■  THEORIE D E L'ART DES JARDINS P A R C. C. L. HIRSCHFELD, Confeillev de Juftice de S. M. Danoife & Profejfeur de Philofophie & der Beaux-Artt dans l'Univerfitéde Kiel. TRADUIT DE L'ALLEMAND. TOME C1NQU1EME ivec Ja Table generale des Matierey. LEIPZIG !HEZ Les HERITIERS DE M. G. WEIDMANN ET REICH. 1785.   PREFACE DE L'AUTEUR. Enfin je réuffis a livrer aux amateurs du bel Art des Jardins Ie cinquienie & dernier Tome de eet ouvrage. Malgré les inftants heureux dont j'ai joui en y travaillant, j'ai cependant été fouvent attrifté par les diverfes difficultés qu'il m'a fallu conibattre. Mon éloignement des deffinateurs, des graveurs & du lieu de 1'impreiïion, m'a caufé beaucoup de difficultés. Le lieu que j'habite ne m'offroit rien qui put fervir a 1'avancement de mon ouvrage, & je me fuis vu forcé de chercher tout au loin. J'ai donc été contralnt non feulement d'entretenir une correfpondance coüteufe, mais encore d'acheter plufieurs ceuvres d'architeclure Sc plufieurs gravures très-cheres & très-rares; & outre les petits voyages faits tous les étés pendant les années employees h Ia publication de cette Théorie, j'en ai entrepris a Ia fin un dans toute 1'AlIemagne & juf quaux fronrieres de la Suiflê, pour voir par moi-même jufqu'oü eft parvenue 1'amélioration du goüt en fait de jardins. On appercevra les fruits de ces courfes dans tout mon ouvrage & fur-tout dans ce cinquieme Volume. Mais Pon ne peut voir les frais confidérables & non compenfés que j'ai faits afin de livrer cette Théorie auffi parfaite qu'il étoit poJIible. '2 Cepen-  iv Prêface de t'Auteur. Cependant 1'excellent homme qui imprime cette Théorie, n'a pas peu contribué de fon cöté a 1'avancement & a la beauté de i'édition. C'eft avec une complaifance noble Sc foutenue qu'il a rempli tous les defirs que j'ai formés pour 1'embellhTement de eet ouvrage, embelliffement auquel des amateurs & des artiftes du premier ordre ont travaillés conjointement avec nous. Monlleur Geyfer, qui en qualité de. .graveur a une fi grande part aux décorations de ce livre, a exécuté les inventións de A4effieurs Weinlig, Brandt, Schuricht, Zingg & d'autres, d'une maniere qui rend ces inventións des monuments encore plus eflimables de l'art Sc du goüt de notre age. La richeftè & la variété des deflêins de fcênes champêtres, de maifpns.de campagne &de batiments propres au jardins, qu'on rencontre dans eet ouvrage, & qui en partie réellement exécutés ont été ramaffés presque dans toute 1'Europe, & en partie ne font que des fimples projets & des inventións pleines de beautés & tracces par les plus célebres artiftes, cette richeffe & cette variété, dis-je, offrent de quoi étendre confidérablement les bornes de l'architechire, & ne font pas moins inftruftives pour Ie jeune architecle que pour 1'artifle jardinier. Du moins ce dernier trouve-t-il ici des mémoires commodes & affez étendus tant par rapport a ce qui s'efl déja fait en ce genre dans tous les pays, que par rapport a1 une foule d'inventions nouvelles qui peuvent fervir a reculer les limites de l'art. Différents connoiffeurs en fait de jardins, que j'ai nommés aux endroits cohvenables, m'ont envoyé des defcriptions, des relations & des deffeins pour fervir a la perfeélion de eet oüvrage; ils ont acquis par-la des droits fur ma reconnoifiance, & je leur répete ici pübliquement mes remerciments plein de gratitude. La recolte, ala verité, n'a pas été auffi abondante que je m'y attendois; mais j'ai  Pré/ace de P Auteur. . v j'ai vu par moi-mênie dans mes voyages, qu'en plufieurs provinces on n'avoit encore rien femé; qtfen d'autres la f^ence ne faifoit que commencer a lever; dans d'autres encore queles fruits s'approchoient a peine de la maturité. Cepcndant Ie fecond appendice de ce Volume préfente fur-tout un coup d'ceil presque général des jardins confidérables d'Europe. Toutes les nouvelles defcriptions dont ce Volume eft principalement enrichi, font mon ouvrage a moins que Faüteur ne foit cité. II convient de remarquer a cette oceafion, que les defcriptions inférées doivent néceffairement perdre a I'avenir beaucoup de leur vérité, paree que les jardins font foumis a des variations perpétuelles de la part du temps & des hommes. Aujourd hui déja je ne peux , penfer fans douleur a deux oü trois jardins qui ctoient pleins de charmes, & qui abandonnés & change's par leurs nouveaux maïtres dépourvus de goüt, s'approchent triftement de leur deffruclión. On en confidérera donc Ia defcription comme des copies d'un tableau dont les originaux font perdus, ou bien que la main du temps ou de quelque reflaurateur ignorant ont rendus méconnoiiïïibles. 11 femble que c'eft par un heureux hazard que cette Théorie paroiffe précifément a 1'epoque oü un amour presque général pour les jardins commence a fe répandre en Europe. L'elprit de la culture utile des jardins anime par-tout le vrai patriote, & du moins Pimitation de la maniere Angloife regne fans reftriéhon par-tout oü Pon ne connoit pas d'autre guide. On peut foutenir avec raifon que . presque tous les beaux jardins d Allemagne , de France & du Nord, n'ont pris naiflance que depuis la derniere mo.itié de ce fiecle. II efl a remarquer, mais uniquement,comme un fait hiftorique tbuchant cette Théorie, que depuis fa publication elle a déja produit 3 'plus  vi Pi-iface de t Auteur. plus d'un efFet favorable dans divers pays oü la traducüon Francohe 1'a faite en partiqgponnoïtre. On ne fauroit dire aujourd'hui qu'on manque de guide relativement a la maniere de juger des jardins & de les diftribuer, ainll que relativement aux differenties décorations des eantons. Tant que les vraïs principes de l'art n'avoient pas été développés, on pourroit s'excufer de courir toujours après les defleins & les plans Anglois, de copier toujours ce que 1'on rencontroit dans 1'un ou l'autre des jardins en réputation. Maintenant le chemin que 1'on peut parcourir en fuivant la rérlexion& 1'étude de la nature, efl au moins frayé. Le jardin le plus beau efl: celui qui eft tout-a-fait ce qu'il peut être d'après le génie du fite & des environs; le jardin le plus parfait eft celui qui préfentele moins de défauts. Cependant lorsqu il paroit encore dans les jardins nouvellement conftruits tant d'erreurs en fait de bon goüt, il ne faut pas toujours en attribuer la foute au jardinier ou a celui qui a tracé le plan. J'ai vu par moi-même ce qui fe pafte a eet égard en plus d'une cour. Le favori du Prince ou 1'Intendant des jardins eft-il un Ingénieur? le jardin eft obligé d'admettre des remparts & des forterqfles. Eil- ce un Marquis francais ? il propolè des Labyrinthes, des théatres & des tombeaux de Poë'tes dramatiques. Ne connoit-il que Verfailles, Marly, &c? il faut que les arbres & les bocages fe plient a 1'architedure la plus rechcrchée. N'a-t-il vu que les nouveaux jardins des environs de Paris? L'enceinte fera bariolée de petites tours Chinoifes, deMofquées, de Kioftjues &c. Une Dame de cour fans efprit dirige-t-elle le deflein? elle gatera les plus beaux emplacements par de petites babioles. Avec toutes ces extravagances & ces raffinements outrés, Ie pis eft ce qui arrivé prdinairement, c'eft-a-dire: que 1'on ne con- fulte  Pré/ace de t Auteur. vji fulte ou du moins qu'on n'écoute pas les cornioiflèurs éelairés. L'écervellé courtifan fait erier plus haut que lui. C'eft auffi pourqnoi la nobleflê confiderée en général, étant Iibre de ces entraves, poflède de beaucoup meilleurs jardins que les Princes. C'eft un préjugé très-nuifible que celui qui porte a dire: unPrince peut faire ce qu'il veut; il n'a qu'a commander; c'eft lui qui paie. „Non, „Monfeigneur," diroit-je au Prince, „n'écutez pas ce préjugé. Le „monde ne s'embaraflè guere du courtifan qui expofe de pareüs „principes; mais il fait attention au Prince qui les adopte. Vous „ne devez pas fuivre lans diftinclion toutes les idees qui lé préfen„tent. Vos ouvrages lont expofés en public: le connoiflèur qui „voit vos édifices, vos jardins, en porte auffi fon jugement, &un „jugement fondé fur des connoiffances ne fauroit être indifférent a „un Prince. Le gout qui regne dans les ouvrages, que vous fakes „exécuter, paflê dans votre hifloire. On vous nomrnera, Iorsque „les norns de vos confeiïïers mal inftruits feront oubliés depuis „long-temps." Toutes les cours un peu confïdérables devroient choifïr pour Intendant de leurs jardins un homme éclairé qui confacrat uniquement fes talen», fes forces & fon temps a cette occupation, & qui eut aftez de connoiffances, de gout, de zele, de liaifons & de confidératipn pour veiller a 1'honneur des jardins du pays, & aux progrès de leur culture utile. Tant qu'on chargera de ces occupations importantes des perfonnes qui n*ont point les qualités requifes, ou qui font déja furchargées d'autres ouvrages, on ne doit pas s'attendre a ce que la véritable culture des jardins falie de grands procés. On peut être un brave Officier, un Cavalier accompli, un bon Maréchal de cour; on peut briller par fon efprit & par fon jugement, & cependant être un miiagble Intendant des jardins. Combien fe trouve-  vm Pré/ace' de PJuteiir. trouve-t-ir de perfonnes qui poftedent précifément le favoir, Ie gout, 1'étude, l'expérience&Iapratique, néceftaire pour un pareil pofte! Notre fiecle paroit fe diftinguer par une révolution plus grande & plus vafte dans les jardins qu'il n'y en eut jamais. A 1'avenir j'annoncerai dans 1'Almanach des jardins*) les progrès de l'art, ainfi que tous les événements quile regarderont; une feétion particuliere de PAlmanach renfermera des additions a cette Théorie. Un des avantages les plus précieux que je lui doive eft 1'honneur qu'elle m'a procuré de faire la connoinance de diverfes cours, de beaucoup de perfonnes du premier rang & du premier mérite. Les temoignages de bienveillance & de complaifance que 1'on a daigné m'accorder par-tout pendant mes voyages entrepris en faveur des jardins, exigent encore ici de ma part la reconnoiffance la plus refpeclueufe Sc la plus vive. Je dois fans doute eet accueil gracieux & plein de bonté plus a 1'objet de mon ouvrage, objet qui intérene de fi pres les Princes, Ia Noblefte Sc tous les amis de la belle nature, qu'a la maniere dont je 1'ai traité; ccpendant eet accueil ne m'a pas foiblement encouragé a rapprocher l'art des jardins de fa perfeétion autant que mes forces Sc le fiecle pouvoient le permettre. *) C'eft le même Almanach doht il eft fouvetit qaeftion dans ce Volume. THEO-  THEORIE D E L'ART DES JARDINS. Tome V. A   CÏNQUIEME SECTION. jardins onfcênes qui fe rapportent auxparties du jour. T es différentes parties d'un jour d'été s'annoncent par des caratteres A-J différents. La férénité & la vivacité accompagnent le matin- I'é clat du jour & la chalcur accablent le midi; lc repos & quelque chofe de calme & de tempéré raffraichiffent Ie foir. La nature joint a chaque partie du jour une fuite de phénomenes qui lui font propres, & les ob jets du payfage diverfement éclairés, préfentent £ chaque inftant des formes nouvelles. On peut donc compofer des fcênes, ou non feulement les qualités propres a chaque partie du jour s'offrent a 1'obfervation mais encore oü, délivrées de ce qu'eües ont d'incommode, elles livrent a la jouiffance des attraits plus piquants. En fuivant tantót fon gout particulier, tantót la fituation de la contrée qu'on habite, tantót les be foins de fon genre de vie & de fes occupations, on peut faire de fon lardin un jardin du matin, du midi, ou du foir. On peut même dans un pare étendu marier harmonieufement aTenfemble ces diverfes efpe ces de plantations, regardées comme autant de fcênes particulieren 1 I. ffirdin ou fcéne du matin. "TY> rauroré ™tina]e De plaifir I'alouette cfiante ±J Dore les foréts & ies monts, S'élancant au devant du jour, Que la mnfette paftorale Et la tourterelle contente Fait rétentir de fes dou* fons. Roucouie & célebre 1'amour. A 2 La  4 Cinqukme Seüïion. jardins ou Jcenes La clarté du jour fe déploie Couverts de fleurs & de verdure, Sur les cuteaux & dans les champs, Les champs étaient leur beauté, Ou la fertilité, lajoie Et du clair ruiffeau qui murmure Répandent leurs attraits touchants. Se retire 1'obfcurité. *) Que cette aimable férénité, eet agrément plein de fraicheur, cette volupté animée qui accompagnent le réveil de Ia nature, vivifie 8c fait épanouir le cceur I Tout eft joie & tout invite a la joie. Le jardin du matin fera donc a découvert pour admeüre tout ce que Ie jour renailTant offre de plaifirs: il s'étendra dans une vallée fleurie, a cóté de laquelle s'éleve une montagne ou une pointe de roe qu'éclaire de fa rougeur le foleil levant; ou bien encore, il fe deploiera defïus les pentes douces d'une campagne parfemée de monticules. Mais toujours le jardin du matin ouvrira toute fon enceinte au rayon d'oiient, & préfentera dans toute fa pompe Pafpeét du foleil qui monte fur 1'horifon accompagné de mille attraits accidentels. Dans ces inftants la lumiere ranime encore fans être a charge; la clarté qui fe répand fur les champs égaie encore la vue fans 1'eblouir. Pour amufer 1'ceil, mille coups de jour étincelants fe jouent, dans le feuillage des arbres, fur les prairies émaillées & fur le verd mélange des campagnes; fpeclacle admirable & raviffant qui porte un étonnement muet dans les cccurs infenfibles mémes. La verdure eft 1'habit de fête de la nature, I'ame des jardins, le charme de l*ceil; mais la verdure n'eft jamais plus recherchée, jamais plus belle, que fous le pinceau du foleil qui fe leve ou qui fe couche. S'il eft poflible, le jardin du matin fera placé de maniere a préfenter 1'afpeél de prés & de boccages voifins. La clarté d'un lac peu éloigné eft une circonftance importante pour ce caraftere, & les tableaux variés & embelliffants que 1'aurore peint fur l'eau & le long de fes rives, fourniffent a 1'ceil un amufement auquel il s'arréte avec complaifance. Une riviere d'une certaine grandeur qui roule fes flots devant le jardin du matin lui donne encore plus de viva- cité. *) Imité de 1'Allemand de Hagedorn.  qui fe rapportent aux parties du jour. 5 cité. Cependant de petits ruifteaux, qui fautillent entre Ia verdure & les fleurs, au milieu des jeux de Ia lumiere, ou qui s'écoulent avec un gazouillement argentin, contribuent beaucoup a animer Ia fcêne & lont en méme temps plus au pouvoir de Partifte jardinier. Les cimes des bofquets & des bois, les fommets des montagnes & les pointes des roes, préfentent dans la matinee les effets enchanteurs de la lumiere, qui d'abord les éclaire doucement, enfuite les colore de jaune & de rouge, & enfin les inonde d'une clarté rayonnante, qui les faitreffortirfortementdetc.tlerefte dupayfage, tandis qu'a leurs cötes de longues ombres s'étendent & forment des points de repos agréables a1'ceil. Une tour d'églife ou le fake de quelqu'autre batiment coniiderable & voifin, peut même devenir important ici. Ces tableaux tracés par Paurore font fi remplis d'attraits, que Partifte ne doit jamais négliger Poccafion de fe les procurer. Le jardin du matin aime une quantité de places découvertes, de gazons & de fleurs, images aimabies de la jeuneffe, & dont le brillant de la rofée rehauffe Péclat. La liberté de la vue flatte ici doublement Ie regard appellé par tant d'cbjets riants; eUe eft en même temps Pappanage de ces fcênes. Plufieurs objets font un effet plus grand & plus beau lorsqu ils ne font pas entaffés, mais qu'ils fe préfentent plus écartés les uns des autres, fe font voir tout entiers, &dans divers endroits s'offrent ifoles a la contemplation. Aux heures dont nous parions, nous refpirons avec tant de plaifir lafraicheur de Pair & les nouveaux parfums des plantes, nous delirons ü fort la lumiere encore douce du jour & la liberté du coup d'ceil, que tout ce qui pourroit exclure ces avantages nous eft a charge & avec raifon. Les plantations du jardin matinal doivent fe regler fur cette remar que. Elles confifteront en arbres a feuilles déücates, minées, empennees & legeres qui répandent une ombre modérée, comme Le Cormier ou forbier des oifeleurs (Sorbus aucuparia L.) Le Tremble (Populus tremula, L.) A3 U  6 Cinquieme Se&iotu jardins ou fcênes Le Faux acacia (Robinia Pfeudo - acacia, L.) La Glediifch (Gleditfia triacanthos, L.) L'Amorpha (Amorpha fruticofa, L.) La Sophora (Sophora tretraptera, J.Miller.) Quelques uns de ces arbres conviennent encore particuliérement aux fcênes du matin a caufe du verd clair de leur feuiilage; tels font le faux acacia, & 1'amorpha; en égard a cette propriété on peut aufii choifir, L'Erable a feuilles de frêne (Acer negundo, L.) Le Storax d'Amérique (Liquidambar ftyraciflua, L.) Et quelques autres de cette efpece. Les groupes compofés de ces arbres offrent unafpecT: extrêmement agréable, lorsque ceux-ci font petits & djfperfés, afin de laiffer pafTer avec plus de liberté les doux rayons de 1'aurore ï travers leur feuiilage léger. Et quand parmi ces groupes s'étendent en tournoyant de vertes peloufes & des Hts de fleurs découverts, & que ces places riantes font raffraichies par des ruiffeaux errants qui gazouillent avec bruit, & embellies par des jours & des ombres qui fe difperfent a 1'avanture, tl parelt que 1'agrément de cette fcéne eft: accompli. Lesfabriques dans un jardin du matin doivent s'sccorder avec Ia vivacité, 1'amufement & 1'efpece d'aétivité agréable qui regnent dans ce féjour. Une jolie cabane depècheur peut décorer les rives dunlac qui fe déploie i cöté du jardin, ou les bords d'une riviere qui paffe devant fon enceinte ou qui latraverfe; les occupations de la pêche conviennent aux premières heures du jour. Si le poffeffeur aime les fciences, un temple confacré a Apollon peut s'élever fur de belles colonnes, tandis qu'a Fentrée de ce temple la ftatue du pere des Mufes éclairée par les rayons de 1'aurore femble toucher la Lyre avec enthoufiafme. Mais fans avoir recours a des objets qui n'ont qu'un fimple rapport avec Ia chofe, on peut confacrer a cette partie du jour *) un temple entiérement d'accord avec fon caraétere particulier. Tel eft ce temple du matin. Le *■) Voyez Tome III. Page 85-  quife rapportent aux parties dujour.  $ Cinquieme Se&iön. jardin: ou fcénej Le jeune Phébus s'éleve au defius de la coupole, qui taillée en bas reliëf repréfente la moitié de la terre; de fon flambeau il en éclaire la furface oriëntale: au-defTus de 1'entrée du temple eft la tète d'Apollon, l'ami des heures matinales. Une volière eft encore une fabrique très-convenable aun jardin du matin; les habitants ailés de ce féjour 1'égaientpar le concert de leurs voix variées, concert qui n'eft jamais plus joyeux & plus animé que lorsqu'il falue le jour naifiant. Contemplez ce petit temple tofcan en partie ruiné.  qui fe rappor tent aux parties du jour. 9  io Cinquieme Seffion. jardins ou fcênes II eft placé fur une éminence d'oü 1'on voit le foleil monter fur 1'horifon. Le veftibule de ce temple eft environné de treillis, 8c fert de féjour a une foule d'oifeaux chantants. Un cabinet attenant au veftibule & occupant Fintérieur du temple, eft muni d'une porte également grillée qui donne fur le veftibule, 8c fait jouir de ce voifinage mélodieux. L'efpace fous Ie toit 8c au-deffus du cabinet eft deftiné a fervir de retraite affurée pendant le mauvais temps aux oifeaux raflemblés ici. Un bocage agréable qui s'étend derrière le temple, conduit par divers fentiers tortueux a ce monument confacré au matin. Les fabriques qui ont encore 1'apparence de la perfection, permettent un crépi animé dans une fcêne du matin; le blanc mème eft convenable ici, paree qu'il releve le jour du tableau. Les coupoles, les petites tours 8c les autres fakes des fabriques dont nous parions, peuvent être fituées de maniere a ren oyer les rayons du foleil, 8c a répandre fur les objets d'alentour un éclat qui les embellit. Les grands contraftes du jour 8c des ombres, caufés fur-tout par 1'élévation des objets, par les montagnes, les pointes de roe, les cimes des forêts 8c les édifices, font en général une des principales beautés du payfage pendant les heures de la matinee. li ^fardin ou fcêne du midi. Le midi eft la partie la moins agréable du jour. Le foleil placé deflus nos têtes remplit tout d'un éclat qui éblouit 1'ceil, ck d'un feu qui confume l'aéüvité de tout ce qui refpire. La chaleur vaporeufe de 1'air parok même étouffer les forces de 1'efprit; ce n'eft qu'avec peine qu'il fe met a des ouvrages, qui dans d'autres temps font aifés 8c récréatifs pour lui. Tout eft plongé dans une molle inaétivité. Les fleurs 8c les plantes épuifées laiftent pencher leur tête; les animaux oubliant le paturage, s étendent le long des marais 8c des eaux; les mufleiens ailés ceffent leurs chanfons mélodieufes, 8c fe fufpendent réveurs aux branches touffues;  qui fe rapportent aux parties du jour. , x touffues j I'air eft calme, Peau femble une glacé fur Iaquelfe repofent les ombres immobiles des arbres. VoiJa Jes heures oü le raffraichifïement & le repos deviennent des befoins pour la nature. La première chofe vers laquelle le créateur d'un jardin ou d'une fcêne du midi doit tourner fon attention, c'eft 1'emploi des moyens pro pres a diminuer les incommodités de Pheure. Nous recherchons l ombre & fa frakheur. D'épais berceaux, des bocages touffus & des halliers quinefoient pas trop fauvages, nous offrent alors des lieux de repos défirés. La richeffe & la grandeur de leur feuiilage rendent divers arbres recommendables pour la plantation de ces fcênes j tels font ". Le Tilleul a grandes feuilles Le Maronnier d'Inde L'Erable & fes diverfes efpeces Le Peuplier de la Caroline (Populus Heterophylla, L.) La Bignone (Bignonia Catalpa, L.) Le Platane de Virginie (Platanus occidentalis, L.) Le Tulipier &c. Ces épaiffes plantations nefatisfont pas uniquement au befoin que Pon éprouve de fe mettre aufrais, elles fourniffent encore des lieux agréables oü Pon peut ferepofer,manger, lire, jouer ou dormir; tandis qu'on s'y arrète elles caufent une fuite de fenfations douces; elles attirent même de Ioin, par lidée de la fraïcheur qu'elles renferment dans leur fein. Cependant les plantations ne dcivent pas être affez ferrées pour fermer tout parage a Pair; elles feront donc entre-mèlées de quelques groupes légers. Rien n'eft plus agréable que de paffer quelquefois de Pombre profonde des feuillages a un doux crépufcule, & de recréer ici tantót 1'ame par les jeux des coups de jour, tantót le taft que carefte le fouffle raffraichiftant de Pair. Outre les plantations, une grotte *) percée dans le*roc ou placée prés d'une cafcade, préfente une retraite agréable contre la chaleur du jour, & convient très-bien au jardin du midi. Ba Un *) Voyez Tome III. page 94-107.  12 Cinquieme Seffion. jardins ou fcênes Un lac étendu eft a ces heures trop éblouiffant pour 1'ceil, qui fatigué de 1 éclat du jour cherche a fe plonger dans 1'obfcurité reftaurante des ombrages. Des filets d'eau peu confidérables a moitié couverts de ronces, raniment 1'imagination & la fcêne. Les jets d'eaux mèmes, qui prirent naiffance dans les jardins des climats chauds, femblent fufceptibles d'être joints aux fcênes dont nous parions; dans quelques endroits, p. e. devant une falie a manger, ils peuvent acquérir le degré de convenance qui leur manque d'ailieurs; & prés d'un cabinet deftiné au repos, leur gazouillement monotone même a un charme fecret qui invite au fommeil. Mais de grandes cafcades & des rivieres bruiflantes ont trop de vivacité pour pouvoir s'accorder avec le repos univerfel qui regne a midi. Dans les jardins de Pefpece dont nous parions, les fabriques ne doivent pas être ifolées, mais s'envelopper dans 1'ombre fi non totalement du moins en partie. Leur fituation doit contribuer a répandre par tout le defir de la fraïcheur, cara&ere dominant de Ia fcêne, & a diminuer en même temps 1'éelat qu ils réfléchiroient au détriment du tableau, s ils étoient fur une place découverte. La deftination des édifices dans un jardin du midi, demande encore de 1'ombre. Us ne peuvent presque fervir qu'a fe repofer lorsqu'on eft accablé de chaleur, a reprendre des forces a table, & a fe raffraichir dans le bain. On peut conftruire ici différents temples, confacrés au repos, a Bacchus, a Comus, & les marquer dun caraétere & d'une empreinte propres a leur deftination; nouvelle carrière ouverte a 1 invention & a Ia rénommée de 1'architecle ingénieux. Voici un bel exemple de cette efpece de mérite. C'eft  qui fe rapportent aux parties du jour. »3  ! 4 Cinquieme SeÏÏion. jardins ou fcênet C'eft une fale cipicrinique' entourée de cabinets, & confacrée au midi & a 1'hofpitalité. Les entrees tournees vers les quatre points cardinaux, font ouvertes a tout citoyen du monde qui fe préfente les mains nettes & Ie cceur pur, ainfi que 1'indiquent les jets deau qui S'élancent a cóté des entrees antérieure & poftérieure, 8c les chimères, descorbeilles de fruit fur la tète, invitent a jouir des biens de la nature. L'édifice eft au milieu d'une plantation ifolée, formée de beaux arbres fruitiers d un jet droit & noble, qui offrent leurs tréfors pour tempérer la chaleur de la faifon; en dedans il eft décoré comme les oporotheques des anciens. *) Une décoration femblable compofée avec gout 8c avec jugement d'arbres fruitiers eft aufli agréable que propre a jeter de la variété dans le tableau. 11 n'eft pas moins agréable de fe ranimer dans un bainfrais, foit quelque temps avant le repas, foit dans les heures de 1'après - dinée qui tirent vers le foir. Un jardin du midi pourra donc admettre une petite maifon de bain fituée dans un lieu féparé 8c touffu. Plus beau cependant encore eft un bain découvert, que Ie génie du lieu femble avoir confacré aux Nymphes, qui quelquefois détachent ici leurs ceintures a I'abri d un rocher^pour confier leurs attraits aux ondes cryftallines de quelques filets d eau pailibles. *) Varro de re ruftica Lib. I. cap. 3 & 59.  qui fe rapportent aux parties du jour, , 5 III. jardin ou fcêne du foir. T orsque notre fentiment tfeft pas corrompu, lafpeét ravifTant d'une JLJ foiree d ete nous dit fWnt combien die eft riche en beautés douces & en accidentspittorefques; les imitations touchantes & mille fois repetees des poëtes & des payfagiftes, ne nous le difent pas moins. „Lorsque la fraïcheur du foir," remarque un obfervateur délicat, *) „yien etendre cette teinte douce & charmante qui annonce les heures „du plaxfir & du repos; c'eft alors que regne dans toute la nature une „harmonie fublime de couleurs. C'eft a eet inftant que le Lorrain a faifi „ es colons touchans de fes tableaux paifibles, oü 1'ame s'attache avec „ es yeux; c eft alors que la vue aime a fe promener tranquillement fur „un grand pays. Les malles d'arbres penétrées de jour fous lesquels „Iceil entrevmt une promenade agréable; de vaftes furfaces de prairies „dont Ie verd eft encore adouci par les ombres tranfparentes du foir; „Ie cnftal pur d'une eau calme dans lequel fe réfléchirTent les objets voi' „fins; des fonds legers d'une forme douce & d'une couleur vaporeufe; ' du foir fjetS ^ COm'iennent te «*»■ a lexpofition „du foir. U femble que dans eet inftant le foleil, prêt a quitter Phori- % 4 »™ ™«"\ teevee „le cie , auffi c eft au ciel qu'apparüent la plus grandepartie des tableaux „du foir; car c'eft alors que 1'homme fenfible aime a contempler cette „vanete infame de nuances douces & touchantes, dont le ciel & lesfonds „du payfage s'embélliflent, en ce moment délicieux de paix & de re „cueillement." r Effeétivement c'eft un cèrtain calme paifible, une ce!taine aménité une douceur mexprimable qui fe répandent le foir fur les fcênes de la nature & qui forment Ie caraclere de cette partie du jour. Toutes les images du foir tracées par des poetes & des payfagifies fenfibles aux attraits de ia nature, font empreintes de ce caraclere. ^ Üe GerardiU daDS f0" -rage intitulé: De Ia cc.poütio, ^  i6 Gnquieme Seiïion. jardins ou fcêne! Lorsque porcé par fes ailes de rofe Quand de Vefper le rayon amoureu* Le foir planant fur les prés, les forêts Vient careffer monruiffeauqui gazomlle Dans nos vallons vient répandre le frais; Dans le vallon féjour d'oifeaux heureux; Qae la rofée au fein des fleurs fe pofe Quand le Zéphyr fur fes ailes recueille Pour raffralchir leur éclat languiffant Les doux parfums du jeune chevre-feuüle Et fur 1'épi reluit en tremblottant; Pour ranimer mes efprits languifiants; Quand les brebis quittant le paturage Lorsque.fortis de leurs grottes profondes D'un pas tardif retournent au village, Deffus les eaux danfent leurs habitants Qu'enlesfuivant bondhTcntles agneaux; Que vers fon nid lecygne fendlesondes; Lorsqu'un vent doux agite les ormeaux Lorsqu'aumilieu du chant du roffignol Que le coufin voltige fur les eaux Et rougiffant comme une jeune epoufe Que coalfant fe gonfle la grenouille; La lune vient éclairer la péioufe - *) Ce font alors les inftants des images les plus aimables & des fenfations les plus fiatteufes: telles font la reftauration agréable des forces épuifées, une rêverie tranquille, une douceur calme qui fe répand fur toutes nos idéés, fur tout ce que nous éprouvons, un fentiment de 1'inftabilité, de la caducité des fcênes de la vie, mais dépouillé de tout ce qu'il pourroit avoir de douloureux, d'accablant, & propre a occuper un cceur fenfible d une maniere inftruclive. Dans ces moments nous nous fentons portes a la jouiffance de toutes fortes de fenüments modérés, a 1'épanchement de la tendreffe confiante, a des entretiens paifibles fur le prix de la vie, fur fa deftination & fes efpéranees. **) Tous les changements qui fe font alors dans la nature, le foleil qui baiffe infenüblement, les ombresqui s'alongent, les plaines qui s'obfcurciffent tandis que la lueur jaunatre dont les hauteurs font encore éclairées s'éteint infenliblement, Padivité du jour qui fe change en filence, le repos qui commence adominer fur toutes les créatures, le lever de la lune qui paroït comme enflammée & la pompe majeftueufe du ciel qui fe parfeme d'étoiles, fe réuniftent pour entretenir Pame dans cette ütuation. Qyel bonheur ne nous fait pas goüter cette jouiffance de foi-méme pendant le repos de la foirée, lorsque *) Imité de 1'AlIemand du Comte Fr. **) La vie champétre, avant derniere Leopold de Stolberg. contemplation. Voyez le Tome I. p. 39.  qUi fe rapportent aux parties du jour. ,. que tantót s'entretenant avec un fage ami, tantót fe livrant aux contemplations muettes de Ia folitude, des fentiments pleins d'aménité & des images douces fucccdent h des réflexions graves! Que d'ames fenfibles ie retrouveront dans ces vers! Lorsque du foir Ie voile fe déroule Et que trop plein mon cosur eft palpitant, Sans bruit j'écbappe k 1'importune foule Qui tout le jour m'entoure en m'ennuyant. Je viens jouir fous ce riant ombrage Des doux parfums qu'apportant les Zépbyrs, Et des oifeaux cachés dans le feuiilage Les derniers jeux amufent mes loifirs. Tout ce qui fait mon bonheur dans ce monde Revient alors frapper mon fouvenir, Et ma penfée en doux réves féconde Enfin fe perd dans le fombre avenir. *) , ; ?om nous,offrir ces avantages, Ie jardin du foir fe déploiera vers Ie cote du ciel oü 1'ame pourra jouir de. la pompe du foleil couchant de toutes les apparences pittorefques dont fe revêtent Ie ciel, I'eau & Ie pay- gK-t*e h f°Ule d'accidents enchanteurs que produit la lumiere en s afToiblilTant Et lorsque la magnificence de ce fpertacle eft difparue, l eclat eblouiffant s'evanouit; une clarté aimable, plus belle que celle du jour, s'etend fur les campagnes; Ia lueurincertaine, quelquefois entrecoupee par les ombres croiffantes des montagnes, des arbres & des édinceS, s-affoiblit de plus en plus &devientcrépufcule; une vapeur qui seleve en filencc voile les forèts & même les eaux d'un crêpe léger: toutes les fcênes de la nature changent de forme a chaque inftant. Un mélange de petites collines & de vallons, une vafte peloufe penchee vers foccident 6k offrant la vue de forèts & de hauteurs voifines, d'une chame de montagnes ou de quelque autre Iointain pompeux *) Imhè de 1'Aliemand. femble Tornt V. q  ï 8 Cinquicme Sttlion. jardins pu jcênes femble le fite le plus avantageux pour un jardin du foir. Les eaux furtout font de conféquence dans des tableaux de cette efpece; elles multiplient la beauté du foleil couchant ck prolongent les demiers inftants du jour. Un lac attenant, du moins peu éloigné, dont 1'ceil découvre une partie confidérable, s'aecorde li bien avec 1'aménité ck particuliérement avec le repos qui régne dans le jardin du foir, qu'on ne s'en paffe point fans quelque peine. Lorsque les rivages font embellis d'elévations u de bois, les doux refiets qu'ils forment fur 1'onde limpide, ck mille phénomenes accidentels du jour ck des ombres, cffrent un afpeil admirable & raviffant. Une riviere impétueufe ne convient point a la tranquillité de la fcêne; mais une cafcade peu confidérable, a moitié voilée par des buiffons & a moitié dorce par les rayons du couchant, affortit on ne peut pas mieux au relïe du tableau, en 1'animant un peu, fans cependant rompre le calme qui convient a fon caraétere. C'eft par la même raifon que la mufique des cors de chaffe, propre en eile-mêrne a infpirer une douce mélancolie, nous eft fi agréable le foir , lorsqu'elle fait entendre dans 1'éloignement fes fens adoucis. Que toute 1'ordonnance du jardin du foir imite le caraétere de douceur ck de calme dont la nature a marqué cette partie du jour. C'eft pourquoi la couleur obfcure „eft celle qui convient le mieux ici aux batiments," comme 1'a déja remarqué un grand connoiffeur; *) „il eft „vrai que 1'effet particulier du foleil couchant donne du prix a ceux qui „font éclatans, ck 1'on peut quelquefois en faire ufage, indipendamment i,des autres moyens, pour Varier 1'uniformité du crépufcule. II n'eft „plus poflible d'établir alors un contrafte entre les jours & les ombres; „mais fi les bois qui, par leur fituation naturelle, font les premiers plon„gés dans Pobfcurité, n'offreht qu'un verd foncé; li lesbatimens tour„nés versie couchant font au contraire d'une couleur briïlante, & fi la „difpofition des tapis verds & des eaux, eft telle qu'ils contraftent de la „même maniere, on confervera la diverlité des teintes long-tems après „que les grands effets ne fubfiftent plus." Des *) Whately, dans l'art de farmer les jardins modernes.  qui fe rapportent aux parties du jour. , g Des arbres foreftiers ifolés, grands & riches en ombrages, fous lesquels fe trouvent des fieges commodes, font agréables k I'ami du jardin au foir, iorsqu'ils font offerts par la nature. Jls préfentent des lieux de repo. plein» d'attraits, Ia beauté de leurs cimes qui jetent leurs om! bres prolongees fur les environs, étant encore rehauffée par la rou^eur du foir. D epais hailliers empêchent les doux effets du foleil couchant Maïs des groupes difperfés & des boccages peu ferrés, s'embelliffent des tableaux aunables que tracé le erépufcule. De petits buiffons qui atö rent Ie roffignol fous leurs ombrages, pour y faire refonner plus Iibrement fa tendre melodie pendant le calme de la foirée, n'augmentent pas peu la volupte de cette fcêne. y Pour les plantations d'un jardin du foir il faut en général choifir les ouiffons & les fleurs qui répandent alors leurs odeurs avecle nlusd* bondance, comme * Le Lilas Le chevre-feuille & fes diverfes efpeces La Goronille (Coronilla glauca, L.) La Juüane (Hefperis triftis, L.) LcBec-de-grue (Geraniumgibbofum, L.) Le Lys Afphodele (Hemerocallis flava, L.) Le Refeda (Refeda odorata, L.) La Merveille du Pérou (mirabilis Jalappa, L.) Sc plufieurs autres. En égard a leurs exhalaifons balfamiques, les forèts & les prairies font encore trés-agréables dans le voifinage du jardin du foir. L'ArchiteAe inventif peut auffi defiiner aux jardins de cette efpece des fabriques entiérement affortilïantes; tel eft ce temple confacré au foir. Aux C a  Gnquieme SsStiun. jardins ou fcênes Aux parois d'ailleurs très-fimples, pendent des branches de pavotj au deffus de 1'entrée eft la Lune; fur le toit presque plat fe repofe Phébus, fes travaux finis & fon flambeau renverfé; tout concourt a compléter le caraftere de eet édifice; il femble le féjour favori d'un fage, qui après les occupations de Ia journée aime a pafler la foirée dans le repos, fous des ombrages raffraichiflants deftinés a la contemplation. Le pavillon fuivant, confacré plus particuliérement a la foirée & a Pamitié, n'eft pas d'une inventlon moins heureufe. II  gtfi/e rapportent aux parties du jour. 21  2a Cmquieme SeStion. jardins ou fcênes II repofe a i'extrêmité d'un pare ou le promeneur ne 1'appercolt que loWil en efl prés. Du dehors on ne peut point parvenir du tout au pertique qui eft ouvert, mais il faut pafter par le fallon de compagnie ave ce portique précéde. Deux larges efcaliers qui defcendent de part & d'autre, menent derrière 1'édifice dans un vallon a une place garnie de fleurs & d'orangers. Un inconnu parvient a ce lieu & en revient fans entrer dans le batiment même; mais i'ami de la maifon connoit un efcalier dérobé rommode, placé a droite, qui le conduit a un petit appartement compofé d'une antichambre, d'une falie & de deux cabinets qui fe fuivent. Le dernier de ces cabinets touche aux pieces deftinées pour le bain. Le fecond étage renferme tout ce qui eft néceffaire pour chauffer 1'eau & fe procurer les autres commodités. La nuit, que la nature deftina au repos de tout les êtres, parok prtvée du privilege des parties du jour, du privilege d'avoir un jardin qui lui foit confacré. Avec quel plaiür cependant ne dérobons nous pas quelquefois au fommeilune partie d'une nuit d'été pour jouir de fes doux aecéments' Et avec combiende raifon lefage n'occupe-t-il pa«, pendant ce repos réügieux de la nature, fon efprit a réfléchir fur les mondes qui luifent au-deffus de fatète. Les charmes florifTants de la terre font difparus aux yeux. Mais lorsque la lune monte pompeufement fur 1'horifon, le ciel dégagé de vaneurs offre un fpeftacle qui embeliit la terre d un nouvel attrait. Une eau large & fileneieufe, ou bien unlac fur lequel s'étend la douce lueur du flambeau des nuits; des ruifieaux murmurants, ou des filets d'eau peu confidérables, dont le gazouillement foit modéré & la chute réguliere; des erouppes, des bocages & des bois, dans lesquels la lumiere argentée fe gliffe ck fe difperfe en mille endroits plus éclairés; un paifible vallon exhalant le parfum des plantes raffraichies ou du trefle nouvellement coupé; des plantations compofées de fleurs 6cderonces odorantes; tous  qui fe rapportent aux parties du jour. 2 a ces objets fernblent appartenir a la jouifiance voluptueufe d'une belle nuit d'ete. Dans un féjour enrichi de ces attraits, un dortoir eft no» ieulement une décoration convenable a la fcêne; il peut encore être accommode a quelque ufage agréable, ainfi qu'on l a déja «marqué auteurs. ) Sa deftination peut être auffi plus ciairement indiquée par fa torme, par les fculptures & les tableaux qui compofent fa décoration exterieure & inférieure, & même par une courte infcription. Que le mortel fatigué trouve k 1'entré une invitation flatteufe au repos: Le bruit, du jour finit & par - tout Ia nature Se prépare au repos: En fiience du ciel defcend la nuit obfcure Sur lés bois, les coteaux. Zépbyre raffraichit des airs 1'ardeur brülante. Les prés, les bois, les fleurs Qu'abreuve une rofée & douce & bienfaifante Exhalent mille odeurs. IWorphée en m'appellant déploie un léger voile Dont il couvre mes yeux; Du foir a peine encor vois-je briller 1'étoile; Sommeil délicieux! **) Mais un obfervateur des aftres, ennemi du fommeil, aime a trouver dans un fejour femblable un batiment placé fur une éminence, & confacre, comme le fuivant, a 1'heure de minuit & a 1 aftronomie. *) TomeJJI. p.41. 42. **) Imité de l'AUemand. II  34 Cmjuiime Sittion. gfdrêns oufchm  qui fe rapportent aux parties du jour. a; II repréfente une tour propre a obferver Ie vent d'après Ia defcription de Vitruve. *) Le Triton qui eft au fommet montre les différente* direéhons du vent avec fa baguette. Huit vents principaux font deffinesiurlaFnft; mais ces hult font encore partagés en vingt-quatre oar les tetes menagécs k la cimaife fupérieure & par les cötes du toit qui font en coquille. L'étage d'en haut contient une grande falie adoptée aux obfervations aftronomiques & ayant de grandcs ouvertures de tout cote. • *) Lib. I. cap. 6. Tornt V. D SIXIEME  2~6 SIXIEME SECTION. jardins rdatijs a Htat des propriétaires. I jardins royaux, Parcs de Ia première grandeur, ou du fiyle pompeux. Parmi toutes les Nations les Rois & les Princes fe diftinguent auffi par leurs demeures, de leurs fujets, & des autres families. Même le chef d'un Horde fauvage occupe une tente plus vafte ou une cabane fituée plus haut que les autres. Ce ne fut pas feulement un fentiment de vénération qui porta les peuples barbares a donner a leurs fouverains 1'avantage de pofféder une demeure diftinguée j 1'idce de convenance 8c 1'idée de dignité, qui fe développent fi promptement dans la fociété, 1'exigeoient auffi. Et c'eft fur la réalité de ces idees que tous les maitres éclairés en fait d architeaure ont fondé le principe, qu'un Prince ne doit pas être logé comme fon fujet, & qu'un air de dignité, de pompe 8c de grandeur doivent diftinguer fon palais de la maifon fimp'.e & modefte d'un particulier. La même différence qui regne dans les demeures, doit auffi s'étendre de droit fur les jardins. Ceux ci peuvent fe rapporter au caraétere de leurs maitres, 8c ne font pas moins que les batiments *) foumisaux regies générales de la convenance. On cherche a coup fur autre chofe dans le pare d un chiteau de plaifance, que dans le jardin d'une maifon bourgeoife. L'étendue 8c la magnificence doivent diftinguer les jardins des Rois 8c des fouverains. On femble avoir déja fenti ci- devant combien cette prétentioneftfondée; mais on cherchoit a la fatisfaire par des moyens infuffifant?. On furchargeroit par préférence les jardins des princes d'une quantité de machines hydrauliques, de ftatues, de buftes, de vafes, d'arcs de triomphe, d'obélifques 8c d'autres ouvrages magnifiques des arts. Mais on oubüoit que c'eft dans la nature, 8c dans la nature furtout, que 1'on doit chercher la magnificence & la grandeur. Ce *) Voyez Tome III. p. 17-19- Sixkme Seiïion. jardins retatifs  ' v a Mtai des propriet air es. |'. Ce point de vueparoit même ètreechappé aun excellent poête dans un ouvrage didaéïique d'un mérite claflïque. *) Oppofant l une a I'autre les mameres f, différentes de Kent & de Ie Nótre, il dit de cette derrue e qu elle acependant droit de trouver place dans les jardins des Grands ' L'un eft fait pour briller chez. les Grands & les Rois; Les Rois font condamnés a la magnificence. On attend autour d'eux 1'eftort de la puifiance; On y vent admirer, enivrer fes regards Des prodiges du luxe & du fafte des arts. L'art peut donc fubjuguer la nature rebelle. Cependant il ajoute cette reftriclion plus réfléchie: Mais c'eft toujours en grand qu'il doit triompher d'elle: Son éclat fait fes droits; c'eft un ufurpateur Qui doit obtenir grace, a force de grandeur. Que Verfailles & Sans-Souci brillent donc par les ouvrages de l'art pour lervir de modeies a ce précepte. Mais !es Rois ne doivent-ils point voir es merveilles de la nature? Seront-ils toujours pourfuivis, même clans leurs jardins, par cettepompe éblouifiante, fouvent fi vaine, qui environne leur thróne? 4 11 eft dans la nature quelque chofe de grand que toute Ia puifiance de I art ne fauroit créer. Un fite tout proche de la mer ou fur une éminence d'ou la vue découvre de valles payfages qui vontfeperdre dans des montagnes lointaines, ou bien d'oü le regard va s'égarer dans une We de forets fuperbes, derrière 1'ombre desquelles brille 1'immenfe océan a certainement une fublimité qui pafte tout ce que 1'efprit humain a de plus hardi. C'eft ici qu'il faut placer les chateaux d'été des Rois, comme lesMonarques du Dannemarc ont les leurs a Frédericsbem **) k Sophienberg -) k Marienluft. ~*) Que les flets de Ia mer fe courbent ious le pcads de leurs flottes, ou conduifent commodément les riches vaifleaux marchands de leurs peuples dans des ports paifible*. Qu ils decouvrent dans leurs provinces vaftes & floriflantes, les villes oü les arts habztent avec 1'induftrie, les chaumieres oüle contentement fe joint Da au *) Les Jardins. Poëme par Mr. I'Abbé Delille. Paris 1782. Chant I 0 -) Voye* Tome III. p. 247. «5 p. 2^ ^ ^  23 Sixieme SeBon. jardins rtlatifs au travail, les collines couvertes de troupeaux innombrables, les campagnes dont les riches moiffons s'étendent au loin en ondoyant. Cet afpedt n'eft-il pas plus fubüme, plus noble que celui d'inutiles Sc couteufes machines hydrauliques, ou de ftatues coloffales, fouvent modélées affez malheureufement pour en être méconnoiffables. Outre un fite maj'eftueux, les jardins des Rois & des Princes demandent une plus vafte étendue que d'autres jardins, tant a caufe de 1'idée de dignité qui doit les accompagner, qu'a caufe qu'ils font ouverts ï la fuite de la cour, fouvent même au peuple qui s'y promene. II faut donc quM y ait de la place pour pouvoir s'éviter. Cependant il faut auffi qu'il s'y trouve un canton, ou plutót une fuite de cantons qui n'offrent rien de mefquin, rien d'ordinaire, mais qui foient propres a produire un grand effet lorsqu'ils feront eultivés & décorés convenablement. Tout ce qui fait naitre 8c renforce cet effet, appartient au deffein del'enfemble; toute addition qui décele un efprit de petiteffe, toute babiole ingénieufe, toute frivolité raffinée en doit être bannie, encore que ces chofes foient on ne peut pas plus du gout afluel des cours, qui fouvent oublient leur dignité dans les ouvrages publics qu'elles font élever. De pompeufes forèts 8c de majeftueufes maffes d'arbres grouppés, de larges ouvertures & de grandes clairieres égayées par des gazons 8c des fabriques, des lacs étendus 8c limpides avec de belles rives couronnées de verdure, des rivieres rapides & des cafcades confidérables, des lointains offrant de riches payfages, des temples d'un gout noble placés fur des éminences, 8c des monuments importants diftribués avec fageffe, font un effet affortiffant a 1'attente qu'infpirent des jardins appartenant aux Rois 8c aux Princes. Qu'un air de grandeur 8c une noble beauté en releve toutes les parties; 8c que dans la liaifon de toutes ces parties, dans 1'accord des maffes éloignées 8c des maffes prochaines, fe montre un efprit d'ordre qui reveille un fentiment de volupté mèlé d'admiration. Que tout foit animé 8c brillant. Que les fabriques foient bien choifies, que leur deftination affortiffe non feulement aux différentes fcênes, mais encore a la dignité du genre. Les hermitages paroiffent déplacés ici, quoiqu'on en rencontre fouvent. Le Prince peut bien chercher quel- quefois  a tèiat despropriètaires. ' 2(j quefois ft fe délafler dans Ia folitude, maisil ne doit pas s'aller öacher fous 1'habit d'un hermite; fes peuples defirent voir leur maitre au milieu d'eux pour recevoir de lui Ia lumiere & la chaleur. Des temples d'une forme & d'un ufage également nobles conviennent de droit aux jardins d un fouverain. II peut confacrer ces édifices d la fagefie, k Apollon aux Mufes, aiabienfaifance, a la magnanimité, au patriotifme, ala'paix& quel homme ne feroit porté a rendre hommage au Prince qui même dans le féjour de fes plaifirs rend i fon tour hommage k ces divinités a ces vertus. Mais fuivant leur deftination, ces fabriques doivent fe diftinguer par un gout riche, brillant & cependant noble; leur extérieur leur crépi même doit annoncer a 1'ceil un objet digne de fon admiration! La nature femble avoir défigné quelques arbres & quelques plantes par la magnificence de leur tige & de leur afpeét, comme particuliere, ment propres aux jardins des Princes. Plufieurs efpeces d'Erable, comme L'Erable k feuilles de platane (Acer platanoides, L.) L'Erable plane de Canada (Acer faccharinum, L.) L'Erable d'Italie (Acer opalus, L.) Le Platane d'Occident Le Tulipier Le Peuplier d'Italie, & celui de Ia Caroline Le Tilleul de la Caroline Le grand Chêne d'Amerique Le Pin du Lord Weymouth Le Cyprès de Canada, a feuilles d'arbre de vie (Cuprefius Thyoides, L.) Le Cyprès de la Louifiane a feuilles d'Acacia (Cuprefius difticha,L. ) Le Beaumier de Gilead (Pinus balfamea, L.) Le Mélefe — Ces arbres & d'autres femblables d'un jet majeftueux ou d'une grande rareté font recommendables pour les bofquets & les grouppes du jardin de 1'efpece dont nous parions. L'artiftequi faura les mêler enfemble conTenablement dans fes plantations, pourra obtenir de grands effets. II en obtiendradeplus grands encore, s'ilpofiede afiez de jugement pour allier avec adrefle ces arbres a des buifTons'& a dès plantes qué diftinguent leur ^ 3 hautéur,  30 Sixiemt SeUion. jardins rclaftfs hauteur, la grandeur, la vivacité, le brillant & Ia variété de leurs fleurs. De grands grouppes de ces plantes, bien compofés & bien entretenus, & difperfés fur des peloufes découvertes, ou dans les bofquets & entre les maffifs, rehauffent d'une maniere très-fenfible la magnificence de la fcène. Le choix du fite n'eft pas d'une petite influence ici. Un bofquet, un affemblage de grouppes, qui doitoffrir un fpedacle pompeux, ne fauroit ètre placé dans un bas fonds, difficilement même dans une plaine. Une plantation qui s'éleve infenliblement le long d'une éminence, acquiert non feulement une apparence d'étendue, mais préfente auffi un afpeél plus noble. Des jardins appartenant au fouverain & voifrns de Ia réfidence femblent exiger plus d'efpace & de pompe. Ils doivent avoir la place néceiïaire aux affemblées nombreufes du peuple, foit pour la promenade, foit pour les fétes publiques que 1'on célebre quelquefois dans ces lieux. Par ces fêtes nous n'entendons nices feux d'artifices auffi promptement éteints qu'inutiles, qui diffipent fouvent en Pair dans une foirée, les revenus d'une province entiere dont le laboureur, les arts, les hópitaux font fruftrés; ni ces plaifirs bruyants au milieu desquels le tonnerre des canons fait trembler les plantations, dont il chaffe les hótes harmonieux. 11 eft des fétes champètres d'un genre plus doux & plus noble; fètes deftinées a rappeller des événements heureux pour le pays, & dans lesquelles le Prince permet a fes fujets de jouir fous fes yeux des plaifirs de Ia mulique & de la danfe; fétes oü 1'on unit aux dépens de 1'état des villageoifes pauvres ades jeunes gens vertueux; fètes confacrées au printemps&alamoiffon, &animées par des chants folemnels; irnjtations épurées des amufements de 1'Arcadie dans lesquelles on fe livre aux jeux & aux exercices; & enfin une foule de divertiffements encore peu ufités, encore méconnus des Princes, & dans lesquels leur libéralité pourroit fe joindre a 1'innocence & au plaifir qu'infpirent les fcênes ruftiques. Les chateaux de plaifance qui font très-voilins de la capitale peuvent étaler auffi une architeaure plus majeftueufe & plus brillante, comme ces deux édifices. *) piuS *) Voyez la diOribution ititéneure de ces batitnents dans la fpéciücation des gravures de ce volume. 0  a Utat des propriétaires. 3»  33 Sixieme SeMioa. tfart&ni ntatifs Plus les chateaux des Rois & des Princes font éloignés de leur réfidence plus il paroit qu'ils peuvent fe revètir d'un caraétere de grandeur & de majefté modérée, fans cependant déroger en rien a la dignité de ceux qui les habltent.*) Les deffeins fuivants comparés avec ceux qui précédent, éclaircüTent d'abord cette matiere aux yeux du connoifleur. Un *) Comparez avec les pages 16 & 17 du Tome III.  E h tHal da propnkahrs. I ^  34 Sixieme Setiion. jardins relatifs  tl Ntat des mraniuU^}^ ' "» Un pare royal pourra done, s'accordant au caraclere de ces cM, teaux de plaafance, avoir moins d'étendue, de richeffe & d«ompe Iors qud eft ecarté de la réudence. Upourra préfenterplus dftra esde a" finple nature & moins d efforts de hrt. II pourra même, éfan un l ndfUlC U % 'ClalTer deS f-vaux du gouvernement! de inLltu" es e la cour fe d./linguer Par Ia folitude de fon ftte, Ie klnVdeB torets, & la douceur champètre de fes paif.bles lointains. PJUS fel Pnnce cherit avec raifon ces cantons éloignés du tumulte, & donne 1 fes chateaux de plaifance avec fon nom celui du repos qu'il cherche ") Ccgoüteftimable des Princes pour Ie repos de la vie champètre ' paron fe repan re aujourd'hui de plus en plus, & le nouveau genr en Gul dejardujs eft fans eontredit plus propre a le nourrir, que laLue & dégoutante fymmétrie: Heureux les fpuverains qui dès leur enW wceoutumerent a fe contenter des douces réeréations qu'offre la nature? Car Ie gout qu'on y prend polit lefprit & annoblit les fentiments M paife toutes les paffions impétueufes, il réveille la louable ambition d W belhr Ja terre, & non de Ia n vager; il enrlchit le eceur de I'expériènce peut- etre trop rare encore parmi les Princes, que C'eft loin d'un vain fracas, au fein de la nature, Le long d'un clair ruifleau, fous des arbres difcrets, Qu'on trouve feulement une volupté pure: Souvent avec furprife on goüte fes attraits Dans des lieux ou mortel ne les ebereba jamais. **) *) p. e. Carlsrnhe, ou le repos de Charles. Note du TraduSteur. **) Imite de 1'Allemand de Wieland. E 2 II. jardins  %6 Sixieme Seïïion. jardins relatrfs 11 jardins de la haute nobleje & desgens de coudition; Parcs du jtyle noble. Les jardins des Princes, lorsquils font ordonnés d'après les remarques faites plus haut, forment fans contredit avec leurs édifices des Parcs de la première grandeur, des parcs d'un ft yle noble. Compofant 1'efpece la plus confidérable, ils fe diftinguent par leur étendue, leur majefié, leur éclat. Cependant ils ne conftituent qu une feule efpece particuliere & déterminée; car Pon ne fauroit diftinguer le pare du jardin par aucune marqué eflentielle, quoique 1'opinion vulgaire ait coutume d'attacher en général au premier 1'idce d'une plus vafte enceinte, d'un afpeil champètre plus libre & plus naturel, d'une plu* grande variété de fcênes. Les maifons de campagne de la noblefte ne doivent montrer ni maJefté ni grandeur; un air de dignité joint si une certaine magnificence modérée, conftitue leur caractere. *) Voyez Ie Tomé III. p. 17-20. Va  tl Ntat iet pr&prUtairer. 57  3J- Sixhm Seïiion: ^antins rUai/fs Et ce même caraclere doit auffi diftinguer fes parcs. Ils doivent occuper moins d'efpace dans le payfage; les plantations peuvent être compofées de plantes moins choifies & moins rares; les ouvrages de Fart peuvent indiquef moins de dépenfe, &les édifices fur-tout étaler moins d'édat & de pompe. Les parcs de cette efpece, qui touchent a la nature plus qu'a l'art, admettent cependant de la dignité, de la richefle, & de la variété dans les décorations; ces qua'ités non feulement affortifient au rang du propriétaire, mais font de plus une fource inépuifable d'amufements. Des fcênes & des vues majeftueufes, valtes & fuperbes, telles que le voifinage de la mer, ou de montagnes entafiees les unes fur les autres, ne font point exclues de ces parcs; elles font plutöt des parties accidenteües trés - heureufes, & peuvent produire un effet admirable dans 1'enfemble des autres fcênes appartenant a cette clafie, quoique on ne doive pas les confidérer comme un de fes attributs indifpenfables. Mais tout ce que la nature offre de noble & d'attrayant dans la formation de fes cantons & de fes lointains, dans fes forèts & fes grouppes, dans fes gazons, fes plantes & fes fleurs ckfes rivieres, & que nous avons déja développé féparément;*) toutce que legoüt peut y ajouter de beautés, en diftribuant ces divers objets, en les mariant enfemble & en les mettant en oeuvre; tout ce que les arts de la plantation, de 1'architecture & de la décoration peuvent y joindre de droit pour déterminer & renforcer 1'effet;**) tout cela convient aux parcs de cette clafie. Ils admettent, fuivant leurs divers cantons, toutes fortes de fcênes & de plantations champêtres, depuis le grouppe le plus délicat d'arbrifieaux qui fleuriflent fur la peloufe, jufqu'au demi-jour frais d'un bois de hétres agés; toutefois a condition que par-tout oüla furprife ne trouve pas place, il regne de la liaifon & des tranfitions fortables. Ils reqoivent dans leur enceinte toutes fortes de fabriques, depuis la fombre cabane bocagere jufqu'au temple le plus riant, depuis le fallon de mufique jufqu'a la chapelle mortuaire. Ils peuvent donc, dans une -vafte étendue, contenir comme une fuite *) Voyez le Tomé II. **) Voyez Ie Tomé III.  a l'êtat des propriêtairet'. ^ ene de tabeaux enchanreurs & choifis que la „ature projeta & que * fe&onnale gout. Des ped.es églifes ou des chapelles deftineefrée." Fourcetefte, ces édifices feron. unpeu écanés de Ia maifon de camoa gne, places dans un fite tranquifie, majeftueux ou fcrieux, dis un c ." r*"'^ «7 ou par des ptones dun ,et nob.e, & elo.gnes de tout ce qui eft briiiant ou voluptueus Dans leur fty.e d'architeclure, la ftnpBcW dolt fe & a une certaine empreinre extérieure de noblefie qui annonce leórT' ftlnation. Voici deux deflein» de cette efpece  40 Sixltme Sè&on.- nlalfo Quoique de pareilles fabriques foient trop importantes pour être conftruites uniquement afin de contribuer 11'eftet des autres décorations, & quoique leur fite ne permette pas que 1'on jouifie de leur afpetf dans l'éloignement, cependant lorsque 1'impreffion que produifent ces édifices eft accidentelle & avantageufe, Ü ne faut pas la négliger; car cette impreffion leur eft tellement inhérente, qu'on ne peut guere la produire par le moyen d'autres ouvrages d'archite&ure. _  a tètat des propriet air es. j j Les Parcs de cette clafie offrent des cantons embellis, ou bien quel que partie décorée du payfage oü Ia nobleffe a fes pofieffions: ce oni n empeche pas que des difiricts entiers de ces parcs ne foient confacrés a 1 unhte. On ne doit jamais facrifier uniquement au plaifir des terroirs gras& fertiles.*) Les pieces de bied, les forèts, les prairies, pemen etre voifines des ouvrages de Part, ou les environner, elles peuvent en core, Iorsqu'elles ne font pas trop valles, fe montrer dans 1'enceinte d'un nare confidérable pour y préfenter des fcênes ruftiques & caufer des diftraétions riantes. Les parages, fur-tout couverts de brebis ou de gros bétail, offrent des fcênes très-gayes & très-animées, quinedoi vent pas etre exclues des lieux de plaifance champètre, tout comme un lage econome ne les bannif pas de fes regards. Le grand art eft de bien choifir toutes les parties qui peuvent entrer dans Ia compofition d'un des parcs dont nous parions, & de favoir lier ces parties de maniere qu'eües forment un enfemble non équivoque- & cet art depend beaucoup de celui qui nous enfeigne a retrancher faVe ment du tableau tout ce qui lui feroitpeu convenable, k réunir les def feins intérieurs avec les fcênes extérieures, k bien difpofer leslimites du" pare, & a tirer parti des lointains du payfage. On s'eft déja étendu fur ces objets dans quelques endroits de cet ouvrage, dans lequel on trouve auffi plufieurs defcriptions de parcs du ftyle noble, fur-tout de parcs Anglois.. Ces defcriptions, quiguident bien mieux Ie gout qu'une fuite de regies, & qui dans Ie même temps enrichiffent fimagination de tableaux variés, font fans contredit très-avantageufes au génie de Partifte lorsqu'il eft foutenu par un jugement fain. Cependant même fans cette réflexion propre k rappeller leurs avantages, on parcourroit fans doute avec plaifir la colleclion fuivante; elle renferme les courtes defcriptions de quelques parcs Anglois du ftyle noble. Stourton *) Voyez le Tome IV. p. 12-15. Tante V. F  4a Sixieme SeUion. £f 'ardint relatifs Stourton o» Stourhead. *) Dans ce pare agréable & richement décoré, on parvient d'abord a un grand gazon oü fe trouve une ftatue d'Apollon copiée fur celie du Belvedère a Rome. Du bout de ce gazon part un fentier ombragé & tortueux qui mene a une belle allee de pins aboutiffant en apparence a un obélifque très-élevé, mais hors des bornes du pare. Ici 1'on prend un petit chemin qui defcend a travers un bois & mene vers une grande tente dans le gout oriental. De cette tente on découvre une charmante perfpedlive; elle s'étend fur un lac, fur le Panthéon, fur le temple du foleil, fur une forèt allant en pente, &C. ce qui prefente un payfage trèsembelli. Alors on defcend le long d'un des bords du lac, dont on traverfe un bras fur un pont de bois. compofé d'une arche trés-grande dans le gout dePalladis; on parvient a la forêt penchée dont nous venons de parler & oü des pierres pofées a deffein indiquent un chemin qui mene a une grotte. Son toit couvert de lierre & fon pavé compofé de cailloux montrent qu^elle eft le féjour de la nature. Le jour entre par une ouverture ronde faite au toit; on découvre une partie du lac au travers des branches délicates qui tombent d'en haut. Dans un angle de la grotte fe montre un vafe de marbre propre a des bains froids; Peau néceflaire fe tire d'une fource limpide qui s'écoule lentement a cóté d'une Nymphe endormie au fond de la grotte. Peu loin dela fe trouve une grotte plus petite, décorée d'une maniere caraétériftique; elle eft la demeure d'un fieuve, dont la ftatue s'appuie fur une urne. L'onde claire qu'elle verfe eft réellement la fource de la riviere de Stour & va fe jeter dans le lac. En quittant ce lieu plein d'agréments on monte quelques marches faites de pierres brutes, & 1'on redefcend a travers le bois & par deflus la grotte vers le rivage verdoyant du lac, pour fe rendre au Panthéon. De Pallée placée devant cette fabrique on.voit au-dela du lac, Ia colline fur la pente de laquelle eft la tente dont nous avons parlé. Le Panthéon *) Dans le Comté de Dorfet.  a Ntat des proprikaires. ^ Pantheon eft copié fur celui de Rome, & après Ie temple de Ia concorde a Stowe, il eft fans doute la fabrique la plus noble de toutes celles qui fe trouvent dans les jardins d'Angleterre. La rotonde a 36 pieds de diamêtre & tire fon jour d'un ceil de boeuf. Dans les niches font des ftatues, & au - dellus de celle-ci des bas-reliëfs qui s'y rapportent. On prend a droite de ce temple, & 1'on eft furpris par une fuperbe cafcade qui s'élance dans un vallon agrefte fitué hors des jardins. Le chemin pafte par un petit bocage & par defTus un efcalier d'une ftruclure ruftique. Tout -a-coup on fe trouve dans une autre partie de ce féjour; on gravit une colüne, dont un fentier tournoyant diminue Ia rapidité, & 1'on parvient a un bofquet trés-ferré oü fe trouve un hermitage fait de racines d'arbres; une tê.te de mort & un clepfydre y font Ia compagnie férieufe de 1'hermite. Lorsque d'ici 1'on continue a parcourrir le flanc de la colline I'attention eft attirée par le temple du foleil. De cette belle fabrique on découvre non feulement tous les objets déja décrits, mais encore la contrée des environs & la tour d'Alfred. Alors on defcend le long d'une pente revêtue d'un fin gazon, & par le moyen d'une grotte fouterraine on pafte par defious Ie chemin que Pon a parcourru auparavant, & qui s'étend fur la voute ruftique de la grotte. L'on fe retrouve fubitement auprès d'un pont de pierre a trois arches, bati fur un bras du lac. De ce pont, & un peu plus loin a gauche, on appergoit une foule d'objets proches & éloignés, dignes du pinceau d'un Claude Lorrain. Enfuite cótoyant le bois, & paftant devant le temple de Céres d'ordre Dorique> dont la colonnade regarde le lac, on arrivé par une allee couverte k une petite orangerie champètre; devant 1'entrée font quelques lits de fleurs & des ronces odorantes; enfin un fentier ramene a la porte cochere par laquellc on eft entré dans ces lieux. On traverfe le pare en carolTe pour aller voir Ia tour d'Alfred. Cette fabrique eft érigée en mémoi; e d'un triomphe que ce grand Roi doit avoir remporté ici. On parvient d'abord k un petit batiment d'un gout gothique, appellé le couvent, & dont Ie fite eft romanefque. En- ^2 fuite  44 Sixkme Seiïion. jardins relatifs fuite on arrivé par un chemin tórtüeux a une tres-longue terraffe d'oü 1'ceil découvre de trés-valles lointains. Au bout de la terraffe eft la tour d'Alfred fur une colline faillante plantée de pins. La tour eft un grand batiment triangulaire de briques blanchies, & haut de iss pieds. A chaque angle eft une tour, & dans une de ces tours un efcalier en limaqon mêne a une petite chambre affez grande pour renfermer des telefcopes. On eft frappé de la vafte étendue de pays qui fe deploie ici a la vue. L'intérieur de la fabrique eft ouvert par le haut: fon but principal eft de préfenter un point de vue, & elle en préfente effeéhvement un des plus nobles. Elle n'a d'autre décoration que la ftatue d'Alfred placée dans une niche deffus 1'entrée, & ne confifte qu'en hautes murailles avec les trois tours en faillie. Mais les proportions font li belles, qu'il feroit difticile de voir un édifice oü tant de fimplicité foit réunie a une véritable grandeur. Donnington - Cajlle. L'emplacement autour de la maifon eft diftribué avec beaucoup de gout Située fur une éminence elle a par derrière une colline boifée. Tout autour de la maifon eft une grande & belle peloufe qui defcend vers 1'eau. LTne riviere confidérable que l'art a rendu plus large, coule a cóté du gazon en faifant plufieurs douces finuofités. Dans cette riviere font trois a quatre isles, dont 1'une tapiffée de buiffons épais eft le féjour de cygnes & de quantité d'oifeaux aquatiques fauvages qui animent cette eau. Au-dela de celle-ci on voit des champs enfemencés s'élever doucement. Le gazon eft garni avec beaucoup de gout en partie d'arbres ifolés, & en partie de maffifs. Enfin 1'eau bordée de forèts des deux cótés, termine la vue d'une maniere agréable. Dans ehacune de ces deux forèts, un fentier ferpente le long de la riviere, & fait jouir de plufieurs vues variées. Dans un endroit prés d'une cafcade, que la riviere forme en tombant par deffus une file naturelle de pierres, eft un temp'.e gothique bien conftruit en cailloux. Donnington - Caftle doit être *) Dans Ie Comté de Berk.  a fétat des' propriêtaires. 45 être refpetfableaux yeux des amateurs de 1'ancienne poëfie angloife paree que c'étoit le féjour du pere de cette poëfie, de Geoffroy Chaucer! On montre encore le lieu qu'occupoit un grand chêne qui fe nommoit le chene de Chaucer, & fous lequel Ie poète avoit coutume de s'affeoir & de compofer. Summer - Caflle. *) L'afpea que préfente Summer- Caftle eft d'un attrait peu commun. La vallee eft richement garnie de bois, & Ie lac ménagé de maniere a fe hertrès-heureufementaveclaforêt. Ce lac fait un bon effet; il eft long d'un demi mille (Anglois), fur une grande largeur, & fes rives font des plus belles. De petits bofquets, des arbres ifolés & des enclos fe fuccédent très-agréablement. Ici c'eft un village fur une pente douce, & plufieurs maifons parmi les bocages; la des champs de grain defcendent vers le lac; & tout ceci répand fur 1'enfemble des variétés qu'on ne trouve pas toujours dans les environs d'une piece d'eau. Les lacs qui fe coudent dans une vallée, & dont les bords font couronnés de grands tap1S verds & d'épaiffes forèts, s appellent des fcênes du nord de 1'Amérique; aujourd'hui 1'on en trouve une fi grande quantité dans les parcs, que cette fucceffion variée d'objets qui préfentent k la vue toutes fortes d'occupations champêtres, doit plaire au fpeélateur. Au-refte ces décorationsfontparokre 1'eau plus étendue que lorsqu'elle n'eft environnee que d'une grande furface gazonnée. F o r m a r k. **) Cette maifon de campagne eft a quelques miles (d'Angleterre) de Derby, fur la rive méridionale de la Trent. De la demeure, qui eft belle & neuve, on découvre une vue grande & fuperbe qui s'étend fur la vallee que traverfe ia riviere. Des derrières de la maifon 1'ceil porte fur plufieurs collines couvertes de jeunes plantations. De ia maifon part un fentier qui, faifant plufieurs détours, paffe par un joli bois de chénes, F 3 en *) Dans le Comté de Lincoln. **) Dans le Comté de Derby> /  46 Slx'ume Seftion. ' jardins rtlatifs en defcendant vers la Trent dans le vallon, & remonte enfuite le long d'un rocher brifé; ce rocher fait un des objets les plus finguliers de ce canton. La riviere n'a nulle part un rivage plus romanefque. Les rochers font alïez hauts 8c a pic; dans quelques endroits les arbres fufpendus a leurs pointes d'une fagon presque terrible, ombragent 1'onde. Le fentier longe le bord du précipice, & 1'on voit pittorefquement a travers les arbres la riviere ferpenter dans Ie fond. Par-ci par-la fe trouvent entre les arbres des ouvertures naturelles, par lesqüelles on appercoit le payfage avec les villages qui s'y fuccédent. Le fentier fe prolonge fur le bord de cet abyme efcarpé 8c dans un vallon terminé par une forét épaiffe. Enfuite on gravit un monticule ou rocher très-rapide, affez couvert d'arbres pour voiler 1'afpeét de Peau jufqu'a ce qu'on foit parvenu au fommet, 8c que de 1'ombre on paffe dans un temple, d'oü 1'on voit poindre fubitement une des plus fuperbes perfpeclives. Dans un fond trés-bas on voit la Trent s'étendre en linuofités hardies dans la vallée qui confifte en paturages entourés d'enclos 8c du plus beau verd. A gauche la riviere va vers un village, au milieu duquel s'éleve une ëglife blanche; enfuite elle continue a couler derrière les maifons entre des enclos formés de hayes 8c des arbres ifolés. En arriere on voit le roeher dont nous avons parlé, 8c Pon retourne b la maifon par plufieurs plantations liées entr'elles. S a n d b e c. *) Ce pare eft ordonné avec beaucoup de goüt. C'eft une vallée garnie d'eau 8c entourée de pentes douces, dont le fommet eft couronné par une forét touffue. Tout autour s'étend une route couverte de gravier qui traverfe une grande peloufe, a Iaquelleles nouvelles plantations donnent beaucoup de variété. Dans quelques endroits les arbres font en groupes, dans d'autres ifolés. Les nuances font variées 8c ménagées avec goüt, paree que les arbres font plantés a propos. Qyelquefois 1'eau montre *) Dans le Comté de Yorck. La maifon de campagne fe trouve dans le Tome IV. P- 15-  a tétat des proprie'taires. 4? montre de larges furfaces, quelquefois el'eeft rompue par des languesde gazon, ce. qui femble produire des rivieres dont les direélions font diverfes. De petites baies vont enfin fe perdre dans les bois. Le rivale eft couvert tantot Marbres ifolés a travers les branches desquels on appenjoit 1'onde; tantot d'arbres ferrés au point de jeter fur 1'eau une omere foncee; en un mot on découvre un beau rivage planté d'arbres. _ Le chemin mene k une colline d'oü Pon appercjoit dans une perfpeéhve fuperbe Ia maifon, le pare, le lac & les forèts. Le batiment qui eft blanc, fait avec un bois de cinq cent acres un très-bel effet, & Peau qu'accompagnent les tapis verds ne fe montre pas fous un point de vue moins favorable. Les ruines pittoxefques de ce pare ont déja été décrites ailleurs. *) lil. jardins *) Voyez Tome lir. p. ,32. La Angleterre, & les autres de* Voyage* pretere des defenpnons précédentes de Young dans ie même pays. Aux eft Uree des Voyages de Volkmann en fources déja citées dans cette Théorie & ou  4g Sixieme'SeSHon. gfardins relatifs llt jardins de particulier*, jardins bourgeois, jardins defeurs. i. Ce genre eft très-nombreux, on le rencontre dans les environs de presque toutes les villes bien baties, très-peuplées, & oü fleurit 1'induftrie; fur - tout autour des riches villes commerqantes. Les occu- pations ou. 1'on peut apprendre a connoïtre les parcs des Anglois, on peut ajouter les fuivantes, outre plufieurs defcriptions détachées: Peep into the principal Seats and Gardens1 in and about Twickenham with a fuitable companion for thofe \vho wifh to vifit Windfor or Hampton court. By a Lady of diftinftion in the Republic of Letters, petit 8- Londres 1775. Cet écrit de peu de feuilles ne livre que des notices courtes, mais il eft commode au voyageur comme livre de poche. Presque dans le même goüt eft: Sketch of a Tour into Derbyfhire and Yorkfhire, including part of Buckingham, Warwick, Leicefter, Nottingham, Northampton, Bedford, and Hertford - Shires. 8London 1778- & a new pock & companion for Oxford, 1778- qui comme appendice renferme les defcriptions des maifons de campagne deBIenheim, Ditchley, Heythorp, Nuneliam & Stowe. Parmi les defcriptions accompagnées de deffeins, il faut ranger les ouvrages fuivants: A new Difplay of the beauties of England, or a defcription of the moft elegant public Édifices, Royal Palaces, Noblemen's and Gentlemen's Seats &c. 3me Edition. Londres. 8- I776- 2 Volumes qui renferment entr'autres une foule de defcriptions & det.beaux defleins. des principales maifons de campagne & des principaux parcs. The modern univerfal Britifh Travelier, or anew complete and accurate Tour trough England &c. Folio. London 1779. avec 100 planches. Les vues des maifons de campagne font presque les mêmes que dans 1'ouvrage précédent, mais plus en grand quoique moins correftement gravées. Un ouvrage nouveau & excellent, eft: A colle&ion of one Hundred and Fifty feleft views in England, Scotland and lreland, Drawn by P. Sandby Efqu. R. A. Vol. 2. Printed for John Boydell. London 1781. Outre des abbayes, des chateaux antiques, des ruines & diverfes perfpeftives fuperbes & romanefques, on y trouve plufieurs defleins très-délicats de maifons de campagne appartenant a la Nobleffe, & de fcênes tirées de différents parcs. — Les deux 011 vrages fuivants peuvent fervir particulierement a la counoüTance de chateaux anciens,  a ïètat des propriétaires. pations des propriétaires ne permettent guere i ces jardins d'érre a tt« dtftance confidérable de la ville, mais el.es exigen, presque mul " qu * fmen, dans fon voifinage. Cependant quand on peu. gÓmTen Lberte le repos tfune vie privée heureufe & debaraffée des occu on" pubhques qu'.mpofent le bien de IVtat & ce.ui de fes concimZ on annenueux s enfoncer loin de la ville fous les ombrages dela camp Le que s-arreter dans fon voifinage. campagne, Les parcs de la noblelre ornent Ie payfiw & les iardi™ u geois embellifien, les environs des «J Z campagne qm entouren, plufieurs villes confidérables & celeb s leur ff"*?» ***W*éfc d-écla,, Scoff en, Un fi riche ta'beau d a.fa„ce & d'amufement que tout voyageur fenfible en eft enchante & touche au plus h.m, point, quoique dans 1'habitan, lui-mémeceï „,f ment fi* aiïo.bh par ia coutume. Ainfi le charmant val d'Arno dl" Florence oceupe Ie milieu, eft couronné de tout cóté par unZm" tre de collmes ertdes couver.es de maifons de campagnes & de iardins 1 Itahe, bten qu'ornée •) par tant de maifons de plaifmce „-off£ „ , ' part dans u„ même lieu un auffi nombreux aftemblagede"ot^rl champètre» appartenant i des particuliere. Ainfi Marfeille eft , n=e d-une telle fou.e de jardfi/st de retraitea „ ft ,t t Poa e"™0"" le nombre environ a cinq mille. Lorsqu>on compe„d,omof thenatutalHiliory, Ceo. Les era™r„ „„■ ! ° " '7S3' graphy, Topo^p,„ a„d Anti, jL of r, J SfT' ' " ^ Wales, by IWi.Gmfe. 4. ,.„ndon. „ plM dilKnft e a;^7ro°P Vol. ,77J. Apré, 1„ defcriptions & o,nTa«s „ui (raken, ! ** petltS d,tl,remiriUé: Sixteen M) Pa;n; voysg  5 o Stxiemê SeÏÏion. jardins relatifs de la ville, on defcend continuellement en jouiffant de la plus fuperbe vue i car prés des deux tiers de 1'enceinte de Marfeille font entourés vers 1'eft & vers le nord-eft de hautes montagnes & d'une quantité de petites collines; ces dernieres font tellement couvertes de maifons de campagne, qu'une contrée de quelques lieues de circonférence paröit de loin un faux-bourg immenfe formé de maifons & de jardins. *) Ainil, fans parler de p'ufieurs autres villes de Suilïe,**) Zurich, Berne, Laufanne & Geneve, font entourées de maifons de campagne qui couronnent les hauteurs d'alentour. En Allemagne auffi il eft peu de villes, grandesou moyennes, dont les environs ne foient animés par des jardi; :s & des maifons de campagne. Même des villes moins conlidérabies encore acquierent un air d'étendue & d'aifance par les petits pavillons qui les entourent. J'ai fouvent traverfé la ville Hannovrienne de Munden, en faifant route de Göttingue a Caffel, & chaque fois la beauté raviffante de fon fite m'a tellement enchanté, qua peine je pourrois m'arracher a ce fpeaacle. La grande & fuperbe vallée prés de la vi'le, le confluent de la Fulde & de la Werre qui fe réuniiïent ici pour former le VVefer, les belles montagnes couvertes de forèts qui font des deux cótés; entre ces montagnes la vafte plaine verte oü ferpente la première de ces rivieres en defcendant des frontieres de la HelTe fituées en-dela; fur les pentes des environs une foule de petites maifons de campagne, dont l'archltetfure n'offre rien de beau, mais que rend intérelTantes leur fite agréable, a moitié voilé par de petits jardins & des bocages; le tout enfemble fait un des payfages les plus attrayants d'Allemagne, qui en Angleterre auroit trouve depuis long-temps un defiinateur & qui chez nous n'a trouvé qu'a peine une plume pour le décrire. C'eftfur-tout autour des riches villes commergantes que les jardins de 1'efpece en queftion ont coutume de fe trouver. L'abondance ou 1'ai- fance *) Voyagedans les pays méridionaux francjoife publiée en 1781 a la Haye parde 1'Europe &c. par J. G. Sulzer. p. 113. ce que ce pafiage y eft tronqué. Je n'ai pu faire ufage de la traduftion **) Voyez le Tome I. p. 38 -40-  a tkat des proprie'taires. j r fance que caufe un négoce heureux, engendre bientót Ie defir de fe diftinguer par fa dépenfe en jardins & en maifons tout comme en affemblees & en feftins. L'homme que fatiguent le poids des affaires & Ie tumulteducommerce, cherche un féjour oü dans des heures plus tran quilles il puiffe fe repofer, tefpirer plus librement, & jouir de foi-mème & de fa familie; il fe batit une maifon de campagne prés de Ia ville, & fe plante un jardin. Ainfi naquirent, non moins par le befoin que par Ie gout du luxe, presque tous les jardins aux environs des grandes Villes commercantes, principalement en Hollande & dans quelques provincès d'Allemagne. Mais ce fut auffi la que ces jardins commencerent a dégénérer Le bon goüt n'accompagne guere la richeffe. Le penchant qui porte a la pompe & a la dépenfe agit rarement avec jugement, & cherche bientót k s'affouvir par tous les moyens qu'il peut imaginer. II veut faire du bruit & caufer de 1'admiration; il veut a tout prix briller, exceller Le goüt infenfé de Pimitation fe joignit k ce penchant. II lui confeilla de copier les jardins des Princes, & le boutiquier fe rengorgea, lorsque comme eux il put montrer des machines hydrauliques & des ftatues Le génie des jardins fe vangea de cette lingerie téméraire. L'enceinte bornée de 1'emplacement rendit cette indifcrétion d'autantplus fenfible Ce qui dans un jardin vafte étoit convenable ou fupportable, devint ridicule ici. Alors on fe précipipi d'une ex'travagance dans I'autre On barbouüla le fol de caüloux & de coquülages, les portes de jets d'eau & les planches desparois de bêtes fauves; on tailla Pif en canapé & ié tilleul en éventail. Ainfi furent défigurés nombre de jardins Hollandois & nombre de jardins AUemands dans Ie voifinage des villes impériales de la baffe Saxe & d'autres provincès. On prodiguoit des bab'oles coüteufes & Pon brilloit de 1'éclat que caufoient des décorations ridicules& au milieu de la richeffe & de la dépenfe étalées dans ces lieux on voyoit par-tout un témoin du défaut de goüt. — A ces réflexions dont la vérité eft hors de doute, jepeux bien joindre ici le jugement d'un G 2 " * een-  5 2 Sixïeme Setlion. jardins relatifs écrivain plein de connoiffances. *) „Le négoce," dit-il, „n'eft nulle„ment favorable a quelques produétions du goüt. On trouve rarement „des ouvrages poétiques chez une nation commercante, & 1'hiftoire n'y „eft guere autre chofe qu'un récit décharné de faits 8c d'événements. „On y cultive en revanche avec beaucoup de fuccès d'autres parties des „fciences, qui d'un ufage étendu pour la fociété, offrent peu d'amufe„ment. Les Hollandois p. e. nous ont fourni plufieurs ouvrages excellents fur le droit civil 8c naturel, 8c Ia médecine leur eft redevable de „que ques découvertes des plus import?ntes. Mais on remarque en gé„néral parmi ces Nations peu de talents pour !es arts qui dépendent du „goüt, ou de la djfpofition a obferver 8c a fentir le beau. Ce défaut de „fentiment pour le beau fe montre dans les batiments, les meubles 8c „'es jardins. Des ftatues enduites de platre, des arbres plantés en Ügne „droite ou en cercle, des ifs taillés en quarré ou en rond, ou même en „oifeaux, en ours, en hommes, 8c des petits jets d'eau, indiquent ici le „goüt du riche citariin, qui n'admire dans la nature que fa complaifance „a recevoir toutes les formes variées d'un raffinement outré, & pour qui „rien n'eft beau que ce qui frappe la vue, coute beaucoup, 8c attire 1'ad„miration de Pgnorance en s'écartant du cours ordinaire des chofes. „Ce que quelques ecrivains," ajoute Fa'coner, ,,foutiennent a 1'egard „du bon goüt des Chinois dans leurs jardins, ne mérite point d'étre ap„prouvé. Un nouvcl éciit^ious repréfente les ouvrages de l'art chez „cette n 'tion d'une maniere qui pourroit faire croireque 1'auteur (Cham„ber) a voulu plaifanter. D'autres écrivains dignes de foi nous difent „que chez les Chinois, comme chez les autres nations commerqantes, „les ouvrages d^ goüt font lourds, brillants, chargés de clinquant, 8c ,.rendus coüteux par une dépenfe recherchée 8c inutile. La magnificence d'un édifice Chinois confifte dans la; grandeur despoutres 8c des „piliers qui font du bois le plus précieux, 8c dans la fculpture dont les „poites *) Mr. Falconer dans fes Remarksou chezDllly 1781. Ouvrage qui n'eft pas the influence of cümat, fituation, nature traduit encore en Francois. of country, population &c. a Londres  a Ntat des propriêtaïret. . J5 „portes font orne'es. Ce peuple n'a des jardins que pour y cultiver des „plantes potageres." *> * r yiuiuvnaes G 3 2. Pour *) Cecieft une confirmation de ceqne j'ai dit Je premier contre Chambers toochant les jardins Chinois. Voye2 le Ier Vol. p. K8- i 18. Un autre témoignage de beaucoup de poids contre cet auteur nous eft fourniparun nouveau voyageur célebre & impartiai, Monfieur Sonaetat ( Voyageanxlndes orientales & ihgbil ne, fait par ordre du Roi, depuis 1774 jufqu'en ,78r. paris ,7g2> ^ Tome u pag-23-25). „Onignore,"dit-j]3 „dans „ce pays (la Chine) jufqu'a ja maniere „de transplanter les arbres, de les cou„per & de les grefter: leurs jardins ne ^reflem-  ^ Sixieme SeEtion. jardins nlatifs 2. Pour nous approcher d'avantage du véritable caraétere qui convient a 1'efpece de maifons de camp; gne & de jardins dont nous parions, Ü faut d'abord remarquer que leur fite contribue beaucoup a les rendre des objets d'embelüffement pour le canton, & a les enrichir de points de vue avantageux. Les bords d'une riviere & encore plus ceux d'un lac, offrent un fite plein de fraïcheur. Les attraits que préfentent de loin les batiments, fe repetent dans 1'onde, tandis que la clarté fcles jeux de celleci répand fur eux une gaieté nouvelle. Placés au fommet, d'une éminence, entre des collines qui s'étendent en endoyant, fur les pentes douces d'une haute montagne, de petits pavillons d'été forment avec leurs jardins un coup d'ceil pittorefque & charmant. Ce coup d'ceil eft bien plus beau encore lorsqu'immédiatement au pied de la hauteur a laquelle ces féjours champètres font comme fufpendus, la mer roule fes flöts, ainfi qu'on le voit le long des rives de Seelande entre, Copenhague & Elfeneur, ou que des lacs riants les baignent doucement de leurs ondes plus iégeres, comme aux environs de Geneve & de NeufcMtel. La beauté du fite n'eft pas peu rehauffée, lorsque le canton qui environne les pavillons offre beaucoup de bocages & de plantations, au milieu du verd fombre desquelles brillent les facades blanches des édifices. Tous ces fites ont 1'avantage de fournir des perfpedlives agréables & amufantes. Cet avantage eft d'autant plus important ici, que les jardins , reffemblent a rien; ils n'offrent pasmê- „noux; met dans des trous fur les bords "me d'arbres fruitiers, i moins qu'ils ne „des rivieres. "s'y trouvent plantés par la nature. On „On ne trouve pas chez eux un feul "eft bien éloigné d'y trouver, comme „peintre; ils ne mettent ni ddïïnnicom- "dans les jardins Européens, les plantes „pofition dans leurs ouvrages. "des quatre parties du monde: un rocher „ils n'ont aucune idéé de la perfpeétive "faftice, un petit pont, un Belvéder «Sc „ on n'y trouve point d'archi- "quelques labyrinthes, en font tout 1'or- „teftes. Les temples qui dans tous les "nement. Cette agriculture ft vantée fe „autres pays infpirent le refpeft par leur "réduit a planter du riz, qu'un malheu- „magnificence, n'ont rien de majeftueux "reux enfoncé dans 1'eau jufqu'aux ge- „a la Chine."  a l'êtat des proprietaires. 5j «M M queftion ne renferment pas toujours une arïez vafte étendue pour que leur diftributioninterieure foit fufceptible d'une variété confidérable Les vues qux donnent fur le payfage, & qui d'ailleurs font indifpenfables a tout jardin dont la férénité fait le caradtere, compenfent Ie peu d'encemte de Ia porTeffion, 8c Ie defaut de fcênes multipüees & de diverfité du dedans. Les points de vue peuvent donner beaucoup d'intérét a un peut emplacement" comme le prouvent fur-tout un fi grand nombre de jardms en Surfte. Et cette vivacité, cet air de grandeur, cette richeiTe cette vanete ce<$arme qu'offrent les lointains du payfage, & dont un petit recom fait fouvent jouir, toute la puifiance de Tart ne peut les créer dans de valles deiTeins, lorsque la nature les a refufés Cette même petiteffe Remplacement, qui eft ordinaire aux jardins de cette efpece, ne permet pas une abondance de fcênes; celle-ciles furchargeroit & les défigureroit trop. Le canton n'a la plupart du temps quuncertam caradtere déterminé, mais fimple; & cette fimplicité doit regner dans tout ce que l'art & le goüt entreprennent de faire dans cet emp.acement. Tous les embelMements doivent fe régler fur le caractere naturel de la contrte. I aWerve cette Ioi, Ie propriétaire Feut arranger fon ter- rem d apres fon gout, foit qu'il aime un fol bien cultivé ou un fol agrelte ie romanefque ou 1'agreable, le riant ou le férieux, 1'elégant ou le négli! ge, le clos ou le degage. II eft libre dans le choix des phntes & deS dé corations pourvu qu'il ne tiansgreffe pas une modefte médiocrité. Ce qui eit a bon marché 6c utile convient ici beaucoup mieux que ce qui eft couteux & n'offre pas autant d'avantage. Quantité de fruits d'une efpece relevee meritent a bon droit dans ces lieux la préference fur des planKs qui ne tem que rares. Que le goüt regne dans toutes les plantations, dans tous les de/Teins, 8c la modération dans toutes les décoration* Qu un berceau ou un bocage fe décore du bufte d'un ami, ou de la ftatue d un patriote; queFlore entourée de fes enfants aimabl.s y trefte une guirlande Cepe dant des ouvrages de l'art ne doiven! fe préfenter que rarement dans un ja.din de cette efpece. Mais il exige beaucoup de , planta-  5q Sixieme Seïïion. jardins rtlatifs plantations verdoyantes, beaucoup d'ombrage, beaucoup de phntes agréables & odorantes entre-mèlées de plantes utiles, un clair ruiiTeau ou une petite cafcade lorsque le fol Ie permet^ des allées couvertes ck découvertes, enfin des repofoirs tranquilles k 1'ombre du feuiilage. L'enfemble doit être attrayant ck amufant; pour cet effet il faut particutiérement que les vues qui donnent fur le payfage, foient choifies avec fageile, fur-tout lorsque 1'enceinte eft-étroite ck a quelque chofe de mefquin. Cependant 1'ordonnance ne peut pas toujours s'abandonner a une certaine liberté demaniere; la fymmétrie devient quelquefois pera mife ici. *) Rien n'eft plus difficile que de donner un air naturel a un jardin, lorsque la nature même refufe fon afliftance; ck c'eft ce qui arrivé fouvent aux endroits deftinés a de petits jardins bourgeois dans Ie voifinage des villes. Une des particularités qui diftinguent ces jardins, paroit confifter en ce qu'ils permettent plus de travaÜ, de raffinement, de décoration dans chacune de leurs parties, que ne le fupportent les parcs, qui, vüleur étendue ck la grandeur de leur caradtere, «e peuvent ni ne doivent admettre par-tout autant de perfeétion. Les parties étant plus petites, moins m.ultipliées & moins compliquées, plus expofées a 1'ceil, 6k plus fouvent apperques, leurs défauts frappent d'avantage, ck par conféquent on doit s'occuper avec d'autant plus d'afliduité a completer 6k a polir le tout. L'üégance pourra donc jouir de quelque privilege dans les jardins bourgeois. Au contraire, ce qui fait le propre de cantons plus vaftes ck plus compofées, 1'effet que produifent les grauds contraftes & les tranfitions fubites, rimprefiion que caufent les landes, les chaines de montagnes, les rochers, eft exclu de cette efpece de jardins, en tant que ces objets ne fauroient aifément trouver place dans leur enceinte. Mais ces jardins aiment des contours élégants, des formes aimables, des liaifons douces, des tranfitions infeniibles, des couleurs claires, & des lointains riants. On *) Voyez le I Tome p. 162.  ó tètat des propriêtaires. [--^convienn^ arbres fruitifrs Jm^^Z^^T,^' &PW fa conduire d'une «ge al'au re ^ / P ff ' '* "gne 4 |,atbr=> '» .eau les branche^'* f^!' °" L' peloufes, depeti,senfoncemenrë&d^ « ««"-deux de belles penter des fentiers- il „Z7m ^ ™™aces' & y&irefer- blemen, entre ,e ug HuHe !trd S**"** avecunped. b^.fp^^^T' OU ^ '<™»en, en filets ombrages chéris JriSSlp ^ c°mD»d«> ou fous Ies fe repofe avec fes ^^SS^ ' •retiens pleins de douceurs Un l2 r """^ & 1 des en" corations que coutre leur ^^^^"7^ * * rencontrer des objets oui n'1, „, P s ord,na're que de la fcêne en parSer£ " , T" mè",e vraife»M>°art des iard ns T T ^ W ces extravagances, c'eft de reftefi£< • ' "* m°ym A'éviKr fes précep;es la , rffil u * * & de donner> f«i™t 7. ' «"«*«.,^uxarbriffeaux, aux fleurs, au gazon,  58 Sixieme Stïïion. gfardins nïatifs gazon, & a 1'eau, dont elle compofé fes payfages. Ces objets naturels & énergiques pourroient-ils ne pas plaire, ne pas toucher toujours dans un jardin, comme ils le font dans la campagne? Lorsqu'ils manquent leur effet, ce n'eft pas leur faute, c'eft celle de 1'arüfte, qui, fans goüt & fans imagination, ne fait ni les mettre en ceuvre, ni les marier enfemble, ni les ordonner de maniere a produire un caradere déterminé; qui, privé d'invention, n'étale que des chofes communes, ne fait que répéter ce qu'il a vu ailleurs; qui enfin ne connoit point les véritables propriétés de chaque objet, 8c ne fait point profiter-des circonftances 8c des fituaüons. f La maifon de campagne ou 1'habitation doit etre proportionnee au jardin. Le ca aélere de cet édifice confiftera pour un homme de condition, dar s 1'agrément, lelégance, la délicateffe; *) pour un bourgeois, dans une modeftie décente jointe a la grace & au goüt; dans aücun de cesbatiments ne doit fe montrer lapompe, le luxe, le defir de bri ler par la richeffe. La diftribution intérieure dépend des befoins du propriétaire 8c de fa familie, 8c de 1'ufage auquel on deftine le batiment. Une maifon qui doit être habitée toute 1'année, doit auffi avoir plus de commodités qu'une maifon oü 1'on ne fait qu'un féjour de quelques femaines ou de quelques jours. Sa grandeur fe rég'era non feulement fur le rang du maitre, mais encore en partie fur 1'étendue de ia pofleffion. Gette diftinaion fournit plufieurs gradations. Voici trois modeles de maifons de campagne appartenant a cette claffe, 8c qui fe fuccédent fuivant que de plus petites elles deviennent plus grandes, ou que de fimplement commodes 8c décentes elles déviennent élégantes & nobles. *) Voyez Torae Hl. p. 18 & 19. Les  •" a Htat des propriet air es. ' ^  6o SxUme Siiïion. ^fardim 'nlatifs  « Pétai da joropriêtairer. 6 ,  6a Sixitme SeUioru gardins nlatifs Les petits édifices champètres & ies cabinets de plaifance ifolés, que permet ce genre, doivent en général être d'une architeaure légere, Léable, élégante, délicate & pleine de goüt. Quand le jardin eft deja garni d'une belle maifon de campagne, aucune fabrique, uniquement oonfacrée a la décoration, au plaifir, ou a quelque deftination champètre particuliere, *) ne doit fe diftinguer dans 1'enceinte par des avantages trop remarquables. Mais lorsque cette fabrique eft toute feule dans ie iardin, elle peut auffi être plus grande & plus belle. Ceft dans des jardins peu vaftes que les fabriques font le plus d'impreffion, paree qu elles s'annoncent ï 1'ceil comme des objets importants avec beaucoup plus de liberté 8c de promptitude que au milieu de la foule de fcênes naturelles d'un vafte pare; ordinairement elles attirent de loin la vue du fpedateur plus que ne ie fait la place environnante. C'eft pourquoi dans un petit emplacement elles femblent avoir d'autant plus droit de prétendre \ une apparence élégante & délicate. Mais leur multiplicite blefieroit ici les premiers principes du goüt. Lamalfonde campagne ou le pavillon doit non feulement avoir le fite le plus avantageux pour ie coup d'ceil, mais encore être étroitement üé au jardin par un encadrement de fleurs, de gazon 8c d'arbrifieaux. *) Voyez Tome III. p. 40 • 44.  4 têtat des propriêtaires. 63 r*n Jrf ^teyute» dont il eft queftion qu'on peut le mieux «ng^lesparterres de fleurs. Quoique les groupes & les autres def. feu» compofes de fleurs, doivent quelquefois être confiderés comme des parues presque indifpenfablcs, & quoiqulls foient fur-tout le partage des cantons agréables & fereins, **) on les y regarde cependant plutót comme des moyens d'animer & d'embellir le tableau, que comme des fcênes qui forment en elies-mêmes un enfemble. Pour offrir un co* trafte frappant, unlit de fleurs bien paré peut fucceder tout-a-coup a un beu fauvage & incuite. Mais les filles les plus délicates & les plus noblcs de Fie-re, conviennent mieux a Ja partie la plus ornée du jardin qua une lande; car elles demandent davantage Pceil de famateur pour pmr de leurs attraits, & fa main pour les cultiver. Auffi le particulier Ie bourgeois qui ne ponede pas un terrein affez grand pour un vafte jardin, aime a fe recréer dans un parterre de fleurs. Ce genre ne fe contente pas feulement d'un petit emplacement, il convient encore trés-bien aux plantations qui font autour des habitations ou qui les fuivent. Ici fes jardins de fleurs ne font plus des parties de 1'enfemble, des limples moyens d embelliflements; ils forment plutót eux-mêmes un enfemble, un genre particulier. 3 Les parterres de fleurs font deftinés a recréer Pceil par Ia diverfité & la beauté des couleurs, a quoi fe joint encore Pagrément du parfum. Le propnetaire aura donc principalement foin de fe procurer une floraifon durable, & de diftribuer & marier enfemble fes fleurs de maniere a produire un tableau attrayant. Un parterre compaffé, oü les fleurs font rangees fuivant leurs families, leurs efpece. & leurs variétés, eit peu avantageux a cet effet. Un fol qui, parfemé de petites collines & d'enfoncements doux, s'étend en ondoyant vers le levant, dont la lueur aimable repand un nouvel attrait fur les plantes oü brille la rofée, eft beaucoup plus favorable. Lorsque de plus Ie terrein defcend infenfiblement vers une piece d'eau ürnpide ou vers un ruiffeau, qui erre entre les légers enfoncements du fol, & tantót gliffe paiftblement en réfléchiffant 1'image *) Voyez Tome IL p. 92. & fuivantes. **) lbid. p. Q^ deS  64 Sixiemt SeUion. jardins retatifr des fleurs voifines, tantót fautille en folatrant entre les cailloux", tantót fe verfe en cafcades murmurantes & femble fe complaire Iui-mème a fes petits jeux, Ia fituation en devient plus fraiche & le tableau plus animé. La fcêne gagne encore en beauté, quand d'efpace enefpace desarbriffeaux en fleurs forment les cadres des lits, ou couronnent les petites collines, & jetent plus de nuances & de variété dans les tableaux que préfentent les plantes moins élevées. Leurs embellifiements accidentels continent dans les petits effets aufll fugitifs qu'aimables de Ia lumiere, & fur-tout de Ia lumiere oblique du matin ; & dans les badinages des papillons légers, qui pendant le jour voltigent entre ces beautés diaprées, les carefient d'un air jaloux, & ne choififient que le foir 1'amante entre les bras de laquelle ils fommeillent au milieu des doux foupirs de Pamour, oubliant Ia fraïcheur de la nuit jufqu'a ce que 1'aurore ait depuis longtemps enflammé les cieux. Les ftatues des graces & des amours peuvent prolonger la durée des doux fentiments qu'infpirent ces fcênes; un limpide jet d'eau, négligeamment dccoré, peut augmenter Ia vivacité du fpeétacle; des repofoirs ombragés, répandus aux environs, &desberceaux de jafmins & de rofes, peuvent inviter a jouir de ces plaifirs, ou bien a fe livrer a un léger fommeil que rien ne trouble, fi non le bourdonnement de 1'abeille aétive. Que 1'homme fenfible fe trouve bien dans ce féjour agréable! Qu'il eft heureux en y voyant fes jours d'été s'écouler entre 1'innocence & la paix, occupé tantót de réflexions fages, tantót de fentiments ou de fouvenirs délicieux, qui lui rappellent les fonges de fa jeuneffe évanouie. Printemps innocent de mes jours! douce fleur de ma vie! ton image qui chaque inftant fe préfente plus confufe, me touche encore dans ces lieux; ton image, jouiflance voluptueufe jadis, ck maintenant fouvenir attendriflant! Aimables & fugitifs jours d'été, pendant lesquels enfant encore je me jouois parmi les fleurs de monpere, dans un vallon champètre Sc tranquille, que couronnent de pres & de loin des forèts & des hauteurs paifibles, entre lesquelles un lac brillant égayoit feul Pobfcurité du lointain! Que vous étiez beaux, aimables & fugitifs jours d'été! Qu'il m'étoit doux de prendre part a toutes les occupations champêtres, d'apporter aux plantes de Peau dans des feaux  fêtat des propriêtüires. 6 feaüxjroporüonnésamataille, d'imiter leschantsdu rofllenol fc A*r ? teraudevantdelarougeur éclatante ducouchant» Tcn^nJr • , tredouleur quelapiquure de 1'abdlle chal^^^^ ^ fleur, ou 1'égratignure du roller épineux' Je n'avö ^'T de?effi?üne celui deproIongermesjouiiTance^ prefent, nen n'enfantoit 1 attente inquiete de ftv^^S^ cours des rois, plaifirs, follicitude*, affaires du ™nd 1 7' vous alors pour celui oui feul Jiat g""d monde, qu'étiez —o/d'autrebonS^^^^^^^^ qVun rabieau de fleurs; ,«'«ora de^„„fe dc7eu* & de repouiTer encore I a fin ^ i» - ï ' > de fe faner fe ,es fflfcs fugitivPes du pA^I^^; ? "S du"W« fleurs qu-offrechaquefaifon de notre vie^e' „' I" ta des .empé.es du monde, paffe .a foirée de fa" "sdan" S n fible orne de mille fleurs, & ranime par fa faeffe «SiT. l'imaginatto en fe defféchant mfe^Lmeatf 9 Les  66 Sixleme SeHion. jardins relatifs Les jardins de fleurs ne plaifent pas uniquernent a la jeuneffe; i!s font encore des féjours chers a la fenfibilité. Les perfonnes d'un caracïere plein de douceur & de bonté, & par conféquent le beau fexe, ont coutume de s'amufer le plus dans ces petites fcênes de beautés calmes & d'agréments modefles. La nature ne raffemble presque nulle part autant d'attraits aimables qu'ici. La pureté & la douceur d'une couleur unique, comme dans la hyacinthe, la balfamine, le lupin, la lavatera; les nuances fines et délicates, comme dans les efpeces fi variées des ceillets; les mélanges, les fontes de plufieurs teintes douces, comme dans quelques efpeces de tulipes; les parfums doux, délicats, flatteurs, raffraichiffants & propres a ranimer les efprits, qui font 1'appanage de tant de fleurs 5 tout fait nakre & entretient le fentime'nt de Taimable, fentiment qui remplit 1'ame entiere d'une efpece de complaifance, de fatisfaélion, d'une volupté fi enchantereffe, que la langue femble manquer de mots pour les exprimer. Le bon goüt peut fans cóntredit rehauffer extrèmement les effets gracieux que produit un jardin de fleurs. Des tableaux qui ne font que bigarrés, & ce font les plusjcommuns, ne font aufii que pour des yeux vulgaires, qui demandent uniquernent a être éblouis, diftraits; des tableaux revêtus d'une feuie couleur ennuyent & fatiguent bientót. Le pittorefque feul a droit d'amufer. Pour le produire, il faut d'abord que la plantation ne foit pas ordonnée d'après les regies de la fymmétrie, mais préfente des groupes raffemblés & marlés enfemble enforte qu'il en réfulte un tableau bien colorié. *) — Des tableaux de cette efpece dépendent autant du mariage harmonieux des couleurs que de leur contrafte. Le blanc fe marie très-heureufement avec le jaune pale, celuici avec le couleur de chair; le couleur de rofe & le bleu célefte font un très-bon effet avec le blanc, lebleu foncé avec le pourpre, le rouge foncé avec le brun, Ie jaune ardent avec le rouge vif, Ie gris avec le bleu foncé. Le blanc peut fe réunir a tout, au jaune, au rouge, au bleu; il produit *) Voyez Tomé II. p. 96.  a l'ètat des propriétaires. 6 produit des adouciffements qui flattent fi fort 1'ceil; quelque «hofe de doux & de prévenant fait Ie propre du jaune clair, du couleur de chafr du couleur de rofe du bleu célefte. Les couleurs nUtoyen^^ Ie tab eau harmomeux. Entre Ie jaune & Ie rouge eft le jaune ardent entre le rouge & le bleu fe trouve Ie violet, & Ie verd entre le bleu & le jaune; ces couleurs peuvent être fondues 1'une dans I'autre fans fe cho quer. La gradation afcendante commence au blanc & paffe par le blanc jaunatre, Ie jaune, le jaune rougeitre, Ie jaune ardent, Ie jaune ardent ougeatre, Ie rouge, le rouge bleuatre, le violet, le bleu rougeatre Ie bleu Ie gris qui devient tout-a-fait foncé ou gris noiratre, lequel ure fur Ie jaune, le rouge, ou le bleu foncé,. La gradation defcendante paffe du bleu au verd, au verd jaune, au jaune, au jaune blanchTre "au blanc Ces, gradations naturelles des couleurs doivent guider 1'cei de 1 amfte dans les tableaux qu'il tracé avec des fleurs. lL des Zks principale* eft de placer les couleurs claires fur Ie devant, & de les Sé ienter les premières a la vue qui doit parcourir 1'enfemble d'un tableau" harmonieux. - Quand il s'agit decontrafte, on peut opnofer Ie jaune ardent au blanc, le pourpre au verd clair, le bleu célefte af rouge W Les couleurs claires gagnent, & dans la nature & dans les tableaux quand on leur oppofe les foncées. - L'art de tracer des tableaux intS effants avec des fleurs, cet art qui ouvre au génie un champ vafte & nouveau peut regner dans les jardins de fleurs plus que dans les coin pofitions formées de buiffons fleuris. Dans ceux-ci le jet & les feuiC lont des proprietésimportantes qui s'attirent les regards; dans les nlan tes au contraire ce ne font guere que les fleurs. Elles s'y montrent or" dmairement avec plus d'abondance, & font plus grandes, plus attrayan! tes que les feuilles, ou étalent du moins une plus riche variété^ de nuances. vaucre ae 1 2 IV. jardins  |g Sixiemt StStion. jardins relatifs IV. jardins campagnards; jardins champêtres, Le jardin champètre eft le plus fimple, Ie plus éloigné de la parure & dc l'art. II diftere cependant du jardin du payfan qui n'offre que des plantes potageres & quelques arbres fruitiers, & qui eft ruftiquement entouré d'arbrifleaux femblables. Le jardin champètre n'eft pas non plus uniquernent relégué dans les villages; le bourgeois, le particulier diftingué peut le choifir par goüt, & le planter autour de fa commode demeure. Ce jardin fera fitué fur une pente infènfible, dans une vallée tortueufe, ou même dans la plaine; il n'exige point de vues vaftes, pompeufes, furprenantes. De petites éminences, qui 1'environnant voilent 1'afpeét des lointains, un bois touffu, une fraiche prairie, une eaupaifible, ou bien un étang, des paturages voifins ou dans 1'enceinte même, femblent  « Pètat des proprUtaires. ^ femMent convenir Ie mieux au caraflere de ce fitt, Ie chant d'une mul" u ou t'e" coaffe S 'l ^ """^ " «eTemen', ' " ^""k' fervirt»" a «UW ^naQ-Ue,'e?rdin,Champêtreroit Pedt' o» 1« f"> enceime ai, quelcue «endue, .oujours fon ordonnance doi. fe borner a la fimplicitó Sne agréable negligence. II „e permet poin, d'objets «SI'S coup de ch0lx & d'arrangemen,. Ses plantations conlifte, t en arbres m des pommiera fc des H£ ÏST^ de coignaffiers, de neffliers & de ókmier*. *, /; » , noyers* ombre b,enfa,fa„,e, & IVn place un banc fous fon feui lage Pom. dï lees, pomt d'arbres artirtemen. rangés; » paroilfen, par-ci pa la en groupes .rregubers, „n,6« plus grands, ,an,ó« plus petits "anSr nluT tan ot moms éloigmis les ons des aurre, Us fenders, pl e"X com modes, ferpentent a cóté de ces trmnn^o „ i r 7 , ^ 1 menen; ici vers des „mb es .oZ* ve^une" I " "f & •rr r . luunucs, ia vers une place découverte nu*» tapilTe un frais gazon. Us font mi^a* * F uctouverre que arbrdïeaux on. les fruits fon. mangeable, Enrre'lea arte* les " brmeaux, le long des fenders, & i có,é des repofoirs répandus ^12 ques endrotts ombragés, paroiffen, des p,a„,es qui fixen, le caraTere dt I enfemble comme la violette, le mugue., Ia primevere, le nard cd, le part-mes de memhe, de marjolaine, de thym, de fauge & de ava, de Un p5,urage attenant, ou quelques vaches erren, ï Pave,le, „u Uen dans un com les pe,i,s de Poie, qui bérifles d'un duvet jan Se fe a" Suü\ 7t m"Si Un n,ifeu "ui f-ou,e dujcd' au ga" zou, ia,, dans Pavantcour, puisferpemeavec un petlt murmure k travfrs lesplautattons, etvafeperdre dans une prairie enfoncde, ou dansTn 3 e'tang  ^o Sixhme Seiïion. jardins relatifs étang qu'animcnt des canards; une familie de pigeoris domeftiques, .qui. entremêlés d'hirondelles habitant auprès d'eux fous la protedion de i'hofpitalité, volent fouvent au-deffus du jardin-, dans un angle quelques ruches — telles font les décorations affortiffant a ce caraclere. li ne fouffre aucune magnificence, aucune richeffe; 1'utilité, la commodité la propreté, & une modefte élégance font fon appanage. De la point de ftatues, point devafes, point d'ouyrages brillants de l'art dans un jardin champètre, non plus que des fabriques du ftyle noble & bien moins encore du ftyle pompeux. Un riche pavillon iroit auffi mal ici nu'une grotte ou bien un hermitage. Des berceaux treffés de troenes, de rofes de lilas, de chevrefeuille, de jafmin, ou formés par les branches recourbees d'un tilleul ; une maifon bocagere, compofée d'écorce d'arbre &tapifieede mouffe; une fimple maifonnette ruftique, couverte de chaume ou de rofeaux; une cabane de pècheur, au bord del'etang; un cadran folaire, for une petite éminence, voilk les feuls ouvrages d'architeaure que fupporte ce genre. Et même ces fabriques pleines de fimplicité doivent toujours fe montrer ifolées, & jamais en trop grand nombre; car le caradere champètre porte en lui-mêmeune efpece de folitude, que blefferoit la multiplicité des fabriques. Le repos, la retraite domeftique, la tranquille modél ation qui, fe contentant de peu, & qui par les doux zéphirs rafiraichie, fous fes arbres touffus fent le prix de fa vie, *) lenlaifir que 1'on prend aux attraits innocents de la nature, & qui n'a pour compagnesque des occupations paifibles, tellesfontles images & les fentiments que doit réveiller le jardin champètre. 11 plait par des charmes doux & paifibles; les impreffions qu'il produit ne font pas profondes, mais infinuantes; elles s'évanouiffent a 1'afpeft d'un cceur enflammé par lespaffions & ne cherchant que des plaifirs bruiants; mais elles touchent les ames que le monde n'a pas encore altérées, qui font encore ouvertes a la paix & a 1'innocence. Ces ames feules fentent tout le charme du fpeaacle touchant qu'offre le jardin champètre pendant une matinée fereine; La *) Imité de 1'Allemand de Klëift.  a Pêtat de: proprie'taire:. ?I La fermiere a fon tour libre de foins preffants. Sous une treille aiïïfe entre fes deux enfants, Transplante fur la toile k 1'aide de 1'aiguiile Les fleurs de fon parterre, & 1'enclos de cbarmille. Un fourire agréable & plein dWnité Annonce de fon cceur J'innocente gaieté. Favori des amours & des graces 1'itnage, L'un des fijs Ja flattant dérange fon ouvrage; II fe pend a fon cou, la ferre dans fes bras. L'autre cueille les^eUrs qui brillent fous fes pas; II fautiüe dans 1'herbe, ébauche fes idees, Et fa langue en jouant bégaie des penfées. *)  _p Septiem SecTum. jardins dont le caraiïere SEPTIEME SECTION. jardins dont k cara&er.e dépend de leur deftination particuliere. I. jardins publics. Vu les progrès de la police dans nos temps modernes, il feroit difficile de trouver une ville de quelqu'importance, qui n'eut pas dans fon enceinte ou dans fon voifinage une place deftinée aux promenades publiques; ne fut-ce que les avenues même de la ville, qui, bordées d'arbres, fervent a cet ufage. Une ville confidérable doit renfermer une ou plufieurs grandes places ouyertes, on le peuple puiffe fe raffembler & s'étendre a de certaines époques heureufes ou triftes, oü il puiffe refpirer un air pur & fain, & jouir des beautés que le ciel & le payfage dévoilent ici de nouveau a fes yeux. Ces places, lorsqu'elles font ornées de gazon, de jetsd'eau, de ftatues, environnées d'arbres, & entourées des édifices les plus élégants de la ville, forment une décoration très-avantageufe. Elles attirent les étrangers par 1'air de férénité qu'offre leur afpeél, 8e entretiennent dans ceux qui fe promenent une certaine vivacité de fentiment. Mais outre ces places une fage police peut difpofer, foit dans Tenceinte des murs, foit peu loin des portes, quelques lieux particuliers, propres aux promenades publiques. Ces lieux font deftinés a fournir 1'occafion de faire de 1'exercice, de refpirer en plein air, defedelaffer des affaires, 8c de lier converfation; leur ordonnance 8c Ia maniere dont ils feront plantés, fe régleront donc d'après cette deftination. Enfuivant les principes d'une police fenfée, les jardins publics doivent être regardés comme un befoin important pour les habitants des villes. Car non feulement ces promenades temperent les travaux de la journée, en préfentant des images 8c en faifant naïtre des fentiments agréables; elles détour-  dépend de leur deftination particuliere. bl« & couteux en vogue darfles villes, & 1'accoutument infenliblement a de amufements moins chers, i une fociabilité plus douce a un efori lre L ^.~od-'. « **» versas fpedade de ,at ure. Les different» états gagnent 1 fe rapprocher ci mutuellementles uns prennen, un maintien plus décent, un air d= modertie baraffe ■ fa autres une affabilité plus prévenante, une politeffe plus com mumcanve Tous yjouiffen, fans empêchemen.dudroitoullsomdj gouter les plaifirs offerts par la nature. Le fite d'un jardin public doit, autant qu'il eft poffible, être en nlein « & cn.ouré de lointains riants. Enfnite qnoique le bourg ois fe nrö t les heures du ,our. Car ces promenades doivent cn même temps e re ouvertes a toutes les heures pour 1'étranger, le malade, le bu™ deauxmmerales, ledcsceuvré, rhomme fociable qui cherche queïqu'a m, La plantatton fera fur- tout compofée d'arbres don, les larges feui I s repanden, unombrage riche, & formen.une voute épaiffe. LoCe .1 fe trouve une foré, prés de la ville, il eft alle d'y ménager des promë nades touffues Les al.ées doivent être larges, commodes, m„Ce 8. propres a s'cvtter. Des a.lees en ligne droite font „on feulem „, re cevab es ma,s encorepréférables ici, paree qu'elles facililen, a Ia Pd£ nen de', dfl'fouVent MifP^"= «-S ces lieux. L'ordonnance £ pend de la deftmauon particuliere de ces endroits. On veut fe trouver fe votr, fe promener en compagnie, s'entretenir. Des allées tirées au cordeau favonfen, plus ces intentions que des fentiers tous étroi& fïnueux. Cependant un jardin public d'une étendue confidérable peuT outre fes avenues allignées, renfermer auffi des fentiers tortueux rLndus dans des parnes foreftieres & dans des bofque,s fai, a deffein &il en a meme befoin pour jeter de la varié,é dans l'enfemble. La commod.te & meme la furete des piétons exige que les fentiers qui leur font chêvah' PSrêS r0UKS l*0° Paffe en ™iture & * K Non  74 Septieme StUion. jardins dont U caraftere Non feulement on placera des bancs •& des repofoirs a 1'ombre des bocages & des arbres & aux endroits oü s^uvrent des perfpeclives riantes, mais on en proportionnera encore Ie nombre a la foule de ceux qui fe promenent, & on les répandrat a des diftances convenables. Des berceaux verdoyants & touffus, & des maifonnettes oü 1'on puiffe fe mettre a couvert en cas de p:uye & d'orage, conviennent a un jardin public. Ces fabriques doivent être de formes variées, & d'une architecture légere & limp'e. Les jardins publics voifins d'une grande ville, furtout lorsqu'ils en font a quelque diitance, exigent encore des maifons oü 1'on trouve des raffraich ffements; & ces édifices peuvent être batis de faqon a préfenter aux yeux des objets agréables. Tout ce dont nous venons de parler fert principalement a rendre Commodes ces jardins, qui ne doivent pas non plus être privés d'établiffements deftinés au plaifir. Un lac s'étendit le long du jardin, une riviere ou quelqu'autre eau courante traverfe-t-elle fon enceinte? que des cha!oupes & d'autres bateaux invitent a la promenade fur Ponde, ou a la pêche. La mufique n'eft pas moins attrayante dans un bois, & les fons du cor-de-chaffe qui nous enivrent de fentiments voluptueux, ajoutent un nouveau charme a ceux d'une belle foirée d'été. On peut donc placer ici des maifons de mufique dont Farchiteéture releve en même temps la fcêne. Les ouvrages couteux de l'art, les décorations élégantes & les plantes rares, qui exigent du foin, neconviennentpoint aux jardins de 1'efpece en queftion. Cependant on peut y placer des ouvrages propres a produire des impreffions utiles fur Ia foule. 11 paroit que c'eft ici le lieu convenable pour femer des bonnes inftruétions fur les routes oü le peuple cherche k fe divertir, & pour fixer fon attention par des fouvenirs importants. Des édifices qui offrent quelques tableaux intéreffants tirés de Phiftoire de la nation, des ftatues érigées a des bienfaiteurs décédés, des monuments qui munis d'infcripti. ns inftruélives rappellent des faits & des événemerits confidérabks, peuvent être répandus a des places convenables & y caufer des effets très-avantageux: mais les urnes & toutes les  dèpend de leur deftination particuliere. les autres marqués de douleur doivent être bannie* 'a-g ftatues, ces buftes & c« ,„tr« Ces édifices, ces en cela les anciens, qui presque dans toutes les promenX' 'il' ' a la vcrtu par les images des veitus civiles P, i. enaaes an"no,ent tót dans les beau* am a ** C°n"'ie Pto" unjardinpublic? qS^^^ menades publiques un monument confacr i 'homme t 1 Pr°né dans f„„ fein, ou bien a Phomme dom 1 t"t J , meritan* d'animer par li fes ciloyens en irAuib°'3 f '0nt °oh™, & des grandes réfidences on nour* Z ? , Da"S 'eS envir°™ pubL, ourondédie'öit au po«: *" Philofopbes, des ^VJc^™^^^> ~ places dans des fcênes ordonnées iderïein, d'aprêsl aT ™ ° auquel elles feroient confacrées. ChamP nouveau & k -Z „ Part patriotique des jardins. e ouvert J 2. Tant que les jardins publics ne feront pas revêtus de tont,. 1, a- ■ te dont ils fon, fufceptibles, il faut qu'ils fe contemen 1 qu'on leur a donnée jufqu'a ce jour. CependantTJV T^" ce,te efpece qui fe d^J*»,,^£ a euta^ntt 8c par les riches beautés de ,a nature. Les promeLde "ub~ e ^ 2 Londres  76 Septitmt SeBion. jardins dont Ie caraiïere Londres & de Paris font affez célebres, quolqu'elles ne foyent pas des modeles. L'Allemagne auffi poffede dans les environs de fes villes les plus conlidérables des jardins de ce genre qui méritent d'étre recom- mandés. , t .tl Le Prater pres deVienne eft aun quart d'heure des portes de la ville dans une grande ile formée par le Danube, & s'étend Pefpace d'un demimille (d'AUemagne). II eft couvert de bois épais coupés de champs & de prés verdoyants. Quatre rangées de maronniers augmentent les attraits fans art de cette ile. Autrefois elle n'étoit ouverte qu'aux carofles delanobleffe; mais Phumanité magnanime de Jofeph en a permis 1'entrée a tout le monde, a pied, a cheval, en carofie. Dès -lors on répandit dans les plaines des tentes, des cabanes, des pavillons oü 1'on peut avoir des raffraïchiffements, des carroufels, des jeux de guilles, & d'autres amufements. Ces cabanes & ces pavillons femés dans la forét & frequentés par la foule, s'embellirent d'année en année. La mufique ne manque pas non plus ici. L'Augarten eft un jardin public pres de Vienne; il eft fitue dans 1'ïle, nomméeDonau-Infel (ile du Danube) qu'occupe le fauxbourg de Leopold. Autrefois c'étoit le jardin du palais d'été impérial, nommé 1'ancienne Favorite, faccagé par les Turcs en 1683- Depuis lors il devint une promenade publique, mais il fut totalement négligé. Enfin PEmpereur Jofeph entreprit lui même d'embellir ce féjour. 11 le fit aggrandir, y fit planter en diverfes dire&ions de nouvelles allées formées d'arbres' de différentes efpeces, y fit élever des terraffes propres a préfenter les lointains riants du payfage, y fit conftruire des édifices, fur-tout unbeau pavillon champètre contenant plufieurs chambres, & quin'eft pas uniquernent arrangé pour le jeu & pour la danfe, mais auffi pour y prendre les repas du midi & du foir. Dès que ce féjour de plaifir, a moitié livré a Pair agrefte de la nature, & a moitié cultivé comme un jardin, & derrière lequel coule le Danube, eüt été reparé, il fut auffi ouvert a tout le monde par LEmpereur, en 177 f. L'lftfcriptión qui eft a 1'entrée & qui fignifie: lieu de plaifir confacré i tous les hommes par leur ami, 1'annonce,  dépend de leur dejlination particuliere". 77 1'annonce, en mêrne temps qu'elfe eft un monument de la bonté du fondateur L'Augarten, oü le monde fourmille tout le jour, a été depuis embelh de diverfes manieres. Souvent ici & dans le Prater, PEmpereur cetamidePhumanité, eft au milieu de fon peupïe, fans fuite, unique-, ment accompagné par Pamour de fes fujets, & les voit avec une fenfibihte noble & participante fe partager fans gêne en troupes plus ou moins grandes, toutes reünies cependant par un feul fentiment, celui de la joie que leur infpire leur bienfaiteur, qui, femblable d Pefprit vivifiant dont la nature eft animee, répand fur eux une chaleur falutaire. Berlin a plufieurs promenades, publiques agréables, *) tant dans Ia ville même que prés de fes portes. Diverfes places font plantées d'arbres. Le bois qui conduit k Trepto^ a quantité de promenades trésbelles. „L'aileedesmaronnierseftune promenade fort agréable le foir.— „La chauffée des faules eft bordée de ces arbres dont la hauteur & Ia „groiïeur font extraordinaire*; - quoique fituée au milieu de la ville „la vue d'une prairie agréable, de plufieurs jardins, & de la Sprée coü„verte de bateaux, lui donnent un afpeét plein de charmes." Mais Ie pare eft ce qu'il y a de plus remarquable a Berlin. II eft redevable de fes améliorations & de fes plus grandes beautés au Roi régnant aujourd'hui qui Ie fit augmenter de plantations d'arbres, de promenades & de places decouvertes. Ce vafte pare renferme une centaine d'aliées, qui fe croifent & fe coupent en ferpentant, & une diverfité enchanterefie d'arbres & de plantes, mêlés enfemble d'une maniere trés-heureufe, & formant des fcênes agréables en aftez grande quantité pour occuper pendant quelques femames celui qui voudroit les parcourir toutes. „On peut aller „en voiture & k cheval dans les larges allées du pare; mais celles qui font „étroitesne doivent être que pour les gensdpied. - II y a pendant tout „Peté fur le bord de la riviere" (la Sprée) „quantité de tentes" & de cabanes „dreffees oü Pon vend toutes fortes de raffraichiftements. - Dans K 3 3)les *) Voyez 1'excellenteDefcription des eft de i779; mais ce qui eft cicé ici eft villes de Berhn & de Potzdam par Mr. tiré de 1'édition fran?oife de i76g Nicolai; la nouvelle édition allemande  ?.g Septime SeBion. jardins dpnt le caraiïere les belles après-midi d'été, fur-tout les dimanches & les jours de fète, „le concours de voitures, de cavaliers & de gens a pied eft prodigieux" & fouvent les plaifirs de cette multitude font accrus par la mufique des régiments en garnifon a Berlin, dont les concertants font répartis dans les bofquets des environs. Les promenades pubiiques de I'Aue a Caffel, font d'une étendue tres - confidérable & propres non feulement pour les gens a pied, mais encore pour ceux qui font k cheval ou en volture. La plantation formée dès le commencement de ce fiecle de tiges qui avoientdéja leur cru, confifte en arbres grands .& fuperbes, pouffant en toute liberté leurs jets élevés & leurs feuillages touffus, & offrant Fafped de fcênes foreftieres pompeufes, coupées par de longues allées en ligne droite. Entre ces allées on a menagé des haies, dont 1'intérieur eft pour la plupart rempli d'arbres ferrés qui les dominent, & aident a renfoncer l'x>mbrage répandu alentour. A eóté des allées & dans les fentiers bordés par les haies, quantité de gazons augmentent la richeffe de la verdure, qui, avec 1'étendue vafte de 1'enfemble & les variétés des chemins, rendent ce féjour très-attrayant. Un pare peuplé de cerfs, une faifanderie & une ménagerie, qui renfermoit jadis beaucoup d'animaux étrangers rares, touchent a I'Aue & augmentent fes attraits, ainfi que la riviere de Fulde qui la Ionge en coulant doucement. Cependant le goüt du temps auquel ces jardins publics furent formés, fe montre encore par-tout. Car non feulement 1'enfemble de Ia plantation & des chemins eft ordonné avec une exaéle fymmétrie, qui n'eft pas a la vérité totalement déplacée ici; *) mais la décoration auffi eft dans 1'ancienne maniere. On voit encore des éminences en limacjon, un théatre, un labyrinthej des baffins d'une figureréguliere, & dans un d'entr'eux une ile faqonnée comme un rempart, des arbres en boule & des fapins métamorphofés en pyramides, des haies de fapins bientondues, & a 1'extrémité de I'Aue les foi-difant fept montagnes , qui préfentent tout- a - fait I'afpeél d'une fortereffe. Autour du baflin fupérieur; des fapins taillées en pyramides fuccédent alternative- ment *) Voyez le Volume I. p. 163.  dipend de leur deftination particuliere. 79 km a des arbres de même efpece, mais abandonnés a Ia nature Tadis que de dept on abandonna run après 1'autre ces arbres a leur naturel Peut-etre le travail que caufe ce ftyle ancien & forcé, alLra t i ceaux dont fair eft afc naturel, & qui kJM au4u " it res ofen, des lomtains p eins de charmpo r . ., onrent Vemen, majeftuem, En général, quoiqne ce hitimJ,Tmltö~ qu;une partie dn vafte plan qne 1'on fe propofoi, i^Z^t™" prefentanon fe trouve I Caftel dans ,a maifon des modeles. i, eft cepeT petre on 1 on etale Porangerie, belle & nombreufe. V/JS£ü bien pfufieors changement* & plufieurs embelliffemenrs «) Les caraéteres des Jointains font trés-variés ™„ i„ L> ft dépenden, du fite. Prés des villes ^roZIZon, o'rZ" " des prairies, des forèts, des peces de gri rik, manumes, c'eft Pafpeél de la mer fuperbe & de Pinduftrieufe al «te qu offre un port plein de navires. Prés des vil** MtZ t , \ rents  g0 Septieme Seiïion. jardins dont te cara&ere rents 8c 1'impétuofité des cafcades. Plufieurs villes fortifiées ont changé avec avantage leurs remparts en promenades bordées d'arbres. A Han«ovreondémolit a grands frais les remparts, & Pon plante les places applaniesdefuperbes platanes, afin de fe procurer des promenades publiques emichies par les beaux points de vue qu'offrent les payfages des environs. Cette ville a cependant déja, outre les jardins du Prince, une allee de bouleaux 8c d'autres arbres foreftiers entremélés de müriers; cette allée eft hors de la porte neuve 8c conduit a un bocage des plu* agréables Sc des plus touffus, coupé de fentiers finueux. II. jardins acadèmiques, oü joints a des académies, i. T es Mufes* chériffent non des murs obfcurs & poudreux, mais des Li éminences riantes, couvertes de bofquets riches enombrages, & fournies de clairs ruiffeaux 8c de fleurs. L'Hélicon, antique demeure des neuf fceurs, étoit un des monts les plus fertiles 8c les plus couverts d'arbres de la Grece. H étoit embelli par 1'Adrachne, forte d'arboufier / Arbutus) dont le fruit étoit extrèmement doux 8c falutaire, 8c qu'on eroyoit mème fufceptible de rendre moins dangereux le poifon des ferpents. Vers le nord ce mont s'approchoit du Parnafle dans Pendroit oü celuil ci touchoit a la Phocide. L'Hélicon égaloit fon voifin en hauteur, en étendue 8c en grandeur. Les Mufes étoient les fouveraines de 1'Hélicon. Ici fe trouvoit leur bofquet touffu que décoroient leurs ftatues & celles d'Apollon, de Bacchus, de Linus, d'Orphée 8c d'autres poètes fameux. Les vallées de 1'Hélicon font, fuivant la defcription de Wheeler vertes, fleuries, 8c animées par de jolies fources, de limpides ruiffea'ux 8c de'petites cafcades. Le goüt des Grecs étoit pür 8c riant, comme I'air qui entouroit la demeure de leurs Mufes. Les opérations de 1'efprit obtiennent fans contredit des fuccès plus prompts 8c plus heureux, lorsqu'on eft entouré d'objets qui, par leur * nature,  dêpend de leur deftination particuliere. gI nature, font fur nou, des impreffions douce* & gracieufes. La beauté & a ferenue d'un canton ne flattent pas uniquernent le fens extérieur: elle, ne donnent pas uniquernent aux efprits animaux un mouvemen plus prompt; elles vivifient auffi i'imagination par des tableaux pleins de iraicheur, & renforcent en même temps toute 1'aéhvité de PefpriY par ft grement qu'elles verfent dans le fens intime. Nous éprouvons bientót" a quel point notre efprit eft ranimé, eft éclairci, lorsque nous retournons a I ouvrage, apres avoir pris gaiement de 1'exercice dans un beau canton ou dans un jardin. Le poëte, I'orateur, Pécrivain, Partifte, doivent puifer leurs idees dans la fource pure de la nature; il faut donc leur four nir de bonne heure Poccafion de Ja trouver. L'aménité de Pefprit L fpree par Ia jouiflance de la belle nature, faitpar-tout notre bonh'eur dans la vie privee & a la cour, dans nos families & dans le grand monde' La ville altere & dénature fi facilement le goüt de la jeunefte; la campagne les jardins non feulement ajoutent des attraits a fa culture, mais encore Ia facilitent. C'eft la nature qui fournit toujours les plaifirs Ie p us innocents & les plu, nobles, celui qui s'eft accoutumé a les trouver dan fon fem, poflede une riche fource de fentiments agréables, fource qui toute fa vie coulera fur fes pas. Les circonftances au milieu desquelles commence Ia première édücation de 1 homme font tres-importantes. Le ton fur leque! fe monte notre fenfibilite dépend presque entiérement de, premières impreffions donnees a notre jeunefte, & ce ton nous accompagne toute notre vie De jeunes cceurs auxque's on a de bonne heure infpiré Ie goüt de Ia pro^ prete delordre, dePaménité, ne Ie perdront pas aifément; ilpaffera dans leurs jugements, dans leurs actions, les accompagnera par.tout. La cloture, la malpropreté, Ia rudefte, Pafpeét dépouiüé de goüt qu'offrent presque toutes les écoles des villes peuplées, doivent naturellement «valer les ames de la jeunefte qui s'y trouve renfermée, & lesrendre Peu a peu infenhbles aux impreffions plus déücates des beautés qu'étaient les ceuvres de la nature & de l'art. De la cette ftupidité, ce défaut de g0 TlneT. rUmdté Fegnent ^ f°rt m0eUrS d6S i6UneS Sens L au  ga Septieme Seiïion. jardins dont le caraïïere au fortir des écoles. Les arrangements qui infpirent des idéés & des fentimens d'ordre, de convenance, de beauté; les édifices & les jardins qui contribuent a cet effet, ne font donc pas moins néceffaires que de bons maitres aux établiffements deftinés a 1'éducation. Et cependant combien peu a-t-on penfé encore a cet objet! Les édifices deftinés a 1'inftruétion publique de la jeuneffe, font presque par- tout des maffes de pierre informes, obfcures, faies, qui reffemblent a des cachots, &qui, lorsqu'elles font entourées d'une cour, en offrent communément une qui eft auffi clofe que le batiment mème, & de plus fi moite, fi folitaire, fi abandonnée, qu'e le ne produit pas la moindre fenfation agréable. De ce cóté 1*Angleterre feule a encore quelque avantage. Differents colleges des Univerfités d'Oxford & de Cambridge ont de jolis jardins. L'Univerfité de Dublin eft auffi munie d'un pare, oü les jeunes gens peuvent aller délaffer leur efprit fatigué par 1'étude. Ce pare furpaffe quantité de jardins publics, non feulement du cóté de 1'etendue, mais encore du cóté des attraits champêtres. Les étudiants ont de p'us ici un beau jardin, oü féparés de la foule ils cherchent la vérité dans la foütude & au fein de bofquets tra-quilles. A Stuttgard onacommencé prés de la nouvelle Académie militaire un jardin académique, dont 1'emplacement eft pourtant un peu petit. Le jeune académifte y trouve non feulement des promenades, mais auffi des places qu'il peut cultiver a fa fantaifie; on y voit encore des pieces d'eau dans lesquelles les éleves fe baignent fous les yeux des infpecleurs. Plufieurs univerfités d'Allemagne ont des promenades publiques, mais elles font encore bien éloignées des jardins académiques proprement dits. 8. Une académie (le mot pris dans toute fon étendue), ou un lieu dans lequel on forme !a meilleure jeuneffe de l'état aux fciences, aux arts, & au fervice public de la patrie, exige un fite fain, agréable & paifible. Des villes mediocres de provincès font ordinairemeut préférables pour cet effet aux réfidences & aux villes commercjantes peuplées; & il eft aufli  dljimddekm AJhathn partimlun. ■ g auffi plus feSe de trouver dans leurs environs un canton rf,™ • ' agréable & .ranqui.,e. Les édifices, diftribués d'anreïï ur dtST devrotent offrir en même temps l-empreinte d'une dune n0 ,e fimplicitó; leur afpecft devroi. être riant & ptónTot^ Un fite place entre des hauteurs & des foréts eft rrês-avanJeu* premteres engagent a montrer ce qui eft três-falutalre &S f om-ent La plantation même du jardin fera riante & eaie O,,- 7 groupes & des bofquets bien compofés d'arbres d' „e bel ^pe™ &t leurs attraits. Ces bofquets, confacrés tantót S Apollon tantó, „„ Mufes, tantót a Hébé, tantót a la Déeffe de la joie Tont d'effin ' ^ maniere caraétériffique, & décorés de ftatues 11tuft fst'nT te Une b.bhotheque champètre choifie, „ne colleélion d'hiftotre „t Pa fcu'li f PlanteS **" P°Urr0nt r™P,ir «*«» 1= cabte particuliere, repandus loliment parmt les groupes. Les foient. ceu* qui s'y font rendus récommendables, %'nt pies avec des decorations allégoriques, ou des monuments avec d e c oT te nfcnptions. Les plus famcuxphilofophes&les plus célebres noTe " tam anciens que modernes, peuven, y avoir des maffons qui E particuherement confacrées, & oü leurs écrits fe trouvent a cóté de 1^, ■mages. Divers monuments ordonnés avec gout & ou 'd-u e ^ «ereconv.nab.ei la deftination du jardin, peuven, donne, ici d^n ftnVuons & es averfmemenre ufiles. Quelques berceau* foli res p "l ven, tavtter fous leurs ombrages 1'ami de la leéhire. Mais un air de ré rernte S, de gaieté doit percer dans 1'enfemble. De la beaucoup d p " c ,bres&decouver,es,beaucoupdefeuinagesclairs, beaucoupdefleu bn'lan.es beaucoup de verds gazons, de plantations aérées de ruTf eaux, & de fi ets d'eau lorsque ,e canton les permet, mais rien' qui ém.' pêche 1 air frats ou qui voile les points de vue. L'ordonnance de i'en fembledoit etre aifee, naturelle, projetée aveo une noble fimplï,é & L 2 ' execu-  §4 Septiem Seiïion. jardins dont le caraiïere exécutée avec goüt & avec délicateile. Qu'aucun faux-brillant, aucune décoration coüteufe n'éblouiiïe 1'ceil. Outre ces embellifiements, le jardin académique peut auffi contenir des places confacrées a 1'étude des plantes. Utile a tout eitoyen du monde, la ccnnoiffance des plantes eft indifpenfable a la nobleffe qui ponede des terres, & a ceux qui fe deftinent a 1'économie rurale. Cette ronnoiffance amufe pendant les promenades folitaires & les voyages, & nous rend tous les champs & les bois intéreffants par les objets qu'ds renferment & qui nous font familiers; fans elle une grande partie de la création nous demeure étrangere. Les plantes pourront être rangees fyftématiquement, afin de faciliter la vue de 1'enfemble & 1'étude de chaque individu. L'utile doit avoir le pas fur ce qUi n'eft que rare, les plantes indigenes fur les exotiques; cependant, lorsque la place & les fonds le permettent, il ne faut pas exclure les plantes rares & exotiques. Ce qui eft inutile & vulgaire doit feul être banni. Un bon choix eft indifpenfable. Le jeune homme doit apprendre a connoitre les plantes non feulement d'après leurs families & leurs efpeces, non feulement d'après les claffes fyftématiques, mais encore & principalement d'après leurs divers ufages. II doit apprendre comment ces ufages, déja fi multipliés, peuvent le devenirencoretplusenlesappliquant a 1'économie domeftique, aux manufaétures, au commerce. Combien les liaifons qui fe trouvent entre les plantes & la vie civile ne font - elles pas nombreufes! Les tréfors du regne végétal fourniffent a 1'état fon premier entretien, fa première richeffe; le fouverain, le miniftrequi leur refufe fon attention, perd des avantages trés-importants. On peut auffi enfeigner dans ces lieux l'art du jardinage utile. L'art de foigner les plantes, fur-tout la culture des arbres fruitiers, fournit a la jeuneffe un amufement plein d'attraits, & cette branche de connoiffances eft fouvent utile dans la fuite; après les études férieufes c'eft un délaiïement qui n'offre aucun rifque, & dont cependant le rapport n'eft pas tout - a - fait méprifable. Dans  depend de leur deftination particuliere. g. Dans les endroits les plus reeulés du jardin académiquè\ on peut auffi menager des pieces d'eau pour le bain, des carrières pour 1'équitanon, des places arrangees pour divers jeux & pour divers exercices du corps, le tout planté & ombragé agréablement & décoré avec goüt La deftination particuliere de chaque maifon d'éducation, fait naftre facilement de nouvelles idees, tant par rapport a 1'ordonnance de 1'enfemble que par rapport k la décoration des parties ifolées. III. jardins monqfliques, ou jardins de couvent. i. Jlfepeutquekviemomftique, en rflofgnant infenfiblemen, de 1'ex* ce lence de fa première inltitution, foit dégéne'rée en abus; qu'elie ai, '«* 7 fouk & "« «fi» & dammes, qu'i, rappel a our d hm avec radon a un meilleur ufage; qu'elle ai, ramaflï & nom i dcs &mean,s ,g„ares diminue le pain du panvre cnhiva.enr, englomi Ie men des fam,Hes pieufc, & dérobé le repos de la vie a une euLfe fans ^ penence Ifepenr qne la crapule, la Inxure & Ia vicLee aiem fouven, fomlle ,a fam,e,é des c.oi,reSi qne fouven, les cellnles, ou la évö «on volo,„a,re devoi, s'approcher du ciel, n'aien, en.endu que des fonpus fecreis arrachés par 1'amour du monde; que fouven, „Le au Z. heude a pompe du facrifice folemnel, les larmes des inforlunés ai!n, accufedevan.l'au.ellaviolence, Ia féduflion, ladure.é, auxque k ite furen, expofes & Kndiffolubiliré des chaines don, ils venmen, ft charger; que desmilliers ayem vu ces fombres murs engloudrZ jerne i7&o.page 50. TomeV. M  9» Septieme Seiïion. jardins dont le caraïïere Qu'une pareille fcène eft riche en émotions majeftueufes! Des objets qui rappellent Ia rapidité du temps font encore tres- convenables dans ce féjour. Un petit hermitage qui n'offre qu'un clepfydre fur une table, & derrière ces mots tracés fur le mur: En ruit hora, ruit fic vita ruentibus horis; Sors quamcunque dabit, non mihi vana ruat. touche en inftruifant. Peut-être regardera-t-on les hermitages'comme inutiles ici, parceque le batiment principal & tout le genre de vie ont déjii quelque chofe d'affez folitaire; cependant ils ont dans les jardins de couvent une convenance qui leur manque ailleurs, & quoiqu'ils ne foyent pas habités, ils peuvent fervir comme d'objets caraétérifiiques quiconcourent a renforcer 1'effet de 1'enfemble; mais il ne faut pas qu'ils fe touchent Pun 1'autre par leur fite, ni qu'ils foient entaffés dans un même jardin; ils obfcurcieroient 1'idée de folitude par 1'image de la fociété. Des pierres fépulcrales brifées, des murs démolis couverts de lierre, & d'autres efpeces de ruines trouvent ici leur place, comme imrges de 1'inftabilité des chofes humaines. Les édifices d'un jardin de couvent, comme les chapelles, les charniers, les hermitages, & même les ruines, doivent être du ftyle gothique; car cette abfence de pompe, cette fimplicité, cet air refpeétable qui conviennent aux deiTeins dont nous parions, font tout-a-fait propres a ce ftyle, & de plus intéreffent en rappellant Ia mémoire de liecles écoulés depuis long temps. Lorsque le fite Sc le canton Ie permettent, qu'un fentier étroit mene vers toutes ces fcênes de mélancolie, vers toutes ces allées formant des labyrinthes fous de fombres feuillages voutés, & que ferpentant a travers des bofquets folitaires Scdes bocages obfcurs, il parcourre un féjour qui fe rembrunilfant de plus en plus fe rapproche de la gravité & de Ia majefté que les monuments répandent autour d'eux — qu'enfin ce fentier monte brufquement fur une hauteur riante, & caufe une vive furprife en préfentant des lointains vaftes, brillants, enchanteurs. Que ce coup d'ceil porté fur la magnificence de la création eft reftaurant! Mais le  dépend de leur dejlinathn particuliere. , Je fage habitant du cloitre voit ici plus quedesobjets quiravifïentla fes regards vont plus loin que 1'horizon vifible: Pour lui de 1'avenir tombe le voile épais, II voit un autre monde & de nouveaux objets *) Au rniüeu des charmes qu'offrent ces perfpeétives 1'image des demeures celeües qui Pattendent, flotte devant fes yeux; il mlJl^Z jour qUI eclaire ces lieux oü fleurira pour lui un prinLps éterne oü 1 entourera fans- celfe une douce férénité. Le lointain azuré ne termine point 1 horizon pour les regards de fonamej ils pénétrent le dernier voi le des vapeurs terreftres, s'envolent & s'étendent dans les plaines im menfes d'une éternité radieufe. Ce coup d'ceil porté dans 1'avenir euTe pnx de ce peu de jours qu'il pafTe dans la clóture; fortifié par cet efpo r il retourne dans le jardin qui lui fert d'e'cole, dans Ja celluie oü les énfeu ves 1 accompagnent, & il attend paihblement Finfïant d'aller habiter ce' féjour de deiices dont 1'idée éloignée le tranfporte. Les jardins de couvents & des fondations proteftantes ne doivent pas s elever jufqu'a cette gravité majeiïueufe, qui convient au genre de vie & aux demeures des moines. Les voeux monaftiques, le fufi«c es mceurs y font moins féveres; tout efl pour ainfi dire monté fur un on moms haut Am i plus de ces fcênes qui caufent comme un friffön de terreur, mais des fcênes qui infpirent une mélancolie plus douce Les objets qui fervent a 1'entretenir, les monuments qui rappellent les fouvenïrs touchants, peuvent être adoucis par quelques images agréables Cependant ïl ne doit s'y rien glifier qui puiffe changer en gaieté Ia ,ra vite fage de ces lieux, ou qui puiffe effacer llmpreffion df m anCoHe" paifible que doivent caufer des jardins de cette efpece. l™nc™e 3- U paroit qu'il convient de parler ici d'un goüt particulier pour les maifons de campagne baties en forme de cloitre, goüt qui commence X prendre en Angleterre. Strawberryhill prés de Twickenham, féjour M 2 cham. *) Imité de I'Allemand de feu Mr. de Kleift..  ga Septieme Seiïion. jardins dont le caraïïere champètre du célebre Horace Walpole, eft un modele en ce'genre. Les dehors de la maifon reffemblent a une vieille abbaie recouverte de lierre. L'entrée paffe par une cour monaftique étroite & obfcure, aux murs de laquelle font incruftées d'antiques epitaphes originaires d'fcalie. Dans le batiment meme on trouve un réfectoire, une falie pour affembler le chapitre, ün dortoir & une chapelle, comme dans tous les couvents. Le ftyle d'architeélure, les meubles, les fenétres peintes & toute la décoration femblent du treizieme fiecle. Ce même goüt gothique regne dans le bibliotheque ; les armoires a livres reffemblent aux faintes chaffes des anciennes églifes, 8c la fculpture affortit parfaitement aux temps desquels on Pa empruntée. Les tables, les chaifes, tous les meubles, les vieux vitreaux peints, paroiffent effeétivement des fiecles paffes; le tout eft diftribué avec un choix trés-fage, 8c avec une obfervation exaéte du coftume, fans cependant choquer le goüt acluel. — Quelques ouvrages ifolés de ce ftyle, frappent comme imitations heureufes, & furprennent par le goüt étrange, extraordinaire, qu'elles offrent. II n'eft pourtant pas a fouhaiter que les maifons de campagne en forme de cloitre viennent a la mode. Elles préfentent cependant une occafion affez finguliere d'employer Parchiteélure gothique.*) Des édifices *) Quelques ouvrages d'architefture, Twelve Copper - Plates &c. engraved fur-tout parmi les Anglois, s'occupent from the Deiigns of William and John particuliérement a préfenter le goüt go- Halfpenny, Architeéts. 4. London. fans thique dans les édifices. De ce nombre année. Gothic Architefture decorated font d'abord pou» ce qui regarde Ia dé- confifting of a large colleftion of Temcoration des parties ifolées: The City pies. Banqueting, Summer and Green and Country Builder's and Workman's Houfes, Garden-Seats and Hermitages Treafury ofDefigns&c. by Batty Lan- &c. defigned by P. Decker, Architeft. gley. London. 4. 1740. Enfuite Gothic London. 8- 1759- Avec 12 pianches. Architefture &c. by B. & T. Langley. 4. Quelques - uns des morceaux d'architeLondon 1747, qui contient pluileurs def- fture font dans le vrai goüt gothique, furfeins & plufieurs fabriques dans le véri- tout les édifices Plan 1, 2 & 3; les iieges table ftyle gothique. Chinefe and Gothic champêtres PI. 6,7,8,9. &ies hermitages Architefture properly ornamented being PI. to & II. Les PI. 3, 4 & 12 offrent Twenty New Plans and Elevations, on des delïeins beaucoup moins exafts.  dêpend de leur deftination particuliere. 93 lm%uL CC g6nre " deVr°ient avoir que des >'ardins en %le IV. jardins joints ci des Jour ces minfrafef. i. Tes jardins que bon conftruit prés des fources minérales & des bains dependen, auffi de leur deffination particuliere. Ils doiven ren "r a fauede 1'exercice en plein air, mais encore beaucoup de places d-affera- fe ' t b- TrCS ^ amUfemenB era Mr i r ' ^ très' ö, oniengera, Mr. heureufement d'après 1'idée de 1'auteur. Tomé V. N  §g Septkme Settion, jardins dont U caratjare  dèpend de leur dejitiation particuliere. gg .Le temple efl rond, dans Ie goüt des temples de 1'anüquitéa eft ouvert & decoré de colonnes ifolées d'ordre ionique-qui DOr' tent fa coupole ornée de guirlandes. II s'éleve fur un empltement' un peu rehauffe, Sc Ton y parvient par quelques marches. Son caratfere reunit la force Sc la férénité. Sur fentrée on voit un bas reliëf en ftyle antique; il repréfente un facrifice avec llnfcription en lettres d'or: Pietas Revalefcentium. Au milieu du temp'e font deux belles ftatues de grandeur naturelle, Ia déefte de la fanté & la deefte de la joie. Tandisque les deux déeftes s'approch°nt pour s'embraffer, la joie tient le bras droit élevé comme fi deVa propre guirlande, le plus beau de fes préfents, elle vouloit couronner la fanté L'emplacement de 1'édifice eft environné de jolis arbnfteaux en fleurs, Sc 1'enceinte même eft décorée de petits erou pes de fleurs animés Sc difperfés ga Sc la, entre Iesquels ferpentent des fentiers, Sc fe préfentent des bancs bien conftruits, fur Iesquels ie repofent des compagnies qui s'entretiennent agréablement. Cependant les édifices principaux 8c néceflaires dans Ie voifi nage des fontaines 8c des bains, font ceux qu'habitent les étrangers, ceux ou Pon prend les eaux, Sc ceux oü 1'on fe baigne Un vafte batiment ou les voyageurs demeurent tous, ou du moins en grande partie offre toutes les incommodités d'une auberge pubhque Sc bien d'autres encore. Si néanmoins on en conftrult un on aura fur-tout foin de menager des degagements commodes aux appartements, Sc d'y entretenir Ia propreté Sc un air frais Ces édifices peuvent avoir a leurs étages fupérieurs Sc aux ailes des galeries Sc des balcons; le plein -pied principalement fera entouré d arcades ou de colonnades, qui fervent a fe promener en temps de pluie, Sc qui deviennent fouvent un befoin important ici 1 La fontame, ou 1'édifice dont on a coutume d'environner la fource eft e plus contemplé, Ie plus vifité. II fera donc d'une architeclure' noble Sc fimple, Sc d'un afpeél riant. Sa forme pourra être celle N 2 d'une  ISO Septieme SeStion. ^jardins dont le cartxïïere d'une rotonde; fon crépi ne fera point ébloüiflant, mais d'une'teinte douce quoique gaie. Un groupe continu d'arbrifleaux a fleurs agréables, odoriférantes Sc en partie de longue durée, comme le fpirée, la rofe, le fureau, le framboifier odorant, le chevre-feuille, la potentille en arbufte, le jafmin, le lilas, fournit une décoration eonvenable alentour de la fontaine. Cette plantation jete plus de fraïcheur fur le tableau. On fe rend a. la fource de la fanté au milieu des parfums Sc des fleurs images reftaurantes de la joie. — Quant a une maifon de bains publique, tout dépend presque des commodités intérieures néceffaires a fon ufage; cependant fon extérieur fe diftinguera par une belle architefture, Sc par un caraétere qui annonce fa deftination, Un lieu oü 1'on fait ufage des eaux, exige encore dans fes environs des promenades diverfifiées, en faveur de ceux qui, foit a pied, foit a cheval, foit en voiture, cherchent un exercice plus foutenu Sc plus fort, Sc des diftraétions plus longues. Souvent aufli il eft néceflaire que les environs offrent des places propres a procurer un mouvement plus falutaire par des exercices gymnaftiques Sc par toutes fortes de jeux; ces plantes admettent en même temps des plantations Sc des décorations agréables 8e aflbrties a leur deftination. Tout ce qui fournit une occupation légere 8c amufante, tout ce qui détourne 1'ame du fentiment de la foiblefle corporelle, tout ce qui égaie Pefprit par des images neuves 8c flatteufes, tout ce qui peut dans ces • inertibus horis * Ducere follicitae incunda oblivia vitae. Horat. entre dans Ie plan de 1'enfemble d'un féjour oü 1'on prend les eaux. 2. Après  Vriend de leur deJHnation particuliere. , p, Apres ces propofirions, il ne paroit pas inutile de faire fuivre un court appercu des pnncipales fontaines & d.s princïpaux bains •) & de rernarquer ce que fon a fait jufqu'a préfent pour les embeuT Ces Lx font encore peu connus de ce cóté, parcequ'on ne s'eft occupé iufquS qu'a faire des recherches fur le contenu 8c les vertus de leurs eaux *) Mr Hirfchfeld dit dans „ne note de Lenberg, Pyrmont Hofr^ ba.ns de SunTe, Jes principes fources baden, & s>êre mèTZTt • minérales d^lemagne, « celles m«  I03 . Septkme Seclion. 'jardins dont le caraUcre Meienberg.*) La contrée de Meienberg efl: d'un caraétere plein d'attraits. Le lieu mème eft au pied d'une montagne d'oü fort l'eau minerale; direclement vis-a-vis de cette montagne, que 1'on nomme jufqu'a préfent le Schanzenberg (mont de la forterefie) s'étend vers le fud le mont voifin, nommé Bellenberg. 1 out le payfage eft montagneux, mais les hauteurs voifines s'écartent toutes les unes des autres, enforte que le fite de Meienberg eft libre, dégagé & expofé a l'air. Les chaines de montagnes plus élevées, & diftantes d'une bonne lieue, vont du fud a Poueft; dies font toutes boifées de la tète aux pieds, & terminent Phorifon par une fcène pompeufe 8c pittorefque. Leur hauteur modérée & leur revètement foreftier les rendent des objets extrêmement attrayants; elles n'ont rien de l'air fauvage, folitaire ou terrible qui fouvent eft 1'appanage des montagnes. Le Welmerftoth éleve le premier au fud fa cime qui domine les autres; d'autres montagnes, 8c fur-tout 1'Externftein, font attenantes au Welmerftoth; 8c lorsque 1'Externftein fïnit, commence Ia forét Teutonique, qui s'étend a l'oueft jufque dans le Comté de Ravensberg, 8c que la défaite des Romains fous Varus a rendue fameufe. Des appartements de toutes les maifons on découvre une belle perfpeétive; elle s'étend jufques aux montagnes en traverfant les plaines interpofées, oü des jardins, des prairies, des collines, des champs de bied, des ruifieaux, des bocaees, des troupeaux 8c des cabanes fe fuccedent d'une maniere animée. Ce fpeélacle eft encore plus beau pendant les inftants du coucher du foleil; alors chaque fcène champètre fe rapproche pour ainfi dire de 1'ceil, en fe montrant plus diftincte 8c plus adoucie fous le jour. modéré de la lumiere jaunatre qui 1'éclaire, tandisque les hautes forèts placées fur les montagnes au fud, prolongent leurs ombres fur Ie fond reculé du payfage. .- La fituation de Meienberg., quoique três-accidentelle, en rend le féjour des plus agréables. Les lointains libres 8c variés, animent to^us les cceurs fenftbles. Les montagnes des environs invitent a des prome-, nades" *) Dans le Comté de la Lippe-Detmold.  dêpend de Uur dejlination particuliere] 10 3 Mdea faines & fortifiantes. La petite peine qu'occafionne la montée, eft bientót adoucie par des fentiers commodes, par les attraits des divers pomts de vue, par l'air frais & par les odeurs qu'exhalent les plantes ballamiques des montagnes. Le batiment de la fource eft dans la pfaine au milieu d'une trésgrande place: il n'eft pas d'une belle architecture. Deux édifices fe diftmguent des autres par leur grandeur; 1'un eft la maifon de 1'habüe Médecin atfuel de ce féjour, Monfieur le Cenfeiüer Trampel, fous I'infpe&on duquel tout 1'établiffement a pris naiffance; I'autre eft la maifon de bains du feigneur du lieu; toutes les deux touchent a la fontaine, & renferment outre les bains placés dans le fouterrein, une foule de chambres pour ceux qui veulent faire ufage des eaux. La maifon attenante a celle deMl- i rampeleft la maifon du bal, qui contient une trés-grande falie d a/Temblee. Qyatre allées de tilleuls & de maronniers d'inde menent a la tontame. 11 y a quelques années qu'on a planté dans 1'allée de 1'eft un bofquet presque tout compofé de divers arbres & arbuftes indigenes meles a quelques plantes exotiques. On jouit ici d un ombrage rafraichifianta toutes lesheures du jour, & d'un abri favorable lorsque des vents frotds balaient les allées. Des fentiers ou deux perfonnes peuvent commodement marcher de front, ferpentent dans cette plantation. felleonVeune promenade extrêmement agréable & bocagere, qui plait a tous les amis de la nature; il eft bien flatteur d'y refpirer le matin le parfum des feuillages & du gazon, & de voir killer la rofée fur la ver dure. Cette plantation libre & naturelle faifoit jufqu'a préfent la plusr belle partie de Pétabliftement; tout le refte confiftoiten haies roides compofees de hétres, qui ne fourniftbient point 1'ombre defirée, voiloient les aipeds, & empêchoient le paflage a l'air falubre. Pendant mon féjour ici reus Ie plaifir de voir décider 1'exécution des pro;ets que 1'on m avoit .demandés fur 1'embelMement du lieu. On a méme déja commence a les mettre en ceuvre. Ces haies qui bouchent Ia vue, feront enlevees ainfi que les ftatues, mauvaifes & peu conve,ables; on fera une plantation plus jolie autour de la fontaine, & autant que le fite le per-  i o4 Septiune Secllon.. jardins dont le caractere permettra, 1'enfemble fera ordonné d'une maniere plus naturelle 8c plus alTortiiTante avec la deftination de 1'endroit.*) Les très-mauvais chemins, qui dans tous les cantons des environs & ici n'invitent pas a fe promener en voiture, exigeroient de grandes améliorations. Les promenades agreftes **) autour de Meienberg font pleines de beautés naturelles, fur-tout fur Ie Tempelberg (mont-temple), & font un des princlpaux agréments de ce féjour. P y r m o n t. Dans le fein d'un vallon beau, riant, très-vafte & bien cuttivé, jaillit la fource, depuis long temps célebre, de la première eau minérale d'Allemagne. Elle eft presqu'entiérement environnée de montagnes boifées 8c de hauteurs romanefques, qui préfentent une quantité de promenades 8c font riches en afpeéls des plus intéreffants. Rien de plus attrayant que ce payfage couronné de montagnes dont la verdure eft fi fraiche 8c fi riante, les formes 8c les grandeurs fi variées, 8c qui, avec les fecours de l'art, feroient encore fufceptibles des embelliflements les plus fuperbes 8c les plus fublimes, en recevant fur leurs fommets 8c fur leurs pentes une variété de fabriques telles que le fite 1'exigeroit. Les prairies les plus égayées, les champs, les fcênes ruftiques, 8c les promenades qu'ornent mille points de vue pittorefques offerts par les hauteurs, fe difputent pour ainfi dire 1'amufement de 1'ceil. Les étrangers jouiflent a Pyrmont de la commodité de trouver dans des maifons de particulier ifolées des appartements tranquilles 8c en partie agréables. Au nombre des batimens publics font les bains, la maifon du bal, la comédie, le caffé, que la multiüide de boutiques qui les entourent rendent encore plus animés. La fontaine ou Ia maifon qui renferme la fource dont on boit , n'eft pas d'une architeclure diftinguée, quoiqu'elle foit bien batie, 8c beaucoup mieux que celle de Meienberg. *) Voyez le Gartenkalender ( Almanach des Jardins) ouvrage publié en Aüemand par Mr. Hirfchfeld année 1783- P- '3*- «48**) Voyez le même p. 149-159.  dèpendde leur dejlination particuliere. I0. berg. EJie efl i rentree d'une trés - grande allée, longue & qu animent le matin la multitude des buveurs d'en, b mT r , ï ' de fociété & Ie plaifir. Dans la partie^^ Vc^E 25! autour de foi qu'une foule mêleef mais on'trouve £Td^^ inferieure & dans les allées latérales plus de liberté & nl^ I , pement pour les lointains enchanteurs du payf ge ' l^^^ & en parne eolairée par des jours doux. ' Une autre allee s'étend i I'oueft de Ia fontaine. Elle eft moins Ml, que Ia première mais eile „ du cóté des ombrages & des a^ m n,s, Io les arbres aurom naturf, £„e Sofffe 5 gauche, vers le couvent de Lugde, une vue p.eine de charmes & a?d oi te parot, fur une place voifine, ronde & couronnée d'arbres ïa ttt d Efculape. On arrivé J un petit bofnuet trés W.M. • '■ a."atul: b es exonques réunis en groupes, entre Iesquels ferpentent des LZ" Sqcur „ant de Ia gaieté! II admettroitpour fon embellSem £ , . fi 1'on pouvoi. élargir encore un peu k^^^t^'-Tf mertroit, dis- je, fu, l'élevation qui efl a I'oueft unTrl 5 ' avec ,a fta,ue de la Déeffe de ,a famé, & des deux cote au bo d £7* une, colonnade liée a la rotonde, & órnée des buft s de ,uet " uftS Medectns; cependant un des deux le temole ™, 1, , i q qu Uuftres fuffirepourladécoratlon. iJc^^^^'r^T* 1'eau limpide voifine, & co.tpofcoI^Ï^^.T " Tome V. ^ Pyrmont  xo6 Septieme Seïïion. jardins dont Ie carallen Pyrmont polïede outre ces allées plufieurs autres promenades & places agréables, qui appellent 1'ami de la nature & de 1'exercice. On pourroit peut-être y pratiquer encore quelques embellilTements & quelques nouveaux defleins affortiffant a la deftination de ce féjour, oü la falubrité des eaux attire toujours une fi grande foule tant des environs que des pays éloignés. Et qui pourroit mieux exécuter ces embellilTements que 1'excellent Prince*) qui, a cette bonté de cceur noble & ouverte qu'on diroit héréditaire dans fa maifon, réunit un goüt fi fin & tant de follicitude pour les plaifirs des étrangers accourant ici en foule; qui aime fi fort a s'arrêter au milieu deux, & qui cachant le Prince ne montre que Phomme fociable, afin de répandre autour de lui la liberté, 1'affabilité & la gaieté. , H o ƒ g e i s m a r. Cette fource minerale, éloignée d'environ deuxmilles (germanïques) de CafTel, mérite a p'us d'un egard d'être rangée au nombre des lieux agréables. La maifon de la fontaine eft entourée de riants groupes de fleurs, & fon architedure, parfdtement convenable a fa deftination, la rend en ce genre un des édifices les plus nobles d'Allemagne. Elle eft ronde, & du milieu du toit, qui eft plat, s'éleve une belle coupole. Dans le plein-pieddela fontaine propremant dite, plein-pied auquel menent plufieurs entrées, eft une vafte place circulaire entourée d'arcades & garnie de fieges, & au milieu de cette place la fource, vers laquelle defcendent quelques marches. La clarté, la propreté & la beauté de eet endroit, annoncent d'abord un établiftement ordonné avec réflexion. Da;;s le fecond étage fe trouvent encore des arcades formant une large • allée circulaire, d'oü 1'on voit par deffus une baluftrade la fource & les perfonnes qui fe promenent autour dans le plein-pied. Au-deffus de foi 1'on voit 1'intérieur de la coupole; elle eft bien peinte & percée de fe- nêtres, *) S. A.S.Monfeigneur Charles Augu- quefois accompagné des Princes fes FreHe Fréderic Prince regnant de Waldeck, res, a coutume d'habiter Pyrmont quelqui pendant la faifon des eaux, & quel- que temps.  dlpendde leur defimtion fartuUitrt. l0 nêfres, 3 travers ksquelles Ie jour tombe avantamuferaent rr„. ■ ■ anlmée eflt repandue fur Ie tout. De ces «J^t^L^^l de petits bakons batis fur ,es entrées du plein-pied'; Z ^etu pns al er prendre fair fur les balcons mêmes, on peut ouvrir leZlZ pour feleprocurer. Onaréuni très-heureufemen. au Mtimen, dTla foniame des galeries en demi-cerc.e. Ce font des allées graries & J ges, mumes des deux c6,és de fcnétres & de portes; dans I-étage fu'? neur ces a lees ont une fordefur des galeries attenan.es, qui TJl ' e. o tes decouvertes & bordées de baluftrades, s-étenden, eSme men, autour de fedifce. Le^a.eries couvertes ofiren, des p ome™ des tres-agreables a la fociété lorsque le temps eft orageux froidTT vieux; elles font des appartenances presqueWnfble's d« font" nes; les fenetres & les portes permetten, iy faire entrer a vo onm ,a' tante,. Ia cbaleur & la fraicbeur. A ces galeries, qui, de même Je ia fontame, o„, un fok pla, environné de baluftrades, •architea a fo jomdre avantageufemen, deux grandes ailes Les eaL,i,<:Z ,rï en bau, & en bas . ces afles, e/grande pattie occ^t ^r la c^m garmes de manfardes propres a être habitées. Dans le plein.„"d rS 1 ade drotte fe trouve du cóté du jardin une longue & grande faUe . cour tient table & concert; & dans le plein-pL de SJtzul ten, de ,a galerie qui efl de ce cóté plufiLrs bomiques d^X • Z relesquelleson fepromene, onjoue, ondanfe, & ou bon vo t preC toupurs leLandgrave fa cour ou quelque autre compagnie bn lantc C eft pourquo. cette place eft bendroi, Ie plus animé i tou. Sce Qpotque la cour en occupe la plus grande partie, les étrangers p uvmtt cependant y avoir plufieurs chambres, lorsqu'ils ne préfeSX taerla grande maifon des bainsqui eft voifine. Combi nïa fr " ' ces minerales fameufes ne gagneroient-elles n« * k nade & pour d'autres plaifirs pubUcs! Cependant le crépi extóiTZ rtcbemen, color.e, & ou ie blanc, le rouge, le bleu, Ie faune &ëgr fe montren. par compartiment*, rendfédificede Ho/geisL ttop bSo.é 02 Son  io § Septiem Seiïion. jardins dont le caraiïere Son exemple prouvecombien une furabondance imprudente de couleurs appliquées au dehors d'un batiment, peut gater 1'effet de fa bonne archi, te&ure; car a quelque diftance la coupole, d'ailleurs bien batie, reffemble a une grande cage a perroquet. La préfence d'une cour nombreufe & brillante peut fans doute avoir quelque inconvénient pour des buveurs d'eau qui fouhaitent de goüter toutes les douceurs de la tranquillité. Mais il eft für auffi que la cour ne prétend caufer aucune gêne, & que les étrangers, quand ils le veulent, peuvent jouir fous fes yeux d'une liberté décente & parfaite. Le Prince affable fait de grandes dépenfe^*) pour la commodité & pour les plaifirs de ceux qui prennent les eaux, & qui tous peuvent, fans payer, fréquenter la comédie francjoife & les concerts publics que la cour entretient conftamment ici. Des promenades commodes & ombragées font cependant bien plus néceffaires a une fource d'eau minérale. Celle-ci a 1'avantage d'offrir de 1'ombre dès que 1'on fort de la fontaine & des bains, les plantations d'arbres s'étendant jufques auprès des portes de ces batimens. La partie Supérieure des jardins ou des promenades publiques, eft a la vérité totalement dans le goüt franqois: on ne voit que haies réguliérement encadrées de grands arbres, ou dont le milieu en eft rempli; que haies percées de portails, de fenètres & d'autres ouvertures. L'on y trouve cependant beaucoup de verdure & d'ombrage, les larges entre-deux des haies étant garnis de maronniers d'Inde élevés, & de tilleuls placés prés 1'un de 1'autre, fous Iesquels on peut, a toutes les heures du jour, fe promener librement au frais fur la peloufe. A droite font plufieurs grands berceaux pour prendre les repas, & plufieurs cabinets plus petits: on a tout autour de foi des voütes de feuiilage & des gazons pour recréer la vue, & lorsqu'on fe promene, la commodité de pouvoir s'éviter mutuellement. Malgré toute la fymmétrie & toute 1'uniformité de 1'enfemble, on a cependant ménagé beaucoup de fentiers & de repofoirs fous une *) On porte les revenus des bains a 8co & leur entretien a 6000 écus annuelletnent.  depend de leur dejmation particuliere, , og Xsl^ff\fUitC dC k Iiberté — l^ on laifTe crokre les arbres plantes dans les enceintes qu'encadrent les haies D,n, l V én ft, 1, A- u MU>t minil>te, k raffemble ordinairement enfo*'=d'™nche .pourpaffer une fournée dansles plaifirs. m' les ft* eTl CP US ,aVUedaDS «"P"** toJLble, ce fon, Probabletnen, ce"VeZl Faud™"-'I auffi ne pas voir benfemble? qui totnbe r^etS^T °Ten'ag°,hiqUeS' & '6 » Wnr i diq «^t^tX^ — ?! uofou«:nlïSeb:n^P,US Srfde ™^ *■ eftLn foi-difan, de ce genre dans la H rr' ) eK U"e des Premtoes pi»tations buiftons floriffants & odonmts ï en f, ^ & eX0"qUeS> m nance eft naturelle, les72tot e ^ m°'nS L'°ri0nélevés & durant nlm 1™ . f loeres, puis les buiffons plus auxquetltrbut SE£S Te f l*** &^ kS "breS>  iiq Septieme Seffion. jardins dont k car ac7.tr t platanes d'orient 8c d'occident, de petits chênes verds portant la graine d'écarlatte & d'autres efpeces de chênes Américains, des faux-acacias de' Virginie a tiges üngulierement élevées & droites. Le nouvel encadrement fait a. la plantation avec des troènes eft trop recherché Sc trop uniforme. Quelquefois il eft échappé de ranger des arbres en cercle, ce qui paroit fentir trop l'art ici, quoique un decescercles, compofé depins, fafie, par Pobfcurité de fon feuiilage, un bon contrafte avec le coloris animé de 1'enfemble. II n'eft pas commode pour les promeneurs que les fentiers finiffent a ces places rondes, dépourvues d'autre fortie & de repofoirs. Retourner fur fes pas eft desagréable, ainfi que 1'étoit l'illufion produite par les anciens Dédales, 8c cette contrainte eft un défaut; toutes ies fois qu'on fe retrouve devantunfemblable fentier, on fe rappelle qu'il eft fans iffue 8c 1'on fe garde bien d'y rentrer. Les buiffons font aflez grands 8c affez épais ici pour qu'on put éviter cette incommodité, 8c continuer les fentiers; en général on pourroit encore multiplier beaucoup les chemins pour la commodité des promeneurs. Dans 1'endroit oü fe trouve la fortie donnant dans la campagne, on rencontre une plantation en étoile qui fait une impreffion desagréable. Tous ces petits traits qui défigurent un peu ce beau tableau, ne font pas de fon premier executeur, mais ont été ajoutés enfuite par un pinceau étranger. Le cours des fentiers qui percent cette plantation, eft quelquefois un peu trop uniforme. La ligne tortueufe, ordinaire aux premiers jardins Anglois, n'eft pas naturelle, & ne fatigue pas moins que Ia ligne droite, tandisque les finuofités libres 8c variées amufent ceux qui les parcourent. Cette plantation tire une agréable vivacité d'un ruifieau, qui la traverfe par-tout en ferpentant, 8c qui, formant plufieurs petites chütes, eft embelli par un rivage verdoyant Sc planté d'arbres. Ce ruifieau, fes petites cafcades, foncadre, fes ponts, compofent enfemble un féjour des plus riants, oü le chant des oifeaux répand encore plus de vie. Les ponts pourroient être plus beaux 8c de formes plus variées. Les arbres qui bordent le rivage, pourroient quelquefois faire place a des groupes de fleurs 8c a des arbultes floriffants, penchés fur 1'onde; ils pourroient aufli tantót  depend de leur dejination particuliere. 111 tót fe rapprocher, tantót s'écarter de 1'eau; d'ailleurs ils femblent encore trop régulierement allignés. Un buiffon pendant au milieu d'une petite cafcade, une fleur fe penchant fur le ruifieau, releveroient 1'attrait du fpedacle. Les gazons du rivage font quelquefois trop aniftement découpés. Les bancs font encore tous peints en verd. Pourquoi du verd fur du verd? Pourquoi ces bancs ne font.ils pas blancs comme les ponts? La vivacité du blanc efï relevée par la verdure, & cette couleur eft plus convenable. On pourroit encore fupprimer entiérement la haie qui forme 1'enclos du bolquet, ou du moins la percer de portes légeres & bien conflruites, & de forties donnant fur les champs & la prairie. L'étendue vafte de 1'enfemble, le cru furabondant & Pépais feuiilage de la plantation, 1'afpedl des arbres rares, 1'abondance des fleurs & de leurs parfums, 1'agrément que répand le ruifieau & fes cafcades, les chants des oifeaux, les lointains qu'offrent le payfage cultivé & deux montagnes boifées voifines, tout fe réunit pour rendre ces promenades fi recréatives & fi attrayantes, qu'elles femblent bien mériter encore les petits embellilTements que nous venons d'indiquer. 11 paroit qu'on peut encore placer ici une remarque générale fur les foi- difant bofquets Anglois, tels qu'on les trouve adueüement chez nous. Rien ne devient plus commun aujourdh'ui que de jeter fur le terrein d'épais bocages compofés de divers arbres & arbuftes indigenes&exotiques, de les percer de fentiers tortueux, & de rempiir ainfi toute fon enceintej .Pon croit alors pofféder un jardin Anglois. Effeétivement quantité de nos nouveaux jardins ne confiftent qu'en un pareil bocage vafte & continu, qui fouvent n'eft coupé que par un feul fentier étroit. II eft vrai que ces bofquets récréent par la variété de la verdure, des feuilles & des fleurs, & offrent un azyle afiuré aux oifeaux chantams. Cependant Péternelle répétition de ces fortes de defleins nous ramene a Püniformité de 1'ancienne maniere. Un long bofquet, toujours clos & toujours étroit, eft quafi plus fatigant qu'une allée de tilleuls tirée au cordeau, mais qui permet la vue du payfage des deux cótés. Dans ces bofquets on eft environné d une forte dé haie, & Pon commence même k la tailler comme 1'on tailloit ci- devant  ï t a Septieme Section. jardins dont k caraUen devant les charmes, enforte que 1'on a des parois bien unies, & que la plantation ne differe des anciens jardins a charmilles que par fon fentier tortueux 8c la diverlïté des verdures. Quantité d'arbrilTeaux a fleurs font étouffés ici, 8c plus d'un arbre, d'un jet 8c d'une forme noble, y eft entiérement caché. Les beaux tableaux tracés par les feuillages, ne peuvent avoir lieu, ou perdent tout leur effet dans ces fentiers étroits 8c finueux. Un jardin uniquernent compofé d'une de ces plantations, nepeutprétendre ni a la beauté ni a la variété. Ne vaudroit-il donc pas mieux dépouil'er ces bofquets, qui pourront toujours continuer a faire partie d'un enfemble attrayant, de tout ce qu'ils ont d'uniforme, de guindé, de clos; les percer afin qu'ils offrent plus de clarté, plus de lointains, plus de variété; tantót les changer en groupes libres 8c ifolés, compofés d'arbres ou d'arbriffeaux; tantót les égayer par un tapis de fin gazon, par un parterre de fleurs richement orné, ou par quelque autre fcène naturelle 8c flatteufe?  dêpend de leur deftination particuliere. • I13 W' i t h e l m s b a d. , Du cótë de ^agrément Wilhelmsbad, a une demie Iieue de Hanau merite fans doute Ie premier rang parmi les bains d'Allemagne En egard a la beauté des édifices, a Ia propreté & au bon goüt de 1'ameubie ment, a la netteté des bains, aux repas oü regnent Ia poiiteffe & Ia décen ce, & ou pareiffent des perfonnes des deux fexes du premier rang aux plantations & aux promenades, au voifinage d'une cour des plus p'olies a 1 ordre & a la difpofition de 1'enfemble, enfin au prix fixe & extréme! ment modique de tout, on trouvcra dans ce féjour Ia plus grande attention pour tous les bcfoi: s que peut avoir un étranger, & 1'on s'y fentira anime a jouir des jours d'été les plus agréables. On voit ici un Prince-) qui, lorsqu'ilbatit, qu'il plante, ou qu'il embeliit ces lieux, agitenvrai Prmce, mais qui pour jouir & faire jouir de la nature & de Ia fociété redevicnt homme privé, occupe une demeure paifible a cóté des étrangers & prend part a leurs repas, & même a leurs jeux & a leurs danfes. On a journeliement le plaifir de voir ici une Princeffe **) qui, Ia gloire du Dannemarck parmi les Allemands, & 1'honneur des fillcs des Rois oublie tous ces rares avantages, & qui, tandis qu'au fein de fa jeune & heureufe famil'e elle voit tous les cccurs voler vers elle, ne penfe pas que la fercnite de fes regards, Paffabilité de fes difcours, la bonté douce & tou chante de fon ame, infpirent de la fenfibilité a tout ce qui 1'entoure. La maifon des arcades ***) fe difiingue comme le principal édifice entre une quantité de batiments dont elle occupe le centre & qui tous d'une bonne arctóteélure, font fymmétriquement liés enfemble. Elle s'annonce d'abord a 1'ceil d'une maniere avantageufe, tant par fa grandeur que par fon architeélure pure & noble, & fon apparence eft encore relevee par un crépi propre. Cette maifon tire fon nom des arcades hautes & lar- *) S. A. S Monfeigneur le Landgrave ***) On en a plufieurs gravures parGeorgeGiulJanme, Comteregnantde Ha- mi lesquelies fe dilHogueut fur-tout ès «n&Pnnceherefj^eHelTe-CaffeL trois nouvelie. planets, deilS en 1 p r j » Guiihelmme Ca- ,784 d Hanau par Mr. A. W. Tifchbein rohne Epoufe du Prmce héréditaire, née & gravées a Caiïel par Mr.Vife Pnncefle royale de Dannemarck. y Tomé V, p  ï , 4 Septieme SeHion. Jardins dont le caraïïere & larges qui s'ëtendent devant fa facade, & qui pendant la chaleur ou la pluie offrent une promenade commode. Attenanta ces arcades unegrande&deuxpetitesfallesformentlerez-de-chauffée. Cesfalles, toutes trois claires, gales & munies de grandes portes vitrées, qui laiflent entrer l'air Sda fraïcheur, font baties & meublées très-noblement. Plus d'un chateauappartenant aun Prince n'a point de falie avec des glacés des chaifes, des canapés & des tab'es comme on en voit ici. La grande falie eft confacrée aux repas & * Ia danfe; le dimanche, que plufieurs étrangers de Francfort & du voifinage augmentent la compagnie des buveurs d'eau & des courtifans, on voit quelquefois ici 150 perfonnes a table. Dans la petite falie mitoyenne, la fociété s'affemble pour dejeuner s entretenir, jouer; & dans la derniere petite falie fe trouvent deux billards. Ces trois falies tiennent 1'une a 1'autre par de grandes portes vitrees. Dans le fecond & le troifieme étage, ou manfarde, font des deux cotes de belles & grandes chambres, commodes & toutes tapllTées: un comdor large & bien éclairé paffe dans toute la longueur du batiment entre ces chambres, & forme pour ainfi dire une antichambre fuperbe & commune. Les pavillons fitués a cóté de la maifon des arcades, contiennent auffi de beaux appartements. Devant cette maifon eft une grande place découverte avec des repofoirs; enfuite vient la maifon de la font:une, ou le temple ouvertd'Efcu'ape; en bas jaillit la fource minerale; en haut eft la ftatue du Dieu, entourée de petits groupes d'enfants qui reprefentent les quatre élements, le printemps & Péte. Autour des édifices s'étendentdetout cóté de grandes allees fervant d'avenues, & qui font en mème temps liées aux autres plantations. Derriere les falies de la maifon des arcades on trouve d'abord une grande allée en berceau, elle eft très-touffue, & va d'une extrêmite du batiment a 1'autre, entournant autour dun gazon; de cóté elle préfente des tables & quelques cabinets. Immédiatement a gauche de 1'édifice, une quadruple rangée de platanes d'occident, beaux & élevés, & qui promettent fur-tout pour 1'avenir une promenade fuperbe, répandent leurs ombrages. A droite & ï 1'extrèmité de la maifon, eft un trés- grand quinconce dehautstilleuls; onyeftamuféparlesdoux afpedtschampetresqu'offrent une  depend de leur deftination particuliere'. 115 une plaine bien cultivée & fur-tout une belle métairie qui rêpofe pittorefquement & a quelque diftance devant une fombre forèt. Wilhelmsbad eft dans unecontrée platte mais agréable, parcequ'elle eft par - tout environnée de forèts. Les promenades, presque ordonnées dans le goüt d'un jardin Anglois, s'étendent devant & derrière la maifon des arcades. Devant 1'édifice fe déploye unbois de chênes aflez confidérable, mais entre-coupé de plufieurs grandes clairieres, dans lesquelles on a fait des plantations de divers arbres êkarbuftes indigënes & exotiques entre -mèlés de buiffons fleuris. Pour varier la promenade & les points de vue, on a ménagé des enfoncements & des monticules, qui feront encore un meilleur effet lorsque leurs plantations auront acquis leur cru. Les fentiers ferpentent autour de ces éminences, ssélevent& ferabaifïentenfuite, &font bien liés enfemble. La plantation eft encore jeune, & renforcera dans la fuite 1'ombre que les chênes élevés répandent aétuellement. Afin de rapprocher d'avantage cette plantation de l'air agrefte de la forèt, onl'aplutót jetéenégligeamment fur Ie terrein que pittorêfquementdiftribuée. Les promenades font affez vaftes. Sur les hauteurs & dans les enfoncements on trouve par-tout des bancs, des fieges, des tablespeints en blanc; quelques repofoirs ombragés invitent afe rendre fous de hauts chênes entre-mèlés de hêtres. Quelquefois 1'ceil eft attiré, fur-tout dans les enfoncements, par de petites furfacesvertes feméesde treffle. Dansles clairieres qui féparentles promenades entourées d'arbres, ona ménagé diverfes fortes dejeux, propres non feulement a recréer mais encore a donner del'exercice. Sur une hauteur eft un beau carroufel en forme de grand temple rond & ouvert, foutenu par vingt - quatre colonnes d'ordre Tofcan, difpofées en deux rangées circulaires entre lesquelles fe meuvent deux chevaux & deux chars attelés chacundedeuxchevaux, le tout trés-bien travaillé. Au milieu de 1'édifice eft une place oü le fpecTateur peut s'afieoir & repaitre en même temps fa vue des afpeéls environnants: la rangée extérieure de colonnes eft garnie de rideaux que 1'on baifie en cas de foleil ardent ou de pluye: fous le temple eft unevoüte; elle renfermele rouage qui fait aller le carroufel, & elle eft traverfée par un chemin frais; toute cette fabrique eft fuperbe & coüteufe. P 2 D'ici  n6 Septime, Seclion. Jardins dont k cara&ere  dêpend de leur dejination particuliere. x x ? mci ronferendaucMteau. Ceft une tour gothique 4 moitié ruinee, d un ftyle vraiment propre a faire illufion, & très-bien batie fur les deffems du Prince. Les caiJloux brütes, la hardieffe des maffes la forme étrange & gothique les marqués illufoires des ravages du temps, les Panes reftees anguleufes & les parties a angles tronqués, les ouvertures les fenetres, enfin toute I'apparence extérieure annonce un ouvrage des' Mes paffes Le fite de la tour, placée entre des chênes vénérables qui femblent lui demander fi elle n'eft pas aufti antique qu'eux, releve extrêmement le bon effet de Pextérieur. L'intérieur conüent quelques chambres decorees avec un goüt délicat. C'eft ici que le Prince paffe 1'été dans une fo itude paifible & philofophique. Peu loin de la une autre ruïne recele la cuifine & les chambres des domeftiques. La tour eft envnonnee d'un foffé d'eau vive. Autour des fentiers qui Ie bordent, s'éendent de petites ha.es d'arbriffeaux a fleurs d'une efpece délicate. Sous ^ rCPOf0irS ^ ** *»* —» Un peu plus loin, & dans un emplacement plus vafte, 1'eau s'ëlargit: on voit plufieurs fortes depetits yachts & d'autres bateaux. L'onde coule fous les rameaux feuillus des chênes, en faifant plufieurs finuofités peu larges paffe fous quelques arcades élevées, & forme une petite presqu ile que décore un cadran folaire, & dans un coin bien ombragé de Iaquelle le trouve un fiege agréable. A peu de diftance d'ici une colline faclice s'éleve, afin de faire jouir de la vue de Hanau que 1'on découvre au-dela des plaines, des allées déployces de tout cóté & des forèts. Cette colline eft tapiftée de gazon, de fleurs & d arbriffeaux, entre Iesquels un fentier ferpente jufqu'au fom! met. Ici fe trouve un grand fiege a moitié ouvert, avec un petit auvent porte par deux colonnes. On s'y repofe en récréant fes yeux par un afpect agréable. Dabord s'offrent des p'antes & des arbriffeaux en fleurs • dans 1'enfoncement une prairie três-vafte forme un tapis verd fuperbe' couronné de forèts de tout cóté; au-dela s'élevent les tours de Hanau' de cette ville vivifiée par 1'aclivité des arts, polie par les mceurs & em- p 3 bellie  1Ig Septime Section. Jardins dont te caraïïere belliepar fon fouverain; & derrière elle dans le lointain, une haute & obfcure chaine de montagnes termine l'horifon; plus prés a gauche, 1'ceil fe porte par deffus des peupliers déliés fur la faifanderie & fes promenades touffues. Ce fiege eft plein d'attraits pendant la foirée, lorsque la lumiere éblouiffante du foleil s'affoiblit, & que fa clarté plus douce effleure de cóté la prairie & les forèts attenantes. Le canton fitué derrière la maifon des arcades eft presque entiérement entouré par une fombre forèt voifine, & ne manque pas non plus d'embellifiements. On y voit des bocages en grande partie compofés d'arbuftes indigenes, entre-mèlés de chênes & de hétres agés, de fentiers tortueux, de petites élevations & de légers enfoncements, de bancs peints en blanc qui attendent par-tout les gens fatigués, de gazons décorés d'arbriffeaux groupes; ce lieu fera un jour plus ombragé & plus aimable. Telle eft la pompe & la beauté qu'étale aujourd'hui ce qui n'étoit, il y a quelques années, qu'un défert inhabité. Wilhelmsbad eft pour tous les environs, fur-tout pour Hanau & Francfort, un lieu de plaifance chéri. On y trouve a choifir entre toutes fortes d'eaux minérales étrangeres, & toutes fortes de divertiflements champêtres convenables al'été. *) E m s. Les quatre fources fuivantes font a cóté I'une de 1'autre dans une petite enceinte, entre Mayence & Coblence, & dans le voifinage du Rhin. On y arrivé en traverfant des payfages qui font au nombre des plus charmants payfages d'AUemagne. * Place *) Une defcription exacte & plus dé- veile Edition &c.) &: Betrachtingen einet taillée de ce féjour fe trouve, avec 1'hi- Schweizersim Wilhelmsbad. 8-1780. (Re- ftoire de la batiffe, des embellifTements ftexions d'un Suiffe k Wilhelmsbad.) &c. dans deux ouvrages Allemands inti- L'auteur n'eft point Suiffe; c'eft Mon- tulés: Brief e eines Schweizers über das fieur Schaffer Confeill er k Hanau, hom- mihelmsbad. Neue Auflage. %. 178.0. (Let- me eftimable par fes connoiffances & par tres d'un Suiffe fur Wimelmsbad. Nou- fon caraftere.  dlpend de leur dejlination particuliere. j j 9 Placé dans un enfoncement, entre des montagnes hautes & rocaüleules, Ems a un fite oü regnent la douce méiancolie & la folitude- cependant les pentes des montagnes font en partie fertiles & planrées de vignes; dans Ia vallée, la riviere deLahne ferpente k travers d'étroites & verdoyantes prairies. Ce fite tranquille & fi profondément enfoncé cache a 1'ceil de la curiofité & de Penvie, & li fort écarté des inquiétudes du monde, a pour des ames maladives & un peu portées k Ia méiancolie un attrait très-féduifant. Elles penfcnt s'enterrer en quelque faqon ici dans le fein du repos qu'elles defirent, & y être en füreté contre la foule desinfenfes, & même contre toute diffonance de Ia part de la fociété. Effeéuvement le train de vie femble avoir quelque chofe du calme doux qui repofe fur cette vallée. Aucun fpeétacle, aucun concert, aucun bal n ont coutume de répandre ici le bruit & Ia diffipation. On n'y trouve non plus aucun établilfement propre aux plaifirs publies. La fociété fe rapproche & eft montée fur un ton doux & amufant. Le fite d'Ems a cependant quelque incommodité; les montagnes renfermentle vallon de trop prés, & y concentrent la chaleur, & quand le temps eft pluvieux, Ie froid. Les édifices appartenant aux Princes de Naffau & de Darmftadt, & qui font 1 es deux batimens principaux, offrent póur Ia promenade quelques arcades lourdement backs. On ne voit qu'unefeuleallée, & encore trés - étroite. Lepeu de largeur du vallon ne permet point d'y faire de vaftes promenades. II faut les chercher fur lesmonts agreftes & dans les cantons du voifinage, richement décorés par Ia nature de beautés pittorefques & romanefques. La Lahne invite auiii n Ie promener fur les ondes, au milieu des afpeéls toujours variés qu'offrent des roes informes & des prairies emaülées de fleurs, des vignes & d'antiques chateaux ruinés, des villages riants & des chapelles folitaires placees fur des pointes pelées. Schlangen-  12 9 Septime Seïïion. Jardins dont le carahlere Schlangenbad. Onlira fans doute avec plaifir la defcription de Schlangenbad faite par une Dame,*) qui a tous les fentimens doux & aimables dont le cceur d'une femme puiffe être annobli, joint la force d'une ame virile & un efpat d'obfervation éclairé, rapide & penetrant; qui exanime les établiffements de 1'homme & fon caradere, du mème regard fenfible avec lequel elle épie les beautés de la nature; & qui dans 1'expreffion de fes fentiments eft toujours égale, toujours pleine de noblefle & de fran- chife. „ „Schlangenbad eft dans un vallon, & les batimens nouveaux & grands qui entourés de tout cóté d'allées bordées de haies, offrent un " oli afpea, lui donnent 1'apparence d'un beau bien de campagne. 11 '„s'y trouve deux habitations. L'une appartient a 1'Eleéteur de Mayence, "qui poffede la plus grande partie du pays environnant, & on la nomme "la maifon de IMayence. Elle eft affez grande, bien batie, joliment ar"rangée, & renferme une belle falie; fon fite eft plus beau que celui de "l'autre maifon, paree qu'elle eft au pied d'une haute montagne qui cou"ronne un beau bois, percé droit devant la maifon d'une allee qui va "iufqu'a la cime de la hauteur. L'autre maifon, nommée la maifon de - "Heffe appartienau Landgrave Heffe-Cafiel; elle eft extrêmement "compléte & des plus commodes, comme le font tous les batimens "Heftois. A proprement parler ce font trois maifons tenant enfemble "par de longues allées couvertes, enforte qu'en cas de mauvais temps "on peut fe rendre de l'une a l'autre fans inconvénient, ce qui eft très"agréable pour des malades. Cette maifon a de plus le grand avantage "de renfermer les bains: au lieu que les habitants de la maifon deMayen"ce font obligés de venir fe baigner ici. Les appartements, grands & "commodes, font trés- bien diftribués. A la maifon de Heffe appartient ",encore une falie, ou plutót une trés-grande galerie, oü la fociete fe , raftemble pour danfer & jouer. ■ " „L'air *) Madame de Berlepfch, dans la 4e Hannovre fous le titre: HatmSveri/ckes portie 4'un Magazin allemand publié a Magazin.  dépend de leur dejlination particuliere. r . r „L'air eft extraordinairement pür & ferein a Schlangenbad Les „promenades voifines de la maifon de Mayence font vaftes. Une tres „belle allee fort haute s'étend en ligne droite certainement a plus de oua „trecentspas & partant de la grande falie, monte doucement dans Ie" „bois ou elle fe perd; des deux cótés font une foule d'allées bordées de „haies qui deplaifent par leur uniformité. Dans Ie temPs oü 1'on fit „ces plantations, 1'AUemagne ne connoiffoit pas encore Ie goüt Anglois „en fut de promenades, & celles-ci pourroient avec peu de peine & „de dépenfe etre joliment ordonnées d'après ce goüt, car le fite eft aci- „II eft très-utile que les deux fouverains entretiennenf dans ce lieu „une petite garnifon, pour veiller au bon ordre, au repos & a la fureté „des habitants. Le défunt Landgrave de Hefte-Gaffel, qui aimoit beau! „coup ce fejournaturellement plein d'attraits, avoit grand foin de fon „embe hffement. II fit batir une nouvelle maifon peu loin de Pancienne „maïs le dedans n'en eft pas encore achevé. ' „Schlangenbad eft d'ailleurs une retraite trés-agréable; une folitu- "voi e f T t°UCeS f derS PlUS 3imab,eS Cntre des qui „vodent, il eft vrai, les afpeeïs, mais qui cependant s'ouvrent ale2 p0iJr „ne rendre le canton ni humide ni fombre. Schlangenbad n'eft pas 3irZl YTnt C ^'^ ^ t0US l6S P,aifirs * d'-e fociéL „bri lante II ne sj trouve mQ ^ o{j . „aller de front Mais les allées étroites bordées de haies, ainfi que tou „le payfage mvitent 1'ame a des méditations folitaires & férieufes „Chaque fouffle de vent femble infpirer une méiancolie philofophique "M ™Iancolie calme, qui s'approche plus de la gravité que 'tlle u PS PlUtÓt r°Ub,i ^ t0Ut „folie du prefent. L'imagination ne s'abandonne pas a elle-méme; elle „fommeille au fein d'un repos aimable & femé de réves. Ce joli va lo „d ceil graver dans le cceur ce principe: 1'homme a befoin de peu." Tornt V. n Ce  j 2 2 Septiem SeBion. Jardins dont le caraSere Ce repos tranquille qui regne dans ce vallon, infpirera fans peine a des ames fenfibles des images auffi aimables, un enthoufiafme auffi attendriffant. Voici encore un petit tableau des impreffions que produit ce canton. *) „Tout le chemin, qui ferpente dans une vallée profonde, folitaire „8c ombragée, 8c qui femble le fentier d'un hermitage des plus cachés, ^aboutit brufquement a une quantité d'édifices fuperbes 8c de promenades créées par l'art. Même fans le doux murmure que caufent fans „ceffe 8c de tout cóté de petites cafcades 8c des jets d'eau, 1'idée d'un "palais enchanté fe réveilleroit dans Pefprit de tous ceux qui arrivent ici. „De quelque cóté que 1'on fe tourne, on rencontre un objet qui excite "la curiofité 8c 1'attrait du plaifir. L'homme le plus fatigué, fans que la "daffitude de fes membres le retienne, efl entrainé d'un plaifir a l'autre ",par des jouiflances toujours nouvelles 8c des defirs toujours renaiflants. ",Des allées couvertes, de vaftes falies, de longs corridors bordés de chambres, fe mêlent en maniere de labyrinthe a des berceaux touffus, "a des haies, a des pieces de gazon 8c a des vergers. Tout alentour ,font des montagnes entaiïées, couvertes en partie d'arbres verds, 8c en "partie d'épouvantables pointes de roes failiantes 8c tapiffées de moufie| Une infinité de fentiers agréables menentinopinément a des fpeétacles "toujours nouveaux & variés; tantót a un rocher raboteux 8i entiére"mentifolé, d'oü 1'on découvre fubitement un vafte 8c fuperbe lointain qui permet a la vue de parcourir un efpace de plufieurs lieues; tantót "l'on retourne a des fcênes paifibles 8c folitaires, remplies d'une fimpli"cité champètre & fans art. Que cette petite prairie émaillée de fleurs, "ceinte d'un buiffon qui la voile a demi, coupée de ruifteaux qui ferpentënt avec un doux murmure, m'offre un tableau plein de chaleur 8c „de fentiment! Derrière moi s'éleve un roe menacjant, dont le pied me „fournit un fiege propre ame délaffer, tandis qu'une forèt de chênes agés „que *) Tire de 1'ouvrage intitulé: Brfchrei- ptton d'un féjour fait a Schlangenbad ea bung eines Aufenthalts im Schlangenbade 17771777. 8- Riga 1779; e'eft a dire: Defcri-  dêpend de leur dejlination particuliere. 12, „que porte fondos, répand furie payfage aimable une ombre trenchante „Qyel filence paroitregner Ia haut! Point d'autre bruit que les fons har „momeux de créatures animées par 1'amour & par Ia joie, & exemptes „de foucis. II faut gravir cette hauteur. Une douce attente m'en an „planira la route difficüe & raboteufe. O quelle volupte' de voir la val „lee a mes pieds & fur ma tête les cimes voütées & odorantesdes arbres „de gouter tout ï la fois & avec un véritable raviffement, & mes délices „paffes & mes délices acluels! O toi douce & facree tranquilJiré de ces „forèts pleines d'attraits, éloignées du fracas & des folies du monde' Ti, „peux verfer dans fame un enthoufiafme vrai, un enthoufiafine fans „remte; tu me tranfporte comme par magie dans le eerde de tous mes „anus, de ce que j'ai de plus cher au monde; je crois les voir tous autour „de moi, afhs au fein des mêmes plaifirs doux que j'éprouve. Car rien „ne rompt dans ce moment la chaine des penfées que mon ame étend „aiiectueufement vers ces objets chéris. Par fes enchantements flatteurs „1 imagination me rend le plus heureux des mortels. „Je paflai trois mois avec mes amis dans cette retraite charmante „ians remarquer le moindre dégout, le moindre ennui caufé par 1'unrl „formite de nos tranquilles plaifirs. On éprouve ici de la fatisfaéVion „fans que hefprit fe fatigue a chercher en quoi la fatisfadion confifte„teUe dl Ia douce impreffion des voluptés que nous offre la nature „Lame fent dans cette fituation fiatteufe une complaifance iuexprima„b«e, & malgré fon goüt naturel pour la variété, elle refte fidele ï cette „contree paifible & folitaire, paria crainte de perdre le bonheur facile „dont elle jouit. „11 eft de grandes plaines découvertes, parées, & même avec pro„tufion, de toute la pompe qu'étale ordinairement la nature, oü le foleil „penetre de fa majefté jufqu'au recoin le plus écarté, & répand furie „tout une apparence de folemnité, & comme une efpece de vernis Ces „objets font beaux, beaux jufqu'a ravir dans les premiers inftans ou dans „les premiers jours. Mais bientót le cceur qui defire toujours de nou „velles jouiflances, fe fent tenté de fouhaiter & de chercher quelque Q-2 „chofe  ï24 Septieme Sèiïion. Jardins dont le cara ff ere „chofe de nouveau. Et alors un étroit fentier qui, ombragé par les ar„bre?, longe un petit ruifieau murmurant; un rocher inforrae 8c penché, „autour duquel un filence plein d'une douce méiancolie fait naitre le „repos dans une ame étourdie par trop de jouiftances; enunmot, le „moindre canton plein de fimp'icité, tel que 1'efquifla la nature, eft pour „nous une fource d'attraits féducTeurs, attraits qui nous attachent aux „plaifirs innocents par des chaines de rofes, douces & infenfibles. C'eft „pourquoi je n'ai jamais chéii de féjour autant que Schlangenbad; c'eft „pourquoi je chérirai toujours préférablement les lieux oü la nature, „comme fi elle étoit dans fon attelier, a jeté les objets pèle-mêle, 8c „mcntre dans chacune de fes cfquifles la grandeur de 1'étre infini. Tou„jours les images de ce paradis 8c la mémoire des tranquilles plaifirs que „fy goütal, feront pour moi un fujêt de confolation dans les jours de „triftefle, 8c une augmentation de délice dans les jours fereins." Schwalbach. Les montagnes qui environnent la longue vallée de Schwalbach, ne font pas aufii hautes que celles des environs d'Ems, 8c font pour la plüpart pelées 8c fans attraits. Cependant elles s'ouvrent 8c laiftent pénétrer dans leur fein la clarté du ciel 8c un air raffraichiflant. La liberté qu'a l'air frais de circuler eft un doublé bienfait dans ce lieu, oü ni la nature ni les hommes n'ont rien fait pour procurer de 1'omb: e. L'ceil ne trouve presque pour fe récréer que 1'afpedt égayé des prairies qui tapiflent la vallée. Cette fource minerale n'offre aucune tracé d'attention pour les étrangers qui cependant y afftuent de tour les lieux des environs. L'unique falie d'affemblée qui fe trouve a Schwalbach, eft un modele en fait d'architecTure fans goüt 8c de mauvais ameublement; elle eft de plus a. moitié tombée en ruine. Ceux qui viennent prendre les eaux, demeurent 8c mangent dans des maifons partieul eres, fouvent pleines de malproprcté 8c d'ordures. Quelques miftrables arcades qui font auprès de la fontaine nommée Weinbrunn, 8c de la maifon dite de Rothenburg, ne  dlpend di km dejmaticm particulitri. , a ; ne feuroient compenfer le défaut d'ombre fi fenfible dans ce féiour l" ' e'°,f!nemr: C°nr'ié"hk de t0« "^«ge, le buvebr d eau fouff e fouven, une cbaleur infupportable, &malgré l'e vafte emplacemen ou s off,e aux plantattons, & q„i eft encore incube, il ne trouve que oud ques mechantes charmilles ouvertes par le bau, & ne donnan, aucune fournb du V ' V* T **> ** *» de "»». " tourmt du motns un bon ombrage; cependant elie eft élotonée de la Dans cet etat qui fansfait fi peu Pattente des malades, cette fource cé'ebre n a d'attratts que pour des Juifs, des prêtres & des joueurs qui f™, les plus affidus a fe veautrer dans ce marais. Juueurs, qu, tont IV i / b a 4 e.% Wisbaden eft dans une plaine baffe, & dans un canton nui „e ren ferme pas beaucoup d'agrtmenrs, enforte qu'il fau, les allerch roh a quelque ddlance, dans les environs & du cóté du Rhin. Les prómena! t Z Z'^WS ^ dtaWiiTemCn,S remarqUabl« ProPres au" vZr/ruïï iroiteT"9""' ^ ^ * "» Jadis on avoit deftiné a la fource un très-grand bitiment dont la reprefentatton fe trouve a Caflel dans la maifon des mode.es, & nu m nte que , en Me mention. Ce projet tfédifice eft ordonn d'u e m mere tres. avantageufe & très - convenab.e i fa deftination; 1 d^ux prem.ers etages font environnés de deux grandes allées ronde & i ,Z des, que fix galer.es droires & couvertes réuniffen, a la fontaine placSe au nu beu. Le toit pla, de ces arcades &de fes galeries fert auffi ÏZ. nenade quand e temps eft frais, & porte i fon centre une coupole en forme de temple antique, muni de fieges. Les arcades qui s'é endenx au prenuer & au fecond étage autour de la fontaine, & fencadr mpour nfi dne fon, pin.es i deux longues ailes égalemen, a ,oi, plat & C fe mant es apparrements des étrangers, ces ailes aboutiffent a deux pavdlons don, le ,ot, eft en tnanfarde. Des efcaliers commodes &X Q- 3 portes  £ ^ Septiem Stffion. Jardins dont le caratfcre portes font du tout un enfemble continu. D;fiicilement trouvera-t-on un proiet de maifon deftinée a des bains, qui k la beauté de 1'exteneur réuniffe une ordonnance auffi favorable * fa deftination, & autant de commodité, d'agrément 8c de férénité dans la diftribution inferieure. Combien Wisbaden n'auroit.il pas gagne a 1'exécution de cet edifice, M a tl o c k. *) Les environs de Matlock oü fe trouvent des bains chauds, furpaffent en beautés naturelles les plus beaux endroits d'Angleterre que l'art humain eüt taché de perfeétionner. C'eft un vallon tortueux que traverfe la riviere de Derwent, qui dans quelques endroits eft affez large Sc coule dcucement, & dans d'autres fe précipite avec bruit entre des rochers brifés, & forme toutes fortes de petites cafcades. D'un cote le vallon eft bordé de collines fertiles, 8c de l'autre de roes terribles & couverts de bois. Pour bien obferver ce beau canton, le mieux eft de palier 1 eau pres de la barrière 8c de fuivre le fentier qui s'éleve fur le roe en ferpentant, & qui mene aux champs fitués en haut. Ces champs fe terminent ici par un abyme le long duquel on marche. Ce chemin dok être recommandé a quiconque veut voir Matlock, paree qu'il offre fans doute la plus belle terraffe naturelle du monde. Au fommet de la hauteur on prend a gauche vers la pointe faillante derocnommée Hagrock; du haut de cette pointe k pic on voit perpendiculairement au-deffous de foi la riviere qui préfente un beau miroir bordé d'arbres de l'autre cóte, & qui formant deux chütes par deffus le roe, anime la fcène par fon bruiffement. Le vallon eft étroit ici, les collines s'élevent brufquement, 8c offrent en partie de beaux enclos verds, en partie des roches nues, 8c en partie des bois. *) En Angleterre dans le Comté de Whately nous a donné une autre belle Derby. Voyez les voyages de Young defcriptïon de ce célebre canton rofma- dans les provincès oriencales cTAngleter- nefque: voyez l'art de former les jar- re &c Tome III. page 103 & fuivantes. dins modernes &c. pages 135-138-  dêpend de leur dejination particuliere, i I2? En Iongeant cet abyme fous les bocages qui croiffent fur fes hord, on joutt de plufieurs afpeéfa pittorefquesf ,an,6, on nTd c^le t' eau, tantot «ft un morceau d'une foré, obfcure & mélancoliquë ,Tn tot une ouverture pr fente tout-a-coup quelques belles parties du on ou des col„nes fertiJc, Ces fpeaao]es < tg*H pa.venne aun grand ormeau, qui de fes branches étendues ombra " un com rocatlleu* de babyme. Ici Pon voi, par deffus une bi. de que crea la nature, une perfpeétive vraimen, fuperbe. Des deux "te rolt' ZIT ^e7it0ir& ftf^4uatref„ispar deffust rochers A gauche toute la pente jufqu'a 1'onde eft couverte de foréts f rmontees par quelques pointes de roe. En haut fon, deul pefc „. clos contenant des gazons totalemen, entourés de bois & fépares na dë arbres qu. leur fervent de barrières. On ne peu, voir rTen1 Is beau De autre co.e du vallon fon, des prairies entourées de haies TpTs hau,desco...„es coupées avec beaucoup de variété par des c 'amps'de bi d. Adro.te la vue eft ,ou,e différente. Le bois eft fi prés de beau quon le dno.t planté dedans, il je.e une ombre obfcure fur la ri d ë Zt Tmen' f°US kS rmeaUX' A^ *> ^ fe mon re" quelques ma.fons environnées de prairies, & le tapis verd defcend entre quelques parties fauvages de foréts & de rochers A 1'afpec. de ce fuperbe payfage on fouhaite avec raifon que Parf conttrbuat un peu 5 le montrer dans toute fa beauté. 1, fcffiro, = «quer, non un chemin tapiffé de gazon ras comme dansun janlta de fleurs, mats ,u*chemin tout ordinaire, qui Iongeant babyme & ver fan, un pen, bots touffu, meneroi. fubitement a hormeau don nous avons parle, & montreroit tout-a-coup ce fuperbe fpecda.de. L'eff' & ipeinc ~-on a,ors« « M vés• dVi?nSant°?arriVe a ang'e ra",ant C0UVe» * f""« Peu éleve dtc, 1 on vott la rtvtere a travers un bois épais, ce qui fait un co„ ttalte doux avec ,a fcêne préceden.e, A droiteVélang 1ZZZ' mentdufctn de laforê. un rocher haut de cent-cinquaL.pfcdt&ti-' même  , 3g Septieme SeÏÏion. Jardins dont k caractere même couvert d'arbres. On pénetre plus avant dans un bois fi toufïïi qu'on ne peut rien voir autour de foi, quoique 1'on entende le fracas de la riviere qui fe précipite par deffus des rochers dans 1'enfoncement, & Pon parvient enfin a une pointe de roe plus haute que toutes les précédentes. La vue étant parfaitement libre ici, on découvre la beauté admirable de tout le vallon. A gauche coule la riviere le long de la belle pente boifée, que furmontent une grande quantité d'enclos élevés les uns fur les autres. Un bois épais commence a voiler la vue jufqu'a ce qu'on foit parvenu a ce qu'on appelle le banc d'Adam. Le rocher y fait une faillie confidérable dans le vallon, enforte que 1'on peut très-bien découvrir tout le chemin parcourru. On eft frappé d'étonnement par la hauteur perpendiculaire des rochers, qui couverts d'arbres penchés defcendent a plomb jufqu'a la riviere. Par-ci par-la fe montrent des rochers dépouillés d'arbres, mais qui tapiffés de broffailles préfentent un afpeét vraiment pittorefque. Vis-a-vis, la forèt vient fe joindre au rivage; on ne peut en général imaginer une réunion plus fijperbe d'eau & de forèts. On a pratiqué dans le rocher un chemin depuis le fommet de la hauteur rapide jufqu'au fond; en bas un autre chemin paffe le long du rivage fous de grands arbres voutés. Ce chemin fait des finuofités douces & d'un fi bon goüt qu'il eft rare d'en trouver de femblables. Le murmure de la riviere eft trés-flatteur; dans quelques endroits le bocage eft affez tranfparent pour que 1'on puiffe appercevoirks ondes brlller au travers des arbres, ce qui dans un fentier auffi folitaire & auffi fombre fait un effet admirable, On eft étonné d'apprendre que tous ces chemins, les marches qui menent au haut du rocher, & le banc qui fe trouve fur fa cime, font l'ouvrage d'un homme qui tire les bottes aux baigneurs. II s'eft encore procuré un bateau pour la promenade fur la riviere. Tant d'aaivité jointe a tant de bon goüt, mérite des applauaiffements; cet homme eft le feul qui ait contribué en quelque chofe a l'embelliffement de Matlock; Le  dipmd dt lm-dijlumtion parltcuHtri. I2 Lé chemfn °mbragé dont nous venons de parlerconduit 5 unhan/ en face duquel la riviere fair une petite ehüte: cene cMre 1 ™» ê"re env.ronnee de bois. E„ruite „n pourroir confeiller de grirZwS qurnertpas éloigne, fur-tou, vu qu'un fender agréable yZZ au m eu de plufieurs afpeft, Le rncher aquatre een, ciuqu'an e ld, de ÏSTt"^' ^P'tdTUle " *te e" ^ ut do„! cennuoiite. Vis-a-vis s'eleve hardiment en l'air une colline Hnn, i cronpe p0„e plufieurs enclos. D'un có.é eft une " eS^ d e roe, & de l'autre un précipice compofé de roes & d'arbres OnT , T ham en bas .'ancien bain, & les 'collines JüfZiï Matlock confidéré en général, doit fatbfaire la curiofité de tous ceux „„, le H fe ddlingue de tous les lieux remarquab e de cette efpece qu, fe trouven, en Ang.etetre. Les rochers de Ke "lek ont plus de majefté, & fes eaux, ainfi que celles du lac de Wtaander furpaffen. de beaucoup celles de Madock. L'ar, cherche dans les d s prem.ers fejours a montrerles beautés locales dans un jour plus avan tag ux; ma.stc, ,ou, eft natute. La terraffe namrelle qui eft au bZ t tZi :z: divei,é des perfpeaives ^ p« d-«™ Angle e™ ' P " 8°"e '°Ut « I™1'™ P« voir en V. efardmi cVIdpitaux. Pomtne par rapport tant aux gens fains qu'aox malades, les höpitaux V doivent e,re placés hors des villes, ils admetten, d'aut nt mieux des e nnt ,• tLesHh6pirfcront don°°<™>U S & bt * T, °Tn'P'U! rkheS e" ké™ ch™Wes va! fa dto mêl P r CÓ' ** 'oin,ains' ** c*s d" P*re « d" jardm meme vu fon eucemre plus Jimkée, & fouven, vü fa fituadon. cber,t • / °rdlnaire d'Un blen de <™V*S»* 'Xige des oh mins qm en reuniffen.Ies diverfes pardes: le propiériire doi, pouvoir fe rendre commodémen, dans rous les cantons pour obferver leur em plo., & les travaux de fes gens. La eommodbé, la propreté & J men, qu, regnen,; dans ces chemins, fontdonc d-abord'n^n ag Z ut. Un pladir doux, récréadf, champêne, baccompagne alors dans les courfes auxquelles l'invi.en, fes affaires. II p=u, emreprendre de longues & falu^ires promenades en plein ehamp avec fa Zmê & les zr Tr ,c;oir',kur faire s°ütn ^ * ::::::^s amufer p,us fad,emen* h ™* d* p«— Lemoinsqu'on puiffe faire en faveur d'un bien de campagne, c'eft vLTrJZ Pr°,meMdeS COmmote& dans leLhamps. Une erre fe.gneunale qui n'a poin, d'autres embelliffements, devroit du moms ne pas ette négligée de ce cóté. Les foréts épaiffes peuven. être percees de promenades qui favoriferont encore le cr udes arbre & 1 s ehemm, md.fpenfables pour cultiver la terre, & tranfporter le Ln greable & 1 utde. Ce ferm, un préjugé digne d'un plat & avide fermier, que  i44 Huiticme SeHion. Embelliffements champetres que d'imaginer que cette efpece de décoration, ménagée avec jugement, diminue Ie rapport des terres. Les promenades dans les champs, qui tantót s'élargiffent a I'ufage des chevaux & des voitures, tantót fe rétréciffent en fentiers pour les piétons, offrent en quelque fagon les agréments d'un petit voyage. Elles peuvent réunir fous leur point de vue toutes les variétés des fcênes & de lointains dont eft fufceptible un payfage biencultivé & plein de charmes, & leur ordonnance doit, autant qu'il eft poffible, fe régler fur les moyens d'atteindre ce but. Ces promenades conduiront tantót a travers des prairies odorantes & des fertiles pieces de grain, tantót fur de riantes collines, tantót le long d'une eau raffraichiffante, tantót fous les ombrages d'un bois touffu, tantót a cóté d'un paturage couvert de troupeaux, tantót dans un village propre & joli. Lorsque rien ne 1'empêche, Ie chemin doit fe fiéchir vers tout endroit propre a faire jouir de la furprife ou du plaifir croiffant & fucceffif que peut caufer un afpecl: enchanteur. II eft fouvent facile de cacher ou même de corriger les défauts des afpeéts par une plantation. Quelquefois 1'ceil eft arrèté, bleffé, par une quantité d'arbres ifolés, répandus fans ordre, toutes ou bien a demi-détruits par les injures du temps & des orages. Qu'on les abatte, puisqu'ils ne forment pas une belle avant-fcêne; qu'on place par-ci par-la de petits groupes d'autres arbres utiles qui recréent la vue, & 1'invitent a fe porter fur des afpeéts pittorefques qui s'offrent dans le lointain a travers les ouvertures. Une colline pelée préfente un objet fans vie; quelques arbres, afeuillages ondoyants, plantés fur fes pentes, Paniment. Une petite cafcade, qu'on peut aifément ménager dans une prairie a 1'aide du ruiffeau qui la traverfe, produit de même dans fes environs un effet trèsflatteur. Les promenades bocageres font des plus agréables, parceqü'elles fournifTent 1'ombrage qui manque aux promenades en plein champ. Car ces dernieres ne peuvent pas toujours être bordées d'arbres; & d'ailleurs pendant  de queues partie: ifote'es d'une maifon de campagne. ,4J pendant les heure» plus modérées de Ia matinee & du foir heure» on vm long chemin qui coupe les bois en ligne droi e &tfeftTas mT™ ? „Mes, tantot , etendre au ^ de ^ arbres tan talT ^ *mÜriffan,S- DeS maffifs oonfidérablls d'ar! ores trutuers peuvent même fe montrer entre les chamns ,T f cnup d'ceil a quelque diftance du chemin. On pourralformet d haies d'arbrifteaux, même fruitig r .pourra,former de peotes promenade av«W'no"d £S m! '^s.'0"^ * jours nriétbl ^ T U" ^"T aBrefte d'arbres fruiti« *»'oujours prJerable a une allee compofée des mémes arbres La nature be ÏÏT dam '3 f0rmati0" <" fo Pla""ionS in u.tes ,a d Tim, T ^ PeUt y "e" ai°Uter n' ChanSer: T Les  Ï46 Uuitieme SeUion. Embellijfemenis champètres Les haies touffuesqui forment i'enclos des chemins dansles champs, récréent la vue de différentes manieres. Au printemps des places entieres de ces buiffons font totalement blanchies par les fleurs du prunellier & de 1'aube-épine; 8t le bord relevé de la haie fe décore de violettes, de primes-veres, de marguerites & de fraifiers fleuris. En été larofe fauvage, le fureau & le chevre-feuille faluent le paflant de leurs odeurs douces. Et dans 1'automne 1'ceil fe repait des couleurs que lui préfentent les arbriffeaux a baies. Ces enclos fervent en mème temps de retraite a nombre d'oifeaux dont les chants égaient la promenade. Les chemins dans les champs doivent fur-tout conduire aux endroits les plus agréables d'un bien de campagne, & les lier entr'eux. Une fabrique, un fiege, une baluflrade au bord d'une pente rapide, ou quelque autre marqué diftindtive peuvent annoncer a 1'ceil que les beautés de ces endroits les éléve au deffus des autres cantons. Une cabane, une maifonnette d'écorce d'arbre, ou quelqu'autre fabrique champètre, peut en même temps être arrangée demaniere arecevoir une compagnie. Alors elle ceffe d'ètre un objet de fimple décoration; elle n'eft plus même uniquernent deftinée ii rendre le lieu remarquable; elle devient importante par fon utilité, vu qu'elle offre fon abri en cas de pluie imprévue, & qu'elle fert aux plaifirs champètres de la fociété; & Iorsqu'elle tft a quelque diftance de Ia maifon, elle cefle d'ètre un afpecl continue!, & conferve toujours un ceitain air de nouveauté, que perdent fouvent peu-a-peu les lieux plus voifins & plus fouvent vifités. Un pareil batiment peut auffi quelquefois être en partie confacré a la demeure d'un vieillard blanchi par les années, qui paffe ici le refte de fes jours, ou d'un homme encore vigoureuxqui foigne une pepiniere d'arbres voifine, ou qui veille a quelque autre établiffement ruftique. A 1'efpece d'embellifletuents dont nous parions, appartiennent encore les portes champètres 8c les ponts. Ces objets ne peuvent exiger ici 1'élégance 8c la délicateffe auxquelles ils ont droit dans les fcênes plus travaillées des jardins; ilsveulent au contraire un certain ftyle P3r Un 3Utre Chemin de communication qui „regne fur le fommet, & les divife en deux grands tapis verds. Comme „ce dernier chemin a été auffi très-embelli, chacun de ces tapis verds „eft exaélement terminé de tous cótés par un jardin Tl, fi' "fS ,°ffre"* d'ailleu;s Par eux-mêmesuneperfpeaive trés. agréable. „Ils font dxverfifies par des maffifs & des arbres ifolés, & les édifices qui „ornent Ie chemm femblent leur appartenir; car on voit fur le fommet „de la colline trn grand batiment oétogone, & non loin de-Ia les ruines „d une chapelIe. Ces ruines, fituées fur 1'endroit le plus élevé d'une „éminence ou I on monte infenfiblement, & groupées avec unbois, fem„blentfaire partiedel'une des deuxpeloufes, pendantquede l'autre on „apperqoit 1 otf ogone fur le bord d'un petit précipice, & a cóté d'un joli „bocage fufpendu fur Ie penchant de cette hauteur efcarpée. Cette pe>ufe eft encore embellie par un batiment gothique des plus élégants, „& la première par la maifon & le pavillon d'entrée. Toutes les deux :^it^ petits édifices'tds que des grottes' „Les batimens ne font pas les feuls ornemens du chemin. II eft „fepare de la campagne pendant un efpace trés-confidérable, par une „epaiffe & fuperbe paliffade, embellie par le chevre-feuille, le jafmin & „autres plantes odoriférantes qui s'y trouvent en abondance, & dont les „branches allongées s'entortillent aux arbres du bofquet. Le chemin „qui eft ordinairement couvert de fable ou de gravier, va toujours fer„pentant: tantot il borde la haie, tantót i! s'en éloigne. Les lits de ga„zonfont diverfifies de chaque cóté par des groupes d'arbriffeaux ordi„naires, de fapins ou de petits arbres, & fouvent par 1'émail des fleurs „qui peut- etre memey font répandues avec trop de profufion, & bleffent' „les yeux par leur petiteffe; mais l'air en eft parfumé, & le moindre Zé- „phir  15 3 Huitieme Seiïion. Embelliffements champttres „phir nous apporte leurs douces odeurs. Cependant certains endroits „nous offrent des ornements plus mlles; le chemin paffe au milieu de „grands maffifs d'arbres verds, de bofquets d'arbriffeaux, dont les feuil„les font annuelles, & d'autres plantations ouvertes encore plus confidé„rables. Enfuite il devient très-fimple, fans bordure, fans gravier, fans „haie qui le fépare des tapis verds, Sc il n'eft diftingué que par la beauté „de fa verdure, fa propreté & fa précifion. Dans les terres labourées, „c'eft encore du gazon, & il fuit la direétion des haies qui divifent les „enclos: ces haies font quelquefois ornées d'arbriffeaux fleuris, & tous „les angles 8c les efpaces vuides font remplis par des rollers, des maflifs „ouverts, ou des tapis de fleurs. Mais fi les parterres ont été emprun„tés des jardins pour embellir les champs, des arbres de toute efpece ont „aufli été tranfportês de la campagne pour Pornement des jardins. Les „arbriffeaux & les fleurs n'ont plus été confinés dans un lieu particulier, „exclunvement a tout autre, & leur nombre femble s'être mulciplié de„puis que leurs combinaifons ont été plus variées. Remarquons cepen„dant qu'on auroit dü en faire a Woburn un ufage plus modéré, 8c que „la variété portee a fexcès y perd beaucoup de fes agréments. „II eft vrai que cet exces ne fe fait fentir que fur les bords du chemin, & que les différentes fcênes, qu'il parcourt, font par-tout élégan„tes, riches & charmantes a la vue. Les prairies nous offrent deux perfpeétives délicieufes par la beauté des objets, 1'éclat des batimens, les „inégalités du terrein & les variétés des plantations. Les maflifs Sc les „bocages, quoiqu'affez petits lorsqu'on les examine féparément, forment „des groupes confidérablesvus d'une certaine diftance, 8c nous attachent „par la beauté de leurs formes, de leurs nuances 8c de leurs lituations. „Le fommet de la colline domine deux perfpeétives égalementagréables. „L'une riante 8c fpacieufe eft une plaine fertile, arrofée par la Tamife, & „divifée par la 'colline de Sainte-Anne 8c le chateau de Windfor. Une „vafte prairie d'un verd foncé, commence au pied de la colline, 8c s'é„tend jufqu'aux bords de la riviere. Plus loin, la vue eft frappée d'une „multitude de fermes, de maifons de campagne 8c de villages, 8: de tout „ce  de quelques parties ifoües d'une maifon de campagne. ï§, „ce qui fert a marquer I'opulence & une excellente culture r . f,™ a „les arb.es de clochers ou des tours; & eette arche unique & hfrdT „qu. eompofe le pon, de Walton eft un objet des plus p^quanlfcdes' „plu magmfiques. Les enclos répandus fur Ia plaine fon, plus écartós „A toutes les beautés qui animent un jardin, fe joignent celles n„i „caraaenfentuneferme. Les den, tapis verds 'fon/de^wt & "cltSs on tnTm !, rebiS &deS agneaUX' &'-«n.emensde „clochettes qu, font au cou des moutons. II ne faut pas oublier le douf „fement des poules & les chants divers des oifa„v / ■ .g „«,e rtviere, deftinée aux oifeaux aquaflques, la «n^fa^ „& cependant que les uns fe jouent fur fes ea ,v ui. . IerPen,ant' ,,-es arbriffeaux fleuris, don/fes IkmÏ^^^S^ „fur les prairies voifines T e< rh*m~„ r , repanaent V r - vuu,nes' Les champs enfemencés contribuent auffi h „caraélere propre d'une ferme, ,an, les ornemens, don, on déTorë es a „dms, y ont été répandus avec profufion." onoecore.es,ar- Fran« un'eTJTr fc Pit,oref1ue "onna le premier en ^^J^^n,^.^mtraemit* e,,e «caneunpeu des U „La  i54 Huitunie Seïïion. Embetlijfements champttrts „La demeure" dit-il „fera placée fur le penchant d'une colline, „d'oü les regards pourront fe porter facilement vers des batiments, 8c „des enclos deftinés a mettre a profit les bienfaits de la nature. „Les jouiflances de la campagne doivent être un tifiu de defirs ex„cités fans affeétation, 8c de fatisfaélions remplies fans efforts. „11 faut donc que 1'habitation préparée pour raflembler 1'utilité & le „plaifir, foit orientée de maniere qu'on découvre fans obftacle les éta„blifiements qui 1'entourent. Expofée au plein nord, elle éprouveroit „trop fouvent dans notre climat, les rigueurs d'un vent incommode. „Vers le couchant, 1'éclat importun d'un foleil brülant, dont les „rayons viennent éblouir des bords de 1'horifon, fatigue Sc repoufle les „regards: mais fi Pafpeét eft fitué entre le midi 8c le levant; le penchant „qui entraine a s'occuper du fpeélacledela campagne, ne trouve presque „jamais d'oppofition; 8c 1'on s'y voit doucement attaché par la facilitc „d'en jouir. „Livré a cette fatisfaélion, j'apperqois que le cóteau defcend a des „prairies oü ferpente une petite riviere, que la pente oppofée préfente „des cultures, des vignes; & fur la hauteur, des bois qui ne font pas „aflez éloignés, pourm'óter le delir de m'y tranfporter. Jevois fur cette „même hauteur, mais dans une plus grande diftance, des campagnes a „bied qui m'ofixent 1'idée de leur richeffe, fans m'enntiyer par leur vafte „uniformité. „Ramenantmes regards, après ce premier coup d'ceil, vers le pied „de Ia colline oü je fuis placé, je les arrête a la ferme. „Un amas de batimens, de cours, d'enclos fixe ma vue, & excite „mon intérét. Alors j'ai peu de curiofité pour le jardin qui ne me pro„mettoit qu'une ennuyeufe uniformité. „Je defcends donc Ia colline, 1'imagination montée fur le mode pa„ftoral. Le defir eft formé; il s'agit de 1'entretenir & de Je fatisfaire. „Mais plus le goüt fe trouve perfectionné dans la fociété dont je fais par„tie, plus il faut que 1'artifice foit délicat. C'eft un ouvrage oü 1'utile Sc „1'agréable adroitement combinés, doivent fe fervir, Scnefe nuire jamais. „C'eft  * quelques 'partiet ifolies. d'une maifon de campagne. , 5 5 „C'eft dans ce point que l'art, dont je traite, eft véritablemcnt un art li„beral, Auffi le poffefleur inftruit de ce principe, & fidele k s'y confor„mer, a difpofé convenablement jufques aux routes par lesquelles il va „me conduire. C'eft 1'expofition de fon Roman. La pente du terrein „ou je marche eft adoucie, & les fentiers fuivent de légeres finuofités „Ils ne tendent pas dans une diredion géometrique, a 1'endroit oü j'ai „defiein d'arriver; ils ne font pas afiez tortueux, pour retarder trop ma „courfe. Eh! n'eft.ce pas ce qui convient Ie mieux aux hommes? Rien „de plus femblableala marche de nos idees, que ces traces qu'ils forment „dans les vaftes campagnes. Vous les voyez rarement droites. L'in. „décifion fans doute eft un état plus commode pour nous que l'exaétitu„de, & plus naturel que la précifion. „Mais déja, parcourant ma route finueufe & doucementinclinée „j'ai découvert des afpects agréables; puis je les ai perdus de vue pour* „les retrouver avec plus de plaifir. Toujours je me trouve garanti du „foleil par des arbres qui femblent venus au hazard, ou par I'abri que me „donnent de petites haies qui entourent des cultures de toute efpece. „Leur diverfité m'occupe. Le foin qu'on met k les entretenir m'intéreffe „Mes pas fe trouvent infenfiblement ralentis, & prêt a les fufpendre pour „mieux jouir; 1'ombrage d'un groupe d'arbres, fous lequel eft un banc „de gazon & une petite fontaine, m'arréte & m'invite k quelques inftants „de repos. „Si je m'affieds, mes regards fe trouvent dirigés vers un tableau „choifi, &jeprolonge, fansregret, un foulagement nécefiaire. „C'eft ainfi qu'un léger artifice ajoute aux jouiftances établies fur „les befoins. Mais fi 1'intention peut fe laifler appercevoir, il ne faut pas „qu'elle foit trop prononcée. „Engager & non contraindre; voila l'art de tous les arts agréables. „Dans les lieux deftinés aux promenades, les diftances & des acci„dents heureux doivent donc décider les repos. „II femblera que le hazard en ait difpofé la forme & les agréments. ü 2 „On  15 6 Hukieme Seiïion. Embelliffements champètres „On préfentera pour prëtexte de s'arrèter, tantót les dimenfions ou „Paffemblage de quelques arbres extraordinaires heureufement groupés; „tantót la rencontre d'une fource qui promet & donne de la fraicheur en „épanchant fes eaux; une vafte découverte qui demande quelques in„ftants pour la parcourlr; un point de vue pittorefque qui attaché; un „objet imprévu qui fufpend les pas, en fïxant les regards. „Mais parvenu jufqu'au pied du cóteau, j'appercois les batimens de „la ferme; & I'intérêt s'eft augmenté par les foins dont j'ai trouve par„tout la tracé. Les murs extérieurs font conftruits & entretenus avee „une attention qui me fatisfait: la pierre eft entremêlée de brique. Cette „divcrfité a donné lieu de former une efpece de focle, de diftinguer un „couronnement; & par cette légere variété onafu décorer la conftru„étion, fans s'éloigner du caraétere qui lui convient. En face de la principale entrée, de grands arbres, fans trop de fymmétrie, mais dans la „forme d'un demi cercle, offrent une ombre, dont les ouvriers, & ceux „qui vont a la ferme, peuvent fouvent avoir befoin. Quelques bancs „font préparés pour leur repos; & fous 1'ombrage une fontaine, dont le „cóteau que nous venons de defcendre, fournit les eaux, coule dans une „cuve de pierre, dont la forme & les proportions plaifent a travers leur „rufticité. Quiconque a voyagé en Italië, n'ignore pas 1'attrait qu'ont „des objets fouvent trés-communs, par 1'effet feul de Ia fimpiidfcé des „maffes, & du rapport heureux de quelques parties principales entr'elles. „Non loin de Ia fontaine, un abréuvoir eft formé du trop-plein des „eaux, & difpofé commodément pour les animaux utiles, lorsqu'au retour du pSturage ou des labours, ils ont befoin d'étancher leur foif & „de fe rafraichir. „Déja nous entrons dans la cour: elle eft environnée de tous les „batimens néceffaires; & leurs ufages différents font indiqués fur leur „entree, de manierequ'a Paide de quelques regards je me crois habi„tant de cette demeure, dont je connois d'un coup d'ceil les principaux „êtres. 1 „L'ordre  & quelques partus ifolêes d'une maifon de campagne. , 57 „L'ordre & la propreté y regnent; mais elles n'ont point cette re„cherche qui deplait ou qui blefle, lorsqu'elle eft affeclée ou exceflive Irl TPaT,ld rf°inSd°nnës *raSrëabIe P^oïnent Pemporter „fur I utile. II ne doit point venir en penfée que les frais néceffaires a ce „qui n eft quornement, abforbent le produit d'un établiffement qui s'an„nonce pour etre profitable; mais il faut éviter auffi la négligence & la „malproprete: plus nuifibles a la jouifiance que 1'excés des foins, elle „repoufient en rapellant les idéés rebutantes d'abandon ou d'avarice „Autour de la cour diverfes iflues nrengagent a étendre ma curio„hte. Ici des cours particulieres font deftinées aux chevaux de travail »auxanimaux de fervice; a conferver fous des hangards les utenfiles' „& les inftrumens économiques. „A travers de ces cours j'appercois des fentiers extérieurs. J'y vois " T C;ieS arbrifl"eaUX & d6S fieurs' C'eft ™ 'PP** Pour m'en„gager dans differentes routes que je trouve bordées de gazons & d'ar„bres; ces routes pénétrent dans des paturages couverts de beftiaux; „elles fe dirigent vers de petits batimens, qui placés comme au hazard „dans ce bocage, femblent, enexcitant macuriofité, fe difputer Pavan„tage de determiner mon choix. „Des courants d'eau, qui fertilifent les parages, croifent ou fui„vent les fentiers qui s'oftrent a moi; & des petits ponts fimples, mais „vanes dans leur forme, me donnent paffage. Tantót je marche le long „d une haie d arbuftes a fleurs que je ne m'attendois pas de trouver dans „un lieu fi champètre. Tantót je me vois k Pabri d'une fuite de faules „& de peuphers d'Italie entre-mêlés, qui, par la différence de leurs forces prefentent aux regards Ia variété pittorefque qu'on ne doit jamais „perdre de vue. Tantót encore les fentiers fe trouvent bordés d'arbres „plus efpacés, qui fervent d'appui a de longs ceps de vignes. Les nam„pres qui s'etendent k 1'aide des branches qu'elles embraflent, fe joignent „Sccourbent leurs guirlandes, pour flatter les yeux & animer le defir „en deployant fous une forme qui plait les richeffes dont elles font „chargees. U 3 „Je  i5g Jlyüieme SeBion. EnibeUijfeminischampctrf „Je parviens ainfi a 1'endroit deftiné a tout ce qui concerne Ie laita„ge. L'eau coule dans des vacheries difpoféespour être a 1'abri des gran„des chaleurs, & pour recevoir des courants d'air favorables a la falubri„té. Les étables ne font point élevées avec une prétention de magnifi„cence contraire a leur véritable convenance; elles ne font point recher„chées dans leurs formes, ni dans le choix des matériaux. „Toute idee d'une opulence affe&ée affoiblit 1'idée paftorale qui doit „ici dominer fur toute autre. La propreté & le foin habituel; voila le „véritable luxe de cette partie de Pétabliflement. „Des greniers ifolés font a portee du fervice des étables, 8c a 1'abri „des incendies. Les paturages font peu éloignés, 8c s'étendent le long „des bords de Ia petite riviere, qui, enferpentant, promene la fertilité „dans tout le vallon. „Une laiterie n'eft pas loin: ombragée par des peupliers touffus, „rafraichie par le voifinage d'une eau courante, offrant fur-tout ce qu'un „établiflement champètre produit de plus délicat 8c de plus agréable, elle „autorife quelque recherche de plus. Une propreté indifpenfable peut „en faire excufer 1'excès. On ne s'offenfe pas de voir prodiguer des „foins, 8c confacrer quelques ornements a des productions, oü la nature „met elle-mème une perfeétion particuliere, & qui rappellent cet age, „8c cet état heureux dont les poëtes ne fe retracent jamais, fans nous plai„re, les charmantes images. C'eft avec un délice compofé de toutes ces „idéés naturelles 8c paftorales qu'on fe plait a prendre dans cet endroit „mème un repas champètre, dont le lait 8c quelques fruits font 1'objet „principal. „Si la ferme que je difpofé a droit de raflembler tout ce qui dans „1'utile offre des idéés faites pour plaire, on n'aura pas oublié de placer „a quelque diftance de 1'endroit oü 1'on prépare le lait, celui oü fe fa„brique Ie miel. „Un enclos fermé d'une paliffade d'épines de fleurs, contientles „ruches: difpofées fur des amphithéatres qui regardent le midi, elles „font a 1'abri du nord. „L'enclos  de quelques parties ifolêes d'une maifon de campdgnt. , 59 „L'enclos eft tout entïer confacré aux plantes & aux fleurs qui conviennent aux abeilles. Le thym, Ia Iavande, la msrjolaine, Ie faule, „ie hlleul, le peuplier y font prodigués, & embaument au loin l'air qu'on „refpire. Ici le luxe des parfums & des fleurs eft autorifé comme celui „de Ia propreté 1'etoit dans Ie lieu que nous venons de quitter: & c'eft „ainfi qu'il faut que les voluptés, pour ne pas blefler Ia raifon, ayent un „point d'appui, ou du moins un prétexte dans Ia nature. „Des arbriffeaux a fruits font plantes clans les environs du rucher; „leurs buiffons odoriférantes fervent a arrêter les jeunes effains, lors„qu echappes ou chaffés des ruches, ils cherchent a former de nouveau* „etabliffements. f „Des petits courants peu rapides & peu profonds leur offrent Peau „neceffaire, & forment par des chütes ménagëes un bruit égal & contigu, qu en leur plaifant les attaché a leur demeure. Tous les environs „ ont plantés ou garnis de végétaux qui peuvent donner au miel des qua„htes falutaires & un goüt exquis. Les prairies au centre desquelles „eit Ie rucher, fourniffent abondamment a leur proviflon. Ce n'eft pas „tout. Un petit batiment contient Ie magafin des ruches qu'on fabrique „pendant 1'hyver; le laboratoire, oü, a 1'aide de quelques vafes & de „quelques fournaux, on fépare le miel de la cire; & enfin le lieu frais „ou il fe conferve pour les différents ufages auxquels il eft deftiné „Dans une autre partie de ce bocage s'élevent quelques batiment* „plus etendus: ils font propres aux vers k foie, & a tout ce qui y a rap„port. Je ne fuppofe point a ces etabliffements une grandeur qui parol„troit exiger pour chacun les foins entiers & laborieux du maitre Le „defir de s'enrichir exige fans doute de vaftes établiffements ■ alors de „grands profits, quelquefois de tlcheufes pertes trahiffent ou récompen„fent de grandes peines. II eft des dimenfions plus relatives a Ia fatis„faélion de 1'homme. Son vrai bonheur fe trouvera toujours dans une „combinaifond'occupations, de defir & de délaffements modérés; dans „des avantages moindres, mais moins chérementachetés; dans des jouif „fances enfin moins étendues que fucceflives & habituelles. D'ailleurs „la  •i6o Euit'icme.SeÏÏlon, EmbelliJJements champètres „la variété & la mefure que j'établis, favorable encore a 1'amour propre „bien entendu, flatte plus adroitement ceux qu'on en fait jouir, que des „objets dont la valte importance les étonne, & quelquefois les blefle. „Ce n'eft point la furprife que caufe le fafte, qu'il faut exciter dans vos ,jhóte?. Offrez, & faites leur partager des avantages convenables a une „fortune moyenne; la plupart enjouiront avec d'autant moins de réfer„ve, qu'ils ne les trouveront point au-deffus de leurs defirs; & vous „n'éveillerez pas 1'enviepar 1'étalage d'une opulence difproportionnée. „Mais prêt a m'éloigner des lieux oü j'ai vu prépares & difpofés par „ordre les vers, les cocons, les écheveaux propres aux ouvrages les plus „artiftement combinés par Pintelligence & 1'induftrie, je me fens entrai„né par les cris de différents animaux, & mes pas fe dirigent vers la „menagerie. „Que ferviroient encore ici la richeffe des ornements & le fuperflu „trop marqué? L'intelligence fixe plus naturellement fattention, & fait „naitre plus fürement 1'intérêt. Les parquets font fpacieux, & difpofés „de maniere que je ne plains point les prifonniers qu'ils renferment. Les „efpeces rares font féparées pour affurer la confervation des races. De „1'ombre pour les temps des chaleurs; des abris pour les temps rigou„reux; du fable, du fumier, de 1'eau. Tout ce qui m'affure que ces „animaux utiles font heureux, ajoute a mon plaifir, bien plus que ne „feroient des grillages dorc's, des treillages furchargés d'ornements, des „baffins de marbre qui tariffent a la moindre chaleur, & qui ont plus de „rapport a une magnificence mefquine, ou mal-a-propos prodiguée, „qu'a 1'utilité réelle. „A quelque diftance des oifeaux de baffe-cour, les aquatiques oc„cupent un lieu deltiné particulierement pour eux. Des canaux, ou „quelque branche de la petite riviere, leur fourniffent avec le néceffaire „le fuperflu qui leur eft propre. Auffi les eaux qu'on aura conduites „dans leur demeure font-elles bordées d'ofiers, de faules, de joncs; & „meubles de cabannes dont 1'agrément 8c la commodité les engagent „as'yfixer. „Plus  de quelques parties ifolêes d'une maifon de campagne. i6l „Plus loin fe trouve un établiffement intéreffar.t encore: c'eft un „jardin des plantes médicinales les plus néceffdres pour les hommes & „pour les animaux: elles font cultivées avec foin, rangées par ordre & „etiquetees de maniere qu'en peu de mots. j'apprends leur nom, leur „c^ffe & leur principale propriété. Ce foin qui tient h la fois a Phuma „nite, al'adminiftration économique & aux connoiiTances acquifes de „mon temps, me difpofé a voir avec fenfibilité un hofpice defljÉfté aux „ferviteurs malades. Une ménagere entendue, un homme inftruit des „principes les plus néceffaires, & capable de porter les fecours les plus „urgents dans tout ce petit canton, habitent avec quelques domeftiques „une demeure propre. Celui-ci dirige un laboratoire qui contient les „utenliles non recherchés, mais indifpenfables auxpréparations• ilad „mmiftre un magazin de drogues qu'il faut avoir fous la main, & prend 'breufebibli°theqUe mëdicinale bien cJ™«le, & par-la peu nom- „Le lieu eft aéré, fpacieux & fain. Quelques allées champètres en „torment les promenades: le but oü elles tendent, eft un oratoire qui do „mmantuntertre, préfente de plufieurs endroits du vallon 1'afpect a Ia „fois pittorefque & intéreffant d'un temple, oü Pon rend grace des bien„faits dont on jouit: un afüe voifin, fous la forme d'un hermitage v „procure un lieu de repos, un abri oü 1'on trouve des fieges, une table „& ce qux peut être néceftaire lorsqu'on s'y arrête quelques inftants ' „La vue s'étend fur tout PétabliiTement, & 1'on fe rappelle en v „promenant encore fes regards, les fenfations qu'on y a reques ' C'eft „alors qu'il eft naturel de dire avec le fage: O trop heureux les habitans „des campagnes, s'ils connoiflbient mieux Ie prix des biens dont ils jouif „ient, ou dont ils pourroient jouir! On defireroit de fe fixer pour tou „jours au centre de ces établiftements; auffi le poffefTeur s'eft-il conftruit „pres de I'hermitage une demeure femblable a celle de Socrate II la „deftiné afeprocurer, de temps en temps, une jouiffance plus particu. „Uere & plus réflechie de toutes ces fcênes paftorales. II peut la faire „partager k un ami; car Ia jouiffance de cette forte de plaifir peut conve- A „nir  i6a Huitieme Seïïion. Embelliffements champètres „nir a une folitude abfolue, un ami a qui 1'on parle du bonheur qu'on „goüte ne la trouble jamais: on le met a la place de fon ame; on lui dit „ce qu'on a befoin de fe dire. C'eft le foi qu'on perfonifïe fans avoir „d'égoifme a fe reprocher, 8c ce plaifir fi fenfible 8c fi pur s'accroit lors„qu'on le partage. „La maifon, pour être digne de ce nom que je viens de lui donnet, „doitiêtre de la plus grande fimplicité. C'eft en 1'habitant que le pofief„feur devient lui-même acteur de fa fcêne paftorale. Des livres, un „jardin de fleurs, font les principaux amufements qu'il s'y eft ménagés. „II cultive les unes, ou prend plaifir a les voir cultiver; il s'inltruit dans „'es autres, ous'enamufe; il fait ainfi diverfion a des foins étrangers; „il livre fon ame aux impreffions des objets qui Penvironnent. . Mais „loin de lui ces agitations deftruélives, ces affeclions immodérées plus „nuifibles au bonheur, plus funeftes a la vertu que les paiïïons naturelles. „En s'éloignant de ces tourbillons des fociétés, dont Ie mouvement „étourdit 8c enivre, oü des fantómes paflent pour desréalités, ou les „délires habituels de 1'orgueil, de 1'ambition, de la cupidité font regardés „comme Pétat le plus naturel, qu'il faffe treve avec fes ennemis; efclave „affranchi qu'il n'emporte point avec lui fes chaines. Qu'il entre-mêle „au moins a la vie ordinaire des jours de retraite; plaifir fi fenfuel, Iors„qu'on fait le goüter; utile fi 1'on fait en profiter. Ineflimable emploi „de ce loifir 8c de ce fuperflu dont 1'idée vague féduit, dont 1'ufage réel „fatigue; qu'on cherche avec tant d'ardeur, 8c qu'on trouve fi fouvent „a charge même lorsqu'on fe vante le plus d'en jouir. „C'eft dans ces moments que le poffeffeur eft a portee d'entretenir „1'ordre, de diriger les foins, de foulager lespeines, de faire marcher „de concert Phumanité fatisfaite, linteiligence 8c Putile induflrie. 11 „voit tout, il corrige, il perfeétionne, il embellit, il imagine, il crée. „Les attentions économiques s'entre - mêlent aux foins charitables: il „fait le bien; il en jouit, 8c le temps coule fi rapidement, qu'a peine en „trouve-t-il pour des promenades plus étendues. „Cepen-  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. ^ . »CePendan't " 's'eneft ménagé dSnféreffantes encore. Lanetiter? „vxere eft bordée d'un fentier qui ferpente comme die, il conduit „afpeds champetres & a des repos bien ménagés: ceux- ci propres a pê „cher, font ombrages & commodes. On y trouve les inftruments ne „ceffaires & des bateaux pour accompagner les pêcheurs. . „D'autres fentiers découverts ont pour points de vue différentes fa „bnques que nous avons parcourues. S'il delire de s'élever vers le rZ „teau oppofé h celui d'oü il eft defcendu; il trouve des ponts & des rou" „tes ganues, ii mefüre que le terrein s'exhauffe, de cerifiers, de pomiers" „& d'arbres unies." ^ ^ Jufqu'ici Watelet. EnfuitedeLUIc ne pouvóit guere non pïusomettre, dans fon poé'me charmant fur les jardins, *) la defcription d'une ferme bien ordonnée La ferme, le tréfor, le plaifir de fon maltre, Eeclamera d'abord fa parure champètre. Que 1'orgueilleux chateau ne la dédaigne pas; II lui doit fa richeffe; & fes fimples appas L'emportent fur. fon luxe, autant que l'art d'Armide Cede au, fouris naïf d'une vierge timide. La ferme! A ce feul nom les moiflbns, les vergers, Le regne paftoral, les doux foins des bergers, Ces bieas de 1'age d'or, dont 1'image chérie Plut tant 4 mon enfance, age d'or de la vie, Réveiilent dans mon cceur mille regrets touchants; Venez; de vos oifeaux j'entends déja les cbants; J'entends rouler les chars qui trament 1'abondance, Et le bruit de fléaux qui tombent en cadence. Ornez donc ce féjour. Mais abfurde a grands frais, N'ailez pas ériger une ferme en palais. Elegante a la fois & fimple dans fon ftyle, La ferme eft aux jardins ce qu'aux vers eft 1'idylle. X 2 Ah! *) Les Jardins. Poé'me. Pages 87-89."  Buitieme SeBon. EmbelliJJements champêtret > Ah! par les dieux des champs, que le luxe effronté De ce inodefte lieu foit toujours rejeté. N'allez pas déguifer vos prefloirs & vos granges. Je veux voir 1'appareil des moiffons, des vendanges. Que le crible, le van oü le froment doré Bondit avec la paille, & retombe épuré, Laherfe, les trameaux, tout 1'attirail champètre, Sans honte a mes regards ofent ici paroitre. Sur-tout, des animaux que le tableau mouvant Au-dedans, au de-hors lui donne un air vivanr. Ce n'eft plus du chateau la parure ftérile, La grace inanimée & Ia pompe immobile: Tout vit, tout eft penplé dans ces murs, fous ces toits. Que d'oifeaux différents & d'inftinft & de voix, Habitant fous 1'ardoife, ou la tuile, ou le chaume^ Familie, nation, république, royaume, RToccupent de leurs moeurs, m'amufent de leurs jeuxl A leur tête eft le coq, pere, amant, chef heureux, Qui, Roi fans tyrannie, & Sultan fans molefle, A fon ferail atlé prodlguant fa tendrefle, Aux droits de la valeur joint ceux de la beauté, Commande avec douceur, careffe avec fierté, Et fait pour les plaifirs, & Pempire & la gloire, Aime, combat, triomphe, & chante fa viftoire. Vous aimerez a voir leurs jeux & leurs combats, Leurs haines, leurs amours, & jufqu'a leurs repas. La corrbeille a la main, la fage ménagere A peine a reparu; la nation légere Du fommet de fes tours, du penchant de fes toits Ei» tourbillons bruyants defcend toute a la fois: La foule avide en cercle autour d'elle fe preffe; D'autres, toujours chaffés & revenant fans cefl'e Afliégent la corbeille, & jufques dans la maiu, Paralites hardis, viennent favir le grain. 164 Soignez  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. Soignez donc, protégez ce peuple domelKque. Que leur logis foit fain, & non pas magnifique. Que lui font des réduits richement décorés, Le marbre des baffins, les grillages dorés? Un feul grain de millet leur plairoit davantage. — Ainfi nous plait la ferme «Sc fon air animé. 4. On 165 X3  i66 Huhieme SeEtion. Embellijfements champètres 4- On voit que ces defcriptions d'une ferme ornée renferment les premiers principes qui regardent cette efpece d'embelliffement. Cependant on peut faire encore plufieurs réfiexions qui conviennent ici. Bien que féconomie rurale puiffe éprouver de grandes inégalités, caufées tant par la diverfité qui regne dans les coutumes 8c les befoins des différents pays, que par celle qui nait de 1'étendue 8c de la nature des objets mémes dont cette économie s'occupe plus ou moins, cependant les principaux arrangements font presque par-tout les mêmes. Le batiment delliné a être habité doit fe diftinguer des édifices dont 1'ufage efl; purement économique, & dont 1'ordonnance indifpenfable dépend avant tout de cet ufage. Ces édifices doivent encore occuper un lieu convenable a leur deftination. Tout ce qui peut fe faire pour l'embelliffement de leur fite, de leur archkecture, de leur extérieur, ne doit aucunement limiter leur ufage économique. La maifon, féjour de 1'économe & de fa familie, fe diftinguera par une architeclure fimple 8c modefte. Son extérieur annoncera la propreté 8c 1'aifance. La pente d'une colline offre le fite le plus avantageux a cet édifice, qui pourtant peut faire un effet animé au milieu même d'une plaine, entre des champs de grain 8c des prairies. Une ferme eft bien par-tout oü fe trouve un fol fertilej cependant elle aime a renfermer dans fon enceinte des hauteurs 8c des vallons, afin de fe procurer différentes produétions 8c de l'eau courante. Tous les autres batiments, comme granges, rnagazins, étables, iaiterie, pigeonnier, poullallier, 8c autres lieux clos pour toutes fortes de volailles, peuvent étre répandus a une diftance eommode les uns des autres. lis doivent être conftruits avec une élégance modefte, avec une certaine fimplicité négligée, un certain air champètre 8c fans art, 8c peuvent être environnés pittorefquement de groupes d'arbres. La verdure 8c les feuillages, qui rendent plus beaux les édifices difperfés, récréent la vue, tandis que 1'ombrage des arbres raffraichit également les ouvriers 8c Ie bétail. Une eau pure 8c courante  * quelque, partie, ifol/e, d'une maifon de ca,«pagne. ,6? rante eft ici un des premiers befoins pour les animaux & pour la proprete; un grand rudfeau qui murmure partagé en plufieurs branches & an 2 P- des ponts champètres de formes variées, furpafie en beauté Té. •ang qm femble s affliger au fein des joncs, des bouleaux & des fa, es penches, mats qu. cependant eft un féjour chéri des canards fauvages & domelhques. Tous les édifices en queftion, femés tantót fur les Les no m d ' ;S P0MS & dM CheminS' V™1' fo"'d=cer,ai„ cenenÏntts 'f^l^ W<"*<™<™ * 1'enceinte d'une ferme, apanage; mus ces objets mêlés avec variété tracent un tableau champe«e p!em d at.ra.ts, qui fai, plaifir par les nuances diverfes des verdure , deïel ^ fmiU,ë' d'ab°ndanM & «° **>■ S«den perdre' ficu e oidl . men' ^ '°rS,ïU'eU£s ParoilTen' fo"» "«e vffihl, t ' °U, ^ aVe° a"' °U bkn teleur contour eft par-tout v fible; lies charmen, d'avantage lorsqu'elle déploien, des finuofitós plemes dra Pon s'appercevra que ce qui n'étoit d'abord qu'un objetde ju'flice & d'hu' manite, eft auffi un objet de prudence, & Pon découvrira des fources de véritable bonheur public, qui encore fermëes dans quelques endroits commenceront a b'épancher. ' Si jamais 1'on voyoitpeindre ce beau jour oü Ie cultivateur, par-tout hbre & maitre de fon bien, pourroit s'élever jufqu'aux fentiments les plus heureux de Phumanité, Ie mépris ou le peu de cas que 1'on fait des villages cefferoir, & Ie fage pourroit habiter avec plus de plaifir au milieu des laboureurs. II y répandroit des iflftruéiions utiles & du goüt pour la fociété; par fon commerce avec ces bonnes gens, il rendroit plus faciie Ia deftru-  ao0 Huitieme Section. Embellijftmtnts champêtrei deftrucTion des préjugés nuifibles, par fes enfeignements ilomwoitla fource du bonheur. De leur cóté les payfans verroient avec fatisfadion un ami qui feroit venu s'établir parmi eux, ils écouteroient avec plaifir un fage qui daigneroit vivre au milieu de leurs families. Le fpedacle des champs bien cultivés, & des jardins utiles, qui fe multiplieroient fous fes yeux 1'occuperoit tous les jours des fentiments les plus agréables, &fon goüt'pour les plaifirs de Ia nature deviendroit plus vif en les partageant avec des hommes heureux. C'eft ainfi que je trouvai en Suiffe, non feulement des hommes d'état & des héros du premier rang, qui etoient retournés au repos de la vie privée, mais encore des Princes, quihabitoient des maifons de campagne médiocres & fimplement commodes, au milieu des cabanes de mortels Übres & fortunés.  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. aor VII. Grand chemin. i. Rien n'annonce plus la culture d'un pays 8c 1'efprit fage de fon gouvernement, que des grands chemins bien conftruits. Mais aufli leur défaut total choque tellement 1'idée la plus ordinaire de bon ordre public, que la conféquence désavantageufe, qu'on en tire pour le fouverain 8c pour le gouvernement, eft presqu'inévitable. De bons grands chemins ne font pas uniquernent néceffaires pour faciliter la communication des diverfes parties d'un empire, pour protéger les voyages & Ie commerce, pour rehauffer les beautés des villes & des provincès. Ils font encore indifpenfables pour défendre de la férocité & de la barbarie des peuples entiers, pour rendre moins onéreufe leur foumiffion aux lois, pour accélerer le cours de la juftice, pour favorifer les effets bienfaifants de la vie fociale 8c du fecours réciproque en cas de befoin. Aucun peuple ne prouva jamais plus d'ardeur pour la conftruécion de fes routes publiques, quelesRomains, qui ne négligerent aucune efpece d'entreprife grande 8c utile. Vu 1'immenfité de I'Empire, les grands chemins ne favorifoient pas feulement Ia commodité des voyageurs qui affluoient a Rome de tous les autres pays, mais encore la marche des armées & la prompte difperfion des ordres du gouvernement. On regardoit la conftruétion ou la réparation des chemins comme un fi grand mérite, que le Sénat érigea pour cette raifon des arcs de triomphe a Augufte, a Vefpafian 8c a Trajan. Les grandes routes Romaines s'étendoient depuis les provincès les plus occidentales de 1'Europe 8c de 1'Afrique jufques dans 1'Afïe mineure. Elles étoient longues de i foo a 1600 milles (germaniques) 8c partant de Rome, parcouroient ving-cinq fois I'Empire. On traverfa des lacs 8c des marais, on perga des montagnes 8c des rochers, afin de donner autant qu'il étoit poffible aux grands chemins la direclion la plus courte 8c la plus droite. Chaque mille étoit marqué par une colonne. Ces colonnes milliaires, tantót rondes, tantót Tome V. Cc quarrées,  2oa Huitieme Seiïion. Emhellijfcmcnts champêtrts quarrëes, tantót de quelque autre figure, étoient hautes dehuitaneuf pieds, & placées fur de petits piédeftaux. Elles portoient des infcriptions, qui indiquoient en milles la diltance de Rome, & qui fouvent étoient des monuments a Thonneur de l'homme bienfaifant auquel on devoit les chemins. A cóté des colonnes milliaires les Romains avoient coutume de placer des pierres, taillées en marches ou en petits piédeftaux, & fervant de fiege aux piétons fatigués, ou d'efcabelle aux cavaliers. Les Romains embelliftbient encore les bords des grands chemins de temples, de pavillons, de termes, de maufolées, de colonnes & d'autres monuments érigés en faveur de la yertu, ce qui arrétoit & occupoit utilement les voyageurs. Les grandes routes, ou les routes royales, avoient foixante pieds de large, tandis que les chemins de traverfe qui fe rendoient de cóté aux villes & aux villages, avoient moins de largeur. Dans les temps modernes plufieurs pays ont fu apprécier 1'avantage que fourniffent de bons grands chemins. On en voit des preuves dans les Pays-bas, en Angleterre, en France, enAutriche, en Suiffe, enAlface, dans une partie de ia Suabe, dans le Palatinat, la Heffe, le pays d'Hannover, & en Seelande. Cependant des étabüffements de cette importance ne font pas encore a beaucoup prés auffi communs en Europe qu'ils le méritent, mème dans les pays oü 1'on en fent toute Putilité; & dans plufieurs provincès, même d'Allemagne, on n'en rencontre jufqu'a préfent aucune tracé. Peut-ètre ce qui s'eft fait, «ngendrera-t-il un génie d'émulation dans les contrées encore négligées. 2. Comme des ouvrages d'un autre contenu que celui-ci enfeignent la conftruétion des grands chemins, & la maniere de les rendre durables & commodes, nous nous bornons aux remarques quiregardent leur embelliffement. Et de ce cóté on a fait moins encore. Des allées dans quelques endroits, des colonnes milliaires, des chapelles, des ftatues & descroix, compofent presque teute la décoration de Ia plupart des grands chemins modernes. Nous  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. 303 Nous parierons enfuite des plantations. En plufieurs contrées les co.onnes milliaires font de petits cailloux qui s'élevent a peine au deffus du lol & qu a peine le voyageur remarque; dans d'autres ce font des pners de bois très-groffiérement travaillés, quelques fois un peu ba rbouilles de rouge, couleur très-peu convenableici, & qui fouvent for mes en potence, rappellent ces véritables échaffauds, ces décoration." hornblcs, dont un goüt barbare défigure encore quelquefois les grands chemins. Une colonne milliaire, dont l la vérité la première deftination efi de montrer Ie chemin, étant expofée aux yeux du peuple & des étran gers, devroit fe diftinguer par un peu plus de dignité, tant a 1'égard de fa matiere que de fa forme. Eft-il rien de plus facile que de donner i une colonne milliaire unefigure analoguedfa deftination? Le long des beaux grands chemins de Séelande on voit des colonnes nobles de marbre nor vegien d'un blanc bleuatre, couleur qui les fait diftinguer même pendant" le crepufcule; elles ont toutes une forme & une décoration convenable• meme eurs hauteurs inégales indiquent tantót les demi-milles,- tantót les milles entiers. - Les póteaux placés dans les grandes routes pour indiquer le chemin peuvent auffi être embellis jufqu'a un certain point quoiqu'ils ne foient au fond que des objets de néceftité. Leur forme or' dinaire qui prefente une potence, ou bien un bras & un index défigurés choque un ceil fenfible. Ne feröltOl pas tout aufli facile de leur donner' une forme plus noble? Et s% étoient de pierre, les noms des^ndroits ne fe conferveroient-ils pas mieux que fur du bois, oü l'air & Ie mauvais temps leseffacentfi vite? On pourroit même les rendre intéreffants au voyageur par des infcriptions variées qui lui offriroient en peu de mots quelques vceux en fa faveur. Les chapelles ou les oratoires, les images des faints, les croix que dansles pays catholiques on voit fi fouvent a cóté des grands chemins font refpeéhbles en qualité de monuments publics&pieux, pourvu nu'ils' ne foient pas trop entaffés; cependant ils conviennent mieux aux églifes & aux places environnantes. C'eft un fpeétacle touchant que de voir Ie devot voyageur s'arrêter auprês de ces monuments, s'agenouiller, & ^c 2 deman-  304 Huitieme Seiïion. Embelliffements champetres demander aDieu fa protection & fes fecours pour la conlinuation de la route. Le nouveau courage avec lequel il court au-devant des difficultés qui 1'attendent en chemin, valoit bien la peine de s'arrèter & de prier ici. Mais outre les idéés du reflbrt de la religion, il fe trouve des objets importants de morale ou d'intérèt national, dont les fimboles & les monuments peuvent convenir le long des grands chemins. C'eft bien a tort que nous reléguons les maufok'es, ornés d'images&d'infcriptions inftruclives, dans des endroits écartés oü perfonne n'aime a fe rendre ; les anciens qui les plaqoient au bord des grands chemins, favoient rendre utiles les derniers reftes mème de la mortalité. Dans quelques cas particuliers on pourroit fans doute encore aujourd'hui ériger des maufolées au bord des grands chemins ou dans leur voifinage, mais il faudroit que ce fut plus rarement & avec choix. II vaudroit cependant mieux faire ufage de monuments qui rappellent des vertus d'une influence plus étendue & plus populaire; comme des monuments qui retracent quelque acte de bienfaifance publique, quelque aélion généreufe & falutaire a 1'état, quelque trait de courage, ou quelque vicloire. Un fouverain, qui fournit fon pays de bons chemins & qui le purge de brigands, mérite une colonne propre a rappeller ces bienfaits. Une auberge, un repofoir a 1'abri du vent & de la chaleur, une fontaine placée pris de la route, peuvent, en qualité d'ceuvres méritoires, étre défignées par une infcription inftruétive. Des faits nationaux importants offrent a 1'étranger mème un intérèt encore plus fort; car les monuments qui retracent ces faits, nous ramenent a 1'hiftoire du pays parcouru, & bientót notre efprit fe transporte dans d'autres temps, & ne s'occupe que d'aöions, de caracleres & de mceurs. Lorsque le grand chemin rafe des endroits diftingués par quelque affemblée nationale remarquable, ou bien par quelque décifion importante obtenue par des traités ou par la force des armes; qu'il traverfe quelques lieux déferts & abandonnés oü floriffoit jadis une ville, ou bien qu'habitoit un protecleur de fon peuple, quelque terrein arrofé par le fang d'un héros, on peut les embellir de monuments aftbrtis a Févé-  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. 20 5 Févénement, en forte qu'ils amufent Ie voyageur d'une maniere trés - utile. On voit en Suiffe quelques beaux monuments de cette efpece, «Sc entr'autres Ie charnier voifm de Morat dans le canton de Berne, «Sc fïtué prés de la route. II a la forme d'une chapelle, & les offement's de I'armée, que le puiffant Charles de Bourgogne perdit ici dans une bataüle contre les Suiffes viclorieux, y font raffemblés. La chapelle a de tout cóté plufieurs ouvertures a travers lesquelles on découvre ces triftes reftes dedix-millesviétimes; fpeétacle des plus attendriffants! L'mfcription de Mr. de Hailer invite le paffager Suiffe a fe rappeller les vertus de fes braves ancétres: Arrête Helvétien! Ci-gifent les guerriers Devant qui tomba Liege & fe troubla la France, Et qui virent ici flétrir tous leurs lauriers. Ce ne fut ni le fer, ni l'art, ni ia vaillance, Mais 1'étroite union de nos braves ayeux Qui les rendit vainqueurs en ce jour périlleux. Citoyens! Ia concorde eft 1'appui le plus ftable; Seule elle peut nous mettre a 1'abri des revers. Puiffe cette -vertu de fa chaïne durable Réunir a jamais ceux qui liront ces vers. Outre les riches galleries de tableaux nationaux Suiffes que fe trouvent fur le grand pont couvert de Lucerne, la chapelle de Teil, au bord du lac des quatres cantons, n'eft pas moins eftimable. Elle eft a' 1'endroit oü ce premier héros de 1'Helvetie prit terre en fautant hors de la nacelle qui devoit 1'emmener prifonnier, & oü il gravit Ia montagne non frayée encore, mettant ainfi fa perfonne, «Sc bientót après par la fuite de fes adions, toute la Suiffe en liberté. L'édifice qui porte le nom d'une chapelle, eft un petit temple ouvert confacré a ce héros de la liberté. Du cóté du lac l'édifice a une baluftrade de bois que tout le monde peut ouvrir. Au milieu eft un autel, devant lequel tous les ans, au jour fïxé, 1'on dit une meffe ou 1'on prononce^un fermon en mémoire de Ia liberté' acquife. En dedans les murs font ornés de tableaux qui repréfentent les Cc 3 atftions  ao6 Hiiltieme Sccllon. Embeüijfements champètres aétions de Teil. Si fon fite ne dépendoit pas du lieu mème oü s'eft pafte févénement, 1'édifice mériteroit d'ètre dans un lieu plus fréquenté; fon entrée remplit tous les voyageurs d'admiration pour le fait mémorable qui, malgré tous les efforts d'une puiffance tyrannique, fut caufe qu'un peuple petit & pauvre acquit fa liberté, liberté inébranlable depuis plufieurs fiecles comme le roe élevé de mont Axen, dont le fommet fend les nues derrière la chapelle, «Sc remplit Pame de vénération. Que ces embelliffements des grands chemins font pleins d'intérèt & de nobleffe! Et au contraire que la coutume encore dominante en plufieurs pays, de les défigurer par des potences «Sc des échafïauds, eft digne d'horreur! La juftice ne peut- elle donc pas épouvanter les criminels fans révolter les fens des hommes honnêtes, «Sc fans martyrifer «Sc pourfuivre, pendant toute fa route au milieu d'un payfage délicieux, 1'imagination du voyageur? Eft-il donc fi indifférent de tourmenter mille habitants honnêtes «Sc mille étrangers par un afpect des plus horribles «Sc fouvent inattendu, le tout pour effrayer un feul coquin? Et parvient-on a fon but? L'habitude n'affoiblit - elle pas infenfiblement llmpreffiondecefpeétacle? En commettantune mauvaife aétion, le mal-faiteur penfe-t-il au gibet, a la roue, a ces épouventails de juftice qu'il devroit craindre? Ne penfet-il pas plutót a 1'adreffe qui lui eft néceffaire, «Sc a Poccafion de s'évader heureufement? Ne vole-t-on, n'affaffine-t-on pas toujours de même fur les grands chemins oü ces fanglants échaffauds menacent Ie coupable? Une police vigilante, dans les villages ainfi que dans les villes, opéreroit certainement beaucoup plus que toutes ces images effrayantes. Au lieu de défigurer ainfi les grands chemins, les plus belles collines «Sc les plus jolies perfpeétives, je confeillerois de placer les lieux d'exécution dans des abymes obfcurs «Sc horribles, dans des enfoncements boifés «Sc déferts, environnés de roes rabotteux «Sc de fapins noiratres, oü le hibou joint fes lamentations aux cris des oifeaux de proie, oü les ténebres, Ia folitude «Sc un afpe«ft fauvage épouvantent 1'imagination. C'eft dans ces déferts abandonnés, effrayants «Sc écartés de la demeure des hommes droits, déferts dont le feul afpeft eft effrayant «Sc terrible, que la juftice pour-  * quelques parties ifolées d'une ma fon de campagne. 2o 7 pourroit, s'illefautabfolument, confommer fes horriblesfacrifices. Et lorsque Ia potence placéele long du grand chemin fert uniquernent a deflgner une autre jurisdiclion ou une limite, a quoi toute autre cobn ne ferviroit bien mieux, que penfer d'un feigneur qui cherche feulem nt a montrer qu'il a le droit de faire pendre ? H eft plus noble d'ériger des monuments publics de bienfaifance que des monuments publics de juftice. Combien, par exemple, ne kroit-U pas beau k Ia police, par-tout oü des fources vives feLontrent aupres des chemins, d'avoir un foin bienfaifant de les conferver) Dans fourmr des raffraichiffements au voyageur défaillant, une fource bien en^etenue a cote de Ia route feroit k coup fur une oeuvre très-méritoire. On pourroit y placer quelque marquecmi appellat le voyageur, & qui hnvitat amicalement a étancher ici ,a foif; un fiege placé Ls un om brage frais au bord de la fource ne s'offriroit pas en vain. II faudrl charger du foin de ces fontaines publiques le bailliage ou Ie village voifin. Combien de fois le pauvre paffager ne répéteroit-il pas fes marqués touchantes de reconnoiffance, & quelle idéé noble de 1'efprit, qui anime le gouvernement d'un pays femblable, n'emporteroit pas le voyageur? 3< Les autres embelliffements des grands chemins confiftent en plantations & en points de vue Les premières font principalement un effet de 1 mduftrie; les feeondes de la nature. Le befoin d'ombre & 1'agrément rendent les plantations des routes publiques recommendables; cependant il ne faut pas qu'elles fourniffent un feuiilage trop touffu qui empêche Ia circulation de l'air & le defféchement des chemins. Dans des lieux humides il faut en général épargner les arbre, On devroit auffi rcgler d'avantage leur choix fur Ia nature du fol; le defaut repete de ce foin eft caufe que nombre de plantations manquent. En plufieurs endroits d'AHemagne on a propoie de border les chemins d'arbres, dans Ie deffein économique de remédier au manque de  20g Huitieme Se ff ion. Embelliffements champetres de bois. Mais Ia coupe & la transplantation réitérée des arbres, a moins qu'Üs ne foient trop ferrés, entrainent beaucoup d'incommodités, tant que 1'on borde les grands chemins d'une feule rangée d'arbres; ainfi 1'avantage que 1'on en efpere ne pourroit devenir de quelque conféquence qu'autant que 1'on planteroit des groupes confidérables, dans Iesquels il eft plus facile d'abattre & de replanter des arbres. Le bois que fournit la feule taille des faules & des autres arbres, n'en vaut guere la peine, les défigure, «Sc fait manquer Pombrage. Les mutilations ordinaires que 1'on permet encore quelquesfois aux garqons jardiniers de faire aux arbres, ne doivent pas plus être tolérées fur les grandes routes que dans les jardins. Je peux bien placer encore ici une exhortation que j'ai faite ailleurs *) touchant cette mode infenfée de tronquer les arbres, paree qu'on ne peut trop la répéter a des gens qui tiennent toujours aveuglément a leurs anciens préjugés. „Qu'eft-il de „plus beau que la rondeur fans art du maronnier d'inde «Sc la circonfé„rence fuperbe du tilleul, ces deux arbres ordinaires dans les allées, & „que la nature nous livre ainfi faqonnés de fes mains. Qu'eft-il de plus „agréable que la voute majeftueufe des feuillages élevés de ces arbres, „fous Iesquels habitent 1'ombre, la fraïcheur «Sc le repos, tant que la main „téméraire du maffacre les refpedle? Et qu'eft-il de plus extravagant que „de faire a force de foins des póteaux chauves de ces faites fuperbes, qui „peuplés de chanteurs heureux, étoient deltinés a flotter dans les airs, „ou de les transformer en cónes, en éventails «Sc en d'autres figures pué„riles? Cependant on voit encore ces monuments publics d'une mutila„tion, non feulement ridicule mais encore fcandaleufe, dans une foule „de jardins, dans une foule d'avenues devant les grandes villes. En vain „1'on prétend que cette taille perpétuelle favorife ie cru des arbres; c'eft „une imagination qu'un aveugle feul peut avoir. Voyez le jet, la hauteur, 1'épaiffeur des arbres foreftiers que jamais les cifeaux ne touchent; „voyez le tilleul «Sc d'autres arbres ordinaires aux jardins, lorsqu'ils fe „rencon- *) Dans 1'Almanach des Jardins, publié en Allemand par Mr. Hirfdifeld pour 1'anoée 1783» page 215 «5i fuivantes.  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. 309 „rencontrent dans quelque village. Ils font honte a nos arbres qui font „toujours malades, tant que vous gênez 1'accroiffement auquel la nature „les porte. L'idée chymérique que des arbres taillés donnent plutót de „1'ombre, n'eft pas moins oppofée Ét Ia nature & a 1'expérience. Com„mentunarbre, toujours blefle, toujours mutilé, toujours arrèté dans „fa croiffance, pourroit-il donner bientót de 1'ombre? Et quand vous „émondez les branches extérieures, comme il eft d'ufage par-tout, que „faites- vous, finon inviter Ie foleil apénétrer des deux cótés dans 1'allée? „Pouvez-vous croire, malgré Ie témoignage de vos yeux, que le cóté „interieur des arbres augmente a mefure que vous détruifez Ie cóté extérieur? Eft - il raifonnable de vouloir diriger Pimpullion autrement que „ne le veut la nature de 1'arbre? Pourriez-vous defirer que Ie foleil s'ar„retat toujours dans Ia même direétion & droit fur vos têtes? Ou bien „qu'il pénétrat moins de fes rayons des cimes que vous avez reduites a „une furface, que vous avez dépouillées de leur feuiilage?" Pour rendre utiles les plantations des grands chemins, on a choifi depuis long-temps dans plufieurs endroits des arbres fruitiers, comme pommiers, poiriers, pruniers, cerifters, noyers & chataigniers. On voit aufïi quelques exemples de ces fortes de plantations dans diverfes provinces d'AHemagne & de Suiffe; une des plus belles eft le fameux chemin nommé Bergftraffe dans le Palatinat. Cependant quelque agréable que foit leur afpecl dans le temps des fleurs & dans celui des fruits, ces arbres fruitiers qui bordent les chemins publics ont leurs inconvénients. La plantation coute beaucoup par-tout oü ne fe trouvent point de grandes pépinieres. Les arbres périffent aifément, parcequ'ils ne peuvent guere être debaraffés comme il faut de leur mouffe, de leurs rejetons parafites & de leur fauvageons. En partie vu la Ienteur de leur cru, les arbres fruitiers donnent plus tard de 1'ombre que plufieurs arbres fauvages. Enfin on arrache fouvent les fruits encore verds, enforte que perfonne n'en retire un avantage reél. Mais quand il s'agit de petits chemins de traverfe dans des biens de terre, fur-tout dans le voifinage de la maifon, ces plantations font plus a confeiller. Pour les employer Ie TomtV- Dd long  21 o Huitieme Seïïion. Embelliprnmts champètres long des grands chemins, & retirer quelque avantage de leurs fruits, il faudroit les placer dans des cantons femés de villages, dont les habitants partageroient entr'eux le pront, & feroient animés par leur intérét commun a veiüer aux arbres. 11 eft vrai que dans les pays oü les fruits ne font pas au nombre des rarete's naturelles, on vole moins ceux qu'offrent les grands chemins, ou 1'on fait moins d'attention a ce vol; on ne peut pas mème appelier ici vol une jouiffance que permet 1'ufage ouune efpece de convention tacite; le paffant altéré cueille du fruit a la vue du propriétaire, fans craindre aucun reproche. Les arbres fauvages qui croiffent promptement & donnent de riches ombrages, font fur-tout recommendables pour les plantations des grands chemins; tels font le peuplier blanc, le peuplier noir ordinaire & celui d'Italie, le maronnier d'Inde, le tilleul, le platane de Virginie, & autres. Quelque utiles que foient les faules au cultivateur, ils ont un afpeét trop nud & donnent trop peu d'ombre pour fervir a i'ornement des chemins. On pourroit les méler a d'autres efpeces d'arbres, la maniere ufitée de n'employer jamais que les mêmes, étant tout auffi fatigante que la ligne droite qu'ils décrivent. Les peupliers noirs, fur-tout ceux d'Italie, font peut-ètre les plus propres a décorer les cótés d'un chemin. Leur jet drot & élevé, leur afpeét léger & dégagé, leur tète toujours mobile, dont le riche feuiilage frémit au moindre vent, Ie beau verd & la longue durée de leurs feuilles, toutes ces qualités fe réuniftent pour offrir un fpeétacle plein d'attraits; elles communiquent aux environs quelque chofe d'animé; on pourroit mème dire: quelque chofe de fociable. Un chemin charmant, bordé de cette efpece de peupliers, s'étend de Dourlach a Carlsruhe. Le tremble aufli plait a 1'ceil par les jeux continuels de fon feuiilage, & le peuplier blanc, en montrant le cóté brillant de fes feuilles & les retournant enfuite, préfente un tableau pittorefque. Dans le chemin de Savigliano a Turin fe trouvent, comme le remarque Mr. Sulzer *) „une plantation de peupliers blancs d'une „beauté *) Journal d'un voynge fait en 1775 ce paffage, depuis les mots: jamais je & 1776 dans le pays méridionaux de l'Eu- ne vis &c. n'eft point dans cette tradurope &c. p. 257- 258. La conclöilön de ftion francoife.  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. 3!, „beauté peu commune." Ces arbres étant voifins les uns des autres a peu pres a huit pieds de diftance, „parfaitement allignés & a la mê „me hauteur" ayant „des troncs blanchatres & des couronnes touffues « Mr. Sulzer fe crut dans des falies reffemblant „a des portiques entourés „de colonnes." Les troncs font effetfivement fi droits, fi unis leur groffeur a une fi belle proportion rélativement a leur hauteur, & Us font a une telle diftance les uns des autres, qu'on peut les prendre pour des colonnes. „Les endroits oü il y a plufieurs rangées de fuite rappellent „le doublé périftüe des anciens temples grecs." Mr. Sulzer ajoute • ja„mais*je ne vis dans des jardins ou dans des bofquets rien qui produifit „lur moi une impreffion aufti majeftueufe que cette fuperbe allee de „peupliers." Quelque agréable que foit la maniere de planter des deux cótés du chemin une rangée d'arbres allignés, cependant cette efpece de plantation a deux inconvénients: elle fatigue par fon uniformité, & voile fouvent les plus beaux point de vue. On obferve même en parcourrant Ie chemin nommé Bergftraffe, que les payfages les plus riants fe cachent quelquefois derrière les arbres fruitiers. La plantation devroit donc être ordonnée de fac,on a compofer une belle avant-fcêne au payfage. Et les groupes entre-mêlés d'ouvertures a perfpeétive font admirables pour cet effet. Lorsque la route ferpente en longues finuofités aifées, rien n'eft plus agréable a 1'ceil que d'appercevoir devant foi des groupes d'arbres, tantót plus grands, tantót plus petits, tantót plus voifins, tantót plus éloignés, qui fuivent les replis du chemin. Et en pourfuivant fa route, on voit 1'afpect du payfage varier k chaque pas. Les groupes ne font plus alors de fimples moyens de feprocurer 1'ombrage néceffaire; ils ont une deftination plus rélevée, & forment des points de vue fous Iesquels les attraits du payfage paroiffent par tableaux ifolées & embellis. Dans ce cas la diftribution des groupes eft donc entiérement fubordonnée au caradere du canton & de fes effets. Les grandes maffes du payfage doivent être partagées en parties plus petites qui ne difiraient plus 1'ceil, mais 1'arrètent & 1'occupent. Ces parties détachées doivent fe Dd 2 montrer  2I3 Huithme Settion. Embeüijemmtschampètres montrer fous des diredtions & dans un jour qui leur donnent de nouveaux charmes. Elles doivent former une fuite de tableaux toujours variés 8c fucceffifs, qui, par les diverfités de l'avant-fcêne, 8c du clair obfcur, par les fontes des couleurs, ne femblent pas appartenir tout-afait au payfage environnant, quoiqu'ils en foient détachés. Une ordonnance dansce goüt, 8c faite avec art, ne ferviroit pas de fimple récréation a la vue; elle fourniroit encore a 1'efprit un amufement des plus délicats. Et toutefois, autant la nature femble avoir voulu fuggérer cette ordonnance depuis long-temps, autant il paroit qu'on a négligé d'y faire attention. Aux groupes plantes pour fe procurer de jolis tableaux en payfage?, ou peut faire fuccéder une plantation en ligne droite, fur-tout dans les endroits oü nulle perfpeétive n'attire la vue. Le chemin n'a guere en lui-même d'autre agrément que celui de fa folidité, 8c des facilités qu'il offre pour la pourfuite du voyage; les objets des environs, ou ceux qui fe montrent dans le lointain, doivent feuls amufer Ie voyageur. De la réfulte la néceffité des points de vue dégagés 8c variés pour rendre le grand chemin agréable. Lorsque les environs ne récréent nulle part les yeux, ou même les bleffent par des objets rébutants, une allee ordinaire regagne quelque valeur. La clarté perpetuelle d'une vue en rafe campagne éblouit; mais elle devient plus flatteufe lorsqu'elle eft mèlée d'ombres 8c de voiles. Les coudes que fait la route peuvent être déterminés par la nature du terrein. Des champs de bleds, des prairies, des marais, des lacs, des rochers, exigent quelquefois une courbure, une finuofité, mème un détour plus confidérable; mais quelquefois auffi le chemin acquiert un nouvel attrait en fe prolongeant en ligne droite par deffus des petites collines 8c des montagnes, qui amufent 1'ceil en offrant des perfpeétives plus étendues. Les finuofités, quelquefois indifpenfables du chemin, contribuent beaucoup a ennoblir 8c a multiplier les afpeétsj 8c les loix du bon goüt peuvent fouvent rendre ces finuofités auffi néceffaires que les rend la nature intraitable du terrein. Une grande route, conftamment allignée,  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. fl, g a cerrainernent Pavantage de mener plus vke & plus commodémentau but; maxselie a en meme temps 1'ennuyeufe monotonie de la ligne droite non interrompue. La route eft rendue plus attrayante par des deW mattendus & par des points de vue qui s'offrent b Jquemen ^aux ue menent ces detours. L'étendue du chemin en ligne droite eft auffiTt gante que fa trop grande largeur eft inutile, défavorable a I'agriculture & mcommode au voyageur, qu'elle privé de 1'agrément dl 1'ombre' D adleurs l alhgnement forcé d'un long chemin el abfolument cont7e na ure & xl exige quantité de frais fuperflus, qui, fi 1'on veut faire de la Sbf; i°nTnt Cf ,eXpliqUëS beauc-PPÏ-heureufement au véritable embellxffement delaroute. Quelegrand chemin donc s'étende en ligne droxtelorsqu'il Ie peut fans effort; mais qu'il ne fe refufe nas i ^un decour.toguelcfitePcxIgc, que plutL fe fléchiff e'lui meme & forme une petite finuofité riante, lorsque de beaux points de vue Yy mvitent. Ge n'eft pas affez de voir la campagne, oü ne la voit! onpas? Le voyageur defire trouver de 1 Wement & de Ia recréaXn pour fa vue dans fa route folitaire. Ce font des tableaux en payfage & non du pays qu il veut voir. La nature le fait quelquefois jm ir Lfden- tellement des premiers; mais c'eft le goüt qui les M fournit par les dl ^t\tffrSdUChemin' &^Un ^^idesgroupid'arbr; Lorsque des haies fuccedent aux arbres, elles feront petites & peu hautes afin ae nempecher ni la circulation de l'air, nila liberté de Ia vue Les defi es etroits & entourés de haies qu'on trouve en fi grande quantii te dans la Baffe-Saxe, font précifément Ie contraire de ce que préfcrit cette remarque. Ils fatiguent par leur éternelle clóture, & al Went Ie chemin par I'ennui qu'ils caufent. Les bocages élevés éca; tant le foleil & les vents, les routes doivent presque toujours être impraticables furtout dans un terrein auffi gras & dans un climat aufti humide. ils'n'ont point au milieu 1'elevation en dos d'ane, néceffaire pour Pécoulement des eaux, & font bientót rompus, creufés & remp'is de trous. On perd fans fruit tout 1 argent employé en réparations, lorsqubn n'enleve pas la Dd 3 caufe  814 Huitieme Seiïion. Embellijements champètres caufe de la détérioration. Souvent ce qui devroit améliorer, empire le mal; telle eft la coutume de remplir les creux de morceaux de bois, qui pouriflent bientót & par la même agrandiftent les creux qu'agrandiffent encore les cachettements des voitures. Ces mêmes défilés étroits & fermés de haies étoient jadis des repaires chéris par les voleurs; & cependant 1'on continue a faire de ces chemins, parceque un ancien préjugé, fourd a la voix de la raifon, les favorife. On devroit encore penfer aux moyens de mettre en fureté, contre toutes les attaques de la méchanceté & de la malice, les monuments & les arbres qui bordent les routes publiques. Les punitions infiigées par le fouverain font bien quelque effet, mais elles font un moyen toujours trifte & fouvent infuffifant. II feroit plus important d'agir diredement fur la fac.on de penfer de la multitude par la morale, & d'infpirer au peuple une idee fi élevée de ces objets publics, qu'il apprit alesregarder avec une efpece de refpeét, & comme des objets facrés. li faudroit commencer dès 1'éducation de la jeuneffe, & 1'accoutumer de bonne heure ï une vénération pleine de gratitude pour les établiiïements publics. II faudroit que les prédicateurs appuyaffent dans leurs inftruaions cette faCon de penfer par des raifons. Le mépris de la fociété devroit pourfuivre celui qui de propos délibére auroit mutilé un arbre ou un ouvrage de l'art; on devroit le nommer publiquement dans des afiemblées folemnelles, comme un facriiege qui a porté les mains fur un objet appartenant, non a lui, mais au public. La réunion de ces moyens feroit fans doute plus efficace que des amendes ou la prifon. C'eft une maniere de penfer également utile & fage, que celle qui nous fait regarder avec un certain refpeét, & comme inviolables, tous les établiftements faits pour la fureté & pour le plaifir de la fociété civüe. Toutes les fontaines qui, placées !e long des chemins, peuvent raffraïchir le voyageur altéré, font facrées pour le Turc. Et mème les lieux oü les peuples fauvages font raflemblés pour quelque ade important, fe revêtent, avec toutes leurs décorations, d'un caratfere refpedable & inviolable pour eux. 4.On  d. quelaue, partie, ifilk, tut maifon de campagne. 2,5 4- On ne fera pas fiché de trouver ici Ia defcription de oueWur* desgrandschemmsd'Allemagne, les plus agréabfes & Jés £T£ üons, tels q„e je Ies „ou™ 5 mon tenier routes mon trent que nous avonsdeja gag„é beaucoup de^cot , & pe„venZl d exemples d,g„es d'imitation pour les provincès ou les érabMemems de cette efpece manquent totalement "ounements Dans le pays d'Hannover les grands chemins les mieux ordonné, commencen, derrière la ville, du c6,é des limites de Helfe. Un de plu Domme Hufe defcend vers Einbeck. Quelque attrayants que foient le! amere, ris ne font cependant pas comparables a ceux que Pon découvre defcente. Le contrafte eft extrèmemen, frappant. Après un boot de ohemm mauvats & „on raecommodé encore, appartenant au rerrtoire de Brunswck, on attein, .e grand chemin Hannoverien fur le fomm r d= la montagne. Uneroute exce.lente, une allée des p.us agréablT le vue ravrffante au deffus de tonte expreffion, accueillent tout-i-coup Ie yoyageur. Un grand payfage, étendu au loin, fertile & cultive de dÏ verfes mameres, & qu-eneadrent des foréts & des montagnes. remph la vue. Le chemin defcend commodément le long de la pente de 1 montagne, en aifant plufieurs finuofités, & a chaque détour, a haqu enfoncement, le payfage offre des tableaux variés Les bea ,x ÏÏes .que ,es cffeau* n'ont point gités, les forblers fur-tout, parve „s S cru recreent extrèmemen, Ml par leurs jet, droits & par leurs baie* Z de jannes devennent rouge,; au printemps ,e doux" parfum de leut chemms i PLnnover on a menagé de petits bancs de gazon un peu Lnis darbres, q„, préfentent au voyageur fatigué des repofoirs biSfS; *J Pendant 1'eté de 1783.  a! 6 Huitkme Seifion. Embeüijfements champetres Mais les müriers, que 1'on apperqoit quelquefois le long des routes publiques de cette province, ne conviennent pas bien a cet ufage; comme on les dépouille continuellement de leurs feuilles, ils reftent petits, font presque toujours chauves, & ne fervent pas plus a donner de 1'ombre qu'a fournir a 1'ceil un afpeét animé. Les grands chemins du comté beau & fertile de Hanau font au nombre des meilleurs que 1'on puiffe voir. On les a tellement applanis & on les entretient h' foigneufement, que 1'on peut les comparer en tout au chemin excellent qui mene de Copenhague a Friedensbourg. Les arbres fruitiers, particuliérement les noyers qui bordent quelques routes publiques, forment une décoration utile; entre les arbres fruitiers, les noyers & les chataigniers font, a caufe de leurs feuillages, les plus convenables le long des chemins. Quelques autres routes de ce comté font plantées de tilleuls & de maronniers d'Inde. Un des grands chemins les plus remarquables efl celui qui va de Francfort fur le Mayn a Mayence. II eft des mieux conftruits; fon fol eft fi ferme & fi uni que 1'on parcourt aiférnent ces quatre milles (d'Allemagne) en moins de quatre heures. Tout alentour les payfages fe déployent dans une vafte plaine, fertile & riche en beaux villages, quife difiinguent d'une maniere li avantageufe dans Ie pays de Mayence; a droite s'élevent dans le lointain des montagnes fervant de limites. Derrière Hóchft le chemin eft en divers endroits plantés d'arbres fruitiers, fur-tout de noyers affez élevés, a 1'ombre desquels on voyage. Rien n'eft plus attrayant que la hauteur d'oü 1'on apperqoit tout d'un coup le Mayn & le Rhin, qui roulent leurs ondes a quelque diftance 1'un de l'autre, & s'approchent de Mayence oü ils fe réuniffent. Cette ville refpeétable fe préfente auffi pompeufement a 1'ceil, en offrant fa cathédrale fuperbe, fes nombreufes églifes, fes tours & fes palais; & derrière elle, oü s'écoule lè Rhin accru par le Mayn, brille un des plus beaux payfages terminé par des montagnes Iointaines. A cet afpeét 1'efprit fent une volupté fublime. On peut s'approcher des capitales les plus fameufes fans rien  ■ de quelques parties ifolées d'une mnifbn de campagne. 2, ? rien éprouver de ce fenümetit nouveau & relevé. La cathédrale & fes tours conftrmtes jufques au fommet de grez rougeatre, les grandes maffe, de, egh es répandues tout alentour, parmi lesquelles Péglife Auguftms, ce e de S, Pierre, & celle de St Ignace font des plus bel & des plus no les, les idees de dévotion & de pénitence que portent a lame une foule de couvents, de croix, d'images des faints le long de la route- au miileu d objefs rattra.t de$ aimabJes g d arbres fruitiers & des plaines couvertes de légumes qui ne ceffent de s augmenter; la marche majeftueufe & impétueufe du Rhin orgueilleux qui entrame pour ainfi dire par force fon frere plus foible & modefte, ie fe ^ 7 fCêneS PrOFeS * inf^irer de ^nthoufiafme, 1 afpeét melancholique d'une foule de réiigieux d'ordres différents qui fe promenent & Ie fon folemnel des cloches des lieux faints qui reLit puiflamment tame du voyageur livré pour la première fois a cette im- ITtrets T " MTCe ChCminS três-^ables s'étendent entre des jardins decores de jolis pavillons, & entre des vignobles en partie femes d'arbres fruitiers. Les allées commencent par d'es noyer" auxquels fuccedent des tilieuls, des maronniers d'Inde, & des peuplier d Italië. L onl eft accueil'i de tout cóté par les plus riantes perfpecies, & P us pres du Rhin par plufieurs lies aimable.,- qui s'élevent au fein de 1 onde au deffous de la ville, & qui font encore fufceptibles de recevoir de Ia mam du gout les décoration. les plus animées. Le Mayn ialoux • pour ainfi dire de fon voifin puiffant, femblent faire fes efforts pour con tinuer a couler feul; il fe fépare du Rhin pour gliffer doucement derrière ces iles, & tandis que celui-ci roule avec brult & avec fierté fes ftots verdatres, le Mayn baigne de fes ondes calmes & blanchiffantes les buiffons du rivage, buiffons qui fe mirentpaifiblement dans Peau com me exempts d'inquiétude & de la crainte d'ètre entrainës. Le fameux chemin du Palatinat nommé Bergftraffe eft d'un autre ïan n ,Ceüe r°Ute' ^ PlUS l0ngUe dC °nZe iieL;es' fe ^ ^ pays de Darmftadt a.Heidelberg. II faut pourfuivre ce chemin jufqu'a cette  218 Buitieme SeStion. Embelttjements champetres ville, fi 1'on veut voyager avec un véritable agrément. Car l'autre route allant k Mannheim, quitte bientót !e chemin principal, mene a travers des cantons incommodes & fablonneux, des plaines perpetuelles 8c peu fertiles, & quelques forèts de fapins; a gauche feulement 1'ceil elt récréé dans le lointain par 1'afpeét des montagnes que cótoie le beau chemin dont nous parions, 8c que 1'on delire d'aller joindre. Les contrées que traverfe Ia Bergftraffe offrent un grand jardin plein d'attraits. La route paffe fous les ombrages de grands noyers agés 8c plantes des deux cótés. A gauche s'étend une file de montagnes confidérables; entre ces montagnes, 8c fur leurs flancs, fe montrent des villages, des églifes, des vignobles, de grandes plantations d'arbres fruitiers, fur-tout de noyers; au fommet des hauteurs fe préfentent par-ci par-la les tours Sc les murs d'anciens chateaux ruines. A droite fe fuccedent alternativement des viliages, des champs couverts die grains & plus fouvent encore de toutes fortes de légumes, des vignes, des arbres fruitiers, fur-tout des bois entiers 8c des maflifs de grands noyers, qui s'étendent au loin, 8c voilent quelquefois entiérement la vue des plaines fituées au dela. C'eft un fpeétacle fuperbe que celui des grandes tètes voutées de ces arbres, 8c au temps oü tous les fruits s'approchent de la maturité Ie voyageur eft réjoui par leur richeffe 8c 1'abondante récolte qu'ils offrent. On eft réellement étonné par Ia quantité extraordinaire de ces noyers, qui ne fe trouvent probablement dans aucun coin de la terre ramaffés en aufli grande quantité, 8c que 1'on plantoit ci-devant avec tant de profufion, paree qu'ils réufilflbient ici admirablement bien. Déja depuis quelques centaines d'années on y cultive avec le plus grand fuccès cet arbre que le fite favorife extrèmement; car vers le nord il eft abrité par des monta^ gnes, 8c de tous les autres cótés il eft éclairé 8c réchauffé par le foleil. De Heidelberg, que diftingue fon fite des plus romanefques fur Ia pente d'une montagne au pied de laquelle coule leNecker, on continue a cótoyer encore les belles montagnes qui longent le chemin menant a. Bruchfal; ■ 8c lorsqu'après quelques heures ces mont3gnes commencent a fe perdre, le payfage n'en préfente pas moins un jardin perpetue!. . . . Des  de quelques parties ifolées d'une maifon de campagne. a 19 Des noyers agés ombragent le chemin & fe montrent encore par-ci par-la répandus en groupes dans les champs, qui font couverts par-tout d'une quantité de légumes entre-mélés de bleds &de prairies; des arbres fruitiers s'élevent au fein des vignobles, & dans le lointain s'offrent des forèts paifibles a moitié effacées. v Plufieurs routes publiques de Ia haute Allemagne font bordées de peupliers d'Italie. J'en trouvai avec plaifir autour d'Afchaffenbourg de Darmftadt, de Mannheim, & autour de Garlsruhe du cóté de Strasbourg. Sur Ia route de Mannheim a Schwetzingen, qui eft des plus agréables, on eft pendant quelques lieues ombragé par de trés-beaux peupliers de Lombardie, quelquefois entre-mêlés d'autres arbres, furtout de noyers, arbres favoris de ces contrées, & auxquels les peupliers cedent enfin entiérement Ia place. DeBruchfal a Stuttgard, efpace de huit a neuf milles (d'Allemagne) legrand chemin offre par-tout des campagnes cultivées, & qui le font admirablement dans !a plupart des cantons. En quelques endroits la route eft encore bordées d'antiques noyers. Ces arbres mèlés a d'autres arbres fruitiers forment des bofquets entiers dans les campagnes & dans les prairies oü ils s'étendent Ie long du chemin. En entrant dans Ie pays de Wirtemberg on voit d'abord un chemin encore mieux entretenu & un pays montagneux, fertile & bien cultivé, parfemé de bois, de vaftes champs de grain, de jardins potagers & de vignobles. La grande route eft bordée de jeunes arbres fruitiers de toute efpece; Ie noyer y devient cependant plus rare; les arbres fruitiers font plantés fort ferrés, & promettent plus d'ombrage lorsqu'ils feront plus grands. Cette plantation dure quelques milles (d'Allemagne) & jufqu'a Stuttgard. La route qui mene d'Enzwengen a Pforzheim en traverfant PEnsthal (vallon d'Ens), eft une des plus fuperbes entre celles de I'AlIemagne méridionale. Pendant Tefpace d'environ trois lieues s'élevent a droite du chemin des montagnes, qui de leur pied jufqu'a leur fommet, fouvent efcarpé, fontplantées de vignes entre lesquelles fe montrent par-tout Ee 2 des  220 Huitieme Sehtiun. Embeüijfanents champetres des arbres fruitiers, tantót en groupe?, tantót ifolés. A gauche ferpente dans le fond la plus belle vallée, qu'arrofe la petite riviere d'Ens, qui quelquefois fe cache derrière des buiffons, pour brifler enfuite gaiement dans' quelques endroits: presque par-tout la plaine eft nuancée d'arbres fruitiers qui tracent auffi une fcêne animée. Ce fut pour moi un afpeét vraiment raviffant que de voir par-tout dans ces aimables prairies le payfan occupé a ia derniere fenaifon, tandis que les arbres étoient couverts d'enfants qui cueilloient le fruit; le chemin fourmilloit de jeunes villageoifes qui emportoient fur leurs têtes des corbeilles pleines des dons de Pomone. En dela de.la vallée s'élevent infenfiblement des hauteurs couvertes de grains & de foréts; ces dernieres defcendent quelquefois- jufque dans les plaines verdoyantes du vallon, avec la verdure desquelles leurs grandes malles d'ombre font un contrafte admirable. Les chaines efcarpées des montagnes qui font a. droite, deviennent des hauteurs moins confidérables, lesquelles fe perdent de cóté, & les vignobles paroiffent entre-mèlés de cliamps emblavés. Mais 1'ceil n'y perd rien. Bientót le chemin recommence a fe prolonger entre des forèts d'arbres fruitiers qui fe montrent de part & d'autre du payfage devenu plus plat. L'endroit oü 1'on paffe dans le diflridt de Baden-Dourlach, préfente une fcêne frappante. On eft accueilli par une belle allee de peupliers d'Italie, qui fait d'abord penfer le voyageur a un Prince ami de Phumanité; cette allee ferpente jufqu'a Pforzheim pendant une étendue d'environ deux lieues. D'ici jufqu'a Dourlach le grand chemin n'eft garni qu'en quelques endroits ifolés de vieux arbres fruitiers; mais on en apperqoit des deux cótés du chemin des groupes difperfés dans les champs. La route trèsbien conftruite, eft une des meilleures d'Allemagne. Le voyageur eft en même temps agréablement occupé par Pafpedt d'un beau pays, fertile & foigneuferrient cultivé, rempli de grandes &c fuperbes forèts, aux pieds desquelles fe déployent cPabondants paturages. On voit quelques arbres conïferes & réfineux, mais le plus fouvent des arbres a feuilles. Quelquefois le chemin paffe entre les forèts & les prairies les plus agréables; ces  de quelques parties ifotées d'une maifon de campagne. ces dernieres s'étendent en vaftes plaines & font nuancées par quantité de groupes d'arbres fruitiers. On traverfe de, VS\U w ^ ftdans des hr d'arbres ^ S\tr i :sb;:: I atfance; ces villages fon, des plus beau,, & furpafien, en é endüe & en propreté qnanmé de bourgs de la Baffe. Allemagne. Pour IWurde Ihumamte & e bonheur de la poftérité, leur magnanime ft3ï fins s'arreter a toutes les craintes qu'on vonloit luilfpirer, ni ü per J de revenus annue's eonfidérables, iupprima en ,78, Ls tou le paysli femtude, qu, cependant étoi, très-lncrative. II „,ceep,a pa mème IZZZ'S ?Ue °7eUple vouloi, lui faire ,ouchan,l e a.uongene,eufe; ,1 aifura qu'il n'avoitfai, que fon devoir, ce qu'il avóit ^t»? vdlages célébrërenti grand Ta leur I.berte. Les badhages firent imprimer des remerciments adreffes a leur Prince bienfaifant, & lus par Ies é,ran„eP« 1, nrn6™dem„«„„ t ■ ,-r . p étrangers meme avec une Latirde1'^reten'ire'>td^lonsdegracesfolemnelles. La fot ee de ce,our de fete fut confacrée au plaifir. Les vi„ is bu. ren, ala tante d'un pere fi généreux; ils danferent & fe livrerentavec tranfpor.au fendment, nouveau pour eux, de la liberté. Au m cu ^ toute cette jote, de toutes les ternes de reconnoiffance que répanoit e peuple, Urn, de; Phumanité répétoit qu'il n'avoit fait que ce qu 1 croyott etre fon devo.r, ce qu'il avoi, fcubaité de faire dépuis long .ernps ü Lu, meme remercioi, Ia providence du bonheur qu'elle lui accordoi, en le fatfant regner fur un peuple libre. La route de Doorlach a Carlsruhe eft connue pour une des plus e fes routes en , le. que ponede I'Al.emagne. Elle' eft ex, êmem n b,en conlbmte, fe prolonge en ligne droite Pefpacé d'un peti, milt (d-Aliemagne) & eft bordé. des denx córés de ha«s & fupSes p , phers d ,,ahe. Leur cru naturel oftre de lui mème de belles Lammes' oXÖ£ branCh£S W ^ ^ f» * Ee 3 Au  333 Huitieme Seïïion. Embellifements champetres Au fortir de Carlsruhe on a d'abord des deux cótés du grand chemin une plantation de platanes, & a droite un beau bois. A cette allée enfuccede une autre de peupliers d'Italie; elle borde la route pendant un efpace de cinq lieues, & jufques pres de Raftadt. Cependant ces beaux arbres font entre-mèlés d'arbres fruitiers, de maniere qu'a deux peupüers fuccede un arbre fruitier. Cette efpece de plantation donne au chemin un afpecï agréable & récréatif, & dédommage le voyageur de la vue des fables nombreux qu'il découvre devant lui. La route eft presque toujours en ligne droite, excepté quelques coudes qu'elle fait autour des villages; elle eft extrèmement bien conftruite, & cependant Ie voyageur ne paie aucun droit pour fon entretien. On exige ce droit même dans quelques contrées d'Allemagne oü les chemins ne font pas encore confiruits. Ici le fouverain penfe devoir de bons chemins & aux étrangers qui paient fa pofte, & aux maitres de celle-ci. La route de Raltadt s'étend conitamment entre de vaftes plaines couvertes de toutes fortes de légumes, de bied de Turquie, de ehanvre & de quelque peu de tabac. La culture de la terre & faétivité des villageois induftrieux, ótent a. ces campagnes une partie de i'afpeét défert & uniforme qui d'ordinaire couvre la furface des plaines. Dans le lointain les montagnes de la fameufe forèt noire attirent les regards vers la gauche; ces montagnes compofent des limites admirables au payfage plat, fe perdent de fommet en fommet, & femblent cependant fe rapprocher unpeu du voyageur dans les environs de Raftadt. De cette route on ne découvre plus d'arbres fruitiers dans les champs, ou du moins on n'en découvre que rarement. Mais celui qui vient des provincès feptentrionales d'Allemagne, fent ici une chaleur aimable, qui accompagne mème les foirées d'automne, & il refpire les douces odeurs qui rempliffent encore les airs alors. Cette longue allée de peupliers finit prés d'une forêt, a travers laquelle on continue fa route jufque tout prés de Raltadt. Dans 1'Alface, province voifine & fituée plus bas, dans laquelle on nous permettra de faire encore une excurfion, les chemins qui fon bien entretenus ont du être rehauffés. On ne paie rien pour leur entretien; on  de quelques parties ifol/es d'une maifon de campagne. 223 on ne voit nulle part ni maifon de péage ni barrières. La route de Stras. bourgaBale eft une des plus animées qu'on puiffe trouver, toujours remp..e de voiture, de cavaliers & de piétons. Car c eft le chemin ordinaire qu mene en Suiffe & en Italië 5 il mene en même temps a une foule de villes, de fortereffes & de villages dont PAlface eft couverte. Ce chemm, presque ouvert par - tout, n'eft que rarement bordé d'arbres fruitiers. Cependant on en voit quelques grands groupes difperfés dans les champs, & dans les vaftes etendues oü 1'on cultive du légume, & les villages fon jooment voiles par leurs feuilles. C'eft un fpeétacle raviffant que d'ap. remphs de villes, de bourgs & de villages habités par des êtres gais & heureux. Une plaine auffi vafte & toujours offerte a nos yeux, nepeut continuei• a nous recréer que par un degré confidérable de fertilité de cu ture, & de population. Cependant les montagnes de Lorraine, qui s etendent a droite, terminent pittorefquement Ia vue de Ia plaine jufqu'a Colnwrj. par-ci par-la s'élevent devant cette cha'me de montagnes quelques hauteurs moins confidérables, qui appartiennent encore t PAlf.ce On appercoit avec plaifir de loin des traces d'habitation & de culture fur ces hauteurs Et 1'ceil s'occupe avec une volupté bien plus relevée du fpejftacIe amufant de cette grande chaine de montagnes inégales, s'en,taffant les unes fur les autres, & s'obfcurciffant réciproquement par les ombres que jetent leurs maffes. Ces montagnes s'étendent pendant 1 efpace de plufieurs milles (d'AUemagne), & préfentent des fites & des formes tres-pittorefquement variées. _ Tantót elles deviennent des hauteurs efcarpées, tantót elles s'affaiffent & forment des monts plus neUts, quelquefois difpofés en terraffes très-roides, mais Ie plus fouvent en behes elevations ondoyantes. Quelquefois elles s'approchent beaucoup du chemin, comme fi elles vouloie. tattirer d'avantage Pattention C eft une étendue de montagnes beaucoup plus fuperbes que celles du Harz, .& qui les furpaffent tant par le fite entier que par le deffein des contours. - Je remarquerai ici que les montagnes du Harz, aprésmes voyages repétés dans les Alpes, ne m'ont jamais fait une grande im- preftion,  224 Huit. SeSt. EmbelliJJements champètres de quelques parties ifolées &c. preffion, quoique les fornbres forèts d'arbres coniferes 8c réfineux qui lescouvrent, leur donnent un afpeét vénérable. Lorsque je fis pour la derniere fois la route dont je p3rle, les montagnes de Lorraine s'enfonqoient infenfiblement dans les ombres majeftueufes d'une tranquille foirée d'été qui fuccedoit a un jour pluvieux; toute la rougeur du foleil couchant planoit fur les fommets des monts, 8c doroit le bord des nuages immobiles, qui fembloient de nouvelles montagnes, 8c dont quelques foibles rayons de lumiere perqoient les ténebres: fcêne fublime, 8c telle qu'Ofiian les copie de la nature. La oü le chemin de Colmar a Brifach fe fléchit vers le Rhin, on perd peu a peu de vue ces montagnes majeftueufes. Cependant Ia route continue toujours a être animée 8c agréable; le roi des fleuves Germains s'offre prés de Kemps fous quelques afpeéls briljants; 8c bientót les premières montagnes de la Suiffe 8c la vue de Bale attirent 1'ceil par leurs charmes. *) *) jflt. Hirfchfeld fe réferve de parler des grands chemins de Suiffe dans de nouveUcs Lettres- qu'il pubüera fur ce pays. . . PREMIER  PREMIER APPENDICE. DESCRIPTION D E QUELQUES JARDINS. Terne V. Ff   32 7 jardin voifm de la maifon de Pofte aux portes de Hannovre. *) £e jardin de vient d'abord Ie favori de tous ceux qui le voyent; il fi*. fait le connoifieur & attaché Ie fimple amateur; les étrangers & Ies habitants s'y réuniflent pour y jouir des moments les plus délicieux • car ce féjour flatte les fens & occupe 1'efprit. ' ^ Un groupe de diverfes fleurs, qui décore le milieu d'un gazon infpire des I'entrée un fentiment de férénité. Les fentiers commencent en meme temps a attirer 1'ceil entre les groupes d'arbres multipiiés, & 1 ex citer une attente vive du plaifir que va goüter ici 1'ami de Ia belle nature oc du bon gout en fait de jardins. Le «gard erre parmi les maflifs, les bocages, les arbres ifolés, les peloufes les groupes de fleurs, paflant du jour a 1'ombre & de 1'ombre au jour, des endroits découverts k ceux qui font «nfermés, du riant au iombre, & d'une nuance de verdure a l'autre. Les afpeéfs intérieurs font nombreux & variés d'une maniere étonnante; a chaque pas, a chaque lieu ou 1 on s arrete, a chaque détour fait en allant & en revenant on apperqoit un nouveau tableau. Les groupes, dont 1'ordonnance détermine cet heureux effet, font placés & formés de main de maïtre, toujours differents par leur forme, leur grandeur, leur compofition, & leur diftance. Tantot ils avancent en faillie, & tantót ils reculentj ils ou- Ff 2 vrent *) Ce jardin, ainfique celui de Marien- repofent en paix les cendres decet hom. werder dont nous parions nprès, appar- me généreuxqui offrit i fes concitoyens tenoit: . Mr. Jobt Antoane de Hinuber, tant de plaifirs tranquiiles au fein de la Confeiller de Legat.on de S. M. Britan- nature floriffant fous fa train Ses éta n,que, Elefteur de Hannovre, & c'eft lui bMements ne fe font pas perdus l's qm les a conftruits tous deux. Cet ex- font au pouvoir de fon fils ainé, Mr le cellent homme, un des plus grands con- Confeiller de Cour de Hinuber, homme no.fleurs en fait de jardins, fut enlevé quefon efprit&fon cceur rendent durae. le 15 Janvier 1784 a fon eftimable famil- de vénération. le, a fes amis & a 1'humanité. Qu'elles  228 Premier Appendice. vrent des perfpeétives, & les ferment; les allongent &Ies raccourciiTent; ils paroiffent tous en mouvement pour préfenter les tableaux, ou les dérober, les éclairer ou y jeter de 1'ombre. De la 1'étonnante variété de points de vue, & le changement perpétuel de fcênes dans un emplacement auffi peu vafte. Une autre beauté des groupes qui compofent la plantation du jardin, &qui ne font que rarement entre-mélés d'arbres ifolés, confifte dans leur afpeét pittorefque. Us ont été difpofés parun ceil accoutumé a faifir les nuances les plus délicates dans la liaifon & la fucceffion des jours & des ombres, & dans les teintes changeants du feuiilage; a épier dans les belles images que tracé la nature pittorefque chaque coup de pinceau frappant, & a le rendre d'une maniere fenfible au regaid du fpeétateur, en le revètant d'une apparence de nouveauté. Les arbres & les arbuites exotiques, fur-tout les Américains, font mèlés avec beaucoup de difcernement aux indigenes pour tracer des tableaux agréables; la vivacité des avant-fcênes eft relevée par des feuillages plus ciairs, des ronces fleuries, & des fleurs moins hautes; Péloignement des fonds eft augmenté en apparence par des arbres d'un verd foncé. C'eft pendant les heures de la matinée & de la foirée que 1'on goüte le mieux les nuances pittorefques des groupes, la fucceffion & les interruptions des parties claires & obfcures, les jeux raviffants des coups de jour. Dans ces inltants oü toutes les beautés de la nature font relevées par une clarté plus douce; oü la lumiere oblique ici fe déploie avec variété entre les groupes, la fe trouve refferrée en des bornes plus étroites; oü la verdure fait diftinguer toutes fes nuances; oü les gazons paroiffent plus verds; oü même 1'ombre qui voile le jour eft aimable; dans ces doux inftans les effets enchanteurs de cette plantation s'offrent tous a 1'ceil pour le ravir. De grands arbres parmi Iesquels le connoiffeur en reconnoit plufieurs de rares, s'élancent majeftueufement du fein des groupes; ces arbres enrichiffent les environs de leurs ombres, & quelquefois ils aident a renforcer 1'obfcurité du fond des perfpeétives. De beaux gazons ferpentent autour des groupes, & femblent pour ainfi dire les embraffer amicalement. Leur doux tapis décore  Defcription de quelques jardins. 229 décore le fol par-tout oü ne verdoie aucun buiffon, & contrafie agréablement avec le feuiilage des arbres & des ronces, dont les ombres obfcures s'etendentde cóté, tandis que les clairieres font couvertes d'un jour riant. Mais bientót les groupes voifins, ou quelques arbres ifolés, viennent y répandre ga & la des ombres. Les fentiers tournoient conftamment entre les groupes; non feulement ils defïïnent des finuofités aifées & naturelles, mais attirent encore 1'ceil de ceux qui fe promenent, & en fe perdant bientót, ils font naitre 1'idée d'une vafte enceinte. — Tout, jufqu'a la plus petite circonftance eft mife a profit. Aucun arbre, aucun banc n'eft la fans deflein. Tout a fon motif, foit pour indiquer & rehauffer un afpeét, foit pour rendre plus remarquable la faillie plus éclairée, ou le fuyant des fcênes. Les fieges, les repofoirs, les ponts, les ftatues, tout fert adéterminer les points de vue, & a diriger 1'ceil. On n'a pas profité avec moins de fageffe des perfpeétives extérieures qu'offre le payfage d'alentour. Que ce foit un des clochers de la ville voifine d'Hannover, dont trois s'élevent au milieu des ouvertures du bocage comme des obélifques dans tout autant de perfpeétives, & paroiffent fituées droit devant le fpeétateur; ou bien une partie de la ville & de fes remparts embellis d'arbres nouvellementplantés; ou bien encore une piece de bied attenante, ou la forèt qui compofé le fond lointain du payfage; ou bien enfin une maifon de campagne voifine; tous les afpeéts extérieurs ont été convertis en propriétés du jardin. On jouit de tout ce qui 1'environne, fans rien dérober au propriétaire, & 1'on en jouit peut-être avec plus de liberté & de plaifir que lui-même. Dans cette partie de 1'enfemble encore, tout a été choifi avec réflexion. Ce font des tab!eaux ifolés & exquis qui ont été détachés du payfage, par la difpofition des points fous Iesquels on les voit; ces tableaux s'offrent en différentes maffes, en différentes grandeurs & en différents fites; ici encore les plar tations font le moyen qui fait que les fcênes fituées hors de I'enceinte du jardin, tantót paroiffent a découvert, tantót tranfpercent légérement, tantót.fuient infenfiblement, tantót fe cachent tout-a-fait. Ff 3 Les  3 30 Premier Appendice. Les images attrayantes, qu'offre Ia nature dans Ie jardin mème 8c dans Ie payfage, fe promenent pour ainfi dire avec le fpeétateur, fe détournent avec lui 8c changent a chaque pasj tableau magique auquel s'abandonne 1'imagination frappée par ces diverfes impreffions. Un groupe, un bocage, un arbre s'avance, 8c la décoration change tout-a-coup. Toujours de nouvelles beautés s'offrent au fpeétateur attentif: preuve füre de la fage économie avec laquelle on a choiü les points de vue 8c ordonjné 1'enfemble. Les regards ne font pas frappés ici par une abondance fubite, qui les laiffe a vuide, dès que Ia première jouiffance eft paftee, mais ils trouvent un amufement toujours progreffif 8c infenfiblement augmenté- On apprend dans ce féjour combien font importants Tart de la plantation 8c celui de 1'ordonnance des groupes, arts obfervés encore dans fi peu de jardins, 8c dont on n'a aucune idéé dans plufieurs provinces. Peu après I'entrée un fentier ferpente a gauche vers un grand batiment qui attire d'abord la vue. II a la forme d'une chapelle; un croix qui s'éleve au faite, 8c la ftatue d'un faint placée fur Ia porte, aident a renforcer l'illufion du premier afpeil. Le faint tient de la main droite un rateau, 8c de la gauche il pofe derrière lui une mitre d'Evéque. A ce que dit la légende, c'eft St. Paulin de Nole en Italië, qui de jardinier s'éleva au rang d'Evéque, 8c quitta enfuite cette dignité pour retourner au repos 8c aux agréments de fon premier état. Cette hiftoire, vraie ou controuvée, occafionne ici une image nouvelle 8c trés - flatteufe pour l'art des jardins. Les murs extérieurs de la chapelle 8c fon toit font a moitié tapiffés de farments. En entrant on trouve une grande falie, belle & riante, qui forme Pintérieur de l'édifice, 8c qui eft décorée de gravures , de buftes 8c de ftatues copiés fur des antiques célebres. Cette falie offre plufieurs points de vue délicatement choifis. A cóté de ce batiment eft une volière, 8c devant elle un fiége couvert. On fe repofe ici au milieu d'afpeéts charmants, 8c 1'on eft amufé par les voix variés de cette petite compagnie de reclus. On aime a fe détourner un peu pour les épier dans leurs cellules; ils voltigent gaie- ment  Defcription de quetquei jardint. 3,, ment & femblent dire au fpeétateur nirl«i» „..., • j . srith l>,„ j 'P™*'™' curteux, que meme derrière cette grille 1 amour ne perd rien de fes droits charmants. Enfuite cótoyantune piéce d'eau très-bien ordonnée, qui, ornée de plufieurs ponts, s'enfonce dans les bocages, & acquier, par la „ne grandeur apparante plus confidérable, on fe rend l des ruines fituées dans cet angle du jardin. De ces ruines, qui offren, un fiége d p u fats, on découvre Peau pafiTan, fous un pont élevéfcdans I^goüt Chinots. L eau, qnt fe perd fous oe point de vue & paroi, comiier a couIer encore long.temps, eft embellie par le gazon qui la borde & „arZ reflets es buiffons des fleurs & des ponts toques canard™„ ennafillant. Enfin le regard tombe furie derrière de la chapelleTnaffé e£2Z CtaeS 'ft3 Plan,a"0n> & fUr-*OU' U° P-plier d-llifqPun lurmonte avec majefté, terminent Phorifon. Immédiatement derrière les ruines, placées dans Ielointain d'une & "'^^ f°US kS J™ J«'« ^nchT :Te/c "n! v s laou 'fek Ter Peti,C m0MUaire en«>« «MM, couvert C tg n ?, Tntan' ™ fentier ié'°bé< nbfciir & presque couvert Cette chapelle eft remplie de tableaux de dévotion tfrés des fiecles ecoules depuis long-,emps & oü Part «oir encore dans fon ^ ce de fculprures gothiques, art doit fo« II. \j^f^f^^ on découvre de Ia maifon, qui eft grande, ou^ verte °agee, fait naitre 1'attente d'une ordonnance dont I'encemte eft confidérable. D'abord fe préfente a la vue un vafte gazon d une forme noble, pittorefquement couronné de différents groupes d'ar Dres; entre ces groupes s'ouvrent trois perfpeétives qui annoncent d'avance 1 etendue de 1'enfemble. Une longue ouverture, placée droit devant le fpeAateur, attire fes regards entre de grands groupes & des bocages, & les fait errer au loin par deffus le gazon; 1'ceil eft enfin arrêté par un objet qui, fous ce point de vue, eft encore environné d'une certaine obfcurité douteufe; c'eft un fiege a parafol placé fur une hauteur. . droulte deux autres ouvertures pittorefques laiffent voir k travers quelques beaux groupes, deux pont qui fe montrent ici k 1'extrêmité de Ia peloufe; la première des perfpeétives que ces ouvertures préfentent aboutit bientót a la plantation Ia plus voifine; la feconde rafe une partie de 1 eau, des gazons éloignés & fe perd entre les angles faillants & rentrants des grandes groupes d'arbres, qui, vus d'ici, femblent former une loret continue. Cette avant-cour, ou ce commencement du pare, eft plein de charmes, & 1'eft encore plus dans les premiers inftants de 1'aurore. Tandis que la lumiere du matin s'allume a droite, les groupes jetent leurs ombres pres du fpeétateur fur le gazon qui s'éciaire de plus en plus, & rompent en quelques endroits fa lueur par les jeux doux. de leurs ombres aimables. L'eau fe montre plus belle au milieu de fes verds rivages. L'ceil erre plus loin fur des lieux fortement ombragés quene frappepas Ie rayon GS 2 du *) A quelques lieues d'Hannover.  a 3 6 Premier Appendice. du jour naiffant, 8c fur des furfaces éclairées, fituées entre les bocages obfcurs qui bornent la fcêne; mais la vue s'arrète avec raviffement aux aimables tableaux que tracé la lumiere fur les fakes des bofquets 8c des bocages, dont les verds variés brillent d'un attraitplus doux. Dans la feconde ouverture la plantation fait quelques faillies qui rendent la perfpeétive plus pittorefque. Le brillant de 1'eau éclairée eft rehauffé par la peloufe verdoyante placée au dela, 8c qui, entiérement expofée aux rayons du foleil, y nage pour ainfi dire; a cet afpeét fuccede 1'obfcurité des groupes qui fe reflerrent; enfuite la clarté reparoit; enfin 1'ceil fe repofe fur les douces ténebres des plantations du fond. — Le tout enfemble fait un charmant tableau matinal qui ranime 1'imagination. Le pont que préfente cette mème perfpeétive, eft légerement bati d'une feule arche, pour préfenter librement 1'afpeét de 1'eau. Cependant les bofquets 8c les groupes de la longue perfpeétive antérieure qui monte vers le fiege a parafol, repofent encore a cette heure dans un aimable crépufcule, devant lequel s'évanouiffent les ombres légeres quife jouent avec les rayons naiffants du jour. L'ceil eft par-tout aux environs récrée par la verdure. Les groupes, fi bien ordonnés pour former la perfpeétive, fervent en même temps a mafquer des objets moins agréables. Ainfi, par cxemple, Ie grand groupe qui fe préfente prés du premier pont droit devant le fpeétateur, voile i'afpeét d'une écurie. Un autre édifice, qui d'abord au fortir de la maifon voudroit s'emparer de l'ceil a droite, eft incontinent dérobé par un bocage, derrière lequel mene le fentier; 8c ce même bocage eft étroit 8c fe fléchit doucement pour former un petit coude, afin de préfenter a la vue un recoin touffu, quicontrafte avec I'afpeét voifin 8c riant, fitué au dela du fecond pont. A gauche eft une étroite ouverture, bientót fermée par les arbres. Les groupes placés fur la peloufe devant Ia maifon, contraftent par leur verdure non feulement avec le tapis fur lequel ils font placés, mais encor entr'eux , les arbres coniferes 8c réfineux étant oppofés a. des arbres d'un feuiilage plus clair. Le bel effet de ce contrafte fe montre furtout,  Defcription de quelques jardins. a 3 ? f out, lorsque fortant de la maifon, on prend * gauche au bord du gazon & que Pon regarde a droite vers les groupes: on voit auflitót briller entre deux fombres maffifs de fapins un groupe d'arbres a feuilles fitué derrière ces maffifs, vis-a-vis desquels fe montrent en deca des groupes d arbres d'un feuiilage riant. ' : D \deU* c6té5ndU g3ZOn ferpentent deux fentie«, qui commencent a mener dans les vaftes promenades de ce pare, & qui font bordes de bocages, que furmontent des bouleaux, des ormeaux, des peupliers, & d autres arbres élevés, dont les fakes touffus amufent en faifant entendre le fremiffement des vents raffraichiffante, & les concerts des joyeux habitants des bois. Ici l'ceil eft fagement contenu dans de certaines limites. II ne devoit pas etre diftrait dès Pentrée du pare, mais feulement attiré par quelques fcênes & quelques afpecls avancés; deux vues principales entre les groupes n'etoient pas trop, mais elles étoient fuffifantes & affez attrayantes pour réveiller d'avance 1'idée de la beauté de 1'enfemble fans permettre cependant au regard de le parcourir, & fans tirer une ligne de ieparation trop marquée. Commengons notre promenade en fuivant le chemin a droite du gazon; bientót nous parvenons a un banc dont 1'infcription annonce 1 heureufe tranquillité que le propriétaire de ces lieux goüte au fein d'une vie champètre & paifible: „O vous, qui piongés dans Ia profpérité des cours, vous agitez dans „Ia rue tournoyante de la fortune, ne méprifez pas trop légérement „celui qui vit content ici." *) Deux vues s'offrent a Pceil; 1'une pénêtre au deld du gazon entre deux groupes, & la feconde donne fur Ie jardin potager féparé du pare par une allee de maronniers d'Inde; en dela de ce jardin, dont on ne dé couvre pas les compartiments, 1'allée perce encore une partie de Pen femble, & aboutit au loin hors de 1'enceinte a des champs de grains. GS 3 Laiffant *) Mr.Hirfchfeldayantjugéco„vena. des meilleures poëtes Anglois; nous ble de tradun-e, & de traduire en profe, avons cru devoir fuivre fon exemple les infcriptions, presque toutes tirées  sjg Premier Appendïce. , Laiflant a gauche le chemin du pont Chinois, chemin qui borde des deux cótés de groupes longe le gazon, nous avanqons vers un banc entre deux maffifs de fapins peu éloignés, qui, fous le point de vue qu'offre la maifon, font cachés derrière d'autres maflifs. Tandis que nous nous repofons ici fous des bouleaux & des hètres droits & élevés, la faqade de la maifon s'offreiinous fous un afpeét pittorefque; le groupeleplus voifin s'étend devant elle, & en mafque une partie. Non loin de la unbanc, placé fous un maffif de fapins, ne préfente d'autre vue que celle d'un enfoncement bocager voifin. Ce banc qui femble confacré a faire des reflexions fur la vie humaine, favorife dans la folitude les contemplations du genre de celles qu'infpire 1'infcription: „Le ciel nous accorde affez de plaifirs ici bas pour adoucir notre féjour fl,dans cette retraite chérie: le ciel nousenvoie affez de chagrins utile.?, „pour nous faire afpirer a des demeures plus heureufes." Ici le chemin prend un peu vers la droite. A gauche le gazon aboutjt a une piece d'eau, dans laquelle paroit une petite ile, dont les bords font ornés de fleurs. On voit de cóté lepont Chinois, & fous fes arches un bocage foreftier. Le fecond pont, d'une architeéture plus légere, s'offre de plus prés; a travers ce pont on découvre une partie de 1'eau, enfuite le tapis verd plus riant, & quelques plantations. En avancjant le regard tombe par une ouverture fur un groupe obfeur, que perceun fentier aboutiflant a une fcène riante qu'on voit tranfpercer & qui fous ce point de vue eft compofée de peloufes d'eau, & d'un pont éloigné, peint en blanc. En pourfuivant fon chemin a droite, on rencontre un fiege ombragé par de grands arbres; iloffre un repofoir aimable. L'afpeét préfente 1'extrèmité du gazon, les fleurs de la petite ile, & le pont Chinois a moitié caché; des arbres élevés terminent 1'horifon. A droite dece fiege defcend un efcalier champètre couvert d'arbres, & conftruit de troncs de bouleaux tels que les livre la nature. Au fortir d'une ombre ténébreufe, & a 1'inftant oü 1'on pofe le pied fur Ia derniere marche, s'ouvre tout-a-coup une grande fcêne riante &pleine d'attraits. Droit devant Ie fpeétateur, un vafte tapis verd, au dela duquel l'ceil erre &va  Defcription ck qutlaucs 'jardins. 2,' & va donner for de, champs de grams & des bocages incultes Prèsoul ubourdecerafpeaparoi, fous ce poin, de vue un groupe conSa l T°T m°inS grandS fc &CCedeM J S-=he fur unepe2 eievaüon; & un d'entr'eux, plus grand ouele^n^o ra> t ^«„e, fe monrre'./premierK ,^ ^ * vers la gauche devant un des groupes dont nous venons de „arler n l'apparence d'un beau bois, Ui^7Z&*TT , V™™' l'autre, en denman, une douce unuofté Leslul ?™ ^ pcs préfentent un clair obfcur 21! coutI« "ntrants des groudes fapins I*»* frappant. Le connoifieur remarquera en g néra,« ™ ' A gahes ne voyentpas, Cel, que celui qui pfa„"a c s;XsT/T* ufage réfléchi de la diverfité des feuillatres L, V / a"e cette beauté bocagere eft limitée 1 S^i^T endr°'Bmeme 0i 1 andis que 1'on avance, cette fcêne difparoit in%nfibiemen, Mv place a une nouvelle décoration. Le gazon s'élarm, de 6tóTl' s'elargi, auffi un bofque, de chênes amiques & «ftefcbl quelquefois le regard incer,aia Ces «gesLt^f ct ** nies contralïent avec la riante peloufe comme 1 a rerabrU- ccntraue avec ,a vivacité d'un ^'0™" * ^ *» s LatlTons S gauche le chemin qui mene au canton don, 1'éclat a fr„„ "ges de au" oT C°mtaUe ? f"1"^ «*■ » ^t. raume ;sdu c°empr'&ia rques chaife piact:es ,,une «W» pont  243 Premier Apjpendice. ponf levis', tandis què les points de vue précedents fe changent & s'évanouiffent. D'abord après le pont quelques chênes antiques offrent les fieges qui les entourent. Ces, fieges préfentent les afpeéts auffi attrayants que variés des fcênes que 1'on vient de laiffer en arriere, & qu'anime fur-tout une prairie voifine, oü paiifent de jeunes bètes a. corne qui augmentent les agréments champètres du pare. Le bofquet de chênes eft percé de fentiers qui ferpentent fous fes voütes touffues. Au fortir du bofquet, dont les dernieres tiges reftent a droite, on arrivé a un enclos de buiffon, qu'ombragent deux chênes élevés, 8c touftüs, dont les branches s'étendent au loin. Bientót les tableaux riants du canton oppofé fe fuccedent a la vue. L'ceil eft principalement attiré devant foi par un objet qu'il voit bien loin dans le fond dominer fur une hauteur entre des arbres. Sous cet afpeil cet objet paroit d'une maniere peu diftinéie*, a caufe de fon éloignement & de fon fite, s'offrant a travers 8c par deffus des arbres, & étant lui-même tranfparent. Le regard le plus perqant eft encore incertain fi ce qu'il apperqoit, eft une fabrique du genre romanefque, une ruine, ou quelque autre phénomene illufoire. En attendant que cette obfeurité s'éclairciffe par 1'approchement, l'ceil erre a gauche dans un agréable enfoncement boifé. Entre cet enfoncement 8c 1'objet incertain, qui, par un effet d'un goüt trés-fage, refte encore méconnoiffable, fe déploie en defcendant une grande plantation épaiffe dont la verdure eft très-variée. Sous un chêne, qu'entourent les images des faifons & quelques infcriptions qui s'y rapportent, eft un fiege agréable prés d'un petit pont garni de bancs. On découvre d'abord en demi-cercle autour de foi la prairie, qui eft tout ala fois un gazon & un paturage, & les plantations environnantes, défendues par un enclos. A droite des ofiers blancs forment fur le gazon un grand groupe, clair 8c animé, dont le milieu en joliment nuancé de peupliers; un hêtre placé a 1'angle antérieur rompt la furface blanche qu'offrent les ofiers. Enfuite paroiffent deux petits groupes, dont les feuillages de verds différents font un contrafte admirable. De petits groupes moins élevés encore 8c compofés de broffailles, fe / montrent  Defcription de quelques jardins. 34J montrent difperfés fur Ie tapis verd qu'ils embellirlent. Dans un coin de Ia prame eft un vieux pare a bétail recouvert de paille a 1'ufage des ani maux qui paiftent ici De eóté, & entre ee pare k bétail, quTfous queI ques points de vue releve encore 1'afpeét paftoral du canton, & Ie .rand groupe riant d'oljers, fe trouve dans le fond une plantation d'un verd fonce que precede un verd plus clair, auquel fuccede encore Ie refiêt blanchatre des ofiers. Le fond placé entre le grand & les petits groupe tranche auffi avec ces objets. Le fiege dontnous parions fournit enco e une autre belle vue. La plantation fituée entre I'objet encore peu d JS place fur une hauteur, & un enfoncement bocager qui s'ouvre ici fin de cote par un verd plus clair. Le fond eft admLLent bien ompo fe de fombres arbres coniferes & réfineux, qui font paroïtre PenfonCemen plus confidérable. Au milieu de cet enfoncement boifé, que fo ment les groupes, un pont, qui contrafte joliment avec les ombres des ar bresvoifins, annonce de Peau, & oppofe un lieu éclairé aux ténebres dj ee fepur profond. Plus loin on découvre Ie contour de Ia maffe de boi dom on a parle, maffe que deffinent les plantations les plus écartées en felerrant les unes contre les autres; les groupes antérieurs, fitués'plus en deSa, fe montrent éclaircis & comme difperfés, pour laifter paroitre entre leurs arbres le gazon fupérieur qui eft au bord de cette maffe de bois. On regarde ici avec plaifir la diverfité des verdures de ces «ou pes, places fur une petite élévation. L'eau qui fe montroit auparfvan, eft cachee, mais on appergoit file avec fes fleurs. A 1'extrêmité des der niers groupes, une cafcade fe montre fous un pont, & plus S ffaueJ un autre pont, avec plufieurs chaifes & fieges champètres, frappe a^réa blement a vue. Au dela de file on découvre un repofoir enfoncé dans" l ombre d un groupe, & au deftous de ce repofoir s'éleve fur une colline un grand fiege bien bati. Un groupe confidérable, qui paroit Ie oremier lors que Pon defcend 1'efcalier dont on a parlé plus haut, fe préfente ici' d un autre cote, & s'éleve entre le fiege dont on vient de parler & un pavillon Chinois. Les arbres les plus petits & dont le feuiilage eft Ie plus clair, occupentle devant du groupe,&derriere font lesarbresplus grands Tome P. tri. * fo Hh &plus  243 Premier Appendice. & plus rembrunis. Le pavillon furmonte joliment les bocages qui Ie cachent a moitié. On voit en mème temps le pont qui conduit au pavillon, & qui vu de la maifon étoit le fecond; on voit encore plufieurs fieges champètres, & les limites de 1'enceinte formées par des bocages foreftiers & des arbres. On jouit de tous ces afpeéts au pied de 1'antique chène, derrière lequel eft encore un fiege dont 1'infcription fait naitre une réflexion trèsvraie: „La plus mauvaife de toutes les occupations, eft celle de former des „fouhaits;, c'eft une maladie de langueur qui mine les infenfés, que „leur donnent les cours & que guériflent un air pur & une diéte fim„ple, préfents de la vie champètre." Le tableau des afpetfs s'eft cependant changé dans quelques traits; les groupes de la droite fe font reculés, & d'autres objets fe font entiére- ment évanouis. Un chemin, qui part du dernier fiege de cette fcène dégagée & riante, mene dans un canton clos entouré de bocages incultes. L'ceil eft arrêté par les groupes & les parties de forèts qui 1'avoifinent. Tandis que nous longeons le bord du pare, nous parvenons a un banc, d'oü le regard va tomber fur des prairies, des parties de forèts, des champs enfemencés plus clairs, & enfuite encore fur des bois éloignés. Rien ne convient plus au lieu que 1'infcription, comme rien n'eft plus fage que le précepte qu'elle renfermé : „Enfants orgueilleux du goüt, qui détruifez les ombrages champètres, "apprenez ici a éviter ces plaines défedueufes, que la vanité déploie „au loin." Un autre fentier part du bas de ce féjour, & conduit a un fiege élevé placé fous un peuplier. Les tableaux qu'on appercevoit précédemment de deffous Ie chène; s'offrent ici de nouveau, mais fous des points de vue un peu différents. Le chène lui-mème devient un objet majeftueux, & dans le bofquet qui 1'accompagne, fe montre une ouverture nouvelle.  Defcription de quelques jardins. 243 nouvelle. De ce fiege fe fléchit a gauche un fentier qui donne dans les bocages; maïs nous pourfuivrons dire&ement notre chemin. A droite font des bocages incultes de différentes fortes de bois- a gauche dans Ie lointain des collines plantées de bofquets d'arbres conife res & rehneux. Nous arrivons a un petit bois de faules d'oü Ie regard plonge fubitement, dans la Leine, dont le lit eft ici fort enfoncé Nos yeux parcourent a droite une grande prairie, des parties difperfées de forèts & un champ de grains plus éclairé, derrière lequel un bois confidérable compofé le fond obfcur & lointain du tableau. ' Continuons cependant notre promenade. On rencontré un repofoir environné de bocages, oü quelques chênes peu élevés fe mêlent a des peupliers. Tout eft champètre & préfente la fimplicité de la nature La Vue en e pourtant a droite fur des groupes & des bois, dans les ouvertures desquels paroiffent au loin des bancs & des chaifes qui annoncent la continuation du pare. Un grand & beau maflifs d'arbres k feuille nuancees d'une maniere attrayante, invite fur-tout 1'ceil, & des plantations de fapins fe perdent derrière dans le lointain. En avancant on découvre a gauche un champ cultivé, & a droite Ia riviere de Leine bordée de faules. On atteint bientót un banc auprès duquel plufieurs nouvelles perfpeaivess'offrenttout-a-coup aux regards. A gauche Ia tour du couvent de Marienwerder domine au loin les cimes des arbres foreftiers • plus prés fe montrent le pavillon, les groupes d'arbres fruitiers qui préfentent leur extremité citérieure, le pont compofé de troncs d'arbres qui s offre dans toute fa longueur, le gazon, qui longe Ia forét que les bofquets & les maflifs femblent compofer fous ce point de vue; tout cet enfemble tracé un trés- beau tableau. Droit devant foi 1'on a des plantations qui deflment un enfoncement trés-agréable, & dans lequel un tapis verd orne les furfacesombragéespar les arbres foreftiers, tandis qu'un repofoir appelle les yeux de ce cóté. Cedant a cette invitation, ils vont errer au dela d'un pont, & traverfant une étroite ouverture fituée entre un grand maffif déji remarqué & un plus petit, ils vont fe fixer fur les 2 ruines  344 Premier Appendice. ruines d'une échanguette qui furmonte une hauteur. Defx ouvertures s'offrent encore; 1'une laiffe voir un fiege fait en pyramide & placé fur une éminence, & l'autre un objet qui femble les reftes d'un édifice ruiné. En avancant on découvre un coude que fait la Leine, qui jufqu'aIors avoit été cachée par des bocages de faules. Les afpeéls qui fe monfroient de cóté difparoiffent totalement, & font place i de nouvelles fcênes. Quelques finuofités que deflinent les plantations fe fuccedent & offrent fur-tout une large ouverture au fein de laquelle eft une ftatue fur une hauteur. Plus loin on appergoit une urne qui furmonte une petite éminence, & que des arbres couvrent de leurs branches pendantes; plus haut s'éleve un fombre bofquet d'arbres coniferes & réüneux. Nous continuons toujours a parcourir les rivages de la Leine tapiffés de broffailles. Enfin nous parvenons a une éminence, & a un fiege ombragé placé au bord de cette riviere, qui recommence ici a murmurer avec la mème vivacité, avec laquelle elle tombe des montagnes du Harz. A travers la plantation perce une perfpeétive champètre, qui préfente une variété de champs de grains, couronnés de parties de forèts & de bocages. Une allée touffue & voutée en berceau par Ia nature, mene a gauche vers un fiege. La vue découvre une partie du couvent. La tour de fon églife forme la pointe d'un grand groupe d'arbres, fur lequel elle femble repofer immédiatement. A travers quelques beaux groupes a nuances variées on voit le tapis verd qui les fupporte. Au refte le canton elt ici fimple, ruftique & paifible. Au bout de 1'allée un afpeét frappe fubitement l'ceil. On découvre a préfent devant foi ces ruine?, qui du fiege placé fous le chène, & fous divers autres points de vue, préfentoient un objet encore méconnoiffable: élles s'offrent d'une maniere trés - pittorefque & comme des vraies ruines de rochers, & font fur la hauteur voifine au milieu d'arbres coniferes & réfineux. Cependant 1'on ne diftingue pas encore de quelle efpece d'édifice font ces ruines. Un fiege invite au repos. Ici fe montre fur une colline une autre partie des ruines qui paroiffent détachées du refte.  Defcription de quelques jardins. a.4 5 refte. Leur liaifon eft cachée par un épais maffif de pins! Celalesrend plus pittorefques, plus illufoires & plus grandes en apparence. Prés de ee fiege eft un bouleau élevé dont un banc circulaire entoure le piedcet arbre détourne Pceil de deffus les ruines. On parcourt une vue vafte qui préfente des prés, des champs de grains, des parties de forèts & le village de Stóckheim; de Pautre cóté, la fombre allée en berceau qu'on a traverfee, & oü d'aimables coups de jour fe jouent dans les feui.la°et divers; plus loin, une longue peloufe qui, bordée de groupes variés, s'étend jufques a une plantation qu'entoure de ce cóté une barrière blanche, & -piqués a un fiege en forme de pyramide qui occupe Pautre angle du fondeloigne dutableau; enfin Peau, qui traverféepar un pont & ombragee par des faules fait ici une chüte murmurante. Après avoir paffé ce pont, un chemin qui mene au penchant d'une eollme, & enfuite au pied d'une éminence boifée, préfente a droite les campagnes peu après un groupe de bouleaux, & puis de nouveau la plaine. S^elevant enfuite infenfiblement fur une autre hauteur, le chemin ierpente dans une plantation d'ou fortent de tout cóté des fentiers & mene enfin vers un banc angulaire, d'oü Ia vue erre dans des promenades lituees hors des limites du véritable pare. Paffé ce banc le fentier defcend un peu en tournoyant. Le regard paffant entre plufieurs groupes & plufieurs chênes élevés, découvre devant foi une fcêne bocagere, terminée dans le lointain par un bois ruftiquement compofé de bouleaux, & qui, ayant la forme d'une croix, réveille une certaine attente. : A1vant de Parvenir au P°nt fui™nt, on laiffe a gauche trois bancs, dont chacun offre une vue différente de 1'enceinte inférieure du pare; ces v ues, compofées de groupes & de gazons, font d'un ftyle doux, calme & champètre. A-t-on paffé le pont? on découvre k gauche, au dela d'un autre pont, une partie plus confidérable des ruines qui font fur Ia hauteur & qui s'offrent ici fous une autre forme. A droite fe montrent, hors du pare, une partie des plantations & des promenades qui Penvironnent, & une longue allee naturelle, qui eft ouverte & terminée Hh 3- par  346 Premier Appendice. par un obélifque. On parvient a un fiege rond & dégagé, d'oü 1'on jouit de divers apperejus nouveaux, & d'oü Ton découvre des ruines placées dans deux ouvertures. Les environs de ce fiege font plantés tout alentour de groupes variés & de petits bofquets. En quittant ce féjour on traverfe un pont; on voit a gauche un groupe, & presque a droite, prés d un vieux chène a. moitié pourri, une longue perfpeétive, entre deux plantations, & devant foi une colline que furmonte encore un chène agé. Bientót après on découvre un fiege triangulaire adofie a un chène, & des afpeéts variés. Plus avant nous parvenons a un banc d'oü 1'on apperqoit deux nouvelles ouvertures dans les bocages; elles fe nomment les fentiers des hermites. Une infeription fait naïtre une réflexion vraie, mais férieufe, quianet 1'ame dans une fituation convenable au lieu: „Que l'homme foit enlevé pendant la première aurore de fa vie; ou „qu'il tombe dans fa vieilleffe, femblable a un épi de bied; toujours il ?,tombe a 1'inftant de fa maturité, & répond aux vues les plus nobles „de la nature, s'il a véqu pour la raifon, & s'il meurt en homme." En parcourant les allées des hermiteson rencontre bientót différents fentiers, qui s'étendent de cóté, & après avoir dépaffé un carrefour, on voit a droite dans la plantation une vafte ouverture oü s'offrent des ruines fur une hauteur. L'inférieure des deux allées des hermites préfente bientót a gauche une longue perfpeétive oü regne le calme, & que terminent des arbres & des fieges folitaires & ombragés. Plus on avance, plus le canton devient clos & retiré, & plus la tranquillité & Pobfcurité du tout fe renforcent. Un fentier mene au fommet d'une petite éminence, ici 1'on découvre Phermitage que voilent les buiffons. L'hermitage repofe folitaire a cóté d'un vieux chène qui 1'ombrage, & pres duquel font des fieges de cailloux, en partie marqués de croix; d'autres chênes, auffi agés que le premier, répandent aux environs leurs ombres fraternelles, afin de jeter fur la fcêne une obfeurité plus impofante. La fabrique *) eft empreinte du caractere qu'exigent des ouvrages de *) Voyez Tome IV". p. 98 & 99-  Defcription de quelques jardins. 247 de cette efpece. L'intérieur s'accorde parfaitement avec Ie dehors. Quel fpeclacle de renoncement au monde & de dévotion, d'indigence & de contentement de peu, frappe les regards * 1'entrée! Un petit autei confacré h la priere s'offre d'abord a la vue, & avec lui une image touchante de la vierge, toute en pleurs; fes yeux altérés par les Jarmes, contemplent avec une affliétion profonde fon rils bien aimé, qui repofe inatnmé fur fes genoux; d'une main elle foutient fa tête penchée, de l'autre elle s'efforce de tenir élevé fon bras gauche, tandis que fon bras droit pend le long des genoux de cette mere affligée. Tout alentour des images des faints, des monuments de notre mortalitë, des Iivres de piété de confolation, de préceptes enfeignant l'art de mourir, art le plus dim! cile aux humains. Le tout eft fi parlant, fi propre a faire illufion, que des Catholiques pieux n'ont pas héfité a venir quelquefois faire ici leur pnere. Quand on reffort de 1'hermitage, 1'illufion eft entretenue par un grand crucifix placé vis-a-vis de Ia porte fous un chène, a 1'abri d'une efpece de petit toit, fous ce crucifix eft un autel de cailloux bruts. Prés de cet hermitage eft un cimétiere bordé d'arbres coniferes & refineux; c'eft une petite fcêne mortuaire pleine de fouvenirs attendriffants pour les amis fenfibles du bon Sterne. Nous y voyons le monument, de Maria, avec une guirlande & fon fidéle Sylvio; celui de Yoriek avec 1'étourneau; celui de Toby ou du Capitaine Shandy avec la carte deNamur; celui du pere Lorenzo avec la tabatiere de corne pofée fur une croix noire; enfin les monuments de Je Fevre, de Trim d'EIife décorés de leurs emblèmes & de leurs infcriptions. ' 3 Un fentier qui prend a gauche, fait quitter la fcêne de I'hermita»e & paffer devant un autel Druide, que trois grands cailloux forment fous un très-vieux chène. Bientót après nous defcendons a cóté d'un autre chene antique muni d'un fiege agrefte & femi-circulaire; enfuite nous montons vers un banc fitué fous des ruines au fommet d'une éminence & nous portons nos regards dans Penfoncements entre deux groupes' au milieu desquels eft une place découverte. Une ouverture qui fe mon-' tre entre des chênes obfcurs, contrafte ici avec un autre ouverture fituée au  248 Prurnkr Afptnim. au milieu de quelques riants bouleaux. Sous de doüx ombrages champètres, & au milieu de vues variés & interrompues qui donnent dans 1'enfoncement fur 1'eau, nous parvenons au lieu par oü les étrangers ont coutume d'entrer dans le pare; un étroit fentier commence a. y pénétrer en ferpentant entre d'epais bocages. Bientót le pare nous furprend par un grand fpeétacle plein de férénité: une partie des gazons 8c des eaux qui s'étendent dans ces lieux, brille a travers le demi-jour des arbres; plufieurs chemins 8c divers bancs s'offrent enrichis de points de vue variés. D'un premier banc de pierre l'ceil porte a travers deux ouvertures fur une pente. L'eau 8c 1'ile des fleurs fe montrent a découvert en bas; a gauche efl un pont. En dela de l'eau fe déploie la grande peloufe avec le paturage; plus loin fe préfente le vieux chène avec les images des faifons; 8c dans un coin éloigné de 1'enfoncement, le pare a bétail récouvert de paille 8c placé fous des bocages touffus; cet afpeét efl noble, vafte 8c pittorefque. Du fecond banc on voit un groupe de grands bouleaux dont les tiges droites s'élevent du fond, 8c dont les fakes fe réuniflentici en haut; en bas paroit un fiege agréablement placé fous des fapins dont 1'obfcurité contrafte avec la clarté des bouleaux. A gauche de ce groupe, le tapis verd offre en defcendant une vue toute fimple 8c toute champètre; a droite s'ouvre un riche fpeétacle; un grand 8c beau maflif fe préfente au dela de l'eau, qui s'élargit ici d'un autre cóté derrière plantation; devant le maflif eft un fiege ruftique, 8c derrière, quoique dans un certain éloignement, les cimes du fombre bofquet de chênes fourniffent au tableau un fond majeftueux. Au troilieme banc la pente n'eft plus douce, mais elle fe précipite brufquement vers une eau qui defcend d'une hauteur en murmurant; enfuite eft le pont compofé de troncs de bouleaux non pelés, qui, conflruit d'une maniere très-agrefte, fait un effet pittorefque au milieu du tapis verd: après viennent une partie des groupes d'arbres fruitiers, 8c au loin les pointe* des plantations, qui s'élevent en offrant des ombres tranchantes. Plus loin, l'ceil tombe dans unbois enfoncé; fa partie extérieure, fituée fur une pente, eft percée par  Defcription de quelques jardins. ^ ■ par un fentier qui defcend & ferpente vers Je chemin placé dans Ventan cement Unautre fiege, a 1'ombre de trois bouleaux, nous inv t l^ou approcher. A gauche du chemin on découvre PautelDruide; & IZl e. une a Jee obfcure mene fur une éminence, d'oü 1'on voit po ndre tout a-coup des fpeétacles riants. Au fommet de la hauteur on trouve un cabinet ouvert avec des fieges; dro* par devant defcend une pente rapide, & dans le fond tour noyent des fentiers qui parcourent Ie gazon & fe perdent de cóté. Sou ce point de vue Ia blaneheur du pont de bouleau brille presque au miJeu du grand tap, verd; le pont traverfe une langue étroife d'eau; au out de Ia plame verdoyante s'éleve le fombre bofquet de chênes, que perce une ouverture par laquelle on découvre un banc dans lefond obfcur de tlZTj£,Umiere ^ d°nt d£rnierS éclairent oXe! m m le vafte gazon, produit un effet doux & aimable fur l'homme fenfiMe qui fe repofe »ci a 1'ombre. Les troupeaux paiffant dans le fond & 1 fpeétacle gracieux & varié que les régards découvrent dans le fond en p ongeant entre les arbres dont les tiges s'élevent vers les cieux, n'embelhffen pas peu ce tranquille tableau noélurne. A droite s'offre enco teur, fe reuniffent aux tètes des arbres qui s'élancent du fein de Penfoncement Sous ces voutes touffues &ces feuillages pendants, on voit ferpenter dans le fond une eau étroite. A gauche le regard, fuivant une pente plus douce pénetre les ouvertures des bocages^ tombe fu une chaife, & de cote fur un pont obfcurci par des ombrages T ournant ici a droite autour du cabinet, nous nous rendons vers un vieux chene eleve qu'accompagne un fiege rond. Tandis que nous nous affeyons le vifage tournéversun grand groupe, autour duquel tournoyent deux fentiers, & qui eft placé en dela d'un tapis verd découvert & borde de plantations des deux cótés, nous voyons tout autour de nous un couronnement de forèts, qui charme Pceil. Plus bas vers la droite nous rencontrons encore un grand & haut chène refpeélable avec un Hege quarre. Ici Ie chemin par lequel on eft defcendu offre un afpeét rome V. ? | v 1 cham-  25ó Premier Appendice. champètre a travers la plantation, qui fe refferre vers le haut, & dont le bord a feuiilage clair contrafte joliment avec les arbres plus reculés. De l'autre cóté du tapis verd, & presque droit devant foi, on apperqoit par une grande ouverture la plantation fituée lur Ie gazon oppofé, & enfin un fond compofé de forèts obfcures; a gauche on voit au dela d'un champ enfemencé, & dans le milieu du pare, un recoin bocager devant lequel eft une chaife; de l'autre cóté l'ceil porte fur un chemin en pente, & fe repofe fur les arbres ferrés & voilins. En prenant du cóté oppofé, nous nous approchons d'un liege en demi-cercle. Montons vers ce fiege; une fcène trés-attrayante s'ouvre a nos regards. Deux champs couverts de différents grains & de verdures différentes, & que le pare ne rejete pas avec mépris de fon enceinte, font féparés par un gazon qu'orue un pont qui fait attendre de l'eau; derrière Ie dernier champ s'éleve une éminence tapiffée de peloufe, au fommet de laquelle des ruines s'offrent trés - pittorefquement entre des arbres coniferes & réfineux, qui defcendent vers la droite. Un fiege blanc & élevé, placé dans un enfoncement que fait la plantation, brille au dela du dernier des champs dont nous parions; agauche de ce champ s'avance en faillie un groupe fombre qui contrafte admirablement avec lui, & a Ia pointe duquel font deux bouleaux; a cóté de ceux-ci une ouverture pénetre dans une plantation de fapins. Prés de ce groupe faillant paroit une autre grande plantation ferrée; dans fon voifinage Pceil découvre au fein d'un recoin bocager un pont qui décele une eau encore invifible fous ce point de vue. En quittant ce chemin, nous rencontrons bientót un fentier qui defcend a gauche, mais dépaffant des arbres fruitiers placés direétement devant nous, nous arrivons a une plantation étroite d'arbres coniferes & réfineux. A cóté d'eïle un fentier ferpente a gauche vers un chênë avec un fiege; un autre fentier mene droit a un groupe rond compofé d'arbres de différentes efpeces. Non loin de ce groupe, & a cóté des deux bouleaux dont nous venons de parler & qui font a la pointe d'un autre groupe, fe voit un fentier fous lequel s'ëpanche une eau, qui s'étend = ici  Defcription de quelques jardins. 3-t ici dans un baffin affez confidérable. Elle eft environnée de gazon fa forme & fon fite font égalementdégagés, & elle fert de miroir aux arbres voifins. Les plantations d'alentour préfentent aufli un nouvel afpeét compofé de diverfes ouvertures & de diverfes finuofités. Quittant ce lieu nous laiffons l'eau k droite, & après avoir contem ple a gauche, & pres d'un maflif, une ouverture qui perce une plantation fituee furie penchant d'une colline, nous nous rapprochons un peu de 1'eau en arrivant a un banc plat, ifolé au milieu du chemin. Ici fe réi*, niflent plufieurs perfpeétives. Tantót ce font les ruines, qui dominant un fombre bofquet de fapins s'élevent au fommet d'une petite éminence vers laquelle le regard monte entre deux groupes placés fur un tapis verd' tantót c'eft un pont derrière lequel s'enfle une colline agréablement boifeej tantót un appercu vafte & en perfpeflivedes plantations prolongées au dela de fenceinte du pare; tantót plufieurs autres ouvertures dans des bocages plus voifins; tantót un chène ékrgné & précédé d'une grande croix, qui femble annoncer un hermitage voifin; tantót des fieges & des ponts difperfés; tantót enfin une colline que décorent quelques groupes & un fiege ou vert & en demi - cercle qui fe mire dans l'eau. ' Le long de cette eau eft un fentier, qui paffant par deffus une efpece de petit pont compofé de troncs d'arbres, mene a un bofquet d'arbres coniferes & réfineux; c'eft un féjour agréable tant que les arbres a feuilles ne font pas encore couverts de verdure. Au milieu s'éleve un bouleau, aux pieds duquel repofe un fiege rond, qui placé entre des groupes fur une petite colline, préfente un point de vue revêtu des attraits fimples de la nature. Au fortir de ce bois on prend k gauche vers un pont, & tandis que 1'on s'en approche, on découvre au loin un obélifque place k I'extrèmité des plantations hors de 1'enceinte du pare. Laiffons le pont a gauche, & montant une colline oü errent plufieurs fentiers, nous parvenons au milieu de la hauteur k un banc, oü s'étale k nos yeux' un payfage riche & fertile, qu'égayent des champs emblavés, des prés & des paturages, & que nuancent des bocages & des bois. A gauche fe préfente fur leflanc de la colline une longue perfpeétive que terminent 11 2 des  aja Premier Appendice. des plantations. A droite une vue immenfe s'étend & s'élargit au loin derrière Hannovre. Le coucher du foleil, dont on voit briller les rayons expirants a gauche, rehauffe beaucoup les attraits de ce canton, tandis que les airs d'alentour rétentiiTent des dernieres chanfons de 1'alouette. Le chemin s'abailïe, fe releve de nouveau, & monte a travers une ouverture étroite; il aboutit a une plantation d'arbres coniferes & réfineux. Alors on gravit un fentier étroit & inculte, garni de différents arbres de cette efpece; ce canton eft défert & folitaire. On commence a découvrir quelques ruines; des décombres difperfées s'offrent dans Ie chemin & forgent a marcher avec plus de précaution. Enfin elles fe montrent, ces ruines pleines d'illufion, dont 1'afpeét, vu de plufieurs points éloignés, a été fi fouvent un objet qui attiroit l'ceil & réveilloit Pattente du fpeétateur. Elles font répandus au loin fur le terrein & femblent les reftes d'un édifice trés-vafte & trés-confidérable. Un regard obfervateur découvre ce qu'elles étoient jadis. II voit les débris d'une vieüle églife gothique appartenant ï un cloitre. Ce font toutes fortes de pierres brutes mélées a des pierres de batiffe percées, autrefois taillées & maintenant brifées, des chapitaux détruits, des images mutüées des faints & d'autres figures a peine reconnoiffables, des pierres ftpulcrales revêtues de caraéteres gothiques, des débris couverts d'infcriptions presque totalement effacées, des fonts baptimaux, unbénitier, & d'autres fragments que les injures du temps ont jetés les uns parmi les autres — tous ces objets font difperfés fur le gazon au milieu des broffailles & des arbres, qui les recouvrent ruftiquement — ils font entremélés de murailies, d'arcades, de colonnes encore debout, mais menagant ruine a chaque inftant — le tout ordonné d'une maniere fi propre a induire en erreur, compofé d'une fagon fi pittorefque, qu'on remarque a peine Ie défaut de réalité. Cependant la verité fe joint ici a l'art. Les tombes de pierre, les fonts baptifmaux, les images des faints, & d'autres monuments, font des reftes reéls de 1'antiquité, ramaffés dans des églifes de cloitre; d'autres fragments font faétices, & malgré cela il trompent l'ceil dans 1'éloignement d'une maniere furprenante. Si les planches peintes en  Difcription de amlqm: jardmr. a,3 en ruines entte - mêlées aux ruines véritables ne décéloient nas l'art e'"leZ- t' ^"a" ^ P'US ilIufoire 1'ordonnance de ce fpedla e. Au femme, de la hauteur s'éleve la ,„ur presque détruite. 1c, fe deplce une vue des plus fuperbes; elle embraffe ,ou, le pair & le payfages des environs. On parcourt des yeux une foule de groupef de srd?:i?:r:^b?foTemrenB',emé,a"gede i mi nuances aimables, les (leges qui nar - tout le p aff, Ie plus dehca,, enfin le vafie contour boifé & fuperbe qui co„! SETZEE •Lavue erre tm des **& fu mit u , rr r T' qU'relu" dans un Profontl enfoncement au mtheu des bocages, fur la ville d'Hannovre & fes tours, fur des forets & des montagnes, qui fe perden, dans un lointain vaporeüx Enoures de ,ou,e ces afpeds pleins de vie, nous entendions encorë 1 bnu, de la premtere fenadbn, les cris joyeux des „oupeaux, & fur nos ,ê,es 1'aTe & , habitan,S dC T°«' ~0H a exa •ef 17 d? r'ment- ? 3U m"ieU de Ce,te «lélicieufe de lefpm, de ces fenttments pleins d'enthoufiafme, que ia pomne de la na rare nous infpiroi, de tou. có,é, nous éprouvions ,ou, I'eto deÏiófcrU pdon al.emande p,acée fur le mur de la tour, i„fCription ^ &g fi frappante pour le lieu qu'elle accompagne„Si unregard porté fur ce monde, dont les attraits s'étalent a nos yeux, „nous caufe ,an, de plaifir; dans quelravifiemen, „enous p.ongeron fendue r * " ^' '* ^ * " P-rom la v2 „1 mage de jours qu'ds ne vit jamais? Eprouve toi - même ce n„e % SSS11 humain! L'£ff oir de"b°nta' w Enchantés par ce tableau, nous nous approchons en ligne droite d un grand fiege a parafol, qui fous différent» points de vue! lbr-to», de la maffen, prefen,e un obje, faii.ant. A droite le regard plonge da"s 11 ' une  2 j4 Premier Appendict. une vallée oü Ja Leine ferpente entre des bocages le long d'une prairie, 1'ceil fe porte enfuite fur le payfage lointain qui s'éleve beaucoup; a gauche paroit, a plus d'un mille (germanique) de diftance, le manege militaire, & des forèts de fapins terminent 1'horizon. On fe promene fur une peloufe & 1'on paffe devant plufieurs fieges, en jouiffant d'afpects champètres, parmi Iesquels fe montrent entr'autres plufieurs champs de grains, qui s'étendent a perte de vue, font animés par quelques villages, & nuances de broffailles & de parties difperfées de forèts, tandis qu'a droite ils ont un couronnement de forèts continues. Enfin on parvient au grand fiege a parafol fitué fur une éminence environnée de plantations. L'ceil defcend d'abord a gauche & remonte enfuite en parcourant une longue étendue aboutiffant a la tour des grandes ruines de 1'églife de cloitre gothique; par devant la vue fe termine auprès de Ia maifon qui eft éloignée; & a droite fe préfente une vafte & fuperbe enceinte boifée, que deffinent les tètes des chênes. Le monticule fablonneux, qui porte ce fiege a parafol, eft environnée de plantations compofées d'arbres coniferes 8c réfineux. Prés de ce fiege font de petites ruines, qui dans le lointain préfentent de différents cótés un point de vue. Des bancs & d'autres objets s'offrent a travers les entre-deux des plantations fituées dans 1'enfoncement. A gauche les pointes penchées des grandes ruines fe montrent entre les maflifs de fapins; & a droite l'ceil, après avoir parcouru une plantation de bouleaux trés-éloignée, va fe repofer fur un fiege écarté 8c un peu exhauffé. Un chemin qui paffe derrière ces petites ruines, & traverfe une épaiffe plantation d'arbres coniferes 8c réfineux, mene vers le grand fiege a parafol. Quelque voifins que foient ces deux objets, ils ne fe nuifent point réciproquement dans la perfpedive; car l'art, avec lequel les plantations environnantes font ménagées, faitq'ie 1'un difparoit quand 1'autré fe montre; jamais ils ne s'offrent a Ia fois fans un feul Sc mème point de vue. En continuant a defcendre la pente fur la gauche, nous parvenons a un groupe qui s'éleve du milieu d'un riant gazon, 6c qui a derrière lui un  Defcription de quelques jardins. 255 uh couronnement boifé. Le chemin fe fléchit a gauche & paffe d'une maniere un peu fauvage entre des pins; des deux cótés s'ouvre dé nouveau une peloufe qui monte a gauche vers les ruines, & touche a droite a un pont, au dela duquel s'offre 1'obélifque dans un grand éloignement. On laiffe ici le petit bois d'arbres coniferes & réfineux a droite" & Ton apperqoit un fentier qui s'y enfonce, & deux fentiers qui lê cótoyent. A cóté eft un fiege qui invite a s'arrêter, & d'oü l'ceil parcourt la hauteur. D'ici on fe rend vers les ruines, en montant la pente infenfible de la colline entre deux plantations d'arbres coniferes & réfineux, qui femblent partir du petit bois dont nous venons de parler. Le fentier donne fur une chaife ifoieè. Alors les ruines reftent a notre droite; devant nous font des pentes douces qui vont fe perdre de cóté; Ja plancheur de quelques ponts & de quelques fieges anime Ie tableau; a gauche leregard erre entre des plantations & paffe k travers une ouverture pour s'arrêter fur une jolie peloufe. Maintenant nous aïlons droit vers Pouverture en paffant entre des plantations de pins. Le chemin defcend en tournoyant & s'avance, toujours entre des pins, vers Pouverture qui s'élargit & s'allonge. a' mefure que 1'on s'en approche, on voit poindre la lumiere & Ia férénité; on découvre plufieurs endroits ombragés & k moitié éclairés; enfuite uri pont; puis dans le lointain, & au milieu d'un gazon, Ie pont compofé de troncs d'arbres blanchatres, & plus loin le pont Chinois qui fe montre prés de la maifon. C'eft un apperqu plein d'attraits & qui charme Pceil. Quand il s'en eft amufé, il voit fubitement paroitre un autre afpeét; c'eft le grand gazon avec le paturage, derrière Ie vieux chêne avec les ftatues des faifons, une partie du bofquet de chênes, quelques faillies que font les groupes fur le tapis verd, & plus prés mais du même cóté un pont. Le chemin fe flc'chit incontinent a gauche dans un fombre bofquet d'arbres con feres & réfineux, qui defcend le long de Ia pente, & qui efl confacré a la folituJe & a Ia douce méiancolie. Différents infcriptions, tracées  256 Premier Appendice. tracées alentóür fur les fieges, concourent a renforcer PimpreiTion de ce paifible féjour. „La folitude fortifié 1'efprit 8c lui enfeigne a fe fuffire a lui-mème." „Que plongée ici clans les réflexions dont la nature indique le fujet, „la penfée examine le fonge miftérieux de la vie." Et ala fortie riante de ce bocage, l'ceil rencontre cette infcription inftruétive: ,Saifis lafagefle avant qu'elle devienne ton tourment; c'eft-a-dire: • „faifis Ia fageffe avant qu'elle te faiffifle." Pourfuivons notre promenade dans des plantations d'arbres coniferes & réfineux; divers fentiers errent ici de tout cóté dans des cantons ifolés & de petites landes, fur des ponts compofés de troncs d'arbres, a cóté de fieges de gazon, & enfuite devant des perfpeétives qui préfentent de l'eau 8c des plaines riantes. Cependant un fiege offre aux infenfibles cette réprimande énergique: „Si tu ne fais découvrir aucun charme dans le plus limple bouton qui „s'épanouit, va, quitte tes plaines 8c tes brebis, 8c joins Iafoule qui „travaille pour acquérir de 1'or." Un fiege champètre, rond, ouvert8cmuni d'une efpece d'avanttoit, nous appelle. En nous affeyant nous voyons a droite un chemin tournoyant s'enfoncer dans la plantation. Droit devant nous le tapis verd s'abaiffe vers une piece d'eau; un groupe qui s'en approche de fi pres, qu'il femble s'y vouloir précipiter, paroit chercher le reflêt de fa belle forme. Au dela de l'eau s'élevent fur une hauteur les ruines qu'en-yironne une verdure fombre. Plus a gauche nous appercevons des chemins qui fe perdent dans plufieurs échancrures de la plantation. Les cótés de ce beau fiege élévé font ombragés d'arbres; fa partie poftérieure a la forme d'une vieille échauguette; cependant, par la difpofition des plantations, elle ne fe montre que fous de certains points de vue. Un chemin agréable conduit dece fiege alaltatue de Pan, quia déja frappé l'ceil fous d'autres afpeéis, mais d'une maniere confufe. Ce Dieu eft fur une éminence, d'oü il domine les champs 8c les pairies oü fes  D/fcription dt quttqua ■jardiiu. 2 fetroupeauxpaiffenttranquillement, tandis qm s'amufei0i de fe ™ peaux champètres. ° De cette hauteur l'ceil tombe dans un fond bocager & touffu aum,,l mene „ entier. Laiffan, cefond a droite, nous defcend „su " ' au b s de laquelle Ie fenüer fe détourne fubitement dans un petit canton ïïft TTï:iChS e" °mbrageS' & «« douce m a, X .1 eft plante de d,ff rentes fortes d'arbres. Du (iege placé dans ce &Z' nos regards fui™, un chemin a gauche retournU au fombrbol£ d la fqi.nade, un entier ouver,&plus rian, mon.e » cóté de ce bofoue Au r te la vue eft bornée. Une feule pe,i,e ouverture, au travers de laquelle le, yeux ckcouvren, une partie du frais püturage pe ce ,es ar ihere., du fond. 1 and,, que nous avanqons vers un pon,, k có,é duouel murmure un pen, hle, d'eau dans un buiffon, nous voyons potadreTne fcene „ame. Des que nous avons paffe le pon,, nou, p,enons J dröue vers un ba c a„ena„, i un buiffon de rofe. C'eft un lieu des pfe ™ bles, ou Pon s'arréie avec ptófir pour refpirer ie doux parfum des X pour en.endre le murmure du file, d'eau fe joindre aux frémiffemen S arbnesagm . & pour raffafieren méme.emps fe yeuxdes deffeta v rt & putorefques que les jours & les ombres „acen, dans les plantadóm e,.^es devant nous. A droite, & ,ou, prés de ce fiege envi onné de na^'-r 7T* ^ Can'°n' ** ™ ^™ » ""uedepln „ou paro,ffo„ un fond .rès-creux & bocager. Mais ici Pi„ufion opti' découvre; elle e,oi, produit. par le groupe é,,oi, & faillan,, oToïeau pet,, pont; celui-ci renforce Papparence de clóture qui re™e Tnseï féjour. Aaueilemen, on vol, que ce n'eft poin, un enfoncem „ boife ma,s umquement un groupe plus ferré: tant l'a„ de la plantation eft S ,t 'raVer ^ PeÜ' °n 3 ^ ™ k rian' Pourfqivons le chemin qui, partan, du pont que nous avons naffé pour parvemr au banc du buiffon de roliers, fe prolonge en ligne dro te 6= to^ons a gauche vers une faillie que fai, la^aL. Kk fe  2jg Premier Appendice. fe dé voile a droite fous un chène un fiege dont le doflier eft en pyramide, & a gauche un pont avec deux groupes pittorefques embellis par des peupliers, desquels nous nous approchons en fuivant un coude que fait le chemin. Nous traverfons le pont, & enfuite nous arrivons a droite dans un fombre taillis oü murmure une cafcade. Au fortir de ce lieu, 1'échauguette frappe la vue. Dépaffant un fiege ombragé fitué le long de l'eau, 8cun pont qui refte a droite, nous nous approchons d'une urne; elle eft a gauche fur une petite colline & femble vouloir fe cacher au milieu des arbres coniferes 8c réfineux qui rembruniflent 1'ëminence. Un bouleau a branches pendantes & un faule de Babylone laiflent tomber d'un air compatiflant leurs rameaux fur cette urne, 8c un fumach planté par devant paroit vouloir la dérober encore plus a nos regards. Quelques marches menent a 1'urne. Tout auprès eft un banc avec une infcription relative au digne miniftre, fi charitable envers les pauvres, a Ia mémoire duquel fut confacrée cette urne, fans que le propriétaire modefte voulut Ie nommer. Le maitre de ces lieux ne vouloit qu'ériger un monument aufonvenir de celui qu'il vénéroit; fon eftime & fon amitié pour un homme femblable, dévroient être enveloppées des mèmes ombres qui couvrent 1'urne de ce dernier. D'ici le chemin mene a un pont ordinaire fait de troncs d'arbres; il eft muni d'un fiege tout aufli ruftique & ombragé d'arbres qui fe penchent fur l'eau & Pobfcurciffent d'un air mélancolique. On voit de nouveau prés de foi une grande partie des ruines placées fur une colline efcarpée, qui, tapifiee de genét 8c de fapins, offre un afpeét défert 8c fauvage. Les pierres font jetces pêle - mèle fur la hauteur. Les débris reftés debout font a moitié voilés par les arbres qui les ombragent; ces débris ne s'offrent que par morceaux ifolés, 8c a travers 1'on voit les mornes fapins plantés derrière. Une douce méiancolie faifit l'homme fenfible, 8c ce fentiment s'accroit encore quand on envifage 1'urne dont nous venons de parler. Autour de ce fiege ruftique s'étend un chemin vers le long pont cl deflus indiqué, qui précede 1'afpeét des grandes ruines, 8c auquel nóus fommes  ® Defcription de quelques jardins. 3 J9 fpflimes parvenus par la fombre allee en berceau en venant ici de Ia Leine. Dans 1'endroit oü le chemin va vers ce pont, eft encore un fiege avec une vuedégagée, oppofée a la précédente, mais paifible & champètre; il offre cette infcription, qui réchauffe & calme doucement I'ame: „Ouvre ton cceur aux douces émoïionsde la nature; prends ce qu'elle „te donne übéralement & ne demande rien de plus." , Nous retournons fur nos pas par la prairie en laiffant Ie petit ruifieau a droite, &nous voyons devant nous divers maflifs pittorefques & transparents, & des enfoncements bocagers qui s'offrent de cóté. Nous re^ venons au dernier pont en paffant devant Ia cafcade, nous voyons k fa droite le taillis, fcprenant autour de celui-ci, nous allons vers une chaife placée k la pointe d'une plantation étroite, vis-a-vis de laquelle s'étend une feconde plantation pour ombrager le chemin qui les fépare. Une belle vue monte de cóté entre les plantations, & dans 1'enfoncement la perfpeétive fe déploie au loin entre des groupes &aboutit a des champs enfemencés, que terminent des bois éloignés. On parvient a un banc a trois fieges dont chacun préfente un afpeél amufant. Lejremier offre le tableau précédent dont quelques traits font un peu changés; Ie fiege du milieu fait repofer la vue fur Ia plantation etroite & voifine, qui s'étale comme un paravant; Ie dernier fiege oppofé au premier, permet au regard d'errer encore en liberté fur des gazons & des paturages, & fur trois chênes qui fous cet afpeél s'élevent a cóté 1'un de l'autre. D'ici nous avancons vers la fcêne riante dont on a parlé, le chemin fe flechiffant a gauche vers un banc. Qyel beau canton! Le grand gazon avec le paturage étale a rceil fa vafte circonference & déploie le verd le plus flaneur. Droit devant foi 1'on a les groupes d'arbres fruitiers qui s'etendent fur une petite élévation de la peloufe; un groupe ifolé de ces arbres nuance de fon feuiilage tranchant le bord d'un maflif d'arbres foreftiers. A 1'angle faillant d'un groupe d'arbres fruitiers, fe montre k quelque diftance une partie du pont de troncs d'arbres; plus au loin un Kk 2 fiege  2 6o Premier djppendice. fiege couvert & éievé, que des arbres cachent a moitié; a gauche unangle du couvent qui brille a travers les voiles qu'étaient les arbres des environs. De ce fiege part a gauche un fentier étroit; il traverfe ces beaux groupes qui, prés du chène orné des liatues des faifons, frapperent d'abord nos yeux par le fuperbe tableau qu'ils compofent. Plus haut & a droite du dernier fiege, un autre chemin mene au fommet d'une petite colline, vers un nouveau fiege qui repofe devant une plantation. Pourfuivons le chemin qui conduit droit aux groupes d'arbres fruitiers; nous pafTons entre ces groupes, en découvrant a droite un petit pont fimple & champètre, & en obfervant les finuofités 8c les failiies des plantations de plus prés que fous les autres points de vue. Nous arrivons a un pont fur lequel paffe le chemin, tandis qu'une chaife préfente 1'afpeét d'une plantation oppofée, devant laquelle eft un fiege bien bati. Après avoir traverfé le pont, nous avanqons vers un arbre ifolé, qu'entoure un banc quarré, qui dans ce canton ouvert & riant fait jouir de tous cóté de vues variées, 8c enfuite nous prenons a droite vers le pont de troncs d'arbres. Des perfpeétives agréables 1'entourent. En le fc averfant on voit en bas & a gauche l'eau, Pile des fleurs, le pavillon Chinois ave^p la plantation qui de part & d'autre s'efforce de la voiler, le pont légérement fufpendu en l'air a cóté du pavillon, & dans le fond la maifon, derrière laquelle la tour de I'églife du couvent domine encore la cime des arbres; plus haut 8c vers la gauche, une partie du grand fiege couvert fitué fur la colline; plus prés de notre cóté paroiffent divers repofoirs, 8c direétement dans 1'allignement du pont fe montre fur une éminence un autre fiege a parafol entiérement dégagé. A droite de ce pont on entend murmurer une petite cafcade, 8c 1'on découvre une piece d'eau, le gazon 8c enfin une grande plantation. Continuant le chemin en ligne droite, noustournons bientót a droite vers un pont peu clevé formé ruftiquement de pierres, & paffant a travers la peloufe nous arrivons a un canton bocager, planté de grands arbres 6c d'épais fous-bois, oü trois bancs différents invitent au repos. Le  Defcription de quelques jardins. . fl6l Le chemin ferpente dans ce féjour boifé en ouvrant plufieurs vues ffracieufes & fortant d'une obfcurité agréable, il aboutit fubitement a une perfpechve longue & riante. Toutes les vaftes promenades que nous avons parcourrues offrent une fucceffion continuelle de fcênes éclairées & obfcures, & ]a nlus grande variétê d'élevations & d'enfoncements, de groupes, de bofquet & de gazons, d'aBongementt & de raccourciffements pittorefques dans les perfpeétives, de faillies & d'échancrures dans les plantations! de jour & d ombres, entre-meles de ponts & de fieges, dont la couleur Manche & les formes toujours variées augmentent la vivacité & la beauté de 1'enfemble. Cet efprit de variété eft repandu fur tous les deffeins, & fe montre dans toutes les autres routes que nous pourrions encore décrire dans le cours de cette defcription. Mais nous aimons mieux laiffer k 1 ami des jardins Ia recherche de ces routes, recherche fi amufante lors•qu on la fait foi-meme, que de contenter tout- a-fait ici fa curiofité Cependant en retournant a la maifon, nous nous approchons'encore d une fcene touchante. Le chemin fe flécïiit, & tout d'un coup nous nous trouvons dans un canton obfcur & folitaire, oüparoitune grande urne fur unpiédeftal, monument confacré è un grand minifire dont Petat, les fciences & Phumanité conferveront éternellement la mémoire. On s'arrete a ce monument avec un fouvenir plein de gratitude tandis que la plantation ferrée & touffue, que rembruniffent des arbres* coniferes & réfineux, augmente encore Ia douce méiancolie du lieu La fortie rameneau fein de Ia lumiere & de Ia gaieté5 unfentier ferpente a droite autour dela plantation, & conduit a un banc défigné par une croix, & ou paroit cette infcription touchante„Benite foit Ia mafon favorable qui mit doucement mon cceur en re„pos ious ces tranquilles ombrages." Non loin de lk s'éleve un chemin aboutiffant au grand cabinet ou repofoir ouvert & defendu par un auvant. Ce féjour domine de fa baufcur une fuite des vues les plus riantes. Deux noyers qui compofenta gauche l avant-fcene, répandent fur lui leurs ombrages raffraichiffants Kk 3 &  263 Premier jippcndice. > & laiflent l l'ceil fatisfait la liberté d'errer fous leurs fombres feuillages dans les cantons déployés au deffous de lui. Droit devant le fpeétateur 1'eau étale fa furface a fes pieds. On découvre dans fon entier 1'ile aux fleurs. Cet objet jete une lumiere flatteufe fur toutes les fcênes adjacentes. Au bord de l'eau, le grand tapis verd 8c le paturage commencent a s'étendre. La plantation d'arbres fruitiers & le grand groupe foreftier voifin, devant lequel eft un fiege agréable, y jettent une belle ombre qui caufe de la variété. A cóté de ce groupe mais plus loin l'ceil invité par le chène agé, qu'ornent les ftatues des faifons, va fe repofer enfuite dans le recoin éloigné 8c touffu qu'occupele pare a bétail. Ici les groupes les plus écartés commencent a fe développer derrière la plantation d'arbres fruitiers, & femblent fe fondre en une feule maffe de forèts; cependant leurs belles nuances font encore fenfibles a l'ceil. Par deffus une partie des arbres fruitiers la vue parcourt un gazon prolongé, ie champ de grain 8c les rives bocageres de ia Leine, 8c fe perd dans le payfage lointain, dans lequel fe fuccedent des champs enfemencés 8c des bois, 8c qui, s'élevant un peu au bord de 1'horizon, s'efface dans une vapeur bleuatre. En fuivant cette mème direclion l'ceil s'arrête plus prés fur une faillie de la plantation que précede un fiege. Encore un peu plus prés s'éleve avec beaucoup de pompe une plantation haute 8c trés-confidérable; pour s'y rendre le regard paffe par deffus le pont de troncs d'arbres 8c fe repofe fur un grand liege élégant, qui brille dans une ouverture de cette plantation, dans laquelle pénetre le gazon en s'y gliffant par une finuofité voifine. Plus prés encore, un groupe a feuiilage clair, fait une faillie 8c couvre de fon ombre Pefpace qui le fépare d'une plantation peu éloignée, laquelle forme également une petite avance; dans Pentre-deux fe montre une chaife ifolée. Une autre ouverture s'enfonce a cóté dans les bocages. Tandis que nous parcourons encore une fois des yeux l'eau 8c Ia furface riante de la peloufe, 8c que nous nous tournons un peu vers la droite, nous voyons Pantique bofquet de chênes, entouré d'une obfeurité refpeétable, s'élever en s'étendant au loin. Quoiqu'il foit percé de quelques ouvertures, fon afpeét offre cependant une certaine gravité maje- ftueufe,  Defcription de quelques jardins. 2 g 3 ftueufe, qui contrafte fortement avec Ia gaieté des fcênes fituées devant lui. li termine ici 1'horifon, & 1'ceil fe repofe avec un plailir fublime au fem de fes ombres paifibles. A droite cependant, a 1'endroit oü s etendent fes dernieres tiges, on peut jeter quelques coups d'ceil au loin fur Ie payfage, jufques a ce que Ia vue foit arrêtée par une éminence couverte de bois. Le pavillon, dont Pafpeét nous attiroit fous différents points de vue nous invite de prés a droite. Defcendons-y. Au bord du chemin un banc nous préfente 1'infcription inftruétive que voicir „Un des dons les plus précieux du ciel eft une cabane oü 1'on vive fru„galement, inconnu & oublié, oü 1'efprit ferein on fe promene fous „des ombrages écartés, en fouriant aux beautés de la nature cham„petre." Pénetrés de cette vérité nous parvenons a un bocage presque entiérement clos, puis a un pont, qui mene a une petite He, ornée de fleurs de beaux buiffons fleuriflants, & d'arbres étrangers d'une efpece noble' Petit fcjour plein d'attraits & de douceurs! On voit d'ici fous un afpeél tres-pittorefque les groupes femés fur la peloufe devant la maifon Le pavillon renfermé un cabinet élégant, oü Pon fe repofe agréablement. route 1 encemte de 1'eau avec les petits Mtiments attachés au rivage 1'ile des fleurs presqu'au milieu, & le pont un peu plus loin, forment la fcène ammee qui fe préfente Ia première au dehors du pavillon. Plus loin Ia plantation deftiné en dela du gazon le plus beau couronnement bocager; les nuances des verdures variées frappentla vue d'une maniere trésgracieufe, ainfi qu'une file entiere de faillies, d'échancrures, d'enfonce, ments pittorefque. qu'offrent les groupes & les bofquets, tantót plus obfcurs, tantót plus éclairés, tantót allongés, tantót raccourcis, tantót égayés par des chaifes & des fieges placés dans leurs ouvertures, tantót uniquernent decorés par la nature de voütes touffues: tantót reluifrnt au fein de 1'enfoncement les tiges bfanches & ifolées des bouleaux, tantót le fapm & le pin rembruniffent de leur afpeét férieux les recoins écartés tantót des feuillages brillants defcendent en ondes abondantes & fuper- ' bes  264 Premier Appmdiee. bes fur le gazon. Des deux cótés l'ceil efl amufé par des perfpeétives différentes. Le grand mérite de cet enfemble fe montre non feulement dans ce qu'a fait le .genie créateur & délicat des jardins, mais auffi dans la part qu'y a prife 1'induftrie. Excepté les vieux chênes, le propt iétaire a pianté tout le refte, & en grande partie de fa main; circonftance rendue plus importante par la remarque que 1'emplacement a foixante arpents d'étendue. C'eft un mérite que d'animer par des plantations des lieux incu!tes & déferts; mais c'en eft un fur-tout ici, oü nombre de places, offrant aujourd'hui des fcênes fi attrayantes & pleines de verdure & de vie, étoient couvertes d'un morne fable mouvant. Dans ces lieux 1'utile fe joint a 1'agréable. Tous les gazons, femés d'herbes d'une bonne efpece, fefauchent; enfuite ils fervent de paturages, ce qui anime de nouveau la fcène. Nulle part ne fe montrent les véritables bornes de ce jardin ou de ce pare; elles fe perdent fi infenftblement dans la campagne, ou dans les plantations des chemins attenants deftinés aux voitures & aux chevaux, qu'on ne les apperc.oit pas. Ces plantations en partie confiftant en allées, fe replient autour de la plupart des cantons fitués aux bornes du pare, & occupent une efpace beaucoup plus grand que celui-cl Elles fervent a la promenade en voiture ou ii cheval, ce qui, quand 1'ordonnance eft réguliere, fait une partie des agréments que doit préfenter un bien de campagne confidérable. Ici elles font ornées de diverfes vues & de perfpeétives prolongées, & font liées aux afpeéts du jardin; les promenades & le jardin fe rehauffent, s'aggrandiffent réciproquement, & ont un rapport mutuel, également important aux unes & a l'autre. Les chemins font commodes; de cóté on voit paitre des troupeaux de brebis; tableau champètre & plein de gaieté! II paroit que le jardin pourroit encore admettre dans fa vafte enceinte quelques batiments caraétériftiques auxquels quelques fieges feroient p'ace. Cependant il eft vrai, q 'k peu prés chaque chaife & chaque banc eft placé a defiein; ces repofoirs offrent presque toujours une perfpe-  Defcription de quelques jardins. 35j perfpeaiveintêrefTante; quelquefois ils font uniquernent repoferla vue fur la verdure douce des feuillages voifins, L'invention qui regne dans les formes de ces chaifes champètres, & de ces fieges, ainfi que dans les formes des ponts, eftfi riche & fi variée que ces objets font quafi une academie pour le deffinateur; au moins ne trouve-Uon dans aucun re cueil d'ouvrages d'architeéture, ou de vues de jardins Anglois, Ja vin> *»  2g8 Second Jppendice. Courtes notices de divers jardins, La villa Eftenfe, jadis fi célebre, & dont Ia première exécution a couté plus de trois millions d'écus romains, a une fituation admirable fur une hauteur, &une foule de terrafïes, de jets d'eau, de labyrinthes, de bofquets & d'orangeries. Hors Ia place qu'il occupe fur une terraffe, Ie batiment n'a rien de particulier. Du cóté de Tivoli on a ménagé une belle cafcade que furmonte une grotte. Les fontaines & les machines hydrauliques, qui font très-nombreufes, font encore ici dénuées de naturel & de goüt. *) Le jardin de Ia villa Aldobrandini n'a pas autant d'arbres d'un verd foncé que les autres jardins de ce pays, ce qui lui donna un afpeft plus riant & plus frais; cependant des allées de platanes y répandent leurs ombrages délicieux, & les jets d'eau ainfi que les cafcades font d'un meilleur goüt que d'ordinaire. Les terraffes offrent un coup d'ceil plein d'attraits; on appercoit des plaines étendues jufques a la mediterranée, fur laquelle, quand le temps eft ferein, on voit v oguer les navires. Ces dernieres maifons de campagne font dans les environs remarquables de Tivoli & de Frafcati, qui dés le temps des Romains étoient enrichis de féjours champètres. **) Les Romains d'aujourd'hui préférent Frafcati, ville auprès de laquelle fe voient beaucoup de jardins dans un fite agréable. Au refte il eft connu que ces demeures champètres, dans Rome & dans fes environs, font fameufes en qualité de magazins d'antiquité, & que fouvent ces tréfors font leur principal mérite. «*) 4. Le *) Les meilleurs vues de ce jardin fe trouvent dans 29 planches gravées par Venturini fous le titre: Fontane del Giardino Eftenfe in Tivoli co' loro profpetti e colla cafcata del Fiume Aniene. **) L'ouvrage fuivant mérite encore d'ètre cité: Delle Ville e de* piu notabili monumenti antichi della citta e del territorio di Tivoli, nuove ricerche di Stefano Cabral e Faufto del Rè, etc. 81779. In Roma da Benedetto Settari. L'article qui regarde les anciennes mai¬ fons de campagne de Tivoli eft le plus important dece livre: cet article eft tiré d'un ouvrage extrêmement rare & manufcript, qui traite completement de l'hiftoire de Tivoli, & qui fe trouve dans la bibliotheque Barberini, oü le fit tranfporter en 1632 le Cardinal Fran^ois Barberino, Gouverneur de Tivoli. ***) Volckmann mémoires fur 1'Italie, 2d Vol. Giardini di Roma da G. B. Falda» 21 planches; on les trouve aufli dans la nouvelle édition de tous les ouvrages de Sandrat, publiée par Mr. Volckmann.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. aS9 4- . Le chateau royal de plaifance qui eft a Portici, n'eft pas d'une architeélure diftïnguée; il offre au contraire des fautes coufidérables: les jardins font dans le même cas. Mais le nouveau chateau de Caferte dont Vanvitelli, architecle Romain, a donnéle plan, furpaffe tous les chateaux d'Italie en régularité, en beauté & en grandeur. II a la forme d'un reétangle, dont Ia fagade & la partie oppofée ont 731 pieds de long, & les deux autres cótés ^69; la hauteur eft de 162 pieds. En dedans font quatre grandes cours. La facade offre 34 fenêtres, & trois entrées principales, qui moyennant tout autant d'allées menent par-tout dans Ie batiment, & mettent les quatre cours en liaifon avec le jardin. Toute Ia diftribution intérieureeft admirable; Ia richeffe & Ia magnificence qui regnent ici, & fur-tout la fomptuofité des plus beaux marbres, font etonnantes. Aucun autre Roi ne peut faire des édifices auffi fuperbes paree qu'on ne trouve nulle part autant de carrières de marbres aufli beaux & aufli variés que ceux de Naples & de Sicile. Dans ce feul palais on a mis en oeuvre jufqu'a 53 fortes différentes de marbres du pays Mais le deffein fymmétrique des jardins n'entre en aucune comparaifon avec la beauté du batiment. *) Portons d'ici nos regards vers la Sicile. Rien n'eft plus attrayant que les environs de Palerme. Aux agréments de la nature ils réuniffent toutes les décorations de l'art. Des collines fertiles couvertes de vignobles & de divers arbres fruitiers, des plaines émaillées de fleurs & anx»fées de nombreux ruiffeaux, tantót d'épais bocages, tantót des vues vaftes & fuperbes qui s'offrent d'un cóté, contraftent fortement avec les montagnes pelées qui du cóté oppofé portent leurs fakes dans les nues, ou *) Volckmann donne dans le 3e Vol. difegni del Reale Palazzo di Caferta fo! de fes mémoires d'Italie, p. 335 & In Napoli r756. Le Poëte Orazio Cavantes, une defcription détaiilée de ce pelli a auffi publié a Naples en I778 g chateau, & 1'on en trouve un deffein dans deux poèmes agréables fous le titre: Ca.' 1'ouvrage rare, intitulé: Dechirazione dei ferta. Tome V, Qo  ■2 pag. 40. 41.  300 Second Appendice. Coiirtes nötices de divers jardins, Tout périt; tout fuccombe; au bruit de ce ravage Voyez-vous point s'enfuir les hötes du bocage? Tout ce peuple d'oifeaux fiers d'habiter cesbois, Qui chantoient leurs amours dans 1'afyle des-rois, S'exilent a regret de leurs berceaux antiques. Ces dieux, dont le cifeau peupla ces verds portiques;, D'un voile de verdure autrefois habillés, Tous honteux aujourd'hui de fe voir dépouillés, Pleurent leur doux ombragé; &, redoutant la vue, Vénus même une fois s'étonna d'ètre nue. Croiffez, bitez votre ombre, & repeuplez ces champs, Vous, jeunes arbrifi'eaux; & vous, arbres mourans, Confolez vous. Témoins de la foibleffe humaine, Vous avez vu périr & Corneille & Turenne: Vous comptez cent printemps, hélas! & nos beaux jours! S'envolent les premiers, s'envolent pour toujours! Ce connoiffcur délicat cite dans fon poé'me diverfes maifons de campagne & divers nouveaux jardins des environs de Paris, qui, felon fci, fe diftinguent par une beauté fupérieUre. Te!s font: Belceil, maifon de campagne du Prince de Ligne; Montreuil, jardin de la PrincefTe de Guémené; Maupertuis, jardin appartenant au Marquis de Montefquieu, 8c qui par fes belles eaux, fes plantations fuperbes, 1'heureux mélange de fes collines 8c de fes vallons, mérite le nom d'Elyfée; le Défert, d'après les deffeins pleins de goüt de Mr. de Mouville; Rincy, beau jardin du Duc d'Orléans; Limours, lieu inculte embelli par la Comtelfe de Brionnc; Petit-Trianon, jardin de la Reine oü la richeffe eft dirigée par le goüt; Bagatelle, joli jardin deftiné par le Comte d'Artois, fitué au milieu d'un petit bois charmant auquel il eft lié, & orné d'un pavillon élégant. Le poête vante encore les nouveaux jardins de la Falaife, 8c de Morfontaine; cedernier, appartenant a Mr. Peletier, Intendant de Soiffons, eft agréable par fes grands gazons 8c fes grands groupes; ceux de Chaville, Royfli 8c Malmaifon. Anteuil, Chanteloup, appartenant au Duc de ■Choifeul 8c d'un goüt raviffant, Arnonville, Coutances, Garges, Mon■ - . : ceau  (hdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &e. Sox ceau&ErmenonvilIe, font encore du nombre des nouveaux etabliffements remarquables. Qudques-uns de ces jardins méritent que nous nóus en occupions plus particuliérement. Bagatelle aun pavillon qu'on diroit tranfporté par la main d'uneFée dans ce petit bois paifible, renfermé Sc obfcur. On rencontre fubitement cet edifice après avoir parcouru un chemin finueux. A I'entrée on eft accueilli par quelques ftatues caratfériftiques, comme le Silence, le Myftere &c. Tout eft choift, délicat, décoré. Les murs font embelhs de tableaux amoureux, de la main des meilleurs maitres Le fite ne fauroit être plus doux; onapercé au fein de cette obfcurité une perfpeclive des plus aimables. Le petit jardin n'eft compofé que de les fleurs les plus be les & de ronces fleuries étrangeres, qui aident h augmenter Ia pailible volupte de cette retraite écartée. Le pare d'Arnonville eft peut-être plus dans Ie goüt Anglois que toutautrenouveau jardin de France, oü, au lieu d'imiter la nature, on ne fait fouvent que la défigurer ou Ia voiler. Ce jardin n'a rien de recherche ni de puérile; il offre les beautés fimples de Ia nature, qui fe montrent en grand & qui font diftribuées avec gout. Les ruiffeaux & les eaux dormantes, les bois & leurs enfoncements, les perfpedives interieures, & une foule de tableaux en payfage, fe réuniffent ici pour tracer un .peétacle noble & varié. II eft peu de jardins oü fon puiffe errer avec plus de liberté, & jouir plus aifément des attraits de toute ia contrée envuonnante. On peut parcourir une quantité des routes du pare faire 'meme Ie tour du village, achever plufieurs promenades, & «tournet dans fon cabinet, fans que perfonne de Ia maifon s'en appergoive. Partout des ponts & des portes mettent de Ia liaifon entre les promenades en yjetant de la diverfite. On parvient tantót 4 des champs ferfles couverts de moiffons, tantót a des prairies folitaires, tantót a des plantations artificielies ou bien a des plantations champètres qui longent les ruiffeaux -tantot a un petit vallon derrière un bois, tantót a un moulin placé dans ce bois & dont Ie courant d'eau fait entendre de loin un murmure plus doux, tantot a un village affis fur une colline. Ces cantons Sc beaucoup PP 3 d'autres  3 o a Second Jppendice. Courtes noticcs de divers jardins, d'autres encore font Hés enfemble par des promenades plantées a deffein qui amufent les yeux en leur offrantde pres & de loin des afpeéts toujours variés. Toutes ces parties pleines d'aménité font encore mariées a des vergers, a des vignobles, 8c a d'autres emplacements utiles. Le nouveau pare de France le plus célebre eft fans doute Ermenonville, également remarquable par I'efprit de fon propriétaire, le Marquis de Gerardin, *) 8c par 1'hofpitalité que celui-ci exerqa envers Rouffeau, 8c qui s'étendit jufques fur fon tombeau. •*) Le jardin d'Ermenonville, l dix lieues de Paris, eft une nouvelle création tirée du fein d'un chaos fauvage. ***) „La vallée en face du chateau du cóté du nord n'étoit, il y a quelques années, qu'un marais impraticable d'un afpeél repouffant. Son "fol tourbeaux retenoit les eaux de mille fources qui Pabreuvoient ; quatre ou cinq canaux fangeux n'avoient pu le deffécher; des vapeurs 'jgroflieres s'élévoient 8c couvroient, foir & matin, fa furface. Des allées fymmétriques bornoient la vue de tout cóté, rendoient i'afpeét aufli 'ennuyeux que trifte. En s'oppofant a la libre circulation de l'air, ces ^'plantations contribuoient a 1'infalubrité de la fituation; tandis qu'en ca"chant le jeu des pentes, elles interceptoient la marche du terrein, 8c "faifoient d'une vallée agréable une plaine froide 8c fans accidents. De droit 8c de gauche des cóteaux &des vallons charmants étoient ignorés ou négligés; 8c une belle forêt tout auprès de la maifon en étoit fi bien feparée, qu'elle ne procuroit ni embelliffement pour le fite, ni jouiffan"ce pour la promenade. Du refte un parterre marécageux; des canaux „profonds *) II parut a Leipzig en 1779 une tra- particuliere dans chaque efpece de jardu&ion allemande de fon excellent ou- dins. Les maximes & les obfervations vrage intitulé: De la compofition des du payfagifte forment la bafe de fes rePayfages. 8- !'aris (voyez: Theo- cherches. rie de l'art des jardins, Tome I. pag. 154.) Voyez Tome II. page 73. Mr. de Gerardin y donne plufieurs remar- ques générales & détachées, mais déli- ***) Une partie du premier deffein de cates fur 1'embellidement de la nature, ce jardin eft décrite dans la Théorie dei fans pourtantdévelopperleur application jardias. 8- Paris 1776. pag. 24c - 26 r.  ehdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 303 „Profonds qui enfermoient des eaux impures, en tout temps couvertes „de rofeaux & d'herbes; un labyrinthe de charmille fur chaque flanc „oü 1'on n'ofoitpénétrer a" caufe de leur extréme humidité, faifoient 1'frè „fipide décoration du jardin. Du cóté du midi, une cour entourée de „batimens attriftoit les regards. — Un potager aquatique étoit tout fer„mé de murs - - - deux rangs de tilleuls „bornoient" la vue & „retré„ciffoient" le ciel. Enfin tout étoit désuni & indépendant - - - chaque „partie apart, fans liaifon & fans enfemble, n'a voit ni caradere, niex„preflion. Tel étoit Ermenonville. „Aujourd'hui du cóté du nord une vallée fraiche & riante a pris la „place d'une plaine monotone & d'une forme fymmétrique; le marais „defféché eft devenu une excellente & agréable prairie; une large rivie„re a été fubftituée aux fétides canaux; fes eaux toujours a fleur fans „ceffe battues par les vents, fe confervent pures & nettes. La plupart „des objets, qui embelliflent cette perfpeétive, naturellement bien placés „n'attendoient que la deftrudtion de quelques plantations qui les ca„choient ou les ifoloient. Les arbres abattus ont découvert un fite déli„cieux, terminé par une montagne a deux lieues de diftance, furmontée „d'un village, par deffus lequel s'éleve très-haut 1'antique tour de Mont„Epiloy a demi ruinée. Ce bel accident, qui fait le lointain du tableau, „paroif, a raifon de fon éloignement, toujours coloré de ces tons bleua„tres & vaporeux qui lient d'une maniere fi douce le ciel eft 1'horizon. „Lesmursdeclóturedétruits, ainfi que Je gothique batiment qui „faifoit I'entrée de la cour, laiflent voir la continuation de la vallée du „cóté du midi; elle forme la perfpeétive du derrière du chateau. La riviere qui prend fa fource de ce même cóté, arrofe & traverfe une peloufe fur 1'emplacement qü'occupoit le potager. Cette peloufe va fe „réunir fur la droite a la forêt, & fe perd fous une fütaie de beaux arbres „fufpendus fur une cóté qui fe précipite; a gauche elle fe termine k ia „riviere." Cette riviere & fes différentes finuofités, les chütes qu'elle forme le lac, les plantations pleines de goüt, les bocages & les groupes qui ta' piffent  3 ©4 Second Jppendice. Courtts notices de divers jardins, pifient de petites collines, les points de vue les plus délicatement ménagés, une foule de fcênes champetres & pittorefques, embelliffent aujourd'hui un féjour qui n'étoit autrefois qu'un défert marécageux 8c horrible, gc a qui cependant les préjugés du fiecle donnoient le nom de jardin. Le tombeau de Rouffeau eft un des objets les plus remarquables de ce pare fuperbe, qui renfermé affez de promenade pour occuper pendant pluüeurs heures. Un changement fait a ce tombeau *) mérite encore d'ètre rapporte. Le premier monument n'avoit été pofé qu'en attendant celui-ci qui eft de pierre. C'eft un farcophage dont 1'urne eft omife 8t qui eft un chef d'ceuvre de gout parmi les ceuvres de ce genre. „L'on „voit fur" ce „tombeau, au pied d'un palmié, fymbole de la fécondité, „une femme afftfe foutenant d'une main fon fils qu'elle allaite 8c de 1'au„tre le livre d'Emile: derrière elle des meres offrent des fleurs cc des „fruits fur un autel érigé devant une flatue de Ia nature; de l'autre cóté, „un de leurs enfants met le feu a des maillots, des bandes, des corps pi„qués de baleine, entraves du premier age, tandis que les autres danfent „8c jouent avec un bonnet en haut d'une piqué, fymbole de Ia liberté. „A cóté du bas-reliëf on voit . fur 1'un des deux pilaftres une fïgure de „VHarmonie tenant une lyre, dont elle forme des accords, 8; fur l'autre „1'Eloquence tenant une flüte 8c un fondre, emblêmes de fa douceur 8c „de fa puifiance. Dans le fronton eft une couronhe au milieu de laquelle „onlit: Vitam itnpendere vero, „Sur la face oppofée a celle-ci, eft gravée cette épitaphe: Ici repofe l'homme de la vertu & de la verité. „Et fur les pilaftres correfpondants a ceux que l'on voit, on a fculpté Ia „nature repréfentée par une mere allaitant deux enfants, 8c Ia verité par „une femme nue tenant un flambeau. Dans Ie fronton deux colombes „expirent fur des flambeaux fumants 8c renverfés au pied de 1'urne de Ju„lie. Aux deux petites faces terminant le tombeau font des vafes lacri- „matoires." *) Voyez le delTein du premier mo- du jouraal de Leeture pnbliée a Gotha. nument, dans le Tome ÉL' p. 72. Une Ier Vol. 1782. partie de la defcription fuivante eft tirée  ckdteaux de plat/mee, maifons de campagne, êdifces champètres &c. 3 Q 3 ï.matoires." Tout eft verité dans ce monument noble, & tout y concourt a infpirer une triftefie fympathique. Outre ce monument, Ermenonville renfermé encore diverfes au tres fcênes bien compofées, au nombre desquelles font Ie verger de Cla rence, le défert nommé 1'Arcadie, & la tour de Gabriele. Le verger eft entierement d'après la defcription de la nouvelle Héloïfe. II contierit auffi le temple de la Philofophie, placé vis-a-visdu tombeau deRoufleau Ce temple n'eft pas achevé, allufion ftne a Pétat dela Science. Dans Pintérieur du temple on trouve cette infeription: Hoe templum incboatum Philofophiae nondum perfettae Michaeli Montagne Qui omnia dixit Sacrum efto. Sur les colonnes font les noms de Newton, deDescartes, de Voltaire de Penn, de Montcfquieu, de J. J. Rouffeau, avec Pinterrogation: Quis hoe perficiet?  3o6 Second Appendite. Courtis notices de divers jardins. Sur I'entrée eft 1'infcription: Rerum cognofcere caufas. Le défert copie le féjour de St. Preux a Meillerie. Au fommet d'un roe -élevé fe voit une petite cabane, & a fes pieds fe déploie un beau kc. On découvre par-ci par-la les noms de St. Preux & de fon amante & quelques paffages de la nouvelle Héloïfe, gravés dans le roe. Dans 1'Arcadie on apperqoit une pyramide avec quatre infcriptions, confacrées a Théocrite, a Virgile, a Thompfon & a Gefsner. L'infcription de Gefsner, auffi vraie que fimple, eft enAlicmand: Er kat gemalt, was er gefehm hat. II a peint ce qu'il a vu. Le tour de Gabriele eft toute dans Panciert goüt. Un petit efcalier tournant mene a divers cabinets. Du haut de la tour, oü font des girouettes. & des fanaux, on apperqoit une vue admirable. Au pied de la tour font des trophées compofés des armes d'un Chevaüer que la mort de Henri IV fit expirer de chagrin. La tour offre cette infeription: En cette tour droit de péage La belle Gabriele avoit. C'eft de tout temps, qu'un Frnncois doit A la beauté foi & hommage. Les promenades de ce pare, qui renfermé encore plufieurs embelliffements délicats, font attrayantes & pour la vue & pour 1'ouie. Car . Mr. de Gerardin entretient une troupe de bons muficiens, qui exécutent les meilleurs morceaux dans la maifon & qui fe font de plus entendre enfemble ou en particulier, tantót dans les bois, tantót au bord des eaux, tantót fur les eaux mème. On ne trouve nulle part plus d'aifance dans Ie commerce, plus de liberté dansle genre de vie, plus de fimplicité dans les mceurs & dans 1'habillement, qu'au fein de la familie aimable & heureufe de Mr. le Marquis de Gerardin. Ici le Philofophe bifarre dut bientót oublier fon dégoüt du monde, & non feulement retrouver au milieu de la belle nature le repos & le confentement, mais auffi fe réconcilier avec 1'humanité en fréquentant des perfonnes fi eftimables. 3. Avec  chateaux de plaifance, maf urn de campagne, édifices champetres &c. 3 0 7 3- Avec un modele aufli purqu'Ermenonville de Ia maniere d'embellir la nature, & avec tant de beaux jardins qui fe multiplient dans ies environs de Pari^ on ne peut qu'ètre éfonné en voyant les différentes erreurs de goüt que montrent aujourd'hui nombre de nouveaux jardins. Au lieu d'encadrer les gazons de fleurs, ce qui n'eft pas tout-a-fait mal placé, on les garnit de corbeilles de fleurs de figures étranges; on entoure encore aujourd'hui les tiges des arbres de grülages quarrés peints en verd, qui cachent le beau jet des tiges; on taille encore quelquefois les arbres fauvages jufques a leur fommet, & on leur laiffe a peine affez de branches pour pomper l'air néceffaire a leur accroiffement, & pouffer les feuilles fuffifantes pour donner de 1'ombre. Les connoiffeurs régnicoles & étrangers s'en moquent, & cependant quantité de jardiniers continuent a défigurer la nature. En imitant aveuglement le gout Anglois on ne fe contente pas d'imiter fes défauts, on en ajoute d'autres. Tout ce que peut contenir un grand pare, doit fe trouver entaffé dans 1'efpace étroit d'un arpent de terre. Toutes les différentes architeétures de 1'Afie doivent être imitées dans un emplacement de quelques centaines de pas. Les produélions manquées des Chinois & les Kiofques, monftres qu'enfante 1'architeéture fomptucufe des modernes, chaffent la fimplicité pure de 1'architeélure Grecque. L'art de grouper les arbres fur les tapis verds paroit encore peu connu; le plus fouvent ces arbres font foiitaires, ifolés, fans rapport & fans liaifon, comme le font les figures de plufieurs tableaux de 1*antiquité paffes jufqu'a nous. Les bofquets font la plupart d'un ftyle compaffé & puéril; affez fouvent ils font formés fymmétriquement, & dépourvus de cette noble aifance naturelle qui doit leur donner des attraits. Et les efpaces qui les féparent font quelquefois d'une forme étrange, & faqonnés p. e. comme un miroir ou comme un papillon. Le génie des jardiniers paroit ne pas pouvoir fe désaccoutumer encore de ces petites puériütés. Les nouveaux jardins font fouvent furchargés d'ouvrages artificiels de toute efpece, fur-tout de divers batiments, de ruines, de ponts, & l'on femble méconnoitre entiérement le Qft 2 . prix  308 Second Appendice. Coiïrtes notices de divers jardins, prix de la fimplicité St du naturel. Même dans les décorations de l'art on eft quelquefois également inconfidéré & prodigue. C'eft ainfi, que l'on charge le faite d'un petit pavillon, confacré a Diane, de la ftatue coloftale de la Déeffe & de deux chiens; c'eft ainfi que le toit d'une orangerie offre Mercure avec un cheval qui fe cabre; c'eft ainfi que les dehors d'un pigeonnier, qui a la forme d'un pavillon, font décorés de faux, de rateaux, d'arrofoirs, de gerbes, & de corbeilles. Toutes ces remarques font faites d'après des jardins Sc des décorations qui exiftent effeitivement. II eft réellement une différence bien remarquable entre les jardins de deux nations célebres Sc qui montrent tant de rivalité dans les moyens d'acquérir de la grandeur & de la gloire. Les jardins Franqois font encore trop orncs par la main de l'art; ce peuple étouffe la nature par 1'aélivité indultrieufe avec laquelle il veut 1'embellir: les jardins Anglois font quelquefois trop négligés. En Angleterre on travaille plus pour foi. En France onne cherche ni une récréation agréable a la vue, ni des commodités, mais on veüt farisfaire fa vanité, qui fouvent engloufit tout le bien d'un homme. L'Anglois cherche a la campagne les plaifirs champetres. La ville fuit, pour ainfi dire, le Franqois aux champs. L'Ai glois dans fes terres eft jardinier & économe; le Franqois y eft rarement autre chofe que décorateur. Le Chevalier Temple tailloit luimème fes arbres fruitiers; Pope cu'tivoit lui-même fon jardin, comme Tes grands hommes de 1'antiquité. Presque tous les Anglois aiment l'art des jardins, & la culture économique; & tout, meme jufqu'aux jardins du cultivateür, eft ordonné d'une maniere qui prouve fon aifance. On peut encore continuer cette comparaifon fous d'autres points de vue. Le Franqois veut jeter dans 1'admiration, dans la furprife; 1'Anglois veut amufer par une foule d'idées Sc de fentiments. Le Franqois compte fur les proportions, PAnglois fur les fcênes Sc les tableaux. Celui - ci cherche la variété qu'offre la nature, celui-lii les inventións de l'art; 1'Anglois-s'efforce de montrer le payfage, Sc le Franqois de montrcr la propriétaire. L'Ang'eterre a plus de cantons agreftes, romanefques, for- • tement  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. g 0 9 fement caraétérifés, couverts de bois, & accompagnés de montagnes de rochers, & de quantité de fources & de rivieres; Ia France a moinS de payfages pittorefque*, & beaucoup de plaines, qui ne permettent pas une riche diverfité de fcênes, mais qui admettent feulement des jardins du genre agréable, & même non fans plufieurs difficultés. De la ces jardins en plaine qu'une certaine monotonie accompagne toujours. Toutes les améliorations artificielles d'un pareil fite content toujours de grandes fommes. En général la différence du caracTere diftinétif des deux nations dok auffi entrer ici en confidération. Des roes fauvages, des cafcades bruiffantes, des ponts ruinés, des cavernes obfeures, des cabanes fufpendues fur des abymes, des monuments funebres, tout ce qui remue fortement ou fecoüe 1'imagination, tout ce qui caufe une profonde méiancolie, enfuite des fituations extraordinaires, des tranfitions frappantes & de grands contraftes, tels font les objets que le Breton fériéux, & monté fur un ton fublime, fe plait a rencontrer dans fes vaftes parcs, ainfi que dans fes romans, & dans fe> póèmes. Mais le caraétere de ces images & de ces fcênes ne s'accorde point du tout avec les idéés ordinaires au Franqois, ni avec fon goüt nationnal. Ce peuple n'aime rien tant que les fituations agréables & les impreffions douces 5 il cherche toujours k décorer ce qu'il a fous la main; mais fes décorations font légeres & brllantes. De vaftes parcs 1'ennuient; il veut être amufé k chaque inftant, fatisfait a chaque pas. 11 ne peut fupporter les promenades étendues.' II lui faut des jardins dont il puiffe bientót faifir 1'enfemble, des jardins égayés qui fourient toujours a fes yeux, qui fourniffent toujours a fon jmagination vive des idéés flatteufes. 4- Outre les vues de jardins Franqois dont on a déja parlé, *) on peut encore ranger dans cette clafie: Qft 3 Jardins *> Y°yeZ T°me 1 p- 4I' En '728 ü P^ut auffi k la Haie urie ^ition dc t'ou.ruge cité de Sim. Thomaffin.  31 o Second Jppendice. Courtes notices de divers jardins', Jardins & Fontaines p. Ifrael de Sylveftre. Paris 1661.8- Huit Planches. C'eft un ancien & bon ouvrage de ce fiecle la. Cet artifte deflina toutes les vues de Paris & des environs, 8c les grava enfuite. II grava aufli, par ordre de la cour, tous les chateaux 8c les palais royaux. Defcription de la Grotte de Verfailles. Paris fol. 1676. Palais 8c Jardins Royaux gravés par Perelle. fol. Verfailles immortalifé avec fig. fol- Paris 1726. Defcription des Chateaux, Bourg & Forèt de Fontainebleau par 1'AbbéGilbert. 8- Paris 173 r. Parmi les nouvelles gravures fe trouvent: Defcription générale 8c particuliere de la France, qui contient en plufieurs cahiers des deffeins de cantons, de chateaux 8c de jardins. Détail des nouveaux jardins h la mode, recueil de divers cahiers publiés a Paris chez Rouge, 8c oü fe trouvent les plans de la plupart des nouveaux jardins. Entre les deffeins particuliers des nouveaux jardins Franqois, fe diftingue fur-tout: Jardin de Monceau prés de Paris, appartenant a S. A. S. M. le Duc de Chartres. Paris. fol. 1779- Ni la préface, ou la courte defcription du jardin, ni les deffeins exceflivement chargés qu'offrent ces dix-huit grandes planches, ne peuvent foutenir une critique févere, quoique quelques parties ifolées offrent des beautés, qui cependant fouffrent toujours fous la pompe prodigue des ornements. Les inventións 8c les deffeins font de Mr. de Carmontclle. Aux ouvrages d'architeéture cités on peut encore joindre: Recueil Élémentaire d'Architeaure 8cc. compofé par Mr. de Neufforge, Architeae. fol. Paris 1757-68- 8 Vol. avec 2 Vol. de Supplem. Différents deffeins fymmétriques de jardins dans l'ancien goüt guindé font encore propofés ici pour modeles, ainfi qu'il eft d'ordinaire aux maitres d'architeaure. Mais les édifices, fur-tout ceux deftinés aux jardins, les maifons de campagne 8c les chateaux de plaifance, font d'un bon ftyle. Quelques temples 8c quelques pavillons ont un afpea trop lourd, 8c font imoeu furchargés cl'ornements; les grottes font en dépit de la nature pleines  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 311 pleines de toute la pompe de I'architeéture. Neufforge fe diffingue des architeétes de fon pays par fa richeffe & invention. Architefture moderne par Mr. Jombert. 4. 2 Vol. Paris 1764. renfermé quelques bons projets de maifons de campagne, la plupart dans le goüt de celles de -Blonde!, mais plus fimples. 11 eft remarquable que les maifons de campagne des architeétes Franqois les plus célebres, p. e. deBlondel, de Brifeux & de Jombert, foient presque toutes du même ftyle, & n'ont rien de cette fiché variété qu'offrent celles des architeétes ltaliens & Anglois. Le phénomene le plus digne d'obfervation dans la nouvelle littérature Franqoife touchant les jardins, eft le poéme didaétique de Mr. Delille: Les Jardins ou Part d'embellir les Payfages. Poëme. 8- Paris. 4me Edit. 1782. II mérite fans contredit le premier rang parmi les poemes dicladliques fur les jardins. *) Peut-être trouvera-t-on le génie de ce poëte moins brülant, fes images moins fubümes, & leurs rapprochements moins hardis, les teintes de fes tableaux moins brillantes, que dans Mafon. **) Mais ii coup fur fon imagination eft riche & neurie, ion goüt délicat & formé par Pobfervation de la nature & par 1'étude des meilleurs modeles. On trouve chez lui plus de plan & d'ordre, plus d'intention d'inftruire, & une fi grande abondance de regies excellentes tirées de Ia nature, qu'il laiffe de ce cóté Mafon bien loin derrière lui. »*) Hors un jardin dans la maniere Angloife commencé aZabern, k fept lieues de Sti asbourg, les jardins d'Alface n'entrent en aucune confidération du cóté du goüt. Us font presque tous confacrés a des arbres fruitiers d'une efpece rélevée & au raifin, mais moins fouvent aux plantes potageres qu'on cultive ici en plein champ. Cependant ces jardins ont un *) I. Vol. pag. 153. 1'année 1784, & qui fait connoïtre d'a- **) I. Vol. png. 148. vantage ce beau poéme en Allemagne, ***) Voyez 1'Almanach des jardins pu- pag. 12 ■ 15 & 139. j 37. blié en Alieinand par Mr.Hirfchfeld pour  3ia Suond Jppendke, Courtes notices de divers jardins, un afpeét agréable 8c riant, a caufe des ceps nombreux 8c des petits & jolis pavillons d'été qui s'élevent de leur fein. Quelquefois ces jardins font ferrés les uns a cóté des autres, 8c animent une étendue de pays affez confidérables dans le voifinage des villes. C'eft ainfi que je trouvai les jardins autour de Strasbourg, de Colmar 8c d'autres cantons d'Alface. Strasbourg n'a aucun de ces jardins richement ornés, auxquels on s'attend dans le voifinage d'une fi grande ville. On trouve cependant plufieurs promenades publiques tant fur les remparts de Ia ville, que dans les lieux nommés le Ruprechtsau (champ de Robert) 8c la Contades. Ces lieux font trés-agréables aux environs d'une ville peuplée, mais ils n'ont rien qui les diftingue particuliérement. Les promenades de cette capitale de province offrent une grande quantité de beaux peupliers d'Italie. IV. Les Pays - bas. Ie caraétere des jardins des Pays-bas eft connu, 8c l'on en a déja parJ lé. *) II ne refte donc plus qu'ii livrer ici une courte notice des principaux deffeins des cantons qui fe diftinguent lepluspardes chateaux, des maifons de campagne, des métairies, des villages 8c des jardins. Un ouvrage qui regarde généralement les fept provincès unies, 8c qui repréfenté ces afpeéts en petit mais extrèmement bien gravés, fut publié parTirion a. Amfterdam de 174? a 1754 en f Volumes petit Folio, fous le titre: Het verheerlykt Nederland of Kabinet van hedendaagfche Gezichten van Steden, Dorpen, Sloten, adelyke Landhuifen. La triomphante riviere de Vecht. Cent planches qui préfentent une foule d'afpeéts des principales maifons de campagne fituées au bord du Vecht, publiées a Amfterdam par Henri de Leeth. Diffé- *) Voyez Tomel. plag. 58-61.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. in DifférentesvuesdeIaHoI^ Schouten &c. 48 feuilles deflinées par Haan & gravées par Spilmann ' 1) L'Arcadie Hollandoife ou 1'Amftel répréfentant les maifons de plaifance &c. ,00 PI. 2) Les plus belles vues de Rynland. 100 P] 0) Mi roir des délices d'Amfterdam vers les vülages d'Amfterdam, Sloren & de" ia Chauffee. to PI. 4) La Hollande en tout fon éclat demontrée par -o vues commenqant d'Amfterdam jufqu'a Harlem & Spaarnedam ,0 Pi Tous ces differents recueils ont été deftinés & gravés en i73o & les années fuivantes par Rademaker, & publiés a Amfterdam Le Bas a publié d'après Tenier, van Dalens &c. différentes vues de KytbTs' iIkgeS' de maifons de campagne, & de métairies des Un ouvrage plus ancien & fait par un payfagiffe d'Anvers qui gra- voit tres-bien^ 1'eau forte, & qui mourut en «f7o, mérite encore qu'on en faffe mention, fur-tout vu qu'il eft devenu très-rare. II confifte en « Planches, & porte pour titre: Praediorum, villarum et rufticarum ca- fularumiconeselegantiflimaeadvivuminaeredeformatae.176! a Hie ron. Cock excud. *' V. L''Angleterre, ÏEcofe & l'Mande. r. Qn a déja parlé fi fouvent dans cet ouvrage des parcs Anglois; les plus ^ beaux d'entr'eux on déja été décrits en f, grande quantité, foit en tout fOIt en parties ifolées; on a repréfenté un fi grand nombre de leurs maifons de campagne, en citant les principaux écrits appartenant k ce iujet, *) qu'il ne nous femble rien refter a ajouter de ce cóté. Cepen- *) II faut encore mettre au nombre Defings of Plans and Elevations for^ des ouvrages d'architefture: Inigojones blic and private buildings. 2 Vol.fol ,727 TomV' Rr sLl  314 Second Jppendice. Courtes notices de divers jardins, dant 1'ami des jardins trouvera encore ici avec plaifir un petit catalogue des planches ifolées les plus remarqüables, qui repréfentent des parcs Anglois, & qui n'ont pas été citées dans cette Théorie, dans laquelle on a déja indiqué divers recueils de ces planches, en faifant les defcriptions des objets qu'elles renferment. Ce catalogue ne peut fuivre 1'ordre des temps auxquels les planches ont été fucceffivement pubüées, paree que : la plus grande partie d'entr'elles ne portent point d'année. Ce catalogue ne peut pas non plus être complet, paree que plufieurs de ces planches ne font qu'entre les mains des propriétaires des parcs, & de leurs amis, & par conféquent ne peuvent ètre connues au dehors, & que de plus les artiftes livrent tous les ans de nouveaux deffeins. On a quelquefois jufqu'a trois & quatre deffeins de quelques maifons de campagne, fur-tout de celles qui font anciennes & célebres. Les fimples payfages, quoiqu'ils renferment des fcênes naturelles remarqüables, les abbayes & les vieux chateaux, dont on apublié de trés-belles planches, font exclus de ce catalogue. Six views in the Royal Garden at Kew. Six views in Vindfor's Caftle in Drawings Manner, by Sandby. A general view of the Houfe and Gardens of Chatsworth inDerbyfhire, a beautiful feat of the Duke of Devonfhire, by Sayer. Two Seleft Architefture &c. by Robert Mor- tion. 8- Londres 1755, avec 64 Planches ris, Surveyor. 4. Londres 1755. Cet ou- En 1779 parut le 3me & en 1781 le 4me vrage renfermé divers plans &élévations Livre du i'oëme de Mafon, intitulé: Engde'maifons 'de' campagne, de féjours & lifh Garden. La bonne traduftion alled'édifices champetres d'une bonne archi- mande de cet ouvrage eft aufli achevée. tefture mais de formes connues & peu Les voyageurs trouveront dans 1'ouvra, diftinguées. A la page 83 du 3e Volume ge de Mr. VoJkmann, Reifen durch Engde cette Théorie il faut encore ajouter: land ( Voyages en Angleterre), 8- 4 VoRural Architefture in the Chinefe Tafte, lumes, un bon manuel & un livre propre being Defings Endrely New, for the De- a les diriger dans la vifite des principales coration of Gardens, Parks, Forrefts, maifons de campagne, & des principaux Infides of Houfes &e. by William and parcs. John'Halfpenny, Architefts. 3me Édi-  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 315 Two views of Chatsworth and Haddon engraved by Mr. Vivares. j) A South -Weft view of Chatsworth &c. 2) A North - Weft view of Haddon &c An ancient feat belonging to .the Duke of Rutland. Four views of Parks. Engraved by Vivares and Mafon. 1) A view of the new Water Works &c. at Belton in Lincolnfhire, belonging to Lord Vifcount Tyrconnel. a) A view in Hagley Park, belonging toSir Thomas Littleton, Baronet. 3) A view in Newftead Park, belonging to Lord Byron. 4) A view in Exton Park, belonging to the Earl of Gainsborough. Four views &c. engraved by Vivares. 1) A view of Dunnington &c. belong. to the Earl of Huntington; 2) A view of Hopping &c. belong. to the Duke of Devonfhire. 3) A view of Foremark, the feat of Sir Robert Burdel, Baronet. 4) A view in Lyme Park, the property of Peter Legh, Efqu. Six beautiful views of the Duke of Argyles feat at Whitton, and Sir -Francis Dafhwood's feat at Weft-Wycombe, in the County of Buks; engraved by Woollet. 1) A view of theHoufe and Port of the Gardens of the Duke of Argyle. 2) A view of the Canal and of the Gothic Tower in the Garden of the Duke of Argyle. 3) A view of the Houfe and Port of the Gardens of Sir Francis Dafhwood, Bar. 4) A view of the Cafcade &c. in the Garden of Sir F. D. 5) A view of the Lake &c. in the Garden of Sir F. D. 6) A view of the Walton-Bridge, Venus Temple &c in the Garden of Sir F. D. Six views of Gentlemen's Seats, drawn and engraved by Mr. Woollet. 1) A view of the Garden &c. of Carlton Houfe in Pall-Mall. 2) A view of Foots - Cray Place in Kent, the feat of Bourchier Cleeve, Efqu. Rrs 3)A  3 16- Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, 3) A view of the Great Room &c. at Hall Barn in Bukinghamfhire, afeat of Edmund Waller, Efqu. 4) A view of the Port of the Garden at Hall - Barn &c. 5) A view of Comb Bank in Kent, the feat of the General Campbell. C) A view of the Garden of Ch. Hamilton, at Painshill in Surry. Six views of Gentlemen's Seats, drawn and engraved by Suüvan. 1) A view of Wooburn in Surry, the feat of Phil. Southeske, Efqu. 2) A view of Oatlands in Surry, the feat of the Earl of Lincoln. 3) A view of Ciiffden in Bukinghamfhire, the feat of the Earl of Inchiquin. 4) A view of Efher in Surry, the feat of H. Pelham, Efqu. 5) A view of Wilton in Wiltfhire, the feat of the Earl of Pembroke. 6) A view of DichtleyinOxfordfhire, the feat of the Earl of Lichtheid. Four views of Dunnigton Cliff, by Vivares. Four views of Rlenheim, the Seat of the Duke of Marlborough. Four views of Gentlemen's Seats: 1) Hawarden-Caftle and Park in Flintfhire, the feat of Sir John Glynne, Bar. c) The Weft-Profpedt of Erthig in Denbigfhire, the feat of Simon York, Efqu. 3) The Eaft-Profpedt of Rufhton in Northamptonfhire, the feat of Lord Vifcount Cullen. 4) The South -Profpeét of Hater-Thorpe, the feat of Mich. Newton, Efqu. A view of Pontefracl Caftle in Yorkf hire. A view of Akworth Park in Yorkf hire. Six Cafiles in Wales: 1) Caftle of Chefter. 2) & 3) Caernarvon - Caftle. 4) ConwayCaftle. 5) Rhuddland-Caftle. 6) Denbigh-Caftle. Six views in Nord and South Wales, parmi lesquelles fe trouvent aufli quelques chateaux; gravces par Byrne, Mafon, EUiot &c. A view  chdteaux de plaifance, maf ons de campagne, édifices champètres &c. 317 A view of the noble Houfe and Port of the Garden of Caftle Ho; ward m Yorkf hire, the feat of the Earl of Carlisle. Five views of Mount Edgcumbe, the feat of Lord Edgcumbe. A view of Saltwood-Caftle at Hythe in Kent. WoolletViCWS ^ GardCnS °f Hamilt0n at Painshi11 in Surry, by Twoviewsof theEarlofWeftmoreland's villa, with port of the Park. Two views ofHalI-Barn in Bukinghamfhire, by Woollet. ' View from one Free-hill in Greenwich Park, by Wood. Lumley Caftle in the County of Durham, the feat of Lord Scar- borough. Dans Ie recueil de 100 vues d'Angleterre & du pays de Galles, de Jean Boydell, il faut fur-tout remarquer: N. 19. Vue du Chateau deMylordDuncannon. ag) Sion. 66) Beefton. 67) Elifabeth dans Pisle de Jerfey, Gg) Carisbroock dans 1'Isle Wight. 88) Rufhton, 8c divers autres féjours champètres, dont nous avons déja cité des planches détachees. Une fuite de planches de Pannée 1781 contient: j) Vue de Wanftead dans le Comté d'Eflex. 2) Une autre vue du palais de Mylord Fulney, proche de Wanftead 3) Vue de la maifon du maitre de la Venaifon dans le pare 8c une partie de la ville de Greenwik. 4) Vue du chateau du Chev. Turner dans Ie Comté de Kent. • 5) Vue du palais de PArchevêque de Canterbury a Lambeth dans Ie Comté de Surry. 6) Vue de Ia ville de Mylord Mansfield a Kenwood dans le Comté de Middleffex. Livre de différentes vues de ferme d'Angleterre *) par Pillemont 8c Leviez. Rr 3 Quelle *) Les meilleurs originaux des planches de cette claffe fe trouvent indiquées dans la fection qui traite des métairies.  3i3 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, Quelle fuite de vues fuperbes ne fourniroient pas en particulier les rives de la Tamife de Londres aRichemond, rives couvertes des deux cótés, & plus peut-ètre que celles d'aucune autre riviere de notre hémifphere, d'un beau mélange de villages, de jardins & de maifons de campagne appartenant a la noblelTe & a d'autres habitants de la capitale. La Grande Bretigne a requ des mains de la nature tant de variété, qu'elle a pour fes maifons de campagne des fites de toutes fortes de caraéteres fimples ckcompofés, aquoi contribuent fi puilfamment tantót les belles forèts, les plaines, les champs de bied, les prairies & les collines, tantót les chaines de montagne, les roes, les rivages de la mer, tantót les rivieres, les torrents, les cafcades & les enfoncements, tantót les ruines de vieux ch&teaux & d'antiques abbayes. Qu'on nous permette encore ici de retracer quelques tableaux de maifons de campagne, tirés d'un recueil nouveau & excellent*) & qui en offrant des exemples du caraclere agréable, du caraclere oü regne une douce méiancolie, du caraclere romanefque & du majeftueux, éclairciront & confirmerontce qu'on a dit des propriétés de ces divers cantons & de ces divers fites. **) a. N u n e h a m. Maifon de campagne dans un ftir. agriabk. Ce riant féjour champètre appartenant au Comte de Harcourt, fe trouve a Nuneham dans le Comté d'Oxford, a 6 milles d'Angleterre de cette ville, & a trois d'Abingdon. Le lite de la maifon eft du choix le plus heureux; elle eft fur une colline qui seleve infenftblcment depuis laTamife. La belle peloufe, la forèt penchée, la riviere agréable, les prairies verdoyantes des environs, & tout le pare deftiné avec goüt, compofent enfemble un des plus beaux tableaux que puiffe créer 1'imagination. Peut-ètre mèmenefe trouve-t-il en Angleterre point de maifon de campagne qui ait des afpeéls aufli beaux & aufli bien choifis que Nuneham. D'un *) A colleftion of 150 feleft views in England, Wales, Scotland and Ireland. Drawn by P. Sandby. 2 Vol. 1782. London. **) Voyez Tome IV- pag. 44 -150.  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 319 D'un cóté fe montre Oxford dans le lointain; de l'autre la ville d'Abingdon avec la fuperbe Tamife. Les perfpeétives font presque a perte de vue & variées d'une maniere étonnante; elles s'étendent bien loin au dela du Comté d'Oxford, & dominent les montagnes bleuatres du Berkfhire, la fertile vallée de Whitehorfe, & toutes les campagnes bien cultivées de ce payfage jufqu'aux collines de Farringdon. b. Kilcairn ou Kilchurn. Maifon dans un fite ou regne une douce méiancolie.Ce batiment, placé entre des montagnes dans une ile qui eft en Ecoffe \ I'entrée du lac de Lochaw, fut jadis habité par les ancétres du Lord  330 Second Jppendice. CourUs notices de divers jardins, Lord Breadalbane. Aujourd'hui la tour eft tombée en ruine. L'afpedT: défert de cé vieux chateau, fa fituation entre des montagnes en grande partie chauves & rocailleufes, qui de leurs ombres noiratres rembruniffent 1'enceinte du lac, 1'afpeét de quelques iles ifolées & des ruines d'un couvent, tout fert a achever ici le cara&ere de la méiancolie. c. Strath- Tay. Maifon de campagne dans un fite romanefque. La maifon de campagne de Menzies, appartenant au Chevalier RobertMenzies, eft fituée d'une faqön extrêmement romanefque au nord de Strath-Tay en Ecofte. Les forèts qui fe furmontent d'une maniere hardie, & les rochers grifatres qui font fufpendus entre ces forèts, font un  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3 31 un contrafte très-intéreffant avec le vallon plein d'attraits que travecfe la riviere en ferpentant entre de beaux groupes d'arbres. On découvre fur une hauteur les reftes d'un hermitage, formé de deux cótés par des maffes de roes, & des deux autres par des murailies. Le chef d'une maifon, qui dégouté du monde abandonna fa familie & fes biens, habita cet hermitage, il y a quelques fiecles. Dans le vallon de belles promenades touchent a des bois profonds & touffus; une foule de petites cafcades qui fe jouent & tombent du haut du rocher nud, égaient 1'obfcurité de ces bois. Cependant une chute d'eau impétueufe roule quelquefois avec fracas dans 1'enfoncement, a cóté d'un paifible gazon, dont la verdure brillante fourit a la vue. TomeV. Ss d. Aln-  332 Second Appendice. Courtes notices de divers jardin fy d. A l n w i c k. Maifon de campagne dans un fite majejïueux. Ce chateau, voifin d'AInwlck capitale du Northurnberland, eft Ie féjour ordinaire de la fameufe familie Percy, ou des Comtes de Northurnberland. La hardiefie du ftyle gothique dans lequel ce chateau eft bati, aflbrtit admirablement bien avec fon fite héroïque fur la partie fupérieure dün canton montagneux, plus fauvage que cultivé: fort au deflbus du chateau roüle dans 1'enfoncement la riviere d'Aln, que traverfe un pont maflif, aufli d'architeéture gothique; plus bas un autre pont, d'une feule arche, couvre encore la riviere. Le fite qui rehaufle fi bien 1'afpeét de l'édifice, en faifoit autrefois une fortereffe imprenable. Son hiftoire remonte a. des fiecles reculés, a. ces fiecles oü dominoient 1'amour barbare des combats & la valeur farouche; ces murs ont protégé plus d'un héros; plus d'une bataille s'eft livrée a leurs pieds; plus d'une nation a pénétré dans leur enceinte & en a été chafiee. Ces fouvenirs contribuent encore a renforcer la profonde impreffion que fait d'abord la vue du fite & de 1'afpeét majeftueux de ce chateau. Et comme 1'intérieur eft entiérement diftribué d'après ce ftyle maflif & groflier de fortification gothique qui regne a 1'extérieur, & que les nouvelles améliorations & les nouveaux ornements, exécutés avec beaucoup de goüt & de jugement, font dans la maniere des fiecles anciens, cet ^difice eft fans contredit un des plus parfaits qui fe trouvent en ce genre, non feulement en Angleterre, mais encore en général en Europe. 2. Depuis  ehSteaux de plaifance, maf ons de campagne, édifices champètres &c. 333 2: Depuis quelque temps les gens de qualité Ecofiois, animés d'une émulation utile, commencent a conftruire des maifons de campagne d'un meilleur llyle que leurs anciens chateaux, & a former de nouvelles plantations. Après ce que nous avons déja remarque par rapport 3 1'Ecoife, *) ces tentatives méritent encore que nous en parlions ici. Dans la province de Berwick, le Baronet Pringle poffede a Lees un féjour champètre qu'il a formé avec beaucoup de goüt, & qu'il a enrichi de plufieurs améüorations économiques pour fervir d'exemple k tous les environs. La faqade de 1'édifice a quatre piliers d'ordre Corinthien, & dans les ailes on a ménagé les cuifines & les demeures des domeftiques. Ss 2 La *) Voyez: Tome I. pag. 80. 81. TomeIV. pag. 131.132. 140-142.  334-. Second Appendice. Courles nobicei de divers jm jins,- La maifon eft defendue des vents du nord par les phntitions, & vers le fud on a 1'afpect agréable d'un grand pont 8c la riviere de Tweed. A Pextrèmité occidentale d'une prairie parfemée de quelques petits bocages, eft un temple ouvert, d'ordre ïonique, qui fait également jouir d'une vue attrayante fur la Tweed & les payfages des environs. En Eaft-Lothian eft Broxmuth, campagne agréable du Duc Roxbourgh, 8c qui mérite d'ètre remarquee. L'édifice elt dans un vafte pare, extrêmement riche en arbres du cóté de la mer. Dans ce même canton, le Marquis de Tweedale s'eft diftingué a Yefter par des plantations trèsvaftes de pins d'ccoffe, donnant abeaucoup d'autres gentils-hommes 1'exemple d'une amélioration importante dans 1'emploi de leurs terres. La maifon eft belle & confidérable. Une petite riviere rapide coule devant l'édifice, & par fon murmure rend agréables 8c champètres les fcênes du pare qui eft tres-vafte. Lesécuries, lesremifes, le poulailiier, 8c d'autres batiments, font dans le pare a quelque diftance de la maifon, ce qui eft d'ufage en Ecoffe pour toutes les maifons de campagne appartenant a des gens de condition. Une des premières curiofités dans le canton de Weft-Lothian c'eft Hopetonhoufe, maifon de campagne du Comte de Hopeton. La maifon eft dans une plaine raviffante au bord de la riviere. Au commencement c'étoit un édifice quarre 8c ifolé; mais depuis quelque temps on y a joint des ailes réunies au corps de logis par des colonnades, qui donnent a 1'enfemble un afpeét fuperbe. La faqade eft décorée de colonnes corinthiennes. Elle offre les plus beaux points de vue fur terre 8c fur merj 8c préfente un efpace de 40 milles ( Anglois) qui s'étend de Stirling jufqu'a 1'ile de B ifs. De l'autre cóté l'on voit Fifef hire 8c plus de vingt petites villes 8c antiques chateaux ruinés. La fcène eft animée par les vaiffeaux qui montent 8c defcendent la riviere. Les décorations intérieures de la mjifon font de bon gout. Le jardin d'AUoa ou Alloaway dans le Pertfhire appartient aux Comtes de Marr, qui ont ici feur campagne, une des plus belles 8c des plus grandes d'Ecoffe. Le jardin de Kinrofs touche au rivage de la mer. La  chateaux de plaifance, maf ons de campagne, édifices champètres &c. 335 La maifon, qui appartient au Baronet Hope Bruce, eft un bel édifice régulier, que Wtiliam Bruce, le Vitruve Ecoffois, batit a fes frais pendant le regne de Charles H; ce batiment eft d'une pierre blanche&fine, 1'ceuvre montre du goüt, & 1'enfemble eft beau. Son auteur planta beaucoup de forèts, que fon petit fils, le propriétaire aéluel, a encore augmentées. La maifon de campagne du Duc d'Athol eft au bord du Tay; elle eft accompagnée d'un beau jardin. Plufieurs allées préfentent I'afpeét de Ia nature fombre & fauvage fous des points de vue pittorefque's. Dans 1'enceinte du jardin fe trouvent les ruines de 1'ancienne & fuperbe cathédrale, fous la porte de laquelle on célebre encore le fervice divin. De l'autre cóté de la riviere eft une promenade agréable qui Ionge le Bren, torrent rapide plein de petits cailloux. A 1'extrémité de cette promenade, on trouve fur un rocher un joli batiment fufpendu au deflus d'une caverne oü la riviere, defcendant d'une hauteur, fe précipite avec impétuofité. Quelques carreaux des fenêtres de la falie font rouges, & quand on regarde la cafcade de travers on croiroit voir tomber du feu. Dans 1'ile de Bute les Comtes de ce nom ont a Mount- Steward, au bord du rivage, une nouvelle maifon de campagne. Située fur une hauteur au milieu d'un bois, dont les arbres profperent comme dans les cantons méridionaux d'Angleterre, elle domine une vue agréable. Plufieurs autres cantons d'Ecofte, comme p. e. les environs d'Edinbourg&de Cramond, & les rivages du golphe de Forth, fontdécorés par une foule de belles campagnes appartenant a la nobleffe & a d'autres gens aifés. *) 3- EnlrlandePhumiditédel'air, quoique d'ailleurs trés-incommode, contribue beaucoup a la beauté des prairies & des gazons. Ceux-ci préfentent toujours !e verd le plus vif, & n'ont jamais l'air aride. & brülé qu'il ont fi fouvent dans d'autres pays. Ss 3 i , . La *~),Volkmamts neuejle Reifen durch lande extrait des rneilleures fources par Scholtland und Mand; c'eft a-dire: Mr. Voikmanii. 8- Leipzig 1784. Nouveaux voyages en EcoiTe & en Ir-  5 a 6 Second Appendix. Cour tes notices de divers jardins. La plus belle maifon de campagne d'Irlande eft Caftletown, dont le corps de logis eft réuni des deux cótés aux ailes par une colonnade de neuf colonnes. Cet éd;fice eft dans Ia province de Leinfter, au milieu d'une plaine qu'entourent les plus belles plantations} vers le nord elles fe joignent a une forét dans laquelle divers fentiers finueux menent a plufieurs fieges ck a plufieurs cabinets. Le féjour du Comte de Charlemont n'eft qu'a deux milles (Anglois) de la capitale. Depuis quelques années on a bati dans le pare un pavillon d'un bon ftyle, deftiné par 1'architeéte Adam, & gravé par Rooker. 11 offre une belle vue fur la ville, la baie, la mer & les cantons d'alentour. _ . Les environs de Siaine-Caftle, campagne du Lord Comngbany, font très-beaux & trés-variés; le fol, encadré par des plantations d'arbres fleuris, s'éleve autour de la maifon en collines 8c en inegaHtes. Au pied de la maifon coule la Boyne; d'un cóté fon rivage eft compofé de roes j de l'autre il eft couvert de forèts. Les plantations inferieures font percées de chemins qui préfentent la vue de diverfes belles fcênes^ formées par la riviere 8c s'étendant bien loin dans le pays. On voit encore dans cette province de Leinfter, Mount-Kennedy, vafte campagne appartenant au Général Cuningham. Les alentours de la maifon font extrêmement beaux; on n'y voit aucune égalité, mals tout offre une variété de monts & de vallées. Dans quelques-uns des cantons incultes 8c romanefques de ce féjour on a tracé des deffeins pleins de gout. Non loin de la eft Poverscourt, demeure du Lord de ce nom. De l'avenue cette maifon paroit avoir le plus beau fite du monde. Le pare eft admirable. Dans la province d'Ulfter on remarque fur une colline boiiee Sc confidérable, le palais de 1'Evèque de Kilmore. D'ici Pon voit les forèts de Farnham qui font un bel effet. D'ailleurs Farnham, féjour du Comte de ce nom, eft un des plus charmants endroits d'Irlande, oü les montaenes les'forèts 8c les eaux étalent tous leurs attraits. Les afpeéls variés du lac appartenant a cette terre ne fauroient ètre plus beaux. Les prairies  thdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 527 prairies ont une furface ondoyante, & s'offrent fous différentes formes. Elles s'élevent au bout fupérieur du lac, & tantót le touchent, tantót s écartent de fes rivages. *) VL Le Dannemarc & la Norivege. T es chateaux de plaifance & les jardins du Roi & de la maifon royale, ainfi que les campagnes & les parcs principaux de Seeland," de Mie d'Alfen & du Duché de Sleswick , ont déja étédecrits. **) Plufieurs autres féjours champètres fe dirtinguent également par les propriétés de ces payfages, par leurs forèts 63c leurs prairies fuperbes, qui confervent fouvent leur belle verdure jufque bien avant dans 1'automné, & par les fublimes afpecfs de la mér. On abandonne de plus:eri plus la régularité autrefois d'ufage, & Pon chérit la nature revêtue des attraits négligés qu'offrent des forèts percées de fentiers. L'arrivée tardive du printemps eft fouvent compenfée par la douce température d'une automne prolongee. Les bois peuplés de gibier, & les lacs & les bords de la mer abondants en poiffon, augmentent non feulement la richeffe mais encore les agréments du pays. La culture des arbres fruitiers fe multiplie d'année en annee, & les grandes & nombreufes pépinieresqui fourniffent d'arbres les jardins & les vergers du payfan, favorifent cette culture par la générofité du Roi. Des pépinieres d'arbres & d'arbriffeaux fauvages exotiques enrichiroient de nouveaux charmes les plantations des jardins, tandis qu'elles augmenteroient les avantages qu'on retire des forèts. La Norwege a plufieurs cantons d'un caraclere fublime & romanefque, qui quelquefois fe rapproche du caraétere des payfages Suiffes. Dans le:, lieux cultivés font plufieurs demeures champètres riantes. Mais dans leurs jardins regne encore presque par-tout Pancien goüt & la •) Voyez de pin, le Tome I. pag. g,, & ]e TomeIV. pag.-87.w. „,. f}« &„ **) Voyez les Appendices des Tomes-Ill & IV.  323 Second Jppendice. , Courtes notices de divers jardinr, la régularité guindée. Rien cependant n'affortiroit mieux aux fites variés 8c intéreffants de la Norwege que la maniere Angloife, oü le ftyle aifé 8c naturel. Mais la rigueur du climat étouffe trop fouvent le foin de 1'agriculture, 8c borne les plantations aux befoins les plus indifpenfables. La culture mème des arbres fruitiers combat péniblement la violence du froid 8c des tempètes, 8c les planches élevées qui forment la clöture des jardins, clóture indifpenfable ici, ne renferment d'ordinaire qu'un petit efpace oü font entaffés les legumes, les fleurs 8c les arbres fruitiers. VIL La Snede. LaSuedepoffede non feulement la majefté des vues maritimes, mais encore le romanefque des rochers, des montagnes, des cafcades & des torrents, objets qui compofent les cantons propres a frapper par les plus vives furprifes. Les Suédois éclairés font pleins de fenfibilité pour les beautés de la nature j ils aiment a enrichir leurs efprits de nouvelles connoifTances, 8c ils nourriflent leur goüt par les voyages. L'immorte! Linné, qui dès long-temps mérita le premier temple 8c les premières ftatues dans les jardins, ayant inftruit dans la connoiflance des plantes les Suédois fans qu'ils fortiffent de chez eux, ils font verfés dans une partie effentielle de l'art des jardins. Ce bel art, que des écrits & des modeles firent naitre dans 1'étranger, enchaine les inclinations du Suédois 65c devient fon étude. Tous les Suédois gens de naiffance ou de favoir, que j'ai rencontrés dans mes voyages, ou que j'ai eu le plaifir de voir chez moi, étoient des amis eftimables de la belle nature Sc des jardins. Guftave III ennoblit 1'éclat de fon tróne par 1'amour des beaux arts,, qu'il connoit Sc protégé tous. Son jardin de Haga, qu'il crée aétuellement, deviendra le monument de fon goüt délicat en ce genre, Sc fera oour la nation le premier modele de ce nouvel art. En attendant que v cet  cluiteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3^ cet ouvrage, quine fait que de naitre, & dont Ia defcription ne doit pas prevenir 1'achevement, ferve d'exemple par tous les attraits de la nature & de 1 art qui le perfeétionneront un jour, Ie connoiffeur pourra s'amuier du tableau fuivant de Drottningholm. Drottningholm.*) Le chateau de plaifance de Drottningholm, féjour d'été du Roi & de Ia maifon royale, eft un édifice fuperbe que Ia Reine Eléonore fit batir dans une des iles du lac de Maler. Le fite en eft agréable, au milieu de plufieurs autres iles couvertes de pins & de fapins, oü s'offrent quelques vil ages. Lorsqu'on fe rend par terre a Drottningholm, Ie chemin, d'un rmllefc demi Suédois, eft commode & le canton embelli par des campagnes & des auberges. Le trajet paroit alors court & traverfe les iles dont nous avons parlé & qui font entremêlées de quelques montagnes On paffe devant Ie lieu nommé Malm, qui confifte en plufieurs maifons deftinees a la cour & en quelques auberges, & qui préfente un coup d'ceil Pittorefque; les maifons font de différentes couleurs & de différents ftyIes d'architeéhire, ce qui fait un effet très-agréable au milieu de Ia verdure variée des arbres & des montagnes. Dans 1'ouvrage de Dahlberg intitulé: Suecia antiqua et hodierna **) on trouye un deffein exaél du chateau, a 1'exception de quatre pavillóns ajoutes a gauche, dont deux font deftinés aux Ducs freres du Roi & dont le troifieme renfermé Ia falie d'opéra. Le cMteau offre par devant une vue que terminent le Malm dont nous venons de parler & les ile?; par derrière eft Tanden jardin ou jardin Francois, dont on a confervé en grande partie Ie premier deffein, & qui finit par plufieurs petits baümencs dont eft compofé le lieu qu'on appelle Canton. D'ici part a gauche une ) Je doit cette defcription l Ia com- **) On y trouve les de/Teins de chSplaifance d'un ami éclairé des jardins, teaux de plaifance & de jardins Suédois de Mr. Lmnerhielm, Sécrétaire d Stock- Deux de ces repréfentations fe trouvent ° m' dans le Tome II. de cette Théorie, pag. 3® &38. Tome V. -£ j  330 Second Jppendlce. Courtes notices de divers jardins, allée droite qui mene par Ie pare ala Ghine, féjour agréable environne d'arbres coniferes Sc réfineux. La Reine Louife Ulrique fit arranger ce lieu & 1'enrichit de quelques maifons élégantes, dans le gout Chinois. Chacun de ces batiments a presque un fite & une décoration particuliere; cependant tous font du même caraclere, 8c donnent au lieu une forte de décence faüsfaifante pour ceux^qui I'habitent. Dans Ie pare des bêtes fauves on rencontre fréquemment des troupes de cerfs ck de daims fi apprivoifés que fouvent on ne peut les chaffer qu'avec un grand bruit. Plus loin on paffe par un bois agréable, ou deux places entourées de baluftrades offrent fous les ombrages de divers arbres, de petites habitations deftinees aux oifeaux, ck dont Ie fite eft très-paifible; enfin le chemin fe termine brufquement par une vue libre du lac de Maler. Un autre chemin, paffant entre des champs verdoyants 8c ornés de fapins graupés, mene droit au jardin Pranqois, dans lequel on entre alors de cóté 8c a gauche, ck vis-a - v is duquel on rencontre Ie jardin Anglois. Ce dernier ne fait que de naitre 8c par conféquent on n'en faurois rien dire de complet. Cependant pour donner quelque idéé de fon fite, reqommencons notre promenade en part int du chateau. Quand de celui ci l'on defcend d:ms Pallée du jardin Franqois, le pavillon du Duc de Sudermaric refte a droite dans un angle du jardin. On avance en dépaffant Porangerie, 8c Pon s'approche d'un bofquet trés - agréable, oü commence le jardin Ang'ois, 8c que Ionge un chemin touffu. L'on pourfuit pourtant Pallée du jardin Franqois, jufqu'a ce qu'enfin le chemin conduife au jardin Anglois. Alors s'ouvre une plaine dégagée, que terminent diverfes fortes d'arbres Sc de buiffons, Sc qu'anime une jolie riviere tortueufe. Le chemin, ombragé d'arbres, tournoie Ie long du rivage, Sc continue a ferpenter au pied d'une colline affez confidérable Sc affez haute, fur laquelle un fentier monte infenfiblement fous des bocages. Divers fentiers paffant a travers ces bocages, compofés d'arbriffeaux en partie indigenes Sc en partie exotiques, ramenent fans qu'on s'en apperqoive au pied de la colline. La vue qu'offre le fommet de 1'éminence eft trés-  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champêtm &c. 3 3 r tres-belle. On découvre d'abord les bocages & les buiffons variés qui, environnent la colline, enfuite les groupes d'arbres, difperfés qk & la, puis la riviere qui fe replie au pied d'une hauteur peu éloignée, oü fera placé une rotonde ou quelqu'autre temple ouvert, & qui fe montrant de nouveau derrière cette éminence, continue a couler. Enfin onappercjoit le bofquet dont nous avons parlé, oü Ia riviere forme un petit lac, & oü l'on conftruira dans une ile un pavillon fous des aunes. Entre les cimes des arbres on apperqoit le toit de cuivre du chateau qui s'éleve majellueufement. De l'autre cóté de la colline s'offre un vafte champ cultivé qui fe termine par des prairies & des montagnes. En Iongeant la riviere, dont le rivage eft tantöt élevé, tantót plat, tantót joliment boifé, tantót efcarpé, on arrivé a un pont qui mene au temple dont nous avons pari '', & dont le fite eft fuperbe & la vue libre & dégagée. Ici les finuofités de la riviere fe montrent plus diftinclement ainfi que les ponts batis dans quelques endroits. Plus loin on rencontre de petites iles couvertes de plantations, & l'on arrivé enfin a un bocage d'aunes dont 1'afpeét eft en lui-même d'une aménité pleine d'attrait. Les iles fituées dans ce lac tranquille font trés-agréables, & ordonnées avec tant de goüt qu'on les prendroit presque pour 1'ouvrage de lajriature. A ce bocage touche la falie d'opéra, dont Parchiteélure eflfgelle, & le fite dégagé. Ici fe termine le jardin; devant la maifon eft ürie cour découverte, a laquelle touchent les pavillons dont nous avons fait mention plus haut. Tt2 VIII. La  3 3 a 5VfW Appendice. Courtes notices de divers jardins, VIII. La Rujfie*) i. Le iardin impêrial du palais d'été a St. Petersbourg au bord de la grande Néva eft le premier que Pierre le Grand fit conftruire en 1714 dans le goüt Ho'llandois, fon goüt favori. Par devant ce vafte jardin eft baigne par la Néva, a gauche par la Fontanka qui fort de la Néva, & a droite par un canal nommé Moika, qui fort également du grand fleuve. Ses larges allées fes efpaliers élevés, fes réfervoirs multipliés, fes machines hydrauliques, fes cafcades Sc fes eaux d'attrape, fes places découvertes, & une foule de ftatues de marbre forties des mains de Corradini, de Tarfia,Sc d'autres fculpteurs Italiens célebres, ainfi que les marbres vrais ouvrages de 1'antiquité qui ne font pas en moindre nombre, rendent ce féjour magnifique. 11 a une menagerie pleine d'animaux étrangers, différents pavillons, des grillages couverts de verdure, Sc un pare partage en quatre parties, dans lesquelles on voit repréfentées en plomb doré Sc fous la forme de jets d'eau, les tables d'Efope, dont 1'explication Sc la morale fe lifent fur des t%es. A gauche de I'entrée de ce pare, eft un palass de pierre d'une grandeur médiocre, que Tierre 1 avoit coutume d'habiter avec fon époufe Sc fa familie. A cet ancien jardin, & par le moyen d'un pont jete fur le canal de traverfe qui le termine, tient un jardin de peu plus petit, que Flmpératrice Catherine I fit planter par un jardinier Suédois, d'oü lui efl venu le nom de jardin Suédois. L'Impératrice Elifabeth 1'améliora beaucoup. Elle y fit batir un pavillon fuperbe, Sc un nouveau palais, qu'elle habitoit Pété. Devant la chambre a coucher de ce dernier, 05 avoit ménagé un joh jardin fufpendu. prej[que *) L'ami des jardins & tnoi nous de- feiUer d'érat impêrial, auffi refpeftable vons ces relations nouvelles & eftima- par fon caraftere que par fon favoir etenbles des jardins Ruffes a la complaifan- du & fes vaftes connoillances dans les ce obligeante de Mr. de Stahelin, Con- beaux arts.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices' champetres &c. 333 Presque vis-a-vis de ce jardin, en dela de la Fóntanka, eft lè trók fïeme jardin de Ja cour; il tient au pa'ais furnommé Italien, 8c fe nomme a caufe de cela le jardin Italien. Sa longueur eft d'au dela une Werfte, *) & il renfermé d'agréables allées en berceau, mais on ne le cultive aujourd'hui que pour en tirer les fleurs, les plantes 8c les fruits de toute efpece dont la cour impériale a,befoin. A cóté de celui- ci, 8c également au bord de la Fontanka, eft le jar-i din du Comte Scheremetow, qui, quoique petit, eft trés-agréable a caufe de fes bofquets touffus 8c élevés, de fes belles ftatues de marbre, de fes pavillons, de fa grotte 8c de fa maifon champètre. Beaucoup d'autres jardins de St. Petersbourg font dans cette même maniere fymmétrique d'autrefois, mais alliée a beaucoup de magnificence; de ce nombre font: Panden jardin du batiment qui jadls étoit le palais du Prince Menfchikow, aujourd'hui 1'hótel des cadets nobles; Ie jardin du Comte Rafumowsky, dont cependant une partie eft déja changéë d'après le nouveau gout: 8c les jardins qui bordeht Ie chemin du chateau de plaifance nommé Peterhof, oü l'on voit plus de trente campagnes appartenant a des particuliers de diftinélion; les jardins qui font • fur le grand chemin de Schlüflelbourg prés du couvent de St. Alexandre Newsky; mais principalement les jardins des Princes Weafomky 8c Neplujew, fitUés fur ie bras fupérieur de la Néva. La derniere de ces campagnes, qui eft a 1'extrèmité de la riviere, a un fite des plus raviflantS: Plmpératrice Pa achetée depuis peu, 8c elle veut en faire un beau féjour d'été en 1'arrangeant avec le goüt délicat qui lui eft pröpre. Le jardin !e plus grand 8c le plus fuperbe, quoique conftruit par Pierre le Grand dans Pancienne maniere fymmétrique, eft fans contredit celui de Peterhof, chateau de plaifance a 30-Werftes de St. Petersbourg 8c féjour ordinaire de la cour impériale pendant 1'été. On peut appeller a bon droit ce jardin Ie Verfailles Rufie, a caufe de fes édifices coüteux &multipliés, de fes, machines hydrauliques, de fes cafcades, defesfta- Tt 3 tues *) r Werfte fait sootoifes; 1 toife 7 pieds d'Angleterre; 7 Werftes font 1 mille ordinaire d'AUemagne.  334 Second Jppendice. Courtes noiices de divers jardins, tues de marbre, de fon pare & deslayes qui Ie percent; a plus d'un égard mème il a beaucoup d'avantage fur le jardin plein d'oftentation de Louis XIV. Le fite avantageux du jardin de Peterhof décide feul en fa faveur. Le chateau, les batiments deftinés a la cour, & le jardin fupérieur, font de 40 & quelques pieds au deffus du niveau de la mer; mais le jardin inférieur, long de prés de 3 Werftes, touche au rivage de la mer,- qui lé borne du cóté du nord - oueft. La vue eft extremement vafte & raviffante. Elle paffe par deffus le jardin inférieur & donne fur Ia mer; k gauche, & a quelques Werftes de diftance paroit la ville, la fortereffe & le portdeKronftadt; direaement au dela de 1'eau qu'animent des navires, fe montre la province de Carélie & a droite le port aux galeres avec une partie de la ville de St. Petersbourg, dont les tours dorées & brillantes frappent les yeux. Tous les jets d'eau, les étangs &c., font remplis d'une eau de fource pure & potable. Le pare attire par les layes qui le touchent, par les forèts qui 1'environnent vers le fud-eft, le fud & Ie fud-oueft, & qui font percées d'ouvertures & de longues perfpe&ives, enfin par l'es prairies & les paturages, les collines variées, les pentes & les valons entrêmelés a ces forèts. La décoration intérieure du jardin étale la pompe, le fuperflu & la magnificence de randen gout. , L'enfemble préfente aux navigateursun afpeét des plus fuperbes & qui éblouit k vue. Les plantations du jardin confiftent en petits bois de bouleaux, d'aunes, & d'érables, coupés en long & en large par plufieurs allées réunies I des repofoirs, des cabinets de treillage & des pavillons qui préfentent des points de vue & des promenades variées. La plus longue de Ces nombreufes allées s'étend au dela de mille toifes; a compter du milieu cette allée mene vers Toueft au palais de plaifance nommé Marly, & vers Peft a Monplaifir, autre batiment de plaifance au bord de la mer.*) 2. Le *) Les vues des chateaux de plaifance la direftion de Mr. le Confeiller d'état dë de Peterhof, Sarskoe-Selo & Oranien- StkheUn, & les gravures en ont été pufc>aum ont été tirées en perfpeftives fous bliées fous le regne de 1'ImpératriceEUfa- beth,  shdteausc de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 335 2. Le meilleur goüt en faif de jardins ne s'introduifit en Ruffie que fou9 Pheureux regne de PImpératrice Cathérine II, aétuellement fur le tróne. Ce meilleur gout fut auffi une des innombrables améliorations nobles & grandes, ou plutót des nouvelles créations de cette Princeffe illuftre. Son tact délicat pour les beautés de toute efpece, fes profondes connoiffancesenfaitd^tsfibéraux, durent bientót la prévenir en faveur de la Mufe champètre, qui, filfe de Ia nature, dépouillée d'art & de fard pleine d'une aimable innocence, fe préfentóit k celle qui regne fur les cceurs. Cette Impératrice, qui étoit auffi deftinée a polir le goüt & les beaux arts dans fes vaftes états, fit a Oranienbaum, étant encore grand Duchelfe, l effai dTmitér un jardin a PAngfoife dans un canton bocager placé visa-vis de fon palais, & elle fit cet eflai avec une délicateffe & un fentiment du beau, qui annoncoif aTart des jardins lavenir le plus ftatteur. EevenueSoirveraine, Cathérine II cxècuta avec un artmagique un jardin d'hy ver prés de fon palais de St. Petersbourg deftiné a cette faifon. Elle fit conftruire un long jardin fufpendu entre deux nouvelles galeries de peintures compofés des tableaux fes plus précieux de toutes les écoles principales, & au bout de ce jardin, Phermitage, rempli en grande partie de morceaux de cabinet: a cóté de ce jardin fufpendu, elle fit planter un jardin particulier pour Phyver, oü, pendant cette faifon, on trouve non feulement des arbres & des arbrüfeaux en fleurs, des groupe. de celles-ci& unjet d'eau, mais encore toutes fortes d'oif.aux indigenes & étrangers, qui nichent, voltigent & chantent ici. Enfuite elle fit Ie plan d'un trés-grand jardin du ftyle noble; ce jardin, d'un mille d'AUemagne d'étendue, accompagne fon chdteau favori de Sarskoe-Selo déja raviffant par fon beau fite élévé, & fut commence dès la fecondeannée aprés le couronnement. de PImpératrice, qui le fait toujours continner avec beth en trois planches doublés & deux encore Ut copier trèVproprement ces fimples papier royal & folio; mais les vues en ,6mo pour un almanaeh dacottr plans d;; ces édifices, ni ceux des jardins, Ruffe, n'ont pas été publiés. Mr. de Staheün a  3 3 6 Second Jppendke. Caurtes notkes de diuers jardin^ avecune dépenfe étonnante. Ce jardin fuperbeeft enrichi des plus beaux oointsdevue, de plantations, de bois, de bofquets, delacs, d'iles, de ruiffeaux, de cafcades, de montagnes & de vallons; de différentes fortes d'édifices de marbre & d'autres pierres; de monuments magnihques enCés a l'occalion de quelque grande viétoire^ d'arcs de triomphe, de pyramides, & d'obélifques confacrés a la mémoire de quelque événement remarquable pour la nation; de ponts, de pavillons, de galeries & de temples fuperbes; d'une foule de tableaux variés, traces par la nature &. nar l'art, tableaux qui s'étendent presque fur tout 1'horlfon autour du chateau, dont retage fupérieur préfente les vaftes campagnes quarrofe la Néwa & la ville de St. Petersbourg éloignée de trois milles. Quand ce iardin, monument éternel du goüt délicat de la Souveraine, fera achevé fans doute qu'une defcription digne de lui le fera connoitre d avantage aux étrangers. *) Pour exécuter cet établiffement qui peut-etre [uLffera un jour en richeffe &en goüt tous les ouvrages de cette efpece en Europe, Cathérine envoya er? Angleterre des hommes intelligents, & en fit venir de ce pays. Et peu de temps après on commenca aufli un erand iardin de bon goüt auprès du grand palais de Mofcau, jardin que depuis quelques années on travaille conftamment a mettre en etat. Les grands commencerent bientót a imiter l'exemple admirable que donnoit 1'Impératrice. Les deux Comtes Tfchernifchef, qui ont de com1 le goüt le plus délicat, & dont 1'un, Mr. le Comte Sachar Gngonewitfch eft aujourd'hui Feldmaréchal & Gouverneur de Mofcau 'autre, Mr le Comte Grigoriewitfch, eft Miniitre de cabinet & Viceprefident du college de 1'amirauté, furent les premiers qui changerent en jardins Anglois les jardins 11'antique deleur palais de St. Petersbourg. Enfuite Lurent les changements heureux que Mr. le Comte Rafumoffsky fit faire a fon jardin, autrefois le jardin Löwenwold. Dans *) On n'en aqu'un feul plan encore, 1'explication joW a ce plan eft trés. qui eft affez rare & que 1'Académie itn- courte & en langue Rulle, périale des Sciences publia en 1778;  chateaux de plaifance, maifom de campagne, édifices champètres &c. 337 Dans ce temps on fit venir en Rufiie divers habiles jardiniers Anglois. Le Prince Orlow leur fit planter un jardin extrêmement beau dans fa terre de Gatfchina k trois milles (d'Allemagne) de SarskoeSelo. * A cinq Werftes de ce chateau impêrial de plaifance le Grand-Duc & la Grand'-Duchefle choifirent un canton agrefte, enrichi de diverfes variétés naturelles, & fuivant leur penchant pour les attraits doux & paifibles de la nature, penchant fi propre a rendre heureux, ils y firent batir fur leurs plans pleins de goüt, une maifon de campagne entourée des plantations & des deffeins les plus agréables. Depuis quelques années on cultive extrêmement ce beau féjour, nommé Pawlofska d'après le Grand-Duc; & comme ce Prince & fon époufe connoiffent Part encore rare parmi les Grands, d'y jouir d'eux-mêmes dans Ie repos de 1'heureufe vie champètre, ce jardin voit augmenter tous les ans les embelliffements de fon fite, le développement de fes perfpeétives ravifiantes, & le nombre des nouveaux édifices & des ouvrages rares qui Ie décorent. II faut encore ranger parmi les jardins Anglois les plus nouveaux de St. Petersbourg ceux du Prince Scherbatow, au bord du canal inférieur de Moika, que le Miniftre plénipotentiaire de la Grande-Brétagne, le Chevalier Harris, a Ioués ainfi que la maifon. Ce locataïre a fait renverfer les allée?, les berceaux, les grottes &c. a Pantique, pour conftruire k la place un jardin qui eft raviflant par fa variété, & dont il a ordonné lui-mème 1'enfemble. II faut encore mettre parmi les defTeins perfeélionnés le nouveau jardin Anglois qu'on a tiré d'un bofquet orné d'eaux dormantes, courantes & jaillifiantes, & qui eft joint a la maifon de campagne que le Comte d'Oftermann, Vice-Chancelier de I'Empire, pofiede fur le chemin de Peterhof, k dix Werftes de St. Petersbourg. Le jardin de Mr. Ie Confeiller d'état Demidof k Mofcau, eft encore particuliérement remarquable, a caufe des plantes exquifes, & en partie Tome F. Uu mème  338 ' Second Jppendice, Cour tes notices de divers jardins, mème rares, que Pony cultive en quantité, & dontle nombre montoit h 2200 fuivant le catalogue publié il y a quelques années. *) Mofcau, qui eft fitué fous un climat plus méridional de cinq degrés que St. Petersbourg, & qui par conféquent eft plus propre aux jardins que cette caprtale, offre déja dans les beaux cantons qui 1'environrwnt, plufieurs jardins ordonnés d'après le nouveau goüt. De ce nombre eft le jardin du féjour autrefois nommé Annahof, oü l'on vient de batir tout nouvellement un palais impêrial: il eft prés du fauxbourg Allemand fur une éminence de laquelle on dé.couvre vers feft, le nord, & 1'oueft, la ville qui eft d'une étendue étonnante & occupe tout 1'horifon. Ce jardin, planté par 1'lmpcratrice Anne, eft le mème dont nous avons remarqué plus haut que Plmpératrice d'aujourd'hui Pavoit adapté au nouveau goüt. II eft ouvert aux habitants de Mofcau, & leur fert de promenade publique. A deux milles (d'Allemagne) environ, Mr. Ie Comte de Scheremetoff, ci-devant grand Chambellan, poffede une de fes plus agréables campagnes; elle fe nommeKoskowa, & on Pa extrêmement embellie de temps en temps. La maifon, accompignée de deux ailes, eft au milieu d'un jardin enrichi de diverfes fortes de batiments, de plantations & d'eaux, & jouit de plufieurs afpeéts raviffants & variés. **) Jeropclitz, féjour champètre que Ie Feldmaréchal & Gouverneur général Comte de Tfchernifehefï a créé lui-mème a quatre-vingt-dix Werftes de Mofcau, mérite encore qu'on en parle ici. Ce feigneur, qui fait améliorer & embellir avec efprit, avec gout & avec une aétivité infatigable des pays entiers,'a fu ordonner Ia première entrée de Ia cour a cóté du chateau de plaifance, de maniere que huit afpeéts en perfpeétive *) Enumeratioplantaf urn» quaeirthor- né, & en offre Ia traduftion Ruffe: la to viri ilI.Dom. Procopii aDemidof, Con- préface renfermela defcription & leplan filiarii Status aftualis, Mofcuae vigent; du jardin. re'cenfentéP.S^Pallas. 8- St. Petersbourg **) Ils ónt été deffinés par un deffina1781. Ce catalogue.énumere les plan- teur Ruffe nommé Makajcw, & gravés tes foüs les noms que leur a doniié Lin- a Paris en 12 planches.  ckdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3«9 ve préfentent tout Ie payfage: il eft parfemé de maifons & de fermes qui forment un village éloigné, & qui avec les métairies plus rapprochées femblent ne compofer qu'un feul jardin immenfe, & enrichi de vues toujours variées. L'ordonnance ingénieufe de ce lieu de déüces propre a fervir de modele, & qui reffemble a un beau jardin Anglois, mériteroie bien d'ètre rendue plus connue par des gravures auffi bonnes que les deffeins que l'on en a déja. La relation qu'un célebre voyageur *) nous a donnée de Baba , mérite encore d'ètre ajouté'e a ce qu'on vient de dire. Baba eft le nom d'un petit village è la Hollandoife, que Mr. le Grand-Echanfon de Narifchkin a fait batir entiérement a neuf, & auquel appartient un jardin Anglois fitué vis-a-vis, & tel que peu de jardins d'Angleterre 1'égalent en agrément. II confifte en plufieurs iles, liées entr'elles par divers bateaux & ponts bien batis. Les premiers font presque tous des petits bacs, oü l'on fe peut paffer foi-mème par le moyen d'une corde; ceux qui veulent fe promener plus long-temps fur l'eau, trouvent des petites barques & des bateliers a leurs ordres; on trouve encore ce qu'il faut pour la pêche. On rencontre par-ci par-la des jeux de quilles, des efcarpolettes & d'autres amufements, fur-tout une foule de pavillons grands & petits. Dans 1'un font même des gazettes comme dans un caffé, & dans un autre eft une chambre obfcure pour ceux qui veulent s'amufer a deffiner. Les allées, lespeloufes, les collines, les petites promenades, font ordónnées avec goüt; la verdure eft animée; & le tout orné de ftatues & de buftes de marbre & d'autres matieres. Pendant 1'été ce jardin eft ouvert au public deux fois la femaine: on donne gratis a tout !e monde des raffraïchiffements, & en divers endroits la mufique fe fait entendre. S'il fe trouve une compagnie qui ait envie de danfer, elle en eft la maitreffe. On ne peut affez louer les foins hofpitaliers & la politeffe que le proprié- Uu 2 taire, *) Mr. Bernoulli, membre de 1'acadé- iande, Ruffie & Pologtie, dont Ie premie royale des fciences de Prnfle&c&c., mier Tome feulement a été publié en dans le 4e Volume de fes voyages de Francois, a Varfovie en 1782. Brandebourg, Poméraine, Pruffe, Cour-  340 Second Appendice. Courtes notices de divers jardinsy taire, & Madame fon époufe, mettent dans leur maniere d'accueillir les étrangers, leur parlant quelquefois & les invitant a la gaiété. L'lmpératrice vifite fouvent ce féjour attrayant & unique dans fon genre; & aux jours deftinés a cet effet, la haute nobleffe s'y rend en foule. Mr. le Grand - Veneur de Narifchkin, frere de celui dont je viens de parler, poffede un lieu dans le même goüt, nommé Haha. IX. La P o l o g n e.*) il Varfovie, ainfi que plufieurs grandes villes, manque de promenades publiques fuffifantes, & n'en a proprement que deux qui méritent ce nom. La première, & la principale, eft le jardin Eleétoral de Saxe, fitué dans le fauxbourg de Cracovie. Ce jardin eft pour les habitants de Varfovie, ce que font les Tuillerics pour les Parifiens. II confifte en un long & large parterre garni de tilleuls, de chata'igniers fauvages, de haies élevées & de mauvaifes ftatues, au bout duquel eft un falon ouvert, décoré de colonnes & de pilaftres d'ordre Corinthlen, que les Rois Saxons précédents avoient deftiné a porter un réfervoir pour les jets d'eau qu'ils vouloient faire conftruire; maintenant ce falon fert a vendre des raffraichiffements. Derrière cet édifice font encore des promenades ombragées, & des deux cótés du parterre des vergers & des potagers avec quelques batiments fans conféquence. La partie qui fait le milieu de ce jardin *) Mr. le D. de Geret, Sénateur de la Cour Eleftorale de Saxe a Varfovie, arville libre & immédiate de Thorn, & ci- tifte qui réunit aux connoiflances de 1'ardevant fon Réfident a Varfovie, favant chitefture d'autres connoiffances & un & ami desfavants, aeu la complaifance gout rare en fait de l'art des jardins. de me procurer, toüchant les jardins de Mr. de Geret a joint quelques remarques Pologne, ces mémoires encore inconnus. & ces mémoires. Us font de Mr. Zugk, Architette de la  thdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champetres &c. g 41 Jardin eft ouverte a tout Ie monde, ainfi que le paffage du jardin mème pour la commodité du public. Sous le Roi précédent des plattes-bandes couvertes de fleurs & une orangerie décoroient ce parterre; aujourd'hui des gazons en occupent la place, & les allées ainfi que les haies font a peine entretenues en bon état, la cour ne trouvant pas a propos d'y faire plus de dépenfe, enforte que le fallon, bati d'ailleurs dans un affez bon goüt, eft prés de fa ruine. Le palais attenant a ce jardin eft un vafte édifice peu remarquable du cóté du goüt. La cour qui le précede eft une des plus belles 8c des plus vaftes de la ville: en général tout le fite de cette poffeffion eft beau, 8c a toutes les qualités requifes dans une demeure royale. La feconde promenade publique eft Ie jardin Kraszinski, aujourd'hui a la république, placé dans la rue du foin. Sa diftribution a quelque chofe de plus neuf que celle du jardin de Saxe, auquel il reff mble, quoiqu'il ait moins d'étendue 8c d'ombrages. Le palais adjacent eft une belle mafte de batiments dont les proportions font affez bonnes; onl'a entiérement rétabli après Pincendie de 1'année paffée. Tous les colleges de 1'état, excepté le confeil permanent, fiegent ici, 8c l'afpeét de l'édifice eorrefpond a cet ufage, car il fait naitre un fentiment de refpeél; c'eft cependant dommage que I'entrée de Ia cour, qui eft affez grande, donne, non fur le corps de l'édifice, mais fur une longue ai!e qui ne fignifie rien. Le pare royal des bètes fauves, prés d'Ujasdow, vient du Prince Cafpar Lubomirsky. Ce pare eft a la vérité dans Penceinte du foffé nouvellement creufé qui renfermé les fauxbourgs; mais il eft a Pextrêmité du fauxbourg, a une demi-lieue au fud de Ia ville, 8c ne peut par conféquent pas être proprement mis au nombre des promenades publiques de la ville, quoiqu'il foit ouvert a tout le monde, 8c fort fréquente, même quand le Roi 1'habite en été. Au commencement du regne aéïuel, c'etoit un bois marécageux planté d'aunes avec quelques canaux 8c quelques pieces d'eau ruinées, auprès d'une desquelles étoit un édifice dans Ie goüt grotefque; il contenoit quelques chambres 8c un bain décoré de Uu 3 ftue  342 Sexond Appendix. Courtes notices de divers jardins, ftuc & de coquillages, qui a donné a ce féjour le nom de bain qu'il porte encore aujourd'hui. Le tout étoit tombé en décadence & devenu inculte fous le gouvernement précédent qui Pavoit obtenu pour quelque temps du Prince Lubomirsky; tout i'ufage qu'on en faifoit alors fe bornoit k y nourrir quelques animaux, 8c a ce qu'un des gardes chafTe du Roi y tenoit une auberge. Le Roi d'aujourd'hui, ayantHcheté ce lieu du Prince Lubomirsky, n'epargne aucune dépenfe pour Pembellir, 8c pour corriger le mauvais air qu'y caufent les eaux croupiffantes. Dans cette vue on a détruit tous les vieux aunes a moitié morts, & on les a remplacés par toutes fortes d'arbres a feuillages & d'arbres coniferes & réfineux, plantés avec beaucoup de fuccès en maiTifs & en allées. On a ménagé des promenades de toute efpece &de nouvelles pieces d'eau; on a relevé les endroits 8c les allées humides; on a percé de nouvelles perfpeéKves aboutiffant a divers objets intéreffants, comme Villanow, Mokatow, Czemiakow; on a racommodé 1'ancien batiment des bains & on Pa ren-, du habitable pour leRoi; Pon a eonftruit auffi de jolis batiments nouveaux pour la familie royale & la cour, & cet été (1784) on a donné au bain une nouvelle faqade de grez avec des colonnes ifolées d'ordre Coxinthien, & Pon continuera probablementa décorcr de mème les autres cótés du batiment. On emploie fur-tout de grandes fommes pour remédier au principal inconvénient, qui eft l'air mal fain que Pon tache de corriger, mais en vain jufqu'a préfent, en conduifant de l'eau fraiche dans les canaux d'eau croupiffante. Cependant on ne cefie de faire de nouvelles tentatives, 6c l'on s'oceupe aétuellement k examiner fi Pon ne pourroit pas détourner & conduire dans le para un ruifieau qui tombe dans la Viftule k deux milles d'ici prés de Jeziorne. Si cette entreprife réuflit, le pare d'Ujasdow pourra devenir un féjour agréable & falubre, étant couvert du cóté de 1'oueft par une grande colline, du cóté du nord par la ville, 8c ayant a Peft 8c au midi de belles vues fur la Viftule 8c fur des plaines fertiles 8c habitées. 11 ne manqueroit alors pour le rendre achevé, que de batir fur la colline fituée k 1'oueft, peu loin du Belveder, une nouvelle habitation d'été pour le Roi, Sc de remplacer ainfi le vieux batiment,  chdkaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 343 Wtimeht, qui avec Ie jardin de Mr. Bacciarelli, peintre du Roi, occupe aétuellement cette colline. Elle préfente de divers cótés une vue charmante & fans bornes; au deffous eft Ie pare des bêtes fauves, a quelque diftance la Viftule, & derrière la colline une Jarge & quadruple allee de tilleuls, qui, bordée des deux cótés de vergers, conduit jufqu'a la rue pavee du fauxbourg nommé le nouveau monde. Une partie du bois eft elos par une haie, & fert a garder diverfes fortes de gibier & d'oifeau^ étrangers. Le jardin du Prince Cafimir Poniatowski, frere alné du Roi, eft dans le fauxbourg nommé le nouveau monde; c'eft un ouvrage imparfait, commence il y a fept ans, & dans lequel on trouve quelques jolies parties qui font achevées. De ce nombre font une grotte & divers réfervoirs creufes dans le roe, avec une cafcade au pied d'une montagne coüverte rufhquement de toutes fortes d'arbres & d'arbriffeaux. Une des allées mterieuresy qui n'eft éclairée qu'autant qu'il eft néceftaire par quelques ouvertures faites en haut, mene après diverfes finuofités a une porte dont Pouverture offre Pafpeér inattendu d'une falie fouterraine fuffifam-' ment éclairée, dont les murs, & quelques colonnes qui fervent a foutemr quatre grandes niches avec des fieges, font de marbre fadice & por tent une coupole joliment évuidée en maniere d'ornement, & que termme en haut une ouverture par ou le jour tombe dans ce fouternin Huit buftes d'Empereurs romains font placés fur des confoles ie long des murs, & des bas-reliëfs fe voient au deffus des portes. Devant cette grotte, faite en ftuc & imitant paffablement bien la nature, fe trouve une grande piece deau avec une ile dans laquelle eft un pavillon Chinois • cette ile tient au bord de la piece d'eau par un pont ruftique, & elle eft couverte d'une épaiffe plantation d'arbres. D'un autre cóté on parvient aun chemin creux, a I'entrée duquel eft une vieille auberge villageoife qui renfermé aufli quelques jolies chambres. Au bout de ce ehemifl on voitfurune hauteur un temple rond qui, porté par des colonnes ïoniques furmonte les arbres dont il eft environué. Ce temple eft fur un ro>-' compofé de pierres de tale} au milieu fe trouve un autel, & Ia vue que Pon  344 oVtmi Appmdke. Courtes notices de divers jardins, Pon appergoit du dedans de ce temple eft fuperbe. Au deffous eft encore un joli cabinet, & fous celui-ci une feconde grotte d'un goüt tout différent de la première, & ornée d'un jet d'eau. A la diftance convenatfc cet enfemble préfente un beau tableau, qui tient a un petit bois planté de bouleaux, fous les ombrages desquels on parvient jufqu'a Torangerie. Sur la colline fe trouve encore une tour Turque, ou Minaret, avec un efcalier en limaqon qui mene au fommet, & peu loin de la un petit batiment dans le mème goüt; il fert de cuifine, &des allées fouterraines menent dïci au fallon fouterrain dont nous avons parlé. Au pied de la montagne que furmonte cette tour, eft encore une petite métairie. Tous ces édifices devoient ètre réunis enfemble par une grande maifon projetée, & pour laquelle on avoit déja mené les pierres de grez néceffaires; 1'exécution de ce projet ayant manqué, ces batiments n'ont aucune liaifon, & ne font que des parties détachées dont 1'exiftence ne peut qu'étonner les fpedtateurs. Cependant les plantations bien entretenues de Ce féjour fourniffent une promenade agréable au public. Dici on découvre tout le fauxbourg nommé Solec ou Schuletz, & a quelque diftance un établiffement formé dans ce fauxbourg par le mème Prince Poniatowski, mais appartenant aujourd'hui au Prince Sapieha grand -chancelier de Lithuanie. Ce jardin & fon batiment, commencés il y a prés de douze ans, furent les premiers de cette efpece a Varfovie, & confiftent en fragments de jardins Anglois qu'on apprit alors a connoitre ici. Et quoique ce lieu foit très-enfoncé & expofé aux débordements de la Viftule, onyvoit cependant divers jolis morceaux, p.e. une églife gothique a 1'extièmité d'un tapis verd, garni d'arbres & de plufieurs cabanes de payfans, qui renferment quelques jolies chambres décorées avec goüt. De plus, une piece d'eau confidérable, prés de laquelle un vieux moulin & des ruines offrent une image pittorefque. Dans les ruines mème oneft furpris par de petites falies richement ornées. Dans le batiment attenantaces ruines, & fitué de Pautre cóté, fe trouvent un beau bain avec quelques grandes chambres& falies de bon goüt, ornées d'ouvragesenrtuc&depeintures.*) Une *) On a une planche publiée en 1775 & repréfentant les parties 3e ce jardin.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 345 Une montagne couverte de vignes s'éleve vis - a - vis au bord de l'eau & empêche que l'on ne découvre 1'enfemble tout a la fois; mais cette montagne eft trop en ligne droite. Du temps de 1'ancien propriétaire on avoit ici de grandes ferres & plus de 5000 Ananas dans des batiments longs de 2C0 aunes & conftruits expres. La première montagne, de laquelle on découvre tous ces objets a quelque diftance, eft féparée par un chemin creux, que traverfe une rue, d'une autre montagne un peu plus haute oü demeure aétuellement Ie Prince Poniatowski & qu'il a garnie de plantations & de divers batiments. La maifon que Ie Prince habite avoit été conftruite pour une auberge publique qui devoit répandre de Ia vie fur 1'afpeét appercu de l'autre montagne, oü Ie Prince comptoit demeurerquand le batiment fut fait, le Prince réfolut de Ie prendre pour lui On 1'arrangea donc pour cet effet du mieux qu'il fut poffible fans changer Ie tout, & on Paccompagna des batiments acceffoires néceffaires & d'un grand manege fur les mürs intérieurs duquel eft peint un bois. II n'y a que deux ans que le Prince batit encore un édifice avec deux falies & une grande ferre a Ananas. Ce feigneur aétif a dépenfe ici prés de deux cent mille ducats en douze ans. Entre la montagne qu'habite aétuellement Ie Prince, &Ie chateau d'Ujasdow que nous venons de décrire, Ie Prince Stanislas Poniatowski aujourd'hui Grand -Tréforier de Lithuanie, & fils du précédent, batit il y a cinq ans une maifon & un jardin fur la même montagne, qui s'étend en formant quelques finuofités. Le jardin eft un mélange de régularité & d'objets ruftiques; a tout prendre il décore Péminence que nous venons de décrire, & qui ci- devant n'étoit couverte que de briqueries de glaifieres & d'abymes. Les ferres de ce jardin font les ferres les plus confidérables de la ville. Le jardin qu'a fait planter dans Ie fauxbourg nommé le nouveau monde la défunte Comteffe de Bruhl, époufe du Miniftre Saxon, eft tout alligné dans le goüt dominant d'alors, mais il a de belles a'llées touffues; aujourd'hui il appartient auffi au Grand-ChanceJier Prince Sapieha. Son beau fite & fa grandeur feroient de ce jardin une promeTomF. Xx nade  346 Second Appendice. Courtcs noticet de divers jardins, nade publique fuperbe, mais il eft ferme, paree-qu'il a beaucoup d'arbres fruitiers dont le propriétaire veut tirer parti. Le jardin conftruit par le défunt Baron de Riaucourt dans la me des meffes ou des Capucins, appartient aétuellement a la maifon de Borch; il eft dans le même goüt que le precedent, & fert aujourd'hui de jardin public; il eft nouveau & entouré de maifons, 8c il a de jolies parties 8c une grande ferre. On trouve différents jardins plus petits auprès des palais des Grands 8c des maifons de particuliers aifés; ces jardins conliftent la plupart en arbres touffus 8c en gazons garnis d'orangers 8c de fleurs. Tels font ceux des palais Czartoryski, Branicki, Oginski, Potocki 8c d'autres païais 8c maifons. Attenant ala partie de Ia ville neuve nommée Javory, qui eft tout pres du foffé- nouvellement creufé, fe trouvent encore quelques jolis établiffements, parmi Iesquels fe diftingue fur-tout celui du Prince Poninskü Grand-Tréforier de Ia couronne; ce lieu fe nommé: Sans-gène. Dans Ie pavillon, bati avec beaucoup de goüt, eft une jolie falie, une-chambre qui reffemble a 1'intérieur d'une riche tente, une autre dont 1'intérieur eft artiftement décoré de têtes de clouds, entremèlés de miroirs, 8c plufieurs autres chambres toutes décorées d'une maniere différente. Dans Ie fond du jardin eft un petit lieu agrefte, bien ombragé, au milieu duquel eft une piece d'eau. Mr le Banquier Cabrit poffede aétuellement ce féjour. Peu loin de la font les jardins de Mr. le Banquier Blanc 8c de quelques autres négotiants; ces jardins meritent d'ètre vilités. I! ne faut pas négligé* non plus le petit mais joli jardin Liskievviczi fitué dans le même canton, 8c ayant un pavillon champètre de bon goüt. Tous ces jardins font bien entretenus, 8c étoient enrichis par la nature d'un ruiffeau qui les traverfoit, mais dont on ne s'eft fervi que pour remplir quelques baflïns d'une eau immobile, comblant la vallée oü couloit ce ruiffeau, tandis qu'on auroit pu en tirer un bien meilleur parti. Aétuellement cette eau eft falie par un canal qui s'y rend de la ville, mais que l'on travaille a conduite par un autre canal dans la Viftule. 2. Les  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3 4 7 2. Les environs de Varfovie ne font rien moins que variés, & fi Ton en excepte Ia hauteur fur laquelle Ia ville même eft fituée du'cóté de Ia riviere, hauteur qui vers Ie nord s'étend jufqu'a Mlodzin, & vers le fud jufqu'a Willanow, cette capitale n'eft entourée que de plaines a perte de vue, oü l'on ne rencontre que des collines peu confidérables. Nous ne favons ici ce qüe c'eft que des cantons romanefques, & nous ne devons qu'a l'art ceux qui peuvent mériter ce nom. Auffi eft-ce la hauteur dont nous venons de parler, &qui ferpente vers 1'eft pendant 1'efpace de quelques milles (d'Aliemagne), dont le fite admirable du cóté de la Viftule invita les propriétaires du fol a y bkür fousce regne des maifons de campagne, & a répandre de la vie fur les flancs de la montagne en les couvrant de plantations. Ainfi naquit le bel établiffement de Mokatow, oü l'on ne trouvoit SI y a douze ans, que quelques ronces. La Princeffe Lubomirska, veuve du Grand-Maréchal de la couronne, née Princeffe Czartoryska,'choifitcelieu, fitué immédiatement derrière le pare royal en dela du foffé creufé autour de Varfovie; elle batit fur la hauteur une maifon, petite a la vérité, mais décorée avec beaucoup de goüt, & changea une partie de la pente douce de la montagne en un bois charmant qui, offrant des fpeétacles toujours variés, conduit jufques h Ia belle plaine fituée au deffous. II y a deux ans qu'un Allemand réuflit a garnir ce lieu de jets d'eau, après qu'on eut depenfé fans fuccès beaucoup d'argent keet effet, & Iorsqu'on commenqoit k perdre toute efpérance de réuffir. Le dehors de la maifon de campagne ne promet qu'une maifon feigneuriale ordinaire, conftruite en maconnerie dans un village, & fon entrée eft auprès d'une tour ronde, attenant laquelle on a bati un pavillon & une porte dans le goüt Flamand. L'intérieur du pavillon confifte en une jolie chambre qui préfente a découvert la vue de la ville & de la grande-route voifine. D'ici l'on parvient, au travers d'un beau verger & d'une verte peloufe, a la demeure de la Princeffe. Le peron de l'édifice eft garni fans art de Xx 2 pierres  348 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, pierres de talc grifes, ainfi que de cyprès, de lauriers & d'autres plantes dans des cuvettes couvertes. L'intérieur de l'édifice répond a Ia condition & au goüt de celle qui 1'habite; il renfermé quelques pieces néceffaires pour la commoriité de la Princeffe, une falie & un bain décoréde ftuc. A peu de diftance d'ici l'on a ménagé les cuifines dans un enfoncement, & derrière celui-ci dans le village, une ménagerie dont I'entrée fe diftingue par une tour gothique, haute & quarrée, qui fert de pigeonnier. De l'autre cóté du verger, fe trouvent a quelque diftance 1'onngerie & les ferres. Des arbres élevés, tant fruitiers que fauvages, rompent la liaifon de ces divers batiments & leur donnent un afpeét vraiement champètre. Le bain eft dans la partie inférieure de la maifon du cóté du bols; de ce bain on parvient a un petit parterre de fleurs; il eft quarré & Pon peut aufli s'y rendre des chambres fupérieures, en defcendant un efcalier hors d'ceuvre; des fentiers commodes partent de cóté de ce parterre, & faifant divers finuofités a travers le bois agreftement planté de divers arbres a. feuilles, d'arbres coniferes & réfineux, & d'arbriffeaux fleuris, conduifent le long d'une pente douce, vers un jet d'eau qui co;;fifte en une urne placée fur un morceau de mur; une belle nappe d'eau tombe de cette urne dans un baflin de pierre, & après 1'avoir rempli, s'épanche pour former un petit ruiffeau qui ferpente entre les cailloux & fe perd. Quelques collines & des bancs de cailloux couverts de mouffe, avec quelques fleurs champètres & des arbriffeaux fleuris, rendént cette partie un point de vue agréable pour le fallon ouvert & fait d'écorce, fitué peu loin dans un taillis. Ce fallon eft un oétogone avec quatre ouvertures donnant fur-tout autant d'avenues qui menent au fallon. Seize colonnes, c'efta-dire: Seize troncs d'aunes couverts de leur écorce, portent un Dóme dont le haut eft percé d'une ouverture. Les parois ck le Dóme font extérieu ement recouverts de différentes efpeces d'écorces, & intérieurement de natte? angloif s fines, entourées par compartiments d'un large cadre de mouffe grife, bordé par une rangéede fruits faétices imitant ceux du prunellier & de 1'églautier placés alternativement. Les meubles de ce féjour font du mème goüt, & le fol eft pavé de petits cailloux en mo- faïque,  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 34$ faïque. Plufieurs fentiers, tantót plus larges & tantót plus étroits, ferpentent dans le taillis & menent fubitement a une petite grotte percé de deux ouvertures: cette grotte, en grande partie compofée de tuf de Cracovie, entre-mèlédegrosmorceauxdemarbrebrut&detalc, entaffé» ruftiquement les uns fur les autres, efl tapifiee de Iierre & d'autres plantes rempantes. Par deffus une de ces ouvertures fe précipite une cafcade dont l'eau fe perd au bas d'une colline fituée vis.a- vis de la grotte; peu loin de la colline, 1'onde fait une feconde chüte & tombe dans un baflin, d'oü elle continue fa courfe a travers les buiffons, coulant dans un lit de' cailloux bordé de toutes fortes de plantes aquatiques, & fe dérobant enfin aux régards. L'intérieur de Ia grotte eft garni de morceaux d'albatre de Cracovie rangés fans art, & préfente quelques bancs couverts de nattes; le fol eft pavé de gros cailloux. Un fentier mene ici a une colline placée vis-a- vis de Ia grotte; au fommet de cette colline, fous un toit champètre couvert de rofeaux & porté par quatre arbres, fe trouve un banc duquelon découvre a quelque diftance la grotte & fa cafcade; au deffous de foi l'on entend murmurer la feconde cafcade, & l'on joüit d'une vue agréable donnantfur un canton plus découvert, vue qu'on avoit defirée en vain jufqu'a préfent. Plufieurs chemins ornés de bancs & de toutes fortes d'afpeéts inattendus ramenent jufques dans la plaine inférieure oü font quelques grandes pieces d'eau irrégulieres, réunies entr'elles par des canaux qui forment quelques coudes de cóté & d'autre, & garnies de quelques jolis ponts trés - variés. Les rivages bien tapifies de gazon & ombragés par des platanes élevés & par d'autres arbres, fourniffent un abri mème pendant la plus grande chaleur. Au bord d'une de ces pieces d'eau font quelques cabanes de pêcheur accompagnées de tous les inftruments propres a Ia pêche, arrangés avec goüt quoique fans art. A peu de diftance de la cabane eft une cahute indienne ronde; fesparois fontformées de troncs de jeunes bouleaux drefles, & fon toit pyramidal eft couvert de joncsck de rofeaux; le dedans eft peint dans le goüt Indien. Une efpece de pont-levis garni des deux cótés de lits de fleurs, mene d'ici a une 3 piece  3 5 © Second Appendke. Comte! notices de divers j'ardim, piece d'eau plus grande, au bord de laquelle on trouve une tente a demi ouverte, & peinte intérieurement en arabefque, devant laquelle un beau tourbillon d'eau feprécipiïe dans un baflin encadré de fleurs 8c d'orangers. Ici l'on jouit de la vue libre d'une belle prairie ou tapis verd fitué.>en dela de l'eau, & que garniffent de grands bouleaux ifolés. " Derrière euxon découvre a quelque diftance une petite métairie; elle confifte en plufieurs batiments qui femblent trés-vieux. Toutes fortes d'oifeaux, comme paons, grues, cicognes, animent ce lieu en s'y promenant. D'un cóté de la prairie font quelques chaumieres; auprès d'une d'entr'elles eft un jardin a ruches avec une jolie demeure: derrière ces chaumieres s'éleve de nouveau un bois épais qui termine dece cóté le jardin5 ce bois touche a un grand chemin qui, par le moyen d'un pont élevé de magonnerie, conduit au pare royal. En quittant cette tente a moitié ouverte & conftruite en bois de charpente, on s'en'retourne d'un autre cóté, 8c l'on parvient inopinémenê a un grand parterre quarré, au milieu duquel s?élance un jet d'eau confidérable, haut d'environ i? aunes. Toute cette place eft reguliérement bordée 8cgarnie d'orangers, de lits de fleurs 8ï de bancs. On voit ici devant foi une collide couronnée de beaux arbres; de cóté un large canal, qui fépare Ie jardin d'une prairie couverte de bétail; 8c au loin plufieurs objets 8c plufieurs afpe&s pittorefques. Différents chemins ombragés ramenent enfin très-commodément dece parterre aux parties fupérieures du jardin. Nombre d'emplacements intéreffants, 8c de petites Iles encore vuides jufqu'a préfent, font deftinés a divers objets, que 1'augufte Maitrefie de ce féjour penfe exécuter fucceffivement, s'occupant fans cefie du foin d'entretenir parfaitement en état ce lieu agréable, 8c de 1'enrichir chaque année de quelque ornement nouveau & plein de goüt. Lorsque dici Ton prolonge fon chemin fur la colline 8c a travers le village de Mokatow, on parvient par une allée a la montagne des lapins, éloignée de quelques milliers de pas. Du temps des Rois Saxons l'on élevoit 8c l'on nourriftbit dans ce lieu des lapins pour la chafie; aujourd'hui ce féjour appartient a Mr. le Comte Tomatis qui veut y exécuter un  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &e. 9 5 * un grand jardin, dont les plantations font même déja affez avancécs. Dans un emplacement très-avantageux, féparé par un gouffre profond des autres parties plus élevées de ce féjour, auxquelles il ne tknt que par un pont, Ie Comte a fait commencer une maifon de campagne, qui, quoiqu elle ne femble pas d'un goüt bien délicat, promet quelque chofe d'extraordinaire quand elle fera achevée. Un grand Mtiment déja fait qui renfermé les cuifmes, fe trouve a gauche dans le vallon, & offre lapparence d'un antique monumentRomain, a peu pres comme celui dec/cilia Metella pres de Rome, connu vulgairement fous le nom de Capo di bove. A droite, a une certaine diftance, & au dela d'un chemin creux, fe trouvent quelques Mtlments deftinés a 1'économie, avec des ferres & une orangeriei le refte de la hauteur eft garni des plus beaux arbres fruitiers tires d'Italie. Les cheminscreux, qui menent dans les belles plaines fituées au pied de Ia hauteur, font bordés de vieux bouleaux, de peupliers & d'autres arbres; la montagne ifolée, fur laquelle on batit la maifon du propnefaire, eft garnie de toutes fortes de raifins d'Italie. Le-Comte a dépenfé beaucoup d'argent pour faire remonter les fources abondances qui fe trouvent ici, & il paroiffoit y réuffir; mais comme les conduit» étoient des pierrées a la maniere Francjoife, & qu'on n'a pas été affez prudenten les faifant, ils font en partie détruitsfc 1'eaua pris une autre route La vue qu'on découvre du fommet de la hauteur eft extrêmement belle, & il n'eft pas douteux que, fi le riche propriétaire continue k exécuter fon plan, ce lieu ne devienne un féjour plein d'attraits ■ D'ici le chemin, qui pafte par Ie village de Sluszewo appartenant au Prince Czartory ki, mene k un bois agréable de jeunes fapins, fitué immédiatement derrière le village, & occupé par des allées garnies de quel ques bancs difperfés. Ce petit bois s'étend jufqu'au bord de la hauteur que nous avons fuivie jufqu'ici, & jouit par conféquent de tous les avantages d'une belle vue. On découvre le beau ch&teau de Willanow dont nous parierons enfuite; ce chateau eft tout prés du fpeétateur; unpdtu rage large d'un quart de lieue, & croifé par des allées de faules, occupe leul Pefpace qui eft entre-deux. A ciroitc  353 Second Jppendice. Courles notlces de divers jardins, A droite ce bois touche au joli établiflement de Mr. Maifonneuf, chambellan du Roi. Ce féjour, nommé Roskosz ou laVolupté, n'eft feparé du bois que par un vallon, & confifte en un jolie petite maifon, avec deux ailes détachées, un beau verger, & une promenade agrefte qui parcourt Ie vallon jufque dans le fond, oü l'on trouve une grotte faite avec goüt; elle eft enrichie de quelques cabinets & a fes pieds jailüt une fource qu'entoure un revêtement. Le voifinage du petit bois de fapins donne divers avantages a ce lieu qui d'ailleurs feroit trop borné. On parvient d'ici a la faifanderie, diftante d'une demi-lieue de Roskosz, 8c de deux lieues de la ville. La faifanderie appartient a la familie des Princes Czartoryski; depuis plufieurs années elle ne fertplus a élever des faifans; c'eft un grand bois compofé d'arbres a feuilles & d'arbres coniferes & réfineux oü les hauteurs & les vallons fe fuccédent agréablement. Dans la partie la p'us bafle de cette faifanderie, on a percé cinq grandes allées, dont le centre de réunion eft fur la hauteur; Ie feu Prince Czartoryski, Palatin a Woywode de Ruffie, y fit conftruire deux ans avant fa mort un batiment confidérable, afin de tirer un meilleur parti de ce lieu fi plein d'agréments, auquel on n'avoit fait aucune attention jufqu'alors. Le bas de ce batiment contient trois falies & quelques cabinets, le tout peint en arabefque; la falie du milieu eft ovale, a moitié ouverte, occupe deux étages, & a une coupole portée du cóté ouvert par fix colonnes ïoniques. Les cinq allées dont nous avons parlé aboutiffent a cette falie, 8c offrent pour point de vue, Pune le chateau de Willanow, 8c les autres d'autres objets. Dans Pétage fupérieur font quelques petites chambres propres a être habitées 8c Pétage fouterrain, qui eft voute, renfermé la demeure de 1'infpeéteur & du conciërge. Cet édifice • occupe une ouverture du bois qui touche le batiment de deux cótés; du cóté des allées la vue eft entiérement libre, & du cóté de I'entrée eft une place verte avec un foffé & des arbres qui 1'entourent. Le bois dans 1'enfoncement eft un peu humide, fur-tout au printemps; mais comme il eft coupé de plufieurs canaux qui s'écoulent dans la Viftule, la plus grande partie eft feche en été. Au refte la partie fupérieure du bois eft d'autant plus feche 8c d'autant plus agréable. La  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 353 ■ La mort du Prince, arrivée peu de temps après que cet édifice fut acheve, empecha Péxécution de divers projets formes pour embellir ce lejourj peut-etre Ia propriétaire aétuelle, filie du feu Prince, la mème qmacreeMokatow, exécutera-t-elle avec le temps ces pro ets, cette Dame reumffant a un goüt exquis les moyens de Ie fatisfaire Un vallon agréable & ombragé mene d'ici dans la partie inférieure du bois & enfin par une allée quadruple au grand chemin de Willanow eloigne d un quart de lieue. Ces campagnes fortunées fe diftinguent des autres campagnes de ce pays, ainfi que toutes les vaftes poiïeflions de la maifon Czartoryski, par de beaux villages, des champs admirables, des prairies & des allées, & Pon découvre par-tout les traces d'une fag al mimftranon, & les fuites heureufes des foins infatigables du feu Prince pour répandre Pordre & 1'abondance parmi fes fujets, & pour réunir ce qui fe trouve firarement enfemble, une grandeur vraiement digne d'un Fnnce & une bonne economie; a cet effet le défunt avoit fur-tout rempli fespremieres places d'Allemands. De larges allées menent de tout cóté au cMteau de Willanow placé au milieu de ces cantons fertiles; ces allées fe terminent h la cour du chateau plantte de grands & vieux tilleuls, & entourée de plufieurs petites maifons, d'une grande auberge & d'une églife. Le chateau mème al air d'un edifice conftruit depuis peu, quoiqu'il ait plus de cent ans tanton enaconftamment eu foin. II refiemble entiérement auxmaifons de campagne Italiennes; auffi eft-il en grande partie 1'ouvrage d'un Italien; & quoique une recherche foigneufe y découvre plufieurs ftut-s contre le bon goüt, c'eft a tout prendre un beau batiment, digne d'ètre habite par un Roi: auffi fut-il bati par Jean de la maifon des Sobieski qui y mourut. Le Roi Augufte II Ie pofieda & Phabita auffi Ce cha' teau confifte en un corps de logis de deux étages, & en deux ailes attenantes; il eft décoréde colonnes & de pilaftres d'ordre Corinthien adoftés aux murs, entre Iesquels on a ménagé des ftatues & des bas-reliefs Le toit eft presque plat, couvert de cuivre & caché par une baluftrade furmontee de ftatues & de vafes. Ces ftatues font au deffus du médiocreTome V. v« ' 1 / - une  3 54 Second Jppendice. Courtes not'ues de divers jardins, une Flore fur-tout qui eft du cóté de la cour eft trés-belle. Mais les ftatues 8c les buftes du bas de l'édifice font la plupart des figures eftropiées; les bas-reliëfs font fupportables. Le milieu du corps de logis eft d'un étage plus haut que le refte, 8c renfermé une falie avec un billard; des deux cótés du corps de logis font des tours couvertes de cuivre. Deux grandes cours fpacieufes, environnées de batiments, 8c un grand portail décoré de bas-reliëfs 8c de ftatues, fervent d'entrée. La diftribution intérieure 8c 1'ameublement affortiflent a 1'extérieur, montrent de la grandeur & de la magnificence, 8c font dans le goüt qui regnoit il y a cinquante ans; tous les plafonds font furchargés de peintures, d'ouvrages en ftuc 8c de dorures, 8c les murs couverts de riches tapifïeries. Le cóté du chateau qui eft tourné vers le jardin, a des galleries découvertes, décorées de colonnes ïoniques 8c d'arcades, avec des tableaux a presque paffables; il eft aufli orné de ftatues, de buftes, de bas-reliëfs 8c d'une belle corniche; on y voit mème beaucoup de décorations a la Grecque, qui au commencement de ce regne redevinrent fi fort a la mode en teut, qu'elles tomberent presque au rang des babioles 8c des bambochades, 8c qui aujourd'hui font presque oubliées de nouveau. Parmi les ftatues de ces environs, il en eft quelques-unes de bronze 8c d'un bon ftyle. Deux images en ronde bofte 8c en ouvrage mofaïque, 8c la ftatue équeftre du Roi Jean de Sobieski, entourée de Turcs vaincus 8c placée fous la colonnade, font belles. Le jardin eft partagé en trois parties. Celle qui touche au chateau, offre des lits de fleurs garnis d'orangers, de ftatues 8c de vafes de bronze, la plupart en plomb 8c copies médiocres de quelques antiques; cette partie eft entourée d'allées en berceaux trés - ferrées. On defcend un doublé efcalier de pierre pour arriver a un fecond parterre garni de peloufes & de toutes fortes de plantes, auquel aboutiflent des deux cótés des allées touffues 8c des haies. Au bas de 1'efcalier on a conftruit une petite falie. Un large bras de la Viftule termine le jardin de ce cóté: fur les bords de la riviere une plantation de peupliers extrêmement élevés 8c partagt's en diverfes allées infpire du refpedj quelques-uns de ces troncs.ont prés de  clidteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 355 de treize aunes en circonférence. Le rivage oppofé de Ia Viftule préfente une belle prairie, terminée fort au loin par une métairie placée dans un bois, cette métairie répond k Pouverture principale des haies & au milieu du chateau. De cette prairie inférieure, qui eft fouvent fubmergée quand Peau fe déborde beaucoup, on peutpaffer dans les promenades ruftiques nouvellement plantées, & féparées du refte par un mur a hauteur d'appui; ces promenades font encore dans leur enfance; cependant on a tiré parti de tout ce que Ie fite offroit d'avantageux. On peut d'ici retourner a la ville, foit par Pallée qui conduit au village de Sluszewo dont nous avons déj£ parlé, foit par la nouvelle allée qu'on a menée jufqu'au pare royal des bêtes fauves; on peut encore choifir Pallée qui ramene a la ville par Ie village de Czerniakow au bord de la Viftule, & qui traverfe enfuite la Solec. Cette derniere allée eft è Ia vérité fablonneufe, mais elle a 1'agrément de préfenter k une certaine diftance, & fous un afpeét entiérement différent, toutes les promenades qu'on a déja vifitées. 3- S'il eft dans les environs de Varfovie un canton propre a être changé en pare Anglois, c'eft a mon avis celui qui eft au nord de Ia ville. La belle forêt de Bielane fituée k trois quart de lieues, Ia terre de Mariemont appartenant k la maifon éleétorale de Saxe & qui en eft peu éloignéerla campagne deMlodzin avec fon pare de bêtes fauves k unedemilieuedela, Ie canton de Wawriszew, & celui de Powonsk fitué entre celui-ci & la ville, fourniroient tout ce que l'on peut attendre d'un femblable pare. Afin de faire mieux connoitre ces cantons, je vais dire de chacun d'eux ce qu'il convient d'en dire ici. La forêt de Bielane part des bords de la Viftule & s'éleve jufques fur une hauteur confidérable dont elle occupe une affez grande partie. La partie inférieure de Ia forêt confifte en chênes & en ormeaux qui ont vus plufieurs générations; la partie fupérieure eft entre -mêlée d'arbres coniferes & réfineux. Un ruiffeau, qui fait aller quelques moulins, traverfe Yy 2 cette  356 Second Appendix. Courtes notices de divers jardins, cette forêt. Au milieu eft un couvent bati en pierres & appartenant a des Camaldules, oü l'on donne tous les ans desindulgences le fecond jour de pentecóte. Ces indulgences 8c la belle faifon attirent ici la plus grande partie des habitants 8c du beau monde de Varfovie, & font pour eux de ce jour un des plus beaux jours de féte. C'eft auffi le feul jour auquel le couvent foit ouvert au beau fexe, qui d'ailleurs n'ofe jamais franchir ces parties facrées. La grande place fituée devant le couvent fourmille ce jour la, ainfi qu'une partie de la forét, de tentes & de créatures qui cherchent 8c trouvent chacune les plaifirs qu'elles defirent; on remarque ici un étrange contrafte de dévotion 8c de libertinage, derémiftion des péchés ck de péchés commis. Le Roi 8c les premiers feigneurs s'y trouvent aufti, 8c tout au moins fe promenent en caroffe au milieu de cette foule bigarrée. Au commencement du regne aéluel le Roi donna dans ce lieu 8c a pareil jour au peuple 8c a la nobleffe une fête briüante, fuperbe dans fon genre, 8c qui, vu la cocagne 8c les jeux populaires, reffembloit parfaitement a une bacchanale, aux indu'gences pres.*) Le fecond jour de pentecóte fournit encore un joli revenu aux dévots moines retirés du monde, car ils font payer bien cher toutes les places oü font des boutiques, 8c ils entretiennent un aubergifte, qui trouve a 1'extrèmité du couvent les appartements néceffaires, Iesquels a ce que l'on prétend n'ont aucune communication avec l'intérieur du cloitre. La vue qu'offre la hauteur du cóté de la Viftule, qui coule tout prés, eft admirable, mais le grand voifinage de cette riviere fait beaucoup de tort a la partie inférieure de la forêt, oü toutes les années, faute des précautions néceffaires, de grandes parties du ferrein font minées 8c entrainées par les ondes, enforte que les rivages élevés 8c bordes de be-ux arbres, tombent dans les creux, ce qu'on pourroit facilement empêcher par un revètement convenablement difpofé, qui ne pourroit pas coüter autant que *) La defcription exafte de cette gran- letitrede: ThorniJ~che AnzeigenQa.ffiches de & fuperbe fête fe lit a Ia fin de 1'ou- ou annales deThorn); ouvrage qui fera vrage que publia de 176a a 1772 Mr. le toujours claffique relativement a 1'biftoiD. de Geret, Sénateur de Thora, fous re de Pologne de ce temps.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3 5 7 que Ia perte du terrein & des arbres: mais ces pieux peres, a qui dit-on l'on a parie, il y a déja quelques années, de fupprimer ou de tranfporter leur couvent, paroiffent ne guere fe foucier de ces pertes, d'autant plus que leur cloitre ne court encore aucun risque. Un chemin agréable traverfe la forêt, & mene au village de MlodZin diftant d'une demi - lieue & appartenant au grand maitre d'artillerie le Comte deBruhl. Pendant le regne précédent le feu pere du poffeffeur acluel, entretenoiticiune faifanderie très-vafte, oü l'on ne nounit aujourd'hui qu'une petite quantité de daims. Le bois, entiérement féparé de la forêt de Bielane, eft trés-agréable & garni de quelques batiments; il a fur-tout de belles allées d'arbres coniferes & réfineux plantés expres, qui tranchent avec les bouleaux & les peupliers dont eft formé laplus grande partie du bois; on trouve encore ici une fource de bonne eau. Ce bois clos tient par une allée a une jolie maifon de campagne, auprès de laquelle on a formé un beau verger & un lieu agrefte, qui defcend jufqu'au rivage plat de Ia Viftule, & oü Pon planta, il y a douze ans, les premiers peupliers d'Italie qui aient été plantés dans ces cantons: ces peupliers font aufli pyramidaux que ceux de Vallachie, qu'ils furpaffent de beaucoup par leur crue rapide & leur feuiilage épais; ces derniers, connus en Pologne depuis long-temps, fe trouvent entr'autres a Varfovie mème dans le petit jardin du couvent de Marieville. Ici fe termine du cóté de la Viftule la hauteur dont nous avons parlé fi fouvent, & qui fe perd infenfiblement en collines de fable. La belle vue qu'offre 1'auberge placée ici, la rend un féjour agréable aux gens de Ia ville. Le propriétaire aéluel avoit fait, il y a quelques années, un établiffement fur une grande ile plantée d'arbres & fituée au milieu de la riviere en face du jardin; cet établiffement confiftoitenune jolie promenade ruftique, rompue par toutes fortes d'objets champètres, & en une vieille cabane de pêcheur menaqant ruine, dont 1'interieur renfermoit un beau bain & quelques chambres, toutes différemment décorées. Une inondation a détruit cet édifice, enforte que tout eft retombédans fon premier état inculte. On peut retourner d'ici a la ville par Wawriszew; c'eft un villa- 3 ge  358 Second Appendice. Courtes notices de divers j ar dim, ge a une demi-lieue de Mlodzin; il appartient a un couvent de Nonnes duSt. Sacrement; le Prince primat Podoski, mort depuis quelques antiécs en France, poffedoit ce village a vie moyennant une certaine redevance; il y fit batir une petite maifon de campagne & conftruire un jardin dans une ile fituée au milieu d'un étang. Alors auffi Pon entoura d'une haie vive un grand morceau de terre plein de brouffailles, 8t Pon y planta des promenades agreftes, qui étoient crues au point de faire un joli bois. Après la mort du Prince, ce féjour retomba aux Nonnes; elles le louent aux perfonnes qui veulent pafier 1'été a la campagne. Si les projets du feu Prince n'avoient pas été interrompus par les troubles dece temps la, 8c par fon féjour hors du pays, celieu, fur-tout enrichi de belles eaux, auroit mérité d'ètre mis au rang; des plus jolies campagnes de Pologne. En fe rendant d'ici aPowonsk, on fe rapproche dela ville d'un quart de lieue. Powonsk eft un village appartenant a 1'époufe du Prince Adam Czartoryski, Général d'Infanterie au fervice Impêrial 8c Royal, 8c Général de Podolie, fils unique du Prince Czartoryski, Palatin de Rufiie, dont nous avons loué plus haut la mémoire. Au commencement de ce regne, ce lieu n'étoit qu'un mif;rable village fitué auprès d'un marais planté d'aunes, dans lequel on n'a voit qu'a peine trouve une colline feche, fur laquelle on avoit arrangé un lieu propre a prendre des oifeaux. Les fources abondantes de ce lieu, retenues par la chaufiee d'un moulin, fe déborderent de cóté 8c d'autre dans 1'enfoncement 8c formerent des marécages. La propriétaire d'aujourd'hui, trouvant ce féjour conforme a fes vues, furmonta tous les obftacles k force de dépenfes 8t d'efforts repetés pendant plufieurs années; les fondrieres fe changerent en collines 8c en montagnes, 8c les marais devinrent de beaux étangs 8c de vertes peloufes. On profita de tous les arbres, 8c de tous les buiffons iniérefiants; chaque faule & chaque peuplier mort fournit a cette Princeffe connoifleufe le fujet d'une métamorphofe; en un mot elle tira parti de la nature, 8c ne défigura point par un art mal-a-propos employé les objets que celle - ci lui offroit. Un voyage en Angleterre fervit a déve- 1 opper  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 550 lopper les idéés pleines de goüt de cette Dame; elle revint & les exécuta. Ne vous attendez pas a entendre parler ici de palais&dw en clouterie, d'orangeries ou de grottes! On ne voit pas 1'ombre de ces objets convenables aux villes. Un groupe de petites habitations champetres & jolies, de formes & degrandeurs variées, chacune accompagnee d'un charmant petit jardin environné d'une haie peu haute • au mi lieu de cc groupe une habitation un peu plus grande qui fe diftingue nar la belle colline verdoyante oü elle eft placée, a laquelle ne conduifent ni chemin en ligne droite, ni avenue, mais des fentiers qui ferpentent dans Ie bocage jufques vers un petit pont champètre voifin d'une vieille auberge & jeté fur un canal qui environné 1'enfemble, tels font les feuls objets qu'on rencontre de ce cóté. Ici la Princeffe pafte Pété, entourée de fa familie & de fa cour, & jouit des plus grandes douceurs de la vie & du repos que ne lui offre point le tumulte de la ville. En tranfportant ail leurs le moulin on a rendu le bois plus fee, & en augmentant Pétendue & la profondeur des pieces d'eau on a rehauffé le terrein trop plat & on lui a donne plus d'écoulement par Ie moyen des canaux. On a fait jour aux fources, & l'on a gagné par la d'avantage d'eau; dans les endroits reftes humides l'on trouve des chauffées feches. La maifon un peu plus grande, qu'habite Ia Princefte, renfermé toutes les commodités néceffaires; elle eft fans magnificence mais arrangée avec goüt. Beaucoup de tableaux de bons maitres en font la décoration principale, & un bain, dont les murs font en carreaux de porcelaine de Saxe, en eft Ia partie Ia plus précieufe. Les autres cabanes font du même goüt, plus ou moins elegantes fuivant leurs habitants. On defcend doucement le long de cette colline, vers un groupe de vieux fapins qui ombragent les reftes dün are de triomphe Romain, a moitié couvert de terre & de verdurecet are de triomphe a de belles proportions. D'ici Pon découvre un beau' tapis verd, bordé d'arbres d'un cóté, &ayantpar derrière une piece d'eau dont les ruines d'un amphithéatreRomain couvrent les rivages: on amenagé les écuries dans ces ruines, voilées en quelques endroits par des arbres eleves, & couvertes de brouffailles. Un peu de cóté fe voit fur une  3 6a Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, une éminence, entre des buiffons, une joüe chaumiere d'oü le chemin fe prolonge au bord verdoyant de l'eau. Ici Ton apperqoit au dela de l'eau un batiment gothique, avec une tour ronde; ce batiment eft difpofé convenablement pour une métairie, & il eft habité par un Suilfe qui foigne le bétail. La prairie 8c le verger, qui font entre l'eau 8c ce batiment, fervent de paturage aux beftiaux 8c forment un tableau plein de vie. Un pont fiottant fur cette large piece d'eau fert a réunir les deux rivages; 1'onde eft animée par des cygnes 8t par toutes fortes d'oifeaux aquatiques étrangers. En pourfuivant fon chemin le long de 1'eau, on rentre enfin dans le bois, dans lequel on rencontre différents jolis cabinets champètres d'écorce d'arbres, & de branches couvertes de mouffe; l'on parvient ainfi a un vieux moulin ruiné; par deffus fon éclufe détruite, 8c dans laquelle font engagés divers morceaux de bois flotté, fe précipiteune cafcade pittorefque. L'intérieur du moulin, dans lequel on entre a 1'aide d'un petit pont 6c d'un vieil efealier hors d'ceuvres , renfermé une jolie chambre. Peu loin de la on trouve dans un bois les ruines d'un vieux chateau placé fur une montagne, 6c les débris d'un pont voüté qui de cette montagne mene a. une autre furmontée par une vieille tour. A cóté de ces ruines ona bati quelques cabanes, 8c le tout enfemble préfente une agréable décoration théatrale au fpeétateur, placé vis-a-vis fur une peloufe découverte parfemée d'éminences. Enfin le tout eft terminé par un hermitage fitué au bord du canal, 8c dont Phermite fert d'infpeéteur a ce féjour. Une partie du bois a été arrangée pour fervir de ménagerie a toutes fortes de volailles étrangeres; l'autre eft munie d'une bonne auberge pour les plaifirs du public; on a rendu fertile un fable aride, voifin de 1'auberge, en y plantant un bois de faules. On continue toutes les années a garnir de plantations ce fol d'ailleurs nud, 8c depuis peu l'on y a formé une grande plantation de meuriers. Le refte du terrein appartenant a Powonsk, du cóté de Wawriszevv, a été diftribué a diverfes perfonnes de la fuite de la Princeffe, lesquelles y ont conftruit de jolies maifons, des batiments deftinés a 1'économie 8c des jardins; ce diftriét eft nommé la ville d'Ifabelle, du nom de la Princeffe. Le  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 361 Le chemin de ia ville, éloignée d'une petite demi-lieue, pafTe nar une allée, ou le D. John, Médecin de la Princeffe Czartoryska, douariere du Grand - Chancelier de Lithuanie, a bati un trés-joli pavillon champet. e, qui fe diftingue d'autant plus qüe c'eft Ie feul édifice régulier de ce canton; ce pavillon eft accompagné d'un grand verger. Tous les lieux dont nous avons parlé jufqu'a préfent font dans un diftrid de deux milles (d'AIlemagne) entre la forêt de Bielane & Powonsk; au milieu eft Mariemont poffeffion de Ja maifon éleélorale de Saxe; elle confifte en un boisde chenesadmirable, enrichi de hauteurs & de vallées, de prairies & de champs labourés; fous le regne précédent ce bois étoit environné d une haute cloifon de planches, & fervoit a la chaffe du Ioup A une des extremites de Ia forêt fe trouve fur une colline une maifon de chaffe quarree avec une grande falie & quelques chambres; peu loin de la font une couple de batiments plus petits pour les garde -chaffes Autrefois ce féjour agréable étoit la promenadeque toutes les claffes des habitants de Varfovie vifitoient Ie plus; mais depuis que Mr. de Rze wuski, ci-devantMaréchal dela cour, a pris ce lieu a ferme pour Ia vie il eft ferme a tous ceux qui n'ont pas une permiftïon expreffe du maitre Ce feigneur a dépenfe des fommes confidérables pour embellir ce féjour dans le gout des parcs Anglois; au lieu de Pendos précédent qui voiloit Ia vue, on a fait autour de cette vafte enceinte un Iarge foffé muni d'une petite haie. On a éclairci la forêt dans les endroits néceffaires & on Pentretient propre & praticable par-tout. On a encore formé quel ques prairies artificielles. Un verger attenant au bois, & qui en étoit fepare par un enclos, y eft joint aujourd'hui, & un édifice petit & vieux appartenant a ce verger, a été renouvellé & rendu habitable a grands' fraix; on a encore bati différentes cuifines & écuries. L'Envoyé d'An gleterre « Ia cour de Pologne, Mr. de Wroughton, aftuellement Envoyé en Suede, auquel la cour de Saxe avoit cedé Pufage de ce feul vereer & du batiment adjoint, avoit déja diftribué l'intérieur d'une maniere plus commode & plus élégante; il avoit encore fait élever quelques terraffes pour avoir des vues fur le grand chemin. Les cantons fablonneux fïtués Tome V. 7 v  363 Second Jppendice. Courtes notices de divers jardins, hors du bois ck vers Bielane ont été couverts de terre grafie; on les a tapiffés de gazon ck garnis de quelques groupes d'arbres. On a donné de i'écoulement aux belles fources qui jailliffent dans un vallon du bois, 8t qui ci-devant s'y feehoient presque entiérement; cet écoulement les mene dans une grande piece d'eau creufée expres. On vouloit ménager fous un groupe de tilleuls élevés une chüte a l'eau de Powonsk, qui traverfe ce diftriét pour fe jeter dans la Viftule, ck fait tourner deux moulins, dont on auroit fupprimé 1'un pour cet effet. Du cóté de la ville on a formé une plantation de platanes; en un mot tous les endroits demeurés vuides ck incultes ont été embellis. Enfin on a décoré de toutes fortes d'objets convenables, beaucoup de lieux intéreffants qui fe trouvent dans cette enceinte, ck le corps de logis, qui eft en très-mauvais état, auroit eu fon tour, fi Mr. de Rzewuski ne s'étoit pas éloigné de la cour depuis peu. On entretient le tout avec foin, mais on ne conftruit rien de nouveau. Maintenant on jugera fans peine, qu'on pourroit faire de ce canton unparc Anglois fuperbe; pour cet effet il faudroit donner atoutes ces parties encore détachées de la liaifon entr'elles; faire attention a plufieurs places dont on n'a jufqu'a préfent tiré aucun parti; enfin batir un bel édifice principal, foit dans les environs de Marieinont, foit entre ce féjour & Powonsk, fur quelque éminence aétuellement vuide, oü ce batiment vu de la ville feroit un bon effet ck décoreroit tout le payfige. On pourroit fans doute imaginer encore bien des chofes qui manquent ici; mais oü trouve-t-on des campagnes oü il n'y ait plus'rien a défirer. Lorsque l'on fort du fauxbourg du cóté de 1'oueft, on rencontre une large allée de tilleuls qui mene au village de Wola, diftant de trois quarts de lieue. Dans cette allée font quelques nouveaux jardins, dont ceux de Mr. le Chambellan d'Unruh ck de Mr. Schulz négociant promettent fur-tout quelque chofe de bon pour 1'avenir. A Wola même la défunte Comteffe de Bruhl, époufe du feu premier Miniftre d'Augufte III, commenqa il y a vingt ans environ un jardin dans Ie goüt Franqois d'alors;  ehdteam de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 363 d'alors; ce jardin renfermé une grande maifon de campagne conftruite en bois & toutes fortes de batiments en fous-ordre. Depuis quelques annees ce féjour eft tombé entre les mains du Prince Poninski Grand T. reforier de la couronne, qui fit placer de jolis petits batiments de toute efpece dans les différents efpaces que renferment les haies. Cependant ce beu eft peu fréquenté, quoique l'on fe foit donné beaucoup de peine pour le mettre en crédit. Eft-ce Ia trop grande monotonie de ce jardin ou fon manque d'eaux & de belles perfpeétives, qui en font Ia caufe ou bien les habitants de Varfovie préferent - ils des cantons oü fe trouve moins d'art? Je ferois presque pour cette derniere caufe; car Pon fe ren doit en foule dans Ie petit bofquet fitué du cóté de Powonsk prés du vil lage de Gorce ou de Gurce, lorsque ce bofquet fut ouvert au public pen dant quelques années. Le Prince Poninski qui fut obtenir ce lieu des moines Dominicains, fit auffi former ici quelques jolis deffeins parmi Iesquels fe diftingue fur-tout un rocher artificiel & élevé, qui eft dans une de a laquelle mene un joli pont. Au pied du rocher font différentes caves, & fon fommet porte un pavillon Chinois avec une petite falie a Ia quelle on monte par un efcalier aifé qui tournoie autour du rocher D'un cote du bois on rencontre une meule de foin, dans laquelle fe trouve une chambre commode éclairée par le haut. Le refte dubois eft per ce d'allées tortueufes, & l'on a ménagé quelques jeux dans des clairieres Une auberge, & une falie ronde qui fert a la danfe, font h I'entrée & k foppofite du bois eft une petite habitation feigneuriale avec un verger feparedubois. Ce féjour eft trop petit & manque d'eau vive. La Princeffe Sapieha douairière du Palatin de Smolensk, qui Ie poffede aétuellement, Pa fait fermer de nouveau. Une allée particuliere ramene de ce lieu au fauxbourg, dont il eft un peu plus éloigné que Wola De ce cóté nous ne rencontrons plus de jardins ni de'promenades dans le voifinage. II ne me refte donc qu'a décrire le cóté du levant Pour s'y rendre de Ia ville, il faut traverfer le pont de bateaux long de douze cents aunes qui couvre la Viftule. L'on parvient a la petite ville nomme Prag, fituée a l'autre bord, & dont les environs font três- Zz 2 fablon-  364 Second Appendict. Cour tes notïces de divers jardins, fablonneux: on pourroit cependant rendre agréable le bofquet placé a mille pas d'ici, en y conftruifant une auberge ou quelqu'autre batiment. Une partie de ce bofquet eft a la vérité entourée d'une haie afin de fervir de pare aux bètes fauves, & eft garnie d'une demeure pour le chaffeur & düne auberge; l'on nourrifibit effeétivement ici quelques chameaux & quelques dains, mais on avoit choifi une partie beaucoup trop fablonneufe du bofquet, oü les bêtes ne trouvoient pas affez de nourriture, en forte qu'une grande quantité d'entr'elles perirent; le refte a été tranfporté dans le pare d'Ujasdow. Le chemin qui perce ce bofquet mene a Targuwka, campagne appartenant au Roi & fituée immédiatement derrière le bofquet: cette campagne renfermé un verger affez grand, & quelques haies qui font aux environs d'un petit cabaret, oü l'on rencontre quelquefois compagnie. Si l'on placoit un batiment de cette efpece dans la partie du bois plantée d'arbres a feuilles, fi l'on arrangeoit cette partie enforte qu'elle put fervir de promenade, & fi l'on profitoit des belles vues qu'offre Varfovie qui fe déploie en amphithéatre, on auroit de ce cóté un lieu agréable de plus. Quelques féjours champètres remarqüables fe trouvent encore difperfés dans le p3ys vafte de la Polögne. On peut s'attendre fans doute a trouver différents deffeins & différentes décorations du nouveau goüt, dans les biens de campagne de tant de feigneurs riches & puiffants, furtout de ceux qui ont vifité les pays étrangers & 1'Angleterre, & qui habitent des cantons plus beaux & plus variés que ceux des environs de Varfovie: peut-ètre que dans la fuite on pourra publier encore quelque chofe a ce fujet. *) *) Dans ce cas Mr. Hirfchfeld promet jardins qu'il publie tous les ans en Alfede 1'inférer dans un des Almanachs des mand. X. La  ekdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres 0 36s .Jt. _N«t J, JL. JJ, J, .«, ... ... ... .. _ ^ XI. La X. La Hongrie. Qn pourra trouver dans une defcription de voyages nouvellement impnmee, *) des memoires très-circonftanciés touchant les chateaux & les maffons de campagne dece pays, ainfi que touchant le goüt plein de pompe & de magnificence, mais roide & guindé, qui regne en o dans fes jardin, Ony voit, quelles fommes furent employee" en pa 's enpavdlons, en grottes, en orangeries & en ferres, combfen grande fut" Ia pa me de ces fommes prodiguée en objets de magnificence^ &combien Ia parne apphquée avec goüt fut petite. félle étoit en général te grand chemm que les propriétaires riches & puifiants enfiloient de concert, & fur lequel ils s'efforcoient de fe dévancer réciproquement Le meme voyageur **) nous donne une defcription détaillée da chateau d'Eflerhazi que fa vafie étendue, fa pompe & la richene fes decorauons, ont rendu fi célebre. Le chateau & les jardins font de monuments rares de Ia grande richeffe & de Ia magnificence qui regnent dans la maifon d'un Prince ***) dont Paffabilité & Phofpitalité furpaflent encore ces avantages. Efïerhaz fut fouvent le théatre des plus belles fetes, de fetes vraiement dignes d'un Prince; Ia Mufe champètre pourroit auffi introdmre dans ce féjour bien des fétes dignes de Ia nature. *> Voyez Pouvrage publié en Alle- **) Voyez Ie méme ouvrage, Vol o mand par Mr. Jean Bernoulli, membre de pag. 250-288. ' plufieurs académies, fous letitre: Samm- iung ^ ^ Le pr;nce N.colas EfterbQ ff Rec™< ^ courtes néral-Feldmarécbal au ferviee de S. M. defcnphons de voyages. Bed. ,?83. ,oe PEmpereur, Chevalier de 1'ordre de l V°L PaS' 181 "226' toifon d'or & d'autres ordres diftingué* Zz 3  3 66 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, XI. La P r uJfe. Suivant les relations les plus nouvelles, le goüt des jardins & des maifons de campagne femble ne s'être encore perfeclionné que bien peu dans ce pays. Un écrivain récent & trés - exaét *) vante un palais champètre qui offre autant de fenêtres que le jour a d'années; ce même auteur vante les haies élevées, les montagnes en limacon, les parterres réguliers de fleurs, lesétangs, les grottes artificielles, les jets d'eau 8c les deffeins tracés dans une plaine. XII. L' Allemagne. i. Dans les provincès de la Baffe-Saxe les nouveaux jardins du Holftein offrent déja des progrès trés-remarqüables du cóté du goüt. Les prineipaux de ces jardins ont été décrits au long dans cet ouvrage, **) 8c plufieurs jardins plus récents s'approchent infenfiblement de leur entiere exécution. Si le bon goüt 8c 1'amour des beaux jardins prenoient d'avantage dans le Holftein, il fe trouveroit difticilement une province d'Allemagne qui put lui difputer la préférence. La vafte étendue 8c la fertilité des campagnes, les richeffes des propriétaires, la beauté des forèts 8c des prairies, la variété que caufent les lacs, les étangs, les collines 8c les grands paturages, tout s'offre a 1'artifte pour en compofer de vaftes Sc fuperbes deffeins, ou pour embellir chaque objet en particulier. Après *) Bocks Ferfuch einer wirthfchaftli- & occidentale, relatlvement a 1'éconoclten Naturgefchichte von dem Konigreiche mie. Ier Vol. 8- 1782. Oft. und JVeftpreuJfen. iflerBand.%.iZ&2. C'eft - a - dire: Effai d'une hiftoire natu- **) TomeI. pag. gj -92. TomeII.pag. relle du royaume de la Pruffe oriëntale 167-190. Tome IV. pag. 207-274.  édteaux de plaifance, maifons de campagne, idifices champètres &c. 367 Après plufieurs voyages faits dans PAJIemagne & au dehors, je fuis obige d'avouer, qu'a plufieurs égards les cantons du Holfiein ont des attraits fuperieurs. La route ordinaire que prennent les voyaeeurs dans ce Duche partant de Hambourg & paffant par Bramftadt & Neumunfter ne s accorde nullement avec Pidée qu'ils doivent fe former de Ia fertilité & des agrements de ce pays. De ce cóté Pceil fe fatigue presque nartouta parcourir des bruyeres arides, des marécages boueux* & des plaines mmenfes Ce n'eft qu'a Bordesholm, a deux milies (d'Aliemagne) de Kiel que le payfage commence a déployer les charmes qu'on eft accoutume a voir dans le Holftein. Des champs fertiles fuccedent a des forèts, adespaturages, & k des lacs limpides dans Iesquels fe mirent les petites collines & les bocages qui rompent par-tout la plaine. La plus bel e entree dans le Holftein eft du cóté des payfages raviflants de Pfon & d£utin; dans cette route on rencontre d'abord deux des plus beaux féjours, Afchberg & Sielbeck. * • Dans le Mecklenbourg c'eft Ie nouveau chateau du Duc de Sch werin a Ludwigsluft qui avec fes jardins eft le plus céiebre. *) A que'qucs defauts pres, ie chateau eft fans contredit un des plus nobles édifices nouveaux de cette efpece en Allemagne. Les jardins des environs annoncent par leurs décorations de l'art & de la dépenfe, mais ils annonrent en meme temps un trop grand attachement h la maniere roide & guindée du fiecle pafte. Avec quelle variété n auroit-on pas pu mettre en oeuvre dans un bo.s agréable, coupé d'allées & d'ouvertures, & remp'i de beau. coup de gibier, Peau amenée avec tant de frais, au lieu qu'aujourd'hui elle cou.e ennuyeufement dans un long canal, alügné & uniforme quï n'eft varie que par des cafcades & des jets d'eau pleins d'art a cóté des quels font des élévations femblables aux remparfs d'une ckadelle' Le" Prince Franqois, fucceffeur au gouvernement, ») a commencé dansce meme lieu, & autour de fa demeure, un jardin dans le bon goüt. Cependant *) On en a douze planches gravées **) Ij }u; eft -chu j ^ rinpreFl0H iouslctitre: Vues duChrlteau&du Jar- . de ronginal, ' '«-Preflioi, din de i-udwigslult &c. 1782.  3 6g Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, pendant les environs de Schwerin, avec leur lac fuperbe & les forèts qui Fentourent, mériteroient d'ètre préférés pour y placer des deffeins nouveaux & relevés. 2- Dans le pays de Brunswick on s'informe de Vechelde, comme cidevant l'on s'informoït de Chantilly, lorsque le grand Condé s'y repofoit de fes triomphes pendant la foirée de fa vie qu'il paffoit dans fon chateau de plaifance. Le Prince fembloit oublier ici la gloire immortelle de fes aétions, comme on oublie le temps paffé j il ne vivoit que pour les vertus plus douces de Ia paix & pour 1'honneur des fciences; il appelloit fouvent auprès de lui des gens de lettres, leur écrivoit, & jugeoit de leurs ouvrages avec autant de fagacité qu'il avoit coutume de juger du plan, de 1'ordre & des fuccès d'un camp & d'une bataille. Comme fe repofoit Condé, ainfi fe repofe Ferdinand, mais avec plus d'aélivité encore pour 1'humanité & les fciences, & plus heureufement, ayant fu confondre totalement les lauriers immortels, prets h ombrager le front refpeélable du héros, avec les feuillages qui forment 1'humble berceau du particulier. Le grand Capitaine, qui après fes viéloires aime encore 1'innocence tranquille de la nature, fe complait a faire fleurir autour de foi les prairies & les campagnes, & fe fait une douce occupation d'élever de jeunes arbres fruitiers dans fon jardin, donne une preuve affurée de fon humanité, & de la douceur de fon ame. Vechelde préfente un air calme & champètre & cette fublime modération qui rejette toute vaine pompe. Un village, un vivier, des prairies, des champs de blé, des forèts, tels font les objets uniquernent ruftiques qui tracent les limites & les points de vue du jardin. La diftribution dece féjour, relativement a 1'économie, embraffe dans fon plan tous les befoins & tous les amufements de la vie des champs, & fatlsfait a tous. De nouvelles plantations d'arbres & d'arbriffeaux riches en fleurs & en parfums, tirés tantót d'Italie, tantót de PAmérique Septentrionale, tantót des climats oppofés, font avec le murmure d'une petite riviere les plaifirs du connoiffeur délicat des jardins. Madame  chdtcaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 369 rW, 'a DuC!ieffe re^nante a hit é^ prés de Brunswick un chateau d ete d un gout extrêmement noble & attrayant & qui certainement eft un des plus beaux édifices en ce genre. *) II eft fitué fur une petite colline qui a une pente vers Poueft, & il eft plutót arrangé pour y hure un féjour paffager que pour Phabiter; mais il a tant de gaieté & de bnflant, il eft fitue fi favorablement pour jouir en liberté de la belle na ture, qu'on auroit peine k imaginer une demeure plus agréable pendant un doux pnntemps ou une belle automne, ou pendant les foirées d'été ticulkr 0 PetU Plan ^ hldiqUe 06 ^ diaribution inténeure a de par.' *) Ce cMteau eft fait fur les deffeins de Mr. Fleifcher, architefte de Ia cour ? Tome F. Aaa  3 7 0 Second Appendke. , Courtes notkes de divers jardins, Si le fecond étage étoit un peu plus élevé, ou que le toit fut encore décoré de quelques groupes de petites ftatues, 1'afpeci de ce batiment acquerroit plus de légéreté & plus de vie. La vue du cóté de 1'oueft eft douce & champètre. L'Ockec déploie fes finuofités agréab'es dans une grande prairie. Cette petite riviere y fuivroit fans répugnance la maifon de l'art qui voudroit la guider; 1'onde pourroit fans effort former un courant plus large, ou fe partager en plufieurs bras tortueux, a quoi eontribuercit le fol bas 8c humide; elle pourroit deftiner des iles qu'on orneroit ainfi que par-ci par-la fes rivages d'arbres ou de bocages peu élevcs; on pourroit encore animer par des groupes 1*afpeét trop plat de la plaine oppofée, 8c 1'amélicrer en y répandant des petits tableaux en payfages qui préfenteroient autant de perfpeétives. La pente qui defcend vers 1'oueft du chateau dans la prairie, pourroit ètre tapifïée d'un beau gazon, oü le foleil couchant fe pl afoit a réfléchir fes rayons; 8c les endroits qui fe trouvent vers i'entrée fupérieure, devroient être plantés d'arbres a tieges nobles & a ombrages légers. Ces penfées fe préfenterent d'abord a moi, lorsque?je vis, il y a quelques années, ce beau fite encore trop peu mis en ceuvre. Les jardins nouveaux & trés-agréables de Luklum 8c de Deftedt prés de Brunswick font remarqüables, tant par la foule 8c le choix des arbres exotiques les plus beaux & les plus rares, fur-tout de PAmérique feptentrionale, qui par le goüt de leurs propriétaires aétuels. *) 3- Vu Fétroite liaifon de la Nobleffe Hanovérienne avec PAngleterre, & fes fréquents voyages dans ce pays, on s'attendroit a voir i'art des jardins faire dans cet Eleétorat des progrès plus marquées. Cependant la plupart des jardins d'Hannover fe diilinguent par des colleétions admirables d'arbres 8c d'arbriffeaux de l'Amérique feptentrionale & d'autres *) On trouve la defcription de ces jar- feld pour 1732; defcription que 1'auteur dins a Ia page 153 de i'Almanach des jar- ne veut pas répéter ici. dins publié en Allemand par Mr. Hirfch-  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 371 tres pays étrangers. Outre les jardins déja décrits, *) ceux de Wangenheim prés de Hannover, d'Eldagfen, de Hak a Ohr, & de Munchhaufen a Schwöbbern méritent fur-tout d'ètre cités. Le chateau roya! de plaifance nommé Monbrillant eft d'une architecture bonne & ftmple, & fi l'on ouvroit un peu plus 1'allée qui Ie précede, il fe préfenteroit plus avantageufement a ceux qui fe rendent a Herrnhaufen. L'édifice de Monbrillant eft enchaffé entre deux bofquets touffus de maronniers d'Inde, qui ont bien mérité qu'on les épargnat lorsqu'on commenga a renouveller les jardins. Au bofquet de la droite touche un gazon rompu par des fapins, après Iesquels paroit un grand jardin de fleurs; il eft de figure ronde, garni d'orangers, & offre trop de fymmétrie. Le nouveau plan, mis en exécution depuis quelques années, a taché d'étouffer 1'antique géne qui regnoit ici & qui fe montre encore dans quelques endroits. Le tout confifte en un trés-grand gazon qui fe déploie derrière le chateau, occupe le milieu du jardin, & eft environné par une plantation ordinaire a la maniere Angloife, c'eft-adire d'arbres ifolés & de groupes qui fe fuccedent réciproquement & entre Iesquels ferpentent les fentiers. Les groupes font compofés d'arbres & d'arbriffeaux étrangers, d'arbuftes & de fleurs moins élevées. Un canal fépare cet emplacement du jardin potager entouré d'un mur, & ne permettant par conféquent aucune vue; on pourroit remédier aifément a ce défaut, foit en réduifant le mur a la moitié de fa hauteur, & alors il faudroit encore le tapiffer convenablement, foit par quelque autre moyen. Le plus beau des afpeéls intérieurs eft celui qui s'offre de deffus le pont; alors l'on eft vis-a-vis du chateau, dont on apperqoit au dela du tapis verd toute la facade, couverte d'un enduit clair & femblable a du grés, & l'on voit les groupes & les arbres former le long des bords de ce même tapis un mélange varié de verdures. Le jardin eft devenu agréable depuis qu'on I'a changé. Mais 1'ordonnance ordinaire a plufieurs jardins Anglois, fuivant laquelle toutes les promenades ferpentent autour d'une peloufe étalée au milieu, cette ordonnance eft non feulement uni- Aaa 2 forme, *) Tome III. pag. 263-287. Tome V- pag. 227-269.  37a Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, forme, elle efl encore incommode, en ce que les paffants fe renrontrent perpétuellement 8c ne fauroient s'éviter. Cette incornmodité eft plus confid.rable lorsqu'il s'agit d'un jardin public, tel que celui de Monbrillant. Herrnhaufen qui devint fi eclebre d'abord après qu'il fut conftruit, fubira probablement avec le temps la mème metamorphofe qu'a fouffert Monbrillant. Le fite ouvre ici plufieurs perfpeétives admirables. Les larges 8c longues allées que bordent les haies, reffemblent a des grands chemins. L'objet le plus remarquable de ce jardin eft fans doute le grand jet d'eau, qui, lorsque les cinq roues font en jeu pendant un temps calme, s'élance jufqu'a la hauteur de 120 pieds, 8c qui eft bien le jet d'eau le plus confidérable de 1'Allemagne. Son entretien annuel coüte quelques milliers d'écus. Quoique les ouvrages de cette efpece foient autant de violences faites a la nature qui nous offre l'eau fous tant de formes variées, tantót dormante, tantót courante, tantót tombante, il paroit cependant, qu'outre les jardins romanefques, oü ces ouvrages conviennent le plus, *) ils peuvent encore augmenter la magnificence des jardins royaux. Le tuyau du jet d'eau d'Herrnhaufen eft expofé nud a la vue, tandis qu'il devoit ètre revêtu de quelques morceaux de rocher; le baffin aufli pourroit être un peu plus orné. L'effet de la colonne d'eau qui s'élance feroit plus pompeux, fi elle avoit pour fond un bob fombre 8c élevé. Même aétuellement on s'appergoit que !e jet eft plus beau lorsqu'il tranche fur un nuage fombre que lorsqu'il contrafte avec 1'azur des cieux. La colonne d'eau qui s'éleve avec majefté, fon onde éclaircie, argentée 8c en partie réduite en écume, les rayons du foleil qui s'y jouent en offrant mille étincelles qui brillent 8c s'éteignent, le murmure de l'eau qui s'éleve fans ceffe, 8c le gazouillement des maffes qui s'écroulent, 1'ombre qui fe meut fur les arbres d'alentour, vacille 8c tombe, le tout préfente un afpeét enchanteur. C'elt neut-ètre la feule eau jailliffante que fon élevation faffe contempler avec un plaifir qui s'approche du fublirne. On ne s'ennuie guere de voir cette pyramide éblouif- *) Voyez le Tome II. pag. 155. 156.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 373 cblouiiïante & pleine d'écume s'élever vers les cieux. Elle s elance, veut frapperiesnues, retombe & murmure pendant fa chüre, pleinede dépit de n'avoir pu les atteindre. Elle fe releve avec une nouvelle audace; elle va frapper le ciel, puis fe roule & fe précipite a llnftant avec bruit dans 1'abyme. Elle monte encore fous une nouvelle forme j elle s'élance avec plus de force; elle femble choquer la nue & s'arrêter k fa hauteur; mais voyez! elle s'affaife; tout s'abyme fur fes traces fe précipite, fe refferre & fe prelfe avec un bruit fauvage enforte que la pouffiere humide vole de tout cóté. Les arbres d'alentour, quoique fouvent victimes de la puhTance de l'homme, paroiffent admirer avec étonnement cette ceuvrede fon art, & les oifeaux même femblent devenir muets de furprife au milieu des chants qu'ils entonoient en 1'honneur de la nature. Cependant la colonne orgueilleufe continue a s'élancer vers les cieux en blanchiffant; des diamants étincellants s'en détachent, tombent & difparoilfent, comme tombent & difparoiffent les couronnes qui parent les tètes des monarques. Aaa 3 4. Dans  374 Second Appendice. Courtes notkes de divers jardint, 4- Dans le pays de Hildesheim, le jardin qu'a Mr. de Steinberg a Brugge, eft remarquable par une foule des plantes les plus belles & les plus rares, & fur-tout d'arbres Américains. Dans la principaifté de Waldeck, Madame la Princeffe douairière Chriftine a planté a Arolfen avec beaucoup de goüt un jardin dans la nouvelle maniere. Mr. Marcard, Médecin de la cour d'Hannover, a publié depuis peu *) le commencement d'une excellente defcription de Pyrmont, dans laquelle il parle auffi des agréments & des embellilTements de cette fource célebre, accompagnant fon récit de belles planches. Le bon goüt en fait de jardins s'eft encore trés - peu répandu dans les campagnes de Heffe. Mr. le Général de Schlieffen, une des ames les plus nobles de ce fiecle, a dans Windhaufen un beau féjour pailïble & philofophique; & Mr. le Confeiller provincial de Meifeburg poffede a Ried une maifon de campagne décorée avec goüt, & qui fe diltingue encore par Tétendue de fes fuperbes afpeéts. On voit a Caffel dans la maifon des modeles différents morceaux intéreffants pour Pami des jardins, & qui par confe'quent méritent d'ètre mentionnés ici. Outre les chateaux deftinés h être placés dans le féjour nommé I'Aue & au Weiffenftein, fe diftinguent fur-tout par leur architecture: un pavillon riant & ouvert qui devoit être placé dans 1'ile de 1'Augarten; un grand, fuperbe & commode chateau de chaffe; une volière conftruite avec légércté; un palais confidérable & vafte pour le jardin de Bellevue; une petite maifon de chaffe, ou fi l'on veut de campagne, tres-élégante, quarrée, couverte d'un toit p'at avec un globe au milieu, le tout d'un ftyle agréable. Ces édifices ne font encore que des projets & attendent le bonheur d'ètre éxécuté, ou du moins Ia gloire d'ètre rendus plus connus aux amis d'architeéture par des deffeins & des planches. Ces modeles prouvent encore la nobleffe & la bonté du goüt d'archi- *) La tradu&ion Frat^oife du Ier To- au commencement de 1785? & le II. me de cet ouvrage a paru in 8 a Leipzig Tome paroit a&uellement ou paroïtra claez les héritiers Weidmann & Reich .inceflamment.  thdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 37 5 d'architeéture que nourriffoit le Landgrave Charles, fous la direétion duquei ils ont tous été conftruits. Si ce Prince formé pour les grandes entreprifes avoit vécu plus long-temps, ou s'il avoit eu les revenus de fesfucceffeurs, fes chiteaux&fes édifices champetres auroient certainement fervi de modele a toute Mllemagne par la beauté rélevée de leur architecture. Mais Part des jardins de fon temps n'auroit pas pu marcher de iront avec I-ürchitedhire. On efl étonné de ce qu'aucun de ces batiments champètres, qui pourtant furpaffent les nouveaux ouvrage du Carlsberg, ne parviennent a être exécutés. 11 paroit qu'ici, comme dans plufieurs autres cours, il manque un homme qui dirige les jardins avec favoir & avec gout. De tous les chateaux de plaifance aétuellement exiflants & appartenant au Landgrave de Heffen-Caffel, Wilhelmsthal efl fans contredit le meilleur quant è 1'architeélure. Sa forme eft réguliere, dans Ie ftyle des bons architeétes Francois. II eft feulement peu convenable & incommode, que dans Ie chateau d'un Prince on ait afligné aux domeftiques les chambres de Ia manfarde direétement fituées fur les apparte ments du fecond étage. Le fite favorable a la chaffe femble avoir été la Première caufe qui détermina k cultiver ce canton, d'ailleurs peu p.0pre a un jardin, oü il fallut deffécher des marais avec beaucoup de dépenfe & faire mener de la terre par-tout. Ce fite n'offre aucune vue & lé jardin eft dans le goüt Hollandois. II a cependant quelques endroits agréables qu'ombragent des platanes élevés. La grotte *) eft dans 1'efprit de fon temps, pleine d'architeéture & d'ornements; les figures diverfes faites en coquillages & en cailloux & imitées avec autant de p-ine que de fidelité, f appent l'ceil d'étonnement, & lui font appercevoir dans Ie même inftant cette inutile magnificence qui s'écarte fi fort des grottes naturelles, & qui eft en même temps fi coüteufe a entretenir. A cóté du jardin eft une montagne boifée avec une rotonde ouverte; cette montagne Vaut la peine d'ètre gravée a caufe de Ia vue qu'elle offre & qui compenfe 1'ennui qu'occafionnent les cantons inférieurs. ' ■. ) Jö : .^kp Mlq oe«7ï aèquoig i'....:. h Le *) Elle a été gravée par Mayr.  576 Second Appendice. Courtes notices de diuers jardins, Le vieux chateaux de Hombourg, réfidence des Landgraves de Heffe de cette branche, offre d'un cóté fur une pente, une plantation, ou plutot un bocage de divers arbres & de divers arbuftes indigenes 8c exotiques, dans lequel errent plufieurs fentiers. Au bas de la pente on voit dans 1'enfoncement une grande piece d'eau vers laquelle defcendent les fentiers, 8c Ton découvre au loin de belles forèts. Tout le payfage des environs préfente plulieurs montagnes boifées. A quelque diftance de ce bocage font deux bois enrichis de promenades, 8c qui, nommés le petit 8c le grand bois de fapins, ne font pas éloignés lün de l'autre; le premier eft le plus prochain 8c le plus beau; il paroit auffi que fon arrangement eft achevé, tandis que dans l'autre il fe perfeétionne encore. A I'entrée du petit bois de fapins onapperqoit d'abord quelques gazons avec des fleurs, enfuite une colonnade ronde peinte en blanc, placée dans une ile exhauffée qui s'éleve au fein d'un étang. Cette petite ile eft décorée de fleurs 8c d'arbriffeaux fleuriffants; elle contient un repofoir agréable, qui plairoit encore d'avantage fi la colonnade étoit couverte 8c mettoit a 1'abri du foleil. Autour de 1'étang, qui, de même que les gazons de I'entrée, eft d'une figure trop réguliere, s'étendent des allées, lesquelles pénétrent tantót en ligne droite, tantót en ferpentant dans le bois de fapin, 8c préfentent de beaux points de vue au loin dans la campagne. Quelques arbres ï feuiilage qui fe montrent difperfés parmi les fapins, adouciffent la gravité de ces derniers peu convenables k un bofquet. On entend murmurer un filet d'eau, 8c l'on voit un ruiffeau defcendre 8c errer dans le bois; en fuivant fes bords on parvient a un cabinet; prés de fon entrée gazouille un petit jet d'eau, qui peut - être feroit plus agréable, fi, au lieu de s'élancer, il tomboit avec un doux murmure du haut de quelques morceaux de roes. Différentes efpeces de fieges invitent de tout cóté; les bancs exigeroient un enduit blanc ou gris au lieu d'un enduit verd. Derrière les fapins on parvient entre des hétres a. un canton féparé, planté d'arbres 8c de plantes k fleurs, dans lequel s'éleve un pavillon. Un connoiffeur delireroit que les arbres de ce féjour, au lieu d'ètre trop exaétement allignés, fuffent groupés avec plus d'aifance 8c de gout.  chdteam de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 377 goüt. Au refte ce petit bois eft un refuge aimable quand on veut s'éloi gner de la fociété; c'eft la demeure de 1'ombre Sc de la fraïcheur & fc féjour d une paifible jouiffance de foi - mème. La route qui mene k Francfort fur Ie Mayn offre dans Ie Comté de Hanau Rumpenheim, agréablement fitué au bord de la riviere, & enrichi de belles perfpeétives donnant fur les payfages d'alentour ainfi que fur Francfort Offenbach, Hanau & d'autres lieux. Les bateaux qui mentent & defcendent Ie Mayn, & la grande route de Francfort qui paffe dans le voifinage, animent la vue. Le petit jardin eft planté avec aifance d arbres mdigenes & exotiques, parmi iesquels fe trouvent entr'autres des catalpes (Bign. Cat.) admirables, qui tous les ans fleuriffent 8c portent de la femence müre, laquelle leve heureufement, preuve de la dou ceur du dimat. Vu fon fite riant Ie jardin mériteroit d'ètre améüoré Alors il faudroit fur-tout arracher les anciennes haies qui s'y trouvenc encore, & partager le grand bocage en beaux groupes qui feroient un mei leur effet, & qui en mème temps fourniroient un plus grand nombre cl allees Les apparternents du chateau font fi petits 8c fi peu élevés qu'ils tont defirer un nouvel édifice. ' Le chateau de Philippsruhe eft d'une architeéture beaucoup meilleure, 8c préfente un afpeét noble. Le corps de logis, quarré W a deux étages avec un toit brifé, eft bien réuni a deux ailes 8c autant de pa villons. Vis-a-vis de I'entrée principale du chateau, 8c a une diftance qui permet une avant-cour fpacieufe, font quatre pavillons accouplés au müieu desquels paffent les voitures. Le Mayn coule presque fous les fenetres du chateau. Entre ce dernier 8c lyiviere, une grande terraffe ae pierre, dans les voütes de laquelle font les cuifines, fait jouir d'une vue fur de belles plaines fertiles oü fe montrent Hanau, Steinheim 8c d'autres heux du pays de Mayence. La riviere, en coulant devant ce féjour fait un murmure agréable; Ie jardin qui longe l'eau, ne fe diftingue abfolunient que par fon fite 8c par uneallée de grands platanes d'occident pouffant leurs rameaux en liberté. ' Tome F. Bbb ^  37S Second jipptndice. Courtes notices de divers jardins, Un jardin des plus beaux me furprit dans ces contrées; il eft dans rEleétorat de Mayence peu loin de la petite ville de Dieburg, & appartient a Mr. le Baron de Grofsfchlag, Envoyé de France pres du eerde du haut Rhin. Ce jardin paroit encore peu connu, & quoiqu'il foit dans une plaine & n'ait que des points de vue peu remarqüables, il eft cependant du cóté de l'art de la plantation, & de la peinture délicate & encore fi rare des feuillages, un des meiileurs jardins d'Allemagne. Dès I'entrée on s'apperqoit qu'un homme de goüt a travaillé ici. Un ruiffeau bordé de faules me conduifit a un pont qui mene dans le jardin. De ce cóté on parvient immédiatement a un féjour formé de beaux groupes touffüs; a droite coule le ruiffeau. Le fentier paffe entre des groupes & des gazons; un beau temple invite d'abord l'ceil. A gauche s'étend une vafte peloufe avec de grands groupes pittorefquement compofés des feuillages variés de divers arbres indigenes & exotiques, & c'eft entre des groupes femblables, le long desquels des bancs peints en blanc invitent a s'affeoir, que l'on parvient au temple. Cette rotonde a de juftes proportions; fa coupole fphérique-repofe fur fix colonnes d'ordre ïonique, & la couleur blanche dont elle eft couverte, la fait trancher fur les grands peupliers d'Italie, qui fe groupent derrière la fabrique & fe difperfent ifolés alentour, & qui ne contribuent pas peu a annoblir fon afpeét. Le ruiffeau, le gazon, les maffifs, & les vues du payfage, perfuadent bientót a 1'ami du beau de s'arrêter dans ce temple. Le fentier fe prolonge par derrière entre des groupes. On a de deux cótés de grands tapis verds, & l'on apperqoit a droite la ftatue de Flore placée fur un piédeftal élevé au milieu d'un groupe. Cette petite fcène bien compofée, fait un bon effet, paree qu^es feuillages obfeurs du groupe, & 1'enfoncement du fite qu'occupe la ftatue blanche, en relevent encore 1'apparence. Derrière ce groupe, qui s'offre a quelque diftance du chemin, quelques bocages mêlées d'arbres s'étendent aux environs, en s'efforqant de voiler 1'afpeét de Dieburg villette de peu d'apparence, & de féparer le jardin de tout ce qui pourroit troubler fon aimable attrait champètre. Des arbres ifolés fuccedent alternativement, fur le grand 8cfuperfJe gazon de  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 379 de Ia gauche, a des groupes que dominent des cimes élevées. On arrivé bientót dans un bocage ferré & touffu, féjour frais du repos, & demeure reftaurante de la jouiffance de foi-méme. D'aimables coups de jour s'y gliffent de cóté en fe jouant, & rendent 1'ombrage plus agréable; ils ne chaffent point 1'obfcurité verte du feuiilage, ils la changent feulement en crépufcule; ce n'eft ni le férieux ni la gaieté qui regnent ici, mais quelque chofe qui tient un milieu agréable entre deux; c'eft une clarté d'une douceur indicible, comme la première lueur naiffante d'un ciel matinal qui annonce le réveil d'un beau jour de Mai. Ce petit endroit fuftiroit feul pour contenter le fage qui cherche Ie calme de la réflexion fous des ombrages champetres. Au fortir de ce bocage on voit bientót un peuplier d'Italie s'élever ifolé au bois du chemin; des deux cótés les tapis verds fe rélargiftent & les groupes s'offrent fous de nouveaux afpeéis avec des nuances variées. Divers fentiers fe difperfent ici entre les groupes en s'écartant les uns des autres; ils errent dans des plantations ferrées, aux angles desquelles fe montre quelquefois unbel arbre, la catalpe par exemple. Des fentiers femblables fe prolongent a droite. Pourfuivons le fentier fupérieur &nous arriverons dans une allée grave & fombre, environnée de fapins & de pins; tout eft ferré & touffu; des bancs blancs reluifent au fein de 1'obfcurité. Deux forties s'ouvrent • la première eft la plus agréable. Les regards tombent fur un beau faule de Babylone qui paroit devant Pouverture. Une verdure riante ranime extrêmement la vue au fortir des ténebres que répandent les fapins; Pceil eft d'abord accueilli par des éminences douces & des gazons, animés, dans 1'enfoncement desquels un petit ruiffeau murmure en s'écoulant. Deux autres grands faules de Babylone embdliffent le groupe placé au dela du ruiffeau; a droite eft une plantation de mélefes; entre ces arbres & les fapins, d'oü nous venons, s'étend la riante peloufe. On avance entre des groupes & des arbres ifolés, tantót a 1'ombre, tantót a découvert, ayant des deux cótés des gazons, & a gauche des arbres fruitiers allignés fur la peloufe, & qui pourroient bien être entre-mélés de quelques autres plantations, ces arbres devant être confidérés ici comme Bbb 2 partie  3 8o Second Appendke. Courtes notkes de divers jardins, partie de 1'enfemble. A gauche s'offre un fiege ombragé, conftruit dans le goüt Chinois d'oü l'on jouit d'une vue aimable au dela du ruiffeau 8c fur les douces éminences gazonnées qui 1'environnent 8c qui font pittorefquement décorées d'arbres indigenes ifolés. Un autre long chemin, paffant entre des bocages d'arbres exotiques 8c indigenes, mene auffi a ce fiege, auprès duquel on entend murmure/ une cafcade enfoncée 8c presque entiérement cachée. On paffe devant un grand ruiffeau qu'animenf les jeux des poiffons, 8c dont les rivages font couverts de hauts faules de Babylone. De beaux arbres étrangers, comme tulipiers, Gléditfchs, noyers noirs, faux-acacias, fumachs, platanes, catalpes, 8c autres, s'élevent au deffus des buiffons, qui dans quelques endroits de ce canton font encadrés de fleurs. On aime a fe repofer fur un des bancs de formes variées qui font ici, 8c l'on repait fa vue de 1'afpeét de ces beaux bocages. Du fiege Chinois partent en ferpentant des fentiers touffus qui menent vers les bornes du jardin, très-cachées dans cet endroit; les édifices attenants font auffi fort heureufement voilés par d'épaifles plantations. Tandis que l'on fe tóurne vers un pont, on voit a droite la maifon qui fe montre au bord de l'eau derrière un moulin; l'on voit en mème temps une ftatue d'Apollon terminer une petite allée qui conduit a une trés-grande piece de jardin a la Franqoife, voifine de la maifon qu'elle entoure 8c décorée d'allées, de vafes, de ftatues 8c d'un pavillon. De ce grand emplacement on a différentes vues admirables fur le payfage, 8c principalement fur une vafte prairie dans laquelle s'élevent differents groupes d'arbres qui attirent les regards fur divers points de vue 8c fur divers tableaux. Dans les lointains c'eft tantót la rotonde ii 1'ent. ée du jardin, tantct un obélifque, tantót le clocher de Dieburg, qui préfentent a l'ceil des points de repos. Nous tournons prés de la ftatue d'Apollon pour rentrer dans le jardin, 8c paffant devant un trés-grand platane nous parvenons aune maifonnette pittorefquement couverte de verdure, 8c qui offre un repofoir raffraichiffant. Cette maifonnette placée au bord d'un ruiffeau dans un buiffon de rofiers fauvages, 8c a l'ombre d'arbres élevés, a un toit de chaume, 8c un afpeét agrefte 8c fauvage, mais elle fait  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 3 0 r fait jouir d'une belle perfpeétive qui s'étend fur Ie grand gazon & les groupes que nous avons parcourrus auparavant. En avancant nous tra verfons un pont qui eft a gauche, & qui mene au dela d'un grand ruiffeau dans ]es bocages du jardin. On voit a gauche un groupe d'Hippophae Rhamnoides L. contrafter avec un buiffon de rofes; un fentier paffe entre deux. Nous nous°promenons a droite entre des groupes pittorefques & riants, ayant d'un cóté Ie ruiffeau, .& k gauche le grand gazon & les plantations qui 1'entourent. Le chemin ferpente tantót éclairé tantót obfcur, tantót libre & dégagé, tantót clos. On revient inopinément k la rotonde que l'on voit avec plaifir fe mirer dans Ie grand ruiffeau L'on obferve encore d'ici fur la prairie attenante qui fe développe au loin, divers grands groupes bien compofés, Iesquels non feulement aident a defiïner de belles perfpeétives, mais auffi font naitre une idee illufoire de 1'etendue du jardin, idéé que nourrit encore un joli pont Ce pendant quelques fentiers fe déployent effeétivement Ie lonF de ces groupes. II paroit que le gazon de ce jardin, d'ailleurs deffïné avec tant de gout, eft trop grand relativement au jardin même; on pourroit couper ce tapis verd par quelques groupes & par quelques fentiers, qui ouvriroient des apperqus attrayants. Bbb 3 6.Un  3 g a Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, 6. Un des etabliffements les plus remarqüables de ces cantons eft Schönbufch prés d'Afchaffenbourg, féjour oül'Eleéteur aéluel de Mayence *) paffe ordinairement 1'été. Le plan étendu de ce Prince fage & aéiif, qui immortalife fon regne par tant d'établiffements admirables, ne s'arrête pas uniquernent aux embelliffements, dans Iesquels regne le goüt Ie plus délicat, mais embraffe en mème temps toutes les branches utiles de 1'économie rurale: ce plan a un but fi noble, fes fuites pourront ètre ft importantes, & plufieurs de fes parties font déja executies ft heureufement, qu'il mérite bien d'ètre annoncé ici d'avance. L'ouvrage eft commencé depuis quelques années, & il faut encore des années pour Paehever. Je rapporterai donc feulement ce que j'ai vu. **) Dès qu'un étranger s'approche d'Afchaffenbourg, il eft frappé par Tefprit d'embelliffement qui fe manifefte dans les nouvelles plantations des avenues. Le chateau, bati de fond en comble de grands grez rougeatres, occupe un fite hardi fur les bords du Mayn qu'il domine, offrant un afpeét fublime & les lointains les plus vaftes. L'édifice a quatre hautes tours, qui forment avec lui un grand quarré; le batiment a encore quelques petites tours moins élevées, & renfermé au milieu une vafte cour. Cette architeéture a moitié gothique donne a la verité au chateau 1'apparence d'une fortereffe; mais cette apparence eft réunie a une folidité qui brave tellement les fiecles a venir, a un air de dignité ft fublime, & a un afpeét ft.plein d'une pompe fiere étalée par les grandes maffes de pierres rouges j le chateau eft fitué ft hardiment fur une colline, au bord efcarpé de la riviere qui roule fes ondes au bas dans la plaine, il domine tant de payfages lointains, qu'on ne fauroit le voir fans admiration. Auffi fait-il de tout cóté une impreffion que l'édifice le plus beau & Ie plus régulier ne fauroit faire. Tout ie monde fait que les chateaux batis dans ce goüt n'offrent aucune délicateffe dans leur extérieur; mais tout le monde ne fait pas que leur intérieur réunit fouvent a la grandeur une commo- *) S. A.E. le Monfeigneur Charles Frédéric Jofeph, Baron d'Ertlial &c. &c. écc. **) En 1783-  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. gg3 ^tlf^ qUiman^Ue V^ois aux plus beaux édifices modernes. IeT7vnC0Le "naVantage; qUeIeS appartementsfontadl mTeTv "f^" — goüt très-noble&trés. delict. C eft 1 ouvrage de PEIeéteur aétuellement regnant, qui en mê me temps ala fatisfadion de voir que toutes ces décorations é égame ont ete faites par des artiftes du pays. eiegantes Ar.L'S embelIfe™nts champètres les plus voifins fe trouvent h Afchaftenbourg dans les foftés ou entre les murs qui formoient Panc n ne enceinte de la ville. Ces embelliffements, commencés il y , fi* ans env ron, prouvent le penchant du Prince a décorer même de Leils en! droits autant que Pemplacement enfoncé, étroit, borné & fouvent rebel e, 1 a pu permettre. Cependant tout eft ici fi varié, & s'écarte fi fort de Ia maniere ordinaire de planter, que Pon voit dans ce petit diftU comment Pon peut décorer des lieux de cette efpece, enforte qu'ils amu fent un connoiffeur. On a tache de tapiffer en quelques end oits'e murs de herre, de farments, de peupliers & d'arbres fruitiers, c q compenfe en quelque faqon Pétroite clóture du lieu. Quelquefois on fe promene dans Penfoncement entre de beaux arbres fruitiers, tandis que les colhnes efcarpees qui font de cóté & d'autre font plantées de toutes fortes d'arbres & d'arbuftes fauvages, parmi Iesquels il s'en trouve plufieurs d Amenque & d'autres pays étrangers. La plantation confifte cependant fur-tout en une foule de peupliers d'Italie, fi communs dans les environs d Afchaftenbourg. Outre I'entrée principale qui eft dans la partie inferieure de ce lieu, d'autres fentiers étroits montent & defcendent Ie long des pentes. Dans quelques endroits Pemplacement Margit & devient plus libre. On parvient a un grand gazon fur lequel fe montrent quelques groupes d'arbriffeaux, & d'oü la vue pénetre jufques fur les collines voifine, Cette place mérite de refter un tapis verd dégage de plantations, a caufe de-Ia fraïcheur qu'elle jete fur Ie tableau Pres de ce lieu agréable & un peu exhauffé eft un canal bordé de beaux peupliers. Enfuite les promenades fe rélargiffent, &fe partagent furtout du cote de Mayn, en divers fentiers pleins d'aménitc. On voit ici ' une  384 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, une quantité de peupliers admirables; cependant les plantations pourroient etre plus ferrées 8c plus variées, 8c les deffeins des emplacements moins fymmétriques. Après que la plantation, qui eft en grande partie. dans un enfoncement, s'eft déployée presque autour de toute la ville, elle fe développe enfin en deffinant une perfpeétive fuperbe. On apperqoit dans le bas, 8c au dela d'un rivage boifé, le Mayn 8c tous fes détours, un grand pont de piei re qui le traverfe, en deqa une petite ile pittorefque, a. gauche le chateau fur une hauteur, en dela du chateau, mais a cóté, des montagnes fertiles & cultivées, le long de leuis flancs une plaine étendue au loin que traverfe une allée de peupliers allant a Francfort, Sc au deffus de celle-ci un lointain agréable couronné de forèts. Au milieu des cantons les plus voifins paroit Schönbufch dans tous fes attraits. On trouveroit difficilement réunis de plus beaux afpeéts que ceux que l'on découvre ici. Pour en faire jouir Pon a éievé un petit batiment qui attire les regards Sc par fon fite Sc par fon architeéture. 11 eft hardiment placé fur la pointe d'un roe élevé Sc roide, qui femble fe précipiter dans le Mayn. La fabrique a la forme d'une rotonde avec une coupole fphérique peu haute; Pentrée principale repréfenté une efpece de portique, garni de deux hautes fenètres, Sc décoré de deux pilaftres ïoniques adoffés. Le temple mème a quatre fenètres hautes Sc defcendant jufqu'au bas Sc deux entrees de cóté, outre tine fortie qui mene a un balcon fufpendu fur le Mayn; chacune de ces entrees eft ornée de deux colonnes ïoniques femblables a celle du portique. Tout le batiment, d'un grez rouge que l'on trouve dans ce canton, fait un trés - bon effet. Conlidéré d'en bas il offre aufli un afpeét trés-agréable. On voit a gauche le chateau d'Afchaffenbourg, Sc des fentiers defcendant de cóté menent au bord de la riviere animée par des bateaux. Pendant les foirées fraiches d'été, ce féjour eft des plus enchanteurs; mais pendant les autres heures du jour le batiment eft fans doute trop clair Sc trop chaud. Tandis que je me promenoit ici avec tant de plaifir, s'offrit a moi une réftexion que firent naitre le caraétere du lieu Sc quelques circonftances accidentelles. L'enfoncement dans lequel les allées s'étendent entre les murs, les émi- nences  chdteanx de plaifance, maifons de campagne, cdi/ices champetres &c. g § 5 nences qui rembrunifTent ce féjour, i'antiquité de ces murailies, les marqués de deftruétion qu'elles prefentent, & lestriftes reftes de tours écroulées qu'elles renferment, les vaftes ruines d'un couvent de Nonnes faccagé pendant la guerre de trente ans, & auquel mene le chemin, Pafpeét de tant d'églifes St de clokres qui s'élevent vers les nues, de tant de croix 81 d'images de faints que la dévotion érigea dans ces lieux, les cloches perpétuellement agitées, Sc qui font entendre un mélange de fons variés, la tranquillité morne, le désceuvrément qui regnent dans la ville qu'anime feulement la préfence de la cour, tout verfe dans 1'ame du fpeétateur une certaine trifteffe, 8c femble indiquer qu'au lieu d'une plantation riante il conviendroit mieux de perfectionner le caraétere mélancolique du canton. Une plantation d'arbres coniferes 8c réfineux, ou d'autres arbres a feuiilage fombre, pourroit donc pourfuivre ce caraétere dans les promenades enfoncées, 8c les fcênes dont la méiancolie feroit encore renforcée, pourroient s'entaffer jufqu'a ce que parvenues a 1'endroit, oü fe montre Pafpeét du Mayn 8c de fes payfages, elles paffaffent fubitement & en caufant la plus vive furprife k des fcênes riantes. Ici c'eft la naiure elle même qui change de caraétere. La gaieté qui termine le tableau eft auffi franche que Ia méiancolie qui regne dans les objets précedents: la fabrique décrite plus haut invite Pame a qultter la folitude pour retourner dans le monde, 8c la paifible réflexion pour fe livrer aux plaifirs de la jouiffance; les images de la liberté, de 1'aétivité, de la vie, des plaifirs qu'offre la création, brillent réfléchies par les ondes claires du Mayn, Sc fourient au milieu de tous les payfages des environs. Les décorations d'Afchaffenbourg ne font proprement qu'une partie des deffeins vaftes projetés par i'EIeéteur. Ce féjour fait presque Ie centre des campagnes deftinées aux nouvelles plantations, aux nouveaux édifices 8c k toutes les branches d'arrangements utiles en fait de jardinage 8c d'économie rurale. L'enfemble a fix lieues de circuit. C'eft un grand 8c vafte payfage arrofé par le Mayn, 8c confiftant principalement en plaine, quoiqu'il s'y trouve des montagnes boifées, fur lesquelles on voit un mélange agréable de forèts, de vignobles, de paturages, 8c de champs Tome V. C c c embla-  3§6 Second Appendke. Courtes notices de divers jardins, emblavés. II eft vrai que dans la plaine du cóté de Schónbufch le fol eft peu fertile, mais il 1'eft d'avantage vers le Mayn, & l'on travaille afiiduement a 1'améliorer. Dans la circonférence de la plaine font des forèts entieres, fur-tout d'arbres coniferes & réfineux. La ville, les églifes, les couvents & principalement le chateau refpeétable d'Afchaffenbourg, forment un point de vue plein de grandeur au milieu de toutes ces plantations. Derrière Afchaffenbourg eft la faifanderie cü 1'on garde de la volaille, & le pare qui renfermé plufieurs montagnes, plufieurs forèts élevées, plufieurs vallées profondes, & qui nourrit prés de 400 biches & cerfs. Les cantons du pare font très-animés a caufe de la quantité de montagnes & de perfpeétives lointaines kV p'.eines d'attraits. L'ceil erre entre des montagnes prochaines & éloignées, des forèts, des enfoncements verdoyants & des places découvertes oü paiffent des troupeaux de bètes fauves. Au dela de la ville d'Afchaffenbourg, qui eft dans un enfoncement, on apperqoit Ie Mayn briller & ferpenter dans des plaines couvertes de verdure: on découvre encore les lacs & la belle riviere qui avoifinent Schönbufch. Dans les forèts, qui forment le pare, font des chemins pour les cavaliers; a la fortie du bois, oü le gibier fe rend dans les paturages découvertes, onaconftruk par-ci par-la quelques maifonnettes d'oü l'on peut tirer fur le gibier, & qui offrent en méme temps des repofoirs agréables. Des plaines entieres font enfemencées pour la nourriture des bêtes fauves. Cet arrangement eft admirable; il contribue extrêmement a faciliter Ia chaffe & a la rendre un amufement plus humain, protégeant en partie les bleds du laboureur contre les ravages du gibier, & en partie le renfermant dans des enclos, enforte que la chaffe épargne les champs couverts de grains. Les laies offrent encore des promenades trés-variées & amufantes. La faifanderie dont nous venons de parler, & qui eft deftinée a la volaille, occupe auffi une enceinte affez confidérable. On voit ici de petits bois touffus, oü volent des faifans & d'autres oifeaux, & oü l'on a ménagé des cabanes pour leur fervir d'abri & des étangs environnés de peupliers d'Italie, derrière Iesquels peut fe cacher le chaffeur. Par-tout des  chdtecmx de plaifance, maifons de campagne, êdlüces champètres &c. 3 g7 des promenades ombragées fe dcploient dans ces cantons animés a cóté de maifonnettes cachées & fervant a guetter Ie gibier. Derrière Schónbufch on fera une feconde grande faifanderie pour des faifans fimvages, des perdrix & d'autres oifeaux. Ailleurs on arrange un lieu confidérable deftiné a 1'économie rurale, oü fon fera des effais & des expériences dans toutes les parties de 1'économie, fur-tout dans la maniere d'élever le bétail & les abeilles, & oü l'on fo'rmera des économes & d'autres jeunes gens. On a déja aftxgné différents champs 8c différentes prairies pour cet inftitution admirable. On a auffi commencé i,élever une quantité confidérable de bètes a cornes Suiffes, & l'on y jWndra des moutons & de la volaille domeftique de toute efpeceon y ajoutera encore une vafte pépiniere d'arbres fruitiers & une plantation d'arbres étrangers. On travaille aux édifices néceffaires pour cet effet. Dans un de ces édifices demeureront les jeunes économes; non loin dela on éleve un pavillon oü PEleéteur mettra quelquefois pied k terre, voulant veiller lui mème a cette excellente école. Un pareil exemple, foutenu par des fecours auffi efticaces, vaut mieux que mille de ces vaines invitations conténues dans les ordonnances ordinaires des Princes Jufqu'icil'induftrie 8c les connoiffances économiques manquoient dans 1'ElecTorat de Mayence. Le Prince d'aujourd'hui croit avec raifon ne pouvoir mieux contribuer au bonheur de fes provincès, qu'en montrant par des exemples 8c par des expériences, comment 1'économie rurale doit-être améliorée, Sc combien de fources de fubfiftance 8c de profpérité, bouchées jufqu'a préfent, peuvent ètre ouvertes par ce moyen. Presque a 1'extrèmité de ces établiffements a compter depuis Afchaffenbourg, établiffements qui, quoique fervant a décorer extrêmement le payftge, font principalement relatifs a 1'utilité, fe trouve vers 1'oueft Schónbufch, comme la partie la plus beüc, Ia plus ornée, 8c deftinée a nourrir le plaifir 8c a le propager. Un bois trés-confidérable, planté depuis environ fept ans, 8c de plus d'une lieue de circuit, porte avec raifon le nom de Schónbufch (beau bofquet). La nature a pofe le fond de cette plantation par les chênes fuperbes 8c les autres arbres foreftiers Ccc 2 qu'elle  3 gS Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, qu'elle a placés ici; enfuite le bon goüt s'eft efforcé d'embellir encore ce féjour en y plantant des arbres, des arbriffeaux, des ronces 8c des plantes indigenes 8c exotiques, 8c fur-tout de 1'Amérique feptentrionale. On y trouve plufieurs arbres beaux & rares, qui réuffiffent très-heureufement dans ce climat plus chaud, principalement une grande colleélion de rofiers. *) C'eft une plantation des plus charrnantes, des plus fraiches, & des plus touffues. Elle eft arrofée par un ruifieau qu'animent diverfes finuofités 8c diverfes petites chütes. Les repofoirs a l'ombre de chênes élevés, les bancs 8c les ponts blancs, qui par-ci par-la lient 8c décorent les promenades, les jeux multipliés 8c de différentes efpeces, 8c plus encore les groupes de fleurs qui s'élevent que'quefois ^ milieu des gazons, tout contribue a embellir ce bofquet. On pourroit encore rehauffer d'avantage les attraits de ce féjour, en y ménageant quelquefois unpeu plus d'ouverture, 8c de gazons, 8c en faifant fuccéder plus fouvent au grand bofquet un petit bocage compofé de tiges belles 8c fveltes. Cependant quelques endroits offrent des apperqus admirables du payfage environnant. L'eau ménagée devant le bofquet fournit fur-tout une décoration charmante. Ce font deux grands lacs creufés a la main; ils font voifins quoique féparés 1'un de l'autre, 8c leurs ondes claires 8c poiffonneufes fe roulent dans les plantations. Ces lacs font des baies pittorefques entre les faiilies des bocages 8c déployent enfuite des furfaces limpides oü fe mire le ciel avec fes nuages colorés. On a déja planté le long des rivages quelques groupes d'arbres dont les verdures font variées, 8c qui par leur difpofitlon ferviront comme de cadres a des tableaux choilis du payfage. Différentes fortes de bateaux fiottent fur les lacs, dont 1'un eft d'une grandeur confidérable. A Pextrémité de ce dernier on élevera un grand batiment dont la belle forme fe mirera dans les flots. L'autre lac s'étend en partie devant une colline en pente douce, que domine un pavillon trés-bien bati, 8c décoré avec goüt, oü PEleéteur a coutume de defcendre 8c de vaquer a fes affaires. Ce *) On en imprima un catalogue en in 8; dans quelques années ce catalogue f783 a Afchaffenbourg, en trois feuilles paroitra augraenté.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne,, édifices champètres &c. 389 Ce pavillon eft presqu'entiérement ar; angé pour PEleéteur feul; a cóté de l'édifice eft un terrein très-agréablement planté 8c décoré, que le Prince nomme fon jardin particulier. Une ile pleine d'attraits eft presque vis- a-vis dans le lac. Quelques vieux chênes répandent ici leurs épais ombrages; parmi ces chênes font difperfés des plantations d'arbres 8c d'arbuftes étrangers de 1'efpece la plus noble 8c la plus rare, des groupes de fleurs aimables 8c des plantes odoriférantes, t2ndis que les places découvertes font revètues du plus beau tapis verd. Des canaris chantent ici renfermés dans une volière; 8c des turterelles des Indes parcourent en liberté cette belle folitude. Les feuillages 8c Peau attirent d'autres chantres ailés, dont les mélodies variées fe mélent au joyeux roucoulement des tourterelles 8c aux accents aigus des canaris. Les chanfons de la joie qui retentiflent d'arbre en arbre, les couleurs variées de fleurs, que l'on voit naitre par-tout au fein de la verdure, les parfums délicieux que l'on refpire, les ombres légeres 8c les aimables reflets des objets dans l'eau, les cignes orgueilleux qui nagent de tout cóté, le doux repos que l'on goute ici, tout careffe 8c flatte l'homme fenfible qui s'arrête dans ce féjour enchanté, y demeure avec plaifir, 8c ne s'en arrache qu'avec peine. Une petite colline dégagée, 8c qui n'eft ornée que de fleurs peu élevées, s'abaifle doucement dans 1'ile jufques a l'eau. On voit cle cóté une haute montagne faétice, tapiffée de plantations, mais a laquelle on n'avoitpas encore mis la derniere main; dans Péloignement eft un édifice oü demeurent le jardinier 8c quelques domeftiques de la cour. A ce lac tient une grande riviere, également ï'ouvrage de Part; elle eft d'une belle forme, 8c fon cours tortueux eft fi large qu'on pourroit la prendre pour le Mayn. Cette riviere s'étend jufqu'a une demi-lieue; fon extrémiti eft cachée d'une maniere illufoire par des plantations 8c des ruines; tanrlis que l'on fort du bateau l'on apperqoit tout- a-coup le Mayn 8c un payfage entiérement différent de celui qu'on appercevoit auparavant. La riviere faétice eft trop élevée pour qu'on eüt pu Ia réunir au Mayn. Cette circonftance anéceffité la décoration qui cache rextrémité de cette eau 8c furprend en même temps par Pafpeét d'une nouvelle riviere. Ccc 3 La  3 g o Second Appendict. Courtei notices de divers jar dim, La promenade fur l'eau eft trés - agréable. Les rivages font tantot plus, tantót moins élevés; les payfages environnants s'offrent fous des points de vue variés, s'avancent & reculent. Quantité de canards animent la riviere. On pourroit encore placer par-ci par-la le long des bords quelques groupes & quelques bocages, qui interromproient les différentes perfpeétives, les détacheroient les unes des autres, & en rehaufferoient les attraits: ces plantations, exécutées avec réflèxion & avec choix dans quelques endroits ifolés, offriroient encore a l'ceil des points de repos agréables. La riviere, dont nous venons de parler, fait, avec les deux lacs, un des principaux charmes de Schónbufch. L'eau eft difpofée en belle's formes, & par-tout elle eft en abondance. Tout paroit Pouvrage de la nature, tant l'art eft heureufement caché. Lorsqu'on retourne fur la riviere vers 1'endroit d'oü l'on eft venu, on voit, en fe rapprochant de i'ile, un des plus beaux endroits de ce féjour. L'eau du lac femble fe perdre dans le bocage, ou plutót dans les groupes de bocage qui fe fondent 1'un dans l'autre; & la plantation rembrunie du fond préfente avec la plantation antérieure de 1'ile que l'ceil rafe, avec 1'éclat argenté du lac & le crépis animé du pavillon qui s'éleve infenfiblement, un mélange fi enchanteur de clair-obfcur, qu'on en pourroit faire un tableau des plus fuperbes. Cette relation des établiffements, formés autour d'Afchaffenbourg, montre le jugement pur qui préfida a leur naiffance. L'EIeéteur eft un Prince qui si un efprit formé par la leéture, les voyages, les ambaffades & les affaires, réunit diverfes connoiffances & un goüt délicat, qui chérit le favoir & les arts & les protégé aujourd'hui plus qu'aucun de fes prédéceffeurs; s'il trouve pour exécuter fes deffeins un homme qui fache fuivre fes vaftes idéés & fes grandes vues, cet ouvrage feul pourra éternifer fon regne. C'eft le premier exemple, que donne un Eleéreur de Mayence d'un établiffement, qui réuniffe la bienveillance au bon goüt. Veuille le ciel prolonger les jours de cet ami de Phumanité, afin qu'il puiffe achever tous fes plans magnanimes, & laiffer a fes provincès un ouvraee oü domine non feulement le goüt, mais encore tout cc qu'ern* braffe  ehdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 39I braffe une économie rurale perfeétionnée; un ouvrage qui banniffeles prcjuges & ia pareffe, qui répande 1'inftruétion 8c 1'expérience, qui puiffe etreimite en fes différentes parties dans les poffeffions des particuliers, oc qui merite reellement cette imitation. 7- Le fite admirabie du jardin nommé la Favorite, prés de Mayence conferve encore quelque réputation a ce lieu jadis fi célebre. Presqu'au deffous des fenètres du chateau le Mayn fe réunit au Rhin, & ces deux nvieres confondues prolongent leur cours en face du jardin, derrière lequel s'élevent des montagnes couvertes de vignobles pleins d'agrément Tout ce qui fe trouve dans Penceinte de ce jardin, fur-tout les ftatue,, font dans le gout miférable du fiecle précédent, quoique Fon voie encore percer beaucoup de traces d'une coüteufe magnificence. Le jardin 6c les édifices font affez connus par des gravures. Les environs mériteroient un meilleur établiffement. La route de Mayence a Coblentz, qui fe fait dans un jour fur le Rhin & que l'on compte de i8 lieues, eft une des routes les plus agréables & les plus intéreffantes que j'aie faites de ma vie. Cette route offre a 1'ami de la nature tant d'afpeéls & de tableaux fuperbes, elle lui préfente une fi grande quantité de payfages dont les caraéteres tranchent les uns avec les autres, les fcênes font fi énergiques, fi variés, Scs'interrompent d'une maniere fi infenfible, que l'ceil Sc 1'imagination font toujours très-vivement occupés. Les Anglois viennent en foule ici; aprês avoir fait le tour de 1'Europe, ils paroiffent n'être contents que lorsqu'üs ont fait cette promenade délicieufe 8c presqu'unique en fon genre Ce trajet fur l'eau, fait a travers les jardins naturels les plus raviffants eft fans contredit un des plus agréables de 1'Europe; auffi eft-il célebre par-tout. Après avoir paffé devant les plaines ou les grandes iles cultivées qui font dans le Rhin au deffous de Mayence, on atteint bientót le chdteau deBiberich, qui depuis long-temps offroit de loin un point de perfpeétive  gep Second Appendice. Cotirtes noiices de divers jardins, étive admirable. C'eft ici que j'eus d'abord le plaifir de débarquer avec la defcription de Madame de Berlepfch *) a la main. Dans le petit 8c agréable tableau fuivant, cette Dame fpirituelle repréfenté tout avec 1'exaélitude que lui infpire fon jugement exquis, „Le chateau 8c le jardin de Biberich produifent réellement de loin „un effet fuperbe. Le Rhin qui plein d'attraits coule fous les fenètres; „a gauche 1'afpeét. de Mayence qui n'eft éloignée què d'une bonne iieue; „a droite celui d'une vafte furface claire comme une glacé dans laquelle „fe peignent les tours, les maifons, les arbres fruitiers, 8c les vignobles; „dans la riviere même les iles les plus attrayants; tout autour un paradis „terreftre — quel fpeétacle! Et quel parti n'auroient pas pu tirer dece „fite l'art réuni au goüt! Mais c'eft précifément ce qui n'eft pas arrivé. „Le jardin eft derrière le chateau, 8c non au bord du Rhin, ce qui pour„tant auroit été fa place naturelle. Ce jardin ne renfermé non plus rién „de remarqüables, hors une allée en berceau formée d'abricotiers, qui „feroit facile a imiter, 8c qui eft tres-belle. Une belle allée d'arbres „fruitiers va vers Schierftein, autre lieu de Ia principauté d'Ufingue; „on a trés-bien profité de -cette allée pour donner au jardin une vue en „perfpeétive, 8c cette vue eft effeclivemcnt aulli champètre que belle. „Au refte Ie jardin eft vafte; il renfermé un joli bofquet a l'Angloife „dans lequel font des peupliers 8c des platanes élevés, 8c plufieurs autres „variétés, qui cependant tombent en partie dans le puéril. C'eft vraie„rnent dommage qu'on ne puiffe point appercevoir le Rhin depuis le jardin. Entre la riviere 8c la cour du chateau s'étend lc grand chemin 8c „une allée de chataigniers que je préférerois a tout le jardin." On auroit dü déployer un grand tapis verd du haut de la colline jufqu'au rivage de la riviere, 8c fe ménagcr la vue libre dün fleuve fi animé 8c couvert de barques 8c de vaiffeaux. Pour jeter de la vie 8c de Ia variété dans le tableau, on auroit pu faire paffer au bout du gazon le grand chemin bordé de deux foffés étroits 8c profonds. Les pavillons auffi *) Voyez le cinqiüeme Numero du journal publié a Hatinover en 1783 fous le titre: HannSverifches Magazin.  chdteaux de plaifance, maf om de campagne, édifices champètres &c. m auffi font d'un mauvaisgoüt. Le deffein du bofquet a quelque chofede trop recherché. Un long canal, qui fépare le jardin d'un verger me pa rut mfupportable ici. Comment une eau mefquine, fale, lo'uS dans fon refervoir peut-elle plaire dans un lieu d'oü l'on peutS Rhm fuperbe qui developpe ici une grande furface ? Ce fpeLle blefte ^il autant que blefleroit Poreille Ie babil puéril d'une petite caf de f cee da?s un d n a bord d£ Ia Bak.que ks ÜJ a -ajefte. Le ch teau de Biberich eft bati en grez rouge, & offre un afpetf noble, quoiqu'il commence a fouffrir des injures du temp. Pendant Pefpace de plufieurs lieues le Rhin s'élargit tellement qu'on Ie prendroit pour un vafte lac. Ses eaux d'un verd clair font un contrafte aimable avec la férénité-de Pair; dans quelques lieux plus ouverts il roule des ondes confiderables, quand le vent fouffle. D'abord nous eümesun temps peu favorable; il pleuroit par intervalles & un grand vent qui s etoit éieve d'avance, etoit contraire a notre petite barque. Cependant l air redevenoit quelquefois calme, & dans plufieurs endroits des jours doux, traverfant Ie brouillard, qui s'étendoit & fe renforcoit furtout auprès des montagnes derrière le Rhingau, tomboient fur le payfage, qu ils embel iftoient extrêmement, fur-tout Iorsqu'ds éclairoient des lieux parfemes de bourgs & de villages. Pendant quelques lieues Ie rivage eft plat; celui de la droite eft le plus beau, car c'eft ia que s'étend le Rhingau couvert de vignes & d'arbres fruitiers, & terminé en dela par des montagnes qui le protegent contre le vent du nord. Tantót la vue eft accueillie par une des iles riantes du fleuvej tantót elle eft amufée par afpea etendu du Rhingau oü fon ne découvre que vignobles & vergers. Le rivage eft orne de yiliages & de bourgs qui prolongenf leurs images dans 1 onde. Le fite, Parchitefture & les toits d'ardoife grifatre de ces villages, tous dont la nuance s'accorde mieux au payfage que le rouge trenchant des tu.Ies, la férénité que donnent a ces demeures leurs nombreufes fenètres & Penduit blanc de leur facades, tout rit a l'oeil avec un agrement inexprimable. Des couvents, des chapelles, des fermes, de petites maifons de campagne Manches qui reluifent au fein des vignobles TomV' • Ddd ° ver  594 Second Appendix. Courtet notices de divers jardins, yerdoyants, fuccedent a ces villages, a ces bourgs, a ces petites villes, avec une variété perpétuelle. Dans ces payfages enchanteurs paroifioit auffi Ie Johannesberg (mont St. Jean) avec le couvent qui le furmonte, & oü croit le meilleur vin. Une des principales fètes de 1'églife romaine, Pafcenfion de la Vierge, répandoit ce jour la de la vie fur les bords .du Rhin. Le bruit varié & mélangé des cloches d'une foule d'églifes, de cloitres & de chapelles, remplit les campagnes tant que dura la jour.née; vètus de leurs habits de fête, les habitants de tous les environs étoient en mouvement; de cóté & d'autredes troupes dévotes, précédées de bannieres & de croix, s'avanqoient vers les chapelles ifolées répan.dues fur les montagnes. Ces fcênes rendoient le trajet encore plus amufant. Pres de Rudesheim le lit du Rhin fe rétrécit, & 'es rïvages deviennent des montagnes. Quiquefois elles forterit perpendiculairement de 1'eau & font entiérement couvertes de vignes. Elles fe rapprochent fi fort d:ns le lointain, qu'on croiroit voir les limites du fieuve. Derrière la petite ville de Bingen, la fcêne change tout-a-coup. Les campagnes .aimables & riantes fuient. On entre dans des canons fauvages & romanefques. De part & d'autre s'élevent de hautes montagnes rocailleufes. . A droite on voit des vignobles & le lieu nommé Asmanshaufen oü meurit fur les rochers un excellent vin rouge. Quelques rayons du foleil tomboient par-ci par-la fur les roes & frappoient la vue par des coups de jours fubits qui éclairoient le fombre tableau. Les tourbillons & le murmure du fieuve qui fe romp dans quelques endroits contre les écueils cachés fous l'eau; les hauteurs rocailleufes qui s'offrent des deux cótés; les ruines d'anciens chateaux qui, fufpendues a des pentes, menacent de tomber depuis des fiecles & ne tombent point; la folitude de ces lieux fauvages; aucun autre attrait que celui de quelque rayon fugitif du foleil qui plane par-ci par-la fur les fommets des monts, ou bien la verdure des farments qui tapiffent les rochers; les faillies des montagnes, & les furprifes que caufent les coudes fubits de la riviere; enfuite quelque petite chapelle qui fe cache dans les creux des montagnes ou s'éleve fur  chateaux deplaifance, maifons de campagne, èdifces champètres &c. 39 j fur la pointe d'un abyme; enfin un village riant qui repofe fous des rochers; tout concourt a former & a renforcer le caraétere romanefque de ces cantons, caraclere qui quelquefois fe méle au fublime. A Bingen la rive gauche & rélevée commence auffi a devenir intéreffante par de petits villages, des ruines, des bois de chênes & quelques vignobles; a droite on ne voit presque rien que des raifins, qui, plantés fur les flancs des montagnes, couvrent une grande étendue. Ces environs de Bingen font beaucoup plus pittorefques que les premiers, a caufe des rochers, des montagnes, des ruines, des détours fans nombre de la riviere & des furprifes que caufent des points de vue & des coups de foleil inattendus. Ici s'ouvre au payfagifte Péeole la plus riche. Le poere n'y trouve rien que la verité raviffante de la nature. Elle ne laiffe aucune prife aux inventións du génie, aux embelliffements de Partifte. Celui-ci eft affez heureux quand il peut retracer ce qu'il voit. L'original furpaffe tout l'art de 1'imitation. Le talent du poè'te ou du deftinateur ne trouve ici d'autre occupation que celle de copier la nature. Quelle école de deffein que celle qui fe trouve entre ces monts & ces rochers, au pied desquels ferpente Ie fieuve le plus majeftueux de 1'Ailemagne' Quelle foule de tableaux les plus nobles & les plus intéreffants ne pourroit-on pas tirer d'ici, fi nos payfagiftes, qui préferent 1'étude des galeries a celle de la nature, qui aiment mieux fe rendre en Italië qu'apprendre a connoitre 1'AlIemagne, vouloient vifiter ces lieux! Après diner le Rhin devint plus calme; Ie ciel s'éclaircit. Cependant il étoit encore quelquefois voilé par de legers nuages, quirehauffoient les charmes des lointains apperqus entre les monts, en obfcurciffant pittorefquement les fonds, avec Iesquels contraftoit la vivacité des objets plus rapprochés. Plus on avance, plus les cantons romane(ques offrent une fucceffion variée dans leurs mélanges. On voit des chateaux ruines pendreaux ftancs des rochers, de vieilles tours & des anciennes murailies entre-mélées de vignobles & de villages, qui font ici plus petits & plus ifolés. Les derniers reftes de fiecles écoulés depuis long-temps font fufpendus fur les maifons égayées du vigneron baties • Ddd 2 depuis  3 96 Second Appendke. Courtesnotices de divers jardins, depuis quelques années. La clóture que forment les montagnes, & les ouvertures fubites qu'offre le cours du fleuve, varient presque a chaque inftant. On voit avec une femblable variété toucher aux rives du courant rapide les diftrifts de différentes fouverainetés, de Mayence, du Palatinat, de Darmftadt, de Trèves. Les villages, les villes, les bourgs fe rapprochent du rivage, & immédiatement derrière eux s'élevent des monts efcarpés, aux fommets desquels des forterefles fur pied fuccedent a des chateaux ruinés. L'imagination ne fauroit créer des fites plus hardis & plus hazardeux. Les roes les plus arides font tapifles de farments depuis leur pied jufqu'a leur fommet; on eft étonné d'apprendre qu'icl croitle meilleur vin de 1'Allemagne, & i'on frémit en même temps des dangers qui accompagnent cette vendange. Le fon perpétuel des cloches des couvents & des églifes, que les cavernes des montagnes rer>voyoient plus majeftueux, faifoit un effet au deffus de toute defcription, en fe mèlant au fon creux des flots qui fe brifoient contre les roes. Tantót le Rhin gliffe doucement en déployant une furface calme & unie, tantót il s'élance impétueufement & avec fracas entre la foule d'écueils qui fe cachent fous Peau, & qui multiplient les fréquentes tourbillons des flots fe précipitant avec effort a travers des paffages étroits & a demifermés. Cependant on apperqoit au deffus de foi, dans des lieux oü Ie pied de l'homme peut a peine fe pofer, des raifins agréables. & immédiatement a cóté des roes pelés ou des déferts boifés. Enfin voila la fin du fleuve, penfois-je, ou plutót voulois-je m'imaginer quelquefois; mais les rochers & leurs faillies fuyant tout-a-coup, j'appcrcevois un nouveau courant. Dans quelques endroits les maffes de roe tombent a pic dans l'eau. Le ciel mème avoit ce jour la Pafpeét aufli romanefque que la terre. Des nuages d'une forme finguliere flottoient entre les pointes rocailleufes, s'arrétoient a leur fommet comme des colonnes, changeoient de figure & s'évanouiffoient. Des coups de jour fubits fuccédoient a des ténebres rapides; de larges maffes d'ombre s'étendoient entre les monts refferrés; des torrents de lumiere & d'éclat leurfuccédoient, & nous fendions légérement les ondes brillantes. - Nous  ehdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres 8c 397 Nous arrivames au tournant de St. Goar. Après 1'avoir traverfé en volant pour ainfi dire, nous vimes les ondes bouilloner & s'agiter com me fi une proie importante leur étoit échappée. Dans cet endroit l'eau eft vive & rapide; fon fit eft étroit. Quelquefois fe montrent des roes entierement déferts, depouillés de vignes & de brouffailles, nuds iné gaux, rompus, qui n'offrent aucune tracé d'habitations; enfuite re'vien nent des forèts fombres & penchées; des fommets abandonnés oü d" fenttriftement les reftes difperfés d'antiques cMteaux; des excavations qui prouvent que des torrents de pluie font tombés dans ces lieux Ici les monts s'entaftent fur les monts & les roes fur les roes. Telsfont en y joignant le bruiffement des eaux & les hurlements des vents les cantons majeftueux qui infpirent du refpeét & une forte d'admiration tandis que ceux qui les précédent, attirent fimplement les regards & eau! ient de 1'etonnement. Mais ces fcênes ne durent pas long-temps. Presque chaque quart dW fait yoir un canton d'un caraétere différent, ou du moins un canton dans lequel les mémes caraéteres font réunis d'une maniere différente. Souvent un trajet de quelques minutes offre un village un couvent une tour une mine; ces objets femblent fe faluer réciproquement d une nve a l'autre, & il n'eft pas rare de voir trois ou quatre lieux habnes & pleins de vie attenant a un coude peu long de la riviere Dans ces vallées etroites Pafpeét animé des maifons blanchies, contrafte lur-tout avec 1 obfeurité des monts qui fe refferrent. Prés de Boppart on voit tout a la fois trois différents couvents de nonnes, fitnes vis-a-vis 1'un de Pautre; dans ce même diftriét, &fous le meme point de vue, fe montrent des couvents de Capucins, de Francifcains & de Carmes. Des petites chapelles s'offrent tantót ici, tantót a. Les montagnes, qui s'entaftent jufques a trois reprifes les unes fur les autres, jetent une ombre grave & majeftueufe fur ces tranquilles demeures de la folitude. Peut-ètre ne fauroit-onpeindre un canton oü le caraétere de la méiancolie fut plus fortement empreint. Ddd3 Vers  ju8 Second Appendice. Cour tes notices de divers jardinf, ■'- i Vers le foir un léger brouillard voila les campagnes. Dans le crépufcule les montagnes paroiffoient fe réunir a 1'onde calme du Rhin; leur ligne de féparation s'évanouiffoit de plus en plus dans le lointain, 8c le tout fe fondit enfin dans une réunion douce 8c harmonieufe. Les rivages & les monts les plus voifins refterent feules dévoilés; & a mefure que nous approchions, l'illulion magique des lointains fe perdoit dans une douce clarté & dans des reflets immobiles qui fembloient fortir du fein de 1'onde. Bercés par le doux ftlence de la foirée, nous gliflions dans notre bateau tantót a travers les reflets qui commenqoient a trem-. blotter, 8c qui étoient les reflets aimables des maifons de campagne, des couvents & des vignobles, tantót a travers les maffes férieufes d'ombres qui defcendoient du haut des monts. A ces objets fuccederent de petits vallons délicieux placés entre les montagnes, des bocages d'arbres fruitiers 8c des petits villages paifibles, oü par-ci par-la nous voyons s'élever, non fur des cabanes, mais fur des maifons noblement conftruites, une fumée qui annoncoit un fouper plein d'hofpitalité. La faqade de ces maifons, tournée du cóté de l'eau, ieluifoit au milieu des ombrages des arbres fruitiers, 8c invitoit les voyageurs a entrer dans ces demeures du repos. La cloche de vepres commenqoit h retentir au fein du crépufcule, 8c les montagnes renvoyoient le fon qui les avoit frappées. De tout cóté les couvents 8c les églifes de village annonqoient 1'heure de la priere. Les cloches fe répandoient comme ft elles euffent compris 1'invitation réciproque qu'elles s'envoyoient & qui maintenant voloit d'oreille en orcille. La dévotion, un ftlence folemnel, le repos de 1'ame, le fouvenir tranquille du paffé & le preffentiment de 1'avenir, preffentiment incertain comme la clarté du foir, s'étendoient dans tous les environs avec le fon facré. L'obfcurité des montagnes & leurs ombres ainfi que la tranquillité de l'eau, ne contribuoient pas foiblement h renforcer la difpofition dans laquelle Tame fe trouvoit alors. Les ténebres augmentoient; cependant nous voyions encore des tours fur le rivage 8c des ruines fur la pointe des roes. En approchant de  ehdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. m de Coblentz, nous vimes les montagnes fuir infenfiblement d'abord k gauche enfuite a droite, le pays s'applanrr; le vent fouffloit fans obftaele; ,e Rhin rouloit des flots écumants, & nous terminames une promenade fur 1 eau qui n^ adéfirer que Ia longue jouiflance du fouve- fournLr1" S & ^ t0UtCS *** nüus avoit 8. L'ancien chateau éledoral de Coblentz eft fitué Ie long du Rhin dans une val ee, au pied & fous la protedion de la fameufeforterelTe d'Ehrenbreitftein aflife fur une montagne. Ce chateau offre une vue animce de ia riviere de fes ponts, & des barques grandes & petites qui lat «mentent & la defcendent Comme cet édifice tombe en ruine lEledeuraduel Clement Wenceslas, né Prince de Saxe, acommencé un nouveau chateau grand & magnifique, qui n'eft pas encore ach vé 11 eft pres de la ville de Coblentz, fur une petite colline au bord du Rhin Tz & décT IC "T ^ *** IeS ^de-n""^ grez & deent avec fes appartenances un grand eerde. Cet édifi-e a fans doute de la grandeur, de Ia pompe & de la folidité. A quelques lieues de Coblentz eft Kerlich féjour d'été ordinaire de lEledeur regnant. On detruit aduellement l'ancien jardin fymmlrri! que, & Ie plan du nouveau jardin eft déja tracé. Le canton eft a h ve rite presque tout en plaine. Cependant Part y ménagera une grande piece d'eau une cafcade confidérable, & des ruiffeaux qui coulefoml formeront de pentes chütes. La nouvelle plantation ne fera pas un^ quement compofee d'arbres & d'arbriffeaux indigenes, mais aufl! dW Si * f ^ P'^""^^^«««Jolisgazona, en profitant des belles perfpedivesqu'oftrele payfage environnant. Leplan, quejevs ici & les commencements du jardin promettent un ouvrage admirable Et 1 on ne doit pas s'attendre a moins fous Ie gouvernement d'un Pr n e qui pint -a une grande bonté de coeur le gout délicat & Pamour beaux am hereditanes dans fa maifon. L'exécuüon eft confiée ï un con-  4eo Second Appendke. Courtes notkcs de diuersjardïm, connoiffeur qui la terminera heureufement, c'eft Monfieur le Baron de Tunnefeld, Maréchal des logis & Chambellan. II a beaucoup de connoiffances en fait de jardins & beaucoup de zele, & a fait en Angleterre un voyage expres pour perfeéïionner encore fon goüt. A ce nouveau jardin on réunlra une forêt voifine dont la décoration eft déja commencée. L'objet principal de cette forêt eft un moulin, ou plutöt une fabrique renfermant une falie, & dont 1'extérieur a entiérement 1'apparence d'un moulin j le mouvement de la roue & Ie murmure „ de l'eau contribuent a 1'illufion. L'onde continue fa courfe, & forme a quelque diftance une grande cafcade naturelle, qui en écumant fe précipite d'en haut d'un rocher entre des brouffailles & des arbres, & continue a s'écouler avec bruit fous les buiffons. Enfuite viennent quelques cabarets ruftiques ouverts, ou de ces berceaux de bois que l'on voit quelquefois dans les villages; ils font précédés de ponts, le tout fi naturel 8c fi fort dans le goüt de fcênes bocages agreftes, que ce canton, dont 1'ordonnance eft fi conforme a fon fite, ne peut que plair'e extrêmement. Différentes fcênes qu'offre encore ce bois pourroient bien être changées, avant qu'on le réuniffe au jardin de Kerlich. Monfieur le Comte de Waltbott Baffenheim, Bourggrave de Friedberg, poffede auffi dans ces cantons un féjour d'été agréable. Le jardin renfermé un vallon charmant & une montagne boifée, oü les plus belles fcênes pourroient encore fe développer. A Mont-Repos pres de Neuwied le Prince régnant a décoré de divers deffeins une montagne élevée, vafte & couverte de bois. Quand on eft dans le chateau, l'on voit en face le Rhin fuperbe. Le nouveau jardin élecloral qui eft a Duffeldorf, hors de la porte nommée Bergerthor, eft entiérement dans le goüt Anglois. L'Abbeffe d'Effen, Marie Cunegonde, née Princeffe de Pologne & de Saxe, fceur de 1'Eleét.eur de Trèves, Dame de beaucoup d'efprit & de goüt, fait planter a Borbeck un trés beau jardin. Dans les environs du haut Rhin, vers Mayence, le pare de Mr. le Comte d'Oftein Niedervvald eft remarquable. On Pa placé fur une mon-  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 4 01 montagne qui efl au nord vis-a-vis de Bingen. Le large fommet de la montagne forme un beau vallon applani qui s'abaiffe du cóté de Poueft & qui elf ombragé par nombre de chênes & de hètres touffus & fuperbes. Au milieu l'on a bati des maifons champètres placées fur un grand" efpace découvert. Les campagnes du Rhingau toutes couvertes de rai fins & de fruits, Mayence, Francfort & d'autres villes, une foule de payfages & de monts prochains & éloignés, offrent avec le Rhin des vues valles, fublimes & romanefques qui furpaffent presque toute defcription La forèt a quatre lieues de circuit; elle eft embellie d'allées, de fieges gazonnés, d'hermitages, de pavillons & d'autres repofoirs, & l'on continue encore a multiplier les fcênes. Son fite élevé & les points de vue raviffants qu'il offre, feroient feuls de ce pare un des plus beaux parcs d'Allemagne. Le même Comte a encore conftruit un palais fuperbe aGeifeoheim village du Rhingau; a ce palais il a joint un jardin agréable. Pres de la ville de Creuznach, Mr. Schmerz, négociant, a fait un nouvel établiffement en profitant avec goüt de la difpofition naturelle du terrein. 9» Le jardin qui fe trouve derrière Ie chateau de Darmfladt efl rempli de gravité & de méiancolie, & ne préfente aucune tracé du brillant & de la pompe ordinaire aux jardins des Princes. Même la rotonde, qui efl bien batie, n'y répand aucune férénité, a caufe d'une épaiffe p'ant ,tion qui 1'environ .e de très-près. Ce jardin n'eft guere qu'un morceau de forêt, fauvage, ifolé, dos, planté de différents arbres étrangers; au moins Ia plantation eft-elle affez irréguliere pour reffembler a un morceau de forét. Cependant ce féjour plait aux cceurs qui aiment a s'abandonner a une douce méiancolie; mème fans Ia fcêne refpectable qu'offre le tombeau, ils fe fentiroient bientót remplis d'une douce triftefle & de réflexions férieufes. Par-tout aléntour des ombres profondes & majeftueufes, aucune vue du monde; un mur revêtu de verdure Pexclut TomeV. Eee " Le$  4oa Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, Les arbres, fur-tout les peupliers d'Italie, qui, ferrés les uns contre les autres, s'élevent ici a une trés-grande hauteur, & font entre-mèlés de faules de Babylone, ne laiffent pénetrer que peu de jour par le haut. Le ciel & la terre femblent couverts dün voile. La plantation dans laquelle tantót s'étendent des allées tirées au cordeau, tantót ferpentent a 1'aventure des fentiers tortueux, n'offre aucune décoration, & n'a que quelques gazons qui adouciffent un peu les ombres de ce lieu. Au milieu de ce bois mélancolique, fe trouve le tombeau de la Landgrave: cette excellente Princeffe, pendant ces heures oü elle familiarifoit d'avance fon efprit avec le ciel, choifit elle-même cet emplacement, füre qu'elle étoit de triompher de la mort. Ici elle fe livroit fouvent aux mtditations les plus fublimes, & fortifiée par ces méditations, elle put ordonner ellemème la place qui fait reculer d'horreur les autres, dont ils peuvent a peine foutenir Pidée, la place oü fon corps devoit être livré a la corruption. C'eft ici qu'elle repofe aujourd'hui fous une grande colline entiérement tapiffce de lierre morne-& toute environnée d'arbres coniferes & réfineux, & de faules de Babylone qui penchent leurs rameaux d'un air compatiffant & femblent s'attrifter au fein d'un filencieux crépufcule. Au fommet de la colline funéraire eft une belle urne de marbre blanc avec deux génies & cette infcription: Hic jacet. Henr. Cliriftina. Carol. Lov. Haff. Prine. Foemina. fexu. ingenio. vir. Nat. VII. Id. Mart. A. MDCCXXI. O. 111. Kal. Apr. A. MDCCLXX1V. S. E. T. L. Un grand connoiffeur en fait de mérite, le Roi de Pruffe, a confacré ce monument a la mémoire de Ia Princeffe. Cette fcêne li bien compofée fait une impreftion qui fe répand fur 1'enfemble, impreftion que tous les monuments & les maufolés vuides ne fauroient produire. L'habitant du pays s'approche de ce lieu avec un faint refpeét, & en pouffant un foupir bien juftement dü ah mémoire de ce qu'il aperdu; &Pé-  chateaux de plaifance, maf ons de campagne, édifices champètres &V. 403 & 1'étranger eft d'abord rempli par une rêverie pleine de méiancolie, qui, lorsqu'il eft inftruit, fe change en un fentiment de compaflïon affeétueufe par lequel il eft arrété ici plus long-temps qu'il ne s'y attendoit. Ce feroit réellement dommage que l'on plaqat dans ce jardin des fcênes qui n'affortiffent point a fon charaétere, ou qu'on lui fit éprouver quelqu'autre changement qui détruifit fon air de gravité mélancolique. 10. Le* jardin éleétoral de Schwetzingen prés de Manheim eft affez célebre. On I'a commence, il y a environ vingt ans, & l'on a prodigué des fommes immenfes, plus cependant au commencement qu'apréfenf pour tracer un deffein d'après 1'antique fymmétrie. *) La première faute que l'on fit, fut de ne pas choifir un canton qui renfermat plus de variétés naturelles; p. e. un canton plus voifin de Ia route nommée Bergltraffe; & la feconde faute fut de conftruire ce jardin dans Pancienne maniere fymmétrique, tandis que Ie goüt Anglois étoit déja répandu par- tout. Mais 1'ordonnateur de ce jardin, Mr. de Pigage, Franqois & Sur-Intendant des édifices de PEleéteur, femble n'a voir jamais entendu parler de rien de pareil. On choifit une plaine, Sc ne voulant fupporter aucune inégalité, on Papplanit par-tout. Les champs fertiles & les belles prairies s'évanouirent, & il ne refta qu'une vafte furface fablonueufe oü l'on eut de la peine a faire profpérer les plantations. Le jardin eft d'une grande étendue; l'on eft d'autant plus fatigué par la fymmétrie éternelle qui regne ici par-tout, hors dans un petit emplacement qu'on nomme le jardin Anglois. On ne voit que grandes allées en ligne droite, que haies & berceaux tirés a la regie & au cordeau, qu'arcades, balcons & niches de branchages, qu'une quantité inutile de grillages de fer & de bois; & entre tout cela des parterres, des machines £ee 2 hydrau- *) On porte a 120,000 florins d'Etn- 40,000 fïorins par an. On compte que pire les feuls frais des édifices Turcs. Ia dépenfe occafionnée par les chateaux L'entretien annuel du jardin & la conti- de Schwetzingen & de Manheim va juf- nuation de 1'enfemble coütent environ qu'a 60,000 florins.  4 04 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, hydrauliques, des ftatues répréfentant des figures de bout & couchées, la plupart en marbre & de grandeur naturelle, quelques unes en platre & de grandeur coloffale: enfin des réfervoirs réguliers. Par - tout on appercoit de l'art, de la pompe & de Ia dépenfe, mais d'autant moins de goüt, tant relativement a la diftribution de 1'enfemble qu'k celle des fcênes ilblées. Qu'on voie p. e. la fcène appellée la Mecque, & qui confifte en une quantité d'édifices Turcs réunis par des galeries ou des arcades. Ces galeries font fi étroites qu'a peine deux perfonnes peuvent s'y promener de front; & ce qu'il-y a de plus fingulier, cette prétendue Mecque eft au milieu d'une partie a la Francohe, oü Pordonnance de Pemplacement fait qu'on ne s'attend a rien moins qu'a une fuite d'édifices Turcs. De la Mofquée on voit diredement un morceau Egyptien auquel on travaille encore, & qui comme le Turc paroit tombé du ciel. Ce morceau Egyptien eft une montagne fur laquelle on conftruit tout a neuf le monument du Roi Sefoftm. Pour faire illufion, ce monument ne pourroit ètre autre chofe que quelques ruines presqu'entiérement effacées par les injures du temps. Mais ici tout eft neuf, complet, décoré; le temps n'a rien changé. Dans les caveaux que renfermé la montagne on placera des tombes & des momies, & Caron, dit-on, paffera les morts dans ce féjour. Autour de la montagne on creufera le lac de Méris. — Comment étoit-il poffible d'imaginer une pareille idéé? Quel intèretpeutelle avoir; quels effet* peut-elle produire? N'eft-ce pas infulter a 1'imagination ck diffiper ridiculement fon argent ? Et cette fcène, qui doit être une imitation tirée de i'antiquité la plus reculée, cette fcêne Egyptienne, on la réunit a une fcène Turqüe! On auroit du plutót ériger ici le tombeau de Mahomet. Les machines hydrauliques ne font pas d'une invention moins étrance Deux grands cerfs, pris dans des toiles & attaqués par des chiens, lancent de 1'eau: & prés du bain l'on voit une fcène des plus burlefques; d^ns le baflin eft un hibou, fur lequel des coqs, des pigeons, des paons, desdindons fcc.placées tout autour fur un treillage, lancent des jets d'eau. Ce  chateaux de plaifance, maifons de campagne, 'édifices champètres &e. 405 Ce qu'il y a de mieux dans les jardins de Schwetzingen ce font les batiments, qui font vraiement d'un ftyle noble. II feroit feulement a fouhaiter que les places qui les environnent fuffent arrangées d'une maniere convenable au caraétere déterminé de ces édifices. Minerve a fon temple ici tout comme Apollon. Sur I'entrée du temple de Minerve dont la facade eft foutenue par des colonnes Corynthiennes, l'on voit Ia Déeffe dans un char; l'art lui préfente le plan du jardin, qu'elle approuve 8c dont elle ordonne 1'exécution. Idee fmguliere! L'on fait que Minerve ne fut jamais une connoiffeufe en fait de jardins. L'intérieur du temple offre en marbre la Itatue de la Déeffe. Le temple d'Apollon eft une rotonde portée par douze colonnes ïoniques. Le Dieu des Arts avec la lyre eft en marbre au milieu du temple. Ce morceau n'a pas réufli a Partifte; le dos fe püe d'un air aufli répentant que ft c'étoit celui d'un St. Xavier. La décoration du temple & de fon emplacement n'eft pas des plus heureules. Que font auprès du temple d'Appollon deux Nayades qui verfent de l'eau d'une urne, & en général qu'y font la cafcade a hFrancoife, Ie treillage, les fphinx, 8c enfin Ia grotte qui eft deffous cette fabrique? La maifon des bains eft aufli un beau batiment d'une ordonnance magnifique. Deux ftatues convenables, 1'Amour & un Faune font a I'entrée. Les bains font de marbre. Le long des murs fe préfentent fix Nymphes avec leurs urnes; elles font en platre 8c en demi-reliëfs. Des vafes a parfums fe voyent encore tout au tour. Le plafond eft en forme de grotte, orné de cryltal, d'améthyftes & d'autres raretés de la partie noble du regne minéral. On voit des pilaftres'd'albatre d'Allemagne, & des parois revêtues de fumach de Virginie. La maifon des bains renfermé une petite ftdle 8c quatre chambres, décorées de tableaux, de basreliëfs & de dorures. Le temple de la Botanique n'eft pas moins remarquab'e. II eft au bout du jardin prés d'une petite pépiniere que traverf nt d'étroit< fentiers. La plantation renfermé une colleétion de toutes les fortes d'arbres 8c d'arbuftes indigenes 8c exotiques qui réufliffent dans le Palatinat, 8c qui font Eee 3 icl  4o6 Second Appendice. Courtes notices de divers jar dim", ici marquées de leur nom par la fatisfaétion des amateurs & Pinftrufciofl des jeunes jardiniers. Cet établiffement eft tres - bon Sc trés-convenable. C'eft feulement dommage que l'on ait gaté Ie beau naturel de ce canton Sc qu'on Pait transformé en plaine nue lorsqu'on commenqala plantationt Le temple, conftruit en pierre, eft rond 8c porte cette infcription: Botanicae iilveftri Afl. MDCCLXXVIIf. Qui fe rapporte aux arbres Sc aux arbriffeaux de la plantation voifine. En dedans eft une ftatue allégorique en marbre; c'eft une figure de femme tenant dans la main un rouleau fur lequel on lit: Caroli Linnaei fyftema Plantarum; afes pieds fe trouve un vafe avec des plantes. La ftatue eft vis-a-vis de la porte dans une niche; de cóté l'on apperqoit, auffi dans des niches, deux grands 8c beaux vafes de marbre avec des décorations allégoriques 8c quatre autels décorés de fleurs, de fruits & d'inftruments relatifs au jardinage. Au deffus de ces autels paroiffent Théophrafte, Pline, Tournefort 8c Linné en médaillons; plus haut les quatre faifons en bas-reliëf, & les douze fignes du Zodiaque délicatement peints en or. Le dedans de la coupole eft orné a Pantique, & Ie jour tombe par fa partie fupérieure dans l'édifice. Les fphinx de Pentrée ne conviennent nullement ici, 8c les deux grands vafes, placés en dehors des deux cótés, font fuperflus. Ce temple de la Botanique eft Pobjet qui prouve le plus de gout; c'eft une invention auffi heureufe que nouvelle, mais il devroit être au milieu d'un canton riant, rempli de belles fleurs Sc d'arbuftes. A cette extrèmité du jardin & trop pres de cë temple, dont elles ne font point feparées par une plantation, fe trouvent des ruines pittorefquement conftruites en tuf. Elles paroiffent des reftes d'un aqueduc Romain. Une tour, qui en fait partie, préfente des vues agréables du payfage environnant; ces vues donnent fur Schwetzingen, Manheim, Heidelberg, fur plufieurs villages, 6c fur toute 1'étendue de la belle route nommé Bergftraffe. 11. Bruch-  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 407 ir. Bruchfal, réfidence du Prince Evéque de Spire, eft connue par fes admirabJes établiffements & par fon architecture. Le chateau eft a" coup für un des ouvrages les plus beaux & les plus nobles d'Allemagne. Son afpeét, fa forme, la colonnade qui décore fon entree, & fur laquelle s'éleve un balcon, la ftruélure du veftibule, 4es falies fuperbes, parmi lesquelles fe diftingue principalement celle qu'on nomme falie de marbre, la communication commode qui regne entre toutes les chambres, leurs. décorations riches & délicates, tout fe réunit pour offrir une ceuvre fuperbe en fait d'architeéture & de goüt. Les batiments collatéraux, parmi Iesquels eft fur-tout 1'églife, compofent un enfemble admirable, tant par rapport a la réunion des parties que par rapport a 1'apparence extérieure. Un arrangement particulier trés-utile confifte en ce que des tuyaux de plomb, qui partent d'un chateau d'eau fitué a un quart de lieue fur une hauteur oppofée, fe rendent tant dans les appartements qu'aux bulcons de devant & de derrière & dans la cuifine, enforte qu'on n'a qu'a tourner un robinet pour avoir de Peau en abondance. Cette eau eft conduite jufques dans les chambres fous le töit; dans les falies a manger elle fert a rincer les vafes & étancher la foif; mais elle eft fur-tout utile en cas que quelque accident fubit, ou quelque orage caufat un incendie. Cet arrangement mérite d'ètre imité dans tous les édifices coüteux & les chateaux oü l'on peut le pratiquer. Le jardin qui fuit le chateau eft dans l'ancien goüt. Excepté quelques places ombragées, il ne fe diftingue que par des orangeries & des ferres, & par des arbres fruitiers choifis & tirés de 1'Alface voifine, de la Lorraine & de la France. Le chateau d'eau dont nous venons de par.'er eft en mème temps un bienfait pour la vi le oü la difette de bonne eau caufoit jadis beaucoup de maladies. Aujourd'hui 1'aqueduc long d'un demi-mille (d'Allemagne) y mene une eau pure, faine & potable. Elle fe raffemble dans un grand réfervoir du chateau d'eau, dont ce réfervoir eft en quelque facon la cave contenant 1800 foudres. D'ici des tuyaux conduifent l'eau comme on Pa déja remarque au chateau & a la ville, & fourniffent les fontaines pubii-  4S>8 Second Jlppendice. Courtes notices'de divers jardins, . publiques. Au deffus du baffin s'étend une forte voute; elle fert de fondement au pavillon qui occupe le haut du chateau d'eau. La voute efl élevée, vafte & trés-feche. Autour du réfervoir regne une galerie avec des baluftrades. Pendant un temps chaud on jouit ici d'une promenade éclairée, agréable, raffraichie, & presque fouterraine; on entend le murmure de l'eau, & l'on n'eft incommodé par aucune exhalaifon, paree que les tuyaux emportent continuellement une maffe d'eau égale a celle qui arrivé, & que l'air circule librement. Au deffus de la voute eft une falie avec diverfes chambres collatérales, qui, excepté la vue, n'offrent rien d'agréable. L'enduit extérieur de cet utile chateau d'eau mériteroit d'ètre ramené a une fimplicité de teinte qui plairoit plus que la multiplicité de couleurs dont il eft bariolé. Prés de ce chateau d'eau eft une maifon deftinéeatirer fur Ie gibier; fon architeéture eft un peu finguliere mais convenable a fa deftination. Cet édifice confifte en une arcade allongée, aux deux angles de laquelle font deux cabinets. On tire fur le gibier a travers les arcades & l'on mange dans les cabinets. Derrière chacune de ces deux pieces, un efcalier commode mene au toit plat du batiment, toit qu'environne une baluftrade. A chaque angle de ce toit un petit efcalier conduit a. deux tours dont 1'enceinte ouverte eft entourée d'une baluftrade, & couverte par une légere coupole que foutiennent des barres de fer. L'afpeét que Pon découvre d'ici eft vafte & raviffant. Les yeux parcourrent différentes villes & nombre de villages, dans 1'enfoncement éloigné Bruchfal avec fon chateau & fes clochers, & plus prés tout alentour des vignobles, qui dans le temps de la vendange offrent un joyeux tumulte que Pon apperqoit tout entier d'ici. Le Prince d'aujourd'hui a fait planter a Kieslau, chateau de plaifance fur la route de Bruchfal, un bofquet a l'Angloife oü fe trouvent divers arbres exotiques. Le deffein de ce bofquet offre aufli peu de goüt que celui de Wagheufel, autre chateau de plaifance, oü 1'onaconftruit un foidifant hermitage fymmétriquement entouré de quatre pavil'ons, avec une plantation environnante tout aufli fymmétriquement diftribuée d'après ces  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 4o9 ces pavillons. On n'a tiré aucun parti d'un beau bois voifin On ne cherit pas encore ici Pair noble & aifé de Ia nature & du goüt ce qui enchaine le génie du jardinier. g ' qUÏ 12. La Solitude, chateau de plaifance célebre, non loin de Stuttgard a ete conftruite par Monfeigneur le Duc regnant de Wurtemberg. Les jardin. font encore dans Ia maniere du fiecle paffé; *) cependant on voit une foule d arbres fruitiers de toute efpece plantés dans les haies, & Porangene renfermé une fi grande quantité d'arbres confidérables, qu'elle eft peut- etre la mieux fournie de toute I'AlIemagne. Les fabriques font encore plus remarqüables. La maifon Japonnoife, que l'on n'a peutetre nommee ainfi qu'a caufe de la figure très-déplacée qui en furmonte e toit, eft un tres-joli batiment en dedans. Les écuries font fans doute les plus fuperbes de i'Europe; plus d'un Prince n'eft pas aufli bien logé que les chevaux le font ici. La falie des lauriers mérite encore de Pattention a caufe de fon étendue, de fon ordonnance intérieure qui eft pleinede gout, & derfa décoration compofée d'ouvrages en pMtre, de vkes & de ftatues allegoriques. Le chateau de plaifance même eft en partie dans le gout Italien, d'une architeéture un peu extraordinaire mais agréable. Autour de Pétage principal s'étendent des arcades, dont Ie farge toit entoure de baluftrades préfente une promenade dégagée, & fait jouir des perfpeétives vaftes & fuperbes que domine ce fite. L'édifice eft cou ronné par une grande & belle coupole. Toutes les chambres font décorees avec un goüt noble & fuperbe. Mais le fite de la Solitude furpaffe presque tout autre fite du cóté de Pétendue des payfiges que l'on appercoit de cette hauteur, & de la variété étonnante d'objets qui attirent les yeux. Le •) On en a un grand plan topographi- On publiera bientót des deffeins du cMteau que deffineparFifcher & gravé par Abel. de plaifance, de la falie des lauriers &c. Tome V. pf£  4 io Second Appendice. Courtes notices de divers jar dim, Le fite de Hohenheim, autre demeure champètre du Duc, plus nouvelle 8c plus célebre encore que Ia Solitude, eft moins fuperbe que celui de cette derniere. Cependant le payfage des environs a beaucoup d'aménité & un air champètre plein de douceur & de calme. Les plantations de ces fcênes multipliées 8c 1'ordonnance d'un fi grand nombre d'édifices font extrêmement remarqüables; jene faurois pourtant en donner une defcription complette, en partie paree qu'on augmente 1'enfemble toutes les années, en partie auffi paree que je n'ai pu marquer qu'après coup ce que j'ai vu. *) Le Duc habite encore ce qu'on appelle la métairie; on batit un chateau, 8c l'on travaille k différents autres batiments, fans compter ceux que l'on commencera dans la fuite. Comme ce feigneur trouve aujourd'hui tant de plaifir a goüter le repos & les doux attraits de la vie champètre, 8c qu'il s'occupe lui-même, conjointement avec Madame de Hohenheim, Comteffe du St. Empire Romain, des embelliffements délicats de ce féjour enchanteur, on a partagé 1'exécution du plan en plufieurs années, afin de jouir plus long-temps des plaifirs que caufe cette occupation. „ Les deffeins tracés k Hohenheim font d'un genre auffi nouveau que brillant. On fait qu'en Italië on batit au milieu des ruines de 1'antiquité, ou que l'on rtünit de nouveaux batiments a des refies d'édifices Romains. Telle eft Pidée qu'on a fuivie ici. On y voit imités les plus beaux reftes d'antiques batiments, 8c ils font immédiatement joints a des falies 8c a des cabinets ordonnés d'après le nouveau goüt 8c décorés avec délicateffe 8c avec magnificence. Presque tous les édifices offrent un contrafte frappant dans les tranfitions; en quittant des ruines illufoires, des débris de rochers 8c des murailies en apparence prètes a s'ecrouler, o \ eft frappé *) On fait qu'il eft rarement permis a cóté de S. A. S. Monfeigneur le Duc & aux étrangers de voir Hohenheim. J'eus de Hladame la Comteffe de Hohenheim. cependant 1'honneur qui ne s'effacera ja- Quelques précieufes que me fuffent ces mais de ma mémoire, de palier une après- heures, je n'ofai cependant pas me perdmée entiere a vifiter toutes ces fcênes mettre de rien noter fur le champ.  chdteaux de plaifance, maf ons de campagne, êd'fces champètres &c. 4lI &Zltf TJT'k'T tranfporté dans d€S chambres bri»-"S & iuperbes. II n eft guere de ruines mieux delïlnées & mieux exécutées hfinpnfe. C eft ainfi, p. e, que l'on amené ici de Canftadt, éloignée de quelqueslieues, 3o,ooo foudres de tuf pour les ruines qui font au bout de 1'enfemble; vu fa couleur & fon afpeét morcelé, ce tuf convient ^ mirablement hen a des fabriques de cette efpece. Les ruines font tot c que Ion peut s'imaginer de plus fuperbe en ce genre d'imitatZ Elles reprefentent avec la grande, pompeufe & pittorefque cafcade qux es accompagne, une copie de la fameufe cafcade de Tivoli. L'eau que Ie foleil embellit de fes rayons, fe précipite du milieu de ces ruines refpe! étables, en formant une chüte profonde & perpendiculaire, écume & murmure en s'ecoulant au pied de ces ruines fcfeperd enfin dans „ne grotte. Au fommet des ruines eft une églife du ftyle gothique, avec des fenètres bien rares compofees de vitraux peints: ces reftes du meilleur fiecle de Ia peinture fur verre, dont l'art eft perdu aujourd'hui, ont ete «maffes de cote & d'autre avec beaucoup de peine. Tous les orne ment» en fculpture, tant intérieurs qu'extérieurs, & même les grandes tombes de pierre pleines de figures antiques & armées qui forment Ie Pave, font effeétivement des chefs d'ceuvre & des monuments de l'art re ftes des fiecles antiques. Derrière 1'eglife on voit de cóté Ie presbytere qui ne fait pas moins d'illufion. Sous 1'égüfe s'étendent dans le roe des catacombes, tout-a-fait de l'ancien ftyle; les pierres & les infcriptions qui les décorent font de véritables antiques, venus d'Italie; d'un cóté font des tombeaux chrétiens & de I'autres des tombeaux payens Lors que, précédé d'un flambeau, on porte fes yeux de cóté & d'autre que par-tout on voit ce que le temps & le coftume exigent, tantót une inicnption tracee fur une pierre mais a moitié effacée, tantót une urne ci neraire fur laquelle tombe obliquement un jour foible, qui venant d'en haut perce ces ténebres, on fe croif réellement tranfporté par magie dans les anciennes catacombes de 1'Italie. Derrière ces ruines fuperbes jointes ala cafcade, eft le temple de la Sybille presqu'entiérement ba'i Fff 2 x 1 2 comme  413 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, comme celui de Tivoli. Prés de la Ton a érigé un nouveau batiment dont les toits plats partagés en différentes terraffes font jouir des p!us beaux & des plus vaftes lointains, 8c montrent en mème temps la plus grande partie de ce féjour. Outre ces ruines on en rencontre ici plufieurs autres conftruites d'après d'antiques reftes. Tout prés de 1'endroit par oü nous entrames, s'éleve un temple rond presqu'entierj il domine que'ques ruines d'oü fe précipite une cafcade, qui enfuite fe change en ruiffeau, ferpente joliment avec un doux murmure, 8c concourta former des fcênes très-flatteufes. Enfuite il fait aller un moulin, qui eft tout-a-fait dans Ie ftyle propre a ces batiments, 8c qui renfermé des chambres ordinaires. D'abord après on entre dans un beau batiment voilin, d'un ftyle noble; l'on monte un efcalier qui mene au toit plat de ce batiment, & tout-a-coup Pon y appercoit un jet d'eau qu'entourent des orangers. On fe trouve ici au milieu d'un petit jardin, 8c l'on fe croit en Italië. 11 regne en général par-tout dans les édifices un efprit de furprife, qui ne fauroit produire un effet plus vif que celui qu'il produit. Au fortir de ruines défertes on entre fubitement dans une falie ronde ornée de colonnes Corynthiennes a chapiteaux dorés, de plafonds peintsfur des modeles tirés d'Herculanum, 8c de bas-reliëfs de marbre entiérement dans le goüt antique. La quantité d'ouvrages d'architeéture déja conftruits eft trés-grande, montant au dela de vingt. Cependant la nouveauté 8c la variété de leur forme 8c de leur diftribution ne le rend pas moins intéreffants que Ie bon goüt avec lequel ils font exécutés; 8c ft maintenant ces fabriques femblent furcharger le diftriét qu'elles occupent, dans la fuite la crue plus vigoureufe des arbres, des bocages 8c des groupes qui les environnent, fera que les fcênes feront plus détachées les unes des autres, 8c plus ifolées. Outre les imitations variées de ruinesRomaines, outre un hermitage 8c une chapelle très-bien conftruits, on voit ici divers édifices champètres, qui nourriffent ['idéé d'un village charmant, idéé dont on s'occupe avec tant de plaifir dans ces lieux. On a élevé plufieurs maifons de payfans,  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 413 fans plufieurs maifons Suiffes, une auberge, une laiterie, une métairie une bergcrie une cabane de charbonnier, &c. Toutes ces fabriques font du vrM ftyle, & leur arrangement intérieur, qui s'étend même^ques fur les mftruments & autres nécefiités, indique leur deftination Exammons p. e. cette laiterie, .grand édifice protégé par 1'abri raffraï-' Oh flant d'un toit qui fait une faillie confidérable. Ia pompe qui eft a fon fra cheur " '* * ^ & * ^» de * L interieur renfermé une jolie cuifine & des chambres deftinees au & au fromage, puis une grande falie. La cabane de charbonnier qui fe trouve au milieu d'un épais bois de peupliers, n'eft pas unetven tionmoms heureufe; fon apparence extérieure trompel'ïïl, &" eneur furprend par un cabinet élégant qui renfermé une b blLeqtfe tres-choifie appartenant J Madame Ia Comteffe de Hohenheim C'eft un fepur doux & aimable qui apprend a eftimer les occupé de lÏ fpnt de cette Dame. La cahane eft éclairée de deux cótls par lux fe neties; la ia.riqueeft appuyéecontre le tronc d'un grand X£3*  4 ï 4 Second Jppendice. Couriet noticcs de divenjardm, creux, mais déja mort, dans lequel fe trouve la cheminëe & fon tuyaü. Lc fite 8c 1'extérieur de la cabane fe voient dans cette gravure. Peu loin de la eft le jardin nommé: Jardin Américain, qui renfermé dans un bel emplacement la colleétion d'arbres 8c d'arbriffeaux exotinues *) la plus riche 8c la plus complete que nous ayons en Allemagne; elle eft rangée fuivant le fyfteme de Linné. On trouve ici des plantes de fefpece la plus rare, 8c l'on fe plait a voir croitre 8c profperer fousce i) En I78o on en itnprima un catalo- 85o families & efpeces différentes fans Ja Stut gard; il efting. de 253 pages les variétés qui font en grand nombre. & ne fe v d po nt. 11 contient unique- Dès 1'été de I7g3, temps auquel je « tnt les noms des plantes en Lat*, en Hohenheim, cette colle&on a etoit aug ItlZ & en Francois. On y trouve mentéedeplus de 400 efpeces & vanetes.  thdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 4 r 5 climat doux d'Allemagne les produits des pays les plus éloignés, mèjne" des 'iles de la mer du Sud. Le Duc & la Comteffe fe difputent a qui 1'emportera du cóté de la connoiffance botanique des plantes étrangeres. Ce Prince, qui embraffe tant de fciences avec une ardeur & un zele extraordinaire pour leur propagation, fit lui-méme un voyage en Hollande & en Angleterre, pour voir les plus belles plantes exotiques, & pour les achetcr. Je trouvai dans les plantations de Hohenheim peu de groupes formes avec art; mais j'y trouvai des promenades raviffantes & de beaux bofquets de peupliers d'Italie entre-mélés de fleurs & d'aïbriffeaux a fleurs odorantes, & animés par le chant des oifeaux & le murmure des ruiffeaux. On fe croit quelquefois magiquement tranfporté en Chypre dans les bofquets de la Déeffe des amours. Nombre d'arbres fruitiers délicats font difperfés dans les plantations. Une fource presque inépuifable d'amufements fe répand fur 1'enfemble. On appercoit tantót un monument d'un flyle noble, tel que celui confacrée a Halier; tantót une fabrique dans laquelle fe tróuvent les modeles de tous les inflruments de l'agriculturej tantót des places couvertes de toutes les efpeces d'arbres, d'arbuftes & de plantes fauvages propres au Wurtemberg; tantót des endroits garnis de légumes dont 1 efpece efl nouvelle; tantót de petits vignobles & des plantations de figuiers. A cela fe joint la variété des idéés & des fouvenirs que fait naitre une foule de fabriques diverfes, & dont S la jouiffance eft rendue plus fenfible par la clóture verdoyante qui regne tout alentour, & par Péloignement paifible du tumulte du monde. Ce féjour eft commence depuis environ dix ans, & combien ne s'eft-il déja pas fait dans cet efpace! Le penchant d'un fouverain pour Pagriculturè eft eftimable en lui-mème, paree que ce penchant occupe Ie Prin5e agréablement & fes fujets utilement; mais ici c'eft plus qu'un penchant j c'eft une paflion guidée par Ie gout & appuyée fur Ie favoir. Hohenheim offre principalement a Partifte une riche école d'architeclure, art dont le Duc a déja conftruit tant de monuments fuperbes. Rien ne fauroit être plus agréable que les ornements variés, delieais & remplis de  416 Second Appendice. Courtes notices de divers jardin?, de goüt qui regnent dans les parties les plus nobles des batiments. On voit une fertilité inépuifable d'images, 8t l'on découvre les traces de 1'imagination vive 8c neurie qui les créa. Rien n'eft difparate ni commune, tout eft ft convenable, fi bian choift, fi pur, fi fimple, 8c cependant fi plein d'une douce volupté, que les mains des graces 8c des amours femblent avoir tout formé, peint 8c décoré a 1'envi. Que l'on examine les bains pour fe convaincre de la vérité de cette remarque. — La paix des champs, le contentement, la fatisfaétion fourient dans une foule de fcênes douces: ce font ces fentiments fur-tout qui embeiliflent le féjour que fait ici une Dame pleine d'efprit, d'agréments 8c de nobleffe de cceur, qui chérie par les cours, 8c refpeétée par les favants, réunit le goüt a la ieéture, 8c la connoiffance du monde a une douceur, a une gaieté qui brillent dans fes yeux pleins d'ame, 8c qui font naitre des fentiments ennoblis par la caufe même qui les produit. 13. Tant a caufe de fon architeéture extérieure, qu'a caufe de fa diftribution intérieure 8c de fa décoration, le chateau de Carlsrouhe eft du nombre des bons édifices appartenant a des fouverains en Allemagne. Feu Mr. Sulzer a déja remarqué la fingularité qu'offre 1'ordonnance, en ce que les ailes qui s'étendent le long de l'avant-cour, forment avec le corps de logis, non des angles droits, mais des angles obtus. Cependant cette ordonnance ne fait pas un mauvais effet; au contraire, lorsqu'on eft a quelque diftance vis-a-vis de l'édifice, elle lui donne un air de perfpeétive. Cependant la ftruéture de 1'enfemble prouve que les ailes ont été ajoutées dans la fuite, 8c le chateau ne laifleroit pas d'offrir un bel afpeét quand mème il en feroit privé. On remarque feulement que le corps de logis, étant de même hauteur que ces ailes, ne s'élevepasafiez. La tour, qui pourroit remédiei a. ce défaut, eft entiérement fur les derrières du chateau, 8c difparoit a mefure que Ton s'approche. Cette tour eft d'ailleurs bien batie; fon fommet préfente de belles vues dans le payfage ; 8c elle fert de centre a une foule de coupures faites dans. le bois voifin,.  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 4,7 voifin, a des allées & % des rues desquelles on appergoit cette tour. L'avenue du chateau, agréablement fitué dans Ie jardin, eftbordéedes deux cótés de places cultivées & ornées d'orangers. Immédiatement derrière Ie batiment s'étend Ie jardin, qui commence par des orangers, des gazons, des pieces de fleurs & de petites allées couvertes & ombragées. L'arrangement efl presqu'entiérement dans Ie gout Franqois. On voit des haies, mème de fapins, des allées droites & en berceaux, des treiilages, des jets d'eau, des baffins reguliérement tracés &c. Le fite eft tres - avantageux; car quoique Ie payfage foit en plaine, Ie jardin touche immédiatement a une grande & belle forét; qui plus eft, tout Pemplacement qu'occupe aujourd'hui le chateau & le jardin étoit jadis en forêt. Lorsqu'on commenqa ce chateau, le goüt n'étoit encore guere éclairé en fait de jardins. C'eft pourquoi l'on fépara le jardin de Ia forèt au lieu de 1'y réunir, ou d'en faire un jardin foreftier; on fe contenta de percer dans Ia forèt des ouvertures droites & uniformes. On voit encore aujourd'hui a 1'endroit oü finit le jardin une haie qui en ferme la limite, & qui cache i'afpeét des beaux arbres foreftiers, dont les branches & les faites s'élevent derrière la haie. Le jardin a d'ailleurs diverfes parties agréables dans les endroits oü il ne fuitpas 1'ancienne fymmétrie & n'eft pas plein de haies. On a commencé un deffein dans Ie goüt Anglois; mais les monceaux de roes, les enfoncements & les grottes tombent dans Fenfantillage; rien n'eft groupé, & les bancs & les fieges font peints en verd. Cependant on pourroit^bientót former ici Ie plus agréable des jardins foreftiers. Car on trouve par-tout, dans les entre-deux des haies, de riches pépinieres des plus beaux arbres & arbriffeaux étrangers, Iesquels font déja d'une hauteur confidérable. En banniffant les haies, on verroit paroitre tout-a-coup les plus agréables plantations, qui font voilées aujourd'hui & que l'on pourroit aifément perfeétionncr. On trouve ici des tulipiers fuperbes, qui fleuriffent & portent de la fémence; on y trouve encore des platanes élevés, des catalpes, des Gleditfchs, des fumachs, des faux - acacias &c. En tranfplan- tant la foule de jeynes arbres qui font dans ces lieux, on pourroit comTome F. Ggg pofer  418 Second Jppendice. Courtes notices de diuers jardins, pofer de nouvelles fcênes. La douceur du climat favorife leur crue. Au milieu de toutes les raretés de ce féjour, on fe rappelle fur-tout que c'eft la demeure d'un des Princes les plus fages 8c les plus amis de 1'humanité, qui, vraiement pere de fes fujets, a rompu les dernieres chaines de la fervitude. Le chateau de Raftadt préfente extérieurement 1'empreinte d'une architeéture pure 8c noble. L'entrée du corps de logis eft decorée par une colonnade de fix colonnes d'ordre ïonique qui portent un balcon. Le corps de logis domine remarquablement les deux ailes qui font en faillie, 8c dont l'étage inferieur eft garni de longues arc?des. La rampe élevée qui mene au chateau, 8c les ftatues qui la décorent, & qui auroient pu être mieux choifies, vu ce qu'elles repréfentent, font un effet trés - animé avec le refte. II y a quelques années que l'on a donné un nouveau crépi au chateau, & contre toute attente il eft d'un rouge de brique, fans aucune interruption. La cour intérieure eft toute couverte de gazon; preuve trifte & touchante de la fragilité des puiffances fouveraines. Que ce chateau étoit brillant jadis quand il étoit animé par fes habitants 8c par les fètes qui s'y donnoient! L'ame éprouve toujours une forte émotion a 1'afpeét de chateaux qui naguere brilloient de la pompe des Princes 8c rétentiffoient de leurs plaifirs, 8c qui maintenant abandonnés & déferts tombent en ruine, 8t ont leurs cours embaraffées de verdures 8c de ronces fauvages. 14. Le chateau du Prince Evêque de Wiirzbourg eft du nombre des batiments les plus remarqüables de fa claffe en Allemagne, 8c pafferoit en Italië mème pour un ouvrage important d'architeélure. La fienne eft très-riche 8c réunit fa grandeur a la magnificence. *) Le chateau de Seehof, peu loin de Bamberg, 8c appartenant a 1'Evêque de cette ville, eft un quarré parfait avec des coupoles a chaque angle. Le ^ *) Un très-bon deffein de ce chateau Mr. Goeking fous le titre: Journal für fe trouve dans le 5e cahier de 1'ouvrage Deutfchland (Journal d'Allemagne) 1784. périodique publié en Allemagne par  chateaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 419 Le jardin eft dans l'ancien ftyle; &un connoiffeur délicat des beaux arts Mr. Nicolai, fait des remarques trés-juftes dans la defcription qu'il nous" en donne. *) La maniere guindée & uniforme de 1'ancienne fymmétrie continue aregner beaucoup dans les jardins de Franconie, & plus encore dans ceux de Baviere. Le jardin de Nymphenbourg, ci-devant fi célebre ne renfermé que des allées, des haies, des cabinets, une foule de jets d'eau, de ftatues dorées, de vafes, Sec. Le connoifleur ne trouve rien ici qui puiffe Fintéreffer & fe hate de pafler outre. Les arts de 1'architecture, de lapeinture, de la fculpture & de la gravure, fleurifient depuis long-temps dans 1'EIeélorat de Saxe, &s'y font répandus par le fecours d'artiftes du premier rang. On poffede 8c on admire a Dresde mille tréfors de I'antiquité en buftes, en ftatues, en pierres gravées; on y poffede & admire les plus beaux chefs d'ceuvre en fait de nouvelles peintures de toutes les écoles; on adu goüt 8c de Ia fenfibilité pour les beautés qu'offre la nature, 8c qu'elle répand ici avec profufion dans les payfages les plus fuperbes. Et cependant les jardins demeurent encore en grande partie dépourvus d'amélioration, 8c bien au deffous du modele idéal dont la nature nous préfente une fi grande quantité de traits enchanteurs. Même fuivant la defcription de Mr. Dafsdorf, **) le jardin de PEleéteur a Dresde eft entouré de tout cóté par des murailies, 8c a des haies de buis artiftement taillées 8cc. Le jardin du Prince Antoine eft nouvellement conftruit, 8c offre cependant des parterres, des allées au cordeau, Ggg 2 un *) Rei/en durch Deatfchland und die fidenzjladt Bresden und einiger umtiegenSchweiz. ifterBand. S. 118-122. C'eft-a- den Gegolden. C'eft-i-dire: Defcription dire: Voyages en Allemagne & en Suiffe. des curiofités les plus remarqüables de Ier Vol. page 118-133. la réftdence éleftorale de Dresde, de de **) Befchreibnng der vorzüglkhjlen quelques -uns de fes environs. 1782. PaMerkwürdigkeiten der churfiirjllichen Re- gesógi.&c,  4 2 o Second Appendice. Cour tes notlces de divers jardins, un canal bordé de hètres êk de tilleul?, des haies &c, ce qui eft tout-afait dans le ftyle propre aux architeétes; aufti en eft-ce un qui a tracé ce jardin. Exceptë les vues raviffantes de 1'Elbe & des payfages environnants, & quelques bonnes ftatues, les autres jardins de Dresde n'ont rien de recommandable, tant ils font encore foumis a l'ancien goüt. Suivant Ja defcription de Mr. Dafsdorf, la plus grande beautés de ces jardins confifte uniquernent en des charmilles ou des arcades de charmes qui environnent un parterre, d'oü partent de tout cóté des allées de tilleuls tirées au cordeau. Cependant, on a déja commence Pamélioration des jardins. On a déja changé d'après le goüt Anglois une partie du jardin de PEleéteur a Pillnitz. On voit encore les premières traces de nouveaux deffeins a Wefenftein, aOftra, aTöbernitz, aThalwitz, aWölkau, a Stórmthal, aZfchepline. Un homme de goüt, ck qui a favorifé tant d'ouvrages de goüt, *) a érigé dans fon jardin champètre de Sellerhaufen prés de Leipzig, un monument confacré a deux de nos premiers écrivains fes amis: ce monument honore autant le cceur de celui qui 1'a fait conftruire, que Tart d'un Oefer qui 1'a exécuté. C'eft une urne courennée a cóté de laquelle font des palmès ck des lauriers placés fous un livre ouvert. L'urne repofe fur une colonne qui furmonte une éminence plantée de lierre & environnée de faules de Babylone & de rofiers. D'un cóté eft fcu.lpté le portrait de Gellert ck de l'autre celui de.Sulzer, tous deux entourés de guirlandes. Ce monument eft en marbre de Saxe, ck la fcêne eft des plus pittorerques. Dans un des jardins qui font autour de Leipzig fe diftingue par fon architeéture noble, le nouveau pavillon de Mr. Loehr bati par Mr. Dauthe. 16. Les *) L'éditenr de cet ouvrage, Mr. le ne; cette planche ne fevendpas, mais Jïbraire Reich. Mr. Geyfer a gravé une Mr. Reich en fait préfent a fes amis. trés-belle planche repréfentant cette fcè-  16. • Les jardto, de Berlin & des environs font généralement encore dans i annen gou, a en jugerpar une defcription très-exafle.-) cC£ on cbftlngue, din de )a princ Amc|. ^ > W« pms pen dapres Ie nouvean ftyi II en eft de même du jardin que g.and Munftre d-efe, Mr. le Baron de Zedlte a fait conftruire no" vïlé ment, Srqui eft „n monument du goüt délicat de fon propr tï £ ,ard,„ du Comte de Schulenbonrg eft auffi très-agréable; ce ja ta 1Z perfeclmnne par Mr. Harris, Envoyé d-Ang!e,erre. Cependam > u fan gri» de Berlin fon. eliimables par leis fruits exc llent , ^ pms^uante ans animé de plantes belles & uti.es ce faL ftétilet iardin Zfoltf. ^ k g°"' ,outó h ™gnincence d'un jardin ,oy 1 On adnnre ta un temple antique rempli d'antiquifés funerbes un obeltfque unportail orné de colonnes Corintbiennes, & une grotte de marbre décorée de colonnes ïoniques; des baffins de mX des terraffes, des efcaliers & des allées, & „ne colonnade, eou lW de ftatues de buftes & de vafes; des murs incruftés de n ere d pele decryftal deroche, de véritab.e corail & de eoauillages. Le ft' e^ fon, en partje des antiques admirables, q„ rappel.ent bhiftoire anc eÓne & 1 mytholog.e en partie de nouvelles ftatues faites par les plus „Z ardles. Les allees en berceau & les petits bofquets on, par- oJt d ftat.es & des buftes & les cabinets des grillage, de fer & des ornemeS dores; une pame a la Hollandoife eft pleine de grains de verrel de morceaux de porcelaine. Les ouvrages de bar. qui couvren, en fout le jardm, en chaflen, presque Ia „ature. Les plantations ont «é Lc s a fe pber en etotles, en falloos &c. La faifanderie, que Von appelle Ggg 5 ~, «) Voyez la p,ge 699 da ad VoinlM defcription des villes Je P,rr d, U „„„veile éditiea ^em«„de de 1, Pc,sdL p,r £ *  42a Second Appendice. Courtes notlces de divers jardins, auffi le pare aux chevreuils, eft plus agréable par L'air naturel qui y regne; c'eft un bois que l'art a feulement un peu eclairci & arrangé, & qui renfermé une quantité de faifans. Ce pare, oü regne un goüt plein de grandeur, eft garni de plantes Américaines & exotiques en grand nombre .& renfermé beaucoup d'endroits ^timirables. Des deux cótés d'une grande route, ferpentent des fentiers qui fe déploient dans des bofquets compofés des plus beaux arbres, conduifent fouvent a des deffeins grands & pleins d'attraits, & offrent par-ci par-la des vues donnant fur des prairies, de l'eau & des collines. S. A. S. Monfeigneur le Prince Henri, frere du Roi, poffede a Reinsberg un chateau de plaifance & des jardins, dont Mr. le Lieutenant Hennert publia la defcription in 8. a Berlin en 1778. Mr. Bernoulli *) a publié les plans de divers jardins fitués dans les états du Roi de Frufle; ces plans offrent des traces du progrès que fait le nouvel art des jardins; quelquefois ils s'écartent de la fymmétrie; mais quelquefois aufli ils retournent s'y perdre. Monfieur de Hoym, Mioiftre d'état dirigeant en Sïléfie, ami éclairé des jardins, a conftruit un jardin fuivant le nouveau goüt dans fa feigneurie deDyherrenfurth a quatre milles (d'Allemagne) de Breslau. Mr. le Comte de Solms & Teklenbourg a commencé a Klitzfchdorf dans les environs de Bunz.au un bel établiffement dont 1'enfemble ne pourra qu'ètre admkable, vu les lumieres de ce connoiffeur. Mr. Schönau, Directeur de ia ville de Hirfchberg, a merité la reconnoiffance de fes concitoyens, en faifant un jardin public agréable d'un montagne oü étoit le gibet, & qui préfente les plus belles vues des monts appellés Riefengebirge. **) 17. Le *) Dans rouvrage qu'il publie périodi- •*) Mr. Hh-fchfeld en donae une dequement fous le titre: Sammlungkurzer fcription dans 1'Almanach allemand des Reifebefclireibungen; c'eft - a - dire: Re- jardins pour i'année 1785. cueil de courtes relations de voyages.  shdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 423 17- Le petit emplacement rempïi d'attraits qu'a fait confïruire Madame Ia Ducheffe regnante de Saxe-Gotha & Altenbourg, qui poffede des connoiffances délicates dans les arts, mérite encore d'ètre cité a cóté du nouveau jardin ducal de Gotha, un des jardins les plus beaux de toute TAllemagne. *) Outre les vues pittorefques qu'offre une plaine ricbernent décorée par la nature & par, 1'agriculture, & outre les bofquets, les allées & diverfes fcênes des plus agréables, on voit avec un plaifir particulier Ia maifon, qui ala forme d'une chapelle conftruite dans l'ancien gout gothique. **) Le jardin deWörlitz prèsdeDeflau mérite a* tout prendre une place parmi les jardins les plus nobles d'Allemagne, tout comme fon proprrétaire eft un des meilleurs Princes, pere de fes fujets, ami de l'humanité & connoiffeur en fait d'arts. 11 a embelli fon pays d'édifices & de jardins qui feront long-temps des monuments de fon gout auffi délicat que male. La maifon de campagne eft très-belle, & d'un ftyle noble, qui, a quelques bagatelles prés, regne avec une harmonie charmante dans tout Penfemble & dans les parties ifolées. Le jardin a fans doute beaucoup de beautés, en partie fruits de la réflexion, en partie fuites du fite & des circonftances accidentelles. II faut Ie ranger entiérement dans Ia claffe des jardins agréables, & il eft enrichi par la gaieté & Pair riant des perfpeétives. Sa riviere avec les diverfes eaux qu'on en a tirées, les iles, les ponts, les bateaux qui fervent au paffage, les plantations, & les fentiers qui les traverfent en deftinant des finuofités aifées & nobles, concourent a Pénvi a perfeétionner les charmes de ce jardin. C'eft feulement dommage qu'en quelques endroits il commence a donner dans Ie baroque. On emploie trop fouvent la mine de fer, & Pon tente de faire des rochers avec cette pierre; ou bien on la met dans un contrafte touta-fait fmguïier avec des pierres taillées ou des parois plates. On aime aufli *) Voyez Ie Tome IV. page 274 - 279. manach des jardins public par M, Hirfch*») On en trouve le deffein daas i'Al- feld pour 1'année 1782.  424 Second Jppendice. Courtes notices de divers jardins, auffi le Gothique plus que le caraétere de 1'enfemble ne paroit le permettre-, presque tous les édifices, grands & petits, font de ce ftyle.*) 18. Les jardins d'Autriche commencent auffi a s'élever de 1'ancienne fymmétrie au goüt pur de la nature. 11 eft vrai que le jardin du célebre chateau de plaifance impêrial nommé Schönbrunn, queMr. Nicolai**) décrit ainfi que l'édifice d'une maniere exaéte & inftruétive, ce jardin, dis-je renfermé encore fes arbres taillés en éventails & fes haies dans des quarrés réguliers, ce qui eft peu naturel. Cependant 1'Empereur fait conftruire aétuellement a Laxembourg, un nouveau jardin commencé depuis quelques années & qui fera d'un goüt noble. Un grand plan enluminé, ***) qui contient les additions faites en 1782 & 1783 , prouve déja que 1'enfemble a des parties admirables. L'eau fe déploie en belles finuofités, & les vaftes gazons offrent un afpeét amufant avec les grands groupes & les plantations qui étalent fur ces tapis verds leurs formes variées. Sans doute que l'on étendra & perfeétionnera ces fcênes, dès que le Monarque pourra retourner tout entier aux douces occupations de la paix. Le nouveau jardin que le Feldmaréchal Comte de Lafcy a fait conftruire aNeuwaldeck dans un canton autrefois inculte, n'eft pas moins célebre a caufe de fon propriétaire qu'a caufe des beautés multipliées que la nature & le goüt y déploient. Le fite montagneux de ce lieu le fait jouir des agréments que fourniffent les cafcades & les lointains valles & fuper- *) On annonce depuis long-temps gne, & quelques parties des ornements une defcription détaillée du jardin; peut- d'archite&ure. être naroïtra-t-elle efteftivement. En **) Voyez le 3e Tome p-83-94 defon atteudant elle vient d'ètre précédée par ouvrage intitule: Rei/en durch Deutfehcinq grandes & belles planches, qui re- land. préfentent le plan du jardin, la facade, le ***) On ne le vend point. mais on en plan & la corpe de la maifon de campa- fait .prüfeut.  chdteaux de plaifance, maifons de eampagne, édifices champètres &c. 425 fuperbes. Mr. Nicolai *) en a donné une belle defcription qu'on n'oferoit répéter ici, paree qu'elle eft entre les mains de tous les gens de gout. Cependant ces jardins, dont les éminences boifées, les laies & les gazons fe diftinguent d'une faqon fi avantageufe, offrent quelques parties que le connoifteur foubaiteroit de voir difparoitre, p. e. des haies fymmétriques avec une machine hydraulique au milieu, des plantations d'arbres tirés au cordeau; des parterres a la Francjoife, le tombeau de Rouffeau que l'on ne chercheroit pas ici. Mais le temple de Diane s'accorde trèsbien avec des montagnes couvertes de bois & de gibier, & la ftatue de Mars qui fe repofe, quoique d'ailleurs ce Dieu foit déplacé dans un jardin, eft trés-convenable ici, paree qu'elle rapelle ie doux repos de la paix dont un grand héros jouit fous ces ombrages champètres. Cobenzelhof prés de Vienne eft un jardin du genre romanefque, que le Vice-Chancelier Comte de Cobenzel fit former en 1778 dans un vallon étroit & fauvage entourede hautes montagnes, auquel il n'a fait que peu de changements. La defcription qu'en donne Mr. Nicolai **) eft fi belle, & préfente une idéé fi raviflante de ce féjour, qu'elle m'engage a la copier ici, d'autant plus que les jardins romanefques font rares. „La maifon," dit-il, „eft trés-petite mais jolie. Elle eft fituée dans „une efpece de défert agréable, fur une colline de peu d'étendue, entre „des montagnes hautes & boifées. Prés de la maifon font divers che„mins qui tournoient autour de la colline fur laquelle elle eft placée; ces „chemins, dont chaque détour offre un banc pour fe repofer, menent „infenfiblement dans le vallon. On prend alors a gauche en traverfant „un petit pont, & l'on remonte peu a peu en parcourant un bois agre„fte. On redefcend encore a gauche le long d'un clair ruiffeau, dans „lequel *) Voyez Rei/en durch Deuffchland, roit encore un plan de ce jardin qui efl: 3e Tome p. 104-115. Outre les quatre . de la même année, & gravé par Mansplanches mentionnées par Mr. Nicolai, feJd. qui parurent en 1782, & repréfentent **) Tome ge p. 116-r 13 de fes voyadifférentes vues de Neuwaldeck, il pa- ges fi fouvent cités. Tome V. Hhh  436 Second Appendice. Courtes notices de divers jardins, „lequel font placées d'efpace en efpace des pierres polies, afin que 1'eaii „coule en murmurant. Enfin on appergoit une colline élevée couverte „de verdure. Au fommet eft un chien dans fa rhaifonnette; il laiffe „pafler tranquillement les curieux fans abboyer. Aufli le chemin ne „mene-t-il pas fur la colline, mais continue a defcendre vers une ave„nue obfcure, qui ferpente un peu 8c devient encore plus ténébreufe. „Tout-a-coup la lumiere pénetre par le haut, & l'on fe trouve dans „une grotte voütée affez haute, conftruite de grez informes, comme fi „elle étoit percée dans le roe. Cette grotte contient une fource vive „qui bouillonne toujours, & qui remplit de fon onde trés - claire un baflin „affez grand. On a ménagé des marches de pierre dans ce baflin, en„forte qu'on peut y defcendre aufli bas que l'on veut pour fe baigner. „A cóté de la fource eft une large pierre en guife de table. Sur cette , pierre étoit un paffage du poëme d'Oberon *) par Mr. Wieland; ce „paffage imprimé fur une feuille détachêe portoit pour titre: Alfonfe. „Après nous ètre arrètés quelque temps dans cette grotte agréable, fans „negliger fur-tout de lire dans ce féjour charmant le beau paffage „d'Oberon, que nous avions rencontré a 1'improvifte & fi fort a propos, „nous pourfuivimes notre chemin, & parvinmes a un petit réfervoir „dans lequel une fource vive jaillit d'une pierre. Alors nous defcen„dimes de nouveau, & trouvames encore deux petits rtfervoirs qui for„moient des cafcades. Remontant enfuite quelques marches nous primes un chemin fombre qui tourne autour de la montagne 8c paffe de„vant une glaciere. Continuant a monter encore quelque peu, 8c nous „détournoiant, nous fortimes fubitement du canton fombre & folitaire „oü nous avions été jufqu'a préfent, & nous nous vimes dans un vallon „couronné par-tout de montagnes couvertes d'arbres a feuillages élevés. Devant nous étoit un étang oü nageoient des cignes, des canards „de Turquie 8c d'autres oifeaux aquatiques, 8c nous appercevions de „nouveau *) Le même Poè'te qui a traduit en bre efl: en vers de dix fyllabes&en oftavers les Idylles de Gefsner, nous a enco- ves a 1'ltalienne, ce qui n'en augmente re fait préfent d'une élégante traduftion pas peu la difficulté, &, a notre avis, le Francoife d'Oberon. Cette tradudión li- mérite. Note du Traduiïenr.  chdteaux de plaifance, maifons de campagne, édifices champètres &c. 4 *7 „nouveau la maifon placée fur la colline, ce qui faifoit un bel «et après „avoir parcouru pendant fi Jong-temps des allées romanefques & foli„taires. De la nous allames a une petite faifanderie, dans le voifinage „de laquelle on a formé une jolie petite plantation a 1'Anglolfe, compote de toutes fortes d'arbriffeaux exotiques; & c'eft ainfi que nous re„vinmes a la maifon de campagne. Autant ce jardin eft petit relative„rnent a d'autres, autant il eft agréable. Le fite naturel a été d'un grand „fecoursioi; mais aufli 1'a-t-on employé avec beaucoup de jugement, „eniorte que cet enfemble peut pafier pour un modele." Enfuite Mr. Nicolai vante la maifon de campagne du Prince KaunitzRittberg, comme Ia plus fimple & la plus agréable de toutes celles qui lont dans les faux-bourgs de Vienne. . , Lesbof(luetsenchanteurs&les promenades raviffantes du nouveau jardin que Mr. Ie Confeiller aulique de Spielmann a conftruit a Vienne méritent encore qu'on en faffe mention. Au refte fi l'on foubaite une relation circonftanciée des chSteaux de Vienne, de leur décoration,& de leurs jardins, encore tout-a-fait dans l'ancien goüt, mais cependant en partie remarqüables par des collett.onsprécieufes de p'antes étrangeres rares, on frouvera de quoi fe fatisfaire dans Ie recueil de courtes relations de voyages que publie Mr Bernoulli. *) *) Voyez le ,4e Volume, p. 3.96 de cet ouvrage déja cité. Voyez encore le 12me Volume, Hhh 2 Con-  428 Second Appendke. Courtes notices de divers jardins, & c. C o n c l u fi o n. Voici rinftant touchant oü je vais vous quitter, compagne innocente de ma jeuneffe, nature pleine d'attraits, & toi la plus jeune de fes filles, toi fon écoliere, belle mufe des jardins, meilleure amie de mon age viril. Tel qu'un amant qui forcé par le deftin a quitter fa jeune amante, ne rougit pas devant fes amis préfents a ces adieux, de la regarder encore une fois avec des yeux pleins des Iarmes de la tendreffe, de temoigner haütement le defir qu'il a de retourner bientót dans fes bras; tel je me fépare aujourd'hui de toi, belle mufe des jardins, mere des plaifirs les plus doux, les plus nobles, les plus durables qui fleuriffent dans Ia carrière de la vie, plaifirs qui conviennent a tous les ages, a tous les états, a toutes les fituations de l'homme, plaifirs que le fujet partage avec fon roi. Belle nature, que tous les fiecles ne fauroïent flétrir, qui ravira toujours les nations fenfibles, nature fi pleine d'attraits pour l'homme, & pour qui l'homme bon eft fi plein de fenfibi'ité, o toi! qui le récrées & le confoles, qui le ranimes & finftruis, qui le formes & fémes fous fes pas au milieu de mille fcênes différentes de quoi fatisfaire a tous fes befoins, nourrir & favorifer tous fes fentiments, agrée cet ouvrage qui sefforce de ramener a toi comme a fon véritable makre, l'art des jardins qu'une vaine pompe & de fauffes idéés avoient entrainé fi loin. Et tandis que tu regnes par la force de la verité, de la fimplicité, & des graces, & que tu animes de leur efprit toutes tes productions, écrafe par le fentiment puiffant de leurs beautés le dernier préjugé du fiecle, fais que le goüt épuré s'élance viétorieux fur tes ailes, & répande par - tout cette grande verité fille de 1'expérience: Dien créa le monde, & l'homme Vembellit. Spccificatioii    Specificaüon des Gravures contenues dans ce Volume. Nr. i. Temple du Matin, par Mr. Schuricht. page 7. Nr. 2. Temple confacré au Matin, par Mr. Weinlig. page 9. Nr. 3. Salie a manger ifolée, par Mr. Weinlig. page i3. Nr. 4. Bain découvert, par Mr. Brandt, page 14. Nr. 5. Temple du foir, par Mr. Schuricht. page (9. Nr. 6. Pavillon confacré au foir, par Mr. Weinlig. page 2f. Nr. 7. Tour propre a obferver le vent, confacrée * i'heure de minuit& a 1'aftrono- mie, par Mr. Weinlig. page 24. Nr. 8 Chaceau de plaifance du genre magnifique avec deux ailes poftérieures in- vention de Mr. Brandt, page 31. ' Nn 9. Chateau de plaifance du ftyle magnifique, inventé par Mr. Schuricht. page Les appartement* des étrangers, des officiers de bouche & des domeftiques, ainfi que les offices les cuifines & les écunes, peuvent être diftribués dans de petits édifices environnants dont chacun fera caraflérifc d'une maniere affortiflante ft fon ufage. Le plan montre x le Veftibule:coté deftiné aux Dames: 2.3.4. Antichambre & garderobes, j. Allée éclairée par le haut qui mene ft des chambres de jeu & champètres indiquées par 6 7 g p ,0 Buffet. ... Boudoir. 12-Chambreacoucher. 13. Toilette. 14. Chambre ordinaire. 'iy~ Ca' binet ft eenre. 16. Chambre de compagnie éclairée par le haut. 17. ig. 20. 21. 24 „, 26. Chambres de compagnie. 19. Galerie de tableaux. 22. Grand falon éclair* par' le haut' Cote des Cavalier?. 27. 2S. Bibliotheques éelairées par le haut. 29. 30. Antichambres „' Chambre ordinaire. ja. Chambre ft couchcr. 33- Cabinet ft ccrire. 34. Serre Papier' »' Corridor éclairé par le haut. 36. 38. 40. 4*. Cabinets de jeu. 37. 4,. Buftèts ' Nr. 10. Chdteau de plaifance d'un ftyle moins magnifique que le Nr. 9. invention de Mr. Schuricht. page 33. Un portique couvert s' étend devant tout l'édifice du cóté de la cour. Ce portique tou ene des deux cótés a de petits batiments qui renferment- les offices & les demeures d»s étran gers & des divers officiers de la cour, mais qui n'ont pu être indiqnés faute de place De vant la cour ce portique forme un grand portail par lequel les voitures entrent dans la cour mayennant une rampe. Plaa 1. Veftibule. Le coté des Dames contient: 2. 3. Antichambres 4. Veft.bule. 5. Antichambre, ë. 7. Garderobes. 8- Chambre ft toucher. 9. Chambre ordinale. 10. Chambre de vifite. n. Cabinet. Cóté des Cavaliers. 22. Veftibule 2324 Chambres ordinaires. a*. Garderobe. 26. Cabinet ft eenre. 27. Chambre ft coucher ' -g Serre Papier. 29. Chambre ordinaire. 12. Salie ft danfer avec deux grandes niches pour lés Buffets & une galerie pour 1'Orcheftre. 21. Salie ft manger. ,3. 20. Veftibules en forme de rotondes. 14. ij. 17. ig. i9. Chambres de compagnie. 16. Salie. Nr. 11. Chateau de plaifance d'un ftyle moins magnifique que Nr.g. deftiné par Mr Brandt, page 34. Tome V' Ui Nr. ra. 4:9  430 Specification des gravures. Nr. 12. Maifon de campagne du ftyle noble, par-Mr. Schuricht. page 37. Cet édifice confifte en un fouterrcin, un bel étage & une manfavde. II eft deftiné ft un Général, ft quoi fe rapportent les armures qui décorent Ia facade & les deux lions cndormis qui font ft 1' entree. Au deffus de 1' entrée & de 1' efcalier hors d' oeuvre eft encore un entrefol muré. Du cóté du jardin, le grand perron, enchaffé entre les ailes, forme une efpece de terraffe. Plan I. Veftibule. 2. Antichambre. 3. Cabinet ft éerire. 4. Chambre ft coucher. y. Chambre ordinaire. &. Cabinet. 7. Antichambre. 8. Garderobe. 9. Chambre de vifite. Toutes appartenant au maitrc. A la maitrefle font: 14. Antichambre. ly. 16. Garderobes. 17. Cabinet de jeu. 18- Chambre de vifite. 19. Chambre ordinaire. 20. Chambre ft coucher. 21. Eoudoir. 11. Salie. 10. 12. 13. Chambres de compagnie. Nr. 13. Chapelle de 1'invention de 1'arcbitefte Franeois, Peyre, tirée de fes ceu- vres d'architeéture. Fol. Paris, 1765. page 39. Nr. 14. Chapelle de Gibfide dans le comté de Durham, tiré de 1'ouvrage de Paine, architefte Anglois, intitulé: Plans, Elevations, and Seftions of Noblemen's and Gentlemen's Houfes, &c. page 40. Nr. 15. Maifon de campagne du ftyle noble, inventée par Swan, architefte Anglois. page 47. Ce deffein eft tiré de fa Collodion of Defigns in arcliitefture, contaming new Plans and Elevations of Koufes &c. Fol. 2 Voll. London. Cet ouvrage, dont chaque Volume ft 60 Planches, eft remarquable par la foule de plans & d'élevations de maifons & de maifons de campagne 4'un ftyle firaple & put, deftinées ft des particuliers. Nr. 16. Petite maifon de campagne, ou Pavillon, tiré de 1'architefture de Swan. page 53. Nr. 17. 18- 19- Trois maifons de campagne pour des particuliers & des bourgeois, & dont le ftyle s'éleve par gradation; inventións de Mr. Schuricht. pages 59. 60 & 61. Nr. 17. Maifon commode. Dans le plein pied. 1. Salie. 2. Cabinet pour le Buffet, ou pmir le jeu. 3. Cuifinc. 4. Garde-manger. $. Petite chambre pour les gens occupés ft la euifine. Dans 1'étage d'en haut: 6. Cabinet d'étude. 7. Chambre ft coucher. 8- Chambre ordinaire. 5. Chambre ft manger. 10. Cabinet. 11. Veftibule, que l'on peut chauffer, en mettant une porte ft 1' efcalier. 12. Petite chambre ft coucher pöur un domeftique. Dans la manfarde on pourra ménager des chambres de domeftiques & de décharge. Nr. 18. Maifon de Campagne un peu plus grande pour un particulier. Elle renfermé un fouterreirt pour les offices, un bel étage & un entre-fol pöur la familie & les officiers de Ia maifon. La facade préfentée ici eft celle du cóté de la Cour. Le plan offre 1« bel étage. Une porte du rate de chauffée mene dans le Veftibule, duquel part un doublé efcalier qui conduit des deux cótés aux Antichambres 2. & 12. ~ ?■ Cabinet. 4. Chambre ordinaire, y. Chambre ft coucher. 6. Chambre de vifite, toutes quatre pour le maitre. 7. Salie ft manger. 8. Chambre de vifite. 9. Chambre ordinaire". 10. Chambre ft coucher. n. Cabinet, ces quatre pour la maitrefle. 13. Chambre pour la fille de chambre. Nr. 19. Maifon de campagne encore plus grande. Elle renfermé un plein-pied, un bel étage & un entre-foi. Le premier eft emouré d' une allée couverte & voutée qui au bel étag* forme  Specification des gravures. forme «negrferic deeouverte fcifint le «mi de la «ÜJ»; on fe rend i cetre «1 ■ j. cabi„e,, c«re 4 ^t7%. ess-zs*? rome%ue: s;:n pt;6de,campagne pour u» - ****** &e. de Nr. 3I. Maifon de campagne pour un particulier, d'un ftvle Dn , la précédente, & deffiné par Swan page 6?. * P n°ble *M Nr 22. Maifon de campagne pour un particulier, de 1'invention de T C v st «^^^ Planche, Celles-ci remplit tout le fecond Volume, &\7l71 't T T ** N.2, Maifon Bocagere de 1'invention de J. Canter, tirée du Builder's Maga2ifle. Nr. 24. Temple gothique tiré du mème ouvrage. page 03 Nr. 25. Temple de la fanté, defllné par Mr. Schuricht. 'p«geog page 3 man§6r ^ F°rCett ^ ^ «K*^. J. Pai-ne. Nr. 27. Bosquet d'un goüt aifé, deffiné par Mr. Brandt, pnp-e , ,2 Nr. 28. Carroufel de Wilhelmsbad. page 1,6. Nr. 29. Avant - cour de Ia maifon de campagne de Weft- WVcoirb dan* L» u. re, d'après Hannan & Woollet. pag. ,36 3 * Ie BaCkshi' Nr. 30. Avant- cour de Ja maifon de campagne de Coombank, dans le Comté de Kent, d'après Woollet. page 142. e de Nr. 31. Petite métairie champètre de 1'inventïon de Mr. Brandt. page l6? Nr. 32. Pont champètre menant k une cabane de pêcheur, du mème LI Nr. 3, Pont femblable menant k un pare de béte/fauves,' du "Zl ^ Ni. 34-Payfage SmiTe avec quelques maifons de payfen ifoJées dw , < d'architeclure ufité dans le Canton de Berne. deffi é p, Mlof S°* k Dresde. page 189. P mr'*™gg, Profeüeur Nr. 36. Cabane champètre, par Mr. Schuricht. page 200 Nr. 37. Monument de Roufieau. page 305. Nr. 38,  433 - Specification des gravures. Nr. 38' Nuneham, maifon de campagne dans un fite agréable. page 319. Nr. 39. Kilcairn ou Kilchurn. Maifon de campagne dans un fite oü regne une douce méiancolie. page 320. Nr. 40. Strath-Tay. Maifon de campagne dans un fite romanesque. page 321. Nr'. 41. Alnwick, maifon de campagne dans un fite majeftueux. page 323. Nr! 42. Plan du nouveau chateau d' été de la Duchefle de Brunswick, page 369. Les deux Salles A & B percent les deux étages. Le Veftibule C en fair autant. EnD oa a ménagé une galerie afin de pouvoir parvenir du cóté du Nord dans le fecond étage. Nr. 43. Maifon de campagne de Caftle-Howard dans le Yorkshire, tirée de New Display of the Beauties of England. page 373. Nr. 44. Maifon de campagne de Went-Wort dans le Yorkshire, tirée du méme ouvrage. page 381. Nr. 45. Laiterie de Hohenheim. page 413. Nr. 46. Cabane de Charbonnier, fe trouvant a Hohenheim. page 414. Nr'. 47'. Maifon de campagne de Moor-park prés de Rickmanns-Worth en Hert- fordshire, tirée de New Display of the Beauties of England. page 427. Nr. 48. Scènes tirées du Pare du Baron Dashwood a Weft- Wycomb en Buckshire, d'après Woollet. page 428- Table  T A B L E des Matieres & des Planches principaks contenues dans les cinq Volumes. A. A bfalon, fon monument, III, 233. Académique, Jardin, V, 80-85. Accidents du payfage, I, 239-240. Adrien, fa maifon de campagne, I, 21-23. Agréable, canton de ce genre, I, 242. 243. Site agréable pour les maifons de campagne, III, 11 -13. Ailes des maifons de campagne, III, 21. 22. 24. 35. Akïnous, fes jardins, I, 10. Alger, jardins de cette ville, I, 123. Ailée, IF, 78-81- AUemagne, fes jardins, I, 82- 84. V, 366-437. Alnwick, defcription, V, 322. Deffein de fa maifon de campagne, 323. Arnénité, champètre, I, 199-202. Amérique, plantes dece pays, leur avantages, IV, 11 - 1 2. Angleterre, fes jardins, I, 62-63. V, 313-319. Maifons de campagnes & leur deffeins, I, 62. 79. 80. Planches repréfentant des parcs &c. d'Angleterre, V, 314-317. Goüt Anglois en fait de jardins, 3 & fuivantes, 15. Aranjuez, jardin, I, 56-58- Arbre, ifoié, II, 39-41. Ördonnance des arbres, 77. Groupe d'arbres, 42-46. Nouvelle diftribution des arbres en claffes relativement al'art des jardins, II, 17-29. Maniere de les grouper, IV, 71-74- ArbrilTeau ou arbufte, II, 30. Catalogue des principaux, 31-38. Arbufte ifolé, 40. Arnouville, pare de ce féjour, V', 301302. . Art des jardins, étoit plus reculé que les autres beaux arts, I, 33, Jusqu'a quel point l'art des jardins peut ëtre rangé parmi les beaux-arts, & comment il eft allié avec la peinture en payfage, 167-176. Afchaffenbourg, jardins de ce lieu, V, 382-387- Afchberg, jardin, 1,85-92. Auguftenbourg, jardin de ce féjour, IV, 215-235. Automne,jardin de cette faifon,IV, 183190. Autriche, fes jardins, V, 424-437. Avant-cour, ou avant-place d'une maifon de campagne, V, 136- 140. Deffeins de deux avant-cours, 136 Ö£ 142. Avenue, II, g©. Defcription de la jolie avenue de Caversham, 81 - 84B. Babidies ridicules, introduites dansles jardins, III, 172-174. & en d'autres lieux. Babylone, jardins, I, 7-8. Bain, deffein d'un bain découvert, IV, 14* Maifon de.bain, III, 43 - 44. Deffein d'une maifon de bain, IV, ig2. Ba!üftrade,delTeins de quatre baluftrades de pont, IV, 214. 225. 234. 242. Batiments champètres peu confidérables, leut- commodité quand ils font diftribués de maniere a ëtre habités, II, 179. Défaut de bons modeles en ce genre, III, Prëface 3-.4. IntroduCtion des batiments dans les jardins, 3. Diftribution de. ces batiments en forte qu'ils puill'ent ëtre habités, 3940. Leurs différentes deftinations, 4044. Leur diftribution, crépi ou enduit & décoration, 46-64. Batiments champètres deftinés a fervir de monuments, 62-63. Batiments champètres, deffeins, I, 29. 33-38. 40-45- 1L 76- 111, 38-45. Beauté champëtre, I, 190- 192. Belleisle, defcription de fon jardin, IV, 87-88- Berceau, II, 86-88- Berlin, jardins, V, 42r. Bernstorf, deffein de fa maifon de campagne, II, l58- Monument, III, 237. Jardin, 254-257. 1ü 3 Blonde!,  Tahk des Matierïi Blondel.afchitefte Francois, maifons Je campagne de foninvention, I, foö. 111, 5.9. IV, 28. Bocage, voyez Buiffon. Bocagere, maifon, V, 71. Scènes bocageres, II, 65-7Ö. Bois, fon caraftere, I, 228-230. 11,49" 54. Maniere d'y percer des promenades, II, 55-57- 1T , Trr Bosquet, fa diftribution, II, 40-49- l.v' 49. Bosquet d'un goüt aife, deilem, V, 112. Bourgeois, jardins, V, 48-07» Brefe, jardins, UI, 263 - 283Bridgman, corrige 1* ancien gout en fait de jardins, IV, 4- „ , , „ Bruchfal, établiffement formes dans cet endroit. V, 4^7-4^8Brunsvack, jardins, V, 368» Buiffon, II, 57-S8- Manierede le com- po.fer,lV, 61-69^ Cabane, champètre, deffeins, III, 93- V, Cabane de "Charbonnier a Hohenheim, deffein, V, 414- m Cabinet a dormir ïfole, UI, 41" 43« Cabinets, planches repréfentant des projets de cabinets, 1,8- 9- 8« - 85- ^,47- Cachémire, beautés naturelles, I, 135' Caïdw'eH, defcription de fon jardin, IV, Campalnard, jardin campagnard ou champètre, V, 68-7i- A Campagne, embelliffement chjunpetee des maifons de campagnes, V, 136-224. Campagne, maifons de campagne, leur naenes Fran$oifes, deffeins, 1, 54- 58R166. lU..46. HI'5&?.Italiennes, 1, «29 «49- «55- lf*-lb\' ic4 [09. H4-13'-124 ,26-I2?;r ,37. Angloife,, II, 57-5|-60. IV, 19. 32204 V. 47- 53.02.65.68. if" mandes, II, 65. IU, ff- V'37- 59- 60. 61. Voyez 1' explication de ces diffe¬ rents deffeins dans les fpéciflcations des gravures de chaque Volume. Caraftere des maifons de campagne, III, 6-9. leur fituation, 9-17. architefture & diftribution, 17-29 décoration, 39- 37- Carafteredes maifons de campagne nobles, 18- des maifons de campagne de gens comme il faut-, ig. Maifons de campagnes bourgeoifes, 19. Forme ou figure des maifons de campagne, 20- 22. kanaries, jardins de ces iles, T, 123 - 124. "aiiton, deffeins, I, 134 «76- 313- 32g. 330, 243. 245. 354. 264. Ce qu'on entend par canton dans cet ouvrage, 317. note. Caraftériftiques de divers ,cantons, 241-242. Canton agréable* gai, riant, attrayant, 242-343. Can,ton oü domine la douce méiancolie, 343-245. Canton romanesque, 246253. Canton folemnel.grave, fublime»/ majeftueux, 253-361. Remarques fuc ces divers carafteres, 261-264. Lac des quatres cantons, voyez Lac. Carafteres différents du payfage, 1,214217. Carlberg, chateau, IL, 3°- Carlsberg, ou mont Charles, defcription, IV, 148-149- nouveaux deffein da Carlsberg, V, 269-278. Carlsrouhe, jardin, V, 416-418. Carrière dans un pare, 11, 236-239. Carroufel de Wilhelmsbad, deffein, V, 116. Cartown, defcription de fon jardin, IV, 87> Cafcade, caraétere & ördonnance, II, 140- 144. Caffel, fes jardins, V, 374-375Caftle-Howard, deffein de fon chateau, V, 373- _ Gatarafte, caraftere, II, 144-145- Ue' fcription de quelques cataraftes, 146- I51' . TT Cavershan, belle avenue qui y mene, 11, 8'-84- , „, . Ttr Chaife champètre,deftein, IV, 93Champètre, la vie champètre fe perd après  & des Planches principates. après I'invafiondes barbares en Italië, I, 30. renaïr, 31-32. goüt dominant des Suiffes pour Ia vie champètre, 39- Chapelle, plaeée dans un jardin, fon ördonnance, III, 122-123. Chapelles, deffeins, V, 39. de Gibfide dans le comte de Durham, 40. Chateaux de plaifance, Anglois, II, 13. Allemands, V, 31,32. 33. 34. Voyez 1'explication dans la fpécification des gravures a Ja fin du Volume. Chateaux de plaifance des Rois & des Princes, leur deftination & leur caraftere, Hf, 17 -19. Chemins, dans les jardins, II, 159-164. chemins percées. dans les bocquets on bocages, & les bois, 55- 57. embelliffement, décoration des grands chemins, V, 201 - 224. Chine, la, jardins. I, 93 - 94. defcription qu'en fait Chambers, 94-103. objeftions contre la réalité des jardins Chinois tels que Chambers les décrit, 108- 116. Cimetieres, jardins qui font joints a ces lieux, V, 131-135. Cliraat, jardins relatifs au climat, IV, 35-37-. Cocken, jardin romanesque, IV, 129131. Colbiörenfen, monument, III, 235. Colifichés, voyez Babioles. .Colline, fon caraftere, I, 222-333. deffein d' une colline boifée, IV, 70. Contrafte, dans les jardins & dans les payfages, I, 2c6 - 213. Couleur, comme partie des beautés champètres,!, 193-195. ce que Partifte jardinier obfervera relativement a la couleur, 195- 196. Couvent, jardins de couvent ou monaftiques, V, 85-93. Craighall, jardin romanesque, IV, 131. Crépi des édifices champètres, III, 50. Crouchet, jardin a Gibraltar, IV, 142. 143. D. Damas, jardins, I, 120. Danemarck, jardins de ce royaume, V, 327. Danneskiold, fon monument, III, 237. Dargle, vallée, IV, 146-148. Darmftadt, jardins, II, 191-195. V, 401403. Decorstion des maifons de campagne, III, 29-33. Denbigh, jardin, IV, IOIDéfert, 11, 59. Dieburg, jardin de, V, 378~38r. Diftribution des maifons de campagne, III, 17-29. des arbres & des arbriffeaux, IV, 57-69. Donnington - Caftle, jardin, V, 44-45. Doveuale, vallon romanesque, I, 246249. Dresde, jardins, V,419.42a. Drottningholm, defcription de, V> 329331- Duncombe, jardin, I, 68-71. DunkettJe, defcription de fon jardin, IV, 88-90. E. Eau, fes différents carafteres, I, 220221. II, 103-158. Chütes d'eau, voyez Catarafte. Filets d'eau, carafteres & ördonnance, 137-139. Piece d'eau, 124- «26, Eckhoff, jardin, IV, 263-374. Ecoffe, fes jardins, I, 80-81. V, 319325. Edgecombe, jardin, IV, 140. Édifice, voyez Batiment. Elyfée, imitation a en faire dans les jardins, III, 154-156. Éminence, fon caraftere, I, 219. Emplacement, II, 5-15. Ems, defcription, VT 1J 8 - 119. Enfoncement, fon caraétere, 1,220-231. Envil, jardin, II, 196-2 u. Ermenonville, part', V, 302-306. Efcuria', jardin, I, 55-56. Efpagne, jardins, I, 55. 58. Etang, II, 121 - 124. Eté, jardin d'été, IV, 177 - igi. Eté, chateau d'été de Ia Ducheffe de Brunswick, plan, V, 369. Etna,,  Table detMatitrts Etna, vues qu'on apperijois d'ici, IV, 144-145. Etude, cabinet d'étude holé, III, 41. F. Fabriques, voyez Batiments. Facade des maifons de campagne, 111, 23. Fenètres des maifons de campagne, 111, 24- , . . Ferme, voyez Métairie. Feuiilage, art de peindre avec les teuil- lages, II, 60-65. Fleurs, leur emploi & leur ördonnance, 11, 93-97- jardin ou parterre de fleurs, V' 63-67. diftribution des plantes en claffes, relativement a la couleur des fleurs, II, 36. relativement a leurs parfums, 3c. Florence, fes jardins, V, 279-284. Forcett en Yorkshire, defiein de la balie a manger de ce féjour, V, 101. Forêt, fon cafaftere, II, 54 - 57Foreftier, jardin, IV, 42 - 43Formark, fon jardin, V, 45 - 4°France, jardins, I, 4»'45- V>297S}1Planches repréfentant des jardins Fran74- . ' Hyrcanie, province fleune, I, 122. Hyver, jardin d'Hyver, IV, 191-204. Jagerfpriis, jardin, III, 226-239. Japon, jardins, I, 122-123. Jardin montagnard, fon ördonnance, IV, 38- Jardins, leur origine, I, 3. Caraftere des premiers jardins, 4. Pourquoi l'art des jardins a moins fleuri chez les anciens que les autres beaux arts, 5. Les jardins font des monuments du goüt des nations, 6. Leur deftination, dignité & influence, 177- ig2. Determination de 1'idée de jardin,IV, 23 - 30. Répartition des jardins en claffes, 31-32. Jardins relatifs aux climats, 35-37. Jardins relatifs aux fites, 38-43- Jardins relatifs au caraftere des cantons, 44. Jardin agréable, gai, riant, 44 - 93. Suite de fcênes . dans un jardin du genre agréable, IV, 75.79. Jardin ou regne une douce Tome V. méiancolie, 94-105. Jardin romanesque, 106-136. Jardin majeftueux, 137150. Jardin compofé de tous ces carafteres, 151- 164. Jardins relatifs aux faifons, 165 -204. Jardins relatifs aux parties du jour, V, 3- 35. Jardins relatifs a 1'état des propriétaires, 26. Jardins royaux, ibid. 35. Jardins de ia haute nobleffe & des gens de condition, 36-47. Jardins bourgeois, 4862. Jardins campagnards ou. champètre, 68-71. Jardins publics, 72-80. académiques, 80-85- monaftiques, 85-93- Jardins joints a des fources nünérales, 93.100. Jardins d' höpitaux, 129-131. Jardins de cimétiere, 131 - 13 5- Jardins, art des, voyez Art. Ham, jardin romanesque, IV, 128- lldephonfe, jardin de St. Hdephonfe, T, 55 - 56. Hes, diftribution, II, i©g. Inattendu, dans le payfage, I, 203-205. Regies qu'obfervera Partifte jardinier a cet égard, 205-206. Infcriptions, dans les jardins, III, 175177. Exemples de bonnes infcriptions latines, 177-igo. Recueil d'infcriptions imitées de 1'Allemand, 181 - 192. ïrknde, jardins, I, 8 V, 325 - 327. lfolabella, jardin, I, 36- 37. Itaiiens, anciens jardins avant Ie Noftre, I, 33. Jardins & maifons de campagne modernes, 34-35- V, 279-291. Planches repréfentant des jardins itaiiens, 1, 35-36. en note. V, 283-289. en note. Ives, en Yorckshire, fa maifon de campagne, IV, 9. Juan Fernandez, beautés naturelles, ït 127- 128. K. Kachemire, voyez Cachemire. Kent, Guillaume, artifte jardinier Anglois, perfeftionne l'art, I, 147. IV, 3. Kenwood, deffein de cette maifon de campagne, I, 79. Kerlich, jardin, V, 399- 400. Kkk Kes-  Talie des Keswick, lac, II, 109-114. Kew, jardin, t, 63 - 64. en note. Planches de ce jardin, go. en note. Deffein de la maifon de campagne, II, 139. Temples «5c leurs deffeins, IU, 77-8i. Kilkairn, defcription, V, 319 - 320. Deffein de fa maifon de campagne, 320. Killarney, en Irlande, fes environs, IV, 153 & fuivantes. L. Labyrinthe, II, 88-90. Lac, II, 104-109. Lac des quatre cantons en Suiffe, IV, 107-109. Laiterie de Hohenheim, deffein, V, 413. Lande, dans les jardins, II, 59. Leafowes, defcription, IV, 289-294. Lointains, leurs différents carafteres, I, 234- 239. Lointains appercns de la baie de Naples, exempie du contraire, I, 207- 20g. de la montagne de Chaumont prés de Neufchatel, I, 225-228-dumontEtna, exempie de fublime,!, 235- 236. Lointains mouvants ou animés, I, 196- 199. 238. Comment les ■ ménager, IV, 63 - 64. Loitmark, jardin, IV, 235-242. Louifenlund, defcription de ce jardin, IV, 207 -214. Ludwigsluft prés de Schwerin, V, 367368- Luton, deffeins de fa maifon de campagne, I, 68 & 71. Defcription de fon jardin, IV, 82-83- M. liladere, fes beautés naturelles, I, 124. Maifon de campagne, voyez Campagne. Maifon de chaffe, III, 42. Marienluft, jardin du genre majeftueux, III, 240-244. Deffein de fon pavillon, IV, 30. Marienwerder, prés d'Hannover, fon jardin, IV, 98. V, 235 • 269. Deffein de fon hermitage, IV, 99. Matin, deffein de temples conftïcrés au matin, V, 7 & 9. Jardin ou fcene du matin, 3-10. Matlok, defcription, V, 126-129. Matieres m Maufolées, III, 63 - 64. Mayence fes jardins, V, 378 -38 fMeienberg, contréedes environs, V, I©2103. Méiancolie, canton oü regne une douce méiancolie, I, 243 -245. Deffein d'uu temple confacré ala méiancolie, IV, ico. Mer, fon caraftere, II, 103-104. Métairie ou Ferme, fon ördonnance, V, 148-165. Deffein d'une petite ferme, V, 165. Middelbourg, ile, fes beautés naturelles & fes jardins, L1'i 31 -13 2. Midi, jardin ou fcepe 'du midi, V, IC- r4. Moines, feuls cultivaleurs dans le dou- zieme fiecle, I, 3 r. ' Monbrillant, V, 371-372. Montagnes, leur caraftere & leur effet, I, 223-223. Jardin montagnard, ou placé fur. une montagne, II, 38. Mont-ferrat, montagne majeftueux de Catalogne, I, 255-261. Monument, placé dans un jardin, II, 71- 72. 194. Monument, Hf, 62 63. chez les anciens, '58-'59. Leur effet & diftribution dans les jardins, 161-166. Monuments de Gellert, de Halier, des deux Hagedorn, deKleift, de Gefsner, 167. 163ibid. & 170. 169. 170. Monuments Norwégiens du pare deFredensbourg, 218-219. du pare de Jagerfpriis, 227339. Deffeins de fix de ces monuments, 233. 235. 237. Projets de monuments, 162. 171. Monument de Rouffeau, V, 305. Moor - Park, deffein de fa maifon de campagne, V, 427. Mofer, defiein de la maifon de campagne du Baron de Mofer, II, 192. Mouvement, fait partie des agréments de la campagne, 1, 196-197. ce que Partifte jardinier doit obferver par rapport au mouvement, 197- 198- Mnfiquc, Salie deftinée a la mufique, II, 68-69. III, 40-41. N. Na-  & des Pionchef principales. N. Naples, fes jardins, V, 289. Nature, effets des objets de la belle nature fur rhomme, I, 185 - 186. Noftre, ie, Artifte jardinier Francois qui a fait connoitre I'ancien ftyie, I, 135136- IV, 4. Nouveauté en fait d'objets cbampêtres, I, 303-2CÖ. Nuneham, defcription , V, 31§- 3 '9Deffein de fa maifon de campagne, 319. O. Okeyhole, ou caverne d'Okey, fa defcription, IV, 126-127. Orangerie, II, 90-91. Ordre de colonnes, pour les maifons de campagne, III, 25. pour les temples, 66. Orientaux, leurs jardins, I, 118 - 127. Otaheite, fes beautés naturelles & fes jardins, I, 129 131, P. Painshill, jardins, II, 215- 230. Paliadio, Architette italien, maifons de campagne de fon invention, I, 129. M9- '55- '53- 163. Parcs, de la première grandeur, V, 26- 35. du ftyle noble, 36-41. Pare de bêces fauves, V, 174-180. Parties du jour,jardins ou fcenes qui s'y rapportent, V, 3 - 25. Pavillons, projets de l'avillons, 1,6. 11. 15. 23. 92. 103. 118' 11,76.240.111, 45- 49- 88- 9(;- IV, 28. Paviiloo con- facré attx plaifirs de la table, Til, 4©. Pavillon confacré au Soir, V, 31. Payfage Suiffe avec des cabaues de pay- fan, V, 189. Pays-bas, jardins, I, 58-61. V, 312- 313. Peakshole, caverne de Peak, prés de Caftleton, IV, «19- 122. Pêcheur, cabane de Pêcheur, III, 43. Pérou, fes beautés naturelles & fes maifons de campagne, 1, i2g- 129. Perfes, jardins des anciens Perfes, T,8-9. des Perfes modernes, 121-122. Persfield, jardin, II, 220-224. Perfpectives ouvertes dans les bois & les bosquets, II, 63-64. Petrarque, fon hermitage, IV, 101 - ,02. i>r. 1 ierre, ile dans le iac de Bienne, IV 122-123. Piffe- vache, catarafte en Suiffe, II ,d7. 149. *l Pkines, leur caraftere; Ia maniere de les embeliir, I, 218-219. Plan, fa défecluofité par rapport aux jar- dins, 1, Preface de 1'auteur, 14 PJme, fon Laurentin, I, ,7 & 2d. *en no_ te; fon Tmcum, i7-l8 & 24. ennote. Pologne, fes jardins, V, 340-364 Ponts, lil, 137- ,39. Deffeins de différents ponts, IV, 127. 132. i37. pont qui mene a une cabane de pêcheur, V 174- a un pare de bétes fauves, 1«o' Baiuftrades de pont, IV, 2J4. 22?' 234. 242. H 3 Poole, caverne, IV, 117-118. Pope, fon jardin, IV, 7. Portail, portaii ouvert, III, 141. Deffein d'un portail ouvert,' IV, 43. Portes, UI, 139 - 14r. Portiqnes, III. 25-27. 65-66. Prairies, en quoi confifte leur beauté. I 233-234. f Printanier, jardin, IV, 166- 177. Proetzei, deffein de fa maifon de campagne, IJ, 164. Promenades dans les champs, V, 143146. . " Prufl'e, jardins de ce royaume, V, 366. Publics, jardins, V, 73-80. Pyrmont, environs, V, 104-106. R. Raby-Caftle, defcription de fon jardin. IV, 85-84Repofoirs, III, 134.135. deffeins, 136. Rhin. Chute du Rhin prés de Schaffhou- fe, 109 • 114. Riviere, fon cara&ere, maniere de la def- fiuer & de la placer dans un jardin, II, 128-133. Rocher, fon cara&ere, I, 231 -222. Romains, origine deieurs jardins & de Kkk 2 ]eU!S  Taf/Ie des Matieres leurs maifons de campagne, I, 13-13. leur enthoufiafme pour k vie champêtre, 13. leurs récréations champêtre, 14. environs & fituation de.leurs maifons de campagne, 15-19. Architefture de ces maifons, 19-21. Auteurs qui en ont traité & deffeins de ces édifices, 21-25. en note. Jardins des Romains, 34-29. Décadence des maifons de campagne Romaines, 30. Goüt de ce peuple en fait de jardins, IV, 24- 25. Romanesque, canton romanesque, 1,246253 jardin romanesque, IV» 106. édifice romanesque, 134. Rome, jardins de cette ville, V, 286-288Rosline, environs de Rosline, IV, 140142. Rotterdam, ile, fes jardins, T, 132- 133. Rotondes, projets, 1, 39. 33. 45. Ronffeau, fon tombeau, II, 72-74. & fon monument, V, 305. tous deux k Ermenonville. Royaux, jardins, V, 26. Ruines, leur cara&ere, leur effet, & maniere de les imiter, UI, 123- 133. IV, 193. Deffeins de ruines gothiques, ISO. Ruiffeau, caraftere da Ruiffeau; comment il doit être ordonne, II, 133-137. Ruffie, fes jardins, V, 332-340. S. Saalftadt, deffein de ce cbateau, II, 38. Saifons, jardins relatifs aux diffétentes faifons, IV, 165. Salie a manger, 111, 40. V, 12-13. Deffein de celle de Forcetr, 101. Salzau, fon jardin, IV, 243-349. Sandbec, fon jardin & fes ruines, III, 131 - 132. deffein de fa maifon de campagne,IV, 15. defcription du pare, V, 46- 47. Scio, fes jardins & maifons de campagne, I, 120. Schlangenbad, defcription, V, 120-124. SchöHbufcb, defcription, V, 387-39°- Schwalbach, defcription, V, 124-125. Schwaufen, defcription, 111, 258- 263. Schwetzingen, fes jardins, V, 403 - 406. Seelande, fes maifons de campagnes, III, 247- 257. Sentiers, II, 159-164. Sicile, fes jardins, V, 289-290. Sieges champêtres, différents deffeins, IV, 48- 56. 61. 105. Sielbeck, defcription, II, 181-190. Site, ou fituation des maifons de campagne, III, 9-17. Skeheenringky, grotte d'Mande, IV, 115. Smyrne, fes jardins, I, 119 - 120. Soir, deffein d'un temple qui lui eftcon- facré, V, 19. & d'un Pavillon fembla- ble page 21. Soir, jardin de cette partie du jour, V, 15- 23. Solitude pres de Sttittgard, V, 409. Sophienberg, deffein de fon ch&teau, II, 12. defcription de fon jardin, 111,224- Source minerale, jardin qui 1'accompagne, V, 93 -101. Statues placées fnr les maifons de campagne & dedans, III, 34 - 37. dans les jardins, III, 142- 157. Staubbacb, dans la vallée de Lauterbrunn enSuiffe, I, 249-351. deffein de cette cafcade, 252. Stourhead, ou Stourton, defcription de fon jardin, V, 42 - 44. Stowe, jardin, 1,63. defcriptions & planches de ce jardin, 79. deffein de fa maifon de campagne, 63. de deux de fes temples, 217 & 240. defcription de ces temples, UI, 69-75- deffein du temple de la Concorde & de la Viftoire, 73. Hermitage, 1 ig -119- Portails, deffeins, 141. Champs Elifées, 153154. Strath-Tay, defcription, V, 320-321. deffein de fa maifon de campagne, 331. Studley, defcription du pare, IV, 79-81Sulzer, tombeau, II, 75. Suede, fes jardins, V, 328 - 33I> Suiffe, fes jardins, I, 38-40. V, 292-396. Deffein d'un payfage Suiffe, V, i89Sum-  & des Ptanchts principalef. Summer-Caftley jardin, Vrd$. Symmetrie, quand eile elè convenable, I, 161 -163. T. Table, temple deftiné aux plaifirs de la table, II, 69. Tableaux eonvenables aux maifons de campagne, III, 3.1 - 33. Temple des anciens, III, 65-68- de Bacchus, H, 218-219. 111, 70. deVenus, 70. del'ancienne vertuit, de Ja Concorde & de la Viftoire, 73.-75. Deffein de ce temple, 73. Temples de ia Viftoire, du Soleil, d'Eole, de Pan, de la Solitude avec les deffeins, 778/- Propofitions de nouvelles in ventions de temples, 85- Temples des faifons & des parties du jour, 85 - 86Deffeins de paviJlons en forme de temples,68- 88- §0. TempJes Druides, 120- -12 1. Deffein du temple de la ft'lélancolie, IV, 10c. Temple du Prin»temps, 174. de KAmour, 176. Temple du jardin de Gotha, 277. Temple du Matin, V, 7. et 9. du Soir, 19. de la Santé, 98. TempJe gotbique, 93. Terni, catarafte d'Italie, IJ, 150. Tintern, ruines de 1'abbaye de Tintent, III, 132- »33- Tivoli, catarafte d'Italie, II, 149-150. Toit des maifons de campagne, UI, 27. 28- Torrent, fon caraftere, IT, 126-128. Tour gothique de Windfor, IV, 39. Tour propre a obferver le vent, confa- crée a 1'heure de minuit & a I'aftro- nomie, V, 24. Turcs, leurs jardfns, I, ï 18-13*1. Tycho B'raher fon monument,. III, 233. V. Vallée,. jardin fitué dans une vallée. IV, 40-43. Variété,, du payfage, I, 186 - 189. Varfovie,. environs & jardins, V, 340^ 364, Vafes, 111,34. Verfailles, jardins, ^41-43. Vienne, jardins, ^,425-427. Vigne,. V, 180-181. Villages, de leur embelliffèment, V, 182. Virginie contrée heureufe,. I, 1201 Volière, III, 43. y W. Waldftatterfee, voyez Lac dés quatre Cantons. Wandsbeck, jardin, IVr 250-263. Watelet, fon jardin prés de Paris,. 1,45, 54- Weimar, environs,-IV, 279.-281. Wentwortb, jardin, I, 64-68. Deffein dela maifon de campagne, V, 38 c. Weft - VVycomb, avant- cour, V, 136. Wilhelmsbad, environs,, V, 113- ug. Wisbaden, defcription, V, 135-136. Wobura, ferme omée, defcription, V, 150-153- Workfop, defcription de fon jardin, IV, 81-82-. Wörlitz, jardin, V, 423-424. Z. Zelle, jardin du Prince Erneft &c. I1L 284-287- Kkk 3 Errata  Errata. Tomé III. Page J. ligne derniere, lifez: fajfe pour fait. P.4. 1 2. lif. demiés p. dennen P. 14. 1.24&partönt ailleurs, lif. avant ■ cour p. avant-pfact. P. Ig. I. derniere, üf.tatr p.lui. P. 19- 1 16. effacez/e«r. P. 27. 1. 3. d'en bas, lif. Manfarde p. Mmjarde. V. 35. 1. dern. avant (lont ajoutcz S3\ P.48.I. IJ. lif. en p. a la P. 59. 1.18- lif- Lu P- *• 69. 1. 2. de la Note, Ie colonne, Hf. anglcs p.angtoijet. Jbfd. 1. 3. de la Note, Ie col. lif. dem- p. dtmit. P. 70. 1.21. lif. terrein p. terreur. P. 82. I. 19lif. Jnperbes p. fuberbes. P. 85' I. 7&6; d'en bas' lif' 2"e 'e temple riche & hoble de Cé-é p. Que le temple de Cété richetë v.oble. ¥. 87-1- 9-effacezfe1 & metrez une virgule a la place; mettez cncore une v;»««/e après draperie. P. 91. t.20. \i(.adapté p adop:é P.93.L& Mi.vuurep.mauri. P. 104. de la 2de colonne de la Note, lif. Hagley p. Hdglay. P. 107. I.14. effacez le ƒ qui pvécedc non ¥.116. 1. 2. lif- une parot p. «ft »;«r. Ibid. 1. 22. lif. pents p. peintes. Ibid. I, 26. lif. invitation p. imitauon P. 117.I. 15. lif. £» p JE». P. 1191. 8. vieüles v elles. P. 145. 1. g. lif- privcpaiesfö, P- principal.es; V. 150. 1. ^. Hf. acquerruient p. acqtterrero.ent. P. IJl. 1. 4- W; f** p. /t cr«. P- 152. I.9. lif. ê res p. éVe. P 1561 2. après demi-efet, ajouter il faut. P. 16?. l' 4 lif expran'e p. exfpirante. P. igi. Premier vers, lif./« f f). ƒ"!>• P- 186. Le fepHeme vérs devroit êtie féparé du 6me de maniere a indiquer qu'ici commence une feconde ftance femblablei la précédente. P. 187- vers 13. de la feconde colonne, 1. expire p. exjp:re P. 189- vers 6. de la première colonne, lif. moélle p.malle. P. 191. vers 2. d'en bas, a la première colonne, lif. courriere p. carrière. P. 199- 4- d'en bas, lif. crue p. cru. P- 212. 1. 2. d'en bas, lif. crue p. cru. P.2^9' 1. IS- lif- pané^yrifte p.fanégyrique. P. 240. I7&8. lif. pour-ro:t p. pou-voit. P. 242. 1.2. d' en bas , après -l efFacez en. P. 247. 1. 4. d' en bas lif- environnant -p énvironnant. P. 248.I.19 & 2f. Hf. Majejiuenx & Majefiueufes p. Ma}éjl>ienx & Majéftueufes. Ibid. 1. 22. lif'. Co'ieJ p. CoV'f. P 256 1 3. lif- «»e ene P- aH 0-8 *bid. 3h'eureufes p. &e»re«A\ P. 258. 1.7 & 14- lif. ƒ*«*"»•rein p. plain-fied. P. 2S9- 1- effacez, raiuiij«;(e. Ibid. 1. 24. üf. gH[f«nt p. glfflnt. P. 267. 1. 7. d' CU bas, effacez en concert. Spécification des gravures. No. 18. 1. 4- 1'f- auvent p. convent. No. 20. 1. J. f/acer p. ptVicer. Tom% IV. Préface. Page III. ligne 10. lif. non p. iCen. P. IV. 1. 13. üf- . hlancs. Ibid. 1. 4. lif. rfiojca p. rfi'ïr'ca Ibid. 1. lif. jasmimidt p. jasvint o'ide. Ibid. 1. 12. après Êt effacez i/s P. 5-9. 1. 4. lif. bouleau p. beau/eau. P.60.I. 6.d'enbas, lif. jonc p. jone. P.63.I.19. lif. ouvrir p. otivr er. P. 69. I. 12. lif. Jol p.fol. Ibid. 4. 19. lif. pendantes p. pendant. P. 74. 1.12. après pas effacez i/ue. Ibid. 1. 18 & par-tout ailleurs, lif. Chef-d' ceuvres p. Chefs 'tP ceuvres. P. 81- 1. 14. après qui mettez le. V. 8j. 1. if. lif. piêdejtal p. pied d'eftal. Ibid I. 25 Wf. lorstjue p. l'orsque. P. 84. 1. 5. d'en bas, ljf. femble p. enfemble. P. 87. 1- %■ lif. en p. Ibid. 1.8. lif. towt p.toHte. P. 93. 1.6. lif. redans p.redents. Y. 95. 1. 11. lif. paroisp.parv s. Ibid. 24. effacez aciif. P. 97. 1. 17. lif. donnent p.donne. P. 101. I.12. lif. expirer p. exfpirer. P. 103. derniere ligne de la Note, colonne 2, lif. ou p. en. P. 10$ 1.13. lif. re p. Je. P. 109. 1. 23. lif. amour p. au tour. P. 110.1. 12. lif. 0% p. ou. Ibid. 1. 15;. lif. découler p. d'écouler. P. 112. 1.6. lif. effrayants p. ejfrayanies. P. 113.1. 27. effacez plus. P. lij. 1. 18- lif chou-fleur p. choux-fleuv. P.117. 1. 23. WL rampunt p. rompant. P. ug. 1. 8. lif. étendues p. é-endus. P. 121. 1. 4. lif. croyions p. croyont. P. 122. 1. 17. lif. /ent p. /int. P. 123. 1. 9. & ailleius lif. pic p. p e. Ibid. I. n. lif. préjintent p prêfenie & co'e p. ci'é. P. 125. 1. 24. lif. ■moilteux p. mozlkux. P. 127. I 20. lif. Je pare p.f'epare. P. 128. 1. 21. lif. du p. Ut. P. 136. I. 21. lif. a'rorubentibus p. atrorubenjibus. P. 139. 1. 21. lif. Norwege p. Norvegne. P. 141. 1. 12. lif. fa p. la. P. 142. lign. derniere de Ia Note, lif. Malaga p. Malnge. F. 14J. 1. 11. lif. illment p. éléimnts. V. 148. 1. 17. lif. nourrie p.nourrit. P. 149. I. 24. lif. ftrtit p feriü. Ibid. 1. 26. lif. iroit p.croit. P. 153 1. 17. lif. de p. du. P. ij,-, 1. 19. lif. retournt p. retourna. p. 164. 1. 2?. lif. dans p. dedans. P. 167. 1. 3, d' en bas, lif. hanve p. native, & en p. mie. P. 177. 1. 23. lif. amour p. r.mor. Ibid. 1. 24, lif. récoltesp.reco.tes. P. 178. 1. 11. lif. dépenden- p. dépend. P. 188. 1. 1. lif caufées p. caufés. P. 192. XI7.Mi.dep.il». V. 194. 1. 6. lil. étrangeres p. é ratigers. Ibid. 1. 14. lif. cote p. co é. ibid. 1. 29. lif. cötes p. ci'és. P. 196. 1. 27. lif./np./e. Ibid. 1 28. lif. rehauffét p. rebaujfées. P. 197. 1.13. effacez que. p. 201. 1. derniere, lif. cembro p.cembra. P. 207.1.19. lif. de li p delh. P. 209. 1. 29. & par-tout, lif foreftiers p. forl.rers. P^2II. 1. 2g. lif. feulementp. j'eukmeut. Page  Page iiï. bgne 4. IifeZ Eu pour En. P. irjv 1. 13. li!. « p. cru. p. n7. 1. 4 ijf brHts p. *r«:«f. P. 120. 1 21 & 22. lif. avpartim, compktte p. app.mien complete. P. 124. 1. 26. lif. roat P «*«r. P. 130. 1. 27. lif. r^rris p. re/errft. 1" '• 3- lif. ej^actf p. efpeces. Ibid. 1. 7. groupes de p. Sre«^ p. „3, ]. j. rjf, «p.a. P. 134. 1. 30. lif. fimmeiller p fommeUles. l'.nj. • 16 * '7- 'if. s'ex-bakr p. s'e-pb&kr. P.138. 1. 19. lil. ?j«.y«hj p.p P. 140. 1. 7. ccn/?- rfe«j p. cmfiJêrfa. p. I4J. 1. 4. d>en baS) i,f. /a crue p. leert, p. 144. ]. g, üf ,/e p def Jcenes. Ibid. 1. 20. lif. tortus p. foaie;. P. 149. 1. 3. des Nores, lif. Parfonage pour Perfonage. uml. ligne 4. de la première colonne de Ia Note, hf. J/iim p. jans. P. 150. 1. ig. lif. quet que p. tjutlqne. P. 160. I. 7. lif. e„ jOH:ront p. enjomront. P. 167. 1. ig. lif. mins p. mohu p. '7l I. g. d'en bas, lif. ligne p. lïngue. P. 17?. M, &6.hf. enfimen-césp. enfeme-nées. P. 176. l.g. Ijl. genefl-cyuft p. gene;?, ^„yj. p> I7g. ]. 13. MI. d are dans p. a"«iH/. P. igr. 1. 5. lif. recrêê p. recree. p. ig3. J. 7. d'en bas, lif. a p. a Ibid. 1. 3. Üf. /oKf p. /i„f. P. Ig, j_ a. lif. iflJ p_ P<"- P- igg. 1. i. 2. 3. & 4. du texte, doivent etre au bas de la page 89. après la gravure. P.191. I.14 UC/ap,/». P.193. 1 tf; lif. /e p./e*. P. ig,. ]. 3. en £,as du texte) après pas effacez ?«e. p. I97. 1. h. lif e„/ei!anf p. '99. 1.13. après e//e ajoutcz ». lDul. 1. 29. lif. /JöiJirfre p. peindre. P. 204. 1. 22. lil frei p pm. p. 30J. on a oub]j5 de'ramar. quer que 1 mfcnption en vers eft imiteé de 1'Af- ^'"T1- ~°6- 1 7- lif '/w P- Ibid. 1. 2. d en bas, lif. affrenx p. effrayants. P. 207. 1. 6. üf. vu 1 a p. qii il A. ■ ibid. 1. ïS. lif, ƒ« p. /a. r. 208. I. 28 lil. la crue p. k cru. P ->oq 1 "8 lif. cr»e p. o». P. 3I3. j, „. lif< a'ppt]]uU\\ expliques p. 3I4. }. ,j£ fiI/JM(I?e p. „^„E went. Ibid. 1.31. Wi.iUMrlp dSibire. P.2IJ. r ii. lif. ea p. en. Ibid. 1 27. lif. crue p. cru. P. 221. I. 3 d' cn f»ss, dans le texte, lif. crae naturelle p. cm nnurtl, & d'elte.mème p. de luimme p. ;27. 1, ?. première colonne de la Note, lil. Job ft p. ya-t. p. 228. I. ii. lif. chan. geantes p. eb ,ngeaut. P 230. I 4. d' en bas & par-tout ailleurs, liï.fiegt p. fifge. P -31 1 4 lif. piece p. pi(ce. Ibid. I. 6. lif. apparente p. a*^ />arawe. P. 234. 1. ig. lif. /« crue p. /e o-*. p. 235. 1. 21. lif. jrane««ear & an «i/?e. p. 340. 1. j. d'en bis, lif. efi p. en. P. 243. 1. 7. effacez la virgule après fubi. tement. Ibid. 1. 16 lif. maffif p. wm/7//>, & feuilles p. /ea'//e. P. 244. 1. j lif. khauguette p.écban. guetle. P. 246. 1. ig. lif. a p. a. P. 248. 1. 3. lif. variées p. var.és. Ibid. I. 24. mettez/a avant i/antation. P. 252. I 3*4. lif. i gauche es rayons expiranti pour briller ks rayons expiants a gauche. P. 2^3. \. y. \\{. parc p. paj>. Pag» Page 2rj. ligne 21 & 22. lifez cours & fa-x pour emirs & }a:s. P~. at8. 1. 10. lif. déployés p. déptoyées. P. 220. I. 26. lif. bitent p. /^taf. P. 222. 1. 15 & 16. lif. piédeftaux p. piedsd' eftanx, Jbid. manie p. «nami. p. 223. 1.6. lif. />/«r p p/af. P. 227. i. 22. lif. forefliers p. forit.eres. P. 232. 1. 28. lif. couvereks p. convertes. P. 237. 1. 1. lif. vaporenx p. vaponreux. P. 239. 1. 2$. 'lif. ypreaux p. ypréattx. P. 244. 1. 3. d' en bas, lif! ob p. on. P. 24,. 1. y. d'en bas, lif. pend a p. prend devant. P. 247. 1. 23. lif. de p. a. Ibid. I. 2. d' en bas, ef&cez haf. P. 2^2. \. Ig. üf. desijiiells p. desijuelks. P. 2>6. 1. 24. lif. /' e/prir p. tefprit. P. 258. 1. 5. lif. ypreaux p. ypreannx. Ibid. 1. 24. lif. eA^iVe p. exfpire. P. 261. 1. 25. lif. k ptndunt p. cependant. P. 265. 1. dernierej lif. cjmlles p. guilks. P. 267. 1. 25. lif. poids p. pieds. P. 263. 1 derniere, lif. ritmis p. rlunit. P. 272. 1. 17. lif. pen bauts p, penchans. P. 273! 1. 17. lif. Ichauguette p. Icbimgwue. P. 27J. ]. 2. d' en bas, rejtes p. vertes. V. 276, 1. 7. lif. ks p. ces. P. 273. 1. 12. lif groupés p. grouppe. P. 279. 1. 18. üf'. arbre p. arbres. P. 281. 1. y. première colonne de la Note, lif. defcription j>.defcriptiou. V. 283. 1. 6. lif. ijni rlpan.1 de fi doux parfums p. odorante. P. ,284. 1. 5. Kf. fouillées p. fiuillées. P. 287- 1. 27. lif. dont p. don. Tome V. Page IV. ligne 7. lifez travaUlé p. travaittés. P. VI. 1. 8- üf pouxoit p. ponrroit. P. VII. 1. 7. ijua p. ja'/?. Ibid. I. 8. üf. »'écamem p.n'icuüz. Page s- ligne 4. d'cu bas, Irfez mittcei pojir minéts. V. 6. 1. 8 üf. ea p. en. P. 17. 1'n. lif. •ju' apportent p. tju'apportant. P. ig, I. 24. l,f_ indépendamment p. indipsndamvtent. V. 25. 1. 7. lif. a. P. 276 1. II. lif. a'niabtesp. aivmlde. Ibid. 1. 19. après naturelles ajoutez te1 j'emhlables A celle-ci. P. 2g.;. 1. derniere de la première colonne de la Note,1 lif. commencé p. commeni. P. 286. 1. 6. lif. ,ye/;x p. jeux. Ibid. 1. .20. üf CaCinepXafine. P. 288- l.ïl. üf. donns p. rtiiBMit. P. 290. I. 25. lif batis p. bdties. P. 294. i. 13. lif. arcbiteSure p. auhitecture. P. 295. I. première de ia Note, lif. des p. rfe. P. 296. '1. 6. lif. communs p. communes. Ibid. II. mêmes v.ême. P. 300. I. 9. lif. Tour p. Tb«f. Ibid. 1.2. d'en bas. lif. Anteuil p. Anteuil. Ibid. I. 1. & ailleurs, Arnouville p. Arnonville. P. 301. 1. 12lif. nei p. rf« /eJ. P. 302. 1. 14. lif. tonrbeux p. toxrbeaux. P. 303.1.23". lif. Ö"p. e/ï. Ibid. I.30. lif. cote p. cot.é. P. 504. 1. 18- Hf- «» p- e». P^07. 1. IJ.Üf. aveuglémemp. aveuglement. P. 30.8. 1. 2. d'en bas, lif. /e p. la. P. 314. 1. 7. première colonne de la Note, lif. pi. ,p. «. P. 322. I. 17. lil', a p. A. P. 324. 1. 3. lif. Js" rt"e p. &. Ibid. L 10. lif. A p. «. P. jay.J. 17. Uf- «■ travers p. de travers. P. 327.1.9. rfécrir* p. decrits. Ibid. 1. 12. lif. /'autömne p. I'automat. P. 328. 1.17. lif. /en»- effn'f p. /e*w e//>n'M. P. 329.1. 3. de la première Note, effacez de, & lif. Secretaire p. Sïc/efflire. P. 330. 1. 16. lif groupis p. graupcs. Ibid. 1. 22. lif. Sudermatiie p. Sudermanic. P. 332. 1. 6. üf. fit J>. >ïf. P. 333- 1. 21. lif. Weafomsky p. Weafonky. P. 335. 1. 12. lif. grand' Dncheffi p. grand Duchejfe. Ibid. 1. 2. de la feconde cefonne de la Note, lif. de p. dn. P. 337. 1. 7. lif. grand' Duchejfe p. Grand' -Duchejfe. Ibid. I. 20. lif. grande Bretagnejp. Grande- Brétagne. P. 340. ligne 3. feconde colonne de la Note, lifez d' art p. de C art. P. 342. 1. 2. lif. A ce p. a ce. ïbid. 1. 15. lif- JVillano'Ji p. Villmwi. Pag.343. 1. densiere, lif. tdc p. tale. P. ?4^. 1. 17. lif. ■nomme p. nommé. Ibid. I/I8 & 19. lif. «ui reffemble d C intérieur d' un treillage plein d'art entremllé p. dont l' intérieur eft artijiement décorC de tétes de clouds entremélés. ,P. 348. 1. 8. d'en bas, lif. fur tont p.fur-tout. Ibid. 1.2. lif l'églantier p. I'.égtautier. P. 349. 1. 3. lif. percée p. percé. P. 352. 1. 17. après Palatin effacez a Woyiuode. P. 354. 1. 14. lif. a fresque p. li presque. P. 355-, 1. 21. üf. tre-'s quarts p. tr»K quart. p. 35-6 1. g. lif. portes p. parties. l>. 359. |. 3. lif. a"e treillages p,