DISSERTATION SUR LES THERMOMÈTRES.   DISSERTATION SUR L A COMPARAISON DES TH ER MO METR ES; J. H. van S WINDEN. Profcffeur de Phflofophie, en V Univerfüè de Franeker; Membre des Sociétés dc Haarlem d" Utrecht. A L E I D E, Chcz VAN DER SPYK ET COMP. M I> C C X C II.   P R Ê F A C E- De tous les inftruméns de Ph'yfique, il n'y en a pas de plus univerfellement employés que les Thermomètres, & peut - être n'en eft-il pas qui foient moiqs bien connus. On a ignoré pendant très-longtemps les Principes d'après lefquels il falloit les conftruire, pour qu'ils répondiffent a tout ce qu'on en pouvoit attendre s ou même, pour qu'ils puflent devenir des inftruméns vraiment utiles. Quoique Newton, Amontons, Fahren heit euflent déja fait au commencement de ce fiècle des Thermomètres comparables; que M. de Reaumur s'en fut occupé de nouveau vers 1730,, & qu'il eüt ajouté quelque chofe aux découvertes de fes prédéceflèurs en ce genre, il reftoit cependant encore bien des incertitudes, foit par rapport a la vraie pofltion des points fixes, foit eu égard aux différens fluides dont on compofoit les Thermomètres, Ce n'eft, ce me femble, que depuis que M. de Luc s'eft occupé de eet objet, & qu'il a publié fes Expériences, qu'on coanoït la vraie nature de ces inftruméns, & les principes d'après lefquels on peut faire une comparajfon exacle des différens Thermomètres qui ont été conftruits. En traitant cette matière avec une fagacité & une précifion dignes de fervir de modele a toutes les recherches de Phyflque, eet admirable Auteur Pa portee, ce me femble, k un haut degré de perfeclion. ^ Ce n'eft pas que je croie qu'il n'y ait plus rien a découvrir fur les Thermomètres: non fans doute. Les moindres objets de la Phyfique * 3  Y* PRÉ F A C E. font.ïnépuïfabjes, Sn 1'on peut tout atténdrê de la fagacite "cV des" foins réübis de plufieurs Phyficiens qui s'eri pccupent.' On a déja inftruit Ie Public que M, L'Abbé Fontana avoit eneore perféclionne' les" Thermomètres1, même i les recherches de M. de Luc, & leur" avoit .itrouv'é ; fis d'éfauts importans qu'aucua Phyfiden-' n'avoit encore foupconne's FtjX & gne ne péüt.-on pas attendre de Tinduftrie de c'e célébre ' Obfervateür de Florence, qui s'eft: acquis la réputation Ja plus étendue & la 'mieux riieritée, & dont on annonce encore des d'écouvertes auffi admirables que diverfifiées ? Lés publier fans délai feroit certainement aügmenter le fervice, que 1'on rendra aü Public. -Mais, • qüoiqu'i! en foit des défauts quipeuvent encore relïeraux Thermomètres, malgré les recherphes de M. de Luc, il eft un point fur lequèl "je ne concois pas qu'on pïït defirer quelque chofe de plus que ce que M. de Luc a fait: j'entends la maniere dont il faut comparer entr'eux des Thermomètres compofés de difïe- ' lens fluïdes, & dont les gra'duations cbmmen- ! cent a diffèrens points fixes.' On doit ajoutei? .encore 'k eêt Article la détërmination du yrai Thermomètre dé 'M.-de Rèa um'uk,' qu'on avoiffi étrangement défiguré. Or ce Tont ces deux points feuls dont jTai eu b.efoin dans mon Ouvrage, & c'ell fur eux que toutes"mes recherches font appuyées comme fur' leur baze. ■ ^ Le feul but,; en efFet, 'que je me fuis propofej a été de. faire une • comparaifon exa&e"des; . différehs- Thermomètres que les Piiyficiens ont employés. Pour y panrenir, i! ëtpïc néceÏTaire ' (:i) Journsl de Piayfique. Tomé IX. p«ge 109. Fev. '1777.  P R Ê F A C E. VU avant tout de faire voir quels font les principes dont on doit fe fervir dans ce genre de recherches, & je les ai détaillés dans la Prémière Partie. II fera facile au Lecleur de s'appercevoir qu'elle n'eft qu'un extrait de -ce que M. de Luc a publié üir ce fujet, dans fes Recherches fur les modifications de l Atmofphere ; chefd'oeuvre accompli, & dont on ne fcauroit trop recommander la leclure a ceux qui veulent connoitre a fond les Thermomètres. Je n'ai ajouté que très-peu de chofe a ce que j'ai tiré de ce grand Phyficien, & je ferai trés - flatté, _ fi le Lecieur, ne trouve pas mes réflexions entiè? rement indïgnes d'être placées a cöté du refie. Je donne dans la Seconde Partie une comparaifon détaillée d'un trés-grand nombre de Thermomètres. Je me flatte d'avoir fait fur ce fujet des recherches beaucoup plus étendues que ne le font celles des Phyliciens qui m'onc précédé & dont j'ai eu connoiftance; j'en excepte ce que j'ai dit fur le vrai Thermomètre de M. de Reaumur: eet Article eft entièrement extrait de 1'Ouvrage de M. de Luc & il n'y a rien qui foit a moi. Je ne décideraï pas de ce qui peut n'appartenir du refte ni du mérite de mon travail. Je prie feulement le Lefteur de le comparer a celui des Phyficiens dont j'ai fait mention dans le I. Chapitre de la Seftion IIT.' p. 174, & qui font les feuls que je connoiffe; il fera alors a même de juger. Je n'ajoute qu'un mot fur 1'utilité qui peut réfulter de ces recherches. Donner une bonne Table de Comparaifoti des diffèrens Thermomètres dont on s'eft fervi; c'eft réduire des inftruméns, ou imparfaits, ou indéterminés, ou peu connus, ou tout au moïns  nu p r £ f a c e. de graduation differente, è un feul & même ïnftrument bien connü, conftruit d'après des principes furs &. fatisfaifans ; c'eft par conféquent rèduire tous ces inftruméns a ce qu'ils auroient été,* s'ils avoient été conftruits fur les mêmes principes que celui qui fert de terme de eomparaifon: c'eft pour ainfi dire les identifier avec eet inftrument, & fubftituer cel ui-ci aux prémiers. On met donc, par la, les Obfervations, faites autrefois avec des inftruméns, peutêtre moins parfaits, ou en diffèrens pays avec des inftruméns diffèrens, en état d'être comparées avec celles qu'on fait aujourd'hui dans quelque lieü que' ce puiffe être. On met ainfi les Obfervateurs Météorologiftes a même de tirer parti de toutes ces Obfervations , qui, fans ce fecours, reftéroient imparfaites, obfeures ou même inutiles. Or avoir des Obfervations de ce genre, c'eft gagner beaucoup, paree qu'elles. ne dépendent, ni de la fagacité, ni de 1'induftrie de l'Obfervateur,ni des différentes combinaifons. qu'il peut faire, ni des circonftances qui pourroient fe retrouver dans la fuite; mais uniquement du Temps; & le temps perdu ne fe retrouve pas dans ces fortes de recherches. UnD esc art es peut, après bien des fiécles de barbarie, apprendre aux hommes a penfer, & leur montrer la vraie méthode de Philofopher. Un Newton peut découVrir, par la feule force de fon génie, les plus fublimes mysteres de la Nature; mais tous les génies de 1'Univers ne fcauroient faire renaïtre ce que Jes ïemps pafle's auroient pu préfenter de Phénomenes Météorologiques aux Obfervateurs, fl dcs-lors il y en avoit eu, ou ce qu'iljeur ont préfenté en effet, mais qu'on n'entend plus pré-  t R Ê F A C E. Ü fentement, faute de connoïtre les inftruméns dont ces Obfervateurs fe font fervis. Et quelques années de plus ou de moins font un objet important en Météorologie, paree que ce n'eft„ qu'en employant une fuite de plufieurs années, que 1'on peut parvenir a quelques condufions probables. Si 1'on ne pouvoit, par exemple, rapporter au Thermomètre de M. de Reaumur celui de M. de la Hire, on n'auroit que quarante - cinq années d' Obfervations pour déterminer le climat de Paris; au lieu qu'actuellement, que 1'on connoït ce Thermomètre, on en a depuis prés d'un fiècle ; & combien d'Obfervations précieufes rimperfedtion & 1'incertitude du Thermomètre deM. Hawksbéï ne nous font-elles pas perdre? C'eft donc contribuer aux progrès de Ja Météorologie, que de rechercher foigneufément les Thermomètres dont les Obfervateurs fe font fervis. L'embarras oii je me fuis trouvé plus d'une fois dans le cours de mes longues recherches fur les rudes Hyvers de ce fiècle m'ont fait fentir combien il feroit a fouhaiter qu'on connüt ces inftruméns a fond, & c'eft ce qui m'a engagé a écrire fur cette matiere. Je fouhaite que mon travail puiffe paroïtre utile aux Phyficiens. Pour qu'il le puiffe être davantage, j'ai ajouté a la defcription de chaque Thermomètre la lifte des Ouvrages, oü 1'on trouve les Obfervations auxquelles il a fervi. Mais il y a plufieurs de ces Ouvrages que je ne connois que de nom, & que je n'ai pu me procurer. Je fuis dpnc bien éloigné d'avoir épuifé la matiere. Combien peut-être n'exiftè-t-il pas de Thermomètres qui me font inconnus? J'ofe cependant affurer que j'en ai ajouté un trés-grand  * f B. t F A C E. nombre a ceux dont les Phyficiens, qui 0nt écrït avant moi fur ce fujet, ont parle. fe n'ai d'ailleurs fait mention que des Thermomètres qu'on pouvoit déterminer plus ou moins. II _ en efl: d'autres quj font entièrement indéterminés, mais a la détermination defquels on pourroit parvenir en quelque forte par des méthodes d'approximatiqn, fi les Obfervateurs avoient publié leurs Obfervations en détail. J'en donnerai des exemples fi je publie jamais mes recherches fur les rudes Hyvers de 1709, 1716, ^& des années qui ont précedé 1'ufage univerfei des Thermomètres h points fixes. La coutume de ne publier les Obfervations Métaorologiques que par Extraits, & même par Extraits fort courts,nuit beaucoup aux progrès de la Météorologie. Ceux qui, par état, s'occupent de cette fcience, le fentent & s'en' plaignent; mais ceux qui ne defirent que de connoïtre en gros les extrêmes du Chaud & du Froid, ne s'appercoient pas de ces inconvéniens. Si la Météorologie, qui efl une branche fi importante de la Phyfique & de 1'hiftoire na-, turelle de chaque pays, reprend quelque jour plus de faveur, peut-être alors le Public defirera -1 - il que les Obfervateurs' donnent des Extraits plus détaillés de leurs Journaux. Ces détails' ferviroient beaucoup a 1'avancement de cette fcience, qui ne peut fe perfe&ionner que par la combinaifon lente & foigneulè de ce qu'on a obfervé en détail en diffèrens endroits.  TABÜE DES C H A P I T R E S. PRÉMIÈRE PARTIE. Des Principes fur lefquels la Comparaifon des Thermomètre^ efl; fondée. C H AP. I. Des Thermomètres en gènèral. pag. I I ï. De la différence qu'tl y a, entre des Thermomètres compofés de diffèrens Fluïdes, £f principw lement entre des Thermomètres de Mercure & d'Efprit de III. Confidèrations générales fur la comparaifon- de diffèrens Thertnqinètres. 2a SECONDE PARTIE, Be la Comparaifon des diffèrens Thermomètres dont les Phyfïciens fe fervent, öu ■ ■ fe1' font' fervis. Introduction. . . . . j gg  T A B L E v E s PRÉMIÈRE SECTION Des Thermomètres qui font a&uellement k plus ujités; de leurs dijférett tes fort es de leurs variétés. Page 34 CHAP, I. Des Thermomètres de M. de Luc- • • m. 11. Du Thermomètre de Fahrenheit. 3 5Article i. Ancien Thermomètre de Fahrenheit. 36" ii. Second Thermomètre de Fahrenheit. 41 in. Dernier Thermomètre de Fahrenheit. 47 iv. Faux Thermomètre de Fahrenheit. 5^ v. Des Thermomètres. qui font des imitations du Thermomètre de Fahrenheit. 59 CHAP. III. Du Thermomètre de M. PvEAUMUR. ^ Article i. Vrai Thermomètre de M. Reaumur. 77 \\. Faux Thermomètre de M. Reaumur. 87  CHAPITRES. ArTICLE iv. Des Thermomètres de M. de l'Isle. . ■ Page 102 v. Du Thermomètre de M. MlCHELY du crest. 106 vi. Du Thermomètre de Suède Ü* de Lyon 115 SECONDE SECTION- De quelques Thermomètres moins ufités aujourd'hui, mais qui ont été conftruits d'après,des points fixes, ou* qu'on y peut réduire avec certitude. 119 CHAP. I. Thermomètre de M. de la Hire. ibid. 11. Thermomètre fation, qui efl; produite par un degré fixe de Chaleur ou de Froid, eft conftante: mais cela n'a lieu que pour des Fluides de même forte. Si 1'on avoic donc toujours employé les mêmes Fluides dans 1% conftruclion des Thermomètres, il ne manqueroit peut-être rien a la perfeétion de ceux-ci, au moins pour ce qui a rapport aleur concordance: fur-tout fi 1'on avoit employé du Mercure: paree que ce Fluide ne perd rien de fa dilatabilité par le laps du temps, ainfi que cela arrivé a 1'Efprit de Vin, felon les Expériences dë M M. Halley , Musschenbroek , Hales & d'autres» Phyficiens (9). Mais comme on a employé dif- (9) Halley rapporte QPhil. Tranf. No. 157. Vol. 17. p. 653) avoir vu 1'Efprit de Vin fublimé fous Ia forme de Rofée au haut des tubes de Thermomètres fcellés hermétiquement. Musschenbroek dit auffi avoir vu que 1'Efprit de Vin ne fe dilatoit pas auffi facilement dans des Thermomètres conftruits depuis 25 ou 60 ans que dans ceux qui 1'avoient été récemment (Introd. ad PUI. Nat. g 1567). Mais M. Kraft rapporte fur ce fujet des Expériences plus détaillées (Com. Petrop. Tom. IX. p. 345). Un Thermomètre a Efprit de Vin , qui marquoit en 1734 le 838 degré «i'une échelle arbitraire, lorfqu'un Thermomètre de Mer-  |ï DlSSERTATÏON SUR LA COMPARAISON férens fluides dans Ia conftruólion des Thermomètres , il efl néceflaire de faire une grande attention aux différences cjui en réfultent. Ces différences font de deux fortes: i°. La grandeur de Ia dilatation produite par le même degré de chaleur: 2°. La Loi que cette dilatation fuit dans fes diffèrens degrés. § 13. La différence que la même chaleur pro* duit dans la grandeur de Ia dilatation de diffèrens fluides , ne fauroit produire la moindre erreur» & ne fait abfolument rien a 1'affaire. II en refulte uniquetnent que ia grandeur de 1'échelle comprife entre les mêmes points fixes, fera plus grande cure fe tenoit a 120, ne marquoit plus que 95 en 1736, pour la meme hauteur Ju Mercure: & M. Kraft cite encore cinq Exemples pareils. A la vérlté il ne dit pas expreiTément que ce Thermomètre étoit fcellé, mais le nom de Thermomètre de Florence femble ne laifTer aucun doute. II y a cependant des Phyficiens, qui revoquent céci en doute & ils alleguent aufll des Expériences. NI. 1'Abbé Nollet alTure avoir éprouvé que des Thermomètres .conftruits depuis quinzeans, indiquoient cependant toujours les rnêmes points fixes lorfqu'011 les remettoit a la G,ace& a I'Eau bouillante, & M. nu Crest dit la même chofe. Et pour ce qui eft de 1'évaporadon de 1'Efprit de Vin, obfervée par Hai.ley, on ppurroit peut-être objeéteraux partifans, du Mercure qu'on a obfervé quelque chofe de pareil dans cel/luide: carM. Foubcroy de Ramecourt a obfervé, que Ja partie vuide de quelques Baromètres étoit rempüe de pe. titf globules de Mercure,qui s'étoient feparés de la Colonne piême, & qui reparoifibient en fort peu de U ms quand on les avoit fait évanouir, en fecouant le Baromètre. Hijl. de VAcad. 1754. p. 31. Quelle que foit la caufe de ce Phénoniène la même chofe pourroit avoir lieu dans les Thermomètres, mais plus difficilement paree que le tube eff plus étroit. Quoiqu'il en foit, il eft fur, par un grand nombre d'autrts raifons, que M. de Luc a détaillécs au long, que le Mercure eft de beaucoup préferable a 1'Efprit de Vin, dans la conftruclion des Thermomètres.  dets thermomètres. 13 pour Ie Thermomètre dont la liqueur fe dilate davantage, & plus petite pour 1'autre. S'iln'y avoit aucune autre différence entre des Thermomètres de Mercure & des Thermomètres d'Efprit de Vin , la grandesr de 1'échelle comprife entre le point de Congélation & celui d'Eau bouillante feroit, pour un Thermomètre a Mercure, a la même grandeur pour un Thermomètre a Efprit de Vin, comme TiJ5 a T||^ ou comme 14 a 87: paree que les dilatations de ces deux Fluides font dans cette proportion (10). Voila tout ce qui en refulteroit, & cela n'eft d'aucune importance. § 14. Mais il en eft tout autrement du fecond Phénomène , de la différence qu'il peut y avoir entre les Loix que fuivent les dilatations de diffèrens Fluides. Cet article efl de la plus grande importance: & quoique Mrs. Reaumur (ii) & du Crest (12) euflent déja fait mention de cette différence, il eft certain que ce fujet n'avoitpas (10) Selon les Expériences de Mr. Nollet , Lefovs de fhyf. Lec. XIV. Exp. 3. Tom. 4' P- 399- m. de l'Jsle établit Ti|5 pour le Mercure. On peut confulter ci-après le 5 53 ; ainfi que le J. 239, pour la dilatation de 1' Alcohol, (11) Mém. del'Acad. 1739. p. 462. M. de Reaumur y Kinarque qu'un Thermomètre de Mercure & un Thermomètre d'Efprit de Vin , conftruits 1'un & 1'autre felon fes principes, ne s'accorderont cependant pas: paree que ces Fluides ne fe dilatent pas fuivant la même Loi : ce que ce Phyficien avoit déja obfervé précédemment pour des Efprits de Vin de différente qualité (Mém. del'Acad. 1730. p. 456-492 ) II dit auffi avoir fait fur la comparaifon de Ja dilatation du Mercure, & de celle d'Efprit de Vin un grand nombre d'Expériences, qu'il n'avoit pas encore eu le temps d,e publier. Je ne fache pas qu'elfes aient été publiées depuis ce tems. (n) ASa Hilvetica. Yol. III. p. 60,  Ï4 DlSSERTATION SUR tA COMPARAlSOM été affez approfondi, jufqu'a ce que 1'admirabfó de Luc en eüt fait j'objet de fes recherches depuis 1762 jufqu'en 1772, qu'il eüt déterminé les Loix que diffèrens Fluides fuivent a eet égard, & qu'il eüt porté tout d'un coup cette partie de la Phyfique a un point de perfedlion, auquel peu de branches de cette Science peuvent encore atteindre. Nous fuivrons donc ici les Principes de eet illuftre Phyficien; nous tirerons nos détails de fes Expériences, & nous tacherons d'expliquer cette matiere de la fagon la plus fimple, afin qu'on en puiffe mieux connoitre rimportance. § 15. Suppofons deux Thermomètres compofés de diffèrens Fluides ï 1'un d'Efprit de Vin, 1'autre de Mercure. Suppofons de. plus qu'on ait gradué les echelles de ces deux Thermomètres par des Expériences immédiates, par la Glacé qui fond, & par I'Eau bouillante. Qu'on nomme le premier de ces points Zero & 1'autre 80: de forte que les deux échelles contiennent 80 degrés: ceux-ci feront, a la vérité, plus grands fur la première échelle que fur la feconde, mais celan'importe pas. Si la même Loi de dilatation avoit lieu pour les deux Fluides, il en refulteroit que la chaleur qui dilate le Mercure de 10, de 20, de 30 degrés, dilateroit auffi 1'Efprit de Vin de 10, de 20, de 30 degrés: deforte que ce feroit la mëme chofe qu'on confultat le Thermomètre a Mercure ou celui d'Efprit de Vin. Mais fi eet accörd n'a pas lieu, fi le Thermomètre d'Efprit de Vin, p: ex: ne marqué que 8, i6\, 25;, 35 degrés, lorfque Je Thermomètre de Mercure, expofé a la même température, fe tient a 10, a 20, a 30, 340degrés, il s'en fuivra i°. que la même Lei de dilatation n'a pas lieu pour les deux Fluides, mais que  DES THERMOMETREf. I£ ces Loix different au contraire de beaucoup: <& 2°, que ce n'eft pas la même chofe de confulter le Thermomètre a Mercure ou celui d'Efprit de Vin, quoique les deux points fixes , o & 80, s'accordent exaélement. Si quelqu'un, employant un Thermomètre d'Efprit de Vin, qu'il voit a 35 degrés, ignore la différence qu'il y a entre un Thermomètre de Mercure & un Thermomètre d'Efprit de Vin; & s'il defire de comparer fon obfervation avec celle d'un autre Phyficien, qui employé un Thermomètre de Mercure; il conclurra qu'il a fait chez lui plus froid de 5 degrés que chez fon ami, fi le Thermomètre de celui-cj s'efl foutenu a 40 degrés, quoiqu'en effet la chaleur ait été la même dans les deux endroits. On voit, je crois, fuffifamment par eet exemple, combien il efl important d'avoir égard k cette différence, fi elle a réellement lieu. § 15*. Or, qu'il y ait en effet une pareïlle différence entre le Mercure & d'autres Fluides, (mais nous ne parierons ici que de 1'Efprit de Fin,} c'eft ce que prouvent fans replique les Expériences de MM. de Luc & du Crest , qui s'accordent très-bien entr'elles. Elles ont été fakes avec un Thermomètre de Mercure, &un Thermomètre a Efprit de Vin qui brule la poudre (13). Zero eft le point auquel les deux liqueurs s'arrétent, lorfque les Thermomètres font piongés dans de la Glacé qui fond; &, lorfqu'ils font piongés (13) c: a: d. Si 1'on met dans une cuiller de la poudre, fur laquelle on verfe de 1'Efprit de Vin qu'on alluine enfuite, la poudre s'allumera lorfque 1'Efprit de Vin feraconïumé: marqué que celui -ci ne laifle pas de Pblegme, qui humeéte la poudre , & Tempêche de s'allumer, comme eela arrivé a 1'Efprit de Vin affoibli.  tëlSSEStTATION SUR LA COMPARAISON dans I'Eau bouillante les deux Thermomètres indïquent le 8oe degré (14), felon 1'échelle de M. Reaumur, dont nous parierons, ci après, plus au long, (§ 81). Ces deux Thermomètres, piongés dans le même vafe rempli d'eau qui fe refroidiflbic peu-k-peu, ont indiqué les degrés fuivans dans j'Expérience de M. de Luc (15). N°. I. , N°. Il Therm. a Therm. a Mercure. Efp. de Vin. 5 8oZZ?°«—6-2=ö-2 c 75 73-° 6^0=6.2-0.2 3 70 67.8 cq-62-O" o 5 tfC ( 3'6. B s  22 DlSSERTATIOÏA? SUR LA COMPARAISOïJ CHAPITRE III. Confiiérations générales fur la Comparaifon de diffèrens Thermomètres. 5 21. E" n comparant diffèrens Thermomètres il faut, avant toutes chofes, avoir égard aux points fixes. II n'importe pas quel efl le nom qu'on leur a donné , pourvü qu'ils ayent été déterrninés fur les diffèrens Thermomètres par les mêmes degrés de chaleur. M Reaumur p: ex: établit le point de congèlation, ou plutöt celui qu'il nomme ainii, a Zero: Fahrenheit a 32. Le premier de ces Phyficiens établit la chaleur de I'Eau bouillante, ou plutöt celle qu'il prend pour celle la, a 80: 1'autre 1'établit a 212. De forte que 8o° de Reaumur font égaux a 180 (212-32) de Fahrenheit, ou, qu'un degré du premier en vaut deux & un quart du dernier. II faut donc d'abord être affuré de 1'identite' de ces points fixes: ce qu'on ne fauroit être a moins qu'on n'ait difcuté avec exaólitude les différentes manieres dont les Phyficiens les ont établis. Nous en traiterons avec un foin particulier dans 1'examen de chaque Thermomètre. § 22. Quand on a déterminé avec foin deux points fixes, on peut faire une comparaifon exacte, fi les Thermomètres font de la même forte, c: a: d: s'ils font compofés de la même liqueur. Mais il convient, même en ce cas , de prendre  -des Thermomètres. 23 des points fixes le plus éloignés 1'un de 1'autre qu'il eft poffible, paree que les erreurs qu'on. peut commettre alors font moins fenfibles. Quand même on auroit commis dans 1'Exemple du g précédent, une erreur de 2 degrés, en rapportant le 8o° degré de Reaumur au 214 de Fahrenheit, chaque degré, au-lieu d'en valoir 2*, en auroit valu 2.275, ou i\ 4- Le 40'degré coincideroit avec le 123% au-lieu de comcider avec le 122, & le 20% avec le 77$. Ainfi les erreurs ne monteroient qu'a deux degrés au plus: & n'excéderoient pas f ou | de degré dans la plupart des Obfervations Météorologiques. Mais^, fi 1'on comparoit p: ex :les points o & 20,& qu'on rapportat le 20 degré de Reaumur au 78' de Fahrenheit, au-lieu de le rapporter au 77% Terreur feroit deja'de 4 degrés, au 8oe. II eft donc,.pour ce qui concerne la Pratique, plus avantageux de comparer des points fixes qui foient fort éloignés 1'un de 1'autre. § 23. Indépendamment des raifons que nous venons d'alléguer, il y en a encore d'autres qui me perfuadent, qu'il eft non-feulement plus avantageux pour la conftruttion d'un bon Thermo* mètre , de prendre des points fixes fort éloignés 1'un de 1'autre, ou même, comme nous verrons (§ 48) que le faifoit Fahrenheit , d'en employor trois au-lieu de deux , mais encore qu'il elt néceffaire, lorfqu'on divife 1'échelle d'un Thermomètre, au moyen d'un bon Etalon de même forte , de prendre pour comparaifon & pour principes de 1'Echelle des points fort éloignés. Car, quand même on procéderoit avec tout le foin poffible, quand même on n'auroit, commis B4  24 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON en étabüffant les points fixes, aucune erreur,' qu'elle petite qu'elle puiffe être, ij faudra toujours, fi la diftance reciproque de ces points efl fort pe? tite, déduire une grande partie de 1'échelle, d'une partie plus petite. Mais pour que cette conclulion foit jufle , il faut' fuppofer, comme une vérité certaine, que toutes les circpnflances quel-r conques, & de quelle nature qu'elles puiiïent être, qui ont agi fur cette partie de 1'échelle qu'on a choiiie pour la déterminer immédiatement, agiront non - feulement fur la partie plus confidérable qu'on en conclut, mais encore, qu'elles y agir ront de fajon a modifier tous les degrés de cette partie fur le même pied, fur lequel elles ont mo? difié ceux de la première. § .24. Or il paroitra je crois évidemtnent qu'on ne peut pas faire cette fuppofition , fi je puis faire voir qu'il y a des Thermomètres, qui s'accordent entr'eux & avec un bon Etalon dans une partie affez confidérable de 1'échelle , & qui ne s'accordent cependant nullem:jnt dans une autre partie , quoique les degrés de celle-ci ayent la même grandeur que ceux de 1'autre. C'efl ce que j'ai eu occafion d'éprouver fouvent, & en diffèrens tems, en comparant enfemble plufieurs "Thermomètres a Mercure, foit en les plongeant a la fois dans un bain auquel je donnois fucceffivement diffèrens degrés de chaleur, foit en les placant, 1'un a cöté de 1'autre, a l'air libre. Ces Expériences nombreufes , dans lefquelles j'avois un but particulier, m'ont fait voir, que des Thermomètres qui étoient d'accord depuis le point de congèlation jufqu'au ooe ou 100 degré de 1'échelle de Fahrenheit, différoient cependant beaucoup, lorfque le Mercure defcendoit au - def-  DES THERMOMÈTRESt flf fous du point de congèlation , & d'autant plus, qu'il defcendoit davantage. § 25. Le froid rigoureux du mois de Janvier 177Ó me parut très-propre pour répéter ces Expériences. Je pris donc trois Thermomètres, que je marquerai P, A, W; je les fufpendis 1'un a cöté.de 1'autre a 1'Air libre, & a cöté d'un Thermomètre, fur lequel je fais, d'après des épreuves réitérées , pourvoir faire entierement fond. Je défignerai celui-ci par la lettre S. J'ai laiffé ces Thermomètres trés longtems dans cette fituation, & je les ai obfervés plufieurs fois chaque jour. J'ai enfuite fait une fomme de tous les degrés que chacun de ces Thermomètres avoit marqué pour chaque degré du Thermomèmetre S, & j'ai pris un nombre moyen de cette fomme: car on comprend aifément que nombre de circonftances, & fur-tout la fenfibilité plus ou moins grande des Thermomètres, laquelle dépend principalement de la groffeur de la boule, & de l'épaiifeur du Verre, ont du produire quelques différences: fur • tout paree que le Thermomètre S étoit, de beaucoup, le plus fenfible des quatre. Mais ces petites irrégularités difparoiffent quand on prend un nombre moyen. Voici la Table qui préfente le refumé de ces Expériences. Je me fers de 1'échelle de Fahrenheit. B 5  DlSSXRTATION SUR LA CÖMPARAISOjS» !>[lo w « Vi ^ i cp co Q) cqi 00 co co col rj- j-Jr M I CO CO o \o nco c\ o m CS) CO 1 C9> CO CO CO CO CO CO co rj- t)- rj- rj- 1 Cj «O U-5 w r e» 1 -4- lx. 00 m* I O o3 )_cj_c-l (_«_«_ co co f ~~üö f> PpViNN cj \q >0 cl 1^* «cócó-ri-vd r-^ 00 adó h M l-l H Hl H i-| IH M IM CI_Cj —r — ~~>o m 10 is-«? *s I « 4- iA\6 oóooódci | M M MJ Hl M M IM Cf «° *? ^ *? ^ om >"* c5 Tj-4\Q|S.i^.oo Q\Q\H H I «O , 10 *0 cs) f~- *< ei *? - « co rj- in \o vo o\h h cS)cocó->j-V5,óVDJ~-- 00 l-l M h IH jw_m w m m t/3 ifmO H O H M co ^ loVD t— 11 1 i 1 O C tij «O -o JS -a ri T3 1-1 O 0 rtf T3 <-» I «» O ö 1 O I H C/B O 1-1  bes Thermomètres. %? 5 &6. Ces différences font fürement plus grandes qu'on ne fe le feroit imaginé. Peut - être les déduira-t-on en partie, & ce fera avec raifon, de quelques irrégularités qui ont pu fe trouver dans les tubes; mais on ne fauroit les en déduire en entier , fans fuppofer que les tubes des trois Thermomètres P, A, W, foyent tous beaucoup plus ctroits vers le bas que vers le haut: ce qui fürement n'eft pas. L'on fent auffi d'un autre cöté que je ne defire pas de faire paffer ces trois Thermomètres pour de bons Thermomètres: je fuis au contraire convaincu qu'ils ont été conftruits avec peu de foin : je fais qu'ils ont été gradués d'après des Etalons, & cela en été: il eft donc trèsprobable qu'on aura pris les points fixes dans la partie fupérieure de 1'échelle. Je n'oferois guères déterminer quelles font les caufes de ces Phénomènes: les irrégularités qui fe trouvent dans les tubes y influent fürement beaucoup: mais il me paroit impoffible de tout expliquer par la. Voici une conjeclure qui m'eft fouvent venue dans l'efprit,&qui n'eft peut-être pas entierement indigne de 1'attention des Lecteurs. Puifque les Boules des Thermomètres font fermées par en bas, & que le Mercure eft foutenu par la partie inférieure de la boule, comme par un point immobile; il me femble qu'on peut comparer les Thermomètres aux Pyromètres ordinaires, dans lefquels la lame qu'on éprouve eft appuyée d'un cöté contre un point immobile, & ne peut fe mouvoir, fe dilater.ou fe condenfer, que de 1'autre. Mais, d'après les Expériences de M. de Wal & les miennes, les dilatations qu'éprouve une lame ainfi placée, différent beaucoup felon que la chaleur modifie la lame différem-  £8 DlSSEfcTATION SUR U COMPARAlSON ment, & font trés - différentes de celles que fubit la même lame, lorfqu'elle eft libre des deux cotés, & qu'elle peut par conféquent fe dilater, ou fe condenfer, de 1'un & de 1'autre ala fois. Or, la réfiftance que le Mercure, qui ne peut fe mouvoir que vers la partie fupérieure, éprouve tant de la partie inférieure de la boule, que de la fupérieure, a cöté du tube, différe trés certainer ment felon la grandeur & la figure de la boule ; & celle-ci étoit tres - différente dans mes trois Thermomètres. II feroit a fouhaiter qu'on fit une fuite d'Expériences fur eet important fujet. §27. Quoiqu'il en foit de cette conje&ure, le fait eft certain: il eft évident que des Thermomètres , conftruits d'après des étalons, & qui s^accordent en une partie de leur échelle, différent quelquefois beaucoup dans tout le refte: d'ou il refulte i°. qu'on doit prendre, en conftruifant des Thermomètres, des points fixes fort éloignés 1'un de 1'autre , & 1'un d'eux s'il eft poffible , beaucoup au - deffous du point de congèlation. II s'enfuit 20, qu'on doit prendre la même précaution en divifant des échelles de Thermomètre d'après des étalons: & enfin, qu'il vaut beaucoup mieux fuivre, en ces cas, la méthode de M. Nolxet, que nous détaillerons gi-après § 102. § 28. Si 1'on conflruit un Thermomètre d'après un Etalon, en fuivant ce que nous venons de dire § 27. N°. 2, on pourra fe procurer un bon Thermomètre, s'il efl de la même forte que 1'Etalon: mais fi 1'on compare des Thermomètres de différente forte, un Thermomètre a Mercure p: ex: & un Thermomètre a Efprit de Vin, il faut faire attention en outre, que la proportion des  bes Thermomètres. 29 degrés fera différente, felon qu'on prend tel ou tel point pour terme de comparaifon. Si 1'on prend p: ex: 1'eau bouillante & le point de congèlation, la comparaifon fera telle que nous 1'avons donnée dans la Table du § 15*: mais fi 1'on fe fert du point de congèlation & de la chaleur du fang, qui efl a-peu-près au 30- degré du Thermqmètre de Mercure du $ 15, la comparaifon changera beaucoup. Car, ces 30 degrés du Thermomètre de Mercure , ne repondroicnt plus, comme dans Ie cas précédent, a 25.6 du Thermomètre d'efprit de Vin ; mais a 30: de forte que 1'efpace, qui ne contenoit dans le premier cas que 25: 6. degrés fur le Thermomètre a Efprit de Vin, en contiendra a-préfent 30: ainfi les degrés feront plus petits qu'ils ne 1'étoient dans le premier cas, puifqu'il y en a un plus grand nombre dans le même efpace. La Loi de condenfation refte invariablement la même; ainfi les degrés du Thermomètre d'Efprit de Vin garderont entr'eux la même proportion pour chaque condenfation de 5 degrés fur le Thermomètre a Mercure, que dans le premier cas: cette condenfation étoit alors de 4. 6° pour le premier efpace de 50 que parcouroit le Mercure, en baiffant de 30' a 25°. Mais 1'efpace entier , que 1'efprit de Vin avoit a parcourir alors, ne contenoit que 25.6 degrés, & il en contient aótuellement 30: ainfi les degrés du» premier cas feront a ceux du cas préfent comme 28.6 a 30: &par conféquent chaque efpace, exprimé en degrés du cas précédent, doit être multiplié par -i— pour être reduit en degrés du fecond cas: donc la première condenfation fera ~^ au-lieu d'être 4. 6: & la même propor-  £ë DlSSERTATiON fitlR LA COMFARAISOM tion aura lieu pour toutes les condenfations fuj. vantes: (22) d'oü réfulte cette Table. Thermomètre de Mercure. d'Efprit de Viri déterminé par o & 80. o & 30. 30 —— 3° 25 ——— 21.4 24-6 20 16.5 —'— 15-3 15 — I2-2 H-3 1o 7.9 9.3 5 3-9 4-6" o o o (42) De Luc §418 (»0- Qu'on Pofe en généra' a j*ml Je degré du Thermomètre a Mercure, qui repond au degré ft d'un Thermomètre d'Efprit de Vin reglé par la congèlation & I'Eau bouillante: fi 1'on rjomme auffi a le degré auquel monte 1'Efprit de Vin d'un autre Thermomètre par un degré de chaleur qui fait monter le Mercure au degré a & 1'Efprit de Vin du premier Thermomètre a b : & fi y exprime la dilatation pour le premier Thermomètre d'Efprit de Vin, celle du fecond fera exprimée padf -g4 11 eft en effet aifé de voir, que la loi des dilatations des deux fluides eft indépendante de nos degrés, & qu'elle elt déterminée par fa propre nature; mais que les noms , que nous donnons a ces degrés, dependent des endroits ou nous placons nos chiffres. Si je nomme 30 le point que j'ai précédemment nommé 25, la dilatation ne cliange pas pour cela; mais 1'efpace, que 1'Efprit de Vin parcourt a-préfent par le même degré de chaleur, eft appellé 30, au lieu qu'on l'exprimoit auparavant par 25: &, comme on donne la merne grandeur a tous les degrés, il faut en compter un plus grand nombre dans tous les efpaces que 1'Efprit de Vin parcourt; & ce nombre fuivra la même proportion qu'il y 3 entre le nombre de degrés qu'on compte aétuellement dans le premier efpace, & celui qu'on y cómptoit auparavant, c: a: d: la proportion de a: b ou de Le changement donc qu'il s'agit de faire, & qui eft différent tou-  des Thermomètres» 31 On volt évidemment de la, quelle différence, prodigieufe il y a a commencer la comparaifon a« 300, ou a la commencer au 8o° degré. Si 1'on compare donc un Thermomètre de Mercure & un Thermomètre d'Efprit de Vin, il faut favoir quels font les points fixes dont on s'efl: fervi pour la comparaifon. 5 29. La plupart de Thermomètres dont on fe fert pour des Obfervations Metéorologiques, font conftruits d'après des Étalons, fur lefquels on a établi deux points fixes par des Expériences iramédiates. Si 1'on compare donc un Thermomètre a Efprit de Vin, avec un Etalon a Efprit de Vin, & fi 1'on fait attention a ce que nous avons dit ci - deffus (§ 27. N°. 2) il n'y aura pas d'erreur, & il faudra fe fervir de la feconde colomne de la table précédente, en comparant ce Thermomètre a un Thermomètre de Mercure, tout comme fi on 1'avoit conftruit, en determinant immédiatement les points o & 80: mais en ce cas il faudra marquer la chaleur du fang a 25. 6 & non au 30" degré. Mais fi 1'on fe fervoit d'un Etalon de Mercure, pour graduer 1'Echelle d'un Thermomètre a Efprit de Vin, en prenant le 30' degré pour terme de comparaifon , c: a: d: en marquant 30 au point ou fe trouve 1'Efprit de Vin, lorfque le Thermomètre de Mercure eft a 30, il faudroit fe fervir de la troifiéme Colomne de la table précé- tes les fois qu'on commence a compter d'nn autre point, vient uniquement de ce qu'on divife le même efpace en un nombre différent de degrés, qu'on ne i'avoit fait dans b première Expérience fondamentale.  $Z DlSSERTATION SUR LA COMPARAlSON dente en comparant ces deux Thermomètres feri* tr'eux. On peut conclurre de tout ce que nous avons dit daris cette Partie, qu'il faut employer la plus grande circonfpection en comparant des Ther^momètres de Mercure & des Thermomètres d'Efprit de Vin ; & qu'on a de grandes obligations a M. de Luc qui a fi parfaitement developpé cette matière , & qui 1'a confirmée par un fi grand nombre d'Expériences. I N T R O D ü C T I O N. § 3°- Après avoir expliqué dans la Partie précédenten quels font les Principes de toute comparaifon qu'on peut faire entre diffèrens Thermomètres, il nous refle a comparer dans celle-ci tous ceux dont ^on fe fert aujourd'hui, ou dont nous favohs qu'on s eit a jamais fervi,afin de mettre les Phyficiens en etat de reduire a un feul Thermomètre, tel qu ils le defireront, toutes les Obfervations faites avec diffèrens Thermomètres, & leur faire parler, pour ainfi dire: la même langué. Mais, comme cette nia* SECONDE PARTIE. Dc la comparaifon des diffèrens Thermomètres dont les Phyficiens fe fervent, oü fe font fervis.  des Thermomètres» 33 fnatiére efl remplie de confufion, nous croyons qu'il fera néceffaire, pour la mettre dans tout le jour dont - nous la croyons fufceptible, de difcuter chaque Thermomètre en particulier. Nous fuivrons, je crois, un' ordre convenable pour ces recherches, fi nous rangeons fous les chefs fuivans , tout ce que nous avons a propofer fur ce fujet. I. Nous exarainerons d'abord les Thermomètres qui font aétuellement le plus en ufage: ceux de Fahrenheit , de Reaumur , de de l'Isle , de du Crest & de Celsius : nous indiquerons en même temps les diffèrens changemens qu'ils peuvent avoir fubi: & las Thermomètres a la conftruélion deiquels ils onc fervi de fondement, ou qui n'en font que des variétés & même des imitations imparfaites. II. Nous donnerons enfuite la defcription de plufieurs Thermomètres, qui dans leur origine ont été gradués d'après des points fixes, ou qu'on y peut reduire; mais qui ne font plus en ufage aujourd'hui, ou qui le font du moins très-peu, quoiqu'on s'en foit fervi autrefois. III. Nous préfènterons en 3" lieu un tableau général de comparaifon entre les principaux des Thermomètres dont nous venons de parkr. IV. Après cela nous décrirohs quelques Thermomètres dont on s'efl fervi a la fin du Siècle paffé ou au commencement de celui-ci, mais qu'on ne fauroit, faute de données convenables, reduire avec certitude a des points- fixes , quoiqu'on y puilfe parveriir par des h - pen ■ prés. ■ C  34- DlSSERTATION SUR LA COMPA&AISON V. Nous parierons, en cinquième lieu,de quelques anciens Thermomètres mais dont la graduation nous paroit entiérement incertaine. VI. Nous indiquerons après cela quelques changemens qu'on a fait, foit a la forme, foit a 1'Echelle des Thermomètres pour les faire fervir a des ufages particuliers. VII. Enfin nous dirons un mot des Thermomètres métalliques, que quelques Phyficiens ont conftruit pour mefurer des degrés de chaleur fupérieurs a ceux auxquels les Thermomètres ordinaires peuvent atteindre. PREMIÈRE SECTION. Des Thermomètres qui font aEtuellement les plus ufités ; de leurs différentes fortes} fjf de leurs variétés. Des Thermomètres de Mr. de Luc. N°. I. Thermomètre d'Efprit de Vin. N°. II. Thermomètre de Mercure. Voyez le Tableau de comparaifon N°. i &f N°. 2. Xuoique nous ayons deffein de décrire, felon l'ordrechrono!ogique,lesThermomètres dont nous CHAPITRE I. 5 3i-  des Thermomètres. 33 parierons dans cette Seótion , nous commencons cependant par les Thermomètres de de Luc, qui auroient du être placés les defniers : mais nous commencons par la, paree que nous avons déja décrit ces Thermomètres dans la Section précédente (g ij7) & paree qu'ils fervent, dans notre Tableau général, d'Etalons auxquels nous avons rapportés tous les autres Thermomètres qui y font repréfentés. Les points o & 80 oht été déterminés fur les deux Thermomètres par la glacé qui fond &c par 1'eau bouillante : & par conféquent le Thermomètre de Mercure revient a celui qu'on nomme ördinairement, mais a tort (§ 107), Thermomètre a Mercure de Reaumur. Le Thermomètre a Efprit de Vin, ou N°. 2, efl compofé d'Efprit de Vin qui brule la poudre (§ I5*0- On n'a pu eongèler eet Efprit par le plus grand froid naturel qu'on ait obfervé, ou par le plus grand froid artificiel qu'on ait pu produire jufqu'a préfent. CHAPITRE IL Du Thermomètre de Fahrenheit. Le Thermomètre de FahrenHeit efl un de ceux qui font a-préfent les plus en ufage, & fa graduation eft, en général, affez bien connue. Mais C 2  3.6 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON comme nous avons cru remarguer, qu'il y regne beaucoup de confufion a 1'égard de ce Thermomètre , que les premières Echelles dont Fahrenheit s'eft fervi font entiérement tombées en oubli; & qu'on n'a pas confervé exactement les points fixes que ce Phyficien employok , nous croyons devoir procéder avec plus de foin, donner une hiftoire complette de ce Thermomètre, décrire & difcuter les dilTérentes fortes de Thermomètres que Fahrenheit a conftruits. ARTICLE PREMIER. N°. III. Ancien Thermomètre de Fahrenheit. Voyez le Tableau général N°. XII. 5. 33- D aniel Gabriel Fahrenheit , natif deDantzig , partit en 1701 , a 1'age de 15 ou 16 ans pour Amfterdam , oü après s'être appliqué pendant quatre ans au Négoce par ordre de fes Tuteurs, il s'adonna entiérement a la Phyfique, & fur-tout a la conftru&ion des Thermomètres & des Baromètres, qu'il envoyoit en diffèrens Pays (23). II fit même plufieurs Voyages. II avoit déja confbruit un grand nombre de Thermomètres en 1709 ; on s'en fervoit dès Iors a Berlin, a Dantzig, en Islande, & ailleurs. Voici quelle étoit leur graduation. § 34. Fahrenheit employoit de 1'Efprit de q23) Commer. Litt. Norimb. Vol. adA""^\i. p. 169.  DES THEE.MOMjaTR.ES. 3? Vin dans la conftruélion de ce Thermomètre: ce n'eft que fort longtems après. qu'il s'eft fervi de Mercure , (24) comme nous le prouverons. • L'Echelle, dont Fahrenheit s'eft fervi au commencement, différe beaucoup de celle dont on fe fert aujourd'hui. M. Grischow la nomme la Grande Echelle de Fahrenheit. En voici la Graduation. On marquoit Temperé a o; ce qui revient, fur un Thermomètre d'Efprit de Vin, a 48 de 1'Echelle dont on fe fert aujourd'hui. On comptoit les degrés au deffus & au deffous de o. Trés Grande Chaleur a 90 au deffus de o: ce qui revient a 96 Tres Grand Froid - a 90 au deffous de o: - o Nous parierons dans la fuite plus au long du rapport de ces' deux Echelles (g 59*). §35. Ce Thermomètre a fervi a un grand nombre d'Obfervations. i°. A celles qu'on a faites a Berlin depuis 1725, & même plutöt, jufqu'en 1740 : on en trouve quelques - unes dans le VIe Tome des MifcelLmea Berolinenfia. (25) {24) Musschenbroek dit cependant que Fahrenfikit a fait en 1709 des Thermomètres de Mercure (Introd: ad Phil. Nat. g T508) en quoi il a été fuivi par M. Houttuyn. Voyez un Recueil hollandois donc le titre eft Uitgezogte Natuurkundige Verhandelingen. Tom. V. p. 120. feqq. (25) Mi/cel. Bcrol. Tomus VI. p. 269. feqq. C 3  g8 DlSSERTATJON SUR LA COMPARAISON 2°. Aux Obfervations qu'on a fakes a Dantzïg en 1709, & pendant quelques années fuivantes, M.- Hanow a publié celles de 1709, 1729 & 1740, auxquelles il a ajouté celles qu'il a faites lui même eh 1740 avec un pareil Thermomètre. (26) 30. M. Doppelmayer , eelébre Profeffeur a. Neuremberg, y a fait des Obfervations fuivies avec un pareil Thermomètre, depuis 1742 jufqu'en 1746: 011 les trouve au long a la fin de chaque Volume du Commercium Lüterarium Norimbergicum. §36. Les dénominations de Temperê , Grand Froid, Grande chaleur, étant indéterminées en elles mêmes, on pourroit s'imaginer que cette Echelle de Fahrenheit n'a pas été établie fur des principes fixes, ou des points conllans. II fe peut que cela ait eu lieu au commencement, d'autant plus que M. Grischow, qui s'efl donné beaucoup de peine fur ce fujet, rapporte que Barnsdorf, qui avoit confervé 1'ancienne Echelle de Fahrenheit , & Fahrenheit lui - même, n'ont pas toujours été d'accord avec eux-mêmes; il conjeclure en outre qu'au commencement Fahrenheit a quelque fois changé la pofition du point fixe inférieur. Quoiqu'il en foit, il efl für que cette echelle a été conflruite d'après des Principes fixes, & qu'elle mérite en conféquence une entiere confiance; c'efl ce que les réflexions fuivan-. tes vont mcttre, fi je ne me trompe , hors de tout doute. (16) Dans un de fes excellens ouvrages allemands; Ie titre en eft Seltenheüen der Natur und Oefonomie; herausgegeben wn Tmus. Tom. a. p. 676 & 03c.  des Thermomètres. 39 § 37. M. Grischow (27) a affuré vers 1'an 1740, que le grand Thermomètre de Fahrenheit , conflruit alors depuis trente ans pour la Societé Royale de Berlin, & par conféquent avec tout le foin poffible, s'accordoit encore parfaltentent avec le petit Thermomètre que Fahrenheit avoit envoyé depuis peu d'Amfterdam a Berlin. Ces petits Thermomètres , dont nous parierons plus au long dans la fuite (§41. § 47), étoient gradués au moyen de deux ou de trois points fixes, & font entiérement femblables a ceux dont nous nous fervons adtuellement. 11 faut donc que le premier Thermomètre ait auffi été conftruit fur des principes fixes: car un tel accord n'auroit pu avoir lieu par un fimple hazard. § 38. 20. M. Grischow a envoyé en 1736 a M. Hanow un Thermomètre, qu'il avoit gradué d'après le grand Thermomètre de la Societé Royale, dont nous venons de parler (2 8). M. Hanow a gradué fon Thermomètre d'après celuici, en y introduifant fimplement cette différence, (29) qu'il a placé le Zero a 1'endroit oü Fahrenheit marquoit 90 au-deffous de Zero, & 90 ou celui - ci placoit 90 au - deffus de Zero: divifant par conféquent en 90 degrés un efpace de 180 degrés (de 90 au- deffus & de 90 au-deffous de Zero) mais la proportion reftoit la même. Quel en fut le fuccès ? M. Hanow eut occafion de comparer fon Thermomètre avec un petit Ther- (27) Mijcel. Berd. VI Tomus. p. 272. 269. (28) Seltenheiten &c. Tom. 2. p.676. comparée a p. 630. feqq. (29) Mi/cel. Bml. ibid, p. 285. g 27. C4  40 DlSSLRTATION sur LA COMPARAISON momètre ou Pyranthromètre (30) que Fahr en heit avoit envoyé de Hollande: & i] trouva que ces deux Thermomètres defcendoient a-peu-près a Zero dans la matiére frigorifique; le lien parfaitement; & 1'autre, celui du Doéteur Knappen , un peu au deffous» D'ailleurs M. Hanow effaya encore ce point 0 pendant le plus grand Froid de 1'année 1740, lorlque fon Thermomètre étoit a-io Car ce Thermomètre plongé dans la matiere frigorifique remonta de -10 a o. Or on fait qu'un bon Thermomètre de Fahrenheit , doit marquer ce point lorfqu'on le plonge dans la matiére dont il eft queftion. g 39. Enfin, on poffedoit encore k Dantzig en 1740 un ancien Thermomètre de Fahrlnheit, qui avoit fervi aux Obfervations de 1709, & qui étoit fürement un des premiers que Fahrenheit eüt conftruit. On a fait en 1740 des Obfervations avec ce même Thermomètre & M. Hanow les a publiées avec les fiennes: Or 1'accord qu'il y a entre ces Obfervations eft aufïi parfait qu'on le peut defirer pour des Thermomètres placés en diffèrens endroits, quoique dans la même Ville. Enfin M. Hanow, a encore éprouvé Ie point que eet ancien Thermomètre doit indiquer Jorfqu'ii commence a dégeler, & il 1'a trouvé fatisfaifant. L'Echelle de eet ancien Thermomètre de Dant-, zig eft cejle que nous venons de décrire § 34. § 40. II n'y a donc pas de doute que ces anciens Thermomètres de Fahrenheit, qui s'accordent fi bien entr'eux & avec les Thermomé- (30) C'eft ainfi qne Boeiihaave nomme les petto Therrr.on;èwef de FiifcKyjfHEiï , dont 1'KchelIe b'étend de o a j>6. Voyez Ekm. Chimiit. Tal. V. lig. 3.-  des Thermomètres. 41 tres aótuels, qu'on fait être conftruits par des points fixes, ne 1'ayent auffi été de Ja même facon. Nous avons déja dit que ces anciens Thermomètres font a Efprit de Vin. ARTICLE II. N°. IV. Second Thermomètre de Fahrenheit. Voyez le Tableau général de comparaifon N°. XIII. ± ahrenheit paroit avoir abandonné de bonne heure i'Echelle que nous venons de décrire, & que nous nommons la grande Echelle, & 1'avoir changée en une autre qui ne contenoit que 24 degrés, Le dègré o marquoit, fur cette échelle, le plus grand froid, & 24 la plus grande chaleur: de forte que le o fe rapporte a - 90 de la grande échelle, & 24 a >£< 90. Chaque degré étoit fousdivifé en 4 degrés, de forte que 1 echelle conténoit 96 parties. De la 1'expreffion de quelques Phyficiens, grands degrés & petits degrés. Les 24 font les grands degrés; & les fous divifions font les petits, Je dis que Fahrenheit a déja fait ce changement de bonne heure. Car, dans une differtation, écrite entre 1733 & 1737 (31), M.Chré- (3') Je dis que cette difTertation a été écrite entre 1733' & 1737; car elle fe trouve dans le 5eTome des Mifcel. Berol. publié en 1737 1 & 1'on y fait mention d'Obfervations (sites en 1732 en Penfylvanie. Jl y a donc apparence que cette DiiTertation aura été compofée vers J735 ou 1730 c5  DïssERTATion sur la comparaïson tien Kirch , celébre ProfelTeur d'Aflronomie k Berlin, fait mention d'un Thermomètre, fur lequel o marquoit Ie plus grand froid , & 24 la plus grande chaleur, & qui avoit été conftruit il y avoit plus de 20 ans par texacl Fahrenheit. II y avoit deux degrés au-deffous du Zero, afin qu'on en put encore marquer, au cas que la liqueur fe condenfat jufqu'a ce point par quelque froid extrêmement rigoureux. Fahrenheit employoit donc déja cette échelle avant 1717: il 1'avoit même déja inventée en 1714, mais il eft vraifemblable que ce n'a guères été plutöt, comme il paroitra par le § fuivant. Ces Thermomètres étoient a Efprit de Vin. g 42. Cependant Fahrenheit faifoit un fecret de fa méthode : mais il étoit afluré de la concordance de fes Thermomètres, ce qui prouvé qu'il les conftruifoit par une méthode füre & des points fixes. Voici ce qu'on en trouve dans les sjcïa Erud Lipf. pour 1'année 1714. p. 380. Je vais donner la traduCtion de ce qui nous concerne. On y rapporte que Fahrenheit, qui s'étoit arrêté quelque tems a Leipzig , 'conftruifoit des Baromètres & des Thermomètres fuivant une méthode fecrette. „ II en a prefenté il y a peu de , temps deux a M. Wolf, Profefieur a Halle. ' Ils font garnis de cilindres au lieu de Boules, M & ces cilindres font remplis d'un efprit de yin " teint de couleur bleue: chaque tube eft divifë „ en 26 degrés dont chacun contient 4 fous-divi„ fions. Au fecond degré, a commencer du ci„ lindre, on a marqué très-grand froid, & de la, „ jufqu'a la fin de 1'Echelle il y a 24 degrés. Le „ quatrième marqué grand froid: le huitième  pcs Thermomètres. 43 „ Air froid; le i2e Temper è, le ir5e Chaudte 2oe „ très-Chaud; enfin le 24' Qa/ear infupportable. „ Fahrenheit prétend avoir une méthode felon „ laquelle tout le monde peut conftruire par tout „ de pareils a Thermomètres, qui feront parfai„ tement femblables aux fiens, quoiqu'on n'ait „ pas vu qeux - ci; de forte que s'ils étoient „ placés aux mêmes endroits , la liqueur mon„ teroit ou defcendroit au même degré". On ajouté enfin que M. Wolf, ayant éprouvé ces deux Thermomètres, les a trouvé en effet concordans. § 43. II n'eft pas difficile de s'appercevoir que 1'échelle de Fahrenheit, dont on fe fert aujourd'hui , eft en effet la même que celle que nous venons de décrire; il n'y a que cette feule différence que les fous divifions de chaque degré font autant de degrés entiers, & en font par conféquent quatre: de forte que le 24e degré eft devenu le 96% II y a donc trois echelles de Fahrenheit , que nous indiquerons ici pour un Thermomètre a Efprit de Fin. Première Seconde Troifième ou Echel, ou ou Grande Echelle. moyenne. petite. 90 r - 24 - * 96 o r - 12 - - 48 -90- - O- - O - - -2 - - -8 % 44. Si maintenant 1'on confidere, que le premier Thermomètre de Fahrenheit a été trouvé concor-  44 DisseRtatïon sur la comparaïson dant avec le fecond & le fecond avec le troifième; qu'ils ont tous été trouvés concordans entr'eux ; que par conféquent le premier & le fecond ont été conftruits, 1'un & 1'autre, d'après des points fixes; que le troifième eft en effet le même Thermomètre que le fecond; que Fahrenheit affuroit avoir une méthode fecrette pour les conftruire, & cela fans Etalon , car il n'étoit pas néceffaire de voir un Thermomètre déja conftruit, pour en graduer d'autres; qu'il a publió en 1723 ou 1724 la maniére dont il conftruifoit le troilième Thermomètre, & enfin que les deux points extrêmes de tous ces Thermomètres, font en effet les mêmes quoiqu'ils ayent porté diffèrens noms , il en refultera je crois ncceffairement que Fahrenheit a toujours employé les mémes points .fixes dans la conftruction de fes Thermomètres. § 45. Nous parierons ci après plus au long de rEchelle de Fahrenhiet ; nous remarquerons feulement ici que 0 exprime le degré de froid produit par un mélange de glacé & de fel Ammonïac: que 32 marqué le point de congèlation; & 96 la chaleur du fang. J'ignore ce qui peut avoir engagé Fahrenheit a divifer fon échelle en 96 degrés: mais pour ce qui eft du point fixe inférieur , il 1'a vraifemblablement nommé Zero, paree qu'on croyoit alors, que la Nature ne produifoit pas de plus grand degré de froid que celui qu'on avoit refïènti en 1709, ou qu'on avoit produit par art: Boerhaave lui-même ne paroit pas avoir entiérement rejetté cette idéé (32). II dit (32) Naiurt nunquam generaverat frigus nifi ad o, tuneque nnimalia vgetantia illico moriebantur hoe correpta frigore, Elem. Chem. p. 8y. Edit. Paris,  des Thermomètre Si 45 aüfli que le ceJébre Roemer eft le premier inventeur de ce Thermomètre (33). Si cela eft , il faut que la détermination du point Zero, ou d'un autre point, qui, quoique portant un nom différent , a cependant été réellement le même, ait été communiquée a Fahrenheit avant 1'année 1709, puifque Fahrenheit avoit déja conftruit des Thermomètres concordans avant ce tems la. II feroit affez vraifemblable en ce cas que Roemer eut communiqué ceci a Fahrenheit dans un des Voyages que celui-ci. a fait en Dannemarc avant 1709. Quoiqu'il en foit, ce point eft de peu d'importance. § 46. II fera plus important de faire obferver i°. que nous n'avons rencontré jufqu'ici d'autres Thermomètres de Fahrenheit que des Thermomètres k Efprit de Fin: & 20. Que Fahrenheit les conftruifoit d'après des points fixes. D'ou il fuit que la méthode, qu'il employoit pour parvenir a ce but, a du autre appliquable aux Thermomètres a Mercure qu'il a fait dans la fuite; puifque ces derniers font d'accord avec les premiers. (33) Ib. p. 382.Boekhaave dit, a 1'endroit cité.queRoEweu a vu le Thermomètre a Dantzig a 1 au-defliis de o en 1709. C'eft ce dont je doute. IIoemlr demeuroit a Coppenhague, oü il avoit des emplois importans depuis fon retour de France. II mourut en 1710, & fut attaqué de la pierre trois ans avant fa mort; maladie dont 1'état & les accidens devinrent de plus en plus facheux. v. Program in Obitum Roemeri, imprimé a la tête du troifième Volume des Ouvrages de Horreeow. Je ne crois donc pas que Roemer ait été è Dantzig en 1709; fur-tout paree que Derham fait mention des Obfervations de Roemer, pour 1709 comme ayant été faites a Coppenhague, & ayant indiqué un degré de froid tres-approchant du froid artificiel: ce qui s'accorde avec le recjt de Boerüaave. Voyez Pbil. Tranf. N°. 324. Vol. 26. p. 458.  tfi BlSSERTATION SUR LA COMPARAISON Quelque fimple que puiffe paroïtre cette Obfer> vation confiderée en elle-même, nous la croyons cependant importante, paree qu'on dit ordinairement, que 1'Echelle de Fahrenheit a pour points fixes le froid artifieiel preduit par le fel Ammoniac , öu le Zero, & la chaleur de 1'Eaü bouillante, ou 212; & qu'il fuit évidemment de ce que nous avons dit ci - deffus, d'après les expériences indubitables de M. de Luc , que des Thermomètres de Mercure & d'Efprit de Vin, determinés par ces deux points fixes la, ne fauroient être d'accord. De plus, Fahrenheit n'a jamais employé la chaleur de I'Eau bouillante comme fecond point fixe dans la conftruction de fes Thermomètres; & c'eft ce qu'il n'auroit pu faire, auffi longtems qu'il n'en a conftruit que d'Efprit de Vin; car, il favoit trés-bien qu'on ne fauroit déterminer la chaleur d'un fluide bouillant, au moyen d'un autre fluide qui bout au même degré de chaleur ou a un degré moindre (34). Or il eft évident qu'il n'a jamais employé I'Eau bouillante a 1'ufage que nous venons d'indiquer, puifque ce n'eft que pour pouvoir déterminer la chaleur de cette Eau qu'il a inventé fon Thermomètre a Mercure (35). (34) Phil. Tranf. forjanv. cf Febr. 1724. N°. 381. p-3Oleafixa, dit - il, tanto calore afficiuntur , ut Mercurius " in Thermometro contenlus , una cwn iis ebullire incipiat, " & inde eoruui .calor memoraio modo vix cent explorari po',, teji". (35) ft. P-1-  DES TfiêRMOMÈTRES. 4? ARTICLE III. N°. V. Dernier Thermomètre Je Fahrenheit,; Voyez le Tableau général de la Comparaifon. N°. V, 5- 47- N ous voici enfin parvenus au tems 'auquel Fahrenheit porta fes Thermomètres au plus haut point de perfection , en conftruifant des Thermomètres a Mercure, & en décrivant les points fixes dont il s'eft fervi. Fahrenheit ne paroit pas avoir conftruit des Thermomètres a Mercure longtems avant 1724: car (36) il dit dans une difiërtation publiée en 1724, mais dont on n'a pas marqué-la date, qu'ayant lu, il y avoit dix ans, les Expériences par lefquelles Amontons a trouvé que la chaleur de I'Eau bouillante eft conftante, il avoit penfé a conftruire un Thermomètre, au moyen duquel il püt fuivre cette découverte: qu'il en avoit effayé quelques-uns, mais que fes efforts avoient été inutiles ; que des occupations nombreufes 1'avoient obligé de remettre ces recherches a une autre occafion, & qu'enfin il étoit tombé fur 1'idée d'un Thermomètre de Mercure. II n'eft donc pas improbable que ce Thermomètre pourra avoir été inventé versl'année 1720. (37)d'autant plus qu'il (36) Ibid. (37) Fahrenheit alla en 1710 a Dantzig: enfuite en Courlande & en Livonie: en 1714 a Leipzig & a Berlin:  48 DlSSERTATIOÜ SUR la COMFARAISON s'eft écoulé un efpace de trois ans entre fes Expériences fur la chaleur de I'Eau bouillante & celles fur les autres fluides bouillans, dont il fait mention dans ce Mémoire. Au refte Fahrenheit n'a rien dit dans ce Mémoire de la conftruction de fes Thermomètres, fi ce n'eft i°, que le 48" degré eft le milieu entre le froid qu'on produit au moyen de glacé & de fel ammoniac, ou de fel commun, & la chaleur du fang d'un homme en fanté : & 2° que 1'Alcohol bout a . . 176 I'Eau de Pluie . . 212 1'Efprit de Nitre . . 242 Une diflölution de Potaffe 240 L'Huile de Vitriol . 546 § 48. Fahrenheit donna peu de temps après la defcriptionfuivante de fon Thermomètre: (38) nous croyons devoir la traduire a-peu-prés en entier. „ Je conftruis fur-tout deux fortes de Thermo„ mètres, les uns a Efprit de Vin les autres aMerw cure: leur longueur differe felon 1'ufage auquel „ ils doivent fervir: mais il s'accordent tous en alors il conftruifoit encore des Thermomètres a Efprit de Vin: il revint après cela a Amfterdam. il eit vraiümbiab'e qu'il ne s'efl; appliqué qu'après ce tems a la conftruc tion des Thermomètres de Mercure, d'autant plus qu'il paroit avoir été guidé par les confeils de BojitmAAVE : Thermometrum hoc elegantissimum , &c. dit Boeuhaave quod ex votis me'u, mihi perfecit ingmiofijjimus D. G. F. bletn. (.hem. p. (38) Phil. Tranf. N°. 282. Vol. 33. p. 78.  des Thermomètres. 40 ceci, qu'ils font concordans pour tous les de„ grés de 1'Echelle, & qu'ils achévent leurs va„ riations entre des limites fixes. „ L'Êchelle des Thermomètres, qui fervent feu„ lement aux Obfervations météorologiques, com„ mence a Zero & finit au 96- degré. La gra„ duation de cette échelle efl fondée fur trois ,, points fixes, qu'on peut déterminer, par Art, „ de la maniére fuivant e, Le premier de ces „ points efl au bas de 1'échelle, il efl déterminé „ par un mélange de Glacé, d'Eau , & de Sel „ Ammoniac ou de Sel commun: & fi 1'on plonge „ le Thermomètre dans ce mélange, fa liqueur „ defcend au degré marqué Zero. Cette Expé„ rience réuffit mieux en hyver qu'en été. „ On obtient le fecond point fixe, en mêlartt „ de I'Eau & de la Glacé fans fels; & en plon„ geant le Thermomètre dans ce mélange , la H,, queur parvient au trente-deuxième degré. Je ,, nomme ce point le commencement de la corigè„ lation: car les Eaux dormantes fe coilvrent déja „ d'une glacé très-mince lorfque le Thermomè„ tre parvient en hyver a ce degré. „ Le troifième point efl au 96' degré. L'Ef„ prit de Vin fe dilate jufqu'a ce point, Jorfqu'on „ tient le Thermomètre dans la boüche ou fous „ 1'aiffelle d'un homme bien-portant, auffi long„ tems qu'il le faut pour qu'il acquierre parfaite„ ment la chaleur du corps. L'Êchelle des Ther„ momètres, qui fervent a déterminer la chaleur „ de fluides bouillans, commence auffi a Zero, & „ contient 600 degrés • car le Mercure, contenu „ dans le Thermomètre commenca a bouillir a. „ peu-prés a ce degré. D  50 DlSSERTATION SUR la COMPARAISON § 49 Voila donc Ia vraie méthode de Fahrenheit. II ne fe contentoit pas d'employer deux points fixes, il en employoit trois. II n'employoit pas, au commencement, la chaleur de I'Eau •bouillante comme un point fixe ; peut-être 1'a-t-il fait dans la fuite: au moins M. Musschenbroek en parie-t-il fur ce pied-la: & il auroit pu le faire: car cela revient a la même chofe pour un Thermomètre de Mercure: peut-être même vaudroit-il mieux employer o ou 32 & 212 , que o ou 32 & 96: paree que les erreurs, qu'on peut commettre , fe diftribuent alors en un plus grand efpace, & font par la même moins importantes (§ 22). Mais, on s'égareroit entiérement fi 1'on vouloit conftruire des Thermomètres a Efprit de Vin de cette maniere. Puis donc que Fahrenheit a conftruit des Thermomètres a Efprit de Vin concordans "avec les Thermomètres de Mercure, j'ai cru devoir expliquer ici au long la méthode _qu'employoit ce célèbre artifte, & qui paroiffoit tombée en oubli, afin qu'on en put conclure comment il graduoit fes Thermomètres a Efprit de Vin, & comment on les doit comparer avec les Thermomètres a Mercure. g 50. Nous venons de voir que Fahrenheit ne marquoit pas Ie 32e degré a I'Eau qui commence a gèler , mais au froid que produit un mélange d'eau & de glacé; ce froid eft donc celui de Glacé dam I'Eau, ou, comme ƒ exprime M. de Luc, de Glacé qui commence a fondre: différence k laquelle on doit bien faire attention, paree que nous verrons §i-après que le froid de I'Eau qui commence a geler eft plus grand (§ 92.). Fahrenheit ajouté, il eftvrai, que des eaux dormantes commencent a fe couvrir de glacé quand le Ther-  des Thermomètres. Si momètre eft a 32: mais il eft aifé de conclurre de fes paroles mêmes, que ce n'eft pas a une Expérience immcdiate, mais fimpldment une Obfervation qu'il a faite dans la fuice. Le 32e degré de Fahrenheit fe rapporte donc au 0 de M. de Luc (5 31.) & a 0.8 du Thermomètre de M. Reaumur (§. 91. 92.) § 51. II eft d'autant plus néceffaire d'avoir égard a ce que nous venons de dire, que pluiieurs écrivains ont déterminé ce point 32 d'une mamere toute différente. Le Docteur Martine (39) confond la température de I'Eau qiu commence a fe geler, avec celle de la Glacé qui fond, quoiqu'il fixe fur les Thermomètres de fa propre conftruflion le 32e degré de Fahrenheit au moyen de glacé ou de neige qui commencent a fondre. M. Musschenbroek (40) dit, que le 32 degré eft le point auquel la glacé commence. a fe former dans de grandes maffes d'Eau. (Magncs aqucd viajje.) § 52. Boerhaave paroit avoir beaucoup mieux connu ce point tel que Fahrenheit le déter* minoit: II dit (41) que Ia gelée blanchc commence a voir lieu a 32": & ailleurs (42) que I'Eau ne fe gèle pas encore lorfque le Thermomètre a 1'air libre elt a 32. II déterminé enfuite Ie commencement de la congèlation de cette maniére. 11 pend un Thermomètre a 1'air libre , & a cöté de celui-ci un petit morceau de toile hu- (39) Efiays on Conftmmonof Therm. EjJ. IV. $ 14-16. (40) Inirod. ad Phil. Nat. § 1568. (41) Elem. Chem. p. 382- (42) Ibid. p. gC D 2  52 DlSSËRTATlON sur LA COMPAIUISON mectée d'Eau pure. II attend jufqu'a ce que cette humidité fe gèle; & il trouve que cette congèlation , ou plutöt ce givre commence deja au „3• (46) Elem. Chem. p. 87. D 3  54 DlSSERTATION sur la comparaison chaleur & par le froid qui nous font connus. * Cette maffe 10782 eft celle que le Mercure content! dans la boule avoit lors de ce_ grand froid; car autrement la condenfation auroit été d'une i8: partie; Or pour parvenir de 40 a 32 , il y fort 72 parties de la boule: il en reftoit donc feulement 10710 au point de congèlation, ce qui efl fort éioigné de notre calcul. § 55. Voici comme Boerhaave s'exprime au fujet de fa feconde détermination (47). „ La „ boule du beau Thermomètre a Mercure de H Fahrenheit contient 11124 parties: elles vin., rent a Zero pendant le plus grand froid qu'on „ a obfervé en Mande en 1709 —— & dans „ 1'eau bouillante le Mercure parvient a 212: „ ainfi, en faifant abftraótion de la dilatation du „ verre, il occupe alors 113 36 degrés". Mais, pour parvenir de o a 32, il fort 32 parties de la boule, il ne refle donc que 1109 2 degrés ; ce qui ne s'accorde, ni avec notre calcul, niavec la détermination précédente. § 56. Enfin Boerhaave décrit (47*) un Thermomètre dont la boule contient 11520 parties & le tube 96: il n'y a donc au point de congèla-? tion que 11488 parties dans la boule; ce qui dif> ferre de reelief des déterminations précédentes, J'ignore qu'elle efl la caufe de ces différences: d'autant plus que la détermination que Boerhaave a donnée pour 1'Efprit de Vin, s'accorde avec celle qui a été établie par d'autres Phyficiens. (47) Elem. Chem. p. 94. (47*). ibid. PlancheV. fig.3-  ces Thermomètres. 55 ARTICLE IV. Faux Thermomètres de Fahrenheit. N°. VI & N°. VIL Thermomètres a Efprit de Vin. Voyez le Tableau général de comparaifon. N°. XIV. XV. 5 57- Je nomme faux Thermomètres de Fahrenheit, tous les Thermomètres a Efprit de Vin, qui portent 1'Echelle de eet Artifte, & qui ne font pas gradués d'après les trois points fixes dont Fahrenheit s'eft fervi. Un Thermomètre k Efprit de Vin, fur lequel ces trois points font marqués immédiatement, s'accorde a 96, a32,&ao avec un Thermo-, mètre de Mercure: il en différera plus ou moins dans les degrés intermédiaires, mais ce fera trèspeu au-deffous de 32. On voit ce Thermomètre dans la 2e Colomne de la Table fuivante, que j'ai calculée d'après les principes de M. de Luc établis § 15 & § 28- S 58 Si 1'on gradue un Thermomètre d'Efprit de Vin felon un Etalon de Mercure, on peut commettre un trés-grand nombre d'erreurs. i°. Si 1'on déterminé immédiatement les degrés o & 96, ce qu'on peut faire aifément, la partie fupérieure de 1'Echelle, compnfe entre ces deux degrés, fera bonne: mais la partie inférieure D 4  $6 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON ne le fera pas: on voit un pareil Thermomètre dans la quatrième Colonne de Ja Table fuivante fous le titre de Faux Thermomètre de Fahrenheit N°. i. 2°. Si 1'on divifoit 1'Echelle d'un Thermomètre a Efprit de Vin, en déterminant immédiate? ment les points de Congèlation & d'Eau bouillante, c: a: d:. felon la méthode de M. de Euc, un pareil Thermomètre différeroit, pour tous les degrés intermédiaires , beaucoup d'un Thermomètre a Mercure; comme on le voit par la cinquième Colomme de Ia Table fuivante, oü j'ai placé ce Thermomètre fous le titre de faux Thennomètre de Fahrenheit N°. 2. ■ g 59. Parmi les Thermomètres a Efprit de Vin dé Fahrenheit, dont on s'eft fervi ci-devant, & qu'on rencontre encore quelquefois , il y en aura fürement oü 1'on trouvera les défauts dont nous venons de parler. Celui dont M. Musschenbroek, s'eft fervi en 1728 approchoit beaucoup dans fa partie inférieure du faux Thermomètre N°. 2. Car ce celébre Phyficien rapporte (48) que ce Thermomètre a Efprit de Vin, qui marquoit, tout comme un Thermomètre de Mercure, 32 & 90 aux points de congèlation & de chaleur de fang, & qui avoit par conféquent la même échelle que ' celui-ci, ne defcendoit cependant qu'au ioe degré dans un mélange de glacé & de fel ammoniac, au lieu qu'il auroit dü defcendre a Zem, tout comme le Thermomètre de Mercure. Selon les principes de M. de Luc, un Thermomètre d'Efprit de Vin, Nü. 2, doit marquer (48) .Ephêmérides Mitsor. UUrnjtc. pro An. 1728, ad Caleéra Dijjert. Phyji. p. 680.  bes Thermomètres. 57 le '8 degré lorfqu'un Thermomètre de Mercure efl a Zero. D'qü il réfulte.que ce Thermomètre d'Efprit de Vin de M. Musschenbroek avoit été gradué d'après un Thermomètre a Mercure, & mème avec peu de foin. Au refle ce Thermomètre confirme fortement ce que nous avpns dit ci-deffus (§ 26) des Thermomètres qui font concordans dans une grande partie de 1'Echelle. 5 59* Voici la Table de ces Thermomètres; Ïai placé dans la prémière Colonne 1'ancien hermomètre de Fahrenheit (§ 33) & le nouveau Thermomètre, mais d'Efprit de Vin, dans la troifième. Les quatre Thermomètres a Efprit de Vin ont été calculés, relativement au Thermomètre de Mercure, (Colonne 2) felon les principes de M. de Luc, en faifant attention a la différence qu'il y a entre 1'Efprit de Vin & le Mercure, quoique les points o, 32, & 96 portent les mêmes noms. Pi  58 DlSSERTATION SUR. LA COMPARAISON Thermomètres de Fahrenheit. Vrais Thermomètres. 11 Faux Therm. Ancien Therm. Therm. Efprit de Vin. Therm. a $ E. d. V. N°. r -]NK % 90 96 96 96- 86 74 88 87.5 »7-5 78-5 58.5 80 79.2 79 2 - 7*4 • 428 72 70.8 70.8 64..1 27.8 64" 62.8 62.8 57-5 12.5 56 54.7 54.7 51 - 2.25 48 46.8 46.8 44.6 16 40 39-4 39-4 38-3 30 32 32 32 32 45.25 24 23.9 24.6 25-9 60.25 16 158 174 19-9 75-25 8_ 7-q 10.2 14 90 o o 38 104-5 - 8 - 7.72 -4-1 2-i XII V XIII XIV XV. Nos- du Tableau général de compar. -1' , — II fuit évidemment de tout ce que nous avons dit, que c'eft ia même chofe pour un Thermomètre de Mercure, pourvü qu'il foit conftruit avec foin, d'étre gradué d'après un Etalon, ou immédiatement, & que les points fixes qu'on emploie font indifférens. Ce qui démontreroit feul, & indépendamment de toute autre raifon, combien le Mercure eft préférable a 1 Efprit de Vin.  »es Thermomètres. 59 ARTICLE V. Des Thermomètres qui font des imitations du Thermomètre de Fahrenheit. Quelques Phyficiens ont fait des changemens k 1'Echelle de Fahrenheit. Nous allons en donner la defcription. N. VIII. Thermomètre de Barnsdorf. § 60. Fahrenheit, étant a Berlin en 1712'& 1713 , communiqua fa méthode de conftruire des Thermomètres concordans a fon maitre en Mathématiques fublimes , M. Barnsdorf (49), quiretint 1'ancienne Echelle de Fahrenheit (§ 33), que ceJui-ci ne changea qu'après fon déparc de Berlin, Mais, au rapport de M. Grischow , Barnsdorf n'a pas toujours été d'accord avec lui même dans la graduation de fes Thermomètres: auffi a-t-il fait deux Echelles. La première fe reduit a ceci. Chaque degré efl fousdivifé en 8 parties, que nous expvimerons par des huitièmes. Voici enfuite la comparaifon. • Fahrenheit. Barnsdorf. Nouveau Th. Ancien. 90 96 23 o —— 48 n -82 45 —— 0 (49) Grischow en donne la defcription Mifcell. Rerol. Tom. VI. p. 271. g to, 11,12. v. auffi Cotte Traité de Meteer. p. 122.  <5o DlSSERTATION SUR IA COMPARAKOÏÏ II eft évident que cette Echelle provient de celle de Fahrenheit: car les 23 degrés en font 184 petits: en y ajoutant encore 1 grand degré ou 8 petits, on trouve 192 de Barnsdorf pour 180 de Fahrenheit. On peut auffi exprimer cette Echelle de cette facon, <% 1'on obtient alors la feconde Echelle de Barnsdorf. An. Th. de Fahr. Barnsd. 86 90 2 o -82 9° D'ou il réfulte que Barnsdorf n'a pas bien compris la méthode de Fahrenheit , ou qu'il ne 1'a pas exécutée avec affez de précifion. J'ignore fi 1'on a publié d'autres Obfervations fakes avec ce Thermomètre, que celle du grand froid qu'on a éprouvé a Berlin en 1716. (50) N°. IX. Tliermomètre de Lange, Lerch & Maas. § 61. M. Lange, Profeffeur de Mathématiques aHalle, apprit de Barnsdorf 1'art de conftruire des Thermomètres: mais ceux qu'il a faits ne s'accordent, ni avec ceux de Barnsdorf , ni avec ceux de Fahrenheit. M M. Lerch & Maas apprirent eet art de. Lange. M. Grischow (51), qui a examiné ces Thermomètres avec foin, & qui (50) Ce froid fe trouve décrit dans les Mifcell. Berol. Tom. VI. p. 314. (51) Mifcell. Berol. Tom. VI. p. 3U-  des Thermomètres. <5i les a comparés longtems entr'eux & avec celui de Fahrenheit, écablit la comparaifon fuivante entre le Thermomètre de Lange & celui de Fahrenheit. Fahrenheit. Lange. Anc. Nouv. 'N°. i. N°. 2. 90 96 24 96 8 52- 3 12 0 i - 78 6. 4 o 96 Dans le premier cas, 24 degrés de Lange eft font 168 de 1'ancien Thermomètre de Fahrenheit , ou 1 degré en fait 7: Voici donc une comparaifon plus détaillée. Fahrenheit. Lange. Anc. Nouv. N°. 1. N°. 2. 90 96 24 • 96 8 52.3 12 o o 48 10.85 -78 6.4 o 96 La comparaifon du 8e degré de Fahrenheit, & du 12 de Lange a été faite par des Obfervations immédiates. J'ignore fi 1'on trouve quelque part des Obfervations faites avec ce Thermomètre. § 62. On voit par ce qu'on vient de dire, combien Barnsdorf , Lange , & d'autres Phyficiens, qui ont fuivi la méthode de Fahrenheit , fe font ccartés des régies prefcrites par eet excellent artifte,  ffè DlSSÉRTATIÓN SÜR LA COMPAltAISON N°< IX. Thermomètre de Chrétien Kirch. Voyez le Tableau général de comparaifon, N°. XVX g f53. M. Chrétien Kinch, célébre Profcflèur d'Affronomie a Berlin, s'eft fervi d'un Thermomètre -a Efprit de Vin de Fahrenheit. Ce Thermomètre étoit gradué felon la feconde Echelle (5 43) c: a: d: divifé en 24 degrés , qui, contenant chacun 4 parties, font en tout 96 degres (52). M. Kirch voyant que fon Thermomètre, qui étoic conftruit depuis 1715 ou 1716 , ne s'accordoit pas avec d'autres Thermomètres de Fahrenheit, en fit venir un autre du même Artifte, vraifem blablement vers 1730, pour pouvoir le comparer au fien & a quelques autres. II trouva que ce nouveau Thermomètre s'accordoit parfaitement avec un autre, mais différoit beaucoup du fien. Ce nouveau Thermomètre fe tenoit prefque toujours 6 degrés plus haut; mais un peu plus ou un peu moins dans de grandes chaleurs, ou dans de rigoureux froids. Pendant un froid rigoureux, lorfque le Thermomètre de Kirch , étoit environ a 0, cette différence ne monta qua 5 degrés: mais elle fut de ól degrés pendant de fortes chaleurs. § 64. M. Grischow donne une idéé plus exacte de cette différence (53). H dit qu'on doic ajouter 6 degrés au Thermomètre de Kirch, pour le rapporter au nouveau Thermomètre de (52) Mifcell. Bsrol. Tom.V. p. 129. (53) Ibid. Tom. VI. p. 283-  des Thermojmètrej. 63 Fahrenheit : mais qu'on n'en doit ajouter que quatre ou cinq pour le rapporter a celui qui fe trouve a la troilième Colonne de la Table du § 59*. La raifon de cette différence fe trouve fürement dans une conftruction moins exacte du Thermomètre de Kirch. Or comme le nombre de degrés, qu'il faut ajouter pour faire la réduction, eft a peu-prés conftant, ils'enfuit, que Terreur ne fe trouve pas dans la proportion des degrés, mais plutöt dans la fituation d'un des deux points fixes; peut être dans celle du Zero. Le Thermomètre de Kirch étoit d'Efprit de Vin: le Pyranthromètre, avec lequel on 1'a comparé , ^ étoit de Mercure: mais quoiqu'il en foit, Terreur eft bien conftatée. g 65. M. Kirch a dreiTé luï-même une Table de comparaifon entresfon Thermomètre & Tanden Thermomètre de Fahrenheit, mais M. Grischo w qui 1'a publiée, ne paroit pas y faire grand fond: c'eft pourquoi il en a drefle une autre, au moyen d'Obfervations exaófes, faites en même tems fur les deux Thermomètres placés 1'un a cöté de 1'autre. Nous allons donner cette Table, en y ajoutant dans la troilième Colonne le nouveau Thermomètre de Fahrenheit, mais a Efprit de Vin. Les degrés de Kirch font de grands degrés, qui en contiennent chacun quatre petits: deforte que les huitièmes parties font des demi petits degrés. En multlpliant donc les degrés de K1 r c h par 4, on obtiendroit ceux de Fahrenheit, fi ces deux Thermomètres s'accordoient parfaiment. D 8  64 DlSSBRTATION *ÜR LA COMPARAKON A~F K. K\ F. XJ. _K_ I N r'. A.F K. INT F "+8 17T 73,6 i'ö iïj 56 5 -10 9} 4-7 47 16? 73.1 (5 12' 5ó 15 SI 4° 45 16I 72 13I 12* 55-2' 28 1% 34-7 44 [6* 7_r_J _f_3_ 12' 54-9 32' 6' 307 ~ ïóT 3Ö9 li 12 53-9 60 1* ^.8 36 15I 67 2 [o ! 11? 53.3 67 11 12.3 31 14*, öj_5 _9_ _££| ^8 681 il n-5 29 Ï4T ^3-5 0 °8 ll-7 26 14I ói.8 | 4 I 10; 45-8 76 * 25 1 14 S1.3I 4* IOM45-5 7Ö.81 ! 22 fjt 59 7| 7l j 9'iU^-9 I I J § 66. Cette Table de comparaüon amere en général peu de ce que dit M. Kirch , qu'on doit multiplier fes degrés par 4, y ajouter les petits degrés, & puis encore 6 degrés, pour reduire fon échelle- a la vraie échelle de Fahïienheit : p. ex.*4 * 12 + 6 = 54 : on trouve dans la table 53.9. Mais cette Table ne s'accorde pas toujours avec 1'énoncé de M. Kirch; p. ex fpï, c: a: d: io grands degrés & deur petits, font 10 * 4 -F 2 + 6 ou 48 , au-lieu de 4-8 qu'on trouve dans la Table. Ces différences proviennent certainement d'irrégularités dans !e tube. En général, ifi-l ou 16 625 degrés de Kirch,en valent73.6- 7.5 ou & i de Fahrenheit; c: a: d: qu'un degré de Kirch en vaut 3.99 de Fahrenheit : on y peut fubftituer 4 fans erreur fenfible. Le point de congèlatio:. tomheroit donc a 6.72 du Ther. de Kirch: Le Zero de Fahrenheit a 1. 3 au-deffous de o. Le g'je degré. 22.7. Mais, felon Ia comparaifon immédiate de M. Grischow, que nous fuivons dans notre Tableau de Comparaifon , le point de congèlation tomberoit a 7 d. du Thermomètre de Kuich.  des Thermomètres. Nous ne nous arreterons pas d'avantage a ce Thermomètre. Je ne fache pas qu'on ait publié d'autres Obfervations faites avec ce Thermomètre, que celles qu'on a faites en Penfylvanie en 1731 & 1732, öc celles que M. Kirch a faites en même tems a Berlin , & qu'il a comparées aux précédentes. Thermomètres de Hanowi ND. XI. Premier Thermomètre de Hanow. N°. XII. Second Thermomètre de Hanow. Voyez le Tableau général de comparaifon, N°. XVII 8* N'. XVIII. § 6*7. M. Michel Chrétien Hanow , trèshabile Profeffeur a Dantzig , a confervé 1'Echelle de Fahrenheit , en y introduifant cependant une légère différence (54). L'ancienne échelle de Fahrenheit contient 180 degrés, 90 au-deffus & 90 au-deffous de o,ou du temperè. Afin d'éviter les erreurs. qu'on peut fi aifément commettre en comptant les degrés de cette doublé manière, M. Hanow a divifé fon échelle en 90 degrés feulement, de facon que chaque degré en vaut deux de 1'Echelle de Fahrenheit: il place enfuite o a 90 au-deffous de Zero de Fahrenheit 45 f o 90 a 90 au-deflus de Zero. M. HanoW a publié les réfultats généraux des Obfervations qu'il a faites a Dantzig au moyen de ce Thermomètre, depuis i739j'ufqu'en 1752.(55). Ce Thermomètre eft d'Efprit de Vin. (54) Mifcell. Berol. Tomus VI. p.285. (55) Seltenheiten &c Tom. II. p. 630. E  66 DlSSERTATION sur la COMPARAISON § 68. Le Thermomètre, que nous venons de décrire, defcendit en 1740 jufqu'a 10 degrés audeffous de Zero: Ceci donna occafion a M. Hanow d'abaiffer le Zero de fon Thermomètre, de 10 degrés; mais il lailfa aux degrés la même grandeur qu'ils avoient: il fe contenta de compter 10 degrés de plus. On a donc cette Table de comparaifon. Fahrenheit. Hanow. Ancien. Nouveau. N°. 1. N°.a. 90 96 ■ ■ 90 ■ 100. o 48 ' 45 55- -90 — " o - o - 10. -xiö ■ -5-33 10 °- J'ignore fi 1'on a publié quelques Obfervations faites avec ce Thermomètre. Mais dans une Differtation qu'il a publiée, fur 1'Etat de 1'Atmofphêre a Dantzig, (56) M. Hanow a reduit a ce nouveau Thermomètre les Obfervations qu'il avoit faites avec le premier depuis 1739 jufqu'en 1752. N°. XIII. Thermomètre de Fowler. § 69. On ne s'étonnera pas, je penfe, fi je place ici le Thermomètre de Fowler, pnifqu'il ne paroit être en effet qu'une copie de 1'ancien Thermomètre de Fahrenheit. Nous donnons te nom de Fowler a ce Thermomètre , paree qu'au rapport du Doóteur Martine , c'eft Fowler qui en conftruifoit le plus grand nombre. M. Martine, en donne la defcription fuivante (57}. (56) Cecte DilTertation eft imprimée dans le 3eTome des Stltenheiten. (57) EJfai IV. 5 12. p. 228. Notre comparaifon coïrs-  iËS Thermomètres. 67 I) Ön fait en Angleterre , un ufage trés - fréy, quent d'un Thermomètre, oü ia chaleur moyen„ ne de 1'Air eft regardée comme n'étant ni „ chaude ni froide: on la marqué par conféquent j, Zero. On compte les degrés au-deflüs & auj, deffous de Zero. Je ne penfe pas que ces Ther„ momètres foient conftruits fuivant quelques j, principes reguliers ou fixes. Ils indiquent orï, dinairement le point de. congèlation a 30 au„ deffous de Zero." Voila en effet une grande conformité avec 1'an'cienne Echelle de Fahrenheit , fur laquelle le temperé eft indiqué par 0 & le point de congèlation par 30. § 70. Ces Thermomètres de Fowler paroisfent cependant avoir été conftruits avec peu de foin : car Fowler ayant examiné fon étalon, a la prière du Docfeur Martine , il a trouvé que 1'Efprit de Vin defcendoit au 34 degré lorfque la boule étoit entourée de neige fondante: & M. Martine a trouvé lui-même, que le 16 degré au - deffus de Zero, coincidoit avec le 64 d'un Thermomètre a Mercure. Lë 34* degré au-deffoüs de Zero de Tanden Thermomètre de Fahrenheit fe rapporte a peuprès au 30° d'un Thermomètre a Mercure. Ainfi le 34' degré de Fowler fe rapporte au 32' du Thermomètre a Mercure, au-lieu de fe rapporter au 30% comme il Tauroit fallu. Le i6e degré au-deffus de Zero de Tanden Thermomètre fe cide avec celle de Martine, de 1'ouvrage duquel nous Y?r vons tirée. Voyez Cotte, Traité de Méteor. p. 13*, E z  (53 DlSSERTATION sur LA COMPARAISON rapporte au 57-8 du Thermomètre de Mercure au - lieu de fe rapporter a 64, comme le fait le iöe degré du Thermomètre de Fowler. ff 71 Si 1'on étoit affuré que tous les Thermomètres 'de Fowler ont été conftruits avec foin d'après le même étalon , on pourroit, en quelque forte les comparer aux Thermomètres a Mercure 'de Fahrenheit, puifque, felon les données du Dr. Martine, -34 comcide avec 32 de t, & + 16 avec 64, & que par conféquent 50 degrés de Fowler en font 32 de Fahrenheit , ou que 1 Fo = 0.64 Fa. Mais on ne fauroit ranger cette comparaifon parmi les plus exaftes_, puifque les degrés 32 & 64 ne font pas affez éloignés 1'un de 1'autre. Voici cependant cette comparaifon de 10 en 10 degrés. Fow Fah. Fow. Fa. Fow. Fa. Fow. Fah. Fow. Fah. 90 - 111.4 • 50 - 85.8 10-60.2 -30-34.6 7° -9 80-105.4 40 - 79-4 o - 53-8 4° - «8.» 8o - 2.6 70-98.6 30 - 73 -IO-47-4 50-21.8 90-3.8 60 - 92.2 20 - 66.6 sso-4' 60 - 15.4 On fe fert beaucoup en Angleterre de ce Thermomètre dans les ferres, & dans les orangeries , ainfi queM. M. Martine & Hales (58) le rapportent: mais je n'ai trouvé aucune Obfervation imprimée qui ait été faite avec ce Thermomètre de Fowler. N°. XIV. Thermomètres de Bergen. ff 72. M. Bergen, ProfelTeur en Medécine a Frankfort fur 1'Oder, a conflruit fon Thermomètre d'après celui de Fahrenheit, mais il y a (58) Veget. Statiks. p. 61.  des Therm'om'ètres. 69 fait de trés - grands changemens. II fe fert de Mercure, & voici comme il procédé. (59) II marqué Givre a 6 degrés au - deffus du point de congèlation, & il y place Zero. II marqué la première congèlation a 4 degrés au-deffous de ce premier point, ou au-deffous de Zero. II déterminé ce point comme Boerhaave déterminoit le "point de congèlation (§ 52.) II plonge enfuite fon Thermomètre dans 1'eau. Dès que cette 'Eau commence a fe couvrir d'une pellicule de glacé, il marqué -6; & il nomme ce point, point de congèlation. II place enfin 174 a I'Eau bouillante. Voici la comparaifon qui refulte de ces données. 212 de Fahrenheit — a 174 de Bergen. 32 de — 1 —- a 6 1 • Donc 180 = 180. Les degrés de 1'Echelle de Bergen font donc également grands que ceux de 1'Echelle de Fahrenheit. II n'y a donc qua ajouter 38 degrés a chaque degré de Bergen, pour avoir les degrés de Fahrenheit. \ 73. M. Bergen, a auffi décrit une méthode de conftruire des Thermomètres a Efprit de Vin , qui feront, a ce qu'il dit, concordans avec fes Thermomètres a Mercure. II divife pour eet effet en 148 degrés 1'efpace qu'il y a entre le point de congèlation & la chaleur de 1'Efprit de Vin bouillant. Je ne comprens pas bien la raifon de ce (59) Commer.tatio de Thermometris menfura conjlantis. § 54. E 3  JO DlSSJËRTATION sür LA COMPARAISON procédé: 1'Efprit: de Vin bout au i^6e degré de fon Thermomètre; & il divife eet efpace en 148 degrés fur le Thermomètre a Efprit de Vin, fans en donner aucune raifon. § 74. J'ignore fi M. Bergen , a jamais compare ces Thermomètres a des Thermomètres a Mercure; mais il me femble qu'ils ne peuvent être d'accord, ni entre les points fixes dont on s'eft fervi , ni au - deffous du point de congèlation. J'ignore auffi fi 1'on trouve quelque part des Ob-. fervations faites avec ce Thermomètre. N°. XV. Thermomètre de Lt/dolf. § 75. M. Chrétien Frederic Ludolf a pu-; blié une méthode particulière de conftruire des Thermomètres concordans, au moyen d'un feul point fixe. II a gardé 1'Echelle de Fahrenheit, & c'eft pourquoi nous décrivons ce Thermomè-! tre dans ce Chapitre. Voici a quoi fe reduit ïelfentiel de cette méthode. (60) § 76. On prend un tube de Verre, dans lequel on verfe une quantité de Mercure qu'on croit fuffifante pour la longueur de 1'Echelle. On pèfe ce Mercure, & on méfure avec exactitude la longueur qu'il occupe dans le tube. Suppofons p: ex: que le poids de Mercure foit de 13.7 grains : & la longueur qu'il occupe dans le tube, de 7.75 pouces. 20. On pèfe trés - exacfement le Mercure contenu dans la boule: fuppofons que le pqids en foit de 1131 grains. (60; Mifid. Berol, Tomus VI. p. 255.  des Thermomètres. 7i 3°. On prend la ii5e partie de ce poids, & par conféquent , dans 1'exemple allégué, 9.8 grains. M. Ludolf en agit ainfi, paree que M. Amontons (61) a trouvé que le Mercure fe dilate d'une ii5e partie par la différence du plus grand froid au plus grand chaud qu'on ait fenti en France. Mais cette proportion n'a pas lieu par-tout, puifque cette différence varie beaucoup pour divers pays (6a). Ainfi ce Principe, pris pour un Principe général, n'eft pas exa£t. 4°. On cherche une quatrième proportionnelie au poids du Mercure dans le tube (N°. 1) a la. longueur que.ee Mercure occupe (N°. 1) & a cette U5e partie. Cette quatrième proportionnelie déterminé la longueur de 1'Echelle. Ainfi dans notre exemple: 13.7 font a 7.75 comme •9.8 a 5.53. L'Êchelle aura donc la longueur de 5-53 pouces. On voit que cette opération eft fondée fur ce que le Mercure ne fe dilate, du plus grand froid au plus grand, chaud que d'une ii5ems partie de 1'efpace, qu'il occupe dans le plus grand froid. 5°. On divife enfuite cette Echelle en tels degrés qu'on defire. M. Ludolf choifit 1'échelle de Fahrenheit, & divife par conféquent la fienne en 96 degrés. II expofe enfuite fon Thermomè- (61) Mém. de l'Acad. 1704. p. 165. (62) Car la chaleur & le froid, que M. Amontons établit comme les extrêmes qu'on ait fenti en France, montent è 50 & 58 de fon Thermomètre, ce qui revient a ot & a 93 du Thermomètre de Fahrenheit. Maison a fenti un plus grand degré de froid en France même : & 1'on faic que le froid eft incomparableinent plus fort dans les payï plus feptentrionaux. E 4  72 DlSSERTATION sur la COMPARAISON tre a 1'Air libre cfuand il commence a gèler ou k dégèler; il marqué le point de congèlation , & place le 32" degré de 1'Echelle a cöté de ce point: ou, il plonge fon Thermomètre dans de I'Eau qu'il fait gèler par ait. Ou enfin on peut placer 1'échelle du nouveau Thermomètre, fuivant un bon étalon déja conftruit. § 77. II eft aifé de voir par ce que nous venons de dire, que 1'échelle de Ludolf , ne s'accorde nullement avec celle de Fahrenheit: car la dilatation qu'il y a du o au o6e degré monte a T\z partie. Mais, fuivant ce que nous avons dit §53, la boule du Thermomètre de Fahrenheit, contient au point de congèlation 12414 degrés: & elle en contient par conféquent 1244Ó lorfque le Thermomètre eft k Zero. La dilatation, qui fe fait depuis o k 96, vaut donc x*^?„ ou rf£, ce qui différe beaucoup de Tis. L'Êchelle de Ludolf eft donc trop longue: & il eft aifé de trouver de combien elle 1'eft. Une dilatation de -]z fait 96 degrés, combien une dilatation de TJ5 en produira-t-elle V on trouve 85^ degrés: ainfi 857 degrés de Ludolf forment 1'Echelle de Fahrenheit. De ces 85 \ de^ grés il y en a les deux tiers, ou 57 au - deffus du point de congèlation ; & un tiers ou 28L audeffous. En conféquence, le 8oj degré de Ludolf fe rapporte au o6e de Fahrenheit : ie 32 au 32e & le 3* (ou 32-281) au o. §78. M. Ludolf a trés-bien compris lui-mê • me que fon échelle n'eft pas celle de Fahrenheit : auffi a-t-il taché de déterminer de combien il s'en falloie; mais, comme il fe fert pour eet effet de  des Thermomètres. 73 Ia proportion de Boerhaave, que nous avonscitée § 54, nous croyons avoir donné une détermination plusexaóte. M. Ludolf fait voir enfuite comment on peut changer la longueur de fon échelle de facon qu'elle exprime celle de Fahrenheit. Mais nous croyons avoir expliqué eet article avec plus de clarté. Voici une Table de comparaifon entre les deux Thermomètres. Fah. Lud. Fah, Lud. 96 89 48 46.26 88 81.88 40 ~ 39.13 80 ; 74 75 32 ' 32.0 72 67-63 24 24.88 • 04 60.50 16 I7<75 5Ö 52.06 8 10.63 o 3>5 M. Ludolf dit avoir .conftruit, fuivant fa méthode, quelques Thermomètres qui s'accordoient affez bien. Mais j'ignore fi 1'on a publié quelques Obfervations faites avec ce Thermomètre & en ce cas oü 1'on peut les trouver. N°. XVI. Thermomètre de Miles. g. 79. M. Miles s'eft fervi d'un Thermomètre a Mercure fait par Sisson, & qui revient a celui de Fahrenheit (63). La feule différence qu'il y ait confifte en ce qu'on a marqué o au point de congèlation au-lieu d'y marquer 32. On compte donc les degrés au-deffus & au-deffous de Zero. , Les réductions que M. Miles fait dc (63) Phil. Tranf. N°. 484 Vol. 44. p, 613 E 5  y4 DlSSERTATION SUR IA COMPARAISON fon Thermomètre k celui de Fahrenheit , comme par ex: en reduifant 27 au-deffus de Zero a 59, (64) & le témoignage du célébre Doéteur Maty (65) prouvent que c'eft la 1'unique différence qu'il y ait entre Ie Thermomètre de Miles & celui de Fahrenheit. Voici la comparaifon. Miles. Fah. Miles. Fah. 64 ■ 96 J4 46 54 ... 8o- 4 1— 36 44 76 o 32 34 — 66 -10 22 24. —,— 56 -20 <■ ■' ■ — 12 16 48 -3° ' 2 En général, il n'y a qua ajouter 32 au degrés de Miles , qui font au - deffus de Zero, ou en retrancher 32 de ceux qui font au-deffous, pour reduire ce Thermomètre a celui de Fahrenheit. § 80. On n'a pas publié, que je fache, d'Obfervations fuivies faites avec ce Thermomètre; mais on en trouve quelques - unes dans les Phil. Tranfaftions, faites en des circonftances particuUères. Celles pour Decembre 1747. N°. 484Vol. 44. p. 613: celles du mois de JVov. 1747, ]SJ0. 491. Vol. 46. p. 1. Celles qu'on a faites pendant le tremblement de Terre du mois de Février 1750, ibid. p. 608: celles de Janvier 1754. Vol. 48. p. 511. 527 : celles de Janvier 1755. Vol. 49- P- 45- ffiV) Phil. Tranlnü. Appendix. Vol. 46. p. 608. & p. U (65) Journal Bruunnique. Tomé 5. p. 154-  Pes Thermomètres. 75 CHAPITRE IV. Du Thermomètre de Reaumur. § 81. c v_^e Thermomètre eft généralement adopté en France, en Italië, & 1'on s'en fert encore en plu» fieurs autres endroits. M. Reaumur s'eft propofé un doublé but dans la conftruction de fon Thermomètre; & ce but eft très-philofophique. II a d'abord voulu déterminer fon Echelle par deux points fixes , & enfuite la graduer de fagon que chaque degré ex* primat une dilatation ou une condenfation déterminée; deforte qu'on peut jugeren un moment, a la vue feule des degrés, de combien de parties la liqueur s'eft dilatée ou condenfée. M, Reaumur employé pour eet effet de l'Efftit de Fin, dont-il déterminé la dilatabilité d'une certaine maniére. II déterminé enfuite quelle proportion il y a entre ]?. boule & le tube. II fuppofe que Ia liqueur contenue dans la boule, quand on plonge celle - ci dans de 1'eau qui gèle, contient mille parties : & il employé un tube tel, que chaque degré faffe la millième partie de cette quantité. Enfin il plonge le Thermomètre dans de I'Eau bouillante , & marqué le go5 degré au point auquel la liqueur monte alors. (66) (66) M. Reaumur a donnéune defcription complette de fa métbode dans !es Mémoires de l'Académie pour 1730 Ou en peut trouver de trés-bons extraits dans le Traité de Me.  7<5 DlSSËRTATION SUR IA COMPARAISON M. Reaumur. place donc mille au point de congèlation, & enfuite, en comptant vers le haut, 1080 au point dont nous venons de parler. Audelfousde mille, on compte 999, 9?8,997&cde forte que 1080 indique que la liqueur, qui occupoit 1000 parties au point de congèlation, en occupe alors 1080: & 920 fait voir que la même liqueur n'en occupe plus que 920 , & qu'elle s'eft par conféquent condenfée de 80 degrés. M. Reaumur nomme les degrés au-deffus du point de congèlation, degrés de dilatation; & ceux au-delfous du même point degrés de condenfation: en quoi il eft fuivi par nombre de Phyficiens. § 82. Voila la première & la vraie échelle de M. Reaumur : mais dans la fuite ce célébre Phyficien y a fait un changement: il a placé o au point de congèlation, au-lieu de mille: & enfuite, j 2 3 jufqu'a 80 au-deffus de Zero: & -1, -2, -3 &c- au-deflbus de Zero. De forte qu'on nomme a-préfent degrés de condenfation ceux au-deffous de Zero. Prefque tous les Thermomètres de Reaumur, dont on fe fert aujourd'hui, font gradués de cette facon. téor. du P ere Cotte, p.117. & dan* les Lecons de Fhyfiaue de M. l'Abbé Nollet , Lecons XIV TomelV. p. 397Le fecond but que M. Reaumur s'étoit propofé, ce but fi ingénieux, fi philofophique, & dans ce tems-la fi nouveau, celui de graduer 1'échelle de facon que les degrés expriment les dilatations mêmes, n'appartient pas direftement a notre fujet , ainfi nous ne nous y arrèterons pas da. vantage.  des Thermomètres. 7? ARTICLE I. N°. XVII. Vrai Thermomètre de Reaumur. Voyez le Tableau général -de comparaifon. N°. III. 5 83. O n nomme ordinairement Thermomètres de M. Reaumur , ceux qui indiquent o ou 1000 au point de congèlation, &8oou 1080 a la chaleur de 1'eau bouillante: & enfuite, au-deffous de la congèlation -1 - 2, 3, &c. ou 999, 998, 997 &c. Mais M. de Luc a prouvé combien cette idéé eft éloignée du vrai Thermomètre, que M. Reaumur a conftruit & décrit lui-même. Pour expliquer ceci de la facon la plus claire qu'il nous fera poffible, nous remarquerons préalablement, que fi ce Thermomètre étoit le vrai Thermomètre de M. Reaumur, celui-ci s'accorderoit avec le vrai Thermomètre a Efprit de Vin de M. de Luc, que nous avons décrit § 31, puifque celui - ci répond exaótement a 1'idée que nous venons de propofer. Mais il s'en faut de beaucoup qu'il n'y reponde. Cette différence vient, de ce que les points; que M. de Reaumur a nommés o & 80, ne repondent ni au point de congèlation, ni a la chaleur de I'Eau bouillante. II s'agira donc de les détermioer plus exactement.  7 8 DlSSERTATÏON SUR LA COMPARAlSdft i, Du point de Congèlation. § 84. Nous rtommerons ici, d'après M. de Lüc$ point de congèlation, le point qu'un Thermomètre indique Jorlqu'il efl plonge dans de I'Eau qui eft fous la glacé; ou quand il efl environné de glacé ou de neige qui commencent a fe fondre (67). M. de Luc a trouvé, par des Expériences exacles & fouvent repétées, que le degré de froid produit de ces trois maniéres, efl exaótement le même, & que ce degré eft parfaitement conflant. Cela pofé, il paroitra par la manipulation même de M. Reaumur , comparée aux Expériences de M. de Luc, que le point, que M. Reaumur nomme point de congèlation, & oü il place o ou 1000, ne fe rapporte nullement a celui que nous venons de décrire. § 85. Pour déterminer le point de congèlation, M. Reaumur placoit fbn Thermomètre dans un vale rempli d'Eau. II entouroit ce vafe de glacé & de fel, pour faire gèler cette Eau: il attendoit que cette eau fut gélée, & alors il marquoit la hauteur du Thermomètre , a laquelle il place o; (68) Ce point Zero eft la température de I'Eau déja gelée, & non d'Eau qui commence a fe gèler, ou de glacé qui commence a fondre. II indique donc un plus grand degré de froid. C'eft que M. de Luc (69) a confirmé par des Expériences immédiates; car en répétant exaótement les procédés de M< Reaumur , il a trouvé (67) 5 428. f. 438- b. feqq 438. h. Voyez ci-defïïis 5 435. (68) Mém. de VAcad. 1730, p. 469. de Lüc f436. e. (69) S 43Ö- »• feqq.  des Thermomètres. 79 que le Thermomètre montoit dès que la glacé commeneoit a fondre. 2.t Du point d'Eau bouillante. 5 86. Nous avons déja dit (g 7.) que la chaleur de I'Eau bouillante eft conftante auffi longtems que la preffion de 1'Atmofphêre refte la même, c: a: d: quand on la fait bouillir, lorfqu'un. bon Baromètre fe foutient a la même hauteur. Mais I'Eau n'acquiert ce degré le chaleur fixe, que lorfqu'elle bout parfaitement. II faut que le bouillon] qu'on obfervé parte du fond même du vafe, & que le mouvement foit général dans toute la maffe de I'Eau. (70) § 87. On fait que VEfprit de Fin, boüt a un moindre degré de chaleur que I'Eau ; & que ce degré eft d'autant plus petit que eet Elprit eft plus pur (71). On në fauroit par conféquent déterminer la chaleur de I'Eau bouillante par un Thermomètre a Efprit de Vin. Mais YEbullition d'une liqueur confifte uniquement en ceci, qu'elle fe décharge de 1'Air contenu dans les pores. Sï 1'on purge donc parfaitement d'Air 1'efprit de Vin qu'on employé, on peut faire enforte qu'il foutienne la chaleur de I'Eau bouillante, fans s'élever, ou fans bouiilonner. C'eft de cette facon que M. de Luc a conftruit fon Thermomètre a Efprit (70) de Luc. 5 439. a. p. 351. (71) Voyez Braun, Novi Com. Petrop.Fol.Vlll. p.354 L'F.fprit de Vin très-rectifié bout au 173» "1 L'lifprit de Vin de France, ainfi que Ie l de l'Echel- t rt^-ifiéj r,C è l85-6 >!e de Fah- I-e Vin de Rh.n . * I94 , REMH£IT> i.e Vin Rouge commun L a 208,4 J  gO DlSSERTATION sur LA COMPARAISON de Vin , & marqué 80 au point que 1'Efprit de Vin indique lorfque I'Eau bout parfaitement* (7*) fi 88 Cela pofe ; il fera facile de Cbnclure dü procédé même de M. Reaumur , que quoiqu'il ploneeat fon Thermomètre dans 1 Eau bouillante, & qu'il marquat 80 au point oü la liqueur parvenoit ce point n'indique cependant nullement la chaleur de cette Eau; qu'il n'indique pas même la hauteur a laquelle I'Eau bouillante peut faire monter 1'Efprit de Vin, M Reaumur plongeoit fon Thermomètre dans I'Eau bouillante (73). H 1'en retiroit dès que 1'Efprit de Vin commeneoit a bouillonner , & il marquoit la hauteur a laquelle eet Efprit fe foutenoit dès qu'il avoit cejjè de bouilhr. II repeta cette opération plufieurs fois, & il trouva que ce point, auquel s'arrêtoit L'Efprit de Vin dès qu il avoit celfé de bouillir, étoit conftant. II nomma ce point 80. II fuit donc de Ia i°, que 80 n'indique pas Ia chaleur de I'Eau bouillante: car M. Reaumur retiroit fon Thermomètre de I'Eau dès que 1'Efprit (72) de Luc 5 423- a- s Luc $ 442> f' feqq.  azs Thermomètres. 81 prit de Vin commeneoit a bouillir: or eet Efprit bout a un moindre degré de chaleur que I'Eau. (5 87). . II s'enfuit 2°, que ce point 8o n'indique pas même la chaleur qu'acquiert 1'Efprit de Vin employé par M. Reaumur , lorfqu'il bout: car on en marquoit la hauteur dès que eet Efprit avoit ceffé de bouillir & ne bouillonnoit plus. § 89- II efl donc certain, d'après ce que nous venons de dire , i°. que o de 1'Echelle de M. Reaumur n'indique pas le froid de la Glacé qui fond, mais un degré de froid plus grand. 2° que le point 8o n'indique pas la chaleur que 1'Efpric de Vin employé par M. Reaumur acquiert quand il boüt, mais un degré de chaleur plus petit. II s'agira donc de déterminer quels font les degrés de 1'Echelle de M. Reaumur, auxquels ces deux points fe rapportent. 3. Détermination des points ö 80 de 1'Echelle de M. Reaumur. § 90. M. de Luc a parfaitement réuffi dans cette détermination; & la méthode qu'il a eraployée pour y parvenir efl un vrai modèle de critique & précifion. Nous en préfenterons ici 1'eifentiel. M. Reaumur a trouvé que fes Thermomètres indiquent 10 j dans les caves de 1'Obfervatoire, dans lefquelles on éprouve une température conftante. M. de Luc a envoyé un de fes Thermomètres F  82 DlSSERTATION sur la COMPARAISON de Mercure a Paris, & il a prié un de fes amis de faire des Obfervations avec ce Tiiennomètre: il les a repétées enfuite lui-même (74). Ce Thermomètre fe foutenoit conftamment a 9.6 degrés, ce qui revient a 7.9 du Thermomètre a Efprit de Vin du même Phyficien (g 17) mais compofé du même Efprit de Vin dont fe fervoit M. Reaumur & a 7.6 du vrai Thermomètre a Efprit de Vin 'de M. de Luc. (§ 15*) -§ 91. M. de Luc fit bouillir enfuite Ia liqueur dont M. Reaumur fe fervoit pour fes Thermomètres : il en plongea un des fiens dans cette liqueur bouillante: ce Thermomètre indiqua 64.3 (75): d'oü 1'on peut inférer cette proportion. 80 de Reaumur reviennenta 6*4.3 de DE Lucv 10.25 _ k ^ Donc 69.75 de Reaumur 'font égaux a 56.7 de -de Luc : au moins a-peu-prés : car le 8oe degré de Reaumur indique une moindre chaleur que le 64.3 degré de de Luc. (§ 89) Enfuite: 56.7 de d L font a 69.75. de Reaumur, comme 7.6 de dL (dans les caves de 1'Obfervatoire) £19.35, qu'il faudroit qu'un Thermomètre de M. Reaumur indiquat dans les caves: maisils'y tient ordinairement a lö* (§5°); Par conféquent le Zero de M. Reaumur feroit, felon cette proportion, de 0.9 (= 10.25-9.35) plus bas que celui de M. de Luc. Mais cette diltance eft un peu trop grande paree que la proportion de 56.7 a 69.75 n'eft pas la vraie proportion qu'il y a entre les Thermomètres en queltion : puifque (§ 89) 80 de R eft un peu plus (74) de Luc 5 4+i- «• *• x- (75) Ib*. S 4f& d-e-  des Thermomètres. 53 petit que 64.3 de dL: & par conféquent 69.75 de R un peu plus grand que 56.7 de de Luc 5 92. M. de Luc a cherché un troifième point fixe , afin de déterminer cette différence avec plus de précifion (76). II 1'a trouvé dans le degré de froid produit par le mélange de Glacé & de Sel commun. M. Reaumur a fixé ce point a -15 de fon Thermomètre , (77) & M. de Luc a trouvé qu'il étoit a -12 du fien: mais ces 12.7 degrés en font, felon la proportion , "trs » l5-65 fur le Thermomètre de Reaumur : fi donc les Zeros des deux Thermomètres étoien: les mêmes, le point déterminé par M. de Luc feroit a-15.65 de 1'échelle de Reaumur, au-lieu qu'il ne doit fe trouver qu'a -15. La proportion f§:£j efl donc trop grande, comme nous 1'avons déja dit (g 91). La différence entre le Zero de Reaumur & celui de de Luc efl felon le §91. c.9 Et, felon ce que nous venons de dire , 0.65 Ainfi prenant un terme moyen, elle feroit 0.775 Mais on peut faire une détermination plus exaóte. (78*) La fomme des degrés des deux Obfervations (7.6 & 12.7) 20.3 Eft a La fomme des deux erreurs, de celle audeflus & de celle au-deflöus du Zero de Reaumur, ou a la différence des deux déterminations (0.9-0.65) 0.25 Comme Le nombre des degrés de 1'Obfervation au-deflbus de Zero 12.7 (76) 5 443- k-1. (77) Mém. dl Yslcadi 1734. p. i 71» (ï8*J $ 443. r. T a  84 DlSSERTATION 5UR la comparaisoh Eft a L'erreur qu'il y a dans cette Obfervation; c: a: d: au nombre de degrés que le Zero de Reaumur eft au-deflbus de la détermination qui refulte de 1'Obfervation (ou 0.65) c: a: d: a 0.18 Ou, comme Le nombre de degrés de 1'Obfervation au - deffus de Zero.^ 7.6 Eft a l'erreur qu'il y a dans 1'Obfervation c: a: d: au nombre de degrés que le Zero de Reaumur , eft au - deffus de la détermination qui refulte de 1'Obfervation (0.9) ö.io Le vrai Zero de Keaumur fera donc a 0.68 4- 0.15 & a o. 9 - 0.10 Ces deux déterminations donnent également 0.8 Le Zero de de Luc eft donc a 0.8 de Reaumur : ou celui de Reaumur eft a o. 8 au-deffous du Zero de de Luc. Cette détermination, déja fi exacte & fi fure, eft encore confirmée par ce que dit M. Reaumur , que le froid, qui fait defcendre fon Thermomètre a Zero, fuffit pour faire gèler I'Eau: Or M. de Luc a trouvé en effet, en prenant un nombre moyen de beaucoup d'Expériences, que le point auquel I'Eau commence a fe gèler eft a 0.8 au - deffous de fon Zero. 5 92*. Le Thermomètre de M. Reaumür, indique donc jo* dans les Caves de 1'Obfervatoire, & celui de M. de Lüc 7.6. Le premier marqué - 15 pour le froid produit par le fel commun, & i'autre -12.7. Cet efpace contient donc 27; de-  •des Thermomètres. 85 gres de Reaumur & feulement 20.3 degrés de de Luc. Le nombre des degrés de Reaumur, compris dans un efpace déterminé , eft donc au nombre des degrés de de Luc, compris dans le même efpace, comme 25^ a 20.3 ou comme 66 a 53- % 93. L'Efpace qu'il y a entre le Zero , (déterminé par de Luc) & le plus haut point deM. Reaumur, eft fur 1'Echelle de M. Reaumur 80-0.8; donc 66 font a 53 comme 80-0.8 font a la différence qu'il y a fur 1'Echelle de M. de Luc entre o, & la liqueur bouillante de M. Reaumur. On trouve 63.7 gr. ce qui eft un peu moindre que 64.3 , que nous avions'determinés (§91): mais nous avons vu que cela doit être. L'Eau bouillante eft fur 1'Echelle de M. de Luc a 80: on peut facilement déterminer a quel point elle fe trouve fur celle de M. Reaumur , en difant: 53 font a 66 comme 80 a une quatrième proportionnelle, qu'on trouve être 100.4. (78). On voit de la, combien le vrai Thermomètre de M. Reaumur diffère de ceux auxquels on a donné enfuite le nom de ce célébre Phyficien , & fur lefquels on nomme 80 la chaleur de I'Eau bouillante. 5 94. Le Phénomène fuivant fervira encore a prouver combien la détermination de M. de Luc eft' exaéle. La chaleur du fang, ou celle du corps humain, qui eft a-peu-prés conftante, a été déterminée if&) DE LüC f 443. Z. F3  ,g(5 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON par'M. Brisson a 32* degrés du vrai Thermomètre de M. Reaumur (79). M. de Luc a déterminé ce degré, par fes propres Expériences a 25 3 de fon Thermomètre : ainfi 32.5 de Reaumur fe rapportent a 25.3 de de Luc ; or 1'on trouve en effet que 53 font a 66 comme 25.3 a aa.i ou a 32.3-0.8: ce qui ne diffère des expériences immédiates de M. Brisson que de 0.2: différence qui ne fauroit entrer en ligne de compte dans des recherches de ce genre. § 95- Voici donc une comparaifon exacte des Thermomètres de MM. Reaumur & de de Luc. Reau. de Luc. de' Luc. Efp. de Vin. Mercure. 100.4 —— 80 ——— 80 go 63.7 66.6 32.5 25-3 "9-9 10.25 7-9 9-6 0 0.8 0.8 Nous avons ajouté le Thermomètre a Mercure, fuivant les déterminations & la Table du § 15*. Voila donc le vrai Thermomètre de Reaumur , qui étoit entiérement tombé en oubli, rétabli, par les foins & l'exaétitude de M. de Luc. g 96. M. de Luc n'a étendu fa table que jufqu'a 15 degrés au-deffous de Zero. Nous avons étendu celle qui fe trouve dans eet ouvrage beaucoup au dela. Si ce Thermomètre étoit compofé (-p) dk Luc 5 445. b.  des Thermomètres. 8t d'Efprit de Vin reótine comme celui de M. de Luc, nous pourrions employer la loi établie par ce Phyficien (§ 15): mais celle que fuit la liqueur de M. Reaumur en différe un peu. J'ai trouvé, qu'en calcuiant les degrés , comme pour 1'Efprit de Vin pur, on doit fouftraire une dixiéme partie de degré pour chaque condenfation de cinq degrés ; par ex: 15 degrés de condenfation de Mercure en feroient 11.5 pour 1'Efprit de Vin: _il faut donc retrancher. 0.3 paree que la condeniution eft de trois fois cinq degrés : on aura 11.2 comme dans 1'Expérience de M. de Luc: 17 degrés en feroient 13.06: ötant 0.35: on trouve 12.71 au-lieu de 12.7 comme M. de Luc la trouvé. ARTICLE III. Faux Thermomètres da M. Reaumur. N°. XVIII. Faux Thermomètre h Efprit de Vin. Voyez le Tableau général de comparaijon. N°. IV, 5 97- Le premier changement effentiel, qu'on a introduit dans les Thermomètres de M. Reaumur, eft le changement, de pofition du Zero. Nous avons vu que M. Reaumur pla^oit fon Zero au degré oü I'Eau fe gèle, & que ce froid efl plus grand que celui de'la Glacé qui fond. Mais dans la fuke M. Reaumur a placé lui-même le Zero ii la Glacé qui fond, ainü que le rapportent M. M. F 4  88 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON Nollet (80) & Brisson , qui ont travaillé avec M. Reaumur ; c'eft auffi ce qu'ils ont conftamment pratiqué eux - mêmes a 1'imitation de ce céIébre Phyficien: mais on n'a pas fait attention que la température de la Glacé qui fond différe de 0.8 degrés de celle de I'Eau qui fe gèle. Si 1'on compare donc Ie vrai Thermomètre de M. Reaumur , avec ceux dont leZero eft déterminé par la Glacé qui fond, il faudra ajouter 0.8 a chaque degré du premier, pour le reduire aux dernier; au moins cela fuffira-t-il dans Ia pratique: mais fi 1'on vouloit pouffer la précifion plus loin , ii faudroit y ajouter quelque chofe de moins: car fi 1'on marqué 100.4 fur chacun de ces Thermomètres pour le point d'Eau bouillante, il y aura réellement 100.4 degrés fur le vrai Thermomètre de M. Reaumur entre la congèlation & I'Eau bouillante; mais il n'y en aura que 99.6 fur le faux Thermomètre: ou plutöt 1'efpace que 100.4 degrés occupent furcelui-ci,n'en contiendra que 99.6 fur 1'autre: mais la différence eft trop petite pour y avoir égard dans Ie petit efpace qui fert aux Obfervations metéorologiques. Tous les Thermomètres, nommés Thermomètres de Reaumur , ne parient donc pas Ia même langue, mais ils peuvent différer de 0.8 degrés par Ia feule caufe dont nous venons de faire mention: auffi M. du Crest (81) rapporte-t-il avoir vu des Thermomètres de M. Reaumur, qui ne s'ac- (80) Art. desExper. Tome 3. p. 144. de Luc. U^.g. (81) MaHelv. Tome 3. On trouve a Ia page 66 des extmples d'erreurs produites pr.r Ia première caufe & a la page 26 & 56 des exemples d'erreurs produites par la feconde.  des Thermomètres. 89 cordoient pas: ce qui néanmoins provenoit auffi en partie de la caufe dont nous ferons mention dans un moment. § 98. La plupart des Thermomètres de Reaumur , dont on fe fert aujourd'hui, font les faux Thermomètres dont nous venons de parler: car Ie Zero y eft déterminé par la Glacé qui fond. II paroit, par ce que nous venons de dire, que ce changement dans la pofition du Zero a déja eu lieu peu de tems après 1'invention de ces Thermomètres: & 1'on s'en convaincra davantage fi 1'on fait attention que M. Reaumur dit lui-méme que prefque tous ceux qui poffédoient de fes Thermomètres les tenoientde 1'Abbé JNtollet (82). Or celui-ci placoit le Zero a Ia Glacé qui fond. II me paroit donc qu'en reduifant a d'autres echelles les Obfervations qu'on dit faites au moyen du Thermomètre de Reaumur , on doit toujours employer pour Ja réduction le faux Thermomètre dont nous venons de parler, a moins qu'on ne fache d'ailleurs qu'on a employé le vrai Thermomètre de Reaumur ; comme cela a lieu, p: ex: pour les Obfervations qu'on a faites a 1'Obfervatoire Royal de Paris en 1734 & pendant quelques années fuivantes. § 99. Voici une feconde caufe qui peut produire des erreurs dans les Thermomètres a Efprit de Vin de M. Reaumur, & qui efl indépendante de la première: elle a lieu lorfqu'on fe fert d'Etalons pour divifer 1'Echelle, quoique ces étalons foient a Efprit de Vin : a moins qu'on ne prenne un grand nombre de précautions, & qu'on ne fe ferve (82) Mém. de l'Atad. 1730 p. 458. F 5  po DïSSERTATION SUR la COMPARAISOJf de la méthode de M. Nollet (§ 102). M. Reaumur a conftruit lui-même quelques-uns de fes Thermomètres d'après des étalons, mais il a fuivi une méthode qui ne nous paroit pas fort exacte. (83) 'Après avoir déterminé comme il faut la proportion qu'il y a entre ja boule & le tube, ainfi que la dilatabilité de la liqueur,il propofe, que fans déterminer immédiatement le point de congèlation , on verfe dans le tube autant de liqueur qu'il en faut pourqu'elle parvienne au même degré que 1'Etalon indique alors. Ce Thermomètre & 1'Etalon, dit M. Reaumur , feront parfaitement d'accord; mais il eft, ce même femble, aifé de voir qu'il peut fe gliifer un grand nombre d'erreurs dans cette Opératiom § 100. Une dernière caufe d'erreurs dans des Thermomètres a Efprit de Vin, confjfte dans la manière dont on déterminé le point fixe fupérieur , ou le 8oe degré. Si 1'on n'employe pas exactement la méthode de M. Reaumur, mais qu'on marqué, p: ex: 80 au point auquel I'Eau bouillante peut élever réellement la liqueur , on obtiendra le Thermomètre a Efprit de Vin de M. de Luc, qui différe beaucoup de celui de M. Reaumur, Te ne doute pas qu'il n'y en ait de pareils parmï les Thermomètres a Efprit de Vin qu'on nomme Thermomètres de Reaumur , & même qu'il n'y en ait encore d'autres fur lefquels le point d'Eau bouillante tombe entre le 80 degré placé felon la méthode de M. Reaumur, & le 80*" déterminé felon celle de M. de Luc. f)iverfités qui ne fauroient que produire de grandes erreurs dans les Echelles de ces Thermomètres. (83) Mém. de l'Acad. 1730, p. 474.  des Thermomètres. 91 Thermomètres a Mercure ordinalres , felon ï'Echelle de M. Reaumur. 5 101. Le fecond changement efTentiel qu'on a fait aux Thermomètres de M. Reaumur , confifte en ce qu'on a conftruit des Thermomètres a Mercure auxquels on a appliqué 1'Echelle de ce Phyficien. Quand on plonge ces Thermomètres dans I'Eau bouillante, le Mercure indique réellement la chaleur de cette Eau. Si 1'on place donc, comme on le fait aux Thermomètres a Efprit de Vin, 80 a ce point la, on donne Ie mêmè nom a deux degrés de chaleur trés - diffèrens: & par conféquent les degrés que ces Thermomètres indiqueront en même tems ne fauroient être les mêmes. On doit donc néceffairement avoir égard aux differentes loix felon lefquelles ces deux fluides fe dilatent, comme nous 1'avons prouvé en détail eidelf us. Ces Thermomètres a Mercure s'accordent avec le Thermomètre a Mercure de M. de Luc, mais par la même, ils différent beaucoup d'un Thermomètre a Efprit de Vin, qu'on auroit gradué de la même facon , ainfi que du Vrai & du Faux Thermomètre a Efprit de Vin de M. Reaumur. La plupart des Thermomètres a Mercure, qu'on nomme improprement Thermomètres a Mercure de Reaumur», & dont quelques Phyficiens fe fervent, font conftruits de cette fajon. Au refte quelques recherches que j'aie faites , je n'ai trouvé nulle part que M. Reaumur ait conftruit luimêrae des Thermomètres a Mercure.  £2 DlSSERTATION SUR la COMPARAIS0ÏI N°. XIX. Thermomètres a Mercure de M. iAbbé Nol let. § 102. Nous avons parlé ci-deffus (J 21) en détail des erreurs qu'on commet en graduant des Thermomètres. a Mercure d'après des Étalons a Efprit de Vin. M. Nollet a trés - bien faifi ce point, & en conféquence il procédé de la facon fuivante (84). II plonge dans la même Eau les deux Thermomètres, 1'Etalon a Efprit de Vin, & le Thermomètre a Mercure qu'on a deffein de graduer. II échauffe peu-a-peu cette Eau, depuis le point de congèlation jufqu'a ce qu'elle bouille. II marqué les hauteurs auxquelles le Mercure parvient a chaque fois que 1'Efprit de Vin s'efl: dilaté de dix degrés: & il place a ces différentes hauteurs les nombres de degrés que 1'Efprit de Vin indique fucceffivement. II fuit de la que les différences qu'il pourroit y avoir entre ces deux Thermomètres, font reflerées entre chaque efpace de dix degrés. Enfin au moyen de Sel & de Glacé, M. Nollet refroidit I'Eau dans laquelle les Thermomètres font piongés, & il marqué 10 & 15 au-deffous de Zero fur le Thermomètre 2 Mercure, aux points oü le Mercure fe trouve lorfque 1'Etalon indique les degrés de même nom. II refulte de la, i° qu'un pareil Thermomètre a Mercure fera a peu-prés d'accord avec un Thermomètre a Efprit de Vin , depuis *8o jufqu'a - 15: & 2C qu'un pareil Thermomètre a Mercure différe beaucoup du Thermomètre a Mercure de M. de Luc. C'eft ce que nous allons prouver, (84> An des Exper. Tome 3. p. 177. M. Nollet fe fert de !a mcme méthode, qui eft trés-bonne, pour graduer des Thermomètres d'Efprit de Vin d'après des Étalons auifi a Efprit de Vin»  des Thermomètres. 93 en donnant 1'explication d'un Fait intéreffant, dont nous avons déja dit un mot (§ 19.), & au fujet duquel il y règne une trés - grande confufion dans ce que les Phyficiens en ont dit. § 103. M. Maupertuis (85) rapporte qu'un Thermomètre a Mercure, conftruit fur les Principes de M. Reaumur, marquoït a Tornea 37 degrés au-deffous de Zero, (86) pendant que le (85) Figtire de la Terre. p. 56. C86) Plufieurs Phyficiens regardent ces 37 degrés comme des degrés d'un Thermomètre a Mercure pareil a celui dont. nous avons parlé 5 ior. M. Watzon les reduk a 70 audelTous de Zero de 1'Echelle de Fahrenheit. (Phil, Trar.j'. Vol. 48. p. 109.) II y en a d'autres qui eftiment ces degre» être des degrés de 1'Echelle de Fahrenheit. M. Musschenbroek eft de ce riomfire , & il reduit ces 37 degrés a 3j* au-deffous de Zero de 1'Echelle de Reaumur (Introd. ai Phil. Naiur. $ 1567. p. 627.) Ce Phyficien a été fuivi en ceci par le DoéteurHouTTUYN^/tgegogte Verhand. Tom. V. p. 123) & celui-ci parle Doéteur Schaaf, (NieuweVaderl. Letier-Oeffening. Tom. V. p. 261.) M. Houttuyn a raifon de remarquer que ces 37 degrés de 1'Echelle de Reaumur n'en feroient que - 52 de celle de Fahrenheit,mais on fuppofe alors un Thermomètre a Mercure femblable a celui de M. de Luc. Je m'étonne auffi que M. Houttuyn dife „ le Froid a été obfervé de 37» degrés au-deffous de J( Zero de 1'Écheile de Fahrenheit; c'eft ce que je trouve „ dans la defcription de leur Voyage" (des Académiciens) fur quoi il cite la page f45 du Journal d'un Voyage au Nord par 1'Abbé Outhier, Ed. in 40. Or, il n'eft faitmention & lap. 223. de 1'Ed. in 8°, oü ce fait eft rapporté, que d'un Thermomètre a Mercure, fans qu'on marqué d'après quels principes ce Thermomètre avoit été conftruit. Mais, M. Maotertuis \Figure de la terre, p. 190] parle de Thermomètres a Mercure fuivant les principes de Rïaumur. L'autorité de M. Maupertuis décide donc de quet Thermomètre on s'eft fervi. M. M. les Académiciens fe, fervoient, a la vérité, aufli d'un Thermomètre de Fahhenheit ; mais M. Maupertuis Ie nomme toujours Thermomètre de Prins. Prins étoit un excellent ouvrier qui a fuccédé a Fahrenheit dans la conftruftion des Thsrmonjètxtï, & gul même avoit déja iravaillé avec lui.  P4 DlSSERTATION sur LA comparaison Thermomètre a Efprit de Vin n'étoit qua 29 audeffous de Zero. Si ce Thermomètre a Mercure tut été conftruit par des Expériences immédiates, c: a: d: par les points de congèlation & de I'Eau bouillante, ces 37 degrés fe feroient rapportés a 35 du Thermomètre a Efprit de Vin. Mais M. de Maupertuis ajouté que ce Thermomètre avoit été conftruit par 1'Abbé Nollet (87). II n'y a donc pas de doute que le 15' degré au-deffous de Zero. ne coïncidat avec le 15- au-deffous deZ^ro du Thermomètre a Efprit de Vin. Entre 15 & 35 il y a 20 degrés: lorfque le Mercure fe condenfe, a ce froid, de 20 degrés, 1'Efprit de Vin fe condenfe,fuivant 1'Echelle de M.de Luc, mais prolongée, (§96) de 13.8: car la condenfation eft pour le Mercure 5 5 M- 5 -h 5 = 20: & pour 1'Efprit de Vin 3. 5 "+- 3- 5 ■+■ 3- 4- *fr 3- 4=r 13.8. Ces 13.8 degrés multipliés par ta°4 a caufe de ce qui a été dit § 28, font 11 degrés ou a-peu-près: les deux degrés qu'il faut encore, pour parvenir de 38 a 37, font 1.2 degré pour le Thermomètre a Efprit de Vin; ainfi 22 degrés de condenfation pour Ie Mercure n'en font ici que 12.8 pour 1'Efprit de Vin: donc 37 au-deffous de Zero , ou 15 •+- 22 , pour le Thermomètre a Mercure, fe reduifent a 15.h- 12, 8, ou 27.8, pour le Thermomètre a Efprit de Vin. Ce qui ne différe que de 1.2 degré de 1'Obfervation. Mais fi 1'on fait attention, que les deux Thermomètres ne fuivoient pas les changemens de température également promptement, & que 1'Efprit de Vin étoit fort prés de la congèlation, car ilfe géla la même nuit, on verra facilement quelles font les caufes qui ont pu faire que 1'Efprit de Vin s'efl (87) Ibid. p. 150.  des Thermomètres. 95 tenu un peu plus haut qu'il ne 1'auroit fait, fi les deux Thermomètres avoient été piongés enfemble dans le même fluide. On voit au moins que cette explication approche de bien prés de la vérité. g 104. Pour confirmer encore mieux ce que nous venons de dire, & pour faire voir en même tems la réalité des caufes que nous avons affignées a la petite différence que nous avons trouvée entre le calcul 2. (90) Cowio'feiice des temps 1763. p. 23a-  des Thermomètres. 99 que ces deux températures différent de o. 8. degrés de 1'échelle de M. Reaumur, qui différe peu de celle de M. Brisson. § 110. Le fecond point fixe efl: la chaleur du corps humain, que M. Brisson place & S2j de fon Ihermomètre, paree qu'il a trouvé que cette chaleur étoit è. 32Ï de 1'Echelle de M. Reaumük qu'il avoit deffein de conferver. Pour déterminer ce dégré de chaleur, on tienr le Thermomètre pendant une heure fous 1'aisfelle d'un homme en pleine fanté. M. Reaumur. n'y _ employoit qu'un quart d'heure, auffi ne fixoit-il cette chaleur qu'au 32edégré: mais fï la liqueur parvient en un quart d'heure a 32^ elle a befoin des trois autres pour parcourir le demi dégré reftant , comme M. Brisson; s'en efl affuré par plufieurs expériences, faites 'fur le vrai Thermomètre de M. Reaumur. (91)1 5 nr. Si le Zero de M. Brisson étoit le meme que celui de M. Reaumur, les dégrés intermédiaires s'accorderoient auffi: mais M. de Reaumur a trouvé que fes Thermomètres fe tiennent dans les Caves de 1'Obfervatoire & ioi: & ceux de M. Brisso n ne s'y tiennent qu'è g\. Or, 1'analogie fuivante fera voir, que cette différence provient uniquement de la pofition du Zero. C90 o e Luc § 445 a § 446. d. p. 371 feqq. G 2  IOO DlSSERTATÏON SVR la COÏIPARAÏSON Par expériences immédiates ie 32e dégré de M. Brisson revient au 322'deM. Re au mur, & felon le J 92 & 109. kZero du prémier Thermomètre revient a o 8. du fecond: donc 32I dég. font égaux a 310 7. de M. Reaumur. Mais 31.7 font a 32 5 comme 9.45 (— 10.25 — 08) font a 9.7. Le Thermomètre de M. Brisson 'auroit donc dü fe tenir, fuivant cette proportion, a 9-7 dans les Caves de 1'Obfervatoire: & il s'y tenoit en effet a 9-75; ce qui n'en différe pas fenfiblement. II fuit de la, qu'il y a une faute d'impresfion dans 1'article de la Connoiffance dts Temps, oü M. de la Lande dit, que les Thermomètres de M. Brisson fe tiennent a ici dans les Caves de 1'Obfervatoire. § 112. La Méthode de M. Brisson a, entr'autres , eet avantage, que des Thermomètres a Mercure & a Efprit de vin, qu'on auroit conftruits fuivant cette méthode, feroient mieux d'accord entr'eux, que fi le point fixe fupérieur avoit été déterminé fur les deux Thermomètres par I'Eau bouillante. Ils feront meme aflez concordans depuis le 32e dégré jufqu'a Zero; mais les différences augmenteronc de plus en plus au-deffous du Zero. Voici les principaux réfultats d'une Table de comparaifon que nous avons calculée d'après la Loi du § 28. (9a) (29) Dans le § »S U formule eft 3° " : elle eftici " \ a exprime les condenfations du Tliermoinetre * Efprit de vin de M. di Ltfc. S ss. 2e. Colonne.  des Thermomètres. ioi de luc. Brisson. Reaum. ö g Erprit Efn. de V. * * de V. par PB. I. 29.9 — 32.5 — 32.5 — 25.3 *5 „_ 27.18 — 26.51 — ao.t» 2 — 21-7-5 — 29.78 — 16.3 15 — 16.31 — 15.18 — 11.9 10 — 10.87 — 10.07 — 7-9 5 — 544 ~ 4 9? — 3 9 o — O — o — O 5 — 544 — 4.84 — 3-8 10 — 10.87 — 9.55 — 7-5 1* — 16 31 — 1426 — 11.2 17 — 18.48-— 16.17 —127 20 — 21.75 — l8-75 — 15 ïl fuit de Ia, i°. que la diff'renee entre fe Th"rniomètre a Mercure & celui d'Efprit de Vin augmente conlidérablement au-delT. «us lu Zero: 20. qu'elle monte qtie!qu°fois a un degré entre o & 3a : 30. qu'elle eft beaucoup pkis petite qu'elle ne le feroit, fi le Tlvrmomè re a Efprit de Vin, tel que celui de la 4e Colonne, étoit réglé par la Glacé & I'Eau bouillante, comme 1'eft celui de Mercure. II efl remarquable que les deux Thermomètres de M. Brisson indiquoient a peu prés le même point dans les Caves de i'Qbfervatoire : une fois , ils étoient tous deux a 10 (93^ & une autre fois le Thermomètre a Efprit de Vin étoit a 9! & celui de Mercure a 9* (94) ce qui différe de &, ou a-peu-prés de * de dégré. (93) t>E Luc § 441. h. i. (94) lb. S 441. 0. G 3  I02 DlSSERTATÏON StJR IA CÖMPARAISON CHAPITRE IV. Des Thermomètres de M. de l'Isle. 5 "3- M. de l'Isle a conftruit deux fortes de Thermomètres, qui Te reiTemblent a quelques égards, & qui différent a d'autres. Nous les décrirons féparément. N°. XXIV. Thermomètre h Efprit de Vin de M. de l'Isle. § 114. Ce premier Thermomètre a été inventé avant 1'année 1724 , en laquelle 1'auteur 1'a décrit lui-même (05). II eft compofé d'Efprit de Vin j indique o a I'Eau Bouillante, & 100 dans les Caves de 1'Obfervatoire: d'oit Ton dêduit aifément cette comparaifon entre ce Thermomètre &; celui de M. Reaumur. o de D. L. a 100. 4 de R: 100 — — 10.25 — Donc 100 D. L. = 90.15 R. ou 1 = 0.9015. Cette proportion fournit cette Table de comparaifon entre le Thermomètre de M. Reaumur , celui de M. de l'Isle; & celui de Fahrenheit. (95) Ment. de VAcad. 1724,, p. 313.  bes Thermomètres. 103 DL. R. F. 75 —• 33 • 8 ~ 99-9 80 —• 28 . 3 — pï.b 90 — 19 . 3 — 73.3 100 — 10 . 25 — 53.5 110 — 1-25 — 33.1 IIIj O . 30.2 120 — -7 . 8 — iT.3 130 16 . 8 — -10.3 § 115- Je ne fache pas qu'on ait pnblié d'autres obfervations faites avec ce '1 hermomètre, que celles que M, de l'Isle, & fon frère, M. de l'Isle de la Croyere , ont faites pendant 1'éclipfe totale de foleil du 22 Mai 1724, & qu'ils ont détaillées a 1'endroit cité ci - dtffus. Cependant M. Hennert rapporte que M. de l'Isle a continué, depuis fon retour de Ruffie, fes obfervations avec le Thermomètre dont nous venons de parier. (96) N°. XXV. Thermomètre a Mercure de M. de l'Isle. Foyez le Tableau général de comparaifon N°. VI. § 116. Nous ne nous arrêterons pas longtemps a ce Thermomètre, paree qu'il a été décrit au long par fon Auteur même & par plufieurs autres Phyficièns. (97) Je me contenterai de faire les remarques fuivantes. (96) Ejfai fur les Thermomètres p, 103. C97) Mem. pour fervir aux progrès ils V/lflronomie p. bs5.: Martine Efai IV. § 8. Mifcell Berol Tom. IV. p. 343. Tom. VI. p. 275. Cotte Traité de Meteir p. 114, du Crbsï Ma IleW. Tom. III. p. 58. (eqq. G 4  104- DlSSERTATÏON SUR LA COMFARAISON i°. M. de l'Isle s'eft fervi de Mercure. 2°. II s'eft propofé, comme l'ayoit fait M. Reaumur, un doublé but; favoir: Ja détermination de deux points fixes; & Ja divifion de 1'Echcile en degrés, qui indiquaffent en même temps de combien de parties de Ja maffe totale, le Mercure s'eft dilaté ou condenfe. Mais ces deux célébres Phyficiens ont fuivi des routes entiérement différentes. , 3°. M. de l'Isle a toujours placé fon Zero immédiatement , favoir par I'Eau bouillante: mais il a déterminé les autres dégrés d'après la proportion qu'il y a entre Ja boule & le tube du Thermomètre. II fuppofe que le volume de Mercure contenu dans la boule , lorfque celle-ci efl plongée dans I'Eau bouillante, occupe ïoooo parties: & il déterminé la proportion du tube & de la boule , en pefant le Mercure qui occupe la boule , & celui qui remplit le tube, ou une partie du tube: mais nous avons vu cï deffus § 9, note 7. que les plus petites erreurs peuvent devenir très-importantes dars cette méthode: auffi les prémiers. Therm< mètres que M. de l'Isle a conftruits ne fe font ils pas trouvés parfaitement d'accord : ce qui cop-mdant provenoit auffi en partie de ce q'-i-1 Ö de l'Isle laifioit la partie fupérieure du Tube ouverte. 40. M. de l'Isle a diftingué fes Thermomètres en grands & en petits Thermomètres: ïe volume du Mercure,, contenu dans la bouJe, ëlLjfuppofé contenir 100,000 parties dans Jes grands Thermomètres , & feuiement 10,000  des Thermomètres. 105 dans les petits: auffi compfe - t- ön fur 1'Ëchëlle des grands Theroiomètres 1,00,200,2000, dégrés, lors qu'on n'en compte que 10,20,200 dans les petits: ainfi le dégré 2004- d'un grand Thermomètre, équivaut a 200. ït du petit. On voit aifément que ces degrés indiquent en mêrrte temps la grandeur de'ïa condenfation: ainfi le 2coc dégré indique que Je Mercure s'eft condenfe de 200 -, ou de h partie du volume 10,000 qu'il occupe dans I'Eau bouillante. 5°. Nous remarquerons enfin, qu'on a entiérement abandonné en Ruffie, le feul pays oü ce Themomètre foit aftuellement en ufage la méthode de M. de l'Isle (98); on employé I'Eau bouillante, a Ja chaleur dé laquelle on place o; & enfuite le point de congèlation, qu'on fixe au moyen d'un mélange d'Eau & de Glacé, & oü 1'on marqué le isoe dégré, paree qu'on a trouvé que le point de congèlation eft en effet au 15c6 degré du vrai Thermomètre de M. de l'Isle. § 117. 11 eft facile, d'après ce qu'on vient de voir , de faire une. comparaifon entre ce Thermomètre & celui de Fahrenheit: 150 dégrés en valent 180,ou 1 en vaut i«: le ode D. L. coïncide avec le 212 de F. & le 150 de D. L. avec 32 de F. (98) Dl Luc Tome i. § 415. l>. note. G 5  io6 DissertAtion sur ia comparaison CHAPITRE V. Lu Thermomètre de M Michely du Crest. N°. XXVI. Et fur le Tableau général N°. IX. § 118. Michely du Crest (99) a conftruit un Thermomètre qu'il nomme Thermomètre Univer/el, paree qu'on peut facilement le conftruire par tout. Pour déterminer plus aif&ment & avec plus d'exaétitude le rapport qu'il y a entre ce Thermomètre & le vrai Thermomètre de M. Reaumur, j'extrairai ici quelques Articles de la diflèrtation même de M. du Crest- § 119. i°. M .du Crest employoit de 1'Esprit de Vin rectifié qui brule la poudre. p. 38. 20. Mais il a trouvé qu'un Thermomètre compofé d'Efprit de Vin, mêlé avec un quart (99) Defcription d'un Thermomètre Univerfel. Cet ouvrage , parüt 1 Paris, en 1741 ; mais il a été reïmprimê', avec des additions confid e I uc v qui différe biauco p de cëi x . q "oh a hommes dans la fuite 'J hermomè're 8 de Reaumur*. Voici donc la comparaifon de ces Tner« momètres. D C. R. N°. i- Eau bouillsiire. 100 — 100.4 100^93. jN°. 2 Cav sdel'Obf o — 10 2^ (10,, §90. N°. 3-Gbcequifor.d 10.4 — +c-8 (10.)''§92. (ico) M du Crest a 'rouvé qu'un d^s Tnermoitiètrrs , que M. Reaumur » coi.fl-^it !ui-méme, marquoit 105J a I'Eau bouiU«»t«! que le [ros Thermomètre tle rohfervatoire y marqueroit Ho!) & uo ai.irt ji8| Mms M. de Luc rtUiarque avec raifon, p 370 § 44q ƒ. que te» dirF'rencts ne viermem que de la d fii ulce ile crwnpcrer ces Ihtnnomè'.ies ttes-peti l'enlibles 9 caufe :rb^t, qu'il avoit abandonné Ie Tempéri, „comme un moyen de corfriucïion , & qu'ayant trouvé que „ les Thermomètres fe tenoient a 10» dégrés de froid dans ia glacé qui fond, il l'eaployoit pour les regie* § 413. » J'si vu , dit M. de Luc, par un Thermomètre de  des Thermomètres. 109 § 123. Si ces déterminations font exactes, il faut que ces trois points fixes donnent les mêmes réfultats. La Comparaifon des N°. 2 & 3 produit cette Analogie, 10.4 D. C. a 9.45 R. comme 110.4 D. C. a 100.31 R. Mais ia Comp. donne 100.4 — °-8 = 96 6 Différence. 4 . . . - 0.71 Enfuite 10.4. D. C. a 9.45 Reaumur , = 100 D. C. a. 90.86 R. ajoutant la température des Caves. 10.25. On aura pour I'Eau bouillante. 101.1 r. Différence d'avec 1'Expérience 0.71. Cette différence efl très-petite: fi 1'on prend 10.48 , pour le point de congèlation, au lieu de 10 4, toutes les parties s'accorderont: , cette erreur, très-petite en elle-même, eft d'autant plus admifïible, que M. du Crest paroit avoir trouvé quelquefois des différences dans la détermination de ce point. p. 27. § 124. M. du Crest nous fournit encore quelques autres points de compiraifon, outre les trois dont nous venons de parler. II fera important de les difcuter. „ m. Da Crest fait en 1741, que M. duCrest placoic „ dès ce temps-lii le Zéro de m. Reaumur a. Ia température „ de la glacé qui fond." p. 271 § 44*. G 7  iio Dissertation sur LA comparaison Voici comme M. du Crest s'exprime pag. 43- „ J'ai fondé les deux congelationS forcées „ avec le fel ammoniac & le fel marin ordi„ naire, fur plufieurs charges, réitérées pen„ dant plufieurs heur.es, de 1'un & de 1'autre, „ en foutirant 1'eau, & en rechargeant de fel „ & de giace." „ J'ai marqué le point de congèlation qu'on „ fait avec de Ja gkc^ & du fel marin a—29! » (p- 27)." M. du Crest croit ce dégré fixe & univerfel: il ajouté ; „ La congèlation forcée du „ fel ammoniac fixée par Fahrenheit répond „ a—2.5I de froid de mon Thermomètre"p.91. Le dégré 29" de [du Crest répond, felon le § 123, a—15.9 de Reaumur, & le 25^ a—12.5. § 125. Ces deux Expériences de M. du Crest font d'autant plus remarquabJes, qu'elles paroifTent, au premier abord, différer de celles de M. Reaumur: car M. Reaumur a trouvé que le fel marin, melé avec de la glacé pilée, fait defcendre fon Thermomètre a—15: (103): & M. de Luc repétant cette Expérience , en employant deux parties de glacé qui fond , & une partie de fel, a obtenu le même réfultat (104). M. Reaumur a trouvé de plus, que le fel ammoniac mêlé avec de la glacé, dans les proportions les plus (103) Mém de VAcCtd. I734. p. IJ-ii 182, (104) § 443 *• P- 34. & 37*-  des Thermomètres; ii* favorables, n'a jamais produit que 131 dégrés de froid. § 126. (Les Expériences paroiifent contraïres aux déterminations que nous avons faites ("§ 123) au moyen du Thermomètre de M. du Crest; mais il y aura moyen de les concilier. Le dégré de froid qu'on produit par les congélations artificielles dépend de celui que la glacé & le fel ont lorfqu'on les employé, & il eft d'autant plus grand que'celui-ci 1'eft davantage. M. Reaumur en a fait lui mëme 1'Ëxpérience. „ Avec du falpétre, dit rij, du „ fel marin , & du fel ammoniac refroidis, „ mêlés fuccelTivement avec la glacé en dofes „ convenables, j'ai fait naïtre un dégré de froid de 22 dégrés. " Voila le Maximum auquel M. de R eaumur paroit être parvenu. Or il eft, ce me femble, évident, d'après les: paroles mêmes de M. du Crest que nous venons de citer, que le fel & Ja glacé qu'il a employés, ont eu le temps He devenir plus .froids qu'ils ne 1'étoient au commencement de 1'Expérience : car il foutiroit I'Eau , rechargeoit de fel & de glacé, & 1'Expérience duxoit plufieurs heures. Le fel & la glacé quï reftoient des premières opérations étoient donc très-réfroidis, & commuriiquoient leur froid au nouveau fel & a la nouvelle gtace qu'on, employoit. Le mélange devoit donc produire un plus grand dégré de froid. Nous avons dit, que le froid, produit par M. du Crest, au moyen du fel marin, revenoit , felon nos déterminations, a—ió.r de 1'Echelle de M. Reaumur, ce qui ne  XIZ DlSSBRTATïON SUR ia compauaison différe que d'un feul dégré des 15 dégrés que M. Reaumur a trouves dans fes Expériences. II n'y a dope pas de doute que cette différence ne doive être attribueé a Ia caufe dont nous avons fait mention. Nous avons dit qu'il y a auffi une différence d'un dégré entre les Expériences de M. Reaumur, & de M. du Crest: ou plutöt de Fahrenheit, fur le froid produit par le fel Ammoniac. Mais il efl en général connu par les Expériences de Fahrenheit, Boerhaave & B ra un, que le froid artificiel différe felon le froid aétuel de 1'Atmofphêre. § 127. Enfin, M. du Crest parle encore de deux autres points fixes, que je ne fuis pas z même d'apprécier, paree qu'il n'en énonce pas le dégré dans fa differtation, & que je n'ai pas eu occafion de voir les Thermomètres fur ies Echelles defquels il les marquoit. \ Le premier point efl celui de la chaleur de 1'Efprit de Vin bouillant. II a employé a cette détermination , de 1'Efprit de Vin qui brule la poudre, & il 1'a fait bouillir dans un vafe ouvert (p. 43). L'Eprit de Vin le plus rectifié (Spir. vim reftificatiJJ':') boüt, felon les Expériences de M. Braun au i73e dégré de 1'échelle de Fahrenheit (g 87, «ofe») ce qui s'accorde parfaitement avec les Expériences de Boerhaave (105) Or ce degré revient a peu prés au 63^ du Thermomètre a Mercure de M. de luc (105) Eltm. dien:, p. Co. EJ. Pir,  des Thermomètres. it3 M. de Lüc, ce qui, felon la Table de M. de Luc même, reviendroit a 75" du vrai Thermomètre de M. Reaumur (§ 95. f.) 5 128. L'autre point fixe efl le froid que Meffieurs les Académiciens Franjois ont obfervé a Tomea en 1737. Je 1'ai fondé, dit M. „du Crest, fur le propre Thermomètre „ qui 1'a éprouvé, & que M. Maupertuis „ a bien voulu me confier plufieurs fois pour „ en connoïtre le rapport (p. 44.)" Voyez a ce fujet, ci deffus § 103 feq. § 129. Les réfléxions que nous venons de faire me paroiffent fuffire pour déterminer le rapport du Thermomètre de M. du Crest au vrai Thermomètre de M. Re/iumur. Voici les principaux points d'une lable de comparaifon. (106) D. C. R. D. C. R. 100 — 100.4 5 — 5, 7 50 — 55 32 10.48 — o. 8 25 — S2-78 i'-39 — °- 20 — 28.27 15 3 25 15 — 2?,77 2° — 776 10 •— 19 25 25 — 12.26 5 — 11.67 ?o 16 ->j o — 10.25 35 — 20.77 44 — 28.96 (106) Cette table n'eft que pour le vrai Thermomètre de M. Reaumur. Si 1'on vouloit faire une comnaraifon avec le faux Thermomètre de M. Reaumur § 98 prefqu'univerfellement en ufage aujourd'hui, il faudtoic ajouter 0.8 a tous les dégrés da Thermouiöue de Reaumur. marqués dans cette Table. H  114 DlSSERTATION SUR LA COMFARAISON § 130. Au refte M. du Crest a fait auffi des Thermomètres de Mercure, divifés felon la même échelle que ceux d'Efprit de Vin. II a trés-bien fenti que ces deux Thermomètres, quoiqu'indiquant les mêmes dégrés a I'Eau bouillante & au tempéré. différeroient beaucoup dans les dégrés intermédiaires, &. dans les dégrés inférieurs: ce qu'il a éclairci par quelques exemples p. 38. Mais M. de Luc a traité cette matiére dans un détail qui me paroit ne rien lailfer a déftrer. II faut donc ne comparer' le Thermomètre de Mercure de M. du Crest qu'au Thermomètre a Mercure de M. Reaumur , & le Thermomètre a Efprit de Vin qu'au Thermomètre a Efprit de Vin, a moins qu'on ne voulut dreffer une Table de comparaifon fondée fur les proportions que M. de Luc a déduites de fes expériences § 15* § 131. Le Thermomètre de M. du Crest paroit être afTez en ufage en Suiffe: on s'en eft fervi dans les obfervations qu'on a faites a Zurich en 1776, comme auffi dans celles qu'on a faites de 1756 a 1760 a Bajle, & a la Ferriere en Ergael; on trouve celles-ci dans le Tome 3* & les fuivans des AEta Helvetica.  des Thermomètres. h$ 'CHAPITRE VI. Du Thermomètre de Suède, & de Lyon. N°. XXVII. Thermomètre de M. Celsius. Voyez le Tableau général de comparaifon N°. VII. S 132- ius a conftruit en 1742 un Thermomètre a Mercure, qui a depuis porté fon nom, & qui efl: aujourd'hui, a quelques changemens prés, univerfellement adopté en Suéde. (107). M. Celsius plonge d'abord fon Thermomètre dans de la Neige qui commence a fon-1 dre, & enfuite dans I'Eau bouillante: il place le iooe dégré au premier de ces points, & le Zero au fecond: de forte qu'il compte, a 1'imitation de M. de l'Isle, fes dégrés dehaut en bas. . On s'eft fervi de ce Thermomètre pour les obfervations qu'on a faites a Upfal, depuis 1747 jufques en 1750.. On les trouve dans les Tomes 12, 14, .& 15 des Mémoires de 1'Académie de- Suéde. (J07) Man. de l'Accd. de Suéde. Tonic 4 p. 204 da !a trad. Allemande. II 2  >i<5 DlSSERTATIQN sur la cqmfaraisow XXVIII. Thermomètre de Stroemer nommé aujjl Thermomètre de Suéde, ou, ce'qui revient au même, Thermomètre de M. Christin, ou de Lyon. Voyez te Tableau général de comparaifon N°. VUL % 133. M. Stroemer a changé Ie Thermomètre de M. Celsius en ceci, qu'il a place Zero au (108) point de congèlation & 100 au dégré de I'Eau bouillante. On compte parconféquent, comme fur 1'Echelle deM.RïAUm u r , les dégrés de Chaleur au deffus de Zero, & les dégrés de Froid au deffous. 11 fuit de la, que 80 dégrés du Thermomètre a Mercure de M. de Luc font|égaux 100 dégrés du Thermomètre de Suéde: ou que 4 en valent 5; que 180 dégrés de 1'Echelle de Fahrenheit en valent 100 du Thermomètre de Suéde, ou que 9 en valent 5: enfin que ces mêmes 100 dégrés en valent 150 du Thermomètre de M. de l'Isle, ou que 10 en valent 15. On a commence en 1750 a fe fervir de ce Thermomètre a Upfal, & il efl aujourd'hui univcrfellement en ufage en Suéde, ce qui fait qu'on le nomme Thermomètre de Suéde. Quelques Phyficiens (109) le nomment cependant auffi Thermomètre de Celsius , paree qu'en effet les principes en font exacrement les mêmes. (108) Mém. de ï/lcad. de Suéde. Torce xj. p. 154. (100) COTTE Traité de Météor p. 136. 137.  des Thermomètres. iü? § 134. M. Christin, de Lyon, ainventé en 1743 un pareil Thermomètre, qu'il nomme Thermomètre de Lyon. II fixoit le poinc de congèlation en entourant la boule du Therr momètre de glacé pilée. M. Marcorelle s'eft. fervi de ce Thermomètre dans les obfervations qu'il a faites a Touioufe pendant dix années , & qu'on trouve dans le quatrième Tome des Mémoires préjcntés a l''Académie. Thermomètre de Bird. § 135. Le P. Cotte a décrit ce Thermomètre comme étant un Thermomètre particulier, différent des autres, & il en dit, que felon M. deMairan, le Thermomètre de J. Bird, Angloïs, différe peu dans fes principes de celui de M. de Reaumur. (iio) M. Mairan en parle en effet de cette facon (111) Mais il me paroit cependant, que ce Thermomètre efl réellement le Thermomètre de Suéde; c'eft ce que je déduis des circonllances que M. Mairan ajouté a fa defcription. 11 en parle d'après M. Ferner, & il dit que les premières obfervations Thermomètriques ont été faites a Upfal avec le Thermomètre de Hawksbée, mais les fui* vantes, & celles de M. Ferner, avec le Thermomètre de J. Bird, qui différe peu dans fes principes de celui de M. Reaumur. J'ai eu ce Thermomètre en main pendant plufieurs jours , ajouté M. Mairan, M. Ferner 1'ayant apporté a Paris. 010) Traité de Météor. p. 138, (110 Mi», de l'Acad. 1765 p. 219, H 3  ïlS DlSSERTATÏOlï SUR LA comfaraison Mais, il eft certain par les Mémoires de 1'Académie de Suéde qu'on s'eft fervi a Upfal du 'Thermomètre de Hawksbée jufqu'en 1747: de celui de Celsius, & enfuite de celui de Stroemer depuis 174Ö jufqu'en 1750. M. Ferner lui-même n'en a pas employé d'autre, ou du moins n'a-t-il publié fes obfervations que réduites a ce Thermomètre-la. II eft donc trés-vraifemblable que ce Thermomètre de Bird, eft le Thermomètre de Suéde, conftruit a Londres par Bird. (112) 5 136. Pour ce qui eft de 1'accord qu'il y a entre ce Thermomètre & celui deM. Reaumur, on peut remarq'uer d'abord, que le vrai Thermomètre de Reaumur indique Zero au point de congèlation, & a peu prés 100 a I'Eau bouillante, & que cette graduation eft exaétement celle du Thermomètre de Suéde: qu'ils feroient en conféquence parfaitement d'accord s'ils étoieht tous deux de Mercure. Mais comme celui de Reaumur eft a Efprit de Vin, il y aura quelques différences: par ex: pour les dégrés 50 & 80 de Fahrenheit, on aura. 50 de F. dl°*fdaTh- de^de. 11 q.75 Reaumur. s?n dp F Ü 2Ö" 6 du Tnerm- de Suéde. 80 de *. a-jj 22 gö du Tnenn> de Rea ÜM UR> (112) Bud étoit un célébre artifle k Londres, qui conflruifoil auffi des Thermomètres a telle échelle qu'on vouloit. Comme, on trouve peu de tubes exempts de tome inégalité, il prenoi: la prJcjution de diviler fes dégrés par des épreuves immédiates, cn ayint égard a ces inégaiités du Tube. Joura £rit. de SI A t y. Aout 175a. Art. IV.  des Thermomètres. iïq De forte que la différence ne monte qu'a if dans le premier cas, & a 3I dans le fecond; & elle fera a proportion dans les dégrés intermédiaires. Or M. Mairan aura fürement obfervé le Thermomètre de Bird a peu prés entre les dégrés de chaleur dont nous venons de parJer, car M. Ferner a été a Paris aux mois de Mai, Juin &c. 1761. II n'eft donc pas étonnant que iVF Maira n ait confidéré ces Thermomètres comme peü diffèrens, & conftruits a peu prés fur les mêmes principes. SECONDE SECTION. De quelques TTiefmotnlttes moins ufitès aujour» d'hui , mais qui ont été conftruits d'après des points fixes, ou qu'on y peut réduire avec eertitude. CHAPITRE I. No. XXIX. Thermomètre de M. de laHiee. Voyez le Tableau général de comparaifon, N°. XIX. Ce Thermomètre eft le plus ancien Thermomètre connu avec lequel on ait fait des obfervations. On s'en eft fervi pendant plu» de foixante ans a 1'Obfervatoire Royal de Paris, & M. de laHire s'en fervoit deja en 1670. H 4 § 137.  IIO DlSSERTATÏON SUR la conparakon L'Êchelle de ce Thermomètre n'a pas de points fixirs, ainfi ce n'eft qu'au moyen de queiques obfervations faites en même temps fur ce Thermomètre & fur d'autres, qu'on peut la déterminer. Quelques Phyficiens célébres, M. M. Martine,Grischow,Rozier,Cotte, ont publié des Tables de comparaifon, mais quï dixiérent beaucoup entr'elles. Voici quelles font mes remarques. Je comparerai ce Thermomètre ce M. de la Hike a celi.i de M. Eeaumür. Ils font tous dtux a Efprit de Vin. S 138. M. de la Hire dit (113) qu'il commence a gèler a la campagne lorfque fon Thermomètre eft a 32: mais je trouve ailleurs (114) qu'il commence a gèler lorfque le Thermomètre eft a 31, ou meme lorfqu'il eft a 30. (115) De forte que le point de congèlation paroit être entre 30 & 32. M. Martine (nó) le fixe cependant a 28 , paree que, felon une obfervation immédiate de M. de la Hire, (117), Ie Thermomètre d'AM ont ons eft a 51!, lurfque le fien eft a 28. Ces différences fout affi-z fortes. § 139. M. de la Hire dit que fon Thermomè re fe tient a 48 dans les Caves de 1'Obfervatoire (,118): ce qu'on a en effet éprouvé (113) Mém. de VAcad. 170». 1703. p, 4. 5, (114) Ibid. 1735. p. 587. Cl 15) Ibid. 1736. p. 30. (rt*) Eflrf iv. § 4. (117J Mém. de t'Acad. 1710. p. 142, (118) Mén. di t'Acad. 1700. p. 3,  des Thermomètres. 121 i fouvent. Mais M. duCrest rapporte (119) que ce Thermomètre ne fe tenoit qua 47, le 18 Janvier 1742 ; foit qu'il füt furvenu quelque changement a ce Thermomètre , comme M. du Crest le conclut de cette obfervation; foit que ce Thermomètre , qui étoit ordinairement a l'Air, n'eüt pas encore été affez longtemps dans les Caves pour en acquérir parfaitement la température, lorfqu'on 1'y obferva; foit enfin que le grand froid de 1'année 1742, eüt un peu pénétré dans ces Caves. Mais la ieconde de ces raifons me paroit de beaucoup la plus probable. g. 140. M. Mairan fixe le point de congèlation a 30, & parcon(équent_ au Zero de M. Reaumur (120;: il prend enfuite la chaleur des Caves de 1'Obfervatoire , ou 48 , pour fecond piont fixe, qu'il rapporte au dixiéme degré de Reaumur, & il déterminé 1'Echelle,entiére au moyen de ces deux points: en quoi il a été fuivi par le P. Cotte: mais ce procédé ne me paroït pas entiérement exaft. En voici les raifons. i°. Le Thermomètre de M. Reaumur ne fe tient pas a 10 dégrés dans les Caves de 1'obfervatoire, mais a io\. 2». Le froid de 1'année 1709 , qui eft a 5 dégrés du Thermomètre de M. de la Hire fe rapporteroit alors a-13.9 de celui de M. Reaumur: Mais M. Reaumur a trouvé, (119) ASa Helvet, vol. IU. p. 53« O20) Mém. de VAcad. 1765. p. 200. H 5  122 DlSSERTATION SUR IA comparaison au rapport de 1'Abbé Nollet, (121) par une expérience immédiate, en plongeant les deux Thermomètres dans le même mélange frigorifique, que le 50. dégré du Thermomètre de M. de la Hire repondoit a 15 au deffous de Zero du fien. Cette expérience étant immédiate elf. au-deffus de tout doute. II faut cependant remarquer que cette Expérience n'a certainement été faire qu'après 1'année 1740: car M. Reaumur dit dans les Mémoires de VAcadémie pour cette année, p. 548, n'avoir pas ofé Ja faire, de peur de metrre Je Thermomètre de M. de la Hire en périi de fe calfer. Auffi M. Reaumur fixoit il alors le 5e degré du Thermomètres de M. de la Hire È1--15I du fien: en quoi nombre de Phyficiens le fuivent encore aujourd'hui. § 141. Je prends donc. ce 5e degré pour un point fixe: ainfi que le 48, que je fixe au 10I du Thermomètre de M. Reaumur , & je trouve alors le point de congèlation a-peu-prés a 30J, ou exadtement a 30.543. Si 1'on prend «0.5 , on trouve que le cinquième degré du Thermomètre de M. la Hire revient a—14.94 de M. Reaumur ; ce qui ne différe pas fenfiblement de—15. Je prends donc les déterminations fuivantesj comme certaines. L.H. R. Tempéré ----- 48 — 10Ï- Gelée 30' — o Froid de 1709 - - 5 — -14-94 OU Froid produit par Ia glacé & le fel marin. (§ 92.) (ui) Art. des E.-pc'ï. Tom, iii. Pag. ifij,  des Thermomètres. 123 § 142. Ces proportions nous fourniffent la Table fuivante, qui différe un peu de celle du P. Cotte •& beaucoup de celle de MM. Martine, Rozier & Braun. R. LH,' R. LH. 32 — 85 '5 — 22 30 — 8l.7 IO — 13.5 25 — 73-1 15—5 20 — 64.6 I7.9 — O 15 — 56 10 — 47-5 5 — 39 1 R =' 1.707 LH. o — 30.5 1 L.H = 0.586 R. § 143. II y a cependant une obfervation, qui ne fauroit s'accorder ni avec cette Table, ni avec aucune autre: c'eft celle de M. du Crest. Le 10 Janv. 1742, le Thermomètre de M. la Hire étoit a 61 h. du matin a 9I, & celui de M. du Crest, qui pendoit a cöté de 1'autre, étoit a-22. Ces-22 reviennent a-9.6 de 1'Echelle de Reaumur, (§ 129): ainfi, fuivant cette obfervation , o£ du Thermomètre de M. la Hire répondroient a-9.6 de celui de Reaum'ur , au lieu qu'ils répondroient a-i2l fuivant la Table précédente. II me ferrible que la caufe, au moins trés-probable, de cette différence ëit, que Ié Thermomètre de M. du Crest n'aura pu fuivre auffi promptement les moindres changemens de température que celui de M. la Hire : or celui - ci n'étoit . pas ftationaire; au contraire il v .baifibit encore; car a 9 heures il étoit plus bas d'environ un degré: mais on avoit déja öté : .alors le Thermomètre de M. du Crest. On ne H 6  224 DiSsERTATïOÏÏ sur. la COMPIrAISON dit pas auffi fi ce Thermomètre avoit déja été placé a cet endroit longtemps avant 1'obfervation: il y étoit k la vérité le 9: mais on ne dit pas qu'on ne 1'en-a pas rétiré dan^ 1'entre-temps. 5 144. Qn trouve dans les Mémoires de VA' cadémie Royale des Sciences,; quelques obfervations faites en même temps fur le Thermomètre de M. la Hire, & fur celui de M. Reaumur : je les ai examinées avec foin, mais j'y ai trouvé de très-grandes différences, comme cela eft aufli arrivé lorfqu'on a compare de la même facon les Thermomètres de MM. Reaumur & de Luc. Ces différences proviennent, de ce que la boule du Thermomètre de M. de Reaumur eft fort grande, ayant trois a quatre pouces de diamètre: d'oü il refulte que ce Thermomètre ne fauroit fuivre les moindres variations de température auffi promptement que les autres. , Voici quelques exemples de ces différences. J'ai trouvé le dégré 801 de L. H a 2 & R. óc le dégré 22 * L. H: a - 5; R. "80 — 28 21; 5 71 '— T — 2S — 51 73 23! *U • 6 70J 23? 14 10 68 —n—. 21 8s —— 12 66 —. 191 I2ï 1oI 64 19 , lij > 103 62 18 Or il eft aifé de voir que ces obfervations ne fauroient s'accorder entr'elles. Elles donnent donc a connoïtre, qu'il y a eu de grandes irré-  d£S THËRMöMÈTRBS. t25 gularités, qui font exaftement femblables a celles que j'ai, eu occafion de voir trés - fouvent en comparant des Thermomètres pendus 1'un & cöté de 1'autre., § 145- Je ne doute cependant pas que la Table que j'ai dreffée ne foit exacte : &, fi 1'on en conftruifoit une, comme je 1'ai fait, en prenant des termes moyens des obfervations fimultanées dont nous venons de parler, on ne trouveroit pas de grandes différences, furtout pour les dégrés fupérieurs, paree qu'on trouve plus d'obfervations pour ces dégrés-la que pour les inférieurs. J'ai trouvé, p: ex:, de cette maniere, 30 R a 83 de L.H: 20 R a 65.8 . 10 R...47-3 o R...30.7 - 5 R... 22} Mais les différences fon/ confidérables audeffous de—5 degrés. CHAPITRE II. N°. XXX. Thermomètre de Newton. Voyez le Tableau général de Comparaifon, N°. XXVII. § 146. JLe Grand Newton a publié en 1701 quelques expériences qu'il avoit faites fur la chaleur  126 DlSSERTATION SUR LA COMPARA2SON de plufieurs corps, en fe fervant d'un Thermomètre de fa confiruclion. Ce Thermomètre étoit compofé d'huile de Lin. On retrouve dans ces expériences des tracés de ce génie admirable qu'on rencontre fi fréquemment dans tout ce que Newton a traité. (122) 'Nous préfenterons d'abord cette Echelle même, fur laquelle nous ferons quelques remarques , & que nous difcuterons enfuite : nous y ajouterons les dégrés correfpondans de 1'Echelle de Fahrenheit. (123) ' (122) Phil, Trans. N°. 270. vol 22. p. 824. & dans les Opufcula publiés par M« Castillon, Tome II. K», aI. Cette DiflTertation a été 'publiée dans les TranfeSions fans nom d'Auteur: mais il n'y a pas de doute qu'elle ne foit de Newton. Voyec la Préface de M. Castillon, a la tête du premier volume des Opufcula. (123) .M. Braun a déterminé avec beaucoup de foin la etaleur de quelques fluides bouillans & de quelques métaux liquéHés. QNoy. Com. Petrep. Tom. VIII. p. 35Ö feqq). Nous ajouterons Ut res degrés que ce PtiyGcien a trouvés, mais en let reduifanc-a 1'Echelle de Fahrenheit. M. Musschenbroek a fait aulli, au moyen de fon Pyro. mètre, de ttès-belles Expériences fur cé fujet, dont nêus ferons auflï ufage dans ces remarques. La Lame defer, dont fe fervoit ce PhyBcien, fe dilatoit de 53 dégrés du Pyromècre, depuis la congèlation jufqu'a la chaleur de I'Eau bpriillaute^ ainfi ces 53 dégrés du Pyromètre en font 180 du Tbermomeirê, oü un dégré en vaut ztö. C'eft de certe facon que nous reduirons lei dégrés du Pyroraétre a ceux du Thermomètre de Fahrenheit.mais il faut encore ajouter 32 a chaque nombre, pour la distance du o au point de congèlation. JU. Musschenbroek a fait toutes fes cspérioiic.-s fur cette Lame, qu'il entoutoit de fluides bauillans, ou de métaux fouJus.  des Thermomètres. 127 g 147. Echelle de Chaleur. Fah. o°. Chaleur de 1'Air en Hyver, lorfque I'Eau commence a fe gèler. On déterminé cette chaleur en entouranc le Thermomètre de glacé qui fond. . . ' 32 o,i,20. Chaleur de L'Air en Hyver. 2,3,4°. Chaleur de 1'Air au Printemps & en Automne. . . . 42.3:49:54,3. 4,5,6°. Chaleur de 1'Air en Eté (124) 54-3-'59-7;64 6°. Chaleur de 1'Air , a midi, au mois de Juillet. (125). . . . .64 12°. Le plus grand dégré de Chaleur que le Thermomètre acquiert a 1'attouchement du Corps - Humain. C'eit auffi celle d'une Poule qui couve. 96 Enfin M. Amontons a fai un grand nombre de remarquea fur cette Echelle de Newton , & il en a répété prefque toutes les Expériences: nous les rapporterons auffi en leur lieu. Mém. de l'Aca. 1703. p. 200. • (124.) M. Amontons a raifon de foupconner que cette chaleur eft celle qui a lieu dans uire. chambre fermée .• car la Chaleur de 1'Air libre eft plus grande en Eté, même en Angleterre. (125) Newton nomme aiileurs (Princip. Phil. Nat. Lib. 3.' Trop. 41. Prop. 84. p. 51 & 639) cette chaleur, la chaleur du foleil d'Eté , ou celle que la Terre feche acquiert en Eté, lotrqu'elle eft expoföe au foleil. Mais il eft für que cette chaleur eft plus grande; & M. Martine a raifon de remarquer (Efai VI. § 21) que Newton a certaioement entendii par la. la chaleur ordinaire de 1'Air a 1'ombre, en Eté,comme s'exprime le Or. Pitcaihn, qu'il croit avoir tenü ce fait de New ton même. Eténi, Mei. 11. § 85.  Ïft8 DlSSERTATlON SUR IA COMPARAISOH i4°.tï. La plus grande Chaleur d'unbain, qu'on puiffe fupporter lorfqu'oh y tient la main & qu'on Ja remue fans ceffe. C'eft auffi a peu prés la Chaleur du fang tiré nouvellement. io8.ï 17» La plus grande Chaleur de I'Eau qu'on puiffe fupporter en y tenant la main tranquille. (126). . . 122.7 2o°.,\ Chal< ur de I'Eau dans laquelle de la Cire fondue, qui fe réfroidit, , commence a fe figer, & a perdre fa tranfparence. (127). . . . 139.7 240. Chaleur d'un bain, dans Jequel de la Cire, qui s'échauffe peu-a peu, commence a fe-fondre, & refte fluide fans bouillir. (128). . . . 160 2o°.fï Chaleur moyenne entre celle de la Cire qui fond & celle de I'Eau bouillante 184 34°. Chaleur (126) M. Amontons obfervé avec raifon, que cette chaleur «liffére beaucoup a 1'égard de différente? perlbnnes. II avoit lui même de Ia peine a tenir la main quelque temps dans le prémier de ces bains, tandis que fon valet foutcnoit plus longtemps la chaleur du fecond. (127) M. Amontons rapporte ce dégré i 64 p. 1 lig..- de fon Thermomètre , dégré qu'il a aufli trouvé par res propres Expéliences, Mais felon notre Calcul, les 64^ d.fgrés d'Amontons eo font 146J fur 1'Echelle de Fahrenheit. M. B r a u n a trouvé que la Cire commence a fe fondre au 140e dtgré.- co qui s'accorde très-bien avec 1'Expcrience de Newton. (123) Selon M. Amontons la cire commence a fe fondre & rsfte fluide fans bouillir, dans un bain , dont la Chaleur efl: fur fon Thermomètre a . . . . 67. < , 0.1 i 170.' de Fah, Chaleur de I'Eau oü la Grai'ic fe fond 6i'° . 128.3 — 1' Le Beurre fand a 59^—-—109.1  des Thermomètres. 129 340. Chaleur de I'Eau qui bout fortement; ainfi que d'un mélange de 2 parties d'Etain, de 3 parties de Plomb, & de 5 parties de Bismuth, qui, ayant été fluide, commence a fe figer 212.7 L'Eau commence a bouillir a 33. 2017.5 Et n'acquiert pas de chaleur plus grande que 34; .215.4. < Le Fer, qui ayant été rouge fe refroidit peu-i-peu, <5c conferve une chale'ir de 35 ou 36 dégrés [218.7 ou 224 ^3 cefie d'exciter 1'Ebullition lorfqu'on y jette des gouttes d'Eau chaude: & il fait la même chofe pour des gouttes d'Eau froide, s'il a 37 dégrés de chaleur. . . 229.3 4Q°.h Le moindre dégré de chaleur au. quel un mélange d'une partie de Plomb, de quatre parties d'Etain, & de 5 parties de Bifmuth, devient fluide, & refle fluide. . . . 24S 48°. Le moindre dégré de chaleur auquel fe fond un mélange de parties égales de Bifmuth & d'Etain. . . . 288 Ce mélange fe fige a 47 dégrés. . . 282* 57°. Chaleur a laquelle fond un mélange de deux parties d'Etain & d'une partie de Bifmuth: comme aufli un mélange de 3 parties d'Etain, & de 2 parties de Plomb. Mais, un mélange de 5 parties d'Etain & de deux parties de Bifmuth, fe fige a cette chaleur la ^ . 336 $2°. Le moindre dégré de chaleur auquel un mélange d'une partie de  330 DlSSERTATION SUR LA- C0MPARAISON Bifmuth, & de huit parties d'Etain fe fond. . 394-5 72°. Chaleur a laquelle 1'Etain pur fe fond (129) 416 II le fige a 70 4°5-3 8i°. Chaleur a laquelle le Bifmuth fe fond 464 Comme auffi un mélange de 4 parties de Plomb & d'une partie d'Ktain (130). Mais un mélange de 5 parties de Plomb, & d'une partie d'Etain fe fige a ce dégré de chaleur. 960. Le plus petit dégré de chaleur au- quel fe fond le plomb. (131). . 543.9 (129; Selon M. Braun, par des Expériences immédiates fur un Thermcmètre de Fahrenheit , a 416: felon Mus» schenbri ïk a 109 du Pyroroètre, ou a 403 du Thermomc'.re. M. A m o n t o n s a aufiï réduit ce dégré a fon Echelle: mais cetre red,.él:on ue me paroit pas esempte d'incertitudc,paree que la Loi Je Dilatation que fuit lEfprit de Vin eft trés - différente ét celles que fuivent Ie Mercure & 1'huile de Lin. Si la même loi avoit lieu , !e dégré 80^ , auquel M. Amontons fixe 1» clialtut de 1'Etain fondu, au lieu qu'il eftime le dégré déterminé par Newton a 96-+, reviendroit a 274 de notre Echelle," Mais Ia Méthode de M. Amontons eftfi différente de celle de Newton, qu'elle ne peut que donner des réfultats diffèrens. (§ 161) (130) Selón M. Braun, p»r Expériences immédiates fur un Thermomè're de Fahrenheit a 494: fuivant M. Muste hen broek a 300 du Pyromè'ue , 011 a 1052 du Thermomètre : quelle prodigieufe différence 1 (131) M. Amontons reduit ce dégré de Newton i ilif, de fon Eehelle, OS: il déterminé !e même dégré de chaleur, par !'es Sxptiriencês, i 82, eu i 285 tle 1'Echelle de F aii rekü bit»  des Thermomètres. 131 Le Plomb fe fond a 96 ou 97 dégrés, &, lorfqu'il fe refroidit, il fe fige a 95 (133). 114°. Chaleur a laquelle les corps embrafés , (ignita) qui fe refroidiffent peu-a peu, ne font plus rouges, & ne luifent plus du tout: & réciproquement, le dégré de chaleur auquel ces corps, en s'échauffant, commencent a luire dans 1'obfcurité, mais d'une lumière fort foible, qu'on appercoit a peine. Un mélange de'parties égales de Fer & d'Etain fond a ce même dégré; & un mélange de 7 parties de Bifmuth & de 4 parties de Fer, s'y figent en fe refroidifiant. Ce dégré de chaleur eft, felon les Expériences de M. Bp.aun a 550 du Thermomècre de Fuiuekbiit, & felon M. Musschenbroek a 217 du PyromCtre ou a 770 du Thermomctre. Voila de rechef une très-graude différence; & eile eft d'autant plus confUérable que cetce chaleur feroit plus petite que celle qu'il faut pour fondre le Bifmuth, pendant que le contraire a lieu dans les Expériences de Newton & de Braun qui s'accordent trés - bien. (132) Le 107e dégré de Nb wton fe rapporte au 600e de ïahR-Bnheit, auquel dégré on dit que le Mercure boüt. On ne fautoit donc étendre les dégrés de 1'Echelle de F a hr sn heit au dela. Mais la chaleur du Mercure bouillant eft beaucoup plus grande felon M. B » a u n. Si 1'on place le Thermomètre fur des charbons ardens, & fi 1'on procédé avec les ptécautions convenables, Ie Mercure indique, lorfqu'il commence a bouillir, entre le 709 & Ie 721e dégré: & par conféquent te 715e par un nombre moyen. Mais fi 1'on plonge le Thermomètre dans un vafe de cuivre qui contient du Mercure, celuici commence a bouillir,.lorfque le Thermomètre marqué 686 011 692; Mais fi 1'on pouffe 1'Expétience plus loin . le Mercure contenu dans Ie Thermomètre commence auffi i bouillir aux 709 716, 721 dégréa.  132 DlSSERTATKW SÜR LA COMPARAISON 136". Chaleur a laquelle des Corps embrafcs . paroifiènt luire dans 1'obfcurité de la nuit, mais non pendant le crépufcule. Un mélange de deux parties de Fer & d'une partie de Bifmuth , ainfi qu'un mélange de cinq parties de Fer & d'une partie d'Etain, fe figent a ce dégré, en fe refroidilTant. I4Ö'J. Le Fer pur fe fige a cette chaleur. iói°. Chaleur a laquelle des Corps embrafés luifent manifeftement dans le crepulêule, peu avant le lever du fo'leil, ou peu après fon coucher; mais a laquelle ils ne luifent pas du tout, ou du moins fort obfcuremtnt, en plein jour. 192°. Chaleur des Charbons dans un feu médiocre de charbons de terre, & qui brule fans qu'on 1'excite par le vent des fouffiets. La chaleur d'un Fer, auffi rouge dans ce feu qu'il foit poffible , efl également grande. La chaleur d'un feu de bois médiocre elt un peu plus grande, favoir de 200 ou de 210: & celle d'un plus grand feu eft encore plus confidérable , fur-tout fi on 1'excite par le Vent des fouffiets. § 148. Voila 1'Echelle de Newton, & une bule fuite d' Expériences. Nous y avons ajouté 1'Echelle de Fahrenheit en rapportant le o de Newton a 32 & fon i2e dégré a 96. On voit en meme temps combien les déterminations, que Newton & Fahrenheit ont faites de I'Eau bouillante, s'accordent: & réciproquement, fi 1'on prend cette chaleur pour point fixe, les déterminations de la chaleur du Corps humain s'accorderom au rnieiix  bes Thermomètres 133 Mais puifqu'il eft für que 1'huile de lin ne fausroit la fupporter (133) fans bouillir., & même fans prendre flamme, il fera néceflaire d'examiner foigneufement comment Newton s'y eft pris pour conftruire fon Echelle. § 149. Newton a conftrtiit fon Echelle, en parcie en fe fervant du Thermomè:re meme, & en partie en. emp*loyant un Fer rouge. Voici comment il s'eft fervi du Thermomètre. En fuppofant que 1'huile contenue dans !a boule, quand celle-ci eft plongée dans de la Neige qui fond, occupe 10,000 parties; il a trouvé qu'en fe dilatant par LaChal.du Corps hum., elle en occupoit. 10255 L'Eau qui comm.nce a bouillir. . . 10705 L'Eau qui bout fortement. .... 10725 L'Etain fondu qui commence a fe figer. 115 i 6 L'Etain fondu entiérement figé. , . 11495 La Dilatation eft donc, depuis le point de congèlation, jufqu'a la chaleur du Corps humaiti égale a. ..... • "f56 =- 1° La chaleur de I'Eau bouillante. =s j~ La chaleur d'Etain fondu, qui , commence a fe figer. , "s"8 ^ 15 ÏOOUO IJ (133) II y a des huiles qui cotnmencenc a bouillir, ou dq moins a bouillonner, a un moindre dégré de chaleur que Ie Mercure : Mais leur chaleur augmente peu - i - peu , CSc (ais promptement bouillir le Mercure,, comme le prouvent les. E*p4« deuce» de MuiicaiNtsoiK & de Braun,  134 DlSSERTATION SUR IA COMPARAISON La chaleur d'Etain entière- , 114.96 aj ment nge I00u0 — ós É r ite Newton a fixé 12 a la chaleur du Ccr;>; hamajn, c: a: d: qu'il partage en ia dégrés 1'Efpace contenu entre cette chaleur & le point de congèlation. Suppofant enfuite, que k chaleur de 1'huile eft proportionelle a la dilatation, il déterminé tous les autres dégrés de la facon fuivante. 256, Dilatation de 1'huile par la chaleur du Corps humain, font a. 725, Dilatation par I'Eau bouillante, comme 12 Dégrés, qu'il y a entre la congèlation & la chaleur du Corps humain, font a 34 Qu'on doit placer a la chaleur de I'Eau bouillante. Et ainfi de fuite pour tous les autres dégrés. § 150. Le refte de 1'Echelle, qui a été réglé par un Fer rouge, efl fondé fur ce Principe, que la chaleur qu'un Fer rouge commur.ic,ue, en un certain temps, aux corps qui y font; appüqués, c: a: d: que la chaleur que cc Fer n-.eme perd en un temps déterminé, eft dar.s ia n éme proportion que la chaleur que lc Fer j ollédoit au commencement de ce temps. Suppofons que le Fer ait la chaleur a au commencement de 1'Expérience: qu'il comrr.: nique chaleur b pendant la prémière mieintteJ ü pcf'édera donc a-b au commencement d? la kcor :e. Denc, la chaleur a eft a la chattilï b cdrrtrfluriiquéï pendant la prémière minute, cömïne ia chaieur a-^ eft a la chaleur x  des Thermomètres. 135 communiquée dans la minute fuivante, c: a: d: la feconde: & 1'on trouve x — ~ x b, Le Fer aura donc au commencement de la troifième minute, la chaleur - b. ~ ou !"'u :'* & faifant a: b ~ : y, on aura y = C~ pour la chaleur perdue ou communiquée p ndant la troifième minute. Les chaleurs comuruniquées fuivront donc cette' proportion Temps - Pertes. 1* min. b. * - fm he . f'a-h~\n. Les Temps fuivent. donc une progreffion arithmétique,, ,& les chaleurs perdues ou communiquées une progreffion géométrique, -font 1'expofant eft ■ Mais' on nomme Loga- rithmes les nbmbrês d'une -progreffion arithmétique, qui répondent auxr nombres d'une progreffion géométrique: d'oü'réfulte la propoütion même de Newton. „ Si 1'on pöfe les temps „ du réfroidiffement égaux, les chaleurs feront ,, en progreffion géométrique, &_on pourra les „ trouver facilement par les Logarithmes."(i34) (134) II feroit hors de propos de faire sci des remarques fur ce Principe de Newton; on peut confulter celles du Dn Marïink. Efay. V. .. • j I 4 - „.  l$6 DlSSIRTATlON sür la COMPARAISOJf § 151. Newton prit donc un Fer rouge; qu'il öta du F.u au moyen depincettes, auffi rouges, cx qu'il porta en un endroit ou règnoit un Zéphir conftant. 11 pofa diffèrens métaux fur ce Fer & il obfèrva les temps des refroidisfements, jufqu'a ce que tous ces métaux euffent perdu leur fluidité, fe fulTent figés, & que le Fer eüt acquis leur dégré de chaleur. Tous les dégrés de chaleur étoient connus par. lz même , en fuppofant que les excès de la chaleur du Fer & des métaux qui fe refroidiffoient, fur celle de l'/iir ambiant, qui étoit connue parle Thermomètre , font en une progreffion géométrique, & que les temps des refroidiflements font en une progreffion arithmétique. Newton trouva enfuite, que les chaleurs qu'il avoit trouvées de cette facon fuivoient la n.êtne proportion que celles qu'il avoit déterminées par le Thermomètre; or on voit faciicment que Newton apu faire cette comparaifon, puifqu'il y a plufieurs dégrés depuis le 40 jufqu'au 100- qu'il a pu déterminer par le Tnermomètre & par le Fer rouge. Et de la Newton conclud, qu'il a eu raifon de fuppofer que les dilatations de 1'huile fuivent la même progreffion que les chaleurs. § 152. Quoique le Génie de Newton paroiffe fuffifamment, tant dans 1'invention que dans la difcuffion de ces Expériences, il y a cependant deux ou trois propofitions de la "érité defquelles on pourroit douter. Mais il faut fe rappeller que Newton eft le prémier qui ait envifagé la chofe de cette facon. Comme la difcuffion de ces propofitions nous écarteroit irop de notre fujet, nous nous con-  des Thermomètres. 137 tenterons de faire quelques remarques fur une feule d'entr'elles. Cette Propofition efl:, que les dégre's de chaleur croiffent comme les dégrés du Thermomètre : que la chaleur p: ex: de la Cire qui fond eft doublé de celle du corps humain, paree qu'elle eft exprimée par 24 & que celle - ci 1'eft par 12. Mais il eft aifé de voir que cette proportion des dégrés dépend de la pofition du Zero', les mêmes dégrés de chaleur feront fur 1'Echelle de Fahrenheit comme 160 a o<5; ou comme i« a 1: & fur celle de Reaumur comme 1066^ k 1032. II faudroit, pour déterminer cette proportion , placer le Zero au point oü il n'y a pas de chaleur; mais ce point eft inconnu. (135) $ 153 Je ne fache pas que ce Thermomètre ait fervi a des obfervations météorologiques. Newton n'en a fait ufage, je crois, que pour les Expériences dont nous venons de parler, fur lefquelles il a tonde quelques raifonnemens & quelques calculs touchant Ja chaleur des Planétes & des Cométes, ainfi que le temps qu'il faut aux Cométes pour fe refroidir, après qu'elles ont palfé par leur périhélie. Mais tous ces calculs étant fondés fur 1'hypothèfe dont nous venons de parler, on ne fauroit les employer fans y faire quelques changemens. (136) C135") Newton a été très-fouvent fuivi en ceci par It Docteur Hales dans fa Statique des vigétau.x: d'oü il réfulte que quel. «jues-unes des propofitions de cet excellent ouvrage ne font pas entiérement exaétes. (13ÖJ On trouve ces propofitions dans les Princlp, Mac. Phil. I 5  138 DlSSERTATION SUR IA COMPAItAISON § 154. II réfulte de ce que nous avons dit (§ 148 ) qu'un dégré de Newton en vaut 5! de Fah 11 en heit. Voici donc la Table de comparaifon. New. Fah. New. Fah. 12 -— 96 2 42ï 11 00! 1 , 37; 10 35ï 0 — 32 9 80 -1 26? 8 74! -2 2if 7 691 • -3 -— 16 6 04 -4 —— lol c 5 — 58' -5 5ï 4 1—" -531 '6 ° 3 48 -7 -5' Nous traïtons ici le Thermomètre de N e wTon comme s'il étoit compofé de Mercure, paree que lel? dilatations de 1'huile de Lin & Qfill du Mercure fuivent a-peu-prés la même Loi. (137)" JVet, Uh 3 Prop. S Th. 7 Cor. 4 p. 165 Prop. 41 Prob. 21. p, 639 , du troifième Tome de 1'Edition de-i.e Se uit & Jacquier. On fera bien de confulter les remarqnes de M. de Boffon fur ces propofitions & ces Expériences ds Newton; Supplim. a l.'IIifl. Natur Tome I. Partie Expériment die, I Mémoire p. 213-243 Ed in-iz. Voyez auül d'Alembert Opujeu.'cs Tome 4. p. 82. (137) Du Crs ,i A8a Helvetica Tome III. p. Cl.  DES THERMOMÈTRES. j I39 CH A PIT'RE III. , Thermomètres de M. Amontons. I. N°. XXXI. Vrai Thermomètre de M. Amontons. Voyez le. Tableau général de, Comparaifon. N°. XX. ' §' i54-i..:'. "*r'-' M. Amontons conftruifoit des Thermomètres comparables en 1702, & par conféquent un an après que Newton eüt décrit fon Thermomètre, mais fans iavoir la moindre connoisfance de 1'invention du Philofophe Anglpis. (138) M. Amontons avoit trouvé que l'Eiafticité de f Air augmente par la chaleur de i'Eau bouillante ,. & même tellement que cette force,'a compter du dégré Temperê , augmaue d'un tiers. Cette proportion efl conflante, quel que foit le poids qui comprimé 1'Air. M. Amontons prit un tube recourbé A B C D, Ftg, 1, a une. des extrémités duq.iel il y a une boule D.On verf: par Ia jambe la plas [<#gue \.B , du Mercure jufqu'a la haateur E F, de 28 pouces. L Air, cotitenu duns'la boule D. efl dur'; d'abord comprimé par ces 2 8 pouces de ]\J( rcure, & enfuite encore par le poids de \'A,tmofphère, qu'on fuppofb être dfe 28 pouc. s de Mercure au temps de rExpériencv. Cet Air (133) Mémoir. de VAcad. 1702 p. 167; 1703 p. 50 Cotïc Traité de Mèléor. p. i°5-  140 DlSSERTATÏON SUR 7-A COMPARA?SOM eft donc comprimé par 56 pouces, dont lo tiers eft 18 p. 8 J. L'Air, contenu dans la boule, eft donc comprimé par un poids de 74 p. 8 1. (= 56 + 18 p. 8 1) de Mercjare, lorfque cette Boule D eft plongée dans I'Eau bouil'ante; car le Mercure contenu dans la jambe B A s'élève alors de 18 p. 8 1. plus haut qu'il n'étoit. Mais dans la fuite, M. Amontons s'eft contenté de verfer dam la Jambe feulement autant de Mercure qu'il en faut, pour que 1'Air foit comprimé de 73 p. lorfque la Boule D. eft plongée dans I'Eau bouillante. C'eft ce qu'on obtient aifément, en n'y verfant que 26 p, 9. f. § 155. II eft aifé de s'appercevoir que ces Thermomètres font fujets a quelques inconvéniens. i°. Us font fort grands: 20. II eft difficile de le» tranfporter d'un endroit a 1'autre paree qu'il faut toujours les tenir droits: 30. Ils font en même temps Baromètres. II faut donc toujours avoir égard a la hauteur du Baromètre , afin qu'en y ajoutant, ou qu'en en retranchant autant de pouces & de lignes que le Baromètre eft au-deflus ou au-deflous de 28 pouces, hauteur a laquelle il étoit lorfqu'on a conftruit le Thermomètre,on puiffe réduire le Thermomètre a la hauteur qu'il indiqueroit, fi le Baromètre s'étoit foutenu invariablement a 28 pouces. M. Amontons a prévu lui-même cesdifficultés: auffi dans la fuite n'a-t'il fait fervir ce grand Thermomètre, qu'a graduer 1'Echelle de petits Thermomètres a Efprit de Vin. On a nommé ces derniers Thermomètres k Efprit de Vin, Thermomètres d'A montons. L'Eau bouillante y eft fixée a 73. Ce» dégrés font des  des Thermomètres. «41 pouces, qui font fubdïvifés en lignes, & ils expriment le dégré d'Elafticité que L'Air acquiert par Ia chaleur qu'ils indiquent. Le Zero eft donc placé a 73 pouces au-deffous de I'Eau bouillante, & il indique ce dégré de froid, auquel, felon M. Amontons, 1 Air ne pourroit plus foutenir aucun poids par fon Elafticité, & par conféquent n'en auroit plus. § 156. M. Martine a déja établi une comparaifon entre les Thermomètres d'AMONTONs & de Fahrenheit, en placant le dégré 51I ^Amontons a 32, & 73 a 212 de Fahrenheit : mais, quoique M. Mat ran ait garanti l'exaftitude de cette comparaifon, pour favoir effayée fur les Thermomètres même de MM. Amontons & Reaumur, (139) je crois cependant, qu'au moyen de quelques déterminations , auxquelles on n'a pas eu egard, je pourrai approcher davantage de la vérité; furtout paree que le Thermomètre d'AMONTONs eft compofé d'Efprit de Vin, & que celui de Fahrenheit 1'eft de Mercure. Voici quel eft mon procédé. 73 ^Amontons ou I'Eau Bouillante, reviennent a : 100.4 de R. § 93 M. Amontons plongea un jour fon Thermomètre dans de I'Eau oü il y avoit beaucoup de Glacé (140), & le Mercure defcendit a 21 pouces audeffous de 73: donc, Cl's9) Mém. de VAcad ie Moatpellier. t. i. p. <7 tje L'Bi/fi  142 DlSSERTATION SUR la comparaison 52 reviennent a - - -f- 0.8 — §92 Enfin, Je Thermomètre d'A;montóns fe tient a 54 dans Jes Caves de J'Obferva- toire: ce qui revient a. 10.25—■ (J 87 II en refulte, que 21 dégrés d'AMONTONs font égaux 4 9.96 R: ou 1 R = 0.2108. A. Donc 9.45 R = 10.25-08 = 1.992 A. Le Thermomècre dAMONT ons fe tiendroit donc dans les Caves de 1'Obfervatoire a 52 + 1.992 ou a 53.992, ce qui ne différe pas fenfiblement de 54 que M. Amontons a trouvé par fes Expériences. § 157. M. la Hire a trouvé que le 28e dégré de Jon Thermomètre revient au 51I de celui de 1VL Amontons (141). Ce 28e dégré de M. la Hire revient a—1.47 de M. Reaumur & celui-ci fe rapporteroit, fuivant la détermination que nous venons de faire, a 51.52: ce qui, de rechef, ne dfffére pas de 51. 5. M. de la Hire a trouvé encore que 53,* dAMONTONs ■ répondent a 63 de fon-Thermomètre. Ces 63 :réjjondent a 19. de Reaumur, & ceux ci coïncident, felon les déterminacions précédentes, avec 558.5,1, dAmontons , ce qui différeroit d'une ligne de 1 obfervation de M. de la Hire: mais cette obfervation elle meme ne paroit pas exacte, car M. la Hire a trouvé: (141) Ijl'.. 1710. p. 142.  des Thermomètres. 143 N°. i.' 55 P« 8 1 ^Amontons a 63 2. 54 P- 48 3. 51 p. 6 1 - - - - - - 28 Or No. 1 & 2 donnent,20 A.=I5 L- H. ou 1 L. H.=1.333 A N0.2&3 donr.ent,30 A.=2oL. H.ou 1 L U.~ 1.67 A No. i & 3 donnent.50 A.—35 H.ou 1 L. H.= i .43 A On voit de la que la comparaifon n'eft pas exacte. § 158.. Nous avons donc compare Je Thermomètre d'A mo n t 0 ns avec celui de R e a. uMükau moyen d^ cinq points fixes, qui s'accordent tous parfaitement. II ne fauroit donc y avoir de doute fur l'exaclitude de cette comparaifon. Elle nous fournit la Table fuivante. R. - - A R - - A R - - A 100.4 — 73 20 _ 56.06, o — 51.83 100 — 72.92 15 — 55 -5 — 50-78 50 — 62.38 10} — 54 Jo ~ 49-72- 35 — 59-21 10 — 53-94 15 48 66 30 — 58.16 5 - 52 89 20 47.60 25 — 57-1° 0 ~ 51-83 § 159. On peut ajouter cette R<;flexion a ce que nous venons de dire; la chaleur du corps humain eft a 32; de ReaUMUa, & par conféquent a 58.69 ou a 58 p. 8.2 1, ü'Amontons. M Amontons a trouvé que ce dégré de chaleur étoit fort différent en différentes perfonnes , qua*; 1 iS leur faifoit tenir le Thermomètre a la main: la plas grande étoit de 58 p. 9 1: & la plus petiic de 58 p 2 1  144 Djssertation sur la comparaijon II obfervé auffi que ce Thermomètre né monta pas plus haut dans la bouche d'une de ces perfonnes, que dans fa main. Cette obfervation s'accorde donc auffi avec nos déterminations. $ 160. Si tous les Thermomètres a Efprit de Vin d'Amontons ont été gradués d'après le même étalon, comme font fürement été les prémiers que M. Amontons a conftruits, ils feront tous d'accord. Mais, fi 1'on gradue ces Thermomètres en diffèrens temps, en diffèrens Pays , & d'après des Étalons diffèrens quoique conftruits de la même maniére, ils pourroient être fort difcordans: paree que nombre de circonftances, & furtout I'humidité, qui ont une grande influence fur l'Elafticité de 1'Air, modifieroient différemment les Étalons. C'eft ce qui aura fürement eu lieu quelquefois; il faut donc agir avec prudence. 5 161. Nous avons vu ci-deffus comment Newton a déterminé, au moyen d'un Fer rouge, les dégrés de chaleur qu'il ne pouvoit méfurer par fon Thermomètre : M. Amontons a taché de faire la même chofe pour Ie fien, a 1'imitation de Newton: voici comme il s'y eft pris. II prit un barreau de fer, de 59 pouces de longueur, & il laiffa une de fes extrêmités conftamment dans le feu,afin qu'elle reftat toujours rouge. L'autre extrémité étoit fouttnue par un morceau de bois. II placa enfuite les corps qu'il vouloit examiner a différentes diftances du bout rougi, & il trouva que  bes Thermomètres. Ï45 'Que le verre fond a . , 4 p. 6 1 Le Plomb ... . 8 p. 6 1 La poudre s'allume . . 8 p. 6 1 L'Etain fond a . . 11 p. Un mélange de 3 parties d'Etain, & d'une partie de plomb a . . . 12 p. Des gouttes d'Eau boilil- lent a 22 p. La Cire blanche fond a 30 p. 8 i 1 Du Suif a 39 p. Du Beurre . . . . 42 p. M. Amontons troüva enfuite, que les diftances de I'Eau bouillante, de la Cire qui fond, & du beurre qui fond, fuivoient fur lé Darreau d- Fer la méme proportion que les dégrés du Thermomètre qui indiquoient la même chaleur ( 142) II a donc rapporte de cetté facon a fon Thermomètre ces chaleurs, & toutes les autres, obfervées fur le barreau. § 162. La Methode de M. Amontons différe donc beaucoup de celle de Newton. Nous remarquerons feulement qu'elle fuppofe; que les chaleurs que poffëdoient les diffèrens endröits du Fer , & qu'ils communiquoienti étoient dans la même proportion que les dis? tances dü bout rougi, ou du feu. Or il n'eft pas improbable que cette fuppofition foit fujette a beaucoup d'irrégularités & d'excep- CUa) Nous ayons iaKté ces dégrés dans nos remarquei fur is 15  J4<5 DlSSERTATION SUR la COMPARAISON tions, pour de grandes diftauces, & que peutêtre même elle ne fauroit être admife théoriquement: au moins auroit - elle mérité quelque démonftration. II. Imitations des Thermomètres d'Amontons. § 163. Le Thermomètre a Efprit de Vin de M. Amontons, dont nous avons parlé jufqu'ici, étoit conftruit d'après Ie Thermomètre a Air; & 73 pouces, ou dégrés, indiquoient la chaleur de I'Eau bouillante , paree que 1'Air contenu dans la boule de ce dernier Thermomètre pouvoit foutenir 73 pouces ~ée Mercure , lorfque cette boule étoit plongée dans I'Eau bouillante. Si donc on employoit un pareil Thermomètre a Air, dans lequel 1'Air feroit comprimé par une plus grande ou plus petite colomne de Mercure, on auroit une Echelle différente , quoique conftruite fur les mêmes principes que celle de M. Amontons. Je connois trois Thermomètres de cette forte. N°. XXXIL Thermomètre de M. Polent. Voyez le Tableau général de comparaifon» ]N0. XXI. § 164. Le célébre Chevalier Polen 1 a employé un Thermomètre a Air, qu'il décrit de la facon fuivante. (143) (143) Phil. Trans. N°. 421 Vol. XXXVII. p. 204.  ' des Thermomètres: 3r$$ •3, Le Thermomètre eft un tube recourbéj' qui fe termine en une boule, dont la partie „ inférieure contient du Mercure , & la'fu■„ périeure de 1'Air. Le Mercure monte plus „ ou moins dans le Tube, felon que TAir fe „ dilate plus ou moins par la chaleur. Mais „ comme 1'extrémité fupérieure du Tube eft „ ouverte, il a fallu compofer la vraie hauteur „ du Thermomètre , tant de la hauteur dti „ Mercure, obfervée dans le Tube du Ther„ momètre, que de celle du Mercure dans le 5, Baromètre , & marquer dans les fournaux cette hauteur ainfi compofée. Mon Therj, momètre pend a la muraille d'une chambre „ oü 1'on ne fait prefque jamais de Feu, & „ dont un cóté donne fur le Sud , & 1'autre fur „ 1'Eft :-car je n'ai pas de bon emplacement quï ,, donne fur le Nord. La Boule du Thermo„ mètre ayant été plongée dans de Ja glacé quï „ fond, le Mercure s'efl abaiffé a 47.3 pouj, ces: & il efl monté a 63.1 ponces, Ia boulé „ ayant été plongée dans I'Eau bouillante." § 165. Voici la comparaifon de cette ë* chelle & de celle de Fahrenheit 5 M\ Martine 1'avoit déja publiée. (144) 47-3- P- revient a 32 F 63.1 - - - 212 F Donc 15.8 font égaux a 180 ou 1' P — n.39 F. Voici la comparaifon de pouce eii.poüce^ Oü de dix en dix dégrés, fi 1'on prend Jes dixiè' mes de pouces pour des dégrési (144) Effay III. § ö. p. 224. K i  DlSSERTATION SUR LA C0MPARAIS6N P — F P — F P — F 53 — 96.9 49 -~ 51-4 4ö — 17.2 52 — S5.6 48 — 40 45 — 5-8 51 — 74.2 47.3 — 32 44-5 — o-i 50 — 62.8 47 — 28.6 On ne fauroit cependant regarder cette comparaifon comme exacte, paree qu'on y fuppofe que 1'Air fe dilate dans la même proportion que ]e Mercure : ce dont on peut douter avec raifon. Mais on n'en fauroit donner de plus pre'cife jufqu'a préfent, faute de connoitre affez exactement la Loi felon laquelle 1'Air fe dilate. § 166. M. le Chevalier Pol en i s'eft fervi de ce Thermomètre pour les obfervations qu'il a faites a Padoue pendant onze années, de 1725 a 1736. On en trouve des extraits exacts faits par lui-même , dans les Philos. Tranfaclions: ceux des fix prémières années a 1'endroit cité, & ceux des fix dernières, N°. 448 Vol. XI. p. 239 feqq. § 167. Je n'ajouterai qu'une feule réflexion a. ce que j'ai déja dit: c'eft qu'il ne me paroit pas bien fur que ce Thermomètre füt pendu a 1'Air libre. M. Polen 1 ne le dit pas expresfément: 1'Expreflion, h la muraille d'une chamIre, peut-être équivoque: & le doute ne fauroit qu'augmenter fi 1'on fe rappelle que M. Poleni a fait fes obfervations fuivant les confeils & la méthode du Dodteur Jurin: or celui-ci confeilloit de placer le Thermomètre dans des chambres fermées : emplacement qu'il regardoit comme le meilleur.  f des Thermomètres. 149 N°. XXXIII. Thermomètre de Cruquiüs. Voyez le Tableau général de comparaifon s N°. XXII. § i(58. Je réduis auffi le Thermomdtre de M. Cruq.uj.us a cette claffe: paree que 1'exaér, obfervateur qui s'en eft fervi le nomme un Thermomètre d Air (145): or je ne faurois concevoir comment on pourroit fe fervir d'Air pour la conftrucfion d'un Thermomètre, fi non en le faifant agir fur quelque liqueur par fon Elafticité, laquelle augmente par la chaleur & diminue par le froid. Cruquius donne enfuite cette defcription de fon Thermomètre. Le Thermomètre fe tient dans I'Eau bouillante a 1510 I'Eau qui fe gèle - - ^1070 Dans le plus grand froid qu'on ait obfervé - - rooo. ' ' II refult,e des deux prémières déterminations, que 440 dégrés de C r u q_u i u s font égaux a ï8p dégrés de Fahrenheit, ou qu'un dégré du prémier en vaut a-peu-prés 0.4r du dernier. On conftruit donc facilement la Table de comparaifon fuivante. (145) Phiks. 'Trans. K\ 381. Vol. XXXIU. p> 4* K3  ISO DlSSERTATÏON SUR LA COM&ARAISON Cr. _ Fah. Cr. ~ Fah. 12,es Thermomètres.' 151 dié & ce défaut dans fon Thermomètre (146) ïig. 1 en fermant 1'extrémité A du Tube AE. 11 prend un Tube de la même longueur que les Tubes de Baromètres, favoir de 30 pouces. II y verfe autant de Mercure qu'il en faut pour le remplir; enfuite il tient ce Tube en une fituation inclinée , afin que le Mercure puiffe parvenir jufqu'en A: il fcelle alors cette extrémité a la Lampe, ou il la ferme avec de la Cire a cachetter , afin que fair extérieur ne puiffe pas agir fur le Thermomètre. Quand on redreffe enfuite 1e Tube, le Mercure descend jufqu'a la hauteur a laquelle il fe tient alors dans le Baromètre, puifque l'Air contenu dans la boule Déxerce la même preffion par fon élafticité que l'Air extérieur par fon poids, & qu'il eft par conféquent en état de foutenir une colomne de Mercure également haute que celle dü 'Baromètre. Cetce colomne de Mercure montera donc ou defcendera uniquement par la variation de chaleur ou de froid: _& comme la partie fupérieure du Tube eft vuide d'Air, ce Mercure n'éprouve pas la moindre réfiftance. § 169, M. Balthassare s'efl fervi de ce Thermomètre pendant un An entier, & ü en a marqué tous les jours la hauteur; mais je ne fache pas qu'il ait publié fes obfervations. II ne dit pas auffi s'il a gradué 1'Echelle de ce Thermomètre d'après des points fixes, ce qui eft cependant le point capita). Mais il efl aifé de voir qu'on y pourroit parvenir facilement au moyen d'Eau bouillante, de la chaleur du (146) A8a Lipftenfï* A. 1715. p. 123, feu. Opufcula ex A&i i'f: (xutta Vol. V. p. 5Ï9. K4  45?* DlfSERTjATION, sur la comparaïson corps humain , ou de glacé qui fond. Ces Thermomètres font extrèmement fènfibles , & ils indiquent facilement les moindres variationq de température, avant que les Thermomètres ordinaires, foit a Mercure , foit a Efprit de Vin , en falTent connoitre la moindre chofe: ainfi je crois qu'ils pourroient être d'un bon u.lage dans un grand nombre d'Expériences. CHAPITRE IV. N°. XXXV. Dernier Thermomètre de Derham: § 170. X_je fecond Thermomètre dont M. Der ha!m s'eft fervi, & dont il a commence' a faire ufage' en Fevrier 1709 , étoit a Efprit de Vin. M. Derham fóurnit quelques points fixes au moyen defqüels on pe;rt comparer ce Thermomètre. aux Tiiermomètres ufités. II dit, (147) que Ie froid, produit par le fel Ammoniac & la Neige, fait defcendre la liqueur a peu-prés dans la boule, c: a: d: a Zero: & que le point de congèlation efl a 100. Mais dans la fuite D e r h a m a fixé le point de la chaleur du corps humain entre 284 & 288, Comme nous le dirons plus amplement en traitant du Thermomètre de Pa r r j ck (§ 230); on peut par conféquent fans erreur fenfible, fuppöfer ce pcint a 286. En comparant donc ce Thermomètre a celui d'Efprit de Vin dé Faxiup. kheit, on trouve. (1^7) PUI. Trans. n«. 457. 4tt. 4. & n». 423 Art. 1. Voli xxxvii. p. iöo & 216.  «es ThermomèTEES. 153 N°. 1; 286 D a 96 F, N°. 2; 100 — 32 N°. 3 ; o — o felon N°. 2 & N°. 3. on a 100 D = 33 N°. 1 & N°. 2. - - 186 D = 64 F N°. 1 & N°. 3. - - 280 D = 96 F l ci Derham s o. 32 Fah. ou J'ai gradué tous mes Thermomètres fuivant une Echelle proportionnelle^ en „ commencarit par le Zero. La plus grande „ chaleur que j'i marqué fur mes Thermomè„ tres eft celle de I'Eau, portée au plus grand „ dégré de chaleur, que .ma main puilfe fou„ tenir fans fe mouvoir, étant plongée dans „ cette Eau: dégré de chaleur qui ell moyen „ entre le point de congèlation & I'Eau boui?> „ lante. Je divife cet Efpace , a compter du „ point de congèlation, en 90 dégrés: 64de „ ces dégrés font a-peu-prés égaux a la cha„ leur du fang des Animaux, que j'ai déter„ minée felon la règle publiée dans les Tranit Jattions Philofophiques, favoir, en plongeant le j Thermomètre dans I'Eau échauffée jufqu'au , plus grand dégré de chaleur que je puilfe „ foutenir en y plongeant la main & en la re„ muant. Je me fuis encore plus affuré de ce „ point en plongeant la boule du Thermomè„ tre dans le fang qui jailliffoit d'un Boeuf 3, qu'on venoit de tuer. La chaleur du fang „ elt a celle de I'Eau Bouillante comme „ ï4tï * 33- „ En plajant un de ces Thermomètres dans „ mon iein, & fous 1'aiifeile, j'ai déterminé » la  des Thermomètres. 161 „ la chaleur extérieure du corps a 54 de ces „ dégrés. La chaleur du Lait, qui vient d'etre „ tiré de la vache, monte a 58 dégrés, ce qui „ efl: a peu-prés la même chaleur qu'il faut „ pour couver des oeufs. La chaleur de 1'U3, rine efl: de 58 dégrés. Le poinc du Tempéfê „ ordinaire eft a- peu -prés a 18 dégrés." On voit aifément combien cette defcription différe de celle que le Doóteur Martine a donnée. § 177. II convient de diftinguer foigneufement,dans cette defcription du Docfeur Hales, entre ce qu'il préfente comme des Expériences qui lui font propres, & entre ce qu'il propofe feulement d'après des recherches d'autres Phyficiens. La Defcription du Thermomètre 'même appartient a Ia prémière de ces claffës. Nous comparerons ce Thermomètre du Docleur Ha les a un Thermomètre a Efprit de Vin de Fahrenheit, il fera enfuite facile de le comparer a un Thermomètre de Mercure. Voici les points fixes, qui ferviront de points de comparaifon. Chaleur du corps humain a 54 de H: & a 96 de F de I'Eau qui commence a fe gèler . . o 32. Donc 54 H = 64 F, ou i H = 1.1S5 F. L  1ÓZ DlSSERTATION SUR la COMPARAÏSOM De la réfulte cette Table. H. F. H. F. 100 — 150.52 20 — 55.70 90 ■*- 138.67 15 — 49-78 70 — 114.97 10 — 43.85 64 — 107.86 5 — 37.93 60 — 103. II o — 32. 54 — 96 -5 — 26-08 50 — 91.2ö 10 — 20.15 45 — 85.34 15 — 14-23 40 — 79 42 20 — 8. 30 35 — 72-49 25 *- 2. 37 30 — 67.56 30 — 3. 65 25 — 6.U63 En comparant eette échelle a celle de N e #y ton § 147, il eft aifé de voir que le 64e dégré de Hales & le 14',- de Newton s'accordent exacfement j ainfi que le 54e & le iae. Mais, il y a une différence de 16 dégrés fur 1'Echelle de F a h r e n h e i t entre le 9oe dégré de Hales & le 17°. de Newton, qui devroient indiquer la même chaleur: ee qui provient fürement de la caufe indiquée ei-deffus § 147- 5 17S. PaiTons aux faits de la feconde claffe ^ a ceux que M. Hales rapporte furf autorité d'autrui. Le prémier de ces faits eft que la chaleur" de I'Eau dans laquelle on peut tenir la main en la remuantjOti celle du fang,efta celle de I'Eau bouillante, comme 14^ a 34. Cela ne fuit pas des Expériences de Hales * car il n'en a pas  des Thermomètres. rQ; Fait avec de I'Eau bouillante. Cette proportion elf. évidemment empruntée de Newton. v. § 147. Le fecond fait elt que la chaleur de I'Eau j1 dans laquelle on peut tenir la main fans la remuer, eft moyenne entre le point de congèlation & I'Eau bouillante: ceci efl auffi emprunté de Newton, qui fixe la prémière de ces chaleurs a 17 & 1'autre a 34. Mais il faut fe rappeller ce que nous avons dit ci-deffus (j 152) fur cette proportion. Si on la fuivoit, la chaleur de I'Eau bouillante feroit a itfo de Hales; mais elle ne monte qu'a 1,51.9 en fuivant la Table précédente. § 179. Je ne faurois dire de quelle maniere le Doóteur Martine s'y efl pris pour fixer fes déterminations : il dit que la chaleur de I'Eau , dans laquelle la Cire commence a fe figer, efl au I42e dégré de Fahrenheit, ce qui s'accorde en effet avec 1'Expérience de Newton (§ 147) & que le ioo*. dégré de Hales efl beaucoup plus haut: ce qui efl vrai, car il efla-peu-près a 150.5:mais le Docfeur Hales he dit pas que fon iooe dégré exprime cette chaleür. Au refte la détermination par laquelle le Docïeur Martine place le 13- dégré environ au 48e. de Fahrenheit efl affez; exacte: car ce i3e. dégré répond felon notre Table a' 47.45. -L 2  i5a DissertatIon sur la comparaison jVI. G. F. Richter a fait a Leipfig un grand nombre d'obfervations, qu'on trouve en détail dans les Atta Eruditorum Lipfienfium pour 1729, 1730, & 1731, ainfi que dans le feptieme Tome des Opufcula ex Aftis Eruditorum Lipf. excerpta. M. Richter s'eft fervi d'un Thermomètre qu'il avoit conftruit lui-même, & dont voici la graduation. Ce Thermomètre eft de Mercure. Le Tube efl: divife, depuis la boule jufqu'a la chaleur de i'Eau bouillante, en trois parties , & 1'on compte les dégrés de bas en haut: mais comme le Mercure ne defcend prefque jamais au-desfous de la première partie, ou de la fupérieure, il en réfulte que cette partie eft la feule donc il faille parler. Elle eft divifée en 100 dégrés qui contiennent chacun quatre parties. Le point de congèlation eft au i8e dégré audeflus de 200, ou des deux premières parties; mais on ne compte pas celle-ci,comme je viens de le dire. Le 3oe dégré indique une chaleur fort tempérée, aux fens. C H A P I T R E VIL N°. XXXVIII. Thermomètre e Vlfle. La Hire. Fahrenheit. Hawksbée. Reaumur a Efprit de Vin. Edimbourg. Reaumur a Mercure. Celfius. M. Braun eft le premier, & avant M. de Xuc le feul Phyficien, qui ait diftingué entre le Thermomètre a Efprit de Vin de M. Reaumur , & le Thermomètre a Mercure. II a trèsbien'compris que le 8oe dégré de M. Reaumur ne fauroit exprimer la chaleur de I'Eau bouillante: il fixe celle-ci a 93. M. Braun avoit promis de traiter plus au long de cette Table en quelque autre occafion; mais je ne fache pas que ce Traité ait été pubüé avant la mort de 1'Auteur. II n'en eft pas fait mention dans les Mémoires de 1'Académie de Petersbourg. § 195. M. de la Lande a publié dans la Connoijance des Temps pour 1762 p. 144 une Table de comparaifon entre les Thermomètres de Reaumur, de de ÏJflcy de Fahrenheit, & de La Hire. § *9<$. En  des Thermomètres. 177 5 196. En 1756 M. Houttuin a donné, dans le cinquième Tome da Recueil Hollandois qu'il publioit alors fous le titre de DiffertationS choifies [Uitgezogte Verhandelingen] p. 139, une comparaifon entre les Thermomètres de de ïljle, de Fahrenheit & de Reaumur: mais on fuppofe que la chaleur de I'Eau bouillante eft a 80 de ce dernier Thermomètre. 5 197, M. ÏAhU Rozïer apubli dans fes Obfervations fur la Phyfique , Second Tome pour 1772, ou 8e Tome in-8°p. 170, une Table de comparaifon fort détaïlléè , qui eft a beaucoup d'égards femblable a celle du Dr. Martine, dont elle efl; tirée: on y a cependant ajouté le Thermomètre de M. Michely du Crest, & celui M. Christin, ou le Thermomètre de Suéde ; on a auffi chano-é 3e ^ Thermomètre de M. Reaumur en ce qu'on y a tké la chale - - - - 30 La proportioa des dégrés efl, felon Nous 1 R = 1.7 L.H. M. Braun i R = 1.61 M. Cotte 1 R = 1.8 jN°. XX. Thermomètre ^M.Amontons^ 154.' Nous avons reduit en décimales de pouce les lignes, ou i2e. parties de chaque dégré 011 pouce, de M. Amontons.  des Thermomètres. 187 • felon Nous le 30 dég. de Reau. efl; 158.16 A: M. Martine 30 58.25 M. Rozier 30 56.333 M. Cotte 30 59 & 0 a 51.83 A, o - --- 51.75 o - ... 50 o - ... 51. 5 Laproport. des dég. efl;felon nous, iR = o.2i A. M. Cotte iR=o.25A. N°. XXI. Ther. de Poli ni § 164. a comme chez > le Dr.Mar- N°. XXII, Ther. de Cruquius § 168. » N°. XXIII. Thermomètre de Richter § 180. N°. XXIV. Thermomètre d'Edimbourg § 182. Nos dégrés intermédiaires différent de ceux de la Table du Docteur Martine paree que nous avons fait attention a la différence qu'il y a entre un Thermomètre a Efprit de Vin & un Thermomètre a Mercure. N". XXV. Thermomètre de la Court g 172. N°. XXVI. Thermomètre de Hales § 175. Notre Table différe beaucoup de celle du Dr. Martine. N0..XXVII. Thermomètre de Newton § 147. La comparaifon eft la même que dans la Table du Docteur Martine. § 208. Si 1'on ajouté a ces vingt fept Thermomètres tous ceux que nous avons déja décrit, ou que nous décrirons encore, on en connoitra plus de cinquante, dont on s'efl; fervi pour un  188 DlSSEETATÏÓÏÏ SUR IA COMPARAISON grand nombre d'obfervations, fanscompter tous ceux qu'on a employé avant 1'invention des 1 hermorhètres co'mparables. On voit de 3a, combien il eft utile, pour éviter une terrible conftifion', & pöurtirer de 1'oubli un grand nombre d'Obfervations intéreflantes, de reduire tous'' les Tnermomètres h une Echelle conftante, & de faire parler, pour ainfi dire, la même langne a tous les Obfervateurs.' II y a cles Obfervations , qui ont paru étonnantes, ou im? 'pofiibles, par cela feu! qu'on a mal connu les Thermomètres, 'ou qu'on les mal a réduit: M. de Luc en a rapporté des Exemples remarquab'es (16b) & nous en avons cité auffi (§103): on en trouvera encore un autre dans un moment. § 212. Note 163. § 209. Mais, quelles que foient 1'exactïtude & ia circonfpeéïion que nous avons taché d'employer , il y a cependant une difficulté dans notre Table de comparaifon, qui me paroit jufqu'a prélent infoluble. ISTous avons vu que Fahrenheit a fixé la chaleur du fang a 96 dégrés de fon Thermomètre, & qu'il s'en eft fervi comme d'un point fixe: Or 1'on voit par notre Tableau de comparaifon, que ce dégré fe rapporte a 28.5 du Thermomètre a Mercure de M. d e L u c. Mais nous avons vu (§94.109) que M. de Reaumur, M. Brisson, & M. de Luc même, ont fixé cette chaleur du 'fang, a un point qui revient a 29.9 du Thermomètre de M. de Luc, ce qui fe rapporte 399.3 de Fahrenheit, & , différe par conféquent beaucoup de 96. (i6p) Voyez la p, du 397 Torje. I,  dés ThèrmomètrEs. 189 § aio. La première conjecture qui m'efl venue dans 1'Efprit pour réfoudre cette difficulté efl, que Fahrenheit, ayant d'abord de'terminé ce point 96 fur fes Thermomètres a Efprit de Vin, il fauroit confervé enfuite fur fes Thermomètres a Mercure, gradue's d'après o & 212 , fans examiner de nouveau a quel dégré il auroit dü le placer fur ces nouveaux Thermomètres, fur lefquels il auroit dü être placé un peu plus haut que 96, paree que le Mercure n'efl pas retardé dans fes dilatations, comme 1'Efprit de Vin , par une caufe conftante, (5 18.): je trouvois même quelques raifons qui me paroiflbient cónfirmer cette conjecture; mais les Expériences de M. Braun me forcerent de 1'abandonner. 5 211. M. Braun (161.) a trouvé par un grand nombre d'Expériences, faites a PeterSbourg, que le Thermomètre de M. de l'Isle ne montoit, dans la bouche de plufieurs perfonnes, qu'a 96 & 95, ce qui revient a 96.8 & 98 de Fahrenheit; & par conféquent par un milieu a 97!: ce qui ne différe que d'un dégré & un quart de la détermination de Fahrenheit même: différence quï peut aifément provenir des circonflances de 1'Expérience, car nous avons vu ci-deffus que la chaleur naturelle d'une perfonne a été trouvée de 97 dégrés par M. Martine (§ 182). Or puifque le Thermomètre de M. del'Isle efl gradué par la congèlation & I'Eau bouillante, qu'il efl de Mercure , & que, nonobftant, la détermination de la chaleur du fang revient a-peu- (161) Novi. com. Pttrop. Tom. XIII. p. 42».  100 DlSSERTATION SUR, LA COMPARAISON. prés a celle de Fahrenheit, il efl clair que la conjecture dont j'ai parlé ne fauroit être admife. (162) 5 212. Puis donc que d'un cöté, les Expériences de MM. Martine & Braun coïncident avec celles de Fa h r e n h e i t , qui font encore confirmées par telles de Newton, g 148, & de Sulzer § 188, & que cependant de 1'autre cöté la détermination faite par MM. Reaumur, Brisson, & de Luc, a 99I, eft exacte, & confirmée en outre par les Expériences d'AMONTONs (163): & puifqu'on ne fauroit par conféquent fuppofer de l'erreur d'aucun cöté, dira-t-on pour refoudre la difficulté, que cette chaleur du fang différe en dif- M. Ekeberg a fait autïï un grand nombre d'Expérienccs fur ce fujet, en placant ie Thermomètre fur diverfes psrties du corps, & en répétsnt les Expériences dans des temps oü Jes températures de l'Air étoient trés - différentes. II a trouvé des différences trés • confidérables, que nous ne faurions cxaminer ici. II fuilira de dire, que la plus grande chaleur de la poitrine a été trouvée a 3f du Thermomètre de Suéde, ce qui reyient a 98.6 de celui de Fahrenheit. V. Mém. de VAcad. ie Suéde Tome XXVI. p. 300 de Ia traduétion allemande. <\ 163) m. Martine C Dernier Ejfai § 43 ) réduit les dégrés trouvés par AmontonS, fcavoir, 58^-, 58^, 58-^, 58 ? , 58?2, i 91.92.93. de 1'Echelle de M. Fahrenheit : mais cela provient de ce qu'il n'a pas fait une comparaifon exaéie entre ces deux Thermomètres: il place 5i>2- i 32 da m. FiiiRiNHEfT & il ne fait pas de diftin&ion entre un Tlierniomètre 1 Efprit de Vin, & un Thermomètre a Mercure. D'oi 1'on voit combien les obfervations peuvent êrre changées par une rédu&ion plus ou moini exadte des Thermoinètres.  des Thermomètres. jtcji férens climats? Que la France & la SuiiTe étant des pays plus chauds que 1'Angleterre, la Hollande, ou la Ruffie, la chaleur du fang y doit être auTi plus grande? Cette réflexion paroitroit affez plaufible? fi des Expériences faites a Surinam, n'y étoient direótement oppofées. Nous allons les préfenter ici en détail pour fervir de preuve a notre afiertion. Le Thermomètre dont on s'eft fervi étoit fuivant 1'Echelle de Fahrenheit : on ie placoit dans la bouche de perfonnes, toutes bien portantes, & qui ne s'étoient pas échauffées par quelqu'exercice corporel, ou dont le corps ne s'étoit pas réfroidi par la pluie &c. Enfin on a répété ces Expériences en diffèrens temps fur les mêmes perfonnes. (164 ) N" 1 Agé de 44 Ans: ayant été i Sun', pendant 14 ans. chal. 96 2 ■ 38 13 90 3 36 16 — p6* 4 39 30 95 5 25 . : . . 2 —— 9« 6 —— 32 né tt Surinam . . —. 95 7 Indien, C-40 ..... —. 95 8 Négre C- 58 ayant été a Surinam pendant 30 —— 94' 9 F 25 " -.-T, 97} 10 •- D- 25 14 — 96| 11 Q- 61 né a Surinam ; ï —— 94 i2,unJeune C-I2 . . . . ï 95 N°. 1, 2, 3, 4, 5, 6, font des hommes blancs: N°. 4 un blanc qui s'étoit arrêté pendant plus de 20 Ans aux Indes Orientales, a (164) Voyez un Recueil hollandois dont le titre eft HollitnAs Magazyn Tome I p. 10,  ïf)2 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISOÏi fa cöté de Guinee & a Surinam; N°. 8, 9, 10 font desNëgres nés a la cöté de Guinee ;N°. n & 12 deux Créoles ou Négres nés a Surinam: 'Or, nonobftant ces différentes qualités, Ja chaleur du fang efl de 96 pour prefque tous ces andividus: & elle n'eft, que de 94 pour les deux perfonnes les plus agées N°. 8 & N°. 11. 5 213. II eft donc prouvé, je crois, que cette différence ne provient point de celle du climat. Dira t on que la facon de vivre, exceffivement cTrfiolue , qui n'eft que trop générale a SuriXiam, affoiblit le corps & en diminue la chaleur? II feroit difticile d'être fatisfait par cette repon4e. J'avoue ne pouvoir réfoudre la difficulté que produit la différence dont \l eft queftion, Elle ne fera cependant, j'efpére, aucun tort a l'exaótitude de notre Table. CHAPITRE III. Confidérations fur la Queftion, quelle de toutes les Echelles quon vient de décrire, mériteroii d''avoir la p-éférence Jur les autres? §• 214. ^^uoique 1'on puiffe reduire au moyen d'une bonne Table de comparaifon, tous les diffèrens Thermomètres, a' une feule Echelle a volonté, il feroit cependant plus commode que les Obfervateurs s'accordaffent dans la fuite a fe fervir partout  3es Thermomètres 193 partout de la même. Mais ce fouhait ne fera vraifemblablement jamais accompli. II eft: difficile de changer des coutum^s établies , fuftout lorfqu'elles font fortifiées par quelque gloire nationale imaginaire. J'ai cependant fouvent oui demander a des perfonnes fort inftruites, quel feroit celui des Thermomètres, actuellement ufités, qui mériteroït d'être préféré a tous les autres ? Quel feroit celui que les Phyficiens devroient s'accorder a choifir, fi le fouhait dont nous venons de parler s'accompliflbit ? II n'eft pas poffible de répondre a cette queftion, a moins qu'on n'examine comme il faut les diffèrens ufages auxquels les Thermomètres fervent, auxquels ils doivent fervir, ou, auxquels il feroit a fouhaiter qu'ils puffent fervir. § 215. Le feul ufage auquel les Thermomètres fervent aêtuellement, & le prémier en effet auquel ils doivent fervir, eft d'indiquer s'il fait plus chaud ou plus froid qu'il ne faifoit a un temps donné. II fuffit pour cela, que les Thermomètres foient déterminés par deux points fixes, quels qu'ils puiffent être. Toütes les échelles font donc, a cet égard, également bonnes. II faut feulement que les Thermomètres puiffent indiquer toutes les dégrés de Chaleur & de Froid qui ont lieu partout , & par conféquent qu'ils foient compofés d'un Fluide qui he fe gèle jamais par le plus grand Froid naturel, & dont la nature ne change pas par le laps du . temp?, Or'le Mercure eft certainement de tous les fluides le plus propre pour répondre a ce  194 DlSSERTATION SUR LA COMPARAÏSON but, comme M. de Luc 1'a prouvé en détail. (165) § 216. Mais quoiqu'il foit parfaitement indifférent, pour remplir ce premier but, de faire ufage de tel ou de tel Thermomètre , toutes les échelles ne me paroitroient pas également fatisfaifantes. Des dégrés arbitraires, comme ceux de M. Fahrenheit par ex: ne fatisfont pas 1'efprit. Qu'expriment 48 , 96 , "o? Rien que les diflances d'un point a pris volonté. Je jtige donc les Méthodes que M. M. Reaumur, de l'Isle, &Sulzer ont employées, beaucoup plus philofophiques; & je donnerois la préférence aux. Echelles qui reveillent en même temps une idéé connue dans 1'efprit, une idee qui faffe connoitre un certain effet de la chaleur : en un mot aux Echelles qui expriment en même temps la quantité de dilatation ou de condenfation du fluide dont on fe fert. II eft néceflaire pour cet effet, de prendre pour baze un certain état du fluide qu'on employé:je préférerois le point de Glacé qui fond a celui d'Eau bouillante, paree que le prémier de ces points eft fixe, & qu'il ne dépend pas , comme 1'autre , de la preffion de 1'Atmofphêre. Auffi y a t - il quelque chofe dans 1'Echelle de M. de l'Isle qui paroit répugner , peut - être cependant plus k la coutume , & aux préjugés qui en font la fuite, qu'a la nature de la chofe: favoir , qu'on ne compte que des dégrés de condenfation, & par conféquent un nombre de (165) p. 285 Tome 1.  des Thermomètres. 195 dégrés d'autant plus grand que la chaleur eft plus petite. Je regarderois donc 1'Echelle de M. Reaumur comme la meilleure & la plus philofophique, fi M. Reaumur avoit employé du Mercure ; mais fi 1'on vouloit compofer un Thermomètre a Mercure d'après. les mêmes principes, il n'y auroit qua placer 14.5 a I'Eau bouillante (§53) ou, s'il étoit fur que le point d'Eau bouillante fut placé fur 1'Echelle de M. Sulzer avec toutes les précautions convenables, (§ 187 ) ce dont ort pourroit douter, cette échelle feroit alfurément la plus parfaite de , toutes pour remplir le prémier but dont nous venons de parler. § 217. Les Thermomètres, dont nous nous fervons, n'indiquent que la différence de température : maïs , felon 1'étymologie du nom, ils devroïent exprimer les vrais dégrés de chaleur , la chaleur abfolue. La mefure de Ja chaleur vraie & abjolue , eft le fecond but qu'il faudroit que les Thermomètres puffent remplir. Deux déterminations feroient nécefiaires pour cet effet. i°. Celle du dégré auquel il n'y en a en effet aucune chaleur dans la Nature, ou la détermination du vrai Zero du Thermomètre. 2°. La détermination d'un fluide, indiqüant par des dilatations égales, ou du moins conftantes, des différences égales de chaleur: que fi par ex: on avoit déterminé au jufte le vrat Zero, le 48° dégré exprimat une chaleur doublé de celle qu'indique le 24e dégré. Nous difcute^ rons ces deux déterminations. N 9  jp5 DlSSERTATÏON SUR LA COMPARAISON § 218. II faut donc avant toutes chofes déterminer le dégré auquel on puilfe dire qu'il n'y a plus de chaleur dans la Nature, & placer le Zero du Thermomètre a ce dégré. Mais la détermination exacte de ce dégré eft impoffible, au moins jufqu'a prefent. II eft cependant certain que 1'Echelle de M. Reaumur en approche le plus ,, & peut-être même qu'elle n'en eft pas fort éloignée: c: a: d: qu'il n'eft pas improbable que le Zero de cette Echelle ne foit pas fort éloigné du vrai Zero de la Nature. C'eft ce que M. M a i r a n a mis dans un grand jour. (166) Nous allons le fuivre entiérement dans ces recherches , a quelques légères différences prés. Nous avons parlé ci - deffus § 19. des belles Expériences par lefquslles M. Braun acongèlé le Mercure. Le plus grand dégré de froid qu'il ait pu produire alors a été de 720 dégrés du Thermomètre de M. d e l'I sle ; ce qui revient a 387 dégrés au-deffous de Zero du Thermomètre a Mercure de Re a u mur, ou plutöt de M. de Luc. Mais, le même jour, M. Lomonosovv a produit un dégré de Froid qui monte, au rapport de M. Mairan, a 592 de 1'Echelle de M. Reaumur. 11 eft bien fur que toute chaleur , tout feu, n'étoit pas expulfé de ce mélange: car puifque nombre de Fluides, même le Mercure, fe changent en malies folides par une augmentation de Froid, il eft plus que probable, qu'ils fe changeroient tous en corps folides, fi 1'on en pouvoit chaffer (166) Mémoires ii TAcadémie 17C5 p. aoö.  des Thermomètres, 197 tout le feu : mais on n'a pu parvenir a faire gèler 1'Efprit de Vin qui brule la poudre, & quelques huiles efTentielles : il reftoit donc encore du feu dans ces corps. § 219. Le froid, produit artificiellement, efl d'autant plus grand que le froid naturel de l'Air 1'efl d'avantage. C'eft ce que M. Braun a éprouvé dans le cours de fes admirables Expériences fur la congèlation du Mercure. Le Froid de l'Air ne montoit, pendant ces Expériences , qu'a 212 de 1'Echelle da M. de l'Isli, oü a 4.ZI au-deflöus de Zero de celle de M. Fahrenheit, ou a—33 de M. Reaumur. Or, fi 1'on a pu produire alors un froid artificiel de 592 dégrés de Reaumur, quel ne feroit pas celui qu'on auroit pu produire, fi 1'on avoit fait les mémes Expériences en Siberië, oü M. Gmelin a obfervé un Froid de 28r de 1'Echelle de M. de l'Isle ou de—125Ï de celle de M. Fahrenheit, ou de—70 de celle de M. Reaumur ? ou a Tornea, oü le grand Froid du 5 Janvier 1760 a fait defcendre le Thermomètre de Suéde a—89: ce qui revient a—128 de M. Fahrenheit ou a—71 de M. Reaumur? (167) Suppofons donc qu'on répétatces Expériences dans ces contrées: fuppofons encore qua l'intenfité du Froid artificiel augmente en même raifon que le Froid naturel de tAir au dejjous du point de congèlation; & 1'on obtiendra ['Analogie fuivante. (167) Mint/ris de l'Acadimi de Suédi, Tome XXI. p. 300. N 3  193 DlSSERTATÏON SUR-IA COMPARAÏSON Comme 33, au-deffous du point de congèlation : le plus grand froid obfervé a Petersbourg, font h 592, au - deffous du point de congèlation : le plus grand froid artificiel produit a Petersbourg: Ainfi 71, au-deffous du point de congèlation , le plus grand froid obfervé a Tornea, font a 1274, au-deffous du point de congèlation ; le plus grand froid artificiël qu'on pourroit produire a Tornea, fuivant la fuppofition qu'on vient de faire. On pourroit même aller encore au.dela: car le Mercure defcendit, dans une des Expériences de M. Braun, jufqu'a 1500 de 1'Echelle M. de de i'Isle, ou-720 de celle-de M„ Reaumur, & il fe gèla alors: en ce cas la proportion précédente fourniroit 1550. Mais on pouroit propofer des doutes contre 1'exactitude de cette Expérience. Si la fuppofition que nous venons de faire,' d'après M. Mairan , avoit réellement lieu, Ie Zero de 1'Echelle de Reaumur (g 81) feroit encore trop haut. Mais il n'eft pas apparent que le froid artificiel fuivit cette proportion : une raifon plus petite me paroïtroit plas probable, & en conféquence, il n'eft pas improbable que le Zero de M- Reaumur ne foit pas fort éloigné de celui de la Nature: au moins eft-il fort probable que celui-ci n'eft pas plus haut.  des Thermomètres. 199 L'Êchelle de Reaumur, c: a: d: la prémière Echelle de ce Phyficien, oü ioco indique le point de congèlation, paroit donc encore a cet égard, plus latisfaifante que les autres. Auffi M. Mairan n'a-t-il pas craïnt de fe trop éloigner de la vérjté, s'il 1'employoit, en fuppofant qu'on doit en effet compter la chaleur abfolue du point Zero de ce Thermomètre. § 220. Si 1'on vouloit employer, felon § 217, un Thermomètre a Mercure, dont le Zero fut fuffifant pour exprimer le plus grand froid, qu'il pourroit y avoir en conféquence des déterminations précédentes, ik dont les dégrés indiquaffent en même temps une certaine partie de la quantité de Mercure contenue dans la boule, il n'y auroit qu'a p'acer au point de congèlation 3000 au lieu de mille; & mettre 43.5 a I'Eau bouillante. En ce cas il y auroit encore 130 dégrés au-deffous du plus grand froid dont nous avons fait mention dans le précédent, & chaque dégré feroit la trois millième partie du Mercure contenu dans la boule au point .de congèlation. Mais comme il y refte quelque incertitude fur la pofition du vrai Zero, nous ne confeillerions a perfonne de changer 1'Echelle de M. Reaumur pour cette feule raifon. J 221. Nous paflöns enfin a la dernière détermination , a celle d'un fluide dont des dilatations égales expriment des dégrés égaux de chaleur. Nous avons vu qu'il faudroit que les Thermomètres fuffent compofés dun pareil fluide: mais il efl: affez vraifemblable_qu'il n'exifte point : au moins n'en connoiffons nous pas jufqu'a préfent. On peut obvier a ce N 4  2 CO DlSSERTATION SUR Ï.A COMPARAISON défaut de deux facons. i°. En employant le fluide qui en différe le moins: 2°. En examinsnt s'il feroit poffble de déterminer combien ce fluide différe du fluide ideal dont nous venons de parler- On efl: redevable a M. de Luc de la détermination de .ces deux points importans, • Npus avons déja vu (g 15 ) que les condenfations de 1'Efprit de Vin forment une Série décroiffante en comparaifon de celles du Mercure: M. de Luc, ayant fait des Expériences avec des Thermomètres compofés de différentes fortes d'Efprit de Vin , & d'huiles , a prouvé que la même chofe a lieu pour tous les fluides (168). D'ou il fuit que le Mercure eft de tous les fluides celui dont d'égales dilatations conviennent le mieux avec deS augmentation s égales de chaleur : car des dilatations égales exprimeront des dégrés de chaleur égaux pour un fluide, pour lequel 1'accord dont nous venons de parler, eft parfait. § 222. Mais le Mercure s'accorde -1 • il parfaitement av^c un pareil fluide, ou non ? M. de Luc a trouvé qu'il s'en écarté, de facon que fes condenfations forment auffi une férie décroiffante; mais il s'en écarté peu. Voici le Principe des Expériences de M. de Luc (169). On peut calculer quel dégré le Mercure indiqueroit, fi fes dilatations étoient proportionelles aux vrais dégrés de chaleur, (iSS) § 428, M. feqq. p. 073. (1693 § 4*2 feqq. Tome I. p. 285.  des Thermomètres. zot. lorfqu'on plonge le Thermomètre dans un mélange d'un certain nombre de quantités d'Eau, chauffées a un dégré connu. Si le dégré qu'on, obfervé, en prénant toutes les précautions convenables, efl plus petit que le dégré qu'on a trouvé par calcul, comme il 1'efl en effet, il s'en fuit que le Mercure fe tient plus bas qu'il ne le feroit,fi des dégrés égaux de 1'Echelle exprimoient des différences égales de chaleur (17c). II fuit donc de ces Expériences que des dilatations égales de Mercure expriment en effet des différences inégales de chaleur. ' § 223. M. de Luc a recherché enfuite fuïyant quelle Loi le Mercure s'écarte de la vraie méfure de chaleur. II fa déterminée par une fuite d'admirables Expériences, mais que notre Plan ne nous permet pas de rapporter ici. II a examiné ces Expériences par d'autres , & en différentes manières; de forte qu'il ne fauroit y avoir de doutes fur leur exaótitude. Voici la Table, qui en préfente les réfultats (171). La prémière Colomne eft le Thermomètre 2 Mercure de M. de Luc : la feconde indique les - dégrés auxquels le Mercure fe tiendroit fi les dilatations étoient proportionnelles aux dégrés de chaleur: la troifième indique les différences gu'il y auroit alors pour les condenfations du Mercure, de cinq en cinq dégrés. La Lettre Z exprime le point de congèlation, ou la distance de ce point au vrai Zero de chaleur. Z feroit donc égal a mille fur le vrai Thermomètre de Reaumur. (170) § 422 ec. Tome I .p. 295. 070 P-309. N 5  202 Dissertation sur la co mparaisqn Thermomètre _, , a Mercure de Chal.eur§ M. de Luc. vraies' 8o — Z+ 80 - - - - - - 7y — Z + 75-28 — 4-7^ ' _ Z-r 70.56 — 4 72 6s _ Z+ 65.77 — 4-79 6o Z + 60.96 — 4.81 55 — Z + 5615 — 4-8x 5o — Z + 51-26 — 4.89 45 Z+4637 — 4-89 4o — Z + 4140 — 4-97 35 — Z+ 3Ö40 — 5 So _ Z + 31.3a — 5-o8 ^5 — Z + 26.22 — 5.10 3Cl _ Z 4 21.12 — 5.10 I5 _ Z + 15-94 — 5-i8 IO _ Z + io-74 — 5-2o 5 _ Z+ 5- 43 — 5-31 0| —, "Z+ ; '•" t 5-43 II fuit de-la, que la Loi des dilatations du Mercure différe réellement peu de Ia Loi de la vraie chaleur, & même fi peu que ces Loix peuvent être prifes 1'une pour 1'autre en bien des occafions. II vaudra donc mieux conferver 1'Echelle ordinaire en dégrés égaux , que de divifer 1'Echelle en dégrés inégaux , mais qui exprimeroient les vrais dégrés de chaleur. M de Luc a cependant donné une Table de ces dégrés (172)- § 224. 11 femble donc qu'il n'y ait plus qu'un feul article a déterminer avec précifion, c'eft (172) p» 301.  des Thermomètres. 203 ïe 'dégré Z. II refte a la véricé une affez grande incertitude fur ce point : mais il y a, comme nous 1'avons vu, des limites au-desfous defquelles on fait fürement que ce dégré exifte. II efl p: ex: au-deffous du-590. dégré de Reaumur, & vraifemblablement au - desfous de-720 (§220): Z efl donc plus grand que 590 ou même que 720: & il eft vraifemble que Z ne tombe pas au - deffus du Zero de Reaumur, & qu'il elt parconféquent plus grand que 1000. On peut donc, en bien des cas, regarder les dégrés de Reaumur comme s'ils exprimoient en effet les vrais dégrés de chaleur, fans craindre de tomber en de grandes erreurs, ou de prendre le Zero trop bas. SECTION Q^UATRIEME. Defcription de quelques Thermomètres moins connus, qu'on ne fauroit reduire , avec certitude, a des pints fixes. § 225. _/\vant que 1'ufage des Thermomètres comparables fut devenu univerfel, chaque Obfervateur employoic«un Thermomètre particulier, & 1'on ne pouvoit ni s'entendre, ni comparer obfervations ; cependant on en a publié un grand nombre faites avec ces Thermomètres, lefquélles il feroit a fouhaiter qu'on püt tirer de 1'oubli, & rendre utiles. Cefl ce qui efl pos-  2c4 DlSSERTATION SUR la COMPARAïSON fible pour quelques-unes d'entr'elles; fort paree qae les Obfervateurs ont public quelques déterminations dont on peut le fervir pour faire une réduction, foit paree qu'ils ont dans la fuite comparé leurs Thermomètres avec des Thermomè' tres comparables. Nous décrirons cstte forte de Thermomètres dans cette fection, favoir ceux qu'on ne fauroit réduire a des Echelles connues avec affez d'exacfitude, pour y faire pieincr ment fond. N°. XLII. Prémier Thermomètre de Der ham. § 22.6. Ce Thermomètre eit celui dont M. D e r h a m s'efl; fervi depuis 1697 jufqu'en 1709, lorfqüun accident brifa ce Thermomètre le 22 Janvier. On trouve dans les Tranfacïions Philofophiques de la Société de JLondres les obfervations que M. Derham a faites au moyen de ce Thermomètre; favoir celles de 1699, dans le N°. 262. Vol. 22 p. 343 : celles de 1708. N°. 309. Vol. 25. p. 2385 : un extrait fort court de celles du mois de Dccembre 1708 & Janvier 1709, N°. 321. Vol. 26. p. 343. M. Derhjsm a donné quelques déterminacions, qui nous ferviront a comparer ce Thermomètre a d'autres; mais elles ne fuffifent pas pour obtenir une qertitude complette. Ce Thermomètre efl compofé d'Efprit de Vin, & chaque dégré efl la dixiéme partie d'un pouce. , Le point de congèlation efl a. 82 (173) : ailleurs, (174) M. Derham le'fixe a 80", oti 073) n°. 324- p- 454. 074) n°- 2*2, p' 527<  des Thermomètres. 205 au plus haut a 82: & il dit encore autre part (175) que ce point efl a 85, & qüil commence a laire de la gélée blanche, lorfque le Thermomètre eft a 90. Maïs 82 paroit être le point dont M. D e r h a m parle avec le plus de certitude. M. Der ham rapporte auffi (176} que le froid, qu'il a pu produire un jour qu'il faifoit forc froid, au moyen de Neige & d'Efprits, ou de Neige & de Seis, ce qu'il a trouvé a-peu - prés de la même force, a fait défcendre le Thermomètre a 43. II dit ailleürs (177), qu'il n'a pu faire défcendre le Thermomètre beaucoup audeffous de 50 par ce froid artificiel; mais il ne marqué pas de combien. La différence ne monte fürement pas a 7 dégrés, & il eft connu que ce froid différe felon le dégré de froid naturel de l'Air, lorfqu'on fait 1'Expérience. § 227. Si 1'on compare ce Thermomètre au Thermomètre a Efprit de Vin dd Fahrenheit, en fe fervant de cey données, on trouve que 43 D reviennent a o. F 82 D a 32 39 D = 32 F. ou 1 D = 0.82 F. Mais, comme les deux points de comparaifon font peu éloignés 1'un de 1'autre, il eft clair (Y75I n°. 309. p. 2385. ci 76) n=. 321. 077) n°. 262 p» 5»7«  206 DlSSERTATÏON SUR la comparaison que les moindres erreurs peuvent devenir importantes. II faudroit donc trouver encore un troifième point fixe, & j'ai taché de le déterminer de la facon fuivante. II faifoit exceffivement chaud en 1705. Le Thermomètre de M. Derh am n'a monté au plus haut, le 28 Juillet,qu'a 170 dégrés:mais le 12 Juillet 1699 il fe tenoit a 178, c: a: d: a 96 dégrés audeflus du point de congèlation: ainfi ce iy8e dégré reviendroit, fuivant la détermination précédenten 110 de 1'Echelle de Fahrenheit: Ór, on ne fauroit fuppofèr une chaleur de 110 dégrés a 1'ombre, furtout en Angleterre, oü l'Air efl: affez tempéré: le Thermomètre p: ex:' n'y efl monté qüa 88! pendant 1'exceflive chaleur de 1750 (178). Si 1'on fixoit le point de congèlation a 85, 42 dégrés de M. Derham en vaudroient 32 de M. Fah re n heit, ou un en vaudroit 0.7619 & le i78e dégré reviendroit au io3e dégré de M. Fahrenheit. Si 1'on plajoit enfin le point de congèlation a 90 , chaque dégré de M. Derham en vaudroit 0.68 de M Fahrenheit & le 178® reviendroit au 91.8, ce qui fait encore une trés-forte chaleur, mais qui eft cependant très-poflible. Je ferois aufli fort porté a réduire le 9oe dégré au 32e de M. Faheniieit, paree que 90 eft le point que M. D e r h a m nomme celui de gèlée blanche, & que le 32e de M. Fahrenheit n'eft en effet pas éloigné de ce point la. II refte donc quelque incertitude fur la vraie (178) Phil. Trans. Vol. XLVI. p. 571.  des Thermomètres. 20? réduclion de ce Thermomètre; car oh ne fauroit guères placer le froid artificiel plus bas que 43: tant paree que M. Derham paroit 1'avoir quelquefois trouvé plus haut, que paree qu'il faifoit fort froid le jour qu'il a placé ce point a 43. Cette incertitude nous empêche de faire une comparaifon exacte , quoique la dernière détermination que nous venons de faire me paroifle affez approcher du vrai. 43 D. fe rapporteroient donc a o F. 90 3* Donc 57 ='32 ou 1 = 0.68 D'ou réfulte cette Table de comparaifon entre le Thermomètre de Derham & le Thermomètre a Efprit de Vin de Fahrenheit. ,180 93.2 170 86.4 16b 79.6 150 72-8 140 . 66 130 59.2 120 52.4 11 o . 45.6 100 38.8' 90 32 80 — 25.2 70 18.4 60 , , 11.6 50 4- 8 43 0 40 - 2  £ö# DlSIERTATÏON sur LA comparaison N°. XLIIL Thermomètre de M. Jean PAtrick (l7P) 5 228. Le Capitainè Middleton s'eft fervi de ce Thermomètre dans quelques voyages qu'il a fait d'Angleterre a la Baye de Hudfon; les obfervations de ce Capitaine fe trouvent dans les Tranfatlions Philofophiques , N°. 418 , 429 , 442 > dans les Tomes 37 , 38 , & 39. Voici la defcription que M. Middleton donne lui-même de fon Thermomètre. (180) „ Le point o eft au haut ; on fuppofe qu'il „ indique la chaleur qu'il fait fous, la Ligne. On „ compte les dégrés vers en bas , & ils au„ gmentent a mefure que le froid devient plus „ grand: Tcmpéré fe trouve a 25. Si 1'on n'avoit pas d'autres données il feroit difficile de comparer ce Thermomètre aux Thermomètres connus: auffi le P. Cotte (281) n'a -1 - il pu y parvenir que par conjeélure ; en réduifant 25, ou Tempéré, a 10 dégrés de M. Reaumur, & le o de M. Reaumur a 32 de M. Patrick, paree qu'on trouve quelque fois gèlée blanche dans le Journal du Capitaine, lorfque le Thermomètre eft a 31: & qu'ainlt 32 eft (179) Jean Patrick paroit avoir fait des Thermomètres vers la fin du fidele paffé: au moins M. Perham parlet-il d'un Thermomètre de J. Patri ck, dont on fe fervoit dé;*en 1683. Phil. Trans. N°. 3ci. Vol. XXVi. p. 340. (180) N°. 442. Vol. XXXIX. p. 28. • (1S1) Traitd de BÜtior.g, KJ-  des Thermomètres. £09 32 efl affez vraifemblablement le point de congèlation. A ce compte les dégrés de Patrick feroient a ceux de Reaumur comme 7 k 10. Le Thermomètre de Patrick efl auffi compofé d'Efprit de Vin. Mais, quelqu'indéterminé que tout ceci paroifië , je crois cependant pouvoir approcher plus prés de la vérité. § 229. Pour pouvoir déterminer les dégrés de chaleur & de froid avec plus d'exaclitude , M. Patrick avoit confié deux de fes Thermomètres a deux de fes amis, afin que 1'un d'eux y marquat le plus grand dégré de chaleur qu'on éprouveroit fous Ja ligne , & 1'autre le plus grand froid qu'il fait a 8i° dégrés de Latitude, & qu'il put enfuite employer lui même ces deux points pour graduer fes Thermomètres (182). II fuit donc dela que M. Patrick graduoit fes échelles d'après ces deux Étalons, & il n'y a pas, ce me femble, de doute que ceuxci n'ayent été concordans. II ne s'agit donc feulement que de déterminer ces deux points: M. Der 11 am nous fervira de guide pour 1'un d'eux: Car il a comparé un des Thermomètres de Patrick, avec le fien, en les éprouvant par tous les dégrés de froid & de chaleur qu'il pouvoit produire, depuis le froid produit par le Sel Ammoniac, jufqu'a la plus grande chaleur. Nous avons déja vu (g 170) que la chaleur du fang efl, fur le fecond Thermomètre de M. Der ham, entre 284 & 2g8, & Ci82) Derh am PhyficQ-Théil. Li». i Chap. 2. Note j. 22, O  2IQ DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON parconféquent par un miireu, a 286. Mais M. Derham dit que le Zero de Patrick: efl entre 284 & 288 de fon Thermomètre: fuppofons donc a286: la différence qu'il pourroit y avoir eft trés - petite, & ne fauroit monter a un dégré de 1'Ëchelle de M. Fahrenïïeii. II eft donc für que le Zero de Patrick indique la chaleur du fang: mais Der h a m ne paroit pas avoir eu occafion de déterminer 1'autre point fixe que Patrick employoit. § 230. II faut cependant néceffairement connoïtre encore un .fecond pour achever la comparaifon. II eft für que le point de congèlation n'eft pas fort éloigné de 32 : car on trouve (183) Thermomètre a 36 Gèlée. Le 2 Septemb. . . . a 20 II Le temps s'eft mis fubitemetr: j a 32 ff a la Gèlée. Thermomètre È 37 Forte Gèlét. Le point de congèlation efl donc très-certaïnement au-defïöus de 36 ou de 37: & trèseertainement fort prés de 32. On peut donc pofer, 0 de Patr. a 90 de 1'ancien Therm. de Fah. 32 - - - a 30 32 - - - a 120, ou 1 - - - = 3-75- (1S3) Phil, Trtns. Vol. XXXII. p. 77.78.  des Thermomètres. 2ïs Ö'qu refulte cette Table Patrick Fahrenheit Ancien Nouv. g o — 90 — 96 5 — 71.25 — 86.6 10 — 52.5 — 77 iS — 33-75 — 67.r 20—15 — 57.3 35 — - 3-65 ~ 47-i 30 — 22.5 — 36-2 32 — 30 — 32 35 ~ 4i-25 — 20.3 40 — 60 — ifj.i 45 — ' 78.75 — 6.r 50 — 97.4 — -4.r. II y pourroit cependant refter encore quelque incertitude: mais je crois qu'elle n'eft pas grande, & qu'elle ne fauroit monter a 3 dégrés du Thermomètre de Fahrenheit. N°. XLIV. Thermomètre de Godefroi Kirch* § 231. M. Godefroi Kirch, célébre Profelfeur a Berlin, & Père de Chrétien Kirch, dont nous avons déjè parlé, a fait z Berlin un grand nombre d'obfervations Météorologiques , avant que M. Fa h r e n h e i t fe füt appliqué a conftruire des Thermomètres, & parconféquent avec un Thermomètre dépourvu d'Echelle fixe. Mais M. K1 rc h le Fils en a donné une comparaifon fondée fur un grand nombre d'obfervations; M. Grischow 1'a publiée: (184) la voici j O84) Mifcsh Btrol. Tom VI. p. 83, o a  212 DlSSERTATÏON SÜR la COMPAKATaON Ancien Nou Kirch Fahre: Fahre. 90 — 96 — 45 60 — 80 — 38 30 — 64 — 3r o _ 48 — 24.25 -30 — 32 — 17-34 60 — 16 — 11 90 — o — 4-5 110 —! 10.67 — o II y a par-ci par-Ia des irrégularités dans cette comparaifon : mais nous n'en parierons pas, paree que nous ne connoiflbns aucune autr'e obfervation faite avec ce Thermomètre, que celle du grand froid qu'on éprouvé a Berlin en 1709. (185) N°. XLV. Thermomètre de M. de Viele, § 232. C'eft M. du Crest qui nous fait connoïtre ce Thermomètre, & il eft le feul, que je fache, qui en ait parlé. (186) On a obfervé a Paris le grand froid de 1'année 1709 au moyen de ce Thermomètre, & le fils de 1'Inventeur , s'en fervoit encore alors. C'eft un Thermomètre a Efprit de Vin. M. du Crest a taché de le déterminer par les obfervations fuivantes, auxquelles nous ajouterons les dégrés correfpondans de 1'Echelle de Reaumur. f185) Ibid p. 313. 086) ACIa Hilytt. Tom. III. p. 51.  des Thermomètres; *i3 D.V DC R Dans les Caves de 1'Obfervat. 42-0 - 10.25 Le 9'Janvier 1742, le Thermomètre de M. du Crest étant pendu a cöté de celui de M. de Vilee. - -7 - 22-9.56 Donc - -35= 22 = 19.81 ou - - 1=0.63=0.506 § 233. On pourroit conftruire avec certitude une Table générale de comparaifon d'après ces données, fi i°. les points de comparaifon 42 & 7 étoient plus éloignés 1'un de 1'autre: 20. fi 1'on étoit für que les Thermomètres de MM. de Ville & du Crest ont été également fenfibles, & qu'ils étoient par conféquent déja parvenus 1'un & 1'autre, le 9 Janvier 1742, au moment qu'on les a obfervés au plus bas dégré auquel le froid qu'il faifoit alors les pouvoit faire défcendre : Enfin s'il étoit für que. la Température des Caves de 1'Obfervatoire a été exaófement déterminée £142 dégrés; car f] 1'on ne fait pas des obfervations de ce genre avec beaucoup de précautions, on peut facilement fe tromper. Mais on n'eft pas affuré que ces deux conditïons ayent été remplies. Quoiqu'il en foit, voici la table de comparaifon telle qu'elle fuit des données précédentes. 03  aij. DlSSERTATION SUR tk COMPARAXSOjSf De Vil. Du Creft Fah. Efp. d. V. Efp. d. V, Merc. 80 - 2341 - 98-0 75 — 20.79 — 92-5 70 17.64 _ 874 65 - 1449 - 81.5 60 _ 11.34 — 7-56 55 - 8.19 - 69.9 50 — 5.04. — 64 45 - 1-89 - 57.6 40 — -1.26 — 51. I 35 - -441 ~ 44-6 30 - 7.5Ö - 38-$ 25 — IO.71 — 31-6 20 — 13.86 "? 24.8 15 ~ I7-QI "Z 179 10 — 20.16 11 5 - 23.31 ~~ 3-9 9 ~ 26.46 ~* - 2.8 § 234. Au refle cette Table de comparaifon ne peut fervir que pour le feul Thermomètre de M. de Viele que M. Dy Crest a eu én mains , & avec lequel je ne fache," pas qu'on ait fait d'autres obfervations que celles dont nous venons de parler, & que M. d iï Crest a publiées. Je ne fais s'il y en a d'autres qui ayent été imprimées. Ce Thermomètre paroit avoir été conftruit fans points fixes, & il aura vraifemblablement été 1'Etalon dont fe fervoit M. de Vilee pour la graduatiort de tous les autres Thermomètres qu'il conftruifoit. Mais il paroit s'y être pris avec très-peu de foin. Car M. B 0 u 1 l l e t (1 87), qui a fait (187) Mémoire de VAcadémie 1735- P« 5°4«  des Thermomètres.' 215 1 Béziers en 1725, & pendant quelques autres années, des obfervations Météorologiques exaéles, au moyen d'un Thermomètre de M. d e Viele, rapporte que fon Thermomètre, quoiqu'il s'accordat avec d'autres du même artifte, en ceci, qu'il indiquoit Tempéré a 48,49,50, en différoit cependant de beaucoup dès qu'il montoit au-deffus de 6b, ou qu'il defcendoit au-deffous de 40. D'ailleurs, fi 1'on compare ces Thermomètres a Y Etalon, le point Tempéré tomberoit entre 57 & 64 de Fahrenheit, ou 12 & 16 de Reaumur, ce qui fürement eft bien au dela du Tempéré. M. Mairan avoit promis en 1733 d'envoyer un Thermomètre de M. Reaumur k M. Bouillet, afin que M. Bouillet y püt réduire le fien: & M. Mairan a fürement exécuté ce deffein; car en 17Ó5 il a fait ufage des obfervations de M. Bouillet réduites au Thermomètre de M. Reaumur. Mais je ne fache pas qu'on ait publié, foit la réduÊlion du Thermomètre de M. Bouillet a celui de M. Reaumur, foit les obfervations de M. Bouillet même. § 235. II fuit, en attendant, de ce que nous venons de dire , qu'il faut bien fe garder de réduire des obfervations qu'on prétenderoit faites au moyen d'un Thermomètre de M. de Ville, a des Thermomètres connus, paria Table précédente, a moins qu'on ne fut afftiré que ce Thermomètre ne füt d'accprd avec 1'Etalon du même artifte dont nous venons de parler. O 4  216 DlSSERTATÏON sur la comparaison N°. XLVI. Thermomètre de M. Knip hof. § 256. M. Jean Jerome Kniphof, Docteur en Medécine, a fait pendant quelques années des obfervations, avec un Thermomètre qu'il avoit conftruit lui-même. On trouve les obfervations & la defcription de cet inftrument dans un recueil allemand, intitulé Recueil de Brejlau, (Brejlauijche Samlungen,) publiées par M. Buchner pour 1'année 1731 ainfi que dans le Calendrier allemand, hijiorique cjf Géographique de Berlin pour 1740. M. Grischow a fuivi ces ouvrages dans la defcription qu'il a donnée de ce Thermomètre, & c'eft d'après lui, que nous allons en indiquer les articles eflentiels. (187) i°. Après avoir examiné le tube, on remplit de Mercure la boule qui y eft attachée , & cela jufqu'au tube. On péfe exactement la quantité de Mercure contenu dans cette boule. 20. On prend la quinzième partie de ce poids; on verfe cette quantité de Mercure dans le tube, au deffus de celle qui eft dans la boule , & 1'on marqué jufqu'a quelle hauteur ce Mercure fe tient dans le tube. 30. Cette hauteur eft la longueur de 1'Echelle: car on a trouvé par des obfervations de plufieurs années que cette longueur fuffit. On divife cette longueur en deux cents parties, en mettant o au milieu, & parconfóquent 100 dégrés au-deflbus, & 100 dégrés au-deffus de Zero. (187) Mifctl. Berol. Tomus vi. p. 280. 81.  des Thermomètres. 217 40. On vuide entiérement la boule & le tube de tout le Mercure qui y étoit contenu, & on les remplit' d'Efprit de Vin re&ifié ; après quoi on fcelle le tube. 5°. On place k cóté du Tube 1'Echelle divifée felon le N°. 3, foit d'après un bon Etalon, foit d'après les points fixes de commencement de gèlée ou de dégel, ou de la chaleur du fang. § 237. Voila une defcription détaillée de ce Thermomètre: il s'agit a préfent de favoir , jufqu'oü il eft comparable aux Thermomètres connus. M. Grischow a taché de faire cette comparaifon , mais en fuivant une méthode qui ne nous paroit nullement exacte. II a recherché les^ plus grands dégrés de froid & de chaud qüon a obfervés depuis 1726 jufqu'en 1730 a Berlin , au moyen de 1'ancien Thermomètre de Fahrenheit, & a Er ford fur le Thermomètre de M. Kniphof: la plus grande chaldus de 1'année 1726 a été a Berlin de 65 ou 66 dégrés [83 ou 83I du Thermomètre a Mercure] & ie plus grand froid y a été en 1726 (r88) de 91 ou 92 au-deffous de Zero [-oj 01; , da Thermomètre a Mercure]. Or M. Grischow C188) Je crois qu'il y a ici une faute d'impreffion, & qu'il faut lire 1729: car 1'année, dont il'eft fait mention ic>'3 eft regardée comme étant, au jour Ie plus ftoid, auffi froide que 1'année 1709; Be 1'année 1726 ne fe trouve pas dans la liflè de» byvers rtides que que m. Griichow a donn-'e: mais 1729 s'y trouve: & Ie plus grand froid a Berlin a été a/ors de 91 & 82 dégrés a comme il efl: rapport^ ici. O 5  2l8 DlSSERTATIQN SUR LA COMPARAISON fuppofe que 4- 100 de Kniphof revient a -v66 &—ioo a— 92, paree que + ioo &—100 font les dégrés extrêmes qu'on a obfervés a Erford dans le même temps : déterminations dont il feroit aifé de conclure une table générale de comparaifon. Mais fi 1'on fait attention aux grandes différences qu'il y a quelquefois en des endroits trés-voifins, cette méthode ne pourra que paroitre trés- incertaine. J'ai donc taché d'approcher davantage de la vérité de la manière fuivante. § 238. La liqueur, qui occupe dans le tube un efpace de 200 dégrés efl la quinzième partie de celle qui eft dans la boule. Donc, lorsque toute la liqueur eft entrée dans la boule, comme cela a eu lieu en 1709 & en 1729, celle-ci contient 16 parties, au lieu de 15 qu'elle en contient dans la plus grande chaleur. Un Thermomètre d' Alcohol indique dans I'Eau bouillante 174 dégrés de Fahrenheit: ainfi il y a entre le point de congèlation & I'Eau bouillante 174—32, ou 142 degrés de la dite Echelle. Cet Èfprit de Vin fe dilate depuis le point de congèlation jufqu'a I'Eau bouillante de tHö parties , comme on le peut conclurre d'une Expérience de Boerhaave (189). Je (189) Selon M. Braun Noy; Com. Petrop. Vol. VIII. p. 353) 1'Efprit de Vin trés - rjétifié (reStificetifimus') boüt « 3a de 1'Echelle de M. de l'Isle, ci 1: d: a 174. de 1'Echelle de M. Fahrenheit, ce qui s'accorde parfaitement avec les Expériences de Boerhaave EUm. Chem. p. 89. Lorfque toute la liqueur du Thermomètre qu'employoit Bobrhaave eftcondenfée dans la boule, cette boule contient 1933 panie» : & pa> conféquent feulement 1901 lorfque le Thermomètre eft a 32 oj  des Thermomètres. 219 dis donc : il une dilatation de 0.075 parties „ fait monter la liqueur de 142 dégrés: de combien de dégrés une dilatation de ?s partie la fera-t-elle monter? & je trouve 118.3 de 1'Echelle de Fahrenheit: 118.3 dégrés de i'Echelle de Fahrenheit font donc égaux k 200 de celle de Kniphof,ou 59.65 K = 100 F pu 1 F = 0.591. Mais cette proportion n'eft pas affez exacte, paree qu'elle fuppofe que la dilatation fe fait depuis le point de congèlation jufqu'a celle de I'Eau bouillante; aulieu que les aoó dégrés de Kniphof indiquent la différence qüil y a entre la plus grande & la moindre chaleur obfervées. Mais on peut rendre ceci plus général. § 239. Soit y la plus grande chaleur & x le plus grand froid fur le Thermomètre de Fa hrenheit; & parconféquent y x x; leur différence : -x fi le plus grand froid eft au - defTus de Zero, & + x s'il eft au - deffous. Soit b la quantité de liqueur que la boule contient lorsque la température de 1'air eft o. Donc, pour 1'Expérience de Boerhaave b, =1933. En au point de congèlation. Si 1'on fait donc bouillir la liqueur , & fi elle monte alors a 174, il fort de la boule 174-32 ou 142 142 dégrés ; & la dilatation eft "^ai ou e'Efprit de Viji reffcifié boüt, felon M. Braun a 185.6 dégrés de Fahrenheit, (Note 71) ainfi il y a 153.6. (— 185.6-32) dégrés entre la congèlation & I'Eau Bouillante.- la dilatation operée par la différence de ces deus chaleurs feroit donc, felon Boerhaave, T"-6 80 . , , 87 -r =z ce qui ne différe pas beaucoup de —:— ïyot loco , 1000 trouvé par M. Nollet (§ 13-) & cette différence eft trés-vrai- ieiablabiement due ï la différente qualité de 1'Xfprit de Vin employé.  420 ' Dissertation sur ia comparaison ce cas b x x fera Ia quantité de liqueur contenue dans la boule lorfque'la température de 1'air eft + ou - x: foit a la dilatation qu'éprouve la liqueur par la variation y xx de chaleur: & parconféquent a = h pour le Thermomètre de Kniphof. On aura donc ^ _\ X = a : donc b + x ba—y s—±r-a_jy- dans le cas prefent, a—k~o.o6iS: * = lV33: <*onc x = iao.8—y ± 0.P375. Ainfi, pour que a: füt égal a Zero, il faudroit que y füt de 120.8 dégrés; & par conféquent, que la plus grande chaleur, obfervée par Kniphof, füt de 120.8 dégrés du Thermomètre de Fahrenheit, & 200 K=i20.8 F ou iK=o.6o4F. Mais il eft trés-für qüon ne fauroit fuppofer un pareil dégré de chaleur, d'autant plus que 1'année 1726 ne paffe pas pour un année chaude, & que le Thermomètre ri'étoit alors a Berjin qua 83 de 1'Echelle de Fahrenheit. Si 1'on fuppofe y plus petit, x tombera au. deffous de Zero. En voici la Table de dix en dix degrés. Si y = 110, on a x = 11.6, au-deffous de Zero: Sc y +£ = 121.6: & 100 K = 6o.8F. y = 100, on a x = 22.2, au-deffous de Zero, Sc y +x= 122.2, & 100 K = 6i.i F. y = 90, on a x = 3 2.8, au-deffous de Zero, Sc y •+« = 122.8: & 100 K = 6i.4 y = 8o, ona+x = 43: au deffous de Zero, & y+*=:i23:& 100 tK = 61.5  bes Thermomètres. ast § 240. Peut-être ne fuppofer a-t-on pas aifément un Froid de 33 ou 43 dégre's au-deffous de Zero, quoiqu'on ait vu un exemple de ce dernier froid a Gottingueen 1760: mais on ne fauroit auffi fuppofer la plus grande chaleur de fair au de la de 100. Quoique 1'on ne puiffe donc pas déterminer exaclement le Thermomètre de Kniphof, faute de connoitre un point fixe auquel on doit placer le commencement de 1'Echelle, il n'eft cependant pas improbable que le iooe dégré au-deffus de Zero tombe entre 90 & 100 de 1'Echelle de Fa h r e n h e i t: & par conféquent le iooe au-deffous de Zero entre-20 &-30 de Fahrenheit, & le Zen même entre 45 & 40. Si j'avois eu occafion de voir les obfervations faites avec ce Thermomètre j'aurois vraifemblablement pu le déterminer avec plus d'exaétitude. Je me flatte cependant que ce que je viens de dire ne fera pas inutile a ceux.qui auront 1'occafion de confulter ces obfervations & d'en faire ufage. Thermomètres de Hawksbée. § 241. Fran^ois Hawksbée, célébre Phyficien Anglois, a conftruit deux fortes de Thermomètres. II n'a fait ufage du premier que dans quelques Expériences de Phyfique : mais 1'autre, connu lbus le nom de Thermomètre de la Societé Royale, a beaucoup fervi a des obfervations Météorologiques. Nous les décrirons féparément.  242 DlSSERTATXON SUR LA COMPARAISOW N°. XLVII. Prémier Thermomètre de Hawksbée. § 242. Je ne fache pas que ce Thermomètre ait été décrit quelque part a delfein: & il m'eft inconnu li fa graduation a été fait d'après des points fixes. A 1'occafion d'une Expérience fur les dilatations de l'Air par différentes chaleurs, M. Hawksbée donne ainfi la graduation de fon Thermomètre. (190) 130 11 fuit de la "que Zero eft Ï20 le point de congèlation. 100 M.. Hawksbée ajouté 90 que-50 elf. le plus grand go dégré de froid qu'on ait 70 obfervé en Angleterre: Or &c. comme cette Expérience a o. Point de été faite dans' 1'Eté de 10 Congèlation 1708, il eft aflèz apparent 20 que ce plus grand froid au- &c. ra été celui de 1'année . 50 1684 ou 1696. M Hawksbée dit ailleurs (191) que 130 eft la plus grande chaleur de 1'Eté: & encore autre part (192) que le Thermomètre étoit le 15 Juin 1708 le matin, a 60. Voila tout ce que 1'inventeur lui-même a dit de fon Thermomètre. II s'agiroit .donc de déterminer les points - 50 & + 130- (ioo) Exper. Phyf. Mecan. Tome .1. p. 66. de la Trad. Fram (191) Md. p. »3. & Tov:e II. p, 390. (191) Ibid p. icy & JU-  33is Thermomètres. S23 § 243. Comme on ne s'appergoit d'aucune raifon qui auroit pu porter, par elle même, M. Hawksbée a fuivre cette divifion, j'ai cru pouvoir conjeóburer qu'il auroit pris cette Echelle de Newton, qui, comme nous 1'avons vu, place 0 au point de congèlation, & 12 a la chaleur du corps humain (§ 147). II n'y auroit que cette feule différence, que Hawksbée auroit pris des dégrés dix fois plus petits; & qu'ainfi il auroit marqué 120 la oü Newton marquoit 12. Selon cette fuppofition: 50 au* deffous de Zero, reviendroienc a 27 au deffous du point de congèlation fur 1'Echelle de Fahrenheit , ou a 5 au - deffus de Zero: ce qui repondroit affez au Froid de 1'année 1684. -f 60 reviendroient a 64. de L'Êchelle de Fahrenheit ; chaleur qui a lieu ordinairement le matin a la fin de Juin, nouveau flile: 120 reviendroient a peu prés a 96 011 97; & 130 a 102. Cette dernière détermination efl la feule qui pourroit faire naitre quelque difficulté: mais on ne dit pas fi ces 130, qui indiquent la plus grande chaleur qu'il fait en Angleterre, marquent celle qui a lieu a 1'ombre, ou bien au Soleil: & 1'on s'efl quelquefois fervi de celle-ci pour en juger. C'eft ainfi que M. Hales (193) rapporte que la plus grande chaleur de 1724. a été a 64 de fon Thermomètre, c: a: d:a 107 de Fahrenheit. Quoiqu'il en foit on ne fauroit déterminer ce Thermomètre que par conjeclure, paree qu'on ne connoit pas exaeïement Je fecond point fixe dont on auroit befoin, ou les données néceffaires dont on pourroit le con- (193) Fe^itailt Stmiks p. Go,  224 DlSSERTATÏON SUR la comparaison clurre. Heureufement cette détermination n'eftelle pas fort importante, paree qu'on ne connoitpas, que je fache, d'Obfervations Météorologiques faites avec ce Thermomètre. N°. XLV1II. Second Thermomètre de Haw ksbée. § 244. II feroit plus important de connoïtre exa&ement ce fecond Thermomètre, paree qu'on s'en eft fervi longtemps & en un trèsgrand nombre d'endroits, pour des Obfervations Météorologiques. Derham nomme ces Thermomètres, Thermomètres de la Societé Royale, de la conjlruttion de M. Hawksbée, de forte que la Société IRoyale paroit réellement avoir adopté ce Thermomètre. II fuit auffi de la, que ces Thermomètres ont été faits par Hawksbée lui-même. On en envoya en Ruffie, en Suéde, oü 1'on s'en fervoit déja en 1724 (194). M Jurin parle auffi de ces Thermoinècres,en 1723, comme fi Hawksbée lui-méme les conflruilbit encore alors (195)» & comme s'ils avoient été conftruits par lui & connus des Amateurs depuis (194) PUt Trans. n0. 434- P« 4°5> n°. 433. p. 537. Vol. %t. c'95) pk'!' Trans' Nc- 37° vo1, 32 p. 4-2. ,. Baronietra„ comparart potcrunt apud Artificim F. Hawkbejum in, Area &c. „ degentem, qui Thtrmometra ctiam fubminiflrabit ad turn [ca- lam , Jive graduum riotatwntm, exaöa , qua jam, per pluris an- hqs > exquifitis tjus Thiriï.amitris iiifculpta, EruJitis iimotuit."  des Thermomètres. 225 puis longtemps. Enfin 1'on fait quelque parmention des obfervations faites en 1729 comme fi elles. avoient été faites par Hawksbée même. (196) ! § 245. Voici Ja defcription que M. Derham fait de ce Thermomètfel Extraordinairerh. Chaud, a 5 au-deffus de Zero. Tempéré a ..... 45 au-deflbus de Zero. Point de Congèlation 65 F Selon M. Mortimer , le ioos dégré le trouve dans la plupart de ces Thermomètres immédiatement au-delfus de la boule. Voila tout ce 'qui eot connu touchaht ce Thermomètre. ■ Ön compte les dégrés depuis Zero de haut, en bas : & il efl:, ce me femble , évident, qu'on aura d'abord' placé ex'ceffivement chaud k Zero, mais que dans la fuite une chaleur , plus forte encore, aura engagé a le placer a 5 audeflus de Zero. Car, puifqu'on compte depuis la plus forte chaleur , il étoit naturel de placer le Zero a la plus forte chaleur qu'on connoisfoit alors. Je me confirme d'autant plus dans cette idéé-, que M. Mortimer rapporte qu'on a placé Zero a la hauteur a laquelle un Soleil ferein fait monter la liqueur en Angleterre, & que quelques -uns des Thermomètres ont encore 10 ou 20 dégrés au deffus de Zero» (19a) Phil, Tram. Vol. XL. p. 164. N°. 447, P  2ZÓ DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON pour pouvoir être employés dans des c'limats plus chauds. (197) § 246. Si 1'on admet cette conjeêture , oii verra facilement que cette Echelle n'eft en effet que la première de Hawksbée: mais avec deux changemens i° : qu'on compte les dégrés depuis le haut, & non depuis le point de congèlation au-deffus & au-deffous de ce point. 2e. Que chaque dégré eft le doublé de ce qu'il étoit dans la prémière Echelle: car 65 eft la moitié de 130. Mais comment réduira-t-on ce Thermomètre a un des Thermomètres connus aujourd'hui, puifqu'on n'a qu'un feul point fixe? Si les conjeftures que nous avons faites en parlant du prémier Thermomètre de IIawksbée étoient vraies , il n'y auroit aucune difficuké : mais comme la connoifTance de ce Thermomètre eft importante, elles ne fauroient fuffire. § 247. M. Martine a fuivi une route différente. Voici comment il s'y eft pris (198). La Société Royale a confervé un Etalon du Thermomètre de Hawksbée, d'après Jequel on graduoit tous ceux qu'on envoyoit a diffèrens Savan?. M. Martine fit donc graduer quelques Thermomètres d'après cet Etalon avec tout le foin poffible: mais il trouva par cé moyen i°. que ce Thermomètre entouré de Neige defcendoit a 78 ou 79 quoique le point de congèlation y füt placé a 65: 20. que le 34e. (icrt PhV. Trans. N?. 48;. Vol XLIV. p. 679'. (iy3) Efay. IV. § 10.  des Thermomètres. 227 dégré répondoit au 64' de Fahrenheit. II en rëfulte que 78* reviendroient a 32, & 34 a 64 , & que parconféquent 46] dégrés de Hawksbée en vaudroient 32 de Fahrenheit. Mais, quoique 1'on voie aflèz par cette Expérience du Docteur Martine, que le point de congèlation de 1'Etalon avoit été placé avec trés-peu d'exaétitude a 65 , cela n'empêcheroit cependant pas de faire une comparaifon du Thermomètre de Hawksbée avec celui de Fahrenheit, ou un autre quelconque, fi feulement tous les Thermomètres de Hawksbée avoient été gradués exacrement d'après 1'Etalon. Mais il s'en faut de beaucoup, comme nous allons le prouver en détail & fans replique. §. 248. i°. Le Doóleur Martine rapporte que c'étoit avec trés-peu d'exaclitude 3u'on graduoit les Thermomètres de Hawksbée 'après 1'Etalon. 20. M. Weidler (199) s'efl fervi en 1740 en même temps d'un Thermomètre de Hawksbée & d'un Thermomètre.de de l'Isle, qu'il a comparés enfemble. Voici les dégré» tont il fait mention. > (199) Mifal. Eeror. Vol. VI. p. 318. P 1  228 DlSSERTATIQN SUR LA COMPARAISON Hawk: deL'Ifle. Fahre. N°. i — 127" — 182 — -6.4 % — 128' — 183 — -7.6 3 — 131 — 185 — -i-c» 4 — 132 — 1842 — - 9-4 5 — 122* — J75 — -f2 <5 — Il8a — 175^ ~ '+Ï4 7 — 121 — 177 — -P-4 8 — 120 — 176 — +0.8 II paroit par N°. 5 & N°. 6, ainfi que par 3 & N°. 4, qu'il y a des irrégularités dans la comparaifon. Elles proviennent furtout de ce que les Thermomètres de Hawksbée étoient fort lents dans leur marche , & que leurs boules étoient couvertes d'un bois épais, comme M. Grischow le rapporte d'après 1'Expérience qu'il en a faite. 30. Le célébre M. Celsius a auffi obfervé en même temps les Thermomètres de Hawksbée, de Reaumur & de de l'Isle: en voici la comparaifon. (200 ) Hawk. de L'Ifle. Fah. 126 — 187' — -'3 I22.5 — 185.6* — -10.7 115.2 — 180.6 — -4.7 105.8 — 173.6 — +3.7 Ce qui différe prodigieufement du Thermomètre de M. Weidler. f200) Mém. de VAcad. ce Suéde. Tome, III. p. 7S> Mim> préfentés a l'Aeai. Tome. IV. p. 154.  dis Thermomètres. 223 4 . M. Grischow a donné une comparaifon entre le Thermomètre de Hawksbée 8c Tanden Thermomètre de Fahrenheit, qu'il dit avoir fake avec beaucoup de foin, 8c d'après des obfervations fimultanées trés • norn. breufes. J'y trouve (201). Hawk: Anc: Fah. Fah. Mer. 29 — 30 — 65 77 30 — 32 IQI ÓO — IÖ.I2 125 — 90 ' o I36 — 105 - 8.3. Ce qui différe de rechef beaucoup des déterminations précédentes. 50. Le P. Cotte dit, (202) fans doute d'après les papiers de M. de e'IsxE,'qui a auffi employé un Thermomètre de Hawksbée, que le i24e dégré de ce dèrnier revient au 177' du premier: c: a: d. a—0.4 de Fahrenheit, ce qui forme de nouveau une forte différence. 6°. Enfin, pourabréger, M. War cent ijj (203) dit avoir vu a Upfal deux Thermomé-tres de Hawksbée , qui, dans la même température , 8t dans les mêmes circonflances, différoient entr'eux de 12 dégrés. II ajouté que ces Thermomètres ne valent abfolumene rien &jl n'ont pas de point fixes. (201) Mifctl Berol Tome VI. p. 374. (202) Traité de Météor. p. 130. (203) Min, ét VAcad, di Suéde Tome XI. p, 17J. P 3  2%0 DlSSERTATlON SUR LA COMPARAISON § 249. II paroit donc abondamment, par tout ce que nous venons de dire, qu'on ne fauroit faire de comparaifon exa&e entre le Thermomètre de Hawksbée & d'autres Thermomètres, puifque ceux de Hawksbée ne s'accordent pas entr'eux. D'oü il fuit encore, qu'on doit confidérer prefque foutes les obfervations qu'on a faites avec ce Thermomètre comme des obfervations perdues, & prefque fans aucune utilité, a moins qu'on ne rencontre des obfervations fimultanées faites dans la fuite & avec ce Tnermomètre , & avec quelqu'autre Thermomètre comparable, au moyen defquelles on puiffe réduire le premier de cés Thermomètres au fecond. § ajo. Ce cas me paroit être celui oü fe trouve le Thermomètre de H aw k s b é e , dont M. Celsius a fait ufage a Upfal depuis 1'année 1729, & dont vraifemblablement M. Borman s'étoit déja fervi auparavant. En voici les preuves. i°. M. Wargentin a réduit ces obfervations au Thrrmomètre de Suéde : ce qu'il b'a certainement fait qu'après un examen exact. 2°. M. Celsius a employé pendant quelque temps, outre Ie Thermomètre de Hawksbée, non feulement un Thermomètre de M, Reaumur, mais encore un Thermomètre de M. de l'Isle , & il a donné un extrait de fes obfervations pour 1'année 1739, & de celles du grand froid de 1'année 1740, faites les uncs & les autres fur les trois Thermomètres.* En  des Thermomètres. 231 examinant attentn'ement toutes ces obfervations , j'ai pu faire les comparaifons iuivantes. N°. 1. on a eu 122 (le H, S -20 (Ui Therm. de Suéde, rrn S - 4 de Fahre. 3 120. r 21 S?8 - 4 117.;; 19 2.1 5 20 7 + ü5 1 y-f 6 ■ iiJ.2 • 24 ' ■ 7».2 7 10 —r— 27 cu 28 — ïi.5 ü 68.8 147.6 du Therm. da de l'Isle 34.9 9 yo.4 162 ■ 17.6 10 53.2 134.5 50.6 La eompar. de W. 1. SS N°, 5 donne 101.3 H—K. ou 1 H=o.8 F 2&N°.6 - . 127.8 H — 88.. Ill=3.8l8 3&N0.7 r - 110.1 H — 87.3 . 1 H — 0.76j Uonc, par. un nornb.e moyen, 1 H —j.S.F § 251. II. fuit des comparaifons précédentes qu'il y a des irrégularités, qui proviennent furtout de la lenteur du Thermomètre de Havvksbée. Je trouve par ex: 482 de H: a 8. de M. Reaumur & 53.2 de H: a 8.6 de M. Reaumur. La proportion des dégrés étant a-peu-prè3 connue, il n'y a plus qüa déterminer un point fixe. Or comme N°. 1 & No. 2 préfentent une irrégularité très-rémarquable, on ne iau« roit les employer ni 1'un ni 1'autre: mais N'. 3 & N°. 9 s'accordent trés-bien avec les déterminations précédentes. On pourroit donc mettre. 68.8 a 34.9 de Fah. 0.8 — 0.64 Donc 68 a 3^.5 2 — 1.6 Donc 70 a 34. P 4  DlS5ERTATI0N SÜR LA COMPARAISON En continuant cette Echelle de 10 en 10 dégrés, on trouve la Table fuivante; Haw. Fah. Haw. Fah. \ ö — 90 70 — 34 10 — 82 80 — 26 20 74 90 -r~ l8 ' 30 — 66 100 — 10 40 58 HO -f2, 50 — 50 120 — —-6 60 — 42 125 — —10 126 — —10.8 Cette Table répond trés-bien a la plupart des obfervations, dont nous venons de parler, ibrtout aux N°. 3, 6, 7, 8, 9: comme auffi. a plufieurs de celles qui fe trouvent dans 1'exïrait que M. Celsius a donné de fes obfervations de 1739' Elle repdnd encore a quelques autres circonftances dont il efl fait mention dans les obfervations de 1740'. On trouve par ex:..trois fois dégel; une fois a 68, une fois 4 éi\, une fois a 70?: le nombre moyen de tous ces dégrés, qui font tous au-deffus du 32 de Fahrenheit, efl 68.7 qui répondent a 35 de. notre Table. On trouve trois fois que la Rivière commenca a fe gèler: une fois a 74: une . fois a 725,: une fois a 86.6: par un nombre moyen a 75.7: ce qui reviendroit a 29.4 de notre Table. Tout ceci s'accorde donc au mieux. . § 252. Après la mort de M. Celsius, arrivée en 1743, Hiorter a continué les obfervations jufqu'en 1746, auffi avec un Thermomètre de Hawksbée. M. Hiorter  DIS THERMOMÈTRES. 233 a publié celles de 1746 réduites a 1'Echelle de Hawksbée & a celle de M. Celsius: Mais, il en réfulte, ainfi que des réductions de M. Wargenttn , que ce Thermomètre différe beaucoup de celui qu'employoit M. Celsius on trouve p. ex: 12 k + 25 du Thermomètre de Suéde, ou a 77 de Fahrenheit, & 9.8 a 26 du Thermomètre de Suéde, ou a 78.8 de celui de Fahrenheit, ce qui différe trop des déterminations précédentes. Auffi avonsnous déja remarqué, qu'il y avoit a Upfal deux Thermomètres de Hawksbée trés-diffèrens 1'un de 1'aucre. Quoiqu'il en foit, on ne.fauroit réduire exaótement ce fecond Thermomètre , paree qu'il faudroit fe, contenter d'un trop petit nombre. d'obfervations. 5,253- Je ne faurois entrer en de plus grands détails ; au fujet de ce rhermomètre. II ne nous refle donc qu'a donner une Jifte de quelques obfervations, qu'on a faites avec ce Thermomètre, ou qu'on y a réduites. Ce Thermomètre a été employé; i°. A Petersbourg, par M. Consett depuis le 16 Avril 1725 jufquau mois de Juin. On en trouve un extrait fort court, dreffé par M. Derham dans les Tranfaft. Phil. N°. 429. vol XXXVIII. p. 103. 2°. A Wittemberg par MM. Weidler & H a.s e, eu 1729. & 1730. - Voyez Phil. Trans. No. 447. Vol. XL. p. 164. 169. M. Weidler a auffi publié féparément quelques obfervations p 5  234- DïSSERTATION SUR LA COMPARAÏSON pour 1729 &, fi je ne me trompe, auffi pour quelques autres années. 30. On s'efl: fervi de ce Thermomètre en plufieurs endroits de la Suéde. A Upfal, depuis 172Ö jufqu'en 1746'. D'abord depuis 1726 jufqu'en 1729 par M. Eric Burman: enfuite jufqu'en 1743 par M. Celsius, & enfin par M. Hiorter. Peut-étre le Thermomètre de M. Celsïus eft-il le même que celui qu'a employé M. Bürman: au moins M. Celsius dit-il qu'il a continue' 'es obfervations avec les inftruméns décrits par M. Bürman. On trouve ces Obfervations 1 ns les Acla. Suecica Upfalienfia. Tome 11. P* 139 254- 49°* 5"3- ^n trouve auffi celles dè 1731 dans les Mi/cel. Berol. TomeV. p. 300: ainfi qu'une partie de celles de 1732. Les obferva ïons de 1739 font inférées dans les Mémoires préfentés a YAcad. Tome IV. p. 130: & les autres fe trouvent parmi les Mémoires de 1'Académie de Suéde, Tome III & fuivans. II ne fera, je crois, pas inutile de remarquer que toutes les Obfervations ont été faites, jusqu'en 1739 exclufivement, avec un Thermomètre placé dans une chambre fermée. Car r°, M. Burman dit lui-même de fes Obfervations de 1722 (204) que fon Thermomètre e'toit placé dans une chambre fermée oü 1'on ne faifoit pas de feu , & oü le Soleil ne donnoit pas. 2". Ni M. Burman, ni M. Celsius ne font (204) A3a Upfal. To.Tie I. p. 39'..  des Thermomètres. 235 la moindre raention de quelque changement qu'on auroit fait a cet égard: au contraire M.Celsius dit exprefiement, qüi I faifoit fes obfervations d'après la Méthode de M. JüRiffi Or M. Jurin confeille de placer. les Thermomètres dans des chambres fermées (205): 81, p ar une fuite de 1'autorité de ce grand homme, cet ufage paroit avoir été fi généralement adöpté en Angleterre, jufqu'en 1740, & même plus tard, que M. Miles s'eft, cru obligé en 1747 d'écrire une differtation uniquement a deffein de faire voir combien cet ufage eft erroné. (206} 30. M. Grischow (207) dit expreffémenc que le Thermomètre de M. Celsius étoit placé dans une chambre, & enfin M. Wargentik (208) dit, en autant de termes, que le Thermomètre de M. Celsius a été placé depuis 1739 a l'air libre; & 1'on peut, ce me femble, conjeóturer avec raifon que M. Wa bgentin n'a pas fait ufage des Obfervations faites avant 1739» quoiqu'on en poffédat treize années, paree qu'on avoit employé cette mauvaife Méthode. On trouve auffi un extrait fort court des Obfervations d'Upfal, dans les Tranjaclions Philofophiques. N°. 433. Vol. XXXVIII. pour 1'année 1726: N°. 435- Vol. XXXVIIL p. 4?0, pour 1728: & pour les Années 1729 & 1730. N°. 447. Vol. XL. p. 168. (205} PUI. Trans. N°. 379. (206) ibid N„. 484. Vol. XI IV. p. 613; & aiüeurs. («07) iMifcel Berol Tffm. VI. P. 319. (2.8) ilémoires de VAcad. de Snéde Tom. XIX.  336" DlSSERTATION SUR LA COMHRAÏSON On a employé auffi le même Thermomètre a Landen, en 1728. On trouve ces Obfervations dans les Tranfacl. Philofop. N°. 435. Vol, XXXVIII. p. 460. Les obfervations que M. Sparschucit » faites a Lincoping en 1734 & 1735 fe trouvent' dans les Ma Suecica Vol. 4. p. 188. § 254. Le Docteur Cyrillus a fait, en 1727, '1728, 1729, & 1730, des Obfervations a Naples , au moyen d'un Thermomètre de: Hawksbée. On les trouve dans les Tranfacl. Philofop. pour les^ deux prémières années N°. 434 Vol. XXXVIII. p. '406 : & pour les' deux autres N°. 447- Vol. XL. p. 168. Mais ce Thermomètre étoit extrêmement inexaft f car le Dr. Cyrillus aobfervé plus d'une fois de la gèlée que le Thermomètre ne marquoit que 55 dégrés. M. Bell.* mis a auffi employé un Thermomètre de Hawksbée en Bengale, en 1'arinée 1727 & quelques années fuivantes. Oh les trouve dans les Tranfacli^ns Philof N°. 434. Pol. XXXVIII. p. 406. N°. 447. Vól. XL. p. 164. 168. £ 255. On fent bien que ce Thermomètre de H aw k s b É e a été fort üfité en Angleterre comme il étoit naturel. Voici 1'énumératiori des Obfervations publiées dans les Tranfaclions Philofophiftes. Les Obfervations de Hawksbée, faites a Londies, a Cranccourt , dans la maifon de la  des Thermomètres. 437 Societé Royale, en 1729 & 1730. N0. 447. Vol. XL p: 164. 169. On trouve un extrait des Obfervations faites par le Docteur Lynn a Soutwick , dans Je N°. 343 Vol. XXXVIII p. 460 pour 1'année 1728: dans le N°. 447. Vol. XL p. 164. 169 pour les années 1729 & 1730: & un extrait, beaucoup plus détaillé, pour les années 1726 & fuivantes jufqu'en 1739, dans le N°. 460. Vol. XLI p. 68 6. On trouve dans cet extrait les hauteurs extrêmes & moyennes du Thermomètre. Enfin le Docteur Huxham a fait des obfervations! a Plymouth depuis 1728 jufqu'en 1737, qu'il a décrites dans un ouvrage intitulé Ob/ervationes de Aè're & mortis epidemicis ab Anno 1^28 ad finem Anni 1737 Plymuthi faïïce; London 1739. 8°. On trouve ura extrait de cet ouvrage dans les TranfaSlions Philos. N°. 451. Vol. XL. p. 429. Thermomètre Harmonique Anglois. § 256. Le P. Cotte a trouvé dans les Papiers de M. de l'Isle une courte defcription du Thermomètre Harmonique Anglois. (209) ■ Ce Thermomètre eft d'Efprit de Vin. La Boule a un pouce & demi de Diametre , & le tube a une ligne: celui-ci a deux pieds de longueur & contient 130 dégrés, qu'on compte depuis 1'extrémité fupérieure jufqu'a la boule. On a marqué a 85 le plus grand froid obfervé (205) Traité dt MéUor p. 135.  238 DïSSERTATION sur la comparaison en Angleterre. M. Cotte dit ne connoltre perfonne que M. Weidler qui fe foit fervi de ce Thermomètre pour des Obfervations Mctéorologiques, & que c'eft de ce Savant qu'il a emprunté la courte defcription qu'il en donne. Je n'ai rien trouvé ailietirs fur ce Thermomètre. Peut être n'eft il qu'un Thermomètre de Hawksbée imparfait, ou, comme je le crois , celui-ci même. Car ce plus grand froid de 85 degrés eft a 20 au-deffous du point de congèlation, en placant celui-ci k 65: Le plus grand froid étoit marqué a 50 fur 'le premier Thermomètre de Hawksbée, ce qui revient, felon nos conjeclures, a 25 audeffous du point de congèlation du fecond '1 hermomètre, & par conlèquent a 90, ce qui ne différe pas beaucoup de 85. Je me confirme dans cette idéé paree qu'il eft für que M. Weidler. a employé un Thermomètre de Hawksbée qui aura eu au de la de 130 dégrés , car il 1'a quelquefois obfervé a 132 (S 248). N°. XLIX. Thermomètre de Fricke. 5 257. Je ne connoïs le Thermomètre de Fricke que par ce qu'en dit le P. Cotte; nous inférerons ici en entier la courte defcription que ce Savant en donne. Je n'ai rencontré dans le cours de mes recherches aucune obfervation faite avec ce Thermomètre. (210) „ M. Fricke, Mathématicien Aulique de „ Wol f emb uttel, a fait da;:s cette ville, C210) Ibid. p. 134.  des Thermomètres. 239 „ pendant plufieurs années, des Obfervations „ Mctéorologiques avec un Thermomètre de ,, fa compolition , dont le Zero de 1'Echelle „ répond a 128 dégrés du petit Thermomètre ,, de M. de l'Isle, & a 12 dégrés de celui „ de M. Reaumur. Le point de la congé,, lation y eft marqué £133 dégrés. Le rapport „ des Thermomètres de M. M. Fricke & „ de Reaumur eft comme 9 eft a 4. II „ ne m'a pas été poffible de me procurer des „ connoiffances plus détaillées fur la conftruc„ tion de ce Thermomètre. g 258. Le i28e dégré du Thermomètre de de l'Isle revient a 58.4 de celui de Fahrenheii: & le i2e de Reaumur, fuivant 1'Echelle N°. 4, a 59.4, ce qui différe d'un dégré. Selon la defcription qu'on vient de lire, 33 dégrés de Fricke en vaudroient 12 de' Reaumur, ce qui différe beaucoup.de la proportion de 9 a 4: car ces nombres font comme 11 a 4. N°. L. Thermomètre d'Akderon. . § 259. M.. guillaume arderon (2Il) a obfervé la chaleur exceffive du mois de Juillec 1750 , au moyen d'un Thermomètre de fa conflruclion. Ce Thermomètre étoit vraifemblablement compofé d'Ffprit de Via, & f'Echelle contenoit 100 dégrés depuis la chaleur du fang jufqu'au point de congèlation. Ces 100 dégrés en valent donc 64de Fahrenheit, ou i en vaut 0.64. Mais on ne dit pas fi le Zero étoit (211) PI'il. Trans. n°. 496. Vol. xuvi. p. 57i,  140 DlSSERTATÏON SUR LA COMPARAISON placé a la chaleur du fang ou au point de cortgèlatiön : il me paroïtroit probablé, qu'il 1'a été a la chaleur dë fang; paree que M. Arderon dit que le Thermomètré fe tenoit au Soleil a ii au-deffus de la chaleur du fang, & dans 1'intérieur de la maifon, a 8 au-deffous de ce point. Cette incertitude m'empêchê de dreflër une Table de comparaifon ; mais on pourra- la déduire aifément de ce que nous venons de dire: car le 50=. dégré revient certainemeht au Ö4e. - de Fahrenheit. Je ne fache pas qüon ait publié d'autres Obfervations faites,; avec ce Thermomètre que celles que nous 'venóns d'alléguer. SECTION CINQUIÈME.7 Rèfiexions fur quelques Thermomètres entiérement indéterminés. 1 » 5 2<5°- Les Thermomètres dont nous avons parlé dans la feftion précédente, font du nombre de ceux qu'on peut, en quelque forte, réduirea des Thermomètres comparables, paree que les Obfervateurs qui s'en font fervi, ont!,propofé quelques données, qui ont pu nous conduire aux déterminations néceffaires,qüoique ces données ne fulfent pas fuffifantes pour en déduire des déterminations exacles en tout point. Mais les Thermomètres, dont nous avons deffein de parler actuellemtnt. font du nombre de ceux qüon ne fauroit, féJuire a des Thermomètres comparables  des Thermomètres. 241 'comparables même par conjeólure: foit que cela provienne de la nature même de ces Thermomètres ; foit de ce que les Obfervateurs n'ont donné aucun détail, qui pütfuffire, même imparfaitement. Or, comme avant finvention des Thermomètres comparables , chaque Obfervateur eri employoit un dilférent de celui des autres, il éft évident, que fi 1'on vouloit faire une énumération de tous ces Thermomètres , elle ne confifleroit guères que dans une fimple lifle des Obfervateurs: mais ceci nous écarteroit trop de notre but , quoique cette lifle ne füt peut-être pas entiérement dépourvue d'utiiité. Notre but efl donc uniquement, de faire mention ici d'un trés-petit nombre de Thermomètres , qui fe font fait quelque nom , & qui ont été décrits par d'autres Auteurs: nous n'en parions, que paree que cela peut fe faire en peu de mots, & que pour ne pas paroïtre omettre quoique ce foit de ce qu'on pourroit croire appartenir a la defcription des diffèrens Thermomètres qui ont été inventés. § 261. Nous ne parierons ni du Thermomètre de Drebbel ni de celui de Sanct torius (211) : Ils font les mêmes quant a 1'efTentiel, & nous en avons déja dit un mot (§ 5. Note 2.) On en peut voir la figure,Fig. 6. On ne fauroit les réduire a des Thermomètres comparables, paree que la liqueur ne monte & ne defcend pas uniquement par les variations Cotte Traité ie lifétéor. p. ioó. Q  £42 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON. de température, mais encore par les différentes preffions de 1'air qui agit fur la liqueur du Thermomètre. II faudroit faire continuellement attention a la hauteur du Baromètre & compofer le Thermomètre ou de Mercure, ou d'une liqueur dont la denfité füt exacïemcnt connue relativement a celle du Mercure , afin d'en pouvoir déduire de combien 1'élévation oii l'abaiflëment du Baromètre a fait monter ou défcendre Ja iiqueur. D'ailleurs je ne fache pas qu'on ait publié des Obfervations faites avec de pareils Thermomètres. Auffi ne s'en ferton plus depüfls un fiècle. Mais on pourroit remédier a leurs principaux défauts, comme nous avons vu ci-deffus que fa fait M. Balthassare. 168) NJ. LI. Thermomètres de Florence. § 262. Les Thermomètres de Florence ont été univerfellement employés depuis la fin du fiècle pafië jufqu'au temps oü les Thermomètres comparables ont été adoptés. II n'y a d'autre différence entre ces Thermomètres & ceux dont on fe fert aujourd'hui , fi ce n'eft qu'ils font d'Efprit de Vin, & que leur Echelle n'efl pas graduée d'après des points fixes. Elle eft arbitraire, & contenoit ordinairement iod dégrés. II fait de cette courte defcription, que tous les Thermomètres, qu'on nomme Thermomètres de Florence, ne font nullement comparables entr'eux: ce que nous croyons devoir remarquer, paree qu'il arrivé quelquefois qu'on réduit, d'après la Table du Docteur Martine, des  des Thermomètres. 2^ Thermomètres de Florence h quelques - uns de ceux qui font ufités aujourd'hui. § 263. Le Dofteur Martine n'a nullement prétenda que le Thermomètre , qu'il a placé dans fa Table, fous le titre de Thermomètre de. Florence, repréfentat tous ceux qui portent ce nom, (212) Mais il a uniquement fait mention du Thermomètre que les membres de J'Académie de Florence ont décrit dans leurs Mémoires, & d'après lequel on a nommé tous les Thermomètres de cette forte Thermomètres de Florence. Les Philofophes de Florence ont employé dans leurs Expériences quatre fortes de Thermomètres1 (213). Le premier, qu'ils nomment grand Thermomètre , comprend 100 dégrés , & indique 20 lorfque la boule eft entourée de glacé, & 80 lorfqu'elle eft expofée au Soleil, a midi, & en Eté. , Le fecond, ou le petit Thermomètre, ne contenoit que 50 dégrés: & indique 13 dégrés lorfqu'il eft entouré de glacé, & 40 lorfqu'il eft expofé au Soleil. Voiia toute la defcription que ces Phyficiens nous ont donnée de leurs Thermsaiètres. (SU) Ejfai IV. §. 2. p. 221. (113) Tenianim. Acad. Flor. Del. Chiento p. 2, 4, 7, Pani* la. & p. i2g partis ij». 0. 2  244 DlSSERTATÏON SUR la COMPARAISON Le prémier point revient donc environ au W° dégré de FahrênheIt; ce queM.Martine fuppofe auffi. Mais 1'autre point, eft entiérement indéterminé , comme 1'a tres bien rem;rqué M. Musschenbroek, & il depend de beaucoup de circonftances. C'eft auffi ce dont le Dr. Martine convient, mais il croit pouvoir le déterminer, paree que M.M. Borelli & Malpighi ont trouvé que les entraiües & quelques animaux , comme d'une vache, tont monter le petit Thermomètre de Florence i 9.0 dégrés, & qu'il aéprouvé lui-memeqiie cette chaleur eft environ de 102 degres du 1'h«rmomètre de Fahrenheit. Mais il iaudroit favoir de plus que le Thermomètre que il M. Borelli & Malpighi ont employé, cft fe même que celui dont fe fervoient les Phyficiens de Florence, ou du moins qu il etoit concordant avec celui-ci: & il faudroit etre lur, tn fecond lieu, que cette chaleur eft conftante: Mais M. Martine la fixe a 102. JNew- dhalear du fang a 108: & M. Braun (214) i :rouvé la chaleur du fang d un yeau , de 104 dégrés. H y refte donc encore bien de 1 ïncer- titade. fi 564. Mais quand même M. Martine atrrüït réuffi a bien déterminer le petit lnerrkömètre de Florence, il n'en réfulteroit rien • ie grand Thermomètre: car, de ce que i-ci marqué 80 au Soleil d'Eté, & 1'autre 1, rïement 40, il ne s'enfuit pas que 80 & 40 (214") Noyi Comment Petrep XIII. p, 424»  dis Thermomètres. 245 foient deux points qui coïncident. Quoiqu'il en foit, voici un extrait de la Table du Doófèur Martine. Florence Fahrenh. Grand. Petit. 102 — 80 — 40 95 — 74- ~ 37-3 88 — 68 — 34.7 81 — 62 — 32 74 — 56 — 29.4 67 — 50 — 26.7 60 —-44 —• 24 53 —■ 38 — 21.4 46 — 32 — 18.7 39 —-26 — 16.1 32 — 20 — 13.5 25 — 14 —■ 10.8 j8 — 8 — 8.2 11 — 2 — 5-5 Les Phyficiens de Florence difent encore qa'en Hyver, le grand Thermomètre fe tient ordinairement a 17 ou 16, & le petit a 12 ou 11: qu'il efl: arrivé rarement que le grand foit defcendu a 8 & le petit a 6. Si ceci a eu lieu en même temps, comme il efl: trés-probable, il eft clair que la Table de comparaifon du Docleur Martine n'eft nullement exacte. § 265. Les Phyficiens de Florence emplo yoient encore un troifième Thermomètre, conftruit de la même manière que les précéden». Mais il fuit évidemment de ce que ces Philofophes difent de ces Thermomètres , favoir, que 1'art de les conftruire ne fauroit s'apprenQ 3  246 DïSJERTATÏON ÏÜR LA COMPARAÏSON dre par des régies certaines, mais uniquement par des Expériences réitér ées, il fuit dis-je de-la, que ces Thermomètres n'étoient nullement gradués d'après des points fixes. Ces Phyficiens ajoutent encore, que Fhabile artifle qui les conftruifoit ofoit bien entreprendre d'en conftruire un petit concordant , mais non un grand, bien moins encore un Thermomètre de 300 dégrés. On ne fauroit donc faire aucun fond, même fur ces Thermomètres de 1'Académie : bien moins encore fur ceux qu'on a nommés dans la fuite Thermomètres de Florence, & qu'on conftruifoit avec beaucoup moins de foin. § 166. Le quatrième Thermomètre, que les Phyficiens de Blorence employoient, étoit.' extraordinairement fenfible, mais, ainfi qu'ils 1'avouent eux mêmes, encore moins exact que les précédens. On attachoit a une grande boule un long tube tourné en fpirale, de forte que 3a liqueur pouvoit parcourir un fort grand efpace dans le tube. Mais cet inftrument étoit pilus de pure curiofité que d'une utilité réelle. (215) (215) Cet inftrument étoit de fimple curiofité entre les mains ées Phyficiens de Florence , paree qu'il n'étoit pas divifé era ddgrés conftans. M. As sier Pér) ca, Artifle très-ingénieux ^ a conftruit un T'.iermomètre, qui eft a-peu-près l'inverfe de ce Thermomèrre de Florence, puifque c'efl: Ia boüle qui eft tcurnée en fpirale. Voici ce qu'on trouve fur ce Thermomètre dans le Journal de Phyfique Tome II. p. 5>* »«H°- » Le Tube du nou. „ veau Thermomètre de M. I'érica eft renfermé dons un cylindre de verre, mais ia boule , ou le réfervoir qui contient la liqueur, fort du cylindre. 1'our lui donnet encore plus de  bes Thermomètres. 247 N0. LIL Ancien Thermomètre de Paris. § 267. M. Martine décrit fcus ce nom les Thermomètres que M. Hüein conftruifoit a Paris, avant que M. Amontons eüt inventé les fiens. (216) II tache aufli de réduire ce Thermomètre a celui de Fahrenheit, au moyen d'une comparaifon que M. Amontons a fake entre ce Thermomètre , qu'il nomme 1'Ancien Thermomètre, & le fien (217). Le point de congèlation, auquel I'Eau gèle, étoit a 25 dégrés du Thermomètre employé par M. Amontons, & la chaleur des Caves de 1'Obfervatoire a 50:auffi M.Martine réduitil le premier de ces points a 32 de Fahrenheit & 1'autre a 53. „ fenfibilité, au lieu d» terminer en boule la partie inférieure ,, du tube, il la tourne en foirale, & lui donne Ia fornie d'un „ pain de bougie. Cette forme, en expofant une plus grande „ furface i 1'act.ion de l'Air ou du liquide ambiant, donne une telle fenfibilité au Thetmomètre, qu'en plong»ant dans i'Eau „ chaude deun de ces inftruméns k 1'Elgift de Vin , qui mar„ quoient 1'on & 1'autre 20 dégrés de clnleur a'rtificieile , felon „ la graduation dï M. Reaumur; celui de M. Périca a monté de 51 dégrés eo un quart (ie minute , tandis que 1'autre n'étoit „ pas encore monté de 10 dégrés: & le premier en moins „ d'une minute redifcendoit déj^ fenfiblèment , paree que I'Eau „ commeneoit a perdre fa chalvur. Ti y a eu la même différence „ dans les progres de Ia msrche d;s deux Thermomètres, en „ les plongeant dans I'Eau de puits : enfin ils font revenus nprèl „ un intervalle de demi-heure ou environ . a 20 dégrés d'oü ils „étoient putis 1'un & 1'autre, I'Académie des Sciences a „ accordé fon approbation & fes éloges a cet ii:ftrument." (aiö) Efai IV. §3. (217) Mim. dc l'Actid. 1703. p. 50. Q.4  348 DlSSERTATION sur LA COMPARAISON Mais il faut obferver que M. Amontons lui-même réduit ce 25e. dégré au 51Ï de fon Thermomètre; & le 50' au 54'; deforte qu'en employant notre Table, & qu'en fe lèrvant du Thermomètre de M. Amontons , pour réduire cet Ancien Thermomètre a celui de Fahrenheit ; le 2-5e dégré revient a 27* & le 5oe a 53'«- § 268. Mais toutes ces comparaifons me pafoilTent entiérement inutiles; paree que tous les Thermomètres; conftruits par le Sieur Hubi n , n'étoient pas d'accord: car les R. R. P. P. Téfuites, qui ont fait par ordre du Roi, un voyage aux Indes & a la Chine, fe font fervis d'un Thermomètre du Sieur Hubin, dont la liqueur fe tenoit dix dégrés plus bas que dans d'autres (218): au lieu que tous ces Thermomètres auroient dü fe tenir a la même hauteur s'ils avoient été bien conftruits. II en réfulte, que la comparaifon faite par le Docteur Martine, füt-elle exacte, feroit inutile, paree qu'elle ne feroit appliquable qu'a un feul Thermomètre qu'on ignore avoir jamais été employé, N°. LUI. Thermomètre de Nu gust. § 269. M. de la Hire a donné une description de ce Thermomètre, (218) auquel nous ne nous arrêterons pas, paree qu'il revient, (218) Mém. adoptés par VAcad. Tome VI. p. 217; ou Aittient Mémoires Tome VII. p. 835. (119) Mém. de VAcad. 1706, p. 440 Cottb Traité dc Métépr. p. 109. Fig. 6.  des Thermomètres. 340 pour le fond, a celui de Drebbee, & que le poids de 1'Atmofphêre agit également fur la liqueur. N°. LIV. Thermomètre de Marsilly.' 1 5 270. Le Comte de Marsilly a donné une figure du Thermomètre dont il s'eft; fervi dans fei Expériences fur la détermination de la chaleur de 1 Eau de la Mer a diverfes profondeurs: mais, comme 1'Auteur n'en a pas donné de defcription, on n'en fauroit rien dire. (220) N°. LV. Thermomètre de Passement. § 271. En 1755 M. Passement a inventé un nouveau Thermomètre , mais dont il n'a pas donné de defcription. Le Père Cotte, qui en a vu un , dit qu'il confiftoit en deux boules & deux Tubes, a-peu-prés comme le Baromètre doublé de M. Huygens: que le prémier tube & la moitié des deux boules font remplis de Mercure, & une partie du fecond tube & 1'autre moitié de Ia feconde boule, d'Esprit de Vin; de forte que les gravités fpécifiques • de ces deux liqueurs fuffent dans une certaine proportion. Le P. Cotte n'a pu en dire d'avantage. (221) (2*3) Hifloire Pkyfiquc ie la Mer p. 16. Cotte Traité it Météor p. 139. Fig. 13. Csai) 11>. p. taö. Q5  SJO DlSSERTATION SÜR la COMFARAISON SIXIÈME SECTION. Des Changemens qu'on a faits aux Thermomètres pour les faire fervir a des ufages partituliers. C3es changemens font de deux fortes: car ils ont rapporc a la figure du Thermomètre, ou a leur échelle. Nous commencerons par les changemens de figure. CHAPITRE I. Des Changemens quon a faits dans la figure des Thermomètres. N°. LVI. Thermomètre de l'Jbbé Soumille. 5 272. Xja grandeur qu'on peut donner aux dégrés d'un Thermomètre, dépend de la proportion qu'il y a entre la boule & le tube, & de Ja longueur qu'on donne au tube même. Si le tube efl; court, on ne fauroit faire une Echelle éte idue , a moins ^que les dégrés ne foient petits , ce -qui dans bien des cas , peut être préjudiciable, ou du moins défagréable. C'efl: ce qui a engagé 1'Abbé Soumille, en 1770, i conftruire un Thermomètre qui efl; compofé de quatre Thermomètres diffèrens. II nomme  des Thermomètres. 251 ce Thermomètre Thermomètre Royal; Le P. Cotte en a donné ia defcription & la figure.' ( 222 ) Cet inftrument confifte en quatre Thermomètres, placés fur Ja même planche 1'un a cöté de 1'autre, & gradués d'après 1'Echelle de M, Reaumur. Chaque tube eft terminé en haut par une petite boule feellée hermétiquement. Le Tube du premier Thermomètre eft rempli de liqueur lorfqu'il ne gèle pas. Le point de congèlation eft au haut, & il y a 20 dégrés au - deffous de ce point. On ne peut donc confulter ce Thermomètre que lorfqu'il gèle. Dans le 2e Thermomètre le Zero eft a 1'extrémité inférieure du tube, & il y a 20 dégrés au-delTus de Zero. Lorfque la chaleur augmente, la liqueur monte dans la boule fu.périeure, & 1'on ne fauroit fe fervir de ce Thermomètre: Mais la liqueur du troiüème Thermomètre ne fort point de la boule inférieure aufü longtemps que la chaleur efl au-deffous de 20 dégrés: mais elle monte dans le tube iorsque la chaleur augmente, & le tube va depuis 20 jufqu'a 40 dégrés. La liqueur du quatrième Thermomètre ne fort pas de Ja boule, a moins que la chaleur ne foit au-deffus de 40 dégrés: elle 'monte alors, & ce tube va depuis 40 jusqu'a 60 dégrés. 273. On peut de cette facon fe proctirer de grands dégrés, chacun a-peu-pres d'un pouce (£12) Traite ie Mctéor p. 12». Fig. 12,  «5* DlSSIRTATION SUR LA COMMRAISON d'étendue , & appercevoir facilement, óc même de loin, les moindres variations de température. Mais il efl fürement fort difficüe de graduer un pareil Thermomètre avec toute l'exaótitude réquife , de facon qu'on y puiffe faire autant de fond que fur les Thermomètres ordinaires. Cet Inftrument feroit donc peutêtre plus propre a fatisfaire Ia curiofité, qu'i] ne feroit d'une utilité réelle. Thermomètre de TAbbé Fontana. § 274. Ce Thermomètre eft exacfement fondé fur les mêmes principes que celui de 1'Abbé Soumille, c'eft pourquoi nous n'en faifons pas un Numero diftinót. Je me contenterai de tranferire ici ce qu'on trouve fur ce Thermomètre dans le Journal de Phyjique Tome IX. p. 107. Février 1777. „ On voit dans le Cabinet du grand Duc de 3> Tofcane plufieurs Thermomètres fort ingé„ nieux, entr'autres quelques pieces du grand , Thermomètre que M. Fontana a imaginé, „ compofé de 120 tubes, de 6 pieds de long „ chacun , qui parcourt 480 pieds depuis le „ terme de la glacé a celui de I'Eau bouillante: 3, avec lequel on pourra méfurer la chaleur des „ rayons de la Lune. „ Ce Thermomètre , qui eft fait pour més, furer les plus petites variations de chaleur, „ eft un inftrument des plus curieux: chaque „ tube, qui eft de 6 pieds, ne fert que pour „ un degré; il eft exceffivement capillaire & „ bien calibré dans toute fa longueur: auffi  bes Thermomètres^ 253 if n'eft-ce qu'en Angleterre que 1'Auteur a pu „ le procurer des tubes pareils: a chaque tube „ efl foudé une efpece de boule affez grofie, „ pour qu'un dégré de chaleur faffe parcourir „ au Mercure tout le tube ; pour rendre cette „ boule plus fenfible, & corriger en même „ temps en partie la dilatation du verre, M. „ Fontana a imaginé d'en rapprocher les „ parois, en les rendant parallelle*, ce qui lui „ donne la forme d'un hémifphère creux a „ doublé parois; au milieu de la partie coni, vexe eft attaché le tube. Chacun de ces „ Thermomètres, d'un dégré, eft difpofé de ,, facon que 1'un commence a marcher quand „ le Mercure eft arrivé au haut du tube dans „ celui qui le précéde immédiatement. Cet „ inftrument eft fi fenfible que le Mercure y eft „ fans ceffe en mouvement : les rayons de la „ Lune davront le faire monter d'une quantité „ très-fenfible , comme 1'auteur 1'a démontré „ dans la defcription détaïllée qu'on en a don„ née a Florence, dans un ouvrage fur les Arts „ & métiers, traduit de 1'Anglois en Italien. § 275. Pour déterminer au moyen des Thermomètres connus les plus grands dégrés de Chaleur ou de Froid qui ont lieu, il faudroit employer unObfervateur,qui obfervat le Thermomètre prefque continuellement, ou du moins fouvent: c'eft un défaut, ou du moins un inconvénient. Quelques Phyficiens ont taché d'y remédier. M. Bernoüilli eft le premier a qui 1'idée en foit venue: M. Kr aft 1'a fuivi: mais Milord Charles Cavendish a porté ces inftruméns a un plus grand dégré de per-  554 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON "feélion. Nous allons donner une defcription abrégée de ces Thermomètres. N°. LVlX Thermomltre de M. JeanBer- NOULtL % 276. Le célebre Jean Bernoulli propofa a M. Leibnitz de faire faire deux Thermomètres C, D, (Fig 2.3.) dont les tubes fuifent garnis de^ folfetces , ou de fachets ; dans le premier 1'ouverture des fachets feroit tournée vers le haut, dans ie fecond vers le bas: le premier ferviroit a indiquer la plus grande chaleur, & 1'autre a faire connoïtre le plus grand froid qui pourroit avoir eu lieu dans 1'abfence de i'Obfervateur. (223) Comme ces Thermomètres font des Thermomètres de Drebbel, 1'air contenu dans la boule fait défcendre la liqueur, lorfque la chaleur augmente: les fachets fe vuident donc de liqueur, mais fe rempliffent d'air: lorfque la chaleur diminue , la liqueur monte ; mais comme elle ne fauroit expulfer l'air des fachets, celui-ci reflera occuper une partie a, b, de ceux des fachets, qui ont été vuidés de liqueur. On connoïtra donc par les fachets qui font a moitié remplis d'air , & a moitié de liqueur, jufqu'oü la liqueur efl defcendue. § 277. Le contraire a lieu pour 1'autre Thermömèrre D, Fig 3: La liqueur monte par le (ai3) Commircium EpiJluHcum Tumus I. p. 374. Cette Lcttre a été écrite en Juillet 1698.  des Thermomètres. 555 froid, & remplit en rnomant les fachets c, d\ on peut donc connoitre au moyen du fachet le plus élevé qui contient de la liqueur, a quelle hauteur celle-ci efl montée. Mais, on peut réunir ces deux Thermomètres en un feul, comme M. Bernotjlli 1'a propofé, en garniffant le Tube des deux fortes de fachets, comme on le voit Fig. 4. 5 278. Cette invention peut - être utile a certains égards: mais il y a un défaut a ces Thermomètres, c'eft que ce font des Thermomètres de Drebbel, & qu'ils font par conféquent en même temps Baromètres: d'ou il réfulte que les élévations & les abailTemens de Ja liqueur ne font pas dues aux feules variations de chaleur, mais encore a celles de la prelTion de 1'Atmofphére. N°. LVHI. Thermomètre de M. Kr aft. ., 5 2?9- M. Kraft a eu en 1740 lestnême* idees que M. Bërnoulli (22^; avoit eues avant hu, mais fans avoir rien fu, Sou même pu favoir, de 1'invention de ce grandMathématicien (225). Le Thermomètre que M. Kraft a propofé pour connoitre le plus grand froid qui a eu lieu dans fabfence de 1'Obfervateur' eft exaétement femblable a celui de M. B e rnoulli Fig. 3. Mais peu de temps après; (23.1) Com. Petrop Tom. XI. p. 261. (225) Le Cmumtrdum Epijlolicum mts LlIlNITX & Bi*. WOULLI n'n pêtU ql»\.U 4^5.  «5:6 DlSSBRTATION sur la COMFARAISON M. Kr aft (226) a fait quelques correélions a fon Thermomètre, pour le faire fervir a connoitre la Température de la Mer a une grande profondeur. On voit ce Thermomètre dans la Fig. 5. On remplit le tube, & une partie de la Boule d'Efprit de Vin coloré, de Mercure , ou de quelqu'autre liqueur; on fcelle 1'extrémité D. On peut employer cet inftrument a connoitre la plus grande chaleur qui a eu lieu pendant 1'abfence de 1'Obfervateur, puifque la liqueur monte par une augmentation de chaleur, èc remplit les fachets en montant. Ce Thermomètre n'eft pas affefïé, comme les précédens, par la prefïïon de l'Air: mais il me paroit moins exact, i°. en ce que la liqueur qui remplit les fachets diminue la hauteur de celle qui eft dans le tube: & 2°. en ce que la liqueur éprouve, en montant, une réfiftance affez confidérable, puifque la partie fupérieure du tube eft remplie d'Air. N°. LIX. Prémier Thermomètre de, Cavendish (227). § 280. On voit la figure de ce Thermomètre, compofé de Mercure, dans la Fig. 7. II différe des Thermomètres ordinaires feulement en ceci, qu'il y a, dans le Tube, de 1'Efprit de Vin au-deffus du Mercure; & qu'il ya, a la partie fupérieure du tube, une boule dont la F partie (126) Com. Petrop. Tom. XUI p. 346. (217) PM. Trans. Vol. L. p. $01. Art. 38.  des Thermomètres: 257 partie inférieure contient du Mercure, au> deffus duquel il y a de 1'Efprit de Vin. Ce Thermomètre fert a faire connoitre la plus grande chaleur qui a eu lieu pendant 1'abfence de 1'Obfervateur. Car lorfqu'un plus grand dégré de chaleur fait monter le Mercure dans le Tube , il tombe dans Ja boule C une partie dj 1'Efprit de Vin, qui efl au - deffus du Mercure. Or en méfurant dans la fuite la partie du tube, qui efl vuide de liqueur,au moyen d'une Echelr le deflinée a cela, on peut favoir de combien le Mercure a été plus haut qu'il ne 1'efl au moment qu'on fait cette mefure. Pour approprier Je Thermomètre k une nouvelle obfervation, il n'y * qu a i'incliner jusqu'a ce que 1'Efprit de Vin, contenu dans la boule C, couvre Ja partie fupérieure du tube; on échauffe alors le cilindre pour faire monter Ja liqueur jufqu'a cette extrémité: elle fe joint a celle qui eft dans la boule C, & elles defcendent enfemble dans le tube. , On a Jaiffé un peu de Mercure dans la boule C, afin qu'il püt couvrir 1'extrémité du tube, en inclinant le Thermomètre plus qu'il n'eft néceffaire pour faire parvenir 1'Efprit de Vin au deffus de cette. oViverture. De cette facon on peut aifément remettre un peu de Mercure dans le Tube, au cas qu'il arrivat qu'il en fut forti par un trop grand dégré de chaleur. j 281. M. Cavendish dit que fi 1'on erm, ploye un tube trop court, il s'attache trop d'Efprit de Vin a fes parois, furtout lorfque ie Mercure monte fubitement : 11 faut d'aiilturs R  258 DlSSERTATION SUR LA COMPARAISON employer un gros cilindre , fi 1'on defire dei degrés étendus: mais par la mëme, il faut beaucoup de Mercure. Pour éviter les inconvéniens qui en pourroient réfulter, M. C aVendish a fait conftruire le Thermomètre repréfenté dans la Figure 8. La partie fupérieure eft abfolument comme dans Je Thermomètre précédent; mais le tube fe termine en bas en une boule, qui communiqué a un cilindre par un col étroit. La boule eft rempJie de Mercure jufqu'a i'entrée du cilindre; & le refte du cilindre 1'eft d'Efprit de Vin. Mais il me femble que ce Thermomètre eft moins exa£t que le précédent, paree que 1'élévation & 1'abailTement du Mercure efl produite pat la dilatation ou la condenfation de deux fluides diffèrens, le Mercure, & 1'Efprit de Vin. § 282. Si 1'on vouloit fe fervir de ce Thermomètre pour déterminer la chaleur de I'Eau de la Mer, qui efl plus chaude que l'Air extérieur , on pourroit y trouver des défauts: paree que la preiïion de I'Eau de la Mer pourroit brifer le cilindre du Thermomètre, ou du moins, en changer la figure; M. Cavendish croit pouvoir éviter cet inconvénient en laifTant la partie fupérieure du tube ouverte. Mais comme le Thermomètre n'indique pas en ce cas les dégrés ordinaires de chaleur, il faut le plonger avec un autre Thermomètre dans un vafe rempü d'Eau; 1'Echelle, qui eft a la partie fupérieure du tube, indiquera alors de combien de dégrés la chaleur, a laquelle le Thermomètre a été expofé , efl plus grande que celle de I'Eau contenue dans ce vafc.  DES THERMOMÈTRES. 259 L'Eau de Mer, qui entre dans Je Tube, faliroit le tube, & pourroit attaquer le Mercure.^ On pourroit vraifemblableraent obvier a ces inconvéniens en liant une veffie fur la boule C. Celle-ci fe condenfera par la preifion de I'Eau, ainfi que l'Air qui y eft contenu. En ce cas on pourroit compofer le Thermomètre uniquement de Mercure, & le conftruire auffi petit que les Thermomètres ordinaires. N°. LX. Second Thermomètre de Cavendish. § 283- Milord Cavendish a auffi inventë deux Thermomètres qui donnent a connoitre le plus grand froid qu'il a fait pendant 1'abfence de 1'Obfervateur. Le premier de ces Thermomètres eft repréfénté dans Ja Fig. 9. Celle-ci eft fi claire, qu'il n'y a prefque rien a y ajouter. L'élévation ou 1'abaiffement du Mercure , qui indique les dégrés dans le tube, eft produit par la dilatation ou la condenfation de 1'Efprit de Vin contenu dans le cilindre: & ainfi on doit réellement regarder ce Thermomètre comme un Thermomètre a Efprit de Vin. Lorfque Je froid augmente , Je Mercure parvient jufqu'a 1'ouverture fort étroite 11, & tombe dans Ja partie inférieure de la boule A. On peut donc dans la fuite, lorfque Ja ehaleur aagmente, sriéfurer, par une Echelle particuliere , combien de Mercure il eft forti de la jambe la plus courte du tube, & par conféquent de combien de dégrés le Thermomètre. s'eft tenu plus bas qu'il ne fe tient alors: en fouftrayant donc ces dégrés de la hauteur actuelle du Thermomètre, R 2  2ÖO DlSSERTiTIöN sur LA COMPARAISON on aura la plus petite hauteur a laquelle il s'efl tenu. Ou prepare le Thermomètre pour une nouvelle Expérience , tout comme on 1'a fait dans le cas précédent, en 1'inchnant, jufqu'a ce que le Mercure, qui efl dans la boule A, couvre 1'ouverture n de la jambe la plus courte, & en chauffant enfuite le cilindre , afin que ce Mercure tombe dans le tube. § 284. Si fon vouloit employer ce Thermomètre pour déterminer le dégré de froid de I'Eau de la Mer, il faudroit laiifer 1'extrémité fupérieure ouverte: Mais M. C ave ndi sh dit, qu'il vaut mieux en ce cas donner au Thefr momètre la figure repréfentée Fig 10; celle-ci n'a befoin d'aucune explication ; on fermera la partie fupérieure au moyen d'une veffie, comme dans le cas du § 282. § 285. Milord Cavendish propofé d'élever ce Thermomètre en l'Air, a une grande hauteur, au moyen d'un cerf volant, afin de connoitre le dégré de froid de l'Air fupérieur. Mais il n'eft que faire en ce cas que 1'extrémité fupérieure refte ouverte. § 286. II me femble qu'on pourroit réunir ces deux Thermomètres en un feul , comme M. Bernoülh 1'a propofé pour les fiens; & en conftruire par conféquent un qui ferviroit a indiquer en même-temps & le plus grand dégré de Chaleur & le plus grand dégré de Froid qu'il a fait en 1'abfenee de 1'Obfervateuri II n'y auroit qu'a faire la partie fupérieure du Thermomètre, Fig. 10, femblable a celie du Thermomètre Fig. 7 cu 8.  des Thermomètre?. 2<5i CHAPITRE II. D? changemens quon a fait a 1'Echelle des Thermomètres. 5 287. Les differente*. Echelles, dont nous avons parle dans les feètions précédentes, lont, fi 1'on veut, diffèrens changemens qu'on a faits aux Ihermomètres: mais les changemens dont nous avons deflein de parler a prefent, ont un but entiérement différent; ïexaSitude, ou la cammodiré des Obfervations , quoiqu'on ait déja chojfi une des Echelles précédentes, pour s'en fervir conflarnrnenc. . 11 faut rapporter k ia première claffe, a Yexactitude des Obfervations, le changement que M. Bird a fait dans la divifion des dégrés, & dont nous avons déja parlé ci-deffus, § '135. Ge changement canfiffe a faire des dégrés ine' gaux s'il y a des irrégularités dans ie tube, & a les proportionner a ces irrégularités; Mais on peut aifément prévoir ces irrégularités, & il y a des moyens aifés d'examiner fi un tube efl bon ou non. Ainfi nous n'en parierons pas d avantage. § 28S. On peut rapporter a Ia même claffe les changemens que M. de Luc (228; a propofé d'mtroduire dans les Echelles des Ther- C*aS) § 458. 17. feqq. p. 411. R 3  1Ö2 DlSSERTATlON SUR LA COMPARAISON momètres a Efprit de Vin,pour les faire accorder avec les Thermomètres a Mercure. Car quoique nous ayons dit, que le Mercure foit préféfable a Efprit de Vin pour la conftruétion des Thermomètres, il n'efl cependant pas apparent qu'on abandonnera entiérement les Thermomètres a Efprit de Vin ; peut-être même ne le méritent ils pas: car d'un cöté 1'on efl accoutumé en bien des endroits a fe fervir de ces Thermomètres : & de 1'autre ils font plus aifés a conflruire, moins couteux,& 1'on peut les obferver plus facilement de loin que les Thermomètres a' Mercure : nous avons déja vu que c'eft cette dernière raifon qui a engagé M. La Court a les préférer aux Thermomètres a Mercure. (5 172) II ne s'agit que de graduer 1'Echelle de ces Thermomètres a Efprit de Vin de facon que ces Thermomètres s'accordent exaólement avec les Thermomètres a Mercure. Or c'eft ce qui efl impoffible auffi longtemps que 1'Echelle des Thermomètres k Efprit de Vin fera divifée en dégrés égaux, puifque les dilatations du Mercure & de 1'Efprit de Vin ne fe font pas fuivant la même Loi. Mais ces Thermomètres s'accorderont, lorfque 1'Ëchelle des Thermomètres a Efprit de Vin fera graduée en dégrés tellement inégaux, qu'ils fuivent la proportion qu'il y a réellement dans les condenfations ou fes dilatations de 1'Efprit de Vin. § 289. II faut donc introduire un changement dans 1'Echelle des Thermomètres a Efprit de Vin, & en faire les dégrés inégaux. M. d e Luc propofé qu'on conflruife le Thermomètre a Efprit de Vin d'après un Etalon a Mercure, afin de parvenir plus facilement a remplir le but  DES THERMOMÈTRES. 26*3 que nous nous propofons a préfent. On fixera le point de congèlation par des Expériences immédiates : enfuite on plongera le Thermomèlre a Efprit de Vin, qu'on veut graduer, & 1'Etalon, dans de I'Eau chaude, & 1'on marquera 40 a la hauteur oü 1'Efprit de Vin fe tiendra lorfque le Thermomètre a Mercure fera au 4oe. dégré. On déterminé 1'Echelle de ce Thermomètre a Efprit de Vin par les points o & 40: ft 1'on fait donc ufage de la Table du § 15, dn trouvera que les condenfations fuivantes de f Efprit de Vin, répondent a celles du Mercure, prifes de cinq en cinq dégrés. Prémière condcnfatrn de 5 d £rés repon icnt a 4.9 de I'Ef. de vin. Seconde ■ ■ ■ g - ,. 4.7 Troifième -51 4,6 Quatrièine • —5 - 4.5 Cinquiëme' . , ,.5 .. , 4.5 Sixième . 5 ■ 4,» Septième . 5 4, Huitième ■ 5 ■ - ■ 3.9 4° 35.« Neuvième 5 ■ ■ I3.3 Dixiéme ———■ 5 ■— 3.7 Douzième n 5 ,, 3,4 Nous avons déja vu ci-delTus § 15*. que le 40e. dégré d'un Thermomètre de Mercure répond au 35.1 d'un Thermouiècre a Efprit de Vin. Si 1'on divife donc 1'efpace qu'il y'a fur 1'Echelle du Thermomètre a Eipnt de Vin, en R 4 '  i64 Dïssertatïqn sur la comparaison 351 parties d'une Echelle arbitraire; & qu'on divife enfuite ces 351 parties en huit efpaces, dont le premier , a compter d'en haut contienne 49 parties, le fecond 47, le 3e. 48 & ainfi de fuite , il eft évident que ces efpaces fuivront la même proportion que les condenfations de 1'Esprit de Vin ; & comme ils font enfemble la condenfation totale de o a 40 dégrés; il eft clair qu'ils indiqueront la condenfation de 1'Efprit de Vin qui répond a chaque condenfation de 5 dégrés du Mercure. Ce Thermomètre d'Efprit de Vin fera donc d'accord avec les Thermomètres de Mercure, fi 1'on met 35 a la fin du premier Efpace: 30 a la fin du fecond & ainfi de fuite. II n'y a plus enfin qu'a divifer chaqué efpace en cinq dégrés égaux. § 290. Quoique cette opération foit fort facile en elle même, M. de Luc 1'a cependant rendue plus aifée encore, en publiant une Echelle gravée que les artiftes pourront fuivre fans aucune peine. Si 1'on employé un pareil Thermomètre d'Esprit de Vin, a dégrés inégaux & régies fuivant les proportions indiquées , on ne trouvera aucune différence entre ce Thermomètre & un Thermomètre a Mercure : au moins aucune qui puiffe entrer, le moins du monde, c n ligne de compte pour des obfervations météorologïques, § 291. Nous paflbns aux changemens de Ia feconde claffe, a ceux qui ont pour but la commodité : & ceux ci lont trés-importans: puifqu'il eft plus aifé alors de calculer & de  BES T flf ER MO MÈTRES, comparer lei Obfervations , & qu'pn épargne par la beaucoup de temps.' C'eft ce qui a engagé M. de Loc a conftruire pour fes belles Expériences fur Je Baromètre , deux Thermomètres trés - diffèrens de fEchelIé de M. Reaum ur quïi a coütuaie d'employer. Nous dohnerons un$ idee abrégée de ces Thermomètres. § 292. Le prémier de ces Thermomètres fert a rechercher les différences que diffèrens dégrés de chaleur produifent dans Ja hauteur da Baromètre, pour autant que ces différences proviennent uniquement de Ja dilatation ou de la condenfation de la colomne de Mercure contenue dans le Baromètre. * M. de Luc (229) a trouvé qu'une diffeV rence de chaleur, qui fait monter fon Thermomètre de Zero a 80, c: a: d: de la congè-r lation a I'Eau bouiliante, fait monter le Baromètre de 6 lignes. Si 1'on divife ces Jignes en feiziemes parties, la chaleur dont on vient de parler fera monter le Baromètre de 96 feiziemes parties d'une ligne. En divifant donc l'efpace contenu fur le Thermomètre entre o & 80 dégrés , en 96 dégrés, chaque dégré indiqueroit qu'il faut ajouter un feizieme de ligne , a Ja hauteur du Baromètre , ou en retrancher autant , felon que le Thermomètre eft monté ou defcendu, & 1'on n'a que faire d'aucune calcul, M. de Luc a enfuite trouvé, par Expérience qu'il eft convenable de placer'le Zero de ce* (Ï2S) § 3Ö4. feqq. Tome l. p. 198. R s  266 DutMÏRTATlON SUR IK c0m?ARAïSON nouveau Thermomètre a 12 dégrés au-deffus de la congèlation. On a donc la comparaifon fuivante. 84 a 212 de F ou a 80 du Therm. a Merc. —12 a 32- o de de Luc. 96 = 180 z= 80 1 = il = 0.833. Ponc; 80 a 212 de F : a 80 de DL. o a 54I 10 —12 a 32 o § 293. Mais comme la grandeur de la dilatation de la Colomne de Mercure dans le Baromètre , dépend de cette longueur même, & que ce Thermomètre efl calculé dans la fuppofition que cette Colomne efl de 27 pouces, il efl clair, ou qu'il faudra faire une proportion toutes les fois que la haut.ur du Baromètre varie, pour pouvoir déduire, de la hauteur de ce Thermomètre, ce qu'il faut ajouter ou retrancher dans ce nouveau cas; ou qu'il faudra calculer une Echelle de Thermomètre particuliere pour chaque hauteur différente du Baromètre. Mais, M. de Luc a conftruit une Echelle univerfelle pour toutes ces-hauteurs, qu'il a joint au Baromètre dont il a fait ufage pour ces fortes d'Expériences. (230) • § 294. La chaleur n'agit pas feulement fur la Colomne de Mercure contenue dans le Baromètre , mais encore fur la denfité de l'Air, &, en conféquence, fur fa preflion. Elle eft 0*39) $ 49°. T.nt II. p. 25. Plenchi III.  des Thermomètres. 267 donc caufe que le Baromètre monte ou defcend par le changement de température. M. de Luc a fait de trés-belles Expériences fur ce fujet, & il a trouvé que le Thermomètre, qui efl le plus propre pour ces Expériences, & en meme temps le plus commode, doit être divifé de fajon que 1'Efpace compris entre I'Eau bouillante & le point de congèlation , contienne 186 dégrés, dont il y en aura 147 au-deflus de Zero. L'Eau bouillante fera donc a 147 Sc le point de congèlation a—30, (231) On, aura donc 147 a 212 de F ou a 80 dé DL. § 0 — 69.7 16.8 —39— 32 ' o 186 - 180 == 80 1 = 0.968 == 0.43 M. de Luc a publié lui-même une comparaifon plus étendue entre ce Thermomètre, le Thermomètre nommé vulgaïrement Thermomètre a Mercure de Reaumur, & Je Thermomètre de Fahrenheit. 5 295. Enfin M. de Luc a propofé encore un troifième changement pour les Echelles des Thermomètres qui doivent fervir a des Expériences fur les effets, que les diffèrens dégrés de chaleur de 1'Atmofphêre produifent fur la réfraction des Rayons de Lumiere. C'efl pourquoi (231) S 6IO> Tome II. p. ico. Partie IV. Chap, %. p. 60.  468 DisSERTATTON sur la comparaisom M. de Luc nomme ce Thermomètre Thermo-, tre Aftronomique (232) II faut que ce Thermomètre contienne 192 dégrés entre le point de congèlation & I'Eau bouillante, & il faut que le Zero foit placé a 23 au-deflus du point de congèlation. D'ou réfulte cette comparaifon. 169 a 212 F a 80 R. 0 — 53.6 9.6 T-S3—32 O 192 = 180 80 1 "0.9375=- 04167. Ce changement de 1'Echelle procureroit beaucoup de commodité dans le calcul des Obfervations. § 296. Voila tous les changemens d'EchelIes qui me font connus: & J'on fera bien d'en introduire de nouvelles toutes les fois que les Obr fervations ou les Expériences 1'exigeront, pourl vu qu'on employé un Thermomètre de Mercure. M. de Luc a raifon de dire, (233). „ On ne doit fe faire aucun fcrupule de ch'ans, ger fon Echelle dès qu'on y gagne effentielle3, ment du cöté de Ja commodité , puifqu'on s, pourra toujours fe faire entendre par des s> indications nettes, & ramener même, par „ des calculs fimples & courts, les Obfervations (232) § 838. 849. Tarnt II. Partit V. p. 165, (»$3) S 24i P» 2Ó0. Temt Ih  Bes Thermomètres. 2o"p ï» fates fur ces Echelles particülieres, a 1'ex„ preffion de \'Echelle crimmune, qui, par un „ effet de 1'habitude , nous donnera toujours „ des idéés plus lénfibles de la chaleur." APPENDICE ' Sur les Thermomètres Métalliques-. On employé ordinairement des Fluïdes pour la compofition des Thermomètres, & c'eft avec raifon: ils fe dilatent d'avantage que les Solides par le même dégré de chaleur, & 1'on rend fort aifément la dilatation plus fenfible a la vue en joignant a la boule un tube fort étroit. Li dilatation des Solides, celle des Métaux p: ex: eft petite i on ne fauroit en augmenter les effets que par des machines affez compofées, des léviers, des poulies, des roues, des pignons &c: par oü 1'on sexpofe a bien dss irrégularités* des frottemens &c : on ne fauroit donc guères que s'attendre a moins d'exaclitude. Ces raifons femblent avoir eu un fi grand afcendanc fur 1'efprit de M. de Luc, qu'il rejette abfolument les Thermomètres métalüques: (234)11 ajouté méme,qu'après avoir taché pendant'long. temps d'en conftruire un pour un ufage particulier , i! n'avoit pu parvenir a lui donner uné maïche réguüère : & qu'il a obfervé que Ce (23 O § 430. * Tome i, 5>. ïjj.  2?0 DlSsERTATION SUR LA COMPAR.USQN Thermomètre revenoit rarement au même dégré par ia même température. § 298. D'autres Phyficiens paroifTent n'avoir pas été également frappé de ces difficultés, «Sc ils ont conftruit des Thermomètres métalliques. Si 1'on entend fous ce nom tout inftrument compofé d'une ou de plufieurs lames de métal, qui fe dilatent par la chaleur, & fe condenfent par le froid, les Pyromètres appartiendront fürement a cette claflé: & la prémière invention de ces inftruméns eft due a M. Musschenbroek. Mais nous croyons qu'il eft inutile de décrire ici les Pyromètres: & nous entendrons par Thermomètres métalliques, les inftruméns que leurs inventeurs ont décrits eux même fous ce nom, & qui peuvent auffi fervir a indiquer les changemens ordinaires de température qui ont lieu dans 1'Atmofphêre. Voici une Lifte abrégée des Thermomètres métalliques que je connois. N°. 1. § 299. Le Thermomètre métallique de M. Cromwel Mortimer, décrit dans les Tranjattions Philofophiques. N°. 484. p. 688. Vol. XLIV. Une barre de Fer ou de Laiton fe dilate par la chaleur. En fe dilatant, elle éléve un lévier; il y a une chainette a 1'extré» mité du plus long bras, laquelle paife fur une poulie , & la fait mouvoir Une aiguille , piacée fur 1'axe de la Poulie, indique les dégrés für un cercle de métal. On ne fauroit don-  des Thermomètres. *7I her de defcription plus de'taille'e fans le fecours de planches. J'ai calculé que Ia difpofition du lévier, de la poulie & de 1'aiguille eft telle, que 1'aiguille parcourt 10560 parties lorfque la verge fe dilate d'une feule partie. La dilatation devient donc extrêmément fenfible par ce moyen. M. Mortimer a marqué fur ie Cadran les dégrés de M. Reaumur & ceux dé Fahrenheit, en plongeant le barreau d'a- 1 J J J_ IT... i_* 'tfi . r 1 1 uuiu u<*n» uc 1 üau Duuuiante, eniuite aans ae 1'Etain, du Plomb fondus &c. Soit AB Fig 12, le barreau, qui a trois pieds de longueur: M. Mortimer en plonge dans le fluide qu'il éprouve, feulement la partie B + ainfi que le pied de tout 1'inftrument; car le barreau y refte toujours appliqué. On peut déterminer par ce moyen la chaleur de tous les métaux fondus, même du Fer, qui eft de tous les métaux celui qui exige le plus grand dégré de chaleur. N°. II. § 300. Vers 1'an 1747 M. Samuel Frotheringam a inventé un Thermomètre métallique dont on trouve la defcription dans les Tranjac: Philos. N°. 485. Art. VI. Vol. XLV. p. 128. Les principes font les mêmes que ceux du Thermomètre de M. Mortimer, mais 1'exécutiou & Ia forme extérieure en différent* Celui de M. Mortimer me paroitroit monter la préférence. N°. III. % 30T. En 1760 M. Keake Fitzgerald a mvent.é un Therm jmètre, qui peut en même  ^72 DlSSÉRTAÏÏON »UR LA COMPARAISON 'temps fervir de Pyromètre & de Thermomè* 'tre , par ce qu'on peut öter & remettre, & par conféquent imprégner de diffèrens dégrés de chaleur, le barreau qui fe düate, & qui fait mouvoir 1'Aiguüle. Le barreau agit fur quatre léviers & trois poulies , par oü la dilatation efl; tellernent augmentée, que chaque dégré du cadran exprirne une dilatation d'une -5^ partie d'un pouce par pied. M.Fitzgerald a fait, au moyen de cet inftrument un grand nombre d'Expériences fur la dilatation de diffèrens métaux; & il a comparé fon Thermomètre métallique a un Thermomètre de Mercure, & a un Thermomètre d'Efprit de Vin, tous deux de Fahrenheit. Cette comparaifon lui a fait voir que fon Thermomètre tehoit un milieu entre les deux autres: qu'il ne fe meut pas fi promptement que le Mercure , mais un peu plus promptement que 1'Efprit de Vin. Son Thermomètre, expofe aux Rayons du Soleil, fe mouvoit enfin un peu plus lentement que le. Mercure, & pas fi Jeh'tement que 1'Efprit de Vin; mais il continuoic a fe mouvoir lorfque les deux autres Thermomètres s'étoient déja arrêtés. On peut trouver une figure öc une defcription exacte de ce bel inftrument dans les 'Iran/aft. Phil»/. Vol LI. p. 820 feqq. 5 302. M. Fitzgerald fit, 1'année fuivante , quelques améliorations a fon Thermomètre, & le conftruifit de facon, qu'il pouvoit indiquer même les plus petites variations de température, & cela en 1'abfence de 1'Obfervatèur. Mais ce nöuvel inftrument-ne peut fervir  bes Thermomètres: 273 fervir'que comme Thermomètre. M. Fitzgerald a auffi compare ce Thermomètre a deux Thermomètres ordinaires , 1'un de Mercure, 1'autre d'Efprit de Vin, & il a trouvé que fon Thermomètre métallique indiquoit les variations de Chaleur & de Froid plus promptement que les deux autres: que le Mercure fe tenöit cependant quelquefois un dégré ou deux plus haut lorfque la chambre étoit échauffée : que lorfque la chambre étoit extrêmement échauffée le Thermomètre métallique fe tenoit un peu plus haut que le Mercure: mais 1'Efprit de Vin s'élevoit un peu plus que les deux autres Thermomètres ; quoiqu'au commencement il fe mut un peu plus lentement. M. Fitzgerald a conftruit un Thermomètre métallique dont 1'indice parcourt 72 pouces par les changemens ordinaires de la température de 1'Air, & monte de 50 ou 60 dégrés par le fimple fouffle de la bouche. Chaque dégré exprime , pour un barreau d'un pied, une dilatation , qui efl la 2l{a'0OQ partie d'un, pouce. On trouve la defcription & la figure de ee nouveau Thermomètre, dans les Tram. PM, Vol. LIL p. 145. N°. IV. § 303. M. Zeiher a .donné dans le IX'. Tome des Novi Comment. Petrop. la defcription & la figure d'un Thermomètre Métallique, qui  274- DlSSERTATION SUR Ï.A COMPARAÏSON fe trouve dans le Cabinet de Phyfique du Comte de Lobs e r, Maréchal au fervice de Saxe. N°. V. 5 304. M. Zeiher a inventé lui-même un Thermomètre métallique fort exact, qui confifle en fix lames d'argent, lefquelles agiffent 1'une fur 1'autre au moyen de léviers: la dernière agit fur un lévier plus long, dans lequel 1'extrêmité du plus long bras fert a indiquer les dégrés. Cet inftrument paroit fort propre a examiner la chaleur de fluides bouillans & de métaux fondus. Je ne fache pas qu'on en ait fait ufage. $ Sp5- Nous croyons pouvoir nous contenter de cette fimple énumération. Une defcription plus détaïllée nous irrêteroit trop, & exigeroit un trop grand nombre de planches. Nous ne firons qu'une feule reraarque fur l'ufage des Thermomètres métalliques : c'eft qu'il nous paroiffent inutiles dans tous les cas, auxquels les Thermomètres ordinaires peuvent luffire: ceux ci font plus exacts, plus flmples, plus ail'és a manier, 6: moins couteux. Mais , dans tous les cas oü les Thermomètres de Mercure lont infuffifans, c: a: dj dsns tous ceux oü 1'on défire de rnewrer des degrés de chaleur fupérieurs a celui du M. rcure bouiUuu . les Thermometrss métalliques paurroienr être d'un tièsgrand uTs^e: & peur-Otre trouveroic-011 q-e celui de M. Mortimer efl: le plus commode. Mais il feroit, ce me femble, néctffhire, pour le réduire partout h des points fixes, d'emplnyer partout un barreau de la même longueur, & de la mime ^ ife». ^ Sris 2t+ 3>u J* ^SmM. S^®*Ml* Öh -p {TaAX 2>e óice-, I urci/t^ tyyc/c4^ . JÜZnoOt^- r - -»•■/„>•/• -n 1 /• 7'n (h>fr de l£/s> ren Izec, ^^p^^^pr^i i—i—j'^—p_ |^|^|^^g^ — fe^Ti^ïT^ 7/7 ^77-777 77777^ ^^^^^^^^ ö£ 2*..**9*.***-.* ^ 1^77 ^ ^:^£ 5^ |^ |^ f-l-L^fe^^- ^7777^77777: 7777/7777^77777 77777 777777 7^.^7 ^7 £^ ^p7" ËS^^F^ 77^777777777777777.77 ^S^^^^- i&7^7^^ — — — — — — Ü5^£?i l^zfe^-^^ — ^77^ ^ ^5 T7 fj l1^ "7^177777777^777777777777 *, SM***»,. 3^^^.^ 777777 ^7777 7777 ^777777g7^^37^£^£p^^/8^a^ ^£ f^f^ |^ g^lgf ^hff |f 77 7^ ^^feX. ^77777777^.^^-^ 3^^^a^ 7. & 3 ^7777 ^77 ^77 ^7 £7/7£ 7^^7 |7^^7777p7777 ^f777& ^ ^ ^f 7Li£ M |^ |^ 1^^7777777777 7"^I77777777^^7. ——ST~ e jJ^iigjHbH 7777 777^ J77T 77^1^77777777^^^. \^T^7-^zzil irTTTi i~77^^fep77 ^77^77^ 1 ^. 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Thermomètre a Mercure. 92.5 102 N u ou et. .... 248. §269 Paris. (Ancien Thermomètre dej. 247. g 267 Passement. . , . 249.5271 Patrick. .... 208.5228 Perica (Assier). . . 246.5266 PdXENI. . . . . . I46. §164 Reaumur. Thermomètre a Efprit de Vin. . . . . 77- § 83 Faux Thermomètre. 87. g 97 Thermomètre a Mercure. 91. § 101 Revillas. . . "- 168.5184* Richter. . . : . 164. 5 !g0 Sanctorius. . : ; 241. § aöj Sauvages. .... 96.5106 Société Royale de Londres» 5! 224. g 244 Soumille. . . , ji 150. g 272 Stroemer. . . ; 116. § ig^ Suéde. . . . . 116. § 133 Sulzer . 169.5185 Thermomètrè Harmonique Anglois. . . 237.5256 de Ville. . . . 212.5232 Zei her. * . ; ; 274. f304 S 3  ERRATA ET ADDITIONS Page 29. lig. 5cTenbas, 28.6 lifsz 25.6. — 30. lig. 7; 21.4 lifsz 21.0. ~ 35. Hg. 185 I5*f- #/*2 § 15* Note 13. -—38. tfg. 9. 1742 1732. . ~ 45- Hg. 20. 'autre, lifez être. — 51. lig. 24. a voir iieu, lifez a avoir lieu. — 62. 3. Kinck, lifez Kirch. — 66. lig. 14—5.33, lifez—io.ö. — 69. lig. 16 6 lifez—6. — 74. lig, 16. ou en retrancher 32 de ceux qui font au-deffous, lifez ou retrancher de 32 , ceux qui font au-deffous, — 85. Hg- 9-"—.1» ^2 —12.7. — 84. Hg. dern. 27I ///ëz 25L — 94. %. 6. 35. Hfez 33'. — 2r- 38. 35. — 28. 1.2 1.8. — 95- #£-'14. 3- lifez 5- — ib. 5. 2j/èz 3. — ^97. § 107. On peut ajouter a la fin de ce que M. Mairan plagoit auffi furies Echelles de fes Thermomètres a Mercure , le 82e- degré au point d'Eau bouillante. Voyez ie Traité de la Glacé p, 214. a la Note. — 101. lig. 6. 2 lifez 20. — 15. 15 lifez 14.8. I—> in. lig. 3. Les. lifez Ces. lig. 2. ienbas 16.1 lifez 15 9. — 113- Hë> 3- ' 14--67- HM 14.77. ,— 118.'Hg, dern. 22 86 lifez 22.56. — 129. lig. 7. — 2017.5 lifez 207.5,  ERRATA ET ADDITIONS. Page 135. % 5. y = (7)* lifez y =Q^T — 142. lig. 7. 9.96 R. lijez 99.6. R. — % 5. d'enbas 558,, 55.85. — 154. lig. 10. 0.3. —0.3. — 156. lig. 10. 18. lijez 15. — lig. 22. Merc. lifez E. de V. — 157.% a. ...8t.t lihz 35„..74.7. — %, 10. 57-5- ^"jav — 162. lig. 12. 72.49. #/fZ 73.49. /ig. 13. 3.65. /j/èz —3.65. — 167. Ug.dem. '9.37. /j/*2 9.27. — 170. g i85. /zg. 6. 360. #/£z 3öo-f-5oo. — 172. %-20T8.92. lifez 8.92. — 180. lig. 10.