S E R M O N sur HEBREUX XI vs. 4. a la Fin; LUI ETANT MORT PAREE ENCORE j prononcé dans L'EGLISE WALONNE DE LA HAYE, k 1'Qccafion de la Mort 4e> MR JEAN ISAC GUICHERIT; Doyen des Pafteurs de, la dite Eglife? décédé le 30 Aoüc 179^> par JACOB HENRI VERNEDE, run de fes Collègues. a la H a y e, Chez PÏERRE FRE DERIC GO SSE» & fe trouve \Amfierdam, chez D. J. Changuion; Rotterdam D. Vis ; Lelde Haak & Comp.; Delft J. de .Groot Pz.; Dori P. van Braam, L> braires. M. D. CC. XCVI.  'Zï/fatêw % tntrt let makt TApprobation des, Eglifet £xamipatricei.  SER M O N SUR HEBRÈUX Xf vs. 4, ala Fin. Lui êtant mort park encore. Mes F r e r e s! .j^yuiconque lira avcc réfle&ion 1'Hiftoire ï vangélique ne manquera pas d'obfèrver,que nötre Divin Sauveur (ce Prophete plus grand que Moyfe, dont tous les discours non moins que les actions portercnt conftamment 1'emprein1 te de la plus haute fagefle) s'attacha particuliéremeftt a tirer de ce qu'il voyoit ou entendoic 1 des occafions opportunes de départir a fes Audiiteurs des inftru&ions propres h les éclairer fur I leurs devoirs & a les porter a leur pratiquè. Des Pharifiens mettent - ils en fa préfence de riches offrandes dans un tronc , tandis qu'une [pauvreveuve n'y mevque deux pites, (*) ileninffére quels font les actes de bénéficence les plus • agró- (0 Mare. XII. vs 41- 44- A  )••( * )':( agréables au Seigneur. — Luidemande-t'on de partager emrc deux Freres unkéritage, (*) quï fait le fujet de leurs conteftations, il attaque IV mourimmodécé des richefiès & fes fmiftres efFets.— Voit-ilun champ couvert d'épis (**) déjamurs, il prédk Ia moijjbn fpirituelle, qui couronneroit les travaux des premiers Prédicateurs de 1'Evangile. — Lui raconte-t'on la fin tragique de quelques Galiléensy (***) dont Pilatea fait verferk fang, il y joint 1'accident funefte arrivé a dixhuit perfonnes écrafées par la chüte de la tour de Siloë, & de ces deux évenemens tragiques, il déduit pour le peuple Juif la néceffité d'une prompte converfion,afm de ne paspêrir stmhlaMement. — Nous pourrions multiplier de pareils exemples; m^is ceux que nous venons d'alléguer fuffifent pour nous convaincre, que fi d'un cöté Jéfus alloit de lieu en lieu en faifant du bien , de 1'autre auffi tout lieu, tout événement lui fournifloit matiere aux plus inftruftives lecons.-— Et qui niera, M. F. que les Miniftres de 1'Evangile ne puifient convenablement, al'exemplede leur Divin Maitre, faire ufage quelquefois d'une méthode, dont Putilité ne fcauroit être contefiée ? Sams (*) LuC. Xfl. vs. 13-15. C**) JeanIV. vs. SS-3PLuc. XIII, vs. i  ):( 3 ):( Sans doute que c'eft a la fanctification & au falur de leurs Auditeurs qu'ils doivent rapporter tous les Discours, qu'ils prononcent de ces chaires: rnais entre les fujcts différens, qu'ils peuyent y traiter , ceux fur lesquels des circonftances particulieres les engagent a fixer leurs méditations & 1'attention de ceux auxquels ils font appellés a parler, ont certainement des avantages dont ils peuvent fe promcttre d'heureux fruits pour le fuccès de leur Prédication. Affectés eux-mêmes de ces circonftances, les Prédicateurs mettront naturellement plui d'onction &"de force dan* leurs lecons; & n'eft-il pas ;d'ailleurs a efpérer ique leurs Auditeurs, déja en quelque forte préparés par des circonftances, dont ils ont fait le fujet dc leurs penfées & la matière de leurs converfations, écouteront aveo plus d'attention d'esprit & avec plus de docilité de cosur les exhortations relatives 3 ces circonftances, qui leur te-? ront adreflees. L'Introduftion de ce difcours, jointe a Foute des Paroles de St. Paul, que nousavons choifie» pourtexte, vous annonce déja, M. F. le grand fout que nous nous propofons aujourd'hui. La perte imprévue, que ce troupeau vient d» fajr^ ipar le décès d'un Pafteur, qui pendant plus de r.rente années fut au milieu de lui Quvrier avec A i Bku  X 4 X J)ieu pour le falut des ames, a frappé de la fa» con la plus douloureufe vötre coeur & le nötreII n'eft plus eet Apollos puijfant dans les Ecriti^reS) qui faifoit la Gloire de ce troupeau, comme il en étoit les Delices! II n'eft plus ce Gamaliel, qui en tant d'occafions étqit pour fes compagnons d'eeuvre un Ami tout a la fois & un Guide! Men Pere, (*) s'écria Elifée,en voyant Elie enlevé de la terre, MonPere! Mon Per el Chariot d'Israël & fa Chevalerie! — Mais que fais-je, M. F.? Non ce n'eft pas pour m'exhaler- en regrets que je fuis monté dans cette chaire. — L''Eternel Fayoit donné ' JJ'Eternel Va oté ! Que le nom de t'Eternel /bit béni! Oui. Réfignons-nous a eet égard aufli a la volonté de Celui, de qui procêdent les maux mmme les Hens, Quelque accablante que föi1 pour fa Familie, pour fes Anajs, pour fes Collegues, pour fon Troupeau, la perte du digne Seryitcur de Dieu , que le Seigneur a récueilli dans Sonfcin, prenons garde qu'aucun murmure ne fouille nos complaintes, hi nos larmes: & tout en Ten tant la grandeur de la. perte, adoptons dans les fentimens de cette foumiffion aux Dér crêts de la Providence, que nous precha li fouyent & par fes lecons & par fon exemple le \ • Pas- £*) a Rqis II. vs. 12.  ):( 5 )K Pafteur que nous pleurons, adoptons ce beau Iangagfr, de David: (*) Je me fuis tü <£? je tfai point ouvert ma bouche , parceque c^eft Toi qui ras fait! Cc n'eft pas la cependant, M. F., le feul devoir que nous ayons a remplir dans cette trifte conjonclure. (f) Souvenés vous, dvok St. Paul aux Hébreux , de vos ConduEliurs, qui vous ont porti la parole de Dieu, & imités leur foi en conftdérant quelle a été Vijfue de leur vie. Oui: Se fouvenir d'un Pafteur qui n'eft plus, de maniere qu'une fincère converfion ou qu'un accroiftement de fanciification en foit le fruit; voila, voila le tribut par lequel on peut véritablement honorer fa mémoire. Payons-le de concert, ce tribut, a celle de FHomme de Dieu qui viont de nous être ravi. Nous pouvons récueiljir de fa Vie & de fa Mort les plus utiles lecons: & c'eft en ce fens que nous pouvons lui appliquer ce que St. Paul difoit d'Abel dans mon teste : Lui /tant mort parle encore. Dans le Chapitre dont ces Paroles font partie, 1'apötre traite au long de la Foi. il en marqué les objets capitaux: il en expofe les fon- (h pr. xxxix. vS. io. Ct) Ch XIII. vs. 7. A q  >C 6 ):( fondemens: il en démontre lanéceffité: il en affigne les vrais caraclcres: il en dévéloppe Fefficace; & il exhorte fortement les Fidèles k ne jamais s'en départir, mais a s'y enraciner de plus en plus. Après quoi , pour les y affefmir, ii offre a leurs régards quelques-uns des effets les plus admirables que la Foi a produits chez les anciens Fidèles. Du nombre de ce dernier étoit Abel, dont 1'Apötre dit dans le verfet de mon texte: par la foi Abel of rit a Dieu un plus excellent facrifce que Caïn, <£? par elle il obiint le tèmoignage d'êtrejujïe , a caufe que. Dieu rendoit tèmoignage de fes dons: & luiétant mort parle encore par elle. Ce ' Pafrage a don, né lieu a tant de discuffions, qu'il faudroit du moins un difcours entier pour les propofer & les examincr avec 1'étendue convenable, Nous nous contenterons donc, afin de ne pas faire diverfion au grand but que nous nous propofons, de'vous ïndiqueren deux mots par voye de paraphrafe le fensdu verfet,"dans 'lcqucl nótre textefetrouvc. Ce fut de même (c'efï a nötre idéé ce que veut dire St Paul) ce fut de même par la Foi^ c'efl-a-dire, par une perfuafion légitime, ferme & vive que Dieu récompenferoit les eftbrts fincères qu'il faifoit pour lui plaire, qu'Abel offrit un facrifice que Dieu agréa a caufe des dis-  k 7 m difpofitions vraiment réligieufes, dont ce facnfice ëtoit accompagné: tandis que 1'oblation que lui préfenta Caïn ne ïuifütpoint agréable, paree qu'elle étoit deftïtuéé de cette Foi, de cette confiance, de cette attente d'une rémuuération, qui accompagneren t Ie facrifice d'Abel; & que détruifoient néceflairement les fentirnens d'envïe & de haine, que Caïn nouriflbit au fond de fon coeir. Ce fut donc par ta Foi qu'Abel obtint un tèmoignage qui prouvoit indubitablcment qu'il étoit jufle; ou du nombre de ceux qui cherchent dans la Bienveuillance de leur Dieu leur premiere béatitude. Or conune Dieu lui même lui rendit ce tèmoignage en faiiant connoitrc par quelque figne extraordinaire qu'il acceptoit fon Offrandc ; & comme d'un autre cöté la Foi d'Abel lui fut une fubftftance & une dimonftration de ce Jalaire de JitfAce qu'il attendoit, & qu'il ne recut point durant fa vie, il en réfulte qu'il obtint I ce falaire après fon trépas, enforte que malgré fa fin tragique & prematurée il nous parle enco■■ re par fa Foi. Elle doit nous convaincre cette Foi qu'il y a après cette vie pour tous les Fidè:les, pour ceux-la même dont le fort felon Ie ; monde aura été le plus malheureux, des biens i infiniment plus précieux que ne le font toutes les Félicicés temporelies: biens, par lesquels Dieu cou-  couronnera dans une autre Oeconomie leur Piété & leurs Efpérances. Telle eft felon nous la penfée de 1'Apötre : & qui ne voit qu'en ce fens_ce n'eft pas feulement Abel^ ce font tous les morts, qui font morts au Seigneur, qui nous donnent des lecons dignes de toute nötre attention. Et combien ces lecons ne feront-elles pas plus propres a nous frapper, lorsqu'elles nous font données par des morts,que nous avons connus durant leur vie; avec lesquels nous avons foutenu des relations particulieres; & pour qui nous avons eu de 1'attachement, de la reconnoiflance, de 1'eftime & du refpecl. Tels furent, M. C. F. nos fentirnens pour le Pafteur dont nous «venons de faire la perte. O puiflent ces fentirnens nous offrir a tous de puiflans motifs a ne pas endurcir aujourd'hui nos coeurs aux inftructions falutaires que nous préfente fon fouvenir! — Oui. Lui étant mort parle encore. I. II nous prêche la Fragilité de la vie ék. 1'Incertitude de nötre derniere heure. II. IlnousprêchelaNécefilté demettreaprofit les Secours fpiritucls que Dieu nous accorde. III. II nous prêche enfin que Bienheureux efl ' en tout temps, celui qui s'efl propofé ÏE- ternel pour fon ajjurance. Nous.  M 9 )••( Nous allons reprendre ces tTois Articles* Dieu veuille nous foutenir dans 1'éxécution d'un defiein, qui ne peut qu'éprouver fortement nötre fenfibilité ^ & la vötre M. F. Aufii plus d'une fois avons nous été fur le point de 1'abandonner: mais mon cmur s'ejl échauffi aü dedans de moi; le feu s'ejl embrafé dans ma méditation! L'Emotion même que nous reïïèntirons de concert, M. C. F., ne pourra t'elle pasfous la Bénédiclion du Ciel contribuer efficacéi ment a rendre vos coeurs plus acceffibles a des 'vérités, que malheureufement tant d'entre vous :ne perdent que trop fouvent de vue? — ö Etermei! Que donc pendant cette heure Ton oeuvre faroijfe fur Tón Serviteur! Que la perfuafion idécoule de fes lêvres, comme elle découloit de xelles du Pafteur, qui étantmortvz nous pariet4 •encore! Ouplutöt: parkToi-méme, Seigneur! ;Et donne nous a tous d'écouter a falut l Amen! i Lui étant mort nous park encore; Le Pasteur que nous pleurons nous prêche la Fragilité 1de la vie & 1'Ineertitude de nötre dernkxë iheure. Ce n'eft pas qu'il y aft des hofnmés affés dé'!>öurvus de fehs pour öfer conteftcr une vérité, en faveur de laquelle 1'expérience dechaquejour B four-. \  fournit des démonftrations: mais tout en recort» noifTant que rien n'eft moins incertain que Ia durée de la Vie, combien de fois le coeur ne nous perfuade t'il pas en fecrêt, & fans que, pour ainfi dire, nous ofions nous 1'avouer a nous mêmes, que du moins pour le préfent cette rêgle générale ne nous eft pas appliquable: que, quant h nous, nous pouvons confidérer nötre derniere heure, comme étant encore a une certaine diftance; & que, quelque fragile que foit Ia Vie en elle-même, Dieu dans fa Bonté daignera néanmoins écarter encore durant quelque ternps de la nötre toute cataftrophe mortelle. N'eft-ce pas fur une fuppofition de ce genre que fe fondent tous ces infenfés, qui avec une téméraire préfomption forment des projets pour beaueoup cfannées: & auxquels on peut appliquer a jufte titre ce que St. Jaques difoit aquelques Chrétiens de fon temps: (*) Or maintenant, vous qui dites: allons aujourdhui ou demain en une telle vitte:' & demeurons let un an & y trafiquons & gagnons: {qui toutefois ne [cayés-pas ce qui arrivera le lendemain; car qu'eftce que vótre vie ? Ce n'eft eert es qu'une vapeur, qui paroit pour un peu de temps, & qui enfuite s'évanouit^) au lieu que vous deviés dire: fi k Seig- C*) Ch. IV. vs. 1.3.16.  ( II ) Seigneur le veut & fi nous vivons, nous fercns telïe ou felle chofe: mais maintenant vous vous vaniés en vos penfées orgueilleufes; toute vanterie de cette nature efl mauvaife. Et fi St, Jaque's con.lamnoit ainfi ceux qui dans leurs projets temporels perdoient de vuë Finconftance de la vie, combien ne fe montrent pas, & plus infenfés, & plus coupables, ceuxqui font dépendre de cette inconftance de la vie leur fort pour 1'Eternité ! — Quoi de plus com* mun cependant que de trouver'des Chrétiens, qui, quoique convaincus de la néceflité de rehroujfer chemin vers les témoignages de PEternel, afin de pouvoir parriciper au falut, révèlédans 1'Evangile, ne fe hatent pas d"obferver les commandemens de leur Dieu; qui different de jour en jour une converfion, fans laquelle ils fcavent, qu'ils ne fcauroient avoir part a VHéri* tage des faints: & qui, fe flattant qu'ils auront toujours dans la fuite allés de temps pour faire leur paix avec Dieu, ne répondent aux fommations les plus fortes, que leur Confcience, ou que les Miniftres de FEvangïle leur adreflent; que ce que Félix répondit \ Paul parlant de la tempérance, de la jufïke & d'unjugementa-venir. (*) Pour le préfent ya-fen;. & quand j'aurai le loifirje te rappeller au Aveu- i*1 Aftes XXIV. vs. 26.  Aveugles Moreels! Mortels, qui vous brifis k la rencontre cCun yer.nifjeau, jufquesa quand tant d?exemples que la Providence vous met incesfamment fous les yeux, feront-ils perdus pour vous? Riches ou Pauvres; Grands ou Petits; Jeunes gens ou Vieillards; Hommes fains ou janalades; la Mort n'épargne perfonne! Elle choiiït indiftinété'neut fes Viótimes; & frappe. Jouvent a 1'impourvu celui lamêmequiparoiiïbit, duraoihs pour le moment, le plus a 1'abri de fes eoups! -r- Et en faut- il d'autre preuve que Ie décès inopiné du Pafteur que nous venons de perdre? II efl vrai. H avoit déja paffe lamaturité de Fage; mais il étoit bien Ioin encore de cette vieillesfe, qui par fes infirmités annonce une diflblution prochaine de la teute d'argile, Une Santé rarement fortementaltèrée: une Conftitution vigoureufe: une Maniere de vivre fage & modérée: tout donnoit lieu d'efpèrer que ce Troupeau pourroit encore long-temps sVga er a fa 'tumière. II y a aujourd'hui quinze jours, qu'après une abfence, pendant laquelle Fair &• lubre de la campagne auroit du naturellement influepavantageufement fur fa fanté, il ya, dis-je, quinze jours qu'il vous porta encore laparole; & ceux qui eurent la fatisladtion de Fentendre ne penfoient guère, que dans djx jours la mort aufpit ferme ces leyrcs, fdu procédoit la fageffe  M 13 )•'( & Vinftrugtion. Cependant dès Ie lendemain les fymptomes de Ia Fièvre, qui devoic Ie conduire au tombeau commencerenc a fe manifefter. Le mal, quoique jugé férieux, ne préfageoit pas un péril imminent. Dimanche dex-nier même on croyoit presque avoir lieu de fe flatter qu'il n'y avoït plus de danger. Mais Ia Providence ne jugea pas a prqpos de combler eet efpoir, Le Lundi la jnaladie donna de vives inquiétudes» Le Mardi k 8 heures du foir pn ne défefpéroit cependant point encore . . . a minuit il n'étoir. plus! — Eh! Comment ce nouvel exemple de la Fragilité de la vie ne rappelleroit-il pas a nos efprits & a rios coeurs la pene encore fi recente d'un Pafteur, (*) dont la mémoire demeurera également en bênêdiElion au milieu de cette Eglife; & qui trois jours après celui oü il prêcha pour Ja dernière fois . . . mais ne fournifibns pas a nötre fenfibilicé un nouvel alitnent: & ramen:-!-!:, anotro fanftiflcadon les détails, oü nous yenons d'entrer, adoptons dans l'imitne conviction, que chaque jour que nous commencons, peut être le dernier de nötre pêlèrinage terrestre, cette Prière du Pfalmifte. O Eternel! (*) Donne moi et connoitre ma fin, & qnel e efl la ■ imfur-c de mes jours! Fa'iqueje fgache de combien \petlte mefure je fuhl En (•) Mr. S. Efebauzier, décédé Ia 20-Nov. 1704. C**) Pf. XXXIX. rs. 5. B 3/  h X En effet, faut-Ü plus qu'un fouffle du Touu PuiJJant pour nous précipiter dans la tombe! Et fommes-nous entrês dans le Confeil de Celui, qui fait mourir, comme il fait vivre pour nous perfuader qu'il daignera écarter de nos têces tous les dangers, qui les menacent a toute heure? Ou dirés-vous peut être que c'eft fur la Bonté de 1'Etre ^uprême que vous fondés vos efpérances. Vous êtes, dirés-vous, vous etes encore de trop d'utilité fur Ia terre pourne pas pouvoir vous promettre qu'un Dieu ToutBon daignera y prolonger encore vótre féjour.— 3VT. F., nous ne voulons pas condamner fans reftriftion des efpérances de ce genre. Elles peüvent être jufques a un certain point Iégitimes; & a cette fin il faut qu'elles foyent fanclifiées par "Ia Religion: il faut qu'elles foyent toujours fubordonnées a la 'volonré de nótre Pere célefte: il faut furtout que nous juftifions en tout temps par nötre conduite ce voeu du Roi Prophéte: $ Dieu, (*) que mon ante yiye, afin qii'elle Te loue! Après tout cependant, M. F. les Penfées de Dieu ne font pas nos penfées , ni fes voyes nos yoyes. De quelque utilité que nous puiffions être ici bas, nous pouvons trouver dans cette utilité un motif d'efpérance, je le veux, au fujet de la prolongation de nos jours, mais jamais tlQ C*) Pf. CX1X. vs, 175.  tói fondemenfde certitude. Le décès du Pas* teur que nous pleurons, nous en fóurnit une preuve au deffus de toute exception. Combieri fa^ Vie n'auroit-elle pas été encore Utile a fa Famille, dont il étoit le foutien ! — Utile a fesAmis, dont il étoit le Confeil ƒ _ Utile aux Pauvres, dont il étoit 1'Avocat! — Utile aux Affligés,dont il étoit le Confolateur! — Utile aux Conducteurs de cette Eglife, dont par fa longue expérience il c'toit la Luinière! — Utile a fes Compagnons d'oeuvre, qui trouvoient en lui le coeur d'un Frere & les vertus d'urt Modèle! — Utile enfin a fon Troupeau, dont k li jufte titre il poTédoit 1'amour & la confiance, & dont il étoit le Pere fpirituel! — Ah! qu'il' en eft peu parmi-nous qui foient en droit de fe perfuader que leur vie eft plus utile a la foeiété, que ne 1'auroit été la fienne ! Dèslors lui étant mort ne nousparle t'il point encore? Ne nous prêche-t'il pas a tous d'une voix éloquente k Fragilité de la vie & ITncertitude de notre derniere heure? IL Lui étant Jmort park encore. 13 nous preche, ai-je dit en fecond lieu, la ÏNéceffité de mettre h profit les Sécours fpirituels,, que Dieu nous accorde, lei,  ld, M. Fii je n'ai point en vuë ces Sécours intérieurs de la Grace, par lefquels non feulement Dieu convie les pécheurs a la répentance ; mais par lefquels II produit encore en eux avec efficace & le vouloir & le parfaire felon fon Jton-plaifir. Sans doute que FAbus ou le Mépris, que 1'on peut faire de ces fécours en entraine tót ou tard la privation totale: nous vous 1'avons prouvé dans d'autres occafion?,Aujourd'hui nous vouloris furtout fixer votre attention fur ces Moyens extérieurs, par lefquels la Grace de Dieu a coutume defe communiquer & d'agir; & dont, a caufe de celamême, 1'Ecriture ne ceflë de nous exhorter a faire un falutaire emploi/ Entre ces Moyens extérieurs certaincment que le Culte public de la Religion tient un des premiers rangs.- C'eft un des plus précieux privil'ges, que Diea puiflè accorder un Peuple: &, quels que puhTent être les maux qui Taffligent * aufli longtcmps que le Culte de Dieu y eft en honneur & que fa Parole y eft an* noncée librement & fans crainte on peut dire de ce Peuple, que PEternel n'a point encore entièrement retiré de lui fa Gratuité. Auffi voit-on que fous 1'une & 1'autre Oeconomie Dieu lui-même nous repréfente la Privation du Culte public comme la Punition la plus redoutable, qu'il puiiïè infliger a une Nation crimi- oel-  helle & endurcie, ou a une Eglife dont k tiédeur & le relachement fofment le cafaétère. Ëcöutés pour vous en convaincre cette Menace de Dieu,faite a l'ancien Israël: (*) Je changerai vos fêtes folemnelles en deuil & toüs vos Cantiques en lamentations. Voici les jours viendront, dit le Seigneur, PEternel, qüefenvoyerai la famine für le Pays, non la famine dit pain, ni la foif de Peau, mais la famine cPouiir les paroles de PEternel. Ils courront depuis une: •mer jufques a Pautre nier, & ils iront de tous cctês depuis P'Aquilonjuj"qu'al''Oriënt pour cher* cher la par de de PEternel: mais ils ne la trouveront point. — Ecoutés encore la menace faite par Jefas-Chrift \ PIsraël felon Pefprit: (**) J'ai quelque chofe contre toi, c^eft que tu as abandonné ta première charitó: c'efl pourquoi fouvien toi d'oü tu ès déchu, & Pen répens? & fai les premières osuvres: autrement je viertdrai a toi bientêt; & foterai ton Chandelier de fon lieu fi tu ne te répens. M. F. Voulons nous ne jamais connokre par une trifte expérience tous les malheurs qu'entraine néceflairement la Privation du Culte public, apprenons k en uiieux sentir le prix, que nous ne (*) /mos VIN. vs- to - 12. (**) Apoc. II. vs- 4 & s« C  ).-c *« y-x ne le faifons pour la plupart. Béniflbns Dieu deceque, malgré tant d'abus, qui a eet-égard aufti ont desbonoré depuis fi longtemps les Eglifes de ces Provinces, II a daigné jufqu'fc ce jour conferver Son Chandelier au milieu d'elles. Prions-le de continuer a les prendre fous Sa puifTante Protection: &, afin d'afiurer, autant qu'en nous eft, le fuccès de nos priéres, foyons, a 1'exemple de David, rongés du zêle de la maifon de Dieu. Convaincus avec lui que mieux vaut un jour dans les parvis de PEternel, que mille ailleurs, ne delaiffonspoint y & fouvent pour des raifons que nous rougirions de produire au grand jour, ne delaijjons point nos ajfemblées mutuelles, comme quelques uns fentre nous ont coutume. Soyons plutöt fer. vens d'efprit en fervant le Seigneur. Quand nous èntrerons dans Sa maifon prenons garde a nótrepied: & que nos Adorations, nosLouanges &nos Requêtes foyent toujours accompagnées de difpofitions propres a les rendre agréables aux yeux de Celui, qui fonde les* emirs & les reins. Je n'ai pas tout dit, M. F. 1'Inftitutiofi & la Confervation du Culte public fuppofe nécesfairement 1'Inftitution & la Confervation du Miniftère Evangélique, (*) Comment, dit S.Paul? & CO Rom, X. \s.j4-j5.  & ïe moindre dégré d'impartialité & de bon fens, fuffit pour pénétrer toute la foïïdité de fon raifonnement; Comment invoqueront - ils celui auquel ils n'ont point cru ! Et comment croirontils en celui dont ils nont point entendu par Ier ?_ Et comment entendront-ils , stU tfy a quel.qifun qui leur prêche ? Et comment prêchera- fon , fimn qu'il yen ait qui foyent envoyés ? De la yient, M. F. que le Souverain Chef de 1'Eglife n'apas i dédaigné de pouryoir lui-mème a eet égard a fes. beföii'S. Ceft lui, (*) nous dit encore St. Paul; l & Fon trouve en plus d'un endroitde nos Evangiles la confirmation de cette vérité: Cefllui, qui a donné les uns. pour être Jpotres; les autrespour être Prophètes; les autres pour être Evan\gélifes; les autres pour être Pa fleurs & Boc« teurs, pour Pajfemblage, ou comme on Fa traIduit avec plus de clarté, pour la perfeëïion des faints, pour 1''oeuvre du Minif ere, pour Fédifixation du corps de Chrif. Et quelle eft la con;clufion que nous devons en déduire? St. Paul rencore Fénonce quand il dit [**] Que chacun -nous tienne pour Miniflres de Chrifl pour iDi/penfateurs des myftères de Dieu; mais au resr (*) Eptef. IV. vs. ii & 12. (**) i Cor. IV. vs. i & 2.. C 2  X * X reftê il eft rêquis entre les Dlfpenfateurs, que chacun /bit trouvé fidéle. Oui. II eft du devoir d'un vrai Minïftre de 1' 'vangile de s'étudier fincèreraent a connoitre les obligations de fa charge & de s'efforcer conftamment a les remplir avec tme fidélité, par laquells feule il peut rendre fon Miniftèrepleinement approuvé, Mais lorsqu'il fe montre ainfi Difpenfateur fidéle, il n'eft pas moins du devoir de ceux,au ialut duquel il confacre fes foins & fes travaux,de (*) Vhonorer, c'eft Sc. Paul encore qui parle, de Vhonorer(**) & caufe de Voeuvre qiCil fait. Je fcai que fur eet article les penfées d'une partie du fiècle ne s'accordent guères avec celles de St. Paul., Par une fuite del'efpritd'irréligion , qui caraétérife lingulierement les temps ou nous vivons, il eft du ton de certaines gens, foidifans Philofophés, de ne parler qu'avec une efpéce de mépris ou de dédain des Miniftres de la Religion. Répétant jufqu'a la fatiété des plai, fanteries ou des déclamations, qui n'ont plus même Ie mérite de la nouveauté, puisque c'eft dans les écrits trop connus des Chefs de la fecte qu'ils les puifent, ils voudroient perfuadcr que les Eccléfiaftiques font un ordre de gensinu- ti- (*) t Tim. V. vs. 17. C**) 1 TheflV'. y. vs, 11, L.  tile & mémfc. pernicieux & la fociécé. — Et voici comment ils le prouvent. — Ils gardent le plus profond filence fur tout le bi en que la fociété en retire: & ils s'appéfantiiïènt avec éxagération fur tout Ie mal, dont, pour ainfï dire, depuis la Création du Monde, quelques Individus de eet ordre ont été Ia Caufe; quelque fois feulement 1'Occafion, ou 1'aveugle Inftrument. M. F. nous croirions vous faire tort que de nous arrêter a vous montrer combien une pa» reille maniere d'argumenter décêle de Prévention, pour ne rien dire deplus: combien elle :eft contraire h la Raifon & a 1'Equité : & combien elle deshonore a la lettre, aux yeux de tout homme de fens, celui qui s'en rend coupa:ble. En effet: fi FExcellence d'un emploi peut fe tméfurer fur 1'Utilité qu'en rècueillent les homjnes, & fur 1'Excellence desvertus qu'il rèquieft, Ide quelle Confidération ne doit pas jouïr un Pafteur, qui éxerce dignement les fonftions du pofte, auquel la Providence Fa appellé? Un digne Pafteur eft un homme qui par les motifs les plus purs, — & perfonne de vous na fcauroit ignorer, qu'au milieu des Eglifes Réïonnées de „ces Provinces, la Vocation de Pasteur ne fut jamais le chemin de la Fortune, ni ;celui des Honneurs, — Un digne Pafteur eft un C 3 hora-  homme, qui par les vuës les plus iïoblés confaerc fon temps, festalens, fes études, fesfoins, fes veilles, festravaux, fa vie entièrekPinftruction deslgnorans; a la confolation des Malheur ux, des Indigens, des Malades; a la converfion des Pécheurs; k Ia fanftification plus entiere desjuftes; afin de les rendre tous ici-bas des Membres utiles a la Société civile: afin de les conduire tous dans le chemin qui feül & dans. cette yie U dans 1'autre leur peut aflurer le Bonhtur. Un dlyic Pafleur eft un. homme — Rcfpectable par la nature même ctes Devöirs qu'il rèmplit avec zêle: — ' Refpeftablé encore par'eet Efprit de ^acrifice '& de Rehon'cement a foi-même, dont il eft conftamment anirné afin de ne donner aucun achoppement ui a ceux du dehors, ni a FEglife de Dieu. Un digne Pafteur eft un homme, en qui Pon découvre, pour autant que la fragilité humaine le permet & que les circonftances le comportent j tous ces beaux traits , par lesquels Job, répondant aux injuftes accufations de fes Amis inconfidérés, fe caraétérifoit foi même: [*] Je deliyrois Faffligé qui crioit, & Forphelin qulfiavoit ■gerfonne pour le fécourir: la Bênèditlion de ce. lui (*5 Job xix. vs. 12. 16.  X *3 X tui qui s"en ' alloit pérïr venolt fur moi: £«? Je faifois que le cceur de la veuMe chantoit de joye. fétoisrevêtu de lajufïice; elle me feryoit de latentent: & monéquité m" étoit comme un Manteau & comme une Tiare. Je fervois d'uil aVaveugle & de pieds au boiteux: fetois le Pers despauvres. Un digne Pafteur eft un homme, qui fe confidérant toujours comme tel, dans toutes les Rélations, qu'il peut foutenir, & dans les différentes Poiïtions, oü il peut être placé , fe refpe&e toujours foi même, afin que 1'irréligion, la mondanité & ie vice ayent du moins a fon égard la i bouche fermée. Un digne Pafteur enfin eft un homme, qui idévouéafon étatpargout, non moins que par ; devoir, juftifie dans fa propre bouche, jufques idans des circonftances qui font murmurer la i chair & le fang, ce magnanime langage de 1 'Apöi tre St. Paul. (*) Je ne fats cas de rien & ma : vie même ne m'efl point précieuje , pouryu tqiï'avec joye fachêve ma cour je & le miniftère, t quefai regu du Seigneur pour rendre témoigi na ge a FEvangile de la Grace de Dieu. Me trompai-je, M. F., ou vous avés déja ïprévenu 1'Application de ces traits? Non. I! n'en (*; Aöej XX. vs. 24.  n'en eft aucun qui ne convint dans un dégré pea commun k 1'excellenr Serviteur de Dieu que nous venons de perdre. Mais par cela même, quelle Perte! Deformais vous n'entendrés plus de cette Chaire fes Difcours également clairs, folides , édifians, & auxquels Une Eloquencè grave & onctueufe ajoutoit un nouveau pnxj Deformais vous ne pourrés plus mettre a profït fes lumières, fes avis, fes inftrudtions, fes confolations; &, pour tout dire en un mot, fon dévolicment a tout ce qui pouvoit intérefier vötre bien-être préfent &a venir ! — Et vous, M. C. F., pouvés-vous vöus rendre le tèmoignage que vous avés toujours mis convenablement a profit les Sécours abondans, que vous auriés pü récueillir du long mhüftère de eet Ouvrier cl"1 élite? Que vos Confciences répondent! — Et s'il y en a parmi vous, M. F , qui doivent fe reprdcher que par leur incrédulité, leur attachement au préfent fiècle, leur tiédeur ou leur endurciflement, ils ont rendu ces Sécours abfolument inutiles a leur falut, Ah! qu'ils fentent ausfi que la Privation de fon Miniftère eft, relativement a eux, une Voix du Ciel par lequel la Bonté de Dieu cherche encore a les tirer de leur fécurité funefte. Dèslors la Perte de ce Pafteur ne nous offre- t'elle pas a tous un puiftant motff k ne jamais recevoir envain les Gr aces de Dieu: k  M *5 )=( • k prier arec fincérité Ie Seigneur, pour que fa Parole ait fon cours & qiielle foit toujours gloriftée au milieu de cctre Eglife, comme elle Pa été jufqu'a préfent: enfin a faire tout ce qui dépend de nous pour que cette Parole nc retourné point a Dieu fans avoir produit de l'effèt. (*) Mes Freres, difoit St. Jnques; & du fein du fombre caveau, ou depuis hier repofent dans ce Temple les cenares de S Homme de Dieu) dont nous dëplórons la perte, il me femble entendre fortir la même lecon: Mes Freres, rece- yés avec dociiité la parole plantée en vous, laquelle peut fauver vos dtnes : & mettés en exécution la parole .& ne fëcoütës pas feulement-^ en vous décevant vous mémespar de vains difcours, III. Enfin. Lui étant mort parle encore. H nouë prêche que (*) Bienheureux eft en tout temps , celui qui s'eft propofê T Eternel pour fon affurance. Tel fut, vous vous le rappcllés, M. Y.i le fujet qu'il traita la demiere fois, qu'il vous porta la parole. Et avec quelic Précifion hë ■■vous marqua t'il point les Caraérères, que dok' avoir une affurance de ce genre pour être légitl- ime? Avec quelle folidité ne vous expofa t'iï (*) Ch. I. vS. 2 ( St 22. C**) Pf. XL. vs' 5.  point les Fondemens, qui juftifierit dans le Chrétien une feniblable aflurarice? Avec quelle Onction ne vous détailla t'il point les Avantages précieux, qui réfultent de cette difpofition & qui par cela même aflurent le Bonheur de ceux en qui elle fe trouve ? II termina fon Difcours par deux Direclions rélatives aux Moyen» que chacun doit mett're ën oeuvre, pour devenir participans du Bonheur, qu'il venoit de dépeindrc. Médités, vous difoit-il, les Perfeclions de Dieu & détachés vos cceurs de ce Monde. • A ces Direclions la circonftance nous authorife h joindre une nouvelle. C'eft de vous rappeller foigneufement a vohs mêmes & il; Vie, & fa Mort: vous y trouverés une preuve de fait de l'intéreiïante Vérité, dont il chercha a vous convaincre. Oui. Ce fut en fe propofant PEternel pour fon afurtnce qu'il embrafla la Vocation Eccléfiaftique: & les premiers pas qu'il fit dans cette difficde carrière furent couronnés par les plus bnllans fuccès. Auffi a peine föt-il confacré au fernce du fanCtuaire qu'une voix unanime 1 appella comme Pafteur dans cette Ville oü il avoit pris nailTance; au vifregrêtde l'Eo-Jife (*\ oü feulement durant une année il avo?t les C*) Mastricht.  ks fondtions de cette charge. Dèsiors rénoncant a toute autre vuë d'établifïèment; & préve. nant avec cette cordialité, qui faifoit 1'ame de fon caraclère, la Vocation publique que 1'Eglife la plus confidérable de cette Province fouhaita plus d'une fois avec ardeur de pouvoir lui adresfer avec quelque efpérance de fuccès, il remplit pendant 32 ani dans celle-ci, avec un zèle qui rie fe démentit jamais, le Miniftère facré. Et fi la certitude d'être chéri & rcfpeété contribue efïicacément a la faasfaétïön & au Bonheur d'un Pafteur, qui fans cela ne peut qu'appréhender toujours cfufer fes forces pour néant, qui jamais joüit plus que le défunt de ce précieux & rare privilege! La Memoire du jufte, dit le fage, eft en bénédiclion: & le Jufte, dont nous parions ne le füt-il pas déja durant fa vie. 11 le füt au milieu d'une Familie, dont il étoit véritablement la joye & F efpérance; &oürétentisfent maintenant ces trii'tes accens: Hélas! la ' Couronne de notre tête eft tombée ! — II le füt ; au milieu des Eglifes Walonnes de cette Répu1 blique, dont les intéréts fürent toujours chers ; a fon coeur, & a plulièurs desquelles il eut 1'oc(cafion d'ètre fréquemment eflèntiellement utile. —. 111 le füt a fês Compagnons d'oeuvre; & comment me 1'auroit-il pas été? Lui , qui envifageoit .comme un de fes plus doux plailirs de pouvoir D a leur  leur être en utilité et cmfécours! — II le fut furtout auf milieu de fon Troupeau. Son Nom n'y étoit jamais prononcé fans quelque tèmoignage de gratitude, d'attachement, de confidération ou d'eitime. — Auffi quelle douloureufe impresfpn ne fit pas généralement la nouvelle de fon trépas! Témoin de cette, impreffion nous nous rappellames ce que 1'Ecriture nous dit d'un Ponnfe de 1'ancienne Alliance. (*) Toute Pasfemblée, fc avoir toute la Maifon r'dUram faVie W propoJé l Lternelpour fon affurance ! Si eet homme eft Bienheureux dans fa Vie sd 1 eft dans fa Mort: il 1'eft furtout, fi nous' le confldcrons comme étant après fa Mort 1'objecife routes les Promeücs, par lefquelles Jeius a mis en évidence pour les fiens, la Vk & Vim ■mortalité. Le Jufte, (*) dit PEcriture, a •efpérance dans fa Mort. Et comment cette iEJpérance pourroit-elle le confondre, la oü elle | toutes les Perf^ions de Dieu pour Fonde™ens; Ia, oü elle eft bdde fur eet Evangile, dont Wm fnt * P"f<™ , Iors même qüe lës h Prov. XIV. « 32. GeUX  H 3* ):( Cieux éi? la Terre paf]er ont. — Bienheureux (*) y eft-ü dit, & chaque page de eet Evangile contient a ce fujet les plus folemnelles Déclarations,: Bienheureux font les 3'Iorts, qui meurent au Seigneur l Oui, pour certain! dit VEfprit; car dorenavant ils fe rêpofent de leurs iravaux & leurs ceuvres les fuivent. O quel cortège bfillant pour le Fidéle; que ces aftes dë piété i de juftice, de modération, de tempérance, de réfignatiön, de bienfaifancé & de charité, que fon Humilité déroboit eri partie aux jreux des hommes, mais dont par la Grace dc Dieu en Jefus-Chrifl il va recevoir dafis le Ciel une éternelle récompenfe — Et Iorfqüe Dieü le recueille ainfi dans Son Repos, nous nous affiigerions comme ceux qui tiont point d'efpêrance! Déja encore vousprévenés Fapplication, M. F. Ah! ne pleur ons point fur le digne Serviteur de Dieu, qui vient d'être retiré de cette Vallée de larmes! Sa Mort eft, il eft vrai* une perte fenfible pour nous: mais elle eft fortünée pour' lui-mêmè. // a combattu le bon combat: il a achefé fa courfe: il a gardé la foi. Qtiant 0u refle, il a déja récu cette couronne de Juftice réfervée a tous ceux qui fe feront propofé l'E. ternel pour leur afurance. Et de quel prix ne dok (*) Apoc. XIV. H ifj  X 33 X fóit pas étre la couronne rêfervie a ccDi/pettfateur fidèleï Jugés-ën par ce mot de l'i-.criture. (*) Ceux qui auront été intelligens, luiront comme la fplendeur de Vêtendue; & ceux qui en auront amené plufteurs a la jufice, luirom tomme des Etoiles a toujours & aperpétuité. M. F. Je me tranfporte par la penfée a ce moment folemnel, oit 1'ame de eet Adminiftraleur intelligent & zèlé, fur 1'Oeuvre duquel Dieu fit tant de fois paroitre fa Gloire, déli■vrée de fes liens terreftres, a été portée par les Anges devant le Thröne de fon Seigneur & de fon Dieu. _ Je Ie vois regu dans les tabernades éternels par tous ces Enfans fpirituels dont pendant fon fruétueux Miniftère, il avoit adrefie*, dirigé ou affermi les pas dans Ie chemin du falut; i&qui,décédés avant lui,en ont déja été mis en poflèflïon. — Je le vois s'avancer avec eux deivant 1'auguite Tribunal de fon Juge. Pénétré ; de la plus vive douleur au fouvenir de fes péchés (& de fes foiblefies, mais rempli d'une humbel : confiance a 1'idée que fon Juge elt auffi fon Sauiveur, j'entens fortir de fa bouche ces timides ;accens. (**) Me voki, Seigneur, & ks En\ fans ^ que Tu wiavois donné, auxquels par Ta Gra- (*) Daniël XII. vs. j. CO EfayeVIII. vs. 18. E  >■( 34 H Grace raon Miniftère n'a pas été inutile! (*) jfai prêchê Ta Juftice dans la grande affemblêe : voila je rfai point retenu mes lèvres. Tm le ff ais, ê Eternel! J"ai dêclaré Ta Fidélité & Ta Délivrance: je fiat point cèlé Ta Gratuité & Ta Vérité. O Dieu! ne ni'épargne pas k moi même ces Compaffions,, dont je me fuisefforcé d'être le Hérault fidéle durant lés jours de machair! — Et qui pourroit décrire les ravisfemens de fon cceur lorfque cette Voix de Salut a rctenti a fes oreilles. (**) Bon & fidéle Serviteur. Tu as été fidele quoiqtCen peu de chofes : Je fétablirai fur beaucoup, viens & partage la joye de ton Seigneur.... M. F. Mes penfées fe confondent. La Matiere eft au defius de mes forces.... ,(***) Que je meure de la mort de ce jufte, & que ma.finfoit femblable alafienn&i AMEN! (*) Pf. XL. vs. io-1?. C**/MatH. XXV. vs. 2j. (***) Nombres XXIII. vs. 10.