È S S A I s 'u r les SUITES de la MORSÜRE des ANIMAUX E N R A GES, sur l'hydrophobie & ses dip- ferentes especes. Miferrimum morbi genus, quo opprejjis i» angu/lo fpes ejl. C E LI O S. ï * JL^ HYDROPHOBtE,*ïS/)i5iJ)a)3/«,KywWir« en Grec, Aqua metus, ü«£/m Canina en Latin, Hydropho' bj en Anglois , Watervrees, Dolheiq1 en Hollandois, eft une maladie fpasmodique , cruelle , caracterifée par une horreur invincible pour la boiflbn, ou au rnoins par une impoffibilité d'en avaler, par une horreur pour 1'afpeét des Corps brillans &c. A  j Sur les Suites de la Mor/ure & de Ia quelle les malades meurent promptement dans 1'accablement, les angoifles & des convulfions plus ou moins fortes. Cette maladie eft le plus fouvent-contagieufë & eft communiquée par la moifure de 1'individu, qui en eft attaqué. a un individu fain. §• II. L'Hydrophobie efl: fans contredit unedesplus cruelles maladies, aux quelles les hommes foient expofés. Elle n'eft point, comme plufieurs autres maladies contagieufes, d'une date plus au moins facile a fixer. Nous ne chercherons point a déterminer, Si Homere 1'a decrite dans 1'Iliade (i); Si elle était une maladie nouvelle du tems d'Asclepiade(2); Si reëllercent les hommes étaientexempts des effets du Virus, comme Aristote (3) 1'a vraifemblablement avancé fuis fondement; Si Hippocrate en a parlé ou non (4). II nous fuffira de dire, que cette maladie eft fort ancienne; Que De. (1) Robert James, Philofophifche Transaétions 1738. Auszug von Leske T. Et p. 257. (2) Le Clerc , Hiftoire de la Medicine pag. 407. ("3) Hiftoria Animalium, Lib. VIII, Cap. 22. ■ (4) Prsdia. lib. I No. 16. apud FoesiüM p, 68. Coar. Pranotion: No. 96 ibid p. 130. Je ne voij riên dans ces deux paflages, qui iadiquent l'Hydrophobie,fuite del» nsorfure d'un Animal euragé.  des Animaux Enragés. 3 Wocrite , contemporain b'Hippocrate , k écrit, que le fiége de ce mal était dans les nerfs; & que Celse & Geuus Aurelianüs font les premiers Auteurs Latins, qui en ont parlé, comme d'une maladie connue avant eux (i). Et, fi lesnombreux ouvrages desMedicins Grecs, qui ont vecu aVant Celse, étaient parvenus jusqu'a nous, on y aurait certainement trouvé la description de cette maladie, car il n'eft point pofïïble , que dans Fefpace de 500 ans, qui fe font écoulés depuis Democrite jusqu'a Celse , il y aiteu aucun Médecin , qui en ait parlé (2): quoiqu'ilenfoit,c'efta Celius, que nous devons la première defcription de la maladie (3). Depuis ces tems reculés on n'en a eu que des Exemples trop réitérés & qui, fe renouvellant chaque jour, n'ont pas celTé un inftant d'exercer la fa* gacité des Medecins, pour tacher, de decouvir Ia Nature & le Remede de cette maladie terrible. J'en appelle a la Me des Ouvrages, placée a Ia tête de eet EiTai. (1) Celsüs de Medicina , Lib. V. Cap. 27. Dujar- dim, hiftoire de la Chirurgie T. L p. 386. Cjeuvs AuRelianus, de morbis acutis p. 226. edit. 1722. — Le Clerc, hifïoire de la Medecine, pag. 461. Me- Derer, Syntagma. Deck , DiflT. cit. p. 8, p. — Bou« teili.e , 1. c. pag. 150. § XXIX. (2) Goulin , Journal de Medecine de Paris, an. 1781. T. 55. p. 402. (3) Lister, 1. c. p. 41. A a  4 Sur les Suites de la Mot j"ure %. HL En parcourant tous cesEcrits.on croirait, que la la matière eft epuifée & qu'il ne refte rien a glaner dans le charnp, que tous ces grands Hommes ont foumis aux recherches de leur genie. Mais on fe tromperait en embraffant une femblable idée. Sans être 'trop temeraire, on peut affurer, que les travauxdetous les Auteurs, lorsqu'on les a approfondis, & fcrutés un peu févèrcment, ne font que les Materiaux de 1'édifice, qu'on peut élever, lorsqu'on en aura écarté tout ce qui eft incoherent & n'appartient point k la maffe generale de la chofe. §. IV. On fe convaincra aifement de cette verité, fi 1'on parcoure rapidement les faits principaux, [fur les quels la doctrine de 1'Hydrophobie femble être appuyée de nos jours. La Rage eft une maladie, qui fe developpe ipontanement le plus fouvent dans les Chiens , & dans les Animaux, qui ont le plus d'affinité avec lui. Tels que le Loup, le Renard &c. & la morfure de ces Animaux produit ordinairement dans 1'individu mordu lamême maladie. Dans quel degré de la maladie la Morfure eft - elle contagieufe? L'un répond, que,des le premier periode.laMorfure peut communiquer la contagionCi) (i) Fehr, 1. c. & cy deiïus §.  des Animaux Enragés. 5 i'autre allure, comme demontré , qu'aucun animal enragén'a communiqué la Rage, que dans ie tems, ou les Symptomes, qui la caracterifent, ont paru avec 1'horreur de 1'eau & non plutöt (1). Les uns pretendent, que le venin de la Rage n'infeite pas toutes les humeurs de l'animal, qui en eft, affecïé, qu'il n'y a, que la Salive, de pernicieus ; & qu'on a mangé la Chair & bu le Lait d'animaux mordus, & même commen9ans a avoir 1'Hydrophobie fans le moindre inconvenient; tandis que d'autres affurent le contraire. Le Roux, un des meilleu'rs Auteursfurcette matière, n'adraet (I.c. p, 22.) au_ cune mixtion du venin rabifique avec la maffe des humeurs, & deux pages plus loin, il exph'que la diverfité des Obfervations fur la nature contagieufe de la Viande, en difant: Ces faits contradictoire; cn apparence.^ s'expliquent aifement par les diférens tems de la maladie; -les uns-en ont mangé, avant la Corrupt ion générale, dans les premier degrés de la Rage, les autres dans f Hydrophobie confirmée. Et le même Auteur dit, que Ia Salive devientfeulement véneneufe, quand 1'Hydrophobie eft declarée; il affure, qu'on n'a jamais gueri un Hydrophobe & il admet malgré cela, qu'on a vu la Salive devenjr véneneufe & en etat de communiquer la Rage fans que 1'individu, qui avoit fait Ia morfure, en fut atteint (1. c. p. 23). On a vu la Morfure d'animaux cn colère produi- (1) Le Roux, I. c. p. 23. Baudot, 1. c. 94. A 3 •  6" Sur les Suites de la Morfure re des Symptomes Hydrophobiqu.es, fans que les animaux fuflent malades; Ces morfures font elles de la même nature, que celles des animaux vraiment enragés, & qui meurent! L'Hydrqphobie Symptomatique efl: • elle la même chofe, que ces deux précedentes? C'efl: ce , qu'on ne s'efl: pas tropéffoicé de determiner. S. v. Demande-t-on, quelle eft la nature duVirus~rabieux? Desault leMédecinrépond, qu'il efl: com pofé d'une infinité depetits Vers. Sauvages aflure, que c'efl: un Alkali VolatilSulphureux. Le Camus prétend, que c'efl: 1'AcidePhosphorique, parvenu a fon dernier degré d'adivité Col de Villars le fait confifler dans des Seis Acides & Corrofifs, quicommuniquent infenfiblement leur qualité déletöré a nos liqueurs. La plus part avoue avec raifon, n'en point connoitre la nature, $. VI Quelle efl: la maniere d'agir de ce Virus? Beauooup croyent, qu'il refte fixé dans la playe & n'agit que par une irrltation fur les nerfs de cette partie; irritation, qui fe propage peu k peu a tout Je Syftême Nerveux. —— d'Autres veulent , que ce Virus foit reforbé, rejetté par les emon&oires öépuratifs du Corps, fans nuire danscerrains fujets; üjajs que. dps ïe plus grand nombre, ou iltrouvt}  des Animaux Enragés. 7 de Ia predispofition, il corrompt peu a peu un fluïde du Corps & exerce fes ravages. ffiJvisg». / iHibvCy'~ &n5C>L'.*iT Z-\'\. ry/f ?4ilq b.1 è - !'•„•.• . • fèqfe . $. VII. 9ö josaari&ïf Ü toiaom al A ï '-«iv ••• r1 M*q Jplhwvïi Les ouvertures: de Cadavres nous montrent bien les EfFets de la maladie, mais rien de fa Caufe. >. ■ th; lüi) ül 3i3 r:;k i'.rvi'.vh'! 9fc l Ë0 I isBtójtad u bg VIII.- ut) • ■;'l ul • e. ar:' •. ). ht^M .ïfi Tic ".^?{WSA/ïfltj Comment peut-on prevenir la Rage? II n'y a pas de bonne femme, qui ne croye favoir un Remède infaillible , & le pis, c'efl:, que tous ces Remèdes ont 1'expérience pour garant & c'efl: envain, que les modernes s'ecrient, qu'on a confondu les cas; car tant,'qu'on ne donnera par des fignes diltinctifs , pour les differencier, 1'incertitude n'aura point de fin &; les Recettes conferveront plus ou moins de credit. Non feulement on ne fait rien de pofitif fur une foule de Remèdes prétendus Specifiques ; mais on n'eft pas même hors de doute au fujet des Medicamens les plus vantés par lés Praticiens de nos jours: Que d'eloges n'a -1 - on pas donné au Mercure! Et cependant beaucoup de Medecins 1'ont fait adminiflrer fans le moindre fuccés & des peribnnes morduesfont mortes Hydrophobes, le corps couvert d'Onguent Mercuriel, & friclionnés & faliVans même avant 1'apparition deceformidable Symptome. Vide §. CLXXIII. A 4  8 Sur les Suites dc la Morfure §. IX. La plus part des Praticiens s'accordent a regardet le Traitement Local comrae le principal moyen Préfervatif; paree que la verité eft une & fe montre a. tous ceux, qui ne fe refufent pas a fon evidente & on ne fait que penfer des mordüs prefervés, & meme gueris de 1'Hydrophobie par le feul ufage du Mercure, fans avoir egard au traitement lQ' cal, & traités par M. Mathieu. §. X. A • t. on guéri des perfonnes, dans les quelles 1'Hydrophobie s'étoit rééllement declarée a la fuite de la morfure d'un animal enragé ? Nugent & quelques autres apres lui, pretendent 1'avoirfait; mais^ beaucoup de Praticiens ont elevé des doutes fur lé vrai caraclère de la maladie, qu'ils difent avoir gueri. Et nous fommes rééllement dans une vraie perplexité, quand ce Symptomefe declare,puisque la plus part des moyens" ont* été, jusqu'a ce jour, le plus fouvent, pour ne pas dire, toujours, infruétu. S. xi. d?Après ce Tableau, qu'on ne m'accufera point d'avoir furchargé, il eft aifé de voir, combien il refte encore a faire, pour eclaircir ce point de doctrine & c'eft ce, qui me paroit avoir determiné I*  des Animaux Enragés. - 9 favante Socièté d'Utrecht a propofer la Question fuivante pour le iujet d'un prix: Determiner^ quelle eft la Nature & quelsfont lesEfets du venin des ani' tnaux enragés & quels font les Moyens les plus convenables & les plus ftirs, pour éviter leurs mauvaifes Juites» Je ne me flatte point, en tachant de répondre a cette Queftion, de lever toutes les incertitudes, dont j'ai fait resquiffe. Puifle - je etre aiTez heureux pour fixer un inftant 1'attention de mes Juges & puiffent mes foibles efForts ne point fe bomer a 1'inutilité. §. XII. Pour répondre avec ordre ï la Question propofée,.je diviferai eet eiTai en deux parties. — Dans la première partie je traiterai de la Rage des Chiens, & Dans la feconde de Ia Rage dans 1'Homme. A5  lp •Uit noczsuy . iKcqciq id~3"ïL' L ::*£:.:?. PRÉMIÈRE PART IE. ■ Jooii^saluiiiiKooi aal »^uóti»t» tbt^iÖsyO aötw 36 few..: gsm ..», ": joefioj nu mi w/oq *'•.'* ajioq 9a »ft»Ö **W ...r,l»ii;q Vy N diftingue la Rage en Primitive, SperrtarrêV & en Confecutive, Communiquée, Inoculée. Par la denomination de Rage Primiti\ie, Spontanêe nous entendons la Rage, qui nait par un concours de caufes quelconques, propres a la produire dans un Animal, & la morfure dè cèt Animal, Sevenu ainfi enragé, excite dans 1'Animal mordulamême maladie, qui prend alors la denomination de Rage Communiquée, Inoculée. - §. XIV. La Rage nait-elk fpontaniment dans tous les Animaux ? Le Chien efl; de tous les Animaux celui, qui y eft le plus expofé & c'eft ausfi par fa morfure,  De la Rage der Chiens* lï qu'elle eft le plus fouvent coromuriiquée. Mais Lister (1. c. p. 49.) Bader & Cranz ont eu tort, d'avancer, d'après Gauen, que le Chien eft le feul Animal fufceptible, de devenir fpontanément enragé. Le Camus voulant faire tout cadrer avec fon opinion, n'admet la Rage Spontanée ou Primiti ve, que dans le Chien, le Loup, le Renard; mais il a tort, d'excepter les Chats,qui deviennent ausfi enragés Spontanément & communiquent par leur morfure cette maladie CO- On a avancé, qu'en gênéral, tous les Quadrupedes pouvoient être attaqués de la Rage Spontanée, & on en k cité des Exemples dans le Singe, le Cochon (2), le Boeuf (3), le Mulet (4), 1'Ane (5), le Cheval (6), le Chameau(7), mais tout en admettant cette poffibilité, nous ne pouvons disfimuler la difficulté, de s'asfufurer dans chaque cas; li ces Animaux ont été mordus par un Chien ou non, & (nous remarque» rons avec Monro , que les.Animaux Carnivores font (1) Hildanus, cent I. obf. 86. Morgagni de Sedibus & Caufis morbor. Epit. 61. §. 15. Rhan, Gazette de fanfé T. I. p. 516. Mezler, 1. c. p. 343. (2) Bartholin. Hiftor. Anat. Med. Cent V. Hift. 52. — Palmarius, 1. c. p. 329. (3) (4) Holland. DilT. cit. p. 6. Baglivi. Opera Ornnia pag. 634. schenkïus , p. 849. (5) Celius Aurelianus. 1. c. Cap. IX. (6) Selle. Medicinifche Beitrage. 2ter Theil, pag. 130. (7) Fjnke, 1. c. pag. 8. §. III.  13 De ia Rage des Chiens. plus expofés a Ja Rage Spontanée, que lesHerbivores, a caufe de 1'acreté & de Ia dispofition a la putrefaótion, qu'ont leurs fluides (i). Et en accordant, que le Mulet, le Cheval &c. foient expofés k la Rage Spontanée, il n'cn eft pas moins vrai de dire, que les Chiens en font le plus fouvent attaqués , comme 1'experience de tous les tems le prouve. L'homme eft il fufceptible de la Rage Spontanée? C'eft ceque nous examinerons ailleurs* §. XV. Tous les Animaux font fuiceptibles de devenir enragés par Communication ou par 1'Inoculation da Venin rabieux, faite par la morfure de 1'Animal enragé. Mais il nly font pas tous egalement expofés, les Cbiens meme n'y ont pas toujours la même aptitude & fouvent il y en a plufieurs, qui ne le deviennentpas, quoi qu'ayant été mordus. (a). Ce dont nous;nous occuperons ailleurs. S. XVI. On diftingue les Caufes de la Rage dans les Chiens en Predifpofantes & en Occafionelles. A.) Caufes Prédifpofantes: ce font i.) Le defaut de Tranlpiration cutanée. (i) Vergleichende Anatomie, p. 2a. (») FlNKE, 1. C. p. 13.  De la Rage des Chieris. 2, ) Lafècheresfe de leurs Excremens. 3. ) La préfence de deux follicules dans le voi- finage du Rectum , deftinés a féparer de la masfe du fang une matière acre, foetide, qui, en degenérant, peut fe mêler a la masfe des humeurs & leur communiquer un levain deletère Cl). 4 ) La propenfion a la colère (2). Parmi ces Prédifpofitions la dernière me parait furtout , devoir merker quelque conlideration; car les Chiens transpirent, puis qu'un Chien fuit les traces d'un autre; & quant aux Glandes, placées a. la fin du Rectum, elles paroilTent furtout deftinées k èntretenir cette partie glisfante, &a la preferver de 1'acreté des excremens de eet Animal (3}, & elles ne paroilTent pas, au premier afpeér., devoir jouer un grand röle dans cette maladie, puisque d'autres Animaux, ou on ne les trouve pas, font expofés a la Rage Spontanée. Cependant comme il eft de fait, que les Chiens en font le plus fouvent attaqués, je ne voudrois pas dans une matière ,encore ausfi obfeure, profcrire entièrement 1'influence. quecette humeur acre, foetide, pasfant aunétatde degenerefcence quelquonque, pourrait y avoir. §. XVIL B.} Caufes Occafionelles de la Rage; ce font (1) MoRGAGNI. Epift. 6l. 15. (2) FlNKE, t C. p. 27. §. XIII. (3) Monro, Vergleicheude Anatomie, p. 7. 15.  14 De la Rage des Chiens. t.) Les grandes chaleurs de 1'Eté & la fécheresfe, qui en eft la fuite. Les grands Froids. Circonftances i & 2. dans les quelles les Chiens font privés de böisfon Ci). 3. ) Le manger des Charognes des Animeauxtués par la foudre, & qui fe pourrisfent plus vite (z), 4. ) L'empê'chement de 1'Accoupleraent. On as- fure, quelesChiennes font plus expofées k devenir enragées dans Ie tems, ou elles font en chaleur C-0•> & felon un Auteur moderne 1'organe voluptueux k une influence particuliere fur la Salive & fes ca* naux C4)- 5. ) Frenzel a avancé, que l'Odontalgie dans les Chiens eft une caufe frequente de la Rage, mais fon opinion a été folidement refutée par Bader (5.) Le concours de ces difFéréntes circonftances peut fans doute favorifer le développement de la Rage dans les Chiens, rnais certainement elles ne font pas feules fuffifantes. II eft tres rare de voir des Cl) Frank, 1. c. p. 310. Layard a vu la rage produite fubitement par Ie froid. 1. c. C2)' Frank, ibid. Finke, I. c. p. 20, 21. — Haas Biff. cit. p. 30. Bader p. 46. C3) Vrisberg, 1. c. p. 384. $. o. Finke, p. 18. C4) Boüteille, l. èi p. 91. (5) 1. c. p. 25, Kb  De la Rage des Chiens. 15 Chiens enragés dans 1'ifle de Chypre, a Sydon, a Tripoli, ou le Climat eft brülant, ou 1'on manque d'eau pendant une paftie de 1'année, & öu il exifte un grand nombre de Chiens, qui errent 9a & la, vlvans de ce qu'ils trouvent dans les rues (1). Le Cointre, qui a demeuréen Êgypte, asfure, que dans cette contréeon ne trouve jamais d'Hydrophobes; qu'a Alep, ou il y a une multitude de Chiens de diverfes efpèces a Pabandon & fans maitres, que la ou ces Animaux perisfent en grand nombre faute d'eau & d'alimens, & par la chaleur du climat, ou n'a jamais vu d'f ïydrophobie (sO-LaRageeftausfi rare dans les pays froids Cependant comme on remarque parmi nous, que le plus grand nombre de Chiens enragés parait pendant les plus grandes chaleurs & les plus grands froids, on ne peut abfolument fe refufer a croire que ces deux intemperies contribuent dans nos Climats au developpement d'une caufe , qui produit la Rage, qui nous eft inconnue,. (3) & qui fe rencontre plutót dans un endroit, que dans une autre. Car il y a des contrées, ou la Rage eft trés frequente. Dans les Ifles Occidentales laRage eftendémique parmi les Chiens, au rapport de Hillary. La Ragea été épidemique a Londres pendant les Annéés 1759, 1760. a caufe de la douceur de 1'hyver & de la précocité duprin- CO Saüry, Abtondiung für praaifche Aerzte, T. VIL p. 491. (2) Journal de Medecine, T. 61. p. 365. (3) Conf. Frank, I. c. p. 312.  irj De la Rage des Chiens. tems (O, fans que 1'on put en donner une eaufë plaufible, fi ce n'eft plus de propenfion a la putti* dité,, ce qui certes ne fuffit pas. Le defaut de Coït ne nous parait pas devoir entrer en ligne de compte dans les Chiens, qui font libres, car il eft d'experience journalière, que leur inftinct leur apprend a fe debarasfer du fuperflu de la femence, qui pourrait les irriter violemment (2). C'eft a tort, qu'on a attribué la Rage ala prefence des Vers dans les Chiens. On trouvetoutesfortes de Vers dans des Chiens non enragés, tandis qu'on n'en a pas trouvé dans les Chiens morts de cette maladie C3)- Mais un concours de circonftances, qui nous parait être du plus grand poids, c'eft le defaut de Coït, les nourritures non appropriées, 1'expofition aux intemperie de 1'air, la frequence des accès de colère, que 1'on remarque dans les Chiens de garde a 1'attache. Ce concours nous parait de plus propre a produire en eux les effets , dont refulte la degeneration d'une humeur quelconque, dont la Salive eft le vehicule & qui conftitue le venin de la Rage. (1) Layard. 1. c. (2) Finke, 1. c. p. 25. (3) Conf. van Swieten, §. 1134, Morgagni, Epift. VIII. §. 33' Portal, (. c. §. XVIII.  De la Rage des Chieits. §. xviii. ï7 Après avoir expofé les Caufes Produétrices de Ia Rage, il ferait de notre devoir de tacher de déterminer la Nature de ce Venin & de quelle humeur il eft formé. Nous nous entretiendrors de eet objet plus loin, hous bornant Ètdire pou- Ie moment, que le Virus Rabifique eft contenu dan> le Bave dePAnimal enragé; qu'il eft transmis de 1'individu enragé a un individu fain, le plus fouvent au moyen d'ur ePlaye, que le premier fait par fa morfure au ftcond, & nous paflerons aux Cara&eres & aux Signes de la Rage dans les Chiens. §. xïx. La chofela plus importante, lorsque quelqu'un a eu le malheur dVtre mordu, eft de dé-erminer , le plus exactement.poffible, fi le Chien eft enragé'ou non. L'erreur des deux cotés ne peut qu'etre funefte: En effet; Dit-on fans certitude. que ie Chien eft enragé, onporte le trouble dans 1'ame de la perfonne mordue & il en peut refulter les) plus grands maux; ou bien on 1'expof.' h l'ufa?e de Moyens plus ou moins douloureux & toujours nufibles, du moment, ou ils ne font pas indiqiés. Si d'un autre coté on croit trop legerement, que le Chien n'eft point enragé, alors on expofe le bleiTé a une maladie mortelle, qu'on eut fouvent pu prévenir, en B  l8 De la Rage des Chiens. eruployant de bonne heure les Remèdes convenables. Les exemples des viclimes de cette faufle fccurité font trop frequens, pour que je croie neceffaire d'en citer un feul. §• XX. * La Rage des Chiens parcoure trois Periodes ou Degrés. Pri mier dfgre. Le Chien perd de fagayeté; devient trifte; recherche la folitude ; il a de Tinappetence pour les alimens; ou bien il les flaire & les iaiffe la; il refte long tems fans boire; il obéit encore a la voix de fon maitre; le reconnait; lui donne des fignes d'attachement; fe laifTe toucher par lui & meme prendre fur le bras & il lui montre encore de la volonté pour Taccompagner a la chaiTe ou fuivre le bétail, mais il fait tout cela de mauvaife humeur & d'un air forcé; fi on 1'irrite, il mord; il devient en général plus tranquille, que dans fon etat de fanté; fe retire fans dormir dans un lieu obscur, & 13 quel qu'un 1'appelle pour le faire fortir de ce gite, il montre les dents fans japper, quund même la perfonne aurait été auparavant de fes amis. II laifTe la queue & les oreilles pendantes & fe jette fur tout ce, qu'on lui préfente. (O (1) Vid. FraiJkfurr, Beitrage zur Ausarbeitung nutzJicher Kunfte, &c. IX. ft. 1780.  De la Rage des CHenS, ï$ §. XXI. Tels font les Symptomes du prémier Degré dé cette maladie; maisil s'en faut de beaucoup , qu'ils indiquent inclufivement la Rage. Ils font, pour ainfi dire, communs a toutes les maladies des Chiens. Un Chien, qui n'a qu'une iimple Colique, peut avoir tous ces Symptomes, & c'efl avec raifon, que Meoerer dit. „ Quelques nombreux „ que foient cesSignes, il n'y a-cependantperfonne „ en état d'affurer, que le Chien efl: enragé CO & nous ajoutons „ & encore moins de dire, qu'il ne „ Teil pas. Et ce qu'il y a de cruel, c'efl:, que dans ce degré la morfure eft deja contagieufe. (a) & les Maitres des Chiens lont le plus expofés aü danger dans ces circonftances, paree qu'ils ont 1'entêtement de croire, que leur Chien n'eft point enragé, comme Boerhave 1'a deja remarqué. Une Chienne dans ce prémier Degré carefla fon Maitre & les voifins avec les plus vives demonftrations de joie ; joua même quelque tems avec Frank. 1. c. Nicolai Pathologie. T, VI. $ 398. M*z. lcr. p. 9. Haas. Disf. Cit. p. 45. feoaR. L c. $ 79. CO Syntagma, p. 17. Ca) Frank, 1. c. Harrer , 1. c. Fehr. p. 76. bojeux aiTure, que les chiens enragés n'ont pas toujourt horreur de la boiflbn, il en a vti, qui buvaient fans peine & mérae aflez abondamment. Hiftoire de ia focièté Iloy»le de Medecine, An. 1783. ae^partie p. 109. B a  20 De la Rage des Chiens. d'autres Chiens; but; margea, quoique peu auparavant elle eut mordu, & qu'apres, eile mordil encore plufrurs perfonnes, dont une parrie mourut Hydrophobe. (i) Le Chien, qui mordit 1'enfant», d■■nt Rayivmnd a publié l'Obfervation , but & mangea ^près & 1'enfant n'en périt pas moins avec les Symptomes de la Rage au bout de deux mois. Pour nous tirer d'incertitude a eet égard, il faut, dès qu'on obferve de pareils Symptomes dans un Chien, le renfermer fürement, avant qu'il ait mordu; lui donner a manger & 4 boire avec précaution cc attendre 1'iiTue, que fa maladie aura. i §. XXII. F D'apres ce que nous avons dit des Sympromej de ce premier Degré, il eft aifé, de juger de la futiliré de 1'épreuve du ChalTeur, que 1'on croit un indice certain de 1'état de bonne fanté du Chien. La perlonne, qui a coutume de chalTer avec 1'animal, ou d'aller paitre le berail avec lui, doit s'équ;per comme pour aller a la chaffe, ou pour fuivre lesbèüMaux & appeller Ie Chien; G le Chien (1) Guillemeau, jo'urnal de Medecine T. XXXIX. p. 210. (2) Memoires de la Societé Royale de Med. 1777, J778. p. 4X9. BiMHie a un Fait ftmblsble. IVJedica! and Philofophical Commemaries. Vol. III. 3 part. p. 290.  De la Rage des Chiens. 2X obéit, c'eft une preuve, qu'il n'eft point enragé, & vice verfa1. Le Chien de 1'infortuné ProfeiTeur de Munster foutint cette épreuve, après avoir mordu fon maitre, qui ne le crut point enragé ; nègligea la blelïhre cc mourut Hydrophobe 15 mois après. CO Si 1'on en croit Fehr. §. XXIII. Second degre. Les Symptomes du premier Degré augmentent promptement. Le Chien n'entend plus la voix, qui 1'appelle; il devient plus trifte-, fes yeux font plus troublés; il s'eloigne de tout le monde ; il eft tourmenté par la foif; il fait fortir fa lange de fa gueule & il craint de boire; il ne fouffre perlbnne auprès de lui; il jappe rarement &, s'il le fait, ce n'eft que d'une voix rau. que; 11 mache continuellement; une bave épailfe, écurneufe coule de fa gueule toujours ouvene & il mord tout ce, qui 1'approche ; enfin 1'Animal devient bientöt enragé; il fe fauve; fuit le domi. cile de fon Maitre & attaque tout ce, qui fe prefente fur fon chemin. Dans le comraencement fa courfeeft lente; a mefure,que Ie mal s'accroit,elle devient plus précipitée; il porte la tére & les oreilles pendantes & la queue ertre les jambes; fa marche eft irregulaire; tantöt il fuit un cii-omin droit pendant quelque tems & fubitement if retour- Cl) FüHR , 1. C, §. 9. ö 3  9* Dt la Rage des Chiens. ce fur fes pas, ou va dans une autre direction avec une vitefle extréme z a 1'aspecl de 1'Eau & des Corps transparens il récule avec auxieté. i Sgeiflo,;*!»>". r; >! i;i rn i :'; S. xxiv. Troisieme Df.gre. Dans le dernier ou Ie plus haut Degré de la Rage, les yeux deviennent rouges ètincelans; tantöt ils font hagards tantót ils fe meuvent d'une maniere effrayante dans leurs Orbites; la Langue eli plombée, noire, pendante au dehars & 1'écume efl: p!us abondante; il happe continuellement autour de lui, & mord toutce qui fe ptèfente. Les Chiens fains fuyent a fon afpeét OU, s'ils.font trop prés, pour pouvoir lui échapper, ils 1'abordent avec timidité & cherchent, pour aiijfi dire, par leur humilité a fe fouftraire a fa morfure (i). Enfin 1'animal s'afFaiblit peu a peu ,• fa marche ell pluslent, trainante, chancelante; il fort une grande quantité de larmes des yeux ; les poils font heriffés & il préfente 1'afpeét. hideux & effrayant, que Abel a fi bien exprimé dans fa Gravure. La foiblefie augmentant, il tombe fouvent; fe rélev* avec peine; respire difficilement; enfin la fcene fe termine par des convulfions, dans les (i) Avicenne. Lib. IV. le Roux p. 84, &c. il n'eft pas certain, que tous les chiens fuyent 1' enragé. dit Bacher, CJourn, de Med. T. 65. p. 159.) mais on peut sffumer. qqe cela 4 iieu ie plus fouveru.  De la Rage des Chiens. 23 quelïes il expire CO- c'eft dans ce dernier Degré, que la Morfure eft plus dangereufe. (2) §. XXV. Tel eft 1' enfemble, que préfent? la'Rage des Chiens dans Ia plus part des Cas; mais on remarque une infinité de variétés dans les Symptomes , & c'eft de la, que font venues les difFérentes efpeces de Rage, & dans le fait, on ne dort point être etonné, qu'a raifon de 1'état du Corps du Chien (qui n'eft certainement pas toujours le même dans tous ces animaux,) les Symptomes de cette maladie épiouvent quelque diverfité. Le Virus Variolique eft, fans contredit, un de fon efpece & cependant, qu'elle difFerence ne rémarque t-onpas dans le cours de cette maladie felon la Conftitution des individus?! L'Auteur de 1'article Rage dans 1'Encyclopedie diftingue fix expèces de Rage. 1.) La Rage Mue, ou les Chiens meurent avec les Symptomes du prémier degré, & on les trouve morts dans le coin obfeur, ou ils s'étaient retiré. a.) La Rage Tonibante, ou 1'Animal ne peut fe tenir fur fes quatre pattes, & trebuche a chaque inftant. 3.) La Rage Eflanque'e, qui n'attaque, que les (1) Voy. les Aureurs tês $ XK. p. 20. note. 2. (2) Lieütaud, -Syfiopfis. p, tous les Auteurs, E4  H -De la Rage des Chiens, vie-ux Chiens. & ou le flancs font contractés & battent nminuellement, 4 ) La Rage Rheumatique. Dans cette efpèce la tête eft enflée & les yeux fi tumefiés, qu'ils fortent de leu's O bites. 5. ^ La Rage Courante. Les Chiens portent la queue trainante, comme le Renard, & ne mordent que ("dit • on") les Animaux de leur efpèce, fans attaquer les Au'res animaux, ni 1'Homme. 6. ) La Rage Chaude. Les Chiensportent Ia queue en 1'air ; anaq ient tous les animaux fans diftinétion ; leur gueule eft noir, peu écumeufe. %. XXVI. Nous regardons comme inutile d'établir une auffi grand nombre de divifions : nous n'avons rapporé les Différences , qiie pourmontrer, que 1'allure d'un Chien enragé n'eft pas a beaucoup prés aufli uniforme, qu'on pourrait fe Ie figurer Mais nous penf >ns, qu'on doit diftinguer deux efpeces de variétés da-^s la Rage des Chiens. 1 ) La Rage Ordinaire, dont nous avons donné la description (% XX & feq ) & dont les cinqpréróijeres efpèces mentionnées (§. XXV.) ne font, que des Synptomes variés, & 2 ) T.a Rage Chaude; dans cette efpèce Ia Rage eft pnrté^ au dernier degré & a lieu dans un Anirral fort & robuïte, dont 1'afpect eft lééllement ef. frayant. On ne voit point dans les Animaux, qui en font attaqués, cette allure uifte, defignée par  De la Rage des Chiens. 35 ïa tête penchée; la queue entre les jambes & la demarche chancelante. Tout porte en eux le Caradtère d'un Erétisme, d'une irritation au dernier degré; c'eft k ces Animaux , qu'on peut, k proprement par Ier, appliquer la denomination d'enragés. Ils ne craignent point 1'eau, ou leur fureur, pour atteindre les individus, placés k la rive oppofée d'üne riviere, leur fait furmonter cette horreur; ils fe precipitent dans le fleuve & nagent jusqu'a 1'autre & la ils dilacerent, dechirent tout ce qu'ils rencontrent. Cette efpèce de Rage s'obferve plus communément dans les Lou'ps, d'un naturel plus féroce, que les Chiens 11 eft k préfumer , dit Darluc, que Ia Rage prend aux Loups k peu prés, comme aux Chiens; ils n'ont cependant aucun rebut pour les alimens; ils traverfent les rivieres , fans horreur de 1'eau. Le Loup, qui mordit tant de perfonnes a Meyne en 1718, fut trouvé, dévorant le matin un gros Chien de troupeau, & celui, qui fit tant de ravages k Cagolin, mangeait tranquillement une Chevre, lorsqu'il fut tué (i> Les Chiens ne font pourtant point exempts de cette efpèce; on a vu un Chien traverfer une riviere de 50. pas de largeur & mordre une malheureufe fille, qui mourut Hydrophobe le 46e. jour après eet accident, (a) (1) Journal de Medecine. T. IV. p. 374. CO UlSGiVAD. I. C. p. 4Ö. B5  26 De la Rage des Ckiens. §. XXVII. Nous avons expofés dans les § précedens les Caraérères, aux quels on réconnoit un Chien enragé, & les trois principaux, qui reunis conftituent 1'évidence de Ia Rage, font 1'écoulement de la Bave , 1'Inappetence pour les alimens & 1'Horreur de 1'Eau. Nous avons vö/que ces trois Symptomes ne fe trouvaient que dans le fecond & troifieme Degré de Ia maladie, & même que 1'flydrophobie manquait quelques fois, puisque les Animaux pasfoient des rivieres a Ia nage & que des Chiens Hydrophobes pendant la maladie, ceiTaient ,de le dévenir vers la fin, & buvaient avant de périr, de manière qu'il ne faut pas s'en tenir k ce feul Symptome, pour déterminer, fi 1'Animal eft enragé, mais qu'il faut mettre la plus fcrupuleufe attention dans 1'examen de toutes les circonftances pour arriver a la certitude. Ce qui augmente Ia difficulté du Diagnostic de Ia Rage pour Ie vulgaire des hommes, qui fe mêle fouvent de traiter ces maladies, c'eft, que les Chiens fe trouvent dans un grand nombre de circonftances, ou ils paroiifent plus ou moins fufpecT:; mordent fans être cependant enragés, & fi on les croit tels , il en peut refulter des fuites plus ou moins funeftes a raifon de la crainte, qu'on infpire au mala- " de. II eft trés important de diftinguer ces cas. I.) Les Chiens, qui ont perdu leur Maitre, qui ont été laifTés a la pcrte de leur maifon, pendant Ia nuit, qui ont été blefles ou batrus ou harg- Eés,  De la Rage des Chiens. 2? nés, & par dellus tout, les Chiennes a qui on a enlevé les petits, font expofés a une maladie, qui les porte auffi a la fureur & les excite k mordre les hommes, mais furtout les petits enfans & les animaux. Dans cette maladie ils ont fouvent le poil herifTé; les yeux étincelans; ils cou* rent & mordent ce, qui fe préfente; ou ils paroilTent au moins avoir le gefte & Fenvie de mordre; mais ils ne rejettent pas toujours lés alimens, qu'on leur cffre; ils n'entrent point en fureur a Fefpedl des liquides; ils boivent même, & ne rendent point de Bave (1) 2. ) Un Chien, qui s'eft fatigué avec une Chienne en chaleur, rend de l'écume;~eft charicelant fur fes jambes & fe couche par terre; s'il efl: pourfuivi par quelqu'un, il mord & cependant il n'eft point enragé. (2) 3. ") Les jeunes Chiens , dans le tems de la fortie des Dents, font tourmentés d'envie de mor* dre; le jettent quelque fois fur les Volailles; dé' chirent des hardes; bleflént quelquefois Iegerement des enfans; & cependant ne font point enragés (3)- Les vieux Chiens, qui ont mal aux dents, font de même. (4) (1) Colombier L c. p. 1S6. Baudot. I. c. p. 96. O) Baudot, ibid. Bacher Jotirn. de Med. T. 59 p. 196. Bader. p. 57. 1 (3) Baudot U c. (4) BaD£r , 1. c. p. ld.  a8 Ja Rage des Chiens. 40 Quelquefois les Animaux Carhivores, preses de la faim, cherchent a faire une proye & fe jettent fur les individus pour les mordre, fans être enragés: on reconnait le cas a la marche tranquille & en quelque forte reflechie de 1'AnimaI, que 1'on voic quelque fois fe tapir dans un endroit, pour attendre le moment „favorable C5). 50 Avant 1'eruption de la Piique dans les Chiens, on obferve plufieurs Phénomènes, qui les font re. garder & tuer comme enragés, tandis qu'ils ne le font pas. En effet ces Animaux portent la queue entre les jambes; ils ont de-la Bave k la gueule; ils ne jappent pas; mordent tout ,1e monde, même leur Maitre; ils n'ont point; d'appetit; paroiffentr être aveugle & fe heurtent contre tout ce, qui eft devant eux; Mais ils n'ont point d>horreur pour leau; bien plus , ils boivent beaucoup a cette époque de la maladie & leur morfure nr.donne jamais lieu è rHydrophobie. La même chofe fe doit s'entendre des Loups, Renards. (1) . Tous ces Chiens ne font pas enragés, mais cependant ile faut fe garder de trop de fecurite. Leur Morfure n'en eft pas moins fufceptibie d'exciter quelquefois des accidens tres graves & pour eviter toute erreur, il faudrait, que dans tous les CO Hift. de la Societé Roy. dei Med. 1783. ze. par«e. P 113. CO Voy. DelaFöntaine, Chir.Med. Obhandlungen, >?i>a. p. 53.  De la Rage des Chiens. . s9 cas ou un Chien a mordu quelqu'un, on enfermfc ce Chien, pour 1'obferver. S'il eft dans le premier Degré de la Rage, il panera promptement aux autres; mourra bientöt en donnant des Signes non équivoques de la Rage ; fi on obferve au contraire , au bout de quelques jours, qu'il eft fain, alors on fera debaraffé de toute incertitude. Mais il faut, que cette conduite foit exacte. C>lombier nout parait agir trop leftement lorfqu'il dit: „ fi un Chien fufpect, étant enfermé après avoir „ mordu. mange & boit fans répugnance & qu'il ,, n'entre point en furcir en voyant le liquide, „ on eft afiuré , qu'il n'eft point en enragé (OEnfuivant eet énoncé au pied de la lettre, on s' expolerait a fe tromper, car nous avons vü cydevant, que beaucoup de Chiens dans le premier Degié de la Rage ont bu , mangé, après avoir fait des morfures vénimeules & qu'on a des Obfervations de Chiens, qui font morts peu après avoir bu, & fi on fe contentait de préfenter au Chien, qui a mordu, a boire ou a manger & qu'on conclut, qu'il n'eli point enragé paree qu'il a bu & mangé & qu'on le laiffa aller, on aurait torr & on s'endormirait dans une funefte perfuafion, que le Chien n'eft point enragé, tandis qu'il pourrait Fêtre rééllement. C'eft pourquoi je confeilie de tenir ces Chiens renfermés au moins pendant 4 4 5 jours; terme, danslequel ils mourront, s'ils font (O L- c p. 187.  So De la Rage des Chiens. xeellement enragés ou du moins pendant le quel les Sjgnes, feront fi évidens, qu'on n'aura plus de doute. II eft de la plus grande importance, de bien distmguer les Cas, car le nombre de Chiens, attaqués de^Ia vraie Rage, n'eft pas auffi confidérable, qu on Ie croitfc jene puismieux terminer eet article, qu'en rapportant les propres expreffions de Salva: „ II eft peu d'endroit, dit ce Medecin, ou il paffe' ** plus fouvent qu'a Sijleron des Chiens prétendus « enragés & depuis 26 ans , que j'exerce Ia Me» decine, j'ai éte dans Ie cas , de traiter bien des „perfonnes, qui avoient é:é mordues par les „ Chiens; mais une fois feulement j'ai eu Ia preu„ ve certaine, que 1'Animal, qui avait mordu, „ était rééllement enragé. CO Die nvuthenden Hunce fmd tvtrklich nicht fo hauftig, als man denkt • manches arme Thier kómmt unfchuldiger weift: in Ferdacht. CO S. XXVIII. Morfures des Animaux en Colère &c. Nous avons expofé dans le § XX. & fuiv. Les CO Mem. de laSoc. Royal. de Medec. 1783. 2e par- t'e. p. 215. CO Tode Medicinifche Chirurg. Bibliotek. I. B 3. Sc. p. l;6.  De la Rage des Chiens. JI Signesde la Rage des Chiens, & dit, que la Morfure d'un tel Animal produit dans un autre la même maladie. Dans le % XXVII. nous avons indiqué divers états des Chiens, ou les Animaux ont plus ou moins de propenfion a mordre, fans cependant être rééllement enragés & ou leur morfure, quoique quelque fuis i fuivie d'accidens, n'occafione cependant pas la Rage: II nous refte a examiner dans ce § la BleiTure faite par un Animal en Colère, qui fe mord lui même ou en mord un autre, & voir ce, que des faits authentiques nous aprennent a eet égard. On en a des exemples dans l'I Iomme & dans les Animaux. %. XXIX. i.) Exemples dans l'Homme. A.~) Obfervations d'"Hommes en colire, qui fe font mordus eux mémes avec fuites mortelles. «0 Cn jeune Italien, dans un accès de colère, ne pouvant fe venger de celui, qui 1'avoit offenfé. fe mordit un doigt & moutut au bout de vingt quatre heures Hydrophobe, comme s'il eut été mordu par un Chien enragé, après avoir vomi une grande quaniïté de Bile rugineufe. (i) (O VAN Swiïthn, § 1130 WaicïARD Philof. Arzt. 4. ft. p. 186.  32 Be la Rage des Chiens. b. ~) Un homme desefperé d'avoir tout perdu §. XXXII. Les Faits rapportés (§. XXVIII & iuiv.) prouvent, que les morfures d'Animaux, qui ne font point enragés, n'en font pas pour cela, dans certaines circonftances, moins dangéreufes, de même que celles des Chiens, qui fe trouvent dans 1'un des états, mcntionnés au § XXVII. Mais demandera-t-on avec raifon, doit-on rapporter tous ces cas a la Rage, ou doit-on regarder toutes ces playes comme venimeufes? Avant de répondre definitivement, nous rémarquerons, que tous! les accidens rapportés ne peuvent être attribués qu'a une de caufes fuivantes. i.) A 1'irritation nerveufe, produite par la dechirure ou par la violente contufion de la dent de 1'Animal. (voy. § XXIX. B. i° c. d. a°. b. — § XXX. i. e. f. 2° a. b. §. XXXI. b ) 0> (1) Voy. fa Diflert. de Cautelis quibusdam. in Chirurgia obfervandis. Traj. ad Rhen. 1719. p. 9. (2) Morgacni, a bien vu cette verité. De Sedib. 4c Caufis morbor. Epift. 64. §. 45. C4  4° De la Rage des Chiens. a.) Dans quelques unes des Obfervations il eft douteux, que ce foit la Morfure, qui ait donné lieu k tous les accidens, puisque 1'état des fujets confidèré en lui méme, C. a. d. la violente Colère. i Ia quelle ils etaient en proye, a fouvent feule fufïït pour exciter des Symptomes Hydrophobiques, comme on peut Ie voir § XLVI. q.) & il eft impoffible de déterminer, fi les fujets (§, XXIX. A. a. b. c.) ne'feraient pas devenus Hydrophobes, quand bien même ils ne feraient pas mordus. 30 Ou bien ces bleiTures ont été faites dans des circonstances, favorables a 1'apparition du Tetanos. 4.) Ou enfin 1'AnimaI en Colère a fait non feulement une playe douloureufe, mais a depofé dans cette playe une portion de Bave, de Salive vénéneufe, acre, qui a donné lieu aux accidens terribles, qu'on a quelquefois obfèrvés. Jecrois, que les Caufes 1 & 3. concourent le plus fouvent a rendre les fuites de ces Morfures facheufes, mais je penfe ausfi, qu'on doit toujours avoir plus ou moins d'egards a Ia derniere, je veux dire a la Salive malfaifante. Bien entendu que rélativement au degré de la Colère, a Ia Conftitution de 1'animal mordant; a la Senfibilité du fujet mordu; a la nature de la playe plus ou moins grande, plus ou moins faignante, plus ou moins fuppurante; cette Salive délétère pourra produire des effets plus ou moins graves. C'efl: peut-être a cette degénération de la Salive dans un ^violent accès de Colére,  De la Rage des Chiens. 41 qu'on doit attribuer le plus fouvent les Symptomes Spafmodiques, ü approchans de ceux, qu' excite le Venin Rabieux, obfèrvés dans plufieurs de faits cités cy devant. De tout tems on a connu eet eftet de la Colère. Ab Animantibus, in Iram concitis, fadta vulnera quandoque furorem & aqua formedu nem induxerunt. (i) Ira in hominibus e? brutis liquida citijjime invertit £? vitiofe ita alter at, ut faliva abeat in fermentum malignum, virulentum, deflruclivum. (2) Homo-, licet omniprorfus veneno careaty ob Iram tarnen aliquando illius fpiritus tantopere exaltantur £? irritantur, ut quafi in venenofam naturam evchantur; & fi in a&u Ulo Iracundite aliquem momorderit, obfervatum eft, venenofam Rabiem eidem communie ajfe. (3) Des Oblervatioris bien demontrées, dit Tissot, atteftent, que la Salive des animaux irrités devient extrêmement dangereufe & opère comme un poifon (4) & les hommes, mordus par des Animaux en Colère, doivent, felonScHERF, être traités de" la même maniére, que ceux, qui ont été mordus par un Animal enragé (5). (1) GALENüsdeTheriacaadPisoNEM. Frid. Hofmann, & J. G. Hoyer. Diflerc. de Saliva & ejus morbis. Hal» 1694. P- 34. (2) Wierus traftatus de Ira morbo. (3) Baclivi Opera Omnia, p. 634. C4) Maladies des nerfs. Tom. II. 1 partie, p. 368. (5) Archiv der Medicinifchen Polizei, 1. B. §. 164. C5  43 De la Rage des Chiens. Mais demandera-t-on, quelle eft la Nature de cette altération, qu'éprouve la Salive, & comment opere-t-elle? Je ne crois point, que cette altération foit la même, qui conltitue le venin de la Rage, & quand a la manière, dont elle arrivé, je 1'ignore, je m'en tiens aux Faits, qui prouvent, que quelquefois, dans un violent accès de Colère, la Salive acqtiiere une qualité vénéneufe, & je demande a mon tour, comment un accés de Colère pervertit il quelque fois le Lait d'une Nourrice au point de le rendre vereneux, & que 1'enfant, qui en boit, vomit, eft attaqué de Convulfions & pent , comme on n'en a malheureufement que trop d'exemples. De tout cela je conclus, que les morfures de tout Animal en Colère, irrité, furieux eft non feulement dangéreufe a caufe de la dilacération des fibres nerveufes, mais encore dans plufieurs cas, (qu'on ne peut determiner a priori, & qu'on peut préfumer en s'informant bien des circonftances,) 1 raifon de Pinfertion d'une partie de Salive malfaifante, & que ces blesfures ne doivent pas a la veriié être traitées exactement, comme celles de Chiens rééllement enragés, mais qu'on ne doit point les confidérer comme des bagatelles, qui ne peuvent entrainer aucun danger, & qu'il eftjfur-. tout important de s'occuper du Traitement Local.  De la Rage des Chiens. §. XXXIII. Diagnoflic de la Rage dans un Chien mort, ou per du. II arrivé quelquefois, qu'un Chien fufpécr. a' mordu quelqu'un &. a été tué fur le champ ou s'elï enfui. Pour fcavóir, a quoi s'en tenir fur le danger, que les mordus ont a courir. on deiire favoir, fi le Chien, qui a été tué, ou qu'on a trouvé mort, ou qui s'eft fauvé, efl: enragé ou non. On a propofé divers moyens pour le reconnoitre, mais malheureufement ils ne nous promettent pas beaucoup de fecurité. 1. ) Prenez, dit Mayerne, un vieux coq; plumez lui la poitrine & appliquez eet endroit dégarni de plumes fur la playe. Si le Chien était enragé, le coq s'enflera & mourira, & le malade guérira; fi le coq ne meurt pas, foyés fórs, que le Chien n'était point enragé!!! 2. ) Palmarius confeille d'appliquer fur la playe une Noix écralee, & de 1'y laiffer 12 heures de tems, & de la faire manger en fuite a un Poulet; fi le Chien était enragé, le Poulet périra dans 1'espace de deux 011 trois jours, ou bien on recoit fur du pain Ie fang, qui coule de la playe, & on Ie donne a manger a un Chien , ou a de la Volaille, & les animaux périront dans 1'espace de 24 heures, fi le Chien, qui a fait la morfure, était en-  44 &e la Ragt des Chiens, ragé. (O JEAN de Romains affure, que des Noix, imbibées de Ia Bave d'un Chien enragé, ont éte fu« neftes aux Poulets, qüi en ont mangé CO* L'expén'ence n'a pas imprimé Ie fceau de la eertitude fur ces diverfès épreuves, que 1'on ne doit cépendant pas entièrement réjetter, & qui, faites avec précaution, pourront peut. être dans quelques Cas fournir quelque lumière. 30 Petit le Chirurgien propofa autrefois de frotter un moiceau de pain ou de vianda-dans la Bave du Chien tué & de Ie jetter a un Chieu lain. Si ce dernier le réfufe, c'eft figne, que le tué était enragé. Rien n'eft. aulTi incertain, que cette épreuve, Car les Chiens mangent difficileroemee, qui eft frotté de Bave, & fi en Eté, on ne fait I'expérience promptement, la putrefaétion pourra être la feule caufe du refus de Panjmal fain, & onpourrait, dans cecas, cróire a la Rage, tandis qu'elle n'exifterait pas. D'un autre cuté, on peut, par une fuite de cette épreuve, être piongé dans une fecurité mortelle: en effet des Chiens gourmands & aftamés avalent tou ce qu'on leur jette; & dans PObfervation rapportée par Harrer , on frotta un morceau de pain avec la Salive du Chien fufpect, tué dans le premier .Degré de la. Ci) Ap. Nicolai Pathologie, T. VI. p. 47. Journal de Medecine 1786 T. 67. pag. 76. CO Ap. DaLviGiLiis, Bibliotheca Chirurgica T. il. p. 10Ó4.  De la Rage des Chiens. 45 Rage: ce pain fut mangé par d'autres Chiens & cependant la perfonne, qui avoit été mordue, devint Hijdrophobe & mourut. Chouneau nous a fourni encore une nouvelle preuve de 1'infidelité de ce figne: un Chien fain mangea le morceau de viandê, frotté de la Bave du Chien tué & cependant 1'enfant mordu, qu'on croyait fans danger, par une fuite de cette épreuve, devint peu après Hydrophobe & mourut (i). 4.) Gruner propofe d'inoculer de la Bave du Chien tué a un Chien fain, en faifant a ce dernier une playe aprés 1'avoir attaché. Ce procédé ferait fans contredit le plus certain , car fi le Chien inoculé devient promptement enragé, il ne nous rede aucum doute. Cette inoculation ne peut cependant être utile, car le virus rabieux peut refter plns ou moins de tems dans le Chien inoculé fans agir, & la perfonne mordue peut-être attaquée d'Hydrophobie avant le Chien inoculé ; & en outre le Chien inoculé peut fort bien ne pas avoir la difpofition, pour que le venin agilTe, & alors on ne faura, a quoi attribuer eet infuccès de 1'Inoculation. Nous n'avons donc jusqu'a préfent ancun figne certain, pour reconnoltre, fi la playe faite par un animal, qui s'éft enfui, ou qui a été tué, eft en- ragé-otr non. (i) Journ»! de Medecint, T. 72. p. 930, An. 1787.  46 De la Rage des Chieni. Nous ne pouvons nous en afïuref, que quand nous pouvons exactement nous informer des Symptomes , qu'on a pu obferver avant de le tuer, ou avant qu'il ait fait la blelTure, ce qui eft prefque impoffible pour un Chien inconnu ; & fouvent même pour un Chien connu, par le défaut de connoilTance, ou Ia mauvaife foi, ou 1'exagération de ceux, qui Font vu. Lorsqu'im Animal fufpecï i mordu un grand nombre de perfonnes & d'animaux, & que quelquesüns des mordus font attaqués dé la Rage, il n'y a plus d'incertitude, mais c'eft un fatal moyen, puifque Ie Diagnoftic n'eft alors fondé, que fur des eftets, qu'on aurait defiré de prévenir. Le mieux, comme nous le dirons dans un moment , eft de s'empai er fur le champ de tout Chien, qui a mordu un Homme ou un Animal, & de lë garder dans un lieu fur. §. XXXIV. Dans les Animaux afeSés de la Rage toutes les humeurs font - elles imprégnées du Venin Rabifique au point de communiquer la Maladie? II eft difficile, de donner une folution exacte de cette queftion, parceque 1'on a des autorités graves pour 1'affirmative & pour la négative. I.) Obfervations pour Vaffirmative. Les Anciens ont pretendu , que 1'haleine, la tranfpiration d'individu, attaqué de la Rage, pouvait la communi*  De la Rage des Chiens * 47 quer. CO Fernel rapporte, que des ChaiTeurs, ayant tué un Loup furieux, en préparérent divers mets, qu'ils mangèrent & que tous furent bientót après attaqués de la Rage, & périrent. (O Schei*, kius, Borellus, Manget, Boebhave, Brogiani, van Swieten, rapportent desfaits, quiprou» vent, que la Rage a été communiquée pour avoir mangé de la viande des Animaux, qui en étaient morts C3). Le Lait d'une Vache enragée a communiqué la Rage aux perfonnes, qui en ont bu )• Selon Abraham de la Prime des petits Chiens devinrent enragés, pour avoir bu le Lait de leur mêre enragée (5); on allure, qu auprèsde Milan, le Lait d'une vache enragée a fait périr toute une familie Hydrophobe C6); & un Chien, au rapport de Lemery, devint enragé pour avoir lappé du fang d'un Hydrophobe (7). (O Lawzoni, de Venenis Cap. 6a. & Opera Omnit T. 1. p. 154. CO °Pera Offlnia' Tom- I!' P' 5°°- Cs) Frank Medicinifche Polizei, T. III. p. 48. & T. IV. p. 313- Andry Memoires de 1776. p. III. & 1778. p. 461. C4) Timfus de Guldenklee, Caf. Med. Lib. VIL Cap. 23. Cs) Philofophifche Tranfaélionen, Vol. 33. No 277. C6) Ap. Rahm, Gazette de Santé, T. II. pag. 748. (7) Hift. de 1'Academie Royale des Sciences, An. 1707.  48 De la Rage des Chiens. 20 Obfervations pour la nigative. Le Camus 3 mangé de Ia viande d'un Boeuf enragé fans aucune mauvaife fuite. Castelli en a vu manger fans Ie moindre inconvénient (r). On a vu plufieurs perfonnes manger Ia Viande, & Ie Lait d'une Vache enragée, fans Ie devenir (2). La Chair d'un Cochon, inordu depuis quelques jours, & la Viande d'un Boeuf, tué dans les premiers Symptomes de 1'Hydrophobie, ont été vendues & mangées par quelques centaines de perfonnes, fans le moindre inconvénient. (3) Erpenbeck nous a auilï tranfmis des faits femblables. (4) Un enfant fut allaité par une Chevre pendant trois femaines jusqu'ou jour, ou eet animal mourut de FHydrophobie & n'en a eprouvé aucum accident (5). Erpenbeck & 30 autres perfonnes ont bu du Lait d'une Vache Hydrophobe depuis deux jours, fans en relTentir Ia moindre incommodité. Cet Au» teur en donna pour toute nourriture a un Chien, qu'il renferma, & Paninjal ne fut afFedé de rien, cependant il en eut horreur la première fois, qu'on lui en préfenta, & ce ne fut que la faim, qui Ie forca a en boire. (6) Des Chirurgiens ont été im- (1) Ap. Andry Memoires de 1776. p. iio. (2) Journal de Medecine, T. 1, p. 167. (3) Asti, 1. c. (4) DilTert. Cic. p. ai. 23. (5) Baudot, 1. c. pag. 91, (6) DilT. Cit. p. ip. 18.  De la Rage des Chiens. 49 punement remplis de fang, en faignant des Hydrophobes (O' Plufieurs perfonnes fe fontblelTés, er» ouvrant des Cadavres d'Hydrophobes, & ne le font pas devenues. (2) Van Svvieten, a vu deux léfions de cette efpèce, fans que 1'Hydrophobie s'en» fuivit. L'un des Chirurgiens fut attaqué d'une Eryfipele a la main & a 1'avant - bras, mais la putréfaclion du Cadavre pouvait feulc 1'avoir excité', comme on 1'a deja obfervé plufieurs fois, & eet Auteur célèbre affare, ne pas cqnnoitre une Obfervation de Rage, cemmuniquée par cette voie C3)« De plus Palmarius confeillaitle Sang des Hydrophobes defleché, comme Préfervatif: les Anciens attribuaient aufii la même vertu au Foie de 1'Animal enragé; Remèdes vains, mais qui n'en prouvent pas moins pour la Négative de la queftion. %. XXXV. Que conclure de tous ces Faits oppofés ? voici les induöions, que je me permettrai, d'en tirer. 1. ) II en eft du Venin de la Rage, comme de tous les autres Virus. II n'affècte certainement pas toutes les humeurs, comme nous le dirons dans la 2de partie. 2. ) Dans 1'Obfervation de la Prime Ia Chienne a bien pu mordre fes petits, ' CO Baudot, I. c. p. or. - (2) Thïesset, Ap. Andry Memoire dz 1775. p. ijq, C3) J. 1140. & Nicolai, Pathologie, T. IV. p. $?, D  5<5 De la Rage des Chiens, %.~) Tant que le venin de la Rage efl: encore fixé dans la partie, on peut certainement manger laChair des Animaux, boire leur Lait, fans qu'il en réfulte d'accidens; mais il n'eft point prudent de le faire. 4. ) Défque 1'Hydrophobie fe declare, la fcene change: je ne dis point, que tous les fluïdes deViennent alors fufceptibles de communiquer 1'Hydrophobie i Mais j'avouerai, 1'état des fluides & desfolides d'unjAnimal, mort Hydrophobe, me parait trés exalté, ,très prés de la décompofition putride ; que la Bile, vitiée au dernier degré chezeux, ainfi que 1'acrêté plus ou moins grande, que contractent tous les fluides par le défaut de boiffon, font, quele tout nepeut certainementfournir qu'un' aliment malfain, pour ainfi dire Venéneux & propre a donner lieu a une Fievre plus ou moins ardente, accompagnée de Delire] Phrénétique, de fipafme dans 1'Oefophage, cauféjpar 1'irritation des Maismesputrides, exhalés par le poumon, &d'horreur de 1'Eau, comme on 1'a obfervé plufieurs fois dans des Fievres Gaftriques, Bilieufes, qui nedépendaient d'aucun foupcon de Venin Rabieux. Et 11 eft ainfi, qu'on pourrait concilier par la tous les Faits ccntradictoires. 5. ) La Police doit défendre la vente de la Viande, & du Lait des Animaux Mordus; c'eft Ie plus fur parti, qu'on puiffe prendre; car je ne vois point de néceffité, a expofer ainfi les individus pour rinteret particulier d'un feul.  De la Rage des Chiens, 51 S. xxxvi. Des Moyens de prêvenir la Rage dans les Chiens. Ceftes fi on Ie voulait, on pourrait bien diminuer le danger de la Rage, mais jusqu'ici c'eft envain, que les Philofophes & les Medecins ont demandé des Loix repreffives. Il en exille bien a la vérité , parci, paria, dans quelques Contrées, mais jbien peu font executées avec l'exaclitude, qu'une chofe auflï efientiele pour la falut des hommes exigerait. L'ouvrage de Frank O). & Ia Collection de Scherf renferment tout ce, qu'on peut defirer a eet égard, pour faire de bonnes Loix , & nous préfenterons feulement les principes généraux, qui en découlent, pour rendre notre Eflai auffi complet, qu'il nous eft poffible. J. XXXVII. Ordonnances rélatives a la tenue des Chiens. Ces Ordonnances doivent avoir pour but de diminuer autant, qu'il eft poffible, le nombre des Chiens dans les Villes, & dans les Villages. Le Chien eft un animal néceflaire, mais le nombre (O L. c. p«g. 334. D %  52 De la Rage des Chiens. des Chiens inutiles eft bien plus confidérable, que celui de ceux, qui rendent quelques fervices , & il faut exterminer ces derniers. Croirait-on, que du pain, que mangent les Chiens inutiles en France, on nourrirait acoooo Hommes, fans compter les Bichons, Epagneuls & Roquets, qui vivent mieux, que la iooe partie des habitans. II eft inutile, que chaque individu ait un Chien: mais pour tout concilier, voici ce, qu'on doit faire. i.) Tous ceux, qui jusqu'a préfent, n'entretiennent point de Chien, ne doivent point en prendre un par caprice: il faut le défendre. 2) Ceux, qui ont un Chien, avant que la Loi paroilTe, peuvent le garder; mais il doit refter a la maifon, ne fortir, que tenu a la lifière par fon maitre, porter une mufeliète. Et pour éviter tout «langer, 1'écorcheur doit parcourir deuxfois par femaine pendant 1'année, les rues de Ia ville cc aiTommer tous les Chiens, qu'il y rencontrera libres , fans être conduit par quelqu'un, & du moment, que le Chien fera mort, il faut défendre, d'en prendre un nouveau. 3.) Un Impot furies Chiens, profiterait auFifce, mais point a 1'humanité. Des hommes, qui n'ont rien a faire, ou qui ne veulent rien faire, fe pri« veraient de tout, pour conferver un maudit Epagneul, qui les infecTerait les prémiers a la verité, rnais qui ne permetterait aucune fecurité aux autres Citoyens. (4.) Ces marqués, que l'ccorcheur vend cc at-  De la Rage des Chiens, 53 tache au col des Chiens, dans certaines Contrées, pendant les grandes chaleurs de 1'annéc, ne font qu'un enfantillage icfignifiant & dangéreux. Car je puis faire attacher aujourd'hui un figne de fanté a mon Chien qui deviendra enragé peut être au bout de deux jours. 5.) Les Bouchers ne doivent avoir, qu'un, ou tout au plus, deux Chiens; ils doivent les conduire a la lifiêre, ou lors qu'ils font chaffer les Animaux, leur mettre une mufelière. Ce dernier article eft de la plus grande importance, car rien n'eft auffi cruel, auffi malfaifant pour les Animaux, qui font une grande partie de notre nourriture journalière, qui d'être pourfuivis, mordus, harcelés continuellement par un ou plufieurs Chiens. Certes on ne viendra pas nous dire, que les Animaux n'ont point auffi leurs pafiions, & a raifon de ces pafiions, il eft impoflible, qu'ils ne fouffrent & ne fe mettent en colére contre les Chiens, qui les irritent continuellement & qu'étant tués dans eet état de fureur, ils ne fourniflent nne nourTiture malfaine. Ces vérités ont été, on ne peut mieux, expofées par Frank (t) 6. ) Les Chiens de Voituriers doivent être enchaines fous la voiture. 7. ) L'expérience ayant appris, que les Chiens de chafie, de Berger , de balfe cour a 1'attache, les Chiens de Bouchers, font ceux, qui font les (i)Tkledecinifche Poüzei. T. III. p. 110. D 3  54 De la Rage des Chiens. plus expofés a la Rage; il faut* de toute néceffité veiller plus axactement fur Fétat de leur fanté. 8,) Il faut ordonner, d'afTomraer tous les Chiens mechans; tous ceux, qui ont la mauvaife habitude de jnpper; de courir après les paflans, les enfans; de déchirer leurs habits. Ce font des animaux d'un naturel Colérique; ils font plus fujets a la Rage & fans être enragés, ils peuvent, dans leur mouvement de colère, faire des morfures plus ou moins dangéreufes & même mortelles, comme nous en avons rapportés plufieurs exemples. §. XXX. i°. $. XXXVIII. Soins pour conferver la fanté des Chiens. Ce n'eft point aflez, d'avoir des Regies générales , pour diminuer le nombre des Chiens: comme on ne peut , en extirper la race, vu leur utilité; il faut, que les perfonnes, a qui on permet d'en entretenir, foient inftruites de ce, qu'il y a a faire pour conferver la fanté de ces Animaux, & les Régies Diététiques pour les Chiens, peuvent fe reduire aux points fuivants. i.) Pendant 1'Hyver, on ne dolt jemais laifTer les Chiens dans des chambres chaudes, ni prés du feu, &, pendant 1'Eté, il ne faut pasj les [laifler expofés k 1'ardeur du Soleil. sf) II faut tenir les Chiens pendant 1'Hyver dans un chenil, conftruit de manière, qu'ils foient a 1'a-  De la Rage des Chiens. SS bri du froid, du vent & de 1'humidité & il ne faut jamais les lailTer pafler d'un endroit froid dans un lieu chaud. 3. ) II faut empêcher les Chiens, qui reviennent de la chafie, ou qui ont convoyé le bétail, de boire & de manger tout de fuite après. 4. ) On doit toujours leur donner de 1'Eau fraiche, pure & en abondance , a boire. 5. ) Jamais aucune Subftance Animale, qui commence a fe putréfier, ne doit entrer dans leur fouppe, & on y mettra toujours un peu de Sel. 6. ) Le Pain de Chien doit toujours être fermenté, il ne faut jamais leur donner du pain moifi. 7. ) Les Os, faifantunepartie'eflentieledelanourriture des Chiens, il ne faut point omettre de leur en donner. . 8 ) Les Chiens a 1'attache ne doivent point être privé du coït, & le Maitre du Chien doitfoigner, pour qu'il puiiTe contenterfesdefirs amoureux; Ceci n'eft point une plaifanterie: il eft certain, que eet état de continence forcé ne doit pas peu contribuer a les entretenir dans un état d'irafcibilité trés dangéreux, & qui a beaucoup d'influence fur le développement de la Rage. Tels font les Moyens généraux, applicables k tous les". Chiens, faciles a executer, pour empêcher autant, que poffible, le dévelloppement de la Rage Spontanée & peut-être rendre ces Animaux moins aptes a l'infeöibn, dans la Communiquée. Mais 1'on a cru, pouvoir éviter cette maladie encore plus efficacement, en foumettant les Chiens a D 4  'j6 De la Rage des Chiens. 1'extïrpation du, foi difant, Ver de Ia Rage {Dol mm} & a la Caftration, ce que nous devons examiner. §. XXXIX. 90 Èxlirpatioh du Fer de la Rage. je ne rn*arreterai point k ce, que Pline & ConbBocHus ont dit de cetce fubftance. Ce n'eft point un Ver. Morgagni ne Ia regarde , ni comme Un Nerf, ni comme une partie de Mufcle: Ce n'eft pas Une Glande, deftinée a la fécrétion du Venin de Ia Rage , comme Heysham 1'a avancé. Wrkëjerg k vu 9 fois faire cette opération par des gens , fbit difa'ns, trés experts, & il n'a jamais obfervé, qu'un Opérateur extirpat toujours la même fubftance. Enfin ce prétendu Ver n'eft» d'après lés Obfervations de Heydecicer , q'une fubftance Ligamenteufé, placée dans Ie milieu de Ia Langue des Chiens, & s'étendant de fa pointe a fa bafe; c'eft Un Ligament, propre aux Chiens & qui parait deftiné k favorifer le Lappement (i); ce que Morgagni avait appercu (2). On a avancé, que 1'extirpation de Cette fubftance empêchait, que les Chiens ne devinfent enragés Spontanement, & que, fiun Chien, privé de cette CO L. c. CO &e Secilb. & Caufis morbor. Epift. VIII.JS. 4. 0.  De la Rage des Chient- 57 partie, était mordu, il ne devenait pas aifément enragé; on n'était,tout au plus, attaqué que de la Rage Mue CO Mais tout ce, qu'on a dit fur les avantages de cette Operation, (qui parait n'avoir èté dans le tems de fa vogue, felon Beckmann, qu'une affaire de fpeculation, puisque chaque perfonne devait payer 12 fols par Chien, & que le privilègede les operer etait afFermé,) eft faux d'aprèslesraifons fuivantes. Cette opération eft inutile & dangéreufe. Inutile. 1.5 Plufieurs autres Quadrupedes font fufceptibles de devenir enragés Spontanément fans avoir cette partie; preuve, qu'elle n'a point une influence directe dans le developpement de la Rage CO- 2. ) Les Chiens, a qui on avait fait cette Opération, ayant été mordus, le font devenus tout auffi bien que ceux, quin'avoient point été operés. 3. ) Les Chiens, opérés non une fois, mais même un Chien, au quel on avait coupé dix fois ce prétendu Ver, dans 1'efpérance enfin, delerencontrer, font devenus Spontanément enragés (3). II ferait inutile, d'accumuler ici ce, que James , Hamilton, Erpenbeck, &c. on dit de la futilité de cemoyen. Ci) Scmmücksr Chirurg. Wahrncmungen , 2. B. §. 33»- (2) H d c^er , I c. (3) ScHtRï, Aichiv.der Medicin Poiizei, T. VI. D5  58 D* la Rage des Chiens. II me fuffira de renvoyer Ie Lecteur aux ouvrages de Frank (i) & de Scherf (2). Cette opération eft Dangéreufe. 1.) En privant les Chiens de ce Ligament, qui leur eft propre, & qui facilite leLappement, on les empêche d'étancher leur foif convenablement, & perfonne n'ignore, combien il eft important, que les Chiens boivent. a.) On plonge, en établiflant un femblable préjugé, les habitans d'une Contrée dans une danger'eufe fecurité: perfuadés, que leur Chiens n'ont rien 0 & craindre, s'ils deviennent malades, s'ils ont les premiers Symptomes de la Rage, au lieu de les faire tuer, ou de les renfermer de manière k ce qu'ils ne nuiiTent a perfonne, on les laifie courir & on expofe tout le monde a la morfure. D'après tout ce que nous avons dit, il eft aifé de voir, qu'on ne doit jamais pratiquer cette Opération. §. XL. io.) De la Caftration comme Préfervatif de la Rage. f Cranz de Berlin k propofé Ia Ca/lration, com- (1) L. c. Tom. IV. Nicolai, pathologie, T, VI. p. 35. (3) Archiz. Tom. III. p. 170, T. VI. pag. 47.  De la Rage des Chiens. 59> o me un moyen propre k empecher le developpement de la Rage dans les Chiens, mais malgré;tout ce, qu'il a pu avancer pour étayer fon opinion, elle eft infoutenable & cette Pratique n'eft point admifi. ble par les raifons fuivantes. r.) On n'a jamais vu, que dans les Animaux, morts de la Rage,les parties Génitales fuffentparticulierement affecties, ce qui devrait cependant arriver, fi elles avaient une influence auffi immediate dans la produftion de la Rage. . a.) On propofe de ch^trer les Males, fans parler des Femelles, comme fi le manque de Coït, ne pou^ vait pas tout auffi bien influer fur les Femelles: & même nous avons vu cy devant, qu'on a prétendu avoir obfervé, que les Chiennes en chaleur étaient plus expofées a devenir enragées. 3.) On a des Exemples de Chiens chdtrés, qui font devenu enragés; on en a auffi des Exemples dans les Animaux domeftiques cMtrés, tels que le Boeuf, le Cochon, &c. Donc cette opération ne doit point être regardée comme un Préfervatif de la Rage 0> §. XLI. 11.5 Columslle confeillait 1'amputation de Ia Queue des Chiens, pour les préferver de la Rage. (1) Finke, ÜilT. cit. p. 14. 17. «8. Rahm, Gazette de Santé, Tom. VI. p. 568.  oo De la Rage des Chiens. D'autres ont pretendu, qu'il fuffirait, d'elever les petits Chiens avec du Lait de femme, pour les mettre a 1'abri de cette maladie. Ces idees fe refutent d'elles mêmes CO- $. XLII. Regiemens de Police, concernant les Chiens malades, fufpeöts ou enragés. Ces Regiemens doivent a peu prés confifter en Ceci: 1. ) Chaque Citoyen, qui a Un Chien, doit répondre des fuites de Ia maladie de 1'Animal,qu'il a. 2. Tout Chien malade, qui n'a encore mordu ni homme ni bétail, doit être tué fur Ie champ. * sO Si un Chien malade, ou fufpecl, ou en co. lère, mord un homme ou un animal, il ne faut pas letuer, mais Ie faifir, le renfermer &obferver foig. neufement I'ifrue, que prendra fa maladie. Ceci eft un des points les plus effentiels, fur le quel la Police nes'appefentira jamais affez, & que la mau. vaife foi de beaucoup de Cïtoyenscherchera toujours a^éluder, par Ie ridicule prétexte, qu'on n'a püarrêter le Chien; mais fi on nelaiffealleraucun Chien fain fans être a la lifière , ou pourvu d'une mufelière, on pourra facilement s'en rendre maitre. 4-) Si un Chien, fufpeft ou enragé, s'échappe CO Fit<:iLE, Diff. cit. p. 4.  De la Rage des Chiens. 61 de la maifon de fon Maitre, ce dernier doit être obligé, fous les peines les plus gtaves d enfatrefu le champ la declaration au Chef de la Pohce de 1 endroit, qui donnera promptement les ordreanéceflaires,pourfaire arrêter, renfermer&tuer le Chien(i> §. XLI1I. Traitement des Chiens & autres Animaux, mordus par un Animal enragé. Le mieux eft, de faire tuérles Chiens mordus, k moins, qu'on neveuilleles garder pour s'affurer de la Rage de celui, qui a fait la morfure. Quant aux Animaux Domeftiques de prix, tels queChe- vaux, Boeufs, Cochons, on doit les renfermer foignèufement dans un lieu apart,& les traiterpour empêcher la Rage , de fe déclarer. Le Traitement Préfervatif confifte, comme dans 1'homme, en Rémedes externes & internes. Mon intention n'eft point ici de parler de ce traitement en détail, ni de fa Théorie, jem'en occuperai dans la Seconde Partie. Le traitement, leplusgénéralement adopté pour les Animaux, eft le fuivant. i ) Si la playe eft petite, on fla dilateren évitant les gros Vaifleaux, les gros Nerfs, les Tendons. On la laisfe bien faigner & on la lave avec (i) Frank, 1. c. p. 260.  6*2 De la Rage des Chiens. de 1'Eau faiée, de 1'Urine, & enfuite avecdel'Huile de Lm , oud'Olives. Après cette lotion delaplave on-la frone: avec un mélange conipofé d'un jaune d Oeuf, & de trois gros de Miel; on réitère ce panftment tous les jours, & on frotte Ie membre trois fois par jour avec de VHmïe. Ce Traitement Local efl trèsjeflènael: quelques uns, tel que Bjnel CO le négligent, mais c'eft a tort. r ^ Pfk 1C PCrmet' on Peut «"Ployer le Cau ere Aftuel, pourdétruire le Virus, inféré dans la playe, & toutes lesparties, qu'il a touchéesimmédiatetnent. Mais c'eft un préjugé trèsfunefte, que defe cohtenter de faire bruler avec une Clef 1'animal mordu au Front. Si cette bruiure au front a prefervc quelquts animaux, on peut afTurer, que ce hc font que ceux, qui ne feraient pas devenus enr^és, quand meme on ne les aurait pas brulés La Cautérifation de Ia playe avec un Fer Rouge eft vn bon moyen, mais pratiquée au Front c'eft une Superftmon trés dangéreufe; c'eft mettre 1'empldtre S coté du mal, comme on le dit vulgairement. 30 Onfatttousles jours autourdelaplaytfuneFrici?JyCCudeUX gr°S &demid'0«g«ent Mercuriel l érébenthiné & on les continue avec les EmbrocattöBs Lu.leufes pendant 14 jours. On fait ces Frict.ons Mercurielles avec un baton, on bout du quel on attaché unefpelotte recouverte de cuir. Bonel dit CO I" c- P. 2P2.  Be la Rage des Chiens. <"3 dit avoir" préfervé beaucoup d'Animaux mordus par 1'ufage externe & interne du Mercure, joint aux Purgatiffe (i> 4.) James CO & Mathieu CO 9nt recommendé 1'ufage interne du Turbith Minéral & ont préfervés un grand nombre d'Animaux mordus. La formule fuivante me parait la plus convenable. Prenez une deroie once de TurbitheMinéral, uneonced Afa foetida, quatre onces de Miel, & faites en un Eleftuaire. On frotte tous les jours une fois au moyen d'un baton, muni d'une pélotte a fon extremité, une certaine quantité de eet Eleftuaire fur Ia Langue d'Animal mordu; la dofe eft une once pour un Cheval; pour un Cochon, une Chevre fixgrosj pour un Chien un gros, & on la diminue a raifon de ce, qu'ils font moins avancés en age. 50 Si les animaux font Pléthoriques, on peut commencer le traitement par une Saignée, mais le plus fouvent onfera mieux, d'en faire aucun ufage. 60 On donne pour boiflon de 1'Eau blanche & du Vinaigre mêlé a 1'Eau. Onmêle a la nourriture des Herbivores , pendantl'hyver , duSon deFromdnt, qu'on humeéte un peu, & pendant 1'Etéon ne leur donnera que de 1'Herbe fraiche C0« CO L- c- P« 292« Ca) Philofophifche transaftion , 173Ö, N°.44I« Aw* zuge von Leslte , T. IL p. 257. Cs) L.c. p. 325, 326. (4) Conf. F«hr. p. 89.  64 De la Rage des Chiens. 7.) Nous avons dit, que ce traitement était Ie plusgénéralementadopté; mais nous neprétendons pas, que ce foit Ie feul; cartoutes les Methodes, dont nous parierons par lafuite, ont été auffi vantées pour les Animaux, & chacun les traite d'après fon Remede favori; les uns prescrivent 1'AnagaIIis; d'autres 1'Electuaire de Proscarabée ; un autre Ie Vinaigre, & enfin toutes les Recettes particulieres n'ont point manqué de partifans. Mals ici, comme dans le Traitement Préfervatif pour THomme, le point effentiel efl; Ie Traitement Local, pourexciter & entretenir une longue fuppuration. 80 II faut avoir foin de placer les Animaux k 1'écart, de les bien renfermer, & de les attacher, s'il efl poffible, avec des chaines, afin qu'on ne coure aucun danger, dans Ie cas, ou, malgré tous ces moyens, Ia Rage fe déclarerait. 9O Desque la Ragefe manifefte, le plus fur eft de tuer 1'Animal d'un coup de fufil. On a tenié dans ce cas, de mettre dans 1'endroit, ou 1'Animal enragé était, des vafes remplis de Vinaigre chaud, & BtUDOjf dit, avoir guéiiparce moyen des Chiens enragés. Ces Obfervations font bonnes, & nous en ferons ufage ailleurs, mais nous Ie repetons, pour les Animaux, le plus fur eft, de les faire tuer. 10.) On mettra dans des foffes trés profondes 1'Animal enragé, & on le recouvre d'unecertainequan* Uté de Chaud vive (r). n.) On (O Frank, I. c. p. 360.  De la Rage des Chiens» 6*5 li.) On fera netoyer exactement 1'ecurie, reblanChir a neuf, ou au moins laver les murs avec une diffolution de Chaux vive & 1'on brülera tout ce qui efl: fuïpect; tout ce, qui a été fouillé par la Bave, le Sang de 1'Animal (1). (i) Frank, 1. c. p. 365. &  66 SECONDE PARTIE Be la Rage dans t'Homme. %. XLIV. C3n a caracterifé la Maladie par le Symptorrje le plus frappant, c'eft a dire, 1'Hydrophobie on horreur de 1'eau. Cette horreur des fluides eft ordi ■ nairement dans 1'Homme la fui'te de la morfure d'un Animal enragé: mais comme on a auffi obfervéplufieurs fois ce Symptome dans quelques autres maladies, on a voulu diftinguer ces deux efpèces,enap. pellant la première , Hydropbobie communiquée , Venimeufe, & la feconde Hydropbobie Spontanée, Cette denomination de Spontanée eft fautive dans ce fens, en ce qu'on ne fait pas encore, fi elle eft fufceptible de communiquer la maladie a un autre' individu ou non. C'eft pour quoi, toutes les fois, que 1'Hydrophobie parait dans le cours d'une maladie , il faut mieux la nommer Symptomatique, & conferver 1'épithéte de Spontanée pour 1'Hydro. phobie vénéneufe, contagieufe , fufceptible d'exci-  De la Rage dans FHomtïe. 6f tér la même maladie dans ün individu fain, & pröduite par des Caufes, autres que la morfure d'uri Animal enragé. $. XLV. L'homme eft il expofé a la Rage Spontanée Ve"• héneuiè.- C'eft ce, qu'on ne peut réfoudre. Jé n'en nie point la poffibilité déja reconnue par Cmliüs AuRtLiANÜs (i); je ne connois aucuneObfervation d'une telle Hydrophobie dans 1'Homme, a moins qu'on ne veuille prendre pour exemples quelquesuns desFaits, expofés dans le §. XXIX. Mais dans ces Faits plus ou moins obfcurs, on ne fait point, fi les fujets devenus Hydrophobes a la fuite de la morfure d'un Homme en Colère, ont rendü rééllement une Bave vénéneufe, contagieufe & capable de propager la maladie; ce qui fait, que jusqu'a préfent, on ne peut nier la poffibilité, mais on ne peut en citer un exemple decifif. La raifon, pourquoi 1'Homme en général n'eft point expofé a la Rage Véneneufe Spontanée, eft, qu'il n'eft presque jamais foumis a 1'influence du Concours des Caufes, propres a la faire navtre dans les Chiens. Et même on ne peut disconvenir, que la Rage Spontanée Vénéneufe ne foit rare dans ces Animaux; car dans les Cantons, ou 1'on obferve le plus de Chiens enragés, il faut bien confiderer, que la plupart ne (1) L. G. p. 219. £ ü  68 De la Rage dans P Homme, le font devenus que par communication, de maniere, qu'un feul Chien devenu fpontanement enragé, peut infecter toute une Province, fi on n'arrête de bonne heure fes devaftations & fi on ne furveille exaétement les Animaux mordus & ne les tue du moment, ou ils paroilTent fulpects. §. XLVI. Obfervations d'Hydropbobie Symptomatique dans 1'Homme. Si les exemples de j 1'Hydrophobie Spontanée dans 1'Homme font nuls ou prèsque nuls, on ne peut en dire autant de 1'Hydrophobie Symptomatique, ou de 1'horreur de 1'eau, qu'on a obfervé dans un grand nombre de maladies, qui ne reconnoiftbient point pour Caufe une Iéfion ,faite par un Animal enragé. Ces Obfervations font trés multipliées, & nous nous bornerons. a citer celles, qui font parvenues a notre connoiflance. On a obfervé 1'Hydrophobie Symptomatique ö.) a La fuite de la fuppreflion des Régies par une pafilon vive de 1'ame (i). £.) Après une chaleur violente, efluyée en voyageant pendant 1'Eté (2). (1) Martel. Hiftoire de 1'Acad. de Dyon, T. II. p. I 10. (2) Laurens, Journ. de Med. T. VII. p. 3. L vmo-  De la Rage dans P Homme. 69 c. ) A la fuite d'une chute avec commotion O). d. ~) Pour avoir bu de 1'eau froide, le corps étant trés échauffé (3) & dansun cas de cette nature 1'Hijdrophobie difparut après 1'apparition d'une tache G angréneyfe k la fefie (3). e. ) A la fuite d'un acces d'Epilepfie C4> ƒ.) Dans des Fievres malignes, putrides (5) bilieufes (6). g). Dans la Peripneumonie(7), la Pleuréfie Catharrale (8). Ta, id: T. VIII. p 8i. Marriguks ,ibid Noveinb. 1767* p. 470. L. Roux, t c. p. 6. (1) Frecourt, Journ. de Med. T. VI. p. 139. & Memoires de Chirurg. (2) Kaehler, ap. Morgagni, !. c. Rabache, J. de Med. T. 80. p. 353. Aprés un bain froid, pris dans uti chaleur exceiïïve du Corps vid. Levacher , Journ. de Med. T. 52. p. 362. fj) Hildecrand Nov.Afta Phyfico-Med. A. N. C. t. III. p. 39. (4) Brieu, Journ.de Medicine T. XIV. p. 3 «5- (5) Salmutts, Borellus, Bonafos, Coste ap: Andry, Memoires de 1778. p. 457- Coste, ap. Mead, Oeuvres Complettes T. I. p. 162. Note. (6) SéGAUvnXE , Hift. de la Socièté Roy. de Med. 1783. 2e partie p. 71. f. c. Steller Beobachtungen und Erfahrungen p. 85. (7) JournalEncyclopediqueT. XIII. Faure, Hift: de la Société Royale, 1. c. p. 39. (8) Theden, Nova Afta Phyfico - Medica, A. N. C. T. IV. p. 110. E3  _ De la Rage dans PHommc. Dans rinflammation de FEftomac (i). f.) A la fuite de la Melancholie ordinaire (o). £.) Dans une violent Paroxysme Hyfterique (3). /.) Dans un Paroxysme de Palpitationdecoeijr CO. m ) A la fuite de la Frayeur C5). z?.) Dans les quatre premièrs mois de la GroiTeffe (6). 0.) Après avoir mangé du fruit de Hêtre .) Sans une Caufe apparente C8). Apres un violent accès de Colère (9). CO John Innes, Medical Eiïays of Edinburgh, i.vol. art. ap. C2) Miscell. Acad. N. Cur. An.1687. C3) Mead, Oeuvres Coraplettes T. I. p. ifa. C4) Mead, ibid: C5) Boekhave ap. van Swieten, §. u3o. Aneétod. de Med. 1762. p. 32. & cy après §. LX1II. p. C6) Mazars, Journ. de Med. i7C,2. T. XVI. p 33. C7) Sieliq. DifTert- de Hydrophpbia ex efu fruct. Fagj 1762. (8) Raymond , Mem. de la Societé Royale de Medepine 1777, 1778. p. 457. Cp) Pouteau, 1. c. Andry, Mem 1778. p. 457. Gaij.et Hift. de la Socité Royale de Medec 1783 se partie js. 57- Martin, ibid p. 71. Berlinifche fammlung zur befcrdeqjng der Arzneiwiflenfchaft, I. 3. 4 s\u%, p. 334, ^uchholz. Nova Acla A. N. C. voj. Y. CM 57. BIqchs ] M§fe Bfmerking. p. 138.  De la Rage dans THomme. 7* r.) Après avoir bü une trop grande quantité d'Eau de Vie, de Genevre (i> s.~) Dans 1'Hydrophobie C2)/) l'Obftruétion duFoye, la Jauniffe (3). «0 Dans 1'inflammation de la Matrice (4). v.) Dans une Dyfenterie maligne (5). w.-) Dans le Satyriafis (6). »01 A la Suite d'une Metastafe dartreufe fur le pharynx (7> . ', „rT„ Enfin il n'y a rien ^extraordinaire, que danslinflammation Idiopatique, ou Symptomatique de la Gor. ge, comme dans la Rougeole; la Variole; la Uievre Scarlatine les malades refufent de boire, paree qu'ils ne le peuvent pas & même qu'ils aient une certaine horreur pour les fluides, comme James, Broouni,(8)Gocun, C9)Portal , 0o)l ont ob- (O Th. Sc.iwenke, Acad. de Harlem. X. Deel aeftuk ^Hamburgifches Magazin. T. I. & ap. Scmucker, Chirurg. Wahmera 2. B. p. 5*7' (3) Hensleu Afta Soc. Med. Haunienf. vol. L An.aa. (4) Mezler , ï. c. p. 330. (O ld. ibid. (O Salva, Hiftoire de la Socièté Royale de Medecine 1783. ae partie p. 84. . (7) Normande Hifi. de la Societé Roy de Med. 1783 , je partie p. "3' (8) Ap. Tribolet, Diff. Cit. §. IV. (9) Journal de Medecine, T. 55- P- 38p. (10) Ap. le Roux, p. 9' V- r E 4  72 De la Rage dans VHomme. fervé, & comme on 1'obfervé tous les jours. Mais ces cas n'appartiennent point a 1'Hydrophobie, pro. prementdite Symptomatique, ou lagorgeparoitdans fon état naturel, & ou cependant la deglutition des fluides eft en horreur, Nous n'accumulerons point un plus grand nombre deFaits, 6z pour fuppléer a ceux, que nouspourrions avoir omis, nous renverrons aux Ouvragesde Ceux, qui nous ont précedés (r). $. XLVII, 1'Hydrophobie Symptomatique eft-ellela même, que la Vénimeufe, ou celle fuite de la morfure d'un Animal enragé ? II m'eft impoffible de dire, en quoi confifte ce Symptome extraordinaire, c'eft a dire 1'Horreurde 1'Eau, obfervée dans un grand nombre de maladies (§. XLVI.) Les malades avalent le plus fouvent les alimens folides, mais a 1'afpect de 1'Eau, ou du moment, ou on leur parle de boire, ils entrent en Convulfion. Quelle eft la Caufe de ce Phénomene? c'Eft ce, qu'on n'apu jusqu'a préfent déterminer, &ice, qu'on ne déterminera peutêtre jamais. Si nous confultons les meilleurs Auteurs & les Phénomènes de la maladie, on reconnoit le Spasme, mais rien de plus. C'eft envain, qu'on di- CO Vid. ANrRy, 1. c, Haas, Diflert. cit. p. 26. Fin ke, Diflert. Cit. p. 9. Tribolet, Diff, Cit.ScHENHiusOb* ferv. Medic, p. 851,  De la Rage dam THötnmo. 73 ra avec le Roux, que 1'Hydrophobie Symptomatique eft produite le plus ordinairement pasunealte\ ration extraordinaire des fucs degeftifs , qui occafionnent fur les houppes nerveufes des Voies Mimentaires uneirritation, qui eft particulière a cette alteration (i) On n'éclaircit point par la la question, & eet Auteur eftimable a donné, fans contredit,Top d'ex • tenfion a fon idéé, en voulant, que tout s'y conformat & que la Caufe fut toujours dans les Voies Alimentaires. Ce Phénomene eft - il du a une réaction particuliere du Cerveau, ou aunetelledispofitiondesiMerfs des parties, qui fervent a la déglution , que lecontacr, des fluides y produife un fpasme fi violent, & que 1'Inftinct, qui veille a la confervation de 1'in. dividu, lui fafle repouffer machinalement cette caufe d'une irritation trop vive & trés particulière ? c'eft ce que je ne puis aflirmer, quoi qu'il ne me femble pas tout a fait abfurde de croire, qu'il peut bien fe pafler quelque chofe de femblable. L'état de ces malades eft il le même, que celui des Hydrophobes par Morfure.? Je ne le crois pas. Morgagni a a la verité trouvé beaucoupdereftemblance entre ce, qu'il a ohfervé dans les fujets morts dans THydrophobie Symptomatique , & dans les fujets morts de 1'Hydrophobie par morfure; mais cela ne prouve rien, car les Phénomenes, obfèrvés a 1'ouverture des Cadavresdecesderniers, font fi différens, qu'on ne croirait point, qu'ils ont été (ï) L. c, p. 62. E5  74 De la Rage dans F Homme. produits par la même caufe. Pour déterminer plus exaftement la chofe, il faudrait obferver les effets de 1'inoculatioH de la Bave d'un Hydrophobe Symptomatique fur un Animal fain; mais je ne connois aucune expérience de ce genre. II exifte feulement une Obfervation de l'Epine, qui a vu uneHydrophobie, Symptome d'une Fievre maligne, ou le malade mordit fa fervante jusqu'au fang, fans que cette demière en éprouva le moindre accident (i). Si je mefersde ce fait , pour dire, que ces deux maladies font différentes & que la Bave d'un individu, attaqué de 1'Hydrophobie Symptomatique, n'eft pas vénéneufe, comme dans 1'Hydrophobie, fuite d'une morfure d'Animal enragé, je fens bien, qu'on pourra me répondre , que cette fille n'a éprouvé aucun accident, paree qu'elle n'avoit pas la dispofition a devenir enragée. Mais malgré cela, jusqu'a ce que des Faits ultérieurs decident la question , j'en conclurai avec Bouteille , que 1'Hydrophobie Vénéneufe n'a pas avec la Symptomatique plus de rapport, qu'avec la Fievre Maligne, la Péripneumonie, 1'Hyftèrie & autres maladies, dont 1'Hydrophobie Symptomatique eft un Epiphénoméne (23. (1) Journal de Medicine 1781. T. 56. p. 83. (s) L. c. p. 134.  L>e la Rage dans fHommt, 75 §. XLVIII. La Caufe Ia plus ordinaire de 1'Hydrophobie efl; Tintromiffion du Virus Rabifique d'un Animal enragé dans un, qui eft fain, Mais comment fe faitcette intromifïïon? On trouve a ce fujet bien des opinions différentes, que nous devons examiner, paree qu'il eft intéreflant dans cette matière, comme dans celle de la Vérole, par exemple, de demêler le vrai du faux, & de faire tous fes eftbrts pour détruire les préjugés; prejugés d'autant plus funestes dans la matière, qui nous occupe, qu'on a vu fouvent les malheureux Hydrophobes abandonnés, fans que perfonne voulut leur préter de fecours, paree qu'on croyait, que la contagion-fe propageait detoutesles manières. §. XLIX. Le Venin Rabieux peut Stre communiqué au Corp humain par différentes voies. A ) Par une playe. i.) Morfure de V'animal. La voie la plus ordinaire de 1'infection eft la Playe, que 1'Animal enragé fait avec fes dents, & dans la quelle la Bave eft depofée. La Morfure a une partie nue , eft pour cela beaucoup plus dangéreufe, que celle faite a travers de vetemens épais, qui efluyent, pour ainfi dire, la dent de 1'animal & empêchent 1'inoculatioq  ;6 De la Rage dans 1'Homme. de la Bave. C'efl a cette circonftance, que plu, fieurs perfonnes mordues ont dü leur falut, & c'efl ainfi, qu'on a vu des moutons mordus a travers leur toifon, ne pas contraéter la Rage (1). 2.) Playe faite avec un inflrument Chargé de la Bave de f animal enragé. Ce n'eft alors qu'une inoculation, & il n'y a point de doute, qu'en frottant un inftrument avec Ia Bave de Tanimal & faifant un playe, on ne communiqué la Rage. Mais la même chofe aura -1 elle lieu, fi la playe eft faite avec un inftrument pointu, rouillé, & dont on fe fera fervi pour tuer un Chien enragé plufieurs années auparavant, comme Meichsner le rapporte (2)? Le Fait me paroit un peu douteux, car le fang de 1'Animal ne contient pas le venin & en fuppofant, que la Bave fe foit deftéchée fur Ia pointe de cette epée, il eft difficile de fe perfuader, qu'elle puiffe conferver ainfi pendant des années fa qualité véneneufe, & je ferais plus porté a attribuer la mort de ce jeune homme a la piquure au doigt, fuivie du Teta. nos, d'autant plus qué lerecit, ayant été fait par un Prince, il n'y a rien d'extraordinaire, que ce Seigneur ait confondu les Convulfions de Ia Rage avec celles de 1'Hydrophobie. Il eft eflentiel de fai. re pafler au feu les inftrumenspointus, qui ont pu fervir a tuer ces Animaux. 3-) Playes , faites par les griffes de 1'Animal, CO BONEL, 1. C. p. 26l. Csj Ap. SCHENKIÜS, p. 848.  De la Rage dans V Homme. 77 Ces playes peuvent être fort douloureufes; produire des accidens fpasmodiqu.es, mais elles ne communiqueront point la Rage, a moins que la Bave de 1'Animal n'y ait été portée d'une manière quelconque, & pour ainfi dire inoculée . & c'eft ainfi, qu'on peut expliquer les Faits, rapportés parCAE- LIUS AURELIANUS (O & HlLDANUS O). 4) Bkffure, faite en ouvrant lesCadavres d'Hydrophobes. On a obfervé plufieurs fois, que des Chirurgiens fe font bleffés en ouvrant des Hydrophobes fans en éprouver le moindre danger, comme nous 1'avons dit §. xxxiv. ü~». pag. 50. Mais d'un autre coté Brogiani allure, qu'un Anatomiste devint Hydrophobe après eet accident. Nous croions pouvoir accorder ces diverfes opinions, en fuppofant, queles Anatomistes malheureux fe font blelTé, en examinant les parties gutturales , & qu'un peu de Bave a été inoculée, ou bien qu'ils avaient au doigt a la main une égratignure, une gercure, qui a facilité 1'introduftion de la Bave. Quoiqu'il en foit du peu de danger de difTéquer de femblabes Cadavres, Jen'en recommanderai pas moins la plus grande exaclitude dans la dilfeétion, afin de ne pas fe blefler, & je crois trés prudent, de ne pas 1'entreprendre, fi on a la plus legere bleflure au doigt; car on court des risques non feulement dans les Cadavres des Hy- (l) L. c. Cap. IX. (3) Ceut. L Obf. 86.  ?8 De la Rage dans ïHomme. drophobes mais dans tout Cadavfe, qui commencë a fe putréfier & l'exernple de 1'infortuné Hewsok doit toujours étre préfentanos yeux. An relte fi on fe pique, rien de mieux, qUedele laifier faignef & d envelopper la partie dans des Compreffes, tempees dans 1'Oxycrat (r)4 §» L. BO Commünication de la Rage par la dé. pofition de la Bave de F Animal enragé fur la furface de la peau intaSe. taüd. & plufieurs autres, ont prétendu , que la fimple dépofition de la Bave fur la furface de la peau pouvau communiqué: la Rage. Nous exam nerons les Faits un peu en détail. I.) Bave fur la furface du Corps. Morando af. fure qu'un hommedevintHydrophobe,paree qu'un peu de Bave lui tomba fur la Joue. Mais on'a un g a d nombre de Fairs, ou ]es Hydrophobes on craché fur ceux, qui les environnaient, fans eaufer aucun accident (V). pift061?Tl,M0RGAGm dC Sedib' & Cauf5s raorbor- ECO Voy. les Obferv. de Wanüs, èrac,stoR,Tctw». ap. vaa der Weel, Cent. I. Obf. C. p. 4IOt  De la Rage dans VHomme. 79 2.) Bave appliquée au Doigt, d la Main,. Un homme, au rapport de Ferrari , porta fa main dans la gueule d'un loup enragé, qui ne lui fit aucune bleffure, & Cependant eet homme devint Hydro. phobe, On trouve un Fait femblabledans les TransaStions Philofophiques, (i) & Schenkius nous en a auffi confervé plufieurs CO Le pouce d'un Pafteur enfla pour avoir donné 1'extrême onction a un enragé C3) & Callisen dit avoir obfervé deux fois des Cas femblables. Mais d'un autre coté, on trouve beaucoup de Faits contradi&oires. Lamorier Chirurgien de Montpel lier , mit le doigt dans la bouche d'un homme , qui devint le lendemain Hydrophobe, & il en fut quitte pour la peur. Un Hydrophobe preffeentre fes dents le doigt du Prêtre, qui lui donnait 1'ondtion facrée fur les levres, mourut fix heures après & le Prêtre n'en éprouva aucune mauvaife fuite. La Garde d'un Hydrophobe mettait le doigt dans la bouche de ce malheureux, pour en arracherla falive épaifle, qui le fatiguait. L'Hydrophobe mourut dans trois jours, & la Garde n'eut aucun mal. Le Ff ere <&Choisel aflure avoir vu plufieurs per- CO AP- Andry> Mem. de 1778- P- 462. van Swieten §. 1173. Auszug. der Philofoph. Transact. T. i. p. 312. Cs) Journal Politique, Juin 1772. C3) Colleaanea Soc. Med. Hauniens. vol. I. p. 273.  8ö , De la Rage dam 1'Homme. fonnes marcher, pieds nuds, fur la falive d'un eri. fant enragé, qui mourut le même jour, fans qu'aücun de ceux, qui avaient touché cette falive, en ait reffenti la moindre incommodité CO« Un homme mit la main dans la bouche d'un boeuf enragé , fans quil lui furvint le moindre accident (a\ On concihera ces differens Faits, en admettant avec Pou™ &VaUGHAN, quelesindividus, qu; ont été ainfi infeciés, avaient vraifemblablement de Pe.nes gercures aux doigts. (Le feconde Malade de Callisen avait été Iêché fur la joue, ouil avait un petit bouton.) Ou que les pointes des Dents dans ceux, qui ont porté les doigts dans la gueuIe de 1 animal, ont fait de legeres égratignures, non fanglantes , aux quelles on r/a point fait at. tention & qui ont fervi a 1'introduétion du vevin C3> 3 ) Salive depofée fur les Levres , dans la Bouche. Un grand nombre d'Auteurs ont régardé cette voie, comme trés propre a communiquer 1'infedion, & nous avons des obfervations pour & contre Un homme fe Iaifle lêcher les Levres par fon Ch,en, avant de la faire tuer, & fot attaqué peu apjes CO Ap. Bouteille. p. 137. CO Erppnbck , DilT. cir. p. 3Ï. C3) Conf, Baudot, 1. c. p. i«i , 103.  De la Rage dans VHomme. 8i aprcs de 1'Hydrophobie & mourut CO> Un Pav" fan Hydrophobe, au rapport de Palmarius, embraffa fes enfans avant de mourir, & ils devinrent tous Hydrophobes. . Odehlius a vu un garcon de 12 ans, recevoir la Rage par le lechement d'un Chien fur fes Levres <2> Callisen a obfervé la même chofe. Si on prend dans la bouehe quelque chofe, qui foit inpregné de la Bave, on contraire la maladie , comme le prouve l'hiftoire de la Couturière de Caelius Aureeiamjs (3) & celle de la vielle femme, qui n'eut qu'une contufion par la Dent del'animal, mais qui en rentrant chezelle, fit un Couture a fon jupon, que le Chien avait déchiré, ma"cha cette couture pour 1'applatir & devint peu après Hydrophobe CO* On a cependant des Faits oppofes a ceux la. La nourrice de 1'enfant, dont parle Vauoihan, le baifait continuellement, recevait fon haleine fur la bouche & fur fon vifage, & n'en fut jamais incommodèe. La foeur Vialis recut dans la bouche le crachat du maitre de penfion, qu'elle foignait avec intrepidité, fans qu'il en réfulta aucun mal (5). Dira • t-on j que les perfonnes, infecties par cet- CO schenkius, 1. c. (2) Schwedifche Abhandlungeri T. 39. fur das Jar «777- C3) Ap. van Swieten, %. 1136. & 1. c. C4) Matthieu, 1. c. p. 310. Cs) Ap. Bouteilï.l , 1. c. p. 138, F  82 De la Rage dans PHomme. te voie, avaient des gercures aux Levres, ou bietf admettra .t-on Tintroduclion du Virus par une furface de Ja peau, recouverte d'un Epiderme trés fin, comme les Levres? Nous croyons, qu'on ne peut abfolument nier l'infe&ion par cette voie (.i). Quoique nous penchions plus pour I'opinion de ceux, qui foupconnént, quë dans les cas, ou l'infecrion a en lieu, il exifiait une petite excoriation. Au reite le plus fur, lors qu'on a recu de la falive fur une partie quelconque , c'efl: de la bien laver avec du vinaigre &c. & après la mort du Malade, il faut faire bruler tout ce, dont il s'eft fervi, &toutce, qui a pu être iropregné de Ia Salive contagieufe. §. LI. C) Communication par la déghtition, le Venin étant porté dans PEfiomac. Il efl: difficile, d'avoir des faits bien furs fur cette voie d'infection. Palmarius aflure, que des Chevaux, des Boeufs & des Brebis, qui mangè. rent la litière des Cochons morts Hydrophobes, furent attaqués de la Rage, & perirent (2). Mais nous f?avons, que des Chiens ont avalé du pain, imbibé de la Bave d'un autre Chien, tué dans lepre- (ï) Bouteille p. 1.7. Aruve, DifT. Cit.p. 7. Fehr, t c. (2) L. c. p. 267.)  De fa Rage dans F Homme. 83 mier degré de la Rage, fans devenir enragés, tandis que la perfonne, mordue par ce Chien, mourut Hydrophobe, comme Harrer 1'a obfervé. Malgré cela nous ne dirons point, que, femblable au Venin de la Vipere & même du Venin Verolique, le Venin Rabieux ne puilTe point infefter par cette voie, car les Faits ne font pas aflezmultipliéespour fixer uné décifion. §. LH. D.) Infeötion par la Refpiration. Le Chevalier du Jouilloux dit, que les Chiens peuvèut être infeétés feulement par Thaleine d'un Chien enragé. Aretveus, Caelius AureliaNus ont auffi admis cette voie d'infedtion & Jamés affure, que la contagion fe communiqué aux Chiens, fi on n'a pas foin, de bien nettoyerleChenilou 1'eriragé a fejourné , maïs on ne peut pas attribuer cela feulement a 1'haleine du Chien, car cela peut dépendre de ce, que dans le Chenil il ferarefté quelque chofe d'impregné du Virus. Si cette voie d'infection efl douteufe dans le Chien, elle 1'efl encore bien plus dans 1'Homme. Cependant un Auteur moderne eftimable Razoox a publié une Obfervation, pour prouvèr, que 1'haleine d'un Chien a communiqué la Rage a un homme. Si on lit cette Obfervation avec attention, on verra clairement, que ce Fait doit être rangé parmi les exemples d'Hydrophobie Symptomatique, dont nous avons fourni F a  ö4 De la Rage dans VHomme. des exemples cy devant; Et felon James les hommes n'ont point a redouter cette voie d'infeétion, ce que 1'experience journaliere prouve tous les jours, car fans cela il ferait prèsque impoffible, de foigner un Hydrophobe (i). S. LIH. EO Infe&ion par les Vapeurs des Animaux morts dc la Rage. Un Chien, bien reconnu enragé, fut tué & jetté dans un réfervoir, qui fervait a un moulin. Après quelques jours la putréfaétion ayant elevé le Cadavre fur 1'eau, il fut dirigé par le Courant jusques dans les tujaux. Le Meunier prit une perche pour les dégager; il creva le ventre de 1'Animal, qui repandit fur le champ une puanteur fi forte & fi malfaifante, que ce pauvre malheureux fut fix jours après furpris d'une Hydrophobie cruelle, dont il mourut. (2) Voila ce qui s'appelle raifonner poft hoe, ergopropter hoe. Je ne disconviens point du Fait, qui fe réduit a ceci. La vapeur putride de eet Animal a fait naitre dans ce fujet difpofé encore par Ia faifon de 1'année (C'etoit en Eté) une Fievre putride maligne, qui a eu par hazard 1'Hydrophobie pour Symptome, mais Ie Virus Rabieux n'étant (O Journal de Medecine, T. VII. p. 412. (a) Lebeaü, Journal de Medic. T. VIII. p. 316.  Be la Rage dam rHomme. 85 point volatil, n'a pu être communiqué par cette voie; & fi cela étoitpoffible, qui oferoit tenter 1'ouverture du Cadavre d'un Hijdrophobe? Malgre cela il faut enterrer les bêtes mortes , comme nous 1'avons dit (S XLIII. 10.) parcequ'en les expofant a la voierie, les autres Animaux pourraient en manger & contrafter, fi non toujours 1'Hydrophobie, au moins prefquetoujours une maladie grave. §. LIV. F.) InfeBion en mangeant la Viande des animaux morts de la Rage, £? en buvant da leur Lait. Nous avons deja expofés les Faits/>o«r& contre, & nous ne penfons point, que la Rage puiffe être communiquée par cette voie , quoique nous ayons rendu tres probable, que les fujets, quimangaient de la Chair d'un Animal mort avec 1'Hydrophobie, s'expofaient a un danger réel. Vid. (§. XXXIV. XXXV.) §• LV. G.) Infeclion par le Coït. Un homme, mordu par un Chien.enragé ,&qui, avant 1'apparition de la Rage, exerce le Coït avec une perfonue de fexe, peut - il communiquer la maladie a cette derniere ? On a des faits pour & contre. F 3  86 De la Rage dans 1'Homme. I.) faits pour. Un homme fut mordu parun Chien enragé, coucha avec fa femme le même foir cc fa femme devint Hydrophobe & mourut (i). Frid. Hoffmann dit, qu'un homme mordu coucha avec fa femme, & qu'ils deyinrentpeu après tous les deux enragés, que 1'homme mourut, & qu'on guerit la femme (2). 2) Faits contre. Une fille habita pendant un mois impunemenr avec un Soldat, qui avait été mordu par un Chien enragé, & mourut Hydrophobe au bout de ce tems; & elle n'en a reffenti aucune incommodité (3). Quatre payfans mordus habitèrent avec leurs femmes, jusqu'au moment, ou la Rage fe declara & elles n'en éprouvèrent aucunemauvaife fuite (4). Un homme fut mordu au bras , a la poitrine par une Louve enragée, a habité avec fa femme après eet accident, & eft mort Hydrophobe, fans que la femme ait rien éprouvé de femblable(5). Cette difference tient peut-être aux différente/ epoques, ou ces femmes ont eu a faire avec leurs Amoureux ou Maris mordus. II eft poffible, que Ia falive ait déja conttaclé un certain degré de virulence, capable d'infeéter avant 1'apparition del'Hydrc- CO Chabert, Jonrna! d'AgricuIture ap. Andry Mem. de 177?. p. 470. Ca) Medicina mional Synem. T. II. p, 178. C3) Baudet, 1. c p. 93. (4) Bouret, ap: Bouteille, 1. c. p. 211. 213. T™E?!ET» ?P.Anory, Mem. 1776. p, U9t'  De la Rage dans V Homme. 87 phobie , & que le coït exercé alors, a raifondes baifers fur la bouche, devienne dangereux, s'il y a aux levres un gercure&c. Tandis, qu'a une époque moins avancée du developpement de la Rage, cette même humeur foit moins vénéneufe, & ne communiqué pas la maladie. Car fi 1'infeftion a eu lieu par le Coït, ce ne peut - être que de cette manière, vu qu'il ferait abfurde de prétendre, que la fémence même a été impregnée du Virus Rabieux. Quoi^ qu'il en foit, fi cette voie d'infection efl poffible, il faut avouer, que 1'occafion en fera trés rare, & cependant le mieux eft de s'abftenir du Coït, quand on a été mordu; car eet ébranlementdufyftêmenerveux par le coït fréquent eft certainement trés désavantageux , rélativement aux fuites de 1'inoculation du venin. S. LVI. H.) La Rage peut-elle être connue Hereditaire. Riedley, (1) List er , (s) ont penfé, que Ie Virus Hydrophobique pourrait s'amalgamer avec la femence du pere, & être transmis a 1'enfant, dans lequel il pourrait fe développer dans un age plus ou moins avancé; & ils avoient trouvé cette miférable (1) Obfcrv. 25. 00 L. e.p. 51.57- • F 4  88 Be la Rage dans 1'Homme. biologie pour expliquer I'apparition de la Rage Symptomatique. II fuffit de rapporter cette opinion pour en prouver 1'abfurde. On entend par maladies Connées, celles, qUe la mere groffe peut transmettre a 1'enfant contenu dans fon fein; & des Obfervations nous prouvent, que 1'Hydrophobie peut être funefte a Ia mere, & è 1'enfant CO 5 mais que le Virus nepeutêtrecommuniqué par cette voie. Une femme grolTe de 8. mois fut mordue au pied par un Chat enragé. Elle mourut Hydrophobe Ie 21 jour après la morfure; perfonne ne voulant par crainte, fedecidera faire 1'operationCéfarienne, une payfanne courageufe fe décida aouvrirleventreavec un couteau de table, & delivra heureufement 1'enfant. CO Un Truiepleine fut mordue Ie 3 Mars. On brula la playe, 1'efcare tomba par la fuppuration & 1 animal parut préfervé; elle mit bas quelquesjoura avant que 1'Hydrophobie fe déclara, Cce qui arriva le 21 Avril) elle mourut 5 jours après & les petits cochons ont été bien elevés Cs). §• LVII. Le Virus contenu dans la falive, eft le plus ordi- CO Rahn, Gazette de Santé, T. I. p. 316. Ca) Mezler, p. 333. C3) Hiftoire de la Societe Royale de Medicine 1783. ae partie P.¥%  De la Rage dans VHomme, 89 nairement transmis, au moyen de la morfure, faite par la dent de 1'Animal enragé. La transmisfion eft encore poffible, quand le virus eft depofé & refte longtems fur une partie recouverte d'une Epiderme tres mince, mais ce dernier cas eft fort rare. Examinons actuellement le cours de la Maladie, produite par 1'Inoculation du Virus Rabieux. Pour le faire avec plus d'ordre, il faut diftinguer plufieurs Périodes. La plus part des Auteurs n'admettent que deux Périodes. Le premier Période, felon eux, commence plus ou moins de tems après la morfure &, désque le malade commence a fe plaindre de quelqu'accident. — Le Second & Dernier s'annonce par 1'Horreur de 1'Eau, Nous ne disconvenons pas, qu'on ne puiffe tout clafler dans ces deux Périodes, mais nous aimons mieux fuivre la divifion en trois Périodes , admife par quelques Modernes. Le premier Période comprend 1'intervalle entrele moment de la morfure & celui, ou le malade commence a éprouver quelques Accidens. L'Apparition de ces Accidens détermine le fecond Période & des que FHorreur de 1'Eau fe manifefte, la maladie eft: parvenue a fon troifieme & dernier Periode. F 5  9° De la Rage dans 1'Homme. §. LVIII. Premier Periode. Quelle eft F époque, d la quelle le 'Virus Rabifique, depofé'dans uneplaye, commence a manifefter fes efforts, ou quelle e(l la durée du premier Période de la maladie, II eft conftant, d'après les loix de la contagion, ,que tout Virus, introduit dans le corps humain par ime Playe, ou par la feule dépofition fur la Peau, ne commence a manifefter fa préfence, qu'au bout d?un laps de tems plus ou moins confidérable ; c'eft eet intervalle, que quelques uns nomment le tems de l'Infeclion. Après 1'Inoculation de la Variole, après le commerce impur, on fait h peu prés Ie terme, au quel ces deux Virus, mais furtout le premier, manifeftent leur action. Mais il n'en eft pas de même pour 1'infection Rabifique ; rien n'eft auffi incertain, que le moment, ou il commence a montrer fon exiftence & a agir fenfiblement, demanière que Fintervalle entre la morfure & 1'inftant, ou la maladie commence, ou bien le prémier Periode eft plus ou moins long. Voyons quelle eftengénéral la durée. C'eft un préjugé bien funefte, que de croire, que fi la Rage n'eclate dans 1'efpace de neuf ou de quarante jours, 'la perfonne mordue eft hors de danger. L'expérience prouve Ie contraire. La maladie fedeclare promptement dans quelques fujets, plustard dans d'autres, de maniére, qu'on ne peut fixere»  De la Rage dans PHomme. 9? xaaement le Minimum & le Maximum decetteépo. Q Ie. ' Cependant on peut affurer, d'après la foule d'obfervations, que nous avons, que la maladie ne. fe manifefte pas fur le champ après la morfure, ra rement avant les premières fl4heures, quifuivent la bleffure CO- Mais cela n'eft p«> fans exemple. Baudot, a vu 1'Hydrophobie fi déclarer dans la nuit du jour de la bleffure (a). Ce qui ne m'empêche point de dire avec MedeRER, que de millefaits iln'yen apasun, oulemal fé foit declaré avant le 3ieme ïour aPrès la blfT re (3). James a erré, en avancant, que la maladie fe declarait dans 1'efpace de 14 jours après la bles- fure _ Selon Fracastor &Fernel la maladie fe déclare rarement avant le aoieme jour. (4) De dix fepts perfonnes, mordues par le meme animal ena£, ftpt f"«nt préfervées; 10 penrent HydrophoS & la maladie fe declara chez eux du 15e au 6& iour (5). On fixe en général ce terme a 40 oursTö ; mais il n'y a rien de certain. Des ObCations tresfüres apprènnent, qu'on avulaRage (1) Metzger, 1. c. p. !• Ca) L. c p. 121. (3) Syntagma p. 29. (i) SCHENMUS, p. 846. (5) Rebiere > Hift. de la Société, 1783, *e pan.e p, 509. (6) Presque tous les Auteurs.  9* De la Rage dans PHomme. fe declarer fix O); huit (a); onze mois (3); Un an (4); 14 mois (5) ; 18 mois (ö), apres la mor- fure. On dit même avoir obfervé, que la Rage ne s'eft déclarée, qu'au bout de quelques années C7); de 5 ans(8); de io ans (9); dixhuit (io); vingtCn); trente f» ; quarante ans (r3> On a tout lieu de douter, que le Venin Rabieux foit ainfi refté pendant un grand nombre d'années fans agir, & dans la plus part de ces cas on peut toujours foupconner, que la Maladie n'etait pas une fuite de la morfure; mais dépendait ou d'une Infecrion ignorée, ou d'une autre Maladie, comme on le voit évidemment dans 1'Obfervation de Schmidt, ou la maladeffutattaquée CO bouteille, 1. c. p. 334. (a) Fracastor, Hoepfjner, ap. Baldinger , neues Magazin Tom. VIII. p. 534. (3) Mead Oeuvres Complettes, T. I. p. 153. (4) Galekus, Dans un Boeuf, Mezler, p. 358. (5) Bonel, I. c. p. 382. (6~) Bauhin ap. Schenkium , p. 848. (7) Salmutts, Obfervations, Cent. I. Obf. 96. (8) Fracastor ap. Schenkium. (9) Chirac. (10) Guinierus ap. Hildanum Cent. I. Obf. 86. Ci O Schmidt, M. A. N: C. Dec. I. An. IX.lObf.43. (12 Cmuvs Aurelianus, I. c. (13) Res ap. Morga gni, Epift. VIII. No. 21.  De la Rage dans VEomme. 93 de rHydtophobie ao ans après la morfure, dans ie cours d'une fievre maligne; Ou enfin d'un v1Ce de r madnation frappée du danger de devemr enragé. CepSn fi nous doutons, ou fi nousne croyons que le Virus Rabieuxpuiffe refter un auffi grand Nombre d'années fans agir; gardons nous de «op borner le Maximum du terme, au de la du quel on n'a plus rien a craindre de la morfure, car nous nous expoferions a 1'erreur. De nos jours on dit avoir vü i Munfier 1 Hydrophobie ne fe déclarer, que 15 *s après lamorfure & 1'infortuné Profesfeur Leuchtermann êtïe la viftime de fon entêtement a croire , que fonCmen i ait point enragé, lorsqu'ille mordit paree que eet animal foutint fort bien 1'épreuve du Chasfeur ? XXII Cl) Mais il eft permis de douter, que Le Hydrophobie fut rééllement unefuitedela morSre , cl Tendroit de la cicatrice n'a pas donné le moindre figne avantcoureur. §. LIX. Des caufes de cette Différtnce dans la durée du premier Periode de la maladie, ou de celles, qm feuvent accèlérer le développement de la Rage. Les Caufes, qui peuvent accèlérer ou retarder 1'e- (i) Ap. Fehr, 1. c.p. So.%.6i.  94 De la Rage dans PHomme. fuSes" deVel°PPemeDt de la -aladie, font les il HZ' T^' * la^gB dU €Uen aU ™m™ ou tl mord Le venin eft. vraifemblablement plus ou moins adtif felon le degré, dans Ie quel 1M raa mord, & plus 1'Animal approche de fi fin, p ^ danger de 1'infeclion eft grand, toutes chofes Ï les d'ailleurs CO* a.j /'^, * on a avancé , que Rage paronTon plus promptement dans lesjeunesfu jets, & ordinairement dans le ispremiersj u^ la morfure. CO Mais 1'experience ne s'accorde Z avec eet enonce. Morgagni a vu la Rage ne fe déclarer qu'au bout de 40 jours & de 5 mois dans deux petits garcons, qui avaient été mordus £) 30 La Saifon delAnnée. On veut avoirobfervé 40 Le Temperamemt du Sujet. Des Auteurs vrê tendent que la Rage fe déclare plus promptement dans les fujets d'un tempérament Bilieux, que dans les Phlegmatiques, ce qui eft facile a concevo r d 3 prèsle degré d'irritabilité des premiers (4) CO Andry, Mem. de ,778. P. 4po. NicoZ^ftiT logie, T. VI. p. 45. ' tD0^ CO Andry, Mem. de i776. p. 109. Mead. I. c. (O Epift. VIII. No. 22. C3) Andry Mem. de 1778. p. 490. C4) Andry ibid.  De la Rage dans rHomme. 95 §. LX. 5) Le Lieu de la Bief ure PalMarius a avancé, que les playes au vifage étaient le plus dangéreufes, & que la Rage Ce declarait plustöt que dans les playes aux parties plus éloignees. Selon Dartuc quarante jours font le terme ordinaire des playes de Tête pour amener 1'Hydrophobie; il vaut au virus , dépofé aux extrémitésinferieures, plus de tems; trois mois font Pépoque ordinaire de fon develop* pement, rarement plus. (i) Mais 1'expérience prouve, qu'on a tort, de vouloir ainfi affujettir la Na» ture a des termes fixés d'après quelques faits. Duchoisel ne croit point a la remarque de Palmariüs. (a) Frank a vu 1'Hydrophobie fe manifefter au bout de 3 femaines a la fuite d'une morfure a la jambe, & feulement au bout de trois mois après une playe au vifage, qui était deja cicatrifée (3). §. LXI. 5.) Le Traitement fait ó la playe. Lorsqu'on abandonne la playe a la Nature, qu'elle fe cicatrife promptement, on a, "toutes chofes égalesd'ailleurs, plus a craindre, que lorsque la playe a étécarifiée, qu'on a adminiftré quelques Remèdes, ou lors quel- (1) Journal de Medecine T. IV. p. 275' (e) L. c. p. 656. (3) T. IV. P. 292.  90 De la Rage dans /'Homme. ie eft telle, qu'elle doit fuPpurer, avant de fe dca, nfer On ne peut nier. que dans ces cas une po . non de Virus ne foit détruite, & que nen puifTe être retardée, du moins y-a.t-iLafi eurs Obfervations, qui femblent Ie prouver. Te Virus eft ftffifant, pour exciter la maladie, dèsque le corps y fera dispofé, & que fi ce traitemem ne détnutpas entierement le Virus, il „'aura aucune -fluence fur le terme de Papparhion£™° mais en accordanr a cette Jobjedion toute laforce quelle a, je replique, que ce traitement Local eIoigne peut. être Ia Predispofition. S. LX 17. 70 Les excés en vin & en femmes. II n'v * üre,.. que pas de caufe plus puilTante pour faciliter le de . veloppementduvirus,qlIe „ fougue de h te & lintemperance, ou le nerfs font portés a «n dégré d'érétisme & de tenfion, quipeutTeTrend dans un mftant Mceptibles d'eprouver les impreffi ons d'une Caufe irritante, qui jusqu'a ce mom nt Auffi a -1-on beaucoupd'exemples de perfonnes, qui, ayant té mordues & s'étant livrées aux excés' du ö^iti, ' °m étéPCU ^ès^de,l'Hy. «O Un jeune homme eft mordu Ie matin du jour de fon manage par un Chien enr ur enuèrefe paffe afe divertir, a boire, a dan/er, fe! Ion  De la Rage dans PHomnie. 97 Ion la coutume. Le lendemain matin on ïe trouve attaqué d'undélirefurieux & enragé; fa nouvelle époufe avait été cruellement déchirée par fes mains; on vit fon Ventre pendu aux dents de fon mari, & fes Inteftins autour des bras enfanglantés de ce mal. heureux Qi). b.~) Un homme legerement bleffé, de retour des bains de la mer en parfaite fanté, but beaucoup de vin dans un repas pour fe rejouir avec fes amis : il s'enyvra & de 1'yvrelTe il tomba dans la Rage c) Le venin, après avoir couvé fix mois, fe développa tout d'un coup dans un jeune homme a une époque, ou il Te livra aux plaifirs de la danfe, de la table, & de 1'amour (3). d.~) Un Gentilhomme fut mordu par un Chien enragé; au bout de quelques années, libre de toute inquietude fur la morfure, il fe maria. La première nuit de fes noces il efl: attaqué de la Rage, dilacere fa malheureufe époufe & change ce jour d'allegreffe en un jour de trifteffe profonde (4). s. Lxiir. 8.) Les Pafwns vives de VAme. Dans les perfonnes mordues, 1'efFet des affections morales elt (1) Mead, Oeuvres Complettes, T. I. p. 164. (2) Bouteille, 1. c. p. 183. C3) Bouteille, I. c. p. p. 234. (4) Salmutts, Obferv. MeL Cent. I. Obf. 96. G  9° Be la Rage dans F Homme. non feulement d'accélérer le moment, ou le Virus caché donne des fignes de fa préfence, mais de faire, que Pexplofion de cette maladie foit beaucoup plus terrible. Le chagrin, la colère & particulierement Ia crainte font les affeétions, qui font les plus dangereufes. a.~) Un vieillard vigoureux, qui avait été mordu, trois mois avant, par un Chien enragé, fans avoir éprouvé aucune mauvaife fuite, ayant eu querelle avec un autre homme, & ayant été battu, devint non feulement Hydrophobe, mais encore Panophobe & mourut (7). l.y Jacquelin avoit été mordu au poignet par une Chienne enragée, il était au 40. jour depuis la morfure, fans avoir refTenti Ie moindre fymptome d'Hydrophobie. Ce jour un autre enfant, avec qui il eut quelque petitenoife, Pappella Refte de Chien enragé; a 1'infïant le pauvre Jacquelin refta interdit fans repliquer; fe rendit a la maifon & declaraafes parens, que le poignet mordu lui faifait de grandes douleurs ; bientot après il fe plaignit de mal de Gorge; le lendemain il a horreur de la boisfon, & meurt le 3-. jour de la Rage declarée (a"). c.~) Un Vigneron, mordu par un Chien enragé, taillait fa vigne le 33e. j0Ur après la morfure. Un païfan lui dit, qu'un tel & un tel étaient morts de (O L- c. Epift. VIII. 27. Morgagni. (a) Guillemeau, Journal de Medecine, T. XXXIX. P- 231.  De la Rage dans PHomme, 99 la Rage fix mois après leur bleffure. Le Vigneron fut faifi d'effroy; les fignes de 1'Hydrophobie femanifeitent & il meurt le 5e. jour (1). La même chofe arriva a unefille le 42e. jour de la fuppu. ration de fes playes (2). d.~) Un jeune Marchand avait été mordu dix ans auparavant par un Chien enragé & ne s'en était point reffenti. Mais a fon retour de Hollar.de, ou il était allé, après avoir été mordu dans le même tems, que fon frère, il n'eut pas plutöt appris la mort ce celui - ci, aarivée 40. jours après la morfure, que le venin commenca a agir fur lui & a produire les fymptomes, que fans 1'impmdence de cette nouvelle, il n'aurait point excité (3). e ) Cinq perfonnes furent mordues par un Chien enragé a Befancon. Quatre moururent. Une femme, qui avait été mordue au bras, d'ou le Chien avoit enlevé une portion du Biceps de Ia largeur d'un ecu de fix livres, confulta Oudot, qui fit fuppurer la playe pendant plus de 40 jours; adminiftra le traitement de Lassonne & perfuada a la femme, que le Chien n'étoit pas enragé. Tout alla bien, la playe fe cicatrifa. Quatre mois a datter du jour de la morfure, une bavarde lui dit, qu'elle étoit fort heureufe , de n'être pas morte comme les autres. Cette pauvre femme tomba fur le champ CO Sauvaees, Li c. p. 5. ap. Bouteille, p. 148. C2) Baudot, 1. c. p. 123. C3) Chirac. ap. Sauvaces. G 2  ioo De la Rage dans 1'Homme. dans un violent accablement; fe mit au lit; reffen» tit le lendemain de la douleur au bras; le jour fuivant elle donne des fignes 1'Hydrophobie & mourut le 5e. jour dans un accès de Rage bien confirmé CO- Plufieurs perfonnes pourront prétendre, que les exemples d'Hydrophobie cités §. LXII. & dans ce. lui-ei, font Symptomatiques, ou dus a 1'imagination vivement frappée, & n'appartiennent point a 1'Hydrophobie Venimeufe, parceque la maladie s'eft declarée trop promptement après les vives affeétions, pour qu'on puilTe croire, que Ie Virus a pu dans un moment déployer une énergie femblable. Je ne fuis pas fort éloigné, d'accorder beaucoup a cette objection Cvoyez §. XLV1. m.) Je me bornera a dire pour le moment, que ces Obfervations prouvent la néceffité d'une Diette exaéle après la morfure, & d'après tout ce que nous favons des autres maladies contagieufes, aux quelles la crainte donne tant de prife fur notre corps (O» que la Crainte de la Rage eft une des plus puiflantes caufes, qui puilTe la faite declarer C3> CO Journal de Phyfique de 1'Abbé Rozier, ac 1777. T. IX. p. 151. 00 W. Falconer, Preisfchrifc"über den Einflus der Leidenfchaften &c. p. 31. C3) Portal, 1. c. Academ. de Sciences, P. 44.5.  De la Rage dans PHomme. ior §, LXIV. 9.) Une Irritation locale a Pendroit blejfè. 5 On a plufieurs Obfervations de Rage, dont le de* veloppement doit avoir été accéléré par une Irritation Locale. a.~) Dans la'playe, non fcrméc. Un homme, mordu par une Louve enragée le i3e. Mars, fut tranfporté a 1'Hopital le i4e. i » Prit exactement tous les Remèdes, qui lui furent adminiftrés jusqu'au 11 Avril fuivant; mais ce jour lui fut fatal: on avait oublié de fonder la playe, on le fit & tout de fuite on la dilata ; le malade reflentit des douleurs horribles, 1'Hydrophobie fe manifefta & le 13e. Avril, il mourut CO- 6) Dans la playe Cicatrifée. Claude AbeiU le, mordu depuis 9. mois, croyait ne plus rien avoir a craindre, mais ayant recu par hazard un coup d'un morceau de bois, qu'il jettait dans la rivière, fur la Cicatrice de la morfure, ellefe rouvrit dans le moment, le Virus amorti fe développa; il fentit des fpafmes reitérés; de vives douleurs dans les mufcles du bras, qui fe fixant bientöt a la gorge, amenèrent 1'Hydrophobie & la mort (ji). Un écolier de 10. a 12. Ans fut mordu a la jam- CO Du Puy, ap. BourEUXE, p. 158. (2) Darluc, Journ. de Med. T. IV. p. 260. G 3  103 De la Rage dans l> Homme.. be par un Chien enragé, qui lui fit une playe afTez confidérable. On lui adminiftra des {ècours avec ailez de fuccès, pour qu'il n'efluyat aucun acci. dent durant 1'efpace de fix mois, ou la plave s'é tut bien cicatrifée & Ie jeune homme était dans un éJtde fanté parfaite. A cette époque il recut d'un de fes camarades un coup de pied dans la jambe a 1 endroit de la cicatrice. On fait obferver, o,e eet écoher portait ce jour Ia les mêmes Bas au' avait Ie jour de fon accident; fur le champ e ma heureux jeune homme tomba a la renverfe avec les Symptomes les plus effrayans, & qui caraétérifent un acces de Rage marquée. On le tranfporta cheZ Si 1'on rapporte les Cas al'eftet du Venin refh* *m jusqu'a ce moment dans ,a phyT ^ ^ le *• au contaét de ,a Bave rertée Ls Z7as Cqu on avait cependant du laver une fois dans 1' fpace de fix mois,) il faut avouer, que ces iJ; das fe font trouvés dans des ^ZSSSSi tnbuer les accidens au Venin Rabieux; je croj qu ils ont été 1'efFet d'une vive irritacion danS ce/ endroit, cauféepar la violence exténVnJ , . adéja obfervé Ia -^^2^^ CO Beauvais, Hift. de t>„.. , . tïe ,783 p. —^ Med. ae. par.  Be la Rage dans 1'Homme. 103 Terenverrai au chapitredes plaifanteries, 1'aiTerti0n de Simon Pauli, qui avance, qu\ine perfonne mordue fera développer en elle la Rage, en tenant dans fes mains une baguette de Cornomller jusqu'a ce, qu'elle s'echauffe Cl). §. LXV. 10.) Les Maladies Aigues, dont les fujets font attaqués dans le premier Période. Les Obfervations, parvenues a ma connoiiTance, femblent prouver, que les maladies n'ont point d mfluence dans 1'accélération du développement de la Rage. Bouteille, CV Empereur (3) & avant eux van Swieten (4) ont vu des Sujets mordus , être attaqué dans ce premier Période, de la Vanole, d'une Angine épidéraique , & le Venin Rabi. fique refter pendant tout le cours de la maladie paifible & inaétif, & ne fe développer «Sc produire 1'Hydrophobie, qu'après la convalefcence. Ferriar al'Obfervation d'une perfonne, mordue au vifage, chez la quelle 1'Hydrophobie ne fe déclara, qu'au bout de trois mois; & dans eet intervalle le (1) Ap. Stahl, DiiT. de Metafchematifmis Morborum, 1707. §. 9- (2) l. c. p. 184; (3) Ap.B(JUT£lI.LE p. 229» r4) t. hl p. 548. G 4  I°4 De la Rage dans VHomme. malade eutdeux attaques de Pleuréfie, qu'on trafc ta par les Saignées & les Véficatoires (i) Un homme, quelque tems après avoir été mordu par un Chien enragé, fouffrit 1'opération de la Taille 3 elle réuffit trés bien. La playe, faite par le Litho' tome, fuppum le tems ordinaire & fe cicatrifa; échappé de ce danger, 1'infortuné devint Hydrophobe & mourut C2). %. LXVI. Pendant ce premier Période la playe ne préfente aucun indice, que le Virus y exerce une aérion malfa.fante; au contraire elle paroit le plus fouvent netre, qu'une playe fimple, & dans Ia plus part ™ Cu' h Cicatrice ne fe forme que trop prompte- Le Virus, depofé dans eet endroit, ne commen, cea exercer fon aftion, qu'au bout de quelques femaines, de quelques mois & même après une année& plufieurs, comme IWervation 1'a prouvée Cependant il n'eft pas rare, de voir la maladie fe' déclarer dans les 40. premiers jours après la blefiure, & dès que le malade éprouve le moindre fymp. tome, alors Ia maladie eft danslefecond Periode. CO Medical Experlments bij Simmons, Vol. I. C?) Bouteille, p. 163,  De la Rage dans PHomme. 105 g, LXVIL Second Période ou Periode Melancholique. Les avantcoureurs de 11'Hydrophobie conftituent le fecond Période & confiftent en toute forte d'Accidens, qui paroilTent fouvent peu conféquens au vulgaire, mais qui ne doivent point être negligés. Ces Phenomenes avantcoureurs fe manifeftent k la Playe & dans tout le corps. S. LXVIII. phenoménes Avantcoureurs, qui fe manifestent a P Endroit de la Morfure. II eft de la plus grande importance de les obferver foigneufement. Salius Diversus les regardait, comme 1'indice le plus certain & infaillible, que la maladie ne tarderait pas a arriver au dernier Période CO' x ï.) Phénoménes, fi la Playe n'eft point encore cicatrifée. Ce Cas eft le plus rare, parceque, comme nous 1'avons déja dit, ces Playes ne fe ferment fouvent, que trop promptement. Si la Playe n'eft point ei- CO Ap. van swieten, $. ii38. P- 55«• 05  ioö De la Rage dans 1'Homme, catrifée, elle change de couleur; les chairs deviennent baveufes; il ne fort.qu'une matière ténue, abondante; le malade y fent de la démangeaifon, de Ia douleur, & cette douleur ie propage dans le membre ou dans la partie, ou la phjve eft fituée (O. 2.) Phénoménes, fi la playe efl cicatrifde. C'eft la circonrtance Ia plus ordinaire & les Phé. nomenes varient. O Tantot le lieu, ou la Cicatrice s'eft formée, s'enflamme & s'ouvre de nouveau & fuppure CO- *0 O'autre fois les Cicatrices changent feulement de couleur; elles s'élevent un peu; deviennent bleuatres, douloureufès & Ia douleur fe propage le long du membre C3); quelquefois il furvient feulement une legere Phlogoiè a eet endroitCOc.) La Cicatrice ne change quelquefois pas dé couleur. Mais le malade éprouve! au deffous d'elle, plus ou moins profondément une douleur tantot fourde, tantot aigue (5> L'enfant, dont parle CO Le Roux, I. c. p. 34. 76. Fehh, §. j. c. C2) Le Roux, i. c. Obf. p. 71. C&> Desault ap. Boutejlle, p. 170. au bout de 18. mois. Bauhin, ap. Schenkium, p. 848. C4) MONETA, 1. C. p. 28. MaTTHTEU, 1. C. p. 299, M. . . . ap. Baldinger Neues Magazin, T. I. p. 357. C5) Darluc, Journal de Medecine T. IV. p. 276.253. 269.270. Empereub, ap. Boutulle, 1. c. p. 228.  De la Rage dam VHomme. 107 GuirxEMEAU, fe plaignait d'une grande douleur au front, qui etait le lieu des morfures (1). d ) Dans certains Cas les malades ne fe font phint que d'un engourdiffement dans la partie (2). e.) Si la Bave a été feulement appliquée fur la furface de la peau, & que l'infeétion fe faffe par cette voie, alors cette partie a coutume de devenir douloureufe, de caufer de la démangeaifon & de fe Phlogofer (3). Quelque foit celui de ces Phénoménes, qui fe préfente, il ne faut pas le négliger. Mais demandera-t on, les obfervé-t.on toujours? D'après la multitude d'Obfervations, que nous avons parcourus, nous pouvons répondre toujours, ou presque toujours C4> Vaughan nie, qu'on obfervé toujours ces Phénoménes , mais fes Obfervations prouventContre lui même. De trois exemples, qu'il cite, deux perfonnes ont fenti de la douleur a la partie bleffée, & le 3™, qui avoit été mordue a la joue, a fouffert desTempes au commencement de la (1) Journal de Medecine, T. 39. p. 233. (2) Empereur ap. Bouteille, p. 224. (3) Ueerlacher, DilT. Cit. 1. c. p. 294. (4) Conf. Schenuius, 1. c. Andry Mem. de 1778. p. 491. Nicolai, Pathologie, T. VI. p. 49- FRAriK' c. p. 296. Le Roux, p. 31. 33- 34- Haas» DhT' cit. p. 49-53- Baudot, p. 125. Bouteille, p. 140. Moneta, p. 28. Comment. Lipfiens. T. 26. p. 4«9'  ïo8 j)e la Rage dans Womme. maladie CO- Frank, a vu trois fois la Cicatrice ne point fe rouvrir, ce qu'on a auffi obfervé fouvent, mais il ne dit point, que les malades n'ayent eu aucune fenfation dans eet endroit (2). CalliSENremarque auffi, que la douleur, la demangeaiion & la rupture de Ia Cicatrice ne s'obferve point toujours. Bonel n'obferva rien de particulier a Ia Cicatrice dans un malade, ou 1'Hydrophobie ne fe declara, qu'au bout de quatorzemois C3). Mais ces Obfervations font en fi petit nombre, quelles peuvent a peine faire une exception. Car il ne faut pas, que Ia Cicatrice fe rouvre toujours; il fuffit, que le malade y éprouve une fenfation quelconque, & c'eft ce quejl'expérience de tous les tems a presque conftamment offert; & je ne ferai pas éloigné de foupconner, que les Obfervations, ou Vil" 3 T °UZé k reï>dwk de ^öodu^ön du Virus, & ou lHydrophobie s'eft declarée longtems apres, n'appertenaient point a 1'Hydrophobie Vémmeufe, mais bien a Ia Symptomatique. Car ? MPi0U/ra, E CXempIe affurer de bonne foi> que le Malade de Nourse, qui fut attaqué d'Hydrophobie te, mois après une légère morfure cicatrifée Promptement, & qui ne fouffrit avant 1'apparition de ce funefte Symptome, que quelques douleurs dans trois des doigts de la main, qui n'avaitpas été CO Ap Le Roux, p. 35. Ca) L. c. p. 396. (3) L. c. p. 28a.  De la Rage dans F Homme. 109 mordue, n'ait dQ cette maladie qu'a cette morfure (i> §. LXIX. Quelquefois les Cicatrices s'élèvent, fe bourfoufflent, changent de couleur, caufent de a dema oeaifon, de la douleur, fe rouvrent meme, c. ce. fendan la Rage ne fe déclare pas. U arnve ra de chofes Le; ou la Nature évacué par 4 le Veninfou bien les Remèdes adminiftrés détruifent le Venin; ou bien ces Symptomes reparaiflant dans la Cicatrice, n'étaient point produits par le Virus Rabieux. H m'eft impoffible de dire, le quel a Heu Voyons ce qu'on a obfervé. Desault a vu e bourfoufflement des Cicatrices & leur douleur cesfer après des friclions Mercunels locales, & fon itement intérieur, & la Rage ne point fe declarer, tandis que deux autres malades, ou on obferva es mêmes Symptomes, & aux quels on ne fit rien, moururent Hydrophobe 0» Alpu a vu furvènir autour de la Cicatrice douloureufe, trois S de la groffeur d'une noifette, élevées pointues, dures, trés enflammées, qui tombèrent en Gangrène, il fe fit une fuppuration abondante. Le malade prit la Belladonna intérieurement, & (1) Philofophifche Trans - «ftionen , Auzzug von Leske, T.ll.p. 261. (a) Ap. Bouteille. p. i?0'  "o De la Rage dans l'IIommc. fut préfervé CO. Fbhr 4 vu aultl h cf rouvnr quelques femmes après Ia morCTÜ ^^V&l^houe ne point' fode- Ces Faits nous prouvent, qu'a cette époque on Peut encore beaucoup efperer, de preferver e ma" lade, en accordant, qu'ils ayent dependus du V rus Rabieux, comme je fuis poné a le croire. S. LXX. Phénomhnes avantcoureurs, qui fe manifeftem dans toute Vhabitude du Corps du fufet. fciblefle, Ia nonchalance, une pefanteur dans leS membres, le plus fouvent une douleur gravativf qui fe porte de Ia partie bleffée vers la téte, cc ouJ les malades ne prennent fouvent, que p0Ur une douleur de Rhumatifme. Les malades éprouvent des chaleurspaiTagères; du dégout; des en vies de vomir; le hocquet; de la ftif; ffe font conffipésIa refpiration eft anxieufe; ils dorment peu & Ieur' fommeil ne les foulage pas; leur regard eftfauva ge, craintif, hagard; ffi ont des foubresf " dans les tendons; de legers fpafmes & même des convulfions; lepouls eft petit, plus ou moins ^ CO Ap. Rahn, Gazettede Santé, T. IV. p. 9l C2) L. c. p. 94.  De la Rage dans f Homme. UT te; d'autrefois il eft plein & dur; les facultes in. tellecluelles fe dérangent; les individus deviennent rêveurs, triftes, inquiets, colériques; ils font de mauvaife humeur; recherchent la folitude; tantöt ils font babillards; le plus fouvent taciturnes & pendant leur leger fommeil, ils font tourmentés par des rêves effrayans. Tous ces Accidens ont une durée incertaine. Ce Période dute ordinairement huit, douze jours, rarement plus. (i); fouvent beaucoup moins & feulement deux ou trois jours, & ils font .quelque fois fi legers & de fi courte durée, qu'on peut a peine les oblèrver, & que 1'Hydrophobie parait, fans avoir eü d'avantcoureurs, mais ces cas font trés rares.. Ces Accidens font quelquefois continus pen ■ dant le Période; d'autre fois on reraarque, qu'ils augmentent & diminuent alternativement (a). §. LXXI. Tout certains, & quelque conftans que foient ces Phénoménes avantcoureurs généraux; il ne faut cependant pascroire, que tous ceux, qui ont été mordus, & qui font attaqués, quelque tems après la morfure, foit pendant le Traitement Prophylactique, ou après ce Traitement, de quelques Symptomes, rangés parmi les avantcoureurs, detaillés (i) M.... ap. Baldinger, Nene Magazin, T. I. p. 357- (3) Frank, T. IV. p. 296.  «3 De la Rage dans VHomme. au §. précédent, éprouvent rééllement desprecurfeüfS de 1'Hydrophobie. C'eft ici, qu'il faut beaucoup de fagacité, pour bien diftinguer 1'état des chofes. Voici quelques Faits, qui pourront éclairer la conduite du Praticien. iO Les perfonnes vapoteufes, furtout celles du fexe, peuvent éprouver pendant Ie Traitement Prophylaétique, des Symptomes ner«/eux, caufés par 1'ufage des Remèdes, qu'on adminiftre, & qu'il ne faut pas prendre pour des précurfeurs d'Hydrophobie: Car en faifant cefler ces Remèdes, ces Symptomes difparoiflent, & 1'ufage des Calmans rétablit le tout dans 1'ordre (i). 20 Pendant Ie Traitement Prophylactique, ou après, il peut fe manifefter divers Symptomes, tels que Fievre, Mal a la Té te, Mal de Gorge, qui ne feront produits, que par des impuretés, contenues dans les premières voies & que ces Symptomes difparoilTent du moment, ou on les évacué par les Remèdes convénables (2). 30 Des malades vaporeux, qui ont été mordus depuis plufieurs années, deviennent quelquefois triftes, reveurs & croyent, qu'il feront attaqués de la Rage, fi par hazard ils entendent parler de cette maladie. Bouteille a I'Obfervation d'un femblable individu, qui croyait même fentir des douleurs fourdes a la main mordue; mais eet habile Prati¬ cien (r) Cabro, ap. Bouteille, 1. c. p. aai. (2) Bouteille, Obfery. l, c. p. 251,  De la Rage dans 1''Homme. iï$ cien le raffura, ne lui prefcrivit rien. Cette fecurité diffipa 1'efFroy de la perfonne, qui fut la première a badiner de fa terreur Panique (i). Avec un peu d'attention on demêlera toujours ces Cas, & furtout, en examinant attentivement 1'état des playes. ou des cicatrices, & reflechiifant für les autres circonftances, ou le malade fe trouve. §. LXXII. Troifieme Période ou Hydropbobie. Après que le malade a été plus ou moins tourmenté par les Symptomes Précurfeurs, expofés aux §. 60. 70. il eft tout a coup faifi d'une horreur pour la boiflön de quelque fluide, que ce foit^ mais furtout de 1'Eau; Symptome, qui carafterife le dernier degré du mal. Tout eft dans ce derniér Période étonnant. La variété des Symptomes eft trés grande, & fi 1'on ne corifultait que des Faits ifolés , on aurait beaucoup de peine, a fe former une idéé jufte de eet état. C'eft pourquoi nous tacherons de marquer toutes les nuances, que 1'on a obfervées dans ce dernier Periode, afin d'en fixer le vrai caracTère, & de faire éviter tous les mal-entendus, que les Obfervateurs ont occafiortnés, én décrivant fouvent trop légèrement les divers Phénoménes, qui fe font manifeftés dans ieurs malades. (1) Idtm p. 24f, H  IT4 De la Rage dans F Homme, L'enfemble des Symptomes, qui caractérifent cé dernier Période, font 1'Horreur de 1'Eau; rimposfibilité d'avaler des fluides; la poffibilité de la de* glutition des folides; 1'impreffion facheufe, que caufe 1'afpecl: des corps brillans; le contact de 1'Air mü legerement; le contact de 1'Eau a la furface du Corps; le Vifage eft tantöt pale, tantöt rouge; les Yeux font étincelans; la Bouche eft remplie d'une falive épaifTe; quelquefois le VomifTement furvient; les malades dans les accès pouffent des Cris, des Sons lugubres; 1'état du Pouls eft trés variable; le Satyriafis fe met de la partie; les Excrétions font la pluspart fufpendues; quelques malades ont envie de mordre; d'autres font trés furieux; les Facultés Intellectuelles paroiffent quelquefois plus développées dans 1'intervalle des acces; enfin le danger de fuffocation parait & après avoir fubi des atraques plus ou moins forfes, plus ou moins reiterées de Convulfions, ces infortunés individus périffent dans un abattement extréme, dans un état Apoplectique, ou dans un accès des Convulfions, peu après le commencemént de cette fcène vraiement horrible. Qu'il me foit permis de joindre ici Ia defcription de 1'Hydrophobie en Vers Latins faite par Joh. Jovian Pontanx. E morfu rabidi canis, aclaquc venis Dira lues aget in furias: illum ora liquenti Admotantem amni, fitientem, undasque petentem Excutienstor rem ambuflum, at que e gurgite Erinnys  De la Rage dans V'Homme, 115 Jam medio caput at tollens fugat horrida, crinemque Anguineum intendit': revocat fttientia ab undis Ora mifer, faciem avertens, fimilisque latranti, Dat fefe retro, & fpumas ciet ater ad auras. Hinc rurfum fiimulante fiti convertit ad amnem, Adproperans, dubiusque gradu atque eneüus ab kftü'. InfeStans rurfum admota face turbat Erinnys Attonitum, ac nigras vocat ex Acberonte forores, Donec eum rabie abfumtum vis tetra veneni Vicerit, & miferos folvat cum corpore fenfus (1). Nous allons maintenant parcourir chaque Syrnptome en particulier, en commencant par le plus ïaillant, & qui a donné le nom a la maladie; jé veux dire 1'fiorreur de 1'Eau. §. LXXIII. 1 ) V horreur de F Eau, Hydropbobie. <§! Ce Syrnptome préfente beaucoup de Variétés dans les differens fujets. La bouche eft plteufe & fe> che. Le malade reffent tout a coup, en voulant boire, une anxieté, qu'il n'a jamais eprouvé & il éloigne de lui le vafe avec effroy. Toutes les fois, qu'il approche unflüide de fes lêvres, 1'anxièté redouble & eft accompagnée d'un Tremblement uni • verfel & d'un Refferrement dans la Gorge. Quel- CO Ap. Baldincer , Nenes Magazin, T.XIII.p. 17a; H 3  Ii6 Be la Rage-dans VHomme. quefois il parvient avec une peine extréme a avaler quelques gorgées, mais bientot fon tourment etl fi grand, qu'il ne veut plus entendre parler.de boire, & qu'il efl: attaqué de Convulfions, fi on lui en fait la moindre propofition. Cette fenfation particulière, qui s'oppofe a la deglutition des fluides, femble prendre fon origine dans 1'Eitomae & & monter peu a peu vers la Gorgej le malade devient alors pale; fa Refpiration eft entrecoupée; il tremble & a chaque effai pour boire, les Accidens augmentent. U furvient des fpafmes dans les mufcles angulaires de 1'Omoplate &les Trapézes, qu'on expüque par la communication de 1'Acceflbire de Willis avec la 8-, paire d'après les difleétions du Gelebre Scarpa (i). Cette Horreur de 1'Eau n'efl point un égarement de 1'efprit; une caprice de 1'imagination dereglée; elle ne dépend point de Fimage du Chien, vue dans * 1'Eau par le malade , comme quelques Anciens 1'avaient rêvé; elle eft fondée en raifon, elle nait du tourment, qu'éprouvent les Hydrophobes, en voulant boire; ils fentent les douleurs augmentcr par le contact immediat de 1'Eau (2). Tourment, qui, felon leur expreffion, eft pi re, que la mort & qui par confequent doit leur faire rejetter, avec horreur, la caufe, qui 1'excite. Ce fentiment nous eft naturel contre tout ce, qui nous tourmente, (1) Ap. Sommering, von den Nerven, p. 258, J. 2<5o. (2) Darluc, Journal de Medecine, T. IV. p. 266.  De la Rage dans F Homme. "7 m même nous a tourmentés, & il eft dans la nature de 1'homme de rebuter & d'abhorrer même tout ce qui lui eft infupportable CO' Praecipuus hujus morbi chara&er non erit aqux, timor, quemadmodum antiqui opinaii funt, turn ÜSeo Empereur, ibid. (4) L. c. Obfervat. L (5) Auszug der Philofophifchen Transaaionen wr? Leske, T, L p. 3i6.  De la Rage dans THomme. "9 fouvent ce chalumeau ne leur eft d'aucune utili- ^L'HÓrreur de 1'Eau, 1'impoflibilité d'avaler les Fluides, Syrnptomecaraaeriftiqae,nedure «pendam pas toujours pendant tout ce Période. Quand les Hydrophobes touchent a leur fin, pr sque toujours le retour du calme, de la tranquülité 6> no; tamment la facilité plus ou moins grande de boire, femble laifier un efpoir dé guérifon, mais fouvent c'eft dans un moment, que le malade meurt. On a des exemples de ces infortunés, qui ont bu peu d'heures avant leur trepas (a). Et Av.cenne avait deja dit: fi les enragés boivent de F Eau. tff meur ent. §. LXXIV. 2.) Déglutition des Alimens Solides. Ordinairement ces infortunés avaient les alimens folides fans beaucoup de peine; quelquefois cependant la déglutition en eft plus difficile, mais jamais on ne remarque cette difficulté infurmontable, cette (i) Van Swieten, %. H44- T, III. P- S7«5• (2) Andry, Memoires de 1776. P- 105. Mem. de 1778. p- 531- J°urnal de Medecine' T' 1IL & T' XXXIX p 233- Bouteille, 1. c. p. 245. Mignot. Hifloire'de la Sociète Roy. de Med. 1783. ^ P^e, p. 48. Haqauet ap. Kortum, Med. Bibhofhek, L B. 3. ft. p. 15. &c. H 4  120 £>e la Rage dans PHomme. horreur, comme pour les fluides; pendant les ac ces les malades refulent tout Cr). %. LXXV. 3-) Horreur pour les Corps Lucides. II exifte le plus fouvent, non feulement uneHorreur pour les fluides, mais même pour leur nom, & pour tout ce qui eft brillant, comme un verre; unmiroir; Ia lumiere du Soleil; d'une bougie; a leur afpeét Ie maladtf eft faifi de Tremblement, de Convulfions; prie d'eloigner les cauf-es de fon angoife: Quelques uns même ne peuvent fupporter Ia blancheur du linge Tous ces Symptomes dépendent de la fenfibilité augmentée des nerfs de la Retine Ca). §• LXXVL 4.) Le Contadt de PEau a la furface du Corps Comme, lorsqu'on veut mettre le malade dans te bain, produit auffi des Angoifles, des Convulfions. Dans le commencement de ce Période, on a vü des' CO EfiANK, J. c. Morgagni, 1. c. %. 21. Lister, 44- Ca) Mead, Transaétions Philofophiques. AusEuh von Leske . T. L p. 315.  De la Rage dans PHomme. 121 rnalades, qui defcendaient encore dans le bain, mais non fans beaucoup de peine, d'agitation, & bientöt cela devenait impoffible. Un de ces malades refta dans ie bain affez tranquille, en fe bouchant le nez, & difant, que 1'odeur de 1'Eau 1'incommodait (i). §. LXXVII. 5.) Uagitation de Fair La plus legére, occafionnée par 1'ouverture d'une porte, d'une fenêtre,par 1'approche de quelqu'un(par ex. du Medecin) excite égalementune fenfation penible & donne quelquefois lieu au Tremblement, aux Convulfions. Tous les nerfs de Ia peau donnent des marqués d'une fenfibilité extraordinaire (2). §. Lxxvrii. 6.) Etat de la Phyfionomie. Le Vifage efl: le plus fouvent pale, il devient rouge a chaque attaque des Convulfions, qui fe renouvellent plus ou moins fréquemment, & les changemens font fouvent fubits. Quelquesfois les mufcles de cette partie font tirés comme dans le Ris Sardonique. (1) Empereur, ap. Bouteille, p. 224. (2) Frajnk, 1. c. p. 398. H5  123 De la Rage dans 1'Homme. §. LXXIX. 70 Etat des Teux. Les yeux font étincelans', fixes, hagards, & préfentent eet afpect caracleriftique, qu'on trouve dans tous ces Hydrophobes & au quel ou les réconnait toujours, quand ou en a vu un (i). C'eft un regard de colère, mêlé de crainte, qu'on ne peut exprimer, comme 1'a dit Vatjghan. Le Camus attribuait eet étincelement des yeux au Phofphore Ammoniacal. Sauvages avec plus de raifon, a 1'Electrkité & Wocher dit avoir obfervé de vraies étinceles Eleariques Cf> Nous ne nous arrêterons point a toutes ces explications, mais recommanderons fourtout, de ne point oublier eet état des yeux, qui caractérife bien 1'Hydrophobie. A, la fin de la maladie les yeux deviennent rouges, larmoyans; la Pupille eft quelquefois tres dilatóe. (3). §. LXXX. 8.) Bave. Il s'accumule dans Ia bouche un fluide téna- (1) Tode, Medicin. Annalen. IX. heft p. 57. (2) Ap. Mezler, p. 3. & 351. (3) Mead, 1. c.  De la Rage dans F Homme. 133 ce, exprimé furtout des Glandes Mucqueufes de Ia Gorge & de la Bouche, qui fe mêlant avec Ja Salive & 1'Air, s'attache, fous laforme d'Ecume, aux Levres, aux Dents & tapiffe toute la cavité.Gutturale, & la Bouche; cette Bave s'ecoule de la bouche, ou eft rejettée avec peine par le malade , qui ne peut 1'avaler. Sa quantite n'eft quelquefois pas trés confidérable, tandisque dans certains fujets elle eft trés abondante, au point d'inonder le lit; quelquefois les malades dardent la Salive de leur bouche, comme par jets (i> §. LXXXI. 9,) Vomijfement. Quelques malades rejettent promptement par le VomilTementlepeu d'alimens, qu'ils peuvent prendre(a> D'autres vömiffent fpontanément une matière, tantöt noira^re,atrabilaire, verdere, après s'être plaint d'une chaleur brülante a 1'Eftomac, ce qu'ils indiquent, en y portant la main, & ils fe trouvent foulagés après cette évacuation (3). On a expliqué diverfement ce Vomiffement de Bile verte, qui a le plus fouvent lieu. Les uns Pattribuent a 1'actioa nerveufe (1) Lister, p. 48. Bouteille, 1. c. p. 333- Salva ap. Bouteille, p. 216. (2) Mead, Philofoph. Transaftionen Auszug, T. I. p. 315- (3) Mead, Philofoph. Transact. Auszug, T. I. p. 3;o*  124 De la Rage dans Momnte. en défordre fur les Couloirs de la Bile, & regardent ce Vomiffement, comme un figne non équivoque defpafmes intérieurs, qui derangent & vicient la fécrétion de la Bile (i). D'autres affurent^ que chaque irritation du Senforium, lors qu'elle eft fuffifante, agit fur lejmonvement Periftaltique deslnteftins, que Ia Bile ne pouvant s'ecouler par en bas, régorge par cette raifon dans 1'Eftomac, eft feparée en plus grande quantité, quand le VomilTement furvient, fans être pour cela viciée, & qUe la couleur verte, qu'elle prend, depend de fon mélange avec le fuc Gaftrique corrompu & devenu acide (2). Quoiqu'il en foit, il nous fuffit, de favoir, que 1'état de 1'Eftomac & du Syfteme Biliaire fouffre, ce qui peut influer fur le Traitement, §. LXXXII. 10.) Tons iugubres, Jappement, Flurlement. Les Anciens ont avancé, que les hommes enragés rendaientdes Sons, qui imitoientla voix de l'animal, qui les avait mordus. L'Obfervation dément eet énoncé, qu'il faut ranger parmi les contes de bonnes femmes. Mais ce qui eft vrai, c'eft que (O M. . . . ap. Baldingf.r Neues Magazin, T. I, P- 3^5- (a) Hartenkeil und Mezler, Medicinifche, Chirur* gifche Zeitnng, 1790. T. IV., p. 28.  De la Rage dans VHomme* &S ces infortunés, étant tourmentés d'envies de vomir & fouvent menacés de fuffocation pendant les accès, rendent des Sons plus ou moins confidérables, & trèsvariés(i),& auxquels 1'imaginationpreoccupée des affirtans ne manque pas, de trouver de la reffemblance avec les fons de la voix de ces animaux C2> §. Lxxxni. ii.) Fievre. On remarque ï'arement de la Fievre dans 1'Hy drophobie Vénimeufe, felon plufieurs Praticiens, & fi elle fe manifefte, c'eft furtout vers la fin de la maladie. Lister dit, que la Fievre, & la Soif ne font pas des Symptomes familiers aux Hydrcphobes D'autres affurent au contraire, que la Fievre acc'ompagne toujours 1'Hydrophobie. Ces divers fentimens fe rapportent a 1 idee, que chaque Medecin fe fait de la Fievre. L'état du Pouls eft fujet a beaucoup de Variations, qui dépendent de la Conftitution du fujet. Le plus fouvent on le trouve fpafmodique, faible, inégal, intermittent; d'autres fois, & furtout dans les commencement de ce Période, ou le trouve natu- (i) Mead, Philofophifche Transaftion, 1. c. p. 317O) Frank, T. IV. P. 299. Mezle*, 1. c. p. 4- & 1. c. p. 350'  m be la Rage dans 1'Homme. rel; d'autres fois plein, élevé, dur dans les fujet* robuftes, attaqués de la Rage Chaude. §• LX XXIV. ia.) Etat des Excretions Urinaires > Alvines & de la Peau. Quelquefois 1'Urine eft avancée avec force S- LXXXVII. 1^0 La fureur. On ne 1'obfervè pas toujours. Plufieurs malades font morts fans être devenus furieux; mais on en a vü d'autres dans un état de fureur extraordinaire, de maniere, que des forces tres fu. périeures a celles de ces Individus en état de" fanté, pouvaient a peine les contenir. La fdlle, dont parle Sauvages, avait de tels accès de fureur, qu'on fut obliger de la garetter pour s'en reno dre maitre. Van Swieten a fObfervation d'un adolefcent, qui devint fi furieux, que quatre homme vigoureux ne pouvaient le contenir, & on a vu un enfant de cinq ans, dont on eut bien de la peine a fe rendre maitre (a). §. LXXXVllI. 16.) Etat des Facultes IniellecJuelles. La pluspart des malades jouiffent, dans 1'inter- val- Cï) §. 1137. (2) Ap. Morgagni, Epift. VIII. §. 10.  De la Rage dans ïïïommei , tacj Valle des accès, de tout leur Raifon ; ils deplorent leur fort; celui de ceux, qu'ils abandonnent. Matthieu dit: „ Les perfonnes, que j'ai vu dans cel „ état pitoyable & que j'avais connu aupara„ vant, m'ont paru d'une plus grande Perfpica„ cité, d'une Raifon plus developpée, furtout, „ quand la fievre ne fe joint point aux autrea „ Symptomes" (O* §. LXXXIX. 17.) Les Anciens prétendaient, que les malades prenaient, pour ainfi dire, lesmanieres des Chiens, fe couchaient comme eux. Rien n'eft plus fabuleux, mais voici ce qui a pu y donner lieu: on obfervé quelquefois un Spafme particulier, qui force le malade a fe tourner continuellement dans le lit, de la tête au pied (a). %. xd. 18.) Danger de Suffocation» Dans 1'augmentation de la maladie, les indlvi* dus font fouvent menacé de Suffocation, furtout, lorfqu'ils veulent fe coucher fur le dos & fe repn* fer, parceque dans cette pofition la Bave remplit (O L. c. p. 395- (a) M» »p. Balbinoer, NeuesMagtzjn, ï. I.p.3$9* ï  jio' De la Rage dans PHomme. le: Gózier & 1'öbftrüe. Lés AngoiiTes augmentent a chaque me ment & la mört s'approche a grands pas. $. xci. 19.) Zej Symptomes Convulfifs tallus zwjf rr.icfi :::•(;; *)T wt atv5f! Revïennent par accès: a des intervalles tranquilles fuccéde le retour des Symptomes les plus de. plorables. Matthieu a vu une Demoifelle, qui avrit.été mordue par un Chat enragé, devenir Hijdröphobe. 'Cette'perfonne reftait dans la Societé pendant les intervalles des accès, & s'enfermait dans fa chambre feule, dès qu'elle les reffentait revenir. Le 'cinquième jour de la maladie, on la trotiva' morre dans un coin de eet appartement, ou elle s^était retiiée peu auparavant CO* XCII. Ce dernier Période, ou eet Enfemble de Symptomes, qui accompagnent 1'Hydrophobie, ne dure ordinairement que 2. ou 3. jours. Rarement la durée s'étend-t-elle qusqu'au 5e'6e. jour, & il eft 'extraordinaire, de voir la mort ne furvenir que le ffl cbrrrrne Baudot 1'a obfervé une fois CO- Les Ma'ades, affdiblis par; les accès violens, qu'ils ont CO L- c; p 3?3- CO l. c, p. 124.  De la Rage dans PHomme. 131 efTüyés, deviennent faibles; une Sueur froide couvre leur corps; ils ont quelques Convulfions. ——■ Plufieurs d'entre eux tombent dans un état Apopleitique CO ou dans des Angoiffes tenibles & voyent arriver avec plaifir le moment, qui termine leur déplorable exiftence. §. xeiu. Quelques Auteurs ont rangé 1'Hydrophobie dans la ClafTe des Malades Aigues,a raifon de la briéveté de ce Période; tandis que d'Autres , ayant égard au tems plus ou moins long, qu'elle met a paraitre, l'ont placée dans la claffe des maladies Chroniques CO' Le fentiment des prémiers nous parait mieux fondé, en ce que la maladie ne commence effectivement, qu'avec le fecond Periode, & ne furpaffe pas ordinairement la durée des Maladies Aigues. Si on en excepte quelque Cas, ou la maladie s'eft prolongée & eft devenue Chronïque. §. XCIV. Cas eFerreur dans le Troifieme Période, Certes lorsqu'un Malade a tous les Symptomes, dont nous avons parlé, on ne peut douter de la (1) Hownmann, Philofopb. Transaétion. Auszug T. V p. 309. CO Listër, r. c I a  132 De la Rage dans F Homme. nature du Mal. Mais il ne faut pas croire, que, foit pendant le Traitement Prophylactique, foit après, une répugnance pour la boiflon foit teujours un figne certain de ce funefte Mal; nous croyons, qu'on a fouvent confondu les Cas; & de la nous font parvenus toutes les guérifons d'Hydrophobie guérie. Nous allons effayer de donner une efquiffe des Cas, qui pourraient nous induire en erreur, fi nous n'y donnons pas la plus fcrupuleufe attention. 1. ) II ne faut point confondre 1'Hydrophobie avec le Spafme de 1'Oefophage, qui empêche la déglutition des Fluides & des Solides, & qu'on pourrait prendre Tune pour 1'autre, par défaut d'attention (O. 2. ) Quand 1'Hydrophobie eft Symptomatique, on obfervé, plus ou moins longtems avant fonapparition, les Symptomes de la Maladie Principale, dont elle eft un Epiphénomène & 1'on peut aifément éviter Terreur. p Si un fuiet, attaqué d'une Maladie Aigue, qui a pour Epiphénomène 1'Hydrophobie, a été mordu trois, fix mois, & même plufieurs années auparavant, fans avoir éprouvé dans eet intervalle le moindre Accident; le Vulgaire des hommes de TArt ne manque point d'attribuer tout le mal a cette fatale morfure, réfuge, a Tabri du quel on ne ré- (i) Frid. Hofemann, MeJ. Rat. Syitem. T. IV. Pan. III. p. 448.  De la Rage dans F Homme. 133 pond pas du falut du malade, & s'il eft affez'heureux pour guérir, on en conclut, qu'on a guént uneHydrophobie déclaiée. Quant a mol, je fuis perfuadé, que toutes les fois, que les malades n'ont eu aucun Symptome Précurfeur a 1'endroit de la morfure avant 1'apparition de 1'Hydrophobie, cette derniere n'a été que Symptomatique ,^ ou dépendante d'un vice de 1'Imagination, & qu'on en a tort d'attribuer la caufe du mal a la morfure, faite depuis des années. On ne perfuadera jamais, a mon avis, a celui, qui aura lu avec attention les obfervations de David Hartley, (O de Peters CO de Nourse (3) de Bouteille 00 de Bonel C5) & d'un grand nombre d'autres Au. teurs , que ces Hydrophobies dépendaient de morfures,faites longtems auparavant. 4.) S'il eft important dans les 0Cas No. 3. ou 1'Hydrophobie furvient longtems après la morfure, de ne pas toujours croire aveuglement, que cette morfure en eft la feule caufe; il eft encore bien plus intéreffant, de ne pas confondre les circonftances, quand le fujet a été mordu depuis peu, & lorsque des Symptomes Hydrophobiques, feulement produits par un vice de 1'Imagination, ou par une maladie Intercurrante, fe manifeftent. Ainfi dans Ci) Philofophifche Transactionen Auszug T. II. p. 264. Ca) Ibid. T. III. p. 187- C3) Philofophifche Transaaionen, AuszugT. II. p. 2 - d) JiEGER allure avoir connuune perfonne, qui, par la feule peur, que le Chien, qui 1'avait mordu, ne fut enragé, refta pendant fix . femaines pbngée dans la plus profonde Melancholie, & W pendant quelquee jours dans un yrai Delire Mamaque O). Frank a auffi obfervé des faits pa- rails (3). P «.) Un Chirurgien coucha dansle Htd un eniant, foupconné d'avoir été atteint de la Rage. II fut frappé, lorsqu'il le fut, de la crainte la plus vive, refta pendant huit jours dans un état Spalmodtque inquiétant, éprouva des Convulfions & fut guéa par les foins de Normande C4> ƒ.) Pendant le traitement Prophyladtique, admmiitré par le Roux a un homme, mordu quelques femainesauparavant, une vieille femme vint dire ft malade, que plufieurs des perfonnes mordues par le même Chien, étaient déja mortes. Ce Malade en fut trés affeaé; il devint rêveur, avait fair pénétré (l) BoNEL, 1. C. p, 28l. (a) L. c. §. XXII. (3) L. c. p. 294- (4) Htttotre de la Societé Royale de Medecine, 1783. ae. partie, p. i>5- I 4  I3<5 De la Rage dam 1'Homme. d'une triftefle profonde, fuyait la Compagnie de fes Camarades, reftair prèsque toujours dans fon lit, les rideaux fermés, & Iorsqu'il fe levait, il fe refugiait dans des Iieux obfcurs & ecartés,. ou le Roux a été le trouver plufieurs fois; on 1'entendait foupirer profondément pendant la nuit, & Iorsqu'il dormait, il faifait des rêves facheux, qui le reveillaient en furfaut , & le laiffaient tout en fueur. II refufait ce, qu'on lui préfentait, d'un ton brusque & ne voulait ni boire, ni manger, tout le monde le croyoit Hydrophobe. Ce« pendant la fituation de fes playes, faites fur des parties couvertesd'habiliemens, rafiurait 1'Auteur: elles ne changèrent point de couleur, ne devinrent point douloureufes, & allaient toujours d'une marche égale a la cicatrifation; tous les Symptomes, qu'il éprouvait,n'étaient produit, que par lefrayeur. C'eft ce, que le Roox lui fit obferver dans le plus grand détail, en lui parlant avec bonté. II Iut fit tou. tes les reprefentations & 1'embraffa le 3e. jour. Cette marqué de fecurité fut ce, qui le raflura, & il fe détermina a boire fur le champ; cependant la Fievre s'était allumée, & continua pendant huit jours. II fut mis a 1'ufage des Délayans, purgé deux fois & guérit (r), #0 Un citoyen de Vienne, fut mordu par un Chien, qu'il croyait enragé; la peur de le devenir, fut portee 4 un tel point, qu'il ne devint pas a la (O c p. 74.  De la Rage dans 1'Homme. 137 verité Hydrophobe-, mais fbu; le Chien, qui IV vait mordu, n'était pas malade (i> Ces exemples nous fuffiront, & nous pourrions aifément les multiplier, en citant ceux, fournis par d'autres Auteurs (o). $. XCVI. B.) Efets d'une Maladie Intercurrente du Tral- j tement Profkylacïique. Pendant le Traitement Prophylaftique il peut fur> venir des accidens, qui empêchent la déglutition, & qu'il ne faut pas toujours attribuer a 1'efFet du Virus. C'eft alors, qu'il faut beau coup de fagaché pour démêler ce qui eft du a une Maladie étrangère (3). L'inflammation du Gozier, excitée par le Mercure, produit fouvent un empêchement a la déglutition & 1'on dit bonnement, que le Malade eft Hydrophobe (4). vid. §■ (1) Mezlei, 1. e. p. 72. (2) Salvator ap. Bouteille, p. 240. Hamilton, H c. Pütit, Hiit. de la Soc. Royale, 1783. ae. P«t& P- 73- (3) Matthieu, p. 299. (4) Ls Roux, p. 5°. is  Ï38 De la Rage dans 1'Homme. §. XCVII. Hydropbobie Périodique , Chronique. Nous avons vu, que 1'Hydrophobie était Ie plus fouvent une Maladie trés aigue, qui enlevait promp. tement le Malade. Mais quelques Obfervations femblent prcuver, que ce mal eft fufceptible de fe prolonger, de laiffer des intervalles plus ou moins grands, pendant lefquelles les malades ne reffentent rien, & de reparaitre périodiquement d'une maniere fixe ou vague. 0.) Abel Roscius, a fait 1'hiCtoire d'une Dame de fes parentes, qui après avoir été mordue par un Chien enragé, fut traitée méthodiquement par le Feu&iles Scarifications, & parut guérie. Au. bout de 7. ans, cette Dame fut attaquée d'un accès de Rage , precedé de douleur a la cicatrice. Ces accidens difparurent par 1'ufage des Remèdes convenables; mais ces mêmes accidens reparurent encore au bout de 7. ans & 20. ans après la snorfure, elleeutun troifième accès, dont elle fut encore delivrée. Après ce laps de tems, les accès ont reparu plus'frequemmenr; d'abord tous les Années & en fuite plufieurs fois dans la même An« née (1). £.) Une fille de fervice fut mordue par un Chien enragé, & guérie. Mais tous les ans, k 1'époque, (O Hildanus Cent. I. Obf. 86.  De la Rage dans F Homme. ï.39 ou elle avoit été mordue, elle était attaquée"de Delire (i) Epi:t. VUL No. 32.  T44 De la Rage dans tHomme. Les cadavres de ces infortunés fe putrefient trê? promptement; même pendant Ia rigueur de 1'hyver; ilsrépandent, en fixheures, ou quinze heures, une odeur fi foetide, qu'on'ne peut les approcher (i). Bohteille a obfervé, que le Cadavre d'un Hydrophobe devint froid 1'inftant d'après Ia mort CO« %. C Propriitis, Nature du Virus Rabieux. Pourpouvoir les mieux determiner, nous rapelle* rons quelques verités générales fur les Virus "& leur infeclion. Nous nepailonsici que de Miafmes, produits d'une maladie, & r.on des Virus naturels a certains animaux, comme le Venin de la Vipère, &c. i.) Le Caraclere de tout Miafme, ou Virus eft, qu'étant tranfmis du fujet Malade a un fujet Sain, il produife dans ce dernier la même maladie, que dans le premier. =.) La voie de tranfmifiion de 1'individu Malade & 1'individu Sain n'eft pas la même pour tous. Quelquesuns font tranfmis avec 1'Air, qui entre dans le Poumon; avec la Salive, qui defcend dans 1'Eftomac; par le contact fur Ia Peau. Tels font (i) Morgagni, Tihesset ap. Andry, 1. c. (fl) L. c. pag. 428.  Le la Rage dans PHomme. 145 font les Venins de la Pefte, de la Variole & d'un grand nombre d'autres, comme on 1'obferve dans les maladies Contagieufes &c. £.) D'autres éxigent une depofition du Virus fur la furface de la Peau, couverte par un Epiderme fort mince. Tel eft le Virus Vénérien. e.) Quelquesuns itifectent bien plus furement, lorsqu'ils font transmis au moyen d'une petite Playe , tel eft le Virus Variolique, le Rabieux. 3. ) Les Virus exigent, pour produire leurs effets dans le corps, qui lesrecoit, une certaine difpofition, fans quoi ils refl ent fans action. 4. ) Tous les Virus, introduits dans le corps, n'ont pas une égale affinité avec toutes les humeurs; chacun d'eux a plus de propenfion a infedter, déna» turer telle humeur plustot que telle autre, & il ne communiqué jamais fa nature Vénéneufe a toutes les humeurs du fujet, ou il exerce fes ravages. 5. ) Les Virus, depofésfur un endroit du Corps, ou communiqués d'une autre maniere,' np fe developpent pas tous a la même époque: le Variolique eft celui, dont on connait mieux la marche, comme on le voit tous les jours dans 1'Inoculation; 1'époque du développement du Vénérien n'elt pas auffi certaine, quoi qu'on puiffe affurer, qu'un homme, qui a eu un commerce impur avec une femme infectée, & qui n'a rien reffenti dans le 40. jours fuivans, ne fera pas infecté; mais le Virus Rabifique eft celui, qui refte le plus longtems caché, & il n'y a rien d'auffi indéterminé, que 1'époque, a la quelle il commencera a agir. K  Ï46" De la Rage dans VHomine. 6. ) Tout Virus, qui s'introduit dans un Corps, qui a da la difpofition a le faire développer, y excite un défordre plus ou moins grand; c'eft, comme Ie difaient les Anciens, un combat entre le Principe Vital, qui veille a notre Confervation & la caufe Morbifique, qu'il s'efforce de corriger, de denaturer, d'empêcher d'etre invifible, ou d'évacuer par un émonctoire dépurant. Mais tous les émonétoires ne font pas propres a ouvrir un paffage a 1'expulfion de chaque Virus. Ufaut, qu'ils ayent une certaine affinité avec 1'humeur, fur la quelle le venin agit de préférence, ou bien, il faut, que dans les mouvemens extraordinaires, qu'éprouve la Machine, tel ou tel vifcère recoive un changement, qui le rende propre a eet ufage. La Nature fort quelquefois victorieufe de ce combat, mais fouvent elle eft fubjuguée, & la ruine de 1'individu eft la fuite de 1'infuffifance des forces Phyfiques, propres a dompter la caufe virulente. 7. ) Enfin il y a quelques uns de ces Virus, qui n'affecrent qu'une feule fois les individus, tel que celui de Ia Variole: plut au Ciel, que nous en puiffions dire autant de tous les autres. §. Cl. Analogie entre le Virus Ralieux & quelques autres Virus £? Maladies. On a recherché de 1'analogie entre le Virus Ra • bieux, & plufieurs autres maladies Virulentes &  De la Rage dans YHomme. 147 non Virulentes, mais partout on ne yoit que quelques traits groffiers de reffemblance, qui ne méritent point, qu'on s'y attaché. C'efl: ainfi, qu'on a comparé les effets du Virus Rabieux avec 1'Epi. lepfie; d'autres lui trouvent de 1'affiniié avec le Virus Vénérien; avec le Venin de la Vipère, & plufieurs avec le Virus de la Petite Verole. li) Affinité avec VEpilepfie. Bouteille (1) trouve de 1'affinité avec 1'Epi lepfie, parceque les Mordus ont des accès de .convulfions; de 1'ecume a la bouche; paree qu'ils reflentent des douleurs dans le membre, qui a été léfé, & y éprouvent une fenfation afcendante, comme dans PEpilepfia auralis. Mais obfervé ■ t - on dans les Epileptiques cette horreur de 1'Eau ; cette impoffibilité, d'en avaler, malgré la bonne volonté, qu'en ait le malade, & 1'Epilepfie fe terraine t - elle, comme 1'Hydrophobie, promptement par la mort ? Qu'on n'objecte point, que la Morfure d'un Epileptique pendant un accès a produit 1'Hydrophobie. (§. XXIX. B. I. «.) Car queprouve un fait ifolé, & qui m'aflurera, que ce fut une Hydrophobie Venimeufe? & d'ailleurs de femblables morfures n'ont fouvent aucun effet, comme on 1'a obfervé dans les Epileptiques, qui fe font presque coupés la langue dans un accès (2). ou qui ont mordu d'autres perfonnes, qui en ont (1) Journal de Medecine, T. 49. pag. 165. (2) Bibrac. Mem. fur la playe de la Langue. Acad, de Chirurgie, T. III. 40. K 3  148 De la Rage dans PHomme. été quittes pour de legers Symptomes nerveux, occafionnés i par la feule dilaceration. Vid. (§. XXIX. 20. b.") il ne faut pas non plus fonder cette analogie, fur ce, qu'on a vu 1'Hydrophobie paraitre après une attaque d'Epilepfie. Car cela ne feraitJpas mieux fondé, qui fi je difais, qu'il y a de raffinité entre les effets de la, Morfure du Chien enragé, & 1'Inflammation de la Matrice, parcequ'on a obfervé une fois dans cette derniere maladie une horreur pour la boiflbn, 2 ) Affinité avec le Virus Vénérien. Selon Sauvages, le Virus Rabieux a de 1'affinité avec les Venins Animaux, mais il en a plus avec le Verolique, qu'avec les autres. Cet Auteur n'a cru appercevoir cette affinité, que parcequ'il regardait le Mercure, comme le fouverain Remede contre la Rage; mais rien n'eft moins prouvé que cette fpecificité „du, Mercure dans la Rage|, & les effets des deux Virus font fi différens, que je ne concois pas, comment ce Medecin célèbre a pu s'égarer a ce point. 3.) Affinité avec le Venin de la Vipère. C'eft le Ca mus-, qui a voulu 1'établir, mais avec auffi peu de fondement que les autres. L'origine des deux Virus eft fi difparate, qu'on ne peut en faire la moindre comparaifon. Le venin de la Vipère eft un fluide naturel a la Vipere; le Venin Rabieux eft la fuite d'une maladie du Chien, qui fe termine par la mort. Le fujet mordu par un Chien, & qui devient enragé, communiqué la maladie, en mordant.un autre individu, tandis que celui, qui  De la Rage dans PHomme. 149 i été bleffé par une Vipère, re peuc pas communie quer la même maladie &c. &c. 4..) Affinité. avec le Virus de la Variole. Asti & Kiavalle (O fe font furtout beaucoup appefanti fur ce point, mais ils n'ont pas été plus heu- • reux, que les autres. Ceux, qui ont eu une fois la petite Vérole, n'en font plus attaqués par la luite, quoiqu'üs s'expofent a rinfeétion. , L'époque de l'apparition de la petite Verole après 1'Inoculation eftpresque certaine, & varie töut.au plus de. 2. a 3. jours, tandis qu'on ignore .le moment.du développement du,Virus Rabieux, qui fe fait quelquesfois attendre des femaines &c,: : s Nous en conclurons, que. le Virus Rabieux, contenu dans la Bave de 1'Animal enragé, eft un de fon efpèce, fui generis, & qu'on ne peut, le comparer,avecaucun.autret. . . CU. ■-. Btfl v'a , En quoi le Venin Rabieux dtjfère.des autres.- . • . ...... ..'ViruS'P ,• , D 1.) A raifon de fa Proprieté primitivc C'eft le feul' poifon, qui fe propage par infection a plufieurs efpèces d'Animaux, & des,Animaux a 1'Homme, & produit dans tous la même maladie. Le Virus CO Hiftoire de la Societé Royale de Medecine, 1783. se. partie. K3  l$o De la Rage dans 1'Homme» Vénérien n'infecle pcint les animaux, comme J. Hunter Ta prouvé, & les autres maladies Contagieufes de 1'Homme ne fe communiquent pas aux Animaux, de même que celles de ces derniers ne fe tranfmettent point a 1'Homme. } A raif°n defonyl&ion. On ne remarqué a 1'endroit de la morfure aucune Inflammation extraordinaire, aucun Phénomène, qui puilTe faire foup9onner fa trés- grande énergie. En fe propageant dans 1'intérieur, il s'annonce par des Phénoménes locaux, mais ne lauTe aucune tracé de fon paffage dans les Glandes Lymphatiques, comme on 1'obferve dans la petite Vérole, la Vérole &c. La Playe, faite par 1'animal enragé, fe guérit trés promptement & le plus fouvent fans difficulté. Le membre, ou la morfure fe trouve, ne fouffre presque pas plus, que tout Ie refte du Corps, fi on en excepte les legers Phénoménes Avantcoureurs, qui s'y manifeftent, lorsque 1'Hydrophobie eftprêtea fe déclarer (1). 30 A raifon de fa Nature. Nous ne connailTons pas plus fa Nature, que celle des autres Venins. JVous ne dirons point, s'il eft acide, s'il eft alkaIin, Phofphorique; ce font des chofes, que nous ignorerons vraifemblablement longtems & que nous ne faurons peutetre jamais (2). Car quelques foientles progró*y.que falie la nouvelle Chemie, (O Conf. Fehr, p. 67. §. 72. (a) Frank, p, 3op.  De la Rage dans F Homme. 15* il lui fera bien difficile, pour ne pas dire, impoflible de parvenir au point de pouvoir décompofer les Virus, & démontrer leur nature mtime. §. cm. Tout Individu mordu eft - il fufceptible de deve. nir Enragé, ou iïêtre attaqué a"Hydropbobie Venimeufc? L'expérience a prouvé, que d'un certain nombre de perfonnes, mordues par le mêmeanima enragé, plufieurs n'ont point été attaqués de la Rage, quoiqu'elles n'euffent rien fait pour la piévemrCO. Les Anciens, qui connoiffoient ces Cas auffi bien, que les Modernesavoient admis une explication non fondée, d'après la perfuafion,. ou ils étaient, que 1'animal enragé n'avait que deux Dents malfaifantes, & ils difoient bonnement, que les perfonnes épargnées avoient eu le bonheur de ne pas avoir été mordues avec ces dents. De nos jours on n'admet plus de femblables contes, mais commell'expérienceeftvraie, on a fourni d'autres ex«lications. Ainfi les perfonnes, épargnées après la morfure, doivent leur falut a 1'une des circonftances fuivantes. (O Lister, p. 50. Salius, 1. c. Baudot, 1. c. p. 57. Bouteille, 1. c. p. W Hunter ap. HaMU, ton 1. c. Baldinoer, Neues Magazin. I. B. §. 364. K 4  152 De la Rage dans 1'Homme. 1.) On n"eil pas toujours fdr de la Rage du Chien. Nous avons vü %. XXVII. que les Chiens fe trouvent dans une infinité de circonftances, ou ils mordent, & que le vulgaire confond toujours avec Ia vraie Rage.- Si plufieurs individus font mordus par un tel Chien, on ne manque point d'adminiftrer des Rèmedes a quelques uns; & fi ceux, qui n'ont point pris de Remèdes, ne fubiffent aucun accident; on 1'attribue * une difpofition particulière, & croit bonnement avoir préfervé les autres. a ) La Dent 'de 1'animal enragé rfétant Vénimeufe, qu'autant, qu'elle eft chargée de'la: Save , s'il arrivé, que la morfure fe faffe i travers de vetemens trés épais, elle eft efluyée, en les traverfantj; 'arrivé a la Peau, fans être infédrée, & fait une playe bien moins dangereufe. 11 eft vraifemblable, que cette circonftance a préfervé beaucoup de mordus. 30 Si la playe faigne beaucoup, fi on Ia lave foigneufement tout de fuite après la morfure, il eft poffible, que tout le Virus foit expulfé & qu'il n'en refte point, pour exciter Ia maladie. 4.) Si la playe eft grande, dilacerée, contufe, elle s'enfiammera, fuppurera beaucoup & longtems, & les malades pourront être préfervés par la, fans qu'on ait recours a d'autres moyens; car, comme nous le dirons, le Traitement Local & Ia longue Suppuration de Ia playe eft un article effentiel, & même Ie plus important de la Préfervation.  De la Rage dans PHomme. S53 5.) Peut être que les perfonnes, préfervées fans avoir rien fait, ont été mordues a une époque, ou la maladie n'était p int encore affez developpée, pour que le venin fut contagieux, tandisque d'autres perfonnes, mordues a une époque plus avancée du mal, feront infectées Cela ne parait fcuffrir aucun doute. Mais le normVe des morfures, faites dans un' tems donné, eft il fufceptible de diminuet l'activité du Venin, de maniere que les derniers mordus feront moins expofés? C'eft ce, qui n'eft pas trés facile a déterminer, & cependant me parait affez vraifemblable, car de quelque manière que ce foit, le Venin Rabieux eft depofé, fecerné dans la gorge, & évacué avec la Bave, qui, a raifon de Ia féparation plus ou moins abondante du Miafme Rabieux, fera plus ou moins Virulente. On obfervé' la même chofe dans les Poifons Animaux naturels. Les dernieres morfures du Serpent a fonnette, d'après les expériénces duCapitaine H >ix,ne furent pas auffi promptement mortelles, que les premières CO* 60 Une des principales caufes, pourquoi plufieurs perfounes mordues ne fons point attaquées de la maladie, eft le defaut de receptibilité, le man* que de difpofition néceffaire pour favorifer le développement du Virus CO- J'1HN Hunter & Vau- CO DelaCEPEDE, Hiftoire Naturelle des Ovipares, T. II. p- 417Ca) Schenkius, Obferv. Med. p. 849. K 5  154 be Ia Rage dans F Homme. ghan ont des exemples frappans, ou de ao. perfonnes, mordues par Ie même Chien enragé, une feule eft devenue enragée: plufieurs autres ont obfervé des Faits femblables, comme nous 1'avons dit au commencement de eet article; mais je penfe, que Hamilton donne trop d'extenfïon a ce privilege de certains individus, quand il fuppofe, que de ia a 19 perfonnes mordues une feule devient enragée, ou une feule a la difpofition nécelTaire pour faire développer le Virus. Dans les Individus ainfi préfervés il arrivé de deux chofes 1'une; ou Ie Virus, inoculé par la morfure, eft reforbé & rejetté promptement par un organe dépuratoire fans avoir communiqué le ferment de la contagion au fluide, avec le quel il a le plus d'affinité; ou bien ce Venin refte dans la playe fans actlon; perd par Ie laps du tems fon caracïêre vénimeux & eft détruit a la longue (1). En quoi confifte cette difpofition propre a favorifer le developpement de la Rage? Les Partifans de la Pathologie Humorale, la feront confifter dans la propenfion, que le Fluide, analogue au corrumpu, qui contient le miafme, a a recevoir le même genre de corruption; les Cullenlstes placent cette aptitude dans une plus grande fenfibilité du genre Nerveux, dans une difpofition fplus grande aux Spafmes; aux Convulfions; difpofition,que Bouteille nomme Convulfibilitó (2). Nous penfons, que (1) Conf. Bouteille, p. 183. §. H3. Ca) Pag. 147.  De la Rage dans F Homme. 155 l'un& 1'autrey contribuent, & quoiqu'il en foit , jl n'en fera pas moins vrai de dire avec Salius; Ad omnem aStionem patientis difpofitio requiritur, cujus merito imbecilla corpora citius, fortia tardtusavenenonecantur: & 1'Obfervation deLONGis, rapportée §. 175- P- 264. prouve,qu'il y a une dispofrtion vraiement exiftante dans les individus d'une même familie. ï CIV. Que devient le Venin, depofé dans la Playe? Le Virus eft dépofé dans la Playe. Dequelle manière agit- il? eft. ce feulement par une Irritation Locale comme Pouteau, le Roux, Baudot le prétendent, ou-bien eft-il reforbé? infede-t-il toute la maffe, comme Portal & avant lui, plu, fieurs autres Pont dit? Les opinions font trés partagées a ce fujet,. il eft intéreffant d'examiner, de quclcótéeft Ia verité; ear de la connaiffance-des, effets du Virus & de fa manière d'agir, on peut tirer les Indications les plus précifes pour le traitement de cette maladie. Pour pouvoir déterminer cette Queftion, nous préfenterohs les argumens des partifans de Irritation Locale, & les objections, qu'on y a faites. r.) Le Venin de la Rage ne pénétre pas dans les Humeurs, fi Fon peut expliquer les iymptomes de la Rage fans cette infeStion. Or rien n'eft auffi aifé a concevoir. Le Virus, depofé & ifolé dans*  ■156 De la Rage dans VHomme. la partie bleffée, n'a point d'affinité avec les diver i fes humeurs animales, & par confequent ne fe mêle point a elles CO- Ce Virus exerce feulement fa malignité fur les Nerfs de la partie bleffée, les difpofe infenfiblement a des Spafmes d'une nature fingulière, qui prennent de nouveaux degrès de force & fe communiquent a tout le fyftême Neurologique. Cette Irritation Locale agit de même, que les legères bleffures aux doigts & aux pieds, qui occafionnent le Tétanos. On a beaucoup d'exemples de Convulfions, d'Epilepfie, de Paralyfie, caufées'& èhtretènues par une caufë Locale Irritante, qui ayant été enlevée, a fait difparoitre la maladie. Si des caufes, auffi legères éri apparence, ont pu produire des'Symptomes suffi graves, pourquoi le venin de Ia Rage,- a raifon de fon irritation particulière, ne produintit* il point toute cetté férie de Symptomes, qu'on obfervé dans 1'Hydrophobie,. fans avoir beloiir d'être re-forbé ? II me parait incohcevable, comment on peut décideraüffi legerèmeht & öürrimeon cherche a tout confondre,. en abufant de 1'Analogie. i Je ne nie point, que ces Irritatiens Locales n'ayent produit tous ces Symptomes graves: mais je d^manderai; favezvous, quel changement cette Irritation Locale I produite dans tout le Syfteme Nerveux ? quel genre de depravation a pu s'en fuivre pour exciter ces CO Baudot, p. 93, 95. le Roux, 1. c. Pouteau, L c. > . . ....  De la Rage dans F Homme. 157 effets, qu'on croit bonnement dépendre uniquement de cette legere irritation , tandis qu'ils peuvent dépendre d'une caufe générale , que nous ne fommes pas en état de déterminer, mais qui n'en exifte peut-être pas moins, & a la quelle cette Irritation Locale donne lieu, & qui, lorsqu'elle eft parvenue a un certain point, ne cede fürement pas a 1'abolition de la caufe locale, comme on 1'obferve dans le Tetanos, ou 1'amputation du doigt bleffé n'a pas toujours fait ceffer leSpafme? &pourquoi enfin 1'amputation dans les perfonnes mordues par un animal enragé na-1-elle pas toujours eu des fuccès? & d'ailleurs, n'eft ce point une erreur trés] grave dans le cas ,de Tétanos a la fuite d'une legére blesfure, de n'avoir en vue, que cette bleffure? Combien de fois le Tétanos , dans ces cas n'eft-il pas feulement occafionné par la fuppreffion de tranfpiration, par une difpofition "putride, par des impuretés dans les premières voies? &c. Je fais, qu'on a guéri une Epilépfie Aurale en coupant le doigt, d'ou la fenfation prenait fon origine, mais peut-on fe fervir d'un femblabe fait, pour nier la reforption du Virus Rabieux? quelle difference entre cette caufe de 1'Epilepfie & un Venin depofé dans une playe, & qui par la fuite communiqué fa qualité vénéneufe a la Salive? 2.) Le Venin de la Rage ne pinétre pas dans les Humeurs, parcequ'on ne peut pas prouver rexftfience de cette infcfoon, & qu'on ne connait pas encore de moyen infaillible pour la combattre. La Bave d'un animal enragé, dit le Roux, n'eft  158 De la Rage dans PHomme. point actuellement Vénéneufe; elle n'a qu'une dispofition füre & certaine a le devenir, & «pour cela il faut, qu'elle foit introduite dans une Playe & qu'elle y foit expofée au feu de la chaleur animale, qui feullui donne 1'affreux développement, qui lui eft neceffaire. Vaughan a fait inoculer un Chien avec la Salive d'un enfant, mortHydroohobe; cette inoculation ne produifit aucun effet contagieux, quoiquela Salive eut étéprifepeu dneures avant Ia mort de 1'enfant. On a mangé impunement la Chair & bü le Lait des animaux enragés fans obferver, que J'infection ait eu lieu; preuve certaine, que le Virus n'eft pas abforbé, mais refté dans la Playe & agit feulement localement. L'enoncé de le Roux ne fignifie rien. 'eet Auteur avance auffi, que la Salive n'eft pas contagieufe dans le premier degré du mal, & cependant nous avons aflez fourni de preuves du contraire. L'experience de Vaughan ne prouve rien, s'il y avait 20 experiences de cette nature, alors on en pourrait conclure quelque chofe, mais je dirai feulement, que le Chien, qu'il a inoculé, n'avait pas de predifpofition,-&on fait, que quand plufieurs Chiens font mordus, ils ne deviennent pas pour cela tous enragés. Quand aux Obfervations fur le manger de la Viande &c. on a des Obfervations pour & contre, que nous avons rapportés ailleurs (§. XXXIV.) & Ie Roux même admet, fans s'en appercevoir, une infeflion générale, comme nous I'avons dit c'y devant. §. IV. 30 Le Vtnin de la Rage ne pénétrc point dans  De la Rage dans PHomme. 159 les Humeurs, puisque le Traitement Local guéritt & tous les Praticiens s'accerdent d regarder le Traitement Local, comme le plus fdr moyen de prevenir F Hydropbobie. Ceci ne doit s'entendve, que du Traitement Local, employé peu après la bleffure, & pratiqué de manier a detruire tout le Virus, contenu dans la Playe, avant qu'il ait commencé a pénètrer dans 1'intérieur; Car lorsque cela arrivé, le Traitement Local n'eft plus feul fuffifant, & d'ailleurs plufieurs Praticiens lenégligent , a laverité, atort, maïs cependant ils ont préfervés beaucoup de malades, & on ne peut pas dire, que parmi tous ces malades, ilne s'en foit pasremontré un, qui ne fut devenu enragé, fi on ne Peut pas traité. Nous efperons, avoir demontré le peu de fondement de 1'opinion des partifans de 1'Irritation Locale, & nous conclurons. Le Virus Rabieux, depofé dans une Playe, peut y refter plus ou moins longtems, fant être réforbé, car, comme difait Hewson, il y a des Virus, qui demandent plus de tems, que les autres pour être reforbé, & nous ne pouvons déterminer, combien de tems le Virus Rabifique peut ainfi refter caché dans la Playe, fans manifefter fa préfence. Mais ce qu'il y a de trés für, c'eft, que dans les perfonnes aptes a le développer, il fe manifefte au bout d'un tems plus ou moins long; eft enfin reforbé, & nous croyons1, que le moment de fon introduétion dans le torrent de nos humeurs eft marqué par les Phé-  l6o De la Rage dans 1'Homme. nomènes1, qu'on obfervé a 1'endroit de la morfure , & dans tout le Corps dans le fecond période de la maladie. $. LXVJI. feq. S- cv. Des Effets du Virus Rabieux fur tout le Corps. e II eft impoffible de nier la reforbtion du Virus Rabifique, & nousfcroyons, que la refutation des argumens contre, eft fuffifante, pour mettre la chofe hors de doute. Mais fur quoi agit le Virus? Les opinions font trés différentes. Voyons, quelle eft fon aciion fur les Fluides & les Solides du Corps humain. S. CVI. A.) AEtion fur les Fluides. i.) Aciion fur le Sang. a.~y D'après des traces d'inflammation, que 1'on remarque dans quelques Cadavres, le grand Boerhave crut, que le Venin Rabifique imprimait au Sang & aux Humeurs un caractère inflammatoire. Mais les ouvertures de Cadavres plus multipliées; tous les Phénoménes de la maladie; 1'état du fang', evacué dans ces circonftances & qu'on a trouvé parfaitement naturel, prouvent, que eet effet n'a point lieu. '0  De la Rage dans l'Homme. l6l b.") D'autres ont penfé, a raifon des marqués de diffolution, que 1'on obfervé dans la pluspart des Cadavres, que le Virus lui imprimait un caraclère de putridité & que la maladie était une Fievre putride maligne; mais ceci n'eft, qu'un effet de la maladie, & non fa caufe. Car fi on réfléchit a 1'état d'un Hydrophobe, tourmenté par des Convulfions horribles; a 1'état d'Eretifme, dans le quel il fe trouve, & qui empêche la maffe des fluides, de fe debaraffer des parties acres & putrides par les divers Emonctoires, qui retenues caufent les plus grands defordres : fi 1'on confidère en outre 1'imposfibilité de faire entrer dans le corps le moindre fluide , propre a attenuer, invifquer ces particules acres; il ne fera pas difficile, de concevoir, que dans ces circonftances la partie fibreufe du Sang foit denaturée, decompofée, & que le Sang, par cette raifon ne fera plus capable , de former un Coagulum, mais qu'il reftera fluide dans les cavitès du Coeur, comme on 1'a Ie plus fouvent obfervé, & lorsque la mort furvient, avant cetteparfaitedégénération de la partie fibreufe, on trouve le Sang eoagulé dans les cavités du Coeur. Morgagni 1'a trouvénoir, concret, poifleux, comme nous 1'avons dit cy devant. I §. CVII. 3 ) AStion fur la Lymphe. Selon Haas le Virus paroit agir de préférencs L  iöa De la Rage dans VHomme. fur la Lymphe; il la vicie; la rend acrimonieufe,& cette derniere infecte enfuite le Fluide Nerveux (i). C'etait auffi 1'opinion de Hüxham (2). / §. CVIII. 3.) AStion fur la Gratie. James croit, que le Venin Rabieux a fon fiège dans le Tifiu Cellulaire. Cetiffu,préfent dans toutes les parties, peut être facilement infecté par une morfure quelconque; Ie Venin, qui y e(l depofé, s'étend d'une celluie a une autre & ainfi de fuite jusqu'a ce qu'il ait corrompu une certaine quantité ée Graiffe. Cette Graiffe, ainfi corrompue, inficie Ia Bile, & cette Bile acre, depravée, eft fuffifente, pour exciter tous les Symptomes, qu'on a obfèrvés. Cette explication ne nous parait point admiffible. Nous ne nions point la dépravation de la Bile, des Sucs digeftifs, comme fuite de la maladie , mais nous ne les regardons pas comme la caufe. Car tout le monde fait, combien les vives agitations nerveufes ont d'effet fur la Bile, fans qu'on puiffe toujours prétendre, que ce foit Ia corruption primitive de cette derniere humeur, qui entraine les accidens Nerveux. (O L. c. g. VIII. p. 39- (2) Opera Omnia, T. II. p. 76.  De la Rage dans PHomme. 16*3 f. CIX. 4.) AStion fur les Nerfs. La pluspart des Praticiens ont placé avec raifon 1'Hydrophobie parmi les maladies Nerveufes CO' Democrite en placaic la caufe dans les Nerfs, & les Phénoménes de la maladie ne permettent point de douter, que ces Organes ne foient les parties principalement affeftées. Mais de quelle maniere fouffrent les Nerfs? r.) Les Partifans de 1'Irritation Locale n'admettent fimplement, que cette Irritation, qui fe propage peu k peu k tout le Sylteme Nerveux. 2.) Les autres penfent, que ce Virus infecte, corrompt le Suc Nerveux, qui dans 1'état de fanté nourrit les Nerfs, & entretient leur foupleffe, & ce fentiment k été embaraffé par C. L. Hoffmann Profeffeur a Maience ; & il lui femble le plus vrai. femblable, vu que le Venin de la Rage eft le feul, qui fe tranfmette des Animaux a PHomme, & v'u CO La Rage eft une maladie véritablementConvulfive; leSpafme, occafionné par 1'affection du Cerveau, attaque principalement 1'Oefophage & les mufcles, qui fervent i la Déglutition. Van der Monde Journal de Medecine, T. 14- p. 32T. la Maladie eft unc Efquinancie Spafmodique; 1'Hydrophobie & la Rage n'en font que des Symptomes. Bouteille, 1. c. p. 139. 143. Con.. Nu«emt, F*ank, p, 323, Vaughan, Gray. L »  164 De la Rage dans PHomme. Fidentité du Fluide Nerveux dans 1'Homme & dans les Animaux, puisque la Nature n'avait befoin de ce Fluide, que pour le fentiment & le mouvement: il était dans 1'ordre, qu'elle lui donnat dans tous !es Animaux les mêmes propriétés, & de la la tranfmifiion de ce Venin de 1'Homme au Quadrupédes, puisque le SucNerveux dans 1'Homme» était le même, que celui du Chien; eft fufceptible de contracter, a raifon de fon affinité, la même dégé» reration, qui lui eft communiquée par une portion de ce même fluide, vicié dans le Chien, & conflituant le Venin Rabieux. Le Venin Rabieux fe mêle avec le Suc Nerveux de l'aniraal fain, qui en a été infectée', & avec le quel il a le plus d'affinité, puisqu'ils font de même nature, & excite dans ce fuc une fermentation, une corruption telle, que celle, dont il eft impregné, & qui rend la Salive de 1'individu mordu, capable de communiquer la vraie maladie (i). Si cette opinion n'eft pas demontrée jusqu'a 1'evidence, j'avoue, qu'elle me parait trés vraifemblable, mais attendons tout du genie de ce grand Homme, qui nous prefentera, j'efpere,run jour cette idéé, cette opinion dans tous les développemens, dont elle efl: fufceptible. (i) Hoffmann von dem Pocken atfr. Theil Vorrede pag. 40. Hai.t-NKf.il und Mpzler, Medlc Chirurg. Zeiturg, 17op. T. IV, p.s<5. Wedel, Diflert. cit. p. 16.  De la Rage dans PHomme. f. CX. i65 r f.) ABion fur la Salive. II eftdemontré, que Ia Bave de 1'animal enragé contient le Virus Rabieux. Mais comment fe fait cette infeclion de la Salive? Chacun a expliqué ce Phénomene d'aprês fon idéé favorite. «O Pouteau, leRoux, Baudot , partifans de 1'Irritation Locale, qui ne veulent point, que le Virus foit reforbé, fuppofent, qu'araifon de 1'Erétifme général, ou fe trouve tout le genre Nerveux, il fe fait dans les Voies Salivaires une modification fingulière, contre nature, au moyen de la quelle ces Organes féparent au lieu d'un fluide bienfaifant, un fluide délétere, qui a Ia proprièté d'exciter dans un autre individu, une femblabe modification des Solides, qui amenera la perverfion de ce fluide de la même manière. 2. ) Ceux, qui admettent lareforbtion du Virus, attribuent Pinfeclion de la Bave a 1'effort, que fait la Nature pour évacuer par les voies Muqueufes &Salivaires du Gofier & de la Bouche, le Venin acre, qui produit tous les troubles, dont elle eft agitée, mais que c'eft envain; que ce n'eft, qu'un effort infructueux, non falutaire, & que la Nature fuccombe dans cette lutte 3. ) Enfin, felon quelques autres, la Nature évacué par les Poumons, comme par 1'organe dépuratoire le plus général , puisque tout le fang dojt lestraverfer, le Miafme Rabifique, qui fe mêlant avec L 3  l6ö, L>c Ja Rage dam F Homme. les iu.cs du Cozkr & la Salive, s'incorpore avec eux & leur communiqué la faculté de propager la maladie, de manière que la Bave n'eft que le vehicule de ce Virus. De quel coté eft la verité ? c'eft ce qu'il ne m'eft pas poffible de déterminer, mais je penche a croire, qu'elle eft dans 1'une de deux derniers explications , & qu'il n'eft pas invraifemblable, que la Nature cherche a fe debaraffer par ces deux voies, en roêmes tems, quoique la dernière ne me paroiffe pas mériter la preference, puisque le Rage ne fe communiqué point par Ie Halitus Pulmonaire, & qu'il faudrait fuppofer, qu'il fe combine dans la Gorge avec les Sucs Muqueux, & n'eft point porté au dehors fous la forme de Vapeurs. $. CXI. B.) AtJion fur les Solides. Le Venin Rabieux eft un de fon efpèce; étant depofé dans une playe, il y féjourne, y fermente, s'y développe après un laps de tems plus ou moins confidérable, felon le degré de difpofition de 1'individu , qui 1'a recu. Tranfporté dans la maffe des humeurs, il parait agir de préférence fur le Suc Nerveux, qui nourrit les Nerfs, ou fur le Suc, qui, d'après van der Haar, fert d'enveloppe a la fubftance medullaire, qui compofe les organes; il Ie corrompt; ce fuc corrompu irrite les Nerfs; produit tous les mouvemensSpafmodiquesextrêmes,  De la Rage dans PHomme. 167 qui caraétérifent cette Maladie. La Nature tache de fe debaraffer de cette humeur acre en la jettant fur les organes Muqueux de laGorge, chargés de la tranfmettre au dehors, ou en la faifant forti* par la voye des Poumons, comme on le prétend, mais fes efforts font inutiles, & elle fuccombe après avoir employés des forces extrêmes, qui entrainent promptement la ruine de la Machine par la diffipation des Principes de laVie. §. CXII. Des Différentes efpeces d''Hydropbobie. Nous aVons demontré jusqu'a préfent, que 1'Hydrophobie ou 1'horreur de 1'Eau pouvait dépendre de 1'une des caufes fuivantes. t.) De la morfure d'un Animal enragé. 3 ^ en Colère. 3. ) De diverfes maladies intèrnes, dans les quelles on 1'avait obfervée quelquefois. 4. ) D'un vice dans 1'Imagination, Toutes ces Hydrophobies font - elles de la même nature, ne conftituent-elles que la même maladie? C'eft ce que nous voulons examiner. II eft trés vraifemblable, comme le remarque Bader, qu'on n'a eu autant de variétés dans les opinions a raifon de 1'Hydrophobie, que parcequ'on aconfondu les diverfes efpèces,& que du moment, ou un individu a eu horreur de 1'Eau, on n'a cru avoir que la même maladie a traiter, & plufieurs L4  Iö8 De la Rage dans l'Homme* fe font perfuadés, que 1'Hydrophobie, obfervée dans 1'inflammation de la Matnce, & celle, produite par Ia morfure d'un Chien enragé, était la même chofe; mais cela efl faux. L'Hydrophobie, fuite d'une Imagination frappée, ne peut pas non plus être de même nature, car on ne dira pas, que dans tous ces cas Ia Salive foit contagieufe, & fusceptible de produire la même maladie dans 1'Animal , au quel on 1'inoculera; de la la néceffité de diftinguer plufieurs efpèces. Mais avant de paffer plus loin, voyons, en quoi confifte le Symptome Hydrophobique. S- CXIII. Tous les accidens Nerveux ne dépendent, que d'une réaétion du Cerveau, qui fe manifefte principalement fur telle ou telle partie, felon que Ie point au Scnforium commune, fympathifant avec telle ou telle partie, eft affecté, & qui étant portée a un trés haut degré, porte enfuite Ie trouble dans toute la machine. Dans la maladie, qui nous occupe, il y a une impreffion tres vive dans Ie Cerveau a 1'endroit, qui eft en plus grande Sympathie avec les organes de la Déglutition, Le Principe Confervateur employé des m >uvemens extraordinaires, pourfe débaraifer de Ia caufe, qui 1'excite, & ces mouvemens de fenfibilité & de contraction augmentés, &portés au dernier degré, fe manifeftent fur tout dans les organes de la Déglutition, & dans les points, ou fe diftribuent les Nerfs Gloffo-  De la Rage dans Ftfomtrte. ï6o Pharyngiens & Vagues, dont ia fenfibilité eft modffiée de,telle forte, que Pattouchement des fluides y caufe des Douleurs atroces, fuivies de Convulfions générales, & de la cette impoflibilité |d'avaler des fluides, malgré tous les effbrts, que beaucoup d'Hydrophobes font & malgré la bonne volonté, que plufieurs d'entre eux témoignent. Cela pofé, tout ce, qui pourra produire fur le Senforium commune cette impreffion particulière, pourra donner lieu a la même réaction, c'eft a dire, pourra exciter cette modification particulière dans la fenfibilité des parties mentionnées, & leur rendre le contact (Puh fluide , infupportable & produire 1'Hydrophobie comme Symptome de eet état du Cerveau, fans que cette Hydrophobie foit toujours la même, quant a 1'eflence de Ia caufe, caracterifée dans la Vénéneufe ou fuite de la Morfure d'un animal enragé, par la dépofition du Virus furies parties de la Gorge, & par la Vénénofité acquife de la Salive, qu'on n'a point obfervé dans les autres efpeces. D'après tous les Faits, connus jusqu'a ce jour, on peut ranger toutes les efpeces d'Hydrophobie fous quatre efpeces différentes, comme Bader 1'a fait. I.) L'Hydrophobie Vraie, Contagieufe, Venimeufe, developpée Spontanément, furtout dans les Chiens & communiquée a PHomme & aux autres Animaux, par 1'inoculation de la Bave, dans une Playe, & trés rarement par le fimple contact de la L5  170 De la Rage dans 1'Homme. Salive furi la Peau intacte & recouverte de fon JEpiderme. 3.) L'Hydrophobie par la feule Imagination dans les fujets, qui craignent de devenir Hydrophobes. 3. ) L'Hydrophobie Spafmodique, Tétanique, occafionnée par une lefion des Nerfs, propre a exciter dans des fujets trés fenfibles, un Spafme uniVerfel & une contraction Spafmodique dans les organes de la Déglutition. 4. ) L'Hydrophobie Symptomatique, qui parait dans le cours d'une maladie quelconque. §. CXIV. ire Efpèce. Hydropbobie Vraie, Venimeufcy Contagicufe. Ses caraélères font les fuivans. 0.) Elle fe développe le plus fouvent Spontanément dans les Chiens, qui par leur morfure la communiquent a PHomme, & aux autres Animaux. b.~) Elle fe déclare plus ou moins de tems après la morfure, & eft prèsque toujours, ou pour mieux dire, toujours, précédée des Phénoménes locaux & généraux, dont nous avons fait mention, & qui prouvent, que le Virus va commencer fes ravages f$. LXV1IL LXX.> c) L'impoffibilité d'avaler des fluides & I'horreur de 1'Eau, Paccompagnent ordinairement: quoique ces Symptomes foyent fujets a plufieurs  De la Rage dans ?Homme. 171 variations, on ne peut malgré cela que les regarder comme conflans §. LXXI1I. La déglutition des folides a ordinairement lieu fans beaucoup de diffi. culté §. LXXIV. d. ) Les yeux ont le caracïère particulier, decrit §. LXXIX. e. ) Le defir du Coït eft extréme, & dans les Intervalles des accès, fi un malade voit une perfonne du fexe, il lui fera des invitations preffantes. §. LXXXV. ƒ.) Tous les Nerfs, qui fervent aux fenfations, font dans un état de fenfibilité, porté au dernier degré, de manière qu'ils font irrités par la plus legére caufe, qui ne fait aucune impreffion. fur les Nerfs d'une perfonne en fanté §. LXXV. g.) Si on inoculé de la Bave de ces individus 4 plufieurs Animaux, ou fi ces derniers font mordus par un Animal attaqué de cette efpèce de Rage, & qu'il ait la difpofition requife, la Rage s'y développera. $. cxv. Tels font les caradères généraux de cette première efpèce d'fiydrophobie, qui eft la vraie & la plus dangéreufe, mais qu'on doit diftinguer en deux variétés a raifon de 1'Enfemble de tous les Symptomes. L'une eft caraétérifée par la violence & 1'atrocité des Symptomes, qui indiquent des forces, vigoureufement deployées. On la nomme Rage Chaude.  174 De la Rage dans l'Homme. Dans 1'autre une foiblefle extréme, 1'extinftion en partie de la chaleur animale, n'offrent que des fignes de 1'anéantifrement des forces vitales. C'eft ce qu'on peut appeller la Rage Froide fji). Ces deux diftinétions font importantes a raifon du traitement. Quand a la durée, on peut diftinguer la vraie Rage en Aigue & en Chrcnique. La Vraie Hydrophobie eft trés aigue, puisqu'il eft prèsque inoui, que les malades ayent vecu jusqu'au feptième jour, & que rarement ils atteignent le quatrième après 1'apparition de 1'horreur de 1'Eau. La Vraie Rage peut-elle être Chronique & revenir par accès après des intetvalles plus ou moins longs? On ne peut fe refufer a admettre les Cas, mais ils font bien rares, & je n'y rapporterais, que ceux, ou les malades ont eprouvé conftamment des Phénoménes Avantcoureurs a Pendroit de la morfu. re, comme dans 1'Obfervation de Griesley, §. XCVIL f. p. ou il eft vraifemblable, que le laps du tems, les fréquentes fuppurations de la playe avaient affaibli le Venin, & permis a la maladie de trainer en longueur; mais tous les autres Cas, rapportés au même §, me paroiflént appartenir a la feconde efpèce d'Hydrophobie. La parente d'Abel Roscius pourrait être rangée dans la même claffe, que 1'Obfervation de Griesley , mais en (O BouTiiLLs, pag. 109.  Le Ja Rage dans PHomme. 173 1'accordant pour les premiers accès, annoncés par les douleurs a la cicatrice, je ne pourrois me decider a attribuer les accès plus fréquens, furvenus après aoans, a la même caufe. D'après tout ce, que nous avons dit fur le caractère de la Vraye Rage, il eft évident, que le grand Morgagni n'avait pas eu tort de la defi- nir: Hvdrofibobia teculiaris quaedam Angina efl, £t a certo quodam & peculiari veneno orta (1). §. CXVI. 3* Bfpece. Hydropbobie par vice de Plmagi'nation. Qui neconnoit point les effets d'une Imagination tr®ublée,'derangée, quiopprimé, pour ainfi dire, la raifon, & privé 1'ame de la faculté de juger? Si tant de manieres nz doivent leur caufe, qu'a ces effets, (2). ' comment ne pas concevoir, que 1'homme pufillanime, tourmenté fans ceffe par 1'idée effrayante de dévenir enragé & de mourir dans ce miférable état, puiffe, 1'Imagination toujours occupée de cette idéé finiftre, être enfin per-. (1) Epift. VIII. No. 21. (2) Mcratori , uber die Einbildungskrafft der Menfchen, heransgegeben vonRiCHARZ, 2er. Theil. 8ew Capkel.  -174 De la Rage dans F Homme. fuadé, qu'il ne peut rien avaler, & rééllement refufer de boire & de manger, comme nous en avons tant d'exemples §. XCV. XCVII. ? Mais j'amais on n'obferve dans ces Sujets la férie des Symptomes caracteriftiques de la Vraie Rage. Plufieurs même n'ont point eu 1'horreur de 1'Eau, mais font feulement devenus melancholiques, foux; ils n'ont jamais rejetté de la Bave, & leur Salive n'aurait certainement pas communiquée la maladie a 1'individu, auquel on Paurait inoculée. $. CXVII. 3»e Efpèce. Hydrophie Spafmodique, Tetanique. Dans leSpafme de la maclioire inferieure, (fTrisvius") dans le Tétanos, la déglutition eft: toujours plusou moins lefée felon Ie degré de Spafme, au quel les mufcles du Pharynx font en proye. Elle fe fait quelquesfois avec un foulevement de coeur bruyant; d'autres fois avec ua certain bruit dans la gorge; fouvent elle eft entièrement impoflïble & tout ce qu'on fait entrer dans la bouche, eft rejetté avec violence. Qu'un homme foit attaqué de pareils Sympcomes a la fuite de la morfure d'un CoqS'en Colère, qui lui aura pincé fortement Ie doigt, il y en aura certainement bien affez pour 3e caracterifer Hydrophobe, & furtout, fi les asfiftans impatientent, vexent, 6c tourmentent le malade pour le faire avaler; mais eet état, quoique  De la Rage dans PHomme. 175 trés dangéreux, ne doit point être pris pour la vraye Hydrophobie; on ne rémarque point les Symptomes de cette derniére; on n'obferve point dans ces fujets ces Symptomes caradteriftiques de la Vraie Rage, & on n'a regardé quelques uns de ces bleffés comme Hydrophobes, que parcequ'on a feulement fait attention i la lefion dans la Déglutition , dont ils font affeftés. Enfin leur Salive n'eft pas vénéneufe. Les bleffures, faites par les Chiens, qui fe trouvent dans 1'un des etats décrits §. XXVII. par les Animaux en colère §. XXVIII., appartiennent a cette claffe, & les Accidens, c[ui les ont accom. pagnés, doivent être attribués ou a la lefion des Nerfs, ou a des Caufes Accidentelles, qui favoriferent 1'apparition du Trifmus & du Tétanos CO & auffi dans quelques Cas, trés rares a la verité, k 1'infeétion de Ia Salive dcre, denaturée, rendue véneneufe par un violent accès de Colère C§« XXXII. 6b. 4.) mais non Rabieufe. Lorsqu'on examine tous les Faits de cette nature, dont nous avons rapporté les principaux CS- XXVIII.) on voit, 10.) que dans Ie P,us Srand DOmbre <3e ces Cas, les perfonnes mordues n'ont été expofées, qu'aux accidens d'une playe contufe, dilacèree, qui s'eft guérie après une fuppuration convénable. CO Vjd. J. F. Bonner, Diff. de Trifmo ex vulnere, Gotting 1784. Phiwp Adam Hoelder, Pra?fid. G. Qn Storr, piiT. de Trifmo, Tubing 1780.  l7ó De la Rage dans F Homme. 30.) que les exemples d'hommes, qui fe font mor» dus eux mêmes, dans un accès de colère, & qui font morts promptement Hydrophobes, femblent plustöt appartenir a 1'Hydrophobie Symptomatique, excitée par une violente Paffion de 1'ame, qu'a 1'Hydrophobie Contagieufe. 30.) Quant aux perfonnes, mordues par des animaux en colère, & qui font, dit-on, devenues rééllement Hydrophobes, il eft a croire, ou qu'on s'eft trompé fur le vrai état du Chièn, qui était dans le premier degré de)la Rage; ou bien, qu'on a confondu 1'Hydrophobie Spafmodique, fuite de 1'Irritation Nerveufe, portée a un point plus confiderable, que dans les autres Obfervations, ou les fujets mordus ont été gueris, avec la vraie Rage. —— Enfin dans la pluspart de ces Gas, les Symptomes étaient evidemment dus a la léfion des Nerfs, puisque les individus ont été attaqués, dans le moment de la morfure, de douleurs trés vives dans la partie mordue, & que les Accidens fe font developpés beaucoup plus vite, qu'ils n'ont coutume de le faire dans la vraie Rage. Je rapporterai auffi a cette efpèce toutes les Obfervations §. LXIV., ainfi 'que la bleffure faite par le Chien furieux, dont parle Falkener (i). L'Obfervation d'une playe a la jambe par un Chien, fuivie de Tétanos, & communiquée par Bosouillon (2) & celle d'une jeu • ne (O Ap. Andry, Mem. de 1778. p. 501. (2) Ap. Cullen, T. 111. ad §. 1525. 3. p. 605.  De la Rage dans PHomme. 177 ne fille de 12. ans, qui n'eut, qu'une contufion au talon, faite par les Dents de 1'Animal, fans Playe , & qui foufFrit des accidens nerveux trés graves CO Quant a 1'Obfervation de -la contufion par les Dents de 1'Animal, rapportée par SchmucKer & iuivie deux mois après de 1'Hydrophobie CO je crois, qu'il y a eu une playe trés petite, imperceptible, ou que 1'Hydrophobie était Symptomatique, §. CXVIII, 4>m Efpèce. Hydropbobie Symptomatique Spontanée de quelquesuns, Nous avons rapporté §. XLVI. a peu prés tous les exemples connus de cette efpèce, qui eft un Symptome rare, dü a une Irritation particulière du genre Nerveux, produite le plus fouvent par des matières acres, fejournantes dans les premières Voies. Brif.u lui trouve beaucoup d'analogie avec 1'Epilepfie Bilieufe; mais ce, qu'il y a de certain, c'eft que les evacuations, excitées par le Vomiffement, font trés avantageufes dans la pluspart de Ces circonftances. Cette efpèce eft toujours précedée des Symptomes de la Maladie, dont elle eft un Epiphénomène. CO DifT. cit. p. 14. C2) Chirurg. Wahrnemungen , T. II. p. 555. M  178 Be la Rage dam PHomme. Pars la fuite de eet Ouvrage nous ne parierons, que de 1'Hjdrophobie Vraie, Venimeufe, qui fe prrpage par 1'Inoculatior. %. CXIX. Prognoftic de la Rage Vónimeufe. m La morfure d'un Chien enragé produit une des plus affreufes Maladies, & le Prognoftic efl en général finiftre, cependant voici quelques Données, d'après les quelles on peut 1'affeoir. I.) L'infection fe fait ordinairement par une Playe, dans la quelle la Bave eft depofée, & voici ce que Ton doit remarquer a ce fujet. dj L'experience journalière prouve , que les plus petites Playes produifent auffi bien la Rage, que les grandes (1). b.j Les Playes au Vifage ne font pas auffi dangéreufes. que 1'a dit Palmarius, que les regardait au defius des refourees de 1'Art < fous le vain prétexte, que le Venin parvenait plus promptement aux Glandes Salivaires, comme fi les Vaisfeaux Lymphatiques de cette partie fe terminaient dans cette Glande, & comme fi les effets du Virus n'étaient pas düs a 1'impreffion générale fur toute la Machine,) car on a préfervé beaucoup de perfonnes, qui avaient été bleffées a la Tête, au Vi- (ij Baudot, I. c. p. 98.  De la Rage dans PHomme. Ï79 lage (1). Ces morfures au Vifage, font, toutes chofes égales, plus dangéreufes, parceque, a raifon de la partie, il efl difficile de détruire le Virus complettement, ce qui doit furtout s'entendre des playes aux Joues, ou il peut trés facilement refter Un peu de Venin dans un coin, & ou 1'on n'ofe point, par la crainte de la difformité, employer les Moyens Locaux avec 1'énergie, qu'ils exigent, c.) Une grande Playe eft, de 1'avis de tous les Praticiens depuis 1'antiquité jusqu'a nos jours, préférable a une petite (bien entendu, qu'il n'y aura ni groffe Artere, ni gros Nerfs de dechirés) fur tout, fi elle faigne bien & fuppure longtems. Neque vero tantopere metuenda in demorfis a Rabido majufcula vulnera, quantopere minora, quippe majori e vulnere fanguis copiofior emanans confer> tim, virulents liquoris nonnihil fimul ac femel exhaurire poteft, dit Discoride (2). d) La multiplicité des Playes rend le danger plus grand & prèsque inévitable, parcequ'il eft difficile, pour ne pas dire, impoffible, de les trailer toutes de maniète, a ce que 1'on détruife complettement le Venin dans chacune d'elle. Un Malade avait 20. playes, qui occupaient toute la Face depuis le Coronal jusques au deffous du Menton, y compris les Oreilles, avec déchirement des (1) Le Roux, p. 68. feq. 81. Hifi, de la Socièté de Medecine, 1783. 2me partie. p. 133. — Baudotp. 115. &c, Ca) Libr. VI. Cap. I. M 3  l8o De la Rage dans 1'Homme. Chaiïs, pénétrant jusqu'aux Os. II ne put échappera 1'Hydrophobie, malgré tous lesfoins, qu'on adminiftra CO» Le Roux cautérifa bien plufieurs Playes a la Face d'un enfant, mais il en négligea une au grand angle de 1'Oeil; ce fut celle, qui préfenta par la fuite, lorsque les autres etaient deja cicatrifées, les Phénoménes Precurfeurs, & ce malade mourut Hydrophobe CO- Sabatier applicale Cauftique avec la plus grande précaution, malgré cela fon malade mourut Hydrophobe. II avait 25. playés & 50 égratignures C3> L'expérience prouve en effet, '{.*) Que lorsqu'on a eu foin de dilater la Playe, de la faire faigner, d'y ex citer une inflammation & une longue fuppuration, on a prévenu la maladie, & Schmccker (2), le Rodx ($), & un grand nombre d'autres rapportent des Obfervations, qui rendent le fait indubitable, puisqu'ils n'ont prèsque point donné de Remèdes Internes, & qu'on ne peut fuppofer , qu'ils n'ont juftemcnt eu a faire qu'a des perfonnes non fufceptibles d'infecrion. 2. ) Lorsque 1'on a négligé Ie Traitement Local & qu'on s'eft borné aux Remèdes Internes, foi difans Specifiques, les fujets font morts, viclimes de leur opini&treté, ou de celle des perfonnes, qui les ont traitées, & cette différence de fuccès a été obfervée fur des individus,mordus par lemême Animal, & dont ceux , traités localement, ont été préfervés; tandis que ceux, qui n'ont pris que des Remèdes Internes, font morts. 3. ) Dans les Cas, ou 1'on a fcarifiê, dilaté la Playe & entretenu une longue fuppuration & en même temsadminiftré des Remèdes Internes, il ne faut pas croire aveuglement, que les Remèdes ont (O L. c. p. 323- 323. O) Chirurgifche Wahrnemungen', 2. B. 5. (3) P. 68. 74' 80. Si.  De la Rage dans 1'Homme. air rééllement préfervé, car il ya toujours beaucoup de préfomption pour attribuer la guérifon au Trai. tement Local. 4-) L'expérience prouve, que, lorsque Ia Playe eft confidérable, très; contufe, s'enflamme, & fuppure beaucoup, on a peu a faire, puisque la Nature prévient par fa le Mal. Un Chat enragé mordit un Monfieur & fa Servante. La Playe du prtmier étoit trés petite, fe cicatrifa bientöt & il mourüt peu après de 1'Hydrophobie. La Playe de la Servante étoit a la jambe, & un peu plus grande; il furvint une inflammation; un gonfflement confidérable a la jambe ; la playe fuppura pendant fept mois, & la Alle n'eut aucune mauvaife fui« te (i). LASsERé & Guillemeau ont vu des Playes trés graves a la force dans 3. fujets, faites par un Loup enragé, qui font guéri fans occafionner le moindre Accident, & dont onne peut attribuer 1'heureufe iffue, qu'a la Suppuration, qui a eu lieu (2). (1) Vid. Fothergill ap. Andry, 1776. p. I53. Medical Obferv. and Inquir. Vol. V. Art. XIX p. 195. (2) Journal de Medecine, Mars 1773. p. 240. ap. Andry Mem. 1778. p. 463., O a  SI2 De la Rage dans PHomme. §. cxLir. Quel efl le Traitement Local, que Pon doit próferer. Nous avons expofé cy devant les diverfes Méthodes, qu'on a fuivies pour anéantir le Venin dans la Playe & en faciliter la fortie, & nous avons vu, qu'on avait cherché a arriver a ce but, en fuivant divers procédés. Lequel d'entre eux a la préferance? c'eft ce qu'il n'eft pas facile, de déterminer. J'efpere, que les expériences d'autres Praticiens conftateront 1'efïïcacité de la Méthode de Moni-ta & alors on n'aura pas befoin de 1'Excifion, des Cauteres, & certes ce fera bien le Traitement Local le plus facile, mais jusqu'a ce que nous foyons plus affurés de fon efficacité, je penfe, qu'on doit fuivre un autre route. Voici donc la conduite, que je crois la plus convenable. i.) On nettoyera bien avec de 1'Eau & du Vinaigre la Playe & fon voifinage de la Bave, qui peut y avoir été depofée. q.) On examinera attentivement la profondeur de la Playe: s'il n'y a que fimples piqüres, il faut les fonder, pour en reconnoitre la profondeur, & on les fcarifie.au moyen de deux incifions, qui les changent en une Playe longitudinale, — ou bien, felon la partie, en étoile; il faut fcarifier de dehors en dedans , & non de la Playe vers les parties & changer de Lancette, ou de Biftouri ou bien laver Pinftrument dans de PEau de Savon après cha-  De la Rage dans F Homme. 213 que Scarification. On laifTe faigner, & on favorife 1'iffue du fang, en baffinant la partie avec de 1'Eau chaude, & une Eponge, ou en la plongeant dans L'Eau, ü cela eft poffible; lorsque le fang s'arrête, on panfe 3 fee, ou mieux ou remplit la Playe de Charpie, trempée dans le Vinaigre. 3.) Quatre ou cinq heures après on öte cette charpie, & on cautérife la Playe. a. ) Le Beurre d'Antimoine mérite la préférence & on a foin, de 1'appliquer avec une Sonde de bois, de manière que tous les points de fa furface foient exaélement touchés par le Cauftique, & ce Cauftique a Papprobation de ee Roux, Enaux, Chaussier, Colombur, Thomassin (i) dans la pluspart des Cas. b. ) Si le voifinage de gros VaifTeaux; de gros Nerfs nous empêche de mettre ce Cauftique en ufage, alors on peut fe fervir de la Solution Caustique de Mederea, ou d'un mélange de parties égales de Savon & de Chaux Vive, qu'on peut préparer fur le champ, ou bien on faupoudre la Playe de Poudre de Cantharides. c. ~) Le Cautère Aétuel ne nous parait point auffi für, que le Cauftique Potentiel, par les raifons, que nous avons declinées plus haut, & il nepeuttrouver lieu, que dans les circonftances, ou la Playe eft difpofée de manière a être complettement brülée dans une feule application & dans les Playes, CO AP- Meckel, Archiv. der Praftifchen Arztiei?irisfenfehaft, Theil p. «51. 03  214 De la Rage dans PHomme* qui atteignent 1'interieur de la bouche. Je fais a la verité, que Deck confeillé, d'en brüler toute la furface, tous les recoins avec un Stilet rougi au feu; mais ce procédé ell trés long, trés douloureux & bien moins für, que le Cauftique. II faut employer ces moyens férieufement, & ne pas croire, qu'une applicarion fuperficielle foit fuffifante; c'eft avec raifon, que Aepli dit: Un peu de Scarification ; un peu de Ventoufe; un peu de poudre de Canharides ne fuffic pas pour détruire tout le Vi. rus Cap- Raiix, Gazette de Santé, T. II p. 497.) 4. ) Après 1'application du Cauftique on met fur la partie un Emplfiftre Veficatoire; a la levée de eet Ernplatre on ouvre les Veflies, & on applique un linge , garni d'ünguent de la Mere ou d'un autreSuppuratif; je prc'férerois unLiniment, fait avec deux parties d Huile d'Olives, & une partie de bon Vinaigre, & on attend la chute de PEfcare, qui arrivé au bout de quelques jours. 5. ) Lorsque 1'Efcareeft tombée , on met dans 1'ulcère felon fa grandeur un ou plufieurs Pois, ou des boules de Racine de Gentiane ou d'Iris de Florence, d'une fonne & d'une grofleur proportionée, pour entretenir la fuppuration comme celle d'un Cautère. Si la Playe eft fort iarge, qu'il y ait des lambeaux d'emportés, on la remplit avec des Bourdonnets, garnis de Suppuratif. A mefure, que les chairs reviennent, on les brüle de nouveau avec le Beurre d'Amimoine, ou la Pierre Infernale, ou le Précipité Rouge, & on ne permet a la Playe de fe cicatrifer qu'apiès quarante jours revolus.  De la Rage dam PHomme. aT£ Dans la plupart des Cas, on peut entretenir la fuppuration de ces Playes, mais quelquefois cela eft impoffible. Empereur rapporte une Obfervation, ou malgré Pu fa ge dcsEfcarotiques, de laPoudre de Cantharides &c, la playe fe cicatrifa dans fix jours, le bleiïë mourut Hydrophobe, (ap. BoU* TEüJpE, p. 222.) GunXF.MEAU a auifi vu deux fujets , ou il ne put entretenir ia fuppuration, quoiqu'il fit; ils furent cependant prélervés (Journ, de Medec. T. 39. P- 222. 225.) Le Traitement Local eft effentiel & ne doit jamais être omis. §. CXLIII. A quelle Epoque doit-on employer le Traitement Local? ■ L'inftant après la morfure eft fans contredit celui, qui eft;le plus propice; plus on s'en éloigne, moins ona a efpérer du bon effet du Traitement Local. Gray a 1'Obfervation d'un jeune homme mordu, ou Pon employa les Remèdes les plus effir caces & qui, malgré cela, devint Hydrophobe, parcequ'on necommenca le Traitement x que le 20. jour après la morfure, (vid. Duncan, Medical Commentaries Th. 2. Vol. H j Mais cependant il faut bien fe garder de le negliger. — Le Virus de la Rage eft un Virus, qui féjourne plus ou moins de tems dans la partie, avant d'être reforbé, ou bien, qui eft reforbé lentement; ainfi en attaquant fon foyer, ou a toujours 1'efpotrou de le detruire 04  ai6 De la Rage dans PHomme. complettement, ou d'en diminuer la quantité & par conféquent, d'en rendre les effets moins pernicieux. Foot une fois ne fit 1'excifion que 56 heures, & ure autre feulement 58 heures après la bleffure, & ces deux bleffés furent préfervés; mais il ne faut pas croire, qu'on ait un terme fixe; a quelque époque que 1'on feit appellé dans le premier Période, il faut toujours s'occuper du Traitement Local. La Playe n'eft elle point encore cicatrifée, on la cauterifé, on y excite une inflammation & une plus grande fuppuration, qu'on entretient, comme nous 1'avons deja dit. La Playe étoit-elle trés petite, & eft elle deja cicatrifée, il faut la rouvrir avec le Cauftique ou Ie Feu, ou mieux, la fcarifier; la laillèr faigner & fe fervir du Beurre d'Antimoine , en un mot, traiter, comme ft on avait été appellé au moment de la bleffure (1). Si 1'on eft feulement appellé, au commencement du fecond Période, lorsque Ia playe offre les Phénoménes Précurfeurs, lorsque la Cicatrice commence a s'enflammer, il faut encore traiter de même & John Hunter croit, qu'a cette Epoque 1'application du Cauftique peut encore faire éviter la maladie; mais je ne m'en tiendrois pas au Cauftique fimple. Si la partie le (1) Vid. le Roux, Kiavalle, Hiftoire de Ia Societé Roy.de Medecine. 1783. ae. partie, p. 83. - Johnstuh Memoirs of Medical Society, Vol. I. Art. XiX.  De la Rage dans rHomme. 217 permettoit, j'exftirperois Ia cicatrice, je toucherois 3a furface de la Playe avec le Beurre d'Antimoine, après 1'avoir laiiTé bien Saigner, je mettiois un Emplatre Véficatoire & me comporterois, comme fi la Playe étoit récente. Même fi Ton n'étoit appellé, qu'au moment de 1'apparition de 1'Hydrophobie, il faudroit encore tenir la même conduite pour le Traitement Local; en un mot, toutes les fois, qu'on a negligé le Traitement Local, on a eu tort; c'ell un point effentiel dans tous les Périodes de la maladie. Verité, deja connue de Lister, & que les Auteurs Modernes ont confirmés. §• CXL1V. Quel efl Fe fel du Traitement Localp Le Traitement Local me paroit produire les effets fuivans. 1.) Adminiftré peu après la morfure, il fert a detruire le Venin dans la Playe, ou a en faciliter la fortie, & fi le Venin efl evacué d'une manière ou d'aütre, alors il ne produira aucun effet & le fujet fera a 1'abri des fuites de la morfure. D'autres Maladies nous préfentent le même Phénomene. Si on a inoculé un enfant,, dit John Hünter, & que les parens f'en repentent, on peut empêcher les effets de 1'Inoculation, en excifant 1'endroit inoculé , ^ou en • le détrüifant avec un Cauftique le O 5  »l8 De la Rage dans Vllomme, 3e. & 4P. 6c même, peut-être le 6e. & 7e. jour après 1'Inoculation. a.) La longue fuppuration, qu'on confeillé d'entretenir, fert, diton, a evacuer les portions du Venin, qui n'auraient pü être été detruites dans le premier moment & peut-être auffi la Nature fe débaraffet-elle par cette Playe de la portion reforbée, comme par un Emoncloire; du moins, la chofe ne me parait pas invraifemblable, mais pour avoir une certitude a eet egard, il faudroit inoculér a des Animanx la matière, qui s'ecoule de ces Playes, & obferver, fi elle eft fufceptible de communiquer la maladie, ce dont on peut douter; & fi des expèriences ulterieures nous apprenoient, que la Suppuration de ces Playes dans les premiers jours, ni par la fuite n'eft pas capable d'infeéter, alors on devroit attribuer les bons effets de la longue fuppuration a 1'irritation, qui foutient les Nerfs dans le degré de tenfion néceffaire, pour que la Nature puilTe opérer la dépuration, foit par les Poumons, ou par une Entrevoye quelconque. Au commencernent du fecond Période, le Traitement Local a peut-être les mêmes effets; on evacue une portion du Virus, detenue dans eet endroit; on favorife 1'evacuation de la portion reforbée & on irrite. Dans le 3- Période, il faut furtout attendre de 1'irritation, imprimée au genre Nerveux par un Traitement Local irritant, qui opére une contreirritation, qui eft peut-être capable, de faire cefler Ie fpafme, dpnt d'autres parties font affligées; mais  De la Rage dans PHomme. 219 que la chofe fe paffe d'une manière ou d'autre, ce que je fuis bien eloignè, de croire avoir deviné, il n'en eft pas moins vrai, que dans tous les Périodes de la maladie le Chirurgien doit diriger fes vues furtout vers le lieu, ou le Virus k été depofé. §. CXLV. De Remèdes Prefervatifs Internes. C'eft bien ici le cas de dire: Inopes nas cnp'mfecit. Quand on penfe a la multitude de Remèdes Internes, vantés par divers Auteurs, & au peu de fecurité, que les fuites de leurs admuniftrations nous donnent, lebut, qu'on fepropofe, eft; de favo-' rifer 1'iffue du Venin, qui s'eft gliffédans le Corps, avant qu'il ait pu agir fur le fluide, avec le quel il a le plus d'affinité, & de favorifer la Portie de la portion de ce fluide deja détériorée, & d'empêcher fa dégénérau'on ultèrieure. Et on ne peut nier, que ces Indications fe préfentent du moment, ou 1'on n'a pas, dès le premier inftant après la morfure, détruit le Venin, qui y était depofé. Mais comment rempür ces Indications ? Quelle eft la voie, que la Nature préfére pour chafler ce. Venin, qui a penetré dans 1'interieur, & quels font les fecours, qu'on peut lui prêter ? Toutes cesquestions font de la plus grande difficulté a réfoudre. Nous n'avous point jusqu'a ce jour de Spécifique. Interne connu contre le Venin Rabifique ; le feul eft le Traitement Local, pratiqué de bonne heure.  320 De la Rage dans PHomme. Mais on ne peut 1'appeller proprement un Specifique; voyons, fi dans la Therapie générale nous trouverons quelques Voies plus lüres. S. CXLVI. La Saignde. Plufieurs ont confeillé de faire fur Ie champ, après Ia morfure, une Saignée. Mais cette Pratique eft dangereufe. La Saignée, faite inconfidérément affaibht le fujet; favorife 1'abforption du Virus ; ainfi nous la rejettons avecScHMuCKERCO excepté les Cas, ou des Circonftances particulières, telles que la Plethore du fujet &c. 1'exigent. (2) §. CXLVII. Emdtiques. Les Emetiques conviennent, fi Ie malade a des ïmpuretés dans les premières Voies; ils les debarasfent; enlevent une caufs d'irritation de plus, qui pourroit aifément être augmentée par 1'effet, que Feflroy & la crainte produifent fur Ie Syfteme Biliaire. Ces Medicamens poufient ausfi a la Peau & ne favorifent point la réforption. L'Jpecacuanha (1) L. c. T. II. p. 548. (a) Bouteille, p 180.  De la Rage dans F Homme. 221 eft le plus convenable , felon quelques uns, mais le Tartre Emetique peut être employé avec autant & méme plus d'utilité, paree qu'il agit plus fur les petits Vaiffeaux de la Peau. Pendant le cours du Premier Période, même dans leSecond, & même dans le Troifieme on a fouvent des Indications, qui prefcrivent 1'ufage de 1'Emetique. / §. CXLVIII. Les Purgatifs. Quelques Praticiens ont confeillé de purger fur le champ les perfonnes mordues. Cette conduite doit être reprouvée. Les Purgatifs ne font indiqués, que lorfqu'on a des fignes de matières, accumulées dans les Inteftins & encore ne doit-on employer, que les Remèdes doux, car ils aftaiblisfent & favorifent la reforbtion du Virus, (i) Les Auteurs partifans du Mercure, & qui le prefcrivent a grandes dofes, font auffi un ufage fréquent des Purgatifs, qui font alors bons, pour prévenir Paction trop energique de ce Minéral fur les Voies Gutturales, & qui , en nettoyant les premières Voies, pendant le Traitement Prophyladique, eloignent toujours une Caufe d'irritation de plus, (i) Schmucker, 1. c. Jasger, 1. c. p. 19. Hn> danus Cent. Obf. 87. Hellot, M. A. & Thomasseau (Jof.) Non ergo demorfis a cane rabido, Paris 1670.  222 De la Rage dans VHomme. mais ces moyens ne font pas fpecifiques & je ne crois point, que la Nature fe débaraffe du Venin par cette Voie. Ainfi les Purgatifs ne font le plus fouvent que des acceffoires de Methodes particulié les. Quoique nous rejettions 1'ufage trop frequent des Purgatifs, nous ne les profcrivons pas, il faut entretenir Ia liberté du Ventre, & le refte doit être determiné par les Circonftances particulières. S» CXLIX. Les Sialqgogues. Sauvage a propoféd'exciterlafalivation, comme étant la Voie Ia plus propre k debarafler le Corps du Virus, qui fe portait furtout fur les organes Secretaires de la Salive. Plufieurs Medecins ont embrafle fon opinion, mais 1'experience n'y a pas oppofé le fceau. En effet elle prouve, que cette excretion eft inutile, facheufe , pernicieufe. Les faits, accumulés par Bouteille, font fuffifans pour prouver eet enoncé, au quel nous reviendrons en parlant du Mercure. (i) (i) L. c. p. 166". & féq.  De la Rage dans PHomme. 223 ■§. CL. Les Diurétiques. On a tenté 1'expulfion du Venin Rabieux par les Voies Urinaires & on a employé ,a eet effet les Diurétiques acrimonieux, tels que les Cantharides &c. & on alfure, que ce n'a pas été toujours fans fuccès, & beaucoup de Remèdes, vantés contre la Rage , font compofés de Diurétiques , ainfi il ne faut pas négliger cette Voie, & on doit entretenir un cours d'urine abondant, par 1'ufage de quelques Diurétiques un peu actifs, tel que 1'ufage desRaiforts, des Oignons, de 1'Ail dans les alimens; mais il ne faut pas la regarder comme propre a évacuer le Venin. M. Thiesset a vu une malade avoir un flux d'Urine affez confidérable pendant plufieurs jours, mais cette fécretion ne le fauva pas (r> %. CLI. Les Sudorifiques. S'il y a quelque Crife favorable a efperer, c'eft dit-on, par les Sueurs; un grand nombre de faits femblent prouver, que de femblables malades ont été guéris par les Sueurs excitées; tous les Remèdes , vantés contre 1'Hydrophobie & ceux, qui ont le O) Conf. Bocteille, 1. c, p. vi.  224 De la Rage dans 1'Homme. mieux foutenu leur réputation, ne paroiffentfurtout agir que par cette voie. Je renvoye aux Faits, allegués par M. Bouteille , que je ferois obligé de tranfcrire ici (i). Ainfi il efl: de la plus grande importance, d'avoir attention a 1'état de cette excretion dans le Traitement Prophylactique. §. CLII. Par rEvaporation Pulmonaire. Nous ne pouvons nier, que la Nature fe débarasfe par la voie des Poumons, de plufieurs Miasmes; il n'eft pas invraifemblable, que dans Ia Rage, elle fafle quelque chofe de femblable, mais comment faciliter 1'excretion par cette voie? Quelques uns conieillent, de placer les malades dans des lieux fpacieux, de leur prefcrire un exercice moderé, pour favorifer la dépuration par cette voie. ; Je n'ofe aflurer, que le Venin jfortira par la, mals il eft trés certain, que le confeil n'en eft pas moins falutaire, & doit être fuivi. (2) P. 174. & feq. & Bacher , Journ. de Med - T.65. p. 225. Saüchez ap. Andry, Mem. de 1778. p. 501. S. CLIII.  De la Rage dans F Homme. 225 §. CLflI. S'oppofer a la dégénération ultèrieure du Suc ■ des Nerfs, qui parait particulièrcment affeëlé par le Virus Rabieux. Nous ne pouvons employer que les Antifeptiques connus , & perfonne ne niera, que la plus part des Remèdes Internes vantés n'aient plus ou moins la propriété de réfister a la dégérérescance de nos fluides. Le Vinaigre a-t il de la fpecificiié en cela ? C'eft ce, que nous ne pouvous determiner, & ce , dont nous parierons plus bas. §. CLIV. Les Anodyns, les Antifpaftnodiques Conviennent pour calmer Pagitation Nerveufè, furtout dans les perfonnes trés fenfibles , & dont 1'Imagination peut-être aifément affectie. §. CLV. Après avoir, autantqui'il était en notre pouvoir, parcourules diverfes Clasfes de Médicamens, aux quelles nous pouvions avoir recours comme Préfervatifs, nous allons tiener, de préfenter un Tableau abregé de diverfes fublïances vantées. pour éviter la Rage; & nous les difllnguerons en ceux du Regne Vegetal, du Regne Animal & du Re^ne Mineral, & enfin en Recettes ou Remèdes Compofés, P  £26 De la Rage dam Flhmmt. S- CLVI. Ire. ClafFe. Préfervatifs de la Rage, tiré du Regne Vegetal. Le Regne Végétal fournit un grand nombre d'individus, qu'on a rarement recommandès ièuls comme Prophylsétiques, mais qu'on trouve réunis en plus ou moins grand nombre dans les diverfes Recettes, qu'on a vantées comme Préfervatives. Les fubitances du Regne Végétal recommandées font 1'Anagallis, laRhue, le Treffie, les Marguerites des'champs, ou Paquerette, la petite Joubarbe, 'fJa Pafferage, la petite Sauge, PAil, les Cloux de Girofle, la Racine de Fragon ou de Houx-Frelon'; la Pimprenelle fauvage, le Pourpier de marais, la Scolopendre, le Capillaire, leRomarin, la Tanaifie, le Lierre terreftre, la Chamomille, la Millefeuille, Ia Verveine, le Rofier fauvage, la petite Centaurée, la Scorzonère, 1'Angélique, 1'Auron'ne, & un grand nombre d'autres, qu'il ferait inui tile & ennuyeux d'énumerer, & dont on peut voir le catalogue dans Struve, (i) Mezler, CO & Andry. (3) Les principaux Végétaux, au quels on s'eft. le (O DilT. cit. §. XVII. (2) L. c. pag. 24. (3) Memoires de 177Ó, & de 1778. p. 560, & feq, dansles differe«tes Formules.  De la Rage dans F Homme. 227 plus particulierement attaché , ou qui ont mérite quelque attention, font: Le Lichen cinereus, FAnagallis, la Raeine de Valeriane, la Bella donna, la Racine d'Eglantier, la Noix Vomique, F Opium, leCamphre, le Vinaigre. % CL VIL Le Lichen Cinereus. Le Lichen Cinereus eft la bafe d'une Poudre Antihfe , qui a fait beaucoup de bruit & qui eft connue fous le nom de Poudre de Dampiere ou Poudre Antilyfe de la Pharmacopée de Londres. On prend une demie once de cette Mouffe en poudre, on la mêle a deux gros de poudre de Poivre noir & on divife le tout en 4 dofes; on en donne une dofe le matin a jeun dans une livre de Lait chaud, & continue de même les trois jouw fuivans. Le 5e jour onfaitmettre le malade dans un Bain froid le matin a jeun, & on 1'y laifTe une ou deux minutes , enfuite on lave bien la furface du Corps, & on fait repeter ce Bain tous les jours, pendant un mois. La tête ne doit point être mouillée. Au bout d'un mois on fait baigner de trois jours 1'un, pendant trois femaines. La Playe n'exige aucun foin particulier. Mead affure, avoir prefervè plus de cent perfonnes par 1'ufage de ce Remede, (O Jühn Füller regardoit ce Réméde com- CO OeuvresT. Lp. 168,172,0c P.T.aurziigt. II. p. 260. P a  228 De la Rage dam PHomme. toe infaillible. CO Cartheuser le loue auffi comme un puiffant Diurétique (2) mais 1'expérience des autres Praticiens n'a point confirmé cette vertu & 1'ufage en eft paffée. (3) §. CLVIII. Anagallis fiere purpureo. Mouron rouge. En 1747. on recommanda a Maience cette plante, cc mme un fpécifique contre la Rage & on lui donna les mêrres éloges a Munfler en 1757 en 1755. Raveisstein (4) & plufieurs autres (5) publierent divers Obfervations en fa faveur. On en fait ufage de la manière fuivante* On donne toutes les fix heures 1. ou 2. fcrupules de la Poudre de cette plante fur »du Pain & [du Beurre, ou dans du Lait, & le malade doit refter dans fon lit & attendre une forte tranfpiration. 3. ou. 6. dofes font fuffifantes, & on les diminue felon Page du fujet. La dofe pour les Chiens eft d'un gros CO p- T. araftug T. II. p af>3>. CO Mater: Medica. T. II. p. 457. C-3) Murray Apparatus Medicam. Vol. V. p. 555. van Swieien §. 147. T. III. p. 587. C4) V: Sammlung feltener Begebeuheiten in der Natur, 1755- P- 4'P' Cs) V. C. L. Bruels, DifT. inaug. de Anagallide, Argent. 1758. Neydeck, 1. c.  De la Rage dans l''Homme. 229 dans du Lait; pour les Chevaux deux gros avec du Pain &.duSel. — Neydeck,Chabert,(0 oat beaucoup préconifé cette plante, mais cependant aucun Praticien d'aujourd'hui ne s'y fie (2) & dans le fait, ce n'eft qu'un leger Sudorifique. $. CLIX, La racine de Valériane. Cette Racine étant Antifpafmodique & pouffant par les Sueurs, peut être utile; mais c'eft un Rémede incertain. Bouteille le- vante a la dofe d'un gros dans 3 onces de Vin Blanc & 1. Once d'Eau, donné le matin a jeun dans le Kt, ou 1'on doit refter deux heures & boire du Thé de Feuilles d'Oranger; il purge tous les quatre jours avec 23 grains de poudre Cornachir.e, 6 grains de Jalappe, 1 grain de Kermes Mineral & un fcrupule de Sucre; il fait fcarifier la Playe & on recommande les onótions avec le Liniment Volatil fur la bleffure & fur le membre. (3) H eft aiféde voir, que c'efl; bien gratuitement, que eet Auteur attribue tout a la Valériane, tandis que fle Traitement Local a pu feul fauver fes malades. (1) Ap Andry. Mem. de 1778. p. 37°- (2) Levvis. Apothekerbuch. T. I. p 218. (3) Jounul de Medecine. T. 49 p. 170» P 3  230 De la Rage dam PHomme. S. CLX. Radix Cynosbati. La Racine d''Eglantier. Roficr fauvage. II n'y a eert ainement point de Remede, qui merite auffi peu de confiance, que celui-Ia; on donne 40. grains de la Poudre, dont on fait une Omelette avec trois Jaunes d'Oeuf; — le malade mange cette Omelette le matin a jeun dans fon lit, & y refte encore deux heures. (O §, CLXI. La Noix Vomique. Nax Vomica. On a vanté ce Remede dangéreux pour prevenhf la Rage, c'eft le principal ingrédient de rElecJuarium de Ovo cum Nuce Vomica (2). Thebesius compte fur cette Baye, & il eftétonnant, qu'il n'en dife pas la dofe. ("3) Erpenbeck nous apprend, qve le Profeffeur Leidenfrost y a la plus grande confiance, mais eet habile Homme faitfeari- O) Ap Andry. Mem. de 1778. p. 564. Le miraculeux, que Pline en raconte ap. Swieten, §. 147;T. III. P 587- (a) Mürray, Apparatus Medicam T. I. p. 483. (3) Nov. Aéta Phyfico-Medica. A. N. C. Vol. I. p. 175.  De la Rage dans F Homme, 231 fier Ia playe, fait appliquerjdes Veficatoires CO» de manière qu'il eft aifé de voir, a quoi tl adut fes fuccès. C'eft un excellent Remede a raifon de fes pro. priètés Antifpafrnodiques & Diapnorétiques &c, Schmucker 1'employe avec les Remèdes Externes, tant (pour éviter 1'impreffion des Cantharides fur Ia Veffie, que pour tenir toujours la Peau dans un état de moiteur. II donne 4. fois par jour, une pour dre compofée de 30 grains de Nitre, & de deux grains de Camphre, & preferit une Diéte végétale , & adouciffante & ter mine le Traitement en purgeant avec le Jalappe & le Mercure Doux. D'autres recommandent 1'union du Camphre au Mercu-" re, comme nous le verrons plus bas. Le Camphre mérite notre confiance comme auxiliaire, & après avoir évacué les premières Voies, fi elles font im,. pures. Kous placons au rang d'un des meilleurs auxiHai* (1) DUT. cit. p. 41- l, CLXII. Le Camphre. %. CLXIII, L'Opium. P 4  I232 De la Rage dans PHomme. res le Laudanum de Sy'denham, dont on fera bien de donner avant les Scarifications 12. a 15. gouttes, & après le premier panfement on répéte la dofe, furtout dans les perfonnes trés fenfibles. Ce Medicament diminue la fenfibilité ; calme la frayeur & produit les meilleurs effets, en rétabliffant 1'equilibre dans toute Ia Machine. Plufieurs Praticiens ent joint 1'Opium aux Remèdes Préfervatifs, comme nous le verrons plus bas & les Anciens n'avojent pas cort de panfer la playe avec une folution de Theriaque dans le Vinaigre. (1) § CLXIV. La Belladonna. L'ufage de Ia Belladonna mérite toute 1'attention des Praticiens & c'eft un de plus fórs Remèdes, pour prévenir la Rage. Elle agit comme Anti-fpasmodique & furtout comme Sudorifique, & nous devons les plus grandes obligations a Mr. Munch , qui a publié des Obfervations bien intereflantes a' ce fujet, & qui prouve par une trés grande quantité d'Obfervations, que ce Remede eft un des plus certains. La Poudre de Ia Racine eft plus aétive, que celle des Feuilles. Les meilleures Racines fbnt celles, qui ont 2 ou 3. ans, & pas beaucoup de parties ligneufes. On les ramafie avant la fleuraifon (1) Wedel, DifT. de Hydrophobia. p. 4».  De la Rage dans rHomme. 233 de Ia plante, & les fait fêcher a 1'ombre & les pul. vérife dans un mortier. Ce Remede agit furtout par les Sueurs. Si la Belladonna n'excite pas de Sueurs, elle caufe une tuméfaction dans le partie, qui a été mordue. Cette tumeur parait furtout après Ia première dofe; elle eft moins confidérable a la feconde, & ne parait pas a la troifieme. Pendant 1'ufage de la Belladonna, il fe manifefle quelquefois un tiraillement dans la partie mordue , & il faut en continuer 1'ufage jusqu'a ce que la Croute, qui recouvre alors encore la playe, foit parfu'tement feche ou tombée. II faut donner, le plus promptement poffible après la morfure, une poudre de Belladonna. S'il y a des fignes d'impuretés dans 1'Eftomac, ou dans les Inteftins, il faut les évacuer auparavantpar un Emetique, ou un Purgatif; au bout de 48. heures on en donne une feconde, & après Ie même laps de tems, une troifieme. Si apres avoir priscerte 3e poudre, le malade reffent encore uu tiraillement dans la partie, & qu'il y ait encore un peu de tuméfaction a la partie mordue, on doit laiffer repofer Ie malade pendant -2 heures; ce tems ecoulé, ou lui fera encore prendre 5 poudres de Belladonna, en mettant toujours 48. heures d'intervalle entre chaque prife. Le malade prend Ia poudre dans une legere Crê • me d'Avoine, & fe met au lirpour attendre Pact-ion du Remede, qui agit furtout par les Sueurs, que 1'on cherche encore a foutenir & a favorifer, en lui donnant a boire du Thé de Cbamomilje avec P 5 du  334 De la Rage dans F Homme. du Lait. Tant que 1'on s'appercoit, quelesfiieurs continuent,Ie malade ne doitpoint quirter le Iit;'lors que la Sueur eft paifée, il faut Ie changer du linge avec Ia plus grande précaution & lui faire garder Ia maifon dans une chambre tempérée; s'il fe plaint de fêcherefle a Iagorge, oti lui donne a boire de 1'Eau fraiche ou de Lait. Si la première dofe de Belladonna excite un devoyement, il faut differer la prife de la feconde jusqu'a ce que eet accident ait celfé. Age du Sujet. Poid de Ia Poid de la Poid de Ia ire Poudre 2de Poudre 3e Poudre. Grains Enfant d'un an. i i\ ij de 6- 7 4 —-45 5-5l deio-n 5 si 6± dei2-i3 6 7 8 ——dei7-5o io I———ia I 13-14 (On diminue un peu la dofe pour les Perfonnes du Sexe.} ■ 70-80 3 4 9 dans les Nouricr. — — 3 ■ —— 4 ■ — 5  Be la Rage dans F Homme. 235 Traitement de la Playe pendant Vufage de la Belladonna. On la lave bien avec de 1'Eau, de 1'Eau falée; on la laifTe faigner; fi elle eft trop étroite, on la fcarifie & on la panfe avec un Digeftif ordi' naire. Dans le premier moment de 1'action de la Belladonna, la Playe devient un peu fêche, mais dès que le Medicament commence a ouvrir les pores de la Peau, & a tout déterminer du centre a Ia circonference, la Playe s'humecte & fuppure beaucoup; il ne faut point fe fervir d'irritant dans la Playe ; il fuffit de Ia panfer avec des Médicamens Relachans; un Digeftif fimple, un Cataplafme emollient font tout ce, quelle exige. On doit tenir la partie bleffée chaudement &, fi Ja conformation le permet, Ia frotter doucement avec des Linges chauds, plufieurs fois le jour. On n'a point a craindre en général, que la Playe fe ferme pendant 1'ufage de la Belladonna. Cette plante parait agir furtout fur Ie Virus, depofé dans la Playe, & en faciliter 1'expulfion, & du moment, qu'on ne remarque plus aucun Accident dans la Playe ni dans la partie mordue, on peut en ceffer 1'ufage. Mais fi après Ia 3*. dofe, le malade refléntait encore des tiraillemens dans la partie mordue; s'il exiftait encore du gonfflement autour de Ia morfure, alors, après avoir laifTé repofer Ie Malade, on recommendera 1'ufage de la Belladonna. II eft cependant toujours prudent, d'empêcher Ia prompte cicatrifation de la Playe, & il fuffit de Ia panfer avec le Bafilicum, a'guifé de Précipiré Rouge, & lorsqu'on voit, qu'on n'a plus rien a crain-  s3°" De la Rage dans PHomme. craindre, Ia laifTer fe fermer peu apeu, endiminuant graduellement Ie Cauftique, que 1'on mêle a I'Onguent. Munch rapporte 102. Obfervations, qui conftatent Ia vertu de ce Remede; ou 1'a cependant vu manquer, car dans 1'Obfervations de Rebiere Ia Belladonna n'empêcha pas 1'Hydrophobie de fe déclarer (Hift. de la Societé de Medecine 1783. a\ partie p. 2ri.) mais un Fait contre ne prouve pas grand chofe. %. CLXV. Le Vinaigre. Methode de Moneta. Le Vinaigre, par fa vertu Excitante, Antiputride , & par la facilité, avec la quelle il pénétre toute 1'Oeconomie Animale, a été trés vanté par le grand Boerrhave:,,Refrigerandivimhabeteximiam, quo„ ties Febris oritur ftimulo acrioris Bilis,alcalefcentis „ Saiis, autputridi natiin corpore humano& amor,, fu venenato ferarum; fitim & hinc oriundam fimul „ fedans. Morfuiquecurando virulentorumaliud non „ eft pofca efficacius, eximio inRabie Caninaexem„ plo (1)." Benevenenti 1'a beaucoup recommandé. (2) & c'eft peut-être au Vinaigre feul, qu'on e (O Element. Chymite. T. II. p. 212. (i) 1. c. Mezler , 1. c. p. 352.  De Ia Rage dans PHomme. 637 doit attribuer les bons effets du remede du Marquis de Malaspina ; du Remede de Hannemann. Er. penbeck rappor*e dans fa Differtation , qu'il a été préfervé de la Rage, principalement par 1'ufage interne & externe du Vinaigre (1. c. p. II) Le Dr. Leoniska de Padoue a fait beaucoup d'Obfervavions, qui en prouvent les bons effets (voy. Nicolai Curarten p. 50.) En 1765. on publia dans les Tranfaótions Philofophiques, que Ie Malade, que Pon avait dit avoir été guéri en Italië par 1'ufage du Vinaigre, n'étoit point Hydrophobe. (1) Ce qui fe trouve confirmé par un recit de Louis Frank , (Med. Chirurg. "Leitung 1791. T. IV. p. og7.) Parmi les Remèdes illufoires, dit Baudot, il ne faut pas excepter le Vinaigre Blanc, que quelques papiers publics ont annoncé, avoir eu des fuccès en Angleterre. (a) Moneta s'eft appliqué k demontrer 1'utilité du Vinaigre pour prevenir Ia Rage. II ne s'eft decidé a Terrvployer, qu'après ce, qu'il en a entendu dire auProfefleur Thiesen en 1768 & apres des exemples de fuccès, obfèrvés en Saxe (3) & 1'Eft; a tort, qu'il ne cite, ni Boerhave ni Benevenenti. Mais n'importe, cent Obfertations qu'il a fait, (4) &. aux quelles on CO Aufzug. T. III. p. 3S7Ca) 1. c *p. 97» vid. Wichmann , Hannoverifches Magazin. 18e ft. 1766. C3) I. c. p. 16, 17. C4) l c. p. 38.  238 De la Rage dans F Homme. doit ajouter trois Obfervations de perfonnes, mordues au vifage par un Loup enragé , & guèriespar fon Remede (r) femblent devoir nous donner de Ja confiance. Selon Moneta on procédé de la manière fuivante. 1. ) II faut mettre fur la Playe de Ia Cendre du Tabac, de la Pouffiere, pour abforber la Bave & enfuite on la lave bien avec de 1'Eau. 2. ) On fait chauffer du Vinaigre de Eierre dans un Vafe, (il n'y a point de difference, entre ce Vinaigre, & celui de Vin, felon Boerhave; ainfi du Vinaigre de Vin peut faire la même chofe.) fur 3 livres de Vinaigre, on met une demie livrede Beurxe, qu'on laiffe fondre, & on applique des ComprefTes, impregnées de ce mélange, ou des Plumaceaux, trempés dedans, fur la Playe. Si la Playe n'eft pas guérie en 9 jours, on la panfe avec 1'Onguent de Cérufe. 3. ) On donne intérieurement, trois ou quatre fois par jour, une once & demie de Vinaigre avec un peu de Beurre & on continue au, moins pendant 15 jours. 4. ) On défend de manger de la Viande, pendant quelques tems ; on prefcrit pour nourriture les Fruits; lesLégumesl; la bojffon ordinaire fera un leger Oxycrat, du Syrop de Vinaigre, de Ia (1) Gazette de Pologne 1790. in der Med. Chirurg. Zeitung 1790, T. IV. p. 374. & aiinée 1792. T. II. P. 383.  . De la Rage dans f Homme» 239 Limonade, de la petite Bierre, un peu d'Eau & de Vin. On évitera toutes les' boiflbns for- tes; telles que le Vin; la Bierre forte; les Liqueurs. 5). Dans les perfonnes Plethoriques, ou pourra faire une Saignée, mais le plus fouvent on peut s'en difpenfer. On peut fcarifier la Playe, mais cela n'eft pas néceffaire. Quant a 1'Excifion, a la Cautérifation, a 1'application des Veficatoires, Moneta les regarde comme trés inutiles & caufant des douleurs pour rien. Si on n'avoit pas fur le champ du Vinaigre fous la main, on pourroit employer dans Ie premier moment une Liqueur Acide Vegérale quelconque, telle que la Sauce de la Saur Kraut, Ie Vinaigre , ou 1'on .garde des Cornichons ou d'autres fruits confits, jusqu'a ce qu'on eut fait du Vinaigre avec de la Bierre, ou bien jusqu'a Ce qu'on s'en foit procuré d'une autre manière. (t) Je crois, que les bons effets du Vinaigre doivent être attribués a fa vertu Antiputride & Diaphoretique. (2) Mais que penfer de ce Remede fi vanté par Moneta, quand ön voit de Ia Fontaine alTurer), qu'il n y a rjen d'auffi rare, que de voir un Anï- CO Moneta, I, c. p, 41. 00 Boerhave 5. 2143. Ornni mane jejunus parumfudet alTumpto Aceto aromatico, & van Swieten. T.-III. ft 572. Omnium maxime prodeft, fi Ruta, Marrubio, Scordio infufi» Acerum Medicatum redditUm ftierlt.  £40 Be la Rage dans PHomme. mal, attaqué de ia Vraie Rage en Pologne, quebeau* coup lemblent enragés, & ne les font pas , comme nous Pavons dit §. XXVII, 5 ) & que le Remede de Moneta eft tout a fait infignifiant. (O Le parti le plus fage me parait être d'attendre de nouveaux Faits, & de ne pas nous borner aveuglement a fuivre ce feul procédé. §, CLXVL . Gde Claffe. Préfervatifs de la Rage, tirds du Regne Animal. Nous ne parierons point ici de la Cendre d'Ecreviffes mêlé avec laGentiane, & 1'Encens; & coufeillée par Democrite & Galien, &c ni de 1'ufage du Foye de 1'Animal enragé , ni de la fameufe Omelette avec Ia Poudre d'Ecailles d'Huitres cal* cinées, qui n'a pas empêché 1'Hydrophobie (a) ni de 1'application du Poil de 1'Animal enragé fur la Playe. (3) Ce feroit perdre le tems. Nous examinerons feulement quatre Remèdes principaux, tirés de ce Regne. Les Cantharides ; les Scarabées; 1'Alkali Volatil & le Mufe. (1) Chirurgifche Medicinifche Abhandlungen Pohlea betreffend, 1762. p. 121. (2) Baldot. p. 108. (a) Con f.S. Deubwger. Prsefid. J. H. Schulze. Diff.de Cancrorum fluviatilium ufu Medtco. Haia Magd. 1735- §» XXI. p. 24, Swieten ad ü. 147. T. III. p. 584. §. CLXVII.  Se la Rage dans P Homme. 24i §. CLXVIL Les Cantharides. rhazes , JOHANNES DAMASCENUS, BaCCIUS Ont fconfeillé 1'ufage interne des Cantharides, pendant quelques jours, pour éviter Ia Rage. On faifoit infufer les Mouches dans du Lait de Beurre, & enfuite fécher & on les reduilbit en poudre 5 on •aeloit eette poudre avec de la Farine de Lemille &du Vin, & on enformait des Trochisques du poids d'un fcrupule & on en prefcrivait un, tous les jours. Ce Remede occafionne le Piffement de fang & d'autres Symptomes dans les Voyes Urinaires, qu'il faut appaifer avec le Lait. Le Pere Bacconi alture, que dans la haute Hongfie, on donne la poudre de cinq Mouches Cantharides k un homme, pour le préferver de la Rage, & une dofe plus forte k un Animal. (1) Mais on fent, com ■ bien une femblable prefcription eft incertaine, auffi a- t-on abandonné ces Données, fans lenoncer au principal Ingrediënt. Polgari afiure, qu'en Hongrie on donne un Bol, compofé de huit grains de poudre de Cantharides avec fuffifante quantité de Syrop de Pivoine, le matin, & qu"on fait boire par deflus une grande quantité de bon Vinaigre froid, & qu'on en a toujours obfervé de bons ef- (O Mead Oeuvres, -TI. p. 171. Rudoi.ph Fokster Hiftoria Cantharidum, Lugd. Bac. 1775. p. 133, Q  44a De la Rage dans PHomme. fets (o- Weelhop a fixé 1'attentiori des Praticiens fur 1'ufage des Cantharides, en recommendant des Pilules, dont elles font la bafe. I£ Mercurii du leis gr.I.fi. Pulv. Cantharid. gr. I. Campkorm gr. VI. ad X. Mucilaginis G. Tragac. Q. S. ut formanur Pilul. No. VI. D. pro Doft. Le Malade prend tous les foirs, en fe couchant, une femblable dofe. On peut diminuer la dofe du Camphre, deftiné a moderer 1'acrimonie des Cantharidef. Werliiof a quelquesfois porté la dofe des Cantharides jusqu'a 2, 3- grains, pour avoir plus ó'efFet, & il en a obfervé des douleurs en urinant, mais jamais de PiiTement de fang. Cet Auteur célèbre faifait en même tems pratiquer la Cautérifation, ou 1'Excifion , entretenir la Suppuration; faire des Frictions autour de la Playe, en é'vitant la falivation CO & n'eft il pas permis, d'attribuer les heureux fuccès k ce Traitement Local I Ce Traitement de Werlhof a merité 1'approbation de Buchholz C3) & de Aepli CO- Cj) DiiT. cit. p. 15. (s)-Conf. Wichbami, 1» c. & Werlhof Op. Oma. p. 699- note- (3) Ap. Rhan, Gazette de Ssnté, T. I, p.^35. CO Ap.'RuAN, Gazette de Saiué, T. 11. f». 49*.  De la Rage dans VHomme. , '243 §. CLXVIII. Meloë majalis, Saarabaus majalis, Meloë Pro. fcarabaus. Profcarabé ou Cantarelle (1). (Jxgra, W c. a donné deux Figures enluminées reprefentant les Infecïes.) On avait vanté depuis longtems ces Infeétes comme Préfervatif de la Rage. Schwbnkffxd dans un Ouvrage, publié en '603. Johan Coler dans fon Ouvrage intitulé: Otconomia ruralis & domeflica, 1614. Weicijard en 1626. & plufieurs autres (2) en avoient une parfaite connoiflance, & ce Remede femblait être tombé dansPoubli, quand Ie grandFREDzaicacheta lefecretduPayfan de Silefie; ordonna des épreuves par le College de Berlin,& le renditpublic en 1777 (3). La Recette originale eft compofée de Ia manière fuivante. Prenes 24 Profcarabées dans Ie Miel, deux onces de'fheriaque, deux gros de Bois d'Ebene, un gros de Serpentaire de Virginie, vingt grains d'Agaric de 1'Ormier, un gros de Limaille de Plomb & CO Geoffroy, Hiftoire dej Infeétes, T. I. p. 377 Flanche VII. fig. 4. ' CO Voy. Ehreotried, L c.'p. S20. J. G. Hallrr \ DiiT. cit. §. XXIII. p. ai. Andry, Memoire de 1776 P . VS*. (2) Bekannmachnng des Specififchen Mittels widcr dem tollen Hundsbifs, welches S. P. M. enkaufen &e. Berün, 1777. Q2  244 De la Rage dam 1'Homme. une fuffifante quantité du Miel, ou les Infeétes ont été confervés, pour faire un Eleétuaire. La dofe eft differente ièlon 1'age & le fexe: Age des fujets. Hommes. Femmes. Gros - grains. G ros - grains. De i a a ans. 24 1 20' De 2 a- 5 — 30 26 De 6 a 10 — 40 30 De 12.15-20— 1 50 De 25 a 30 — 1 30 1 15 De 30 a 80 «— \ a 1 —r— —- 30 Lor?qu'une Perfonne' mordue prend la dole, dé» terminée par fon age; elle doit, refter pendant 24. heures fans prendre d'alimens folides, & 12 heures fans boire; enfuite elle fe mettra au lit, boira beaucoup du Thee de Fleurs de Sureau, pour favorifer la Sueur. La Sueur finie, il faut bien laver la chemife, les draps & tout cequi a pu en être impregné, ou mieux les brüler. On lavera la Playe, on 1'entretiendra ouverte & on Poindra avec de 1'Huile de Scorpion ou avec le Miel de Scarabée. II eft eflentiel, de faire prendre le Remede dans les premières 24 heures après la morfure; fi on le donne plus tard, fon effet eft moins certain. Ce Remede opère par les Urines & par la voie des Sueurs. Le payfan de Silefie avoit toujours fait de Miracles avec; mais dès que la Formule fut connue les perfonnes cenlëes, ils la critiquèrent & en montrèrent les défauts: en effet le Profcarbée  De la Rage dans 1'Homme. 245 efl Ie principal Ingrédient; la Thériaque eft bonne, pour faciliter la tranfpiration, mais la Valerienne eft en trop petite dofe; le Bois d'Ebenne, 1'Agaric font inutiles, & le Plorab eft pernicieux CO* Ce Remede avoit fes partifans & fes detracTeurs. Fraügott Schwarz ((a) Beireis & 13ehne (3) ont furtout vanté ce Remede. Schvvarz a été préfervé par fon ufage. Heim a auffi des Obfervations en fa faveur (4). Reveileon en rite auffi une (5> Mais d'un autre coté Fritze k prouvé, combien il était incertain & Selle & Buchholt aflurent, qu'il agit d'une manière trés indeterminée, & qu'il ne mérite pas la préference furies Cantharides. Beireis, & Dehne, grands Fauteurs de ce Medicament, en ont toujours vu des effets avantagieux, mais ils n'adminiftrent, que la poudre de I'Infeéle, defleché a Fair & rejettent Ia Formule primitive, pour y fubftituer la fuivante, plus conforme a la faine Pratiqne. On prend 15 grains de la Poudre de ces Infeétes, on la mêle exactement avec un gros de Nitre & on divife Ie tout en douze dofes. On donne toutes les heures une dofe, & on continue jusqu'a ce, que le malade pifie le fang, ou au moins, jusqu'a ce, qu'il (O Voyez Ehrenfried, 1. c. CO L. c. (3) L. c. C4) Ap. Selle, Med. Beitrage 2 Theil p. 129, (5) Hift. de la Societéde Medecine , partie. p. 14. Q3  S4<5 De la Rage dans i" Homme, fente une forte cuiffon, en urinant. On fait avaler au malade, après chaque poudre, quatre onces d'une Dccoction Mucilagineufe. II faut fcarifier la Playe & frotter dans fes environs, toutes les quatre heures, un peu d'Onguent Mercuriel Camphré de manière, qu'on employé 2 ou 3 gros de Pomade Mercurielle, par jour. Si on ne peut fcarifier la Playe, il faut la faupoudrer de poudre de Cantharides & appliquer defiiis un Emplatre Veficatoire. Telle efl: la conduite, que prefcrivent ces Praticiens, mais doit on tout attribuer a la vertu du Profcarabée, & rien au Traitement Local ? je ne le penfe pas. Quoi qu'il en foit, ce Remede eft trés acre, & fi onne le donne pas avec Ia plus grande précaution, il^produit des Coliques tres violentes CO« Et même on a vu la mortfurvenir, après avoir fait avaIer la poudre d'un de ces Infeétes dans de 1'Eau de Vie a un enfant, qui avoit été mordu. Peu après avoir avalé le Remede, eet enfant fut attaqué de Vomifiement, de Colique, de Convulfions, de Sueurs froides, de Saignement de nez, de Pjflement de fang, de Sueurs de fang, de Dejeclions Alvinesfanglantes, & tous ces accidens continuèrent jusqu'a fa mort, qui furvint promptement, CO Voyez Heiiv , 1. p,  De la Rage dans F'Homme. 247 §. CLXIX. Le Mufc. C'eft un des premiers Diaphorétiques & Antifpasmodiques, & il eft furtout employé par les Chinois pour prevenir les fuites de la morfure d'un Animal enragé. Andró Reid, qui avoir fejourné a la Chine, publia le Traitement en 1744. dans les Tranfactions Philofophiques (1) & des lors chaque Praticien effaya d'en faire ufage, ce qui fe fit avec plus ou moins des fuccès. Pour bien connoitre ce que 1'on doit en attendre, il faut remonter & la Recette Originale, que Reid a communiqué, comme il fuit. Cette Poudre, connue fous le nom de Poudre de Tunquin, (Pulvis Tunquinenfts C)b. bh) éft compofée de 16. grains du meilleur Mufc, de 24 grains de Cinnabre Naturel, & autant de Cinnabre Factice (d'autres remplacent cedernier par la Cochenille); on pulvérife chaque fubftance a part, enfuite on les mêle & on donne la Poudre dans un verre de Rack. Ce Medicament, que 1'on prend au lit, procure, dans deux ou trois heures ;de tems, un fommeil tranquille & une tranfpiration trés abondante; fi la première poudre ne produit point eet effet, on donne une feconde dofe & on regarde la cure comme certaine & par- (1) Auszuge von Leeke, T. III. p, 175- Gmelin, L c. Dalby, L c. Q4  «48 De la Rage dans PHomme. faite. L'Auteur attribue les bons effets Va Ia vertu Antifpafmodique, Diaphoretique du Musc, & 3. la proprieté Antiputride Excitante du Rack. Le Cinnabre n'eft pas tout a fait fansagir, quoiqu'en aient dit quelques Aureurs. Ce Medicament n'a pas fait fortune, comme un Prefervatif für contre cette cruelle maladie; on 1'a employé fans fiic, cès Cr) & cela n'eft point étonnant, puis qu'on n'a aucun égard au Traitement de la Playe, qui eft le principal. Malgré cela, le Mufc doit être confervé dans le Traitement de cette maladie: nous verrons plus bas, qu'on le marie a d'autres Remèdes comme Préfervatif & qu'il eft un des plus puiHans Medicamens, quand 1'Hydrophobie s'eft declarée. $. CLXX, L''Alkali Volatil. Comme Antifpasmodique & Sudorifiqueilaété recommandé par plufieurs Praticiens dans la Cure Prophylaclique. Guettard confeillait de fcarifier la Playe, & de la laver avec ce fluide 00. Le Roux ne confeillé rien, que 10 gouttes d'Alkali Volatil Fluor , deux ou trois fois par jour, le (i) Journal de Medecine, T. III. p. 303. CO Mem. fur les Sciences & let Arts, T. I. p, iaa.  De la Rage dans PHomme. 249 rustin & le foir, dans une talie d'eau de Fleurs de Sureau (1). Virard en a auffi obtenu des fucees (a). Darluc le vante avec raifon, comme Diaphoretique (3). Cependant il ne faut pas s'y fier: qu'il ait reuiïit tant, qu'on voudra, entre les mains de le Roux , il ne faut pas oublier, que ce eelebre Praticien n'attribue ifes guérifons qu'au Traitement Local. On a employé PAlkali volatil, a 1'Hotel des Invalides, fur un homme mordu a la face, ou il n'a pas empêché 1'Hydrophobie, de fe déclarer; un fecond bleiTé a la poitrine a travers les vetemens, a été préfervé, après ce Remede, mais le Remede n'y était pour rien (4). J. CLXXI. ID>, Claffe. Préfervatifs, tirés du Regne Mineral. Les prircipaux font la Limaille de Cuivre, d'Etain, le Mercure & fes diverfes Prèparations, La Limaille de Cuivre. L'Archiatre Cothenius allure, que les perfonnes mordues, qui prennent pendant 3 jours de (O P- 67. (2) Hift. de la Socleté Royale de Meel. 1783. «e partie, p. 103. (3) Journal de Medecine, T. XIV. p. 599. (4) Sabatjier, ap. Parmentier Expet. & Reflexioas fut 1'ufo^e de»farineux, p. 186.  25o Le la Rage dans l'Homme. fuite de Ia Limaille de Cuivre fur du pain & du beurre, font préfervées de Ia Rage. Ce Remede, felon Lui, agit par les Selles, les voyes Urinaires & Salivaires & ne produit aucun Symptome dangereux. (O Mais il faut, que la première dofe du Remede foit prife dans les 6. premières heures après la morfure; vu le peu defoins, que 1'on prend de Ia Playe, il n'eft pas furprenant, que ce Remede n'ait pas mérité de reputation, & ait manqué le but, qu'on fe propofoit, comme Schmuker 1'a obfervé a Potsdam même (2) Lieb donne le Verd de Gris a la dofe de 4. 6. grains. 3. jours de fuite & prétend, que c'eft un Remede nrmanquable (ap: Baldinger, N. Magaain. T. $. CLXXII. . La Limaille d"Etain. Je ne concois point ce, qu'on apu trouver d'extraordinaire dans cette Limaille, bonne contre Ie Ver folitaire, mais certainement inutile dans la Cure Propbylaétique de la Rage. Cependant on la trouve dans un Julep Ceplialique de Mayerne, compofé, comme il fuit. Prenez fix Onces de (O Löseke. Mater. Medica. p. 3500. Weizenbreyer, Diff. de Cupro Medicato. p. 25, Voy. auffi les Obfemt. de Liebe ap. Leske. p, 351. (2) Chirurg. Wahrnero. T. II. p, 552.  De la Rage dans F Homme. 251 Feuilles de Rhue, de Theriaque de Venife, d'Oil pilé, de Limaille d'Etain, de chaque quatre Onces; faites digerer dans un Vafe fermé avec fix Livres de bon Vin de Canaries, ou de Bierre Anglaife; coulez, en exprimant & gardez la Colature. On en donne, tous les matins, pendant 9. jours deux ou trois Gros & on panfe la Playe tous les jours une fois avec le mare. (1) Certainement fi ce Remede a eu des fuccès, ce n'eft point a caufe de 1'Etain, mais de la Rhue, de 1'Oil, Ingtediens Principuax d'un grand nombre de Formules vantées, & bons Diaphoretiques & Diurétiques. S, CLXXIII. Le Mercure. . Nous vofia enfin arrivé au Préfervatif par Excellence, vanté par un grand nombre d'Auteurs, 7. la Louett, Hift. du Traitement &c. Hift.de la foc. Royale de Med. 1783. 2e partie p. 167. feq. Saielquin. Journ. Med. T. XXX. p. 152. Vogel Pralectiones. p. 72. (a) James, Philof. Tranfact. Aufzug. T. II. p. 258. (3) Rühn No/a Aéta Phyfico Medica Acad. N. C. Vol. I. p. au. la dofe de 4 grains pendant 3 jours de fuite. (4) Dommil, Hift. de la Soc. Roy. de Med. 1783. se. partie p. 27. Boinel, p. 373.  De la Rage dam VHomme, 253 Pj.enk donne Ia préférence au Mercure gommeux. (O Fehr aux Pilules Antivarioliques de c. L. Hofman (2). Mais la plufpart des Praticiens fe font accordés k donner la préférence aux Frictions Mercurielles. Tous ces Auteurs n' ont pas manqué d'apporter un grand nombre de preuves de morduspréfervés, pour etayer leur Pratique & Ton a eu Decidées différentes fur la manière d'agir du Remede. De Sault Pemployait comme Vermifuge, & propre k tuer les Vers, qui,feIon Lui, étaient la Caufe de la Rage. Sauvages 1'employa pour exciter la Salivation, dont il efperait 1'evacuation par les organes Salivaires, avec les quels le Venin lui paroiffait avoir plus d'affinité, & de Ia la neceffitédeprocurer la Salivation felon quelques Praticiens , qui fuivirent Sauvages , (3) tandis que d'autres , qui avoient vü des malade3 falivans, devenir malgré cela Hydrophobes, ont rejetté cette Pratique & confeillé feulement les Frictions, donnéesfans exciter la Salivation, & ils ont auffi des Faits heureux, dont ils fe glorifient. Mal gré le nombre & 1'autorité des Fauteurs du Trai. tement Mercuriel, il ne faut point croire, que ce Medicament ait capté 1'attention de tous les Praticiens. (1) Toxicologia. p. 66. (3) Fehr. 1. c. (3) Surtout Matthieu , L c. p. 302. (4) Qu'ils evitent, furtout en doanant des Purgatifs Mer. curiels. voy. la Düchoisel, 1.£c. DralTique», . onel 1.  254 He la Rage dans f'Homme. Plufieurs Pont rejetté, d'aprés les Faits fifauft, qui nous paroiffent trés graves; & que Pon doit bien pefer, fi Pon veut decider la Queftion. i.) Le Mercure a pu avoir le fort de tous les autres Remèdes , vantés cotre la Rage. c. a d d'être f mvent adminiftré a des fujets, non fufceptibles d avoir la Rage , & comme le nombre en eft plus confidérable , qu'on ne penfe, rien de merveilleux, s'il a paru reufïir. 2.) Les plus grands Partifans de 1'ufage du Mercure eniployent lesScarifications, la Cauterifation les Einplatres Veficatoires fur la Playe, dont ils entretiennent la Suppuration pendant long tems* amfi comment peut on pretendre, que les bons effets font dós au Mercure «Sc non au Traitement Local, que nous avons vü reufïir conftamment feul, lors qu'il était bien adminiftré 2 30 Le Mercure eft fi peu le vrai Remede Pré. fervatif qu' une foule de Faits prouve le contra.re. Des perfonnes mordues font mortes Hydra. phebes, le Corps couvert de Mercure, comme les Obfervations de Thiessei., de Oudot, &c fa prouvent. (i) Majault Pa vu echouer, quoi'ou' adminiftré avec les plus gnmdes précautions & c. p. 260. ou en eloignant les Ffiétions. Baudot, p o Q Se.on BacHER, fl faut tenir BB milieu. ^ d£ M ' T. LXV. p. 8 32. (O Ap. le Roux p. 51. a 55. (O Journ, de Medecine. T. LVÜL p.57.  De la Rage dans l'Hofnme. ^55 Dix perfonnes, mordues par Ie même Animal, ont été traitées avec intelligence par les Friétions Mercurielies, & tous les Remèdes acceffoires; les unes ont falivé; les autres pas, & toutes n'en ont pas moins été attaquées de 1'Hydrophobie & font mortes CO. Dans un mordu < auouel Beaovais adminiftra fur le champ le Mercure, la falivation parut promptement , & cependant 1'Hydrophobie fe dèclara le 11? jour&'tuale malade. CO Ottens fit friétionner une perfonne mordue; la Salivation parut; tout fe paffa au point, qu'on croyait le malade fauvé; mais 1'öydrophobie parur le 85. jour après la morfure & le bleffé mourut. (3) Raymond fit adminiftrer a deux perfonnes mordues les Frictions Mercurielles, le Turbith Mineral intérieurement, ainfi que la poudre de Tunquin ; il fit Cautérifer les Playes & cependant toutes deux devinrent Hydrophobes & perirent. 00 Rank a fait friétionner plufieurs perfonnes apès la moriure & cependant 1'Hydrophobie s'eft declarée & a emportée les malades. (5) Frank , Partifan du Mercure, mais Medecin verace, aflure, avoir trouvé la (i) Rfbierre, Hifi. de !a Societé Royale de Medecine 1783 2e. partie p. 208. CO Ibid. p. 45. C3) Acad. de Harlem in Coram. Lips. T. XVIT.p. 462. C4) Medical Obfervat. and Inquiries Vol. V. appendix. C5) Ap: Baldinger, N. Magazin. T. Vil. p. 3Ö. Cf. Mezser, p. 354.  a§6 De ta Rage dans FHomme. methode de Schmucker. & les Friétions infufBsantes pour preferver de la Rage. T. IV. p. 384. Enfin on dit a Montpellier, que Sauvages fut induit en erreur au fujet des effets Antihydrophobiques du Mercure par deux Capucins, qui ayant la Vérole , défirant de pafler par les Remèdes , mais ne voulant point avouer leur mal, fe firent une égratignure au bras & vinrent confulter le celebre Profeffeur, & lui dirent avoir été mordu par un Chien enragé: il leur fit adminiftrer les friétions Mercurielies & les mit au rang de pre* fervés de la Rage. (Blumenaach, M. B. T. II. P- 39°- 4.) Non feulement le Mercure n'en; pas un Remede für, mais il eft encore dangereux, [par la précipitation, avec la quelle quelques Auteurs ont recommandé de le donner-, il a été fouvent une caufe d'Accidens trés graves. On adminiftra le Mercure fi inconfidérement a deux payfans , qu'ils furent attaqués d'une Phrenefie terrible & s'enfuirent dans les bois. -— Mignot a vu périr affez promptement deux perfonnes mordues d'une fievre inflammatoire, fuite du Mercure, adminiftré en trop fortes dofes. (2) Dans un Enfant mordu le Mercure agit fur la Gorge avec tant de vehe- men» (O Sauvaoes, I. c. (2) Hift. de la Soc. Roy. de Medecine 1783. ae partie, p, 5*.  Dé la Rage dans F Homme. 25? mence , qu'il y produifit une inflammation gangréneufe, ïuivie de Ia mort (1). Dans un fujet Cacochyme le Mercure augmenta la diffolution du fang & le fit perir (2). Le Mercure, frotté inconfidérement fur les Playes, fit périr un enfant & 3 autres perfonnes, traitées de même, eurent beaucoup de peine a fe fauver des mauvais effets de ce Remede (3). De tout ce, que nous avons dit, il eft permis de conclure, Que le Mercure eft un Remede infidel, fur le quel on ne doit point compter pour préferver de la Rage, puifque fouvent il a manqué fon objet, & que, lorfqu'il a préfervé, on peut a plus jufte titre 1'attribuer au Traitement Local, & qu'il eft dangéreux , quand il n'eft pas adminiftré par un Praticien eclairé. Malgré cela, je n'exclurois point le Mercure du Traitement R  £^8 Be la Ka ge dans V Homme. §. CLXXIV. IV. Claffe. Remèdes Préfervatifs Compofds. Nous re finirons jamais, fi nous voulions transcrireici toutes les Formules, qu'on a données pour la Rage & nous ne croions pas, en le faifant, fa, tisfsire 1'Uluflre Srcieté, qui doit juger de notre Travail i cependant nous nous permettrons de citer les noms de ces fameuxRemèdes. Un de plus accredités efl: la poudre de Palmarius, compofée de Rhue, de Verveine, deSauge, de Piautain, d'Abfynthe,deMenthe, d'Afmoife, de Melifle, de Betoine, de Millepertuis, de petite Centaurée, de Polypodes deflechées, pulverifées, & dont la dofe eft un demigros tous les matins, & il croyoit, que a, 3 ou 4. prifes fuffifoient, quelque fut la griévecé de la bleffure , dans une taffë de bouillon ou en Electuaire avec du Miel. (1) La pluspart des Recettes, vantées comme Préfervatives, font compofées a 1'inftar de celles la, mais aucune ne mérite notre confiance, Ces divers Remèdes font: le Préfervatif de Buhamel (2) , de Tullin (3), celui de Geoffroy (4), le Vinaigre Antilyfle (1) Ap. VAN SwtETEN. §. II4.7. (2) JoHrnal de Medecine. T. XXXVH. p. 227. (3) Hiftoire de la Societé Roijale de Medecine 1783. se. partie pag. 22. (O Ap. Struve, DiiT. Cit. §. XVIII. L  ï>e la Rage dans F'Homme. 259 deHANNELMANNfJi), le Julap de Mayerne (2), JaDecoöiondeGouRDON(3),l'Antidote de Saxe(4), celui d'Apul: Celsus (5), la Poudre de Heu*. • was, (6) de Joyant (8), le Remede de Wagner (8), celui de Hill ou de Ormskirk (9), celui de Ia Veuve Rumpff (ro) , celui du Marqtiis de Malaspjna, (ir) & Un grand nombre d'autres, publiés par Strtjve (ra), Marechal de Rougeres (13) & Andry, (14). (1) Aéta Medica Havnienfia, & ap. Struye , 1. c. (2) Van Swieten, §. 1147. & cy devant §. CLXXII. (3) Philofoph. Tranfaftionen Auzug. T. I. p. 319. (4; Ap. Struve, DilT. cit. §. XVIII. (5) Ibid. (6) Ibid. © (7) Ibid. (8) Tode, Med. Chirurg. Bibliothek I. B. 3- fluck. (9) Heysham, DiiT. cit. Bader, p. 128. (10) Bader, 1. c. p. 180. publié par Pr/ebsting, DilT. cit. & ap. Kostum, Med. Biblioth. ij B. ie ftuck. p. 141. (11) ap. Asti, I. c. Andry, Mem. de 1778. p. 5154. Bader, p. 132. Kostcm, 1. c. p. 139. (12) DilT. cit. §. XVIIf. (13) Journal de Medecine T. 38. p. 34.1. (14) Mem. de 1778. p, 560. feqt. R a  £öo De la Rage dans VHcmthe. §. CLXXV. Des Bains, comme Préfervatifs. Les Bains Domeftiques peuvent 'être utiles pour afibuplir la Peau dans les perfonnes d'un temperament fee & pour faciliter la tranfpiration & fecon« der par confequent feffet des autres Remèdes & Mead les a ordonnés conjointement avec le Lichen Cinereus, & plufieurs Praticiens, qui fe fervent des Friétions Mercurielies, font en même tems faire ufage du Bain; tel eft p. ex. Portal; mais ces Bains ne font, qu'un Acceffoire, &rien moins que Préfervatifs. On a cru pendant quelque tems, que les Bains de Mer étaient un Speeifique (i) & Longts dit, que de 23. perfonnes, mordues par un Loup enragé, & qui prirent toutes les Bains de mer, 17» ont été prefervées & 5 font mortes de 1'Hydrophobie. (ap: Andry, Mem. de 1778. p. 479O Mais ne peut on pas dire avec plus de fondement, qu'il n'y avoit, 'que ces 5 perfonnes , f'ufceptibles de contrr.cter la Rage, & furtout lorsqu'on corfidére, que de ces 5perf0nr.es, 3. étaient la Mere & fes 2. Filles & les 2 autres, Frere & Soeur, ce qui prouve encore la difpofition, dont nous avons parlé §. CIIJ. 62.5.1! efl poffible, qu'ils aient paru réuffir dans des fujets non difpofés 4 O) De Aqua marina Commentarius, Oxonii 1755, p. 94, Auétore Speek.  De la Rage dans PHomme. 261 devenir enragés; mais ils ont fi fouvent manqués leurs effets , & on a vu tant de perfonnes mordues devenir Hydrophobes, & perir, après avoir'fait ufage des Bains de la mer, qu'on n'en parle plus actuellement O). & d'ailleurs fuppofons pour un moment, qu'ils aietit quelqu' utilité, il ne feroit pas poffible de les employer partout. Cependant fi on habite les bords de la Mer, on peut les confeiller, fans negliger les autres moyens, feulement pour contenter les malades & les raflurer. §. CLXXVI. Immerfion dans PEau. Qaelquesuns ont eru trouver un bon Moyen Frophylaétique dans 1'lmmerfion fubite du malade dans 1'üau, & il femble, que C lse les ait plustöt recommandé dans cette vue p qne pour la Cure de 1'Hydrophobie dcclarée ap. Morg >gni Epift. 8. No. 26. Ce Moijen a pu ré jffir, felon quelques uns, a raifun des Sueurs, qui font furvenues après O).' Mais il n'en eft pas' moins infuffifant dans la plus part des Cas & fouvent dangéreux; cette manceu- (1) Bonkl|. 1. c.p. 575. MedicalTranfaaions.Vol.il. p. 199. Darluc. Jonrn. Med, 17ÓI. T. I+. p. 300. Andry , Mem. de 1778. p- 495. (2) Andry, Mem. 1778 p, 495. BacküR, }oum.d<5 Mod, T. 65. p. 227.  ÖÓ2 Be la Rage dans 1'Homme. vre a fouvent abouti a la mort, même felon Lisfer (i) & Layard a vu un Jeune homme perir a la fuite d'une femblable immerfion, cc un autre devenir imbecille. (2) Ces Immerfibns ne font plus employées. §. CLXXVII. Traitement Prophylactique , que nous prefefons, Nous avons expofé, jusqu'a prefent, ces divérfes methodes, qu'on a fuivies pour préferver de la Rage. Mais quelle eft celle, qui mérite la préférence? Nous avons vu, 'que chaque Auteur ne manquait pas de préferer la fienne ; mais nous av.-ns vu auffi que toutes ces Methodes n'ont pas toujours reinpli 1'éfpoir des Praticiens , qui les ont fuivies.-M.'ismj-X) wp-.tfqatSï ii * - ue- La Methode de Schmucker, celle de Roux, le Mercure, la Belladonna & tous les autres Remèdes les plus vantés, font bien loin d'avoir tou. jours reufü.; ainfi que faire ?• Nous croyons , que le Praucien prudent ne doit point s'en tenir a une ièule Méthode exclufive & qu' en reunifant les Remèdes les plus aétifs, on pourra être plus für de prevenir la maladie , -qnoiqu'a la fin , on foit dans Pincertitude de deterrainer preciièraent, quel efr (i) P' 54. CO i- c.  De la Rage dam PHomme* celui, qui a reëllement opéré Ia guérifon. La conduite , que nous confeillerions, ferait celle ci. i.) IJ faut fuivre exactement ce, que nous avons dit au fujet du Traitement Local, qui elt la bafe de toute préfervation dans cette cruelle circonftance , & les autres Moyens ne font que des Acceffoires, qui peuvent favorifer 1'effet du Traitement Local & que nous employerions de la manière fuivante. q.) S'il y a indice de faburre dans les prémières Voies, il faut donner un Emétique. 3. ) Ordonner les 51 dofes de poudre de Belladonna , felon la prefcription de Munch. 4. ) Donner tous les fbirs au Malade, en entrant dans le lit, les jours, ou il n' aura point pris de Belladonna, trois onces de bon Vinaigre, dans le quel on fera infufer de la Rhue, du Scordiurn, de 1'Abrotanum, & tous les foirs indifti'iétement un, Lavement avec une 'Decoétion de fleurs de Chamamilles, & deux onces d'Oxyrhe! fimple. On continuera ce Traitement pendant deux femaines. 5. ) Si, après avoir fait ces Remèdes, on he fe croit pas encore affer für, on fera frotter tous les jours, pendant fix femaines, un demigros ou un gros d'Onguent Mercuriel fur le membre mordu, & enfuite fur les autres membres, & fi le malade, a la commodité, ou lui fera prendre de deux jours 1'un, un Baintiede. Tous les 5 ou 6 jours on pre*, fcrira une dofe de Pilules Purgatives Mercurielies, p"6u"r empecher la falivation. 6. ) On pcofcrira. en même tems, qu'on ordonnera. R 4  3Ó4 De la Rage dans PHomme, . les Friétions, les Pilules de Werlhoff, furtout dans les perfonnes, qui n'auront pas fué convenablement pendant 1'ufage de la Belladonna & du Vinaigre, & on fera prendre un Thé avec le Mourron Rouge. 7.) S'il fe manifefie q'ielque Symptome Nerveux, quelques mouvemens Convulfifs, on donnera la Poudre fuivante. Prenez dix grains de Cinnabre faclice, fix grains de Mufc, quatre grains de Camphre , & un grain d'Opium, & 1'on fait boire par deffus un Thé Sudnrifique de Fleurs de Tilleul, deSureau, de Chamomille oude Rhue. (r) NB. II ne faut pas s'effrayer trop aifément, car. 1'effet des Remèdes d'une Maladie intercurrente peuvent occafioner des Symptomes, qui exigent la Saignée, les Emètiques, les Purgatifs, &c. & qui doivent être determinés 'par la fagacité du Praticien. §. CLXXVIII. Dié té ProphylaStique. Pendant 1'ufage de ces Remèdes, le malade ne prendraque des alimens de facile digeftion; il s'abtiendra de Viande, ou bien ne mangera que de la Volaille Bouillie ; beaucoup de Legumes ; on eviterales boiffons Spiritueufes; on fera coucher le ma- (1) C.Fr. Rhan, Gazette de Santé, 1. c.  De la Rage dans VHomme. 265 lade "dans la chambre la-plus vatte, qu'on pourra lui procurer — &, pendant lajournée , on brulera, a diverfes reprifes, du Vinaigre fur unepelle ou fur un morceau de brique, rougie au feu, ou mieux on laiffera évaporer du Vinaigre dans la chambre ; mais ces Vaporations ne pourront fe faire, que pendant un quart d'heure, trois fois par jour; alors on tiendra les fenêtres fermées, mais, desque ce tems fera ecoulé , on les ouvrira, pour y faire rentrer de 1'air pur, & on les refermera. On aura furtout foin auffi, d'evirer toutes les paffions vives, & tout ce qui pourrait trop ébranler le Genre Nerveux de ces malades. II eft k crcire, qu'en fuivant une femblable methode, furtout en ayant toujours egard a 1'état de la Playe, on préviendra plus heureufement cette cruelle maladie, qu'en s'obftinant a ne vouloir fuivre qu'un procédé. §. CLXXIX. Traitement, lorsqu'on eft appellé dans le Second Période de la Maladie. Nous ne fommes quelquefois appellés, que dans le moment, ou les Phénoménes Précurfeurs fe manifeftent a la Playe & dans toute 1'habitude du Corps; & le mnment n'eft plus auffl'avantageux, que le Premier Péiiode, mais il y a de 1'efpoir, & il faut tout tenter, pour éviter le Symptome cruel de 1'Hydrophobie. Le prémier foin du PraR 5  2.66 De k Rage dans FHomme. ticien eft de moijtrer beaucoup" de calme, de fang* froid au malade, & de le ralfurer fur fon état & de lui promettre la guérifon. Enfuite on met en u iage le Traitement, que nous avons confeillé ; il faut furtout fcarifier la Playe, fi elle eft encore ouverte; ouvrlr la cicatrice, fi elle eft fermée; éc détruire autant, qu'il fera poffible, avec le Cauftique Potentiel, toute cette place, c'eft le plus für; enfuite on fera Vomir, pourimprimer une grande fecouife a toute la Machine; debaraffer les premières Voies de fucs corrompus, qui s'y trouvent communement & ouvrir les pores de la Peau, fa«. ciliter les fondïons du Poumon. Après I'ach'un de 1'Emetique,. on prefcrira une petite dofe de Theriaque & le lendemain on commencera la Belladonna, & 1'on fera prendre tous les foirs la poudre Antilpafmodique, decrite §, CLXXV1I. N), 7.) dans 3 onces de bon Vinaigre. Si le malade fe. plaint de douleur, de tenfion dans Ia partie mordue, on la frottera matin & foir avec le Liniment Volatil Camphré, mê'é avec égale quantité d'Onguent Neapohtain^ & on couvrira; toute la partie avec des Compreffes epaifles, trempées dans le Vinaigre de Rhue &c. tiede, & on Jes renouvellera toutes les deux hewes, en faifant chaque fuis fur la parlie de legères Friétions,avec une flanelle , imbibée de Vinaigre Camphré. Tous les foirs on donnera un Lavement, avec deux onces d'Oxymel fimple & qn fera, cir.q fois par jour, des évaporations de Vinaigre dans la chambre. Nous ne confeillons poinfc ici le Meictire, patceque nous, ne. croyons i>oint u  De la Rage dans THomme. fiö? fa vertu & tout ce, qu'on a dit «n fa faveur, nous parait ne point devoir lui être attribué; mais bien au Traitement Local, aux Sudorifiques & aux Antifpafmodiques, dont on s'eft fervi en même tems; le mélange de 1'Onguent Neapolitain avec le Liniment Volatil conferve en outre ce Medicament pour ceux, qui croyent a la fpecificité de ce Mineral. En fuivant-ce Traitement, on fera affez heu^ reux pour eviter un grand nombre de fois Tapparition de 1'Hydrophobie & la fin tragique de Pindividu & plufieurs Obferva'.ions nous prouvent, qu'on a déja reufii, quoique par des voies différentes a prevenir la mort dans des fujets, ou la maladie étoit déja arrivée a ce point (i). (1) Moneta, 1. c. p. ai. 26. Aux, Obferv. Chirurgica, fase. III, p. 27. Matthieu, 1. c. p. 306,307. Dans ce dernier malade il fit ufer dans un court espace dc tems 12 Onces d'Onguent Mercuriel & preferva fans faire attention a la Playe. Je ne doute point de la cure; mais les accidens dependaient ils rééllement du Virus Rabieux/ C'eft ce, dont je doute. D/.p.luc. Journ. de Med. Avril 1761. Baudot,. 3 Obferv. L c, p, 117. 118. 120. T. 14. p. 301. Avec 1'Alkali Volatil. ■ •  368 Be la Rage dans PHomme. * . • t CLXXX. Traitement de VHydropbobie. Lorsque 1'Hydrophobie s'eft mamfeftée, le malade eft perdu; cependant quelques Obfervations prouvent, qu'on ne doit point 1'abandonner, & heureux notre fiecle, qui a vu bannir pour jamais la coutume barbare d'etoufler ces infortunés. Quelle conduite tiendrons nous? J'avoue, qu'il n'y a rien d'auffi difficile, que de demêler la verité danspresque tout ce, qu'on a fait jusqu'a préfent. Donnez du Mercure a Ia plus forte dofe poffible ; & faites faliver dit 1'un (O- Baignez le dans 1'HuL Ie, dit un autre (2). Saignez jusqu'i defaillan^ ce, dit un 3». enfin un 4e. & un 5?. paroiffent vous ordonner autre chofe ; d'ou vient tant de confufion? De.ce, qu'on n'a pas confideré tout l'Enfemble de la maladie dans l'adminiftration des Remèdes. S. CLXXXI, II ne faut jamais négliger la Cicatrice ou Ia Playe, fi elle n'eft point encore fermée. On la traitera, comme nous 1'avons dit, & on Ia panfera après la (1 Matthieu, 1 c Callisen, &c. (2) Sims Memories of the Medical Society of Lo. don Vol, II. p, 3.  De la Rage dans THomme. sfy cautérifation avec un Digeftif irritant, & un peu de Theriaque, fortout, fi le fujet eft tres fenfible. Lister rouvrait toujours la Playe a cette époque (i) & les Modernes ont bien fait, de le fuivre (V). On frictionnera toute la partie avec le Liniment Volatil Camphré toutes les 4. heures, & on Pen* veloppera de Compreffes, trempées dans le Vinaigre Aromatique, que 1'on renouvellera toutes les 5» ou 4. heures. §. CLXXXII. Ufage de la Saignée. Si les Symptomes font trés violens, Ie pculs plein, fort & le fujetPlethorique, il faut faire une Saignée, pour calmer cette effervefcence; mais il faut être oeconome de ce Moyen & menager les forces du fujet (3). Nous avons plufieurs Obfervations , qui prouvent 1'utilité des Saignées trés copieufes. «.) Une Femme enragée fut faignée jufqu'a la defaillance; on la tint attachée pendant un an au pain & a 1'eau & elle fut guérie (4). Mais peut- CO P- 44« (2) Bouteille, p. 204. (3) Aubry, Oracles de Cas. p. 737, (4) Poupart, Acad. Royal des Sciences. 1699.  270 De la Rage dans l'Homme. on ranger ce fait dans Ia ClafTe de la vraie Hydro. phobie? Je ne Ie crois pas. !>.} Un Hommee qui avoit été mordu deux moiê auparavant par un Chien enragé, fut guéri de Phorreur de 1'Eau, & de fon Vertige, par 12c. onces de fang, qu*on lui tira en plufieurs Saignées, faites brufquement CO' t?0 On lit dans le Gentleman; Magazin du mois de Septembre 1752., que plufieurs Hydrophobes ont été guéris par des Saignées jufqu'a dé- faillance, qu'on pratiquoit au commencement de chaque attaque (2). d.) Un Femme enragée fe bleffe a Ia Tempé; le fang s'écoula en grande quantité, elle tomba en défaillance & fut guérie (3). II ne faut point fe laifier induire en erreurparces Faits & trop croire a la Saignée, car il n'y a rien d'auffi peu déterminé, que la vraie nature de ces Cas, &la Saignée ne doit être faite qu' avec beau- coup de menagementé (O David Hartley , P. T. 1738. N. 448. Auszug von Leske. T. II. p. 564. (2) Vid. Comment. Lips. Vol. IV. p. 57. (3; Journal Encyclopedique Septembre 1761.  t>s la Rage dans PHomme. ajl §. CLXXXIII. Les Emetiques. Si 1'on refiechit h 1'état de 1'Eftomac, gorgé de Bile, de Sucs dcres, & au foulagement, que les malades éprouvent le plus fouvent, lorsqu'ils ont vomi, on reconnoitra la neceffité d'un Emetique pour evacuer ces matieres, & fi le malade ne peut rien avaler de fluide, on peut lui donner 1'Emetique en poudre, & mêlé avec un Syrop, ou en faire plufieurs petits Bols. Ce n'eft que fous ce rapport, que leTurbith Minéral a pu être utile a quelques uns. L'Emetique a non feulement 1'avantage d'evacuer les premières Voies, maïs il imprime une fecouffe a toute la machine, retablit les fonclions de la Peau, facilite la Tranfpiration, la Circulation dans les Poumons, 1'evaporation des Miafmes deleteres ücres, peutêtre Rabieux, & augmente la fecretion des Glandes Muqueufes de la gorge, & favorife peutêtre d'une manière ou d'autre 1'expulfion du Virus, (i) (i) Conf. Struve, DifT. cit. p. 12. Bouteille, p. 191, 193-  «fa De la Rage dans PHomme. S. ClXXXIV. Les Purgatifs. Les anciens recommandaient les Purgatifs actifs, tel que fHellebore dans le commencement de ce Periode. „ Quidam, qui jam aquae metum „ fentirent, fumptoHelleboro, fimulacprimummor„ bi impetum experirentur, fanati funt, nam & jam „ vitio tentatus nemo unquam fervari poteft (i)." Salius Diversus s'exprime a peu prés de même, mais Pexperience n'apointprouvé 1'efficacité de cette Pratique, & de plus les forts Purgatifs affaibiis. fent trop. Ainfi nous ne les confeillons pas, mais ce que nous croyons avantageux, c'eft de donner a ou 3 fois par jour un Lavement avec de la Fleur de Chamomille & 3. Onces de Vinaigre, pour evacuer Ie gros Inteftins & comme Antiputrides, bien entendu, que ces Lavemens ne feront reiterés, que dans le cas, ou leur contact ne caufe point de Spafme, comme on Pa deja remarqué, car alors leur ufage augmemerait les Accidens. On a recommandé dans ce Période, comme dans Ia cure Pre» fervative divers Remèdes, avec les quels on a quelque fois gueris, & que nous voulons expjfer. (O De Tberiaca. Cap. III am End. Djscorides. §. CLXXXV.  De la Rage dans PHomme. 273 %. CLXXXV; L"1 Opium. L'Opium a auffi forte dofe, que les malades peuvent le fupporter, a été vanté par plufieurs Praticiens. On peut monter peu a peu jusqu'a en donfier plufieurs grains, toutes les deux heures. Laneri en a vu de bons effets (Q. Robert Whyt allure, que Nugent n'a guéri, qu'a raifon de 1'Opium, qu'il a prefcrit dans fa poudre (2). Mais ce grand Homme aurait bien pu fe tromper, en n'attribuant rien aux autres Remèdes, que Nugent a ordonnë en même tems. Macbride recommande auffi 1'Opium & veut, qu'on traite comme dans le Tétanos (3> Un Medecin Anglais a guéri avec de fortes dofes d'Opium. (4) Malgré cela, il ne faut pas croire ce Remede fi èfficace. II eft vraifemblable, que 1'Hydrophobie dans les cas mérttionnés, n'étoit'pas Contagieufe ou Vénimeufe,c'eft a dire, dependartte du Virus Rabieux. Frank a vu plufieurs fois adminiftrer 1'Opium a trés fortes dofes , & ce Medicament ne produire aucun effet. (5) Nous niprefcrivons pas fon ufage, mais co Ap. Frank, T IV. p. 3119. co Samtliche Practifche Werke. p. 555, C3) Siftemaiifche Einleitung. T. I. p. 8 -9; (o Gazette de Santé. Paris 1777. p. jj'j cs) T. IV. p. 319. S  S74 De la Rage dans F Homme. nous difons, qu'il faut 1'employer avec beaucoup de précaution, car il affoupit, il engourdit toute la machine & empêche, que la dépuration fe fasfe, & favorife la Gangrene & la Paralyfie, c'eft pourquoi Bouteille prefere la Thériaque, unie au Camphre ou Püxtrait de Tétes de Coquelicot (i). $. CLXXXVI. La Belladonna. Si la Rage fe manifefte pendant 1'ufage de la Belladonna, prife comme Préfervatif, il faut faire boire du Lait frais au Malade & le faire reder au lit, & s'il fue beaucoup, le paroxyfire difparoit bientöt. Si la Rage a paru, avant 1'ufage de la Belladonna & que Ia ie. & la 20. poudre ne Ia faflè pas difparoitre , ou femble plutot 1'augraenter , on doit faire une Saignée du pied & continuer le même Remede, feulement en augmentant la dofe. 1'Obfervation fuivante prouve les bons effets de ce Remede. Une petite fille de 8 ans fut mordue par un Chien enragé, & le 9^ jour aprés 1'accident, 1'Hydrophobie furvint. Munch lui fit prendre fur le champ un Laxatif avec le Sel de Glauber & la Manne, & Je foir une dofe de 3 grains de Belladonna. La malade devint peu après agitée, elle voulait fortir; du lit, & on fut obligé de 1'y atta. (O c. p.  De la Rage dans rtfomme. 275 dier; au bout de quelques heures elle tomba dans un profond fommeil & dans une fueur confidérable : a fon reveil, elle put boire, le fecond jour au foir elle prit 4. grains & demi de Belladonna, & le 3e. jour une 3% poudre de quatre grains, & elle fut retablie CO* 1'Aureur a plufieurs Obfervations, qui prouvent de même 1'efficacité de Ia Belladonna. §. CLXXXVil. Le Quinquina. VEcorce du PerouJ, comme un des plus puiffants Antiputrides & Toniques, a été recommandée par quelques Praticiens. Pelet 1'a confeillé (a). B;>nz a 1'Obfervation d'une perfonne du fexe Hydrophobe , ou le Quinquina, joint au Musc, a fait prolonger la maladie pendant un mois & a opéré Ia guérifon (3). Cette malade pouvoit bien boire la decoclion de China avec la Valeriane, mais elle avait une horreur invincible pour 1'Eau. La De» coélion etait compofée d'une once de Quinquina, (O Ap. Richter C. B. T. V. p. 38?. &. VI. p. 338. Nicolai Recepten T. I. p. 1075. & 1. c. Cap. IX. OO Hiftoire de la Societé Royale de Medecine, 17Ï3. se. partie p. 74. (3) Nova Aéta Pliyfico-Med. Acad. Nat Curiof. p. 46. Comment. Lips. T. XX. p, 108. S 2  276 De la Rage dans THomme, boullie dans deux livres d'Eau; fur la fin on fa? fait infufèr une demie once de Racine de Serpentaire de Virginie, & on diffolvait dans laColature deux gros de Nitre, & quatre Scrupules dé Tartre foluble. On donnait, toutes les2heures, 3 grains de Musc. Elle a pris dans eet interval Ie 15 Onces de China, 7 Onces de Valeriane & 5 gros a 27 grains de Musc: & Foot le propofe auffi, vü que les autres Anti-fpafmodiques ont été leplus fouvent fans fuccès CO & nous penfons, qu'il pourrait être trèsutile,combiné ad'autres Remèdes, comme nous le dirons plus loin. Hervet en a tiré grand partie, uni a 1'Akali Volatil Fluor. Je fens bien , qu'on peut élever des doutes fur la vraie nature de la maladie, traitée par Bonz, & qu'il efl bien fingulier, que Ie malade, qui avait 1'horreur de 1'Eau pure, pü 1'avaler, chargée des principes du Quinquina &c. mais je crois, qu'on doit faire attention a cefait, &ce Traitement, dansles cas, ou ces malheureux peuvent avaler , me parait trés bon & s'ils ne peuvent avaler & qu'ils fupportent les Lavemens, il faut donner ce Medicament par cette voie. CO 1. c.  De la Rage dans PHomme. £77 $. CLXXXVIII, Le Vinaigre. Le Vinaigre mérite encore notre attention dans ce fatal Periode; il eft bon Antiputride, Cardiaque, Sudorifique, & ne peut qu'être fort utile Le Dr. Leonisky a donné avec le plus grand fuccès aux Hydrophobes, qui pouvaient encore avaler quelques fluides, une livre de Vinaigre, trois fois par jour CO- Le Clerc a 1'exemple d'un Hydrophobe, gueri par la boiflbn du Vinaigre a la dofe d'un Livre par jour CO- Mais il ne faudrait pas le donner feul, le Vinaigre Camphré feroit fort bon dans ces Circonftances. Quelqu' excellent que puifle être ce Remede, il faut fe rappeller, que les malades ne pouvant avaler des fluides, que dans des cas fort rares, on ne pourra 1'employer par la voie de la déglutition ; de lk 1'utilité de le donner dans des Lavemens, unis au Camphre, & a d'autres Anti. fpafmodiques. Le Vinaigre en vapeurs a auffi été confeillé & parait être fort utile. Beudon allure, avoir guéri des Chiens enragés, en les tenant dans un Atmofphere, chargé de Ia vapeur du Vi« (1) Reuss Obferv. Medica?. p. 319. (2) Hiftoire Naturelle de 1'Homme Malade T. II. ?. 37». S3  2-7% De la Rage dans rilomme. naigre Cr) Hervet a guéri une Hydrophobie avec 1'Alkali Volatil intérieurement & la vapeur du Vinaigre. (2) Struve confeillé dans la même vue de tenir conftamment devant la bouche du malade une Eponge, imbibée de Vinaigre. C3) On peut employer ce Moyen auxiliaire , pourvuque les malades ne s'en trouvent pas incommodés, comme on 1'a obfervé (4). $. CLXXXIX, Coquilles d' Huitres Calcinées. Le Comte Medecin k R&etcl, communica en 1749 a 1'Academie Royale des Sciencés de Paris une Obfervation, puïa paru accorder quelque confiance a ce Remede. Un Brigadier des Armées du Roi, fut mordu par un Chien au bras droit; ce Chien le couvrit d'écume fans lui faire de Playe k 1'endroit mordu, mais la Contufion lui caufa une douleur fupportable, qui dura 24 a 36. heures: Uu Chaflèur, voyant ce Chien chancelant, & écumant, letua, comme enragé. Ce Seigneur avait prèsque oublié fon accident, lorsque ai. jours CO Voy. ap. Andry. Mem. 1778. p, 473. Ca)Journ. de Med. T. LXII. C3) DilT- cit. p. 13. C4) Hiftoire de.la Socièté Royale de Medecine, 1783, se. partie. p. 179.  De la Rage clans VHomme. 279 après, il fetrouva mal, étant k la ChalTe; il fut attaqué d'accés de fureur trés violents & de 1'horreur de 1'Eau, On lui donna un Remede vanté pour les Animaux & qui avait guéri une Fille, qui avait été mordue par. un Bceuf. Ce Remede confifte a faire prendre toutes les douze heures quatre gros de poudre de Coquilles d'Huitres males calcinées, que 1'on incorpore avec 5 Oeufs pour faire une Omelette & 1'on continue jusqu'a ce, que le milade foit quitte de fes acces; pendant tout ce tems, le malade ne doit rien boire ni rien manger. CO 11 ne m'eft Pas Pcffible de voir dans cet' te Hiftoire une Hydrophobie inoculée, une Contufion au bras, fans playe, a travers les habits: certes il faudrait, que le Virus fut bien pénétrant pour infecter dans des circonftances de cette nature. Ie penfe, que les accès de fureur n'ont été occafionnés que par des fucs acres, renfermés dans 1'Eftomac, exaltés par la chaleur de la Chaffe & qui en s'uniftant avec cette Chaux, qui les a abforbée, ontcefféd'irriter le Ventricule. Un bon Emetique aurait fans doute fait beaucoup plus de bien* Du refte cette Omelette n'a pas toujours reusfi (2). Quoique ce Medicament ne doive point jouer un role principal, je penfe cependant, que, vu 1'état de corruption d'acidité des fucs Digeftifs CO Hiftoire de 1'Acad. Royale des Sciences, 1749. Obf Anat. IV. (a) Gazette Sanitaire 1777. F0. 7- S4  28o Be la Rage aans 1'Homme. dans cette circonftance, on doit conferver cette Poudre, unie aux autres Remèdes, comme les An, glais 1'pnt fait dans le Bul, qu'ilsprefcrivent. §. cxc, Alkali Volatil Fluor, Martinet rapporte 4 Obfervations, ou 1'Alka, li Volatil Fluor, donné dans le commence ment de Papparition de 1'Hydrophobie, a fauvé les malades. Hkrvet a publié dans Ie Journal de Medecine 1'Obfervation d'un Jeune Homme enragé, après la morfure d'un Chien , qui fut fauvè par 1'Alkali Volatil, uni au Quinquina & a 1'ufage de la vapeur du Vinaigre, & il avait vu, une annee auparavant, une Hydropbobie, guérie par le méme Remede. (1) Ce Remede avait déja été confeillé par Mr. Guettard , vu fon efficacité dans Ia morfure de la Vipère (3), Mais eet Auteur avait été prevenu par Mr. leCAMus. Ce Remede convient furtout comme Sudorifique. ■ (O Journal de Medecine. 1784. T. 6a. p. 704. (2) Mem. Sur les Sciences & les Arts. 1768. T, l  De la Rage dam ? Homme. 281 §• CXCI. Ze Profcarabée.] Kortüm a guéri, par une feule dofe de 1'Electuaire de Profcarabée, |une Hydrophobie commencante, le ae jour de la morfure, dans une Femme de 40, ans. Après avoir avalée la dofe, cette Fem^ me tomba dans un fommeil profond, qui dura 5 heures , & pendant lequel elle fua étonnement; elle s'evailla enfuite entièrement tranquillc & jouisfante de fes Facultes Intellectuelles, mais elle relTentait une Paralyfie des extremités inférieures, Jqui difparut au bout de quelques fèmaines, & elle fut parfairement rétablie. (1) /Epli recommande auflj les Pilules de Werlhoff, la Tincture de Cantharides, 1'Empldtre Veficatoire; il efpere tout de Papparition de la DylTurie, qui felon lui pourra attirer le jeu des Nerfs fur une autre partie (2), Mais j'efpere peu de cette irritation fur la Veffie, & s'il faut une irritation oppofée, on peut la fufciter bien plus efficacement d'une autre manière. (1) Ap. Fëhr. p. 107. (3) Ap- Rham . Ga zette de Santé, T. II. p. 4^!9, 9 $  3i3 Dt la Rage dans P'Homme. $. CXCII. Le Musc. Ce Remede, c^mme un des Principaux Antifpasmodiques & Diaphoretiqus a été trés vanté & merite auffi d'être employé; il fait Ie principal Ingrediënt de Ia poudre de Tunqtjin ou de Cobb, dont nous avons donné la Formule cy devant §. CLXIX. fi au bout de 2 ou 3 heures, que 1'on a pris la première dofe du Remede, il ne furvient point de Sueur, on en donne une feconde dofe & ainfi de fuite, &fi les Convulfions font trés violentes, on y ajoute un grain d'Opium, Chaque Praticien a fait quelque changement a la Formule primitive, & je crois, qu'on a tort, de ne pas la conferver dans fon integrité, fans vouloir ici raifonner fur Ia manière d'agir du Cinnabre &c. Je crois, qu'il n'eft point fans effet, & d'ailleurs quelque foit fon peu d'energie, pourquoi 1'öter, puisque certainement il ne peut faire de mal. Pringle , Gmelin, Mellin vante furtout le Bol Anglais (Bolus jfnglorum) compofé de Musc, Nitre, poudre de Coquilles d'Huitres, de chaque douze grains, d'une grain de Camphre, dont on fait des Boles pour une dofe avec fuffifante quantité d'Extrait d'Aurée (Enuld). On donne un femblable Bol toutes les huit heures. On a vu de bons effets de ce Bol Anglais avec un demi grain d'Opiura, donné la  De' la Rage dans 1'Homme. 283 foir & le matin CO- Le Musc eft un des principaux Moyens, mais on ne doit point le croire infaillible, & il exige quelques précautions; il faut quelquefois le faire preceder d'une Saignée; 1'unir au Nitre; au Camphre, felon le temperament du malade (2), & fi les premières dofes ne font point d'effet, il faut 1'augmenter & même fouvent il n'a pas reuffi, quoique fortement dofé & trés bon., (car du Musc falfifié ne mérite aucune confiance.) Un Hydrophobe, traité par Babington , prit toutes les deux heures un Bol de 15 grains de Musc & cependant il mourut f3). Callisen fit donner a un Hydrcphobe, qui mourut 28 heures après 1'apparition de ce Symptome, neuf grains d'Opium & deux gros de Musc, dans ce court efpace de tems, & il re put fauver 1'individu (4). Tode rapporte, avoir traité un jeune Homme Hydropho* be, au quelil fit prendre 560. grains de Musc k la dofe de 20, 30, 40. grains toutes les fix heures & enfuite toutes les deux heures; le malade éprouva quelques intervalles de tranquilité, fua prodigieufement, & n'en mourut pas moins (5)- (1) Gazette dc Santé de Paris 1777. p. 132. Wricht* «on, Medical Transaftions, Vol. II, p. 19^ (2) Bouteille, p. 196. feq. (3) Medical Communications, Vil. I. (4) Aéta Soe. Med. Havniens. Vo!. I. p. «77* (5) Medicinifche Annalen van ihm 9» Heftp, 33.  284 De la Rage dans PHomme. $. CXCIII. On a recomraandé diverfes autres Formules Antifpafmodiques, tels que Le Bol de Hillary, compofé du Sel Volatil de Succin, de Camphre, de chaque'huit grains, d'une goutte d'Huüe de Menrhe & de quantité fuffifante de Theriaque. On en faut prendre un, toutes les quatre, cinq heures. Bol de Tissot, compofé d'un gros de poudre de Serpentaire de Virginie, de dix grains de Camphre, autant d'Afa foetida & d'un grain d'Opiura & de quantité fuffifante de Rob de Sureau. On le donne toutes les 3, 4, 5. heures. Bonel precrivit une fois unBol, fait d'un grain & demi d'Opium; de quatre grains d'Extrait de Jucquiance , de fix grains de Camphre & en même tems il fit donner un Julep Camphré & Musqué, & fon malade n'en mourut pas moins (r). %. cxciv. La Morfure de la Vipere. Dem athtjs d'après les idéés de Alphonse t,e Ror a propofé de faire piquer les Hydrophobes par une Vipere, pour faire ceffer 1'Hydrophobie & de guérir enfuite la morfure de la Vipere avec 1'Huile & Alkali Volatil. II fit mordre un gros Chien en- (1) L. c. p. 287,  De ta Rage dans FHomnie. 2% Mgé par une Vipere , qui fit a eet Animal quelques morfures a la Tête & une a la Gueule. En moins d'une heure la tête du Chien fut horriblement gonflée; après deux heures 1'Animal but beaucoup d'Eau avec une grande avidité, mais il périt de fes morfures au bout de quatre heures (i). Taranget a fait des objeétions fondées contre la Théorie de le Roi, qui veut pour guerir la Rage fufpendre le Principe Vital, & neutralifer le Virus, & contre Demathus, qui croit, que la morfure de la Vipere remplit ces deux objets (a). Nous ne nous y arrêterons point & nous dirons fe dement, que les experiences, faites fur PHomme, n'ont rien de fatisfaifant pour ce procédé. Les fréres REBiéRE ont fait mordre trois hommes Hydrophobes & n'ont point obfervé de changement avantageux pour les Malades. Ce qu'il y a de particulier cependant, c'eft, que le Venin de la Vipere, qui produit des gonflemens alfez confiderables, des Echymofes & autres Accidens funeftes, a été, fuivant le Rapport des Obfervateurs, fans aélion dans cette circonftance; les malades ne fe font plaints, que d'une petite douleur momentanée & le feul effet a été une petite aréole de couleur rofe, fur les morfures, mais fans gonflement (3). Les Adminiftrateurs de l'Ho|el (1) Journ. de Med. T. 61. p. 367. (2) Voyez Journ. de Med. T. 62. p. 17. (3) Hifi. de la Soc. Roy. de Med. 1783. 2e parde p. 210.  286 Le ta Rage dans fHomme. de Dieu de Lijon ordonnèrent en 1786. de faire 1'eifai de cette morfure fur deux hommes Hydrophobesi 1'Hydrophobie difparut après Ia piquure de la Vipere, mais les malades moururent peu d'heures après dans les Convulfions (1). ReisiNGtR I*a effayé fur deux malades, dont 1'un fut piqué par la Vipere au Col, & mourut 5 heures après, fuffoqué par 1'énorme tumefaétion du Col. Le fecond malade, piqué a la jambe, mourut fix henres après, ayant Ia Cuiffe & la Jambe trés tumefiés C2> Les Faits ne (bnt pas de nature a infpirer beaucoup de confiance dans ce moyen, qui n'eft pas même fondé de Theorie. $. CXCV. Le Mercure. On trouve, parmi les Praticiens, une telle di* verfité d'opinions fur 1'ufage du Mercure a cette époque, qu'on ne fait en verité, a quoi fe decider. Les uns recommandent de frictiofiner promptement les malades a forte dofe; de lui donner le Mercure (O Giubert, Adverfaria Medico Practica Prima, P- 257- (2) DilT. Obferv. Medicas & Chirurgicas cofltinens, Gotting 1789. p. 37. II ca poffible, que les deux fairs, rapportés par Reisinger , foient les mémes, que ceux. que Gilibebt nous a communiqué.  De la Rage dans rilomtne, 2B7 Interieurement, de le baigner, s'il efl: poffible, & de faire enfin tout ce, que 1'on pourra, pour exciter promptement la Salivation: d'ordonneren même tems les Antifpasmodiques, furtout le Mufc, ou 1'un des Bols, prefcrits cy devant, & ils veulent avoir guéri 1'Hydrophobie (1) & fi ies autres Praticiens n'ont point eü leurs fuccès, ils en accufent la trop petite dofe de Mercure, qu'ils ont adminiftré (a). D'autres Praticiens n'ont point obfervé tous ces grands avantages, dans les obfervations de Bona» fos (3) & de Roure (4). II femble, que les Friétions ont fait cefler 1'horreur de 1'Eau; les malades ont pu boire, mais font morts bientöt après, Phénomène, que 1'on obfervé chez plufieurs Hydrophobes, quoiqu'ils n'ayent point pris de Mercure, & qu'on ne peut par confequant lui attribuer tout entier. D'autres ont fuivi exaélement la conduite, prefcrite par les Partifans du Mercure & n'en ont point retiré d'avantage (5). Baudot les (O Fougerotte, Hifi. de Ia Soc. Roy. de Med. 1783. se partie, p. 104. Beaussier de Ia Bouchardiere , Journ. de Med. T. 40. p. 120. Callisen Colleft. Societ Med. Havnienfis Vol. I. p. 273. Matthieu, 1.c. p. 317. 310. Obferv. (a) Matthieu, I. c. p. 319. —— Bonel, I. c.p 278 (3) Ap. Andry, Memoires de 1778. p. 520. (4) Hiftoire de la Societé Royale de Medecine, 2e. partie, p 34. (5) CoRviNus ap. Erpenseck , DifT. cit. p, 35.  288 De la Rage dam VHommè. a vues fans fuccès, quoi qu'elles euffent excité ld Salivation (i). Moreao, Fothergill, Waughan (a), Font vu 1'adminiftrer fans fuccès. Le premier de ces Auteurs, ainfi que van der Monde (3) Bouteille (4) ]e regardent comme pernicieux dans ces circonftances; & ils attribuent les fuccès, qu'on a pu avoir, ou 4 une erreurdans Ia vraie connoiffance de la nature de la maladie, ou aux Antifpafmodiques, & au Traitement Local, que quelques uns de ces Auteurs ont employé en même tems. Cette diverfité d'opinions prouve au moins, que ce Remede eft bien incertain. §. CXCVI. lmmtrfion dans F Eau. On lit dans le XII. Volume des Memoires dé 1'Academie Royale des Sciences An. 1699. qu'un Homme enragé fut guéri par les Sueursj, qu'excitèrent 200 Sceaux d'Eau, qu'on lui jetta fur le Corps, après 1'avoir attaché a un poteau; & dans le même endroit on voit, qu'un Fille de 20 ans, mordue, a été guérie par 1'Immerfion reiterée dans un Bain d'Eau prefque froide, tenant en difl'ulution (O L- c p. 127. Ca) Ap. le Roux, p. 56. C3) Journal de Medeciue, T. 14, p. 321, CO L- c- p. 244. 246.  ■ De la Rage dans P Homme 2P9 <3u Sel Marin, & dans le quel on la plongea a plufieurs reprifes; a la fin de ces Immerfions elle pouvoir foutenir i'afpect: de 1'Eau, il lui furvint une Fievre, qu'on traitapar les moyens connus, & elle fut guérie, dans 1'efpace d'un mois, par 1'ufage reïterée des Bains. On jetta fur le corps d'un homme devenu enragé, fix mois après la morfure d'un Chat, une grande quantité d'Eau, & 1 horreur de 1'Eau difparut, ce qui n'empêcha point la mort, mais ce moyen ne fut tente qué 30. heures après Fapparition de ce Symptome (1). Huzard a communiqué dans le Journal de Medecine plufieurs Obfervations, qui prouvent, que flmmerfion dans 1'Eau a été falutaire a des 'hom mes, attaqués ds la Rage, ainfi qu'a des Chiens (2), de manière, qu'il femble, que dans des cas deféfpérés ilaferait permis de la tenter, furtout dans les malades, qui font dans une grande fureur. Cependant il faudroit en ufer avec précaution, car Bon el a vu dans un Hydrophobe les Symptomes de la Rage s'elever au plus haut degré de la fuite de 1'effroy, que cette Immerfion lui caufa. (I, c. p. 285) & Morgagni a vu pértr un Hydrophobe|,au moment, ou on le rétirait de 1'Eau, dans la quelle on 1'avait plongé. (Epift. VIII. N\ 25.) CO Van Swieten, §. 1144. T. III. p. 576. CO An. 1786. T. 67. p. 71. voy. aufiï Morgagni pour les Citations de ce. fujet, Epifl. VIII, No, 25, T -  «9° De la Rage dans rtJomme. %. CXCVII, Nous avons vu, que 1'on a employé les divers Remèdes, rapportés dans les §. précedens, tantöt avec fuccès, le plus fouvent fans aucun avantagé pour ces infortunés, & quej'ofele dire, rien n'eft moins méthodique, que les diverfees conduites, que 1'on a tenues; cependant on ne peut difconvenir, qu'on ne puilfe ramener le Traitement a des regies plus générales & plus conformes a ce, que nous favons de cette cruelle maladie: feulement on doit diftinguer les Cas. & c'eft avec raifon, que Richter dit: „ Défque la maladie eft declaré, il „ ié préfente trois Indications a remplir. „ r.) On a quelques fois trouvé un état inflam„ matoire dans les organes de la Déglutition, ce „ qui doit déterminer a faire ufage du Mercure, „ du Camphre & de 1'Emplatre Veficatoire. ,, 2 ) II y'a tout lieu, de prefumer, que le Vea, nin n'eft plus borné a la partie, du moment, ou „ la maladie fe'déclare , ce qui doit engager k „ mettre en ufage les Diaphorétiques. „ 3.) Enfin tout ce, qu'on obfervé dans lama» „ ladie, eft Spafmodique & indique 1'ufage des „ Médicamens 'Antiipafinodiques, & tout concourt „ a faire donner la préférence au Mufc. ,, II eft trés vraifemblable, qu'on a fi peu réuffi „ jufqu'a préfent, paree qu'on n'a pas tüché de „ remplir ces trois Indications a la fois, & qu'on „ s'eft borné a n'employer que des Remèdes pro. „ pres a fatisfaire 1'une d'elles, bien entendu,  £)e la Rage dans PHomme. 291 i, qu'il ne faut pas perdre de vue le Traitement Local (1). Richter a parfaitement raifon; c'efl: du défaut d'examiner la nature de chaque Cas particulier, qu'ont refulté la plus part de nos infbccès; mais afm de mieux caraéterifer 1'efpece de Remèdes, il ne faut point oublier la diftinétion de la Rage en Chaude & en Froide, fur la quelle Bouteille a particulierement infitté, & je ne puis mieux faire, que de rapporter les expreffions de ce Praticien. ,, Dans, la Rage Froide les Saignées feraient „ mortelles, le Nitre nuifible, les Bains funeftes 1'Emetique convient, le Musc doit être em„ ployé non feulement a plus haute dofe, mais fe„ condé par le Camphre, les Alexipharmaques, „ les Confeétions Cordiales, & 1'Alkali Volatil „ Fluor, & les diverfes Medicamens, indiqués §. ,, cy devant, ('es Véficatoires, appliqués fur la „ furface du Col, aux Jambes, au Bras; les Fric„ tions avec le Liniment Volatil Camphré.) Ces ,, Remèdes, ranimant les Forces Vitales, prêtes a „ s'eteindre, previendront la mort prompte, dont „ font menacés ces Hydrophobes. La Na ture, qui n'efl: autre chofe, que l'Enfemble & le Con„ cours des Facultés Aélives de Ia Machine Aniy, male, excitée & foutenue par ces Agens Vivi„ fians, fe relevera de 1'abattement, ou elle étoit tombée & deployera toutes ces forces contre (1) Chirurgifche Bibüotek. XII. B. §. aos* T 2  292 Be la Rage dans l'Homme, „ 1'ennemi, qui la terrafle ; alors 1'ufage du China fecondera aifement fes efforts & favorifera fon „ triomphe, „ Dans la Rage Chaude les Antifpafmodiques; ,, le Mufc; le Camphre; toutes fubtfances, pro•> pres a raréfier le fang, déja trop emu, doivent être employées avec menagement a petites dofes; ,, il faut modérer leur aetion trop fougeufe par ,, quelque fubftance propre a eet ufage , telle que ,, le Nitre, joint auxCalmans, le Vinaigre donné „ en Lavement, appliqué fur la furface des Corps ou en fumigation, ou 1'Immerfion, ou les Infper„ fions avec 1'Eau froide. La Saignée dans cette „ variété de la Rage, doit être un ;Préparatif a „ 1'emploi du Mufc & du Camphre, & fervir de „ moyen pour s'oppofer a la trop grande raréfaétion „ du fang, que ces Remèdes pourront exciter. „ Dans les cas, intermediaires entre ce deux varie„ tés,on conformera le Traitement au plus ou moins v de rapport, que ces cas auront avec PHydropho. „ bie Chaude ou la Froide (1). S. CXCVIII, Telles font les regies générales, que 1'on doit fuivre, c'eft a la fagacitédu Praticien achoifir parmi les Remèdes, que nous avons examiné ceux, qui lui paroiffent les plus convenables. O) Vid. Bouteü/.k, V. c. p. aoo.  De la Rage dans PHomme, 293 i'O U faut modérer fa fougie des Accidens, lorsque le pouls eft fort, plein & menace d'inflamma. tion, par la Saignée, les Bains. 2.) Debaraffer les.. Premières Voies des lues ïicres, qui 1'irritent; qn employé PEmetique, les Purgatifs Mercuriels en Bol, & après les fübftances Terreufes; telle que la Poudre de Coquille d'Huitres; le Bol Anglais. 3 ) Relever les Forces Vitales affaiblies, quand le p. uls eft faible & languilfant, par les Remèdes Excitans. 3-) Exciter une Sueur abondante, puifque la plus part des perfonnes, guéries. (Ju malaffreux, ne Pont été que par les Sueurs, par la Belladonna, le Mufc, 1 'Alkali Volatil Fluor, les diverfes Bols de Tissot , le Profcarabée. Eli^abeth BtiUYANT, traitée par Nugent ,ne fut guéri que par les Sueurs. 5 ) Detruire les Spafmes particuliers, qui affectent prircipalement la Gorge 6c les Premières Voies ; & de la Putilité des Emplatres Veficatoires au Col & fur la region del'Eftomac, confeillé par Vaughan, ou PEmplatre de Nugent, compofé d'une once d'Onguent de Galbanum & de quatre gros d'Extrait d'Opium. Si les malades peuvent fupporter le contact: des Fluides, on peutïfaire des Fomentations fur le Col avec 2 gros de Camphre, diffous dans 2 Onces de Tincture ïhebaïque &c. En fuivant ces diverfes regies générales,nous ne doutons pojnt, que le fuccès ne foit plus heu*. T 3  594 De k Rage dans VHomme. reux; on fera par li un ufage raifonné des Medicamens les plus Energiques en même tems; & contre un ennemi auffi redoutable, on ne faurait trop multiplier les moyens de defenfe. S. CXCIX. Soins Aucejpjires. Ce n'eft point tout, que de prèfcrire les Remèdes; il faut encore foigner pour que les circon. l;ances extéiieures foutiennent leurs effets. i.) Il faut placer Ie malade dans une chambre ia plus fpacieufe poffible; entrenir un libre courant d'air. 20 Le placer dans un lit, ou il ne puilTe pas fe Heffer, en heurtant contre quelque chofe pendant fes accès, & s'il eft trop furieux, 1'attacher; tenir la chambre obfcure, empêcher un grand concours de monde autour de lui & éloigner tout ce, quj peut irriter, comme Ia lumiere vive. 30 La Bave gluante, dont Ia bouche eft remplie, eft trés incommode k ces malades, il faut 3eur nétoyer la bouche fréquemment, & pour Ie faire fans danger, on prend un pinceau de charpie, qu'on peut humefler avec du Vinaigre, & avec Is fjuej on nettoye la bouche. 40 Rien n'eft auffi funefte, que de contraindre les infortunés a boire ; ils ne le peuvent pas, Sal. va ayii une Femme, ou 1'on étajr. aljiu/é, d© re-  De Ia Rage dans, l'Homme. 295 nouveller le paroxyfme toutes les fois, qu'on lui parloit de boire, & ces Cas font fort communs; on affaiblit le Syftême Merveux, en [renouvellant toujours par cette mauvaife conduite les accès de Convulfions & on abrége les jours du malade, & diminue 1'efpace de tems necefiaire, pour que les Remèdes puhTent operer (ap. Bóuteille p. 216.) C'eft enfin, qu'on m'alleguera, qu'une Vache Hydrophobe fut guérie, 'paree qu'on lui fit avaler une grande quantité d'Eau. (Hughes the Naturel Hiflory of Barbados, London 175a.) Ce quil y a de trés für, c'eft, que cela n'a jamais reufli dans 1'Homme, & d'ailleurs fouvent les malades boivent fans peine a la fin de la maladie, & n'en meurent pas moins peu de tems après. Ainfi la difparition de 1'Hydrophobie n'eft pas un figne confolant. 5O Les malades ne pouvant rien boire, ne ferait-il pas roffible, de porter profondement dans 1 Oefopbage une fonde de Gomme Elaftique pour leur injecter les boiflbns convenables dans 1'Eftomac. Mais cela ne reuffira point toujours. Blochs 1'a efi'ayé fans pouvoir pénétrer dans 1'Olfophage. Med. Bemerkungen. p. I4i« 6. ) Les malades, pouvant encore un peu avaler dans le commencement des fubftances folides, il ne faut leur donner que des fubftances Végétales & leur faire des Bols, ou des éfpèces de Patés, ou 1'on ferait entrer les Remèdes convenables. 7. ) Les Lavemens ne doivent point fêtre omis dans le Traitement; on les donne avec le Vinaigre T 4  296 Be la Rage dans fHomme. Camphré & d'autres Antifpafmodiques , tel que 1'Opium, la Valeriane, le Quinquina, &c. 8.) Enfin il ne faut tenir, que des difcoursconfolans au malade, le raliurer autant, qu'il eft posfible, lui faire entendre des ibns agréables, fi fon organe peut les fupporter, & c'eft dans cette vue, qu'on a confeillé'la Mufique. 90 H faut nettoyer, eftuyer le malade, mais bien faire attention, qu'on ne fe frotte pas avee les linges, dont on s'eft fervi, non pas, que nous croyons a la trés grande contagion par cette voie, mais elle eft poffible, & lepréjugé fera toujours regarder cela comme dangereux, ce qui caufera de 1'inquietude a Ia perfonne. ioo Le Chirurgien jettera tout de fuite au feu tout ce, qu'il enlevera de deffus Ia Playe, afin, qui ni Homme, ni Animal ne puilTe être expofé au danger. En fuivant cette conduite, 1'iffue eft tripje': io.) Le plus fouvent les malades meurent. 2"0 Quelquefois la maladie fe probnge & prend le caractere périodique regulier ou irregulier. 3".) Rarement les malades guériflent parfaitement, malgré tous nos foins. §. CC. <0 Le Malade meurt il, il faut bruler tout ce, dont il s'eft fervi, & furtout ce, qu'il a porté a fa bouche, ou ce qui a été impregne de fa Salive.  Le la Rage dans 1'Homme. 29? C'eft le moyen le plus für de delivrer tous les individus, qui lui appartiennent d'une crainte, qu'on ne peut pas toujours maitrifer, quoiqu'on en ait la plus grande envie. n.) Le Cadavre, après avoir été ouvert avec précaution, fi les Parens & la faifon le permettent, fera enterré profondement, & on remplira le cerceuil de Chaux vive, & la Police doit ordonner, de faire mettre une marqué a 1'endroit de Penterrement, afin, qu'on ne foit point expofé a rou« vrir trop promptement a la même place (i). §. CCI. 2 ) Si la Maladie devient Chronique, il faut entretenir la Playe en fuppuration le plus longtems poffible, &, fi la partie le permet, la clianger en un Cautère & infifter fur 1'ufage du Regime Végétal, fur 1'evitation des boiffons Spiritueufes, néttoyer les Premières Voyes & faire ufage du Quinquina, du Vinaigre, du Musc, de Camphre, & de la'Belladonna. Telle eft la conduite, que je crois la mieux fondée, pour traiter cette cruelle maladie. Je defirerais, pouvoir donner quelques Obfervations particulieres, mais je rend grace au Ciel, de vivre dansunPays, ou 1'on n'entend pas beaucoup par- i CO Frank, 1. c. p. 390i T5  ayS De la Rage dans VHomme. Ier de Chiens enragés, & jusqu'a prefent je n'ai point d'experience particuliere a fournir. nl jw oo m'usfrap > i?*r,ir - -witfw} ua >(..«-• ■■■ S. CCU. C«« e la Rage darts VHomme. 301 mieres Voyes, car dans un grand nombre des exemples, rapportés §. on voit, que des matieres acres, continues dans 1'Eftomac, en étaient la prin. cipale caufe, ainfi on en opérera le plus fouvent lacure par un Emetique, des Delayans, les fubftances terreufes, &lesCalmans, &c. F 1 N.   T A B L E Tableau Alphabétique des principaux Auteurs , qui ont traité de la Rage. Introduction. « . . . . I PREMIÈRE PARTIE. .De la Rage des Chiens. I» La Rage nait-elle fpontanément dans tous les Animaux ? Tous Jont-ils fusceptibles de la contracter par communication, . . . ■ 1% a.) causes prédisposantes de la rage dans les Chiens. 1. ) Le défaut de Tranfpiration Cuianée. 2. ) De la fècheresfe de leurs Excremens, 3. ) Deux follicules au voifinage da Rectum, 4. ) La propenjïon a la Colère. B.) Causes Occasionnelles de la Race dans les Chiens». .... 13 1. ) Les grandes Chaleurs, 2. ) Les grands Froids. 3. ) Le manger de Charognes, 4. ) Le defaut de Coït. • 5. ) l'Odontalgie. Degres de la Rage des Chiens , , 1$ 11e Dégré. .... ade Dégré. , , > ♦ 21 3111e Dégré. .... 22 Des différentes Especes de Rage. , 23 Cas d'erreur. , . . , 2(5 Morsures des Animaux en Colcre. . ( 3Q I. Exemp'.e dans VHomme. . . . 3? JL Exemples dans les Quadrupedes. . . 35 a.) dans les Chiens. . , , * b.) dans  Pag. b. ) dans les Chats. ' • • • 36" c. ) dans le Loup, le Lyon. • • . 37 III. Exemples dans les Oijeaux. . . .38 ■ dans les Poisfons. Examen de ces Faits. . , , , DlAGNOSTIC de LA RAGE DANS UN ClUEN mort OU perdu. ,- n • • 43 Dans les Animaux, attaqués de la Rage, toutes les Humeurs font ■ elles impregnées du ' Vemn Rabifique, au point de communiquer la Maladie? . A< • 40 Des moyens de PRévENiR la Rage dans les Chiens. . ] . . . jr Ordonnances, rèlatives a la tenue des Chiens. ■ Soins, pour conferver la fanté des Chiens. . 54 Exftirpation du Ver de la Langue. . 5 1. ) Le degré de la Rage du Chien au moment, ou il è.fait la morfure. ... 54 2. ) L'Age du Sujet. 3. ) La Saifon de l'année. 4. ) Le Tempérament du Sujet, 5. ) Le Lieu de la Blesfvre. 6. ) Le Traitement, fait a la Playe, 7. ) Les exces en Vin et en Femmes, . . pg 8. ) Les Pasfions vives de l'Ame. . . 97 9. ) Une Irritation Locale a l'Endroit blesfé. 102 10. ) Le Maladies Aigues, dont les fujets font attaqués dans le Premier Periode. . . 103 Pendant le Premier Periode la Playe n'annonce rien. . . . . . I0+ SECOND PéRIODE, OU PéRTODE Mél-ANCHOLIQUE. 105 Phénoménes Avant-coureurs, qui fe manifeftent a l'endroit de la morfure, Phénoménes Avant-coureurs, qui fe mamfes'ent dans toftti l'habitude du Corps. , jiq  t 4 ) Pag* Circonftances, qui peuvent en impofer dans ce jecona terioat Jur la vraie Nature de les Avant • coureurs. . xn Tkoisieme PéRfODE ou Hydrophobie. . 113 Tableau Général des Symptomes. . , 114 Des Symptomes en particulier. 1. ) VHydrophobie. . . . . . 115 2. ) Déglutition des Alimens folides. . 119 3. ) Horreur pour les Corps lucides. . 12a 4. ) Effets -du Contact de 1'Eau a la Jurface du turps. 5. ) —■ de l'Air. . . 121 6. ) Etat de la Phyftonomie. 7. ) des Teux. . . . 122. 8. ) Bave. <),) yomisfement. . . . 123 10. ) Fons lugubres, Jappement, Hurlement. 124 11. ) Fievre. .... 125 12. ") Etat des Excretions Urlnaires, Alvines, & de la Peau. .... 126 13. ) Le Satyriafis. 14. ) Envie de mordre. . , , 127 15. ) Fureur. . . . 138 16. ) Etat des Facultes Intelleüuelles. 17. ) Mouvemens particuliers, Geftes femblables a ceux de VAnimal, qui a mordu. 18. ) Danger de Suffocation. . , 129 19. ) Retour des Accidens par accès. . 130 Durée de ce 2?:,c Période. 1'Hydrophobie eft-elle de la Clasfe des Maladies Aigues, ou de celle des Chroniques? . 131 Cas d'erreur dans ce 3111e Période. Effets de l'lmaginatim. . . . 134 d'une Maladie Intercurrente , ou du Traitement ProphylaStique. . . . 137 Hydrophobie Périedique, Chronique. . 138 NA-  ( 5 ) Pag. NATURE de la MALADIE. . 141 Ouverture des Cadavres. Propriétés, Nature du Virus Rabieux. . 144 Analogie entre les effets du Virus Rabieux £ƒ ceux de quelques autres Virus &fc • x46 1. ) Affinité avec l'Epilepfte. . . 147 2. ) le Virus Vénérien. . 148 3. ) le Venin de la Vipère. a.) . le Venin Variolique. . 149 En quoi le Venin Rabieux differe-t-il des autres VlRUS. . . . 149 li.) a Raifon de Ja Proprièté Primitive. 2. ) de fon Aüion. . . 15° 3. ) de Ja Nature. Tout individu mordu est il susceptible de DEVENIR ENRASé? . . . 15* Que duvient le Venin, DEPOsé dans la Playe. 15S Des Effets du Virus Rabieux sur tout le Corps. .... 160 A.) Aüion Jur les Fluides. 1.) le Sang. 2. ) la Lymphe. . « 161 ó la Graisje. . . • 162 4. ) les Nerfs. ... . 163 5. ) la Salive. . . . 165 B ) Aüion fur les Solides. ... 166 Des DiFFéRRNTES EspècES D'HYDRornoBTE. 167 1. ) Hydrophobie Vraie, Venimeuje, Centagieufe. 170 2. ) ; ■ par Vice de l'Imaginatton. 173 3. ) Spasmodique, Tetanique. . 174 4. ) Symptomatique, Spontanée de quelques uns. . *77 Prognostic de la Rage Vónimeuse. . 178 1. ) è Raijon de la Playe. . . . ibid 2. ) 4 Raijon de diverjes Circonftances Jccidentelles. . 181 * 3 3.) *  ( 6 ) Pag. 3.) a Raifon de la PosfibiliU de Prévénir de Guerir la Maladie. . . Jg 4-) * Raifon de la Terminaifon de la Maladie. 184 CURE de la RAGE. . \ l8j Indications a remplir. Circonftances , qui jettent du doute fur l'Efficacité du Traitement. . . *- lgg TRAITEMENT LOCAL PRESERVATIF. ig0 , I.) Oh cherche è DéTEuiRE le Venin Localement. 100 - a.) paf l'Excifion de la Partie mordue. . fM b. ) — rAmputation du membre. . % I5r c. ) — la Caute'rijation. 1. ) avec le Fer Rouge. . _ Ip3 Ufage de la Clef de St. Eubert. j95 de la Poudre a Canon, du Moxa, 2. ) Avec le Cautère Potential. Beure d'Antimoine. . * 1 la Pierre a Cautère, Méthode de Metièrer. • • . 200 le Sublimé Corrofif. . II. ) On s'efforce de procurer la sortie .du Venin, deposó dans la Playe. , 202 1. ) En la fcarifiant, la laisjant faigner, 2. ) En appliquant une Ventoufe Sec^e, . 204 3- ) 1— des Sangfues. . > 2Q4 4- ) par la Sutlion. . . 2Q^ 5.) et dans tous les Cas, en entretenant une , . Juppuration longue. . _ 2oö III. ) On tache d'emousser l'Action du Virus dans la partie etc. . _ Avan.  ( 7 ) Pag. Avantages du Traitement Local. ;\ . 209 Qjtel eft le Traitement Local, que 1'on doit prcferer? . . . ' . 212 a Quelle Epoque doit-on employer le Traitement Local. .... 215 Quels Jont les effets du Traitement Local. . 217 Des Remèdes Preservatifs Internes. . 219 1. ) de la Saigne'e. . . . 220 2. ) des Emetiques. . . . 220 3. ) des Purgatifs. ... . 221 4. ) les Sialagogues. . . 222 5. ) les Diurétiques. . . . 223 6. ) les Sudorifiques. 7. ) l'Evaporatitn Pulmonaire. . . 224 8. ) Remèdes, propres !'■ s'oppofer & la Dégéneration ulterieure du Suc des Nerfs. . 225 9. ) Les Anodyns, les Antispasmodiques. Preservatifs delaRage, tirós duRegneVegetal 226 Lichen Cinereus. . , . 227 l'Anngallis flore purpureo. . . 228 La Racine de Valerianne. . , . 229 d'Eglantier. . . . 230 La Noix Vomique. Le Camphre. .... 231 L'Opium. ..... La Belladonna. .... 232 Le Vinaigre. . . . . 230" Preservatifs de la Rage, fournis par le Regne Animal. . . . 240 Les Cantharides. . . . 241 Le Profcarablée. ..... 243 Le Musc. .... 247 L'Alkali Volatil. . . . . • 248 Preservatifs , tires du Regne Mineral. La Limaille de Cuivre. , . . 249 La Limaille d'Etaifi. . . . .250 Le  ( 8 ) Pag. Le Mercure. . . jj ; 2SI Preservatifs Composes. , . 258 Poudre de Palmarius &c. . , , ijem Des Bains, comme Prefervatifs. . . 26o Immer/ion dans 1'Eau. . . . 265 Traitement Prophylactique , que nous preferons. • 252 Diéte Prophylatïique. .... 264 tsaitement . lorsqu'on est appellk dans le Second Periode de la Maladie . 265 , Traitement de L'Hydrophobie. . . 26S Soins pour la Playe Cicatrifée ou non. . . Ufage de la Saignée. ... 269 les EmHiques. .... 271 les Purgatifs. . . . , 272 1'Opium. ..... 273 la Bella donna. .... 274 le Quinquina. . . , . 275 le Vinaigre. . . . . 277 Coquilles i'Huitr's calcinées. . . . 278 Alkali Volatil Fluor. . , . 280 le ProscaraVe. . ... . 281 le Musc. •. . , . 282 Bols d'Hillary, de Tisfot. . . 284 la Morfure de la Vipère. . , . le Mercure. .... 2S6 Immer/ion dans 1'Eau. . . . 288 Pègles générales dans l'emploi des moyens Curatifs. 292 Soins Accesfoires. .... 294 Ce qu'on doit faire après la mort. . . 296 . . quand la Maladie devient Chronique. .... 297 Cure de 1'Hydrophobie Imaginaire. \ , 298 ■ ■ ■ Tètanique. . . .— Symptomatique. . . 3co F I N.