720 B 23   PHILOSOPHIE € H I M I Q U E, o u VÉRITÉS FOND AMEN TA LES DE LA CHIMIE MODERNE^ Difpofées dans un nouvel «rdre; P A R A. F, FOURCRÖVj Médecin & ProfeJJeur de Cltimie. (PARIS 1792O A L E I D E, tlitZ A. ET J. HONKÖOP3 MDCCXCIVi  /acad\ \BiEL.y  AVER TIS SE ME NT. A Mefure qu'une fclence fait des pro gr is , ii me fure qtfelle cicquiert des methodes pour perfeStionnet fa marche, les vérités générales s*y multiplient; tellc efi aujourd'hui la chimie. Lts principes de cette fcienct tie font créés que depuis quelques années, déja elle efi riche en corollaires ou en réfultats généraux, qui en renferment tont fenfemble. Une fuite de ces réfultats peut être d'une grande Ut Ui té. Depuis 12. ans fai conflamment chercké cette férie; fen ai déja tracé Fefquijfe un grand nombre de fois dans mes cours, & fur-tout dans ceux que je fais tous les ans a la fuite da cours gén ér al & dé taillé de chimie. En offrant les phénomènes queprèfentent les fluides élafliqucs connus> foit dans leur formation, fait dans leur fixation, £^ dans leur inflence fur toutes les opérations de la nature & d^ ï'art, je pafje en revue toutes les vérités fonda-* mentales de lafcience, & il ré fuite de leur expofè un tableau qui rappelle è la mémoire tous changemens dont les Corps naturels font fufCeptibles dans leurs attraftiont •réciproques. Mais pourréunir ici ces vérités capitales^ il ejl évident qu'H faut choifir avec un grand difcernement celles qui font les plus générales, qui embrasfent tous les faits de la fcience, qui les renferment * doü ils peuvent être tirés Comme des corollaires comme des conféquences immédiates. II faut aufft qu'eUes foient chirement énoncées, fans aucune am<° higuitê, fans amnn doule, fans aucune êquivoquei A a U  CHIMIQUE. 7 enfin elle paflTe a travers les corps en éprouvant une déviation plus ou moins forte, en fe rapprochant de la perpendiculaire ; c'eft ce qui conftitue la tranfparence. II. En paffant a travers les corps tranfparens, elle ■éprouve une réfraction qui eft en raifon directe de Ia denfité de ces corps s'ils font incombuftibles, & qui eft d'autant plus forte qu'ils font plus combuftiblcs. Newton a deviné ainfi la combuftibilité du diamant & 1'exiftence d'un principe combuftible dans 1'eau. III. En fe refrangeant, la lumière fe dccompofe en fept rayons, Ie rouge, 1'orangé, le jaune , le vert, le bleu, Findigo & le violet. Trois de ces couleurs paroiflent fimples , le rouge, le jaune, & le bleu; quatre paroiflent formées des deux voifines , 1'orangé du rouge & du jaune , le vert du jaune & du bleu, Findigo du bleu & du violet, le violet du rouge & de Findigo. Cette décompofition par le prifme eft •tane efpèce d'analyfe de la lumière. IV. La lumière agit encore chimiquement fur les corps, c'eft-a-dire, qu'elle opère des combinaifons & des décompofitions; on en juge par la différence qu'offrent les mémes corps piongés dans la lumière ou privés de eet élément. Les premiers deviennent en général colorés , volatils , inflammables j les feconds out les propriétés contraires. V. Ainfi par 4e contact de la lumière quelques acidse font décompofés , plufieurs fels changent de na- A 4 turej  CHIMIQUE. 9 TlTRE SECOND. A C T I O N DU CALQRIQUE. I. Ce que les hommes nommeat chaleur eft une feufetion produite par un corps que les chimifl.es modernes nomment calorique; quand le calorique eft appliqué h norre corps pjus abondamineiit qu'il n'en contient, notre fyftême s'échauffe & il exifle pour nous de la chaleur; quand au contraire des matières moins éleyées en température que notre corps lui font appliquées, nous fentous du froid, paree que nous perdons du calorique, II. Le calorique pénètre tous les corps; il en écarté les molécules en fe logeant entre elies; il diminue leur attraétion; il dilate les corps ; il fond les fo.lides, & raréfie aflez les fluïdes pour les rendre hmfibles, pour leur donner la forme d'air, pour les convertir en fluïdes élaftiques, compreffibles, aëriformes. .D'après cela les liquides fout des combinaifons de folides avec le calorique, & les gaz des folutions de djfférens corps dans le calorique, qui, par lui-mCme eft la plus divifée, la plus rare, la plus légère, ia plus élaftique des fubftances naturelles; auïfi ne peuten pas apprécier fa pefanteur. III. En écartant les molécules des corps les unes des autres, en diminuant leur attraclion pour ellesmémes, le calorique augmente en même propöftio» Jenr attraétion pour «elles des corps voiflns. C'eft pour A 5 cel^  jo PHILOSOPHIE cela qu'on 1'employe avec fuccès pour produire des combinaifons, pour faciliter les unions réciproques ; de-la 1'axiome corpora non agunt nifi ftluta, les corps n'agiflent que diflbus. IV. Chaque corps ayant une forme différente dans fes molécules & un écartement différent entre elles-, admet une quantité différente de calorique, pour arriver a la même température; c'eft-la ce qu'on appelle capacité des corps pour le calorique. II réfulte de-la que les différens corps élevés a la même température & marquant le même degré au thermomètre , contiennent réellement des quantités différentes de calorique. V. Cette quantité diverfe de calorique contenue dans des corps élevés a la même température , & qu'on nomme avec raifon calorique fpicifique , ne pouvant pas être mefurée par le thermomètre, on a imaginé de la déterminer par la quantité de glacé que chaque corps élevé a une température uniforme eft capable de fondre, pour defcendre au même degré. La ditférence dans cette quantité donne le rapport du calorique contenu dans les corps, & 1'inftrument qui fert è. 1'obtenir eft nommé Calorimètre. VI. Toutes les expériences faites par les phyficiens modernes qui fe font occupés de Ia théorie du calorique, prouvent que les corps en changeant d'état, changent aufïï de capacité. On nomme changement dans les corps, leur folidité , leur liquidité, leur fluidité élaftique. II tuit de-la qu'en mêlant deux corps fo-  C H I M I Q U E. 13 fülides qui ne fe combinent point, élevés a des températures inégales , fi leur capacité eft la même, on obtiendra la moyenne qui réfulte des deux températures; mais ü leur capacité eft inégale, la température du mélange s'éloignera plus ou moins de la moyenne , & la dilférence indiquera la capacité réciproque de ces deux corps. VII. Les phénomènes précédens annoncent que le calorique a des attraftions différentes ou divers degrés d'affinité pour les différens corps. Dans toutes les combinaifons il faut dpnc calculer avec ibin cette attraétion variée du calorique. VIII. Quand les corps s'unifient , ou ils perdent du calorique, ce qui annonce que la nouvelle combinaifon en contient moins que fes compofans, alors 1'opération offre de la chaleur fenfible a nos organes, & la tempdrature des mélanges s'élève, c'eft-ce qui a lieu le plus fouvent dans les expériences; ou bien les corps qui fe combinent abforbent du calorique, & la nouvelle combinaifon contient plus de calorique que fes principes ifolés; alors pendant que ces combinaifons ont lieu, les mélanges fe réfroidifleut, le calorique qui étoit libre entre leurs molécules s'y combine plus étroitement , & il eft même enlevé aux corps voifins. IX. Quelquefois le calorique eft fi adhérent aux corps qu'il les empêche de fe combiner ad'autrcs; c'eft ainfi que plufieurs fondus en gaz ou fluides élaftiques ne s'unifient point a d'autres corps ou entre eux,  CHIMIQUE. 13 XIII. Tous ces faits prouvent que le calorique eft un corps particulier & non une modification de tous les corps, comme Font cru quelques phyficiens; il n'eft pas démontré qu'il foit le meme que la lumière; plus on avance & plus on trouve de différences dans Faction de ces deux corps. Applications de ces axiomes. La dilatation des folides, la raréfaïïjon des fluïdes. Les thermomètres. La fufion. La fublimation, la volatilifation. Le calorimètre; table du calorique fpécifique des corps. Les changemens de température de différens mélanges. Les réfroidiffemens artificiels.' La produ&ion des gaz & leur fixatlon. La dïftillation a différentes températures. L'incandefcence. Les dilFérens conduélenrs du calorique. Les attractions du calorique. " . > . > TlTRE TROISIEME. A C T I O N DE L' A I R. I. L'air agit en maffe par fon poids , par f«n étas hygrométrique, par fa température, &c. fur tous les corps naturels. Ainfi des expériences de combinaifons ou de décompofitions faites avec le contact de Fair  CHIMIQUE. T? que, dc-I^L 1'origine du calorique dégagé , ou de la chaleur produite pendant la combuftion; XII. Tous les corps combuftibles différent entr'eux, 1°. par la rapidité avec laquelle ils abforbent 1'oxigène; a°. par la quantité qu'ils en abforbent; 30. par la proportion de calorique qu'ils dégagent de 1'oxigène abforbé,- 40. & conféquemment par 1'état plus ou moins folide de 1'oxigène qu'ils contiennent apïès avoir brülé. XIII. On peut donc definir les corps brülés des corps combinés avec 1'oxigène; on les nomme auffi. fubftances oxigénées, oxidées, & comme le plus grand nombre des corps connus font ou des corps combuftibles ou des corps brülés, il eft permis de lbupconner que plufieurs corps incombuftibles naturels dont on ne connoit point la compofition, ne font incombuftibles que paree qu'ils font faturés d'oxigène. Ce foupcon a ddja été vérifié pour un certain nombre. XIV. II réfulte de plufieurs des axlomes précédents , que quand on brüle un corps combuftible pour fe procurer de la chaleur, comme 011 le fait pour adoucir la rigueur de 1'hiver, c'eft pour tirer: de l'air lui-même, en plus grande partie au-moins, le calorique qui y eft combiné. On peut même dire que plus l'air eft froid, & plus on en tire de chaleur, paree U'il paffe plus d'air fous un même Volume dans un foyer quand 1'atmofphère eft très-froide. On fait affez que le feu de nos foyers eft bien plus ardent & bienpius vif lorsque l'air fe refroidit tout-acoup, & B i'affc  :8 PIIILOSOPHIï 1'art d'augmenter la combuftion par de l'air condenfé qu'on verfe fur le bois déja chaud, eft fondé fur cc principe. XV. La combuftion ne fe borne donc pas a décompofer l'air de 1'atmofphère, en abforbant un de fes principes, mais elle décompofe encore l'air vital, en abforbant, en fixant, en folidifiant plus ou moins dans le corps combuftible 1'oxigène on la bafe de l'air vital, & en dégageant le diffolvant de cette bafe, le diffolvant de cette bafe , le calorique, en plus ou moins grande quantité. XVï. II y a dans la combuftion uu autre phénomène intéreffant que la chimie moderne eft parvenue a expliquer. C'eft celui du dégagement de la lnmière ou de la produetion de la flamme. II eft prouvé, que la plus grande partie de la lumière qui conftitue la flamme eft contenue dans l'air vital, dont elle forme un des principes; i°. paree que les corps combuftibles donnent beaucoup plus de flamme quand ils brülent dans l'air vital feül, que dans l'air atmofphérique; 20. paree qu'il y a des corps combuftibles qui ne brülent avec flamme que dans l'air vital; 30. paree que pour déga- • ger 1'oxigène des corps qui le contiennent, en air vital , il ne faut pas feulement le fondre par une quantité plus ou moins grande de calorique, mais paree qu'il eft néceflaire d'y ajouter en même-temps de la lumière; °. enfin paree qu'il y a des corps brülés qui par le feul contact de la lumière fe laiflent enlever 1'oxigène: c'eft dans ce fens qu'il faut entendre la propriété de débrüler & la décombuftion, qui a été an- non-  CHIMIQUE. t9 soncée comme un caraétère de la lumière dans le titre premier. XVII. Ainfi on doit regarder l'air vital comme un compofé d'une bafe folidifiable., pefante, acidifiante* Yoxigène, fondue dans les deux diffolvans, le calorique & la lumière, qui font par eux-mémes des corps très-divifés, très-élaftiques & fans pefanteur apprécia* Me; la combufiion confifte dans une précipitation plus ou moins complette de 1'oxigène de fes deux dilibl* vans. XVIII. Un corps combuftible en. brülant dcgage donc non-feulement du calorique de l'air vital, mais encore de la lumière, & chaque corps combuftible fépare une quantité différente de lumière de l'air vital * comme il en dégage une quantité difFérente de calori* que. II eft vraifemblable qu'il y a des corps combus* libles qui dégagent plus de calorique que de lumière de l'air vital, & d'autres qui en féparent plus de lu* mière que de calorique. XIX. L'oxigène fixé dans les corps combuftibles brülés y eft donc plus ou moins privé de calorique 05 de lumière; la denfité, la folidité qu'il acquiert alors eft une des Caufes auxquelles eft due la plus ou moins grande facilité qu'on éprouve pour féparer des corps combuftibles brülés, l'oxigène en air vital. II en eft qui demandent pour cela plus de calorique que de iu* mière, & d'autres plus de lumière que de calorique* XX. Il eft aifé de fentir, d*après tout ce qui a été  24 PHILOSOPHIE a fon contact, les faire bouiller, les difiiller, & les cotnbiner enfuite a l'air. Souvent 1'addition des eendres, des alcalis, des acides légers, fert a diminuer les mauvaifes qualités des eaux , quelquefois même cette addition les fait totalement difparoïtre. La plupart des corps étrangers qui altèrent la pureté des eaux étant en géueral ou beaucoup plus volatils ou beaucoup pius fixes que l'eau , la diftillation eft le moyen le plus fur d'avoir de l'eau pure. Voila pourquoi les chimittes employent toujours de l'eau diltillée dans leurs expériences. XI. L'eau liquide étant une combinaifon de glacé h o & de la quantité de calorique fuffifaute pour élever de o a 60 degrés du thermomètre de Réaumur une. quantité d'eau égale a la fienne, quand on y ajoute du calorique, elle fe raréfie; lorsqu'elle a acquis 80 degvés au-delTus de o, elle prend la forme de gaz, die e(t en vapeurs; alors elle eft bien plus lég6re&que l'eau liquide, elle occupe un volume beaucoup plus confidérable, elle pénètre facilement tous les corps elle fe diflbut bien dans l'air; fon effort expanfif par une élévation de température, la rend fufceptible de mouvoir des malfes énormes. XII. Comme l'eau liquide abforbe de l'air qui k rend légère, l'air abforbe aufli de l'eau & la diflbut; telle cit la caufe de 1'évaporation de l'eau. Cette disfolution de l'eau dans l'air, eft fèche & invilible comme lui; elle luit la raifon de la température de 1'atmofpbère ; l'hygrorrètre n'indique point exaótement cette eau, il n'dtpoint altérépar une diflblution com- plette ,  CHIMIQUE, a5 plette , mais il marche en raifon de l'eau qui va fe diflbudre, & fur-tout de celle qui fe précipite. XIII. L'eau n'eft point un corps fimple comme on I'a cru fi long-temps. En faifant brüler avec aélivité un grand nombre de corps combu^ibles plus ou moins échaulfés , comme le charbon & le charbon de terre déja allumés, le fer rouge, le zinc fondu & rouge, 1'huile, &c. l'eau fe décompofe; elle dépofe dans les corps combufiibles l'oxigène qu'elle contient. XIV. A mefure que l'oxigène de l'eau fe fixe dans les corps combuftibles qu'elle allume, fon autre principe fufceptible de fe diflbudre dans le calorique, forme le gaz inflammable qui fe dégage. Comme ce fecond principe eft un des élémens de l'eau, on 1'a noirtmé hydrogène, & gaz hydrogène fa diffblution fluide élaflique dans le calorique & la lumière. Le dégagement de ce principe en gaz qui a lieu toutes les fois que l'eau eft décompofée par un corps combufiible, eft la caufe d'un grand nombre de détonations & de fulminations. XV. Le gaz hydrogène qu'on obtient dans un grand nombre d'expériences vient toujours de l'eau, foit originairement & p ar 1'effet d'une décompofition ancienne qui fa fixé en hydrogène dans différens corps , foit par une décompofition inftantanée de l'eau elle- même. Ainfi tout gaz inftammable vient de l'eau. XVI. Des expériences multipliées ont prouvé que l'eau contient a-peu-prés o, 85 d'oxigène, & o, 15 B 5 d'ny-.  s6 PHILOSOPHIE d'hydrogène: Iafynthèfe de l'eau, une des plus magnlfiques découvertes de la chimie moderne , connrme 1'analyfe de ce corps; car en uniflant par la combus» tiono, 85parties d'oxigène & o, 15 d'hydrogène, on obtient 100 parties d'eau pure. XVII. Quand l'eau eft décompofée par un corps combuftible, cela ne fe fait que par'une doublé affinité , celle de l'oxigène de l'eau pour le corps combuftible , & celle du calorique pour 1'hydrogène de l'eau. C'eft pour cela que la décompofition de l'eau par le fer, le charbon, &c. fe fait d'autant plus vite qu'il y a plus de matière calorique employée dans 1'expérience, On concoit par cette néceflité d'une abondance extréme de calorique dans cette opération, comment 1'hydrogène , un des élémens de l'eau, peut acquérir une légéreté fi grande au-deffus de celle de ce fluide; cn effet un pied cube d'eau pefant 70 livres, un pied cube de gaz hydrogène pur ne pèfe que 61 gralns. XVIII. Le gaz hydrogène , toujours produit par la décompofition de l'eau, entraine avec lui beaucoup de corps en fufpenfion ou en difiblution, fuivant la nature plus ou moins mélangée des corps d'oü il fe dégage ; ainfi il eft mêlé de gaz azote, de gaz acide carbonique, d'air vital; ou bien il tient en difiblution, de l'eau, du carbone, du foufre, du phofphore, de 1'arfénic, de 1'huile, de 1'alcool, de Féther, &c. Suivant ces différentes fubftances additionnelles a fa compofition intime, il varie dans fon odeur, fa pefanteur, fon inflammabilité, Ia couleur de fa flamme, fon action fur différentes fubftances, ainfi que par les produits étran."  CHIMIQUE. 37 animales fourniflent de 1'ammoniaque dans la putréfaction. XVII. Si 1'azote eft reconnu quelque jour comme le principe qui forme les alcalis , Fathmofphère fe trouvera Être un compofé d'oxigène & d'alcaligène , fondus , chacun féparément dans le calorique; elle offrira un valle réfervoir , oü le phyficien verra la nature puilant les matériaux des deux clalFes d'agens compofés, les plus aétifs & les plus utiles pour un grand nombre de fes opcrations. Applications des propofuions de ce titre. L'extraction , la préparation & puriflcation des terres. La théorie des arts du potier , du briquetier, du tuilier, du faïencier, de la porcelaine. La théorie des cimens & des mortiers. Les combinaifons réciproques des terres par le feu. La lithogéognofie. La nature compofée des terres & des pierres. Les altérations naturelles des pierres. Les changemens des couleurs par les alcalis. La vitrification, les procédés des verriers. L'extraétion & la puriflcation de la portalTe & de la koude. La théorie des cauflaques alcalins. Quelques points de .la putréfaction. C 3 Tv  CHIMIQUE. 4? ietirs partielles, des volcans, des changerrietis perpétuels de la furface de la terre, &c.; & dans 1'existence des feconds, la diverfité & le nombre des aci■ des, des fels compofés, des oxides & des fels métalliques qui varient de mille manières Pafpect des mines, leur décompofition réciproque, leurs altérations par Peau Pair & la lumière; enfin, on trouve dans les végétaux des machines que la nature a organifées , pour combiner intimement plufieurs de ces corps combuftibles les uns avec les autres, & pour en former des compofés d'autant plus utiles a fes grands defleins, qu'ils font moins durables & moins penna* nens. Applications principaks de ces axiomes* L'hiftoire détaillée de la combuftion de chaque corps eombuftible en particulier. L-'hiftoïrc des terreins fulfurés , de Pacide fulfuri* que natif. Les phénomènes des gaz inflammables naturels dans les carrières, les mines, 1'atmofphère, &c. Les propriétés des fulfures terreux, alcalins & métalliques. Les converfions des fulfures en fulfites & en fulfates par Paction de Pair & de l'eau. Les propriétés, Pextraétion, les combinaifons da phofphore; les phofphures métalliques. L'exiftence des carbures métalliques dans la nature. Les phénomènes tenant a la denfité , a la pefanteur, a la ductilité , a. la fufibilité des métaux. Les propriétés des alliages & leurs utilités. La  4* puil o som xe La formation des mines fecondaires, de transporti rles fels métalliques naturels. Les volcans , les eaux fnlfureufes & thermales. Les bitumes, la comparaifon du foufre, du chari bon, des corps combuftibies fimples avec les huiles j &c. &c. Titre septième. tokmation et decomposition des acides: I. Tous les acides fe reffemblant par leur faveur, leur manière de colorer en rouge les fubftances végé* tales, leur tendance pour s'unir aux terres, aux alcalis & aux oxides métalliques, ainfi que par leur pro» priété d'attirer & d'être attirés fortément, comme le difoit Newton , il étoit naturel de penfer qu'ils fe rèsfembloient auffi dans leur nature intime , & qu'ils avoient quelque principe homogène. C'eft auffi ce que Fanaiyfe chimique, aidée par les nouveaux moyens qui font en fa puifiance, a mis hors de doute. ii. Tout acide contenant de l'oxigène & perdant de fon acidité a mefure & a proportion qu'on lui enlèVe ce principe, on doit concevoir les acides comme des corps brülés ou oxigènés , qui fe rapprochent tous les uns des autres par la préfence du principe acidifiant. III. Tl y a deux manières de connoïtre la nature des ncides; 1'une de les former, de les compofer de'toute p'.èce en brülant, en uniflant a l'oxigène les corps qui font-  C H I M I Q U É. 49 font fufceptibles de le devenir par cette union; 1'autre de les décompofer, de les dèbrüler, en leur enlevant l'oxigène par des corps qui orit beaucoup d'affinité avec ce principe. IV. Confidérés fous ce dernier point de vue , tous les acides connus peuvent être partasés en trois clasfes , favoir, 1°. ceux qui peuvent être compofés & décompofés , & qu'on connoïr le plus complétement; 2°. ceux qu'on peut feulement compofer, mais qu'on; ne peut décompofer; ceux-ei font encore bien connus ; 30. ceux qu'on n'a ni compofés ni décompofés, & dont ne connolt pas du tout la nature. V. Sur prés de 30 efpèces d'acides connus, comme iln'y en a que trois efpèces, a la rigueur, qui font dans le dernier cas , qu'on n'a pu ni compofer ni décompofer, & dont on ignore conféquemment la nature, cela n'empcche pas qu'on regarde cette clafle de corps comme bien déterminde , & qu'on pui (Te les confidérer dans leurs propriétés générales & par rapport a leur compofition. VI. Tous les acides étant des compofés d'oxigêne avec différens corps, le premier principe eft la caufe de leur refiemblance, de leurs'propriétés communes, & le fecond, différent dans chacun d'eux, peut fervir a les caraélérifer en particulier. C'eft pour cela qu'on nomme les matières qui varient dans les acides, les rad/eaux, les acidifiables. VII. Ainfi tous les acides font des combinaifons de D ra-  5P PHILOSOPHlE radicaux ou de matières acidifiables, différentes daffis chaque efpèce, avec l'oxigène qui eft le même principe dans tous; d'oü il fuit que leurs propriétés communes, leurs caractères d'acides dépendent de l'oxigène, leurs propriétés particulières, leurs caractères fpéciliques font dus k leurs radicaux. VIII. Le mot acide indiquant la nature générale & identique de ces corps, forme le nom générique, & le nom particulier du racUcal qui y eft contenu, peut & doit lervir a défigner chaque acide en particulier. Ainfi le foufre eft le radical de 1'acide nommé fulfurique, le phofphore celui du phofphorique, le carbone eelui du carbonique, &c. IX. Quoique cette nomenclature aït 1'avantage d'exprimer la nature de chaque acide, elle n'a pas pu être employée pour tous , foit paree que le radical de quelques-uns eft inconnu, foit paree qu'il eft lui-même un compofé de plufieurs principes qui exigeroient des mots trop multipliés pour être défignés. X. Les radicaux acidifiables peuvent contenir des quantités différentes d'oxigène , & ils ont fuus ce point de vue deux états d'acidité ; le premier eft celui oü ils cóntiennent le moins d'oxigène poflible pour être acides. Alors leur acidité eft ordinairement trèsfoiblc , & ils ne tiennent que légèrement aux bafes fufceptiblcs de former avec eux des fels. Dans la nomenclature méthodique moderne, on rend conipte de eet état de combinaifon & d'acidité, en terminant les noms de ces acides foibles, en eux. C'eft ainfi qu'on  CHIMIQUE, $ ^u'on dit les acides fuïfureux, nitreux, phofphereux, acéteux, tartareux, &c. Le fecond état des acides eft celui oü ils cóntiennent plus d'oxigène, oü ils en font ordinairement compiétement faturés ; alors ils ont toute -la force , toute 1'attraélion qu'ils peuvent avoir; & eet état efi exprimé dans la nomenclature par la terminaifon en ique; ainfi on dit les acides fulfurique, nitrique, phofphorique, acétiqile. XI. Par rapport a la proportion de l'oxigène ttni aux radicaux acidifiables, on peut encore donner une plus grande latitudc aux confuférations préfentées dans le précédent article. Chaque radical peut étre coufidéré dans quatre états; i°. contenant trés-peu d'oxigène , pas aftez pour lui donner encore la nature acide, alors il n'efl qu'un oxide; tel eft lc foufre coloré en rouge ou en brun par 1'expofition a l'air & par la chaleur infuffifante pour 1'enflammer: c'eft deYoxide de foufre; z°. contenant plus d'oxigène que dans le premier cas, aflez pour étre déja un acide foible; tel èfl 1'acide fuïfureux , &c.; 3°. contenant encore plus d'oxigène que dans le fecond cas , & devenu un acide puifiant: tel efi: 1'acide fulfurique; 40. enfin contenant une dofe d'oxigène au-dela de celle qui le eonfti-. tue acide puifiant, acide en ique; alors on le nomme geide oxigenê, ou même furoxigené. XIL D'après les confidérations précédentes, on a deux manières de former a volortté les acides avec ces proportions diverfes d'oxigène, 1'une eft de combinef leurs radicaux avec les quantités déterminées d'oxigèSe néceffaires pour les mettre dans 1'état que 1'on de* D 2 fires  $6 PHILOSOPHIE C. L'acide nitrique, liquide, blanc, cauttjque, d'une odeur forte & nauféufe, formé d'azote & d'oxigène, enflammantle foufre, le charbon, lezinc, 1'é* tain, les huiles, perdant par les corps combuftibles des proportions variées d'oxigène, & donnant naisfance ainfi a l'acide nitreux, au gaz nitreux, détruifant les couleurs , brülant & jaunilfant les matières végétales & animales, les convertilfant en acides, décompofant 1'ammoniaque, produit par les matières animales en putréfaétion , formant les nitrates avec les terres & les alcalis , reftant peu uni aux oxides métalliques & tendant a les acidifier. D. L'acide nitreux, acide nitrique moins un peu d'oxigène, en gaz rouge ou orangé, très-volatil, décolorantles végétaux, devenant bleu & vert avec l'eau, jaunilfant l'acide nitrique auquel il eft uni en diverfes proportions, donnant du gaz nitreux par le contact des combuftibles, formant les nitrites avec les terres & les alcalis. E. L'acide carbonique, formé de carbone o, 28, & d'oxigène o, 72, gaz plus lourd que l'air & le déplacant, rempHflant des cavités fouterraines, fe dégageant des liqueurs en fermentation vineufe, éteigJiant les bougies allumées, tuant les animaux, rougilfant feulement les bleus végétaux légers , précipitant l'eau de chaux en craie, redilfolvant Ia craie dans l'eau, minéralifant les eaux acidulcs , la baryte, la chaux, lecuivre, le fer, le plomb dans les carrières & les mines, formant les carbonates avec les terres, les alcalis & les oxides métalliques. F. L'a-  C H I M I Q U fel S? F. L'acide phofphorique, compofé de phofphore & d'oxigène unis par combuftion rapide & complette, liquide, épais ou folide, vitrifiable par le feu , dislolvant le filice dans fa vitrification , décompofable par le carbone qui le rappelle a Fétat de phofphore, & formant des phofphates avec les terres, les alcalis & les oxides métalliques. G. L'acide phofphoreux ne diffère du phofphorique que par moins d'oxigène, volatil, odorant, enlevant l'oxigène a beaucoup de corps, formant des phofphites avec les bafes terreufes , alcalines & métalliques. H. L'acide arfénique formé du métal arfénic & d'oxigène (la combuftion ne réduit Farfénic qu'en oxide; l'acide nitrique ou l'acide muriatique oxigené ajoute a eet oxide la quantité d'oxigène néceffaire pour qu'il devienne acide arfénique; ) fixe, fufible en verre , décompofable par une grande quantité de lumière & de calorique, ainfi que par beaucoup de corps combuftibles , formant des arféniates avec les terres , les alcalis, & les oxides métalliques. L'oxide d'arfénic s'uniffant auffi avec les bafes, peut être regardé comme une efpèce d'acide arfénieux. I. L'acide tunftique, compofé du métal tungftène & d'oxigène, en poudre blauche ou jaiulatre, fixe, infufible , peu diffoluble, réduclible en tungflène par Fhydrogène , le carbone &c. formant le tunftate de chaux natif nommé pierre pefante, & le tunftate de fer natif ou le volfram des minéralogifies. D 5 K. L'a-  58 PHILOSOPHIE K. L'acide molybdique , compofé du mdtal mo« lybdène, d'une faveur apre & métallique comme les deux précédens, en poudre blanche, devenant bleu par le contact des corps qui le réduifent, & repaflant; par la perte de l'oxigène a 1'état de molybdèue. Acides de la ID. dafje a radicaux inconnus. XIX. Les acides a radicaux inconnus, & foupconnés fimples, font au nombre de trois ; favoir, l'acide muriatique, l'acide fluorique, & l'acide boracique. A. L'acide muriatique , gazeux ou fluide, d'une odeur piquante, inaltérable par tous les corps combuftibles connus , enlevant au contraire l'oxigène a beaucoup de corps brülés, & fur-tout aux oxides métalliques , devenant alors acide muriatique oxigené ; celui-ci eft remarquable par fa couleur jaune verddtre , fon action épaifliffante & reflerrante fur les organes des animaux, fa propriété de décolorer les fubftances végétales, de brüler & d'enflammer la plupart des corps combuftibles , & celle de former avec la potafle un fel qui met rapidement le feu aux matières inflammables chauffées & qui donne l'air vital le plus pur connu. B. L'acide fluorique, gazeux, formant dans 1'air une vapeur blanche très-épaiflè, rongeant le verre, diffolvant la terre filicée , formant avec cette terre un gaz permanent, dont l'eau fépare une partie de la filice. C. L'a-  C H I M I Q U E. fg C. L'acide boracique , fee , crdhllifé en lames hexaedres, fufible en'verre, peu fapide, düfolubleT fondant avec la filice, ayant des affinités trés- foibles^ & ccdant les bafes terreufes & alcalines a presque tous les autres acides. Acides de la III" clafje a radicaux binaires. XX. Les acides a radicaux mixtes ou compofés binaires, nppartiennent fpécialement aux végétaux, cc font formés par 1'union de 1'hydrogène carboné ou du carbone hydrogené avec l'oxigène en différentes proportions, ce qui explique comme il a été dit plus haut, leur converfion réciproque les uns dans les autres. Ces acides étant aflez nomb'reux , & pouvant encore le devenir davantage par les découvertes cfe tous les jours, je les ai divifés en cinq genres, par rapport k leur nature & a leur formation. Le premier genre renferme les acides purs formés dans les végétaux , en y comprenant l'acide fuccinique qui a une origine manifeftement végétale : il y a cinq efpèces dans ce genre , favoir l'acide fuccinique, l'acide cïtrique , l'acide gallique , l'acide malique cc l'acide benzoïque. Le fecond genre comprend les acides végétaux tout formés, mais en partie faturés de potasfe; on les nomme acidules; il y en a deux efpèces, 1'acidule tartareux, Pacidule oxalique. Dans le troifième genre, je range les acides particuliers formés par l'action de l'acide nitrique, & par la précipitation de fon oxigène fur les fubftances végétales; il n'y a encore que l'acide camphorique de diftinct dans ce genre. Dans lequatrième je place les acides que Pon for-  C H I M I Q U É. 6$ *Ë. L'acide formique, tiré des fourmis par la distillation ou 1'expreflion avec dé l'eau, rougiflant les fleurs bleues dans les infectes vivans, s'en dégageant en une vapeur odorante trés-forte, aualogue par Fodeur au müsc , tuant les animaux fous cette forme de gaz, pouvant fervir aux ufages économiques comme le vinaigre, décompofable par un grand feu, enlevant l'oxigène a l'acide muriatique oxigené, fouvent plus fort que l'acide fulfurique, formant avec les alcalis & les terres des fels criftallifables & non déliquefcens. F. L'acide bombique , cohtenu dans un réfervoif placé prés de Fanus de la chryfalide du verre a foie * extrait de ce réfervoir, foit par 1'exprefllon, foit par 1'alcool, mêlé d'une huile brune & d'une gomme dans de ver, liquide, d'une couleur jaune ambrée , décompofable fpontanément, donnant de l'acide prusfique par la diftillation & l'acide nitrique; inconnu dans fes combinaifons. G. L'acide pruflique , faturant le fer & le colorant dans le bleu de Pruffe, obtenu aujourd'hui par la diftillation du fang, par 1'aétion de Facide nitrique fur 1'albumine, le gluten, les fibres animales, &c. & fe dégageant h mefure qu'il fe forme de l'acide oxalique, remarquable par une odeur fétide & vireufe analögue fi celle des amandes amères, trés-décompofable par un grand feu & donnant alors de Pammoniaqüe, fufceptible de prendte la forme de gaz , erilevant les Oxides métalliques a un grand nombre d'autres acides^ ponvant être formé de toutes pièces par Funion dé E F'hy-  PHILOSOP1IIE 1'hydrogène, dn carbone, de l'azote & de l'oxigène peu acide dans fa faveur, contenant a ce qu'il parolt trés-peu d'oxigène. XXII. II réfulte de tout ce qui a été établi dans les numéros précédens , que tous les acides divifés en deux clalfes, par 1'état fimple ou compofé de leurs raJicaux, différent fur-tout entre eux paree que les premiers ne peuvent pas être convertis les uns dans les autres, attendu qu'il y a fort loin des propriétés d'un radical fimple, du foufre par exemple, a celles d'un autre, tel que le phofphore , & qu'il faudroit commencer par convertir réciproquement leurs radieaux, ce qui efi bien loin d'être au pouvoir de l'art; lesfeconds acides au contraire formés en général d'une bafe compofée d'hydrogène , de carbone & d'azote, unie k l'oxigène,paroiflent ne difterer les uns des autres que par les proportions diverfes des deux ou trois principes qui entrenr dans la compofition de leur radical, & par celle de l'oxigène qui lui efi uni, tendent k éprouver lans cefie des variations dans leur compofition , les éprouvent fur-tout par des changemens de température, d'hümidité, &cf, & paffent fpontanément a différens états; c'eft ainfi que par les feuls efforts de la végétation , les plantes cóntiennent des. acides divers a différentes époques. C'eft ainfi que les diffolutions des acides végétaux dans l'eau s'altèrent, changent de nature, & finifiènt par donner toutes une quantité quelconque d'acide carbonique & d'eau, en fe réduifant k leur dernier terme de décompofition. XXIII,  CHIMIQUE. 6? XXIII. En faififlant bien ces vérités, il eft facile de fentir qu'il refte encore non-feulement a découvrir ia nature de plufieurs acides dont on ignore la compofition, mais encore un nombre peut-être affez confi» dérable de nouveaux acides dans les plantes & dans les animaux. Car parmi les ;produits de ces êtres organifés dont on a commencé a rechercher les principes , on eft bien loin d'avoir épuifé toutes les combinaifons pofiibles, que Je plus léger calcul fait appercevoir, entre le carbone , 1'hydrogène , l'azote & l'oxigène. C'eft a eet ordre de recherches & de découvertes qu'on doit rapporter 1'examen des acides indiqués dans le üège, dans les pois-chiches, & dans beaucoup d'autres matières végétales, ainfi que celui de l'acide 'du caillot de fang, acide craorique, de l'acide du fuc gaftrique, &c. On reconnottra aufii paf lés articles du titre fuivant, que la plupart des métaux brülés paroiflent rentrer dans la clafle des acides, & fe comporter comme ces fels dans un grand nombre de combinaifons, de forte que les corps acides femblent être les plus nombreux & jouer le plus grand róle dans les altérations chimiques qu'éprouvent fans cefle les corps fimples & compofés. Applications des axiomes fur les acides. La formation artificielle de l'acide fulfurique, par la combuftion du foufre en grand. La décoloration des linges & étoffes blanches, par l'acide fuïfureux. Les arts nouveaux de blanchimertt, par l'acide mu«» ïiatique oxigené.- ïs Is  ÓS P III L O S O P III E La théorie de Veau régale. L'art de graver fut le verre avec l'acide fluorique. Une portion de la théorie de la formation des nitrieres artifkielles. L'exiftence & la formation des acides naturels connus. L'influcnce des acides dans la minéralifation. L'extraclion & la puriflcation des acides & acidules végétaux. La formation & la deftruction fpontanée des acides végétaux. Leur converfion réciproque les uns dans les autres. Titre huitième. de l'union des acides avec les terres et les. alcalis. I. Tous les acides s'uniflent fans décompofition avec les terres alcalines & les alcalis; ces combinaifons ont été nomreées fels neutres, fels moyens, fels compofés, fels fecondaires; elles ne mentent les deux premiers noms que lorsqu'elles ne font ni acides ni alcalines; les feconds font plus exacts & plus utiles. L'art fait facilement tous ces fels; la nature en préfente un aflez grand nombre, fur-tout ceux qui font formés par les acides a radicaux fimples. La mineralogie gagne tous les jours dans ce genre de fconnoisfances par 1'analyfe des minéraux qui feule peut tn faire connoitre la nature intime. IL  CHIMIQUE. 6t) II. Tous les fels compofés doivent porter deux noms; le premier indique l'acide, le fecond la bafe terreufe ou akaline. La terminaifon des premiers noms des fels eft doublé & annonce 1 état de l'acide; les mots terminés en ate appartiennent aux acides fatui és d'oxigène qu'on déligne par une terminaifon en ique; ainfi les nitrates font formés par l'acide nitrique; les mots terminés en ite défignent les acides foibles & non faturés d'oxigène dénommés comme on lait en eux; ainfi les nitrites font compofés d'acide nitreux. III. Comme il y a 34 efpèces d'acides connus, & 7 bafes terreufes & alcalines qui peuvent Être unies pour former des fels compofés, on pourroit élever le nombre de ces fels a 238 efpèces; mais ce calcul ne feroit rien moins qu'exaét. i°. Paree qu'il n'y a que quelques acides qui peuvent s'unir a la filice; 2". paree qu'il y en a d'autres qui ne peuvent pas s'uuir a quelques bafes terreufes en raifon de leur foibleflè, ou èi 1'ammoniaque lans la décompofer ; 3°. paree qu'il y[a plufieurs acides qui peuvent Être unis aux mêmes bafes de trois manières, ou s'arrèter a trois états de faturation avec ces bafes, favoir avec excès d'acide, dans 1'état neutre, & avec excès de bafes. On ne peut pas non plus fixer exaétement le nombre des fels neutres terreux & alcalins, paree qu'on eft fort éloigné d'avoir affez examiné toutes ces combinaifons pour les bien connoitre, & pour déterminer fi elles ne font pas fufceptibles de plufieurs faturations, Sec. IV. Tous les acides ayant pour chaque bafe-terreuE 3 fe  p> PHILOSOPHIE XXII. genre, les Camphorates. XXIII. genre, les Pyromucites. XXIV. genre, les Pyrolignites. XXV. genre, les Pyrotartrites, XXVI. genre, les Acétates. XXVII. genre, ]esAcÉTiTES. XXVIII. genre, les Lactates. XXIX. genre, les Sacchqlates. XXX. genre, les Sé bat es. XXXI. genre, les Lithiates. XXXÏI. genre, les Formiates. XXXIII. genre, les Bombiates. XXXIV. genre, les Prussiates. VII. Chacun des 34 genres de fels compofés dont on vient de préfenter le dénombrement doit être confidéré par rapport a fes caraélères diftinélifs, ou aux propriétés qui peuvent le faire diffingucr de tous les autres & donner une idéé nette des différences de tous, ces genres. II faut pour cela choifir parmi les propriétés qu'ils préfentent une feule s'il eft poffible, 011 au plus deux ou trpis propriétés quifojent bien tranr chées & qui conflituent un caraétère elfentiel a chaque genre. On va effayer d'esquiflèr ici ce travail. h gen-  CHIMIQUE. 75 L genre, Sülfates; décompofables par le charbon , &c. en fulfures. II. genre-, Sulfites; donnent par le contact de presque tous les acides, Fodeur du foufre qui brille avec une effervefcence. III. genre, Nitrates; allumant les corps combuftibles a diverfes températures , & fe réduifant pres» que tous a leur bafe par 1'action du feu. IV. genre, Nitrites; décompofables pnr les acides foibles qui en féparent la vapeur rouge nitreufe. V. genre, Careonates; laiffant plus ou moins faillants les caractères de leurs bafes ; faifant avec tous les acides une effervefcente vive & fenfible jusqu'au dégagement total de leur acide carbonique. VI. genre, Phosphates; décompofables médiatement ou immédiatement par le charbon qui en fépare le phofphore. VIL genre, Phosphites; décompofables tous immédiatement par le charbon qui en fépare le phosphore, & donnant des vapeurs par le contact de l'acide fulfurique, Sjc. VIII. genre, Arséniates; donnant par ur\ grand feu 1'odeur & la vapeur blanche d'arfénic. IX. genre, Tünstates ; devenant jaunes par les acides nitrique ou muriatique, ' E 5 X. geu-  f4 PHïLOSOPHlEi X. genre, Molybdates ,• on ne les reconnoit encore que lorsqu'on en a féparé l'acide molybdique par d'autres acides. XI. genre, Muriates; donnant de l'acide ro* natique par l'acide fulfurique concentré, & de l'acide muriatique oxigené par l'acide nitrique. XII. genre, Muriates oxigenés; allumant tous les corps combuftibles a une température plus baffe que ne le font les nitrates , avec une flamme plus vive ; & reftant dans 1'état de muriates après cette combuftion. XIII. genre, Fluates; donnant une vapeur qui ronge le verre, par le contaét de l'acide fulfurique concentré. XIV. genre, Borates; fufibles avec ou fans féparation de leurs bafes, donnant de leur diflblution unie a un autre acide , l'acide boracique en criftaux feuilletés. XV. genre, Succinates; on ne peut les re? connottre & les caractérifer qu'en les décompofant & en obfervant leur acide ; la plupart confervent 1'odeur du fuccin brnlé. XVI. genre, Citrates; pas affez connus pour qu'on y trouve des caraétères génériques; il faut pour les diftinguer en féparer l'acide citrique par les acides minéraux les plus forts. XVII,'  CHIMIQUE, ^ XVII. genre, Gallates; ils font tous trés» caractérifés par leur propriété de précipiter les diflblu» tions de fer en noir, & de réduire en partie les oxides d'argent, d'or & de mercure en les féparant de leurs diflblutions. XVIII. genre, Malatesjpresque tous déliquescens; on ne peut les reconnoïtre qu'en obtenant leuracide a part a 1'aide des acides minéraux. XIX. genre, Benzoates ; on en détermme la genre en rcconnoilfant a fon odeur l'acide benzoïque qu'on en fépare par des acides plus puiflans. XX. genre, Tartrites; on trouve des caractères affez tranchés , pour diftinguer ces fels, dans leurtendance a former des fels triples, & des acidules moins folubles que ne le font & l'acide pur & les fels neutres que eet acide tartareux forme avec let bafes. XXI. genre, Oxalates; leurtendance h former des acidules peu diffolubles & la propriété qu'ils ont de décompofer tous les fels calcaires, peuvent les caractérifer, XXII. genre, Camphorates; on les connort trop peu pour pouvoir leur afligner des caractères génériques ; c'efl: a la préfence & aux propriétés de l'acide camphorique obtenu a part qu'on pourra les diftinguer. Xxm.,  jtf PHILOSOPHIE XXIII. genre, Pyromucites; dans le même tas que les camphorates. XXIV. genre, Pyrolignites; comme les pyxomucites. XXV. genre, Pïrotartrites; comme les trois genres préeédens. XXVI. genre, Acétates; encore trop peu distinguds des acétites , donnant dans leur décompofition par les acides mindraux , une vapeur blanche trés - forte & très-piquante. XXVII. genre, Acétites; tous rcconnoiftables par leur acide dégagé a 1'aide d'acides plus piquans. XXVIII. genre, Lactates; trés-peu connus; leur acide féparé par d'autres peut feul les caractérifer. XXIX. genre, Saccho-lates; comme les lactates; inconnus. XXX. genre, Sebates; donnant la vapeur blanche & 1'odeur acre de l'acide fébacique, par le contact, des acides miuéraux les plus forts. XXXI. genre, Lithiates; les plus foiblcs de tous les fels dans leurs attractions j décompofables même par l'acide carbonique. XXXII.  CHIMIQUE; vfr XXXII. genre, Formiates; trés-peu connus, & feulement reconnoiffables par leur acide. XXXIII. genre, Bombiates ; comme les for» miates. XXXIV. genre, Prussiates; trés-bien caractérifés par leur propriété de former avec les diffolutions de fer du bleu du Pruffe. VIII. Pour déterminer les caractères fpécifiques des 340 efpèces a-peu-prés que cóntiennent ces 34 genres , il faudroit en faire une étude approfondie, & la fcience eft encore fort peu avancée a eet égard. Au défaut de ces connoiffances, il eft elfentiel de déterminer au moins la marche qu'on doit fuivre pour compléter 1'hiftoire de ces compofés, & de fixer exaétement la méthode d'en étudier les propriétés. Chaque fel compofé terreux ou alcalin préfente k 1'obfervateur, i°. La forme, & les variétés de cette forme, elle doit être décrite géométriquement; on doit indiquer 1'inclinaifon & les degrés des angles , la formation primitive des criftaux, la forme intérieure, leur disfection & les loix de décroilfement qui en déterminent les variétés. 20. Son exiftence dans la nature ou dans l'art; la comparaifon du fel naturel & du fel artificiel. 30. La faveur. 4?. L'aétion du feu, ounulle, ou fondant, vitrifiaut, fublimant, décompofant, &c. 50. Celle de la lumière. 6°. L'llV  CHIMIQUE. coup de phénomènes de la nature & de Tart qui font encore piongés dans une grande obfcurité. X. On connolt déja quelques combinaifons falines d'un acide avec deux bafes, fur-tout la magnéfie & 1'ammoniaque; ces compofés portent le nom de trifu/es ou de fels tripels; mais il en exifte un bien plus grand nombre qu'on ne foupconne même pas aflez, & qui appellent toute 1'attention des chimifies, La terre récèle également a fa furface & dans fes cavités fiiperfkielles , des compofés falins qui different de ceux que produit l'art par 1'exiftence fimultanée de deux bafes ou même de deux acides : on a trouvé déja le borate de chaux & le borate de magnéfie cristallifés enfemble dans le quartz cubique, le phofphate de chaux & le fiuate dans la terre de Marmaroch, la pierre de FEfiramadure, &c. Applications des propoptions de ce titre* La connoiflance des fels naturels. La criftallifation, la purification des fels utiles. Les phénomènes des diflblutious. Les précipitations & la préparation de 1'alumine, de la magnéfie , &c. L'attraftion de la chaux, de la potafle, de la fouh de, de 1'ammoniaque, pour les acides. La formation des fels neutres dans la nature. Tous les détails de la halotechnie. La préparation des acides nitrique , muriatiqu» j boracique, &c.  98 PHILOSOPHIE trés-décompofable par ces corps, & ils s'unifleni alfez folidement avec les oxides métalliques; plufieurs font repafler ces oxides a 1'état de métaux. XXVI. Les oxides métalliques ne peuvent s'unir aux acides & fur-tout y refter unis, qu'autant qu'ils cóntiennent des proportions déterminées d'oxigène; en-deca de ces proportions ils ne s'y uniffent point , au-dela ils les abandonnent. XXVII. Outre cette vérité générale, il en eft en» core une du même ordre & particuliere a chaque acide & a chaque métal ; c'eft que chacun d'eux ne peut refter réciproquement uni, que dans des limites fouvent très-étroites d'oxidation. II y a une proportion d'oxigène déterminée dans la combinaifon d'un acid« siyec un oxide métallique. XXVIII. C'eft en vertu de cette loi que les diflblutions métalliques expofées k 1'air fe précipitent & fe troublent, a mefure que 1'oxïde métallique abforbant l'oxigène atroosphérique devient peu-a-peu indiiTolu• ble dans l'acide. 'felle eft la raifon des déeompofttions opérées par 1'atmosphère dans la plupart des fulfates & des nitrates métalliques. XXIX. Souvent même les oxides métalliqties disfous dans les acides , réagiflent peu-&-peu fur ces fels , & leur enlèvent même dans les vaiffeaux fermés & fans le contact de l'air, une portion de leur oxigène, en forte qu'ils s'en féparent bien* tót & fe précfc» pitent au fond des diffolutions. XXX,  CHIMIQUE. XXX. La chaleur favorife fingulièrement cette dé» eompofition fucceflive des acides par les oxides mé« talliques. C'eft ainü que les diflblutions nimques fe troublent ou deviennent de plus en plus décompofables par l'air & par l'eau lorsqu'on les chauffe; cela eft fur-tout remarquable pour la difiblution nitrique de mercure. XXXI. II eft des métaux qui ont tant de tendance pour s'oxider par les acides, qu'ils ne peuvent pas y refter unis ni former de diflblutions permanentes. Ce font fur-tout ceux qui ont la propriété de devenir acides ou de former des oxides fufceptibles de s'unir aux alcalis ,-comme 1'arfénic , le tungftène, le'molybdène, Pantimoine , 1'étain , le fer, &c. Aufli voit-on les diflblutions de ces métaux dans l'acide nitrique furtout, être toujours chargées de précipités, & ne contenir que peu ou point d'oxidcs métalliques. XXXII. On voit d'après les énoncés précédens que pour former des fels métalliques, il faut que leurs oxi-, des reftent unis aux acides & ne tendent point a s'en féparer. II faut auffi qu'on n'augmente point leur affinité pour l'oxigène, ou qu'on ne leur préfente point ce principe en contact, avec eux. XXXIII. Les féls compofés métalliques fout toujours ou presque tóufoürs avec excès d'acides ; ils font d'ailleurs tous plus ou moins acres & corrofifs , ce qui annonce que presque tous les oxides métalliques ont de la tendance pour devenir acides. F 5 XXXIV.  p6 P.HIL0S0PH1E XXXIV. Les propriétés des fels métalliques qu'il eft important de connoitre, font renfermées dans les titres fuivans : i°. Forme & fes variétés; a°. faveur & caufticité plus ou moins grande; 30. altération par la lumière ; 4". fufion, delféchement , décompofition plus ou moins prononcée par le calorique; 50. déliquefcence, efilorefcence ou décompofition plus ou moins complete par l'air; 6°. diflblubilité dans l'eau | chaud, a froid, décompofition plus ou moins avancée par l'eau pure, &c.; 70. décompofition par les alcalis & les terres, nature des oxides métalliques précipités, précïpitation complete ou formation de fels triples ou de trifules, en partie alcalins ou terreux, & en partie métalliques; 80. altération des oxides métalliques précipités dans le moment de leur précipitation , foit par l'air, foit par la nature de 1'alcali employé pour la précipitation, comme cela a lieu pour 1'ammoniaque; 9°. altération réciproque par les divers acides, décompofition ou non, attraction des acides pour les oxides métalliques, changemens des oxides reconnoiflables k Lur couleur; 100. altération par les fels neutres, terreux ou alcalins, qui préfentent foit une union fans décompofition, foit une doublé décompofition; n°. action réciproque des fels métalliques les uns fur les autres, qui annonce ou une union fimple, ouun changement fimple de bafes par les acides, ou un déplacement d'oxigène qui précipite les deux oxides , 1'un paree qu'il eft en partie défoxidé, 1'autre paree qu'il eft furoxidé, telle eft, par exemple, 1'utile précipitation de la difiblution muriatique d'or par la diffblution muriatique d'étain qui fournir le précipité pourpre de Cas-  PHILOSOPHIE Seis métalliques utiles aux art?. Effets de ces fels dans les arts oü on les employé. Diflblutions & départs des métaux. Précipitation des oxides métalliques par les alcalis & les terres. Ces applications font en général fi multipliées & fi utiles, qu'elles ne peuvent étre bien préfentées qn'h l'hiftoire particulière de chaque métal. Titre d i x i è m e. FORMATION ET NATURE DES MATIÈRES VE'G E'TALES. I. Les matières qui conftituentle tifiii des végétaux différent des fubftances minérales, en ce qu'elles font d'un ordre de compofition plus compliqué, & que toutes étant trés fufceptibles de décompofition ou d'analyfe, aucune ne 1'eft de fynthèfe. II. II ny a que le tifiu des végétaux vivans, il n'y a que leurs organes végét'ans, qui puifient former les matières qu'on en extrait, & aucun inftrument de l'art nc peut imiter les compofitions qui fe font dans les machines organifées des plantes. III. Quoique cc foit avec quatre oü cinq fubftances naturelles, le calorique, la lumière, l'eau, l'air, & quelques débris de plantes confommées en verreau, que les végétaux forment tous les matériauxqui en compofent le tiflü , on trouve une variété extréme dans  CHIMIQUE. jjfj dans les propriétés de ces matériaux. On peut cependant les réduire a un certain nombre de chefs principaux, fousles nom de matiriaux immédiats des plan" tes, paree qu'on les retire par des procédés fimples presque entièrement méchaniques , par une efpèce d'analyfe immédiate qui n'en altère pas la nature. IV. Ces matières plus ou moins compofées font placées dans des organes particulkrs ou dans des vaisfeaux, des cellules diftinétes, &c. Quelquefois leur fiège eft dans la racine ou dans la tige, 1'écorce & les feuilles a Ia fois; d'autres fois au contraire il n'y a que les fleurs, les fruits ou les femences & méme quelques régions de ces organes qui les récèlent. Cette fituation particulière des matériaux immédiats défigne l.a différence d'organifation du tiffu, comme la caufe de la variété de nature que chacune de ces matières préfente. V. La place différente qu'occupe chacun des matériaux des végétaux, permet fouvent qu'on les obtienne facilement féparés & purs; il fuffit lorsque ce cantonnement a lieu, de brifer, d'ouvrir les vaiffeaux ou les cellules qui les cóntiennent, & d'en exprimer les fucs liquides. La nature, par la force même de la végétation, offre fouvent elle même cette féparation a 1'extérieur des plantes; c'eft ainfi que découlent fpontanément la fève, la manne, lagomme, la réfine, &c. Souvent l'art eft obligé de féparer les uns des autres plufieurs dé^es matériaux réunis & confondus. Les moyens qu'il employé pour cela font ordinairement fimples & faciles a pratiquer; tels que le  94 PH1L0S0PHIE Ie repos, la filtration, la prefle, le 'lavage, la diftillation a une chaleur douce, qui n'altèrent point les fubftances qu'on y foumet. VI. Parmi les matériaux qui compofent les corps des végétaux , qu'on en retire par des moyens fimples qui n'en altèrent point la nature, & qui font oufluides ou folides, on compte les fubftances fuivantes : i°. L'extractif ou 1'extrait. a°. Le muqueux ou le mucilage. 3°. Le fucre. 4°. Les fels eflentiels. 5°. L'huile fixe. 6°. L'huile volatile. 7o. L'arome. 8°. Le camphre. 9°. La réfine. 10°. Le baume. n°. La gomme réfine. 22°. La fécule, 330. Le gluten. 340. La matière colorante. 35°. La gomme élaftique. 36°. La partie ligneufc. Outre ces 16 principes, on a encore troüvé dans les végétaux unie fubftance analogue a 1'albumine animale, Foyez le titre XI (O- VII, (l) Voyez 1'analy'fc dn qninqurna, annales de chimie tom 8 & p  cS PHILOSOPHIE arrivé clans les mèches creufes & environnées de tontesparts d'air, qui conftituent les lampes d'Argand. XIV. L'Huile volatile, nommée autrefoi» huile efjentielle, effènce; acre, trés- odrante, fe réduifant en entier en vapeur a 80 degrés, ne ié combinant que diflicilement aux alcalis; irflammable par les acides; s'épaifliflant en réfine par 1'ox'gène; brülant plus vite que l'huile fixe , donnant plus d'eau qu'elle; laiffant précipiter plus vke fon charbon , qui confiitue le noir de fumée. XV. L'Arome, nommé autrefois efprit reBeuv, principe trés-volatil, réduit en vapeur par la chaleur atmofphérique ; formant une atmofphère autour des plantes; paflanl avec l'eau a la difiillation au bainmarie; quelquefois de nature inflammable, dans d'autres cas préfentant les propriétés falines ; s'uniflant avec 1'alcool, les huiles fixes, le vinaigre, &c. formant dans ces combinaifons ce qu'on appelle les eaux diftillées en pharmacie; contribuant pnr la préfence a la quantité d'huiles volatiles qu'on retire des plantes ; ayant avec elles tant d'analogie , qu'on les a prifes 1'une pour 1'autre. On ne connolt pas exaétement la nature de Tamme ; on commence k croire que ce n'eft point un corps particulier, un feul principe dégagé des matières végétales, mais ces matières elles-mêmes entièrement réduites en vapeurs. XVI. Le Camfhre; matière reconnue aiijourd'hui dans une foule de végétaux &devant êtrecomp- tée  CHIMIQUE; .$>$» tóe prirmi leurs principes immédiats, fous forme con« erète & criftaliil'ée, trés - volatile, combuftible avec fumée j diffoluble dans une grande quantité d'eau, dans 1'alcool & 1'éther , exiftant dans beaucoup d'huiles volatiles, contenu tout pitr dans le tronc & les feuilles de 1'efpèce de laurier qui le fournit, trop peil connu encore dans fa nature intime, faifant un acide particulier par l'acide nitrique. , XVII. La Resine ; matière molle ou fèclie, peu Odorante , combuftible , diflbluble dans 1'alcool , point dans l'eau, s'uniffant dilTicilcment aux alcalis, peu altérable par les acides, provenant d'une huilé volatile épaiffie, & ne pnroifiant en différer que par une plus grande proportion d'oxigène. XVIII. Le Baumè; réfine unie avec l'acide beüzoïque, plus odorante que la réfine pure, donnant fon acide concret par 1'action du feu & par l'eau; le laiffant enlever par les alcalis & les terres; fe rap» prochant de Ia réfine après avoir perdu fon acide. XIX. La Gomme rèsine; fuc concret, en. partie diflbluble dans l'eau ,. formant avec elle une forte d'émulfion 4 ainfi qu'avec le vinaigre , qu'on 2 cru Être fon diffolvant univerfel j plus diflbluble dans 1'alcool; ne fortant pas naturellement des végétaut comme la réfine, mais retiré de leurs vaifl'eaux brifés fous la forme d'Un fuc blanc ou diverfement coloréj d'une odeur fétide & plus ou moins alliacée* XX. La Fecule; mattere pulvérulente, fechdj G & Wan*  CHIMIQUE. 101 gomme - réfine , paroiffant exifter dans beaucoup de végétaux, remarquable par la ductilité & 1'élafticité qu'elle conferve après fa defllcation, donnant de 1'ammoniaque a la deftillation, répandant une odeur fétide quand on la brülc; ayant d'abord été fous forme d'un fluide blanc & laiteux, & paflant de-la a celle de folide élaftique par 1'abforption de l'oxigène atmosphérique. XXIV. La Partie ligneuse, leBois; matière trop négligée jusqu'ici par les chimiftes, faifant la bafe folide de tous les végétaux, bien plus abondante dans ceux qui font durs, fauflement regardée comme une terre, indiflbluble dans l'eau, donnant'a la diftillation l'acide particulier nommé pyro - ligneux; contenant une grande quantité de carbone; paflant a 1'état de 3 ou 4 acides par 1'action de celui du nitre; paroiffant le dernier produit de la végétation. XXV. II réfulte de tout ce qui a été expofé cideffus furies 16 matériaux immédiats des végétaux, qu'ils fe réduifent tous en dernière analyfe a trois ou quatre principes qui en font les compofans primitifs ; favoir , 1'hydrogène, le carbone, l'oxigène, & pour plufieurs l'azote; que ces matériaux ne différent entre eux que par les diverfes proportions de ces efpèces d'élémens qui les conftituent. Or fi Fon recherche par un fimple caleui le nombre des compofés différens qui peuvent réfulter de ces unions fuivant les proportions poflibles entre trois ou quatre principes primitifs , on trouvera qu'il peut en exifter un bien plus grand nombre. Mais comme chacune des compofi- G 3 tions  ?oz ï>HILÖSOPHIE ïions ternaires on quaternaires qui forment les matériaux immédiats des végétaux, admet, a ce qu'il parolt, une certaine latitude de proportions pour refter avec fa nature générale d'extraétif, de muqueux, d'huile, d'acide, de réfine, &c. ècc. on concoit que les diverfes proportions de leurs principes qui font renfermées dans ces latitudes , déterminent 1'immenfe, rincominenfurable variété de couleur , d'odeur, de faveur, de confiftance que 1'on connoit dans tous les matériaux des végétaux, & que tous les hommes distinguent dans celles de ces matières employées a leur nourriture, leurs vêtemens, la conftruction de leurs demeures, &. XXVI. II ne fera pas plus difhcile de concevoir par la méme confidération, que les végétaux doivent différcr dans la nature & dans les propriétés fpécifiques de leurs matériaux, fuivant les différentes époques de leur végétation; qu'ils ne doivent jamais refter dans le méme état, & que les fcènes diverfes que préfentént les époques de la germination, de la frondaifon , de la floraifon , de la fructifïcation & de la maturation, qui conftitue la vie végétale, doivent être accompag» noes & marquées même par des changemens intérieurs, comme elles le font par les apparences extérieures. La faveur fi diverfement modifiée, la cottf leur variant fans cefle , 1'odeur qui n'eft pas plus ftable , la uiCérence des tiffus qui caractérifent ces diverfes époques de la végétation, en font des preuves inconteftables. XXVII. C'eft un nouveau réfultat de la philofophie chi-  CHIMIQUE. 103 «himique actuelle, que cfavoir fu diftinguer ainfi la nature des matériaux, des plantes, plus compliqué* que celie des fubftances minérales. Cette connoiflance acquife conduit a 1'appr.éciation des changemens qu'éprouvent les matières végétales par les différens agens chimiques. Ainfi Fon ne peut plus dire qu'on ignore Paction de Fagent deftrucleur du feu fur les fubftances végétales. On concoit, d'après les confidérations précédentes, que lorsqu'on foumet un végétal entier ou fes différens produits a Faction du feu, le calorique tend a réduire a des compofitions plus fimples , ces efpèces de compofés compliqués ; en opérant Funion de leurs principes, deux a deux, dans des proportions trés-différentes de celles qu'iis contenoient d'abord. En les chauffant doucement, on dégage 1'hydrogène qui brüle feul, & il refte beaucoup de carbone; fi on les chauffe fortement, on dégage le carbone en méme-temps que 1'hydrogène; Fun & Fautre brülent dans l'air, & il ne refte pour réfnlu que la petite quantité de terre & de fels qui forment les cendres végétales. XXVI1T. Tous les principes immédiats des végéraux fe réduifant en dernière analyfe, a 3 0114 principes primitifs , favoir , 1'hydrogène , le carbone , l'oxigène & un peu d'azote pour quelques-uns d'entre eux , cette analyfe répondant d'ailleurs avec une véritable précifion h la manière don"? les végétaux fe nourriiTcnt , croilfent, s'étendent & fe perpétuent, puisqu'on fait que la végétation n'exige que ces matières fimples pour avoir lieu, il ne refte plus qu'A trouwer comment les plantes s'approprient ces efpèces d'éG 4 lé-  |»4 PHILOSOPHIE lémens , & comment elles les combinent dans leurs, filières organiques, pour compofer les diverfes fubftances qui viennent d'être énoncées. XXIX. II ne paroit pas douteux que la fource de 1'hydrogène pour les végétaux , eft l'eau; qu'ils décompofent ce fluide dans leurs feuiües, a 1'aide du contaét de la lumière folaire , qu'ils en abforbent 1'hydrogène qui s'y fixe dans 1'état d'huile, oU d'extrait, ou de mucilage, &c. & qu'ils en féparent l'oxigène, dont une grande partie fondue par la lumière & le calorique , fe dégage en état d'air vital. Mais une portion de l'oxigène de l'eau fe fixe en méme-temps dans. le tiflu végétal, & il y eft fur-tout retenu par le carbone. XXX. II n'eft pas fi facile de rendre compte de l*origine du carbone qui exifle dans les végétaux. Quelques phyficiens croyent que les végétaux décompofent l'acide carbonique en même-temps que l'eau, & qu'ils en abforbent le carbone ; mais cette aflertion n'eft pas prouvée. D'autres chimifles penfent que les. terres végétales, Vhumus, les fumiers , & fur-tout l'eau de fumier, fourniflent le carbone divifé & même diflbus dans l'eau, que c'eft par leurs racines que les plantes abforbent ce principe , & qu'elics ne Penlèvent point a l'acide carbonique. Ainfi les engrais ne donneroient dans cette opinion que le carbone. C'eft a ces données que doit être reftreïnte jüsqu'a ce moment la théorie chimique de la végétation. 4p  ioS 1' H I L O S O P II I E cc des différens phofphates, fur-tout de ceux de foude, de chaux & d'ammoniaque, dans les humeurs animales. . C'eft a ces fels qu'eft due la qualité particulière, & fur-tout la presqu'incombultibilité des charbous de matières animales. VI. Le principe particulier qui eft fi abondant dans ces matières, & qui les fait fpécialement difféier des fubftances végétales, l'azote, paroit donc être la caufe efficiënte des propriétés qui les diftinguent, & furtout de 1'efpèce de concrefcibifité ou de plafticité dont il fera bientót queftion plus en détail. On peut donc affurer que fi on enlevoit l'azote aux matières animales , on les feroit redevenir en quelque forte végétales , comme pour convertir ces dernières cn matières animales, il fuffit d'y combiner ou d'y introduire de l'azote. VII. On peut confidérer toutes les matières qui torment les corps des animaux comme autant de principes immédiats, ainfi qu'on Fa fait pour les végétaux. On doit de même caractérifer chacun de ces principes par 1'énoncé de fes propriétés les plus frappantes. Ainfi en examinant & défignant de cette manière, le lang, le lait, la bile, la grailfe, 1'urine, &c., & les folides des animaux, en les décrivant par la méthode abrégée qui a [été tracée dans le titre précédent , il en réfultera uue marche comparable qui fera connoltre les rapports & les différences que nous chcrchons. VIII. Le Sang; Fluide rouge, chaud, k 32 de¬ grés  CHIMIQUE. 109 grés dansThomme, les quadrupèdes, les oifeaux; a. la température du lieu qu'ils habitent dans les quadrupèdes ovipares, lesferpens, les poifibns; douceü.tre, concrefcible par le froid, mifcible h l'eau, fe féparant presque fpontanérnent en trois fubftances différentes , le ferum blanc, le ferum rouge ou la partie colorante, & la matière fibreufe; offrant dans chacune de ces matières des caraétères diftinétifs, favoir, 1'alcalinité du ferum, fa coagulabilité par le feu, par les oxides métalliques, &c., coagulabilité due a la combinaifon plus intime de l'oxigène; la même nature générale dans le ferum rouge, qui ne diffère du blanc que par la préfence de Toxide de fer; la concrefcibilité fpontanée de la matière fibreufe, fa diflblubilité dans les alcalis. Ces principaux caractères doivent être confidérés dans le fang entier, qui parolt être le principe primitif de toutes les fubftances animales, & 1'origine commune de toutes les humeurs & de tous les folides. On 1'a nommé de la chair coulante, en vertu de la fibre qui s'y concrète par le réfroiuifié.ment. On a déterminé la caufe de fa chaleur dans 1'altération & 1'abforption de l'air vital par la refpiration. On a également déterminé le [renouvellement du fang par le chile & le changement de celui-ci en matière animale, parle dégagement d'une grande quantité de carbone & d'hydrogène qui parolt avoir lieu dans le poumon. IX. Le Lait; fluide blanc, doux & fncré, formé de ferum , de fromage & de beurre intimement mêlés & repréfentant une véritable émulfion animale. Dans le ferum du lait, on doit obferver en particulier la  ïio PHILOSOPHÏE ]a matière appellée fucre de lait, cc qui n'a pour-ainfidir'e que le caraétère d'un fucre ébauché; la quantité de phofphate de chaux plus abondante que dans d'autres humeurs, & qui fembfe annoncer que la nature a voulu placer dans la première nourriture des animaux une quantité de bafe ofleufe, relative k la rapidité néceffaire de la formation & de Paccroiffement des os daus le premier temps de leur vie. Le fromage une vraie matière albumineufe. Le beurre eft une huile concrète, cont Ja folidité & la facile féparation dulaic par le fimple mouvement, paroiflent tenir a 1'abforption de l'oxigène atmofphérique pendant la formation» de la crème, X. La Bïle; fuc huileux & favoneux, compofé d'une huile presque voifine de 1'état de blanc de baleine & de foude, mêlé de liquide albumineux, formé dans le foie, vifcère qui contient lui-même une grande quantité d'huile: tout annonce dans le fyftême de cette glande volumineufe, une difpofition, une organifation deftinée a féparer du fang la grande quantité de grailfe qui réfulte du rallentiflement de ce liquide dans le fyftême veineux du bas-ventre« Cette confidération deftinée a faire quelque jour une des bafes principales de Ia phyfiologie annoncées ci-deflus, explique le volume du foie dans le foetus qui n'a point refpiré , comme dans les animaux qui n'ont point d'organe refpiratoire femblable k ceux de 1'hamme, des oifeaux & des quadrupèdes; elle explique encore la naiflance des maladies du foie , & fur-tout cellef des concrétions ou pierres biliaires. XIL  CHIMIQUE. fff Xtl. La Graisse; efpèce de matière huiteuJe formée aux extrémités des artères & le plus loin posfibledu centre du mouvement & de la chaleur anima» le, offrant une forte de réfervoir oü fe fixe la grande quantité d'hydrogène qui n'a pas pu s'évacuer par la poumon ; huile unie a une proportion aflez confidérable d'oxigène, contenant en outre de l'acide fébaci» que. Cette manière de confidérer la grafie efi: encore Un des pomts les plus frappans de la phyfiqüs animale moderne. XII. L'Urine; fluide excrémentiel, plus ou moins coloré, acre'&falin, remarquable par la grande quantité d'acide phofphorique libre , de phofphate de foude, d'ammoniaque & de chaux qu"il charie, plus remarquable encore par la préfence d'un acide particulier qu'on n'a point encore trouvé dans d'autres humeurs animales ; nommé aujourd'hui acide Uthique* paree qu'il fait la bafe des calculs des reins & de la Yeflie, maladie connue fous le nom de liihiafïs. L'urine a été une fource des découvertes les plus précieufes pour les chimifles, elle doit 1'étre encore davantage pour les médecins. Sans la confidérer feulement comme une lefiïve deftinée a entrainer hors du corps une grande quantité de matières falines qui nuiroit 2t Fintégrité de fes fonétions, il faut y voir de plus une évacuation dont la proportion des principes eri variant comme 1'état du corps devient une forte de mefure'propre h en faire connoitre les modifications en fanté &enmaïadie, par une fuite d'obfervations que les médecins ont déj;\ commencées fous d'heureux aüfpic'es ; il faut Ia voir comme contenant toujours la raa-  G H 1 M I Q U Ét üar itPëaü, & y font réunies avec des acides , des fels» üeutres, &c. II faut obferver que la gélatine eft auffi peu abondante dans les fluides, qu'elle 1'effc beaucoiuJ dans les folides ; il parolt qu'elle prend fa nature dé gélatine en paflant des liquides dans les folides* L'albumine diflbute artificiellement par les acides, prend des propriétés analogues a celles de la gélatine. XVI. La matière folide animale ou la fubftancë bïïeufe, efl: encore d'un aütfe ordre de compofition; Üne grande quantité d'un Fel terreux presqu'entièrement indifiblable, (phofphate de chaux) efi: amafl'é dans le tifiu ou le parenchyme primitif de Pos. Tel efl: tout le myflère de la ftruéture & de la compofition de eet organe; c'eft pour cela que Pos donne dé la gelée par la décoction dans l'eau, beaucoup d'hui* le & d'ammoniaque par la diftillation; une fois bieri calciné ou brülé, Pos n'eft plus que du phofphate' calcaire mêlé de quelques parcelles de caïbonate$ dé muriate & de phofphate de foude. XVIL Quand on traite toutes les matières anïmales précédentes, & fur-tout les liquides blancs épaisfis ou les organes blancs, par l'acide nitrique, on eii dégage une quantité plus ou moins grande de gaz azote & de gaz acide pruflique , qui ne paroit être qu'une combinaifon d'azote, d'hydrogène cc de carbone avec tin peu d'oxigène. A mefure qué cé changement dé Combinaifons darts les principes des matières animales a lieü par le moyen de l'acide nitrique , il fembié qu'elles repaffent a leur ancien état de matièrës végétales i dont elles ne différent efièntiellemënt^ comrrië 11 2 OH  CHIMIQUE. p,\e temps dans le fang pulmonaire, & roulant avec ce fluide dans les vaiffeaux , il fe combine peu-a-peii avec ie carbone, de manière a former eet acide carbonique qui fe dégage du fang veineux dans la poitrine. On concoit qu'en dégageant ainfi une grande quantité d'hydrogène & de carbone , la refpiration doit augtnenter nécefl'airement la proportion de l'azote. L-'étude qui refte h faire du méchanisme des autres fonétions, conduira fans doute a de nouvelles découvertes plus importantes encore que les précédentes; ce qu'on a fait dans ce dernier temps conduit naturellement a. peufer qu'on fera bien plus encore. L'analoTie d'aétion qu'on a trouvée depuis quelques mois entre la digeftion, Ia refpiration, la circulation & la tranfpiration, a commencé a établir, fur de nouvelles vues beaucoup plus folides que celles que Pon posfédoit jusques-la, une phyfique animale qui promet une ample moiffon de découvertes & d'avantages. Ce fera fans doute en fuivant ces phénomènes de la digeftion & de 1'accroiffement dans les jeunes animaux, qu'on élevera fur ces bafes un éttffice folide. Déja tout eft prêt pour ce grand travail , plufieurs phyficiens fuivent ce nouveau plan d'expérience; une ardeur nouvelle née de ces nouvelles conceptions, anime les favans qui s'occupcnt de cette partie de Ja phyfique. La route qu'ils viennent de s'ouvrir paroit devoir les conduire a des rèfultats plus précis & plus exaéts, que tout ce qu'on ajusqu'apréfent avancé fur les fonétions qui conftituent la vie des animaux. II 3 ÓP*  m |a» PHILOSOPHIE Applications des articlss de ce titre. Les fonétions de 1'économie animale, & fur-toni 4 La refpiration. La ciigeltion. L'hématofe. La traufpiration. La fecrétion de la bile. L'olfification & 1'oftéogénie, La nutrition. Les maladies dépendantes de la ddgdnérefcence deS hiuneurs. .Les concrdtions animales. L'acïion de beaucoup de mddicamens fur les hu-» rneurs. &c, Les arts qui s'occupent du traitement des matières) animales, & en particulier ceux du tanneur, du corvoyeur, de préparer les différentes efpèces de celles; du faifeur de cordes a boyaux; ceux d'extraire les huiles j de travailler les cornes, les os, les écailles, &C, Titre douzième. de la destruction spontane'e des matières keg e' ta les et animales. I. Lorsque les végétaux & les animaux font privds de la vle, ou lorsque leurs produits font enlevds aux individus dont ils faifoient partie, il s'excite en eux des mouvemens qui en ddtruifent le tiffu & en altèrent la compofition. Ces mouvemens conflituent les diverfes efpèces, de fermentatiou, Le but de la nature en  CHIMIQUE. 119 m fes excitant, efl: manifeftement de rendre plus fimples les compofés formés par la végétation & 1'anima. lifation , & de les faire entrer dans de nouvelles combinaifons de différens genres. C'eft une portion de matière qui, employée pendant quelque temps as la fabrication du corps des végétaux & des animaux,doit être rendue après la fin de leurs fonctions a de aouvelles compofitions. 1 ' II. D'après cette définition de la fermentatiou en général, il femble qu'il devroit y en avoir autarit de particulières & différentes qu'il ya de matières végétales 011 animales a changer & a décompofer; mais plufieurs d'entre elles fuivant une marche analogue pour être amenées a un état de compofition plus fimple, le nombre des fermentations a été porté k trois efpèces fa» voir, la fermentation vineufe , la fermentation acéteufe, & la fermentation putride. III. La fermentation vineufe, eft, comme fon nom Pindique , celle qui produit le vin ou 1'alcool. La matière fucrée efl la feule qui Péprouve lorsqu'elle eft étendue d'une certaine quantité d'eau , & mêlée k une troifième matière végétale ou animale quelconque, foit extrait, fel, fécule, &c. car il eft bien prouvé aujourd'hui que le fücre & Peau feule ne paflent point a la fermentation vineufe. La fubftance fucrée effc • fi abondante & fi généralement répandue dans les matières végétales , & même dans les matières animales, qu'il y a un grand nombre de corps fufceptibles de donner du vin ou de former de 1'alcool. Tous les ffruits doux cc fucrés réduits en pulpe , & fur-totjt H 4 leurs  ia* PHILOSOPHIfi matières animales tiennent au méchanisme qui vienr d'être expofé. On voit dans 1'union de 1'hydrogène & de l'azote la formation de 1'ammoniaque, qu'on 3 regardée comme le principal produit de la putréfaction. La combinaifon du carbone avec l'oxigène explique la formation & le dégagement de l'acide carbonique , dans lequel on faifoit confifter vers les premiers temps de la découverte des gaz , tous les myftères de la putréfaction. L'acide nitrique , a la formation du-quel on fait que les matières animales contribuent tant dans les nitrières artificielles, tient a F union de l'azote & de l'oxigène ; uuè certaine quantité de gaz hydrogène fe dégage en emportant du carbone, du foufre & même du phofphore; de-la 1'odeur infecte fi variée & la phofphorefcence de toutes les matières animales quife pourriiTent. XIV. Lorsque tous ces principes volatils fe font unis deux k deux & répandus dans 1'atmofphère , il ne refte plus que quelque portion de carbone unie ou mêlee aux fubftances falincs fixes, telles que les phofphates de foude & de chaux. Ces rdfidus forment une efpèce de terreau, qu'on nomme terre animale, qui retient fouvent un peu de gaz hydrogène fulfuré & carboné, un peu de graiffe & d'extrait, & dans lequel les végétaux trouvent abondamment les principes propres a la formation de leurs matériaux; voila pourquoi ce réfidu animal eft fi propre a fervir d'engrais quand il eft fuffifamment confommé. XV. Une certaine quantité d'eau eft nécefiaire ;i cette décompofition putridc des matières. animales ; elle  CHIMIQUE. mj elle leur fournit la quantité d'oxigène nécefiaire & la compofition de l'acide carbonique & de l'acide nitrique ; elle contribue fingulièrement ft la naiffance de ce mouvement par les attractions de l'oxigène qu'elle y porte. Sans doute auffi 1'hydrogène provenant de cette décompofition de l'eau contribue beaucoup a la formation de 1'ammoniaque; car c'eft un fait bien connu , que lorsque les matières animales font délayées dans une grande quantité d'eau, elles fournisfent abondamment de 1'ammoniaque dans leur décompofition. XVI. La putréfaction conftftant dans une fuite? d'attraélions particulières , eft modifiée dg bien deS manières différentes par toutes les circonftances exrérieures, telles que la température, le milieu qu'occupent les matières animales , 1'état plus ou moins pefiint, fee ou humide de 1'atmofphère , &c. C'eft ainfi que les cadavres enfoilis dans la terre, ou piongés dans 1'ean, ou fufpendus dans l'air, éprouvent des effets variés, auxquels leurs mafTes, leurs quantités, leur voifinage avec d'autres corps , ainfi que toutes les propriétés variables des trois milieuxindiqués ici, donnent encore des formés nouvelles & diverfes. XVII. On a des preuves de cette affertion dans ce qui arrivé aux cadavres enterrés feuls a feuls, ou enfouis en malle & entaffés les uns fur les autres. Les premiers, entourés d'une grande quantité de terre, font bientöt détruits par la putréfaction, dont les produits aériforraes ou liquides font abforbés par cette maffe  rkü PHILOSÖPHIË jnafTe terreufe ou par 1'atmofphère; lés feconds n'ayanS point autour d'eux cette efpèce de recipiënt terreux ou atmofphérique , féjournent long-temps fans fe détruire: la matière animale s'y convertit toute entière en ammoniaque & en huile concrète: celle-ci forme avec 1'alcali volatil un favon femblable a celui qu'on a trouvé dans le fol des cimetières furchargés de cadavres. XVIII. Dans l'eau les phénomènes de la deftruetïon des matières animales font encore différentes • k mefure que de nouveaux produits ie forment, l'eau les diifout & les entraine dans l'air. Une humidité foutenue avec une température conftante de quelques degrés au-deffus de o, favorife la putréfaction & la difiblution de ces matières en gaz. Un air fee 63 chaud au contraire en volatilifant l'eau, deffèche, raccornit les corps animaux, & les conferve, presque comme un fable fee & brülant le fait dans fEgypte s li fertile en momies naturelles* XIX. Quoique toutes les circonflances de Ia putre*faction, toutes les variétés presqu'innombrables des phénomènes qu'elles préfentent n'aient point encore été connues ni décrites, on reconnoit cependant que tous ces phénomènes fe bornent a changer des compofés compliqués en compofés plus fimples, que la nature rend a de nouvelles combinaifons les matériaux1 qu'elle n'avoit en quelque forte que prêtés aux végé* faux & aux animaux, & qu'elle exécute ainfi ce cercle perpétuel de compofitions & de décompofitions qui en atteftent la puifïanëe, en montfent la fècondi-  FAÜTE A CORB IGER. Pag. 64 ligne 17 li fez fixes au lieu de iixés,   AVERTISSEMENT. il faut encore qu'on tfen multiplie pas trop le nomhre. guoiqu'il foit néceffaire de les multiplier affez pour ne rien oublier d'efentiel; il faut enfin les difpofer entre elles dans un tel ordre dans une férie tellement naturelle, qu'ellespréfentent les élémens delafciencet & qu'elles en fafftnt concevoir le rapptrt & la liaifon, Foila les idéés que je me fuis formées £f qui m'ont guidé dans la recherche de ces vérités, ƒ'ai penfé qWelles devoient fervir a Fétablijjement d'une doctrine complette de chimie, qui, féconde en applications, en principes, puiffe également rappeller a Phomme inflruit tous les faits qui compofent Pimmenfe domaine de la fcience chimique, & donner a celui qui cherche Vinflru£lion9 une notion fuffifante de la carrière qu'il doit parcourir. Pour remplir convenablement eet objet, il m*a paru que je ne devois pas prêfenter une fuite de propofitions non interrompues fans liaifon & fans adhérence entre elles; je les ai liées par des rapports généraux , en leur donnant un arrangement qui püt en faire connoitre & apprécier la connexion, &, fi je puis le direy la réa&ion réciproque. Cefi la ce que fappelle Pht„ losophie chimique. Tous les énoncés qui en font l'enfemble ont étè imprimés dans le diSlionnaire de chimie encyclopédique a Partiele axiomes; fai cru faire une chofe utile aux amateurs de cette fciencef en les préfentant féparês de eet ouvrage, & fous un format commode. pm-  PHILOSOPHIE L o vs les faits, tovites les expériences de la chimie penvent être rapportés a douze phénomènes généraux dont voici 1'énumération. ï. L'action de la lum1ère. II. Celle do calorique. III. L'action de l'aIR dans la combustion. ÏV. La nature et i-'a^tïon de l'eau. V. Celles des terres , et la formation des alcalis ; leur role dans les combinaisons. VI. LA nature et les propriétés des corps combustibles. VII. LA formation et la décomposition des AC ide Si VIII. L'onion des acides avec les terres et les alcalis. CHIMIQUE. A 3 IX.  * PHILOSOPHIE IX. L'oxidation et la dissolution des me« taux. X. La nature et la formation des matie« res végétales. XI. Le PASSAGE DES végetaux a l'état de mat1ères ANIMALES, et LA NATURE DE celCES-Cl. XII. Enfin la djScomposition spontanée des 3UBSTANCES VÉGJiTALES ET ANIMALES. Ces douze titres doivent être confidérés comme autant de chapitres a chacun desquels appartiennent les différens articles de détails, fiiivant leur rapport direct avec le titre, & dont l'enfemble renferme touto la do&rine de la chimie, TlTRE PREMIER. 'AC T 10 N D E LA L V M IE R E. I. La lumière, foit qu'elle vienne du foleil & des Êtoiles fixesj, foit qu'elle foit répandue dans 1'efpace, fe comporte de quatre manières par rapport aux corps qu'elle touche; ou bien elle eft réfléchie toute entière de leur furface vers nos yeux, & elle fait naitre Ia fenfation du blanc; ou bien elle eft ddcompofée & réflé, chie feulement dans quelques-unes de fes parties, deï;\ la coloration diverfe; ou elle eft plus ou moins complétement abforbéc & donne naiffance au noir; o>s enfis»  I PHILOSOPHIE tan j les oxides métalliques fa rapprochent en gênéral de i'état métallique ; les végétaux fe colorent & deviennent fapides , inflammables ; privés de la lu mière ils reflent blancs & fades; il5 font étiolés. VL Ces effets généraux font presque toujours dus, ce (?lle la luni!ère enlève aux corps brülés le prin. cipe qu'ils ont abforbé en brülant, de forte que d'incombuflibles qu'ils étoient devenus , ils repafTent i 1'état de combuftihles. On peut dire qu'en gén6J Ja lumière dèbrüle les corps brülés. Application de ces propofitiw^ Les couleurs des corps. La tranfparence. L'opacité. Le brillant. La réfraftion fimple ou doublé. L'éclat métallique. La décompofition des acides, celle des oxides mfc (alliques. La déeombuftion. L'altération des couleurs minérales. La végétatjon. La décompofition de 1'eau par les feuilles. Le renouvellement de 1'air vital atmofphérique, La formation des huiles. La différence des végétaux des climats chauds d'avec geux despays tempérés, &c,  is PHILOSOPHIE eux, tant qu'ils confervent eet état de diflblution invifible dans le calorique; il faut avoir recours a des attraétions doublés pour opérer alors des combinaifons, X. L'attraétion du calorique pour quelques corps eft telle , que trés • fouvent on Femploye avec avantage pour féparer ces corps des compofés qu'ils ferment, & pour analyfer óu décompofer les fubftances compofées. On ne fait pas autre chofe dans les difiülations, & dans toutes les décompofitions opérées h 1'aide du feu feul ou du calorique appliqué a des ma. tières trés-compofées. On diffout peu-a-peu, & fuivant leur ordre de folubilité par le calorique, les différens élémens de ces eompofés, & on les fépare en vapeurs ou en gaz. XI. Souvent la lumière appliquée en même-temps que le calorique, aide fon aftion ou réciproquement 5 auffi les vailfeaux tranfparens mis dans les fourneaux en Iaiffant pafl'er la lumière & le calorique a la fois, font-ils extrêmement utiles aux chimiftes. On produit Ie même efFet en pénétrant d'affez de calorique les vailfeaux opaques pour les faire rougir ou les reu. dre perméables a la lumière. XII. 11 y a des corps qui abforbent beaucoup plus vlte le calorique que d'autres, on appelle cette propriété conductrice du calorique; en général les corps les plus colorés font lont les meilleurs conducteurs | la caufe de ce phénomène eft inconnue. XIII.  Hf P HI L O S O P III E Fair différent beaucoup de celles que 1'on fait dans le vide, & il faut toujours apprécier 1'état du baromètre, du thermomètre, & de 1'hygromètre, dans les expériences de chimie. II. L'atmcfphère eft un vafte laboratoire oü la nature exerce d'immenfes analyfes, des diflblutions, des précipitations, des combinaifons; c'eft un grand recipiënt, oü tous les produits atténués &volatilifésdes corps terreftres font recus, mêlés, agités, combinés, féparés. Sous ce point de vue, 1'air atmofphérique eft un cahos, un mélange indéterminé de vapeurs minérales, de molécules végétales & animales, de graines, d'ccufs, que parcourent & traverfent fans ceffe le fluide lumineux, le fluide calorique, le fluide éleélrique. Les grands changemens qu'il éprouve & qui font fenfibles dans de grands efpaces, par 1'eau, la lumière, le calorique libre, le bruit, font nommés météores. III. Malgré ce mélange dont il femble impoffible de déterminer la nature, 1'air atmofphérique eft fenfiblement le même par fa nature intime dans quelque lieu qu'on le prenne; & il eft bien caractérifé par fes deux propriéiés d'entretenir la combuftion & de fervir a la ïefpiration. Ces deux grands phénomènes ayant entr'eux la plus intime analogie, on peut bien connoltre 1'air en étudiant avec foin ce qui fe paffe dans la combuftion. IV. Un corps combuftible ne peut pas brüler fans le contact de l'uir atmofphérique ou d'une matière qui en  CHIMIQUE. i§ en a é%i extraite, ainfi la combuftion ne fauroit avoir lieu dans le vide. V. Un corps combuftible ne peut brüler dans une quantité donnée d'air atmofphérique , que jusqu'a une certaine époque. Cent parties de eet air n'en contiennent que vingt-fept qui puiflent fervir a la combuftion, quand ces vingt-fept parties ont été abforbées par le corps combuftible, le combuftion s'arröte, les foixante-treize autres parties ne peuvent point y fervir. Ainfi 1'air atmofphérique eft un compofé de deux fubftances difFérentes, abftraftion faite de quelques corps étrangers qui y font mêlés, & qui ne vont pas a plus d'un centième ; de ces deux fubftances , 1'une fert a la combuftion & a la refpiration, on la nomme air vital; 1'autre oppofée k la première par ces deux propriétés eft appellée gaz azote. VI. Un corps qui brüle dans 1'air fait donc une véritable analyfe de ce fluide; il en fépare, ij en abforbe 1'air vital qui augmente le poids de ce corps & change fa nature; le gaz azote qui refte eft plus léger que l'air atmofphérique, il éteint les corps en combuftion, il tue les animaux, il eft, comme nous le verrons plns bas , un des principes de plufieurs compofés, & fur-tout de 1'ammoniaque ou alcali volatil, de 1'acidc du nitre, & des fubftances animales. VII. Le corps combuftible qui a brülé dans fair atmofphérique , & qui en a abforbé tout f air vital auquel il peut s'unir, ne peut plus brüler davantage dans de nouvel air, il eft devenu incombuftible & fouvent faiin. vin.  té EHILOSOPHIÈ Vin. Un corps qui bTÜle dans 1'air atmofphériqué n'abforbe jamais complétement les 0,27 d'air vital qu'il contient. Pour enlever entièrement ce fluide a fair atmofphérique, & pour en faire une analyfe complette, il faut y plonger a plufieurs reprifes des corps combuftibles, & y recommenccr de nouveau la combuftion. IX. La portion d'air ainfi abforbée par les cörps combuftibles, & qui a déja été nommée air vital, eft aufli appellée gaz oxigène; fon premier nom vient de ce qu'il eft le feul fluide élaftique qui entretienne la Vie; le denxicme lui eft donné, paree que beaucoup de corps en 1'abforbant deviennent acides. ^ X. La combuftion confifte donc dans la fixatlon & 1'abforption de 1'air vital par les corps combuftibles ^ dans la décompofition de 1'air atmofphérique par ces corps. Comme il n'y a que 1'air vital qui y ferve, on concoit qu'un corps très-combliftible , fufceptiblê d'abforber en entier 1'air vital, pourra Être employé pour déterminer la proportion des deux fluides atmofphériques , c'eft ainfi que le phofphore eft adopté aujourd'hui pour YEudiométrie, ou pour connoftre U pureté de 1'air; c'eft-a-dire Ia proportion d'air Vital qn'il contient. XI. Comme l'air vital eft un gaz, & que beaucoup de corps combuftibles, en 1'abforbant, le fixent, lui font prendre la forme folide, il faut que l'air vital, en fe précipitant ainfi, perde le calorique qui le tenoit fondn,' qui lm donnoit la forme de fluide élaftique ,  *o PHIL0S0PHIE dit jusqu'ici, qu'enlever l'oxigène a un corps bruid c'eft faire une opération inverfe de la combuftion, II n'y a pas de mot dans la langue pour rendre cette opération. On peut dire qne 1'on débrüle, que Ton défoxide les corps; de-la Fexprefïïon de décombuftion, défoxidation. XXI. Outre que l'oxigène tient plus ou moins for* tement aux corps combuftibles, fuivant qu'il y eft uni plus ou moins folide, & qu'il a perdu plus ou moins de fes diflblvans, calorique & lumière, il adhère encore a ces corps par fon attraclion, par fon affinité propre pour chacun d'eux. On connoit déja un aflez grand nombre de ces affinités de l'oxigène pour les différens corps, & on en a déja déterminé quelquesunes dans leur rappoits. XII. C'eft en raifon de fes affinités qu'on fait palier fouvent l'oxigène d'un corps brülé dans un corps combuftible. II fe fait alors une combuftion d'autant plus cachée, d'autant plus tacite en quelque forte, que l'oxigène eft plus folide dans le corps brülé, & plus voiftn de la denfité du corps qui Fabforbe ou dans lequel il pafte. Mais cette efpèce de combuftion fe fait quelquefois avec flamme & chaleur vive; ces phénomènes ont lieu lorsque le corps qui enlève l'oxigène dolt le contenir plus folide que celui qui le lui cède. C'eft ainfi que le fer, le zinc , 1'antimoine, 1'arfénic, &c. brülent avec flamme, lorsqu'on les chauffe avec 1'oxide de mercure , auquel ils enlèvent l'oxigène, qu'ils doivent contenir plus folide que ne le contenoit le mercure. Appli*  CHIMIQUE. tl Applications de ces propofitions. L'obftacle qu'oppofe l'air a 1'évaporation, a 1'ébullition des liquides, & la fublimation, &c. La difTolution de 1'eau dans l'air, & 1'état hygrométrique de 1'atmofphère. L'efflorefcence & la déliquefcence des corps falins, &c. Les météores aqueux. Les expériences fakes a diverfes hauteurs deTatmofplière. Les expériences faites dans le vide. La nature comparée des corps combuftibles. L'augmentation de poids & le changement de nature de ces corps après la combuftion. L'hiftoire des corps naturels brülés. La flamme & la chaleur artificielles. La théorie des fourneaux. Les différens procédés eudiométriques. ' La refpiration des différens animaux. Le méphitisme par la combuftion & la refpiration. La chaleur animale entretenue, diminuée , augEientée. La tranfpiration cutanée &pulmonaire, &c. TlTRE QÜATRIÈME. NATURE ET A CTI0 N DE L' E A U. I. L'eau exifte dans trois états; folide c'eft la glaee; liquide, c'eft fa forme la plus connue; en vapeur ou en gaz. B 3 B.  83 PHILOSOPHIE II. La glacé eft une criftallifation plus ou moins réguliere, transparente, très-fapide, élaftique, fufible au-deffus de o de température, qui laifle encore fortir beaucoup de calorique de fon intérieur dans pluiieurs combinaifons. III. La glacé a o abforbe pour fe fondre 60 degrés de température, ou la quantité de calorique néceffaire pour élever une quantité d'eau égale a la fienne, de 60 degrés au-deffus de o. Sa capacité n'eft donc pas la même que celle de Peau liquide, ce qui tient a la différence de fon état, comme il a été dit au titre II. u°. VI. IV. Toutes les fois que l'eau liquide perd beaucoup de calorique en fe combinant, on doit la confidérer comme folide dans ces combinaifons; fouvent même elle y eft beaucoup plus folide que de la glacé it o; c'eft de-la que dépend la folidité des mortiers, des cimens oü entre la chaux éteinte. V. L'eau refte éternellement folide fur les montagnes réfroidies depuis des fiecles par la préfence de la glacé, & fous les póles; elle y forme des efpèces de rochers ou des concrétions blanches presque fem-, blables a des pierres. VI. L'eauliquide& pure eft fans faveur, fans odeur, d'une pefanteur 850 fois plus confidérable que 1'air; elle forme les fleuves, les rivières , les étangs, les fources, les ruiffeaux, &c. Elle occupe les cavités, les ftllons, & en généraj le§ parties les plus balles, dó globe, VII.  CHIMIQUE. a3 VIL Elle eft trés-rarementpure, paree qu'elle disfout dans la terre & a fa furface l'air, les gaz falius, les fels terreux; elle agit même fur les pierres les plus folides; elle les diffbut, les charrie, les dépofe, les fait criftallifer. C'eft pour cela qu'on Fa nommée le grand diffolvant de la nature; elle donne naiffance a beaucoup de phénomènes , & elle eft un des plus grands agens qui modifie fans ceffe la furface du globe. Ses mouvemens, fes courans, fon aclion, ont changé peu-a-peu la nature des miiiéraux, & ont créé une efpèce de monde nouveau fur Faucien. VIII. Toutes les eaux terreftres contiennent d'après cela quelque fubftance étrangère k la nature de l'eau; on en reconnoit la préfence par fa pefanteur fpécifique augmentée , fa faveur plus ou moins fade, terreufe, crue, la difficulté de bouillir, de cufre les légumes, de diffoudre le favon. L'eau qui s'éloigne le plus de ces propriétés étrangères a fon caractère effentiel, eft la plus pure. IX. L'eau terreftre, affez pure porir fervir aux befoins de la vie & a la plupart des arts, eft celle qui coule fur un terrein fabloneux, quartzeux & qui eft en contact avec Fair. Celle au contraire qui traveile la craie, les platres, les marbres & qui féjourne fur des tourbes, des bitumes, des mines, & dans des cavités fouterraines loin de Fatmofphère , eft plus ou moins impure. X. L'art chimique de corriger les eaux impures Cïues, dures, confifte a les expofer a Fair, les agiter B 4 a  CHIMIQUE. S7 étrangers 4 l'eau pure qu'il donne en brülant. De - la font venues toutes les efpèces & les -dénominations différentes de gaz inflammables que Pon a admifes, & dont la bafe générique eft toujours le gaz hydrogène. XIX. Le gaz hydrogène étant une des fubftances naturelles qui contient le plus de calorique, c'eft ua des corps combuftibles qui en laiffe le plus dégager, & quf conféquemment donne le plus de chaleur en brülant. De-la tous les corps combuftibles compofés, tels que les huiles, les graiffes, & tous ceux qui proviennent des corps organifés en général, dont la bafe de la compofition eft due a 1'hydrogène, donnent beaucoup de chaleur dans leur combultion. Tels 'font les bois, les huiles, les charbons de terrc, les bitumes, 1'alcool, 1'éther, &c. XX. II fuit auffi de ce qui précède que les corps combuftibles compofés, qui cóntiennent beaucoup d'hydrogène dans leur compofition , doivent en brülant exiger une quantité d'oxigèn^ trés - confidérable , & fournir de l'eau pour produit de leur combuftion, en raifon de la quantité d'hydrogène qu'ils cóntiennent; ainfi une livre d'alcool donne en brülant plus d'une livre d'eau, &c, XXI. Les corps combuftibles qui décompofent l'eau, font en général ceux qui ont plus d'affinité, ou une attraction plns forte pour l'oxigène que n'en a 1'hydrogène ; mais cette attraction eft trés favorifée par le calorique, qui tend de fon cóté 4 s'unir 4 1'hydrogèïie. La grande quantité de calorique peut même ren-  28 PHILOSOPHIE dre l'eau décompofable par des corps qui, a froid, ne feroient pas fufceptibles de la décompofer: la luiniere y contribue également. XXII. Les corps combuftibles qui ne décompofent point l'eauaquelquetempérature que ce foit, en raifon de leur peu d'attraétion pour l'oxigène, toujours plus foible dans ce cas que celle qui exifte entre l'oxigène & 1'hydrogène, doivent au contraire quand ils ont été brülés par d'autres moyens, être décompofés ou fe laiffer enlever l'oxigène par 1'hydrogène. Voilé ce qui arrivé aux oxides de plomb, de bismuth, &c. XXIII. On ne connolt encore dans Part chimique que des moyens de décompofer l'eau par des corps combuftibles qui lui enlèvent fon oxigène: on n'en a point qui lui enlèvent 1'hydrogène & qui mettent a nud fon oxigène; il paroït que la nature a des inftrumens pout opérer cette maniere inverfe de décompofition de l'eau ; les feuilles des végétaux frappées par les rayons du foleil paroiflent décompofer l'eau, abferber fon hydrogène , & dégager fon oxigène en air vital. Tel paroit etre en partie le méchanisme de la végétation, de la formation des huiles, & du renouvellement de 1'atmofphère. Foyez le titre IX. XXIV. Tant que 1'hydrogène & 1'oxigène tous les denx fondus en gaz par le calorique & la lumière , font en contact a froid 1'un avec 1'autre, ils ne fe combinent point, il n'y a point d'inflammation, il ne fe forme point d'eau. Mais quand on approche du mé-, lange un corps en ignition, ou quand on le comprimé foiH  CHIMIQUE. n fortement, 'ou par une fecouffe violente & brusque quelconque, ces deux gaz commencent a le combiner, la combuftion s'opère & l'eau fe forme. XXV II parolt qu'il fe paffe un phénomène .analogue dans 1'atmofphère ; les détonations atmofphériques, les coups de tonnerre, femblent n'être qu'une combuftion de gaz hydrogène & d'air vital, auffi font-ils fouvent fuivis d'une pluie rapide; ce qu'on appelle les grains fur mer, paroiflent être dus ainfi a une formation inftantanée d'eau dans 1'atmofphère, par la combuftion rapide du gaz hydrogène & de 1'air vital, occafionnée a 1'aide de 1'étincelle éleftrique & par la néceffité du rétabliffement de 1'équilibre éleétnque entre différens nuages, ou. entre les nuages &la terre. XXVI. Une foule de phénomènes chïmiques de la nature & de 1'art, qui étoient autrefois inexplicables & qu'on comptoit parmi les miracles, font aujourd'hut des fuites néceffaires de^ la décompofition de l'eau bien appréciée; 1'influence des vérités expofées dans ce titre fur la théorie générale de la chimie, eft immenfe; on la retrouvera dans tous les titres fuivans, Applications des propojitions de ce titre. Les réfroidiffemcns artificiels. La théorie des glaciers, des glacés polaires. Les variétés des eaux atmofphériques & terreftres. L'art de corriger les mauvaifes qualités des eaux. La théorie de 1'ébullition de l'eau. La  Sö PIIILOSOPHIE La diiïérence de l'eau bouillie & de l'eau aérée. La diftillation de l'eau en grand; celle de l'eau falée. La théorie des brouillards, des rofées. La théorie de 1'hygromètre & des elfets hygrométriques. L'inllammation des corps combuftibles par l'eau. Les gaz dégagés des eaux de marres. La variété des gaz inflammables. Les colorations par les gaz. Les oxidations des métaux, ou la rouille forméepar 1 air humide. La théorie des détonations. Quelqucs phénomènes des diffolutions métalliques. Quelques bafes de la théorie de la végétation, de la formation des huiles, &c. Titre cinquième. nature et a c t i o n des t e r r e s e t des a l c a l 1 s. I. Ce que 1'on nommoit autrefois la terre exclufivement, cf qu'on regardoit comme un élément & comme la caufe de la folidité, de la féchereffe, de 1'infipidité, de 1'indilfolubilité , &c. n'appartient plus qu'i une de ces idéés vagues & indéterminées s que 1'imagination peu fatisfaite encore des fuccès de 1'expérience, avoit créées pour tenir lieu de faits. Aujourd'hui on ne connoit point une terre élémentaire, & au lieu d'une, ou a trouvé au moins cinq fubftances terreufes qui auroient toutes autant de droit pour ctre  CHIMIQUE. 3T être nommées des élémens , puisque chacune entte dans la compofition de beaucoup de corps. Ö. Des cinq fubftances terreufes que Fon a découvertes , deux font en quelque forte plus terreufes , plusfèches, plus fufceptibles de dureté, plus infipides, &c., & les trois autres ont des propriétés falines qui les rapprochent des matières alcalines; ona nomméces trois dernières fubftances falino- terreufes, terres falines , terres alcalines , alcalis terreux. Les deux premières font la Silice & Alumine; les trois autres font la Baryte, la Magnéfie, la Chaux. II. Chacune des cinq terres a des caractères fpécïfique qui la diftinguent, outre ceux qui lui appartiennent en commun & qu'on pourroit nommer gènèri^ues. Ces derniers font la féchereile, 1'inaltérabilité au feu, Pinfufibilité, la propriété de ne fe pas décompofer & de fe comporter dans les combinaifons comme des' matières fimples & indeftructibles. IV. La Silice qu'on a nommée terre filicêe, terne filiceufe, terre quartzeufe, terre vitrifiable, eft rude au toucher; elle ufe & raye les métaux; elle eft infufible &apyre, indiffblubledans Peau & dans la plupart des acides, foluble par les alcalis a un grand feu, & formant le verre avec ces fels; on la trouve abondamment dans le fable, le quartz, le filex, Pagate, le jafpe, le grès & toutes les pierres fcintillantes dont elle fait la bafe. On ne 1'a point décompofée ni imitéj par la fynthèfe. On Pa regardée comme la terre la plus limple, Félément terreux, Porigine de toutes les au-  3- PHr*LOSÖPHiE autres terres , mais on n'a point prouvé ces afiertions par 1'expérience. Elle fert a une foule d'ufages, & fur-toutau moulage, alaverrerie, aux cimens, aux poteries, &c. V. L'Alnmine, ainfi nommée paree qu'elle fait la bafe de 1'alun, appellée ar gilt par quelques auteurs , douce fous le doigt, happant a la langue, durciffant au feu , faifant pate avec l'eau, s'uniffant a la plupart des acides, fe féchant en feuillets, prenant une grande dureté par fon mélange avec l'eau & la filice, contenue en grande quantité dans les argiles, les glaifes, les fchites, les ftéatites &c. employée dans une foule d'arts, comme prenant & retenant les formes, fe cuifantaufeu, arrêtant l'eau, inconnue dans fa nature intime ou dans fes principes, regardée fauflement comme de la filice altérée, divifée, pourrie par l'air éi l'eau. VI. La baryte ou la terre pefante, remarquable par fon extréme pefanteur, jamais feule dans la nature & toujours unie aux acides fulfurique & carbonique, prenant une couleur bleue ou verte par le feu & avec le contaét. de la filice ou de 1'ahimine des creufets, fe diffolvant dans 900 parties d'eau, verdiffant la couleur des violettes , ayant une affinité plus grande que les alcalis mêmes avec la plupart des acides, inconnue dans fes principes, foupconnée d'étre un oxide métallique, fervant a faire reconnoitre par-tout la préfence & la quantité de 1'acide fulfurique. VII. La magnéfie, trés fine, trés blanche, inal- téra-  CHIMIQUE, 53 t^rablft aü feu, döuce & légere, relfeniblant il une' fécule, exigeant piés de deux mille parties d eau pour fe diflbudre, ne verdiflant que légèrement la teinture des violette^ & des mauves, formant des fels trés* folubles avec les acides , y tenant moins que la chaux qui 1'en fépare, & a-pëü-près autant que 1'ammoniaque qui conftitue avec elle & les acides des fels a deux bafes, ou une clafl'e de fels triples, exiflant en quantité notable dans les ferperitines, le mica; les ardoi» les, les amianthes, indéeompofable comme les précédentes^ ècinconnue cömme elles dans fa compofition; VIII, La chaux, la plus alcaline des terres , la feüle qui ait üne faveur acre, chaude j presque caüfti* que, défagréable &ürineufe, verdiflant fortement le firop de violettes, attirant l'eau atmofphérique dans fon extinélion a l'air, s'échauffant beaucoup avec Peau & la folidifiant avec elle , en dégageant une très-gran* de quantité de calorique dans fon extinélion è fee * fe diflblvant dans moins de 700 parties d'eau, attirant Pacide carbonique de 1'atmofphère , & formant h Iz furface de Ia diflblution une croftte de craie impropre* ment nommée crème de'chaux, inaltérable enfin quand elle eft feule, mais Te fondant avec la filice & Palumi* nê, formée de principes ignorés encore, quoique ma-»" ïiifeftement compofée< IX. La convérfion prétendne des térres les unes dans les autres admife par les naturaliftes, eft une véritable chimère. II n'efl point prouvé que la filice devienne de 1'alumine a l'air, que les filex fe chaft^ gent en ciaie, que la craie fe convertifle en magné* C fie,  fHILOS OPHIE fie, comme on Pa penfé d'après des indices beaucoup trop légers. X. Les trois terres alcalines femblent être plus manifeftemeiu compofées que les deux premières. On eft porté a penfer que Pazote eft un de leurs principes , & que c'eft lui qui leur donne ces proprié'és alcalines ; mais Pexpérience n'a point encore fourni la preuve de de cette idéé; leur formation attribuée avec vraifemblance aux animaux marins qui cóntiennent beaucoup d'azote dans leur compofition, lui donne quelque fondement. XI. Quant a leur nature métallique qu'on a cru démontrer par de prétendues réduélions en métaux des cinq terres, en les chauffant foriement avec du charbon, les globules métalliques très-petits & très-peu abondans qu'on a obtenus, venant manifeftement des charbons & de la terre de coupelle qu'on avoit mêlés a toutes les terres, & ayant été reconnus pour du phofphure de fer dans le traitement des cinq terres différentes, il èft bien prouvé que les terres ne donnent point de fubftances métalliques. XII. Si quelques phyficiens continuent de penfer que les terres font des efpèces de corps brülés, auxquels l'oxigène eft extrêmement adhérent, & qui ne peuvent pas être décompofés a caufe de leur forte attraction pour ce principe, cette opinion n'eft point appuyée fur Pexpérience. Les terres s'uniflènt entre elles 2 a i, 3 a 3 & même en plus grand nombre par des procédés qui nous font inconnus , mais que la na-  CHIMIQUE» H irature praïique trés-en grand, pour donner naiffance aux pierres différentes par leur dureté , leur tiffu , leur tranfparence, leur opacité , leur couleur, leur förme, &c. Si Tart n'a point imité ces compofés^ c'eft que le temps , les maffes & Fefpace lui man-» quento XIÏI. Les trois terres alcalines formeiit unë efpècé depaffa'gë entre les terres & les alcalis; ceux-ci font r'éconnoiffables par leur faveur tere, brülante & urineufe, leur caulticité, leur aftion fmgulière fur la peau & fur toutes les marières animales, 1'altératiori de la couleur bleue des violettes en vert & méme eri jaune verdtoe, leur déliquefcence. On en connolt trois efpèces, la potaffe, la foude & Pamriioniaque: les deux premières ont été appellées alcalis fixes + paree qu'elleS fe fondent & rougïflent ati feu avant de fe volatilifer; latroifième, en raifon d'une propriéié Oppofée , a été nommée alcali volatih XIV; La potafïefe réconnoltaux caraclères fuivanss elle eft fèche, folide, blanche, criftallifée en- plaques! rhomboïdales, fufiblea une température de 90 degrés* très-déliquefcente, fe diffolvant dans l'eau avec chaleur & odeur fade particulière, fe combinant très-bieri & formant ün compofé tranfparent par la fufion avec la filice. Elle fe trouve fouvent avec la chaux & combinée avec différens acides dans la nature* On la retire fur-tout des végétaux; elle refte dans leur cendre après la combuftion. On croit qu'elle a de Fanalogie avec la chaux, & qu'elle pourroit être-formée' Ca éê  36 PHILOSOPHTE de cette matiere unie a 1'azote; mais cette opinion n'eft point prouvée par Pexpérience. XV. La foude retirée des plantes marines par leur incinération , faifant la bafe du fel marin, relfemble fingulièrement 5 la potafle par fa forme, fa caufticité, fa fufibilité, fa déliquefcence, fa fufion avec la filice, fon aclion fur les matières animales , &c. On la confondroit avec elle , comme on Pa fait pendant long-temps , fi elle ne formoit point avec les acides des fels tous différens de ceux que forme la potafle j & fi elle ne cédoit pas les acides a cette dernière. On a penfé que la foude étoit un compofé de magnéfie & d'azote, paree que Pon trouve auffi fouvent les fels k bafe de magnéfie avec ceux a bafe de foude, que Pon rencontre les fels calcaircs avec ceux ii bafe de potafle; mais 1'une de ces penfées n'eft pas plus vériflée encore que Pautre. XVI. L'ammoniaque ou alcali volatil, diffère beau» coup des deux précédentes efpèces par fa forme de gaz , lorsqu'elle eft diflbute dans le calorique , par celle de liquide lorsqu'elle eft diflbute dans Peau, par ion odeur vive & fuffoquante , par fa diffolubilité dans Pair, par fa décompofition connue & fadle & Paide de 1'étincelle éleélrique, des oxides métalliques , des acides nitrique & muriatique oxigené. Cette décompofition prouvé que Pammoniaque eft compofée d'hydrogène & d'azote, & c'eft pour cela qu'elle préfente fouvent des phénomènes d'une matière combuftible. On concoit aufli par-la comment les matières ani-  fe8 PHIL0S0PHI5 Titre sixiême» w/tture des corps c q m b u s tie l e $, I. Les corps combuftibles funt trop variés, trop ïiorabreux & trop importans dans les phénomènes qu'ils préfentent, & dans les combinaifons qu'ils éprouvent fans celle entre eux & avec 1'air, pour ne pas les examiner avec foin, & pour ne pas chercher a en bien déterminer les propriétés , les caraétères fpéci-» fiques. II. En comprenant fous ce nom toutes les fubftances fufceptibles de fe combiner plus ou moins rapidement avec l'oxigène, & d'en dégager le calorique & la lumière , on doit les diftinguer en deux claffes; favoir les combuftibles fimples ou indècompofés & les combuftibles plus ou moins compofés. III. Les combuftibles fimples n'ottt pu être jusqu'ici ni décompofés, ni faits de toutes pièces. On nc comioit pas leur nature intime. Ils fe rencontrent quelquefois ifolés dans le règne minéral ou dans les deux autres règnes, & presque toujours combinés deux a deux. Tels font le diamant, 1'hydrogène, le fou* fre , le phofphore, le carbone & les métaux. II faut connoitre chacun de ces 6 genres en particulier. IV. Le diamant, le corps le plus dur que Pon conaoiffe, tiès-remarquable par la force avec laquelle il re»  CHIMIQUE. 39 refrange & décompofe la lumière , & par laquelle Newton avoit découvert qu'il étoit trés - combuftible , fe trouve criftallifé en oétaëdres , dodécaëdres, &c. dans la nature; il préfente quelques efpèces différentes par leur tiffu , leur'denüté , leurs couleurs; il brüle avec une flamme fcnüble; il fe réduit en vapcurs en brülant; on ne connott pas fa combinaifon avec l'oxigène; peu de matières agiffent fur lui , & fi ce n'étoit fa combuftibilité, on pourroit le regarder comme inaltérable. On ne connolt point encore de compofés oü il entre comme principe, & il femble qu'il n'obéiffe point a 1'attraction chimique. V. L'hydrogène; un des principes de l'eau, formant avec le calorique & la lumière le gas hydrogène, 16 fois plus léger que l'air, indiffoluble dans la plupart des corps, diffolvant au contraire le foufre, lephofphore, le carbone, 1'arfénic, les huiles, &c., & formant par ces difiblution les diverfes efpèces de gaz inflammables , qu'on nomme aujourd'hui gaz hydrogène 'fttlfuré, phofphoré , carbonè, arfènié, huileux, &c., décompofant plufieurs oxides métalliques, les acides a radicaux fimples & connus, donnant a tous fes compofés combuftibles ou non, un pouvoir rcfringent confidérable, propriété qui avoit fait deviner üt Newton que l'eau contenoit un corps combuftible, fe fixant dans les corps organiques^, & y formant un des principes des mixtes combuftibles qu'ils cóntiennent. (Voyez le titre X.) VI. Le foufre; corps jatmatre, oclorant, dlectrique, tranfparent & oétaëdre, opaque & pfismatique, C 4 fu-  Ü9 PHILOSOPHIE fufible, éprouvant cieux combuftions, 1'une lente aveG une flamme bleue & formation d'acide fulfureux, Tau^ tre rapide avec une flamme Manche &.produétion d'acide fulfurique , fe combinant avec les terres & les alcalis, & devenant difToluble par ces combinaifons, s'uniffant aux métaux & formant les mineraux fulfureux, exiftanten tres-grande quantité, foit feul, foit combiné avec les métaux dans la terre, Vil. Le phofphore ; corps blanc , tranfparent, Cnftalhfé , lamelleux, trés-fufible, brülant de deux manières, lentement a toute température conuue avec une flamme blanchatre, une odeur acre & formation d'acide phofphoreux; a foixante degrés rapidement, 3vec une flamme vive & trés-briljante , fans odeur fcnfible, & formation d'acide phofphorique ,ne fe trouvant jamais pur dans la nature , k caufe de fa grande combuftibilité , s'uniffant bien au foufre , aux métaux, fa diffolvant dans le gaz hydrogène, erilevant l'oxigène a 'plufieurs métaux, & les féparant des acides fous leur forme & avec leur éclat métallique, exiftant dans les minéraux plus même que dans les animaux, auxqueb on 1'atiribuoit autrefois e}kclufive. jntnt. VUL Le carbone; matière combuftible des charbons, fqppofée pure & ifolée d'avec les terres, les alcalis, les fels, &c. combuftible k un grand degré de chaleur , formant avec l'oxigène 1'acide carboni géne , forment les bitumes, les huiles, les réfines * qui, quoique tendant a fe brüler & a fe féparer, restent cependant quelque temps dans leur équilibre de combinaifon, jusqua ce qu'une élévation rapide dans leur température, en même-temps que le contact, de l'air ou de l'eau, vienne faire celfer eet équilibre eii ïfolant les élémens & les combinaifons, & en les unisfant féparément a l'oxigène; aufTi les produits de ces combuftibles compofés font-ils toujours de l'eau & dé 1'acide carbonique. II en eft de même de 1'alcool & de 1'éther formés par des modifications des principes des végétaux, & qui , en dernière analyfe, ne font que des combinaifons d'hydrogène & de carbone avec plus ou moins d'eau & l'oxigène. Voyez les titres X« XI & XII. XIII. Cette expofition des dilTérentes efpèces de corps combuftibles, & de leurs principales propriétés caraétériftiques , fait voir quel róle jouent ces corps dans les phénomènes du globe; elle autorife iï partager presque tous les produits naturels en deux grandes claffes, les corps combuftibles & les corps brülés; on voit dans les maffes & les aétions des premiers , la caufe des météores inflammables, des cha- leurs  5« P H1L O S O P Hl E lire, comme on le fait pour le foufre, le phofphore, 1'arfénie; 1'autre eft d'enlever aux acides qui cóntiennent le plus poffible d'oxigène, des proportions diverfes de ce principe, par des corps combuftibles qui en font très-avides. XHL Ce dernier moven qui.eft fondé fur les attractions de 1'oxigène pour les différens corps combuftibles, eft fouvent employé avec fuccès pour décompofer entièrement les acides, en leur enlevant tout l'oxigène qu'ils cóntiennent; c'eft par lui que les acides enflamment les corps combuftibles. II fuftit pour cela que les acides dont on fe fert ne cóntiennent pas 1'oxigène folide, & que les matières inflammables qu'on meten contact avec eux, puiffent Pabforber plus folide qu'il n'eft dans les acides. Auffi tous les acides décompofables par plufieurs corps combultibles , ne les enflamment-ils pas. XIV. Le charbon efi employé avec fuccès pour décompofer tous les acides qui en fontfufceptibles; mais il n'eft pas le feul cprps combuftible qui puifle y fervir; la plupart des métaux, le phofphore, le foufre, 1'hydrogène fee & folide, comme il eft dans les compofés végétaux, ont auffi cette propriété. XV. Tous les acides dont la différence fpécifique efi: due, comme il a été dit, a leurs radicaux particuliere , peuvent être partagés en quatre clafies par rapport a la nature connue ou inconnue, fimple ou compofée de ces radicaux. A. La  CHIMIQUE. 53 A. La première clafle renferme les acides a radicaux connus & fimples, c'eft-it-dire, formés par des fubftances combuftibles , indécompofées , unies a l'oxigène; elle comprend les efpèces fuivantes: 1'acide fulfurique , 1'acide nitrique, 1'acide carbonique , 1'acide phofphorique, 1'acide arfénique, 1'acide tunftique & 1'acide molybdique. B. La feconde clafle contient les acides h radicaux inconnus, mais fortement foupconnés d'être fimples; on peut compter dans cette clafle 1'acide muriatique, 1'acide fiuorique & 1'acide boracique. C. Dans la troifième clafle, je range les acides 4 radicaux compofés binaires; tels font tous les acides végétaux, dont le radical commun eft un compofé d'hydrogène & de carbone ; 1'acide fuccinique doit être auffi placé dans cette clafie. D. Enfin la quatrième clafle appartient aux acides dont les radicaux font des compofés de trois corps au moins ; elle renferme les acides animaux, qui ont pour radicaux des combinaifons de carbone, d'hydrogène & d'azote. XVI. Non-feulement chacune des clafies d'acides préfentées dans le numéro précédent , peuvent être diftinguées par des caraétères généraux appartenant a chacune d'elles , mais encore chaque acide en particulier a des propriétés qui le caraétérifent, & qui empechent qu'on ne puifie le confondre avec un autre. On peut même expofer ces propriétés par des expresD 3 lions  Si, PIIILOSOPHIE iions fimples , faciles, par des phrafes femblables & celles que les naturaUftes employent d'après Linnéus. L'esquiffe de cette méthode va être tracée dans les numéros fuivans. XVII. Les acides a radicaux fimples & connus font tous décompofables par les corps combuftibles qu'ils brülent avec plus ou moins d'activité, & fe réduifent ainfi a leurs radicaux; c'eft même par cette décompofition , qu'on a trouvé la nature de leurs radicaux. On peut auffi les faire de toutes pièces, en uniffant leurs radicaux a l'oxigène. Les acides a. radicaux inconnus, & foupconnés des corps fimples par de fortes analógies , n'ont d'autre caraclère clafiique que de ne pas pouvoir être décompofés par les corps combuftibles, & de ne pas être formés par Tart. Les acides a radicaux binaires , ou les acides végétaux, font reconnoiffablcs & caraelérifés, i°. paree qu'ils font tous décompofables par un grand feu & par une addition fuffifante d'oxigène; 2°. pnrce que dans cette décompofition ils donnent de l'eau & de 1'acide carbonique, formés par 1'ifolement de leur hydrogène &; de leur carbone, unis chacun a part a l'oxigène; 30. paree qu'ils fe décompofent fpontanément, ïorsqu'on les expofe diflbus dans l'eau a une tempéra. ture au-deffus de 10 degrés; 4°. par ce qu'ils ne peuvent pas être décompofés par les corps combuftibles connus, paree que leur radical eft compofé des deux fubftances qui ont jusqu'ici la plus forte attraction pnffible • pour l'oxigène ; 50. enfin paree qu'ds peuvent être convertis les uns dans les autres; ce qui tient  CHIMIQUE. SS iient a ce qu'ils ne différent entr'eux que par les pro» portions de leurs trois principes. Les acides i radicaux ternaires & plus compofés encore, ou les acides animaux, quoique les moins connus de tous, ont auffi qijelques propriétés qu'on peut regarder comme des caractères claffiques. Telles font la propriété de donner de rammoniaque lorsqu'on les décompofe par le feu , celle de fournir de 1'acide pruffique par un changement de proportion dans leurs principes. XVIII. A ces caractères claffiques il faut ajouter les caractères fpécifiques, en effayant un langage analogue a celui des botaniftes & des zoologiftes. ; Acides de la Ife clajfe a radicaux fimples & connus. A. L'acide fulfurique, formé de foufre & d'oxi* géne, par la combuftion du premier, inodore, deux fois plus pefant que l'eau, trés - cauftique, moins vo'latil que l'eau, donnant du gaz acide fuïfureux & du foufre par fa décompofition due au charbon rouge, aux métaux, &c, formant des fulfates avec les terres, les alcalis & les oxides métalliques. B. L'acide fuïfureux, trés-odorant, trés-volatil , gazeux, détruifant les couleurs bleues végétales , enlevant les taches produites fur le blanc par ces couleurs, enlevant peu-a-peu l'oxigène k l'air & k beaucoup d'acides ou d'oxides, formant des fulfites avec les bafes terreufes & alcalines. D 4 C. L'a-  6o PHILOSOPH1E forme dans les végétaux traités par 1c feu; tels font les acides pyromuqueux , pyroligneux & pyrotartareux. Le cinquième genre renferme les acides végétaux qui font produits par la fermentation; on ne connoït encore que l'acide acéteux dans ce genre. Voici les caractères fpécifiques de ces 12 acides. A. L'acide fuccinique, dégagé & fublimé du fuccin chaufFé, d'une odeur bitumineufe forte, huileux & inflammable , volatil , criftallifable en aiguilles , formant des fels criltallifables permanens , fur-tout avec les oxides métalliques , & adhérant plus aux trois terres alcalines qu'aux alcalis. B. L'acide citrique , criftallifable en lames rhora» boïdales, non convertible en acide oxalique par l'acide nitrique, ayantplus d'alfinité avec les terres qu'avec les alcalis, décompofable fpontanément dans l'eau & par le feu. C. L'acide gallique, abondant dans la noix de Galles , criftallifé en petites aiguilles grifes ou jaunatres, ftyptiques, précipitant en noir les diflblutions de fer, & réJuifant les oxides métalliques unis aux autres acides, convertible en acide oxalique par l'acide nitrique. D. L'acide malique, abondant dans les pommes, rion criftallifable, convertible en acide oxalique par l'acide nitrique, fe formant en même-temps que l'acide cxalique & même avant lui , dans les végétaux traités par l'acide nitrique. E. L'a-  C H IM1QUE. ft E. L'acide benzoïque, retiré du benjoin, des fto* rax, du baume du Pérou, de la vanille, par la chaleur, criftallifable enprismes comprimés, d'une odeur aromatique lorsqu'on le chaulfe , fufible a un feu doux, volatil, inflammable, peu foluble dans l'eau, diflbluble & non décompofable par l'acide nitrique. F. L'acidule tartareux , formé d'acide tartareux , en partie faturé de potafle, exiftant dans les vins , criftallifable, décompofable par lefeu, donnant beaucoup d'acide carbonique & d'huile, & laiffant beauconp de carbonate de potafle; fourniflant aufli a la diftillation de l'acide pyrotartareux , peu diflbluble , décompofable dans l'eau, formant des fels triples avec les alcalis & les oxides métalliques , devenant trèsdifloluble par Faddition du borax & de l'acide boraciquc; l'acide tartareux retiré de l'acidule criftallifable en aiguilles entrelacées, inaltérable a l'air, trèsdiffbluble, reformant de l'acidule par Faddition d'un peu de potaffe, décompofant les fulfates, nitrates & muriates de potafle & de foude jusqu'a fa formation en acidule, convertible en acide oxalique par l'acide nitrique. G. L'acidule oxalique, formé d'acide oxalique en partie faturé de potafle, extrait du fuc d'ofeille, cristallifé en parallélipipèdes , peu décompofable par le feu, ne donnant pas d'huile, peu foluble, formant des trifules avec les terres & les alcalis; l'acide oxalique qu'on en extrait, trés - diffoluble, trés-criftallifable, enlevant la chaux a tous les autres acides, parfaitement femblable a celui qui eft formé par l'acide  &?- P H IL O S O P III E de nitrique mis en contact avec toutes les matières Tégétales; inaltérahle par l'acide nitrique, le moins décompofable & le plus oxigené des acides végétaux. II. L'acide camphorique , formé par 1'acuon de 1 acide nitrique difbilé fur le campbre, criftallifabk en parallélipipèdes, formant des fels bien criftallifables avec les terres & les alcalis , n'enlevant pas Ia chaux a tous les autres acides, comme Ie fait l'acide oxalique; très-puu connu. I. L'acide" pyrotartareux, modification de l'acide tartareux feite par le feu, d'un odeur & d'une couleur de brülé, très-raréfiable & fe bourfoufflant beaucoup par le calorique, non criftallifable, formant avec les bafes terreufes & alcalines des fels différens de ceux que donne l'acide tartareux; peu connu. K. L'acide pyromuqueux, formé par la diftlllation des gommes, du fucre, des fécules, d'une odenr vive, agréable, de caramel, volatil, tachant la peau en rouge ,décompofable parun grand feu; peu connu. L. L'acide pyroligneux, tiré des bois par diftlllation, d'une odeur piquaute, fétide, non criflallifa. ble , décompofable par un grand feu, volatil , formant des fels particuliers avec les terres , les alcalis & les oxides métalliques, ayant des attraétions particuhères pour ces bafes, du refte auffi peu connu que les deux précédens. . L'acide acéteux, formé par la fermentatïon du vin j  CHIMIQUE, «3 Vin, nommé h caufe de cela vinaigre, d'une faveur & d'une odeur agréables, volatil & liquide, décompofable par un grand feu, fufceptible de fe furcharger d'oxigène quand on le diftilie avec des oxides métalliques, & devenant par-la de l'acide acétique ou vinaigre radical , beaucoup plus acide, plus -acre, plus odorant que l'acide acéteux, inflammable & mêlé d'alcool. Acides de la IFe clajfe a radicaux tertiaire**' XXI. Les acides a radicaux compofés ternaires , & qui ont été indiqués comme formés en général de carbone, d'hydrogène & d'azote unis a l'oxigène, appartiennent plus en particulier aux fubftances animales; on les connolt moins encore que les précédens: mais en rappellant ici qu'ils fourniflent tous de l'ammoniaque par leur décompofition aü feu, & de l'acide pruflique par un changement de proportion; dans leurs principes, je ferai obferver que l'acide pruflique femble Être a. ce genre d'acides en général ce qu'efl: l'acide oxalique aux acides végétaux , & j'ajouterai qu'en convertiffant les fubftances animales en acide oxalique par 1'aétion de l'acide nitrique, il fe forme conltamment par la même action de l'acide pruflique qui fe dégage en vapeurs. II y a 7 acides animaux connus , qui paroiflent appartenir tous a ce genre de compofés, favoir l'acide lactique, l'acide faccholaclique, l'acide fébacique, l'acide lithique, l'acide formique, l'acide bombique & l'acide pruflique. Cherchons dans chacun quelques propriétés qui les caraétérifent. A. L'a-  *$4 PH1LOSOPHIE A. L'acide lactique, formé avec un peu d'acide acéteux dans le lait aigri fpontanément , non criftallifable , foluble dans 1'alcool, donnant a la diftillation un acide analogue a l'acide pyrotartareux, formant des fels déliquefcens avec les bafes terreufes & alcalines, décompofant les acétites alcalins. B. L'acide faccholaélique, fe précipitant en poudre blanche de l'acide oxalique formé par le fucre dc lait & l'acide nitrique, peu fapide, presque point foluble, décompofable par lefeu, & donnant alors un fel fublirrfé de 1'odeur du benjoin, formant des fels criftallifables avec les alcalis; trés-peu connu. C. L'acide fébacique, retiré de la grailfe par 1'action du feu, féparé auffi de la grailfe par les alcalis & la chaux a 1'aide d'une chaleur forte, liquide, blanc, fumant, très-dcre dans fon odeur & fa faveur, formant des fels criftallifables & fixés avec la terre & les alcalis, décompofant le muriate de mercure , décompofable par une forte chaleur. D. L'acide lithique, exiftant dans Purine humaine, formant la pierre de la veffie, fee, criftallifé en aiguilles plates, presque infrpide & indiflbluble, en partie volatil, décompofable a une forte chaleur, donnant du carbonate ammoniacal & de l'acide pruffique par le feu , formant une diflblution d'un beau rouge avec l'acide nitrique, difloluble dans les alcalis cauftiques, fe précipitant de Purine des fiévreux avec une couleur gris de ün ou rougeatre. E. L'a-  7° P IIIL O S O P IIIE fe ou alcaline des attractions éledtives ou des affinités différentes, il faudroit bien counoltre toutes ces affinités refpeéhves pour avoir une hiftoire complete des fels compofés; comme on n'a encore déterminé d'une manière exacte qu'une très-petite partie de ces affini. tés , on eil bien éloigné de pofféder 1'enfemble des faits qui doivent appartenir a eet ordre de corps: on n'a point encore convenabjement examiné le dixième de ces combinaifons. V. Pour commencer avec méthode l'hiftoire de fels compofés, il faut les divïfer en gentes & en fortes, & établir leurs caractères génériques & fpécifiques, on ne peut offrir qu'une légère ébauche de ce travail qui n'a point encore occupé les chimiftes, quoiqu'il foit effentiel d'appliquer aujourd'hui la méthode des botaniftes a 1'énoncé des propriétés chimiques. On trouve deux méthodes de divilions pour les fels ' compofés; 1'une eft fondée fur les acides & 1'autre fur les baies ; on ne peut encore établir de genres qui comprennent 1'enfemble de tous ces fels que d'après les acides, paree qu'il n'y a qu'eux qui puifïent fburnir des caractères génériques ; l'in&uence des bafes fur les propriétés de ces compofés n'eft point affez connue, póur qu'il foit poffible de confidérer ces bafes alcalines & terreufes comme chefs des divilions génériques. VI. On peut donc compter 34 genres de fels compofés d'après le nombre des acides; leurs noms génériques étant tirés de leurs acides, on a pour ces 34 genres les dénominations fuivantes. I. gen-  CHIMIQUE. ?e I. genre, les Sulfates. II. genre, les Sulfites. III. genre, les Nitrates. IV. genre, les Nitrite s. V. genre, les Carbonates. VI. genre, les Phosphates. VII. genre, les Phosphites. VIII. genre, Arséniates. IX. genre, les Tün stat es. X. genre, les Molybdates. XI. genre, les Muriates. XII. genre , les Muriates oxigenês. XIII. genre, les Fluates. XIV. genre , les Borates. XV. genre, les Succinates. XVI. genre, les Citrates. XVII. genre, les Gal la te 5. XVIII. genre, les Malates. XIX. genre, les Benzoates. XX. genre, les Tartrites. XXI. genre, les Oxalates. E 4 XXIL  PHILOSOPHIË 6°. L'influence de l'air, nulle, donnant ou erilevant l'eau des criftaux. 7". L'union avec l'eau , la quantité néceflaire k h diiïblution , a diverfes températures , le froid ou la chaleur produite, la criftallifatiort opérée par le réfroidiflement ou 1'évaporation. 8 . L'attraftion des terres qui modifie ou décompofe, ou ne change point ce fel , ou s'y unit en trifule. 9°. L'effet des alcalis fur lui nul , décompofant, quelquefois s'imiffant en fel triple. *o\ L'aclion comparée des acides différens de celui qu'il contient , décompofant , dénaturant le fel, ou n'y produifant aucun changement. ii0.- L'influence des autres fels neutres fur lui, fe réduifantou a une aftion nulle, ou a une union entière qui tend a former un fel triple, ou k une doublé décompofition qui échange les bafes & les acides, ou a une précipitation en raifon de leur attraftion pour l'eau. 12°. La diflblubilité ou la non diflblubilité du fel dans 1'alcool. itf; Son ahération ou fon inaltérabilité par le charbon qui en décompofe l'acide, ou le laifl'e intaft. Ï4°. L'influence de la végétation, & de la fermen* tation fur ce fel. 151. Enfin fon aftion fur 1'économie animale. IX. Si toutes ces quefiions avoient une réponfe" exncte dans Fétat aftuel de la ehimie, Thifloire des fels compofés terreux & alcalins, non feulement feroit complete, mais jetteroit une vive lumière fur beaucoup  ■ Töf PHILOSOPHIE Titre neuvième. t OXIDATION ET DIS SOLUTIONS DES M E' T A U X. ï. Les métaux ont été déja confidérés comme des corps combuftibles indécompofés ou fimples, & caï-adérifés par leurs propriétés faillantes, dans le titrë flxième. Mais ces généralités ne fuffifent point; le róle important que ces matières jouent dans les phénomènes de la nature, & dans les procédés des arts, exige qu'on les examine en particulier & avec un détail fuflifant pour en bien apprécier toute l'inlluence. II. Quoïque les métaux foient fufceptibles de s'unir dans leur état métallique, foit entre eux, foit aü foufre, au phofphore, au carbone, & en général atoutes les matières combuftibles, il eft bien plus ordinaire de les voir combines a l'oxigène avant de s'unir a d'autres fubftances; ou en d'autres termes, poür entrer dans lé plus grand nombre des compofés dont ils font partie , il faut qu'ils s'uuiflent auparavant a l'oxigène, ou qu'ils palfeut a 1'état de corps brülés. Aufti tous les phénomènes finguliers que prëfentent les métaux dans leurs combinaifons, tous les changemcns de forme qu'ils éprouvent font-ils dus a leur attrncliort pour l'oxigène & a la proportion diverfe dans laquelle ils cóntiennent ce principe. III. Quoiqu'il y ait beaucoup de clrconftances dans lesquelles les métaux peuvent être unis a l'oxigène, ori  CHIMIQUE. ft tin peut les réduire en général a trois. La' prémièrë eft le contact de l'air aidé du calorique; la feconde eft due a la décompofition de l'eau, «Sela troifième k cellö des acides. C'eft fous ce triple point de vue qu'il faut confidérer iei 1'oxidation & les difiblutions des métaux. IV. Tous lés métaux" chauffés dans l'air & élevés a une température plus ou moins haute, foit avantj foit après leur fufioh, font fufceptibles de brüler avec une flamme vive, une grande chaleur & une véritable déflagration; ils abforbent donc l'oxigène plus oü moins folide, ceux qui s'oxident lentement & fans inflammation fenfible, dégagent cepehdant auffi dé la lumière & du calorique de l'air vital, mais en fi petite quantité k la fois, que ces matières ne font pas fenfi* bles a nos organes. V. L'élévation de température favorife f abforptiori de l'oxigène atmofphérique par les métaux , & rénd plus folide la combinaifon de ce principe avec ces corps combuftibles» VI. Tandis qu'il y a dés métaux qui ne brülenf. jamais dans l'air qu'k une trés-haute élévation dé température, comme Por, l'argent & le platine, il en eft d'autres qui brülent a toutes les températures $ & même k la plus bafle & avec une grande promptitudé, comme le manganèfe, qui s'oxide & tombe en pouflière en quelques heures par le contaét de 1'air j même a plufieurs degrés au-deflbus de ó. Quelqüesuus, comme le fer, lecuivre, le plomb, &c, b'rü* F leni  êi PHILOSOPH1E lent lentement & en quelques mois & 1'air, meme froid. VII. Tous les métaux augmentent de poids dans cette opération, qui n'a pas lieu fans le contact de l'air, & abforbent ainfi un principe , l'oxigène atmofphérique , fans en prendre aucun, Le nom de calcination qu'on avoit donné a ce phénomène ne peut pas être confervé non plus que celui de chaux métalliques ; on y a fubftitué les mots combuftion & oxidation pour 1'opération , & celui d'oxides métalliques pour les métaux ainfi brülés. VIII. Les couleurs que les métaux préfentent en brülant ou dont leur flamme efi nuancée, paroiflent tenir a la diflblution des molécules métalliques dans la lumière qui fe dégage; ainfi le cuivre fait une flamme verte, &c. IX. Non - feulement tous les métaux comparés les uns aux autres dans leur combuftion par le contact de l'air , abforbent des quantités différentes d'oxigène pour fe faturer, mais encore chaque métal confidéré en particulier en abforbe des proportions diverfes , s'arrête h différents points d'oxidation , fuivant les divers degrés de température auxquels on 1'élève. Ainfi 1'étain, le plomb , le cuivre , le fer, changent d'abord de couleur, & fe nuancent des teintes de 1'iris aux premiers degrés de feu qu'on leur fait fubir aVec le contaél; de l'air ; le plomb eft d'abord en oxide gris , puis en oxide jaune, enfin en oxide rouge; le mercure paffe du uoir au blanc, du blanc au jaune, & du jau»  CHIMIQUE. jaune au rouge; le fer d'abord en oxide noir devient enfuite oxide vert, puis oxide blanc , & a la fin oxide brun; le cuivre eft d'abord en oxide brun, de-li il paffe au bleu, & fon dernier degré d'oxidation le colore en vert. X. Les métaux différent tous entre eux par leuf attraétion pour l'oxigène; il en eft auxquels la lumière presque feule ou aidée d'une foible portion de calorique enlève l'oxigène, comme 1'or , l'argent, &c. j d'autres exigent pour s'en féparer un grand degré de fen & beaucoup de lumière, comme le mercure; enfin la plupart ne fe laiffent point enlever ce principe pat le calorique & la lumière. Potir décompofer ces derniers oxides, on les chauffe avec du charbon qui leur enlève l'oxigène. XI. C'eft aufii ett raifon de cette diverfité d^at* traction pour l'oxigène que quelques métaux 1'enlèvent k d'autres, comme presque tous le font a 1'or ós k l'argent, le cuivre au mercure, le fer au cuiVre, &c. Toutes ces attractions ne font point encore bien connues; ce qu'on fait jusqu'ici annonce 1'ordre fuiVant entre eux, en commencant par la plus forte attraétion pour l'oxigène , le manganèfe, le z'mC , le mercure, l'argent, 1'or. XII. Plufieurs métaux décompofent 1'eaü & d'aütant plus fenfiblement ou rapidement que leur température eft plus élevée, paree qu'alors la grande quantité de calorique employé , attire & diflbut plus fortement 1'hydrogène. Ainfi le fer décompofe l'eau avec une F 2 gran'  «4 PHILOSOPHIE grande activité lorsqu'il efi rouge blanc, tandis qu'il ne produit cette décompofition qu'en beaucoup de temps a la température la plus élevée de 1'atmofphère. XTII. Le fer, ie zinc, 1'étain, 1'antimoine, pa» roiffent fufceptibles de décompofer l'eau ; il eft vraifemblable que le manganèfe, & même quelquels autres fubftances métalliques en font également fufceptibles. On attribue cette décompofition a une attraction plus forte pour l'oxigène que celui-ci n'en a pour 1'hydrogène, il s'enfuit que les oxides de ceux qui ne décompofent point l'eau font entièrement décompofés par 1'hydrogène. Mais il faut diftinguer ici les différens degrés d'oxidation; car 1'oxide de fer trés - oxidé ou oxidé en brun, efi en partie décompofé par 1'hydrogène & ramené a 1'état d'cxide noir, paree que le fer n'enlève l'oxigène a l'eau que jusqu'au degré oü il eft oxidé en noir; au-dela de cette oxidation il ne la décoropofe plus. XIV. Tous les métaux fufceptibles de décompofer l'eau , opèrent cette décompofition bien plus facilement & rapidement, lorsqu'ils font aidés par le contact d'un corps qui a une grande tendance pour s'unir ri leurs oxides. Souvent même les métaux, comme d'autres combuftibles , qui feuls ne décompoferoient point l'eau, en deviennent fufceptibles par la préfence de quelques autres fubftances qui agiffent alors par une affinité difpofante; c'eft ainfi que la préfence des acides rend presque tous les métaux capables d'opérer la décompofition de l'eau.  CHIMIQUE. 8* XV. Les oxides métalliques ont cela de particulier dans leurs combinaifons , qu'ils femblent faire fonction d'alcalis ou de bafes terreufes & alcalines a 1'égard des acides, quoiqu'ils foient fufceptibles de s'unir d'un autre cöté aux terres & aux alcalis , comme des efpèces d'acides. A la vérité, il y a moins de ces derniers que des autres, &on remarque en général 'que ce font ceux auxquels l'oxigène adhère le plus fortement, comme 1'antimoine, le plomb , le fer, le manganèfe, qui faturent les alcalis a la manière des acides. On a déja dit, au titre VI, qu'il y a trois métaux véritablement acidifiables. I XVI. Des métaux ne peuvent pas être diflbus par les acides, fans être prélimiuairement oxidés ; c'eft pour cela que les oxides métalliques dilfolubles dans les acides s'y dilfolvent lentement & fans effèrvefcence; tandis que les métaux ne peuvent pas s'y diflbudre fans mouvement & fans effervefcence. XVII. L'elfervefcence produire par la diffolution des métaux eft due a ce qu'en abforbant l'oxigène ils 1'enlèvent a un principe qui prend la forme d'un gaz, ou fluide élaftique. Ce principe provient ou de l'eau ou des acides, fuivant que 1'une ou les autres font décompofés; quelquefois il appartient en même temps ■k ces deux corps qui font alors décompofés tous deux a la fois par les métaux. XVIII. L'acide fulfurique décompofé ainfi par les métaux lorsqu'il eft concentré donne- du gaz fuïfureux, & l'acide nitrique du gaz nitreux. F 3 XIX.  IS PHILOSOPHIE XIX. L'acide fulfurique étendu d'eau facilitanr, beaucoup la décompofition de cette dernière par les métaux, donne dans ce cas du gaz hydrogène; c'eft ainfi que fe comportent principalement les diflblutions de zinc & de fer par l'acide fulfurique aqueux. L'acide phofphorique fe comporte a peu-prés avec les métaux , comme le fait l'acide fulfurique. XX. L'acide nitrique eft non-feulement décompofé par plufieurs métaux, mais il laifle encore décompofer l'eau en même-temps que lui. II fuffit pour cela que le métal qu'on y diflbut foit extrêmement avide d'oxigène ; tel eft fur - tout 1'étain. Dans ce cas 1'hydrogène de l'eau en s'uniffant a l'azote de l'acide nitrique forme de 1'ammoniaque; voila pourquoi ces disfolntions ne fournifleut point de gaz & cóntiennent du nitrate ammoniacal, On concoit d'après cela continent la plupart des diflblutions des métaux blancS dans l'acide nitrique, donnent des vapeurs d'ammoniaque quand on y jette de la chaux vive. XXL L'acide muriatique u'étant pas fufceptible d'être décompofé par les corps combuftibles, ne disfout par lui-même que peu de fubftances métalliques. II n'attaque que les métaux qui font aflez avides d'oxigène pour décompofer l'eau; auffi pendant les diflbfritions métalliques par l'acide muriatique, fe'dégage-r t*U toujours du gaz hydrogène. XXIL Non - feulemetit l'acide muriatique n'eft pas fufceptible d'être décompofé par les métaux, il a encpre la propriété d'enlever l'oxigène a la plupart des oxi-  CHIMIQUE. 87 oxides métalliques; il paffe alors a 1'état d'acide mu« riatique oxigené; c'eft a cette attraction pour l'oxigène qu'eft due la propriété de diflbudre facilement les oxides métalliques dont jouit eet acide, & c'eft pour cela qu'on Femploie avec fuccès pour diflbudre 1'oxide de fer que les autres acides ne peuvent pas attaquer. Si les oxides métalliques font furchargés d'oxigène lorsqu'on les diflbut dans l'acide muriatique, eet acide fait effervefcence, paree qu'une partie s'en va en gaz acide muriatique oxigené. Si ces oxides ne font qu'au poiut convenable d'oxidation pour s'unir k eet acide, ils fe diffolvent fans mouvement , fans effervefcence , comme du fel ou du fucre dans l'eau. XXIII. Les acides boracique & fluorique ne s'uniffent que foiblement aux oxides métalliques ; ils ne diffolvent point les métaux purs, paree qu'ils ne font pas décompofables par ces corps; mais ils font oxider par l'eau ceux d'entre eux qui ont le plus d'affinité pour l'oxigène. II en eft de même de l'acide carbonique qui fe combine bien avec la plupart des oxides métalliques, & qu'on trouve fouvent uni avec eux dans la nature. XXIV. Les acides métalliques font facilement décompofés par les métaux trés - combuftibles; ils s'uniffent feien avec leurs oxides, & on les trouve fouvent cömbinés enfemble dans la nature. XXV. Les acides végétaux & animaux, ou k radicaux formés d'hydrogène & de carbone, ne font pas décompofés par les métaux; mais ils rendent l'eau F 4 trés-  CHIMIQUE. 9f Cajftus; 120. union avec les fulfures terreux ou alcalins, formation d'efpèces de mines fulfureufes. XXXV. Les oxides métalliques ont différens degrés d'affinité avec les acides, & on peut employer les uns pour décompofer les combinaifons des autres. Mais ce font fur-tout les affinités diverfes des métaux pour l'oxigène qui font la caufe la plus importante du phénomène de la précipitation des diflblutions métalliques. Ainfi plufieurs métaux en enlevant l'oxigène a ceux qui font diflbus dans les acides, font reparoltre ceux-ci fous la forme métallique, comme le mercure fait pour l'argent, le cuivre pour le mercure, le fer pour le cuivre, le zinc pour le fer, &c. Quelquefois les métaux n'enlèvent point tout l'oxigène aux oxides métalliques diflbus dans les acides. Cela arrivé lorsque les métaux précipitans n'ont pas befoin de tout l'oxigène uni aux métaux diflbus, pour prendre- leur place dans les acides ; ainfi 1'étain en précipitant 1'oxide d'or ne lui enlève point tout l'oxigène qu'il contenoit, & laifle précipiter ce dernier métal dans un état particulier d'oxidation. Les oxides métalliques en fe partageant l'oxigène dans une nouvelle proportion, fe précipitent avec des propriétés qui méritent d'être mieux obfervées qu'on ne l'a encore fait jusqu'ici. Applications des ènoncés de ce titre. Préparation de tous les oxides métalliques utiles aux arts. Verres colorés, émaux.' Seis  CHIMIQUE. p5 VII. II eft néceflaire de bien concevoir ici, qu'en réduifant a des tennes généraux ou a des réfultats principaux, tous lesfaits de Panalyfe végétale, on n'a rien trouvé de plus dans toutes les plantes qu'on a examinées jusqu'a préfent que les 16 fubftances précédentes ; de forte qu'on peut affurer qu'elles compofent véritablement le tiffu de tous les végétaux connus, & qu'en les féparant d'un végétal, on en fait ainfi une analyfe trés-exacte. II ne faut cependant pas entendre que ces 16 matériaux immédiats fe trouvent tous dans les diverfes parties des végétaux, ou même dans chaque végétal tout entier. II eft des plantes qui dans tout Peufemble de leurs parties ne fourniflent pas 5 a 6 de ces matériaux ; il en eft d'autres qui en cóntiennent 8 ou 10; qnelques - unes les offrent tous. Mais en fuppofant qu'on put mêler enfemble & confondre même chimiquement toutes les plantes dont la chimie s'eft occupée , ce mélange, cette eombinaifon, confufe en apparence, n'offriroit que les 16 ou 17 fubftances indiquées ci-defiiis, par les analyfes les plus exactes & les plus-recherchées ; on doit donc dire que les végétanx font formés de ces matériaux immédiats. VIII. Chacun des matériaux énoncés ci-deflusa des propriétés particulières diftinétives , parmi lesquelles il faut choifir celles qui peuvent en tracer les caraétères & les faire reconnoitre facilement les unes des autres. II n'eft pas impoflible de traiter eet objet a la manière des botaniftes & de n'avoir qu'une phrafe caractériftique ou fpécifique pour chacun de ces matériaux. Quoique cette méthode n'ait encore été  $<5 PHILOSOPHIÊ été ni propofée ni exëcutée en chimie, on effayera d'en préfenter une efquifl'e dans les numéros fuivans. Caractères des matériaux immédiats des végétaux. IX. L'extractif ou l'extrait ;matière 12che,brune,un peu déliquefcente, dilTolubledans l'eau, obtenue des lues des végétaux épaiffis , des infiifions , des décoctions; donnant a la diftillation un acide, un peu d'ammoniaque& d'huile; abforbant l'oxigène atmofphérique, & devenant peu-a-peu indiflbluble par cette abforption ; regardée fauflement comme un favort naturel; compofée de carbone, d'hydrogène, d'azote & d'oxigène, & tendant toujours a abforber plus de ce dernier principe qu'elle n'en contient dans fon premier état. X. Le Muqueux ou le Mucilage; fubftance gluante, visqueufe, fade, donnant beaucoup d'acide pyro-muqueux a la diftilation ; diflbluble dans l'eau froid e & chaude ; n'abforbant point l'oxigène atmofphérique; fe féchant & devenant caflante fouS la forme de gomme; exiftant dans les racines , les jettnes tiges , les feuilles; fortant par expreflion des écorces desarbfes; collant leurs fibres les unes aux autres. XI. Le Sucre; d'une faveur piquante & agréablc, criftallifable, diflbluble, fermentefcible, presqu'en tout femblable au mucilage, en difFérant par la propriété de fermenter & de former de 1'alcool. Le mucilage & le fucre font des compofés de carbone, ■ d'hy-  CHIMIQUE; b? «'hydrogène & d'oxigène, qui différent de 1'ëxtrait* i°. Paria proportion d'hydrogène plus petite:. (c'eft pour cela qu'ils n'abforbent pas l'oxigène atmofphérique comme 1'extrait;) 20. Par 1'abfence de l'azote | auffi ne donnent-ils point d'ammoniaque. XII. Le Sel essentiel; comprenant les acte des végétaux, formés en général d'hydrogène & de carbone plus oxigenés que les trois principes précédens; en ajoutant l'oxigène a ces derniers, on les convertit en acides. Les acides végétaux en quelqua nombre qu'ils puiffent être ne paroiffent différer que par la proportion de leurs trois principes 5 ils font tous décompofables par le feu, fufceptibles de fe corvertir les uns dans les autres 5 & fe réduifent en dernière analyfe par faddition de l'oxigène en eau & en acide carbonique; (Foyez le titre VII.) XIII. L'Huile fixe; nommée autrefois huilt grafie; épaiffe, douce, inodore, brülant quand elle eft volatilifée , formant des favons avec les alcalis caultiques ; mêlée d'une mucilage nommé principe doux, des huiles par Schéele; s'épaiffiffant & devenant concrète par le contaél de l'air & 1'abforption de l'oxigène ; éprouvant les mêmes effets par les acides & les oxides métalliques ; compofée de carbone , d'hydrogène &. d'un peu d'oxigène. Elle diffère des compofés précédens par la proportion d'hydrogène plus grande; de-la fa combuftibilité & fa propriété de fe changer en eau &.en acide carbonique, quand elle brüle avec fuffifante quantité d'air, comme cela G ar*  ICO PHILOSÖPHÏE blanche, infipide, combuftible , donnant beaucoup d'acide pyro-muqueux a la diftillation, diflbluble dans l'eau bouillante, formant une gelée avec ce liquide, fe convertiflant en acides oxalique & malique par 1'aétion de l'acide nitrique; exiftant dans toutes> les matières blanches & caflantes des végétaux, particulièrement dans les racines tubéreufes & les graines des graminées, formant la bafe de la nourriture des animaux, & difpofée promptement a devenir ie principe de leurs corps. XXI. Le Gluten ; corps élaflique, duétile 4 comme fibreux ou membraneux , indiffoluble dans l'eau, légèrement foluble dans 1'alcool , donnant beaucoup d'ammoniaque a la diftillation, putrefcible comme une matière animale, fe colorant en jaune comme elle par le contact de l'acide nitrique; fe convertiflant en acide oxalique par eet acide , faifant la différence de la farine de froment d'avec les autres farines, lui donnant la propriété de faire une pate. XXII. La Matière colorante ; toujours attachée a I'une ou h 1'autre des matériaux précéd'ens, paroiffant varier par fa nature, tantót diflbluble dans l'eau, tantót attaquable feulement par les alcalis, les huiles ou 1'alcool; devant fes diverfes propriétés aux différentes quantités d'oxigène qui s'y font fixées , ayant de 1'affinité pour s'unir a 1'alumine , a 1'oxide d'étain , &c. ; fufceptible de fe combiner plus ou moins étroitement aux tiffus végétaux & animaux. XXIII. La Gomme elastique; analogue k Ia l gom-  C li I M I Q U E. \ 105 Applications des rèfultats du titre dixieme. Les applications des rèfultats confignés dans ce titre font extrémement multipliées j elles tiennent a 1'agriculture, a 1'économie rurale, a la pharmacie, a la matière médicale & a' tous les arts qui s'exercent fur les fubftancee végétales. Voici une légère esquiffe des principaux traits de ces applications importantes. La germination. Le développement des feuüles. La floraifon. La fruélification. La maturation des fruits & des gralnes. La formation fuccelïïve de la gomme, del'extrait, de l'huile , de la réfine, des fels, du fucre, de la partie colorante , dans les différentes époques de la yie végétale. L'accroilTement du corps ligneux, de 1'écorce, &c. Les préparations pharmaceutiques des fucs , des extraits , des fels effentiels , des mucilages, des huiles, des réfines, des gommes - réfines, des eaux arc« matiques, &c. Les arts du fucrier, de confifeur, du meunier, du boulanger, de 1'amidonier, du vigneron, du braifeur, des brüleurs de vin & d'eaii-de-vie, du verniffeur, du teinturier, du papetier, de 1'indigotier, des lacques, du linier, du parfumeur, du limonadier, de rhuilier, dufavonier, du charbonier, &c. C- 5 T u  aoö PHILOSOPIIIE Titre o n z i è m e. DE LA FORMATION ET DE LA NATURE DES, j SUBSTANCES ANIMALES; TIIE'ORIE DE L'ANIMALIS ATION. I. C'eft, une vérité conftante gué les animaux ne peu. vent point éntretëhir leur exiftëncë fans le fecours des végétaux; auffi a-t-on dit depuis long temps dans rhiftoire naturelle, que les végétaux fe forment des minéraux, & les animaux des végétaux. Mais fi cette vérité eft connue depuis long-temps, le mode du changement de ces corps les uns dans les autres, ou de leur converfion réciproque, n'a pas encore été déterminé. Cependant c'eft fur ce point que doivent principalement s'exerccr les travaux des chimiftes; ce problême une fois refolu , donnera la connoiftance exacte de tous ceux qui concernent 1'économie animale. Déja les découvertes modernes offrent quelques rèfultats utiles & cette grande recherche. II. Le moven le plus fur de refoudre eet important problême , c'eft fans doute de reconnoitre d'abord avec exacrjtnde les fubftances animales, de, les compnrer a celles du règne végétal, d'en rechercher avec ibin la différënce ou 1'analogie. II n'eft pas douteux que ces différences une fois bien connues, puiffent faire concevoir la caufe a laquelle elles font dues. III. En prenant les rèfultats de toutes les analyfes modernes faites fur ie ging & les humeurs, ainfi que fur  CHIMIQUE. 107 fur ïes parties folides qui proviennent manifeftement de la concrétion des premières, on trouve pour principales différences des fubftances animales d'ayec les fubftances végétales, A. La propriété de donner beaucoup d'ammoniaque & des produits très-fétides par l'aétion du feu. B. Celle de fe pourrir plus facilement, plus promptement, & en répandant une odeur beaucoup plus infecte. C. De donner beaucoup plus de gaz a?ote par l'acide nitrique. D. De contribuer fingulièrement a la formation de l'acide nitrique, IV. Toutes ces différences femblent ne tenir qu'a la préfence d un principe beaucoup plus abondant dans les animaux que dans les vdgdtaux, c'eft celle de l'azote. On diroit donc qu'il lufliroit d'ajouter de l'azote aux matières végétales, pour les convertir en fubftances animales. V. On doit cependant obferver encore qu'a ces premières différences indiquées, & que 1'on pourroit appeller différences capita/es, peuvent êtreajoutées quelques autres phénomènes particuliers, dont l'influence, quoique moins grande fans doute fur la compofition animale, ne doit cependant point étre négligée. TelIe eft entr'autres la préfence de l'acide phofphorique &  I» PHILOSOPHIE matière des concrétions rénales & véficales, quifemblent ne demander pour fe former, qu'un féjouf uö peu plus long que celui que la nature a voulu qu'elle fit dans fes organes, ou un premier noyau, qui appelle en quelque forte les couches lithiques fuccefïïves. II faut encore obferver dans 1'urine les proportions des divers principes, & fur-tout des acides a nu qu'elle contient, du phofphate de chaux qu'elle entralne, & qui, variant fingulièrement dans les maladies des articulations, dans celles des aponévrofes & des os, doivent devenir quelque jour entre les mains des obfervateurs habiles, des nouveanx moyens de connoitre la nature de ces affeótions , d'en détermincr les progrès, & peut-être même d'en afl'urer la curation. XIII. On ne peut dire ici que peu de chofes des autres fluides animaux, tels que 1'humeur de la tranfpiration, de la fueur, le fuc gaftrique, la falive , 1'humeur des larmes , le mucus nafal, le cerumen des oreilles , la liqueur féminale-, &c. paree que tous ces fluides ont été peu examinés jusqu'ici. Tous ont fans doute leur compofition particulière & difFèrente par quelques points, fur-tout par la proportion.de leurs principes ; quelques-unes de ces humeurs nn peu plus connues par des expériences modernes, ont pré» fenté 1'union d'un mucilage particulier avec l'eau, la foude pure, le phofphate de chaux & le phofphate de foude. Tels font les larmes , le mucus nafal & le fperme: les deux premiers ont offert de plus la propriété de s'épaiffir par le contaél: de l'air & par 1'ablbrption de l'oxigène; ce qui conftitue vraifemblable- ment  CHIMIQUEi tii ment la maturité ainfi nommée de 1'humeur dans le rhume de cerveau, même dans celui des poumons. La liqueur féminale a préfenté le fingulier phénomène de la criftajlifation jusqulci inconnue du phofphate de chaux. XIV. En confidérant 1'enfemble des matières folides qui compofent les tilTus fi variés des divers organes des animaux, on peut d.ivifer en trois genres principaux les fubftances qui les forment; le premier comprend 1'albumine, le fecond eft la gélatine ou la matière gélatineufe, le troilième la matière fibreufe ou la fibre: deux de ces corps ont été déja diftingués a Partiele du Sang, N°. VIII. On ne fera que préPenter rapidement ici les phénomènes eonftans qu'on peut regarder comme les caraélères de chacun de ces genres. I. G E n r Ei UAlbumine', concrefcible par la chnleur , par les .acides, 'par les oxides, & en généial par l'oxigène concret ou presque concret, diflbluble par les alcalis , fe trouve plus ou moins coudenfée ou oxigenée & tiflue dans les membranes, les tenJons, les cartilages, & en général dans toutes les parties animales bl'.mches. II. Genre- La Gélatine,; partageant la folidité de ia première dans la plupart des organes blancs , fufceptible d'en H £t»f  ÏÏ4 PH1L0S0PHÏE etre féparde & diflbute facilement par l'eau bouillants," a laquelle elle donne Ia forme de gelde en réfroidi». fant; comme elle fait Ja bafe ou la plus grande partie de tous les organes blancs en général, ceux-ci font fufceptibles de fe diflbudre plus ou moins complétement dans l'eau bouillante, & de former des gelées tranfparentes par le réfroidiflement de ces diflblutions. III. Genre La Mat Ure fibreufe ; in diflbluble dans l'eau i toutes les températures, diflbluble dans les acides, condenfée, concretée & organifée dans Ja chair mufcu« laire, qu'on doit regarder comme le vrai réfervoir de toute la fibre contenue dans le fang: auffi en confidérant les mufcles comme les organes fecrétoires de cette matière fibreufe du fang, on doit en fuivre toutes les modifications relatives a la quantité ou a la proportion qui s'en fixe dans ces organes, & fur tout par rapport a 1'exclufion qu'ils paroiflent lui donner dans plufieurs circonftances morbifiques , dans la vieillefie, &c. XV. Ces trois matières , 1'albumine , Ia gélatine & la fibre, dans un état de concrétion , de combinaifon deux a deux, trois a trois, & fur-tout dans des proportions différentes , forment tous les folides des animaux; on les fépare les unes des autres par une analyfe fimple & facile ; elles forment auffi beaucoup de liquides animaux, fur-tout 1'albumine; fenlement elles y cóntiennent moins "d'oxigène, plus d'eaa a  n6 PHÏLOS OPHIE on Pa dit, que par la préfence de l'azote, &par uno complication plus grande dans le nombre des principes combinés qui les forment. Ainfi au lieu de compofés ternaires comme font les fubftances végétales, les matières animales font des compofés quaternaires & même plus compliquées encore. L'azote eft le quatrième principe primitif, qui eft ajouté a Phydrogène, au carbone & a l'oxigène. XVIII. Ainfi la converfion des matières végétales en matières animales, qui ne coniifte que dans la fixa* tion ou faddition de l'azote, doit être confidérée comme le principal phénomène de 1'animalifation ; lui feul en explique les principaux myftères, & quand cette addition d'azote fera bien connue dans fon méchanisme, la plupart des fonctions de 1'économie animale qui 1'exécutem ouquien dépendent, ferontégalement connues. XIX. Ce qu'on fait déja fur ce dernier objet, fe borne aux confidérations fuivantes: ce n'eft pas tant par une fixation d'une nouvelle quantité d'azote, que par la fouftraction d'autres principes, qui augmente alors la proportion du premier , que ce phénomène a lieu. Dans la refpiration, le fang laifie exhaler une grande quantité d'hydrogène & de carbone, foit fimplement diflbus dans le gaz hydrogène, foit porté a 1'état d'acide carbonique par facie même de la circulation cc dans le fyftême vafculaire , fuivant quelques pbyficiens modernes. L'hydrogène forme, dans les cavités des bronches, de l'eau qui s'exhale par 1'expiration. Une portion d'oxi^èiic paroit fe fixeren même  120 PTHLOSOPHIE leurs fucs exprimés , éprouvent un mouvement lórt* qu'ils font k 15 degrés au moins de température, lorsqu'ils font en grande maffe & fur-tout ni trop épais ni trop liquides. De-14 la grande quantité de vins différens, en y comprenant fur-tout les décoctions des graines céréales germées & converties en partie fucrée par la germination, & même les liqueurs vineufes faites avec le lait, le miel, le fang, &c. IV. La fermentation vineufe s'annonce dans les fucsfucrés par une augmentation de volume, la formation d'une écume abondante qui cn ceuvre la furface , 1'élévatton de la température , le dégagement de beaucoup de gaz acide carbonique , la converfion d'une liqueur deuce en un liquide acre , chaud & piquant» V. La caufe de cette fermentation parolt être due k tme décompofition de l'eau, dont une grande partie de l'oxigène fe portant fur le carbone du fucre, le brflle & le convertit cn acide carbonique. En même temps 1'hydrogène de l'eau fe porte fur la matière du fucre, & en s'y combinant donne naiffance k 1'alcool • ainfi Pon peut définir 1'alcool du fucre moins une certaine quantité de carbone, ou plus une certaine proportion d'hydrogène. Cette théorie explique & la formation de l'acide carbonique dégagé pendant la fermentation vineufe, & celle de Palcool, ainfi que toutes les propriétés de ce nouveau produit. ^ VI. L'alcool pur eft un liquide blanc, d'une odeur iorte, d'une faveur chaude èc.Aere, vaporifable k 64 de^  CHIMIQUE'. iet degrés de chaleur, inflammable a toutes les températures, donnant beaucoup d'eau & d'acide carbonique en brülant, ne répandant point de fumée par fa combuftion , mifcible a l'eau en toute proportion , en chaffant l'air & une partie du calorique pendant qu'il 5'y combine, diffolvant les alcalis purs ou cauftiques, décompofant les acides, & fe convertiffant en éther par cette décompofition, diffolvant les fels neutres déliquescens & beaucoup de fels métalliques, enlevant aux végétaux l'huile volatile, 1'arome , la réfine, le baume , une partie de la gomme-réline & plufieurs matières colorautes, enfin utile a une foule d'opérations des arts par toutes fes propriétés. VII. Déja Pon peut renrarquer que la formation de Palcool s'opère aux dépens de la deftruélion d'un principe végétal, que la matière fucrée éprouve une décompofition qui la réduit a un terme plus fimple; ainfi la fermentation vineufe ou alcoolique eft un commencement de deftruélion des principes formés par la végétation; ainfi on peut la confidérer comme un des mouvemens établis par la nature pour frmplifier 1'ordre de compofition que préfentent les fubftances vé» gétales. VIII. La fermentation acide ou acéteufe eft le fecond mouvement naturel qui contribue k réduire les compofés végétaux a des états de compofition plus fimple. Cette fermentation qui donne naiffance au vir naigre, n'a lieu que dans les liqueurs qui ont d'abord éprouvé la fermentation vineufe. On a remarqué que le contaél de l'air étoit nécefiaire pour la produélion H 5 du  H2 PHILOSOP HIE du vinaigre. On a vu même 1'air être abforbé par Ift vin qui tourne a 1'aigre, & il paroit qu'une certaine» proportion d'oxigène atmofphérique eft nécefiaire k ia, formation de l'acide acéteux. IX. II y a fans doute plufieurs autres ferrnentation$ snalogues k celle qui forme le vinaigre, & dont on n« eonnoit pas encore bien le produit. Telle eft, par exemple, celle qu'éprouve l'eau mêlée d'amidon, fous ïe nom d'eau fure des amidoniers; telle eft celle qui forme le pain aigri, le chou & les liqueurs aigres. Tous ces changemens doivent être eonfid<