ABRÊGÉ D'HISTOIRE NATURELLE p 0 ü R L'INSTRUCTIO.N DE LA JEUNESSE. IM 1T E DE V ALLE MAND DE M. R A F F, fitOFESSEUR D'HlST. ET DE CÉOGR. A GOETTINCUE ;J PA R M. PERRAULT. SECONDE PARTIE, A V E C FIGUREN. AMSTERDAM, chez Gabriel Dufour, Libraire. 17 9 3.   A B R È G È ©'HISTOIRE NATURELLE P 0 U R L'INSTRUCTION DE LA J E U N E S S E. Les Oiseaux. Le bon AmL A h ! nous voici donc venus a nos meillcurs amis; n'eft-ce pas ? Les jeunes Amis» Ah.! oui^ oh ! les charmantes petitesbêtes , qui ont Les plumes fi douces , qui volent ü joliment! Le b. A. C'efl: pour le coup quenous verrons voler pour tout de bon; ce ne feront plus dé petits fcarabées, desmouches, des papillons, qui fretillent, pour ainfi dire, dans rair, ou du moins qui voltigent plutót qu'ils ne volent 5 Ile. Partie,' A  s Du regne animal. ou des lézards qui ont des ailes de chauvefouris, ou des poifibns qui font queiques fauts cn 1'air avec leurs nageoires; mais quand on dit fendre 1'air avec la rapidité d'une fleche, .s'élever au-deü'us des nues & revenir en un cliii d'oeil traverfer cn pcu de temps une partie du monde au milieu des airs, cela s'appelle voler. II frait d'abord favoir ce que c'eft qu'un oifeau, quoique ce ne foit pas la regie que dt deviner ce que c'eft qu'une chofe avant que de 1'avoir vue. Les j. A. Mais , nous avons déja vu des oifeaux l Le b. A. Eh bien! qu'eft-ce que c'eft donc qu'un oifeau? Les j. A- C'eft une petite béte qui a des plumes & qui vole, è< puis qui n'a que deux pieds, un bec, une queue auffi de plumes, &c. Le b, A. Voila tout ce que vous avez remarqué; mais juiqu'a préfent vous u'ayez regardé les oifeaux que lans y penfer; vous ne vous êtes amufd qu'a les regarder fauter ou voler , & non pointa favoir ceque c'étoit. Aujourd'hui nos amufemens font d'une autre efpece; nousprenons notre plaifir a counoltre la nature curieufe de tout ce qui eft dans le monde, & des oifeasx auffi par conféquent. ür , pour commencer par la queue , quand on les a tous pbfervés, on trouve que les oifeaux font des animaux qui ont le fang rouge & »chaud , le corps couvert de plumes, deux alles empjumées , deux pieds, deux yeux , & qui font ovipares. Les j. A. Y a-t-il auffi de gros, gros oifeaux, lii bien gros, comme jl y a de ft gros poifibns ?  Du regm animal, 3 %3£ &. A. On ne peut pas dire qu'il y ait des voifeaux gros comme une baleine; mais il y a cependant une grande diftance du plus gros au plus petit, .c'eft-a-dire, de 1'autruche au colibri. Celui-ci n'eft pas plus gros qu'un hanneton & le plus joli petit animal du monde, par ia fonne, fa petitefle, fes couleurs, fon odeur. L'autre eft de la groffeur du chameau , ou .comme vous diriez, d'un homme monté fururt cheval; & c'eft auffi un bel animal. Au refte, il faut convenir que prefque tous les oifeaux ont quelque chofe de beau dans la figure, ou du moins que cette claffe d'animaux -.eft La plus belle de toutes. II y en a de blancs, de noirs, de gris, de rouges, de jaunes, & de tous les mélanges, de toutes les nuances poffibles. Voyez le canari, lepigeon, le paon, le chardonncret, le perroquet; quelles beautés -dans leur plumage ! Plufieurs oifeaux, outre la riche parure de leur robe emplutnée , portent encore fur la tête des houpes ou aigrettes charmantes, ou des crêtes charnues, comme le •coq, le paon, lecoqd'Inde, &c. Cette robe il légere & fi bien fourrée, garantit 1'oifeau du froid, & lui tient lieu d'habit, de poil, ou de lalns. Quand il vole il fe fert de toutes les parties de fon corps pour s'aider; regardez un pigeon , ou feulement une poule, vous la verrez tendre le cou & relferrer les pieds en arriere fous le ventre , afin de fendre 1'air plus aifément. Tous les oifeaux ne volent pas également bien : voyez la légereté du moineau & la pefanteur de 1'oie; & L'autruche qui a le privilege de la groffeur, ne vole poittt, a proprement parler; fes alles font trop petites pour fa pefajueur , garnies de longues plumes; mais A 8  4 Du regnt animal. trop minces; & tout le fervice qu'elle en tirc, c'eft de pouvoircGurir&lauterailezlégdrement. L'outarde ne vole point non plus, & il en e!t de même pour quelques autres efpeces. Les alles tiennent lieu aux oifeaux de bras ou de pieds de devant, & chacune ell compofée de onze os, dont un appartient a 1'arrierebras, deux a 1'avant-bras, & quatre k la main , qui a encore un pouce cc deux doigts. Avez» vous bien examiné le plumage des oifeaux ? Les j. A. Nous en avons plumé beaucoup, & nous avons bien remarqué qu'il y a des plumes de deux efpeces; il y en a de toutes fines, qui font par-deflbus les autres & quigarniffent 1'eiitre-deux. Oh! comme elles font douces ! Le b. A. C'eft ce que 1'on appelle le duvet. Chaque plume eft compofée du canon ou tuyaux & des barbes; le canoneltd'unematiere lolide & légere, en partie creux , percé a 1'extrémité qui touche au corps d'un orilïce qui recoit les fucs nourriciers : ce qui fe trouve dans le cceur du tuyau, fe nomme la moëlle. Le canon des plumes d'oie, de cygne, & autres, peut fervir pour écrire ; le duvet de ces oifeaux & des autres oifeaux aquatiques, eft fort bon a garnir des lits; les autres efpeces, comme les pigeons & les poules, ne donnent point de duvet propre a eet ufage; leurs plumes font bumides & lourdes, & fe pelotonnent trop. Les deflinateurs & les luthiers font ufage des grandes plumes du corbeau. Les oifeaux ont des paupieres comme les quadrupedes & peuvent fermer les ycux; ils ont auffi des os comme eux. II y en a qui ne vivent que de graines; d'autres feulement de chair j d'autres font a la fois frugivoKS &carni-  Du regne animal. 5 «oM, febfl 1'occafion. Auffi le Créatenr les a.t-il pourvus d'organes propres a cherchcf & a faifir ces dilférentes proies. Les uns ont le bec aieu, les autres 1'ont obtus; les uns retroufie , les autres en corbin; d'autreslargc & plat, d'autres en cuilliere; les uns 1 ont torc court, d'autres fort long. Mais le bec des oifeaux eft touiours d'une matiere dure a peu prés comme la corne, afin qu'il puiffe tenir lieu & dedents & de mains, non feulement pourprendre leurs alimens aux lieux indiqués par 1/Ordonnateur fuprême, mais encore pour la tenir & la brner. CeiiK qui vivent de graines, font pourvus d'un eéfier dans lequel ils en font entrer une certaine quantité qui s'y amollit avant que de paffer dans 1'eftomac, OU elle doit fubir la digeftion par parcelles : d'ailleurs eet eftomac, quoique petit, eft ft dur & fi fort, quil peut comme deux meules , briler & pulvénfcr les graines les plus dures, & même de petits cailloux ou de petits éclats de verre quelesoiieaux avalent quelquefois avec elles. Du refte, les oifeaux n'ont point de veffie, & parconféquent ne reudent point d'urine; mais leur üente lorc avec 1'humidité fuperflue. Ils dorment prefque tous debout lur leurs iambes, quelquefois fur une 1'eule, & la tête cachée fous une alle; fouvent ils font ainfi perchës fur uu foible rameau, & avec cela le vent le plus violent n'eft guere capable de les renverfer, tant ils favent s'accrocher & s attermif avec leurs ergots. ( Dans la plupart des oifeaux les jambes lont placées précifément de. facon a tenir le corps en équilibre. Quelques efpeces les ont un peu plus en arriere, comme les canards & les oies, qui A 3  ê Du regns animal* pour cette raifon courent fort mal, maïs ne nagent que mieux, & d'autant mieux que leurspieds font garnis d'une peau ou membrane qui en join t les doigts, pour les rendre propres a fervir de rames. Mais la pofition ordinaire des jambes dans les oifeaux, eft affez exa&ement fous le point central du corps. La plupart ont quatre doigts aux pieds, trois en avant, & un en arriere, au deffus duquel on trouve encore dans quelques efpeces ce que 1'on appelle 1'éperon. II y en a beaucoup qui ont deux ongles en avant & deux en arriere: quelques-uns n'en' ont que trois en tout, comme le caffoar, 1'outarde, &c.; mais 1'autruche elt le feul oifeau qui n'ait que deux doigts en avant, & aucun en arriere. Les doigts font terminés par les ongles , tantót aigus, tantót obtus, tantót dentelés, felon les befoins de chacun: par exemple, le héron ne pourroit aifément faifir fans un pareil organe les grenouilles, les crapauds , les ferpens, les anguilles, dont il fe nourrit. Les j. A. Mais y a-t-il beaucoup d'oifeaux? Le h. A. Jugez fi le nombre en doit être grand, puifque 1'on en compte deux mille efpeces différentes, qui toutes font plus oumoins jnultipliées. Voyez feulement combien de moimeaux dans un feul pays, dans un feul village^ & des linottes , & des étourneaux, &c. Lesj. A. Mais, oüeft-ce que tous ces oifeaux fe tiennent donc ? Y en a-t-il auffi dans les autres parties du monde,comme 1'Afie, 1'Afrique & 1'Amérique Le b. A. Et danslesterresdeCouk(Cook)?... Sans doute, & 1'on dit même que c'eft la que fe trouvent les plus beaux; par exemple, les plus beaux perroquets viennent de ce pays»  ÏSü regne animal, 7 3a fvlais U y a beaucoup d'oifeauX qui pafTent d'une partie du monde dans 1'autre; par exemple la plupart des hirondelles nous quittenï avant 1'hiver, & pafknt en Afriqne pour uVn revenir qu'auprintemps. Lesalouettes , les cailIes les bécafles, ne reftent pas non plus CheZ nous toute 1'année: ils quittent nos conirees pour en aller chercher de plus chaudes pendant la mauvaife faifon; & les uns rcvienncnt au printemps , les autres feulement en été. Beaucoup d'autres efpeces font la même manoeuvre. . Les j. A. Et pourquoi donc eft-ce que les oifeaux s'en vont comme cela? Le b. A. A peu prés la même raifon qui fait voyager des armées de poillbns, comniï vous 1'atez vu; c'eft-a-dire, le défaut de nourriture, & de plus, le froid auffi. Car de quoi vivroic 1'oifeau de riviere, lorfque 1'dldmcnt qui lui fournit fa pature, c'eft-a-dire 1'eau , lui ë*J fermé par la gelée qui 1'a changde en glacé $ Que deviendroit 1'oifeau qui vit d'infeeles quand le froid les a tous tués, & que ia neige döüvfe laterre pétrifiée par la gelde? II faut bien qu'ils délogcnt & aillent chercher ailleurs a vivre, ii irroins qu'ils ne puiflent pafier cette mauvaile faifon daus 1'engourdiü'ement & la léthaiv,;e fans manger, dans les mares, les étangs, les creux de la terre, des rochers & des arbres 9 comme le font en effet plufieurs hirondelles, & d'autres encore Ce font ces oifeaux voyageurs que 1'on appelle en général , oifeau de paG» fage; les uns font le voyage en grandes troupes, les autres par petites bandes , & d'autres i'euls a feuls. Dans les grandes bandes on en voit un voler a la tèto, & les autres le fuivre A 4  S Dit regne- animal'. en bon ordre, & ce chef eft rejeyé foures fes deux heures par un autre. Les j. /i. Mais ces oifeaux doivent être bienlas quand ils font de li. longs voyages? Le b. A. Vraiment, s'ils faifoient des voyages tout d'un trait, ils fe fatigueroient trop; mais ils n'en auroient pas la force. Auffi fe repofentils fouvent; ils ont leurs ftations fixes., oü ils s'arrêtent pour manger & dormir: furunfi long ïrajet, ils ne s'égarent jamais un feul inftant. Au refte, c'eft fort heureux pour les oifeaux ■qu'ils puiffent avec tant defacilitéfeporterd'uu pays dans un autre: les quadrupedes font bien obligo's de refter dans un mêmepays, &cen'eft «uie par oes cas extraordinaire» que k faira & 3a difette en poufl'ent quelques-uns fort loin de 3eur pays natal , comme 1'on a vu de temps ji autre quelqu'un de ces monftres affamés, Jhyènes, loups, & autres, paroitre dans des contrées oü. on ne les connoiffoit pas-, & y faire des ravages terribles. Nous avons eu le analheur de recevoir quelquefois en France de •ces vifites cruelles ; & les gens de la campagne ont cru que c'étoient des animaux enforcelés, qui ddvoroientles hommes & les troupeaux. Les j. SJ. Un oifeau "peut - il faire bien du chemin dans une heure? Le b. A. Plus qu'un cheval au galop dans «louze: on fait qu'un cerf ou une renne peut faire foxante-dix a quatre viugt lieues dans un jour, & la derniere même cinquanteafoixante, attelée a un traint au. Mais cela n'approche pas «le 1'efpace que peut parcourir une hirondelle dans le même intervalle: elle peut faire jufqu'a trente lieues dans une heure, de forte qu'il ne  Du regne animal. 9 lui faut que dix a douze jours pour fe rendre de France en Afrique. C'eft ce qu il eft aife de favoir par le moyen d'un correfpondant, qui ait foin d'obferver & de noter le jour de 1'arnvée d'une compagnie dont on aura noté le dé- part (*)• „ . e La plupart des oifeaux ne fe tiennent que fur terre & ne vont jamais fur 1'eau: mais il y en a qui font plus fouvent dans 1'eau que fur la terre: ceux-ci s'appellent oifeaux de riviere, pour les diftinguer des autres qui préférent 1'élément fee , & repairent tantót fur la terre même, tantót fur les arbres, tantót dans les bois, tantót fur les rochers ou dans des trous. Leurs mouvemens ne fe bornent pas a voler; ils peuvent auffi marcher, courir, fauter, &c. Les oifeaux d'eau nagent trés bien a Paide de leurs pieds palmés; & pluüeurs plongent^de même fans mouiller leurs plumes, paree qu'ils ont grand foin de les oïndre d'une efpece d'huile, dont ils font pourvus dans deux glandes placées prés du croupion : car 1'eau ne peut f*1 tl v a ouelques années que M. /Manpw vit iffl' ver fur la cöte de Sénégsl, Ie O oftobre, des hirondelles , que 1'oti lavoit n'être par.ies d'Europe qne leier. ou le « du même mois ( v. fon Voyage du StnégaQ^ On lit dansi Pietro iella Falie, que le pigeon ("e pofte fan beaucoup flus de ctaemin en un jour qu'un homme ï pled n en peuC faire dans fix. Henri II, roi de France, étaut a la chaffa prés de Fontainebleau, perdit un faucon appnvoiie, qui fut pris dès le letidemain dans We de Malte & reconnu a un anneau qu'il portoit: or Ie trajet peut être »le quatre cents lieues. Un autre faucon fit en feize neurefl le trajet ri'Andaloufie a We de Ténériffe, d'eü cette pro. vince eft bien éloignée auffi de quatre cents lieues: c étoit environ vingt-cinq lieues par heure , fi 1'on a 111 le mawent précis de fon airiyée, & probablemeni davani*fi«. A 5  io Du regne animal. pénétrcr ce qui a été frotté d'huile ou de quel« que matiere onctueufe. Les oifeaux ont la vue & 1'ouïe trés fubtiles; als furpaflént même a eet égard tous les quadrupedes, & nous a plus forte raifon. Du haut de l'air, un aigle diftingue dans la plaine ou dans le bois, un lievre au glte. Du haut d'un arbre, le corbeau diftingue un vermiffeau rampant dans 1'herbe. Or, les oifeaux ont befoin d'une vue percante pour découvrir leur proie, de même que pour affurer leur vol rapide. Privés d'yeuxaufïï excellens, ils feroient obligés de n'aller que par bonds , dans la crainte de fe heurter a tout moment; & comment alors 1'aigle pourroit• il fondre fur le lievre qui franchit les plaines & les bocages ? Cependant 1'oifeau ne voit pas ëireétement devant lui, mais auffi il voit adroite & a gauche; ce qui fait que pour voir les obJets placés en avant, il tient prefque toujours la tête de biais. Les j. A. Mais les oifeaux ne peuvent pa» courir & voler & fauter dés qu'ils font forti» rie 1'ceuf: car nous 1'avons bien vu quandnous tavons pris des nids. Le b. A. Non pas tous, mais fi fait bienquelques-uns , qui naiffent avec leurs plumes, tandis que la plupart n'en ont pas plus en naiflartt que nous n'avons de cheveux a la même vent les plus beaux canards a duvet que noüs: appelons auiïi édredons. Dans les pays plus chauds les oifeaux ont moins de plumes, tellement qu'en Afrique on en voit plufieurs qui font a demi-nuds. Les j. A. Apropos! bon Ami, pourquoi donc eft-ce que prefque toutes les plumes des oifeaux leur tombent dans 1'automne? Le b. A. Je m'attendois bien que vous me feriez cette queftion.- Si vous' avez bien remarqué, vous aurez vu qu'il y en a plufieurs qui perdent leur plumage encore plus tót qu'a' cette époque. La raifon eft que ces plumes font devenues trop féches, & il leur en croitdenouvelles avant 1'hiver: c'eft ce quis'appellemuer c'eft-a-dire, changer. Mais le temps de la mue eft pour les oifeaux un temps de trifteffe' & de filence; leur ramage ceffe, ils ont 1'air abattu-, & cette crife elt même fi dangereufe pour eux, que plufieurs en mcurent. Ils font ordinairement attaqués pendant ce temps-k d'une maladie que 1'on appelle lapépie, h qui confifte en ce que leur languê s'endurcit tellement & fe deffeche a un tel point, fur-tout vers la pointe, qu'outre la douleur qu'ils en reffentent, il leur eft impoffible de manger; de forte que fi elle ne fe guérit pas clans peu de jours, les pauvres bêtes meurent de faim (*) Les oHeaux ont auffi louvent dans ce temps-lï «ne püftule VJrs 1'anus, qui peut leur caufer la uiort li elle ne s'ouvre pas affez tör. On la perce aux canaiis, ou bien on inele un peu de lafran dans 1'eau qu'ou leur donne Ji buur*  üü regne animaf.- t& Ceux' qui ne mcurent pas des fuites de Iaffiue, ou par vieilleffe, ou par accident, deViennent a-peu prés la proie des hommes ou des* autres animaux. Ainfi 1'on auroit tort de craindre que les oifeaux ne vinffent a fe multiplier trop quelque part: s'il arrivé qu'il s'en montre un peu davantage une année qu'une autre, il n'y a qu'a avoir patience; ils difparoitront eer-' tainement peu a peu. De même, s'il y en a qui vivent des trente, quatre-vingt, cent ans»que nous importe? ils meurent a la fin, & d'ailleurs ce font ceux qui fe multiplient le moins; par exemple, 1'aigle, combien pond-il d'ceufs? un feul, ou deux, ou trois tout au plus.- Cet oifeau peut vivre, dit-on, plus de cent ans, & le perroquet auffi. De tout cela, il fuit que 1'idée de s'attacher' a la deftru&ioa & extirpation d'une efpeced'oifeau dans un pays, pour la feule raifon qu'ils5 s'y feroient plus muitipliés.qu'a 1'ordinaire eft une idéé très-mal raifonnéc. II n'y a pas beaucoup d'années que les habitans de 1'Amé-rique feptentrionale en ont fait 1'épreuve a leurs dépens. Ils s'étoient attachés a purger leur pays de corneilles, & ils les exterminerent en elfet de facon qu'il n'en refta point. Peu d'années après, il fe trouva qu'une certaine efpece d'infecle trés vorace & defiructeur des plantes nutritives, s'étoit multiplié au point de ne rien laiffer a récolter dans les campagnes; ils apprirent i regretter les corneilles, & a reConnoitre leur utilité. On ne peut nier de même qu'une grande multitude de moineaux ne faffe quelque dommage dans un pays; mais il ae feroit cependant pas prudent de ïes extermincr, paree que s'ils gobent quelques graius de  &6 Du regne animal. bied qüe nous ne leur deftinons pas, ct'ütl a'u= fre cóté ils nous rendent le fervice important de nous débarraffer d'une multitude de ehenilles, de fcarabées & d'autres infeéles, qui nous feroient bien plus de tort par leur multiplication furabondante. Ainfi, en mettant dans la balance tout le bien & tout le mal que peuvent nous faire les animaux dont il a plu au Créateur de nous entourer, ou trouvera, je penfe, qu'il nous font en général plus utiles que nuifibles. Nous n'avons qu'a veiller avec fbirt, mais tontefois fans trop d'inquiétude, fur nos jardins & fur nos champs, nous ne ferons jamais ruinés par cette cfpece de créatures. II faut que tout vive , comme dit le proverbe, betes & gens: ainfi un bon pere de familie ne s'allarmera jamais du peu de nourriture que lui coütera cette familie fauvage, malgré fes foins pour diminuer eet article de dépenfe. Nous laillèrons donc les barpagons fe morfoildre de regret pour quelques pois ou quelques harieots que les moineaux auront endommagés dans leurs jardins, pour quelques cerifes ou autre mifere femblable qu'ils lui enleveront: pour nous , nous nous contenterons de faire ré« flexion que ce qu'ils confumenteftpeudechofe; & que du redt, ce font de petites bètes, non feulement d'une humeur agréable, mais encore d'une vraie urilité. Les j. A. Et peut-on manger les moineaux? Le b. A. Et pourquoi donc pas? ces oifeaux la ne mangent que de bonnes femenccs & de bons fruits; ils doivent avoir la chair faine & nourrilTante: il faut cependant convenir qu'elle n'a pas aufli bon goüt que celle des alouettes  Du regne animal. 21 & des grives; mais nous en mangeons liieti d'autres qui font dans le même cas. II ne faut point révoquer en doute 1'utilité des oifeaux en général. D'abord ils nous fourniffent, & par leur propre ebair & par leurs ceufs, un aliment de trés bon goiït & trés fublt.anr.iel; que 1'on en juge par les pigeons, les poulets, les oies, &c; au point, en un mot, que les ceufs de poules font devenus indifpenfables dans nos cuifines. De plus, ils eonfomment & purgent les campagnes des charognes qui les infecteroicnt, dcsinfecr.es qui les dépouilleroient: ils nous fourniffent de quoi nous faire d'excellens lits , des plumes a écrire, & beaucoup d'autres cbofes. Et enfin, faut-il compter pour rien le plailir qu'ils nous font par leur préfence feule, par leurs moeurs gaies, par leur ramage, par leurs belles couleurs? Tous les oifeaux ont une efpece de voix, de ehant, ou de cri. II efl vrai que quelques-uns , comme le paon & 1'oie, ne font rien moins que d'excellens muficiens: mais il y en a une multitude d'autres , fur-tout les males, quand ils cbantent leurs amours & qu'ils font des complimens a leurs femelles , qui paroiffent pofféder naturellement eet art enchanteur, & qui réufliflent a nous faire partager leur joie, & a fe faire éeouter avec un fenfible plaifir. Qui n'a pas été quelquefois réjoui par le ramage éclatant du roffignol? II faudroit n'être pas homme, ou n'avoir point d'oreilles. Quant aux femelles, elles cbantent peu & mal, ou point du tout: elles femblent ne répondre aux agaccries mélodieufes des males sque par des monofyllabes de refus ou de confentement, & d'ailleurs elles ne font pas auffi richement décorées qu'eux.  tBu regne animai. La plupart des noms des oifeaux, font tirés ,ou de leur cri, ou de leur conformation, oude leurs mceurs, ou de leur pays originaire, &c. Les p A. A propos J bon Ami: pourquöi donc eft-ce qu'il y a des oifeaux qui peuvent parler comme nous? Le b. A. Parler comme nous?... eft-ce que nous parienons donc comme un perroquet, une pie, un fanfonnet, un merle ? il faut dirc que 1'on a réulïi a faire imiter par quelques oifeaux quelques - unes de nos infléxions de voix ; mais cela ne s'appelle pas proprement parler, encore moins tout-a-fait parler comme nous. Les oifeaux qui ont cette capacité font ceux qui font pourvus d'une langue dpailTe & Jarge; & cependant il eft fingulier que le finge, celui de tous les animaux dont la conformation approche plus de la figure humaine, & qui poffede au plus haut degré le talent de 1'imitation, n'ait jamais pouffë fon art jufques la, ou n'air, pu y être amené. On trouve chez prefque toutes les nations .quelque efpece de volatile jouillant d'une confidération diftinguée , & fouvent de quelque chofe de plus. Chez 1'une c'eft 1'hirondelle qui jouit de ce privilége, chez 1'autre c'eft la cixiogne (*). Au Kahiro en Egypte , on fait le plus grand cas d'une efpece de vautours qui débarraffent les rues, les chemins & les campagnes des charognes , qui y feroient entafl'ées lans ces utiles animaux, paree que dans cette grande ville on ne fait ce que c'eft que lieute* (*) c'eft Yibis des anciens, & 1'on fait que. c'étoityoBf eux un oifeau facitf.  £5ü regne animal. ^3 rïiant de police, grucrie, & autre chofe femblabie; de forte que tout ane ou chien , cheval ou chameau , qui tombe mort quelque part, .y demeure tant qu'il plait aux vautours, qui 1'e font rendus, par ce fervice trés important, des êtres refpeetables. Les j. A. Ne fait-on pas auffi plufieurs claffes difiérentes d'oifeaux, pour les mieux diftinguer? Le b. A. précifément; vous avez des idéés d'ordrc & d'arrangement qui font excellentes. Ainfi nous ferons comme avec les infeétes&les .poifibns; nousallonsfaire fix claflés de tous les oifeaux. La première comprendra les oifeaux de proie . tels que 1'aigle, le hibou, &c. La feconde, les oifeaux babillards, comme le perroquet, la pie, &c. La troifieme, les palmi-pedes ou aquatiques, favoir 1'oie, le cygne, &c. La quatrieme, les oifeaux de marais, comme la cicogne, 1'autruche. La cinquieme, les galikiacées; favoir la poule , & autres femblables. La fixieme enfin fera compofée des oifeaux & ramage, comme le rofiignol, &c. PREMIÈRE CLASSE DES OISEAUX. Nous commencons par les plus forts & les plus terribles animaux de 1'efpece des volatiles, les oifeaux de proie, qui comprcnnent les genres de 1'aigle, du faucon, du vautour, du lanier, & du hibou. Or tous ces oifeaux font ceux qui ne vivent que de chair, & même prefque feuleuient des  g| Du regne animal. animaux vivans, oifeaax ou autres, qu'ils égor"ent; car dans un fens bien exact, tous les oifeaux font, pour ainfi dire, des oifeaux de proie, attendu qu'il n'y en a aucunqui ne falie ïa chaffe k d'autres animaux vivans , notammant aux infeétes de toute efpece , qu'ils tuent aufli & qu'ils égorgent fans pitié. Mais les aigles, les faucons, les milans, les vautours, les lauiers, les hibo.ux, voila les oifeaux les plus mal-famés, les ravifléurs qui ne fe contentent pasd'infeétes & de vermifleaux, mais auxquels on reproche tous les ans des meurtres beaucoup plus ctiminels k nos yeux, favoir la deltruction de plufieurs animaux que nous nous réfervions de détruire nous-mêmes de toute autorité. Ils font tous reconnoiflables a des marqués infailiibles; & voiei leur fignalement bien exact: Un bec a corbin, fort & trés aigu; une tête bien nourrie oü 1'on voit le nerf néceilaire pour fe rendre maltres d'animaux capables de réfiftance; des jambes courtes, maisfortes, & des pieds garnis de doigts k peau trés rude, & d'oneles recourbés trés aigus. Tous, jufqu'au vautour, préferent une proie vivante, & dédaignent les charognes; mais le vautour fe foucte peu de viande fraiche, &prefere la vieille venaifon. Tout ce qui entre dans 1'eftomac des oifeaux de proie, s'y corrompt & pourrit, & de la vient que leur chair a une odeur trés défagréable & nefauroitétremangée. Leurs plumes même ne peuvent être d'aucune utilité. „ , ■ Les j. A. Et oü eft-ce que 1'on trouve donc ees méchans oifeaux ? , . , Le b. A. Dans les lieux que tous les bngands clioilillent ordhiaü-ement pour leur repaire: favoir  Du regne animal. 25 -voir fur le haut des rochers, dans les vieux chateaux abandonnés, dans les forêts épaiffes, de même que fur le haut des vieilles tours, fur la cime des arbres, dans les creux d'arbres & de rochers; en un mot, dans des lieux de trés drfficile accès ou tout-a-fait inaccefïïbles. II fe trouve néanmoios des gens affez hardis pour aller, au péril de fe tucr vingt fois, déterrer leurs nids, y grimper, & leur enlever leur pature, pour la vendre ou la manger eux-mêmes, comme oies, lapins, lievres, agneaux, chevreaux, &c. Les ƒ. A. Eft-ii poffible! comment donc eftce qu'ils peuvent trouver tout cela dans ces fortes d'endroits? Leb. A. Ils ne 1'y trouvent pas, ils 1'y portent entre leurs griffes a travers les airs. Les aigles & les gros faucons ont affez de force pour eela, & quand ils fondent fur une proie, il eft difficile qu'elle fe tire de leurs ferres : ils attaquent même fouvent des animaux beaucoup plus gros & plus forts, avec tant de rapidité & d'anleur, qu'ils s'en rendent maitres. Car ils commencement d'abord a crever les yeux de l'animal qu'ils ont faifi, & enfuite ils lui fucent le fang, puis il 1'enlevent mort ou vif encore, & 1'emportcnt foit dans leuraire, foit dans quelque lieu für, oü ils acbevent de le dévorer. JVIoutons, cochons, veaux, cerfs ou faons, ils fe faififfént de tout; & s'ils ne peuvent emportcr ni un bceuf, ni un cheval, du moins ils le tuent & en emportent des pieces confidérables. Quand ils ont des aiglons, ils ne leur portent que de petits animaux vivans, pour qu'ils s'exercent de bonne heure a tuer & dépecer une proie. IK Partie. B  2.6 Du regne animal. Les L A. Ah ciel! cela roe fait peur. Voila de terribles oifeaux! eft-ce qu'ils ne font jamais du mal aux hommes ? Le b, A. Fort rarement; cependant il y en a des exemples: on leur a vu enlever des enlans de dix a douze ans a travers les airs, & même attaquer des hommes. Les j. A. Ma's, ces aigles & ces vautours font donc bien gros? Le b. A. Prefqu'auffi gros qu'un homme; & quand ils étendent leurs ailes pour voler, 1'envergure eft de dix a douze pieds. II y en a même de beaucoup plus gros encore, mais qui font plus rares. Ils ont la langue & la partie inférieure du bec creufée en goutiere, pour pouvoir faire couler plus commodément dans leur gozier le fang des pauvres animaux qu'ils égorgent; car on prétend que c'eft la leur unique boillbn, & que jamais aigie n'a bu d'eau. Cependant quand ils peuvent avoir de 1'huile , ils en boivert volontiers. Les j. A. Y a-t il donc beaucoup d'oifeaux de proie ? Le b. A Heureufement que non; & non pas même autant, a beaucoup prés, que de quadiupedes carnalïïers, qui en effetfontmoins dangereux. Ils multiplient peu; les grandes efpeces ne font que deux ou trois ceufs par an I< ut au plus, & les autres quatre ou cinq. Et rar une üugularité qui les diftingue encore de tous les autres oifeaux, les femelles font plus belles & plus groll'es que les mdles. Ils con& fruifent leurs nids de branchages & d'herbes fjches.  Du regne animal. £ Aigle. Commencons par celui qui a patTé de tout temps pour le roi des oifeaux,: fi la force & la •taille, le goüt nu mcurtre & de la rapine, doivent caracténfer les rois, il faut convenir qu'il mérite ce beau diadöme. II y a plufieurs efpéces d'aigles, de gros & de petits, denoirs, de gris, de marbrés. Tous vivent de rapine & de meurtre, tous repairent fur la cime des rochers & des arbres dans les bautes forêts. Mais le roi de tous ces aigles, c'eft 1'aigle doré, ou grand aigle , ou aigle royal; après lui vient 1'aigle nóir commun, & enfin le petit aigle marbré: enfuite il y a auffi de grands & de petits aigles de mer, &pygargues, lesunsnoirs, les autres tigrés. L'aigle royal ou doré fe trouve dans lesmontagnes de la SuifTe, de l'Efpagne, de la France, & de plufieurs autres pays d'Europe; on en voit aufli en Afie & en Afrique, mais trés peu. La femelle ne fait que deux ceufs, mais elle ne fauroit avoir pour fes aiglons la tendreffe des autres femelles pour leurs petits: auffi quand par hafard elle manque de pature, elle les chafié du nid même avant qu'ils foient bien en état de voler, ou bien elle les mange. Cet aigle, dont 1'inftincl dominant eft la rapine & le meurtre, s'éleve a une hauteur pro» digieufe dans les airs, afin de découvrir au loin quelque proie qui lui convienne; il a comme tous les autres de cette efpece, la vue fi per^ante, qu'a cette diftance prodigieufe, il diftingue un oifeau perché fur un arbriffeau ou un lievre au gite. Cependant il méprife les foibles, & n'attaque que des animaux confidérabks; fbro-  Du regne animal. blable en cela au lion, qui ne fe donne pas la peine de prendre des fburis ou des taupes. L'aigle royal voit d'un peil de dédain les corbeaux & les corneilles, & les abandonne aux brigands moins vigoureux que-lui, comme les pstits aigles, les faucons, les milans. Cependant fi ces petits oifeaux ont la témérité del'in» quiéter trop, il les punit quelquefois de mort; mais la proie qu'il cherche, c'eft un mouton cras, un bon lievre, un chevreau, ou de gros oifeaux. II les faifit fi apiopos, & fond fur eux avec une tclle rapidité, tellement a 1'improvifte, qu'il ne leur rede aucun moyen de ié défendre; & d'ailleurs quand même ils mor.droient le niviiléur aux jambes, a peine s'appercoit-il de ces picotemens, paree que fes jambes font recouvertës de ibnes plumes jut ques fur lts ferres mêmes. Le grand aigle ne s'apprivoife jamais; ilaime la vie libre & fauvage, au point, que s'il fp trouve un autre aigle ou quelque autre brigand que ce foit dans fon voifinage, il fe force ti s'éloignér, tant il elt peu fociable; il ne veut pas même voir fes propres enfans, fa progénirure; il ne faut pas qu'un d'eux s'avife de paroüre fur fon arrondilfement, pas même pour lui rendre vifite. Cet aigle , quand il échappe aux périls de fa vie gnerriere, vit un fiécle entier & au-dela; mais a mefure qu'il vieillit, il perd fes forces ; fon bec n'a plus la même vigueur ni fes ferres le même nerf, de forte qu'il ne peut plus s'emparer des bonnes proies, & que fur fes vieux jours, a la place de fon ancienne chair royale, 'il elt forcé de fe contenter de ferpens & de lézards,  Du regne animal. 2} L'aigle noir comrnuii, beaucoup plus petit que l'aigle doré, fe trouveen-Europe & dans 1'Amérique feptentrionale, oü il fait fa patare des lievres, des oifeaux, des poifibns, des ierpens; il repaire fur le fommet des grands arbres iitués au bord des fleuves, & y éleve, tous les ans deux ou trqis petits, qu'il garde avec lui jufqu'a ce qu'ils aient appris le métier; a L'effet de quoi il ne manque pas de les roerter affidument a la chafle (Tab. IX, fig. 3.) Le petit aigle marbré fait fa proie des canards, d'autres petits oifeaux, de ferpens & de rats. 11 a un peu plus de deux pieds de long, & fon envergure n'en a pas tout-a-fait quatre ; on le trouve en liurope, en Alie, en Afrique. Les aigles de mer, grands & petits , ou pygargues, ont les jambes rafes, la queue Manche, le plumage noir & blanc; ils repairent dans les forêts des pays feptentrionaux, & fe nourrilfent d'oifeaux & de poifibns. Ils chaflóüt auffi ibuvent, comme le grand aigle, leur petits du nid, avant qu'ils faGhent bien voler & qu'ils foienten état depourvoir aleurfubfiftance. Les j. A. Mais les oifeaux de proie mangent-lis les animaux qu'ils prennent avec la plume & le poil aufli'? Le b. A. Üui bien, pour la plupart, & furtout les gros ; mais les petits ne mangent pas un oifeau avant que de 1'avoir plumé, ni un lievre avec la peau & le poil. Quant a ceux des grandes efpeces, qui avalent tout, les plumes~& les peaux avec le poil des animaux qu'ils dévorent, fe ramaflent dans leurgofier, &tou9 les jours fis les rendent en paquets par lc bec.  30 Du regne animal.. Les Faucons* IIü font beaucoup plus petits que les aigles, & 1'on en trouve dans toutes les parties du monde. Les plus beaux & les plus grosent le plumage gris-cendré, & font de la groffeur d'un beau coq de bafle-cour. Les autresefpeces font d'un plumage blanc, ou noir, ou rouge , brun, ou marbré., & ne font pas plus gros qu'un étourneau. A la 3. fig. de la X. Tab. fe trouve un alfez gros faucon. lis repairent, comme les aigles , dans les lieux fauvages& élevés, afin de découvrir au loin quelque proie, qui eft, felon leur force & groffeur, tantót un? lievre ou un lapin y ou un rat, tantót une poule, une oie, un canard, unepie, unecorneille, un merle, un étourneau, une alouette, & plufieurs autres efpeces d'oifeaux, même plus gres qu'ils ne font eux-mêmes, mais-incapablesde fe défendre contre eux. Ils s'y prennent de la même maniere que les aigles; ils commen— cent par aveugler la béte, enfuite ils boivent &n fang , & enfin ils entament la chair. Les j. A, Les faucons font-ils beaucoup de petits? je n'en ai pas tant de peur que desgrands aigles». Le- b. A. Aufli multiplient-ils un peu plus: les femelles pondent chaque annéequatre acinq ceufs-, & le pere cc la mere prennent foin de leurs petits jufqu'a ce qu'ils foient en état de pourvoir eux-mémes a leur nourriture. Du refte, comme ils ne font pas aufli terribles que les aigles, c'eft ce qui fait que 1'on a réulfi a ks employer au divertiffement de 1'homme. Les j. A. Comment donc cela, bon Ami? I.s t, ^..N'avez-vous jamais -té alachafle?.  Du regne animat.- §t Les j. A. Oh non! pas encore; mais fai "óien vu quand papa y alloit, & auffi fe gardeLe b. A. Eh bien! qu'avez-vous vu? Les f. A. Ils ont pris desfufils, des gibccieres, des carnaffieres,... & puts J'ai thé uns? fois un coup de fufil... .. Le b. A. Eft-ce h\ tout? partoient-ilscomm„ cela fans- autre chofe ? Les j. A. Mais... oui... je n'ai rien vu deplus 5; ris s'en alloient comme cela avec leurs chiens,Le b. A. Et pourquoi donc des chiens? Les f. A. Pour courir après- les lievresV & fes attraper. Le b. A. Après les lievres feuïement? Eï après les oifeaux, cft-ce que les chiens n'y courent pas? Les j. A. Oh 1 mais les chiens n'ont pomt d'ailes pour voler comme les oifeaux. ; Le b. A„ Cela eft vrar, auffi pour la' chaiTc aux oifeaü», les chiens ne fervent qu'a-les lam-, léver ou partir des endröits oü ils font eachés, & 1'on eft obligé de les tirer au vol, ou bien par terre , fur les arbres, quand on les apper-coit avant qu'ils foient envolés. Mais il faut étre bien alerte & bien adroit pour tuér les oifeaux pendant qu'ils volent, & Couvent il» font déja trop loin avant que Pon fe foit arratK gé pour tirer. Les j-. A. Ah! fi Pon avoit aufli des chien"' qui puliént voler, pour leur courir après , cela: feroit bien beau; n'eft-ce pas, bon Arni? Le b. A. Et croyez-vous que 1'onn'enapas? Les fi A. Du móins, papa n'cn avoit point, ' Le b. A. En elfet, il n'eft pas permis-a tout le monde d'en avoir: les rois & les princes ie font réfervé-la c-hafie-au faucon ;-il n'y aqu'eux B 4,  «2 &u regne animal. qui ont des faueons, des fauconniers, & des fauconneries. Les j. A. Ah! c'eft donc le faucon qui eft le chien volant ? Le b. A. Juftement;. mais il en coute bien de la peine, des foins , de 1'adreÜ'e, de 1'attention, du temps pour les élever & les apprivoifer avant que 1'on puiflè s'en fervir , avant que eet oifeau fauvage foit allez docile pour partir quand on veut, aller prendre les autres oifeaux plus foibles, dans 1'air, ou fur les arbres , & les rapportera fon maitrequilerappelle. On les dreffe même aufli a prendre des lapins, des licvres, des cerfs, des fangiiers, des loups, & autres gios animaux. Les j. A. Eft ce qu'ils les apportent aufli tout vivans ? Le b. A. Non pas; mais on les drefl'e as'agripperfur la tête de ces animaux, tandis qu'ils courent de toutes leurs forces, cc a leur crevey les yeux; après quoi il elt fort aile dclesavoir. Les j. A. Et comment eft-ce que 1'on fait donc pour les dreffer fi bien ? Le b. A. D'abord on cherche a les prendre tout jeunes, foit dans 1'aire même, & alors on les appelle niais ou béjaunes C'bec-jaune}, foit peu de temps après qu'ils en font fortis, & alors, on les appelle hagards, paree qu'ils font plus fauvages & plus diiticilcs a dreifer. Quand ou en a un , on 1'attache, on le fulpend ainfi attaché dans un anneau en l'air, & on 1'empêche de dormir pendant trois ou quatre jours & nuits de fuite, jufqu'a ce que la fatigue 1'ait liiflifamment abattu & hébèté, & qu'il ait ainli perdu beaucoup de fon humeur fauvage. Enfuite on le fait jeimer auffi quelques jours, & quand  Du regne animl. 33 11 etl bien affamé, on lui met a pOrtëe un !pjgeon ou un poulet, fur lequel il ne manquepas de fe jeter, mais tout a coup on retire la proie , & on ne lui en donne un morceau que quand on le voit devenu doctle & obéiffant. Enfin, quand il eft prefque tout a fait apprivoifé, on lui apprend a connoïtre les bête.squ'on veut lui faire chafl'er, felon qu'on le deftine au poil ou k la plume, & cela fe fait par le moyen du leurre, qui eft une ligure d'oifeau ou de béte fur laquelle on cxcrce Ie faucon i après quoi on le mene h !a chafle, mais dans les commencemens toujours a une ficelle fort longue, au moyen de laquelle on le laiflq voler d'arbre en arbre, ou de maifon en mailon, eu attrapant quelque pigeon ou autre oifeau. 'v • Quand le fauconnicr a continué eet exerciee pendant quelques femaines, & Iórfqull croit 1'oifeau fur, il 1'eflaie en plaine campagne, oü 51 le mene fans être attaché, poféfurfonpoing, mais toujours chaperonne' & avec des grelots aux pieds. Quand les chiens ont arrété, on fait lever le gibier que 1'on veut, onluidécouvre les yeux, & fur le champ le faucon s'élance, s'éleve, fond defl'us & Happorte, ou bien lui creve les veux fi c'eft une grolf'e bête^ - Les j. A. Et le faucon, revient-il toujours quand on le rappelle, & quand il tient fa proie ? Le b. A. Ah! vraiment il en déferte plus d'un qui, quand il fe voit en liberté,oublie de rentrer dans 1'efclavage , fans s'informerde tout Fargent qu'il en a coüté pour 1'inftruire & même pour l'avoir. Les j. ^4. Eft ce que les'faucons coütentdonc fi cher? Le b, A, Un faucon bien dreffé revient bien B 5  34 Bli repte animal, toujours k peu prés è cent écus. Le roi en a beaucoup, & chaque année il en recoit plufieurs en préfeut; par exemple , le grand-maltre de Malte lui en envoie douze tous'les ans, par' un chevalier qui recoit un préfent de mille écus.©rdinairement ils fontblancs, mais cesfaucoiiS' de l'ile de Malte, de même que de 1'Afrique, viennent tous, a ce que 1'on dit , des paysfroids, comme 1'Islande, laRuffie, qui:font. la vraie patrie des faucons &. autres oifeaux de proie.. U' Eperyier: Cét oifëau de proie que vous voyez Ta?>. ZX, jig. lö , a beaucoup de reflémblance avec les faucons & les petits aigles; mais il eftplus petit. II eft auffi plus commuii, & les jeunes gens en prennent quelquefois en cherchant d'autres nids; alors ils les nourriffent avec de la viande ou avec d'autres oifeaux qu'on ne veut pas maneer. On dreffe aufli 1'épervier a la chafle, mais» il eft plus fantafque que le faucon. La Milan. Celui-ci eft de la groffeur du faucon , prefque tout blanc, airant fur les arbres, dans lespetits bois, & prenant des lcvrauts, des lapreaux, des perdrix, des cailles, &c. II ne pourfuit pas fa proie au vol, mais il 1'attend, & refte perché conftamment jufqu'a.ce qu'il voie palfer un lievre ou quelque autre animal, furlequel il fond en paflant. Le milan eft un grand deftruöeur denidsd'oifeaux; il les cherche avec avk dité pour fucer les ceufs ou dévorer les petits. 11 y a une efpece de milan qui ïiiangeles^  ï)ü regtu (Minui $& guêpes, les mouches k mief, les chenilles^ ccïuitres infeétes; & une autre quiguette lés-poiffons dans les étangs & les rivieresoü ü fond deffus comme un trait lors qu'ils fe- montrent tam foit peu vers-la furface de 1'eau.- En France, nous diftinguons le milan royal ainfi nommé, paree qu'autrefois les rois & les princes s'amufoient a le faire battre par Péper-vier, qui en effet le met en fuite quoique plus petit que lui ;• & le milan noir, qui eft un oiteau de pafrage. Le royal'eft fort commun dans 1'Auvergne/le Dauphiné, & autres provinccs moiK tagneufes du royaume. Le Vautour* C'eft une engeance non moins Voraee que celle des aigles & des faucons , mais qui ne dédaigne pas, comme eux, les charognes méme les plus infeéles. Les'vautours n'attaquent même guere les animaux vivans qu'au défaut des morts; & comme ils font trés gros & trés fófts, ils font aufli trés-dangereux, d'autant plus encore, qu'ils fe réuniffent quelquefois deux ou' trois pour venir a bout des gros quadrupedes , comme des bceufs & autres femblables. Pour les lievres , lapins, renards, agneaux , brebis même, veaux & cbevres, ce n'eft pour euxqu'un ba'dinage. Du refte, ils dévorent leur proie toute entiere, jufqu'a la peau même & aux os, & n'en laiitent rien du tout. lis peuvent endurer la faim des dix & même desvingt jours entiers, mais ils font d'autant plus rarement dans ce cas que tout leur eft bon, ferpent, léfard, grenouille, crapaud, jufqji'aux ordures même des animaux. B <5  36 Du regne animal. Les vautours ont Ie plumage gris, brun, ewf bigarré, Ia tête chauve ou fans plumes, & le cou prefque de même; les plumes de la gorge & de deflüus les ailes font auffi douces que du duvet; ils n'ont pas le bec ni les ongles auffi crochtis que l'aigle, & plus courts que lui; ils font communément de la grofl'eur du faucon , mais il y en a de grandes efpeces, qui furpaffent les plus grands aigles , & ont jufqu'a dix« Iiuit on vingt pieds d'envergure. lis airent & repairent ordinairement fur ks arbres & les rochers les plus élevés, comme les aigles, mais ils craignent plus le froid, &'fontplusfréquens dans les pays chauds , comme 1'Egypte & 1'Arabie. Les grands vautours ne pondent par an qu'un ceuf ou deiix, & c'eft un bonheur pour nous ; car fi ces oifeaux monltrueux fe rauliiplioient davantage, bientót ils auroient détruit tout le bétail, & ne nous épargneroient pas nous-mêmes. Du refte, il y en a de gros, de moyens, & de petits. Le plus gros de tous les vautours, & même de tous les oifeaux de proie, eft le condor ou contour: il cnleve aifément un mouton a travers les airs, & quand ils fe mettent deux ou trois fur un bceuf, il eft perdu; 1'un lui creve les yeux, 1'autre lui fuce le fang, 1'autre lui ouvre le ventre & en arrache les inteftins qu'il dévore: enfuite ils fe logent dans fon ventre, & commencent a lui ddchiqueter la chair jufqu'a ce qu'il ne refte que Ia peau & les os; & ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu'on a beau s'approcher d'eux pendant qu'ils font acharnés fui leur proie, ilsne fe dérangent point, & laiffent les fpectateurs prendre d'eux unelecon d'anatonne. On en voit encore quelquefois paroi-  Lu regne animal. 37 tre dans les montagnes de la Suiffe, quoiqu'on ait pris beaucoup de peines pour les détruire. Le roi des vautours eft le plus beau de tous: il eft de la groffeur d'un aigle, a latêtechauve, le cou de même, avec un collier au bas formé par de longues plumes grifes; il a le poitrail lale, h dos & les alles d'un blanc rougeatre, le bec , le cou , les jambes , & les doigts font rouges. 11 ne fe trouve que dans 1'Améiïque méridionale. Onl'a auffi appelé vautour-moine, paree que fon collier eft affez ample pour qu'il y ptuffe rctirer fon cou & une partie de fa tête , qui femble'alors être dans un capuchon. Voyez Tab. W. fig. 5- Le vautour aux lievres ou aux agneaux , c'eft le vautour de la moyenne efpece; il eft de la groffeur du cygne, & d'un plumage bigarré: il fe jette fur les lievres, les daims, les agneaux, les marmottes , & on lui a même vu cnlever des enfans en bafe age. Auffi dans la Suiffe , oü il eft trés commun , les bergers attachent leurs enfans a des arbres, quand ils les ont avec eux dans les montagnes oü ils font paitre leurs troupeaux, pour que le vautour ne les enleve pas fi aifément. Le vautour aux charognes ou petit vautour de terre (Tab. X, fig. 16), a le plumage d'un blanc taché de noir. 11 n'eft pas plus gros qu'une oie, & fort commun en Egypte, oü 1'on en voit des troupes nombreufes occupées a dévorer les charognes & toute forte de chair gatée, qu'ils trouvent beaucoup plus deleurgoüt que la viandefraiche; plus elle eftinfecle, plus elle leur plait, & ils confument tout jufqu'aux ordures. hesi. A. Fi! les vilains; cela fait mal au cceur l B 7  S§: ÏÏu regne aiiiniali Le b. /). Les pauvres ramoneurs qui fe bar=>bouillent de noir en nettoyant nos cheminées, ne font pas fort ragoütans nos plus; cependant ils nous rendent fervice, & nous aurions d'autiant plus de tort en les injuriant, que c'eft une efpece de fervice plus répugnant, de même que celui encore de netoyer nos latrines. AiniT cette efpece de vautours , qui vous fait mal au cceur par fon goüt pour la charogne & pour 1'ordure, eft pourtant la feule qui nous rende vraiment fervice: car fans eux-, fur-tout dans les pays oü il s'en trouve le plus, 1'air feroit infecté par la multitude des charognes, paree qu'on n'y prend pas la peine de les enterrer, & les hommes n'y pourroient pas vivre. Les j. A. Mais pourquoi donc eft-ce que 1'onn'öte pas les charognes ? Le b. A. Apparemment que méflicurs les Egyptiens trouvent aufïï que cela feroit trop dégoütant ou trop pénible pour eux: fi un cheval, un dne, un bceuf, un chat, un chien creve au milieu de- la rue, on le laiffe a la place même oü il eft tombé , & 1'on fe garde bien d'y toucher. Voila du moins comme 1'on en ufe a Cahiro (le grand Caire), qui eft la capitale de 1'Egypte. Ainfi, s'il'n'y avoit pas la des chiens & des vautours pour débarraffer les rues, on n'y pourroit pas refpirer, ni même fouvent y paf-fer; car comme le pays eft plus chaud que le nótre , la putréfaétion s'y fait plus prompte-ment. Aufli les habitans ont-ils beaucoup de lefpecl: pour les vautours&pour les chiens. Ce-pendant ces derniers animaux n'y font point admis dans les maifons; la loi de Mahomet lesdéclare immondes, & quand les Kahiriens en rencontrent «n fur leur pallage, ils s'écartem de ■  Mt fegne anteuil, 33, lui comme nous ferions s'il étoit enragé. Mais en revanche, les mes font pleines de chiens a peu prés de la groffeur de nos lievres, prefque ras & nuds-j tachés-de noir & de blanc, qui ne fervent ni pour.la garde, ni pour la chafle , mais qui, comme les vautours , font des animaux facrés & chéris uniqucment, paree qu'ilsmangent les charognes» Noii-feuletuentiln'eft pas permis de les tuer, mais- encore on leur iburnit h manger, même de Ja viaude fraiche , quand ils n'en trouvent plus d'autre, & onleur met de la paille dans' certains lieux oü ils vont fe coucher; bien plus, on leur batit des huttes ou cabanes a part expres pour leur fervir de retraite dans la rude faifon.- Chaque jour, ou a peu prés, 1'on tue quelques bceufs uniquement pour ces animaux, & on leur en diltribue la chair fok & matin fur une place oü ils ne man-quent pas de fe rendre, auffi bien que les vautours. Dans cette même ville, & dans plufieurs-autres villes mahométaues, il eft d'ufage parmi les riches habitans de léguer a leur mort une certaine fomme pour que cette diltribution ne manque pas.- Et en eilét, quoiqu'il meure a Cahiro prefque chaque année au moins un milliers d'anes, de chevaux& dechameaux, ils'en faut bien que cette quantité de charognes fuffife pour celle des chiens & des vautours qui s'y trouve. Auffiyfont-ils extrêmement multipliés, foit dans la ville, foit aux environs, &l'on s'y oppofe d'autant moins qu'ils rendent encore ura autre fervice, favoir de nettoyer les campagnesde la multitude de poifibns, de ferpens & de lézards, que le Nil y laifle après fon déborde. ment annuel, & qui y cairfenc une infecïioEi infupportable.-  4ö ' T>w regne animal. E'Emerillon. C'eft le nom du plus petit de tous lés oifeaux de proie qui chaffènt de jour. Ils ne font pas plus gros que 1'alouette ou que le moineau, ou tout au plus de la groffeur du mërle, & leur plumage eft fort beau, quoiqu'il y en ait de gris-cendré, de bigarrés blanc & noir. d'autres a tête rouge , & plufieurs autres fortes de toutes couleurs, qui fe trouvent dans toutes les quatre parties du monde. L'émcrillon gris que vous voyez Tab. Hl, fig. 9, fe tient dans nos contrées tant 1'hiver que 1'été; mais les autres efpeces fe retirent dès 1'aütonine dans les pays chauds, & ne revienneut que vers Icprintemps. Ces oifeaux airent tantót dans les bois, tantót en race campagne, fur les arbres épars, fur ks buiffons &c., & font de cinq ah uit ceufs. Ils font leur proie des moineaux, des alöuettes", des roitelets, des loriots, & autres petits oifeaux, auxquels dans le befoin ils fuppléent par des ïnfeéteSi Au refte, c'eft un petit oifeau témcraire qui', avec fon vilain cri de trui, trui, trui, ofe fouvent s'attaquer aux pies, aux corneilles, graies, agaces , choucas, qu'il bleue fouvent, mais auffi qui fouvent 1'accueillent trés mal & le chaffent a demi mort; ce qui n'eft pas étonnant vu la fupériorité de ces oifeaux quant a Ia groffeur. 11 arrivé même que 1'on voit tomber a terre un émerillon les griffes engagées dans Ie corps d'une pauvre alouctte qui fe dérend de fon mieux, & avec laquelle il fe bat alors jufqu'a ce qu'elle foit morte ou a peu prés; car ce petit affaffin a les inclinations trés meurtricres, & plutót que de lacher ce qu'il a mie fois faifi.  Ba regne animal. 4* fort ou foible, il fe laifle plutót tuer lui-mème, On peut en tirer quelque parti en 1'apprivoifant & en le tenant dans un appartement pour en chaffer les infectes; il en fait vraïmentbonne & prompte juftice. II y a des- pays oü on 1'appelle tue-neuf & encore empüleur, paree qu'on prétend l'avoir vu- enfiler aax épines des buiffons jufqu'a huit ou dix fcarabées, hannetons, ou autres iivféétes, pour fe donner le plailir de les croquer enfuite a fon aife. Ce feroit rdellement une pa-rticula-rité qui ne fe remarque dan» aucun autre oifeau de proie, foit de jour, foit de nuk. Les j. A. Mais, bon Ami, eft-ce qu'il y era a donc aufli qui chafl'ent la nuit? Le b. A. Sans doute; il yen a plufieurs * auxquels on donne en général le nom de hiboux.. Les Hiboux. Lorfque les autres oifeaux font prefque tous ïïvrés au fommeil & au repos , les hiboux fortent de leurs-repaires obfeurs, vont a la chafle ,. & donnentja mort a un grand nombre d'oifeaux ou d'autres petits animaux. Les j. A. Mais eft-ce qu'ils peuvent voir pendant la nuit? Le b. A. Les chats nevoïent-ilspas? lesfouris ne voient-elles pas ? On a remarqué que ces animaux avoient les yeux conformés d'une maniere particuliere (*), qui les rend propree a faiür pendant la nuit des traits de lumiere qui (*) M de Haller eiur'aiures, comme le rapport Ja. de ËMiare.  42 Du regne animal. échappent aux nótres, & qui d'ailleurs doiverir" exifter dans 1'atmofpere, foit par un etter in-dubitable de la réfraction, foit par la préfcnce des foleils tnnombrables que nous voyons dans ie ciel, & que nous appelons- des étoiles. Cependant il y en a qui prétendent, fans trop dire iur qitei fondement, que ces oifeaux ne voient Al mieux, ni plus mal que les autres, inais que Jeurs yeux trop fenfibles pour funporter lesnots de la.lumiere diurne, font plus'propres h les fervir pour leur chaffe dans les momens du crépufcule tant du foir que du matin , de même qua la lueur de la-lune, de forte que dans lesnuits entiér'emeut obfcurcs & noires, ilsneneuvent point chafler, & font obligés de jeüner oir de ie contenter des courts intervalles du crépufcule.- Cependant ils ne trouvent fouvent pas de ' ehers-, dansles vieilles tours abandonnées, les vieux cbateaux ruinés, les vieilles églifes, <5c dans d'autres lieux, d'oü ils ne font pas aifément dénichés par les hommes ou par les animaux, de facon qu'ils y paflènt le-jour tran»quilles. Les oifeaux de proie noéturnes font en affezgrand nombre. En Europe y, on en diftingue deux families, favoir les hiboux a oreilles ou cornus , & les hiboux fans oreilles ou a tête rafe: enfuite on trouve trois variétés des premiers, & ciuq des autres, ce qui fait huit cn en tout. Tous ceux que 1'on nomtne a oreilles, tant gros que moyens & petits, ont des deux cótésde la tête une efpece de houpe ou bouquet de  44 Du regne animal'. plumes, qu'ils meuvent a volonté , qu'ils éte* vent & qu'ils abaiÜënt. Le grand hibou a oreilles eft de la groffeur' d'une oie , couvert d'un plumage noiratre a taches rouges, avec des yeux noirs; il ne fe trouve que dans les bois , & ne vknt jamaisdans les villes ou autres lieux habités. II poulfe le cri de hou hou, hou hou. C'eft-legrand duc. Le moyen hibou a oreilles ou moyen düc,. n'cft pas plus gros qu'une pie; il a les yeux bleus, le plumage gris taché de brun, & fort cri elt clof cloud. Voyez Tab: VUL fig. 23.- Le petit n'eft que de la' groffeur du pigeon :• il' a les plumes grifes tache'es de rouge, & fon cri eft ho ho, ho ho. Les cinq fortes de hiboux a têterafe font lesfuivantes. Les grands hiboux de forêts ont les plumess noires, tachées de blanc & de rouge; ils font de la groffeur de 1'oie , & fe tiennent en étérdans des ereux d'arbres, mais en hiver dans les granges , au milieu de fa paille & du foin, oii 1'on entend crier hou hou. Le hibou gris eft encore presqu'aufli gros qu'une oie, mais il a le cri tout différent; car c'eft gri gri. 11 ne vit que dans les bois. On prétend que dans certains pays éloignés, par exemple, en Syrië , on les voit attaquer de detits enfans ek les déchirer. Le hibou des églifes que vous voyez Tab. Vlll. fig. 19, elt de la groffeur d'une poule, avec le plumage d'un brun jasmatre, taché de gris & de blanc, ou par-deffous de blanc & de noir. II fe trouve dans les villes & les villagcs , fur le haut des clochers cc des églifes, oiïilfait  Du regne animal 45 «ntcndre, quand il vole, le cri de dié chéi, , cheu chiouj .& quand il eft pofé, celui de cré créi. II ne fait point de nid ; la femelle pond .fes ceufs fur des picrres fur la terre, ou fur une poutre. Dans les grands froids il fe eache .dans la paille ou dans le foin, oü 1'on en trouve quelquefois cinq ou fix dans un méme trou. Le hibou des carrières ou grande chouette, eft de la groffeur d'une cornerlle, &fetientdans les carrières, ou dans les vieilles églifes &chateaux ruinés; fon plumage eft jaune, avec des taches de blanc & de rouge, & fon cri eftgou go'ü. La petite chouette ou 1'oifeau de la mort, ji'eft pas plus gros qu'un mcrle, & a le plumage bigarré de blanc & de brun; fon cri au vol eft hou hou, & pofée, hême: il fe tient dans les églifes & dans les autres grands édiüces déja vieux. A le bien prendre , les hiboux ne doivent point être une race odieufe aux geus fenfés: ils détruiftnt les rats de champs & de jardins, qui font tant de ravages dans nos récoltes de grains .& de fruits : & néanmoins le payfan llupide & Ie citadin fuperftitieux ne laiffent pas de les avoir en averfion, & de s'en effrayer beaucoup plus que des autres oifeaux plus forts ou plus méchans. Les j. A. Etpourquoi donc, bon Ami? Le b. A. Eft-ce que vous n'en avez jamais entendu parler a quelque vieille fervante ? ne vous a-t-on pas encore conté comment ces Ipauvres oifeaux font les ambafiadeurs de la mort, & que par-tout oü ils font entendre leur -eri prétendu lugubre , il doit mourir bientót .quelqu'un dans le voifinage, fur-tout dans uns  40 Bu regne aiümcH. maifon, fur le comble de .laquelle ils fe feront pofés un moment; pour lecoup, la ehofë eft répurée infailiible. Auifi dès que ce cri fatal fe .fait entendre , on les voit trembler & paiir, & s'il arrivé malheureufement que 1'oifeau fimebre s'approche de leur domicile , ou même fe pofe fur leur tok , pourle coup, tout eft perdu; s'ils n'eu meurent pas eux-mêmes , ne fitt-ce que de la frayeur, au moins doit- ce être quelqu'un de la familie qui paiera inceffamment le tribut. He. CLASSE DES O I S E A U X. Cette claffe comprend fous lenomgénérique de pies, tous les oifeaux de bois, comme le perroquet, le corbeau, la corneille, la pie, le geai, le colibri, le pivert, le coucou &c, qui tous fe reconnoiflent a leur bec élevé, quoique de formes trés variées, & a leurs jambes courtes cc fortes, les uns ayant deux doigts en avant & deux en arriere, les autres trois en avant & lin feul en arriere; faifant leurs nids fur les arbres & fur les tours , pondant de quatre a buit ceufs , vivant de toutes fortes de fruits ,& de femences , de même que d'infeftes , & même de chair morte & d'ordures , enfin vivant quelquefois des foixante, & des cent ans , comme le perroquet. Une autre particularité des oifeaux de cette clafle, c'eft que le mille cc la femelle alternent pour la couvée, ou du moins que 1'un nourrit 1'autre tout le temps qu'elle dure. Les j. A. Les pies font-ils des oifeaux utiles ? Le k. A. Pas inliniment; car on nepeut goü-  Du regne animal. 47 •ter ni de leur chair, ni de leivrs ceufs, & leurs plumes ne font bonnes a .rien. Les j. A. Mais au moins ils chantent bien ? Le b. A. Pas même cela ; vous avez bien entendu quelquefois crier une pie ou un geai; eft-ce que xe n'eft pas un chant a faire peur? tout au plus peut-on fouffrir cette race d'oifeaux a caufe du plumage; car il faut convenir qu'il fe trouve quelquefois trés beau, parexemple, & fur-tout celui du perroquet, qui a encore par-deflus cela le talent d'apprendre a parler. Les j. A. Y a-t-il des pies dans tous les pays du monde? Le b. A. Oui, fans doute-; mais quelle différence des uns aux autres felon le climat de chaque pays! Par exemple, le fuperbe perroquet ne fe trouve qu'en Afie, en Afrique & en Amérique , & le charmant colibri feulement dans ceitederniere. En revanche, ces pays-la n'ont point nos corbeaux, nos agaces, nospies criardes. Les j. A. Ah ciel! comment, bon Ami, il n'y a point de perroquets dans nos pays ? & comment donc eft-ce que nous en avons dans les maifons ? font-ce auffi des oifeaux de paffage ? Le b. A. On en a ponr de l'argent&desparoles; car il n'en faut pas davantage pourengager des gens qui reviennent des Indes & de la iChine a nous en apporter. Ecoutez, je m'en vais vous conter leur hifJoire^  Du regne animal. Les Perroquets. On pourroit dire que eet oifeau eft ie fin ge de la gent emplumée. Toujours agile, gai, adroit, malin , rufé, le finge prend tout ce qu'il peut attraper, bon a manger ou non: le perroquet fait tout de même. De fon gros bec crochu il faiüt tout ce qui a quelque brillant, comme dn verre, de 1'argent, des bagues, des boucles, des cuillieres, quelquefois même des eharbons ardens, & Femporte pour le cacher: de forte que quand on a chez foi un pareil étourdi, il faut bien prendre garde a lui, foit pour empêcher qu'il n'arrive quelque malheur, foit poim éviter de chagriner quelque innocent pour fes filouteries. Les j. A. De quoi eft-ce que le perroquet fe nourrit? Le b. A. En liberté dans fon pays natal, il fe régale de noix de cocos, ou fe contente de glands, de graines decitrouilles, de ris même, de millet, & de toutes fortes de graines. Mais quand nous 1'avons apprivoifé avec nous, il mange de tout ce que nous mangeons, cuit ou cru, rótioubouilli, patifferie , fiuits, légumes, pain, &c. II prend chaque morceau avec une patte & le porte a fon bec, reftant fur 1'autre jufqu'a ce qu'il 1'ait mangö. A la Tab. II, fig. 2. é? 9, fe voient deux perroquets. Les. j. A. Y a-t-il donc beaucoup de perroquets ? Le b. A. On en compte au moins de trente fortes, toutes tres variées pour la groffeur & la couleur. II y en a qui font gros comme un coq de bafle-cour, & d'autres qui égalent ii peine un moineau. II y cn a de rouge & verd, jaune &  Da regne animal. 49 & gris, cie bleu, blanc & noir, & une infurité d'autres fortes toutes plus belles 1'une quel'autrc, auxqucls on a donné mille noms fingu» liers, comme le houfard vert, la noble dame, 'le rouge parquitc, le bec jaune, le kacatou, la demoifelle &c., tous ceux-la font fort chers. Les parquites ont pris leur nom de leur cri, dè même que les kacatous , qui ont une belle aigrette de plumes fur la tête, II y a des perroquets dans les Indes orientales, dans Ia partie méridionale de 1'Afrique & de 1'Amérique; mais les plus beaux viennent des Indes & de la Cbine, oülls font leurs nids en quantité fur les cocotiers & les mufcadiers ; & ils les fufpendent k 1'extrêmité des branches , pour empêcher les ferpens & les lézards d'y parvenir. Les perroquets ont deux doigts cn avant & deux en arriere , & en s'aidant de leur bec comme d'une troifieme patte, ils grimpent affez leftcment de branche en branche fur les arbres , paree qu'a chaque patte qu'ils levent ils s'accroclient par le bec pour fe foutenir. A la Cbine & dans les autres contréesde 1'A"fie, les particuliers qui prennent des perroquets pour les vendre, les prennent encore jeunes, les nourrilïënt pendant quelque temps, & ne les •portent au marché que quand ils en ont un certain nombre. Les Européens les achetent& nous les apportent: le prix, qui eft toujours fort haut, varie felon la groffeur, Page1', la beauté; mais ils font fouvent trompés par les vendeurs afiatiques, qui, lorfque les couleurs d'un perroquet ne font pas afféx belles, ont 1'adreffe de lui en donner de fauffes en le peignant pour k vendre plus cher. U'. Partie. O  ,jo Du regne aniniii. Les j. A, Un perroquet .cqute-1—51 donc biet» .chev? ... Le b~ A. On n'en a point a moins de dix , quiiiZe, vingt Ccus, &au-dela; de f.icoa que .s'il elt déja apprivoifé, fi même il paiie déja uu peu , il faut parler de quarante a quatresringts deus. Les j. A. Comment fait-.on donc pour leur apprendre h parler? ' Le b. A' D'abord il faut obferver que eet oileau a la voix forte & claire, la langue dpahTe large, ek.qu'il a de la mëmoire. Pour tirer parti de ces difpclitions naturelles, on cominence par couvrir fa cage a 1'exception d'une petite panie devant laquelle on lui fufpend uu miroii; oü il fe voit. Alors on vient le foir & le puttin,, quand il a mangé, lui dire k chaque luis un certaiii nombre de mots, qu'il ret'cnt au bout de quelques répétitior:s, defacon quku peu de temps on lui fait dire tout ce que 1'on yeur. Ce bipede a certaines fingularités dans le .caraöere; par txemple, il ne pe.ut fouffrir les hommes qui ont de la barbe", & tout ce qui a un certain nfpect. défagréable; mais il fe plait futffi les-enfans, caufe volontiers avec eux, fui> teut avec les jolies perfonnes du fexe. Quand on veut le mettre pariaitement en belle humeur, on n'a qu'a lui donner dts amandes douces k go?o, lui faire boire un peu de vin, ëkleplaccr vis-a-vis d'un miroir. Les amandes ameres font pour lui un poifon mortel, de même -que le periil ou la graiue de cette plante. Voici un trait plaifant qui fe lit d'un perroquet. llenri VIII, roi d'Angleteire, en avoit un qui eüt le malheur de tomber dans la Tamile. L'oifeau quand il g yit dans 1'eau, fe mit a cricr: au fëcoursi  D» • regne ■animal. 51 •su Tecours ! vingt livrcs fterliagJ uh matelot ie repêche; alors .le fripon lui dit tranquillementl: dix chelins, c'eft affez. On en a vu, on eu voit encore qui montreut des talens finguliers , tels que de chanter jufte au fon des inftrumens, d'imiter les inilexions les plus délicates du chant, &c. Le mangeur de poivre ou Toucan. ■ Cet oifeau a le bec d'une groffeur extraordinaire, fort épais ala bafe, & s'amincilfant peu a peu vers la pointe, qui eft courbe & aigue; creux en dedans & dentelé pardehors, enfin de la longueur du doigt, quoique 1'oifeau foit a peine de la groffeur d'un pigeon. II fe trouve dans le Bréfil, & il mauge avidementlc fruit du poivrier. Voyez Tab. IV. fig. 10. Le Rhinoceros - oifeau. II n'eft qu'a peine de la groffeur du pigeon," mais fon bec eft long d'une palme, épais & Élarge, & muni a la partie fupérieure d'une corne prefque aufft grande, recourbée en avant. II fe trouve dans 1'ïnde & vit de charognes (Tab. X, Le Corbeau. Cet oifeau, la corneille & le choucas, voili les trois efpeces de volatiles connues dans nos contrées pour nous rendre le fervice de nettoyer nos campagnes des charognes ■& d'autres ordures , de même que de beaucoup d'infecles nuifibles. Les j. A. Mais, eft-ce qu'ils ne font donc C a  Du regne animal. point de dommnge , qu'on les pourfuit tant? Le b. A. S'ils en font, c'eiï bien peu. lis n'entrent que bien rarement dans nos jardins; & pour nos champs nouvellemcnt fleuris, ils y cherchent plutót des vermifleaux & desinfectes que des graines. S'ils en gobent quelques-unes par-ci par-la, ou s'ils tuent quelque petit oifeau pour le manger, ou s'ils s'acharnent fur quelque levraut au lieu de fe contenter de chair pourrie, ce n'eft pas la peine de le leur reprocher. Le corbeau eft gros comme un jeune poulet, d'un beau noir, fait fon nid furies arbres des forëts, & paffe la plus grande partie du temps tïans les Heux oü 1'on j"ette les charognes, dont 1'odeur 1'attire de trés loin (Tab. UI, fig. 21). Les j. A. Les corbeaux font-ils bons a manger ? Le b. A. 11 y a des gens du moins qui les pfétehdtnt bons a faire bouillir au pot. Mais leurs plumes font de quelque utillté aux faifeurs d'inflrumens de mufique. Cet oifeau peut s'apprivoifer, & mème apprendre k parler; mais il elt malin, voleur, & s'empare, comme le perroquet, de tout ce qui a dei'éclat, fans en ponvoir faire ufage; de forte que 1'on en a tiré le fuiet d'une fable, dont la. moralité eft dirigée contre ces avares qui amaflént, amaffent, amaffent toujours, pour le feul plaifir d'amaffer, fans favoir tirer un parti honnête de leurs richeffes. Le corbeau croaffe, ce qui fait un cn fort défagréable & fort rude. 11 s'en trouve de blancs i cn tout ou en partie.  Dm regne animal. il La Corneille. Elle eft a peu prés de la groffeur du corbeau, & fort commune dans nos contrdes, ou nous les voyons voltiger fans ceffe. Son plumage ell gris & noir. II y en a auffi denoires&de bigarrdes, mais elles ne fe trouvent pas par-tout, & quittent le pays en partie pendant 1'hiver (Tab. UI. fig- a)« La corneille grife & noire fait fon nid dans les bois , lesprds , lesjardins, dleve tous lesans deux ou trois petits, & niange tout ce qu'elle peut trouver, comme charogne, graines, pain, fruits, chenilles, infectes; dans 1'hiver, qui eft un temps de difette, elle s'approche des villages & autres lieux habitds, & cherche dans les tas de tuinier & d'ordures, & même dans les granges, quelque chofe a manger. En général, elle eft fort avide de vermiffeaux de toutes efpeces; & dès qu'un champ aétéremué defrais, on ne manque pas de la voir venir a la pifte du laboureur, qui auroit par conféquent grand tort de faire la gucrre a 1'ennemi de fes ennemis, comme cela arrivé néanmoius affez fréquemment. Nous avons déja raconté le cas des Virginiens qui, après avoir détruit dans leurs champs la race utile des corneilles, furent bien forcés de les regretter , quand ils vircnt leurs récoltes ddvaftées par une multitude prodigieufe de certains fcarabdes, dont les corneilles font trés friandes ; c'étoit le charenfon des pois: mais il dtoit trop tard , on ne refiufcite poiac les morts. C S  54 Ihi regne animal, Le Choucas.- C'eft encore un oifeau trés commun dans no3 eontrées; il eft noir comme le corbeau, maisbeaucoup plus petit, fe niche dans les tours & les vieux murs, vit de charognes, d'infectes,. de vermine, de fruits, de graines, & fon cri' cit do do (Tab. III, fig. 25). Le choucas gris n'eltpas fi commun & ne fe trouve pas par-tout comme le noir; il s'en va pendant 1'hiver, & fon cri eft glafs glafs. II eft auffi fufceptible-de s'apprivoiiër & d'ap. prendre a parler, mais voleur comme les autres,, & emporte tout ce qui elt blanc & luifantj. c'eft la raifbn pour laquelle on ne le fouffre pas^ Tolontiers dans les maifons. La Pie ou Algaffe. Vous connoiffez fans doute mademoifelle Margot, ou je me tromperois fort? car cette babillarde n'eft que trop communémentaccueil lie dans les maifons, a caufe de fon caquet & méme de fon plumage bigarré de blanc h de noir. Elle eft grofle comme le corbeau, niche fur les grandspoiriersdans lesjardins, prés desvillagcs & des villes même, couvre fonnidd'é-pines, & peut apprendre a parler. Son cri eft chac chac, ou jac jac, ce qui lui fait auffi don-ner le nom de jacot. Voyez Tab. III, fig. 3. Les j. A. üui ; mais 1'on dit que la margot eft une grande voleufe & qu'elle a caufé des malheurs. Le b. A. Cela n'eft que trop vrai; c'eft le plus voleur de toute cette familie d'oifeaux fripons, de forte que, même lorfqu'on n'en tient  Da regne' animaf, 5$ «bint a fli tnaifon, on n'eft pas fürden'êtrepas volé nar elle. Elle s'établit expres dans la proximité des' villes & des villages, afin d'êtrea portee des ponlaülers , oü elle entre harchmen:, mee les ceufs qu'elle v trouve, ou emporre les pouffins. La vue d'un homme ne 1'épouvann même pas dans fon expédition.- Elle dévotw auffi les petits oifeaux, comme moineaux cc au-tres, & dévafte leurs nids. Euhiverelle cherene les granges, les' greniers, pour' fe retirer dans le Foin & dans la paSfle) . D'un autre cóté, c'eft pcut-etrc celui de tous les oifeaux qui apprend le plus aifément a parler- une pie faura les noms de toutes les perfonnes d'une mailbn, dira a chacun bon »W & bon foir,- fouhaitera bon abpérlt, demaiidera a manger & a boire, remetciiM de ce qu on lui donne, dira une foule d'autres chofes, & par~ Tors ■ col. ïj eft gros comme une alouette, d'un plrmao-e brun tachcté , & peut tourner fon col de' maniere a lui faire faire le tour prefque entier. 11 rell'emble au grimpereau pour les pattes, le bec, la langue,-la pilture, lanichée, &c. Cependant il ne s"attache qu'au bois pourn poirr en tirer des infeétes, & fouvent aux fourmil-lieres. Alcyon, ou Martin - pêcheur. C'eft un oifeau charmant par le beau bleu & le beau rouge de fon plumage, & qui n'ePi pas plus gros qu'une alouette. II fait fon nid dans le fable au bord desrivieres ," ou.il fcnourrit de petits poifibns. Selon qu'il veut grimper ou courir, il a la faculté de faire pafier en arriere un des trois doigts qu'il a en avant. La Huppë. Élle a le plumage beau, mais c'eft d'ailleurs tin oifeau fort fale & fort puant, & qui fe platt dans 1'ordure. Elle elt groffe comme f alouette, de couleur rouge & brune, & portie fur la tête une belle crête ou aigrette de plumes, qu'elle fait mouvoir a fon gré , ou plutót qu'elle redreffe quand elle apeur, & qu'elle abaiffe quand elle veut voler. Elle fait fon nid dans les arbres creux, & Penduit d'ordures ou d'excrémens, foit des hommes foit des au ia aux, peut-être pour le garantird'infultes, & elle ne vitprefque' aufli que des infectes eedes larves qui font dans; les excrémcns, de forte que par-tout cu elle' C ó  éo Du regne animal* établit fa demcure il en fort une odeur fort dé* fagréable (Tab. XII, fig. 30). L'Oifeau de Paradis. C'eft un oifeau de la plus grande beauté, gros comme 1'étourneau ou environ, & qui fe trouve dans les Indes. Des gens fimples avoient cru & répété que cet oifeau tomboit du ciel, ri'avoit point de pieds , reftoit toujours en 1'air & ne vivoit que dc fair , oü le mftle faifoit pondre & couver fa femelle fur fon dos, & qu'enfin 1'on n'en trouvoit a terre que demons.. ïvlais on a découvert que les Jndicns les prenoient fort jeuncs & leur coupoient lespattes,, pour les vendre aux imbécillcs d'Européens, prêts a tout croire & a tout acbeter fort cber. Aujourd'hui on leur coupe encore les pieds pour les empaqueter plus aifément , ou pour les employer plus commodémeut cn ornemciis dctête(m iv. fig. 0. Le Loriot. [ II eft gros comme une alouette, il a les alles noires , & le corps d'un jaune verdatre ; il mange toutes fortes d'infectes, mais aufli des fruits rouges, & fur-tout des cerifes. II fait fon nid a" 1'extrêtnité la plus déliée des branches , pour le garantir de 1'approcbe des finges , ou autres animaux; il le conftruit de paille, de chanvre ou filafl'e, de moufie & de ïeuilles , le tout adroitement & proprement arrangé de maniere a reprdfenter une cruche a col étioit. 11 tjxe fon nom de fon cri»  Bu regne animal* 6ï Le- Guépier au Mangeur tfabeilles. II eft gros comme une alouette, d'un beau plumage bleu & rouge, & ne mange prefque que des mouches a. mie! & des guêpes, quotqu'il prenne aufli volontiers des lauterejles, des mouches ordinaires & des moucherons. II fe trouve plus communément dans les eontrdes méridionalesde 1'Europe, & fur-tout dans File. de Candic Le Coucoih Cet oifeau elt de la grofleur du pigeon ; fou? plumage eft noir, gris & blanc. II fe tient fur . les arbres dans les bois, les champs, les jardins, & mange des mouches, des araignées, toute forte d!inlèc"ces.. Vous 1'avez füremeut entendu crier plus d'une fois coucou! coucou1 (Tab, VIII, fig. 21). Les j. A. Ah! bon Ami, eft-il vrai que Ie coucou ne fait point de nid comme les autres., pour pondre fes ceufs, & les couver? Le b. A. Rien de plus vrai; la raifon cn eft qu'il ne peut fupporter le froid le plus léger, & qu'il ne demeure dans nos pays tout au plus que trois mois, pour fe bitter de regagner les pays chauds ; de facon qu'il n'auroit pas le temps de faire éclore fes petits & de les élever, &il laiffe ce foin h d'autres oifeaux, dans le nid defquels la femelle va pondre fon ceuf. Les j. A. Mais auffi les petits coucous, qu'efl.ee qu'ils deviennent donc? Le b. A. Vous avez raifon; car fi le pere & la mere ne peuvent pas fupporter le froid , même le plus léger de nos. contrées, comment Cr  $»> Du regne ciiiimal. eft-ce que leurs netits, ainfi-abandomiés-psi' eux, pourront y réiifter? Anffiy a-t-il des fa»' vans qui ont préten 'u avoir rem'arqué en difféquant cet oifeau, qtfil avoit J'ëftomae placé dilléremment que tous les autres, c'elt-a-dirc , tout-A-fait fous les intefthis , ou au bas du: ventre, dc facon qü'il ne pourroit couver des ceufs fans êfre obligé de fe palier de manger, paree qu'il lui feroit alors impoffible de digérer (_*)•■■D'autres ont ajouté qu'il avoit outre' cela 1'eftomac trop gros, de facon qu'il écra« feroit fes ceufs en voulaut1 les couver j mais ■ cela paroit abfurde. Les j. A. Mafs eft-ce qüc la femelle ne pond 'qu'un feul ceul ? Le b. A\ li He en fait quatre ;' mais elle a la difcrétion de ri'èn mettre qu'un dans chaque nid qu'cüc emprur.te, de Iafauveltc, de Li linotte, de la méfange, du rouge gorge, qu'il préfere ordinairement , paree que ces petits oifeau* nourriflént leurs petits de chenilles & d'autres infectcs. Les j. A. Mais eft - ce qu'ils ne s'appercoivent pas que 1'on a mis dans leurs nids unceuf étianger ? Le b. A. Qu'ils le remarquent ou non, on ne voit pas qu'ils négligent cet ceuf plus que les leurs prepres , ni même le petit lorfqu'il eft éclos. Les j. A.' Ah mon Dieu! cette pauvre petite linotte doit avoir bien de la peine a nourrir ce gros vilain coucou? (•) Voyez Valmont de fami», qui cite tin mémoire fuf ee li jet ce M. Hefifitiitj  iJè' regne' animal. #3 > Le h. A. Oui vraiment; ces petits oifeaux apportent a leurs couvées ordinairement une couple de chenilles, & le gourmand en avaleroit bien une dixaine. Cependant il ne faut pas croire que le jeune coucou; quelque aflamé qu'il puifle être,-en vienne a un tel point d'ingratitude & de méchanceté, que de manger fa mere nourriciere ou fon pere nourricier comme' quelques-uns 1'ont prétendu. Tout au plus peut-if être arrivé- qu'un coucou déja fort, ouvrant un large bec'alFamé pour prendre la béquée d'une fauvettc , la tête de la-pauvrette fe fcra trouvée prife dans Ténorrne ouverture', & que le coucou 1'aura étourdiment ferrée avec les-deux vcrmiffeaux qu'ell&; lui apportoit; s'il a même- achevé de la manger après ce premier coup,ce fera-une fuite de la même étourderie. Les]. A.,¥L\\! mais, lesjeunesfauvettes, qu'eftce qu elles ont donc pour elles, file coucou prend tout ce que la mere apporte? Le b. A. Pas- grand' chofe, a la vérité: le glouton eft toujours le premier a gober ce qui arrivé de frais; il prelfe & pouflé les au^ tres petits afin d'être plus a portée, tant qu'a' la fin ils tombent fouvent hors du nid par terre. Les j. A. Ah ciel! les pauvres petits 1 Le b. A'. C'eft tant mieux pour eux : alors Ie pere & la mere leur apportent fuflifamment de' quoi manger, & le coucou a fon tour n'a que le furplus s'il s'en trouve. C'eft ainfi qne 1'ef- fronterie & la gloutonnerie travailknt elles»' mêmes a leur puuitioi..-  Bü regne animal fflc. CL AS SE DES OISEAÜX. Nous voici venus aux oifeaux aquatiques dont une partie vous eft déja eonnue, puittfue 1'on y comprend les cygnes, les oies, les canards, de même que les plongeotw, lespétnls , les pélicans, les goélans, & plufieurs autres. Cette claffe d'oifeaux fe diftingue p?r un bec lm-irc obtus &plat, couvert d'une peau tendre, par une languc épaiffe, & de petitesdents , par des jambes courtcs & des pattes palmées, e eitü-dire, dont les doigts unis par une membrane leur fervent a voguer fur 1'eau en ramant, enfin par deur iuclinanon pour 1'eau, oü ils mangent toutes fortes de petits animaux aquatiques, de plantes & de graines d'eau. lis fouttousles ans ime dixaine d'ceufs, & même jufqu'a. vingt & plus: mais ils ne font point de nids: ils fecontertent de fe faire un trou dans la terre ou ailleurs & V dépolént leurs ceufs; puis, quand ilS les couvent & qu'ils font obligés de s'écarter pour chercher a manger, ils les couvrent avec des plumes qu'ils s'arrachent eux-mêmes du poitrail de peur qu'ils ne fe refroidiflent; car les ma'es ne s'embarraffent point du tont du ménage , & ne prennent pas même la peine d'apporter a manger aux femelles pendant qu elles couvent. La chair de ces oifeaux eft bonne a manger, & leurs oeufs auffi; on fe fert de leurs petttes plumes pour rembourrer les lijs , &des gtandes voüt écrire, ou pour pluüeurs autres ufages. Les oifeaux de cette claffe, ou palmi-pede*, font les feuls qui aientle privilége de naget & de plonger même fans mouiller leurs plumes: pour cet eflet ils font tous pourvus de deux  Du regne animal, <%f •petites veffies pleines d'une matiere onctueufc ? & lituces veis le croupion, & ils ont grand foin d'engraifler kurs plumes 1'une après 1'autre. Tous les autres oifeaux craignent beaucoup d'fitte mouillds, paree que 1'eau qui peuétre leurs plumes non builées, les faiüt de froid &leur caufe même ia mort. Le plus gros oifeau de cette claffe eft le péll-r can, & le plus petit c'elt le pétrel; celui -ci n'elt pas plus gros qu'une hirondelle, & celuila furpaffe de beaucoup le cygne, qui ccpeni» dant furpallé lui-même notre oie dcuneltique, Le Cygne. Le plumage de cet oifeau eft de laplus grande tdancheur; il a les pieds- noirs, & autour desiiariues un trait de la même couleur: il elt counu dans tous les pays de 1'Europe, oü même on 1'a naturalifd. Mais dans 1'Amérique feptentrionale, dans le Greenlande, la Norvége, Ia Suede & la Rufïïe , ils font bien plusmultipliés;; auffi eft- ce de ces pays-la que nous les tirpnsi, On en trouve dans plufieurs contrdes de 1'Europe, de fauvages & de privds-. Quand on veut apprivoifer les premiers, qui out les nilcsgrifes & le dos de la même couleur, il faut commen* eer par leur eftropier les- alles, enfuite on leur donne abondamment du pain , & 1'on prend grand foin d'eux & de leurs petits. Dès qu'une fois ils font bien accoutumds avec les hommes , on peut les killer nuit & jour errer fur leslacs, les dtangs, lesrivieres, comme les canards & les oies, fans qu'ü s'en perde un feul (Tab, 2X, fig. 24). On en voit ordinairement de grands ttou-  öfT ttii regne' animat.- peaüx dans plufieurs chateaux & palais desToüverains & autres princes de 1'Europe: ils font leurs- nids dans les joncs fur le bord des eaux, ou parmi les herbes qui fe trouvent au milieu, ou fur des pierres, du bois environné d'eau, & lors même que le morceau de bois vient k iïotter avec eux & leur nid, ils rie 1'abandonnent point.- Ils font fix ou fept petits par an , dont ils prennent le même foin que. les oies des leurs ils les conduifent ec les appeltent cn nageant, lorfqu'iis ont trouvé quelque chofe a manger, comme des- limas, des vermiffcaux, de l'herbe tendre; êVmême, tant que leurs petiis'ne font point en état de nager avec une en-' tiefe liberté & d'échapper au péril, ilslcspren* rient fur leurs dos, & les emportent.- On mange auffi la- chair du cygne , mais elle' «fft un peu coriace; & il s'en i'aut bien qu'elle fó'if d'aiiflïbon goüt que ccüe de 1'oie: leurs» «fcüfir même ne font pas des meilleurs.- Maiv lèurs plumes & leur duvet" font d'une toute autre liueffe & d'une toute autre valeur que celles • de 1'oie; on en tire toujours le doublé duprixr foit du duvet, foit des groffes plumes. - On emploie auffi fort ordinairement la peau du cygne garnte de fes plumes'pour faire des-p'alatines & des bordures.- On a cru lofig-temps & il y a encore aft bonnes gefis qui' croient que le cygne chante a- raviï; & point du tout, fon cri n'eft pasplus mélodieux que celui de 1'oie, qui vous eft connu, & qui probablement ne vous a pas charmé les oreilles. Dans la Suiffe & en Saxe, ondoime m cygne le nom d elbis ou elbichc.  jBiïrigne atinicL $7L'Oie. C'eft' 1'un des oifeaux les plus utilés que; 1'homme nourvilfe. Nous mangeous la chair, fa graiffe, fes ceui's, fes intéltins; nous faiiunsdses houffoirs avec fes ailes entieres; • nous prt-nons fes groffes plumes pour écrire, ou pour" d'autres ufages, & les fines pour nous faire des> lies mollets (Tab. IX", fig. 25). , Enfin de la tête aux-pitds tout dans Ne' nous efrutile aquelque chofe. Aufiieit - elle trés •' multipiiée dans' 1'Europe; il n'y a peut-être pas • uu village dans-certains pays oü 1'on n'enéleve" ■plufieurs centaines chaque annéev- Ainfi jugezcombien de têtes d'oie dans le monde! Et des-oies fauvages! c'eft une efpece qui-' eft aufli fort nombr-mfe-& afféz variée. Ellesftmt' plus- petk-es que les oies privées, & ontlè plumage brun, gris & noir." Hen vient quelques voïées dans le printemps vifiter nos campagnes; puis elles repartent aux approches de1'iuver. Elles font fort peu-acceflibles, & ne fepofent jamais fur un arbre ou a terre, lans avoir" auparavant examiué tous les envirous, pour' s'affurer qu'elles n'out rien a craindre. Mais on ne manque pas de rufes & de ftratagêmcs pour' tromper leurvigilauce; &le chafléur, a la faveur ' de iès-déguifemens, parvient a en enricbir la cuifine: c'eft un excellent mets róti.- L'oie- eft en général un animal fort ftupide,& 1'on a fait du nom d'oifon le fobriquet des gens auxquels-on veut reprocher cc même défaut. Cependant l'oie eft vigilante & a le fommeil léger ; une preuve qu'elle eft de bonne' garde , c'eft le fervice important que les oiesrendirent ;i la ville de Rome-dans Pantiqifté 5 >  CS Du regne animal. en avertiflant par leurs cris les foldats de Pap» proche des Gaulois ennemis, fervice qui leur valut par reconnoiffance 1'honneur d'être traitèes en oifeaux facrés. ün affure auffi que l'oie peut étre difciplinde, & que 1'on en a vu tourncr la broche a la cuifiue. L^Oie a Duvet. C'eft fans contredit 1 efpece la plus reniafquable de toute cette familie , puifque c'eft d'elle que nous tirons le meilleur & le plus précieux duvet, celui connu fous le nom d'edredon, nom corrompu d'eïder-doune, qui fignifie plumes ou duvet dePeïder: car c'eft ainfi que cet oifeau fe nomme dans le Nord , qui eft fa patrie. II fe trouve dans File d'Islande (.tïsland pays de glacé) , & furiesllots,écueils ou rochers qui 1'environnent; elle s'y nourrit de limas, de poifibns, & de toutes fortes d'infecles aquatiques. Quelques uns mettent cette oie dans le genre du canard. Elle fait fon nid de moufTe, & en garnit le dedans de duvet qu'elle arrache de fon poitrail. Elle y pond de cinq a huit ceufs, qu'elle couve fans étre fecourue en rien par le male, fi ce n'eft qu'elle le met en fentinelle il cóté du nid quand elle eft obligée de Je quitter pour aller chercher h manger, après avoir pris foin de bien couvrir les ceufs avec d'autre duvet. Cependant cetie fentinelle ne les garantit pas toujours d'étre fucés par les corbeaux, les corneilles, les mouettes; & s'ils öchappent a ces brigands ailcs , ils ne peuvent guere dchapper aux Islandois, qui, au péril de fe rompre le col mille fois, grimpeut fur les roes les plus efcarpés, pour  Du regne animal. 69 prendre les ceufs de l'oie & fon duvet alabarbe de la fentinelle & même fous la femelle occupde a couver. Ces pauvres oifeaux feddfendent, a la vdrité, & fur-tout font un bruitafFreuxoe leur vo;x rauque; mais 1'fslandois ne fe faifit pas moins de fa proie, & court tranquillement en chercher une autre. Les j. A. Et les pauvres oies refient Ia a fe ddfelpdrer! . Le b. A. Devinez ce qu'elles font! Ia femelle , malgrd fa douleur, nes'abandonnepoint au ddcouragement; elle travaille a refaire fon nid, s'arrache encore des plumes, & pond une feconde fois des ceufs; puis fe met a les couver. Point du tout: ne voila-t-il pas encore la mdchant chaffeur qui revient, & emporte les ceufs avec les plumes comme Ia première fois? Les j. A. Ah le vilain voleur! cc les oies pour le coup ne font plus d'ocufs? Le b. A. Edes reprennent encore courage & font une troifieme ponte, mais aufli ce feroit la derniere li on ne leur laiflbii; pascelle-la. On le fait, & c'eft pourquoi, quand Je chafl'eur revient, il fe contente de prendre toujours le duvet, & 11e touche point aux ceufs. C'eft de li que nous vient 1'ddredon, ce duvet fi precieus & fi recherché;, fur lequel on repofe fouvent moins tranquillement que fur la paille fraiche. - Les j. A. Mais eft-ce que 1'on ne prend point les oies aufli pour les manger ou pour les vendre? Le b. A. Pour cela, non: fans quoi ces oies feroient hientót détruites, & 1'on n'auroit plus rien; aufli y a-t-il fur ce point des défenfes tres expreflfes. L,es j, A. C'eft pourtant bien fou , d'allear  -^o "Du regne animdL comme cela rifquer fa vie au milieu des-préS,pices pour attraper une poignée de plumes, & a quelques ceufs? Le b. A. Ah! vraimentour; pour nous autres .qui ne favous marcher que clans des chemins fleuris, & dans des allées de marroniers. Mais pour le vigoureux Islandois , .accoutumö dès 1'enfance a gravir de rochcr en rocher, cc n'cfl qu'un jeu, un badinagc. D'ailleurs ils vendent leur duvet fort cher, & c'elt une bonne reffource dans le pays. Quand on a une familie a foutenir, on trouve le courage de chercher n gagner quelque cbofe, malgré qu'il en coüte de la peine: fi l'oie elle-même prend tant de foin dc fon ménage, il ne faut pas -s'étonner que 1'Islandois fonge au fien. U y a auffi des oies a duvet dans d autres pays du Nord, comme la Suede & laNorvege: rnais comme 1'on n'y elt pas aufli dénué d'autres reflburces, on n'y prend pas tant de foin de faire valoir celle-la. Les Suédois tuent les oies fans facon , & les apportent au marché .corps & plumes. Mais alors le duvet n eft plus auffi bon, & 1'oifeau même n'eft pas un morceau bien délicat. Quant aux Norvégiens, ils fe donnent la peine de grimper jufqu'aux nids, & rompent a tous les petits la dennere phalange des alles , pour qu'ils ne puiffent pas ,voler & qu'on les prenne plus aifément. Les Canards. Ceux-ci font beaucoup plus petits que le« .oies, font bigarrés de blanc, de noir, de brun, de bleu , de verd, & comme leurs pattes font f^rt reculées en arriere, ils ne peuvent courir ,  Du regne animal. & mavchent trés mal: du rede, ils mangent tuut & font fort gloutons; grains , poiiïbns, grenouilles, iufeétcs, verauifeaux, ordures, ils engloutifi'ent tout dans leur eftomac (Tab, IX, fig. 26.) Comme des oies, il y a des canards fauvages & des privés; le fauvage n'a point de blanc jlans ton plumage, il fe tierjt dans les cndroits marécageux, & la femelle pond tous les ans de huit a douze ceufs. On mange leur cbair & leurs ceufs , tant des fauvages que des privés, & 1'on fait aufli ufage de leurs plumes. La cane domeflique fait d'une feule ponte quinze a vingt ceufs, gros comme ceux des poules, d'une couleur blancbrltre, teinte de verd méld de bleu. Nous avons une efpece de canard particuliere a la France-: c'eft la cane petiere ou canard de pré, dont la cbair eft auffi délicate que celle du faifan. II y en a aufli une efpece particuliere a FAllemagne, nommde cane a miroir, ou canard a large bec, qui a un beau plumage bigarri de bleu, de gris & de brun, & dont la chair eft auffi trés bonne. II y a des canards fauvages qui ont le bec en forme de cuilliere. Le Plovgeon, Cet oifeau a prefque la couleur & la groffeur du canard fauvage, mais il a le bec pointti & en forme d'alêne ; il ne peut ni marcber a terre, ni même s'y tenir debout, paree que fes pieds font placés tout prés de 1'anus , de forte qu'il eft obligé de nagcr ou de voler quand il .veut changer de place: auffi le voit - on toujours  7- Du regne animal. fur les rivleres, les lacs, les étarrgs, & il ne le nourrit prefque que c!e poifibns cc d'infcetes aquatiques. II a Ia factilré de pionger jufqu'au fond de 1'eau & de ttager enrre deux eaux, de facon qu'il peut pourfuivre fa proie avec factH* té.' D'ailleurs, il eft fufceptible d'être apprivoifé & drelfé k la chaffe des poifibns, comme le faucon a la chalfe des oifeaux; c'eft un plaifir de le voir, au fignal donné, fe précipitcr dans 1'eau, & revenir un inftant après avec un poiffon dans le bec qu'il rapporte a fon maitre. Z' Oifeau de Tempête. Ce petit bipede, qui égale a peine 1'hrron» delle, vole au loin fur les mers, tantót a la hauteur des nues, tantöt en rafant les eaux; & quand il eft fatigué, il fe met k nager avec fes pieds palmés, & ii prendre des poifibns pour fa nourriture. Peu lui importe d'être balotté par les vagues, d'en être même couvert, il eft au fait de tout cela; & d'ailleurs, quand elles deviennent trop fortes dans unendroit, ils'enleve fx va fe pofer ailleurs oü la mer eft plus tranquille. Car pour les tempêtes , il ne pour* roit y réfifter, & c'en feroit fait de lui: auffi a-t-il la prudencé de ne pas fe mettre a 1'eau quand il voit venir un orage , & il eft toujours •a même d'en être inftruit, attendu qu'il vole trés haut & peut fentir le vent avant qu'il foit defcendu fur la mer; il n'eft pas plutót inftruit de 1'approche d'une tempête, qu'il cherche avec inquiétude un endroit oü il en foit al'abri. S'il apper<;oit un vaiffeau en mer dans ce moment, il vole s'y pofer, &nelequittequ'après que  Du regne animal. ?3 que le calme elt revenu: auffi voit-on quelquefois s'abattrë fur un vaiileau plufieurs centaines t}e ces pauvres oifeaux, fi tremblans, fi épouvamés, fi failis de c ra-in te , qu'ils fe laiffent prenlre a la main. IJ'un cóté ils portent la terreur fur le vaifiéau par la mauvaife nouvelle qu'ils y annoncent, mais de 1'autre, c'eft toujours un fervice important qu'ils lui rendent, paree qu'alors les gens dc 1'équipage prennent leurs précautions pour éviter de périr eux-mêmes. Voila ce qui lui a fait donner Ie nom d'oifeau de tempete, & non pas la prétendue faculté qu'on lui a crue de courir fur les eaux avec aifance, même au milieu des plus violens ouragans; fauiïe idee qui lui a fait donner le nom' connu de pétrel, comme qui diroit petit Pierre, par allufion a S. Pie-rre marebant fur les eaux. II eft vrai que le pétrel vole rapidement a fleur d'eau, de maniere qu'il .femble courir deffus; & d'ailleurs il nage trés bien & plonge même un peu. Les j. A. Comment eft-ce donc qu'il eft fait? Le b. A. II eft trés joli; il a un bec long & mince, pointu & un peu recourbé par le bout; il a la tête bleue, le cou bleu & verd, & le refte du corps d'un beau noirluifant, mêléd'un peu de blanc. II a les ailes plus longues que tous les autres oifeaux, A proportion de fa groffeur ; car quand il les plie, elles dépaffent Ia queue de beaucoup. Du refte, il eft fort glouton, & fe laffe plutót de manger qu'il ne fe rafiafie. IL Partie.  7-4- Du regne animal. Le Ptiican ou Pélécan. On Pappelle encore oifeau goitreux, oie h goitre, & onocrotale ; c'eft un grand oifeau aquatique, fur la tendrelfe patemelle duquel on a fait des tables comme fur la voix harmonieufe du cygne. Les j. A. N'eft-ce pas, bon Ami, c'eft celui-la que j'ai a la maifon en peinture, quidonne Ion lang a boire a les petits ? C'elt bien beau! Le b. A. Un pere & une mere qui paffent leur vie pour nourrir, élever & foigner leurs enfans, leur donnent bien véritablement leur fong, leur propre fubftance a boire; c'eftdommage que 1'on ait repréfenté jufqu'apréfent cette Vérité touchante par un emblême faux, pris du pélican qui ne fe faigne point du tout pour abreuver fes petits, quoiqu'il en prtnne grand ibin anifi, comme nous avons vu faire aux autres. Cet oifeau a fous le cou un grand fac qu'il remplit de poiffons & autres chofes a manger j il ne fait pour cela qirouvrir fon gros & large bec qui elt d'une ftruéture particuliere; il en- floutit a la fois tout ce qui fe trouve delfous & eau avec, & il va porter cette provifion ;\ fes petits, en leur vuidant fon fac. Cette poche a plus de deux pieds de long & un de protondeur; elle elt waée immddiatement fous le bec , qui lui-même a auffi prefqu'autant de longueur §i deux ou trois pouces dc largeur. II pourroit faire entrer aifément la tête d'un enfant dans fon fac ; on a même prétendu qu'on 1'avoit vu en ealever en Ethiopië, mais cela ne paroit  Du regne animal. ?S pas affez prouvé: d'ailleurs les poiflons ne lui nianquent pas en Afie, en Afrique, & en Amérique, oü 1'on trouve des pélicans. Le pélican fait fon nid fur les rochers prés de la mer, &pond tous les ans cinqAfix ceufs. II ne quitte guere la contrée oü il elt né, paree qu'il ne peut voler ni haut, ni loin C*). Cependant il arrivé quelquefois qu'un jeune pélican .égaré fur la mer, aura été jeté au loin par les vents, ou emporté en Europe par les hommes. Comme cet oifeau n'a point de langue.... Les j. A. Point de langue! ah ciel! Le b. A. Non, & cela avoit donné heu de penfer, aux premiers que 1'on prtt, que les poiffons & autres animaux qu'il avaloit tout vivans , lui dévoroient la langue, & même que quand ils fe trouvoient dans fon fac, ils y faifoient un trou pour s'enfuir. Mais, k y regarder de prés, on voit qu'il peut trés bien fe paffer de langue; & même, s'il en avoit une, elle ne feroit que 1'embarraffer & boucher 1'ouverture de la poche oü il fait entrer fa provi- C*) Entre tous les oifeaux dont les anciens ont parlé; il n'y en a point qui aient de fi grandes alles, ni qux volent fi haut que le pélican: fou envergure elt fouvent de onzs pieds, & 1'on en a vu de tellement élevés dans les aits, qu'ils ne paroiflbient cependant pas plus gros ■.qu'une hirondelle. On Ut dans une letire de Coulmann a •Ccftier, qu'un onocrotale privé dans le palais de Tempé, reur Maxi».nilien , a vécu quatre-vingts ans, & qu'il ac compagnoit ce prince, même a l'armée, au vol. L on a le héron, la bécaffe, 1'autruche, Iagrue, let vanneau, Ia poule d'eau, 1'outarde, Ie caflbar, & plufieurs autres efpeces, fur-tout exotiques & peu connues. Le caractere de ces oifeaux eft d'avoir' le bec long & k demi arrondi, les jambes longues & mies, la queue trés courte; leur féjour eft' or-* dinairement dans les lieux marécageux & bour* beux, oü ils vivent de poifibns, de ferpens de grenouilles, & autres petits animaux qui s'y rencontrent. On mange la chair de ces oi-feaux, mais rarement leurs ceufs, & leurs plumes en général ne font bonnes a rien. Les fe* melles de cette claffe pondent depuis trois fli£* qu'a cinquante ceufs par an, du refte, on et$ trouve dans toutes les parties du monde. D 3  %8 Bu regne animah La Cigogne. Elle fait fon aire a découvert fur le haut desr tours, des arbres étêtés, des églifes & autres édifices fort élevés; le vent, la pluie, la grêle , la foudre même, rien ne 1'inquiete Les jt. A. Mais, mon Dieu! les pauvres petits ? Le b. A. II eft vrai, que quand il pleut trop fort, ou qu'il grêle beaucoup , ils reftenr tous les deux au nid, ou du moins la femelle qui couvre les petits de fes alles. Ces oifeaux ftmblent aimer les contrées oü ie tonnerre eft fréquent. Au milieu du plus terrible orage, on voit la familie raflèmblée fur le haut de quelque églife ou vieitle tour, le pere & la mere a cóté 1'un de 1'autre, & les petits a 1'entour au rombre de trois ou quatre: le pere ou la mere fe détache tout a coup, & difparolt; puis revient 1'inftant d'après avec un lèrpent dans fon bec , qu'il diftribue a fa familie , & tous font claquer leur bec de joie pour un fi bon régal. La cigogne eft è peu prés de la groffeur de l'oie; fon plumage eft blanc, a 1'exception d'un peu de noir a la queue & aux alles. Elle a les jambes fort longues de même que le bec , éi róde fans ceffe dans les marais oü elte prend des ferpens, des poiffons, des grenouilles, & toutes fortes d'autres petits animaux. C'eft un oifeau de paffage dont les pays chauds font la patrie, mais qui vient vifiter les nótresaupriif temps, fait fa ponte chez nous, &s'enretourne en feptembre avec fes petits déja forts. Voyez la Tab. XI, fig. 2. Comme la cigogne ne fait point de dommage, & au contraire fert a détruire les animaux  Du regne animal. 79 ritiifibïes, tels que les efpeces veninieufes de ferpcns , on a toujours eu pour elle beaucoup d'égards. 11 y a même des endroits 9» eetre confidéraüon s'oft portée a un degré ex-* ceflif dans 1'efprit du peuple, qui s'eft imaeï«é que les cigognes portoient bonhtur h 1» maifon fur laquelle elles s'arrêtoient, de forte qu'il regarde comme un crime de leur faire du mal* On va même jufqu'a leur préparer des rids fur Ie haut des toirs* & 1'on a grand foin de les tenir en bon état pour les y attirer d'une année a 1'autre.' Et en effet, quand les cigognes reviennent au printemps, ehacune cherche fon ancien nid; & fi elle le retrouve, fur-tout en bon état, elle ne fait que le netjoyer, puis elle y fait fit ponte. Mais li te nid ne fubfifte plus, ou s'il n'eft plus en état de lui fervir, elle va dans le premier bois prochain, & ramalfe des menus branchages foupies, dont elle s'en conftruit un a neuf. Au refte, je crois qu'on ne poufié plus la ümpncité jufqu'a croire que la cigogne préferve d'in eendie la maifon fur laquelle fon nid fe trouve, ou même 1'arrête, li le feu vient a y prendre. II y a une efpece de cigogne noire qui eft un peu plus petite que la blanche . & ne le trouve qu'en Europe dans les forêts épaiffes au voifinage des marais, oü elle cherche la même pature que 1'autre. Klein rapporte qne 1'on pêcha un jour dans la mer Baltique & dans des lacs du Nord des cigognes qui fembloient être mortes, mais qui ayant été portées dans un endroit c'iaud, ié trouverent en pleine vie, & mangerent avidement ce qu'on leur jeta. Foulgofe dit auffi qu?. des pêcheurs anglois t'trerent d'un marais av.:c D4  f'o Du regne animai. leurs filets, au lieu de poifibns, une rrottpe de cigognes , dont chacune avoit fon bec fiche" dans le derrière de 1'autre, de facon qu'elles faifoient comme un chapeler. Ces deux exemples pourroient faire foupconnerque les cigognes paifent 1'hiver chez nous engourdies dans 1'eau, comme font plufieurs hirondelles. La Crue. Elle eft prefqu'aufTi groffe que la cigogne, d'un plumage gris-cendré, niche furies arbres , tant en Europe qu'en Afie, & mange toutes lbrtes de fcmcnces. C'eft un oifeau qui s'apprivoife,& a qui 1'on apprend a faire toutes forte3 de chofes plaifantes, comme danfer fauter, ieter des pierres & du bois en 1'air, puis faire femblant dc vouloir les rattraper avec le bec, mais les éviter au contraire & s'efquivcr adroltcment, faire des parties de courié avec lis camarades, & mille autres badinages. El e vit de graines, & s'entend & merveille a éplucher les épis, fur-tout de 1'orge; enfuite elle prend volontiers pour fon deflert quelques vermifl'eaux de terre ou autres infect.es. Les grues doïmenc fur un pied. Le Héren, Cet oifeau (Tab V. fig. r-70 a ]e plumage gris-cendré; il eft a peu prés dc la groffeur de l'oie, & ne fe trouve qu'en Europe prés des étangs , oü il fe nourrit de poifibns. 11 a coutume de voler au defius de 1'eau & de fondre fur le premier poiflbn qu'il appercoit; fes Ion-  Du regne aniraak &ï tees jambes mies lui donuent auffi la facilité; de courir dans la vafe & les marais. II emporre fa proie fur les arbres pour la manger. II fait beaucoup de dommage dans les étangs, & on lui fait la guerre en conféquence.- Cet oifeau eft trés commun en France, fur-tout en Baffe-Bretagne, & il étoit autrefois en grande réputation parmi la nobleflé du royaume; les héronneaux font un mets ailcz délicat en effet, & d'ailleurs les princes & les feigneurs fe faifoient un plailir de fon vol, fur-tout de le voir aux prilés avec la faucon ou le gerfaut. On les prend, dumoins les petits, dans des héronnieres, qui font des loges élevées en Fair , fur lefquel-les les bérons s'acccutument a faire leur aire. II y a différentes efpeces de hérons étrangers, tels que le blanc, le bleu, le brun, le chatain, le erêté, le pourpre, le buppé d'Amérique, & enfin le héron étoilé, autrcment nommé butor, foit paree qu'il crie ayant ie bec plongé dans la boue, foit paree qu'il imite le mugifl'ement du taureau; le furnom d'étoilé vient de ce qu'il eft marqué de tacbes rouges en forme d'étoilès. C'eft un oifeau fort pareffeux & fort poltron; il vole lentement fur 1'eau , & y prend des poifibns;. mais il mange auffi des vers, & méme des rats dans le befoin. II eft gros comme la cigogne, & a le plumage jaune & brun. II ie tient dans les joncs & les rofeaux. Son err s'entcnd dc trés loin , quoiqu'il tienne fon bec dans 1'eau. Quand on le pourfuit , il ne faut pas s'en approcber de trop prés: car il eft en état de crever les yeux aux chafïeiïïS & aux chiens {Tab. XI, fig. 29.), D 5  %z 2?a regne animal. La BécaJJe. C'eft un mets fort connu des riches, cc erf effet de trés bon gotlt; on la mange fans la vuider, & même la fiente fe recoit h part fur cles tranches de pain qui font regardées comme un grand régal. La bécaflé eft plus petitc que la poule, & il y en a même qui égalent a peine 1'alouette en grolléur. Elles font leurs nids dans les bois, & y mangent des vers, des lar■ves d infeétes qu'elles favent tirer de terre avec leur long bec, de même que des tas de fumier. II y plufieurs efpeces de bécaffes; la plus grolfe & la meilleure eft la bécalfe de forêt, dont le plumage eft mêlé de roux, de noir & de cendré. La bécaffine, qui eft beaucoup plus petite, fe trouve quelquefois par grandes volées en pleine campagne: elle peut s'élever a perte de vue fans qu'on ceffe d'entendre fon cri de mee mee. Le bécaffeau eft encore une efpece différente, dont le bec elt un peurecourbé par 3e bout. Le Vanmau. II a beaucoup de rapport avec la bécaffe quant i li couleur & a Ia-mandere de vivre. Le vanneau commun elt h peu prés de la groffeur du pigeon, a le plumage d'uu brun foncé, & une iuppe fur la tête. II fait fon nid a terre entre les rofeaux, & lors de la ponte il crie a étourdir, quibis, quibis. Auffi fe trabit-il par cetapage, qui le découvre aux oifeleurs ou chaffeurs, & les attire. II paffe pour un mets déJcat, de jmeme ^ue fes oeufs. Quand on lui a  Du regne animal. §5 pris fes ceufs, il en pond d'autres, & fi on lui joue le même tour, il recommence encore, mais non pas une quatrieme fois. II y a une efpece de vanneaux (oufelon d'au« tres, de bdcsfilaux) qui font toujours en guerre & fe battent perpétuellemcnt, & auxquels on a donné pour ce fujet le nom de qu;relleurs ou diables a quatre. La nuit, ils dorment piasliblement les uns a cóté des autres, & même de jour quand ils volent, ilsnequerellent point; mais dès qu'il fe pofent a terre , le branie commence, & c'eft un plaifir de les voir travailler les uns fur les autres. IS Ontarde. C'efl un gros & bel oifeau, qui a les al'e's trop petites pour voler, du moins aifément, mais qui en revanche court trés vite, fur-tout quand elle elt chaffée plufieurs lieues de fuite fans s'arrêter, tellement que les chiens ont fouvent de la peine a la forcer. La Prufie & la Pologne patiënt pour être la patriedel'outarde; il s'en trouve alfez en France, & dans d'autres contrées del'Europe. Elle niche dans les champs d'orge, & mange les jeunes pouflés, de même que toutes fortes de graines, & même des ravcs &c; elle ne dédaigne même pas les grenouilles & les vermiffeaux.qui fe trouvent dans la campagne. Une bonne outnrde pefe toujours de dix h quator^e livres, & fait un roti de bon goftt, Le male elt aufli gros que le coq d'Inde; il aLi tête & le cou d'un gris cendrd, le ventre blanc, le dos & les alles rougeitres avec des taclies noires; enfin il porte fous le bec une crête. lia femelle eft plus petite prefque de la &oitié> & D 6  $4 Du regne animal'. «flenjble prefque rt une alouette. Elle fait urr trou en grattant la terre pour pondre fes ceufo au nombre de deux, pas davantnge, qu'elle eouvc pendant trente grands jours avec beaucoup de peine & d'inquiétude. Les j. A. Eb pourquoi donc cela? ; Le b. A. C'eft qu'elle fait qu'elle peut moins aifément échapper aux chiens & aux chaliéurs , & encore moins abandonner fa couvée: auffi , ft elle vient a être découverte&chafi'ée, elle pi end k la hate fes oeufs fous fon aile & s'enfuit avec le plus rapidement qu'elle peut, au grand rif» que de les perdre. Les j. A. Mais, fi elle montoït fur un arbrepour laifi'er pafier les chiens j eft-ce qu'elle ne peut pas s'élever du teut? Le b. A. Elle peut affez s'élever pour cela, fur-tout quand elle a le temps; mais que feroitelle fur un arbre? elle ne peut pas s'y tenir, paree qu'elle n'a que trois doigts, touseii avant, & point d'ergots en arriere. 11 y a une petite efpece d'outardes qui n'a d'autres différences, outre celle de la groffeur, que celle de quelque nuance dans le plumage , & de pondre quatre a cinq oeufs. Pour les autres efpeces que 1'on connoit, elles ne fe trouyent qu'en Arabie & en Ethiopië. L'Autruche. C'eft le géant des oifeaux, 1'éléphant desvolatiles, du moins pour la groffeur du corps: fa taille furpaffe celle de 1'homme le plus grand, & fon poids eft de foixante- dix a quatre - vingt ïyreSi Cela doit faire un joli morceau a la .broche, car on en mange la chair, aulli bien  3u regne animaï. ene tes ceufs, dont un feul peut raffiilicr deux eu trois pêrfontfés, puifqu'ils font gros comme la tête d'un- petit enfant, & pefent quatre a fix livres. Elle cn pond tous les ans trente a quaxante (*). II n'y a point de gros oifeau qui foit auffi fécond, & s'ils venoient tous a bien, les autruches dev-ioient être extrêmement multlpliées. • j L'autruche (Tab. 7f, fig-u-.) habite les ddferts Itériles de 1'Afrique, de 1'Arabie, & de 1'Inde, loin des hommes &horsdeleurportée; & cela n'ell point étonnaiit ,, puilque 1'liomme ne la rencontre que pour lui faire la guerre, prendre fes ceufs ou fes petits & la uier cllcmême. Les Marnes les tourmentent beaucoup» Elle mange des herbcs , des plantes, des graines, des noix, & toutes fortes de fruits; mais foit pour achever de remplir fon eftomac , foit pour aider a la trituration des-grainesqu'elle avale, elle avale auffi despierres, du bois, des os, des morceaux de cordes, de cuir, de fer., de cuivre, d'étain, de plomb, de verre même; quelquefois même il lui arrivé d'avaler des charbons ardens , mais elle s'en trouve toujours fort mal. L'autruche peut atteihdre un age de foixante a foixante-dix ans. Mais quand elle fe trouve prife , montée comme un cheval ou un cbameau , fouvent plumée,. ou tourmentée d'au- (•) Oii lit dans errtaines relations que 1'aurruche pond julqu'a cinquante ou (oixante oeufs par ai; dans E'ieu,, plus de quarc . vingt; dans Klein & dsns Chavc (Scliav) que ces retiFs p'.lenc des quiuze livrei ; tout cela eft hafaidé ou faux..  8t) Du regne ani'maï. tres manieres, a peine vit-elle la moitié de cet efpace. Les ƒ. A. Ah bon Ami! eft-ce que Tori peut monter fur les aur.ruc.hes ? Le b. A. Sans doute ; elles font fortes & extrêmement légere a la courfe, & attachAs ;V une voiture , elles font encore cinq a fix grandes lieux dans une heure. Mais aulli quand onveut s'en fervir, il faut être bien accoutumée ï Cette extréme viteilé; autrement 1'on perdroir la refpiration , & même 1'ouïe & la vue. Aufli, fi les Arabes & les Indiens s'en fervent quelquefois , ce n'eft que par amufement. Au refte pour favoir comment l'autruche eft faite, d'abord elle eft anfli haute qu'un dragon a cheval, & a beaucoup de rapport avec le quadriipede que 1'on nomme chameau. Satêtereffemble a celle de 1'oie; fon bec eft court, poin* tu & recourbé. Elle a les paupieres fupérieures mobiles, & pourvues de longs cils comme les hommes, & peut fixer k3 deux yeux fur un feul objet, ce que ne peuvent les autres oifeaux. Le cou de l'autruche eft trés minceck trés long, & ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu'il eft couvert de gros poils blancs, de même que la plus grande partie de fon corps; mais elle a aux alles & a la quene de belles plumes blanches, 'mêlées cependant ..e beaucoup de grifes & de noires. Or ces plumes font tout le malheur ds ce pauvre animal; car c'eft pour 1'amour d'elles que les Arabes les tourmentent & les chafïént. Les j. A. Ah ies vilains Arabes! Leb. A. Hélas! mes chers Amis, c'eft bien nous, c'eft-a- dire, les Européens,& même les belles dames de nos pays , qui fommes les YÜains; car li. nous n'avionjs pas Jaaaiüe  Du regne antntat. i? de payer ces primes fort cher aux Maures, pour avoir le'-mkifil' de les employer a divers ajuftemens puerils, aflurémeiit on laifferoit les pauvres autruches en> repos; Ainü il ne faut pas dire des fottifes aux géns , comme vobs voyez, avant que de favoir s'ils ont le plus de tort. Au refte, comme l'autruche a moins de plumes noires que de branches, elles font aufli plus cheres. Elle a les jambes nues & fort longues, &n'a que deux doigts aux pieds , tous deux en avant; c'eft le feul de tous les oifeaux qui en ait fi peu, Ses alles , trop petites a pröportion de la pefanteur de fon corps, ne peuvent lui fervir pour voler :■ mais elles lui aident a accélérer fa courfe , & en effet , il n'y a ni ehien de chafle , ni coureur angloisOu autre qui foit en état d'atteindre l'autruche. Cependant les Maures, a force de rufes & de döguifement, viennent a bout d'en prendre. Des trente ou quarante ceufs qu'elle pond chaque année , a peine en amene-t-elle un quart a bien. Car il y a apparence qu'une grande partie de ces ceufs ne font deftinés qu'k fervir de nourriture aux petits nouvellement éclos, qui au fortir de la coquille nepourroient en trouver d'autre , mais qui meurent néanmoins encore de faim pour la plupart, paree qu'on vole toujours a l'autruche plufieurs de fes ceufs; & enfin beaucoup de jeunes autruches périffent en fuyant devant les chalfeursarabes. La mere pond fes ceufs avec viteffe 1'nn après 1'autre dans le fable chaud, mais non pas tous au juêuje eodroit -3 elle tfm met que dis oa  SS Du regne animal* douze enfemble en uu petit eerde. Elle es' couve une partie, quand on la.laiffe en paix, & laiflTe les autres s'éclore d'eux-meines dans Ie fable échauffé par les rayons du foleil (*). Les j. A. Mais, comment eft-ce que 1'on fait donc pour prendre les autruches ? . Le b. A. Cette chaffe eft alléz fingullere. L'autruche pourfuivie ne fuit pas droit devant elle, apparemment pour ne pas trop s'cloigner de fes ceufs; mais elle ne fait que tourner en fautant autour d'un certain cfpace. Ainfi le chaffeur n'a qu'a fe tenir dans le centre & ne pas la perdre de vue afin de 1'empêchcr de manger; il la laffe enfin, & la réduit a cacher fa tête dans le fablc; après qlibi, il la tuc on Ia prend , ou peut faire avec elle tout ce qu'il veut. Eft-ce , comme on 1'a dit, par bêtife que l'autruche fe cacbe Ia tête, comme fi 1'ennemi ne la voyoit plrts dès qu'elle ceffe de le voir , ou plutót eft - cc par uu effet du déTefpoir, & comme pour fe dc: ober i fon humiliation, fcmblable a ces princes & a ces généraux d'armée qui préféroje.nt une mort volontaire a la bonte d'une défa'ite qu'ils n'avoient pu éviterV Les j. A. Mais eft-ce que l'autniche ne fe défend pas auffi, puifqu'elle eft fi groffe ? Le b. A. Elle fe défend cruellement: d'un coup de pied elle renverfe les hommes & les cbevaux, leur cafï'e bras & jambes, ou leurdéchire le corps du haut en bas avec fes prigles, (*i Selon d'autres , l'autruche ne couve fes ceufs que pendant la nuit, paixe que la chalcur du loleil leur fuffje fiendant la journée.  3u regne animal S# de ratirriere k faire fortir les entrailles; elles; écrafe les chiens comme des mouches ; en uir mot, cette chaffe n'eft pas fans danger k beaucoup prés, quelque paifible que foit l'autruched'elle • méme. Mais- les Maures ne fé découragent point pour la perte d'un homme ou deux ; ils continuent de tenir l'autruche en échec , & de la faire fauter en cercle pendant deux ou trois jours fans lui pérraettïe de manger: a la fin elle eft forcéc de fe rendre a difcrétion , & fouvent on 1'emmcne prifonniere. Alors on lestraite bien, on leur donne a manger tant qu'elles veulent, & on ne les tient point trop ref> ferrées. Mais on leur arrache lés plumes de temps en temps, & a la fin on les tue & on les écorche pour employer leur peau a diiférensufages. Quelquefois on en prend des troupeaux eutiers que 1'on éleve, toujours pour en avoir les plumes & le cuir, qui eit trés fort & très; épais. On amene rarement en Europe dés autruches vivantes. On trouve dans 1'Amérique méridionale un gros oifeau qui a beaucoup» dé reiïém» blance avec l'autruche africaiue, & auquel on donne le nom d'autruche américaine ou au» truche biltarde. [C'eft le Thouyou , qui elt un peu plus petit que l'autruche connue, & qui a trois doigts au lieu de deux, tous les-trois: en avant aufli; du refte, il a les mêmes mceurs éc les mêmes inclinations que l'autruche. Une autre différence peut être, c'eft la forme de fora? corps qui relfemble prefque a une boule.j Le Cajfoar. Ce bipede efl: plus petit que l'autruche, mais.  0'3r Du regne animal. iiéanmoins fort grand. II eft noir & a fur la tête une efpece de coëffe ou de cafque ofléux recouvert d'une peau brune, une efpece de collier entremêlé de rouge & de bleu, & troisdoigts aux pieds (Tab. XII, fig. 26}. On le trouve clans les iles de Banda, de Java &de Sumatra. II mange tout ce que mauge l'autruche, & pond des oeufs d'un gris- verdfttre garnis de mamelons verds, & qui ne font pas li gros que eeux de l'autruche, mais plus longs. 11 a ksalles extrêmement pctites, point de queue du tout; & peut encore moins voler que Fautruche. Uans 1'ile de France, en Afrique, pres- de ïa' grande ile de Madagafcar (dans file Maurice aufTi{), 1'on trouve une efpece de gros oifeaux.d'une figurer trés difforrae & d'une allure trés lourde ? hors d'état de voler & prefque de mapeher: ils fe nomment drontes & font trés bons a manger. Le flamant ou ftambant oubécharou', 1'oie' au bec en cuilliere, la demoilélle (ou grue) de Numidie, le roi de cailles, Phuitricr qui fe voit fréquemment fur les cótts de FAngleterre, 1'avocette qui a le bec en fabre ou recourbé en haut &c., font d'autres efpeces affez remarquables , mais peu connues , d'oifeaux de cette «laffe; mais celui-ci eft plus connu, favok: Le Pluyier. Tl y en a plufieurs efpeces, les unes de la' groffeur de la bécaffe ou a peu prés, les autres de celle de la bécafline. Ils ont tous aux pattes trois doigts en avant & point en arriere, ou S'ils y ont uu faux ergot, il ne leur fert ni a  Ba regne etnima$-.> £>! fiarcner, ni k fe percher. II y a Ie doré, Ie verd, le gris, le huppé, le grand pluvier, le pluvier a collier, le pluvier armé, &c. Quelques-unes de ces efpeces font étrangercs, mais; quelques autres font trés communes en France oü Fon en fait grand cas a caule de fa délicateffe & de fon embonpoint; car Fon dit proverbialement, gras comme un pluvier. II faut lui joindre le guignard , qui eft de' même foit commun dans le royaume & trés bon il manger-, mais plus petit: de mên e que' la dotrale ou doterelle des Anglois, qui eft dela même efpece. Ve. CLASSE DES 01 SEA-Ü X„- Ceft cellè desgallinacées-, qui comprend lts paon , le coq d'Inde, le coq de balie-cour &Ia' poule; le faifan, la pintade, le coq de bruyere la gelinotte, le francolin,. la perdrix, & la caille*- Le Paofn- G'eft leplusbel oifeau du monde, & fa beauté' Femporte même fur tout ce que les autres animaux en peuvent polféder, quelque favoriiésqu'ils aient été de la nature en ce point: il ne faut, pour en convenir, qu'avoir vu un paon de trois ou quatre ans; quel éclat dans les nuances du bleu de fon cou, dans la variété des couleurs de fa huppel quelle richeffe, quelle magnificence dans fa queue! quel coup• d'ceil raviffant quand il fait la roue pour en déployer les tréfors ! quelle fierté aufli, quel orgueildans fon port, dans fon regard! Voyez Tab. /X, M> 17.  p-S Du regne animal.- Mais fa voix femble n'être pas faitepóur M~$ autant il charme par fon extérieur, amant foit cri elt defagréabk. Et il n'a pas la prudence de fe taire ; femblable fur ce point a plus d'un' fot richement doré, qui pourroit en inrpofer long-temps s'il n'avoit pas la fottife d'ouvrir la bouche. Au contraire, il paffe quelquefois des heures entieres a répéter fon vilain cri d'éco ,• éco, avec un bruit a étourdir. II eft de la groffeur du coqd'Inde; il a la tête petite & bleue, avec un trait blanc autour des yeux. Son cou long & mince eft bleu, comme fon poitrail; fon dos eft d'un gris -blanc taché de noir. II vole jufques fur les plus grands arbres & furies troits les plus élevés, & mange toutes fortes de graines, fur-tout de 1'orge ; il s'accommode affez bien auffi des infecdes; mais la fleur de fureau & les feuilles d'orties font mortelles; pour luf. La femelle du paon eft beaucoup plus pe-tite1 que le male, & n'approche pas de fa beauté ;■ fon plumage eft prefque tout gris. Elle fait tous les ans huit a douze ceufs, qu'elle couve ellemême, ou qu'elle fait couver par la première poule du voifinago. Les petits nouvellcment éclos n'ont pas toute leur beauté dès leur fortie de 1'eeuf; ce n'eft qu'a la troifieme aunée que leur queue fe pare de fes belles plumes.- Le paon vit vingt a vingt-cinq ans. 11 eft afiéz multiplié en Europe , 011 1'on en éleve dans plufieurs endroits, fur-tout dans les cbateaux des princes: mais il paffe pour être originairii de 1'Afie. Du refte, ce n'eft pas un oifeauutile, quoique fa beauté le rende cher! ileftméchantj, & ue peut vivre avec aucun autre oifeau prefque , que le pigeon. II coupe & gitte tout. ce.  Tb regne animal. 93 qu! lui tombe fous le bec ; il va quelquefois fe pofer fur la tête des hommes, èVs'amufe aleur déchiqueter le vifage ou même a leur crever les .yeux; il fait le manre dans les bafl'es cours , fe fait refpecier de tout le refte dc la volaille, & il n'y en pas une affez hardie pour ofer toucher une grenaille avant que le feigneur paon fe foit .rcmplit le gélier. Les paons varient quelquefois pour le plumage; il y en a de bigarrés & de tout blancs: toutes ces variétés ont été produites par celles des climats o.ü les paons ont été naturalifés, & c'eft vers le Nord que leur plumage eft devenu blanc. Dans 1'inde on trouve les paons par vo« léés emicres comme les moineaux chez nous. On en mange la chair , èc leurs plumes font ■employees a toutes fortes d'ornemens : jadis on en fajfoit des .éventails , & même une efpece d'étoiTe. Le paon eft fujet toutes les années a une mue oü il perd les belles plumes de fa queue; mais elles ne tardent pas a repoufièr de nouveau. C'eft un plaifir que de voir un paon exercer les jeunes a voler. Le foir il le retire volontiers .fur les arbres élevés pour y palfer la nuit; mais comme fes petits ne peuvent }e fuivre, il va les chercher 1'un après 1'autre, t\ lesportefur fon dos. Quand le jour eft venu, il prend 1'on vol, & appelle fes petits , qui le fuivent chacuïi de leur mieux, jufqu'a ce qu'ils foien.1 ''auffi habiles'que lui. Le Coq d'Inde. Cette volatile eft plus grofle que l'oie; fon plumage varie un peu pour la couleur; les  f/f 3u regne animal. dindons les plus communs font bigarrds de noir, de gris $ de bleu, avec un mélange de blanc, & il y en a de tout blancs, mais qui font beaucoup plus rares. Ils ont la tête, le bec, le cou enveloppés d'une peau rougeatre qui refte pendantc , & qui s'enfle & devient d'un beau rouge quand ils font en émotion. C'eft un animal alfez plaifant; ne vous êtesvous jamais amufés a les faire chanter uualeur faire faire la roue ? Les j. A. Ah combien de fois! quand oh ïeur difoit : j'ai la crête plus rouge que toi, & qu'on leur faifoit les cornes , ils fe mettoient en colere, faifoient la roue, & crioient •de toutes leurs forces : clour, clour, cloun. Et puis quand on leur montroit quelque chofe de rouge, ou qu'il y avoit quelqu'un en habit rouge , ils devenoient encore bien plus fuiieux; ils couroient deffusen étendaiit les alles , & fürement ils auroient fait du mal li on les avoit lailfés faire. Le b. A. Out, ces pauvres dindons font comiques avec leur colere & leur averfion pour le rouge: néanmoins ilsy vont de bonne guerre, & a leur voir faire la roue a tout moment, enHer leur crête, battre des alles avec violence , crier d'une voix étouffée, fe jeter a corps perdu fur ce qui les irrite, on juge bien que s'il ne font pas du mal, ce n'eft pas la bonne envie «rui leur manque pour cela. Voyez Tab. 1X9 fig' 9I* La poule d'Inde, qui eft a gauche fur le maronnier, eft plus petite que le coq, & ne peut pas faire la roue comme la femelle du paon. Elle fait tous les ans quinze a vingt tgufs un peu plus gros que ceux des poules or«  Du regne animal. $g dirnikes, & dont Ia coque blanche eft tachée de points d'un jaune rougeatre. Si elle apperc/oit dans 1'air quelque oifeau de proie, elle appelle vivement fes petits & les rafièmble a Ia bate pour aller fe cacher avec eux, ou bien elle les fait coucher par terre & refter comme morts, jufqu'a ce qu'elle les aveniflè que Fenncmi eft loin. Le coq d'lnde mange de tout ce que 1'on fait manger a la volaille, de l'orge, de 1'avoine, de la vefce, du pain, enfin tout ce qu'on lui donne. Cet oifeau eft originaire de 1'Amérique feptentrionale, & 1'on devroit plutót 1'appeller coc» d'Amérique; car il n'y en a jamais eu de fauvage dans flude, comme on le croyoit autrefois: de forte que fon nom actucl ne peut être nutorifé que fur 1'abus établi d'appeler 1'Amérique les Indes occidentales. Ce fut peu après la découverte du nouveau monde que les dindons furent apportés en Angletterre & en France d'oü ils fe font propagés dans tout le refte de i'Europe. On dit que c'eft aux nóces de Charles IX, roi de France, en 1570, que fut fervi Ie premier dindon qui ait été apporté dans le royaume. II y en adenoirs, deblancs, de gris. ci de bigarrés. 9 Le Coq domeftique. Ah! pour celui-la, ce n'eft point un étranv ger; c'eft bien notre chercompatriote,demême que fes jolies femelles , & nous le connoiffons tous a merveille, avec fon plumage tantót roux, tantót noir, tantót rougeatre, tantót bigarré; fa queue retroufl'ée & recourbée, fa crête rouge & charnue, fon kékéréké répété fi régu-  j'S Du regne animil. Jiérement a certaines heitres du jour & de la nuit, que les gens de la campagne n'ont pas befoin d'autres horloges. Quant a la poule, on fait comme elle aime k répéter fon gac gac gac gac a-chaque ceuf qu'elle « pondu, & que d'ailleurs elle en pond tous les ans des foixante, cent & méme juffuji cent cinquante, dont elle peut couver jufqu'a -quinze k la fois. Enfuite quand les pouüins font éclos , qui n'a pas pris plaifir alavoirpromener avec eux, veiller avec une follicitude jtufli vive que tendre k leur nourriture, leur coafervation , leur éducation , en variant &anijnant, fuivant les cas, fon glouffement ou fon .cris de glou glou glou glou. , Mais ce qu'il y a de plus plaifant, c elt 1 ïnquiétude dont elle eft tourmentée, lorsqu'ayant parmi fes pouffins des canetons éclos enfemble fous elle (comme cela fcpratiquequelquefois), il leur arrivé de s'approcher d'un étang, d'une mare, d'un ruillèau, oü les petits canards ne manquent pas de fe jeter. La pauvre mere tourne tout autour du bord, va & vient, les appelle, crie, fe tourmente, & les petits nageurs, a qui leur élément naturel a,fait tout d'un coup oublier une fi bonne nourrice, n'entendent plus fit voix & la laifTent fe défoler en vain fur le rivage. La poule eft fort gourmande, cc femble ne pouvoir prefque étre raffafiée: mais quand elle a des pouffins a nourrir, elle peut fupporter la faim, & au lieu de bequeter ce qu'elle trouve, comme grenailles, mie de pain &c., elle les appelle "& le leur laiffe manger. De timide qu'elle étoit, fuyant ou s'écartant k la vue du Plus petit animal, la qualité de mere la rend r r liardie,  23a regne animai. hardïe, & lui donne le courage d'attaquer_ Ie plus gros chien, ou de ie défendre contre lui fi elle voit qu'il en veuille a fa couvée. Au moindre danger qu'elle redoute, elle les raflémble fous fes ailes, les rechauffe & les protégé. Ces oifeaux mangent toutes fortes de graines & de femences, de même que du pain & de tout ce que nous mangeons ; ils bequetent méme volontiers 1'herbe tendre, ou les herbes potageres. Non feulement ils ne lai'ffent rien de tout ce qu'on leur donne, mais encore ils paf'fent la journée entiere a gratter dans les ordures ou la terre, & a chercher des graines ou des verinilfeaux qu'ils mangent auffi volontiers: les trouvailles qu'ils peuvent y faire ne fufnroient pas a beaucoup prés pour les rafiafier, fi on ne leur donnoit rien autre chofe. Le coq (Tab. IX. fig. 2.0.) eft plus gros que la poule (fig. 22.); il fe diftingue aufli d'ellë par fa crête plus grande & plus belle, & par 1'ergot ouéperon qu'il a aux pieds. II airae k fe voir k la tête d'une douzaine ou d'une quinzaine de, poules, & ne fonffre pas qu'un autre coq vienne s'ingérer dans fa familie. Sï cependant il s'en trou ve d'affez ofé, il faut voir le maitre du logis enfler fa crête, hériffer fes plumes, ék les yeux cn feus'élancerfur le téméraire, 1'attaquer avec fureur, & le combattre jufqu'a ce qu'il 1'ait contraint de prendre la fuite, ou que Fun d'etrx refte fur la place mort ou blefie. II commande k fes poules en maltre, & s'en faitobéir, ouilles chrltie févérement,leschaffe dans le poulailler , les pöurfuit dans la cour. Mais d'un autre cóté rien n'égale fes attentions •&fes foins pour elles: le jour parolt a peine. 11e. Partie. E  Vu regne animal. qu'il Te rend auprès d'elles, examine s'il n'en manquc point, court chercher & ramene celles qui ïèrpjent abfentes, & alors nc les quioteplus, mais les accompagne fans ceffe pour les défendre. Apporte - t-on a manger, il ne touche rt rien , & attend paifiblement que toute fa troupe ait fait fon repas. II faut 1'entendre crier, s'agittr, s'il voit entrcr un chien dans la cour, ou un étranger, ou plutót s'il appercoit dans 1'air un épervier ou quelque autre ennemi de fes bien-aiméesi Les poules ont été en grande vénération chez les Romains de 1'antiquité: c'étoit de leur maniere de manger le grain qu'on leur prcfentoit en cérémonie que les augures tiroient leurs prédiélions. Le coq chante a trois reprifes pendant 'la nuit, favcir a minuit, a deux heures, & aux approcbes du jour; pendant le jour ilcriefelon les occafions ou felon fon caprice.: ce qui lui arrivé quelquefois aiffi pendant la uuitlorlqu'il ïemarque un changement de temps, ou lorfqu'il entend un autre coq du voifinage , & toême fon chant coutrefait par un enfant qui NVeut s'amufer. Une bonne poule , que 1'on nourrit bien, pond prelque tout le long de 1'année , un reut chaque jour, ou au moins tous les deux jours; il y en a qui ne pondent que de trois jours 1'un, mais 1'on en a vu pondre deux ceufs dans un jour. La ponte celle ordinairement vers la fin de 1'automne, pour nerecommencerqu'auprh> temps; cet intervalle eft le temps de la mue. A la iQ». fig. de la W. Tab. fe trouve une poule qui pönd. Quand on a chaponné un coq ou un poulgï\ il fe 'fait un changemetit conlidérable en  Du regne animal. lm: il n'a plus qu'une voix foible & rauque dont il fe fert peu; il ne s'embirrallé plus des poules; il ne mue plus, comme fout tous les ans les coqs & les poules aux approches de 1'hiver. Auffi le chapon n'eft-il deltiné qu'ft s'engrailfer & a fournir un mets fucculent. Les femelles chaponnées fe nomment poulardes , & ne font pas moins délicates. Les uns & les autres font, parmi. les oifeaux , ce que font les hongres parmi les chevaux, les moutons parmi les béliers, &c. Les poules pondent quelquefois des ceufs fans coquille, & d'autres fois avec deux jaunes: on a auffi des exemples de pouffins fortis tout éclos du ventre de la poule. Pour tirer plus grand parti de la fécondité des poules, qui ne pourroient pas couver tous les ceufs qu'elles peuvent pondre, on aeffayé , d'aprèsles Egyptiens, de faire éclore leurs ceufs par le moyen d'une autre chaleur, comme celle d'un four ou du fumier, & 1'on peut réuffir par cette voie a multiplier infiniment davantage le nombre d'une volaille auffi utile dans la vie. On connoit plufieurs variétés dans Fefpece des poules; les deux plus remarquables font la poule fans queue & même fans croupion , appelée cul-nud ou poule de Perfe (Ta&. IX, fig. 23), & la poule frifée dont les plumes remontent i-vérs la tête (fig. 30). II y a certains pays oü 1'on fait un abus alTez fingulier de 1'ardeur & du courage que la nature a donnés au coq, & c'eft fur-tout en Angleterre que cet abus elt le plus accrédité. Ons'applique pendant un mois a les excrcer au combat les uns contre les autres, & a les rendre plus furieux que de coutume ; on leur donne même £ 2  i-e© Du regne animal* d'autres nrrnes que celles dont la nature ks a pourvus, afin d'en faire des guerriers plus redoutables. Les j. A. Ehi comment donc cela? eft-ce qu'on leur donne des fufils ou des fabres ? Le b. A. Quelque chofe de bien plus fingulier. -On leur coupe leurs éperons, & on cn .ajoute d'autres d'acier alaplace, beaucoup plus jongs & plus aigus.; puis quand ils font bien exercés, on les fait paroltre en public dans la lice, & comb.attre les uns contre les autres , en préfence d'une foule de fpeétateurs affemblds fixprèg. Les deux champions s'élancent en fureur 1'un contre 1'autre, fe chargent vigoureufemeut, fe déchirent mutuellement.: après la premierecharge, ils léretirent en arriere comme les béliers ou les boucs : mais ils recommenjceöt auflltót avec plus d'ardeur encore, & ne fe lacbent plus que l'un des deux ne foit blefi'é ji mort ou couchd roide fur le champ de batail]e. Le vainqueur, fier de fagloirc, fe campe fur la place, & regarde autour deluifi 1'on applaudit a fa vkfoire, tandis que le vaincu, s'il n'eft pas mort, d'un air honteux & abattu cherche a fe cacher dans un coin. Ces combats de coqs fe renouvellent en Angleterre chaque „annde, & il s'y fait de trés gros paris pour "les champions. On fait que les Athéniens ont eu auffi leurs combats de coqs, inftituds en rodmoire d'une bataille importante gagnée contre les Perfes par Thdmiftocle; & voici ce qui y donna occafion. Ce gdndral voyant plier fes troupes, & remarnuant en même-temps quelques coqs qui fe battoient a la vue de Parmde , il faifit cette occafion pour les ranimer au eombat, en les  ï)ü regne ahimtif. faifant rougir de leur pufillanimité. Ces lor-: tes de combats étoient auffi connus dans plufieurs villes romaines, au rapport de Pline (*> Le Faijan. Cet oifeau eft prefque, après le pa«ii, Celui de tous qui a le plus beau plumage. II eft' de la groflèur du coq (Tab. IX, fig. 18); il n'a, guere au cou que des plumes grifes, mais celles de fes alles & de fon corps font d'un beaujaune d'or ; de même que fa queue qui a deux pieds de long, quoiqu'il ne puifie pas faire la. roue comme le paon & le coq d'lnde. Cependant il y a des faifans blancs & de différentes bigarrures. Les j. A. Mais, oü eft-ce qu'on les trouve. Le b. A. 11- eft vfar qu on ne les laiffe pas courir en pleine campagne^ les princes & les feigneurs ont des parcs exprès qu'ils nomment faifanderies, diftribuées en verdure & en bofquets, oü ils les multiplient beaucoup $ mais c'eft pour eux feuls, Pour en- trouver de libres dans les cbamps il faut aller en Alie & en Afrique: mais leur véritable patrie eft la Mingrélie , principauté dela Géorgie, fur les cótes de la mer uoire, aux bords du fleuve Phafis, pays qui fe nommoit dans Fantiquité Colquide (Colchis). C'eft li que les Argonautes prirent les premiers, qu'ils (*) II ne faut pas oublier (ie dire qu'il y a trois chofés mortelles pour les poules , favoir les amande* aaltres, Ueau de vie, & les feves de cart-!. _ . L 3-  2o3 Bu regne animal.- apporterent en Grece leur patrie , d'oü ils ont été portés dans les autres parties de 1'Europe. Son nom de faifan, dérivé de Ehajianus, rend encore témoignage de fon origine. La Pintade. Elle eft un peu plus grolTe que le coq ordinaire , d'un plumagé brun-foncé taché de blanc ^ ayant la queue pendante,. & pendant des ceufs Tougeatres (*), i peu prés-de la grofleur des ceufs de poule, & aufli bons a manger. On les éleve rarement.dans les balfe-cours, paree qu'elles font querelleufes & ne s'accordent point ïivec le. refte de la volaiile, prétendant toujoursis. la fupériorité fur les poulaillers. Elles font originaires d'Afrique.. Le Coq, de Bruyere,. Gelui-ci eft deux ou trois fois plus gros que le coq domeftique: il a le plumage gris tachéde brun, & les jambes velues ou couvertes de plumes , de même que les autres efpeces de coqs fauvages; enfin un traitrouge autour des yeux. 11 fe trouve dans prefque tous les pays de 1'Europe, fur tout dans les lieux élevés & couverts de bois; la femelle pond huit a douze ceufs que 1'on mange, aufiLbien que fa chair qui eft de bon goüt,.& qui pefe quelquefois douze a quatorze livres. Il mange toutes fortes de baies fauvages , les bourgeons des arbres, C*) Selbn Hornare, les reufs de la pintade imitent lesMUleurs de fon plumage.  Dw regne animal. !eS nymphes de fourmis, & des grains de diverfes efpeces. La Gélinoiie. Élle eft de la moitié plus petlte qüe le coq" de bruyere, mais du reltc elle lui reffemble. Elle mange toutes fortes de baies & de bourgeons, h. 1'exception des cerifes & des pois qui lui' saufent la mort. Le Francolhh- II elt gros comme notre poule domeftiqfieV mange volontiers les bourgeons des arbriffeaux , & fur-tout du coudrier, de même que toutes fortes de baies fauvages. On en trouve fur-tout dans la Norvégc & dans la Suede. La Gèlinotte Manche.- Cette efpece ne furpaffe pas en groffeur Ie pigeon, & fe diftingue par fon plumage qui eft prefque tout blanc, de même que parTinftiuct; qu'elle a de fe cacher dans la neige quand elle' vcit approcher un ennemi.' La Perdrix. L'efpece en eft trés commune en France, otV 1'on en connolt fur-tout de deux ibrtes, lagrife & la rouge; celle-ci eft prefqu'auffi groffe que la poule, & 1'autre eft plus petite, mais d'un goüt plus eftimé. Ces oifeaux volent prés de terre & rapidemeut, mais ne perciient point fur les arbres. lis mangent des baies de buif> E4.  jjcT4 Du regne animal'. fons , des bourgeons, fur-tout ceux de li vigne, de même que le raifin, enfin des vermifléaux. lis font leurs nids en pleine campagne dans les haies fortes & épaifles. II y en a d'autres efpeces étrangeres. La Caille, Cèfl un oifeau beaucoup plus petit que les précédens, qui fait entendre au printems fon chant afléz doux de carcailla. Elle eft trés commune en France, oü 1'on en fait beaucoup de cas pour la déiicatelle de fa cbair; maison dit qu'il y a des pays oü elles font fujettes a trouver & a manger des graines d'hellébore, cequi ies rend moins eftimées, & méme fouvent nuifibles a 1'éftomac. Elle a le plumage grifatre, vole fort lentement, court mieux, fait buit a' dix ceufs , & ne vit au plus quc.fix années..Voyez Tab. VI , fig. t- ,VIe. CLASSE DES OISEAÜX. Enfin nous allons bicntót dire adieu aux gen-tilles volatiles; voila la derniere. de nos vifites. chez elles, & lés dernieres de leurs families qui pafi'ent devant nous en revue , favoir celles «les oifeaux a ramage ou gazouillons, qui z la "vérité font fort nombreufes &. infiniment Tariées: mais aufli y en a-t- il un bon nombre qui vous font déja paflablement connues&aux? quelles nous n'aurons pas befoin de nous arrêter long-temps. Ce qui diftingue cette claffe d'oifeaux, c'eft un bec aiguifé en quille, des pieds tendres & iendus, qui leur fervent moins a marcher qu'a'  'f)u regne animal. ' ï'cf- fiutiller. Les uns vivenc d'infectes, les autres de femences & de graines, & ceux-ci font lesfeuls qui aient la chair de bongoüt. Tous ces petits chantres fe conftruifent des nids fort cu-rieux par Part &PadrelTe qu'ils y mettent. Leurs femelles pondent depuiscinqjufqu'afeizeoeufs, & les males les foulagent dans les travaux de la couvaifon; ils élevent enfemble leurs petits & leur portent la bequée dans lenid. Leurs ocufs& leurs plumes ne font pas d'une grande utilité pour nous; mais nous mangeons la chair de plufieurs, & prefque tous contribuent a nosplaifirs en nous réjouiffant par un ramage. brillant. Cette claffe renferme lespigeons, lesaiouêt.tfcs, les étourneaux, les meries, les rofiignois ,s les hochequeues, las pinfons, les moineaux,. les ferins , les méfanges-, les hirondelles, les grives , les bec-croifés, les pivoines, les lofiots , les rouges-gorges, les chardonneretsy les linottes &c. Le Pigeon & la Colombe. Ces jolis oifeaux varient beaucoup pour le plumage, qui ell fufceptible de toutes fortes de mélanges : on les éleve avec plaifir dans les maifons, foit & la ville, fok*iV la campagne; èc plufieurs propriéraires font batir expres des elpeces de tours ifolées qu'on appelle colombiers, dans lefqnels on lcsmultiplie beaucoun, Quand ón ne veut pas les laiffer errer en liberté dans la campagne, ou que 1'on n'en a qu'une petite quantité , on prend foin de leur donner du grain: mais ils font de meilleur goot, quand ils peuvent aller eux-mêmes chercher leur nourE 5  jo6 Du rtgne animal. riture, comme orge, bied, pois, avoine,.vefce, &c. Les pigeons, quoique réunis en grande trou-pe, s'apparient toujours male & femelle (Tab. JX, fig. 34), & reftent fidélement enfemble , élevant leur familie a part, jufqu'a ce que la mort ou quelque accident les fépare. Comme ils élevent deux petits prefque chaque mois, & qu'un male Sn une femelle donnent toujours par. an au moins neuf paires de pigeons, il s'enfuit qu'en peu d'années on peut les multiplier pro* digieufement, &s'en voir de nombreufes volées; car dés- la feconde année, un feul couple en a produit quatre - vingts ou quatre - vingts - dix au- • tres, a la troifiemeneuf cents , Stalaquatrieme dix - huit cents & au - dela. Ainfi 1'on peut dire que ce font de tous les oifeaux ceux qui rnultiplient le plus, & aufli en fait-on une grande confommation: au refte, comme ils font propres dans leur manger, &.ne fe nourriflent que de bonnes chofes, leur chair doit être na— turellement faine & de bon goüt. Le pigeon vit tout au plus huit ans: en pleine liberté , il pourroit vivre le doublé de ce ternie & même plus; car 1'expérience aprouvé que les animaux vivent moins long- temps dans Vefclavage qu en plein champ, quelque foin que Pon punTe prendre d'eux. Les pigeons s'occupent beaucoup de leur plumage, & ont grand ïbin de le tenir en ordre, en arrangeant chaque plume avec leur bec. Leur joli roucoulement eft affez connu; c'eft par la qu'ils expriment leur joie & leurs amours. On connoit plufieurs efpeces de pigeons; tels font, par exemple. Le pigeon goltreux, qui a la gorge fi grande,,  Du regne animal. io?r qu'en la renflant par 1'afpirationde 1'air, comme il le fait, il la rend plus grolfe que tout fon corps.- Le pigeon nonnain eft celui qui a fur le chignon ou derrière la tête de grandes plumes rei levées en haut, quiviennent lui former autour de la tête une efpece de capuchon. Le pigeon pattu, la plus grolfe efpece denos contrécs, a les jambes couvertesdelongues plumes qui lui pendent juFques fur les pieds. Le pigeon - paon eft ainfi nommé de fa belleek large queue, dont il peut faire la roue comme le paon de la fienne. Le pigeon a collier, autrement dit pigeonramier ou palombe, a le cou ceint d'un anneau blanc , & le nom de ramier lui vient de ce qu'il fe tient volontiers dans les bois. La tourterelle elt la plus petite efpece des pigeons fauvages; elle elt trés commune eu EurOpe, quoiqu'on la dife originaire oies Indes: ort prétend aufli que c'eft un oifeau de paflage. Soit plumage eft prefque couleur de chair tendre, avec une raie noire autour du cou. Son roucoulement eft un peu différent de celui du pigeon. Le pigeon-rieur eft aufli originaire des Indes;on lui a donné ce nom , paree que de temps a, autre fon chant reffernble prefque aux ris d'uoi enfant; cependant pour 1'ordinaire il roucoule comme la tourterelle.- On fe plait a les élever en cage; mais ils n'y vivent pas long-temps, & 1'air libre eft plus néceflaire encore a cet oifeau qu'aux autres dc fon efpece. Le pigeon meffager ou pigeon de pofte....... Les j. A. Ah! qu'eft - ce que c'eft donc qtie celui-la. Le b. A, C'eft jnltement ce; que jfaUeis vous E 6"  3o8 Du regne animal. - dire. C'eft une efpece de pigeon de la groffeur de nos pigeons domeftiques, avec un plumage.bleuatre, qui fe trouve fur-tout en Afrique & en Afie , quoiqu'il y en ait aulïï en d'fférenslieuxde 1'Europe. L'ufage fiugulier que Pon fait de cet oifeau mérite bien d'être obfervé». On 1'apprivoife & on le dreffe a porter des lettres d'une ville a une autre;, on lui attaché; le papier mis en rouleau fous une aile , &. dans un jour il le porte a une diftance a laquelle le meillcur piéton ne parviendroit pas. cn fix. Les lettres font toujours fidélement. ïendues. Les Turcs d'Aleppo ( Alep) en Syrië, font encore dans 1'ufage d'employer cesmelfagers ailés , & cet ufage étoit autrefoisbien plus commun. C'eft avec les babi-lans de la ville d'Alexandrie en Egypte qu'ils correfpondent de cette maniere. Pour y drtffeiv les pigeons , on les tranfporte dans unecagede 1'une de ces villes a 1'autre pour leureu apprendre la route: enfuite quand on veut s'en fervir , on attaché uu petit rouleau fous 1'alle d'un de ces oifeaux, qui dans une heure fe rend dans la ville d'oü il eft venu, tandis qu'un homnte cn auroit au moins pour quatre grands jours de marche (*). On pourroit dreffer a ce manége toute autre efpece de pigeon. L'Alouette. Elle eft a peu prés de la groffeur du moineau d'un plumage ïouüiltre mêlé de noir, & a 1'é-- C*) Voyez le Voyage de P'utro della Valk, & Kltix, fliftoiK om oiftaiu, en gllcmami.  Du-regne anima*'. fjt$P peren trés long (Tab. VI, fig, 8). Elle eft tics commune dans toute la France, oü elle arrivé, dès le commencement. du printemps , fait fon. nid dans le verd des champs enfemencés, & pond deux fois dans un été, cinq ceufs chaque fois. Vers la S-. Miehei les alouettes raffem. blent leurs petits, vont avec eux au rendez« vous géuéral , & de la gagnent toutes enfern-ble les pays plus chauds:. mais ce n'eft pas fans avoir payé un rude tribut aux-oifeleurs & aux chaflèurs de. tous les; pays qu'elles quittent, On- les- prsnd quelquefois- par milliers le foir dans des filets :. c'eft un bonman ger.. Cet oifeau vole fort bant & ordinairementr en pointant droit au-defiüs de fatéte, en chan-tant toujours, de maniere qtPaprès Favoir perdu: de vue dans le vaguc de. 1'air-, on entend encore fon gazouülement de liri lm, L'alouette s'ypprivoife fort aifément, &.fe familiarife bientót avecFhomme, jufqu'i lui voler fur lamain,. fur la tête , fur la table, fun 1'afliette oü 1'on mange. Mais il y en a diverfes efpeces , tella que celle de pré, qui ehante peu &.mal ; celle, de bois, autrementcujelier, qui gazouille mieux: celle qu'on appelle huppée, qui a le chantfle. plus agréable de toutes, fe tient prés des chemins., & mange desdnleétes & des vermiffeaux.. C'eft celle dont on mange auffi le plus.. & Étourneau. C'eft. un oifeau fort.gai, d'un plumage noir tacheté de blanc & d'autres couleurs, plus gros que. l'alouette, qui fe trouve en Europe & en Afrique , dans les paturages & prés des vigues... E7  Mo- Dtf regne animal. oü il mange des mouches, des fautereües, des fcarabées, des vers , & quelquefois desraifins& autres baies. Voyez Tab. III, fig. 7. II fait fon nid dans le creux des chénes & deshêtres, & pond tous les ans quatre a cinq ceufs. II cff affez gros & bon a manger vers le temps des vendanges , mais non pas dans les autres temps. II vole en grande fociété , & prefque circulairement. On en prend beaucoup pour les élever fous lenom de fanfonnetSj paree qu'ils apprennent aifément a répéter toutes fortes d'airs, &• méme des mots. Tantót on les tient en eage, tantót on les laiffe voler dans les appartemens pour y prendre les mouches, moucherons-, &c. La Grive. II y cn a plufieurs efpeces, plus ou moinscommunes dans Ie royaume : leur- plumage eft en général brun & blancavecdestachesrougea-tres. Elles-mangent toutes fortes de baies &•toutes- fortes de vermifléaux ; & c'eft iur oifeau voyageur, qui arrivé au printems, fait fa ponte, éleve quatre a cinq petits , & nous quitte en automne. II y en a aufli qui ne viennent qu'en automne même, ne reftent que quelques femaines , & ne font point leur ponte ■ ebez nous. Quand elles fe raffêmblent pour' leur départ , on' les prend par miliiers avec divers filets , oü elle fe précipitent d'ellesmêmes en courant fur les baies du gui qu'on leur préfente. • Voici les principalès efpeces de grives> La grive dc gui eft la plus groffe, ne vient qu'en automne quand les baies du gui fontmürej , & chante paflablernent bien.-  Die regne animal. La grive de v-igne, ou mauvis, n'a que foa ori de zipzipzig, & a les alles rougeatres: elle aime beaucoup le railin. La grive chanteufe, ou rofelle, eft celle qui criante le mieux ; fon ramage égale prefque celui.du roffignol.- Elle a le poitrail blanc, & paffe 1'êté chez nous, oü elle éleve quatre a cinq petits; puis elle part avec la grande aflernblée.. Elle mange aufli volontiers les baies de raifins. - La grive--a- ceinture^.qui a un trait blanc fur le poitrail. La grive dé jonc ou de marais, qui fe tient: dans ces fortes de lieux. - La grive de genievre ou litorne, qui arnve feulemtut dans f automne , &-ne mange que des baies de genievre & de gui. II y en a une efpece fort commu.ie dans les montagnes de Suiffe, & qui defcend dans la plainc quand manger les baies de genévrier-, qui lui don* neut un fumet. exquis. Le Merle. C'eft la grive noire (Tab. VII, fig. 10), dont lê plumage eft de cette couleur-avec trés peu; d'adouciflement. Le merle s'apprivoife & apprend toutes fortes d'airs qu'il n'oublie jamais;; il apprend auffi k fiffler & même a parler. II mange auffi des baies de genievre, des raifins, des cerifes, & paffe chez nous 1'hiver, comme beaucoup de grives. II y a le merle blanc, le merle bleu , le. merle doré, le rouge»,&c.  ma: Bit ttgne' animal* La Queue de foie. C'eft, & propremen? parler, une efpece de grive huppée, qui a en effet une huppe fur la' tête, le plumage rougeatre, h Ia quuie noirer & jaune; elle manse des bak s fauvages, eomme les grives, & fe fait prendre avec elles* Le Bec en croix, Cet oifeau fingulier n'eft pas plus gros que l'alouette; fon plumage eft d'un gris rougeatre, & celui de la fefflelle d'un gns-jnunatre. Ce qui le diftingue de töns les autres oifeaux , c'eft la forme de fon bec dont les bouts font couibös en c'fqür, ou en fens contraire, ferme dont il tire parti pour tirer les amandes des pommes de pin & de fapiu, dont il eft trés friand. Aulfi fe tient-il dansles bois de fapins, oü il fait fon nid fur les plus épais, de moutte & de petits brancbages qu'il colle enfemble avec la réfme' de ces arbres , & qu'il aflujettit avec la même matiere , de facon» que les vents ne peuvent le déranger. II chanre affez bien, & imite les manieres du perroquet quand on le tient en cage (Tab V, Le Bouvrevil ou la Pintne. II a la tête noire , le poitrail rouge , lé dos d'un aris-noir; mais quand il a refté en cage pendant long-Cemps, fon poitrail devient d'un gris pftle, comme la femelle Pa elle-même en tout temps (Tab. V, fig. 17). Cet oifeau eft un. de ceux qui a le plus joli ramage, & qua-  Dïi ngne animal' *t£, eft le plus fufceptible d'iuftruétron: on dit même que la femelle. criante auffi bien que le. mille, ce qui eft rare. Le Gros-bec: II ne faut pas confondre notre gros-Bec avec les oilèaux étrangers qui portent le même nom,ou qui le méritent mieux que lui par la dij'pro-portion de leur bec au refte de leur corps. Celui-ci eft trés commun en France, un peu plus gros que. le pinfon , & a le bec trés gros & trés fort en comparaifon des oifeaux. de cette taille ; auffi cafle-t-rf aifément avec cet orgnne les noyaux de cerife léa plus forts & les plus durs, pour en manger Iff grouillon, tandis qu'il dédaignelacerilèmême, au rebours des atitres oifeaux. II mange aufiï d'autres noyaux au défaut de ceux de cerife„ de même que toutes fortes de graines» Le. Ver dier.. Cët oifeau a le plumage verdatre, & c'eft de: la qu'il tire fon nom. "il vit aufli de baies tëfe de graines, & fait fon nid dans les baies.. Le BruanP. C'èft un jbJj petit oifeau, gros comme le moineau, d'un plumage jaunatre, qui fe tienc dans les broffailles, fur les baies, les buiflons mange du millet, de 1'avoine & d'autres petiresgraines, & dans 1'hiver lorfque la campagne eiir eouverte de neige-,. s'approche dea< maifons^  pgf Du regne animaf* pour trouver quelque nourriture. N'en avez> vous jamais vu? Les j. A. Ah pour cela oui! nous en avons même pris, que nous avons portés daus la chambre, pour les tenir bien au chaud & leur donner a boire & a manger: mais ils crevoient toujours- au bout de quelques jours; peut-être qu'ils avoient trop chaud? Le b. A. Cela paroit affez vraifemblable; mais vous n'avez fïtrement guere rencontré' d'une el'pece de bruanr, cependant bien fa-sneufe, qui eft 1'orto'an ? Les j. A. Ah! des orto'ans? Le b. A. Oui, des ortolans: combien de fors eft-ce que votre papa vous adit, quand' vous refufiez ctrtains mets qui ne fe trouvoient pas de votre gottt: attendez, mon ami, on va vous fervir des ortolans? C'eft en effet un petit oifeau excellent, de la chair la plus tendre, la plus délicate, la plus grafie, la plus fine, mais qui n'eft commun, ou du moinsn eitbien bon, que dans les provinces-méridionales du royaume, ou autres pays chauds, oü il mange beaucoup de millet. On en prend de grandes quantités a la fois , & ils s'envoient par-tout oü ii5 font recherchés pour la table- des grands & des riches; car ils font fort chers, du moins quand ils font gras. Au refte il y a quelques autres efpeces de bruants, telles que celui de joncs, celui de neige; ce dernier aime les pays froids.. Le Pinfon. Ibeft prefqu'aufïï gros que le bruant; il a le  Ba-regne animal.- irg. plumage gris, mêlé de jaune, de rouge, deverd, de noir, il niche fur les arbres & les buillöns, & mange toutes fortes depetites graines» II y a des efpeces qui chantent trés joliment, telles que le chardonneret, le ferin, la linotte, &c. Les ƒ. A. Eft-ce que le chardonneret eftauffi un pinfon, & le ferin auffi ? Le b. A. Et la linotte auffi, & le canarie' auffi, & le moineau; tous ces oifeaux-la font' réputés du genre du pinfon,, paree que leur figure & leur maniere de vivre ont beaucoup de rapport. Quant aux pinfons proprement dits , on en compte auffi diverfes efpeces; par exemple %'■ Le pinfon du bêtre, ainfi nommé de ce qu'il niche fur cette forte d'arbre.. C'eft celui des oifeaux a ramage qui conftruit fon nid le plus', artiftement, de. mouffe &: d'herbes-,. entrela-cées avec toutes fortes de filandres & de poils. II a une rufe finguliere pour tromper les oifeauxde proie qui le pourfuivent; c'eft de fe cacher la tête dans la mouffe on dans la boue, oumême fous fon ventre en levant la queue en 1'air, de maniere que 1'ennemi ne le reconnolt plus, ou s'il fond.fur lui,- n'emporte giiereque fa queue. Le pinfon gris, qui a le plumage dc cette couleur & tirant fur le brun. Le pinfon verd, qui n'a prefque pas de plumes d'autres couleurs. Le pinfon rouge, qui a le poitrail de cette couleur, & le doré qui Fa d'un beau jaune» • Le Chardonneret. ïl.eft!ainfi nommé.de ce qu'il s'arrête femvent  frö ï)ü regne aniinat. fur les chardons pour en bequeter la grauie, & meme fetient dans les lieux oü il en croit beau-' coup. R niche dans les taillis & les buiffons;; il a le plumage jaune, rouge, blanc, noir & brun; & c'eft celui de tous-lespinfons quichante' le mieux. Voyez Tab. V, fig, 15- Auffi le' tient-on fouvent en cage , oüon lui apprend a gagner ft vie en gazouillant. Hélas, le pauvre malheureux! n'a-t-on pasquelquefoislacruauté de le tenir a !a jralere, de facon qu'il eft obligé' de puifer fa boilibn avec nu petit fe'aU, dcvoiturer fon chcnevis fur un pont &c? Je fuisfür que vous avez plaint fouvent ce pauvre galérie» innocent. Les j. A. Ah oui! cela fait pitié !' ces pauvres petites bêtes, qui n'ont point fait de maU' Le b, A. Encore fi leur attelage nous étoit uiile, comme celui des bceufs &deschevaux, on pourroit excufer cette barbarie.- Mais pour rien, par caprice, par fantaifie, tourmenterces pauvres oifeaux, rés pour vivre dans la joie & dans la liberté , & pour nous rendre a_ nousmêmes, par les chants qu'elle leur infpire, la bonne humeur que notre propre fervitude nous fait perdre ! c'eft tropl ou il faut que le plaifir d'cxercer fur d'autres étres 1'empire que 1'on exerce fur nous , foit bien vif pour certaines gens : & en ce cas-la ils méritent urn joug encore plus lourd que celui que le fort leur a impofé.. Le Serin. Ah le charmant petit oifeau! le joli plumage é'im jaune tendre, nuancé de verd! & comme a ehante, comme ü apprend- tous les aks qua  Ba regne animal* 117 fon veut ! Le farin eft dn genre du moineau, «'éjeve trés bien en cage, & fupporte, comme le .chardonneret, toutes les fatigues d'un efolayage capricieux. Ce font des oifeaux de paflage ; ils viennent tous les trois ans en quantité dans la Provence, dans 1'Italie, & jufqu'en Angleterre, fuivant les vents. L'efpece que 1'on nomme ferin des canaries, ou canarie tout court, & que vous voyez Tab. H-> fig' 5, eft en effet originaire des lies dece nom lituées dans la mer Atlantique fur la gaucbe de la Mauritanië: mais il eft devenu domeftique dans nos climats , oü il fe plalt & multiplie trés bien. Cependant on ne voit pas les canaries voler dans nos campagnes par bandes comme dans leur patrie, oü ils errent par nombreufes volées dans les bois de laurier & dans les champs de fucre , mangeant la graine de la canne a fucre, ou en épluchant lamoëlle. Nous ne pouvons les élever que dans nos appartemeus a une chaleur fuffifante, en les tenant proprement, & leur donnant des graines de chenevis , de carottes, du gruau d'avoine, du fucre, du bifcuit, & en été quelques herbes vertes. II y a des canaries jaunes , il y en a de citrons, de blancbittres, & de variés; quelques. uns ont une huppe ou une couronne fur la tête. Le Linot ou la Linotte. II eft auffi du genre du moineau, & fon plumage eft tantót d'un brun mêlé de jaune , tantót rougeatre ; il chante affez bien, & on en éleve auffi beaucoup en cage, oü on le nourrit de graines de cbanvre qu'il aime beaucoup.  ;3i8 Du regne animal. Le Moineau. C'eft bien .un affez dróle d'oiféau, &quinouï •amufe affez; mais dans fe fond c'eft auffi un franc vaurien, un voleur effroiué, qui ne laiffe rien dans nos jardins & dans nos maifons méme de tout ce qu'il peut y emporter. 11 fait fon nid fous le toit ou dans quelque trou voifin , . éleve tous les ans quatre ou cinq petits, & ne s'écarte guere des habitations. Quant a fon ramage,il n'eft pas des plus beaux; tchiri, tchiri, tcbiri.; il ne fait répéter que cela du matin au foir: mais quand on le tient en cage, on peut lui apprendrc quelque chofe de mieux, & il eft fufceptible d'une afiéz belle éducation. Au refte c'eft la le moineau dotneftique ou franc-moineau. II y en a d'autres qui vivent dans la campagne , & font leurs nids dans des creux d'arbres, fans fe loger dans les villages; ou les nomme moineaux de champs: ils font prefque abfolument femblables a ceux de ville. Voyez Tab. III, fig. 10. En général, on peut dire que ces oifeaux ne laiflënt pas de nous rendre d'affez bons fervices, en nous délivrant d'une multitude de chenilles, de fauterelles, de fcarabées& autres vermincs dont la multiplication n'eft rien moins qu'avantageufe pour nous. Mais d'un autre cóté, 1'on ne fauroit difconvenir non plus qu'ils ne dévorent eux-mémes une partie de ce qu'ils nous épargnent par cette guerrefaite pour nos intéréts; d'oü il faut conclure que s'ils font a ménager , il eft bon néanmoins de les tenir un peuken refpect, fur-tout quand la faifon des infeétes eft paffee. Du refte, on peut manger les moineaux; ils ne font pas de mauvais goüt.  Du regne mimet. La familie de ces jolis petits oifeaux n'eft pas moins nombreufe que celle des pinfons; on y comprend le roffignol, la fauvette, la gorgeblanche, brune, noire, bleue, rouge, ccc ils mangent des mouches, moucherons , vermilfeaux , & on ne les mange point, ou du moins rarement; on ne les éleve même guere en cage, paree qu'a 1'exception du délicieux roffignol, en général ils ne font rien moins que beaux chanteurs. Les hoche-queues, appellés aufli bergeronet* tes, & dans quelques provincesguignequeues, fe diftinguent par la longueur de leur queue qu'ils balancent fans cefie. Ils courent peu, nicbent dans les bleds, & fuivent volontiers les beftiaux. 11 y en a de blancs & de jaunes, & de bigarrés qui font les plus communs dans nos contrées (Tab. XI, fig. 12). II ne brille pas par les beautés de fon plumage, en ce genre il n'a rien que de trés com» mun; mais il 1'emporte fur tous les chantres ailés par la douceur & la variété defonramage. II elt un peu plus long, mais moins gros que le moineau, & de couleur brundtre; il mange des fourmis cc des nymphes de fourmis, des araignées? des mouches, des vers; &c.; ós fait fon nid de feuillages, de paillecc de mouffe, dans les taillis & dans les vergers, ordinairement_ dans les endroits fourrés, quelquefois parmi les fraifiers de iardins ou d'autres plantes drues, tout prés de terre, le plus a 1'abri Le Roffignol.  iso Du regne animdh •qii'il peut de fes ennemis, cplfont Fes oifeaux de proie & les hommes: ii éleve chaque année quitre a.cinq petits (Tab. V. fig. h)- C'eft pendant le temps de la ponte, delacouvée, & de 1'éducation des petits, que le male déploie pour fa femelle toutes les richeffes de ion gozier mélodieux, fans négliger dc lui apporter réguliérement la bequée , de I'avertir des dangers; faifant du refte tout fon poffible pour lui adoucir les rudes travaux de la couvaifon, qui dure quinze grands jours, pendant lefquels la pauvre femelle ne fort prefque pas un feul inftant de delfus fes ceufs, enfermée dans fon nid obfcur & privée des rayons du foleil. Pendant le jour le roffignol chante peu, paree qu'il craint de fe trahir, & d'ailleurs le tumulte lui déplait: c'eft dans le filence de la nuit qu'il enchaine fes roulades harmonieufes fans fin: & qu'il fe plait a faire parler les échos , ' de même que le foir & le matin. D'ailleurs encore, la journée eft deftinée a des foins plus effentiels ; il faut pourvoir a la nourriture de la ehere familie, veiller & faire la garde autour de la retraite commune. II attend donc pour élever fa voix dans les bois folitaires, que les autres oifeaux enroués a force d'avoir criaillé pendant le jour, fe retirent pour chercher le repos: dès que tout eft trfmquille, il étale a, ion tour les richeffes de fa mufique fans art, & ne ceffe que le matin lorfque le tumulte eft prêt a reuaitre. Quel cceur fenfible, conduit par le hafard dans les lieux voifins de fa retraite, n'a pas été réjoui en 1'écoutant! il femble moins profiter du fdence de la nature en ces momens paifibles, que le lui im- po-  Da regne animiL ii% .pofer lui-mêc|!,^ fon diroit que les animaux =enchantés craignent de le troubler. On a vraiment de la peine acomprendre comment les forces d'un fi petit animal peuvent ■fuffire a des chants fi éclatans & li long-temps dbutenus. On ne s-étonne pas moins de la jufteflë admirable de fes tons: tantót fon hajeine femble prête a s'éteindre en filant un fon enchanteur; tout-a-coup elle éclate par une brillante cadence, & fe perd dans les bittemens d'un trill infiniment varié. Tantót il fufptnd & coupe fon chant au milieu de les modulations; & tout-a-coup par une tranfition inattendue, il -paffe ii des modes nouveaux & toujours variés. Tantót il femble fe répétèr, & tout-a-coup des changemens fubits portent a notre ame de nouveaux plailirs. Tantót c'elt un torrent qui murmure fourdement au fond d'un vallon creux tantót c'eft le lbn percant du clairon ècduhautbois; il bate fon chant & le prttfe, pour le ral-mar bientót & le trainer amoureufement, le ranimer enfuite & le faire pafl'er fucceffivement par tous les degrés de 1'échelle muficale. Enun mot, la nature femble avoir formé le petit °r>lier de cet oifeau raviffant, pour produire°en fe jouant tous les fons divers' que 1'homme cherche avec tant de peines fur la foule de fes inflrumens. Qukonque a 1'ame un peufenfible, fe ménage une jouiffance divine en fe rendant chaque foir & chaque matin prés de la retraite obfcure oü ce chantre unique fait retentir les airs, pendant les trois ou quatre femaines que durent lés concerts. Les j. A. Rien que trois ou quatre femaines! Le b. A. A la vérité, c'eft bienpeupournos LI. Partie. F  lij Du regne animal. oreilles; mais fon chant eft bic^plus brülant, plus doux & plus varié que quand ou le lorce g chanter en cage toute 1'année, Les j. A. Mais, oü eft-ce donc que les roth-rnols fe tiennent? car on ne les voit jamais. ° Leb. A. 11 elt vrai; les vraistalenslutent le grand jour: mais d'ailleurs il aime fonbonbeur domeftique, & les foins qu'il doit a fa familie le retiennent fans celle dans fa retraite obfeure. Ajoutez a cela la crainte de fes enuemis, au nombre defquels il faut mettrc 1'homme. _ Les A. Ahmon Dieu! & qu'eft-ce quialc cceur de faire du mal a ces petits muficiens? Le b. A. Ah qu'eft-ce qui a le cceur! que trop, que trop vraiment! Eib-ce qu'il manque de ces gens infenübles a toute autre choie qu a un petit gain quelconque, qui tendent des picsres anotre pauvre roflignol, & trouvent le raoyen, malgré fa prévoyancc , del'attirerenlm pour le vendre aux riches qui veulent tout avoir clans leurs ennuyeux palais, au licu de iavoir prendre la peire de fe rendre fous le pabus de verdure que nous a préparé lc Créateur, pour nous y faire enrendre une ü ravillante mulique i Les j. A. Eb bien ! on ne devroit pas leur permettre d'avoir des roffignols en cage, ni dans leurs chambres, puifqu'ils ne veulent pas aller les entendre chanter dans !c bois. Le b A Du moins eft-il vrai qu ils ne le meritent pas: aufli, allez un peu entendre leurs n alheureux rofllgnols; vous verrez quelle dilference du trifte chant de ces captifs aux accens fublimes de 1'habitant des bois! Les riches lont tcuiours attrapés par la nature quand ils veulent la meltrc a prix d'argent. Je tuis bien lur que  Du regne animal. 123 wens vous y- prcndriez mieux que cela pour avoir un beau concert de roffignols ? Les j. A. Ah mon Dieu qu'oui! comme je ferois ? j'irois dans le verger ou dans le bois, :\je n'en lailferois point prendre, & aulieu de -cela je leur apporterois tout plein de vers, de nymphes de fourmis, de mouches, & de tout ■ce qu'ils aiment a manger; alors ils viendroient tous nieter dans le verger, & j'aurois un beau concert toutes les nuits,; n'eft-ce pas, bon Ami? Le b. A, A merveilles, mon petit Ami! pour vous, vous êtes digne d'entendre notie -cher petit muficien, & non pas ces vilains riches. La Fauvette, Elle eft plus petite que le moineau; fon plumage eft dun gris-jaumltre, tacheté de diverfes icouleurs; elle fait fon nid par terre entre les broi'failles & les builfons , & c'eft 1'un de ceux que le coucou préfcre pour y mettre Fun de fes oeufs. Au refte la fauvette vit comme le roffignol, & fait même aflëz imiter fon chant pour •qu'on fait nommée roffignol d'arbres, oudemurailles, paree qu'elle fait Ion nid quelquefois ;dans des creux de muis. Le Rouge-gorge. Ce petit oifeau, moins gros que le roffignol, •.a le dos brun, la queue rouge, de même que le cou & la poitrine. II chante prefque aufli bien que la fauvette, & niche tantót dans les maifons, tantót dans les arbres creux, 011 il mange toutes fortes d'infectes. II s'approche fur-tout des maifons pendant 1'hiver, &nes'efE 2  ?2£ Du regne animal. farouche point de la rencontre des hommes dans cette laiibn. Voyez Tab. III, fig- 2?La gorge-bleue eft auifi un charmant oüeaiu Le Roltelet, C'eft le plus petit des oifeaux d'Europe, car =1 n'eft guere plus eros qu'un cerf-volant, fon plumage eft d'un brun clair; il niche dans les builTons épais, dans les baies, les brollailles, & mange toute forte de petits infeétes. 11 s ap^roche auifi en hiver des habitations, & tait entendre d'afiez loin fa petite voix qui n eft pas ^fagréable (Tab. II. fig- M)- La Mêfange. Elle eft a peu prés de la groffeur du moineau; elle niche dans les bois fur les branches d'arbres, ou dans les creux, & mange toutes fortes d'infecles, allés ou non, meme elle donne luv la charogne: aufli en ma"ge-t-on rafement (Tab. IX. fig. I5> Les méfanges n'ont même Tien d'agréable clans leurramage, qui n eltqu un t'i fi ti perpétuel: mais ces jobs petits oiteaux n'en font pas moins utiles & méntent d être accueillis dans les jardins, paree qu'ils taventdebarraffer les arbres des chenilles & de leurs ceufs , mieux que le jardinier le plus babile & le pms Vigilant ne fauroit le faire. II y a diverles efpeces de méfanges. . . Ia mêfange noire ou eharbonmere tire ion »rorn de la couleur de fon plumage, fur-tout de la tête; car comme elle a auih des plumes branches & de jannes, on lui donne encore le „om de mêfange a miroir. Elles ont le naturel  Du regne animal, iaf tin peu brigandeau, car non cantentes demaiv ger toutes fortes de charognes, ellesaidentme-' me leurs propres fceurs a mourir quand elles les1 voient foibles ou malades, en leur mangeantla1 cervelle. Elles nichent dans des creux d'arbres* La mêfange bleue a beaucoup de cette cou-* leur dans le plumage. La mêfange huppée porte une aigrette fur Ia fête ou un bouquet de plumes. La mêfange h longue queue Ia porte en effetplus longue que les autres;, c'eft ce qui Fempêche de faire fon nid dans les creux d arbres y' comme les autres ; elle y feroit mal a fon aifeï elle niche fur les plus grands arbres. La mêfange bourfiere conltruit fort nid du' coton des peupliers en forme de bourlê avec' deux ouvertures , & Ie fufpend aux plus hautesbranches des pins & des fapins. 11 s'en trouvebeaucoup en Pologne , en Hongrie, & en Italië. Les méfanges noires & les bleues font pluscommunes dans nos contrées, oü Fon'en üenc quelquefois dans un appartement pour le débarraflér de mouches & de moucheronS. O'nï leur donne des noifettes & des noix toute» caifées. Les Hirondelles, Il y en a quatre efpeces principales, favoir i celle de ville, celle des champs , celle de murail-*les, & celle de rivage: quant a Phirondelle dtt nu«t appelée tette-chevre, elle n'a de commorr avec cette familie que le bec, la queue & ia uourriture -r ce qui ne fulfit pas pour Fy ad~ mettre. Les hirondelles font en général noiifes écf blanches; elles ont les jambes cotittes &ieè F 3  lafj Du regne animaiï. alles longnes, font leurs nids dans les maifons> prés des toits, contre les murailles, dans les creux a marne & a argille, furiesrivages élevés & fablonneux tant des rivieres que de la mer.. Elles font tous les ans cinq ceufs au moins, & mangent toutes fortes d'infectes allés, comme abeilles, guêpes , fcarabées. La plupart s'envont aux approches de 1'hiver, & gagnentkspays cbauds; mais plufieurs auffi paflcnt 1'hi* ver dans nos contrées , cachées dans les marais, les arbres creux, les fentes de rochers. L'hirondelle domeftique a le dos noir, 1» gorge d'un blanc fale, & le ventre d'un blanc de neige, & fait fon nid appliqué contre les murailles des maifons par dehors, le maconnant d'argille & de boue. CVoyez Tab. IX, fig. Elle"fait deux pontes par an, chaque fois de quatre ou cinq ceufs; elle aimc a voler haut r & du refte eft un animal trés-innocent. Tout ce qu'on leur reproche , c'eft tout au plus de détruire quelques mouches a miel, ou fur-tout de falir de leur fiente les environs des maifons , paree que leur nid étant fort étroit, elles vieniient toutes a 1'ouverture pour jeter leur fknte. ï\Téanmoins on les fouffre volontiers, & on les laiffe nicher en paix; il y a même des endroits oü. 1'on a pour elles une efpece de vénération. II arrivé quelquefois que les effrontés de moineaux veulent s'emparer des nids d'hirondelles, ou faire leurs ceufs dedans. La pauvre hirondelle hors d'état de challér un ennemi plus robulte qu'elle, voltige triftement autour de fon nid, & va plufieurs fois regarder par 1'ouverture pour tacher de s'en débarrafler a famiable: mais enfin, comme le moineau n'a que larement ou même jamais cette complaifance,  Du regne animal. 127 i'hjfondelle enfin dépitée s'en venge d'une maniere aufli plaifante qu'ingénieufe. Les j. A. Et comment eft-ce qu'elle fait donc ? Le b. A. Vous favez que fon nid eftmaconné d'argil'e &deboue, a 1'exception d'une petire ouverture: qu'eft-ce que vous ferieza fa place pour attraper le brigand de moineau? Les j. A. Mpi! je lui maconnerois la porte afin qu'il ne pfit pas fortir pour aller manger. Le b. A. Eb bien! vous avez juftcment 'autant d'efprit qu'une birondelle; car c'eft aufii précifément la ce qu'elle fait. L'hirondelle de chemiiaée a la gorge rouge & le ventre rougeatre: elle fe maconne aufli un nid d'argille, de boue & de paille , & 1'applique, non par le dehors des maifons, mais par le dedans contre les conduits decheminéc, les toits, les poutres & autres places commodes. Souvent elle fe pofe fur la fenèire d'un grenier, ou fur le coin d'un toit, & la s'amuf'e a- chanter fon ramage. Elle éleve en deux couvées huit a dix petits, & ne paffe que Fétc1 dans nos eltmats; elle s'en va en automiie & revient en mai prendre poffeffion de fon ancien nid fans ie tromper, & fans avoir envie de changer. L'hirondelle de muraille, qui eft d'un brun noiratre, fait aufli fon nid dans les villes, mais teulement dans les trous de murailles aux églifes & aux tours, laiffés exprès par les macons. C'eft la plus grolfe efpece d'hirondelle; elle ne peut prefque pas marcher a terre, & ne fait que quatre ou cinq petits par an. L'hirondelle de rivage fait fon nid dans les folfés pleuis d'eau, dans les creux a argille, fur le rivage des fleuvcs & de la mer, & ne stapF 4  I2% Du regne- ariiimï. proche que raremcnt des habitations. Eilè nt fait qu'une couvéc, & fe cache pendant 1'automne & 1'hiver dans fon'nid, dans les fentes de rochers, & dans les creux d'arbres, oü elle refte jufqu'au printemps dans une efpece d engourdiffemcnt. „ , „ Les ji A. Mais, bon Ami, eft-ce qu ellesne mangent point du tout, du tout, pendant tout ce remps-la? ou bien e(t-ce qu ellesne gelent pas? , .„ Le b. A. Vous avez vu comme la grenouille palfe 1'hiver fous 1'eau fans manger , & gele quelquefois comme une pierre, lans moum pour cela. L'hirondelle ne devient peut-etre pas roidede froid, paree qu'elle a plus de chaleur animale que la grenouille; mais; comme dans fon engourdiffement elle hè tait aucune ddperdition de fubftance, il s'enfuit qu'elle n a pas befoin de la remplacer par de flöweaius alimens. Dès que le foleil de mai a rèchauflc la nature, l'hirondelle retlüicitée fort de ion trou k fe met a chaü'er, comme 1-année d aunaravant, aux mouches & autres inleótes. Les hirondelles de murailles font de même ; u quant a celles de cheminées & de mailons , elles s'èntaiïent quelquefois les unes les autre3 en un monceau, s'accrochant enlemble par la tête & par les pieds , & fe lalfleflt tomber dans 1'eau, oü elles rtftent pendant tout 1 hivcr , fans fe noyer & lans geler, de iacon qu au printemps elles reparoilfent pleines de vie , & recommenceut a voler , a chafler, a cou. V°Z,ej j. A. Eft-ce qu'elles ne s'en vont donc pas dans hs pays êtrangers oü il fait chaud . Le b. A. Oui bien une partie, mais pmte»  Du regne animal. föutes a beaucoup prés. Au refte , foit Hans le paifage de' celles qui voyagent , foit dans- le fommeil de celles qui dormént, il cn périt encore, beaucoup. Celles qui font dans 1'eau,. font'fouvent mangées par les rats , les écreviffes, les poifibns, & méme par les hommes1 qui les pêchent en croyant prendre du poifibn. Car cela eft arrivé plufieurs fois, & comme oh ignoroit cela, on a été étonné d'abord; maisquand après les avoir récbauffées, on a v\£ qu'elles étoient bien vivantes , il a été- impofiible de douter que 'es hirondelles en grand nombre paffent 1'hiver chez nous, foit dans feurs nids & dans d'autres trous , foit dans 1'eau-,, eutaffées enfembl'e (*)'. II y a en Chine une efpece d'hirondelle dont? on mange le nid. Elle eft a peine grofle commeun moineau , & fon p'mmage eft bigarré. Elle' fe tient fur lescótes de la Chine, dü Tuuquin,. de la Cochinchine, de Cöromandel', de Java & de Bornco, & fur les lies Moluques. Elle' fait fon uid avec de 1'écume de mer épaifiie v dé petits poifibns, & la réfine d'un certain arbre: ces nids, qui font fort petits„font tranfparens .& jaunfttres; les Chinois en font trés-friands; on les fait cuire pour les manger, fe Ton en apporte auffi en Europe, oü les gens* riches en font urn de leurs grands ragoüts. (*) M. de Buffon foupconne que fi 1'on pouvoic ob-fervcr afiez exsclement ces oifeaux trop fugitifs . peui-être découvri-ok-on que les hirondelles de priflage fitcelles qui paffent i'üiver citgourdies , font deux elpee*»* diffeientes.  I-O Du regne animal. UHirondelk noclurnc. On 1'appelle autrement tette-chevre , ou er?.-* paud- volant. C'eft un oifeau gros comme un corbeau, dont il imite auffi le croaffement; fon plumage eft brun avec des taches comme celui des hiboux; il niche dans les bois épais, dans les granges, dans les étables, cc dans des enjdroits peu fréquentés, oü il mange des papillens de nuit, des mouches, des fcarabées, dis grilloïis, des araignées, & on ne le voit guere voler qu'au temps du crépufcule, tant du foir, que du matin, autour des arbres, des maifons & des étables, oü il rencontre le plus de cesinlect.es. C'eft un de ces oifeaux contre lefquels ie peuple a pris des préjugés fans favoir pourquoi; on s'eft imaginé qu'il faifoit du mal aux bêtes & aux hommes même, & fur-tout qu'il fe glhTök la nuit dans les étables achevrespour Jes tetter, Les j. A. Mais pourquoi donc eft- ce que 1'on avoit cru tout cela, puifque cela n'eft pas vrai? ' . Le b. A. Ah! c'eft qu il y a toujours des gens qui aiment amei-itir, & d'autres qui arment mieux croire & répéter des menfonges, que de fe donner la peine d'aller voir. Et du nombre de ceux qui font affez étourdis pour cela il y a fouvent de fort babilcs gens; comme par exemple Ariftote: c'étoit un trés favant homme de la Grece, qui a écrit une hiftoire naturelle, il y a bien plus de deux mille ans: on lui raconta cela, & il a bien voulu le croire & même 1'écrire. Plus de quatre cents ans après, il y eut un autre trés favant homme commé Pline, qui écrivant auffi une hiftoire  Du regne nnimeti. 131 naturelle dans une autre langue, & trouvant riiiftoire.du tette-.chevre déja écrite parun habile hointnc comme Ariftotc, crut n'avoir rien de mieux a faire que de la répéter & de la copier dans fonlivre, qui contient d'ailleurs des chofes excellcntes, de même que ceux d'Arillote auffi. Mais voila comment une fable répétée par deux favaus hommes, n'a plus trouvé de contradiét.'urs, jufqu'4 ce qu'enlin dans notre fiécle , on a cru voir que ces vieux livres mentoient quelquefois , & 1'on a voulu voir les chofes, & 1'on a trouvé que le tette-chevre ne tettoit point les cbevres, ne faifoit de mal a perfonne, & fe comportoit de la manierelaplus innocente du monde. DES ANIMAUX VIVIE AR ES. Le b. A. N'eft-ce pas que nous avons déja bien vu des animaux? Les j. A. Ah oui! fans doute; combien d'oifeaux, combien de poiffons, combien d'infeétes & de reptiles! N'eft-ce pas, bon Ami, qu'il n'en refte pas tant que nous en avons déja vu? Le b. A. Vraimentil s'en faut bien! car nous avons vu tous ceux qui font ovipares , c'eft-adire, qui font des oeufs; & ceux-la font en bien plus grand nombre que les vivipares, c'eftè-dire, ceux qui mettent bas des petits tout vivans, qui tetcnt leur mere, au lieu que les petits qui fortent des ceufs ne tetent point, mais on leur donne la bequée, fi ce font des oifeaux, ou ils font nourris autrement fice font d'autres animaux, foit par les hommes, foit par les animaux qui les out eugendrés; ou entia ils F 6  Du regne animal. fe nourriffent eux-mêmes, comme nous avonsvu parmi nombre d'infeétes, avec la pature que le pere & la mere ont eu la précaution de leur } répartr. Ici donc ce font des petits qui tetent leurs meres, comme vous avez vu faire a lachatteou a la cbienne de votre maifon , & pour le dire en un mot, comme nous avons fait nousmêmcs, vous & moi: vous en fouvenez - vous encore ? Les j. A. Ah mon Dieu non! ni vous non plus; n'eft cepas, bon Ami? Le b. A. Auffi y a-t-il plus long-temps; mais nous voyons comme font les autres enfans, & nous favons que nous ne pouvons pas avoir fait autrement. Les j. A. Ainfi nous fommes donc du nombre des animaux vivipares? Le b. A. Oui , mon cher petit Ami , & ïfous ferons votre hiftoire quand nous aurons fait celle du chien & du chat, & du cheval & <3e 1'ane, & du bceuf & de la chevre, & des autres. Les j. A. Mais comment cela fe peut-il faire ? tous ces animaux- la ont quatre pieds, & nous n'en avons pourtant que deux; & puisils ont du poil ou de la laine, & nous n'en avons point! Le b. A. II y a bien pis que tout cela; caf fi je vous en fais voir d'autres quin'ont pas plus cle poil ou de laine que vous ,& d'autres qui «'ont point de pieds, & d'autres qui ont des alles, &c. Les]. A. Des alles!.... Mais eft cequecene font pas des oifeaux? Le b,. A. Du moins ils volent; il ne leur  Uw regne animal, manqne que d'avoir des plumes , & de pondra des oeufs & d'avoir un, bec,. &c. Les j. A. Des ailes & point de plumes! g.ige que ce font des-chauve-fonris?1 Le b. A. Je favois bien que vous le devinerdez. Ainfi vous voyez qu'ilne s'agit pas de dire. que. tous les animaux vivipares. ont quatre patres ou deux. feulement, on qu'ils-ont tous une queue ou du poi! y ou qu'ils ont autre chofe de commun que. la qualité de vivipares.. Car en eifet,. il y a. dans cet ordre d'animaux. de grandes différences , fur-tout al'eatérieur, pui'fqu'il y en a qui vivent dans 1'eau comme la baleina & les autres cdtacées, d'autres qui volent.comme la chauve-fouris-, d'autres-qui vont- fur deux' pieds comme 1'homme & plufieurs finges.. Mais lis fe reflemblent. beaucoup plus-par certainesv parties de laconforrnation intérieure. Ear exemple, ils ont tous lefang chaud & rouge, le cceur.a deux vcntricules & a deux oreillettes, & 1'ufige des mamolles pour allaiter les petits. Et puis après tout, que fav.ons-nous-s'il n'y auroit pas quelque part dans le monde des hommesvelus & qui marchent a quatre pattes, &c. ? Les j. A.. Oh, ciel L mais cela eft-il bien poflible? Le b. A.Ahfvraiment ily a bien des chofespoflibles qui nous étonneroient beaucoup. Toujours eft-il vrai que nous voyons même parmi nous des hommes qui ont beaucoup de poils , & qui en- font prefqu'entiérement couverts; d'un autre cóté , 1'élephantle rhinocéros & le tapir n'en ont prefque point, quoique ce foient de grolfes bêtes a quatre pieds.. Vous voyez vous-mêmes que nos porcs, au lieu de poils, ont des lbies beaucoup plus dures; que le hé.E 7  ^ JDa fegné ammal; riffon & le porc-épic ont des piquans encore plus durs & plus gros. On peut citer aufli le manis ou pangolin qui a des écailles fi* ios & du poil fous le ventre, & les arraadilles ou tatous qui font couverts d'une cuirafle ofieule. La quantité de poils dépend en général du öegré de froid qui regne dans le pays, &du de^ré d'embonpoint qu'acquierM'ammaL t> ü èfWas, épais, charnu, ou s'il habite un pays èhaud, il n'aura fürement que peu de poils. Au fcfte les animaux velus muent tous les ans & changent de fourrure, comme les oifeaux de tlumes ; de même que le poil qu'un ammal werd nar accident, repouffe en peudemoistant ou'il n'eft pas trop vieux, ou qu il n y a pas quelque autre empêchement: car fans cela, nous ne verrions jamais de têtes devemr cbauves. Avez-vous jamais un peu examiné un poil de quelque béte, ou un erin de cbeval, ou même un cheveu? la ftrucïure en eft fort finkiliere C'eft comme une petite plante qui a fa racitie, par laquelle elle recoit intérieurement des fucs qui la font croltre: auffi lc trouve -1 - on creux en dedans &forméde fibresèc de canaux, quoiqu'il V ait eu des difputes fur ce fujet. II V a des vivipares dont la femelle n a que Hètix mamelles , placées foit vers le poitrail, foit fur le ventre &entrelescuifles. D amres en ort fix buit, dix & même douze, difpofées deux a deux fur la löngueur du ventre. . Les j A Et pourquoi donc eft-ce qu ils n en ont pas' tout autant les uns que les autres? Le b A Paree qu'ils ne font pas le meme Tiombre de'petits a la fois , qui au fortir du ventre de la mere cherenent avidement ateter. car il y a toujours du lait dans chaque mamelle.  Du regne animal. fy'if Par exemple, la vaclie ne fait qu'un veau dans 1'année, tandis que la truie met bas huit a douze cochoimets a la fois, & la femelle du mulot douze a dix • huit Lesf. A. Oh pour cela oui.' j'ai vu une fois une truie qui avoit ncuf petits qui la fuivoient & quand elle s arrêtoit un peu , üs venoient tous lous Ion ventre, cherchoient une tette • & quand ils 1'avoient trouvée, ils tiroient, tiroient de toutes leurs forces. Mais combien de tempsett-ce donc que la mere eft obligée de leur dónner & teter ? Le}'4' Tantöt PIus> wntót moins. II ven5 a qui allaitent pendant quinze jours feulement ou trois femaines, d'autres pendant quatre ou; ïix: & toutes donnent a teter .i leurs petits iufqu a ce qu ils foient gros & forts, capables de chercher leur nourriture, ou de partager celle que 1'on donne a Ia mere. ° Les j. A. Et qu'eft-ce qu'on leur donne donc a manger, ou qu'eft-ce que mangent ceux k qui on ne donne rien? b f Leb. A. Tout ce que Ia terre produit, &' même tout ce qu'elle nourrit de fes productions: car s'il y en a qui ne mangent que des vcgétaux, il y en a aufli de carnsfliers quinefe repaiflent que de fang & de chair, & d'autres mêmes qui ont de 1'appéth pour tous les deux fdon occafion Au reite, le Créateur enpeupant la terre d'animaux, a préparé a chacun d eux fa nourriture dans le lieu même ou dans le pays ou il recoit la vie. II n'a pas voulu qu aucun d eux fut expofé a Ia faim: au milieu cc. g aces du Nord, ou dans les défertsftériles ö. brulans de la zóne tornde, tous doiventêtre  r,g Du regne mïmd'.- rafiafiés, felon les mel'ures prifes par la-Pro yidence. , n , Quant a ceux qui font frugivores, celt-adire , qui mangent des planr.es, ce font ceux qui ent le moins de peines;.ils favent a point nom-mé oü crolc 1'herbe qui leur eft deltinée , oü tombe le gland" & la falne qu'il leur faut. II eit vrai que les carnivores- ont un peu-plus a travailler: ils font obligés d'employer la ruft, ladreffe & la force, pour trouver leur proie &s en emuarer, outre la patience de l'attendre&dela "ötieter. Combien de temps ne pafte pas lechat l épier la fouris? cc le loup-, combien derufes iüi faut-il avant d'avoir pu s'emparer d unmoiu ton? fouvent ils font réduits a pafler des deux ou trois jours fans manger ; mais aucun ne meurt de faim , il y en a méme qui peuvent attendre des dix & des vingt jours fans noumtnre, tels que le chat fauvage & le diable de Pi'e Formofe. N'importe, leurs organes loitt conformés pour cela; ilsmaigriiTent,üsdeviennent extrêmement affamés , mais ils n en meurent pas, & n'en font pas même malades. Cependant U' y a de petits animaux qui ne font pas conformés pour fupporter le jeune . & ciui cependant en hiver font forcés de palier ol ifieufs jours, plufieurs femaines même, lans mauser. 11 faut bien alors qu'ils meurent ou du moins qu'ils tombeut dans un long fommeil oui les délivre du' befoin de manger. Lt c elt auffi ce qui arrivé a plufieurs, tels quelesmarrriottés. les porc-épis, les ours, lesblaireaux , les mulots, les chauve four:s & autres. Que feroient-ils dans la faifon oü tout eft pour ainli dire cbangé en pierres , oü les bois & les.plwjej fint dépouiilés de tout, ou la.neige cc la glacé.  TSa'regne ahimaï, 1*3/ eouvrcnt la furface de la terre dans nos climats ? Sa ont donc la précaution- en automne de ftr préparer des retraites dans les trous de la terre qu'ils tapiffent dc mouffe , de paille, de foin c'eft-a-dire ,-d'herbes feches; & la', dès crue les; frimats leur ont enlevé leurs refföurees, ils fe couchent & s'endorment pour fix, dix-, douze femaines, _& quelquefois plus long-temps en-core fans fe réveiller, jufqu'a ce qu'enfiti la terre' foit de nouveau réchauffée, ameublie & garure: de plantes. En fe réveillant, leur premier foin' elt de manget.- 11 y en a- même r comme lemulot & d'autres, qui poulfent la prévoyance' jufqu'a fe faire des magafins dans leurs retraites,. afih qu'au moment de leur réveil ils trouvenc tout de fuite quelque chofê a manger.. Parmi les vivipares il y en a qui vont cher~ cher leur nourriture pendant lejour, d'autres' pendant ia nuit, les uns feul a feul, lts autres^ en bandes. Le loup, par exemple, va prefque-' toujours feul, tandfs que les éléphans , les finges y les caftors, vont cn troupes, & vivent en fociété fe donnaut avis de tout, s'entr'aidant les-uns-les autres, &. fe défendant enfemble contre leurs". ennemis communs... Chairs ou-plantes, les alimens dont chaque" animal dok fenourrir, ont befoin d'èures'bfilés'' &,broyés plus 011 moins, & c'eft pour cela que: le Créateur- les a tous pourvus d'une efpece; d'inftrument offeux. qui font les-dents,, orga-nes d'une forme toute finguliere, pkuitées une; ;\ une dans les machoires inférieures & fupérieures, &. riivifées en maclielieres oumolaires y en incifives & en canines oupointues. Les-aui-.maux carnaffiers font armés de dents aigues-& fieanchautes,. les frugivoresn'enont prefque- que-  j$Ji Du regne animal. de plattes, & ceux qui vivent des deux aiauieV fes, ont aufli des dents des deux efpeces mélées tnfemble. Tel elt rhomme; il mange dc tout. Voyez aufli comme fa bouche elt armée! n'avez vous pas encore eu la" curiofité d'examiner un peu foigneufernent vos dents avec un miroir, & de les compter'? Les j. A. Ah t combien donc eft-ce que nous en avons? Le b. A. C'eft ce que vous pouvez flivoir" quand vous voudrez : cependant nous n'en avons pas tous le méme nombre exactcment; il varie de vingt-huit a trente-deux. De même parmi nos camarades, les autres vivipares, les uns en ont plus, les autres moins; les différences fe trouvententre vingt &quarante. Je ne erois pas que le plus ou ie moins exeédent ces deux termes, a 1'exception d'une fingularité, qui confifte a n'en point avoir du tout. Les !ƒ. A. Eft-il poflible? point de dents, du tout, du tout! Quel eft donc celui-la? Le b. A. Ils font bien deux , s'il vous plait; du moins on ne connoit encore que ces deux efpeces-la qui foient privées de dents, favoir Ie diable de 1'lle Formofe & le tamanoir ou fourmilier : ils ne mangent que des fourmis 1 un & 1'autre; leur langue ou leur eftomacfont afléz forts pour les écrafer, ainfi les dents leur feroient inutiles. Vous voyez comment la nature , qui paroit li prodigue, fi magnifique en tout, & qui 1'ell en effet, elt cependant exacte dans fes diflribiuions & ne fait rien de fuperflu !• c'eft qu'elle joint la fageffe a la magnificenee. De même il y a des cétacées qui ont la bouche dépourvue de dents, par .la raifon qu'ils avs>  Bil regne animaii r-Sp ïent tout entiers les barengs & autres petits animaux marins dont ils fe nourriflént. Mais les; autres cétacées, de même que le refte des animaux vivipares, ne tranfmettent les alimens a' leur eftomac qu'après les avoir moulus&bioyés^ avec leurs dents, & commencé ainfi 1'ouvrage; de la digeftion, afin qu'elle foit plutót achevée1 & qu'ils puiffent recommencer a manger:: Car{ manger beaucoup & fouvent, voila en quoi' confifte la plus grande perfeétion de la plupart des animaux „ du moins de ceux que fon appelle irraifonnablcs. Cependant on n'en voie aucun manger jufqu'a mourir, c'eft a-dire, jufqu'a ce qu'il en étouffe ou que le ventre lui en) creve: il n'y a que 1'animalraifonnable qui foit afiéz peu raifonnable pour fe donner des indtgeftions mortelles a''force de manger.- Qu'eni dites vous, mes Amis?. n'y a-t-il point depetic gourmand parmi vous ? . . . Les f. A. Pour moi,, quand je n'ai plus faimv je ne puis plus manger. Le b. A. Voila vraiment un grand fecretV cepeudant les autres ont tort de rire, dans le fond : vous avez mal exprimé ce que: vous vouliez dire.- Vous n'avez plus le courage de manger quand vous fentez que vous n'en avez phmbefoin r n'eft-ce pas cela que vous avez voulu dire? Les ƒ. A. Juftement, bon Ami: vous avez' mieux trouvé que moi. Le b. A. C'eft juftement la en quoi confifte toute la prudence a cet égard, Mais c'eft que nous ne jugeons de ce befoin la que par notre appétit; or notre appétit eft fouvent trompé & peut nous tromper nous-mêmes quand nous:n'y faifons pas bien attention.. Car mefïkurs. less  iqo' Du regne animat. euifiuiers nous donnent de fi bons ragouts que »e> tre appétiteft toujoursréveillé, &nous croyonstoujours avoir befoin, jufqu'a ce qu'enfin nousnous appercevons trop tard que c-es mauditesfauces nous ont joué un tour perfide & cruel, en nous faifant oublier que notre eltomac avoit depuis long-temps cc qu'il luifalloit,- foit pour ïe befoin étroit, foit même pour le pjailir, s'il faut toutefois féparer celui ci du premier. Auflï e'eft pour cela que beaucoup de perfonnes q.ui ont de l'expérience , a'imeat mieux ne jamais tater de fauces & de ragouts-, que de s'expofer k être entraiuées dans 1'illufion la plus dangereufe pour la fanté: & ils ont d'autant moins de peine a faire ce facrifice, que d'aideurs ils n'iguorent point que, lors même que 1'on en mange peu , ce ne font cependant pas des alimens bien fains, Avec tout cela, il y faut de ta ra'i'fonv Les j. At Oh moi! j'en aurois affez , j'ctf fuis bien für: & vous verrez que quand on nousfervira tous ces ragoftts fi bien aflaifonnés, je n'en trlterai pas du tout. Le b. A. C'ell en véritéce qu'il faudra voir ;. mais fi vous faites ainfi le petit phüofophe, je fuis fur que votre papa vous embraffera. Les }. A. Oh pour cela oui! car plufieurs fois il m'a dit: mon ami, ne mange pas beaucoup de cela, ou bien de cela. Le b- A. Par exemple, il y a certaines efpeces d'animaux qui ne feroient point expofées k ces inconvéniens: ce font ceux qui ruminent. Les j, A. Qu'eft-ce que cela veut donc dire, ruminer? Le b. A. Cela veut dire proprement rciml«her, Ces animaux- la peuvent prendre a la fois  Du regne animal. 14.» M#e trés grande quantité d'alimens qu'ils avaJeiit: enfuite quand ils font tranquilles & qu'ils ne pailfent plus, ils font remonter le fourrage -t>re nes vivipares , qui par conféqueuc n'ont point de pieds. (+) Je crois avoir dé)b remarqud que toute mdtkode avoit fes avanta«es & fes inconvéniens. Je laifle a d'aufes a juger de celle-ii, qu:, a la vérité, femble réumr et'es difparates fort élmgnées; mais les autres lont-ellfiS ,kien eiemptes de ce défaut, ou peuveat-elles 1'êire* _  Du regne animal. 143 jsse dans les chiens & les chats, tantót palmés ou liés par une membrane, tels que les caltors & les loutres. La plupart de ces animaux ne marchent que fur la pointe des pieds, tandis que les hommes, les lievres & les ours, & d'autres encore, marchent fur tout le plat du pied. 11 y en a qui s'élanccut tres loin cn fmtant, comme les écureuils, & d'autres auxquels une membrane particuliere qui unit les pattes de devant a celles de derrière, donne la faculté de .voler: ce font les chauve-fouris. ïous les vivipares ont les cinq fers, favoir la vue, 1'oüie, 1'odorat, le go ut & le tacTi; Ja taupe mème n'eft pas privde d'yeux. Le tamanoir, le diable de Formofe & la taupe, font abfolument muets; mais tous les autres peuvent former quelques fons, ou plutót c'.iacun un certain bruit particulier, qu'on ap» pelle leur voix: cependant on rt-'a jamais pu réufiir a tirer d'aucun d'entr'eux, même de ceux dont la configuration fe rapproche le plus- de la nötre, la formation d'un feul mot de nos langues diverfes, ou d'une modulation de nos chants, quelques peines que 1'on fe foit données dans cette vue. Le finge lui-même, cet imitateur fi adroit, ne peut nous contrcfaire en cela, Nous voyons quelques animaux portant fur la tête des cornes fimples & creufes, comme les bccufs & les chevres; d'autres 1'ont chargée d'un bois a plufieurs andouillers ou branches, comme les cerfs & les rennes; tnfin tous ont le derrière pourvu d'une queue , txcepté 1'homme, les aïs ou parelléux ci quelques finges.  ■344 T)a regne animuL 11 y a auffi des diiïérenees entre les vivipares quant aux narines, ou au nez. A la vériié, la plupart Tont dépourvu de poils, mais il eli tamót plus, tantót moins obtus.; les uns 1'ont ■retrouil'é en haut, les autres en bas, les uns plus allongé que les levres, les autres moins; ,chez d'autres il fe change en une trompe qui eli prodigieufemcnt longue dans l'.éléphant., ■mais qui fe reconnoit même dans le grouin allongé du porc. Toutes les contrées du monde offrent plufieurs efpeces d'anitnaux vivipares; quelque •glacée ou quelque brülante qu'en foit la température, le Créateur a donné a toutes des ha■bitans, hommes ou animaux. Les climats les plus cbauds de 1'Alie & de 1'Afrique font peuplés d'hommes noirs, de finges, d'éléphans., ,de lions. Les mers glaciales nourrillént les chiens de mer & les onrs de mer, prés des cótes ingrates qu'habiteut les fales Grcenlandois cc les mécbans Efquimaux. Cependant, c'eft .dans les contrées tempérées, oü ni le chaud, ni le froid n'excédent certaines bornes , que 1'on treuve le plus grand nombre d'animaux. De tous les animaux vivipares , les cétacées font les feuls qui ne vivent pas fur la terre, & ]a baleine le feul qui nepuill'e fortir de 1'eau, par la privation totale de pieds & de tout autre ■organe propre a fe mettre a terre. Les caitors, les chiens de mer , les ours de mer , ;qui font palmipedes, ont la faculté de fe tenir ;l volonté fur la terre ou dans 1'eau. II y en a, comme la taupe, qui n'aiment que 1'obfcurité C3c qui babitent continuellement fous terre, même dans la belle fufon. Quant a la longueur de la viejde ces animaux, *• les  Dn regne animal 145" 3cs termes en font de même trés variés; les tms font bornés a cinq 011 (ix ans, comme les ■rats-; les autres vont jufqu'a cinquante & a cent, comme les éléphans j & les baleines pourroient bien en vivre deux cents fi on n'avoit pas foin aujourd'hui de les tuer beaucoup plus jeunes. Car grace aux talens fupérieurs de 1'homme, il n'exifte plus aucune efpece d'anima! dans le monde, quelque gros, quelque terrible, quelque bien armé qu'il puifl'eêtre, dont •nous n'ayons trouvé le moyen de nous rendre maiires, foit mort ou vif. Ls j. A. Mais eft-ce que tous font bonsja quelque chofe? Leb. A. II n'y en a prefque point dont nous ■nepuiliions tirer quelque utilité. Des uns, nous en mangeons la chair; des autres , nous en tirons des vêtemens; ceux • ci, nous les attelons a nos voitures, ceux-la, nous les chargeons 4 •cru de nos fardeaux; 1'im nous débarraffe des rats, 1'autre veiile dans nos cours & k la porte ■de nos maifons: enfin il y en a plufieurs que nous faifons fervir è. nos amufemens. Mais il ■til vrai d'un autre cóté qu'il y en a chez quile dommage qu'ils nous font Temporee fur le bien que nous en pouvons tirer, & qui nous égorgent nous-mêmes ou nos animaux domeltiques, enfin qui détruifent tout ce qui leur tombe fous la griffe. Cependant nous avons toujours afïez de moyen pour les écarter & nous en garantir , ou même pour les détruire foit en tout foit en •partie. Toutefois nous fommes fort heureuxde ne pas nous trouver dans des pays oü nous aurions pour compatriotes des lions, des tigres& •des hyenes. S'ils ne nous dévoroient pas nousinêmes. du moins nous ne pourrions pas nmlti» II. Partie. G  ygg Vu regne animal. plier ïi notre uife comme nous faifons les bceufs, les vaches, ks veaux, ksbiebis, les moutons, les porcs, ks chevres, dont nousconlömmons une li grande quantité tousles jours. Les j. A,. Mais, y en .a-t-il .beaucoup de 3  ijo Du regne animal. Siais arrêtonsnous a l'efpece la plus groffe & la plus dangereufe. Le Vampire. C'eft une chauve-fouris auffi cruelle qui hideufe, qui, au rapport de tout le monde, fuce le fang des bêtes & même des hommes pendant leur fommeil. Elle eft de la groffeur de 1'écureuil, a la tête femblable h celle d'un chien, Ia face noire, de longs poils noiratres (Tab.. VIII, fig. 25),. & par bonheur pour nous, ne fe trouve point dans nos contrées , mais feulement dans 1'Amérique méridionale & aux lnd.es oü on les voit paflèr le foir en volées nombreufes qui obfcurciflént 1'air , & couvrent lesrucs des villes: chofe d'autant plus croyable qu'un gros vampire, les alles étendues, a.bien trois pieds d'envergure. . Les j. A. Ah ciel! mais eft-ce que ces vilains animaux ne vivent abiolument que du fang qu'ils fucent ?? Le b.. A. Graces au ciel, non; autrement^le pays feroit bientót dépeuplé d'hommes & d animaux ;• car une pareille fangfue peut faire mourir un homme dans une feule fois , tant paria quantité de fang qu'elle lui dérobe, que par-celle qui fort encore de i'ouverture qu'elle a faite , même après qu'elle a ceffé de fucer. Ainfiles vampires mangent ordinairement desfruits; ils aiment fur-tout beaucoup a iücer le jus dm palmier, mais il les enivrc dc facon que fouvant ils tombent par terre comme morts: cependent ils préferent encore a tout eda le fang des animaux. Dès que la nuit arrivé, ils parcourent tout un canton , en cherchant quelque partum  Du regne animal. nomrae endorrai; dès qu'ils en ontapperfcü un ils s'approchent. fans bruit, & lui appliquarf fur un bras, ou autre partie a. découvert, leur' langue garnie de piquans aigus 6c trés* déiiés,ils fe mettent a preifer ex, fucer jufqu'a ce qnc' le fang forte fans 1'éveiller : alors ils fe raflaficnt' a plaiiir. Ils traitent de même les brcufs, Xcë yach.es, les dncs, les chevaux, & tout autre animal domeftique. Les j. A. Mais comment donc eft-ce qua' Fon ne fe réveille pas? car cela doit faire du mal, & 1'on fe réveille bien pour une puce oi£lïue punaife qui ne font pas li groflès! Le b. A. Ces maudirs animaux ont' mie' adrcffe & une malice fingulieres, qui confiflenten ce que, pour empêcher le dormeuF de s'é~veiller, elles Téven tent doucement' avec leursgrandes aiics &lerafraichiffent: ce qui dans des; pays auffi chauds, provoqtie beaucoup'le fommeil. Cependant on s'évei'lè mal'gr='cela quel-quefois, tantót pendant que la maudite harpie' eft encore occupée a fucer, tantót quand ellea i'ini: alors on fe feut foib'e ,abattu', quelquefoistout en fang, quelquefois malade a mourir, comme il peut arriver quand le vampire s'en eft trop donné. Quand la fueóe n'a pas été trop' copieufe, il peur. arriver qu'elle tienne Hend'uue' faignée util.e, & prévienne une maladie,- pour' ceux du moins qui n'aiment pas a employer' les moyens de rendre inutües les prétendues1 faignées de précaution :' car ce n'eft jamais que par pnreffe & par gourmandife que 1'on a re-cours a ce remede faux & pernicieux.- Le pis' elt que le vampire entre fouvent dans les'mai-fons, par les portcs, les fenêtres, lcs-cheminées, & va fucer le fang des hommes jufqties*  152 Du- regne animal'. dans leur lit. Pendant le jour ils fe tiennent ta~ pis dans les creux des arbres, ou bien fur les arbres même , oü ils fe fufpendent les uns aux autres en longs chapelets , par les pieds de derrière, la tête en bas, de facon que de loin 1'on diroit d'un groupe de noix de coco. Au refte, aacune eipece-de chauve - fouris n'eft venimeufe , ni même n?a la cbair malfaine; on peut les manger fans crainte, comme le foin} aufli les Chinois & beaucoup d'autres lndiens ,. entr'autres les habitans des Hes.. IK C LAS SE DES- VIVIPARES. C'eft celle des animauxrongeurs, toute com*pofée de petites efpeces qui ont plufieurs doigt3 aux pattes, & s'appuient prefque toujours en marchant fur le plat de celles-de devant, comme les écureuils, les rats, les fouris, les loirs-, les marmotes, les goulus, les didelphes, les lievres , les iehneumons, les blaireaux , & beaucoup d'autres encore.. C'eft la fouris qui eft la plus petite, & le goulu le plus gros da cette claffe. Tous ces animaux ne vivent prefque que de plantes & de fruits; peu d'entr'eux aimer.t la chair ou la charogne. De notre cöté, nous tirons de bonnes fourrures de leurs peaux, & de plus , nous les mangeons trés bien. Les j. A. Aufli les rats & les fouris? Le b. A. Pourquoi non ? on en a mangé plus d'une fois , & 1'on ne s'en eft jamais mal trouvé. 11 y a même des pays oü 1'on trouve fur les marchés des rats, des fouris & des Terpens comme nous y trouvons chez nous des-  Da regne ccnimai. 153 pigeons, des lievres & des poulets. II eft mêrne de toute vraifemblance que fi 1'on vouloit employer les peaux des fouris & des rats afourrer des bonnets ou des mantelets , on trouveroir* cette iburrure toute auffi bonne qu'une autre. Mais nous ne fomtnes jamais contens deceque ki Providence nous met fous lamain: nouspréférons la fourrure des rats des pays éloignC.s paree qu'ils ont des noms différens. UEairmil. '~ C'eft un fort joli petit animal que Pon aimre: a tenir en cage pour lui voir faire fes geftes dirertiflanfi* On le trouve dans toutes les contrées dc 1'Europe, de même que dans prefque toute PAiie & PAmérique feptentrionale. II fe tient dans les bois, fur les arbres, oü il mange des noifettes , des glands, des faines, des fruits fauvages, des bourgeons d'arbres; il s'accotnmode amerveille des amandes, desch;ltaigncs& des noix , quand il peut en avoir. Mais ks pêches & les abricots font mortels pour luiVous en avez deux fur la Tab. VII. Voyez las fig- 4. 18. Les j. A. Oii eft-ce donc que les écureuils' font leurs nids ? Le b. A. C'eft auffi fur les arbres, par exem* pie, les chönes & ksfapins, &'quelquefoisdans; ks creux; il Ie conftruit de petits branchages,. voüté dans le delfus pour faire écoulerla pluie r & le tapilfe de mouffe & de fenilles. Commeil craint beaucoup Ie vent, il ne laiffe a fon nid. qu'une trés petitc ouverture, telle qu'elle furfiti tout au plus pour lui fervir d'entréc. De plus , ft k vent vient a fouffkr juftement du cóté da1 ÓS  I;54' £>a regne animaV.. fon trou, il fe ftii«c de le boucher & d'en faire «n autre du cöté oppofé. -JVJi Les j. A. Et- dans 1'hiver, comment fait-il? s'endort-il aufli tout le long ? Le b. A. C'eft un petit animal toujours évei Je toujours alerte j mais avec cela fort prévoyant. Comme il. ne paffe point 1'hiver a dormir, il afoin de fe faire dans quelques creux d'arbresun. magafin de noifettes & de faines. Si 1'hiver fc trouve trop long, & que le magafin fe trouve confommé de trop bonne heure (ceqmn'arnve das loits n'eft-qu'a 11 dtgrü da la ttqipétature du fair, quehi;.ictois mtwe u« pt* au- deüwu*.  Du regne animal. 159? tout-fair. D'ailleurs, fi 011 les approchedu feu dans ce temps - la , au lieu de fe réveiller,. ils meurent , dc facon que pöur lestirer de leur léthargie, il.faut ne les réchauffer' que peu a peu.- . On etrploie auffi la peau des loirs cn fbiirru*re, & leur chair eft fort bonne rAtie , de même qu'en fauce; on les mange* n on-feu le ment enFrance , mais encore en plufieurs autres pays, comme en-Italië, en Elpagne.. Dans Ja Carniole, les habitansTes prennent par railiiers aux approchcs de 1'hivcr., lorfqu'ils font gros & gras,, pour les faler & les manger le long de 1'hiver , comme 1'on mange du bceuf ou du cocbon boucanó. Les anciens llomains les regardoienr comme un mets dclicat, les élevoi&nt en arand nombre comme des lapins , & les engraifioirnt: pour les fervir lür les meilleures tables. 11 s'en; trouve peu ou point dansles pays un peu trop! froids ; ils préferent les climats plus tempérés». Le Lerot.. II eft prefqu'auffi gros que le rat;- il a Ie dos* noir, le ventre blanc, & la queue longue garnie de poils.. II fe tient dans les jardins, oü il? fe niche dans les trous d'arbres1 &demurailles< quelquefois même dans les maifons :' on le. trouve auffi dans les bois.. II grimpe fur les arbres & les- arbriffeaux, &. mange ou ronge tous les fruits qu'il y trouve de mürs , fur - tout les pêcbcs &Jesabricors , dont il dépouille quelquefois un arbre cmier dans un jour, emportant clans fon trou ce qu'il ne.peut pas manger fur Ja place. Poires,pommes, uoix, légum-es même, tout eft de fon goüt,  l6o Du regne animal. il ne faut pas beaucoup de ces picoreurs pour' dévafter un jardin en pen de temps. Dans les bois , il faut bien qu'ils lé contentent deglands, de faines & de noifettes; ils aiment beaucoup ces demieres , aufli 11 s trouve • t - on le plus fouvent fur les- coudriers. lis ne font que trop co:nmuns en France, plus même que le loir, dont on leur donne fouvent le nom, celui de lerot ëtant moins connu. 1-1 elt liugulier que ne mangeant qne d'auiïï bonnes chofes, leur chair ait de la mauvaifc odeur; auffi ne vaut-elle rienï leur peau même n'elt pas de bonne qualité, de forte qu'au bout du compte, ces petits vauiriens font beaucoup de mal & ne font propre3 a quoi que ce foit de bon. Le Mufcardin. Celui-ci (Tab. X, fig. 4.) eft plus petit que Jes précédeiïs, & n'elt pas plus gros quolafoujis; du rêfte c'elt un joli petit animal, qui a larobe rougeatre, une longue queue velue, & n'eft pas a beaucoup prés auffi malfaifant que iès camarades. II demeure dans les bois, nicbant dans des arbres creux , oudans les haies épaiffes, fur-tout auffi dans les lieux couverts de noifetiers, dont il mange le fruit encore plus volontiers que celui du chêne & du hêtre. II n'y a pas beaucoup de mufcardins, & on n'eu mange point. La Mannotte. La mannotte en vie! la béte curieufe! ba ha |ia!..... ah voila bien de quoi vous faire rire! Les j. d. C'tlt que vous favez li bien contre*  Du regne animai. ïó-f faire les Savoyards, bon Ami; il ne vous man» que plus qu'une vielle pour faire gnan, gnan v gnan. Le b. A. Oui; & la marmotte fur le dos pour la faire danfcr au milieu de la rue afin de vous amuler! Les j. A. Mais, eft-ee que les marmotte* favent réellement danfer? Le b. A. flélas les pauvres bêtes !' avec labaton on leuren apprend plus qu'elles n'ont envie ou befoin d'èn favoir. Oa les fait tenir ai? bout d'un baton que 1'on tourne & retourne fans qu'elles lachent prife; on les Fait tenir debout, marcher. fur les-pattes de derrière comme les ours; on leur appren 1 même & grimperdans les chemindes-& a en ramoner les tuyaux';-, il n'y a forte de puérriités qu'on neieur &ff* faire par la verru de martin-baton. Les j. A. Ah, cela doit être plaifanr, de* voir ramoner la cheminde par une marmotte!: en ce cas-la les petits Savoyards n'auroient pas. befoin de fe faire noirs- comme de petits diables? Le b. A: Oui-da ! mais quand on faitramo* ner la cheminde par une marmotte, ce n'eft que pour rire;- car elle ne peut le faire auffi. exactement qu'il le faut:- mais on prdtend que c'eft elle qui a appris aux Savoyards 1'art de grimper, qu'ils pollèdent fi bien.- Durefie, la marmotte eft grolfe comme le chat, d'un poil rougeatre, tenant de la figure de 1'ours pour la tête, les- pieds & les partes. Voyez Tab. VII, fig. !• ÉHe fe trouve dans les montagnes de la Suiffe, de la Savoie, de 1'Itaiie', en Rullie, en Pologue, prés des montagnes éternelles de glacés & deneiges, enfermde dansdes creux fous la terre. Cet animal mange.  1ÖI Ba regne ai.imal. tout ce qu'on lui donne ou qu'il peut attrnper,herbes, raeines fruits, viande, pain, légumes, fcarabées mêtnë & fauterelies; mais il n'aime rien tant que le betirre & Ie lait: quand la marmotte peut en attraper, elle le boit avec tant de plaifir qu'elle bourdonne ou murmure dejoie, a peu prés, comme le chat quand il dévore dans un coin quelque bon morceau de fon goftt. Elle répete cc murmure de contenrement toutes les fois qu'on lui donne quelque friandifc, ou même quand on la careil'e, ccc'eft ce qui lui a fait donner probablement ic Hom de marmotte. Elle fe tient auffi affife fur fes pattes de derrière comme 1'écurcuil, & fe fert cemme lui de eellcs de devant pour porter a la bouche ■ uit ce qu'elle veut manger. Elle court fort vi:e en montant, mais fort lentement en plaine. Dans les beaux jours d'été elles for.ent enfembie de leurs tanieres, & s'amufent a jouer fur' 1'amoufié, la peloufe, le gazon, a grimper fur les arbres écourtés & i fè jeter en bas, ou a mille autres ébats- fort finguliers: mais pen-dant ce tcraps-la il y en a toujours une d'en* tr'elles en fentinelle qui les avertit par un iïgnal dés qu-'elle croit voir 1'approche de quelque danger. La femelle met bas tous les ans quatre petits, qu'elle aiiaitc jufqu'a ce qu'ils foient affei: forts pour manger les herbes & les raeines; alors elle les mene hors de la tanierc , les cou luit dans les prés, & leur apprend a connoitre ce qu'ils doivent manger. Mais elle a foin de ne lts pas mener trop loin , afin d'être plus a p >rtée de fe retirer avec eux en cas de danger lans en- perdre;. ce qui n'empêc'ue pas qu'on n'en  Du regne animal. 16"3 premie beaucoup en chemin; car fans cela les pauvres Savoyards manqueroient d'une grande reffource pour leurs voyages dans tous les pays de FEurape. C'eft un petit animal qui s'apprivoife auffi bien que le chat; qui court dans la-: maifon & vient a la voix, fe familiarife même jufqu'a manger dans la main d'un homme & ?. dorm.fr dans fon lit. Mais chien & marmotte,, c'eft encore pis que chien & chat, une marmotte peut tout foulTrir dans une maifon, ex-cepté le chien: c'eft fa béte d'averfion. Cependant,. fi elle ne fait du mal a perfonne,elle aime trop a ronger, & endommage tout cc que Fon n'a pas grand foin de cacher , habits,. livres, papiers, & les meubles même, enh'nau point de fe faire jour a travers les portes & ks cloifons-. Avec tout cela, la marmotte nefeplaitnulle' part autant que dans fes Alpes fauvages, jouif^ fant de toute fa liberté, oü rien ne lui manque eü elk choifit fes ébats a fon gré avec ks autres»-' rnarmottes tant jeunes qu'anciennes, voiturc du foin & de la moullé dans fon trou, & s'y tapit en feptem'ore ou en oélóbre pour n'en tbr* tir qu'en avril 011 mai, après avoir dormt pen-dant tout cet intcrvallc. Les j. A. Mais pourquoi eft ce queFónditr dormir comme une mat motte? èft-ce que les marmoites dorment aufli quand elles font apprivoifées dans les maifoi.s? Le b, A. Elk ne dort alórs que comme ks autres animaux domeftiques, même pendant Fhiver, du moins elle ne tombe point dans1'engourdiüèment: er pendant tout le long decette faifon elle paroit toujours prêtc a s-'affoupir, & 1'on wit bien- que la veille pour 1oïs>  TÖ4 Du regne animal. n'eft pas fon état naturel; on préfume même de la que de tous les animaux de cette daflè, c'efl; celui qui eft le plus fenlible au froid. II y a des gens fimples qui croient bonnement que la marmotte,. craignant que Ia pourriture ne s'engendre dans fes inteftins pendant le long fommeil auquel elle va fe livrer, ne manque pas , au moment de fe renfermer,_ de bien fe nettoyer 1'eftomac, en altera boire a la première fouree une-quantité d'eau qu'elle revomit, répétant cette manoeuvre jufqu'a ee que 1'eau forte claire & pure de fon efl.omac.-_ C'elt tin conté de vieille grand'mere qu'on n'a jamais vdrilié.- Mais ce qu'il y a de bien eertainy c'cftqu'avantdes'engourdir, elle bouche 1'entrée de fa taniere pour que rien n'y puifle pénétrer,. après quoi elle fe roule en unmonceau, & tombe peu a peu dans l'engourdiflèment. Ces taniercs font quelquefois fort grandes,. affez pour contenir des fix, dix, douze mar* mottes è la fois; d'ailleurs elles font remarquables par leur eonllruetion qui annonce aflèzdlntellirencc, Elles conliltent en un long boyau ereufé fous terre, auquel aboutiflent deux ausres -feoyaux ou galeries plus petites, creufées obliquement: ce qui donne a toute la tranchde h forme a peu prés d'un Y, ou d'une fourche a deux fourehons; le premier decesfourchons reprdfente le boyatt d'entrde par lequel on defeend dans le fond; le fecond fourchon qui defeend plus ba-s en terre, fert aux marmottes a faire leurs excrémens, afin que 1'humidité ne coule point dans la galerie du fond-, rtpréléntée par le manche de la- fourche & ou elles ie couchent. Elles tapiflent cet endroit de torce moulfe & force foin, qu'elles coupeivr  Du regne animal. ïtTg .élles-mémes, & qu'elles y voiturent pendant J'été. Les j, A. Comment cela ? voiturer! eft-ee iqu'eUes font auJli des charettes? Le b. A. Eft-ce que 1'on ne peut rien voiturer fans charretteV Les j. A. Elles prennent peut-ctre un Jarige moreeau d'écorce d'arbre qu'elles chargent •de foin, .& qu'elles trainent enfuite a la porte de leur taniere? Le b. A. Je crois en vérité que vos marffiottes auroient plus d'efprit que celles dont ■on vous fait fhiftoire: car leur méthode {prétendue) ne vaut pas celle que vous avez trouvée. Voici, dit-on, comment elles s'y prennent, Elles en font courtier une fur le dos, qui tient fes quatre pattes en 1'air en guife de ridelles, tandis que les autres lui chargent le ventre de foin & de mouffe: alors .elle einbralie ferme la charretée, & les autres fe mettent a la tirer par la queue, tandis qu'il y en a droite & a gauche pour prendre garde que la voiture ne verfe- Arrivées au log^s, on décharge & 1'on tapiilé les appartemens...... Eli bien quoi? cela vous fait rite? je parie que vous n'en croyez rien, pas plus que de l'émétique de la tbntaine pour fe purger? Les j. A. Elles auroient plutót fait d'en prendre chacune une bonne poignée a la gueule, & de courir deux ou trois voyages de cette facon; n'eft-cc pas, bon Ami? Le b. A, Fort bien 1 vous voulez dire que la charge d une marmotte entre fes quatre pattes ne vaut pas toutes ces gueulées portées par toutes celles qui doivent trainer & conduire la  jg-g Du regne animal. ■-voiture; de facon que ces mauvaifes charretle,res perdroient'plus de temps & de peines pour 'faire moins; cc qui n'eft pas la marche ordinaire de la nature dans 1'inftinct qu'elle donne aux animaux. Voila ce qui s'nppelle raifonner, fans doute! mais vous n'avez guere vu, encore moins examiné foigneufemeut desmarmottes: vous auriez remarqué que toutes ont le dos pelé. Que direz-vous a cela? il ïaut bien que ce dos fe pele en frottant contre la terre; •pour frotter contre la terre, il faut bien lerenverfer & le frotter; mais pourquoi le renverfer, fi ce n'elt pour charger du fom entre les pattes, & comment le frotter quand on elt renverfé, fi ce n'eft en ié faifant trainer par la ■queue? voila qui n'eft pas moins cl«ur & de- ™°Les 'j, A. Oui! mais bon Ami, eft-ce que toutes, toutes les marmottes ont le dos pelé, aufli celles qui trainent la voiture & qui la con- X]U1Leltb. A. Je vous entencis : mais c'eft que "lncune fert de voiture a fon tour; car enhn ce'n'eft pas le beau róle, & entre bons camalaaes il faut que chacun y pafiè, rien de plus a&\ Vous voila pris, je penle, pour cette iüis Qu'en dites-vous ? Les i. A. Mais, bon Ami, eft ce que les marmottes ne pourroient pas bien fepelerledos en entrant & fortant par le trou de leur ta- niLe 'b A. Ah ciel! petit bonhomme! allons, illons vite, de 1'eau bénite & un goupillon, qu'on f exorcife: il faut que ce foit un petit forcier, ,un petit magicicn ! comment aller deviaer que les marmottes qui pailent- leur vie 4  Da regne animal, rfjy ereufer des boyaux en terre, & a fe frotter le dos contre inévitablement, doivent.cn avoir ]e dos un peu pelé! EhJ mon cher Ami! c'eft tout ce que le plus grand naturalilte dc notre ifiécle ou du moins de notre nation, a pu allé* guer pour expliquer cette dénudation partielledu dos des marmottes. C'elt donc h dire que vous ne voulez abfolument pas croire a la voiture? Cependant, dites moi a préfent, eft-ce que vous aurez le front de donner un démenti a un favant homme qui s'elt donné la peine d'écrire, il y autour de deux mille ans, dans un gros livre latin in folio, toute 1'hiftoire du charroi des marmottcs.& de leurrécolte de foin? c'eft le grand Pline^ dont nous avons déja parlé (*). Les j. A. -Oui! mais bon Ami, vous lui avez bien donné auffi le démenti hier cn parlarit des hirondelles tcttes-chevres, & encore ■k un autre plus anriqueappelé Artflete^ ékvcus avez dit qu'ils n'avoient pas pu tout voir pour vérilier chaque chofe qu'on leur racontoit fur les animaux ! Le b. AL A la bonne heure; on peut foupconner' qu'ils ont eu quelquefois tort d'écrire toutes ces hiftoircs, lans faire remarquer ce qui leur paróifibit douteux. Vous voyez que M. de Bnffon lui méme, n'a que bien modeltement préfenté la réilexibn que vous avez faite comme lui, dans la crainte de bieder le refpeétque 1'on doit i. un auffi grand naturalilte que Plir.e, qui .cependant n'eft pas plus grand a cet égard' que M. de Buffon lui-méme.  268 "Du regne animal. Lesj..A. Ah ca! mais, bon Ami, eft-ce que ■vous CToycz que ks marmottes fe font trainer par la queue pour voiturer du foin? Le b. A. Nou vraiment; mais en combattant ce qui ne paroit pas fondé, parions avec refpedt de tout le monde, fur-tout des morts, qui ne peuvent pas fe défendre. Pour finir fur ks marmottes, il nous refte a favoir qu'elles font affez multipliées, & qu'elles vivent neuf a dix ans. On peut ks manger, elles font grafles & d'afl'ez bon goüt, du moins au dire des Savoyards, qui s'en font un régal. C'eft aux approches de 1'hiver qu'elles ont le plus d'embonpoint; elles ptfe-nt alorsjufquadesvingtlivres; & comme c'eft auffi aux premiers froids qu'on les prend k plus aifément, paree que c'eft juftement alors qu'elles font engourdies avec toute leur graiffe, les Savoyards vont les prendre dans leurs tankres, les coupent en quaniers, & ks enfument ou boucauent pour 1'hiver, outre cu'ils font fondre la graiüe pour s'en lervtr en guife d'huile, & qu'ils en emploient la peau 1 toutes fortes d'ufages, commefourrures d habits , bonnets, manchons, facoches, havrefacs, &c. Le Mulot 6? k Surmukt. Le mu'ot eft plus petit que le rat & plus aros que la fouris, & n'habite que ks champs & ks bois. H a ks yeux prééminens, k dos roux-brun, k ventre blanctótre. 11.fe fait de grands roagafins de glands, de noifettes , de faines, dont on trouve jufqu'a unboifkaudans un feul trou: auffi fait-il fouvent beaucoup de dommage aux plantations nouvetles. La! fcnmik  Du regne animal. i6£ tgrodijit plus d'une fois par an, & les portées lont fouvent de neuf ou dix. Ils mangent les fouris , les petits oifeaux, &.fe mangent euxmêmes en cas de dü'ette. II s'en trouve dans toute 1'Europe, oü il a pour ennemis les loups , les renards, les oifeaux de proie, & les autres mulots même, car les gros mangent les petits. Le furmulot a été ainfi nommé paree qu'il eft plus grand que le mulot, fans être cependant du genre des rats. II a le poil roux, la queue trés longue & fans poils, fépine du dos arquée comme 1'écureuil, mais le corps beaucoup plus épais, enfin des mouftaches comme ie chat. La femelle fait jufqu'a trois portées par an , chacune de buit a douze petits. Le male fur-tout eft trés méchant, & fa morfure n'eft pas fans danger. Ils paffent 1'été dans Ia campagne , & f hiver ils fe retirent dans lesgranges oü ils font un dégrlt infini, après cependant ea avoir chaffé les rats & les fouris. Les vieux males reftent a la campagne dans les trous qui 'font pleins de provifions, & d'ou ils fortent dans les beaux jours d'hiver. Ce n'eft que depuis le milieu de ce fiécle que 1'on aobfervécet animal deftructeuren France, fur-tout dans les «nvirens de Paris. Le Mulot iïAllemagne. II eft de la groffeur du rat, alespiedsblancs, le dos rougeatre, le ventre noir (*), la queue ("•) C'eft peut-être ici Ie hamfter des Allemands qui Fe trouve mis dans Ie genre des uiarmotes, on le erkit enquet) de Strasbourg. Ip. Partie. H  Du regne animal, cour-te & fans poils, & le tient dans les champti de grams, dans des foutenains fpacieux qu'il fe pratique. La il ne vit tout le long de 1'été &del'auiomne, quedebied , defeigle, d'orge, d'avoine, de pois, de haricots, devefce, de kntilks, de graines de lin; mais au printemps, avant que les légumes & les grains foientpouffés, il fe contente d'autres plantes de toute efpece, & même il fait la chafle aux fouris & aux oifeaux. Nous en voyons deux a la i.5,« -fig. de la VU Tab,, dont 1'un elt repréfenté fortant du fouterrain. En Thurin^e, en Bohème, Siléfie, Pologne, ïloügrie, 'Ruifie, cet animal eft fort commun; mais il n'y a peut-être pas de pays au monde oü il s'en trouve plus que dans la principauté «fe Gotha en Alkmagne; on les y prend par trente & quarante milliers a la fois, outre ce cu'en détruifcnt les -renards, les belettes, les martres, les hiboux, les cbats & les chiens, & £ux-m£mes enfin, car ils fe dévorent les uns les autres. Et fans cette deftruction, il n'y auroit pas moyen de récolter un feul boifleau de bied ou auires gains; un vieux coquin de mulot emporte a lui feul des trois, quatre, cmq boiffeaux de grains, de pois ou légumes, qtul emmagafine dans fa taniere. Souvent larécolte eft bien peu de chofe, & après eux I on nefait prefque plus que glaner. Les j. A, Mais eft-ce qu'on ne peut donc pas les détruire entierëmént, ces voleürs ? ' _ ks -b. A, Gui da! allez -ks chercher a cinq ou fix pieds en terre; & puis ce font des antjfi&ifx qui pullulent prodigieukment; & ie muitiplient au point qu'un feul uiale & une leuiS  Du rtgne animal. tyt ifemelle peuvent dans 1'efpace de trois ans avoir uue poltérité de plus de lept mille defcendans. Les j. A. Du moins on devroit leur prendre leurs magafr.is, pour les faire mourir de faim. Le b. A. Aufli n'y manque-t-on pas quand on le peut, .& pour s'empccher de mourir de faim foi-même. Mais on a beau fouiller, creufer, trouver même beaucoup de ces magafms; il y en a toujours beaucoup que 1'on ne peut jamais trouver , comme il y a toujours beaucoup de mulots que 1'on ne peut réuflir a attraper, quoique 1'on en prenne bien des milliers. Malgré les lbins du gouvernement & les courfes tant des gens de la campagne que des chaffeurs commandés exprès, a peine s'appercoit - on que 1'efpece foit diminuée, loin d'être extirpée totalement. Mais il faut convenir que fouvent ks foins du gouvernement nuifent a fes vues, & produifent un effet contraire a ce qu'il en atlend; & cela toujours par fa faute, foit récente, foit d'ancienne date. Les pauvres gens que 1'on emploie a cette perquifition, ieroient bien fichés que la race des mulots fut entiérement détruite ni même a beaucoup .prés. Les j. A, Et pourquoi donc cela, puifque les mulots mangent leur pain ? Le b. A, Point du tout ; au contraire, les mulots leur donnent du pain qu'ils n'avoien'" pas. Lesj. A. Eft-ce qu'il y a donc des gens qui n ont point de pain. Le b. A. Ah , mes chersAmis! fi vousfaviez combien il y a de gens aflez infortunés, affez a plamdre, pour ne pas pouvoir réuflir k fe proxurer, foit pour eux, foit pour leur pauvre faH &  Du regne cnimal. mille, feuknïent une quantitd fuffifante de pain grofiier! je vous les teiaivoir, vous viendrea avec moi lbus la chaumiere du pauvre, & vous gémirez avec moi de leur mifere , de leur abandon de leur mukitude, de la corruption a laquelle on les a livrés, de Pimpoffibuitd oir nous tornmeS, nous autres pai ticuhers, de ksfeeourir fuffifamment, & plus que tout cela, nous pleurerons a cbaudes larmes de 1'indiiFérence avec laquelle les gouvernemens traitent ou plutót oublient un nombre prodigieux d enfans dont ils ie difent lesperes, c'eft a-dire, des perionnes dont le fort leur eft confié. Les f. A. Mais pourquoi donc eft-ce qu on Jes laiffe fans pain? ' , Le b. A. Et fans vetemens, & fans logement, & lans aueune des chofes néceffaires a la vie «Fun citoycn? Savez-vous ce que 1'on fait? Ouand ceux qui ont tout piïs pour eux, fetrou» vent harcelés par quelque ennemi important, comme par exemple ks mulots qui emportent impitoyablement k grain de la terre du ncbe, & que ces meffieurs fe croknt trop grands feiEiieurs pour leur faire la guerre eux -mêmes, lis difent d'un air de dédain: „ Allons! foyons adnéreux & bienfaifans! voila tant de paü* vres que nous laiffions mourir de faim acóté " de nos greniers ; faifons leur aujourd'hui ga" sner un morceau de pain; donnons leur la " commifiion de chaffer & de ddtruire ks mulots qui bientót nous rendroient pauvres nous-mêmes comme ces miférables ! heu" reufement pour eux, voila de 1'ouvrage qui fe préfente " ; 7. Lts j. A. Mais, bon Ami, s'il ne s étoitpoint  Du regne animaU tj$ ptéfènté d'ouvrage, on ks auroit donc laiffé mourir de faim ? Le b. A. Non - feulement on les auroit laiffé mourir de &im% mais on leur auroit encore; reproché de ne pas travailkr, & on ks auroit rebutés, maltraités même dans 1'occafion comme des fainéans & des vauriens! auffi voila pourquoi ils ne s'emprelfent point du tout de détriure ks mulots dans la principauté de Gotha. Ces pauvres gens favent que quand il n'y aura plus de mulots , on ks traitera eux-mêmes comme des mulots, c'eft-a-dire, comme une efpece de vermine qui cherche è ronger la ?ij chelfe du riche: ainfi que font-ils? au lieu de prendre tous ceux qu'ils pourroient prendre, ils en lailfent échapperplufieurs, &méme ils rendent la liberté a plufieurs qu'ils avoient déja pns, afin que 1'année fuivante il y att encore de 1'ouvrage pour eux, & par conféquent du pain. En attendant, les tas de grains quMss trouvent dans ks tankres fous la terre, ils en fout du pain pour eux, ou fi ce font des légumes ils les mangent; ils mangent de même tous les mulots qu'ils prennent (car ils ne laiffeut pas d'en prendre une grande quantité, qui font gros & dodus); & enfin après en avoir maugé la cbair, ils en vendent la peau, or cette ven te fait encore un bon produit, puifqu'une bonne peau de mulot fe vend deux ou trois; fous. 1 Les j. A. Mais, comment faudroit- il donc faire pour détruire les mulots toufa-fait? Le b. A. II faudroit que ks pauvres gens que1 1'on emploie k cette guerre, ne fuflent pas employés comme des étrangers au fervice pafiager d'autres gens étrangers a eux, qui, aprèsk fer> £1 3  j.74 Du regne animal. vice fait,, les méprifent, les infultent, & les abandonnent a la mifere.- Mais , pour en revenir aux mulots, ils fe tiennent de jour tranquillement dans leurs tank res, & ne fortent que le foir pour aller a la picorée. Alors ils fourrent dans le creux de leursjoues des épis entiers de grains & des goulfes cntieres de légumes, puis fe hfttent de regagncr leurs fouterrains oü ils ks épluchent proprement, enferment le grain dans leurs magalins,. & jettent debors les écoffes & la paille. Ils continuent ce manége-, toujours mangeant pardeffus le marché , jufqu'a ce que leurs gremers foient renrplis. Enfin quand la réeolte eft linie & la campagne dépouillée, ils bouchent 1'entrée de leurs fouterrains, & vivent fans foucf au milieu de leurs provifions, qui leur fuffilënc & au-delri, pour palierl'biver&gagner la réeolte prochaine. D'ailleurs, ilsreftentauffi engourdisune partie de 1'hiver^ coucbésmollement fur leslits de moufle & de balk qu'ils fe font faits, & fans boire ni manger, felon que 1'hiver eft rude & qu'il y a des intervalles doux jufqu'au printemps.. A peine le mulot eft-il réveillé en mars,, ayril ou maiT qu'il ouvre 1'entrée de fataniere, & va dans la campagne chercher des herbes & des raeines, qui avec les fouris & les oifeaux, quand il en peut attraper, le mettent en état d'attendre la faifon de la réeolte. Les j. A. Ainfi les mulots- ne dorment pastant que les marmottes ? Le b. A. II s'en faut bkn ordinairement Ie mulot s'éveille au bout de deux ou trois heures, fouvent même avant qu'on 1'ait tranfporté ^ la maifon. II eft affez amufant de le voir revenir peu a peu dans une chambre oü il fait chaud..  Du rtgne animal, tf§ QUand on le pinee ou qu'on lui tfre les jambes , il fe tourne & retourne aifez fingubé rement, ouvre la bouche fort large', comme pour bdiller, & fait un ralement fort défagréable , continirant fan & 1'autre jufqu'a ce qu'eniiu fl ouvre les yeux.- Alors il paroit comme cnivré ou étourdt, faifant divers eilais pour fe tenir debout fans que fes jrunbes vcuiileiit le potter y de forte qu'il retombe toujours iinfin k force d'effais, il vient a bout de fe tenir fur fes pattes, & alors il refte quelque temps en repos, comme s'il vouloit reprendre haleine après fut grand travail, ou examiner ce qui lui eft arrivé $ inais apiès fes réflexions faites, il fe metas'av» ïanger, fe frotter, puis k courir & a chercher' de la pature. C'eft un petit animal fort mutin, fort hargneux, qui mord, querelle, & fe bat avec tous les animaux qu'il rencontre. A peine a-t-il mx empan de longueur, & neanrnains H a pMf&iea de fe défendre contre des chiens & des cfrats,. auffi bien que contre d'autres animaux encora p'us gros, & même contre les hommes; Pour les rats &■ les fouris qui fe préfentent, il les tue fans rémiffion & les croq ie avec la peau & Ni poil; fi méme il rencontre un autre mulot fur fon chemiti , qui foit plus foible & ne s'écarte' pas, il ne lui fait pas meiileur parti, S'il fe trouve avoir k faire a une béte plus forte que lui,, il ne cede pas pour cela, mais il défend' fa peau vigoureufement tant qu'il a des forces.rvlais quand on le trouve revenant de la picorée , les joues gonflées de gouffes & d'épis, pour lors un enfant peut s'en rendre maltre & le tuer fans peine, paree qu'il ne peut plus Siordre. D'ailleurs, pour ce qui eft de courir' H4  23« regne animal.- leftement, ou de grimper avec légéreté, ce' n'eft pas la fon fait. Les j. A. Comment eft-ce que font donc faites leurs tanieres? Le b. A. Fort finguliérement ; le made d un cóté, la femelle de 1'autre, & les petits d'un autre cóté, chacun a fon fouterrain a part avec des palfages particuliers pour 1'entrée & pour la fortie; enfin chacun a fon magafin en propre, & nul ne fait part a fon vpifin de fes pro•vifions. Le mftle fe creufe ordinairement lix pieds en terre, la femelle un pied de plus, & les jeunes font fort contens quand ils font vernis a bout de fe loger & deux pieds de profondeur pour la première fois. La femelle éleve feule fes petits, qui naiilènt aveugles & nuds & n'ouvrent les yeux qu'au bout de cinq jours , quelquefois feuleinent au bout de neuf..-.. . vi , & Les j. A. Ah ah 1 nous avions cru qu il n y avoit que les petits chiens qui fufl'ent aveugles til naifiant. , Le b A. Eft-ce donc que vous n avez -jamais vu de petits cbats? tous les animaux jongeurs , & même beaucoup d'autres , lont dans le même cas. Le Léming. Ce petit quadrupede , autrement appelé rat montagnard de Norvege, eft affez remarquable, fur-tout par les voyages qu'ils entreprennent en troupes innombrables , a des foixante, cent, cent cinquante lieues de diftance &plus, maneeant & dévorant tout ce qu'ils trouvent tur leur route. Ces émigrations relfemblentprelque  Du regne animal. 177 a celles des harengs & des fardines dont nous> avons parlé, notamment en ce que ces armée» de rats ou de lémings font toujours fuivies d'ure quantité d'ours, de renards & autres animaux „ qui en font leur pature, & en détruifent beaucoup. Le léming ou lemmar (Tab. XII, fig. 31} ? eft un peu plus gros que le mulot d'Allemagne il a le poil roux taché de noir, mange de 1'herbe' & de la mouflé, & fe tient dans les montagnes dc Norvege & de Laponie, oü il fe creufe une' taaiere qu'il vide comme la taupe, pour lui,, pour fa femelle, & pour fes cinq ou fik petits* Comme ils fe nmldplient beaucoup en peu'de temps, & qu'cnfin la place leurmanquer ils font des émigrations nombreufes , & s'en vont chercher fortune au loin dans un pays étranger. Ce font toujours des armées de douze' £ quinze cents mille têtes , qui cheminent en? droite ligne, & fubfiftent en dévaftant fur leur' route, ehamps, prés, jardins , moilfons, four-rages , &c. Jugez, quel plaifir ce dok étre pour" ks Norvégiens ou les Suédois, quand ilsvoient arriver cette vilite fur leurs terres, ou plutóp comme ils doivent s'en effrayer! aufli depute le temps que le peuple en voit pafier, il n'« pas .encore pu s'imaginer d'oü peut venir une: fi prodigieufe multitude de rats, & il crok encore qu'ils tombent tout drok du ciel, comme? un fléau que la divinité irritée envoie pourcha> tier k pays; de facon qu'ils ont des prieres; & des cérémonies établies pour ks eonjurer, s'ils vouloient fe laifler élojgner par dts conjurations. Les f. A, Mais eft-ce qu'on ne fait paspartk' a leur rencontre des armées de chats ? fi 5  j-g ' Du regne animal. Le b. A. Ah! ce font de petites bêres enra»«ées, contre lefquelles il n'y a rien a faire: rien; ne leur fait peur, ni chiens, ni chats, ni porcs, ni b&tons même, ou autres armes. On ncpeut pas même réuflir a les faire détourner de leur droit Chemin J ils ne fe dérangent pour quoi cue ce foit. S'ils rencontrent un homme , ils cherchent a lui palTer entre les jambes, ou fur les pieds; fi on leur préfente un baton, ils le mordent ; s'ils trouvent fur leur chemin une jneule de foin , ou de grains, ils ne font point le tour, mais ils s'arrêtent a creufer & ronger dedans jufqu'a ce qu'ils fe foient fait jour au travers; fi c'eft uu tas de bois, ils montent delfus pour fauter a terre de 1'autre cóté; ils pafTent les fleuves a la nage, les lacs même & les étangs, fans fe détourner de la droite ligne, au point que s'ils rencontrent un vailfeau , ilsmontent delfus au lieu de faire le tour, & courent fe rejeter dansl'eauprécifémentau cótéoppofé. Auffi eft- ce un bonheur pour les Norvésiens & les Suédois que ces animaux finguhers; ïïe s'arrêtent jamais long-temps dans un endroit, & ne faffent que paflTer en ligne droite, traverfant les montagnes & les vallons lans ie détourner a droite ni a gauche , du moins tant nu'ils font en grand nombre: car quand il en e péri quelques centaines de milliers, foit dans 1'eau, foit autrement, alors le refte fe dilperie & fe perd infenfiblement, fans cependant qu ü «n retourne un feul dans leur première contrée. Les Rats, hui ne connolt pas ces petits vilains qua4rupedes a. longue queue , auffi gïos que- de  Du fegne animal.- ify jeunes chats, de poil noiratre , noir, brun,. gris, ou blanc, qui fe tiennent dans les maifons , les étables, les granges, les caves, les gardc-mangers, les cuilincs, les vaiffeaux; ou. ils mangent le lard, la viande, lefuif,lagraiüe , le beurre, le pain, lc fruit, le fromage; rongent les habits-, les meubles, le papier, lecuir; enfin dans la difette font la guerre aux fouris & même fe la font entr'eux, s'entredétruifant les uns-les autres? s'ils- viennent a fe rendre maltres d'un boncochon gras dans le coin d'une étable, ils lui font des trous dans le ventre oü ils fe logent & demeurent quelque temps,- comme font auffi les fouris. Les rats (Tab. VI. fig.- 13.) font des ani-maux trés féroces , qui coureut comme des enïagés dans une maifon,- du haut en bas, du basen haut, & dans tous les coins éxrecoins , même d'une maifon dans une autre , percant portes ,-, eloifons-, murailles, & dévorant tout ce qu'ilsFencontrent.. S'ils trouvent uu tas de bied, ilscommencent par s'en raffafier, enfuite ils s'y' enfoncent a reculons, & même emportent encore dans leurs trous une grande quantité de grains fur leur dos. Ils multiplient beaucoup, puifqu'ils mettent bas deux fois par an, chaque fois cinq a fix petits; & comme fouvent avec tous les chats, les piéges, les poifons dumonde', on ne peut venir a bout de les dJiruire , il arrivé quelquefois qu'ils infeftent une maifon au point de courir entre les jambes des gens,. de fauter en plein jour fur les tables & fur les fiéges, & de venir prendre les deurées aux yeux de tout le monde. Ou a ordinatrement beaucoup d'averfion' pooi cet animal; plufieurs perforaties mêrae IeH G  •l8o Du regne anihial'.- croient venimeux , mais il n'en eft rien, cc d y a dans plufieurs endroits des gens qui les mangent fans répugnance, de facon qu en cast de befoin on pourroity avoir re cours lans avoir rien a craindre. Pour les fauvages de la Martinique & de la Jamaïque, & fur-tout pour les Californiens, c'eft un ragoüt délicieux & qu üs jréferent a tout autre. Le Rat d'eau. II eft un peu plus gros que le rat domeftique ; mais par le naturel & les habitudes, il a plus de rapport avec la loutre. 11 vit, comme elle, -prefque toujours au bord des eaux, des nvieres, des lacs, des étangs, des folfés; te nourrit , comme elle, prefque uniquement de poiifons, y ajoutant par fois des grenouilles, ces écrévill'es, des infec~t.es aquatiques , quelquefois même des plantes qui croiflent dans 1 eau, II nage affez bien, ayant aux pattes de derrière les doigts palmés (*), & il peut refter long» temps ious 1'eau. H eft d'un gris noiratre. La Souris domeftique. On la nomroe ainfi pour la diftinguer de la foyris des champs & de la fouris des bois. bl'.e eft beaucoup plus petite que le rat, « beaucoup moins malfaifante auffi. Ce n eft pas qu'elle ne mange la viande, le lard, le pain, le fromage & tout ce *^j£uv«. qu'elle n'aime fort a ronger & a faire des tious f») Bomer* dit précifemert le «mtrair»,  Du regne animal'. par-tout: mais elle n'eft pas auffi-hardie, auffi brigande que le rat; au contraire elle eft timide, ne fort que la nuit de fon trou, oufeulement quand la faim la tourmentej. il faut d'ail» leurs que tout foit tranquille , & qu'elle nefente ni chat ni autre ennemi a portée de la troubler. On s'amufe quelquefois volontiers a voir une petite fouris ramafièr quelques mies depain en tremblant, feTauver a la hate dans-fon trou, en reffortir 1'inltant d'après, s'accroupir, faire des bonds , &c. On nourrit mème quelquefois des fouris blanclies- en cage , paree qu'elles font rare», Cependant quand elles fe multiplient trop dans une maifon, le badinage finit par ennuyer , paree qu'elles deviennent alors auffi eifroniécs que les rats, & feroient en état de dévorer les gens ou de les chaffer d'une maifon. Mais a 1'aide dès chats, dès piéges, cV de Iapoudre aux rats, on peut en diminucr lenombre en trés peu de temps , ou même parvenir & les exterminer entidrement, malgrd kur fé* condité ; car elles mettent bas deux ou trois fois par an* & a chaque fois fix ou dix petits. Cependant on y réufïit trés diflicikment a moins d'avoir un bon chat, car tous ks chats n'entendent pas égakment bien le mdtier: fi e'en eft un qui 1'entende, on voit bientót difparoitre cette engeance importune. Tab. fig. 27 eft une fouris, & fig. 28 un chat. La Souris des bois. Elk eft prefque de la moitié auifi groffe que le rat & par conféguent la plus grofle de ion H 7  s8tf fègne' efpece.- Elle eft rougeatre,- fes yeux font beaiicoup a fleur de tête, elle ne vient point dans* les maifons, & demeurc toujours dans les bois ou dans !acampagne, oü elle vitdeglands, de falne, de noifettes, & de toutes fortes de grams & de jeunes pouües. La fouris des champs. Plus petite que la précédente, elle égale la fouris domeftique en grofleur; Ion poil eft d un gris rouffiVtrc-, fa tête grolfe, fa queue écourtéc; elle fait fon- féjour dans les champs , les prés, les bois-, les jardins, oir elle fait beaucoup de dégat (Tab. Vï,fig. 4> C'eft vraimcntunfléau & une calamité que la multipltcation de cetteefpece de fouris dans un canton; elles font en état de dépouiller en peu de jours , non leulement tout un champ, mais encore tout le canton , au point que ni dans les jardins , ni dans la campagne, on ne trouve rien a récolter. Ce fléau eft d'autant plus terrible, que fouvent tous les foins, tous les ftratagêmes imaginables ne fuffifent pas pour les détruire, vft leurmultiplication rapide , & leur paflage d'mie contree dans une autre. Ordinairement il n y a que de sondes pluies ou de fortes gelées lubues qm faflént périr ces cruels animaux par milliers.Hélas! fouvent même il eft trop tard : ks gensde la campagne, au lieu des grains qu ils elpé-joient recueillir, ne trouvant que de la p.ulle , & encore a peiue, font réduits a fe dé-ioler, a. verfer des larmes fur leurs champs dévallés, barraffer. Le Didelphe. Ce quadrnpede, fans contredit 1'un des plus remarquabies qui exiftent, fe nomme aufli Rh*landre, opaffum, ou oppofum, fangue, mameou, rat a bourfe, &c. a II eft de la groffeur du chat, avec la tcte du renard & le grouin du cochon, Je poil d uw iaune nofdtre, la queue longue d'un pied, veine par deffus, écailteufc par deffous; & ri^entre fes cuiffes de derfici'S U'üc poche ou bourle qui lui fert a enfermer fes petits pour les alluter les élevcr, & les fiuver du danger tant qu ils en ont befpïn. Voyez Tab. IX. fig. 4- r . Cet animal unique fe trouve en Amérique; il fe nourrit de canne a fucre, d'ccufs d'oiieaux & de leur fang qu'il fuce, & par la caufe fouvent dans les balie cours des dégats* affreux, paree que laiffant ia chair de la volailie & ne voulant que leur fang, il lui faut détriure plus de pieces. II grimpe fur les arbres & fe tulpend par la queue a une branche, brandiflant eu 1'air jufqu'a ce qu'il voie paffer quelque-' gefit auiraal dont il puiffe fucer le fang ; auiu>  Da regne animsL tót il s'élance delfus, & le coup elt fait dansuri inftant. Le didelphe rnet bas toutes les armées de quatre a fept petits, qui au moment de leur naiflance font a peine gros comme des noix,. 4 peine a moitié formés, ne pouvant remuer ni pied ni patte, aveugles enfin, & cependant trés vivans, & fur-tout tctant a merveilles: car 4 peine font-ils nés que la mere les prend avec fes pattes de devant & les met dans fa poche,. oü ils trouvent huit tettes rempliesdelait; chacun d'eux fe h&te avec le grouin d'en faifir une s. qu'il ne quitte plus de quinze jours entiers r tetant fans difcontinuer comme s'il y étoit coiïé',, en un mot, jufqu'a ce qu'il foit entiérement formé & gros a peu prés comme une fouris,. pouvant faire ufage de fes jambes & avant les; yeux ouverts, Alors la mere les tiredefapoche & les chaffe pour leur apprendre a chercher leur nourriture; mais elle les reprend pour les-' faire teter encore, coutinuant ainfi pendant quelques jours encore, jufqu'a ce qu'ils foient tout a-fait forts. Paffé méme cette époque, elle veille toujours fur eux, & quand elleappercoic tin ennemi,. elle les raffemble promptement, les empoche, &fe fauve avec eux. Mais fi par malheur elle eft atteinte par Pennemi, ou fi en toute autre occafion elle fe trouve furprife par un danger imminent, alors, foit que fa conftruétion fubitc lui fafle perdre tout fentiment, foit qu'elle ne fache pas d'autre rufe, elle fe jette par terre & y refte fans force & fans mouvement, & fe lailïant brüler, piquer, frapper , mutiler méme, & enlever fes petits, fans bou. ger & fans jetter lé moindre cri. Si cependant elle en réchappe & que 1'ennemi s'éloigne,, eUs  l8# Du regne anundt. ouvre les yeux, regardê autour d'elle avec: ïrtquiétude & douleur, fe leve & fe fauve'enccH re s'il lui en refte Ia faculté. . Le didelphe au refte ne coiirt pasfuperieurement; on le foree fans beaucoup de peine , on 1'emporte avec fes petits, & 11 s'apprnoife au point de courir après fort maltre comme uit chien, fe laiffant même ouvrirlapoche, manier & examiner fes petits. On les mange aulh, « leur chair a prefque le goüt de celle du eochon de lait. On mo.t dans Ie geflre du didelphe un autré lat d'Amérique , qui fe trouve fur tout a Sun* nam, "ris-cendré fur le dos, blanc fous le ventre,"vivant fous terre, & remarquable paf rinflinft qu'a la femelle, de prendre, encas de danger, fes petits fur fon dos, retroufiant la longue queue pour qu'ils entortiüefit la leur autour pour fe tenir plus fermes. \oyez lalt* IX fis. 5. Alors elle conrt fort vlte avec ce fardeau, & grimpe même fur des arbres lans en perdre un. Or devinez quel nom on s elt aviiè de lui donner, paree qu'elle emporte les enfans dans fafuite?.... Devinez: c eft quelqu'un que vous connoilfez, ou du mmns que vous connoltrez bientót. Mais vousyiongenez inutikment, car vous n'imagineriez jamais que c'eft le nom d'un homme qui a emporte Ion pere fur fes épaules eir fuyant d'une ville affiéftge.On a appelé ceratEnée ril eft vrai qnEnée fortant de la ville de Troye, emmena auffi Ion fils Afcagne, mais en le tenant par la mam, cte facon que le petit bon-homme, avec fes petits pas, avoit grand' peine a fuivre fon papa, quoi ■tieres, & d'expulfer prefque les hommes & les beftiaux de leurs habitations. fin lil'pagne, par 'exemple, il-y en avoit jadis une telle quantité, que c'étoit un fléau pour le pays & que 1'on füt obligé de les détruire. D'Efpagne ils paflèreut en Italië, de la en Alkmagne, en Hollands, & par toute 1'Europe. Le lapin eft plus petit que le lievre, mais il en a prefque le poil, lafigure, la maniere de vivre; cependant il a plus d'induftrie , & ri'elt pas li timide. Pourfuivi par lerenard, ou le Joiip ,1e chien, la martre, 1'hermine, la belette il fe contente de fe retirer dans fa taniere • il eft Vrai qu il n'y elt pas en füreté contre tous, & que fi la belette, ou la martre, ou même le'renard 1 y pourluiyent, il a beau faire, fe défendre * creufer, il eft perdu, lui & fes petits. II y a le lapin domeftique (Tab. V. fig 22 ) & ie lapin de garenne ou fauvage (Tab VÏl fig. 25): celui-ci elt gris & un peu moi » fig- 9»r Ce quadrupede , W<^\u regne mitnai. ;.tuïïi ne fe creufe-1 - il pas des trous en terre, -comme le cavia, mais il fe loge dans des creux d'arbres. Cet animal elt originaire du Bréfil dans 1'Amérique, oü on le mange. Le Paca. C'eft encore un quadrupede de I'Amérique méridionale, gros comme un lapin, qui fe fait aufli des trous en terre, & vit de raeines, d'berbes, &c 11 tient du jeune porc par quelque rapport de conformation, de même que par le grognement, & par fa maniere de fouger la terre. II paffe pour un bon morceau dans fon •pays. La Marte, ou Martre. Cet animal elt un cruel ennemi de la gent volatile, qui égorge & tue tout ce qui lui tombe lous la dent. Pigeons, poules, oies, grolfe & petite volaille, elle n'épargne rien. Elle ofe même s'attaquer a des oifeaux beaucoup plus gros qu'elle, comme le coq de bruyere, le faifan, le coq d'lnde; enfin l'aigle même n'eft pas exempt de fa dent meurtriere, fi elle peut le iurprendre endormi; & quand elle a commencé de lui ouvrir la veine, elle fe laiffe enkver aux nues plutót que de lacher fa proie La marte elt de la grofleur du chat; elle a Ie poil d un jaune-brun, la taille fvelte, les jambes courtes,la queue longue & garnie de poils. Lik dévore toutes fortes de volailles, fuce ks oeufs des oifeaux, mange aufli du miel, & dans le befoin ne fe fait pas faute d'-écureuils, de rats, de fouris & de taupes. ï a  19$ Du regne animal. On en diftingue de deux fortes, la domeftimie, qui a la gorge blanche, & la fauvage quj j'a jaunatre, du refte elles fe reffemblent prefmie en tout. La marte domeftique ou la foume, ie loge ordinairement ou dans les maifons mêmes, leg vieux batimens, les fenils, les trous de murailles, ou du moins tout prés des habiiations; elle monte fur les toits & entre dans les poulailkrs, oü elle exerce fes brigandages parmi ks pigeons & ks poules, voyez Tab. IX, fig. 33; une fois entrée dans un pigeonnier, elle n'y Jaiffe pas un feul oifeau vivant; elk commence par kur manger la cervelle, enfuite elle leur fuce k fang, puis elk en emporte un ou deux dans fen trou, & revient en chercher d'autres de temps en temps. La marte fauvage fe tient éloignée des lieux liabités, fans fortir des forêrs de chêncs, de pins, de bêtres , de (apins, oü elk fe loge fur ks ai bres, dans des trous de ramiers ou d'ceur reuils, & même de hiboux, qu'elle chafle de leur retraite. C'eft fur-tout aux approches du temps oü elle doit mettre bas, que la femelle cherche un bon nid d'écureiul, d'oü elle ex> pulfe le pioprktaire, pour 1'élargir & 1'arrangev enfuite a fa guife. . J£]k aime beaucoup ks écureui's, niais lurtout ks oifeaux, & ne prainj pas même de furprendre l'aigle , le plus terrible de tous. Les j. A. Mais , bon Ami, quand une marte a été emportée bien haut, bien haut, par un aigle , qukft- ce qu'elle de vient après ? Le b. A. Ah, la fcélérate! elk force bien fon aWe a redefcendre vers la terre; a force de Je difclnicr & de lui fucer k fang,il s'alfoiblit,öf  Du tegne Animal. fyf tombe bientót, .pu mort, oü autant vauf. )t ■ eft vrai que cette chute n'eft pas fans dangei pour la marte, paree que l'aigle ne retombant plus iur fes pieds, a caufe de fa foibleffe, mais fur le dos, il 1'écrafe quelquefois par fonpoids,. ou lui fait rompre le cou & les jambes. La marte fait tous les ans trois k cinq petits,& ne vit que huit ans au plus. Sa peau donne; une fourrure trés eltimée , & fon en mange auffi la cbair. Elle eft beaucoup moins commune en 1-rance que la fouine; il y en apen dans 1'Allemagne; mais dans la Ruffie, dans le Nord de 1'Afie & de l'Amérique, il y en h des quantités fi prodigieufes, que 1'on n'y en prend pas moins de trente arquarante millierschaque année, Le Putris. H reffemble beaucoup k la fouine „ non-feuv lernent par la forme du corps, mais encore paf ton humeur meurtriere, fl fe tient dans la campagne & dans les bois-pendant la belle faifon;; aux approches de 1'hiver, quand les oifeaux & leurs teuts font difparus des bois, il gagne les* villes & les villages, pour être a portée des pi-geonniers & des poulaillers; fouvent il fe logs dans les fenils ou derrière les tas de bois. 'B exhale une odeur fi infeéte qu'il eft impoffibltf d en manger la chair, les chiens mörne la rebu^tent; pour fa peau, elle n'eft pas non plus fortemployee, paree qu'elle conferve toujours urï peu de cette odeur. Voyez Tab. IX, fig. «j.  jp8 Dm regne animal. La Zibeline. C'eft le nom du quadrupede fauvage des pays du Nord, dont lafourrure eftfi chere & li eftimée qu'il n'y a que les princes & les perfonnes extrêmement riches qui puiflent s en vêtir. Quoiqu'il ne foit pas plus gros que la fouine, une feule peau fe vend des foixante a quatre*vingts écus, & même plus felon leur beauté & 1'éclat de leur noir. La zibeline (Tab. IX, fig. 39.) a la taille auffi effilée que la marte, & les jambes auffi courtes. Elle ne fe trouve que dans les forêts les plus épaifles de la Siberië & des autres pays trés reculés au Nord , oü elle fe loge dans les arbres creux, prés des rivieres & des ruifiéaux; elle mange des oifeaux & fuce leurs ceufs, mais elle fe contente dans le befoin de glands ,defames , de baies & de fruits fauvages, de jeunes pouffes d'arbres. Elle fait tous les ans quatre a hx petits, & vit au plus huit années. Elle eft trés alerte a grimper fur les arbres, & faute de 1 un è 1'autre avec une agilité étoimante. Elle boit volontiers de 1'eau fraiche, mais elle le fait d'une maniere fort bizarre ; car au beu de mettre le mufeau dans 1'eau, comme tous les autres animaux, elle ne fait qu'y tremper fa queue longue & touflue, pour la fucer enfuite. ba chair n'eft pas de mauvais goüt. ' L'impératrice de Ruffie emploie a la challe des zibelines les prifonniers de la Sibéne, foit pour quelques années, foit pour leur vie durant,& les peaux font envoyées aPétersbourg,. oü fa majefté en fait beaucoup depréfens , éi abandonne le refte aux marchands. Les chaifeurs ne peuvent tirer qu'avec des fléches, «  Du regne animal* 190 iie peuvent fe fervir ni de balles, ni de dragée commune, paree que les peaux feroient trop déchirées & de beaucoup moindre valeur; car au lieu de foixante a quatre-vingts écus que coüte une belle peau, elle en vaut a peine cinq ou lix quand elle a été percée d'une arme k fevw La Belette. Elle reffemble beaucoup a la marte £ mafe fon poil change de couleur en hiver, oü de roux il devient blanc. Elle fe loge dans des creux d'arbres au milieu des forêts, oü elle prend des oifeaux, fuce leurs ceufs , mange des rats, des fouris, des ferpens , des taupes, des infecles, & méme des poilfons quand elle fa trouve prés des rivieresou des étangs (Tab. IX, fig. 40). _ Cependant la belette parcourt fouvent les jardins, les prés, les champs, pour faire la chaffe aux cailles & aux alouettes, ou k tout autre animal qui n'eft pas trop fort pour elle. Aux approches de 1'hiver, elle gagne les villages & les hameaux, & autres lieux oü elle compte trouver de la volaille , s'y loge dans les granges, les fenils, les greniers, & y fait la guerre aux rats & aux fouris, en attendant qu'une poule ou un pigeon lui tombe fous Ia patte. On la prend diflicilement, paree qu'elle dort le jour cachée dans fon trou, & ne fort que la nuit pour exercer fes brigandages. Cependant on en vient a bout avec des filets & des lacets & 1'on peut même les guéter pour les tirer k ia fleche ou autrement. Sa peau, quand elle eft blanche, eft aflez eftimée.  ICO Bu regne animaL- L'Hermine. On la regarde comme une efpece de beletta particuliere aux pays du Nord,qui ne fe trouve que dans les cantons les plus froids de la Norvege , de la Suede,de la RulTie, oü elle manga des oifeaux & des lémings (rats de Norvége, dont nous avons déja parlé). Ou dit que 1'herminé eft un petit animal trés féroce & trés hardi, qui dans le beau temps paffe a la nage dans les lies qui bordent les cötes dcNorvege-, pour y chercher des oifeaux & des ceufs; elle lürprend même pendant le fommeil les élans, les ours, les aigles, s'attacbe a eux pour leur fucer le fang, & ne lacbe jamais prife, quelques mouvemens qu'ils faffent, jufqu'a ce qu'ils foient tombés morts (*). L'hermine (Tab. IX, fig. 41.) donne encore une fourrure trés eftimée. Le bout de fa queue, qui elt noir, fe vend trés cher, & 1'on en fait ces agrémens qui pendent au bas des aumuffes de chanoines. Le manteau royal elt doublé d'hermine, de même que ceux de cérémonies pour les grands. Les robes de préfidens en font fourrées; & outre ces fourrures de fondation, on en fait encore beaucoup d'ufage pour des manchons, des bonnets, des habille* mens de dames, & autres. Le Goulu ou Glouton. r" Ce quadrupede eft ainfi nommé & caufe de fa gloutonnerie: car il paroit plus infatiable C*} Voyez Fontoppidane, HiCt. tiat. Norvege.  Du regne animal.- zot que le loup. II eft de la groffeur d'un gros; ehien de boucher, & lui reffemblc même affez par la figure.- Voyez Tab. IX, fig. 38. 11 a le poil noirütre, les jambes courtes, court trésmal, ne faute point, fe trouve dans la Laporrie, dans le Nord de 1'Alie & de l'Amérique,& vit d'oifeaux, de lievres, de rennes, & de" charognes, quoiqu'il ait beaucoup de rufespour' attraper les animaux en vie. Par exemple,pour fe rendre maitre du renne beaucoup plus gros; que lui, & infiuiment agile, il grimpe fur un aTbre pour le guéter au palfage , & emporte' dans fa gueule un peu de moullè que ces ani-' maux aiment beaucoup. Dès qu'il appercoit uitren ne de loin, il laiffe tomber fa mouffe pour' 1'attirer & 1'arrêter;- fi le renne donne dans ce piége, le glouton fe jette fur lui, commence par lui crever les yeux avec fes griffes, & s'ac«eroche fi ferme entre fes cornes, que malgrétous les mouvemens défefpérés du pauvre animal, il ne peut être rcnveifé. Cependant le' renne aveuglé, courant a perdre baleine, va" fechoquer rudement la tête contre les arbres, de' fagon qu'affoibli d'ailleurs par le glouton qui lui fuce le fang, il tombe bientót fans foree &fans vie. Auffitót le glouton le met en pieees,. en dé vore une partie avec la peau & le poil,. puis enterre le refte pour une autre fois, dans; la neige. On dit méme qu'il tue les chevauxde la même maniere. Mais quelque infatiable qu'il foit, onne fan-roit cependant ajouter foi a la fable qu'en ont racontée. quelques hiftoriens (*> lis prétendent (*) O.'car Magnus, aareur fuddois, qui % été copié rji# fa-uties, i.o.amtaent par Conrad Gsfner, SniffcI 5  2C2 Da regne animal. que le glouton, quand il fe fent le ventre troptendu a force d'avoir man gé, cherche deux arbres affez proches 1'un de 1'autre pour qu'il ne puiffe palier entre deux, & qu'alors il y poufl'e fon ventre de force pour le vider de cette maniere , & recommencer enfuite a manger. II eft vrai que 1'on voit des chofes fort fingulieres en ce genre;par exemple,des hommes qui avalent 1111 plein plat de verre & de cailloux , mangent par-deflüs cela quelques livres de viande & depain, & rendent le tout par en bas dans Fiafc ïant fans en éprouver aucun mal. Mais avec ïout cela, 1'hiltoire du glouton a la preflè n'eft pas affez prouvée. Au refte, fa fourrure eft trés belle & tres eftimée, fort chere fur-tout en Suede, & préférée a toute autre par les habitans du Kamt» chatka. La Civette. On la nomme auffi zibet, qui eft le meme3iom avec fon ortographe étrangere. Cet anima! eft de la groffeur du chat, & a le poil gris, rayé de noir. II elt originaire d'Afrique &del'Inde, oü il vit d'oifeaux, d'ceufs, de fruits. Ce qu'il a de plus fingulier, c'elt une bourfe ou poche placée entre fes jambes de derrière, remplie d'une matiere huileufe qui eft d'une odeur exirêmement forte, & que 1'on emploie en parfum fous le nom de civette; ce qui a fait auffi donner a 1'animal celui de chat - mufqué, quoique le mufc foit toute autre chofe. C'elt pour 1'amour de cette buile odorante que 1'on prend la civette; on la tient enfermée, & 011 lui vide & poche a certaines époques; puis Qnfaitde;  Du regne animal. 203.' cette graiiTe des boulettes 011 pelottes, qui font comiues par-tout. Les Mollandois, qui en font un grand commerce, élevent ces animaux en cage,pour n'étre pas expofésaenacheteiThuile falfifiée. Ces cages font ii étroites que 1'animal 11e peut pas fe tourner dedans; fans cela, il feroit affez difficile de lui vider la poche a parfum , paree qu'il mord & déchire cruellement. On prend ce parfum tous les deux ou troisjours, par le moyen d'une petite cuillere que; 1'on introduit dans ja poche. La Genette. C'eft encore un autre animal du méme pays, qui a auffi une poche de parfum, mais d'une odeur plus foiblc & moins durable que celle de la civette, a laquelle il reffemble d'ailleurs beaueoup, quoique plus petit. Le Puam. Cet animal, nommé autrement putois rayé,, fe trouve en Amérique, oü il fè loge pendant' le jour dans de vieux arbres creux, & court' pendant la nuit aprés les oifeaux, cntr'autres les poules, dont il aime beaucoup les ceufs. II eft de la groffeur de la marte, fvelte comme elle, noir & rayé de blanc, du refte trés peu aimable, mais cependant fort fmgulier. Quand on s'approche de lui, il grondel renifle avec violet)ce,gratte la terre de fes pattes de devant, tourne le derrière, & lache fes excrémens dont 1'odeur eft infupportable, méme pour les animaux. Auffi fe garde-t-on bien de 1'approcher; suis s'il arrivé pourunt qu'il voie quelnu'au  404 Du regne animal* affez proche de lui pour 1'atteindre avec foir urine, que ce foit même un chien ou tout autre gros animal, il ne manque pas de lui lacher fon eau que 1'on dit être encore plus puante que fes excrémens, & fi caufiique, que s'il en entre quelques gouttes dans les yeux, on court ïifque de pcrdre la vue. Le Furet, C'eft un petit animal originaire. des pays; chauds, & que 1'on n'éieve en France que comme domcftique; il eft du genre des belettes, il a 1c corps allongé, mince, le mufeau pointu, la téte étroite, & il exhale une affez mauvaife odeur en tout temps. 11 a le naturel des animaux de cette claffe, & c'eft le feul dont on a fu tirer parti pour faire la guerre aux autres; on s'en fert fur-tout pour la chaffe aux lapins: mais il faut toujours 1'emmufGler quand on le lache dans un terriër, fans quoi il dévo.reroit le lapin, ou du moins lui fuceroit le fang, & s'éndormiroit dans le trou, de facon que 1'on perdroit le lapin & le furet. La femellefait deux portées de fix femaines, ordinairement de cinq ou fix petits. II eft a croire que fi Fon s'étoit donné la peine d'apprivoifer quelqu'autre efpece, comme la belette, la marte, la fouine, on en pourroit sirer les mcmes fervices;car il ue paroit pas que le furet foic parvenu a un degré de docilité que ces autres animaux ne pulfent atteindre. LLchneumon. On le nomme autrement rat d'Egypte, rat  Êü regne aniilM'. Sc'af: ét Pharaon, rnangoufte, & c'eft Ie même ani>mal que nous avons mentionné a 1'article du crocodile, dont il mange les eeufs; Le mangoufte (Tab.- XI, fig. 31.3 eft gros comme la marte, a peu prés ue la même figure, bigarré de blanc ,, de noir & de jaune. II fe trouve dans les contrées les plus chaudes de 1'Afie & de 1'Afrique, fur tout en Egypte & dans 1'Inde, fur les bords de la mer,. des lacs,des fleuves, oü il mange des ferpens, des lézards, des rats des fouris, des oifeaux, & des ceufs de crocodile. La femelle met bat trois a cinq petits tousles ans. En Egypte on le prend & on 1'apprivoife pour s'en lérvir, en guife de chat, a purger lesmaifons de rats & de fouris. II y a des gens quf en font un métier dans ce pays la, & qui lesportent vendre au marcbé. Mais il 1'emportede beaucoup-fur nos chats & nos chiens pour' Finclination au vol & au carnage; ferpens, lézards, grenouilles , ou méme tout autre animal' vivant qui fe préfente, le met en humeur les chiens même, aufli bien que les chats ne font pas exempts de devenir (a proie, puifqu'il' mange encore de jeunes crocodiles. Mais ce qu'il préfere a tout le refte, ce font les ceufs de crocodiles, qu'il fait découvrir h merveille,. & déterrer dans le fable. Cependant on a reconnu pour une faullété que fichneumon entrdt dans le corps du crocodile par la gueule quandil le furprend endormi, pour lui manger les entrailles, & qu'enfuite il reffortlt par le même chemin, ou lui fit un trou au ventre pour trou-ver une iflüe.  £tt Du regne animal Le Blaireau. De tous les animaux que nous connoiöbns, celui-ci eft fans contredit le dormeur le plus déterminé; car il dort réguliérement toute la journée entiere, enfuite la bonne moitié de' la nuit, par-delfus le marché tout le long de 1'hiver tant qu'il dure: ainfi le blaireau dort beaucoup plus que les trois quarts de fa vie, & la marmotte oü le loir font en comparaifon des animaux trés éveillés ;mais quoiqu'il dorme beaucoup, il n'eft cependant point fujet a FengourdilTement comme le loir & la marmotte , & confcrve fa chaleur pendant 1'hiver par fon adrefle a fe mettre a i'abri du froid au 'fond de la terre. II elt de la groffeur d'un renard, ou d un petit chien, avec la tête du premier & le nïufeau du fecond; le poil long & touffu, de couleur Manche', rouffe & noire, les jambes courtes & minces, & prefque point dc queue (Tab. XII, fig. 43). B fa't fon terriër dans le plus épais des bois, a quatre , huit, dix pieds de profondeur, & vit de rats, de fouris, d'ceufs, d'oifeaux, de grains, de raeines, de fruits; la femelle met bas tous les aus trois petits: la durée de la vie de ces animaux elt communément de neuf ans. Le blaireau porte entre les cuifiés une bour-fe a graiffe, dans laquelle il fourre fon mufeau pendant fon fbmmeil d'hiver, apparemment pour la fucer. II eft fufceptible de s'apprivoifer, & alors il peut tenir lieu de chat dans une maifon, .& la purger de même de rats & de fouris; mais il rend fa domefticité plus a charge que celle  Bu regne animal* fm da ebat, paree qu'il ne fe contente pas de rats & de fouris, & qu'il n'épargne ni poules, ni coqs , m oies, ni autre chofe quelconque qui foit de fon goüt. Du refte, on Je mange auffi; ia chair n elt pas fi mauvaife : comme fa peau elt forte & bien fourrée, de maniere a n'être junais pénétrée par 1'humidité, on s'en fert beaucoup a faire des carnaffieres, des havrefacs, des doublures de malles, & autres chofes. Enfin les longs poils fervent aux peintres pour leurs pinceauxv On ne peut le prendre qu'avec une efpece de chien qu'on appelle ballet a jambes torfes le feul qui puiile fe fourrer dans fon terriër & le pourfiuvre jufqu'au fond, d'ori il le chafle de facon que le chaflèur qui Tartend au trou' le tue aifémenr; ou bien le baflèt le tue luit même , aidé de fes camarades; ou bien encore, ii le blaireau ne fort pas, ils donnent Ie temps aux chafleurs de percer le terriër au def lus du fond, & d'en tirer 1'animal. II faut encore mettre dans notre feconde clafle le coati, fujet a fe ronger le bout dela queue, & qui ne fe trouve qu'en Amérique; le renard de Ceilan; le fouflic (ou fou* lik); le konguruh ou le grand gerbo desterres auftrales; le gerbo; le ratel. Ille. CLASSE DES VIVIPARES. Cette clafle nous va faire connoltre les amV maux de la terre les plus malfaifans, c'efM dire, qui attaquent les hommes, fe iettenr für eux, les déchirent, les dévorent: non Scï pendant que tous ceux qu'elle comprend foient auffi ternbles les uns que les autres, car avec  thi regne animatie Won; le tigre, le loup & Tours, on ytröuvï aufli le chat, le chien, & une multitude d'autres plus ou moins dangereux. Commencons' par Allons, voyons, mes Amis , &W tes-moi lequel decesmeflieursuupeufaroucb.es vous voulez- connoltrc de préférence? Les f. A. Ah, bon Ami Me petit minon....... quoique je voudrois bien aufli voir le lion qu'on dit ü méchant. „ . , n. Le b. A. Nous y viendronsparlafuite; c-elt toujours bien fait de vouloir connoitre a fondd'abord ce qui eft le plus prés dc nous, après quoi Ton va plus ,1'öin J ainfi jouons d'abordavec votre petit minon. Mais le joli minon devient un gros vilaiii matou, qui en général paftepour un animal fort traltre , fort méchant, & fur-tout larron fieffé. On a beau le carefl'er, luidonner de-s bonbons, ou bien le battreTenfermer, le tourmenter, jamais on ne vient a bout de le corriger de fes deux grands vices capitaux, celui d'dgratigner, & celui de voler. Jl eft vrai qu'il nous débarrafiè des rats & des fouris, qui font auffi des hótes trés incommodes èk trés a charge;- mais en ródant dans tousles coins & recoins pour les attraper, gare la viande, la patifferie, le beurre, le lait, la voïaïlle ! il ne faut pas même le laiffer feul avec un róti a la broche qui cuit devant un grand feu* après Tavoirflairé&confidérélong temps, Ia crainte de fe brüler ne Temportera pas fur fon appétit, & il eft capable dc s'en emparer ii tout rifque. Mais ce qui révolte le plus danscet animal, qui nous féduit par fa ligure & fes gcftes amufans, c'eft qu'au milieu des careffes qu'on luilak, fa griffe traitreffe fe fait tout-aeoup fentir» & après avoir fait iong-temps patte  Du regne animal 2031 dé velours, il fluit par vous déchirer la peau & s'enfuir. Rien de plus rufé, de plus adroit, deplus artificieux qu'un gros coquin de rodilard pour en venir il fes fins, & fe mettre en pofiefiionda la proie^ qu'il a couchée en joue:; le plus madré' filou a'eft qu'un écolier auprös de lui. Voit-ii quelqu'un s'approcher, il ne fait pas fembhints de voir la piece qu'ii eonvoite, il pail'e fon chemin avec indifférence, ou fe met en pollure de' guéter une fouris, & fans fe laffer ni s'impa-tienter, attend avec perfdvérance que l'occaüoii fe préfente pour faire fon coup; L'a-t-il fiit, il décampe,. difparolt, & ne paroit plus de auelques jours,, ou du moins jufqu'a ce qu'on le rappelle; mais alors il porte fur fa phyiionomie tous les lignes de lamauvaüè confeience il ddtourne les yeux, n'ofe fegarder peifonné en face, cherche les coins, fe range derrière les* meubles, & prend mille ddtours avant que des approcher; Mais il y a pis que tout cela: c'eft que lés bons traitemens, les careffes trop aflidues, ne' font que le corrompre & le gater davantage* comme il en arrivé toujours avec les mauvais naturels. Au lieu de s'affectionner comme la chien, a la perfonne qui lui fait du bien, fon mdchant caraétere en recoit des impreflions tout oppofdes: point d'animal que 1'aifance & le bien-être pervertiffent davantage, en forte que fa vigilance & fon activité, qui font les deux feules qualités iouables qu'il pollede, fe tournent bientót en faindantife & en extréme pareffe. r . Kcoutez un peu le trait le plus noir d'ingr.^ tttude & d'atrocité de la part de 1'un de cc*  2 jo Du regne aniffittt. eliats donton a fouvent 1'imprudence de fe faire" des favoris.- II y a de quoi faire frémir a jamais tous ceux qui auroient de 1'incliuation a fe fasiiliarifer trop avec Cet animal dangereux, li du moins le fait eft vrai. II y avoit en Angleterre un miniftre réformé fiommé Mariette, qui vivott feul avec quelques domeftiques, fans femme ni enfans, & qui dans fa folitude faifoit toutes fes délices d'une groftè chatte qu'il avoit élevée. Dix a douze ans de familiarités-, de carelfes, de foius affidus, d'attentions lingulieres, paroiifoient en avoir fait les meilleurs amis du monde: du moins le bon homme s'y étoit tellement attaëbé, qu'il ne pouvoit ni prendre un repas, ni aller au lit fans avoir fa chatte bien-aiméea cóté de lui. II lui choififtbit les meilleurs morceaux, & les lui fervoit fur une affiette; il ne ceftbit de la flatter, de la carefler, en un mot, jamais chatte de vieille, de devote, ou de religieufe ne fut mieux traitée que la chatte de Sii Mariette. Mais auffi la chatte s'y étoit li bien accoutumée, que la moindre chofe qui venoit a lui manquer de fon traitement ordinaire, fuflifoit pour la mettre de mauvaife humeur & la rendre boudeufe. Que fon maitre, ou plutót fon cfclave, oubliat de la carelfer affez long-temps ou affez fouvent, qu'il mangeat quelque chofe fans lui en donner, ou qu'il ne la fervit pas de fon goüt, elle preuoit de l'hu« meur, ne venoit plus a fa voix, écrefufoittout ce qu'il mettoit devant elle: ou fi enfin il lui plaifoit de gouter de quelque chofe, elle le faifoit fans regarder fon maitre, & de 1'air du monde le plus fiché. Un jour entr'autres 3 M.. Mariette ayant du  Du regne anim&ï.- mende a diner, & ayant quelque honte delaiffer voir ainfi publiquement fon attachement fin-*gulier pour fa chatte, il fe garda bien de 1'appeler a table & de lui fervir fur une affiette ce qu'il y avoit de plus délicat; mais il fe contenta de lui jeter par derrière pendant le repas une cuifle de poulet fans dire autre chofe que %"■ tiens, minette, voila pour toi. Cependant la chatte qui avoit vu fervir tout le repas & paft' fer devant fon nez tant de bons morceaux, fe voyant réduite a une miférable cuifle de poulet , prit la chofe fort mal & s'en choqua au point que de toute la durde du repas elle ne bougea pas de fon coin, & fans tater de ce qu'on lui jctoit, ni venir quand on 1'appdoit, fit fem-" blant de dormir conftammenu Le repas fini, les eonvives fe leverent, Iess uns pour aller faire un tour de jardin, les autres pour aller prendre une demi heure de reepos dans quelque appartement voifin; & M*» Mariette lui-mêma s'étoit endormidans. la falie, è manger fur une chaife. La traitrefle de chatte faifit ce moment pour fignaler fa vengeance; & fortant tout-a-coup de fon coin , elle fauta fur' fon maitre endormi, lui ferra le cou de fes griffes & 1'dtrangla. Dans 1'inflant il arrivé une lettre pour lui, & fon frere s'dtant trouvd lè pour larecevoir, voulut la lui remettre lui même. II entre dans la falie, appellè le minifire pour 1'dveiller; & voyant qu'il ne bougeoit pas, il s'approche de lui, le prend par le bras, le fecoue, enfin il s'appercoit qu'il eft mort. Le voila qui jette.les hauts cris; on accourt, & tout le monde s'imagine que M. Mariette dtoit mort d'un coup de lang, comme 1'on dit, c'eü-adire, d'apopl>-  tïi Du regne aniiriat, Xie; de forte que dans les premiers momens tous ne furent occupés que de leur douleur & de cette fnrprife affligeante. Enfin cependant Pon s'avifa d'examiner le mort, dedefl'errerfes habits, afin de voir s'il n'y auroit pas encore quelque refte defoufïle; alors on remarqua au cou les traCes fanglantes & bien marqifées des griffes de la traitreffe de chatte, qui toujours tapie a la même place oü onl'avoitvue, paroiffoit encore dormir. Rien ne paroiffcdt plus m> c-royable, plus impolfible même que ce trait de violence fur un homme en ét at de fe défendre. Que fit^on pour éclaircir la chofe & pour n'être pas dans la trifte & dangereufe néceflité de jeter des foupcons fur quelqu'un de li Hiai fon ou de la compagnie ? voici ce qu'imagina ]e fiere du mort* II attacha un cordon au pied de fon frere; puis fe mit dans un coin de la ebambre oü la chatte ne poiwoit 1'appercevoir, & ayant fait de même caeher les autres de maniere cependant qu'ils pouvoient voir, foit par (les fenêtres, foit par la porte entr'ouverte, foit de leurs eoins, tout ce qui fe paffoir: alörs tout le monde ayant fait filence, il commenca •a tirer le cordon & a faire mouvoir le cadavre fur fa chaife, de maniere que la chatte croyant avoir manqué fon coup, fe jeta une feconde fois fur M. Mariette , & aux yeux de toute la maifon, lui ferra le cou avec une telle rage & une telle violence, qu'il en feroit mort füreinent s'il ne 1'avoit pas été déja de la première attaque. Mais pour cette fois la fcélérate s'échappa & difparut fi bien qu'on ne la revit plus (*_). C*; JL'anealote dc ce meuitre fingulier, unique mêir.e;  Du regne animal' ^ Les j. A. Oh la vilaine chatte! je cornmcn» ce déja a bair les chats; je crois que bientótie ne pourrai plus les luuffn'r. Le b. A. A la vérité c'eft un de nos enne■mis que nous oppofons a d'autres plus in commodes encore; & fi cette hiftoire affreufe eft peut-être fujette a quelque doute, du moins ell-il vrat que ia trop grande familiarité avec les chats eft toujours accompagnée, non ieiilei ment de déiagrémens, mais encore de quelque danger. Plufieurs perfonnes tiennent leuf haleme pour nuifible a ceux qui fe mettent dans le cas de la refpirer fouvent; & 1'on penfe avec plus de probabilité encore que lorfque dans des momens de lureur ou de tranfport'trop vif ils mordent la mam qif.on leur abandonne ordinairement pour ne pas fe faire décbirer en la retiraut, leur bave ou falive qui s'iniroduir fous la peau entamée par la dent, peut produire des edets tres funeftes, cette faiive tenant auncertam degré de ]a nature de celle des animaux enrages. Mais d attribuer tout cela a un earactere de faulleté dans Ie chat, c'elt ce qui a heaucoup moins de vrailémblance, & rien ne rend 1'anecdote angloilè plus fufpeéte que les indices trop marqués de ce caraétere qui s'y re- d'.H.s fbn genre, fe trouve ,lnns un- traduciion bemande des CE .vres de M. .dc B„f m psr ,e fep dcéteur ^.'e se. paree & n'en eft pus plus vrademblaMe pour céhl «r on n a pa. encore renaiqué que JtS cbats dans 1„ fureur ftflent i,ur_re chofe que «W & AéhjS ffl le- pifcs; on n en a point vn chercher fl comprimer fm,W>; óim'$er- D'-iWeurs une grande pe-lonné ! »„ homine! pafie encore pour un enfar.t au Vrcu Ét comment .uit, a-t-nn laillé échapper cette ch Je hömicU  mi T)u regne animal. marqueroient. Au refte, cette opinion Tut le mauvais naturel des cbats n'empêche pas que Von n'ait vu de tout temps & que 1 on ne voie encore des gens qui fe paffionnent pour ces animaux a tel point qu'ils les raat mieux que la plupart des domeftiques, que beaucoup d'enfans même ne le font. Plufieurs perfonnes ne fe contentent pas de nourrirdélicatemeutces favoris pendant qu'ils font vivans, mais poutfent lamaniejufqu'aleurléguerparteftamentdes penfions pour qu'ils jouiflent du même traite£ encore après la mort de leurs maltres. En revanche 1'on voit des gens qui ne peuvent fouffrir -les chats, & qui pouflent 1'averfion pour ces animaux jufqu'a prendre de 1 humeur, i quelque circonftance les met dans le cas d êtie obligés d'en voir un pendant quelque temps auorès d'eux. II y » même plus; ily adespeifonn que l;approche d'un chat fait tomber dans lefaififfement, lemal-aife, l'angodfe, & Se en défaillance, quand même elles ne fïuoient pas appercu d'abord; & fl Udfeeft éloi^né, elles reprennent leur tranquilhté: de fort? qu'elles felaiflèroient plutót.manger, pour ainfi dire, par les rats, que de fouffrir unchat dïns leur's maifons pour les en déliyrer On chfentr'autres le roi de France Henn III, que £ vue d'un chat faifoit pftjir & tomber en fyncope. Je me fuis bien appercu que vous nétiez point attaqués de cette efpece de maladie; Sr vous aimez tous a jouer avec les chats. Mais fl v a un milieu a prendre; il eft bon, quelouefois indifpenfable, d'avoir un chat dans une maifon , pour empêcher les ravages des rats: mais if faut les traiter durement&févérement, paree que quand on les affriande , les dróles devien»  Du regne animal tïf neut pnreffeux, & ne courent plus après les ,rats. Sur-tout il n'eft pas jufte de les traité» mieux que le .chien; puifque celui-ci eft un animal fidele , qui s'attache a fon maltre méme quand U en eft maltraité, & lui renrl fouvent de trés importans fervices par pur at» tachement. Au refte, les chats prennent non feulement les louris & les rats , mais encore les ferpens, les lézards, les crapauds. Le chat eft un animal fort propre, & cette qualité eft une de celles qui Je font aimer. II lè leche fans cefle, s'ajufte, fe lultre ; il a foin de faire fesordures dans un lieuécarté, & de les couvrir de fable, de cendres, de terre, de ponffiere, quand iï en trouve. II a la vie trés dure, & fe défend quelquefois contre les plus gros chiens. II ne vit guerc qu'une douzaine d'années, & la femelle fait deux, trois, quatre portées par an ehacune de quatre, cinq ou fix petits. La chair des chats, fur. tout des chats fauvages, fe mange en plufieurs endroits, & leur fourrure eft aufli employée a divers ufages, Quand la femelle a des petits , elle fuit le male, paree qu'il les dé vore fouvent, & elle les emporte 1'un après 1'autre en fa gueule dans quelque lieu écarté & peu fréquente", oü elle les éleve. Dès qu'ils font affez forts pour courir & pour-manger une fouris , elle les mene a la chafle, & leurenfeigne aattraperla proie. Alors fi elle prend une fouris elle-même, elle lui donne un léger coup de dent, puislalaillécourir pour que quelqu'un de fes petits lui cours après; mais ft la fouris court trop loin, elle Ja rattrape, lui donne un coup de dent plus fort, & fe met a gronder fes petits pour  sl6 Du regne ammal. les animer a la chafle , jufqu'a ce que 1'ira d'eux fe jette fur Ja fourie , 1'acheve & la mange. Quant a la couleur du poil des chats, elle eft trés variée, commi vous favez; & chacun préfere Tune oul'autre, quoiquec-ommunément les chats gris - cendrés feient les plus recherchés. Mais ces variétés decouleurs ne fe trouvent cue dans les chats domeftiqu.es ; les chats fauvages .(rat. VII, fig, £>•) Ont tous le poil d'un roux foncé , & ordinairèment une raie noire tout le long du dos. lis mangent de tout ce que les autres mangent, mais ils ont plus de gibier a choifir , comme mulots, lapins, lievres, & même des jeunes faons: pour attniper ces animaux, ils grimpcut fur un arbre & fe tiennent fur une branche jufqu'a ce qu'il en paffe yn a leur portee; auffitót ils s'élaiicent dellus, J'étranglent, & le dévorent. Le Loup-eer vier. •C'eft ce même quadrupede que !'on appelle auffi lynx, nom conuu par les quahtés labuleufes qu'on lui a attribuées, favoir: des yeux affez percans pour voir a travers les murailles & dans le fein de la terre, une urine qmledureit & devient une pierre précieufe. &c. 1 our nous arrêter au vrai, nous trouverons que le lynx reffemble prefque au chat fauvage, a la différence qu'il eft fenfiblement plus gros, beaucoup plus hardi, puifqu'i! attaque, non-leulenient le chat fauvage, mais encore d'autres animaux beaucoup plus gros qu'il n'eft lui meme , tels que le cerf, le fanglier &c., dont ilfucele fang & auxquels il ouvre le ertoe P01"*^^  Du regne mimaï. ai? «langer la cervelle, tandis qu'il en dédaigne Ia •chair pour fe repaitre de celle des oifeaux, des écureuils & des belettes. II fe tient dans les forts les plus impénétrables des forêts, foit en Europe, en Afie ou en Amérique; & c'elt de delfus les arbres qu'il s'élance fur fa proie, s'attachant A fon gofier & lui fucant le fangjufqu'i ce qu'elle tombe morte k terre. Cependant le fanglier s'en débarraffe quelquefois en pénétrant dans les buïffons épais, mais le pauvre Mais ce n'eft pa« i dire qu'aucun de ces animaux , quelque monftrueux qu'il foit, faffe fa proie du iion; il n'eft celle d'aucun: & quoique 1'on prétende que le tigre a quelquefois le delfus dans les aifauts que ces deux animaux fe livrent, c'eft avec affez de raifon que 1'on regarde le lion comme le roi des animaux, puifque tous le redoutent, fuient devant lui, tremblent a fa voix & a fon afpeét., & que ceux mêmes qui lui réfiftent n'ofent jamais 1'attaquer. L'homme même n'eft pasad'abri de fa fureur, & quand le lion eft trop vieux pour attaquer des.ennemis plus vigoureux, ou que la colere & la faim 1'aigriflent, il fe jette fur tout ce qu'il trouve, homme, fmge ouchaMiWi cependant s'il rencontre des hommes & des animaux enfemble, il fe jotte fur ceux-c* de préférence , & laill'e aller les premiers , & moins qu'il n'en foit attaqué lui-même: car dans ce cas il venge fon offenle & extermme en péu de jours toute une famiile de Negres ou de ^Néanmoins on a reconnu dans le lion des Aualités nobles & généreufes, comme de la reconnoiffance pour les bienfaits & une magnani-niié qui lui fait pardonner volontiers les. oiJwH». fes On Fa vu méprifer celles de petits ennemis & leur pardonner mille libertés téméraires laiffer la vie a des aniraaux qu'on lui jetoit nour s'en nourrir, & protéger même ceux qui avoient recours ü lui. Je fais quelques trans de ce genre qui vous feront plaiür quand je vous les raconterai. Mais avec tout cela le bon de. meure toujours lion: il t beau montrer quelr quefois de la clémence & de la pmé; i a beau tf&m pas a beaucoup pres aufli cruel que le  Du regne animal. a-ig tigre & le loup, & même que la marte, la fouine & le putois, qui rafïatiés de pdture ne le lont pas encore de meurtres, & femblent n'égorger que pour le plaifir de détruire, tandis que Ie lion n'attaque aucuu animal que pour airouvir le befoin impérieux de la faim, & refte en paix quand il eft repu; malgré ces différences avantageufes, il garde toujours fon naturel féroce. Quelle fierté, quelle audace impofante, terrible dans fes regards , dans fon port, fa démarche , fon air ! quel rugilfement épouvajitablc! il retentit du fond des déferts comme !e bruit du tonnerre, & tout tremblé, tout frif. fonne a cette voix effrayante. Qui peut fouteaair fans terreur la vue de fa vafi:e gueule & de fes dents enfanglantées ? que fa phyfionomie flevient plus terrible encore dans fa fureur! touc cn lui 1'exprime alors , tout 1'annonce d'une maniere frappante. Voyez les mouvemens précipités de fa longue & forte queue de fix a fept pieds, qui reuverfe tout autour de lui: voyez la longue criniere fe hérilfer & flotter en tout fens fur fon cou, fa tête , fon poitrail; voyez les rides mobiles de fon front & les mouvemens de toute fa face, fes larges fourcils fe haufler & fe baiffer a tous momens, les claquemens de fes dents découvertes & prêtes a brifer les os les plus durs; voyez le enfin allonger fa langue armée de piquans auffi durs qu'aigus, & difpofés a rebours! Qui ofera s'approcher de lui ? aucun être vivant, lans doute, fi ce n'eft 1'Africain qui veut le combattre les armes a la main; car toute la force du lion cede a 1'adreffe de K a  £SC, Du regne animal. 1'homme , & quand il eft pris, fur-tout jeune, il elt fufceptible d'être apprivoifé jufqu'a un certain point. Alors il fe laiffe approcher fans peine par ï'homme qui le gouverne & qui a foin de lui; on voit cet homme fe mettre fous les pieds du lion , monter a cheval fur fon dos, lui ouvrir la gueule & prendre fa langue dans la main, y fourrer même fa lête, fans que le terrible animal lui faife le moindre Ltt j. A- Ah mon Dicu! que j'aurois peur , rien que de voir cela! Leb. A. Je ie crois bien; j'en ai bien vu d'autres plus grands que vous qui avoient peur auifi cn voyant la tête d'un homme dans la  Du regne animal.- &t$ foit entr'eux , foit contre d'autres. Mais on' prétend qu'aujourd'hui 1'efpece des lions n'eft plus aufli nombreufe qu'elle 1'étoit dans ce temps-la; cependant 1'on n'en a aucunepreuve certaine, paree que 1'on ne pénétre pas aifément dans les .déferts valles & brülans oü i!s fe multiplient. Tout ce que 1'on fait, c'eft que 1'on n'en tire plus autant de 1'A-frique; paree que la mode de ces fpeétacles fanglans étant palfée depuis long-temps , il n'y a plus que' quelques princcs & feig'neurs qui en veuiilent avoir pour leurs ménageries, & qu'un trés petit notnbre de gens qui en menent d'un'pays& 1'autre pour les faire voiraupeupleenpayant, cc gagner de 1'argent cn hafardant leur tête dans la gueule de ce terrible animal: tant on a réduic les pauvres a de trines extrêmités, pour gagner' leur petite portion des denrées que la nature produit également pour tous les ê-tres vivans ! Les j. A. En vérité, c'eft bien-frifte pour ces'pauvres gens! mais on leur donne auffi bien de 1'argent; n'eft-ce pas? Le b. A. II eft a croire qu'ils gagnent affez , & c'eft tant m'.eux pour eux que la curiofité' trompe quelquefois 1'avarice. Mais auffi 1'entrctien d'un lion coüte beaucoup , car il lui faut tous les jours douze a quinze livres de viande' fraiche pour qu'il foit content; ainfi tout n'eft pas prorit, dans ce métier - la comme dans les< autres. Mais pour cn rèvenir au caraclere du lion ,il rugit ordinairement cinq ou fix fois chaque-' jour pour fon plaifir; mnds il fe fait entendre aufli plus fouvent pour celui de firn maitre. II ne permet guere .que 1'on touche-fa que;;e -■ B 4.-  Du regne animah pour peu qu'il fc trouve de mauvaife humeuF en ce moment & qu'il voie fon maitre éloigné, il en donne au téméraire un coup qui le renverfe, & auffitót il fe jette defliis pour le dévojer. II y a deux chofes qu'il ne peut fouffrir; favoir le feu & les ferpens. II ne fort guere que la nuit de fa taniere pour aller a la chafle; & comme il ne monte point fur les arbres , & n'eft point léger & la courfe, il eft obligé de fe cacher pour attendrs fa proie; alors dès qu'il appercoit un mouton, un cheval, un bceuf, un. linge , a la «liftance feulement de douze ou feize pieds , 31 fait un bond & s'élance fur lui dans un clin d'ceil; puis il le déchire avec fes grilfes, 3ui brife les os avec fes dents, & le dévor3 ■avec le poil. Les j. A. Ah! mais vous nous avez dit qua le lion épargnok aufli quelquefois lcsautresanirmaux, oc vous nous avez promis de jolies hiftoires! Le b. A. Oh! pour cela, je fuis homme de. parole, comme vous favez; & envoiciuned'a. bord. On montroit a Londres un beau grand lion pour de 1'argent, avec cette condition néanmoins que ceux qui n'avoient pas d'argent n'étoient pas moinsadmis a le voir, pourvuqu'ils lui apportaffent un chat ou un chien ou quelque autre animal pour régaler le lion. Un matelot donc qui étoit curieux de voir la fiere béte, & ne fe trouvoit pas en argent, prit fans facon le plus joli petit bichon du monde qu'il viênt a rencontrer dans la rue , & le jeta aux pieds du lion. Le pauvre petit chien, & la vue de fa majefté bonne, commenca a trembler,; 4  Du regne animal* a$ friffonner, a ramper i fes pieds; il fe traïmit par terre dans fa frayeur, tiroit la langue, teudoit une de fes petites pattes au terrible monarque , & fembloit ïmplorer fa démerfce. Eu effet, le lion entendo-it tout ce langage: loin dc faire du mal au bicbon humilié, il le prit génireufement fous fa protection, s'amufa aletourner & retourner tantöt avec une griffe tanrör avec 1'autre, & en quelques heures ils devinrent tous les deux fi bons amis, que le lion ne mangeovt plus rien fans en faire part a fon petit camarade, qui de fon cóté ne voulut plus fe féparer du lion jufqu'a fa mort, quelques bonbons qu'on lui jetilt ou qu'on lui montrat pour 1'attirer, II couroit autour du lion , favitoit delfus; paflbit deffous, fe mettoit fur lui pour dormir, & prenoït avec lui les plus grandes libertés. Quand il étoit queflion de mangeaille , te petit effronté vouloit tout avoir pour lui feul, mettoit fa patte delfus, fe mettoit a gronder, a japper, & pouffoit la témérité jufqu'a infulter en face fon bienfaiteur, qui avoit la générofité de ne jamais s'en offenfer, & fe rcti.oit toujours a l'inffant même pour complaire a fon favori. II y avoit bien pis que cela;. quand fa majeflé quadrupede vou'oit dormir, le petit coquin ne la Iaiffoit point tranquille, i) couroit, bondiffoit tout autour, lui jappok aux oreilles, lui grattoit la tête, fouvent même lui tirailloit les oreilles & le mordoit. Le lion fouffroit tont avec la tranquillité lapluis ctonnante. Enfin cependant le bicbon vint a mourirC'eft alors qu'il falloit voir ledéfefpoirdulion ♦ comme il rugillbit, comme il faifoit rage dan* fa loge. ü flairoit fon petit chien, le tottrneit * K 5  2.26 Du regne animal. le retournoit, vonloit abfolument le réveiller, le revoir vivant. Puis quand il voyoit fes defiïs frultrés, il rugilfoit de plus belle, dbranloit fa loge prefque jufqu'a la brifer, refufoit dc boire &°de manger , prenoit auprès de lui fon petit favori mort, & le mettoit contre fa poitrine. Ce défefpoir dura cinq jours, & fe termina par la mort du lion même, qui ne put furvivre a cette perte , & mourut après avoir pofé fa tête a cóté du corps de fan ami. Les j. A. Ah , bon ami ,. que voila. une jolie hiltoire ! en vérité , cela fait prefque pleurer. Le b. A. En effet, le fentiment de l'amitié eft quelque chofe de fi doux.pour le cceur de 1'homme, que les exemples que nous en voyons nous touchent toujours. II en eft de même dela générofité dans les grands & les puiffans: elle a quelque chofe de fi noble & de fi aimable, que naturellement ellegagne & emporte notre fuffrage. 11 faut cependant ajouter que ces deux. fentimens font d'eux-mêmes des chofes affezfimples & affez. naturelles; & que finousyfornmes cependant fi fenfibles , il eft a croire que leur rareté aétuelle y contribue pourbeaucoup: car quand on examine ce qui fe pafiè dans le monde, on ne fauroit fe diflimuler qu'on les y appercoit fort peu. Au relte , fi cette première hiftoire vous a plu, en voici une feconde qui ne vous parol» tra pas moins intéreffante; toute la différence confifte en ce qu'elle eft beaucoup plus vieille que 1'autre, car elle date des temps de 1'anïienne Rome. Voici le cas. Un pauvre infortuné nommé Androclus avoit Je malheur d'être réduit a 1'efclavage comme  Du regne animal. ittf Bien d'autres, & pour furcrott celui d'ctrelYf-clave d'un méchant maitre, qui étoit un fei-~ gneur romain. Ce feigneur ayantobtenu le gouvernement ou proconfulat d'Afrique, il pafia dans ce pays - la & y emmena fes efclaves avic' lui: mais- Androclus s'y voyant accablé demauvais traitemens fans relache comme fans raifon , prit 1c parti de s'enfuir, & en ayant trouvé le moyen, il s'enfonca dans les déferts arides de' ces pays brulans, au rifque d'y périr de faim & de foif oü d'être dèvoré par les bêtes fé-roces ; fort' déplorable qu'il préféroit encote: a' celui d'être tourmenté cbaque jour par un maitre barbare, &, pour ainfi dire, alfalliné lentement par fes ordres injultes; II erra en effet quelques jours , foulïrant la faim & la foif & toute 1'ardeur du climat', $c cberchant envain quelque ombrage pour fe repofer & fe rafraicbir. Une caverne fe préfente, il y entre en rcmerciant les dieux, & s'affeoit. Mais a jieine y étoit-il qu'il voit entrer un puiffant lion, marchant fur trois pattes feulement , & ne' pouvant s'appuyer fur la quatrieme qui étoit b'.effée, fanglante & douloureufe au point de le faire gémir & rugir dc fureur. Dèsenentrant il appercoit notre Androclus qui tremblant 8ê töut fon corps cherchoit a fe tapir dans uu coin, & ü va droit a lui, prélèntant fa patte malade comme pour lui demander du fecours, bien loin de lui faire aucun mal. Androclus comprit ce langagc muet , reprit courage, & s'enhardit alléz pour prendre la patte du lion, 1'examincr, &'voir ce qu'il pouvoit y faire, li la trouva très-enrlée, pleine de pus fanguinoient, & vit que la -caufe- de tow k mal ItvéSék K 6  saS Du regm animal. qu'un gros éclat de bois qui étoit entré ciedano& qu'il en eut bientót retiré ; aprés quoi it nettoya la plaie, en exprima le pus, 1'effuya,. & fit de fon mieux 1'office de chirurgien. Cette opération foulagea fi bien le lion qu'il ne fentit plus de douleur , & qu'il s'endormit A cóté d'Androclus en luilaiflant fa patte datislamain, Le pauvre fugitif attendit patiemment fon réveil, ne fachant encore trop ce qui devoit réfulterde tout cela. i r Le lion réveiilé, fe fentant ferme Uur la patte & fans douleur, commenca A careffer de nouveau fon chirurgien, & lui montra tant de rtconnoiflance que le pauvra homme réfolut de refter IA, de s'y repofer, & d'attendre, ne voyant lien de mieux A efpérer dehors. Le lion , trés fatisfait de le voir refter, partit dans 1'inftant pour aller A la chafife r & ne tarda pas A rapporter une bonne proie dont il choifit le meilleur jnorceau qu'il alla préfenter A fon bienfaiteur. Androclus prefié par la faim fit rótir cette viande it 1'ardeur du foleil, & la mangea telle quelle de bon appétit, comme vous pouvez vous 1'imasiner après trois jours de jeüne. II palfa la nuit fort tranquillement; le lendemain pareille fête ; le lion ne manqua pas de lui apporter le meilleur morceau de fon butin & prenoit plaifir i le régaler de fon mieux. Enfin peu A peu Androclus s'y accoutuma, & fi bien qu'il paffa trois années entieres dans cette caverne, vivant familiérement & amicalement avec fon lion nourricier. A la fin cependant il s'ennuya de cette vie fauvage; fes jaaéchans vêtemens fe trouvoient apparemment totalement confumés: il eut envie de revoii des hommes, de manger du pais  Du regr.e animal, 229 •« de la viande mieux apprêtée; enfin après trois ans d'une vie dure a la vérké, maispaifi. ble,_tranquille, & fur-tout exemptededanger,. il prit la réfolütion de quitter la caverne & fon étrange camarade , malgré les témoignages d'affecfion qu'il en recevoit conffamment. Une nuit donc que le lion étoit pani pour la chafle , il profita du moment & s'en alfa, tirant a peu prés du cóté par oü il étoit venu , afin de ne pas s'enfoncer plus avant dans des riéfertsdont il n'auroit plus trouvé la fin- 11 favoit a. pen pres que Ie temps du gouvernement de fon ancien maitre devoït être paffe", & qu'il devoit y avoir un autre proconfiil; de forte qu'il s'imagina bonnement que perfonnenefongeoitplus è lui, en un mot, qu'il ne couroit. plus aucun rifque. Point du tout: a peine fortoi't-il dés défertS qu'il fut appercu par des foldats romains qui étoient difperfés partout dans la campagne & les habitations. Son équipage le fit bientót reeonnoltre pour un efclave fugitif qui f'ortoitdu défert;. on 1'arrêta, on le mit aux fers, & comme 1'on eüt bientót découvert qu'il avoit appartenu a 1'ancien proconfiil, le proconful d'alors le fit conduire encbalné a fón ancien maitre qui fè trouvolt de retour a Rome. Cet homme barbare, qui n'étoit pas devenu meilleur , condamna Androclus au dernier fupplice, & vouhit qu'il fut expofé auxbétesférocesdans ïe cirque, felon 1'ufage. Les j. A. Ah ciel.' le pauvre Androclus l cft-ce qu'il fut donc expofé aux bêtes féroces? Le i. A. Hélas oui! au bout de quelques jours on donna au peuple un fpe&acle daas te K7  <£

Tigre d'Amérique. < II eft appelc auffi chat-tigré d'A'mérique,' tagouar en langue brafilienne, & once (onza)-pa# les Portugais (quoique mcffieurs de Bomare & de Buffon diltrnguentbcaucoupl'oBre du iag.cuar)„ Cet' animal. n'eft pas plus gros qu'un chien de berger, mais il rellémble beaucoup au tigre? d'Alie foit pour la figure, foir pour le JiatureL Au refte, toutes les fois qu'un chien , unchat,, un cheval même, ou quelque autre animal a iur la peau des taches ou raies a peu prés com^-  a:3'4' Du reSne anim^' me celles du tigre, on exprime cette bigarrüre par 1'épithete de tigré. Le Léoparcf. C'eft encore un animal d'Afrique , plus* petit que le tigre, mais d'une bigarrüre beaucoup plus belle, &' d'ailleurs auffi carnaffier. LesAfricains mangent fa chair, & tirent quelque utilité de fa peau; mais ils cherchent moms a les tuer qu'a les prendre vivans, pour les venctre aux Europeerrs , qui ne peuvent le lafler d admtr-e-r la beauté de cet animal (Tab. X, pg. ^J) La Panthere. Elle fe trouve dans les climats chauds del'Afrlquè, comme le précédent. Plus grofle: que le léopard, elle n'approche pas de la beauté de fa robe, paree que les taches de la fienne font tantót rondes ,- tantót anguleufes, & de-plufieurs autres figures. C'eft encore un ammal célébre pour faférocité; 1'ouverture de la gueule eft elfroyable, & fon cri paroit encore plus atlreux quele rugiüement du lion (Tab X. jig. 3<5> Le Chat- Pard. On Panpelle encore ferval aux Indes &mazsputék Malabar, ou maraputé.. C'eft un animal carnaffier, a peu prés de la grolleur & defa figure du chat fauvage, & qui fe trouve en Ai k que & aux Indes , oü il fait, dit on , a bauge for les arbres, faute comme 1'écureuil de Uu. a 1'autre avec une agilité. merveiüeule, cmu-  Du regne animal ^35? rant les merries proies que le lynx & le chat:. fauvage. •'*• ' ■'■> , <*-.-! üa>', _. . ... Ze C/«e«* Les qualités dont la nature a doué cet am* mal, nous 1'ont rendu tres utile & même néceffaire. II fe familiarife extrêmement avec' 1'homme, & s'attaclie mètne tellement a lui,, qu'on lê regarde comme celui de tous les animaux fur la fidélité & 1'attachement duquel om peut fe repofer avec le plus d'affurance en toute' occafion. Le chien eft obdiffant, docile, com« plaifant, fait tout ce que 1'on veut aveenromptitude & fans murmurer, fe contente de vieux pain fee & d'os k rongcr, ne fait de mal aperfonne, fait bonne garde nuit & jour dans lat maifon, & va même jufqu'a mourir pour la.de> fenfe de fun maitre. Cet animal vraiment fait pour 1'homme oublie les mauvais traitemens qu'il en recoit , &: garde long temps le fouvenir des bons. Ba", beau avoir un maitre dur & barbare, qui, au lieu de lui donner a manger,. le bat & le tourmente; loin clc fonger a en tirer la' moindre vengeance, il n'a pas même 1'idée dele qaitter; & apiès avoir cherché au hafard quelque miférable pature, i! revient auprès de lui. S'il a commis quelque faute, il vient ramper aux pieds de fon maitre & implorer fa clémence -y que s'il'n'eft pas alfez heureux pour 1'obtenir ,. il fe foumet fans- murmure au chatiraent, & 1'inftant d'après leche humb'lement la main qu? vient de le frapper , reprend. fa gnfté, celle fes* gémiffemens , fe montre encore plus obéilfan'. qu'auparavant, accourt a fa voix, attend k-  £S<5 Du tegne aftimsh erdres de fon maitre d'une oreille attentive 8? redrelfée, vole au premier fignal, devine au moindre coup d'cail fes delirs, & les exécute ponétuellement* m r aa A-t-il perdu fon maitre? ü gémit, il fe défefpere, tl liurle d'une maniere touchante, èï n'a plus de repos qu'il ne 1'ait retrouve; ü devine fes traces, vole fur fes pas a la diftance de trois ou quatre lieues, ou d'une demijournée de cbemin, & le retrouve au milieu de latoule la plus nombreufe. Un bon cbien connoit nonfeulement la voix de fon maitre , mais endiitmeue même le nom prononcé par d autres; il connoit de même la voix de chaque entant ou domeftique de la maifon; & s'il fe pretente>un étranger, un inconnu, itaboie, üvaau-devant, Ü le ('uit ., il 1'annonce ï grand bruit a tout l 'voir & il eft clair qn'on ne ks nournt que pour le plaifir d'en avoir. II en faut dire autant de ,ces bichons, mopfes & autres pemsrtirasde manchon; on voit.bien qu'ils ne fontfaite m nour sarder la maifon, ni pour délemdre leur maitre en voyage, pour fuivre des chevaux au xro t ou réfiltoa des brigands & aux puiflans dogues dont ils ont aufli la précaution de fe faire accompagner. Les j. A. Mais, bon Ami, d y a donc bien rips efueces de chiens? Le b 4- Beaucoup, qui différent foit pour la groffëur, fok pour la iigure: par exemple Ie chien de berger ou chien domeftique, le balkt, k barbet; le braque, le lévner, le dogue, le chien de boticher. le chien-tux (la méme efpece dont nous avons déja parlé, cc oui eft fi commune dans la vibe du Caire, ou 1'on en a grand foin, a caufe qu'elleymange  Vu regne animal 243 .es charognes), le mopfe, le bichon, & beaucoup d'autres. Le chien de berger, ou chien domeftique, eft celui qui a les oreilles droites relevées, & de Jongs poils a la partie inférieure de la queue qu'il retrouffe (Tab. V, fig. 28, & Tab. XIIt Pg- 33)- Le baffet a les jambes courtes & torfes, le mufeau& le corps allongés, les oreilles pendantes (Tab. XII, fig. 40). Le barbet a le mufeaucamus, les poils Iongs, mais frifés; il va bien a 1'eau, enrapporte tout ce qu'on lui jette, & paffe pour le plus attaché de tous les chiens (Tab. XII, fig, 34). Le braque ou chien d'arrêt a la queue courte , & la peau tigrée, c'eft a-dire, bigarré de blanc & de noir ou de brun (Tab. VU, iiï. 12 f«? 24; & Tab.*XII, fig. S U Le lévrier eft haut monté fur jambes, a le ventre efflanqué, le corps effité, la queue è poil ras & les jambes fort mincesfTaè. XII. fig. 39). Le dogue a les mufcles forts & les membres .nerveux, les joues tres pendantes & les levres baveufes, écumeufes. Quand il vit en liberté il eft doux & paifible comme les autres chiens* mais quand on le tient a la chalne, il eft féroce .& redoutable, faute fur les hommes & les terrafle (Tab. XII, fig. 32). Le boule-dogue on dogue d'Angleterre en forme la plus grande efpece , & pafte même pour le plus hardi & le plus vigoureux de tous les chiens: on le connoit a fon mufeau plus allongé (Tab. XII fig- 40- * Le bichon eft un petit chien trés joli, Alongs poils foyeux, que beaucoup de perfonnes rechercheur,, fur-tout les dames , qui eu fout leurt L 2  Du regne animal. mignons & les portent fous le bras ou dans leurs tuancbons (Tab. XII. fig. 36). ; . , , , . Le chien lion elt auifi un petit animal chcn du fexe , & diftingue par les longs poils de fon cou qui lui ont fait donner ce nom (Tab. XIJ, Ainfi. comme le boule- dogue eft le plus eros des chiens , puifqu'il eft prefque de la grofleur du cheval, le bichon, ou chien de poche en eft le plus petit. ■ On trouve des chiens dans toutes les parties du monde; mais il n'y a point de pays oü on les voie ralfemblés en bandes aufli nombreufes que dans 1'Egypte, le Grcenlande, le Ramtchatka, & vers la baie de tludion. Les GrceuJandois en tiennent des troupeaux comme nous demoutons, de plufieurs milliers, qu'ils nourr'iflent avec de la mouffe, des moules & des poifibns, écc. Les j. A. Mais, bon Ami, qu elt ce qu ds reuvent donc faire avec tant de chiens? Jlvaudroit bien mieux avoir des moutons; n'eft-ce pas? Leb. A. Eh pourquoi cela, mon cher petit Ami, s'il en tirent la même utilité que nous tirons des moutons? ils les mangent & en •trouvent la chair fort bonne a leur goüt Les j. A. Ah ciel! ils mangent du chien!.... Le b.' A. Cela nous répugne, paree que nous n'y fommes point accoutumés; mais il n'elt ■ pas incroyable que la chair du chien ne puille être bonne a.manger. II eft arrivé quelquefois que des perfonnes en ont mangé par néceflité : faute d'autres viandes ou alimens, & ne l'ont ■ pas trouvée fi mauvaife. Cela eft arrivé entr'autres au célébre cap/taine anglois Couk (Couk),  Du regne animil. ctant en mer & relevant de maladie. Il ne fef trouva plus de viande ni de bétail fur le vaiffeau, & pour tout animal il n'y reftoit qu'ur» feul chien. On s'avifa de lui en faire des bouu> lons, & de lui en fervir la chair; comme Couk; n'étoit pas une femmelette, il eri mangea fans faijon, & tout convalefcent qu'il étoit, il s'en trouva fort bien. Ainfi il ne faut pas croire; ■ qu'il n'y ait rien de bon que les chofes aux* quelles nous fommes accoutumés. Quoiqu'jl en foit, lesGrcenlandois, les Kamtchadales, & les peuples de la baie de Hudfoti, font encore un autre ufage de leurs troupeaux de chiens: ils les emploient a 1'attelagedestrai* neaux; ils en attelent huit a dix eufemble pour en tirer uu chargé de cinq ou fix chiens de mer avec deux pêcheurs, & vont même en v?-Ike avec des équipages de ce genre. Quatre bons chiens coütent au Kamtchatka dix-fept écus, & vingt-trois avec tout le harnois. Aiï refte, dans les contrées du Nord, & fur-tout dans le Grcenlande, les chiens n'aboient point ils 11e font que gronder & un peu hurler. Les. voyageurs en difent autant de ceux des pays; trés chauds, & on lit même dans Beffmann qüeles Négres d'Afrique , quand ils voientun chien d'Europe qui aboie, s'imaginent qu'il peut aufli parler. En Afie & fur tout dans les Indes, on engraiife les chiens pour les porter au marché, & fouvent pour un beau chien gras on peut avoii' dix a vingt efclavcs en échange. Mais en Europe, aujourd'hui du moins, on n'cmploie dm chien que la peau, foit chez les cordonniers9 foit chez les gantiers, ou autres artifans, La chienne fait ordinairement deux portées; L 3  24$ Du regne animal. par an, chacune de quatre, huit ou douze petits , qui naiffent les yeux fermés, &neles ouvrent qu'au bout de neuf jours pour la première fois. Les chiens, quand il ne leur arrivé point d'accident, vivent ordinairement des quinze a vingt ans ;. mais on les lailïe rarement parvemr i cet ttge, paree qu'alors ils font plus fujets A devenir enragés. Les j. A. Ah bon Amif comment donc eftce que les chiens deviennent enragés 1 ■ Le b. A. 11 y a plufieurs caufes qni produifent dans les chiens cette maladie terrible par fes elfets & les dangers qu'elle a pour les hom» jnes: par exemple, de boire & de manger tropchaud, la trop grande chaleur de la faifon &le défautd'eau, oude boire de 1'eau gatée, oude manger de la chair pourrie r on y joint auffi certaines irrégularités des faifons, paree que 1'on aobfervé que dans un printemps plus froid qu ie rordinairé, la rage des chiens avoit été trés. commune; elle a probablement bien d'autres, caufes encore que nous ignorons.. Les j. A. Mais, comment eft-ce qu'on peut donc connoitre qu'un chien eft enragé ? Le b. A- Un chien attaqué de la rage a 1'air trifte & abattu, cherche la folitude contre fon ordinaire, fe cachc & fe tapit, rcfufe le boire & Je manger, marche d'un air nonchalant, la queué & les-oreilles pendantes; on nel'entend plus aboyer, mais gronder feulement;,ilfejette fur les animaux, même fur les hommes, touti-coup, & fans laifier paroitre de marqués t e fureur; cependant, tant que 1'accès n'elt pas dans toute fa force, il ne fait point de mal a fon maitre. Mais s'il comaience a baver, fi fa gueule de-  Du regne animaf. 24/ tient écumeufe, s'il tire la langue, s'ilméconfiolt fon maitre & fe jette fur lui a 1'improvifts' comme fur tout ce qu'il rencontre, s'élancant a droite & a gaucbe fans que Pon y prenne'garde, s'il va d'une démarche irréguliere^ s'il parott róder avec un air d'ivrefle; ft fesyeux font rouges &enfiammés, hagards& troubles, fa langue prefque bleue; enfin s'il ahorreur de 1'eau, fymptóme que 1'onregardecomme le plus caratteriftique de la rage, & qui 1'a fait nommer hydrophobie: pour lors le chien1 eft complétement bydroph'obe, ou enragééé fi on ne le tue pas, il n'a pas plus de vingtquatre heures a vivre. Mais il y a d'horribles dangers fi le laifiér vivre un feul inftant, du moment que Fonareconnu des fymptomes de rage bien ddcidés:: car il fe jette fur tous les êtres vivans qu'il rencontre , hommes ou animaux, & leur eommu-nique 4 tous la méme maladie , contre laquelle malheureufement il n'y a pas de remedc'bien affuré, & dont il faut mourir au bout de trois jours, ou cnviron, de la maniere la plus dé-plorable. Cependant voici une méthode qui* peut fauver la perlönne attaquée de rage , fi) elle eft employéc affez a temps. D'abord il faut brüler la plaie avec un fer rouge, on bien la fearifier, & la laver avec du1 vinaigre & du fel; enfuite la faire venir a fuppuration avec 1'emplatre de poudre de cantha-rides, & 1'y tenir pendant quelques femaines.En méme temps il faut donner au malade tousles jours quelques lavemens purgatifs, & désIe commencement de la maladie, pré venir 1'hydropbobie en le mettant dans un bajn tiede,lire 1'onrafraichit par degrés. I! faut avoir grand!  24$ Du regne aniniah foin de lui faire éviter les chambres-chaudes, d'arrofer fouvent le plancher de vinaigre, de le changer fouvent de linge , & de chercher a 1'égayer, de même qu'a lui relever le courage, qui ordinaircment eft fort abattu. Intérieurement on lui fait prendre dans les premières 'quarante-huit heures «ne dofe du rob de méJoé (*), fpecifique éprouvé contre la rage; & 1'on doit proportionner la dofe a la force & it 1'age de la perfonne: fur quoi on ne lui donne rien a manger pendant vingt-quatre heures,. mais on lui fait boire une infufion théiforme de fleurs de fureau , & on le fait mettre enfuite au lil pour lcfaire fuer. Les jours fuivans on lui donne des purgatifs doux dans du thé ou du gruau d'avoine. Quant au régime général, il faut que le malades'abftienne de toute viande, d'autres alimcns trop groffiers cc flatueux, de boilfons échauflantes, & même de bierrc, & qu'il falie au contraire grand ufage de toutes fortes de fruits tant frais que fecs, & de boilfons acidules rafraichiffantes. Si 1'hydrophobie fe déclare ou fe rcnforce , (») Ce mtloi on profiarabêe, auffi nommé tcntareH:» eft ur.e efpece de ver de couleur noirntre ou d un 1 leu tiratit fur Ie verd, long d'un pouce; qui a des antennes en forme de fil, ou de pateoótres, la tête boflue & courbée, le correlet oval, le ventre fans étui ou dcailles, de facon que 1'on en diftingue les anneaux i-iravers H peau, il exhale une odeur agrcable approchante de celle de la violette, & fe trouve en mai lur le frêne, l'erable, &c. On les ramaffe dans re rnois-ia, & on les met dans le miel tout vivans; c'eft ainfi qu'on les garde pour les employer dans le cas ci-deffiis, ou dans d'autres. Voyez une autie! methode de «uérir la rage ou hydrophobie, dans la Biblw* ihique phylko-êcon.miQue, feconJe ar.nee, volume « 1784. page" 277.  Dil regne animal, 3.0 afors il faut lui faire avaler de force des boif-fons , le noyer de clyfteres, le faigner jufqu'üdéfaillance, lui ouvrir même 1'artere, lui rafer' Ia tête & 1'arrofer d'eau froide, le plonger dan» des bains froids, & chercher tous les moyensf de faire venir la plaie a fuppuration. Mais il faut que les perfonnes qui entourenfle malade ufent de toutes les précautions ima-ginables pour fe garantir d'en être mordues r ou d'être mouillées dans quelque partie dut corps par fa fueur ou fa falive. Enfuite a me-fure que fon état fe change en mieux, on lui' donne des alimens plus nourriffans & des, boif-fons plus fortifiantes. (Cette mérhode de curation eft tirée de la Gazette de DeJJaupour lajtw nejfe, aamée 1783 No. 115.) Le Renard. Pour celui-ci, c'eft un madré compere, <& il n'eft .que trop juftement renommé pour le* rufes & fes artifices, II emploie la violence' quand il eft le plus fort, mais quand il ne 1'efi; pas, il tache d'être le plus fin. Auffis'exerce-t-il de bonne heure a la patience, afin de ne pas fè précipiter dans des entreprifes mal concertées qui 1'expoferoient a être la victime des hommes ou des autres animaux. Lesj. A. Mais, eft-il vrai que le renard prencD des écréviilès avec fa queue ? Le b. A. Ah, vraiment, il en fait bien d'atf»tres! vous verrez, vous verrez. D'abord le renard eft gros comme un médiocre chien de berger, & lui reflèmble même beaucoup , voyez; Tab, I, fig. 8. & Tab. IX. fig. 19; il alepoif ïoux. Cauoi^t'il y ait aufli des renards gris, de? L 5  ^0 D« regne animaï. blancs & des noirs) , la queue longue & touffue fait fa bauge dans des creux de la terre, Cs: fe trouve dans tous les pays du Nord. Jl mange toute forte de volaille, comme poulet, pigeons, oies, canards, de même que des lievres & des lapins, & auffi des ceufs, du fromage,. du lait, du beurre, quand il en peut atttaper. Mais quand it ne trouve pas fi bonne cuiluie,, alors ilfe contente de rats, de fouris, de fer^ pens, de lézards, de crapauds. II eft fur-tout triand de raifins & de miel; auffi devafte-t-ii les ruches quand il peut, & va meme en chercher iufques chez lesguêpes&lesfrelons.. toutes ces faifeufes de miel ont beau hu faire fentir leurs aiguillons de tout cóté, & fous le ventre fur-tout, oü il a la peau plus tendre ; rien ne le décourage; quand il en eft bien couvert, il va fe roulera terre &fe frotter contre les arbres & les broulfailles, & bientót il les a toutes éciafées & mangées. Enfuite il revitnt a la charge, fourre fa queue dans le trou de la ruche ou du ïuêpier jufqu'a ce qu'elle foit bien chargée de mouches , & il retourne en battre les arbres & ?es «ierrês, toujours les mangeant a meiure qu'elles tombent mortes a terre..11 recommence cette maneeuvre fi fouvent, qu'a la fin oinlde«euole entiérement 1'babitation, ou que le peu Jui refte de la république eft obligé de 1'abanHnnner &d'allercbercherfortuneailleurs. Alors 5 fe régale a fon aife de miel & même de cire , en mangeant les gateaux tout entiers. Rarement il s'amufe a fe. creufer ui-même. Tin terriër fur le bord des bois a portéedesferies & des hameaux. I! a plutót fait de déloger «uelque blaireau ou quelque lapin , & alors il Se li en coüte que peu de fa?on pour Larran-  ISu regne anim&U- ssi' gif a fa guife & le rendre commode a 1'ufaga de fa propre familie. Lafemellemet bis tousles ans quatre a fix petits-, qu'elle allaite une quinzaine de jours, après quoi lema'eles tionrrit de pigeons, de-poulets,- de fromage & jjiitres^ provifions; femblables,- jufqu'a ce qu'ilsfoient aflèz forts pour le fuivre lubmême a la chafle, & étudier feus lui le grand art de rufer. Aufli' choilit- il toujours pour fa demeure uiv lieu voifin des villages, d'oü il puillè entendre-le .chant des coqs, le glouflément des poules,. & s'en repaitre déja en idéé, en épiant le mo-ment favorable pour en faire fa proie.- II ne fort' guere que la nuit pour faire fes coups , &fe conduit dans la marche avec toute la prudence , la circonfpection, la vigilance du plushabile maraudeur. D'abord il va ala'décou-verte, & acquiert une connoiffance exacte dm pays qu'il veut mettre a contribution, parcourant les hameaux & villages voifins, de même' que les fermes a l'é'cart, avec tous- leurscoins recoins & alentours; chemin faifant il a'foin1 de' remarquer les maifons oü 1'on tient de lai volaille,, celles qui font gardées par des chiens ,> de même que celles oü il peut pénétrer", foit en fautant par-defïüs les haies, les murailles les cloifons,. les portes, foit en fe glifiant au travers ou par dcfïbus;' & enfin les retraites les; plus füres qu'il peut fe ménager en casdcpouj-iüite. Lorfque tout eft bien reconnu, il ne perd point de temps, & travaille a une expédition,. franchit un mur, ou fe creufe un pafiage fous une cloifon, entre lans une bafie-cour,. courc aux poullaillers, égorge d'un trait a la hitte tout ce qui fe préfente, poules , coqs , oies; alors au lieu de s'amuier a fe gorger de bons mork ó  252 ' Du regne animal. ceaux fur la place, il commence a 'emporter une piece ou deux, s'il lepeut; va les cacher dans des recoins écartds qu'il a obfervés d'acancc; revient a la charge, courtaunefeconde cachette; fait un troifieme,un quatrieme voyage , jufqu'a ce que tout foit enlevö & la ,'place nette, ou du moins, s'il y a trop de butin , jufqu'a ce que les approcbes du jour, ou les mouvemens qu'il entend dans la maifon 1'avertillent de ne plus y revenir, & de ne pas même fe laiffer voir. De cette maniere, il amafle en une feulemits des provifions pour plufieurs jours; mais 11 ne refte pas oifif pour cela en attendant qu'elles foient confommécs; il court pendant la nuit :\ de nouvelles découvertes, & fonge a fe préparer de nouvelles reffources. 11 n'eft pas moins habile adénicherles oifeaux de champs ou de bois , & fur-tout H alamalice de chercher les endroits oü les orfeleurs tendent leurs filets & leurs gluaux, Ne pouvant faire des gluaux ni des filets, fl fait fon compte de profiter de 1'induftrie de 1'homme, & c'eft peutêtre le feul de tous les animaux qui ait pouffé la rufe jufqu'a tourner celle de 1'homme h fon avantage; du moins peut-on dire que c'eft-hi le chef-d'ceuvre de 1'inftinct animal. II obferve donc tout ce qui fe paffe, ne manque pas de venir viliter les filets & les gluaux avant le chat* ieur ou 1'oifeleur, & s'il y trouve quelque gibier, comme bécafte, grive, perdrix , ou autre , il ne lui en laifie pas même les plumes. Les ƒ. A. Ah! pour le coup, voila un bon tour de fripon! Le b. A. C'eft un fripon qui en friponne un autre, & c'elt ainfi qu'il nous enleve auffi en pleine campagne beaucoup de gibier ; car il  Ba regne animaï. 253 prend' fort bien les lievres air gite, & quelquefois il s'amufe a les cbaffer quand ils décampent a fon approcne: il prend tout a fon aife les lapins dans leurs terriërs , & en dérruit des families entieres ; pour les perdrix , les caillesc'eft un jeu pour lui que de trouver: leurs nids & de les manger avec leurs oeufs ou; leurs petits'.. Mais il paie quelquefois bien tous fes tours, & il ne faut pas croire qu'on le laiffe ainfi toujours en paix faire le brigand impunément. Les ehiens, les chall'curs, lespayfans, fontfouvenr; a fes troufies , & le pourfuivent quelquefois des jours entiers fans relache; & 1'on en tue' plufieurs. Tout fin qu'il eft, on Lalt cependant!" luitendre des piéges & des lacets avec tantd'a-dreflè, qu'il s'y laiflè prendre comme un fotII eft vrai qu'il donne bien de la tablature & de 1'exercice aux chaffeurs. D'abord en campagne & a la courfe, il faut abfolnment le lalfer & le' mettre aux abois pour l'avoir ; tant qu'il lur refte un fouffle, ilne céde jamais & ne fe rend pas. L'on cherche bien a le furprendre au gite x mais tandis qu'on 1'a'ttend au trou, le dróle creufe d'un autre cóté, fe fait une autre iflue en moins de rien, décampe avec fa femelle & fes petits , & laiffe les chalfeurs avec un piedi de nez. Le ratrape-t-on dans fa nouvelle re* traite, on prend mieux fes pröcautions, on le bloque de tous cótés , on fait 1'enceintedansles regies , & l'on garnit tout de piéges, de facon qu'il lui eft impofïiblc d'échapper. Dans ces extrémité il n'a d'autres reflburces que fa patience; il reftera plutót des quinze jours entiers fans fe faire appercevoir, fouvrant la faim & la difette, afin de laffer les chafl'eurs & de leur L7  gkg t>ü regne animal. perfuader qu'il n'y eft plus, & cependant U m néo-lio-e pas de chercher quelque iflue pour leur échapper réellement s'il eftpoffible. S'il voit enfin que rien ne lui réuffit, & qu'il n'a d'autre parti a choifir que de mourir de faim dans fon' trou, ou de fortirri tout rifque & pénf, il fort & fe défend jüfqu'au deraier foupir, fans fe plaindre ni jeter le moindre cri; s'il fait entendre quelquefois le cri de la douleur , ce n'elt que lorfqu'il recoit un coup de feu qui lui cane quelque membre. . Le renard peut vivre une vingtawe d annecs, & ne s'apprivoife pas aifémènt. Si on le tue pendant 1'liiver,- la fourrure en elt trés bonne;,-. & fa queue même s'emploie a plufieurs ufages; on la met dans-les manchons, on la paffe autour du cou. Mais en été, le poil tombe en peu de temps , & c'eft ce qui fait que cêspeaux fe portent au chapelier. Les renards noirs de la Norveo-e, de la Laponie & de la Sibérie ,- donnent Pune des fourrures les plus finesék les plus précieufes; le poil en elt lTiin qu'il n'elt hxé dans aucun fens, & tombe toujours en bas de quelque cóté que l'on fufpende la peau.- 11 y a de ces fourrures qui fe vendent jüfqu a mille écus la piece. Les j. A. Mais vousavez oublie de nous dire «ommtnt le renard prend les écréviifes.- Le b: A. Vraiment l'on ferc-t un gros livre; du détail de toutes les-rufes de maitre renard;. mais il faut encore vous en raconter une cou*pie. Commencoiis par la maniere dont il fe clcbarraffe des puces tout d'un coup, fans avoir befoin de les chercher ni avec le mufeau m avec fes pattes. Dans tout ce que fait le renard, ©a démêk des traits d'une iateiligence qui vrai*  Bil regne anïmtiï. fflent femble 1'ékvcr au-deffus de la foule des autres animaux. Quand il fe fent trop inquiété par les puces, il prend a la gueule un petit paquet de moufle feche & s'en va a 1'eau, oü ilfe préiente a reculons & ne plonge d'abord que le bout de la queue; les puces qui s'y trouvent fe retirent au fee, & le renard plonge petit a petit le refte de fa queue dans 1'eau de facon qu il n y refte plus de puces, mais qu'elles lont toutes retirées fur fon corps-.. Alors il commence * mettre fon corps dans 1'eau , mais de même fort kntemenf pour donner aux puces le tempsde fe retirer peu a peu vers la tête. II continue d avance* dans 1'eau a reculons , & ]es DUCes viennent toutes fe rafltmbkr a 1'extrémité de fon mufeau, d'oü elles pafient bientót dans Ie paquet de moufle que le renard tient du bout des dents . Enfin quand ifs'cft mis dans 1'eau mfquau bout du nez, & qu'il fent-toutes les puces dans la mouffe, il Ifche tout d'un courr le paquet dans 1'eau & s'en va , laillantlespuces au bain. N'eft- ce pas la avoir de 1'efprit § aufli a-t - on trouvé fort bon de 1'imiter quand ona quelque chien p kin de puces que Pon en veut débarrafler; on lui met une éponge * la gueule& on le fait de même entrer dans 1'eau a reculons & lentement, jufqu'a ce que les puces. foient toutes entrées dans 1'éponge qu'on laiffe dans1 eau. Mais qu'arrive-t-il fouvent, pendant que le renard fait cette opération dans quelque ruifleau ou il y a des écréviffes ? celles-ci s'ac crochent a fa queue avec leurs pinces, de facon que quand il veut s'en aiier il en emporte quelquefois des douzames, il va les croquer dans quelque coui 5 enfuite il revient plonger 1! queue dans 1'eau, entre ks pkrres ou fe tien-  s^ Üu re-gne anim&L tient fcS écrévifles , & attend qu'elle en foft biets chargée, pour la retirer & s'en régaler de nouveau. Quelquefois il s'avife de s'étendre par terre les quatre fers en 1'air & de contrcfaire le mort , jufqu'a retenir fon baleme , de facon que fi quelque oifeau de proie 1'appercoit, il k croit mort, & ne manque pas de tomber fur le malin compere , qui vous le happe cc lui a bientót tornu le cou. D autres fois nuand il fe voit pourfuivi trop long-temps «ar un chien qui le ferre de prés, il s arrete un inftant, pifle fur fa queue , & au moment oü le chien croit fauter fur le renard, celui -ci lui afperge les yeux avec ce goupilIon , de maniere que 1'autre n y voit p,us Koutte , & de la douleur qu'il refient , eft oblieé de refter en arriere pendant que metier goupil gagne du terrain. CGoupil eft ua autre: nom du renard). Le Loup* Comme le renard n'eft pas bien gros , ni oar conféciuent doué d'une grande force , il n'eft pas furprenant qu'il ak fi fouvent recours a la rufe. Mais le loup qui eft de la croffeur d'un bon dogue de boueher , _ ie relofe davantage fur fes forces, & ne joint que bien rarement la rufe a la violence ; d ou il arrivé cependant qu'il manque plus fouvent fon coup que le premier, & fe trouve davantage expofé i la difette. . . Le loup eft un animal trés redoutable, qui en craint peu d'autres, & qui fond fur les gros beftiaux, fans redouter 1'afpect de 1 homme >  Du regne anintaf. d$f enfin attaquant 1'homme même quand la ftirrt lè preffe, & dévorant fémmes, enfans, & autres. II a prefque la figure du grand dogue ,. le poil roux , quoiqu'il s'en trouve de tout blancs & de fout noirs ; il vit jufqu'a vingt ou vingt-ciuq ans, éc fe trouve dans tous les pays. La louve fait tous les ans une portéede quatre a fept petits louveteaux-(7a&. VIII, fig- 26). C'elt le plus carnaffier & le plus ihfatlabie' des animaux; nonfeulement il fe jette fur le& belliaux & fur les hommes, mais même il dé~ terre les cadavres. Auffi lui a-t-on déclaré uneguerre perpétuelle; l'on a mis fa tête a prix cc l'on elt venu a bout, fi non d'en détruireentiérement 1'efp'ece , au moins- de la relégueir dans les cantons les plus fauvages & les moins; fréquente» de 1'Europe, on 1'ón n'en trouvemême plus que rarement. II y a déja longtemps que 1'Allemagne, 1'Angleterre &l'Ir}r.nden'en ont plus, a ce que l'on prétend du moins-;. car en France, oü l'on n'a pas moins travaillé a leur deftruction, on ne laiffe pas d'en voirr encore paroitre quelqu'tin de temps a autre,. En Norvége, on en eft encore fort tourmérité ; il s'en trouve auffi cn Suiffe & en Ecoffë. L'Afie & 1'Amérique ont auffi desloups , & F Afrique fur-tout en eft remplie, paree que les Negres craignent d'en tuer uufeul, dans 1'idce, peut-être fondée fur 1'expérience, que les autres viendroient venger ü. mort. Pendant le jour, le loup fe tient dans les; bois & fe cache dans les partjes les plus épaiflésdes forêts. II ne fort que la nuit,*fc jette flifi les troupeaux que l'on tient dajis les dumps}.  a<# Dü fegne animal*- ou cherche a pénétrer dans les bergeries Stlesétables, ou pourfuit les animaux fauvages, & fe met en embufcade pour les attendre au palfage.. Nous avons dit qu'il attaque les hommes même , & fur-tout les femmes & ks enfans ;• cependant s'il trouve affez de moutons , de chevres, ou d'autres animaux, il ne fait rien aux hommes, & même s'enfuit a leur afpe&v Quand il fort dtf bois, il ne manque jamais de prendre le vent fur la lifiere & d'éventerlur une c-ertaine étendue, pour diriger fa courfe du e-óté d'oü il recoit 1'indice de quelque proie par les- émanations' des animaux ou des cadayres que le vent lui apporte. Car it a 1'odorat li fin qu'il ne court jamais auhafard, & fait toujours a point nommé, non-feulement de- quel cóté' il trouvera quelque chofe mais encore li ia proie eft- voifine ou éloignée? fi 1'animal court ou s-'il elt en repos; alors il part comme un T-rait, & va droit k prendre au gire ou le chaifer, fans daigners'an êter pour de petits animaux qui peuvent fe trouver fous fes pas, comme grenouilles , rats , mulots , & autres qu'il méprife pour courir au bouc y a la brebis, au chevreuil. Si le loup ne fe fent pas en état de fe rendre maitre de quelque proie confidérable ou trop agile , il prend fa femelle avec lui; la lonve ehaffe d'un cóté & lui de 1'autre, & de citte focon le chevreuil baraile tombe néccflairement dans leurs griffes. Mais fi 1'animal eft trop gros ou trop fort, comme un taurcan ou quelque puiffant dogue , alors plufieurs loups fe raffemblent pour 1'artaquer , & 1'exgédition fake la proie dévorée , chacua w  I5ït regne ahunal.- dfo retire de fon cóté;. car ils ne font point de Ibciété.- II a encore une autre rufe pour approcher des animaux trop lelies qu'il ne peut joindre a la couife ; c'elt de fe mettre cn embufcade; dans les broufiailles ou dans- 1'herbe, & de 1'attendre au pafiage ;. le chevreuil vient fans dé-fiance pourbrouter des feuilles ou de 1'herbe y & le loup s'élance fur lui. II en fait autant pouf attaquer des veaux ou des poulains, & s'il eft' réduit a chercher quelque proie qui fe trouveenfermée, il fait fes efforts pour fe creufer unboyau. en terre, qui le conduife dans 1'étable-* d'oü il veut la tirer. II eft encore obligé de rufér pour attaqueis" avec quelque avantage des troupeaux entiers, gardés par des chiens & des bergers dont il a a's ié garantir. Pour lors il prend fa femeile avec: lui ;• elle va fe préfenter aux chiens qui ne manquent pas de la pourfuivre, & pendant qu'elle' les emmene è fes troulTes du cóté oppofé a celuioü le loup fe tient en embufcade, celui-ci fort: tout-a-coup, faifit un mouton&s'enfuitavec , malgré les cris du berger qui n'eft en état nide le joindre, ni de lui bter fa proie quand même il auroit le courage de le tenter.. Ainfi dans les pays oüil y a des loups-, il ne fait pas bon être' berger. 11 eft vrai qu'on lui'tend des piéges-, qu'onlui creufe des folfes pour ie faire tomber dedans, & qu'on le chafle a outrance avec force chiens:: mais bien fouvent tout cela eft fans fuc-, cés, & le pauvre patre a löuvent le creve-cceur • de fe voir enlever a fa barbe un bel agneau par ce brigand. On prétend cependant "qu'un moyen für pour 1'écarter,. c'eft- de. lui faire vcir  è4<* Du regne animal. du feu, & qu'en conféquence dans les pays oü il y en a beaucoup, les voyageurs & les bergers ne manquent jamais de porter fur eux tout ce qu'il faut pour battre du feu dans le moment oü un loup paroit ou fe fait entendre. On prétend encore qu'en Afrique le lion & le loup vont quelquefois enfemble en maraude. Un voyageur a rapporté avoir fouvent entendu des loups hurler a cóté des lions rugiffans, & même avoir été une fois témoiu des vols qu'ils font en fociété, non fans avoir eu grand' peur lui - même. S'étant trouvé dans le cas de pafler la nuit dans la cahuted'un Negre, 11 étoit fur le point de fe coucher lorfque l'on entendit tout-a-coup un lion avec un loup accourir précipitammeut a la cabute ; on les entendit enfuite fe dreffer le long & fauter furie toit oü fe trouve ordinairement 1'ouverture qui fert de paffage au jour & a la fumée tout a la fois. Comme il y avoit prés de ce trou des poiffons fufpenduspourfécher, chacun des voleurs " en tira un a lui, cc ils décamperent tranquillement avec ce butin, pour ne plus revenir de cette nuit - la (*). Les j. A. Et ils ne firent point de mal aux gens qui étoient dans la cahute? Le b. A. Ils eurent même la difcrétiondene pas y entrer, & vous trouverez ailurément que ces deux brigands eurent pour ce coup-labeaucoup plus d'honnêteté qu'on ne leur en connoit pour 1'ordinaire. (♦) V.-yage du Séneeal par M. Mxifor. , édition * £r udtbuurg , 1773 , page 174.  Du regne animal. ■ «gj • Lesr ;\ A. Ah! c'eft pour rire; n'eft-ce pas, bon Ami, que cela n'eft pas vrai? Le b. A. 11 n'elt pas honnête de dire aux gens qu ils en ont menti; mais on peut douter fouvent de ce que difent les livres, furtout les relations de voyages. C'eft un nommé Ai. Adanjon qui nous a raconté cela dans un hvre comme étant arrivé a lui - même ; on peut fe dilpenfer d'y aller voir , & le plus inent S e" rapPorter è lui t0Llt bonne- ^wV'e?e' T16/0" Peut tirer du loup conlilte dans 1'ulage de fa peau; on en fait des couvertures de chevanx , des peliffes , des manchons , & autres chofes femblables. La chair en elt de mauvais goüt, mais il ne laiffe pas q y avoir des pays oü elle fe mange. On prend auifi leurs dents pour les enchaflèr au bout d un manche, & Pon s'en fertpour polk différente* chofes, chez les orfévres, les °riveurs, les doreurs, les metteurs en eeuvre, ks reheurs &c. On fait encore de ces dents un «utre ufage, maïs qui eft a réprouver; c'eft de les donner aux petits enfans quand ils font leurs dents, paree qu en les mettanteontmuellement ■entre leurs gendves, ils en amolilfentla chair & les deins percent mieux: mais on a dprouvé qu il eft iruifible d'employer a cet ufage des ma■IMts auffi dures comme eft encore lMvoire & Ion en a plufieurs autres & préférer, qu font connues de tout le monde, tséttttitftxis' iiï. ril 'i ',u' .'> ',■/, '/) ;>•- vt ■ Le Chacal ou Iacal. La couleur jaune de fon poil lui a fait auffi donner le nom de loup doré; 11 eft gros commé  T)u regne animsi. ,1e renard, & Te trouve dans 1'Afrique & auLevant, oü il fait fa proie de petits animaux, & même de chair humaine, s'il en peut avoir, comme de petits enfans, ou des cadavrcs qu il déterre (2*«i. XJJ, fig- 4*0 On a imagine que ce devoit étre cette efpece d'ammal dont bamfon ou Simfon s'étoit fervi pour chatierlesPhiliftins. Car comme les chacals vont toujours inar troupes nombreufes, il fut aifé a ce juir & % fes camarades d'en raffembler trois cents éi de 'les attacber enfemble par la queue, en y ttttachant des brandons de paille allumée, alm de les lacher enfuite a travers les moillons , les ï.vignes & les plantes d'oliviers des Phüiftins, cc .d'y mettre le feu. L'Hiene. Cette béte farouche, fans être 1'une des plus -^•olfes. eft cependant 1'une des plus ternbles, fieaucoup plus furieufe que le loup . elle ne crahit ni le tigre, ni le léopard, & fe défend 'même contre le lion. Elle va chercher fa proie 'mini bien de jour que de nuit, & quoiqu elle mange quelquefois de jeunes raeines d arbres , cependant elle eft infatiable de la chair des animaux & même de chair humaine. Quand il lui eft arrivé une fois de s'en ralfafier, malheur 1 la contrée qu'habite ce monftre! elle devient alors fi avide de carnage cc de fang, qu elle dé"tmit en peu de temps des troupeaux nombreux de bétail, & dévore une infinité de perfonnes ; enfin elle ne cefïé d'égorger que lorfqu il ne fe méfente plus rien de vivant fous fes yeux, ou $ fes autres fens, car elle a l'ouïe & 1'odorat trés fubüls. Elle n'a pas moins de,goüt pour  Du regne animal sgs iles cadavres ; auffi cherche t-elle les cimetieres pour les y déterrer a plufieurs pieds de profondeur; elle ne manque pas de fuivre les armées & de fe trouver Air les champs de bataille, 014 cl.'e trouv.e .une ouantité de cadavres ou aban» donnés ou a peine recouverts de terre. L'hiene ne ié trouve guere que dans les elimats chauds de 1'Afrique & de 1'Afie • car quoique l'on ait donné ce nom a que'lques animaux carnaffiers d'une figure particuliere qui fe font montrés de temps a autre en France. cc y ont exercé des ravages dignes de l'hiene * 011 a cependant lieu de douter que c'en fullént. Elle a les jambes plus longues que le loup.» mais le corps plus ramalfé, le poil d'un brun jaumltre , les oreilles longues & fans poils. le muleau camus (Tab. X, fig. ioj. Elle fe tient dans les trous de rochers, ou dans les creux fous la terre , & la durée de fa vie efl de vingt a trente ans. Elle va prefque toujours la tête balie , óc comme elle a le cou roide & court , elle eft obligée de tourner tout le corps pour regarder de cóté , de même que le porc cc le crocodile. Elle peut lupporter Ia faim pendant un temps ctonnant, & iauter a une diltance prodigieufe ; deux tacultés qui augmentent beaucoup le danger de la pourfuivre & la difficulté de la réduire. Ou a vu plus d'une fois des cent & deux cents payfans armés de pieux & de pierres , & 1'uivis de beaucoup de chiens, marcher contre une feule hiene & ne pas en venir a tout • fouvent même des troupes dc foldats & de chafleurs mieux armés n'ont pas eu plus de fuccês. La chair de l'hiene eft de fort mauvaisgoütt  Du regne aninmL ii fa peau même ne vaut pas grand' chofe noa plus 1) elt ïmpoflible de 1'apprivoifer, quelque 'feune ou'on la premie, & de quelque méthode que l'on fe ferve. On en amene rarement de yivantes en Europe. UOurs. II v-en a deux efpeces, celui de terre & celui de mer: le premier ne va point a 1 eau , & 1'autre vit moins fur la terre que dans 1 eau & iur la glacé. Du refte, ces deux efpeces font entiérement différentes, tant par la conformation que par le naturel. L'ours terreltre dont vous voyez deux, lab. VILI fe, 27, eft un animal lent & qui n a d'autr'e voix qu'un certain grognement; il y a le noir & le brun , qui, felon de bons auteurs, ont des différences de caractere comme de couleur En général, cet animal a les pattes larges & prefqu'en forme de mains, la queue courte, le poil long, épais , rude & prefque frifé, qui ,1e fait paroitre informe en voilant le contour de fes formes, qui du refte ne font pas des plus élégantes. II grimpe fort bien fur les aries, mais fans agilité, mange des fruits&des srains, eft fur-tout friand de miel & de lait, mais fait aufli fa proie de petits aiumaux, & quand il eft irrité, il fe jette même fur 1'homme S dechire, étouffe, tue. La durée de fa vie $ cle viiigta'vingt-cinq ans, & la femelle met bas tous les ans trois a cinq petits ourlpns. L'ours fe trouve en Europe, en Ahe & en Amérique. II v en avoit jadisenPalefhtie, puitque le prophéte Elifée en fit venir deux pour dévorer quarante-deux jeunes étourdis  Du regne animci. 265 voient appelé tête pelée, attendu qu'il n'avoit pas de chevcux. II y en avoit auffi en Afrique, puifque les Romains en tiroient de Lybie pour leurs fpeétacles. Jadis encore les Germains paffoient les journées entieres couchés fur des pcaux d'ours a dormir & a ne rien faire, comme un Turc fur fes couffins (fofa), d'oü leur eft refté 1'ancien lbbriquet proverbial de Bcerenhceuter , pour fignifier un fainéant, un lache. Pendant 1'hiver, l'ours dort des fix, dix, quatorze femaines durant, faute de trouver de pature; ce qui dépend, au refte, de la longueur & de la rigueur de 1'hiver. Cependant il ne tombe point dans Fengourdilfement comme la marmotte. Quelquefois il fe loge dans de gros troncs d'arbres creux, a des quarante ou ioixante pieds de hauteur, & quelquefois aufli a terre fous des raeines & parmi les brouffailles, 011 il fe conftruit une efpece de cabane de brauchages , bien recouverte de moufl'e & d'herbes pour étre a 1'abri de la pluie , & bien tapifl'ée par dedans de feuilles &demoufle auffi pour être couché mollemeiK. ■ II monte fur les arbres fruitiers pour y cueilhr les fruits, ce qu'il fait en fe mettant a califourchons lur une branche, d'oü il fe dreffe, & fe tenant de 1'unc de fes pattes de devant, de 1'autre il prend les fruits & le? porte a fa gueule, ou bien il attire une branche qui en a \ & les cueille avec la gueule même. Pour defcendre, il embrail'e le tronc de 1'arbre, & fe laiffe gliffer jufqu'en bas a reculons, ou bien il fe roule en un paquet & fe jette a terre. Quand on le prend jeune, on peut 1'apprivoifer jufqu'a un II". Partie. M  a66 Bu regne animal. certain degré, &luiapprendredifférentes chofes comme a danfer, k battre la caiffe , &c. Les Polaques, dont vous voyez un repréfenté ktefig. 28 de la Vllh. Tab, prennent les ours d'une maniere affez commode, favoir en leur mettant pour app^t du miel dans lequel ils ont mêlé de 1'eau-de-vie qui enivre 1'animal; au bout de quelques minutes qu'il en a pris, il chancele d'ivreffe & l'on s'en rend maitre fans aucun rifque; d'oü il faut conclure qu'il n'a pas le vin méchant. II y a des ours qui ont prefque la groffeur du boeuf, & l'on en trouve de tout blancs. La chair en eli bonne, & fe mange dans prefque tous les pays, fur-tout les ]arabons & lespaturons, qui font trés déhcats. Les peaux d'ours noirs s'emploient a faire des couvertures de chevaux, des bonnets de grenadiers , des manchons, & des pieces d'habilleraent fourrées. • VOurs Mme. L'ours blanc, ou aquatique, ou de la mer glaciale (Tab. XI, fig. aj), eft beaucoup plus |Yos que: l'ours terreftre, & fouvent de la grandeur du taureau (& même deux ou trois fois autant). II a le poil long & blanc, & du refte beaucoup de reffemblance avec le chien de bcr*er On le trouve vers le Spitzberg & le Groenlande, de même que dans la mer glaciale, a laquelle ces pays font adjacents. 11 fait ia Proie d'oifeaux & de poiffons, & mange aufli les cadavres de baleines & de chiens- manns. Cet animal eft plus rufé & plus alerte que l'ours terreftre, faute leftement * la mer, plonge & nage aifément, & s'y défend con-  Du regne animal. a avec une couple de vaches & quelques chevres,. ent une familie a nourrir & entretenir. Dans 1'antiquité, le bétail, tant a laine qu'acornes, formoit toute la richeffe des hommes» Abraham &J.icob, qui furent des particulicts puiffamment riches, & confidérés même comme princes de leur nation, ne poffédoient pour toutes richeffes que des troupeaux. Aujour J'hui , s'ils ne font plus 1'unique richeffe des particuliers, & fi l'on peut être trés riche fans avoir un feul bceuf afoi, du moins, eft-il inconteftable qu'ils font encore la principale richeffe des étars & des provinces, de forte que ceux oü ils abondent le plus paffent avec raitón pour jouir d'un bieu-être plus affuré. Les troupeaux nombreux confervent 1'argent dans un pays, & y attirent celui de 1'étranger: il y a toujours des milliers d'habitans qui ne vivent que de lait, de beurre & de de fromage, & qui tirent, pour ainfi dire, tout de leurs troupeaux. On n'y a que peu la difette a craindre, exceptéles cas d'épizootie, c'eft-a-dire, de ces maladies funeftes qui fe répandent quelquefois fur les beltiaux & les font périr par miüiers: tandis qu'au contraire les pays qui n'ont pour reffource que des vignobles, 1'exploitation des mines, ou toute autre quelconque, font toujours plus  284 Du regne animal. expofés a tomber dans 1'indigence & Ie befoin. On ne garde guere de taureaux entiers que le nombre néceffaire pour Ia multiplication de 1'efpece; toutle refte eft coupé, afin derendre ces animaux plus dociles & plus propres foit pour les travaux, foit pour 1'engrais. Quand on a fait fervir un bceuf a la charme pendant fix, huit, dix années, & quelquefois plus longlemps , de même qu'a la voiture, on 1'engraifle pour le tuer & le manger. Mais il y en a beaucoup , & même la plus grande partie des bceufs, gui ne font jamais employés a aucun fervice, &. qui font mis a 1'eugrais dès qu'ils ont pris toute leur crue. Quant a la vache, qui n'eft que rarement aflujettie a ces rudes travaux, on eu tire en revanche du laitage pendant des dix a vingt années , après lefquelles on 1'engraiffe encore pour la manger comme le bceuf. Mais la vianden'en eft pas a beaucoup prés auffi fucculente, auffi tendre, ni d'auffi bon goüt. Au refte , laviande de bceuf fe mange non-feulement fraiche, rótie ou bouillie pour 1'ordinaire, mais encore on en fale, boucane, fume une trés grande quautité. On mange jufqu'a fes entrailles, & même en quelques endroits fon fang auffi. Lagraiffe, qui fe durcit, ou fon fuif, fert a faire du favon & des chandelles. Les Anglois tirent la pellicuk ou épiderme du gros boyau, nommée baudrucbe, pour en faire les formes dans lefquelles les batteurs d'or préparent les feuilles légeres de ce métal, ou d'argent & de cuivre, qui fervent aux doreurs. Les cordonniersemploient le cuir de bceuf, de vache & de veau, lesbourreliers, felliers, de même; on en fait desfeaux a porter de 1'eau, & fur-tout pour ks cas d'in-  Du regne animal. 28^ cendie, paree qu'on peut lesjerer de haut furie pavé fans lesendommager: en Angleterre on en fait même des tabatieres. Enfin les Rufles lepréparent d'une maniere particuliere en lui donnam une odeur agréable, & c'eft ce que nous appelons du cuir de Ruffie, que quelques-uns écrivent mal-a-propos rouffi, ne fachant pas que c'eft la feule phrafe oü les Francois aient confervé la vraie prononciation du nom deRufiie & de Rulles, qui s'appellent eux-mêmes & ?"e *0UtB \e m°nde •> excepté nous, appelle Koulies & Rouffie. Ce cuir dans le pays oü on le fait porte le nom d'ioufle ou bien iougte. Le cuir de vache eft plus mince &plusfoibIe que celui de bceuf, & s'emploie peu en femelles ; mais fes autres parties, par exemple , fes inteftins & fon fuif, s'emploient comme celles du bceuf. La peau du veau, a caufe de fa fouplefie & de fon peu d'épaifleur, ne s'emploie qu'en empeignes par les «ordonniers, & a d autres ufages chez les ouvriers en peau comme auffi a faire du parchemin & des tambours, des havrefacs en leur laifl'ant le poil, &c. Le poil de vache & de bceuf eft auffi d'ufage pour rembourrer les chaifes , les felles &c.; leurs cornes pourfaire des peignes, des boutons, des tuyaux de pipes , des tabatieres, des écritoires des lanternes, & une infinité d'autres ulteniiles. 11 paroit hors de doute que nos ancêtres ont fait de ces cornes, telles que la nature les donne, leurs premiers vafes a boire & leurs premiers inftrumens a vent, d'oü nous eft venu peu a peu 1'invention de la trompette & du cor de chafle. II y a plufieurs endroitsoü 1 on le lert des ongles de bceuf comme d'un engrais pour la vigne. Le cri de ces animaux fe nomme mugifle-  286 Du regne animal. ment, de mngir; mais celui du veauapproche du bêlement de la brebis. Celui ,du taureau eft le plus grave & le plus male, de même que le taureau lui-même eft un animal fier & indomptable qui ne ié laiflè point mettre fous le joug, & ne lért uniquement qu'a faitlir les vaches & produire des veaux. Ce bétail n'eft pas par-tout de la même taille; pius le climat eft chaud, plus il perd en grandeur. C'eft en Hongrie, en Pologne & en Angleterre que l'on en voit de, la plus grande taille,- il y en a de fuperbe aufli en Suiffe, en üanemark, en Refvig, en llolftein, en Frilé. On trouve en plufieurs pays des taureaux fauvages, dont la figure differe confidérablement de celle des nótres, & qui portent des noms tout aufli différens : tels font faurochs, le buffie, & le bifon, L'uurochs ou bien ourochs eft une efpece d animal que l'on s'accorde a regarder comme le vrai taureau fauvage & originel, &pour lequel on a adopté ce nom allemand compofe, qui ne fignifie autre chofe que taureau fauvage, taureau des bois. II fe trouve en Autriche, en Ruffie , en Hongrie & en Pologne. Le bifon, que l'on pourroit nommer boukelochs, c'eft-a-dire, taureau a boffe, paria même raifon que l'on nomme le précédent aurochs, eft un animal del'Amériquefeptentrionaie, que l'on regarde comme le plus gros & le plus fauvage de toutes les efpeces de taureaux. II a fur le cou & fur le poitrail de longs poils d'un brun foncé , & fur le dos une boffe auffi garnie^de poils : fes cornes ne font pas aufli groffes qu'elles devroient 1'être a proportion de nos bceufs (Tab. IX, fig. 6.). Du refte, il eftd'un naturel trés féroce, trés indomptable, & quand on  Du regne animal. a3y veut en amener en Europe, on eft oblïgé de les enchalner & même de les enfermer dans de fortes cages ou loges qu'ils ne peuvent rompre. Le buffle eft encore réputé une efpece de taureau qui , originaire de 1'lnde, fe trouve depuis plus de douze üécles naturalifé & multiplié en Italië, en Hongrie, dans le Tyrol & ailleurs, oü l'on s'en fert au labour. La maniere de les apprivoifer eft de leur palfer un anneau dans les narines. Quoiqu'ils relfemblent au taureau, ils ont cependant le corps plus court & plus gros; ils font d'ailleurs beaucoup plus fauvages , & ils ont prefque tous le poil noir- Onaremarqué que cette efpece refufoit de s'allier a celle du taureau domeftique; d'oü il faut conclure qu'elles font plus différentes entr'elles que celles de 1'aue & du cheval. Le buffle a la peau trés épaifle, & c'elt de fon nom que l'on ap^ pelle buflieterie tout ce qui dans 1'équipement des foldats elt fait de cette peau ou d'autre cuir épais. Le bceuf mange vlte tant qu'il a quelque chofe devant lui & que fon premier eftomac n'eft pas tout-a-fait rempli; après quoi il fe couche pour ruminer, opération qui confifte a repaffer ou remacher tout ce qu'il adans ce premier eftomac ou dans cette première poche, jufqu'è ce que 1'herbe foit alfez attenuée pour pouvoir entrer dans le fecond, & de la dans les autres; car tant qu'il broute, les conduits de la digeftion reftent oififs. Vous vous fouvenez bien que nous avons déja parlé des quatre eftomacs, ou fi l'on veut des quatre divifions ou poches du vafte eftomac des animaux ruminans, comme le taureau & la vache, le cerf, la renne, le chameau, & d'au-  2S8 Du regne animal. tres encore. Ces quatre eftornacs ont chacun leur nom & leur ufage. Le premier fe nomme la pani'e (yenter rumen) , dans laquelle 1'herbe ou le foin que le bceuf a mftché & avalé, s'humecte & fe macere pendant quelque temps. De la cette malfe eft renvoyé par morceaux dans la bouche, fans doute a 1'aide ou par l'aclion du fecond eftomac, nommé le bonnet ou la coiffe ou le réfeau (reticulusX Alors le bceuf la remache & en fait une efpece de bouülie iemblable a des épinars bachés, qu'il fait entrer par une très-petite ouverture qui reifemble ï un crible, dans le troifieme eftomac ou vcntricule, nommé le feuillet, ou le livre, ou le plautier (erinaceus, omafus.^) Enfin la maffe y demeure pour y fubir une troifieme préparation, coftion, ou macération, jufqu'a ce qu'elle foit affez déliée & affez fine pour être admile dans le quatrieme & dernier ventricule ou lac , nommé vulgairement la caillette, ou laverge (perfeSlibile, abamafus): c'eft la que s'acheve & fe confomme 1'ouvrage de la digeftion, fuivi de la fécrétion du chyle, de fon paffagc dans les inteftins, & de la diftribution dts fucsdans tous les vailfeaux du corps. Voulons-nous a préfent aller yifirer la fromagerie, la beurrerie, la laiterie? Les j. A. Ah oui! bon Ami; nous verrons comment on fait tout cela, quoique nousayons déja vu battre le beurre... Et puis nous gouterons s'il eft bon; n'eft-ce pas? Le b.A. Ah, les petits fnands! allons, allons; néanmoins, puifque nous fommes en train, je vais vous dire en deux mots comment l'on s'y prend; après cela nous pourrons en raifonner plus pertiiiemment avec les beurrieres. r Pour  Da regne animal.' 'Pour 'le !beurre donc, voici comme l'on: ?fait. On veife du lait fraichement trait dans des vafes larges & ronds, que l'on dépofe dans la -laiterie, c'ell-a-dirc, dans un lieu frais & tenu bien net, oü on les laifle trois ou quatre jours fans les remuer. Au bout de ce temps on, enleve la peau épaifle & grafie qui s'eft formée au-delfus du lait & qui eft la crème; on la jette dans uu vafe de bois fait -exprès & nommé auge, qui eft long & étroit, fur-tout par le haut, ou bien feulement dans un plat profond, oü on I'agite & la bat avec une batte, ou une cuilliere , ou un morceau de bois, jufqu'a ce que tout Je petit-lait foit féparé de la partie graife qui refte en une malle a part & forme le beurre; au lieu de petit lait on dit auffi lait de beurre: il eft fort fain quand il eft frais, & de bon goüt. Enfuite l'on paffe encore le beurre a 1'eau en 1'agitant & remuant jufqu'a ce que 1'eau refte claire & qu'il n'en forte plus rien; alors le beurre eft bon a manger, foit étendu fur du pain, foit cuit & fondu; car on le fait auffi écumer fur le feu pour en faire ime maffe de graiffe qu'on nomme beurre tondu, & que fon conferve long«temps dans des pots. On s'en fert même plus ordinairement dans les cuifines que du beurre frais ou même falé, comme il fe pratique en Bretagne, & dans d'autres pays; par exemple , dans la baffe Saxe, en prenant une once de fel pour chaque livre de beurre. Quand on ne trouve pas le beurre affez jaune, on peut lui donner de la couleur avec la fleur lle. Partie. j$  ggi regne animal. de fouci, qui eli faifte & ne donne point d'o deur. , _. ,T Voyons k préfent le fromage. Vous en avez bien mangé fans favoir toute la peine qu'il eu .coüte pour le faire, n'elt-ce pas ? Les j. A. Mais ell-.ee que c'eft donc bien difïicileS . , Le b. A. C'eft une opération pinible, du moins. On prend le lait écrêmé comme nous avons vu; on lc met au feu pour le faire cail}er & enfuite dans un fac pour faire égoutter, en'le prcifant, toute 1'eau ou la férofité, de facon qu'il ne refte que la partie caféeufe ou, le fromage naturel, que l'on rappe , deïfeche, & laifle en malle jufqu'a ce qu'il le gate, c'eft•Vdire qu'il fermente. Alors on y met du iel % du 'cumin & on en forme une pfite, que l'on divife en petits fromages ronds tels que ceux cue vous voyez vendre fèpt a huit lous la dou«airiè ; 011 bien , ■& fon veut, on les lait plus cros. On y méde aufli a volonté d'autres herbes de bon goüt, & alors on lts nomme fromages aux herbes. . Les j. A. Mais, comment fait-on donc ces gros fromages qui font prefque comme des jneules de moulin, comme l'on en voit venir des chars tout pleins? ' Leb A. Vous voulez dire les fromages de fuifie," auxqucls on peut rapporter ceux de ï-lollande & beaucoup d'autres. C'eft prefque la même manipulatiou que pour les petits Iroma^es de payfans j mais au lieu dc lait aigre & écrêmé, on n'y emploie que du bon lait coux, que l'on fait cependant cailler. t?W Sa, dés que le lait eft trait ? on le jette dans  Da regne animal. spi chaudrön for le feu-, & quand ilcommence a s'échauffer, on y jette une cuillerée de préfure, qui elt une eau corxjpofée avec les caillots qu'on trouve dans le quatrieme eltomac des veaux; on prend, a cet eifet, 1'eltomac entier du veau., ou même deux , felon la quantité'de préfure que l'on veut; on les coupe en morceaux que l'on met dans de 1'eau avec une poi. gnée de fel pendant quinze jours. Une feule cuillerée de cette eau fuflït pour faire cailler cent pots de lait. Quand le lait eft caiüé & que la partie caféeufe eft bien épailïïe, on la puife avec des grandes cuillerestrouées, pour la mettre dansles tormes oü o n la laifle bien égoutter. Quand Je caillebot elt bien fee & a acquis affez de conlirtance pour être enlevé tout d'une piece, on le porte fur uneplanche , dans un cercle de bois ou d'écorce, oü on le couvre d'un linge bien qiropre, & l'on met le tout en preflè fous des pierres pour achever de faire fortir tout ce qu'il pourroit être refté de férofité. Voila le fromamage; & pour lui donner du goüt, auffi bien que pour le rendre de garde, on 1'arrofe d'eau de fel. Quand le fromage eft frais, il n'a point ce goüt piquant que quelques-uns craignent & «que le plus grand nombre recherche; il nel'acquiert qu'en viellilfanr. 11 n'eft pas toujours également gras; la différence vient de ce que fouvent on ne le fait pas avec du lait fralchement thé, mais avec du lait qui a été écrêmé une fois ou deux; pour lors il ne fauroit être bien gras. Le fromage de chevre & de brebisfe fait de la même maniere que celui de vache. On lui donne toutes les formes que l'on veut; il y en a de ronds comme une buule, d'autres JN 2  Bu regne ammat. plats & ronds, d'autres ronds & longs, d'au». tres quarrés, &c. Quelquefois on mêleavecle ' lait le fuc de dijlérentes herbes falutaires & de ^o.n goüt. Au refte, on tire encore bien d'autres avanlaees de ces animaux, outre tous ceux dont nous avons fait mention. Lesrognuresdepcau, les pieds de bceuf, les nerfs, les cartilages, dilr fous au feu, dans 1'eau, fervent a faire une excellente colle, nomrriée taurocolle, qui eft employée par les menuliers, par les peintres, cy a rriille ulages. On a fait de la toile avec les fibres ou filandres de leurs tendons, qui eft d'une iorce & d'une élafticité linguliere. On retire du petit-lait, par fa cryftallifation , une efpece de fel qu'on nomme fucre de lait, & qui eft fortutile. Le fiel du bceuf eft employé foit en médecine, luit a la toilette des dames, lbit chez les teinturiers & ks dégraiffeurs, foit chez les peintres de même que "ia pierre de ce iiel. Le lang du bceuf fert én médeeine, dans les fucreries, & ^illeurs. La fiente même du bceuf a une vertu hiédecinale, de même que 1'urine de vache que fon fait boire fous le nom d'eau de mille lleurs. Les os de ces animaux fervent h fairè une iniinité d'ouvrages & d'uftenfiles, qui font prefqu'aulïi agréables & auffi folides que ceux d'iyóirc. Le fimple féjour même dans une étable a vaches eft trés Utilë a certains malades. Le Bélier. Toute béte a laine eft pour nous un mouten : c'eft le terme le plus commun & le plus uOxé'; celui de brebis l-'eft auffi beaucoup, & t} jus comprenoiis, par un des abus ordinaires  Du regne animaï ' óu nous jette 1'ufage en fait de langue , ibu^ run ou 1'autre de ces noms r le male & £a femelle , le pere, la mere & les petits 5.quoiqu;.r les noms d'agneau & de bélier ne foiént paS; tout-a-fait inufités parmi le peuple.- Mais pu.ilque la brebis (Tab. V, fig. 27.) eft la femel-* le, 1'agueau (fig. 26.) fon petit, le mouton un male coupé ou cbatré, & Ie bélier (fig. 24. J le vrai mille de 1'efpece, pu celui qui la multk plie & la perpétue, c'eft a lui de prêter foii nom pour la défigner. Les bêtes a laine (car il n'y en a pas d'atttres) font des animaux de la plus grande utilit'é pour nous, & qui par cette raifon fe trouvenftrés multipliées par-tout 011 il y a des habitstions humaines. Leur douceur eft fi graude: qu'elle eft patfée eriproyerbe ; elles yiverit d*her• be & de végétaux, & la durée de leur vie eft de douze a quinze ans. La brebis met bas 1011310* ans un agneau, quelquefois deux, mais rarement: il eft encore plus rare qu'elle fafle deux portées par an, li ce n'eft dans les pay-j* chauds. On rie trouve nulle part dans Funivers' des brebis fauvages, c'eft-&• dire, qui vlvent dansles bois ou dans les champs, comme les lisvrês ou les lapins, fans le fecours des hommes; car' cet animal eft trop timide, trop ftupide, trop; foible, trop dépourvu d'induftrie & de rei*fource (*). Le moindre petit bruit, un enfant £*) U fa'it dire qu'il n'y s point de béliers fauvaj-e?r t»is que les nótres font, c'eft a-dire, foibles Si. dépou-vus de refiource; ou bien, il faut donner des raifonrr pour prouver qua M. de Bufon & d'autres naturali,'l;5; «"at eu tort de prendre Ie morjlm po»r Pefpsce du béikt' N 3  Dii regne anim&h- qui leve la main, une petite pierre qui tombe' au milieu d'eux, il n'en faut pas davantage pour jeter Fépouvante dans un troupeau de ■ moutons; ils courent les uns fur les autres, fc i'auvent, fe précipitent, fans favoir même oüi ils vont: enfin ils font expofés a tous-les danger, fans être en état d'échapper au plus petit. Le loup vient-il'dans un moment oüle chien & 3e berger foient éloignés, il ne trouve pas la moindre réfiftance, il peut les choilir a fongré, les égorger, les emporter, pas un ne fon ge même ifuir. , , Les j. A. Comment! ils-ne fe défendent point ? Le li A. Un mouton fe défendre! an, ce feroit bien la un vrai miracle;. a la vérité 11 fe débat un peu & trépigne des pieds, mais ybilii tous les lignes qu'il donne d'impatience ou de colere. Les j. A. Au moins ils devroient fe fauver. Le b. A. lis courent ibien d'ün cóté & de 1'autre, mais tous a la fois & du même cóté, & fans aller loin. . D'ailleurs ils ne font pas faitspour la courfe, ils perdent haleine au bout de quelques pas, & tombent de fatigue. Ainfi il faut les conduire, les- garder, les nourrir avec le plus grand foin; les mettre a 1'abri de la cbaleur & du froid, de la neige & de la pluie ; car quuiqu'ils ne puiffent fupporter les intempéries de l'air, & qu'il en réfulte pour eux des maladies qui les font pdrir par milliers, néanmoins ils reftent des heures en- & de la brebis dans 1'drat fauvage. Nous en dirons un moi «l'après eux h la fin de 1'articie.  Èxi regne animaï ;:v'- rTereS a la même place, expofés. a Ia pluk, .V Ia neige, a la grêle, les yeux fixés en terre, 1'anS avoir' 1'inftinét de chercher un abri; il fauc «me les hommes les viennent tirer de cet état, ou ils périroient infaiiliblemenr d'une maniere ou de 1'autre (*). On pourroit croire que cette ftupidité Jer f endroit indociles & récalcitrans, comme & le mtllet, mais point du tout; rien de plusdocile, de plus fouple, de plus obéiffant que' ces animaux: ils lè laiilènt conduire oü Ton1 veut. Le berger va devant, va derrière, va Ü cóté', tous fuivent fa voix en troupe fer-rée,fans s'arrêter, fans fe difperfer dans les bfeds „• ks vignobles, les bois ou les champs; s'ils'ea égare" une ou deux du plus nombreux trou. peau, c'eft par ftupidité & non par humeur de courir. Au refte, on a des chiens parfaitement dretfés a ce métier, & quifaventksraffembkr,les furveiller, les garder ks défendre & met veilk,- les conduire au paturage, les ramene. a la bergerie , en un mot, les tenir en ordre: jour & nuit. On pourroit donc dire que 1'efpece dès betes a laine eft la feule efpece d'animaux, qui dans 1'état oü elk fe trouve, ne pent fe palfer du te* (*) On n efTave de fnirë paro'iPr en plein air der moutons pendant toute l'anné'e, été & lüver, expofés k toutes les intempéries da 1'air, & l'on a trouvé qiie c'étoit un moyen infaiilible pour les préferver .le' toute contagion & maladie, pour les rendre plus faiiur tons ont des queues qui pefent des vingt a trente livres, fans que • 1'animal foit plus gros que les nótres, ou fes jambes plus fortes. Les j. A. Des queues qui pefent trente lir vres! Le b. A. Tout autant: auffi a peine peuvent-ils les porter ou plutöt les trainer;-cette queue n'elt qu'une maffe de graiffe plus épaiiié par dellbus que par dellus, que l'on elt obligé de pofer fur une efpece de petit chariot a deux xoues, auquel le mouton elt attelé, & c'eft ainfi qu'on les vóit paltre par troupeaux,- tous la queue en carriole. Les ƒ.. A. Cela doit être bien comique! Le b. A. Affez comique vraiment, dumoina* (*) On doit répondre a cela que c'eft nous qui IV -vons mife dans cet état de foibleffet car pourqmi eft-ce que la nature auroit excepté un feul animal &.e.; deux époques, oü les Elpagnnls ont tiré de ce pays les beaux animnux Peur pm donjjé «ette foiirce de richt ffe», N j  298' Du regne animah air, de même'qu'en d'autres contrées ou I'Mf ver eft doux. En Afrique, les moutons ont au lieu de laine un poil fin & 'doux que l'on tond tous les ans, & dont oufabriquediverfesétufrés. Les anciens ne tondoient point la laine des brebis, mais üs 1'arrachoient par poignées; ce qui devoit faire crudlement fouffrir les pauvres bêtes. 11 eft vrai qu'elles font d'une patience extraordinaire, & que fouvent enfanglantées pandestondeursma!adroits qui leur ceupent la peau avec la laine, elles foulfrent cela lans témoigner la moindre impatience, fans même bêler ou £e plaindre. Dans nos pays , nous faifons latonte des brebis tous les ans environ au mois de mai, plustöt ou plus tard felon que la faifon eft plus ou moins froide; & toujours après les avoir bien lavées, pour que la toifon foit bien nette. Elles ont un peu froid d'abord, en fe trouvantnues; mais la faifon étant douce a cette époque , elles •• s'y accoutument bientót:; quelquefois même il fait déja li chaud en juin , que fi on ne leur ótoit pas leur fourrurc, elle leur deviendroit fort a charge, de facon que c'eft un vrai fervice qu'on leur rend, outre que bientót elle fe trouveroit déchirée peu a peu, comme l'on voit quelquefois même dès-lors des-moutons a moi-lié dépouillés. Vous avez vu que dans nos troupeaux de moutons il n'y a que les béliers qui ont des cornes, & jamais plus de deux: mais dans les climats chauds, comme en Afie, en Afrique, prefque toutes les bêtes a laine ont des cornes, les brebis & les moutons même aufli bien que les males entiers. Ce qu'il y a de-plus fingulier, c'eft qu'ils ne.font pas bornés toujours a une  25a regne animal. t9 tiere, quelquefois même pendant le jour: & on les conduit ainfi d'une place a 1'autre jufqu'a ce que toute une terre foit fumée. VoiLV ce que c'elt que le parcage: alors le berger, couche avec fon chien dans un chariot couvert monté fur deux roues, comme vous devez en avoir vu aufli dans les champs. Enfuite la laine des moutons, combien do mains n'occupe-t-elle pas? combien de milliers d'ames ne nourrit- elle pas ,-pour en faire mos draps, nos-étulfes, 'nos bas, nos chapeaux , &c. ? De tous ces ouvrages-, les uns font fins. & chers, les autres plus groffiers & a meillcur compte, le tout felon la fineffe ou la grofliéreté de la laine : la plus fine donne les meilleurs & les plus folides, ce qui elt fur-tout remarquable dans les chapeaux:, car ils font- tous faits de laine, & il n'y entre que bien peu de poi's de lievre. Quant a ceux- que l'on appelle caftors ou chapeaux decaltor, ils font laitsde lins laine, & il ne faut pas croire qu'il y entre un feul poil de caftor:- autrement ils feroient bien encore plus chers qu'ils ne font, vu la chereté& la rareté de ce poil. Lesj. A. Mais, n'eft ce pas, bon Ami, que les chapeaux blancs font faits de laine blanche, & les chapeaux noirs de laine noire ?..~ N'elr.-cspas, bon Ami, qu'on les teint?..... Le b. A.. II elt vrai que l'on .teint tous ceux qui ne font pas blancs ou grisH & lors même que l'on travaille de la laine noire, on ne laifle. pas de les nafler a la teinture noire. Au refte ,. comme la laine blanche peut fe tcindre en telle couleur que l'on veut, cette facilité lui donne une valeur beaucoup plus confidérable. La  Dli~ïegnt antinal. rs»tf brebis n'eft pas de ces animaux que nous pouvons tuer fans regret, paree que leur vie nous eft inutile y cependant fi elle procure tant d'avantages pendant qu'elle vit, nous n'en tirons pas moins de fon corps quand elle a été mife a mort. On mange fa chair & feS entrailles , & dans certains pays l'on fait des boudins de fon fang comme- de celui-du vcau. Ses boyaux nous' fervent a- faire des cordes pour les inftrumens de mufique, tels que violons, baffes, harpes,- de même que-pour plufieurs autres ufages. On retourne les boyaux r on les lave , &•• on les tourne» ou tord enfemblc. II en faut toujours- deux pour les plus fine» cbanterelles de mandoline, trois pour les plus fines de violon, fept pour les plus fortes de cet inltrument ,, enfuite un plus grand nombre rv proportion de la grolfeur des cordes, enfin juf£ qu'-a cent vingt pour les p'fis groffes cordes de' contrebafie. Ón fe fert aufii pour cette fabrique' des boyaux de chevres , de chats & de veaux, mais les meilleures cordes fe font avec ceux de chat & d'agneau. On en fait de bonnes en plu. iieurs endroits du royaume, mais celles de Rome font encore meilleures, &-les- plus excellentes font celles de Naples. La peau de mouton eft propre a faire des culottes, des-bas, des bourfes ou facsdediffé» rentes natures, & l'on en fait auifi du cordouan & du parchemin : enfin le fuif eft fort propre a faire des chandelles. Or vous favez que le fuif eft cette graifle qui fe durcit, différente par conféquent de celle qui relte toujours molle : il n'y a que les animaux ruminans, ou du moiiis. N 7  1 j Êir regne animal'. frugivores qui donnent du fuif; les autresn'oni' qu'une grailfe molle & huileufe. Le moufflon relfemble li fort au bélier domeftique , qu'on le regarde comme le bélier fauvage; & ce.quiconfirme cetteopinion , c'eft qu'il produit des agneaux en s'accouplant avec la brebis domeftique. II eft vrai qu'il' eft couvert de poil; mais il y a bien des efpeces de béliers domeftiques fur-tout dans les' pays' ehauds, qui ont de même du'poil au lieu de laine. Sès* cornes fent trés fortes, & c'eft une arme pour lui avec laquelle il fait trés bien fe défendre,-d'autant plus qu'il eft vif, fort, & léger. II i'e trouve dans la Ruffie, la Siberië mé-* ridionale, la Grece, la Sardaigne, la Corfe, quoique felon un autre naturalilte, celui dc cette dernierë He ait plus de rapport avec lechamois 1 qu'avec le bélier, aux cornes prés.- Le Boiici ■ Ce nom eft celui du mille (Tab. V, fig. 25) ,» cc la femelle (fig. 23.) Porte celui de chevre, qui eft plus connu, paree que dans les troupeaux de ces animaux on ne conferve que peu de males; de forte que l'on dit toujours un 1 troupeau de cbevres & jamais un troupeau de boucs. Les petits ont auflf un nom a part, & fe nomment cabrils ou cbsvréaux, tant males 'que femelles. Les j. A. Mais, poürquoi donc eft-ce que l'on ne veut pas avoir amant de males que de femelles?' ,. ' Le b. A. C'eft qu'il n'en faut qu un feul pour faire faire des cabrils è un troupeau entier de cent cinquante chevres, & que d'ailleurs ces  Tk-rignTanimaU- $0§k animaux'fentent trés mauvais, fi mauvais que l'on cn a fait une maniere de parler proverbiale. "Voila bien des raifons fuffilantes pour s'en dé=" barrail'er amant que Ton peut; puifqu'aufii bien ce font les chevresfeules"qui donnent 'du lait. Au reftë, la chevré eft un animal lefte & gai , &ne-reflëmble point a la brebis de ce cóté-la, non plus que par la docilitd ; elle eft auffi moins foible «Sc moins frileufe, fupporte lefroicl & 1'humiditd, & necraint point les orages. Elle faute comme une folie, bondit-, court de cóté ' & d'autre , & on leur voit faire ênfemblc mille jeux. Elle. a fouvent des querelles avec le refte de la bafl'e - cour, paree qu'elle eft un peu bargneufe, & quelquefois même elle regimbe auffi i contre le paften*. Elle faute Jégérement fur les baies peur entrer dans'les jardins, &ybrouter h la dérobée quelques fcuiiles'de choux ou de falnde; • rouge- d'ailleurs les jeunes poufles & les • feuillages des arbrifïeaux, en un mot, tout ce qu'elle rencontre de verdure. -Enfin, elle eft uil' peu têtue; mais il faut convenir auffi qu'on 1'agace fouvent, que l'ons'amufeala tourmenter,, a- lui tirer la barbe, & qu'on la laiffe fouvent des demi-journées k cóté d'une poignée de feuilles. - La chevre aime Ia compagnie deThomme cherche les endroits fecs, les hauteurs , lel • montagnes, grimpe fur les fommets les plus efcarpés, mange auffi de la mouffe & des marons d'Inde, & leche le fel avec plaifir quand on lui en donne. La durée de fa vie eft de dix & douze ans, & fait chaque année une porté'e d'un ou deux cabrils, quelquefois de trois ou de quatre. Comme fa chair eft de bon goüt 011 ne la laifle pas vieillir; celle de cabrilal'ap- '  gf± Èu regne animai. parence & prefque le goüt du mouton, qiior*' qu'elle ait une petite odeur que tout le monde n'aime pas: il y a même des pays, comme la iSlorvege & la Suede, oü Fon en fert prefque fur toutes les tables; aufli ces troupeaux-y font - ils nombreux. La chevre donne aufli un fuif de bon ufige; on fait avec fa peau du maroquin, du cordouam, du parchemin, des gants, desculottes, des bas, &c. II y a une maniere de la prdparer qui confifte a le faire macérer dans delachaux, afin de pouvoir en féparer la fine pellicule fupdrieure, ou 1 dpidermc , que fon nomme canncpin ; aprês quoi on le teinteubleu, rouge, verd, ou on le laiffe en blanc, & l'on en-fait des gants. Au refte, la-peau de chevre eft de meilleure qualitd &-plus chere aufli que celle de moutoni Son lait eft excellent, préfdrable même pour les vieillards & ]es malades a celui de vache & de brebis, & l'on en fait aufli des fromages d'un goüt exquis:- ceux- de Lyon entr'autres font renommés. Les chapeliers emploient le poil de chevre qui eft court, &• celui qui efblong-, fert aux perr-uquiers; on pourroit méme, li l'on vouloit, le nier & en faire des étoffes, comme celui des chevres' d'Angora (*) ou Angouri, quoique celui-ci foit plus fin, plus doux, long d'un pied, & blanc comme la neige. Auifi eft-ce le feul pays qui en fournifle, quoique les (_*) Angora ou Angouri eft un pays de 1'Afie mincure, animal d'une forme agréable, d'iine taille fvelte,; gai, vif, agile , qui franchit d'un faut les aby-; mes, ou s'y précipite hardiment pour éviter Ia: pourfüite des chafieurs- &..des chiens-;-il-a-le; poil gris, ■ brun - noirdtre & court,.deuxpetites; cornes fur le front, dont le bout fait lecrochet en arriere, & dont Ia bafe eft plantée prefque entre les deux yeux,.II vit auffi long, temps que le bouc fauvage, & fa femelle ne met bas non plus qu'un petit, rarement deux. - II eft bien rare que l'on en trouve mi feul a la fois; ils vont toujours-par bandes, males & femelles enfemble. Quand la bande s'arrête eli quelque lieu, il en refte toujours un en fen=tinelle pendant que les-autrescherchent abrouter; ij fe place fur- une pointe élevée pour dé-; couvrir de loin les-chafieurs -, les vautours , o\xles aigles; & dès qu'il appercoit, ou entend,, ou.même.-feut quelqiie chofe-'de-lufpect, il-cru  go3>: Du regne anima/C* donne fur le champ avis aux autres-par un Ion*, bêlement aigu, pu plutót par une efpece delifflement: i\ ce fignal tout décampe dans la minute, ou les voit d'un trait s'élancer fur les roes. & les pré-cipices, au rifque de fe caflèr le col comme il arrivé quelquefois. Mais lalégéreté de leur courfe déroute les hommes & met les chiens en défant, les vautours & les aiglesfcvent bien les fuivre du haut des airs, & les pourfuivre jufqu'a ce qu'iis aient trouvé les petits pour les emporter entre leurs ferres, ou jufqu'a ce que les gros tombés dans quelque abyBie s'y foient rompu les jambes ou le cou.. Les j. A. Mais, de cette faeon-la les chalfeurs n'en peuvent jamais attraper. Le b. A. A la vérité cela n'eft pasaifé, 6c ce. n'eft pas fans courir les plus grands dansers. On s'en va en vefte légere, un petit fac fur la dps oü Pon' porte une petite provifion de viande feche, de piin & de fromage, avec une pairè de bons crampons pour s'attacher aux pieds quand on a quelque endroit efcarpé a gravir, ou a grimper fur la glacé & lameigeendurcies ; on monte la montagne, frappantfur les rochers , battant les taillis, pour faire fortir les chamois de leurs trous, tandis que l'on fe tient al'alfüt. Ordinairement on eft adeux ou trois pour le moins, dont 1'un bat d'un cóté, 1'autre de 1'autre, & le troifieme eft aux aguets prêt a tirer, s'il en fort. On avance toujours de cette maniere, & fouvent l'on pafle desdeux ou trois jours a grimper dans les endroits lés plus périLleux, avant d'avoir fait capture ou même pu tirer uncoup. Souvent 1'un des chafieurs tombe en voulant grimper quelque part, cc fe calfe les bras & les jambes, de facon qu'il ne fout plus  Du regne animd. s<^ .penfer qu'a le reporter au logis a demi-mort: *>Q bien pis encore, j] tombera dans quelque abyme d'oü il eft impoihble de le retirer; quelquefois cependant en coupant leurs habits & ■leurs cheroifes en bandes qu'ils nouent bout a bout, les autres réuffiffent a retirer le malheureux qui s'ell laillé tomber. Les j. A. Pour moi, je renonce a la chaffe du chamois; il n'y a pas la de quoi s'amufër. Le b. A. Et cependant on a vu 'des ieigneurs, des princes, des fouverains , foux de cette chafle. Mais c'elt bien pis quand on de voit reduit fouvent a fe précipiter foimeme. r Les j. A. Et comment donc cela ? Le b. A. En courant après Je gibier & dans 1 ardeur de la pourfuite, on avance, on grimpe •toujours lans trop regarder par oü l'on Pourra jxvlefcendre. Combien de fois n'arrive-t-il pas que 1 on fe trouve parvenu dans des lieux oü Ion ne peut plus niavancernireculer, de forte qu il n y a de parti a prendre que celui de périf dfi iaim, ou de iauter en bas d'une hauteur eflroyable, fur un petit morceau de rocher qui avance large comme la main , Alors le mallieureux fourvoyé commence par jeter fon fufil & tout ce qu'il a de pefant, puis óte fes fouhers , prend fon couteau, fe fait une incifion proronde au talon ou fous la plante du pied pour fe faire faigner, dans la foible efpérance que la vifcolité du fang 1'empèchera de glilfcr en pofant le pied fur 1'endroit oü il vife. Mais hélas! combien y en a-t-il qui 0nt manqué eur iaut & qui ont miférablement pdri dans joyrs £S? C'£ft CC ^Ui arrive t0lls Ies  -jïo Du regne animal. L es i. A: Mais le chamois elt doncunanimdl tbien ucile, puifque l'on prend tant de peines ,pour en avoir? • Le b. A. 11 elt utile, fans doute, mais non ■pas a beaucoup prés pour équivaloir a tant de dansers. Aufli n'eft-ce pas toujours 1 intérêt qut 'en°'a»-eles chafieurs a s'expofer ainfi, demente ' quVla chafle du fanglier, puifque ce font Jouvent des perfonucs de rang qui ont cette paUion iin^uliere. 11 femble alors que les grands, las d'exercer un empire trop facile fur les hommes aviiis&rampans, cherchentl'honneurde domp'ler des efclaves moins dociies. Heureux datjs ce befoin de gloire, qu'il y alt. encore dans la nature quelques.fitres.qui ne foient paslousleur ioug ! Ou bien, -en général, 1'homme, en ie livrant a ces chaffes périlleufes, dont le profit ne peut coinpenièr les rifques que comme une 'paie de cinq fous équivaut a la vie d un tollat trouve un fecret plaifir a rentrer en quelcue forte dans 1'erat primitif de guerre ou la nature fe plut a le mettre quand elle 1 environna de tant d'animaux plus robuftes ou plusféroces ^Atw-efte, toute 1'utilité du chamois confifte dans 1'ufage que l'on peut faire de la peau, qui eft d'un ufage excellent, douce, cnaude, & a ia propriété', quand elle eft préparée, de pouvoir être iavée fans feroidiroufedetenorer ; on en fait des gants, des bas, des culottes. Mais a toutcrigueur on pourroit d'autant mieux s en paflèr que l'on a trouvé depuis longtemps le moven de donner aux peaux de moutons, de boucs & de chevres, lft même préparation ^cet art même a pris ie nom du chamois, et s appelle chamoiferie, comme l'on dit chamoiieur.  'Du regne animal. g tm tirailleurs on mange la chnir du chamois, & .i'on tire divers ufages de fon fuif, de fes cor,nes, &c. Ou trouve cn Syrië, cn Egypte, en Perfe, &q>, une efpeoe de bouc ou de chamois marcbant aufli par troupes, connu fur-tout, paree que l'on trouve dans fon eftomac des efpeces de pierres nommées bézoards, qui ont été en grande réputation médicinale, t& qui en jouiffent encore dans certains pays. Ces pierres ou calculs font de la groffeur d'une noifette , d'un brun foncé, quelquefois noires, font affez molles, & en les ouvrant on voit qu'elles lé font iormées par couches, a peu prés comme les oignor.s croilfent , d'un fuc épaifïï autour de quelque graine , noyau ou petit morceau de bois ltrvant de centre. Les bézoards ont été fort chers autrefois, puifqu'au rapport des voyageurs (de Tavernür, par exemple), un feul de la groffeur d'une noifette fe payoit cent écus. On s'en fervoit a tout remede, mais fur-tout en qualité' de contrepoifon. (On en diftingue d'orientaux , d'occidemaux & de communs fournis par dilférens animaux ; car ceux du porc-épic font les plus chers : ils font verthltres ou jaunatres , quelquefois de la °rof. • feur d'un oeuf de pigeon, & du prix de deux mille écus). La Gazelle. • C'eft un animal trés joli, trés lefte, de la grolleur, de la couleur & dc la n>Ure du chevreuil, voyez Tab. X.fg. sö, & qui fe trouve en Alie, en Afrique cc dans les Indes, par troupes, car il aime ia fociéré: la femelle met bas  Du regne animdl. tous les ans un petit, &ilsvivcntune vingtaine ou trentaine d'années. lis different cependant du chevreuil en ce que les cornes dc la gazelle n'ont point d'andeuillers , & font fimplcs comme celle dc la chevre, •& en ce que fon poil eft beaucoup-plus fin & plus doux, puilqu'il eft comme delafoie. La gazelle, que nous n'avons point dans nos climats, tient la place du chevreuil dans ceux oü elle fetrouve, qui n'ont pas ce dernier. On les prend fort jeunes & 011 les apprivoife pour les garder enfuite dans la baffe-cour comme les autres animaux domeftiques. On chafle les grofles & on leur tend des piéges , ou bien on lache fur elles des faucons & des léopards drefl'és a cette cbaffe^ le faucon leur creve les yeux, & le léopard les déchire ou les arrête Jufqu'a ce que le chafle nr arrivé pour les tuer. U Cerf. Ce paiflble quadrupede, quoiqu'il ait dans fes longues cornes plufieurs pointes trés fortes, des armes qui pourroient être offenfives, eft cependant un animal trés innocent & ne s en fert jamais que pour la défenfive; s'il apper^oit ouelque part des hommes, des beftiaux, ou quelque chofe de nouveau pour lui, ils avance en courant pour le voir deplus prés, pms ouand il a regardé autant qu'il hu a plu, il ie renfonce dans la forêt en bondiflant. Mais fice font des hommes armés, & fur-tout accompagnés de chiens, pour lors il ne s'amufe point f examiner beaucoup ; il fuit de toutes fes jambes au premier afpect & fe fauve au loin ; enfuite s'il fe voit pourfuivi, approché, lerré de  Du regne animal. 313 prés, atteint, mis a 1'étroit, pour Iors il fe défend en lion , donne de fon bols a droite & a gauche , & blefl'e fouvent les chiens, les chevaux , les hommes même, au point que l'on a vu un cerf contre lequel on avoit laché un tigre, fe défendre avec alfez de force & defuccès pour mettre 1'animal féroce enfuite: preuve frappante de 1'ufage terrible que le cerf pourroit faire de fes armes fi fon naturel le portoit a la guerre offenfive. Cependant c'eft 1'un des animaux que l'on tourmente le plus a la chalfe: le plaifir barbare de le pourfuivre , de le réduire aux dernieres extrémités en différant de le tuer jufqu'a ce qu'il foit aux abois, de le fairepaffer par tous les degrés de la terreur & du délefpoir, pour finir cette fcene, d'une bnr'oarie recherchée, par le faire déchtrer a belled dents par les chiens lorfqu'il n'en peut plus; ce plaifir, dis-je, eft un de ceux que fe font réfervés les princes, les grands, les fouverains. Les j. A. Ah ciel! les pauvres cerfs! eft-il poilible, bon Ami? Le b. A. Si polïïble, mes Amis, que c'eft le feul animal que s'amufent a forcer (car c'eft le terme) ces meffieurs qui, pour s'en réferver la trifte gloire, forcent tout le monde a traiter leurs cerfs avec le plus grand refpeft fous peine de la vie;7de forte que pour tout autre que le poffeffeur d'un pare, 1'act.ion de tuer un cerf tout fimplement, comme on a coutume de tuer une autre piece de gibier, lievre ou bécaffc , c'eft prefque pis que de tuer un homme. Les j. A. Mais c'eft bien fm^ulier! Le b. A. Si nous étions granls feigneurs ou garde - cbaffes, nous trouverions cela tout fin* 11. Partie. O  '314. Du regne animal. pie & tout naturel. Au refte, le cerf eft un animal affez gros, puifqu'il égale prefque le taureau , a la diöerence qu'il elf plus haut monté, plus tfflanqué , moins long & moins épais. II s'en voit de blancs, mais trés peu; leur couleur ordinaire eft le fauve, ou le roux foncé; les males ont fur la tête deux grandes cornes ou perches branchues, qu'on nomme leur bois, comme les cornichons qui en fortent fe nomment cors, affez fouvent andouillers, quoique les entendus diftinguent les cors en andouillers, furandouillers, & chevilles ou chevillures, ou encore doigts ou épois. La queue des cerfs eft trés petite; ils mangent de 1'herbe, de la mouffe , de 1'écorce tendre, des glands, des faines , des fruits fauvages , & vivent trente a trerite-cinq ans. La femelle, qu'on nomme biche (Tab VIL fig- H) ■> fait l.ous les ans une portée, ordinairement d'un taon (fig- IQ 0 (c'eft 'e nom du Perit cerf) ' ra,re" xnent de deux. Tenez, voila le portrait d'un cerf (fig. 13); comptez un peu fes cors ou chevilles. —^— Vous en trouvezd'x: eh bien, c'eft qu'il a huit ou dix ans; car le nombre en augmente chaque annéc , a quelques excep» tions prés. Depuis la feconde année julqu a, la huitieme, le nouveau bois repouffe chaque fois plus grand, plus fort & armé d'un plus grand nombre de cors. Ainfi céïui-ci eft ce oue l'on appelle un cerf dix-cors; c'eft a cet flge qu'on les chafle ordinairement. 1 Les j. A. Comment! les cornes des cerfs repouflént tous les ans tout-a-fait, tout de neut? Le b. A. Oui, tout de neuf: le bois de 1 anfiée précédente tombe ordinairement en mars  Du regne animai. 315 tm en avril, & même pour aider a la chute, ils donnent des coups de perchc contre un arbre, & les abattent 1'une après 1'autre. Au bout de douze a feize femaines il leur repoufle a la place deux autres perches plus longues & plus fortes. Dans hos pays les perebes ont rarement plus de vingt-deux cors, mais on en a vu cependant qui en portoier' jufqu'a foixante ou foixante- quatre: dans ce cas-la ils ne peuvent fervir a marquer i'age du cerf. Au commencement, le nouveau bois eft fort tendre & couvert d'une peau ou écorce velue; il eft de même trés fenfible au moindre choc, & le cerf craint beaucoup alors de toucher quelque part, de forte qu'il marche la tête fort balie. Mais quand les perches ont pris toute leur crue, loin de craindre leschocs, illesfrottelui-même contre les arbres pour en faire tomber la peau devenue inutile. Ce n'elt qu'a I'age de deux ans que Ie faon commence a avoir des cornes ou dards fans cors, qui paffent a peine les oreilles, & alors il prend le nom de daguet. Enfuite il prend des cors, dont le nombre s'auamente chaque année , de maniere qu'on peut affez favoir l*lge du cerf par cet indice. Mais les biches n'ont jamais de corne. Les faons ont pendant toute la première année le poil bigarré de rouge & de blanc, & c'eft ce que l'on appelle la livrée; peu a peu leur robe devient toute rouffe. Les j. A, Mais, bon Ami, qu'eft ce que 1'on fait donc des cerfs ? Le b. A. Oh! c'eft un animal trés utile pour amufer les belles dames & les beaux mefïïeurs qui ne favent rien de mieux a faire que dè paffer leur temps a la chafle noble par excellence O a  31S Du regne animal. qui eft celle dont je vous ai parlé; quoique pa? chafle noble on entende auifi généralement celle ii la béte noire, qui eft le fanglier, & celle a la béte fauve, comme le cerf, le daim, le chevreuil , &c. Cependant on tire aufli quelque ufage de la peau du cerf, dont on fait des cuJottes, des gants, desporte-épées, des collets, &c. On place fes bois en triomphe dans des failès exprès ou ailleurs, attachés ouenchaflés dans les boiferies, avec des infcriptions, en monument des gloricufes viétoires remportées a force de chiens , de chevaux & de piqueurs, fur ces pauvres animaux timides & paifibles. Enfuite les couteliers s'en fervent pour faire des manches, & 1'apothicaire en fait diverfes préparations affez utiles en médecine. D'ailleurs on en mange la cbair, & plufieurs princes fe font amufés a faire des attelages de cerfs: mais pour les monter en guife de cheval, cela ne ^oit pas être amufant; il n'y auroit qu'a le detnander aux malheureux braconniers a qui l'on fait fubir cette punition. Le Daim. II eft plus petit que le cerf, & fon bois aune forme trés différente; il elt plat, mince éklarge, avec des doigts difpofés finguliérement (Tab. VU fig- 2-2)- H trouve, par bandes ou hordes ' raffemblé dans les forêts de 1'Europe & de 1'Amérique feptentrionale, mais feulement pourtant dans les lieux oh il n'y a que peu ou point de cerfs, paree que ces deux elpeces ne peuvent fe fouffrir, quoiqu'ils aient les mêmes gouts en général. La femelle du daim ou la dame (fig. 23-)  Du regnt animal. 317 »et bas tous les ans un faon, quelquefois deux, rarement trois, & leur vie eft d'environ vingt ans. Ils font fort multipliés en Angletterre; ils font affez communs en France dans les parcs, mais il y en a peu en Allemagne. La peau de daim eft beaucoup plus fine & de meilleur ufage que celle du cerf: il en eft de même de fon fuif": le poil de 1'un & de 1'autre s'emploie a rembourrer des bancs, des chaifes, das coulïïns, &c. Le Chevreml. (Tdh. Vil, fig. 20). II eft, comme le daim , plus peut que le cerf, & d'un gris fauve, mais il lui reffemble par le naturel & la maniere de vivre. II fe trouve en Afie & en Euroue, & vit dix-bjuit a vingt ans: fa femelle (fig. 21.) porte tous les ans un faon ou deux. Le chevreuil, le renne & félan portent auffi un bois; mais leur tête mus plus tard que celle du cerf, c'eft-a-dire, en automne, quoiqu'il lui taille ii peu prés un intervalle égal pour la refaire. On mange le chevreuil, on emploie fon fuif, fon poil eft préféré a celui du ceif, paree qu'il ne fe pelotonne pas fi aifément, & même a celui du bceuf. II y a toute apparence que le chevreuil & le cerf font fujets a être piqués parl'efpccedetaon qui tourmente tant le renne: cet infecte doit même dépofer fes oeufs dans la piqüre qu'il fait a Ia peau, & au bout de quelques jours il en fort des larves qui tourmentent cruellement ces animaux. fis vont fe gratter contre les arbres & les pierres, & ils en écrafent un bon nombre: ks corbeaux & les corneilles les déli0 3  ji5 Du regne animaï. vrent d'une partie en les tirant de la peau. Mais c'eft apparemraent a ces larves qu'il faut attribuer les trous & les cicatrices que l'on trouve ordinairement dans la peau de ces animaux. Le Renne. Cet animal, du meme genre que les préecdens, ne fe trouve que dans les parties lesplus feptentrionalcs de 1'Europe, de 1'Afre &del'Amérique, favoir en Laponie, en Grcenlandc, en Canada, en un mot, par-tout oü le froid eft trés rigoureux, & oü 1'hiver dure les trois quarts de 1'année ou environ. Un climat plus chaud eft li infupportable pour lui, que, foit par Tellet de la chaleur, foit par le défaut de la nourriture qu'il aime, il meurt au bout de quelques jours, li on 1'y tranfporte. Le renne autrement peut vivre vingt - cinq ans , il niange de la mouffe, des jeunes pouües d'arbres, des feuilles, & fa feinelle met bas tous les ans uu petit. II y a des rennes privés & des rennes fauvages ; mais en Laponie l'on trouve moins de ceux-ci que des premiers, &dans les autres parties du Nord, c'eft le contraire. On garde les troupeaux de rennes pendant le jour dans les bois oü on les mene paltre, & pendant la nuit on les enferme dans des parcs pour les garantir des loups & des goulus, qui, malgré la groffeur de cet animal, favent s'en faifir & le dévorer. Le goulu entr'autres, qui ne feroit pas en état de 1'atteindre a la eourfe, grimpe fur un arbre, & fe place au bout d'une branche cacbé dans les feuillages, oü il refte jufqu'a ce qu'un renne vieune i palier deflous. Alors il faifit le  Du regne animal. 319 moment, fe jette fur lui, fe cramponne fur fon dos avec fes griffes, le mord au cou, lui fuce le fang, & refte en cettepofture,malgrélesbom.ls & la fuite rapide du renne , jufqu'a ce que le pauvre animal tombe éputfé & a demi-mort ou mourant. C'eft le renne qui fait feul tout le be'tail & toute la richeffe des Lappons. Quiconque n'en a point, eft regardé comme unmendiant: mais les. plus pauvres en ont toujours au moins une couple ou deux; le plus grand nombre en poffede dix a douze; enfin les riches en ont des troupeaux de fept a huit cents, de mille, & même de deux ou trois mille. Ils leur tiennent lieu de brebis, de bceufs, & de chevaux, d'autant plus que d'ailleurs ils n'ont ni champs ni jardins; ainfi le renne eft la feule &uniquerefifource de ces peuples: il leur fournit le vêtement & la nourriture, & les fert dans tous leurs befoins. Le lait de renne eftextrêmementénais & nourriffant; on le bolt ou l'on en fait du fromage; mais la chair de renne eft le mets le plus ordinaire & en même temps le plus friand du pays. Sa graiile y tient lieu de beurre: fa peau fert a faire des lits & des habits, & même a couvrir les cabanes; les boyaux &lestendons a faire des cordes & une efpece de fil; les os a faire des cuilleres & des aiguilles , de même que toutes fortes de figures fingulieres ; le fabot ou la corne des pieds tiennent lieu de vafe a boire , & la veftie de bouteille pour mettre 1'eau-de-vie; enfin pour ne rien perdre de cet utile & unique animal, on boit même fon fang. Pendant 1'été, l'on engraiffe le renne, cependant 1'hiver on les attele aux traineaux, comme O 4  gao Du regne animat. vous toyez par la 37e. fig. de la IX*. Tab. Jls les conduifent avec une telle rapidité que l'on fait en un jour vingt a trente milles, c'efta-dire, quarante a cinquante lieues: car ces animaux iemblent voler plutót que courir, &tirenfe ]e tralneau pendant une journée entiere fans s'arreter, ni fe repofer, ni manger; de forte qu'avec les defirs affez bornés des Lapons, on voit que ces peuples peuvent tirer de leurs rennes de quoi fatisfaire a tous les befoinsde la vie a laquelle ils font accoutumés. L'Elan. II pent être regardé comme le voifin & le camarade du renne, quoiqu'il ne fe trouve pas dans les mêmes contrées rigoureufes, & qu'il foit propagé jufques dans les climats chauds, comme la Chine, 1'Afrique, PAmérique méridionale: il y en a fur-tout beaucoup en Pruffe, enfuite dans d'autres pays du Nord. L'élan (Tab XII, fig. 37.) a beaucoup de reffemblance avec le renne, maisil eft plus gros, & de la grandeur du cheval; il a le poil rouflatre, long & roide, les cornes petites, larges comme les deux mains, avec peu d'andouillers, il peut s'apprivoifer, être attelé auxtraineaux, cc courir auffi vfte & auffi conltamment que le renne. De même on fait ufage de toutes fes parties, de fon lait, de fa chair, de fa peau qui eft affez épaiffe pour être, dit-011, k 1'épreuve de la balie; de fon fuif, &c. Aurelte, malgré 1'épaiffeur de fa peau, malgré fa groffeur & fa force, fur tout aux pieds de devant avec kfquels il peut d'un coup tuer un homme , un loup, un chien, 'le goulu fait le &ifir*& le  Du regne animal» 321 réduire en lui fucant lefang, comme il fait avec le renne. - On a préten du que cet animal étoit fujet au mal caduc ou it Fépilepfie, & qu'on le voyoit tomber fubitement: il peut fe faire qu'il fe jette promptement a terre en voyant des hommes (du moins 1'élan fauvage), mais c'eft probablement par faififl'ement de crainte, car il elf, fort timide; a peu prés comme le rat a bourfe ©u didelphe , qui certainement tombe plutót en défaillance a la vue de fon ennemi, qu'il ne contrefait le mort par rufe & par inftiiïct. Au refte, on a ajouté que 1'élan fe guérit de fépilepfie en portant fon pied gauche dans fon oreille, d'oü l'on a attribué a 1'ongle de cc pied les vertus les plus extraordinaïres. II eft vrai que l'on fe fert encore de cet ongle en poudre dans diveifes compüStiöns, comme de la corne de divers animaux; mais le conté de 1'épiiepfie & de la vertu anti - épileptique eft abfolument tombé en difcrédit. La Girafe. Cet animal porie chez nous le nom decaméléopard, qui n'eft pas exzéfc, & qui doit étre eamélo-pardale. II eft fort gros & d'une forme " finguliere ; & après 1'éléphant, c'efir le plus grand des quadrupedes, qui ne fe trouve qu'en Ethiopië, dans 1'intérieur de 1'Afrique. II a le poil d'un blanc rougeatre avec des taches brufles, deux petites cornes, le cou long, les jambes de devant trés longues, celles de derrière courtes, a la différence de deux ou trois pieds ; car les unes ont dix pieds de haut & celles - ci fept a huit feulement, de facon que fon dos O 5  jas Du regne animal. va en pente & qu'il femble toujours acculé. Vous devez voir par la longueur de fes jambes que c'elt. un grand animal, &enelfet,la girale debout a dix-huit pieds de bauteur. Sa démarche eft lente & chancelante, & quand elle veut paitre 1'herbe ou boire , elle eft obligée de s'agenouiller: mais fa pature ordinaire elt du feuillage des arbres. C'elt un animal fort doux, extrêniement timide & peureux, & qui ne fait jamais de mal ni de dommage. 11 eft rare que l'on en apporte en Europe. Le mot girafe eft fon nom arabe , & celui de camelo ■ pardale vient de ce qu'il reffemble au chameau pour la forme, & au léopard par les bigurrures de fa peau. Le Chameau. On appelle ainfi une 'etfjae.ee de grands quadrupedes bolfus, dont on diftingue deux fortes, favoir le chameau proprement dit qui porte deux boffes, voyez Tab. X,fig. i8,&ledromadaire oui n'en a qu'une (fig. iy): on les trouve en Afie & en Afrique. Ils ont le poil gris , quelquefois brun & blanc , ils mangent des orties , des chardons & toutes fortes de ronces, & vivent quarante a cinquante ans: la femelle ne fait qu'une portée en deux ans, &ne met bas qu'un petit a la fois. Le dromadaire eft originaire d'Arabie, mais il eft naturalifé de temps immémorial dans le INIord de 1'Afrique & prefque dans tout le Levant , oü il eft fi multiplté qu'il n'y a prefque perfonne qui n'en ait un chez foi. Sou grand emploi eft de porter les fardeaux & de faire de longs voyages avec fa charge; quelque longs qu'ils foient, cet animal avance toujours avec  15a regne animal. 323 tme célérité extraordinaire. II s'en trouve auffi de fauvages en Aiie. Le chameau vient de la province deBaclriane en Afie , qui fe nomme aujourd'hui le Tur» queftan, & comprend le pays des Ousbeques: mais il lè trouve aujourd'hui le plus dans le Nord de 1'Afie jufqu'en Chine, la plupart fauvages. Au refte, il n'elt pas li commun que le riromadaire. Ces animaux font bien faits , quoique fort gros, puifque le taureau eft plus petit; ils ont les jambes & le cou fort longs, la tête petite a proportion & fans cornes, la queue courte, & le pied moins fendu que celui du bceuf. lis font paifibles & dociles, & l'on en fait tout ce que l'on veut: on peut courir au milieu d'eux fans craindre les coups de pied, leur monter/ fur le dos , ou fur leur cou qui eft arqué, comme vous y voyez un Maure dans le portrait que voila. Leur crie-t-on, a genoux! ils plient les genoux & reftent dans cette pofture a terre jufqu'a ce qu'on leur crie de fe relever. Si par hafard ils n'obéiflbient pas tout de fuite,onn'a qu'a leur montrer un fouet, ou les tirer parle cou. On les emploie a la monture, au traitou k la fomme; en Perfe & en Arabie, dans la Turquie, 1'Êgypte, la Barbarie, on ne fe fert que d'eux pour le tranfport de toutes les marchandifes. Les riches Afiatiques ou Africains lesmontent dans leurs voyages , & même pouc aller a la guerre. Les chameaux peuvent perter jufqu'a douze & quinze cents pefant, plusou moins, fuivant leur age & leur force. Ils font des vingt & trente lieues par jour ainfi chargés, fans boire ai manger, ui repofer que la nuk; encore er* O 6  j 24 Du regne animal. cas de befoin, peut-on les faire marclier nnit & jour avec trés peu de nourriture : car dans ces pays arides, dépourvus de puits, de fon-. taines , de rivieres, & de laes, 1'eau eft fi rare qu'il ne faut pas penfer a les faire boire. Au refte, ils peuvent fupporter la faim & la foif pendant quatre, cinq ou fix jours fans celi'er leurs fonctions, fur-tout lorfqu'avant de partir on a eu foin de les laiffer bien manger & boire tout leur foul : ce qui vient d'une (iugularité de conformation dans ces animaux, dans laquelle on voit briller toute la fagtlfe & la prévoyance de la nature. Remarquez bien ceci. Les chameaux , qui ruminent comme les bceufs, ont par conféquent auffi les quatre eftomacs de deux-ci: mais outre ces quatre eftorr.acs, ventrieules ou poches qui fervent 41 fdgefiion des alimens , ils ont un cinquieme fac a part & dans lequel il n'entre rien autre que de 1'eau fratcbe; de facon qu'ils peuvent boire en une feule fois pour fept a huit jours, paree que cette provifion d'eaufeconfervepure & claire dans 1'outre inférieure que la nature leur a donnée. On en a fait 1'expérience plus d'une H'ois dans les voyages que les caravanes font k wavers ces déferts arides & brülans, oü il eft arrivé que les marchands & les voyageursmourant de foif, ne pouvant plus foutenir 1'ardeur du foleil, &fetrouvant encore fort éloignés de quelque fource, on s'eft vu obligé pour tcur-e reffource de tuer un chameau pour ïouvrir &; boire 1'eau qu'il conferve dans fa poche pour le befoin, &que l'on y a trouvée limpide &fans mélange; de facon qu'après .s'ètrerafraicbi 1'oh pouvoii continuer d'avancer fur le  Du regne animal. 325 fabie ardent qui couvre ces valles régionsinbabitées. Pour accoutumer uu chameau a s'agenouiller lorfqu'on veutle charger ou le monter, on lui plie les jambes fouvent quand il eft jeune, & alors 011 lui jette fur le corps une grande couverture , ou un tapis, fur les bords de laquelle on charge des pierres afin qu'il ne puifle pas fe relever, ou encore un fort bandeau qui luipafie fur les reins 6c que l'on attaché ferme a terre des deux cótés: on le tient un certain temps dans cette pofture tous les jours, on elfaie auffi de le charger peu a peu, & il s'y accoutume d'autant mieux que d'ailleurs ces animaux ne fe couchent point fur le cóté pour dormir, comme les bceufs & les chevaux, mais fur le ventre en pliant les genoux; de facon qu'il leur vient aux genoux & dans toutes lés parties du corps qui touchent fouvent a terre paree moyen, des callofités ou durillons qui les empêchentde fentir du mal a cetexercicefréquemment répété. Auffi_ plient-ils les genoux fans difficulté pour fe faire charger, & attendent patiemment que l'on ait fini pour lé relever: nïais s'ils fentent qu'on les charge trop, ils commencent a donner de la tfte & & temoigner de 1'impatience , au point que fi l'on continue encore malgré eux, ces pauvres bêtes commencent ö gémir 6c & poulfer des cris lamentables, 6V *nfinne veulent plus fe relever quoique l'on fafi'e pour les y aider ou les y forcer. Quand on ne vent pas excéder les chameanx ians néceffité, on fait halte tous les foirs; on détache les cordes, l'on fait glillèr aterre de chaque cóté les coffres ou paniers qu'ils portent, & quand ils font déchargé», O 7  giö Du regne animal* on les laifle repofer en liberté, cc même aller ou ils veulent pour chercher a paturer. Le matin quand on veut partir, on ne fait que les appeler, ces bons animaux accourent fur le champ, fe placent entre ks deux ballots, s'agenouillcnt, cc fe laiirent charger comme la veille pour continuer la route, outre que le maitre monte encore pour 1'ordinaire fur fon cou. Alors ils partent & vont- leur train, libres & fans gêne, fans même avoir befoin de bride ni de licou, fans penfer jamais a s'enfuir ou a s'arrêtcr, fans broncher & fans aucun accident. Quelquefois ils font des deux ou trois cents enfemble; tous marchenr dans le plus bel ordre^ cc le plus tranquillement du monde, & Ton n'a pas même befoin de verge, houfline, fouet ni cravache pour les èxciter; il fuffit que le conducteur, qui eft a la tête, ne fe laffe point de fifïkr, ou de chanter, ou de corner, attendu que ces animaux aiment Ja mufique & ont beaucoup de tact pour la cadence, jufqu'a trotter en rnefure tout le long du chemin. Jamais une caravane ne va plus gaiement & de meilleur train que quand il y a bon nombre de chanteurs & de fiffletirs qui ne fe laflènt point. Au printemps les charaeaux perdent prefque tout leur poil, cc reftent nus, mais on le nimaffe foig-neulèment, paree qu'on file le plus long pour faire des étolfes, & qu'on emploie le plus court a faire du feutre; il nous vient beaucoup de celui-ci pour nos chapeliers, mais trés peu de 1'autre. Nous en faifons aufli desbas, mais point decamelot, comme quelques perfonnes Font cru; nous avons déja vu qu'il eft  Du rtgtlt animal. g^y fait da poil de ces chevres que les Arabes appellent cahnel. Le Liama. C'eft ainfi qu'il faut écrire en francois Jenom de cet animal, paree que lesEfpagnólsécrivenr Ilama, qui fe'prononce ainfi: il fe nomme auffi guanaco, & fe trouve fur les hautes montagnes de Pérou dans 1'amcrique méridionale, de même que dans quelques iles des Indes occidentales. Comme on lui a trouvé des rapports avec le chameau, on lui a donné auffi le nom de chameau d'Amérique; mais il n'a point dc boffe, il eft beaucoup plus petit, quoiqu'en même temps plus gros que la chevre: i! a les jambes longues, Ie cou long & courbé pardeffous comme le chameau; la levre fupdrieure fendue, le pied fourchu par une divifton totale des deux doigts, un éperon a chaque pied de derrière qui lui fert a grimper éi 1'empêche de gliflèr, enfin Ie poil ou plutót la laine épaiffe, blanche, grife, & avec des taches rougeatres» Le liama s'apprivoife & fert auffi a porrerdesr fardeaux; mais il ne peut porter qu'un quintal & demi, & d'ailleurs fon allure eft lente, de forte qu'il ne fait au plus que huit a dix lieues par jour. Si on 1'a trop chargé , ou fi on 1'excede u'autre maniere , il fe couche tout a plat lur le chemin, & fe repofe auffi long-tempsqu'il lui plait, ou jufqu'a ce qu'on 1'ait déchargé; il fe laifferoit plutót tuer que de fe relever. Quand il eft nuit, il ne mange plus & ne mar* che plus jufqu'au jour: du refte, il peut, comme le chameau, fupporter long-temps la faim & la foif. On en mange la chair, & l'on em-  328 Du regne animal. nloie fa peau a différens ufages. Une fingularité de cet animal, c'aft que quand il eft en colere , il crache aux yeux de ceux qui 1 mquietent, en lancant fa falive a plus de dix pieds par la lente de fa levre fupdrieure; & l'on dit que cette falive eft affez acre pour cauter fur la peau des élevures cuifantcs. Le Paco • On Pappellè plus commundmeit vigogne, d'apr-^s 1'efpagnol vicuna (nou pas vicunna) qui fe prononce vicougna: u'oü il s'enfuitqüenöüs avons mieux confervé la prononciation de ce nom emnruntd que celle de liama (liama}. Le pacos eft une efpece fuccurlale du liama, n en différant que peu, foit pour la groffeur qui eft moindre, foit pour la conformation: il a Ie cou & les jambes du chameau , & tout le refte de la brebis, tandis que Ie liama tient de la chevre ce qu'il n'a pas du chameau. La laine de vigogne eft affez connue par fon excellence, pour deviner que la toilon de cet animal eft ce qui le rend le plus' intereffant: cette laine, d'un rouge paté, eft auffi douce que la foie, & fe vend prefque auffi cher. On mange la chair du pacos, mais on s en fertpeu pour la charge, paree qu'il eft foiole, qu il craint encore plus que le barna d etre furchared & qu'il eft encore plus tétu & plus opnnawe'quan d une fois il s'eft mis a plat ventre fur le chemin.  D» regne animal. 319 Le Porie-mufc. Cet animal (Tab. XII, fig. 44.) qui a beaucoup de reflemblance avec le chevreuil, aux cornes prés dont il eft privé, fe trouve dans les contrées montueufes & couvertes de bois de la Tartarie ou Tatarie & de la Chine. On le connoit, fur-tout le male, par le parfum qu'il porte dans une poche placée fous le ventre au bas du nombril, & qui s'appelle mufc. C'eft une humeur épaiffe & de couleur brune qui s'amaffe en cet endroit, & lui caufe beaucoup d'inquiétude, de forte que dans ce temps la il va continuellement fe frottant contre les arbres & les pierres pour comprimer la bourfe? & en faire fortir le mufc. I/odeur en elt li forte que l'on en feroit étouffé en le ramalfant, fi l'on n'avoit pas le foin de fe boucher le nez & même de retenir fa refpiration. Le mufc étoit plus en ufage fur les toilettes autrefois qu'il ne 1'eft aujourd'hui, mais les parfumeurs] & les pharmaciens fur-tout 1'emploieut encore beaucoup. Le Pygme'e ou Cerf-nain. C'eft le plus petit des bifulques, il n'eft pas plus gros qu'un chat, & de la figure la plus charmante, qui le fait beaucoup rechercher (Tab. X. fig. 33); mais il eft rare, & ne fe trouve que dans 1'Inde: il eft tropfoible&trop lenüble pour être tranfporté en Europe. II a du rapport avec le cerf par la couleur de fon poil, la lougueur & la gracilité de fes jambes, cc la petitelfe de fa queue. On en mange la  j3o Du regne animal. chair, & l'on fe fert de fes petites jambes pour charger les pipes de tabac, après les avoir tast earnir en argent, ou pour des tuyaux de pipes même. (Cet animal, qui apparemment a des cornes, eft une efpece de gazelle, ou plutöt de chevrotin, que les Negres appellent peut roi des cerfs; d'oü il fuït qu'il fe trouveroit auffi en Afrique, ce qui n'a rien que de vrai-, femblabk.) Le Sanglier. Le fanglier n'eft que le porc fauvage, &l'hiftoire de 1'un fe confond avec celle de 1 autre , puifqu'ils ont la même conformation & le même naturel, aux différences prés qu y peut mcttre une longue domefticité. Par exemple, le fanglier (Tab. VU. fig. %SO a la tête & le groin plus gros & plus forts que le porc, les boutoirs oudéfenfes plus longues , & toujours le poil noir qui fe nomme loies. 11 vit continuellement dans les bois, oü il mange du eland, de la falne, toutes fortes de raeines cc de fruits fauvages, & d'oü il ne fort que pour venir fouiller les champs voilinsou Ion voit le matin les traces de fes recherches nocturnes, par les tranchées & ks boyaux qu il y a pratiqués de fon groin. Enfin la duree de la vie eft de quinze a vingt ans, & la laie , qui elt fa femelle, met bas tous ks ans iix a dix marcaffins, ou petits fangtiers. Le fanglier elt trés méchant, feroce, intratable, fe jette fur les chiens, lur les chevaux, fur les hommes même, & avec les deux longues dents, nommées défenfes ou boutoirs, qui lui fortent de la mAchoire d'en bas a droite  Du regne animal. 3.31 ■ & a gauche, il leur fait delarges bleffures, leur déchire le ventre, & les tue fur la place. Ils font fur-tout terribles quand on les pourfuit & qu'iJs ont des marcaflins a défendre. Ces animaux, foit par la dureté de leur peau , par la roideur de leurs foies, ou par 1'épailfeur de leur lard, font peu fenfibles aux coups les mieux appliqués; mais ils ont 1'oüie d'une fineffe fmguliere, au point d'exceller pour ce fens fur tous les autres animaux vivipares (*). Ils ont aufli la vue trés bonne, de même que 1'odorat, de facon qu'ils éventent de loin les chiens ei les chafieurs: mais li uu fanglier voit un chien venir fur lui, il s'apprête a le recevoir, les yeux en feu, le poil hérifle, &, le premier, fe jette fur lui avec une fureurcapable d'eifrayer toute une meute; ou bien il fe cache dans les brouflaüles, pour étre plus fur de fa vengeance, qu'il exerce fur les chafieurs aufli bien que fur les chiens. Durant le jour le fanglier fe tient au fond des bois, dans fa taniere, & ce n'eft qu'a Ken* trée de la nuit qu'il fort pour aller a la pature. La chafle au fanglier s'appelle auffi la chafle 2t la béte noire; & c'eft fur-tout la tête ou la hure que l'on en eftime le plus. On trouve des fangliers dans prefque toutes les parties du monde; mais les pores damefti» (*) Suivant ce didiqiie connu, oii l'on voit c'nq ar.iniaux, dont cliacun >ious iurpalTe en quelque feus» Nos aper e.udilu pracsllit, aranea ta&u , Vuüur tdomtu, lynx vifu, fimia gujlu. Ce qui ne veut pas dire qie ce roknt-iïi les fcujs qui »nt dans un fens ou un auire plus de Gutne que nou-.-. .  J3t Du regne aftimcti. cues v font toujours en plus grand nombre. Ceux-ci, qu'on appelle auffi cochons en géneral (Tdb. V, fig. 3* & 33), quoique ce nom foit propre au porc coupé ou chatré , ont les foies noires, blancbes & roulfes; ils vivent dans nos habitation», & mangent tout ce qu on leur donne, fruits, grains, raeines, herbes plantes, légumes, pain, &c.; ils roudlent toujours la terre avec le groin ,& y prennent des rats & des vers qu'ils mangent avec toutes fortes d'ordures, le tout avec voracite & gloutonnerie. Auffi ont-ils paffé de tout temps chez les ïuifs pour des animaux immondes ,dont n leur étoit défendu de manger: ce qui a lieu encore aujourd'hui parmi eux, de même que chez les Turcs auffi. Lorf in'on veut engraifler les cochons, ütaut ne pas les lailfer manquer un feul moment de nature, tant leur eftomac avide & large leslollicite a vaquer fans ceffe a cette fonétion, de forte que ce quadrupede ne paroit être fait que pour manger. Souvent ils deviennent li gras cc ils fe rempliifent tellement la panfe, qu ils ne peuvent plus fe tenir debout & font prêts a étouffer: d'ailleurs ils font fi pareifeux èc li Inches qu'ils reftent des lemamcs entieres a la même place fans en bouger, & dans cet intervalle il arrivé que les fouris & les rats leur mangent le lard fans qu'il s'en appercoivent, 6c font leurs nids dans les trous qu'ils y ont faits. . , , i • , La pluie 6c le vent, le tonnerre ècleseclans, font pour les cochons des chofes infupportables: auffi dès qu'il s'élevc un orage pendant qu'ils font aux champs, ou s'il furvient une grolfe plrde , ils fe mettent lur le champ a cou-  Du regne animal. 33* rir les uns après ks autres pour regagner leur étable, en poulfant de grands cris, c'elt-a-dire en grognant de toutes leurs forces. Les maks d'un troupeau, qui font èntiers, fe nomment verrats. Dans le cochon tout fert, la chair, le lard, le fain-doux ou lagraifle, les inteftins, le fang, les foies. La fermeté & la blancheur du lard, de même que le goüt des jambons, dépend foit de la maniere de les préparer, foit fur-tout de la nourriture que l'on donne aux cochons, Boudins , fauciifes, andouilles , faucilfons, cervelats, petit -falé &c.; que de mets différens ne tire-t-on pas de cet animal! Le fain-doux eft excellent pour en grailfer les fouliers & les effieux des voitures; on le mange même quelquefois. La peau de cochon préparée fert aux relieurs, aux bourreliers, & autres artifans; & les foies nous donnent des balais, des brofl'es des pinctaux, &c. * Le Thïajfou. C'eft un porc de 1'Amérique méridionale autrement nommé pakari, qui eft plus effilé decorps que le nótre, & a les jambes courtes point de queue, les foies blanches &noires, & prefque auffi dures que lespiquans duhériffon enfin remarquable entre tous les animaux par une poche placée fur fon dos, dans laquelle il s'amafle une humeur de confiftence laiteufe qm de loin donne prefque une odeur de mufc' mais d'une puanteur infupportable de prés. II mange des grains, des fruits, des raeines , des ferpens, des lézards , des crapauds. Sa chair aft un régal pour les Braöhens qui le pre».  s«4 Da regne animal. neut jeune dans les bois, & félevent enfuite chez eux. r Le Bamrojc. On dit auffi babirouffe, & c'eft le nom d'une efpece de cochon des Moluques, qui a des poils fins au lieu de foies, & auquel quatre longues dents recourbdes, ou ddfenfes fortant de lam*choire fupdrieure, donnent un alpect terrible ("*■) II mange de 1'hcrbe & des femlles. ün a dit qu'il fe fufpeiidoit par fes crochets aux branches des arbres, pour dormir dans cette pofture avec plus de iureté: mais il va plus de vraifemblance , ft on 1'a vu quelquefois amli fufpendu , k expliquer le fait par les eflorts fement d'un bceuf qui feroit enroué. VIII--. CLASSE DES VIVIPARES. Nous avons défigné les caracteres de cette claffe par des jambes courtes & des pieds palmés , en y rappelant les animaux qui ont les jambes de devant ferrées contre le corps, & celles de derrière métamorphofées en une queue platte, de facon qu'ils paroiffent être fans jambes. Tous les annimaux de cette claffe fe tiennent dans les contrées feptentrionales de Tanden monde & du nouveau, partie dans les lacs & les rivieres, comme les caftor* fclesloutres, Qa  364 Du regne animal. partie dans la mer, comme les chien? de mer, les ours marins, les lions de mer, les chevaux marins, les vaches marines, ou en général, les phoques de toute efpece. Commencons parle plus intéreflant de tous. Le Cajïor. On appelle livres ceux de nos paysd'Europe. C'elt un animal de la groflèur a peu prés d'un mouton, qui a la tête pointue, tenant de celle du rat, la queue plate & couverte d'écailles , les jambes de devant fort courtes avec des pieds a cinq doigts bien dégagés , celles de derrière plus longues avec des pieds palmés, c'elt-h-dire, dont les cinq doigts font liésenfemble par une membrane pour leur fervir anager, le poil doux & moëlleux de couleur noiratre par tout le corps, quoiqu'il s'en trouve aufli de tout blancs, & d'autres qui font bigarrés de blanc & de brun (Tab. X/, fig. 17). II habite au bord desileuves, étangs, lacs, mange du bois tendre, de 1'écorce, des feuilles, & vit quinze a vingt ans : la femelle fait tous les z\s une portée de deux ou trois petits. O11 mange la chair du caftor , & l'on faitcas fur-tout de la langue & de la queue. Cette queue d'ailleurs mérite d'être remarquée pour fa conftruftion finguliere: elle eft d'un pied de lono- & en a prés de la moitié en largcur, mafs ü pl^e peine a-1 - elle un pouce d'étjais entiérement revêtue d'écailles comme les poiflbns dont fa chair a le goüt, de même que la croupe entiere de 1'animal qu'il tient prefque touiours dans 1'eau ; enfin terminée, non en pointe , mais comme fi elle avoit été tronquée,  Du regne animal 355 Tout le monde fait la réputation qu'a le poil du caftor : chapeau de caftor, bas de caftor, drap de caftor, gans de caftor; on le retrouve par ■ tout pour défigner ce qu'il y a de plus fin & de plus cher en tous ces genres. Mais c'eft dommage que les caltors foient trop rares & par conféquent leur poil trop cber pour que l'on voie des magafins entiers d'articles qui en feroient faits ; aufii la plus grande & trés grande partie de toutes ces belles chof_s n'ont-elles du caftor que lenom, a 1'aide duquel elles fe vendent plus cher, tandis que l'on a employé a leur fabrication du poil d'autres animaux mölé avec de la laine fine, ou feulement de la laine douce & foyeufe, & qu'if n'entre dans les plus chers de ces articles que trés peu de poil véritable de caftor. Les lndiens emploient la fourrure du caftor k fe couvrir, & font avec fes dents des couteaux & des fourchettes : nos artifans emploient aufii quelquefois la peau du caftor. Comme les caftors font beaucoup plus multipliés dans le Nord de 1'Amérique que partout ailleurs, ce font les Anglois qui font le plus grand commerce de tout ce que l'on tire de ces animaux. Ils fe plaifent peu en Europe, paree qu'elle eft trop peuplée, & qu'ils n'y trou vent pas de la place pour exercer leurs talens finguliers: de facon , qu'au lieu d'y vivre en fociété & d'y batir des bourgades, le peu qui s'y en trouve vivent épars , folitaires , fugitifs, cacbés dans des terriërs, oü on les pourfuit même vivernent, paree qu'ils dégradent les jetces & pilotis que l'on fait dans 1'eau, pour en tirer du bois qu'ils mangent, & paree qu'ils labourent trop le rivage. On Q 3  3«« Vu rsgns anima!. *n trouve de cette efpece en France, par exemple, dans le Languedoc fur les iles du Rhóne; en Suifl'e, en Italië, en Efpagne, & en plufieurs endroits de FAllemagne. II y en a beaucoup plus cn Afie, mais c'eft 1'Amérique,& fur tout le Canada, qui peut être regardée comme la vraie patrie des caftors: ils y font rafiemblés par milliers dans nombre d'endroits, de facon qu'a voir leurs habitations, on croiroit que ce font des bourgades de fauvages, qui ne mettent même pas tant d'art dans la conftruction de leurs huttes. En effet, & peine croiroit-on qu'un animal, une brute, & encore aufli foible,füt en état de conftruire des ouvrages aufli réguliers, aufli bolides, aufli bien entendus, auffi confidérables, que ceux des caftors. Abattre des arbres prefque de la groffeur d'un homme fur Ie bord des rivieres & les faire tomberen travers dans 1'eau; les tirer a 1'eau, fi malheureufement la chute fe fait du cóté de la terre, puis fe mettre delfus pour les conduire en flottant au lieu fixé pour Pétablilfement de la colonie ; conftruire avec ces matériaux de grandes jetées ou digues, & batir des cabanes oü l'on femble reconnoitre la main de 1'homme: voila en raccourci 1'hiftoire des talens & de 1'induftrie du caftor en fociété, & tout cela fans autres inftrumens que fa queue & fes dents. Une fois les matériaux alfemblés dans le lieu du travail, ils fe mettent a 1'ceuvre fansperdre de temps. Les uns coupent les branches de 1'arbre abattu, & les taillent en pieux d'égale longueur ; alors d'autres piongent & vont au fond de 1'eau creufer des trous dans lefquelsils font entrer ks pieux, puis après les avoir bien  Du regne animal. 367 affermis, pendant que d'autres les foutiennem! droits ou inclinés, lèlon la place, ils les entrelacent de branchages. D'autres apportent de la terre glaife, de la mouffe, des pierres; de la première on pétrit un ciment, un gdchis , qui fert h pkltrer le clayonnage , tandis qu'oiï le comble de pierres & de terre, & qu'on le calfate exactement avec de la mouffe. De cette maniere, ces arcbitecles-ingénieurs élevent une digue ou chauffée quelquefois de cent pieds de long fur douze d'épaiffeur a la bafe, droite du cóté d'oü 1'eau arrivé, & en talus du cóté oppofé, afin de mieux en foutenir le poids. Lorfque ce grand ouvrage eft achevé a frais tommuns, alors fis fe diviieut par petites bandes de dix , vingt & même trente , pour batir des cabanes exactement proportionnées a chaque nombre. Ces cabanes font élevées fur ia digue même, de figure ovale, ordinairement a un feul étage, fouvent a deux; & quand chaque cabane eft achevée, chaque paire de caftors, male & femelle, s'y prépare une loge ou celluie a part, oü il fait un lit de pailie ou de foin pour recevoir mollement les petits a naitre. Enfin , tout ie monde une fois bati & arrangé, la république vit la tranquille , & chacun goüte les douceurs du ménage & du repos pendant toute la du» rée de 1'automne & de 1'hivier: bien entendu que l'on n'a pas oublié de faire des magafins de provilions pour la mauvaife faifon , c'efta-dire, d'amaffer du boistendre, del'écorce,. du feuillage, que l'on met dans 1'eau pour les tenir frais. Dès - que le printemps a fait renaltre la verdure, toute la familie , tant vieux que jeunes, , Q 4  368 Du regne animal. quitte 1'eau & gagne les bois, pour s'y réjouir & s'y régaler en broutant de bonnes feuilles nouvelles, de 1'écorce fralche bien 1'ucculente, des bourgeons délicieux tout récemment éclos. Les caftors reftent dans les boisjufqu'enautomne; aux approches de 1'hiver ils regagnent leurs cabanes, réparent & rétabliflent les ouvrages s'ils les trouvent cndommagés, ou en font de nouveaux s'ils font détruits tout-a-fait. C'eft comme nous 1'avons dit, avec leufs dents, leur queue & leurs pieds, que les castors exécuteut tous leurs travaux. Leurs dents, qui font fort tranchantes, leur tiennent lieu de fcie & de hache; leurs pieds de devant font des efpeces de mains dont ils fe fervent tantót comme de pioches pour creufer la terre, tantót pour entrelacer leur clayonnage: avec ceux de derrière ils gachent & pétriflent la glaife & le ciment, & leur queue eft tantót une pelle pour la porter, tantót une truelle pour 1'appliquer contre les murailles & leur logis, 1'étendre, la battre, & la polir. Cette queue leur fert encore a un autre ufage, favoir, a donner le fighaldü départ dans les cas de befoin ; par exemple, li un'caftor appercoit quelque ennemi, quelque chafleur, ou s'il entend quelque chofe de fuspect, il frappe auflitót 1111 coup de fa queue fur la furface de 1'eau; a ce claquement, qui rctentit au loin, tous les autres piongent & disparoilfent: car quoique leurs cabanes aienttouiours deux ouvertures ou portes, 1'une du co.é de 1'eau, 1'autre du cóté de terre, ils prennent rarement pour fuir ce dernier chemin, paree que la conformation de leurs jambes les rend, peu propres a la courfe; aufli ont-ils la démarche embarraiTée d'une oie ou d'une canne, de  Du regne animal. 369 facon que leur feule relfource eft du cóté de 1'eau,vu qu'ils nagent & piongent trés bien,& favent a merveille fe fauver fous la glacé. A voir le caftor toujours dans 1'eau, on pourroit s'itnaginer qu'il mange des poifibns, comme tant d'autres, mais il n'en eft rien : ils peuvent lui paffer impunément vingt fois devant le nez, le caftor ne fait ce que c'eft d'être ennemi d'aucuh être vivant; poiflbn , écrevifle, ou autre , ni fur terre , ni dans 1'eau. II ne fe foucie même ni de grains, ni de fruits, & fe borne aux provilions dont nous avons parlé, fi ce n'eft que lorfqu'on 1'a apprivoifé il s'accoutume peu a peu a manger de tous les végétaux qu'on "lui donne; il n'y a que la viande ou chair de tout animal quelconque qui ne fe trouve jamais de fon gout. Au refte , quoiqu'il foit trés innocent & trés éloigné de fonger a mal , il fc défend de fon mieux quand on lui eu fait, & cela eft bien naturel; alors il fe fert du franchant de fes dents, & traite les jambes ou les bras de ceux qui 1'attanuent comme les branches d'arbres dont il fe nourrit aux champs. II eft vrai qu'on a voulu prêter aux caftors une humeur tyrannique, & que la calomnie en a répandu fur leur compte une aufii odieufe que finguliere. On a cru long-temps que ceux quï vivent en fociété, faifoient la chaffe a leurs freres errais &difperfés, pour les réduire en efclavage, & s'en fervir tantót comme de bêtes de fomme au tnnfport du bois , de la terre, des pierres, tantót comme de charrettes même, en les faifant coucher fur le dos les jambes roides en 1'air, & en les chargeant fur le ventre de *ous ces matériaux, pour les tirer enfuite par la queue jufqu'au lieu de la batifle, Tout cete, O 5  370 Du rtgne animal. s'eft trouvé faux & 1'expérience; quand ils ont befoin de pierres ou de bois, ils vont tout bonnement les chercher: pour la glaife ou argille, dont ils grtchent leur ciment, ils commencent par creufer la terre k 1'endroit oü ils en trou* vent, après avoir pris une gorgée d'eau qu'ils y répandent pour la délayer, & s'ils ne'trouvent pas de Pargille a portée du lieu dutravail, ils vont en chercher, 1'apportent ft la gueule & font autant de voyages qu'il elt néceflaire. Une chofe qui feroit plus croyable, c'elt la précaution qu'on leur donne de placer des fentinelle» quand ils travaillent pour n'être pas furpris, cependant on s'eft appercu que cela étoit encore faux. II ne faut pas oublier une particularïté qui elt propre au caftor; c'eft qu'il a fous la queue une poche (d'autres difent quatre poches) remplie d'une elpece de graifle ou huile qui lui fert i oindre fon poil èVa rendre fa fourrure impénétrable a 1'eau. Cette huile, qui a une odeur forte & défagréable , eft fort recherchée , & employée par les apothicaires fous le nom de cajtoreum. Un gros caftor peut pefer cinquante a foixante livres. La Loutre. Elle eft un peu plus grolfe qu'un chien bar» bet; fa tête ronde & garnie de mouftaches tient de celle du chat; elle a les oreilles petites, les yeux grands, la queue longue & garnie d'un poil touffu, les jambes courtes ,les pieds ft cinq doigts palmés, & tout le corps couvert d'un poil doux couleur gris-brun: elle fe tient, comme ie caftor, au bord des eaux, & mange des pois-  Du rtgne mimet. fons , des écrevifies & des grenouilles , cc même dans le befoin, des rats d'eau, de 1'écorce d'arbre, des feuilles , de 1'herbe: e!!e vit douze a quinze ans, & la femelle met bas tous les ans de trois a cinq petits. Voyez Tab. fig. 3. Cependant la loutre ne bdtit point comme Ie caltor ; elle fe loge dans le premier trou qu'elle trouve fait en terre furie rivage, oufous les raeines d'un arbre déchauffé'. Mais elle fair. eacher fa retraite en éiabliflant fous terre fa communication avec les eaux, & ne laiffantaJafurface de fa terre qu'une trés petite ouverture pour y faire entrer 1'air. On la chafle & on la mange, quoique fa chair n'ait qu'un mauvais goüt de poillbn; mais fon poil eil trés fin & prefqu'égal en bonté a celui du caftor j auffi en fait - on le méme ufage. Quand la loutre veut prendre du poiflbn, ehe commence 3 battre 1'eau avec fa queue pour les faire ralfembler; puis tout d'un coup elle plonge, en prend une couple & vient les manger a terre. On peut dire que c'eft le renard des étangs; car.elle y fait les mêmes ravages que le renard dans les bafl'e • cours. C'eft furtout de nuit qu'elle s'y introduit, & fonadrefle eft telle a cette chafle , qu'en peu de temps elle elt en état de dépeupler les étangs les plus poifionneux: puis quand elle n'y trouve plus de poillons, elle s'en prend aux écrevifies. Auffi a-t-on cherché a apprivoiièr la loutre pour s en lervir au gibier d'eau, comme l'on fe iert du chien pour le gibier de terre, & l'on pretend qu autrefois on voyoit beaucoup de «s animaux drefl'és a rapporter a leur maitre ie poillon qu'ü les en voyoit prendre . furQ 6  37» Du rtsiie animal. tout en Suerie, oü les cuiüniers s'en fervoeut fort commodémeut. Elle nage encore mieux que le caftor, & fur- tout elle peut refter lous 1'eau plus long-temps (*) : d'ailleurs elle elt auffi beaucoup plus ingambe a courir fur terre. La loutre marine eft plus grolfe que la loutre de riviere, mais fa figure eft la même a peu de chofe prés , & fes babitudes aufli, jufqu'a habiter même, comme elle, les bords des fleuves; ainfi, la grande différence entre ces deux efpeces confifte en ce que la loutre marine fréquente la mer en y defcendant par le courant des fleuves cü elle a fon trou; qu'elle ne ie trouve que dans les régions les plus froidesde 1'Afie & de 1'Amérique; que fon poil eft d'un gris-noir, & encore plus tin & plus doux que -celui de la loutre d'eau douce. Enfin, elle ne met bas qu'un petit tous les ans, & la durée de fa vie eft de vingt a vingt-cinq ans. Du lefte, c'eft un animal trés foible & fur-tout extrêmement ftupide; on le prend & on le tue comme l'on veut. Seulenent on lui remarque beaucoup de tendrclTe pour fes petits: elle les tient embralfés entre fes jambes , & fe aille plutöt aflbmmer que de les lacher. Sa métbode pour leur apprendre a nagereftafiezfinguliere; ear elle fe met fur le dos & les porte fur fon f») M. de Büman dit prétifément le contraire, & ie fonde iur ce q ie , par 1'examen anatosi.ique de la loutre & du caftor , on a trouvé que celui - ci av.m le iroii ovale tant foit peuouvert, tar.dis que dans la loutre il e t pié; il eft obligé de fe trainer prefque comme un vermiffeau, ou de ramper avec fes pattes de devant, comme 11 on lui avoit rompu celles de derrière. A proprement parler, il n'a point de jambes, mais feulement quelque chofe d'approchant ; les pattes de devant font un peu plus longues que celles de derrière, tormes, courbées en arriere , munies de cinq doigts avec de gros ongles pointus, prefque femblables a celles des oies ou plutót des taupes. Celles de derrière font auffi tormes & armées d'ongles, mais tellement recourbées en arriei e qu'elles fembient fe confondre avec fa queue fourchue, de plus palmées pour la nage: enlin tout fon attirail de jambes eft fi fingulier, qu'a ne le voir qu'en peinture , on croiroit qu'il n'en a point du tout, & qu'en elf et on a pris ce qui les repréfentoit pour la figure d'un paquet de nageoires tronquées , du moins celles de devant, & celles de derrière pour une partie de la queue. On croiroit encore qu'un animal fi peu fait pour marcber, foit fur la glacé, la terre ou le fable, ne fauroit vivre que dans la mer: cependant il ne laiffe pas de paffer hors de 1'eau, e'eft-a-dire, fur la terre ou fur la glacé, la plus grande partie de 1'été, n'allant a 1'eau que pour chercher de la proie: fa femelle met bas a terre &y éleve même fes petits. A 1'aide de fes ongles crochus il peut grimper fur le haut des rochers & des montagnes de glacés , oü il fe repofe & dort: puis quand il veut defcendre il fe lance a 1'eau du fommet de ces hauteurs , ou s'y laiftb'tomber. Ce que l'on «roiroit encore moins & qui n'eft pas moins  Du regne wnimaL 37^ vrai cependant, c'eft que, tout eftronié qu'ii' paroit, il nclaiffepas de fauter&deraniperaffez vite lur la glacé , pour que le Greenlandois le plus alerte ait beaucoup de peine a 1'atteindrei Au refte , ces peuples en tirent beaucoup d'avantages; ils enmangentlachair&lagraiffe, & fe vetiffent de la peau : les Efquiraaux ea font de même, aulïï bien que d'autres nations fauvages de ces contrées. Cettechair eftrouge, tendre, fucculente, graffe, & fe mange tant fraiche que fumée. On mange de même le lard, qui a deux ou trois doigts d'épais, ou l'on en brille une partie dans les lampes en guife d'huile. Enfin l'on emploie la peau a faire des habits, des camifoles, des bonnets, des culottes , des bottes , des fouliers, des eourroies , des cordes, des ontres , & même a faire de petits canots nommés cayaques, ou du moins a les rcvêtir par dehors & par dedans: ces peuples en recouvrent aufli leurs cabanes d'été, & envendent une mfinité aux Européens, qui a leur tour s'en fervent pour recouvrir des coffres & des malles , a faire des garnitures de bonnets, des tabatieres. Les phocas font pour les peuples indigens du Nord une reffource fi nécefl'aire, que s'ils en étoient privés , il faudroit qu'ils périflént de faim & de froid. Aufli ces animaux utiles font- ils extrêmement multipliés. Outre les milliers nombreux qu'en tuent les Islandois, les Greenlandois, lesEfquimaux& les Kamtchadales; combien n'en affomment pas encore les Norvégiens, les Rulles les Suédois, les Danois , les Hollandois, les' Hambourgeois, les Anglois, & les autres peuples qui vont a la pêche de la baleine, & qui,,  J7g Da regne animal. lorfqu'ils n'en trouvent point, s'en vengent fur U race des phoques, en faifant une guerre peu aorieufe a ces animaux lourds & fans défenfe. On Peut compter qu'il s'en tue au moins cinquante mille tous les ans. La plupart du temps on les furprend endormis fur la glacé ,& 1 on a le temps d'en tuer des centaines avant que les autres fongent as'éveiller, tantilsdorment profondémeut, fans fouci, fans inquietude, fans Kot mêm'e le foin de fe garder en placant des fentinelles. Cependant ils mordent cruellement quand ils peuvent attraper les J^bes ou les mains de quelqu'un ; mais on ne les laiffe pas approcher de li prés, de facon qu ils font gluits l fe jetèr fur les batons qu'ils coupeur fouvent en deux, quoique gros comme le bras: du refte, ils font un bruit affreux, les gros abboyant comme des chiens enroués, &.les ennes miaulant comme des chats. 11 fulhtde.eur appliquer quelques coups fur le nez pour les faire tomber morts ou a demi-morts, & fur le chïrnp on les égorge, on les écorche, on leur coupe le lard, on en remplit des tonnes que fon emporte pour le faire fondre & en faire de 'huile de poiffon. Ils ont la vie fi dure que fouvent lorfqu'ils font déja écorchés■ tout ^ ou a demi, ou avec le crane bnfe ils leciébatEent encore, font des fauts confidérables & venlent mordre les gens. Les^iatums européennes que nous avons nommées mettent en mer tous les ans plufieurs MtTSpour aller a cette chaffe, & comme le M on eft le principe inftrument qu on y emptie" on leu? donne dans leurs l.ngues le nom d'affommeurs de phoques. L huile que l'on tire de ces animaux a le gout &  Du regne animal. 377 les qualités de la vieille huile d'olive , mais on dit que celle des jeunes n'a ni odeur ni goüt fort, de forte qu'elle elf auffi bonne que 1 huile d olive fraiche. IS Ours marin. Nous avons déja dit quelques mots de cette elpeee de phoque ;\ Partiele de l'ours terreftre, alm quil ne füt pas confondu avec celui que Ion nomme ours de la mer glaciale 011 quelquefois ours de mer fimpiement. Le phoque appelé ours marin eft plus gros que le chien de mer, mais il lui reffemble affez par la figure il a la tête d'un ours, les oreilles courtes, la queue courte auffi , les pattes de même, mais armées de emq doigts onguiculés & palmés juf. qu a la moitié, enfin le poil court, roide & d un gris noir par tout Ie corps. II fe nourrit düerbe & de poifibns; vit prés de cinquante ans, óc fe trouve fur-tout dans la mer de Kamtchatca, entre PAfie & 1'Amérique. Li lemelle met bas tous les ans un petit ou rarement davantage. Ce phoque ci court trés bien, & fait tere a tout ennemi , jufqu'a 1'homme même, ioit quand 011 va le chalfer avec des chaloupes , foit quand on Ie cherche fur le nvage le fufil a Ia main: fi l'on s'en aopröchjB trop, il faute fur un homme & le terraffe farts peine. Cependant les Kamtchadales favent les allommer a coups de pierres, & ils en ment" auüi d autres manieres , pour en man«er Ja chair & en boire le fang. Ordinairement un ieul male a un ferrail de vingt, trente ou cinquante femelles , dont il eft trés jaloux, & tient toute fa poltérité raflémblée jufqu'a la  378 Du regne animal. troifieme génération: toutes ces families vivent dans une grande union, & fe défendent ram* tuellemeat jufqu'a la mort. D'ailleurs les ours marins , en général, accourent de même au fecours les uns des autres quand il en voient un attaqué. Le Lion marin. II reffemble beaucoup au phoque ou veau marin; mais il eft aufli beaucoup plus gros, & a de douze è. vingt pieds de longueur ou environ, de la taille & de la corpulence du lion terreftre, avec la tête duquel la fienne a quelque rapport, d'oü vient fon nom. Le lieu de fon féjour eft la mer pacifique, quoiqu'on le retrouve beaucoup plus loin & jutques vers la mer du fud ; il fe tient tantot dans 1'eau , tautót fur terre ; fon poil eft court & d'un brun clair; il mange des poiflons & de 1'herbe , & vit jufqu'a cinquante ans. ba femelle fait tous les ans une portée de deux petits. Ouand il a pris tout fon accroiflement, il pefe dix-fept h dix-huit quintaux fans être écorché. On en mange la chair qui eft recouverte d'une couche de lard d'un pied d'épais , duquel on tire quarante a cinquante pots d'excelLnte huile; cc fa peau fournit des bottes fortes, des fouliers, des courroies, öcc. Ces animaux s'arrêtent volontiers pour dormir, fur les lies & les bancs de fable; mais il en refte toujours un en fentinelle, qui ah vue d'un ennemi fait un brak affreux par Ion cn,, femblable tantót au grognement d'un cocnon, tantót au hennill'ement du cheval; de forte qu on  Du regne animal ne les mankere pas auffi aifément, ni auffi impunément que les phoques ; ainfi 1'on elf obii°-é de les attaquer de loin i coups de fleche ou de fufil. Au relte, ils ne font point méehans ou malfaifans, & ne fe jettent fur perfonne, fi ce n'eft lorfqu'ils fe fentent bleffés, ou Iorfqu'on enleve leurs petits; car dans ces occafions ils, n'épargnent rien de ce qu'ils rencontrent, cc mettent tout en pieces de leurs terribles dents. D'ailleurs ils ne font leftes ni a courir, ni a nager; les femelles portent leurs petits furie dos dans 1'eau , jufqu'a ce qu'ils fachent rmger • & pour les y forcer plus tót, le mille les jette fouvent a 1'eau lui-même, au rifque de les replonger s'ils ne réuffifleat pas du premier coup. Le Rojman C'eft tm animal qui furpaffe en groffeur Ie bceuf le plus puiifant, mais celui des phoques auquel il reffemble le plus, elt le veau marin • fa tête eft une grolfe maffe ronde, percée d'unê large gueule de baeuf, armée a la mandibule fupdrieure dc deux longues dents ou défenfes recourbées en dedans, groffes comme le bras," prefque ferablables a celles de l'éléphant, d'une grande dureté, & dedans de la plus grande blancheur, préférées même afivoke pournom~ ()L ammal d dre leur lard, r v * La vache marine. Elle a pour autre nom celui de manati, & a plus de reflemblance avec la balein e qu'a vee es phoques; car fes pieds de devant, qui ont i peine deux pieds de long & lui fervent a tra «r la malle de fon corps, ont prefque 1'air de nageoires, & ceux de derrière, 1'air d'une queïe de baleine. Cet animal, plus gros que les autres phoques , a la tête petite, allongée, &. prefque dents, fi ce n'eft deux boutoirs prolongés au-  2<52 Du regne animal. dehors dont 1'un fort de la mandibulefupérieure, 1'autre de 1'interieure , & enfin deux omes & point d'oreilies. Sa peau eft noire & fort épaiffe , prefque fctnblable a 1'écorce d un vieux chêne , d'ailleurs fi dure qu a peine peut on 1'entamer è coups de hache. 11 le tient toujours dans les mers du Karotchatka , & plus loin vers 1'Amérique méridionale ; il mange des plantes marines & vit plus de cinquante ans: la femelle met bas un petit tous kSLe manati nase fouvent fur le dos tenant fes petits entre fes jambes; quand il nage lur le ventre, on voit furnager la moitié de ion dos, & les corneilles avec d'autres oifeaux ne manouent pas de fondre delfus pour y enlever es poux & autres infectes qui fe fourrent dans les rides & les crevafies de fa peau. On le prend lui-même avec de gros harpons de fer: quand on a rêuffi k lui en fichcr un dans le corps, oui 1'a bleffé mortellement, il faut dix hommes au moins pour le tirer k terre; car c eft une maffe de plufieurs milhers petant. Une fois remorqué fur le nvage a 1 aide de la corde qui eft toujours attachée au harpon, on 1'acheve a grands coups de haches & dSPieehair eft un peu dure, mais quand die eft bien cuite, elle a prefque k gout du boeut en bouilli; on tire de 1'huile de fon lard fondu, ft la peau s'emploie auffi a beaucoup de chofes.  Du regne animal. «s-j IX». CLASSE DES VIVIPARES. Les Ce'tace'es. On nomme ainfi une claffe d'anifnaux qui quoiqu'ils n'aient point de jambes & fe tiennent toujours dans Peau, & même aient beaucoup de reffemblance avec les poiflbns, ne font cependant pas de vrais poiflbns , puifqu'üs ont le lang rouge & chaud, qu'ils font obligés de venir fouvent refpirer Pair a la furface de Peau, & ont des poumons; qu'ils ont des os comme le bceuf au beu d'arêtes; que leurs nageoires font tout autrement faites que celles des poiflbns étant compofés d'os articulés comme ceux des doigts de la main, & revêtus de chair & de peau, de facon qu'on pourroit leur donner le nom de mams (dans le Nord on les appelle finnes & non pas du mot qui fignifie nageoires); ftructure qui fe retrouve encore dans leur queueenfin qu'ils font vivipares, ont du lait, des mamelies & donnent a teter a leurs petits. II y a beaucoup d'efpeces de cétacées: les uns ont des dents, les autres n'en ont point & ceux-ci a la place font pourvus de longues & fortes cótes tranchantes que l'on nomme des barbes; d'autres ont fur le devant de la gueule une efpece de corne de fubflance ofleufe. Ces animaux monftrueux vivent de poilfons gros & petits, & d'infectes marins; ils portent différens noms fuivant leurs efpeces, & fe trouvent tous dans les abymes de la mer glaciale ou teut au moins dans les environs.  jj»^ Du regne animal. La Bakine du Groznlande. Non feulement c'eft le plus gros des animauxcéScées, mals encore c'eft le plus gros 3e tous les animaux connus dans le monde car réllphant ne furpaflé en grolleur que ks aufres anïïaux terrertres, & non point la baleine. SS cependant qu'il exifte un monftre marinencore flus volumineux que la bakine, aï 1 o donne k nom de krakm (ciaques), dont nóus parierons dans la fuite, ft qui, drton k t enfdans les mers du Nord, entre Islandc & la Norvege; mais tout ce que 1 on en rncorite a bien 1'air fabuleux. , Au refte, ks baleines que l'on prend aujourA'hrÜ n'ont guere que foixante a quatre-vingt t d de Toni & une quarantaine de large; leur Soffeu ■ ex«de celle d'une centaine de bceufs f,ui feroienraffemblés en une malle. Mais auffi?c'eft-a-dire, dans k temps ou 1 on en ' Sote & oü pat conféquent elles avoient ïï llmw de prendre tout leur accroiffement, on eTuouvok debien plus groffes; elles avoient des cent Pieds de long, ou cent vingt & een fluaranïe. On prétend même, d'après fónc en Salifte Pline, que dans les anciens temps il Kn e trouvé de'quatre cents, ou mieux encore, de hu t a neuf cents pieds de long, avec une groffeur proportionnée; mais pour ceci, tly a '^iffiw^ ^ Grcenlande ft du Sp?zberf(deux pays au voifmage defquels on «? trouve k plus communémenO, ont la te e fi mon meuk qu'elle fait au moins le tiers de toS^ a maffe du corps. Cette tête porte dans fon milieu une boffe oü fe trouvent les even ,  Du regne animal. 385 c'eft-a dire , deux ouvertures par lefquelles elle r?jette 1 eau qu'elle avale avec fa proie, a une telle nauteur qu'on peut voir de fort loin ce ietel eau fingulier, & avec un fracas qui s'entend a pres de deux lieues. Ces jets font de la grosleur du bras a leur nailfance ou iffue de 1'é-' vent, & s'élevent fi haut que lorfqu'il fe trouve plufieurs baleines enfemble, on diroit en les voyant de loin, que c'eft une ville dont on appercoit les cheminéesvomiflant delafuméef*) La gueule de cette baleine forme par fa fentê a peu prés la figure d'une S renverfée u & cette ouverture elt fi vafte que l'on peut y entrer avec un petit canot s'y promener, lui couper Ja langue & les barbes , &c. /-ex;. A. Ah ciel, bon Ami! mais c'eft quand elle elt morte n'eft-ce pas ? car elle auroit bientót écrafé & avalé 1'homme & Ie canot. Le b. A. Bien entendu, que l'on ne va pas s y fourrer quand le monftre eft en vie • fi l'on en revenoit, l'on feroit fort heureux. Cependant onne rifqueroit pas d'être avalé, encore moins le canot; car ce monftre, tant prodig.eux qu il eft , n'a le gofier largé que de quatre ou cmq doigts. Cela vous paroit prefque mcroyable, cc cependant c'eft un fait; ainfi la baleine ne peut avaler que des infeétes de mer ör de petits harengs, quoique vous ayez entendu dire qu il y eut autrefois quelqu'un avalé joüS!. * & revomi au bouc de «3» derNi de dorque,que l'on trouve donné ;\ 1'épuulaid;  402 Du regne animal'. de facon, que comme ce cétacée a Ie mufeau fi obtus que fa tête paroit fe confondre avec le tronc, il eft a préfumer que tous ces noms diflerens ne défignent que le même animal. II a vingt-deux a vingt-quatre pieds de long, & huit ou dix d'épais; ainfi fa groffeur n'elt pas comparable a celle de la grande baleine, mais du refte, il lui reffemble prefque tout-i-fait, h cela prés, qu'il a les machoires garnies de dents. Cependant il ne mange prefque que des harengs, qu'il met en tourbillon avec fa queue , pour les prendre enfuite a fon aife. X.e CLASSE DES VIVIPARES. Nous allons voir dans cette claffe une finguliere efpece d'animaux, & d'ailleurs afiéz peu connue, favoir celle des parefléux, ainfi nommés de leur lenteur excefiive ik de leur fommeil prefque continuel. Ils ont en général le corps épais & velu, les pieds 1 deux, a trois, a quatre ou a cinq doigts, & une partie n'ont pas de dents; tels font 1'ahi & le tamandoua, VAhu Cet animal eft fi lourd, fi nonchalant, fi ftupide, fi indolent, qu'on Pa nommé pareiïéux par excellence: ahi eft le nom qu'on lui donne d'après le cri qui lui eft particulier, & qui exprime ces deux fyllabes. En effet, il n'y a rien de comparable h cette ftupidité extréme; car au moins, de tous les autres animaux connus, tant gros que petits, il n'y en a pns uu qui ne fe garde de fon ennemi, qui ne cherche a fe fauver, qui ne défende fa peau de fon mieux;  Du regne animal, 403 maïs 1'ahi ne fait rien de tout cela. On le frappe , foit avec des pierres, foit avec un baton; on le piqué, on le perce, on le foule, on le tourne & retourne, fans qu'il donne aucun figne de colere, de vengeance , fans qu'il falfe la moindre mine de vouloir prendre la fuite. 11 ne regarde même pas s'il elt en danger, & s'il y a quelque ennemi autour de lui; s'il en voit, il ne fe hitte pas davantage, il n'en fait pas un pas de plus, & fe laifle prendre ou aflbmmer au pied d'un arbre, fans avoir le cceur d'y grimper. Les j. A. En vérité, voilé, qui eft encore plus fingulier que tout le refte! Le b. A, Devinez a peu prés combien la démarche de 1'ahi peut être alerte. Les j. A. Mais, a peu prés, comme celle d'un efcargot; car enfin l'on ne fauroit être moins dégagé qu'un colimacon. Le b. A. Pouh! le colimacon eft un aigle en comparaifon de 1'ahi; enfin\ il n'y a pas d'efcargot, trafnant fa maifon ou non, qui ne foit en état de monter fur un banc dans 1'efpace de quelques minutes; eh bien, il faut des heures a un parefleux pour faire ce chef- d'ceuvre. A peine peut-il en un jour entier parcourir un intervalle de cinquante pas, & pour parvenir a, fe guinder fur un arbre, place qu'il préfere a toute autre, il ne lui faut pas moins de deux ou trois journéesd'effbrts. Et quand il eft juché fur une branche, quelle mifere, quel travail, que dc temps pour en gagner une autre ! & pendant tout ce temps-la il ne mange point, car il ne fonge a bouger de la première branche que quand il 1'a tout-a-fait dépouillée de feuillage. Du moins, quant au boire, il n'eft pas aplaindre, puifqu'il n'a jamais foif; ainfi c'eft  404 Du regne animal. un bonbeur pour lui, qu'avec fa lenteur cc fou peu de goüt pour la boillbn, il puifie^ encore fupporter fans peine une difette de plufieurs jours, & même de plufieurs femaines. Les j. A. Mais elt-ce qu'il n'a donc pas quatre jambes comme les autres bêtes ? Le b. A. II a bien fes quatre jambes, mais elles font fi mal faites, qu'elles ne peuvent lui fervir a courir; tout au plus en tire-t-il un mouvement progreflif quelconque, tel que je viens de vous le dêpeindrc. Mais en revanche il a les ongles fi forts & fi ferrés, que quand il empoigne quelque chofe a loifir, fi n'y a pas moyen de lui faire lacher prife ; ce qui lui donne la faculté de pouvoir fe fufpeudre aux branches d'arbre & même dormir en cette pof' ture le dos a la renverfe. 11 elt de la groll'eur d'un renard;ila la tête petite, lemufeau approchant d'une figure humaine vie'dlotte, ou plutót d'une figure de finge, 1'air trifte & plcureur, fans ceffe r'épétant fon ahi d'un ton plaintif & douloureux; fes yeux font petits, fes oreilles fans pendans, fa queue prefque imperceptible, fes doigts pris enfemble , quoique les ongles foient ieparés, le poil gris - brun collé fur le corps & femblable i de 1'herbe gite; : enfin cette trifte figure vit ou végete miférablement pendant dix a quinze ans , mangeant uniquement des fcuides d'arbre; & la femelle met bas tous les ans trois ou quatre petits dans un petit trou au pied d'un arbre. On en mange la chair qui n'elt pas mauvaife. Quand cet animal a dépouillé un arbre de toutes fes feuilles, il ne fe met pas tout de fuite en marche pour en aller hrputer uu autre; mais il femble prendre du temps pour la réfiexion  Du regne animal. 405 cu pour délibérer: on diroit qu'il rêve pendant plufieurs jours s'il prendra le parti de quitter 1'un pour monter fur 1'autre. Mais a force de réfléchir, fi la faim vient a le prefler avant que tout foit examiné, il prend fon parti tout d'un coup, & au lieu de delcendre de fon cher arbre comme il y eft monté, il ie laiffe tomber tout bonnement a terre , comme une lourde malle qu'il eft, & ne s'appercoit feulement pas qu'il a efl'uyé un choe. Enfuite il fe met en marche tout a Paffe-, & gagne tout bellement une autre demeure voifine; car changer d'arbre eft pour lui comme changer de quartier ou d'habitation, puifqu'il refte des trois ou quatre mois fur le même fans defcendre a terre une feule fois. II lui faut au moins une quinzaine pour le voyage , pendant lequel temps il ne mange rien, de facon que quand il arrivé aux branches du nouvel arbre, le pauvre itnbécille e(t lec comme amadou, & n'a que la peau & les os; alors il fe remet a manger de nouveau exen voila de rechef pour un quart d'année fans revoir la terre (*). II fe trouve dans 1'Amérique méridionale , & fur-tout dans le Bréfil Vous en trouverez deux, repréfentés aux He' 1 & 2 de la IXe. Tab. M' Le Tamandoua. On met aufii au nombre des pareffeux cet animal dont nous avons déja dit un mut i 1'ar- pL} -?y, t r ce genre «">P«.«9»«"5 'e mwmniin tes, & le fait paffer ainfi jufqu'aux■ extrémité» du corps par une infitfité de ramifications. Alpr#il revient de nouveau a la veine cave; le cceur s'quvre de nouveau pour lerecevoir, & voihï" ce.qu'on nomme diaftole ; puis il ié reffenr pour le chaffer, & c'eft la fyftole: deux mouvemens d'oü réfulte le battement du acur & du pouls. Dans un homme bien portant ce mouveraavt T 6  444 Du regne animal. fe fait environ cent mille fois dans vingt-quatre* heures; ce qui donne autour de foixante -dix feattemens par minute. On compte que la quantité de fang qui fé trouve dans une perfonne adulte en bonne fan té, eft de cinquante livres pefant; & toute cette quantité de fluide, dont la circulation fe fait par des canaux de la longueur de cent quarSnte> li uit pieds, ne met qu'un efpace de quinze minutes, c'elt - & - dire, un quart d'heure , pour paffer en entier par le cceur. La liqueur, qui fe forme des alimens par la digeftion, ou le chyle, eft d'une confiftance & id'une couleur laiteufe, dont la plus grande partie fe rougit en palfant par les poumons , & prend alors le nom de fang. Les poumons font deux lobes d'une fubftance fpongieufe & féparés 1'un de 1'autre, qui Templin'ent les cavltés gauche & droite de la poitrine. Chaque lobe eft compofé d'une multitude de véficules qui s'ouvrent a chaque inflantpar 1'entrée de 1'air que nous relpirons, & fe referment enfuite. Cette refpiration de 1'air «ft fi nécelfaire a la vie, que l'on meurt dès qu'elle ne peut plus avoir lieu. Pendant le cours du fang a travers cette mul» titude infinie de vaiflëaux & de glandes, il s'en fépare différentes humeurs, dont les unes fervent h la nouriture du corps & a fon accroiffement, les autres a ditférens ufages; une partie s'échappe a travers les pores de notre peau par la tranfpiration, & enfin une autre partie s'écoule fous le nom d'urine. Les reins font placésaux cótés droit & gauche de 1'épine du dos. Ils recoivent de 1'aorte & de 2a veine ■ cave certaius rameaux nommés vaif»  Ba regne anïmaL w$ feaux émulgens, paree qu'ils fervent' a la feerétion des- parties groffieres du fang. La partie extérieure des reins eft eompofée de vaiffeaux qui s'entrelacent en ferpentant, & fe terminent par des mamelons, par lefquels 1'urine paffe dans la cavité des reins, & de la dans la veffie par des canaux particuliers, d'oü elle ne lort que pour être tout -a- fait évacuée.- II ne faut pas rinir fans dire quelques mot9 des géans, des nains, & des avortons. L'archiduc Ferdinand d'Autriche avoit ua nain qui n'avoit que trois palmes de haut. Ën 1760 on vit a Paris un jeune Polaque devingt deux ans, dont la taille n'excédoit pas de beaucoup la hauteur de deux pieds. II avoit un frere aïné qui n'avoit qu'environ deux pieds & demi, & une fceur de feize ans qui n'en avoit pas tout-a fait deux.. En 1751 on voyoit a Amfterdam un payfan agé de vingt - fix ans qui n'avoit qu'un pied & demi de haut. Voila pour les nains. Quant aux géans, oa peut parler d'un haiduque au fervice de l'archiduc Ferdinand, dont la taille étoit de plus de dix pieds. Le duc Jean-Fréderic de Hanovre avoit ua feallebardier qui en avoit plus de huit. De même on voit des hommes qui apportent en naiffant des marqués ou taches de toutes fortes de figure & de couleur, ou plus ou moins de membres que nous. On a vu deux enfans naitre .attachés enfemble , ou dont les corps étoient joints de maniere a ne pouvoir fe léparer, & qui cependant mangeoient, buvoient, parloient, marchoient , travailloient: en uu T 7  446 Du regne animal. mot, qui ont ainfi vécu affez heureufemeni pendant plufieurs années. II faut ajouter a ce que nous avons dit précédemment qu'un enfant nouveau-né pefe ordinairement dix a quinze livres, & que le poids d'un adulte eft de cent dix, cent vingt, cent trente , cent-quar ante ou cent cinquante livres; rarement au - dela. On a des exemples d'hommes qui ont excédé ce terme de beaucoup;' tel que celui d'un Anglois que l'on a vu il y a queV qucs années en Suiflè & aiüeurs, & qui pefoit cinq cents cinquante livres. En 1724 il mourut un autre Anglois a 1'age de vingt-neuf ans qui pefoit cinq cents quatrevingt livres, & dont le tour du corps étoit de dix pieds. En 1565 il mourut a Dourlach en Souabe un receveur dont le corps pefoit, dit-on, fix cents livres. En 1750 il mourut k I'age de vingt-neuf ans un marchand qui pefoit cinq cents cinquantcfept livres, & qui étoit fi gros que fept perfonnes adultes pouvoient s'enfermer a la fois dans fa vefte. , Quant a I'age auquel les humains parviennerit, ce n'eft pas une chofe aifée a déterminer avec précifion, comme pour les autres animaux; 1'un meurt plus tót, 1'autre plus tard; 1'un ne paffe pas I'age de 1'enfance, 1'autre meurt dans 1'adolefcence, un autre dans I'age viril, un autre attcint celui de la vieilleffe, c'eft-a-dire, de foixante, foixante & dix, ou quatre-vingts ans; car on va rarement jufqu'a quatre vingts & dix; & pour cent ans & au-dela, il fe trouve a peine une perfonne fur dix mille qui y parvienne. Dans la jeuncfle nous fommes expofés k la  Du regne animal. 447 mort, & dans l'itge avancé, nous ne pouvons 1'éviter. 11 arrivé auffi trop fréquemment que les hommes abrégent leur vie par leurs excès, loit dans le boire & le manger, foit dans les accès de paflions quelconques, foit enfin par mille habitudes ridicules & repréhenfibles. Dans le premier age du monde, c'eft-a-dire, depuis Adam jufqu'a Noé , prefque tous les hommes vivoient au-dela de neuf' cents ans. Adam en a vécu neuf cents trente, & Mathufalem, le plus Agé dont il foit parlé daus 1'hiftoire , parvint a une vieillefTe de neuf cents foixante-neuf ans. Mais depuis le déluge arrivé du temps de Noé, les hommes commencerent a dcvenir moins vieux: Abraham mourut dès fa cent foixante-quinzieme annee, & du temps de Moyfe, le terme ordinaire de la vie des hommes n'excédoit déja plus cent trente ans. Mais dans le voyage qu'il fit avec les enfans d'Ifrael pour entrcr dans le pays de Chanaan, la vie des hommes étoit déja beaucoup raccourcieau point que lui-même fe plaignit, dans le IXe. Pfaume au io.e verlet, que notre vie n'étoit que de foixante & dix ans, ou de quatre-vingts au plus, & que fi l'on excédoit ce terme on n'éprouvoit plus que peine & douleur, Du Crêque. Enfin il faut bien favoir ce que l'on nous conté de cet animal énorme, ou prétendu tel, & qm, fabuleux ou non, mérite bien, par fa forme unique & fa groffeur inconcevable, d'être mis a part de tous les autres. Je vais vous dire ce qu'en ont rapporté des voyageurs déja ancieirs, & entr'autres un M. Pontoppidan, dans  Dü regne animal, fon hiftoire de Nor vege; & c'eft vraiment dornv inage que leurs relations ne foient conhïmées a. 1'égard du craque par aucun voyageur moderne ou pêcheur digne de fois, Le craque donc, qui s'écrit en allemand & autres langues du Nord, kraken, fe trouve dans cette partie de la mer du Nord qui eft entre 1'Ecoffe, laNorvege & 1'Islande. Sa groffeur eft telle que quand il fe montre a- la lürface des eaux, il rellèmble a une 11e, de forte que la plus groffe des baleines du Grcenlande, n'elt a l'on égard qu'un petit chat a cóté d'un éléphant. Ce doit être une efpece de polype dont la forme approche beaucoup de celle de 1'araignée, & qui a une quantité de bras, jambes, ou antennes,gros comme destroncs d'arbres. 11 ié tient au fond de la meF & ne s'éleve it la furface qu'une feule fois chaque année, & cela avec une lenteur extraordinaire, dans 1'été & par un temps calme. Quand il eft arrivé a la furface, & qu'il montre une partie de fon dos, on voit une efpece ri'ile d'une demi-licue de circuit, couverte ri'herbe, de vafe, d'ordures, de poilfons, & d'oü s'élevent les bras & les antennes, comme autant de mits de vaillèaux, qui y fcr roient plantés. On veut que le craque ne falie ce voyage, du fond de la mer a la furface, que pour prendre fon repas annuel, dont la digeftion dure tout le refte de Pannée. Au bout de ee temps, & quand il veut s'élever, il fe décharge le ventre, & fes excrémens font de telle sature qu'ils attirent une quantité prodigieufe de poitfons, qui fe croient en pleine hberté dans la vaite ouverture de fa gueule, & qu'il engloutit prefque tous. Quand il a ainfi rempli la capaciié non moins démefurée de fon cüa-  Du regne animal. 445* Biac, il fe lakfe tomber avec la même gravité au fond des eaux, & fe livre au grand ouvrage de la digeftion, pour recommencer la même opération 1'année d'après. Croirons-nous cette hiftoire-!a , ou ne la croirons-nous pas? Tout ce que nous en pcuvons dire, c'eft que ceux qui ont eu fe bonheur de voir bien diftinétemeut le craque, font fort bien d'y croire; & les autres tout auffi bien d'attendre qu'ils aient auffi le témoignage de leurs yeux, ou du moins d'autres équivalens, qui nous ont manqué jufqu'aujourd'liui, & nou», aianquent encore.  45® Du regne minéral. DU REGNE MINERAL. D ans cette troifieme & derniere partie de 1'lnftoire naturelle, on apprend a connoltre tous les corps qui font defiitués de la vie, du mouvement, & même de la végétation, & bornés a une forte d'accroifiement extérieur: tels font les pierres, les terres, les fels, les métaux, demi-métaux, &c. Pour mettre un ordre un peu clair entre ces matieres, nous en ferons fept clafiés, qui feront Pobjet d'autant de cbapitres. La première clafle contiendra les Terres. La feconde, les Pierres. La troifieme, les Seis. La quatricme , les Bitumes. La cinquieme, les Demi-Métaux. La fixieme , les Métaux. Et la feptieme, différens fofliles ou diverfes matieres minérales. PREMIÈRE CLASSE. LES TERRES. On en diftingue cinq efpeces , favoir : les terres friables ou poudreufes; les terres calcaires; les terres gypfeufes; les terres argileufes; & les terres fufibles ou vitriliables. i.o On nomme terres friables ou pulvérolentes, celles qui fe réduifent aifément en pouffiere, comme par le feul frottemcnt des doigts, qui ne fe durciïïent point au feu, n'y entrent point en fufion, & ne donnent ni chaux, ni  Du regne minéral. #51 platre ou gyps. Ces caraéteres conviennent a einq fortes de terres, qui font la terre de jardin pure ou terre labourable; la terre a tourbe ou de marais; les terres colorées; les terres végétales, & les terres animales, c'eft-a-dire, tirées des débris de végétaux ou d'animaux. La terre labourable ou de culture eft noire, meuble & grafie, & abforbe 1'eau. La terre de marais eft noire auffi, & fe trouve dans les lieux marécageux. Les terres coltrées font ou jaunes, ou bleues, ou vertes, ou rouges, ou brunes: il n'y en a point de pures, & plufieurs fout aufli argileufes, ou tirent leurs couleurs des mélanges de certaines parties métalliques; favoir, les rouges de_ 1'or ou du fer, les bleues & les vertes du cuivre, les jaunes du fer. Quand on les a nettoyées des parties étrangeres qu'elles contiennent, & fur-tout du fable, elles font d'ufage. en peinture, mais non en teinturerie. On leur donne généralement le nom d'ochres, quoiqu'on le particularile allèz communément pour les terres jaunes. Les terres végétales font des terres encore imparfaites qui fe forment de boispourri, & de toutes fortes de plantes en corruption. Les terres animales fe forment des cadavres corrompus, & font aufli dans un état d'imperfeétion. 2.0 On donne le nom de terres calcaires k toutes celles quel'aétiondufeuréduiten chaux, telles que la craie,le lait de lune,& les marnes. La craie eft une forte d'argile blanche durcie, ou fi 1 on veut, de terre blanche dure, cu encore: une pierre blanche tendre,compofée d'une poufliere aflez ferrée, & qui s'attache aux autres  45. Du regne miiéral. corps par le frottement. La craie fine eft d'un blanc de neige, & la groffiere tire un peu fur le jaune; on s'en fert a peindre & a d'autres ulages. Elle a le même nom que 1'ile de Crête (Creta), & l'on préfume que 1'une le tire de 1'autre , paree que l'on prétend auffi que cette ile,. aujourd'hui nommée Candie, en contient beaucoup, & que la première craie que l'on ait vue en Europe en venoit. Aujourd'hui la craie eft commune par'tout, & il y en a de noire qui l'elt moins. Le lait de lune eft une terre calcaire blanche & fine, qui fe trouve dans les cavernes, dans les creux & les fentes de rochers, légere eomme une écume, & qui n'eft qu'une efpece de farine ou pouffiere blanche. 11 s'en trouve qui eft un peu plus lourd & que l'on nomme meelle de pierre. On a aufli nommé le lait de lune farine fojfile, paree que de pauvres gens ont eu la firn» phcité, dans des temps de difette, d'en faire du pain ou de la bouillie. La marne eft un compofé de particulës farineufes & groflieres, de différentes couleurs, & quelquefois grafles, qui fe trouve en quantité dans plufieurs endroits, dans les prairies & les champs, prés des fources & des lieux marécageux. On s'en fert avantageufement en qualité d'engrais , felon la nature des terrains, & les macons i'emploient auffi a une efpece de ciment. 3. Les terres gypfeufes font celles que 1'action du feu change en une poulïïere qui, étant imbibée d'eau, acquiert en quelques heures la dureté de la pierre, & donne ce qu'on appelle 11 faut rapporter a. ce genre la terre fpathique  Du regne minéral. 453 feuilletée, compofée de particulës plattes, d'un blanc brillaut, & rudes au toucher. _ 4.0 Les teires argileufes font celles quifedurcill'ent au feu; l'on met de ce nombre la terre 4 briques, la terre a pipes, les bols, les terres favonneufes , & le tripoli. La terre d briques eft tenace; &, mélde avec beaucoup de fable, elle fe laifle manier, pétrir, & conferve toutes les figures qu'on lui donne, lorfqu'elle elt féchée & enfuite cuite au feu, ce qui lui donne la confiitance de la pierre. II y en a de jaunatre & de rougeatre; la première, qui eft la terre glaife commune, n'elt pas fort grafie, & s'emploie a faire du torchis pour bktxt des cabanes; 1'autre eft plus grafie, & c'elt celle dont on fait des tuiles & des briques. La terre d pipes & a potier eft plus fine, plus pure, & aufli plus tenace que la terre a briques, tantót blanche, tantót jaune, ou rouge, noire, grife, verte, douce au toucher, facile a travailler fur le tour, prenant au feu une grande dureté. Quand elle eft bien blanche, bien pure & fans cnaux, c'eft la terre a porcelaine (*_). Celle qui a moins de blancheur, & qui tire fur le bleu, (*) Les Alleraands s'attribnent IMnvention de la porcelaine en Europe, *Ö* resLerSrA,/fi?W ™ JhMres, font des pierSre ?. ?",guheres quï om orfeairement la lltTci ^T Wadrai,g«laires, & fe trou- fac? de la ^ * **" 2. ' Lesp/Êj-m calcaires, c'eft-a-dire cme Ip feu réduit eu chaux, font la pierre a chaSx le ieTt'lipiSreV^31"' * ^> ^ te», ev ia pierre de marne. La pierre d chaux eft ordinairement ^rifdtre &eS trouve fouvent de folies ?enS/ ?U°n,y Lafpalh calcaire eft blanc * or, t„ • en une pouffiere & celui de plel"e dePtaaite.Blklte' ! V°yeZ-y Cet artide  42 5 Du regne minéral. 1'écriture; ou bien on le calcine. Le plus beau fpath calcaire prend auffi le nom de cr'yftal; il elt tantót quacirangulaire ou tetragone, tantót hexagone, tantót a un plus grand nombre de Cóté». Le tuf eft rude au toucher, léger, poreus, & trés propre a faire liaifon avec le mortier dans la maconnerie. . Les liahcïites font ces concrétions pierreufes oui fe forment dans les cavernes ,les mines &c, par la ftillation des eaux a travers les fentes de rochers; elles font brillantes, & prennent ton» tes fortes de flgures, auffi bien que diverfes couleurs charmantes. La pierre de marne eft compofée en eftet de. cette efpece de terre durcie par quelque gluten, qui cependant fe diffout a 1'air libre; on en fait de la chaux. . ■5 o Les *ierrwgyp/è«/èxnes'amollulent point dans l'eau, mais le feu les change en platje ou gyps. Les fortes font la pierre a pUttre, 1 albatre, & le fpath gypfeux. La pierre d pldtre elt blanche; & quand elle eft ciute, pulvérifée & humectée, on en tart toutes fortes de figures & de itatues. On en revet auffi les platfoncis des appartemens , ou 1 on forme en même temps des figures de la plus grande beauté. En colorant cette pate avec divers ingrédiens, on en fait ce qu on appelle ftuc, & les ufages agréables que Ion en ure ont donné lieu a 1'introduction d mie forte d ouvriers particüders. JJalbdtre elt tautdt blanc, tantêt gns; il elt auffi fufceptible de poli, & l'on en fait toutes fortes de vafes éx de figures, méme des tables.  Du regne minéral. ^ On en tire auffi de la chaux & du verre. La plus beau vient d'ürient (*). , fpath gypfeux eft blanc, gris, ou noir; le olanc ie nomme verre de Notre Dame, paree que dans les couvens on en met des feuüles ïninces fur les images en guife de verre: on s'en' ,re VVuffie P°Lir §arnil' les fenêtres, & il eft auiii d ufage pour celles des chambres de vaifleaux, paree que cette efpece devïtres eft moins lujette a fe brifer par 1'ébranlement que caufent les decharges d'artillerie. 4.» Les pierres argileufes ne s'amolliflent point dans l'eau & s'endurciflent au feu ; ce lont la pierre favonneufe, Fasbefte, le tak , le mica, rt/e eft d'un jaune d'or & du plus bel éclat, quoiqu'il y en ait auffi d'un jaune pale & de brunes. Les plus belles viennent de 1 Inde; mais on en trouve auffi en Bohème, en Sitófie , & en Miffnie (*). . . La chryfolithe, nom qm figmfie pierre d or, eft d'un jaune verdatre; on la tire du Levant, mais il s'en trouve auffi en Allemagne. _ Vhyacinthe eft d'un jaune rougeatre, a demi tranfparente, & vient des Indes. II s'en trouve en Allemagne, mais ou d'un jaune clair, ou d'un jaune obfcur grené. Efrarboucle eft le nom que l'on donne a 1 clpece de rubis qui eft de couleur de feu ou de fang, c'eft-a-dire, d'un rouge foncé, il vicni par corruption du latin carbunculus. Le vrai de cette pierre eft fpinel, rubis-fpinet (j): ïadis on donnoit le nom d'efcarboucle a toutes les pierres qui avoient 1'éclat du feu, du nombre defquelles étoient fur-tout le rubis èc le grenat. e Le rubis eft d'un beau rdbge tranfparent, e. tient le fecond rang parmi les pierres précicufes , ne le cédant qu'au diamant. Le balais (communément rubis-balai) eltauiti une efpece de rubis d'un rouge pMe & prefque couleur de chair. (*) Selon Beman, les topafes enfumées ne font que des cryftaux de roche colorés, des fpath-fluors de plomb, ou des quartz cryftallifés & colorés. ft") Selon Bomare , c'eft le rubis onental , qm porre le nom d'efcurboucle h caufe de fon rouge ardent ; & te ipiuel eft d'un rouge clair tres foible.  Du regne minérêl. 463 Le grenat eft d'un rouge obfcur; les gros viennent de POrient, & les petits fe tirent en quantité de la Bohème. L'améthyjte a la couleur violette oubleue-rougefitte; tefaphir, bleu-célefte; Vopale^blen laiteux; le béril, gris-bleufxtre; & Yémeraude, qui eft une trés belle pierre, eft de couleur verte. _ Le cryftal a Papparence d'une pierre précieufe ; il fe trouve en morceaux qui ont la forme de colonnes oupyramidale-hexagone (*> Le beau cryftal blanc fe nomme cry ftal de mon~ tagne, Sc le noiratre fe nomme cryftal noir. La pierre de corne n'eft pas d'une grande dureté, & ne porte ce nom que pour fa couleur & fon éclat imparfait: on en compte trois fortes , favoir la pierre a feu ordinaire, 1'agathe & le jafpe. i La pierre d feu ou d fufil eft affez connue par 1'ufage journalier qu'on en fait avec le briquet & 1'amadou. L'agathe eft tantót d'un blanc-rougeatre, tantót jaunatre; celle qui eft d'un rouge obfcur fe nomme calcédoine, celle d'un rouge clair carnéole, celle d'un'rouge pale fardoine;enüri celle qui a des raies ou taches de différentes couleurs prend le nom d'agathe Jtriée ou agathe onyce (f). Le jafpe eft une pierre qui offre toutes les couleurs imaginables, & n'eft point tranfparente. Le fpath-fluor eft ou blanc ou de toute autre couleur, & coule aifément au feu; on en voit de toutes fortes de figures. (*) Dans Bomare , iis Tont bien plus variés. Ct) Bomare nomme les agathes d'une toute autra maniere, v4  464 Du regne mincraL La pierre de fable, autrement grais ougrès, eft de deux fortes, la pierre d aiguifer ou d rsmaller, & la pierre meuliere ou d tnoudre: la première eft plus fine que 1'autre. La pierre de roche eft un compofé de pierre de corne, de quartz, & de fable (*). TROISIEME CLASSE. LES S E L S. On donne ce nom a des minéraux qui fe diffolvent dans l'eau, & ont fur la langue une faveur plus ou moins forte. Ils fe fondent au feu & fument fans brüler. Quoique l'on trouve les fels dans la terre ou ils fe forment en malle , on peut cependant les extraire par art, foit des plantes, foit dts animaux. On divife cette claffe en trois genres, celui des fels acides, celui des fels alcalis ou lixiviels, & celui des fels neutres ou nfitoyens. i." Parmi les fels acides qui ont une faveur fliptique ou aftringente , on met le fel acide pur, le vitriol, & Palim. Le fel acide pur ne fe tire point de l'eau par ébullition, ni des roebes de fel, mais on le précipite du foullre, du falpetre ou nitre, & du lel commun. II faut mettre de ce nombre 1.: tartre qui fe dépofe au fond des tonneaux a vin. Le fel que l'on précipite du nitre ou que l'on en tire par la difiillation, comme 1'eau-devie du grain, fe nomme acide nitreux. (*) Voyez c'ans Hornare ou ailleurs ce que c'eft qut le iorpliyre & Ie granil.  Du regne minéral 46$ Le vitriol eft compofé d'un acide fulpbureux en combinaifon avec du cuivrc , du fer, ou quelque autre minéral, & fa figure elt dodécaèdre, c'eft rt-dire, a douze pans. 11 y en a de naturel & d'artificiel. Celui que l'on trouve dans la terre, s'il eft bleu, s'appelle vitriol de chypre; s'il elt verd, c'eft la couperofe verten celle-ci contient du fer, 1'autre du cuivre. Ualun eft le produit du même acide fulftireux, appelé aufii acide vitriolique, combine; avec une terre argileufe, & fa figure eft octogone. On en trouve peu de natif, mais on en fabrique beaucoup qui fe tire de terres char» ■ bonneufes , ligneufes & fchifteufes. 2.0 Les fels akalis ont une faveur acre & brülante, une couleur blanche, & fe fondent fur Ie feu; tels font le fel de Selter, celui de Carlsbad, la potafié ou potache, & les fels des plantes. Ils font ou fixes ou volatils, c'elt- itdire, fe diffipent ou non. 3.0 Les fels neutres fout les fels amers, ;le nitre, le fel commun, le falmiac, le borax & le fucre. Les fels amers ont une figure tetraèdre, une couleur blanche, une faveur amere, fe fondent au feu, fe tirent des fources minérales, & s'emploient en médecine comme purgatifs. Tels font le fel d'Angleterre ou d'Epfom, celui de.Seidchutz, & celui d'Egra: le fel admirable de Glauber eft un fel artificiel. Le nitre ou falpêtre eft hexaèdre , blanc, d'une faveur défagréable, & fe trouve tantót'fur les murailles fituées dans des lieux obfcürs ^ humides, tantót fe tire des tas de décombres ■/ ^d'ordures qui contiennent du fumier, des .cer>«V5  ^é6 Du regne minêral. dres, des guenilles, & toutes fortes de débris d animaux & de végétaux. Le fel commun ou fel de cuifine eft blanc & de figure cubiquc. II y en a de trois fortes, le fel marin, le fel gemme ou foffile, & le fel de fource; le premier fe tire de 1'eau de la mer, le dernier de celles de certaines fources appelées fontaines falantes , & le fecond fe trouve en roebes dans le feiri de la terre; il y en a des mines trés confidérables. Le falmiac (autrement fel ammoniac), & le borax, font d'un blanc de neige: le premier fe tire de 1'urine & de différentes matieres animales ; le fecond vient d'un lac de Perfe d'oü on 1'apporte en Europe, & il fubit en Hollande une purification. Tous deux font employés par les ouvriers en métaux, foit a fouder, foit a donner a Por diverfes couleurs: le falmiac eft aufii d'ufage en médeciue. Quant au fucre t il faut voir a Partiele de la canne d fucre, la maniere de le faire. QUATRIEME CLASSE. LES B I T U M E S. Ce font des matieres combuftibles, qui exhalent au feu uue odeur trés forte & défagréable : ils font tantót de nature oléagineufe & fiuide, tantót fecs & folides. Les fluïdes font les huiles de montagne; s'ils font blancs, c'elt le baume de montagne ou baume de Bubylone; s'ils font jaunes ou bruns,c'eft le pétrole ou huile de pierre. Quand le bitume fluïde fort d'une fource ou fe trouve a la furface de l'eau, comme ii arrivé en Perfe, dans  Du regne minéral. 467 rinde, en Italië & ailleurs, on 1'appelle huile de terre. . Les bitumes folides font 1'ambre, Ie fuccin, le pilfafphaltt, le charbon de pierre, le charbon de terre, & le foulfre. ISambre eft folideec diflkilea divifer,de cou« leur grife, & donne par la combuftion une odeur agréable (*). Le fuccin eft folide & dur, fufcepriblc d'être taillé, poli, tourné, travaillé, t au tót blanc, tantót jaune, tantöt diapbane, tantót opaque. Le meilleur eft celui qui eft blanc & ordinairement trés pur & tranfparent. Souvent on trouve de petits infeot.es renfermés dans des morceaux de fuccin, & alors ils font plus chers. II y en a qui donnent au fuccin le nom d'agathe ,& encore celui de pierre inflammable, paree qu'il peut brüler comme une chandelle. II répand aufli une odeur trés fuave. C'eft fur les bords de la mer Baltique, prés de la Prufl'e, que l'on en trouve le plus & du meilleur ; mais il s'en trouve aufli dans la mer d'Allemagne & ailleurs -, qui cependant eft de moindre qualité. On en tire de foflile de plufieurs montagnes de Provence, & dans plufieurs autres endroits de 1'Europe. Au refte, 1'origine de 1'ambre & du luccin eft toujours une queftion indécife parmi les naturalift.es. On a cru d'abord que c'étoit un bitume endurci & épaifli de quelque maniere que ce fut; mais cela eft faux. On a dit enfuite que c'étoit une réfine végétale torn- (*) II y a l'ainbre gris, qui garde ce nom ; l'ambr« jiHne ou blar.c , qui eft le fuccin ; & le noir, qui eft ie jai ou }:ayet. V 6  ■4éS Du regne minéral. bée dans la mer avec les arbres qni la fourriffent, comme pins, fapins, cérifiers, gené vriers , & dont la malle s'augmentoit peu a peu par la ■fréquence de ces accidens; mais cette opinion n'a point de certitude (*_). On fait avec le fuc» •cin & le jais mille fortes de chofes; on en voit de grandes collections a Caflèl & a Drefde en ■Allemagne. Lüpoix de montagne ou poix foffile, eft hoire & folide: quand elle elt moüafl'e, on lui donne •le nom de pijjajphalte; li elle fe trouve dure & brillante , c'elt ['afplialte ou bitume de 'Judée-. Le charbon de pierre ou la hèuille eft une pierre noire comme du charbon, & qui en a i'appa■rence avec le poids de la pierre; on la brille, & elle eft d'un bon ufage au feu fur - tout darrS les forges, mais exhale une odeur peu agrértble. U s'en trouve une quantité prodigieufe en Angleurre; il y en a aufli dans les Pays-bas, !en Bohème, en Allemagne, & ailleurs. Le charbon de terre ou la tourbe elt employé •au même ufage que la houille. C'eft un compofé de terre mélangée avec des végétaux en ipütréfaction, fur-tout des raeines de gramen, de mouffe, &c. Elle eft d'un gris noiratrc, & (*') Notre auteur allemand (M. Rtff) penfe que le 'fuccin eft 1'ouviage des fourmis , comme la cire celui des abeillcs ; non, Hit-11, que toutes les efpeces de f"(:rrsis pcfledent cet art; il eft prorre a une eipece particuliere de fourmis rouges, qui le tient dans les bois, oü elles ramslfcnt la rffine des genévriers pour en batir ou :revêtir leurs hrbitations fuuterraines. On trouve, dit>il, de cette riüve travaillée par elles en plufieurs endroits, <& l'on s'en'fert a des fumigations. II convient cependant qu'il ne fauröit expliquer comment il peut fe trouver dans la üaltique de préféience, & aujourd'hui & depuis ■fi long-temps., une fi etofinante quantité de fuccin.  Du regne minéral 469 le trouve en nombre d'endroits de 1'AUemagne & des Pays-bas; 1'odeur en eft auffi défagréable. Le fouffre eft jaune, citrin ou rouge, brüle facilement, & répand a la combuftion une odeur prefque infupportable. On en trouve de natif dans les mines, & 011 le retire auffi d'un minéral particulier, nommé fouffre minéral. 11 fert a faire la poudre a canon , le cinnabre, a blanchir les étoffes, & a plufieurs autres ufages, par exemple, a faire des allumettes. CINQUIEM.E C L A S S E, LES DEMl-METAUX. Ce font des minéraux qui ont Papparence de métaux , mais ne font point malléables, c'eft-a-dire, qui fe brifent fous le marteau, & fe volatilifent au feu. II y en a méme un qui -eft naturellement fluide, c'eft le mercure, autrement argeni-vifou vif-argent. Quoique liquide, il ne s'attache point, comme l'eau, aux corps qu'il touche; il fe divife en petites boules, & fe volatilife fur le feu. On le trouve tantót vierge, tantöt par gouttes dans la terre; ou bien on le fépare d'une certaine mine qui, quand elle eft rouge, fe nomme cinnabre naturel, formé par le mélange du fouffre & du mercure dans le fein de la terre. Ce cinnabre eft employé en peinture, & a faire de la cire a cacheter en le mêlant avec de la réfine. Quant au mercure, il fert a beaucoup de chofes, entr'autres a faire des barometres & même des thermometres. Les demi-métaux folides, qui font plus 011 moins durs, font Pantimoine, le zink, la cala« ■mine, le bifmuth & 1'arfenic.  47° Vu regne minéral. Uantimoine eft d'une couleur blanchatre, dur, compofé de fouffre mêlé avec une terre arfé* nicale. Le zink eft tendre, de couleur blanche, brüle quand il eft fondu, & donne au cuivre la cou* leur jaune. II a 1'ceil de 1'étain, & les potiers d'étaui s'en fervent auffi pour donner a ce métal plus d'éclat & de foiidité. La calamine eft la mine de zink [comme le cinnabre celle du mercure]. Le bifmuth eft blanc, ou rougeatre, & d'une f ubftancc fcuilletéc. On le nomme étain de glacé. Uarfenic eft dur, de couleur de fer, poifon violent, & donnant au cuivre la couleur blanche. On comprend fous ce nom générique 1'orpiment, le cobalt, & la farine de poijcn; celle-ci n'eft que la luie qui s'attache auxparois des fourneaux & des forges otil'on travaille 1'arfenic & le cobalt: ou bien encore 1'arlènic en fleurs qui fe trouve attaché a la voute des mines de ce demi - métal. Uorpiment eft d'un jaune de fouffre, fragile & pefant : les peintres en tirent une cou'eur verte en le mêlant avec 1'indigo, qui eft bleu. Le cobalt ou cobold eft gris & rougeatre & reffemble a des morceaux de métal brifé: on cn tire un beau bleu nommé fmalt, ou azur, ou bieu d'émail (*), (*) Hornare dit expreflement que le cobalt eft une matieie fort différente dc 1'ari'tnic.  Du regne minéral. 471 SIXIEME CLASSE. LES U E T A U X. Ce font des minéraux durs, fufibles, ducciles, malléables, connus fous le nom d'or, argent, étain, cuivre, plomb & fer. Ils fe trouvent dans la terre tantót vierges ou natifs, tantót & plus fouvent minéralifés avec le foulfre ou 1'arfetiic: ce mélange elt ce que l'on nomme particuliérement mine. ' En mêlant ou combinant deux ou plufieurs métaux enfemble, on obtient une nouvelle efpece de métal; tels font les métaux faétices nommés bronze, laiton, Jimilor, &c. On divife les métaux en deux claffes ; les métaux nobles, & les métaux communs. Les premiers ne s'alterent point au feu, paffé la fu> lion , quelque temps qu'on les y laifle expofés, & ce font 1'or & 1'argent. Les quatre autres y changent de nature ou de face après un efpace de temps plus ou moins long. L'or elt trés compact, tenace, dc couleur jaune, & fe trouve tantót vierge, tantót fous la forme de différentes minéralifations, d'oü il faut le tirer. On trouve aufli de l'or natif mêlé au fable de plufieurs rivieres, & 011 Pappelle or de lavage, ou or de riviere. U ar gent eft aufli fort compact, fort tenace, & de couleur blanche; on le travaille de toute maniere, & il fe foutient au feu fans rien perdrex de fa fubltance. On trouve aufli de 1'argent vierge ; mais il eft pour Fordinaire en mines de dilférentes formes, telles que la mine cornée, la mine glacée, &c.  .472 Du regne minêrat. Le cuivre eft un métal rougeatre & fonore, qui, expofé a 1'air humide, ou mis daus l'eau, donne peu a peu une diffolution verte, qui elt le verd-de-gris , matiere trés-venimeufe, qui a déja coüté la vie a tant de perfonnes par 1'ufage imprudent des vafes de cuivre dans les maifons. On le trouve de même tantót natif, tan» tót en mines. Le fer eft le plus dur des métaux & fe trouve rarement natif; fa couleur eft grife; il fe diffipe infenfiblement au feu, & on y rapporte f acier & l'aimant. Vader fe forme ou fabrique avec le fer, fur-tout de la meilleure qualité; ainfi il n'en exifte point de natif, ni de minéralifé dans la terre. Uaimant eft une efpece de mine de fer (dont il y a une grande variété), mais pauvre, de facon qu'on ne la travaille point; c'eft un coni. pofé de fer & de pierre. Cette pierre eft remarquable par fa propriété fmguliere d'attirer le fer, & de tourner toujours vers le Nord un de fes bouts, quand on la fufpend en liberté; de facon que l'on y diftingue deux poles aufli, celui du Sud, & celui du Nord. On attribue ces effets, & les autres propres de faimant, k un fluide anvifible particulier, qui Je pénetre §l circule autour de lui d'un pole a 1'autre. C'eft une chofe fort curieufe que de voir la limaille de fer s'arranger autour de faimant & s'y attacher. On a attribué auffi a la force magnétique une act'011 fur les animaux, de facon qu'on a efl'ayé d'employer faimant au foulagement de diverfes douleurs. On parle même de fuccès, étonnans dans cette nouvelle méthode de guérir, au point que l'on menace toutes les phar» macies de leur ruine.  Du regne miniral. 473 Uétain eft un métal dont la blancheur fe ternit aifément, peu dur, & afléz léger, qui entre aifément en fufion, & fert a faire une grande quantité d'uftenfiles. L'étain d'Angleterre eft le meilleur. La mine d'étain porte différens noms fuivant fa forme: il y a la mine en grains, la pierre d'étain, &c. Le plomb a une couleur grife ou bleuatre; c'eft le métal le plus mou de tous, & qui fe fond aufli avec le plus de facilité. La mine d'oü 011 le tire porte aufli des noms fort différens , comme le fpath de plomb, le cryftal de plomb, &c. Quant a la méthode dont on fe fert pour extraire le métal de fa mine , on commence par la brifer en trés petits morceaux, & même a la réduire prefque en fable & en pon.ire; on jette ce fable dans des cuves ou foffes remplics d'eau oü l'on fépare les parties inutiles de la bonne mine. De la on porte la maffe reftante ft la forge, & on la jette dans un creufet fur un feu ardent, oü par la fufion le métal fe fépare des parties étrangeres que le lavage n'a pu lui enlever. Mais cette première fufion ne fuffit pas; avant que d'avoir Por,1'argent ou le cuivre bien pur & propre a être travaillé, il faut procéder a plniieurs autres fülions , d'autant plus que 1'argent & le plomb fe trouvent fouvent mêlés, & que fans cela on ne viendroit point a bout de les féparer (*). (*) Voyez dans Hornare, ou d'autres, ce que c'tft que la ptqtitif ,fe niksl,Si d'autres minéraux métailiques mojns amnus que Jes prccedens, de même que les luves, &c.  474 Du regne miniral. SEPTIEME CLASSE. D1TERSES SUBSTANCES FOSSUES. Les principalcs que nous puiffions mentionner pour terminer notre idee abrégée du regne minéral, ce font les pétrifications, comme les plus curieufes de toutes. En efl'et, vous feriezvous imaginé que l'on trouve toutes fortes de chofes métamorphofées & converties en véritables pierres; par exemple, du bois, des offemens d'hommes , de quadrupedes , d'oifeaux & autres animaux; des coquillages, des infectes, des poillbns, des plantes marines & autres? Vous ne vous feriez pas non plus douté que toutes ces dilférentes fubftances fe trouvent auffi quelquefois enfermées dans la pierre ou incruftées de pierre; d'autres fois remplies de métal ou de bitume; fouvent peu altérées & entcrrées dans la craie, 1'argile, le fable. En voyant toutes ces pétrifications, on ne fauroit douter de ce que les corps qu'elles repréfentent ont été autrefois, ni que les lieux oü on les a trouvées, & oü l'on en trouve encore, aient été jadis enfevelis fous les eaux de la mer. Néanmoins ces lieux font quelquefois de hautes montagnes; mais n'importe: les animaux marins dont on y trouve les cadavres pétriliés ou enterrés, font des monumcus trop frappans & trop évidens du féjour des eaux fur ces montagnes même , foit que leur fommet le plus élevé ait formé une 11e, foit qu'il ait même été caché lui-même fous la furface de la mer. Voici quelques-uns des noms qu'on leur donne. Les pétrifications d'animaux fe nom-  Du regne minéral. 475 ment zoolithes, & celles de végétaux phytolithes. Les échinites font des pétrifications d'ourfins ; les pierres de lis font des animaux marins articulés tout particuliers, dont 1'original eft inconnu; les cornes d'Ammon font des pétrifications de coquilles; les conchites des coquillages bivalves; les pectinites des coquillages du genre des peignes, &c. On met au rang des pétrifications, fans les confondre toutefois avec les précédentes, les pierres qui portent des cmpreintes de plantes ou d'animaux, foit qu'elles les aient autrcfois enfermés, foit que 1'empreintc fe foit faite par contact lors de la formation de la pierre. On nomme ces pierres empreintes, & l'on y voit des images approchées d'arbres, d'animaux, de payfages même: fi les pierres ont de la reifernblance avec des arbres, on les nomme dendrites, & l'on en voit beaucoup dans les ardoifes. II y a aufii les incrufiations, & c'eft le nom par lequel on défigne les corps recouverts d'un enduit de terre calcaire, par exemple, de la moulfe, ou autre. Fin de la feconde ö5 derniere partie,  47« EXPLICATION —!— ^Sif sa=--a=-=-gei;) EXPLICATION. DES FIGURES. Tab. I. Fig. i) un jeune choras, 2) un citronnier; 3) un fapajou; 4) un vieux choras; 5) un cep de vigne portant de petits raifins qui, quand ils font fecs, font connus fous le nom de paffes, ou pafferilles, ou raifins paffés; 6) Un cep de vigue portant de gros raifins; 7) une chenille de phalene; 8) un renard; 9) un thé j 10) un cbinois; 11) un mufcadier; 12) un cedre; 13) deux Negres; 14) deux noix mufcades. Tab. It. Fig. 1) un gironier; 2) un perroquet; 3) un cedre; 4) des cannes a fucre; 5) un ferin de canarie; 6) un Negre portant des cannes è fucre; 7) un figuier; 8) un caffier ou arbre a cafFé; 9) un perroquet; 10) deux ccques de cafTé mures; n) un autruche; 12) un colibri; 13) un nid de colibri; 14) un roitelet; 15) un pifang; 16) du tabac; 37) un gros tamandui; 18) un fourmi-lion; 19) de grolfes fourmis; 20) un fourmillier. Tab. III. Fig. 1) de 1'anis; 2) une corneille; 3) une pie; 4) un limac.on nud; 5) du fenouil; 6) un lima^on avec fa coquille; 7) un étourneau; 8) de la coriandre; 9) un émerillon gris; 10) un moineau; 11) une grande chenille de papillon avec fa trompe, ou un gros ver 4 foie; 12) des mures; 13) une petite chenille de papillon, ou un petit ver a foie; 14) une femelle de papillon; 15) des ceufs de papillon; 16) de petites chenilles fortant de leurs ceufs; 17) un cocon;  DES FIGURES. 47? IS) une nymphe de papillon; 19) un murier; 20) un rouge-gorge; 21) un corbeau; 22) de 1'anet; 23) une taupe; 24) du fafran; 25) un choucas; 26) du cumin. Tab. ir. Fig. 1) un oifeau de paradis; 2) un armadillo; 3) un zebre; 4) un tapir; 5) un vautour-moine; 6) 'une ruche fermée; 7) une ruche ouveite; 8) des cellules de guêpes; 9) un nid de guêpes; ï0) un mangeur de poivre; n; un poivrier; 12) une guêpe; 13) une abeille-mere, ou reine; 14) un faux-bourdon; 15) une abeille-ouvriere; 16) un fcarabée foffoyeur'; 17) une mouche éc-utneufej 18) une coccineile; 19) un frelon; 20) une chenille d'un papillon des arbres a fruit, 21) un papillon des arbres a fruit. Tab. V. Fig. 1) une vis; 2) une tiare; 3) un mures; 4) un amiralj 5) un marteau; ö) un corail; 7) unpolype a bras; 8) un polype a panaches; 9) une tête de niédufe; 10) un porc-épic de mer; 11) un corne d'Ammon; 12) un allérite; 13) un olivier; 14) Un roffignol; 15) un chardonneret; 16) une grive de "ede «ei 17; la pivoine; 18) un beoen-croix; /o) un fapin; 20) une chevre d'Angora; 21) un bouc d'Angora; 22) un lapin domeftique; 23) une chevre- 24") un bélier; 25) un bouc; 26) un agneau; 27)' une brebis; 28) un berger avec fon chien; 29) un bceuf30) un mulet; 31) un ine; 32) un cochon de lait33) une truie; 34) une vache; 35) un veau; 16) un caeval; 37) un héron; 38) une carpe; 39) nélican; 40) un coq de mer; 41) Un cancre fquinade ou pagoulj 42) un brochet; 43) une écreviflè. ' Tab. VI. Fig. 1) du lin; s) du millet: 3) de 1'orge; 4) une fouris des champs; 5) un lievre; 6) deux levrauts7) une caille; 8; une alouette, 9) du chanvre; 10)  EXPLICATION du feigle; u) du bied; 12) du maïs, ou bied de Turquie; 13) un rat d'eau; 14) un épi de maïs müri; is) deux mulots d'AUeinagne; ló) un hériffon; 17) un cotonnier; 18) un orang-outang; 19) un guüebon, ou golok; 20) un dieu des bois; 21) un caïtaïa; 22) un cocotier. Tab. VIL Fig. '.) une marmotte; 2) deux chamois; 3) un bouquttin; 4) un écureuil; 5) une bécafle; 6) un loup-cervier; 7) un chêne; 8) un fapfn; 9) un chat fauvage; 10) un merle; 11) un chafleur; 12) un braoue , ou chien d'arrêt; 13) un cerf; 14) une biche; is) un fanglier; 16 & 17) deux champignons; 18) un écureuil; 19) un faon; 2c) un chevreau; 21) une chevrette: 22) un daim ; 23) une daine; 24) un braque, ou chien d'arrêt; 25) des lapins fauvages; 26) une cochenille étant infefte; 27) un kermes allé; 28) un cerf'-volant; 29) un perce-oreille; 30) un gallihftcte; 31 & 32) des noix degalle, ou caifenoles; 33) un ehryfomele; 34) fcarabée d'oüer; 35) une petite mouche ; 36) une caffide. Tab. VIII. Fig. 1) une araignée allant a la chalTe d'une mouche; 2) une punaife de lit; 3) un fcorpion; 4) une punalfe d'eau; 5) un fcorpion d'eau; 6) un puceron; 7) un hanntton d'été; 8) une fauterelle; 9) un cochon de cave; 10) un jule Indien; 11) un jule d'Europe; 12) une demoifelle; 13) ufi frelon; 14) une araignée aquatique; 15) un fcarabée d'eau; 16) un buprelte avec fes larves; 17) un fcarabée llercoraire; 18) un pic ; 19) un hibou des églifes ; 20) un hètre; 21) un coucou; 22) une chauve-fouris; 23) un moyen-duc; 24) une greve de genievre; 25) un vampire; 26) un loup; 27) deux ours; 28) un Polaqué; 29) une chauve-fouris; 30) un grand capricorhej 31" tra rhinocéros; 32) un dennette; 33) une mouche éphémeie; 34) un grillon; 35) ""6 petite  DES FIGURES. 479 larve de hanneton; 36) des ceufs de hanneton; 37) une grofle larve de hanneton; 38) un jeune hanneton femelle,fortant de terre;39) un hanneton male; 40) un trou dont un hanneton elt forti; 41; un charenfon. Tab. IX. Fig. 1 & 2) deux ahis; 3) un aigle noir commun; 4} un didelphe; 5) un énée; 6) un bifon; 73 un cacaotier; 8} fa coffe; 9) fon fruit; 10) le fagouin nommé tête de mort; 11) une grive de genievre d'Amérique; 12) un chataignier; 13) fon fruit; 14) fa fleur; 15) une mélange; 16) un épervier; 17) un paon; 18) un faifan; 19) un renard; 20) un coq domeftique; 21) un coq d'Inde. & a gauche fur le maronnier fa poule; 22) une poule avec fes pouffins; 23) une poule de Perfe; 24) un cygne; 25) une oie; 26) *un canard; 27) une fouris; 28) un chat; 29) une poule qui pond; 30) une poule frifée; 31) une hirondelle avec fon nid; 32) un putois; 33) une fouine; 34) deux pigeons; 35) une femelle de paon; 36) deux Lapons; 37)un renne; 38) un goulu; 30) une zibeline; 40) une belette; 41) une herminel Tab. X. Fig. O un amandier; 2) un finge; 3) un faucon; 4) un mufcardin; 5) un noifetier ou avelinier; 6) un petit capncorne; 7) une larve de caprieorne; 8) un hon; 9) unelionne; 10) une hiene; 11) un rhinocéros ia) un tigre; i3; un léopard; 14) un raacacp; J5)unferpentafonnettes; 16) un vautour aux charognes; 17) un loir; 18) un chameau; 19) un dromadaire; 20) un fagou; 21) du ris; 22) unfer' pent; 23) une fouris a mufeau pointu; 24) un éléphant; 25) un dermefte noir ayant une raie grift fur ïnn V6-} ""?Sazel,fv27) un.girafe; 28) un papdlon des infeftes; 29) fa larve; 33) un papillen defotirrure; 31) fa larve; 32) un rhinocéros-oifeauY 33) un pygrnée, ou cgrf-nain; 34) un porc-épic; 35) une panthere. e '  433 EXPLICATION DES FIGURES. Tab. XI. Fig. i) un lézard volant; 2) une cicogne; 3) une loutre; 4) un hareng; 5) une anguiile; 6) un fa lamandre; 7) un lézard; 8) un midas; 9) un folitaire; 10) un jonc; 11) un rofeau; 12) un hoche-queue; 13) un na-ire. marchand; 14) un canot avec despêcheurs; 15) un pêcheur, la h;iche a la main öt fur le point de taillsr le lard a une baleine; 16) une baleine du Grcenlande; 17) un phyfale; 18) un cachelot; 19) un rofmare; 20) un chien de mer; 21) des montagnes de glacé; 22) un ours blanc; 23) un efpadon, ou poilFoii a fcie; 24) une mouette; 25) une épée de mer; 26) un caméléon; 27) un callor; 28) un hippopotame; 29) un butor; 30) uu crocodile; 31) un ichneumon. Tab. XII. Fig. 1) un bafilic; 2) une torpille; 3) un pipat; 4311) une grenouille aquatique avec fa métamorphol'e; 12) un cra))aud commun; 13 a 16) un papil» Ion de jour avec les ceufs & fa coque; 17) une vrillette; 18) une outarde; 19 a 22) un papillon de nuit avec fa coque & fes ceufs; 23 a 25) un papillon crépufculaire avec fes ceufs et fa chenille; 26) un caflbar ; 27) des ceufs coniques de la chenille du choy; 28) un cavia; 29) un rat domeüique; 30) une huppe; 31) un léming; 32) un dogue; 33) un chien de berger; 34) un barbet; 35) un chien-lion; 36) un bichon; 37) un élan; 38) un braque, ou chien d'arrêt; 39) un lévrier; 40) un ballet; 41) un bouledogue; 42) un chacal; 43) un blaireau; 44) un potte-mufc; 45) un ferpent royal; 46) une pipt; 47) un quatre-cornes; 48) un poilTon-boule; 49) un requin, ou mangeur d'hommes; 50) un nez-iidé; 51) un porc-épic de mer; 52) un hippocampe; 53) un poilibn-ange, ou éventail. TA-  4»! TABLE. A. *Araignées aquat., I. 31» AAraigniSes croif., I. goj beille, I. 182,185,260. Araignées domeit., I. ibid. Able I. 347 Arannées oifel., I. 30^ Acier', 472 Arapede, I. 167 Acoudia, I. 228; Ardoïfe, J . 45« Agaric, I- i»7 Argent, It. 471 Aïaire, 54 Argenfrvif, 11.463 Agathe, II* 463, 4f>7 Argonaute, I. 164. Aeneau, H» 293 ArmadiUo, II. 339 Agouti, H« *94 Arfenic , II. 470 A[,i II.402 Articbauc, I. 65 Aiglès H» 27 Asbeite, 1.87,11.460 AiguiUe dudiable, I. 253 Afelle, I. 3ja Aiguille de uier, I» 35^ Alpbalte, H» 4 II*  482 TABLE. héchsrou, II- 90 Cacaotiir, I. I4V y.edeguar, /• IC9, 29c Cachelot, • 11. 3y<5 1','cizebut, H.423 CalFé, 1. 92 j'.ditte, • II- 199 Caille, II. ir.4 Bélier, . . II. 292 Caillou, II. 455, 401 Brgeronnette, II- i'9 Caïcaïa, 11. 424 Beril. 11.4*8 Calamine, II. 470 tferlin, - I. «07 Calcédoine, 11. 403 Béte au bon Dku, 1. s°7 Calmar, I. .156 niche, < II. 314 CaméléoB, I. 3C9 Bicbon, II. 243 Caméléopard, II. 321 Binocle,' I. 318 Cames, I, 156, 160 Bifaiuth, II. *7° Camomille, I. 114 Cil'on, 11- 286 Canard, 11. 70 Biumes, 11. 4^' Canari, JI. 117 Bivie, II. 364 Cancre, I, 313 Blaireau," II' 2C<3 Cannamele, I. 90 j.laite, 1. 220 Caune a fucre, l.ibid. Biedt I. 94 Cannellicr, I. 75 Bied de Turquie, d'Efpa- Cantharide, 1. 210 gne, d'lnde, I. 88 Capricorne, I. 202 Bkud'émail, II. 47c Caprier, 1. 53 Boa, I. 365 Cardamome, 1. 79 Boeuf, II. 281 Carde, I. 63 Bcefaquar., II. 358 Carnéole, II. 463 T.t f-volant, 1. 2C4 Carpe, 1. 3^S jjoi, I. 12^ Caname, I, 116 Bols , It 454 Carvi, 1. 114 Bonjour, I. 128 Cafque, I. 164,. 166 li.rax, lï. 4^6 Caflenole, I. 98 Kouc, II. 302 Cafl'e-noifette, II. 56" 11, uc de bois, I. 202 Caflide , I. 210 Bruis, 011 Buis, I. 45 Cafloar, II. 89 linukelochs, II. 286 Cattor, II. 364 Bouquetin, II. 305 Cautis , ' I. 164 Bouton, I. 170 Cavia, II. 194 Bcuvreuil, II. 112 Cedre, I. 101 Braque, 1.1. 243 Cep de vigne; 1. 55 B ebis, II. 292 Cérafte, I. 3°4 Biilinole, 1. 123 Cerf, II. 312 Brimbelle, 1 I. 103 Cerf-nain, II. 329 Brochet, I. 343 Cerl-volant, I.. 203 Bronze , II. 471 Cerifier, ; I. "9 Bruant, II. 113 Cétacées , II. 384 Buffle, II. 287 Chabot, I. 342 Bujij , 1. 104 Chacal, II. 261 B iprellej I. 212 Chameau, II. 322 Chamois, II. sof» OMiau, L 330 Cuampignon, J* 104  TABLE. 4«3 Charme, I- 84|Cocotier, I. 123 Chapoir, II. 9« Coignaiher, I. 120 Charanibn, 1 I- 203 Colibri, U. 5fj Charbbn de pierre, II. 468 Colomhe, II. los Charbon de terre, II. ibid. Conchite, II. 47.S Chardonneret, «• «5 Concombre, I. 60 Chat', II.208 Condor ou Contour, II. s& Chac'huant, II. 42 Conferva, I. 1 ï Chat marin, ou Chat cVou- Coq de bruyere, II. los tremer, H. 423 Coq cuiralTé, I. 3» Chevre,- II. 302 Corned'Ammon,!. I6<5. II. 47S Chevre d'Angora ou An- Corneille, II. SU goud, II. 305 Cornouillier, I. 12' Chevre de bais, I. £02 Cocoyous, I, aï8 Chevrette, I- 318 Cotodon, II. 3'>r Chevreuil, II. 217 Cotonnier, I. 7: Choucas, II. 54 Coujou, 1. 22 i Chouette, II- 45 Couperolè verte, II. 465 Chrylolithe:, II. 462 Courge, I. «*<* Chrytornt e, I. 199 Courgne, I. 115 Cigalc-bcdaude. ï. 12Ü Courtille.ou Courtiil'ere,I. 225 Ci'ogne, 1'. 7'i Crahe des Moluques, I. 31* Cinnabre, II. 4Óy Craie, II. 45f Ciron, 1.301 Craie ü'Efyagne OU de Bnan- Cttrom'er, I. 47 90n » II. 45'> , Citrouitle , I. 6: Crapauds, I. 37*5 Civette, ÏI. 302 Crapaud-volant, II. 130 Clopoite, I. 312 Craque, II. 447 Coati, II. 207 Crayon rouge, II. 454, 45 !> Cobalt ou Cobold, II. 4-0 Crcve-boeuf, U Sïï Coccinelle, I. 20; Cricri, I. 2^5 Cocliemlle, I. 217 Crocodile, I. 37l Cochon, II. 3 ti Crompires, I. 8i Cochon aquar., II. 357 Cryltal, II. 463- Cochon de cavo , I. 312 Crytbar de plomb, II. 473 Cicliop.-lapin, II. 194 Cübebe, I. 73 Cochon de mer, IL 400 Onvi-, II. 4< i 'X i'  484 TABLE. Cul-nud, II. go Epinoche, L Cumin, I. 64, »M F,P°ng«, I. loii, ij6 Cygne, II. 65 Éponge de rofier, I. »oo Cynocépbale, II. 419 Efcalier, I. i63 Di Efcarbot, I. 203 Daim, II. 316 ECcaiboucle , II. 4152 Banier, I. 128 Efcargot, i. 157, 17a Dauphin, II. 401 Efpadon, I. 351 Deini-niétaux, II. 469 Efturgeon, I. 353 Demoifelle. I. 212, 251 Ktain, II. 473 Demoifelle (ou grue) de Nu- Etain de glacé, II. 470 midie, II. 90 Etoile de mer, I. 17» Dendrite, II. 475 Étourneau, II. 109 Dentale, I. 156 F. Dermefte, I. 207 Faon, II. 314 Diable, II. 422 farine fofljle, II. Diabledel'lIeFormofe, II. 339 Farine depdüOB, II. 47a Diamant, II. 46 Fau, I. 99 Didelphe, II. 186 Faucon, 11. 30 Dien des boi*, II. 423 Fauvette, 11.123 Dogue, II. 243 Faux-poilüms, I. 349 Dorade, I. 334 Fayauce, II. 454 Dorade chinoife, I. 347 Fsyard, I. ff Dorche, 1. 33? Fer, II' 47» Dorque, II. 401 Feuille ambulante, 1. 125. Detrale ou Doterelle, II. 91 Fenouil, I. 6* Dragon, I. i9> Écureuil, II. 153 Fourmis, I. 185,258 Eglantier , I. 109 Fournrillicr, I. aóU. mn 4°" Elan, II. 321 Fourmis-lion, fc 255 Elbis 011 Elbiche, II. 66 Fouteau, I. 'J9 Éléphant, I. ?CI,II. 341 Fraifes, 1* *031 Emeraude, II. 463 Frarrboifes, l.tbit. Emérillon, II. 40 Francolin, II. i°3 Empaleur, II. 41 Frelon , I. 283 Empreinte, II. 475 Furet. !!• 204 Enile-boeuf, I. 2121 O» Ipée de mer, I. 328 Gallintec"ie, I. 98, 216" Ipervier, II, 34'Garance, 1. v-i  ï A 13 L E. 185, Gardien; ft 3^9 Haufe, 1. 354: Gazelle, II. 311 Hébraïque, I. vïï Geai, II. 50 Héméiobe, 1.255 Gelinorte, II. 103 Hengfiche, I. 331 Genette , II. 203 Hercule , J -. tot Genevrier,. I. ioy lieriifon , IK ia& Gerlo, II. 20? Hénlfpn de roer, I. 355; Girale, II. 32' Hermine, II. ico Giroflier, J. 74 Heran y II. 8l9> Glard de mer, I. 16c 11 tre, I. 99/ Gkflopêcre, I.-353 Hiboux, II. 41 Glouton, II. 5cc Hippoeampe, l. 35S Golok, II. 418 llippoporaine, 11-35* Gomme, I. i19 Hirondelles,. II. 121 Gordius, 1. 151 Hoche-queue , 1 II. t'ii> Gorge-bleue, II. 124 Homme, 11.425- Goujon, I. 347 Homme fauvage ,011 Homme Gmlu, 11. aco des bois, U. 416- Grains d'encens, I. 118 Horloge de la tuurt, I. 312 Grains de myrrbe, 1. ibid. Iloublon, I. 117" Grais, II. 464 II mille, II. 4*3 Gratte cu, 1. 109 Htiil- s, II. 4C6: G.iff'e du tiiable, I. »6o Hnitre, I. i'óa-i Grenadier, I. 54 Huürier, II. 90 Grenst?, II. 463 Huppe, 11. fa Grenouilles, I. 37' Hyacinthe, II. 462.- Grès, II. 464 Hydrophile, Iv 311 Gngri, I. 22 -1 Hyene, H. 162 Grillons, I. ibid. J. Grimpereïu, II. 58 [aeil, II. aöf Grive?, tï. tic jagtmar, II. 833 Gros-bec, II. 113 lafpe, II. 463 Grue, II. Eo IcMicumon, II. 204. Grue de Numldie, II. 90 Ichtliyokoile, I. 35V Guanaco, II. 327 Igouane, I. 3-0 Guecco, I. 9 lncrufiaiion , II. 475 Guêpes, I. ;8-, Infectes, I. 179» Guêpe ichneumone, I. '.90 Joco, H. 4i(>. Guepes perce-bsis, I. 291 |onc, I. 110 Guépier, II. ét |ule, I. 311 Gutfde, J. it$ K» Gingembre, I. 79 Kachikamo, II. 339 Guignard, ; II. 91 Kaiinel , II. 305 Guignequeue, II. 119 Kakerlaque, I. 229 Guibbon , II. 418 karauehe, 1-347 H. Kermes, L *IT Hannetons, I. iq6 Kine, I. 127- Hareng. 1. 343 Kleppfiche, II. 332 Harpe de David, l. 164 Kongurüh, li. 207 X.  TABLE. KynoképhaIe, II. 419 Maki, II. 434 L. Manati , II. 381 Laberdam, I. 333 Mandril, II. 422 Laie , II. 330 Mangeur d'abeilles, II. 61 Lait de lune, 11. 4-2 Mangeur d'hommes, I. 351 Laiton, IL471 Mangeur de poivre, li. 51 Lampdtre, I. 3^0 Mangoufte, II. 205 JLamproie, I. 34M Manne, I. 79 Lapin, il. is2 Manne aux poiflbns, I. 254 Larve, I. iyo Mante, I. 225 Laurier, I. 47 Manteau royal, 1. 163 Lavaret, 1-343 Maquereau, I. 338 Légouane, I. 370 Marapucé, II. 234 Leming, , II. 176 Marine, II. 457 Lemmar , II. 177 Maréchal, I. 203 Lentilles, I. 95 Marfouin, II. 400 Léopard, II. 234 Marte, 11. 195 Lépas, I. 167 Marteau de crocbec, d'é- Lérot, II. 159 querre, I. 163 J.évrier, II. 243 Martin-pêcheur, II. 59 Lézards, I. 366 Maltic, I. 119 Liama. II. 327 Mauvis, II. 111 Libellos, I. 251 Mazaputé , 11. 234 Licorne de mer, II. 398 Méleze, I. 101 Liége, I. 126 Melon, 1. 61 Xiévre, II. 189 Mercure, II. 4159 Limacon, I. 157 Merle, II. ux> Lin, I. 83 Merluche, 1.33a Linfoflile, 11. 460 Mélange, II. 124. Linot, ou Linotte, 11. 117 Métaux, II. 471 I-ion, II. 217 Meünier, I. 197 Lion marin, II. 378 Milan, 31. 34, Litorne, 11. 111 Millefeuille, I. 114 Loir, II. 157 Millepieds, I. 31a Lorior, II. 60 Millet, I. 93 Loris, I1. 424 Mine, II. 471 Lotte, I. 340 Mireille, I. 104 Loup, IL256 Mite, I. 186 Loup-cervier, II. 210 Mitre, J. 168 Loup de mer, I. 327 Moëlle de pierre, 11.45* Loup doré , II. 261 Moineau, II. nJ Loup de riviere, I. 343 Moififfure, I. 10S Loutre, II. 370 Monocdros, I. 200 Lune de mer, 1. 167 Mongo, II. 416 Lynx, II.216 Mongous, II. 424 M. Monnoie de Cuinée, I. 164 Macaco ou Macaque, II. 420 Monocle, I. 318 Maïmon, II. 42,2 Moret, I. 104 Miïs, i, S8 MoxïdS, 4. ('Wrf,  TABLE. 40? Mormon, II. 421 Oifeaux, II. 1 Moiuei I. 330 Oifeau Je la mort, II. 45 Mouclie, I. 179, 294 Oifeau de paradis, II. fo Mouche a galles, 1. 289 O feau de iciupete, II. 72 Mouche printanniere , I. 254 Olibans , I. 118 Mouche d'Efpagne, I. 2U Olive,. I. 168 Mouche écumeufe, I. 227 Olivier, I. 123 Mouche éphémere, I. 253 Omble. ou Ombre, 1. 343. Moucheron, 1. 29(1 Oiice (.Onzaj, lf. 233, Moueite, 11. 76 Opale, II. 463. Moule k perles, I. iöi Opuntia, 1. 51 Moutte, I. 106 Or, II. 471 MoolTeron, I» i°4 Oranger, I. 49 Moutarde, I. 116 Orang-omang, 11. 416 MouiarHe des Capucins ou Oreille de uier, 1. 167 des Allemands, I. 60 Oreillicre, I. 20a Mouron , II. 292 0,-ge , 1. g5 Muiet, II. 279 OrmL-r, I. 167 Mulor, II. 168 Orpiment, II. 470 Mulot d'Alleniagne, 11. 169 Orque , II. 401 Mures, I. 10.3 O.-tie, I. 86 Murex , I. if>6 Ortolan, 11. 114. Marien, I. 56 Ofkr, I. yn Mufcadier, I. 73 QlïracKMi, I. 354 Mufcaadin, II.160 Ourociib, JI. 286 Mufuuie, I. 166 Oars , II. 204 Myite, I. 54 blanc, II. 266 N. Oius aux fourmis, II. 406 Nacre de perles, I. 160 Ours marin, II. 377 Kacre de Piovcr.ce, I. 162 Outarde, II, 8s Narval, II. 398 P. Nautiie papyracée, I. 164 Paca, II. 19-; Néflier, I. 120 Pacos, II. 338 Neur-yeux; I. 350 Pagoul, I. 3tö Nez ndé, I. 355 Pauari , II, 333 Nicotiane, I. 113 Palmier & dattes, I. j2ü Noixdecoco, I. 125 Palmier a fagou, I. 80 Noix de gulle, I. 98 Palombe, II. 107 Nopal, I. 5t Pangolin, II. 3 o Notrpede, I. 203 Pantbere, II. 234 Noyer, I. 119 Paon , II. gt Nymphe aquatique, I. 2.51 Papillon, I. 230, 249, O. Parifieux, il. 333, Ochre, 11. 45t Paffe ou 1'afleril, I. S5 Oeil de bouc. I. 167 Patte!, 1, tig Oeftre, 1. 292 Patattes , I. 8j Oie, II. 67 Ptce, I. 105 IXe au bec en cuütier, I*. 90 Pccher, 1. 120 Oie a duvet, II. 6- .'fétmite, II. 47? X +  488 T' A B L Eï PiSlicarr, II. 74 Poilibn armé, I. rfy Percc-oreille, I. 2ÖU Poiflbn »(fiette, I. 167 Perclie, I. 337 Poiflbn h baton, I. 330 Perdrix, II. 103 Poillbn blanc, 1.347 Perroquets, II. 48 Poiiïbn-blanc, II. 398 perroquet de mer, I 337 Poiflbn boule, I, 3^5 Pctit-pan, II. 423 Poiflbn cornu, \. ibid. Petrel, II. 74 1'oiflbn emperour, I. 328 Pétrificat'ons, II. 47* Poflbn éventaM , I- -37 rï'.role, II. 466 Poiflbn êe Jonas, 1-352 pi-run , I. 113 1'oüT.ib. lippu, . 1-337 plmline, I. 231 Poillbn de s. Pierre, I- 3:9 pbataguin, II. 340 PosuWa pierre, II 236 Phocas ou Phoque, II, 373, 3-0 Poillbn de rocner, l. ibi&A. Frnyjane, I. 254 Poillbn a fcie, I. 35!, Phylale, II P°M"on it trompe, 1. 33'ï Phytolitlie, H.475 Poillbn volant, L 3391 Pic, II. 58 P-'iviier, I. 77 Pie, II. 54 1>0,X- u- 463 Pierres, H. 456 Poix de montagne rouPoi:t, Pierre d'étain; II. 4-3 rbflile, II. ibid. Pierre inlliinmabie, II. 40.7 Polypes, I. 177 Pienedejuif, I. 170 Pomme de Chine, I. 49 Pierre de lis, II. 475 Pomme denier, I. 1^9 Pigeons, II. 105 1 Pom ne de Ibmmeil, I. 293 pimet, I. 103 Pomme de terre, I. 82 Pin, I. 102 Pommier, 1. 120 pinduLiban, I. 101 Pompelmont, I. 50 pincon, II. m P^ngos, II. 410 pinne maiine , I. 162 Porc-cervier, II. 334 pintade, II. 102 Porcelaine, I. ifi4 pjpal, 1, 379 Porcelet de S. Antoine, I. 312 Pipe, I.343 Porc-épic, II. 335 Pifang, ï. 52 Porc-épic de mer, I. 169 , 355 Piffiphake, II. 4O8 Poite-lanteme, L 228 Pivoine, II. 112 Porte-mufc, II 329 Phtufe, I- $36 Pou, I. 300 Plein chant, I- 166 Poule, II. 96 piie , I- $35 Pourpre , I. 166 plomb, W 473 Prcga-Diou, , I. 226 Plorigeou, II. 71 Prêle, I. ut Pluvier, II- i)-> Frimevere, I. 114 piye, 1- 336 Prc-gallinlccle, I 216 Fores, I. 166 Prunelier, I. 117 Poirier, I. 120 Prunier, L 122 Pois , 1. 05 Puant, II. 2^3 Poiflbns, L'318 l'uce, I. 299 Poillbn aiguille, 1- 355 Puce-d'eau, I. 318. roiilon ange, 1. 337 Puce de terre , I< 2.1a  TABLE. 489 Puoeroni I. 213 Rubis, II. 46a Punaife, I. 217 S. Putois, II. 197 Sable pierreux, II. 455 Putois rayé, II. 203 Sablon, 11. ibid. Pygargqe , II. 29 Safran, I. 115 Pygraée, II. 329 Sagou, I. So Q. Sagouin, )I. 422 Quappe, I. 330 Salamandre, I. 371 Quartz, II. 461 Salicoque , I. 318 Quatre-cornes, I. 354 Salmiac, II. 466 Queue de cheval, I. 111 Salpécre, li. 465 Queue de foie, II. 112 Sanglier, II. 330 Quinquina, I. 127 Sangfue, I. 151. R. Sanguine, II. 454, 459/ Raie, I. 353 Santo, I. 81 Rai-fort, I. 60 Saphir, II. 4(13 Raine, I. 377 Sapin , I. 99 Raifin de bois, I. 104 Sardine, I. 346 Raifin paffé ou fee, 1. 55 Sardoine, II. 4^3 Rafpecon, I. 329 Sapajou , II. 423 Rats, II. 178 Saule, I. 70 Rat d'eau , II. 180 Saumon, I. 341 Rat d'ligypte, ou Rat de Sauttrelie, I. 203, 314 Pliaraon, II. 204 Sauterelle - puce , I. 22S Rat de mer, I. 353 Sauteur, I. 368 Ratel , II. 207 Scalaia , I. idQ, Réglilfe , I. 63'Scarabée, ' 1.194 Rcmore, I 334 Scarabée bourdonnant, I. 197 Renard, II. 249 Scarabée riitféqucui-, I, 207 Renard de Ce'dan, ir. 207 Scarabées d'eau, I. 211 Renne, II. 318 Scarabée foffbyeur, I. ao? Rep»'"* I. 3c>6 .Scarabée a reffort, I. 203 K.equiiï, I. 35i scarabée ftercoraire, I. 201 Rhinocéros, I. 200 II. 361 Schleirnliche, 1-333 Rhinocéros-oifeau, II. 51 Scolopendre , I. 311 Rhubarbe, I. 72 Scorpion, 1.166,310 R,s» I. 124 Scorpion d'eau, I. 220 £°bbe, II- 373 Seche, I. ttf Rocher, I. 166 Seigle, I. Q4 Roiteiet, II. I24 seis, II. 464 Ronge-lard, I. .207 Seneabi, 1.370- Rofeau, I. 1 ro Senlitive , I. i3I Rolelle, II. iu Sentinelle, I. 369 Rofmare* II. 379 Serin , II. 117 Roffignol, B, I[0 Sept-t-eil, I. 350 Rotin ou Rotang, I. 110 berpcns , I. 3srJ RotzHche, I. 333 Serval, II. 234 Roucouleur, I. 340 Silure, 1.341 Rouge -gorge, H, Iï3 I Similor, II, 47»  490 TABLE. Sfnfe mufqué, It 42^ Téte de, Médufe', I i-«s Sirges, H. 4C8 Thé, I. * Spiuel, II- 4f,2 Topinambour, I. 83 Spirling, L 1. 347 Torpille ou Torpede, 1.327 353 Squale, I. 35° Tors-eo), II. S9 Squiile, I.318 Tortues, I. 373 Sterlette, I- 354 Tourterelle, I. 166 II. 1&7 Stockfiche, I. 33= Tremella, !• 133 Stuc, 11.45b Tremble, 1.3 7 SuccW, II. 4^7 Tripoli , II. 45* Sucet, I. 334 Trouc'ie , *• 33} Sucre, I- 9° Tr.ilTe ou Truffle , I. i°ï Surest; , 1« 53 Truites, I. 3 * Surmulot, II- I(58 Tfartflche, I- S3* T. Tuf, H. 458 Tahac, I. in Tülipe de mer, t if' Taenia, !• '54 Tue-neuf, H. 41 Taïiflou, II- 333 Turbot, . I- 33+ Talc, II. 4«° V. Tamandua, ï. 268 II. 405 Uranofqr.e , I- 329' TancliB, I. 34" Vache, H» 284 Taon I. 292 Vache a Dieuf !■ 207 Tapir', K. 357 Vache maiine, tl. 381 Tarentuie, I- 8«g Vampire, H- g* Taiet, li 19 Vanille , I. !3i Tartouffle, I- 82 Vanneau, II- »* Tartre, H' 4"4 Vautour, H- 3i Tar,ou, II. 530 Vautour- moine, II 37 Taupe II. «83 Veau marin, H. 373 Taupe - griUoii, I- 22' Ver, I- 19° Taunin I. 203 Vér luifant, 1 205 Taureau , II- 281 Vcrafoie, I. 241 Taureau volant, 1.201,204 Verd-de-gus, II- '72 Teigne, I- 184 Verdier, , II. "3 Terres , II- 45^ Vernis , II- 454 Tête d'ane, I. 334 Verrat, It- 333- Tette-chevre, II. 130 Verre t H«U*5»  T A B L fi- Avis au Relieür. Le Relieur aura foin de mettre toutes les planches a la fin du hvre, & de colier a toutes du papier, de maniere qu'en les ouvrant, elles puiC. fent lortir. L'on pourra auffi, pour éviter de les pher, en faire un livret a part, mais, en ce cas Jl fera mutile d'y colier du papier. * Vei re foffile de Ruffie, II. 4<5, Vittlinguc, > Verre de Notre-Dame, II. 451, Volute {'333 Vers, I. ,5, Vri lette, V ff V.ce-amiral, I. g *■ nog Vif-irgent, II. 4Ör; Zebre, „ oS, Viperes, I. 364 z,bet «• »98 y*s? , h 160, 168 Zink, il' 2'JZ Vnnol, II. 4e5 zooliche, \, *7Jt     oTaA II   . IX.   . XII, i