MÉMOIRES HCRETS, XXXIVe PART IE du Régnede Louis XIII\ o u XLVIHc PART IE des Régnes de thnri IV& Louis XIII.  Années oü commencent & finilTeut les Parnes 1 OK IJ & 16 l6ll a IÓ12. 36- 4 ütf 17 18 lC>I2 a l6l 3. 5 & 6 ou 19'& 2.0 1613 a 1614. y & 8 o« 21 & 22 1614 .i 1615. i) & 10 25 & 24 1615 d 1616. II &• li ou 25 & 26 1616 a" 1617. 13 & 14 ou 27 6- 28 1617. iy & 16 ou 29 6- 30 1617 a 1618. 17 & 18 o« 31 & 32 1618 d 1619. 19 & 20 33 6" 34 1619. 21 & 22 ou 3 j 6> 36 1620. 23 6» 24 ou 3-7 6> 38 1620 a 1622. 2f 6* 26 oa 39 6- 40 1622 d 1623. 27 6" 28 ou 41 & 42 1623 a 1&24. 29 6- 30 ou 43 & 44 1624. 31 6* 32 ou 4f 6* 46 1624 a I02f. 33 & 34 e« 47 6- 48 162J i 1626.  MÉMOIRES SECRETS, 3- T I R É S DES ARCHIVES DES SOUVERAINS DE L E U R O P E Ouvrage traduit del'Italien. XXXI V< PART IE du Régne. de Louis XIII\ ou XL VIIP PARTIE desRégnes dc. Henri IV & Louis XIIl A AMSTERDAM; & fe trouve A PARIS, Qhsz NYON, fainé, Libraire.ruc du Jardinct quartier St.-André-des-Arcs. M. DCC. LXXXUI,   V T A B L E DES SOMM AIRES. trois intéréts qu'il y avoit dans 1'Affaire de la Valteline. Louis XIII veut convoquer les principaux Officiers de fa Couronne, pour enrendre leur avisj avant que de donner fa réponfe définitive au Légat. Départ brufquede celui-ci. Le Nonce défend avec force la conduite que Ie Légat avoit tenue. Altercations ertre le premier & Richelieu, fource daverfion réciproque, funefte a la Négociation. Affemblée des Officiers de la Couronne ; motifs perfonnels pour lefquels le Cardinal de Richelieu avoit engagé le Roi ï Ia tenir. Réfultat de cette Affemblée. EfForts du Nonce pour 1'accommodement des Affaires, devenus auffi inutiles que 1'avoient été ceux du Légat, Vanité du Cardinal de Richelieu. page i. Le Marquis De Cceuvres difpofe les Grifons & les Valéfans a traitec enfemble. En Lorraine,dansrAffem-  vj T A B L E. blée de Simier, il fe fait une efpe'cede Loi Salique , porrant 1'exclufion des femmes de lafaccefllon auDuché, tam qu'il y auroit des males. Louis XIII ladéfapprouve.Troubles qu'elle caufe. Mefures que ce Monarque prend pour iès calmer. La craintede quelqu'infulte brufque du cöté de LAllemagne fait chercher a la France a. brouiller fes Princes Catholiques _» FEmpereur mème avec 1'Archiduc Léopold , fon Frère. Defcenre malheuren fe des Anglois a Cadix. Grand déplaihr qu'elle caufe a la France » unie alors d'intérêts avec cette Nation. DeftruóHon du parti Huguenot, réfolue. Secours que 1'Angïererre & h Hollande fourniffent a la Couronne , pour eer objer. Prife de Flfle de Ré, Combat opiniatre. Vicboire avantageufe des Royaliftes. Le Chateau de 1'Iile d'Oléron fe rend a compofition, P"SeSS- Accommodement avec le Roi., moyen feu! de falut qu'avoient pour eux les Rochellois. Réfolution ptifè dans le Confeil Secret, pour réduire leur Vilie. BafTompierre envoyé veis les Treize-Caut-oiis, avec la quaiiti  ' T A B L E. vij cTAmbaffadeur extraordinaire. Motif de eet envoi , & fon faccès. Déclamarion que fait contre la France 3 Je Nonce auprès des Cantons Catholk que, dans 1'Affemblée decesCantons. Réponfe au Miniftre de Sa Sainteté , fort piquante , & vive réprimande ala-fois, de la part de Baffompierre , dans cette meme Affemblée. Le Cardinal Barberin eft nommé Légar vers FEfpagne , pour l'accommoderrient des Affaires, comme ïl I'avoit été tout nouvellement vers la France. Cenfure que font le Clergé & la Sorbone de deux Libelles contre le Gouvernement d'alors. Détail de cette affaire. page in. Louis XIII fe difpofe a s'accommoder avec les Hugnenots, dans la vue de les tromper. Soupcön.des Rochellois, mefures qu'ils prehnenr. Le Roi refufe d'entendre leurs Députés; raifon de ce refus. Offres qu'ils faifoienr. Les Huguenots du Vivarais s'emparent du Pohffin par furprife. Le Roi figne la Paix avec rout leur Parti. Quelles en étoient les conditioris ? Les aigreurs entre la France & 1'An. gleteire vont chaque jour croiilant,  viij T A B L E. Premières fémences de ces aigreurs» Biainville envoyé par LouisÜKïII vers Sa Majefté Britannique, avec Ia qualité d'AmbalTadeur exrraordinaire* Inftrudtion dont il étoir chargé. L'Angleterre cherche a rendre manie fon Ambaffade. Conduite irréguliere du Duc de Buckingham. Ménagement de la France a fon égard. Lettre du Roi a Biainville fur eet objet. Audienceque le Roi d'Angleterredonnea Biainville. Long entretien de celui - ci avec le Duc de Buckingham. Moyens extraordinaires par lefquels le fecond cherchoit a fe mettre a 1'abri des coups du Parlement de fa Nation , avec lequel il étoit très-mal. Malhonnêtetés que les Anglois font a Biainville , pour 1'obliger a fortit de chez eux. Sage diffimulation de fa part. Mémoire qu'il recoit du Roi, fon Maïtre.Divers objets qu'il renfermoir. page 161, Fin de la Talk. ERRATA. Page. ligne. au lieude. l'fi^i41 8 & 9 puiflant puiflante 85 a la feconde note de deg ij 9 1 traiteroienc traitoient 170 7 propofé, propofée, MÉMOIRES  ISS*^«*8 %rttm MÉMOIRES S E C R E T S- Des trois intéréts qu'il y avoit dans L'Affaire de la Valteline. Louis XIII veut convoquer les principaux Officiers de fa Couronne , pour entendre leur avis , avant que de donner fa rèponfe defnitive au Légat. Départ brujque de celui - ci. Le Nonce défend avec force la conduite que le Légat avoit tenue. Altercations entre le. premier & Richelieu , fource,, daverfion réciproque , funeflz a la Négociation. Ajfemblèt des Officiers de la Couronne ; motifs perfonnds XXXIV. Parcie. A  X MÉMOIRES pour lejquels le Cardinal de Richelieu avoit engagè le Roi a la tenir. Réfuitat de ceue Affemblée. Efforts du Nonce pour taccommodement des Affaires-, devenus auffi inutiles que L'avoient été ceux du Lénati Vanité du Cardinal de Richelieu. y avoit, dans 1'Affaire de la Valteline, trois intéréts •, celui du Pape (a) , celui de 1'Efpagne & celui des Valéfans. L'Efpagne ne vouloit point intervenir a la Négociation, fi , avant tout, la France ne remetroit aux Officiers de Sa Sainteté , les Forts dont De Cccuvres s'étoit emparé; car la (a) A caufe , dit le Texte, du Dépot fait entte fes mains , des Forts de cette même Valcel'nc; Sc du parti des Valefans qu il fpqufóit conue les Grifons , en faveur dc la Rcligion.  S E C R E T S. 3 première de ces deux Couronnes ne pouvoic traiter avec honneur, ranc qu'ils feroienr. au pouvoir de Ja feconde, & que celle-ci auroit par conféquenc le moyen de lui faire la ioi. Sans compter quTJrbain VIII devoit dé/Irer, pour fa atisfadion , que le Dépot qui lm avoit été öté , lui füt ren- ff">— Le RlPe ' au défaut de i^ipagne, entroit feul en Négociation avec la France. Maïs trairant de fon chef, il ne pouvoit en aucune facon confentir a ce que les Valéfans , qui étoient Catholiques , rentraflent fous la domination des Gnfons , qui étoient Hérétiques. La raifon en étoit que la confcience ne permettoit pas au Chef de I'Eglife, ce confentement. Le Cardinal de Richelieu repréfentoit que le Pape 1'avoit Aij 162 j.  iGz5. U) Ccuz de Fiiuice & d'Efpagnc. 4 MÉMOIRES -Sffiinê dans les Négociations qui avoienc eu lieu a Rome. Ces Négociations, répondoic le Légat, ont eu lieu entre les deux Rois (a) , qui agifloient par leurs propres Ambafïadeurs, & Sa Sainteté fe contentoit de fourfiïr ce dont ils convenoient entr'eux. — Richelieu. — Que le Pape lailTe donc les Grifons & les Valéfans s'accorder e.ifemble , fans parokre ■■, & qu'après cela il laüfe palier ce qu'ils auront fait. — Le Légat. — Le Pape y confent ; mais, afin que le Traité entre ces deux Feuples fe fafTelibrement, il veut auparavant, qu'on mettc encre fes mains les Forts dont De Coeuvres s'eft emparéj afin qu'on ne puifle pas dire que les Valéfans ont été forcës a s'accommoder, — Richelieu,  Se cret s. f Si, dans un pareil Traité, il y a préfomption de vioience , les Grifons feuls , qui fe relacheroient de quelque chofe en faveur des Valéfans, pourroient alléguer cela; car il n'y a perfonne qui ne fcache que celui qui recoit grace dans un Traité, & qui n'y trouve aucun préjudice, ne peut en êtrö relevé lous prétexte de violence, Richelieu, voulant montrer que le rétabliflement du Dépot des Forts entre les mains du Pape ne dsvoit point s'exécuter, quoique Sa Sainteté prétendit Ie contraire , dit au Légat : — Quelle süreté , en cas qu'il s'exécute , le Pontife donnera-t-il pour la fouverai* neté des Grifons fur les Valéfans , a laquelle il refufe de confentir , & que notre Roi veut abfolument maintenir ? Aiij 1625.  1625. (a) A ce qu'elle Efpagne foit exclue dc ces Paffages. <5 Mémoires * Reftera-t-elle aux premiers par le Traité qui fe fera entr'eux 6c les feconds ? Et quelle sureté aura la France , que les Efpagnols feront exclus des PaiTages ? Quelle sureté pour la démolition des Forts?—-Le Légat. — Le Pape n'empêchera point les Valéfans de confentir a refter fous la domination des Grifons; & il ne faut pas douter qu'ils n'y confentent. — Sa Sainteté a parole de 1'Efpagne, que, moyennant le rétablilTement du Dépot, elle- donnera les mains a ce que la France demande par rapport aux Paffages (a). — Richelieu. — Avezvous ces suxetés par écrit r Monfieur le Légat ? — Le Légat. — Non. La raifon en eft que 1'Efpagne ne veut pas  Secrets. 7 fe déclarer, que le Dépot n'aitété rétabli. Mais je fuis trèscertain de ce que j'avance. ■— Richelieu. — En fait de Traités, il faut des suretés réelles. Celles que vous donnez , Monfieur le Légat , ne font que des paroles fort vagues. S'if ne s'agilioit que de celle du Pape , indépendante de tout, none Monarque s'y fieroit entièrement. Mais les Valéfans peuvent 1'y faire man* quer, bien plus encore les Efpagnols , accoutumés a violer Jeurs promelTes. — Le Légat. — Ce manquement n'arrivera point. Mais fi, contre 1'intention du Pape , il avoit lieu, Sa Sainteté ne rendroic ni aux Efpagnols ni aux Francois, les Forts de la Valteline, qui lui auroient été confiés de nouveau ; mais Elle les garderoit. —• Richelieii. — Croyez-vous, A iv I 6 2 J.  3 Mi MOIRÉS Monfieur Ie Légat, que le Rol, qui elt ligué avec la République de Venife & le Duc de Savoie, pour faire enforte que les Grifons foient remis en poffeffion de Ia Valteline, puifTe doive , aprcs les dépenfes [mmenfes qu'il a fakes, mettre de nouveau les Forts de ce Pays entre les mains du Pape, c'efl-a-dire mettre les Affaires dans un plus grand danger que celui ou elles étoient avant qu'il s'armat? Car,.de tout ce que vous propofez , vous ne donnez d'autre sureté que la parole du Pape, dont 1'obfervation dépend de la volonté des Valéfans èc de celle des Efpagnols. Or ceux-ci feroient charmés de trainer en longueur la nouvelle Négociation qui auroit lieu ; ils n'exécuteroient rien, comme ils en ont ufé par rapport au Traité de Madrid 5  S E C R E T S. 9 Te même jeu continueroic j & ils feroient faire aux Valéfans, qui n'agilTenc que par leur mouvement, ce qu'ils voudroient. Je fcais que , dans le cas ou les Valéfans & les Efpagnols viendroient a manquera la parole qu'ils auroient donnée au Pape () Et que la mort empêcheroit cette vengeance. Av 161  i 625. IO MÉMOIRES Richelieu repréfentoit outre cela au Légat, que , pour un fcrupule fans fondement , Rome mettoit en feu toute Ia Chrétienté. Le Légat, bien intentionné pour la concorde , fe montroit tel , plus encore par les effets que par les paroles; & difoit que, s'il ne tenoit qu'a 1'efFufion de fon fang, que le feu fik éteint, il le verferoit volontiers * mais qu'il n'avoit pas de pouvoir pour faire des propofitions autres que celles qu'il avoit faites. — Richelieu demanda aux Prélats de la fuite du Légat, s'ils confeilleroient aux Minillres du Roi de perfuader a ce Monarque , de courir le rifque de ces propofitions. Ils répondirent ingénuement que non. Qu'ils croyoient cependant que le Roi pouvoit en prendre la réfolution de lui- mcme 5 mats  S E C R E T S. II qu'il n'y avoit point' de Miniftre qui dut être affez hardi pour fe charger de I'événement d'une pareille réfolution (a). Cet entretien (b) fini, le Légat ne paria plus que de fon départ. II demanda Audience pour quelques recommandations particulières; 1'eut, le 19 deSeptembre 5 &lesexpéditons nécelïaires lui furent faites. Le 22 du même mois, il eut Audience publique , oü il prit congé du Roi , & donna a ce Monarque , de grandes a(Turances de fon zéle pour le fervice de Ia Couronne. Le Roi, de fon cöté , 1'afsura de fa bonne difpofition a I'égard de fa perfonne j de Teltime qu'il en faifoit ; de fon affeclion (a) En lui confeillant de la ptendre. (ijD-a 15 deSeptembre. A vj 1625,  (a) Lettrc du Roi a Béchmie * , du 14 Ac Septembre , 161 j. *Toujours fou Ambaffadcur auprès du S.Siége. 11 MÉMOIRES invers le Pape > de fon dévoue" ment au S. Siége; dans lequel il ik qu'il furpalTeroit les Rois, fes prédéceiièurs, qui avoient coujours maintenu & affifté puhTamment les bons Papes. II finit par ajouter: — Les Affaires que vous avez négociées , Monfieur le Légat, importent tant au Public , qu'avant de vous donner ma réponle déflnitive , je veux aflèmbler les principaux Officiers, de ma Couronne, pour entendre leur avis. Enforte que nous pourrons nous voir encore une fois pour eet objet. Mais le Légat, impatient de partir [a), pour ne pas fe trouver a Fontainebleau quand lAlfemblée en queftion auroit lieu , demanda Audience, le 13 ; & elle lui fut  S E C ft E T S. 13 accordée pour Ie Iendemain. II y parut (non plus cornme Légat, mais comme fmriple Cardinal) pour faire au Roi la révérence , & TofEi-e de fes fervices. Tout fe paffa en civilités ordinaires. Le Roi penfoic que Ie Légat s'arrêteroit a Fontainebleau, Ie refte du jour, & Ie Iendemain encore, pour y recevoir les complimens des Prinees & des Grands. Le Monarque ordonna en conféquence au Duc de Nemours & a 1'Evêque de Metz , de fe tenir prêts pour 1'accompagner jufqu'a deux ou trois lieues 5 & a. fes Officiers, de le fervir, 1'efpace de deux journées. Mais , une heure après 1'Audience dont il vient d'être parlé , le Légat monta en carroife, &: partit fans avoir fa dépêche (a), {a) Celle apparemment que les Courcmnes fonc dans 1'ufage de donner aux Minifties des  JÓ2J. PuiiTances veis elles, lorfqu'ils s'en retournenc. Mémoires & fans dire oü il alloit coucher. La Cour trouva fort étrange ce départ fi brufque 5 & le Roi en parut offenfé , paree qu'il le privoit de la fatisfaction de faire honorer le Miniftre du S. Siége , com'me Sa Majeité le défiroit, &c qu'Elle 1'avoit ordonné. Elle le témoigna aux Gens du Légat, qui 1'excusèrent , en dilant qu'il avoit voulu éviter les compliments & les cérémonies, ainfi qu'il avoit pratiqué , a fon départ de Rome. Mais la vérité eft qu'il ne voulut point fe trouver a Fontainebleau, quand 1'AiTemblée des principaux Qfflciers de la Couronne auroit lieu; paree qu'il fcavoitqu'elle fe conformeroit a la facpn de penfer de Richelieu ; qu'elle éléveroit jufqu'au Ciel Ia con-  Secrets. ij duite de ce Miniftre; & condamneroit celle que Rome avoic tenue dans le cours de la Négociacion. Le Roi fit partir fur Ie champ le Marquis de Sc Chamont, un Fourrier & d'autres Officiers, pour joindre le Légat, 1'accompagner & le fervir jufqu'a Lyon. Les ordres furenc envoyés aux Gouverneurs des Provinces par ou il devoit paffer, de lui rendre toutes fortes d'honneurs. En même-temps Ie Monarque fut bien - aife que les AmbafTadeurs de Venife & de Savoye fuflent inftruits de ce qui s'étoit pafFé dans le dernier entretien qui avoit eu lieu entre fes Miniftres Sc celui du S. Siége, & qu'on demandat a ces AmbafTadeurs ce qu'ils en penfoient. Ils ne fe trouvèrent pas du même fentiment. Celui de Venife étoit d'avis qu'il  i6 ïvi i :vi o i e s ■ falloit que Ia Faix fe fit , & elle pouvoit s'établir avec honneur & stireté, & que fa République trouvatfon compte dans raccommodement de l'Affaire de la Valteline. Celui de Savoie au contraire défiroit paflionnément la continuation de la Guerre,que Ie Duc fon Maitre jugeoit plus utile , que les conditions de la Paix la meilleure & la plus honorable. La qualité néanmoins des propofitions que le Légat avoit faites, ne laiflant point d'incertitude fur le parti qu'on devoit fuivre , les deux AmbalTadeurs furent de 1'avis des Miniltres du Roi, qui étoit qu'on ne devoit point prèter 1'oreille a ces propofitions , mais fe déterminer promptement a la Guerre; afin de forcer 1'Efpagne a confentir a une Paix folide, qui flit a la fois avantageufe pour Ia France  S E C R E T S. 17 & pour fes Alliés. — Cet avis étoit le feul que 1'honneur Sc la raifon d'Ecat dictoient dans les circonlrances achielles. Le Légac, de iMontereau oü il avoit couché , prit la route de Lyon par la Bourgogne , & celle d'A vignon enfuite. — ïl avoit refufé un bel Ornement que ie Roi & Ia Reine - Mère voulurent lui donner. Quelquesuns croyoient que cela venoic de ce que le préfent lui avoit paru peu de chofe ( bien qu'il rut de la vajeur de quatorze mille écus ) j attendii qu'on venoic de donner au Duc de Buckingham cinquante mille écus en pierreries, & tout autant aux deux AmbafTadeurs extraordinaire?, les Comtes de Carïilè & de Hollande (a)j (a) Ces trois Seigneurs Anglois e'toient a la Cour de France , ainfi qu'on a vu ci- I02j,  161 j devant, pour 1c manage du Prince de Galles avec Madame Henriette. 0) Qui s'y trouvoit toujours Ambafladeur pour la France. (b) L'Auteur ne dit point fi I'acceptation dc eet Ornement eut lieu ou non. Mémoires - ■— ce qui cependant ne fortk jamais de la bouche du Légat. —Quoi qu'il en fok, on envoya 1'Ornement a Rome, a Béthune (a) , afin qu'il fit tout ion poffible pour le lui faire" accepter; priant même le Pape de le lui ordonner s'il le falloitj 6c proteftant a SaSainteté, que le refus feroit regardé comme un mépris infupportable {i). Mais revenons au Légat. II fut accompagné jufqu'a Auxerre par le Nonce, qui revint de la promptement a Paris , avec Ia perfuafion que 1'accommodement pourroit être maintenant plus aifé , en cas qu'on voulüt terminer a l'amia-  Secrets. 19 ble. Mais on jugeoic difficile que cela s'exécurac par fon moven (a) 5 paree qu'il s'écoir faic Ja réputacion d'homme peu affectionné a la France ; enforce qu'on penfoit qu'il ne trouveroic pas de la confiance, & que la Négociafion renconcreroic par conféquent les mêmes obflacles qu'auparavanc. Malgré cela , il défendoit avec force , vis-a-vis de chacun la manière dont Ie Léeac écoic parci j difanc que , puifqu'il avoic pris congé du Roi & des Cardinaux, on ne pouvoic pas 1'accufér de s'en etre allé fans avoir facisfait a fon devoir. S'il n'a donné connoiffance a perfonne du jour de fon départ, continuoit le Nonce, c'a été (a) Lettre de Gondi , AmbalFadeur du Grand Duc a la Cour de France, écrite a Piccnena, pinci;>al Miniltre de ce Prince, le 10 d'Octobre , iéi;. 1625.  i i 10 Mémoires pour éviter 1'acccmpagnemene que les Cardinaux & plufieurs Princes 6c Grands avoient def fein de lui faire 5 Sc pour épargner cette peiiïe aux Officiers de la Maifon du Roi, cornmandés pour le fervir jufqu'a Lyon. [1 étoit plus que content des honneurs dont il avoit plu a Sa Majefté de le favorifer jufqu'alors. S'il n'a point terminé les Négociations qui avoient eu heu entre lui 6c Je F. de BéruIe, entre lui Sc le P. Jofeph, £a étè paree qu'il fcavoit qu'on fe fervoit du bon efprit Sc cle !a fimplicité de ces deux homnes, uniquemenc pour 1'amurer encore ; afin d'épier' le fuo:ès des affaires du Piémont 5 ie donner le temps au fecours qu'on y envoyoit, d'y arriver; pour pouvoir enfuite parler fur m autre ton ; 6c fur-tout fi la France & fes Confédérés ve*  S E C R E T S. ir noient a avoir du fuccès com-me auparavant. Quant a ce que le Roi a dit ou fait dire au Légat , que fon intention étoit : i° De ne point faire la Paix avec les Huguenots; i° D'afTembler les principaux Officiers de fa Couronne , pour entendre leur avis, avant que de donner a ce même Légat fa réponfe définitive> 3°De confentir a la Tréve : — Le premier de ces trois objets n'eft pas une grande grace que le Roi fait au S. Siége > attendü que la défaite des Huguenots fur mer [a), eft ce qui doit principalemenc 1'éloigner aujourd'hui de faire la Paix avec eux, s'il défire fe délivrer de cette douloureufe, épine, & certes il montre qu'il le veut. — Le fecond objet n'efl (a) Par fa Flöttfi , & qa'on a VUC cïnrjs fa fresu-ueuvióae Partie ds ce? Oima^. I 6 2 $.  1Z MÉMOIRES 1625. (a)Négation qui vaut une ironie, cornmc on va Ie voir. (£) D'oii le Nonce veut inférer qu'elle eft une ombre de fatisfaclion uour Rome. pas une grande grace non pius que le Roi fait au S. Siége(a)} vü qu'il n'a pas beloin d'afïembler les principaux Officiers de fa Couronne , pour recevoir des confeils; tk. qu'il indique ces Affemblées uniquement pour autorifer ceux qu'il a déja recus de fes Miniftres, feuls vrais Confeillers.— C'eft pour cela, plus que pour autre choie, qu'eft indiquée 1'Affemblée qui va avoir lieu (b). Le troifiéme objet eft moins encore une grace pour le S. Siége , que ne le font les deux autresj car on peut dire que, fi le Roi confent a la Tréve , cela vient plutót de ce que 1'état ou font fes Affaires & celles de fes Ailiés en Italië , le demande  S E C R E T S. 23 a'infi (a) , que d'aucune bomie" difpofition de leur part pour la Paix 5 comrae le prouve le langage qu'ils tenoient , au tempsde leurs profpérités. Sans compter que 1'intention du Roi pour Ia Tréve feroit} feule , toujours inutile ■> paree qu'on fcait fort bien que les Efpagnols font ceux aujcurd'hui qui s'en montrent les plus éloignés, & qu'il faut cependant que ce foit principalement d'eux qu'en vienne le confentement. C'étoit ainfi qu'on entendoit de part & .d'autre beaucoup de juftifications & de propos mordans; & chacun avoit grand foin de tourner a fon avantage (a) Par ces Alliés , il fauc entendre principalement dans eet endroit le Duc de Savoie, avec lequel Louis XIII s'étoit uni pour 1'entreprife conrre Gènes. —On a vu ci-devant que la fortune , après leur avoit ri dans cette entreprife , leur avoit enfuite tourné le dog tout-a-coup. 1Ó2J.  (a) Vous dépouiller dc la dignité de Cari lïinal, dont il vous a reyêtu. i 24 MÉMOIRES ce qu'il difoit. — Le Cardinal de Richelieu & le Nonce étoient en mauvaife inrelligence depuis un an. Le fecond avoic plufieurs fois piqué au vif le premier, qui étoic naturellemenc fuperbe, colère &i vindicatif. Enforte qu'ils en étoient venus a des paroles tres - aigres , non - feulement quant a ce qui regardoit les affaires publiques, mais quant a ce qui les concernoit en particulier. Un jour, s'étant échauffés, le Nonce menaca le Cardinal du courroux du Pape. Et que peut me faire lePape, dit fon Éminence d'un ton méprifant & mocqueur ? II peut, répondit ie Nonce, vous öter la barretce qu'il vous a donnée (a). Richelieu: — II n'y  Secrets. 25 a pas d'exemple de cela. Le • Nonce : — Les Hiftoires en font pleines. Ces altercations entre Ie Miniftre du S. Siége & Ie premier Mïnlftré de la France produihrent une averfion réciproque , qui fut funefte a la Négociation 5 attendü que celui Ia fe joua de la confiance de eelui-ci , & donna lieu de croire que, dans le feeree, il étoit mal difpofé pour ia Couronne; que, conformément a cette dif pofition , il agiflbit en France avec le Légat, de vive voix a Rome par lettres 5 & , qu'il entrainoit avec lui les Prélats Panfile & Azolini (a). Enforte que, quand Ie P. de Bérule &c le P. Jofeph cherchèrent a renouer la Négociation, on leur ehjoignit de ne traiter qu'avec ia) De la fuite du Légat. XXXIV.PartU. B 162;,  JÓ2J. i : (<0 Qui paroiffoit due a fon mérite, dis le Texte. 16 Mémoires e Légat feul. En conféquence \s fé rendoient d'ordinaire chez ui durant la nuit, lorfqu'il étoit iéja couché.—Quoi qu'il en foit, e Nonce, homme d'un grand "nérite , fe défendoit très-bien. il faifoit voir que les Miniftres lu Roi inclinoient très-foiblenent pour la Paix ; &c que toute /ariation &c toute rupture veloierit d'eux. Quant au Légat, db 1'avoit vu partir fort afHigé Sc fort penfif. — Les hommes paciflques Ie jugèrent d'une grande douceur & d'une grande bonté; &: 1'on futfaché prefque univerfellement qu'il n'emportat pas avec lui la gloire {a) de Ia conclufion des affaires, comme il avoit eu celle d'en être chargé.  S E C R E T S. 27 !. A peine le Légat étoit parti, qua 1'Afïemblée des principaux Officiers de la Couronne fe tint (a). A ce Confeil, ou le R.oi étoit préfent , fe trouvoient la Reine-Mère, le Duc d'Anjou (è), quatre Cardmaux , les Archevêques & Evêques, députés par I'Affembfée du Clergé (c) , les Ducs; de Nemours, de Longueviüe < & de Chevreufe, Jes Membres! du Confeil-Privé , les Secrétai-* res d'Etac, les Surintendant l & Intendans des Finances, les1 Députés du Parlement , les tl Maréchaux de Baffompierre &c h dAubeterre, & autres Officiers d! de Ia Couronne. — Quoique,™ dans les Affaires importante? comme celles de la Paix & de Ia' GO Le i9 de Septembre , a Fontainebleau. ^b) Galton d Orleaus J Fiere unique dn if) Qui fc tenoit alors. Bij 1625. ~ Deux Lettres , 1'unc du Nonce au Cardinal Bai berin , 1'autre de Gondi,AmbafladeurJu Grand Dtic a la Cour de ïrance , icriteaPichén i.prinipal Minitre de cc rince. — a premie-! : de ces ettres eft r i d'Oc'bre.ióz^ leconde t du 10 ' mêmois, ïnês année.  1615. lS MEMOIRES Guerre , les Rois de France réfolvent par eux-mcmes, fans qu'ils ayent befoin du concours de leurs Miniftres, 1'Affemblée actuelle ne laiffoit pas de fe tenir, paree que 1'affaire dont il s'agifloit, regardoit a-la-fok 1'Ecat & la Religion , & qu'on accufok le Cardinal de Richelieu d'avoir peu d'égard pour le fecond de ces deux objets. Le Cardinal vouloit d'ailleurs fe difculper du crime dont on prétendök qu'il s'étoit rendu coupable , en engageant fon Roi, par le Traité de Compiégne , a renouveller 1'AUiance avec les Hollandois; a fournir un grand fecours a ces Rébelles a 1'Efpagne, pour continuer la Guerre contre cette Couronne. — Le Cardinal vouloit auffi fe fouftraïre au blame dont on le chargeoit, a caufe  S E C R ÉTS. if) cjue Louis XIII (a) avoit conclu le Mariage de fa Sceur [b) avec le nouveau Roi d'Angieterre ■■> permis au Comte de Mansfeld (c) de venir en France , & traité avec lui , pour faire la Guerre a 1'Empereun — On trouvoit tout cela fort étrange; dl beaucoup plus encore, que Louis XIII eüt reen les foumiffions des Huguenots, & qu'il témoignat vouloir faire Ia Paix avec eux (J) , afin de s'appliquer tout entier aux Affaires du dehors. — La proteclion que le Monarque donnoit aux Grifons [e') contre les (<0 CH» , comme on a déja vu tant de fois, ne fe determinoit a rien que par fon Conferl. (/>) Henriette. (e) Hérécique , rébelle a PEmpcrcur , fon Souverain , & duquel il a déja été fi fouvent queft.ion. (d) Quöiqü'il cüt promis au Pape tout nouvcllement de ne jamais la faire. (e) Héréciques, prefquc tous du moins. Biij 1615.  1625. ( s'étendit beaucoup fur le Traité de Madrid 5 & dit que le Dé-  Secrets. 31 pot (a) des Forts de cette même .ValteJine s'étoit fait fans Ie confentement du Roi. Que, tandis que le Marquis De Cccuvres fongeoit a autre chofe qu'a attaquer ces Forts, gardés par les armes du S. Siége, il avoit été provoqué a cette attaque par le Marquis de Bagno [b). Le Chancelier paria enfuite de la venue du Légat 3 rapporta d'une facon générale les propofitions qu'on prétendoit qu'il avoir faites 5 &c s'en remit, pour les détails, au Maréchal de Scliomberg. II fe plaignit de ce que ce même Légat étoit parti fans avoir donné avis de rien a qui que ce fut, nonfeulement de la Cour, mais de fa propre fuite. Enforte qu'il avoit paru méprifer le trake- (a) Entre les mains du Pape. O) Généval des Troupes de 1'Eglife dans la Yalteline. Biv 1625.  1625. 3* Mémoires • ment dont Ie Roi avoit ufé a fon égard , & dont il vouloit ufer encore, en Ie faifant défrayer dans tous les endrois du Royaume oü ii paiTeroit, & fervir par fes Officiers. Le Légat a méprifé auffi , dit le Chancelier, Ie préfent que le Roi [d] vouloit lui faire (b). Sa Majefté n'a pas lauTé cependant d'envoyer après lui, en toute diligence , le Marquis de Sc Chamont , avec un Exempt des Gardes-du-Corps , & quatre de ces Gardes ; pour qu'en vertu de 1'Ordre que portoit 1'Exempt, le Minirtre de Sa Sainteté recut dans tous les endroits de fa route , jufqu'a Avignon, des honneurs pareils a ceux qui lui avoient été déja rendus. O) Et la Reine-Mère. (j>) Ce préfent confiftoit en un Ornement le la valeut de quacorze mille écus, — Vc-veat  Secrets. 33 Le Légat s'eft peu foucié de • donner d'autre excufe du refus qu'il avoic fait du préfent, finon que Ie Pape lui avoit défendu d'en recevoir d'aucune forte. Comme fï les préfens d'un Roi & d'une Reine de France ne méritoient pas quelqu'exception. Et d'autant mieux qu'aux premiers jours de fon arrivée , Leurs Majeftés ne refusèrent pas d'en recevoir divers de fa part, confiftant en chofes de dévotion , 6c en galanteries, de quelque valeur. En vain le Miniftre de Sa Sainteté diroit , pour excufer fon départ brufque, que lorfqu'il 1'a exécuté , il avoit déja pris congé de Leurs Majeftés, 6c eomme Légat, 6c comme Cardinal; 6c qu'Elles avoienc voulu lui faire un préfent, figne de retraite. En vain il vouBv 1625,  i6zj. 34 MÉMOIRES droit s'excufer de cette facon; le P. de Bérule & le P. Jofeph , au temps de ce départ , itraitoient encore fecrétement avec lui , pour que la Négociation fe renouat; & le Roi le faifoit prier de différer ce mème départ encore un peu ■■, lui promettant même que la Paix avec les Hugenots n'auroit pas lieu, tant qu'il feroit dans le Royaume, que, pour prendre confeil fur les affaires de la Valteline , il ne convoqueroit pas d'Aflemblée oü fe trouvaffsnt des Gens du Parlement & autres femblables Perfonnes, qui, faifant profeffion de défendre les droits du Royaume & du Roi , paroifloient avoir plus en recommandation la raifon d"Etat, que la Religion; qu'enfin il eonfentïroit a une Tréve pour les Affaires du dehors. Malgré tout cela , Samedi der-  Secrets. 3j nier (a), le Légat étant monté ■ dans fon carrolïè (b), fuivi des Nonces Spada &c Bagno (c), éc ayant fait dire a fes gens de le fuivre , eft parti a I'improvifte 5 témoignant par la s'en aller trés - mécontent; & donnant a entendre que la rupture de la Négociation venoit toute de la France. — Le Chancelier cenfura au long la propofition qui dit qu'on ne peut point reftituer un Domaine a des Hérétiques. II fit voir toutes les conféquences préjudiciables aux Princes féculiers, qui réfultent de ce principe. Le Maréchal de Schomberg, reprenant le difcours du Chancelier , plus pour opiner, que (*) x\ de Septembre, ifiiy. (i) A fix chevaux , dit le Texte. (c) Miniftrcs du S. Siége , 1'un en France , 1'autreen Flandre ; tous les deux fuivant le Légat, chacun dans fon carrofTe. Bvj 161 j  (a) Comme le Chancelier avoit fait. (£) Que Ia France difoit devoir étre faite aux Grifons, a qui ce Pays appartenoit. (e) Pour Négocier au nom de cette Couronne , comme il Négocioit au nom de Rome, 36 Mémoires pour fimplement raconter ia) , die en s'échaufFant beaucoup : !— On a vu une grande variation dans la facon de Négocier du Légat; car, après avoir tant contelté la reftitution iibre des Forts de la Valteline (b), il a enfuite gardé le filence longtemps fur fon oppofition quant a ce point; & enfin il 1'a réveillée. —D'abord il ne voulue pas déclarer s'il avoit ou n'avoit pas de pouvoir de 1'Efpagne (c) 5 nu is il dit qu'il en avoit fuffnamnient pour que Ie Roi de France fut content; &, en dernier lieu , il avoua qu'il n'en avoit poinc du tout. — 11 avoit propofé ci-devant qu'on laifsat aux Grifons la fouverai-  S E C R E T S. 37 neté fur les Comtés de Chia-1 venne Sc de Bormio ; 5c aujourd'hui il ne veuc pas qu'ils ayent une ombre de fouveraineté fur la Valceline (a). — Enfin je fuis d'avis que les propofitions du Légat foient rejettées. La Reine - Mère dit peu de paroles; Sc elles tendoient particulièrement a la louange du Légat, que cette PrincefTe repréfehtoit défirant la Paix, Sc dévoué a la France. II y eut après cela un fi long filence, que le Chancelier fut obligé de dire: — Si quelqu'un a quelque bon avis a donner au Roi, fur les chofes dont il vient d'être queftion, Sa Majefté lui permet de le faire. — Alors le Cardinal de Sourdis paria de la facon qui fuit: — II eft fort facheux (a) Dont ces deux Comtés font panie, 1625.  m — (a) Comme partifan de la France. (A) Pour dévoué a 1'Efpagne. (c) A caufe du Dépöt fait entre fes mains , des Forts de la Valteline, d'oü fes Enfeignes avoiet été chaflées par les armes de la France. 38 MÉMOIRES pour Ie Pape, qu'au commencement de fon Pontifkat, il ait été regardé par les Efpagnols comme Francois (a) 5 &: qu'aujourd'hui les Francois le faffent paffer pour Efpagnol (b). J'exhorte, Sire, Votre Majefté a le gagner, en prévenant ces mêmes Efpagnols; & je ne vois pas de parti plus convenable a I'état actuel des Affaires , qu'une Tréve. — Le Cardinal de Sourdis s'étendit beaucoup la-deffus.-La Paix, oü le Pape fe trouve intéreffé (c), dit cette Éminence entr'ajutres, doit être sürement préférée a la Guerre; pourvu qu'elle puifle fe faire avec lionneur & équité. Mais, Jfï elle ne peut pas avoir lieu  S E C R E T S. 39 de cette facon, il faut fe préparer a la Guerre avec le plus grand foin , de manière a ne le lailTer faire tort par qui que ce 'fok (aprcs néanmoins s'être juftifié auprès du Public comme il convient, difoit le Cardinal de Sourdis). Et, en attendant, il opina d'une voix bien diltincte, pour la Paix, 6c pour que le Roi fatisfït le Pape dans ce qu'il demandoit pour 1'exercice de la Juftice chez les Valéfans jdemande, dit-il, conforme au devoir du Chef de 1'Eglifes fatisfacKon conforme au devoir du Fils ainé de cette même EgÜfe. — Ainfi paria le Cardinal de Sourdis. Lorfque le Confeil commenca , le Cardinal de Richelreu , prenant occafion de ce qu'on fcavoit qu'il étoit malade , s'étoit tiré du Cercle , pour aller s'alTeoir fur un banc auprès 1623,  (a) Et Monfieur & Ie Cardinal de la Valette étoient venus fe mettre a cöcé de lui. 40 Mémoires ■du mur ia); déclarant qu'il ne parleroit poinc en Public ce jour-la, & qu'il ne s'approcheroic pas non plus de J'endroit oü 1'on parloic. Mais fur ce qu'on lui die que le Cardinal de Sourdis haranguoit, il témoigna êcre curieux de 1'écouter , s'avanca , &c parut délapprouver du gelte quelques-unes des chofes que cette Éminence avancoit, particulièment la propofition de la Tréve. Quand donc le Cardinalde Sourdis eut fini, le Cardinal de Richelieu paria a fon tour , & dit entr'autres : — Quoique mon état d'Eccléfiaftique &: mon naturel me portent a garder le filence , lorfqu'on délibère fur la Paix ou fur la Guerre , néanmoins la  Secrets. 41 réputation du Roi me force a' dire Iibremenc ce que je penfe. — Le Cardinal de Richelieu, après avoir fait un long Eloge de la Paix, & dit que ie Roi étoit obligé , même en confcience, a Ia procurer (autant que 1'honneur le lui permettoit) , ajouta : — Mais telle qu'elle a été propofée jufqu'a ce jour , je ne vois pas comment Sa Majefté pourroit la faire avec honneur. Le devoir de Roi en général &; celui de Roi Trés - Chrétien ne font point incompadbles dans Sa Majeflé. De même qu'en la feconde de ces deux qualités , Elle eft trés foigneufe de fauver la Religion Catholique dans la Valteline, & de mettre en afsürance les Habitans de .cette Vallée, qui, fans mélange d'Hérétiques, en font pn> feffion j de même on ne fcauroic 1615.  i i l i 1 1 ^ J I 3 t c j a c d diminution de run ou de lautre. Si la France abandonnoic Mémoires :onfeiller a Sa Majefté, comme ï Roi feulement, d'avoir fi peu i cceur la réputation , 1'intérêt Je fon Etat, celui de fes AIiés,&fes engagemens, qu'Elle ^oulüt s'expofer a être regariée comme fans amour pour la üioire, peu lage, moins puif 'ant encore de moins fidéle. Je crois difEcile pour Sa vlajefté de terminer avec honïeur, par le moyen de Négo:iations avec le Pape, vil la leligion. Pour terminer avec lonneur , il faut que Sa Maïfté fafTe une longue Guerre, c qu'Elle conferve a la Frane, a quelque prix que ce fbit, zs Paffages de Ia Valteline, 8c ux Grifons la Souveraineté fur e Pays. II feroit trop honteux e confentir a la perte ou a la  S E C R E T S. 43 fes Allïés (a), elle ne crouveroit plus d'appui dans les Princes, fes voiiins j ils quirteroient fon parti, pour fuivre celui de 1'Efpagne. La Paix doic être préférée a la Guerre, mais non une Paix honceufe , énormément préjudiciable a la réputation. Lorfque les Princes voilins verrontSa Majefté pleine de hauts fenti mensdis léront auill-töt pour Eile j $l tant qu'Elle les aura , ils ne 1'abandonneront point. Enfin 1'honneur eft le vrai patrimoine des Rois. II faut que Sa Majefté conferve le fien; Sc que, pour eet honneur, Elle hazarde tout le refte. Les Finances lont aujourd'huï en trés-bon état ; car le Surintendant afsure qu'il a de quoi fournir a la paye de buit mois, tant pour les Troupes (a) Ces raèmes Grifons. 1 625.  i6z j. 44 Mémoires déja levées , que pour celles' qui doivent 1'etre ; & cela, fans avoir recours a des moyens extraordinaires , ni toucher a autre chofe qu'au revenu de I'année courante. — Les affaires des Efpagnols en Italië commencent a aller mal ; & leur Armée eft réduite a rien. La victoire que notre Monarque a remportée dernièrement contre les Rochellois, met le Royaume en affurance contre tous les troubles; enforte que Sa Majefté efpère de ramener bientót les Rébelles (a) au devoir. Le Cardinal de Richelieu finit par dire qu'il falloit dépêcher vers le Légat Ch), pour lui faire fcavoir que 1'Ailemblée des principaux Officiers de la Couronne étoit de 1'avis du (a) Les Huguenots en généial , dont Ia Rochelle étoit le boulevard. . (b) Qui venoit de partir brufquement , j»infi qu'on a vu.  S E C R E T S. 45 Confeil-Privé; que cependant■ le Roi prêteroic volontiers l'oreille a toute propoiition de Paix, compatible avec fon honneur; mais qu'en tout cas, fes armes, qui avoient, eu en Italië des commencemens heureux ( quoique ralenties un peu durant la Légation ) , reprendroient vigueur , & améneroient les chofes au point oü elles devoient être. Le Cardinal de la Valette dit: — J'étois a Rome, lorfque le Pape confulta les Théologiens, pour fcavoir li, en confcience, il pouvoit traiter fur ce qui étoit de remettre les Valéfans fous 1'obéiflance des Grifons. Et je fcais que les Tbéologiens répondirent qu'il le pouvok & devoit; paree que la Religion n'admettoit pas l'injuftice, bien loin qu'elle la protégeat. — Je ne crois pas que k 1625.  i6z i i 46 MÉMOIRES Roi puifle confentir , fans perdre fa réputation , que la Souveraineté des Grifons fur les Valéfans foit altérée. Mon avis eft qu'il ne faffc la Paix, qu'en tant qu'il pourra la faire avec honneur. Le Premier Préfident du Parlement ne dit autre chofe, finon qu'un Roi li fage, &c qui ivoit un Confeil qui 1'étoit :ant, ne laiffoit lieu qu'aux Hoges. li fit au Monarque , de !a part de tout Ie Parlement, 'ofïre la plus humble de founiflion a fes ordres. On comnenca alors a fe regarder, fans iire mot. Sur quoi le Roi, fe evant, fe retira, fans querien ïut été clairement décidé; & :e Confeil finit de cette facon. Vlais ce que le Cardinal de Richelieu avoit dit s'efFeelua , :omme s'il avoit été applaudi d'une commune voix j il fit  S E C R E T S. 47 ïexpédier par Ie Roi les dépê-Iches, tant pour Ie Légat que Ipour le Pape. La France inftruifït de tout Ice qui s'étoit paiTé, les Miniftres aux Cours Etrangères. Elle fe louoit vis-a-vis d'eux des intentions droites du Légat ; mais, leur marquoit - elle , le Roi a fujet de fe plaindre de ce que le Pape a envoyé ici fon Neveu (a), fans autre pouvoir que celui de faire des propofitions non-recevables. — On écrivoit a 1'Ambaifadeur de la Couronne a Madrid [b) -. — Ce qui a rendu Ja Négociation difficile, venant de ce qu'elle n'a point eu lieu entre les deux Rois (c), ê£ de ce que le Pape, négociant feul avec notre Mo- (ö) Cc même Légat. (£) De Fargis d'Angennes , Cbmte dc Rochepot. ie) Celui de France & celui d'Efpagne. [62 j.  i6i j. 4S M É M- O I R E S narque, ne pouvoic fe réfoudre a confentir que les Valéfans fuflenc remis fous l'obéifTance des Grifons; voyez, Monfieur, fi le Comte d'OJivarez (d), qui vous a témoigné défirer la Paix, ne feroit pas quelque propofition qui fervit a vaincre cette difficulté, & donnez-en promptement avis. Les dépêches aux Miniftres de la France dans les diverfes Cours furent envoyées , au commencement d'Octobre. Quant a 1'Aüemblée qui venoit de fe tenir, aucun de ceux qui la compofoient (les Miniftres du Confeil - Privé mis a part) n'opina, fi Ton en excepte, le Cardinal de Sourdis, qui fut pour le Légat [b). Enforte que (), & lui die: — Vers Ie 10 du mois dernier,me trouvant dans i'appartement de Ia Reine, le Maréchal de BaiTompierre vint au-devant de moi, & me déclara que le Roi & les Miniftres avoient un grand déftr de la Paix, & qu'ils avoient beaucoup de confiance en la bonne difpofition qu'ils fcavoient que j'avois. Lors donc (ajouta Baftompierre) que vous aurez oécafion d'alleraS' Germain , le Maréchal de Scfeomberg, qUi s'y trouve , traitera fort volpntiers avec vous fur les affaires courantes. Je me rendis a S'Germain , le 25 d'Octobre , continue le 00 Cétoit toujours k Marquis de Mirabcl. (i) Lettre de cdui-ci au Cardinal Barberin au y ou meine mois. 1 Cij 1625,  16i 5. G») 17 d'Oaobre. 52 MÉMOIRES Marquis de Mirabel, enfaifant ion recic au Nonce. Mais le Maréchal de Schomberg étoic allé aNoifi conférer avec le Cardinal de Richelieu, arin de le faire enfuite vis-a-vis de moi, avec plus de fondement. II devoit retourner ce jour-la même; il ne le fit point; enforte que je revins a Paris, fans 1'avoir vu, Le Iendemain BaÜompierre m'envoya témoigner beaucoup de regret du contre - temps de Ja veilles &. m'invita a me rendre a Sc Germain , le jour fuivant (a); c'eft ce que j'exécutat, Je m'abouchai avec le Maréchal de Schomberg , qui me dit : — Selon les Dépêches d'Efpagne , le Comte d'Olivarez me paroït avoir une bonne difpofition pour Paccommodement. Notre Monarque, Mon-  S E C R E T S. 53 fieur lè Marquis, préfume que vous en avez une meilleure encore. Une Paix prompte ell néceffaire; mais elle 1'ell aux deux Rois (a). Et n'ayant pas pu fe faire par 1'entremife du Pape, elle fera peut-être plus aifée, ü elie fe traite immédiatement encre 1'un Sc 1'autre Souverain ; attendu qu'ils ne font pas obligés a être auffi fcrupuleux que 1'ell Urbain (b). — Ainfi paria ie Marcchal de Schomberg. Mais il propofa 1'exécution du Traité de Madrid , Sc puis celui de Rome; a condition qu'on retrancheroic de celui-ci PArticle concernant le Paffage, Sc tout autre qui en faifoit dépendre 1'exécution du Roi d'Efpagne en partie 5 furtout en ce qu'il lui permettoic (a) Au vêtre & au mien. {b) Urbain VIII, Pape régnant. Ciij [625.  j62j' 54 Mémoires d'entrer dans Ia Valteline par cercains endroits.— Je foutins que 1'arbitrage de 1'Affaire devoit être laiffé tout entier au Pape; & le Maréchal de Schomberg rinit par me dire : — Je rapporterai au Roi tout ce que nous avons dit enfemble. Nous reprimes notre conférence a Paris, le 29 d'Octobre. Le Maréchal de Schomberg me déclara que, fi mon Maïtre fe défiftoit fur 1'Article du Traité de Rome, concernant le Paflage, le fien foufcriroit indifünctement a tous les autres Articles de ce Traité. Le Maréchal me demanda enfuite fi j'avois quelqu'ordre ou pouvoir nouveau d'Efpagne ; je répondis que non ; &i, quant a la déclaration qu'il venoit de me faire, je témoignai etré éloigné de croire que mon Maitre fik capable de violer en aucune facon  Secrets. 55 ce dont le Pape étoit convenu fa). Le Maréchal dit alors: — II faut que nous - nous battions de la bonne manière (b); & nous ferons après cela Ia Paix. — Nous-nous féparames, fans que je me fuffe objigé a écrire en Efpagne ; mais ayant du refte oflert toutes fortes de bons offices. Le Maréchal avoit fait Ia même ofFre. Tel fut ie récït que le Marquis de Mirabel, Ambafïadeur d'Efpagne a la Cour de France, fit au Nonce a cette feconde Cour. — Comme il ne s'étoit point obligé a garder le feeret vis-a-vis du Pape, il corarauni- (a) Avec Ie Commandeur de Sillery , par Ie Traicé toujours en queftion , qui avoit eu lieu entre Sa Sainteté & eet Ambafïadeur de France. — C'cft ce qu'on a vu au long dans les Partics précédentes de ces Mémoires. (A)I1 faut que Ia France & 1'Efpagne fe fafTent une bonne Guerre. C iv 161$.  i6x j. («) A ce même Nonce. {b) A faire des propofitions pour 1'accommodement. 56 MÉMOIRES qua tout a fon Miniftre (a). Celui-ci, après 1'en avoir remercié , lui dit: — De trois difficultés, qui paroiiTent avoir fait croire au Roi d'Efpagne jufqu'ici, qu'il ne pouvoit pas en venir a un Traité avec le Roi de France, deux n'exiftent déja plus. L'une étoit le féjour du Cardinal Légat en France, 1'autre, le refus que la Couronne avoit toujours fait, d'être la première a propofer (b). Le départ du Légat a mis fin a celleJa > &c aujourd'hui la France elle-même écarté celle-ci, en procédant avec tant de franchife, que j'efpère que le Roi d'Efpagne facilitera la cefTation de la troifiéme. C'eft la demande prelïante qu'il a fait jufques ici, qu'avant tout, les Forts de  S 'È c r' e irHs; 57 | Ia Vakeline fuffent mis de nou- 1 veau entre les mains du Pape(a). Quant a ce qui regarde, dans cette demandé, le' rétablkfement de la réputation de Sa Sainteté, 1'Efpagne peut être perfuadée que le Pontife fe laiftèra engager par elle a faire fur eet objet, ce qui fera jugé convenable pour Je bien public. Et, pour ce qui concerne Ia fatisfacUon de cette Couronne, &c 1'idée qu'elle a que la France auroit trop d'avanrage, fi elle ne mettoit pas de nouveau les Forts de la Vakeline entre les mains du Pape , il eft aifé de confidérer que 1'état des Affaires étant tout-a-fait changé depuis Ie Traité de Rome [b) , (a) Auxquelies on a vu que De Cceuvres les avoit arrachés, a i'exception de Rive , qui étoit la feule des Places de ce Pays, què les arraes de la France avoient encore'a réduire. (b) C'eft toujours celui qui avoit eü lie« * entre le Pape Sc le Commandeur de Sillery, Cv 162 j.  (a) La France , Venife &c la Savoye , Confedérées par le Traité de Lycn. (b) Le Marquis de Mirabel, entre lequel & le Nonce avoit eu lieu 1'entreiien qu'on vienc de voir. 5§ MÉMOIRES 1'Efpagne a beaucoup plus acquis , en mettant dans Rive cinq a fix mille Fancaflins, que n'ont fait les Confédérés & ils n'étoient pas Gens a fe défiiter, s'iis ne venoienr. k appréhender de voir leurs Etats, d'Italie en daftger.  S E C R E T S. 6t Béthune (a) mandoic a d'Herbaut {b) •. — Le Cardinal Barberin s'erc déterminé a paffer en Efpagne. Ce voyage elt fort utile a cecre Couronne, particulièrement en ce qu'il la difpenfera de propofer plus que n'ont fait le Comte d'Olivarez & le Marquis de Mirabel [c]; aujourd'hui que fes arm es font déeréditées par 1'aflfront qu'elles ont eu Vous Vérue, & par la retraite honteufe du Marquis de Ste Croix {cl} ; fans compter (a) Toujours AmbafTadeur de France auprès du S. Siége. (t>) D'Herbaut Phélippeaux, 1'un des trors Secrétaires d'Etat pour les Affaires étrangères , qui avoient remplacé Puyfïculx. — La lettre que Béthune lui adrefTe, eft du 5 de Décembre, ifiij. (c) Dont le premier étoit principai Miniftre du Rot d'Efpagne , Sc le fecond , fon Ambafladeur auprès du Roi de France ; tous les deux ayan: déja fait des propofirions pour 1'accommodement des Affaires (a) Qu'on a vu que 1'Efpagne avoit envoyé avec une nombreufe Flotte dans la mer de. Gènes, poui protégcr cette Républiquc. IÓ25  i6i j. i J ] 62 MÉMOIRES qu'elle a peu de Troupes pour tenter quelqu'entrepriie que ce fok. Son delfein eft de profiter du voyage en queftion, comme d'un moyen facile pour parvenir a la Paix ; d'autant mieux qu'elle juge plus honorable pour foi de la faire par 1'entremife du Légat, qu'en ia demandant elle - même , ainfi qu'elle avoit déja commencé. Confïdérant néanmoins que la Négociation du Légat la retardera beaucoup 5 &. qu'en attendant elle, Efpagne , ne fefa point sure du tout que le Roi de France n'envoye pas fes rroupes au dela des Monts & dans la Vakeline , pour ne pas es lahTer oifives ■■, tk que ces rroupes, mifes en oeuvre, n'exjofent pas Sa Majefté Catholi^ue d de nouveaux affronts ; 'Efpagne, dis-je, voulant cou>er court aux inconvéniens  Secrets. 63 qu'elle craint , fonge a faire enforte que le Pape s'employe pour une Tréve. Il paroic fort iurprenant que le Cardinal Barberin veuille tant écouter fon goüc (a) , qu'il préfere 1'envie de le fatisfaire, aux intéréts du Public & a ceux de la Chrétienté; car il n'y a nul lieu de douter que, tant que fa Négociation en Efpagne durera , on ne ferme 1'oreille a quelque propofition que ce foit; & cependant fon voyage' dans ce Royaumeva rendre incertaine, pendant trois ou quatre mois, Pefpérance de 1'accommodement. Le Nonce auprès de Louis XIII {b) fonda le Maréchal de (a) Celui d'aller a la Cour de Madrid avec la qualité de Légat, comme il étoit venu a celle de France. (b) Spada. — Sa lettre au Cardinal Barbeïin, du 10de Décembie , jézt. / I 62 J.  x6z j. 64 Mémoires Schomberg fur la Légation du Cardinal Barberin a la Cour de Madrid, ainfi que fur la facon dont elle feroït aidée par la France. Le Maréchal répondit: —- L'Efpagne a alfez appris a la France comment elle doit fe conduire en pareille occaiion. Barberin eft ii inftruit des fentimens de mon Maitre , que , fans qu'il foit néceflaire qu'il traite davantage avec fes Minilires, il peut travaiiler a faire expliquer le Roi Cathoiique. Et, s'il trouve que fa facon de penfer s'accorde avec celle de mon Maïtre, il en donneraavis par un Courier j afin que nous envoyions ordre au Comte de Fargis (a) , non de Négocier , Ttais d'accenter ce qui fera prox)fé. La France eft toujours (a) De Fargis d'Angcnnes , Com;e de locheporAmbaffadeur de Fraa:e a la Ccuc k Madiic.  S E C R E T S. 65 difpofée de celle facon, que fi le Légat retourne promptement a Ptorae, il tro.uv.era dans les Miniftres de mon Maitre, qui y font (a), de quoi etre fatifrair. L'Ambafladeur du Duc de Savoie auprès de Louis XIÏI fe plaignit aux Miniftres qui étoient auprès de la Perfonne de ce Monarque ., du peu de compte que Sa Majefté & eux avoient fait des intéréts du Duc , dans la Négociation de Paix , pendant le temps que le Légat avoit été en France. J'ai feu , leur dit 1'Ambaffadeur , que le Roi ne procuroit aucune 'fatisfaction a mon Maitre , dans ce qui concerne Zucca- (a) Par ces Miniftres , il faut entendre Béthune, toujours Ambaffadeur de la Couronne après du S. Siégc. IÓ2J.  I 6 2 5« («) Place 8c Marquifat, que le Duc prétendoit lui avoit etc enlevée par les Génois. — C'cft ce qu'on a dit d'-ja plufieurs fois. (A) Sa lettre au Cardinal Barberin, du 19 de Décembre, 161 j. Cc) Les Affaires qui fe trouvent fur Ie tapis , font aifées a terminer (j) Ces Confédérés de la France étoient tonjrvirs Venife & laSavoie, liées a elle pat Ie Traité de Lyon. 66 Mémoires reljo (a). — Le Miniftre de Sa Sainrecé (b) s'appliquoic a fe Jier étroitement avec ceux de Sa Majefté, maintenant que le Cardinal Barberin pafloic en I Efpagne avec la qualité de I Légar ; 6c Richelieu lui die dans I un enrretien particulier:—Ceci I eft un jeu de peu de durée (c)j 1 car il fe réduit a trois points, 1 fcavoir Pintérêt des Grifons , I celui du Roi mon Maitre, 6c I celui de fes Confédérés {d). Je 1 vous dirai ingénument, Mon- 1 Geur le Nonce, mon fentiment I quant au premier point; mais 1 ie ne veux du refte m'obliger I  S E C R E T S. 67 a rien. — Pour que les Grifons foient concens, il faut qu'on s'en denne au dernier Traité qui les concerne; lequel porte que leur fouveraineté fur la Vakeline fera maintenue, &: que le Gouvernement de ce Pays fera régi au goiit de la France. — Quant au fecond point , il faut trouver moyen a'afsurer notre Monarque, que . ies Efpagnols ne prétendront plus déforrnais avoir le Paifage par la Vakeline. — Et pour ce qui eft du troifiéme Article, il faut fonger a fatisfaire le Dac de Savoie, non felon fes caprices , mais felon les régies de 1'équké. — Je ne parle point des Vénkiens, paree qu'ils fe contentent de 1'exclufion donnée aux Efpagnols pour ie Paf fage en queflion. Le Nonce rabattk ce qni lui paroLTok cxcefïi<:' dans le fe- 1615.  (d) Général de 1'Oratoire. (b) Capucin , bras droic du Cardinal de Richelieu. (c) Langage d'un Miniftre qui fent que fan 68 Mémoires cond point ; & ce qui, dans le troifïéme, lui fembla cfifFérent des chofes conventies avec les PP. de Bèrule (d) & Jofepb [b], la veille du départ du Légat. II infinua auffi au Cardinal de Richelieu , par rapport au premier point, qu'il lèroit bon que Son Éminence expliquat ce qu'Elle entendon: par régie du Gouvernement de Ia Valteline , au goüt de la France. Mais Richelieu refufa de donner aucune explication; & le Nonce ne vbulut point courir rifque de 1'amener a quelqu'une qui Fut peu favorable pour 1'accommodement. Richelieu témoigna enfuite qu'il étoit réfolu a exterminer les Huguenots (c); mais je fcais,  S E C R E T S. 6<) .<3ir—il, qu'il faut que je fcan, dalife le monde encore une afois. Le Nonce répondit: — Si |le bien peut fe faire, fans qu'on Icommence par le mal, cela fera beaucoup plus glorieux pour Votre Éminence. Lorfque Ie mal dépend de nous feuls, &i le bien , de nous & des autres en même-temps, le préjudice eft auiTi certain que 1'utilité eft incertaine [a\ Cependant Fuchelieu fe mit a par Ier de lui-mème. En me ! Souverain , déférant totalement a fes avis , < n'aura jamais d'autres réfolutions que les I fiennes. (a) L'intcrprétation , dit le Texte , que Ie ! Nonce donnoit au propos énigmatique du ! Cardinal de Richelieu , étoit que Son Emii iience vouloit engagcr le Roi a faire la Paix i avec les Huguenots, afin de les endormir , & de les trompet enfuite; ou que Son Éminence vouloit donner a entendre a ceux * qui étoient contraires a la Paix en queftion, qu'il falloit qu'on la fit dans la vüe qu'on vient de dire. * Aux Miniftres, I 62 J.  (<2)Qui vcnoit de reprendre le chemin dc Rome, 70 MÉMOIRES montrant au Louvre , dit-il , feulemenc trois fois la femaine, je gouverne tout très-ailément. Le Roi m'aime de plus en plus, & me preMè chaque jour de lui demander des graces. je réponds que je n'en veux qu'une, lcavoir, une place dans 1'Hiftoire> mais que je ne la veux qu'en tant que je verrai Sa Majefté acquérir , dans cette Hiftoire, une triple Couronne. — Richelieu dit aulfi au Nonce : — Le Légat (a) ne pouvoic traiter d'aucune partie, renfermant la reftitution de la Vakeline pour les Grifons} attendü que cette ciaufe étoit peu compatible avec Ie maintien de la Religion, & le falut des Catholiques dans cette Vallée. La confcience dans qui que ce foic  S E C R E T S. 71 \pC la décence dans un Légat' permettoient dilïicilement de palier outre , fans ce fa tot 6c ce maintien. II eft vrai cependant que le Pape a Rome, 6c le Légat a Paris ont ordonné depuis un examen particulier pour cette difficuké. Je nepuis, répondit le Nonce , pronoftiquer rien de certain fur la décilïon des Théologiens. Mais je tiens pour indubitable que , quelle qu'elle fok, les affaires ne s'accommoderont jamais, (i 1'on ne met de nouveau trois points a couvert; fcavoir 1'avantage de la Religion Cathclique dans la Vakeline (autant ; qu'il eft moralement poffible), [la réputation du S. Siége , 6c : celle de 1'Efpagne. Quant au premier point, on ne fcauroit contefter Ja vali- :dké des Articles (a) convenus W Qui le garantiffeut. ióz 5.  O) Entre le Pape & le Commandeur de Sillery. (4) Ce dernier érant toujours Ambafladeur de la Couronne auprès du S. Siége. point, 72 MÉMOIRES a Rome [a); non - feulement , paree que le Pape, a qui 1'on doic une défërence totale ,.les a jugés & juge néceffaires; mais paree que, s'étant une fois expliqué la-deiTus, toute cenfure devient hors de faifon. Les iviiniftres même de la France ont toujours publié que, dans les affaires de la Religion , ils fe conform eroient rerpectueufement a la facon de penfer de Sa Sainteté. Et il m'a été dit dernièrement que la Couronne ratifieroit par écrit ces mêmes Articles. Ce fut lorfque les Miniftres & moi écrivimes a Rome enfemble par la voie du Secrétaire du Comte de Béthune (b). Pour ce qui eft du fecond  Sec r e t s. 73 point, il eft sur que Ia réputation du Pape, bleffée par 1'attaque des Forts de la Vakeline (a), peutêtre dimViiement réparée, autrement que par le rétabliflèment réel & Iibre du Dépot de ces Forts entre fes mains. Car , quand même ce Pontife voudroit facrifier fa fatisfaction au bien du Public fur eet objet, il ne peut le faire , vu 1'opinion de ce Public, & les dehors qu'il eft obligé'de garder. II faut donc (de quoi que ce fok qu'on convienne pour le temps ou le rétabliflèment du Dépot aura été fait) que ce dont on fera convenu , fok conduit de telle forte , qu'il refte totalement fecret; & que le rétabliffement du Dépot s'exécute de manière a óter (a) Dont Dc Cccuvres s'étoit onpare Rive «xceptce. * ' XXXIV. Parm, D 1615,  74 Mémoires " tout fujet de foupconner qu'il n'eft pas pleinemefit libre i a éloigner ce foupcon , fur-tout de ceux qui ont cru Sc continuent de croire que 1'attentat de De Cceuvres dans la Vakeline n'a pas eu lieu , fans connivence au moins de la part de Rome. Quant au troifiéme point , je ne m'y arrête , qu'en tant que je fens, 8c que la France elle-rnême avoue , la néceffité qu'il y a que 1'Efpagne intervienne au Traité de Paix. Je copfldère que , depuis le jour du Dépöt (a), le principal différend qui a eu lieu entre les deux Couronnes , a été celui qui concerne la conceffion du Paflage 8c qu'en conféquen* .ce ces Couronnes, devant au- ia) Des Forts de Ja Valtelinc entre les mains du Pape. (J>) Par la Valteline , pour les Efpagnols..  S E C R E T S. 75 jourirPhui terminer a l'amiable, il faut qu'eiles ayent recours a quelque tempérament qui ne canonife pas entièrement la prétention de 1'Efpagne pour Ie rétabliifement du Dépot , ni le refus abfolu de Ia part de la France fur eet objet j ou il faut qu'on fonge a fatiffaire la première de quelqu'autre facon. La France, parexemjple, pourroit rompre fon AlIiance avec les Hollandois (a), oua faire telle autre chofe qui allar a 1'intérêt de fa rivale ou au maintien de fa réputation. Enfin, pour dire le tecret, des fecrets, il eft néceffaire , dit le Nonce a Richelieu, que' Votre Éminence fonge , ou a fatisfaire les Efpagnols, ou a fatisfaire le Pape 3 celui-ci de facon telle, qu'il puilfe fermer («) Rebelles a 1'Efpagne. Dij 1625  Z625. j6 MÉMOIRES la bouchs a ceux - la. Mais la ehofe ne peut réuffir, fi les Valéfans ne font fouftraits a la domination des Grifons. Je ne vois pas , fans cela , que le Pape puifle concourir en aucüne forte a ce que le Roi Cathor lique foit fatisfait. Je vous ai une obligation particuliere, Monfieur , répondit le Cardinal de Richelieu au Nonce , de la confidence que vous me fakes, de votre facon de penfer 3 & je vous protefte de mon cóté, qu'autant que je puis conjecturer de ia volorité du Roi, mon Maitre, &i de fon Confeil, je regarde comme tres - difficile ( non cependant comme impofRble ) que vous réuiTiffiez a obtenird'euxles mêmes Articles concernant la Religion Catholique dans la Val* teline , qui furent ftipulés i  $ Ë C R E T S. 77 Rome (ei). Je ne vois pas au' refte la néceffité d'y rien ajouter. Mais je ne dis pas non plus cjue vous ne puhliez obtenir qu'il y fut dit que la Vakeline auroit un Gouverneur Valéfan (a la nomination néanmoins des Griïbns). Quant au rétabliflèment du Dépot des Forts de la Vakeline entre les mains du Pape , la cliofe eft tres-délicate , eü égard , non - feulement a la France , qui depuis quatre ans eft révokée de ces tortifkations (b) 5 mais eu égard a fes Confédérés (c), qui voudroient difficilement, fur la feu Ie paroJe du Pape (d), s'expofer a voir inutiles tant de travaux , de (a) Entre le Pape & le Commandeur dc SUlery. (/>) Elevées par 1'Efpagne, fa rivale. (c) Les Vénitiens Sc le Duc de Savoie. Ca") Dépofitaire. Diij ; 6 25-.  l6l$. 78 Mémoires dépenfes &c de dangers efluyés pour la conquête de ces mêmes Forts, Car il peut arriver mille accidens qui en retarderoient Ia démolition , ou qui en remettroient en polTellion les Efpagnols ■■> 8c ceux-ci prendroieht avantage la deffus. Néanmoins, comme ce que vous demandez,. Monfieur le Nonce ( fcavoir que la réputation du Pape foit réparée), eft fort jufte , on peut fonger a quelque moyen de le mettre a exécution. C'eft en propofant par exempie, que, tandis que les Forts de la Valteline feroient entre les mains du Pontife , le Roi, fous pré-' texte des Huguenots, ou autre concernant le Languedoc, fit approcher des Frontières du Comtat - Vénaiflin , une telle quantité de Troupes, que 1'avantage qu'elles lui donne-  S E C R E T S. 79 • roient (a) , lui fervit de gage pour 1'exécution de ce dont on ferok convenu par rapport a la Valteline. II pourroit fuffire au Roi Tres - Chrëtiën , répliqüa ie Nonce , que Ie Légat reftar en France (b). Geci auffi , reprit Richelieu , eft recevable, (i Ie Pape , par une Lettre exprefte, déclaroit Ie Légat ötage. Mais le Nonce défapprouva une pareille condition ; &: donna a entendre que même la propo/ition abfolue (c) lui paroifFok être hors de propos , pour d'autres raifons. En conféquencc , on ne paiTa pas plus avant quant a ce point. (a) En faifant craindre 1'invafion a ce Comtat, appaitenant au S. Siége. {b) C'eft-a-dire a Avignon , oii i! fe trouvoit alors , & oii il étoit toujours comme au' pouvoir de la France , pour les raifons que tout le monde fent. Cc) C'eft-a-dire fans cette condition, & telle que lui Nonce 1'avoit faite. Div  8o MÉMOIRES En étant venus au troifïéme, lequel concernoit Ia fatisfaction pour Ie Roi d'Efpagne, Richelieu dit avec beaucoup de réfolution : — On ne peut traiter d'en donner aucune a ce Monarque} fans porter atteinte a la réputation ou a quelque grand intérêtdu Roi deFrance; &: il eft beaucoup plus aifé pour notre Souverain de renoncer a fon Alliance avec les Hollandois, que de le promettre, ni par écrit, ni de bouche. Pour ce qui eft de donner une autre fatisfaction au Roi d'Efpagne, que celle de renoncer a 1'Alliance avec les Hollandois, je me fouviens bien qu'autrefois il fut mis par écrit quelque chofe la. - deifus 3 mais aujourd'hui 1'état des affaires eft trop • changé, & Pon ne peut plus traiter de ce point avec honneur pour notre Monarque.  S E C R E T S. 81 "Quant a ce qui eft de la reftitution de ia Vakeline aux Grifons , je futs Théologien au/lij & je fcais qu'on peut Ia faire avec snreté de confcience (a). D'après ces préfomptions , j'ai exhorté Ie Roi a ne pas hazarder fa réputation. Ainiï finit I'entretien entre Ie Nonce & le Cardinal de Richelieu , fans qu'ils euffent pris une détermination fixe pour Paccommodemenc. Le Nonce s'étant rendu enfuite chez le Maréchal de Schomberg, feut de ce Minifee, que le Roi étoit mécontent des Vénitiens 6c du Duc de Savoie, comme n'ayant point gardé les promeifes qu'ils lui O) On a vu ci - devant , qUe le Pape a Rome , & le Legat a Paris , avoient ordonne , lur ce point, un examen particulier r. Sc eet examen devoit être fait par des Theo- R°fchelieuDe h k P1'°P0S Sa Cardi»al de' D y 161$*  («) Établie enn'eux & lui. 8z MÉMOIRES avoient faites , & 13'ayant eu d'autre vue que celle de 1'engager dans la Guerre, afin de le mettre dans la néceffité de la faire, même fans eux. Ceft avec un égal artifice, dit le Maréchal au Nonce, qu'ils 1'ont enirainé dans la Confedération de Lyon (a) , lorfqu'ils n'avoient befoin que de Ton nom , &l nullement de les armes, pour arracher les Efpagnols de la Vaiteline. — Ce Monarque a nouvellement lié les mains au Connétable ■■> enforte qu'il ne pourra plus rien faire de fon chef. —Ne vous laifTez point effrayer, Monfieur le Nonce, en entendant dire qu'on ne parle d'autre chofe a la Cour, que du Traité de Madrid. Puifqn'on n'y parle point de celui de Rome, c'eft qu'on peut trouver un moyen  S E C R E T S. 83 tout aucre que celui-ci , d'accornmoder Jes affaires (a). Le Maréchal ajouta • — Nous iommes Francois , & fcavons réFoudre promptement. II faut donc que , de leur cöté , nos Confédérés ne perdent pas le temps. Nous avons été charmés que Ie Marquis de Bagno (è) ait \Tg^S9^ dans Rive (cj Duc de Férla {d) VWöl* Que ie entrer. Cétoit ainfi que la France (S Et oue la Cour rréfurae vaguement que a^fö5°aTdeTtouPesduS. Siége dans I V7^T»fculc des Places de la Vakeline, qu' snols- D vj 161 j. a il  84 MÉMOIRES donnoit a entendre qu'elle n'a* voit attaqué la Vakeline qua l'initigation de fes Confedérésj elle qui s'y étoit portée avec tant d'ardeur & de promptitude ; & qui eut eu plus^ befoin d'être retenue, que d'ètre aiguillonnée. Cette Couronne s'étudioit a faire paroitre auteurs du manque^Sntl'un rxèp**^guae de Savoie,avoit toujours eu de Ja répugnance ? queVonfg & ^ et01t Venife> a'a« celle du MiJanez.  S E C R E T S. ff Le Marquis De Cteuvr.es difpcfe les Gnjons & les Valéjans a traiter enfemble. En Lorrame , dans l'Affemblée de Simier, il fe fait une ejpêce de Loi Salique , portant l'exclufion des femmes de la fucce'fion au Duchè , tant qu'il y auroït des mdles. Louis XIII la déjapprouve. Troubles qu'elle cau/e^ Mefures que ce Monarque prend pour les calmer. La crainte de quelqu'infulte brufque du cótè de l'Allemagne fait chercher d la France a brouiller fes Princes Catholiques , lEmvereur même avec l'Archiduc Léopold, fon Frère. Defcente malheureufe. des Anglois d Cadix. Grand déplaifu qu'elle caufe d ia France , unie alors d'intéréts avec cette Nation. Dejlrutlion du parti Huguenot , réfolue.. Secours que l'Angleierre & la.  1625. (a) On étoit au mois de Novembre. (4) Les Francois & les Ef;,agnoIs. (c) Quoi qu'armé pour remettre les Valéfans fous l'obéiiTance des Grifons. (d) Oii il avoit été envoyé pour Négocier I'accominodement dénnitif des dirFérsnds. $6 MÉMOIRES Hollande fburnijfent d la Couronne , pour eet objet. Prife de tlfle de Ré. Cotnbat opinidtre. Kicloire avantageuje des Royaüfles. Le Chdteau de tljle d'Oiéron fe rend d compofition. " Tandis que la faifon avancée {a) obligeoit les deux Parcis (b) , dans la Vakeline , a garder une efpéce de Tréve, le Marquis De Cceuvres lui-même (c) commenca quelque Négociation , en conféquence des ordres qu'il avoit recus du Roi de France, fon Maïcre, depuis que le Légat étoit parti dè ce Royaume {d). De Cceuvres ménagea entre les Grifons & les  S E C R E T S. 87 Valéfans une forte d'accord, en ■ les exhortanc vivementa une fincère réconciliation. II repréfentoit aux premiers, que ia rigueur dont ils avoienr ufé a 1'cgard des féconds, tant dans le Civil, i que dans ce qui concernolt la Religion , les avoit entrainés dans la révolte. U Jeur retracoit les maux que la Rhétie avoit foufferts depuis cette rébellion. Ils ne font point fin is, & ne finiroht pas, leur diioit-il, fi vous ne vous réfolvez a vous rel.lcher (a) ( en confidération de mon Maitre, votre ancien Allié & Protecteur), non dans 1'Article de la Souveraineté , mais dans ce quiconcerne I'adminiftration Civile & la Religion. La prudence veut que , dans les chofes conteftées, on icéde quelque petite partie , (a) Yis-a-vit des Valéfans.  8!? MÉMOIRES pour conferver le principal, Sc j en joulr paifiblement. C'eft té* mérité de s'opiniatrer a ne rien? j abandonner, & de fe mettre ! dans le rifque de tout perdre. Enfin la durée de la Guerre peut réduire votre pays a un état de defolation entière. 1 Tel étoit le langage que De Cceuvres tenoit aux Grifons. Quant aux Valéfans, tantót il cherchoit a abaiiTèr leur fierté,. tanröt il les exhortoït a fe fou- 1 ftraire aux maux qu'ils s'étoient j attirés. Nul traitement de la t| part des Grifons, quel qu'il put j être, leur difoit-il, n'étoit une ; raifon afiëz forte pour vous I porterafecouer leur joug. Mais I 1'amour de la nouveauté , fous I le mafque de la Religion , _a I fait naitre en vous le deffein I de vous rendre maitres de la I Vakeline ; èc vous 1'avez exé- I cuté. Ce changement vous a-t-il I  S E C R E T S. S<) i procuré quelque utilité? N'a-t-il pas au contraire rendu votre pays le théatre de ia Guerre ? Ne 1'a-t-il pas miné entièrement ? — Le reméde a tous ces maux eft un bon accommodement. Je vous ofFre, au nom de mon Maïore , mon entremife, pour vous faire obtenir des conditions plus douces , . dans ce qui concerne 1'adminiftration Civile, avec une pieine sureté pour la Reiigion Catholique. Par ces difcours De Cceuvres difpofa les Grifons & les Valéfans a traiter enfemble 3 enforte qu'au mois de Décembre iózy , ils eurent deux Conférences , dans iefquelies divers Articles furent propofés. La plus grande difaculté qui s'y rencontra , fut que les Grifons prétendoient traiter avec les Valéfans, comme de Sou- 1625.  JÓ2 y i i ] t t 1 i 1 i i < (a) Scappi. 90 Mémoires verain a Sujets , ainfi qu'ils avoient toujours fait.— L'Ambaifadeur de Venife a la Cour ne France approuva , au nom de fa République, la plus grande partie des Articles, comme ïtant reconnus plus avantageux nue ceux que le Légat avoit propofés 3 attendü qu'il n'y kok pas queftion, comme dans :eux-ci , de mettre de nouveau les Forts de Ia Vakeline ;ntre les mains du Pape. De Cceuvres prctendoit y maintelir les armes Francoifes , du :onfentement des Grifons Sc les Valéfans, pour la commuie sureté. Le Nonce auprès des kantons Catholiques (a) paroifbit n'être pas d'avis qu'elles y uiTent maintenues avec le conèntement en quellion ; paree ju'il croyok que cela étoit  Secrets. 91 contraire a 1'intention du Papequant a la Religion 5 & il penfoit que, li Paccommodement avoit lieu par le miniftère du Marquis De Cceuvres leul, Sa Sainteté recevroit la fatisfaction qu'Elle demandoit. Le Pontife néanmoins crioit fort contre ia Négociation de ce Seigneur , en ce qu'il n'y avoit nullement été queftion du rétablïfieroent du Dépot des Forts de la Valteline (a). Le Marquis, difoit Urbain VIII (b), a employé la violence pour obliger les Grifons & les Valéfans a un accommodement préjudiciable aux feconds (c). ün pedt nuage , préfage d'orage pour Pavenir, fe faifoit (<0 Entre les mains de Sa Sainteté. (£) Pape régnant. («) Tous Cathoüques „ & i'objet de la follicuude du Pape. l6l  i 6i 5. (ö) Letcre de Gondi , Ambaffadeur dti Grand Duc a la Cour de France , écritc a Picchéna principal Miniftre de ce Prince , le 19 de Décembre, iéij. (b) Francois. 92 mémoires appercevoir du cöté de la. Lorraine , Etat li cricique pour la France. Dans 1'Auèrnblée de Simier (a), il fut fait une efpéce' de Loi Salique , qui établilïbit 1'exclufion des femmes de la fucceffion au Duché , tant qu'il y auroit des males. Enforte que' le Comte de Vaudemont excluoit les fiHes du Duc alors régnant (b). Cette réfolution n'étoit nullement du goüt de la France $ qui n'entendoit pas non plus admettre le Teftament de R.ené, Duc de Lorraine, trouvé a Paris parmi les Ecrits des Ducs de Guife. Comme on n'en avoit point entendu parler jufqu'aiors , on en difoit beaucoup de chofes, qui  Sècrets. 93 .toutes faifoient conclure que* René n'en étoit point auteur. Les Guifes s'en plaignoient comme d'une offenfe très-griéve; il s'indignoient principalement contre le Duc de Nevers, .& témoignoient être prêts a foutenir , par toutes fortes de yoies, qu'il n'y avoit ni faufïèté ni fraude dans eet Ecrit, Cela n'empêchoit pas que le Duc de Nevers ( au nom de la Duchefle -de Lorraine , veuve (a), &c pour 1'intérêt de fes deux filles) n'employat les offices les plus preflans 5 afin que Louis XIII perfiltat a défapprouver la réfolution prife dans l'Aflemblée de Simier j & qu'il ordonnat au Parlement de Paris de donner £n faveur des PrincefTes de Lorraine, un Arrêt, qui eut (a) Femme du feu Duc, prédécefTeur Sc ïïèce du Duc régnant. 1 ó 2 5.  i6zy f» Comme il confte , dit le Texte, par les Monnoies, & par tous les Acles publics , od 1'on lit — Charles & Nicole , Duc 8f: Duchefle de Lorraine, 94 MÉMOIRES "force au moins pour cette partie du Duché de Bar, qui eft Fief de la Couronne. Au Duc de Nevers fe joignoit celui de Vendöme, a caufe des droits de fa femme, fille du Duc de Mercceur, de la Maifon de Lorraine. La France prétendoit que Charles, actuellement régnant, n'étoit point, fans les droits de la iienne, Souverain de eet Etat. Elle n'approuvoit point par conféquent qu'il prït le titre de Duc de Lorraine, autrement que comme il avoit fait jufqu'a Pépoque de 1'Affemblée de Simier , c'eft - a. - dire conjointement avec fa femme (a); &l non comme il faifoit depuis cette époque, c'efta-dire feul. Et, fur ce que les  S E C R E T S. 95 ' Ducs de Vendöme & de Nevers, d'un cóté , & les Guifes, de 1'aucre, pouvoient s'échauffer beaucoup, tant a caufe de 1'importance de 1'objet , qu'a caufe du Teftament trouvé dans les Ecrits des derniers, Louis XIII prenoit les mefures convenabies pour que ieur animofïté n'eut pas de fuite. Au refte ce qui s'étoit fait dans I'Aflèmblée de Simier, paroiflbit bien juftij gé par les foupcons qu'avoit donné Ia Duchefle , veuve 5 fcavoir qu'elle avoit quelqu'intention de marier fa feconde fïïle avec un Prince étranger, comme avec le Duc d'Anjou' Frère du Roi de France (a), ou avec un Fiis de 1'Empereur (b) ; (a) LeDuc de Nevers étoit cru négociateur de ce mariage. (A) On foupconnoit que, pour eet autrc manage, elk Te fervoit de la voie de 1'Imperatnee, fa Sasur.  (a) Parti, dit avec raifon 1'Auteur de ces Mémoires ( en parlant de cette même Princeflc) qu'on pouvoit alors regarder comme .confidérable. (A) Le Duc régnant, 1'exécution 96 Mémoires que, pour facit'rter 1'un ou 1'autrè manage , elle fongeoit a faire prétendre cette PrincefTe au Duché de Bar, pour fa dot, avec efpéranee même pour celle-ci, du Duché de Lorraine , au cas que 1'aïnée n'eut pas d'enfans {a); &t que Ia Mère vouloit, par ce moyen, fe venger des mauvais traitemens qu'elle difoit avoir recus de fon Beau-Frère (£), depuis qu'elle étoit veuve.Que, pour récompenfer Ie Duc de Nevers, de fes bons offices, elle penfbit a lui faire efpérer, pour fon Fils, cette même Princeife; Sc qu'en conféquenceNevers, allant plus loin, afpiroit aépoufer la Mère, afin de s'afsurer davantage de  S E C R E T S. 97 1'exécution de quelqu'une des chofes dont on le flattent; croyant peut-être qu'étant comme sur déformais de fuccéder aux Duchés de Mantoue & de Montferrat , cette coniidération faciliteroit fon mariage avec la Duchelfe, veuve. La Reine , Mère de Louis XIII, déciara aux Miniftres de Lorraine , qu'elle protégeroit cette Duchelfe , fa Niéce 5 & fur-tout en ce qui regarderoit les droits de fes Filles a la fuccefiion. Enforte que 1'entreprife du nouveau Duc (a) efluyoit bien des contradidions. Le Roi Sc fes Miniftres n'étoient point difpofés a faire, en faveur des Princelfes de Lorraine , une déclaration pareille a celle de la (a) Cette efpéce ie Loi Salique , faite dans 1'AlTemblée de Simier. — Voyez ci-devant. XXXlV.Panu. E  JÓ2J. {fi) Armés, 98 MÉMOIRES Reine-Mères & cela, paree qu'ils vouloient s'attacher toute cette Maifon , tant pour les befoins du dehors , que pour ceux du dedans du Royaume. On propofoit au Duc de Nevers , pour 1'appaifer , des fatisfaclions quant a fes intéréts particuliers; comme de le protéger en fon temps dans ce qui regardoit la fucceffion a 1'Etac de Mantouej de payer préfentement les Vailfeaux (a) de ion Ordre de Chevaliers de la Milice Chrétienne, & autres iatisfaclions. Le Cardinal de Richelieu avoit 1'eeil fort attentif lur la Lorraine , a caufe du befom auffi prompt que grand, qu'il pouvoit arriver qu'on en eut, parmi les mouvemens orageux de i'Allemagne , déchirée en  S E C R E T S. 99 elle-même (a), & que les armes • du Roi de Dannemarck ( ouvertement) , 1'argent d'autres PuhTances du Nord (fecrétement) troubloient outre cela beaucoup. La crainte de quelqu'infulte brufque, du cöcé de cette Allemagne , faifoit chercher a Ia France a brouiller fes Princes' Cacholiques , 1'Empereur même avec 1'Archiduc Léopold, fon Frère (b). C'étoit en promettant a celui-ci, par la bouche de Marcheville, Envoyé exprès vers lui, de le favorifer dans fes prétentions par rapport a huit des dix Jurifdidions de la Ligue Grife de ce nom ; de lui donner fecours contre PEmpereur, tant pour ce qui concernoit I'héritage de {d) Par la divifion qui régnoic entre les Princes Catholiques & les Princes Proteftans. (A) L'Archiduc d'Infpruck. E ij 1625.  x6zy (j) L'Archiduc Albert, Souveram de Ia FUodre. 100 MÉMOIRES leur Frère(a) , que pour autre chofe; 8c un fecours puilTant, dans fes intéréts avenir. Par ou la France lui donnoit a entendre qu'elle Paideroit a fuccéder a 1'Empire , en faifant exclure de cette fuccelFion les Fils de 1'Empereur. Elle alloit prefque jufqu'a lui offrir pour femme , la Ducheffe de Montpenfier, maïtreffe d'Etat fouverain , jouiflant d'un revenu de cent cinquante mille écusj s'il vouloit fe difpofer a favorifer les intéréts de l'Eleéteur Palatin, èc le parti Francois en Allemagne. Cette amorce fembloit avoir fait fufpendre a 1'Archiduc , fon mouvement d'armes préparé contre les Grifons. Cependant Marcheville revint de la Cour de ce Prince,  S E C R E T S. IOT fans avoir réuffi a mettre la ■ divifion encre lui & 1'Empereur, fon Frère. Enforte Ojii'oti' fongca a envoyer vers 1'Electeur de Tréve , fur ce qu'on feut que eet Elecleur étoit ^mécontent de la Cour de Bruxeiles (a). Le mauvais fuccès des Efpagnols au fiége de Vérue , qui avoit fait voir la foiblelic de leurs forces en Lombardie , encouragea fort les Francois. Ceux-ci confidéroienr que leurs rl v aux po u rr oient d ifticil era en t, la Campagne fuivante3 s'oppofer avec égalité a leurs armes &a leur valeur \ qu'ils ie pou.rroient d'autant moins que la perte qu'ils venoient de faire (a) De 1'Archiduc Albert, Souverain de la Flandre, entre lequel & l'EIefteur de Tréves Ia France vouloit au moins metrre la divifion, après 1'eftbrt inutiie qu'elle avoit fait pour brouiller les deux Frères. Eiij  lot Mémoires ;n hommes & en réputation ivoit fort décrédité leurs afFai•es 3 &c qu'ils avoient peu de moyen de tirer de nouvelles Iroupes de 1'Allemagne. Cela affoibliiloit 1'efpérance d'accommodement , que 1'égalité d'avantages avoit donnée a plufieurs ; paree qu'ils fentoient que la France , d'après d'heureufes prémices, augures d'un bon avenir pour elle , exécuteroit avec hardiefTe les deiTeins qu'elle avoit long-temps tenus cachés. Mais elle eut un grand déplaifir de la defcente malheureufe des Anglois a Cadix. D. Fernand de Giron , forti de la Place avec de bonnes forces, les chaiTa d'un Fort dont ils s'étoient emparés a la pointe de la Baye, & les forca a regagner leurs VaiiTeaux , après en avoir tué plufieurs. On croyoit communémenr.  S E C R E T S. 103 j que 1'infulte que 1'Angleterreavoic faite a 1'Efpagne par la defcenre en quefiion , produiroit une rupture ouverte entre ces deux Couronnes; & que la France , non contente de fa Ligue avec Venife 6c la Savoie, ne manqueroit pas de profiter de 1'occafion favorable pour en faire une avec cette même Angleterre , le Dannemarck 8c autres Puiflances, envieufes de la grandeur de la Maifon d'Autriche , ou la redoutant. Mais le Cardinal de Richelieu avoit de plus hautes penfées. La dernière Campagne lui ayant fait voir clairement la difficulté extreme, pour ne pas dire 1'impoffibilité, de foutenir a la fois une forte Guerre audehors, 6c la Guerre civile (a), (a'JLaquclle, dit le Textc , étoit un trop ;rand obftacle aux entreprifes étrangères, vü 'argent 6c lesleyées qu'il falloit pour la faire. Eiv  —Cette Guerre civile eft celle qu'on alloit féiieufement entreprendrecontreles Huguenots» Ï04 MÉMOIRES il fe vic dans la néceffité de s'attacher a celle - ci , & de lailTèr celle - la. II fongea en conféquence a déterminer le Roi a faire la Paix avec 1'Efpagne j &: donna toutes fes attentions a la deitruction du parti Huguenot, qui étoit, dans Ie corps de 1'Etat, comme une maladie maligne ; laquelle le rendoit languiffant, fujet a des convulfions mortelles s & le mettoit en danger de périr, s'il venoit a arriver que des PuuTances de la même Secte que les Huguenots fe joigniffent a eux par zéle pour leur commune croyance , ou par intérêt National. Le Cardinal de Richelieu réfolut donc fermement de mettre a profit la victoire iignalée  S e c r e t s. ïo; que la Flotce Royale avoit cidevant remportée contre le Rébelles (a); car il voyoit qu< la fortune menoit le Roi, poui ainiï dire par Ia main, domptei leur opiniatreté , 6c détruirc dans la France leur parti. Li Hollande avoit fburni au Monarque une forte Efcadre, & l'Angleterre fept gros Vaif feaux. Les premiers étoient fou: les ordres du Lieutenant-Géné ral Hauftein ; les feconds fous ceux du Chevalier de Ris, Tam ces deux Puiffances fe montroient négligentes (b) a co-opé rer a la deftrucUon d'une Ville (c), qui faifoit partie de leui süreté, de leur profit & de leiu (a) Contre ces mêmes Huguenots , &dont on a vu le détail dans la trente - neuviéme Partie de eet Ouvrage. (£) Vü les difpofuions des Commandans s favotables aux Rochellois. (c) La Rochelle 3 boulevard des Huguenots. Ev IÓ2J.  l6zy io6 MÉMOIRES grandeur. Hauftein , qui connoifloit mieux que fes Maitres, leur véritable intérêt, avoit fecréte'ment de la répugnance pour 1'oppreffion des Rochellois, dont la caufe étoit la même que celle des Hollandois. II faifoit. en conféquence tout fon poffible pour les fauver. II établit avec eux une forte de neutralité, malgré les initances prelTantes de la part de la France 3 laquelle avoit appellé les Hollandois , non pour qu'ils fuifent médiateurs d'accommodement entr'elle 8c les Huguenots , mais pour qu'ils 1'aidaffent a les exterminer. Tous les Capitaines de Vaiffeaux de ceux - la paroiffoient avoir du remords , en voyant qu'il leur falloit combattre des. hommes de même croyance qu'eux , Sc contribuer a réduire en efclavage leurs corps Sc leurs  S E C R E T S. 107 Smes èöut-a-la-fojs (a). Cepen- ' ^z ^ 1 danc Hauftein , voulant fe purger du foupcon de ne vouloir combattre qu'en apparence , mie ious ies yeux des Généraux Francois fon Inftruction , portant ordre expres de forcer le Duc de Soubife [b] a obéir au Roi de France. Mais, lorfqu'il repofoit fur la foi de la neutrali cé qu'il avoit établie avec les Rochellois, ceux-ci, fondant brufquement fur fon Efcadre, brulèrent le 'Vailfeau ViceAmiral, maltraitèrent fort avec le canon trois autres Vaifleaux, auxquels ils ne purent pas mettre le feu , Sc firent du dom- (a) Leurs corps, en les remettant fous Ie joug; leurs ames , en les privant de lenr culte. — La feconde de ces deux chofes , qui écoit dès lors 1'objet du Miniltère Fran501S, ne fut exécutée que fous le régne de Louis XIV, par la révocation de 1'Edit de Nanres. (A) Chef de la Flotte Rochelloifc. E vj  IOS MÉMOIRES mage aufli a quelques-uns de ceux du Roi. Une fi grande perfidis irrita les Hollandois, &i les détermina a la venger. Cependant le Duc de Montmorenci , Grand Amiral de France , étoit venu de la Cour, pour commander toute la Flotte combinée. II la trouva compofee de fbixante - fix VaifTeaux , qu'il divifa en Avant - Garde, Corps de bataille , & Arrière-Garde 3 met-, tant vingt VaifTeaux dans le premier Corps, autant dans le troifiéme , & vingt-fix dans le deuxiéme. Et, comme il doutoit fort que les Hollandois combattiffent férieufement contre des gens (a) dont ils n'aimoient pas la ruine, il monta fur le Vaiffeau d'Hauftein , fous prétexte de vouloir apprendre d'un Ca- (a) Les Rochellois.  S E C R E T S. Ï09 pfcaine fi expérimenté, un mé- • ■ * tier dans lequel il étoit encore 1 novice. Mais c'étoit au fond pour épier fes démarches, Sc 1'inciter a faire fon devoir. Le Grand Amiral avoit amené avec lui plufieurs jeunes - gens braves , d'entiÜ la meilleure NoblefTe du Royaume, Sc qui bruloient d'envie de fe fignaler dans cette rencontre. — Le 15 de Septembre , 1*615, on s'avanca vers la Flotte Rochelloife, compofée de vingt-huit gros VaifTeaux, fous les ordres du Duc de Soubifej lequel fe retira dans la Foffe de Loye, prés de S. Martin ; fe couvrant d'un grand banc qui eft a 1'entréej Sc oü il efpéroit voir les Royaliftes faire naufrage. Tout ce jour fe palfa a fe canoner. Mais, le Iendemain , les Roch'elloiss'étant retirés au Bourg;  HO MÉMOIRES m'1^1 S. Martin (a), les deux Flottes 15' combattirent alors de prés. La fupériorité des forces des Royaliftes triompha de la valeur des Rochellois. Ils furent obligés de céder , après un combat opiniatre oü Sq^bife ne fe trouva point. II s'étoit fauvé lors de la défaite qui avoit eu lieu fur terre (b). Neuf des meilleurs VaifTeaux de la Rochelle tombèrent au pouvoir des Royaliftes , fans compter quelques-uns qui furent fracaifés dans ces bancs. Le refte , confidérablement endommagé , fe fauva a 1'Hle d'Oléron, dont le Fort fe rendit auffi-töt a compofition. (<0 Qui , dit le Texe , fut pris avec fon Fort} ainfi que ITfte de Ré , par Toyras & S. Luc , après que ceux - ci eurent défait quatre mille hommes , qui avoient voulu s'oppofer a leur débarquement. (b) Et dont il a été parlé quelques lignes plus haut.  Secrets. ïir Accommodement avec le Roi y moyen feul de falut qu'avoient pour eux les Rochellois. Réfolution prife dans le Confeil Secret, pour réduire leur Ville. Baffompierre envoyê vers les Trei^e-Cantons , avec la qualité d'Ambaffadeur extraordinaire, Motif de eet envoi, & fon fuccès. Dèclamation que fait contre la France, le Nonce auprès des Cantoris Catholiques, dans l'AJfemblée de ces Cantons. Rêponfe au Minijlre de Sa Sainteté, fort piquanter & vive réprimande d-la-fois , de la part de Bajfompierre „ dans cette méme Affemblée. Le Cardinal Barberin ef nommè Légat vers 1'Efpagne , pour ï accommo dement des Affaires , comme ill'avoit été tout nouvellernent vers la France. Cenfure  112 MÉMOIRES que font le Clergé & la Sorbone. de deux Libelles contre le Gouvernement d'alors. Détail de cette affaire. —z Les Rochellois, ayant perdu 1 d'un feul coup leurs forces navales & leurs Ifles, fe trouvèrent fi foibles & li humiliés , qu'ils ne virenc d'autre moyen de lalut pour eux , que 1'accommodement 5 lequel fut fait avec tous les Huguenots , au mois de Février fuivant. L'intention du Cardinal de Richelieu n'étoit pas de les killer tranquilles, mais de les endormir, pour les frapper enfuite librement , & détruire touta-fait dans 1'Etat un Parti li dangereux. ïl fit en conféquence réfoudre dans le Confeil fecret , qu'on ne lailferoit pas échap-  Secrets. 113 per 1'occaiïon de faire tomber " l(}Z,'m bientótla Rochelle au pouvoir du Roi j quand même on rifqueroit, a ce iujet, d'avoir une grande Guerre. Le Cardinal fe fioic a la quantité d'argenc que devoient produire les contributions confidérables que le Monarque avoit ordonnées. — Les Capitaines dePArmée navale de Sa Majefté, appellés a la Cour , firent toucher au doigt la faciïité de réduire la Rochelle. Cela confirma le premier Miniftre (a) dans la réfolution d'élever de nouveaux Forts contre cette Place, Sc de faire les préparatifs nécelfaires pour la mettre fous le joug. Le Roi refufa eu conféquence de donner Audience a fes Députés; attendant la réponfe de fes Habitans a. 1'offre qu'il leur avoit faite d'un 00 Le Cardinal de Richelieu,  ii4 Mémoires — pardon conditionnel. Et Port 1615- trainoit cette Négociation en longueur, afin de voir la tournure que prendroient de la au Printemps les affaires du dehors , & ce que deviendroit la Négociation fecrette de Paix, qui s'ourdiffoit a la Cour de Madrid (a). La Guerre qu'on fongeoit a faire aux Huguenots, étoit fomentée par les mal-intentionnés pour le Gouvernement. Ils étoientperfuadés que le Miniftère fe chargeoir d'un fardeau fous lequel il fuccomberoit. Quoi qu'il en foit, fur 1'incertitude du fuccès qu'auroit en Efpagne la Négociation pour iaPaix, & fur ce qu'on ignoroit par conféquent fi 1'on porteroit la Guer- (a) Et qui avoit lieu entre le Comte de Rochepot, toujours Ambafladeur de Prancc a cette Cour , & les Commiflaires de rbilippe IV.  Secrets. IIJ \ re contre les Huguenots ou" contre le Roi Catholique , on continuoit cette Négociation , Sc 1'on faifoit en mêtne-temps les préparatifs d'armes &c autres; foit pour s'accommoder avec 1'Efpagne, foit pour conv battre contr'elle ; foit pour fe reconcilier les Huguenots, foit pour les chatier. On difpofoit les chofes de telle facon que, dans tous les cas, on fe trouvat par-tout muni pour repoufler les injures. Et,comme les mauvais fuccès que la France venoit d'avoir dans la Vakeline, donnoient du difcrédit a fes affaires, chez les Suiffes &. les Grifons ; que ces Peuples, dont 1'afFection s'évanouit lorfque 1'or ceffe de la foutenir , fe refroidiffoient a fon égard ; elle fe détermina a envoyer vers les Treize-Cantons, avec la qualité d'Ambaffadeur extraordï- 1625.  i6z j. Il6 MÉMOIRES naire, le Maréchal de Baifom-. pierre, forc aimé & eftimé de cette Narion, dont il commandoit le Régiment qui fert a la Garde du Roi (a). On convint avec la Repubiique de" Venife Sc le Duc de Savoie {b), qu'ils envenoient de leur cöté vers les Suiiles , pour appuyer la Négociation du Maréchal, qui au refle étoit mieux fecondée par deux-cents cinquante mille écus que le Roi avoit donnés a ce Se'gneur 9 pour la faire valoir davanta^e, 6c atteindre au but défiré. BaiTompierre partit de Paris, le 18 de Novembre; entra dans la Suiffe, le 8 de Décembrej 6c fut recu avec des témoignages inexprimables d'hon- (d) Tout le monde feait que Baffbmpierre étoit Colonel-Général des Suifles & Grifons. (£) Confédérés de la France par le Traké de Lyon.  Secrets. 117 neur £>: d'amour. L'Ambaffa-" deur ordinaire de France auprès des Treize-Cantons (a) fe joignic a lui pour I'aider dans Je befoin 5 & les AmbafTadeurs de Venife & de Savoie en firenc de même. Avant que Baffompierre mit le pied dans la Suiffe, le Canton de Schwitz avoit donné un Décrec, portant qu'il fermeroit fes Paffages aux Puilfances qui feroient contraires a la reftitution de la Vakeline aux Grifons. On jugeoit cette démarche avantageufe a la France, &c utile a la Paix, dans Je cas oü elle feroit imitée par les autres Cantons. La raifon en étoit que, li les Efpagnols confentoient au rétabliflèment de la fouveraineté des Grifons fur les Valéfans, le Pape ne pouvoit pas (0) Miron. 1625.  Il8 MÉMOIRES refufer d'y confentir auffi, &c que , li les Efpagnols continuoienc d'y former obftacle, ils encourroient la privation des PafTages; & cela les forcok a. un accommodement honorable pour la France, attendu qu'ils étoient dans l'impuiflance de défendre leurs Etats d'ltalie , fans le fecours des forces de 1'Allemagne (a). Mais, pour éluder la violence qu'on fongeok a leur faire fur 1'objet en quef- ■ tion , ils euüfent demandé ,, avant de s'expliquer, que les : Forts de la Vakeline fuifent: mis de nouveau entre les mains; du Pape. Or ceci étoit impofïi-ble, & il leur fervoit par confé- • quent de défaite pour juftifier' leur procédé {b). (a) Pour lefquelles les Paffages étoienc: néceflaires. (b) Le refus de confentir au rétabliflèment t de la fouveraineté des Grifons fur les Yalé-, • fans.  "Secrets. 119 Baffompierre ( Sc le Marquis Dogliani , Ambaffadeur d'Efpagne auprès des Treize-Cantons, publioit que les Troupes du Gouverneur de Milan , qui fe trouvoient dans la Valteline, avoient pour objet d'aider le Pape a recouvrer ce que les Francois lui avoient enlevé (Z>). Baifompierre le difpofoit a exécuter les ordres de fon Roi, qui étoient de demander aux SuilTes qu'ils fe joigniilent a Ia O) La fcule Place de ce Pays dont la I *r,ance > comme on a die tant de fois , ne is'étoit point encore emparée; & od les'F.niTeignes du Pape étoient foutenues par celles .de 1'Efpagne, que le Duc de Féria , Gouverneur du Milanez , y avoit Fait entrer. W Scavoit le Dépot des Forts de cette iirnerae Valteline , arraché de fes maius par I.De Cceuvres. F ij  i6i6. (a) Cett toujours celle qui avoit été établif par le Traité de Lyon. 114 Mémoires Confédération qu'avoit la France avec les Vénitiens Sc le Duc de Savoie (a). Mais Baflompierre ne croyoit pas pouvoir réuffir. La, raifon en eft qu'autant que les Suifles font obfervateurs conftans de le^urs anciennes Alliances, autant font-ils difriciles pour en établir de nouvelles; a naoins que Ia néceffité ou 1'intérêt particulier ne les porte a faire autrement. Le Lundi, it de Janvier, \6i6 (Sc premier jour de la Diéte ) fut employé par les Députés en vifites Sc civilités réciproques ; Sc ils arretèrent entr'eux, que toute la Diéte en Corps, précédée de fes Bédaux, iroit faire la révérence au Maréchal j honneur qu'on ne fe  Secrets. Ï25 fouvenoit pas que perfonne au- ■ tre eüc jamais recu. Le Mardi, 13 de Janvier, les Députés allèrent Je prendre , lui & 1'Ambaifadeur ordinaire , pour ies cönduire a 1'AfTemblée 3 oü le Maréchal exhorta au long les Cantons a s'unir tous pour le rétablilTemenr d'un Membre qui, pendant li long-temps, avoit paru retranché du Corps; a demander enfemble la réftitution de la Valteline (a); afin que , réunis, ils puflent mieux avifer aux moyens nécefTaires pour I'obtenir , &, mettre ces moyens ,en oeuvre avec plus de force & de vigueur. J'ai ordre expres de mon Maitre , Mef- (é) Pour les Grifons. C'eft ce Membre , qui , par 1'invafion des Efpagnols, avoit été comme retranché du Corps Helvétique; mais que la France venoit de leur arracher prefque tout entier, en attaquant fans menagement les Forts de ce Pays, mis eu Dépót entre les mains du Pape. F iij 1626.  J6z6. 00 Venife & la Savoie. IZ6 MÉMOIRES fieurs, leur dit le Maréchal, de vous offrir (pour qu'une fi belle réfolution s'exécute) la jonction de fes armes & de celle de fes Confedérés (a) aux vötres, pour être einployées de Ia manière que vous trouverez la plus convenable. En cas que vous jugeaffiez que la reftitution de la Valteline ne put ni ne dut fe faire auffi promptement que mon Maitre & vous Ie défirez,. c'efl a votre prudence a chercher les moyens les plus propres pour mettre ce Pays en affurance; comme feroit celuide munir les Forts & les ^affages, de Troupes de votre Nation. Mon Maitre vous ofFre par ma bouche de fe conformer a tous vos défirs; & de faire la dépenfe entière, ou d'y contri-  S E C R E T S. Hf buer pour la part que vous fouhaiterez. Ainfi paria Baffompierre dans la Diéte des Treize - Cantons. Elle répondit, ce jour la même, par un Décret dans lequel elle déclaroit qu'il falloit que la Valteline & les Comtés de Chiavenne &de Bormio fuftent rendus aux Grifons, leurs anciens Poffeffeurs. Nous - nous uniiTons en cela, difoient-ils, au Roi de France, conformément aux repréfèntations que I'AmbalTadeur de Sa Majefté (a) nous a faites de ia part; nous réfervant néanmoins le droit de faire les nötresa ce Seigneur. Le Mercredi ,14de Janvier, le Nonce auprès des Cantons Catlioliques eut d'eux une Audience, dans Iaquelle il décla- (a) Baffompierre ,fon Ambaffadeur extraordinaire. Fiv 1626.  i6i6. (a) Des Rois de Fraime & d'Efpagne. (i) Avec le Pape. iz8 Mémoires 'ma contre la France & partïculièrement contre le Marquis De Cceuvres. Le Dépot des Forts de la Valteline, dit - il d'un fiaut ton, s'eit fait entre les mains du Pape, du confentement des deux Rois (a). Cette Affaire ne peut donc fe terminer que du confentement des trois. Mais le Traité de Rome, établi (b) par les AmbafTadeurs ordinaires des deux Monarques, nes'étant point trouvé du gout du Roi de France; 8c le S. Père cherchant d'autres moyens pour finir heureufement, Ie Marquis De Cceuvres, durant ce temps la , s'efl: emparé de la Valteline , 8c a empêché 1'efFet dés faintes intentions du Pontife. Jugez par la, Mefïieurs, quels font les auteurs des grands  S E C R E T S. 129 maux qui ont lieu aujourd'hui quels lont les auteurs de la Guerre ;& quelle crainte il y a qu'il n'arrive pis, li Dieu n'exauce les prières que Sa Sainteté fait chaque jour pour la Paix. Confidérez outre cela le déplaillr extreme que les armes de De Cceuvres ont caufé a Sa Sainteté en la dépouillant de la Valteline () Saffompierte. Fyj 1626.  l6z6. (a) Le 17 de Janvier , 1616. (£} La Catholique & la Proteftante, 132 MÉMOIRES ■chal fa). Les Suiflès y difoientï — Nous avons ci-devant approuvé Sc ratifié le Traité de Madrid ; Sc nous ne trouvons aujourd'hui rien de plus a propos , que de perfliter dans la réfolution que nous primes alors, qui fut de vouloir que la Valteline & les Comtés de Chiavenne Sc deBormio fuflent rendus aux Grifons, leurs Maitres naturels, conformément a. ce Traité; fans qu'il y foit rien ehangé, Sc avec la réfervequ'il renferme, fcavoir le rétabliiTement dans ces trois Fays, du libre exercice des deux Reli. gions (b ). Quant aux autres points que vous propofez , Monfieur ( difoient après. cela les SuiiJes au Maréchal) n'ayant pas de pouvoir pour y  S E C R E T S. p$| répondre , nous en ferons le rapport a nos Supérieurs, lorf- que nous ferons de retour chez nous. Ainfi finit Ia Négociation de Ia France avec les Treize-Can-« tons. Balfompierre, après 1'avoir heureufement achevée, reprit le chemin de Paris, avec les mêmes térooignages d'eftime &; d'amour de la part des Suiffes, qu'il avoit recu d'eux, lors de fon entree dans leur pays ; ce furent les acclamations réitérées des perfonnes de tout état. Pour accommoder le differend de la Valteline &. celui de Gènes (a), le Pape déclara (a) Lettrc de Marquemont, Archevêque de Lyon * , au Cardinal de Richelieu , du 18 de Janvier, 1616. * Q ii fe trouvoit toujours z Rome, chargé •tune partie des affaires de ia: france» JÓió.  l6i6. (a) Son Neveu. (£) Lettrc de Marquemont au Cardinal dè Richelieu, du de Janvier, uié, 134 MÉMÖIRES Léga^pour 1'Efpagne, le même Cardinal Barberin (a) , qu'il avoit déja envoyé en France avec cette qualité. Et peut-être que la Légation acluelle n'étoit pas plus fondée que 1'autre. En forte qu'on prévoyoit qu'elle auroit un lucccs pareiL '—Barberin, avant que de fe mettre en route, reffentit beaucoup de joie de la promotion que le Pape fon Oncle venoit de faire de Cardinaux, du nombre defquels étoient de Marquemont , Archevêque de Lyon , &c Spada , Nonce en France. .ttjè Le x~j de Janvier, le Pape tint Confdtoire (b) , pour donner a Barberin la Croix concernant fa Légation d'Efpagne; ou  Secrfts. ï 3 f le Pontife avoit pour but principal de recouvrer la confiance de cette Couronne. Et, afin d'y donner du poids Sc du crédit, il ordonna des levées f pour être envoyées dans la Valteline, Sc entrer dans les Forts de ce pays, qu'il comptoit devoir lui être rendjis (a). Sa vüe étoit de faire enforre qu'il en fut formé un nouveau Dépot 5 lequel fe feroit entre les mains des Suiffes ou d'une autre Puilfance, qui étant Séculiere ne fe trouveroit pas liée aux raifons de refus de remettre la Valteline au pouvoir des Grifons; raifons qui retenoient Sa Sainteté, laquelle défiroit fortir d'embarras, pour ne jamais plus y rentrer. Afin. donc de faire eefTer les plaintes des Efpagnols , Urbain VIII (b) (a) Être mis de nouveau en Dépöt ener? fes mains. (t) Pape légnaat, I 6l6.  l6z6. Tj£ MÉMOIRES propofoit que les Forts de U Valteline fulfent mis entre les mains des SuiiTes ou de quelqu'autre Puiffance; d'une, en un mot, qui fiit moins rigide pour la reftitution [a). Au bruit des levées ordonnées par le Pape, Béthune (b) fe rendit a 1'Audien^e du S. Père (c) pour s'éclaircir 'fur celui qui couroit, de quelque efpérance de Paix, èc fur celui de 1'envoi de Troupes du S. Siége dans la Valteline. II trouva le fecond fort incertain; car Ie Pape lui déclara qu'il n'avoit rien en main. Quant au troifiéme, il trouva le Pontife fort réfolu fur 1'objet. Telie- (a) Qu'une PuifTance Eccléfiaftique, que Ie Pape fur - tout; puifqu'if ne s'agiffoit pas le moins que de remettre fous le joug des Srifons , Hérétiques , les Valéfans , tous Gatholiques. (ó) Toujours Ambaiïadeur de Erance aujrès du S. Siége. (c) Lettre de Marquemont au Cardinal de rUchelieu , du 15 de Février, 161*.  S E C R E T S. 137 I"ment que fes Ievées étoient déja |en marche, pour fe raffembler I fur les Frontières de TEtat de 11'Eglife; s'avancer de la dans I le Milanez , & entrer dans RiI ve, pour recevoir cette portion I du Dépot, des mains des EfpaI gnols [a), &l demander enfuite I aux Francois le refte. Et, en cas 1 de refus de la part de ceux ci, le S detfein du Pape étoit de fe préI parer a le recouvrer 5 fans néan| moins vouloir fe les attirer a I dos; mais feulement en aidant I les Valéfans a fe fouftraire i la i domination des Grifons-, comi| me Sa Majefté Très-Chrétienne I avoit déclaré , 1'année d'auparaI vant, qu'Elle aidoit fimplement 1 ceux-ci, & que fon intention I n'étoit pas d'attaquer les Enfei- - (a) Qui, comme on a yu , étoient venu< I défendie Ia Place en queftion contre les arme' de De Cceuvres, viétotieufes de tout le refte i «Je Ia Valteline. 1626.  Jéz6. i J 13S Mémoires gnes du Pape. — On trouvolt érrange que, dans une réfolution de fi grande importance, ie Pontife ne prit pas Pa vis des Cardinauxj & Pon penfoit que du moins il eut dü leur en faire part. Je ne crois pas, écrit De Marquemont au Cardinal de Richelieu dans la préfente lettre, que cette réfolution d'Urbain VIII doive porrer la France a rompre avec Juli vu que les conféquences paroiifent trop dangereufes. Mais il fuffit pour le préfent de bien munir d'armes la Valteline, & de fe préparer rout de bon, ou a faire Ia Paix, ou a attaquer Ie Milanez, afin Te forcer les Efpagnols, parle 'econd de ces deux partis, a .ine Guerre d'Etat (a). Le Pape (a) Car le Milanez , comme nous avons lit tant de fois , appartenoit alors aux Efpa;nols.  S E C R E T S. 13? efpère la Paix, ajourd'hui qu'il " fcait qu'ils commencent a le dém'ter de leur prétention quant aux Palïages par la Valteline 8c la Rhétie 5 8c maintenant que Sa Sainteté s'abftient de refufer que les Valéfans foient affujettis aux Grifons. En forte que toute la difficulté feréduit a trouver moyen d'engager les deux Rois (a) a traiter enïëmble. Et le Pape a dit que, li le Marquis de Rambouillet vouloit, comme par forme de compliment, en parler en Efpagne , Sa Sainteté regardoit la Paix comme sure. Le Cardinal Barberin (b) , allant plus •loin , a afsüré que les Francois pouvoient, avec réputation 8c dignité , traiter en Efpagne r I dans le cas ou cette Couronne Celui de France Sc cellii d'Efpagne. (W Neveu du Pontife. 1626.  i6i6. O) Elle eft du 14 de Février, Uis, T4c Mémoires accepteroit un parti dont ils ieroient contens. — Ceux - cï penfent que Je Légat trouvera a Barcelone le Roi CathoJique, ayant a fa fuite les AmbafTadeurs des PuifTances, a J'exception de celui de Venife. Ce qui porte Urbain VIII a armer , dit De Marquemont au Cardinal de Richelieu dans une autre lettre (a), eft Ia crainte qu'il a que les Efpagnols ne 1'attaquent dans le fpirituel & Ie temporel tout-a-la-fois. II tremble aufli de peur que, fur Ia déclaration qu'il a faite concernant la Valteline , Ia France ne prenne quelque réfolution qui le jette dans des dépenres & des era barras. II appréhende encore que notre Monarque ne fe Jigue avec  S E C R E T S. 141 PAngleterre 8c le Dannemarck. • J'ai une crainte mortelle , m'at-il die, qu'en France on n'interpréte mal mes adtions. Je ne fcais, lui ai-je répondu , commenc adoucir 1'amertume de Votre Sainteté, fi Elle ne change fa délibération , ou ne la fufpend du moins, en retenant les Troupes dans les Etats de 1'Eglife, jufqu'a ce qu'Elle ait ellayé pendant quelque temps li la Paix peut fe faire. La-delTus Urbain a donné alTez a entendre qu'il ne précipiteroif ï-ien, afin que le temps 8c la raifon donnalFent moyen de propofer quelque chofe. L'envoi du Cardinal Barberin (a) en Efpagne , 8c les levées du Pape mécontentoient (a) Lcttre de Spada , Nonce a la Cour de France, écrite a ce Cardinal, le i de Janvier, löZÓ.  l6z6. Ï41 MÉMOIRES la France; & les Miailtres du Roi difoient qu'il euc mieux valu que Barberin fuc refté a Rome , oü ie Pape &c lui pouvoient traiter réimis. Le Nonce répondoit a cela : — La générofité Francoife doit peu fe foucier d'imiter les uiages de 1'Efpagne, & fur-tout dans ce qui regarde les formaiités (a). Quant au voyage du Cardinal Barberin a Madrid, cette Éminence , telle que la feconde pointe d'un compas, loin d'empêcher ( en tournant (b) ) les opérations du Pape ( fixe a Rome ) les aide plutöt &c les feconde. Tel étoit le Iangage que tenoit le Nonce auprès de Louis XIII. Le Clergé, alors alfemblé, (u) Doit pe«i fe foucier de traiter avec Ie Pape par Ia voie d'un Légat, comme 1'Efpagne eft dans I'ufage de faire. (é) En allant en Efpagae, après avoir été en France.  S E C R E T S. 143 1 ne fe contentant pas de la cent fure que Ia Sorbone venoit de t faire de deux Libelles , dont 'i Pun avoit pour titre ■— Admo. nitio ad Regem Gallice Avertiffement au Roi de France , 1'autre — Myfleria Politica my.ftères Politiques, chargea I'Evêque de Chartres d'en dreller une auffi. Le Nonce (a) ne manqua pas d'employer fes offices pour que,ni dans 1'une nidans 1'autre, il ne fét fait un examen particulier des propofitions des deux Libelles; mais pour qu'on parlat dans toutes les deux en termes généraux 5 afin d'évitcr le rifque d'offenfer Je S. Siége, & de bleifer les maximes de confcience les plus univerfelles, par trop de zéle pour Ia défenfe des droits (a) Sa Iettre au Cardinal Barberin , du 3 r &c que 1'occafion le méritoit bien. Leurs repréfentations furent applaudies, & fuivies aufü-tot d'un Décret, avec commiffioa a 1'Evêque de Chartres de dref fer la cenfure. II la fit en Francois, & alla la lire a 1'Affemblée , qui, ennuyée de fa Iongueur, s'afFranchit de la peined'entendre  S E C R E T S. 145 d'entendre jufqu'au bout'par Mn fort bien. Ce fut avec peu de réflexion de fa part; car cette cenfure , nullement conforme a celle de Ia Sorbone, qui étoit en termes généraux, fut Crouvée Icandaleufe & téméraire Par.Je No"ce , qui fit grand bruit5& Ion paria de Ia re tra cter ou de Ia corriger , ou d'en dreiler une autre. Si on n'y remédié en France par Ia voie de Ia douceur , difoit-on , on sexpofe a voir procéder ailIeurs [a) contr'elle, d'une facon juridique & vigoureufe, avec inlque de grand défordre & certitude de beaucoup de fcandaie — Le Cardinal de Sourdis (b) Préfident de 1'Alfemblee , fe trouva auiTI perfuadé (a) A Rome. V>) Archevêque de Bordeaux XXXIV. Partie. Q 1616,  ïGiG. (<0 Dc la Catholkité fans doutc. 146 Mémoires . de k nature du mal , que de la convenance du reméde. L'Archevêque de Sens , arrivé a Paris depuis deux jours feulement, ayant vu par hazard la cenfure de 1'Evêque de Chartres, fe rendit, le matin du 7 de Février, a 1'AlTemblée du Clergé, pour relever ce qu'elle renrërmoit de préjudiciable & déshonorant pour eet augufte Corps , & de honteux ■ pour tous les Peuples (a). Elle déti-uit, dit-il entr'autres chofes, ce que le célébre Cardin de Péronne, Archevêque de Sens comme moi, a foutenu de vive voix &z par écrit, au nom du Ciergé, dans fa fameufe Exhortation au Tiers-Etat, en 1'année 1 ) La feule des Places de Ia Valteline, qui rcftoit a ptendre. G iij 1616.  i6i6. ïjo Mémoires 1 crouvé cela tout-a-fait étrange 5 quoiqu'il ait die que cette nouveauté avoit lieu dans xme trèsfacheufe circonltance, gc qu'elle Eouvok empêcher un grand ien (a), néanmoins il lailfera faire. Urbain VÏII (b) avoit dit (c) y quant a ia Médiation entre les Rois de France & d'Efpagne , qu'il ne fe regarderoit nullement comme offenfé, dans le cas ou ils traiteroient de 1'accommodement fans fon entremife. Le Cardinal de Richelieu fe fit répéter cela deux fois , pour s'en fervir, li Pon venoit a bout de la Négociation fecrette que de Fargis (d) avoit commencée (a) La Paix. (t>) Pape rdgnant. ie) Par 1'organe de fon Nonce. (a1) De Fargis d'Angennes , Comte de Rocbepot, toujours AmbaiTadeur de France k la Cour de Madrid.  S E C R E T S. 15 r avec le Comte d'Olivarez (a), & dont il envoya inftruire Ia Cour de France par fon Secrétaire. On en examinoit les Articles chez le Maréchal de Schomberg, oü le Marquis de Mirabel [L) entroit par une porte fecrette, 5t oü fe rendoit aufiï la ComtelTe de Fargisj a laquelle d'Herbaut (c) dit un jour : — Vraiment, Madame , Monfieur votre époux eft allé un peu vite. Le Secrétaire de celui-ci trouvoit les Miniftres difpofés a approuver la Négociation de fon Maitre; mais ils n'approuvoient pas qu'elle eut eu lieu en Efpagne.. Le matin du4 de Février, le (a) Premier Miniftre de Philippe IV. (b) Ambafladeur d'Efpagne -a la Cour de Trance. (c) Phélippeaux d'Herbaut , 1'ön de trois Secrétaires d'Em pour les Affaires étrangères, qui avoient remplacé Puyfieulx. G iv 1616.  (a) L'un des Généraux de la france eg Italië. ïj2 Mémoires Nonce alla voir i'Ambaffadeur cle Venife, qui lui die: — Le Duc de Savoie fait tous fes efforts pour engager le Roi de France & ma-République a attaquer le Milanez. Le Maréchal de Créquy (a) défapprouve rnoiiis cette attaque , qu'il ne prorelte qu'il ne veut point être fubordonné au Duc, dans Ia conduite de 1'entreprife; qu'il veut retre moins encore au Prince de Piémont; mais dépendre immédiatement du Roi, & commander , avec la qualité de Général, une Armée a part. Jufqu'a préfent le Roi & les Miniftres n'écoutent volontiers ni 1'une ni 1'autre propofition. Mais I'inconftance du Ciel de la France empêche qu'on fe promette de la fermeté de leur  S E C R E T S. 153 part. Et ma République , quoiqu'éloignée de fe jetter da'ns de plus grands embarras , ne pourroit que fe Iaiffer entrainer, fi elle voyok qu'on parlat férieufement de 1'attaque du Milanez. Le Nonce (a) alia enfuite faire fcavoir au Cardinal de Richelieu, que le Pape envoyoit le Cardinal Barberin Légat en Efpagne, & Richelieu réporidit: — Que eet envoi ait pour but le bien public, ou feulement de fatisfaire le goüt de Sa Sainteté, il ne déplaira point a notre Monarque. II lui fera plus de peine par rapport au S. Père , qu'il ne lui donnera d'appréhenfion pour fes propres affaires. Plufieurs preuves, répliqua le Nonce , doivent Ca) Sa lettre au Cardinal Barberin, du li de-fevrier, 1616. Gy 1616,  *" J.6i6. 154 Mémoires afsürer le Roi, que toute réfolution du Pape , particulièrement dans 1'afFaire actuelle, n'a d'autre but que le bien public 5 lequel éprouveroit un tresgrand préjudice, li la réputation du S. Siége reitoit entacbée [a). Urbain VIII, en envoyant le Cardinal Barberin en Efpagne, ne cherche d'autre fatisfaction que 1'avantage^ de tous j & , loin qu'on puiile le regarder comme partifan du Roi Catholique , fa -conduite pure & fa patience envers le Roi Très-Chrétien ont plutöt donné fujet de le croire partifan de ce Moriarque. — Un Prince auili puifiant & au Ui généreux qu'eft celui-ci a peu d'sppréhen- (a) S'il ne fe faifoit pas un accommodement ( objet de la Légation de Barbenn ) fatisfaifant pour le Pontife , & qui^iéparar. 1'affront qu'on lui a fait , en chall'ant fes Enfeignes , des Forts de ra- Vakeline , qui étoient, en Dépöt entie fes taains.,  S e c r e t s. i J5 fion pour fes affaires [ö) , com- me I'a forc bien die Votre Éminence. Mais la crainte de la ruine de la Chrétienté eft digne de fa grande Piété. Le Cardinal de Richelieu ne répondit autre chofe linon : — Je crains que lePape ne foic pas bien conlbillé 5 mais au refte vous ne trouverez, Monfieur , dans notre Monarque , aucune forte d'émotion. Le Cardinal fe mit enfuite a dire en badinant: — Sa Majefté enverra ordre au Marquis De Cceuvres (b) de fe défendre apoftoJiquernenc (c) ; 8c cependant le (a) Au fujet de 1'envoi du Cardinal Barberin en Efpagne. (i) Commandant les Troupes des Confédérés * dans la Valteline, de laquelle il s'érok entièrement emparé, a l'exception de Rive , ainiï que nous avons dit tant de fois. * Celles de la France , de Venife & de lat Savoie , Puiilances confédérées par le Traité de Lyon. (*") De fe défendre avec une rnodéraüoo G vj i 616,  I$6 M É M O I R E'S j6i6."Pape ne doit point fe plaindre aujourd'hui, s'il vient a apprendre que notre Monarque eft foixé de s'unir avec 1'Angleterre, Ie Dannemarck &: d'autr.es Hérétiques. Le Nonce répiiqua : — On n'appelle point fe défendre apoftoliquement, porter les armes contre Ie Chef des Apotres. Et les unions avec les Hérétiques'feroient d'autant plus reprehenfïbles , qu'elles vont plus a tendre défavantageux le parti Catholique, dans .une caufe ft jufte. Le Cardinal de Richelieu avoua enfuite au Nonce, qu'il étoit vraï qu'il y avöit eu des pour-parler &; des Ecrits entre Chrétienne conrre le peu de Troupes du S. Siége , qui fe trouvcnt encore dans Rive; mais qui ont été confidérablement graflies (veut dire iioniquement le Cardinal ) par celles que le Duc de Féria , Gouverneur du Milanez , a envoyées au fecours de cette Place,  Sec r e t s. i$y le Comce. d'Olivarez (a) Sc le I^1^""t Comce de Rochepoc (b). Mais la France, die le Cardinal au Miniftre de Sa Sainteté, a troivvé plus de difiïculté -aux objets auxquels le fecond avoitle moins penfé. Celui-ci eft homme facile 8c crédule. Quant a moi, je ne fcaurois me perfuader que 1'orgueil Efpagnol s'abaifTe jamais autant qu'il eft nécefTaire pour que la Paix fe fafte. Souvenez-vous, Monfieur le Nonce , de la difFerence q.ue vous avez autrefois.remarquée entre la facon de juger 6c d'agir du P. de Bérule , 6c de celle du P. Jofeplï (c); 6c faites la même comparaifon entre la mienne 6c celle du Comte de Rochepot. (a) Principal Miniftre du Rofd'Efpagne. (a) De Fargis d'Angennes , Comte de Rochepot , toujours Amballadeur de France a la Cour de Madrid. • (.c) Capucin , bras droit du Cardinal cte Richelieu.  TJo* M hl O I R E S ~j62(5 Jufqifa préfent, felon mol, on • batit fur le fable. En conféquence je ne vous ai point parIé Sc je ne vous parlerai pas,, que je n'aye vu moyen de traiter plus folidement. Mais, quoiqu'il arrivé , fbyez afsuré , Monfieur, ou que rien ne fe terminera , ou que les Miniftres de France ne cbangeront point ce que portele Traité de Fontainebleau.—Le Cardinal de Richelieu , après avoir tenu ce langage au Nonce, fe pria de lui garder le fecret, Sc ajouta : — Les Efpagnols font aujourd'hui chauds Sc demain froids , Sc mettent tous les artifices poffibles en oeuvre. Le Cardinal vouloit donner a entendre que Barberin [a] n'alloit poiru: en Efpagne pour Négocier 5 Sc que d'un autre (a) Le Cardinal de ce nom .„Neyettdu: Pape, Yoyez ci deflus.  s E C R E T S. TT? cöré les Efpagnols traiteroient"'^^ " d'afFaire, avant qu'il y arrivat. Le P. de Béruledic au Nonce : — Je crois avoir oré un grand fcrupule au Comte de Rochepot, ou du moins a fon Secrétaire (a). Ce fcrupule étoit; qu'au temps de la Légation du Cardinal Barberin en France, les Efpagnols n'ayant été initruits par le Comte, de rien de ce qui concernoit cette Légation, avoient interprété ce filence, manque réel de volonté pour la Paix,, de la part des Francois. Le Roi dit au Miniftre de Sa Sainteté, dans une Audience qu'il lui donna: — Lors dè Ia Légation, j'ai confenti a tout ce qui fe pouvoit, &c même a davantage. Je ferois fort mé- (ü) Envoyé par cc Seigneur a Parisj. ainli' ^u'on avu naguères.  x6i6. (a) Yoyez ci-dcvanc. iéo Mémoires content da Pape , s'il s'uniflbfe avec les Efpagnols. Car, quoique je continuaffe a lui porter tout honneur & tout refpect, je ne pourrois être sur qu'il. n'arrivat pas quelque défordre; vu la nécefiité oü je me trouverois de faire avancer des Troupes. J'ai ordonné précifément que , dans quinz*e jours, cinq de mes Régimens marchaffent vers la' Valteline. Le Nonce fe mit a déplorer les maux qui menacoient la Chrétienté ; a repréfenter au Roi la nécefiité &c le déplaïfir tout-a-la-fois avec lefquels le Pape fe réfoudroit a envoyer des Troupes au Fort de Rive attendu qu'elles ne fembloient pas pou1 voir fe régler entièrement fur ! la marche de celles de dehors, qui étoit plus lente. Louis XIII grofïiffoit fon Armée de terre & celle de mer. II acheta huit Vaiffeaux de 1'Angleterre, &; quatorze de la iHoIlande; afin de ne plus avoir befoin de mendier des fecours chez ces deux Nations ; dans; lefquelles , après' Ie combat contre les Rochellois (a) , on appercut beaucoup de repentir d'avoir contribué a 1'humi- (a) Entre la Flotte du Roi & la leur. —' ICeft ct combat dont on a- va le détailteffrayant dans la trence-neuviéme partie de |«ct Ouvrage»  i6$ Mémoires TóTóT Üation de ceux-ci ; & auxqueI-~ les il y avoit par conféquent peu a lè fier. Le Roi comptoin avoit dans 1'Océan , au mois de Mars, environ quarante bons Vaiffeaux, fous le commandement du Duc de Montmorenci, Grand Amiral. Si la Paix fe faifoit avec les Huguenots, & qu'il arrivat quelle ne fe fit point avec 1'Efpagne, cette Flotte devoit palier' dans la Méditerranée , afin de fe joindre a celle du Duc de Guife , pour la perte des Génois. Le Duc de Savoie travailloit a ce que cela eut lieu> Sc les Vénitiens Sc lui n'oublioient rien pour que 1'accommodement entre les Huguenots 6c Ie Roi fe conclüt 5 6c par conféquent pour que le Monarque portat ailleurs fes attentions 6c fes forces (0). Emanuel Ca) Les Vénitiens euflent défiré, comme travailloit  S E C R E T S. V(8y '(a) travailloit outre cela en An gleterre, pour que Sa Majefté lGl6' BritanniqueaidatlesHuguenotrs ■ a faire Ja Paix, ou a fburenir la Guerre, s'ii le falloit (b) 5 & pour cjue le Monarque tournat aufH contre les Génois fes forces maricimësj paree que, leur faire la Guerre , c'ttoit en faire une a 1'Efpagne, non legére (c). Les Députés de la Rochelle arrivèrent a Paris {d), mais fans apporter avec eux de réponfe dérinitive. En conféquence Ie Roi ne leur donna point Au- 011 a déja va plus d'une fois , qu'il les eüt employees en entier contre les Efpagnols (a) Le Duc de Savoie. (&) C'étoit afin que Louis XIII, les voyant en etat de lui réfïfter, & de lui faire payer ener leur deftruétion , s'occupat tout entier (du moms quant a préfent) de celle des Genois^ unique voeu d'Emanucl. (e) Vu les avantages confidérables qu'elle ' retiroit de la protcclion qu'elle leur donnoit. W) Lettre de Gondi a Picchéna , du 10 de Janvier, 1616. XXXIV. P arm, H  lyo MÉMOIRES — dience, vü qu'ils avoient encore l6z6, la rébellion fur le front; & les renvoya au Maréchal de Schomberg, pour être entendus.—Les Rochellois eulïent confenti a réformer (de la facon que le Chancelier avoit propofé, au mois de Novembre d'auparavant) leurTribunal de Juftice, compofé de quarante Membres j mais de s'aiiujettir, pour ce Tribunal, a un Chef établi par la Cour , c'eft ce dont ils ne vouloient point entendre parier. Quant aux Fortifications élévées par eux depuis 1'année 1560, ils eulfent donné les mains a .la démolition d'une partie , mais a la moindre, Car leur ofFre étoit d'abbatre feulement celles qu'ils avoient faites depuis 1'an 1621; & cela encore, a condition que le Roi feroit rafer le Fort Louis, voilin de la Ville , 6c  S E C R E T S. JJ1 les autres Forts, commencés' dans Jes ïfles qu'il avoit prifes en dernier lieu. Enibrte que la Cour ayant beaucoup demandé "aux Rochellois, & eux ayant peu accordé , la Négociation devenoit longue, 8c donnoit le temps aux deux Partis de voir chacunja tournure .que prendroient les affaires du dehors, ou d'aider a fe la rendre favorable. Les Rochellois ne fe montroient pas ( par la bouche de leurs Députés ) li timides qu'ils avoient paru depuis la bataille qu'ils avoient perdue , jufqu'au temps dont il s'agit actuellement. Et ils ne fembloient point craindre les menaces qu'on leur faifoit pour le cas ou ils perfifléroient dans la rébellion. Cela venoit, ou de ce qu'ils efpéroient des fecours du cöté Hij 1626,  171 MÉMOIRES » ■ de 1'Angleterre, & des effets 1 auiü de bonne difpofition de li part des Hollandois; ou de ce qu'ils fcavoient que le refte des^ Huguenots formoit , dans le* Royaume, des deffeins de nouveau foulevement. — On en voyoit déja quelque commencement; car ceux de la Province du Vivarais avoient furpris le Pouffin , Place importante fur le Rhöne, & quelques autres lieux. Ces effets étoient contraires a ce que cherchoit le Roi, qui étoit de détacher des Rochellois tous les autres Huguenots 5 comme le lui faifoit efpérer l'arnple pardon qu'il avoit offert a ceux-ci.— Peut-être aufli que les Rochellois craignoient peu les menaces qu'on leur faifoitparee qu'ils voyoient les affaires du Roi embarraffées par-toutj en-  S E C R E T S. 173 forte qu'ils croyoient que 1'oc-calion leur étoit favorable pour fè relever. Le Cardinal de Richelieu avoit donc entre les mains une affaire difficile ; vü fur - touc qu'il défiroit ardemment a la fois deux chofes incompatibles dans les circonltances d'alors; fcavoir la Paix au-dedans du Royaume 5 1'intérêc & 1'honneur de 1'Etat, fauvés quant au-dehors. Mais, quand même il fe fik rcfolu a fe relacher linie fecond point, on ne voyoit pas après cela de süreté pour le premier. Car, en fuppofant que les Huguenots reftalTent .tranquilles,le Prince deCondé, qu'on tenoit depuis fi longtemps éloigné de la vue du Roi, pouvoit ailèment reparoitre 5 joint aux autres mécontens Catholiques, fe faifant Chef d'un parti de zélés d'entre Hiij 161Ó. • -  xóz6. Ltttie de Gondi a Picchéna , du ié de Janvier , lil6. (<0 A celui de Richelieu. (b) Saus avoir rien fait, dit le Texte. (c) A qui on a vu que le Moiiarque les ayost renvoyés, pour être entendus. 174 Mémoires ceux-ci, s'oppofer a celui des Catholiques policiques (a) •, &c en coiidamner les confeils , ; comme pernicieux a la Religion &l a 1'Erac; atcendu qu'on avoit IaliTé perdre 1'occahon de rcduire Ia Rochelle, liége de 1'Héréfie, & refuge de tous les ennemis de la France. Les Députés de cette Ville furent prefque fur le point de s'en retourner chez eux (b) , non-feulement paree qu'ils n'avoient pas eu Audience du Roi, mais paree que le Maréchal de Schomberg (c) les avoit 1 févèrement réprimandés , 'jufques la qu'il leur avoit dit: — Si le Roi eut fait ce qu'il devoit , il vous eut fait pendre. — On chercha fous main a les  Secrets. 175 retenir ; paree qu'on vouloit" peut-être entendrc, avant qu'ils partilTènt, ce que leurs Supérieurs répondroient a des propofitions plus douces que les premières, concernant la démolition de leurs fortifications & autres objets 5 propofitions que le Duc de la- Trémouille avoit fait palier, comme venant de lui, au Comte de Laval , fon Frère, qui étoit a Ia Rochelle. On aimoit mieux faire la Paix avec les Huguenots , qu'avec les* Efpagnols, fi dans la feconde on ne voyoit pas moyen de mettre a couvert la réputation de JaTrance. On'fitn donc faché de Ja perte du Pouflin (a), paree qu'elle dérangeoin tout defiêin & toute Nép-ocia- (a) Place importante für le- Rhó'ie , dont on a vu naguère que les Huguenots d.u Vivatais s'étoient emparés. Hiv 1ÓZÖ.  i6i6. 00 Le Pouffin & autres lieux. — Voyea ci-defïus. (b) De Lefdiguières , Gouverneur du Dau~ phiiic, Si qui s'y trouvoit alors. 176 Mémoires tion concernant les Huguenots. Ceux-ci, moyennant la prife de cette Place, couroient tout lepays, pillant & faifant des prifonniers. Le Roi, qui vouloit les réprimer, & recouvrer en même-temps ce qu'il avoit perdu (a) , envoya au Comte de Tournon commiffion & de 1'argent pour lever quatre mille Fantaffins & quatre-cents Chevaux , fans compter les autres Troupes qu'on faifoit defcendre dans le Vivarais, du cóté de Lyon. Mais le Connétable(ó) entreprit, de fon elief, de recouvrer le Poufïïn , & forca les Peuples du Dauphiné a' une contribution extraordinaire de deux - cents mille üvres. Après avoir fait cette Jevée de de-  S E C R E T S. 177 niers , commencé celle desTroupes, èc retenu outre cela une partie des Soldats du Duc de Longueville, laquelle n'étoic pas encore paffée dans les Etats du Duc de Savoie, il écrivit au Roi: — J'ai tout fait, Sire , pour le fervice de Votre Majefté; & le befoin prelfant ne m'a point permis de m'arrêter a en demander la permiiiion & a 1'attendre. La réfolution du Connéta-, ble fut approuvée, paree qu'elle étoit déja exécutée, & qu'elle 1'étoit par un homme d'un (I grand poids. Cette réfolution fut approuvée auffi, paree que tout trouble dans PEtat fervoit a montrer a ceux qui confeilloient de faire la Paix avec les Huguenots, la nécefiité de ne pas laiffer ceux - ci fe fortifier davantage, dans un temps ou 1'on avoit commencé au-dehors Hy 1616.  1Ó2.6. (a) Lettre de Gondi a Picchéna, du 14 dc Janvier , 162,6. 178 M-ÉMOIRES des entreprifes trés - importantes.—On attribuoit 1'armement du Connétable a trois motifs (a)i II 1'a fait, difoit-on , pour prévenir le Duc de Guife, qui, ayant été nommé Général des Troupes du Lan'guedoc , fe trouvoit par conféquent chargé du recouvrement duPoulhn, fitué dans le Vivarais, partie de ce même Languedoc. Mais Ie Poüffin étsmt fur le Rhöne Fleuve quifépare le Vivarais du Dauphiné , & une bonne portion du Pays, qui eft du cöté de cette Place, étant au pouvoir des Huguenots, il eut fallu que le Duc de Guife eut thé du Dauphiné les commodités pour fon Armée; &, felon toute apparence, qu'il y eut logé une partie de fes Troupes ; ce qui  S E C R E T S. 179 peut-être n'eüc pas été du godt1 du Connétable. Soit donc que celui-cin'ait pas vouluque d'autres mi/ient le pied dans fon Gouvernement, ou qu'il ait été bien-aife de recouvrer lui-même le Pouffin, Ü a marché brufquement contre cette Plac*e. Et cependant, armé, il peut donner plus de prix a ce que le Maréchal de Créquy , fon gendre, dira a la Cour (a); & peutêtre aufïï faire voir au Duc de Savoie que lui Connétable , ayant des Troupes, les PalTages de la Savoie & du Piémont, dépendroient beaucoup de fon vouloir dans les feeours de Ia France pour fon AltefTê. Aux trois motifs de I'armement du Connétable , qu'on vient de dire, quelques-uns en (a) Oti 1'on a vu antérieuienient qu'il 1'* yoit envoyé, Hvj 1616»  iSo MÉMOIRES — / -ajoutoient un quatriéme; c'étoit 102 que ce Seigneur avoit deifein d'accroitre les troubles du Royaume , & de procurer, par ce moyenJaPaix aux Huguenots r qu'il favorifoit ia). Car il avoit écrit au Roi:—VotreMajefté ne peut jamais efpérer de faire une Paix honorable avec ceux du dehors, tant qu'ils verront chez Elle des mouvemens qui occupent une bonne partie de fes forces. Ainli écrivoit le Connétable au Roi. Le Maréchal de Thémines , nouveau Général de 1'Armée de terre contre la Rochelle , reprit de force le pofte de Coreille, que les Rébelles fortifioient vis - a - vis du Fort Louis, a la rive oppofée du Ca- (-uli uuu on 1 attendoit Ie moins , ce n'elt 162(3,  i6z6. i94 MÉMOIRES que de la auffi, qu'on peut efpérer le reméde. Vous - vous elforcerez donc, dit LouisXIII a Biainville dans fon Inftruction , de faire fentir au Rol d'Angleterre, des le commencement de votre Ambaffade , mon jufte mécontentement$ Sc vous hii demanderez la révocation d'une Loi fi injufte. Cette révocation ne peut etre refufée a mon Maitre, ajouterezvous, paree que la Loi dont il s'agit ne fcauroit être Regie d'Etat, attendü qu'elle a ete faite uniquement paree que Votre Majefté 1'a défirée , Sc non a la demande du Parlement , partie intégrante de ce même Etat, felon les Inftituw de 1' Angleterre. Enforte qu'efte. ne peut nullement être attribuée ace Corps. Votre Majefté engagée vis-a-vis de mort Maitre (par un Article expres  SECRETS. 15)5 tfgné par Elle) i ceffer de pour iuivre fes Sujets Catholiques, 1Ó20, a connrevenuacec engagement:. Elle ne fcauroit donc que répondre a la plainte qui lui feroit faite de cette contravention , ni refufer de révoquer ia Loi. Ce qui peut combattre ia demande que j'en föis, continue Ie Roi dans fon InftrucHon, 'eft Ie crédit de ceux qui font occafionnéej c'eft-a-dire Ie crédit du feul Duc de Buckingham , lequel, pour raifon de diverfes fautes qu'il a commifes, cherche a fe fouftraire a Ia peine , en perfécutant les Catholiques; car il croit que fon plus grand mal eft de les avoir favorifés. — Vous ferez fentir auffi a ce Seigneur mon jufte mécontentement f» , non en 00 Que Biainville devoit d'abord faire Jij  i6i6. l96 MEMOIRES termes précis, mais en difant le tout de facon, qu'il lui refte quelqu'efpérance de réconcihation avec rooi. C'eft afin de tenir ouverte la voie a 1'accommodement, lequel le rera a condition que la Loi fera révoquée.Et,commelaplus grande offenfe que le Duc prétend avoir recu , eft que la Reine d'Angleterre a refufé a la Comtefle d'Ambre la fccur (a), Uotrée defaChambre acoucher, & qu'il pourroit demander pour condition de 1'accommodement., qu'elle 1'aura} gardezvous d'excufer la Reine, attendu que cela feroit non - feule- . mentinutilc, mais préjudiciable, après ce qui s'eft pafte. Faites plutót comprendre au j Duc & au Roi lui-meme j fentir au Roi d'Angleterre. - Yoyez ce qui \ été dit, il n'y a qu'un moment. * 00 Sarur de ce même puc. .  S E C R E T S. 197 i qu'il ne faut pas qu'ils efpérent,' | pour la Comtefle d'Ambre, la 1 faveur qu'elle demande 3 vu VArticle expres du Contrat de mariage de Leurs Majeftés, qui exclut formellement du fervice de Ja Reine, tous ceux qui profeffent d'autre Religion, que la Catholique. — Ceci a été la fource des dégoüts que Madame de S. Géorges a éprouvés dans diverfes occafions. J'ai recu une lettre de la Picardière, Envoyé par moi vers ie Roi de Dannemarck , les Princes du Cercle deBalfe Saxe, 1'Electeur de Brandebourg & Jes Villes Anféatiques. La Picardière me preife, de la part de Sa Majefté Danoife, d'effectuer mes promelfes, & de 1'affiter. Mais, comme je ne m'y fuis obligé qu'autant que l'Angleterre voudra 1'affifter aulli, faites fcavoir a Sa Majefté Britanïiij 1626.  198 MÉMOIRES nique, que j'y Tuis difpofé de mon cöté. Ceft afin de 1'exciter Elle a fecourir puiflamment ceux qui, feuls en Allemagne, montrent quelque généroficé , & aiment leur liberté (a), qu'ils ne peuvent défendre , li leur Armée n'elt entretenue. Je me fins engagé a leur fournir un million payable en deux ans.Il faut en conféquence preffer 1'Angleterre de ne pas les abandonner , attendu les inconveniens qui peuvent réfulter du contraire ; car il s'agit, dans cette occafion , du recouvrement du Palatinat {b} , ou de 1'affermiffement de la Dpmination Efpagnole (c) dans eet (a) Scavoir le Roi de Dannemarck , qui y avoit de giands intéréts , les Princes du Cercle de la baflc Saxe, &c. (J>) Du rétabliflèment de TElefteur Palatin, Beau-ïrère de Sa Majefté Britannique, dans fes Etats. . (c) C'eft-a-dire AutnchienBe.  S E C R E T S. 199 Electorat [a). Je veux donc une "f^2^'i* réfolution finale de 1'Angleterre, afin de prendre enfuice mes mefures. Demandez - la , dit Louis XIII a Biainville , de facon a perfuader Charles , que je fuis bien-aife feulement i de voir exécuter ce qui a été convenu par fon Mariage avec j ma Sceur. II eft tres-amer pour moi , ! que Soubife trouve afile dans j les Ports de 1'Angleterre , pour 1 fe renforcer, & fe mettre mieux en état d'infefter les Cótes de la France , en fomentant la I rébellion des Rochellois (b). Je 1 vous charge donc de preffer Ie ( veut ufer de cdle-ci vis-a-vis demon Maitre, Elle ne fera point empêchée par lui ( fouveraine comme Elle eft) de procéder felon fon gré a 1'égard de fes fujets; mais je ne doute point que mon Maitre n'en forme le jugement qui convient, & n'en conferve des fentimens tels que la raifon les demande. Au refte Votre Majefté n'a pas plus fujet d'aiouter foi aux paroles de fes Miniftres, qu'a celles des Mini[tres de mon Roi(a), qui nient ivoir rien promis conceinant !a Difpenfe de Rome, qui foit  Secrets. 215 1 capable de rendre 1'Article feI crec variable. Mais, quand même ils auroient promis quelque chofe de pareil, ils ont fait fort fagement, felon moi , en ne mettant rien par écrit; & cependant ils ont obtenu ce qu'ils demandoient ; enforte que ce qui avoit été promis a eux , peut fe montrer (a), & fubliftè toujours. Ce propos irrita Charles a un tel point, qu'il dit a Biainville: — II y a pire encore que ce qui a été afsüré par un des Miniftres du Roi Tres - Chrétien , comme il retournoit en France, fcavoir qu'il avoit formé une puilfante cabale de Catholiques d'Angleterre, en faveur de fon Maitre.— Biainville fe plaignit a Sa Majefté Britannique, de Ia mauvaife opinion qu'Elle id) Pat les effet qui fe font enfuivis. I 6l6  ,ï6z6 216 MÉMOIRES ■ avoir d'un Roi fi grand, & qui étoit fon Frère (a).U n'y a nulle apparence, ajouta-t-il, que ce Monarque veuilie tramer la ruïne d'un Etat ou fa Sceur eft Reine, & dont la perte entraineroit celle de cette Pi-incefle. Si, parmi fes Miniftres, il y en a quelqu'un affez méchant pour avoir formé la cabale dont Votre Majefté parle, il mérite un chatïment exemplaire, paree qu'il a véritablement ofFenfé mon Maitre. Le Roi d'Angleterre dit après cela: —Durant le fiége de Montauban (b) le Comte de Carlile (c) parlant de 1'accommodement (a) Son Beau-Frère. (i) Que Louis XIII fut obligé de lever honteufemenr, & dont la levée fut caufe de la mort du Connétable de Luynes, qui 1'avoit confeillé. —Toutes chofes qu'on a vues dans |es Parties précédentes de ce Ouvrage. (e) Ambafladeur d'Angleterre a la Cour ie France.  Secrets. ny des Huguenots fa) , on lui fit— fentir que le Roi de France, ] mon Frère , ne trouveroit pas bon qu'un Prince étranger fe mêlat (Z>) des differends qui naiffoient entre fes Sujets & lui. — J'ai pour le moins autant de raifon de vouloir qu'il ne fe mèle point de ceux qui s'élévent entre mes Sujets & moi. Charles, paffant enfuite a ce qui concernoit la Reine , fon époufe , témoigna être. étonné que le Roi de France s'inquiétat tant des affaires du Mari & de la Femme, quant a 1'intérieur de leur Maifon; & ii fe plaignoit de ce' que ce Monarque avoit affez. mauvaife opinion de lui pour croire qu'il refusat a la Princeife les chofes qui lui étoient néceffaires. Je fuis réfo- (a) Difant qu'il feroit bon que Sa Majefté Tres - Chrétienne s'accommodat avec lei Huguenots. (A) Que je me mêlaiTe , Sec. XXXIV. Partie. K 616.  i6i6. zlS MÉMOIRES In, ajouta-t-il, a exécuter ce que le devoir exige de moi quant a eet objet, mais pour l'amour de mon époufe, 6c du Roi de France, mon Frère, 6c non pour autre confidération. Biainville répondit avec civilité : — Le Roi mon Maitre n'y prend d'intérèt, qu'a caufe de fa réputation, qui feroit ternie^ fi 1'on voyoit que des chofes de fi peu de conféquence que celles dont il s'agit (lefquelles néanmoins vont a fatisfaire une jeune PrincefiTe) reftafTent plus long-temps fans s'exécuter. Je fuis sur que quelle que foit la confidération qui les laffe faire, elle eft indifférente a mon Maitre , pourvü qu'on coupe court aux longueurs. Le Roi d'Angleterre en vint après cela a 1'affaire de Soubife, 6c dit: — Je ne me fuffe jamais imaginé qu'on m'eiit cru d'un affez mauvais naturel , pour  Secrets. 219 abandonner. mon parent , ré-' duir a la dernière nécefiité, de la même Religion que moi, èc particuièrement aimé de mon Peuple. J'efpérois du Roi de France, mon Frère, des remercimens au lieu de reproches; vü que je n'ai point fait.venir Soubife a ma Cour, mais que j'ai feulement donné retraite a. fes VaifTeaux dans mes Ports (a). —-Henri IVdonna retraite chez lui au Comte de Bauduel, qui avoit attenté contre la Perfonne du Roi Jacques, mon Père. Le Monarque s'excufoit fur Ie droit qu'ont les Souverains de la donner a toutes fortes de perfonnes. — Biainville répondit : —Je fcais ( a prendre les maximes d'Etat a la rigueur ) que Votre Majefté peut accor- (a) Dont a la vérité je n'aime pas qu'ils fottent, dit le Roi d'Angleterre , pour aller infcfter les Cótes de la France. Kij 1610  ïzo MÉMOIRES der retraite a Soubife 0). Mais il y auroit beaucoup a redire a ion procédé par rapport a celuici, li néanmoins Elle veut bien vivre avec un grand Roi, qui eft fon Frère (b). Cependant, fi la perfonne de Soubife eft fi chère a Votre Majefté , je ne lui en parlerai pas-davantage. Ma is je negarderai pas le filence quant aux VaifTeaux qu'il a > parce que la plupart font a mon Roi ou a les Sujers, auxquels il les "a pris, & a qui je demande qu'ils foient rendus; fans quoi mon Roi donnera ordre qu'on les reprenne par-tout oü ils fe trouveront(e). Biainville eutenfuite un long entretien avec le Duc de Buc- 0) Et cependaut, ajoute le Teïte, qu'EJIe fonge que la France peut lui faire éprpuver des dégoüts parcils, & dans des occafions plus importantes. (A) Avec le Roi de France, mon Maitre, qui eft fon Beau-Frèrc. (f) Dans les Ports même dé 1'Angleterre,  Secrets. llt klngham, auquêl il fe plaignif du peu de fatisfaction que Sa Majefté Bricannique donnoir a /on Souverain. Le Duc vouluc lui perfuader que fon Maitre agiftoit fans le confeil de lui, Duc de Buckingham. La répon-' fe que vous avez eue de fa part, lui dit - il, ce Monarque vous 1'a faite, fins me 1'avoir communiquée. La nécefiité des temps I'y a obligé. >— I! eut éte bien jufte , Monfieur , qu'étant revêtu du cara&ère d'Ambaffadeur extraordinaire , vous fuffiez venu en Angleterre avec les pouvoirs néceffaires pour 1'établilfement de 1'union de toutes les Puiftances a qui ia grandeur de 1'Efpagne donne de 1'ombrage ; & il eut mieux valu établir une Ligue offenfive,que de s'amufer 'a des bagatelles. Mon Maitre, voyant qu'il a couru rilque de fe perdre pour Kiij ■ ■ li i6zó.  2iZ MÉMOIRES la France , veut fe mettre en süreté par des actions grandes & généreufes. II a en conféquence conclu avec les Hollandois une Ligue ofFenfive pour quinze ans. Je vais paiTer a la Haye, pour y mettre la dernière main,& y faire comprendre les Rois de Suéde & de Dannemarck. Mais cela n'empêche pas que mon Maitre n'ait déja ordonné que ,fa Flotte partie pour aller faire une deicente en Efpagne. —■ Le Roi de France trouvera place dans la Ligue en queftion, s'il veut y entrer; &, s'il le refufe, mon Maitre ne lailFera pas d'achever de 1'établir j Sc 1'Angleterre feule en aura Ia gloire. Le.Duc de Buckingham, étant très-mal dans 1'efprit du Parlement, cherchoit a fe mettre a 1'abri de fes coups par des moyens extraordinaires. II avoit  Secrets. 213 en confëquence deux penlées' contraires ■■, 1'une de fém'er toujours quelque divifion entre les deux Rois (0), pour rompre taut-a-fait leur bonne intelligence, dans le cas oü il y ieroit rorcéj & donner par la a entendre aux Anglois , qu'il n'approuvoit 1'Alliance de Sang de Charles avec la France, qu'en tant qu'elle avoit fervi a empêcher celle de ce Monarque avec 1'Efpagne (b). L'autre penfée qu'avoit le Duc de Buckingham , étoit d'obliger la France (a force de montrer de 1'indifFérence pour elle) a recourir a lui, & a entrer dans cette Ligue ofFenfive 'c), dont il avoit jetté les fondemens dans fon voyage (a) Entre Louis XIII & fon Malrre. (i) Voyez dans les Parties précédcntcs dc eet Ouvrage, Ie long détail des Négociations qui avoient eu lieu pour ces deux Alliances. (e) La Ligue projettée pour 1'abaiffernent de la Maifon d'Autriche. Kiv 162Ó.  Ï6i6. 224 Mémoires chez elle, après celui qu'il avok fait en Hoilande. — Quant a la première de ces deux penfées de Buckingham, ce Favori du Roi d'Angleterre aimoit a paroitre vouloir peu que fon Maitre donnat fatisfaction au Rol de France. II avoit employé divers artifiees (dans ce qui concernoit les Vaiflèauxde Soubife) pour tenir Ia chofe en fufpens „ 8c faire voir, felon fon intérct Sc fes vues, qu'il failoit ou ne falloit pas que fon Maitre donnat retraite a ces Vailfeaux dansfes Ports. — II rit redoubler Ia perfécution contre les Catholiques Anglois, depuis 1'arrivée de Biainville, fans aucun égard aux plaintes que celui-ci avok fakes de la part du Roi de France, au fujet de celle qu'ils fouffroient déja. Ces chofes & quantité d'autres montroient que Buckingham vouloit avoir a fa difpofition les graces Sc les offen-  S Ê C R E T* S. iZK fes, poilr s'en fervir dans Ie' befoin. Quant au fecond delfein qu'il avoit , il croyoic le faire réuffir , en parlant défavantageufement des Miniftres 8c du Gouvernement de la France , 6c en exaltant par-tout la puif* fance de 1'Angleterre, fes forces Navales, 8c 1'étroite intelligence qu'elle entretenoit avec la Hoilande, la Suéde 8c le Dannemarck. II fe perfuadoit que,. ft Ie fuccès de Ia Ligue offenlive qu'il méditoit, étoit heureux , il feroit aifément croire aux Puritains que c'avoit été 1'objet de tous fes foins; 8c que de la étoient provenues les dé pen les excelïives qui avoient été faires pour la Flotte, 8c non de 1'envie de s'en approprier une partie ; qu'en conféquence il méritoit récompenfe , 8c non punition. Et, pour qu'on vitqu'il ne vouloit fe déterminer a rien 1 6 zé,  Ibló. 116 Mémoires fans etre sur de ces mêmes Puritains ; Sc voulanc fonder outre cela de quel fecours leur grand crédit lui feroit dans le Parlement 1'année d'après 3 il retardoit le plus qu'il pouvoit toute réfolution de fa part; afin de n'en porter au Parlement qu'une qui fut arrêcée (& cela au temps qu'il croiroit avantageux pour lui); & de montrer a ce Corps, d'une facon claire > les fervices qu'il avoit rendus a 1'Etat. .Pour eet effet il publiöit tous les jours que la Flotte (retournée deux fois dans les Ports d'Angleterre) alloit partir. II feignoit auffi de vouloir envoyer des Troupes dans le Palatinat. Et cependant, au lieu de terminer avec Mansfeld [a], il 1'avoit renvové (a) Le Comte de ce nom , dont il a été tant parlé ci-devant; lequel devoit executeren Allemagne , en attaquant les Etats que la Maifon d'Autriche y poiTédoit, la Diverflop projettée pour contribuer a rabaiflement de cette Maifon, & rétablir 1'EIecteur Palatin , Beau-Frère du Roi d'Angleterre, Sc dépouillej par rEmpercur.  S E C R E T 8. 227 ;au temps oü tous les deux fe- ' roient en Hoilande. — Le deffein de Buckingham étoit encore d'envoyer le Comte de Carlile en Italië , pour foulever toutes les PuilTances de ce pays contre la grandeur de 1'Efpagne, & les porter a joindre leurs armes acelles de 1'Angleterre ;tous lignes d'une ame agitée, dont le but étoit cependant d'engager toujours plus la France dans la Guerre d'Italie Sc dans celle de la Valteline, quoiqu'il fit paroitre au-dehors une grande indifFérence pour 1'un 5c 1'autre objet. Mais la France avoit aujourd'hui le même avantagc fur 1'Angleterre , que celle - ci fe vantoit d'abord d'avoir fur elle. C'étoit que plus le Roi Charles s'engageoit contre 1'Efpagne , plus il fournilToit moyen a Louis XIII de le forcer a faire ce qu'il exigeoit de fa part. La crainte qu'avoit le premier, que le fe- 1626  (a) Biainville. — Sa let'tre au Roi de France fon Maitre , du f d'Oótobre, itfij. iiS Mémoires "cours de 1'autre ne lui manquat, étoit une forte confidération qui le tenoït dans les bornes du devoir & de 1'honnêteté.. II en avoit naturellement de I eloignementj auffi s'oppofa-t-il a ce que Manty prit dans fes Poits les VaiiTeaux de Soubife. Les Anglois faifbient diverZes incivilités a 1'Ambaffadeur extraordinaire de France la), pour Ppbligèr a fortir de chez eux. Mais lui, feignant de ne pas Connoitre leur intention y foufFroït & diffimuloit tout! Quant aux affaires pour lefquelles il avoit été envoyé vers eux, on ne lui donnoit' aucune fatisfaction. On fe fondoit fur la raufïê opinion qu'on avoit què le Gouvernement de la France étoit foible , & que celle - ci avoit trop befoin de 1'Angleterre. On intercepta les  S E C R E T S. 229 lettres de Louis XIII a eet Am-bafladeur ; & les Anglois en vouloient un a leur facon. Cependant il recut de fon Roi un Mémoire (a) oü ce Monarque lui difbit: — Déclarez au Roi d'Angleterre que je demande que ni lui ni les Hollandois ïfafïiftent directement ou indirectement les Rochellois & autres Rebelles, mes Sujets; & que mon intention eft qu'ils Jeurinterdifent tout abord chez eux. Que fi Sa Majefté Britannique refufe de me livrer Soubife, du moins Elle le tienne en Angleterre, comme en arrêt, tant que dureront les mouvemens de mon Royaume; «i moins que Soubife ne confente dès a préfent a fe foumettre a fon Souyerain. Faites fcavoir au Roi d'Angleterre, comme auffi aux Rois de Suéde & de Danne- (j) ii eft du 18 de Noveinbrc, 16x6.  i6i6. (a) Amis. (b) L'Auteur ne la marqué point. (f) Qui recevra du Roi d'Angleterre , comme il eft convenu avec lui, dit le Texte , cent vingt mille écus par mois , autant deï Hollandois, autant des Vénitiens. 130 MÉMOIRES marck , aux .Hollandois, aux Princes de PEmpire (a) , aux Villes Impériales 5c Anféatiques, combien je fuis fenfible a 1'état facheux oü 1'Allemagne eft prés d'être réduite par l'ambicion de la Maifon d'Autricke. Et dites - leur que je puis y remédier, pourvü. que toutes ces Puiflances , ou du moins les quatre premières veuillent contribuer a une ft bonne adion 3 5c fournir par an (réunies) la fomme de {b) pour 1'entretien d'une Armée de dix-huit mille Fantaffins 5c quatre mille Chevaux , ayant douze piéces de canon; le tout fous les ordres de Mansfeld (c). Si celui-ci peut maintenir 1'Armée en queftion dans le Palati-  S E C R E T S. 231 nat ou dans la Franche-Comté, je confens qu'il le faffe fa). De même , fi les Rois de Suéde & de Dannemarck , les Princes de la Bafïe-Saxe & 1'Electeur de Brandebourg veulent pourluivre le Traité d'afTociation qu'ils ont commencé, &. conclure i ce que 1'Armée qui eft aujourd'hui aux ordres du fecond , foit entretenue; moi, pour ne manquer en rien a ce qui peut fervir au bien Public, a la liberté & a 1'avantage de tant de Princes, je fournirai ( deux années de fuite comme je 1'ai promis) cinq-cents mille livres par chaeune, payables a Amfterdam par termes de lix mois, le premier au jour de O) Le premier de ces deux Pays étoit au pouvoit du Dac de Bavière, a qui on a vu que 1'Empeteur 1'avoit donné , après qü'ii en put dépoullé le Prince Palatin , rébelle ; & ]a Franche-Comté étoit dans ce temps-la fous la domination de 1'Efpagne , comme nous l'.avons obfetvé tant de fojs. 16 ZÓ.  M. DCG. LXXXIIL 132 MÉMOIRES, &C. . l'an prochain.Et, pour montrer que je ne veux point écarter la Guerre de mes Etats, pour la faire paffer dans d'autres , je m'engage a avoir en Picardie & en Champagne, des forces affez conlidérables pour obliger les Efpagnols a tenir toujours garnies les Frontières de Flandre,d'Artois&deLuxembourg.Car 1'appréhenfion qu'ils ont de ces trois cótés, eft caufe des bons fuccès qu'a déja le Roi de Dannemarck j & elle en favorilèra la continuation, pour le bien commun de l'Allemagne. J'offre encore, dit Louis XIII a Biainville dans le préfent Mémoire, de m'obliger a ne traiter jamais feuï avec les Efpagnols, durant Ie temps convenu pour les affaires de cette même Allemagne. Fin de la Trente-quatrième Partie,