArbufte connu fous ce nom en Siberië, croït ici fur les cimes des plus hautes Montagnes , entre les Rochers, & n'a pas un Archine d'élevation. Ses Feuilles font rondes , menues, laineufes & blanches vers le bas; & fes baies rouges au commencement & enfuite noirdtres, n'ont aucune faveur. 43. Vigne fauvage. (Vitis vinifera.) Partout, entortillant les Arbres dans les Bois comme dans les Jardins. Ses Ceps, de la groffeur fouvent du bras, s'élevent jusqu'aux fommités des plus hauts Arbres, & redescendent enfuite ju^qu'a. terre produifant uh trés bel effet dans les L 3 ' Forêts  X 160 X Forêts. Son fruit eft petit, mais aiïez doux dans fa par fake maturité. 44. Ronce. (Rubis Fruticofus.) Partout en quantité, dans les Forêts, comme aux environs des Jardins. II fe trouve une autre efpece de Ronce dans les lieux maritimes, dont Ie fruit eft beaucoup plus doux , plus agréable, & qui fe diftingue même par d'autres qualités. Ses longs Rameaux s'étendent de quelques Sajenes par terre , "ou fe tordent autour des Arbres, & font couverts d'une Ecorce rouge - foncée, & d'une quantité d'aiguilles crochues. Ses Feuilles font d'un vert-foncé en deffus, & blanchatres en deffous, dispofées par 3. & par 5., comme dans les Ronces communes. Les Fleurs font pour la plupart rouges, & les Baies, ne le font qu'au commencement, & deviennent d'un noir-foncé enfuite. Cette efpece croit aufli en abondance aux environs de la Mer Cafpicnne, oü on 1'a nommé Binifa. 45. Rofier. (Rofa Canina, de Linné.) Dans toutes les Forêts en quantité. 46. Petit Rofier, a fleurs odoriférantes blanches. (Rofa fpinofiffima de Linné.) II  X .I67 X II fe rencontre pour la plupart dans les Vallens entre les Montagnes, en Buifibns, d'environ un Archine de haureur , & remplis d'aiguilles. Ses Feuilles font menues aü nombre de 9. fur chaque Tige, & fes Fleurs ont beaucoup plus de parfum que celles du Rofier ordinaire. 47. (Spiraea crenata, de Linné.) Dans les Montagnes de 1''Ancien Crime le plus. . 48. Cytife (Cytifus nigricans.') Ce joli Arbufte fe trouve dans les Montagnes boifées de Baktfchiffaray, ainfi que dans les autres parties de la Rujjie, le long du Don & de Volga. 49. Lierre. ( Heiera Helix* de Linné.) II fe rencontre fouvent dans les grandes Forêts maritimes, s'attachant aux Troncs des Arbres depuis. la racine jusqua la cime. Comme il conferve toute 1'année fes Feuilles , il feroit trés propre a différents or■nemens dansles Jardins, & particuliéremént k couvrir les murs, &e. aux quels il s'attache de lui-même, & fait un trés bel elfet. 50. Le gui. ( Viscum album. } 11 fe rencontre comrae dans les autres. L 4 PW  X 168 X pays, fur différens Arbres des Forêts & des Jardins, & furtout proche de la Mer. Le Bois & les Feuilles de ce végétal font un des ingrédiens des apothicaires. 51. PetitHoux, ouFragon. (Ruscus aculeatus) Ce petit Arbufle fe trouve fur les Mon■ tagnes boifées entre Balouclaya & Aloufchta. II eft vert toute 1'année, & mérite une attention particuliere, a caufe des propriétés médicinales de fa racine. II eft connu dans les autres contrées méridionales de VEurope, & ne s'éleveguere au dela d'un Archine, fe partageant dès fa racine en plufieurs branches ramifiées. Sa Feuille, ferme & pure, reffemble a celle du Myrte, avec des aiguilles aigues aux extrêmités. Son Fruit êft rouge & mol. Sa racine eft employee par les' apothicaires dans différentes décodtions- 52. Jasmin jaune. (Jasminum fruticans.) .En fulEfante quantité dans les Montagnes Maritimes; & quoiquefes Fleurs n'ayent aucun parfum, ces petits Arbufies psuvent produire un aflèz joli elTet dans les Jardins. 53. (Nitra-  X 169 X 53- (Nitrarja Scholeri, de Linné.) Cet Arbufte rampant, croit au bord .de la Mer prés de Soudak, dans les terreins falés, comme dans les bas-fonds de Volga, oü on lui a donné un nom Rulle analogue a fa nature, qui eft de produire un beau Fruit rouge, mais d'un goüt désagréable: aufli n'eft-il propre a aucun ulage connu. 54. Le Caprier. ( Capparis Spinofa.) Cet Arbufte croït fur les Montagnes argileufes ftériles de Soudak, en grande quantité : On en rencontre aufli, mais moins, aux environs d'Ourfoveik deLambat, dans des terreins analogues aux premiers. 11 rampe pour la plupart, & a de longues Branches k Feuilles rondes compaótes, d'un vert-foncé, dont chaque queue fe trouve accompagnée de deux aiguilles aigues en crochets, pofées fur la branche même. Ses Fleurs font blanches & fort joües relativement a leur grandeur. Elles s'ouvrent communément a la fin de Juin. Le Fruit les fuit , confiftant en groffes Baies oblongues, d'un vert - foncé, dont lachair eft d'un rouge de fang, &qui renferme quantité de petites graines. Lorsque cc fruit eft parfaitemcnt mür, il creve, L 5 &  X 170 X & donne un afpeft fort étrange a tout • Y Arbufte. Les boutons des fleurs non épanouies, forment ce qu'on nomme les Gapres, qui font d'autant meilleures, qu'elles font plus petites & plus fermes; ce qui dépend du tems óü elles ont été cueillies. On prepare en Francs ce Fruit avant même qu'il foit mür, comme quelques boutons des fleurs, fous la dénomination de Cornichons de Caprier. 55. BarbedeRenard. (Aftragalus Tragacantha.~) Sur toutes les Montagnes maritimes nues, oti le Sol n'eft que SArgile feche; mais le plus dans le canton de Soudak, oü 1'on ne rencontre presque d'autre végétal fur les Bancs Argileux, que celui-ci & des Cafriers. Par fon extérieur, ce Végétal n'a aucune beauté, & paroitn'être qu'une vraie épine inutile,- mais fans égard a 1'aparence, il a une utilité reconnue, & mérite de 1'attention. Son élevation ne va pas a \ Archme. Sa racine, cn forme de Champignon, d'un doigt de groffeur, s'enfonce pröfondément dans la terre, & pouffe en dehors quantité  X i?i X tité de branches groiïes, mais courtes, qui fe répandent de tout cöté fur le Sol. Elles font divifées. a leurs extrêmités, en petits Rameaux velus, s'élevant en haut, & couvertes partout de longues aiguilles, qui fe tiennent droit, & parmi lesquelles on appercoit de petits foliols blanchatres, dispofés par paires fur de petites Queues k aiguilles. Les Fleurs, qui •paroilfent aufli au milieu de ces Aiguilles, font mennes, d'un rouge trés pale, & cachées dans utf duvet touffu, ainfi que fes petites CoJJes &femences, qui leur fuccedent, & qui reffemblent k YAJlragalus pilofus, de Linné. Dans le mois de Juin, la Racine de cet Arbufte donne d'elle même dans les climats chauds, une Gomme liquide, qui fe coagule en gros filets k 1'air, & qui eft connue fous ie nom de Gomme Adragante. Elles eft employée dans lamédecine, dans les fabriquês k foye, & dans la peinture' en miniature. C'eft YAjie qui en fournit a YEurope. Mais la quantité de Buisfons de cette efpece qui fe trouve jci, fait efpérer qu'avec le tems elle deviendra un produit domeftique de la RuJJie; car quoi-' que  X 172 X que leurs Racines fourniffent a&uellernent peu de cette liqueur encore, ce défaut ne provientprobablement que de la nature feche & flérile óüSol oü elles fe trouvent; mais en les tranfplantant dans des meilleurs terreins, on aura fans contredit davantage de cette Matiere réfmeufe; & furtout fi on aattentionde faire des entailles, par un tems convenable, fur ces Racines, au moyen des queiles elle püt découler plus facilement.. Au refte on doit faire obferver, que, quoique ce Vêgètal ainfi que le Caprier, n'apartiennent pas proprement aux Plantes des Forêts; on a cru pouvoir cependant les y comprendre , a caufe de leur venue en forme de buiffons. Plantes Sauvages. Le nomb. e de Plantes qui croiffent dans les contrées de la Tauride eft trés confidérable; pour les préfenter ici en ordre convenable & relativement a leurs qualités variées, on doit les partager en différentes claffes. En conféquence, la i. contiendra toutes celles qui, par la beauté de leurs Fleurs, méritent d'être distinguées des autres. La  X 173 X La 2 e Les Herbes des Paturagesi 3« Les Plantes Médicinales. 4e Celles qui font propres a 1'Econoinie. Et la 5e Celles qui fervent a la curiofité des Botaniftes. Mais pour éviter uneprolixité inutile, nous ne décrirons que les Plantes inconnues outrès peu connues encore, par leur rareté, dansles autres parties de Ja RuJJie; & nous ne parlerons des autres que pour donner une idéé de la nature du Sol & du Climat de la Tauride oü elles croilfent le mieux, & dans quel tems communément elles fleuriifent. j". Les Fleurs Champêtres. 1. Coquelourde. (Anemone pratenjis, deLinné.) Elle fleurit au commencement du Printems dans toutes les Plaines entre ie Dnieper & Pérêcop, & par de ia jusqu'aux montagnes, couvrantcet efpacede fes Fleurs tou. tes blanches, qui entre autres, font employées dans la Pharmacie. *. (Ado.  ):( 174 X 2. (Adonis vernalis, de L. ) Dans les mêmes endroits & dans les Vallèes fituées vers Iz.Nord. II fleurit avec la précédente, & eft également employé dans la Pharmacie. 3. Tulipes fauvages. (Tulipa Gefneriani.) Les rouges & les jaunes fleuriffent en quantité au commencement du Printems dans toutes la PresquHle de Kertfch, ainfi •qu'aux pieds des Montagnes Septentrionales prés de Carajfou bazare, & dans les plaines entre Salghir & Pérécop. Leurs Fleurs font grandes & bïlles. 4. Iris. (Iris Germanica, de L.) II fe rencontre, mais rarement, entre Pérécop & Salghir'. mais aux environs des Montagnes on en a abondament. II fleurit a la fin d'Avril, & fa Racine eft empioyée par les Apothicaire?. 5. (Ornithogalum Pyrenaïcum, de L.) \\ fleurit au comra- ncement du Printems dans toutes los Vallèes. bon Pédicule couronné de petites Fleurs b!euss> a prés d'un archine d'élévation-. 6. (Ornithogalum Narbonenfe.~) Dans toutes les Fallées en quantité. 7. ( Or-  X 175 X 7. (Örnithog. umbellatum.') li fleurit dans Ie mois de Mai dans les Montagnes bbifées. Ses Fleurs touffues & blanches, font affez jolies. 8. (Ornithog. pyramidale, deL.) II fleurit dans le mois de Mai entre le Dnieper & Pérécop, ainfi qu'a 1'endroit oü commencent les Montagnes, prés de Carasfou ■ bazare. Ses Feuilles, longues, larges, reffemblent a celles des Tulipes, & fes Fleurs petites & blanches, font dispofées en forme d'une Pyramide fur le Pédicule. 9. Pivoines. (Paonia officinalis.) Fleuriffent en Mai dans les Vallêes & dans les Montagnes, en quantité. Leurs grandes Fleurs rouges font un bel effet, & leur racine eft employée par les Apo'thicaires.1 o. ( Pceonia tenuifolia. ~) En tout comme les précédentes, dont elle ne différe que par fes Feuilles menues & touffues. tl, Afphodele. (Jfphodelus luteus, de L. ) Lance-royale, en Ruffë. On en a de deux efpeces dans Ia Partie tnontueufe. L'une , a Fleurs jannes, fe rencontre rarement aux environs des Mon- tagnes  X ):( tagnes maritimes. La feconde , bigarée da rayes blanches & vertes, croït en quantité dans presque toutes les Vallées Septentrionales, & furtout prés d'Mmetfchet. Au refte, elles font en tout conformesTune avec 1'autre, & fieuriiTënt dans le mois de Mai. Leurs groffes Tiges s'élevent d'un ar. chine environ de la Racine,. & font couvertes jusqu'a - mi hauteur de Feuilles touffues , mais trés minces. Le refte, jusqu'au fommet, eft garni de deux cötés de Fleurs .qui, quoique petites, fontaffez jo. lies. Les extrêmités de la Tige reffemblent en quelque facon a un Sceptre ou h une Lance, d'oü lui eft venu le nom Rujfe. 12. (Onofma Oriëntalist Fleurit dans toutes les Vallées & Montagnes dans le mois de Mai, en quantité. Toute la Racine n'aguere plus d'un archine d'élévation. Ses Feuilles, dispofées par bouquets autour de la Racine, font oblongues , étroites & heriffées de deux cötés; &fes Fleurs jaunes, pendent au bout du Pédicule en forme de cloches. iot Muguet, ou Lis des Vallées. (Convallaria majalis.) Dans  X 177 X Dans quelques endroits des Forêts maritimes, & fleurit en Avril. .14. Sceau de Salomon. (Convallaria polygonatum.) .Fleurit aufli en Avril & en Mai, dans les Vallées & les Forêts. 15. Prime-vere. (Primula veris, de L ) Fleurit dans les Forêts & les Vallées, aii commencement du Printems, & fe trouve en fuflifante quantité. 16. (Primula minima.') FJeurit dans Je mois de Mai fur les cu naes de Tfchadir - dagh, dans la proximité de la neige. Elle croït cornmunément fur les hautes Montagnes de YEurope, & ne fe diftingue de celle de la Tauride que par la petitefle de fes Feuilles & Fleurs. Ces Feuilles font d'un vert - foncé luifant, fur des Pédicules courts, avec une Fleur rougeStre fur chacun. 17. Violette! (Viola canina, de L.) Fleurit a 1'ouverture du Printems s dans les Montagnes boifées. 18. (Viola tricolor.) . En tout avec la précédenté. 19. Fraxinelle. (Diftamus albus.) Cette belle Plante, cdnsiue aufli dans M d'a'utr^  >:( 173 >( d'autres parties de la RuJJie, fleurit dans le mois de Mai, dansles Montagnes boifées. Ses grandes Feuilles reflemblent a celle# des Frênes. & lui donnent une air $ Arbufte ; fes groflès Fleurs rouges m'êlées de blanc , qui paroiflènt a 1'extremité de fa Jige, la rendent trés agréable. Elle posfede des propriérés médicinales, & Gl Ra. cine eft déja depuis longtems employée dans la Pharmacie. Mais les Tartares en ont une toute autre opinjon: ils 1'appellent Mauvaife herbe, & par préjugé, en ont une fi grande averfion, qu'ils n'ofent Ia toucher feulement. Son odeur forte, quoique pas abfolument désagréable, en eft 1'ünique caufe. *o. Jacinthe. (HyacinthuS non fcriptus.) Fleurit dans les Forêts & les Vallées, au mois de Mai; en grande quantité. 21. Herbe aux Viperes. (Echium vulgare, de L.) Le Fard, en Rufle. Toutes les Vallées & la plus grande partie de la Presquile de Kertfch font remplies de Fleurs bleues & rouges de cette Plante, dans les mois de Mai & de juin: elle forme de grands Buijfons touffus en forme $Ar. buftes. On 1'a nommée Fard en Rujfie, paree-  X 179 X parceque fa Racine fert effeétivement de Fard aux villageoifes de quelques Contreés. &2. (Echium Jtalicum.') Avec la précédente, mais pas en fi grande quantité. Ses Fleurs font un peu plus petites, d'un-rouge foncé, &toute 1'Herbe eft velue. S3. Pied d'Alouette. (Delphinium Ajacis.) Cette Fleur, commune a tous les Jardins de YEurope, embellit ici, par une abondance remarquable, toutes les Parties montueufes depuis le commencement de Mai jusqu'a juillet, & fait un trés bel ëffet par fes couleurs variées. 24. (Chelidonium corniculatum.) Fleurit en juin dans les vallées, & en quantité aux environs de Kertfch. Ses Fleurs rouges font mêlées de jaune: après leur chüte, elles font remplacées par des Cojfes longues, en forme de Cornes, 25. (Chelidonium Glaucium.) Ne fe trouve que fur les Montagnes argileufes le. long de la cóte. Ses Fleurs jaunes font trés jolies. II fleurit dans le mois de Mai, & fes Cojfes a femen'ces ne deviennent mures qu'en Atiut. M 2 26. DianU  X i8o X %6. (Dianthus Carthufianorum.') Fleurit dans le mois d ï juin en quantité dans tous les Champs de la Presqu'ile de Kertjch. Cveft 1'efpece cultivée an tous les Jardins fous la même dénomination. 27. (Dianthus prolifer.) Avec le précédent. Ses Fleurs font entourées de grandes Feuilles. 28. (Dianthus barbatus.) Fleurit en Juin, dans les Montagees boifées de Soudak. 29. (Dianthus virgineus.') Dans les Montagnes dTnkermdn, & fleHrit en juillet. 30. Alcée. ( Alcea ficifolia.) Dans le mois de juin & de juillet, en quantité, dans les Vallées & dans toutes les Plaines qui s'étendent vers Pérécop & Kertfch. 31. ( Lavathera Thuringiaca, de L.) Avec Ja précédente, & pour la plupart dans les Vallées entre VAncien Crime fif Soudak. 32. Ormine, ou Orvale. (Salvia horminium.) Cette belle efpece de fauge qu'on eultive dans les Jardins en Europe, cröit ici fur les Montagnes maritimes, & particuliére- rement  X i8x X : rement aux environs de Soudak, en fuffifante quantité. EUe fleurit en juillet. Ses grandes Feuilles, larges, dentelées, pendent fur de longues queues. Ses Fleurs font trés grofles & entourées de Folioles rofes, un peu rondes & pointues au bout, qui les embellilfent infiniment. Au refte fes Fleurs & fes Feuilles ont une odeur pénétrante , qui reffemble a celle de la Mente: fes graines font employées dans la Pharmacie contre les Ophtalmies, & contiennent beaucoup de matiere gluante. 33. Sauge dont les Feuilles font petites & par pair es. C'eft encore une belle efpece de Sauge, inconnue dans les autres Contrées & indigene dans la Tauride. EUe porte des Fleurs en juin dans différentes Vallées. Sa Racine eft ligneufe & fort longue. La Plante fe partage en plu< fleurs Tiges quarrées , dures & velues, inclinées vers le Sol & rougeatres en des-, fous. Les Feuilles, de deux cötés des petites Queues courtes, font. par pair es, trés étroites, menues & velues par en bas. Les Fleurs dispofées aux extrêmités des Tiges de la Racine & qui les. entourent M 3 de  X is* X detouscótés, fontgroffes, & reffemblenC par leur intérieur, aux Fleurs de la Sauge commune. A 1'extérieur elles font un peu velues; au refte presque toute blanches; avec des veinules rouges. L'odeur de la Plante eft la même que celle de la Sauge ordinaire. 34. (Alphea Cannabina.) II croit dans les lieux humides aux environs des Jardins, & fleurit dans les mois de juillet & d'Aout. Ses Fleurs rougeatres font jolies. 35". ( Aeonitum Napellus, de L.) Fleurit dans les Montagnes boifées de Soudak en juin, & entre dans la provifion des Apothicaires. 36. Orobe des Pyrénées COrobus Pyrenaicus.) Fleurit dans les mois de Mai & de juin fur les plus hautes Montagnes boifées, & produit un agréable effet par fes groffes Fleurs jaunes- 37. (Hedyfacum fruticofum.') Cette Plante , connue également dans les autres parties méridionales de la Ruffie, fe trouve le plus aux environs des Montagnes Craieufes, le long dlndale & prés de Qaraffou - bazare. Elle forme un Buiffon médio-  X i*3 X médiocre, d'un Archine d'élévation, dont les Tiges fourchues ferépandentfur le Sol; la Plante fleurit en juillet. Ses Tiges Sc fes Feuilles font velues & blanches, & fes groflls Fleurs jaunatres, bigarées de veines rouges, qui paroiflent aux bouts de fes Branches Sc qui reflemblent a celles des Pois, font infiniment jolies. Ces Fleurs font en fi grand nornbre, que toutes les Tiges en font garnies. Les Cojfes qui leur fuccedent, font unpeu rondes, plates & couvertes d'Epines au milieu. 38. QAJfer Alpinus.) Fleurit en Aout fur les cimes des hautes Montagnes mar.itim.es. 39. QAJfer Tripolium.) Dans les Montagnes de Talta. 40. (Anthemis tinttoria.') En juin, dans toutes les Vallées Sc dans la Presquile, en quantité. 41. (Melijfa Calamintha, de L.) ' Dans les 'Mtntagnes maritimes Sc prés dTnkerman, Sc fleurit en juillet. Ses Tiges rampantes ont plus d'un 1 Archine d'étendue; fes Feuilles font menues, arrondies; Seks Fleurs, aflezgrofles, rouM 4 ges  X 184 X gés & odorantes. Auprès dTnkerman on en rencontre aufli a Fleurs blanches & è Tiges velues. 42. Xeranthemum annuumt (Fleur feche annuelle, en Rufle.) Dans toutes les Vallées & Montagnes maritimes en quantité, & fleurit en juin. Elle a recu fon nom Rujje a caufe de la fingularité de fes Fleurs rouges, qui font formées de Folioles feches & luifantes comme Ja Paille; aufli confervent elles leur couleur & ne changent en rien en fe féchant. Les Tartares 1'appellent Sipireci, & en, employent les Tiges en Balais pour baïayer leurs apartemens; ils en aportent des chariots pleins dans'les villes, & en font une branche de commerce. 43. (Digitalis purpurea, de L.) Fleuriflfent vers 1'Automne fur les cimes des* Montagnes maritimes, & fönt comptées au nombre des Fleurs communes des Jardins. 44. Colchique. (Colchicum autumnale.) Fleur hors de faifon, en Rulfe. 11 paroit a la fin d'Aout dans les Forêts ma & Ie plus, dans le voifinagede Balouclaya. Cette  X 185 X Cette Fleur eft regardée comme 1'avant coureur de ï'Automne, par cequ'elle ne, fleurit qu'a fon aproche; d'oü lui vient le nom de Hors de faifon en Ruffe. Elle eft comptée au nombre des Plantes a Oignons, reflèmble a une Tulipe, &fa couleur eft d'un rougeatre p&le. Sa Racine ou FOig720«, eft employée dans la Pharmacie. 45. S'afran (Crocus Sativus, de L.) Croït en abondance extraordinaire fur toutes les Montagnes depuis VAncien Crime jusqu'a Balouclaya, & dans leurs Vallées. II fleurit dès la fin de Septembre pendant tout l'O&obre, couvrant de grands efpaces par fes Fleurs bleues, qui ne différent des cultivées que par ces parties internes qui forment ce qu'on appelle proprement Safran: elles font beaucoup plus petites, & n'ont pas autant d'amertume. Mais vu fes autres perfeclions, il paroit indubitable qu'on pourroit le rendre parfait en tout, en tranfplantant fes Oignons dans les endroits convenablement préparés. Et comme il y en a ici une quantité innombrable, rien n'empêche que le Safran ne foit multiplié dans toute la Tauride & n'y devienne avec le tems un objet trés intéreffant pour 1'agr'fculture. M 5 Mais  X 18* X Mais indépendamment de cette utilité, les. Fleurs du Safran, par leur belle apparence, fervent encore a orner les Parterres, Elle font de la hauteur des moyennes Tulipes, & les Folioles bleues avec des veinules rouges dont elles fonj: compofées, font trés jolies; de même que les petites Epines jaunes & rougeatres au milieu de leur intérieur. D'ailleurs elles paroiffent dans un tems oü nul Vègétal n'a encore de Fleurs , & n'en font que plus agréables par la. Les Feuilles ne paroiffent qu'après la chüte des Pleurs: elles font minces, longues, d'un vert - foncé, & fe confervent presque tout 1'hiver. Au printems & en été fes Oignons font cachés fous terre, fans aucune marqué apparente en dehors. P. Les Herbes des Paturages. Les Plantes comprifes fous cette dénomination, font pour la plupart les mêmes que celles dont on enfemence les Prairies dans les autres pays; & elles méritent d'autant plus d'être  X ï«7 X d'être obferyées, qu'elles fervent a prouver la. bonté des Paturages de la Tauride.. EUe fe divifent, comme partout ailleurs, en dtux principales efpeces: en Plantes 'a Cojfes, & en Plantes h Epis, t°. Plantes a Cosses 1. Trefle (Trifolium Pratenfe.} II fe trouve en quantité dans la Partie montueufe, dans quelques endroits des plaines de Pérécop, & dans la PresquHle de Kertfch. 2. Tr fle rouge. (Trifolium rübens, de L.) Pour la plupart dans les vallées & dans les prairies des Vergers. II eft plus haut que le précédent, & fes Fleurs font d'un rouge pale. 3. Trefle jaune. (Trifolium agrarium, de L.) Partout avec les précédens. Dans les autres pays, on le feme avec les herbes des prairies. 4. Trefle de Sibérie. ( Trifolium Lupinajfer', de L.) . Quoique cette plante foit indigene dans la Siberië & qu'elle ait;5 feuilles au lieu de 3 ; elle  X x elle eft cependant raporfcée k 1'efpece dont il s'agit ici, k caufe de fes Fleurs & de fes; Cojfes. Elle cro!t ici Ie plus dans les Montagnes. boifées, &pavient aun demi Are Une d'élevation, ayant pour la plupart des Fleurs blanches. 5. Trefle corné. (Lotus corniculatas, deL.) SufEfamment, dans les Vallées & ailleurs. 6. Luzerne de Suede. (Medicago falcata,') Elle differe de la Luzerne ordinaire par fes Fleursjaunes, par fes Tiges rampantes, par fes Cofjes arguées, fè trouve le plus dans les Vallées & dans les Montagnes. On la feme, dans les autres pays, comme la. Luzerne ordinaire. 7. Sainfoin , ou Efparcette. (Hedyfamm onobrychis.) En quantité dans toute la Partie montueufe , dans la PresquHle de Kertfch, & occupe fouvent des Champs d'une grande étendue. 8. Sainfoin a tiges fourchues & k coffes pendantes liflês. (Hedyfarumjbscwum}dfïL.')l Avec les précédens. o. (Coronilla varia, de L.) En quantité dans la Partie montueufe & ailleurs. 11. Pois  X i«9 X 11. Pois des Bois, (Lathyrus deer, deL.) Dans toutes les Vallées & dans la Presqu'ile de Kertfch , en abondance. Leurs Fleurs rouges font trés jolies. Dans les autres pays on les feme dans les Prairies, ainfi que la Caronilla varia. 12. Pois des Bois, applatis. (Lathyrus pratenfis, deL.) Avec les précédens, mars pas en figran« de abondance. 13. Orobus Lathyroïdës. Pour la majeure partie dans les Montagnes boifées, parmi les autres herbes des paturages. *4. Pois des grües. (FÏcia Gracca, de L.) Dans les Vallées & dans les Montagnes maritimes argïleufes , oü ils croiffent en Buiffons d'un Archtne environ de hauteur. 15. Aftragalus julofus, de Lin.) En quantité dans toutes les Vallées & dans les Plaines. 16. JJiragalus Glyciphyllus, de L.) En grands Buiffons .darts les bas-fond* le long des bords des rivieres. II eftcompté dans les autres pays, ainfi que les autres efpeces de pois cy-deffus indiquées , au nombre des Plantes propres k enfemencer les Prairies. ao# Plan.  ):( t9o ):( a°. Plantbs a Efis. j. Phleum pratenfe. ï *. Avena pratenjh. [ Panmt en ^ 5. Avena fatua. 4. ^i>a cefpitofa. de L, J 5. Bromüs 'crifiatus, de L, Pour la majeure partie dans les jPaWéer & dans les lieux abondans en patürages, vers le bas de Salghir. 6. Briza media. ? ,. ■ ...«.> , _ . > Partout en quantité. 7. oij^a pennata. 3 • ■ 8. Cynofurus Coeruleus. En abondance remarquable dans toute la Partie montueufe. 9. ^yena flavescens. Le plus aux pieds des Montagties mariti* times: fes Fleurs font jaünes. 10. DaÜylis glomerata, de L. En abondance dans toutes les Vallées & dans les Prairies. On rencontre encore ici, dans différens endroits de la Partie montueufe, & particuliérement fur le cheminde Caraffou-bazare k Akmetfchet, ain-  X 19* X qüe vers le haut de la petite riviere de Bourultfch, duSeigle & du Froment fauvages, qui méritent d'être obférvés. Il9 proviennent, probablement, des graines tombées de ces Plantes, & on ne fauroit les regarder comme des fauvageons, quoiqu'ils croifTent parmi d'autres Herbes; car on les rencontre , aufli pour la plupart* dans des lieux qui confervent encore les traces de 1'ancienne culture; & leurs femences ont pu être tranfportées fur des terreins fertiles, par quelques cas fortuits. 3"- . Les Plantes Médicinales. Ici la Nature a exercé un libéralité touteparticuliere envers la Tauride, enaccordant abon. dammenta fes contrées, des Racines, des Sim* pies & des Fleurs pourvues de propriétés médicinales. Elles croiflent, a la vérité , dans les autres pays aufli, & font déjaaffèz connues des apothicaires : héanmoins elles pourront rapporter de grands avantages, lorsqu'on aura étudié & fuivi ultérieurement leurs vertus. La majeure partie d» ces efpeces fe trouve dans les autres contrées de la Rujfie; mais Eulle  X X nulle part 0*1 n'en rencontre autant de variétés raffemblées dans un feul endroit, qu'ici; ce qui feul doit procurer des avantages infinis ré. lativerrient k 1'utilité générale. Car en les recueillant toutes dans des tems convenables, il refteroit aux Apothicaires établis dans la Tau. ride, la moindre part de leur provifion a fe procurer de 1'intérieur de la Rujjie. Quelques unes de ces Plantes ont déja été indiquées cideffus dans le dénombrement des Arbres, des Buijfons & des Yleurs; les autres fuivront ici. 1. Polygala vulgarïs, de, L) Elle croït en quantité dans toutes les Plaines & dans la Partie montueufe. Elle fleurit au commencement de Mai, &donne des Fleurs bleues, rouge-pales, ,& des blanches. 2. Hyosciamus niger, de L.) II fe trouve le plus dans les Plaines dêcouvertes entre le Dnieper &. le Salghir, dans la PresquHle de Kertfch, & dans quelques endroits de la Partie montueufe , & fleurit dans le mois de Mai. 3. Mille-feuille (Achillea, mille-folium.') . Partout en quaritité, & fleurit en Mai. 4. Achillea nobilis. Dans toutes les Plaines & Vallons en quantité, & fleurit en Mai. 5. Abs-  X 193 X j. Abfynthe. (Abfynthium.) Dans les Plaines depuis Pérécop jusqu'a Salghir, & dans la Partie montueufe prés de Soudak. En fuffifante quantité, & fleurit en juin. 6. Ailrone m£le. (Artemifa Abrotanum.) En petite quantité dans les mêmes PlaU nes, & fleurit en juin. y. Linaire ( Antirrhinum linaria. ) Partout en quantité, & fleurit tout 1'Eté. t. Langue de Chien. (Cynoglojfum officinale.) Fleurit dans les rhois de Mai & de juin, dans différens endroits. 9. Choux marin , ou Sauvage. ( Crambe orientalis.) Raifort fauvage, en R. En quantité entre Dnieper & Pérécop, & dans différens endroits de la Partie mon* tw.ufe , & furtout aux environs d'Akmetfchet , aux Bords de la petite Rivierè de Befchterek. Cet utile Végétal eft connu depuis peu dans la pharmacie, & ne fefl même qu'en Rujjie; & quoiqu'on 1'ait nommé Raifort, il n'a d'autre analogie avec celui - ci, que 1'amertume de fa Racine: au refte il eft de route autre efpece. On ne le rencontre N nulle  X 19+ X nulle part en Rujfie, que dans les Steles '(ou Déferts) méridionaux $ AJiracan. Sa Racine parvient fouvent a un volume extraordinaire ; car 1'ordinaire même eft groffe comme le bras, & fouvent davantage* Sa longueur eft également confidérable. Elle eft couverte d'une peau gr'isfoncée, & blanche intérieurement. Sa Tige, grolfe &branchue, forme un grand Buijfon rampant. II eft presque tout rond, & fe couvre au commencement de Mai, entiérement, de fleurs odorantes, blanches, trés agréables, a la vue&al'odorat. Ses Feuilles auprès de la Racine même, font grandes, découpées & hériflees , mais rares ; <& beaucoup plus petites fur les Rameaux. A la chüte des Fleurs paroisfent des Baies feches, qui contiennent une graine. La Racine eft d'une acreté & d'une amertume fingulieres, beaucoup plus fortes que celles du Raifort commun, a la place du quel elle peut être employée. Quant a fes propriétés médicinales; on a trouvé qu'il étoit un des meilleurs antiscorbutiques, ainfi que pour purifier la fang, & que fes effets etoient plus eflicaces que ceux du Raifort ordinaire : par con-  X 195 X conféquent 1'abondance de cette Racine ici, peut être tournee a 1'avantage des Marins, étant introduite dans la claffe des comeftibles qui forment leur provifion. ïo- Bouillon blanc. (Verbascum Thapfus.~) En abondance particuliere dans toutes les plaines qui s'étendent vers Pérécop & Kertfch, & dans la Partie montueufe. II porte des Fleurs tout 1'Eté. Indépendamment de fes propriétés médicinales, il a une utilité domeftique: les Tartares quihabitentces Plaines dépourvues de bois, employent fes groffes & longues Tiges en chauffage, ainfi qu'en enclos autour de leT.irs Cours & Etables, & le nomment Sialghourouk. II. Fume-terre. (Fumaria Officin.) En quantité dans toutes les Plaines & dans la Partie montueufe, & fleurit en Mai. 12/ Melilot. (Trifolium Melilothur officin.) Dans différens endroits de la Partie montueufe- & dans les Plaines entre Pérécop & Salghir; & en abondance remarquable dans la PresqiCile de Kertfch. II fleurit en Mai & Juin. N 2 13. Tcu-  X 19* X 13. Teucrium Scordium. En fuffifante quantité dans différentes Vallées & furtout aux environs. éTnkerman. II fleurit en juillet. ri. Mauve. (Malva rotundifolia..) En quantité dans les Vallées & la Pr&r, & fleurit tout 1'Eté. 15. Filipendule. ( Spircsa filipendula,) En quantité dans touce la Partie montueufe, & fleurit en Mai & juin. Ifj, Orchus bifolia. Dans les Forêts maritimes, & fleurit dans le mois de Mai. ïj. Orcanette, (Anchufa Officinalis.') En quantité dans toutes les Vallées & les Plaines & fleurit en Mai & juin. 28. Serpölet. (Thymus Serpillum.) Partout en quantité. II fleurit toutl'Eté. 19. TYeble ^ ou Hiéble. ( Sambucus ebulus, de L.) Dans les Montagnes boifées & aux environs des jardins , en fuffifante quantité, & flt urit en juin. 20, Sarriette, ou faverée (' Saturei hortenfis.,) Ce Simple, cultivé dans les jardins de la Ruflie, croit ici fpontanèment furies rives pierreufes des petites rivieres de la cöte méri-  X 197 X méridionale des Montagnes, & vers le bas du Salghir aux environs de Sivafche. 11 fleurit dans le mois de juin. 21. Cerfeuil. (Scandix cerefolium.} Dans les endroits humides autour des jardins, & dans quelques endroits des Vallées, en quantité. II fleurit en juin. n. Agripaume. (Leonurus Cardiaca. ) En quantité dans la Partie montueufe & dans les Plaines, & fleurit en juin. 23. (Rumex acutus.) Partout. en quantité.. 24. Plantain. (Plantago major, deL.) Dans les lieux humides autour des jardins. • 25. (Plcvntago Cynops, deL.) En quantité dans différens endroits le long de la cöte, & furtout aux environs de Soudak. 26. (TUajpi aryenfe, deL.) En quantité , autour des Champs , & fleurit en Juin. 27. Tabourer. (Thlafpi burfa paftoris.) Partout en quantité, & fleurit toutl'Eté. 28. Lierre terrestre, (Glechoma Hederacea.) En quantité autour des jardins & dans les bois, & fleurit en Mai. N 3 29 Si-  >( 198 X 20. (Sifymbrum, Soplna Chirurgorum.j Partout en quantité, & fleurit dans le mois de Mai. 30. Piffenlit. (Leontodon taraxacum.') Partout en quantité. 31. Valériane. ( Valeriana officinalis.') Dans les Montagnes boifées , & fleurit en juin. 32. QArum maculatum.*) Aux environs d'Aloufchta & dans d'autres Montagnes maritimes, & fleurit en juin. 33. Bardane. QArÜium Lappa.~) En quantité le long des rivieres & des ruiflêaux. 34. Belladone. (Atropa bella-donna ) Cette Plante, indjgene feulement dans les contrées méridionales, fe rencontre ici dans les bas-fonds, vers les Sources d'Alma; mais nulle autre part de la Rujjie. L'ufage de fes Feuilles & de fes Baies dans la pharmacie, 1'a fait affez connoitre. Elles forme des buiflbns de plus d'un archine & demi de bauteur. Ses Tiges ramcufes font groflès, d'un rouge - foncé & un peu vélues. Ses Feuilles font grandes, övales, longues environ d'un quart d'archine, & dispofées alternativement. Les  X-I99 X Les Fléurs paroiffent entre les Queues des Feuilles, & font d'un rouge - noiratre, & plus communément par p^ire. Les Baies font de la groffeur d'une Cérife, d'un noir luifant, & renferment quelques graines. Ses Feuilles ont une proprièté affoupisfante, & le Fruit une vénéneufe: p. e. ce Végétal eft du nombre des Plantes mêdicinales dangereufes par elles -mêmes, & qui ne peuvent être utiles que prifes en petite dofe. (a) Le nom de Bella ■ donna lui a été donné en Italië, parcequ'elle eft undes ingrédiens de la toilette des dames de cé pays. 35. Pavot (o) Le remede contre ce.ppifon, eft le vomiflement procuré en buvant de VEau miélée, ou du Vinaigre en grande quantité. Les Feuilles & les Fruits de cette Plante, apliqués extérieurement, font adoucifiahs & réfolutifs. Nrs. Rai &Tournefort, en faifoient bouillir avec le Saindoux & en compofoient une P oma de contre les ulceres carcinomateux & contre les durillonsdes mammelles. Les peifitres en migniature font macérer le Fruit & en préparent un beau vert. N 4 *  X *co X 35. Pavot rouge. (Papaver Rkseas.') En quantité dans toutes les Vallées. II fleurit en Mai & juin. 35. Agremoine. (Agrimmia officinalis.') En bonne quantité dans les Vallées & les Plaines, & fleurit en juin. 37. (Calium verum.) Partout en quantité, & fleurit en juin & juillet. 38. L'Ivette. (Teucrium Chamcepitus, deL.) En quantité fuffifante dans les Vallées & les Plaines, & fleurit en Mai & juin. '39. Ariftoloche. ( Ariftolochia Clematitis, dc L.) Dans les lieux humides autour des jardins & dans les bois, & fleurit en juin. 4.0. (Solanum Dulcamara.) Dans plufieurs endroits autour des jardins, & fleurit en juin. 4*. Céleri. (Apium graveolens, de L.) Dans les lieux humides aux environs de Sevajlopolsk. 42. (Oryganum vulgare.') Partout en quantité, & fleurit en juia & en Aout. 43- Germandrée. (Teucrium Chamcedrys.') En quantité dans prefque toute la Partie montueufe, & fleurit en juillet. 44- Pied d'AIouette. (Delphinum confolida.) Dans  X *oi X Dans 'es Vallées & dans la Presqu'ile de Kertfch, & fleurit en juillet & Aout. 45. Panicaut, ou chardon a cent têtes. (Ery~ nigium campejlre.') Dans la prefquHle de Kertfch «Sc dans les plaines en quantité. 46. Camomille. ( Matricaria Chamomiila.) Dans différens endroits des Montagnes ma- ritimes & dans la Presqu'ile de Kertfch. en quantité, & fleurit dans le mois de juin. 47. Camomille puante. (Anthemis cotula.~) Le long $ Alma & en différens endroits des Vallées. Elle fleurit en juillet. 48. Chicorée fauvage. ( Cichoreum intybus , de L.) En quantité dans toutes les Plaines de Pérécop au Salghir, dans la Presqu'ile de Kertfch , & dans d'autres Vallées. Elle fleurit en Aout. 49. Betoine. (Betonica officinaliss'de L.) En différens endroits des Forêts, «Sc furtout entre VAncien Crime «Sc Soudak. Elle fleurit en juin- 50. Tanéfie. ( Tanacetum vulgare. ) Dans les Bois & les Vallées. & fleurit en juin. 51. Salicaire. (Lithrum Salicara, de L.) Dans les lieux humides autour de SouN 5 dak.  X 2C2 X dak, ainfi qu'aux bords des ruiffcaux de la cöte méridionale, & fleurit en juin. 52. Mercuriale. (Mercurialis annua.) Dans les lieux humides autour des jardins, & fleurit en juin. 53. Sauge. (Salvia Officina!is.y En quantité aux environs de £ Ancien Crime & de Soulak. Elle ne differe en rien de ce-IIe des jardins ; au contraire elle exhale un parfum fi fort, qu'elle embaume tout fair dans les jours chauds, la oü elle croït en abondance , comme fur le chemin de Baktfchisfaraï a Afchlame. Elle fleurit dans le mois de juillet. 54. Mille-pertuis. (Hypericum perforatum.y En quantité dans les Vallées, & fleurit en juin. 55. Pervenche. ( Vinca minor, de L.) Dans les Montagnes boifées & les Vallées, & fleurit en juin. 56. Hyflbpe. (Hyffopus Officinalis.y En quantité dans toutes les Montagws vers le Nord, & fleurit en juillet. 57. Menthe fauvage. (Mentha Syive/lris, de L.) -Aux environs dTnkerman & des rivieres. Fleurit en juillet. 58. Petite  X 2°3 X 58. Petite centauróe. ( Gentiana Centaurium u rnln^ .v "•' .. -'ioiq«iïi,-. - ' Dans les Montagnes maritimes, & fleurit en juillet. 59. Polypode, (Polypodium filix Mas. de L.) Sur les cimes de Tfchadir - dagh, dans les fentes des Roches. 60. Afplenium Ruta muraria. ( Ru'è des Murs , en R.) Dans les mêmes endroits & dans les Montagnes de Roche boifées des environs de 1''Ancien Crime, él. QPoly podium vulgare.) Sur le Tfchadir - dagh & dans les fentes des Montagnes maritimes. 62. Carottes fauvages. (Daucus Carotta.') En quantité dans les Vallées, & dans la Presquile de Kertfch. 63. Herbe au chat. (Nepeta cataria.) Dans les Vallées, & fleurit en juillet. 64. (Veronica Bsccabunga ) Dans les lieux humides, aux bords des rivieres. 65. Piment. (Chenopodium Botrys.j Aux bords d'Alma. 66. Saponaire. ([Saponaria officinalis.) Aux environs de Baktfchijfaraï & aux bords d'Alma. Indépendamment des vertus médi-  C 204 X médicinales , cette Plante vient d'être jugée propre aux Soyeries: on en fait une compofition qui donne de la molleife & de la blancheurala Soye, lorsqu'onl'employe en dévidant les Cocons. 67. Ruë. Q Ruta graveolens, de L. ) Cette Plante, commune feulement dans les jardins des autres contréesdela Ruffie, croit ici dans Ie fauvage, & en quantité, aux environs de Baktfchijfaraï, ne differe en rien de celle des jardins, & fleurit en juillet. 68. Aunée, ou Enule. (Inula Helenium.) Aux bords de Catfcha, & fleurit en juillet. 69. Mélifle , ou herbe de citron. (Meliffa Officinalis.') En quantité fuffifante fur le chemin de Baktfchijfaraï h Manghoupe. Dans les autres contrées de la Ruffie, elle n'eft connue que dans les jardins; & ici, elle croit dans le fauvage, & exhale un parfum tout aufli fort que celui de la Plante cultivée. 70. Morelle. (Solanum nigrum.) En quantité, au tour de toutes les ha, bitations. 71. (Onopordon Jcanthium-) Dans  ):( ac5 ):( Dans quelques endroits des Vallées; & en quantité dans Ja Presqu'ile de Kertfch & dans les plaines de Pérécop. Ses groffes Tiges fervent de ehauffage aux habitans: ils s'en aprovifionnent a la fin de 1'Automne pour 1'Hiver , & ies nomment Bounana; mais ce nom eft commun ici k tous les Vègêtaux employés en chaufage. 72. (Datura ftramonium.) Partout dans la Partie montueufe & dans les pJaines autour des habitations. 72' (Phyfalis Alkekengi.) Autour des jardins, Ie long de Cabartha, & dans les Montagnes maritimes. 74. Bryone, ou Coulevrée. (Bryonia alba.) Autour des jardins de la partie méridionale des Montagnes. 75. Concombre fauvage. (Momordica Elaterium.) En fuffifante quantité dans les Montagnes dTnkerman. 11 ne croit que dans les climats chauds, & fes feuiUes reflemblent a celles des Comcombres ordinaires; mais elles font beaucoup plus petites & jaunes. Son Fruit, qui murit en Aout, confifte en Cornichons vélus & couverts d'excroiffances aiguës,  X *>6 X guës, qui dans le tems de leur pleine maturité, crevent au moindre attouchement, & répandent un Suc puant, avec la fémence. Les apothicaires préparent de ce Suc un purgatif trés puilfant, qu'on donne le plus fouvent dans YHyclropifie. 76» Pouliot. (Mentha Pulegium, de L) Dans les lieux humides dTnkerman, & des Montagnes, au bord des ruiffeaux. II fleurit en Juillet & en Aout, & ne croït que dans les Jardins des autres contrées de la Ruffie. 27» Sanicle. (Sanicula Europcea.) Dans les Montagnes maritimes boifées, & fleurit en Juin. 78. Verge dorée. (Solidago virga aurea.) Dans les Forêts de Talta, & fleurit en Aout. 79. Brunelle. (Prunella vulgaris ) Dans les Montagnes maiitimes boifées, & fleurit en Juillet. 80. Angelique. (Angelica Archangelica.') Dans les Forêts en remontmÜQ Salghir, & dans les hautes Montagnes boifées. Fleurit en Juin. 81. Eclaire. (Chelidonium majus.) En  Sc 2°7 x Én quantité autour des Jardins, & dans les Forêts. 82. Tufillage. QTufillago farfara.) Dans lesgorgw argileufcs qui fe trouvent aux piëds des Montagnes maritimes. 83. Marufae blanc. CMarrubium vulgare.) Dans la Partie montueufe «Sc dans les Rap. nes, en quantité. II fleurit en juin. 84. Boletus igniarius, de L.) (Jmadou ou Jgaric des Bouleaux, en R.) Sur les Arbres fruitiers dans les Jardins & les Forêts maritimes. 85. Pimpinella magna, deL.) Le long d'Alma «Sc dans les Bas-fonds, «Sc fleurit en Juillet. 85. Benoite. (Geum urlannm.) Dans les jardins, dans les Forêts&dm$ les lieux ombragés, & fleurit en Juin. 87. Cusrute. (Cusrata Europ.) Entortille différens Fégétaux dans la Partie monteufe & les Raines. 88. Avrefte-bceuf, ou Bugrane. ( Ononis Spinora. ) Dans la Presqu'ile de Kertfch & le long de la cóce méridionale: Fleurit en Juin. 89. Gentiane. {Gentiana cruciata, deL.) Sur les Cimes de Tfchadir-dagh & d'autres  >( 2o8 X tres Montagnes, & fleurit en Juillet. Les Tartares 1'appellent Tapa-Tapzagh, & s'en fervent contre les bleflüres. 90. Chryfecoma vWofa. Dans les Montagnes boifées de Soudar, & fleurit en Juin. 91. Tenugres. (Trigonella fcenum gracum.') Aux environs de Baktfchijfaraï dans les endroits pierreux. 11 fleurit en Juin, n'eft propre qu'aux climats méridionaux, & ne fe trouve nulle autre part en Rujjie dans 1'état fauvage; 11 reffemble au Trefle ou au Mélilot en aparence. Ses Tiges rampantes j font flnes, rameufes, d'un demi archine & 4 plus de longueur. Les Feuilles petites & toujours par trois enfemble: les Fleurs qui paroiffent entre leurs petites Queues, font blanches ou bleuatres: elles font remplacées par des Cojfes qui renferment quelques graines. Malgré fa forte pnanteur, les anciens Romains emplövoient ce Végètal dans leurs Mets, ainfi que le pratiquent encore les Indiens écablis a Aftracan qui Ie comptent parmi les Herhes de cuifine, & le cultivent dans leurs Jardins. Quant aux Européens; ils ne 1'employent, pour la plupart, qu'en médicamentpour lesChevaux. 92. Ciguë»  X x 92. Ciguë. (Choerophyllüm Sylyejïre.) En quantité dans Jes Vallées, Sc fleurit en Juin. 93, L'Ortie. (Unica dioïca ) Autour des Jardins, dans les lieux humides, & dans les Bois. 4°. Véöëtaux propres aux usages Economiques. il Gaude oü 1'Herbe jaüne. ( Refeda lutejld.) Elle croït dans différens endroits de la Partie montueufe dTnkerman , d'Alma , de Soudak, Sc dans les bois entre Aloüfchtd Sc Lambat. Elle a recu fon nom de fa propriété de teindre en jaune les Draps Sc autres matières de laine. Sa hauteur eft d'un archine, environ. Sa Racine poufle une Tige couverte de Feuilles touffues, longues, étroites & d'un vert p&le, Au bout de la Tige, ,vau commencement de 1'Eté, paroiffent des ^Rameaux longs & minces garnis de petites Fleurs jaunes , remplacées enfuite par de petits boutons remplis de femences, qui müriflant én Aout, toute la. Plante acquiert le dégré O' dë  X 2 10 X de perfe&ion néceffairè a 1'ufage en queftion, & Ton peut la recoker dès lors. Elle vient dans 1'état de fauvage dans les autres contrées de YEurope mais comme ceile qui eft cuitivée donne une beaucoup plus belle couleur, on en feme annuellement quantité en France, en Efpagne & dans d'autres climats chauds, oü 1'on en fait une branche de commerce, après 1'avoir féchée. La Ruffie la recoit jusqu'ici de 1'étranger. II feroit donc trés avantageux d'en introduire la culture en grand dans la Tauride, oü 1'on en peut toujours cueillir fuffifamment de femences. Le terrein convenable k cette culture, n'y manqueroit pas non plus, vu le fuccès avec le quel elle y croït fpontanément. 2. Garence. (Rubia tinüorum, deL.) Le grand ufage qu'on fait de fa Racine dans toutes les manufadtures 1'a fait affez connoitre. EUe croit fpontanément dans les bas fonds Slnlerman , mais en petite quantité. Vu cependant fa réuffite dans 1'état de fauvage , on peut en conclure qu'elle y feroit cukivce avec fuccès. Et comme elle fe multiplie en plantant Ja Racine coupée en plufieurs morceaux , on peut en raffembler fuffifamment  X X Sfamment ici pour en former le Plantage fottdamental. ;:: v ™ • . \ :" '•"[; b 3. ( Rubia peregrina. ) Cette Plante, connue e^alemeht dans les autres parties de la Rujjie, croit ici en quantité dans toutes les Vallées ; & quoique la couleur que donne fa Racine foit plus foi= ble que celle de la précédente, elle eft néanmoins utile. Elle n'ai guere plus' d'un quart d'archinë d'élévation avec des Feuilles petites, un peu rondes, & groupées par 4 autour de la 'Fige \ & des Fleurs menues, jaunes, remplacées par des Baies noiratres, feches & qui ne contiennent qu'une feule graine. 4. ( Galium rubioïdes.) Pour la plupart fur les Montagnes boifées de Balouclaya. On en tire aufli une couleur rouge dans quelques contrées de la Ruflie. II croit trés haut & droit, avec des Feuilles oblongues , larges & piquantes par lebas, groupées par 4 autour de la Tige. Les Fleurs paroilfent en bouquets après les quels reftent deux graines liflës. 5, (Galium Sylvaticum, de L.) En quantité autour des jardins & dans lés O 2 Beis  X x Bois des Montagnes de la rangêe de devant: il eft égalemeut propre k la teinture. 11 a plus d'une demi archined'élévatton, & devient fouvent rampant. Ses Feuilles font larges, oblongues & piquantes par deffous & par les cótés, groupées par 8. autour de la Tigê. Les Fleurs paroiffent fur de longs Rameaux: elles font petites & blanches. Sa graine eft comme celle du précédent. 6. Salicot. ( Salicornia herbacea, dè L.) II croit en quantité autour des Lacs falés & dans tous les Mar'ais falans, & principalement le long du Sivafche, oü 1'on en trouve tout aufli abondamment que dans les Stêpes aux environs de la Mer Cafpienne. Toutes fes parties conftituantes font remplies d'un Suc falé & amer, & 1'on en tire, dans quelques contrées méridionales de YEurope, de YAlcali connu fous le nom de Söude, & nécésfaire aux fabriques des verres, desfavons, &c. II reffemble k un Arbufte rameux, & h*a guere plus d'un demi archine en élévatiori, mais fes Rameaux fourchus, compofés de noeuds ronds «Sc gros, font remplis de Suc. Ces Rameaux font d'un vert foncé en été, «Sc rougeatres, vers Tautomne. II n'a jamais de Feuilles y & fes Fleurs & Semences, qui s'en- gendrenê  X 213 X gendrent dans les noeuds des Rameaux, font fi menues, qu'a peine peut - on les apercevoir. Cette Plante paffe auffi pour un puisfant Antiscorbutique, & on en fait une grande conforamation en Zéelande, oü on la fait cuire & garder pour 1'hiver dans du vinaigre. 7. (Salfola Kali.) Cevégétal, commun a tous les Lieux maritimes falins, fe trouve le long de Sivafche prés de Pérécop le plus , & fournit de la Soude comme les fuivans, 8. Salfola Sativa, de L. (Salicot culti-yê, en R.) Avec la précédente, mais en petite quan. tité; on Pa diftinguée par Padjeéfcif de Cultivêe, parcequ'en effet elle eft cultivée aux environs de la Méditerannée. On en tire la Soude furnommée d'Alicante. Mais dans les Stêpes d'AJlracan , c'eft le Végétal le plus commun. 9. (Salfola Salfa, deL.) En quantité fufïïfante avec les précédentes, & autour des Lacs falés. IQ, Salfola proftata.*) Le long de Sivafche, aux environs des Lacs falés, & dans les lieux maritimes, en abondance. O 3 ir. Sal-  X 214 X ^r. (Salfola Sedoïdes, de Pallas. ) Aux environs de 1'embouchurc de Salghir, dans les Marais falans le long de S£yafche, le plus. 12. Salfola hirfuta, de L.) Aux environs de Pérécop, dansle voifinage des Lacs falés. Toutes ces efpeces de Salicots croifTent aufli dansIcsStépes méridionales deteRiiffie, & font par la affez connues. 13. Le Houblon fauvage. (Humulus lupulus.') En quantité dans les Forêts maritimes. 14. PAfperge fauvage. (Afparagus Officinalis.) Dans les endroits humides autour des jardins , & dans la Presqu'ile de Kertjch. 15. Pourpier fauvage. (Portulaca oleracea.) En quantité aux environs de Soudak & ó'Jnkerman. 11 croït aufli dans le fauvage aux environs d'Aftracan & dans les jardins des autres Contrées de la Rujf.e. 16. Les Fraifes. (Fragaria yesca, de L.) Dans les Vallées & dans les Montagnes en abondance; mais les Tartares n'en ufent pas. 37. Les Champignons (Agaricus campejln's.) En quanti.'é dans les Vallées, au commencement de FAutomne. j_ 5a. Plan-  X *'5 X ( .ftVo^^moïMWKb'^ ) .uhv sNif»«ft-pf:iM .r 5". Plantes servant d'objet de curiosjtê aux no Jhu'jfi ;£ Botanistes. .f&M i. Sauge des prairies. (Salvia pratenfis.) Eile croit en quantité dans tqutes les Plaines & dans la JP^ris montueufe', & fleurit pendant tout J'Eté. 2- ( Salvia nutans. _) Pour la plupart dans les -P/az'/zw , &.dans quelques. endroits feulement des Vallées. Fleurit en Mai. 3. ( Ajuga Pyramidalis.) Dans les Vallées & dans les Plaines, & fleurit en Mai. 4. Veroniquc rampante. (Veronka prosfata.) Partout en quantité, fieuriflant en Mai. 5. (Ra'nunculus acris-) Dans les Plaines & Vallées en quantité, & fleurit en Mai & Juin. 6. ' Lin fauvage. (Linum ufaa'iffimum, de L ) En abondance remarquable dans toutes les Plaines qui s'étendent depuis le Dnie. pzr, jufqu'aux Montagnes, & dansles Vallées.' II fleurit en Maf & Juin. O 4 7. Mille-  X *i6 X g. Mille-feuille velu. ( Jehilleatomentofa.y Dans les, mêraes Plaines & dans la Presqu'ile de Kertfch, & fleurit en Mai & Juin. 8. ( Potentilla reha. ) Dans les Plaines & Vallées, & fleurit en Mai. 9. ( Chryfantemum inodorum.) Partout en quantité, & fleurit en Mai & Juin. ló. Abfinthe blanche. (Arthemifa alba, de ' Pallas.) En quantité autour des Lacs falés & le long de Sivafche. Cette Plante mérite d'autant plus d'être oMervée, qu'elie eft une des plus faines, nourritures des brebis. Elle croit en abondance remarquable dans toutes les Stépes méridionales de la Mer Caspienne; «5c les troupeaux innombrables, qui y paiffent, ne connoiflent prefque d'autre ' nourriture que cela: furtout en hiver. 11 (Rindera tetraspis, de Pallas.) Cette Plante rare «Sc nouvellement découverte, ne fe rencontre qu'entre le le Dnieper «Sc Pérécop, & fleurit au comnencement de Mai. Elle ne croït encore ailleurs, que dans les Bae-fonds de Volga \ : ' " n 1 "1 &  "X 217 X & d'Owrai oü elle a été découverte par Mr. P alias, qui 1'a décrite dans fon Voyage de la Rujjie. 12 (Alyjfum incanum, de L.) En quantité dans toutes les Plaines & dans la Partie montueufe, & fleurjt en Mai & Juin. 13. (Alyjfum campejlre, de L.) Partout en quantité, & fleurit en Mai. 14. (Lepidum perfoliatum, de L.) En quantité remarquable dans toutes les Plaines, & fleurit en Mai. IS». C Ihlaspi alliaaum^ de L. ) Dans la Partie montueufe & dans toutes, les Plaines, & fleurit en Mai, 16. (Phlomis herba yenti.) Partout en quantité, & fleurit en Mai & Juin. 37. (Verbafcum Phwniceum, deL.) Dans toutes les Plaines depuis Pérécop jufqu'a Salghir, & dans'les Vallées, '& fleurit en Mai. 18. (Euphorbia Efula.) Partout en quantité. 19. ( Carduus hutans.) Dans toutes les Plaines, & fleuri; en Mai. O 5 23. Ruë  X X 4P. Ruë des Montagnes. (Peganum harmala>, • ;v: da J»*)n«fj ?3hs&& s'( top fnM En quantité dans toutes - les -'Plaines & dans la Partie montueufe, & fleurit eft Map iS <&$t3té'- ü'.'juoi 8fiab èJhncrjp.nS Capres k Coffes. (Zygophyllum fabago,~) Avec le précédent en tout. | 'eb '•.:-T ik) .£i S2. (Cucubalts vifcofus.j Aux environs de Pérécop, & fleurit en ' MMn salfa oldnjpu-nm bibnanp n3 13. (Anabafys aphylla, deL.) Autour des L & fleurit ett juin. 77- (Afperula Pyrenaïca.) Sur les Montagnes de VAncien Crime & de Cflfa, & fleurit en juin. 78. (Centaurea fcabiofa, deL.) Dans la Presqu'ile de Kertfch, & fleurit en juin.' 70, (Camphorosma Monfpeliaca.) Dans la Presqu'ile de K. & dans les Afow tflgnes argileufes maritimes.) 80. QArenaria media, deL.) Dans les Marais falans de la Presquik de K , & fleurit en juin. Si, ( Meffersclmddia Arguzia.) Dans le Taman & aux bords de Liman du Cuban & fleurit en juin. 82. (Arijfc» gZ^,^L,) ^  X **8 X Dans les Marais falans de la Presquile ie K. & dans le Taman. 83. Qlnula oculus-chrifti.) Dans les Vallées & dans la Presqu'ile de K., & fleurit en juin. 84. (JMarrubium peregrinum, de L.) Dans toutes les.Plaines & Vallées, & fleurit en juin & juillet. 85. (Nigella aryenfis, de L ) Dans les Vallées & dans la Presquile de K., & fleurit en juin. 86. (Ballota nigra, deL.) Dans la Presqu'ile deK.,& fleurit en juin. 87. Rave fauvage. (Bunias Kakile, deL.) Dans les Sables de Taman,'aux bords de Liman du Cuban, & dans la Presqu'ile aux environs de Takelmifle, & fleurit en juin. 88. ( Frankenia leevis, de L.) Dans les Marais falans de la Presquile de Kertfch, & fleurit en juin. £'9. (Herriiaria hirfuta.) Aux bords des petites rivieres qui fe jettent dans Ia Me^ & fleurit en juin. 90, ( Teucrium capitatwn ) Dans les Montagnes de Roche, & fleurit en juin. pr. Echi-  X "9 X jr. (Echinops ritro, de L.) Dans les Vallées & la Prisqu'ile de K., & fleurit en juin & juillet. gt. (Eryngium maritimum, de L.) Dansles Sables de la Presqu'ile de K. aux environs de Takelmiffe, & fleurit en juin. 93. (Sifymbrium tenuifolium.) Dans les Montagnes de Takelmiffe , & fleurit en juin. 94. (Heliotropium Europaum.) Sur Yïfthme i'Arabat, & fleurit en juin. 95- (Aftragalus arenarius.") En tout avec le précédent. 96. (Atriplex laciniata, de L.) D,ans toutes les Plaines & dans Yljihme ff Arabat. 97. (Scabiofa tatarica, deL.) Dans la Presqu'ile de K. & dans les Val' lèes, & fleurit en juin & juillet. 98. (Geranium columbinum, de L.) Dans les forêts de YAncien Crime, & fleurit en juin. 99. (Geranium robertianum.') Dans les Forêts & Vallées, & fleurit en juin; & pour la feconde ibis, vers 1'automne. P 3 100-  100, (Rhinantus, Crijla galli, de L.) Dans toutes les Vallées & dans la Presqu'ile de K., & fleurit en juin. 101. (Melampyrum crijlatum.) En tout avec le précédent. 103. (Orobanche major.) Dans quelques endroits de la Presqu'ile de K. & dans les Vallées. 103. Epilobium hirfutum. (Willow-plant, en Anglois.) Dans les Lieux humides aux bords des rivieres, & fleurit en juin fuivant Priestleycette Herbe purifie extrêmement 1'air corrompu & mal fain. 104. ( Afperula taurina.) Dans les Montagnes boifées & dans les jardins, & fleurit en juin. Ï05. (Inula faligna.) Aux environs de Soudak, & fleurit en juin & juillet. 106. (Clematis vitalba, de L.) En quantité autour de tous les jardins, & fleurit en juin & juillet. 107. (Lyfimachia vulgaris.) Dans les Montagnes boifées, & fleurit en juin. 108. (Convolvulus fepium, deL.) Dans  X «3-i X Dans les bois & autour des jardins, & leurit en juin. 109. (Onosma echioïdes.') Parmi les Roches prés de Soudak, & fleurit en juin. ijo. (Andryata lanata, de L') Aux environs de Soudak,- & fleurit en juin. 111. (Cynachum aeutum.} Dans quelques endroits des Plaines, & le long de la cöte. Fleurit en juin. 112. (Inula enfifolia.) Dans les Montagnes de Soudak & fleurit en juin. 113. (LaEtuca quercina, de L.) Avec la précédente, & les fuivantes, en tout. 114. Centaurea amara. ? 115. Centaurea Centauroïdes. $ 116. (Polygonum aviculare.) Le long de la Mer Noire , prés de Soudak. 117. (Plantago lanceolata.) Dans la Presqu'ile de K. & dans les autres plaines. 118. (Plantago Salfa, deL.) Autour des Lacs falés de Koslow. P 4 119. Gyp-  X m X 119. (Gypjophila paniculata.) Dans toutes les plaines & dans quelques endroits de la Partie montueufe', Sc fleurit en juin. 120. (Tribulus terrejïris, deL.) Dans les fables le long de la cöte, Sc fleurit en juin. 121. C Molucella leeevis.) Dans les Vallées Sc les Plaines, Sc fleurit en juin. 122. (Ononis minuttffima.) Dans les Montagnes boifées de Soudak & dTnkerman, Sc fleurit au commencement de juin. Elle ne fe trouve nullé autre part en Ruffie, Sc n'eft indigéne que dans les contrées méridionales de 1'Europe. Elle a un peu plus d'un quart $ archine de hauteur; fes Tiges font minces, lifles «Sc rampantes de tout cöté fur le Sol. Ses Feuilles, groupées par trois fur de petites Queues, comme le trefle, font oblongues, dentelées & folióes: entre leurs Queues paroït une Fleur jaune reffemblant a celle des Pois, qui devient enfuite une petite Gouffe épaiffe Sc noiratre, renfermant quelques petits Pois. 123. Ci-  X 233 X 123. (Ciftus fumana.~) Dans Jes Montagnes de Soudak, & fleurit en Juin. 124. (Verlafcumfinuatum, deL.) Verlafcum gracum de Tournefort. ( V. Lettre Vill. pag. 9. ed. in 8°. de 1717.) ( Dans les fables aux environs de la Mer, & fleurit en Juin. Les iles de Y Archipel produifent aufli cette Plante, découverte & décrite par Tournefort. Elle a plus d'un demi-archine de hauteur. Sa Racine ligneufe, eft grofle & longue: fes Tiges font également grofles & s'élevent droit. Ses Feuilles autour de la Racine, font longues , profondément découpées aux cötés, cotoneufes en deflus, & couvertes de duvet blanc en deflbus; mais fur les Tiges, elles font courtes, oblongues,. récoquillées (ou ondées) &difpoféesalternatïvement aux cötés. Les Fleurs des extrêmités des Tiges & des Rameaux, font jaunes, & leurs Calices, ainfi que toutes les autres parties de la Plante, abondent en duvet. Elle ne fe trouve nulle autre part en Rujjie. 125. (Salviafclarea.) En quantité dans toutes les Plaines & P 5 Vallées  X 234 X * Vallées, & fleurit en Juin, formant dg grands Buijfqns ramcux de plus d'un archine de hauteur, qui en fe' féchant vers 1'Automne, fe féparent de leurs Tiges Sc fe répandent, emportés par le vent, dans les Plaines, k 1'inftar des autres Végétaux des Stêpes de 1'efpéce des Gypfophila paniculata.%%6. (Thlaspi faxatile.) Sur les Cimes de Tfchadir-dagk Sc parmi les Rochers de Soudak, Sc fleurit en Juin. IS7- (Hibifcus Trionum.) Dans les bas-fonds de Soudak le long iïAlma, Sc de Baktfchijfaraï, Sc fleurit en Juillet. ia8. (Campanula petraa.) Dans les Montagnes boifées de Soudak, Sc fleurit en Juin. 329. (Bupleurum retundifolium, de L.) Dans toutes les Montagnes boifées maritimes Sc dans quelques endroits de la Presquile de K.', Sc fleurit en Mai & Juin. 130- (Sonehus Oleraceus.~) Dans les lieux humides autour des jardins , & fleurit en Juin* 131, (Ajler Sibiricus.~) ; Dans les montagnes maritimes", Sc fleurit en Juillet. 13?  X *35 X 132. (Anagallis arrenjis.) Dans les rochers de Soudak, & fleurit en Juillet. 133. ( Convolvulus lineatus.) Dans les Montagnes de Soudak, & fleurit en Juin. 134 (Cnicus fpinojïffimus.) Dans les Vallées maritimes, Sc fleurit en Juillet. 135. (Verbena officinalis, de L.) Dans les Prairies des Vallées, & fleurit en Juin. 135. (Alisma plantago ag. deL.) Dans les Bas-fonds maritimes, aux bords des rivieres. 137. (Veronica incana, deL.) Sur les cimes des Montagnes ie devant* Sc fleurit en Juin, & pour la feconde fois, en Oétobre. 138. (Centaurea montana, de L.) Dans les montagnes de CaraJJbu- bazare, Sc d'lnkerman, Sc fleurit en Juillet. 139. (Sifymbrium altijfimum.) Sur les Montagnes Craieufes de Carajfoübazare, Sc fleurit en Juillet. 140. (Scabiofa ochroleuca.) Sur les mêmes Montagnes, & fleurit en Juiilet. I4t.  X 236 X 141. (Thymus Acynus.) Dans les Vallées & dans les Montagnes, fleurit au commencement de Juillet. 142. (Antirrhinum Elatine,) Aux bordsd'Alma, & fleurit eq Juillet; ainfi que le fuivant. 143. (Antirrhinum.) 144. (Ranunculus lanuginofus, de L.) Dans les lieux humides des bois & autour des jardins, & fleurit en Juillet. J45. (Sium latifolium.) Aux bords d'Alma & aux environs d'/n, kerman,. & fleurit en Juin. 146. (Rallota alba.) Le long d'Alma & aux environs de BaktfchiJJarai, & fleurit en Juillet. 147. (Galeopfis Ladanum.) Avec la précédente, en tout, ainfi que la fuivante. 148. (Lycopus Europaus.') 149. ( Polygonum perjicaria.) Dans tous les Lieux humides autour des jardins, & fleurit en Juillet. l$Q.~(Grespis fatida.) Aux bords d'Alma & des autres Rivieres, «Si fleurit en Juillet. 151. (Centaurea Jblftitialis.) Dans  X *37 X Dans toutes les Vallées & te Presqu'ile de IC. & fleurit en Juin & Juillet. ï$2. ( Centaürea Calcitrapa.) En tout aVec la précédente. 153. (Seratula üryenjis, deL.) Dans les Vallées & les Pdines. 154. (Ruta linifolia, de L.) Sur le chemin $Achmetfchet a Baktfchisjaratï & fleurit en Juillet. Cette Efpece diftinguée deRüë croit, pour la plupart, en Efpagne & autres climats chauds. Elle eft beaucoup plus petite que la Ruë ordinaire: fes Tiges y minces & fourchues, rampent fur le Sol & ne font rarneufes qu'en haut. Des Folioles touffues, menues, oblongues, garniflent ces Tiges depuis Je bas jufqu'en haut prefque, & font fermes & folides, ayant le goüt de hFeuüle d'Crange. Les Rameaux elevés, forment des fourches aux cötés & des petites Fleurs jaunes aux extrêmités, chacune compofée de cinq feuilles. *55' (Carlina vulgaris, de L.) Dans les Montagnes maritimes & dans les Vallées , & fkurit en Juin. 156. ( Sonchus paluflris-) Dans  X *S« X Dans les Bas-fonds, le long des rivieres, & fleurit en Juillet. (Laüuca Sequoia.) Aux environs de 1'embouchure de Catfcha, & fleurit en Juillet. 158. (Laiïuca virofa, deL.) Avec la précédente. 159. ( Carlina lanata.) Dans toutes les Montagnes maritimes aux environs de Baktfchijfaraï, & fleurit en Juillet. Elle ne fe rencontre nulle autre part en Ruffie, & n'eft commune qu'en Italië. Ses petits Buijfons ont un demi archine de hauteur, & fes Tiges folides «Sc Jigneufes, s'élevent droit «Sc font couvertes d'un duvet blanc. Ses Feuilles alternent, font trés minces & confiftent en aiguilles fines, pofées par paire le long de leurs petites Queues: elles font vertes en haut f & blanches avec du duvet en bas. Aux bouts des Tiges capitales, paroiffent une ou deux Fleurs rouges, dont la partie inférieure eft formée de longues Aiguilles d'un rouge fohcé. - t lóo. (Plantago Maritima.) Aux bords de la Mer Noire prés de Koslow, & fleurit en Juillet. 161.  X *39 X i 61. Chanvre fauvage. ( Cannabis fativa.) Aux bords d'Alma, de Catfcha, de Ca. bartha & dans la Partie montueufe. II croït extrêmernent haut, & fes Tiges font quelquefois aufli groflês que celles du Chanvre cultiyê. 162. {Salvia glutinofa.') Dans les Montagnes boifées maritimes, & fleurit en Juillet. 163 (Cnicus acarna.) Aux environs d'lnkerman & ailleurs, & fleurit en Juillet. 164. Ariftolochia rotunda. Aux environs de 1'embouchure de Ca. burtha, dans les jardins & les Bois, & fleurit en Juin. 165. C Euphrafia odontites.) Le long de jfjjfciö en defcendant, & aux environs dTnkerman, & fleurit en Juillet. 166. (Euphrafia officinalis.') Tout au fommet des Montagnes maritimes , & fleurit en Juin. 167. (Antirrhinum linifolium.) Dans les Montagnes d'lnkerman, & fleu. rit en Juillet. 168. Urtica pilularia. (Ortie Romaine, en R.y Dans  X HO Dans les memes Montagnes- Elle le diftingue des autres efpeces d'Orties, par fa Semence qui reffemble a des Piluless, renfermées dans de petites bourfes velues • d'oü on la nomme Qrtie ie Pilules. if>Q. (Prenanthes viminea.) Avec la précédente, & fleurit eri Juillet. %jai (Amaranthusyiridis, de L.) Dans les mêmes endroits & dans d'autres Montagnes. pjt: (Seduë fiellalum.) Parmi les Roches dans les Montagnes, & fleurit en Juillet. ij 2. (Gypfophüa perfoliata, deL.) Le long de la cöte prés de Koslow, & fleurit en Juillet. l>3- (Sifymbrium Jiheftrè, deL.) Dans les lieux humides dThkerman, & fleurit en Aout. 1/4- ( Sifymbrium Lafelii.) En tout avéc ie précédent. if§'. (Alyifum halimifolium.) En tout avec le précédent. Ses Feuilles font oblongues & pointues au bout. if èl (Mentha gentilis, de L.) Dans les lieux humides le long des ri'viere's. Elle eft trés odorante & fleurit en Aout. 177'  X 241 X 177. (Eupatoriium trifoliatum ) ' Dans les lieux humides de la partie méridionale des Montagnes & le long de la cöte, fleurit en Aout, 178. (Dipfacus laciniatus.) Aux bords des rivieres qui fe jettent dans la Mer, & fleurit en Juin. 179. (Alyffum montanum.) Dans les Montagnes prés de Balouclaya, & fleurit en Juillet. 180. ( Salvia verticillata.) Dans les Montagnes maritimes, & fleurit en Aoüt. 181. QHeracleum Aujlriacum.) Dans les Montagnes de Balouclaya, & * fleurit en Juin. 182. (Allium paniculatum, de L.) Dans les Montagnes de Roche entre Bè~ louclava & Talta, fleurit en Aaüt. 183. fAllium ampelopra/urn.) Dans la Presqu'ile de K. & dans quelques endroits de la Partie montueufe, & fleurit en Juin. 184. Allium tenuijfimum. Q Sur  X X Sur les cimes des Montagnes maritimes , & fleurit en Aout. 185- (Allium carinatum.) Aux environs de Soudak, ccileurit'en Juillet. 186. (Bupleurum ranuncoloïdes.) Dans les Montagnes maritimes, & fleurit en Aout. 187. (Hieracleumfabaudum.') Dans les mèmes Montagnes, & fleurit en Juillet & Aout. 188. (ArEtium carduelis.) Dans les Montagnes entre Balouclaya & Talta, & fleurit en Aout. 189. (Euphorbia falcata,.óe L.) Dans les lieux ombragés des Montagnes maritimes, & fleurit en Aout. 190. QPteris aquilina.) Dans les Forêts de Talta. . 19!. ( Trifolium lappaceum.) Dans les Montagnes boifées entre Gaspra & TWra. 191. (Têucrium montanum.) Tout au fommet des Montagnes de 2Vz/te, & fleurit en Aoüf. 193. (ATe-  X 243 X 193- (Nepeta nuda.) Dans Jes Forêts de Talta & ailleurs , & fleurit en Juillet cc en Aoüt. £94. Statice Echinos. (Herbe hériffbn, en R.) Sur une feule Montagne prés du village de Temer dji, & nulle autre part en Ruffie: le vrai lieu natal de cette étrange Plante, eft YJfie. Ses petits buiffons arrondis, rampans & a aiguillons, refTemblent k un HêriJJon pélotonné; & c'eft de lk que lui vient fon nom Ruffie. Ses Feuilles menues, denfes & pointues p^r les bouts, refTemblent k celles du Genevrier. Les Fleurs paroiffent au milieu d'elles; elles font blanches & répandues fur tous les Rameaux, qui d'ordinaire n'ont pas un demi archine d'élévation. 195. Cijlus ltalicus, de L.) Cette Plante, indigène dans VItalië presque feule, ne fe trouve nulle part ailleurs en Ruffie. Elle a moins d'un quart dVcbine de hauteur. Sa Racine pouffe une petite Tige droite, qui contient aux cötés de longs Rameaux fourchus & rougeatres, Ses Feuilles menues, font ovales autour q 2 de  H 244 X de la Racine, oblongues a la partie fupé* fieure , & chevelues de deux cötés. Les Fleurs au bout des Rameaux & de la Tige, lont difpofées en grappe, d un jaune clair & reflemblent a celles des autres efpeces de ce te Plante. 196. (Gnaphalium Sylvaticum.) Dans les raêm s Montagnes & fleurit en Aout. 197. ( Draba incana.) Sur les cimes de toutes les Montagnes maritimes. 198. ( Cèratocarpus arenarius.) Sur les Montagnes maritimes argileufes. 199. (Jftragalus contortuplicatus.') Dans les Vallées, & fleurit en Septembre. 200. (Aflragalus glaux.) Dans les mêmes endroits, & fleurit eri Juin; & pour la feconde fois en Septembre. 2or. ( Sinapis lavigata.) Dans les Vallées & fur les Montagnes, fleurit en Juin & en Septembre. 202. (StrophuJaria orientalis, de L.) Aux  X MS X Aux bords des ruiffeaux qui fe rendent dans la Mer, & fleurit en Aout. 203. QLapfana Zacintha.) Dans les bois touffus maritimes, & fleurit en Juillet & Aout. 204. ( Atriplex halimus, de L.) Aux bordsde Sivqfche, & autour de quelques Lacs falês. 205. (Pyrola fecunda, de L.) Dans les bois touffus maritimes, & fleurit en Aout. »o6. (Asplenium trichomonoides, de L.) Sur les cimes de Tfchadir-dagh, dans les fentes des rochers. 207. (Osmunda lunaria de L.) Sur les cimes de Tfchadir-dagh, & fur quelques autres des Montagnes maritimes. 20S. (Marchantia polymorpha.) Dans les roches aux environs de lx même montagne. 209. ( Lichen caninus, deL.) Sur les roches des hautes Montagnes maritimes. 210. (Lichen pulmonarius, de L.) Sur les Hêtres des hautes Montagnes boifées, Q. 3 2lu  ):( a46 X air. C Ulv<* umbilicalis. ) La Mer en rejette fouvent en abondance aux environs de Kertfch & autres endroits. On en rencontre aufli dans YOcéan: c'eft une matiere blanche, transparence, tremblante comme de la gelde. Sa forme reffemble a une Coupe renverfée, avec une grofle Tige au milieu. Dans quelques langues on la nomme Nombril de Mer. •irOUJO KtXtOJtSSttS ZUTIV WA 212. ( Ulya inteftinalis, de L.) On en rencontre le plus dans le port de Sevaftopolsk & prés de Balouclaya. Elle eft de la même nature que la précédente , & n'ea differe que par 1'apparence, étant compofée de différens gros Tuyaux en forme de Boy aux. Elle fe trouve dans toutes les Mn. . 213. (Fucus furcellatus.") La Mer le rejette aux environs d'Oufkuth. II confifte en Rameaux trés fins, reflemblans a des Fils, & qui fe partagent au bout en deux. II eft rougeatre au commencement , & devient noir en fe féchant. Dans les autres Mers, les cötés de 1'Angleterre en recoivent le plus. 214.  X 247 X 214- (Fucus rubens.y Dans les mêmes lieux, & dans YOcéan auffi. Ses petites Feuilles font longues, minces, recoquillées C *48 X 3e P A R T I E. Du Regne Anima l. Les Animaux de la Tauride, a 1'exception de ceux qui font domiciliés dans fes Mers environnantes, font pour la plupart de la même efpece que ceux qui habitent les autres parties méridionales de la Ruffie. Mais pour la conneótion phyfique des parties de la Tauride, il eft néceffaire d'indiquer ici en général, quelles font nommément les races qui s'y trouvent, & oh chacune d'elle fe rencontre le plus. Les Bêtes f a u v e s , e t Les Animaux Mahns. i°. Chevaux fauvages. (Equus f(rus.) Ils fe trouvent dans les plaines, entre le Dnieper & Pêrécope; mais deja en moinure^ quantké  );(249 X quantité qu'autre fois , lorsque le paflkge par ces lieux n'étoit pas encore aufli fréquent é. lis fe trouvent aufli dans les autres deferts méridionaux de la Ruffie. 2. Antilopes. (Hlrcus recurvis cornibus) Antelope, en Anglois. Dans les mêmes endroits, & fe montrent en grands troupeaux; furtout en hiver. 3. Les Cerfs. (Cervus Elaphus , de Linné) Hart. Suivant les Tartares, ils vivent dans les bois de la montagne de Tfchadir - dagh, mais pas en grand nombre. 4. Daims. (Cervus Dama, de Linné) The FaU low-Deer. On les rencontre en alfez grand nombre dans toutes les Montagnes boifées. 5. Les fangliers (Sus fcrofa, de Lin.) The common Hog. Aux bords du Dnieper, & dans les montagnes de Soudak, SAloufchta & de BalouC' lava; mais dans ces derniers ils font provenus des Cochons domeftiques , délauTés par les Grecs tranfplantés en Ruffie. 6. Les Loups. ( Canis lupus.) (folff. En quantité dans toutes les plaines de la Q 5 Pre&-  X 25° X presqu'ile de Kertfch, de 1'Ifle de Taman, de Y JJihme d'Arabat, & dans la Pam'e Mwtueufe même, mais en plus petit nombre. Ils font plus petits que ceux des pays feptentrionaux.f. Les Renards. (Canis Vulpes, de Linné.) Fox. Partout, en quantité, & ne différant en rien de ceux des pays feptentrionaux. Aux environs de Tenicalé, & rarement dans la Partie montueufe, onen rencontre de brunsnoiratres. %. Les Blaireaux. ( Urfus meles.) Badger. Dans les plaines & dans les montagnes; mais pas en quantité. 9. Les Lievres. (Lepus timidus , de Lin. ) Hafe. Hare. Par tout, & dans les plaines comme dans les montagnes; mais dans le Taman, eti affez grande quantité; & davantage encore dansl'Ifthme d'Jratat, oü les fables inhabités, leur fourniffent un azile tranquille. ' ïo. LesFouines. ( Mufiela-martes, de Lin.) Tellow breafted Marten. On les rencontre mais rarement, dans les montagnes aux environs d'Cuskuth. II. Les  X 251 X 11. Les Putois. (Mujlela-putorius.) Pole-cat fitcher. Aux environs de Tenicalé, & dans quelques endroits de la Partie montueufe. 12. Grande Gerboife. ( Mus jaculus.) Jerboa. Dans les plaines & dans les vallons des montagnes feptentrionales. Mais, ainfi que dans d'autres endroits de la Ruffie, elles quittent rarement de jour leurs terriërs. 13. Les Souffliks. (Mus Citillus, de Linné.) En quantité dans les plaines, & dans quelques vallées. NB. (Dans l'Hiftoire Naturelle du célébre Comte de Buffon, cet Animal efl: nommé Solilek. Mais c'eft une erreur typographique: on fait que ce grand Naturalifte vouloitlui'conferver le nom Ruffe.) 14. Les Mufaraignes. (Sorex araneus.) Shrew. Moufe. Dans les Jardins des environs de h3fer. 15. Les Chauves Souris. (Vefpertilio murinus.). Common Bat. Elles vivent, ainfi que dans les autres contrées, dans les villes & habitations &c. 16- Les  X *s» X 16". Les Marfc-uins. (Delphinus Phocana, de Lin.) The porpus, porpoife. Dans les Mers Noire & d'Azow, & dans le Dètroit ie Temcale, en grande quantité même. lis fe montrent fouvent en grandes bandes a la fuperficie de 1'eau, & font d'une grandeur remarquable; car il n'eft par rare d'en voir qui ont plus d'une Sajene de longueur. Au refte ils lont alfez connus dans les autres Mers iïuropêenes. tj. Les Veaux raarins. ( Phoca vitulina.) Com mon Seal. Dans les Mers Noire & iïAzow; mais ils ne fe montrent guere prés des bords, qu'au port de Sevajlopolsk oü on les voit plus fouvent qu'ailleurs. Uneparticularité digne d%re remarquée, eft, qu'il ne fe trouve point d'Ours dans toute la Contrée de la Tauride, quoiqu'ils euffent pu s'y procurer un azile affiiré dms les montagnes boifées, & qu'il n'y iit ?.ucune caufe phyfique qui les en empêchat. Les  C *53 X Les Animaux Domestiques. 1. Les Dromadaires. (ou les Chameaux h deux bojfes.) ils font entretenus en allez grande quantité Hans les Plaines qui s'étend^nt de Pêrêcope k Salghin, & fur tout dans le diftéfö de Kojlaw; ainfi qu'aux environs de Kertfch. 2. ( Les Chevaux.) 'Tous les habitans en ont. Ils font tous d'une même race, & d'une taille médiocre; mais plus faits pour être montés que pour tirer. 3. Les Mules. "> 4. Les Anes. 5 Entretenus feulement aux environs de Baktfchijfaraï, & pour la plupart par les juifs domiciliés a Djoufout-Kalê. 5. (Les Buffles.) Dans différens endroits, mais plus k Bakt* fchiffaraï. 6. (Les Boeufs & les Vathes.) Partout en quantité. En général ils font d'une taille médiocre ; mais dans quelques endroits il s'en trouve aufli de la grande efpece de la Petite Ruffie. On employé les  X 254 X les Boeufs a la charme & pour tirer; & afin qu'ils puiffent tirer plus ailément dans les Montagnes de Roches, les Tartares les font ferrer comme des chevaux. 7. (Les Chevres.) Partout en quantité, & particuliéremcnt dans les Montagnes. Leur Laine, contre fordinaire, eft longue & épaiffe. 8. (Les Brebis.) Partout en quantité remarquable. Elles reffemblent beaucoup a celles des Kalmoüks ; mais elles en different paria petiteffe de.leur taille & par leur queue, qui eft tout aufli groffe & large en haut que celles des Brebis des Calmouks; mais qui eft mince & étroite vers le bas: leur Laine eft aufli beaucoup plus douce. Communément, elles font blanches , mais vers le haut de Salghir & le long ff Alma, on en rencontre quantité de noires dans les Montagnes, dont les Peaux.des Agneaux mort s. nés, ne cedent en rien a celles des Kalwouks. Et a commencer de Kojlow, dans toute la pointe de Tarchan , jusqu'a Pérécope, on rencontre la race des Brebis grifes, dont les Peaux font célébres partout f & qui forment un produit particulier de la contrée de la Tauride. • Cette  X 255 X Cette race eft entretenue aufli dans d'autres endroits, a Kertfch & Je long de Sivafche jnais les Peaux n'y font pas fi belles. Mais dans la Partie montueufe, cette race dégénéré entiérement, fuivant les obfervationsdes habitans; cequi n'eft probablement dü qu'a la différence de la nourriture & k la nature du local. Les environs de Koflow, & plus loin jusqu'a Pérêcope, oh cette race profpére, font des plaines rafes & unies. La terre y abonde en parties Salines, & la nourriture confifteaufli pour la plupart, en Plantes Salines, comme, p. e. YAbfynthe, YArroche & autres femb'ables. De pareilles circonftances locales, contribuent en général, a ameliorer les paturages des Brebis, ainfi qu'on 1'a aprofondi par expérience dans les autres Stèpes méridionales de la Ruffie. Par conféquent ces fortes de lieux devroient être preférablement peuplés par cette race grife. Pour ce qui regarde la différence dans la couleur & dans la bonté de leur Laine, obfervée a peu de diflance même de-la, & oü le local eft abfolument le même, comme p. e. dans !e DiftricT: de Sivafche; il eft a croire qu'elle ne provient que du peu de foins que  X 256 X qüe les habitans s'y donnent de féparer cette race grife, des autres races. Son entretien eft partout le même: ainfi que les autres Animaux domefliques, ces Brebis paiiTent toute 1'année dans les champs, & ne font ramenés k la maifon pour la nuit qu'en hiver ou pendant les Ouragans. Les expériences faites jusques a préfént pour la multiplication de cette race de Brebis dans d'autres endroits voifins de la Ruffie , n'ont point eu de fuccès, fuivant 1'aveu de ceux qui les avoient entreprifes. Elle, y dégénéré: d'oü il faut conclure que 1'air infiue auffi fur la qualité de leur Laine. Au refte, il fe peut auffi que les lieux deftinés k ces expériences, n'étoient pas de la même nature que ceux de Koflow ; auquel cas il vaudroit la peine de renouveller ces expériences. Les Habitans de la Tauride entretiennent auffi des Chats & des Chiens , comme dans les autres pays. Parmi les Chats, on trouve une certaine grande race, grifêtre, ou bleuütre, qu'on volt rarement ailleurs. Quant aux Chiens; ce font ceuX de la race des Mdtins & de celle des Lévriers. Ges derniers font plus légers a la courfe que les Lévriers ordinai-  X 25? X ordinaires, & fe diftinguent auffi d'eux, par la petiteffe de leur taille & par la douceur de leur poiU Les Oiseaux. ió. Vautour des AlpeS (Vultur Alpinus, de Linné.) Ön le voit, mais rarement, tout aux fommets des hautes Montagnes maritimes. II eft plus grand que YAigle commun. Sa tête & le col, font couverts d'un fimple duvet, fans aucune plume. Ledos noiratre tirant fur le jaunatre; la paitrine & toute la partie inférieure du corps, gris - foncé* avec des taches noiratres. Comme il fe ' tient Ie plus communement dans lès Alpes, on lui en a donné le furnom. i. Vautour d'Egypte. Le Percnóptere ( VuU tur Percnopterus, de Lin.) On le voit auffi fur les cimes des hautes Montagnes maritimes, & il mérite^d'aütant plus d'être remarqué, qu'il ne fe rencontre nulle autre part en Èuropê; fon principal domicile eft !'Egypte, & quelque:! endrpits de VAfie. 11 eft beaücoüp plus petit quö R l'Aig»  X *5.8 X YAigle commun. Sa tête eft toute chauve, couverte d'une peau jaunatre, fans aucune plume. Le male eft tout .blanc, excepté les ailes, qui font noiratres; & la femelle eft noire. II eft probable qu'il ne vient qu'occaüonellement dans la Tauride, puisqu'on 1'y rencontre fi rarement. 11 rend un alfez grand fervice aux habitans de YEgypte , en les débaralfant des corps morts qui y reftent après 1'inondation du NU; Sc c'eft aux environs du Caire qu'il vit le plus. 3. L'Aigle. (Falco fulvus, de Lin.) En quantité entre le Dnieper Sc le Péré* cope, & aux bords de la Mer. 4. Bufard. (Falco ceruginofus.') Buzzard. Sputtok. On le rencontre, pour la plupart, dans * les plaines feulement. 5. Milan Noir, ou Milan Royal. (Falco mik yus, de Lin.) Kite. Glead. Partout en quantité. 6. Crefferele. (Fako Tinnunculus,") Dans la partie montueufe, en quantité. 7. Hibou. (Strix bubo, de Lin.) Eagle owl. Pour la plupart aux environs de Pérécope. 8. La grande Chouette blanchè. (Strix NyUea.') En  X 259 X En grande quantité dans les jardins, <5s autour de toutes les habitations: en été fa voix défagréable fe fait. entendre pendant toute la nuit. o. Pie-grieche (Lanius excubitor, de Linné.) Shrike. Butfcher - Bird. Dans la partie montueufe & dans les plaines. 10. Pie - Grieche roulTe. ( Lanius Collurio de Lin.) Redbacked Shrike. Dans les mêmes endroits. t^Les Ruffes 1'appellent Pie des Tartares.) 11. Corneille moiffoneufe (Carvus frugilegus.) Rook. Elle fe tient au commencement du Prin. tems fur les Champs labourés. 12. Le Corbeau. (Corvus Corax , de Lin.) Raven. On le rencontre le Printems dans les hautes Montagnes maritimes. 13. La Corneille emmantelée. (Corvus Cornix.) Hooded Crow. Partout. 14. Le Choucas. (Corvüs monedula, de Lin.) ^acdaw. Dans les Champs & dans les jardins* R 2 15, La  X *6o X 15. La Pie. (Corvus pica.) Magpy. En quantité autour des habitations; il fait beaucoup de dommages aux fruits des Jardins. 16. Coracias. (Coracias Garrula.) Partout en quantité. 17. Le Loriot. (Oriolus Galbula.) The golden ■ Thrujh. Se rencontre quelquefois dans les bois & dans les Jardins. 18. Le Coucou. (Cuculus canórus.j Cuckoo. Dans les jardins & dans les Bois, 19. Grand-pic noir. QPicus Martius.) Great black Woodpecker. Dans les Montagnes beifées; avec le fuivant. 20. Grand-pic varié. (Picus Varius.) Great Spotted Woodpecker. ar. Le Guêpier. (Merops apiajler.) Dansles Montagnes argileufes maritimes5 & dans les environs de Baktfchijfaraï. Pendant les jours chauds de 1'Eté, ils volent, pour la plupart vers le foir, par bandes comme les Martinets. C'eft une des belles efpeces d'Oifeaux, repandue dans toute la partie méridionale de la Ruffie, A 1'ex- ception  X 261 X ception du dos, qui eft brunatre, il eft presque tout verd - clair , avec un col jaune. 22. La Huppe. ( Upupa Epops, de Lin.) The Hoopoc. En quantité dans la Partie Montueufe & dans les Plaines. 23. Le Geai. (Corvus glandarius.) Jay. Dans les Jardins & les Bois. 24. Le Cygne. (Anas Cygnus de Lin.) Swan. II fe trouve au Printems & en Automne autour des bords de la Mer-Noire & de celle tfAzow, 2 5. Tadorne. (Anas tadorna, de Lin. ) Canard de Montagnes, en Ruffe, On le rencontre pendant tout 1'Eté aux environs des Lacs Salés & des Lieux maritimes, en affez grande quantité. C'eft une des belles efpeces de Canards, qui fe trouve auffi dans les autres parties méridionales de la Ruffie. II eft un peu plus grand que le Canard Domejlique, fa tète & fon col font d'un bleu-changeant, & la poitrine d'une rougeatre tirant fur le jaune, tout le refte presque du corps eft blanc,. Le male a une grofle protubérance rouge en forme de corne furie nez, & fespieds, R 3 ain^  X 262 X ainfi que ceux de la femelle, font rouges. Celle - ci niche dans des trous fouterreins, & vit plus fur terre que fur 1'eau; d'oü lui vient le nom Ruffe de Canard des Montagnes. 36. Oye fauvage. (AnasAnfer, de Lin.) Dans toutes les plaines, en quantité, ffu Printems & en Automne. 27, Canard Sauvage. (Anas Bofchas, de Lin.) JPuck. Pendant tout fété, aux environs des Lacs Salês & de la Mer, ainfi que le fuivant. 28» Le Garröt. (Anas Clangula.) Golden Eye. 29„ La petite Sarcelle. (Anas crecca.) Pendant tout 1'été aux environs de 1'embouchure de Salghir e. 30, Petitharlehupé. (Mergusalbellus, deLin.) Stnew. M, Pendant tout 1'été, aux environs des Lacs Salés, ainfi que le fuivant. 31. Canard terriër roux. (Anas rutila.) 53. Oye a collier & a gorge roufie. (Anfer puhhriccllis.) Se tient dars les mêmes endroits que le précédent, mais il eft rare. 33- (P*  X 2*3 X 33. Pélican. (Pelicanus Onocrotalus.) . En quantité pendant 1'été, dans le Détroit de Tenicalé. 34. Le grand Cormoran. (Pelccanus Carbo.) Shaggs puffin. Enfemble avec le précédent. 35. Grand Goeland. ( Larus Canus major.') Com- mon gull. Aux bords de la Mer Noire & de Si va. fche; ainfi que le fuivasit. 36. Nonnete. ( Larus atricilla.) {great Titmoufe. - 7. Hirondelle de Mer. ( Sterna hirundo.) Enfemble avec les précédens, & aux environs des Lacs Salés. 38. La Demoifelle de Numidie. (Ardea Virgo.) grue des Montagnes, en Rufte." Elle fe trouve en quantité aux environs des Lacs Salés de Pérécope & de Kopw, & fe rencontre auffi dans les autres par» ' ties méridionales de la Ruffie. Elle eft plus petite que la grue commune, a qui elle reffemble beaucoup par la couleur, k 1'exception de la tête & du col, qu'elle a noirs, & couverts de longues plumes minces. Ses yeux rouges ont des bouquets deplumcs blanches & longues. k cöté de chacun", qui pendent en arriere. Au R 4 rdle,  refte, elle a en général, un bel air, & s'apiivoifefi biendansla domefticité, qu'a Aftracan elle niche même dans les maifons. Mais elle fupporte trés difficilement le froid , & on doit la garder dans un lieu chaud en hiver. Sa voix eft extrêmement fine, & fon cri differe de celui de la grue com» mune. 5.3. Spatule. Palette. (Platalea leucorodia.) Dans les lieux maritimes, pendant tout 1'été. 40. La Cigogne noire. (Ardea ignea.) Vers le bas d'Alma & le long de Catfcha, ainfi qu'aux environs des Lacs Salés, en Eté. 41. LeHéronbleu. (Ardea cineria, de Linné.) Common Heren. Aux bords des rivieres, pendant tout i'Eté. 4a. Le grand Courtier. (Scolopax arquata.) Dans toutes les Plaines. 43. LeChevalier. (Scolopax Calidris, de Lin.) Aux Bords deSiyafche, & aux environs d1'Arabat. 44. La Bécafle. (Scolopax Gallinago.) Common Snipe. Dans les Vallées & dans les Montagms boifées de Balouclaya. 45- Le  X »*5 X 45. Le Bécaffeau. ( Tringa Chloropos.) Dans tous les lieux maritimes. 46. L'Huitrier. (Hcematopus OJlralega.) Oyjler- Catcher. En affez grande quantité, & pendant tout 1'été, fur 1'Ifthme d''Arabat. 47. L'EchaulTe. (Charadrius himantopus.) Enfemble avec le précédent. 48. L'Outarde. ( Otifiarda , de Lin. ) great Buftard. En quantité dans toutes les Plaines, & dans la Presqu'ile de Kertfch. 49. La Canepetiere. (Otis tetrax.) En quantité dans les Plaines 8c dans les lieux montueux- 50. Le Vaneau. (Tringa vanellus.) Lapwing. Partout en quantité. 51. La Perdrix. (Tetras perdrix.) Partridge. Dans les Vallées & dans les Plaines, en quantité. 52. La Caille. ('Petras Cotumix.) Qjtail. Dans la Partie Montueufe , dans les Plaines & Paturages, en quantité. 53. Le Bifet ordinaire, ( Columba cenas. ) Dove. Partout, en quantité, ainfi que le fuivant. R 5 54. (Pi  X 2<5c5 X 54. Pigeon Rarnier. ( Columba palumbus. ) Queeft. 55. La Tourterelle. (Columba turtur, de Lin ) Turtle-dove. Dans les Bois «Sc les Jardins. 56. L'Aloüette k 1'aile blanche. ( Alauda leucoptera, de Lin.) Lark. Dans toutes les Plaines «Sc Vallées enquantité. Elle differe de VAloüette commune par fa grandeur & par fes aïles blanches. 5>t. L'Aloüette huppée. ( Alauda Crijlata.) Enfemble, avec Ja précédente. 58. L'Etourneau (Sturnus Communis.) Stare. En grande quantité dans toutes les Plaines & Vallées. II eft k obferver que cet bifeau conftruit au Printems fon nid fous les toits des habitations, a 1'inftar des Moineaux; ce qui ne fe voit nulle part ailleurs, «Sc provient, probablement, de la tranquilité & de la Sureté dont il jouit de la part des habitans. Mais en Automne il caufe de grands dommages aux fruits mürs des Jardins, «Sc particulïéremènt aux Raifins, dont il eft fort apre. 59- La  X ^7 X 59- La Grive. (Turdus pilaris.) Tiel-faie. Thrujh. Dans les Bois Sc les Jardins, Sc furtout dans les Vignes des environs de la Mer. 60. Merle. ( Turdus merula.) Black - bird. Pour la plupart dans les Bois. 61. Merle Couleur de rofe. ( Turdus rofeus.) Dans différens endroits de la Fartie Montueufe Sc dans la Presqu'ile de Kertfch. On le trouve aufli dans d'autres Contrées de la Ruffie, & particuliérement vers lc bas du Volga Sc du Don. Sa tête eft d'un bleu changeant, les aïles & la queue noirs, & le refte du corps couleur de rofe. Sa taille eft comme celle de la grive ordinaire; mais autant il eft beau par fon plu. mage, autant il eft peu agréable par fon chant. 62. Pincon. (Fringilla c fere par la grandeur, ( ayant affez fouvent \ d'Archine de longueur) Sc par la couleur de fes grandes taches fur les cötés & fur la tête, dont la plupart font noiratres, &' en partie feulement rouges, comme a la Truitte. A caüfe de fon goüt exquis, on 1'a nommée, dans les contrées de la Tauride. Poipn du Chan. Elle fe trouve auffi dans. d'autres rivieres de VEurope. 6. Barbe ou Barbeau. ( Cyprinus barbus. ) Barbel? Presque dans toutes les petites rivieres descendant des montagnes. On le trouve auffi dans d'autres contrées de la Rujfie; Sc, quoiqu'on en faffe ufage partout, a caufe dé fon bon goüt, il eft cependant réputé malfaindansla Tauride, oüil occafionne, dic-on, le  X *?3 X le vomiffement, & la diarrhée; ce qui mérite d'aujant plus d'èt.re obfervé, qu'on attribue dans quelques écrits, la même propriété aux oeufs de ce Poijfon & particuliér.emént dans la faifon du Printems. 7. Le Goujeon. ( Cyprinus Gobio.) Gudgton. 11 fe prend avec le précédent dans toutes les petites Rivieres. 8. Cyprinüs rutilüs. (Erythrophthalmus i de Linné.) Rui. Dans toütes les petites Rivieres. 9. (Cyprinus) Dans le Salghire, & en quantité dans la Mer cCA&ow ; ainfi que dans le Golfe de Tenicalé. :o. Le.vilain. (Cyprinus Cephalus.) Dané le Salghire, & dans d'aütres petites Rivieres, avec le fdivant. ;t. L'Alble. (Cyprinus IduS.) ti. (Cyprinus Phoxinus) On en prend le plus dans le grand & lé petit Caraffou. II ri'a pas plus d'un döigt delongueur, eft couvert d'une peau liffe, avec une raye d'dr fur les cötés, & üne petite tache noire fur la tête. Cette efpecs de Goajeon n'eft pas connue dafis les autres contrées de la Rujfie. S Les  X 274 X Les Potssons de Mer. i. Muge de Mer, ou Mulet. ( Mitgil Cefrhilus, de Lin.) Mulet. Un des meilleurs Poijpms de Mer , qui fe prend en trés grande quantité aux bords de la Mer Noire, & furtout aux environs de Kojlow & de Caffa. Sa longueur eft depuis ijusqu'a |d'Archine, la figure alongée, mince & presque ronde. Sa tête eft large &aplatie; fes écailies font groffcs, rondelettes, d'un blanc - argentin, k 1'exception du dos, qui eft un peu foncé. Sa chair eft blanche, grafie, agréable au goüt, & presque fans arrêtes. II.eft propre a être falé & fumé, & fes ceufs, connus en Italië fous le nom de Boutargo, fe préparent d'une maniere particuliere, & font d'un goüt excellent. Mais dans les endroits ds la Crimée cy-deffus marqués, on les préparé de la maniere fuivanter au jbr. tir du ventre du Poijfon on les plonge avec leur veffie même, dans une forte faumure, & on les laiffe aërer. Lorsqu'on les juge prêts, on les recouvre de cire fondue, afin qu'ils ne fe corrompent pas: de cette facon  X >?s X facon on les conferve Iongtems, & on peut les tranfporter alors partout. Le tems de la vraie pêche de ce Poijfon, eft le Printems & 1'Automne, & 1'on dit, qu'a Tinftar des Harengs , il a tout les ans des paffages reglés dans 1'ordre fuivant. Tout.au commencement du Printems, il entre, par grandes bandes, du Détroit de Ccnjiantinople dans la Mer Noire, oü il luit la cöte Occidentale jusqU'a 1'Embouchure du Don. De la il fe dirige droit vers la Presquile di la Tauride, & s'y montre ordinairement, en premier lieu, aux environs de Kojlow , dans les Mois de Mars. II .employé trois mois entiers pour cötoy.er toute la Presquile., & franchit enfuite le Détroit de Tenicalé pour entrer dans la Mer ÏÏAzow, oü il ne refte que le mois de juin & de juillet: après quoi il employé encore trois mois pour rebrouffer chemin, repaffant dans fa route retrograde jusqu'au Canal de Conftantinople, par les mêmes endroits qu'a fon arrivée. De la il paffe probablement dans la Méditerranèe, puisqu'on y en prend auffi en abondance. Quant a la maniere de le prendre, les Tartares employent a cet effet, la même forte de Filets ronds, avec lesquels ils S 2 pren-  X «7* X prennent auffi tous les autres Poiffons. ïls fortent pour cette Pêche, la plupart du tems la nuit," parceque ce Poijfon, ainfi que les Anchois, fe laiffe attirer par la lumiere, & les pêcheurs qui fe pourvoyent toujours dans ces cas, de Bois réfineux allumé, appellent cette Pêche: prendre le Poijfon a la lumiere. Le Filet dont ils fe fervent, eft celui qu'on nomme en France, UEpervier. Jetté dans 1'eau, il forme un grand eerde» dont les bords font chargés de plomb, & qui par leur poids, fe ferment au fond de 1'eau de maniere que le Poijjon qui fe trouve dans 1'interieur de ce filet, y refte comme dans un fac. Pour retiref ce filet, il faut une adreffe particuliere. i. Le Maquerau. (Scombrus. Scomber.) Mackrel. Ce Poijfon eft affez connu en Europe. On le prend dans Ie port de Sévajïopolfk & aux environs de Caffa, & c'eft le plus communément en Automne qu'on en rencontre en abondance; parcequ'il apartient au genre des Poiffbns de Paffage. Sa Jongueur eft denviron \_Archine; il a Ie corps un peu ro.id, gros & couvert de  X 277 X de tres petites écailles («). fon bec eft aigu, & fa queue largement fourchue. Sa couleur eft d'un blanc-brillant a la partie inférieure du corps, & bleu-verdatre k Ia fupérieure, avec des bandes noires transverfales. Sa chair eft fort graffe & renommée pour le goüt. Les Eerivains difent qu'on le Sale en Ecojfe comme les Harengs. 3. Le Rouget barbé, ou Sur-mulet barbu. (Mullus barbatus) Red Surmiïat. II fe prend, mais rarement, dans le Port de Sevaftopolfk. II croit jusqu'a 6. & 7. Verjchocs. San goüt exquis & fa beauté, l'ont fait appeller a ConJJantinople Poijfon du Sultan, & il eft compté partout pour le meilleur Poijfon. II eft couvert de trés mince. écailles hlanc-briliantes qui recouvrent une peau rouge -clai e, dont la couleur perce au travers des écailles, & fait paroïtre tout le corps teint d'une beau rofe, qu'on n'aper. coit pas fi bien dans le Poijfon vivant, que lorsqu'il eft mort. Le. (.s) Le Maquere.au de la Tauride feroit-il le même que celui de la France ou de la Hollands, &c I/Encyclopédie affure pofitivement que ce Po'ffon eft fans écaille: & qu'il croit jusqu'a une coudée II fe prend en France, au Pxintems, & dans la Tauride en Automoe» s s  X 278 X Le dos & Ia tête font convexes, & il a deux barbes a la machoire inférieure. Selon plufieurs Eerivains , ce Poijfon étoit fi eftimé chez les Romains , qu'on le vendoit au poids d'Argent. 4. Le Scorpion de Mer, ou le Scorpene. ( Cottus Scorpius.) Father lajcher. 11 fe prend en affez grande quantité dans le Port de Sévaftopolsk. Des aiguilles aigues, qui fe trouvent fur la tête de ce Poijfon, lui ont fait donner le nom de Scorpion, dans les langues étrangeres,- mais a caufe de fa peau chagrinée&de fon goüt, d'autres 1'appellent Perche, dont il a a peu prés la grandeur. Sa tête eft finguliérement grande, & furpaffe la groffeur de tout le corps. Le dos, les cötés & la queue font bigarés de taches & de rayes rougeatres tirant un peu fur Ie jaune Son gout eft agréable, & il paffe pour êtrefain. II fe trouve, au refte, dans d'autres Mers Européenes. 5. Boulerot. (Gobius niger. )' II fe trouve en quantité aux environs des Bords de la Mer Noire, tfAzow & dans le Détroit de Tenicalé. Les Anglois 1'appellent Roc-fish, parcequ'on le rencontre pour la plupart parmi les '  X 279 X les roches; & il eft de trés bon goüt Toute fa Jongueur ne va guere au de-la de 4 ou de 5. Verfchocs, & fon corps mince, un peu rond , eft couvert d'une peau cha- grinée. Sa tête eft large & écrafée. La partie fupérieure du corps, eft noiratre & 1'inférieure blanchatre tirant fur le jaunatre. On le prend dans toutes les mers presque, & dans les environs de la Cafpienne, on le nomme Tfchebak. 6. Paganello, des Venitiens. (Gobius paganellus. II eft de la même efpêce, du même goüt, & fe prend dans les mêmes eaux, que le Boulerot, & n'en différe que par la couleur jaunatre de tout fon corps, & par des rayes brunes qu'il a au bout de fes aageoires cu dos. 7. Sole,- (Pleuronetles. SoZea.) Sole. En quantité, dans toutes les Mers de la Tauride, & particuliérement dans le Sivafche; mais les Tartares ne le manggnt pas; ils en ont même une certaine répugrmncc. Au refte ce Poijfon eft affez connu psrtput. 8. Spatte. Sardine , ou Melette. (Clupea Sprattus.) Sprat. Dans le Port de Sévajlopolsk & dans le S 4 Détroit  >( *8o X Détroit de Tenicalé; mais en quantité remarquable dans le' Golfe d'Jzow a 1'Embouchure du Sivafche, 11 différe des véri" tables Harengs , pat fa grandeur: il n'eft pas rare d'en prendre d'un { Archine de longüeur. D'^illeurs 'il eft beaucoup plus large & plus mince que les Harengs. Son vehtre eft plat & aigu', & fon goüt n'en aproche pa's. II fe trouve dans d'autres Mers Euro. ■péennes. 9. La Sardelle, ou Anchois. (Clupea encraficolus.) Sardin. Elle fe trouve dans les Mers Noire & d\Azow , & furtout dans le voifinage d''Ara. hut; & c'eft la vraie efpece de celles qu'on fale dans plufieurs pays. Mais jusqu'a préfent on ne la prend qu'occafionnellement avec les autres poiffons, & elle n'eft guere employée, Cependant comme elle fe rencontre afl'ez fouvent , quoique les filets dont on fe fei t a cette pêche, foieht a mailles larges, on doit en coriciure qu'il fe trouve en abondance dans ces Mers, & efpérer qu'on faura avec Ie tems"en tirer parti. 10. Pafte-  K *«* X 10. Paftenague, ou la Ferrace'(a). Raja Pastinaca.) Sting, fire-flaire. Cet étrange animal fe rencontre en quantité aux environs de Taman dans le Détroit de Tenicalé, ainfi que dans les Mers Noire & tf 'Azów, mais pas auffi abondamment. II fe compte parmi les Poijfons. Mais proprement c'eft un Animal amphibie, qui différe des Poiiïöns & par fon air & par fa forme. Son corps, couvert d'une peau liffe, eft arrondi, plat, & presqu'auffi long que large, ayant plus d'un \ Archine de diamêtre: il eft noiratre dans la partie fupérieure, & blanc en deffous. La tête un peu ronde, & un peu aplatie en deffus, avec de grands yeux faillans. La queue longue, mince, ronde, plus groffe vers la racine & au bout de laquella fe trouve une aiguille offeufe, pointue & dentelée dé deux cótés, longue de 4 Verfchocs, & qui fert d'arme défenfive a VAnimal; car il donhe des coups trés forts & fait des bleffures profondes a ceux qui s'en aprochent dans 1'eau. Plufieurs afiurent mê. fee, que fes coups font fi affenés, qu'ils percent la jambe d'un homme jusqu'a J'os. Des Eerivains anciens & modemes penfent que CO On 1'apeIIe auffi Tareronde & Tóuftirtllt. S 5  X *** X que cette Aiguüle effeufe eft venimeufe; mais on n'a point d'exemple dans la Tauride qui conftate 1'exiftence de ce venin, quuique des Pécheurs en ayent été hlefiés quelquefois. Au refte, cet animal n'eft bon a rien : fa chair eft de mauvais goüt, & n'eft pas propre k la nourriture, quoiqu'on ait elfayé dans quelques endroits d'en faire ufage. Le nom de Paftenague lui a été donné dans les langues étrangeres, a caufe de la relTemblance de fa queue au Paftenade ou au Panais. En conféquence le nom Ruffé de Chatmarin, lui convient encore moins; car il n'a aucune reffemblance au Chat. 1ï. Trompette. Serpent de Mer. (Syngnathus pelagius.) oü le Cheval marin. EUe fe rencontre dans la Mer Noire, aux environs de Caffa & dans Je Port de Sévaftopolsk; d'ailleurs elle eft alfez connue partout, puisqu'elle fe trouve dans toutes les Mers. Comme on ne fauroit 1'employer a quoi que ce foit, elle ne mérite d'être obfervée qu'a caufe de fa finguliere forme. Elle a quelque fois f Archine de longueur: fon corps eft mince, alongé, refiembJant a  X 283 X a celui du Serpent, & depuis la tête jusqu'a Fanus, heptagone; de la jufqu'a la queue, quadrilatere. i Le bec mince & long, comme celui de YEfturgeon. Ses écailles font en forme de boucliers quarrés, & longitudinalementplacées par rangs, noiratres dans la partie fupérieure du corps, & jaunes dans 1'inférieure. 12. Spare C Sparus annular is.) 11 fe rencontre dans le Port de Sévaftopohk ; mais quant aux autres Mers, i! fe prend le plus fouvent dans YAdriatique, oü fon nom même lui a été donné. II resfemble a une Brême, mais il eft beaucoup plus pe it. II eft couvert d'écailles jaunatres, avec une tache ronde, noire, de chaque cóté de la queue. Son dos eft aigu, & la peau qui le recouvre, forme un fillon longitudinal profond, d'oü fortent les aiguilles de fes nageoires du dos. II eft d'un goüt agréable. 13. Pagel, ou Frangolino («S^tfray Erythrinus.) II fe rencontre, mais rarement, avec le précédent; il eft du nombre de ceux qu'on pêche dans la Méditerranée. II eft de la grandeur d'un Able. Son corps eft alongé, plat, ■& couvert partout d'écailles rougeatres, d'oü on lui a donné dans quel- quel-  ):( *U X qu;lques endroits deh Médittrranêe lenom de Rubellio, ou de ^oiflon-rouge. 11 eft d'alTez bon goüt. 14. (Labrus Turdus, de Linné.) En RuiTe, lanche de Mer, ou grive de Mer. Dans le même Port, & dans les autres Mers Européennes. 11 n'eft, a beaucoup prés, ni auffi grand qu'une Tanche commune, ni de Ja même race. II eft de forme alongée-platte, large, & partout verd-clair. Sa queue n'eft point fourchue, mais pleine & un peu arrondie vers le bout. Mais il reffemble ^ la Tanche par le goüt. 15. (Blennius Pholis, de Linné.) 11 fe rencontre dans le même Port avec le précédent, ainfi que dans YOcéan & dans la Méditerranée. Sa. longueur eft de 4. ou f. verfchocs: fa tête eft pointue vers le haut, & fon ventre faillant & fort enflé; Ja queue longue & platte; les nageoires du dos, formées d'aiguilles poiotues^ commencent immédiatement derrière la tête , & continuent jufqu'a la queue. Les nageoires du ventre confiftcnt en deux petites plumes molles. II n'a aucune écaille fur le corps, qui n'eft couvei t que d'une peau lifle, noiratre fur le dos öc furies cév.  X iRj X cóté;; mais blanc au ventre & k toute la partie inférieure du corps. Son goüt eft médiocre. 1(5. Hepfel. (Atherina hepfetus.) Atherine. II fe rencontre avec les précédens, ainfi que dans d'autres endroits, & en plus grande quantité dans la Mêditerranée. Jl eft d'un doigtde longueur, mince, & presque rond. Sa couleur eft d'un jaunatre pale, & achaque cöté, il a le long de tout le corps une raye large argentine, qui lui donne un trés bel air. On en fait peu d'ufage, a caufe de fa petitelTe. 17. Le Barbeau (Cyprinus.) Cdrp. 11 fe prend, mais rarement, avec les précédens. Sa taille a un peu plus de \ d'Archine. Le dos & les cötés font d'un bleu luifant, & les derniers font rayés de noir en forme de mailles: le deffus du corps eft blanchatre. 11 a deux barbes k Ja machoire fupérieure, & aucune al'inférieure; ce qui le diftingue de la Carpe commune. Les  ):( m x Les TesTacés des Rivieres et de Mer. Si les eaux de la Contrée de la Tauride abondent en diveries efpeces de Poijfons, elles en fourniffent encore autant de celles des Teftacés. Nous aljons indiquer ici celles qui y font deja connues. ï. L'Ecreviffe. ( Cander afiaèus. ) Crawfish. On en trouve en quantité dans différentes Rivi res & Ruifftaux, & furtout dans le Salghire. Dans le grand & le petit Caras/om, elle eft même d'une grandeur remarquable, & d'un goüt excellent. i 11e ne différe, au refte, en rien de celles des autres pays. 5. Cancrc marbré, ou Crabe. ( Cancer depurator.) Aux environs de tous les Bords de la Mer Noire. Son écaille a 2. Verfchocs de dia, metre, dont la partie fupérieure eft noiratre, piquée de petites taches blanches & comme marbrée, d'oü lui vient le furnom Francois. Tout le deffoüs eft blanc-jauni tre. Aux bords de cette écaille, il a io jambes, y compris les tenailles, celles-ci font courtes, groffes, & ferrées vers 1'ex- tré-  X **7 X trémité: En les óuvrant, on les trouve compofées de 2. doigts, & d'un 3e. immobile, court & pointu. Leurs deffus & deflbus lont de la couleur du corps; mais leurs bords font jaunes rougeatres, avec des petites taches noires. La queue eft repliée versla partie inférieure du corps, & y adhére fortement. Cette efpece d'ecre. viffes fe trouve le plus dans la MUiterra. nêe, & a le goüt trés bon. . Chevrette ou Crevette. (Canctr SquMa.) Dans les mêmes endroits. Elle reffemble un peu a VEcteviJfe des rivieres; mais elle en différe par la taille, & par quelques autres carafteres. Elle furpaffe rarement les 11 verfchocs en longueur. L'écaiJJe eft fi courte, qu'elle ne couvre guere plus de la moitié du dos, & s'avance en bec pointu & dentelé au milieu, ayant en haut 5. & en bas 4. de ces dentelets. Derrière èlle eft coupée en demi-lune, & liffe & arrondi aux bords. La queue repüée en bas, eft plus longue que tout le corps, & compofée de 7. boucliers, dont le dernier a 2. pointes au bout. Elle a en tout 12. jambes, dont la?e paire contient fes tenailles, qui font trés petites & compofées de 2. doigts égaux. Ses barbes font plus longues que tout Je refte  X »»« X refte du corps. Sa couleur eft blarichet mais aprè? la cuiiïbn elle devient, corrrme les Ecreviffes des Rivieres , d'un rouge-clair. Sa chair eft d'un bon goüt, & elle fe ren' contre dans pjufieurs autres Mers. |s L*Huitre ( Ofirea edula) Oyfire. Aux environs du Pprt de Sévastopolsk de Bdouclava & dans la Baye de Lambat; mais fa grande abondance eft auprès de Caffa. Les Huitres de la Tauride ne différent de celles des autres pays, que par leur grandeur ; car il eft rare que le plus grand dia. metre de leurs coquilles ait plus de 2 ƒ irfchocs. Quant au goüt, elle ne céde eh rien a aucunes. On les pêche prés de Caffa avec 1'inftrument ufité en Europe, appèllé en France, Drague. Dans les autres endroits, oü il n'y en a pas une fi grande quantité, on les prend a la main aux bords de la Mer. 5; Möules (MutiluS edulus.) Edible Muffet. En quantité, aux environs presque de tous les Bords de la Mer noire & de celle ÜAzow. Elles ne différent ni pour le goüt ni pour la grandeur de celles des autres pays. On rencontre quelquefois dans leurs Coquilles, des Perles anguleufes. B eft aulïï a obferver oue fouvent ces Coquilles fe trou- trou-  X **9 X itrouvent liées entre elles par un ril fin; produits par les animaux qui les habitent- 6. La Coquille ridée. (Cardiünt edüle, de Linné.) Dans plufieurs endroits de la Mer Noire, & furtout dans le Détroit de Tenicalé, oü la Meren rejette immenfement fur le fivage de Kertfch. Elle eft de 1'efpece commune a toutes les Mers de l'Europe, & fervant a la nourriture. Elle égale en grandeur les petites Huitres, eftbivalve, compofée dedeuxvalves convexes, couvertes en long de larges rides, & de trois rayes transverfales; fa couleur varie I elle eft tantót blanche , tantöt jaune, ou rougeatre, ou noire, & même mêlée de ces couleurs. Elles fervent a orner les grottes. 7. La Coquille dentelée. (Cardium Serratum^ de Linné.) Elle fe trouve avec la précédente, & en quantité: elle eft plus petite, mais également couverte de rides, beaucoup plus min^ ces, & auprès d'eux, au fond & aux bords de la Valve, elle a quelques dentelets \ en forme de peigne. Elle eft auffi de différentes coüleurs, fe trouve dans la Méditer* ranée, & n'eft point employée eri noürrittif e T 8. La  X 290 X 8. La Coquille liffe. ( Oftrea glalra, de Linné.) Avec 'les précédentes, & en quantité. Elle eft 11 variée dans fes couleurs qu'elle devient par la une des belles efpeces. Sa forme eft presque ronde, un peu platte, & trés liffe, n'ayant pas plus d'un Verfchoc de diamêtre. Elle eft bivalve , bigarrée en long de raies Jarges: a cöté de la charniere font deux apendices en forme d'ailes. Sa couleur ordinaire eft rouge-clair, jaune, blanche & noire; mais il arrivé auffi qu'elle eft fi bigarrée & veinée de différentes couleurs qu'elle fert effe&ivement d'embelIiffement aux Grottes. Au refte elle fe trouve Je plus ibuvent, dans la Mediterranêe. 9. Manche de Couteau. (Solen Siliqua, de Linné.) Pod-Razor. Le Jong des bords de la Mer-Noire, en différens endroits. EUe eft d'une forme alongée, étroite, compofée de deux valves minces, reffemblant a des Ecoffes de pois: auffi dans quelques pays lui en a-t-on donné le nom. Sa couleur eft blanchatre tirant fur le jaunatre; elle fe trouve dans la plupart des Mers de FEurope. jo. Le grand Limacon bigarré. En quantité dans Ia Mer Noire & dans Ie Détroit  X 291 X Détroit de Tenicalé prés de Kertjch. II eft presque rond, plat, & confifte en trois contours feulement. II eft bigarré de rayes noires , blanches & jaunes. li. Le Petit Limacon raboteux. II fe rencontre avec le précédent. II efl: de forme alongée & compofé de 5 contours. Son ouverture, k gauche, eft fort étroite. Sa couleur variée & bigarrée de noir, de jaune & de blanc, eft accompagnée d'ondes raboteufes qui recouvrent toute fa furfaee en long & en large. Les Animaux amphibies et les RePTILES. Entre autres bienfaits que la Nature a accordés k la Tauride , on doit compter aufli celui de 1'avoir pourvu de trés peu d'Animaux apartenans a cette clafle-ci. 11 eft même k remarquer , qu'on y rencontre trés rarement des Reptiles: encore font-ils pour la plupart des efpeces qui ne font pas nuifibles, quoique fuivant la nature du Climat & du Sol, il eut pü y en avoir de plus dangereufes. Pour faire connoïtre ceux des Repiiles qui fe trouvent ici le plus, nous allons rendre T % compte  X *9* X' cornpte de tous les Animmx de c* genre, connus. jusqu'a préfent dans la Tauride. ï9. La Tortue d'Eau dpuce. (Tesdudo lutaria, de Linné.) Elle fe rencontre dans la vafe des Rivieres gui descendent des Montagnes. La Grenouille aquatique. (Rana temporariax de Lin.) Dans tous les lieux humides, le long des rives, 3. La Grenouille aquatique verte. (Ranaexculenta, de Lin.) Avec la précédente, dont elle differepar fa couleur verte du dos, & par trois rayes jaunes. 4. La Grenouille de Martin, ou Raine. (Rana arborea, de Lin.) Cette efpece particuliere de grenouilles, propre feulement aux climats chauds, fe rencontre ici quelquefois dans les jardins & dans les bois. Elle eft la plus petite de toutes les efpeces; car ia longueur ne furpaffe pas un Verfchoc. La partie fupérieure de fon corps eft unie, vert-clair, avec une bande foncée aux bords; & 1'inférieure, 'jplanche, un peuchagrinée. Cette grenouille mérite  X *93 X mérite d'autant plus d'attention , qu'elle vit toujours fur les arbres, adhérant par le bas a leurs feuilles, & fe nourrilfant de mouches qu'elle attrape avec la gueule. On ne 1'entend jamais crier de jour; mais la nuit elle donne un fon fin qui ne choque pas 1'ouie, & ne reffemble en rien a celui des Grenouilles d'Eau. 5. Le Lézard verd. (Lacerta agüis, de Linné.) Scaly LizarL II fe rencontre dans les Plaines & dans les Montagnes. 6. Le Lézard verd , avec des taches noires au dos. (Lacerta punftata, de Lin.) Dans lesmêmes endroits que le précédent, ainfi que dans d'autres contrées de la Rujjie; mais il eft plus rare. f. Le petit Lézard bigarré. ( Lacerta agilis var.) Parmi les rochers des plus hautes Mon~ tagnes Maritimes, prés de Balouclava. Sa longueur, du bout du nez jusqu'a la racine de la queue, ne furpafië guere i Verfchoc, & fa queue eft beaucoup plus longue que le corps. La peau du dos eft unie, verte au milieu, mais jaune aux cötés avec des taches transverfales noires. Le deffous du corps eft blanc - verdütre , avee 8> taches T 3 bleu  X 294 X bleu de ciel fur chacun des cötés. Le deffus de la queue, eft verd-foncé, & le deffous plus clair, couvert d'écailles aigues. 11 a 5 doigts a chacun de fes pieds. Cette efpece de Lézards, ne fe rencontre nulle autre part en Ruf7,. 8. La Couleuvre ordinaire. ( Coluber natrix ) Ringed Serpent. Le long des bords des Rivieres & dans les Bois. II n'eft pas plus nuifible que partout ailleurs; & il s'en trouve ici de deux efpeces. L'une eft noiratre, avec des taches orangées a coté du col: I'autre eft gris - clair , avec des taches noires au dos. o. L.Afpic (Coluber a/pis, de Linné.) On le rencontre, mais rarement, dans les montagnes, & quoique cette efpece de Serpens foit regardée comme venimeufe, on n'entend conter rien de facheux des fuites de fa morfure dans la Tauride. II a moins d'un Archine de longueur, & resfemble ala Couleuvre. Sa tête eft platte, & noir&tre, avec desrayes blanches en deffus. Son corps eft couvert d'écailles alongées, aigues, & bigarré de differente maniere. II adegrandes taches noires, ondées, fondues enfemble & qui s'étendent tout le long du dos  X *95 X dos avec d'autres intermédiaires, blanches & contournées. Les cótés font gris-foncés, bigarrés eg long de grands points noirs. Le deffous du corps eft en échiquier, étant couverts d'écailles blanches avec des points noirs. Suivant Bomare, ce Serpent n'eft pas dan. gereux en France même, oü 1'on en rencontre beaucoup; & quoiqu'il s'appellat Aspic, il n'eft pas fur encore que ce foit le même que celui que les Anciens appelloient de cé nom. Outre les Reptiles ci-deffus indiqués, on prétend qu'on rencontre encore dans les Montagnes une forte de Serpent de Ja grande efpece. Mais felon les aparences, il eft fi rare , qu'on ne le connoit ici pour la plu. part, que fur des oui-dire. Les Insectes. Vouloir rendre un compte détaillé des efpeces innombrables d'lnfeües domiciliés dans la Tauride, feroit une entreprifë de trop d'étendue ; il nous refte donc a défigner feulement en général, celles qui par leurs propriétés utiles ou nuifibles, peuvent mériter notre attention. T 4 De?  X *9Ö X Des Infectes utiles, YAbeille feule mérite d'é1tre obfervée. Les habitans en ont en fuffifante abondance; car les lieux montüeux y font d'autant plus convenables, qu'ils renferment quantité de Végétaux propres a 1'entretien des Abeilles. Mais leur meilleur Miel ie trouve dans les cercles d'Achmetfchet & de f'Ancien Crime, oü il eft particuliérement blanc & pur. Dans les autres lieux maritimes, il s'en trouve fouvent un rougeatre. Les Ruches font nattées de branches d'arbres, en forme de cylindre. On les enduit d'Argile, par dehors, laiffant feulement une petite ouverture a un des cötés, pour 1'entrée des Abeilles. On les place dans les cours & dans lés jardins, par terre, ou bien on les pend a de3 arbres. Et dans quelques endroits, comme vers le haut d'Alma, on en pratique dans le creux des arbres. L'art de blanchir la Cire, n'eft pas encore en ufage parmi les Tartares. Pour ce qui regarde les Infettes nuifibles, on n'en connoit que deux efpeces dans la Tauride & qui font communs auffi dans les autres contrées méridionales de la Ruffie; favoir la Tarentule & la fcolofiendre (Jcolopendra morfitans.") Mille-pieds. Le?  >:( 297 x Les premières fe rencontrent dans des trous fouterreins, pour la plupart dans les plaines entre Dnieper & Salghir, & dans la presqu'ile de Kertsch. Les dernieres fe voyent, mais rarement, dans les maifons fous le plancher & dansles murs. Maison n'y voit guere d'exemple de leurs morfures , & les habitans n'en ont aucune inquiétude. En ceci, les lieux en queftion ont de la conformité avec ceux è'Afiracan; oü malgré la quantité de Tarentules, 1'on ne voit pas d'effets pareils a ceux qui font lï fréquens dans les autres parties méridionales de VEurope. Les Coufins font fi rares dans toute la Tau. ride, a 1'exception des environs de Dnieper; qu'elle fe diftingue par-la des autres contrées méridionales de la Ruffie. Quant aux Punaifes & aux Teignes de nuit (Bluta Polonica) (Taracans en Ruffe;) on n'en a jamais vu ici dans aucune maifon. Réfumant tout ce qui vient d etre dit fur la Tauride; on peut fe répréfenter maintenant quels avantages & utiütés, cette nouvelle acT 5 quifition  X *98 X quifition renferme en foi par fes différens rap, ports généraux. Elle fournit dans les Trois Regnes, non feulement les chofes néceffaires k 1'ufage de 1'homme; mais toutes celles même qui fervent aux agrémens de fa vie, & que 1'expérience, foutenue par 1'encouragement, amélioreroit, fansdoute, infiniment; defacon que le Cultivateur, le Vigneron & le Négociant, domicilies ici, poarront fe procurer, tant par leur induftrie que par la fituatiori même des Lieux, ou, pour ainfi dire, par les produits fpontanés de la terre, les avantages les plus effentiels & les fatisfaóïions les plus douces. EiN de la UI® et DERNip RE Pa RTIE.