L'ALLIANCE DES P R I N C E S D E ^'EMPIRE GERMANIQUE.   V alliance DES P R I N C E S D E l'EMPIRE germanique, P A R W chretien guillaume dohm, Confeiller Intime de S, M- le Rot de Pruffe, au Département des Affaires Etrangeres^ TRADUIT pe l'ALLEMAND p a r mr- renfner, Secrétaire d'AmbaJfade de Sa MajeJIé Prutfienne cl la Haye. A LA H AT Et Chez P. F. G O S S E, Libraire & Imprimeur de Ia Cour. MDCCLXXXri   L'ALEIANCË des P R ï N C E S de l'EMPIRE germanique. - : .... Une puiffante Confédération, fbrmée dans ün même efprit, «Sc dirigée vers un feul & même but, eft déja un des plus intéreflans fpeétacles que la Politique puiffe offrir, & qui ne fauroit manquer d'exciter Tattention générale.. Maïs fi le but de cette Confédérat"-'" »-fl. de plus grand & noDJe; o>i\ fo rapporte & la confervation d'une liberté commune & de privileges communs; s'il ne s'agit pas moins que du maintien d'une. Conftitution , vénérable par fon ancienneté, acquife par des exploits glorieux & des travaux fans nombre, défendue avec fuccès dans , des circonftances critiques, & devenue par la même d'autant plus précieufe ; d'une Conftitution, en un moe, que nosllluftres Ayeux ont laiflée en héritage a lears enfans, & qu'a notre tour nous devons A 3 trans-  iransmettre, pur£ &(fans tache ,~ a la Poftérité j enfin fi cette Confédération voit a fa tête les principaux Chefs d'une grande Nation, qui, animés du zèle le plus pur, font prêts a facrifier au bien public tout avantage perfonnel - alors Tintérêt redouble; cette Confédération ne préfente plus un objet de fimple curiofité: elle forme un fpechcle impofant, qui attaché 1'ame & qui la remue: on y apprend a refpe&er & a chérir une Conftitution qui trouve de pareils défenfèurs : TAmour de la Patrie, dont les principaux Citoyens donnent le généreüx exemple, devies- uii fentiment presque univerfel; & la vertu politiqu©, que la mollefle & le luxe fembloient avoir éteinte, cette vertu que Pon commencoit a traiter de chimère, fe régénère dans tous les cceurs. Tels font les heüreux effets qu'a produit V AjJ'ociation Patriotique des Primes de PEmpire, conclue dans le courraht de Fannée dernière; effets, qui ne font pas moins lionneur a notre pays, qu'au fiècle oü nous vivoos. Dans toute 1'AUemagne, au dela même des linaites de ce vafte Empire j  <&< 7 >€> Empire* on a applaudi a nos Princes, en les voyant s'unir par un lien réciproque , pour maintenir la liberté, pour aflurer a chacun fes droits légitimes, pour prévenir Pinfraction des loix, pour affermir de plus en plus la conftitution fur fa balei & la défendre des attaques dont elle pourroit être menacée. Cette AfFociation, conforme aux régies d'une fage Politique, amenée par les circonftances adhielles, & néceflaire au repos de 1'Europe, dont 1'Allemagne eft le centre, a obtenu Papprobation de la plupart des Cours. Depuis la Baltique jufqu'au dela des pyréndcs, on a reconnu les principes d'équité fur lesquels elle eft fondée. La Nation Allemande s'eft de nouveau fentie fiére de fon nom: elle a vu avec joie que le Patriotisme Germanique n'avoit pas encore tout a fait difparu, & qu'il n'exiftoit pas uniquement dans les ouvrages de fes Poëtes. Cependant on ne devoit pas fè flatter que cette Aiïbeiation ne trouveroit ni contradicteurs, ni adverfaires. Elle ne pouvoit manquer de déplaire a ceux dont elle trayerloit les vues & les projets: auffi A 4 ont-ili  ont-ils efiayé de la décréditer par tout; Comme il ne leur étoit pas poflible d'eri contefter la légitimité, ils en ont attaqué le but ï ils ont prêcé a fes fondateurs des motifs odieux, motifs, que tout homme fenfé jngera incompatiblesavec la fituation préfente des affaires. Cette Alliance refpectable, & qui n'a été conclue que pour la défenfe des droits légitimes de nos Princes, couvre, a-t-on dit, des desfeins ambitieux & hoftiles; on 1'a accufée d etre le réfulcat de cette même Politique ïnfidièufe", a laquelleelle eft deftinééa fervir de frein; un danger que la plupart des Etat-s de rEmpire envifagent comme trés - réel, a été traité J'i^aS;naire , & 'néanmoins on n'a pas cefTé de manifefter fon chagrin contre des liaiföns, qui, en leur fuppofant un objet chimérique, font du moins la chofe du monde la plus fimple & la plus innocente. De pareilles infinuations, quoique répandues avec adrefTe, ne firent qü'ex citer le fourire de ceux qui connoifTent les vrais rapports de la Politique ; «Sc l'acceflion fucceflive de plufieurs nouveaux Membres a prouvé fans réplique, qu'ils regardoient leur Alliance comme d'autant  cl'aiitant plus néceffaire , que Tori ém° ployoit plus d'efforts pour Ia contrecarrer. En attendant le Gros du Public ne laiffe pas d'accorder quelque croyance aux expofés les plus erronés , quand ils font répétés fréquemment & avec un certain air d'affurance. Ce ton confiant a été fupérieürement faifi parPAuteurd'une brochure, publiée il n'ya pas long-temps (*). Cet Ecrivain ne craint pas de traiter de viftonnaires, les illuftres Etats de PEmpire qui ont accédé a PAlliance, A 1'en croire, ils fe font allarmés d'urt danger qui n'exifte pas, «Sc qui n'eft qu'un fantome, produit par Pimpofture «Sc Partïrice. II ofe dénoncer comme 1'Rnnemi le plus dangereux de la liberté «Sc des droits Germaniques, ce mêmeEtat, dont il eft proüvé, d'après les régies les plus fimples d'une faiae Politique, que Pintérêt eft intimément Ké avec Pintérêt de PAllemagne. ü (*) Confidérations fur VAJfociation de S. M. Prujfienne, pour le maintien du Syjtême de VEmpire; par Octon de Gemmingen, Baron du St. Empire. Imprimées en Allemagne — éc YraifembJablement a Vienae, A s  II ne fera peut-être pas inutile dans cë moment-ci, de préfenter de nouveau cette affaire fous fon véritable afped. La plupart des Ledeurs perdent fouvent le point de vue fous lequel elle doit être envifagée, paree qu'il leur eft difficile de fe faire une jufte idéé de la marche des événemens publics, «Sc qu'ils ne font pas toujours en état de fuivre $ fufpecl:. Je conviens encore que je ne jouis pas de la prérogative brillante de relever immédiatement de PEmpereur «Sc de 1'Empire, prérogative, en vertu de laquelle Monfieur le Baron fe croit appellé a fa vocatioji politique , & particulièrement propre a la remplir; mais qu'importe ce que je mis, pourvu que mes argumens föyent bons & folides. • * ; On doit d.'abord pofer pour principe que les Etats de 1'Empire Germanique ont le clmit de conclure entr'eux des Alliances «Sc des Affociations3pourvu qu'elles ne foyent point dirigées contre PEmpereur ou contre 1'Empire. Ce droit eft trop pofitivement fondé fur les ftatuts les plus folemnels, pour qu'il puiffe jamais être révoqué en doute. Depuis 1'origine du fyflême a&uel de 1'Empire, les Etats, par une fuite naturelle de leur Souveraineté, ont eu la faculté de faire entr'eux telles conventions & tels pactes, «Sc de fe charger 1'un envers Pautre de telles Qbligaticvns, qui  cjüi n'étóient point en contradi&iori avec leurs droits fédératifs, & qui ne nuifoient point au bien-être de 1'union générale, C'eft dans ce jour fi naturel que la chofe a écé envifagée de tout temps; & lorsque les circonftances 1'ont exigé, les Etats de 1'Empire fe font unis non - feulement entr'eux, mais auffi avec des PuhTances Etrangères. Pfeffinger ( * ) nous a donné une longue lifle de ces fortes d'Alliances, conclues depuis1 Pannée o^o jufqu'en 164.6, & il y en a un grand nombre de plus récentes. , II eft vrai que ces Confédérations n'ont pas toujours rencontré 1'appróbation des Empereurs. Ceüx-ci s'étant engagés a ne point condure d'Alliances au nom de 1'Empire, fans en avoir obtenu le confentément, Ont voulu inférer dela, que leur agrément étoit auffi une condition préalablement nécelTaire, pour légitimer les Affociations des Etats. La différence entre ces deux cas eft fenfible. L'Empereur, en fa qualité d'Etat de 1'Empire, eft bien Ie maïtre , de même que fes E ( * ) Fitriarïus'lllujlr. T. III. p. 400, fq.  «WC 13 >& fes. Co-Etats, de contrader telles liaifons qu'il juge convenables aux intéréts de fa Maifon J mais il ne peilt prétendre qu'on lui accorde le privilege de convertir fes liaifons particulières, en liaifons obligatoires pour 1'Empire , ni qu'on charge celui-ci d'un engagement, pris fans fa participation, qui pourroit devenir onéreux, ï'expofer a des guerres «Sc a d'autres ïnconvéniens. De leur cöté, les Etats font tout aufli ftridement tenus de ne point éntrer dans des relations qui peuyent préjudicier au fyflême fédératif; mais tout autre arrangement, utile, ou même indifférent, a ce fyAcmc, eft abfolument abandonné a leur bon plaifir «Sc a leur libre yolonté. Auffi les Etats ont - ils toujours ufé de ce droit naturel, fans oppofition. La Paix de Weftphalie 1'a confirmé : elle a fixé en termes clairs & précis, les limites des droits de PEmpereur «Sc des Etats, telles qu'elles avoient déja été établies par la nature même des relations politiques «Sc 'par un ufage ancien. Le Traité d'Osnabruck, Art. VIII. § 2, & celui de Munfler, Art. IX. § 63. contiennént ce flatut important ,  important (*), qui fut incorporé aüffi pour la première fois dans la Capitulation de Jpfepji I. élu Roi des Romains en i68p, & qui fe retrouve également k VAn. VI. dans celle de S. M. U aöuelfe. ment régnante (f). D'après ( * ) Gaudeant fine contradi&ione jure fuffragii in omnibus deliberationibus fuper negotiis Imperii, prafertim ubi leges ferends, vel interpretaridé, bellum decernendum, tributa indicecda, delectus aut bofpitationes militum inftkuendaj, nova munimenta intra Statuum ditiones exftruenda nomine publico, veterave firmanda prajfidiis, nee non ubï pax auc foedera facienda, aliave ejusmodi negótïa peragenda fuerini nihil horum aut quiequam fimile pofthac unquam fiat vel adinittatur, nifi.de comitiali, libero.que omnium Imptiij sta#.Mlim fuffi-agio' et confenfu , cumprimis vero jus faciendi inter fe et cum exteris foedera, pro fua cujusque confervalione ac fecuritate Jingulis flatibus perpetuo liberum efto% ita tarnen ne ejusmodi foedera fint contra Imperatoren et Imperium , pacemque ejus publicam , vèl hanc inprimis tranfaStionem , fiantque falvo per vmnia juramento, quo. quisque Imperatori et Imperia obftriïïus eft. ( f ) Nous ne voulons aufll, en qualité d'élu Roi des Romains, & après notre avénement è 1'Empire, contrafter de notre chef, pour affaires de 1'Empire, aucunes Alliances ou Unions avec d'autres, dedans ou hors de 1'Efflpire, k moins que préalablement nous n'ayons für ce obtenu le con- fentemenc  D'après ces fixations légales, qui n'om jamais été étendues dans aucun ftatut poftérieur fentement des Ele&eurs, Princes & Etats, aflemblés en pleine Diète. Toutes fois fi 1'intérêt public & le bien comman demandoit plus d'accélération, alors, en attendant qu'on puiflè en venir a une délibération générale de 1'Empire, nous ferons obligés en ceci principaJement, comme dans toutes les autres affaires qui ïegardent lafüreté de 1'Empire.& de 1'Etat public, d'avoir le cönfentement de tous les Electeurs, aflemblés dans une Diète Collégiale, en un temps & lieu commode, & non par des déclarations féparées que les dits Ele&eurs pourroient donner. S'il arrivoit que nous fiflions k 1'avenir quelques Alliances a caufe de nus piupics pays5 cela devra fe faire fans préjudicier a 1'Empire , & fuivant le" COntenu tin Trai-t^ rl/> Mais pour ce qui regarde les Etats de 1'Empire en général, le droit qu'ils ont de faire des Alliances entre eux ou avec les Etrangers, pour leur füreté, bien «Sc confervation, leur fera confervé en fon entier, a tous & a un chacun; en forte pourtant que ces Alliances ne foyent ni contre 1'Empereur des Romains régnant, ni contre 1'Empire, ni contre nous, ni auffi contre la Paix Publique, appellée Paix Provinciale générale, ou contre la Paix de Munfter & d'Osnabruck, & que tout ceci fe fafle conformément aux dits Traités &au ferment, en vertu duquel chaque Etat eft obligé envers 1'Empereur des Romains régnant* & envers le Saint Empire Romain,  ió >$» poftérieur de 1'Empire, & qui n'étoient pas de nature a Pêtre (*), le drqitde qontraétei?. des £*) L'Examen de laDéflaration de S. M. Prus* fienne, publié a Vienne, leprouve fuffifarniuciit a puisque cette pièce ne renferme aucun paflage tiré des ilatqts de 1'Émpire , qui puifle fournir des argumens, feulement fpécieux, contre 1'Aflbciation récemment conclue. L'Auteur n'a cependant rien négligé pour découvrir un tel paflage, & fes recherches 1'ont induit dans une erreur afleg fingulière, qu'il auroit fallu tacher d'éviter dans • un Ecrit politique, muni de 1'autorité d'nne Cour refpe&able, II allégue VOrdonnance d'Exécution de V Empire, ^ publiéê en 1673, qui établit, dit-il, pour règle permanente.£? invariabïe: „ que pour quclque raifon ,, &i fous quelqne prétpxte que ce foit, aucun des L Etats ri'attaquera 1'autre,, (pit par lui-même ou „ par d'autres en fon nom, foit ouvertement ou ,, fecrètement; qu'il ne l'orreniei a &. uc iu cnagriuera point; qu'il ne formcra contre lui ni cpnfpirq}, tioh, ni confédération illicite, & n'y prendra au„ cune part". Ce paflage , fuppofé même qu'il fut effeóïivemcnt tiré d'un uatut de 1'Empife," ne' prouveroit encore rien contre une Alliance défenfive, qui n'a d'autre but que le maintien du Syftjme de 1'Empire / la reftriction dont il eft parlé ci-defTus devroit toujours être fubordonnée aux principes clairs & évidens de la Paix de VVeftphalie & de la Capitülation Impériale, & n'infirmeroit point le droit qu'ont'les Etats de 1'Empire, de contracteides Alliances. Mais, ce qui plus eft, VOr'donnanct d'Exécution de 1673. n'a jamais été un Jlatui de l'Em-  i'/ H> des Alliances & des Unions» eft doric une des prérogatives les plus. importantes des Etats 1'Empire. Chaque Publicifte fait que fuivant YOrdonnance pour le maintien de la Paix Publique de 1'année 1495 , VOrdoiinance d'Exécution, la feule véritable & la plus récente, eft celle qui fe trouve inférée dans le Récès d'Augsbourg de 1555, aux §31-103. Les circonftances ayant changé dans la fuite , on jugea que ces loix n'y répondoient pius aftez exaclement, & la Diète s'occupa , a différentes reprifes, des moyens de les reónfier. Elle dreffa même vers 1'année 1673. le projet d'une nouvelle Ördonnance d'Exécution, entièremént corrigée , & ce projet fut communiqué k 1'Empereur. Celui-ci 1'approuva en plufieurs points, & fit fur quelques autres des obfervations qu'il renvoya a 1'Afi'emblée de 1'Empire. Ces obfervations auroient dü faire 1'objet des nouvelles délibérations de la Diète, & ce n'eft qu'après un accord mutuel & parfait entre 1'Empereur & 1'Empire, que le projet auroit pafte en ftatut obligatoire. Mais on laiffa tomber cette affaire, .& le projet en queftion n'a jamais exifté que fous cette forme. Mo/er, (dans fes Loifirs Politique s, page 224) croit a la véritc que dans les articles qui n'ont point été relevés par rEmpëreur, & fur lesquels TEmpereur & 1'Empire ont étéparconféquent d'accord, ce projet a acquis une force obligatoire. Mais une telle opinion eft au moins très-douteufe, puisq'Ue ces articles n'ont jamais été publiés d'une manière légale par une Réfolution de 1'Empire, & que les Tribunaux de 1'Einpire ne les fuivent point dans leurs décifions. g Toutefois  t§> Etats de 1'Empire Germamque, & cette prérogative ne connoit d'autre reftriótion que celle - ci: c'eft que les Alliances a conclure ne doivent point être dirigées contre PEmpereur <5? contre rEmpire. Les Puisfances garantes de la Paix de Weftphalie le font engagées a protéger les Etats dans Pexercice de ce privilège, dont la manutention eft une des conditions exprefles, fous laquelle le Gouvernement de PEmpire eft conféré a fon Chef Suprème. Les Etats feuls font les maïtres de décider s'il leur convient de former des AfTociations, & d'efFeétuer celles qui peuvent conduire au but qu'ils fe propofent. C'eft a leurs lumières & a leur patriotisme qu'il appartient de juger, fi les circonftances les invitent k faire ufage du droit qui leur eft acquis. Ils ne font refponfables envers perfonne des raifons qui les détermineut, & ils ont toujours en leur faveur la préfomption d'avoir Toutefois 1'Auteur de 1'Expofé de la Cour de Vienne n'auroit point du citer comme Statut de 1'Empire, un Afte qui ne 1'a jamais été, quoique dans le cas préfent il n'eut aucunement fourni les preuves dont on auroit été fi aife de s'étayer.  19 >& d^avoir .agi par des motifs preffans & fblides. Que TObfervateur, que 1'Hiftorien examinent enfuite ces motifs & lespèfent; qu'ils remontent a leur origine; qu'ils difcutent la convenance «Sc le mérite des opérations qui en réfultent, tout comme ils auroient difcuté telle & telle autre négociation politique —< on ne leur contefle point cette liberté, & il leur eft permis d'en ufer, pourvu qu'ils ne s'écartent point des loix de la décence. A cette condition, nos Etats Patriot iques ne trouveront pas mauvais qu'un Ecrivain, quelqu'il foit, propofe au public fes doutes fur la néceffité & 1'utilité d'une Alliance dont ils n'ont pas fait un myflère, mais qu'ils ont conclue ouvertement. Celle dont Ü s'agit ici, doit d'autant plus naturellement donner lieu aux réflexions, qu'il eft aifé d'appercevoir dans plufieurs événemens très-récens les caufes qui peuvent avoh.' engagé nos Princes a s'unir par une Confédération plus étroite. EfTayons de traeer la marche des idéés d'un Obfervateur impartial, qui raifonneroit fur ce fujet. Dans tous les Etats libres, oü les lok «Sc les ufages reegis admettent un partage B 2 du  du pouvoir fuprême, il eft aflez. ordinaire a chacun de ceux qui y participent, de chercher a étendre les prérogatives qui lui font échues, & a franchir les limites que la Conftitution a fixées a Pautorité qu'elle lui a confié. Cette ambition eft naturelle au cceur de 1'homme, & il s'en défie d'autant moins, qu'il ne manque jamais de prétextes pour 1'excufer ou même pour la juftifier: il allégue en fa faveur, tantöt 1'obfcurité des anciennes loix & les équivoques qui s'y font glhTées; tantöt le changement des circonftances, ou les révolutions qui font furvenues. Aufïï voyez-vous dans les Républiques, que les différens états qui compofent Pautorité fouveraine, ne ceflent de s'obferver & de fe croifer; ils prennent garde que 1'un ne s'agrandiiTe au préjudice de 1'autre, «Sc ils fe fervent ainfi mutuellement de contrepoids. Cette rivalité, ce choc d'intérêts, font trés - éloignés de tourner au détriment de ia chofe publique: la bafe de 1'Union n'en eft que mieux afFermie; fes principes n'en font que mieux développés; de nouvelles loix viennent a 1'appui des anciennes, & chacun eft réduit au degré de puiiTance qui  qui lui revient légitimement. Voila précifément le cas ou fe trouve rAllemagne. On ne croic pas offenfer 1'Augufte Maifon d'Autriche en attribuant aux Empereurs, ilfus de fon fang , une ambicion qu'on peut regarder comme inféparable de la nature humaine. L'Autriche, placée au rang des premières PuilTances de 1'Europe, n'a jamais rien négligé pour faire de la dignité Impériale un inftrument de fa propre grandeur, en donnant aux forces de 1'Empire la direélion la plus favorable a 1'intérêt de fes Etats Héréditaires. Elle a profité habilement des circonftances qui fe font offertes, pour étendre les prérogatives Impériales; extenfion, toujours avantageufe a fes intéréts, mais fouvent trés préjudiciable a 1'Empire, & contraire aux principes de fa Conftitution. L'Hilloire en fournit les prcuves les plus évidentes, que nous nous difpenferons de rapporter ici. 11 fufïït de lire & de comparer les Capitulations Impériales depuis Charles V, jufqu'a Jofeph II. Chacune contient des déterminations plus précifes fur les droits du nouveau Chef de 1'Empire; déterminations , que la conduite de fon Prédeceffeur B 3 ren-  rëhdoit toujours néceflaires aux yeux des Eleéteurs. On peut tirer de chacune de ces Capitulations 1'hiftoire pragmatique du Règne qui venoit de finir. Un Empereur choifi dans une Maifon moins puiflante, auroit épargné peut-être aux Elecleurs une partie de ces précautions; mais plufieurs raifons ont fait tomber la dignité Impériale fur le Souverain d'une Monarchie, qui par fa population, fon étendue, «Sc les avantages de fa fituation, éclipfoit autrefois tous les Etats de 1'Europe, & qui, de nos jours encore, trouve a peine deux rivales. La polTeffion de la Couronne Impériale, perpétuée presque fans interruption 1'efpace de plufieurs fiècles dans cette puiffante Maifon, devok infenfiblement confondre les intéréts de TEmpire Eleélif &c ceux de 1'Empire Héréditaire, «Sc faire péncher a la longue la balance en faveur de celui-ci. Pour prévenir les dangers qui réfultoient d'une pareille circonftance, if ne falloit pas moins que toute la prudence des Etats de 1'Empire. Ceux-ci devoient fixer avec Ia plus grande précifion Ie pouvoir d'un Prince, qui ne manquoit ni d'occafions ni de "  de moyens,pour faire fervir chaque queftion indécüè, a 1'augmentation de fon autorité; d'un Prince, qui par Pétendue de fes poffeffions héréditaires étoit a même de fe procurer des agrandiffemens perpétuels; d'un Prince en un mot, qui ayant une influence marquée dans toutes les grandes affaires de 1'Europe, trouvoit fon intérêt a y faire intervenïr auffi PEmpire Germanique. II étoit du devoir des Membres de PEmpire , de redoubler plus que jamais d'attention & de vigilance , en voyant a la tête de cette puifTante Autriche, un Souverain qui réunifToit dans fa perfonne tous les talens 'fupérieurs. L'activité peu commune avec laquelle il déployoit ces talens, & Pénergie de fon caraétère, laiffoient entrevoir fuffifamment qu'il méditoit 1'exécution d'anciens projets d'agrandiffement. En effet, & je crois pouvoir le dire fans être foupconrié de flatterie, depuis le grand Rodolphe, premier Empereur de la Maifon de Habsbourg, pei\ de fes Succesfeurs ont apporté fur le tröne les qualités éminente s, par lesquelles Jofeph 11. a üluftré fon règne dans un fi court efpace B 4 de  de teraps. Infatigable & avide d'inftruction, nous 1'avons vu entreprendre de longs & fréquens voyages, parcourir PEurope depuis les Pyrénées jufqu'a Mofcau. Saififlant d'un coup d'ceil ferme & étendu tout ce qu'il y a de bon «Sc d'utile chez 1'Etranger, il fe 1'eft approprié, & Pa exécuté dans fes Etats. 11 s'applique a faire jouir fes fujets des droits qui appartiennent a 1'bomme «Sc au citoyen, a affurer leur liberté, a exciter Pinduftrie parmi cux, a leur infpirer des vertus, a étendre leurs connoiffances, Une fage tolérance a augmenté le nombre des peuples qui lui iönt foumis, «Sc par un emploi bien entendu des reflburces infinies qu'il peut tirer de fes Etats, il eft fur le point d'atteindre ceux de fes voifins qui 1'avoient dévancé de quelques pas: bientöt 1'Autriche s'élévera a un degré de puhTance & de gloire, dont jufqu'ici fon hiftoire ne fournit point d'exemple. Un Monarque d'un génie fi adif «Sc fi entreprenant, devoit naturellement réveiller Pattention générale de PEurope. On devoit craindre que 1'agrandifTement de fes Etats ne fut un plan qui entroit dans fes vaftes projets. En  En effet on ne tarda pas a fe convaincre , que Jofeph II. ne fe croyoit pas affez lié par d'anciens Traités avec les PuilTances Etrangères, pour ne pas fe fouftraire dans 1'occafion a toutes les obligations qui le gêneroient, & pour ne pas ouvrir a fes fujets des fources d'induftrie & de richefle, qui leur étoient interdites & leur avoient toujours été fermées. Cette manière d'agir ne pouvoit pas être indifférente aux Membres de 1'Empire Germanique, dont les droits repofent uniquement fur 1'inviolable fainteté d'anciennes conventions. Le Traité des Barrières & 1'ouverture de 1'Efcaut, ne regardoit pas, il eft vrai, diredement nos Princes, mais ils devoient s'allarmer a jufte titre, lorsqu'ils entendoient le grand Miniftre de Jofeph IL n'alléguer a 1'Envoyé de Hollande d'autre motif que la volonté de fon mattre, pour renverfer les Barrières, & pour anéantir ' réellement le Traité qui leur fervoit de bafe (*). II (*) On fe rappellera une brochure, publiée au mois de Mars 1782. & qui n'a jamais été démentie. Elle a pour titre : Converfation minfftértelle entre le Prince de Kaunitz Ê? le Comte de Waffenaer. On B 5 y  11 étoit aifé de prévoir, qu'après avoir fcenté, aux yeux de 1'Europe entière, 1'infraélion de la Paix de Munfter, on ne refpecleroit pas davantage celle de Weftphalie, qui n'étoit ni d'une plus ancienne date, ni d'une plus grande fainteté. En Allemagne même on démêla plufieurs démarches, qui étoient trop analogues au Syftême Politique de la Cour de Vienne, pour ne pas être envifagées comme préparatoires a des innovations dangereufes. Les Droits Diocéfains, afturés aux Archevêques & Evêques de 1'Empire par la Paix de Weftphalie, conflituent une des prérogatives les plus précieufes de nos Princes Eccléfialtiques , «Sc dont la reitriöion ne fauroit être une chofe indifférente, même a leurs Co-Etats Séculiers. On y trouve entr'autres ce mot frappant du premier Miniftre: L'Empereur ne veut plus entendre parkr des Barrières: ■ elles n'exiftent -plus. Ce langage inufité n'avoit pas encore .été entendu dans les négociations entre deux PuiiTances indépendantes, dont les droits repofoient fur les' Traités les plus, folemnels. L'Envoyé de Hollande répondit, mais en vain : que jufqu'm il avoit toujours cru, que les Traités étoient quelque chofe.  On ne put qu'être frappé du traiternent qu'effuya PEvêché de PalTau, lorsqu'immédiatement après la mort du dernier Prince Evêque , on . vit fupprimer dans PArchi-Duché d'Autriche les droits Diocéfains les plus inconteftables, retirer arbitrairement les biens & les revenus dont ce Siège Epifcopal y jouuToit, & enlever jufqu'aux poffeflions appartenantes a fon Chapitre. En vain fit-on valoir par des repréfentations preffantes les Conftitutions de PEmpire & de PEglife, une polTelTion immémoriale, & particulièrement 1'Accord conclu en 1728. avec PEmpereur Charles VI (*). La Cour Impériale adhéra fermement (*) Cet accord fut conclu a 4'occafion de Përeftion de 1'Evêché de Vienne en Archevêché, auquel 1'Evêque de PafTau fut obligé de céder une partiede fon Diocèfe dans les Etats d'Autriche. Voici un paifage, tiré du Traité. Sub fide noftra Ccefarea £f Archi-Ducali fpondemus, pro Nobis, Succelforibusque noftris, quod faóta femel fupradiclaa quarf.32 Auftriaj infra Sylvam Vicnnenfem dismembratione et Eccleflae Metropolitics Vicnnenfi incorporatione, neque Nos, neque Succelfores Noftri, pro ulfjeriorï Dicecefeos Patavienfis dismembratione, etiam quoad par tem minimam, fub quocunque excogitabili pree* textu j etiam major is utilitatis , necejjitatis, vel decor is,  fermement au principe, qu'elle ne fouffriroit point dans fa domination un pouvoir Eccléfiaflique étranger; principe, qui pouvoit être conforme a la Politique d'nn Etat Souverain, mais qui ne 1'étoit point a la Conftitution & aux Statuts de PEmpire. II fallut donc racheter par le facrifice de tous les droits diocéfains, & en outre par une fomme de 4oa>3ooo florins, les pofïeffions féculières de PEvêché & du Chapitre de Paffau , qui étoient fituées dans PArchi-Duché d'Autriche. Le digne Evêque de Salzbourg éprouva les mêmes entraves, a Pégard de 1'exercice légitime de fes droits diocéfains fur les Evêchés de Gurk, Chiemfe, Seckau & Lavant, & fe vit fruftré, du moins pour quelque temps, de toutes fes pofTeflions dans les Etats Autrichiens'. Le Cercle de Souabe eut a fe plaindre, de ce que plufieurs de fes membres, poffeffionnés dans le Marggraviat de Burgau, avoient été foumis a la decoris, vel alterias cujufeunque, ullo unquam temporei inftantiam five judicialem, five extrajudicialem & per viam gratiae funus fatturi, auc ab alio fieri pafluri.  $4 2$ >$ la Souveraineté Autrichienne; & la Cour de Munic aulïi devoit être choquée des enrölemens Autrichiens qu'on prétendit introduire dans fes Fiefs Bohémiens do HautPalatinat, qui relèvent inconteftablement & exclufivement de fa fupériorité territoriale. A la Diète de fllmpire, laLégation Archi - Ducale tenta une innovation, contraire a Pufage & au cérémoniel recus, lorsqu'en remettant fes lettres de créance de PEmpereur aéhiellement régnant, elle voulut fe féparer des Envoyés des Princes, & prendre fon rang parmi ceux des Electeurs. Bien plus; au moment qu'on s'y attendoit le moins on vit paroitre de tout cöté dans PEmpire, unemultitude de lettres de pain (Panisbriefe,) que PEmpereur adresfoit, en faveur de plufieurs Employés Autrichiens , a des Monaftères immédiats & médiats, vis-a-vis desquels les Empereurs Romains n'avoient jamais été en pofleflion de ce droit, fondé, comme on fait, uniquement fur fon obfervance. On demanda même aux Prélats de la Souabe une forte retribution de droits d'dbfence, pour les Paniftes qui depuis quelques fiecles auroient pu être placés dans leurs monaftères, & dont la nomination  30 nomination avoit été négligée par les Ern* pereurs. Enfin a 1'occafion du paflage des Troupes Autrichiennes vers les Pays-Bas, les Commiffaires Impériaux, chargés de pourvoir k leur fubfiftance dans PEmpire, ne tinrent pas toujours la conduite que des Etats libres auroient pu attendre d'un de leurs Co - Etats — car la dignité Impériale n'entroit ici en aucune confidération (*). Toutes ces circonftanCes réunies ne mèritoient que trop Pattention des Princes de PEmpire & accréditoient leurs foup& propofition faite, au commencement de 1'année dernière , au Duc de DeuxPonts, & qui, foit pour le fond, foit pour la forme, eft certainement la plus extraordinaire de toutes celles dont un Membre de 1'Empire Germanique fe foit jamais avifé envers 1'autre. II feroit inutile d'en rappeler ici les détails. La Réponfe de Sa Majeflê PruJJienne a PExpofé de Ia Cour de Ff enne, a éclairci eet événement fingulier de la manière la plus pofitive & la plus authentique , & to'ut le monde en a été étonné. Sur une fimple propofition verbale, & dans un efpace de buit jours, le Duc devoit, fans confulter fa Familie & fes Alliés, fe réfoudre a la ceffion de la partie la plus importante de fes Etats Héréditaires; & on lui offroit en échange un pays fitué fur les confins de 1'Allemagne, dont il lui étoit impoffible de comparer au premier coup d'ceil h valeur & les proportions, mais qui, k tout prendre, n'étoit pas un équivalent pour la moitié de ce qu'il auroit cédé (*). Plein (*) La Réponfe de Sa Majefié Prufjknns (p.16 > pi-ófe-nte le parallèle fuivant: •  '4K 3* Plein du fentiment de fa dignité, & attaché aux véritables intéréts de fa Maifon, ce Prince rejetta fans héfiter un vain titre de Les pays de la Bavière, dont la ceffion avoit été demandée au Duc de Deux Ponts, contiennent 784 milles quarrés, 1,300,000 habitans, & donnent 7 millions de florins de revenus. La partie des Pays-Bas Autrichiens, propofée en échange , a 200 milles quarrés d'étendue , fa population eft de 1,200,000. têtes, & le Souverain en tir'e un revenu annuel de 2 a 3 millions de florins. Ces calculs font ce que nous avons de plus pofitif jufqu'ici fur ces deux pays, malgré les varlantes qui fe trouvent dans plufieurs écrits politiques modernes, & qui font en quelque for'te inévitables dans ces fortes de dénombremens. Les détails que les Journaux de Schl'ötzér nous orit donné fur les Pays-Bas Autrichiens, font évidemment exagérés, puisque eet Auteur évalue la population k plus de 4 millions d'individus, (Correfpondance, Cahier XVI. pag. 240.") & les revenus a 9 millions de florins. (Annonces Politiques, Cahier 19. pag. 355.) Un Ecrivain Autrichien, trés inftruit, (Mr. 1'Abbé Felbiger, dans fon IntroduStion a la Géograp.hie, Tom. 1. pag. 57.) ne fixe le nombre des habitans qu'a 1,öoo,ooo, & remarque avec raifon, que fi on adoptoit deux millions, la population des Provinces-Unies feroit inférieure a celle des Pays-Bas Autrichiens; ce qui eft démenti par 1'expérience. Enfin un Tableau de finance, qui date de Vienne, &  €< 33 de Roi j qu'il aüroit du acquérir aux dépehs de fa grandeur & de fon pouvoir. Sa conduite noble &fage fut généralement apriiaüdie 5 & que Mr. Bufching a fait imprimer dans fon Magajïn, Vol. 17. pag. 420. n'admet qu'un revenu de 3,184,000 florins. Ces évaluations portant fur toutes les Provinces qui compofent les Pays - Bas Autrichiens, on n'a qu'a déduire du total un montant proportipnnel pour le Comté de Namur & le Duché de Luxembourg, & les fupputations établies dans la Dédudtion Pruffienne ne paroïtront füremeht pas diclrées par un efprit de partialité. D'un autre cöté Mr. Schlötzer met les revenus de la Bavière trop.bas, en les comptant k cinq millions, ( Annonces Politiques, Cahier 14. pag. 222.) Son erreiir devient encore plus choquante, quand il les diminue enfuite jufqu'a 4,472,000 florins, & finalement jufqu'è 3,291,000^ (Politique moderne da VAllemagne, Partie II. ). Ces calculs ne fauroient comprendre la Bavière entière, ou bien' il doit s'y trouver des méprifes & des omifïïons * puisque 1'indication énoncée ci-deflus, eft abfolument,authentique. J'obferve au refte dans le dernier Öuvrage de Mr. Schlötzer un fait très-remarquable. Le rapport entre les tailles de la Bavière ,& eelles de 1'Autriche eft de 1. k jf. Cette comparaifpg fculc démontre déja 1'avantage infini qui réfiiltéroit pour la Cour de Vienne de 1'acquifitioh de la Ba', yière, puisqu'elle ne manqueroit pas de ia'xer, cettè nouvelle Province au même taux que les, autres;! raifonde plus, pour faire craindre aux fujets Bavarois le tro'c que 1'on méditoit a leurs dépen's. c  appiaudie ; mais PAllemagne , quoique tranquillifée pour le moment, ne pouvoit s endormir fur les dangers auxquels fa liberté & fon équilibre avoient été expofés. La Itberté & Péquilibre de PAllemagne 9 difent quelques-uns, font des mots vuides de fens; mais n'avons-nous pas entendu fouvent traiter aufü de chimère politique, Péquilibre de PEurope, & cela précifément dans les périodes oü Ton fe difpofoit a le rompre ? Si de nos jours on a employé plus fouvent le mot équilih ede PAllemagne, c'eft qu'apparemment on a été mis dans la néceffité de s'occuper de Ia chofe; & peutêtre Pufage de cette exprcffion ne nous eft-il devenu familier, que depuis qu'on a introduit celle de droit de convenance. Nonfeulement la durée des conftitutions de PEmpire ne peut être alfurée qu'autant que chacun de fes Membres fera maintenu dans la jouiflance de fes droits, conformément a la teneur des loix & des coutumes Tecues; mais il importe encore au Syftême général de PEurope que chacun foit laiffé dans la paifible poffeffion dé les biens légitimement acquis, que les Conventions & les Traités de paix foyent reli»  <8K 35 jeligieufement obfervés. Pour procurer ces effets, & pour prévenir des injuftices auxquelles le cceur humain n'eft que trop porté , on a regardé comme une fage précaution,d',empêcher que jamais unEtat ne s'agrandit, au point de pouvoir faire dépendre de fa volonté ou de fa modération, la liberté de plufieurs autres Etats, ou peut-être a la fin celle de tous enfemble. On a tremblé a la feule idéé, qu'une Puiffance de PEurope put jamais dire: Je ne veuxplus cfun tel Traité; & Pon a cru avec raifon qu'on ne pourroit compter fur Pobfervation inviolable des Traités, qu'aufii longtemps qu'aucune des Parties Contractantes n'oferoit lè flatter de les rompre impunément. Ces confidérations ont fait naitre des Affociations, des Garanties; elles ont conduit naturellement les plus fages d'entre les Souverains de PEurope au principe: que pour faire refpecler également Péquité & le bon droit, il ne falloit pas une trop grande inégalité de pouvoir : qu'il convenoit de réunir fes efforts contre celui qui chercheroit a s'élever au ctafTus des autres, pour être lemaitre enfuité de les aflujetir a fa volonté. C 2 Si  Si cette Politique eft reconnue poür jufle dans le fyftême général de fturope, d'oti vient qu'elle cefleroit de Pêtre dans celui de 1'Lmpire Germanique ? Ses loix fondamentales font-elles moins folidement établies que les Traités qui uniffent le refte des Puilfances ? La conftitution Germanique auroit- elle. le privilège rare d'infpirer a tous ceux qui lui font foumis, un refpect inviolable pour les loix établies, & des fentimens ineffacables de juftice & d'équité? Seroit-elle parelle-même un préfervatif contre 1'ambition «Sc contre toutes les paÜions auxquelles on voit fe livrer fi fouvent ceux qui gouvernent ? Une Maifon, puifTante par fes propres Etats «Sc par la dignité Impériale qu'elle tient entre fes mainsdepuis plufieurs fiècles, ne peutelle pas quelque jour encore produire un Prince, qui reprenne les projets dangereux d'un Charles V «Sc d'un FerdinandJI, & qui les exécute, lorsqu'on lui en aura facilité les moyens, par les accrouTemens progreffifs qu'on aura laifle ajouter a fa puiffance, déja fi formidable? Et quel accroiffement fut jamais plus a craindre, que celui dont il s'agiflbit en dernier lieu ? Moyennïuit  Moyennant un foible équivalent, PAutriche alloit. étendre fes immenfes polfesfions, dans une fuite non - interrompue, depuis le Rhin jufques prés de la Mer Noire; en échangeant les Pays-Bas, elle s'affranch ilfoit de toute dépendance a Pégard des PuhTances Etrangères; rien ne Pe'mpêehoit plus d'employer toutes fes forces a des agrandilTemens ultérieurs. Telles étoient pourtant les fuites inévitables du troc projetté. U eft facile de s'en convaincre , pour peu qiPon réfléchilTe jufqu'a quel point le rapport politique aduel entre les Cours de Verfailles & de Vienne auroit changé en faveur de cette dernière, fi ce troc avoit eu lieu. La France ne peut attaquer nullepart ,1'Autriche avec autant d'avantage, que dans les Pays-Bas. Leur conquête éft des plus importantes & abfolument immanquable. Elle n'exige pas de grandes dépenfes, puisqu'une Armée Fran^oife peut facilement envahir ces Provinces, y trouver d'abord fa fubfiftance, & fe procurer encore toutes fortes de convois, tant par les rivières, queducöté de la mer. L'Autriche n'eft pas a même de s'oppofer aux C 3 progrès  4K 38 progrès de fes ennemis: il lui en coute trop de faire pafler des fecours prompts & fuffifans, dans un pays fitué a 1'extrêmité de fes Etats. Un grand ConnohTeur (*J dit que PAutriche, abandonnéeaelle-même, n'émpêcheroit jamais la France d'enlever les Pays-Bas dans une feule campagne; que tout favoriferoit lés Francois, & qu'a peine PAngleterre, la Hollande;PEm'pereur& fes Alliés Allemarids enfemble, fauveroient ces Provinces. Le Général Loy'd confeille fortement (|) par cette raifon a PEmpereur de les écbanger contre la Bavière ; ce troc , dit - il, lui donneroit une force nouvelle. Mais voila précifément pourquoi la Cour de Verfailles ne peut, *ou du moins ne devroit jamais fouffrir , que celle de Vienne perde fa partie foibïe. La France ne pouvapt r obtenir (* ) Le Général Autrichien Loyd, dans fes Principes de Taclique, pag. 100. (f ) On fait que le plan pour la défenfe de Ia Bohème , tracé par ce Militaire diftingué , dans fon excellent Fragment d'une Hiftoire de la Guerre dèfept ans, a été fcrupuleufement fuivi en 1778; cette circonftance femble donner un nouveau poids au confeil qu'il donne ici h. fon Maitre.  * ©btenir elle-même les Pays-Bas, elle doit être très-contente du voifinage de PAutriche, qui, de cecöté lk, n'a pas même une lupériorité décidée fur la République des Provinces - Unies, puisque récemment encore nous avons vu écheoir le pénible effai que PEmpereur a tenté ( *) a grands fraix pour renverfer les Traités qui ie gênoient envers la Hollande, & que dans cette entreprife S. M. I. a dü finir par renoncer k fes prétentions principales. II importe effentiellement k 1'équilibre de PEurope, que la puilfance de la France ne foit pas trop affoiblie k Pégard de PAutriche, & il eft de Pintérêt de toutes les Cours , que la Maifon d'Autriche garde les Pays-Bas. L'Empereur une fois maitre de la Bavière, la France perd k jamais Pavantage de fè ménager des Affiés (*) On fait qu'au mois de INfovernbre 1784. 1'Empereur annonga a toutes les Cours de PEurope la Tnarche d'une Armée de 80,000 hommes vers les Pays-Bas; mais après une année entière, ce Corps formidable fe réduifit a 36,000 hommes efFeólifs, dont la marche, y compris le tranfpoit de 1'Artillerie, &c. coüta cinq millions de florins, fans compter les frais du retour. C 4.  AlHés dans 1'Empire, au lieu que fi elle eft füre de PEle&eur de Bavière, & par conféquent du Danube, il ne tient qu'k elle de pónétrer dans le coeur des Etats Autrichiens. Ce plan , trés - fimple en lui-même, a déja été propofé plus d'une fois, & déja fufïifamment, combien elle étoit analogue aux circonftances , combien on étoit d'accord fur fa néceffité. On ne fauroit ignorer a Vienne que 1'idée de cette Union n'a point été fuggérée par «ne feule Cour, mais que dépuis longtemps elle a germé & müri dans les différentes contrées de PAllemagne. L'Affociation Germanique n'eft point Pêffet d'un génie politique, qui cherche a concilier des intéréts oppofés: rendue indifpenfable par des conjonctures critiques, c'eft le limple bon fens qui en a fourni le premier plan, c'eft 1'amour de la Patrie qui Pa confolidée. Et voila pourquoi elle a été concluepresqu'aufTitótque propofée ; voila pourquoi les efprits fe font prévenus par une confiance réciproque, & fe font accordés fans peine fur des principes, dont chacun depuis long-femps avoit reconnu la vérité & Pimportance. De toutes les Confédérations légales des Etats de PEmpire, il n'en eft guères qui foit plus conforme a nos loix fondamentales, ni diftée par des motifs plus preflans. On ne risque donc rien de lui promettre hardiment de la confiftance & 'de  y,)  %< 45 ># fsréjudice de 1'Empire, 1'Alliance Germanique elle-même fourniroit ces preuves. C'eft un mauvais artifice que dmlpirer de la défïance contre la Pruffe, en lui imputant des vues qu'on i'eroit bien aifë de lui trouver, maisqu'elle ne fauroit avoir. Ce¬ lui qui s'engage a reprimer toute attaque contre la Conftitution, déclare alTez par la qu'il n'a pas deflein d'y porter atteinte; ébligé de repoulTer la force & la violence, il ne s'en rendra pas coupable lui-même, & il n'y a point de doute fur la püreté de fes intentions. L'Hiftoire du paiTé n'eft pas a la vérité un garant des événemens que 1'avenir. peut dévtlopper; mais elle peut nous aider a tirer des conjeüures plus ou moins probables, puisque Ja plupart des Cours ont coutume de fuivre, pendant des fiècles entiers, les maximes politiques qui entrent dans leur fyftême. Qu'on examine impartialement la conduite que la Maifon Electorale de Brandebourg a tenue de tout temps, & qu'on cite un feul cas, oü elle ait cherché fon agrandilfement particulier , aux dépens dela Conftitution de 1'Empire, ou de fes Co-Etats, Toutes fes pölTeffions dans  dans cette partie de PAllemagne ont été acquifes- par les titres les plus légitimes; les unes lui font échues par droit de iucceiïion, & les autres lui ont été conférécs, ou par 1'Empereur, ou par 1'Empire, en dédommagement. des facrifices qu'elle a faits pour le'bien public. De tout temps le Brandebourg s'eft efforcé de maintenir la Conftitution Germanique dans fon inté- ■ grité; a la Diète, il a toujours efficacément; concouru aux arrangemens qui tendoient; a ce but; & dans les Cercles dont la Direótion lui eft confiée, il a toujours veillé fans la moindre partialité a la ftrióte ob-1 fer /ation des loix, «Sc a la prompte exécution des jugemens prononcés par les Tribunaux de PEmpire : pas un feul Etat: voifin des nombreufes poflelTions duBran-debourg, n'a eua fe plaindre d'un procédé; désobligeant, ou d'une entrepriie violente: de fa part (*). Et quel magnifique; exemple: C*) On ne fauroit oppofer a ces affertions 1'exemple de la Guerre de fept ans, qui n'étoit proprement qu'une défenfe forcée. C'eft ce que la Cour de Berlin adémontré, dela manière laplusfob.de te la plus autheritique,dans fonMémoire raifonné, quj fe trouve entre les mains de tout le monde.  Éxefnple de Patriotisme notre Grand Md-' narque n'a-t-il pas donné récemment encore dans la Guerre de Bavière, quand, a lage de 66 ans, il s'eft expofé lui-même, & il a expofé toute fon Armée, pour la défenfe de la Conftitution Germanique, fans qu'un intérêt perfonnel ou direct 1'y engageat! Le paffe ne fauroit donc accréditer. le moindre loupeon contre la Maifon Ele&oI rale de Brandebourg.. On peut efj érer plutót," qu'elle reflera fidéle aux mêmes principes d'équité & de juftice qui 1'ont jguidée jufqu'ici, & que fa véritable Politi\que lui prefcrit. L5 folidité d^ cette jremarque ne iauroit échapper a ceux qui «connoiffenties relations acïuelles de 1'Eu,rope. La Prulfe, confidérée fuivant fa ! grandeur, fes produdions & fa popula, jtion, n'appartient qu'au rang des Puiffani ces moyennes. Suppofé que chaque pays :ifüt tirer tout le parti poffible de fes avan; tages naturels , elle ne pourroit jamais jjêtre mife au pair avec des Empires, qui j 1'emportent fur elle en étendue & en ferjüité, & qui font trois fois plus peuplés iqu'elle. Si la Pruffe a pu fe foutenir eontre  48 > $ 'cohtré les efforts réunis de tant de PtfiP fances du premier rang, fi elle eft parvenue a acquérir de Tinfluence & du poids dans le fyftême 'général de 1'Europe, ces fuccès, nous le favons tous, doivent être attribués aux circonftances du temps, a la iupériorité des talens, au choix deé raefures, & enfin aux Alliances peu naturelles de fes ennemis, dont chacun fuivoit un but & des intéréts particuliers. JJordre des chofes femble exiger fans doute, que, par un fage emploi de leurs 'reffources, les Etats moins puiflans cherchent a fe mettre en équilibre avec les grands Empires, auxquels la même économie, politique , jointe a des avantages naturels, affureroit une certaine prépondérance. Heureufe donc la Prufle, fi une .Adminiftration fage, fi une épargne bien entendue, fi des principes de modération, fi les lumières de la raifon & de Fefprit, font des befoins & des conditions inaliénables de fa grandeur; fi un Gouvernement foible, tyrannique & perfécuteur, feroit la fource infaillible de fa décadence & de fa ruine ; fi elle n'eft pas alfez riche pour devenir prodigue, ni affez puilfante poun com-  49 >& j icommettre des injuftices! Un Etat comme i celui-Ja doit infpirer la coniiance k fes voiI nns, & c'eft particuJièrement le cas de la l Prufle en Allemagne, puisqu'eJle ne peut jamais efpérer le moindre profit de la lubj verfion du iyftême acluel de PEmpire., \ mais que fa propre confervation 1'oblige k le perpètuer, & que, d^après les régies les plus fimples de la Politique, Pintérêt de PAllemagne & celui de fa Pruffe ne peuvent fe croifer. S'il étoit poflible que jamais on propofat k la Cour de Berlin le bouleverfement de la Conftitution Germanique, & la 'ujétion de fes Co-Etats, fon intérêt feul Pengageroit a rejèter ces prójets & k en prévenir Pexécution ; car quelque fuffent Jes avantages dont on la fiatteroit, ceux que PAutnche auroit foin de fe referver, Pemporteroient toujours 1 danslabalance; le rapport entre ces deux ' Puiffances changeroit néceffairement au ( préjudice de la Pruffe , &' la' perte de ' .celle-ci lèroit la fuite inévitable d^une combinaifon aufli mal entendue. D'ailleurs il eft évident que fans la concurrence de PAutriche, Pexiftence, la fuppofidon même 'd'un tel plan, eft abfblument impoffible. D Oï  Or que la Pruffe effaye de donner Ie plus léger foupcon k eet égard, elle en fera bientöt cruellement punie ; elle perdra infailliblement, & avec raifon, toute confiance, tout crédit, dans PEmpire & chez PEtranger. Ainfi tant qu'on accordera encore au Cabinet de Berlin un refte de bonne Politique, les Etats Germaniques n'ont abfolument rien k redouter de ce cöté-lk. D'après ces confidérations, qui toutes font fondées dans la nature même des chofes, il ne fera pas difficile aux Princes de PEmpire, d'opter k laquelle des deux grandes Puiffances de PAllemagne , la Pruffe, ou 1'Autriche, il leur convient de s'attacher de préférence ? fi c'eft k celle dont ils n'ont rien k appréhender «Sc qui fe chargera de leur défenfe par intérêt propre? a celle qui a tout k craindre & rien k gagner par la fubverfion du fyftême actuel? k celle, en un mot, dont la Politique marche de pair avec la Juftice ? ou bien, fi c"*eft k la Puiffance qui peut fe flatter de tirer avantage d'une révolution, «Sc qui n'ayant aucun intérêt particulier k mairitenir rigoureufément Pancienne Con-  # Conftitution , Ja fera^ dépendre tout au plus de fa modération & de fa droiture > fentimens, qu'on n'eft pas toujours fur de rencontrer dans une fuite de Princes révêtus de 1'autorité fuprême. Ce font la fans doute les motifs qui ont décidé les Etats de 1'Empire a s'unir plus étroitement avec la Cour de Berlin, & a décliner 1'Alfociation que PAutriche leur a propofée de fon cöté. On peut efpérer avec confiance de leur patriotisme & de leurs lumières, qu'ils envifageront toujours les affaires de PAllemagne fous le même point de vue; que, fidèles a leurs vrais intéréts, ils ne s'écarteront pas des principes une fois établis; & que ni les efforts de la calomnie, ni les faux raifonnemens, ni les' bruits artificieufement femés, neferont pas capables de les détourner d'une Alliance, qui afTure le repos de PAllemagne, le maintien de fes loix,& la durée de fa Conftitution. Ön n'a rien négligé pour détruire ces brillantes efpérances dans Pefprit de nos Patriotes. On s'étudie encore, & dans les papiers publics, & dans les écrits particuliers, a égarer le Public & a troubler 1'Union D 2 des  des ^rinces Alliés. On continue' k répandre les accufations les plus futiles, k faiiirier les faits, k akérer 1'Hiftoire, pour affoiblir, s'il eft poftihle , la confiance duë k une Cour, dont l'imérêt eft beureufement inféparable de celui de 1'Allemagne. Aucun Ecrivain n'a mieux rempli cette tache, aucun n'a ofé mettre en avant, d'un air plus alTuré, des cho'ës ablolument controuvées, infiüter plus ouvertement k la vérité de 1'Hiftoire, que Mr. le Baron Otton de Gemmingen. Pour ne point interrompre le fil de fes raifonnemens, & pour ne pas m'attirer le foupcon d'avoir mal repréfenté fes idéés, en les ifulant, je rapporterai en entier la pièce dont il eft 1'Auteur. Les remarques que je placerai au bas du texte, ferviront peut-être k fixer le jugement du Lecteur fur un des événemens les plus importans de nos jours; & en comparant mes raifons avec les aflertions de Mr. de Gemmingen, il ne fera pas difficile, je penfe, dedécider, qui de nous deux a de fon cöté le bon droit & la vérité.  Considérations sur l'Association de S. M. Prussienne, pour le maintien du Syftéme de PEmpire, par OTTON de GEMMINGEN, Baron du St. Empire. Traduit de l'Allemand. La liberté Germanique eft cn danger ! Tel eft le bruit que les cent bouches de la Renommee font rétentir de tous cêtés (_ i ). Ceft un Monarque fage puiffant qui donne i cours a ce bruit ; c'eft lui qui par des Ecrits poli' I iiques, avertit le Public de ce redoutable danger. '. Déja il s'efl uni plus êtroitement avec quelquesuns de fes Co - Etats, Ê? il ne ceffe d'exciter les i autres a détourner Parage qui va couvrir Plmifon 1 de 1'Allemagne & qui s'approche en grondant. Fier ( i ) Un bruit public n'eft jamais deftitué de tout fondement ; s'il devient général, s'il fe foutient long-temps, il acquiert un grand degré de probabilité. D'ailleurs il n'eft pas queftion dans le cas préfent d'un fimple bruit; mais il js'agit de Yopinion que les principaux Membres de PEmpire ont unanimement formée au fujet de la D 3 fituatioq  Fier tVune Patrie qui n'a jamais connu le jeug, te Germain s'allarme avec raifon de ce bruit & des mouvemens qu'il occafionne ,• mais- il n'oubliera foint de faire dans cette circonftance ce que la frudence diÜe toujours: il recherchera ï origine ie ce bruit: il examinera enfuite ce qui eft dangereux pour VEmpire, & fi le pêrü qu'on annonce , exifte en effet: enfin il pefera les moyens qu'on propofe pour la füreté publique, avant de prendre un parti, il voudra favoir fi la crainte d'un danger apparent ne le précipitera pas inopinément dans un autre danger t trhs-grand ö> tres* réel. Quoiquil en foit, eet objet eft trop important four ne point exciter Vattention de mes Concitoyens, & je me propofe de m'en occuper dans eet Ecrit. J'ofe préfumer qu'on ne me refufera pas le mérite de l'impartialitê. Né libre dans le fein de l'AUemagne, ne reconnoiffant d'autre fupérioritê que celle des loix, d'autres Maitres que ceux de mon propre choix } je dis hardiment ce que je penfe, & je dois le faire, des quileji queftionde la liberté * acquife lïtuation a&uelle de 1'Allemagne; mais il s'agit des motifs qui les ont engagés a s'unir plus étroitement. Une opinion auffi refpeclable femble avoir la vérité de fon cóté ; du moins elle n'a rien de commun avec les cent bouches de la Renommée, & ne doit être difcutée par un particulier qu'avec beaucoup de circonfpe&ion..  acquife par le courage de mes Ayeux, fcellèe de leur fang é? ^m'zV* jw'onf /«//Jee m héritage ; 5  3MT 58 ><$ yieillir: teh font les mots Équilibre, Monarchie Univerfelle &c. (4) II ne fauroit donc être queftion ici de eet intérêt commun; mais ü s'agit de rechercher fi les mefures qui dans tous les cas feroient les plus utiles h la Conftitution Germanique, entrent également dans le plan du Roi de Pruffe ? En eft-il ainfi, ious les Princes & tous les Membres de VEmpire n'ont fans doute rien de mieux a faire, que de (4) La crainte d'une puifiance trop prépondérante , ou d'un acheminement k la Monarchie Univerfelle, le foin de maintenir un jufte équilibre entre les Empires, ne font ni des idéés fubitement venues a 1'efprit, ni des idéés furannées: au contraire il fuffit de confulter 1'hiftoire des trois derniers fiècles, pour fe perfuader que ce font-la autant de maximes fondamentales, accréditées par la bonne politique & par 1'expérience, qüe le rapport & le développement du fyftême aftuel de PEurope a fait naitre & mürir fucceflivement dans les têtes des plus habiles Politiques. La Maifon ArchiDucale d'Autriche a fouvent reconnu la vérité de ces maximes, & les a adöptées dans fes Traités (*> Au refte la valeur très-réelle des mots Équilibre Sc Monarchie Univerfelle, a été fixée récemment de la manière la moins équivoque dans la Réponfe de Sa Majejié PruJJienne d 1'Examen de la Cour de Vienney pag. 13.14. & friv. (*) Par exemple dans le Traité de 1701. conclu a la Haye avec 1'Angleterre & la HoUar.de, & dans celuï fijné cn 1718 k Londres avec la France & 1'Angleterre.  fe joindre ètroitement h ce Monarque, & de s'abandonner avec confiance a fa dire&ion. Mais fi d'un autre cóté la chofe étoit douteufe, la prudence leur difteroit de veiller d'autant plus attentivement fur un Prince qui joint la fagejfe a la puiffance, & de le prendre plutót pour modèle que pour guide. Qjiels font donc les avantages effentiels de VEm» pire Germanique ? Je crois rfavoir aucune contradiëtion a craindre, fi je mets de ce nombre la plus parfaite intelligence pojfible parmi tous fes Membres, tant entr'eux qu'avec leur Chef fuprême; une flriCte obfervation des fiatuts de VEmpire, <$ vuidera jamais entihrement fon différent au fujet de la Siléjie (7), quoique cette conteftation repofe pour le moment, <$ que nombre de Moines mécontens font appelles aujourd'hui nement pas en péine de ces iortcs de difcuffions 3 & fi Mr. de Gemmingen alules faits très-remarquables qui ont été rapportés par Mrs. Nicolai & Biefter, il faura vraifemblablement aufli avec combien de chaleur un autre Sav'ant Pruffien, Mr. Garve, a refuté les conféquences qu'on a voulu déduire de ces faits. . < Je fuis entré a defiein dans tous ces détails, paree que je puis en garantir 1'exaótitude ; & tant que Mr. le Baron ne me citera point des exemples authentiques du contraire, j'efpère que ceux que j'allègueprouverontfuffifamment, .qu'il ri'y a pas un feul Auteur Berlinois connu, (&'bjen moins tous enfemble, comme Mr. de Gemmingen fê plait a lê leur reprocher fans la moindre raifon,) qui ait critiqué d'une manióre indecente les Pages mefures adoptées par PEmpereur dans les affaires de fon Gouvernement. Nos Cenfeurs ne permettroient jamais que dans un Ouvrage imprimé a Berlin, on mariquat aux égards qui font dus a la Cour Impériale. A Vienne, il n'en eft pas tout a fait de même. Je fuis a la vérité très-éloigné de recriminer contre les accufations injuft.es de Mr. de Gemmingen, & je me gardérai bien d'imputer au Gouvernement Autrichien les miférables injures, que des barbouilleurs, méprifés fans doute a Vienne même , vomiffent contre la Pruffe, & par lesquelles ils oherchent a fe rendre agréables au bas peuple. II eft cependant fingulier que le tribunal de la Cerifure', d'ailleurs fi rigide a Vienne, montre précifément dans: ces cas-la une trés" grande indulgence, , jusqu'& E 2 fbuffrir  68 ><$ aujöurd'hui h jouer le relè de ces Pafieurg Proteftans s dont on s'eft fervi avec tant de fuccls. fouffrir qu'on exprirae fon approbation fur les titres des pamphlets. Même dans les Ouvrages de bon aloi qui paroifTent a Vienne, on voit percer la plupart du témps une animofité & une partialité, qu'un homme délicat & éclairé ne devroit jamais fe permettre contre une Nation Etrangère, quelquefoyent les relations politiques de celle-ci envers la ficnne. Je m'en tiendrai pour tout exemple aux Ecrits qui ont été publiés a Vienne, a 1'occafion de la Guerre de Bavière. Combien de peines on s'y eft donné pour mettre, même fans s'embarraffer de la vraifemblance, tout le tort du cöté des pauvres Prufiiens; pour démontrer qu'i.'s n'ont pas une idéé de courage, de difcipline, ni de taftique! Les infultes groffières, les épithètes outrageantes, dont on a chargé notre Monarque & notre Nation, furpaffent réellement tout ce qu'on peut attendre d'un pays qui veut paffer pour civilifé. Je n'en citerai qu'un feul trait. Dans un Récueil, intitulé Les Chanfonsguerrières de Rautenftrauch, ona placé le bufte défiguré de ce Roi qui dépenfe tous les ans; plufieurs millions en bienfaits extraordinaires pour fes fujets, & au bas du portrait fe trouve une Chanfon d'un Déferteur Pruffien, écrite dans Ie goüt du' quatrain fuivant: Oh! qu'on eft dupe, fuivant moi/ De fe vouer a ton fervice! Tu n'écoutes que 1'avarice, Et tu n'aimas jamais que toj, se  | fiicch ^ia). Tirailleurs le mot de fécukrifaI tion"(i3), jetté au hafard, c? quand même il } feroit vuide de fens,fuffit déja feul pour inquiéter \ ceux qui pojfèdent de bons bénéfices, c^f il contri| bue du moins a gagner quelques voix de plus, qui ■ s'écrient: La liberté Germanique eft en danger ! Mais ■ : Et de telles horreurs s'impriment a Vienne avec. approbationl En attendant je veux bien croire, ' pour 1'honneur du Tribunal de Cenfure, qu'elles lui font échappées , dans un temps oii les Auteurs de Vienne 1'accablent de nouvelles produclions; mais il eft a obferver pourtant que de pareilles in\ décences n'ont jamais échappé aux Cenfeurs de Berlin. C12) Cette méchante Cour de Pruffe eft pourtant la caufe de tous les maux. Sans elle, com- ; ment les Moines Autrichiens auroient-ils fu qu'il eft dür de perdr.e fes biens, & de quitter forcément 3 pn genre de vie auquel on étoit habitué depuis longtemps ? (13) II n'eft donc pas jusqu'aux idéés de fécui larifation qui n'ayent pns leur fource a Berlin, fui, vant Mr. de Gemmingen. En effet, comment y 1 auroit on fongé a Vienne, 011 Pon entend parler i tous les jours de Monaftères fupprimés ou a fup1 primer, de biens d'Eglife confisqués ou a confisquer? Expliquons - nous cependant. Je fuis très\ éloigné de blimer les fages réformes que 1'Empe> reur a introduites dans 1'Etat Eccléfiaftique; il n'y ! a que les fuppofitions de Mr. de Gemmingen que je i, trouve fingulières. E3  • Mais l'homme fenfe demande auparavdnt, er. quoi confifte ce danger? & voila pourquoi nous allons examiner dans la II. S E C T I O N. Ce qui eft proprement dangereux pour la Conftitution Germanique. X a préponderance de la Maifon d'Autriche, & _L/ fes'projets d'agrandiffement, doivent être comptês parmi les dangers qui menacent PEmpire, S'il en faut croire la Cour de Berlin & fes partij fans. Comme nous avons parlé tantót de la yaleur politique de certains mots fonores, qui paroiffent d'abord fignificatifs , mais qui dans le fond ne difent rien, il ne fera pas inutile de reprendre cette rèflexion & de la développer. 11 s'agit ici de. faire des fuppofitions toucham ïavenir,'d'apres les regies de la vraifemblance; & des lors la marche naturelle des idees nous prefcrit, de comhiner le paffe avec le prêfent, & d'ètablir le plus grand degrê de probabilité pojfible pour les tempsfuturs. En fuivant cette méthode, nous confulterons l'Hifloire fur le paJJ'é ; nous examinerons enfuite ,d'après la fituation aStuelle del'Europe, fi la Maifon d'Autriche peut être dans le cas de s'affujettir PAllemagne; enfin nous rechercherons fi en bonne politique elle doit jamais s'occuper d'un pareil projet. . II 11e faut que jetter un coup d'ail fur l'hiftoire de l'Autriche & du Brandebourg, pour apperce- voïr  f$ir combien l'une de ces Maifon S-. a per da, & ■combien l'autre a gagnê , depuis le Règns de Charles V. Pendant que les Archi->Ducs fe font yus enlever VEfpagne, la plupart de leurs posfeffions dTtalie , les plus belles Proyinces des Pays-Bas (14) , & presque toute la Siléfie, PEletteur de Brandebourg, réduit ffabord a une petite contrée ftérile, s'eft étendu fucceflivcment, a fondé un puijfant Empire, rfjf s\fi enrichi en partiedes dépouilles de VAutriche (15). Confidèret-on enfuite la manier e dont les acquifitions fe font faites des deux cótés , ÏHiftoke nous apprend encore, que depuis le Comte Rodolphe de Habsbourg, les Archi- Ducs ont obtenu toutes leurs pojfeftions par des titres qu'on ne contefteroit pas même a un ■ f14) La perte de PEfpagne, & de quelques Provinces en Italië & dans les Pays - Bas, ne fera point attribuée, je penfe, a la Maifon Electorale de .Brandebourg. L'Hiftoire nous offre des preuves authentiques du contraire. Les fecours du Brandebourg , & la valeur de fes troupes dans la Guerre de la Succeffion d'Efpagne , ont efTentiellement eontribué a préferver la Maifon Archi - Ducale de plus grandes pertes, & a lui conferver fes Etats acluels. ■ > (15) De tout ce que 1'Autriche a perdu, le 'Brandebourg n'a obtenu que ce qui lui revenoit de droit inconteftable, & ce qui lui avoit été injuftetnent retenu depuis long-temps. On ne risqueroit presque rien de rétorquer les argumens de Mr. ds Gemmingen. E 4  4K 72 ># un Jimple particulier (16); que dans plufieurs Traités de paix défavantageux ils ont dü facrifier leut (■16 ) Qu'il feroit aifé de confondre Mr. le Baron, & de lui montrer Ion ignorance, en Ieramenant aux fources de PHiftoirei II y verroit que la Maifon de Habsbourg, fi petite dans fon origine, a trouvé autréfois une proteclion efficace dans la fageffè, Ie zèle & la magnanimité des Princes de la Maifon de Zollern, dont Fréderic III. Bourggrave de Nurenberg , & l'Ele&eur Fréderic L. acquirent & conferverent la Couronne Impériale, le premier au Comte Rodolphe de Habsbourg, le fecond aux Empereurs Sigismond <$ leur hêritage lègitime. II rien a pas été de même de ia Maifon de Brandebourg. Elle a arraché la Pruffe aux Chevaliers de l'Ordre Teutonique, &par la même elle afruftré toutes les families nobles de PAllemagne , d'une propriété qui leur étoit commune (17). Élk Quelque désagréables que foyent ces anciennes vérités hiftoriques & généalogiques , elles fonc pourtant des mieux fondées, & il faut bien les reproduire, puisqu'on permet a Vienne aux défenfeursde la caufe Autrichienne, d'attaquerpubliquement, fur des principes également odieux & controuvés , les acquifitions les plus légitimes du Brandebourg. (17) Mr. le Baron ofe-t-il fe permettre de falfïfler jusqu'a ce point des faits confignés dans les falies publics de PHiftoire? Dès qu'on affecïe de ne nas faire attention aux Traités les nlus fnif»m_ nels, il n elt point ae pays dont les premières révolutions ne foyent fufceptibles de ces fortes de fauffes interprétations. Voudroit-on, par exemple, difcuter en Jurifconfulte 1'ancien droitde poffeffioa de l'Ordre Teutonique fur la Pruffe, comment le Grand -Maïtre Hermann de Salza pouvoit-il, par fa Convention avec Conrad , Duc de Mafovie, obtenir le droit de forcer au Chriftianisme de fubjuguer, oude faire périr, lespoffeffeursprimitifs du pays, qui ne 1'avoient offenfé en rien ? Suppofé même que cette Convention ait pu lui aflurer quelque titre, Poppreflion infupportable fous laquelle gémiffoit la Nation, ne devoit-elle pas rendre ce titre nul, & Pinfraólion la plus groflière des devoirs féodaux, ne devoit-elle pas anéantir tqus les engagemens E S contraftés  74 Elle a enlevé Magdebourg ,■ • Halberftadt, & a"autres Eyêchés ( 18 )> enfin elle a détaché * # r' nécefllté de parler d'une chofe auflï connue, j'eij. rapporterai les particularités, qui font tirées des meilleures fources. De toutes les Provinces del'Allerhagne, il en eft peu qui fe foyent reflenties des fureurs de la guerre de trente ans, autant que la Marche de Brandebourg. Elle fe vit cnveloppée dans la calamité publique, fans qu'il y eut de fa faute; les deux Parties Belligérantes Paccablèrent alternativement du j poids de leurs armes; elle fut également maltraitéé ! de 1'une & de Pautre, & dévaftée au point, qu'une .', multitude de villages, dont, les noms fe trouvent I confignés dans les anciens cadaftrcs, ont entièreï ment difparu, & qu'on ignore aujourd'hui jufqu'aux | endroits oü ils étoient fitués Indépendami ment de èes malheurs, c'étoit le Brandebourg feui, i qui devoït fe charger de tous les facrifices pour s la pacification de PAllemagne. La Suède deman1 doit k être indemnifée des frais de la guerre; elle • afpiroit furtout k prendre pied dans PEmpire, & c'étoit le Brandebourg qui devoit la fatisfaire, en lui cédant le Duché héréditaire de Poméranie, qui revenoic depuis plufieurs fiècles a la Maifon Electorale, & qui lui étoit irrévocablement'échu dès 1'année 1637, par la mort du dernier Duc. Ce pays , aufll étendu que fertile , cc d'ailleurs ■ enclavé Le Cadaflre de TEmpcreur CharlesIV. rite \ la page 370. ies noms de 97 villages, qui font aujourd'hui, ou fi&èöl ou entièrement incoiinus. Mr. Bufclung ,4ansü Topograpiile de ■ ia Marche de Brandebourg, p. 54. & dans fon Foyage '-jRikah;.. p. 338, nous a donnd aulïï les liftes des feux que Fon~compc tok dans différentes villes, avant & après Ia guerre de trenrc ans. Ce parallble attefte les plus cruels ravages. La petite ' viilc de Oderberg, parexemplc, avoit 96 mailbus habitées avanï la guerre. & en 164S. il lui en reftoit une /iiile.  — n enclavé dans les autres Etats du Brandebourg, étoit furtout important a caufe de fa fituatiori fur Ia Baltique, & de la poffeffion de 1'Oder. Lö grand Eledteur Fréderic Guülaume, qui fentoit combien cette acquifition augmenteroit fa puisfance, fit Fimpoffible pour fe mainténir dans fes droits; mais il fallut enfin céder a la förce. On ne lui laiffa que la trifte alternative, ou de fe votf enlever par Ia voye des armes, la Poméranie, que PEmpereur & PEmpire fe propofoient de garantir a la Suède; ou d'abandonner a cette Couronne, contre un équivalent tel quel, la plus grande & la plus belle partie de la Province, 1'Oder y comprifé. L'Ele&eur délibéra long-temps (*), mais privé de fecours, de troupes & d'argent, grace aux intrigues de fon Premier Miniftre, le Comte de Schwarzenberg, que la Cour de Vienne avoit eu Part de s'attacher, il étoit hors d'état de s'oppofer a un ennemi puiffant, :qui d'ailleurs fe trouvoit. en pofTefïïon des places les plus importantes de la Mar» che; ainfi il ne lui refta d'autre parti k prendre que d'accepter la feconde des deux conditions propofées. Comme tout le monde ctoit d'accord fur la nécefïïté de fournir au Brandebourg Péquivalent promis, rien n'eut été plus jufle que d'en charger la Maifon Archi-Ducale, Ie véritable ennemi de la Suède, & le feul Auteur de la guerre de trente ans. La France infifta, & avec raifon, fur la ceffion de la Siléfie; mais 1'Empereur n'y voulut abfolument pas entendre. D'un autre cóté, la France fe déclara contre la fuppreffion des Evêchés Catholu ques , (*) Voyez Puffcndorff dt rebus gejlis Frldericl fHlheIt;ii} p. 112.  77 >® ques, qui devoient fcrvir a fatisfaire 1'ElecPeur. II faliuc donc luialligner fon dédommagement furies Evêchés qui avoient déja embraJJ'é la Religion Proteftante, & eet expédient ne plut pas moins a la Cour Impériale, qu'aux Membres Catholiques de PEmpire en général; 1'une ayant fauvé par la fes états héréditaires,; & les autres, les biens de 1'Eglife.. C'eft une chofe remarquable qu'au teraps de la Paix.de Weftphalie, il n'y ait pas eu un feul Evêché entièrement Catholique de fécularifé, mais uniquement des Evêchés Proteftans, qu'on ne pouvoit plus efpérer pourtant de regagner a PEglife. Vraifemblablement on n'étoit pas faché de laiiïer perdre a ceux - ci leur forme eccléfiaftique, qui, fuivant les idéés des Canons Catholiques, paroiffoit ufurpée; on préféroit de les voir décilivement convertis en pays fécufiers (■*_). Par de tels arrangemens , le célèbre. Réfer vat'Eccléfiaftique fut en quelque forte efteclivement réalltfé fuivant Pefprit des Membres Catholiques de PEmpire ; & a fuivre toute la marche' de la négociation, relativement a Péquivalent accordé au : Brandebourg, je ne crois pas me tromper, en regari dant cette circonftance comme une des caufes qui1 Ifacilita 1'iffue de 1'affaire, & qui décida furtout le confentement du Miniftre Impérial, après toutes Hes difficultés qu'il avoit fait naitre au commencemeut. Ce C*5 J'ignore fi Pon a relevé avant moi cette fingularité; mais en conlültant l'Hiftoire, 1'on verra que tous les Evêchés fécularifés par la Paix de Weftphalie, avoient en partie déja des Evêques ou des Adminiftrateurs Proteftans, ou que du moins ils avoient adopté la Réformation dans leur pays & dans leurs Cbapiues. Miudm & Usnahuih tant 4 la vérité comptés en. «re  Ce fut donc uniquement pour favorifer PEmpereur & fes Alliés Catholiques, qu'au lieu del'équi* talent qu'eux feuls auroient dü fournir au Brandebourg , on choiïit les Evêchés Proteftans fécularifés, comme un dédommagement des facrifices que la Maifon Electorale avoit faits. Les Membres Proteftans de PEmpire étoient en droit de fe plaindre de eet arrangement, ( & la Maifon de BronsvicLunebourg en porta les plaintes en effet) puisqu'ils perdoient par la le grand avantage de procurer, a 1'exemple des Catholiques., des établiflemens a lettfs hls cadets, & que dans le fond la cesfion de ces Evêchés qui avoit été faite aux Proteftans par la fécularifation, fe trouvoit acluellement annullée. On fut obligé cependant de s'accommoder a Vinjuftice des temps. L'Elc&eur Fréderic Guillaume n'obtint pas non plus un équivalent proportionné k fes pertes. II avoit demandé d'a^ bord, au commencement d'Oftobre 1646, enéchan» ge d'une partie de la Poméranie Citérieure, les Evêchés de Magdebourg, de Halberjtadt, de Hildesheim, d'Osnabruck & de Minden, avec les Principautés de Grojj-Glogau, Sagan & Jauer ( *> Enfuite il propofa en Janvier 1647 , d'accepter Magdebourg, Halberjtadt, Minden, leComté de Schaumbourg, & une fomme de 1,200,000 écus, a la place de Stettin; & en outre on devoit lui remettre en dé^ core au norabre des Evêchés Catholiques; auSi le Corate d'/fyaux fit-il les plus gtandës difficultés pour les faire palier a une ■teatfotl Proteftante. Néanmoins la religion proteftante étoit déjh aflez généraleraent répandue dans 1'un & dans 1'autre de ces deux Evêchés, & les Catholiques ne pouvoient gueres fe natter de les conferver comrae Evêchés Eccléfiaftiques. (*) Voyez Mticrr. Ma Pacis WefiPK Hl. p. 743. '  «M 79 I dépot, foit les Principautés de Glogau &'de Sagan> i ou PEvêché d'Osnabruck ( *), tant qu'il ne feroit 1 point en polTeffion de Magdebourg. Ces prétenitions parurent exhorbitantes a quelques-uns ; mais. 1 les Envoyés du Brandebourg obfervèrent avec raiIfon, qu'il n'étoitnullement befoin de tout eet équiI valent, fi on laiffoit a 1'Elecleur le pays héréditaire i qui lui appartenoit légitimement. Leurs repréfentaI tions furent inutiles, & Fréderic Guillaume dut fe contenter d'un dédomrriagement beaucoup plus foible. Pour rendre la paix a PAllemagne, il céda jle 2c Janvier 1647 a la Suède, unepartie confidérai ble de la Poméranie Ultérieure, toute la Poméranie Citérieure avec Vlle de Rugen, & par conféquent il aufii la Ville de Stettin, ( que l'Eledteur offrit de aracheter pour 12 tonnes d'or); enfin 1'Oder avec dfes trois embouchures, le Golfe & Vlle de Wollin; ij& ce n'eft qu' avec beaucoup de peine, qu'il obtint y\ en échange les Evêchés de Halberftadtde Minden i& de Cammin, avec Pexpeclative de YArehevêchè de Magdebourg, dont on eut foin de retrancher encore quatre Bailliages importans, Qiierfurt, Juter\\bock, Dahme & Bourg ( f ). L'équité de ce dé;i dommagement fut reconnue par toutes les Parties idContraélantes de la Paix de Weftphalie; & dans jl'Article XI. du Traité d'Osnabruck, PEmpereur, il'Empire & les deux Puiffances Garantes, confir- mèrent Ct) Voyez & comparez Mcieni ABa Pacis Weftpli. T. IV. p. 269. & Puffendoïff, 1. c. p. 132. (*) Les détails de cette négociation, avec les pièces jnftificativcs, fit troiivent dans Meiem ABa Pac. Weflph. T. IV. L. 26; comme auffi dans Pufendorf de Reb. Geft. Frider. mih. Lib. II. & III, & en abrégé dans*Yfftfi. de la Pai~ de Weftpfi. du P. Bov.geant. L. VIII.  inain armèe, la Siléfie (19)} dun héritage dont elle ïïièrent folemnellemcnt a la Maifon de Brandebourg ja poffeffion des pays qu'on venoit de lui abandonner. Et cette acquifition, qui coüta au Brandebourg un facrifice précieux, (facrifice fait tout en- j tier a. la Maifon d'Autriche, ) & cette difpofition de la paix la plus facrée qui foit connue dans FHiftoiré Moderne ; & cette poffeffion garantie par les Puiffances les plus refpeólables de PEurope— voila ce i que Mr. de Gemmingen appelle des pays 'ehlevés ;i voila ce qu'il cite comme preuve d'un agrandiffefnent injufte. En vérité ce feroit le moment oü il Jaudroit faire fouvenir leFifcal de PEmpire, de pro- ■ céder, conformément a la teneur de la Capitular fion Impériale, contre ceux qui entreprennent d'attaquer audacieufement la Paix de Weftphalie ( *). 19. L'Auteur möntre ici de rechef, ou beaucoup] de mauvaife volonté a charger un Grand Monarque ! de toutes fortes d'imputations fauffes & odieufes,} ou beaucoup de témérité a raifpnner fur des affai-| res politiques qu'il n'a pas foffifamment approfoH-| dies. Les Duchés de Jasgemdorff', Liegnitz, BriegJ \ r») Art. II. § Vl.Voulons aufli punir, comme il convient,. , ceuxVi pourroienÈ entreprendre d'écrite , ou de publier des, im- , primés, eomre le dit Traité de Paix, & contre la Paix de Ucliajonl y confirmée, C ler^uels font des Hens perpétuels entte le Chef e?i les Membres, £? entrc cetix-ci privativement,) cafier les dicsl écrits & imprimés, dont ne peuvent naitre que des féditions ,| défiances & querelles dans 1'Empire, & procéder, corrftne dic| 1 clt en toute rigueur, tant contre les Auteurs d'iceux , que con-| tre'les complices; comme aufli de rejeter & annuller, en confor-ï . mité du Traité de Paix, toutes proteftations & oppofitions faitesj contre Ce même Traité, de qael nom elles foyent a? de qui.ellesi puifent venir, étant il y a long-temps rejétées & annullées.  elle avoit ci-devant reconnula légitimité, qu'elle avoit garanti elle-même ( 20 ). Et puisqiiune foi$ nous & WoUau, en Siléfie, appartenoieiït a la Maifort Electorale de Brandebourg, par des droits héréditaires incoutcftables, que la Cour de Pruffe a clairernent déduits dans fes Mémoires publiés en -1740. L'Autnche s'étoit approprié ces Duchés par la force, & les rctenoit injuftement. Elle connoiffoit depuis long-temps la validité des droits de la Maifon de Brandebourg , au point que Pan 1686. elle conclut un Traité avec PElecïeur Fréderic Guillaume, pour le faire renoncer a fes prétentions, moyennant la ceffion duCcrcledeSchwibufs; mais en méme temps elle fut tirer fous main du Prince Eleftoral, (depuis le Roi Fréderic I. ) un Reverfal, par lequel celui-ci annulla 1c Traité, & promit la réfiitution du Cerclc de Schwlbufs, des qu'il feroit parvenu au Gouvernement. Ce Prince fut affez géoéreux pour remplir un engagement qu'on lui avoit furpris & extorqué ; il rendit en 1695 Ie Cercle deSchwibufs, & s'cnremit a.fes Defcendans, (cc furent fes propres paroles, ) pour faire valoir leurs droits dans des circonftances plus favorables. Ces faits font copnus dc quiconque n'eft pas abfolument novice dans 1'Hiftoirc Moderne. II feroit fuperflu d'alléguer des preuves détaillées pour conftater la légitimité de Pacquifition de la Siléfie; la Cour de Vienne Pa folennellement reconnue dans trois Trajtés de paix confécutifs, & perfonne ne difpute aujourd'hui la-deffus. (20.) Sansdoutequele Roi Fréderic Guillaume a garanti la Sanclion Pragmatique de PEmpereur Charles VI, mais fi ne s'enfuit pas dela que cette gaF ranti'e  nous parions de projets d'agrandijfement & de defirs i-antie ait dü empêcher Ie Roi aujourd'hui régnant de faire valoir fes juftes droits fur la partie de la Siléfie qui lui reverfoit depuis fi long - temps. Les deux argumens fuivans le prouvent fans replique. D'abord, la garantie de la San&ion Pragmatique ne pouvoit nuire en aucune fagon au droit particulier de la Maifon de Brandebourg, ni rien décider a eet égard; car certainement toutes les Cours qui fe chargèrent de cette garantie, étoient très-éloignées de reconnoitre par-la la légitimité de toutes les pofTeflïons de la Maifon d'Autriche en général, & d'annuller indiftinftement tous les droits & prétentions qu'elles auroient pu avoir fur ces poffesfions, fans le referver un dédommagement convenable. Tout ce que les Puiffances Garantes promirent, fut de conferver k la ligne féminine de Charles VI. la fucceffion des biens que eet Empereur auroit poffédés & délaiffés légitimement. C'eftce que le Roi de Pruffe ne contefta en aucune manière ; il ne fit que réclamer la propriété qui avoit été fi long-temps & fi injuftement retenue k fa Maifon, & peu lui importoit quel fut 1'héritier du refte des Etats Autrichiens. Ainfi les droits de la Pruffe fur la Siléfie, «Sc la Sanftion Pragmatique, étoient deux objets tout k fait différens, qui n'avoient aucune connexion enfemble. En fecond lieu, fuppofons qu'il en eüt été autrement, la garantie de la Pragmatique n'étoit pas moins annullée déja. pour le Roi de Pruffe adtuellement régnant, lors de fon avénement an tróne, puisque long-temps auparavant la Cour de Vienne avoit enfreint la condition erclufive, fous laquelle la garantie avoit été faite. * Cett$ Provihces de la Pologne (21)? Perfonne fixé Ia condition. La garantie de la Pragmatique, dont le Roi Fréderic Guillaume s'étoit chargé, vint par conféquent.a ceder; ce Monarque Penvifagea comme nulle dans les dernières années de fon Règne, & n'a transmis a eet égard aucune efpèce d'obligation a fon Succeffeur,- ou fuppofé même que cet.te obligation eüt fubfifté, elle ne pouvoit rien changer aux droits du Roi fur la Siléfie. La conduite de la Cour de Vienne envers fon Allié, ne paroit pas fans doute ici dans un jour fort avantagcux, cc c'eft k regret que je Pai dévoilée; mais les fauiïes imputations de Mr. de Gemmingen m'ont forcé a lui oppofer des vérités désagréables, qui cependant font appuyées fur des acïes authentiques. J'ignore fi les Traités de 1726". 1728. & 1739, ont jamais été imprimés (*), mais j'ai fous les yeux les Originaux des deux premiers, tirés des Archives du Roi, ainfi qu'une copie authentique du dernier. Les Originaux de tous les trois fe retrouveront vraifemblablement dans les Archives de Vienne, & pourront fervir a vérifier 1'exaétitude de mes affertions. (21.) Je ne fais pas trop fi le reffort principal de cette affaire eft auffi généralement connu que Mr.de Gemmingen le dit,- mais ce qui eft certain, c'eft qu'il n'en paroit pas inftruit lui-méme, fans quoi il n'auroit guères ofé y toucher. Sans entrer dans des détails qui feroient étrangers k mon fujet, je me • f *) II fe tronve une tradueïion latine du Tiaitd de I7i6, dnns le liécueiltit Roufiee T. III. p. 187. & dans Ie Corps Dipt, i-c Dumnnt, T, VIII. p. j. p. iS9, mzh je doute que Ips (lens derniers Traités ayent jamais étd rer.dus publiés. F 3  86 Perfonne ria fécularifé autant que la Maifon de Brandebourg, ni plus enfreint qu'elle, les droits les plus facrés de TEglife & de laNobleffe (22 ). Per- me. contenterai d'obferver que la Cour de Vienne fut la première a détacher de la Pologne 1'importantc Staroftie de Zips, & qu'ainfi elle devint le premier rejfort du démembrement de ce Royaume. La Cour de Pruffe, en révendiquant fes droits, les juftifta du moins par des titres fuffifans, & auxquels elle n'avoit jamais renonce. La Maifon d'Autriche au contraire avoit été obligée dc renoncer aux fieris en. .13-89. après la bataillc de Bitfchin, dans laquelle PArchiduc Maximilien tomba prifonnier entreles mainsdu célèbre Chancelier ZawzoMj. Peut-être la Cour de Pruffe n'auroit-elle pas encore penfé a" faire valoir fes juftes prétentions fur la Pologne, fi elle n'avoit été mife dans la néccffité de prévenir une rupture entière de Péquilibre, déja. fortement ébranlé par les entreprifes de la Cour de Vienne. Mais que fait 1'Hifioire de Ia Pologne a 1'Alliancc des Princes de PAllemagne? C'eft toujours mauvais figne quand un Avocat fe jette dans des digreffions, qui n'ont aucun rapport avec la caufe qu'il défend. ("52) J'ai déja montré dans les remarques 17. & 18. combien ces accufations font déplacées & contraires a la vérité hiftorique. J'ai prouvé que dans le fait les Evêchés de Magdebourg, Halberftadt, _ Minden & Cammin ont été fécularifés par la Maifon d'Autriche, & pour fon propreavantage. A compter depuis la Paix de Weftphalie jufqu'a nos jours, ïa Maifon Electorale de Brandebourg n'a-t-elle pas confervé  Per/ome n'a dêpouillé F'Empire, comme elle (23). Auffi ne manqua-t-elle pas de forwr une oppojition, lorsque rEmpereur Charles VI. voulut exécuter 1'Article X. de fa Capitulation , 6? prendre des mefures pour faire réftituer a 1'Empire confervé fain & fauf dans ces anciens Evêchés, les nombreux Chapitres, Abbayes, Monaftères & autres Fondations eccléfiaftiques, qui s'y trouvoient autrefois, tandis que Jofeph II. en fupprime par centaines? Qui eft-ce donc qui fécularifé le plus, la Maifon de Brandebourg, ou celle d'Autriche ? Le reproche que nous fait ici Mr. de Gemmingen, va jufqu'a 1'impudence. (23) QueMonfieur le Baron-nous montreun feul pouce de terre, dont Ia Maifon de Brandebourg ait dêpouillé PEmpire; mais s'il eft hors d'état de fournir des preuves de ce qu'il avance, le Public équitable ne lui épargnera point les épithètes que mérite tout Ecrivain, qui pour faire triompher la caufe qu'il a entrepris de défendre, n'a pas honte de fepermettre de faux expofés. II m'eft impoffible de deviner feulement de# quels pays Mr. de Gemmingen a prétendu parler ; car il feroit également abfurde de mettre au nombre des dépouilles de 1'Empire, foit les Evêchés cédés en dédommagementè la Maifon Eleftorale par ia Paix de Weftphalie, foit Ie Royaume de Pruffe. Celui-ci n'a jamais été dans une connexion réelle avec PAllemagne, & les Evêchés ne font pas moins aujourd'hui des parties intégrantes du Corps Germanique, qu'ils ne Pont été avant que PEmpereur & 1'Empire en ayeat agréé la fécularifation. F4  <&< 88 pire les Domaines qui en avoient êtê détdchês. La reminijcence de plufieurs acquifitions, telles que la Prufie , la Principaulê de Neufchatel fefc., amena une proteftation formelle de la- part du Miniftre de Brandebourg a la Diète de PEmpire,. jusqu'a ce que PElecleur de Bronsvic imagina r'expediënt, que VArticle X. de la Capitulation Impériale ne s'étendroit point aux pays dont le Brandebourg s'étoit emparé ( 24 ). I - ■ . D Enfin, C24.) Dela manière indéterminée& incivile dont cette accufation .eft énpncée, on ne fait pas en vérité quel cn eft le but, & fi Mr. de Gemmingen a cherché autrechofe qu'a outrager Ja Cour de Pruffe; car il eft abfölument inconnu a 1'Hiftoire, que PEmpereur Charles VI. fe foit jamais occupc des moyens de faire.réftituer a PEmpire les domaines qui en avoient été détachés, & il lui eut été d'autant plus difficilc de prendrea eet égard des mefures féri ufes, que la fituation politique de 1'Europe, ne 1'a point permis durant tout le cours de fon Règne. Les bévues nombreufes dont 1'Ecrit de Mr.de Gemmingen fourmille,. &*dont chaque Lectcur impartial doit être frappé comme moi, annoncent un homme trop-.peu verfé dans le Droit Public de PAllemagne., ou même feulement dans 1'Hiftoire Générale, pour que j'ofe le croire au fait des négociations particulières, qui fc font traitées. a la Diète de PEmpire. Je fuppofe cn attendant qu'un Pubücifte vraiment inftruit a voulu fuggérer un argument de poids a notre Auteur, mais qu& tongue durée, & auroient-ils fini par entrafner la perte de fes plus belles Provinces (25)? Tout ce que les Puiffances Etrangères ont enlevé h PEmpire, elles le doivent aux projets d'agran* dijjement C25O Monfieur Ie Baron fe moque de fes Lecteurs. II n'y a pas d'écolier qui ne connoiffe 1'origine de Ia guerre de trente ans, «Sc c'eft infulter a l'Hiftoire, que de rejetcer la faute de ces malheurs fur la Maifon de Brandebourg. Celle-ci fe trouvoit alors précifément a 1'époque de fa plus grande foibleffe; époque, qui fut amenée par la guerre de trente ans même, 6c dont 1'Augufte Auteur des Mémoires de Brandebourg a tracé le tableau fuivant, avec 1'exactitude hiftorique la plus fcrupuleufe. }, Un Souverain incapable de gouvemer, (l'Elecleur George Guillaume,) un Miniftre traitre d la , Patrie, une guerre, ou phatót un faccagement & un bouleverfement général J une inondation d'Ar■'■ mees amie*s & ennemies, barbares, pillardes 6c " cruelles également, qui, fe ballotant comme " les vagues de la nier, abimoient par leur flux " & reflux les mêines Provinces, & ne fe retirè- rent qu'après avoir tout dévaflé, 6c mis le comble ... a la défolation". Et c'étoit - la 1'Etat qui pouvoit entretenir forcément les premières Puiffances de PEurope dans une guerre ruineufe? c'étoit-la i'Etat qui pouvoit donner ou öter la paix h PAllemagne ? II eft notoire que les Elecïeurs George Guillaume cc Fréderic Guillaume, qui régiffoient le Brandebourg du temps de la guerre de trente ans, n'ont point été la caufe de cette guerre, 6c qu'ils n'y prirent aacune part directe. Loin d'y jouer uf role  95 >& iljfement de la Maifon de Brandebourg, quix la plupart du tempt, ne leur réjijioit qxCen apparence, ou les laijfoit agir librement, ou fayorifoit même leurs vues (26> En un mot, chaque pertet role aftif, incapables de tenir fur pied une Armée de quelques milliers d'hommes, ils étoient la partie purement fouffrante, toujours réduits a livrer leur pays a la barbarie du vainqueur. Eft- ce dans une pareille fltuation qu'ils pouvoient exercer une politique eqmvoque, & entratner la perte des plus belles Provinces de VEmpire , comme on nous Pas^.re/x1C! !Vec une effr°nterie presqu'incroyable? C eft plutót 1'cfprit perfécuteur, le faux zèle, & 1 ambition cffrénée de PEmpereur Ferdinand 11 f\ iT a;Il^é Ia guerre de trente a"s ; c'eft fa foibleffe & fa dangereufe politique qui Pont pro. longée; c'eft lui & fes SuccefTeurs qui Pont fi mal conduite & fi mal terminée; & par conféquent c'ejh 4 la Maifon d Autriche feule, & d perfonne autre, pWvincT^ a"ribuer la?erte de f" Plus belles £26) Quelles font donc les pertes que PEmpire CalPn Par, lu P1'0JetS d'aSra^iffement de la £! fon de Brandebourg, ou par fonagrandiffement réel* de Mr 1 de Gemmingen a éclairer notre ignómncer. L^Ctem Fréderic Guillaume, a la té fde tl vingt-mdle Brandebourgeois, n'a -1 - il pt tuvl deux fois en iö72. &eni674, la Mande &PEm pire, aux dépens de fon proore oavs • tlZi lesGénéraux Autrichiens vüle, qul devoient agir de concert avec lof,£ ♦ fiieat  perte, chaque dêvajlation de VAllemagne, eft marquéd firent que contrecarrer & détruire fes fages mefures , 1'un par jaloufie, & 1'autre par ineptie? N'eftce pas lui, qui, feul & fans le moindre fecours de PEmpereur ou de 1'Empire, remporta la b illante vittoire de Fehrbellin, qui foutint en Poméranie & en Pruffe les campagnes glorieufes de 1Ö75, \6-j6 & 1677 , & finit par délivrer PAllemagne de 1'irruption des Suédois, qui s'étoicnt jetés fur laMarche pour fe vengerdc lui? Et quand enfuite PEmpereur Léopold Peut abandonné en 1679 a la Paix de Ni" mégue, ne fe vit il pas obligé de continuer feul la ® marquêe fur le revers de la médaille , par uê nouvd depuis 1701 jufqu'en 1713, une Armee de douzemille hommes, qui ont conquis a 1'Autriche les PaysBas & F Italië? Qui efhce qui a décidé les fuccès des grandes & fanglantes journées de Hochftcedt, de T'triii, de Ramillies & de Malplaquet ? Eugene & Marlbqrough, n'en ont-ils pas toujours rapporté lé principal honneur aux troüpes Pruffiennes , préférablcmcnt a celles de 1'Autriehe? Tant de facrifiecs, tant de fervices fignalès, qu'ont-ils valu a la Maifon de Brandebourg ? Cne miférable pórtion 'du Duché de Gueidre, qui contient a peine cinquante-mille ames , & fur laquelle d'ailleurs elle avoit des prétentións fondées. Enfin, le Roi Fréderic Guillaume, accompagné du Prince Héréditaire, le Grand Monarque actuellcmeht régrïant, n'ont-ils pas fauvé 1'Autriche du plus preflant danger, en fe portant Pannéè 1734 fur le Rhin . avec une Armée de dix - mille hommes ? Ainfi le Grand Eleffteur Fréderic Guifyauttie ca 167 a & 1674, f*Electeur Fréderic III. en 1689 & 1690, Fréderic 'Guillaume, comme Prjnee Röyal de Pruffe en tjop. dans la fangla'nte Bataillc de Malplaquet, & comme Roi eri 1734, & le Roi d'aüjöurd'hui lui-même &'vant fon avênement au tróne, n'ont-ils pas tous combattu cn perfonne pour 1'Empire, & pour les Empereurs Léopold, Jofeph I, & Charles VI, qui fé tenoient rcnfermés dans leur Réfidehcc a Vienne? Et les récömpenfcs que les Princes de ia Maifon de Brandebourg ont obtenues, peut-on les mettrc a cóté dé celles que 1'Autriche s'eft adjugées arbitrairerrient? a cóté du Milanès, de ia Tofcane & de 1'experftative de Modène ? Pour töute G recon»  fmvü dccroijfement de la\\Maifon de Èrandcbourg (27). II s\n faut de beaucoup que ces réflexions foyent dittées par des motifs odieux C28). J'invit%au >. ' contraire reconnoiffance, Ia Cour de Vienne & fes Apologi fles reprochent aujourd'hui è la Pruffe des agrandiflemens & des dévaftations, qui n'ont jamais exifté que dans la tête d'Ecrivains ignares. L'épithète ne paroitra pas trop forte a quiconque eft un peu "verfé dans 1'Hiftoire. ( 27 ) On a de la peine a tenir fon férieux, quand on entend raifonner de cette forte un homme qui fe mêle d'écrire fur la Politique. Sans doute ce ne font ni le defpotifjne de Ferdinand II, ni les intrigues des Mazarin & des Qxenftirn, des d'Avaux & des Salvius, ni la fupériorité de génie des GujtaveAdolphe, des Bemard de Weimar, des Turenne & des Condé, ni la valeur des Troupes Frangoifes & Suédoifes, qui ont refferré les limites de PAllemagne. D'après les idéés fi juftes & fi neuves de Mr. de Gemmingen, la Maifon de Brandebourg eft la caufe de TOUT, & 1'unique Auteur du mal eft précifément l'Elecleur George Guillaume, ce redoiitable Ennemi de la Liberté Germanique! Une découverte auffi inattendue va donner néceflairement une toute autre forme a PHiftoire de PEmpire. Mr. le Baron nous 1'expofe dans un jour que per fonné n'avoit appercu encore avant lui. (28) D'ou vient tout d'un coup cette proteftation de la part de Mr. Je Baron ? Le ton de fon Ecrit, Ia fimplicité de fon ftyle, fon éloignement pour U»ut ce;qui font l'affettation & la déclamation, fes affehións  $ contraire uw.chue>un.. a admirer 'ayec moi la pr;ofnde Politique de la Cour de Berlin- On fe fentjlever Vame quand faite de , a s u , ■.;.'.•» ' ' —— j $ i 3 ~ ] [, aüertions fi juftes & toujoursappu^ées fnï les preuvés' lés plus éviderités, tout cela ne fuffit-ii pa's pour nous> convaincre que fa plurae a été guidée par 1'amour de la vérité, par une impartiaiité vravqient digm-, d'un Membre immédiat de l'Empire ? Mais peut-il' de bonne foi révoquer en &o\xtc quelle eft la Puisfance contre. laquelle l'Hiftoife nous infpire des défiances & des cfaintes', pour' 'fe' danger. filtur de l'Al-. l'ema^ne ? II n'a qu'a mettre era parallèle I'Hiftoire de la^Maifon d'Autriche & celle de la Maifon do Brandebourg [ il n'a qu'a pefei' fidèlement la puisfance actuelle de 1'une & de 1'autre; la queftion feta bientót décidée.  brt) s fi: cakuk fur fa conftitution inférieure, rj? 120W pas fur ie. noinbr.e d& milles quarrés qu'il contisnt; lexpérknce a fouvent p-ouvé que les agranddffemens. ne fervent qua ajfoiblir le corps d'un Etatj qu'il riy a de vrayes eonqüêtes, d'acquifi-' tims réelles i que celles qui augmentent le bien-être ies, anciennes''Provincesfiit. en ajoutant aux tëffiyrces, foit 'm Jiminuapt les obftacles. Or dé. taus xes' avantages, je le demande , quel eft celui que VAumche.pourxoit. e{pérer en s'qfflijetHffant VAllemagrie ? Celle-ci a-t-elle des produÜièis qid manqu-eni h nos Etats'? Soy commerse eft-il afi'ez. étendupour procurer de nouveaux déèouchés a l'wlujlrie? ou bjen la poffeffion de VAllemagne vois pas trop qu'il foit abfolumcnt néceffaire d'apprófondir ia queftion:, fi de nos jours la fituation politique de l'Eiir-ope eft ou plus , ou moins favorable% aux vues d'agrandiffupimt de 1'Autriche, qu'elle ne Vétoit du temps./ie Charles V? Une comparaifon un peu plus exaifte & plus reftfchje cntrelcs forces de la Maifon d'Autriche & les forces des Puiffances intcrelfpcs acontrecarrer fes dcffcins, pourroit fournir auffi un réfultat bien différent de celui qui a paru fi lumincux a notre Auteur. Les obfervations fuccincf.es, maisfrappantcs, que la Réponfe d VExamen de la Cour de. Vienne condent fur cette madcre, a la page 13, remporteront certainement le fuffrage de la claffe des Lccicurs qui ont étudié Pintérieur des Etats autre part que dans les ga. fettes. • .. njob ! n  tAllemagne peut-elle nous ékver au rang des Pui;J'ances Maritimes ? En un mot3 VAllemagne conJidérêe comme propriété de la Maifon dAutriche , peut-elle luipromettre des avantages, que le Syftême attuel de 1'Empire ne fournijfe déja pour le bankeur réciproque d&fes Membres, fi ce Syftême eft maintenu felon le fens des loix fondamentales ( 30) ? IL C30) Teut ce!a eft égalernent bien vu & bien préfenté. Pourquoi Mr. de Gemmingen neme procure-t-il pas fouvent la fatisfaction de Papplaudir auffi finccrement que je le faisdans ce moment-ci? Rien de plus funcfie fans doute que la paffion des conquêres: le moyen le plus für & Je plus folido d'agrandir un Etat, c'eft de développer cc de faire valoi'r fes reffources naturelles. Ce n'eft qu'au fein de la paix qu'on peut s'occuper de ce grand, de eet utile ouvrage, & onne parviendra a leconduire aune hcureufe fin, qu'cn fuivant ftrictement les préceptesde 1'équitédans les relations extérieures, & en s'aflurant par-la 1'amitié de fes voifins. Pour les Etats,.comme pour lesindividus, la vertu cc levrai bonheur font des termes fynonymes. Mais combien de fois n'eft-il pas arrivé aux Princes de méconnoitrc cette vérité, cc qui nous répondra qu'un jour quelque Monarque Autrichien ne fera point dans ce cas? Mais après avoir rendu juitice alafagcfie& a la folidité des réflexions de Mr. de Gemmingen, comment accorder enfuite ces mêmes réflexions avec 1'ardent defir que témoigne la Cour de Vienne pour 1'acquifition de la Bavière, & avec ce que dit notre Auteur pour le juflifier? L'Autriche, fuivant fes propres principes, nepofleG 4 de-  22/wij de tout ceci que V Alilemagne ria abfihtment rien a craindre de la prépondérance & des deffeins de la Maifon Archi-Ducale; ni Vexemple dupajfê, nila Jituationpréfentedes affaires, riaccréditent ce foupcon. Le feul danger que la Conftitution Germanique ait a redouter, c'eft de voir affoiblir la rigueur de fes loix fondamentales; voilci de-t-elle pas déja dans fes Etats aétuels, tout ce que la Bavière peut lui doftner ? Une apreté auffi déméfurée ne doit-elle pas faire conclure , que cette Puiffance cherchera toujours de nouveaux alimens a fon ambition? & en voyant éclorre de tels plans fous le Règne d'un Prince qui fait fi bien apprécier la véritabk force des Empires, a-t-on tort de jetter un coup d'ceil inquiet fur 1'avenir & de prendre des précautions? La Monarchie Autrichienne, on nc fauroit en difconvenir, eft encore fufceptible d'une infinité d'améliorations dans Pintérieur; il lui rcfte encore' beaucoup a faire pour déployer nom'ore de facultés précieufes, dont on n'a pas tiré parti jufqu'ici; chaque nouvelle conquête lui feroit a charge; la guerre, même Ia plus heureufe, tourneroit a fa ruine; elle a le plus grand befoin de la paix, & celle-ci ne dépcnd que de fes procédés envers les autres Etats, puisque dans la pofture oü elle s'eft mife, il. n'y a perfonne qui ofè Pattaquer impunément; mais indépendamment de toutes ces confidérations, le cours ordinaire des ehofes&'la connoiffance de la nature humaine,ne permettent guères d'cfpérer, quedurant une longue fuite de tbmps, les Monarques de 1'Autriche calculeront tous. auffi jufte que Jofeph II. Son grand gé-  roz'tó ce qui doit arriver en Allemagne, comme dans tout Etat libre, lorsque des Membres féparés acquïcrent une trop grande infiuence'? ou que la Puiffance chargée de veiller a' Tobfervation des loix, rencontre trop d'obftacles (-31). 'Une trifte expérience a Jouvent appris a notre Patrie que le bien-être de V Empire eft indiffolublement uni avec T autorité &f le pouvoir de fon Clief; 6? ilfuffitde jetter un coup d'ceil fur ÏHiftoire,pour fe convaincre que la décadence de VAllemagne a toujours été une fuite de lafoibleffe des Empereurst de l'extenfion qu'on ria ceffé de donner aux Capitulations ( 32 ). Auffi la plupart des Etats Ger- nie, fes grandes lumières, autanc que fon bon cceur, peuvenc affurer a PAllemagne & a PEurope une paix impercurbable, a fes vaftes Etats le bonheur intérieur cc ragrandiffcment réel qui en eft la fuite. (31) Les prémiffes que Mr. le Baron vient d'établir avec tant d'emphafe, détruifent pofitivement toutes les conféquences qu'il lui plait d'en tirer. 11 fuffit de confulter. le paffe föus les .Règnes dé Charles V. «Sc de Ferdimnd II, & fon faura bientöt quelles fuppofitions il 'faudra faire fur 1'avcnir. Mais PAffociation patriotiquerécemment conclue, a-t-elle donc un autrebut, que de maintenir nos loix fondamentales dans toute leur intégrité de prévenir une influence trop marquée & trop prépondérante des Membres féparés, de favorifer le pouvoir exécutif attribué au Chef de PEmpire par la Conftitution? (32) La foibleffe des Empereurs a fans doute G J beau-  «gK 106 Cermaniques reconnur.ent-ils cette vérité, quand ils infiftèrent avec tant de fermeté fur Vétablijfement dune Capitulation perpétuelle, & qu'ils óéfputirent aux EleEteurs le droit d'y ajouter de nouveaux Articles (Jus adcapitulandi) ; cette propofition riauroit jamais du rempart er lefuffrage des EleUeurs. Eccléfiafiiques , s'ils ne s''étoient iaijjés èblouir par le faux efpoir de coopérer a des innovations (33). , . Une beaucoup contribué a la décadence de PAllemagne; & PEmpire furtout a perdu plufieurs de fes belles Provinces, pour avoir été enveloppé dans les guer res domefiiques de 1'Autriche. Mais Pextenfion de Ja Capitulation Impériale, &fa détermination adaptée auxcirconfiances, a toujours été cnvifagée par les Connoifieurs de notre Hiftoire & de notre Droit Public, comme un des moyens les plus fürs d'affermir le falut de .la Patrie. On ne fauroit en juger autrement, fans offenfer les premiers Membres, de PEmpire, les Confeillers admis d la eenfiance des JLmpereurs, & la Majcfié Impériale ellemème. Ofe-t-on fuppofer qu'un Prince puiffe fe charger du 'Gouvernement, fous des conditions qu'il croit préjudiciables a PEtat, & auxquelles il s'engage malgré cela par ferment? ( 33 ) P°urcluoi d're °lue cet efPoil* e^ faux -9 l# droit d'intervenir dans la Capitulation Impériale, eft fans doute une prérogative eflentiellc des Archevêquesde Mayence, de Trèves & de Cologne;^ & la confervation de cette prérogative leur doit être .très-précieufe, ielonles règlé^de la faine Politique.  Une feule chofe menace notre Conftitution de fa ruine prochaine; c'eft-le cas oü il arriveroit que la Maifon d'Autriche { 3.4 fatiguée de tant de contradictions inquiettes, prendrqit le porti de rénoncer a la Couronne Impériale; ou que les Etats, induits en erreur, tonféreroient ce fardeau a une autre Maifon, incapable de le porter, & qui en y fuccombant , entraineroit infailliblement la pene de 1'Empire ( 35). Dans , r_ ——, * C34 ) Comme Mr. le Baron cherche a nous. faire peur! Quoi, la Maifon d'Autriche s'aviferoit tout d'un coup de trouver onéreufe cette même Dignitc Impériale, qui pendant plufieurs fiècies a été, Fobjet de fes premiers defirs , & dont la confervation eft en effet fi eflentielle a fon fyftême politique? II ,me femble que VHiftoire du pajfé peut calmcr les inquiétudes que nous pourrions avoir a eet égard, quand même les gazettes ne nous répéteroient point jufqu'a la fatiété, que la Cour de Vienne*%'occupe du projet de faire élire un P.oi des Romains, dans un temps ou PEmpereur régnant eft encore a la fleur de Page. ( 35 Quel paradoxe! Les Eledteurs feroient induits en erreur, s'ils vouloient exercer librement leur droit d'éledtion, qui eft libre par lui-même ? Ils ne feroient dans la bonne route qu'aqtant qu'ils écarteroient pour toujours 1'idée de choifir un Chef a PEmpire, ailleurs que dans la Maifon d'Autriche ? Seroit-ce un malheur pour PAllemagne d'avoir unEm. pereur qui réuniroit en fa perfonnc toutes les grandes qualités, excepté celle d'être un Prince Amrï- chien ?  <8M[ 108 ><$ Danscecd's,&'enfuppofant que toutes les relations politiques vinffent d cejfer, le poids de la Maifon d'Autriche feroit fans doute un poids accablant pour fes Voifins. Alors, & ft un intérêt commun le permettoit, le partage de VEmpire entre plufieurs Princespuijfans,ne feroit fans doute plus une chofe abfolument impojfible (36). > Mais chien? Dans quel Statut cette condition fe trouve. t-ellë preferite aux Candidats de l'Empire?' L'Allemagne n'eft donc plus un Empire éleStifquede nom? mais notre Auteur s'explique encore plus clairemènt ladeffus. (36 ) Mr. le Baron n'a pas affez mftrementr réfléchi a ce qu'il dit ici, car cc paffage, examiné de pres, renferme un outrage groffier contre la Maifon Archi-Ducale. Quand mêmecellc-ci ne feroit point révêtue de la dignicé Impériale, fesobiigations, comme Etat de l'Empire, n'en font pas moins les mêmes, Sc il n'eft pas dit que le Roi de Hongrie, de Gallicie & de Lodomirie, doive être nécefïairement, ou le Chef, ou VEntiemi'de 1'Empire Germanique. L'idée d'un partage de PAllemagne eft toujours également injufte, que nousayons pour Emperenr un Prince Autrichien, ou un autre; Sc fi la Maifon d'Autriche pouvoit jamais fe porter a de femblables projets, elle trouveroit en tout temps dans fon chemin le Patriotisme des Membres de l'Empire, Sc les Puiffances Etrangèrcs qui s'intérefTent a eux. Au refte, & fuppofé pour un moment, que la Couronne Impériale cefiTit un jour d'être 1'apanage des Monarques futurs de 1'Autriche, on peutattendre cependant de leur équité & da  <$ Mais cette époque malheureufe ne pourroit être amenêe que par une altération de notre Conftitution; voyons s'il faut envifager comme telle, V échange de la Bavière ? I I r. S E C T I O N, Des effets qui réfulteroient de 1'échange du Cercïe de Bavière contre celui de Bourgogne. - A la rigueur il ne me refteroit plus qüh exd_ljL miner, ft eet échange doit être mis au nombre des évênemens , qui, d'apres les principes é'tablis dans la Setïïön précédente ,peuvent être dangereux pour la Conftitution de VAllemagne. Cependant comme le bruit de eet échange, & la propofition que le Miniftre de Ruffie en afaite au. Du: de Deux - Ponts , ont été les principaux motifs dont la Cour de Berlin s''eft fervie pour annoncer que la Liberté Germanique étoit en danger, nous rechercherons non-feulement fi ce fameux échange eft contraire aux Statuts, mais auffi a j quels égards & comment il pounoit influer fur . l'Empire en général. Tout 3job 'iÏQiiU'l.'i fü'ls uil 'i y,'i. .... de leur fageffe, qu'ils n'adopteront jamais les maxi. mes profeffces par Mr. de Gemmingen. .Sonexemple prouve, que lorfqu'on fe mêle d'écrire fur les affaires poibliques de PAllemagne, fans avoir fair. une étude approfondie de 1'Hiftoire & du Droit, on i s'expofe a la rifée des connoiffeurs.  <$»< 4->«8» YElectorai de Bavière; tout le monde fait qu'il a été déelarè ét-eint par une Réfolution du College Elettorat (39). D'ailleurs l'hêritage êchu en . . dernier Cercle de l'Empire, fuivant le propre aveu que la Cour de Vienne en a fait dans un Ecrit publié fous fon autorité (*). A plus forte raifon la Maifon Palatin'e fera-t-elle deftituée de ce fecours, quand, ïéléguée aux extrémités de PAllemagne, elle fe trouvera en poffeffion d'un pays qui ne femble deftiné qu'a concilier les différens des Puiffances Majeures, qui n'eft d'aucun poids dans le Syftême de PEurope, qui eft un Membre oifeux pour l'Empire , & qui par conféquent ne le touche en rien. Ces réflexions démontrent fufhTamment le préjudice politique, qui réfulteroit pour la Maifon Palatine de 1'échange projetté. Encore peut-on fe paffer de ces confidérations acceffoires, dans. un cas oh il eft uniquement queftion de déterminer, felon les régies les plus fimples de 1'Arithmétique : „ Si 291 milles quarrés en valent 784 , & fi trois „ millions de revenus en balancent fept ? " (39) Nouvelle thèfe tout a fait anti-hiftorique, mais qui ne furprend pas abfolument dans la bouche de Mr. de Gemmingen , puisqu'on Pa même adoptée dans le dernier Ecrit politique de la Cour de Vienne. La dignité Electorale a été poffédée en commun, jufqu'a 1'époque de la Bulle d'Or, par la Maifon Palatine & par celle de Bavière. Cette dernièrc, après avoir toujours foutenu fes C*) Voyez les Relations Htftoriqtks S?Politiques ,!esPays-Bas Autriehiens, a la fin dc 1'Art. 6. du Clwp. I. La iradiitfiort allemande que j'ai fous les yeux eil imprimée a Gin cn 1785.  <8> éernier lieu h'la Maifon Palatine, d tout duJJÏ peu réuni la Bavière a /'Eleótorat Palatin (40), que le feront les Principautés d'Anfpach <£f de Bareuth a /'Electorat de Brandebourg, quand elles écherront un jour au Roi de Pruffe. Du moins m'accordera-t-on, que s'il eft licite de -troquer ces deux Principautés contre une partie de la Luface, il n'eft pas moins licite de difpofer par troc des pays de la Bavière (41). II n'exifte pas unè fes droits, a réuni en 1623. fur fa tête feule Pancienne Dignité Electorale Palatino-Bavaroife; elle en a joui depuis la Paix de Badè jusqu'a la mort du dernier Eledtcur en 1777. A moins d'être entièrement neuf dans 1'Hiftoire de nos Eleétorats , il eft impoffible d'ignorer ces faits, ou de les révoquer en doute. Ils ont été fuccinótement déduits dans la Réponfe de Sa MajcfttPruffiemie , p. 10, & débattus plus au long dans P'Expofé très-folide des droits fideicommïfforiaux de la Maifon Palatine, §'• 90-97. On peut confulter encore k ce fujet, Pexcellent Traité que Mr. le Profeffeur Fifchef vient de publier fur la Dignité Electorale de la Bavière. Je me contente d'indiquer les fourcés, & j'y renvoye Ie Leéteur., pour ne pas multiplier les* citations. . (.40) D'accord; mais la dignité EleóTorale n'en étoit pas moins attachée depuis long-temps a la Bavière, amTi bien qu'au Palatinat. Pourquoi toujours confondre a deffein les idéés ? (41) En vérité lesEcrivains Autrichiens doïvent S'attendre k trouver des Lefteurs bien ignares, puisqu'ils s'avifqnt de comparer deux chofes tout a H a fair,  une feule loi qui contejle de pres ou-de loin aux Membres de l'Empire, le droit d'échanger leurs poffeffions. Au contraire ïancienne coutume au.-, torife ces fortes d'échanges, H 3 role  # Néanmoins, puisqu'en Politique il y a des cas Ou la prudente ordonne ce que l'équité défend, il s'agit de voir Ji l'Empire Germanique doit chercher a s'oppofer a eet échange, £*? cette queftion fe réfoudra quand nous aurons examiné, jufqu'a quel point le troc de la Bavière peut inftuer fur l'Allemagne en général.? 11 faut bien que ce troc promette des avantages k la Maifon d'Autriche, fans quoi il rieft pas apparent qu'elle y eüt penfé. 11 rieft pas douteux non plus que tout arrangement avantageux d 1'Autriche ne foit désagréable au Roi de Pruffe, que celui - ci par conféquent ne travaille d en arréter role pour démontrer que 1'échange de la Bavière eft abfolument inadmiffible. J'abrégerai donc, & d'autant plus que les raifonnemens fuperficiels de notre Auteur ne fournifTent point matière a de nouvelles obfervations qui pourroient intéreffer le Lecteur. Que Mr. de Gemmingen réponde feulement de bonne foi aux: queftions fuivantes : Toute efpèce dléckange ou de tro.c des pays de la Bavière, n!efl> il pas exprefïëment défendu par le Traité de Pavic ? L'aliénation que le Pafte de Familie de 1771. permet en cas d'amélioration, peut-elle, dans le vrai fens du Traité, s'entendre de tout le Duché, iurtout -après la claufe; qui referve aux autres branches de ja Maifon. Palatine le droit de pré-achat & de bienféance ? Enfin le projet d'échange aftuellement agité, préfente-t-il le cas d'une amélioration? & d'après les proportions arithmétiques qui lui fervent de bafe, peut-gn jamais le donner pour tel ?  <&< 119 3** arrêterl'exécution, auffi long-temps que poffible. Mais nous avo?is déja fait fentdr que l'intérêt de Sa Majejiê Prtiffienne pourroit bien riêtre pas toujours celui de l'Empire. Qiicnd même l'acquifition de la Bavière deviendroit pour la Maifon d'Autriche un furcroit de puiffance' confidérable ^ l'Empire Germanique ria pas fujet de s'en inquiêter. Peut-être 1'Autriche ne fera-t-elle alors que plus d portée d'exécuter des projets de commerce , ou d'écarter des obftacles qui arrêtent jufqu'ici la profpérité intérieure du pays ; £? de cette manière elle pourra même favorifer le hien-étre des Provinces voifines. Les avantages du Commerce ne fe laiffent point reflreindre dans des limites politiques ( 43 ), & il fe trouvera qwe les " ' ... . ... v C43) Un fyftême de commerce aufll philantropique, & qui s'étcnd jufqu'au bien-être de 1'étranger, n'exifte encore guères que dans la théorie. La plupart des grands Empires s'attachent, fi je ne' me trompe, -de préférence , k 1'idée' d'une jouiffance exchifive des avantages qu'on peut acquérir dans 1'intérieur du pays ; & la nature même de la chofe nous dit que fouvent une pareille exclufwn doit inévitablcment tourner au préjudice des autres Etats. D'après ce principe, j'obferverai ,"non par efprit de critique, mais pour rendre hommage a la vérité, que les reftrictions de commerce, agréées dans les Etats Autrichiens, n'ont que trop nui déja aux fabriques & auK moyens de fubfiftance de plufieurs Provinces Allemandes, & nommément a la Foire H 4 de  <#< I20 ><# les pays fitués dans tenteinte & a Ventuur du Cercle de Bavière, auront beaucoup gagné, lors même qu'on je plaifoit a in/pirer des frayeurs contre les ettreprifes violentes d'un PoJJeffeur plus puijfant, Uailleurs la Cour de Vienne ria-t-elle pas montrè par fes procédés récents envers VEvêque de Salzbourg , qu'elle fait, dans f'occafion, facrifier au profit de fes Co-Etats, les droits les mieux confiatés (44 ).? Peut-on feulement fóüpfonner de Leipzig. Ainfi chaque nouvel arrangement du même genre, «Sc chaque progrès du même Syftême, ne peut qu' influer défavorablerrient fur le refte de 1'Allemagne, cc faire naitre de juftes appréhenfions. (44) Le fait que Mr. de Gemmingen peutavoir ici en vue, meft abfolument inconnu: il auroit du' s'expliquer avec plus de clarté. Je ne faurois m'imaginer qu'il aprétendu parlerde 1'événement dont j'ai fait mention a la page 28; car certainement il ne s'agiflbit pas la d'un facrifice des droits les mieux confiatés de la Cour de Vienne, puisqu'elle nc fit que réftituer les biens injuftement enlcvés que les anciens Archevêques de Salzbourg avoient acquis dans la domination de 1'Autriche. Ou bien feroit-ce déja un facrifice que fait cette Puiffance, lorfqu'après de longs débats, elle ne dêpouillé point les Etats Etrangers de leurs droits légitimes? Dans ce cas je fuis furpris que notre Auteur ait paffé fous filence, & les différens furvenus avec 1'Evéque dePaffau, «5c les facrifices tout a fait extraordinaires dont Ia Cour Impériale s'eft chargée dans fon dernier Traité avec la République des Provinces - Unies.  <8>< 121 ><$ foupconner que tant que la Couronne Impériale demeurera a la Maifon d'Autriche, celle-ci méconnoüra fes intéréts au point d'encourager', par fon propre exemple, les plus puiffans dfentre les Etats de VEmpire, k fe permettre des infrattions violent es contre les droits de leurs Voifins (45)? (45 ) II eft étonnant que les Cenfeurs de Vienne n'ayent point relevé, dans un Ouvrage publié fous leurs yeux, tant de forties "indécentês contre la Cour Impériale; forties, qui par cette confidération feule, auroient été févérement reprimées a Berlin. Ici Mr. de Gemmingen - dit pofitivement quoiqu'en termes un peu plus ménagés, que hi Maifon d'Autriche fe permettroit des infraclions violentes contre les droits de fes'Voifins, dés qu'elle ne feroit plus en poffeffion de la Couronne Impériale. 11 faut done que cette Augufte Maifon foit, ou" le Chef dl l'Empire, oufon Ennemi, & ce qui plus eft, un Ennemi injufle? —. car il n'y a que celui-ci qui puiffe faire des infraElions violentes aux droits d'un tiers. A-t-bn jamais parlé avec moins de refpeft de fou Souverain? II eft vrai qu'on eft cnclin a' diminuer les torts de Mr. de Gemmiwen quand on fe rappelle un peu 1'Hiftoire de 1'EmpeTeur Charles VII, dont. l'Autriche'ne vouiut point reconnoïtre 1'Eleclion légale, & fous le Règne duquel el!e refufa de reraettre entre les mains de 1'Archi-Chancelier, les Archives de l'Empire; m'ais il n'en eft pas moins fingulier qu'on o;e dire public quement ces fortes de chofes a Vienne. H 5  En général P échange de la Bavière rientrafne pas le moindre changement dans la Conjlitution.de PAllemagne. II eft indifférent h qui appartiennent, dans le Collége des Princes, les voix des Cercles de Bavière tfj? de Bourgogne ( 46 ) il eft indifférent par qui leurs quote-parts aux contributions foyent acquittêes. Mais ü rieft point indifférent pour PAllemagne, qriun de fes Princes s'élève au rang des Puiffances de PEurope, «5? mette PEmpire Germanique en état de ne plus dépendre de la volonté des Maifons d'Autriche ou de Brandeiourg (47 ) ; mais il rieft point indifférent pour PAllemagne, ( 46 ) Cela eft égal fans doute; mais ce qui ne 1'eft pas, c'eft 1'importaucc qu'auront ces voix a la Diète. D'ailleurs l'Empire ne fauroit voir paffer avec indifférence la Bavière fous la domination d'une Maifon, qui en vertu des Privilèges connus de PEmpereur Fréderic I. & de quelques-uns de fes Succeffeurs, jouit d'une exemption générale pour tous fes pays, & ne leur laiffe le nom d!'Etats de l'Empire, que pour fe ménager des avantages particuliers, & non pour contribucr aux charges &, obligations conftitutionnelles. C 47 ) C'eft la ce qu'opéreroit le Poffeffcur impuiffant des Provinces des Pays-Bas, offertes en échange de la Bavière? lui, qui dans chaque guerre dont fes Etats morcelés deviendroient naturellement le Théatre, devroit borner toute fa Politique paffive a les préferver d'une dévaftation totale? lui, qui a chaque paix, feroit menacé de quelque démembrement, ou de" quelque nouveau troc dans  $K 123 >& YAllemagne, que par Yéchange projettê die ceffe d'être la viCtime des guerres qui peuvent éclater entre' 1'Autriche csf la France. En effet, fi eet échange a lieu, elle ne fera plus dans la nécejjité de prendre part a des querelles étrangères; elle pourra fe flatter de jouir d'une tranquillité imperturbable (48) ,* fa profpérité accroüra dans le ■ fein dans 1'efprit arithmétique de la propofition dumois de Janvier 1785 ? (48 ) Quel riant tableau Mr. le Baron nous tracé ici de 1'heureufe tranquillité, de la paix inaltérable, que eet échange falutaire va procurer a PAllemagne! On diroit que le troc de la Bavière efi. le fecret de PAbbé de Saint-Pierre, & on commence a regretter que ce projet n'ait pas été réaliié il y a plufieurs fiècles, puisque vraifemblablement PAllemagne auroit échappé dans ce cas a la guerre de trente ans, allumée, fuivant la doctrine de Mr. de Gemmingen, par la Maifon de Brandebourg, fous le redoutablc Ëlefteur George Guillaume. Mais a tout prendre, notre Auteur n'a pas tant tort. La Bavière une fofs réunie a la Monarchie Autrichienne, le Cercle de Suabe ne tarderoit pas a fuivre. Le Duc de Wurtemberg pourroit être commodément- transplanté a Modène, & on trouveroii bien pour le Marggrave de Bade quelque coin de terre, qui feroi» en proportiondefes Etats aftuels, ce que 291 efi: a 784, Les Princes Eccléfiaftiques embarrafieroient encore moins , la Maifon cc Brandebourg ayant fourni Pidée de les fccularifcr. Arrivée a cetté époque , Ia Nobleffe de l'Empire ne fera plus vexée par des dons-gratu.ts; fes biens feront /  <$> Jein d'une heureuje paix, 'les relations même du local la feront participer aux avantages que le Souverain de 1'Autriche de la Bourgogne aura Join d'ajjurer d Jes pays, par les progrès du commerce & de Vinduftrie. On peut conclure de tout ce qui préccde, que h Roi de Pruffe agit Jans dou-te en Monarque Jage feront foumis a des confcriptions & a des clajfifications réguli'eres; elle n'aura plus a craindre ni procés de concours ni procés de fequeftre; Mr. de Gemmingen lui-même, dégagé de toutes les entraves de 1'ancienne Conftitution, aura 1'honneur d'être un VafTal immédiat de 1'Autriche. Et quand une fois cette Puiffance aura avancé fes liniites jufqu'au Rhin, alors il fera temps de fonger a la réftitution dés Domaines qui ont été détachés de" PEmpire; alors il fera temps de fouiller dans les anciennes chartres, & d'abolir cette terrible Capitulation , qui a tant ravalé la confidération de PAllemagne. De cette manière nous verrons revivre les fiècles des Octon cc des Charlemagne ; il n'y aura plus de divifions inteftines; la concorde & la paix s'établiront a jamais en Allemagne, paree que perfonne n'aura plus affez de force pour les troubler ,• perfonne ne fera plus expofé a une infradtion de fes droits , paree qu'on n'aura plus de droits a perdre; enfin il n'exiftera plus ni Traité; ni Statut, qui fera dans le cas d'être violé; le fortuné Germain invitera tous fes voifins, fans en excepter même le fier Breton , a venir gouter les douceurs, de Page d'or fous un fceptre de fcr, A quoi bon, dirons-nous, ces combats perpétuels de  & prudent, quand il s'oppofe a t'échange de la Bavière, cf=f qu'il cherche a foutenir fon oppofition , en mettant fes Co - Etats de fon cóté; mais il eft tout auffi clalr que notre Patrie ria rien a craindre de eet échange , {jf qu'il y auroit de l'injufiice tf«f de Vimprudence a entrer dans les vues de Sa Marjefté Pruffienne. Lafeule chofe qui en rèfulteroit, ff'ejï de la Liberté, quand dn peut jouir tranquillement des influences falutaires du Defpotisme? Telle eft la brillante perfpettive que nous préfente Mr. de Gemmingen; car il m'eft impoffible de donner une autre interprêtation a fa prophétie des temps heureux qui doivent être amenés par le troc de la Bavière. Je fuis faché de 1'abfurdité de fes raifonnemens. Que ne s'efl-il, pour fa propre gloire, borné au champ de la Belle - Littérature & du Théatre , qu'il cultivoit autrefois avec fuccès, & pourquoi s'eft-il avifé d'écrire fur des matières quj exigent une connoiffance folide du Droit Public? Jamais un habile Politique n'ofera foutenir férieufe. ment qu'après 1'échangemaintenant fi heureufement écarté, PAllemagne fe refTentiroit moins des guerres de 1'Autriche avec la France. II eft certain que cette dernière Couronne n'ayant plus la relfource d'affoiblir fon ennemi par la conquéte des Pays-Bas, elle fe trouveroit dans la néceflité de fe jetter d'abord fur PAllemagne. II arriveroit de plus alorff que les Etats de l'Empire, fi toutefois ils fubfiftoient encore, feroient obligés de fe ranger malgré eux du cóté de 1'Autriche, & qu'ils fe verroient également dévaftés pat les Armées amies &. eanemjes,  125 c'eflquele tree en queftion feroit rêalifê un peu plus tard, peut-être a Vavantage du Roi s & felon toute apparence aux dépens de l'Empire ( 49 ). En attendant il ne fuffit pas h la Cour de Berlin ie prévenir l'échange ; elle propofe auffi en général ies moyens qui doivent tendre d ld confervation duSyftême de l'Empire. Cet objet intérejfe trop nos Iraves Germains, pour ne pas mèriter leur attention particuliere # ■Ainfi cette AJfociation qui devoit afiermir le Syftême de l''Empire, en fappe au contraire les fondemens, puisqu'elle reftreint la liberté de qüelques-uns des Etats., qu'elle affoiblit le crédit des autres, qu'elle anêdntit notre Conftitution, & qu'en même temps elle offenfe grièvement les Puisfances Etrangères qui ont garanti (f tant pris a cotur le maintien de la Conftitution Germanique ( 54 ). Cette AJfociation eft autant qu'une déclaration pofitive , qu'on regarde la proteüion. des Cour Garantes comme fufpefte, ou comme im, puiffante; fans parler de ce qu'elle renferme d'outrageant pour le Chef fuprême de l'Empire ( 55 ). Que bons Germains, étjouir d'une récompenfe bien flatteuff', en voyant dans fa dernière maladie tous les. vrais Patriotes trembler pour fes jours précieux, 6c former des vceux ardens pour fa confervation. (54) Et cependant ces mêmes Puiffances Garantes ont reconnu, dans le Traité de Weftphalie, la'légitimité, Putilité &z la néceffité des Alliances entre les Etats de l'Empire, 6c fe font cngagées. a les protéger. Elles n'ont point chargé, que je fache, Mi-, de Gemmingen, de déclarer enleurnom, qu'elles ont changé de fentimens a 1'égard de 1'Asfociation adluelle, D'aüleurs il efi I croire que les Etats de l'Empire font eux-mémes les plus proches Garans de leur Conftitution, 6c furtout de la Paix de Weftphalie. On le diroit au raoins d'après 1'Art. 17. §. 5. de l'Inftriment de Paix. (55) Mr. le Baron fait fort bien de ne pas parler <& ce que cette Aflbciation renferme d'offenfant pour  <&. Que le Lefteur impartial juge h pré/ent, ft unè AJfociation, qui détruit alafois notre Conftitution, &oJfenfe les premières Puiffances de PEurope (56), peut conduire au maintien du fyfiême de VEmpire l 'Jufqu'a quand PAllemagne méconnoitra -1 - elle fa véritable grandeur é*? fes vrais intéréts ? jusqu'a quandfe mêfiera-t-elle du feul appui de fa ConftitiL* tion ? jusqu'a quand prêférera-t^elle a la proteÜion indépendantedefesLoix, une dépendance toujours plus ou moins fervile ? Tant de playes portées a la Patrie, & la perte de tant de Provinces, ne fuffifent-elles pat pour nous avertir, que PAllemagne, enrichie des dons prodigues de la Nature, & puijfante par la fplendeur de fes Etats, ne doit point pour le Chef de 1'Empif e; C'eft un embarras qu'il s'épargne, & il auroit du ufer plus fouvent d'une fi fage réticence. Une aftion conftitutionnelle des Etats ne fauroit être offenfante pour PEmpereur 9 fans quoi 1'offenfe exifteroit dans les Statuts même de l'Empire. (56) Nommez-nous, Monfieur le Baron, ces premières Puiffances qui fe foyent offenfées de PAsfociation Germanique ? Au contraire les Garans de la Paix de Weftphalie, c'eft-è-dire les Cours qui s'intéreffent le plus au fort de PAllemagne, ont applaudi a 1'Alliance; & les autres Puiffances de ï'Europe peuvent - elles tenir a offenfe, que nos Princes confultent leurs lumières, & faflent ufage de. Jeur droit, pourveiller è. leur confervation, furcouc quand ils ne recherchent point une nouvelle gaxap» m étrangère ? I a i * #  «M 132 >$ point prendre part a des querelles étrang'eres, dont elle éprouve toujours les Juites funefies ? Jusqu'd quand 'PAllemagne, époüvantèe par de vains fantómes, renoncera -1 - elle h fa liberté ? jysqu'a quand fera-t-elle Pefclave de cmx dont elle recherche mal a propos la protetlion ( 57 ) ? . Grands & Nobles dê PAllemagne, Fous, qui avez donné des Souverains a presque tous les Trónes de PEurope, refiez fideles d rondemie valeur Germanique, a votre ancienne liberté, d votre ancienne dignité ! Votre propre force £f vos Loix font le feul appui dont vous ayez befoin (58); Vamitii des Puiffances qui de tout temps fe font montrées fi ailives pour votre bienêtre , vous foutiendra, tant que vous ne les offénJerez point par une défiance injurieufe. Vos Ancêtres , accoutumés d ne fuivre d'autre baniere que (SI) Les déclamations pathétiques de Mr. de Gemmingen portent encore è faux, & 1'Affociation Germanique , fi promptement & fi unanimeinent conclue, nous prouve affez que les temps ne font plus 011 les Etats de l'Empire ont pu méconnoitre quelquefois leurs vrais intéréts. (58 ) Rien n'eft plus vrai, & c'eft pour affermir " leur propre force , c'eft pour s'alfurer davantage 1''appui des loix, le feul dont ils ayent befoin, que les Etats de l'Empire ont jugé néceffaire de s'unir par une Alliance plus étroite. Je me joins au refte avec empreffement a 1'exhortation encourageante de Mr. de Gemmingen; puiffe -1 - elle paffer dans tous ies coeurs Germains!  que ■ celle de la Liberté, aimoieni la Patrie & l Honneur : ils détejloient les Avocats & les fauja liitcrprétes des loix. Suivez leur exemple. CONCLU S ION. Maintenant j'ai dit tout ce que m'infpiroient VAmour de la Patrie & le fentiment de la Liberté Germanique (59). Ma confcience m'ajjure qu& fai parlé felmi ma conviction; & Ji mon ouvrage parvient jusqu'au Monarque dont fai admiré la haute fageffe, même en combattant fes" vues , je fuis fur que ce grand Prince, que ce Prince Philofophe, approuyerd lui-même ce que fai dit ce que fai fait. Cjq ) c'eft donc auffi 1'Amour de la Patrie, c'eft donc aufii le fentiment de la Liberté Germanique, qui ont infpiré a Mr.de Gemmingen 1'obfervation , que la Maifon d'Autriche ne s'dbfiiendra de toute infraEtïon violente aux droits d'autrui, qu'auffï long-temps qu'elle fera en poffeffion du Tröne Impérial ? que la Capitulation perfeétionnée eft la mine de notre Conftitution? que les EleSleurs fe laiffent induire en erreur , quand ils veulent exercer leur libre droit d'Eletlion? &c. &c. ■ ■ ■ * On jugera aifément qu'il m'eut été facile d'étendre & de multiplier mes rematques, fi j'avois voulu relever tout ce que 1'Ecrit de Mr. de Gemmingen renferme de choquant & d'offenfant aux yeux de tout homme, dont la facon de penfer eft I 3 droite  & droite & modérée, & qui eft au fait de la Conftitution politique de PAllemagne. Je me fuis appliqué de préférence a oppofer des faits pofitifs & mconteftables, k des affertions erronees & préfentées avec un air d'aflurance; & je crois avoir démontré qu'il faut penfer de deux chofes 1'une ——-« Öu, que Mr. de Gemmingen, d'ailleurs avantageufement connu par dès Ouvrages d'un autre genre, (fi toutefois c'eft Ie même que PAuteur du Père de Familie Allemani, ) s'eft avanturé d'écrire fur un fujet qui jusqu'ici n'étoit point entré dans le plan de fes etudes » ou bien, qu'il a parlé contre fa conviction, par des motifs que je ne voudrois imputer a perfonne, & qui nuiroient bien plus k fa réputation, s'ils étoient conftatés, que ne pourroit faire la plus crafTe ignorance de PHiftoire & du Droit Public de PAllemagne. C'eft au Leóteur a décider, lequel de ces deux cas peut être celui de Mr. de Gemmingen. Je n'ajouterai qu'un feul mot fur le ton que notre Auteur a cru devoir prendre. Perfonne ne fouhaite avec plus de chaleur que moi, de vair maintenir les privilèges de tout Jjiomme qui penfe ; perfonne n'applaudit plus que moi a Ia liberté d'ofer dire ouvertement fon opinion fur les événemens qui intéreflent le bien public, & de difcuter fainement les actions des Gouvernemens; la Vérité ne peut que gagner k eet examen, & feloö moi, les progrès de 1'efprit &z le bonheur du genre humain dépendent efTentiellement de Ia conferva,-, tiori de ce privilège. Mals autant que je chéris la liberté daas les jugemens, autant je détefte auffi Pindigne abus qu'on en fait fouvent; car c'eft le mayen dont les ennemis de cette même liberté fé prévalent fpécieufement pour la reftreindre, & lui impofer des entraves. Les calomnies, les imputatians vagues, injurieuffes «SE déouées de pieuves, font des délits d'autant plus  <8K 135 plns graves & plus révoltans, qu'ils portent fur des objets plus dignes d'égards <5c de refpeét. Les ccéufs généreux ont toujours regardé 1 emploi de ces reffources comme au deffous d'eux, & lorsque leur vöoHtion ou d'autres motifs honnêtes les ont appellés a s'expliquer fur les événemens du temps, ils n'onc jamais blefië la décence & les ménagemens qu'un particulier doit toujours è la fociété. civile & a ceux qui en font les Adminiftrateurs.. Tout Ecrit qui pêche contre les régies de la bienféance & du bon ordre, porte toujours fa peins avec foi, c'eftè-dire, que Ia partie fenfée du Public ne tarde pas a priver de Pm eftime un Auteur qui rie fait pas s'eftimer lui-même. Mr. de Gemmingen n'auroit pas eu le chagrin de manquer entièrement fon but, fi au lieu de fes vaines déclamations, de fes inveélives, de fes inv putations également odieufes cc faufles, il fe fut contenté d'cxpofér d'un ton tranquille les argumens dont il s'eft étayé ou plutót ceux dont il auroit pu s'étayer, pour colorer fa caufe. II falloit fe; prefcrire cette rhodération «Sc ce langage décent & honnête, qu'on a droit d'attendre d'un particulier, de même d'uri Baron de l'Empire, qui s'érige en contradiéteur des opinions publiquement profeffées par les Membres les plus refpettables du Corps Germanique. Si Mr. de Gemmingen avoit fuivi cette méthode, il s'en feroit bien trouvé; on fauroit ócouté, on auroit réfléehi fur fes idéés, & fi Pon n'avoit pas adopté fes fentimens, du rrioins on lui auroit fu gré de fes bonnes intentions. Mais imputer a un grand Monarque, fous les dehors trompeurs d'un éloge hypocrite, les pjus méchans artifices; mais accufer fes Ayeux & toute fa Maifon d'une rapacité ambitieufe & de vueshofü* les, qui ont été & qui font encore moralement & politiquëment irapoOlbles; mais trajter de dupes, 14 les  les Séréniffimes Princes de PAllemagne; mais dire a 1'illuftre Chancelier de PEmpire qu'il n'entend pas le bien-être de fa" Patrie, cc aux Elefteurs Eccléfiaftiques qu'ils ne connoiffent ni leur dignité, ni leur intérêt ■ en vérité ce n'eft pas la ce qu'on appelle de la chofe. Oh peut réuffir par un tel langage a embrouiller de plus en plus les idéés confufes de la multitude, a nourrir une haine nationale entre des peuples qui tous n'ont qu'une même Patrie —— mais je doute que de tels procédés foyent ceux d'un Chevalier loyal, qui fe montre fi fier de Ja noblejfe du fang; ils ne conviennent pas affurément a quiconque eft jaloux de la noblejfe du coeur. Si je n'ai pas tout a fait perdu le fruit de mes précautions, j'ofe me flatter que Je Lcóteur équitable ne fera pas dans Je cas de rétorquer les mêmes reproches contre moi. Mon Ouvrage ne contient pas, que je fache, une feule expreflïon qui foit offenfante pour Ja Cour Impériale — car on ne fauroit taxer 'd'offenfes, des faits avére's & confiatés par desfreuves: Quant a ceux-ci, il eft permis k un Auteur de les expofcr fans fcrupulc ; & les céler, feroit faire outrage a la vérité. . Selon toute apparence il ne fera plus queftion dans cette affaire ni de Memoires publics entre les deux Cours, ni de guerres de.plume entre particuliers. L'Affocration Germanique eft conclue- appuyée fur les loix , elle'demeurera 'ferme éc'iné branlable, & ne nuira k perfonne qui n'attaqucra point les droits & Ia Conftitution de l'Empire D ailleurs la Cour de Vienne a abjuré toute idéé d'un troc-fotee, & de 1'autré cóté on eft bien éloigné de jamais'confentir k un troc volontaire; il n'y a donc plus de pomme de difcorde. Mais fi malgré cela il fe trouvoït des Ecrivains qui jugeaffent a propos de fixsr encore 1'attention du Public fur cette  <<& zette matière importante, ,tout ce que je fouhaite, c'eft que leurs productions fe refféntent de cette politeffe de moeurs, de cette fineffe de goüt, dë eet efprit philofophique , qui diftinguent notre fiècle, & que i'on y appergoive les progrès qu'on a faits de nos jours dans la connoiffance du Droit Public. Ce vceu fi légitime n'a pas été rempli k beaucoup prés, par une brochure qui vient de paroïtye tout récemment k Vienne (*_). Son contenu n'offre abfolument rien d'intéreffant, & le ton plat.& trivial qui y règne, la rend indigne d'obtenir les- honneurs d'une réfutation. Ón diroit que la réforme du ftyle d''affaires, fi heureufement commer.cée & Vienne, ne fe borne qu'a {'intérieur du pays; du moins ceux qui fe font avifés jusqu'ici d'écrire fiy des matières publiques, femblent avojr épuré leur langage dans des falies bien différentes de FAuditoire d'un Sonnmfels. L'Auteur qui m'a conduit k cette réflexion, jette affez plaifamment fur les Ecrivains de Berlin un ' reproche qui retombe en entier fur fes. Compatrio■tes. A Pen croire, toutes nos brochures, nos gazettes & nos journaux, font remplis de calomnies contre la Cour de Vienne, auxquelles cette dernière n'oppofe gén ére li fem ent que Ie filence du mépris. Dans un fiècle fi fertile en journaux & en •gazettes, il feroit peut-être difficile de prouver " négativcmeut ce qui ne s'y trouve pas. En attendant je connois afièz Ie courrant de nos Feuflfés périodi- - (") Ohfervationï & Annonces Politiques, N°, i. Sur Féiat fai. jUftue de PEmpire Alkmand. N". 2. 1>/Ujet ifene nouytia•-Qaü. fyialior. Impériale* * .... . t.  4H 138 périodiqucs; & quant aux brochures, 1'Auteür peut juger que j'en fuis aiïez bien fourni, puisque la fienne même n'a pu m'échapper. II faut donc que les calomnies dontilparle foyent bien difcrettement cachées, car ni moi, ni tant.d'autres Ledteurs des écrits éphémères de Berlin, n'en avons aucune jdée. Je réponds du moins qu'elles ne fouillefit point les produdtions imprimées dans la Capitalc même. Nas gazettes font fages comme des gazettes de Cour. Les nouvelles qu'elles mandent fous la rubique de Berlin, font ordinairement ia vérité toute pure. Dans les articles qu'elles copient des autres gazettes, Sc furtout de celles de Vienne, il peut fe glilTer de temps en temps quelque petit menfonge, mais les calomnies n'y feroient jamais tolérées; & d'ailleurs les Rédacteurs de nos feuilles publiques évitent avec beaucoup de foin, toutraifonnement, toute nouvelle précipitée, •qui pourroit déplaire k une Cour Etrangère. De mon fu, nos journaux n'ont pas fait la moindre mention jusqu'ici, ni de 1'échange de la Bavière, ni de 1'Aflbciation Germanique, & aucun particulier n'avoit encore écrit k Berlin fur ces matières avant moi. A Vienne on a été plus actif, & on s'eft efcrimé déja dans nombre de brochures, dont celle de Mr. de Gemmingen peut fervir d'échantillon. Dans les gazettes & dans les journaux étrangcrs on lit au moins dix articles qui datent de Vienne, ou qui font -copiés des gazettes de Prague & de Brunn, contre un feul article de Berlin. Combien de place ne rempliffent pas les feules rétractations faftidieufes de tant de nouvelles, dont le Ledteur inftruit a reconnu d'avance la fauffeté & 1'abfurdité P Combien de fois les gazettes Autrichiennes n'ont-elles pas annoncé & révoqué 1'Elec tion du Roi des Romains, & la création d'un neuvième Eledlorat? Combien de fois a'ont-eltes J>3S  139 >* pas fait voyager a Ratisbonne 1'illuftre Prince Se KaunitZy, pour conclure ces deux négociations ? Combien de mariages politiques n'a-t-on pas faits 1 Vienne, & enfuite défaits le moment d'après? II n'y a pas trois femaines, que felon tous les avte de lè-bas, 1'Alliance Germanique étoit comme disfoute; 1'Elecf.eurde Saxe 1'avoit abandonnée, celui de Bronsvic-Lunebourg chanceloit, & le Duc de Deux-Ponts s'étoit mis en route, pour pojrtet lui-même k Vienne fon confentemeut k 1'échange qui devoit faire le bonheurde fa Maifon. N'a-t-on pas débité avec une importance affectie, que 1'Electeur de Mayence avoit accddé au Traité Germsnique, non comme AJfocié, mais 'comme Alliés diftinétion fi fubtile , qu'elle échappe a Pefprit (*). N'a-t-on pas indiqué le jour & Pheure, oü un Courrier Ruffe avoit apporté k Vienne 1'incroyable nouvelle, qu'en dépit des promeffes folemnelles, données récemment k tous les Etats de l'Empire, & fondées fur la Garantie de la Paix de 'Pefchen, 1'Augufhs C") Si l'on s'obftinoit h vouloir raffiner fur le fens dos molJfoclé & /Wié, celui-ci pomroit bien panltre encore plus expreftif que 1'autre. Je vois avec regret que cette diftin&iorj ridicule a ét'é adoptée par le Journal Politique, (Novembre de 1785. p. 1203.) & qu'on y a ajouté Ie commentaire firsuilier, „ qup vraifembla„ blement 1'Archi - Chancelier de l'Empire n'avoit pas voulu 'ou pu „ s'afibcier directement contre 1'Einpereur". Je doute que le mot foit capable de légitlmer une aeïion, qui feroit Wégitime fuus une autre dénomination. Mais- comment eft - i! pofïïble d'appeiler Mlïance contre PEmpereur, une AfTociarion qui n'a d>une but que le maintien de la Conftitution de l'Empire? L'Alliance de nos Princes n'eft abfolument pas dirigée contre les perjlnnes, mais uniquement contre les chofes, c'eft - a - dire, contre la léfion de la liberté Germanique, & contre l'infradtion des droits & pofi'eflions des Etats. On voit par ce traif que les opinions les plus ridicules, pourvu qu'elles foyent fouvent répétées & propofées d'un certain air d-'affijrance, pcuvent en impofer même a des geus inftruits, & leur faire prendre Wfoange , lorfqu'ils ne font pas fur leurs gardes.  4K 140 PAugufte Cathérine étoit préte a favorifer l'échangé, dès que 1'Empereur le defireroit? N'a-t on pas pouffé 1'extravagance jusqu'a foutenir, que la Cour de Berlin avoit invité le Roi & la République de Pologne, d'accéder,' non-feulement k 1'Aifociation Germanique, mais au Corps même de l'EmpireV En vérité de pareilles mifères ne méritcroient pas qu'un homme raifonnabie s'y arrêtat 'un inftant, s'il y avoit moyen de prouver autrement que par des ■faits, 1'effronterie des reproches dont les Ecrivains de Viennenous chargent, & qu'ils méritent eux-mêmes-. Du cóté de la Cour de Pruffe, il n'a paru que deux Mémoires fur les affaires politiques du moment, c'eft-a-dire, la Déclaration concernant l'AJfociation des Princes de VEmpire, & la Réponfe d l'Examen 'de la Cour de Vienne. Tout 1'Univers eft obligé de rendre juftice a la fimplicité, a la décence & k la modération, qui règnent dans 1'une & 1'autre de ces pièces; on les admirera d!autant plus, qu'on pöuvoit y prendre un autre ton, après celui que la Cour de Vienne avoit pris a 1'égard de la notre, dans fes lettres exhortatoires aux Etats de l'Empire. Outre les deux Ecrits que je viens de nommer, la Cour de Berlin n'en avoue aucun; & fi par hazard des particuliers bien intentionnés ont entrepris ail'leurs la défenfe des juftes mefures adoptées par Sa Majefté Pruffienne de concert avec les Etats Patriotes de l'Empire, on ne prend pas ici la moindre part ni a ces ouvrages ( * ), ni a leur ftyle, ni - . ':. nu'% . ï ! (*) Parmi ces produétionj dtrangèrcs, je puis recommander celle qui a pour titre: Scrupules d'un Patriot* de la Haute Allcmngns fur 1'échange de la Bavière. (Bedenken eines Oberdcu'fchen Pa.trioten). MLrsbourg 1785. Elle prouve jusqu'a 1'ëv'idénce , co'm. bien 1'écliange de Ia Bavière auroit élé nuifible pour Ia HauteAllemagne, tant a 1'égard de fon jndépendaticc pölitlque, que de fjn comraeicc.  i k leurs principes. C'eft précifément le cas de la q brochure réimpriméé & réfutée dans le N°. 2 des I Obfervations Politiques, & qui porte pour titre: . Sitr la Jïtuation politique de l'Empire Germanique, j après l'échange manqué de la Baviète. Cette proI duétion étoit inconnue jufqu'ici k Berlin, & nous i ignorons qui en eft 1'Auteur. Rapportons encore quelques traitspour faire voir I jufqu'a quel point j'ai lieu d'être indigné- du petit 3 Auteur que j'ai cité ci-deflus, .& que j'auroismieux a fait peut-être de laiffer dans -1'obfcurité. II a 1'au1 dace d'appeller (*) les Etats Proteftans de 1'Em(j pire les vrais Antipodes du Chef de l'Empire £? de ; Vancienne Conftitution légale; & il ofe prophétifér : qu'un peu plus tót ou un peu plus tard le Corps Evangélique caufera une révolution qui inettra fin a l'Empire Romaincn Allemagnc. II révèle au Public (f)un i myftère qui jusqu'ici n'avoit été connu qu'a un petit I nombre d'Initiés. Les Proteftans, dit-il, fefou,5 cioient fort peu de délivrer PAllemagne du joug J de la Cour de Rome, ou d'abolir les abus ecclé„ fiaftiques; leur unique deffein étoit autrefois, „ comme'il 1'eft encore a préfent, de fe fouftraire, „ fous un prétexte fpécieux, k la contrainte des „ loix de PEmpire, de rompre les liens qui les ,, mettent dans la dépendance d'un Chef commun, & d'introduire une Anarchie formelle, qui ren„ droit PEmpereur un vain fimulacre de 1'ancienne ,, Conftitution, & ne lui laifferoit que la préroga„ tive brillante de foutenir dans' fa Cour, a fes dé,, pens & fans pouvoir, la dignité de fes Prédéces„ feurs, & de jouer fur la fcène de PEurope le ,., róle d'un Roi de Théatre, paré des Ornemens J3 de C*) Voyez le N°. U des brochures fusmentionnées. 1 Ja pi 24. (t) Vojfcz le N» 1. p. 40.  ^ ie Charlemagne". Selon le même Auteur, VAi* fbciatioii Germanique eft une ( * ) confpiration con» tre le Chef de l'Empire, contre la Cour Impériale & contre les anciens Statuts. „ L'Eledteur de „ Mayence, que laProvidencea porté " (k ce que 1'Anonyme dit fort ingénieufement) „ fur les ailes de „ l'aigle a fa grandeur acluelle, afait, en accédant a 1'Alliance, un pas odieux, inutile, ou tout au " mo!ns ridicule". Un Prince refpe&é dans toute PAllemagne pour fes grandes qualités perfonnelles, le Duc de Saxe-Gotha, eft, fuivant Pexpreffionde eet Ecrivain impudent, „ un Emiffaire Pruffien, „ un racoleur de la Ligue, qui promène la banière „ de la révolte dans tous les coins de l'Empire". Je rapporte ces atrocités mot è mot; faDs cela on ne croiroit pas è quel excès les Auteurs de Vienne ofent pouffer 1'infolence. On comprend qu'un hon« nête homme ne s'abaiffera point jusqu'a leur répondre, & qu'il ne leur fera pas même 1'honneur de fe facher contr'eux (f). Le mépris de tout bon Patriote (#) Voyez Ie N». r. p. 49- 50. (t) C'eft a delTein que je m'abftians de re&ifier les faits qui ont été préfentés fous un faux jour dans ces brochures. Je n'en releverai qu'un feul, paree qu'il a été répété cotnme pofitif dans Ie Journal Politique, (Novembre, p. IÏ93O fur la foi d'un Cortes» gondant de Vienne. On prétend que 1'EleCteur de Treves, fondé1 pour accédcr a 1'Alliance Germanique, doit avoir déclaré, „ que la fureté des Etats de l'Empire étoit déjll inébranlablement appuyée " fur les Conftitutions, & que les liaifons déja fubfiftantes entre I» *' Chef & les Membres de l'Empire rendoient toute autre Afiocia',- tion fitperfiue". Cette réponfe n'a jamais pu 6tre donnéc , pm>que jusqu'ici 1'Elefteur de Trèves n'a pas encore été invité de fe joindre h 1'ynion de nos Princes. II eft faux, comme on fe plait encore i Fauurer', que d'autrcs Etats de l'Empire fe foyent expiiqués" de la même manière. De tous ceux auxqucls 011 s'eft adreffé, il n'en eft pas un feul qui ait donné Une réponfe pareille, ou dit quoique ch.iled'approchaiitl Au contraire ils ont unanimément reconnu l'il'Wt & la néueffité de l'Alfumce concilie. Mais 11 eft très-vrjii  * Patriote eft tout ce que doivent attendre ces Libeiliftes grofliers, & ils n'échapperoient pas k ce jufte chitiment, s'ils n'en étoient affranchis par le pro* fond oubli, dans lequel ils ne tardent pas long» temps k tomber. Mais peut-on retenir les mouvemens de fon in> dignation, quand on voit la Cenfure de Vienne fermer les yeux fur de pareilles horreurs, favorifer des gens qui iufultent auffi témérairement aux loix de la décence & de 1'honnêteté ? Un Tribunal qui rejette toujours encore les Ouvrages de nos meilieurs Auteurs, qui tout au plus les tolère, fans les admetlre( * ), ce méme Tribunal févèrefe tait, quand on imprime dans Ia villeouil fiège (f), que la Capitulation Impériale, développée fuivant les principes de la Conftitution ,*& ratifiée après cela par le ferment du Chef de l'Empire, tend a la ruïne de VAtlemagne; quand on déclare que tous les Etats Proteftans font autant d'Ennemis de l'Empire; quand on accable les plus refpecïables d'entre nos Princes de calomnies £f d'outrages ? Chaque Allemand, chaque Proteftant, eft en droit, fi je ne me & très-décidé d'un autre cöté, que fur la propofition d'une Union plus étroite que Ia Cour de Vienne a fait faire a plufieurs Princes patriotiques de 1'AHemagne, ceux-ci ont déclaré avec francbife „ qu'il ne leur paroifibit pas néceffaire de contrtóer avec Sa Ma„ jefté ïmpériale d'autres liaifons, que celles qui fubfiftoienr déja ,,par la Capitulation". (*) Suivant Ia Technologie des Cenfeurs Autrichiens, un livre eft admis, loifqueles Libraiies ont la permilïion de ledébiter indiftinctement, & même de le contrefaire. Les Ouvrages tolérés, font ceux qui ne peuvent être vendus qu'a de certaines perfonnes privilégiées. Une grande partie de nos meilieurs Auteurs clafliques ne fonc encore que tolérés. (t) L'Ouvrage de Mr. de Gemmingen , de même que 1'autra brochure anonyme, ont a la vérité paru fans lieu d'impreflion; mais «1 fait pour fur qu'ils fortent dss prefles de Vienne,, & qu'ils ont é*è envoyés de cette rille dansJ'Stranger,  me crompc, de demander au Collége de Cenfure de Vienne, foit une déclaration pofkive que ces pamphlets n'ont pas été imprimés dans la Capitale, ou du moins qu'ils y ont été imprimés & débités a fon infu — foit un aveu formel qu'il s'eft rendu coupable d'une négligence, qui doit fouiller a jamais fon honneur, & chez les Contemporains, & chez la Poftérité. Rien ne prouveroit mieux la mauvaife caufe des Viennois, que fi le Tribunal de Cenfure venoit a prohiber mon Ecrit, après avoir été fi indulgent pour tant de produftions, contre lesquelles il auroit dü févir par devoir. J'ai laiffé k Mr. le Baron de Gemmingen toute la force de fes argumens & tout le feu de fon éloquence; ce feroit donc lui montrer une défiance peu flatteufe, que d'empécher les Letfteurs Autrichiens de comparer fes affertions avee mes remarques fimples & purement hiftoriques. Mr. de Gemmingen eft intéreifé le premier k procurer kmonOuvragel'Admittitur de tous les Cenfeurs ïmpériaux, &, en cas de befoin, je compte fur Ces bons offices. F I N.