I 11  Bibliotheek Universiteit van Amsterdam 01 3275 3708  VERHANDELINGEN^ UITGEGEEVEN DOOR. T E Y L E R 'S TWEEDE GENOOTSCHAPa ACHTSTE STUK, BEVATTENDE EEN ANTWOORD OP DE VRAAG IN DE NATUURKUNDE, UITGESCHREVEN VOOR DEN JAARE MDCCLXXXIV, EN WAAR AAN DE GOUDEN E ER-PR YS IS TOE GE WEE ZEN IN DEN JAARE MDCCLXXXVII. TE HAARLEM, by JOH. ENSCHEDE en ZOONEN, en J. VAN WAL RÉ. MDCCXC.   R E P O N S E A LA QUESTION PHYSIQUE, PROPOSÉE PAR LA SOCIÉTÉJD^ T£YI$ER, & t w.vn v.A ?É? $ (^w\;vr) v.o-U.i^ ^'«p^ LES REVO LU-TI ONS GENERALES;^ Q^U' A^.S U BIE S LA SÜRÈACE DE LA TERRE, ET.,SUR L'ANCIENNETÉ DE NOTRE GLOBE, FRANCOIS XAVIER BURTIN, CONSEILLER DU GOUVERNEMENT, MEMBRE DE LA JOINTE DES FONDATIONS, ET PROTOMEDECIN DES PAYS BAS AUTRICHIENS, MEMBRE DES ACADEMIES ET SOCIÉTÉS DES SCIENCES OU DE MEDICINE DE BRUXELLES, DE HOLLANDS, ZELANDE, UTRECHT, PARIS, NANCY, LAUSANNE, ET LIEGE, QUI A REMPORTÉ LE PRIX EN MDCCLXXXVII.  3 U O ] ?, Y 11 ' l /. O * 1 g j j y LA QUESTION EST: Jusqu'oü peut-on conclure, de ce que l'on connoit, de la Nature des Fosfiles, de leurs fituations, et de ce qiion fait tailleurs relativement aux formes ancienne et nouvelle de la furface du globe, d'après des fondemens inconteftables, quels ehangemens ou revolutions générales a fubies la fu- face de la terre, et combi en i) 'doit s'étre écoulè de ftècles depuis lors?  (3) ,?^r^^^^^^^^^**^*^^^^*^*^*^^^^^, 'lu'^ £11 UQ Eififil {■-'yjjf'iriOü Ji^üb Ü'JD 'ijd'Jl'Jfio ju e#ISUK>6 % :■'<' :•->• 2#^;pji^^öO£t|^ J.'i'jd'jBJ DISCOURS PRELIMINAIRE. ^JL^elle est la multitude et la variété des phénomènes étonnans, que prefente le globe a 1'oeil obfervateur, qu'il feroit infenfé de croire, qu'avec les feuls matériaux, que la faine phyfique a rasfemblés depuis fon regne trop nouveau, l'on puisfe établir un fyfbême, qui les embrasfe tous et qui asfigne a chacun d'eux fa place parmi les caufes et parmi les efïbts. Loin donc d'ici 1'efprit fécond, qui du fond de fon cabinet s'érige tout a 1'aife en createur du monde, et dont 1'imagination brillante croit pouvoir-fe pasfer de 1'obfervation modefte, qui pas a pas doit nous inftruire, et dont la patience, a 1'épreuve des Siècles, doit feule nous guider dans le majeftueux Dédale oü la nature fe cache aux regards curieux. S'il est certain, qu'il s'en faut bien que nous ayöns de quoi former fhiftoire phyfique du globe; il n'est pas moins certain, que 1'époque est venue, pour fixer le vrai point oü nous a.vons pousfé en cette A 2  (4) partie la connoisfance réelle, et pour pofer les limites entre la certitude, le doute, et 1'hypothèfe; afin que les obfervateurs ne perdent plus leur tems a rechercher des vérités déja connues, mais qu'ils s'attachent a nous inftruire dans les objets douteux, et qu'ils ne foient plus éblouis par l& faux jour des hypothèfes. Rasfemblons donc les faits nombreux, dont nous fommes redevables a 1'obfervation; commengons même a les redüire en ordre, et a en tirer les conféquences immediates et nécesfaires , que leur masfe prefente touchant la théorie du globe. Sans ces précautions, il n'est que trop a craindre qu'enrin les fairs cosmologiques ne deviennent perdus pour 1'biitoire du monde, comme" les faits d'anciens peuples font perdus aujoUrd'hui pour 1'hiftoire des hommes. Tel est, je crois, le but louable du programme aétuel, qui n'admet que des preuves de fait, et interdit toute hypothèfe dans une matière fi fertile en fyftêmes. Pénétré comme il faut de cette loi fi fage, qui fait 1'éloge du programme, je n'aurai d'autre guide que la feule nature, je ne parlerai que ion Jangage, et je faurai .me taire partout oü fes oracles font trop obfcurs pour moi. Quelque foit le fuccès qu'obtiendront mes efforts, il est un point de vue fous lequel j'oferai toujours les envifager avec plaifir: c'est la conviction, d'avoir tracé une multitude de vérités, fruits d'un nombre in-  C 5 ) infini d'obfervations, faites en partie par moi-même, et en partie par des favans que leur reputation met au desfus de tout foupgon d'incapacité et de mauvaife foi; et d'avoir fait fervir 1'enfemble de ces faits a la démonftration tout a fait rigoureufe d'une revolution générale du globe, beaucoup plus confidérable et beaucoup plus ancienne que celle du déluge arrivé du tems de Noë. Je ne puis me cacher que, bien loin d'être une découverte nouvelle, cetre revolution a déja été appercue par les Philofophes même de la plus haute anciquité. Mais les anciens nous ont laisfé a démontrer folidement ce qu'ils n'avoient qu'entrevu dans des obiervations bornées: ausli ne faut il pas s'étonner des erreurs nombreufes qu'ont engendrées depuis, 1'ur les revolutions du globe, 1'ignorance et le préjugé. Je penfe donc que c'est quelque chofe d'avoir démontré rigoureufement, par des milliers de faits qui fe prêtent la main, au moins une revolution tout a fait générale. Dans les faits rien n'est perdu; tout fyftême fans eux est un chateau en 1'air! ausfi le naturalifte qui obferve fera toujours le précepteur du philofophe fyttématique. Bien plus: ces faits deviennent autant de pierres d'attente „ oü viendront fe lier les faits qui reftent a découvrir; leur enfemble jusqu'ici n'eft qu'une ébauche, qui deviendra tableau entre les mains de la pottérité, et lui fera connoitre que la furface du globe n'eft qu'une fuite de documens, qui prouvent une fuite de revolutions dans cette planète. A 3  (O Je ne rougis donc pas de dire que, il j'attribue quelque mérite a ce mémoire, il confifte furtout dans la manière, dont j'y envifage chaque fosfile, relativement aux revolutions foit évidentes fok appercues du globe, et dans les erreurs d'autrui que j'y refute; la découverte d'une erreur étant une vérité „ nouvelle. Content de cette tache, j'éviterai foigneufement toute hypothèfe, et n'asfignerai les revolutions qu'ausfi loin que je pourrai les tracer avec certitude. Si je me permets quelques conjectures fur des phénomènes fubalternes, ce ne fera jamais qu'avec le degré de confiance qui leur eft dü, et en les bornant toujours a des caufes, dont la posfibilité eft évidente et fondée dans la nature des chofes. Enfin, pour ne pas nuire aux vérités que je prefenterai, je ferai menie le facrifice, quelque fois douloureux, des caufes médiates mais non prouvées, que je crois entrevoir. Ce memoire, que la matière rend nécesfairement volumineux, eft divifé en huit chapitres, outre Vintroduttion qui envifage les fosfiles en general; le premier parle des fosfiles accidentels; le fecond des différentes clasfes des pétrifications animales, divifées en autant de paragraphes; le troiüème des végétaux fosfiles, également divifés en paragraphes; le quatrième des fosfiles naturels tant primitifs que fecondaires; le cinquième de la furface du globe-; le fixième du dèluge et autres cataftrophes, connues par 1'hiftoire; le feptième des revolutions et changemens prouvés par les fos-  CO fosfiles; le dernier enfin prefente quelques vuës fur l'dge de la terre. Je ne me cache point, qu'une telle divifion, en rendant mon travail plus utile et plus méthodique, en doit rendre ausfi 1'enfemble plus interrompu, plus long, et lui donner une forme moins académique: mais dans une matière d'une telle importance pouvois-je fans reproche facrifier la démonftration et les faits a la forme? tandis que le programme propofe avec raifon, pour bafe de mon travail cosmologique, la nature et la fituation des dijfèrens fosfiles et la forme de la furface du globe, pouvois-je ne pas m'étendre fur ces fujets, lorsque j'avois a démontrer (a) combien peu il exifte d'analogies réelles entre les êtres aujourdhui vivans et les refles fosfiles des êtres, qui vivoient avant la grande revolution: combien ü a falu de caufes diverfes pour la fituation et 1'exiffcence des différentes efpéces de fosfiles naturels, et pour (_a~) Rien ne pronve mïeux la nécesfité d'une tetle démonftration, que les clameurs, qui fe font élevées de toute part et qui ne cesfent pas encore de s'élever, contre Mr. debuffon et d'autres fa vans, qui comme lui ont ofé dire, que les cornes d'ammon, les bélemnites, les orthocératites, et la pluspart des anomies font des éfpècesperdues, tandisque j'ofe asfurer que les efpéces fosfiles non perdues font une vraie rareté. Ausfi, pour ne rien laisfer a défirer fur un fait cosmologique fi intéresfant, j'ai indiqué avec foin, en parcourant les différentes efpéces de fosfiles accidentels, ceux dont on peut avec quelque fondement asfigner 1'analogue parmi les êtres aujourd'hui vivans. Ce n'eft pas la la partie la plus brillante de mon travail, mais c'en eft bien la plus pénible et qui demandoit le plus de connoisfances de détail. Ausfi ne m'eft ilpas connu que perfonne avant moi ait entrepris cette tache, qui feule cependant pouvoit démontrer cette grande vérité cosmologique, favoir que le nombre des fosfiles accidentels, dont on peut asfigner les vrais anatogues parmi les vivans , ausfi bien que le nombre des êtres vivans dont on peut asfigner les vrais anatogues parmi les fosfiles, n'eft nullement comparable au nombre de ceux qui n 'off"rent point $ analogie réelle.  C 8 ) pour produire la forme actuelle du globe:' combien chacun de ces fosfiles eft lom de fe trouver dans un état de création primitive! J'ai donc cru devoir préférer 1'exactitude au brillant d'un discours fuivi. En conféquence j'ai commencé par parler de chaque efpèce de fosfiles a part, en les confidérant fur tout relativement aux revolutions du globe. J'ai parlé enfuite de la furface de ce globe et de fes cataftrophes, que nous connóisfons indépendemment des fosfiles; et j'ai fini par établir, dans le feptième chapitre, une revolution majeure, démontrée par les fosfiles, en m'appuyant fur un extrait fuccina des faits cosmologiques prefentés dans les chapitres précédens. IN-  co INTROD U C TION. «jnqi'_» tl'.uü 3J-:;q'ijjf n.ip 33 Ïi0ff5lf$ifl3 jjïO*r,*ffffe A 1 1 ep^m mlg^faaa -•> :.-... ... ..... .., i . ■.,, tj I X-^a terre entière et tout ce qui la compofe, ausfi loin que peut s'y porter notre vue, n'offrent qu'une fuite de preuves de cbangemens et de revolutions. Ici ce font les débris des formes jadis exiftentes; la ce font des formes nou velles, enfans de la décompofidon; ailleurs ce font des mélanges de matières, qui par leur nature ne devoient pas fe trouver enfemble; enfin, partout oü l'on porte fes pas, on ne voit que tranfport, déplacement, deftruction, ou recompofidon. Si donc il étoit ausfi facile de voir les caufes que les effets, il eft fort apparent, que nous lirions avec effroi, écrits fur la terre même, les faftes majeftueux des terribles cataftrophes dont ellc a été le théatre en diffcrentes époques. Mais hélas! combien s'en faut-il, qu'une telle lecture foit propre a notre efprït! fouvent ce n'eft qu'a peine que nous voyons les caufes fnnples d'effets non compliqués; mais ici tant d'effets deviennent caufes k leur tour; les produits des agens premiers B font  (C i o ^ font fi entrelacés dans ceux des agens fecondaires; qu'il en refulte un vrai cahos pour nous. Franchons le mot! 1'homme, qui tant deTois eft incapable de débrouiller fon propre ouvrage dans une médaille de haute antiquité, pourra-t-il plus facilement débrouiller les médailles frappées par une main dont les producrions font autant de merveilles? Admirons en filence ce qui furpasfe notre eipnt, et gardons nous de fuppléer par les rêves de notre imagination a ce que le tems et nos recherches nous apprendront un jour fur les myftères de la nature Nous voila donc reduits, a ignorer en général les caufes des phénomènes étonnans que nous-offre lé elobe? non fürement! parmi la multimde de cflKS Le notre impatience nous a fait foupconner il en eft quelques unes, quoiqu'en trés pent nombre, qué nous pouvons placer parmi les vérités réelles, et dont la connoisfance eft un moyen de plus pour avaneer avec le tems vers d'autres découvertes. 'Ce font ces vérités, qui feules m'ont parués dignes d'être offertes en reponfe aux favans qui propofent le programme aftuel Les expresfions, dont ils Te font fervi, me' donnent tout lieu de cro!re, quen difaht pen, mais vrai, je remplis leur attente b.en mieux qu'en comblant les lacunes dans 1'hiftoire de g terre, foit par des appercus, foit par des hypo thèfes. r Te regarde les fosfiles, de même que ces favans Ie font, comme la véritable pierre de touche d'une théorie du globe. Loin d'ici tout fecour-s de limagma-  ( M ) tion! Les fosfiles, confidérés fous tous leurs points de vue tant abfolus que relatifs, font les feules preuves de fait qui püisfent'nous guider. Mais'comme leur multitude forme un vrai labyrinthe, oü 1'efprit fe confond, je les diflinguerai d'abord en accidentels et naturels; dont j'établirai féparément les dénominations, la nature, la forme, le caraétere, la fituation et les rapports: après quoi je tirerai des faits nombreux, que nous prefentent ces fosfiles, le petit nombre de conféquences immédiates et asfurées, qu'on peut en déduire relativement aux changemens et aux revolutions du globe. «■> '\ nfr*i nb ern-ro nol mmh *%<5\ lom sisdk B 2 CHA-  < ia ) mq )'i óo t'örfiGi-r{5) fidérables; mais entre tous les corps fosfiles les coquilles et les prodüctions trés variées des polypes de mer femblent s'être emparées du globe presqu'entier. Ici ori en voit des individus ifolés cfuiie ou de plufieurs efpéces; la une feule efpèce forme des bancs, qui étonnent par leur épaisfeur et par leur étendue; ailleurs on voit des bancs pareils formés par la réunion d'un petit nombre d'efpèces; enfin ailleurs un mélange ëonflis'd'efpèces riomb'reufes, entasfées fans ordre et entremelées d'autres corps marins ou de leurs parties, nous prefente une image frappante des cimetières, oü la mer, par fes courans et fes mareés, dépofe fuccesfivement les dépouilles des êtres qui la peuplent, et que la mort k rendus plus legers et par Ik incapables de refifter k 1'eau qui les entraine. En un mot, il y a tant de circonftances, ausfi intéresfantes que non équivoques, dont je ferai mention ci-après, qui accompagnent les produótions polypières fosfiles et les coquilles, que je puis dire avec confiance, qu'ils parient un langage plus clair au cosmologue obfervateur, que ne peut faire aucun autre fosfile, foit accidentel, foit naturel; et que, fi ceux-ci concourent tous a prouver, comme nous verrons, un très-long féjour de la mer fur les terres, et k indiquer une revolution majeure, qui k laisfé la terre a fee, les coquilles et les produftions polypières, en nous prefentant fous terre la copie du fond de la mer même, atteftent ces deux vérités jusqu'a la démonftration. Pour établir fans confufion les différentes preuves, ré-  C ) rélatives au programme, qu'on peut déduire. des-fosfiles accidentels , jettons un coup d'oeil rapide fur leurs diffórentes clasfes. ■. - . Je me garderai bien de préfenter a la favante fociété le catalogue immenfe qu'offrent les efpéces fos,-? files, étrangères a la terre; les Walck,.les Schroeter et autres favans ont fi bien rempli cette tache, que ce feroit abufer fans fruit de la patience du lecteur. Je me bornerai donc k pasfer en revue les efpècejs qui,. par elles-memes ou par les circonftances, jettent le plus de jour fur la cosmologie. cl iijp ob 23! '. b r;' inamajvilaQTJijJ 910 qsb 'inn 19 zissVf/.uJq iu^ani.ü Jipm i4 9«P 29 t"1nt£&Ü*q 'y .önyjijna 2^1 iup-upgU é ^ü&?T-?l> ssldÊqcori^al -0q 2r. viliU1.01q es!' :ndH^r.q£no'j:>a iup oryétographie, l'on a découvert, pendant 1'exploitation de la mine de plomb a Sirae en Hainau, une, hache de pierre de jade femhlable; mais 1'ignorance des mineurs m'a empeché de parvenir a la connoisfivnce de la couche et même de la profondeur, oü elle a été trouvée. II eft vrai encore, que le favant Mr. b lag den, Secretaire perpetuel de la Société Royale de Londres, m'a asfuré qu'en Angleterre on a trouvé en plufieurs endroits des haches de pierre pareilles, qu'on y croit communément avoir fervi autre fois aux Druides: mais il paroït que ces haches ont été trouvées en Angleterre par des gens trop peu attentifs a en conftater les fituations et les couches, pour qu'on puisfe en tirer des conféquences folides; et pour ce qui eft des Druides, il fuffit de demander, d'oü ils ont pü tirer le jade, dont ces haches font faites, et que 1'Europe ne fournit nulle part? Ce qui mérite 1'attention la plus Jérieufe, c'eft que parmi cette multitude étonnante de fosfiles accidentels , reftes de 1'ancienne population du globe, on n'a non feulement pas découvert jusqu'ici le moindre veftige de pétrification humaine, mais pas même de materiaux, qui aient pu fervir a la conftruótion des habitations des hommes, et qui cependant, par leur nature, devoient ne pas être plus fujets a la décompofition que les êtres vivans, dont nous trouvons les reftes fosfiles: d'oü l'on peut conclure, qu'avant la grande revolution il n'exiftoit point d'habitations artificielles, et que le déluge de Noë, n'ay-  C*5) n'ayant pas enterré les débris des maifons et des villes alors exiftentes, n'a pas non plus enterré les fosfiles accidentels que renferme la terre. § IL , Pétrifications des quadrupèdes. Je ne m'arrêterai pas aux osfemens, aux ramures, ni aux cornes des cerfs, de daims, des elans, des rennes, des taureaux, des boucs et autres animaux, aujourdhui vivans en Europe, qu'on trouve partout dans les tourbières: leur enterrement .eft trop moderne, pour que nous puisfions en tirer des lumieres touchant les grande s cataftrophes arrivées a notre planète. Je me vois même obligé de ne palier que des reftes fosfiles' anciens des principaux quadrupèdes crainte de devenir trop long. II n'eft presque point de pays en Europe qui n'ait déja fourni des dents ou autres osfements fosfiles d'éléphant. J'en possède entre autres trois dents, dont une a été trouvée a Herwich en Angleterre, 1'autre dans le duché de Wurtemberg, la troifième en Brabant, qui resfemb'Ient en tout point aux molaires naturelles d'éléphant de mon cabinet. Outre les débris nombreux des élëphans de la Sibérie, dont les Gmelin, les Pallas, et d'autres favans nous ont donné la relatiön avec' cellé de leurs voyages, on en trouve en Tranfylvanie et le long du D Da-  ( 26) Danube (», en Autriche (*)» a Canftadt (c), en Franee (V), a Halle (V), en Souabe (ƒ), dans le Blankenbourg (g), prés de Basle, et dans le Véronois Qï), prés de Stolzenau (/), prés de Bois le Duc, dont perfonne ne niera la réalité, lorsqu'on faura, qu'ils ont été vérifiés par le célèbre profesfeur Camper, le premier des anatomiftes aujourdhui exiftans (£); enfin a Potsdam, Pasiau, Gera, Weimar, Sangerhaufen % Stederburg, Eixleben, et plufieurs autres endroits, cités par des auteurs dignes de foi, et trops longs a-détailler dans un mémoire. Mais ce qui eft plus remarquable, c'eft qu'on a trouvé en quelques endroits les fquelettes entiers d'éléphans; entr'autres un a Tunis en Afriqué (/), un entre Bruxelles et Willebroeck, en creufant le canal O), et un en Thuringe, découvert en 1695, dans'une colline labloneufe fous plufieurs couches vierges (ji). Ce dernier eft fi bien conftruité, qu'on eft furpris que Mr. Bomare ofe asfurer pofitivement ■ • ; . 00» fa~) Marfil. Danub. Pann, Myf. t. It. p. 73. . 1 h) Lambecii bibl. casf. Vind. l.Vl. p. 311» 3'5(V) Splcisfii cedipus olixolith. Sch'aphuf. 1701.42. (d) Mém. de.l'acad. des fcien. de Paris 1762. O) Screber Uthogr. Halenf. p. 47. Cf} Davila catal raif. t. III. p. 227. (g) Davila ib. p. 229. (//) Davila ibi .p. 229. (») De Luc lettres phyf. t. III. p. 24. (F) De Luc t. III. p. 441. (A Gasfendi, vita PeireTc. t. IV. p. 151, 156. fm) V. Nederlandfche antiquiteiten, door R. Verftegen 1613, Antw. limo, p. 8. et Brusfel 1646. p. 8. (») Tenzelii cpift. ad Magliab., Jena 1696. 8vo.  ( V ) (V), qu'il n'y a pas encore d'exemple d'un quadrupède entier fosfile. Un animal non inoins intéresfant pour la cosmologie, dont nous trouvons les fquelettes entiers dans la prévöté de Herzberg (^), et dont on a trouvé plufieurs défenfes et cranes dans la Siberië Qf), de même que plufieurs dents molaires a Canftadt et aiileurs (r), c'eft le rhinoceros, dont Mr. Palias a même trouvé en Sibérie 1'efpèce a deux cornes, et un fquelette entier, avec les tendons, les ligamens, et la peau couverte de fon poil. Pour ne pas trop m'étendre, je pasfe fous filence plufieurs reftes fosfiles d'autres quadrupèdes dont on prétend que les analogues font connus, mais je ne puis en faire de même avec ces amas énormes d'osfemens fo.sfiles, qu'on trouve dans certaines cavernes en Allemagne, furtout dans le Bareuth, dans la montagne de. Gibraltar et dans la cöte oppofée d'Afrique, en Hongrie, en Provence et ailleurs,. et dont 1'abbé Fortis a découvert des bancs confidérables en Dalmatie et dans les lies voifines. Ces immenfes cimetières fouterrains forment un phénomène cosmologique bien digne d'attention, non feulement par le nombre incroyable d'osfemens qui y fortt entasfés, mais ausfi parceque perfonne n'a pu jusqu'ici en asfigner avec fondement aucun ana- (V) Dift. d'hift. nat. au mot quadrupèdes pdtrifiés. (/>) V. Comment., Gotting. 1752. pag. 219. O) V. Comment. nov. Pétropol. t. XIII. (Ó V. Davila catal. raif. t. III. p. 229. Da  C 28 ) anaiogue vivant, il refteroit même encore douteux s'ils ont appartcnu k des animaux terreftres ou bién k des marins, fi l'on peut s'en rapporter k certains favans. Je foupconne beaucoup, que la couche d'osfemens fosfiles des environs de Concud, dont parle Bowles (O» doit fe rapporter de même ici. Les jambes et les cuisfes d'hommes et de femmes, qu'il y a fi bien fu diftinguer, deviennent plus que fufpectes par 1'abfence des crknes et autres osfemens humains; les cornes même de bceufs, dont il parle, ne peuvent guère fubfifter avec 1'idée du favant Baron Talbot Dillon, qui dit (0, que les meilleurs anatomifies Anglois ff ont pu trower ici rien qui resfembldt a un os hurnain et que les osfemens des couches de Concud font inconnus comme ceux de Gibraltar: ce qu'il n'auroit pas dit fans doute s'il s'y trouvoit des cornes de boeuf, lesquels il n'auroit pu méconnoitre. Grand nombre de favants ont exercé leur plume fur ces os enterrés; mais ils ne nous ont rien appris, et n'ont pu rien conclure, d'oü il s'enfuit, plus' que probablement, que ces os ont appartenu k des animaux, dont la race n'exifte plus. Qui nous dira même fi ceux, qu'on a cru reconnoitre, n'en ont pas.impofé par une analogie approchante? Au moins fuis-je asfuré, que ceci eft le cas avec beaucoup de noyaux et de coquilles fosfiles, de même qu'a- 0) Bowles, introd. a 1'Witoire nat. d'Efpagne, p. 224* (/) Talbot Dillonj travels through Spain. p. 228.  ( 29 ) qu'avec grand nombre de plantes empreintes dans les toits des houillères. L'erreur eft fort facile en oftéologie; puisque nous trouvons des os d'animaux fort différents, qui ont entr'eux des resfemblances marquées. J'avoue, que fanatomie comparée des animaux terreftres et aquatiques eft fi peu avancée, qu'on pourroit foupconner que les os fosfiles, dont il s'agit, quoiqu'inconnus, pourroient bien appartenir a des animaux dont 1'efpèce exifte encore. Mais cette idéé peut-elle fubfifter raifonnablement, quand on voit les peines infinies, que le favant Efper s'eft données inutilement, tant par fes propres lumières que par celles de plufieurs naturaliftes diftingués, pour trouver quelqu'analogue a ces os fosfiles (V), furtout quand nous voyons un Camper et un Hunter, ces deux princes de 1'anatomie moderne, qui ont jetté tant de jour fur celle des brutes, réduits au mot incognitum, lorsqu'il s'agit de ces osfemens, dont cependant tous deux fe font occupés bien férieufement; furtout le favant Camper, qui n'a épargné pour eet objet ni la dépenfe ni les recherches? Depuis quelque tems même les favans font asfez d'accord pour ranger parmi les fosfiles fans analogue une infinité d'osfemens d'une grandeur déméfurée, qu'on rangeoit autrefois indiftinétement parmi ceux d'éléphant. Au moins le favant Munter a démon- tré (») Efper defcription des zoolithes d'animaux inconuus, Nuremb. 1774. foL. fig. enlurn p. 64. D 3  ( 3o > tré (y), que ceux de 1'Ohio font dans ce cas. II en eft de même de ceux qu'on trouve prés des embouchures de 1'Oby, de la Jénifea et de la Léna en Sibérie, qui font de la même efpèce. Peut être ï'os fosfile du poids de 500 trouvé, il y a quelques années, dans une couche d'argile fabloneufe ruë Dauphine a Paris, appartient il a cette clasfe ausfi. Quant au Manmouth du nord, auquel plufieurs rapportent ces os monftrueux r»J jusqu'ici fon exiftence ne me paroït rien moins que démontrée. II ne faut pas s'étonner, fi je ne range pas ici, avec Linnams, les cétacées et autres poisfons que ce favant nomenclateur a placés parmi les tétrapodolithes, c'eft a dire parmi les quadrupèdes; qu'il les appelle mammalia, pasfe! mais je ne faurois m'accoutumer a regarder comme quadrupèdes des animaux fans pieds. On les trouvera donc ci après parmi les poisfons. § III. Des amphibies fosfiles. Les amphibiolithes connus fe réduifent aux tormes, aux grénouilles, aux ferpens,aux vaches marines et autres quadrupèdes marins; probablement aux lézards et peut être aux crocodiles ausfi. Les tormes, dont on a fi longtems douté, font mifes hors de conteftation comme j'efpère dans mon oryc- (y) Philof. tranfaft. t. LVIII. p. 34- (w) V. hift. gen. des voyages t. XIX. pag. 39-  (31 ) oryctographie de Bruxelles (x), oü j'ai taché de ne rien laisfer a défirer fur ce fujet, ni fur les endroits oü on en a rencontré. J'obferverai feulement ici que, quoique la tortue pétrifiée que je posfédois alors fut la mieux confervée entre toutes celles qui avoient été trouvées jusque la, les deux, qui du cabinet de feu Mr. Hofmann font pasfées dans celui de mon favant ami le profesfeur Camper, fe diftinguoient par un volume beaucoup plus confidérable, et me paroisfoient même d'une autre efpèce que la mienne. J'ajouterai encore, que toutes les tortues fosfiles réelles, qui étoient parvenues a ma connoisfance jusqu'au moment de 1'édition de mon oryctographie, ne confifroient que dans un des deux tefts de 1'écaille de eet animal, favoir le fuperieur: mais depuis lors j'ai été as£ez heureux pour trouver, k Woluwe St. Lambert prés de Bruxelles, une tortue, plus grande que celle que je posfédois déja, renfermée dans un moëllon rond, aplati, de pierre a chaux, qui a été ouvert fi heureufement qu'on y voit en entier les deux tefts d'une tortue, c'eft a dire 1' écaille entière. Ce morceau, unique en fon efpèce jusqu'ici, augmenteroit encore, s'il étoit posfible, la certitude de 1'exiftence des tortues fosfiles, que tant de naturaliftes ont revoquée en doute. Les grénouilles font de même conftatées; puisqu'outre celle que possède M. Lavater (j), dans une pierre d'Oehningen, qui pasfoit pour unique parmi (V) Oryftographie de Bruxelles, p. 92. et pl. 5. lett. A et E. (j) V. Andrea; briefen aus der Schweitz, p. 267. pl. 15. lett. b.  ■mi les favans, j'en puis montrer une feconde, trouvée dans le même endroit, qui fait partie de mon cabinet, et qui n'eft aucunement douteufe. Les ferpens ont également pris place parmi les fosfiles (z). Outre celui dont j'ai parlé dans mon oryêtographie, j'en ai un petit, qui vient du mont Bolca; il eft bien entier quoique fa longueur totale n'aille pas a 8 pouces. Je ferois tenté de rapporter ici les deux fosfiles, que Mr. Davila a foupconné pouvoir .être des ferpens; mais le bas prix auquel ils ont été vendus publiquement me fait douter de la réalité (V). Jusfieu (£) et d'autres nous atteftent des os et des dents fosfiles d'hippopotame; Monti en fait autant au fujet d'une tête fosfile de vache marine, trouvée prés de Bologne en Italië (Y)* Je rapporte ici les lézards pour fuivre la coutume; quoique je n'ignore pas qu'il en eft de vraiment terreftres et qui ne font nullement amphibies. Les célèbres oryctologues Walch et Schroeter revoquent tous deux en doute les lézards fosfiles; ils nient furtout la réalité des deux individus cités par Scheuchzer (V) et par Cronftedt f» Je leur pasfe volontiers les argumens dont ils fe fervent contre Scheuchzer, dont 1'authorité eft beaucoup déchue aujourdhui en hiftoire naturelle; mais pour le lézard de (2) Oryét. de Brux. p. 79. et pl. 2. lett. B. . («) Davila catal. raif. t. III. p 222. \b~) Mem. de 1'acad. des fcienc. de Parif. 1724. pag. 214. pl. 15- "g- 9- ( trouvé en Angleterre; et les têtes de ces amphibies, [que Mr. de Luc dit (/) fe trouver dans 1'ifle de Sheppey, ne font eux-mêmes peut être que des grands lézards, mais d'une efpèce trop petite pour être comptés parmi les crocodiles. Quant aux têtes de crocodiles, trouvées dans la fameufe carrière de Maftricht, d'après 1'examen fcrupuleux qu'en a fait le profesfeur Camper, il n'eft plus permis de douter, que ce ne foient de véritables têtes d'un cétacée. Au refte la favante fociété de Teyler en a la preuve en main, dans le fuperbe individu de cette efpèce qui fait aujourdhui partie de la magnifique collection des fosfiles qu'elle a commencé a former. § IV. (ƒ) Aéta erud. Lipf. 1718. p. 188. (g) Mifcellanea Berolinenf. I, 1. pag. 99, et 103. (7-0 Philofoph. tranfaft. t. XXX. p. 963. (0 Lettres phyf. et mor. I. p. 331. E  ( 34 > § IV. Des Örnitholitbes. Comme il ne s'agit pas ici de citer des riids, des;ceufs> des plumes et autres parties des oifeaux ineruftées, au moyen des quelles 1'indigence rufée fait fi bien mettre a contribution 1'opulence ignorante, je puis asfurer, qu'il n'exilte jusqu'ici aucun ornitholithe bien avéré qui foit parvenu a ma connoisfance. Albert le grand parle d'une branche d'arbre pétrifiée avec un nid plein d'oifeaux. Agricola parle d'une empreinte de coq; auquel Mylius a ajouté une poule. Tout cela n'a pas befoin de refutation. Scheuchzer a cru trouverune plume dans une pierre d'Oehningen (T); Davila parle (/) d'un bec dans un fchifte de Reutlingue, et d'un os de la cuisfe trouvé a Canftadt;. mais Scheuchzer ne femble pas avoir ajouté beaucoup de foi a fa plume fosfile, puisqu'il n'en donne aucune défcription, et Davila doute lui même de la réalité de fon os fosfile, tandis que la figure qu'il donne du bec, resfemble bien plus a une pholade, qua un bec quelconque d'oifeau. Le feul ornitholithe réel fur lequel je croiois pouvoir compter, devoit avoir été trouvé dans les carrières a platre de Montmartre, a 20 toifes de diftance du fommet. II appartient au favant chimifte Mr. . Dsr- (F) Scheuchzer querel pifc. pl. 2. {!) Davila cat. raif. t. III. p. 225. et pl. 5- lett. L.  ( 35 ) Darcet, et il a été décrit avec l'exaflitude la plus fcrupuleufe par M, le chevalier de Lamanon dans fon favant mémoire fur. les fosfiles de Montmartre (ni), oü on peut ausfi voir la figure de ce fosfile unique. . . , v: \£\ Non obftant des preuves de réalité en apparence fi fortes, il m'efl: imposfible de croire que le fosfile de Montmartre,.dont il s'agit, foit veritablement un ornitholithe, depuis que mon favant. amij le profes* feur Pierre Camper, après favoir examiné de prés, m'en a communiqué fon fentiment dans une de fes lettres de la manière fuivante. Je m'empresfe de vous repondre fur l'ornitholithe de Montmartre, décrit par Mr. de Lamanon, que fat été voir expresfèment le jour avant mon départ de Paris. Je n'y a rien trouvé qui me marqudt. un oifeau: c'eft un animal peut être, comprimé , détruit enforte qu'il n'y a qu'une imagination fertile, qui puisfe y trouver un oifeau. Mon fils A. G. Camper . m'avoit envoyé une petite patte d'oifeau de la même montagne, qui ne l'eft pas non plus. ï'Os -d'oifeau, venu de Maeftricht dans le cabinet de Mr. John Hunter, eft l'os antérieur de la tête d'une tortue de mer. Mais mon fils m'écrit de Basle, qu'il a vu a Schafthaufe, chez Mr. le do&eur Amman, parmi un bon nombre de pétrifications, une trés-belle patte d'oifeau parfaitement cara&êrifée et trouvèe a Oehmngen! je n'ofe pas dé cider; mais, cela êtant vrai, alors c'eft le premier os d'oifeau que j'ai fü avoir été trouvé pétrifié l mais comme un lé- zard (m) Journ. de phyf. t. XÏX. p. 173. et pl. 1. fig. 1. vnois de mars. E 2  C 30 zard pétrifié a pu pas fer pour un anthropolithe, le bras d'une tortue pour celui d'un enfant, le cétacée de Maeflricht pour un• xrocodile, les os d'éléphans pour ceux de gé'ans, ne feroit-il pas posfible 'qu'on fe trompdt encore fur la prétendue patte d'oifeau? fat vu, au cabinet du Roi de Frame, un fragment d'éléphant parmi les cétacées! &c. &c. on voit deld, quod errare humanum fit. Aprts cela pourra-t-on ne pas fe méfier de la réalité des ornitholitb.es? ofera-t-on furtout prendre pour tel le fosfile quelconque, dont fait mention Mr. Haidinger, dans le catalogue du cabinet impérial de Vienne, fans en donner ni preuve ni détail Qi)9 § V. Des Infecles fosfiles. N'étant pas d'humeur de ranger, avec certains méthodiftes, les écrévisfes et autres cruftacées parmi les infectes; ce que j'ai a dire de ceux-ci fe réduit a peu de chofe. On s'eft trompé fi fouvent, en prenant des trilobes, de petites étoiles de mer, des productions polypières, et des parties de végétaux pour des infeftes pétrifiés, qu'on ne fait presque pas a quoi s'en tenir fur ce qui a été écrit touchant ces fosfiles. J'ai vu a la vérité quelques pierres fosfiles, entr'autres des carrières d'Oehningen, qui prefentoient la («) C Haidinger difpofitio rerum naturalium Mufei cxfarei Vindobonenfis, Vind. 1782-. 4to. -p. 61.  C 3? ) la forme de corps organifés, que je ne pouvois rapporter qu'aux infecles et la plupart aux grillons. Je possède quelques ardoifes noires, avec des empreintes, qui me font naitre 1'idée d'infe&es plutöt que de toute autre chofe; mais rien n'y eft asfez bien prononcé, pourque je puisfe m'en former une idéé diftincte; et je penfe, que c'eft pour cela même, qu'une imagination préoccupée y trouvera tout ce qu'il lui plaira. De tous les infeftes pétrifiés, vrais ou faux, que j'ai vus, foit en nature foit en eftampe, aucun ne m'a paru resfembler avec exaélitude a ceux qui vivent aujourdhui en Europe, dont la majeure partie ne m'eft certainement pas inconnue. J'ajouterai que j'ignore, qu'on ait jamais trouvé d'infeéte pétrifié ailleurs que dans des pierres fisfiles a couches minces et dont le grain eft asfez fin. Surtout il n'y a point d'exemple qu'on en ait rencontré dans des couches coquillères. Si les infecles font rares parmi les vraies pétrifications et dans les pierres oü celles-ci féjournent, il eft une matrice brillante qu'ils fe font refervée presqu'exclufivement. Celle ci eft le Succin ou 1'Ambre jaune, cette fubftance réfineufe fosfile, qu'on trouve en plufieurs endroits, furtout dans les environs de la mer Baltique. Les feuls morceaux choifis, que possède le cabinet de Dresde, ont fourni a Sendelius (o) un catalogue nombreux d'infectes, qui la plupart (0 N. Sendelii hift. fuccinor. corpora aliena involv., Lipf. 1742. fol. fig» E 3  C 38 ) part font fort faciles a reconnoïtre pour les analogues d'infeftes vivans; ce qui prouve, que 1'origine du Succin eft due a une époque bien poftérieure aux grandes revolutions dont il s'agit ici. Ainfi les infectes, que le Succin renferme, jettent plus de jour fur 1'hiftoire du Succin même, que fur 1'hiftoire de la terre ancienne. § VI. Des Poisfons Fosfiles. Si nous fommes encore éloignés d'une certaine perfeftion dans 1'ichthyologie vivante, nous pouvons dire que nous n'en fommes qu'a 1'alphabeth avec 1'ichthyologie fouterraine. Non feulement 1'Europe, en nombre d'endroits, furtout en Allemagne et en Italië, mais ausfi les autres parties du monde, furtout 1'Afie et 1'Afrique (0), nous fournisfent des bancs plus ou moins confidérables de pierres fisfiles, tantöt calcaires et tantöt argileufes, renfermant une grande variété d'efpéces de poisfons, entre les quelles a peine avons nous ofé prononcer les noms d'une vingtaine; encore n'eft il pas bien certain, que dans cette lifte, fi peu nombreufe, nous ne nous foyons pas trompés; au moins, s'il en feut croire certains favans (ƒ>), nalogie entre les poisfons fosfiles et les originaux qu'on leur asfigne n'eft rien moins que parfaite. II eft vrai, que 1'aplatisfement, oü fe trouvent tous les poisfons fosfiles bien confervés, et la fituation re- cour- Cp) Schroeter litliol. lexicon,1. II. p. i73« (j) V. Natur-forfcher I. ftuck. p. 221.  (59) courbée oü fe trouvent la plupart, les rendent beaucoup plus difrkiles a reconnoitre; mais cela même nous apprend k être fort circonfpects lorsqu'il s'agit d'en asfigner les analogues. Autant il eft commun de trouver entiers les poisfons de petite taille, qu'on rencontre généralement dans les pierres fisfiles fans aucun mélange de poisfons de la grande efpèce, autant eft-il extraordinaire de trouver entiers ces derniers, dont on rencontre fi copieufement les parties détachées, dans des bancs ealcaires grosfiers, ou dans des couches de fable. II exifte cependant un petit nombre d'exemples de poisfons plus grands renfermés entiers, ou presque tels, dans des pierres a chaux trouvés prés de Bruxelles et ailleurs Qf). Si l'on en compare les caraétères diftinctifs avec ceux des poisfons modernes connus, les poisfons renfermés dans des bancs fisfiles doivent avoir asfez généralement été habitans d'eau douce; au moins plufieurs des carrières poisfonneufes connus ne renfernient aucun poisfon qui paroisfe n'avoir pu vivre que dans le mer. Et fi cette régie trouve quelqu'ex* ception, ce ne fera que dans des . montagnes, ou dans des pays élévés entourés de montagnes. Si 1'oiï trouve quelque coquille en compagnie de ces poisfons d'eau douce dans les bancs en queftion, -ce ne fera jamais une vraie coquille marine, mais bien une telline fLuviatile ou quelqu'autre coquille d'eau douce. (».-) V». Ory&ographie de. Bruxelles, pl. 2. 3. 4-  C 4° ) ce. Les poisfons y font toujours couchés a plat, dans toutes fortes de directions horizontales, et ayant trés-fouvent le corps courbé. On obferve la même pofition dans les poisfons d'Illmenau en Thuringe et d'autres endroits, qui, au lieu d'être enfermés dans des bancs, fe trouvent dans des galets de pierres fisfiles, avec cette fingularité rémarquable, que le galet eft fouvent plus court que le poisfon, dont par conféquent il ne prefente plus qu'une partie; ce qui paroit prouver qui les galets ne font que les débris d'un banc fchifteux brifé par quelque revolution. II eft infiniment plus commun de trouver ces poisfons des pierres fisfiles entiers ou peu s'en faut, que d'en trouver des parties ifolées, qui font une rareté en lithologie. C'en feroit une encore bien plus grande de les trouver en compagnie de coquilles marines ou de madrépores. Mais il en eft bien autrement des vrais poisfons marins, dont on ne trouve presque jamais que les parties détachées, telles que les vertèbres, les os de la tête, les clavicules, les os des nageoires et de la queue, mais furtout les dents, que leur dureté rend moins fujettes a la déftruclion, et qu'on retrouve presque partout; fouvent même dans des quantités incroyables. Ce font ces dents furtout, au moyen des quelles on eft parvenu a asfigner quelques analogues des poisfons marins fosfiles, mais qui femblent jusqu'ici fe borner la plupart a ceux des mers des Indes. Ces  (4i ) Ces parties détachées fe trouvent presque toujours en compagnie de coquilles marines et de productions polypières, a toute forte de niveaux, il eft vrai, mais fouvent a des profondeurs très-confidérables et fous une fuite nombreufe de couches très-variées, comme on peut s'en convaincre en plus d'un endroit autour de Bruxelles, de Maftricht, d'Anvers, et d'autres endroits, tandis que les poisfons d'eau douce affeftent généralement des couches peu éloignées de la fuperficie du fol. Une autre différence entre les poisfons d'eau douce et ceux des mers, c'eft que les premiers, quand même ils feroient en compagnie avec certains poisfons marins des petites efpéces, ne fe trouvent jamais en désordre ou entasfés comme par monceaux, mais font toujours placés dans des couches régulières, tandis que les reftes des vrais poisfons de mer fe trouvent le plus fouvent dans un certain désordre et même entasfés par monceaux. Pendant les derniers ouvrages qu'on a fait au chateau d'Anvers, on a trouvé dans une couche fabloneufe une quantité énorme de vertèbres et d'autres osfemens de cétacées, accumulés les unes fur les autres. J'en posfède plufieurs os d'une grandeur confidérable, quoique presque tous mutilés; mais je conferve entre autres une vertèbre bien entière d'un pied de diamètre, un os bien confervé de 1'ouie de la baleine, et quelques glosfopètres de la plus grande efpèce. On retrouve les mêmes osfemens dans plus d'un endroit aux environs d'Anvers, oü ils ont fou- F . vent  C40 vent pour compagnes des coquilles marines, furtout des cames épaisfes unies a contours dentelés. Ce qu'il y a de remarquable ici, c'eft qu'a 1'excavation du canal de Delden dans 1'Overysfel, qui s'eft faite a peu prés vers le même tems, on y a trouvé, dans le fable, un depot pareil d'os fosfiles de cétacées, de camites, de grandes glosfopètres &c. et toutes les circonftances fe font trouvées fi femblables dans les deux endroits, que même les glosfopètres de part et d'autre étoient presque toutes détruites au point de n'avoir confervé que leur émail bien entier. Ce que je viens de dire, touchant les poisfons d'eau douce, ou, fi l'on aime mieux, touchant ceux qui fe trouvent couchés a. plat dans les bancs fisfiles réguliers, prouve fuffifamment, que la caufe qui les a enterrés, n'étoit rien moins que turbulente, puisqu'une telle caufe en auroit féparé les différentes parties osfeufes, qui font fi foiblement cohérentes entr'elles; tandis que nous les y trouvons fi entiers, qu'avec les couches, qui les renferment, ils nous font naitre 1'idée d'un lac poisfonneux confolidé. Voila donc déja un pas fait dans la théorie de ces fosfiles, qui ont tant exercé 1'efprit des naturaliftes et furtout des cosmologues, dont aucun, que je fache, n'en a asfigné une raifon qui fut feulement apparente. Je me permettrai donc, dans le feptième chapitre, d'en propofer une, qui fi elle n'eft pas pousfée jusqu'a la démonftration, ne repugne au moins en aucune faeon a la posfibilité. Une  (43) Une autre conféquence immédiate et nécesfaire, qui découle des circonftances relatives aux poisfons renfermés dans des couches fisfiles, qui font toujours entiers, et aux poisfons marins fosfiles proprement dits, qui font toujours réduits en pièces, c'eft. qu'il eft. imposfible que les deux efpéces aient été enfévelies en un même tems ou par une même caufe. Donc ils indiquent deux changemens notables et bien diftincts, arrivés a la furface du globe. II eft d'ailleurs évident, que le déluge de Noë n'a enterré ni les uns ni les autres. Car ceux des couches fisfiles font dépofés trop régulièrement pour admettre une caufe fi violente, qui en outre auroit dü y mêlanger d'autres corps que nous y cherchons vainement; et les os fosfiles des poisfons marins fe trouvent dans les mêmes couches ou nous voyons tant d'efpéces de fosfiles que je démontre ailleurs ne pas devoir leur exiftence au déluge de Noë. § VII. Des Cruftacées Fosfiles. Les cruftacées renferment les trois genres, des écrévisfes, des crabes, et des cancres; de chacun des quels on voit plufieurs efpéces parmi les fosfiles. Ces cruftacées fe trouvent en nombre d'endroits en Europe; mais en fi petite quantité, qu'ils font toujours asfez rares dans les cabinets. On en trouve ausfi a la Chine, au Japon, au Malabar, a 1'isle de F 2 Ja-  (44) Java (/), et en d'autres parties des Indes; mais nulle part, que je fache, dans le monde entier on en découvre fi copieufement qu'a la cöte de Coromandel. La plupart ont leurs analogues, au moins trés vraifemblables, parmi les cruftacées vivans; il en eft cependant dont les analogues nous font inconnues jusqu'ici. Ils femblent ne point avoir de couches qui leur foient propres, vu qu'on en rencontre asfez indiftinétement dans toutes; par conféquent tantöt parmi les vrais habitans des mers anciennes, comme en Brabant, en Angleterre et ailleurs, et pour lors ils forment des pétrifications réelles, confervant la forme et le volume entier de 1'animal; tantót ils font logés parmi les poisfons d'eau douce, comme dans les carrières de Sohlenhofen et de Pappenheim, et pour lors ils ne prefentent qu'une pétrification presqu'en peinture d'un corps tout a fait aplati. § VIII. Des Coquilles Fosfiles. Parmi les reftes fosfiles des animaux, les coquilles feules occupent plus de place et fournisfent plus d'individus que tous les autres réunis. Leur univerfalite, leurs fituations abfoluës et relatives, leur confervation, et la facilité de leur comparaifon, vu les pro- (V) Walch et Knorr des pétrifications, t. I. p. 130.  C45 ) progrès de Ia concbyliologie vivante, les/rendent plus précieux et plus inftructifs pour 1'hiftoire phyfique de la terre,. que ne le font jusqu'ici le refte des animaux et tous les végétaux fosfiles enfemble. En effet il n'eft aucun phénomène, rélatif aux coquilles vivantes, qu'un tems calme nous permet d'obferver dans des endroits peu profonds, ou que le bon fens nous difte, que je n'aie obfervé mainte fois et que tout naturalifte obfervateur ne puisfe retrouver en mille endroits fous terre. Même confervation jusque dans les coquilles les plus papyracées et dans les pointes les plus fines, même fituation, même multitude d'efpèces, même abondance des unes, même pénurie des autres, même ifolement et mêmes mélanges, mêmes accidents, mêmes maladies, mêmes inimitiés; en un mot, fi les efpéces fosfiles étoient ausfi femblables, qu'elles le font peu, pour la forme et les couleurs, aux naturelles, il n'y auroit entre le fond de la mer et les couches coquillèresfouterraines d'autre différence que la mort des habitans. Quoique les coquilles fosfiles différent pour la plus grande part en configuration des coquillages vivans connus, ils ne laisfent pas d'avoir communs avec ceux-ci certains caractères généraux, qui y font retrouver les divifions en clasfes d'univalves, bivalves et multivalves, ausfi bien que celles en familiesconforme» aux vivantes. Les fousdivifions même des families s'y rencontrent également, tant au moyen des analogues parfaits, qu'au moyen de 1'uniformité F 3 de  (4«) de certains caractères entre les coquilles fosfiles et les modernes, non obftant les différences réelles dans le refte de leur configuration. Parmi les univalves on compte. ï. Les patellites, dont il s'en trouve de perforées et de non perforées, qui fournisfent enfemble 52 efpéces et variétés, dont la plupart ne fe trouvent que par individus ifolés. Celle, qui paroit la plus commune, eft une efpèce de lépas cabachon, qu'on trouve furtout en Champagne, en Normandie et dans le Brabant. On trouve des patellites ifolées dans nombre d'endroits en Europe; ailleurs on en trouve une multitude, comme a Chaumont et a Courtagnon. A Bagnols même on n'en voit qu'une feule efpèce, qui y eft fort commune. Comme les patelles font des coquilles, qui vivent toujours réunies en familie et qu'on ne trouve que dans certains endroits des mers, furtout oü il y a des roches, on devroit s'attendre a en trouver toujours beaucoup de fosfiles, dans chaque lieu oü on en rencontre une, d'autant plus que ces teftacées, collés aux roes felon leur habitude, ont dü être tous abandonnés a terre lors de la retraite des mers, furtout fi cette retraite a été fubite: mais, en confidérant la chofe de plus prés, on verra qu'il doit être arrivé juftement le contraire, puisque les patelies, attachées a leurs rochers, et dans eet état abandonnées fübitement par la mer, au lieu de fe trouver enterrées, font reftées expofées aux attaques de fair, qui  (47) qui lés a'reduit en pousfière, et né nous a laisfé parmi les fosfiles que. celles qu'un hazard heureux avoit couvertes de terre. Les patellites trouvent quelques analogues parmi les lépas vivans, mais la plupart s'en pasfent . jusqu'ici. 2. Les haliolithes, ou oreilles de mer fosfiles; dont 1'Italie a fourni un petit nombre d'individus tant de 1'efpèce a trous que de celles non percées, asfez femblables k des analogues vivans. Linnaeus en a ausfi trouvé de petites, lisfes et non perforées, dans la province de Scanie (/)• 3. Les tubulites et les vermiculites. Entre les premiers les antales, fouvent réunies eit familie, font trés communes, et les dents d'éléphant fort rares, mais la fcalata fosfile, qu'on trouve en Brabant, k Tournay (/), et en Piemont («), eft bien plus rare encore. Elle diffère (v) vifiblement des fcalatas vivantes connues jusqu'ici. Le Piemont et les crayères d'Angleterre fournisfent quelques pains de bougie, analogues aux efpéces vivantes. Outre celui-ci, je posfède un autre tubulite régulier fosfile, contourné k orbes contigus tous d'une extenfion égale, dont le dernier bouche le fommet en rentrant. Rien de plus joli que fes eannelures^ c'eft le feul que j'aie vu: il vient d'Ita- lie, (5) Vid. Linna?i, verfuche einer naturkunit- und ceconomie-hiitorie von einigen Schwedifcheu provinciën, Leipf. i75Ó.«8vo. p. 116. (*) Oryftogr. de Brux. p. 102. («) De Luc lettr. phyf. t. II. p. 2Ö1. £ï>3 Davila cat. rail", t. III. p. 50»  C 43 > lie, et fon original eft dans le cabinet de Mr. le Comte de Robiano a Anvers. Perfonne n'a fait jusqu'ici mention de ce fosfile ni de fon analogue marin. Voila donoun fosfile de plus, qui retrouve fon original parmi les êtres aujourd'hui vivans, ce qui n'eft pas fi peu de chofe comme il pourroit fembler d'abord; car je puis protefter, qu'une longue expérience et une attention des plus fuivies m'ont appris, de manière ine plus me laisfer de doute, que les analogies bien réelles font infiniment moins fréquentes qu'on ne 1'a cru jusqu'ici, et qu'un examen plus fcrupuleux trouve fouvent des différences décilives entre deux corps qu'un ceil fuperficiel avoit prononcés les mêmes. Je ne crains donc pas de pofer en fait comme un principe cosmologique, que le nombre d'efpèces fosfiles fans analogue connu excède confidérablement celui des efpéces dont nous connoisfons les originaux. Je fuis en état de prouver cette vérité par mille exemples, tirés de ma collection, mais la difficulté et la longueur des comparaifons verbales fans le fecours des objets mêmes, qui fouvent différent fi peu entr'eux, m'impofe malgré moi filence. Heureufement que plus d'un favant, exempt de la pasfion dangéreufe de vouloir ne rien ignorer, eft d'accord avec moi fur cette asfertion. Parmi les tubulites, on doit ranger ausfi les bélemnites, les lituites, et les orthocératites. Les différentes efpéces de ces dernières, toujours cham- brées  C49 ) brées et fouvent articulées, fe trouvent en plufieurs endroits, mais toujours en familie, depuis une grandeur microfcopique jusqu'a une longueur confidérable. J en ai trouvé des individus en Hainaut de plus d'un pied de .longueur a la bafe;. encore ne font-ils pas complets. Les lituites entières font infiniment rares; parceque fouvent leur extrémité contournée manque; et pour lors on confond la partie droite avec les orthocératites et la partie courbée avec les cochlites. Les bélemnites, qui quelquefois rasfemblées par milliards occupent des cantöns entiers, font de deux efpéces, 1'une chambrée fournit des alveoles, et femble beaucoup plus rare que 1'autre f>), dont le caractère général eft d'avoir une cavité vide a fon bout inférieur. 1'Une et 1'autre offrent des variétés asfez remarquables: la forme totale en eft tantöt cylindrique, tantöt en forme de fufeau, mais le plus communément conique. C'eft cette dernière fui> tout, qu'on rencontre en une inlinité d'endroits. Je ne parlerai pas du nombre des variétés qui refultent de la forme, plus ou moins arrondie, aplatie, ou angulaire du corps f de la bélemnite, ausfi bien que de la forme et de la fituation de la goutière qu'on y trouve le plus communément; je ne. m'arrèsnBrrl < rri^vin uh snol owoi i Mwuuv ü'r z->lk> pbt (w) Je dis femble plus rare, parceque non obliant Ie prix confidcrable que les amateurs mettent aux bélemnites avec alveoles, je fuis convaincu, qu'elles ne font rares que dans i certains pays, puisque j'en ai trouvé par milliards dans; mes voyages minéralogiques formant des couches entières dans certains can*. tpns, lurtout dans Ie iDuéhé de Luxembourg. G • ' ' 1 1' ' • ■ ■■ ■'■ :»  (5°) terai pas non plus k la forme de la pointe, qui efl tantöt terminée par elle-même, tantót furmontée d'une efpèce d'appendice plus étroite. Cette pointe varie d'ailleurs beaucoup en ce qu'elle eft quelquefois .parfaitement ronde tout aü tour, quelquefois aplatie, et fouvent a trois ou quatre angles: mais je ne puis m'empêcher d'obferver, que, s'il fe trouvoit encore des gens asiez aveugles pour réfufer a ces fosfiles leur place parmi les coquilles, les carrières de-Maftricht leur en offrent de 1'efpèce conique, dontle creux, terminé dans fes contours par un vrai bourrelet, eft fi confidérable et fi évafé, qu'on ne pourra nier qu'il ne foit plus que fuffifant pour loger un ver ou poisfon, proportionné k la pélanteur de la bélemnite, au moins beaucoup mieux que la première chambre des cornes d'ammon et des cornets de St. Hubert. La province de Scanie dans la Suède fournit une preuve femblable; avec cette diïférence, que les bords de la cavité des bélemnites font ici tranchans, et par conféquent privés de bourrelet (*> Toutes les variétés des bélemnites font fans analogues ;'car je compte pour rien 1'analogue que Mr. Fermin pretend en avoir découvert (j), dont Mr. Pallas (» et Hoffman ont fi biendémontré la fausfeté; elles fe trouvent k toute forte de niveaux, même fur (V) V. Linrueï verfuch(* einer natur- kunft- und oeconomfe-hiflorievoneinigen Schwedifchen provinzien, Leipf. 1756. 8vo. p. 116. (j) Fe. min origine de la bélemnite. Renaid confid. d hut. nat. la Haye 1775* (z) Magazin de Strahifund, I vol.  C5i ) fur les plus hautes montagnes; mais on les rencontre par préférence dans les pays éloignés de la mer. II y a des terrains, qui .renferment des bélemnites fans compagnie d'aucun autre fosfile accidentel; j'en ai vu plufieurs exemples dans mes voyages minéra* logiques. Les vermiculites fe trouvent fous une infinité de formes; puisqu'on n'en rencontrera jamais deux groupes parfaitement femblables. Les tirebourres, analogues aux vivans, en forment 1'efpèce la plus diftinguée. ; 4. Les nautilites, cornes d'ammon, et hélicites. On trouve, en quelques endroits, un petit nombre de nautilites ifolés; en d'autres on en trouve asfez copieufement,. furtout a Weimar. Outre 1'analogue exact du nautile épais des Indes, qu'on trouve fréquemment a Bruxelles, et 1'analogue du rare nautile ombilique (a), ceux-ci prefentent encore plufieurs variétés, inconnues jusqu'ici aux conchyliologues. - Je possède ausfi un nautile papyracée fosfile, moins évafé que les analogues vivans; mais j'ignore d'ou il vient. Les cornes d'ammon, qu'on joint avec raifon aux nautilites, forment la clasfe la plus nombreufe entre-les coquilles fouterraines. On les divife en unies, ftriées, et tuberculées: et, au moyen de ces divifions, il eft étonnant comment une coquille, dont la forme totale'eft toujours a peu prés la même, puisfe fournir un nombre fi confidérable de* fpè- O) J'en ai trouvé un, fort beau, n Berchhvez dans le Luxembourg.  C 5* ) fpèces variées. Leur grandeur va depuis la microfcopique jusqu'a un volume prodigieux; même do plufieurs pieds de diamètre. U , { 'Y, Ce. fosfile, repandu en tant. d'endroits avec. uné; profufion fi étonnante , n'a trouvé jusqu'ici dans au-, cune partie de la mer rien qui puisfe lui fervir de vëritable analogue. Car je compte pour rien les fpéculations microfcopiques du fable de Rimini, dont on fait tant de bruit; vu qu'en plufieurs .fabl.es, ait milieu du continent, furtout. en. Italië, .on.trouve ces mêmes prétendus analogues des cornes d'ammon ausfi bien que dans lë fable de Rimini, comme on trouve dans ie fond de la. mer Adriatique les mêmes fosfiles que dans les pays .voifins (£> Ce qui forme le plus généralement. la compagnie des cornes d'ammon, ce font différentes efpéces d'anomies, de gryphit.es, de bélemnites, oirthocératites et autres anomalies. Ces coquilles, fe trouvent par préference a une certaine diftance de la mer, furtout iorsque celle-ci eft bordée de pays plats: elles peuplent plus communément qü'aucun autre fosfile fintérieur des hautes montagnes; ce qui fait voir combien fe trompent ceux qui les ontdéclarées pélagiennes; puisqu'en ce cas non feulement elles occuperóient les vallées plutöt que les montagnes, mais, on les' trouveroit plutöt dans les pays maritimes que dans 1'intërieur des terres, qui eft toujours élevé en proponion:.de fon éloignement des^scótes, par une efpè- Donati hift. de la mer Adriat. la Haye 1758. 410.' fig.  ( 53 ) efpèce de plan incliné, depuis le fommet des montagnes méditerranées les plus élevées jusqu'au bord de Ik mer.-) Rwiom uo'm.)mt ï ■•?. ;T-\; , \ Les hélicites, cette pétrification qui a tant caufé d'embarras aux méthodiftes, mais que je crois avoir fixée fans retour parmi les univalves chambrées (Y), ont un phénomène fosfile des plus intéresfans. 'Dans le Brabant, la Franche Comté, la Suisfe, la Floride (V) et ailleurs, elles forment des bancs d'une étendue confidérable et d'une épaisfeur proportionnée, dont la plupart n'offrent aucun veftige de quelqu'autre fosfile accidentel. Quelque prompt que l'on puisfe fuppofer 1'accroisfement des coquilles en général; lorsqu'on confidère les couches innombrables de ces petites coquilles entasfées les unes fur les autres, on ne peut s'empêcher de reconnoitre qu'il a fallu des fiècles pour la formation de telles couches. Mais comme la forme de la coquille, par 1'abfence du fiphon, prouvé que 1'animal n'a pu babiter qu'une concameration a la fois, combien cela n'augmente-t-il pas le tems nécesfaire pour la formation de la couche entière, en retardant la promptitude de 1'accroisfement parfait de chaque génération? 11 femble que les hélicites, qui forment des bancs fi cónfidérables par leur entasfement, font furtout cel- Cc) Oryflogr. de Brux. p. 103. (V) Mr. livans, qui a demeuré au fort St. Augurt'n, daiis Ia Floride, rn'a ssiuré que tous les murs de ce fort font conftruits d,- pierres numismales. G 3  C 54 > celles de la petite et de la moyenne efpèce. Les gran? des ne font a beaucoup prés pas ft communes, et femblent affecter une fituation moins entasfée et moins genée, quoique fans conteftation elles aient partout vécu'en familie. Entr'autres pays, le Languedoc offre un bel exemple de cette obfervation, prés du gouffre de 1'Embresfac dans les environs de Balarue; on y voit, le long d'un étang, plufieurs rochers, qui font tous parfemés d'hélicites, dont les moindres ont un bofi pouce de diamêtre. Ces hélicites, quelque nombreufes quelles y foient, ne fe touchent guères 1'une 1'autre, mais elles laisfent toujours une partie du rocher quelconque entr'elles: de manière, qu'on peut dire, qu'au lieu de conftituer le rocher par leur entasfement elles femblent y être enchasfées (e). 5. Les cochlites ou limacons fosfiles. Entre les trois families des limacons, ceux a bouche demi ronde font les plus communs parmi les fosfiles, et ceux a bouche ronde font les moins frequens; il en eft de même de leurs opercules. De toutes les efpéces fouterraines de ces deux families je n'en connois aucune, dont on puisfe avec certitude asfigner 1'analogue vivant. II eft vrai, que les couleurs font beaucoup ici'aux divifions. Parmi les trochilites ou limacons a bouche aplatie, fe trouve la fripière fosfile, fort approchante de la mo- .501 .q .mrrff ob .ijrcfltiO (>) (?) Aftruc hifi. naturelle diï Languedoc, 4to. p. 310.  C55 0 moderne, hormis que la première a Ia bafe beaucoup plus concave» ■ De deux ou trois efpéces de cadrans fosfiles découvertes jusqu'ici, il en eft une, qui diffère peu ou point de 1'efpèce vivante. Ces trois families fe trouvent en nombre d'endroits, furtout en Champagne, en Brabant, en Normandie et en Piemont» 6. Les buccinites. . Parmi la grande quantité d'efpèces et de variétés de cette familie, que je possède moi-même; ou que j'ai vues ailleurs, et qu'il eft fi facile de diftinguer par la différence. des formes, j'en connois tout au plus une demi-douzaine, dont on puisfe asfigner 1'analogue vivant. On trouve des buccins fosfiles dans la plupart des provinces de 1'Europe: dans plufieurs on en voit une feule efpèce réunie en nombre confidérable. Je n'ai trouvé nulle part un exemple ausfi frap-pant de cétte dispofition des buccins a fe réunir en familie, que celui que Mr. Deluc a obfervé dans les environs de Mayence, oü il a vu un banc entier formé par une petite efpèce de buccins, qu'il dit avoir rétrouvé jusque derrière Francfort fur le Mein. Je ne fais fi ce favant a pris des vis pour des buccins; mais je dois avouer, qui je connois point de buccins, qui par leur asfemblage forment une couche coquillère prés de Francfort , mais bien de petites vis, fouvent microfcopiques. Sur la cóte de Harwich en Angleterre, on rencon^ tre  C 56 ) tre des buccins fosfiles, qui font une vraie fingularité conchyliologique, vu qui toute leur efpèce ne femble compofée que d'individus dont la bouche eft tournee a gauche, qu'on nomme mal-a-propos uni- ques. 7. Les vis fosfiles, ou turbinites; qui fe trouvent en une infinité d'endroits on Europe. Elles font fi fouvent réunies en familie, qu'elles forment en plus d'un lieu des couches entières. La plus belle de ces couches, que mes recherches m'aient offerte, eft a, une lieue et demie de diftance de Gand en Flandre, prés de Balegem. u\ Quoiqu'une grande partie des vis fosfiles foit reftée fans analogue jusqu'ici,.il en eft quelques unes dont je crois pouvoir asfigner les originaux; mais la nomenclature des vis n'eft pas encore asfez fixée: et, recourir aux planches des différentes conchyliogies, exigeroit des longueurs peu propres a un mé-moire académique. n Entre tous les teftacées, c'eft la vis, dont le noyau eft le plus fouvent compofé d'agate ou d'autres pierres cornées précieufes: phénomène dont on verra la caufe au feptième chapitre. 8. Les rochers fosfiles, ou muricites, qu'on rencontre furtout en France et en Italië. Sans être ausfi nombreux en efpéces ou en variétés que les buccins, ils offrent en proportion plus d'exemples de véritables analogies. Celle du grand lambis des mers d'Amérique paroit furtout frappante; celles de 1'aigrette, du;lard, de la foudre, et deux . ou  Cs?) ou trois autres, paroisfent également réelles, mais jè n'en connois jusqu'ici que de fimples fosfiles, et n'en ai vu nulle part de vraiment pétrifiés. 9. Les purpurites. Le nombre asfez borné d'efpèces naturelles des pourpres peuple la mer d'une qnantité prodigieufe d'individus; cependant il eft fort rare de trouver des purpurites en terre. Ce qu'il y a de remarquable, c'eft qu'a 1'exception d'une feule efpèce, dont on trouve une multitude étonnante de noyaux prés de Bruxelles, mais dont il ne s'eft pas encore trouvé d'analogue parmi les vivans, je ne connois point d'autres purpurites que des confervées ou calcinées, et je regarde les vraimént pécrifiées et méme leurs noyaux comme une trés grande rareté. On trouve les calcinées et les confervées furtout k Courtagnon, a Dax, a Chaumont, a Grignon, k Pont le Voie, et en Italië. La tête de becasfe, et peut être la becasfe épineufe, font les feules dont je connoisfe 1'original marin, car les masfuës d'Hercule fosfiles différent réellement des coquilles vivantes diltinguées par ce nom. 10. Les globofites. Ceux-ci fournisfent, en proportion du nombre de leurs efpéces, plus d'analogies réelles qu'aucune autre familie des teftacées. Telles font la mufcade, le papier roulé, la figue, la gondole &c. Ausfi leur forme plus évafée a prefenté plus de prife aux eaux lors de leur retraite et leur légèreté en a facilité le transport. H On  C 58 ) On trouve des tonnes fosfiles furtout en Italië, en Brabant, en Poitou, en Savoye, en Suisfe, a Soisfons, a Dax, a Chaumont et a Cartagnon. 11. Les volutites ou cornets fosfiles; qui fe trouvent, quoiqu'asfez rarement, a peu pres dans les mêmes cantons que les globofites; outre cela en Angleterre, en Normandie, dans le Pays d'Aunis, et ailleurs. Comme dans les coquilles vivantes on ne diftingue guère les variétés de cette familie que par les couleurs et leurs compartimens, il eft presqu'imposfible de s'asfurer ici d'une analogie avec les fosfiles, qui ont perdu toutes ces couleurs charmantes, qui rendent les cornets les enfans chéris des amateurs de la conchyliologie. 11 n'y a que Mr. de Luc, que je fache avoir été asfez beureux, pour trouver dans le Piemont un cornet, oü les couleurs étoient confervées. Je les divife en celles a tête, ou plutöt queue élevée et celles en queue aplatie, qui devient quelquefois rentrante. Les diftinctions pour les variétés peuvent fe tirer parmi les fosfiles des cordelettes, dont quelques unes font ornées, et de la forme plus ou moins renflée de la première volute ou du corps de la coquille. 12. Les Cylindres on rouleaux. Ceuxci quoique trés multipliés dans la mer, font encore plus rares parmi les fosfiles que les volutites. Je ne connois point de cantons, oü on en ait trouvé jusqu'ici, fi non le Piemont, 'le Brabant, le Vé-  (59 ) Véronois, Ia Süisfs, Chaumont, Grignon et Courtagnon. II eft difficile d'asfigner leurs analogues par la même raifon que j'ai donnée au fujet des volutites. Je les divife a peu prés de la même manière que celles-la. 13- Les Porcelaines. Ces coquilles brillantes, les plus communes entre toutes les efpéces vivantes et dont 1'abondance même fait méprifer le magnifique éclat, font la familie la plus pauvre parmi les fosfiles. II eft ausfi difficile d'en asfigner les analogues que des cylindrites, et pour la même raifon: mais comme toutes les porcellanites, qu'on trouve, font des petites efpéces, il eft jusqu'ici vrai de dire que les grandes efpéces manquent en général parmi les fosfiles. On en trouve en Italië, en Brabant, en Normandie, en Poitou, en Touraine, a Soisfons, a Dax, a Grignon, a Courtagnon, a Wenheim, a Chaumont, et a Pont le Voie. Les coquilles bivahes fosfiles renferment. i. Les huitres, ou oftracites; fous les quelles il faut ranger ausfi les gryphites, les calceolites et les anomies ou térébratules. Cette familie feule nous en apprend plus que toutes les autres enfemble: ausfi tout concourt a la rendre inftructive. d'Un cóté 1'inftinct, qui porte la plupart de nos huïtres modernes a s'établir par préférence prés des cótes,, fait que nous connoisfons mieuxce qui les regarde: d'un autre cóté les huitres H 2 fos-  ( 6o ) fosfiles font entre tous les teftacées les moins fujettes a la déftruction; au point, que leur fubftancé eft généralement trés peu changée; ausfi nous les retrouvons en mille endroits a peu prés dans 1'état oü la mer les a abandonnées. De la la facilité de la comparaifon! de Ia les bancs fouterrains d'huitres femblables aux bancs marins, ou 1'obfervateur retrouve les efpéces fosfiles, concentrées en familie comme les efpéces vivantes; oü il les voit, fous terre comme dans focean, attachées entr'elles ou a d'autres corps folides; oü il voit les efcarres et toute la race des parafites marins, qui couvrent les fosfiles ausfi bien que les naturelles, les vers, les dattes de mer, et les pholades, leurs ennemis communs, qui laisfent chez toutes deux les marqués d'une guerre perfide et asfurée: enfin c'eft de la comparaifon exacte, entre les bancs d'huitres fosfiles et les bancs des huitres vivantes', que nait cette vérité, fi intéresfante en cosmologie, qtt exceptê quelques anomies, et peut être la pelure d'oignon et la crête de coq, il ny a point d"analogie bien exa&e, entre aucune des efpéces nombreufes des huitres de la mer acluelle, et de celles de la mer ancienne, qui font beaucoup plus nombreufes encore, quand elles ne comprendroient que les feules anomies ou têrébratulites, dont les variétés de toute efpèce couvrent une grande partie de la terre. Si quclqu'un doute de cette vérité, trompé, comme je 1'ai été autrefois möi-même, par les apparences excerieures, il n'a qu'a réexaminer les huitres fosfiles  (61 ) les et les marines qu'il prend pour analogues, et je luis convaincu, qu'il y trouvera desdifférences as» fez notables poür abandonner fon fentiment. Quelle resfemblance plus apparente, p. e. que celle entre les huitres de nos mers et les fosfiles dont on voit la 'figure. pl. 8'. lett. B. et pl. 12'. de 1'oryctographie de Bruxelles? et cependant j'ai démontré page 108. une différence réelle. • :;■ Si 1'épaisfeur des bancs des huitres ïbsfiles, qu'on trouve en tant d'endro'its, doit confirmer les argümens en faveur de la durée du regne de Neptune fur notre continent;' j'obferverai que prés de Pézenas il y a un banc, de 1'efpèce appellée monftrueufe^ de trois pieds et demi de hauteur: Mr. de Luc a même vu plufieurs. bancs fuecesfifs, cbacun de trois pieds d'épaisfeur, dans une même colline (ƒ). Enfin le celèbre Walch asfure, qu'il y a des montagnes entières qui en font remplies (g~)r 2. Les camïtes; qui font, après les oftracites, le plus généralement repandues a la furface du globe. Comme elles ausfi les cames vivent volontiers retirées en familie, oü on les trouve rasfemblées par myriades formant des bancs entiers, dont on voit des exemples a Mayence, a Francfort, a Arignano, a St. Gall, a Bruxelles, au ' petit. Spawen ' prés de Maftricht, et en beaucoup d'autres-endroits. Entre Nordheim et Eimbeck on en voit un dans - — -23lqrti9X3 g^opbup? 3nr;bnQq9o oDix-3 itine - CO deluc lé-ttres'pftyf. t. I. p. 309. (éO walch. recueil des monumens des cataftrophes du globe, t. II. féft. I. pag. 117. H s  (62) une couche de marne, oü le parallélisme des cou-i ches marneufes eft dérangé„, de.diftance en diftance, par une plus grande épaisfeur. du banc des cames,. plus accumulées en ces endroits; preuve ,que ces cames n'y ont pas étéamenées par les eaux, qui les eusfent .dépolëes, uniforaiementr donc qu'elles ont pris naisfance dans 1'endroit même oü nous les re« trouvons. Les bancs des cames offrent une remarque digne d'attention, c'eft que, quand ils font formés d'une feule efpèce, les cames y ont généralement leurs deüx.valves réunies; tandisque dans les mélanges des cames avec d'autres coquilles fosfiles, celles Ik ne préfentent généralement qu'un féul de leurs battans. La raifon eft, que la première efpèce des bancs eft le lieu même öu les cames ont vécues, et la deuxième efpèce eft celle oü leurs dépouilles, ballottées par la mer, ont été transportées et dépofées après leur rriort, comme ön 1'obferve encore aujourdhui dans la mer a&uelle. Je ne connois guère d'efpèce dans cette familie, dont 1'analogue foit établi folidement, que la corbeille et la bille d'ivoire. 3. Les moules. Ces bivalves, fi accumulées dans les mers, font la plupart asfez clairfémées dans la terre, quoiqu'on en trouve dans bien des endroits. II exifte cepenclant quelques exemples d'asfemblages nombreux de moules. Entr'autres, prés de Francfort, on trouve une couche asfez confidéra- ble,  C ) ble, toute. formée de trés petites moules. Cette couche eft d'une pierre gris-jaunatre, calcaire, et ne renferme que les noyaux des moules, tandis que, prés de la même ville, on trouve une pierre calcaire d'un gris-blancbatre toute remplie de moules vraiment pétrifiées de la grandeur de nos moules ordinaires, dont elles ont ausfi Ia forme. On voit ausfi des couches pareilles prés d'Oppenheim, prés de Mayence, qui ne font peut-être que la continuatiori de celle de Francfort, et en Piemont. Plufieurs efpéces de mufculites ont, quant a la forme, abstraftion faite des couleurs, leur analogue vivant, furtout les Daétylites, les pinnites, la gueule de fouris et la grosfe moule des Papous. 4. Les tellinites. Plus communes que les mytulites, elles fe trouvent de même en plufieurs endroits, et même parci par ia réunies en familie. Je ne vois guère ici d'analogie avec les tellines vivantes que j'oferois donner pour exacte, finon avec les tellines d'eau douce de différentes efpéces: ausfi ce qui ces bivalves fosfiles nous offrent de plus remarquabie, ce font ces tellines d'eau douce, qu'on rencontre dans des couches dépourvues de coquilles marines; comme il arrivé dans les carrières d'Oehningen; et même dans des ardoifes noires, en compagnie avec des empreintes de végétaux, comme a Manebach, Bottendorf, et ailleurs. 5. Les cceurs, bucardites, ou cardites. Qui donnent une asfez grande variété d'efpèces, dont je ne con-  (64) connois que la lévantine, une variété de 1'arche de Noë, le coeur de Venus et furtout la vieille ridée qui'*offrent un analogue vivant parfaitement exaét: je n'ai pas vu le vrai coeur de Bceuf fosfile, dont par•lént- quelques auteurs, mais bien des noyaux qui en approchent beaucoup. On trouve des cceurs fosfiles en nombre d'endroits, en Europe ausfi bien qu'en Amérique. On les trouve même réunis en familie, dans le Piemont et ailleurs. 6. Les peignes fosfiles, ou pe&inites. Ceuxci fe trouvent en une infinité d'endroits, en quantité plus ou moins confidérable, et quelquefois réunis en trés grand nombre. Dans un efpace de foixante et dix milles d'Italie, favoir depuis Fenal jusqu'a Monaco, toute la pierre, qui compofe les montagnes, tant celles qui bordent la mer que celles qui s'enfoncent dans le continent, n'eft qu'un asfemblage de peignes anomales, d'une feule efpèce, tant entières que brifés (fi). Entre les bivalves fosfiles, c'eft cette familie qui fournit le plus d'efpèces dont nous connoisfons les véritables analogues; telles font furtout la coralline, la coquille de St. Jaques, la Rape, la Sole, et le manteau Ducal. Elle offre d'ailleurs ceci de très-particulier, qu'on y voit plufieurs individus fosfiles qui ont confervé. leurs couleurs. On trouvera la raifon de ces analogies plus nombreufes dans la plus grande légèreté et la forme moins ramasfée des peignes. - S° (Jj) Journ. de phyfique , tom. XXIX. p. 20.  (65) 7. Les manches de couteau. Ils n'offrent que deux ou trois efpéces bien diftinctes parmi les vivantes; mais parmi les fosfiles on n'en rencontre qu'une qui eft la droite, et qu'on trouve dans les mers d'Orient comme dans celles d'Europe, oü elles ne différent que par la couleur. Or les fosfiles ayanr perdu cette couleur, l'on ne fait plus a quelle mer les renvoyer; ce qui eft le cas avec beaucoup d'autres coquilles fosfiles. II eft vrai que, comme celles en la compagnie des quelles on les trouve, et qui ont un analogue diflinct, ne 1'ont jamais que dans les mers des Indes, il eft naturel d'en conclure que les efpéces douteufes appartiennent aux mers des Indes plutöt qu'a celles d'Europe. Les folénites font ausfi rares que les manches de couteau vivans font communs. Cette différence mérite 1'attention des phyficiens, car ces coquillages vivent en familie et s'enfoncent en terre: par oü il femble que, s'ils avoient été ausfi nombreux dans la mer ancienne comme ils le font dans la mer moderne on devroit en trouver beaucoup parmi les fosfiles au lieu du petit nombre d'individus épars qu'on en rencontre. Je n'en ai vu jusqu'ici que de la Champagne, de la Suisfe, et du Brabant. Les coquilles multhalves vivantes, parmi les quelles je range les tarets, tandis que j'en exclus les ourfins, prefentent 1'ofcabrion, qu'on n'a pas encore trouvé parmi les fosfiles. Les autres fe réduifent  C 66 ) 1. Aux pholadites; donc on a trouvé quelques individus fans analogue en Piemont, a Bruxelles, a Maft-richt, a Bologne, a Petersbourg; et quelques amas a Meaux: en outre une feule a Courtagnon, dont on voit 1'analogue dans d'Argenville (0- Je ne parlerai pas des trous des pholades, qui fe rencontrent, peut-être en mille endroits, et même aux fommets des plus hauts rochers (F); parcequ'il n'eft guère posfible de les diftinguer des trous faits par les dattes de mer. 2. Aux tarets; qui font apparentés de fort prés aux pholades. Ce font les environs de Bruxelles et ceux d Alteren, entre Gand et Bruges, qui femblent avoir été par préférence le fejour des tarets, pendant le regne des mers anciennes. II feroit inutile de me copier moi-même: et, faire fextrait de ce que j'ai dit fur les tarets dans mon oryftographie ne me femble pas posfible. Je ne puis donc que renvoyer fur eet article a mon ouvrage même, et je me contenterai de donner ici les conféquences qui refultent de mes obfervations, dans une matière d'autant plus intéresfante, qu'elle tient a 1'hiftoire de la mer ausfi bien que de la terre anciennes. d'Abord, outre quelques efpéces de tarets inconnus, j'ai découvert les analogues réels de ceux qui, originaires des Indes, occupent pour notre malheur depuis un demi-fiècle les mers d'Europe; les analogues (/) Conchyliologie pl. 26. lett. H. (J) Bom index teltarum, p. 2. p. 10,  gues de ceux du Sénégal, et de ceux de Pondicheri. J'ai même trouvé une efpèce très-approchante de celle des Indes, nouvellement découverte et connue fous le nom de masfue cTHercule. Rien d'éconnant dans ces analogies! le bois, criblé par les tarets, eft fi leger, que les eaux de la mer ont pu facilement le transporrer a des diftances quelconques: il eft d'ailleurs fi arfoibli, qu'il n'aura pu refifter aux fecousfes des vagues qui font entrainé. a Bruxelles j'ai trouvé les tarets en compagnie avec des tortues, des nautilites, et quelques autres coquilles marines; mais en même tems avec des noix de coco, et des efpéces de noix de pinang, a Alteren , je n'ai trouvé les tarets accompagnés que des bois qui leur fervent de demeure, de cocos, et de quelques autres fruits fosfiles inconnus et finguliers. Ici ces tarets font a la furface du fol, et a Bruxelles toujours enterrés a la profondeur de quelques pieds au moins. Les autres endroits connus, oü on a trouvé des tarets fosfiles, font Soisfons, Etampes, Sery, Befancon, la Normandie, le Piemont, et 1'isle de Sheppey. Les tuyaux multivalves, dont parle Davila (/), et qui viennent de la Champagne, pourroient bien n'être que des tarets ausfi. 3. Aux balanites; qu'on trouve disperfés par 1'Europe entière, dans une trentaine d'endroits privilégiés, et même en Sibérie; mais partout en petit nom- (7) Davila cat. raif. t. ÏIL p. 171. - I 2  C 63 ) nombre, hormis en Piemont et a Uddevvallia, oü ils font asfez communs. Cependant ceux, qui font vraiment pétrifiés, font encore très-rares. Ils font analogues aux turbans, aux tulipes, au clochettes, ou aux glands de mer rayés. 4. Aux conques tellinoides. Ce fosfile, dont on ne trouve que deux valves a peu prés triangulaires, dont la forme et 1'ouverture femblent prouver qu'il y manque quelque pièce, a éte donné par Mr. Bertrand, dans fon dictionnaire, pour 1'analogue de la conque anatifère; mais la feule infpection fuffit pour le convaincre d'erreur. Ce ne peut donc être tout au plus qu'un multivalve fans analogue jusqu'ici. II a cela de particulier, qu'on le trouve généralement dans des couches, qui ne renferment point de coquilles marines, comme a Pappenheim, Sohlenhofen, et ailleurs. § IX. Des Produclions Polypieres fosfiles ou Polypodites. Nous connoisfons, je 1'avoue, grand nombre d'efpèces de productions polypières modernes, formant cette pépiniere inépuifable d'êtres animés, qui peuplent la mer, partout oü ils trouvent a s'y loger, au point d'y créer, par des colonies toujours renaisfantes, des rochers et des isles entières. Mais qu'eftce que ce nombre, en comparaifon de celui des efpéces,  (69) ces, variées a Tinrini, des polypodites qui ont peuplé la mer ancienne! Les pasfer en revue, même rapidement, feroit excéder de beaucoup les limites d'un mémoire. Jettons-y au moins un coup d'ceil fuperficiel, pour pouvoir en tirer, relativement a la théorie du globe, les conféquences les plus nécesfaires. Les polypodites font fi généralement repandus k la furface de la terre, qu'on ne peut parcourir aucun pays en vrai obfervateur fans y en rencontrer et même fans y trouver quelqu'efpèce nouvelle. Le catalogue de ceux qu'on a trouvés dans les feules carrières de Maftricht, dont la fragilité et la délicatesfe extrémes prouvent fi bien qu'ils n'ont pas été roulés ni transportés, mais enterrés tranquillement par 1'eau, ce catalogue feul dis je fuffiroit pour démontrer, combien nous fommes éloignés d'avoir ou les figures ou les défcriptions de tous les polypodites découverts jusqu'ici. Que feroit-ce fi des yeux connoisfeurs nous donnoient les oryélographies exacles de tant de pays, que nous croyons connoïtre, parceque nous en lifons des oryélographies faites lans vérité, fans foin, et fans connoisfance. Cette univerfalité des polypodites n'empêche pas, que, tandis qu'un pays en donne par milliards, 1'autre n'en donne qu'un petit nombre d'individus. Souvent même de deux couches, asfez contigues, de fosfiles accidentels, Tune fera presque toute compofée de produclions polypières, et 1'autre a peine en fournira quelques unes: vérité dont la fameufe monI 3 tagne  C 70) tagne calcaire de St. Pierre prés de Maftricht offre un exemple frappant. Ce que je dis ici, comme en bien d'autres endroits, oü je généralife mes propofitions, doit s'entendre de notre Europe; car nous ne connoisfons pas a beaucoup prés asfez les trois autres parties du globe pour en parler fi décifivement. Voyons maintenant les différens genres des ouvrages que les polypes ont fabriqués lors du fejour de 1'ocean fur les terres actuelles; furtout tachons de remarquer quels font ceux qui offrent des efpéces analogues aux ouvrages des polypes d'aujourdhui. Je dois obferver d'avance, que le nombre des analogies réelles eft trés petit en comparaifon des anomalies: a moins que la montagne de Salève, comme le pretend Mr. de Luc, ne fasfe exception a cette régie, en renfermant elle feule presque toutes les efpéces de plantes marines pierreufes, vivantes dans 1a mer (w); ce qui asfurément feroit un phénomène cosmologique des plus difficiles a concevoir. Je fais, que le mont Salève renferme plufieurs efpéces analogues aux vivantes: mais presque toutes! ce phénomène, je le repète, eft fi éloigné des no■tions que je me fuis procurées d'ailleurs fur cette montagne, que ce favant me permettra de fuspendre mon jugement fur la géneralité des ces analogies, jusqu'a ce que je les aië vues moi même. Les polypodites connus renferment. i. («) Lett. phyf. et moral. t. II. p. 527.  C 71 ) i. Les corail ites. , Plus d'un auteur cite des exemples de ces fosfiles, et chacun a fon tour en avoue 1'extrême rareté, cela n'empêche pas, que je ne regarde cette analogie comme au moins très-apocryphe; voici pourquoi. Les échantillons, que j'en ai vu dans quelques cabinets, étoient rien moins que Vifis nobitis ou le véritable corail rouge fosfile: les figures qu'on en trouve dans les auteurs préfentent des morceaux fi chetifs, qu'ils cesfent d'ètre caractériftiques: la citation que le favanc Walch et après lui Mr. Schroeter, fon digne émule, font de Conrard Gesner O) eft fausfe apfoi lument; puisque Gesner parle d'un corail naturel, et nullement d'un fosfile. Les autres authorités, citées par ces favans, ne font pas non plus asfez prépon-, dérantes; la figure, que donne Walch de fon prétendu corallite (o), ne dit rien abfolument en fa faveur, mais prouve plutöt contre lui. Quant au co^ rallite de Mr. Davila (J>), fi ce n'eft pas un morceau factice, au moins n'eft il pas fosfile. Mr. Davila lui-meme en feroit convenu, s'il ne s'y trouvoit pas quelques pyrites: or qu'eft ce qui empêche les pyrites, qui fe détachent des cótes, de rouler dans la mer, et de fervir de bafe a des polypes? d'ailleurs la maniére tout a fait louche, dont s'exprime Mr. Mr. Davila fur ce morceau, dont le beau rouge formeCr/) C. Gesneri de rerura fosf. lapid. et gemm. figuris. Tigurï 1565. 8vo. fi<\ fol. 132. et non, comme ces favans difent, N. 133. on y voit la figure d'un trés joli arbrisfeau de corail rouge, mais tel qu'il eft forti de la Méditerranée. " O) Walch ftein-reich fyllematisch entworf. t. I. pl. 22. no. 3. ) Davila cat. raif. t. III. p. 7.  C 7* ) meroit un vrai phénomène fosfile, 1'ignorance oü il eft du lieu oü il a été trouvé, tout enfin confpire a faire déclarer illégitime ce pretendu corallite. Les foidifant corallites de la Gothlande, qui ont confervé leurs couleurs, ne font pas plus réels. J'ai vu des colleftions fort variées des polypiers fosfiles de ce pays qui forme un vrai banc de polypes anciens , et je n'y ai jamais obfervé le moindre atome de corail rouge. Ce qui eft caufe de 1'erreur, c'eft une pierre calcaire qu'on y trouve, oü outre les milleporites et autres polypodites, on voit des entroques, dont la couleur, duë a 1'ocre de fer, eft d'un beau rouge de corail, que des gens, plus curieux qu'inftruits, ont prifes pour du vrai corail rouge. 2. Les madréporites: qui offrent entr'autres analogies celles du corail blanc oculé, du madrépore abrotanoide, et du madrépore branchu étoilé. 3. Les aftroites fosfiles, qui fournisfent de même quelques analogies réelles, que je ne pourrois faire connoitre qu'au moyen de défcriptions au defaut de dénominations recues. 4. Les tubiporites; dont 1'orgue de mer fosfile des environs d'Oxford en Angleterre trouve 1'analogue marin le plus apparent. 5. Les milleporites; dont il eft fort difficile de nier, ou d'asfurer les analogues; puisque la différence ne confifte fouvent que dans des trous un peu plus ou moins grands, et un peu plus ou moins nombreux. Je ne doute cependant presque pas, qu'il  C 73 ) qu'il ne fe trouvent ici des analogies furtout dans les agarics. 6. Les efcarites et rétéporites; qui offrent la même difficulté que les milleporites au fujet des analogues. 7. Les méandrites ou cérébrites fosfiles. Celles-ei trouvent, felon mon opinion, leur analogue entre les marins. 8. Les fongites fosfiles, qui renferment les fongites proprement dites, les fongites alcyons, les hippurites, et les porpites, offrent des efpéces et des variétés fans nombre, et différent la plupart fi notablement des fongites vivantes, qu'il n'eft que trop vifible, qu'elles viennent d'une autre mer. Ce genre nombreux n'eft cependant pas tout a fait dépourvu d'analogies; différens ceuillets de mer en font la preuve. 9. Les polypiers de fubftance molle ou flexible; qui renferment les faux coraux, les kératophytes ou lithophytes, les corallines, et les escarres molles, les éponges et les alcyons; dont chaque divifion fournit des individus innombrables a la mer moderne, tandis que ces mêmes polypiers fe réduifent presqu'a rien parmi les fosfiles. On en cite quelques morceaux de corail articulé des environs de Mesfine, un éventail de mer et un ou deux autres kératophytes; encore eft il permis de foupconner qu'ils n'étoient que couverts de leur croute marine: au moins Mr. Bertrand s'eft avifé, d'en offrir un pareil, après Kundmann, pour un vrai fosfile, quoique Kundmann lui même ne fait donné que pour incrufté. K J'ai  ( 74 ) J'ai vu asfez fréquemment les huïtres et autres fosfiles couverts d'une efcarre, que fa finesfe extreme me fait foupeonner avoir été molle. J'ignore abfolument s'il exifte d'autres polypiers, de 1'efpèce dont je parle, parmi les fosfiles. II femble, que la mollesfe de leur fubftance n'eft pas un obftacle abfolu, puisqu'on trouve des noix et autres fruits, convertis en pierre cornée: puisqu'on a des exemples de coquilles pétrifiées avec leur poisfon dont mon cabinet renferme un bel échantillon dans une anomie ailée que j'ai trouvée dans le duché de Limbourg; puisqu'enfln des milliards de plantes ont laisfé la preuve de leur exiftence dans les toits des houillèrcs et ailleurs Que fera-ce fi l'on confidére, que grand nombre de polypiers ne font flexibles que dans leur fubftance intérieure, 1'exterieure étant d'une dureté a peu prés pierreufe? II eft donc très-permis de croire, que toutes nos efpéces aftuellcs de polypiers mous, ou au-moins la plus grande partie, n'exiftoient pas dans la mer ancienne: car quand même on voudroit réduire les fongites-alcyons fosfiles aux alcyons mous, on n'y gagneroit rien, vu la différence des formes, enfin je finirai par obferver que les trois quarts au moins des polypodites manquent encore jusqu'ici d analogues vivans. S x.  ( 75 ) § X. Des Echinites ou Ourfins Fosfiles. Les ourfins ont été bien mal-a-propos ranges parmi les coquilles multivalves, puisque la nature dc leur demeure, ou enveloppe osfeufe, ne permet feulement pas de les ranger parmi les teftacées. Ausfi plufieurs favans commencent I les renvoyer a leur place. Linnteus les a déja rangés parmi les mollusques ou zoophytes; Mr. Schroeter les óte aux coquillages pour en faire une clasfe a part; dans mon oryctographie, je les place prés des étoiles de mer, avec les quelles ils ont nombre d'analogies; et je crois, que bientot on en reviendra au fentiment du nomenclateur Suèdois, en rangeant ces efpéces d'étoiles a carcasfie osfeufe externe ausfi bien parmi les zooph tes qu'on y range conftamment les étoiles a carcasfe osfeufe interne. Quoi de plus naturel, que de placer, parmi les animaux qui resfemblent aux plantes, des animaux qui resfemblent aux fruits fi bien, qu'on leur a appliqué le nom de pommes de mer! Les échinites fe trouvent en une infinité d'endroits, en Europe, ausfi bien qu'aux Indes; ils font asfez généralement rasfemblés en familie, quelquefois réunis en trés grand nombre dans un petitefpace, quelquefois éparpillés; mais toujours tellement, qu'il eft facile a voir, qu'une telle efpèce affecte un même lieu, et que chaque forte d'ourfin a fait choix de fa K 2 de-  C 76 ) dcmeure propre dans la mer ancienne, quoiqu'il foit ausfi arrivé asfez fréquemment, qu'un même féjour ait plu a différentes efpéces. II feroit inutile, de faire 1'énumération de ces fosfiles, fi variés et fi nombreux; il fuffit de faire obferver que, quoiqu'une grande partie n'ait pas encore d'original parmi les corps marins, les turbans, les casques, les boutons, les barillets, les boucliers, les beignets, enfin les différentes divifions des échinites offrent, chacune de fon cóté, des analogues réels, en plus grande proportion qu'aucune autre efpèce de fosfiles accidentels. Ausfi leur grande légèreté doit en avoir rendu la plupart ausfi faciles a transporter par les eaux, que les cruftacées mêmes. Quoiqu'en général les échinites foient dépourvus de leurs piquans et de leurs osfelets; il exifte des individus, qui ont confervé quelques-unes de ces partiés, fi faciles a détacher. § XL Des Zoophytes Fosfiles ou Zoophytolithes. Comme il eft imposfible, de décider avec certitude, fi entre les nombreufes efpéces de fongites-alcyons fosfiles aucune a appartenue aux zoophytes ou produftions polypières flexibles, plutöt qu'aux pierreufes, de la mer ancienne; la difficulté, de croire a la pétrification de tant de corps mous, les a, nonobftant leur forme, fait range rasfez unanime- ment,  ( 77 ) ment, parmi les polypiers pierreux. De Ik vients qu'on ne connoit de zoophytolithes que les étoiles de mer, que je diviferai en fimples, ou celles fans pédicule, et en arborefcentes ou celles qui font pourvues de pédicule. Les étoiles fosfiles fimples, qu'on peut diflinguer par le nom de ftellites, font ausfi rares en terre que les étoiles vivantes font communes dans la mer. De lk il ne faut pas conclure, que 1'océan ancien en ait été malpourvu. Les osfelets innombrables d'étoiles de mer, qu'on trouve fosfiles k Bruxelles, k Baelegem prés de Gand, k Chasfy fur Saone, et ailleurs, prouvent évidemment, que la mer, lors de fon féjour fur nos terres, en nourrisfoit un nombre infini, qui vivoient en familie. Mais le corps de ces zoophytes eft fi fujet k la corruption, les osfelets font ft foiblement liés entr'eux, qu'il a fallu des circonftances bien favorables pour que la forme d'une étoile entiere des mers anciennes ait pu parvénir jusqu'k nous. Les couches de pierres fisfiles nous en fournisfent plufieurs, quoique la plupart fort petites. On en voit des repréfentations dans le grand ouvrage de Walch et de Knorr (cf), de même que dans Bayer et ailleurs, dont 1'original eft encore inconnu. On en voit dans Bourguet (r), une plus grande, dont il fe contente de dire, que c'eft une étoile bonne a manger, mais qui trou- 3, (r) Traité des pétrifications. pl. 59. no. 438. K 3  C 78 ) trouve fon analogue dans la mer a&uelle. II en eft de même de celle d'une autre efpèce plus grande encore, dont parle Schulzen (V), qui pretend en avoir vu plufieurs fosfiles. Les patés, dont parle Mr. Sausfure (T), resfemblent asfez aux vivans. La tête de Mêdufe fosfile, et fes parties, appartiennent aux ftellites. On en voit des fragmens, dans 1'ouvrage cité de Walch et Knorr O), dont celui de la feconde partie eft abfolument fans analogue connu-, mais celui de la première, de même que celui dont parle Rofinius (», qui a les branches plus épaisfes, et quelques fragmens que fournisfent les bancs de pierre a chaux des environs de Tournai, pourroient bien être 1'analogue de la tête de Médufe du Cap de bonne efpérance. Celles de la mer du nord ne font pas fi chévelues. II n'eft pas non plus ïmposfible, qu'une grande partie des trochites et des entroques radiées, qu'on attribue fans exception a te tige de 1'encrinite, appartiennent aux branches épaisfes des têtes de Médufe: ce que je crois d'autant plus volontiers, qu'on trouve fouvent des couches ' entières de trochites et d'entroques, qui ne renferment aucun osfelet de la tête de 1'encrinite. Les étoiles arborescentes renferment les encnmtes et les pentacrinites. Les premières, fans être communes, font beaucoup moins rares que les fecondes. r,\ CF. Schulzen verfteinten Seesterne,Warfchau 1760 4r0.fig. pl.a.no.6. CO Sausfure voyages dans les Alpes, 410. 1.1. P. 284. pl. 3- hg- *; r«) Part. I. pl. XL. C et part. 2. pl. L. I. (y) Rofinius de Lithozois, pl. X. tig. 1.  C 79 ) II eft cependant extrèmement difficile d'en trouver un exemplaire complet avec un pédicule de certaine longueur. Leur véritable patrie femble être a Erkerode, village prés de Brunswick; ou il fe trouve, a deux pieds fous terre, une couche entière, formée de leurs débris et de quelques pectinites. On en? trouve ausfi dans plufieurs autres endroits d'Allemagne, de Suisfe, de France, et des Pays Bas Autrichiens, mais en fort petit nombre. Ce fosfile, dont on a déja découvert plufieurs efpéces, n'a pas encore d'analogue connu. II faut qu'il ait été d'une abondance incroyable, fi tout ce que nous trouvons de trochites et d'entroques, dont il exifte des bancs entièrs, n'eft dü qu'a fes pédicules. Mais, comme je fai dit plus haut, les articulations des branches des têtes de Médufe pourroient bien reclamer leur part ici» Les pentacrinites différent des encrinites par Ia tête même, mais plus encore par la tige, ou le pédicule, qui eft rond dans les dernières et pentagone dans les premières. Depuis peu on pretend avoir trouvé, a Prague, une efpèce intermédiaire, qui doit avoir la tête de la pentacrinite et la tige de 1'encrinite. II eft fort apparent, que le palmier marin des mers du nord, décrit par Ellis et Mr. Guettard, eft 1'analogue de la pentacrinite: et quand même on y trouveroit quelque différence, cette découverte fuffit, pour qu'on puisfe croire avec raifon, que dans d'autres parties de la vafte étendue des mers, il peut fe trou-  C 80) tröuver des variétés de palmiers, qui feront tout b. fait conformes aux fosfiles. La différence entre les têtes de Médufe, fi peu durables, des mers du nord, et celles du Cap, fi fermes et fi folides, vient k 1'appui de ce foupcon. Cette découverte même me fait efpèrer qu'on trouvera également quelque jour foriginal des différentes encrinites, qui ne différent guère entr'elles que par les rayons. Ce qui appuie le plus mon efpoir, c'eft que ces zoophytes tiennent par leurs racines au fond des mers les plus profondes, oü nous ne pouvons les découvrir que par quelque hazard heureux, par Ik il n'eft pas furprenant que, quand même il en exifteroit une multitude quelconque, il n'en foit pas encore parvenu k notre connoisfance. Ceux même, que des accidens arrachent du fond des mers, ne doivent pas tarder d'être mis en pièces avant d'être jettés fur les cótes, tant eft foible la liaifon de leurs parties. Ceci prouve 1'imposfibilité du transport de ces corps par un déluge dans nos terres, oü ils doivent avoir été enterrés fans aucun choc ni violence, pour avoir pu refter ausfi entiers, même avec leur tige, comme nous les trouvons: car le moindre effort rompt le nerf trés délicat qui en lie les parties. II en eft tout autrement des coquillages, qui peuvent babiter les profondeurs des mers. Non feulement la nature de la plupart n'eft pas d'être attachés et immobiles, mais ausfi leur folidité eft asfez grande pour  C 81 ) pour fupporter fans les brifer un transport violent. On a donc tort, de reclamer le fond des mers pour le féjour des analogues. des coquilles fosfiles prétendues pêlagienneSy dont ni les cabinets, ni les recherches des naturaliftes, ni les plongeurs, ni la fonde, ni les mouvemens les plus violens des mers, n'ont fourni jusqu'ici le moindre échantillon. Les débris des tiges du pentacrinite fournisfent les aftéries et les colonnes étoilées ou arteries colomnaires: celles-ci, de même que le zoopbyte dont elles font partie, font beaucoup plus rares que 1'encrinite et fes débris. 1'Angleterre en fournit le plus grand nombre: après cela Boll, dans le Wurtemberg, Oemden, Altdorff, Pappenheim, Prague, Nuremberg, la Suisfe, et la Franche Comté. chApitre hl Des Végétaux Fosfiles. {Quelque défirable qu'il feroit de pouvoir fuivre, pour les végétaux fosfiles , les clasfifications méthodiques établies pour les végétaux vivans, il eft abfolument inutile d'y penfer, pour deux raifons; la pre- L  ( 32 5 mière eft, que les analogues de la plupart de ces fosfiles nous font touta-fait inconnus; la feconde quenon feulement ils n'offrent plus de traces de mrties de leur fruffification, mais qu'en géneral nou les «rouvons dans un état fi mutilé, qu'a peme on peu les reconnoltre. On fe contente donc avec ïïfon de les divifer en dendrolites, «u "sf s^ en phytolites, ou plantes propretnent dites, et en carpolites, ou fruits fosfiles. § I. Bes Dendrolites ou Beis Fosfiles. Les bois fouterrains fe trouvent dans uneinfinité d'endroL Ils font confervés, enduras, bitumi, lux te rifiés, ou charbonneux; ou bien Us font Xfiés aiumineux, pvriteux, ou métalhques P Jappellerai les cinq premiers fimplement 4m et les quatre derniers feront compr.s fous tlénomina on de fe t&&i diftinaion peu exaftetTa vérité, mais que la brièveté dun mémo,re rend légitime, et qui eft trèsnéces&re pour féparer les fate, que chaque clasfe prefente relauvement aux revolutions du globe. " on a fait un étalage pompeux de la nomenclature, vl « fausfe, des bois pétrifié, J'en a. vu un quantité prodigieufe; mon cabmet » ren erme plus le quatre cents morceaux; et jusqura ü nart aucun, dont j'oferois asfigner avec confiance lanato  C 83 ) gue. Ce n'eft pas que j'aie épargné mes peines a cc fujet: outre mes propres lumières, j'ai fait ufage de celles de plufieurs favans; j'ai confulté 1'expérience des ménuifiers et des ébéniftes; tout le fruit, que j'en ai retiré, c'eft d'apprendre, qu'ils n'en favent pas plus que moi fur eet article: que les bois pétrifiés, que je leur ai montrès, leur étoient presque tous' inconnus, et que le petit nombre d'échantillons, oü ils croyoient reconnoïtre quelque fimilitude avec des bois d'Europe, ne faifoient naitre chez eux qu'un foupcon de resfemblance, toujours partagé entre plufieurs de nos bois vivans. Ceci n'empêche pas, que plus ,d'une perfonne, peu familiëre avec 1'étude de la nature, ne m'en ait nommé plufieurs d'emblée. Mais cela n'a fervi qu'k me faire voir, que nous ne de venons circonfpeóts qu'a mefure que nous avancons en connoisfances. Je ne pretends pas foutenir, qu'entre les bois nombreux que nous trouvons pétrifiés il n'en eft aucun dont on puisfe asfigner 1'analogie. Je crois même qu'il en exifte, dont on connoit les originaux: tels doivent être les bois pétrifiés qui ont été enterrés k des époques plus rapprochées de nous. Mais je foutiens, d'après ma propre expérience, que la plupart des bois pétrifiés, trouvés jusqu'ici, nous font très-inconnus, Tels font ceux que leur fituation, ou les fosfiles voifins, prouvent avoir été enterrés a des époques qui vont fe perdre dans la nuit des tems. La légèreté dans les décifions, la crainte d'être accufé d'ignorance, fi propres aux connoisfances fuL 2 per-  C 84 ) perficielles, ont été, comme je crois, les pnrrains qui ont préfidé a la plupart de ces batèmes des bois fosfiles, qu'une attention plus reflèchie auroit fans doute condamnés. Les tablettes polies des différens bois naturels, dont on a commencé a faire des colleótions, font déja une preuve frappante, combien il eft facile de confondre un bois avec un autre. La mème efpèce de bois offre naturellement, par fes mailles et fa couleur, des variétés -frappantes; il en offre encore de plus confidérables par accident, felon qu'il eft bien ou mal venu, felon le fol qui fa porté, felon la fituation qu'il a occupée; enfin il n'eft point jusqu'a. 1'age même, qui ne rende un bois différent de ce qu'il étoit. Que fera-ce lorsque ce bois, pour fe pétrifier, aura perdu la meilleure partie de lui-mème, qui aura été remplacée, plus ou moins copieufement, par une matière nouvelle, différente felon les lieux et felon les circonftances! que fera-ce, disje, lorsque ce bois, dont les pores naturels auront été effacés par la matière pierreufe qui s'y eft introduite, ne prefentera plus a nos yeux que des pores trompeurs et fimulés? Je possède, il eft vrai, plufieurs bois pétrifiés, qui non obftant les changemens qu'ils doivent avoir fubis, font asfez caractérifés par leurs mailles diftinsuées, par leur contour fingulier, et par leurs écorces étranges, pour dénoter leurs analogues, fi ceuxci pouvoient fe trouver, mais il n'en eft point de pareils entre les bois d'Europe, et je les ai cberchés en  ( «5 ) en vain parmi les bois connus des Indes. Refte k favoir s'ils exiftent encore quelque part, ou s'il faut les compter parmi les efpéces perdues, ce qui eft bien plus probable. Une obfervation asfez remarquable, qui a quelque rapport ici, c'eft que, parmi tous ces pretendus bois indigènes d'Europe pétrifiés, on ne trouve jamais aucun de leurs fruits ou noyaux fosfiles; tandis-qu'on trouve au contraire des fruits, anomales a la vérité, mais qui ont néanmoïns vifiblement certains rapports a ceux des Indes; comme on voit furtout prés de Bruxelles et prés d'Alteren, Quoiqu'un nombre fuffifant d'exemples de bois nouvellement pétrifiés, tels que celui des. piliers du pont de Trajan dans le Dantibe, dont Ia partie extérieure forme une croute d'agate autour de 1'intérieur qui eft refté ligneux, celui dans une cave d'Orleans (V), dont parle Mr, Defay et plufieurs autres, prouvent la difpofition du bois a fe convertir en pierre, et que cette operation n'exige pas un grand nombre de fièdes; tout nous indique que la plupart des bois fouterrains, que i'appelle pétrifiés, appartiennent k une époque bien différente de celle qui nous a procuré une grande partie des bois fosfiles. Les phénomcnes les plus intéresfans que nous fournisfent les bois pétrifiés, c'eft qu'on n'en trouve en général que des fragmens, et qu'on ne voit que très- ra- (a) Defay la nature confidtrte dans plufieurs de fes op-Jrations, p. 85. T a  ( 86 ) rarement des coquilles ou autres parties animales fosfiles en leur compagnie. ■ . 1'Arabie pierreufe (£) et une douzaine d endroits connus en Europe, oü on trouve, foit des arbres entiers foit des troncs confidérables pétrifiés, font exception k la première obfervation générale. Les exemples connus, qui font exception a la feconde, font, les endroits peu nombreux que j'ai cités au fujet des tarets fosfiles, les environs d'Altdorf, mais furtout ceux de Bruxelles, oü on trouve des bois, tant fains que taraudés et pourris, renfermés dans les mêmes grais avec plufieurs efpéces de teftacées marins et en compagnie avec d'autres pétrifications marines et amphibies. Le feau pétrifié, dont parle Agricole, trouvé dans une ancienne minière, le plat de bois, dont une moitié pétrifiée, et les différens outils et chofes artificielles de bois, qu'on a trouvées converties en pierres, et dont Walch et d'autres nous rapportent des exemples, font trop poftérieures aux grandes revolutions , pour nous y arrêter. Quant aux coups de hache ou de cognée dont on asfure que plufieurs bois pétrifiés portent les marqués, ceux que j'ai vus et qui pasfent pour porter ces marqués, n'étoient que des bois gercés transverfalement, comme il arrivé aux bois amollis par la pourriture et enfuite fortement desféchés. On en voit beaucoup de pareils entre les bois pé- tri- (J>) Schroeter lithologifches lexicon, t. II. p. 377*  C 87 ) trïfiés d'AIteren, dont les gereures font remplies de calcédoine. On me permettra donc de revoquer en doute un fait fi important dans 1'hiftoire du globe, que 1'envie de possèder une chofe intéresfante ou rare a fait avancer fi leftement. Si je dis que ce fait feroit important pour 1'hiftoire du globe, ce n'eft que pour autant qu'il regarde les bois pétrifiés de la clasfe de ceux qui ont appartenu au monde ancien. Car pour ce qui eft des bois fosfiles qui appartiennent a la terre aftuelle, rien n'eft moins rare que d'y trouver les traces de la main des hommes. La plus grande partie des bois flottés, qui couvrent les cótes des isles de la mer glaciale et qui fe reduifent presque tous aux fapins, porte plus ou moins les marqués de la cognée ou d'autres inftrumens de fer (c), Entre les endroits, oü l'on trouve les bois pétrifiés en abondance, fe diftinguent Alteren en Flandre, et Chemnitz, Coburg et Kyfhausferberg en Allemagnc Les bois fosfiles fe trouvent en une infinité drendroits, fouvent en nombre incroyable et formant des couches entières; mais en général dans des fituations plus fuperficielles que les bois pétrifiés. II fe préfente cependant des exceptions a cette dernière règle: entr'autres la plaine de Bechlin, prés de Halle, offre a 25 pieds de profondeur un lit confidérable d'arbres entiers avec leurs branches, tous couchés du mêCO Phipps voyage au pole boréal, p. 55. et ailleurs.  C 88 ) menie cóté et entasfés de 1'épaisfeur de 5 a 6 pieds. Le féjour le plus ordinaire des bois fosfiles eft dans les tourbières, dont il en eft, a Anderlecht (V) prés de Bruxelles et ailleurs, qui femblent pour la majeure partie compofées de fragmens et de débris de bois, dévenus méconnoisfables par la décompofition: ils font plus ou moins bien confervés felon la nature des couches et des lieux oü ils fe trouvent: mais on peut fort fouvent reconnoitre fefpèce a la quelle ils appartiennent parmi les arbres d'Europe, lorsqu'on en rencontre foit des arbres entiers, ce qui n'eft pas rare parmi ces fosfiles , foit des troncs ou des branches un peu confidérables. Le plus grand nombre femble appartenir aux bouleaux, aux chènes et aux pins. Quelquefois on trouve en leur compagnie les fruits non pétrifiés qui font propres a leur efpèce, tels que des glands, des pommes de pin et des noifettes; comme dans la chatellenie de Bourbourg, dans le territoire de Furnambach et ailleurs. Ceci neanmoins fe voit beaucoup plus rarement que certains auteurs le font entendre. La direction, dans la quelle on trouve couchées la plupart de ces forêts fouterraines, eft du fudoueft au nord-eft. La raifon eft, que le vent du fudoueft eft dominant en Europe, en mcme tems qu'il eft très-pluvieux et par la plus capable d'amollir le fol qui porte les arbres, furtout de faire gonfler les tourbières qui les entourent et qui les renverfent en les foulevant. Les (d) Voyez mon oryclographie de Bruxelles, p. 122 et 124.  C 89 ) Les bois fosfiles font quelquefois 11 bitumineux, que ce n'eft pas fans raifon que plufieurs naturalirtes leurs attribuent 1'origine du jayet. II eft même des endroits, oü ils forment des couches, qui ont toutes les qualités de la houille, quoiqu'on ne puisfe y méconnoitre le bois. II y en a une de cette efpèce prés de Krestezkoi, qui a une toife d'épaisfeur (Y). Le Duché de Luxembourg oflre en une infinité d'endroits, presqu'a la furface du fol, une couche très-mince de ce bois bitumineux, dont la préfence donne aux habitans un efpoir trompeur et dangereux de trouver des veines de houille a une plus grande profondeur. Ce qui m'a convaincu, que ces bois bitumineux n'appartiennent qu'k la terre actuelle, c'eft que, dans le Luxembourg même, j'ai trouvé par-ci-par-la a la furface du fol, dans le voifinage des forèts, des couches minces et peu étendues de bois comprimés, déja asfez changés de nature, pour pouvoir y reconnoüre le rudiment de la couche de bois bitumineux qu'on voit dans des endroits, aujourd'hui dépourvus de bois, mais qui ne peuvent manquer d'en avoir été couverts pendant des fiècles, lorsque le Luxembourg étoit au centre de la fameufe forêt d'Ardennes. Ausfi rare il eft de trouver les bois pétrifiés en compagnie avec d'autres fosfiles accidentels, ausfi commun eft-il de rencontrer les bois fosfiles, non feulement ac- O) Hift. 'des découvertes faites par divers favans voyageurj, t. I. pag. 50 INI  ( 9) accompagnés d'autres végétaux, de coquilles d'eau douce et terreftres, d'osfemens et défenfes de quadrupèdes, mais ausfi de toute forte d'ouvrages des hommes. On trouve du bois eharbonneux en plufieurs endroits; entr'autres dans les productions volcaniques, et furtout dans le trafs d'Allemagne. Quoique la plupart des bois fosfiles appartiennent inconteftablement a des revolutions poftérieures k celles dont en général les bois pétrifiés tirent leur origine, il eft fort apparent, qu'il en eft ausfi plufieurs qui datent des mêmes époques avec ces derniers: tels paroisfent être les bois fosfiles du lac Neagh en Irlande qui, avec leurs rameaux, leurs feuilles, et un limon ou argile entremêlée, forment une couche folide, épaisfe de 4 pieds, couverte d'une couche d'argile tenace, haute de 7 pieds, et repofant fur une autre couche d'argile. Je crois devoir ranger ces bois parmi ceux des cataftrophes antérieures, fondé fur ce que Mr. Barton, qui les a obfervés' foigneufement, dit dans fes leclures on natural philofophy, que ce font des bois de cèdre, ou au moins d'une efpèce dont on ne trouve aucun analogue en Irlande. Je fuis charmé de pouvoir faire obferver a cette occafion, que c'eft une erreur de croire, que fon puisfe calculer, même a peu prés, le tems qu'un corps s'eft trouvé fous terre, par fon dégré de pétrification. Cette opinion erronée fut celle de plus d'un écrivain; elle eft encore celle du peuple; mais elle doit cesfer d'occuper les favans. L'é-  C 91 ) L'état aóruel, oü nous trouvons les fosfiles accidentels, dépend bien plus de leur nature primicive et des circonfhnces locales que de la durée de leur enterrement. Nous voyons partout des huitres, qui n'ont point ou presque point changé de nature, k cóté d'autres coquilles vraiment pétrifiés, quoiqu'enterrées avec les huitres a une même époque. Les bois de Neagh, enterrés depuis un nombre incroyable de fiécles, ne font pas pétrifiés, tandis que ceux de la cave d'Orleans, dont parle Mr. Dufav, offrent une pétrification réelle, quoiqu'ü n'y ait pas un fiècle que ces mêmes bois étoient encore fur pied. Des Pbytolites ou Plantes Fosfiles. Les plantes fosfiles doivent leur exiftence dans le regne minéral a des époques, ausfi différentes que les bois dont nous venons de parler. Nous divüerons donc "les phytolites, en anciennes, ou phvtolites proprement dites, et en nouvelle;, ou plantes fimplement fosfiles. Les anciennes, beaucoup moins généralement repandues, fe trouvent presque toujours dans des pierres fisfiles. L'endroit, qui paroit confiituer leur vrai féjour, eft Ie toit des houillères. On s'efl accoutumé a les y trouver fi conftamment, qu'on regarde leur préfence dans un fchifte noir, comme un figne presqu'infaillible de la préfence de la houille. M 2 El-  ( 9* ) Elles s'y trouvent en une quantité pródigieufe; mais ce qu'il y a de remarquable, c'eft qu'a 1'exception des houillères de Weisftein prés d'Adelbach, je ne puis citer aucun endroit, oü les phytolites, ces compagnes fidelles des veines de houille, a la formation des quelles elles ont probablement une part fi grande, fe trouvent mèlées et incorporées a la houille même. Les profondeurs, oü on les trouve, varient depuis la furface du fol jusqu'a des enfoncemens prödigieux. Je ne fais, fi l'on en a trouvé fur les couches de houille les plus profondes: fi cela étoit ilr faudroit quelquefois les aller chercher k plufieurs centaines de toifes, et même a 4125 pieds de profondeur, fi l'on peut s'en rapporter au calcul de Mr. Genneté (ƒ)• Sur une houillère elles paroisfent dispofées dans le plus bel ordre, fur 1'autre elles n'offrent qu'un mélange confus. Dans un endroit telles efpéces dominent; dans d'autres endroits telles autres, mais toujours anomales. Ici leur féjour eft une fchifte argileux; la un fchifte marneux; quelquefois même un grais fchifteux. Tantót elles n'occupent qu'une couche fort mince; tantót cette couche a plufieurs toifes d'épaisfeur. -Ayant trouvé, au fommet des collines du faubourg de Vivignis a Liège, la même couche marneufe végétale, qui, dans le bas, forme le toit des houillères, j'y fis creufer, pour voir les différentes efpéces de phytolites, et pour connokre 1'épaisfeur de (f) Genneté connoïsfance des veines de houille, p. 47*  (93) de Ia couche. Tout le fchifte fe dïvifoit en éclats très-minces, fouvent pas plus épais qu'une feuille; cela n'empêcha pas que je n'y visfe toujours, de part et d'autre, une grande variété de plantes, bien confervées et trés-belles, mais inconnues. ^Ayant enfoncé plufieurs pieds de profondeur, fans trouver la fin de cette couche, le peu de largeur de 1'ouverture m'obligea a flater mon travail. Le fruit principal que j'en. retirai, fut, d'apprendre que cette couche puisfante n'eft compofée que de végétaux. Car quelques minces que fusfent les feuillets, en les quels je paryins a divifer les éclats du fchifte, ils m'offrirent toujours leurs deux furfaces couvertes de végétaux, ou, pour. mieux dire, n'étoient compofés que de végétaux. Les exemples , qu'on cite, de corps marins en compagnie des veines de houille, font ausfi rares que peu certains. Je ne fais jusqu'a quel point ]e dois ac-' corder ma confianee k ceux que cite d'Argenville, dans fon oryctoiogie, touchant les coquilles pyriteufes des houillères de 1'Isle-Adam, et touchant les vertèbres de poisfon, les dents d'hippopotame, les glosfopètres, et les ourfins des houillères de Dorcé, prés de Saumur. Je fuppofe, que ces exemples font plusréels que celui de la fiente de cheval pétrifiée, que ce favant rapporte avoir été trouvée prés de Lagny (^). Mais je ne puis m'empêcher d'obferver, que d'Argenville étoit meilleur conchyliologue qu'orydo- lo- Q') Oryftologie de d'Argenville, P.-365. M 3  C 94 ) logue. J'ai fait ce que j'ai pu, pour parvenir a m'asfurer, s'il exifte réellement une houillère en Silefie, dont le toit renferme quelques coraux parmi les phytolites, comme il en eft qui le prétendent, jusqu'ici tout m'engage a croire, que le fait eft controuvé. Abstraction faite de ces cas, et de quelqu'autres peut-être, qui ne feront rien moins que nombreux; il eft vrai de dire en général, qu'excepté les tellines d'eau douce, trouvées en un petit nombre d'endroits dans ces couches végétales, aucun corps du regne animal, furtout, marin, ne fe rencontre en compagnie avec les phytolites dans le toit des houillères. La plupart on ne voit dans le fchifte charbonneux que les empreintes des végétaux, fouvent ausfi 1'herbe y paroit en bosfe.; et dans ce cas les expériences de Mr. Schulze prouvent, que la fubftance en eft analogue a celle de la houille. Quoique le toit fchifteux des houillères foit le féjour ordinaire, et trés probablement la vraie patrie des phytolites, on ne laisfe pas d'en trouver, mais fans comparaifon plus rarement, dans d'autres matrices. Telles font les couches calcaires, les argileufes, les marneufes, les fablonneufes; enfin jusqu'au jaspe et 1'agate offrent quelquefois des cercueils brillans aux végétaux. Si l'on s'en rapporte a ces naturaliftes, qui fe font arrogé le droit de ne rien ignorer, on pourra former une lifte nombreufe des phytolites, dont 1'analogie pasfe pour être connue, et même presque toujours par-  C 95 ) parmi les. plantes d'Europe. J'en ai compté jusqu'a. 135 en touc, chez différens auteurs. Nous devrions donc efpérer d'avoir bientöt un herbier fouterrain asfez nombreux. Mais, en reduifant ces analogies a -leur jufte valeur, on verra, qu'il en eft du regne végétal fosfile comme du regne animal, c'eft a dire, que le nombre des végétaux fouterrains, dont 1'analogue eft connu, n'eft rien en comparaifon de ceux dont nous ignorons 1'original; et que tels qui ont quelque resfemblance avec des végétaux vivans ne 1'ont qu'avec ceux de la zone torride. Sans parler de mes propres obfervarions, qui ne m'ont laisfé aucun doute fur cette vérité, voyons ce qu'en ont penfé les naturaliftes modernes les "plus célèbres, furtout ceux dont la repuration en botanique eft a 1'abri de tout foupcon. Mr. de Juslieu, fi diftingué par fes connoisfances en botanique, et fi capable de faifir les moindres différences, qui échappent toujours a des yeux moins familiarifés avec les végétaux, asfure pofirivement, qu'aucune des plantes trés-nombreufes du toit des' houillères, tant du Lyonnois que d'Angleterre, qu'il a examinées, ne trouve fon analogue parmi les plantes d'Europe, mème des provinces les plus méridionales Qi). II va plus loin, lorsqu'il dit, que tous les phytolites ou nexijlent flus, ou n'exiftent que dans des pays très-éloignés. II n'ofe même pas asfurer fidentité réelle de ces derrières avec les vivantes T aux (lij Mem. de I'acad. des fcienc. de Paris 1,-18. p. 287.  (-90 aux quelles il les compare; puisqu'il asfure feulemerit que ce font "des plantes capillaires, des cété.„ racs, des polypodes, des adiantum,- des langues „ de cerf, des lonchytes, des osmondes, des filicu" les &c., qui approchent de celles d'Amérique dé„ couvertes par Piumier et Sloane, ou de celles „ des Indes publiées par Plukenet; outre certaines „ empreintes qui paroisfent appartenir aux palmiers „ et.a d'autres arbres étrangers." Linnseus, qui a fait époque dans la botanique, et auquel on ne reprochera pas une trop grande referve dans la nomenclature, eft refté court ici, et s'eft contenté des dénominations, de phytolithus planta et filicis, pour toutes les phytolites. Etoit-ce paresfe ou retenue? non furement! ce grand botanifte connoisfoit trop bien les plantes vivantes, pour ne.pas fentir vivement leur différence réelle avec les phytolites! c'eft la la véritable caufe de fon favant filence 1 Mr. Gmelin, qui a fi bien traduit et commenté Linnams, asfure (O que dans les houillères de Northumberland, Cumberland et Glocefter en Angleterre, dans celles de St. Chaumont dans le Lyonnois, d'Alais en Languedoc, et dans celles de Chambon, St. Genet, et Firmini, il ne fe trouve que des plantes Américaines et exotiques. Enfin une foule d'autres favans font de la même opinion. Ceux même qui font d'un fentiment contraire, tels que Scheuchzer, Volkmann et Bertrand, ne peuvent s'em- (Jj Volfland. Natur-Syftem. de$ Mineral-Reichs, t. IV. p. 134*  ( 97 ) s'empêcher d'avouer, qu'ils n'oferoient pas garantir la réalité des analogies recues. D'autres, en foutenant 1'identité de la plupart des phytolites avec les plantes de 1'Europe, ne peu vent cependant nier qu'il en eft plufieurs dont 1'analogue eft inconnu ou exotique. Je ne puis donc concevoir ce qui a pu engager Mr. Schroeter a foutenir, qu'au moins les phytolites des houillères d'Allemagne trouvent la plupart leurs analogues parmi les plantes indigènes a 1'Europe. J'ai vifité 14 ouqis houillères en Aliemagne, dont j'ai rapporté des phytolites; en outre mon cabinet renferme des échantillons de phytolites trouvées dans plufieurs veines de houille de 1'Aliemagne oü je n'ai pas été moi-même, et je puis -dire avec confiance, que je n'ai pu voir aucune différence bien remarqua' ble entre les phytolites Allemandes et celles d'autres pays, dont j'en ai vu un asfez bon nombre, fans parler des phytolites qui je possède et qui viennent des houillères que je n'ai pas vues. Bien-plus je crois pouvoir asfurer, qu'aucune houillère n'offre des phytolites moins analogues aux plantes de 1'Europe que celles d'Eschweiler. L'on ne peut nier cependant, que quelques pierres fisfiles, furtout celles d'Oehningen, ne prefentent des feuilles ifolées, ou bibliolites, dont la forme approche beaucoup de celle de certaines feuilles indigènes: mais qu'eft ce qu'une feuille pour déterminer avec certitude une plante! combien des formes approchantes ne peuvent elles pas nous en impofer ici! au refte cela n'a rien de commun avec les plan- N tes  C 98 ) tes des houillères. Je n'ai d'ailleurs pas entrepris de prouver, quaucune des phytolites connues ne trouve fon original parmi les plantes qui vivent en Europe. Jen'ignore pas, que, prés de la Flêche, l'on trouve un grais rempli de feuilles fort resfemblantes a celles de nos faules: en mille endroits on voit des tufs, qui nous prefentent la forme réelle des feuilles de nos plantes indigènes: tout cela ne fait rien aux revolutions anciennes du globe 1 l'on ne peut donc jamais être trop attentif, afin de ne ,pas. confondre les fosfiles de la plus haute antiquité avecceux dont 1'exiftence eft plus moderne: telles font. Les phytolites nouvelles-, ou plantes fïmpïement fosfiles, qui fe reduifent furtout aux tourbières et aux tufs ou incruftations. Les dernières fe rencontrent par tout oü des eaux* chargées de matières terreftres, fe trouvent a portée de les dépofer fur des plantes et d'en incrufter celles- ci Quelques variées que foient ces incruftations „ quelqu'agréable que foit le coup d'ceil que certaines entr'elles procurent aux cabinets des cuneux, elles appartiennent a 1'hiftoire des pierres bien plus qu'a celle du globe, ainfi nous ne nous y arrêterons pas, finon pour dire, qu'elles n'offrent que des plantes indigènes, et que leur féjour ordinaire font les couches de cran ou de cron, fi rares dans certains pays et fi communes dans d'autres. Ces cranières ne font elles - mêmes que des dépots des parties les plus fubtiles des couches calcaires, foit terreufes foit pierreufes, entrainées par les eaux fouterraines: ces parties  C 99 ) ties calcaires fe précipitent a mefure que le gas, qui les tenoit fuspendues dans 1'eaü, les abandonne, lorsque celle-ei, après fa fortie eft en contact immédiat avec fair de de l'athmófphère. Le pays de Luxembourg offre furtout- dés exemples nombreux de cranières, tant anciennes que nouvelles. La plus intéresfante, que j'aie rencontréê dans tout ce Duché, eft fous la chaine de collines, au pied de la quelle eft fituée 1'abbaye de St. Remi, fi connue par les beaux marbres qu'elle tire dans ces mêmes collines. L'abbé acluel, autant recomrhandable par fes vertus lociales que par fes vues utiles pour le bien public, ayant découvert une mine de plomb, vers la;mi-cóté de la colline, y fit entamer une 'galerie a jour. A peine eut-il pousfé 1'oüvrage h 150 pieds, qu'il fut repousfé par des eaux abondarites. Dés leur fortie ces eaux, par tout oü elles ont coulé-, ont formé une couche de cron. Maintenant, qu'on les a reduites en ruisfeau régulier au moyen des digues, elles fe bornent a hausfer fans cesfe, par leurs dépots fuccesfifs, le lit qui les pórte, et furtout a couvrir les nombreufes herbes aquatiques, qui s'y logent, d'une croute jaunatre calcaire, fi délicate, que lorsqu'on les öte a tems, on obtient des masfes de ces herbes incruftées, oü l'on ne perd pas un feul trait des moindres fibres des végétaux cachés fous la croute pierreufe, et qui peuvent être comptées parmi les ornemens les plus agréables des cabinets. Je ne puis pasfer fous filence un événement asfez fingulier,-et inftruftif pour la théorie des eaux fou1N 2 ter-  ( 100 ) terraines, arrivé lors de la fortie de ce ruisfeau. A un éloignement confidérable de la, un autre ruisfeau, qui faifoit tourner un moulin, a tari fubitement; ce qui a jetté 1'abbé de St<.Remi dans un procés, ausfi inattendu que peu mérité, avec le propriétaire de ce moulin. Les tourbières, quoiqu'ausfi toutes compofées de végétaux connus et indigènes, jouent un röle trop intérestant et trop mftrudif dans 1'hiftoire de la terre, pour ne pas reclamer urte attention férieufe. On en trouve dans mille endroits en Europe. On en trouve également en Amerique, en certaines parties de 1'Afie, et même en Afrique; mais dans eelleci beaucoup moins fréquemment. Elles affectent par préférence les lieux bas et marecageux et les bords des ruisfeaux et de certaines rivières. Cela n'empêche pas cependant, qu'on n'en trouve ausfi fur des montagnes trés. hautes, comme on verra ci-après. i. De tout tems les fentimens ont été asféz unanimes fur la nature de la tourbe. Perfonne, que je fache, n'a été asfez hardi, pour ofer en nier 1'origine végétable. Mais lorsqu'il s'eft agi, de rendre compte d'entasfemens fi énormes de végétaux; chacun a fait fon hypothèfe: le plus grand nombre des anciens ont en recours au transport par les eaux. C'eft ainfi que Scheuchzer fait partir des Alpes les colonies végétales, qui ont peuplé toutes les tourbières d'Europe. Le mal venoit de ce qu'on n'obfervoit que d'anciennes tourbières, dont 1'accroisfement avoit cesfé, foit par  ( ioi ) par un desféchement fpontanée, foit par le voifinage des hommes et le trepietement de leurs troupeaux. Alors, je 1'avoue, il étoit plus que difficile, de concevoir la formation d'une tourbière dans un terrain dont la furface resfembloit a celle de tout autre, Mais depuis qu'un oeil plus attentif a fu prendre la nature fur le fait, la merveille a cesfée. Entre plufieurs exemples, qui viennent ici s'offrir k mon efprit, je crois devoir la préference a la tourbière du haut marais, qui fait partie de Ia forèt du duc, dans le duché de Limbourg. Ce haut marais, déja connu du tems de Céfar qui dans fes commentaires 1'appelle altam paludem, peut k jufte titre être nommé kout, puisque depuis la petite riviere de Vesdre on monte fans discontinuer pendant i heure et |, pour arriver au marais. Ci devant il n'y avoit fur cette plaine élevée, dont le diamêtre eft de quatre lieues en tout fens qu'une tourbière peu confidérable, qui ne faifoit aucun progrès. vifible, tant qu'on permettoit aux villageois voifins d'y mêner païtre leurs troupeaux, dont la marehe eontinuelle raffermisfoit le fol et pratiquoit des isfues aux eaux. Une raifon mal-entendue d'économie a interdit le paturage, crainte de voir offenfer le bois voifin par les beftiaux: depuis ce tems, tout le terrain eft devenu une éponge, la tourbière fait de& progrès qui furpasfent 1'imagjnation, au point que, fi l'on n'y porte obftacle en faignant le marais, il eft plus que probable, que dans peu elle fe fera empaN 3 rée  ( 102 ) rée du fol entier qui contient plus de 8000 arpens grande mefure de Brabant. C'eft ici oü l'on peut voir la mousfe d'eau, connue fous le nom de fphagnum paluftre, cette mère féconde de la tourbe, fans cesfe renouveller avec une promptitude incroyable les lits qui, comme des isles flottantes, tiennent lieu de terreau aux différentes plantes aquatiques, qui viennent prendre leur part a la formation de la tourbière, et qui, a mefure qu'elles aquièrent un poids fuffifant, s'enfoncent fuccesfivement avec la mousfe, et vont former au fond du marais des dépots continuels, dont la réunion totale continue d'aggrandir la tourbière, qui ne cesfera de croitre, que lorsqu'elle manquera d'humidité. Jusqu'ici fon épaisfeur n'eft que de 14 pieds. Le Blocksberg, montagne granitique, la plus haute de toute la chaine du Hartz, offre fur le plateau, que forme fon fommet, un autre exemple d'une tourbière, qui a déja 12 pieds d'épaisfeur et qui augmente encore fans cesfe (£)• Entre les tourbières, fituées dans des lieux bas, et qui s'accroisfent encore journellement, le Duvelsmoor, dans le pays de Brémen, me paroit fournir 1'exemple le plus frappant, tant par 1'accroisfement de cette vafte tourbière elle même, qui outre 1'énorme Kedingermoor et autres rameaux qu'elle produit a déja 20 lieues de long fur 6 de large et 35 pieds de profondeur, que par les puits qu'on y pratique pour m Deiuc lettres phyf. et mor. t. III. p. 266. et ailieur?.  C 103 ) pour en tirer Ia tourbe, dont on peut voir d'année en année la régénération par les progrès les plus fenfibles. II ne falloit pas moins que la conviétion la mieux fentie, pour que notre eiprit put fe faire a la posfibilité de la production locale d'une fi énorme quantité de végétaux. Sans cela 1'opinion, de la tourbe formée par des transports, feroit toujours reftée dominante. Maintenant 1'obfervateur, qui s'efi: familiarifé avee 1'origine de ces tourbières fi étendues, peut par analogie fe faire une idéé bien naturelle de la formation des couches de la houille même, qui ont fi longtems tourmenté les favans, et dont je fuis bien perfuadé, qu'au moins la plupart ne font que les tourbières d'époques plus reculées. La multitude d'objets majeurs, qui reclament avee un droit égal leur place dans ce mémoire, m'empéche de discuter les différentes opinions des phyficiens fur 1'origine de la houille; je me bornerai donc k faire fentir, par analogie, la posfibilite d'origine végétale des couches de houille les plus puisfantes et les plus étendues. Entre toutes les tourbières connues fai pris par préférence le Duyels-moor pour exemple; parce-qu'on peut trouver la confirmation de tout ce que j'en dis dans le cinquième volume des lettres phyfiques et morales de Mr. Deluc, qui renferme plufieurs lettres, remplies de détails intéresfans, fur cette fa> meufe tourbière. A  ( 104 ) A la profondeur de 35 pieds, la tourbe du Duvelsmoor ne prefente plus aucun vettige des végétaux auxquels elle doit fon exiftence; on la prendroit plutöt pour une terre noire bitumineufe que pour de la tourbe: elle y eft encore par couches, il eft vrai; mais leurs féparations font en général fi peu fenfibles, qu'on en confond plufieurs en une feule; elle eft telle en un mot que, fi l'on pouvoit lui donner la cohéfion, la fécheresfe, la dureté et le brillant nécesfaires, on la prendroit pour de la véritable houille. Cette dispofition fe foutient pendant plufieurs pieds d'épaisfeur en remontant, au moins la différence n'y eft guère fenfible: peu a peu on commence a rencontrer quelques débris de végétaux; la tourbe devient moins compacte et plus fibreufe: a mefure qu'on remonte, ces dispofitions augmentent; jusqu'a ce que, parvenu a la partie fupérieure, on ne voie plus qu'un entrelacement continuel de végétaux, en partie détruits, et de leurs racines. Le tout eft couronné par une végétation belle et vigoureufe. Que manque t'il donc a cette tourbière pour devenir une veritable mine de houille? Une plus grande compresfion, une dégénération plus complette des parties végétales renfermées dans fes couches fupérieures (/)» 1'accesiion de eet acide qui convertit 1'huile grasfe en bitume, et, peut-être, des végétaux plus huileux! Quant (7) La différence la plus esfentielle entre la houille et la bonne tourbe , c'eft que celle-ci renfenne feulement une huile grasfe et la houille uu vrai bitume, qui eft une combinaifon de 1'huile grasfe avec certain acide.  C 105 ) Quant a la defr.rucr.ion totale des végétaux; quelques tourbes, de la Hollande et d'autres pays, nous en fournisfent 1'exemple. D'ailleurs rien n'eft plus facile a concevoir que la dégénération entière des fibres des végétaux et la cesfation de nouvelles couches fibreufes, dés qu'on accorde le tems nécesfaire pour cela après le desféchement de la tourbière. II eft également facile, de trouver le moyen de la comprimer a un point quelconque, en la faifant couvrir, a des hauteurs données, par de nouvelles couches de terre, amenées de loin et dépofées par les eaux, comme c'eft le cas avec les véritables houillères. Perfonne ne niera la posfibilité de 1'accesfion de 1'acide requis; et pour ce qui eft de 1'huile nécesfaire dans les plantes pour former le bitume, au cas que les aquatiques de nos tourbières modernes n'en eusfent pas asfez, il eft évident que celles des tourbières anciennes ont pü en avoir d'avantage: car fans parler des plantes des climats chauds qui font en général plus grasfes, combien n'en fournit pas notre Europe qui abondent en huile! Voila donc la matière et Ia forme de Ia houille toutes trouvées; il ne refte plus qu'a en expliquer la caufe occafionelie, ce que j'esfayerai dans le 7. chapitre. Je ne pretens pas foutenir, que toutes les couches de houille qui exiftent fe foient formées a la facon de nos tourbières. La nature fait parvenir aux memes fins par des moyens fl différens, qu'on ne fauroit trop fe mettre en garde contre le danger quon court, en généralifant les propofitions en cos- ^ mo-  ( io6 ) mologie. Quelqu'abondantes que foient les parties huileufes et falines dans les végétaux, furtout dans ceux de la zone torride, auxquels feuls ceux de toit .des houillères peuvent être rapportés; qui de nous pourra démontrer la non exiftence d'un bitume minéral, dont la combinaifon avec une argile appropriée pourroit avoir produit une houille. Nombre de faits atteftent la préfence d'un bitume fouterrain, dont aucune circonftance connue n'a pu nous asfurer jusqu'ici 1'origine végétale d'une manière démonftrative. II eft vrai, que 1'analyfe chymique femble renvoyer aux regnes végétal et animal tous les bitumes: il eft vrai encore, que le fuccin et le jayet ne laisfent guère de doute fur leur origine végétale, mais le naphte, la pétrole, et 1'asphalte, lorsqu'on fait abstraètion des preuves chymiques, ne fournisfent pas toujours des preuves fi convaincantes; finon qu'on prenne pour telles leur contiguité aux veines de houille, comme il arrivé en Alface et ailleurs; les refervoirs de pétrole que renferment certaines veines de houille, comme celles de Meyronnes en Provence; enfin 1'efpèce de poix folide que la pluie entraine du fol fablonneux des bruyères et qu'elle dépofe en des lieux bas. Au refte, comme je ne veux hazarder aucune hypothèfe, il me fuffit d'avoir fait fentir la posfibilité de 1'origine végétale de nombre de houillères, et probablement de toutes celles dont le toit eft un amas de végétaux; aux quelles cependant il fe pourroit fort bien, qu'une partie plus ou moins grande d'argile fut fouvent jointe. L °"  ( 107 ) L'opinion de ceux qui attribuent a la houille une origine animale, uniquement parcequ'ils ont obtenu par fon moyen du bleu de Berlin, n'infirme en aucune manière mon asfertion; puisqu'il eft connu aujourd'hui, qu'on en obtient également avec les charbons des végétaux. Quoiqu'abfolument convaincu, que la plupart des tourbières doivent leur exiftence a une accumulation luccesfive de plantes, produites fur les lieux mêmes; je ne puis disconvenir, qu'il exifte des tourbières, dont 1'origine eft due a des végétaux transportés d'une partie d'un fol fur 1'autre; et quelques-unes ausfi, qui ne font duës qu'a des forêts renverfées, détruites et entasfées, dont on voit des exemples a Bruxelles, a Dive en Normandie, et ailleurs. II eft peu de tourbières, de quelqu'efpèce qu'elles foient, oü l'on ne rencontre des coquilles calcinées terreftres ou fluviatiles, des cornes et des osfemens de quadrupèdes, et des ouvrages des hommes, enterrés a des profondeurs plus ou moins confidérables, et provenant de nations plus ou moins anciennes : mais tous ces accesfoires n'ont pas plus appartenu a la terre ancienne que les végétaux mêmes dont nos tourbières font compofées: néantmoins les bois des rennes que j'ai trouvés dans les tourbières de Flandre femblent prouver, qu'encore pendant la génération moderne notre climat doit avoir été certain tems asfez froid, pour que ces animaux du nord aient pü y vivre. 0 2 § Ifl.  C 108 ) § III. Des Carpolites on Fruits Fosfiles. A 1'exception des fruits fosfiles, qu'on trouve dans les tufs et dans les tourbières, dont j'ai dé]k parlé, et des grosfes noix, furtout de celles pétrifiées dans leur enveloppe ligneufe, qu'on a trouvées a Lons le Saulnier dans une ancienne mine de fel, abandonnée depuis 150 ans, il n'eft aucun parmi le très-petit nombre de carpolites réels, découverts jusqu'ici, auquel on puisfe asfigner un analogue entre les fruits indigènes de fEurope. Ceux-même des Indes, que devroient être les originaux de la plupart des carpolites font encore loin de préfenter une resfemblance parfaite. Les individus fouterrains de cette clasfe les mieux conftatés font les noix de coco pétrifiées, fouvent avec leur écale filamenteufe et quelquefois percées par les tarets, dont j'ai donné la defcription detaillée, de même que les efpéces de noix de pinang, dont j'ai donné les figures en couleurs naturelles ausfi bien que celle d'une belle noix de coco Qm% Non obftant la resfemblance a peu prés exacte de ces cocos pétrifiés avec les naturels, je n'ofe pas encore asfurer pofitivement qu'ils viennent d'une efpèce aujourd'hui vivante. J'ai d'autres fruits très-finguliers, trouvés dans le Brabant et dans la Flandre, qui ne res- (»;) Burtin orytfogr. de Brux. p. 118. pl. 30- lett. A. B. C. D.  C 109 ) resfemblent en rien a aucun fruit connu. Je ne crois pas non plus que tous les cocos fosfiles que j'ai découverts foicnt d'une même efpèce. Je ne fais ce qu'il faut penfer des différens carpo- lites, que Mr. Parfon Qi) dit avoir été trouvés dans 1'isle de Sheppey: plufieurs me femblent très-equivoques; et ceux, dont il asfigne la patrie, font tous des Indes. J'ai plus de certitude au fujet du fruit, ou de la femence de Parbre trifte des Indes, trouvée pétrifiée en France par Mr. de Jusfieu (o). Parmi les noix muscades pétrifiées, dont on trouve tant d'exemples cités, plufieurs peuvent être fausfes; mais je luis trés perfuadé qu'il en eft de réelles ausfi. La pomme de pin de Mr. Davila a été déciarée par Mr. Guettard une pomme de cyprès très-différente du fruit de cyprès ordinaire CJ>). Son ananas agatifié eft bien un fruit réel, mais fort différent des ananas que nous connoisfons. Son épi de bied de Turquie femble vraiment appartenir aux fruits, et même a ceux en épis, mais il eft fort éloigné d'être du bied de Turquie. Les autres carpolites, qu'on trouve par-ci par-la cités cbez les aucteurs, appartiennent k des fruits inconnus, ou ils font des pétrifications animales, des jeux de la nature, ou des cristallifations de fpath. II eft donc vrai de dire, qu'excepté les noix de Lons-le Saul- (>0 PhüoC tranfaft, t. L. art. 51. (0) Colleét. Académique part. franc. t. IV. p. 303 O) Davila cat. raif. t. III. p. 254. pl. 6. pl> 7. lett> Mm e( pl< ^ ^ pp> O 3  ( no) Saulnier, qui n'appartiennent pas a 1'hiftoire ancienne du globe, tous les carpolites réels manquent totalement d'analogue, ou n'en trouvent que dans la zone torride. C H A P I T R E IV. Des Fosfiles Naturels. ———■— L es fosfiles naturels font ceux, qui font esfentiellement partie du regne minéral, et qui ne peuvent reclamer en rien aucun des deux autres regnes. Lorsqu'on confidére ces fosfiles relativement au programme aftuel, on doit les envifager furtout quant a la matière, a la forme, aux agens qu'ils renferment, et a. leur fituation. i. La matière des fosfiles naturels porte tantöt des preuves vifibles des combinaifons et des changemens, qu'elle a fubis et qui font rendue différente d'elle même; tantót elle femble éluder les efforts de notre curiofité: mais quelque fimple qu'elle fe préfente a nos yeux, gardons nous de conclure, que nous la voy-  c m ) voyons telle qu'elle fut autre fois. Les découvertes, faites depuis peu par les Bergmann, les Scheele, les' Morveau et autres favans chymiftes fur des fubftances qui avoient toujours pasfë pour fimples et même élémentaires, nous apprennent a douter de tout ce qui regarde les matières premières, jusqu'a ce que le flambeau de 1'experience ait porté fa lumière fur tout ce qui eft du resfort de la chymie. 2. La forme de tous les fosfiles naturels prefente, fans exception, les marqués les plus certaines de chaugemens. Dans les uns ces marqués font asfez parlantes, pour défigner au doigt leur caufe; telles font en général les couches de globe qu'on appelle fecondaires; qui, tantót par leur fituation régulière et horizontale, par les lits des cailloux roulés et des fosfiles accidentels qu'elles renferment, ne laisfent pas de doute fur leur formation par Teau; tantöt elles offrent des vestiges fi nombreux et fi incontestables de 1'aclion du feu qu'on ne peut héfiter un inftant de les reconnoitre pour volcaniques. II eft une autre clasfe de fosfiles naturels, oü le langage des marqués qu'ils portent, femble trop s'éloigner de nous, et n'indiquer que des caufes dont les moyens et les époques vont fe perdre pour nous dans le lontain majelïueux des fiècles ignorés. Telles font ces pierres et ces montagnes granitiques, fchisteufes, et autres, qu'on appelle primitives; dont nous ignorons et la caufe et 1'époque: mais qui , comme nous verrons, n'en portent pas moins des marqués certaines de changemens et de revolutions. n  C m ) 3. Les agens, renfermés dans les fosfiles naturels, ou dans la terre, fe reduifent furtout a feau, au feu et aux différens airs: auxquels on pourroit ajouter le fluide électrique, le magnétique et d'autres encore, peut-être nombreux, dont la fubtilité échappe a nos organes. Bornons nous a examiner les effets des trois premiers agens, dont nous voyons a chaque pas des preuves incontestables vers la furface du globe, ausfi bien que nous voyons en mille endroits leur exiftence dans 1'interieur de la terre. L'eau, dépofée a la fuperficie du fol par les météores aqueux, furtout celle des nues, attirée puisfamment par les cimes des montagnes qu'elles couronnent fans cesfe, fillonne plus ou moins le fol, et fe filtre au travers des couches propres a lui donner pasfage; elle entraine les parties les plus fubtiles des Hts fuperieurs; elle en disfout d'autres, et continue a pénétrer dans le fein de la terre, jusqu'a ce qu'elle y rencontre un lit qu'elle ne puisfe pénétrer, qui dans les régions plus élevées eft ordinairement un roe et dans les parties basfes généralement une couche d'argile extrêmement tenace. Par tout oü elle rencontre ces lits, qui lui fervent de barrières, elle change fon mouvement de perpendiculaire en horizontal; jusqu'a ce que fon appui 1'abandonne: alors, fi c'eft au jour, elle forme les fontaines, les ruisfeaux, les rivières, dont quelques unes ont leur fource dans la mer même: fi le lit manque a l'eau dans le fein de la terre, l'eau reprend fon  C ii3 ) fon mouvement d'infiltration perpendiculaire, jusqu'è ce qu'elle trouve un autre lit qui la retienne. Par les matières terreufes, dont elle fe charge elle forme tantöt des tufs, tantöt des remplisfages ou des noyaux de différentes efpéces, tantót des pétrifications réelles, tantöt enfin des pierres; foit par liaifon, lorsque fon mouvement retardé par quelqu'obftacle lui .laisfe le tems de dépofer les particules qu'elle charrie entre des fables ou d'autres terres dont par ce moyen elle augmente peu-a-peu les points de contaa fuffifamment pour en faire des tous foHdes; foit par cristallifation, lorsque, chargée d'une matière appropriée, elle rencontre en certains lieux le repos et 1'évaporation ou 1'épaisfisfement nécesfaires L'eau fouterraine fe décharge de la même facon des parties falines ou métalliques qu'elle a pu en trainer. Dans 1'un et 1'autre cas, le réfidu non dépofé, qu'elle entraine hors de terre, forme les eaux minerales, falines, féléniteufes, calcaires &c. C'eft ainfi que l'eau par elle même eft un a-ent lent a la vérité, -mais fans relache, qui ne cesfe jamais de changer la furface du globe, foit en le fillonnant foit en creufant infenfiblement le lit qui touche k celui qui la porte fous terre, dont elle entraine peua-peu la fubftance au jour. Mais lorsqu', arrofant les pyrites, l'eau produit les feux fouterrains, ou lorsque ces feux mêmes la reduifent en vapeurs, tremblez mortels! rédoutez fa fureur puisfante! c'eft elle qui renverfe et les cités et les royaumes; c'eft elle qui vomit des flots de P pier-  pierres, fondues, entières ou reduites en cendres, c'eft elle qui produit les montagnes et les abimes; c'eft elle enfin qui peut en un inftant changer la face de la terre! Ce tableau terrible fe rapporte de même au feu, qui peut fouvent fe pasfer d'eau, pour faire des ravages. Le malheur arrivé n'aguères a un vaisfeau Rusfe par le mélange d'huile et d'une terre oeracée, dont les papiers publics ont fait mention: les expériences repétées depuis par la fociété royale a Londres, et les obfervations communiquées au public par Mr. Carette fur différens mélanges enflammés fpontanément (?)» prouvent ce que nous avons a craindre, lorsque des bitumes fouterrains viennent a impregner certaines fubftances minérales. Les terrains bitumineux, allumés par accident, de même que les houillères dont le feu fe foutient malgré 1'effort des hommes, font encore des exemples de ce que peut le feu fous terre. C'eft ainfi que j'ai vu, dans le Nasfau-Saarbruck, la fameufe montagne de Duttweiler que le feu confume infenfiblement depuis plus de deux fiècles, en détruifant peuk-peu la plus excellente veine de houille que je connoisfe, qui a plus de 14 pieds de puisfance, et qui a été allumée par accident. C'eft ainfi encore que le feu, caufé par 1'imprudence des hommes, confume depuis bien des années une des principales veines de 1'Isle du Cap Breton, oü fon action produira avec (j) v. efprit des iouraaux, 8vo. 1785. p. 33^.  C "5 ) avec le tems un changement, dans une étendue de fol, d'autant plus confidérable, que toutes les veines de houille y font horizontales. La mine de Zwickau en Misnie qui brule depuis plus d'un fiècle (r) et quelques autres offrent des exemples pareils. J'ai tout lieu de croire, que le pretendu volcan de Cranfac, dans le Rovergue (7), n'eft de même qu'une houille allumée. Enfin les bois fimplement fosfiles offrent quelquefois des exemples pareils; ce dont la couche de bois fouterrain non altéré, de Dicousfe en Bearn nous a foumi une preuve pendant ce fiècle. Voila quant aux effets du feu fouterrain! mais qui pourra mefurer la force et les effets de fair, ce troifième agent, renfermé dans fes immenfes cavernes et galéries du globe, qui portent au loin 1'effroi et la deftruction, lorsque le feu raréfie eet air! qui pourra fe faire une idéé des refultats, dus a ces gas nombreux, produits par les mélanges de différens fosfiles, et peut-être par d'autres caufes qui nous font inconnuës! L'on auroit tort de croire, que ces agens terribles ne produifent qu'un mal pasfager, ou que leurs effets permanens fe bornent a changer la face extérieure du globe. Non! un exemple va nous apprendre, qu'ils peuvent étendre pendant des fiècles leur influence finiftre fur la nature entière! Le 7 juin 1692, une con- (r) HiEma de calofe et igis, p. 183. (i) Oryctol. d'Argenville, p. 433. {tj Oryctol. d'Argenville, p. 4^5. " P 2  C "6 ) convulfion horrible bouleverfa toute la Jaraaique. Ses effets ne fe font pas reduits au feul changement de la furface du fol et a la deftruction d'une grande partie des êtres vivans qu'elle portoit: mais depuis ce moment fatal, fair y eft moins fain, le fol moins libéral, les eaux moins agréables, et, pour tout dire en un mot, la nature femble s'être abatardie dans cette isle charmante. 4. Enfin la fituation des fosfiles naturels eft la fuivante. * A la plus grande profondeur, oü nos recherches foient parvenues, fe trouvent les rochers granitiques des différentes efpéces. Dans certains endroits ils font asfez bas pour être couverts par les couches fecondaires; dans d'autres ils élèvent leur tête altière au desfus de toute autre couche, et forment les pointes les plus élévées du globe, qui vont fe perdre dans les nuës. Suivent immédiatement les roches fchifteufes, qu'on appelle primitives, dont les couches approchent plus ou moins de la perpendiculaire. En quelques endroits ces roes fchisteux font accompagnés ou fuivis de hauteurs, formées par des bloes détachés de pierres primitives; en d'autres endroits par les couches fchisteufes fecondaires; fouvent ausfi, furtout dans les grandes chaines, les roes fchisteux font fuivis immédiatement par les montagnes calcaires, qui renferment peu ou point de pétrifications, et toujours anomales: celles-ci font fuivies par des couches qui femblent plus modernes, favoir par les calcaires ri- ches  C ii? ) ches en fosfiles accidentels; celles ci, tnrttöt fous la forme de pierre a chaux, tantöt fous la forme de craie, étendent leurs lits presque partout: elles repofent fouvent fur les couches argileufes, fouvent ausfi elles en font couvertes (V). Le gypfe efi: moins également repandu, et paroit dans des niveaux fort différens, mais asfez généralement au desfus des couches calcaires. L'argile, le marne et le fable fe trouvent encore partout; de manière que c'efr. tantót 1'une et tantöt fautre de ces fubftances qui approche le plus de ia fuperficie: mais le plus fouvent elles fe fuccèdent par couches alternatives. Les minerais fe trouvent furtout dans les filons des fchistes verticaux; plus rarement dans les matières a couches horizontales; la houille et les bitumes accompagnent les fchistes horizontaux; les mines de fel aiment les couches calcaires, et furtout les gypfeufes; la pyrite fe voit partout; la tourbe occupe une partie de la furface; enfin le terreau, ou la terre végétale, couvre plus ou moir.s richement toute la partie féche du globe. Si le lithologue, lorsqu'il divife les fosfiles naturels , s'attache uniquement a leur matière conftituante et a la forme qui leur eft propre; le cosmologue au con- (it) Mr. Lehmann, dans Ie troiftème volume de fes ouvrages, asfure, que des obfervations conftantes lui ont appris, que, dans les montagnes réeentes et compofées de couches, la couche la plus profonde eft toujours celle de cbaïbon de terre, qui eft portée fur un graviër ferrugineux: au desfus de la houille on rencontre les couches d'ardoifes ou de fchifte, et enfin Ia partie fupérieure des couches eft conftamment occupée par la pierre a chaux et par les fontaines falées. P 3  C 118 ) contraire envifage furtout leur fituation refpeétive, 1'ancienneté de leur origine et la caufe qui les a produits. Je les diviferai donc en primitifs et en fecondaires ; dont je distinguerai les derniers en ceux formés par le moyen de l'eau et ceux produits par 1'action du feu. Je me garderai bien d'entrer dans le détail des fousdivifions nombreufes que prefentent furtout les roches ou pierres compofées. Je ne parlerai point non plus jdes diamans, rubis, faphirs, émeraudes, opales, topazes de différentes efpéces, ni des autres pierres précieufes, non plus que de plufieurs pierres ignobles qui ne peuvent avoir qu'une infiuence trop indirecte fur 1'hiftoire des revolutions du globe. § I. Des Fosfiles Naturels, qu'on nomme Primitifs. Les fosfiles naturels, qu'on nomme primitifs, et que Mr. Deluc préfère appelier primordiaux, pourroient également bien être appellés anciens ou fosfiles d''origine inconnue. Car, quoiqu'on n'en connoisfe jusqu'ici point de plus anciens, et que par Ik ils femblent. le non plus outre de nos raifonnemens lithologiques, font ils pour cela le terme de la fécondité inépuif'able de la nature en fait de fubftances terrestru? Je puis foupconner, mais non pas démontrer, le contraire. Voici mes raifons. Les efpéces principales de ces fosfiles font les gra-  C ii9 ) granits, et les fchistes anciens, qui entr'elles forment ces immenfes chaines de montagnes de première hauteur qui divifent partout les grands continens. Or il n'en eft aucune, qui n'offre a 1'oeil le moins exercé des marqués certaines d'un fosfile qui n'eft compofé que des débris d'un fosfile antérieur. Prenons pour exemple le gramt, cette pierre, fi peu connue quoique fi repandue, que je ne rougirai pas de regarder avec presque tous les naturaliftes comme inexplicable, jusqu'a ce que Mr. de Lamanon ait prouvé, comme il le promet O), par Vobfervation et les faits, quelle a une origine calcaire et animale; mais dont, fans entreprendre d'en expliquer la caufe ou 1'époque de fa naisfance, je ne crains pas d'asfurer, qu'elle ne doit 1'exiftence qu'a une recompofition! Si l'on excepte ces efpéces de granit dur, oü le feltfpath, le quartz, le mica et autres matières fe trouvent mêlées et comme fondues en une masfe, fans qu'aucune d'elles y ait pris une forme a part; chacun au premier coup d'ceil prendroit les autres efpéces, oü chaque matière a fa propre forme, pour une brêche ou pour une efpèce de poudingue graveleux. Mais cette dénomination conviendroit mieux au porphyre; parceque celui-ci, comme toutes les brêches, a un ciment diftinct, qui lie les parties dont il eft compofé: c'eft a dire que tout ce qu'y laisfent de vide entr'elles les petites parties du feltfpath , (V) v. journ. de phyf. t. XIX. p. 180.  C 120 ) fpath, eft reropli exactement par le jaspe, ou felon d'autres par le pétrofilex, et quelquefois par le trapp; tandis que la matière intermediaire entre les grains du granit eft fouvent fi peu vifible, que Mr. Sausfure n'béfite pas d'asfurer (V), que cette pierre n'eft qu'un amas de criftaux, formés et agglutinés fous l'eau; ce que les obfervations de Mr. Besfon femblent confirmer (.r). Soit cristallifation, foit compofition en forme de poudingue, 1'un et 1'autre demandent une matière qui s'eft confolidée ou agglutinée: voila donc une matière antérieure aux granits, qui a exifté fous une autre forme. Je ne penfe pas, que quelqu'un puisfe nier, que le granit ne foit une roche trés compofée; fans cela je le renverrois aux preuves incontestables qu'en fournit la nature elle-même en le compofant fous nos yeux O). Oü font maintenant les couches, qui ont fourni les différentes variétés de quartz, de feltfpath, de fchorl, de mica, de grenats et d'autres fubftances, qui tiennent leur place dans les efpéces nombreufes de granits. C'eft donc mal-a-propos, que certains favans (2) foutiennent, que le granit eft ausfi ancien que la terre: et fuppofer, comme il en eft qui le font, que toutes ces matières différentes qui entrent dans les efpè- (w) Sausfure voyages dans les Alpes, t. I. p. 102. f.v) Tourn. de phyf. t. XXIX. p. 85. (y) Journ. de phyf. t. XXI. p. 467- et t. XXIX. p. 88. (z) Deluc. lettr. phyf. et mor. t. II. p. 219.  C 121 ) efpéces diverfes des granits et dont la gravité fpécifique eft fi différente, aient fait partie d'une masfe fluide, oü chacune auroit pris le genre de cristallifation ou de configuration qui lui étoit propre; c'efl vouloir rendre intelligible un phénomène, difficile a concevoir, par une explication presqu'imposfible a croire, quand ce ne feroit que par la différence totale des formes fous les quelles fe préfentent les matières dans les efpéces de granits, des différens pays, qui font compofées par 1'asfemblagè des mêmes fubftances. Un argument de plus contre cette asfertion, c'efl: la iffér.nce extréme dans les matières des granits de différens pays, ausfi bien que dans les roches, qui en font compofées, et qui n'offrent pas la moindre tracé de couches en certains endroits, tandisque Mr. Sausfure, Bartolozzi, Gotzfchen, et d'autres obfervateurs ont vu des couches, tant perpendiculaires qu'horizontales, en plus d'une montagne granitique. Bien plus, on verra ci-après, qu'il eft des pays, oü le granit repofe fur d'autres couches. Si les granits ne doivent leur compofidon qu'a Ia réunion d'autres fosfiles préexiftans; les roches fisfiles, qui les fuivent immédiatement, et qui font k peu prés formées par les mêmes fubftances que les granits, dont elles ne différent guère que par la forme, par des parties conftituantes plus atténuées, et par leur arrangement en couches feuilletées plus ou moins irrégulières, annoncent une formation également compliquée et due a une époque encore pos- Q té-  C 122 ) térieure, puisqu'elles recouvrent toujours le granit et n'en font jamais couvertes. II en eft de même de ces fchiftes argileux, a feuillets fouvent irréguliers ou entortillés, toujours plus ou moins verticaux, et généralement entremêlés de quartz, de mica, et d'autres fubftances primitives, qui en beaucoup d'endroits tiennent lieu des roches fisfiles précédentes, et qu'il ne faut pas confondre avec les fchiftes fecondaires, ou horizontaux. Sans parler de la roche trés-dure, d'un rouge foncé, homogène, resfemblant a la mine de fer argileufe, dont Mr. Baumer fait le noyau de la terre (V), qu'il place au desfous de toutes nos roches primitives, et qu'il a obfervée dans les montagnes de la Thuringe; fans faire 1'énumération des autres efpéces de pierres qui, comme les ollaires, 1'asbeste, la roche grife, et le verd antique, font comptées parmi les primitives; je m'arrêterai un inftant fur les phénomènes remarquables que nous offrent les roches fisfiles, les fchistes primitifs, et les couches primitives, confidérées dans leur totalité. Dans les pies des plus hautes montagnes, le granit découvert s'éléve au desfus de toute autre couche; il n'y prefente, ni au dehors ni au dedans, aucun indice du féjour d'une mer, pareille a celle d'aujourd'hui; jamais aucun fosfile accidentel n'eft incorporé a cette roche, quelle qu'en foit la pontion. II eft vrai, qu'on les trouve quelquefois réunis; mais ce O) Afta acad. Mogunt. 1776. p. 125.  C 123 ) ce n'eft que quand une coquille, ou quelqu'autre habitant des mers, s'eft attaché fur quelque débris ifolé, d'une roche granitique dont il a été féparé, et entrainé dans des lieux plus bas. Dans les montagnes moins élévées fouvent le granit eft couvert par la pierre fisfile, ou par le fchiste primitif; celui-ci par la pierre a chaux fecondaire; et celle-ci par la couche fablonneufe; qui par confequent forme le fommet d'une telle montagne. La chaine du Hartz offre, depuis Elbingerode jusqu'a Eilefeld, un exemple intéresfant en ce genre. Dans les lieux plus bas, les couches primitives deviennent presque partout invifibles, par les couches épaisfes fecondaires dont elles font furmontées. Je connois cependant des exemples, oü le fchiste primitif, de niveau avec les plaines formées par des couches fecondaires, cache entièrement le granit, s'il eft vrai qu'il s'en trouve plus bas. C'eft la roche fisfile et le fchiste primitif, dont chaque pays femble offrir des variétés, qui lui font propres, qui eft la vraie patrie des filons, ces matrices fécondes des minerais de toute efpèce. Les filons ne font autre chofe, que des fentes immenfes, produites dans les roches fchisteufes, probablement par de fortes commotions, comme femblent prouver les bloes énormes, détachés de la roche et pofés en travers, qu'on y trouve fouvent. II eft néanmoins des favans, qui foutiennent, que les filons ne font dus, qu'au retrait qu'ont éprouvé les roches lors de leur désféchement. Q 2 Ces  c m) Ces fentes font remplies, ou en partie ou en entier, de métaux et de demi-métaux, foit purs ou natifs, foit minéralifés fous différentes formes, foit reduites en chaux métalüques, accompagnés et entrelacés de quartz, de fpath, de guhrs et autres matières , toutes d'une nature plus ou moins différente de celle de la roche qui renferme le filon. Une grande partie de ces matières, ausfi bien que des mineraux, forme des cristallifations régulières. Aucune de toutes ces fubftances n'offre des bulles, des vitrifications, des fcories, ni quelqu'autre indice que ce puisfe ètre, de 1'action du feu. D'oü vient donc, que les anciens minéralogues ont attribué unanimement a cette action le transport des minerais dans les filons? c'efl: qu'ils ignoroient toute autre porte pour les y faire entrer. La cristallifation régulière de ces fubftances femble plutöt prouver, que l'eau fut leur introductrice. Mais quand, comment? Voila lénigme! Les fentes, et les matières qui les remplisfent, prouvent que 1'époque des minières eft postérieure a la formation de la roche. Tout cela, fans doute, a dévancé le féjour de la mer; puisqu'il n'y a point des fosfiles marins, tandis qu'il en exifte dans des montagnes fecondaires fous les quelles fe perdent les filons, comme prouve celui qu'on exploite fous le Kahlenberg au Hartz. D'ailleurs, pourquoi ces fentes dans le fchiste et point dans le granit qu'il couvre? pourquoi ce granit tout brifé? pourquoi le fchiste par couches plus vi-  C i-5 ) vifibles? pourquoi ces couches perpendiculaires et point horizontales ? avouons q ie voiJa bien des mystères: mais qui ont exigé du tems! Les faux filons, ou failles, cette autre efpèce de fentes dans le roe fchisteux primitif, qui coupent fouvent les vrais filons, et qui tourmentent le mineur en déroutant la mine, augmentent encore le tems necesfaire a la chronologie des roes fchisteux. Remplies d'une autre matière que les filons riches, dont elles font même ordinairement glisfer le toit fur le mur, elles font fans contredit d'une époque, encore postérieure, quoiqu'antérieure au féjour dune merpeuplée. Non obftant que j'aie dit, que l'on ne rencontre point de fosfiles marins dans les filons, il exifte un trés-pent nombre d'exemples du contraire. Tel eft le rilon nommé Buchenbag au Hartz, qui n'eft proprement qu'un vallon entre deux parties d'un roe fchisteux, féparées par quelqu'événement extraordinaire. Ce vallon s'eft rempli, lors du féjour de la mer et peut être en partie après, d'une mine de fer en couches accompagnée d'un marbre qui renferme des fongites et des coquilles. Je ne parlerai pas de ces montagnes calcaires, qu'on trouve vers la partie fupérieure des Pyrénées des Alpes et d'autres grandes chaines, que certains favans regardent comme des montagnes primitives, et que d'autres rangent parmi les fecondaires; les deux partis s'appuyant fur des raifons plaufibles; 1'un furtout prétendant y trouver des fosfiles accidentels dont Pautre nie fexiftence. Cette dispute Q 3 de-  ( i*o demande des éclaircisfemens ultérieurs, ausfi bien que celle fur plufieurs antiques chaines calcaires, p. e. 1'Apennin, oü Mr. Deluc asfure (T)> qu'il ne fe trouve aucun fosfile accidentel, tandisque fon compatriote Mr. Sausfure a trouvé dans la montagne dé Céfi, qui fait partie de 1'Apennin, des cornes d'ammon (c). Je n'ai pas parcouru 1'Apennin moimême, et jusque lk je ne puis me conftituer juge entre ces deux favans; mais, pour prouver qu'un argument négatif n'eft pas toujours concluant en ce genre, je dirai, que j'ai vu les environs de Tournai et les carrières de fa pierre a chaux, dans la quelle Mr. Deluc (/) n'a appercu aucun corps marin: s'il eft cependant au monde des pierres a chaux riches en corps marins de toute efpèce, j'ófe asfurer que ce font celles des carrières de Tournai. Entretems, je ne vois pas, qu'on foit fondé a foutenir, que toute fubftance calcaire foit d'origine animale; et je fuis très-porté k croire, que celles entre les montagnes calcaires, oü il n'exifte aucun vestige de fosfile accidentel, méritent le titre $ anciennes ou montagnes d'origine inconnue, avec autant de droit que les granitiques mêmes. Refte kdécider, quelles font les calcaires tout-k-fait dépourvues de fosfiles accidentels: ce qui n'eft pas peu de chofe; puisque dans d'autres couches, reconnues pour fecondaires, on doit chercher fouvent des jours entiers avant de ren- (T) Deluc lettr. phyf. et mor. t. II. p. 201. (c) Journ. de phyf. t. VII. p. 31. (dj Deluc lettr. phyf. et mor. t. V. p. 386.  C 127 ) rencontrer quelque fosfile accidentel; puisqu'il en exifte même, oü on n'en trouve aucun, quoiqu'elles ne foient complétement qu'un amas de débris de ces mêmes fosfiles! § IL Des Fosfiles Naturels Secondaires fiormés par le moyen de feau. Les mots formés par le moyen de l'eau ne doivent pas être entendus ici dans un fens rigoureux, puisque la plupart des fosfiles dont il s'agit ne doivent a l'eau que le transport et la fituation horizontale oü ils fe trouvent. Plufieurs de ces fosfiles ne font comptés qu'improprement parmi les naturels: car certains marbres, craies et autres bancs calcaires ne font presque tous compofés que des débris d'animaux; tandisque Ia tourbe, et probablement le fuccin, le jayet et la houille ne doivent leur exiftence qu'au regne végétal. Dés lors les uns et les autres ne doivent leur matière qu'aux fosfiles accidentels, et ce n'eft que par leur forme qu'ils trouvent place parmi les naturels. Mais tout eft fi croifé dans la nature, que nulle part elle ne tranche net. L'inexaclitude des divifions devient donc un mal inévitable; mais elle épargne des longueurs la plupart fuperflues. Le caraetère générique des fosfiles naturels fecondaires, formés par le moyen de l'eau, eft de confti- tuer  ( 128 ) tuer des couches, plus ou moins parallèles éntr'elles et a 1'horizon. Lors même que des élévations fubjacentes leur font prendre, en certains endroits, des fituations plus ou moins inclinées dans les hauteurs, elles finisfent toujours par devenir horizontales dans les plaines voifmes. Pour la plupart le plan qu'elles fuivent n'eft pas un niveau parfait. Les couches terreufes, qui recouvrent 1'argile qui fert de lit aux eaux, forment des ondulations plus ou moins fortes, qui n'empèchent pas le parallèlisme des couches entr'elles: et ce qui prouve que ces ondulations ne font point dues a des têtes de rochers fubjacens, c'eft que 1'argile, qui porte l'eau et fur la quelle les couches fupérieures repofent, eft elle même parfaitement de niveau. Souvent ausfi les couches formées par l'eau paroisfent toutes brifées, et bouleverfées, furtout dans des endroits peu éloignés de certains volcans actuels. Enfin, aux environs de Coblence, au Hartz, et ailleurs, on voit des exemples de rochers, remplis de fosfiles accidentels, tellement renverfés, que les couches, d'horizontales, font dévenues perpendiculaires; phénomène dont on trouve la caufe dans les volcans, ou dans les tremblemens de terre; quelquefois ausfi dans les eaux, qui minent peu-a peu les couches qui portent ces rochers. Un autre caraftère générique, qui eft abfolument propre aux couches des fosfiles naturels formées par 1'entremife de l'eau, c'eft celui de renfermer les fosfiles accidentels. Ce  ( 1=9 ) Ce caractère n'eft pas partout vifible; puisqu'if n'eft point d'endroit connu, qui n'offre une ou plufieurs de ces couches, dépourvues de fosfiles accidentels; vérité dont les immenfes carrières du beau marbre de Carrare offrent un exemple frappant, tandisque les pyrites en cristaux parfaits qu'on y rencontre prouvent évidemment qu'elles ont été enveloppées dans cette matière calcaire lors de fon état de mollesfe: mais au moins eft il vrai de dire, que chacune des couches, dont il eft queftion, offre a fon tour, en une infinité de lieux, de tels fosfiles. Cette différence entre les couches d'une fubftance, abfolument la même, tantöt riches en fosfiles accidentels ; et tantót dépourvues de ces mêmes fosfiles, prouve, non pas que les habitans des mers ont eu peur de certaines couches et point des autres, comme le prétendent certains favans, mais bien que les couches remplies de fosfiles marins ont été formées pendant le féjour de la mer fur les terres: telles font furtout ces couches uniquement formées de fosfiles accidentels fans aucun mélange de terre: et que les autres couches ont été formées en partie par des transports pendant le féjour ou pendant la retraite par les dépots des eaux continentales. Les circonftances, fous les quelles les couches, formées par l'eau, offrent les fosfiles accidentels, font fort différentes. Les pierres calcaires renferment les productions marines de toute efpèce; le gypfe, outre les mines de fel, qui aiment cette pierre et la calcaire, ne renferment en général que des osfemens, R la  C 130 ) la plupart inconnus, et des coquilles fluviatiles, encore celles-ci ne fe trouvent que dans la marne gypfeufe, qui divife les bancs de pierre a platre; les couches fohisteufes font le féjour des végétaux et des poisfons fosfiles; 1'argile terreufe, moins fertile en fosfiles accidentels, fournit furtout des cornes d'ammon, des bélemnites, des anomies et autres produétions marines fans analogues; le filex, dont les couches peu épaisfes entrecoupent celles des pierres calcaires, furtout 1'efpèce de pierre-a-feu qu'on trouve en morceaux détachés, enveloppe communément des productions polypières, des ourfins et leurs pointes; le 'fable enfin et différentes efpéces de grais, qui lui doivent 1'origine, offrent, ausfi bien que la marne, indiftinctement tous les fosfiles marins; et même dans quelques endroits des quadrupèdes terrestres ou amphibies; dans d'autres, mais bien rarement, des bois et des fruits. L'état oü l'on trouve dans ces couches les fosfiles accidentels, n'eft pas moins différent. Nous en avons déja parlé au chapitre I. II fuffira donc de remarquer en général, qu'ils font plus altérés dans les pierres calcaires que-dans les gypfeufes, tandis que dans le fable on les trouve fouvent presque non-altérés, et dans 1'argile frequemment impregnés de pyrite. Quoique les couches, produites par les eaux, foient en général privées de filons, elles ne font pas pour cela toujours dépourvues de minerais. Voici ceux que chaque efpèce offre le plus communément. Le  ( i3i ) Le fchiste noir, qui fait la bafe des fchistes, bleus, rouge et blancs, outre la houille, dont il ett le féjour par excellence, renferme fouvent des mines de cuivre, des pyrites, et de la mine de fer micacée; en un petit nombre d'endroits il renferme ausfi du mercure. Le fchiste bleu, qui fuit, contient quelquefois de la mine de fer; quelquefois ausfi de la pyrite, du fer micacée, du cuivre, et même un peu d'or et d'argent. .>■■•'■• Le fchiste rouge ne prefente en général que des mines de fer. Enfin le fchiste blanc, qui couvre tous les autres fchistes, loge par-ci par-la du cuivre et même un peu d'argent. La couche calcaire renferme du cuivre, du plomb, de 1'argent, de la manganéfe, et dü' fer. La couche gypfeufe ne renferme en général que fes mines de fel et trés peu de fer. Cependant les filons de la riche mine de cuivre de Néofol font tous dans le gypfe. Le Tirol offre un exemple pareil; et nous prouve, combien nous fommes encore loin de pouvoir généralifer nos idees avec quelque dégré de confiance. L'argile terreufe contient presque partout du fer. II en eft a peu prés de même des couches fablonneufes, qui en outre renferment du cuivre, du zinc, du cobalt, et rarement du plomb. De ce dernier le duché d'Aremberg fournit un exemple fingulier, , R 2 d'u-  C 132 ) d'une mine toute formée de grains ronds de galène, agguatinés avec du fable blanc et rougeatre. A 1'exception d'un très-petit nombre d'exemples, dont le filon d'une mine de plomb dans une couche calcaire marine, dans le comté de Derbyshire, en offre un, tous ces minerais fe trouvent dans les lits, dont nous venons de parler, par couches, et quelquefois par morceaux détachés. Ausfi eft-ce avec beaucoup de raifon, qu'on les appelle mines de transport. II eft même rare de trouver des failles, ou faux filons, dans les couches fecondaires. On en voit cependant dans plufieurs mines de houille. Un phénomène bien remarquable, c'eft que, tandisque tous les autres métaux font infiniment plus communs dans les roches primitives que dans les couches fecondaires, le fer au contraire eft beaucoup plus abondant dans celles-ci que dans les premières. II y forme, en plufieurs endroits, des mines entières toutes compofées de fosfiles accidentels avec les quels il femble avoir eu une origine contemporaine. On en trouve des traces plus ou moins fenfibles partout oü l'on fouille, et dans la vafte étendue de la couche fabloneufe, qui forme le fol. d'une grande partie des Pays bas et de 1'Allemagne, on le trouve généralement a un pied plus ou moins de profondeur, ou il a converti quelques pouces d'épaisfeur de fable en une croute pierreufe, qui fait le tourment, et fouvent la ruine, de ceux qui entreprennent de défricher les bruyères: car cette croute empêchant les racines de prendre de la profondeur, les  C 133 ) les arbres fe rabougrisfent et font perdns pour le coIon. II ne fuffit même pas, de rompre une fois. cette croute malfaifante, qui renait de fes débris. - Si les fosfiles naturels, dont nous parions, doivent leur fituation, et même en grande partie leur configuration et leurs mélanges, a l'eau; il n'en eft pas de même de leur matière conftituante. Quelque peu avancés que nous foyons dans le connoisfance des principes de la matière, il n'eft pas permis de revoquer en doute le préexiftence des matières dont l'eau a formé des couches. D'ailleurs 1'obfervation vient ici partout a 1'appui de la raifon. Les bloes énormes de granit, qu'on trouve ifolés dans les hauteurs et dans les vallons fécondaires, les galets et les débris de toute efpèce de pierres primitives qui fe préfenrent partout mêlés au fable et aux autres couches fecondaires, même en Hollande et en d'autres pays les plus éloignés des chaines primitives, ne font que des fragmens détachés des roches anciennes. Plufieurs de ces fragmens, qu'on retrouve parmi les fosfiles accidentels, ont fervi d'appui a des huitres et autres corps marins, qu'on y trouve encore attachés. II eft vrai, qu'on les trouve de même attachés a des galets ou cailloux roulés de pierre cornée, et même a des moëllons de pierre a chaux, phénomènes dont mon cabinet offre des exemples asfez nombreux. Le fchiste produit 1'argile par fa décompofition. Le quartz et autres pierres primitives, brifées a certains poincr, fe reduifent en fable. II eft démontré aujourd'hui R 3 que,  ( 134 ) que, parmi les fubftances anciennes, il faut compter la calcaire. Enfin 1'analogie nous prouve partout le préexiftence de la matière dont font formées les couches qui nous occupent: fauf cependant les modifications qu'y ont opérées les mélanges, dont nous voyons entre autres un exemple dans la terre calcaire, convertie au moyen de 1'acide vitriolique en gypfe; opération que les carrières a platre de 1'Isle de France et d'autres endroits prouvent devoir être comptée parmi les changemens plus modernes arrivés au globe. Entre les coüches fécondaires il en eft une, dont je n'ai pas encore parlé, mais qui mérite une attention particulière; je veux dire celle, qui eft compofée de cette multitude innombrable de cailloux roulés, on plutöt galets, qui occupent une etendue fi confidérable de pays a la furface de la terre, ou au moins a des profondeurs peu confidérables, et dont 1'asfemblage forme une épaisfeur qui varie depuis quelques pouces jusqu'a plufieurs pieds O). Ces galets font le plupart des débris, détachés d'autres pierres, dont les angles font abattus et arrondis par le frottement pendant leur roulis dans l'eau. J'avoue qu'il en eft ausfi, dont la forme arrondie eft due a la naisfance même; tels font ces meions du Mont-Carmel, ces agates, ces géodes et autres pierres, dont la ftructure intérieure, ou les couches concentriques, prouvent, qu'elles font nées ron- (f) Dans les environs de Nismes, la couche de cailloux roulés a au dela de 30 pieds dYpaisfeur. v. journ. de phy£ :. XXII. page 371.  C 135 ) rondes ou peu s'en faut: mais on trouve rarement ceux-ci fort éloignes du lieu de leur naisfance. Tels font encore certains filex formés dans des crayères, auxquels un madrépore de forme arrondie a fervi de bafe. Mais le plus grand nombre asfurement des cailloux, dont il eft queftion ici, ne doit fa rondeur qu'au roulement. Les plus communs dans les contrées basfes font de nature cornée, plus ou moins fine: ceux-ci aiment le voifinage du fable et de 1'efpèce d'argile que pour fa ténacité on appelle argile h potier. II eft rare de trouver quelque fosfile accidentel dans un de ces galets. Dans les pays qui approchent d'avantage des grandes chaines anciennes, les galets les plus ordinaires font de pierres primitives: en d'autres endroits, furtout dans le lit de certaines rivières et dans leurs environs, ce ne font que des cristaux de roche arrondis. Le Rhin et la Meufe en fournisfent une multitude. Enfin il eft des endroits oü les galets font des débris.roulés des roes fecondaires, encore tous remplis de fosfiles accidentels. Les plus beaux et les plus intéresfans, que j'aie vus de cette efpèce, fe trouvent abondamment dans le duché de Mecklenbourg, et font entièrement remplis de petites coquilles très-variées qui prefentent encore leur nacre et des couleurs. Les galets poisfonneux d'Illmenau fe distinguent ausfi parmi les fecondaires. Lorsque je parle des couches fecondaires, foit fablonneufes foit autres, je n'entens pas toujours paria des couches fimples et uniquement formées par la  ( 136 ) la matière dominante dont elles empruntent Ieurnom. II eft vrai, que les fecondaires les plus profondes font en général peu on point mêlangées; mais il en -eft tout autrement des couches fuperieures, oü il eft rare de ne pas trouver dans chaque couche plufieurs terres réunies et intimement mêlées, en des proportions qui varient a 1'infini. Cette obfervation fe rapporte aux pierres, ausfi bien qu'aux terres dont elles font compofées. II eft même une efpèce de terre (peut-être en trouvera-t-on plufieurs), qui ne forme point de couches réelles, et qu'on ne rencontre, pour ainfi dire, que mêlangée dans d'autres couches. Cette terre eft la Magnéfienne. Mais d'oü vient cette fubftance particulière, fi difperfée et fi peu abondante en comparaifon des autres? il faut efpèrer, qui les travaux des chimistes modernes fourniront bientót aux cos•mologues asfez de lumières pour le ranger dans la clasfe qui lui convient. Le grand chymiste Margraff prenoit encore le gypfe pour une fubftance particulière. Nous fommes lürpris aujourd'hui de fon erreur; et cependant nous penferions encore comme lui, fi l'on n'étoit pas parvenu a féparer 1'acide vitriolique du gypfe. s ia  C w ) § in. Des Fosfiles Naturels Secondaires formés par tadtion du feu. L'action du feu renfermé dans les entrailles de la terre en a tellement bouleverfé la furface en mille endroits, que Lazaro Moro et plufieurs autres phyfïciens ont cru trouver dans les feux fouterrains une caufe fuffifante de la forme et de 1'exiftence de toute la partie fèche du globe. Sans admettre comme eux 1'univerfalité de cette caufe, je ne puis m'empêcher d'avouer fon influence fur la forme actuelle d'une trés grande partie des continens, et fur celle du plus grand nombre des isles; et je ne puis qu'admirer le génie de ceux qui, ne connoisfant que le petit nombre des volcans actuels qui tourmentent aujourd'hui la terre, ont ofé foupconner des effets pareils dans toutes les parties du globe, par des volcans antérieurs, qu'ils fuppofoient, quoiqu'ils les ignorasfent. Maintenant, que 1'obfervation a commencé a porter fon flambeau dans différens pays fur cette branche intéresfante des fastes de la terre; maintenant qu'on a découvert les preuves incontestables d'une multitude de volcans anciens, en Italië, en Efpagne, en Portugal, en France, en Angleterre, en Ecosfe, en Irlande, en Aliemagne, en Tranfylvanie, et dans le Nord, ausfi-bien qu'en Afie, en Afrique, en Amérique et dans les terres auftrales, nous avons appris a distinguer les effets des eaux de ceux du feu, et S nous  ( 138 ) nous fommes convaincus que, fi ces derniers s'étendent infiniment plus loin que n'avoient cru nos ancêtres, il refte toujours des parties confidérables de la terre, faconnées par les eaux feules. Bien plus, nous nous appercevons, que la plupart des produits du feu n'ont pris naisfance que dans le domaine même des mers anciennes. Quelqu'intéresfante que puisfe être la matière des volcans éteints, la longueur de ce mémoire m'oblige malgré moi, a me reftreindre fur un fujet fi riche, et a n'envifager les produits des anciens volcans que par leurs faces qui ont le rapport le plus direct avec la question prefente. Je ne m'arrêterai pas a refuter les clameurs ridicules de ces aveugles ennemis de toute découverte utile, qui ofent revoquer en doute la réalité de cette multitude de volcans éteints que 1'obfervateur rencontre partout, et qui ne rougisfent point d'appeller manie des volcans le témoignage unanime de tous les hommes, vraiment inftruits, qui fe font occupés de cette matière. Au lieu donc de perdre le tems a démontrer des vérités fi évidentes, voyons ce que c'eft qu'un volcan et quels font fes effets. L'exemple journalier de 1'efflorefcence fpontanée des pyrites, furtout des jaunatrës, lorsqu'elles font impregnées de 1'humiditéde 1'athmofphère, 1'expérience connue du mélange d'une partie de foufre, une de limaille de fer, et de deux parties d'eau, qui s'allume fi promptement, ont fait naitre aux phyficiens 1'idée bien naturelle, que les feux  C 139 ) feux fouterrains s'allument par les pyrites fi abondantes fous terre, lorsqu'elles font arrofées par 1'eau. Que cette caufe, ou toute autre, foit 1'origine d'un feu fouterrain; s'il fe trouve en un lieu peu fourni de matières inflammables, ou qui communiqué trop librement avec 1'athmofphère, ce feu brulera fourdement, comme les fources chaudes et certains fols enfiammés nous le démontrent: mais fi la fortie n'eft pas proportionnée a la quantité d'air et de vapeurs produites, le fluide élastique fe frayera un chemin par force en foulevant la masfe qui s'oppofe k fon expanfion. Dela les tremblemens et les convulfions de la terre. Si avec cela le fol fournit fuffifamment des matières inflammables, le feu s'augmentera, et peu-a-peu prendra des forces qui fuffiront pour fondre tout ce qui 1'environne, et pour le convertir, fi non toujours en verre, au moins en cendres ou en matière calcinée. A mefure que le foyer et la matière augmenteront, la masfe fondue et bourfoufnée s'élévera; jusqu'a ce que, pousfée par des matières nouvelles et par les fluides élastiques qui continueront a ébranler le fol, elle parvienne a fe faire jour au-travers des couches qui la couvroient. Une fois arrivée a ce point, la rapidité de fes progrès ne connoïtra plus des bornes, et les rochers reduits en fleuvcs couvriront les alentours. Le petit nombre de volcans aujourd'hui agisfans nous en fournisfent des exemples dans le Monte nuovo, et 1'Ifola nuova, formés presqu'en un jour: et S 2 en-  ( 14° ) encore depuis peu 1'isle, qui, lors du ren verrement de Mesfine et de la Calabre, a parue tout-d'un-coup prés de 1'Islande, et qui depuis a disparue de mème, nous prouve 1'énorme quantité de matières que peut fournir un volcan dans une feule explofion; puisque les environs de cette isle nouvelle, a plufieurs lieues de diftance tout autour, n'avoient plus que 40 brasfes de fond au lieu de ioq qu'ils avoient avant 1'éruption. Lorsqu'on connoitra 1'étendue des forces d'un fluïde élastique, développé et mis en aftion par la chaleur dans des galeries fouterraines immenfes, fok naturelles foit creufées par le feu (ƒ), oü il cheiche en vain une isfue proportionnée a fa diiation et a fes efforts terribles, on pourra calculer et 1'étendue et 1'effet deftrufteur des tremblemens. de terre. Et lorsqu'on aura reflèehi aux fleuves de lave, aux pluies de cendres, et aux projections de pierres énormes , dont les volcans aauels nous offrent le tableau, on pourra fe former 1'idée des effets et des produits différens de tant de volcans. éteints, dont la furface du (ƒ) Te ne vois pas, que fans 1'exiftence de telles galeries,, on puïsfe expliqueï la promptitude fingulièr'e, avec la quelle les volcans agisfans, fi éloignés Tunde 1'autre, correfpondent dans leurs éruptions, non plus que la promptitude avec la quelle fe propagent a des diftances incroyables les tremblemens de terre. Lors du tremblement qui renverfa Lisbonne, la mer fe retira a plufieurs centatnes de toifes de la Martinique, et au moment du désallre, que vient d'dprou,ver la malheureufe Mesfine, la mer a jetté, fur les cótes de la même Martinique, des coquilles trés précieufes de la familie des-cornets, telles que des amiTaux et des efpéces de cedo nulli, dont on n'en trouve jamais dans les parages de cette isle. Enfin on peut voir un receuil des preuves de cette vérité dans, 1'ouvrage intitulé Hiftory andpbilofophy of'earth-quakes, Lond. 1757. 8.vo. écrii. par un favant anonyme, membre de 1'académie de Berlin»  du globe nous prefente les vestiges, plus ou moins conformes a celles que vomisfent les volcans actuelsv ! -ij ob no: iïbiük uO .L,.: ; ! Partout oü nous trouvons des couches de véritable lave, accoutumés a regarder ce verre fouterrain comme le produit ordinaire des éruptions de hos volcans modernes, nous n'héfitons pas d'admettre 1'exiftence de quelque volcan éteint dans le lieu oü a coulé la lave. - C'eft ainfi que les plus incrédules ne refuferont pas de croire h la réalité de nombre d'anciens volcans en France et en Allemagnei Mais les obfervations, faites au Pérou par Mr. de la Condamine et par d'autres obfervateurs, nous apprennent qu'il peut exifter des volcans, qui k la place de lave ne rejettent que des matières calcinéesw La füperficie des terrains volcaniques, furtout de ceux de la troifième époque de Mr. Desmarets, a ^té tellement décompofée par 1'action de l'eau, de 1'air, et des acides, qu'on n'y voit qu'une efpèce de terre, dont la lave eft couverte au point, que Mr, Hamilton lui même a vu les volcans en Aliemagne lans y en trouver la lave. Voici donc les régies T qui doivent nous guider en ce cas. Toute montagne, ou colline, de forme conique, ayant a fon fommet un enfoncement en manière de cratère, doit nous faire naitre le foupcon d'un ancien volcan \ furtout fi un cóté du fommet eft rompu. Ce foupcon fe convertira en certitude, fi cette élévation , ou fa vallée, offrent une ou plufieurs des matières volcaniques dont je donnerai d'abord la. lifte» S. & Si  Si j'ai commencé par la forme du terrain, ce n'eft que pour abréger les recherches des obfervateurs en général. On auroit tort de croire, que cette forme foit nécesfaire, pour asfurer 1'exiftence des anciens voleans. II eft plus d'une couronne volcanique, ou bafe d'un volcan, dont le corps s'eft enfoncé dans fa propre caverne, qui ne prefente plus qu'un immenfe basfin , dont la forme feroit trés difficilement foupcönner un terrain volcanique. Même les énormes coülées de lave, prés de Francfort, que le Mein a divifées en y creufent fon lit, et que certains obfervateurs ont pris mal-a-propos pour les produits de deux volcans différens, n'offrent ni cratère ni élévation, dans toute 1'étendue de leur enceinte, qui puisfent faire naitre 1'idée d'un volcan. Pour s'asfurer donc fi un terrain, qu'on foupconne volcanique, eft réellement tel: fi l'on n'y voit point de lave, il faut examiner, s'ii ne préfente point de courans ou de coulées d!une matière quelconque dont les extrémités plus au moins arrondies excluent 1'idée d'une couche formée par l'eau; s'il renferme des terres brunes, rouges, violettes, en un mot telles qui par leur couleur et par leur confistence différent des terres ordinaires; s'il prefente du trafs,du tuffa, de la pouzzolane, du piperino, ou toute autre fubr ftance produite par 1'action du feu, ou au moins pareille k celles que l'on obferve dans les volcans avérés, quoique l'on puisfe douter, fi pour cela elles doivent être comptées parmi Jes productions im- mé-  C 143 ) médiatés du feu, comme font les zéolites (g)9 les fchorls, les chryfolites, la pierre obfidienne ou gallinace, la calcédoine, et même les hyacinthes et les efpéces de faphirs, qu'on trouve dans les couches volcaniques bien avérées d'Expailly en France. - Mais la preuve par excellence, de la réalité des volcans éteints, ce font les bafaltes; ces piliers polygones, qu'avant Mr. Desmarets les favans n'ofoient regarder que comme de grands cristaux plus ou moins réguliers; mais qui, ausfi bien que la lave bafaltique ou les bafaltes irréguliers, font aujourd'hui univerfellemerit reconnus pour une produftion inconteftable du feu par tous les favans naturaliftes. II eft vrai, que certains écrivains, peu familiarifés avec les mervèilles dé la nature, s'efforcent encore de perfuader au public, que les bafaltes ne font pas volcaniques: ils fe fondent fur ce que la lave des volcans aótuels femble ne jamais produire des bafaltes; mais des obfervations recentes ont démöntré que, pour que la lave devienne bafaltique, il faut qu'elle coule et fe refroidisfe dans l'eau. C'eft ainfi que Mr. Hamilton et plufieurs autres favans ont obfervé que la lave du Vefuve, coulée dans la mer en 1632. prés du Torre del greco, eft vraiment bafaltique. C'eft ainfi, que Mr. de Dolomieu a trouvé (gj La plupart des naturaliftes font unanimes 3 regarder la zdolite pour une produftion volcanique, non pas fondue, mais rejettée avec la lave, ou, ce qui parolt plus raifonnable, formee par une combinaifon, poftérieure a I'écoulement des laves, a la quelle l'eau de la mer a coöpéré. Mr. de Dolomieu protefte, que 1'obfervation la plus conftante 1'a convaincu, que la zéolite eft un. prouve infeillible de la fubmerfion de la lave.  C H4 ) vé (h\) la lave de FEtna bafaltique dans les mêmes circonftances; enfin c'eft ainfi, que Mr. Uno von Troil, avec Mr. Banks et fes autres favans compagnons de voyage, ont vérifié la même remarque fur les volcans d'Islande. Ce que ces phyficiens ont obfervé a ce fujet, dans les volcans agisfans, a été confirmé par les obfervations exactes que nombre de favans ont faites fur les volcans éteints de France et d'Italie, et par celles que Mr. Raspe a faites fur les volcans éteints de la Hesfe, dont il démontre par une figure ingénieufe 1'origine fous les eaux de la mer (1). L'argument, qu'on tire de ce que Wallerius ne range pas les bafaltes parmi les productions volcaniques , n'eft d'aucun poids: car outre qu'il avoue que leur nature eft la même que celle de la lave, il n'eft pas étonnant, que celui qui confondroit encore la manganèfe avec la magnéfie, ignorat les découvertes nouvelleme-nt faites fur les bafaltes, et qu'il les rangeat d'après leur forme avec les tourmalines. Si après cela quelqu'un pouvoit encore douter fur cette matière, il n'a qu'a confulter les bulles et autres Ti . \ r.> •;,'/.// i.ii 3Vfii 1 mar> (/;) Mr. Dolomieu, qui a fi bien obfervé les produftions volcaniques de la Sicile, pofe pour principe, que toutes les laves compaétes, qui ont coulé dans la mer avec une certaine épaisfeur, ont éproïtvé ce que l'on nomme la criftallifation des bafaltes, plus ou moins parfaits. II asfure d'ailleurs, qu'aucun des modernes courants de l'Etna, qui ne font point arrivés jusqu'a la mer, ne contient des bafaltes; njró que tous ceux qui s'y font jettés avec les circonflances requifes, font criftallifés en colonnes, et que les courans qui arrivent dans la mer fans être abfolument fubmergés, font criltallifés dans la portion qui eft plongée dans l'eau, et n'ont éprouvé qu'un retrait irrégulier dans le maslif qui eft au desfus. j (/) Raspe an account of forae German volcanos, Lond. 1776. Svo. p. 54.pl. i.  C 145 ) marqués de 1'action du feu que préfentent une inflnité de bafaltes, fidentité de leur matière avec celle des laves, les endroits certainement volcaniques oü on en trouve, les couches de lave dont ils font couverts et fur les quelles ils repofent, les fchorls, les chryfolites, les zéolites, les granits, et autres matières, que les volcans rejettent et qu'on trouve renfermées dans les bafaltes, et il fera convaincu qu'aucune fubftance n'eft plus véritablement volcanique. Si les favans s'accordent a regarder les bafaltes comme une production des volcans, ils ne font pas également d'accord fur la caufe de leur forme. Les uns y voient une vraie cristallifation; d'autres, plus nombreux, n'y voient que 1'effet du retrait lors du réfroidisfement de la matière. Plufieurs circonftances fe réunisfent en faveur des derniers, un fait furtout, obfervé par Mr. Faujas de St. Fond (£), femble décifif: ce font deux bafaltes voifins, trouvés au pont du Bridon, dont chacun renferme une partie d'un même morceau de granit que la force du retrait a féparé en deux portions, a peu prés égales et qui joignent exaétement, lorsqu'on les appliqué 1 une fur 1'autre. Quoique l'on défigne les différentes producïions volcaniques chacune par un feul nom, il ne faut pas pour cela croire qu'elles foient toujours et partout les mêmes: elles préfentent au contraire un grand nombre de variétés; ce qui eft conforme a la variété des CJO Faujas de St. Fond, Recherches fur les volcans éteints, p. ,49 T  ( H6 ) des couches fur les quelles le feu fouterrain a exercé fes ravages en différens pays, et ce qui prouve, que Mr. de Sausfure fe trompe, lorsqu'il pretend que 1'efpèce de fchiste, qu'on défigne fi mal k propos par le nom de pierre de corne, eft la matière générale des laves et des bafaltes (/). Bien plus, le même volcan, felon la différente qualité des matières, qu'il traite lors de chaque éruption, vomit des produits plus ou moins différens O). Dela la variété dans les couches volcaniques tant anciennes que modernes, fouvent dans un même endroit. Le Véfuve a fourni a Mr. Hamilton jusqu'a. 40 efpéces différentes de laves, tandis qüe 1'Etna en fournit tout au-plus une douzaine de variétés Q»% Le même Véfuve, felon 1'obfervation de Mr. Faujas de St. Fond, a vomi autre fois des couches entières de pierres-ponces; aujourd'hui il eft rare d'en voir paroitre quelques unes ifolées dans fes éruptions; tandis que les isles voifines de Lipari et de Vulcano femblent en ce moment feules jouir du privilège de nous fournir abondamment cette matière utile; dont il paroït que les anciens volcans d'Europe êtoient presque tous privés, s'il en faut juger d'après leurs couches exiftentes de nos jours, qui n'en offrent plus (7) Sausfure voyages dans les Alpes in 4:0. t. I. p. 127- ' 'j. (m) Mr Ferber, dans fes lettres fur la mineralogie de 1 Italië, page 85. et fuiv dit 'que les volcans donnent en certains endroits, par fublimation, uu fouffre, despyrites,du vitriol, de 1'alun, del'arfenic, de 1'antimo.ne, du cmnabre et du mercurer que quelquefois même on trouve des mines de plomb en filons dans de la lave; ce qu'il fuppofe être arrivé lorsque la lave, fortie de quelque volcan, a pu s'infinuer dans quelque filon métallique voifln. (») Voyage en Sicile-, dédié a Winckelmamx. Laufaune 1773. iamo. p. 135.  ( HT ) plus du tout. Au moins aucun obfervateur n'en paroit avoir trouvé dans fes recherches fur les volcans éteints, les leute Mrs. Deluc et Camper fils exceptés, dont le premier asfure en avoir trouvé prés d'Andernach, et le fecond m'a dit que les carrières de pierres meulières prés de Niedermenich font couvertes d'une couche de 4 a 5 pieds de pierres ponces , entremèlées d'osfemens calcinés. En foit ce qui voudra; il restera toujours vrai, que la pierre ponce dans les volcans éteints d'Europe eft un phénomène cosmologique extraordinaire. Si l'on ne trouve point de la pierre ponce dans les volcans éteints d'Europe, il ne s'en fuit pas pour cela rigoureutèment, qu'ils n'en ont pas vomi lorsqu'ils étoient en activité: plufieurs fubftances volcaniques poreufes fe décompofent fi promptement a 1'air, qu'il ne feroit pas étonnant, que la pierre ponce eut fubi le même fort, puisque la lave et les bafaltes mêmes, quelques durs qu'ils foient, déviennent méconnoisfables dans leurs parties expofées a fair. Cette refiexion peut faire foupconner, que les pierres ponces, fi communes autour des volcans de la Cordelière, et la quantité que Mr. Forfter en a obfervée autour des isles auftrales (0), font une preuve du peu d'ancienneté des volcans de 1'Amérique méridionale et des terres auftrales, en comparaifon de ceux d'Europe. V II (0) Forfter obferv. faites pendant le fecond voyage de Cook dans I'hemisphêre auftral, t. V. p. 10. et fuivantes. T 2  C 148 ) II ne nous refte plus qu'a confidérer les couches volcaniques relativement aux autres couches connues; objet tres-important dans la cosmologie, et qui jette un grand jour fur 1'age du globe. II eft des volcans, oü la lave femble n'avoir percé qu'au travers des couches fecondaires; il en eft ausfi oü elle a vifiblement percé au travers des primitives. Elle repofe tantöt immédiatement fur le granit ou fur quelqu'autre roche primitive; et tantöt elle repofe fur des couches fecondaires, quelquefois privées de fosfiles accidentels. Même a 1'Aubepin en Velay les couches volcaniques couvrent la mine de houille. L'immenfe couche de lave, k Francfort fur le Mein, repofe fur une couche fecondaire, remplie des mêmes coquilles marines qui recouvrent la lave; ce qui prouve le féjour d'une mer peuplée en ce lieu, avant et après la formation de la lave. Une infinité d'endroits en Aliemagne, en France, et en Italië, dont la lifte feroit trop longue, offrent la même obfervation; avec cette différence, que les couches fecondaires font tantót fournies de fosfiles marins et tantöt non; qu'ici elles font fablonneufes, lk caillouteufes, ailleurs calcaires, ou argileufes; enfin qu'en un endroit elles ne fournisfent que le mur ou le toit Yeul k la couche volcanique, preuve du féjour de la mer antérieur ou poftérieur k 1'éruption du volcan, dans 1'autre endroit elles fournisfent le mur ausfi bien que le toit; preuve de 1'exiftence de la mer avant et après 1'ouvrage du feu; et que fouvent même  C 149 ) me elles fe fuccèdent, par couches alternatives muïtipliées, avec les produits volcaniques: preuve que des habitans des mers fe font emparé de ces couches dans les intervalles fouvent longs qu'ont laisfés entr'elles les différentes éruptions. Fait cosmologique bien intéresfant, dont 1'Italie furtout offre plus d'un exemple, et qui confirme évidemment la trèslongue durée du féjour de Tanden ocean fur les terres aujourd'hui habitables. CHAPITRE V. De la Surface du Globe. ^^Lprès avoir confidéré, dans les chapitres précédens, 1'intérieur de la terre, c'eft-a-dire la nature et la fituation connues des fosfiles tant naturels qu'accidentels, relativement a la question propofée, reste k faire 1'application des faits nombreux cosmologiques, dont nous avons vu le recueil, et a en tirer les conféquences immédiates et incontestables qui s'enfuivent, pour déterminer par leur moyen les revolutions T 3 et  ( '5<0 et les cbangemens certains qu'a fubis la furface du globe. Mais avant tout, pour fatisfaire plus exactement a ce que requiert le programme, tracons 1'esquisfé de 1'afpect extérieur de la terre, et voyons enfuite ce que 1'hiftoire et les monumens artificiels nous apprennent touchant fes revolutions. Entre les opinions diverfes, qui ont partagé les phyficiens fur la forme actuelle de notre planète, celle, qui en fait un fphéroide aplari vérs les poles réunit aujourd'hui a peu prés tous les fentimens. Au refte, comme le programme interdit toute hypothèfe, je me garderai bien de hazarder des opinions, qui ne pourroient être toutes que très-problématiques, fur la forme ancienne de cette planète; et je me contenterai de dire, que la terre, enfemble avec les mers, forme aujourd'hui un tout, plus ou moins fphéroide, qu'on défigne communément par le mot Globe. Quelle que puisfe avoir été la face extérieure ancienne de ce globe, il eft certaine, comme il confte par le chapitre précédent, que dés fon origine elle doit avoir été inftable, comme elle 1'eft encore, et comme elle le fera toujours. Outre les grandes revolutions, dues a des caufes majeures, la lürface du globe en éprouve une continuelle, lente a la vérité, mais certaine et générale, par la main du tems, qui ne cesfe d'y détruire d'un cóté pour réproduire de 1'autre, qui dégrade les hauteurs et creufe les vallées pour étendre les plaines et pour combler les mers. En ce moment notre globe préfente de grandes mas- fes  C 151 ) fes de terre, connus fous ie nom de continens, environnées de toutes parts par un immenfe basfin rempli d'eau falée, qu'on appelle la mer. Cette mer environne de même une infinité de portions plus petites de terre, éparpillées dans fon fein, qui font connues fous le nom d'isles. La mer, abstraétion faite du mouvement que lui donnent les vents et les marées, nous préfente partout une plaine unie a fa lüperficie; mais tirez en les eaux, vous en trouverez le fond ausfi raboteux que la partie fèche du globe, qui, tant dans les continens que dans les isles, nous offre partout des inégalités, ausfi bien dans leurs contours, qui font plus ou moins irréguliers et échancrés, que dans leur furface horizontale, la quelle n'eft qu'une fuite non-interrompue d'élévations et d'enfoncemens, offrant dans fes fentes, fes cavités et 1'irrégularité de mille formes diverfes, des preuves frappantes de trouble et de convulfions: le. reste de cette furface confifte en plaines, difperfées au hazard fans ordre, et entrecoupées d'une infinité de fources, qui, par leur réunion, forment fuccesfivement les ruisfeaux, les rivières et les fiéuves. Les enfoncemens préfentent fouvent des amas d'eau, connus fous les nom delacs, dont quelques uns, formant les rivières ou formées par elles, ont avec elles une isfue commune dans la mer; d'autres n'ont aucune isfue vifible. L'eau de la plupart de ces lacs eft douce; il en eft cependant ausfi quelques uns, qui, comme la mer Caspienne, font remplis d'eau falée. Au  C 152 ) Au milieu du désordre, dont je viens de parler et qui prouve bien pofitivement que notre planète doit avoir fouffert de terribles revolutions, le cours des rivières et des fleuves nous enfeigne un ordre réel, en ce que, dans chaque partie majeure du globe, il y a des points plus élévés que tout le refte, d'oü il y a une pente continue jusqu'aux bords de la mer, et d'ici la profondeur des mers s'accroit infenfible-, ment jusqu'au fond de leurs abymes. Je ne puis donc comprendre Ce qui a pu engager Mr. Deluc a dire, que le niveau moyen des plaines n'eft pas èlêvè de plus de 200 toifes au desfus de celui de la mer. Ces points élévés ne font pas toujours, comme on le dit communément, le milieu même des grands continens; le mont St. Gotard, un des points fans contredit les plus élévés d'Europe, eft fort éloigné d'en occuper le milieu. Les deux plus grandes élévations d'Afrique font aux deux points oppofés nord et fud de cette grande péninfule, 1'une dans le Bilédulgerid et 1'autre au Monomotapa. L'étendue en tout fens de 1'Afie exige plufieurs points élévés; mais le principal de tous eft le grand plateau de la Tartarie, connu fous le nom de petite Bucharie, cette région immenfe, oü l'on foutient, qu'on ne rencontre ni pierre calcaire, ni marbre, ni aucun fosfile accidentel qui puisfe dépofer en faveur du féjour de la mer Qf). La plus grande élévation de TA- (ƒ>) Deluc lettr. phyf. t. II. p. 190. comparez-y la page 359. du tom. I. (q) v. flilt. philof. et polit. des établ. des Europ. dans les deux Indes, t. t, p. 24. édit. d'Amft. 177a.  C «3 ) rAmérique méridionale fe trouve le long de la mer pacifique, furtout dans la province de Quito; 1'intérieur de 1'Amérique feptentrionale eft trop peu connu pour en parler avec certitude; mais au moins femble-t-il pofitif, que le fol y va en s'élevant jusqu'aux grands lacs, dont le nombre et 1'etendue prouve un immenfe plateau élévé, auquel les caufes ordinaires n'ont pas encore pu mettre la dernière main en lui donnant la pente nécesfaire. Sans convenir de cette régularité exacte dans le cours des grandes chaines des montagnes, que foutient Mr. Paltas ausfi bien que plufieurs autres favans, je ne puis nier, qu'il y a entr'elles, ou entre leurs branches, certaine liaifon, mais fort irréguliere. Ces chaines font compofées la plupart de roches primitives entrelacées de montagnes fecondaires, qui fouvent ausfi font des chaines k part a peu de diftance des premières. Celle du Jura en fournit un bel exemple. Dans ches chaines fecondaires ifolées, ausfi bien que dans les montagnes de la même efpèce qu'on voit placées parmi les primitives, on trouve des fosfiles accidentels a des hauteurs prodigieufes. J'ai déja dit, qu'en Amérique la montagne de Guancavelica en fournit a 2200 toifes de hauteur, et le Grenier dans nos Alpes de Faucigny en fournit a 1307 toifes. Si l'on n'en a pas trouvé plus haut, il n'en faut peutêtre accufer que la neige et la glacé, qui couvrent tout a ces hauteurs,- et qui y forment ces glaciers éternels, fources intarisfables des fleuves, qui én por- Y tent  C *S4 > tent les eaux & la mer a mefure que la chaleitr naturelle du fol fait fondre la partie inférieure des glacés qui y touche. Chacune des quatre parties de la terre contient des montagnes trés élévées; mais la plus haute qui toit connue eft le Chimboraco dans la Cordelière des Andes, qui a 3217 toifes d'élévation au desfus du niveau de la mer- Ce qu'on appelle chaine de montagnes ne s'étend pas feulement a. des diftances énormes en longueur mais en largeur ausfi. A peine eft on parvenu au fommet du premier rocher, qu'il fe prefente une plaine ou un vallon élévé, qui conduit a un fecond; rocher plus haut; enfuite nouveau vallon et troifième rocher, toujours en montant, jusqu'a fommet du pic le plus élévé, qui fe trouve ordinairement placé vers le milieu de la largeur des chaines. Entre les rochers il en eft dont la cime fe termine en pointe, ou en* dos d'ane ; d'autres font couronnés par des plateaux plus ou moins. confidérables, dont quelques-uns préfentent des lacs très-poisfonneux.. Depuis ces grandes chaines, dont les fommets vont fe confondre avec les nues, il y a une gradar tion dans la hauteur des montagnes, qui diminue infenfiblement jusqu'aux collines, les moins élévées. Ces dernières avec leurs plaines fubjacentes occupent la partie la plus confidérable de la terre, et font généralement formées par couches horizontales, dont j'ai donné le détail dans le chapitre précédent, et qui, entre plufieurs preuves des revolutions du globe, offrent celle-ci que, non feulement ces couches ne  C 155 5 ne gardent aucune règle relativement a 1'ordre des matières felon leur gravité fpécifique, puisque les plus péfantes repofent fouvent fur les plus legères ou y font entremêlées, -mais que fouvent -ttnc même matière, parfaitement identique, forme en un même endroit plufieurs couches, a des profondeurs trés différentes, et que ces couches font fuivies chacune d'autres couches d'une nature et d'une gravité diverfes. Dans ces collines on rencontre moins régulièrement la correfpondance des angles faillans et rentrans des cöteaux oppofés, qu'on ne la trouve dans les vraies montagnes. Les obfervations, faites par Donati, Marfigli, Sloane, et autres phyficiens, fur la forme du fond de Ia mer, confirment 1'opinion asfez générale des favans fur fon identité avec la forme extérieure de la terre. II y a cette différence cependant asfez remarquable, que, plus la terre s'éloigne des mers plus elle s'élève. II convient neantmoins d'obferver, que 1'une et 1'autre de ces asfertions fouffre plus d'une exception, mais qui n'empêchent pas 1'ufage qu'on en peut faire en cosmologie en les envifageant comme régies générales. V 2 CHA-  C 156) CHAPITRE VI. Du Déluge Univerfel de Noë et de quelques autres cataftrophes, dont rhiftoire fait mention. Il n'eft guères de nation ancienne, chez Ia quelle 1'hiftoire ou la tradition n'ait pas confervé le fouvenir d'une déluge plus ou moins général. Les Chaldéens, les Syriens, les Egyptiens, les Chinois, les Perfes, les Indiens, les Grecs, les Latins, les Scandinaves, les Américains, ont chacun le leur. Les déluges arrivés fous Prométhée, fous Xifuthrus, fous Ogyges, fous Dardanus, et fous Deucalion, le déluge Cimbrique, les irruptions de la mer en Hollande et ailleurs, enfin 1'engloutisfement de la fameufe Atlantide et quelques autres événemens de même nature, font des époques asfez remarquables dans  C 15? ) dans l'hifroire, qui ne nous permet pas de revoquer en doute plufieurs de ces cataftrophes. Sans parler du déluge Cimbrique et des inondations arrivées en Hollande, qui font des évenemens modernes; le déluge de Deucalion, 1529 ans avant Tére chrétienne, eft fi bien conftaté, par les marbres d'Arundel trouvés dans 1'isle de Paros qu'on conferve a Oxford, et par une infinité d'autres preuves, que rien ne femble mieux avéré dans 1'hiftoire. Le déluge d'Ogyges, qu' Acufilaus, cité par Eufèbe, place 265 ans avant celui de Deucalion, femble moins bien prouvé, au moins pour 1'exactitude de 1'époque. La fubmerfion de l'Atlantïde, cette grande isle fï célèbre dans 1'antïquité, peuplée par une colonie de Phéniciens, et qui doit avoir été fituée entre PAfrrque et 1'Amérïque, trouve d'un cóté des défenfeurs ardens et fouffre d'un autre cóté de grandes contradictlons. En foit ce qui voudraf tous ces évenemens ne méritent pas ici la place qu'exigeroient les discusfions a leur fujet; puisque 1'hiftoire même les borne tous a certains lieux; hormis le déluge de Xifuthrus: mais celui-ci a été tellement orné par les circonftances arrivées dans celui de Noë, qu'a morns de les confondre enfemble on ne fait plus qu'én faire. Parions donc feulement de eet événement rniracuJeux, échantillon terrible de la colère et de la puislance de Dieu, exemple éternel d'effroi pour le ïaé chant et d'eipérance pour Ie jufte; je veux dire ce V 3 dé-  i (158) déluge univerfel, par lequel Dieu, excepté ce que renfermoit 1'arche, extermina la race humaine entière avec tout ce qui vivoit fur la terre! Cette cataftrophe nous eft connue par une autorité fi fupérieure a toute preuve accesfoire,- elle eft fi vivement et 11 exaótement dépeinte par 1'écrivain facré, que pour tout ce qui la regarde il fuffiroit de renvoyer aux 7 et 8 chapitre de la Génèfe, qui ne laisfent rien a défirer fur ce point important de 1'hiftoire facrée. Mais malheureufement ce déluge, qui, comme je viens de dire, n'avoit befoin d'aucunes preuves, pour avoir été mal prouvé, a été revoqué en doute! voici comment. Engagés par un zèle inconfidéré pour la réligion, ou par un amour-propre peu circonfpect, un Woodward, un Scheuchzer, et d'autres qui ne les valoient pas, prétendirent corroborer les paroles infaillibles du livre divin par des obfervations a demi-faites, dans un tems oü 1'étude de la nature encore au berceau étoit bien éloignée d'avoir fourni cette masfe de fruits dont la combinaifon peut feule mêner a 1'évidence. Scheuchzer même pousfa 1'enthoufiasme au point d'ofer calculer, par les pétrifications, la faifon de 1'année, le mois et, peu s'en faut, la date même de 1'inftant horrible qui anéantit tout être vivant fur la terre. La nouveauté de 1'application frappa la multitude, et fit nombre de profélites. A méfure que les difficultés fe préfentoient, on entasfa des explications, ou  C 159 ) ou les paroles tenoient lieu de bon fens; jusqu'a ce qu'enfin 1'accroisfement des connoisfances desfillat les yeux de quelques favans, qui ofèrenc voir la faus-* feté des preuves; mais ils allèrent trop loin, et confondirent les preuves et la chofe k prouver*. Mr. Deluc, convaincu de i'imposfibilité, de trouver dans le déluge la caufe fuffifante des fosfiles et de leur fituation, s'il fuivoit la route qu'avoient tenue fes prédecesfeurs qui ne voyoient que dans le feul déluge de Moyfe la caufe de toute revolution, fit imprimer il y a quelques années un ouvrage rempli de mille obfervations utiles (V), oü il coatbat vicïorieufement leurs fyftêmes. Mais en tra9ant une route nouvelle il tombe dans 1'ancienne erreur, car, après avoir démontré, que le déluge ne peut être la caufe efficiënte des phénomènes que nous offre 1'oryctologie, il cherche a prouver que le déluge en eft la caufe occafionelle; et par Ik, contipuant d'appliquer les preuves phyfiques au cataclysme facré, il confond deux époques que je compte prouver être tout-k-fait différentes. II eft donc facile k voir, que-, quoique les favans qui propofent le programme actuel aient interdit le refutation des fyftêmes, je fuis obligé de faire exception k cette règle pour celui de Mr. Deluc, fi; je veux établir mes preuves et démontrer deux grandes revolutions, trés diftinétes pour les effets et pour 1'époque, dont 1'une eft prouvée par nos livres faCO Deluc lettres phyf. et mor. fur Thiftoire de la terre et de 1'homme,, Par.. 2770.. 6 vol. 8v.o.  ( ito ) facrés, 1'autre par les faits nombreux dont je préfente la collection en parlant des fosfiles: d'ailleurs ce n'eft pas ici un fyftême proprement dit que je combats, mais feulement 1'explication que donne ce favant des phénomènes cosmologiques, qu'il a obfervés comme moi, mais dont il tire des conféquences tout-a fait oppofées aux miennes; or tous les argumens qui refutent les conféquences de Mr. Deluc font autant de preuves en faveur des miennes. Ausfi ne vois-je point de milieu en eeci; ou il faut adopter 1'explication que donne ce favant des phénomènes cosmologiques que nous avons obfervés tous deux, ou bien il faut adopter la mienne. Tout le fyftême de Mr. Deluc eft fondé fur la fuppofition que la terre seche d'aujourdhui étoit le fond, de la mer avant le déluge, et, que ce qui faifoit la terre habitée avant cette époque fait depuis lors le fond de la mer (f). J'avoue que 1'idée eft ingénieufe; mais par malheur elle contredit de point en point le recit de Moyfe. Je me bornerai a faire remarquer quelques unes des contradiétions les plus faillantes; dans I'imposfibilité de les réléver toutes dans un mémoire déja fans cela trop long. Ce qui me confole de cette reticence, c'eft que la feule confrontation du texte facré avec le commentaire de Mr. Deluc fuffira pour y fuppléer completement. En lifant le 7 et le 8 chapitre de la Génèfe, qui nous (5) Deluc lettr. phyf. t. V. part. 2. p. 630.  C I6-I > nous tracent le tableau du déluge en des couleurs ü vives, fi nous y joignons le 6., qui renferme les motifs de eet événement; pas une phrafe, pas un mot, ne nous y autorife a faire quelqu'exception, fi non pour 1'arche feule et ce quelle renfermoit; au contraire, presque chaque verfet eft une nouvelle preuve de 1'univerfalité abfoluë du déluge, non feulement quant a la furface de la terre, mais ausfi quant h tout ce quelle portoit. Chaque fois a peu-près qu'on y trouve le mot terre 1'épithète univerfa 1'accompagne toujours; et comme fi 1'étoit peu; cette même épithète accompagne encore le mot ciel lorsque Moyfe nous dit, que l'eau furmonta de 15 coudées les fommets des montagnes les plus élévées qui font fous le ciel J'ofe donc dire, qu'aucune circonftance n'eft plus fouvent repétée ni mieux avérée dans toute 1'hiftoire de la Bible que 1'univerfalité abfoluë du déluge. Si après cela il nous eft permis d'admettre, avec Mr. Deluc, des isles, ornées de végétaux, peuplées d'animaux et habitées même par des hommes, oü le déluge n'ait pas étendu fes effets, les faintes écritures deviendront d'orenavant un livre a toutes mains, une véritable cire fiexible a la quelle chacun donnera la forme qui conviendra le mieux a fes idéés et a fes inclinations. Ce n'eft pas feulement quant a la terre même que Tanden Teftament asfure 1'univerfalité du déluge; il étend cette univerfalité ausfi a tout ce qu'en portoit la furface, par conféquent aux végétaux ausfi bien X qu'aux  C 162 ) qu'aux animaux; puisque chap. 6. vs. 17. il eft dit Univerfa qua in terra funt confumentur: et chap. 7. vs. 4. delebo omnem fubftantiam quam feci, de fuperficie Je n'ignore pas, que plufieurs phyficiens, très-orthodoxes et d'un mérite recónnu, foutiennent, ausfi bien que Mr. Deluc, que les mots univerfa' et omnts ne doivent pas être pris ftrictement quant au déluge Ils s'appuient principalement fur ce qu'en plufieurs endroits la Bible emploie des paroles (0 qui rem" blent prouver, que les Hébreux, lorsqu'ils généralifoient en apparence leurs expresfions relativement a la terre entière, n'entendoient parler réellement que de la Paleftine, ou tout au plus d'elle et des pays voifins. Cette explication prouve feulement combien ceux qui 1'emploient ont été perfuadés de I'imposfibilité de concilier le fens litteral ftriae des paroles de la Bible avec les obfervations phyfiques: mais je fuis convaincu, qu'elle fera abandonnée, lorsqu'on verra que, fans donner aucune tournure forcée au recit de Moyfe et fans le contredire en aucun point, il exifte un moyen, de rendre raifon des grands phénomènes phyfiques, qui préfentoient une contradiction apparente avec la Génèfe, expliquée, comme elle 1'avoit été pendant qu'on ignoroit les obfervations qui ont un rapport fi vifible a 1'hiftoire du Globe. Te ne parlerai pas du chemin étrange que Mr. Deluc fait faire aux eaux de la mer! felon lui elles trans- (/) v. Entr'autres Gén. eb. 47. vs. 13. et Deut. ch. 3. vs. 25=  ( i6"3 ) transportèrent 1'arche fur les montagnes d'Arménie, une des isles qu'elles avoient déjk abandonnées lorsqu'elles allérent chercher. cette arche et remplir les cavernes de l'ancien continent, ce qu'elles ne pouvoient faire fans mettre a fee les flancs de ces montagnes. Je ne parlerai pas non plus de 1'adresfe de ces mêmes eaux, qui laisféfent 1'arche intaéte en fracasfant le fol qui la portoit! Mais je ne puis pasfer fous filence la pretendue végétation non fubmergée .que Mr. Deluc place fur ces montagnes, fur le penchant des quelles il fait repofer 1'arche, végétation, dont la première colombe lachée par Noë auroit du s'appercevoir; mais loin de la! elle revint nayant pu trouver oü asfeoir fon pied, puis que la terre étoit toute •couverte d'eaux! il eft vrai, que la feconde rapporta un rameau d'oü vier: mais cela prouve juftement, qu'il n'exiftoit pas encore de verdure a découvert lors de la première fortie. II devient donc inutile de demander, fi la fommité pèlée du mont Ararat, qui eft maintenant d'une ftérilité affreufe (V), étoit ausfi fertile alors que la fuppofe Mr. Deluc! mais il ne faut pas oublier, de remarquer, que la Bible dit fuper montes, ce qui indique le fommet et non pas le cóté; et que ce n'eft qu'après le repos de 1'arche, arrivé le 20. du 7. mois, que les fommets des montagnes ont paru le 1. du 10. mois. D'ailleurs fi 1'arche eut repofé fur le penchant de O) v. La défcription hideufe qu'en donne Tournefort dans fon voyage au Levant, 410. t. 2. p. 147. et fuivantes. X 2  C 164 ) de la montagne, comme le foutient Mr. Deluc, comment feroit-il posfible, qui Noë n'en eut pas appercu le fommet élévé et fee! Ce que nous venons de voir prouve déja fuffifamment combien fe trompe Mr. Deluc, lorsqu'il fak débarquer Noë avec fa familie fur 1'ancien fond de la mer au lieu de le ramener, avec le texte de la bible, fur la terre même qu'il habitoit auparavantl Son unique appui font ces paroles du chap. 6. vs» 13. de la Génèfe, et je les exterminerai avec la terre, et ego disper dam eos cum terra! S'il s'étoit contenté de donner aux mots avec la terre la fignification bien naturelle que leur ont donnée les interprètes, favoir, avec tout ce qui eft fur la terre (v), il eut évité tour tes les contradiftions avec la Bible dans les quelles il eft tombé, et il eut fans doute tiré de fes obfervations cosmologiques nombreufes ia même conclufion que je tirerai des miennes dans le chapitre füivant, Je ne m'arrèterai pas a une réfutation ultérieure de cette prétendue déftruction de la terre, qui repugne aux propres obfervations cosmologiques de Mr. Deluc, lorsqu'on les compare avec ce qui a dü fe pasfer lors de 1'enfoncement de fes cavernes, enfin qui repugne furtout au chapitre 2. de la Génèfe, oü Moyfe nomme 1'Ethiopie, 1'Asfyrie, le Tigre et 1'Euphrate, qui ont exifté avant et après le déluge. C'eft donc en vain que Mr. Deluc interprète en fa faveur ce pasfage de la Génèfe lorsqu'il prétend faire preuts) Voyez Bible de Sacy. Brux. 1723. i2tno. 1.1. p. 255. (w) Deluc lettr. pbyf. t. V. part. 2. p. 667,  C 165 ) prendre pour une naïveté caracléristicque de Fhlfloirien facré un pasfage, qui ne feroit qu'une contradiction de Moyfe avec lui même fi le fyftême de Mr. Deluc étoit fondé. IN'eft-il donc pas plus raifonnable, d'admettre une explication des phénomènes cosmologiques, qui, comme je ferai voir dans le dernier chapitre, laisfe jouir de fon plein droit notre conviftion phyfique, fans déroger èn rien a la foi qui eft due a 1'écrivain facré? perfonne ne peut fe faire plus que moi un dévoir fcrupuleufe d'admettre en tous fes points le déluge; mais je compte démontrer, dans les deux chapitres fuivans, que ceux, qui dans ce déluge trouvent la caufe de toutes les obfervations que nous préfente la furface du globe, confultent la réligiori mais n'écoutent pas la raifon. X 3 CHA-  C 166) CHAPITRE VII. Des Revolutions et des Changemens notables, arrivés ct la furface du Globe, dont on trouve les preuves dans les Fosfiles et dans leur fituation. Ï^Jous venons de voir les cataftrophes du globe dont 1'hiftoire, tant facrée que profane, nous conferve le fouvenir. Voyons maintenant les revolutions et les changemens, dont les preuves, indépendantes de toute autorité, font écrites en caractéres ineffacables fur la furface même du globe. Entre ces revolutions il en eft, dont les monumens parient un langage fi obfcur pour notre foiblesfe, qu'on n'a pu jusqu'ici en déchiffrer ni 1'époque ni 1'origine. Telles font toutes les roches primitives, qui nous difent feulement, qu avant elles il y avoit au-  C 167 ) autre chofe, mais fans nous dire quoi! Elles ne font donc pas fufceptibles de la démonftration rigoureufe qu'exige le programme; par confequent je me borne a les indiquer, en attendant que le tems et le zèle des obfervateurs puisfent déchirer le voile qui nous les a cacbé jusqu'ici, et nous apprendre un jour combien ces roches meïitent peu le nom de primitives. II eft d'autres revolutions, dont les traces font fi lifibles, qu'elles entrainent une certitude phyfique. II en eft même quelques unes, dont les'caufes font encore agisfantes, en dont les effets s'opèrent fous nos yeux. La plus univerfelle et la plus étonnante parmi les revolutions, dont les fosfiles fasfent foi, eft celle qui a tiré nos continens et grand nombre d'isles du fond d'une mer, qui les avoit couvert pendant une longue fuite de fiècles: revolution fur la quelle les fos-1 files ne laisfent pas le moindre doute. Quelque éloignés que nous foyons, de connoïtre en détail, comme nous le dévrions, 1'oryétographie de la terre entière, car k peine nous commencons k connoïtre comme il faut quelques parties de notre Europe, nos connoisfances fuperficielles nous en ont appris asfez, pour ne plus douter que, non feulement en Europe, mais ausfi dans les autres parties de la terre, tout fol qui n'eft ni primitif ni volcanique, renferme a des profondeurs plus ou moins confidérables des fosfiles accidentels» et par conféquent a fervi de lit a la mer. L'Eu-  C i<58 ) L'Europe nous offre partout des preuves de cette vérité; 1'Egypte et les cótes tant orientales qu'occidentales nous en fournisfent pour 1'Afrique; le Coromandel, la Chine et autres contrées en font autant a 1'égard de 1'Afie; — La chaine des Apalaches ou monts bleues, qui divife du fud au nord 1'Amérique feptentrionale, offre un lit immenfe et continu des fosfiles marins; tandis que la Cordelière des Andes, qui divife dans le même fens 1'Amérique méridionale, n'offre que des roches primitives, et des produits du feu, fans fosfiles accidentels partout oü elle eft volcanique. II eft de même des nombreufes isles Auftrales, qui font toutes volcaniques (V), tandis que, dans leur voifinage, les isles de la Sonde offrent des fosfiles accidentels partout oü elles ne renferment point de volcans. Tous ces fosfiles accidentels, tous les phénomènes qui les accompagnent, une grande partie même des fosfiles naturels attestent la revolution dont je viens de parler, et nous difent unanimement qu'elle n'a rien de commun avec le déluge de Noë, non plus qu'avec aucun autre déluge connu; toutes cataftrophes de peu de durée, et dans les effets, enfans du trouble et du désordre, ne peuvent refpirer que la confufion, tandis que j'ai démontré, dans les trois premiers chapitres, combien les fosfiles, dont j'invoque ici le témoignage, font fouvent éloignés d'offrir quel- (w) Forfter obferv. faites pendant le fecond voyage de Cook dans ï'nèmifphêre Auftral. t. V. p. 10.  C 109 ) quelque confufion ou quelqu'indice d'une caufe turbulente. Dans le premier chapitre, j'ai fait voir que, la vie exceptée, la terre et les fonds des mers offrent une même image. Même ordre, mêmes féparations, mêmes mélanges, mêmes accidens chez les dépouilles inanimées d'un cóté et chez les êtres vivans de 1'autre. Dans le fecond chapitre, oü j'ai pasfé en revue, avec toute 1'impartialité posfible, les fosfiles du regne animal, j'ai fourni maintes preuves, qui viennent a 1'appui du chapitre premier. J'ai prouvé, par 1'épaisfeur énorme des bancs d'huitre, des hélicites, et autres coquilles fosfiles, qu'il a falu, pour les produire, un trés-long lapfe de tems. J'ai démontré, que la plupart des fosfiles n'appartiennent nullement aux efpéces aujourd'hui vivantes, et que les regnes animal et végétal d'aujourd'hui font une génération nouvelle, et différente de celle dont les fosfiles nous ont confervé les dépouilles; tandis que Moyfe nous apprend, qu'avant et après le déluge les . mêmes animaux ont peuplé la terre. J'ai fait voir comment certaines efpéces marines fosfiles, fans distinction de lieux, affectent de vivre partout en familie, et comment certaines autres, malgré la différence de leur gravité fpécifique, fe trouvent entremêlées. En un mot, j'ai fait voir, par tous les phénomènes que les fosfiles préfentent a 1'obfervateur, que leur exiftence fous terre ne peut en aucune facon être attribuée au déluge de Noë. Y J'ai  ( i?Q > J'ai démontré, dans le même chapitre, que de tant de milliers de créatures humaines, péries par le déluge de Noë, on n'a découvert aucun veftige en terre, non plus que de leurs habitations: ce qui atteste, que la revolution, qui a enterré cette infinité d'individus du regne animal dont nous trouvons les fquelettes fi différens de ceux de la génération actuelle, ne peut avoir été le déluge de Noë, qui doit ne pas avoir enterré, mais feulement dépofé fur terre, les animaux, qui la peuploient,et dont la putréfaftion doit avoir effacé les traces, car nous n'en trouvons plus. Dans le troifième chapitre, fai prouvé, que les. analogues réels de tous, ou presque tous, les bois» plantes et fruits pétrifiés anciens, nous font ausfi ineonnus que les analogues de la plupart des animaux fosfiles; et que le petit nombre dont on pourroit, avec vraifemblance, asfigner les analogues, ne les trouvera que parmi les végétaux ausfi bien que parmi les animaux de la zone torride. Donc 3 n'exifte aucun mélange connu fous terre, d'animaux ou végétaux indigènes avec les inconnus ou les exotiques;, circonftance, qu'il eft imposfible d'expliquer par le déluge de Moyfe, qui auroit dü enterrer les indigènes, s'il étoit vrai qu'il en eut fait autant des exotiques. J'y ai prouvé encore, que les couches immenfes de végétaux fosfiles qui recouvrent nos houillères ,, loin d'avoir été transportées par le déluge, font nées inconteftablement dans les lieux mêmes oü nous les retrouvons, En  C W ) En efFet, n'eft-il pas évident, que cette quantité prodigieufe de végétaux d'une forme fi parfaite, qui recouvre partout les veines de houille, et dont la couche a fouvent plufieurs toifes d'épaisfeur, n'eft pas 1'ouvrage d'un déluge pasfager! il a falu des fiècles pour faire naitre pareils entasfemens; il en a falu bien d'avantage pour former ces couches fi épaisfes, fi étendues et fi nombreufes de houille! Tout ceci même ne fauroit être 1'ouvrage d'un déluge quelconque, furtout point de celui dont parle Moyfe! eut-il enlevé et enfuite dépofé en terre toute la végétation qui pour lors couvroit cette planète, il s'en faudroit encore beaucoup, qu'il y eut en la de quoi former toutes ces houillères et leurs couvertures végétales qui occupent une fi grande partie de la furface du globe (». L'eau étoit 1'agent du déluge; elle pouvoit amollir cette furface, en enlever les végétaux, mais point les rendre asfez péfans pour s'en aller au fond: ils devoient donc furnager fur cette masfe d'eau, oü un féjour de prés d'un an et un O) A mefure que l'on ofe étendre les recherches, les veines de houille femblent fe multiplier fous les mains avides du mineur audacieux. Notre Eurone fournit de ceci des exemples journaliers. Les trois autres parties du globe oü les entrailles de la terre font moins fouvent tourmentés, n'offrent point i'l eft vrai, fi généralement des veines connues de houille; mais plus d'une c'irconitance nous met en droit de croire, que par des fouilles plus fréquente* on n'v trouvera pas moins de houille qu'on n'en trouve en Europe. Tout le vafte empire de la Chine femble ne repofer que fur une couche de cette fubftance foslile; ü en eft a peu prés de même de celui du Japon. Perfonne n'ignore la quantité de houille qu'on a découverte en Amérique, oü 1'abondance des bois en a fait jusqu ici méprifer la recherche. Enfin 1'isle de Terreneuve et les terres de la bnye de Hüdfon prouvent, qu'il n'eft point de latitude, quelque grande qu elle foit, qui n'ait fa part de ce treft» fouterrain. ö Y 2  C *7* ) un ballottement continuel de voit les pourrir tous et convertir en terre. En fuppofant même, cöntre les loix de la nature, que ces végétaux, au lieu d'occuper la furface des eaux, oü leur légèreté de voit les conduire, fe foient tenus au fond; ou, qu'occupant cette furface, ils aient été préfervés de la putréfaftion, cette fin commune de tous les êtres organifés; comment la mer pouvoit elle les dépofer dans les lieux qu'ils occupent fans y mêler aucun des végétaux d'Europe, aucun fquelette des animaux, qui dans ce tems peuploient la terre, aucun même des innombrables corps marins que nous offrent partout les fosfiles accidentels, et qu'on pretend avoir été enfévelis par ce même déluge? comment furtout pouvoit-elle les enterrer dans ce bel ordre, dans eet arrangement parfait en couches fi minces et fi parallèles, oü nous trouvons dans les toits des houillères des plantes, très-étendues et d'une délicatesfe extréme, épanouies et déployées, mieux qu'elles ne le font dans nos herbiers artificiels compofés par les mains les plus habiles? il faut aimer 1'aveuglement, pour ne pas convenir que la mer, transportant par fes flots a des milliers de lieux ces plantes, auroit dü les entortiller, les comprimer, les entasfer de la facon la plus irrégulière et les entremêler de dépouilles animales fans nombre. Dans le quatrième chapitre, j'ai prouvé, que les fosfiles naturels font bien éloignés de fe trouver dans un état de création primitive; tous, fans exception, donnant les preuves les moins équivoques, qu'ils ne font  C l?3 ) font que des röproduétions ou des combinaifons nouvelles 'de matières, qui exiftoient avant fous des formes tout a fait différentes: j'ai prouvé, que les granits et les autres roches, nommées jusqu'ici primitives , ausfi bien que les filons, tant vrais que faux, que l'on voit dans ces roches, font dus a des revolutions, antérieures au féjour de la mer ancienne fur nos terres, et par conféquent beaucoup plus reculées dans la nuit des tems que la grande revolution attestée par les fosfiles accidentels. J'ai fait voir que les couches des fosfiles naturels riches en fosfiles accidentels ont été formées pendant un trés-long féjour de la mer ancienne fur les terres; que celles qui font dépourvues de fosfiles marins ont été formées en partie par transport, pendant le féjour ou pendant la retraite de la même mer, mais furtout après fa retraite par les dépots multipliés des eaux continentales; que les couches de fosfiles naturels, formées par 1'action du feu, ont asfez généralement pris naisfance pendant, ou peu après, le féjour de la mer ancienne fur les terres, et que par les couches marines qui les entrecoupent elles donnent une preuve convaincante, non du féjour d'une mer pendant un an, comme a été celui du déluge, mais d'un féjour qui a duré une fuite de fiècles. Enfin dans tous les chapitres précédens, j'ai fournï une multitude de preuves trés variées, dont fouvent une feule étoit fuffifante, pour démontrer évidemment qu'une revolution majeure, différente du déY 3 lu-  C 174) luge de Noë, a converti les mers en terres, en anéantisfant la génération, qui exiftoit alors, et qui différoit totalement de la génération actuelle. Quelque beau jeu que cette revolution puisfe offïir k 1'imagination qui cherche k en déviner la caufe, j'abandonne volontiers ce plaifir k d'autres, bien refolu de ne rien donner au hazard ni k la conjeóture, et de n'avancer que jusqu'oü me conduira le fiambeau de la certitude. Je me borne donc k asfurer la réalité incontestable de cette revolution, prouvée par tout ce que j'ai dit des fosfiles accidentels et confirmée par mes obfervations fur les fosfiles naturels. Je fuis bien éloigné de reclamer 1'honneur de cette découverte! les Eratofthène, les Straton, les Strabon, les Hérodote et autres favans anciens, enfeignoient déjk cette vérité; la revoquer aujourd'hui en doute feroit afficher un fcepticisme méprifable. Ausfi tous les vrais obfervateurs, frappés par 1'uniformité compléte des bancs marins fosfiles et des bancs marins vivans, font unanimes en ce moment fur la réalité de la revolution. Mais s'ils font d'accord fur 1'événement, ils ne le font pas de même fur 1'époque. Mr. Deluc, après avoir démontré victorieufement, combien fe trompent ceux qui font dépofer par le déluge les fosfiles accidentels fur les terres, fait disparoitre la terre ancienne, lors du déluge, et iubftitue au fol englouti Tanden fond de la mer. C'eft k dire que, contraint par fes obfervations nombreufes k avouer comme moi, qu'une caufe ausfi turbulente que  C 175) que Ie déluge ne pouvoit aucunement produire cette régularité et eet ordre qui regne dans les fosfiles accidentels; qu'un féjour de la mer pendant un an au plus fur les terres n'étoit nullement fuffifant pour donner naisfance a ces bancs d'huitres de 30 pieds d'épaisfeur, a ces couches immenfes d'hélicites, en un mot a ces amas énormes de différens fosfiles que toutes les circonftances prouvent être nés dans les endroits oü nous en trouvons les fquelettes et qui ont exigé des fiècles d'un féjour tranquille de la mer fur les terres; il a été convaincu, que les prototypes de tous ces fosfiles, au lieu d'avoir été transportés par le déluge et enterrés dans les endroits oü nous les voyons aujourd'hui, comme on prétend communément, ont pris naisfance, oü ils fe trouvent, pendant le trés-long féjour qu'y a fait Tocean. Jusque la tout eft vrai, tout eft conforme a la nature. II n'eft pas moins réel que, pour que nous puisfions rencontrer ces fosfiles en terre, il a falu que la mer abandonnat fon ancien féjour: mais lorsque ce favant asfigne 1'époque de eet événement, et qu'il veut la confondre avec ie déluge de Noë, il perd le fruit de toutes fes obfervations; et, au lieu de confirmer Moyfe, il ne fait que le contredire, comme je 1'ai démontré dans le chapitre précédent. La plupart des autres cosmologues modernes foutiennent avec raifon, que la revolution, dont il s'agit, eft due k une toute autre époque que le déluge J'ai moi-même démontré évidemment, dans le chapitre 16. de mon oryctographie, que le déluge n'a item  crien de commun avec les fosfiles accidentels: d'ailleurs j'ai fait voir au chapitre précédent com.bien 1'opinion de Mr. Deluc eft mal fondée; j'ai prouvé ailleurs, par les bancs et la fituation régulière des coquilles fosfiles, par leur réunion en familie, par la confervation parfaite des productions marines fosfiles les plus délicates &c, que nos fosfiles marins ne font nullement dus a des transports et qu'ils ont été enfévelis dans le lieu même oü ils vivoient! Mais fi les argumens, dont j'ai fait mention en parlant des fosfiles accidentels, pouvoient ne pas encore paroitre tout-a-fait concluans, une foule d'autres eft prête a s'y joindre. C'eft ainfi que les cótes renferment en mille endroits des fosfiles marins, dont les mers voifines n'offrent pas un feul analogue; ce que ni le déluge ni les transports n'expliqueront jamais. C'eft ainfi que l'on trouve des bancs entiers de cornes d'ammon, de bélemnites, d'anomies, de trochites, et d'autres efpéces fosfiles, vers le milieu des continens, fans en rencontrer le moindre indice parmi les fosfiles des cótes oü ils eusfent dü nécesfairement pasfer, fi la mer les eut transportés dans les lieux qu'ils occupent. C'eft ainfi que, fans fuivre aucun ordre de gravité, certains fosfiles affectent régulièrement la compagnie de certains autres, et fe trouvent par préférence en certains pays. Enfin c'eft ainfi qu'on ne trouve aucune pétrification humaine; qu'on trouve tantót des végétaux, tantöt des osfemens, fans mélange de coquilles; et qu'on voit tant d'e-  C m) d'efpèces parmi les fosfiles dont l'on chercheroit en vain les analogues parmi les êtres vivans. II eft donc inutile de m'arrêter d'avantage a prouver une revolution bien différente du déluge de Noë, atteftée par tant de phénomènes, dont j'ai parlé a. leurs places, et qui n'eft plus disputée de nos jours que par la plume de 1'ignorance ou de 1'entêtement. Quelqu'évidente que foit la revolution qui a converti le lit des mers en terres, fa caufe eft fort obfcure pour nous. Plufieurs favans ont accufé le changement de 1'axe de la terre; d'autres ont fuppofé que le mouvement naturel diurne de cette planète en a changé la forme; d'autres que le même mouvement de rotation diurne, par fa cesfation, en a bouleverfé la furface; d'autres en difent autant de 1'accélération de ce mouvement; grand nombre ont foutenu, que 1'enfoncement d'immenfes cavernes a englouti les mers anciennes. Je ne dirai rien de ces hypothèfes, dont aucune ne repugne a la posfibilité, mais dont aucune ausfi n'eft fondée fur les faits. II eft une autre opinion, qui ne s'appuie que fur les faits; c'eft celle qui accufe la diminution des eaux de la mer. Mais malheureufement 1'opinion contraire s'appuie également fur des faits, qui ne font ni moins nombreux ni moins concluans (j). Peut être que la postérité verra plus clair dans la caufe et 1'époque de cette revolution: probablement trouvera-t-elle ausfi les preuves de plufieurs revolu- ti- 00 v- Journ. de phyf. introd. t. I. p. 5. z  C 178 ) tions, dans ces mêmes fosfiles des quels nous nV vons jusqu'ici fu en déduire qu'une feule bien distinctement, dont plufieurs phénomènes mêmes font encore autant d'énigmes pour nous. II eft vrai que, fi nous n'avons pas fait plus de progrès en cette carrière, nous ne devons en accufer que nous mêmes et notre empresfement k tout expliquer. Attachons nous k bien voir, k bien interroger la nature, accumulons des faits, et les explications viendront fe préfenter d'elles mêmes. Au moins n'ayons jamais, la prérention. dangéreufe defaire pasfer nos conjeétures pour des démonftrations en les étayant d'une multitude de raifonnemens captieux; foyons de bonne foi, n'outrepasfons jamais les limites de la vérité; et fachons garder notre ignorance quand nous pouvons la motiver. Telles font les régies, que je me propofe dans 1'examen que je vais faire des phénomènes qui ont du rapport k la grande revolution. J'y distinguerai fcrupuleufement les vérités, que démontré 1'obfervation, des probabilités, des conjectures et des doutes, que |e ne propoferai que comme autant de questions k décider par les favans. Lorsqu'on repasfe en détail les phénomènes fosfiles qui femblent faire partie de la grande revolution r on eft furpris, après avoir trouvé la démonftration la plus compléte de celle-ci, de pouvoir fi difRciiement par fon moyen rendre raifon de plufieurs faits fubalternes, tandis que la plupart des faits reftans offre une explication ü facile. Mais fommes nous bien  C 179 ) kien asfurés, que tout ce que nous préfente la géographie phyfique, même dans les fosfiles accidentels, eft dépendant de Ja revolution générale? II eft bien apparent que non: puisqu'entre les phénomènes, fur les quels je ne puis prononcer, j'en connois une multitude qui ne font dus qu'a des époques antérieures ou postérieures, et a des caufes bien différentes. Voici donc. mon fentiment fur les principaux d'entre les phénomènes. Les bois pétrifiés, les phytolites, les carpolites, quelquefois en compagnie avec des coquilles et autres production marines; mais furtout les bois taraudés fosfiles, prouvent évidemment que la mer ancienne ne couvroit pas la terre entière, mais qu'il y avoit foit des isles foit des continens qui produifoient ces végétaux. Les tortues fosfiles, et les autres amphibiolites, qui ne peuvent fe pasfer longtems de terre, confirment cette obfervation. Je puis en dire autant de ces osfemens nombreux, qui forment des bancs entiers; car quoique leur forme pourroit laisfer en doute, comme le prétendent certains favans, s'ils ont appartenu a des animaux marins ou k des quadrupèdes terrestres inconnus, lorsqu'on confidère qu'il ne fe trouve point de production marines parmi ces osfemens (V), on ne peut fe refufer de les regarder pour les dépouilles d'animaux terrestres inconnus (a). Cette même abfence des (a) Efper défcrïption des zoolites, p. 89. (V) Surtout s'il eft vrai, comme 011 asfure, que dans Ie cabinet de SaxeWeimar il y a maintenant un fquelette entier de i' incognitum de Gailenreuth, défigné fous la nom de pfeudo-urfus. Z 2  ( i8o ) des produftions marines prouve, que ces osfemens n'ont pas été enfevelis par la revolution générale qui a enterré les autres fosfiles; ce qui paroit fe confirmer parcequ'on ne les trouve que dans une efpèce de bancs calcaires, ou plutót gypfeux, dont 1'origine eft furement postérieure, et due probablement h une revolution, foit générale foit particulière, mais différente de la grande revolution que j'ai démontrée, ausfi bien que du déluge. Quant aux os monftrueux de 1'Ohio, de la Siberië, et d'autres endroits, je ne puis jusqu'ici en tirer d'autre conféquence, fi non que ce font trèsprobablement autant d'efpèces perdues. Les restes fosfiles des éléphans et des rhinoceros forment un argument puisfant en faveur du changemens des climats ; puisqu'on les trouve disperfés dans différentes parties d'Europe, même au desfus des couches qui attestent notre grande revolution preuve que les animaux dont ils viennent y étoient indigènes: or il eft démontré par 1'obfervation conftante, et par les expériences exacfes de Mr. de (£) Mr. Camper fils, m'a asfuré, que, lorsque Ia digue de 1'Alblasferwaard a été percée, on y a découvert un fquelette entier d'un éléphant, qui avoit, felon fon eftimation, 16 pieds de longueur. Depuis peu des pêcheurs ont attiré par leurs filets, du fond de la rivière a deux lieues de Louvain, une tête fosfile trés grande d'éléphant. Au fommet de la montagne bafaltique d'Unckel, dans une croute terreufe, on a trouvé, felon le témoignage du même Mr. Camper fils, des osfemens du rhinoceros Afiatique, c'eft a due de 1'efpèce qui ne porte quTune come. Ces faits et nombre d'autres du même genre prouvent, que la revolution, & la quelle nous devons les reftes fosfiles des éléphans et des rhinoceros, eft très-probablement poftérieure a cette grande, que nous attefte la masfe de la plupart des fosfiles accidentels et fur la quelle je compte a n'avoir laisfé aucun doute dans eet ouvrage.  ( i8i ) de Nulle (V), que ce qui empêche les animaux indigènes des climats chauds, comme font les éléphants et les rhinoceros, de propager en Europe, c'eft furtout le manque de la chaleur nécesfaire; donc notre climat a été beaucoup plus chaud autrefois. Toutes les explications de ce phénomène cosmologique des os d'éléphans et de rhinoceros fosfiles, que Mr. de Buffon et les autres cosmologues ont données jusqu'ici, me deplaifent également. J'avoue même, que je n'en ai aucune a y fubftituer qui me fatisfasfe complétement. Une des plus naturelles fembleroit être celle, de fuppofer que la grande revolution anti-diluvienne a laisfé entières quelques parties de la terre ancienne oü la race de ces grands quadrupèdes a pu fe conferver. Mais un point, qui m'embarasfe dans cette explication, eft pourquoi nombre d'autres races de quadrupèdes, dont nous retrouvons les osfemens fous terre, ne fe font pas confervés de même. Peut être pourroit-on foutenir, que la resfemblance des osfemens n'eft pas une preuve abfolument infaillible de 1'identité des efpéces, vü que rien n'empêche qu'une même forme de charpente ne puisfe être appropriée a des édifices extérieurement trésdifférens! mais j'aime mieux croire que les éléphans et les Rhinoceros fosfiles font dus a une revolution plus moderne. Quelque foit 1'explication qu'on appliquera a ce phé- (c) v. Journ. de phyC t. XIV. p. 153;. Z 3  ( 182) priénornène, la confervation des parties molles du rhinoceros trouvé en Sibérie, dont parle Mr. Pallas, prouve, que la revolution a la quelle nous devons ce fquelette n'a pu être que prompte et fubite, pour que le climat de Sibérie, asfez chaüd pour nburrir de tels animaux, ait acquis a tems lé dégré de froid, necesfaire a la confervation des parties molles. A moins qu'on ne veuille récourir a la fuppofition invraifemblable, que ce rhinoceros auroit été améné en Sibérie par les Tartares, chasfés de la.Chine, ou du tems de Genghiskan. J'ai démontré, dans le chapitre 2, que le petit nombre de produétions marines fosfiles, dont nous connoisfons les analogues, ne les retrouvent que dans les mers des Indes. Elles concourent donc avec les éléphans et les rhinoceros, dont nous venons de parler, et avec les bois et les fruits pétrifiés dont on ne retrouve de même les analogues qu'aux Indes, a établir le changement du climat, comme je compte favoir démontré fuffifamment, dans mon oryctographie de Bruxelles. J'en dis autant des phytolites anciennes, et des veines de houille, qu'il eft probable que nous leurs devons: voila donc bien des fosfiles accidentels, qui attestent, que les cantons, oü on les trouve Jiors de la zone torride, jouisfoient autrefois d'un climat au moins ausfi chaud que celui de cette zone. Les obfervations et les perquifitions les plus exactes, que j'ai faites en un trés-grand nombre d'endroits oü l'on exploite des veines de houille,,ne me lais-  laisfent plus aucun lieu de döüter, que'Ia naisfance des houillères ne foit en général antérieure au féjour de Ia mer fur les terres 'qui a précedé immédiatement la grande revolution: puisqu'on trouve presque partout plus ou moins de couches marines au desfus des couches de grais et de pierres marneufes qui recouvrent immédiatement les veines de houille. Non feulement lés houillères nombreufes des Pays-bas fournisfent fouvent des exemples de telles couches formées de coquilles, mais le pays de Hanovre offre même'un exemple, dans les houillères d'Osterwald„ d'une couche de turbinites et de cochlites en compagnie avec des encrinites. Dans les Pays-bas, cette couche coquillère forme la plus profonde de celles que les houilleurs y défignent fous le nom de terres mortes: elle y eft mêlée dans un asfemblage de gravier et d'asfez gros cailloux roulés, le tout formant une efpèce de poudingue, qu'on appelle le tourteau, qui resfemble asfez bien aux gateaux de colfat et qui charrie de l'eau. Elle eft recouverte d'une couche de glaife fine et tenace, d'un bleu verdere, qu'on appelle dieve: celle-ci d'une glaife compacte, mêlée de fable que, pour fa couleur, on nomme le bon bleu:. vient enfuite un poudingue de cailloux roulés, qui charrie de l'eau: après fuit une couche de marne compacte, qu'on appelle le faux bleu: celleci eft couverte par une couche de pierre a fufil, qui char rie ausfi de l'eau:. plus haut fe trouve une couche ée craië, qui manque quelquefois: enfuite une couche de marne d'un jaune blanchatre: enfin le fable et 1'ar-  C 184 > 1'argile, feuls ou mêlés, occupent les couches de la fuperficie du lol. II eft a remarquer, que la plus profonde de ces couches, nomraée le tourteau, qui renferme les coquilles fosfiles, eft d'une épaisfeur trèsirrégulièré, quelquefois n'allant tout au plus qu'a un pied, d'autres-fois furpasfant les 15 toifes. Lorsqu'elle eft - mince, elle ne renferme point, ou au moins trés peu, de corps marins; mais lorsqu'elle eft épaisfe, elle en renferme une infinité. Ce font ces épaisfeurs, qui, ont férvi a remplir en grande partie les inégalités de Tanden fol. Toutes ces couches mortes font plus ou moins horizontales, et fuivent la direction de la furface du terrain. Au contraire les couches qu'elles couvrent, telles que celles de la houille, de fes toits et fes murs, font toutes inclinées du nord au fud et fe perdent dans la profondeur. II y a cependant une exception k faire k cette régie, au fujet des extrémités des veines de houille les plus au fud, qui ont une inclinaifon directement contraire, favoir du fud au nord. Mais les têtes de ces veines ne font autre chofe que le retour des veines, qui ont leur tête au nord, et qui vont resfortir au jour vers le fud. Je ferai voir, dans le dernier chapitre, combien cette obfervation eft intéresfante relativement k Tancienneté et aux revolutions du globe: j'ajouterai donc feulement ici, que toutes les couches mortes réunies forment, felon la différence des cantons, une épaisfeur qui varie depuis 7 oü 8 toifes jusqu'a 60. J'ai  C 185) J'ai démontré que les houillères, dont le toit eft rempli de végétaux, ne font qu'un amas des plantes de 1'ancien fol, plus grasfes encore certainement que celles de nos tourbières modernes; car les plantes des pays chauds abondent plus en huiles. Cette tourbe antique une fois formée et ayant cesfé de croitre par le manque d'humidité, les débris des végétaux qu'elle renfermoit fe font décompofés; une végétation ordinaire, s'y eft établie, comme il arrivé dans celles de nos tourbières dont la furface forme des prés: les chofes étant dans eet état, les eaux de la mer ou des rivières ont pris leur cours par ces antiques prés, elles ont renverfé les végétaux qui étoient fur pied, et qui font ceux dont nous retrouvons les empreintes confervées dans les matières terreftres, que les eaux y dépofoient après s'en être chargé ailleurs. A mefure que les dépóts fe font accrus, la couche de tourbe ancienne a été plus comprimée; jusqu'a ce que, toute 1'humidité fuperflue en ayant été exprimée, elle ait acquis la fécheresfe et la dureté que nous offre la houille. Si l'on s'eft fait une idéé jufte de la posfibilité de 1'origine végétale d'une feule couche de houille, on n'aura pas de peine a concevoir également la posfibilité de la formation de plufieurs veines de houille, alternatives avec la roche qui les fépare et qui ne fera en ce cas que le dépot même, dont l'eau aura couvert 1'ancienne tourbière, devenu pierreux après avoir fervi de fol a la formation d'une nouvelle tourbe, et ainfi de fuite, jusqu'a la couche fupérieure: Aa com-  ( 186) comme on le voit, a Fendurcisfement prés, dans nombre de tourbières modernes. Comme nous trouvons en Hollande et ailleurs des tourbières, qui ne font formées que par des" transports, ou qui ont coulé vifiblement, je penfe, qu'il eft ausfi des houillères, formées par 1'ancienne tourbe, dout les eaux fe feront emparé dans leur chemin, et quelles auront dépofée fur un fol qui lui étoit étranger. Les poisfons, qui femblent devoir fi naturellement jouer un role dans une revolution oü il s'agit des eaux, ne laisfent pas de caufer beaucoup d'embarras aux cosmologues. La raifon en eft, qu'on veut les ranger tous enfemble et les attribuer a une même époque. Avec les poisfons marins fosfiles il n'y a point de difficulté; il eft facile a comprendre que les fquelettes des poisfons, balottés par la mer n'ont pu longtems refter entiers, mais que leurs différentes parties, trop foiblement liées, ont été féparées, tant par la putréfaction des ligamens, que par 1'agitation de la mer même, qui les a enfuite dépofé pêle-mêle avec des coquilles et autres produftions marines. Quant aux poisfons de mer, qui vivoient au moment de la cataftrophe, il eft tout naturel de croire, qu'ils ont fuivi leur élément: ausfi en retrouvons nous la plupart les analogues. En fuppofant même que, lors de fa retraite, la mer eut abandonné quelques poisfons entiers, foit morts foit vifs, a terre, la pourriture, et les eaux des rivières furvenues, ont dü  C 18;) dü les éparpiller également. II ne faut donc pas efpérer, d'en trouver jamais beaucoup d'entiers parmi les fosfiles: d'oü il s'enfuit évidemment, que ces couches de pierres fisfiles, qui renferment un fi grand nombre de poisfons non mutilés, ne tirent point leur origine de la mer, mais qu'ils la doivent a des eaux tranquilles. La forme même des poisfons, plus approchante de celle de nos poisfons d'eau 'douce, de voit êéjk faire foupconner ceci: mais leur peu d'analogie avec les poisfons modernes d'eau douce, et le manque de produétions marines dans les couches .oü on les trouve, font des phénomènes qui prouvent, que leur enterrement eft d'une époque différente de celle des végétaux dans nos tourbières, et de celle de la grande revolution'prouvée par les fosfiles accidentels, autant qu'elle eft différente du déluge de Noë. Voila donc au moins quatre revolutions du globe, plus au moins confidérables, dont trois font atteftées par différens fosfiles accidentels, et la quatrième par 1'écrivain facré; a moins que cette dernière ne coincide avec celle de certaines tourbières; mais comme elle ne peut coincider avec toutes, ma propofition reftera toujours vraie dans un fens. J'avoue, qu'il eft posfible, de trouver également des poisfons de mer- non mutilés, renfermés dans des couches fisfiles; mais, ce ne fera que dans des endroits ou le terrain formoit un basfm naturel, et oü la mer en fe retirant a laisfé des lacs filés. Dans les lieux élévés furtout, ces lacs n'auront pu fe dés* Aa 2 fé-  ( i88 > fècher fitot, vu la quantité d'eau que fournisfent fans cesfe les nuages aux montagnes. La mer Caspienne nous offre un exemple remarquable de cette vérité, par la multitude innombrable de poisfons marins, qu'elle nourrit, et dont elle enrichit, non feulement une partie des peuples qui habitent fes bords, mais ausfi une bonne partie de ceux qui font établis le long des rivières que recoit cette mer méditerranée. Ce font ces rivières qui, par leurs eaux, entretiennent 1'exiftence de la mer Caspienne, dans une proportion jufte entre la perte que lui caufe fans cesfe Tévaporation et 1'acquifition qu'elle fait par les eaux courantes. Sans cette évaporation, nous verrions très-probablement des lacs filés en mille endroits; mais n'étant "pas nourris de même par des rivières, ils fe font , désfèchés. Leur fel a contribué, plus qu'on ne penfe, a la formation de certaines mines de fel ; quoique d'autres probablement aient déja pris naisfance fous les eaux de la mer ancienne même. Voici la facon, dont je concois Ia posfibilité de Ia formation des bancs poisfonneux de pierre fisfile: Je fuppofe un étang, ou un lac peu profond, établi fur un fol uni et de niveau, peu importe qu'il ait été formé par les eaux pluviales accumulées ou par le débordement d'une eau courante voifine. Je fuppofe de plus cette masfe d'eau peuplée de poisfons. Survient une fêcheresfe, asfez longue pour évaporer cette eau, qui déviendra bourbeufe, tant par  C 189 ) par révaporation même, que par Ia pousfière continuelle, que les vents y dépoferont des terres voifines devenues pulvérulentes par la fècheresfe. Les poisfons, a mefure que leur élément commencera k manquer, Ianguiront dans la fange, y périront et y resreront enfévelis, jusqu'a ce qu'une eau nouvelle furvienne, qui applanira le fol. De Ik ces couches fi unies et fi horizontales. Si cette nouvelle eau vient de quelque ruisfeau ou rivière poisfonneufe voifine, voila le lac repeuplé: fi elle vient par les pluies, elle ne tarderoit pas pour cela de fe peupler de même, s'il étoit vrai, comme certains favans foutiennent, que les ceufs des poisfons fe confervent fains pendant des années fur le fol des étangs désfêchés 00. En fuppofant dans notre lac de telles alternatives d'humidité et de fècheresfe en nombre fuffifant, on pourra fe former 1'idée d'une carrière, ausfi épaisfe qu'on voudra, de pierre fisfile poisfonneufe, qui aura. enfuite été couverte par des dépots, de la même facon, que je crois qu'ont été couvertes les houillères. Je ne puis jusqu'ici me former aucune idéé fatisfaifante fur 1'exiftence des poisfons d'eau douce dans des milliers d'endroits, autrefois couverts par la mer, et j'invite les phyficiens k ne pas négliger les obfervations qui pourront avoir quelque rapport avec ce phénomène fingulier. La (V) v. Marivetz phyfique du monde t. I. p. 235. et quelques obfervations relatives a ceci dans le journal de phyfique. Aa 3  C 190 ) La mer n'a-t-elle peut être pas toujours été falée? ces poisfons tirent-ils leur origine des poisfons de mer ou de quelqu'autre efpèce d'animaux transformés en poisfons d'eau douce? ou bien, devrons nous croire, que les fommités des grandes chaines de montagnes, oü nous ne voyons aujourd'hui que des roes nuds, étoient autrefois des isles arrofées par des eaux douces, lorsque la mer ancienne dominoit tout le refte? dans 1'un et 1'autre cas, les eaux ont-elles entrainé avec elles fous terre, ou bien les vents ou les oifeaux pêcheurs ont-ils transporté les ceufs des poisfons, pour peupler ces eaux méditerranées oü aucune eau courante ne fe décharge, p. e. ce merveilleux lac de Czirknitz, qu'on voit fouvent dans une même année, après avoir nourri des multitudes de poisfons, renvoyer fous terre fes eaux avec leurs habitans, fe fêcher complétement, et fournir aux cultivateurs des moisfons abondantes, et une retraite commode au gibier, qui dans peu fera re? duit a fon tour a céder la place aux habitans des eaux (V)? Mais alors comment rendre raifon pourquoi', excepté le capitaine, aucun poisfon n'a pu pénétrer dans les eaux de la plaine, fi étendue, de Santa-Foé de Bogota en Amérique (ƒ)? Le manque abfolu de pétrifications humaines (g) ré» (e) F. A. Steinberg, grundliche nachricht von der Czirknitzer fee. Laybach 1758. 4:0. fig. (ƒ) Journ. de phyf. t. XXVIII. p. 321. 00 Je viens d'apprendre que le prétendu crane humain pétrifié du cabinet de Bonn, n'eft qu'un crane maladif dont les os font dévenus d'une épaisfeur enorme; elle resfemble & la figure de d'argenville: on trouve deux cas pareils dans Malpighi opera poith'.  C 191 ) réelles, parmi les fosfiles accidentels fi nombreux et dont les efpéces font IVvariées, prouve que, fi nos continens exiftoient avant que la mer ne les couvrit, ils n'étoient point peuplés par des hommes; non plus que les parties de notre continent que la mer k épargnées pendant fon long féjour. Temoins les osfemens nombreux des quadrupèdes et les végétaux, que ces parties fêches ont portés et qu'on trouve fosfiles, même quelquefois avec des corps marins. Et comme j'ai démontré, que les os humains ne font pas moins fufceptibles de fe conferver fous terre que d'autres os que nous y trouvons, le manqüe de pétrifications humaines prouve, ausfi bien que le manque abfolu de tous débris des villes antidiluviennes, que le déluge de Noë n'a pas enterré les fosfiles accidentels, parmi les quels nous eusfions dü rencontrer les vestiges des peuples nombreux que le déluge a fubmergés, s'il étoit vrai, que nous lui dusfions les autres fosfiles accidentels: car j'ai prouvé, dans le fixième chapitre, que la terre que nous habitons eft la même avec celle que Noë habitoit avant cette cataftrophe. Comme on ne connoit point d'ornitholite avéré, jusqu'ci, on pourroit foupconner que le monde ancien manquoit d'oifeaux comme il a manqué d'hommes: a moins que l'on ne fuppofat que leurs ailes les ont fouftraites a l'action des eaux qui enterroient tout le refte. Mais cela rend-il ausfi raifon pourquoi la terre ne nous offre nulle part au moins quelques parties des oifeaux dont la mort devroit lui avoir confié les cadavres? Ce  C 192 > Ce qui eft certain, c'eft que de la multitude innombrable des volatiles de toute efpèce, qui ont péri par le déluge et dont 1'arche nous a confervé la race, aucun fquelette n'a été découvert jusqu'ici en terre, quoique leur confervation n'y fut nullement plus difficile que celle des poisfons, des étoiles de mer, des plantes et autres corps mois, que nous trouvons fosfiles. Nouvelle preuve bien évidente, de deux cataftrophes tout-a-fait différentes, qui eft encore confirmée par le manque d'infectes pétrifiés analogues aux vivans. L'abfence de toute pétrification humaine et de tous débris de batimens parmi les fosfiles accidentels prouve donc, qu'au moment de la grande revolution les hommes n'habitoient pas encore la terre. Les cloux de INicé et la clef de Montmartre appartiennent a des revolutions arrivées dans d'autres époques. Mais la hache de pierre de jade, trouvée prés de Bruxelles, en dit tant d Fhomme qui pen fe, comme je 1'ai remarqué dans mon oryctographie, que je ne puis que regretter beaucoup, qu'elle foit le feul monument de cette efpèce découvert avec fattention requife, que nous aient fourni les fosfiles jusqu'ici. Si l'on en découvre du même genre, également placés parmi les produftions des Indes ou parmi les inconnues, fans découvrir des osfemens humains, il en naïtra un foupcon bien fondé en faveur de ceux qui, comme Mr. Engel, foutiennent, qu'avant 1'exiftence des hommes la terre doit avoir été peuplée par des êtres intelligens, qui doivent même avoir été plus adroits que  C 193 ) que ne le font nos fauvages d'aujourd'hui, dont les haches de pierre font bien éloignées d'approcher de la perfection de celle-ci. La nature même de la pierre, fi différente de toutes les pierres connues de 1'Europe, m'a donné une jufte raifon de foupconner, que les couches inférieures de notre fol, avant d'être couverts par celles que la mer et les rivières y ont dépofées, peuvent avoir fourni a fes habitans des pierres pareilles a celles des Indes. Bien plus; les osfemens fosfiles fans nombre, d'animaux dont les efpéces font comptées parmi les perdues, apprennent que, fi la terre ancienne manquoit d'hommes; elle n'étoit probablement pas déferte pour cela, mais peuplée par des animaux dont il ne nous eft pas donné jusqu'ici de déviner ni la forme ni les facultés, puisqu'aucun entre les favans n'ofe feulement en déterminer 1'efpèce, et que ceux qui ^ veulent être plus hardis que les autres font des conjectures fur ces os qu'ils féroient beaucoup mieux de ne pas rendre publiques. C'eft ainfi qu'un favant, que je refpecte trop pour le nommer ici, nous donne la défcription d'une mdchoire, trouvée parmi les pétrifications marines de Montpellier, et qui felon lui doit avoir appar tenue d un lion, un ours ou un tigre: trois efpéces de quadrupèdes, dont les machoires doivent lui avoir parues foit resfemblantes entr'elles; puisqu'il nous laisfe le choix de 1'analogue avec fa machoire fosfile. Et pourquoi tous ces efforts? Pour prouver qu'il fe trouve des animaux. terrestres B^ fos-  C 194 ) fosfiles, analogues aux vivans, mêlés parmi les animaux marins fosfiles: preuve qui n'eft pas bien facile (H)i Ce que je puis dire avec certitude, c'eftque, fi la hache de Bruxelles doit fon exiftence aux animaux dont nous trouvons les os fosfiles, ils doivent ne pas avoir été fi brutes que nous paroisfent leurs osfemens. Au refte je propofe ces conjectures fans y attacher aucun poids, et plutöt pour faire voir ce que nous ignorons que pour prouver que nous favons quelque chofe. Je préférerai toujours avouer mon ignorance, que fuccomber au fol défir de convaincre les autres de ce dont je ne fuis pas convaincu moi-même. Quant a ces critiques peu charitables, qui prétendront me faire un crime de ce que j'ofe foupconner, avec la plupart des phyficiens modernes, la posfibilité de 1'exiftence d'êtres intelligens avant la création d'Adam, je ne puis qu'abandonner au jugement de la poftérité leur cenfure; qui fera d'autant plus déplacée, qu'avec tous leurs fophismes ils ne pourront jamais nier, qu'il n'ait exifté une terre peuplée d'êtres nombreux avant les 7 jours de la Génèfe; puisque j'ai démontré inconteftablement une révolution majeure, différente du déluge de Noë, et attestéepar tous les fosfiles. Or cette révolution, felon les livres facrés, n'eft pas arrivée depuis Adam jusqu'k Moyfe, et nous fommes asfurés qu'elle n'eft pas arïivée depuis; donc elle eft arrivée avant la création- d'A- (F) Si elle 1'étoit, le grand anatomifte Camper ne tarderoit pas d'asllgner les ïnalogues de trois têtes fosfiles entières de Gailenxeuth qu'il posfèdx,.  ( ïP5 ) «TAdam; donc avant lui il exiftoit des créatures vivantes dont la révolution nous a confervé les reftes» Celui, qui s'aviferoit de m'accufer de préadamitisme, pour avoir prouvé qu'avant Adam la terre avoit déja porté des êtres vivans, peut-être même intelligens, ne feroit pas honneur k fa manière de voir les chofes; non feulement mes démonftrations ne viennent pas a 1'appui des préadamites, mais elles leur font même direétement contraires, vu qu'elles prouvent, que, lors de la grande révolution, il n'y avoit point de créatures humaines: donc, avant Adam, elles ne reconnoisfent point des hommes; ce qui eft bien différent de ce que foutiennent les préadamites. Ausfi dans le fyftême, que j'établis fur les révolutions du globe, Adam reste notre premier père, tout comme dans le fyftême, qui n'admet d'autre révolution que le déluge de Noë. On ne feroit pas mieux fondé a dire, que la révolution que j'ai démontré repugne a la chronologie de Moyfe. Bien loin de contredire eet écrivain facré, je ferai voir, dans le chapitre fuivant, que mes asfertions font tout-a-fait conformes a fes paroles, et rendent intelligibles les deux premiers verfets de la Génèfe, qui ont tant exercé les interprêtes. Je me borne en ce moment a ce peu de paroles, pour mon apologie contre ceux, qui fe font un dévoir decondamner, fans examen, tout ce qui femble repugner k leur opinion; et je me hate de retourner k mon fujet, pour préfenter encore a la favante fociété quelques reflexions, fur les fosfiles, dont, avec Bb 2 le  C 196 ) Ce tems, on pourra probablement tirer des conféquences relativement a la théorie du globe et -a fes revolutions. Plus j'ai étudié les coquilles fosfiles, plus je me fuis convaincu que la plupart de leurs noyaux le font formés dans la mer mème. De la vient, que les grands noyaux en renferment fi fouvent nombre de plus petits: de la vient ausü, qu'entre toutes les coquilles fosfiles les vis ont Ie plus fréquemment leur noyau formé de pierre cornée fine; parceque la petitesfe de leur bouche les ayant empèchées de fe remplir dans la mer, elles fe font enfuite remplies en terre, par infiltration., d'une matière plus délicate. En combinant les lieux les plus bas avec les montagnes les plus élévées, oü on ait trouvé jusqu'ici des fosfiles accidentels, il s'enfuit déja que la mer ancienne avoit au déla de 2300 toifes de profondeur.Mais, en confidérant 1'élévation étonnante du lit de la mer ancienne vers le fommet des Alpes, d'oü il alloit en descendant jusqu'a. nos cótes actuelles, oü en -certains endroits il eft confidérablement plus bas que la furface de la mer d'aujourd'hur, qu'il me foit permis de demander aux favans, quelle pouvoit être M forme de notre planète, lors du féjour de la mer ancien^ 11 e fur nos continensV et furtout quelles ètoient les cótesqui bornoient c.tite mer? ...Une des remarques les plus intéresfantes, que }*aie faites dans le cours asfez long de mes études oryetographiques, et qui femble devoir nous mèner k quelque chofe, c'eft que le nombre des fosfiles ac- ci-  c m) ddemelsy tant du regne animal que du végétal, dont nous pouvons foupconnér les analogues ,>eft nul abfolument en comparaifon du nombre des efpéces" dont nous ne trouvons rien d'approcbant parmi les corps vivans connus-. Je me luis attaché particuliérement a prouver cette vérité dans mon mémoire, oü j'ai eu foin d'indiquer, combien chaque familie offre a peu-près d'analogues; ce qui ne m'a pas couté peu d'embarras et de dépenfe. Une reflexion, a la quelle cette étude m'a Conduit, et qui n'a encore été faite par perfonne que je fa« che, c'efl que les fosfiles marins, dont nous trouvons les analogues, font juftement ceux qui, comme' les poisfons, les amphibies et les cruftacées, ont pü fuivre par leur propre: mouvement les eaux dans leur retraite et ceux qui, n'ayant que peu ou point de mouvement propre, ont le moins de gravité fpécifique et furtout qui par leur forme préfentent-le plus de prife a 1'action de l'eau. C'eft ainfi que noustrouvons des nautiles vivans, dorit ia première conz cameration eft fort évafée, mais point de cornes d'ammon, qui ont cette concanieration petite: c'eft. ainfi que les tonnes parmi les univalves, et les mus-. cülites ausfi bien que les pectinites parmi-les bivalves, ojfrent de même le plus d'analogies: enfin c'eft ainfi que nous trouvons beaucoup d'analogues polipodites, grace a la légéreté des polypes qui les ont conftruit. - . Tout ceci fèmble prouver en faveur de Ia promptitude avec la quelle s'eft operée la révolution; puis- Bb 3 qu'il  ( iq8 ) qu'il eft naturel de croire, que les eaux, en s'écoulant, auront entrainé par préférence les coquiliages plus légers, qui s'élevoient d'avantage vers la fuperficie, et dont la forme préfentoit plus de prife. Mais comment rendre raifon de tant d'efpèces d'animaux et de végétaux, aujourd'hui fi nombreufes fur la terre et dans les eaux, dont nous ne trouvons aucun vettige fous terre? comment concevoir, que certaines families, peu propres au transport, tant par leur forme que par leur péfanteur fpécifique, comme font les volutes, les olives et les porcelaines, foient fi rares parmi les fosfiles et fi communes dans la mer? Tout cela prouve une génération abolie, a la quelle a fuccédé une génération nouvelle: or celui, qui produit une génération nouvelle, n'eft il pas créateur? Quelques autres queftions importantes, que je foumets a 1'attention des cosmologues, font: pourquoi les montagnes calcaires, que nous regardons avec raifon pour les plus anciennes parmi les fecondaires, comme on en trouve dans les Pyrénées, les Alpes, 1'Appenin, le mont Ercta en Sicile, et ailleurs; pourquoi disje ces montagnes offrent un fi petit nombre de fosfiles accidentels (/)? Pourquoi d'ailleurs ceux-ci fe réduifent partout aux mêmes efpéces, fur- (7) Mr. Ferber donne, dans fes lettres fur la mineralogie de VItalië, page 50 et fuivante une défcription intéreflante et détaillée des couches dont font formées les Alpes calcaires, tirée des iettres de Mr. Arduini k Mr. Valisnieri: on y voit que ces Alpes font toutes formées par couches, et que chaque couche renferme une efpèce de pétrifications qui lui eft propre et qui diitëre toujours des efpéces renfermées dans les autres couches.  C '99 ) furtout aux anomies, aux cornes d'ammon et aux bélemnites ? Pourquoi la plupart des anomies, des cornes d'ammon, des bélemnites, et autres corps marins fosfiles de cette clasfe, que Pon avoit mal-a-propos voulu feire pasfer pour pélagiens, comme je 1'ai démontré, ne fe rrouvont presque jamais mêlés avec les autres efpéces marines fosfiles, et affectent en général des föls plus approchans des primitifs? tout cela ne faitü pas naitre un foupcon bien fondé, qu'ils ont été enterrés par une révolution, différente de celle a la quelle nous devons tant d'autres fosfiles accidentels? D'oü vient la fingularité remarquable des couches en partie verticales en partie horizontales dans une même montagne fecondaire? Tout le génie de Mr. de Sausfure n'a pas fuffi, pour donner une interpretation feulement pasfable de ce dernier phénomène au fujet du mont Salève! Expliquera-t-on tout ceia par une feule et même révolution? La repetitior* des mêmes bancs, furtout du terreau accompagné de houille, dans le mont Salève, femble indiquer que non! Je ne finirois pas de fitót, fi je voulois propofer toutes les queftions intéresfantes, que fait naïtre 1'obfervation des fosfiles, quand même je me bornerois a celles, qui refultent de ce que j'ai dit moi même, dans les chapitres précédens: je m'arrêterai a une feule r elle eft relative aux minières fecondaires. Dans le chapitre 4. j'ai propofé plufieurs problêmes au fujet des filons métalliques anciens: ici je de- («} Saaï&re Toyagss dans le: A!pes, 410.1.1 p. iES.  ( 200 ) demande d'oü viennent les minerais dont font formées les minières fecondaires. Asfurément par des anciens filons, oü tout nous prouve que les eaux de la mer n'ont pas pénétré! Pourquoi le fer ett-il fi abondant parmi 'les minières fecondaires; pourquoi plus rare dans les minières des roches primitives (/). Pourquoi dans les couches fecondaires le fer effc-il fi fuperficiel en comparaifon des autres fubftances métalliques? enfin quelle eft la caufe, que les métaux fe font plutót accumulés en certains endroits que disperfés indiftinctement partout? L'on fait que les minéralifateurs ordinaires .des minéraux anciens font le fouffre et 1'arfenic : fi donc 1'asfertion de Mr. Romé de 1'Isle eft jufte, que les minérais fecondaires font furtout minéralifés par 1'acide méphitique et par 1'acide marin (V;z)., il convient d'examiner a quoi peut nous mêner cette différence, et quel role peu* vent avoir joué ici les eaux de la mer! Je rougirois, lorsque je vois combien 1'esquisfe que je préfente a la favante fociété eft éloignée de la perfeétion, par le peu de progrès que nous avons fait dans la bonne phyfique! mais je me rasfure, lorsque je penfe, que le programme ne veut que du certain. Pasfons maintenant aux révolutions et aux changemens , (7) PEurope nous offre partout des preuves de ceci. l'Amerique feptentrionale eft trés-fiche en fer et pauvre en métaux nobles! ausfi y voit-on jusque. dans fes plus hautes montagnes les restes du féjour de la mer; tandis que les montagnes élévées du Perou, oü l'on ne voit que roches primitives et traces de volcans, font ausfi pauvres en fer que riches en or et en argent. Romé de Piste. Cara&ères extérieurs des minéraux, tabl. 3.  ( 201 ) mens, que le globe a esfuyés depuis les époques les plus reculées, et dont néantmoins les caufes toujours fubfiftantes continuent encore d'en changer fous nos yeux la furface. Les principales de ces caufes fe réduifent furtout aux volcans, aux tremblemens de terre, aux efforts des eaux, a leurs dépóts, aux animaux et végétaux, et a 1'action de fair. Je ne m'arrêterai point aux volcans ni aux tremblemens de terre. Leur univerfalité, et leurs effets terribles tant pasfés que .prefens, font aujourd'hui asfez connus; et je crois en avoir donné une idéé fuffifante au chapitre 4. Seulement je me permettrai de demander aux favans s'il eft donc décidé fans retour, que les volcans n'ont cöopéré en rien a la formation des montagnes que nous nommons primitives? La hauteur de 1'Etna, du pic de Ténériffe, et furtout des pies de Ia Cordelière prouvent, que 1'élévation n'eft pas ici un obftacle. Mais lorsqu'on confidère, que'dans les Andes et dans les Isles auftrales les volcans fe font fait jour au travers des couches primitives, en les élévant; après avoir conclu, comme il eft jufte, que fous ces couches primitives il doit y en avoir d'autres, fusceptibles de s'enflammer, on oferoit presque fe demander, fi les feux fouterrains n'ont pas pu foulever également d'autres montagnes primitives. Les bloes de granit, disperfés a 40 lieues et au déla a la ronde des montagnes granitiques des Alpes Cc de  C 2°2 } de la Suisfe, ont paru, a Mr.. Gruner (V), ne poirvoir provenir que de tremblemens de terre, anterieurs k la formation des montagnes fecondaires des; Alpes. Ausfi 1'idée de ce favant autorife en plus d'une manière ma queftion. L'abfence de lave et des cratères ne feroit pas un> argument tout-a-fait concluant contre un tel foupcon; vu que la lave découle des flancs plutöt que du fommet des montagnes volcaniques, lorsqu'elles font une fois formées: or ces flancs, dans nos chaines granitiques, font presque partout couverts de couches „ différentes du granit, et même fouvent fecondaires. Lorsque nous connoitrons mieux les volcans du Perou et les fosfiles tant naturels qu'accidentels, qui peuvent les accompagner ou les environner a certaine diftance, nous apprendrons fi ma demande mérite quelqu'attention. II ne faut cependant pas croire, d'après ce que j'ai dit au chapitre 4, que les effets vifibles des volcans fur les fosfiles foient bornés aux feuls produits du feu; non feulement des brêches de toute efpèce, des fentes énormes dans les rochers, des montagnes renverfées, et des gouffres profonds attestent les.concusfions violentes de la terre; non feulement des galets nombreux ne font que des débris des roches ou: des couches pierreufes, fracasfées par des tremblemens de terre et enfuite roulées par les eaux, comme on en voit entr'autres la preuve dans les galets fe- («) Gruner die naturgefchichte Helvetiens in der alten welt, p< 27—30.  C 203 ) fecondaires d'Illmenau et de Mecklenbourg; mais ausfi d'enormes bloes de granit, dépofés aladiftance de plufieurs lieues de leur naisfance, ne reconnoisfent en beaucoup d'endroits pour caufe (0) unique que la même violence des volcans, qui en d'autres endroits a lancé des cendres asfez haut pour avoir pu être enfuite transportées, par le moyen des vents, a plufieurs centaines de lieues de diftance (/)). Voilk quant aux volcans et aux tremblemens de terre. - Pour fe faire une idéé raifonnable des changemens produits par les efforts ou par 1'action des eaux fur toute la furface du globe, il faut remonter a 1'époque même oü la mer venoit d'abandonner la terre. II n'eft pas douteux que, pendant fa retraite, l'océan n'ait labouré certaines parties molles de la terre, et n'y ait laisfé des fillons. Mais comme ce mouvement de retraite doit s'être fait en ligne droite, dans quelque direction que ce fut, il s'en fuit, que les fillons en zigzag que nous prefente fi communément la furface du globe, ne font pas nés pendant que la mer fe retiroit: or rien de plus rare que les fillons dont la tlirection eft tout-a-fait droite. D'oü je con- clus (V) v. Hïftory and philofophy of eartbquakes, p. 195. L'auteur de eet ouvrage a vu des bloes, de 9 pieds carrés, que le volcan Cotopaxi au Perou a lancés & plus de 3 lieus de diftance. On peut voir aux pages (uivantes, de eet' ouvrage intérefl'ant fur les volcaus de 1'Amérique, les effets presqu'incroyables, produits par la fonte fubite des glaciers, lors de 1'éruption de quelque nouveau volcan dans les fommets glacés de la Cordelière: le déluge momentané, caufé par 1'énorme masfe d'eau qui refulte de ces glaciers fondus et qui tombe avec une violence inexpnmable fur les lieux fubjacens, laisfe des veftiges affreux, qu'une fuite de fiécies peut a peine masquer. O) v- Jou™, de phyf. t. XX. p. 1 r8. Cc 2  ( 204 ) clus que, comme j'ai démontré ci-devant, que ces fillons n'exiftoient pas tous dans la mer ancienne tels que nous les voyons, une caufe postérieure en a changé la forme. Examinons donc quelle eft cette caufe! La terre, a peine délivrée du joug de 1'océan, devint incontinent le théatre, ou la pluie et les autres météores aqueux commencèrent a exércer leurs ravages. Une partie des eaux s'infiltra au travers des couches terreufes qu'elle put pénétrer, et y produifit les phénomènes dont j'ai fait le tableau dans le chapitre 4. C'eft cette partie des eaux, qui eft une des caufes principales des entonnoirs, des chéminées, des gouffres, et autres enfoncemens, fi multipliés dans les montagnes et dans les plaines; c'eft elle qui abaisfe infenfiblement nos continens; c'eft elle encore, qui eft probablement la caufe de la rupture des couches de pierre-a-chaux, qui resfemblent aujourd'hui presque partout a autant de pavés artificiels (#), fi non dans les endroits oü elles font très-epaisfes. Une (?) Ce phénomène eft asfez fingulier, et fe trouve repété* dans une ïnfinitê ^'endroits. II confifte en ce que des couches horizontales de pierre è chaux,. qui ne font pas fort épaisfes, et qui font enferraées entre deux couches de fable vitrescible mèlé de terre calcaire, fe trouvent brifées de facon, que les angles faillans d'un morceau correfpondent toujours exactement aux angles rentrans d'un autre; ce qui fait connoitre clairement, qu'il fut un tems, oü ili étoient Hés enfemble, et qu'ils ont été brifés par quelque caufe poftérieure. Oa pourroit foupconner les tremblemens de terre; mais les caffures font trop vives pour cela; d'ailleurs le phénomène eft trop uniforme dans différens pays, tous fort éloignés des volcans anciens et aftuels: outre que ces couches de pierre k chaux font toujours fupérieures k celle d'argile tenace, qui fert de lit aux eaur fouterraines, dont I'aétion continue, fur la couche au travers de la quelle elles coulent, doit caufer des vides; ces vides des éboulemens; et ces cboulemeü* h rupture des couches pierreufes.  C 205 ) Une autre partie des eaux, rasfemblée en torrens impétueux, fillonna dès le commencement la furface de la terre de mille facons, et commenca a pofer les premiers rudimens des collines et de nombre de montagnes. A force de creufer le terrain, cette partie des eaux parvint k donner isfuë a celle qui étoit devenue fouterraine par 1'infiltration; et, enrichie de leur masfe, elle en acquit d'autant plus de puisfance: elle forma d'abord des lacs nombreux plus ou moins étendus; ces lacs une fois remplis verfèrent, par leurs bords les moins élévés, les eaux, qui continuèrent a parcourir le fol, fans fuivre d'autre régie que celle du plan plus incliné; jusqu'a ce qu'elles rencontrasfent d'autres lacs; d'oü, par des dégorgemens fuccesfifs, le tout fut rendu a la mer. Les eaux de ces lacs, et des rivières qui commencèrent a fe former vers le même tems, loin de fuivre un cours régulier et borné a certaines limites, comme nous les voyons aujourd'hui, fuivoient partout une courfe vagabonde, fans aucun lit, et qui n'étoit déterminé que par la plus grande pente; de facon, que fouvent elles mêmes s'obftruoient le pasfage par les matières terreftres, qu'elles transportoient, et qu'elles s'oppofoient en les dépofant en certains lieux; et par-la. elles s'obligeoient a rebrousfer chemin. Les matières, entrainées des lieux plus élévés, furent dépofées dans des lieux plus bas, de manière que les plus péfantes, telles que les bloes de pierre, reftèrent le plus prés de la fource; les débris des Cc 3 pier-  C 206 ) pierres fürent dépofés plus loin; enfin les matières terreufes et autres plus légères furent entrainées h des diftances proportionnées k Ia raifon inverfe de leur gravité. Ces dépots fe font faits d'abord fur la terre même; car 1'étendue du cours des rivières, et la lenteur de leur mouvement, fuites nécesfaires de leur éparpillement, ne leur permettoient pas de charrier les matières d'une traite jusqu'a la mer! Mais fuccesfivement elles parvinrent a pousfer plus loin cette masfe dépofée, jusqu'a ce qu'enfin- elle-atteignït la mer. C'eft alors, qu'ayant déblayé une partie des continens, les eaux courantes coirimencèrent a fe creufer infenfiblement un lit (V): mais avant qu'il ne fut tout formé, elles entrainèrent dans leurs fortes crues, une bonne partie du fol voifin, pour la dépofer plus prés de leur embouchure, ou pour la porter a la mer (7). Cha- (/) Ou peut fe former une idee du tems qu'il a falu a Ia plupart des rivières, avant d'être parvenues a achever le lit qu'elles occupent aujourd'liui, lorsqu'en fuivant leur cours on voit, en nombre d'endroits, a qu'elle hauteur incroyable elles font parvenues a creufer les roes les plus durs tant primitifs, que fecondai-res, ausfi bien que les couches volcaniques les plus étendues. (Y) J'ai toujours pris un plaifir nouveau a cxaminer ces depóts des rivières, qui font partout vifibles, même le long des moindres torrens. Ausfi, tout obfervateur, qui veut connoïtre un pays, ne doit pas feulement s'attacher aux mines, aux puits, et aux autres excavations, mais ausfi aux chemins profouds, et furtout aux cours des rivières et des ruisfeaux. C'eft ici qu'il verra avec intérêt la différence fingulière entie les matières dépofées, par les eaux courantes, en des tems différens et fous des circonftances diverfes; obfervation, qui lui apprendra a rendre raifon de la diverfité des fols, dans des endroits très-voifins 1'un de 1'autre, oü il ne fe prefente pas d'autre caufe vifible de Ia différence obfervée. C'eft cette caufe, bien vue, et non pas les opérations de la mer, qui doit nous expliquer la différence entre le fol de la Bétuwe, et celui des bruyères de la Véluwe, et de celles entre Nimègue et Grave, ausfi-bien que la différence entre le fol argileux de la Hollande et les bruyères fabloneufes au dela du Moerdyck.  C 207.) Chaque hiver même, les eaux dégorgéés, prifes par la gélée, s'incorporoient des terres et des pierres „ qu'elles charrioient au loin lors du dégel. De cette facon, l'on peut dire, qu'en général l'eau douce a plus contribué que la mer même a la forme actuelle de la furface du globe. Nous voyons encore de nos jours, mais en petit, les effets que ces eaux ont autrefois produits en grand. Non feulement les eaux des pluies et les torrens forment partout, fous nos yeux, des ravins, qui, fans 1'oppofition des hommes déviendroient bientöt des vallons; mais nous voyons ausfi les eaux du ciel entrainer la- partie 1& plus fine de. notre fol, pour la porter aux ruisfeaux, d'ici aux rivières, et enfin a la mer, qui s'enrichit fans cesfe aux dépens de la terre.. Ausfi n'y entret-il ni fleuve, ni rivière, ni ruisfeau, qui ne foitchargé de terre, plus au moins, felon la nature diL fol qu'ils ont parcouru. Mais depuis que le cours des rivières eft confiné a. leur lit, ce lit feul eft hausfé continuellement par les matières qui vont au fond; le refte, qui hausfoit ci-devant.les terres, eft tout entrainé vers la mer. Indépendemment de tout ce que le Rhin dépofè pendant fon cours, Hartzoeker, dans fa phyfique,. asfure, que fes eaux contiennent encore, prés de fon embouchure, Tl5 de leur poids de terre.. Autrefois ce fleuve dépofoit fes fédimens fur les terres le long de fon cours; comme on en voit 1'exemple,, depuis Basle jusqu'a Strasbourg, et furtout prés de Cobknce,. oü. fes dépots, couvrent, des plus de 15 pieds  C 208 ) pieds d'épaisfeur, le fond volcanique, qui eft la continuation de celui de Ménich: aujourd'hui il va dépofer tout dans la mer. Mr. Deluc donne, dans fes 121 et 122 lettres, des preuves parlantes de la quantité prodigeufë d'argile entrainée par 1'Elbe, Enfin chacun qui demeure dans le voifinage d'une eau courante dont le cours n'eft pas trop rapide, peut voir des preuves journalières de cette vérité. II ne faut donc pas s'étonner, que des grands fleuves, qui parcourent des contrées immenfes, aient formé des dépóts, qui font aujourd'hui des pays peuplés, et même des provinces. C'eft ainfi que la basfe Louifiane, ce vafte pays de 400 lieues de long fur plus de 120 lieues de large, a été formé uniquement par les dépots du Misfisfipi; c'eft de même ainfi que la basfe Egypte doit fon exiftence a ceux du Nil; la vafte et riche plaine de la Lombardie n'eft qu'un dépot des eaux qui tombent des Alpes et de 1'Appennin; la Touraine nous a été donnée par la Loire et le Cher; une partie du Bas-Languedoc, la plaine maritime d'Arles et 1'isle de laCamargue, font dues aux dépots du Rhöne, et probablement la plaine de la Crau ausfi, fi non en totalité, au moins en partie, au cas que la Durance y ait cöopéré: enfin le fleuve de St. Laurent, celui du Sénégal, le fleuve Amour,le Gange, 1'Indus, le Méandre, 1'Achelous, le Pó, le Danube, et beaucoup d'autres fleuves ou rivières, font remarquables, par les terres formées par leurs dépots. Mais pourquoi chercher au loin des exemples, que  C 209 ) que la nature a pïacés fous nos pieds? La profondeur oü l'on trouve le fond de 1'ancienne mer, fous des depóts multipliés des rivières, fans vettige des coquilles,.k Amfterdam et ailleurs, n'ert-elle pas une preuve pariante, que le. fol actuel de la plus grande partie. rdes Pays-bas n'eft que 1'ouvrage .du Rhin, de la Meufe, de 1'Efcaut, et peut-être'd'autres rivières, dont le cours a été détourné depuis (0? Les pétrifications/?qü?offröit les environs de Groeningue, quoiqu'on ne puisfe contefler, que ce font des producïions de la mer ancienne, ne prouvent rien contre mon asfertion, puisqu'ausfi bien que les pierres primitives de toute efpèce qui les ac.compagnent, elles ne fe trouvent asfurément dans le lieu qu'elles occupent, que pour-y avoir été transportées par les rivières: ausfi font-dies fouvent, pour autant que j'en ai vu, plus ou moins roulées.. Mais fi le contraire étoit vrai, il s'enfuivroit qu'elles fe trouvent dans unepofition oü les eaux continentales n'ont pu attein■ -■'(! e •■ ttVvo ïofteaPtq c, jrn | dre: rS9\T*Puu-e' f°»di*'?™"™** cette couche:c>e la terre qui nous prelente les habitans de 1'ancienne mer dans la pofition a peu prés qu'ils y occupoient lors du féjour des eaux. Le puits creufe'a Amfterdam et ceux cr°ufés dans beaucoup d autres endroits ausfi bien que fouvent la feule infpedion du local ailleurs dans les Pays-bas nous donnent des preuves frappanfesde s dépdtt nombreux dont les eaux continentales ont couvert le fond de Ia mer dont il eft quelhon, qu'on n'y rencontre qu'a une trés-grande profondei-r Deux circonftances pourroient en ceci tromper les obfervatéurs peoinfrni» «'le-VÓenC°rPS m,anns,déP°fés des cötes par les atterrisfemens^e Ia mer et le, fosfiles accidentels transportés péle méle avec les terres dans les depóts faits par les eaux continentales. Mais on ne pourra pas s'y méprendret™'on oblervera, que, dans le premier cas, les corps marins feront toujours es mê. mes que ceux que nourrisfent les mers voifines, et que, dans le fecond cm les .fosfiles accidentel* .qu'on rencontrera feront toujours plus ou moinTroulé ' et certainement n'offriront jamais cette fituation réguliere qu'offrentTarLTeeux ou on trouve fur le vrai fond dé 1'ancienne mer. P UX Dd .  C*io) • dre: je puis endire autant de quelques autres parties des Pays-bas, relativement a leurs fosfiles accidente.ls, et a leurs galets de pierre cornée, dont quelques unes préfentent encore une partie de leur enveloppe calcaire, preuve de leur origine dans des crayères. mq L'action des eaux fur la terre, et leurs depóts, rendent intelligibles une infinité de phénomènes, relatifs a la forme actuelle de la furface du globe et a la matière de fes coucfres1, qui feroient inexplicabïes fans cela, C'eft pour avoir perdu de vue cette caufe, fi majeure, que Mr. Deluc s'eft trouvé fi fouvent arrêté dans 1'explication des obfervations en détail. P. e. prés de Lunebourg il y a une colline de gypfe,' de 100 pieds de 1'élévation, ifolée au milieu da fable: il fe trouve tout au prés une; autre colline, de craie, ifolée de même, et remplie de pierres a-feu avec pétrifications: on y voit ausfi des eaux trèsabondantes en fel, du fable, et de 1'argile. Rien de plus naturel que tout- cela 1 La craie, et ce qu'elle renferme, font le premier ouvrage de la mer, peutêtre les . falines ausfi O). Peutêtre celles-ci, ausfibien que le gypfe, ne font-elles que 1'ouvrage de 1'ocean lors de fa retraite, ou des. eaux courantes im- (u~) 1'ajoute le motpeut-être, lorsque je parle du Gypfe; parceque, non obftant que le manque de fosfiles marins dans cette pierre, qui renferme fi fouvent des vefliges d'animaux terreftres et même quelque fois des chofes artificielles, permette de couclure qu'elle n'a pas été formée fous les eaux de la mer mais qu'elle eft d'une origine pofterieure; je ne vois pas encore asfez diftinftement le quand et le comment de fa formation. II eft vrai ,-que Mr. De Lamanon nous donne une idéé fort ingénieufe fur la naisfance des carrières a platre de 1'Ifle de France dans le t. XIX. p. 185 du journal de phyfique: mais cela n'entrame pas encore la conviction.  immédiatement'après; tandis que le fable etTargile ne font que les dépots de 1'Elbe et de Wezer, qui ont couvert les couches basfes de la mer. Mr. De-j luc (V), au défaut de cette. explication tout fimple fuppofe dans la mer des revolutions, ausfiwmüei qu'invraifemblables:; il regarde cette craie de Lunèbourg comme un phénomène. des plus inftruclifs; en un mot il eft réduit a chercher des difficultés oü il n'y en a pas, dans une fcience qui n'en eft déja que trop hérisfée. Un. autre exemple de 1'embarras, que doit avoir caufé a ce favant le défaut d'attention aux effets des fleuves fur nos continens, fe voit dans la raifon qu'il donne (», pourquoi les collines fablonneufes en couches, ét le fable qui recouvre les terres calcaires, n'offrent point de corps marins: raifon, quiconfifte, felon ce favant, en ce que les animaux marins fe plaifoient fur une couche calcaire et point fur une fabloneufe! Mais le fable ne fait pas peur aux habitans de la mer actuelle. II ne doit pas non plus avoir effrayé les habitans de la mer ancienne, dont nous trouvons, en des milliers d'endroits, les fquelettes enterrés dans les couches de fable. D'ailleurs il n'eft point de fubftance, formant des couches en terre, qu'on ne trouve en beaucoup d'endroits tout a fait dépourvue de dépouilles marines. II eft asfez ordinaire même, de trouver en général les couches ter- reu- f» Deluc lett. phyf. t. V. p. 46. et fuiv. - (ot) Deluc lett. phyf. t. UJ. p. 481. et p. 507. Dd 1  ( 212 ) rëüfes les plus füperficielles privées de corps marins fosfiles; tout cela auroit-il donc fait peur aux habitans des mers anciennes ? Ou bien n'eft-il pas plus naturel, de croire qu', après la retraite de ces mers, les eaux. terreftres ont entrainé les matières terreufes légères, des lieux élévés, et eri ont couvert dansles lieux bas le fond abandonné par la mer? Je me bornerai a ce peu. de preuves de la nécesfïté d'avoir recours.a 1'action .des eaux terreftres fur la furface de globe; aétion qui eft d'ailleürs atteftée par plufieurs phénomènes, inëxplicables fans cela. II me fuffira donc d'obferver, que lorsqu'on confidère ces bancs épais de coquilles fosfiles, qu'on trouve partout, tantöt formés par une feule efpèce, tantöt par plufieurs, mais oü les coquilles font .toujours contigue's et fans mélange de couches terreufes, on ne peut s'empêcher de conclure; que, quoique la mer ait travaillé pendant une longue fuite d'années a les former, elle n'a pendant tout ce tems dépofé aucune couche terreufe; et qu'on eft en droit de foupconner, que la plupart des couches, que nous voyons a la furface, ne font pas duës a la mer, mais bien aux rivières, et aux autres eaux courantes. Ausfi fontelies moins régulières, les matières plus mêlangées, et les hauteurs y font coupées en zigzags de mille manières différentes. Ce qui vient a 1'appui de ce foupcon, c'eft que, plus on approche des points les plus élévés du continent, plus les fosfiles accidentels font prés de la furface. Les fommets des collines fabloneufes du Pié-  C 213 ) Piémont offrent, a fleur de terre, les corps marins, qu'on n'a trouvés, a Amfterdam, qu'k prés de 100 pieds de profondeur. Au refte, quoique très-convaincu de 1'étendue des effets des eaux courantes fur le globe, je ne me cache pas, qu'il refte encore bien des obfervations a faire, avant de pouvoir expliquer toutes les fingularités que ces effets préfentent, et avant de pouvoir fixer les limites entre leurs opérations et celles de la mer ancienne. Quant a 1'ouvrage de la mer moderne, c'eft a dire quant aux atterrisfemens qu'elle forme en des milliers d'endroits, il eft plus facile d'asfigner leurs limites, par les produclions des mers voifines, qu'on y trouve toujours mêlées, et qui en font le figne caracfériftique. La matière de ces atterrisfemens vient en partie de celles que les rivières dépofent dans la mer, en partie de ce que celle-ci retranche a certaines cótes, en partie même de ce quelle élève de fon fond, furtout lors des tempêtes, pendant les quelles je 1'ai vue jetter, fur la plage, des amas prodigieux de corps marins. II eft vrai, que fouvent je n'en appercevois plus aucun veftige le lendemain, la mer ayant repris d'abord ce qu'elle n'avoit donné que pour un inftant a la terre. Je ne dirai rien ici du changement, peu apparent, que les animaux et les végétaux caufent a la furface du globe, en■ augmentant par leur décompofition la masfe de la terre végétale; d'autant plus que je reviendrai a ce fujet dans le chapitre fuivant. Mais je ne puis m'empêcher d'obferver, que les Dd 3 bois  C 214 ) bois, les plantes et les fruits modernes, de même que les dépouilles des animaux femblables aux vivans, et les chofes artificielles, que préfentent en mille endroits nos tourbières prouvent, que leur formation eft abfolument poftérieure a la création de notre premier père. II en eft de même des infeótes modernes enfermés dans le fuccin; quoiqu'il ne paroisfe pas, que 1'époque de leur formation puisfe coïncider avec celle des tourbières. Mais il reftera toujours certain, qui les tourbières, les cranières, les couches de fuccin, et autres pareilles, n'appartiennent qu'aux révolutions et aux changemens arrivés a la terre moderne* II eft facile, de fe former une idéé de ce que peuvent opérer, fur la furface du globe, les animaux dont 1'inftinct eft de la labourer: mais le changement qu'en refultera, fera trop peu confidérable pour nous y arrêter, a moins que l'eau ne fe mette de la partie. Les animaux marins, furtout les polypiers, produifent des changemens plus confidérables; puisqu'il y a nombre d'isles dans les mers des Indes, dont ils paroisfent avoir formé tout le fol; quoique les parties élévées de ces isles prouvent évidemment, que c'eft aux volcans qu'elles doivent leur première origine. L'Isle de France, et plufieurs autres, fournisfent des exemples de ceci. L'agréable vallée Icolli, qui joint la Sicile au mont Pellegrino, eft toute formée par les coraux et autres productions modernes de la mer adjacente. Quant a la main des hommes, fon effet fur la furface du globe, eft plutót d'empêcher, que de caufer des changemens. En-  C 215 } Enfin l'aétion de 1'air fur la terre, lorsqu'il eft dans fon état naturel, eft lente et infenfible ausfi; mais lorsqu'une caufe quelconqué ï'agite fortement, il foulève partout les parties fuperficielles les plus légères du globe, et les dépofe ailleurs. Les fables mouvans en offrent une preuve journalière. Perfonne n'ignore 1'efièt des vents fur les dunes tant qu'elles ne font pas fixées par la végétation. Les monticules, dans les bruyères, doivent en grande partie leur exiftence aux mêmes agens: on peut s'en convaincre parce-qu'ils ne font jamais formés que d'un fable fin et léger; tandis que les bruyères unies, qui les environnent, renferment un fable plus grosfier et même fouvent du gravier, le tout mêlé de fragmens, foit de pierres primitives foit de pierres cornées. Mais c'eft dans les grands déferts fablonneux de 1'Afrique, qu'on peut furtout fe convaincre de 1'effet du vent fur la terre, lorsqu'on y voit le fable s'éléver en vagues et nous préfenter 1'image d'une mer en courroux! CHA»  C 21(5) , CHAPITRE VIII. . Vues fur FAge du Globe, Dèb Y.imju ,, emander combien doivent s'étre ècoulês de ftècles, depuis les grandes revolutions du globe, c'eft, exiger fimplement, qu'on établisfe, fi le nombre de ces fiècles eft confidérable ou non. Car il en eft touc aut.rement de 1'hiftoire de la terre, que de celle des nations. L'une n'eft confacrée que par la main des hommes; ausfi, mesquine et bornée comme eux, eft-elle calculée minutieufement par dates: 1'autre, écrite dans un langage majeftueux, mais obfcur pour notre foiblesfe, fe trouve gravée en caractères permanens dans le grand code de la nature, dont a peine nous avons pu déchiffrer quelques feuillets, qui nous apprennent cependant que cette hiftoire, dont 1'origine va fe perdre dans 1'immenfité du tems, n'admet ni date ni calcul rigoureux, mais des époques, et une progresfion fepfible.  ( 217 ) J'ai démontré, dans le chapitre précédent, que ïa grande révolution, qui a converti les mers en terres, eft évidemment antérieure a la création del'homme; donc s'il m'étoit permis de calculer, d'après les chronologies Afiatique ou Egyptienne, je pourrois déja asfigner un nombre confidérable des fiècles, qui feroient poftérieurs k notre révolution; puisque, felon Diodore de Sicile (V), les Chaldéens faifoient remonter les annales de leur empire au déla de 473°°° ans; et que, felon Manethon (j), 1'origine des Egyptiens remontoit a 36525 ans; tandis que les Chinois ofent prétendre k une antiquité encore plus réculée. Mais, fans vouloir examiner jusqu'oü ces chronologies peuvent être exaggérées, il me fuffit d'être convaincu, qu'elles contredifent trop expresfement celle de Moyfe, vu qu'elles ne font fondées que fur la génération actuelle; des lors je ne puis me permettre d'en faire ufage. Je dois donc me borner k celle de Moyfe, que perfonne ne peut revoquer en doute. J'avoue cependant que, quant au nombre des fiècles, celle-ci même offre une asfez grande difficulté, puisque felon le compte des feptante, il y a au delk de feize fiècles de plus que felon le texte Hébreux. En fuivant celui-ci, il y a 5791 ans écoulés depuis la création d'Adam; donc, de ce feul chef, il s'eft déja écoulé prés de 58 fiècles depuis notre révolution. Mais, eft-elle arrivée immédiatement avant la création? ici la démonftration femble nous abandon- ner. fV) Diod. Sic. 1. 2. p. 145. (?) Syncell. p. $t* Ee  C 218 ) ner. Pourquoi cependant cette révolution devroitelle être arrivée le moment même avant la. création d'Adam, plutöt que plufieurs fiècles auparavant? Au refte j'abandonne cette discusfion a d'autres, et je me contente d'obferver, qu'avant la révolution il doit s'être écoulé nombre de fiècles pendant la naisfance de ces bancs confidérables de coquillages qui ont peuplé 1'ancienne mer; pendant la formation des houillères; et pendant 1'éruption de ces volcans nombreux, dont les couches multipliées, de laves et d'autres produits, entrelacées de couches coquillères, nous parient d'une antiquité très-réculée, fi nous les comparons a ce que nous voyons dans les volcansagisfans, . ■ Si la chronologie phyfique va déja ici fe perdre dans la nuit des tems; que fera-ce quand on y joindra 1'époque de la formation des différentes efpéces de roches que nous nommons primitives, et 1'époque de la naisfance des filons méfalliques? que fera ce lorsqu'on confidère, qu'il ne faut pas désespérer de trouver avec le tems, fous ces roches primitives,, d'autres matières, qui a leur tour reclameront des époques féparées pour leur formation? Les volcans du Perou, qui font leurs éruptions au travers du granit, donnent un grand poids a cette idée. Vouloir calculer les fiècles nécesfaires a la produétion des phénomènes, que nous offre le globe, foit avant foit après la grande révolution, ce feroit s'expofer a tomber dans les hypothèfes que le programme interdit. Je me bornerai donc a asfurer en général, que, plus  C 219 ) phis on médite profondément et qu'on obfervé exactement les opérations anciennes de la nature, plus diftinétement on y voit imprimé le cachet d'une antiquitë, dont notre efprit nepeut atteindre les bornes. II eft des phyficiens qui, par les couches volcaniques, .ont prétendu calculer fage de la terre; mais je ne vois pas, que leurs argumens puisfent jamais dévenir concluans; puisque les couches végétales entre celles de lave, fur lesquelles ils fe fondent furtout, font aujourd'hui réconnues la plupart ne confifter qu'en cendres volcaniques; d'oü l'on ne peut tirer aucune conféquence. II ne faut qu'un inftant, pour produire une couche de cendres, que les volcans vomisfent fi abondamment; mais il auroit falu des fiècles, pour produire chacune de ces couches, fi elles eusfent été compofées de terre végétale comme on 1'a cru cidevant. La hauteur des volcans ne prouve rien non plus démonftrativement; puisqu'en fon origine un volcan, par 1'abondance des matières dans fon foyer, a pu prendre des accroisfemens beaucoup plus prompts que ceux qu'il prend maintenant. Le nombre des couches n'eft pas plus décifif; vu qu'il dépend de celui des éruptions, qui a leur tour font trop foumifes a des circonftances acccsfoires, pour qu'on puisfe y faire fond; comme nous le prouvent les volcans encore agisfans. J'avoue que, dans cette matière, il y a bien des preuves vivement fenties, qui convainquent 1'obfervateur, mais qu'il lui eft imposfible d'exprimer asfez lumineufement pour convaincre fes lecteurs. JoigEe 2 nons  ( 220 J nons a cela la vérité, que chacun éprouve tous les jours, que toute chofe a deux faces; d'oü naisfènt les interpretations et les déduétions fi oppofées des mêmes phénomènes. Quant a moi, il eft vrai que, dans les nombreux volcans, éteints et agisfans, j'entrevois invinciblement une très-grande ancienneté du globe: mais les explieations oppofées des phénomènes, que les accesfoires femblent autorifer, m'empêchent de tirer des volcans les preuves que je crois y trouver. Or comme je veux convaincre et non pas éblouir mes leóteurs, j'aime mieux faire le facrifice de tout argument, dons les conclufions pourroient fêmbler être ambiguës. C'eft pour cette raifon, que je ne ferai aucun ufage du tems qui a été nécesfaire pour conduire les fosfiles accidentels a 1'état de pétrification parfaite, oü nous les voyons, perfuadé,. que rien n'eft moins décifif que ce calcul, vu que le tems, requis pour cette opération de la nature,, doit varier, felon les différentes qualités et matièresdes corps, et felon la diverfité des cjrconftances et des lieux oü ils fe trouvent. Je ne puis cependant m'empêcher d^ajouter ici une. réfiexion, fur la durée des volcans éteints d'Allemagne, qui nait du bois charbonné qu'on y voit fi fréquemment mêlé dans les produits volcaniques et furtout dans le trafs. J'ai prouvé ailleurs, que ces volcans avoient pris naisfance fous la mer : tant qu'ils en' étoient couverts, ils n'ont porté ni bois ni végétation. II a donc falu, pour que les matières volcaniques aient pu entrainer et s'incorporer le bois que nous  C 221 5 nous y trouvons, que, non feul'ement la mer fe fut rétirée, ou que le fommet du volcan fut élévé au desfus des eaux; mais ausfi, qu'il ait joüï d'un repos , asfez long, pour que fes flancs aient- été garnis d'une terre végétale fuffifante, et qu'ils aient porté ces bois que de nouveaux torrens volcaniques ont arrachés, comme il arrivé de nos jours fur 1'Etna et fur le Véfuve. II eft évident, qu'en confidérant les volcans éteints fous cette face, ils font un argument puisfant en faveur de 1'ancienneté du globe. Que fera-ce lo.rsqu'on les confidére du cöté des couches marines-, qu'ils renferment fouvent entre leurs couches- volcaniques! Envifagés fous ce point de vuë, les- volcans éteints prouvent, fans- aucune replique, que la mer a du- les couvrir pendant nombre de fiècles, pour que les teftacées aient pu y former, pendant les- repos, des volcans, ces épaisfes couches marines, dont on en voit fouvent plufieurs y alternatives avec les couches de lave, dans un mêmevolcan éteint. Tout cela n'eft pas feulement antérieur a la création d'Adam, mais ausfi a la granderévolution, qui a converti la mer ancienne en ten-er il eft cependant poftérieur encore a la formation des roches- granitiques et de toutes les autres qu'on a jusqu'ici appellé primitives, de même qu'a la naisfance de leurs filons: ausfi la confidération de chacun de ces- phénomènes cosmologiques récule, de plus; en plus, 1'origine de notre planète.. Bien loin que cette antiquité de la terre répugne h la réligion, j'efpère prouver, en peu de mots, Ee 3 qu'el-  C 222 ) qu'elle eft plus conforme aux paroles de la Bible et a la majefté de Dieu, que celle qui eft bornée a 58 fiècles. D'abord, dans le premier chapitre de la Génèfe, 1'Ecrivain facré nous apprend diftinctement deux époques, dont 1'une eft la création de 1'univers avec toutes fes parties, et 1'autre le rénouvellement, la reftitution, la récompofition, ou, fi l'on aime mieux, la régénération de notre planète. La première époque eft exprimé par ces paroles du 1. verfet, in principio Deus creavit (ou creaverat) calos et terram, au commencement Dieu créa (ou avoit créé) les cieux et la terre. Je dis, ou creaverat, avoit créé, parceque cette verfion répond également bien au mot Hébreux bara: au point mème, que de très-favans théologiens cosmologues lui ont donné la préférence fur la verfion ordinaire (3). D'ailleurs cette verfion tranche plus net la prétendue contradiction, que certains critiques ont cru trouver, entre ce 1. verfet et les fuivans. Si donc Dieu avoit créé 1'univers des le commencement, n'eft-il pas bien plus naturel et bien plus conforme a la majefté divine, de croire, que ce commencement défigne 1'époque la plus réculée que posfible, au lieu de ne le faire rémonter qu'aux environ de 58 fiècles, qui ne font qu'un point dans 1'éternité? Dans le premier cas, Dieu manifeste d'abord fa gloire et fa grandeur; il annonce de tout tems une vo- Cz) Claparede et Reybaz diflert. theologica de mundi creatione etinteritu, Gen. 1,-65. 4C°. P- '5-  C 223 3 volönté uniforme, fïxe, et invariable, il ne perd pas un inftant pour repandre les bienfaits et pour donner naisfance a la plus grande fomme de bonheur posfible! cette interpretation, une fois admife, fait cesfer tout embarras pour concilier entr'eux les différens veriëts de la Génèfe! elle prévient toute difficulté fur la demeure posfible et le tems de la création de tant d'ètres intelligens, dont ne parle pas ici la fainte Bible, mais dont elle parle fi fouvent en d'autres endroits! Peut on en dire autant de finterpretation, qui ne fait pas monter la création primitive de 1'univers au detfi de 58 fiècles ?- Si 1'Etre fuprème eft lui même invariable; fi- fes plans font fuivis, fixes, et ftables; s'il regne même un ordre conftant- dans 1'enfemble de 1'univers; il n'en eft pas de même de chacune de fes parties. Celles-ci font fujettes a des changemens et a des révolutions, qui, a nos yeux bornés, offrent 1'apparence d'un désordre, mais qui probablement ne font que les effets réguliers de loix immuables, a nous inconnues, mais nécesfaires a. 1'harmonie de 1'univers. Les terribles convulfions, que 1'aftronomie obfervé dans d'autres planètes (V), doivent nous apprendre, k Dans la fixiéme foirée de ld pluralité des mondes de For.tenelle il fe trouve d^araples détails fur les revolutions confidérables arrivées dans les planètes de Japiter et de Mars, dont il attribue les nnes auJeu, les autres a l'eau. Entre autres il dit, que vingt ans avant qu'il«VcrmV ces obfenatiom on avoit-appercu dans Jupiter une partie embrafée grande cenw:e toute F Europe. J'ignore fi Foatenelie faifoit une étude parricuüère de 1'afrronomie ou non; mais outre que la manière dont il en parle prouve qu'il n'y étoirpas tout a fait ignorant, la place öiilinguée qu'il oecupoit parmi les favans, et fes liaifons inrimes avec les p'.us diftingués d'entre eux, le nrettoient a méme plus que_perfonne d'érre inrormé avec esaftkude de tout ce quea pouvoit fake de découvertes, üae preuve d'-aii-  C 224 ) & ne pas croire, que la ftabilité apparente, qu'offre en ce moment la planète que nous habitons, ait été de tout tems, et fera toujours k 1'avenir fon appanage. Nous voyons d'ailleurs très-clairement, que tout change fur notre globe, et que ce globe change ausfi. J'ai démontré dans les chapitres précédens, k combien de vicisfitudes il eft fujet; j'ai furtout démontré, qu'il a fubi certaines révolutions majeures, qui doivent favoir bouleverfé; entre les quelles il en eft une atteftée par tous les fosfiles accidentels, que j'ai prouvée, comme j'efpère, jusqu'a 1'évidence, qui doit avoir anéanti toute la génération, qui exiftoit alors, et bouleverfé toute la furface de la terre. C'eft alors, qu'on pouvoit, avec raifon, appeller cette terre informe et nue, c'eft a dire fans ornement, ou plutöt terre dêfolêe, ruinée, ravagée, comme fignifient les mots Kébreux tohu et bohu dans Jérémie ch. 4. vs. 23. C'eft alors qu'une atmofpbère épaisfe, fournie par le mélange confus de tant de matières et par d'ailleurs qu'il jouïsfoit de certaine confide'rarion dans cette partie, c'efl que les favans auteurs de 1'encyclopédie, ont cru devoir faire ufage de ce qu'il en a écrit. Mr. Formey dit qu'on voit fouvent dans Mars de grandes taclies disparoftre après quelques années ou quelques mois, tandis qu'on y en voit d'autres fe former et fubfifter plufieurs mois, plufieurs années; d'oü il conclud, qu'il faut qu'il fè fasfe dans Mars cTétranges changemens &c. Diét. encyclop. edit. de Laufanne, au mot Mars. Le même, « 1'article Jupiter, dit qu'il arrivé dans cette planète des changemens plus confidérables que fi 1'ocean inondoït toute la terre ferme et laisfoit a fa place de nouveaux eontinens. Je pourrois encore citer le volcan dans la lune obfervé par Mr. Herfchel et autres favans, qui doit y faire d'étranges ravages pour qu'on puisfe de la terre en diflinguer Ie feu: les tacb.es du foleil que le celèbre aftronome La Lande confidère comme autant de corps opaques qui nagent alternativément fur un ocean de feu &c.; mais je crois en avoir dit asfez pour ceux de mes leéleurs qui ne s'occupent pas de cette matière, et ceux qui s'en occupent ne douteront guéres de la posfibilité des grandes revolutions dans les planètes!  C 225 > par des eaux croupisfantes, qui remplfcfoient partout les crevasfes et autres parties basfes de cette efpèce de cahos, couvroit de ténèbres la terre et Fabhne des mers, en mettant un voile impénétrable entr'elles et le foleil! Et voila 1'époque, de la quelle parle Moyfe, lorsque, dans fon deuxièaie verfet il dit: la terre étoit in forme et toute nue, les ténèbres couvroient la face de Fabhne. \ . . Pouvoit-il plus laconiquement, et. même plus clairement, s'exprimer fur une époque, qu'il lui importoit peu qu'elle fut plus diftinctement connue a un peuple grosfier, auquel il lui fuffifoit, d'enfeigner plus en détail ce qui étoit plus direétement rélatif a fa conduite et a fa réligion? . L'explication des deux premiers verfets de la Génèfe, que je viens de donner, une fois admife, toute contradiction entre les .obfervations cosmologiques et les paroles de la Bible doit disparoitre. Les verfets fuivans même, qui ne parient que de la régénération, ou du rénouvellement de notre planète, et qui ont tant tourmenté les interprètes et les pbyficiens, n'offrent plus de difficulté: toute interpretation forcée des paroles faintes vient a cesfer: il n'eft plus question de convertir avec le Pline Francois, les jours naturels, dont parle Moyfe, en autant d'époques, dont la longueur invraifemblable n'obvioit même pas k 1'embarras que ce favant a voulu éviter; puisqu'il n'en reftoit pas. moins vrai, que 1'origine des animaux terreftres felon 1'Ecriture eft d'une même époque que celle des hommes: 1'exiftence du foleil, des Ff étoi-  ( 226 ) étoiles et de la lune, des le commencementy c'efl kdaxe dés la création des cieux, n'offre- plus aucune apparence de contradiclion avec le 3 et le 14 verfet de la Génèfe; il ne faut que fuppofer pour cela, comme il eft raifonnable de faire, et comme des théologiens du premier ordre le font aujourd'hui, que dans tous les verfets, oü il s'agit de 1'univers dans le rénouvellement de notre planète, Moyfe, au lieu de parler dans un fens abfolu, n'a parlé que dans un fens, relatif k la terre, et conformément aux apparences. Dès lors il eft palpable, que Dieu, en rétablisfant,. au premier des fept jours, le mouvement de la rotation diurne de la terre et de fon atmofphère, qui avoit été arrêté ou tróublé par la révolution précedente, créa virtuellement la lumière et le jour, relativement a la terre, qui avant étoient nuls. pour elle tant qu'ils ne pouvoient y pénétrer. Le retablisfement du mouvement diurne étendit le cercle de 1'atmosphère; et la force centrifuge la rendit plus divifée et plus transparente; d'oü refulta un pasfage quelconque des rayons lumineux, fuffifant .pour faire appercevoir le jour, mais pas encore pour faire-voir le foleil... Celui ci ne parut dans toute fa clané, ausfi bien que la lune et les étoiles, que lorsque 1'épaisfeur de 1'atmofphère fut fuffifamment diminuée pour donner un pasfage tout a fait libre aux rayons, ce qui felon le verfet 14 ne peut être arrivé que le quatrième jour du rénouvellement de notre globe. L'appereu, que je viens de donner, prouve fuffi- fam-  C 227 ) famment Ferreur de ceux, qui ioutiennent, que fancienneté du globe, dès qu'on la fait remonter au deIk de 58 fiècles, repugne a la chronologie facrée de Moyfe. L'examen attentif des faits prouve de mème Terreur de ceux qui, par des argumens phyfiques, prétendent prouver, que notre globe n'eft pas bien vieux. Je ne dirai rien de Targument, qu'on tire du peu du progrès de nos connoisfances, pour prouver que 1'efpèce humaine n'-eft pas ancienne. Je conviens de la non exiftence des hommes avant notre premier père; mais j'ai démontré que, quoiqu'il n'exiftat point de créatures humaines, la terre ne laisfoit point d'être créée, et peuplée d'efpèces très-nombreufes d'ètres, probablement même intelligens. J'ai d'ailleurs prouvé, dans un mémoire lü dans une féance académique, que les argumens, qu'on déduit de 1'homme et de fes connoisfances, fur 1'époque de fon origine et fur celle de la terre qu'il habite, ne prouvent rien abfolument, et font fondés fur un principe, qu'il refte a démontrer, ou plutöt qui eft faux. La prétendue ftabilité actuelle des montagnes, autre argument dont on s'eft fervi, pour prouver le peu d'ancienneté du globe n'eft pas plus concluant: puisqu'il n'eft fondé que fur la prétendue ftabilité actuelle des talus. Des exemples journaliers, dont Mr. Deluc en cite plufieurs qui font frémir^ prou- CO Deluc lettres phyf. t. VUL p. 41. et fui v Ff 2  C 228 ) prouvent, par les ravines, que ces' talus ne refrftent pas aux efforts terribles des averfes d'eau. Or dès que les talus, unique boulevard du corps de la montagne, auront cédé au pouvoir irréfiftible de l'eau, que déviendra le refte? Mr. Deluc nous en inftruit,. par ces paroles,. interprètes de la vérité : il faudroit que le talus fut détruit, pour que la partie quil recouyre fut de nouveau attaquée: donc elle fera attaquée; donc avec le tems elle fera détruite a fon tour; et cette déftruction fuccesfive durera jusqu'a ce que toute pente vienne a cesfer, c'eft-a-dire jusqu'a. cê que la montagne ait disparuel Pour prouver le ftabilité des montagnes, on a cru pouvoir pofer pour principe que, sll s'accumulé de ia terre végétale fur un terrain, c'eft un ftgne bien évident que rien ne Pattaque plus Qc); de la on a conclu que les montagnes font ftables, partout oü elles font couvertes de terre végétale, comme s'il étoit nécesfaire que des caufes, une fois agisfantes, düsfect agir toujours! Que fon garantisfe aux montagnes leur exiftence, pasfe pour cela; 1'époque de leur déftruction totale eft encore trop éloignée, pour ne pas fuppofer des contradictions. IVIais quel calcul tirer de la terre végétale, qu'on n'empêchera jamais, 'quelque collante qifon la fuppofe, d'être lavée et entrainée embas des rochers dé tems k autre, par des pluies violentes et copieufes. Les habitans des Pyrénées, et d'autres gran- (e) Deluc lettres phyf. t. II. p. 35.  C 229 3 grandes chaines de montagnes, font tous les iours triile expérience de cette vérité, lorsque, par un défir imprudent de jouisfance, ils mettent a blanc étoc les bois qui couvrent leurs montagnes. Non feulement la pluie entraine en peu de tems Ia terre qui rendoit les rochers fertiles, mais ausfi ces roes dénués rendent avec tant de rapidité les eaux. quïls recoivent pendant les orages, que les torrens fubjacens acquièrent, par ce moyen, un dégré de force et d'aCtivité, qui dévient funefte aux. vallons qui les portent. Je pasfe fous filënce les preuves du peu d'ancienneté de la terre que Mr. Deluc tire des dépots et atterrisfemens, féduit par quelques tombeaux, que les Romains fe font aviïes de conftruire,. prés de Coblentz, vers le milieu de la hauteur du. bord du Rhin fjf): et je me contente d'obferver, que rien n'eft plus trompeur que le calcul que Ton peut tirer. dela; comme on fe convaincra en fe rappellant ce que j'ai dit plus haut des dépots des eaux continentales, qui ont été fairs et défaits fuccesüvement* D'aill eurs ü l'on vouloir, calculer ici, il faudroit pren> dre, pour bafe du calcul, le progrès vifible actuel de ces dépots; mais quelle feroit la fomme énorme de fiècles, qu'il auroir falu pour former, p. e., la basfe Louifiane par le Misfisfipi., en computant d'après 1'aggrandisfement moderne de ce pays. Le terreau, ou la terre végétale, a fourni un autre ax- 0jQ Deluc u V. p. 498. Ff 3  ( 23o 3 argument en faveur du peu d'ancienneté de la terre. Mr. Deluc furtout, depuis la page 58, jusqu'a 70 de fon troifième volume, établit le calcul de 1'age des continens par 1'épaisfeur de la couche de terre végétale; la quelle il dit être au plus d'un pied d'épaisfeur. Ayant lu et relu plufieurs fois, trés attentivement, tout ce qu'a dit, relativement a eet' argument, le favant auteur dont il s'agit, je me vois forcé d'avouer, avec tout le refpecl qui eft dü a fon mérite reconnu, que je n'y ai rien trouvé de concluant. Je ne puis donc m'empêcher de croire que, frappé par 1'appercu de la posfibilité de calculer la durée des continens par 1'épaisfeur de la couche végétale, Mr. Deluc a négligé, d'établir cette posfibilité, par les moyens requis de conviclion; et que, croyant que la propofition toute. nue frapperoit 1'efprit d'autrui comme 1'appercu avoit frappé le fien, il a pofé pour principe ce qui étoit juftement le point a démontrer. Comme Mr. Deluc foutient, que la terre végétale eft un dépot de fair, il auroit dü au moins dire ausfi, oü fair va chercher ce dépot, qui eft inépuifable felon lui; puisqu'il doit augmenter en proportion de la durée du monde. L'air enrichira également de ce dépot végétal la mer, dont il en couvrira le fond; donc notre fol, étoit déja fourni de terre végétale lorsqu'il fortit des eaux: ce qui eft contraire au fyftême de Mr. Deluc (g), mais tout a fait conforme au recit de Moyfe, qui fY) Deluc lettres phyf. t. III. p. 33.  C 231 ) qiii ne nous permet pas de douter de la fertilité de' la terre immédiatement après le déluge. Un argument, tout a fait peremptoire, c'eft que toutes ces bruyères, aujourd'hui fi incultes et nues, fur les quelles Mr. Deluc a fondé fes calculs, étoient autrefois couvertes de bois, et peuplées par des nations nombreufes, qui même en grande partie fe nourrisfoient des glands que portoient alors les chênes de ces bruyères. Mr. Deluc a fenti lui-mème cette vérité, en parlant des Lombards et des Vandales f»; mais il n'en a pas tiré les. conféquences r\écesfaires, qu'elle lui offroit. Les oftéocolles fabloneufes, qu'on trouve partout dans ces bruyères, ne font que les remplisfages des vides qu'y ont laisfés les racines des arbres nombreux dont elles étoient couvertes. L'biftoire nous fournit mille preuves de la population et de la végétation, dans-des tems réculés, de ces pays, aujourd'hui fi déferts; bien plus,, dans le chapitre 7. de mon oryctographie, je prouve, que les bruyères, entre le Brabant et la Hollande, fi ftériles de nos jours, étoient encore d'un bon rapport il n'y a pas plus de trois fiècles.. Quel fond Mr. Deluc a-t il donc pu faire, fur 1'augmentation de la terre végétale, dans des bruyères, qui en étoient autrefois mieux fournies qu'elles ne le font aujourd'hui ? je penfe, que ce feroit abufer de la patience du Jecteur, que de faire 1'énumération de plufieurs autres 00 Deluc lettres phyf. t. III. p. 3p.  ( 232 ) ttres argumens phyfiques, encore beaucoup moins bien fondés que les précédens, par les quels on a prétendu prouver le peu d'ancienneté de notre globe. Je préfère donc m'arrêter encore un in (tant au tableau, plus utile, de la fuite des époques, auxquelles doivent être rapportés les différens changemens ou révolutions de notre planète; en commencant par les plus nouvelles, et en rétrogadant fuccesfivement jusqu'a celles, qui vont fe perdre pour nous dans la miit la plus réculée des tems. Ce tableau, lorsqu'on voudra fubflituer, felon 1'exigence des cas, un nombre, plus ou moins confidérable, de fiècles, aux différentes époques dont il y fera queftion, fervira de ■réponfe a la dernière partie du programme, qui demande le nombre des fiècles écoulés depuis les révolutions. Entre les révolutions, arrivées a notre globe, dont les fosfiles font foi, quelques unes appartiennent k la terre moderne et a la génération acluelle; le plus grand nombre appartient a la terre ancienne, et aux générations pasfées. Comme les atterrisfemens, les ravines, les éruptions des volcans, et autres phénomènes pareils de la terre moderne, indiquent des changemens locaux, asfez notables, dans la furface du globe, fans indiquer vifiblement aucune révolution, nous ne pouvons en admettre qu'une, on deux, bien diftinétes: favoir celle a la quelle nous devons ces innombrables tourbières, éparpillées, fans aucune fuite apparente, fur la furface du globe, a des.profondeurs plus ou  C 233 ) t)U moins grandes, ma*is en général asfez fuperficielles; et celle a la quelle nous devons les couches quï renferment le fuccin. : Ces révolutions appartiennent inconteftablement a la terre moderne; puisque, et la tourbe et le fuccin, ne renferment que des fosfiles accidentels dont on trouve les prototypes dans la génération acïuelle. Je ne puis décider jusqu'ici, fi nous.devons 1'enterrement de la tourbe et. celui du, fuccin a des époques différentes; les endroits oü, comme prés de Brémen, on trouve la tourbe et le fuccin, a des diftances peu éloignées 1'un de 1'autre, mais h des hauteurs et dans des couches différentes, femblent offrir une préfomption pour 1'affirmative; elles font néanmoins encore loin de la démonftration. II me fuffira donc d'obferver que, quoiqu'on ait trouvé du fuccin en Prusfe, en Pomeranie, en Saxe, dans le Hannovre, le Luneboürg, la Lithuanie, la Suède, et ailleurs dans le Nord, prés de la mer Caspienne, en Italië, en Efpagne et en plufieurs autres endroits, il s'en faut bien que le fuccin foit ausfi généralement repandu, que la tourbe, qu'on trouve presque partout, même fur les montagnes les plus élévées; ce dont les Alpes de la Suisfe nous fournisfent maintes preuves. La révolution, qui a enterré les tourbières, peut donc , a jutte titre, être appellée générale; quoiqu'on ne puisfe pas dire, qu'elle foit arrivée partout en un même tems; il eft même plus probable, qu'elle n'eft arrivée que fuccesfivement. Mais fes effets, repandus partout, fuffifent pour la faire envifager comme générale. Gg Ne  ( 234 3 Ne fachant pas jusqu'ici, bü doit être placée la révolution a la quelle font dus les éléphans et les rhinoceros fosfiles, je dirai qu'une des révolutions les moins anciennes du globe eft celle, a la quelle nous devons la formation des couches gypfeufes. Les osfemens inconnus, qu'on y trouve enterrés en plufieurs endroits, me la feroient ranger parmi les révolutions de la terre ancienne, fi quelques phénomènes, obfervés dans les carrières a platre de Montmartre, ne tenoient mon jugement en fufpens! ces phénomènes font, la clef qu'on a trouvée dans ces carrières, et les charbons de bois, qu'on trouve dans le fchifte argileux, fur le quel repofent les couches gypfeufes de cette montagne. Comme 1'obfervation exacte ne nous a pas encore asfez inftruits, pour pouvoir diftinguer, avec quelque certitude, parmi les couches trés-différentes plus ou moins horizontales, qui forment jusqu'a certaine profondeur le fol des parties les moins élévées des continens, et qui font les derniers ouvrages des eaux, celles qui appaniennent a la terre ancienne, non plus que celles qui font 1'ouvrage des eaux continentales et celles que nous devons aux eaux de la mer, je ne m'y arrêterai pas, et je pasferai d'abord aux révolutions qui appaniennent inconteftablemeut a la terre ancienne. Parmi celles ci s'offre d'abord celle, qui a enterré les poisfons inconnus d'eau douce, dans ces couches fisfiles, foit calcaires foit argileufes, oü ils ont été enfévelis tranquillement en plus d'un endroit. Ces pois-  C 235 ) poisfons fosfiles nous prouvent plutót autant de changemens locaux, produits par les eaux continentales, qu'une révolution générale du globe, ou un ouvrage de la mer, mais qui ont exigé du tems. Vient enfuite la grande révolution, atteftée par tous les fosfiles, qui a converti le fond des mers anciennes en terres aujourd'hui habitables. L'épaisfeur énorme des couches marines fosfiles, le nombre et la grandeur des volcans éteints qui ont fait leurs éruptions fous ces mers anciennes, furtout les bois charbonnés et les couches multipliées de corps marins qu'ils renferment, prouvent évidemment, qu'avant la révolution, la mer avoit été, pendant un long laps de fiècles, en posfesfion der terres; obfervation, qui récule d'autant 1'époque de 1'origine des houillères, que j'ai prouvée être antérieure, a la grande révolution, et au féjour de la mer fur nos terres. Quoique j'aie démontré, que tous les fosfiles, furtout les accidentels, atteftent cette révolution; il ne s'enfuit pas, qu'ils n'en atteftent qu'une feule: au contraire j'ai prouvé, que le manque abfolu de la plupart des efpéces de fosfiles accidentels, dans les couches calcaires des hautes chaines de montagnes, et en d'autres endroits, oü l'on ne trouve que certaines efpéces d'anomies, de cornes d'ammon, et un petit nombre d'autres efpéces déterminées de coquilles anomales, fait naitre un foupcon bien fondé, que les mers anciennes doivent avoir occupé, et avoir abandonné, plus d'une feule fois, les terres. Gg 2 La  C 236 ) La formation des houillères, ces tourbières étonnantes du monde ancien, offre une époque encore plus réculée. Rien de plus difficile a concevoir, que ces entasfemens énormes de végétaux anciens, par couches, alternatives avec celles du grès et du fchifte, fi nombreufes, que dans les Pays-bas on en compte jusqu'a 50 différentes, qui fe recouvrent toutes les unes les' autres, dans une feule bande, de la largeur de deux lieues du Nord au Sud. Ces bandes dont on en connoit déja trois diftinctes, bien parallèles les unes aux autres non obftant la grande diftance qui les fépare, ont toutes leur direction de 1'Efl a VOuefl, dans une longueur, dont 1'étendue n'eft pas encore bien connue, mais toutes les veines ont leur inclinaifon du Nord au Sud: car tout concourt (g) aprouver, que celles, qui font fituées au.Sud, et qui ont toutes leur inclinaifon du Sud au Nord, ne font que les pieds des veines qui ont leur tète au Nord,. et qui, après avoir continué a former uh plan incliné, fouvent jusqu'a des profondeurs très-confidérables, fe relèven.t enfuite, et fuivent, pendant quelque tems, des- pofitions très-variées, mais finisfent. toutes par fortir au Sud. ..... Dans les retours, c'efl: a dire les angles, que forment les veines de houille., pour fe reléver ou pour re- (V) Ce? preuve? corififtent furtout dans fidentité abfólne do nombre des veines de houilles. qui forment leur tête au Nord et celles qui.paroisfent la former eu Sud, dansl'idemité de Ia nature des houilies et des roes intermédiaires, dont les veines correfpondent, enfin, dans - 1'égalicé des diftances refpectives en pro» fondeur entre les veines au Nord et entre celles au Sud. Tout ceci va au point, que les houilleurs dans ce pays, n'ayant pour guide que la routine de la pratique, faveac dire au jufte quelle veine du Sud correfpond a chaque veine au Nord.  i m 5 replonger, on obfervé des changemens très-notabfes> tant dans les veines de la houille même, oü tout efu plus irrégulier dans ces angles qu'ailleurs, que dansles couches pierreufes qui en forment les toïts et les murs, et qui dans ces retours déviennent tout frifés et entortillés, de parallèles qu'elles étoient, outre qu'en ces endroits on y voit généralement des taches blanches, que les mineurs appellent merdes tfoie, que ces couches pierreufes ne prefentent nulle part ailleurs. En un mot, tout dans ces retours ou angles prouve, que la fituation des veines n'y eft pas naturelle, mais qu'elles ont été croquées eft s'enfoncanty et en.abandonnant leur fituation'plus horizontale par quelque révolution dont la caufe nous eft inconnue*Si nous ignorons la caufe, qui a fait énfoncer les couches de houille, caufe d'autant plus fingulière qu'elle n'a pas dérangé les autres couches, puisqu'a400 toifes, plus ou moins de diftance Nord et Sud: des deux lieues de la bande houilleufe, toutes les* couches calcaires et- autres retiennent leur inclinaifon régulière et générale du Nord au Sud; nous n'envoyons pas moins clairement, quel tems immenfe il a falu, pour produire. toutes ces veines de houille et les couvrir fucceslivement de couches de marne et de grès,. par autant de révolutions particulières.- II nous confte également que, vu 1'abfence des fosfiles marins, aucune de ces couches de houille, ni des couches intermédiaires, n'a été formée pendant le féjour de la mer; et par la raifon contraire, c'eft a. dire par la couche coquillère qui couvre le toit deGS 3 la:  C 238 ) la première couche de houille il eft prouvé, que la mer ancienne, a la quelle nous devons le plupart des fosfiles accidentels, n'a occupé les terres, qu'après que les houillères étoient déja toutes formées. A-moins que la formation des houillères n'ait été précedée, comme il eft apparent, par le féjour d'une mer, plus ancienne que celle qui a donné naisfance a. la plupart des fosfiles accidentels (//), et qui pour lors devroit être celle, a Ia quelle nous devons ces efpéces de coquilles anomales, dont j'ai parlé plus haut, qui font bande a part parmi les fosfiles accidentels! la houille fourniroit la dernière époque, dont ces fosfiles accidentels fasfent foi. Les époques les plus réculées, n'offrant plus de traces de végétaux ni d'animaux, roulent entièrement fur les fosfiles naturels. Ces époques fi réculées nous offrent, entr'autres, trois révolutions bien diftinctes; dont la plus rapprochée de nous eft celle, a la quelle nous devons l'introduction des minerais et autres matières dans les filons: la fuivante, par ne pous parler de la formation des filons mêmes, eft celle, qui a donné naisfance a ces roches par couches, d'une étendue im- men- (Z>) JV. tout lieu de foupconner que les roes calcaires, dont les lits précédent au Xord et fuivent au Sud & 400 toifes plus ou moins de diflar.ee Ia bande houilleufe, indiquent une révolution, qui a enterré des fosfiles accidente'.s furtout marins et qui eft antérieure k celie qui nous a donné la houille. Mes obfervations ne font pas encore fuffifantes pour décider avec certitude. L'on m'a envoyé plufieurs échartillons de roe calcaire avec des pétrifications marines, qu'on m'asfure avoir été détachés des roes dont il s'agit; la fituation de ces roes ne me laisfe point de doute qu'ils ne foient d'une formation antérieure & celle de la bande houilleufe; il ne s'agit donc plus que de vérifier fur les lieux s'ils renferment véritablemeut des fosfiles du regne animal.  C 239 ) menfe, qui recouvrent immédiatement les roches de granit, et qui font le vrai féjour des filons métalliques. Combien il a falu de tems, pour produire ces masfes énormes, toutes compofées de couches, eft connu a celui feul a qui 1'exiftence en eft due! Enfin la révolution la plus reculée a donné naisfance a ces roches de granit, les plus profondes entre les fosfiles connus, fervant de bafe a tous les autres, et nommées avec raifon, par quelques favans, le foutien et la carcasfe osfeufe du globe. J'ai prouvé fuffifamment, que le granit eft bien loin d'être de création priraitive; qu'au contraire iï n'eft vifiblement qu'une récompofition; et quoiqu'il ne nous ait pas été donné jusqu'ici de parvenir a des couches plus profondes que le granit, les volcans du Perou et autres, qui font leurs éruptions au travers des roches de granit, témoignent fans replique, que, fous ces roches, qui ne font en aucune facon inflammables, il doit s'en trouver d'autres ausfi combuftibles que la houille. Que devient après cela le nom de primitif, qu'on a fi gratuitement accordé au granit? Que devient la prétendue chronologie du monde, qui ne monte pas au dela de 58 fiècles? Quel fujet d'étonnement et de confufion pour les incrédules, fi j:imais une convuifion violente de la terre y découvroit une cavité profonde, ou y produifoit une fente, qui permisfent a 1'obfervateur d'en confulter les entrailles! que d'inftructions nouvelles, que de fosfiles inconnus, que de preuves frappantes de révolutions antérieures me fait entrevoir pareii événement, s'il étoit posfible! Je  C 240 ) Je me tais! car 1'efprit fe confond, lorsqu'il veut fuivre pas a pas 1'ancienneté de la terre et les époques de fes différentes révolutions. Je me tais dis-je, et j'admire en filence le Créateur dans fès óuvrages. CONCLUSION Efpérant, d'avoir démontré, par les fosfiles, confidérés fous tous les points de vue, que notre terre eft. une planète dont nous ignorons 1'ancienneté, et qui a fouffert des révolutions nombreufes, je finis un travail, que la nouveauté de 1'application, le manque d'obfervations fufüfantes, et la difflculté,. ausfi bien que 1'étendue, du fujet, ne peut que rendre très-éloigné de la perfeétion. Le feul bonheur, auquel j'afpire et qui remplira tout mon but, efl:, que mon travail devienne utile, et qu'il ferve de guide a ceux qui, après moi, s'occuperont de cette matière intéresfante. F I N. Epigraphe multa fuerunt, Ante banc progeniem, quae nunc teilure teguntur. Dévife Bis Rex, nunc curas, ut vir fias. Qui eft Tanagramme de FRANCISCUS XAVERIUS BURTIN.  ( 24i ) TABLE DES MATIEHES. Discours Preliminaire .Ja_ Introduclion . 3 -■ - • ■ MUtOl SH3 1 Mfr » p- H U OVi 3 -9 CHAPITRE I. Des Fosfiles Accidentels CHAPITRE TL Des Pétrifications Animales I? § ï. Des Pétrifications Humaines I? § a- Des Pétrifications des Quadrupèdes. 25 § 3- Des Amphibies Fosfiles 30 § 4. Des Ornitholites 34 S 5- Des Infetfes Fosfiles s6 § 6. Des Poisfons Fosfiles 3g § 7- Des Cruftacées Fosfiles 4? § S. Des Coquilles Fosfiles 44 S 9- Des Produétions Polypières Fosfiles ou Polypodites 6S § 10. Des Échinites ou Ourfins Fosfiles 75 §11. Des Zoophytes Fosfiles ou Zoophytolithes 7g CHAPITRE III. De Végétaux Fosfiles 8l § 1. Des Dendrolithes ou Bois Fosfiles 82 §2. Des Pbytolithes ou Plantes Fosfiles 9~t § 3. Des Carpolithes ou Fruits Fosfiles Io8 CHAPITRE IV. Des Fosfiles Naturels 110 § 1. Des Fosfiles Naturels, qu'on nomme Primitifs 113 § 2. Des Fosfiles Naturels fecondaires formés par le moyen de l'eau I2? § 3. Des Fosfiles Naturels fecondaires formés par 1'aclion du feu 13? Hl» CHA-  ( 242 ) CHAPITRE V. De la Surface du Globe 149 CHAPITRE VI. Du Déluge UniverfeJ de Noë et de quelques autres Cataftrophes, dont 1'hiftoire fait inention 156 CHAPITRE VII. Des Révolutions et des Changemens notables, arrivés a la furface du Globe, dont on trouve les preuves dans les Fosfiles et dans leur fituation 166 CHAPITRE VIII. Vues fur 1'Age du Globe 216  AND WOORD OP de NATUURKUNDIGE V R A A G E VAN TEYLERS TWEEDE GENOOTSCHAP, « - • w*» ' ^ -•'■■-'■j. ito t mik yvtvr vai m v-.v^ & «wc *v; *? «v; ' i DE ALGEMEENE OMKEERINGEN, WELKE DE AARDE AAN HAARE OPPERVLAKTE O N D E R G A AN H E E F T , . E N O V E R D E OUDHEID VAN ONZEN AARDKLOOT. ■ ■ ■ ■ ' ï " e-*■'■'*> -ö" r' ' ■ - h FRANCOIS XAVIER BURTIN, RAADSHEER VAN HET GOUVERNEMENT TE BRUSSEL, LID VAN VERSCHEIDEN ACADEMIËN EN GELEERDE GENOOTSCHAPPEN, etlZ. Aan wien de Eerprys is toegewezen in het jaar 1787.  DE VRAAG IS: Hoe verre kan men, uit den bekenden aart der Fosfilia> uit de liggingen, waar in dezelven gevonden worden, en uit 7 geen verder van de voorleedene en tegenwoordige gefteldheid der oppervlakte van den Aardkloot bekend is, volgens onbetmstbaare grmdbeginzels afleiden, welke veranderingen of algemeene 'omwentelingen de Aardkloot, aan zyne oppervlakte ondergaan hebbe, en hoe veele eeuwen er zederd dezelven moeten verhopen zjn?  C *45 3 VOORREDE. V ^to groot is de menigte en verfcheidenheid der verbaazende verfchvnzelen, welken de Aardkloot het oog der waarneemeren aanbiedt, dat het ongerymd zou zyn te denken, dat men met de enkele bouwftoffen die de gezonde Natuurkunde, federt haar al te korte heerfchappy heeft'vergaderd, een ftelzel zou kunnen oprichten, 't welk die altemaal begreep en aan ieder derzelven een plaats aanwees onder de oorzaaken en uitwerkingen* Ver dan van hier de vrugtbaare geest, die uit het diepfte van zyn kabinet zig op zyn gemak verheft tot fchepper der wereld, en wiens" erootiche veroeeldmg de zedige waarneeming meent te kunnen ontbeeren welke ons voet voor voet onderrichten moet, en wier lvdzaamheid, eeuwen verdimrende, ons geleiden moet in den pragtigen doolhof, waar de Natuur zig voor nieuwsgierige oogen verbergt. Zo het zeker is, dat 'er nog veel ontbreekt, aan 't gene wv noodighebben, om_ de natuurkundige hiftorie van den Aardkloot op te "maakcn* het is niet minder zeker, dat de tydkring tegenwoordig tv, om te bepaal len, hoe verre wy de weezentlyke kennis in dit opzigt gebrast hebben en om paaien te (tellen tusfchen de zekerheid, twyfeling en onderftellineten ernde de waarneemers niet langer hunnen tvd verfpfllen moffen, met waarheden op te zoeken die reeds bekend zyn, maar dat zv ons trachten te onderrichten omtrent de twyfelaehtige voorwerpen, "en zie niet langer baten verblinden door 't valfche licht der onderllellin^en. Laat ons dan de talryke ontdekkingen verzamelen, die wv aan dewaarneeming te danken hebben. Laat ons zelfs beginnen die in orde tc brengen en daar van af te leiden cte onmiddelvke en noodwendige eevol- Pu'c'ke" Mneenl'dlïikeling vertoont, raakendc de befchouw- kunde \an den Aardkloot. tIh S Zon-  Zonder deeze voorzorgen is het grootelyks te vreezen, dat eindelyk de ■ontdekkingen der aardrykskunde, ten opzigt van de hiftorie der wereld, niet minder verlooren zullen gaan, dan die voorvallen der aloude volkeren, hedendaags, ten opzigt van de gefchiedenis der menfchcu verlooren zyn. Zodanig is, denk ik, het pryzelyk oogmerk van het voorhande programma, 't welk niet dan beweezen ftukken toelaat, en alle onderftellingcn verbiedt in eene ftoffe die zo vrugtbaar is van ftelzclen. Getroffen, naar 't behoort, door deeze zo verftandige wet, die het voorftel lofwaardig maakt, zal ik geen anderen leidsman hebben dan de bloote natuur: ik zal niet fpreeken daar haare godfpraaken voor my te duister zyn. Welk ook de uitflag zy myner poogingen, daar is een gezigtpunt in het welke ik die altoos met vermaak zal durven befchouwen: te weeten, de overtuiging van een menigte waarheden te hebben afgefchetst, welke de vrugten zyn van een oneindig getal waarneemingen, ten deele door my zelf gedaan; ten deele doorgeleerden, wier achting hun boven alle vermoeden Helt van onbekwaamheid of kvvaade trouwe; en deeze ftukken met elkander te hebben doen dienen, tot eene gantfchelyk voldoende betooging van eene algemeene omwenteling des aardkloots, veel aanmerkclyker en veel ouder zelfs, dan die van den zondvloed, ten tyde van Noach voorgevallen. Ik kan niet ontveinzen, dat, wel verre van een nieuwe ontdekkinge te zyn , deeze omwenteling reeds befpeurd is, door Philofophen zelfs vande groot fte oudheid. Maar de ouden hebben voor ons de betooging op vaste gronden overgelaaten, van 't gene zy flegts opgemerkt hadden in bekrompe waarneemingen. Dus moet men zig niet verwonderen over de menigvuldige dwaalingen, omtrent de omwentelingen van onzen aardkloot, die naderhand door de onkunde en 't vooroordeel voortgebragt zyn. Ik oordeel dan, dat het van eenig belang zy, naauwkcuriglyk, ten miniten eene gantsch algemcene omwenteling betoogd te hebben, door duizenden van ftukken, daar toe de hand biedende. Het bybrengen van ftukken is geen verlooren arbeid; daar zonder dezelven geen ftelzel grondflag heeft. Ook zal een waarneemend liefhebber der natuur altoos de leermeester zyn van den ftelzelmaakcnden Philofooph. Dat meer is, deeze ftukken worden zo veel bindftcenen, daar zig de ftukken zullen komen aanvoegen, die nog te ontdekken ovcrblyven. Derzelver fchakel is tot heden flegts een fchets, die een fchildcry zal worden onder de handen van de nakomelingfchap, en haar zal doen weeten, dat de oppervlakte des aardkloots maar een reeks is van bewysredenen, die eene agtereenvolging van omwentelingen in deeze planeet betoogen. Ik fchaam my derhalven niet te zeggen, dat, wanneer ik aan dit vertoog eene verdienfte toefchryve, zulks vooral beftaat in de manier, op welke ieder delfflof daar in befchouwd wordt, betrekkelyk tot de omwentelingen des aardkloots, 't zy blykbaar, 't zy waargenomen, en in de wederlegging der dwaalingen van anderen; alzo de ontdekking eener dwaaling eene nieuwe waarheid uitmaakt. Met  C 247 ) Met dit bedryf te vrede, zal ik zorgvuldiglyk alle onderftelling vermyden, en de omwentelingen niet verder vastfteJIen, dan ik die met zekerheid zal kunnen affchetzen. Zo ik eenige gisfingen gebruiken mogt, omtrent ondergcfchikte verfchynzelen, zal het nooit zyn, dan met dien trap van vertrouwen, welken zy verdienen, en dezelven altoos bepaalende aan oorzaaken, wier mooglykheid blykbaar en gegrondvest is op den aart der zaaken. Om kort te gaan, ten einde de waarheden niet te benadeelen, die ik vertoonen zal, wil ik zelfs eene opoffering, fomwylen fmertelyk, doen, van de middelyke maar niet beweezen oorzaaken, die ik meene te befpeuren. Dit vertoog, welk de ftoffe noodwendig uitgebreid maakt, is, behalve de Inleiding, die de delfftoften in 't algemeen befchouwt, in agt hoofdftukken verdeeld. Het eerfte fpreekt van de toevallige delfflofen; het tweede van de verfchillende clasfen der dierlyke verfieeningen; in zo vecle paragraaphen gefmaldeeld; het derde van de gegraven plantgewasfen, insgelyks verdeeld in paragraaphen; het vierde van natuurlyke delfflofen, zo van den eerften als tweeden rang; het vyfde van des aardkloots oppervlakte; het zesde van den zondvloed en andere omkeeringen, uit de gefchiedenisfen bekend; het zevende van de omwentelingen en veranderingen, beweezen door de delfftoften; hetlaatfte, eindelyk fielt eenige bedenkingen voor, nopens den ouderdom der aarde. Ik wil wel bekennen, dat zulk een verdeeling, offchoon zy mynen arbeid nuttiger en geregelder maakt, ook den inhoud meer afgebroken en laiïgdraadiger doet zyn, geevende er eene minder akademifche gedaante aan: maar kan ik, in het behandelen eener ftoffe van zo veel belang, zonder verwyt, de betooging en de ftukken opofferen aan de gedaante"? terwyl het programma, met reden, tot een grondflag van mynen aardrykskundigen arbeid voorftelt, den aart en plaatzing der verfcheiderlei delfflofen en de gedaante van de oppervlakte des aardkloots; kon ik nalaaten my uit te breiden over deeze onderwerpen, wanneer ik te betoogen had O), hoe weinig weezentlyke overkomften er zyn, tusfehen de he- O) Niets ftrekt tot frerker bewys voor de rroodzaaklykheid van zulk eene betooging, dan het gedruis, 't welk van alle kanten gemaakt is, en nog niet ophoudt zig te verbeften, tegen den Heer deeuffon, en tegen andere geleerden, die, gelyk hy, hebben durven zeggen, dat de Ammonieten, Belemnieten, Orthoceratieten en de meeste Anomies, verlooren fooricn zyn: terwyl ik durf verzekeren, dat de niet verlooren foorten van delfftoffen eene waare zeldzaamheid uitmaaken. Ook heb ik, om niets ten opzigt van een zo gewigtlg ftuk der Aardrykskunde te verzuimen , in het doorloopen van de verfcheiderlei foorten van toevallige delfflofen, zorgvuldig die genen aangetekend, waarvan men met eenjgen grondflag de overeenkomst onder de hedendaags leeveude fchepzels aanwyzen kan. Dit is niet het uitmuntendfte gedeelte van mvnen arbeid, maar het is wel het. moeielykfte geweeft,. en dat de meeste kundigheden, en omflag vereisehte. Ook is 't my niet bekend, dat iemand voor my dit werk ondernomen hebbe, 't welk nogthans alleen tot betooging zou kunnea firekkea van deeze groote Aard-  C 24§ ) hedendaags leevende fchcpzelen en de gegraven overblyfzelen der genen, die voor de groote omwenteling leefden? Hoe veel verfchillende oorzaaken worden er vereischt tot de plaatzing en beflaanlykheid der verfcheiderlei foorten van -natuurlyke delfftoffen, en om de'daadelykc gedaante des aardkloots voort te brengen ? Hoe verre is ieder deezer delfftolfcn af, van zig te bevinden in een ftaat van oorfpronglyke fchepping? Ik heb dan geoordeeld de naaHwkeurigheid te moeten verkiezen voor den glans van een aanééngefchakelde redevoering. Dienvolgens heb ik aangevangen met van ieder foort van delfftoffen in 't byzonder te fpreeken; dezelven vooral befchouwende in betrekking tot de omwenteling des aardkloots: voorts heb ik gefproken van deszelfs oppervlakte, en van deszelfs omkeeringen, die ons bekend zyn onaf hanglyk van de delfftoffen ; en ik heb geëindigd met, in het zevende hoofdftuk, eene grootere omwenteling vast te ftellen, die beweezen is door de delfttoffen, myn gezegde ftaavende door een beknopt uittrekzel der aardrykskundige zaaken, die in de voorgaande hoofdftukken zyn voorgedragen. Aardrykskundige waarheid; te weeten, dat bet getal der toevallige delfflofen, waar van men de waare overeenkomflige onder de leevende kan aanwyzen; zo wei als het getal der leevende fchepzelen , waar van men de waare overeenkomflige onder de delfflofen toonen kan, geenszins te vergelyken is by het getal der genen, dit geene weezentlyke overeenkomst hebben. IN-  C »49 5 INLEIDING. D e geheele aardkloot en 't gene dezelve famenftelt, zo verre daar in ons gezigt kan reiken, vertoont flegts eene reeks bewyzen van veranderingen en onikeeringen. Hier zyn liet de ruïnen van eertyds beftaan hebbende gedaanten; daar zyn het nieuwe gedaanten, uit de ontbinding des famenhangs geboren: elders zyn het mengzels van ftoffen, die uit haaren aart niet by elkander moesten zyn: om kort te gaan, overal, waar men zig begeeft, ziet men niet dan vervoering, verplaatzing, ontflooping of wederfamenvoeging. Ingevalle het dan even gemakkelyk ware, de oorzaaken te befpeuren als de uitwerkingen, is het zeer waarfchynlyk, dat wy met verbaazing, op de aarde zelve, de grootfche kenmerken zouden aangetekend vinden, van de verfchrikkelyke omkeeringen, waar van zy het fchouwtoneel geweest is in verfcheide tydkringen. Maar helaas! hoe veel ontbreekt 'er aan, dat onze geest bekwaam zy tot eene zodanige opmerking. Dikwyls is het voor ons moeijelyk de eenvoudige oorzaaken te ontdekken van niet famcngevoegdc uitwerkingen : terwyl hier zo veel uitwerkingen, op haar beurt, oorzaaken worden. De voortbrengzels der werkingen van den cerften rang zyn dermaate in die van den tweeden rang ingewikkeld, dat daar uit een weezentlyke meugelklomp voor ons ontftaat! Met één woord: de mensch, die zo dikwyls niet in ftaat is zyn eigen werk te ontwikkelen in eene gedenkpenning van hooge oudheid; zou die gemakkelyker de gedenkpenningen kunnen ontwarren, die geflagen zyn door eene hand, welker gewrochten niet zyn dan wonderen? Laatcn wy ons IHlzwygcnd verwonderen over 't gene onzen geest te boven gaat en onsswagten van door de droomen onzer verbeelding dat gene te willen invullen, welk de tyd en onze nafpooringen ons t'avond of morgen zullen opeubaaren, aangaande de geheimen der natuur. Zien wy ons dan gebragt tot eene algemeene onkunde der oorzaaken , van de verbaazende verfchynzelen, die de aardkloot ons voor oogcnftek? Neen zeker! Onder-de menigte der genen, welken ons ongeduld ons heeft doen vermoeden, zyn 'erccnigen, hoewel in zeer klein getal, die wy kunnen plaatzen onder de weezentlyke waarheden, en wier kennis een middel te meer is, om door den tyd te naderen tot andere ontdekkingen. Ii Dee-  C 25° 2 Deeze waarheden zyn het, die alleen my waardig voorgekomen zyn, om ter beantwoording te worden aangeboden aan de geleerden, die het voorhande programma voorftellen. De uitdrukkingen, waar van zy zig hebben bediend, geeven my volkomen reden om te gelooven, dat ik met weinig, maar 't gene waar is, te zeggen, aan hun oogmerk veel beter zal voldoen, dan door de Hoven in de gefchiedkunde des aardryks, 't zy met gewaarwordingen, 't zy met onderltellingen, op tc vullen. De delfflofFen merk ik, even gelyk deeze geleerden, aan, als den waaren toetfteen, van eene befchouwkunde des aardkloots. Verre van hier dan alle behulp der verbeelding! De delfftoffen, befchouwd onder haare gezigtpunten, zo vqlftrekt als betrekkelyk, zyn de. enkele bewysredenen, die ons den weg kunnen wyzen. Maar, alzo derzelver menigte een waaren doolhof maakt, waar in de geest zig verbystert, zal ik ze, eerftelyk onderfcheiden in toevallige en natuurlyke; waar van ik, elk in\ byzonder, de benaamingen, den aart, de gedaante, het kenmerk, de plaatzing en betrekkingen zal vastftellen; waar na ik uit de menigvuldige ftukken^ wélken de delfftoffen ons aan de hand geeven, het klein getal, van onmiddelyke en verzekerde gevolgen zal trekken, dat'er van afgeleid kan worden in betrekking tot de veranderingen en. omwentelingen: des aardkloots,. EER-  ( 25ï ) EERSTE HOOFDSTUK, Van de Toevallige Delfflofen. ,A.lzo het woord delfftof (fosfile) zynen oorfprong heeft van het latynsch woord fodere (graaven, delven;) verftaa ik daar door alle lighaamen, die in het aardryk zyn beflooten. Onder deeze lighaamen zyn 'er, die weezentlyk een gedeelte van het aardryk uitmaaken, welken men met rede noemt, natuurlyke delfftoffen. Hier van zal ik naderhand fpreeken. Daar zyn anderen», die, ten minfte wat hunne gedaante aangaat, geen gedeelte des aardryks uitmaaken dan by toeval, en deeze zyn het, welke, hunnen oorfprong hebbende genomen in het ryk der planten of dieren, eindelyk een gedeelte uitmaaken van het ryk der mineraalen; alwaar wy daar van of het lighaam zelf aantreffen , of deszelfs uitwendige gedaante in de indrukzels en opvullingen, of de inwendige in de fteenkcrncn. Deeze fteenkernen, zo wel als de indrukzels en opvullingen, hebben, om zote fpreeken, niets gemeen met haare origineelen dan de gedaante, welke niettemin, in ons geval, byna van zo veel belang is, als het origineel zou zyn. Wat de ftoffe aangaat, waar zy uit beftaan, komen zy terug in de clasfe der natuurlyke delfftoffen. De toevallige delfftoffen, eigentlyk zo genaamd, verfchillen oneindig onder eikanderen, wat de toevallen aangaat, die haar vergezellen. Sommigen zyn nagenoeg even zo bewaard gebleeven, als zy waren, toen zy in 'het aardryk bedolven raakten; anderen zyn veraard, verkalkt of verhard: anderen, eindelyk, zyn zodanig doordrongen met fteenige zelfftandigheden van verfchillende foorten, dat men die met reden fchikkcn kan onder de fteenen; fomtyds onder de kalkachtige , en deeze komen meest voor; fomtyds onder de kleyachtige; fomtyds onder de iïetglaas■baare. Het is zelfs in 't geheel niet zeldzaam 'er te vinden , die van een li 2 me-  metaltynen aart geworden zyn, gelyk de pyriteuze en yzerachrige, wcïken men op duizend plaatzen aantreft, en die dikwyls geheele yzermynen uitmaaken (V).. Ik heb 'er buiten dien veelen, inzonderheid houten in Siberië gevonden en visfehen van Mannsfeld, Èisleben", Frankenberg,. Ofterode, Illmenau en andere plaatzen, die geheel met koper doordrongen zyn. Dat meer is, de Heer collini heeft, in zyne mineralogifche reizen, omftreeks Mörschfeld visfehen ontmoet, die van cinaber doordrongen waren. Wat de ftofFen aangaat, daar de toevallige delfftoffen in begreepen zyn, zullen wy in 't vervolg zien, dat 'er, uitgenomen de rotfen, dieoorfpronglyke genoemd worden, gecne foort van aarde is, noch van fteen, welke haar niet fömwylen bevat. Daar is insgelyks geen bedding bekend, van de diepte van agthonderd voeten onder des aardryks oppervlakte, tot die van 2200 vademen boven het waterpas der zee (&), welke, op de een of andere plaats geene toevallige delfftoffen uitlevert; nu eens geheel en ongefchonden, dan eens gebroken of geknot, afgefleeten of plat gedrukt, en zeer dikwyls. kentekenen draagende van kwaaien en andere toevallen , aan welken de nog leevende foorten onderhevig zyn. 'Fer eener zyde ziel men de ruïnen van plantgewasfen, zeldzaam met die van 't dierlyk ryk vermengd; ter andere zyde de beendereu van dieren, onder welken die der landdieren, vry algemeen, van die der zeë* dieren uitgezonderd zyn; inzonderheid op plaatfen, waar men van dezelven , gelyk in de grot van Gailenreuth, een ongelooflyke menigte by dén verzameld vindt. Eindelyk, daar is naauwlyks een gedeelte des. aardryks, welk geen overblyfzels uitlevert van zeefchepzelen. .- jje. (V) In myne mineralogifche reistogten, heb ik veel voorbeelden aangetroffen, van toevallige delfftoffelyke lighaamen, geheele yzerraynen uitmaakendei Omftreeks, Grocnendaal by Brusfel vindt men een zodanige bedding, die t'eenemaal gevuld is met tweekleppige conchylien, inzonderheid met chamieten. Omllreeks Namen komt een dergelyke voor, die geheel fchynt te beftaan uit ano. mies; In het Luxemburgfe zyn zodanige mynen niets minder dan zeldzaam. Ik heb 'er naby Berchiwez eene gevonden, die zeer veelerlei en zeer fehoone verfleeningen bevat, onder anderen veele tweekleppige conchylien en ammonieten. Aldaar is het ook dat ik dé eenigfte genavelde nautiliet heb 'gevonden, welke tot nog toe- ter myner kennisfe is gekomen. Maar, onder dit flag van mynen, zyn van 't meeste belang my voorgekomen-, die van Nasfan-Saarbruck en Lotharingen; inzonderheid die van Lebach, vier mylen van Saarlouis, welke beftaat uit klapperfteenen, en die van Globersberg 3. by Saarbruek, welke t'eenemaal gevuld is met indrukzels van plantgewasfen. In het Luxemburgfe en Lotharingen heb ik verfcheide yzetrovens gezien, alwaar de yzer-verfteeningen de hoofdftoft'e waren; maar vry algemeen dienden dezelven aldaar niet, dan om andere rykere yzer ertfen, die moeielyker te imelten waren,. meer handelbaar te maakea: alzo haare dikwyls kalkachtige natuur haar een. groote bekwaamheid gaf, om met voordeel de plaats te vervullen ïan de gewoone niet yzerachtige fmeltftoften. ($) Journal de phyfique. Introduit.. 1.1, p. 135,,  i ) De visfehen beilaan geheele banken: hunne gebeenten vormen, op zekere plaatfen,. aanmerkclyke vergaaringen; maar ouder alle de delfftofhV lyke lighaamen fchynen de conchylien en de zeer verfcheidene voortbrengzels van de zee-polypen zig byna van den geheelen aardkloot meester te hebben gemaakt. Hier vindt men afgezonderde exemplaaren van éénc of veèlerltfi foorteu1; daar maakt eene enkele looit banken van verbaazende dikte en uitgeftrektbeid; ekfers ziet men dergelyke'beddingen,, door de hereeniging van een kléin getal foorten gevormd; elders, eindelyk, vertoont ons een verwarde mengeling van menigvuldige foorten, zonder orde famengehoopt-, en doormengd. met andere zeefchcpzelen ofderzelver gedeelten, een treffende afbeelding van begraafplaatzen, waar de zee, door haare ftroomen en getyen, agtervolgelyk de bekleedzels neerlegt van de weézens die haar bevolken, en welken de dood ligter gemaakt heeft en daar door onbekwaam om regen (tand te bieden aan het water,, dat dezelven medefieept. Met één woord, daar zyn zo vccle omftandigheden, zo zeer van belang als niet twyfelachtig, (daar ik in 't vervolg melding van maaken zal) welke de delfftoffelyke voortbrengzels der zee-polypen en de conchylien vergezellen, dat ik met vertrouwen zeggen kan., dat dezelven een duidelyker taal fpreeken voor den waanieemer der aardrykskunde, dan eenige andere delfftof, 't zy toevallig, 't zy natuurlyk, zou kunnen do en; en dat, by aldien deeze allen famenloopen, (gelyk wy zien -.zullen) om een zeer lang verblyf van de zee up liet aardryk te bctoogen , en eene grootere omwenteling aan te duiden, welke het aardryk droog gelaatenheeft; de conchylien, en de voortbrengzels'der zee-polypen, ons onder de aarde de kopy van den grond d,er zee zelf vertoonende, deeze beide waarheden , tot den trap van betooging toe, verzekeren.. Om zonder verwarring de verfchillende bewyzen, tot het programma betrekkelyk, welken men van de toevallige delfftoften afleiden kan, vast te Hellen, zo laat ons derzelyer verfchillende clasfen eens ter loops bcfchouwen. Ik zal my wel wagten-, van aan 't geleerde Genootfchap- een uitgebreide lyst voor te draagen van de foorten van delfftoffelyke lighaamen, "aan het aardryk vreemd. Door walch, s c h r o eter en andere geleerden, is deeze taak zo wel voldaan, dat ik daar mede 't geduld'van den leezer nutteloos misbruiken zoude. Ik zal my dan bepaalen om de foorteiV te doorloopen, welke of uit zig zelf, of Vloorde omftandigheden'die haar vergezellen, het meeste licht aanbrengen in de aardrykskunde. > Iï 3 TWEE-  TWEEDE HOOFDSTUK. Van de dierljke Verjleeningen. § i. Van de Verfleeningen hehoorende tot het Menfchelyk. Lighaam. "Wanneer wy raadpleegen met de zig dus noemende natuurkenners by de ouden; zo wy de hedendaagfe liefhebbers aanfpreekeh, die begeeriger zyn om zeldzaame voorwerpen te bezitten dan zig daaromtrent kundig te maaken; zal ons een zeer aanmerkelyk getal voorkomen van menfchelyke verfleeningen Qa). Maar zo wy ons beroepen op de rechtbank van wee- zent- (V) Zie hier de voornaamften, die daar voor gehouden zyn. Het halve geraamte in de leifteen van Oehningen, daar scheuchzer zo veel gerucht van gemaakt, en waar van hy de afbeelding gegeven heeft in zyn homo diluvii tefiis, en in zyne heilige natuurkunde: het welke, fchoon door d'Argenville en bourguet overgenomen zynde, daarom niettemin flegts een gedeelte van den visch filurus is, en geenzins van een menfchelyk lighaam. Het geheele verfteende lighaam, dat in 't jaar 1583 te Abc in Provence gevonden is, waar van henckel in zyne flora faturnizans, na den meer dan ligtgeloovigen happelius, gewaagt, is voor een verdigtzel erkend; zo wel als de menfchen beenderen, op de zelfde plaats in 't jaar 1760 gevonden, in het verfleende lyk van een mensen, aangekondigd in de affiches de Provence, en in verfcheide journaalen, in 't jaar 1779: aangezien alles uitkomt op beenders van visfehen. Het verfleende bekkeneel, dat de Heer buChoz uitgegeven heeft in zyne verzameling van gekleurde en ongekleurde plaaten, gelykt naar alles dat men wil, zo veel als naar het hoofd van een mensch. 't Is even zo byna gelegen met het verfteende bekkeneel, dat d'argenville uitgeeft, zynde op 't allerhoogfte niet dan een overkorste delfftof. Het kinderen hoofdje, 't welk mortimer aan kalm vertoonde, was een groote echiniet. De verfleende wildeman, met zyn koker en pylen, die men voorgeeft te Quebeck ge- voa-  C =55 3 aentlyke kennïsfé en gezonde oordeelkunde, zullen alle deeze antürop(i~ ifitiirfi,' zo der hedcndaagfe als der ouden, uitkomen op de overblyfzelsvan eenige ongelukkigem, welken by toeval zyn bedolven geraakt onder" puinhoopen of inftoitingen, of verzonken in de modder of moerasfigegronden, of eindelyk op eenige lighaamen, die men in de mynwerken heeft laaten leggen, of die men begraven heeft in zekere gronden, tot de ©ntilöoping niet zeer bekwaam, alwaar derzelver.geraamten., verfcheide eeuwen her volkomen geheel bewaard, gevonden "zyn.. Om deeze reden is 't, dat ik my van de uitdrukking van menfchelyke verfteeningen, in plaats van die van delfftojfeu bediend heb, als overtuigd zynde, dat 'er tot nog toe, geene waare oude verfteening, van dit flag, gevonden zy.. Alles waf men van delfftoll'en van deezen aait, heeft aangetroffen, behoort tot tydkringen, oneindig laater dan de omwentelingen, op welken in 't programma-gezien wordt, en maakt een gedeelte van de gefchiedenis der menfehen, niet van het aardryk, dat zy Bewoonen, uit.. De bewaaring, evenwel, van deeze menfchelyke lighaamen, en van derzelver verfchillende gedeelten, 't zy verhard, 't zy doordrongen met vitriool of andere mineraale ftoffen, bewyst ten minften, 't geen de gezonde reden reeds genoegzaam opperde, dat.de overblyfzels van 't men- ' fche- vonden te zyn, (zo men daar het fabelachtige afneemt) komt uit op een on» vergaan lyk, en behoort derhalve hier niet, zo min als het fcelet van Derbyfhire, waarvan cronstedt fpreekt; het geheele rytuig of gefpan met zynen voerman, in een veengrond van Schonen,, en de menfehen lyken, in oudemynwerken gevonden. Om kort te gaan , het eenige rt.uk, dat zekere geleerden , in dit opzigt nog voor twyfelachtig houden, is het gene den.Heer gesner toebehoort; van het welke Mr. andre^e, in zyne briefen aus der Scbweitz, p. 52, zegt, dat het een waare antbropolith zou kunnen zyn; maar wat zekers is 'er op te maaken uit een gedeelte van den ruggegraat, beftaande in zeven wervelbeenderen, zonder een- of ander kenteken van menfchelyke deelen; wanneer men nog zo weinig gevorderd is in de beenkunde der dieren in 't algemeen, en wanneer 'er nog. zo veele foorten derzelven onbekend zyn of verlooren? Voor 't overige: ik ben zeer verre af, van de. mooglykheid eener menfchelyke verfteening te. willen betwisten; overtuigd zynde.,. dat daar toe niets anders ver^ eischt worde, dan een's menfehen lyk geplaatst in eene bedding, waar de.inzypeling der fteenige deelen in de beenders van het lyk gefchieden kan, naar maate zy allengs verrotten. Het aardryk. levert ons, op duizend plaatzen, voorbeelden van verfche verfteeningen. Zo het'waar is, gelyk men my verzekert, doch dat ik niet geloove, dat te Parys een menfehen bekkeneel gevondenwordt, waar van de eene helft in achaat veranderd, en de andere helft beenig gebleeven is, zou hetftuk niet verbaazender zyn, en niet meer tot de oude gefchiedenis des aardkloots behooren, dan dat van de nooten, gevonden ineen" oude put te Lons le Saulnier, waar van de meelachtige zelfftandigheid in achaat veranderd was en de dop houtig gebleeven. Dergelyke ftukken kunnen omtrent de gefchiedenis der verfteeningen eenig licht geeven, maar zeggen niets ien opzigt van de omwentelingen van onzen aardkloot..  C 256 ) fchclyk lighaam geenszins minder bekwaam tot de verfteening en tot allen anderen ftaat., waar in wy de toevallige delffioffen aantreffen, zyn ' dan de deelen van gedierten, van eenigerlei andere lbort. Zo men my vraagt van waar dan het denkbeeld van menfchelyke verfteeningen, dat byna algemeen is aangenomen, zyncn oorlprong kan genomen hebben? Zal ik antwoorden, dat het my waarfchynlvk voorkomt dat de menfehen niet gewoon anderen te zien begraven clan huu's gclvken, zig de verbeelding eigen gemaakt hebben,-dat ni.het aardryk behalve de natuurlyke delfttoft ten, niet voorkwamen dan de overblyfzels van. begraven menfehen, tot welken zy,'eeuwen lang, hebben t'huis gebragt de beenderen van allerlei, loort, welken zy by toeval aantroffen. Hier van daan het gemeenc denkbeeld van gegraven beenderen van reuzen. Ik bezit een aanmerkelyk gedeelte van een zeer groot'gegraven beeni» fcnild eenerzce-ichildpadde, 't welk,,geduurende byna een eeuw, in een klooster, welks geesüykcn'anders van de geleérdften waren, een figuur gemaakt heeft en gehouden is voor een verfteend ribbeftuk met vleesch van een reus van monftreuze grootte. Men bevestigde vooral dit verdigtzel, met het gevoelen van-den bemchten Pater a. kirciierus die zelfs aan dit ftuk den doop zou hebben toegediend, -i Geduurende zeer langen tyd heeft men de gebeenten der fteen troeven van 'Montmartre voor menfehen beenderen gehouden; welke dwaaiin» nog niet zeer lang geleden eerst volkomen is wederlegd (b). Te Aix in Provence houdt' men de nautilithen, volgens den Heer g 'u e t t a r d ofVolgens den Heer de lamanon eene byzonderc foort van gegraven fchildpadden, voor vcrfteenle bekkeneelen van menfehen (c). Niettegenftaahde myne tegenbètuigingen, is het my-nooit mooglyk geweest-j van een landman in Braband een nautilict te koopen,dan onder dm naam van een's menfehen' hoofd; noch een oester, .dan onder dien van een oor; noch een fchjldpad, dan onder dien van ruggegraat met de ribben; noch een kokos-noot, dan onder dien van een hart.; noch een klomp zeehoutwormen, dan onder dien van'darmen; noch, eindelyk, beenfleenen,. dau onder dien van eenigerlei menfchelyke beenderen. Het is my zelf eenmaal gebeurd, dat ik een geheel kindkogt, t'eenemaal in fteen veranderd, 't welk niets anders was dan een nautiliet, rustende op het end van een langwerpige klomp zee-houtwormen, alles vergezeld met e'ènig overblyfzel van den (tecnigen grond, waar uit het was gehaald. Zonder elders dorpelingen ontmoet te hebben, die zo vernuftig waren in het 'uitvinden van overeenkomften, moet ik nogthans bekennen, dat overal, wcrwaards ik my tot onderzoekingen in de natuurlyke hiftorie en aardrykskunde begeven heb," door my het vooroordeel van menfclïéïykè verfteeningen, meer of min, onder het landvolk ingeworteld is gevonden. Maar, liet gene wel de oorfprong fchynt te zyn van de meesten der anthropoliihen, die men in de kabinetten van zekere liefhebbers aanJMift»*- ni 'bMïihuzirnx th->-..^,./Ïi9rn!tó r . ; -%ft* • O) v- Journal de pbyfiqur, toni. XIX. p. 180. yj Hetzelfde, t. XVI, p.468.  treft, is de overmaatige drift om zaaken te bezitten, die de eenigfte bekende zyn, en fomtyds ook volftrekte onkunde van alle anatomie. Ik heb my over dit onderwerp te meer uitgebreid, alzo het veel toebrengt tot de gefchiedenis van den aardkloot, dat men weete, of 'er anthropolithen zyn, dan niet; en, zo men 'er vervolgens ontdekken mogt, zal het altoos van belang zyn, naauwkeurig te weeten, in welke beddingen : aangezien men 'er tot heden nog niet gevonden heeft onder millioenen van andere toevallige delfftoffen, die in byna alle deelen des aardkloots waargenomen zyn. By gebrek van verfteeningen van 't menfchelyk lighaam, moeten wy acht geeven, op gegravene door konst gemaakte zaaken, die volkomen of op weinig na gelyk zyn aan de tegenwoordige werkftukkgn der menfehen. Ik zal niets zeggen van de werktuigen van allerlei foort, noch van de overblyfzels van vaartuigen, welken men in de veenlanden heeft gevonden ; want dit behoort niet dan tot de laattydige gefchiedenis des aardryks. Even zo is het met een gedeelte der ankers, ringen van fchepen, en meer dergelyke voorwerpen, welken men beweert op de gebergten en elders te zyn gevonden; waar van de meesten tot de herfenfehimmen te betrekken zyn. Zodanig is het verfteende voorfteven van een vaartuig, dat de maillet in de Apennynen had gezien (j£). Van dien aart zyn ook de fchepen, voorzien met al hun tuig, die van m o r o geteld worden onder de delfftoffen van Zwitzerland, van Peru en van Portugal. Een klein getal ftukken van deezen aart zyn van veel meer belang, wegens de beddingen, waar in men de werktuigen gevonden heeft, die 'er het onderwerp van uitmaaken, en wegens de andere toevallige delfftoffen, die dezelve omringen. Ik zal 'er drie bybrengen, die wel bevestigd zyn; inzonderheid het laatfte, dat buiten twyfel het meest treffende is. 1. In een heuvel, welke een fteengroeve van kalkfteen uitlevert, raakende aan den berg St. Alban, op den zee-oever, naby de ItadNice, heeft men een koperen nagel, die zeer wel gemaakt was, gevonden in een zeer dunne laag van roodachtige vette aarde, tusfehenWee laagen kalkfteen, die met veele andere laagen bedekt waren. Vier dergelyke nagels zyn gevonden in de kust, die den heuvel bezoomt. De laagen van kalkfteen zyn bedekt met een laag aarde, waar in men verfteeningen vindt, die geachatizeerd zyn, en gedenkpenningen van de eerfte Keizers der Romeinen («). 2. Op tachtig voeten diepte, in het binnenfte van 't gipsachtig geiteente van Montmartre, heeft men een fleutel gevonden, die, wel is waar, een weinig grof van werk was, maar zo wel gebruikt zou kunnen worden, als de fraaist gemaakte hedendaagfe fleutels. Jammer is 't, dat ce Heer de lamanon, die dit geval verhaalt, ons niet ftellig zegt, of dit" (jT) de luc lettres phyf. £? morales, t. II. p. 312. j \, _ \e) Journal de phyfique, torn. XXI. p. 70. Kk \  C *5S } \ dit gegraven werktuig van 'koper of van yzer ware. 't Is waar, 'dat hy tot het laatfte metaal fchynt over te hellen, maar hy laat ons hier omtrent onbewust van 't denkbeeld van den graavcr, die alleen dan fleutef hadt gezien. Mistenten zal ook deeze onbcfchaafde man. daar uiet op< gelet hebben: ten minfte is het zeer waarfchynlyk, dat dezelve, by die ontdekking, geen de minfte gedagten zal hebben gehad op derzelver belang in de aardrykskunde (ƒ_).. . 3. Te Loo , by Brusfel, in de onderfte deelen van eene laag kalkachtigen blokfteen, bedekt met twee andere dergelyke laagen en verfcheide zandbeddingen, volkomen gaaf en niet geroerd, heeft men op twintig voeten diepte een fleenen byl gevonden, ganstch onbefchadigd, waar van de ftoffe een echte graycelfteen is, (Japis naphtiticui). De laagen van blokfteen, en die van zand, welke dezelven influiten, toonen veri leenm> gen van zeefchepzels, volkomen ongefchonden; van fommigen van welken men de origineelen vindt onder de verzengde lugtftreek; van anderen zyn.ze tot heden nog onbekend; maar geenen gelyken naar eenig fchepzel, dat in de Europifche zeewateren huisvest (g-).. Dit delfitoffelyk verfchynzel is, buiten tegenfpraak een der treffendften van de aardrykskunde. Ook heb ik in myne oryctographie de Bruxelles niets verzuimd, noch ten opzigte van de bevestiging daar van, noch van de befchryving deezer byl, de ftoffe daar zy uit beftaat en de vergezellende omftandigheden. By ongeluk is dit ftuk, hoe veel licht het ook geeve, te eenzaam, om ons zo veel te onderrichten, als het wel iHrynt te kunnen doen. Men heeft, wel is waar, na de uitgaave van-myne ory&ographie, onder het bearbeiden van de loodmyn te Sirau in Henegouwen, een fleenen byl van dergclyken graveelfteen ontdekt; doch de onkunde der mynwerkeren heeft my verhinderd tot kennisfe te komen van de bedding en zelfs van de diepte, op welke die is gevonden. Ook is het waar, dat de geleerde Heer blagden, aanblyvend fekretaris van het koninglyk genootfehap te Londen, my verzekerd heeft, dat in Engeland, op verfcheide plaatzen, dergelyke ffeenen bylen gevonden zyn, die men gemeenlyk akiaar onderftelt, weleer gebruikt te.zyn van de Druïden: maar het fchynt my toe, dat deeze bylen in Engeland gevonden zyn door menfehen, die te weinig oplettende waren om zo< veeLzekerheid te geeven, aangaande derzelver legging en beddingen, dat men 'er gegronde gevolgtrekkingen van zou kunnen maaken. En, wat de Druïden aangaat, is 't genoeg dat m'en vraage, van waar zy den gra•vcelfteen hebben kunnen haaien, daar deeze bylen van gemaakt zyiu. welken ons werelddeel nergens uitlevert ? 't Geen de crnftigfte oplettendheid verdient, is , dat men onder deeze. verbaazende menigte van toevallige delfftoffen, overblyfzels van de oude < bevolking des aardkloots, niet alleen tot. heden nog het minfte teken niet out* (ƒ) Journal de phyfique; tom. XIX. p. 192. fig. 4. pl. i. Mois de Mars*. {£) bürtjm crydographie de Brumlles, p. 66. pl. 13. lett. A..  C 259 ) ontdekt van menfchelyke verfteeningen, maar zelfs niet van ftoffcn, di): wyders te Potsdam, Pasfau, Gera, Wcimar, Sangerhaufen, Stederburg, Eixleben en op verfcheide au- (JP) MAESit. Damib. Parm. vijf. t. IT. p. 73. Xf) lamb. bibl. caf. Vind. 1. VI. p. 311 , 3•5« (k) sp lei ss. «dip. oflaolith. Schaphuf. 1701.42. (/) Mem. de iacad. des fcienc. de Paris, de 1762. (ni) s'creber lithogr. Halenf. p. 47. (u) davila cat. raif. t. III. p. 227. (V) davila ibid. p. 238. ■ (j>) 'Bid. p. 229. (q) de luc lett. phyf. t. III. p. 24. (V) lbitl. p. 441. ) Kk 2  O 260 ) andere plaatzcn, volgens de aanhaaling van geloofwaardige atifheuren, te langdraadig voor dit vertoog. Maar 't geen aanmerkelyker voorkomt, is, dat men op fommige plaatfcn geheele geraamten gevonden heeft van olyphantcn: ander anderen één te Tunis in Afrika f», één tusfehen Brusfel en Willcbrock, onder 't'graaven van 't kanaal (O, en één in Thuringen, ten jaare 1695 ontdekt, in eene zandige heuvel, onder verfcheide nog niet geroerde beddingen («)• Dit laatfte is zo wel bewaarheid, dat men zig verwonderen moet, hoe de Heer bom are Heilig verzekeren durft (V), dat 'er nog geen voorbeeld zy van een geheel gegraven dier, onder de delfftoffen. Een dier van niet minder belang voor de aardrykskunde, waar van wy geheele geraamten vinden in het provoostfehap Herzberg (w), en waar van men verfcheide hoornen en bekkeneelen in Siberië <», als ook verfcheide kiezen te Canftadt en elders (31) gevonden heeft, is de rhinoceros, waar van den Heer pallas, in Siberië, zelfs de tweehoornige foort is voorgekomen, als ook een geheel geraamte, met de peezen, ligamenten cn de huid met haar bekleed. Om my niet te veel uit te breiden, gaa ik ftilzwygend verfcheide °-egravene overblyfzels voorby van andere viervoetige dieren, wier or£ineelen men voorgeeft bekend te zyn: maar ik kan dit niet doen, ten opzigt van die afgryzelyke vergaaringen van gegraven beenderen, welke in zekere grotten van Duitschland, vooral in het Bareuthfe, als ook in het gebergte van Gibraltar en in de kust van Afrika daar tegen over; in Hongarie, in Provence en elders gevonden worden, en waar van de abt fortis aanmerkelyke banken in Dalmatie en de nabuurige eilanden heeft ontdekt. Deeze byster groote onderaadfche begraafplaatfen vormen een aardrykskundig verfchynzel, dat der oplettendheid wel waardig is, niet alleen wegens het ongelooflyk getal van beenderen, die aldaar famengehoopt zyn, maar ook, dewyl het tegenwoordig beweezen fchynt te zyn, dat men 'er geen leevend origineel van kan aanwyzen. Het blyft zelfs no* twyffelachtig, of dezelven tot land-, dan tot zeedieren, behoord hebben, zo men zekere geleerden wil gelooven. Ik val zeer in 't vermoeden, dat de bedding van gegraven beendéren omftreeks Concud, waar van bowles gewaagt (z), hier toe ook moet betrokken worden. De fcheen- en dye-beenders van mannen en vrouwen, welken hy daar zo wel heeft weeten te onderfcheiden, worden . dub- . (s) gassend, vita Peirefc. 1. IV. p. 151, 156". « (j) Z. Nederlandfche antiquiteiten door r. verstegen, \6\%. Antw. 1» p. 8. Brusfel 1646. p. 8. 4 («) tenzel. epift. adMagliab. Jenae 1696. 8vo. («) Dict. d'hift. nat. op 't woord quadrupèdes pétrifiés («>) v. Comment. Gotting. de 1572, pag. 215. (*) v. Comment. Petropol. nov. t. 13. (y) v. davila catal. rai/onné, t, III. p. 229. (?) bowles intrada Pbift. nat, d'Efpagne, p. 224.  C st5x ) dubbel veHagt, door ce afwezigheid van de herfènpanncrr en andere menfchelyke beenderen. De hoornen zelfs van osfen, daar hy van fprcekt, kunnen niet beftaan met het denkbeeld van den geleerden Baron talbot dillon, die zegt («), dat de beste Engelfche oudheidkundigen hier niets hebben kunnen vinden, 't welk naar een menfchelyk been geleek, en dat de bcenders der beddingen van Concud onbekend zyn, zo wel als die van Gibraltar: het welk hy zonder twyfel niet gezegd zou hebben, indien men 'er osfen-hoornen vond, welke hem met onbekend konden zyn. Een groot getal geleerden hebben over deeze begraven beenderen gefchreven, doch ons niet wyzer gemaakt en niets daar omtrent kunnen bcfluiten, waar uit meer dan waarfchynlyk volgt, dat deeze bcenders behoord hebben tot dieren, waar van het ras niet meer beftaat. Wie zal zelfs zeggen, of de genen, welken men.gemeend heeft te kennen, ons niet bedroogen hebben door eene naderende overeenkomst? Ten minfte ben ik verzekerd, dat dit het geval is met veele fteenkernen en gegravene eonchylien, zo wel als met een groot getal der indrukzelen van plantgewasfen in de ftccnlagen boven de ffeenkoten. Zeer ligt kan men zig in de ofteologie bedriegen ,■ aangezien wy beenders aantreffen van zeer verfchillende dieren , die aanmerkelyk naar eikanderen gelyken. Ik beken dat men, alzo de vergelykende ontleedkunde der land- en waterdieren nóg zo weinig gevorderd is, in 't vermoeden zou kunnen vallen, of niet de gegraven beenderen, daar wy hier van fpreeken, fchoou onbekend, wel behooren mogten tot dieren,. waar van de foort nog in wezen is.. Maar, kan zulk een denkbeeld met rede ftand houden, wanneer men agt geeft op de oneindige moeite, welke zig de geleerde esper, zo wel door eigen befchouwinge, als door die van veele vermaarde natuurkenners, vrugtetoos gegeven heeft, om eenig origineel te vinden van deeze gegraven beenderen (b): vooral, wanneer wy een camper en een hunïer, de twee eerfte mannen van de hedendaagfe ontleedkunde, welke zo veel licht gegeven hebben aan die der beesten, tot bekentenis van hunne onkunde gebragt zien, omtrent deeze gebeenten, waar op zy niettemin beiden zig wel ernftig hebben toegelegd, vooral de geleerde camper, die omtrent dit voorwerp noch kosten noch onderzoek gefpaard heeft ? Sedert eenïgcn tyd komen zelfs de geleerden genoegzaam overeen, om onder de delfiloffen zonder origineel een groote menigte beenders te plaatzen, van overmaatige grootte, welken men eertyds, zonder ondcrfcheid, onder die van den olyphant fchikte. Ten minfte heeft de geleerde hun ter beweezen (c), dat die van de Ohio in dit geval zyn. Even zo is het met de genen, welke men vindt naby de monden van de Oby, n-y> u • ' ■ >yw' afr. bad . i > > ': ' ■ - - " « : - ei • .'de (a) talbot dillon travels through Spain, p. 228. (£) esper defcription des zoolithes d'animaux inconnus, Nuremb. 1774* f°k fig. enlum. p. 64. CO fbil. tranfalt. t. LYIIL p. 34. Kk a '  de Jenifea en de Lena, rivieren in Söjerie, als zynde van eene zelfde lbort, Misfchien behoort dat gegraven been, van 500 ponden zwaarte, dat, eenige jaaren geleden, in eene zandige kley-bedding, in de ftraat Dauphine te Parys, werdt gevonden, insgelyks tot deeze clasfe. Wat aangaat den manmouth van het noorden, waar toe veelen deeze monih-exize beenderen t'huis brengen (d);. my fchynt tot heden deszelfs beltaan niets minder dan beweezen te zyn.. Men moet zig-niet verwonderen, dat ik .hier niet, ffietLiXN.f.us, de walvischaartige en andere visfehen toe betrekke,weiken deeze geleerde naamrolfchryver geplaatst beeft onder de tétrapodolhlun, dat is onder de viervoetige eieren.. Dat hy dezelven manimali'a noemt, kan pasfecren: maar ik zou my niet kunnen gewennen, om dieren, die geen pooten hebben, ais viervoetige dieren te befchouwen. In 't vervolg hier van zal men ze onder de visfehen aangetekend vinden. Van de gegravene Amphiblen. De ar.-.phibioiilhen, die bekend zyn, komen int op fchildpadden, kikvorfchen, flangen, zee-koeijen en andere viervoetige zeedieren; waarfchynlyk op haagdisfen-, en misfchien ook op krokodillen. ' - - De fchildpadden, -waar aan men zo lang getwyfeld heefu zvn door my .buiten bem-istrrg gefield ^ in myne befchryving der Brusfdfche deifftoffen alwaar ik getracht heb iriets te verlangen over té laaten omtrent dit onderwerp, noch aangaande de plaatfen, waar men 'er aangetroffen heeft. Ik zal hier alleenlyk opmerken, dat, fchoon de verfteende fchildpad, welke ik destyds bezat, de best geconferveerde was, onder alle de ge-: nen, welke tot dien tyd toe gevonden waren, nogthans de twee, die uit het kabinet van wylen den Heer hoffmaxn in dat vau mynen geleerden vriend, den hoogleeraar camper, overgegaan zyn, zig deeden uitmunten door een veel.aanmerkelyker. grootte, en my zelfs toefcheenen,van eene andere foort te zyn, dan de myne. Nog zal ik hier byvoegen, dat alle de weezentlyke gegravene fchildpadden, die ter myner kennisfe gekomen waren, tot aan hetoogenblik der uitgave van myne oryctographie, niet beftonden, dan in een der twee gedeelten van de fchaal, namelyk het bovenfte, maar dat ik naderhand zo gelukkig ben geweest, van te Woluwe St. Lambert naby Brusfel, eene fchildpad te vinden, nog grooter^ dan de gene, welke ik reeds bezat, beflooten in een platachtig remd Wok van kalkfieen, .'t welk .zo ge-, lukkig is geopend, dat men 'erin 't geheel de twee lchilden van een fchildpad, dat is, de geheele fchaal, in ziet. Dit (hik tot nog toe het " .33*.„c »#M? .i^iViAy^y. vto.i.nn -oer- '~«ec Cd) v. bijl. gen. des voyages ^ t. XIX. p. 39. (0 OryQ°gr. se Bruxelles, p. 92. &.pl. 5;lett.A. en E.  ;:: v;!te til zyn foort^ zba nog, indien het moog?yk ware, de 'zekerheid van het betiaan der gegravene f:hiL'paddsn vermeerderen,, 't weik door zo veele natuuronderzoekers irrtw\'fei getrokken is." Aangaande de kikvorfchen is men insgeiyks verzekerd; aangezien, be-r halve de-gene, welken, de _Heerlavater (/} bezit,.in een iteen van Oehningen, die by de geleerden voor eenig.werdt gehoude», ik een tweede toonen kan, van dezelfde plaats, een gedeelte uitmaakende van myn kabinet, .en geenszins twyfelaehtig zynde. » De fiangen hebben ook. plaats, genomen onder de delfftoffen (g-). Behalve de gene daar ik in myne oiyctographic van fpreek, heb ik in mya kabinet, een kleine, die van den berg bViea komt, zynde volkomen geheel ,• doch de lengte bedraagt geen agt duimen. Ik zou hier wel de twee deifltolfcu thuis brengen, welken de Heer davila vermoed heeft dat Hangen konden zyn (fi), maar délaage prys, waar voor zy in't openbaar verkogt zyn, doet my aan de echtheid twyfelen. j'b'ssiEU (/) en-anderen verzekeren ons aangaande de gegraven beenders en tanden van het zeepaard ; monti doet het zelfde ten opzigt van een gesraven kop van een zeekoe, die gevonden is by Bononie, in Italië (*> Hier breng ik de haagdisfen t'huis, om de gewoonte te volgen; hoewel my niet onbekend is, dat.'er.voltirekte landdieren onder zyn, geenszins tut de amphibiën behoorende. , Die vermaarde fchryvers over da delfftoffen, walsch en s c n r oet e r , trekken beiden de gegraven haagdisfen in twyfel: zy ontkennen vooral de echtheid van de twee exempiaaren, door scheuc hzer (/), en door c^o.nstedt(w) bygebragt. Ik ftaa hun gereedelyk de bewysredenen toe, waar van zy zig bedienen tegen scheuchzer, wiens gezag hedendaags weinig geldt in de natuurlyke hiftorie; maar wat de haagdis van cronstedt aangaat, (waar van zy het beftaan alleenlyk ontkennen, om dat die zig een woonplaats yerkoozeu heeft in Perlisch albaster) is hun bewys gevestigd op een zeer vaisch grondbeginzel; ar.ugezien, behalve de talryke delfftoiTen, welke de gipsgroeven van Montmartre uitleveren, twintig andere plaatzen mv voorbeelden verichaffen van beenders van viervoetige dieren of amphibiën, die in gips beflooten zyn. Het is dan nog geoorlofd te denken aan gegraven haagdisfen: te meer, om dat de krokodillen, aangekondigd door LiNCK.(«)en spener (o), beiden gevonden te Suhl, die van stu- ■ (f) vid. axüre.ï briefe aus der Sclrseitz, p. i6~. p'. ij. lett. b. Cs) Onftïgr. de Bruxelles, p. 79. & pl. 2. lett. B. (b) davila caial. raifonn. t. III. p. 222. (t) Met;;, de racad. des fc. de Paris, 1724. p. 214. pl. 15. Cg. 9. (.*) Monum. diluvii, Bonon. 1719. 4to. c. fig. (T) scheuchzer pifc. auerel &c. Vind. tab. 4. (ju) ceosst. verfucb einer neuen mineralogie, p. 254, («) Aö. erud. Lipf. iftS. p. 1S8. ' (V) Mi/cell. 'Beroiinen/ia, t. I..pag. 99. & 103.  reeey (ƒ>)> in Engeland ontdekt, als ook de koppen van zodanige amphibiën, welken de Heer de luc (q) zegt op 't eiland Sheppey gevonden te worden, zelf misfchien niet zyn dan groote haagdisfen, maar te klein van foort om geteld te worden onder de krokodillen. Aangaande de koppen van krokodillen, die in de beruchte fteengroevc van Maaftricht gevonden zyn, kan men, na het zorgvuldig onderzoek daar van door den hooglecraar camper, niet meer twyfelen, of het zyn weezentlyke koppen van een walvischaartig dier. Voorts heeft ook het geleerde Genootfchap van teyler daar van het bewys, in het pragtig (tuk van deczen aart, 't welk hedendaags een gedeelte uitmaakt van de uitmuntende verzameling van delfftolfen, die het zeive begonnen heeft te maaken. S iv. Van de Ornitholithen of Vogelfteenen. Alzo het hier de zaak niet is, te fpreeken van nesten, eiieren, veders en andere deelen der vogelen, die met een (teenige korst overtrokken zyn, van welken de flimheid der genen, die geld nodig hebben, zig zo wel weet te bedienen, om de onkunde der vermogenden te bedotten; duif ik vastftellen, dat 'er tot heden toe nog geen ornitholieth, daar men volkomen zekerheid van heeft, tot myne kennisfe is gekomen, albert le grand fpreekt van een verfteende boomtak met een nest vol vogelen: agricola maakt gewag van het indrukzel van een haan, waarMYLius een hoen heeft bygevoegd: welk alles geen wederlegging behoeft, scheuchzer heeft gemeend een veder te vinden op een fteen van Oehningen (r): davila fpreekt (Y) van een vogelbek op een kifteen van Reutlingen, en van een dyebeen te Canftadt gevonden; maar scheuchzer fchynt niet veel geloof gegeven te hebben aan de gegraven veder, om dat hy 'er geen befchryving van geeft, en davila twyfelt zelf aan de echtheid van het gegraven been, terwyl de afbeelding, die hy van den bek geeft, veel meer naar eene pholade, dan naar eenigen vogelbek, gelykt. De eenigfte echte ornitholieth, waar op ik meen ftaat te kunnen maaken, moet gevonden zyn in de fteengroeven van pleister in Montmartre, twintig vademen diep. Zy behoort den kundigen chymist Mr. d a r c e t en is met de zorgvuldigfte naauwkeurigheid befchreeven door den Ridder de lamanon, in zyn geleerd vertoog over de dclfltoffen van Montmartre (tj, waar men ook de afbeelding van dit ongemeene zcldzaame voorwerp vindt. Niet- O) Pbilof. tranfaïl. t. XXX. p. 963. (q) Lettr. phyf. C5? tiior. t. I. p. 331. (f) SCHEUCHZER querel. pifc. pl. 2 . (O davila cat. raifonn. t. ui. p. 225. & pl. 5. lett. L. (/) Jour. de phyf. t. XIX. p. 173. & pl. u fig. 1. Monde Mars.  C *65 ) "Niettegenftaande zo fterke bewyzen van weezentlykheid in fchyn is het my niet mooglyk te gelooven, dat het gegraven lighaam van Montmartre, waar van hier gefproken wordt, inderdaad een ornitholieth zy na dat myn geleerde vriend, de profesfor p. camper, het zelve van Baby onderzogt hebbende, my zyn gevoelen daar omtrent in een zyner brieven, op de volgende manier heeft medegedeeld. "Ik haast my u te „ antwoorden aangaande de ornitholieth van Montmartre, door den „ Heer de lamanon belchreeven, welke ik met byzonder oogmerk „ ben gaan zien 's daags voor myn vertrek van Parys. Ik heb 'er niets „ aan gevonden, dat my een vogel kentekende. Het is een dier mis„ lchien, famengedrukt en dermaate vernield, dat alleenlyk een vrusrt„ baare verbeelding in ftaat is, daar van een vogel te maaken. Myn „ zoon a. g. camper hadt my een vogelpootje van 't zelfde geberote „ gezonden, dat niet meer weezentlykheid heeft. Het vogelbeeii van ,, Maaftricht, in het kabinet van Monfr. john hunter, is 't voorfte „ been van den kop van een zee-fchildpad. Doch myn zoon fchryft my „ van Bazel, dat hy te Schafhauzen, by den Heer Doétor amman, „ onder een vry groote menigte verfteende zaaken, een zeer fchoone „ vogelpoot gezien heeft, die volkomen daar van de kentekenen hadt, „ zynde te Oehningen gevonden. Ik durf daar omtrent niet beflisfen: „ maar, zulks waar zynde, dan is dit het eerfte vogelbeen, 't welk my „ bekend is verfteend te zyn gevonden! Echter, aangezien een veritec-n„ de haagdis heeft kunnen doorgaan voor een anthropolieth; de arm van „ een fchildpad voor die van een kind; het walvischaartige dier van „ Maaftricht voor een krokodil; de olyphants-beenderen voor die van „ reuzen: zou het dan niet mooglyk zyn, dat men zig insgelyks om„ trent die voorgegeven vogelpoot bedroog? In 't kabinet van den ko,, ning van Frankryk heb ik een fragment van een olyphant gezien onder „ de gedeelten van walvischaartige dieren; &c. &c. ' Men ziet hier uit: „ dat dwaalen menfchelyk is. Zou men, op dit alles, de weezentlykheid der ornitholiethen niet mogen mistrouwen? Zou men, in 't byzonder, voor zodanig mogen houden dat gegraven lighaam, waar van haidinger gewag maakt in de catalogus van 't keizerlyke kabinet te Weenen, zonder daar van eeni^ bewys of omftandig bericht te geeven f>) ? 5 V. Van de gegravene Infe&en. Niet goed vindende, de kreeften en andere fchaaldieren, met zekere methodisten, in de rangfehikking der Infekten te brengen, zo komt het gene ik van deeze te zeggen heb, op weinig uit. Men heeft zig zo dikwyls O) haidinger difp. rer.mtur.muf. cefarei Findobonenfts, Wien. 1782. 4-to, p. 61, i*t LI  ■( 2Ö6 ) wyls bedroogen, door trilobieten, kleine zee-fterretjes, voortbrengzels van zée-polypen, en gedeelten van planten , voor verfteende Infekten aan te zien, dat men naauwlyks weet, wat van het gene, omtrent die-delfftoffen gefchreven is, voor goed te houden zy. Ik heb, inderdaad, eenige leifteenen gezien, onder anderen uit de fteengroeven van Oehningen, die de gedaante vertoonden van gewerktuigde lighaamen, welken ik niet kan thuis brengen dan tot de Infekten, en de meesten tot de krekels. Ik bezit eenige ftukken zwart arduin, met indrukzels, die my veeleer het denkbeeld van Infekten, dan van iets anders, geeven; maar niets is daar op zo duidelyk, dat ik 'er my een onderfcheiden denkbeeld van kan maaken, en ik twyfel niet, of dit zelfde zal de oorzaak zyn, dat een vooringenomene verbeelding 'er alles, wat haar behaagt, op zal vinden. Van alle de verfteende Infekten, 't zy dan echt of valsch, zy in der natuur, 't zy in afbeelding, welken ik gezien heb, heeft geen één my naauwkeurig gefcheenen te gelyken, naar^ de genen, die hedendaags in Europa leeven, waar van het grootfte deefïcny zekerlyk niet onbekend is» lk zal hier byvoegen, dat ik niet weet, dat men ooit een verfteend Infekt ergens anders gevonden heeft, dan in fplytbaare fteenen, dun van blad, en niet zeer grof van grein. Vooral is 'er geen voorbeeld, dat 4Ën 'er in beddingen van verfteende fchulpen aangetroffen hebbe. Zo de Infekten zeldzaam zyn, onder de echte verfteeningen en in de gefteemen, waar die haar verblyf hebben: daar is eene fraaije ftoffe, welke zy zig byna alleen hebben toegeëigend. Ik bedoel de barnfteen of geele amber, die harftige delfftoffelyke zelfftandigheid, welke op veele plaatzen, inzonderheid omftreeks de Oostzee, gevonden wordt. De enkele uitgezogte ftukken, welken het kabinet van Dresden daar van bezit, hebben'aan sendelius i» een talryke lyst uitgeleverd van Infekten» zeer wel bewaard, en meestendeels gemakkelyk kenbaar, als overeenkomftig met nog leevende Infekten: 't geen bêwyst, dat de oorfprong van den barnfteen tot een veel laater tydkring behoort, dan die der groote omwenteling, waar wy hier van fpreeken. Dus geeven de Infekten» welken de barnfteen bevat, meer licht aan de lriftorie van den barnfteen zelf, dan aan die van het oude aardryk. . ■ , . - § VI. Van de gegraven Visfehen^ Zvn wy nog ver af van zekeren trap van volmaaktheid in de ken•nisfe der "leevende visfehen; wy kunnen zeggen, dat wy in die der genen , welke onder de aarde begraven zyn, naauwlyks de cerftc beginzelen bereiken. Niet alleen ons Europa op menigvuldige plaatzen, vooral in Duitsêhland en Italië, maar ook de andere werelddeelen, inzonderheid Xp) Sendelii bijl. fuccincruw, corp. slien. invclveniitim, Lipf. 1742. fol. fig.  (557) beid Afia ea Afrika • verfcharFen ons meer of minder uirgdfckSK banken, van fplytbaare of leifteenen, nu eens kalkachtig, dan kleiachtig ons, in die zo bekrojspen lyst, niet bedroogea hebben. Ten minfte, zo men zekere geleerden (xj meet geioovcn, is ce overeenkonist tusfehea de gegravene visfehen, en de origineekn, weiken mea 'er aan töcfchryn:, niets minder dan volmaakt. De platdrukking, wei is waar, in welke zig alle de wel bewaarde gegravene visfehen bevinden, en de omkrom-Eiing van ce mecsten, maaken ze veel moeklyker kenbaar; doch dit zelfde moet ons zeer omzigrig maaken, in het vastfielkn van derzelver origineeleu. Zo gemeen als het is, de kleine visfehen, die men doorgaans, zonder vermenging met vfefchen van aanrnerkeiyke grootte, op ce kifteenen aantreft, in hun geheel te vinden; zo ongemeen is dit, omtrent deeze iaatften, waar van men zo overvloedig afgezonderde deelen , in banken vaa grove kaislteenen of in zanabeddingen, ontmoet. Daar is nieniirin een kiein getal voorbeelden van grooter visfehen, die geheel, of byna geheel, beüooten zyn gevonden in kalkfteenen, omirxecks Brusfel en op andere plaatzen (j). Wanneer men 'er de onderfcheidende kenmerken van vergelykt met die der hedendaags bekende visfehen, zo moeten de visfehen, die in de banken van leilteen beüooten zyn, vry algemeen bewooners zyn geweest van zoet water; ten minfte bevatten de meesten der zodanige fteer.groeven geen visch, die niet fchynt te hebben kunnen keven dan in de zee. En, zo deeze regel eenige uitzondering vindt, zal het niet zyn dan in gebergten, of in verheven landen die met bergen zyn omzoomd. Zo men eenig fehulpdier, in gezelfchap met deeze zoet-watervisfehen, aantreft in de gezegde banken, zal het nooit een eigenüyk zeefchepzei zyn, maar wel een riviermosfel of eenige andere zoet-water-fchulp. De visfehen ieggea daar altoos op hun plat, in allerlei waterpasfe ftrekkingen en hebbea zeer dikwyls het lighaam omgekromd. Die zeifde plaatzing neemt mea waar, in de visfehen van tlmenau, van Thuringen en van andere oorden , die, in plaats van beüooten te zyn in banken, zig bevinden in bonken van leifteenen, met deeze opmerkelyke byzonderheid, dat het blad dikwyls korter is dan de visch, waar van het by gevolg niet ireer dan een gedeelte vertoont: 't welk fchynt te bewyzen, dat ce bonken niets anders zyn dan gruis van een kifteen-bank, die door eenige omwenteling aan ftukken is gebroken. Oneindig gemeener is het, deeze visfehen op kifteen geheel of op weinig naa geheel, dan eenige afgezonderde deelen daar van te vinden, die ia §») schroeter iiib. lexicvn, t, II. p. 173. (V) Zie naturforfzbtr, I. Hak. p. 221 3» Qf~} Zie terjéigrapbU de £ruxe~es, pL 2 , 3 , 4. LI 2  C 268 ) in de lïtTioTogie iets zeldzaams zyn, en het zoude nog een veel grootcrezeldzaamheid uitmaaken, dezelven te vinden in gezelfchap van zeeschelpen of madreporen. Maar juist het tegendeel heeft plaats met de waare zee-visfehen. waar van men byna nooit aantreft dan afgefcheiden deelen, gelyk de wervelbeenderen, de beenders van den kop, de flcutelbeenderen, die der vinnen en van de ftaart, maar inzonderheid de tanden, wier hardheid hun de vernieling minder onderhevig maakt, en welken men derhalve byna overal, dikwyls in ongeloofiyke menigten vindt. Deeze tanden zyn het vooral, door middel van welken men gekomen is tot het aanwyzen van. eenige origineelen van gegravene zee-visfehen, maar welke tot nog toe zig niet fchynen te bepaalen tot die der Indifehe zeewateren. Deeze afgezonderde deelen bevinden zig, byna altoos, in gezelfchap Van zee-conchylien en voortbrengzels van polypen; wel is waar op allerlei hoogte in en boven den grond, maar menigmaal op*zcer aanmerkelyke' diepten, en onder eene talryke reeks van zeer verfchillende beddingen j Waar van men zig op meer dan eene plaats omftreeks Brusfel kan overtuigen; terwyl de zoet-water-visfehen, in 't algemeen, laagen verkiezen., die niet ver af zyn van de oppervlakte des aardryks. Een ander verfchil tusfehen de zoet-water-visfehen en de zee-visfehem, is, dat de eerften, al waren zy in gezelfchap met zeker klein flag vat zee-visfehen, zig nooit in wanorde, of als by klompen opgeftapeld bevinden, maar altoos in regefmaatige laagen geplaatst zyn ; daar men de overblyfzels van waare zee-visfehen, meestendeels, ia zekere wanorde en zelfs by klompen op een geftapeld vindt. Terwyl men bezig was aan het maaken der laatffe werken van het kasteel van Antwerpen, vondt men in zekere zandbedding eene verbaazendé" Veelheid van wervels en andere beenderen van walvischaartige dieren op elkander te famen gehoopt. Ik bezit 'er verfcheide beenders van, die -zeer groot zyn, doch byna altemaal befchadigd: onder anderen een wervelbeen, dat volkomen geheel is, van een voet middellyn; een- ongefchonden gehoorbeen- van de walvisch, en eenige haaijen-tanden van de grootfte foort. Dergelyke gebeenten vindt men ook, op meer dan eena plaats, omftreeks Antwerpen, alwaar zy dikwyls vergezeld gaan met zee-conchylien, inzonderheid met dikke, gladde kom-doubletfchulpen, die aan den omtrek getand zyn. Hier omtrent is 't zeer opmerkelyk, dat men, by dë uitgraaving van Jt kanaal van Delden in Overysfef, 't welk byna omtrent den zelfden tyd -gefchied is-, aldaar in het zand een dergelyke vergaaring gevonden heeft van beenderen van walvischaartige dieren, van chamieten, van- groote baajen-tanden, enz. En alle omftandigheden zyn, op berde plaatzen, zo overeenkomftig geweest, dat zelfs de haaijen-tanden, hier zo wel als ■•daar, byna allen tot dien trap vergaan waren, dat zy niets dan hun verglaafel volkomen behouden hadden. 't Geen ik gezegd heb, raakende de zoet-water-visfehen, of, zo men liever wil, raakende de genen die men op hun plat leggende vindt in de ïegehnaatige banken van fplytbaare fleenen, bewyst genoegzaam, dat de oor-  Oorzaak, die dezelven begraven heeft, niets minder dan ongeftiiimig zy geweest. Immers zulk een oorzaak zou 'er de verfcheiderlei beenige deelen, die zulk een zwakken famenhang met elkander hebben, van hebben afgezonderd: daar wy dezelven 'er zo geheel in vinden, dat zy, met da laagen, die hun indutten, in ons het denkbeeld doen ontdaan van een vischryk meir, dat tot een vast lighaam is geworden. Zie daar dan reeds een fchreede gevorderd in de befchouwkunde van deeze delfftoffen, welke den geest zodanig verward hebben van de onderzoekers der natuur en vooral van die der aardrykskunde; waar van niemand hunner, dat ik weet, een reden ter baan gebragt heeft, die flegts waarfcbynlyk ware. Ik zal dan de vryheid neemcn, in het zevende hoofdftuk 'er eene te opperen, welke, zo zy al niet tot betooging is gebragt, ten minde in gcenerlei opzigt tegen de mogelykheid diyden zal. Een ander onmiddelyk en noodzaaklyk gevolg der omdandigheden, betrekkclyk tot de visfehen, die, in de leideen-beddingen bedooten, altoos geheel voorkomen, en tot de gegravene zeevisfehen, eigentlyk zo-genaamd, die altoos aan Hukken gebreken zyn, beftaat daarin; dat het onmogelyk is-, dat de beide foorten op-een zelfden tyd, of door eene zelfde oorzaak, bedolven zyn geraakt. Zy geeven dan twee aanmerkelyke en wel onderfcheidene veranderingen te kennen, welken des aardkloots oppervlakte heeft ondergaan. Buiten dien is het klaar-, dat de zondvloed van Noach noch de een noch de anderen begraven heeft. Want die der leibanken zyn te regelmaatig neergelegd, om zulk een geweldige oorzaak toe te laaten, welke bovendien daar andere lighaamen onder had moeten mengen;, die wy 'er* te vergeefs by zoeken, en de gegravene zeevisfehen bevinden zig in dezelfde beddingen, als waarin wy zo veelerlei delfftoffen aantrelfen, die ik elders bewyze hun bcflaan aan den zondvloed van .Noach niet te zyn Tterfchuldigd.. S VII;. Van dè gegravene Schaaldieren; De fchaald'ieren bevatten de drie geflagten, van kreeften , krabben err zee-fpinnen; van ieder van welken men verfcheide foorten onder de delfftoffen waarneemt. Men vindze op menigvuldige plaatzen in Europa, maar in zo kleine veelheid, dat zy altoos vry zeldzaam zyn in de kabinetten. Men vindt 'er ook in China, in Japan, op Malabar, op 't eiland Java (z), en irrandere deelen van Indie, maar nergens, zo veel my bekend is, in de. geheele wereld, ontdekt men ze zo overvloedig,, als aan de kust var* Coromandel. Van de meesten komen de origineelen-, ten minde zeer waarfebynlyke r voor, onder de leevende fchaaldieren-,. doch 'er zyn van welken die.tot heden ons nog onbekend blyvem. 2y (a) Zie, walch en knorr van de verfteeningen, t. I. p. 130. Li a  C *7° ) Zy fchynen geen beddingen te hebben, die hnn byzonder eigen zyn; alzo men ze in allerlei beddingen, byna zonder ondericheiding, aantreft. Bygevolg komen zy nu eens voor, onder de waare inwooners der oude .zeewateren, gelyk in Brabant, in Engeland en elders; als wanneer zy weezentlyke verfteeningen uitleveren, met behoud van de gedaante en geheele grootte van het dier; dan wederom zyn zy gehuisvest onder de zoet-water-visfehen, als in de fteengroeven van Solenhofen en Pappenheim; als wanneer zy niet vertoonen dan eene verfteening bykans in fchüdery, van een t'eenemaal plat gedrukt lighaam. § VIII., Van de gegraven Conchylien. Onder de gegravene overblyfzels van dieren, beflaan de conchylien alleen meer plaats en verfchaffen meer foorten, dan alle de overigen met elkander. Haare algemeenheid, haare plaatzingen op zig zelf en betrekkelyk tot anderen, haare behouding en gemakkelyke vergelyking, aangemerkt de vordering der kennisfe van de leevende hoorens en fcbulpen, maaken ze van meerder waarde en meer onderrichtende in de natuurkundige hiftorie des aardryks, dan tot heden toe alle de overblyfzels van dieren en planten, onder de delfltoffen, byéén genomen. Inderdaad, daar is geen verfchynzel, bctrekkelyk tot de leevende conchylien, 't welk de ftilte ons toelaat waar te neemen in plaatfen van weinig diepte, of dat de rede ons leeraart; 't welk ik niet meenigmaalen waargenomen heb, en dat ieder waarneemer in de natuurlyke hiftorie niet, op duizend plaatfen.onder den grond, op nieuws kan waarneemen. Dezelfde ongefchondenheid tot de allerdunfte conchylien en derzelver allerfynfte punten toe: dezelfde plaatzing: dezelfde menigte van foorten: dezelfde overvloed van eenigen en fchaarschheid van anderen: dezelfde eenzaamheid en vermengingen: dezelfde toevallen: dezelfde kwaaien: dezelfde vyandlykheden: in één woord; wanneer de gegravene foorten zo gelyk waren, als zy liet weinig zyn, aan de natuurlyken, in geftalte en kleuren, dan zou 'er tusfehen den bodem der zee en de beddingen van conchylien in het aardryk, geen ander verfcb.il zyn, dan de dood der inwoon eren. Schoon de gegravene hoorens en fchulpen, voor 't grootfte gedeelte, in gedaante van de bekende leevendige verfchillen, hebben zy nogthans eenige algemeene kenmerken met dezelve gemeen, die maaken, dat men ze overeenkomftig met de leevende conchylien, verdeelen kan in clasfen van eenkleppigen, tweekleppigen en veelkleppigen, zo wel als in familien: wier onderdeeling insgelyks daar in gevonden wordt, zo door middel van de volmaakt overeenkomflige, als van de eenvormigheid van zekere kenmerken, tusfehen de gegravene en ongegravene conchylien, niettegenftaande de weezentlyke veifchülendheid in het overige van haare figuur. On-  t 271 3 Onder de Eenkleppigen telt men: r« De pateïïiethen, waarvan voorkomen die doorboord en niet doorBoord zyn, welken te famen twee-en-vyftig lborten en vcrfcheidenhederr uitleveren, waar van de meesten niet gevonden worden dan by enkeldeftukkeit. De gene, die de gemeende fchynt, is een foort van zotskapjes, welken men voornaamlyk vindt in Champagne, Normandie en Brabant. Op veele plaatfen in Europa komen de patellieten enkeld voor, doch men vindze ook elders in menigte by een; gelyk te Chaumont en te Courtagnoe. Tc Bagnols zelfs ziet men maar ééne foort, die aldaar zeer gemeen is.. Alzo de patellen conchylien zyn, die altoos by "troepen famengevoegd leeven, en welken men niet aantreft dan op zekere plaatfen der zee, inzonderheid waar rotfen zyn, moest men verwagten 'er veelen van delf-ftoffelyk te vinden, op alle plaatfen, waar 'er eene voorkomtt te meer, om dat deeze fchulpdieren ,• aan de rotzen vastgekleefd, volgens hunne gewoonte, alle op 't drooge moeten gebleeven zyn-, by den afloop der zeewateren, vooral, indien deeze afloop gezwind zy geweeft: maar de zaak van nader by bcfchouwende, zalmen zien, dat juist het tegendeel moet gebeurd zyn. Immers de patellen,aan rotfen gehecht, en in deezen. ftaat ichielyk door de zee verhaten, zyn, in plaats van zig begraven te vinden, bloot gefteld gebleeven voor de aandoeningen der lucht, die dezelve tot ftof vergruisd, en ons onder de delfftoffen niets daar van over— gelaaten heeft, dan de genen, welken een gelukkig toeval met aarde overdekt hadt. Van de patellieten komen eenige origineelen onder de leevende patellen, .voor, doch van de meesten zyn die tot heden nog onbekend. 2. De kalioliethen of gegravene zee-ooren, waar van Italië een klein getal, zo van de foort met gaatjes als zonder gaatjes uitgeleverd heeft, die taamelyk gelyken naar leevende origineelen. linn/eus heeft'er ook: kleine, gladde en niet doorboorde, in de provincie van Schónen gevonden (V).. 3. De tubuliethen en vermiculiethen. Onder de eerden zyn de wolfstanden, dikwyls troepswyzc byeen vergaard, zeer gemeen en de olyphantstanden zeer zeldzaam; maar de gegravene wenteltrap, die meifin Braband, by Doornik en- in Piemont (c) aantreft, is nog veel zeldzaamer. Dezelve verfchilt (d) zigtbaarlyk van de Leevendige wenteltrappen, die tot nog toe bekend zyn. Piemont en de krytbergen van Engeland verfchaffen eenige wormbuiskoekjes, die met de leevende foorten ovcreenkomdig zyn. Behalve dit, bezit ik een andere regelmaatige gegravene. tubulieth, welke. in.kringen omgeef Vid, tiNN. verfucbe einernat.- kunst-und oec-biftci ie, Lipf. 1756.8VO. p. 116. (b) Oryélogr. de Brüx. p. 102.(V) de luc lettr. phyf. t. II. p. 261. (d) davila cat. raif. u III. p. 59..  C 27a ) cedraaid is, aften van gelyke grootte, en waarvan de laatfte ingeboogert Zen top fluit. Niets fraaijer dan derzeLver ingroevingen. Het is de eenigfte die ik gezien heb, komende van Italië, en wier origineel zig in 't kabinet van den heer Graaf van robiano, te Antwerpen bevindt. Niemand heeft tot dus verre van deeze delfftof of van derzelver origineel melding gemaakt. Zie daar dan een delfftof te meer, die haar origineel wedervindt onder de hedendaags leevende wezens: 't geen niet van zo weinig belang is, als het in den eerften opflag Icbynen mogt: want ik kan verzekeren, dat een langduurige ondervinding en zorgvuldige oplettendheid my ten ontwyfelbaarfte geleerd hebben, dat de weezentlyke overeenkomftigheden oneindig minder gemeen zyn, dan men tot dus verre zig verbeeld heeft, en dat een naauwkeuriger onderzoek dikwyls beflisfeude verfchillendheden vindt tusfehen .twee lighaamen, die men, oppervlakkig befchouwd, voor dezelfden gehouden hadt. Ik fchroom dan niet, als een grondbeginzel in de aardrykskunde vast te ftellen, dat het getal der foorten van delfftoffen , wier origineel niet bekend is, grootelyks het getal der genen, wier origineelen ons bekend zyn, te boven gaat. Ik ben in ftaat, deeze waarheid te bewyzen door duizend voorbeelden uit myne verzameling; maar de moeijelykheid en langdraadigheid der woordelyke vergelykingen , zonder behulp der voorwerpen zelf, die dikwyls zo weinig onder elkander verfchillen, doet my tegen wil en dank hier zwygen. Gelukkig, dat meer dan één geleerde, vry. van de gevaavlyke drift, om nergens van onkundig te willen zyn, myne verzekering in deezen toeftemt. Onder de tubuliethen moet men ook de belemniethen rangfehikken, zo W.el als de lituieten en orthoceratieten. De verfchillende foorten van deeze laatftcn, altoos met kamertjes en dikwyls met geledingen, vindt men op veele plaatfen, maar altoos troepswyze, van eene mikroskopifche kleinte af tot eene aanmerkelyke langte. Ik heb 'er van gevonden in Henegouwen,'van meer dan een voet Langte en drie duimen breedte aan het dïkfte end, en nog zyn die niet volkomen. De geheele lituieten zyn oneindig zeldzaam; alzo dikwyls haar omgedraaide end ontbreekt, en dan verwart men het lynregte deel met de orthoceratieten en het omgedraaide met de cochlieten. De belemnieten, die fomtyds by duizenden laamgehoopt, geheele diftricten beflaan, zyn van twee foorten; de eene met kamertjes verfchaft de huisjes en fchynt veel zeldzaamer te zyn, dan de andere (e), waar van het algemeene kenmerk is, een ledige holligheid te hebben aan het onderend. Van beiden komen vry aanmerkelyke verfcheidenheden voor. De algemeene gedaante is nu eens rolrond, dan eens fpilrond, maar ge. meeru (e) Ik zegge fchynt zeldzaamer te zyn, om dat, niettegenftaande de aanmerkelyke vvaardy, welke de liefhebbers nellen in de belemnieten met huisjes, ik verzekerd ben, dat zy niet zeldzaam zyn dan in zekere landen: want ik heo *er, in myne mii.eralogifehe reistogten, by duizenden aangetroffen, die geheele beddingen maaken in zekere diftriften, byzoaderlyk in het Luxemburgfche..  C m ) meenlyk kegelrondj welke laatfte men inzonderheid vindt op oneindig veele plaatfen. . Ik zal n^t fpreeken van het getal der verfcheidenbeden, welke ontftaan uit de meer of minder ronde, platachtige of hoekige figuur van bet lighaam der belemnieten, zo wel als uit de gedaante en plaatzing van het geutje, dat men 'er meestendeels aan vindt. Ook zal ik my niet ophouden met de geftalte van de punt, die fomtyds door zig zelve bepaald is, fomtyds uitloopt in een fmaller puntje, dat een knopje heeft. Deeze punt verandert buiten dien daar in veel, dat zy in fommigen over 't geheel rond, in anderen geplet is, en dikwyls drie of vier hoeken maakt: maar ik kan niet nalaaten op te merken, dat, byaldien 'er nog menfehen blind genoeg waren, om aan deeze delfftoffen haare plaats onder de conchylien te weigeren; de iteengroeven van Maaftricht hun aanbieden van de kegelronde foort, wier holte, aan den omtrek door een waare kraag bepaald, zo aanmerkelyk is en zo wyd uitgezet, dat men niet ontkennen kan, of dezelve is meer dan genoegzaam groot, om een worm of visch te huisvesten, evenredig tot de zwaarte van de belemniet: ten minfte veel beter dan het buitenfte kamertje van de ammonieten en posthorentjes. De provincie van Schonen in Zweeden verfchaft een diergplyk bewys, met dit verfchil, dat de randen der holligheid van de belemnieten aldaar fcherpfnydend zyn, en bygevolg van de kraag ontbloot (ƒ). Van alle de verfcheidenheden der belemnieten zvn de origineelen nog onbekend. Immers ik tel dat gene voor niets, 't welk de Heer fermin voorgeeft (g) daar van ontdekt te hebben, waar van de onechtheid zo duidclyk door de Heeren hofman en pallas(A) is betoogd. Men vindt ze op allerlei diepte in het aardryk, zelfs op de hoogfte bergen, maar voornaamelyk treft men ze aan, in landen die ver van zee zyn afgelegen. Daar zyn landfehappen, die belemnieten bevatten, onvergezeld met eenige andere toevallige delfftoffen, waar van ik verfcheiden voorbeelden in myne mineralogifche reistogten, heb ontmoet. De vermiculiethen komen onder een oneindige menigte van gedaanten voor; aangezien men 'er nooit twee groepen van aan zal treffen, die volmaakt eveneens zyn.. De hoorenflangetjes , met de leevendigen overeenkomftig, maaken 'er de aanmerkelykfte foort van uit. 4. De nautiliethen, ammons-hoorens en helicieten. Men vindt, op eenige plaatzen, een klein getal van nautiliethen eenzaam; op anderen, inzonderheid te Weimar, komen zy vry overvloedig voor. Behalve de volmaakt overeenkomflige met den dikfchaaligen nautilus uit Ooftindie, die men dikwyls by Brusfel vindt, en 't origineel van den zeldzaamen per- 00 Zie linn. verfuche einer natur- kunft- und oeconom. hiftorie von einigen Schwedifchen Provinciën , Leipz. 1756. p. 116. (g) fermin origine de la bélemnite. renard confid. ■;•: De veelkleppige buizen, waar van davila fpreekt 00 en die uit Champagne komen,' zouden wel ook. niet anders dan zee-houtwormen-. kunnen zyn. ' 3. Tot de balanieten, welken men door geheel Europa verfpreid vindt, in wel dertig plaatfen en zelfs in Siberië, maar overal in klein getal, uitgenomen in Piemont en Uddewallin, alwaar zy vry gemeen zyn.. De waarlyk verfteende, niettemin, zyn tot nog toe zeer zeldzaam. Zy komen overeen met de tulbanden, zee-tulpen, klokjes of geftreepte zee- 4. Tot de fchottelachtige fchulpen. Dit petrefakt, waar van men niet dan tweekleppigen, die bykans driehoekig zyn, aantreft; waar van de gedaante en de opening fchynen te bewyzen, dat 'er eenig ftuk aan ontbreekt; is door den Heer bertrand, in zyn diBionnaire, opgegeven , als afkomftig van de eendefchulp (conche anatifere): maar de en- ke- XO Calal. raifonnè, torn. III. p. 171»  fecle befchouwing is genoeg om hem van dwaaling te overtuigen. Het kan derhalve, op 't allermeeste, niets anders zyn dan een veelkleppige conchylie, waar van men tot heden het origineel niet kent, en dit byzonders heeft, dat men ze algemeenlyk vindt in beddingen, welke geene zeefchulpen bevatten, gelyk te Papenheim, Solenhofen en elders. § K. Van de gegravene Lighaamen, door Polypen gefabriceerd, of Polypodieten. Wy kennen, ik beken het, een groot getal foorten van hedendaags zogenaamde voortbrengzels van polypen, formeerende die onuitputbaar^ kweekery van bezielde weezens, welke de zee overal bevolken daar zy huisvesting vinden, tot dien trap zelfs, van aldaar door geduurig weder -aangroeijende volkplantingen, rotfen, ja geheele eilanden voort te brengen. Maar wat is dit getal, in vergelyking met dat der foorten, oneindig varieerende, van polypodieten, welke den alouden oceaan bevolkt hebben! Dezelven, maar ter loops, na te zien, zou de paaien van een vertoog ver te buiten gaan. Laat ons die evenwel, ten minfte, oppervlakkig befchouwen, om 'er betrekkelyk tot de theorie van den aardkloot, •de gewichtigfte gevolgtrekkingen uit te kunnen opmaaken. De polypodieten zyn zo algemeen verfpreid, over des aardkloots oppervlakte , dat geen echte waarneemer ecnig land kan doorloopen, zonder 'er aldaar aan te treffen; ja zelfs eenige nieuwe foort te vinden. De lyst der genen, die men alleenlyk in de fteengroeven van Maaftricht gevonden heeft, wier overmaatige brooschheid en fynheid zo wel betoogen, dat zy niet gerold noch overgebragt, maar zagten ftil door het water begraven zyn: deeze lyst alleen, zeg ik, zou genoegzaam zyn om aan te toonen, hoe verre wy af zyn, van of de gedaanten of de befchryvingen aller polypodieten te hebben, die tot nog toe zyn ontdekt. Wat zou het zyn, indien kundige oogen ons naauwkeurige orycfographiën bezorgden van zo veel landen, als wy meenen te 'kennen, om dat wy 'er oryctographiëu van leezen, opgemaakt zonder echtheid, zonder vlyt en zonder kundigheden ? Deeze algemeenheid der polypodieten belet geenszins, dat, terwyl het eene land 'er by millioenen uitlevert, het andere maar een klein getal geeft van enkele ftukken. Dikwyls, zelfs, zal van twee beddingen, nagenoeg aan elkander, van toevallige delfftoffen, de eene byna geheel famengefteld zyn uit voortbrengzels van polypen, en de andere 'er naauwlyks eenigen verfchaffen. Eene waarheid, van welke het beruchte kalk-gebergte van Sr. Pieter, by Maaftricht, een treffend voorbeeld uitlevert. 't Gene hier van my', zo wel als op verfcheide andere plaatfen, daar ik myne voorflellingen algemeeu maak, gezegd wordt, heeft alleen betrekking tot ons Europa: want wy kennen op ver naa de drie andere werelddeelen niet genoegzaam, om daar van zo beflisfende te fpreeken. ■Befchouwen wy tegenwoordig de verfcheiderlei foorten van werken, Na 2 wel-  welke cle polypen, ten tyde van het vêrblyf des- occaans op de hedendangfe landen, gefabriceerd hebben. Laat ons- vooral trachten op te mei-ken, welke de genen zyn, die foorten uitleveren,, overeenkomftig met de werken der hedendaagfche polypen. Ik moet vooraf aanmerken, dat het getal der weezentlyke overeenkom* ften zeer klein is in vergelyking met de onregelmaatige: ten minfte, indien het gebergte van Salive geene uitzondering in deeze regel maakt, volgens het voorgeevcn van den Heer de luc; als op zig zelf alleen byna alfc [porten van fteenige zee-planten, die thans in den oceaan leeven, bevattende (»): 't welk zekerlyk een verfchynzel', van de moeielykften om te begrypen, in de aardrykskunde zou zyn. 't Is my bekend, dat de berg Salive veele foorten bevat, welke met de leevende overeenkomftig zyn:, maar byna, alle! dit verfchynzel, herhaal ik, wykt zo veel af van de kundigheden, welken ik my op andere wyzen omtrent dit gebergte bezorgd heb, dat deeze Geleerde my wel zal willen toelaaten, myn oordeel over de algemeenheid deezer overeenkomlten op te fchorten, tot dat ik die zelf hebbe gezien. De polypodieten, die bekend zyn, bevatten-r i. De coraïïiethen.. Meer dan één fchryver haalt voorbeelden aan, van deeze delfftoffen,. en ieder op zyn beurt bekent 'er de ongemeene zeldzaamheid van. Dit belet niet, dat ik deeze overeenkomst, ten minfte, als zeer ongegrond befchouwe, en zie hier waarom. De monfters, welken-ik 'er van gezien heb in eenige kabinetten, waren niets minder dan de Ijls nobilis of het gegravene echte roode of bloéd-koraal. De afbeeldingen, welken men 'er van vindt by de fchryvers, vertoonen zo gebrekkelyke ftukken, dat men 'er de kenmerken geheel in mist. De aanhaaling welke de geleerde walch, en nahem de Heer sghroeter, zyn waardige navolger, maaken van- conr, gesner (v), is-volftrekt valsch, aangezien gesner fpreekt van een natuurlyk, geenszins van een ver-fteend koraal. De andere authoriteiten, bygebragt door deeze geleerden , zyn niet meer genoegzaam overhaalen de, en de afbeelding, welke walch van zyn voorgewende corallieth geeft (w), zegt niets ten voordeele, maar bewyst veeleer het tegendeel. Wat de corallieth van den Heer davila belangt (V), indien dezelve niet gefabriceerd is, zy behoort ten minfte niet tot de fosfiliën. De Heer davila zelf zou dit toegeftemd hebben, indien 'er zig niet eenige pyrieten aan vertoonden. Maar , wat belet de pyrieten, die van den oever zig affcheiden, in de zee te rollen, en tot grondflag te dienen voor. polypen? Bovendien de manier, op welke, zig de lieer (?/) Lett. pbtf: & motal. t. II. p. 527. (y) c. g.esn. de rer. fosffl. -fapid. & gemm. figur. Tiguri 1565. 8vo. lig. fol. 132. en niet, gelyk deeze geleerden zeggen, n. 133. Men ziet daar de afbeelding van een zeer fraai boompje van bloed-koraal, dodi zodanig, als het uit dfe Middellandfche zee gekomen is. (w) walch jleinr.fyjlem. entzvorfen, t. I. pl. 22. n. 3.. davila catal. raif. t. III. p. 7. \  C 285 ) Heer. davila omtrent dit ftuk uitdrukt, waar van de fehoone roode kleur een waar verfchynzel in de deliïtofkunde zou uitleveren; zyne onkunde aangaande de plaats alwaar het was gevonden,- alles eindelyk loopt tc famen , om die voorgewende corallieth onwettig te doen verklaaren. De zogenaamde coraïïiethen van Gothland., welke haare kleur, behouden hebben ,, zyn niet weezentlyker. Ik heb zeer varieerende.colleétien ger zien van polypusnesten van dat land/'t welk een waare bank formeert van oude polypen, en daar in niet het minfte brokje van bloed-koraal waargenomen. De oorzaak der dwaaling beftaat daar in, dat het een kalklteen is, dien men 'er vindt, waarin,, behalve milleporicten en andere polypodieten, entrochieten zig.voordoen, wier kleur van yzer-okers afkomftig, fchoon koraalrood is, en die derhalven van menfehen, meer nieuwsgierig dan kundig, voor echt bloed-koraal zyn aangezien. 2. De madreporieten,. die, onder andere origineelen , het geoogde wk> te winkel-koraal „ ds averoonachtige en getakte Iter-madreporen voorJi allen. 3. De verfteende aftroieten vertoonen insgelyks eenige overeenkomftigr heden, welken ik niet duidclyk zou kunnen maaken, dan door middel van omftandige befehryvingen,. uit gebrek, van aangenomene. benaar niingen. . 4. De tubipovietm; onder welken het gegraven orgel-koraal , van om» flreeks Oxford in Engeland, het waarfchynlykfte zee-origineel aanduidt." 5. De milleporieten, waar van het zeer moeielyk is de origineelen te ontkennen of aan te neemen , dewyl het verfchil dikwyls niet beftaat dan in de meer of minder grootte en talrykheid der gaatjes ïh de oppervlakte. Ik twyfel niettemin byna geenszins of hier bevinden zig eenige overeeukomftighcden, inzonderheid in de zwamgelykende (agaricieten). 6. De escarieten en reteporieten, die, ten opzigt van de origineelen dezelfde zwaarigheid' opperen als de milleporieten. 7. De gegravene meandrieten of cerebrieten hebben, myns oordeels,, haare origineelen onder de genen-, die in de zee voorkomen. 8. De gegravene fungieten, bevattende, behalve de eigentlvk zogenaamde, de akyonieten, hippurieten en porpieten, bicden ontclbaare foorten en verfcheidenhedèn aan, en verfchillen meestendeels zo aanmerkelyk van de leevende fungieten, dat het niet dau al te zigtbaar is. dat zy uit een andere zee afkomftig zyn.. Dit talryk.e. gcfiagt is evenwel' niet geheel en al van overeeukomltigheden ontbloot, gelyk uit veifcheiderlei zee-anjelieren blykt. 9. De polypui-nooten van Aveeke of buigzaame zelfftandigheid, gelyk de valfcbe koraalen,. de- keratophyten of litophvten-, de korallvnen en de zagte korstgewasfen, de fponfen en aicyoniêa-; waar van ieder afdeeling ontelbaare foorten inden tegenwoordigen oceaan uitlevert, komen byna op niets uit onder de delfftoflen. Men brengt flegts eenige ftukken te berde, van gearticuleerd koraal van omftreeks Mesfina; een zecwaaijer en een of twee andere keratophyten, en nog is 'er reden om te vermoeden, dat die niet dan bekleed waren met haare zee-korst. De Heer. Bun.Tii.AND ten minfte heeft pleizicr gehad, van. een dergelyke, vol- Nn 3 geus.  C 286 3 =gens kundmann, uit te geeven voor een echte delfftoffe, fchoon kundmann zelf het niet dan voor overkorst had te boek gefield. Zeer dikwyls heb ik de oftracieten en andere delfftoffen bedekt gezien met een korstgewas, welk de overmaatige fynheid my doet vermoeden •week te zyn geweest, 't Is my volftrekt onbekend, of 'er andere polypus-nesten, van de foort daar ik van fpreek, onder de delfftoffen voorkomen. Het fchynt my toe, dat de weekheid van haare zelfftandigheid geen volkomen beletzei is, aangezien men nooten en andere vrugten ver.andert vindt in een hoornachtig gefteente: aangezien 'er ook voorbeelden zyn, van fchulpeii, met haare visch verfteend; waar van myn kabinet een fchoon monfter bevat in eene gevleugelde anomie, door my in het hertogdom Limburg gevonden: aangezien, eindelyk, millioenen van planten het bewys van haar voorig beftaan gelaaten hebben in het dak der fteenkoolgroeven en elders. AVat zal het zyn, indien men aanmerkt, "dat een groot getal polypus-nesten niet buigzaam zyn dan in de inwendige zelfftandigheid, terwyl de uitwendige byna de hardheid heeft van fteen? • r Het ftaat dan zeer vry te denken , dat alle onze tegenwoordige ioorten van weeke polypus-nesten, ten minfte het grootfte deel daar van, niet beftonden in den alouden oceaan; Want, ingevalle men zelfs de gegravene akyonieten betrekken wilde tot de weeke alcyoniën, men zoude daar niets mede winnen; aangemerkt de verfchillende geftalte. Om kort te gaan, ik zal eindigen met de aanmerking, dat van ten minfte drie vierde deelen der polypodieten, de leevende origineelen, tot heden toe, nog onbekend zyn. § X. Fan de Echinieten of gegravene Zee-Appelen. De zee-appels zyn, zeer onbillyk, gerangfchikt geweeft onder de veelkleppige conchyliën, aangezien de natuur van haar verblyf of beenig bekleedzel zelf niet toelaat, dezelve onder defchaaldieren te rangfchikken. Ook beginnen verfcheide geleerden haar tot de regte plaats terug te brengen. linn*us heeft haar reeds onder de mollusca of zoophyten t'huis gebragt. De Heer schroeter fcheidt ze van de conchyliën af, om *ér eene byzondere klasfe van te maaken. In myne oryctographie plaats ik ze naby de zee-fterren, en ik geloof, dat men weldra tot het gevoelen van den Zweedfchen naamlystmaaker zal overgaan, met de foorten van zee-fterren die een uitwendig beenig harnas hebben, zo wel onder de .zoophyten te rangfchikken, als men beftendig die met een imvendig beenig harnas daar toe betrekt. Wat is natuurlyker, dan onder de dieren, die naar planten gelyken, •dieren te plaatfen, welke zo veel zweemen naar vrugten, dat men 'er den naam van zee-appelen aan geeft. De echinieten komen in Europa, zo wel als in de Indien, op oneindig veele plaatfen voor. Zy zyn vry algemeen by gezinnen vergaderd en dikwyls in groote menigte byeengevoegd in een klein beftek; fomwyleii hier  i 2S7) hiér en daar verftrooid, maar altoos zodanig, dat men gemakkelyk Kam zien, dat zekere foort dezelfde verblyfplaats verkiest, en dat elke foort haar eigen woonplaats heeft uitgekoozen.in den alouden oceaan. Echter is het ook vry dikwyls gebeurd, dat een zelfde, verblyfplaats-behaagd heeft aan verfchillende foorten. Onnut zou het zyn, de optelling te doen van deeze delfftoffen, die zo veranderlyk en zo talryk voorkomen. Het is genoeg, aan te merken, dat, fchoon een groot deel der zeiven nog geen origineelen vindt onder de lighaamen uit zee, niettemin de tulbanden, kasketten, knoopen, tonnetjes, fchilden, pafteijen; om kort te gaan, alle de verfchillende: verdeelingen van echinieten, ieder op zig zelve weezentlyke. origineelen aanwyzen, en wel in grooter evenredigheid dan eenige andere foort van toevallige delfftoffen.. Ook heeft haare ongemecne ligtheid dezelven meestendeels al zo gemakkelyk door de wateren over te brengen gemaakt, alsde fchaaldieren zelf. Hoewel de echinieten in 't algemeen ontbloot zyn van haare pennen en beendertjes, zyn 'er nog enkelde gevonden,, die eenigen-van deeze, zo ligt 'er afgaande deelen, behouden hadden.. S xi.. Van de gegravene Zoophyten, of Zoöphytoliethen^ Alzo het onmooglyk is , met zekerheid tebepaalen, of onder de tal-ryke foorten van alcyonieten, eenigen tot de zoophyten of buigzaame voortbrengzels van polypen , veeleer dan tot de fteenachtige van den alouden oceaan behoord hebben; heeft de rnoeielykheid van in de verfteening zo veeier weeke lighaamen toe te ftcmmen, dezelven niettegcnftaande de gedaante, vry eenpaarig onder de fteenige polypus-nesten doen plaatfen. Hier van daan komt het, dat men geene zoöphytoliethen kent, dan de zee-fterren., welken ik verdeelen zal in eenvoudige of die ongefteeld zyn,, en in boomachtige, of die met een fteel zyn voorzien.. De eenvoudige gegravene zee-fterren, die men door den naam van ftellieten kan onderfcheiden, zyn in het aardryk zo zeldzaam, als de leevende zee-fterren gemeen zyn in de zee. Men moet hier uit niet befluiten, dat de oude oceaan 'er fchaars van voorzien zy geweest. De ontelbaare beendertjes van zee-fterren, die men in de nabuurfchap van Brusfel, te Baelegem by Gend, te Chasfy-fur-Saöne, en elders, verfteend aantreft, bewyzen klaar,..dat de zee, ten tyde van haar verblyf op onze landen, 'er een oneindig getal voedde, die by gezinnen leefden: maar het lighaam deezer plantdieren is het bederf dermaate onderhevig en de beendertjes hebben een zo zwak verband onder eikanderen, dat 'er wel gunftige omftondigheden noodig zyn geweest, om een zee-fter der aloude zee-wateren, in volkomen geftalte, tot ons te brengen. De beddingen van kifteen verfchaffen 'er ons verfcheidene, hoewel de meesten zeer klein zyn.. Men vindt daar van, de afbeeldingen in hét groo-  I ( 283 ) •groote werk van walch en knorr (y~), zowel als by bayer en elders, wier origineelen nog onbekend zyn: Men ziet 'er een grootere' van by bourgijet (z), waarvan hy alleenlyk zegt, dat het eene zeefier is, goed om te eet en, waar van men het origineel aantreft in de hedendaagfche zee. Even zo is 't met een andere nog grootere foort, van welke s c hulzen fpreekt (V), die voorgeeft 'er verfcheidene verftêend te hebben gezien. De pafteijen, waar -van de Heer saussure fpreekt gelyken naar de leevende genoegzaam. Het gegravene medüfa-hoofd', en deszelfs deelen, bebooren tot de ftellieten. Men ziet 'er fragmenten van, in het aangehaalde werk van walch en knorr (c), -van welken dat -van het tweede deel zckerlyk geen bekend origineel heeft, maar dat van het eerfte, zo wel als 't gene daar rosin-ius van fpreekt (d), 't welk de takken dikker heeft, en eenige fragmenten, welken de banken van kalkdcen omftreeks Doornik uitleveren, zouden wel van het medufa-hoofd, dat by de Kaap de Goede Hope valt, afkomftig kunnen zyn. Die van de Noordzee zyn zo haairig niet. Het is niet minder onmooglyk, dat een groot deel der gedraalde trochieten en entrochieten, die men zonder uitzondering aan den ftam der enkrinieten toefchryft, tot de dikke takken der medufa-hoofden behoord-hebben. Dit geloof ik te gereeder, om dat men dikwyls geheele beddingen aantreft van trochieten en entrochieten, welken geene beendertjes bevatten van 't hoofd der enkrinieten. Tot de hoornachtige zee-fterren 'behooren de enkrinieten en pentakrinieten. De eerden, hoewel niet gemeen, zyn veel minder zeldzaam dan de laatften. Het is nogthans zeer moeieiyk, daar van een volkomen Ruk, met een fteel van aanmerkelyke lengte, te vinden. Haar eigentlyke vaderland fchynt te zyn te Erkerodc, een dorp naby Brunswyk, alwaar zig twee voeten diep onder den grond, een geheele bedding bevindt, beftaande uit derzelver brokken en eenige pectinieten. Men vindt 'er ook, doch in zeer klein getal, op veele andere plaatfen van Duitschland, Switzerland, Frankryk en de Oostenrykfche Nederlanden. Van deeze delfftof, waar van men bereids verfcheide foorten heeft ontdekt, is tot heden het origineel nog niet bekend. Het moet 'er in ongelooftyke menigte geweest zyn, indien al het gene wy van trochieten'en entrochieten, waar van geheele banken zyn, aantreffen, niet afkomftig zy dan van deszelfs deelen; maar, gelyk ik bevoorens gezegd heb, de geledingen der takken van medufa-hoofden, konden hier ook wel haar deel in hebben. De pentakrinieten verfchillen -van de ekrinieten door bet hoofd zelf, .maar nog meer door den ftam of fteel, die in de laatften rond is en vyf- kan- 00 Pa». I. pl. XI. fig. 2,3,4,5,6,7, 8,9. en part. II. pl. L. fig. 1,2,3. (z) Traité des pétrifications, pl. 59. n. 438. (jf) c. f. sc hul zen verfteinte zee-fteme, Warfchau 1760.4t0.fig.pl. 2., n» 6. (£) Foyages dans les Alpes, 4to. t. I. p. 284. pl. 3. fig. i. M Part. I. pl. XL. C. & part. II. pl. LI. £d) rosinius de lithbzois, pl. X. fig. ï.  C =sp ) kantig in de eerften. Niet lang geleeden meent men te Prang in Bohème een middelilag-foort te hebben gevonden, met het hoofd van een pentakriniet en de (lam van een enkriniet. . Zeer waarfchynlyk is her, dat de zee-palmboom van'den noorder-oceaan, befchrceyen door de Heeren el lis en gueïtard, het origineel der pentakrinieten zy. Wanneer men zelfs daar in eenig verfchil waarnam, is deeze ontdekking genoegzaam, om met reden te kunnen denken, dat ih andere deelen yan ,de verbaazende uitgeltrektheid der zeewateren, zig verfcheidenhedèn1 zouden kunnen bevinden van zulke fchepzelen, welke de gegravene volkomen gelyk waren. Het verfchil tusfehen de medufahoofden, zo verganklyk, van de noordzee, en die van de Kaap, zo lievig en duurzaam, onderfchraagt dit vermoeden. Deeze ontdekking zelve doet my hoopen, dat insgelyks, t' eeniger' tyd, het origineel gevonden zou worden van de verfcheiderlei enkrinieten, die niet dan door de draaien onder elkander verfchillende zyn. 'tGene myne hope, in deezen, nog meer kragt byzet', is, dat deeze plantdieren met hunne wortels gehecht zyn aan den grond der diepfle zeeën, alwaar wy die niet ontdekken kunnen dan door eenig gelukkig toeval. Hierom is 't niet te verwonderen, dat, al ware het dat 'er eene menigte van beftond, nogthans niets daar van tot onze kennisfe gekomen zy. De genen zelfs, welke door toevalligheden van den grond der zee zyn afgefcheurd, moeten, aangemerkt de zwakke verbinding van de deelen , waar zy uit beftaan, heel fchielyk, eer dat zy aan de kusten ge-'' Imeeten worden, in ftukken raaken. Dit bewyst de onmooglykhcid der vervoering van deeze lighaamen, door eenen zondvloed, in onze landftreeken, alwaar zy begraven moeten zyn , zonder eenige ftooting of geweld, om zo geheel te hebben kunnen blyven j gelyk wy dezelven vinden met hunne ftam : want de minfte rukking doet de zeer tedere pees brecken, die derzelver deelen aan elkander houdt. Geheel anders is het gefield met de conchyliën, die de diepten der zee bewopnen kunnen: want de natuur der meestcn is niet alleen nietgefchikt om aangehecht en onbeweeglyk te zyn, maar haare vastheid is ook groot genoeg, om zonder breeken een geweldige vervoering uit te ftaan. Ten onrecht heeft men dan den grond der zee voor de verblyfplaats gehouden van de origineelen der gegravene conchyliën, welke men voorgeeft uit de zee afkomftig te zyn, waar van noch de kabinetten, noch de nafpooringen derkundigen, noch de duikers, noch het dieplood, noch de geweldigfle beweegingen van den oceaan, tot heden toe geen het minfte blyk hebben kunnen verfchaffen. De gebroken takken van de pentakriniet leveren uit, de flerre-ftecncu en de gefternde ftaafjes, afterice colujrmares genaamd. Deeze zyrr, zö wel als het plantdier, waar van zy haare afkomst hebben, veel'zeldzaamer dan de enkriniet en derzelver fragmenten. Engeland verfchaft 'er het grootfte deel van ■ waar aan volgt Boll in het Wurtembergfche, Oemden, Altdorft, Papenhehn, Praag, Neuremburg, Switzerland en Franche Comté. ■ -: • -z'.1 . Oo III.  £ ) IIL HOOFDSTUK. Van de gegravene Plantgewasfen*. fïoe zeer het te wenfchen zou zyn, dat men, voor dë gegravene plantgewasfen, de tnethodieke cJasfificatien kon volgen, naar welken de leevende planten gerangeerd worden, is het volftrekt nutteloos zig hier me"de op te houden, om twee redenen: i. Dat de origineelen van de meesten deezer delfftoffen ons t'eenemaal onbekend zyn: z. Dat zy niet alleen geen blyk van de deelen haarer vrugtmaaking uitleveren, maar dat men ze, in 't algemeen, aantreft in een verminkten ftaat, zo datzynaauwïvks kenbaar zyn. Met reden vergenoegt men zig dan, dezelven te verdeden in dendroUethen of verfteende houten; in phytoliethen of eigentlyk zogenaamde planten, en carpoliethen of verfteende vrugten. Van de DendroUethen of Mouten, die men in V Aardryk vindtv Onderaardsch hout komt op oneindige plaatfen voor.. Men vindt het natuurlyk geconferveerd, verhard, bitumineus, veraard of fteenkolenachtig, of verfteend, met aluin of pyriet doordrongen of in metaal veranderd, •/.<••. ,. . Ik zal de vyf eerften alleenlyk gegraven houten noemen, en de vier laatften zal ik begrypen onder de benaaming van verfteende houten: eea onderfcheiding, wel is waar , gantsch niet naauwkeurig, maar welke door de kortheid van een vertoog gewettigd wordt, en zeer noodig is om, de waarneemingen van elkander af te zonderen, die elke klasle aan de hand geeft,, betrekkelyk tot de omwentelingen van den aardkloot. ^ Men heeft een zwierigcn toeftel gemaakt van eene naamlyst, t zy waar of valsch, van verfteende houten.. Een verbaazende menigte heb ik 'er van gezien; myn kabinet bevat daar van over de vier honderd ftuk-  C 291 ) "keti, en tot dus verre is 'er geen onder, waarvan ik met zekerheid het origineel zou durven aanwyzen. Dit komt niet daar van, dat ik geen moeite daar omtrent heb aangewend. Behalve myn eigen kunde, heb ik van die van verfcheide geleerden gebruikgemaakt; ik heb de ondervinding geraadpleegd van kastenmakers en fchrynwerkers: al de vrugt, welke ik daar van getrokken heb, was te verneemen, dat zy hieromtrent 'niet meer wisten dan ik : dat de verfteende houten, welke ik hun voorleide, hun byna allen onbekend waren, en dat het klein getal ftukken, waar in zy eenige gelykbeid meenden te erkennen met de Europilche houten, alleenlyk by hun een vermoeden deed ontttaan, altoos verdeeld tusfehen veelen van onze leevende houten. Dit belet niet, dat meer dan één perfoon, weinig in de beoefening der natuurkennisfe bedreeven, 'ermy veelen voetftoots genoemd hebben: maar zulks heeft niet gediend, dan om my te doen zien, dat wy niet ■omzigtig worden,- dan naar maate wy toeneemen in kundigheden. Ik wil niet ftaande houden, dat onder de menigvuldige houten, dié ons verfteend voorkomen, 'er-geen zy, waar van men het origineel kan aanwyzen : ik geloof zelfs dat 'er zyn, waar van men de origineelen kent: zodanig moeten de verfleende houten zyn, die in het aardryk bedolven zyn geweest in tydperken ons nader komende. Maar ik houd' ftaande, ingevolge myn eigene ondervinding, dat de mcestcn der verfteende houten, tot dus verre gevonden, ons zeer onbekend zyn; gelyk in 't byzonder die genen, wier plaarzing, of de nabuurige delfftoffen, bewyzen, dat zy begraven zyn in tydperken, die zig verliezen in dè nagt der tyden. De ligtvaardigheid in het beflisfen: de vreeze om van onkunde belehuldigd te worden, zo eigen aan oppervlakkige kundigheden, zyn, naar myn denkbeeld, de voorftanders geweest van de mcestcn dier naamgeevingen, welken een meer ovcrwoogen oplettendheid buiten twyfel veroordeeld zou hebben. De gepolyste plaatjes van de verfcheiderlei natuurlyke houten, waarvan men verzamelingen begonnen heeft te maaken, verfchaffen reeds een treffend bewys, hoe ligt men het eene hout verwarren kan met het andere. Dezelfde foort vair hout vertoont natuurlyk, door zyn gewcefzei en kleur, aanmerkelyke verfcheidenhedèn, en nog aanmerkelyker by toeval, naar dat het zelve wel of kwaalyk gegroeid zy; naar den grond en plaatzing, waar in het voortgekomen is; om kort te gaan, de jaaren van groeijing op zig zelf alleen, maaken het hout zeer verfchillende. Wat zal het zyn, wanneer dit hont tot de verfteening, zyn beste deel verlooren hebbe, welks plaats in meer of minder veelheid is ingenomen, door eene nieuwe ftoffe, verfchillende naar de plaatfen en omftandigheden! Wat zal het zyn, zeg ik, wanneer dit hout, waar van de natuurlyke gaatjes verdopt zyn door de fteenige ftoffe, die zig daar in vergaard heeft, aan onze oogen niets anders vertoont dan bedriegende en vervalschte openingen ? Ik bezit, wel is waar, veele verfleende houten, die, niettcgenftaande de veranderingen, welken zy moeten ondergaan hebben, genoegzaam gekenmerkt zyn, door hunne ondeifcheiden maazen, door "hunnen byOo n ' zou-  C 292 ) zonderen omtrek en door hunne vreemde, fcborfen, om hunne origineelen; zo 'er die mogten te vinden zyn, aan te wyzcn: doch daar zyn geea diero-elvken onder de Europilche, en ik heb ze te vergeefs opgezogt onder de" bekende houten der Indien. Er blyft dan over te onderzoeken, of zy nog ergens beftaan, dan of men ze onder de verlooren foorteu, 't "'een veel waarfchynlyker is, moet tellen. Eene vry aanmerkelyke waarneenring, welke alhier eenige betrekking heeft, is, dat men, onder alle deeze voorgegevene inlandfche houteu van Europa, die verfteend zyn, nooit eenige van derzelver vrugten of pitten aantreft; terwyl in tegendeel gegraven vrugten, wel is waar onre te behooren tot de pahn- of dadel- en andere vreemde boomgewas„ fen." LiNN^us, die een tydperk gebaand heeft in de kruidkunde, en wien men geen te groote agterhoudendheid in de benaamingen verwyten zal, heeft zig in dit geval zeer bepaald en te vrede gehouden met den tytel van phytolithtis planta & filicis, waar onder hy alle de verfteende kruiden begrypt. Was dit traagheid of befchroomdheid? Geen van beiden, zeker 1 Deeze groote Botanicus kende de leevende planten al te wel, om derzelver weezentlyk verfchil met de phytoliethen niet kragtdaadig op te merken; en dit is de waare reden van zyn geleerd ftilzwygen geweest» De Heer gmelin, door wien linn^us zo wel is vertaald en uitgebreid (/), verzekert, dat in de ftcenkolen-beddingen van Northumberland, Cumberland en Glocester in Engeland; in die van Chaumont in het Lyonnois, van Alais in Languedoc, als ook in die van Chambon, St. Genéc en Firmini, niet gevonden worden dan Amerikaanfche en uitheemfche planten. Om kort te gaan, een menigte van andere geleerden' zyn van 't zelfde gevoelen. De genen zelfs, die een tegenftrydig denkbeeld koesteren, gelyk scheuchzer, volkmann en bertrand, kunnen niet nalaaten te bekennen, dat zy voor de weezentlykheid der aangenomene origineelen niet zouden durven inftaan. Anderen, fchoon de eenweezigheid van de meesten der phytoliethen met de planten van Europa beweerende, kunnen niettemin geenszins ontkennen, dat 'er veelen zyn, wier origineel onbekend is of uitheemsch. Derhalve kan ik niet begrypen, wat den Heer schroeter heeft kunnen dringen om ftaande te houden, dat ten minfte de phytoliethen der Iteenkolen-beddingen van Duitschland, meestendeels, haare origineelen vinden onder de inlandfche planten van Europa. Ik heb veertien of vyftien fteenkolen-groeven in Duitschland bezogt, waar van ik phytoliethen medegebragt heb; bovendien bevat myn kabinet kruider-lciftcenen, in verfcheide fteenkolen-adercn van Duitschland, waar ik zelf niet ben geweest, gevonden , en ik kan met zekerheid getuigen, dat my geen merkwaardig verfchil voorgekomen Is, tusfehen de Duitfche phytoliethen tn die van andere landen, waar van ik ook een taamelyke veelheid heb gezien; zonder te fpreeken van de phytoliethen, welken ik bezit, gekomen uit fteenkolen-beddingen, door my niet gezien. Dat meer is, ik meen te kunnen verzekeren, dat geene fteenkolen-groeve phytoliethen uitlevert, welke met de planten van Europa minder overeenkomftig zyn, dan die van Eschweiler. Men kan nogthans niet ontkennen, dat fbmmige leifteenen, inzonderheid die van Oehningen, afgezonderde bladen of biblioliethen vertoonen, wier gedaante zeer naby komt aan die van zekere inlandfche bladen; maar wat is een blad, om met zekerheid de plant te bepaalen ? Hoe veel naby komende gedaanten kunnen ons hier in niet misleiden.' Buitendien, heeft dit (*') Fol ft and * nstur-fyftem. des mineral-reishs, t. IV. p. J34°  C 299 5 dit niets gemeens met de kruiden der fteenkolen-beddingen. Ik heb, voof 't overige, niet ondernomen te bewyzen, dat geene der kruider-leijen die bekend zyn, haar origineel vinde onder de in ons werelddeel leevende planten. Het is my niet onbekend, dat men, naby de la Flêche, een hardlteen vindt, gevuld met bladen, veel gelykendc naar die van onze wilgen: op oneindige plaatfen ziet men overkorftingen, die ons de weezentlyke gedaante der bladen van onze inlandfche planten vooritellen: doch dit doet niets tot de aloude omwentelingen van den aardkloot! Nimmer kunnen wv derhalve te oplettende zyn, om de deifllotfen van de hoogfte oudheid niet te verwarren met de genen, wier beftaan van laater datum" is: 'hoedanigen zyn « De nieuwe phytoliethen of eenyoudiglyk gegraven planten, welken inzonderheid behooren tot de veengronden, en tot de overkorftingen. De laatstgemelden komen overal voor, alwaar waters, beladen met aardachtige deelen, in ftaat zyn dezelven af te leggen op plantgewasfen, en die 'er,mede te overkorften. Hoe verfcheiderlei ook deeze overkorftingen zyn; hoe aangenaam de vertooning is, welken eenige derzelven aan de kabinetten der lief hebberen uitleveren, zy behooren veel meer tot de hiftorie der fteenen, dan tot die van den aardkloot. Des zullen wy ons daar mede niet ophouden, dan alleenlyk om te zeggen, dat zy niets dan inlandfche planten vooritellen, wier gewoone verblyfplaats is in de laagen van cran of cron, zo zeldzaam in fommige landsdouwen en zo gemeen in anderen. Deeze craniéres zyn zelf niet, dan afleggingen van de fynfte deelen der kalkbeddingen, 't zy aardachtig, 't zy fteenig, door de onderaardfche wateren medegefleept; welke kalkachtige deelen zig vallen laaten, naar maate het gas, dat dezelven in 't water hangende hieldt, hun verlaat, wanneer dit water, in onmiddelykc aanraaking is met de dampkrings-lugt. Het land van Luxemburg vertoont inzonderheid veele voorbeelden van craniéres, zo oud als nieuw. Die van het meeste belang', welke my voorgekomen is in dit ganfche hertogdom, legt onder den reeks heuvelen, aan welker voet de Abtdy van St. Remy gelegen is, zo berucht wegens de fchoone marmerfteenen, die zy haalt uit deeze heuvelen. De tegenwoordige Abt, niet minder lofwaardig, wegens zynen vriendelyken omgang, dan wegens zyne behartiging van 't gemecne welzyn, eene loodmyn ontdekt hebbende, deedt aldaar, ter halver hoogte van den heuvel, eenen luchtgang openen; maar naauwlyl^ was het werk tot honderd-vyftig voeten ingebragt, of het werdt weerhouden door een overvloed van water, 'twelk, naar buiten uitftroomende, overal eene laag vormde van cron. Tegenwoordig, nadat men 't zelve, door middel van dykjes, tot een regelmaatige beek bepaald heeft, wordt derzelver grond, onophoudelyk, verhoogd door de geduurige afzettingen uit dit water, en de talryke waterplanten, daarin groeijende, overtoogen met eene geelachtige kalkkorst. Zo fyn en dun is deeze korst, dat, wanneer men'er de kruiden tydig uitneemt, de klompswyze overkorftingen daar van de kleinfte vezelen nog laaten zien onder het fteenig bckleedzel, en dus onder de bevalligfte ficraaden der naturaüën-verzamelingen te tellen zyn. . Pp a Een  1300) Een vry zonderling voorval, tot de befchouwkunde der onderaardfche wateren leerzaam, 't welk na het uitbreeken deezer beek gebeurde, kan ik hier niet met ftilzwygen voorbygaan. Op een aanmerkelyken afftand van daar was een andere beek, die een molen deedt omgaan, plotsling uitgedroogd; 't geen den Abt van St. Remy in een proces gebragt heeft, zo onverwagt als weinig verdiend, met den eigenaar van deezen molen. De veengronden, hoewel ook t'eenemaal famengefteld uit bekende en inlandfche plantgewasfen, fpeelen een rol van te veel belang en leerzaamheid in de hiftorie des aardryks, om geen ernftige oplettendheid te vereifchen. Men vindt 'er op duizend plaatfen in Europa: men vindt 'er insgelyks in Amerika, in zekere deelen van Afie en zelfs in Afrika, maar aldaar veel minder menigvuldig. Zy beflaan inzonderheid de laage en moerasfige ftreeken, als ook de oevers van beeken en van fommige rivieren't welk echter niet belet, dat men 'er ook op zeer hooge gebergten vinde; gelyk wy in 't vervolg zien zullen. Van alle tyden her, waren de gevoelens vry eenftemmig over den aart der veengronden. Niemand is, myns weetens, ftout genoeg geweest, om derzelver plantaartigen oorfprong te durven ontkennen: maar, als het te doen was, om reden te geeven van zodanige verbaazende ophoopingen van plantgewasfen, heeft ieder daar omtrent zyne ondcrftelling gemaakt. - Het grootfte getal der ouden nam toevlugt tot overvoering door de wateren. Dus doet scheuchzer van de Alpen kweckeryen afdaalen van planten, die alle de veengronden van Europa zouden geformeerd hebben. De dwaaling kwam daar van daan, dat men niet dan oude veengronden in opmerking nam, wier aangroeijing opgehouden was, 't zy door een opdrooging van zelf, 't zy door de nabuurfchap van menfehen en het plat treeden door de pooten van hun vee. Als dan, beken ik, was het ten uiterfte mocijelyk, de vorming te begrypen van een veengrond, in een terrein, waar van de oppervlakte naar die van alle anderen gelykt: maar, na dat een oplettend oog de natuur heeft wecten op de daad te betrappen, is het wonder opgehouden. Onder verfcheide voorbeelden, welke zig hier aan myne zinnen voordoen, meen ik den voorrang te moeten geeven aan den hoogen veengrond, die een gedeelte uitmaakt van het hertoglyk bos in het Limburgfehe. Dit hooge moeras, reeds bekend ten tyde van Ccefar, die in zyne commentariën liet zelve noemt a/tam paludem, kan met recht hoog genoemd worden, aangezien men, van het kleine riviertje Vesdre af, zonder ophouden, anderhalf uur lang moet opftygen, om 'er by te komen. Voortyds bevondt zig op deeze verhevene vlakte, waar van de uitgestrektheid vier mylen is, zo in langte als in breedte, niet meer dan een veengrond van weinig belang, die geen merkbaaren voortgang maakte, zo lang men de bewooners der nabuurige dorpen toeliet, aldaar hunne kudden ter weide te brengen; waar van het geduurig trappelen den grond vast maakte, en uitloop verfchafte aan de wateren. Een kwaalyk be- gree-  C 3°i ) greepcn reden van lands belang beeft dit doen verbieden, uit vreeze dat het nabuurig bosch zoude befchadigd worden door de beesten, en federt dien tyd is het geheele terrein een fpons geworden; alwaar de veengrond voortgangen maakt, die de verbeelding te boven gaan: dermaate dat, indien men 'er geen tegenftand aan biedt, door het water af te tappen, zeer waarfchynlyk het moeras in 't kort zig meester maaken zal van de geheele vlakte, welke meer beflaat dan agt duizend gemeten, groote Brabandiche maat. Hier is het, dat men de water-mos, onder den naam van fphagnum paluftre bekend, die vrugtbaare moeder van het veen, onophoudelyk beddingen kan zien vernieuwen, die, gelykerwys dryvende eilanden, een grondflag verfchalfen aan verfcheide waterplanten, welke mede deel neemen in de vorming van het veen, en, naar maatc zy eene genoegzaame zwaarte bekomen, agtervolgelyk nederzakken met de mos, maakende op den bodem van 't moeras geduurige afzetzels, wier herecniging het veen ltecds doet aangroeijen, 't welk niet zal ophouden , zo lang het 'er aan geen vogt ontbreekt. Tot dus verre is de dikte niet boven de veertien voeten. De Bloksberg, een graniet-gebergte, het hoogfte van den geheclen reeks van de hlaarts, verfchaft op de vlakte van zynen top, een ander voorbeeld van eenen veengrond, welke reeds meer dan twaalf voeten dikte heeft, en die nog zonder ophouden aangroeit (/£). Onder alle de veengronden, op laage plaatfen gelegen, en die nog da~ gelyks toeneemen, fchynt het Dure/smoor in het land van Bremen, my het allertreffendst voorbeeld uit te leveren ; zo door de aangroeijing zelve van dit uitgeftrekte veen, (dat, behalve het bystcr groote Kedingermoor en andere takken, die het voortbrengt, reeds 20 mylen langte heeft, op 6 mylen breedte en eene diepte van 35 voeten;) als door de kuilen, die men 'er in graaft tot het uitnaaien van de turf, waarvan men, van jaar tot jaar, de wederaangroeijing, door de zeer kenbaare voortgangen die het maakt, kan zien. Niets minder dan de ftcrkfte overtuiging was 'er noodig, om onzen geest de mooglykheid te doen erkennen van de phiatzelyke voortbrenging •eener zo bystcr groote veelheid van plantgewasfen. Zonder dit zou het gevoelen, dat het veen door overvoeringen geformeerd ware, altoos heerfchende zyn gebleeven. Tegenwoordig kan de waarneemer zig den oorfprong gemeenzaam gemaakt hebbende van deeze zo wyd uitgeftrekte veengronden, door analogie zig een zeer natuurlyk denkbeeld vormen, van het ontftaan zelfs der beddingen van de fteenkolen, dat zo lang de geleerden gepynigd heeft, en aangaande welken ik wel verzekerd ben, dat, ten minfte de meesten, niet zyn dan de veengronden van afgelegener tydperken. De menigte van voornaame voorwerpen, die allen met gelyk recht een plaats vorderen in dit vertoog, belet my de Veilchillehde gevoelens der na- (£) de luc leftr. phyjiq. £? Mor. t. IIT. p. 266. en elders. ir- 3  C 30a) natuurkundigen, over den oorfprong van de fteenkolen uit te pluizen; des ik my bepaalen zal om, door analogie de mooglykheid aan te toonen van den plantaartigen oorfprong der magtigfte en uitgeftrektfte fteenkolenbeddingen. Onder alle de bekende veengronden, heb ik bet voorgemelde Duvelsmoqr tot een voorbeeld uitgekoozen, aangezien men de bevestiging van al het gene ik 'er van zeg, kan vinden in het vyfde deel, der natuur-en zedekundige brieven van den Heer de luc, waar onder veelen, die gevuld zyn met waarneemingen van gewigt, aangaande dien beruchten veengrond. Ter diepte van 35 voeten, vertoont het veen van Duvelsmoor geen het minfte blyk meer van de plantgewasfen, aan welken bet zyn beftaan verschuldigd is. Men zou het veeleer aanzien voor eene zwarte bitumineuze aarde, dan voor veen. Het legt 'er niettemin, nog by laagen, 't is waar; maar derzelver affcheidingen zyn, in 't algemeen, zo onduidelyk, dat men 'er verfcheidene tot ééne zou betrekken. De zelfflandighèid, om kort te gaan, is zodanig, dat, indien men 'er den vereischten famenhang, droogte, hardheid en glans, aan geeven konmen dezelve neemen zou voor echte fteenkolen. Deeze gelleldheid boud ftand geduurende verfcheide voeten dikte: ten minfte is het verfchil geenszins opmerkelyk. Allengs begint men eenig gruis van plantgewasfen aan te treffen: het veen wordt minder digt cn vezelachtiger. "Deeze gefteldheid neemt toe, naar dat men hoogcr opftygt, tot dat men, gekomen zynde aan het bovenfte gedeelte, niet meer ziet dan een aanhoudend famenweefzel van plantgewasfen, die ten deele vergaan zyn, en van derzelver wortelen. Alles is, van boven,met eene fchoone en tierige plantgroeijing gekroond; Wat ontbreekt dan aan deezen veengrond, om een waare myn te worden van fteenkolen? Een grooter famendrukking; een volkomener ontaarting van de plantdeelen, die in deszelfs bovenlle laagen vervat zyn; de bykoming van dat zuur; 't welk de vette olie tot bitumen maakt, en misfchien nog olieagtigef plantdeelen (/). Wat aangaat, het geheele vergaan der plantgewasfen; hier van leveren ons eenige veengronden van Holland en andere landen, de voorbeelden uit. Ten anderen is niets gemakkelyker te begrypen, dan de volkomeue ontaarting van de vezelen der kruiden, en de ophouding van nieuwe vezelige laagen, zo dra men den noodigen tyd hiér toe vergunt na de opdrooging van den veengrond. Het is insgelyks ligt, een middel te vinden, om denzelvcn tot ecnigen trap famen te drukken, dien, tot zekere gegevene hoogten, bedekkende met nieuwe aardlaagen, van verre aangebragt en afgelegd door het water, zo als het geval is met de echte Iteenkolcn-beddingen, Niemand zal de mooglykheid ontkennen van 't bykomen van het vereischte zuur, en, wat aangaat de noodige olie in de planCO Het weczentlykfte verfchil, tusfehen de fteenkolen en goede turf,beftaat daar in, dat deeze alleenlyk een vette olie bevat, en de fteenkolen eeii waar bitumen, dat eene vereeniging is van de vette olie met zeker zuur.  ( 33- > planten, om liet bitumen te formeercn ,• ingcvalle de waterplanten var. de hedendaagfehe veengronden daar van niet genoeg hadden, is het blykbaar, dat die der oude veengronden 'er meer van gehad kunnen hebben: want, om van de plantgewasfen der heete lugtftrecken., die in 'talgemeen, vetter zyn, niet te fpreeken, hoe veelen levert 'er ons wereldsdeel niet uit, die met olie rykelyk zyn voorzien 1 Zie daar dan de ftof en vorm van de fteenkolen t'eenemaal ontdekt: daar blyft niets over, dan'er de toevallige oorzaak van aan te wyzen, 't welk ik in het zevende hoofdftuk beproeven zal, - . Ik wil niet beweeren, dat alle de- beddingen van fteenkolen', die 'er nti wcezen zyn, op de manier van onze veengronden zyn geformeerd. De natuur weet dezelfde einden te bereiken, door oogmerken zo verfchillende, dat men zig niet genoeg kan wagten. voor hec gevaar, dat men loopt, door het algemeen maaken van de voorftellen in de aardrykskunde. Hoe overvloedig ook de olieagtige en zoutige deelen zyn in de plantgewasfen, inzonderheid in die van de heete lugtftreek, tot welken alleen die der fteenkolen-beddingen betrckkelyk zyn; wie van ons zal kunnen bewyzen, dat 'er geen mineraal-bitumen zy, welks vereenigiug met eene daar toe gefchikte klei, fteenkolen kan hebben voortgebragu Een menigte waarneemingen verzekeren ons het beftaan van een ondcraardsch bitumen , waar van geen bekende omftandigheid ons tot heden toe den plantaartigen oorfprong heeft kunnen aanduiden, op eene overtuigende wyze. Waar is het, dat de fcheikunftige ontleding tot de plant- en dier-ryken alle de bitumeus fchynt te betrekken. Bovendien is het waar, dat de barnfteen en git geen" twyfeling noopens haaren plantaartigen oorfprong overlaaten:. maar de uaphta, de fteen-olie en jooden-lym, verfchaffen, wanneer men de proefneemingen der fcheikunst voorbygaat, niet altoos zo overtuigende bewyzen; ten ware men voor de zodanigen aanneeme haare nabuurfchap aan fteenkolen-aderen, gelyk plaats heeft in den Elfaz en elders :, de vergaaringen van fteen-olie, welke in fommige fteenkolenaders zyn bcflooten, gelyk die van Meyronnes in Provence: eindelyk, dat flag'van geltolde pek, welk de regen afffeept van den zandigen grond der heijen, en welk hy nederlegt in laage- plaatfen. Voorts, alzo ik gecnerlei onderftelling waagen wil, is het my genoeg, de mooglykheid te hebben aangetoond, dat veele fteenkolen-beddingen vaneen plantaartigen oorfprong zyn, en waarfchynlyk alle de genen, wier dek eene vergaaring is van knuden;- by welken echter het wel kan zyn, dat zig dikwyls eene meer of minder groote veelheid van klei gevoegd hebbe. Het gevoelen, der genen, die aan de fteenkolen een dierlyken oorfprong toefchryven, en dit alleenlyk om dat zy, door middel van dezelven, Berlyns blaauw bekomen hebben, verzwakt in geenen deel e.myn geftelde; alzo het hedendaags bekend is, dat men het insgelyks verkrygt met kolen van plantgewasfen. Schoon volftrekt overtuigd zynde, dat de meesteir der veengrondenhun beftaan verfchuldigd zyn aan eene agtervolgelyke ophooping van planten, op de eigenfte plaatfen'voortgebragt; kan ik nogthans niet loochenen , dat 'er veengronden zyn, welke hunnen oorfprong hebben uit de  C 3«4 ) de overbrenging van planten, van bet eene gedeelte gronds op het andere, en lbmmigen ook, die niet voortkomen dan van omvergeworpen, vernielde en opeengeltapelde bosfchen, waar van men voorbeelden te Brusfel, te Dive in Normandie en elders aantreft. Weinige veengronden vindt men, van welke foort ook zynde, daar niet in voorkomen verkalkte aard- of rivier-concbyliën, hoornen en beenders van viervoetige dieren, als ook werkftukken van menfehen, tot meer of minder aanmerkelyke diepte begraven en van meer of min oude volkeren afkomftig: maar alle deeze bykomende zaaken hebben niet meer behoord tot het aloude aardryk, dan de plantgewasfen zelf, uit welken onze veengronden beftaan. De hoornen van rendieren niettemin, die ik in de veengronden van Vlaanderen gevonden heb, fchynen te bewyzen, dat, nog geduurende de hedendaagfe voortbrenging, ons klimaat eenigen tyd koud genoeg heeft moeten zyn, dat die. Noordie dieren aldaar hebben kunnen leeven. s m. Van de Karpoliethen of gegraven Vrugten. Uitgenomen de gegravene vrugten, die men in de overkorftingen en in de veengronden aantreft, waar van reeds heb gefproken, en de groote nooten, inzonderheid die verfteend zyn in haar houtig omkleedzel, welken men te Lons le Saulnier gevonden heeft in eene oude zoutmyn, reeds anderhalf honderd jaar verlaataTgeweest; is 'er geen, onder het zeer klein getal weezentlyke karpoliethen, tot nog toe ontdekt, van welken men het origineel kan aanwyzen onder de inlandfche vrugten van Europa. Die der Indien zelfs, waar van de meeste karpoliethen afkomftig zouden zyn, vertoonen op ver naa geen volmaakte overeenkomst. De onderaardfche (tukken van deeze klasfe, waar men de meeste zekerheid van heeft, zyn verfteende kokosnooten, dikwyls met haare vezelige bast, en fomtyds van de zee-houtwormen doorboord, van welken ik een omftandige befchryving heb gegeven; zo als ook van een (lag van pinang of araknooten, waar van ik de figuuren in de natuurlyke kleur, zo wel als van een fraaije kokosnoot, uitgegeven heb (m). Niettegenftaande de nagenoeg naauwkeurige gelykenis van deeze verfteende kokosnooten met de natuurlyken, durf ik nog niet vastelyk verzekeren, dat dezelven afkomftig zyn van eene hedendaags leevende foort. Ik heb andere zeer zonderlinge vrugten gevonden, zynde in Brabant en Vlaanderen, die geenzins zvveemen naar eenige bekende vrugt. Ook geloof ik niet, dat, alle de gegravene kokosnooten, door my ontdekt, van eene zelfde foort zyn. Ik weet niet, wat men moet denken van verfcheiderlei karpoliethen, welke de Heer p arsons (») zegt, op het eiland Sheppey te zyn gevonden. (iii) Oryétogr. de Bruxell. p. ii8. pl. 30. lett. A, B, C, D. Phil. tranfacl. t. L. art. 51,  1305) £en. Verfcheidene komen my zeer twyfelachtig voor, en die waar van hy het vaderland heeft aangeweezen, zyn allen uit Indie. Meer zekerheid heb ik , ten opzigt van de vrugt of het zaad van den droevigen boom der Indien, die 111 Frankryk verfteend gevonden is door Mr. de jussieu (0). Onder de verfteende nooten-muskaat, waar van men zo veele voorbeelden aangehaald vindt, kunnen veelen valsch zyn; maar ik ben zeer verzekerd, dat 'er ook weezentlyke voorkomen. De pyn-appel van Mr. davila is door Mr. guettard verklaard voor een cypres-noot" zeer verfchillende van de vrugt der gewoone cypresfen f>). Zyn geadiaatizeerde ananas is wel een weezentlyke vrugt, maar zeer verfchillende van de ananasfen, die wy kennen. Zyn turksch koorn-aair fchynt inderdaad tot de vrugten te behooren, en zelfs tot die geaaird zyn, maar is van die der Turkfche tarw zeer verfchillende. De andere karpoliethen, welke men hier en daar by de autheuren aangehaald vindt, behooren tot onbekende vrugten, of het zyn dierlyke verfteeningen, natuurfpeelingen of kryftallifatiën van fpaath. Het is dan uitgemaakt, dat, behalve de nooten van Lons le Saulnier, die geenzins tot de oude hiftorie van den aardkloot behooren, aan alle de weezentlyke karpoliethen t'eenemaal het origineel ontbreekt, of niet gevonden wordt dan onder de verzengde lugtftreek. t» CoWeli. academique, part. Franc. t. IV. p. 303. lett/PpDAVILA Catal' raif°m' x' IIL p" 254- p1, 6' P1, Tf !et£' Mm* & P1, *« IV. HOOFDSTUK. Van de Natuurlyke Delfflofen. D e natuurlyke delfftoffen zyn de genen, die weezentlyk een gedeelte uitmaaken van 't mineraale ryk, en in geenerlei opzigt aanfpraak hebben op de twee andere ryken. . Wanneer men deeze delfftoffen in betrekking tot het opgegeven voorftel 111 aanmerking neemt, moet men die inzonderheid befchouwen ten opzigt \m de ftoffe, daar zy uit beftaan, van de gedaante, die zy hebben, van de werkzaame deelen, welken zy bevatten, en van hme-plaatsing. Ql i. De  C 306 ) 1. De ftoffe der natuurlyke delfftoffen draagt nu eens zlgtbaare blykert van de verecnigingen en veranderingen, welken zy ondergaan heelt, en die haar van zig zelve verfchillende gemaakt hebben; dan wederom fchynt zy de poogingen te leur te Hellen van onze nieuwsgierigheid: maar, hoe eenvoudig zy zig ook aan onze oogen vertoonen, laaten wy ons wagten van te befluiten, dat wy haar zodanig zien als zy voorheen is geweest. De ontdekkingen, niet lang geleeden, gemaakt door beugmann, schule, morveau en andere geleerde chymisten, omtrent de zelfftandigheden, welke altoos voor eenvoudig, en zelfs elementair, waren doorgegaan, leeren ons te twyfelen,, noopens at het gene de oorfpronglyke ftoffen betreft, tot dat de fakkel der ondervindinge haar licht verfpreid hebbe over alles dat een onderwerp is der febeikunde. 2. De gedaante van alle de natuurlyke delfftoffen vertoont, zonder uitzondering, de zekerfte tekens van verandering. In eenigen zyn deeze tekens genoegzaam tpreekende, om als met den vinger de oorzaak aan te wyzen: gelyk in 't algemeen de beddingen des aardryks, die men van: den tweeden rang (Jecondaires) noemt, welke nu eens door haare regelmaatige en horizontaale plaatzing; door de laagen van gerolde kcizels en van tpevallige delfftoffen, welken zy bevatten, geene tvvyfeling overlaaten aangaande haare vorming door het water; dan wederom zo talryke en zo onbetwistelyke merken draagen van de werking des vuurs, dat men geen oogenblik kan in twyfel ftaan om ze te erkennen voor Vtülïanifclie pro d ukten. Een andere klasfe is 'er van toevallige delfftoffen, wier taal', van de merktekens die zy draagen, zig te veel van ons fchynt te verwyderen en niet te kennen te geeven dan oorzaaken, wier middelen en tydperken zig voor ons gaan verliezen in het oritzaglyke verfchiet van onbekende eeuwen. Zodantgcn zyn die ftcenen en gebergten van graniet eli leiftcen en anderen, welken men van den eerften rang (primitives^) noemt; wier oorzaak en tydperk ons geheel onbekend is, maar die, gelyk wy zuilenzien , daarom niet minder zekere merktekens draagen van veranderingen en omkeeringen. 3. De werkzaame deelen, beflooten in de natuurlyke delfftoffen of in bet aardryk, kan men inzonderheid betrekken tot het water, het vuur en de verfcheiderlei lugten: waar by men zou kunnen voegen de electrifche vloeiftof, de magrrttifche en nog anderen, misfchien veel in getal, wier fynheid onze zintuigen ontglipt. Bepaalen wy ons tot het onderzoek der uitwerkingen van de drie eerften , waar van wy, by ieder voetftap, onbetwistelyke blyken zien omtrent de oppervlakte, zo wel als derzelver beftaanlykheid in het binuenfte der aarde. Het water aan de oppervlakte van den grond neergelegd door de waterige vernevelingen, inzonderheid dat der wolken, kragtdaadig-, aangetrokken door de toppen der bergen, die 'er geduurig van omgeven zyn, groeft den grond meer of minder uit, en filtreert zig door beddingen heen, welken bekwaam zyn, om het door te laaten; hetfieeptde fynfte deelen met zig van de hooger beddingen ; ontbindt 'er anderen, en gaat voort met door te dringen in den boezem der aarde, tot zo lang,, dat  C 307) dat het aldaar eene bedding ontmoet, welke het niet kan doordringen. In de hoogfte landftreeken is dit doorgaans een rotsfteen, en in de laatften algemeenlyk eene bedding van uitermaate taaije klei. Overal, waar het water deeze beddingen ontmoet, die het zelve tegenhouden in zyn loop, verandert het zynen koers, van loodregt nederwaards in horizontaal of waterpas, zo lang, tot dat het dien tegcnftand kwyt raakt, en dan, wanneer 'er lucht-opening is, formeert het bronnen, fonteinen, rivieren of beekcn, waar van fommigcn haarcn oorfprong in de zee zelve hebben: doch zo de bedding het water verlaat in het binnenfte des aardryks, dan hervat het zelve zyne loodregte doorzypeling, tot dat het, op nieuws, door een andere bedding, tegengehouden wordt. Door middel van de aardachtige ftoffen, waar mede zig het water belaadt, formeert het zelve nu eens tufs; dan eens opvullingen of kernen van veelerlci foort; ook wel weezentlyke verfteeningen, of eindelyk zelfs Iteenen: 't zy door verbinding, wanneer het, deszelfs beweeging vertraagd zynde, door eenigen tegenftand, tyd bekomt om de deeltjes, die het met zig voert, af te leggen tusfehen in het zand of andere aarden, waar van het allengs de aanraakingspuntcn genoegzaam vermeerdert, om 'er geheele vaste lighaamen van te maaken: 't zy door kryftallizatie, wanneer het water, beladen met eene daar toe bekwaame ftoffe, op zekere plaatfen de noodige ruste en uitdamping aantreft. ; °P dergelyke manier ontlast zig het onderaardfehc water van de zoutige of metaalagtige deeltjes, welken het heeft kunnen medcflcepcn. In 't een of 't andere geval maakt het niet afgelegde overblyfzel, welk hetzelve buiten den grond met zig voert, mineraale, zoutige, felenitifche, kalkachtige en ander flag van bronwateren. Dus is het water door zig zelf een werker, wel langzaam inderdaad, maar zonder verpoozing, nooit ophoudende de oppervlakte des aardkloots te veranderen, 't zy door ingroeving, 't zy door ongewaarvvordelyke uitholling van de bedding, welke paalt aan de gene, die 't zelve onder den grond draagt, waar van het allengs de zelfftandigheid aan de oppervlakte brengt. Maar, wanneer het water, de pyriethen bevogtigende, onderaardfehc vuuren voortbrengt, of, wanneer deeze vuuren zelf het tot dampen maaken : (fchrikt ftervelingen! fchroomt voor deszelfs vermogende woede!) Dan is het, dat 'er fteden en ryken door omgekeerd worden ! Het braakt golven uit van gefmolten fteencn; 't zy geheel of in asch vergruisd. Het baart bergen en afgronden. Om kort te gaan, het water kan, in een oogenblik, een geheele verandering maaken in 's aardkloots oppervlakte ! Dit vcrfchrikkelyk tafereel is ook tot het vuur betrekkelyk, 't welk dikwyls, zonder behulp van't water, dergelyke verwoestingen aanricht. Het ongeluk niet lang geleeden een Rusïisch fchip overgekomen, door vermenging van olie met eene okeragtigc aarde, in de algemeene tydfchriften gemeld; de proeven naderhand herhaald door de Koninglyke Sociëteit der weetenfehappen te Londen, en de waarneemingen, aan 't Qq 2 licht  C 308') ficht gegeven door Mr. carette, aangaande verfcheiderlei'mengsels die van zelf in brand vliegen (a);- bewyzen wat wy te vreezen hebben,, wanneer de onderaardfche bitumens. zekere mineraale. zelfftandigheden. komen bezwangeren. De bitumineuze gronden, by toeval in brand geraakt, zo wel'als da fteenkolen-beddingen, waar van de brand zig ftaande houdt niettegenftaande de poogingen der menfehen, zyn buitendien voorbeelden, van het vermogen des vuurs onder den grond.. Dus-heb ik , in het NasfauSaarbrukfche het bcrugte gebergte van DuttweUer gezien, dat van 't vuur allengs verteerd wordt federt twee eeuwen., vernielende hand over hand de uitmuntendftc ader van fteenkolen die ik ken, welke meer dan veertien voeten dik is en by toeval in brand geraakt. Dus is het ook dat de brandy door onvoorzigtigheid des volks veroorzaakt,federt verfcheide jaaren eeneder voornaamfte aderen van 't eiland van Kaap Breton verteert , alwaar deszelfs werking door den tyd eene verandering tewege.brengen zal, in eene uitgeftrektheid van grond te aanmerkelyker, om dat alle de fteenkolen-aders aldaar waterpas loopen. De myn van Zwickau in Misnie, die federt meer.-dameen.eeuw brandt (b), en.eenige anderen, bieden dergelyke voorbeelden aan., Ik heb de grootfte reden om te denken, dat dè zogenaamde Vulkaan< van Cranfac, in Rovergue (c), ook niet dan eene ontvlamde fteenkolenbedding zy. Om kort te gaan, de eenvoudig gegraven houten vertoonen fomwylen dergelyke voorbeelden:- waar van ons de bedding van onderaardsch onveranderd hout, te Dicousfe in. Bearn, geduurende deeze eeuw, een.bewys heeft uitgeleverd(d)~ Zie daar de uitwerkingen van onderaardsch vuur! Maar wié zal dökragt en uitwerking kunnen afmeeten van de lugt van dcezen derden werker, beflooten in afgryzelyke holen en gangen van den aardkloot, die den fchrik en vernieling tot een grooten afftand brengen, wanneer deeze lugt wordt uitgezet door het vuur! Wie zal zig een denkbeeld kunnen maaken van: de uitwerkingen van die talryke dampen (gas), voortgebragt door vermengingen van verfcheiderlei. delfftoffen, en misfchien door andere oorzaaken, ons onbekend ? Het zou een misvatting zyn, te denken , dat deeze verfchrikkclyke werkers niet dan een ras voorbygaand kwaad voortbragten, of dat hunne byblyvende uitwerkingen zig bepaalden tot het veranderen van de uitwendige oppervlakte des-aardkloots» Geenzins! Een voorbeeld zal ons keren, dat zy hunnen nadceligen invloed, eeuwen lang, kunnen uitbreiden over de geheele natuur! Den 7juny 1692 werdt het gantfche eiland Jamaika, door eene geweldige aardbeeving, t'onderfte boven gekeerd. Deuitwerkingen daarvan hebben zig niet bepaald tot de enkele verandering van de oppervlakte des. aardryks en de. vernieling van een groot deel derr ke- (a) rEfprit des jóumaux-, Octobre 1785. p; 336.' (b) in/erna de calore & t'gne, p. 183. (0 c'argbnv. trjftelogie, p. 183. (d) Le même, &  C3°9 ) reevende fchepzelen , welke zich daar op bevonden: maar federt dit noodfottige-oogenbhk bcvindrmen 'er de lugt minder gezond, de grond minder vrugtbaar, het water minder aangenaam, en,- om Kortte gaan denatuur fchynt op dit bekooriyke eiland geheel te zyn verbasterd ' ' 4- Beptaaizing, eindelyk , der natuurlyke delfftoffen is als volgt • Op de grootfte diepten, tot welken onze poogingen gekomen zyn, bevinden zig gramet-rotfen van verfcheiderlei foort.. Op zekere plaatfen zvn dezelven laag genoeg, om bedekt te zyn, door de beddingen van den tweeden rang (fecondaires); op-.anderen verheffen zy hunnen trotzen top. boven alle andere bedding en vormen de hoogftc punten van den aardkloot, die men uit hot gezigt verliest in de wolken Onmiddelyk volgen daarop de leifteenige. rotfen , welken men van dcir «alten rang.(jnmtives) noemt, wier laagen meer of min^aande loodlviv naderen. Op fommige plaatfen zyn deeze leifteenige rotfen vergezeld of gevolgd van hoogten, die gevormd zyn door afgefcheiden blokken van, üeeneu van den eerften rang-; op andere plaatfen.door leifteenige beddingen van den tweeden; en dikwils ook,, vooral in de groote berl-reekfën. zyn de leifteenige rotfen onmiddelyk gevolgd door kalkachtige bergen ' (fie weinig of.m t geheel geene, em altoos onregelmaatige verfteenra^en' bevatten:, deeze zyn-gevolgd-door beddingen',, die van laater datum fchvnen te zyn; te weeten door kalkachtige, ryk in toevallige delfftolfeii • welke nu eens onder de. gedaante van kalkfteen, dan onder dié van fcryt, haare beddingen byna overal uitftrekken;. ruftende dikwils op kleijige laagen , dikwi s ook daarmede bedekt zynde (e). De gips is-minder eenpaang verfpreid, en verfchyntmet. zeer- verfchillende afwykinaen van t< waterpas, maar vry algemeen komt zy voor boven de kalkbeddingen, De klei, mergel en zand, bevinden zig ook overal:-zoo dat het nu eens. de eene, dan de andere van-deeze zelfftandigheden is , die het naafte komt aan:dc oppervlakte; maar gemeenlyk volgen-zy elkander met beurt-' hngfe beddingen. De mmeraalen vindt men inzonderheid in de fpleeten van vertikaale leifteenen; zeldzaamer inftoffen met horizontaale beddingen: de fteenkolen. en-bitnmens vergezellen de horizontaale leifteenende zoutmynen beminnen de kalkachtige beddingen en vooral de "ipsKnagen; de pynethen vindt men alom; het. veen bcflaat een "cdeeltevan de oppervlakte; de: grond, eindelyk, of de plant-aarde, bedekt, n meer of minder.veelheid, het geheele drooge gedeelte van den aardkloot .Terwyl de hthologist, wanneer hy de natuurlyke delfftoffen verdeelt zig eemglyk bemoeit met derzelver famenftellende ftoffe en de gedaante haai- eigen;, neemt de. cosmologist integendeel, .byzonderlyk in aanmerking , , CO Dö,I^er'leHMAN verzekert iri het derde deel zynerwerken, hoe hen* mi beftendige.waarneemingen gebleeken zy, dat in de bergen van laateren om  C 310 ) kmg derzelver betrekkelyke plaatzing, de oudheid van haaren oorfprong en de oorzaak, die haar voortgebragt heeft. Ik zal dezelven dan verdeelen in die van den eerften en van den tweeden rang (primitives fecondaires) waar van ik de laatften onderfcheiden zal in de genen die door middel van water en in de genen die door middel van vuur voortgebragt zyn. Ik zal my wel wagten, van te treeden in den omflag van de talryke onderdeelingen,, fpruitende inzonderheid uit de rotfen of famengeftelde fteenen. Alzo weinig zal ik fpreeken van de diamanten, robynen, faphieren, fmaragden, opaalen, topaazen, van veelerlei foort, of van andere edele fteenen; veel minder nog van de meefte onedele, die geen genoegzaam regtftreekfen invloed kunnen hebben op de hiftorie vau de omwentelingen des aardkloots. si. Van de Natuurlyke Delfftoffen, die men aanmerkt als van den eerften rang. De natuurlyke delfftoffen, die men primitifs noemt, en welken de Heer de luc verkiest primordiaux te heeten, zouden even zo wel aloude of delfftoffen van onbekenden oorfprong, kunnen genoemd worden. Want, hoewel men 'er. tot heden toe nog niet kent die ouder zyn, en zy daar door fchynen het non plus ultra van onze lithologifche redeneeringen uit te maaken; zouden zy daarom de eindpaal zyn van de onuitputtelyke vrugtbaarheid der natuur, ten opzigt van de aardfche zelfflandigheden? Het tegendeel kan ik wel vermoeden, maar niet bewyzen. Ziet hier om welke redenen. De voomaamfle foorten van deeze delfftoffen zyn de granieten en de oude leifteenen, welke onder elkander die ontzaglyke reekfen vormen van bergen der uiterfte hoogte, van welken overal de groote aardryksdeelen worden doorfneeden. Van deeze nu, is 'er geene, welke niet aan het minst geoefende oog de zekere merktekens voorltelt van eene delfftof, welke niet famengefteld is dan uit gruis van voorgaande dclfltoffen. Laat ons tot een voorbeeld neemen de graniet, een fteen zeer weinig gekend, hoewel dermaate verfpreid over den aardkloot, dien ik my niet zal fchaamen, met byna alle de natuurbefchryvers, als onverklaarbaar te befchouwen; tot zo lang dat Mr. de lamanon, gelyk hy belooft (ƒ), door waarneeming en ondervinding, beweezen hebbe, dat dezelve een kalkachtigen en dierlyken oorfprong heeft: maar waar van, zonder te onderneemen de oorzaak te verklaaren of het tydperk van derzelver oorfprong, ik niet fchroom te verzekeren, dat zy haar beftaan niet verfchuldigd is dan aan eene wederfamenvoeging van ontfloopte doffen (recompofition)! Zo men die foorten van harde graniet uitzondert, waarin de veldfpaath, kwarts, glimmer en andere ftoffen zig vermengd en als gefmoken bevinden (ƒ) Vid. journ. de phyf. t. XIX. p. 180.  C Sn ) tfen tot déne klomp, zonder dat eenige derzelven aldaar een byzondere gedaante hebbe; zou ieder een, in den eerften opflag, de andere "foorten r of elke ftoffe in haar eigene gedaante, aanzien voor een gruisfteen, (brêchsy of voor een flag van grofzandigen poddmgfteen: maar deeze benaaming zou beterpasfen op de porfier, alzo die, gelyk alle de gruisfteenen , een onderfcheiden fement heeft, welk de deelen, daar hy uit beftaat, verbindt. Dit wil zeggen, dat alle de tusfchenruimte van de kleine deeltjes veldfpaath naauwkeurig gevuld is met de jaspis, of, volgens anderen, met de petrofilex en fomwylen met de trap; terwyl de middelftoffe, tusfehen de greintjes der graniet, dikwils zo weinig zigtbaar is, dat Mr. saus sur e niet fehroomt te verzekeren (g), dat deeze fteen niets zy dan een vergaaiing van kryftallen, die onder water zyn gevormd en famengelymd: het welk de waarneemingen van den Heer bes son fchynen te bevestigen (A). 1 Zy , nu, kryltallizatie, 't zy famenftelling op de wyze der poddingfteenen: het één, zo wel als 't andere vereischt eene ftoffe, die tot eert vast lighaam geftold is of famengelymd.. Zie daar dan eene voorafgaande ftoffe der granieten, welke beftaan heeft onder een andere gedaante. Ik denk niet, dat iemand kan ontkennen, dat de graniet een zeer famengeftelde rotsfteen zy: anderszins zou ik hem vvyzen tot de onbetwistelyke blyken, welken daar van de natuur verfchaft, haar onder ons gezigt famenftellende (/_).. Waar zyn tegenwoordig de beddingen, welken de verfchillende verfcheidenhedèn van kwarts, veldfpaath, fcbirl, glimmer, granaaten en andere zelfstandigheden hebben uitgeleverd, die haare plaats bekleeden in de talryke foorten van granieten ? Ten onrechte derhalve wordt van fommige geleerden beweerd (k), dat de graniet zo oud zy als de aarde, en, onderfteld zynde, gelyk eenigen doen, dat alle deeze verfchillende ftoffen, die in de verfcheiderlei granieten komen, en wier foortelyke zwaarte zoo verfchillende is, een gedeelte hebben uitgemaakt van een vloeibaare klomp, alwaar ieder dat üag van kryfiailizatie of configuratie aangenomen zou hebben, welke haar eigen ware: dit zegt een verfchynzel, 't welk moeielyk te bevatten is, verltaanbaar te willen maaken, door eene uitlegging, bykans ongeloof baar; al ware het niet dan wegens de gantfchelyke verfchillendheid der gedaanten onder welken zig de ftoffen vertooncn in de foorten van granieten van byzondere landen, welke famengefteld zyn doodde byeenvoeging van die zelfde zelfftandigheden. Een bewysreden te meer tegen deeze verzekering is, de overgroote verfchillendheid in de ftoffen der granieten van byzondere landftreeken, zo wel als in de rotfen, die uit dezelven famengeftc-ld zyn, en, op fommige plaatfen, geen het minfte blyk vertoonen van beddingen, terwyl de ik*- 00 Voyages dans les A'pes, t. 1. 4K). p. 102. (£) Journ. de phyfique, t. XXIX. p. 85. O') Journ. de pby/ique, t. XXI. p. 467. & t. XXIX. p. SS* de luc lett. pbyf. & mor* t- II. p. 219.  C 31a 5 Heercn saussutrb, ïartolozzi, gotzschen en andere ■waarneem ers, zo wel horizontaale als perpendiculaare laagen gezien hebben , in meer dan een graniet-gebergte. Dat meer is, wy zullen vervolgens befchouwen, dat 'er landen zyn, waar de graniet rust qp andere beddingen. Indien de granieten haare famenftelling alleenlyk verfchuldigd .zyn aan andere voorweezige delfflofen: de fplytbaare rotfen, welken 'er onmiddelyk op volgen, en die, op weinig naa, geformeerd zyn door de zelfde zelfftandigheden als de granieten, waarvan zy niet verfchillen dan door de gedaante; doordien de faroenftellende deelen meer verfynd zyn, en door derzelver fchikking in bladerige laagen, meer of minder onregclmaatig, kondigen eene vorming aan, insgelyks meervoudig en behoorende tot een nog laater tydperk, aangezien zy altoos de graniet bedekken en nimmer daar van bedekt voorkomen. Even zo beftaat het met die kleijige leifteenen, de bladen dikwyls ongeregeld of omgerold hebbende, altoos meer of minder vertikaal, en in 't algemeen doormengd met kwarts, glimmer en andere zelfftandigheden van den eerften .rang., welke op veele plaatfen de plaats bekleeden der voorgaande fplytbaare rotsfteenen, en die men geenszins verwarren moet met de hor izontaal leggende leifteenen van den tweeden rang. .Zonder te fpreeken van den zeer harden, donker rooden, gelykflagtigen rotsfteen, naar kleijige yzer-erts zweemende, waar van Mr. baumer. den kern des aardkloots maakt (/), dien hy plaatst onder alle onze rotsfteenen van den eerften raug en welken hy waargenomen heeft in de gebergten van Thuringen: .zonder de optelling te doen van de andere foorten van fteeneu, welke, gclykerwys de potfteenen, de asbest, de graauwe rotsfteen en het antiek marmer, onder die van den eerften rang begreepen zyn; zal ik my een oogenblik ophouden met de aanmerkelyke verfchynzelen, welken ons de fplytbaare rotsfteenen, de leifteenen en laagen van den eerften rang., in hun geheel befchouwd zynde, opleveren. In de toppen der hoogfte gebergten, verheft zig de ontbloote graniet boven alle andere bedding: aldaar vertoont zig, noch van buiten noch van binnen geen het minfte blyk van het verblyf ecner zee, gelykende naar de hedendaagfe: nimmer is eenige toevallige delfftoffe ingelyfd in deezen rotsfteen , hoedanig ook daar van de plaatzing zy. 't Is wel waar, dat men ze fomtyds vercenigd vindt; maar dit gebeurt niet, dan wanneer een hoorn of fchulp^ of eenig ander ze.e-fchepzel, zich aangehecht beeft op eenige losfe .brok van een graniet-rots; die, daar van afgefcheiden zynde, in laager plaatfen is w.eggefleept. In de minder- hooge gebergten is dikwyls de graniet bedekt met den fplytbaaren fteen of met den leffteen van d.en eerften rang; deeze met den kalkfteen van den tweeden rang en deeze wederom met de bedding van zand, welke dienvolgens den top maakt van zodanig een gebergte. De bergvezels van den Haarts verfchaft, van Elbingerode af tot aan Eilefeld, .een aanmerkelyk voorbeeld van dien aart, (l) /iel. acad. Mogunt. 1776. p, 125.  ( 313 ) • In de langer plaatfen worden de beddingen van den eerften rang byna overal onzigtbaar gemaakt, door de dikke beddingen van den tweeden rang, waar mede zy overdekt zyn. Niettemin zyn.my voorbeelden bekend, waar de leifteen van den eerften rang, waterpas met de vlakten die door de beddingen van den tweeden rang geformeerd zyn, de graniet t'eenemaal verbergt; indien het waar is, dat dezelve zig daar onder bevinde. Het is de fplytbaare rotsfteen en de leifteen van den eerften rang (waar van ieder land verlcheidenheden fchynt aan te bieden, die het zelve eigen' zyn,) welke het waare vaderland is der filons, die vrugtbaare matrices van allerlei flag van mineraalen. De filons zyn niets anders dan bystcr groote fpleeten, in de leiachtige rotsfteenen, waarfchynlyk voortgebragt door geweldige fchuddingen; 't welk fchynt te blyken uit de ontzaglyke brokken, van de rots afgefcheurd en dwars geplaatst, welken men dikwyls aantreft. Nogthans zyn'er geleerden, die ftaande houden, dat de filons niet afkomftig zyn dan van de inkrimping der rotsfteenen, geduurende hunne uitdrooging. Deeze fpleeten, nu, zyn geheel of gedeeltelyk gevuld met metaalen en half metaalen, 't zy zuiver of gedeegen, 't zy onder verfchillende gedaanten gemineralizeerd, 't zy tot metaalkalken geworden, vergezeld en doorvlogten met kwarts, fpaath, guhrs en andere ftoffen, allen in natuur meer of min verfchillende van de rots, waar in de filon is begreepen. Een groot gedeelte van deeze ftoffen, zo wel als van de mineraalen, vormt regelmaatige kryftallizatiën. Geene van alle deeze zelfftandigheden vertoont ons bobbels, glasmaakingen, Hakken of eenig ander kenmerk, welk het ook zou mogen zyn, van werkinge des vuurs. Hoe komt het dan, dat de oude mineralogisten, eenftemmig, aan deeze werking de overbrenging der mineraalen in de aderen toegefenreeven hebben ? Het is geweest, dewyl zy geen anderen weg wisten, om die 'er in te doen komen. De regelmaatige kryftallizatie van deeze zelfftandigheden, fchynt veel eer te bewyzen, dat het water haar ingebragt hebbe. Maar, wanneer en op welke manier? Daar legt de knoop! De fpleeten in de ftoffen, die dezelven vullen, bewyzen, dat het tydperk der mynen van laater oorfprong zy, dan de vorming van den rotsfteen^ Dit alles, zonder twyfel, is 't verblyf van de zee voorgegaan: naardien 'er geen zee-fchepzelen plaats vinden, die men aantreft in de gebergten van den tweeden rang, onder welken de filons zig verliezen, gelyk uit de gene blykt, die bewerkt wordt onder den Kahlenberg aan den Haarts. Ten anderen, waarom komen deeze fpleeten voor in de leifteen, en niet in de graniet, die door dcnzelven gedekt wordt ? Waarom is deeze graniet t'eenemaal vol breuken ? Waarom heeft de leifteen zigtbaarer laagen? Waarom deeze laagen perpcndiculaar en niet horizontaal? Laat ons bekennen dat dit altemaal verborgendheden zyn: maar die tyd vereischt hebben! • De bafterd-jtf/flw of fai/les, dat ander flag van fpleeten in de leifteenige Rx rot-  C 3*4 ) rotfen van den eerften rang, die dikwyls de echte filons doorfnyden, en den mynwcrker plaagen door het afleiden van de myn, vermeerderen nog den noodigen tyd tot de chronologie der leifteenige rotfen, gevuld met een andere ftoffe dan de ryke filons, waar van zy zelf gewoonlyk het dek op den wand doen glyden; behoorende buiten tvvyfel tot een tydperk, nog laater, hoewel vroeger dan 't verblyf eener met fchepzelen vervulde zee. Niettegenftaande ik gezegd heb, dat men geene zee-fchepzels in de filons aantreffe, zyn 'er eenige weinige voorbeelden van het tegendeel. Zodanig is de filon genaamd Buchenberg, aan den Haarts, die eigentlyk een valei uitmaakt tusfehen twee deelen van eene leifteenige rots , _ door eenig buitengewoon toeval van elkander gefcheiden. Deeze valei is onder het verblyf der zee en misfchien gedeeltelyk daarna, gevuld met eene yzer-erts by laagen, vergezeld met een marmer, dat fungieten en conchyliën bevat. Ik zal niet fpreeken van die.kalkfteenige gebergten, voorkomende naar het bovenfle gedeelte van de Pyreneën en Alpen, en andere groote bergreekfen; welken zekere geleerden houden voor bergen van den eerften Tang, en door anderen onder die van den tweeden rang geplaatst worden: terwyl de beide partyen zig grondvesten op behaaglyke redenen; de eene inzonderheid voorgeevende, dat men daar toevallige delfftoffen in vindt, 't welk de andere volftrekt ontkent. Deeze twist vereischt verdere ophelderingen, zo wel als die over verfcheide aloude kalkachtige bergreekfen, by voorbeeld de Apennynen, alwaar Mr. deluc verzekert (m) dat geene toevallige delfftof voorkome, terwyl zyn landsgenoot Mr. sauss ure in het gebergte van Cefi, dat een gedeelte is der Apennynen , ammonieten heeft gevonden (»). Zelf heb ik de Apennynen niet doorkruist, en kan tot dus verre my niet als regter opwerpen tusfehen deeze twee geleerden; maar om te betoogen, dat een ontkennende bewysreden, in dit geval, niet altoos beflisfende is, zal ik hier bybrengen, dat ik het land omftreeks Doornik en de groeven van deszelfs kalkfteen heb bezigtigd, in welken Mr. de luc geenerlei zee-fchepzel had bemerkt (V): daar ik niettemin durf verzekeren, zo 'er kalkfteen en in de wereld zyn, ryk ih zee fchepzelen van allerlei foort, dat die der fteengroeven van Doornik tot dezelven behooren. Intusfchen zie ik niet, dat men grond hebbe om ftaande te houden, dat alle kalkachtige ftoffe van dierlyken oorfprong zyn, en ik ben zeer genegen om te denken, dat zodanigen der kalkbergen, daar geen blyk in te vinden is van toevallige delfftoffe, den tytel van aloude of bergen van onbekenden oorfprong, met even zo veel recht verdienen, als de granietifche gebergten zelf. Daar blyft nog over te bepaalen, welke de kalkachtige bergen zyn, daar zig in 't geheel geene toevallige delfftoffen in be- (jm) de luc lett.phyfiq. & mor. t. Iï. p. aoi. (») Journ. de phyf. t. VII. p. 31. (0) deluc lett. pbyf. mor, t. V. p. 386.  C 315) bevinden: 't welk geen gemakkelyke taak is, aangezien men in andere beddingen, bekend als van den tweeden rang, dikwyls geheele dao-en zoeken moet, zonder eenige toevallige delfftof aan te treffen; ja dat'er zelfs zyn, waar men 'er in 't geheel geene vindt, niettegenftaan 'e zy volmaaktelyk niets zyn, dan een hoop gruis van die zelfde delfftoffen. S Van de nannirlyke delfftof en van den tweeden rang, die door middel van water zyn gevormd. De woorden, door middel van water gevormd, moeten hier niet in de fhptfte betekenis worden opgenomen; aangezien de meeste delfftoffen, waar van ik hier fpreek, aan 't water niet verfchuldigd zyn dan haar overvoering en de horizontaale plaatzing, waar in zy zig bevinden. Veelen deezer delfftoffen worden niet dan oneigentlyk onder de natuurlyke geteld: want zekere marmers, kryten en andere kalkbanken, zyn byna allen famengefteld uit gruis van dieren; terwyl het veen, en waarichynlyk de barnfteen, git en fteenkolen, haar beftaan hebben uit het ryk der planten. Derhalve zyn, zo wel deeze als genen haare ftoffe verfchuldigd aan toevallige delfftoffen, en het is niet dan door haare gedaante, dat zy onder de natuurlyke plaats vinden. Maar alles loopt, in de natuur, zo door elkander, dat men de juiste fcheiding nergens kan vinden. Dus is de onnaauwkeurigheid der verdeelingen een onvermydelyke verval™^ ^ teVe"S maakt, dat men m geen overtollige Iangdraadigheid Het algemcene kenmerk der natuurlyke delfftoffen van den tweeden rang, gevormd door middel van het water, is, laagen te maaken, die meer of mm evenwydig onder elkander en waterpas zyn. Dan zelfs, wanneer onderleggende verhevenheden haar op zekere plaatfen op de hoogten meer of mm hellende liggingen doen aanueemen, loopen zy altoos waterpas uit in de nabuurige vlakten of valeijen. Doch meestendeels is haare (trekking met volmaakt horizontaal. De aardachtige beddingen welke de klei dekken die den grond uitmaakt der wateren, vormen meer of mm fterke golvingen, die de evenwydigheid der laagen onder elkander met beletten, en 't gene bewyst dat deeze golvingen niet afhangen van de toppen van onderleggende rotfen, is dat de klei, die het water draaft en op welke de bovenfte laagen rusten, zelf volmaakt waterpas legt. Dikwyls ook vertoonen zig de laagen, door 't water gemaakt, t'eenemaal gebroken en 't onderfte boven gekeerd, inzonderheid op plaatfen, die niet ver af zyn van zekere daadelyke Vulkaanen. Om kort te gaan, omftreeks Coblentz, aan den Haarts en elders, ziet men voorbeelden van rotfen, die vervuld zyn met toevallige delfftoffen zodanig omgekeerd, dat de laagen, van horizontaal, perpendiculaar geworden zyn; een verfchynzel, waar van de oorzaak te zoeken is in de Vulkaanen of 111 aardbeevingen, fomtyds ook in de wateren, door welken allengs de beddingen, daar deeze rotfen op rusten, worden ondcröiynd. 3$ï a Èen  C 316 ) ' Een ander algemeen kenmerk, volftrekt eigen aan de laagen der natuurlyke delfftoffen, door tusfehenkomfte des waters gevormd, beftaat in het bevatten van toevallige delfftoffen. Dit kenmerk is niet overal zigtbaar, alzo 'er geen bekende plaats is, welke niet eene of meer van deeze laagen voorftelt, onvoorzien van toevallige delfftoffen. Een waarheid, van welke de byster groote groeven van 't fchoone marmer van Carrari een treffend voorbeeld uitleevereu , terwyl de pyriethen, volmaakt gekryftallizeerd, die men aldaar aantreft, blykbaarlyk aantoonen, dat zy in deeze kalkachtige ftoffe, toen dezelve zig nog in haar ftaat van weekheid bevondt, ingewikkeld zyn. Doch het is ten minfte waar, dat ieder deezer laagen, van welken hier gefproken wordt, op haar beurt, in oneindig veele plaatfen, dergelyke delfftoffen aanbiedt. - Dit verfchil van laagen van volmaakte eenzelvige zelfftandigheid, nu eens ryk in toevallige delfftoffen, dan geheel van dezelven ontbloot, bewyst, niet dat de bewooners der zeewateren fchroom hebben gehad voor fommige beddingen en niet voor anderen, gelyk zekere geleerden voorwenden; maar wel dat de beddingen, gevuld met zee-fchepzelen, gevormd zyn geduurende het verblyf der zee op de landen. Zodanige zyn vooral die beddingen, eeniglyk gevormd door toevallige delfftoffen, zonder eenige vermenging van aarde, en dat de andere beddingen ten deele gevormd zyn door overvoeringen onder het verblyf of geduurende het vertrek van de oude zee; maar inzonderheid na dit vertrek, door de afzettingen der wateren van het vafte land. De omftandigheden, onder welken de laagen, door het water gevormd, de toevallige delfftoffen aanbieden, zyn zeer verfchillende. De kalkftcenen befluiten a leilei flag van voortbrengzels der zee: de gips bevat, behalve de mynen van zout, die deezen fteen en den kalkfteen beminnen, in 't algemeen niet dan beenderen, grootendeels onbekend en rivier-concliyliën; doch deeze bevinden zig niet dan in de gipsachtige mergel, welke de banken van pleifterfteen van een fcheidt: de leiachtige beddingen zyn het verblyf der planten en der visfehen, die men onder de delfftoffen aantreft: de aardachtige klei, minder vrugtbaar in toevallige delfftoffen, verfchaft inzonderheid ammons-hoorens, belemnieten, anomies en andere zee-produéten van onbekenden oorfprong: de keifteen, waar van de dunne laagen die der kalkfteenen doorfnyden, inzonderheid die foort van vuurfteen, welke men by afgezonderde brokken vindt, omkleedt gemeenlyk voortbrengzels van polypen, zee-appels en derzelver pennen: het land, eindelyk, en verfcheiderlei foort van hardfteen, daar van afkomftig, brengen, zo wel als de mergel, onverfchilliglyk allerlei zee-fchepzelen te voorfchyn, en op fommige plaatfen zelfs viervoetige landdieren of amphibiën; op anderen, doch zeer zeldzaam, hout en vrugten. De toeftand, waar in men de toevallige delfftoffen, in deeze beddingen , aantreft, is niet minder verfchillende. Wy fpraken reeds daar van in het I. hoofdftuk. Het zal derhalve genoeg zyn, aan te merken; dat dezelven meer verbasterd zyn in de kalkachtige, dan in de gipsachtige ftee-  c m) fleenen, terwyl mer. zein het zaf.d dikwils byna rmveranderd vindt, en in de klei menigmaal met pyrieth bezwangerd. Schoon de laagen, voortgebragt door de wateren, in 't algemeen van mineraale aders zyn ontbloot, nogthans komen zy niet altoos zonder mineraalen voor. Zie hier de genen, welken ieder foort gemeenlvkst aanbiedt. De zwarte leifieen, die de grondflag is der blaauwe, roode en witte leifteenen, bevat, behalve de fteenkolen, waar van hy by ukftek.de verblytplaats uitmaakt, dikwyls ertfen van koper, pvriethen en glimmerige yzer-erts: op eenige weinige plaatfen ook kwikzilver. De blaauwe killeen, die daar aan volgt, houdt fomwylen vzer-erts, fomwylen ook pyrieth, yzer-glimmer, koper, en zelfs een weinig goud en zilver. „ • De roode kiftten vertoont in 't algemeen niet dan yzer-ertfen. De witte leifteen, eindelyk, door welken alle andere leifteenen gedekt worden, bevar hier en daar koper en zelfs een weini). Dee- (/>) Gmftreeks Nismes heeft de keizelbedding over de dertig voeren dikte. Zie 't journ. de pbyf. t. XXII. p. 371.  C 319 ) Deeze keizeis zyn grootendeels afgefcheiden brokken van andere fteenen , waarvan de hoeken door de wryving, geduurende hunne rolling in "t water afgelleeten zyn, dat dezelven rondachtig heeft gemaakt. Ik beken, dat 'er ook zyn, die hunne ronde figuur van den oorfprong af hebben; gelyk daar zyn de meloenen van den berg Carmel, de achaaten, arend- of klapperfteenen en anderen, wier inwendig maakzel, of de eenmiddelpuntige korften, waar zy uit beftaan, genoegzaam doen zien, dat zyrond, of rondachtig, zyn gegroeid: maar men vindt deeze zeldzaam van de plaats hunner geboorte verwyderd. Zodanigen zyn buiten dien eenige keijeu, in de krytbergen gevormd, welken een ronde madrepoor tut grondflag heeft gediend: maar het grootfte getal zekerlyk der keyfteenen, waar van wy hier fpreeken, heeft zyne rondheid niet dan van de rolling. De gemeenften in de laage landen, hebben de natuur van meer of min fynen hoomfteen: deeze beminnen de nabuurfchap van het zand en van aie foort van klei, welke, wegens haare taaiheid, pottebakkers-klei of potaarde, geheten wordt. Zelden komen, in deeze keizeis, toevallige delfftoffen voor. In de landftreeken, die nader komen aan de groote oude bergreekfen , beftaan de gewoonlykfte keizeis uit fteenen van den eerften rang:' op andere plaatfen, inzonderheid in de bedding van zekere rivieren en daaromftreeks, zyn het niet dan geronde rots-kryftalien. De Rhyn en Maas verfchaffen daar van een menigte. Eindelyk, daar zyn plaatfen, waar de keizeis beftaan uit gerold gruis van rotsfteenen van den tweeden rang, nog allen gevuld met toevallige deifftonen. De fchoonften en meestbetekenende van deezen aart, die ik gezien heb, vindt men overvloedig in het Mecklenburgfche, en deeze zyn t'eenemaal vervuld met een groote verfcheidenheid van kleine hoorentjes en fctmlpjes: welke nog hun paarlemoer en kleuren vertoonen. De visch-keiztls van Illmenau onderfcheiden zig ook onder die van den tweeden rang. Wanneer ik fpreek van beddingen van den tweeden rang , 't zy zandig, 't zy anderen, verftaa ik niet altoos daar door eenvoudige beddingen, eenigiyk geformeerd door de heerfchende ftoffe, van welke zy haaren naam ontleenen. 't Is wel waar, dat die van den tweeden rang, welke diepst leggen, in 't algemeen weinig of in 't geheel niet vermengd zyn; maar geheel anders is het gefield met de hooger beddingen, alwaar'het zeldzaam is, niet in ieder bedding veele aarden vereenigd en t'eenemaal vermengd te vinden, in evenredigheden, die onemdigfyk verfchiLten. Deeze opmerking is zo wel betrekkelyk tot de fteenen, ais' tot de aarden, uit welken die beddingen famengefteld zyn. Zelfs vindt men een foort van aarde, (misfchien zsl men 'er verfcheidene aantreffen,) welke geene weezentlyke beddingen maakt, en die, om zo te fpreeken, niet voorkomt dan vermengd in andere beddingen. Deeze aarde is de bruin (ieenige. Maar, van waar komt deeze byzondere zelfftandigheid, zo verfpreid en zo weinig overvloedig in vergelyking met anderen? Te hopen is 't, dat de arbeid der hedendaagfche chymisebé weldra aan de cosmologiften genoegzaam licht verfchaffen zal, om ze te fchikken in de klasfe, die haar toebehoort. De groote markgraaf nam  C 320 ) nam zelfs de gips voor eene byzondere zelfftandigheid. Hedendaags ftaan wy verbaasd over zyne misvatting, en niettemin zouden wy nog eveneens denken als hy, indien men niet tot de fcheiding van 't vitrioolisch zuur van de gips gekomen ware. § III. Van de natuurlyke delfftoffen van den tweeden rang, die gevormd zyn door de werking van vuur. De werking van het vuur, dat in 's aardryks ingewanden is beflooten, heeft deszelfs oppervlakte, op oneindige plaatfen, zodanig ronderite boven gefmeeten, dat lazaro moro en verfcheide andere natuurkundigen, in de onderaardfche vuuren, eene genoegzaame oorzaak hebben gemeend te vinden, van de gedaante en beftaanlykheid van 'tgeheele drooge gedeelte* des aardkloots. Zonder met hun de algemeenheid te erkennen van deeze oorzaak, kan ik niet afzyn van haaren invloed toe te ftaan op de daadelyke gefteldheid in een zeer groot deel des vasten lands en op die van de meeste eilanden, .en ik kan niet nalaaten my te verwonderen over de fchranderheid der genen, die, niet kennende dan het kleine getal der daadelyke Vulkaanen, door welke de aarde hedendaags aan haare oppervlakte veranderd wordt, dergelyke uitwerkingen hebben durven vermoeden in alle deelen des aardkloots veroorzaakt te zyn door voorafgaande Vulkaanen, welke van hun, fchoon zy ze niet kenden, onderfteld worden plaats te hebben gehad. Tegenwoordig, nu de waarneeming begonnen heeft voortelichten in verfcheide landen, omtrent deezen belangryken tak van de gefchiedenis der aarde: tegenwoordig, nu men onbetwistelyke blyken ontdekt heeft, van een menigte aloude Vulkaanen, in Italië, Spanje, Portugal, Frankryk, Engeland, Schotland, Ierland, Duitschland, Tranfylvanic en het Noorden, zo wel als in Afia, Afrika, Amerika, en in de zuidelyke landen , hebben wy geleerd de uitwerkingen der wateren te onderfcheiden van die van 't vuur, en zyn overtuigd, dat, zo deeze laatften zig oneindig verder uitftrekken, dan onze voorouders hadden gedagt, 'er altoos aanmerkelyke deelen van het aardryk overblyven, die door de wateren alleen gevormd zyn. Dat meer is, wy worden gewaar, dat de mcesten der voortbrengzels van het vuur geen oorfprong genomen hebben, dan in de heerfchappy zelve der oude zeewateren. Van hoe veel belang ook de befchouwing kan zyn der uitgedoofde Vulkaanen, word ik nogthans, door de langte van dit vertoog, myns ondanks genoodzaakt, my te bekorten over een zo ryk onderwerp, en de voortbrengzels der aloude Vulkaanen niet in aanmerking te neemen, dan van die zyden, welken de meest regtftreekfche betrekking hebben tot de tegenswoordige gefchilzaak. Ik zal my niet ophouden" met het wederleggen van de belachlyke fchreeuwers, die blinde vyanden van alle nuttige ontdekking, die de beftaanlykheid in tvvyfel durven trekken van deeze menigte van uitgedoofde Vul-  C 321 ) Vulkaanen, welken de wnarneemer overal aantreft, en zig niet fchaamen, den naam van Vulkaanen-dolheid (manie des Volcans) te geeven aan het eenftemmig getuigenis van alle menfehen, waarlyk der zaaken kundig , die zig met deeze zaak hebben bezig gehouden. In plaats dan, van tyd te fpillen, met het betoogen van zo klaare waarheden; zo laat ons zien, wat een Vulkaan zy en welke de uitwerkingen daar van. Het dagelykfche voorbeeld van 't van zelf uitfhian der pyricthen, vooral de geelachtige, wanneer zy van de vogtigheid des dampkrings zyn doordrongen: de bekende ondervinding der vermenginge van gelyke deelen zwavel en yzer-vylzel, met even zo veel waters; welk mengzel zo vaardig in brand vliegt, hebben by de natuurkundigen het zeer natuurlyke denkbeeld verwekt, dat de onderaardfebe vuuren aangcftoken worden, door de pyriethen, die zo overvloedig in het aardryk zyn, wanneer zy door het aldaar zig bevindende water bevochtigd worden. Laat deeze oorzaak of eenige andere, de oorfprong zyn van een onderaardsch vuur; indien het zelve zig bevindt op eene plaats, die fchraal voorzien is met brandbaare ftoffen, of al te vrye gemeenfehap met den dampkring heeft, zal het zonder geweld branden, gelyk de heete bronnen en zekere ontvlammende gronden ons bewyzen: maar, ingevaile de uitgang niet geëvenredigd is met de veelheid der voortgebragte lugt en dampen, zal de veerkragtige vloeiftof zig met geweld een weg baancu, door het oprigten van de klomp, welke zig aankant tegen haare uitfpaïw ning: waar uit de aardbeevingeu of fchuddingen van den grond ontftaan. Indien het aardryk buiten dien genoegzaam brandbaare ftoffen heeft, zal dit vuur toenccmen en allengs kragten verkrygen, die genoegzaam zyn, om al het omleggende , of 't gene het bereiken kan, te ftnelten, en, zo niet altoos in glas, ten minfte in asiclie of gekalcineerde ftofle, te doen verwandelen. ' Naar maate, nu, de vuurgloed en de ftoffe zig vermeerderen, zal de gefmoltene en uitgczwollen klomp zig verheffen, tot dat zy, voortgcftooten door nieuwe ftoffen, en door veerkragtige vogten, die aanhouden den grond te fchokken, zo verre komt, van zig een opening te baancn door de beddingen, welke haar bedekten. Eenmaal dit punt bereikt hebbende, zal de fnelheid van haaren voortgang geen paaien meer kennen, en de rotfen, in rivieren veranderd, zullen het omleggende land overftroomen. Het klein getal der hedendaags werkende Vulkaanen, vertoont 'er ons voorbeelden van in de Monte Nuovo en Flfola Nuova, byna op ééncn dag geformeerd, en nog kortlings het eiland, dat, ten tyde der omkeering van Mesfina en Calabrie, eensklaps by Ysland verfcheenen is en federt wederom verdweenen, bewyst ons, de byster groote veelheid van ftoffen, welke een Vulkaan, in één enkele uitfpatting, verfchaffen kan; naardien de ommekreits van dit nieuwe eiland, op den afftand van verfcheide mylen in de geheele rondte, niet meer dan veertig vademen waters had, in plaats van honderd vademen diepte, die 'er was voor het gebeuren van de uitbarfting. Ss Wan-  C 32a) Wanneer men' de uitgcftrektheid kennen zal van de kragten eener etafiieke vloeiflofe, die ontwikkeld en in werkinge gebragt is door de hitte, in onafmeetelyke onderaardfche gaanderyen, 't zy natuurlyk, 't zy uitgehold door het vuur Qqj, alwaar zy te vergeefs een uitgang zoekt, die met haare uitfpanning geëvenredigd is en met haare verfchrikkelyke uitwerkingen ; dan zal men de uitgeftrektheid en de vernielende kragt kunnen berekenen van de aardbeevingen. En, wanneer men acht zal gegeven hebben op de ffroomen van lava, op de regens van asfche en op de uitwerking van byster groote fteenen, waarvan de tegenwoordige brandende bergen ons het tafereel fchilderen; zal men zig een denkbeeld maaken kunnen van de uitwerkingen en verfcheiderlei voortbrengzelen van zo veele thans uitgedoofde Vulkaanen, van welken ons de oppervlakte des aardkloots de fpooren voorftelt, meer of minder blykbaar, naar dat de zigtbaare ftoffen meer of minder overeenkomen met de genen, die door de daadelyke Vulkaanen worden uitgebraakt.. Overal, daar wy beddingen vinden van echte lava, gewoon zynde dit onderaardfche glas aan te zien als het gewoone voortbrengzel der uitbarftingen van onze hedendaagfche brandende bergen, twyfelen wy niet te erkennen, dat 'er eenige thans uitgebluschte Vulkaan geweest zy op die plaats daar de lava geftroomd heeft. Derhalve zullen de ongeloovigften zelfs niet weigeren te gelooven de weezentlykheid van een menigte aloude Vulkaanen, in Frankryk en Duitschland. Maar de waarneemingen, in Peru werkftellig gemaakt door Mr. de la gondamine en andere waarneemers, leeren ons, dat 'er Vulkaanen zyn kunnen, die, in plaats van lava, niet uitwerpen, dan verkalkte ftoffen. De oppervlakte der Fulkanifche gronden, vooral der genen van het zesde tydperk van Mr. desmarets, is zodanig ontfloopt door de werkingen van 't water, de lugt en zuure vogten, dat men 'er niets ziet dan een foort van; aarde, waar mede de lava dermaate is overdekt, dat Mr. hamilton zelf in Duitschland Vulkaanen heeft gezien, zonder de lava daar van aldaar te vinden. Ziet hier dan de regels, welke ons in dit geval beltuuren moeten. Alle gebergte of heuvel, van kegelvormige figuur, dat op zyn top een in- (q) Ik zie niet dat men, zonder het beftaan van dergelyke gaanderyen, de zouderlinge vaardigheid kan uitleggen, met welke de werkende Vulkaanen, zo ver van elkander gelegen, overeenftemmen in haare ui'tberftingen; niet meer dan de vaardigheid, met welke zig de aardbeevingen tot ongelooflyke afftanden uitbreiden. Geduurende. de aardbeeving, door welke Lisfabon omgekeerd werdc, week de zee, tot verfcheide honderd vademen, van Martenique af, en op het oogeirblik van de ramp, welke het ongelukkige Mesfina kwam te ondergaan , heeft de zee aan de oevers van dat zelfde Martenique, zeer koftbaare conchyliën opgefmeeten, van het gezin der tooten, gelyk admiraalen en foorten van cedo.nulli, waarvan men nooit op de reeden deezes eiland* heeft, gevonden. Om kort te gaan, men kan eene menigte bewyzen van deeze waarheid vinden in liet werk, genaamd hift'ory and phüofophy of eartbquakes, London ï75?> gefchreven door een ongenoemd geleerden.; lid der akademie van Berlyn.  C 323 ) indrukking op dewyzevan een crater heeft, moet in ons het denkbeeld opwekken van een aloude vulkaan, inzonderheid wanneer de top aan de ééne zyde is gebroken. Dit vermoeden zal in zekerheid overgaan, byaldien deeze verheffing of haare valei, eene of meer vertoonen van de vulkanijche ftoffen, waar van ik ftraks de lyst zal opgeeven. ■ Dat ik begonnen heb met de gedaante van het terrein, is niet geweest dan om de nafpooringen der waarnecmeren in 't algemeen te bekorten. Ten onregte zou men denken, dat die gedaante noodig zy, om zig van de beftaanlykheid der aloude Vulkaanen te verzekeren. Men vindt meer. dan eene vulkaanfche krans of voet van een brandende berg, waar van het lighaam zodanig in zyn eigen holte is ingezonken, dat men 'er niets meer van gewaar wordt dan een zeer groot bekken, welks gedaante bezwaarlyk zou doen vermoeden, dat aldaar een uitbarfting van vuur ware geweest. Die afgryzelyke ftroomen van lava zelfs, naby Frankfort, welken de Main doorfneeden beeft, om 'er zyn loop door te graaven, en welke zekere waarneemers, ten onregte genomen hebben voor de voortbrengzels van twee verfchillende Vulkaanen, vertoonen noch bekken,.noch verheffing, in de geheele uitgeftrektheid van haareu omtrek, waar uit het denkbeeld van een brandende berg zou kunnen ontftaan. Om zig derhalve te verzekeren, of een terrein, dat men voor vulkanisch houdt, weezentlyk zodanig zy: wanneer men 'er geen lava ziet, moet men onderzoeken, of 'er zig niet ftroomen of loopen vertoonen van eenige ftoffe, waar van de enden, meer of minder gerond, het denkbeeld uitfluiten van eene door het water gevormde bedding; of deeze grond aarden bevat, die bruin, rood, violet, in één woord, zodanig zyn, dat zy door haare kleur en hardheid van de gewooue aarden verfchillen; of'er zig trap, tufs, pouzzolana, pieperino of eenige andere zelfftandigheid, door de werking van het vuur voortgebragt, vertoont, of ten minfte zodanig eene, welke gelykt naar de gene, die men waarneemt in de erkende Vulkaanen; fchoon men twyfelen kan, of zy uit dien hoofde moeten geteld worden onder de onmiddelyke voortbrengzels van het vuur; by voorbeeld, de zeoliethen (V), de fchirls, de chryzoliethen, de obfidiaanfche fteen of gallinace, de chalcedoon , ja zelfs de hyaeinthen en foorten van faphieren, welken men vindt in de wel erkende vulkanifche beddingen van Expailly in Frankryk. Maar een uitneemend bewys van de beftaanlykheid der uitgedoofde Vulkaanen, zyn de hafalten; die veelkantige pylaaren, welken de geleerden, voor Mr. desmarets, niet dutfden befchouwen dan als' groote, meer of min regelmaatige kryftallen, doch die, zo wel als de ba- fjr) De meeste naturaliften houden eenpaarig de zeclieth voor een vulkanisch produkt, niet gefmolten, maar met de lava uitgeworpen, of,'t geen met de reden meer overeenkomftig fchynt, gevormd door eene vereeniging, laater dan de uitvloeijing van de lava's, in welke het zee-water mede werkzaam is geweest. Mr. dolomieu verzekert, dat de beflendigfte waarneeming hem overtuigd hebbe, dat de zeolieth een onfeilbaar teken is van de onderdompeling der lava, 'Ss 2  C 324 ) bafaltifche lava of de onregelmaatige balalten, hedendaags, door alle geleerde natuurkundigen, algemcenlyk erkend worden voor een onbetwistlyk voortbrengzel des vuurs.. 't Is waar , dat zekere fchryvers, weinig gemeenzaam met de wonderen der natuur, nog heden hun best doen, om het algemeen wys te maaken, dat de bafalten niet vulkanisch zyn. Zy gronden zig daar op, dat de lava der hedendaagfche Vulkaanen nimmer bafalten fchynt voort te brengen : maar onlangs is door waarneemingen betoogd, dat, om de lava bafaltisch te doen. worden, het nooclig zy, dat dezelve vloeije en koud worde in 't water. Dus heeft de HeeF hamilton met veele andere geleerden waargenomen, dat de lava van den Vefuvius, in zee gevloeid, in 't jaar 1632, naby Torre del Greco., waarlyk bafaltisch geworden zy. Dus is het ook, dat Mr. dolomieu, de lava van den berg iEthna, in dergelyke omdandigheden bafaltisch heeft gevonden (*):■ dus heeft, eindelyk, de Heer uno von troil met den Heer banks en deszelfs andere geleerde reisgezellen , die zelfde aanmerking bewaarheid omtrent de Yslandfche Vulkaanen. 't Geen deeze natuurkundigen, omtrent dit onderwerp, waargenomen hebben in de werkende Vulkaanen, is bevestigd door de naauwkeurige waarneemingen, welke een menigte geleerden werkftellig gemaakt hebben omtrent de uitgedoofde Vulkaanen van Frankryk en Italië, en door die van Mr. raspe, op de uitgedoofde Vulkaanen van Hesfenland,. den oorfprong daar van onder de zee-wateren , door een zeer vernuftige afbeelding aangeweezen (7). De bewysreden , die men daar uit haalt, dat waller ru s- de bafalten niet gefchikt heeft onder de vulkanifche produkten, is van geen. het minde gewigt- Want, behalve dat hy bekent, dat derzelver natuur dezelfde zy als die der lava , is het geenszins te verwonderen, dat den gecncn, die nog den bruin deen verwarde met de magnejïa-, de nieuwling' gemaakte ontdekkingen, omtrent de bafalten, onbekend waren, en dat hy dezelven, volgens haare gedaante, in dezelfde rang fcbikte met detourmalinen. Indien naderhand iemand nog twyfelen mogt over deeze zaak, behoeft hy degts agt te geeven op de blaadjes en andere merktekens van het vuur, die in menigvuldige bafaken voorkomen;, de vol- maak- fY) Mr. DotoMiEü, die de vulkanifche produkten van Sicilië zo wel heeft waargenomen, Helt voor grondbeginzel, dat alle de compacte lava"s, welrke met zekere dikte in zee gevlooten zyn■, ondergaan hebben, het gene men de kryflallizatie der bafalten noemt, min of meer volmaakt. Hy verzekert, ten anderen , dat geen der Iaatere vuurftroomen van de iEthna, die niet tot aan de zee gekomen, zyn, bafalten inhoudenv maar dat alle de genen, die 'er zig met de vereischte omftandigheden in geworpen hebben, tot kolommen zyn gekryfiallizeerd, en dat zodanige ftroomen, die in de zee komen zonder volftrekt onder te raaken , in het onder water gedompelde deel gekryftallizeerd zyn , en. niet dan een onregelmaatige inkrimping ondergaan hebben in het geen boven 't water is. (t) raspe art account of fime Germanvokanos, Lond. 1776. 8vo.p.544>l. 1».  C 3*5 ) maakte overeenkomst haarer zelfftandigheid met die der lava's; de piaasfen, zekerlyk vulkanisch, daar men ze vindt; de beddingen van lava's-, waar mede zy gedekt zyn, en op welken zy rusten; de fchirls, chryfoKetben, zeoliethen, granieten en andere ftoffen, welken de Vulkaanen uitwerpen, en die men in de bafalten beflooten vindt,* en by zal overtuigd zyn, dat geene zelfitandigheid waarlyker vulkanisch is. Indien de geleerden eenltemmig zyn, om de bafalten als een voortbrengzel der brandende bergen aan te merken, zy zyn niet zo wel eensgezind, omtrent de oorzaak van derzelver gedaante. Sommigen befpeuren daar in een waare kryltallizatie, anderen , meer in getal, zien daar in niet dan de uitwerkingen der inkrimping onder de verkoeling van- de ftoffe. • Verfcheide omltandigheden loopen ten voordeele van deeze laatften te famen; één zaak vooraf, die door Mr. f au jas de st. fond is waargenomen (V), komt bellisfende voor. Dit zyn twee nabuurige bafalten, gevonden te Pont du Bridon, waar van iedereen gedeelte bevat van een zelfde ftuk graniet, dat, door de kragt der inkrimping, in twee byna gelyke deelen is gefeheiden, die volkomen in elkander fluiten', wanneer men ze te famenvoegt. Schoon de verfchillende vulkanifche produkten ieder met een byzonderen naam beftempeld worden, moet men daarom niet denken, dat zy altoos en overal de zelfden zyn. Zy vertoonen, in tegendeel, een groot getal verfcheidenhedèn, het welk overeenkomt met de verfcheidenheid der beddingen, op welken het onderaardfche vuur zyn verwoestingen heeft te werk gefteld in verfchillende landen: het welkbewylt, dat Mr. de sa-us sure zig bedriegt, wanneer hy voorwendt, dat de foort van leifteen, die hy zo- onbillyk beftempelt met den naam van hoornfteen (pierre de corne), de algemeene ftoffe zy der lava's en bafalten-(y~). Dat meer is, de zelfde Vulkaan, werpt, naar de verfchillende hoedanigheid der ftoffen, daar hy by ieder uitbarfting op werkt, meer of min verfchillende produkten-uk (w). Hier uit ontftaat -de verfcheidenheid in de vulkanifche beddingen, zo oude als hedendaagfche, dikwyls op eene zelfde plaats. De Vefuvius heeft den Heer Hamilton tot veertig verfchillende foorten van lava's uitgeleverd; terwyl de iEthna 'er op't hoogfte niet meer dan twaalf verfchaft (V). De zelfde Vefuvius heeft, volgens de waarneeming van den Heer fa ut as de st. fond, eertyds geheele beddingen uitgebraakt van puimfteenen; hedendaags is het zeldzaam, 'er eenige enkelde. van te zien in deszelfs uitbarftingen: terwyl de rtt~) faujas de st. fond recherches fur les volcans éteints, p. 149. (u) s au ss ure voyages dans les Alpes, 4:0. t. I. p. 127. (w~) De Heer ferber zegt, in zyne mineralogie de i'Italië, p. 85. en volgende , dat de Vulkaanen, op zekere plaatfen, door fublimatie, zwavel, pyr.iethen, vitriool, aluin, arfenicum, antimonium, cinnaber en kwikzilver, uitleveren: dat men fomwylen zelfs lood-ertfen en anderen by aders in de lava vindt ;'twelkhy onderdek gebeurd te zyn, wanneer de laya, uit eenige Vulkaan geviooten, zig heeft kunnen indringen in eenige nabuurige ader van metaal. (x~) Voyage en Sicile, dediè a IVinckelmann. Lauf. 1773. duod. p. 135. Ss 3  C 326 ) 4e nabuurige eilanden van Lipari en Vulcano ten deezen «tyde alleen het voorregt fchynen behouden te hebben, om ons overvloedig te voorzien van die nuttige ftoffe. De oude Vulkaanen van Europa fchynen byna allen daar van ontbloot te zyn geweeft, indien men dit beoordeelen mag naar hunne tot heden ovcrgebleeven beddingen, die van puimfteen in 't geheel niets vertoonen; ten minfte fchynt geen waarneemer 'er iets van ontmoet te hebben, in zyne onderzoekingen omtrent de uitgedoofde Vulkaanen, uitgezonderd de Heeren de luc en a. g. camper, waar van de eerfte verzekert, 'er gevonden te hebben by Andernach; de ander my gezegd heeft, dat de groeven van molenfteenen by Niedermenich gedekt zyn met eene bedding, vier of vyf voeten dik, van puimfteenen doormengd met verkalkte beenderen. Het zy daar mede zo het wil: dit zal altoos waar blyven, dat de puimfteen in de uitgedoofde Vulkaanen van Europa, een buitengewoon cosmologifch verfchynzel uitmaakt. Zo men geen puimfteen vindt, in de uitgedoofde Vulkaanen van Europa, vólgt daar echter niet ten ftriktften uit, dat dezelve 'er niet hebben uitgeworpen, toen zy in werkzaamheid waren. Verfcheide vulkanifche poreufe zelfftandigheden worden zoo vaardig door de lugt ontfloopt, dal het niet te verwonderen zou zyn, dat de 'puimfteen het zelfde lot ondergaan had.; aangezien de lava en de bafalten zelf, hoe hard ook zynde, onkenbaar worden in hunne gedeelten, die aan de lugt bloot gefield zyn. Deeze aanmerking kan doen vermoeden, dat de puimfteenen,-zo gemeen rondom de Vulkaanen van de Peruviaanfche bergreeks , en de groote veelheid, welke de Heer fors ter daar van omftreeks de zuidelyke eilanden waargenomen heeft (y), een bewys zyn van de weinige oudheid der Vulkaanen van Zuid-Amerika en de zuidelyke landen, in vergelyking .met die van Europa. Nu blyft ons niet. meer over, dan de vulkanifche beddingen te befchouwen, in betrekking tot de andere bekende beddingen: een voorwerp van zeer veel belang in de cosmologie, en dat een groot licht geeft omtrent den ouderdom des aardkloots. Daar zyn Vulkaanen, wier lava niet fchynt doorboord te 'hebben dan beddingen van'den tweeden rang: ook vindt men 'er, alwaar de lava zig blykbaarlyk een weg gebaand heeft door die van den eerften rang. Zy rust nu eens onmiddelyk op de graniet of eenige andere bedding van den eerften rang; dan wederom op beddingen van den tweeden rang, fomwylen gevuld met en fomwylen geheel ontbloot van toevallige delfftoffen. Zelfs bedekken, te 1'Aubepin in Velay, de vulkanifche beddingen de myn van -fteenkolen. De overgroote bedding van lava, te Frankfort aan de Main, rust op een bedding van den tweeden rang, gevuld met dezelfde zee-conchylien fals de lava bedekken;- 't welk het verblyf aantoont van eene met fchepzelen (y) forster obferv. faites pendant le fecond voyage de cooii dam Vbenüfphere.au/lral, t. V. p. 10. ,&c.  C 327 ) • ' len voorziene zee op deeze plaats, voor en na de vorming van de lava,. Op ontelbaare plaatfen in Duitschland, Frankryk en Italië, waar van de optelling verveelen zou, kan men het zelfde waarneemen, alleenlyk met dit onderfcheid, dat aldaar de beddingen van den tweeden rang nu eens met zee-fchepzelen voorzien, dan wederom niet voorzien zyn; dat dezelven op de eene plaats zandig, op de andere keizelig, kalkachtig of kleijig voorkomen; eindelyk, dat zy op de eene plaats niet dan den wand of het dek alleen verfchaffen aan de vulkanifche bedding: (een bewys van het verblyf der zee voor of na de uitbarfting van den Vulkaan;) op een andere plaats den wand zo wel als bet dek, (een blyk van de aanwezigheid der zee voor en na de werkinge des vuurs;) en dat zy zelfs menigmaal op elkander volgen, by vermenigvuldigde beurtlingfche beddingen, met de vulkanifche produkten (waar uit volgt, dat de bewooners der zee zig meester gemaakt hebben van deeze beddingen;) dikwyls in lange tusfchenruimten., welken de verfcheiden uitbarftingen tusfehen elkander hebben gelaatent een ftuk in de aardrykskunde van zeer groot belang, waar van Italië inzonderheid meer dan één voorbeeld verfchaft, en door het welke het zeer lange verblyf van den alouden oceaan,-op de hedendaagsbewoonbaare landen blykbaarlyk wordt bevestigd.. V. HOOFDSTUK. Over des Aardkloots Oppervlakte, Na , in de voorige hoofdftukken, befchouwd te hebben het inwendigeder aarde, dat is te zeggen , de bekende natuur en plaatzing van de delfftolfen, zo natuurlyk als toevallig, betrekkelyk tot de voorgeftelde vraag, zo blyft nog over de toepasfmg te maaken van de talryke cosmologifche waarheden, daar wy de verzameling van hebben gezien, en hier uit te trekken de onmiddelyke en onbetwistelyke gevolgen, daar van afleidelyk, om door middel derzelven de zekere omwentelingen en veranderingen te bepaalen, welken des aardkloots oppervlakte heeft ondergaan. Maar laat ons vooraf, om naauwkeuriger aan den eisch van het voorftel te voldoen, de fchets tekenen van het uitwendig aanzien der aarde, en vervol-  C 3*8 ) volgens opmerken, wat de hiftorie en de konflige gedenktekenen ons leeren aangaande haare omwentelingen. Ouder de verfchillende gevoelens, welke de natuurkundigen verdeeld hebben over de werkelyke figuur van-onzen planeet, is het gene, dat 'er een ronde kloot van maakt, die aan de poolen een weinig ingedrukt is, hedendaags byna algemeen. Voor 't overige, gelyk het voorftel alle onderftelling verbiedt, zal ik my wel wagten, van gevoelens te opperen, die allen niet dan zeef twyfelachtig zouden zyn, noopens de aloude figuur van dcezen planeet, en zal my vergenoegen met te zeggen, dat de aarde te famengcvoegd met de zeeën, hedendaags een geheel uitmaakt, meer of min klootachtig, dat men gemeenlyk beltempelt met den naam van aardkloot. ■Hoedanig de oude gedaante van deezen kloot, uitwendig, ook zou kunnen geweest zyn, zeker is het, gelyk uit het voorgaande hoofdttuk blykt, dat dezelve van haaren oorfprong af, onbeftendig moet zyn geweest, gelyk zy nog is en altoos blyven zal. Behalve de groote omwentelingen, van voornaamer oorzaaken afhangende, ondergaat de oppervlakte een geduurige,, wel langzaame, inderdaad, maar zekere en algemeene, verandering door toedoen van den tyd, welke niet ophoudt aldaar aan de eene zyde te vernielen, om aan de andere hervoort te brengen : die de hoogten vernedert en de valeijen uitholt, om de vlakten uit te breiden en de meiren te dempen. Thans vertoont onze aardkloot groote klompen aarde, bekend onder den naam van vaste landen (continents), die aan alle zyden omringd zyn met een ouafmeetelyk bekken met zout water gevuld, dat men den oceaan noemt. Deeze zee omringt tevens een oneindig getal kleinere klompen aarde, door zynen boezem verfpreid, die bekend ftaan onder den naam van eilanden. De oceaan, befehouwd buiten de beweeging, welke 'er de winden en vloeden in vcroorzaaken, vertoont overal eene vlakte, volmaakt effen van boven; maar, zo 'er de wateren uitgenomen werden, zou men den bodem even hobbelig vinden als hef drooge gedeelte des aardkloots, 't welke, zo wel op de vaste landen, als op de eilanden, ons overal oneffenheden voorfielt. Dit heeft niet alleen plaats in derzelver omtrekken, welke meer of min onregelmaatig en uitgeglipt zyn, maar ook in de horizontaale oppervlakte, welke niet 'is dan een onafgebroken fchakel van verheffingen en indrukkingen, vertoonende in haare fpleeten, holligheden en in de ongeregeldheid van duizend verfchillende gedaanten, de duidelykfte blykea van verwarring en van febokkingen, die dezelve ondergaan heeft. ■ Het overige van deeze oppervlakte beftaat uit vlakten, gevallig verfpreid, zonder orde, en doorfneeden van een menigte bronnen, wier yereeniging, agtervolgelyk, becken, rivieren en ftroomen formeert. ■ De induikingen vertoonen dikwyls vergaaringen van water, onderden naam van meiren bekend, waar van fommigen,'rivieren maakende of door dezelven voortgebragt, een gemeenen uitloop daar mede hebben in den oceaan; terwyl aan anderen een zigtbaare uitgang ontbreekt. Het water yan de mecsten deezer meiren is zoet, doch men vindt 'er eenigen, die, gejykerwys de Caspifche zee , gevuld zyn met zout water. In  C 329 ) In 't midden der wanorde, waar van ik kome te fpreeken, en welke zeer ftelliglyk bewyst, dat onze planeet verfchrikkelyke omwentelingen moet ondergaan hebben, toont ons de loop der rivieren een weezentlyke geregeldheid, daar in beftaande, dat in ieder van de groote deelen des aardkloots punten zyn, verhevener dan al het overige, van waar een gedimrige afdaaling is tot aan den zee-oever, en van daar vermeerdert de diepte der zeeën ongewaarwordelyk , tot aan den bodem van haare afgronden. Ik kan derhalve niet begrypen, wat Mr. de luc heeft kunnen doen zeggen (a), dat het gemiddelde waterpas der vlakten niet meer dan tweehonderd vademen {toifes') verheven-- zy hoven dat van den oceaan. Deeze verhevene punten zyn niet altoos, gelvk men gemeenlvk zegt, he't juiste midden van de groote vaste landen. " De berg St. Gothard, eene-der-verbevenfte punten, buiten twyfei, van Europa, is van deszelfs midden ver afftandig. De twee grootfte verheffingen van Afrika bevinden zig aan de twee tegenoverftaande punten, noord en zuiden, van dit groote fchier-eiland; te weeten, de eene in Billedulgerid, de andere in Monomotapa.. De uitgeftrektheid van Afia naar alle kanten, vereischt verfcheidene verhevene punten, maar het voornaamfte van die allen is het groote plein van Tartarie, onder den naam van klein Bucharie bekend; die bystcr groote landftreek, alwaar, zo men verzekert, noch kalkfteen, noch marmer, noch eenige toevallige delfftof gevonden wordt, welke een bewys van het verblyf der zee zou kunnen opleveren (b). De' grootfte verheffing van Zuid-Amerika bevindt zig langs den ftillen oceaan inzonderheid in de Provincie van Quito. Het binnenfte van Noord-Amcrika is al te weinig bekend, om 'er met zekerheid van te fpreeken, maar het fchynt voor 't minfte zeker, dat de grond zig aldaar allengs verhoogt tot aan de groote meiren, wier getal en uitgeftrektheid een byster groot verheven plein voorftclt, waar aan de gewoone oorzaaken nog de laatfte hand niet hebben kunnen leggen, met 'er de noodige gloeijing aan te geeven. , Zonder die naauwkeurige regelmaatigheid in den loop der groote bergreekfen, welke van den Heer p allas zo wel als van andere geleerden beweerd wordt, toe te ftemmen, kan ik geenszins ontkennen dat 'er, tusfehen dezelven of derzelver takken, zekere, hoewel zeer onrcgelmaatige, verbindtenis zy. Deeze bergreekfen beftaan meestendeels uit rotfen van den eerften rang, doorweven met bergen van den tweeden rang, die dikwyls ook byzondere reekfen maaken, op weinig afftand van de eerften: waar van het gebergte Jura een treffend voorbeeld geeft. In deeze vry geplaatfte bergreekfen van den tweeden rang, zo wel als in de gebergten van dezelfde foort-, welken men onder die van den eerften rang geplaatst ziet, vindt men toevallige delfftoffen op verbaazende »-•- '>y.f^ïi>h iwisu^sjj ... h°Qg- (a) de t.uc lett.phyfiq. t. IL p. 190. vergelykt daar mede torn. I. p. 359. O) v. hifl.philof. &polit. des etablisf. des Europeëns dans les deux Indes, t. I. p. 24. edit. d'Amft. 1772.  C 33° } hoogten. Ik heb reeds gezegd, dat in Amerika 't gebergte van Gunnenyeliea'etop die van 2200 vademen (toifes) uitlevert, en de Grenier in onze Alpen van Faucigny, verfchaft 'er op die van 13P7 toifes.. Zo teen» 'er niet hooger heeft gevonden, dat zal misfchien- niet te vvyten zyn dam aan de fneeuw en het ys, waar door alle deeze hoogten bedekt worden.,, dat altoosduurende ysvelden Qglacieres) aldaar maakt, welken nimmer uitdroogende bronnen zyn van rivieren, die het water derzelven in zee voeren, naar maate de natuurlyke warmte van den grond het onderftegedeelte van het ys, dat 'er aan raakt, doet fmelteiu Ieder van de vier werelddeelen bevat zeer verhevene gebergten, maar het hoogst bekende is dat van Chimboraco, in de bergreeks der Andes 1 't welk eene perpendiculaare hoogte van 3217 toifes heeft, boven het waterpas van. de oppervlakte der zee. 't Gene men een bergreeks noemt of fchakel' van gebergten, ftrekt zig niet alleen tot verbaazende afflanden in lengte, maar ook in breedte uitNaauwlyks is men gekomen tot den top van de eerfte rots, of daar vertoont zig eene vlakte of verhevene valei, welke naar een tweede rots,, die nog hooger is, geleidt: daaraan volgt een nieuwe valei en een derde rots; altoos opftygende tot aan den top van de verhevenfte piek, welkezig doorgaans omtrent het midden der breedte- van de bergreekfen geplaatst bevindt. Onder de rotfen zyn 'er, waar van de top puntig uitloopt of als een ezelsrug, terwyl anderen gekroond zyn met min of meer aanmerkelyke pleinen; die fomtyds zeer vischryke meiren vertoonen.. Van deeze groote fchakels van bergen, wier toppen zig verwarren met de wolken, is eene trapswyze afdaaling, die allengs vermindert, tot aam de minst verhevene heuvelen. Deeze laatften beflaan, met hunne onderleggende vlakten, het aanmerkelykfte gedeelte des aardryks, en zyn in 't algemeen gevormd met horizontaale beddingen, waar van ik verflag gedaan heb in 't voorgaande hoofdftuk, en die, onder verfcheide bewyzen van 's aardkloots omwentelingen, nog het volgende bybrengen. Niet alleen, namelyk, houden deeze beddingen geen de minfte regels ten opzigt van de ordening der ftoffen, agtervolgens derzelver foortelyke zwaarte'; alzo de zwaarften dikwyls op de ligtften rusten of daar onder vermengd zyn; maar dikwyls vormt ook eene zelfde ftoffe, volmaakt éénwezig, op een zelfde plaats verfcheide beddingen, tot zeer verfchillende diepten, en deeze worden ieder, beurtlings gevolgd door andere beddingen, van verfchillende natuur en zwaarte. In deeze heuvels ontmoet men, minder regelmaatig, de overeenkomst der uitfpringende en inwykende hoeken van de tegenoverftaande kanten, dan men die aantreft in de waare gebergten. De waarneemingen, gedaan door donati, marsigli, sloane en andere natuurkundigen, noopens de gedaante van den bodem der zee, bevestigen het vry algemeene gevoelen der geleerden, over deszelfs gelykvormigheid met de uitwendige gedaante van 's aardryks oppervlakteDaar is nogthans dit aanmerkelyk verfchil in, dat hoe meer de zee zig van de landen verwydert, hoe meer die bodem zig verlaagt en het lapd^, in tegendeel, zig, hoe verder van de zee, hoe, meer Verhoogt. Wel is 't waai  C 331 ) waar, dat de eene zo wel als de andere van deeze verzekeringen meer dan eene uitzondering gedoogt; maar zy neemen het gebruik niet weg, dat men 'er in de aardryksbefchryving van maaken kan, door dezelven als algemeene regelen aan te merken» VI. HOOFDSTUK. Fan den algemeenen Watervloed van Noach en eenige andere omkeeringen, waar van de Hiftoriën gewag maaken. Daar is geen aloude natie, by welke de gefchiedkunde of overlevering niet de gedagtenis bewaard heeft, van eene min of meer algemeene overftrooming. De Chaldeen, de Perfkianen, de Indiaanen, de Grieken, de Latynen, de Noordfche volkeren, de Amerikaanen, hebben ieder de hunne. De overftroomingen, gebeurd onder Prometheus, onder Xifuthrus, onder Ogyges, onder Dardanus, en onder Deucalion; de Cimbrifche vloed, de inbreuken der zee in Holland en elders, eindelyk de verzinking van het beruchte Atlantis en eenige andere gebeurtemsfèn van dezelfde natuur, maaken tydperken, genoegzaam aanmerkelyk in de gefchiedkunde, welke niet toelaat verfcheidene deezer omkeeringeu in twyfel te trekken. Zonder te fpreeken van den Cimbrifchen vloed, en van de overftroomingen, in Holland voorgevallen, welke gebeurtenisfen zyn van den hedendaagfchen tyd; is de watervloed van Deucalion, 1529 jaaren voor de Christelyke tydrekcning, zo wel bevestigd door de marmers vanArundel, •op het eiland Paros gevonden, die men te Oxford bewaart, en door een menigte van andere bewyzen, dat 'er niets in de gefchiedkunde beter bewaarheid fchynt te zyn. De overftrooming van Ogyges, welke Acu/ilaus, door Eufebius aangebaald, 265 jaaren vroeger fielt dan die van-Deucalion, fchynt minder zeker te zyu betoogd; ten minfte wat de naauwkeurigheid van het tydtnètk aangaat. Tt a De  De onderdompeling van Atlantis, dat groote eiland, in de oudheid zo vermaard, bevolkt door eene volkplanting van Feniciers, het welke tusfehen Afrika en Amerika moet gelegen hebben; vindt aan de eene zyde vuurige verdedigers, doch lydt aan de andere zyde groote tegenfpraak. Het zy daar mede zo 't wil! alle deeze gebeurtenisfen verdienen hier de ruimte niet, welke de overweegingen ten opzigt van dezelven vereifchen zouden, aangezien de gefchiedkunde zelve haar allen tot zekere plaatfen bepaalt; uitgezonderd de watervloed van Xifuthrus; maar deeze is zodanig opgefchikt met de omftandigheden, in die van noach voorgevallen, dat men, zonder die beiden ondereen te mengen, niet weet wat 'er van te maaken. Laat ons dan alleenlyk fpreeken van die wonderbaare gebeurtenis, verfchriklyk merkteken van Gods gramfchap en vermogen; altoosduurend voorbeeld van vreeze voor den boozen en van hope voor den regtvaardigen; ik wil zeggen, dien algemeenen watervloed, door welken de Almagtige, (uitgenomen 't gene zig in de ark bevondt), het geheele menfchelyke geflagt met alles wat op het aardryk leefde, heeft uitgeroeid! Deeze omkeering is ons bekend door een gezag, alle bykomende bewyzen zo zeer overtreffende; zy is door den Heiligen Schryver zo keurig afgefchetst, dat het, omtrent alles welk haar betreft, genoegzaam zou zyn, te wyzen tot de 7de en Site kapittelen van Genefis; boven welken men niets verlangen kan, omtrent dit gewigtig ftuk van de heilige gefchiedenisfe. Maar ongelukkig is deeze watervloed, welke, gelyk ik daar even zeide, geen het minfte bewys noodig had, door kwaalyk betoogd te worden in twyfeling gebragt! Ziet hier op welk eene vvyze. Aangcdreeven door eenen onmaatigen iever voor den Godsdienst, of door eene weinig omzigtige eigenliefde, ondernamen , een woodward , een s c n e u c h z e r en anderen, die hun niet evenaarden , de onfeilbaare woorden van het Goddelyk Boek te vcrlterken door waarneemingen, ten halve gedaan, in een tyd, wanneer de ftudie der natuur, nog hi~haar geboorte, wel verre af was van die menigte waarneemingen verfchaft te hebben, wier famenvoeging alleen tot de blykbaarheid kan geleiden. scheuchzer zelf bragt de geestdryvery tot het uiterfte, van door de verfteeningen te willen berekenen het faifoen des jaars, de maand, Ja, 't fcheelde weinig, den datum zelfs van het verfchrikkelyk oogenbfik, waar door alles wat leefde vernield werdt op den aardbodem. De ongewoonheid der toepasfing had indruk op 't algemeen en maakte een groot getal navolgers. Naar maate zig de zwaarigheden vertoonden, werden de verklaaringen vermenigvuldigd, in welken woorden de plaats vervulden van oordcel; tot dat de toeneeming der kundigheden eindelyk de oogen opende van eenige geleerden, die de valschheid der bewyzen durfden aantoonen; maar zy gingen te ver, en verwarden de bewyzen met de zaak, die beweezen moest worden. De Heer deluc overtuigd van de onmooglykheid om in den zondvloed de voldoende oorzaak te vinden van de delfftoffen en derzelver plaatzing, (indien hy het voetfpoor volgde van zyne voorgangers, die niet  C 333 ) niet dan Bi den watervloed van mosk s alleen de oorzaak vonden varrUle omkeering,) deedt, eenige jaaren geleeden, een werk drukken, vervuld met een menigte van nuttige waarnccmingen (V), alwaar hy derzelver ftelzelen dapperlyk den bodem inflaat: maar, met een nieuwen weg te baanen, vervalt hy in de oude dwaaling. Want, na beweezen te hebben , dat de zondvloed de uitwerkende oorzaak niet kan zyn, van de verfchynzelen, welken ons de oryclologie oplevert, u-acht hy ts bewyzen, dat dezelve 'er de toevallige oorzaak van zy, en dienvolgens, voortgaande met de natuurkundige bewyzen toe te pasfen op den watervloed der heilige bladeren, verwart hy twee tydmerken, die ik denk te betoo* gen t'eenemaal verfchillende te zyn. Het is dan gemakkelyk te zien, dat ik, hoewel de geleerden, die het werkelyk voorftel opgeeven, de wederlegging van ftelzelen verbooden hebben, verpligt ben een uitzondering in deeze wet te maaken ten opzigt van dat van den Heer be luc, indien ik myne bewyzen wil grondvesten en twee groote omkeeringen: betoogen, zeer onderfcheiden ten opzigt van de uitwerkingen en het tydmerk, waar van de eene uit onze Heilige Boeken blykt, de andere uit talryke waarneemingen, waar van ik de verzameling heb voorgefleld, toen ik van de delfltoflen handelde. Ten anderen is het hier niet een eigentlyk zogenaamd ftelzel, dat ik te keer gaa, maar alleenlyk de verklaaring, welke deeze geleerde geeft van de cosmologifche verfchynzelen die hy, zo wel als ik, heeft waargenomen, maar, uit welken hy gevolgen trekt, t'eenemaal met de mynen ftrydig, en, alle bewysredencn, die de gevolgtrekkingen van gedagten Heer wederleggen, zyn zo veele betoogingen ten voordeele van de mynen. Ook zie ik geen middelweg in dcezen: men moet of de verklaaring aanneemen, welke deeze geleerde geeft van de verfchynzels der aardrykskunde , die wy beiden waargenomen hebben, of de myne. Het geheele ftelzel van den Heer de luc is gegrondvest op de on-derftelling, dat het hedendaagfche drooge aardryk voor den zondvloed de bodem was der zee, en dat het gene de bewoonde aarde voor dit tydmerk uitmaakte, naderhand de g> ond geworden zy van den oceaan (b). Dit denkbeeld, beken ik, is vernuftig; maar, by ongeluk wederfpreekt hetzelve, van punt tot punt, het verhaal van mos es. Ik zal my bepaalen, tot het doen opmerken van eenigen der trcffendfte tegenftrydigheden, terwyl ik in de onmooglykheid ben van ze allen aantewyzen in een vercoog, dat reeds zonder dit te lang geworden is. Het geene my, ten opzigt-van deeze achterlaatihg vertroost, is, dat de enkele vergelyking van den Heiligen Text met de uitlegging van den Heer de luc genoeg zal zyn, om daar aan ten vollen te beantwoorden. Wanneer men het 7de en 8fte kapittel leest van Gene/Is, daar ons het tafereel van den zondvloed met zulke leevendige kleuren wordt afgemaald , ()? Waarom is hetzelve zo oppervlakkig in beddingen van den tweeden rang, in vergelyking met andere metallyne zelfdandigheden ? Eindelyk, wat is de oirzaak , dat men de metaalen veeleer in zekere plaatfen opgehoopt, dan onverfchilliglyk overal verfpreid vindt? Men weet, dat de aloude mineraalen in 't algemeen gemineralizecrd zyn door zwavel en rottekruid: indien derhalve de verzekering van Mr. romé de l'isle proef houdt, dat de mineraalen van den tweeden rang voornaamelyk gemineralizeerd zyn door mephitisch zuur Co") Saussure voyages dans les Alpes. Quarto. t. Lp. 188. Xp) Europa verfchaft ons alom hier van bewyzen. Noord-Amerika is zeer ryk in yzer en arm in edele metaalen: ook wordt men aldaar tot in de hoogde gebergten de overblyfzels van het verblyf der zee gewaar; terwyl de hemelhooge bergen van Peru, alwaar men niet ziet dan rotfen van den eerften rang en fpooren van Vulkaanen, zo arm in yzer zyn, als zy ryk zyn in goud eu zilver. Yy z  C 356 ) zuur en door het zee-zmir (q), behoort men' te onderzoeken, tot hoe verre ons dit verfchil kan brengen, en welk eene rol de zee-wateren hier gefpeeld kunnen hebben! Ik zou befchaamd worden, wanneer ik zie, hoe verre de fchets, wel* ke ik het geleerde genootfchap vertoon, van de volmaaktheid verwyderd is, door den weinigen voortgang die wy gemaakt hebben in de goede natuurkunde! Maar ik herttel my, door te overweegen, dat het opgegeven voorffel niets dan 't gene zeker is begeert. Laat ons thans overgaan tot de omwentelingen en veranderingen, welken de aardkloot ondergaan heeft federt de verst agterwaardfe tydmerken, en waar van niettemin de oirzaaken, altoos fland houdende, nog onder onze oogcn de oppervlakte blyven veranderen. De voornaamften van deeze oirzaaken zyn inzonderheid betrekkelyk tot de Vulkaanen of brandende bergen, de aardbeevingen, de uitwerkingen der wateren, derzelver afzettingen, de dieren en planten en de werkinge der lugt. Ik zal my niet ophouden met de brandende bergen, noch met de aardbeevingen, wier algemeenheid en verfchrikkelyke uitwerkingen, zo in't voorleedene als in 't tegenwoordige , hedendaags genoegzaam bekend zyn, en waar van ik meen in 't vierde hoofdftuk een voldoend denkbeeld gegeven te hebben. Alleen zal ik de vryheid gebruiken van de geleerden te vraagen, of het dan onwederfpreekelyk is beweezen, dat de Vulkaanen in geenen deele hebben medegewerkt tot de vorming der bergen, die \vy noemen van den eerften rang (primitives')'} De hoogte van den Ethna, van den piek van Tinneriffe en vooral van de toppen der Andes in Peru, betoogen, dat de verheffing hier geen beletzel zy; maar wanneer men overweegt, dat in de bergreeks der Ande3 eu in de zuider-eilanden, de Vulkaanen zig lucht gemaakt hebben door de beddingen van den eerften rang, dezelven opligtende, zou men , (na^ gelyk het billyk is, beflooten te hebben, dat'er onder deeze beddingen •anderen moeten zyn, bekwaam om te ontvlammen;) zig byna durven vraagen, of de onderaardfche vuuren niet, op gelyke manier, andere bergen van den eerften rang hebben kunnen opligten. De blokken graniet, tot veertig mylen en verder in 't ronde omftreeks de granietbergen der Alpen van Switzerland verfpreid, hebben den Heer gruner toegefcheenen (r), niet te kunnen voortgekomen zyn, dan van aardbeevingen, vroegtydiger dan de vorming der Alpifche bergen van den tweeden rang. Ook geeft het denkbeeld van deezen geleerden, op mger dan ééue manier, gezag aan myn vraagltuk. De afweezigheid vaa de lava en vuurkolken zou geen volftrekte bewysreden zyn tegen een dcrgelyk vermoeden; aangezien de lava veeleer van de zyden dan van de toppen des vulkanifche gebergten afvloeit, wanneer dezelven eens, gevormd zyn. Die zyden nu zyn, in onze granietifche bergreekfen, byna overal bedekt met beddingen, verfchillende van. de graniet en zelfs dikwyls van den tweeden rang.. Wan* (q) R om é. de l'isle, caraü. ext. des minéraux.- tab. 3. .(<) Gruner die r/aturgefcbtcbte Hehetiens in der alten welt. pag. 27—-30*.  C 357 3 Wanneer wy beter kennen zullen de brandende bergen van Peru, err <ïe delfftoffen, zo natuurlyk als toevallig, die dezelven kunnen vergezellen of op zekeren afftand omringen, zullen wy verneemen, of myne vraag eenige opmerking verdiene. Men moet echter, na het gene ik in 't vierde hoofdftuk gezegd heb, niet gelooven, dat de zigtbaare uitwerkingen der Vulkaanen op de delfftoffen , bepaald zyn tot de enkele voortbrengzels van het vuur. Niet alleen de breukfteenen van allerley foort, de byster groote kloven in de rotfen, t'onderfte boven gekeerde bergen, eu diepe zwelgkolken, getuigen van de geweldige fchuddingen des aardryks: niet alleen talryke keyfteencn, niets anders zynde dan brokken van rotfen of fteenige beddin' gen, door aardbeevingen aan ftukken gebroken en vervolgens door de wateren voortgerold; (gelyk men daar onder anderen de blyken van ziet in de keizeis van den tweeden rang te llmenau en in 't Mecklenburgfche:) maar ook de vervaarlyke blokken graniet, die op den afftand veeier mylen van haaren oirfprong neergelegd zyn, erkennen, op menigvuldige plaatfen, als de eenige oirzaak (s) niet dan het zelfde geweld van Vulkaanen , 't welk op andere plaatfen de asch hoog genoeg heeft uitgeworpen , om vervolgens,. door middel der winden, tot den afftand van verfcheide honderden mylen te worden vervoerd (f). Zie daar 't gene de brandende bergen en de aardbeevingen betreft. ■ Om zig een regtmaatig denkbeeld te maaken van de veranderingen, die voortgebragt zyn door het geweld of de werking der wateren over de geheele oppervlakte van den aardkloot, moet men opklimmen tot dat eigende tydmerk, wanneer de zee het aardryk ging verlaaten. Daar is geen twyfel aan, of, geduurende den aftogt, zal de oceaan eenige zagte gedeelten des aardryks verplaatst en daar in vooren overgelaten hebben: maar, aangezien deeze bcweeging van aftogt in eene regte lyn moet zyn gefchied, (in welk eene koers bet ook moge°geweest zyn,) volgt daar uit, dat de flangswyze ingroevingen, welkende oppervlakte des aardkloots ons zo gemeenzaam vertoont, niet ontdaan zyn terwyl de zee wegliep? Nu is 'er niets zeldzaamer, dan de groeven, die eenen volmaakt regtlynigen koers hebben. Hier uit befluit ik, gelyk ik bevoorens, heb betoogd, dat die groeven niet allen plaats hadden in den alouden oceaan. (s) Z\eWftory and'pbilifophy of' earïhquakes, p. ro^. De antheur van dat Werk heeft blokken gezien, van 9 voeten in't vierkant, welken de Vulkaan Cotopaxi, in Peru, tot meer dan drie mylen affiands heeft weggefmeeten. Men kan Dp de volgende bladzyden, van dit belangryk werk over de brandende berbergen van Amerika, de byna ongelooflyke uitwerkingen zien welke voortgebragt zyn door de fchielyke fmelting der ysvelden, by het uitbreeken van eenige nieuwe Vulkaanen, in de bevroozen toppen van de bergreeks der Andes. De oogenblikkelyke watervloed, veroirzaakt door de vervaarlyke klomp water uit. deeze gefmolten ysvelden ontfpringende, die met een onuitdruklyk geweld nedervalt op de onderleggende plaatfen, laat afgryzelyke voetftappen over, we.V len een agtervolging van eeuwen , naauwlyks kan verbergen.. (/) Zie Journ. de phyfique. t. 20. p. 1 18. Yy 3  C 358 ) nan, zo als wyze zien; maar dat een laater oirzaak 'er de gedaante van veranderd hebbe. Laat ons dan onderzoeken, welke die oirzaak zy geween:! De aardbodem, naauwlyks ontlast van de drukking des oceaans, wierdt oogenblikkelyk het toneel, alwaar de regen en de andere waterige vernevelingen haare verwoestingen begonnen aan te richten. Een gedeelte der wateren zypelde door de aardachtige beddingen, waar het kon indringen, en bragt daar de verfchynzelen voort, daar ik de aftekening van gegeven heb in het vierde hoofdftuk. Dat gedeelte der wateren was het, welk eene der hoofd-oirzaaken uitmaakte van de trechters, zwelgkolken en andere indrukkingen, zo menigvuldig in de gebergteu en vlakten,- zy is het, die allengs onze vaste landen doet zakken; zy is, bovendien, waarfchynlyk de oirzaak van het breeken der laagen kalklteen, die tegenwoordig, byna overal, naar zo veele door konst gelegde vloeren gelyken(«), uitgenomen op de plaatfen, daar zy een zeer groote dikte hebben. Een ander gedeelte der wateren, tot woeste beeken vergaard, groefde van den aanvang af de oppervlakte des aardryks op duizenderley wyzen en begon de eerfte grondflagen te leggen van de heuvels en een menigte van bergen. Door de uitholling van den grond, maakte dit gedeelte der wateren een opening voor het water, 't welk onderaardsch geworden was door de indringing, en verrykt met derzelver klomp, kreeg het 'er zo veelte meer vermogen door; het formeerde in den eerftenopflag menigvuldige meiren, van inin of meer uitgeftrektheid, welke, eenmaal gevuld zynde, over haare minst verhevene boorden de wateren uitftorttcn, die aanhielden den grond te doorloopcn, zonder een andere regel te volgen, dan dien van de meeste hellende vlakte; tot dat. zy andere meiren kwamen te ontmoeten, vanwaar, door agtervolgelyke uitftortingen, alles weder uitvloeide in de zee. De wateren van deeze meiren en van de rivieren, die zig ten gelyken tyde begonnen te formeeren, veraf van een regelmaatigcn loop te volgen, bepaald door zekere grenzen, gelyk wy die hedendaags zien; volgden over- (ji) Dit verfchynzel is vry zonderling en wordt op ontelbaare plaatfen waargenomen. Het beftaat daar in, dat horizontaale beddingen kalklteen, dieniet zeer dik zyn en beüooten tusfehen twee beddingen verglaasbaar zand, dat met kalkaarde is gemengd, zig zodanig gebroken bevinden, dat de uitfpringende hoeken van een ftuk altoos naauwkeurig fluiten in de inwykende hoeken van een ander ftuk; 't welk klaar doet blyken, dat 'er een tyd geweest is, wanneer zy zig vereenigd bevonden, en dat zy niet dan door een laatere oirzaak zyn van één gefcheiden. Het vermoeden zou kunnen vallen op aardbeeyingen, maar de breuken zyn te fcherp daartoe; ten anderen is het verfchynzel te eenvormig in verfchillende landen, allen zeer verwyderd zo van de aloude als tegenwoordige Vulkaanen: buiten en behalveu dat deeze beddingen van kalkfteen altyd hooger leggen dan die van taaije kley, welke dient tot een bedde voor de onderaardfche wateren, wier aanhoudende werking op de bedding, door welke zy vloeijen, noodwendig holligheden veroirzaakt, waar uit inftortingen ontftaan eu hier uit de breuken der Iteenige beddingen.  C 350 ) overal een zwervenden koers, zon Ier eenig bedde en die niet bepaald was dan door de grootfte fchuinte; zo dat zy zig zelfs dikwyls den doorgang verftoptcn door.aardachtige ftoffen, welken zy vervoerden en zig tot een tegenftand maakten, dezelven op zekere plaatfen afzettende, en zig hier door tot terugkeering noodzaakeude. 13e ftoffen medcgefleept van de. hoogfle plaatfen, werden op laager plaatfen neergelegd ; zodanig dat de zwaarften , gelyk blokken fteen, het naaste by den oirfprong bleeven, en de brokken van fteenen laager werden neergelegd; terwyl de aardachtige en andere ligtere ftoffen medegegeept werden tot afilanrien, geëvenreuigd met de omgekeerde reden van derzelver zwaarheid. Deeze afzettingen zyn in 't cerft gefchied op het aardryk zelve, want de uitgeftrektheid van den loop der rivieren, en de langzaamheid van haare beweeging, noodwendige gevolgen van haare uitfpreiding, lieten haar niet toe de ftoffen eensklaps tot aan de zee te voeren , maar agtervolgelyk dreven zy die afgelegde klompen al verder en verder, tot dat dezelven. eindelyk de zee bereikten. Toen was het, dat de ftroomende wateren, een gedeelte dpr vaste landen dus afgeveegd hebbende, zig ongewaarwordelyk een bedde begonnen uit te hollen (v); maar voor en aleer hetzelve t'eenemaal gevormd was ,., fleepten zy, in hunne fterke ophoogingen, een goed gedeelte mede van den nabuurigerrg-rond , óm hetzelve nader by den mond der rivieren neer te leggen, of tot in de zee te voeren (V). leder winter zelfs verbonden zig de overgevloeide wateren, door vorst, vcrltyfd, tot één lighaam met de zsih: vpi .iis.£]ïjSRS,..'.--',ji-' : "fo'::;b- . • n v■ < -:;d. vi n •■ aar*- (ï) Men kan zig een denkbeeld maaken van den tyd, dién de-meeste der rivieren noodig gehad hebben, eer zy kwamen tot voltooijing van het bedde dat' zy hedendaags beflaan; wanneer men, haaren loop volgende, op menigvuldige plaatfen ziet, tot welke ongelooflyke hoogte zy gekomen zyn, om de hardfte rotfen-, zo van den eerften als van den tweeden rang, zo wel als de wydsc uitgeltrekte vulkanifche beddingen, uit te hollen. . (ji'S) Altoos heb ik een nieuw vermaak gefchept, in het onderzoeken van deeze afzettingen der rivieren , die overal, zelfs langs de kleinfte beeken , zigtbaar zyn. Ook moet ieder waarneemer, die een land wil kennen, niet alleen zyn' aandacht vestigen op de mynen, op de putten en andere uithollingen, maar ook. op de holle wegen, en vooral op den loop der rivieren en beeken. Aldaar zal: hy, met belang, de zonderlinge verfchillendheid gewaar worden, tusfehen de. ftoffen, die door de ftroomende wateren op verfchillende tyden en in byzondereomftandigheden zyn afgelegd; een waarneeming, welke hem lecren zal reden te geeven van de verfcheidenheid der gronden, op plaatfen, die elkander zeer nabuurig zyn, en waar zig geen andere zigtbaare oirzaak van het waargenomeneverfehil openbaart. 1 Het is deeze oirzaak, wel befchouwd, en niet dc werkingen der zee, welke ons moet dienen om het verfchil te verklaaren, dat 'er is tusfehen den grond van de Betuwe en dien der heiden van de Veluwe, en van de gronden, die tusfehen Nymegen en de Graaf gelegen zyn; zo wel, als vanhet onderl'cheid tusfehen den kleijigen grond van Holland en de zandige heygron» den voorby den Moerdyk.  C 360 ) aarde en fteenen, welke van hun by den'dooy, verre werden heen gevoerd. Op deeze manier, kan men zeggen, dat in 't algemeen het zoete water meer heeft toegebragt, dan de zee zelve, tot de werkelyke gedaante van 's aardkloots oppervlakte. Wy zien nog in onze dagen, maar in 't klein , de uitwerkingen , welken deeze wateren voormaals in 't groot hebben voortgebragt. Niet alleen formeeren, overal, de regenwateren en beeken onder ons oog, greppels, die zonder den tegenftand van menfehen in 't kort valeien zouden worden, maar wy zien ook het water, dat uit de lugt valt, het fynfte deel van onzen grond wegfleepën, om het aan de beeken, van daar in de rivieren, en eindelyk in de zee te brengen, welke zig onophoudelyk daar mede verrykt, ten nadeele van het aardryk. Ook loopt daar geen ftroom, rivier of beek in uit, die niet meer of min beladen is met aarde, volgens de natuur van den grond, waar door zy zyn gevloeid. Maar, na dat de loop der rivieren bepaald is geworden aan haar bedde, wordt dit bedde fteeds opgehoogd door de ftoffen , die op den grond zakken, en het overige, dat bevoorens de landen ophoogde, wordt t'eenemaal naar de zee weggelleept. Buiten en behalven 't gene_ de Rhyn aflegt, geduurende haaren loop, verzekert hartzoeker, in zyne natuurkunde, dat de wateren van die rivier, by derzelver mond, nog een honderdfte van haar gewigt aarde bevatten. Eertyds leid die rivier haar afzetzel op de landen, langs haaren loop; gelyk men daar het voorbeeld van ziet, van Bafel af tol aan Straatsburg, en inzonderheid naby Koblentz , alwaar haare afzetzels, tot meer dan vyftien voeten dikte, den vulkanifchen grond bedekken, welke de agtervolging is van dien van Menich: hedendaags gaat zy alles afleggen in de zee. De Heer de luc geeft, in zyne i2ifte en i22ftc brieven, fpreekende bewyzen van de verbaazende, veelheid kley., die door de Elve wordt weggelleept. Om kort te gaan, iedereen, die zyn verblyf heeft in de nabuurfchap van een ftroomend water, welks loop niet al te fnel is, kan dagelyks de blyken zien van deeze waarheid. Men moet zig dan geenszins verwonderen, dat groote rivieren, die onafmectelyke Landfchappen doorloopcn, afzetzels geformeerd hebben, dat hedendaags bevolkte landen en zelfs gewesten zyn. Dus is het Neder-Louifiana, dat uitgebreide land van 400 mylen langte en meer .dan 100 mylen breedte, alleenlyk door de afzettingen van den Misfisfippiftroom geformeerd. Dus is ook Neder-Egypte zyn beftaan vcrfchuldigd aan die van de Nyl: de uitgebreide vrugtbaare vlakte van Lombardie is. niet dan een afzetzel der wateren, die van de Alpen en Apennynen afdaalen: Touraïne is ons geleverd door de Loire en d&.Cher; een gedeelte van Neder-Languedok, de zee-vlakte van Arles en liet eiland van Camarque, zyn afkomstig van de afzetzels der Rhóne; ja waarfchynlyk ook de vlakte van de Crau, zo niet in 't geheel, ten minfte voor een gedeelte, ingevalle de Durance daar in medegewerkt heeft: met één woord, de rivier van St. Laurens, die van Senegal, de ftroom der Amazoonen, de Ganges, Indus, Meander, Achelous, de Po, Donau, en veele andere, ftroomen of rivieren, zyn wegens de landen , welken zy door haare afzettingen geformeerd hebben, merkwaardig. Maar,  C 361) Maar, wat behoeven wy zo ver de voorbeelden op te zoeken, die denatuur onder onze voeten heeft geplaatfl! De diepte, op welke men den grond der aloude zee vindt, onder vermenigvuldigde afzetzels van rivieren, zonder blyk van hoorens of fchulpen, te Amfterdam en elders; is die niet een fpreekend bewys, dat de werkelyke grond van het grootfte deel der Nederlanden niet dan het gewrochte zy van den Rbyn, de Maas, de Schelde , en misfchien van andere rivieren, wier loop naderhand elders heenen is verleid (V) ? De verfteeningen, die omftreeks de ftad Groningen voorkomen, (hoewel men niet kan betwisten, dat het voortbrengzels der aloude zee zyn,) bewyzen niets tegen myne verzekering, aangezien zy, zo wel als de primitive fteenen van allerley foort, die dezelve vergezellen, zig zekerlyk niet op de plaats bevinden, die zy beflaan, dan door de rivieren'derwaards overgevoerd zynde. Ook zyn zy dikwyls, voor zo veel ik 'er van gezien heb, meer of min gerold, maar zo het tegendeel waar was, zou daar uit volgen, dat zy zig in een plaatzing bevinden, wervvaards de vastlandige wateren niet hebben kunnen komen. Het zelfde kan ik zeggen van eenige andere deelen der Nederlanden, in betrekking tot derzelver toevallige delfftoffen en derzelver keizeis van hoornfteen, van welken fommigen nog een gedeelte vertoonen van haar kalkachtig omwindzel, dat een blyk is van haare geboorte in de krytbeddingen. Door de werking der wateren op het aardryk en derzelver afzettingen, wordt ons een oneindig getal verfchynzelen verftaanbaar, die betrekking hebben tot de werkelyke gedaante van 's aardkloots oppervlakte en de ftoffe van deszelfs beddingen, welke zonder dit onverklaarbaar zouden zyn. (.%■) Den naam van grond der aloude zee geef ik aan die bedding van aarde, welke aan ons de bewooners van den alouden oceaan nagenoeg in die zelfde plaatzing voorteelt, welke zy daar in hadden, geduurende het verblyf der wateren. De put, te Amfterdam gegraven, en die op veele andere plaatfen, zo wel als dikwyls de enkele plaatfelyke befchouwing van den grond , hier eu daar, in de Nederlanden, verfchaffen ons treffende bewyzen van de talryke afzettingen , daar de wateren van 't vaste land den grond der zee, van welken wy hier fpreeken, mede bedekt hebben, dien men aldaar niet dan op een zeer groote diepte aantreft. Twee omftandigheden zouden, in dit geval , de waarneemers, die weinig kundigheid bezitten, kunnen misleiden: teweeten, de zee-fchepzels, die digt aan de kusten neergelegd zyn, door de overftroomingen der zee, en de toevallige delfftotfen, door elkander met de aarden overgevoerd, in de afzettingen, welke door de vastlandige wateren zyn gemaakt. Edoch, men zal zig niet daar in vergisfen kunnen, wanneer men in aanmerking neemt, dat, in het eerfte geval, de zee fchepzels altoos de zelfden moeten zyn als de genen, welken de nabuurige zeeën voeden, en dat, in het tweede geval, de toevallige delfftoffen, die men aantreft, altoos meer of min gerold zyn zullen, en zekerlyk nimmermeer die regelmaatige plaatzing zullen vertoonen, welke overal waargenomen wordt in de genen, die men vindt op den waaren bodem van den alouden oceaan.  C 362 } zyn. ' Het is, door het hit zyn gezigt verliezen van deeze zo voornrtahie oirzaak, dat de Heer de luc zig zo dikwyls belemmerd heeft gevonden, in de verklaaring van'waarneemingen in 't kk-in. By voorbeeld; naby Luneburg is een heuvel van gips, honderd voeten verheven, vry geplaatst in't midden van een zandvlakte: digt daar nevens vindt men een anderen heuvel van kryt, insgelyks vry geplaatst en gevuld met vuurfteenen, waar in verfteende zaaken zyn: men ziet 'er ook wateren, rykelyk voorzien met zout, zand en kley. Niets natuurlyker dan dit alles ! Het kryt en 't geen daar in vervat is, zyn het eerfte gewrochte van de zee; misfchien ook de zoutmeiren, en deeze zyn misfchien (ƒ), zowel als de gips, niet afkomstig dan van den oceaan, byzyn vertrek, of van de ftroomende wateren, ommiddelyk daar na, terwyl het zand en de kley niet zyn dan afzettingen van de Elve en Wezer, die de laage beddingen der zee bedekt hebben. By gebrek van deeze geheel eenvoudige verklaaring, onderftelt de Heer de luc (2) in den oceaan omwentelingen , zo onnut als onwaarfchynlyk; hy befchouwt dit kryt van Luneburg als een der leerzaamfte verfchynzelen; in één woord, hy is gebragt tot bet zoeken van zwaarigheden, daar men 'er niet heeft, in eene weetenfehap die 'er reeds niet dan al te veel mede belemmerd is. Een ander voorbeeld van de verwarring, waar in deeze geleerde Heer moet geraakt zyn, door gebrek van oplettendheid op de uitwerkingen, welke onze rivieren hebben op ons vaste land; is te vinden in de reden welke hy geeft (V), dat de zandige heuvels in beddingen en het zand,, 't welk de kalkachtige landen bedekt, geene zee-fchepzels verfchaffen.. Een reden, die, volgens hem, daarin beftaat, dat de zeedieren behaagen fchepten op eene kalkbedding, en niet op eene zandige, te woonen! Het zand, nogthans, fchrikt tegenwoordig de zeedieren niet af, en moet derhalve ook niet haatelyk geweest zyn voor de bewooners der aloude zeewateren, waarvan wy, op duizend plaatfen, de geraamten begraven vinden in beddingen van zand. Ten anderen is 'er geene zelfftandig-; hcid, die beddingen in het aardryk maakt, welke men niet op veele plaatfen geheel onvoorzien vindt van overblyfzelen der zee-fchepzelcnHet is zelfs vry gewoon, de alleroppervlakkigfte aardbeddingen in 't algemeen" ontbloot te vinden van delfftoffelyke zee-lighaamen. Zouden die alle dan de bewooners van den alouden oceaan afgefchrikt hebben ?■ Of, (y) Ik voeg 'er liet woord misfchien by, wanneer ik van de gips fpreek, om dat, niettegenftaande het ontbreeken van zeé-delfftofTen in deeze fteen, waarin zo dikwyls fpooren van landdieren , en zelfs fomwylen door konst gemaakte dingen voorkomen, ons toelaat te beflifiten, dat dezelve niet onder de zeewateren gevormd, maar van een laater oirfprong zy; ik echter nog niet genoegzaam duidelyk het wanneer en hóe van deszelfs vorminge begryp. Mr. de lamanon geeft, wel is waar, een zeer vernuftig denkbeeld, noopens de formeering der pleistergroeven van 1'Isle de France op, in tom. 19, p. 185, van het journal de phyfique; maar dit itrekt nog geenszins tot volkomen overtuiging». . O) Deluc km: phyf. t. 5. p. 46 &c. (a) Dezelfde tom. 3. p. 481 en p» 507.  C 363 ) Of, is het niet veel natuurlyker te gclooven, dat, na het vertrek van de zeewateren , die van 't vaste land de ligtë aardachtige ftoffen hebben medegefleept van verhevene plaatfen, en daar mede bedekt den grond, die van de zee verlaten was, op laage plaatfen ? Tot deeze weinige bewyzen van de noodzaaklykheid, die 'er is om toevlugt te ncemen tot de werking der ïvateren op 's aardkloots oppervlakte, zal,ik my bepaalen: een werking, welke buiten dien bevestigd wordt door veele verfchynzelen, anderszins niet te verklaaren. Het zal my dan genoeg zyn aan te merken, dat, wanneer men die dikke banken befchouwt van conchyliën, overal te vinden, nu eens door eene enkele foort, dan door verfcheidene geformeerd; doch daar de hoorens en fchulpen aitoos aan elkander raaken en onvermengd zyn met aardachtige beddingen, moet men noodwendig befluiten, dat, fchoon de zee een langen reeks van jaaren gewerkt heeft om dezelven te formeeren, dezelve geduurende dien gantfehen tyd geene aardachtige bedding heeft afgelegd gehad, en dat men billyker wyze vermoeden kan, dat de mcestcn der beddingen, die wy aan de oppervlakte zien, niet van de zee afkomstig zyn, maar wel van rivieren en andere ftroomende wateren. Immers ook zyn dezelven minder regelmaatig, de ftoffen meer gemengeld en de hoogten flangswyze verdeeld op duizend verfchillende manieren. Dit vermoeden wordt daar door geftaafd, dat hoe nader men komt aan de verhevenfle punten van 't vaste land, hoe nader de toevallige delfftoffen aan de oppervlakte geplaatst zyn. De toppen der zandige heuvelen van Piemont bieden, gelyksgronds, zeefchepzelen aan, welken men te Amfterdam niet gevonden heeft dan op omtrent honderd voeten diepte. Voor het overige, wel overtuigd aangaande de uitwerkingen der ftroomende wateren op den aardkloot, ontken ik nogthans niet, dat 'er nog menigvuldige waarneemingen in 't werk te ftellen zyn, eer men alle dc byzónderheden, die deeze uitwerkingen opperen, verklaaren kan cn de grenspaalen vastftellen , tusfehen derzelver gewrochten en die van den alouden oceaan. Wat de werking der hedendaagfche zee aangaat; dat is te zeggen , de aanfpoelingen van land, welken zy op duizende plaatfen veroirzaakt; is het gemakkelyker derzelver grenzen te bepaalen door de voortbrengzels der nabuurige zeeën, die men 'er altoos onder gemengd vindt, en die 'er het kenmerkend teken van zyn. De ftoffe deezer aanfpoelingen ontftaat ten deele uit de gene, welke de rivieren in dc zee brengen; ten deele uit het gene de zee affchuurt van zekere kusten; ten deele zelfs uit het gene zy van haaren bodem opligt inzonderheid geduurende de ftormen, wanneer ik dezelve, op het ftrand, verbaazende hoopen van zee-lighaamen heb zien opwerpen, 't Is echter ook waar, dat ik 'er des anderendaags geen fpoor meer van vernam; hebbende de zee, op ftaande voet, terugen weder weggenomen, het gene zy aan het aardryk niet dan voor een oogenblik had gegeven. Ik zal hier niet fpreeken van de weinig gewaarwordelyke verandering, welke de dieren en plantgewasfen te weeg brengen aan de oppervlakte des aardkloots, terwyl zy door hunne ontflooping de klomp der tcel-aarde Zz 2 ver-  C 364 ) vermeerderen; te minder, alzo ik, in 't volgende hoofdftuk, nader op dit onderwerp zal blyven Haan. Nogthans kan ik niet nalaaten op te merken, dat de moderne houten, planten en vrugten, zo wel als de overblyfzels van dieren, die naar de heedendaags leevende gelyken en de met handen gemaakte dingen, welken men, op duizend plaatfen in onze veengronden vind; betoogen, dat derzelver formeering volftrekt laater is, dan de fchepping van onzen eerften vader. Even alzo beftaat het met de infekten van den tcgenwoordigen tyd, beflooten in den barnfteen; hoewel het niet blykt, dat het tydmerk van derzelver formeering kan overeenkomftig zyn met dat der veengronden. Maar het zal altoos zeker blyven, dat de veen- en kalkgronden, de beddingen van barnfteen en andere dergelyken, niet behooren dan tot omwentelingen en veranderingen, die het hedendaagfche aardryk overgekomen zyn. Gemakkelyk is het, zig een denkbeeld te vormen van 't gene op 's aardkloots oppervlakte de dieren kunnen uitvoeren, wier inftinet het is, de aarde te bewerken; maar de verandering, welke daar uit moet ontftaan, zal van te weinig belang zyn, om ons daar mede op te houden; ten ware het water hier mede in 't fpel mogt komen. De zee-dieren, inzonderheid de polypus-nesten (polypiers), brengen aanmerkelyker veranderingen voort; aangezien 'er een menigte van eilanden is, in de Indifche zee-wateren, waar van zy den geheelen grond fchynen geformeerd te hebben; hoewel de verhevene deelen van deeze eilanden blykbaarlyk bewyzen, dat zy haaren eerften oirfprong aan Vulkaanen zyn verfchuldigd. 1'Isle de France en veele anderen verfchaffen hier van voorbeelden. De vermakelykc valey i Colli, welke Sicilië hecht aan den berg Pellegrhm, beftaat geheel uit koraalen en andere moderne voortbrengzels van de aangrenzende'zee. Wat der menfehen handen aangaat, derzelver uitwerking op 's aardkloots oppervlakte is veeleer de veranderingen daar van te verhinderen dan te veroirzaaken. Eindelyk, de werking der lugt op het aardryk, wanneer zig dit in zyn natuurlyke Haat bevindt, is langzaam en ook ongewaarwordelyk: maar', wanneer eenige oirzaak de lugt fterk beweegt, ligt dezelve de oppervlakkige deelen, die de minste zwaarheid' hebben, op, en legtze eldersneder. "De bewceglyke zanden leveren hiervan een dagelyksch bewys. Niemand is deivitwcrking onbekend, die de winden op de duinen hebben, voor zo verre die niet met plantgewasfen zyn begroeid. Dat de bergjes op de heijen grootendeels hun oirfprong aan die zelfde oirzaak verfchuldigd zyn, blykt, doordien zy nooit beHaan dan uit een fyn en ligt zand, terwyl de vlakke hey, die'dezelven omringt, een grover, ja fomtyds zelfs een keizelzand bevat, doormengd met brokken, 't- zy van primitivey 't zy van hoornfieenen. Maar het is, inzonderheid, in de groote zandwoestynen van Afrika, dat men zig van de uitwerkinge des winds op het aardryk overtuigen kan, wanner men het zand aldaar in golven ziet opryzen , en ons, de fchildery voorflelkn van een verbolgen zee.. VIII. HOOFD-  C 365 ) VIII. HOOFDSTUK» Bedenkingen over den Ouderdom des Aardkloots. *\l z vraagen, hoe veeleeuwen 'er moeten verhopen zyn, federt de groote* omwentelingen des aardkloots, is eenvoudiglyk te begeeren, dat men vastltelle, of het getal dier eeuwen aanmerkelyk zy, of niet. Want het is geheel anders met de historie des aardbodems dan met die der volkeren, gelegen. De eene geboekt door de hand van menfehen, en derhalve bekrompen en bepaald, gelyk zy lieden, is met aantekening van jaar en dag fliptlyk befchreeven: de andere befchreeven in een majestueufetaal, maar duister voor ons zwak gezigt, is met overblyvende karakters gegraveerd in het groote boek der natuur, waar van wy naauwlyks eenige bladen hebben kunnen ontcyferen, die ons niettemin leeren, dat deeze historie, wier oirfprong zig verliezen gaat in de onmeetbaarheid des tyds, geen datums toelaat noch flipte berekeningen, maar tyamerken en eeneir gewaarwordelyken voortgang.. Ik heb, in het voorgaande hoofdftuk, beweezen', dat de groote omwenteling, die de zeeën in landen veranderd heeft, blykbaarlyk van vroeger datum zy, dan de fchepping van den menfehc. Derhalve', zo 't my vry ftond te rekenen volgens de Afiatifche of Egyptifche chronologie, zou ik reeds een aanmerkelyk getal van eeuwen kunnen aanwyzen, die van laater datum zouden zyn , dan onze omwenteling ; aangezien, volgens diodorus den Siciliaan (V) , de Chaldeen de jaarboeken van "hun ryk tot over de 473000 jaaren terug bragten en dat-, volgens manetiion (c) , de oirfprong der Egyptenaaren 36525 jaaren" agtervvaards weck; terwyl de Chineezen eene nog' grootere oudheid van hunne heerfchappy durven voorwenden. Doch, zonder te willen onderzoeken, tot hoe verre- deeze tydrekeningen kunnen vergroot zyn, is 't my genoeg overtuigd te weezen, dat dezelven al te uitdrukkelyk die van moses tegenfpreken, aangezien zy niet gegrond zyn, dan op de werkelyke generatie , en hierom duif ik de vryheid niet neemen, om 'er gebruik van te. (J>) diod. Sicul, libr. II. p. 145.. (Y) Syncell. p. 53^ Zz 3  ( 3«) te maaken. Ik moet my dan bepaalen tot de tydrekening van mo ses, welke door niemand in twyfcl getrokken kan worden. Niettemin beken ik, dat, wat aangaat het getal der eeuwen, deeze zelfs eene vry groote zwaarigheid oppert, alzo 'er, volgens de rekening der Zeventigen, over de 16 eeuwen meer zyn, dan volgens denHebreeufchen text, denwelken volgende 'er 5791 jaaren federt de fchepping van adam verloopen zyn. Derhalve zyn 'er, uit dien hoofde alleen, reeds byna 58 eeuwen verftreeken federt onze omwenteling. Maar is dezelve onmiddelyk voor de fchepping voorgevallen? Hier fchynt de betooging ons te verlaaten. Waarom moest deeze omwenteling kort voor de fchepping van adam, en niet veeleer eenige eeuwen te vooren gebeurd zyn. Voorts laat ik de beflisfmg hier van aan anderen over, en vergenoeg my, met aan te merken, dat voor die omwenteling een menigte eeuwen moeten verloopen zyn, geduurende de geboorte van die verbaazende banken van conchyliën, waar mede de aloude oceaan is vervuld geweest: geduurende de vorming der fteenkolen-beddingen; en geduurende de uitbarsting van die menigvuldige Vulkaanen, wier verdubbelde beddingen van lava's en andere producten, doorweven met beddingen van hoorens en fchulpen, ons eene zeer ver afgelegene oudheid aankondigen, indien wy ze vergelyken met het gene wy gewaar worden in de thans werkende Vulkaanen. Indien de natuurkundige chronologie zig hier gaat verliezen in de nagt der tyden; wat zal het zyn als men daar het tydmerk byvoegt der vorming van verfchillende foorten van rotfen, die wy primitive noemen, als ook dat van den oirfpring der metaal-aderen? Wat zal het zyn, wanneer men aanmerkt, dat men niet wanhopen moet, door den tyd, onder deeze rotfen van den eerften rang, andere ftoffen te vinden, die op haar beurt, afgezonderde tydmerken zullen inroepen tot haare vorming? De brandende bergen van Peru , die hunne uitbarftingen maaken dwars door graniet heen, geeven een groot gewigt aan dit denkbeeld! De berekening te willen maaken van de eeuwen, die 'er noodig zyn geweest tot voortbrenging der verfchynzelen, welken ons de aardkloot doet zien, voor of na de groote omwenteling gebeurd te zyn, daar door zou men gevaar loopen in onderftellingen te vervallen, welken het programma verbiedt. Ik zal my derhalve bepaalen, om in 't-algemeen te verzekeren , dat, hoe diepzinniger men overweegt en hoe naauwkcuriger men waarneemt de aloude werkingen der natuur, hoe duidelyker men 'er het zegel ingedrukt ziet van eene oudheid, waar van onze geest de grenspaalen niet bereiken kan! Natuurkundigen zyn 'er, die door de Vulkanifche beddingen de oudheid des aardkloots hebben voorgewend te berekenen; maar het komt my niet voor, dat hunne bewysredencn ooit beflisfende kunnen worden: aangezien de beddingen met kruiden, tusfehen die der lava, waar op zy zig vooral grondvesten, hedendaags erkend worden meestendeels niet te beftaan dan uit Vulkanifche asfehen: waar uit dan geen gevolg is af te leiden. Niet meer dan een oogenblik is 'er noodig, om een bedding van asfche voort te brengen, welke de brandende bergen zo overvloedig uitbraaken; maar, daar zouden eeuwen vereifcht zyn geworden, om ieder van  C 3«7 ) van deeze beddingen voort te brengen, wanneer zy-,. gelyk men te voo* ren gemeend heeft, beftonden uit plant-aarde. , De hoogte der Vulkaanen fokt niet kragtiger tot eenige. betooging; alzo een Vulkaan, by zynen oirfprong, door den overvloed van doffen in zyn vuurkolk, veel vaardiger aangroeijingen heeft kunnen maaken, dan tegenwoordig. Het getal der beddingen-doet niet meer ter zaake; aangezien dit afhangt vanr 't getal der uitbarffingen, welke op haar beurt, al te zeer van bykomende omftandigheden afhangen, dan dat men daar op rekening zou kunnen maaken; gelyk dit uit de nog tegenwoordig werkende Vulkaanen blykbaar is. . Ten opzigt van dit onderwerp, beken ik , komen veele zeer derk treffende bewyzen voor, die den waarneemer overtuigen, maar welken hy onmooglyk in genoegzaam licht kan voordellen, tot overreeding van den leczer. Laat ons hier de waarheid by voegen, welke iedereen dagelyks ondervindt, dat alle zaaken zig van twee zyden befchouwen laaten. Hieruit ontdaan zo tegendrydige uitleggingen en gevolgtrekkingen van een en de zelfde verfchynzelen. Wat my belangt, 't is waar dat ik, in de talryke Vulkaanen, zo uitgedoofd als werkende, onverwinnelyk eene zeer groote oudheid befchouw van den aardkloot: maar de tegendrydige verklaaringen van verfchynzelen, welken de bykomende zaaken fchynen te bekragtigen, beletten my, uit de Vulkaanen de bewyzen te trekken, die ik daar in meen te vinden. Terwyl ik, nu, myne leezers overtuigen en niet begoochelen wil, verkies ik liever alle bewysredenen te laateni vaaren, waarde gevolgtrekkingen twyfelachtig zouden fchynen te zyn.. Om deeze reden is het, dat ik geen-gebruik zal maaken van den tyd die noodig is geweest, om de toevallige delfdolfen te brengen tot den daat van volmaakte verdeenihg, waar in wy ze vinden; als overtuigd zynde, dat 'er niets minder beflisfende is dan deeze berekening; alzo de tyd, die tot deeze werking der natuur wordt vereifcht, verfchillend moet zyn, naar de verfchillende hoedanigheden en doffen der lighaamen eu de verfcheidenheid der omdandigheden en plaatfen, waar zy zig bevinden. Niettemin kan ik my niet beletten , hier eene aanmerking by te voegen,, noopens de duuring der uitgedoofde Vulkaanen van Duitfchland, welke ontdaat uit het deenkolig hout, dat men aldaar zo dikwyls gemengd ziet in de Vulkanifche produkten en inzonderheid in 't gedeente, dat men trap noemt. Elders heb ik beweezen, dat deeze Vulkaanen geborenwaren onder de zee: zo lang zy zig daar mede bedekt bevonden, droegen zy noch hout noch plantgewasfen. Het is. dan noodig geweest,- opdat deeze Vulkanifche doffen het hout konden mededeepen en met zig inlyven, 't welk wy daarin vinden, dat niet alleen de zee terug geweekenware of de top van den Vulkaan verheven geworden boven de wateren ;: maar ook, dat dezelve een taamelyk lange ruste genooten had, om haare. zyden te. voorzien van eene genoegzaame veelheid plant-aarde, zo dat zy dit hout hadden kunnen draagen , 't welk door nieuwe vuurdroomen afgerukt ware geworden, gelyk dit nog in onze dagen op den Ethna en Vefuvius gebeurt.- 't Is blykbaar, dat de uitgedoofde brandende bergen ,- wan-  C 368 ) wanneer menze uit dit oogpunt befchouwt, een kragtig bewys uitleveren, ten voordeele van 's aardkloots hoogen ouderdom. Wat zal het zyn, wanneer men deeze bergen in aanmerking neemt, ten opzigt der beddingen van zee-fchepzelen, welke zy dikwyls tusfehen haare Vulkanifche beddingen influiten? Uit dit oogpunt befchouwd, bewyzen de uitgedoofde Vulkaanen, onwedcrfpreeklyk, dat de zee haar een menigte eeuwen heeft moeten bedekken, op dat de fchulpdieren aldaar, geduurende de ruste der Vulkaanen, zo dikke zee-beddingen hebben kunnen maaken, waar van men 'er dikwyls veelen, beiuthoudende met dc beddingen van lava, in een zelfden uitgedoofden Vulkaan aantreft. Dit alles is niet alleen vroegtydiger dan de fchepping van adam, maar zelfs dan de groote omwenteling, welke den aloudcn oceaan in land veranderd heeft; maar het is van nog laater datum dan de vorming der graniet-rotfen en van alle anderen, welken men, tot heden toe, primitive geheten heeft, als ook van de geboorte van derzelver metaal-aderen. Dus brengt de befchouwing van ieder der cosmologifche verfchynzelen, den oirfprong van onzen planeet al verder en verder agterwaards. Wel verre daar van, dat deeze hooge oudheid des aardkloots tegen de religie ftryden zou, verhope ik, met weinig omflag van woorden, te betoogen, dat dezelve meer overeenkomst met den bybeltext, en met de majesteit van God hebbe, dan die ouderdom, welke zig tot 58 eeuwen bepaalt. Aanvanglyk, in 't eerfte hoofdftuk van Genefis fielt de Heilige Schryver ons duidelyk twee tydmerken voor, wier eerfte is de fchepping van 't heelal, met alle deszelfs deelen, de andere de vernieuwing, de herftelling, de wederfamenftelling, of, zo men dit liever wil, de wedergeboorte van onzen planeet. Het eerfte tydmerk wordt uitgedrukt door deeze woorden van het i. vers: In principio Deus creavit (of creaverat) ccelos et terram : in den beginne fchiep God (of had gefchapen) de hemelen en de aarde. Ik zeg creaverat, (had gefchapen,) om dat die vertaaling even zo wel voldoet aan het Hcbreeuwsch woord barah; in zo verre zelfs, dat zeer geleerde aardrykskundige theologanten 'er den voorrang boven de gewoone overzetting aan gegeven hebben (d). Ten andere neemt deeze vertaaling juister de voorgewende tegenftrydigheid weg, welke zekere critici gemeend hebben te vinden tusfehen dit 1. vers en de volgende. Indien derhalve God het heelal van den beginne had gefchapen , is het dan niet veel natuurlyker en met de Goddelyke majesteit overcenkomstigcr, te gelooven, dat dit begin het allereerst af zynde tydmerk, dat vallen kan, bctckene , dan hetzelve niet hooger te doen opklimmen , dan omtrent 58 eeuwen, die flegts een flip maaken in dc eeuwigheid ? In het eerfte geval openbaart God aanvanglyk zyn roem en grootheid: Hy kondigt ten allen tyde een eenvormige, beftendigc en onver- an- (/) Claperede et beybaz, disfert. theolog. de mundi creatione et interim. Gen. 1760. Quarto. p. 25.  C 369 ) anderlyke wil aan; Hy verliest geen oogenblik om zyne weldaaden uit te breiden , en oirfprong te geeven aan den grootst mooglyken bronader van goedheid! Deeze overzetting', eens toegedaan zynde, neemt alle zwaarigheid weg om de verfchillende verfen van Genefis met elkander over een te brengen! Zy voorkomt alle duisterheid noopens het mooglyke verblyf en den tyd der fcheppinge van zo veele verftandige wezens, daar de Heilige Schrift niet alhier, maar zo dikwyls op andere plaatfen van fpreekt! Kan men dit zelfde zeggen van de overzetting, welke de allereerlte fchepping van 't heelal niet hooger dan 58 eeuwen ver doet ftygeu? Daar het Opperfte Wezen zelf onveranderlyk is, en zyne ontwerpen wel famenhangende, behendig en onwrikbaar zyn: daar zelfs een ftandvastige regeling heerscht in de fchakcl van 't heelal: heeft dit niet even zo plaats in ieder van deszelfs deelen. Deeze zyn aan veranderingen en omwentelingen onderhevig, welke, voor ons bepaald gezigt , de vertooning maaken van eene wanorde, maar die waarfchynlyk niet zyn dan uitwerkingen van onveranderlyke wetten, ons onbekend, doch noodig tot de overcenftemming van 't heelal. De verfchrikkelyke fchokkingen, welken de fterrekunde in andere planeeten aanwyst (