KkS J 93 112/ E S S A I S COSMOGRAPHICO-POËTIQUES o u CHOIX de LECTURES, propres a infpirer Ie gofit & k faciüter Pétude de la Cosmographie, de la Gé.ographie & de 1'hiftoire naturelle; Pour fervh (TintroduElion a des Effais génèraux de Géographie-phyjigue , Politique &c. & une nouvelle hijloire des voyages. Ouvrage dans lequel on s'eft attaché h faire connaltre les grands tableaux dont les meilleurs Ecrivains , les Poëtes &c. ont * • puifé les fujets dans la contemplation des merveilles de la nature. A LA H AT E, Chez Pierre Aiiiaud, Libraire dans k Hofftrat. A PARIS, Chez les Libraires qui vendent les nouveautés. MDCCLXXXVI.   É P I T R E bEDlCATOIREi A MADAME L A MARQUISE £> È C A S S I N i Madame. sus avons ckerché h faire coflaltre dans eet Ouvrage, que nous avons ïhonheur de nus dédier, les grattds fpe&ócles  2 Ê P I T R E que kous dêvoile rJJlronotnie. CetU fgience la plus impofante de toutes, par la magnificence de fon objet, la puisfance ik fes moyenf, & la grande idéé qu'elle donne de ïétendue des resfources de la vigtieur de l'efprit hurnain, rapellc & notre fouvenïr, vos illufires ayeux, tout célebres , moins encor par l'antique noblesfe de leur origine, que par fimportance des découvertes , qui ont rtndu feurs noms gj5 leur hifioire infiparables de eeJJe des grogrès de Vefprit hurnain. Pour tempèrer Faufere gravité deplufteurs des fujets fm mus traitons, mus avons cherchè Jouvent a les emiellir des charmes- de la-po'èfie, ou de defcriptions, puifées dans les ouvrages dc tios meilleurs Ecrivains. Nous avons pu te faire fans regreter le Litterateur eJTimahle, qui vous apartenait de fi pres, Madame, & qui faifant pasfer jusque dans la Profe les images de la Po'êfi-e, peignait ttut  DEDICATOIRÉ. 3 tont ce quê Pon peut peindre; & dans fes Ecrits feffible foüvent renforcer les fentimens profonds que fait naiire la coniemplation des. merveilles de la nature. 11 mérita furtoüt la reconnaisfance de ' la nat ion de tous les mUlifafris, en faifant conaitre dans tin Ouvrage important, Vetnplï de connaisfances & de morceaux précieux de topögraphie, les Campagnes dè Marechal de Maillebois; fif les grands talens de fon illujhe fils, que rious etiteti' dons journellement citer, comme Pun des plus habiles Ga/éraux de PEurope, & comme Van des hommes les plus refpeStables & les plus favans de la France* Mais, Madame, quoique la dédicacé ffun ouvrage tel que le nêtre, vous Jolt We, paree que le 11 om que vous portez efl cher au» ktftës aux fciences, c'eft' princip'alement a vos vettus, a vos talens, è eette bienfaifance, dont Pingratitude mé* £ m  '4 EP I T RE DEDICATOIKF. toe tfefl pas capabk d'afaiblir faclivi' ié, 'que nous rendöns principalement hommage. Vos aimables quaÜtés, Madame, honorent notre fexe , vous asfujetisfent les coeurs & comandent Vadmiration & le rejpect a toutes' les perfonnes vertueufes & fenfibles qui ont le bonheur de voüi (onaitre. On ne peut étre plus flatêes que nous ne Je fommes , Madame, de faiftr Poccajiim' de vous en donnet fasfurance. jtfous avons Vhonneur d'étre avec tous' hsfentimens que vous infpirez; Madame, Vos trés humbles & trés obéii» fantes fervantes, de belair. AVE f£=  .AVERTISSEMENT; lü^ ons avons enrendu fouyent répéter, & nous le préfumons nous-mêmes, uue 1'étude de la Geograplrie devait préceder celle des autres fciences, qu'elle devait menie leur feryir de baze. Mais pour contribuer a diriger les opérations des adminiftrareurs, des miptaires , des ingénieurs, des naturalistijs, & méme des agriculteurs quivoudraient s'occtipér de leur art d'une mariicre vraimcnt grande , on concoit qu'elle dok Ctre tra/.tée d'après des * 3 Pfuv»  6 AVERTISSEMENT. principes temt difFérens de ceux qu'on a fuivis : . qu'elle doit être débarasfée de toutes les puérilités qui jus-, qu'a préfent ont fembié la conRituer. Les artiftes qui s'occupent de 1'art des jardins modernes ; les ingénieurs que . les gouvernemens pourraient enfin être tentés de former , pour les emi ploïer aux grandes améliorations du territoirc, doivent trouver des resfour£es inapréciables dans 1'étude de cette fcience; mais alors il faut s'attacher a bien connaitre les détails topographiques ; il faut avoir 1'babitude de faifir les efléts, des moindres ondulations des. terreins , des pentes , contre - pentes , & des plus petites ramifications des grandes eliaines de moritagnes.... ( a ) Pour (a) Voyet dans les Fragmens, fous le Np. 1. une Lettre, qui nous a paru prciln- tes  AVERTISSEMENT. 7 Pour nous, pour lts perfonnes de no» tre fcxe, elle doit fervir d'introductiort k 1'hiftoire naturelle, a. 1'hiftoire politique, & jetter beaucoup d'agrément dans. la lefture des relations des Voïageurs. II nous a paru qu'un Ouvrage fur les principes généraux de la Geographie, ferait ausfi intéresfant que difficile k ■compoftrj nous laisfons k des mains exercées, ce travail qui devient de plus en plus trés nécesfaife. Nous ne nous flattons pas que ces Esfais puisfent y ' fupléer: mais ils pouront peut-être fervir avec quelque utilité, en attendant que Pon foit tenté de faire paraitre des' prin¬ ter d'une maniere fatisfaifante, une nouvelle Méthode d'etudier la Topographie , 8c de faire fervir cette partie de la Géographie, dc baze aux opérations de la guerre, de la culj ture , & des arts. *4  fe AVERTISSEMENT. principes généraux, dignes de ce ficclé éclairé; eet Ouvrage s'il eft bien fait, fera une introduétion indispenfable a plus d'un genre de connoislanccs.'' Dans les Volumes qui fuivront celui que nous donnons , & qui tous forroeront autant d'ouvrages ifolés, au lieu lies Fragmens qui terminent ee premicï» Volume , nous pourons donner fuccesfrvement des Extraits raifonnés des excelens voyages anglais, francais &c. &c. qui ont parü depuis vingt ans, & des relations quon poura publier par la fuite. Le voyage deMonfieur de laPéiroufe, ajoutera peut- étre de nouvelles lumier;s a celles que les relations de M*i. Wallis, Carteret, Biron , de Bougainville, Cook,ont procurées fur les difléreus Archipels que renfejme 1'Océn'n pacifiqut : mais en attendant , nous ras-  A V Ë 11 T I S S E M E N T. 9 rasfcrnblerons tout ce que nous ont ap» pris fut ces terres nouvellement recon» nucs, les yoyageurs célebres que noUS vcnons de nommer. Ce ne font pas feulement les harÜls navigareurs qui ont traverfé dans toi\% les fens les différens Océans qui baig» nept les terres habitables du globe, qui ont public des relations intéresfanteS. Beaucoup d'excelens Ecrivains ont ren» du compte de voyages entrepris a tra» vers les terres. Une infinité d'obferva» teuts ont parcouru lesAlpes; d'autres ont traverfé 1'Arabie, les pays fouinfl aux Marattes, des parties jusqu'a prl» ftnt inconnuës de 1'Aniérique Boréalt* des Philinincs, de Madagafcar. ^ >>1 Get apercu rapide de nos ricaesfes nou» velles moutte, k ce qu'il nous fembló, qu'on peut facilcment faire un Supléaieftt intéresfant a 1'hiftoire des voyages :noti| pspétons rendre ce Suplérftent, qui M * 5 P poiuts ; on s'en convaincra particuJierement , en examinant la defcription du Berceau du Gange & celle du cours de ce grand fleuve. Nous joindrons üi eet Atlas un reeeuil de planches rclatives aux productions,. aux coftumes des nations diverfes. Nous y joindrons les desfeins fur- toaff  i6 AVEB.TISSEMENT. tout des fites les plus pitprcsques;.... paree qu'ils feront connaitre plus particulicrement la coriftitution phyfiqus, le reliëf des païs que nons décrivons, & les traits fous lesquels fe montre la* nature dans les différens climats. Ces traits peuvent être a la fois modifies par Ja nature des terres, leur élevation au desfus du niveau de 1'Océan, leur diftance des Póles , ou feulement par quelques unes de ces caufes. DIS-  DISCOURS PRÉLIMINAIRE, Nos premiers regards s'arretent fur ces points lumineux qui font repandus avec tant de profufion dans 1'efpace. Nos premières queftions ont pour but de connaitre ce que 1'on fait de tous ces corps qu'une main toute puiffante a placé fi loin de nous. Neus fentons confufément que les hommes qui nous ont precédés ont dü emploier leurs ef~ foits pour faifir 1'enfemble du fpeélacle dc 1'Univers, & nous apprenons de bonne heure, mais trop foiwent d'une maniere inéxacte, que ces efForts ont fait naitre. 1'aftronotnie: rarement nous favons combi'en cette Science a fait de progrès, dévoilé de jnylïères; combien elle a grandie la fphere de noï idéés en penétrant dans les immenfes régions des cieux, pour y decouvrir de nouveaux astrés., ou déterminer 8c Ia viteffc des mouve A' fhèrilj  [ • ] mens & 1'étendue des orbites que parcourent les corps celeftes des ordres inferieurs, (a) Plus nous connaiffons les réfultats des travaux desaftronomes, plus le fpeétacle de la nature devient immenfe , plus il nous paroit magnifique, plus il nous donne la meiure des forceï que le génie fait déploier ckdes ctonnantes reffburces qu'il peut fe créer. La grandeur des objets dont il s'occupe coiitribue fans doute a foutenir fon aélivité, a 1'éxalter & le génie de Vhomme n'est nulIe part auffi grand, pour nous en convaincre : conlidérons ces découvertes dues au travail des aflronomes y nous pourrons appréeier le Vafte & fublime fpeéhcle qu'elles préfentent. Le Globe que nous habitons, dont certaines parties nous ferr.blent fi étendues, fi fièrement comraftées , ne peut nous fournir de comparaifon pour eftimer ces grandeurs qui fe («) Sous cette dénominatiou , nous comprenons tous les corps qui ne font pas lumineux parcux mómes, tel que les comètes, lesplanet.' tes & leurs fatellitc».  [ 3 1 \ fë partagent les efpaces quel'Univers embraj■ fe; il n'eft qu'un point imperceptible du fys* i tème , dont il depend:cètte efpace immenfe que rempliffent les énianations du Soleil qui nous éclaire, dans laqu'elle s'exerce fon aéli: tivité j & fe déploient les fórcés qui rcgifTent I les adres foumis a fon aclion , peut doncfeu| lê fervir de terme dé comparrfifon : & cette j échelle efl a peine fuffifante, même en pre| nant pour mefure le grand Diametre des ! plus vaftes orbites quedécriveht les Cometes. On fe fert il eft vrai de la parallaxe anjt nuélle; d'un Dia'metrê de I'orbé que décrit | fiotre planète, mais avec cette bafe de foiI santé huit millions de lieues, 1'on ne peut ! atteindre jufqu'a firius, des milliers d'astres I qui brillent dans les épouvantables profonI deins des cieux, le plus voifin du foleil qui nous 1 eclaire; nous mefurons une partie de 1'efpace ou il n'est pas; mais onne peut détermt: ner combien de millions de lieues il eft aü dela de cette prodigieufe enceinte qui renfertoe les limites ou viennent expirer les efforrs de 1'art & que ne pouroient franchir les fori éxiftantes: tout peut cohcourir a augmertA 2 vtj  [4] tér ia diftance des deux afttres: Sc 1'immenfltédela fphère d'activité, du Roi du fyftême Syrien, de ce Soteïl puiffant en raifon de ft gro fleur & 1'etendue des deférts qui féparent les deux Empires. (a) Nous n'avons encore pu connaitre tous les corps qui peuplent ce grand ordre de chofes; ce fyftême dont la terre fait une petite partie 8c par conféquent les dépendances vifibles de eet empire ne ftfnt rien en comparaifon de ceque ■1'éloignement dérobe a nos regards. Tandis que Cook découvrait de nouvelles terres en parcourant les plus vaftes mers du globe, Herïchel démétót dans les cieux bien au dela de 4'orbite de Saturne une nouvelle planette. Qui fait fi 1'optique encouragée par la magnificence des (t) On eftime la diftance de Sirius 27 mille fois plus grande que celle de la Terre au Soleil, mais il eft poflible qu'elle foit encore plus confiderable; on en fera convaincu en faifant atten. tion a la grosfeur de Sirius, peut etre un million de fois plus gros que M. de Button nc le fuppofe (voiez 1'Hiftoire de 1'Astronomie.)  C 5] des Souverains procurant i l'arïrotiomie de? inftrumens plus puiflans que ceux que nous avons (a) ne nous metrrait pas a portee d'obferver des Comètes & des mondes (h) dont on foup^one 1'éxiftence, mais dont on ne peut pas plus fixerle nombre , la groiïeur; que les tems qu'ils emploient a leurs révolutions: 8c tout peut nous faire prefumer que dans le nombre des Come-tes qui parcourent dans tous les fens les efpaces celestes, ilpeut pn exifter un grand nombre , dont la révolution dure plus de cinq cent foixante quinze ans 8c qui s'éloignent de plus de 4554 millions de lieues du Soleil. En admettant cette hypothéfe qui eft plus que vrailemblable, il eft a croirc qu'il exifte des corps qui reconnais- fent (a) Nous avons oui dire plufieurs fois, qu'cu 0 prodiguant la depenfe, la chofc étoit pofli'-Ie. (l) Au dela de leurs cours £f hin dans eet efpsce, O» la matiere nage £? que Dien fcul emlrasfe, ■ Soitt des Soleils fans nombre, 6P des mondes fins fin ; Dans eet aiime immenf», il leur ouvre ua chemin , Par dêla tous les deux li D':eu de deux répdc. ( Hen k iade.*) A 3  E 6 ] Jent les mêmes loix que nous ,. des adres ï qui ne fe feront voir qn'a des époques trés éloignées de celle dans laquelle nous vivons. Ainfi conftderant ifolée une feule de ces fphères ou s'exerce 1'Empire & 1'aélivité d'un des plus petits foleils, ce point devient d'une étendue prodigieufe Sc prelqu'incommenfurible, tout y eft grand, Sc ce feul fyftême le plus pctit peut être, fuffirait pour attester la ma"estc de 1'etre tout puiffant, qui voalut la formation des mondes. Mais combien plus devient impofante cette majesté, fi 1'on parcourt ces grandeurs depuis les fatellitès de nos phnetcs lufqu'au Solcil Sc du Soleil a Siriui. Guidés par le calcul des probabilités le Génie qui a fouvent obfervé la marche frmpk , uniforme 8c conftante de la nature; doit préfumer, que des loix prefque femblables regiffent tous les fyftémes, 8c ceux foumis a nos regards, 6c ceux, que leur extréme éloignement dérobe \ nos yeux, mai$ que nos grands inftrumens rendent perceptibles Leur nombre prodigieuxfe decouvre en raifon de leur perfeétion» Malgré cette multi? tude de corps, dont les malles Icmblcnt fe re-  [7] refufer aux calculs par le;quels on voudroit tenter d'estimer leur folidité, le vuide eft enr core plus irnmenfe, partout 1'ceuil de 1'ohfervateur découvre des déferts glacés que la lumiere traverfé avec la rapidité qui lui eft propre , mais oü nulle chaleur ne peut pénétrer, ou rien ne peut la propager, la revei berer 8c la reflentir, fur les limites de ces efpaces dont les nombres nepeuvent exprimer reffraiante étendue, & que 1'imagination la plus vive peut a peine fe réprefenter; fe trouvent a des diftances invariables, ces empires célestes; dont des mondes errants font les peuples & des foleils peut être mille 8c mille, fois plus puisfants que celui qui nous éclaire, les immuables 8c éclatans Souverains. II nous femble qu'on pourrait dire, malheur a ceux qui fe refufent a la contemplation de ces merveilles: Le fpeélacle de telles grandeurs pour des yeux qui le favent obferver, doit accroitre toutes les facultés, & porter les itiees vers de grands objets 8c de magnifiques . réfultats, 8c peut - être fi jamais par fes travaux, fes méditations, un homme de lettres echapant a la mediocrite, qui trop fouvent A 4 cher-  [8] chercfae a rendre vaines les recherches importantes : peut travailler „fruélueufement pour le bonheur des peuples, eet homme ne croira pas avoir perdu le tems qu'il aura emploié a la' contemplation des grands fpeétacles de Ia nature. II en connaitra mieux la terre & ce qu'il eft a propos de faire pour appeler le bonheur parmi les Etres qui peuplent fes contrées diverfes. 1 Defcendus fur ce globe un nouvel ordre de mcrveilles fe préfente, 1'imagination n'en eft pas moins éxaltée, le génie moins vigouTeufement excité. Dans les régions terrestres nous appercevons les objets d'une manièrc plus distincte, parcequ'ils font plus prés de nous, presque toujours notre caur & tous nos fens font a la fois afred és. Que pendant le calme des nuits nos regards fe portent dans les cicux, Jupiter nous parait luire paifiblement, dans les efpaces qu'il parcourt. Si a 1'aide des tclescopes onappercoit les bouleverfemens épouvantables que la furface de cette groffe planetc éprouve, on n'entcnd pas, les bruits affreus d'explofions terribles dont on ne peut avoir d'excjnples» £< quand on fonge 1v ■• " *" • ' ' que  [9] que cette maffe teute pénétrée u'.an fen qui femble la tenir en incandescence, ne peut être encore le fejour de la nature vivante,lecceur n'éntre pour rien dans ces grandes cataftrophes qui n'affe&ent que la matiere brute & inanimée- Mais que dans les régions montueufes de ce globe, il entende le fracas des torrens, il verra en même tems leurs ondes batues & brifées de mille chutes, bjanchir d'ecume de profondes vallées ékporter auloin le ravage ou Ja fertilité. Si la chute des avalanches le glacé d'effroi , les magnifiques objets qu'il découvre, la férenité de 1'air qu'il refpire, tout porte dans fon ame un calme enchanteur & la fatisfaction : il a furtout celie que procure le fpeélacle de la liberté & du bonkeur dont les pays montueux font ordinairement le refuge. S'il gravit fur lesmonts elevés il découvre de grands fpeélacles; embléme du genie,plus il peut s'élever au deffus de la foule des mortels , plus il faifit a la fois de magnifiques rcfultats. Mais 1'homme fi puiffant par fes factiltés intelleéluellestrouve fur ces excroiffances du globe A 5 des  [10] des lecons de modeftie. Par lui même il ne peutquitter cesfommets pour selancerau deli il ne peut refpirer longtems Fair de ces régions & tandis qu'il domine la terre , il voit loin de lui les aigles planer (a) dans les hautes régions de 1'atmofphère. Ce ne font pas feulement les grands effets de la nature qui nous captivent, elle nous offre des beautés de tous les genres & dont 1'inépuifable variété eft peut-être le plus furprenant de fes phenomene?. Loin des groupes formidables oü des monts entaffés foulevent jusqu'aux cieux les frirnats qui blanchisfent leurs fommets fe projettent des chaines de montagnes, dont les masfes moins f èrcment élancécs fe multipliant en raifon de la dégradation qu'elles éprouvent : propagent de tous cotés, des presqu'ifles; des archipels («) Ne pourrait on pas tirer une moralité de cette obfervation, & une réfignation a des évé mens qui arrivent tous les jours: on ne voit que trop fouvent un homme malgré fes talens, malgré l'elevation de fes idéés, refter en apparence fort au deffous d'un être fans capacité.  [ II ] i pels & laifient s'introduire dans les contii riens les eaux des mers, par une multimde I de détroits, de golfes & d'enfoncemens. Ces I pais a petites divilions (a) quand ils fetrouj vent dans des clirnats heureux offrent des : reflources immenfes pour la prompte célér brité des color.ies qui viennent peupler des i, fois, fi richement favorifés de la nature. AinI fi 1'Aiie mineure , la Grèce, 1'Italie MeridioI nale, la Sicile, préfentoient des villes imi menfes, une population incroyable, tous les prodiges des Arts; Iqrs que ks grandes régions de 1'Europe ne fervpient encore de retraites qu'a des peuplades a demi barbares. Quand un gouvernement denué de prinI cipes & de lumieres ne contrariait pas les bériignes influences d'une nature magnifiquement i prodigue & dispenfant fur ces pais des biens : fans nombre, quels étoient ces Grecs a jaI mais ks models 8c dans tous ks genres, des pïuples éclairés qui fe fuccèderont fur la fur- fa- (fl) Nous parions de celles tracées par la nature: des divifions phyfiques.  E » 1 face du globe ? S'ils emprunterent d'aillair.g les élemens des arts & des Sciences, au moins fgurent ils admirer les philofophes (a) qui leur apporterent les lumières des Brames ou des prétres Egyptiens, i!s dWiniferent les Inventeurs de 1'agriculture & ceux même qui avoient muldplies les bienfaits de ce premier & du plus noble des Arts. ( & ) Que (. les Vcrtus , les Arts furent apportés de 1'Afrique . & de 1'Afie dans la Grèce, une fois tranfplantés, ils firent des progrès firapides qu'ils durent i paraitre des produéiions indigenes & ces produc- i tions prirent en pcu de tems de prodigieux accroifements. Les Sciences durent a leurs philofophes leurf plus grands progrès, ils enrichirent raftronomie & de leurs propres découvertes & de celles qifurt peuple plus ancien avoit accumulées: i cette oc- : cafioa les Grecs furent injuftcs & perfecuteurs, une lumieretropvive ferabla bleifer leursyeux... i Mais faifons patier lïngénieux & elegant hifto- j 5 rien de raftronomie. „L'opinion qui fait le plus d'bonneur i Phi- ; „lolaüs & a laquelle on a donné quelquefoi* „fon nom dans nos Cécles moderneseil celle du' „mouvement de la terre autour du foleil: nout I jj avons déja dit que cette décoaverte fuppofe 3 s une  [ U ] tés par le Prince des Poëtes offrenr des Stes delieieuf, c'eft la encore le moindre de leur mérite, partout dans cette contrée Fon foule une terre facrée. ... de routes parts on voit des monumens qui raviffent ouqui intéreiTcnt. Athénes nous rappelle avec la gloire de fes grands ,.unc aftronornie fort avancée, qui ne fut point „celle de Philolaüs,de Pythagore, ni même des „anciens Egyptiens. II y a licu de croire que „Pythagore 1'avoit puifé dans 1'Indeou cllcétoit „reftée comme la tradition d'unc Aftronornie „qui n'exiftsit plus, Pythagore a eu affez de „génie pour en fentir le prix & pour 1'adopter, „mais il la cacha aux yeux du vulgaire profane. „Son difciple Philolaiis eut le courage de la ré„veler & de 1'enfeigner publiquement, il fe„rait affez üngulier que cette vérite fut la caufe „de la perfecution qui obligea Philolaüs a pren"dre la faite, Galilée pcrdit fa liberté pour elle ■ Le fort de cette verité eft donc de rendre maï"heureux d:.ns tous les ftecles, ceux^ui les pre„miers l'ont enfeignée. Na. Toute cette Notc eft tirée d'un Mnnusferit qu'on a bien voulu nous comrauniquer.  115] grands hommes en tout genre & les vertui fans exemple de fon Ariftide : ce tombeau oti repofoient les cendres de Thefée; la les efclaves maltraités trouvoient un refuge (a) 5c Ce temple qu'on nommait Hecatompedon , qui nous rappelle une fenfibilité plus toifchantè encore en Ce qu'elle s'etendoit non feule- fnent 00 „Queile gloire pour Thefée (dit Mr. Ro» iin) que fon tombeau ait fait apres lui, cc qu'il avoit fait lui même pendant fa vie; & qu'il ait été ■ le proteéteur des opprimés: malheur k ceux qui ! ne fentiroient pas fans commentaire combicn ce ; feit honore a la fois & le héros Sc le peuple aimable & fenflble qui lüi rendait un fi glorieux ! hommage. Nous demandcrons quelles Nations modernes i ont fu rendre de parcils honneurs & lequel dè leurs Héros femblable a Thefée fut afles grand , fcutaifez meriterderhumanité, pour obtenircette \ diftinétion infigne, que le licu de fa fépulture devienne une retraite contre la dure tyrannie que les peuples les plus éclairés de TEurope éxercent fur les habitans des autres parties dé la terre.  [ i6] ment fur les hommes mais fur tous les Etrcs animés; les Athéniens clefirant lans doute tcoutumer leurs concitoiens a bien traiter les hommes & leur faire faire un apprentiffage continue! de douceur & d'humanité. Si d'Athènes nous kous avan^ons vers le detroit des ter* mopiles ; la defcription de ce défilé; comme pafl'jge étroit dans ks montagnes . . . ne pourait avoir qu'un mérite fouvent obfervé fi eik ne nous conduifait qu-'a des cohnaiflances plus compkttcs fur la conftitution phyfique du pais, mais combien clle-déyient intéresfan- te. . . . Les Athéniens ( dit Plutarquc ) après avoir achevé le tcmple qu'on nommait Hecatonjpedon, renvoierent iibres toutcs les betcs de charge qui avoient fourni a cc travail, en leur affignant de gras paturages comme a des animaus facrés, & , 1'on dit qu'une de ces betcs ctant allé fe pre- fenter d'clle même au travail, fe met'tre a la „ tête de celles qui trainoient des charcttcs a Ia „ citadelle, marclicr devant elles comme pour e, les exhorter & les encouragcr. Ils ordonne„ rent par un decret, qu'elle fcrait nourrie juf- qu'a fa mort aux dépens du publiek  [ 17 ] te. . . combien le fpedtacle de 300 éitoyens,' fè dévouant tous a la fois, eft - il capable de nous faire concevoir a qnel point de dignité, de grandeur & d'héroïsme peuvent s'élever les hommes vertueux; (a) & toute 1'étendue des lumieres 8c du génie qui avait préfidé a 1'établiffement d'une conftitution qui produifnit d'aufft inconcevables miracles, Si («) Pleins d'une admiration profonde & d'un refpect religieux, profternons-nous fur cette terre facrée qui recouvre les offemens de ces vertueux Spartiates . . . VAffas compatriote fi cher atous les Francais, il ne manque rien a ta gloire, ce que nous allons dire n'ótc rien a 1'éclat qui doit éternellement environner ta tombe, & rejaillir fur toute la nation ; mais 1'Europe entiêre produirait-elle & la fob 300 hommes femblables a toi ? que penfer donc de Sparte qui les feut choifir, du philofophc qui avait dicté les loix qui regisfaient cette République , du Roi qui mena au combat, k une mort certainc & prévue, ces 300 viétimes qui s'immolaient pour le falut de la Grece en fe prometfant de fe réunir chez les morts, & pour nous fervirdu terme del'Hiftorien B • de  r is ] Si des terres nous nous transportons au milieu des mers qui baignent la Grèce , au deffus des Isles qui les peuplent, nous voyons s'élever des monts célebres dans la mithologie paice qu'ils furent les afiles des Dieux s'ouvrirdes vailées delicieufes (O au milieude toutes ces merveilles. Aper^oit t'on le Mont Atlios; — auffiiot vient fe mêlera cette contemplation le fouvenir du plus puiflant des Princes (c) & du plus célebre des hommes (rf); on fe rappelle la prodigieufe énergie qu'il de Souper chez Pluton, après avoir épotiVanté des millions d'Ennemis du fpectacle d'une m- bat fans excmple. ( Tiré du Manufcrit dont nous avons deja parlé ) (a) Le mont Etna en Sieile, le mont Ida de Crete & celui d'oü descendent les fleuves de la troade (J) La vallée de tempé en Theflalie, au fond dc laquelle coulait Ie fleuve Penée. (c) Xercês qui entreprit de faire couper ristterffe qui joint 1'Athos aux montagnes de la Maccdoine. (d) Alexandre* Ava'nt de prononcer fur notre affer-  [ 19] qu'il avait communiquée a fon flcc'e. .. quel était ce mortel qui infpirait la conception li plus fiere 8c la plus impofante, de toutes celles qu'enfanta jamais le genie des arts réuni a cette hardieffe (fi rare 8c fi decouragée de nos jours) de tentertout ce qui eft grand 8c de foürnir les moiens de 1'éxécuter: au> cune ne peut lui être comparée(4). Si des mers de la Grèce nous nous transportons au fond de la mediterranée fur les cótes fep- affertion, nous prinns nos lecteurs de voir a la fin de 1'ouvrage datis le receuil des piéces! juftificatives , un morceau tiré d'un manufcrit renfermant divers articles pour une Edition de nouveaux fupplemens a 1'Encyclopédie. («) Sur les bords glacés de la Neva ona transporté un lourd fragment de rocher pour fervir de bafe a la ftatue de Pierre premier. II ne ferait point impoffible que quelque louangeur eut comparé cette operation a 1'étonnante con» ception de transformer, Tune des grandes monB a ta»  C 20 ] feptentrionalej de 1'Afrique nous verrons d'abord "'Egypte & les ruines fuperbes de cette ville fondce par Alexandre: ce païs autrefois Si célebre ? toujours intdreffant par les crues annuelles & fertilifantes du fleuve qui Ie traverfé, parcequ'il pourait être Ie centre des liaifons entre les parties du continent le plus ancienneraent connu & qu'il deviendrait entre des mains habiles & puiffantes la caufe d'un mouvement immenfe & d'un commerce prodigieux («); en s'avancant del'Egypte versie dé-' tagnes du globe en un colofTe, qui de fa bafe pofée au vaste fcin des mers aurait porté fatéte audeffus delarégion du tonnere: & que peut élre memeil n'cut mis cette operatioii mecanique au delfus d'un projet qui doitanneantir nos artiftes. O) Et cela malgré les navigations Sutour de 1'Afrique en doublant le Capde bonne cfpérance. nous favons qüe des gens itiftruits pen feut, ainfi que Ie continüateur de 1'Hiftoire de France de Vclii & de Villaret, que le prix du fret pour les marchandiiès qu'on tire des Indes ferait moins, confiderable fi on ks tirait par la voic de la m er rouge, & de l'Ifthme de fuez que par ieCap de bonne espérance.  [ 21 ] «détroit qui joint la mcditerranée a 1'océan, on pareourt cette longue cöte d'Afrique, actuellement peuplée de nations barbares qu'il vaudrait mieux civilifer que détruire ... Que peut dire un Geographe de fatisfaifant fur 1'état aétuel de ces pais habités par des hordes de pirates ? II faut qu'il fe reporte a eette époque, oir Carthage dominait dans cette grande partie de 1'Afrique: alors la Geographie doit fervir a rectifier les erreurs de 1'Histoire, la conftitution phyfique du pais étant connue, ainfi que les propriétés des différens fois qu'il renferme, il faut fe former de cette fiére republique une autreidée que cellequ'on s'en forme d'après Ia lefture des anciens hiftoriens. Les vaftes domaines de Carthage étoient cultivés avec foin ; une grande puiffance territoriale , des champs richement exploités étaient donc ks fondemens d'un commerce immenfe les villes repandues fur ces pais & Carthage furtout, produifirent conftamment des gens eftimabks, de grands adminiftrateurs encourageant l'agriculture&posB 3 fé-  'L w ] fédant les finances en hommes d'Etat. («) Sans doute un nombre confiderable de negoeians, augmenta eet cfprit mercantile qui perdit tout a la fin (b). On ferait a cette Republique le même tort fi on Ia jugeait par ces marchands qui formèrent en partie fa population , qu'a 1'Angleterre en la jugeant d'après ces esecrables fcelérats, qui devaflent & font gémfr 1'Inde (<•), fi loin ? fous tous les rapports, des Locke, des New- O) Pour fe convaincre de cette verité il ne faut qu'étudier les opérations d'Annibal après la fm de la ade guerrepunique, il parait quece grand homme en perfeétkmnant comme il fit les branches les plus importantcs de 1'adminiftration de fon Pais parut aux Romains un adverfaire plus a craindre que lors qu'en Italië il a*iéanT tiflait les Armées qu'ils tentèrent de lui oppofer. (i) Voyez les fragmens. (O A eet inftant même tous les papiers publiés parlcnt d'une faminc horrible qui devafte la plus grande partie du pays ftrtile ou les Europ^ens ont portè leur commcrcc & leurs furcurs, Cet-  [ =3 1 Newton, de ces grands adminiftrateurs, dont elle s'honore plus fans doute, que de la foule des agents obfcurs de fon commerce. Nous avons été conduites a expofer la maniere que nous avons adoptóe pour parler desdifférentes parties du Globe dont nous donnerons fucceffivement les defcriptiors : mais ces parties qui s'élèvent au detfus des mers, & qui fervent de demeures aux homnies & a tant d'animaux, ne font pas le tiers de fa fuperficie. nous parions donc, après avoir dit quelque chofe de 1'Atmofphère, de 1'Océan & de fes épanchemens divers, nous les céfignons fous Cette famine eft occafionnée par le monopolc des rcpréfentans de la Compagnie Anglaife. II yaquelques tempsqu'un des plus grands hommes d'Etkt de 1'Angleterre avait en plein Parlement rcproché les crimes les plus abominablcs a cette fatale compagnie & avait propofé un bil pour changer fa conftitution vicieufe. . . Les clamcurs fe font elevées de toutes parts, le bil propofé n'a pas eu lieu,il n'eneft refulté qu'uneperfécution odieufe contre fon Auteur a qui 1'humanité devait des autels. B4  E M 1 les noms de mers intérieures & de mers ' ifqlées. Nous allons détailier en peu de mots quelques obfervations que nous avions négligées de faire entrer dans ce que nous difons des '< eau-< du globe, elles ne fe trouveront point dcplacées. Les continens pe font point égaux. Parmi I les configurations fans nombre qu'ils nous offrent on dillingue des prefqu'Ifles, des Isth- | mes, des Caps, des Iflcs grandes ou petites. Les eaux ofFrent les mêmes variétés , on voit des mers intérieures (m) des détroits (b) des gólfes (e) &j des mers ïJblées.(^) Lesparties 1 non | O) La Mediterrauée , la Balticjoe-, la Mer rouge. C>) Celui de Gibraltar qui joint la Méditerra ■ Uée i 1'occan , ceux du Sond, & des Beltes qui joignent la Baltique a la mer de Danncmark, de Babeïmandel qui joint la mer rouge a 1'Ocean ïudien, (ƒ) Le Golfe de Bengale, de Cambaie, de Siani. &c. (V) La mer Cafpienne, la mer mortc & d'au. tres  [ *5 ] non fubmergées femblent divifer 1'Ocean en plulieurs vaftes Balïïns , mais ils communiquent enfemble foavent par de grands efpaces: entre tous, il en eft un immenfe, qui couvre prés de la moitié de la furface du globe; il eft aux autres Oceans, ce que le continent dont fait partie 1'Afie eft aux dirférentes terres habitables Ses profondeurs les plus in- commenfurables font antipodes aux vaftes plateaux du centre de 1'Afie : oü donc trouver ce balancement qu'un illuftre Ecrivain a voulu nous faire voir entre les deux hémispheres ? ... Mais foyons tranquilles, ft 1'équilibre ne fe trouve pas établi par des maifes également faillantes au deffus du niveau des mers: 11 exifte, foit parceque le fol fur lequel roulent les courans de 1'Ocean pacifique eft plus denfe 8c plus fixe encore que celui fur lequel repofe 1'Afie & fes vaftes Apendices, (a) foit par- tres peu connues en Afie & en Afrique nous expliquons dans 1'ouvrage, ce qui doit établir la difFerence entre une mer ifolée & un lsc: Remarque négligée desgeographes malgré fon importance. (<) L'Europe & 1'Afrique, ce paü"agc eft tiré B 5 d'tm  L 26 ] parcequc le centre de gravité du globe n'eft pas au centre de fa figure. Par la navigation, les eaux font dévenues un des grands moyens de taire communiquer les differentes pariies qui fans ce grand art que les modernes ont tant perfeöionné feraient abfolument ifolées; 1'homme pénétre les plus vaftes folitudes des mers & 1'Astronomie lui prêtant fon fecours, lui fait chercher & trouver fa route dans les cieux, C'eft envain que les vents voudroient traverfer fes efforts, le navigateur fait s'aider de leur force pour voguer vers 1'origine de leur foufle, avec un peu plus de travaux & de tems, il arnve dans les ports oü illuiimportait de diriger fa courfe. On ne peut pas plus negliger 1'etude des eaux que celle des terres, ce font elles d'aüV leurs qui tracent les limites de prefque toute les te tres! Heureufes font celles qu'elles circonfcrivent, qu'elles pénétrent de toutes parts d'un manuscrit anonime, qu'on nous a fait remettre avec la liberté d'en difpofcr.  [ 27 [ parts, dies y entretiennent une émnlatjon qui fait naitre les veritables richeffes 8c développe les plus grands moyens de puiflance 6c de profpérité. L'etat ancien de la Grèce, celui ou eft depuislongtems la grande Bretagne confirment la jufteffe de cette obfervation. En terminant, il faut répondre a une réflexion critique: 1'examen réflechi 8c la contemplation des grands fpeftacles, que nous préfente la oéation ne pouraient-ils pas nous donner des idees gigantefqnes; a nous, faits pour peupler 8c cuhiver 1'un des plus petits globes qui roulent dans les efpaces celestes ? .. qu'on fe railure ; ce que nous voyons des projers, des vues, des opérations de la plupart des hommes, eft plus que ftjfBfant pour ramener a une commune rnefure fame la plus grande, la plus éxercée a la contemplation des plus-ctonfiantes merveilles.  E S S A l S Cosraographico - Poëticjues. Le Soleil qui nous éclaire forme i peu prés le centre- du mouvement des planetes au nomT bre desquelles fe trouve la terre que nous habitons. Les planetes ne font pas les feuls corps qui rournent autour de eet Astre, 11 y a encofe un nombre prodigieux de Cometes, quelques unes d'eutreelles (celle de 1680 par exemple) s'éloignant de 138 demi Diametres de 1'orbite terreftre , atteftent la prodigieufe étendue de 1'empire oü s'exercc la puisfancc de 1'aftre qui nous éclaire. Tan-  Tandis que les groffes planetes tournent autour du foleil; des fatellitès ou planetes fecondairis tournent autour des principales. Saturne outre les orbes de fes fatellitès, eft encore entouré d'un cercle qui paroir de la rriême matière que celle dont il eft forrné, & fouvent éclaire comme lui de la lumiére du Soleil qui doit paraitre faible a une diftance dix fois plus confidérable que celle de la ferre a cét aftre. Ce cercle lui donne des apparences fort finguliéres & relatives aux diverfes pofi-» tioris oü il fe trouve. Tous ces corps ont un mouvement plus ou moins rapide de rotation fur leurs Axes. Le Soleil lui'même malgré 1'immenfité de fa maffe y eft affujetti. Voici les noms des planetes en commengant par la plus prés du Soleil. On a joint aux noms, les diftances moyennes de chacunc d'elles au Soleil, Mercure 15*56204; Venus : 25144150. La Terre 34761680. Mars 51966122. Ju*  C 30 ] Jfipiter. . . 180794791. Saturne 331604504. Ces planetes employent des temps bien differents a faire leurs revolutions autour de 1'ar tre qui les éclaire. Mercure . met . 87. Jours 23 Heurcs. Venus 224. 18. La Terre. • . . 365. 6. 9' 10.'' Mars. . 1. an. . 311. 22. Jupiter, . 11. ans . 33. Saturne . 29. ans . 155. Leur mouvement de rotation ou diorne eft tel qu'onlevoit. Le Soleil, .... 25 Jours 12. heures. Venus 23. 20' La Terre 2 3. 56' 4* Mars » . * . , 23. 40' Jupiter 9. 50 II eft plus queprobable que Mercure & Saturne , ont également un mouvement de rota-  [ 3i ] tation. Le grand eloignement oü nous fommes de Saturne nous empêche d'obferver fei taches, & ce n'eft qu'au meyen de la disparition & du retour obfervé des taches d'nne planete qu'on s'affure de la durée de fon mouvement diurne. Quant a. Mercure comme il eft fort prés du foleil, il nous paroit presque toujours plongé dans fes rayons, ce qui nous empêche aufli d'y obferver des taches. Toutes les planetes n'ont pas des Satellites, la terre en a un feul. C'est la Lune qui nous éclaire ; ce Satellite décrivant, non un cercle , mais une Ellipfe autour de la terre, il fe trouve a des diilances differentes de fa planete principale. La plus petite. Moyenne. La plus grande. 80187 Liettés 86324 tmis 9*397 Jupiter a quatre Satellites. Saturne en a 5 & fon Anneau. Les  L 3* ] Les Satellites de Jupiter & de Saturne ne p-euvent fe voir a vuè fimple, il faut des Télefcopes, ou des Lunettes pour pouvoir les obferver. Nous avons donné les diftances des planetes au Soleil, nous allons donner celles de la Terre a eet aftre & aux planetes. Li plus petite \ Moyenne \ La plus grande. La Terre. . , ^ Le Soleil 33780210. 34357480 34934726. Mercure. 21057738. 34357480. 47657222. Venus. 9505595 34357480. 59209365. Mars. 17992760 32350240. 86707720. Jupiter. 144335070. 178691550. 213050030.. Saturne. 293391240. 327718720. 362106200. Nous avons fait briévement connaitre ce que 1'on appelle le Siftême planetaire , celui dont nous faifons partie, la diftance enorme de Saturne au Soleil n'en donne qu'une faible idee; tout récemment M. Herfchel vient de déeouvrir une planete qui décrit fon orbite bien V  C 33 3 bien au dela de Saturne : les Cometes fe pérdent dans des profondeurs plus prodigieufes encore. Qu'elle eft donc 1'immenfité des cieux fi chacunë des Etoiles fixes qui brillent dans une belle nuit eft le centre d'un pareil fyftême , d'un fyftême même plus etendu & plus peuplé de mondes & de corps cometaires. II eft temps de montrer comment hos grands Fo'-tes Ont feu peindre ces objets fublimes. Ecoutons M. de Voltaire. Dans le centre éclatant de ces »:4es immenfes Qui n'ontpu nous cschir leur marclie & leurs diftances Luit eet ajlre du jour par Dieu mime allumé Q*i tourne autour de foi fur. fon axe enflamé De lui partent Jans fin des torrens de lumierc , 11 donne ei* fe montranl la yie a la mattere Et dispenfe les jours, les faifons S? les ans , A des mondes divers autour de lui flotans. Ces Ajlres aferyis i la lui qui les preffe s'atthrent dans leur courfe £? s'evitent fans ceffe; Et fervant l'uti d Vautre & de regie & d'appui Se préteat les clartés _qu'ils recoiyent de hu. Ce grand homme veut-il nous faire connai-tre le réfultat des nouvelles obfervations fur' C les  C 34 3 les Cometes & rafluret les peuples contre les vaines terreu.s que ces Aftres infpiraient: il nous dit en beaux vers dans fon Epitre a Madame la Marquife du Chatelet. Cometes que ton craint h lYgal da Tonnerte. Cefés d'épouvanler ks peuples de la Terre. Dans une Ellipfe immenfe achevez votre cours Remontes, dejcendez prés de VAUre des jours , Lancés vos feux , volés & rcvenanl f ms eejfs Bes mondes épuife's ranimis la visillefe. Quelques favans ont regardé comme posfible 1'extinclion des Etoiles fixes; alors la nuit la plus noire fe répandrait fur tous les mondes que la ktmiére de 1'Afire qui viendrait a s'éteindre , éclairait, & que fa chaleur fecondait. Ce qui peut arriver aux Soleils repandus dans 1'efpace, peut egalement arriver au Soleil qui régit les mondes au nombre desquels fe trouve le Globe que nous habitons. M. le Chevalierde Rivarol a parfaitement exprimé dans les vers fuivants les terribles événemens qui feraient la fuite d'uue pareüle catastrophe.  [35] Mais ce Glcbe cmbrazé qui s^allume fans cejfi Pourait il comme nous éprouver la vieillcjfe ? O défaflre inoui fi le fiamieau du jour , Confumi par le temps s^êelipfait fans retour, Les planetes en deail, veuyes «bandonnées Rouhraicnt dans les cieux Sombres enyironnêes. La défolation remplirait lUniycrs, Les plus fombres vapenrs, infeScraient les aiis j Le chaos renaitrait dans cette nuit impure, Bientdt un froid mortel glacerait la nature , VHomme & les ariimaux péle mêle égarés Pouferaient en mourant des cris défesperés. Et la mort de fon crêpe enveloppant Vabime Se detruirait enfin pour derniere yiSlime. DU GLOBE. Les -quatre petits cercles, les deux Tropiques & les deux cercles polaires divifenr toute fa furface en cinq Zones. La Zone torride comprife entre Ie Tropique du Cancer & celui du Capricorne; La Zone temperée Boreale fituée entre le Tropique du Cancer &j le cercle polaire Arctique; Ia Zone tempéperée Auftrale fituée entre le Tropique du Capricorne & le cercle polaire Antarctique, Ci k»  [36] ia Zone glaciale Boreale fituée autour du pole & bornée par le cercle polaire Arctique & la ZoneGlaciale Aufirale fituée autour du . ole Auftral & bornée par le cercle polaire Antardique. Outre ces cercles on tracé encore fur les Globes, les méridiens, qui s'etendent d'un pole a 1'autre , on les notnme cercles de longitude. On tracé paralelement a 1'Ecuateur des cercles qu'on nomme cercles de latitude. L'Equateur a égale diftance des tropiques divife la Zone torride en deux parties égales; de 1'equateur a ehacun des poles on compte 90 dégrés, ils fe marquentfur le premier Méridien ; ce font les dégrés de Latitude. Ceux de Longitude fe comptent fur 1'Equateur, il y a deux manièresde les exprimer; en marquant tous les dégrés de fuite depuis unjufqu'isöo d'Occident en Oriënt, ou en comptant 180 dègresde chaque cöté du meridkn, alors on diftingue en Longitude Oriëntale & en Occidentale. De 1'Equateur on compte encore les divifions qui marquent les 2-4 Climats d'heures & les fix Climats de mois. On fc/ait que fous 1'Equateur les jours font comme les nuits, toute 1'année de douze heur.es; a me- fu-  [ 37] fure qu'on s'en éloigne la longueur du jour au folftice d'été augmente & dans la même propornon la nuit au folftice d'hiver. Sous le cercle polaire , parexemplca Torneo 3e plus long jour eft de 24 heures; la nuit au folftice d'hiver a la même longueur. Sous le pole il y a un jour de fix mois & une nuit de fix mois; nuit dont la longueur eft interompüe par des Auróres boréales , de longs crepufcules, la Lune &c. Mr. de St. Lambert dans fon Poe me des Saifons a parfaitement décrit les effcts de la longue abfence du Soleil dans ces régions glacées, ainil que le jour & la nuit de fix mois quirêgnent tour a tour veis les póles. Jllais Eorée aporta ces frhnats Jnyi/lfJes, Ces Atomes percants, ces dards impercepliblcs Qjie lui même entalfa fins le póle eioilé, Prls des monts de crifial qui couronnent Thulé. Ld, le terriile liiver ctablit fon empire. Dans ces lieux défoh's ou la nature expire llabilent le desordrc £f / uniform!té. 4n bord de ïhorifon le Soleil arrété, 2'paurfuit fans ehalcur fa paifiblt carrière, C 3 Rou-  C 38 3 Roulc fix mois entiers autour de fHemifphhe, Descend, fe precipite, & fix mois éclipfé , Laife regner la nuit fur l'horifon glacé, Le pole lance alors des feux rouges & fombret, Et Uur Wiste lueur qui latte avee les ombres De ces Climats affreux éclaire les horreurs, rilivcr 0 ce moment fe liyre k fes fureurs; 11 fubjngue Neptune, U couyre de fes chaines Ceite mer ténébreufè oü les va/les baleines, Se montrant en Aulomne aux yeux des matclott Semblaient de longs ecus'üt eleyés fur les Jlcts. Si des pó'es nous nous transportons vers le dernier climat d'heures, fous le cercle polaire, 1'un de bos Poëtes nous fournit encore une defcripiion de ce long jour de vingt - quatre heures au Solftice d'été; il décrit d'abord cc qui arrivé dans nos climats. Depuis que le foleil au ftgne du Cancer, Resplendit au plus haut des plaines de l'Ether s 11 ne laife d la nuit qn'un etroit intervalle Entre le Crepusc: le & l'Aube matinale De ce falie des deux 0:1 eet aflre ejl monté, Drsrendent lAbondance £? la malu hé, L\une 6? l'autre ex nos champs de fon globe emanêe; li  [ 39] 0 feconde h la fois fi? partage TannU. Mais c'ejè vers Tornen qu'au boet de l'horüon 11 ravit en ce mois les regards d i Lapon; Au moment qu'il parott tcrminer fa carrière, Qu'il nage au bord des monts dans'des jlots delumiere ■O Surprife! 0 fpcBacle inconnu po .r nos yeux ! Sous le mime horifon encor tout radieux, l'Aflre au lieu de plonger, en rafe la fiirface , S'élance d l'Oricr.t que fa lumière embrajfe, Et dans les Champs des cieux recommencant fin tour, Saus Aube S? fans Aurore il ouyre un nouveau jour, Avant d'aller plus loin nous dirons un mot de TAtmofphere, cette vafle enveloppe du Globe ft néceffaire a 1'exiftence de tout ce qui vegette ou refpire '& qui semble liée a fafurface par les plantes qui developpent dans ks Airs autant de branchés & de feuilks, qu'elle produifent de racines 8c de chevelus dans le fein de la terre. DE L'ATMOSPHERE, L'Atmofphere teveltre eft caufe de bien des phénomenes: les plus remarquabks font le C 4 cré-  C 40 3 prépufcule du foir, le crépufceile du matin ou Am ore. la couleur azurée du Ciel. &c. Le crépufcule celTe lorsque le foleil eft abailfé de 18 dégrés au deftous de 1'horifon &: comme cela n'anïve pas dans nos climats pendant les grands jours de 1'été , le crépuscule y dure pendant la nuit entiere. Cet effet eft parianement rendu dans le Poëme des laifons. La nuit marche i grands pas , fi? de fin chard'Ebenf Jette un voile leger que fait perce fans peine Sou empire eft douteux ; fon règne eft d'un moment : l'Eclat du jour qui nait blanchit le firmament; Des feux du jo ir patfé 1'horifon brille encere. Les vents fi? la fraiclteur n'annoncent plus l'aurore. La chaleur qui s'etend fur un monde en repos A fispendu les feux, les chants fi? les travaux: fout eft morne, brulant, tranquile, fi? la lumkre f it feule en mouvement dans la nature entiere. M. Pluche dans fon fpeélacle de la nature eft peut - être le premier Auteur qui dans un ouvrage a portée des jeunes perfonnes avoir. ippi's, que fans l'atmofpherc le fond dn ciel paral-.  [ 4t ] raitrait d'une couleur bleue foncée & presque none. Cette obfervation a été répétée dans plufieurs ouvrages élémentaires notamment dans dans la Cosmographie de M. Mentelle, ,, Confidéré en petites raaffes 1'air eft invi,, fible , il eft trop rare pour que les rayons de )5lumière qu'il nous réfléchit puiffent affeéter ,, fenfiblement nos yeux. Mais conlidéré eni ,, grande maffe & comme formant notre at,,mofphere, il devient vifible. La multitu,,dede rayons que chaque point de cette }, maffe nous renvoie, produit alors une im,- preffton ferifible fur 1'organe de la vue & ,,nous 1'appercevons avec une couleur bleue, ,, paree quelle nous refleclut les rayons bleus ,»erj plus gunde quantitéqueles autres Teljsle eft la caufe de cette couleur azurée ou ,,de ce bleu cclefte qui dans un temps fereki ,,parait nous environner de toutes parts, & ,,que le vulgaire croit appartenira une voute ,, a laquelle les Etoiles font attachées. Cet,, te voute apparente n'eft autre chofe que ,, 1'atmofphère de la terre. Et fi cette plasSnete en étoit dépouillée, llntervalle qui feC 5 „pa-  [ 4* ] ',, pare les Etoiles, nous paroitrait d'une ob„fcurité profonde". Nous croyons fervir Ie plus grand nombre des Lecïeurs auxquêls font deftinés ces esfais, en fortrfiant le raifonnement par un exemple tiré d'un Voyageur aufn exact 0,11e grand écrivain , nous parions de 1'elegant tra'duéteur des Lettres de M. Coox fur la Suiffe , Mr. Ramond; c'eft lui qui va nous racomer ce qu'il a obfer\é. Monté comme il était fur ï'un des fommets des hautcs Alpes, il fe rrouvait au deil'is des couchés les plus denfes de 1' tmofphère. „ Du h^'* de rotre rocher ( vöifin du Dits, tlisberg) nous avionsune de ces vues dont ,,on ne jouit que dans les Alpes les plus élê„ vees; devant nous fuyoit une longue & pro„fonde vallée , couverte dans toutes fes parades d'une neige dont la blancheur étoit fans „t'ache. Ca & la percoient quelques roches ,,de granit qui fembloient autant d'isles jct,, técsfur la face d'un Ocean'les fommets épou- vantables qui bordoient cette vallée couverts coinmeel c de aeigë & de jJacktes, reffé- chis -  L 43 ] „ cbisfolerst les rayons du foleii fous toutes ^, les nuances qui font entre le blanc & 1'aiur; ces fommets defcendoientpar dégrés en s'éloignant de noas, & formoient une longue fuite d'echelons dont les derniers étoient de la couleur du Ciel dans lequel ils fe perdoient. ,, Rien de plus majeftueux que le Ciel vu de ,,ces hauteurs: pendant la nuit, les Etoiles font des étincelles brif.antes dont la lumie4, re plus pare n'eprouve pas ce tremblemenr. ,, qui les diftingentordinairement des planetes. .,, La Lune notre fteur & notre compagne dans .,les tourbiiïons celestes , paroit plus prés de ,,de nous quoique fon Diametre foit extre- mement diminué, elleTepofe les yeux qui s'égarentdansl'immenfué : on voit que c'eft .,, un globe qui voyage dans le voifinage de no;,tre planete. Le Solül aufjt offre un Sp ilacls nouveau; petit & presque iepourvu de rayons , il ,, brille ce[>ir.dint d'un éclat incroyable cjy fa lu~ ,, mïere efi d'une biancheur ebioniffante. O» eft konr.é de vtir fon difme nttternent tranche o* .,, centrastant avec l'obfcuriti profonded'un ciel dont  C 44 1 le bh'i fonté fembk fuir loin deriere eet Jftrt, ,, cjr ionnt une idh impofante ds l'imtnenjiti dditt ,, laquells mus errons. 1'Atmofphere qui produit des efFets d'optique fi variés , fi dignes de notre admiration , a fes courans comine ks mers qui rempliffent ks parties ks plus creufes de la furface de notre Globe , ces courants qui en agitent ks difièrentes couches, acquierent dans certains temps, fous les tropiques furtout, une activité prodigieufe. l'A&ion terrible des ouragans bouk veife les mers, raze ks édifices les plus foKdes & détrüit fóuvent ks végétaux qui ftmblent les plus faits pour réiiiler a fon étonnante activité , mais faitöns par'.er ks Poëtes & les voyageurs. M. de St. Lambert va joindre a la description d'un ouragan tel qu'on ks cprouve fous la Zone torridj, celle d'autres phénomenes aufiï furprenants :ceux des tromhes 8t des tiphons. C'ejl la(a) qu'en s'eleyant de fes gofresproJonds(f). S'e-, ' («) Entre les Tropiques. (*0 Des gouffresprotonds ues mers,  [45 J S'etetident jusqu'aux deux lestrombes,lesTiphans} Ces fleuves fufpendus, ces Colonnes liquides, Er. ejfleurant les Mers fuiyent les yents rapides. ■ Hans ces tnlmcs climats, aux bords de 1'Ocean, Jlepofe fur les monls le terrible ojragan ; II s'ebranle mugit, lance des clariês fombres , Et part environné du tumulte £f des ombresLes foudres ridoublis ouyrent les flots errants ; II tourne autour du Globe ë? roule des torrents: Les cités, les foréts qu'il irife d fon pijfage, Couvrent de leurs débris la zone qu'il ravage; 11 foulcye les monts, boulsycrfe les mers, Et le fable entaffé dans ces affreux defirts. Un Obfervareur dont les relations peuvent fervir de modeles va nous fournir deux delcriptions d'ouragans, :dont il a été térnoin, i'jn efl'uié a 1'Isle de France & 1'autre a 1'lsle de Bourbon. Suivons 1'ordre du journal de eet eflimable voyageur. DES*  [46] D E S C K. I P T I O N DE CO L' RA GA O B S E R V K* *A L'I S L E DE F R A N C E. le 23 Décembre 176". 'j, T_vage, ils tiraient envain du canon; on ne i, pouvait leur envoyer du feconrs; par ces $, nouvelles fecouffes, les édifices furent ébranj,lés en fens contraire. & presque avec au,,tant de violence; ils pafferent a l'eft.en,,fuite au fuJ. Ils firent ainfi le tour de s, 1'horifon dans les vingt-quatre heures, j,fuivant 1'ordinaire, après quoi tout ie cali»ma." „Beaucoup d'arbres furent renverfés, des jj po'nts furent emportés, il ne refta pas une jjjfeuille dans les jardins ; 1'heibe même, ,,le chien dent fi dur paraiffait en quelques I j,lieux rafé au niveau de la terre. " „Pendant la tempête un bon citoyen ap„pellé Leroux envoya partout fes noirs, & jjouvriers, offrir gratuitement leurs fcrvices. L, Cet homme étoit menuifier; il ne faut sjpas oublier les bonnes aclions fur-tout I jj ici. " ] On avait annoncé le 23 une Eclipfe de L)Lune a cinq heures quatre minutes du Ljfoir; mais le mauvais temps empêcha les jj obfervations."- d „YOa*  [ 50 ] L'Ouragan arrivé tous les ans affez régu,,lierement au mois de Decembre; quelques „fois en mars. Comme les vents-fontle tour de l'horifon , il n'y a point de fouter„■rain ou la pluïe ne penètre , il détruit un grand nombre de rats, de fauterelles & 55 de fourmis & on eft quelque temps fans *» en voir- U tient lieu d'hyver; mais fes ra„vagesfont plus terribles. On fe reiTouvien„ dra longtemps de celui de 1760, on vit „ un contrevent enlevé en 1'air & darde com„me une fléche dans une couverture. Les „ mats inférieurs d'un vaiffeau de 64 canons„furent tors & rompus; il n'y a point ,,-d'a bre d'Eutope qui put réfifter a de fi „ violens tourbillons , nous avons vu com„ment la nature avait défendu les forêtsde ,j ce pays (a)." Une O) Les "bres ont des touffes trés p'eu confidérables, & i! font failis & foutenus par des Mannes, forte de plantos dont il y a un grand nombre de variétés; elles s'attachent aux arbres dont les troncsrefiemblent 4- des mats ganiis decor-  T 513 Üne description comme celle cue rioüs venons de rapporter, nonfeulement fait connaitre les ravages que peuvent occalionner les ouragans, mais encore les pais qu'ils défolent. Combien eft terrible 1'impétuöiité de ces grands courants d'air qui agittcnt 1'Atmofphère 8c les vaftes mers ! Les lempêtes qu'ils occ^fïonnent font auffi dangereufes pour les navigateurs que pour les habitans des pais expofés a leurs fureurs. Le même Auteur qui vient de fious four^ nir la defcription d'un ouragan a 1'isle de Franceva enrichir notre ouvrage d'une obfervation du même genre faite a 1'isle de Bourbon , non feulement le théatre n'etait plus le même, mais une flotte entiere partageait les dangers de la Colonie. Le premier décembre(i77o) le vents'ap;,paifa; mais il s'éleva de la pleine mer une 5,laine monftrueufe qui bril ait fur le rivage 5> avec cordages. On fait des cordes de Técorce dtfl Liar.nes plus fortes que celle de chanvre. D 2  ■„•avec tant de violence que la feritinelte <ïiï „• pont fut obligée de quitter fon pofte." ,, Le haut des montagnes fe couvrait de nuages épais qui n'avaient pas de cours. Le „ vent foumoit encore un peu de la partie da fud-eft; mais la mer venait de 1'oueft. On „voyait trois groffes larrres fe fuccéder con„ tinuellement , on les diftingnait le long „de 1* cète comme trois longues collines: -,-il fe■detachait de leut partie fupérieure des „jets d'eau qui formoierit une espece de „ criniere. Elles s'élaneaient fur le rivage „en formant une voute qui fe roulant fur. „elle même, s'elevait en écume a plus de ,-, cinquante pieds d'élévation." „ On respirait apeine, l'air était lourd, „le ciel obfcur, des nuées de corbigeaux 8c „ de pailleneurs venaient du large Sc fe refu„gioient fur la cöte. Les Oifeaux de terre „ & les animaux paraiffaient inquiets. Les „hommes mêmes fentaient une frayeur fe„ crette a la vue d'une tempête affreufe aumilieu du calme." ,, Le 2 au matin le vent tomba tout i „fait & la mer augmenta; leslamesétaient >7 plu*  • r 531 '9.i plus nombreufes & vcnaient de plus lom. ï-, Le rivage battu des flots etait couvert „ d'une moufle blanche comme la neige qui ,, s' y entaffait comme des Ballots de coton ;,les vaiffeaux en rade fatiguaient beaucoup „ fur leurs cables." ,, On ne douta plus que ce ne fut 1'oura,.'gan ; on tira bien avant fur la terre les pi„ rogues qui étaient fur le gallet; 8c chacun „fehata de foutenir fa maifon avec des coi* „des Öc des folives. " ,,11 y avoit au mouillage , ITndien , Le „Penthievre, 1'Amitié ; 1'Alliance , le Grand „ Bourbon , le Gerion , une gaulette 8c un petie bateau. La cóte étoit bordée de „monde qu'attiroit le fpetfacle de la mer „ 8c le danger des vaiffeaux." ■ „Sur le midi le ciel fe chargea prodigicu„ fement 8c le vent commensa a fraichir du „fud-eft. On craignit alors qu'il ne tournat a ..,ïoueft 8c qu'il ne jettat- les vaiffeaux fur ,,la cöte. Ou leur donna,de la batterie , le „fignal du depart en hiffant le Pavillon, 8c „tirant deux coups de canon a boulet;aus„ fi - tot ils couperent leurs cables 8c appareilD3 ..le-  [ 54 ] „lerent. Le Penthievre abnndonna fa cha„loupe, qu'il ne put rembavquer. 1'Indien ,,mouillé plus au large , fit vent arriere fous „ fes quatre voiles majcures. Les autres s'é„ loignerent fucceffivement ; des noirs qui étoient dans une chaloupe fe réfugierent a,, bord de 1'Amitié ; le petit bateau & la gau„lette fe trouvaient déja dans les lames, pu „ils difparailfaient de temps en temps; ils ,,femblaient craindre de fe mettre au large; „enfin ils appareillerent les derniers, atti„ rant a eux 1'inquietude 6c les vcenx de tous ,, les fpeetareurs. Au bout de deux heures, toute cette flotte disparut dans le nord3,oueft au milieu d'un horifon noir." ,, A trois heures après midi, 1'Ouragan fe ,,déclara avec un bruit effroyable; tous les ,,vents foufflerent fucceffivement. La mer ,,battue, agitée dans tous les fens , jettait „fur la terre des nuages d'écumes, de fa,,bles, de coquillages & de pierres; des cha„loupes qui étaient en radoub a cinquante „pas du rivage furent enfévelies fous le gal-,let, le vent emporta un peu de la couver» ,,ture de 1'Eglife 6c ia colonadc duGouver- „ne-  [ 55] i, nement. L'Ouragan dura toute la nuit & 9>ne ceffa que le trois au matin." 5) Le ó les deux premiers navires qui re* >,vinrent au mouillage furent le petit bar,,teau & la gaulettc; ils apportaient une „lettre du Penthievre qui avait perdu fon „grand mat de perroquet : pour eux ils >>n'avaient éprouvé aucun accident; en tout 35 les petites destinées font les plus heu„ reufes." 55 Le 8 le Geridn parut. II avait relaché ,,a 1'isle de France; il nous apprit que la „tempête y avait fait périr a 1'ancre la „ flutte du Roi, la Garonne." 55 Enfin jusqu'au dix-neuf on eut fucces5.5 fivement nouvelle de tous les vaiffeaux, ,,a 1'exception de 1'Amitié & de 1'Indien; 55 la force & la grandeur de.l'Indien s'em„ blaient le mettre a 1'abri de tous les évé>5 nemens, & nous ne doutames pas qu'il , 5 n'eut continué fa route pour faire fes vi55vres au cap de Bonne Efpèrance, & dela 5 5 aller en France. Je fcavais d'ailleurs que »5 c'était le projet du Capitaine." Nous nc terminerons pas ce que nous aD 4 vons  [5°! «ons a dire de 1'Atmofphère , fans parler d'une décou^erte récente, qui fourait aux hommes les moyens de la parcourir 5c de la traverfer dans toutes fes directions. Jusqu'a préfent de tous les fluides 1'Eau feule pouvait fupporter des batimens, 6c fi les courants de l'air leur donnaient les moyens de parcourir les mers, ce n'était qu'en leur communiquant le mouvement; ils étaient fuspendus fur un fluide huk cent fois plus denfe que les couches baffes(a) de 1'Atmofphère. Depuis ïhe-ireufe dfomvertt de ïvfesfieurs de Montgolfier, il eft clair que les couches même les plus élevées peuvent fup. porter des corps fusceptibles (toutes les fois qu'ils (c) C'eft bien a deflfein que nous difons lef Couches bafes, on fait que plus on s'éleve, moins les couches de 1'Atmofphère font pefantes ; 4 quinze ou feize cent toifes au deffus du niveau des mers ces Couches font des deux tiers moins denfes. Ils faudroit trois pieds cubes de eet air pour équivaloir 4 un pied cube d'air pur dans ï!os plaines,.  C 57 3 qu'ils feront conftruits avec imelligenee) de flotter & de fe foutenir a une grande elévation au deflus du niveau des mers. Cette découverte fe fit dans un temps oü 1'on combattait fortement 1'opinion de ceux qui croyaient a la poffibiiité de trouver les moyens de franchir les efpaces de 1'air. On couvrait de ridicules, on accablait de farcasmes , 1'homme digne d erre encouragé , qui cherchait a applanir les difficultés fans nombre que préfentaient les recherches néceflaires a cttte tentative. Les expériences multipliées, faites d'après Mr. de Montgolfier ont «.du fermer la bouche a ces efprits étroits qui mefurent d'après la capacité de leurconception, la carrière des fciences & des arts; cnvain dirait on - que la machine de Mr. de Mongolfier n'eft nullement fcmblable a celles propofées j'usqu'a ce jour: nous réponr drons que fi un heureux hazard a pu fournir ce moyen : des efforts foutenus, des recherches fuivies en peuvent fournir de tous différens. II refterait, ( & 1'on fera peut - être longtemps a trouver ce moyen) de chercher ia fe conduire vers un endroit quelconque,' P 5 i»«  [58 ] indépendamment de la direélion des vents, Mais 1'on manquera de point d'appui dans un fluide fenfiblement. homogene ? Peut être trouverait-on en s'élevant a une grande élévation des courants d'air , ayant des directions toutes différentes, Sc pourait t'on choifir rapidement celles qui conviendraient pour faire route oü 1'on voudrait fe diriger. Si les voyageurs craignaient de trop s'elever, un, ou plufieurs globes abandonnés pourraient être lancés. auderfus de celui qu'il s'agirait de mouvoir. On concoit que pour meitre en panne, des Globes fixés dans des cou? rants d'air de direcTions oppofées arrêteraient la machine principale. Mais laiffons a des favans les fpéculations qui nous ont occupées un inftant, & portons nos regards fur 1' Océan. DES MERS. Les Couches baffes de rA'mofphère tenant une grande quanrité d'eaux réduites en vapeurs,on pourrait les regarder comme une vafte mer dilatée, foumife vraifemblablement aux  [ 59 J aux mémes ofcülations que celles qu'éproüvent les eaux de 1'océan lors du paflage da Ja Lune («) au méridien Sec. L'Atmofphère, eft le grand rcfervoir des fleuves, des fonraines, c'eft celui .des mers auxquelles il rend ce que 1'évaporation leur enleve. ■Mais eet Océan extérieur n'eft vifible que pour des yemc exercés. Conteinplons le véritable Occan celui qui occupe les plus profondes cavités du Globe. II couvre la plus grande partie de fa furface, il pénétre dans les continents par des 'mers intérieures & des golfes plus ou moins conftdérables. L'un des plus grands phénomènes qu'il préfente, celui qui eft le plus général, eft celui du flux &' reflux. On ne peut douter que 1'attraflion de la Lune ne foit la caufe de ce balancement rcglé des mers, celle du foleil y entre pour quelque chofe, 6c Ion a obfervé que lorsque 1'aéiion de eet altie (a) Voyez plus bas 1'explication du flux & reflux.  C 60 ] aftre concourt avec celle de la Lune, les Tnarées font plus fortes de toute la quanti'é dont 1'attrnction du foleil les augmente , & cétte quantité eft d'environ trois ou quatre pieds (a) l;ne obfcrvation fepréfente: Si 1'effet de la Lune eft 11 confidérable fur l'ocean tereftre, quelle doit être FacTion de la terre fur 1'océan lunaire ? Si les fluïdes font dans ce fatellite apeu pres de même nature, apeu piés foumis aux, mêmes loix que celles qui exiftent fur la terre que nous habitons, la terre tft environ foixante dix fois plus grosfe que la Lune , les marées lunaires doivent donc être foixante dix fois plus confidérables que celles de notre Globe; elles font d'un d'un pied dans les mers les plus libres, elles doivent donc être de foixante dix dans notre fatellite aux endroits fcmblables a ceux de (a~) De plus amples explieations nous paroisfent inutiles, elles ne font pas concues, fouvent pas meme lues par le plus grand nombre des lec, tours. Nous parions de ceux qui commcncent l'itude de la Geographie.  ■ ée notre planete, oü le refferrement des eótej i augmente les effets de 1'attraction , & portent i! les marées a vingt ou même vingt-cinq pieds, • elles doivent être de feize i dix fept centI pieds, fi toutes fois la pefanteur de la Terre Sc i de la Lune font égales fous un même volume, (a) Un Académicien rend nulles nos I fuppofitions. Venant a 1'a-ppui de la brillante I hypotéfe de M. de Buffon , M. Bailli dans fes I Lettres ingénieufes fur lAtlantide , démontre I que depuis longtemps Ia nature animée telle j que nous la concevons, eft anéantie par un I froid mortel, qui fait de cetre planete un I Globe oü la gelde a donné aux fluides la du-, il: ■ mé du marbre, fans que la terrible efferverI cence des mers qui la circonferivent ait I pü retarder de beaucoup la formation de eet :]: énorme amas de glaciers. Mais dans un ouvrage tel que Ie nótre," ou >} nous ne nous permettons qu'a peine d'érleurer les (a~) La denfité des deux planetes eft différent te; mais en entrant dans ces détails, nous auriona ïendu notre obfervation moins (intelligible.  les objets fcientifiques & férieux: c'eft trop longremps parler fur le même ton; introduifons encore nos Poctes, & fubftituons pour un moment leurs tableaux enchanteurs a nos refiexions. La Lune que M. Baüli nous dépeint comme un monde enféveli fous la glacé, a peu prés comme le font certaines val- - j léés des Alpes: M. Le Miere nous la fait 1 obferver fous des traits plus agréables & telle quelle nous paroit; fouvent le grand éloignement cache bien des difformités 5 & lts Poëtes comme les Peintres ne ptignent ordinairement que des apparences. VOICI LES TABLEAUX DTJPOETE. Mais de Diane au ciel TAfire vietit de paraftre, * I Qii'il luit paifiblemint fur ce fejoir champétrc ! Eloigne tes pavots, Morphie, £f laife mei Contempler ce bel ajlre aufi celme que toi, , • Cette voute des deux milancolique £P pure, Ce oemi jour fi doux levé fur la nature, Les fplüres qui roulant dans Vespace des deux, T f Sémblent y rallcnlir leurs court fikncieux, D : disque de Phebé la lumiere argsnlée En rayons trembhttans fous ces eaux répélü, ï  [ «3 3 'i du qui jet te en ce lois £ travers les wmeattx, Une clarti douieufc & des jours inégaux, I Des dijfcrens oljets la couleur afaiblie, Tout repofe la vut £? tante receuillie. J Reine des nuils, T amant deyant tot vitnt rfVer, I Le fage refléchir, le fcvant obferver, H tarde au voyageur dans une nuit cbfcure, | Qj JNfil* reccvoir le tribut des fleuves dc la cóte E 5 S?p-  [ 74 ] Muis qmttons encore les fpéculaüons t xp jrfjftraitesi cherchons dam les Poëtes des Tablcaux qui pmflent completter la connoillance que nous déiirons prccurer du fupeibe fpeétacle des meis. Celui que nous allons préi'enter, fviit fous un autre afpect que celui tiré des Falies, préfentant un autre point de vue, fait connoitre les produclions fans nombre que ncuï devons aux eaux qui couvrent plus des deux tiers du Globe. Les flots font impregnét de nllres corrofifs , De ftict bitumineux ; fi? ces agetits aiïifs, Par leur vertu diftinSe appropriie i tonele, Sont de muyeaux bicnfails , une fource féconde. Le fel altenué, devenu volatil, Lr.irc dans les yapeurs fi? tcujo<:rs plus fubtil, /tree elles s'élcvc fi? re. pilt l'/Itmofphère. ïncorporé pour lors i la yapeur légere, Lok Scptentrionale de 1'Afrique & de ceux de 1'Afie Djineure, de is Grcce, dc 1'ltalie&del'Efpagnej Les isles qui fonr éparfes entre PAmérique & }"Afr:que s'agrandiraient; & peut être les Ar* Chi-  [ 75 ] Lors quelle fe refoud en rutgeaux bienfjiTans, Comme e'.le, il yivifie £? féconde les champs: Avec clle il concourt par fes pointes p'quantes, A faire yegeter les arbres & les plantes. flus grojfter, de quel bien ce fel eft l inftrument! A la chaleur folaire, au fluïde élement 11 oppofe fon poids, quand fur tonde tranquills, Ils exercent tous deux leur atïion utile. A leur foree attraSive il permet cTélevcr Ce qu'il faut feulement pour pouroir abreuver Les verdoyans céteaux, les fertiles campagnes. Saus un frein fi puijfant, de liquides montagnes, Torrens par le foleil atilrês dans les airs, fondraieni de toutes parts & noyeraient Vunlyers: (a) • Dans chipels du Cap verd & des Canaries ne formeraicnt-ils chacun qu'une feulc isle. (a) II y aun peu d'éxageration poé'tique dans la maniere dont eft préfentée la crainte de ce danger; une colonne d'air d'un pied carré, & s'elcvant depuis le fo.1 des plaincs jusqu'aux dernicres couches de 1'Atmofphèrc, tient en va, peur trois pieds eubes d'eau. Tout ce que h chaleur du foleil & 1'aétion des vents pourraien| £lever deplus fe refoudrait en pluie, qui gros- fe-  [ 76 ] Deus fes preprietés lou/'ours plus aimirabli, Jl ejl pour ïhommc même un agent fecovrabk. Saus lui nos aïïmens font vuides de faveur. II icarte loin d eux teut ge; me corrupleur. Des principes vitaux le plus actif peut être, Aux efprits qu'il anime il fenible donner l'étre. Atome volatil qui, par d'iutimes nceuds, Avec les élement forme un tout mervcillcux. Avec quelle fierté vous voye's, mers profondei, Cent fleuves vousporter le tribui de leurs ondes ; Et malgré leur orgeuil, en ignobles ruifeaux, Se perdre obfeurément dans le fein de vos eaux De cet hommage vain cejfés d'ttre fi ficres, Vous n'êtcs de leurs flits que les d.pofitaircs. Les fleuves a jamais doivent couler pour nous, Leur fource inlarifabte, ils la tiennent de vous. Sans ccffe s'clevant des plaines tzurées , D'innombrables vapeurs dans les airs attirees, Se fjlTant les fleuves, les terrens, ou tombant immé'diatement fur les mers, leur reftitueraient ce quclles auraient perdu; f*ns qu'il y ait d'autre fubmciffion que celle de quelques vallées basfes , de berges de rivieres &c., ordinairement couyertes d'caux quand elles coulent a pleins* borda  r 77 ] Se réfelvent en pluie(a), & font naitrc le court De ces fleuves feconds en if utiles fecours. Par quels refforts cette eau que la vapeur reccle Malgré le poids des fels incorptrés en elie, Peut elle s'élever aux régions de fair Et comment la foutient ce fluide léger ? La chaleur du foleil, agijfante £? feconde, Dilate fortement Vair comprimé dans tonde. LU bords, comme il arrivé dans la faifon plu. vieufe. (a) Se refolvent en pluie: 1'origine des fleuves n'eft plus un probleme. II eft aujourdhui presque démontré qu'ils naiffent des pluïes abondantes qui tombent fur les tnontagnes dans le cceur dosquelles font leurs fourccs (INote de 1'Auteur des nierveilles de la nature) cc ne font pas feuleinent les pluïes qui font 1'aliment des fleuves. Ils font encore augiue».tés & entretenus par les frimats, qui reparent au deifus des glaciers la déperdition qu'ils font Continuellement a leurs bafes, par 1'aclion de la chaleur du globe: on peut confulter a ce fujet, un favant écrit de Monfieur du Carla: Du feu fouterrain. Park, l/3j.  I 72 j Lihre tthts, il agit; fon eldfiicitê Dontie a la bulk d"eau plus de léglretê; 1 Vun SI autre attiris par la chaleur folaire^ lis s'élancent enfcmble au haut de l'Jtmofp.'iere. 'La, rencontranl un air d'un poids égal au leur, lis font en équilibre 6? forment la vapeur. Grand Dieu, tels font les bleus que ta magnifieenc. * Par ïorgane des mers h la terre difpenfe, Innombrables bienfaits, qal toujours renaijfam, ! Doivent te eonfacrcr nos ccsurs, £? notre encens. Mais pour mieux figniler la Jagefl'e profonde, Tu roulus , Dien puifjnt, que dans lefeiri dei'oact, Dis êtres animés a ta fccbnde */oix Vtcufetti afcrvts a tTimmitaUet loix, Que chaque efpèce propre cnfaiitatit fon femblabh, Fut de produciions un germe incpuifable. Innombrables enfans de cetle voix fccom'e, Qjii fetna dhabitans les airs, la terre & Condt Ft qui ks bemfant leur dit: multip.'iés. Tes ordres ne fint point envain fignifiés, Grani Dieu.' Les citoyens de la liquide plaine, Fideles h rewpllr cette loi fouveramt, Et plus féconds q-e ceux de la terre & des airs Peuplent li ïhifini les abimes des mers; Dl  179 3 De hars gemes êclos le delugi efroyclle £jl de germes noj.veaux la fource inépuifable; Même fécondité dans Tinnombrable ejj'aim Des reptiles que Tonde cnferme dans fon fein; Dont & nos faibles yeux, la petiteff'e extréme Dêrobe la figure S Texiflence même : Etres organifés, conformés avec art, D'atémes an'imês formant un monde a part, Plus merveilleux encore, peut -être plus immenjZ Ojie celui des poifons dont on voit Vexifience. Dans lts vers qu'on vient cTe lire, 1'Auteur s'attache principalement a. faire connaïtre tous les biens dont les mers fontibrigine, & les êtres fans nombre qui vivent & multip'.ient dans leurs eaux. II eft fingulierement remarquabïe de voir 1'Océan ii fertile tant en fubftances qui peuvent fervir d'alimens, coquillages ou poiifons, qu'enanimalcules de toutes efpéces qui forment les innombrables Coraux Litophites & Madrepores , qui tapiiTent le fond fur lequel fe balancent fes flo ts. Les caufes de ce*.te abondance d'anïmaux font fupérieurement de.'eloppécs par M. de Bui-  L so ] ËufFon dans fa feconde vue de la nattiri. l'.coutons le Pline Francais. ,, Les niolécnles vivantes repandues dans ;,tous les corps organifcs font relatives, & pour 1'aétion tk pour le nombre, aux molé,,cules de la lumiére qiü frappent toute ma,,'tière & la pénétrent de leur chaleur, par,,tout oü les rayons du foleil peuvent é,,chauffer la terre, fa furface fe vivifie, fe ,, couvfe de verdure Sc fe peuple d'animrmx : „la glacé même dès qu'elle fe réfoud en eau ,,femblc fe féconder; cet élément eft plus ,, fertüe que celui de la terre, il recoit avec ,,la chaleur le mouvement & la vie : la mer produit a chaqae faifon plus d'animaux que ,,la ter e n'en nourrit, elle produit moins. ,,de plantes;& tous les animayrx qui na,,gent a la furface des eaux, ou qui en ,,habitentlesprofondeurs, n'ayant pas, com,,me ceux de la terre, un fond de fubfiftan,,ce allüré fur les fubftances végétales, font ,,forcés (a) de vivre ks uns fur ks autres, et («) Dans bcaucoup de contrées , la mifere force le plus grand nombre des gens du peuple  [ Sr ] S,et c'efta cette combinaifon que tierir. letlf ,,immenfe rriultiplication , du plütot leUr pullulation fans nombre." Terminons ce que nous avons a dire fur les mers; lorsqUe nous noüs occuperons du fpectdcle général que préfentent les continens nous dirons quelque chofe des Lacs qu'ils tenfer rent. Quelques - uns portent le nom de mers; nous k ie nourrir de fubftances végétales. Si Une | plus grande multiplication des Beftiaux, qu tient I a la perfcction de la culture & a la fuppreffioii ; des jachercs, permettait a toutes les claffes des v gens de travail & de pcine, de fubftituer a une • partie des végétaux qui font leurs uniques ali- I mens i des viand2s d'animaux jeuncs & bien ij nourris &c. la population augmenterait confi- I dcrablemcnt, & par cette caufe,& par ceque lei I individus feraient en état de faire fans s'exté. ï nuer, plus d'ouvrages & de meilleurs travauXi i Nous tirons cette remarque d'uu manufcrit oü s cette afk-rtion parait fans replique. F  [ S2 ] mus préfumons que ceux - ci portent ce nofn ei raifoti de h ralure de leuis eaux, du niveau de leur furface , fembhble a celui de 1'Océan, Sc peut-être par ce qu'ils recoivenr. comme tut des fleuves dont les eaux n'ert fortent uniquehient que par 1'évaporation. Les Lacs qui ne portent point le nom de mers, ont des caraclères tout dirférens ; élevés fouvent de plufieurs centaines de toifes audelfus de la furface des mers; ils font templis d'eaux douces, claires Sc lunpides: des fleuv. s y tombent Sc en refi'ortent fouvent. plus confidérables: ainfi font les Lacs de Conöance 8c de Genève (b) traverfés, 1'un par le Rhin, 1'autre par le Rhoiïe; les Lacs de (fi) Le Lac de Genève eft élevé au deffus de kt Méditenmnée de 187 toifes § ou de 1126 pieds de France. Nous ne connaiffona pas par des ©bfervation* exact.cs 1'élévation au deffus de l'Oeéan du Lac de Conftance; mais on en peut juger par celle du Lac de Neufchatel dont les eaux tombent dans le Rhin par 1'Aar qui va joindre 1» Reus, la Limat & tomber enfemble dans la Wrirt,.  [ 83 ] de 1'Arfiéricüe firptehtriona'e ; quclqucè - uns péTAfie, enne lesqcils on diftingue le Baycal. On pe.it croire que le dernier eitc'ëH de quatre ou cinq cent toifes au deffus de 1'Océan auftral,fi 1'on fuppofe a 1'Angara & au Jeni'ea ï peu prés la même pente qu'au Rhone depuis fa fortie du LaC de Genève. Ces dilférences énormes entre les niveaus des Lacs dout nous venons de donner 1'élévatiori au deffus des mers, & celui de ïa Caspienne, nous femblent marquer ce qui doit diftinguer ks Lacs, des fters ifokes((j): celles - ci font a 1'embouchure des fleu- Rhin. Ce Lac eft élevé de |i toifes plus qiïe 'celui de Genève. Le Lac de Joux fitué dan^ Jes vallécs du Jura a 317 toifes^ au deffus du Lac de Genève, & 454 toifes § au deffus de la Méditerannée. O) Nous hazardons co mot qui dirférencie, & ce qu'il nous ferriblc, les grands amas d'eaux faléés qu'on appelle improprement Lacs, corriiöe la Mer Morte, la Cafpiènne, &c, des mers' In'térienres, qui communiguent avec d'autres pat F 2 tót  [ s4 ,1 fleuves, & les lacs font a leur origine, foirvent fur des fommets élevés; leur defciiption ,ainfi que celle des fleuves, des glaciers qui les nourriflent, des fommets qui arrctent les vapeurs flotantes dans 1'Atmofphère , pour ks verfer en pluïes abondantes dans ks torrens qui groiïiffent les fleuves, nous parait devoir ctre jointe a celle des continens, des isks grandes ott petires, qui renferment les élémens de la grande & vafte machine Hi-' draulique qui remue les eaux de 1'Océan, de t 1'Atmofphère, & établit une cominuelle re- i lation entre ces deux grandes enveloppes de' i fluitlesj qui circonscrivent notre Globe. un ou plufieurs détroits, comme la Baltiquey laf- ij Mer Rouge, la Mtditerannée &c. AD-  AD D 1 T I O N a ce que nous avons dit des Courans. Nos Articles de V Atmofphère & de 1'Océan étaient faits , lorsque nous avons trouyé dans les Supplémensa 1'Hiftoire naturelle,' une note fournie a M.de Buffon par M. DesJandes ; (Cet habile navigateur avait o'oferv.é cj> tfrouvé a la cóte du Congo, fur un fond de huit brajj'es, des courans qui ava'tent des diretlions oppofées.) Le parti que M. Deslandes a feu Kier de fon obfervation montre la poffibilité de fe diriger dans les couches de 1'Atmofphère contre la direétion de celle oü les •voyageurs aëriens voudraient fe maintenir, foit qu'ils ne jugent pas a propos de perdre la terre de vue, foit qu'ils défirent fe fouftraire au froid confidérable qu'on éprouve dans ks hautes régions. F 3 Peg-  E 86 ] Peri'ant tkiit mois & demi que M. Des» landes fit de vains efforts pour gagner lq e:öté de Loango oü il avait affaire, il eut occaüon d'obferver que la mer drfcendait fui■yant le gill'ement des cötes , parcourant environ üne lieue ii 1'heure; qu'a de certaipes profondeurs Les courans remon..taient en deffous avec au moins amant ,,de vitcfle qu'ils descendaient en deffus." Voisi comme je me fuis affuré de la „hauteur de ces différens courans; etant ,,mouillé par huit braffes d'eau , la mer ex,,trêmement claire , j'ai attaché un plomb. 3,de trente livres au bout d'une ligne; a environ deux braffes de ce plomb, j'ai mis une ferviette liée a la ligne par un de fes a, coins, laiffant tomber le plomb dans 1'eau ; • ,,auffitot que la ferviette y entrait, elle pre5,noit la direétion du premier courant: con,,tinuant a 1'obferver jc ia faifais descen,,dre, d'abord j'e m'appcrcevais que le cou- rant n'agilfoit plus, ( mais mer, entre les eourans de 1'Atmorplière des cou ■ cbes inertes ou fans agitation déterminée, comme il s'en trouve entre les courans de 1'Océan ; x'eft Ja que pourraient placer leurs embnrcations les navigateurs aêriens; pour de la cherchcr les courants qui devraient les conduire oii jls déüreraient aller. F4  [ 88 ] t,tmais biena pen prés un mois en differents temps; dans les interruptions, la marée ,,defcendait en total dans le Golfe de Gui,,néc." . , Cette divifion des courans me fit naitre ,,1'idée d'une machine qui pouvant couler ,,jusqu'au courant inférieur, 8c préfentant ,,'une grande furface, aurait entrainé mort ,,navire contre les courans fupcrieurs; j'en ,,fis 1'épreuve en petit fur un canot, & je ,,parvins a faire équilibre entre 1'effet de 5, ia marée fupérieure joint a 1'effet du vent fur le canot, & 1'effet de la marée infé,,rieure fur la machine ,, Au refte j'ai tiré parti plufieurs fois de „ ces courans inférieurs, 8c moyennant une ,, machine que j'ai coulée adifférentes pu ^on,, deurs, felon la hauteur du fond oil j me ,, trouvais, j'ai remonté contre le co' f ,, fupérieur: j'ai éprouvé que dans un ter ,, calme avec une furface trois fois p, s, grande que la proue noyée du vaiffeau, „ on peut faire d'un tiers a une demie „ lieue par heure. Je me fuis ahuré ce ce- „1*  C 89 3 ,, la plufieurs fois tant par ma hauteur cn », latitude que par des bateaux que je ,, mouillais, dont je me trouvaisfort éloigné dans une heure , & enfin par la diftance ,, des pointes le long de la terre.'j F S BE-  D ESCRIPTION générale des parties non fubmergées du Globe. INTRODÜCTION. "Les Geoginrhes depuis longtemps divifenc ks terrains habitabks enquatie parties, 1'Europc , 1'Afie, 1'Afrique & 1'Amérique. Cette divifion nous paroit fingulierement inexacte , paree que ks Ledkurs peuvent croire que cette nomenclature leur faif connaitre tout d'abord 1'enfembk des terrains ha7 bitabks. La nouvelle Hollande avec les grandes Ifles qui 1'entourent, tant celles qui ont été regarriées comme une dépendance de l"Af:e (a) que («)LesïsIes Philippines ;ks Moluques, la grande Isle de Borneo., Java, Sumatra &c., prefque toutes, pk?  i 9i ] que la nouvelle Guinée, la nouvelle Zelande, la nouvelle Brétagne, la nouvelle Calédonie; parait mériter par fon étendue, & 1'immenfité des Ifles qui en dépendent.iaprérogative de former une einquieme partie a ajonter aux quatre que 1'on compte depuis longtemps. On pourrait faire encore mille obfervations contre cette divifion : pourquoi les deux Amériqucs paffent-elles pour ne former qu'uïie partie , lorfque 1'Afrique plus intimement jointe a 1'Afie par 1'ifthme de Suez , que les. deux Amériques ne le font par celui de Panama, a toujours été reconnue pour une partie distinéte; & dans tous les temps a eu fa dénomination particuliere ? Pourquoi 1'Europq a -1 - elle joui du même honneur, lorsque rien ne la fépare de 1'Afie que de» montagnes , des fleuves qui lui font communs avec cette grande partie du monde habitable (a ) ? Gardons-nous de répondre a ces pour- plus voifines du Continent de la nouvelle Hollande que de celui de 1'Afie. («) II eft certain que les mersne forment que troi*  [92 ] pourquoi qui ne finiraient pas; fuivons 1'ufar,j apiès avoir jetté un coup d'ceil général fur toutes les terres habitables. trois divifions des terrains non iubmergés : la première renferme 1'Europe , 1'Afie , 1'Afrique, La deuxieme ;es deux Amériques. La troifieme Ja Nouvelle Hollande. VUE  VUE GENERALE. Le niveau dei'Ocëan partage les élévations du Globe Sc dérobe a nos yeux une grande partie des plus affreufes profondeurs. Dans prefque toutes les mers, les fondes n'ont pu atteindre le fol qui les fupporte Sc fur lequel elles fe balancent 8c s'agittent. La den fit é des eaux trompe les efforts de 1'obfervateur 8c s'oppofe invinciblement a 1'acqüifttion des Connaiffances qu'il voudrait fe procurer & fur la nature de ce fol 8c fur fes différents reliefs. L'atmofphère malgré la diverfiié des fluïdes qui )e compofent , fe laisfe pénétrer: nous appercevons la cime des monts; leur fommets neigés fouvent inacceffibles, font méfurés par des méthodes 8c avec des inftrumens a peuprès femblables a ceux qui vont faiftr les aftres apparents des cieux Sc déterminer leurs diarnetres Sc leurs diftances. Sont-ils acces-»  [ 94 3 Êefliblës, Ut Phyfique 8c la Géométrie unifiént kurs fecours, doubknt ks moyens 8c fourEiffcnt au befoin Ie Ba'ometre pour déterminer , avec autant d'exactitude que par les opératiöns Géoinétriques, leur élévation aii deffus du niveau des mers. Dans les hautes régions du Globe, ks fires ks plus affreux 8c tout a la fois ks plus grands 8c ks plus variés fe développent aux yeux des obfervateurs. Ils n'appercoirent la profondeur des valkes qu'a 1'aide de 1'écume des eaux 8c de leurs mugiffements terribks'; a ces bruits fe joignent ceux des avalanches öu chutes d'énormes amas de neiges 8c de glates: des vents différens, dont les couranti délivrés du frottement qu'ils éprouvent fur la furface des terres basfes, brifent avec de luf gubres fifflements, fur des roches nues, ou feulement revétues de fnmats 8c de glacés ausft dures que le granit qui ks compofe. La nature végétak ne fe riiontre que bien au deflous de cette région de mört, oit quelques Chamoisgraviffent par hazard 4 8c au desfus de laquelk l.s grands Aigles feuls s'éktcnt encore' i comme s'ils vouloient prouvef qu'ils  [95 ] qü'ils font lés êtres les plus vivaces de U naV fure, & que par la vigueur des battemens de leurs ailes , ils p>uvcnt triompher du pett d'appui que leur prête 1'stmofphère , & par leur forte conftitution du froid prodigieux qu'on éprouve a cette grande difance du Centre du Globe, Dans tous les groupes des grandes mon- ' f'agnes qu'on rencontre dans nos climats, 1'on voit encore d'érormes glaciers qui rempliüent: les vallées dont le fol eft le plus élevé (a). Ces glaciers fondus infeniiblement par la chaleur du Globe, laiffent échaper des torrens impétueux qui, fe précipitant des fciftlires dé ces amas congelés , fournisfent aux fleuves, dans tous les temps les eaux qu'ils roulent: les nei- O) „On en voit dans ies Alpes dont !a Iongneur eft de plufieurs lieues; celui des buis dans]*' vallée de Chamrriouni a prés de cinq lieues fans at* cune interruption fur une largeur variable; mais . . . .  [ 06 ] rieiges; les differentes vapeurs arrétées pav lei fommets des pies qui dominentles vallées, reparenT aux fommets des glaciers, la dépërdftiofl annuelle qu'ils éprouvent a leurs bafes. Ajoutons ï ces accidens les chutes d'énormes bloes de rochers minés paf les eaux, enrrainés peutctre par les loix de la péfanteur: des montagnes entieres qui s'abiment («) : & nous aurons une efquiffe de la maniere dont fe préfenté la nature dans nos climats. Eïlë eft bien plus terrible, ou fi 1'on veut plus fublime, dans les tégions fituées entre les tro- O) On pourrait croire que nous commettons une exagération en parlant de Montagncs entieres 9ui s'abiment: il exifte une relation circonftanciée d'un événement de cette efpece; une maffe de plus de trois millions de toifes cubes s'abima en Savoié. Ce fait arriva en 175 H ü flIt ob" fervé par ordre du Roi de Sardaigne , par le célébre naturaliste Vitaliano Donati. On peut voir encore dans Tournefort 1'état de dépérifiement dans lequel fe trouve actuellemcnt le mont Ararat. ....  [97] tropiques, tous les hauts fommets font des volcans qui du milieu des glacés lancent destourbillons de fumée, de feux, dè cendres & dé roches fondues. Le fracas de leurs continuelles explofions, fcmble fait pour ëloigner 1'homme de 1'obfervation des merveilles que renferment ces épouvantables excroiffances du Globe. Les feux de 1'Equateur élëvent de quatre cent toifes la ligne de démarcation , que dans nos climats la nature tracé entre la vie 8c la moft.a 15 ou 1600 toifes; mais les plus grandes dimentions des monts ,balan$ant ce bienfait, fourniflent un plus vafte théatre a la dévaflation du froid, aux nëiges, aux glaciers qui doivent, malgré lesardeurs de la torride , fournir de flots nombreux les immenfes canaux du Gange, du Nil, du Niger, du Guayaquil 8c de 1'Amazone. Si de 1'Equateur nous portons nos regards vers les régions polaires , nous ne verrons plus, dans tous les temps, les glacés 8c les neiges fuspendues a aoco toifes au deffus des plaines: elle s'abbaiifent, preffent fur le Globe, couvrent les Mers; fuivant la proximité du pole elles font flottantes 011 ftationnaires; 8c G cet-  I 98 ] cette ligne qui de 1'Equateur vers le quarante fixiemedégré baiffe de 400 toifes, s'incline de plus ên plus, 8c va rencontrer vers le 78emc' dégré la courbe qui circonfcrit notre planete. Dans les latitudes moins élevées, les glacés defcendent feulement jufque prés de la racinedes monts, couvrent de vaftes plaines 8cc. dans cet état, préfentant d'immenfes furfaces a 1'action continuelle de la chaleur interne, elles nouriffent des fleuves nombreux, qui fans parcourir de gands baffins, font coafulérables (a) par le volume de leurs eaux; prefque tóus les groupes de monts dominenr d'immenfes refervoirs ; des lacs, oü les eaux fe réuniffent, après s'être brifées en écumes 8c defcendues en cascades bruyantes des hautes vallées, d'oü les glaciers les vomiffent: elles s'echappent 'en fleuves fuperbes de ces dépots imperceptiblement remplis par les fédimens que ces eaux entrainent. II viendra peut-être wn temps dans la fuite des ages oü Je Rhdne combiera 1'énorme capacité du Lac Voyez un favant écrit de M. du Carlr, intitulé: du Feu foutcrain , Paris 1783,  r 99 3 lac de Gerieve (a) oü le Rhin rernplira dés dépouüles du Tirol les 500 toifes de profondeur qu'on donne au lac de Conflance (b) & le NU, le lac d'Ambea, du fimon qu'il arrache des hiohts de l'Abiffinie, Mais alors les courants de Ces fleuves mordant fur le fond de leurs nouveaux lits, entraineraient de plus grandes quantités de terre & de fables, que celles dont ils obftruent actuellemetit leurs embouchures. Dans les climats chauds & tcmpérés, a mefure qu'en defcendant vers ces lacs oü les eaux ceffent d'être violemment tourmentées par des chutes continuelles, on s'eloigne de la région des glacés; on rencontre des animaux eh général plus nerveux que ceux qui ha- (*) Cette profondeur eft fuivant M. de Sausfure qui 1'a mefurée exacteraent, de 950 pieds cri quelques endroits. La partie qui eft vers Genève & qu'on nomme petitlac,n'a pas plus de deux on trois Cent pieds. (&) Voyez Lettres fur la Suifle (Paris 1783 ■) par un voyageur francais Tom. L, page ne. G x  [ 100 ] habitent nos pïaines; les végétaux acquiè"rent *dans un dégré fupérieur les qualitcs qu'ils tiennent de la nature, foit quelles foient vénéneufes, foit quelles ayent des propriétés falutaires. Dans les rnontagnes on trouve des peuples pafteurs qui ne connoiffent presque pas 1'ufage du pain, ni par conséquent la culture des grains; les troupeaux y font compofés d'animaux plus parfaits, & qui donnent des produits plus précieux que ceux de nos plaines: tels les vigognes des Cordelieres, les moutons des monts du Thibet êc du pays de Cachemire oü font les fources de 1'Iudus, Sc les vaches de la Suiffe. En fortant des Lacs ,■ ces fleuves prennent une apparence plus calme: tels rapides, tels tumultueux que foient leurs cours, ce n'eft rien en comparaifon , de ce qu'ils font dans leur origine; les mouvemens qu'ils éprouvent leur font communiqués des rnontagnes qui recèlent leurs fources; cette tranquilité annonce qu'ils font arrivés dans un canal qui fuit la pente presque uniforme d'un terrain légèrem4 1 fondeurs, elles découvrirent des terrains immenfes & fe précipiterent fur un fol plus voifin du centre de cette planete, peut-être de quatre mille toifes, que celui quelles occu* paient avant: profondeur énorme, mais nécelfaire pour contenir un fluide qui refferrant le diametre de la fphere qu'il embraffait presque toute entiere n'occupait plus que les deux tiers de fa nouvelle fuperficie. Si le Gange forma le bas Bengale, fi les fleuves de 1'Afie Oriëntale ajouterent la Province de Fokien a 1'empire Chinois; il faut que dans ces premiers temps de la retraite des eaux les rnontagnes élevées, les pies qui dominent les grandes chaines ou les groupes, moins décharnés, les vallées moins corïodées; püffent procurer des limons, des fables , des graviers , plus abondans, aux eaux qui les emportaient. Mais, pourait - on objecter; alors, elles auraient d'abord comblé les Lacs qui font a leurs origines, a moins qu'on ne veuille fuppofer, que plus de rapidité leur faifaient tranfporter au dela de 1'étendue de ces Lacs, les matieres qu'elles arrachaient des rnontagnes, d'oü elles fe précipitaient dans les lits des fleuves, ?lu§  C 105] Plus tranquilles a I'époque aétuelle , ils ne font que travailler lenteraent a obflruer leurs embouchures, comrne nous 1'avons fait obferver. Le Miffiffipi, de tous les grands fleuves celui qui parcourt les plus vaftes terrains, déja prodigieux lors qu'il franchit les cataracles d'oü il s'élance ; depuis la dér couverte de fes embouchures, n'a pas ajouté a la Louifiane de quoi former une Province, il n'a pas même ébauché la plus petite contrée. II a comblé, il comble encore quelques unes de fes paffes, s'en ouvre de nouvelles, & il ne ferait pas trés difficile de rétablir celles qui feraient les plus intéreffantes a la navigation: cet exemple nous femble décifif. Continuons a faifir 1'enfemble de la texture extérieure du globe, & pour cela élevons - nous encore autant qu'il fera néceffairc.pour réunir fous un même point de vue les objets que noqs nous propofons d'examiner. Les chaines principales, ainfi que celles qu'elles propagent, forment non feulement G $ des  écs Caps; mais presque toujours fe courfeant fous les eaux , elles vont rejoindre au loin des bas fonds, des Ifles, des continens, & forment d'énormes excroiffances, fur les parties du Globe dont la furface des eaux nous derobe les profondeurs effrayantes & ies iné» gahtés. Ces chaines joignent par bien des points les trois principaux Continens, en comptant comme nous k faifons la nonvelle Hollande & fes dépendances pour k troifieme. Mais les deux plus grands, connus fous les noms d'ancien & de nouveau monde, k font de trés pres, vers ks Régions Boreaks du Globe ; & de 1'Afie feuk paraiffent partir les chaines des Montagnes marines qui opèrent plus particulierement cecte jonélion. (a) Mais ces deux («) A 1'eft de 1'Afie le détroit fous lequel pasfe cette chaine n'a pas 3olieües, vers 1'Ouert on la préfumc partir de 1'un des Caps qui forment le Golfe de 1'Oby : La nouvelle Zcrablc & le Spitzberg feraient fes fommets les plus élevés, §l elle irait joindrel'Amérique au nord de la Bays de Baffci.  C 107 ] deux grandes Ifles qui fe rapprochent tanr vers Ie cercle polaire, fe feparent, furtout entre 1'Afie & la nouvelle Holiande. La, exifte une mer immenle, connue, quoique s'étendant d'un pöle a 1'autre, fous le nom de mer du Sud. Elle occupe en longitude prés de la moirié du Globe , & communiqué encore vers le Cap de Hoorn, a 1'extremité auftrale de 1'Amérique , par un trés grand efpace , avec 1'Océan qui fépare le nouveau monde del'Europe & de 1'Afrique. Les terres habimbles de notre planete ne font donc que fur un feul de fes hemifphères ; (a) & il faut obferver que dans cette partie elles n'approchent que de trente cinq dégrés du Pole Antarctique. Pour mieux examiner cette partie élevée du Globe, détailloi» les objets, 8c conlidérons d'abord 1'ancien continent. Nous O) Ceci nc doit pas être entendu k Ia lettre; nous venons de dire que la Mer du Sud occupa feule prés de la moitié du Globe, il refte donc plus d'une moitié pour les trois continens, TAthCj, tiquc, la Merdeslndes, &c. &c.  Nous appercevons quel'Europe n'eftqu'une grande Presqu'isle de 1'Afie , 1'ifthme trés large qui la joint a cette partie principale, eft entre la Mer Blanche & la Mer Noire. En avancant un peu vers 1'Oceident cette Prefqu'ille acquiert fa plus grande largeur, depuis le Cap nord , jufqu'au Cap Matapan a 1'extrémité méridionale de Ia Morée , après cela elle diminueeonftamment.&projette dans tous les fens une multitirde de grandes Presqu'ifles que nous détailleronc dans nos descriptions particulieres, mais dont une Carte peut feule donner le giffement & la pofition. En pénétrant dans 1'Afie , on trouve des dimcnfions plus grandes, excepté vers les parties faillantes de fa eóte fcptentrionale; les Carte* les plus exaéles & les plus récentes nous la repréfenrent bien haehée de Golfes, féparée par des pointes, des Caps &c. Mais nulIe part on ne voit une Prefqu'ille qui approche de la Scandinavië qui eft au nord de 1'Europe. C'eft bien différent a 1'Ouest & au Midi: on voit des Pre;qu'iftes immenfes , féparées par des Golfes qui leur font proportionnels. . a 1'Eft elles font toutes jointes au Continent vers  1109 ] Vers le nord; & les chaines qui les lientferr^ Ment redoublées pour garantir cette grande & vafte partie du Globe habitable , des efforte de la mer du fud , qui parait cependant avoir en mille endroits brifé ces digues puiffantes,mais feulement vers le grand Archipel & entre les tropiques. Ces chaines ont d'aiitant rnieux refitté qu'elles étaient plus voifmes du nord; e'eft ce qu'iftdique le giffement des Prefqu'isles de Kamchatca,de laCorée. &c. Cette immenfité des Divifions phyfiques en Afie , eft-elle la caufe de la grandeur des divifions politiques. On pourrait le croire; tout femble confirmer que les grands fpeétacles de la nature portent aux gtandes chofes; n'auraient—ils en général produit dans cette contrée , que d'infpirer aux conquérants le defir de s'affujetir de vaftes empires ? Trop fouvent ils n'ont pas paru avoir pour le gouvernement un génie proportionné a 1'étendüe des pai's foumis a leur domination. Ne pouflbns pas plus loin des difcuffions politiques qui nous conviendroient peu; remarquons feulement que les proportions des plaines de 1'Afie font telles, que des arméesdont le nombre nouspa- raif  [ito] rak exagerc, pouvaientfacilementmanoeüvréf ! que la fertilité du terrain a toujours procuré de puiffans moyens de fubfiftances, & qu'il ne faudrait pas, jugeant d'aptès ce qui arrivé en Europe, taxer les Hiftoriens de menfongc , fur ce qu'ils notis rapporteht des déluges elfroyables d'hommes armés , qui ont fouvant ravagé 1'Afie : on voit que 1'étude de la Geographie peut fixer les incertitudes de VHiiloire 8c diriger furement notre opinion lors qu'on veut éclaircir les doutes qu'elle peut faire naitre. L'Afriquctient a 1'Afïe par 1'ifthme de Snel, langue de terre battue d'un coté des flots de la Méditénannée , de 1'autre terminant ce long Golfe , connu fous le nom de Mer Rouge. Le peu de profondeur de cette Mer annonce une liaifon plus intime entre les terres de_ 1'Arabie 8c de 1'Afrique , que celle indiquéd par le peu de largeur de 1'ifthme de Suez. Pour dévoiler la conftitution de cette partie du globe 8c fon reliëf, fuppofons quel'Océan Indien vienne a baiiTer de quclques brasfes: cette Mer Rouge deviendrait une longue vallée au fond de laquelle feformerait un fletH 9  t in ] ve grolïi des ruiflèaux qui defcendefit des rnontagnes del'Arabie, & dont le cours Oppoj fé a eelui du Nil, & furement peu rapide, vkndrait fe perdre au dela du détroit de Babel-mandel. L'Aft ique dans fon état préfent, eft de toutes les contrées du Globe , celle qui parair reffcn'trr les plus grandes chaleurs; ks Tables immenfes quelle renferme laiffent - ils plus fa* cilement echapper les émanations du feu primitif & foutenain, ou reverberent-ils plus vigoureufement les rayons d'un foleil dont rien n'amortit la violence & les feux ? Peut - être' ces deux caufes agiffant de concert, perpétuenï la ftérilité dans de vaftes portions de 1'intéïieur de cette grande Presqu'ifle. Dans fon centre on pourait foupconner un berceau ou baftin intérieur prefque auffi grand 'que celui qui fourmt les eaux dont feremplft la mer Cafpienne. Mais on concoit difficiletnent des mers ifoleés d'une certaine eapaeité,, "dans des régions aufii brulantes & fur un fol phiffi abforbant. Dans ces contrées que ravagent des foufles *Évorants, & les vagues pefantes d'un fabfc  [ mi bfulant, fréquemment agité parlesvents, les parties habuées font comme des Ifles répandües fur une vafte mer de fabk, & les babitations doivent être voifmes ou des forêts , ou des monts qui fourniifent des eaux. Versies afpects de ces monts qui arrêtent les I nuaaes queles vents chanent des mers; la fcene chan^e, Ia fertilité fe montre ,1e mouvement & kfvie renaiflënt & ks eaux fécondent ks terres, fi peupropresaux produétions partout oü elles ne paraiffent pas. Ccs produétions font fingulierement vanees: eik décéknt partout oü les ten es font arrofées, une fertilité qui tient du prodige fc cette fertilité pourrait encore être confiderablement augmentée par 1'induftrie , fi ks Africains étaient plus éclairées fur leurs ventables intéréts. Mais que reprochons-nous * ces peuples! Les Européens qui ont parmt eux des établiffemens.fe méprennent bien Tl,sgroffierement encore. Ils vont culuver a grands frais dans ks Antilks, des végetavj Wils multiplkraient avec de grances facilités en Afrique ,oübeaucoup de peuples au* quels ilne manque que fffcre édah es fur ks  [ "3l procédés ks plus avantageux, font naturellement agriculteurs, 8c ils auraient encore 1'avantage de ks aporter dans ks differens marchés de 1'Europe, fans conrir ks risques 8c eifuyer les frais d'une longue navigation. Mais pour tirer tout le parti défirable de ces,. nouvelks fpéculations, il faudrait que les colons d'Europe fuffent aflëz fages pour fe délivrer du honteux 8c pénible fardeau qu'ils s'impofent, en faifant executer ks cultures des terrres que les tropiques renferment pav des malheureux efclaves. Leur intérêt fe tfouve a fe conduire plus décemment qu'ils ne font, a ceffer de viokr fans pudeur toutes ks Loix de 1'humanité , en difcontinuant uncommerce d'hommes qui dépeupk 1'Afrique , Sc perpétue dans cette partiedes terres habiiabks, lahonte de 1'Europe Sc la ftupidité des malheureuxNoirs. Ce que nous venons de dire regarde feulement les cötes que baigne 1'Ocian : fur celles que baigne la Mer Rouge ks Eui opéens, ex. cepté les Turcs, ne font aucun commerce: mais ks Africains des bords de la Meditérannée, reduifent les Européens que leurs courfes & la piraterie leur livre, dans 1'efclaH va-  [ iï4 ] vage, & fembknt uferde juftes reprefailles aus yeux de 1'obfervateur attentif, qui voit d'un, feul 6c même coup d'ceil ks opérations des habitans d'A'ger, de Tunis & de Tripoli', êc celles des marchartds Francais, Anglais, 8c Hollandais. (a) Nous demanderons, en finiffant de nons occuper de ces affligeans détails , pourquoi, par quel aveugkmcnt 1'Europe n'a vu de commerce a faire en Afrique que celui des hommes ? Nous avons fouvent entendu dire par quel qu'un («) Nous penfons même que dans la compa'raifon Favantago doit demeurer aux Africains feptentrionaux; ils réduifent les Européens en efclavage, mais c'oti a main armée, maisiils courent: fouvent la moitié du danger , bravcnt les force* ïiavales de Peuples puiffants qui pourraient les feduire; qu'elle différence quand de vils marchands pour traiter fur la cóte de Guinée, dans le Congo, fur les bords de Senegal &c. employent Ia fraaie, troquent de fang froid le bonheur der leurs femblables, &donnent des marchandifes é* échange de la liberté dont ils ks privent.  C "5] qifun qui s'occupe des moyens d'ouvrir de Jiouvelks routes a 1'induftrie , a 1'aétivité Européene, & tout a la fois d'étouffer les lêmences de discorde, de haines nationales 8c' de guerres: que cette grande prefqu'isle était un champ neuf que le commerce Européen n'avait pas même fongé a expioiter, - quoi qu'elle offrit a la cupidité de fes agents, outre des riches produétions territoriales , les plus riches métaux. Qui fcait dans quelle quantité on les trouverait dans une terre d'oü les fleuves les entrainent en pailletes, oü tout annonce leur préfence , & que jamais les mains du minéralogifte & du mineur n'ont creufées! Outre les métaux tout porte a croire que 1'on trouverait les fubftances lss plus prétieufes, que les Diamants y auraicnt plus d'éélat, qu'ils brilleraient de plus de feux que ceux' que produit le Brefil & la partie Méridionalle de 1'Inde Oriëntale , puisque 1'Afriqué éprouve dans fon intérieur, une chaleur plus forte 8c plus conftante. C'eft furtout des différens fois de cette prefqu'isle que 1'on pourra.it dirs avec le poête des Saifons: H i U  C U6 3 la Chaleur dans leur fein fait germer les Métaux, Source de l'/ndujlrie, aliment de nos maux. Sur les champs Jabloneux, le rubis etincelle Dans les flancs des Rochers la nature immortelle Epwe avec lenteur les feux du Diamant. De la chatne des monts tombent en écumant Des fleuves, des tortens qu'ont nourri les orages; A travers les rochers & les foréts fauvages, Les empires puijfants, les cités. les deferts Leurs cours impétueux les porte au fein des mers;Le Niger, la Gambra, le Nil c? le Zaïre Repoulfent VOcéan qui gronde & fe retire. La longueur du cours des fleuves nomrnés dans 1'avant dernier de ces vers fait préfiimer que les tVIonts du centre de 1'Afrique font prodigieufement clevés, une autre confidération vient a Kappui de cette hypothefe; C'efl rénorme faillie de fa partie Auftrall que terminent les Caps des Eguüles & de Bonne Efperanee. Pourquoi nous dira t-on, fuppo] fer, quand il nous faudrait des obfervatiori certaines ? A cela nous repondrons quel Afrique offre a 1'obfervatiori un champ tout auffi «euf qu'aü commerce & a 1'indufirie: fonin- te-  t »7 1 térieur nous eft abfölument inconnu ; & ce que nous en difons d'après le cours des fleuves qui 1'arrofent, eft plus vrai fans doute que ce qu'auraient pu nous en dire des Miffionnaires , des voyageurs ignorants ou.dénués de raoyens pour faire d'exaótes obiërvations. La hauteur du pic de Ténériffe , plus encor celle des. rnontagnes qui proiongcnt du nord au fud la Grande Ifle de Madagascar (a) celle des differentes terres, ifol-ées dépendan- tes (a~) Mr. Le Géntil donne 1700 toifes aux fommets les plus élevés de 1'isle de Bourbon; d'après fes obfervations il affure que ceux de Madagascar le font encore davantage. Comme la Chaine qui les unit, paralellea cellequitraverfelaCaffrerie, & va fe terminer en apparence versie Cap de bonne Efpérance, n'eft qu'une chaïne collaterale, on peut préfumer 1'étounante élévation des maffes principalles, au centre de ces Alpes Africaines, dans 1'intérieur de la vafte faillie qui s'etend au dcl.i du tropique du Capricorne, jufqu'au 54 dègré de latitude Auftralc. H 3  [ "8 1 tes de 1'Afrique, peuvent faire préfumerl'élévation des chaines qui traverfent en differens fens la maffe principale des terres qui la compofent & pouffent en fens contraires dan? des mers differentes, les Caps verd, de Guadar - fui, & de Bonne Espèrance. L'Afrique paroit rcpofer fur une bafe plus fixe que 1'Europe & la partie méridionale de 1'Afie , Les eaux de 1'Ocean ont moins mordu fur fes differentes cötes, les volcans ne font plus allumés dans fes Montagnes, le pic de tenerife 8c 1'isle de 1'Ascenfion , prefentent les feuls yestigcs connus de leurs terribles foyers. Les glaciers, les fommets couverts de neige , doivent y être bien rares; fi dans 1'jntérieur il en exifhit quelques uns de confidérables, leur etendue annoncerait 1'élevation des plans horifontaux ou inclinés qui fuporteraient ces amas congelés, comme le font ceux qu'on rencontre fréquemment meme fous 1'équateur dans les grandes Cordellieres es Amerique ; les hauteurs des terres qui terminent les berceaus des fleuves les plus eonCdérables de cette grande portion de fanden continent, fe prolongent difïinitement fous  t "9 1 fous les eaux & devant fes principam Caps, foutiennent des isles ou des Archipels. Cette obfervation fe trouve-t'elle en défaut devant le Cap de Bonne Espèrance; ou la profondeur de 1'Ocean dans cette partie, derobe-t-elle la forte faillie des nervures de cette partie du Globe ? c'est ce qu'on ne peut dire certaineinent: mais il eft a préfumer que dans cette partie feule ce grand ordre de chofes n'eft peint intérompu. Effcctivement Yénorme différence des niveaux entre les fommets du Table berg, du Lion O) Sc ceux des rnontagnes marines qui prolongent les parties les plus faillames de 1'Afrique Australe (différence que les fondes ne peuvent nous faire eonaoitre , puisque les Courans de 1'Ocean Sc le volume de fes eaux s'oppofent a leur aétion) peut ne pas être plus confidérable que celle qui exifte , d'un pic a 1'au- tre, (d) Montagnes de l'extremité de 1'Afriqua voiiincs du Cap de Bonne Espèrance; la premiere fe nomme dans les relations franjfaifes Momtagne de la table. H 4  [ 120 ] tre , dans les chaines ou les groupes que nous connoisfons. II faut ici répondre a une obfervation critique fur une contradiéïion apparente, qui fe trouve entre ce que nous difons de la fixité de la Bafe de 1'Afrique Sc de la mobilité des fables qui couvrent beaucoup de ces parties , de ces fables qui enfévelirent autrefois 50 mille hommes de 1'armée de Cambife, qui fouvent fans doute étoufferent bien des individus appartenants aux Hordes errantes qui parcourent Ces délérts. On doit obferver que ces fables peuvent ne pas avoir partout une grande profondeur, qu'ils n'entament que trés peu 1'épaisfeur du fol trés folide fur lequel ils pefent 8c qui ne parait pas tranche de grandes fcisfures. Qu'on exa-. mine ces fameufes Piramides qui bravent depuis tant de fiécles la deftrudtion que le tems traine a fa fuite: le poids de leurs masfes énormes n'a nulle part fait fléchir les, bancs de Gramt qui leur fervent de Bafes, les vents feuls ont pousfe contre leurs asfifes inferieures les fables qu'on y voit amonr celés, 8c fi on voulait les deblayer, fi des ob-  C 121 ] obfervations confervées du niveau primitif de Ces immenfes cor.ftruétions venaient a fe découvrir, on verrait avec furprife que 1'aétion de la pefanteur , dans nos contrées, fi vifible dans les friches Sc partout oü les travaux de 1'homme ne contrarient pas la nature, a été anéanti en Afriqne par la dureté de 1'envelope qui foutient les Piramides; 8c pour terminer par une obfervation qui nous femble concluante, le Sol qui brave 1'Ocean 8c fes agitations' les plus violentes (a ) qui fuporte fur un niveau invariable Jes plus lourdes conftruélions, ou de vaftes mers d'un fable brulant, doit être plus ferme que celui que les eaux pénetrent de Golfes profonds fur ks cötes 8c remplisfent dé vaftes lacs dans fon intérieur, lacs dont la profondeur eft peut être décuple de celle des fables de 1'Afrique. Du Cap Tagrin , une cliaitie de Montagnes Marines, trés vifible, trés facile a reconnai- tre («) Le Cap de Bonne Efpèrance avoit êtê nommé Cap des tempêtes. H s  [ T2*3 Ere, nous conduiiait au Cap le plus oüentaï du Bréfil, vaste région de 1' Amérique auftral!e. Mais dans le nord , des chaines moins longtemps cachées fous les eaux, vont joindre de differents endroits de 1'Europe & de 1'Afie les parties boréales du continent que decouvrit 1'infortuné Colomb (a) Leur direétion nous eft encore plus inconnué' fur les terres que fous les glacés de 1'Ocean polaire; 1'immortcl Cook a relevé tout récemment les parties les plus faillantes de Ia cóte occidentale, depuis le nord de la Californie jusqu'au dela du Cercle polaire , il a reconnu ces glacés for- («) Colomb rebuté pendant neuf années par le miniftère de la Puisfance pour laquclle il découvrit un nouveau monde ! Colomb dans les fers- après des fuccès, qu'on êtoit bien loin d'efpèrer lors même qu'on lui confia les premiers & modiques moyens d'éxccuter fon projet , alor? fi é'ounant, fi magniliqu», fi grand qucls smmenfes fujets de rélléxions pour les Admini.ftrateurs, & pour les hommes que leurs (jeftinécs portent aux grandes chpl'es ^  formidables qui ayant mis un terme aux effens de ce hardi navigateur empécheront tous les aurres de pasfer jamais entre Tanden & le nouveau continent & de reconnoir tre la cóte feptentrionalle de 1'Amerique; mais fes découvertes ne nous donnent aucunes lumie'res fur 1'intérieur; esfayons cependant de le desfiner d'après les cours des fleuves qui nous font connus, & voyons auparavant fi les grands épanchemens de 1'Ocean feptentrional ne pouront nous faire faifir les traits les plus faillants de la partie de 1'Amerique qui fe trouve fous les hautes latiUides. Les terres qui bornent au Nord la Baye de Baffin & la féparent dï 1'Ocean Glacial font fureraent celles des continens du Globe les plus volfincs des póles. Buache y marqué dans fes cartcs phyfiques, une chaine qui du Groenland pénétre dans le Nord de 1'Ar merique oü nous perdons abfolument fa direction, une autre parait rejoindre les isbs nombreufes qui font aux entrées des Bayes de Baffin & de Hudfon , celle ci pasfe en Islande, pn la remonte jusqu'au foyer d'ok el}e fem- bfc  r 1 fele s'élancer, on fuit fa tracé a travers les ■0;cades, 1'Ecoffe, 1'Angleterre, la France, & 1'on trouve fon erabranchement ou peul' être fa naiffance dans ies Alpes. Au nordoueft de la Baye de Hudlon on la perd encore comme celle trui longe de trés prés la cóte feptentrionak de 1'Amcriquc. Hatons-nous de quiter ces régions d'oü les glacés nous repouffent, & fur lcsquelles on ne peut même former des bypotèfes préfentables. En nous rapprochant de 1'Equateur, 1'Amérique feptentrionak offre a nos regards un tableau bien different de 1'Airique ; la , des espaces immerfes couverts è'un.fabk brulamt fe refüfent a toute pioduction : dans cette partie de 1'Amérique , des grouppes de lacs d'une prodigieufe étendue femblent n'offrir d'azile qu'aux habitans des ondes; oü elles rre convxent point la terre , des floréts impenetrables eccupent lcfol,qui fembie étouffé fous une ftèrile abondance. L'Amétique offre des Divifions phyfiques plus grandes que' les autres parties de ï'ancien continent & des fleuves proportionncs a 1'étcr.diie des Bafiins au fond des- quels  [ «5 ] quels ils coulent. les plus remarquables, le St. Laurent & le Miflipipi , cachent encore leurs fources 8c les derobent a nos obfervations. Les Montagnes ne .paraiffent pas aufli élevées que dans les autres parties du Globe-, Leurs chaines y font plus écartées ; leronnantc étendüe des lacs du Canada prouve la verité de cette obfervation. La rapidité du Miffouri parait cependant annoncer, dans roueft, 1'une des estremités de cette longue chaïne des Cordellieres, que nous verrons dans l'Amerique Meridionnale , foulever prodigieufement fes fommets & les volcans quelle renfenne. lAvant d'y pénétrer elle traverfé le Mêxique dans fa longueur, detache une Branche presque perpendiculaire , qui femble , après avoir fautenu la presqu'isle d'Yuca'an, entre les Bayes de Campeche 8c de Honduras, aller atteindre la grande isle de Cuba , St. Doraingue , Portorico , fe courber en futvant la direétïon des petites Antilies 8c réjoindre vers la Marguerite les hauteurs des terres qui fixent les limites feptentrienales du bas* fin.  [ 125 ] fin de 1'Orenoque, dans l'Amerique méridionale. Du Mexique tirant toujours vers le midi Sc s'élévant a mefure que'les s'approchent de 1'Equateur les Cordellieres vont j comme nous 1'avons deja dit, renforcer 1'ifthme de Panama ; de la fe répar.dant dans l'Amerique du fud, fes Maffes prinCipales ferrent de prés 1'Ocean pacifique & forment le cadre le plus impofant a la plus vafte mer du Globe. lei tout eft magnifique! des pentes oppofées a la mer du fud partent les chaines dé rnontagnes qui deffinent les berceatix des plus grands fleuves du monde; l'Amazonne furtout groffie des nombretix torrens de presque toutes les pentes Orientales des grandes cordeHHürcs devient un long Ocean qui dans la plus grande largeur de 1'Amérique Auftrale oppofe, aux feux de 1'Equateur, la fraicheur de fes eaux. Les bords des Mers qui circonfcrivcnt presque de toutes parts cette grande presqu'isle font arrofés de Rivieres cötieres, le fleuve de la Madeleine comparé a ceux du eentre n'eft rien, non plus que le Guaya- quü  C Ï27 ] 9] tel eft le fol de 1'Amérique vers le cinquantieme dègré de Latitude auftralle; que pourrait-il devenir entre les mains de nations puis «qu'au bout de plufieurs années,) comme il s'a* ^isfait de nourrir une nouvelle Cölonie, il était trés fagc de fe proCurer d'abord les denrées dé première néceffité & de rendre le fort des Coloriies independant des vents, & des risques d'uné longue navigation; pour y parvenir furement & promtemerit il fallait ineinerer le fol comme on le fait en Anjou (voyez le memoiré de M. le Mis de Turbilly) & dans quelques autres Provinces de Frarice. L'étude de nos livres d'agricuïturc n'est donc point une chofe indifferente, comme voudraient nou» le faire croire certainr Esprits dèdaigncux; la connaisfance d'un procédé dont ils détaillent les cffets & les avantages. pourrait asfurcr la rcusfite d'une épreuve d'oit aurait dépendu le fort de toute une peuplade, fi ]e fondateur de la Colonie n'avait eü la précaution de la conduire trés peu nombreufe, precaution qu'on n'a pas toujours prife & de laquelle il ferait fouvent avantagcux de fe dispenfer> fi n k pouvait faire fans risquei.  [ 13° 1 puiflantes, riches & intelligenïes; dans ks contrées qu'arrofe k Rio de la plata , dans celles que parcourt 1'Amazone, dans le Péfou, la terre ferme Sc k Brefil. Quelques Colonies floriifantes, quelques Cultures moins négligées qu'elks n'ont coutume de 1'être fur k continent , peuvent donner occafion a 1'obfervateur, de concevoir combien TAmérique Méridionale ferait capabk d'ajoutcr de produétions nouvelks , de jouiffances aux nations. ks Diamants Sc ks métaux du Brezil 8c du Perou nous fembknt fi peu de chofe qu'a peine daignons nous en parler, ils forment cependant la plus grande partie des retours qui arrivent, & font toujours a-, rivés, aux indokns posfesfeurs de ces païs; mais cela méme démontre ks vices exiftans dans radminiflration qui régit ces grandes Colonies. C'eit a la face du Ciel, fur la fuperficie du fol qu'on trouve dans k nouveau, comme dans Tanden monde,ks tréfors 8c les vraisbiens. Les Francais poffed'ent une partje de St. Domingue ; fans doute ils n'onl* gueres plus fait dans cette ilk pour la cultu-' re y qu'ils ne font fur- les terres qu'ils exploi- tenE  t 131 3 tent en Etirope; il y a donc encor bien aperfeétionner: (a) cependant ils tirent en produ c- O) Comme filles d'un militaire agronome, & comme ayant eu fouvent 1'occafion d'obferver les travaux champétres & de eonnaitre le réfultat d'Experiences faites avec le plus grand foin; kous croyons qu'on peut affirmer que la France ne produit que la dixieme partie de cc qu'elle pourrait accorder aux efforts de Cultivateurs intelligents & riches, fi elle etait univerfellement & bien cultivée. un fait qu'on ne peut revoquer en doute, eest que dans un païs trés bien ex-, ploité, (relativerrieut voulons-nous dire) une t culture a bras trés foignée a produit dans la,prol portion de4 a un ,& comme alors 011 épargtiait trois fois la femencc, épargne qui augmentait encore le produit, la récolte fetrouvaitpresque quintupléêSi 1'on confidere que rien n'cmpêche d'étendreuh I pareil avantage a toutes les terres, cette décou verte J doitparaitreausfibrillante,& furtoutplusavantaI gcufe que celle deê Ballons, desSabotsélaillqucs E &c, &c, qu'on a fi fort exaltés & fi puiilam*. I ment encouragés. Ou prctend qu'un M. Yelverton a obtenu dans ; h grande Breragne un fuccès plus confideraI 2 ble,  E 1321 ëfaclions dc cette Colonie feule , qui n'eff qu'un point imperceptible , fi on la compa're aux vaftes poffeifions des Dominateurs du Èrezil tk du Perou, pour des fommes plus confidérables que les Espagnols & les Portugais, toujours dans la mifère , tirent d'or Se d'argent, d'un monde entier. Que les fabricateurs de Geographie avaht de nous dire iiiaifement, tel pais produit beaucoup dór, telle ville renferme dés Manufaétures... caïculent 1'etendue du fol', qu'ils détermirient Ja fertilité, la valeur des produétions qu'il peut fournir , le nombre de cultivateurs nécesfaiifes pour les faire naitre & qu'alors ili nous fclc, & qui pottait le produit total comparc a ce^ lui de nos terres ordinaires , années mayenncs r dans la proportion de 10 a 1. il eft clair qu'oar a.uroit pu faire en France ce qu'a fait M. Yelverton,fi les circonftances euMènt permis de continuer des épreuves trés intéreffantes, fous tour les raports , mais qu'on ne pourrait continue* que de 1'aveu & avec les fecours du Gouvern*-' menu  t -I33-Ü 'nous parknt d'objets effentiels, plus ïmpo:■tans que des métaux ou des fabriques, fouvent peu utiles, frequemment meurtrieres. S'ils ne jugent point a propos de prendre cette peine pour nous dire des chofes utïles & neuves, qu'ils étudient les tables de 1'histoire philofophique ckpolitique; & qu'ils pro■pagent après cette étude , d'utiks verités, plutot que de refaftër de vieilles erreurs. Qu'on fe garde d'imaginer que les détails de Cultures foient étrangers a la connaiffance des qualités du fol. Ce grand art embélit la nature qui fans lui feroit fauvage tk d'un afpeét fouvent hideux. pour en étentlre 1'exercice, on repouffe les Eaux qui s'épanchent, on deifeche les Marais, on aiTujettit les fleuves a un cours plus con.ftant, on leur prefcrit des limites isyariabks. Mais qu'elle main puiffante exercera le grand pouvoir de 1'homme civilifé, fur les fleuves de 1'Amérique, fur F Amazone furtout & fes nombreux affluants. Quand verra t"on ce beau fleuve ne parcourir que des terres cultivées & devenir le Canal qui fcul pourrait voiturer ks nombreufes produétions ï 3 A'm  [ 134 ] d'un fol de plus de 100 mille lieues de fliper- i iïcie, d'un fol fur lequel la chaleur & les eaux doivent développer les plus grands Piin- j cipes de fecondité Jamais navigation in- t tèrieure. n'aurait êré plüs animée ; jamais elle | ne fe ferait exercée fur qn champ plus magnifique. Alors on connoitrait toutes les curiofttés, naturelles que renferment les cordelieres, les vegetaux qui s'y propagent , les Cafcades) bruyantes qui s'y font entendre , les Cavernes j qu'on y rencontre , la profondcur & 1'etendue des Lacs ou les eaux fe raifemblent: & les volcans, qui, s'y enfla'mment, plus cortihmment obfervés, procureroicnt peut être de 1 nouvclles connoiffances. A 1'extremiré auftralle de TAmérique les I chaines des Cordelieres fe courbent, paffent fous les eaux, reparoiffent fur les Ifles de la terre de feu, de celle des Etats, & le Cag Horn eft leur. dernier terme apparent. Depuis les terres nouvellement découvertes par Cook dans fon dernier voyage au nord de la CalifQrnie, jusqu'a celles qui terminent rAménque vers le jó. dégrg de latitude au- ftral-  [ f35] ftralle (ce qui forme une étendue de prés de 120 dégrés) les Cordellieres renfermcnt une fuite presque non intcrrompüc de volcans formidables. Ce n'eft pas feulement vers fes cdtes Orientales que la mer du Sud eft bordéede Montagnes brulantes. Ces terribles fanaux fe retrouvent fur fes cotes orientales & femblënt (vü le rapprochement des terres des deux continent dans Ie Nord) 1'éclairer presque de tous oötés des fombres lueurs qu'ils repandent. Le Kamchatca, les Ifles de 1'Archipel du japon, les Philippines, les Moluques, celles que Dampierre & les voyageurs qui depuis ont parcouru ces parages ont re nous ne connoiffons rien de fon interieur , I 4 le  [ 13° ] Je peu qu'on a obfervé fur les cötcs, prouvo ce que fa pofition ferait deviner, que les terres y doivent être de la plus grande fertilité' ainfi qu'elles le font dans toutes les Ifles qui dépendent de ce continent, & dans celles qui font répandués en pctits Archipels, dans la mer du fud. Par la fuite nous donnerons tous les details particuliers qui peuvent intérelfer fur cc pais; moins vaftc que les deux autres continens , il n'a pas de parties infertiles: partout il femble être fingulierement favorifé de la nature, partout les mers qui 1'environnent le laiifent accesftble. L'Afie fi délicieufe dans beaucoup de fes contrées, eft enfevelie dans ks autres fous ks neiges & ks glacés; fes cötes fur 1'Ocean polaire font inabordables. Les détails des differentes parties des deux plus grand continens, nous ont fait conna'itre de femblables defauts dans kur Conftitution phyfique, & encor les fables brulans de 1'Afrique , les lacs & ks marais de 1'Amérique #c du Nord de 1'Europe. L'hcureux climat du troifieme continent parait avoir peu contribuc a améliorer i'exjj  I 137 3 france des habitans"; leur civilifation eft bien eloignée ; les produétions qu'on pourrait tirer de routes ces terres fi avantageufement placéee, n'exiftent point encore, ces peuplades ne connoiffent de 1'Europe que l'abus de la puiffance & les terribles effets de nos arts meurtriers. Quant & de quels peuples appiendront - elles les procédés du premier des arts, de celui qui fera naitre véritablement un nouveau monde jusques a préfent inutile aux nations des autres continens, & ne contribuant cn rien a multiplier & a étendre leurs i'6r iations & leurs jouiflances i ï S LET'  FRAGMENS. FRAGMENT No. I. Ltttre citée dans l"Avert'ufement. Je ne comptais refter ici que peu de tems, & voila pluiieurs femaines deféjour. Ce pays m'a offert des resfources pour vérifier raes ïdées fur les principes a créer du coup d'ceil militaire : panie dont je compte occuper mes Lecleurs, d'après des obfervations nouvelles qui reduiront en un art, établi fur des principes fatisfairans , ce qui femblait livrer le champ le plus vafte a 1'arbitraire, & n'etre chez les grands Généraux qae 1'inftinct ou 1'élan du génie. En parcourant les hauteurs voifines, j'ai fait mes efforts pour démêler les loix d'après lesquelles la nature indiquait, par les différemes inflexions des terreins, le plus ou moins  [ 139 ] moins de profondeur des vallons , & fi a Touverture des cavités, a 1'infpection des eaux qui s'y verfent, on re pourrait pas préïumer combien elie fe prolorgeaient, fe ramifiaient, & coupaient les plateaux ftipérieurs: je chercliais a pouvoir presfenrir, d'après des principes , les differentes ondulations des pentes, des contrepentes, & combien ces mouvemens variés des différens fois refufaient ou foumettatent les troupes qui pouvaient avoir a les parcourir, aux effets d'une artillerie poftée avec intelligence. De ces idees relatives a la Tactiquede rArtillene, je pasfais a celles qui conviennent au génie , & j'imaginais fur les différens plans, des forteresfes d'après les principes des Vaubnns, des Cohorn Je leur en fubflituais d'autres, d'après les nouvelles idéés du Marquis de Mmtalembert, qui a fi utilement trayaillé pour la perftélion de 1'art , & aufii d'après les miennes. Enfin dans mon imagihation , j'ai fuccesfivement hérisfé ce pays que j'ai parcouru dans toutes les direéiions, de baflions, de tours, de camps retranchés, de troupes & de canons. Cherchant a rendre utiles au f«in de la paix , les études mili- taires  t 140 ] taiires , je mefuis repréfenté les effets divers du •falpêtre, fi terrible quand il alimente les fu■reurs de la guerre , fi utile quand il s'agit d'aplanir & de rendre accesfibles ces barrières que Ia nature interpofe dans tous les continens, entre les hornme» qui les peuplent. J'avais -du loifir, 3 'étais feul, mes réflexions fe variaient en fe multipliant. De quelles cultures peuvent etre fufceptibles ces arides cöteaux que je parcours encore fi fouvent, ces pentes trop précipitées ? . . . les ditférentes ïatitudes oü il s'en trouve de femblables doivent jetter bien de la variété dans les procédés qn'il faut employer ; mais ici, mais dans les Ïatitudes au deffus du 46. dégré, quand Sc comment employer les arrofemens, comment clever les eaux, les difiribuer, quels vegetaux preférer . . . quelles dépenfes utiles encore a y faire , mais que de bras a employer, que de richeffes a multiplier , Sc qu'elles fources ïntariffables de nouvelles jouiffances , indépendamment de rembelliffement du payfage, de l'air 8c des eaux rendus plus falubres! combien de fois j'ai defiré que les hommes feits pour fe trouver un jour a la tête des affai»  Affaires & des difterens départemens de 1'acfminiftration, puiiTent avoir ie defirde voyagei! comme je le faifais & comme je le fais encore. Combien les idees dont ils feraient 1'acquifïtion feraient fupérieures a celles qui peuvent naitre , lorsqu'on ne vit que dans les bureaus, & que les regards n'ont d'autre harifon qu'un tapis vcrd 1 ces refléxions m'arrêtaient peu, paree qu'elles me détournaient de mes jouiffances, & qu'il m'eft arrivé d'éprouver combien font fouvent agréables celle» que donne l'imaginatioii. Sans doute les travaux d'uue riche & vfgoureufe culture , éxécutée avec tour 1'apareiï dont' ils font fusceptibles , donnent une grande idéé de la puiiTance de 1'homme & de la magnificence d'un peuple; mais je crois que la grandeur, même dans les opérations agricoles, eft fouvent importune. Pour chercher 8e gouter la vraie volupté il faut que 1'art parvienne a fe cacher, & que la nature embellie par fes combinailbns, femble ne 1'être que par un pouvoir magique. J'ai donc cru qüc 1'étude dé la Géógraphie phyfique pouvait deveair le fondement de f ait d'embellir les teïf  [ U*3 territoites , de cet art charmant des jardins modernes: Tim de ceux qui bien ehtendu, éultivé Sc exercé par des hommes fenfibles & inftruits , peüt ïe plus pour le bonheur des hommes. Variant les Scènes fur ces fois que précédemment je me repréfentais couverts dé tourbillons, de feux & de fumée, traverfés avec la rapidité de 1'eclair, de mobiles meurtriers dirigés par le génie de la guerre 8c refplendiffans de 1'éclat des bayonnettcs, j'ai transporté ces payiagcs fantaftiques embellis des charmes de la briilante imagiiiation des poëtes, 8c les jardins li'Alc'me ou d''Armide , 8c ces divines créations, 8c celles qui avoient fi viverhent frappé 1'ardente imagination du philofophe de Geneve (a). Mais c'eft un fi grand plaifir d'inventer! Je m'occupai donc de créations nouvelles; voici celle a laquelle je m'arrêtai d'avantage. Un jour enchanté d'un («) On peut encore ajottter celles dont nous devons les détails aux voyageurs qui ont publié •curs relations, depuis que cet immortel écri» v.iin s*était voué au filcnce.  t 143] d'un petit Vallon plus pittoresque que les iv> tres, je le parcourais dans tous les fens pour examiner ce qu'il offrirait a un riche voluptueux .... des differens points de 1'enceinte que lui forma la nature, j'examinais 1'enfemWe des détails delicieux qu'il pourrait bffrir, je réfléchiffais fur les moyens d'y varier, plus que ne le faifait la nature, les formes des terrains & les différerre accidens de lumiere, d'exagerer fuivant les convenances leurs reliëfs & leurs effets par des cultures devégétaux, analogues aux eftets a produire, foit par leur ftature, foit par leurs teintes. j'avais remplacé la petite refidence d'un Geiftilhomme cultivateur par un palais a mi- cöte €ombien j'ai varié cette fabrique in- dispenfable, pour la lier agréablelTient avec-lts eompofuions environnantes! une Cabanneruftique, oü 1'on aurait traité l'arcliteélure d'après ce qui donna la première idéé des Colonnes, ns m'auraif jamais pit fournir les emplacemens néeelfaires aux habitations de maitres opulens. II fallut, ne pouvant placer une Cabanne, y placer m temple , & fi Apollon fut Berger chez Admttte, on peut bien fuppofer qu'un DJeu pui (Te  [ 144- 3 pui Me réfiderau milieu des champs , qu'il cm-, bellit ik fertilifeji dans la compofnion de- ce temple je ne pouvais adrr.ettre 1'idée qu'on fe forme de ceux i'Amathonte, de Paphos, de Citliire , ou de Daphné , je le compofai donc de manière a rcmplir fa moderne deftination.Je faifais disparaitre le fracas des lourdes masfes trop fouvent employees par nos architectes feptentrionaux. Des végétaux analogues » ceux des plantations voifmes, dontlestiges fveltes avaient plus d'elégance encore que les . colonnes Corinthiennes, formaient un péristile environnant , qui prefentait 1'imitation d'un berceau immenfe couvert par le croifement des branches. 11 était dispofé de manière a pouvoir amonir le grand écht du jour, a n'admettre dans les appartemens qu'une lumière calme , & a faire disparaitre. tout ce qui annonce la crainte , ou les pré-, camions d'un être faible & .pufiilanime,-. pour ne laiffer appercevoir que la confiance ! & la fecurité d'un être heureux & pujs.- fant Après avoir formé renlemble du payfage le plus romantique tk le plus l délideux , je le peuplais de mortelles, aiir.r- bles'  1145] Kies & fenfibles; c'eft alors que pour habiter Ün pareil fejour, j'aurais abandonné h globe des preux chevalieis, pour goüter fur les' bords rians de la Seihe le bonheur que nous' proture une fociéré embellie de femmes aimables , J'épröuvai aiors le befoin dir plaifir. .... je dcfirai que les berceaux d'arbusres ödorans , que les bosqueré destïnés ai dérober aux yeux indiscrets les plaifirs amoureüx , a les envek>pper de leurs ombres: fufiënt dans les lieux les plus föliiaires du vallon , éloignés des brillants points de vne de 1'horifon fans borhes qu'on découvre air de la du flëuve. .... Je penfais a rh'eloigher de Cette airnable folitude, ou j'avais créé pendant quelques fhomens un délicieux fejour: prêt a defcerdre, j'apercois un réduit miftérieux qui do niinait des jardins , je me détermine a y en~ trer pour critiquer une fnuation fi prés des demeures de mottels importuns, fi peu propre a faire gouter des plaifirs, qu'a tout inftant on avait a crai'ndre de voir interrompus.' Quel fut mon trouble en appercevant une ènchantereffe qui fe promenait d'un air rp K vcirr 1  1146 ] veur, avec cette douce inquiétudc tk cette agitation qu'on éprouve' a vingt ans dans Ia folitude; je veux croire qu'en ce moment la magie toute puiflante des accesfoires ajoutait au tumulte des fenfations de'icieufes que j'éprouvai, mais jamais dans mes plus jeunes années, malgré les fougues du tempérament tout de feu qui me confumait, je ne lus fubjugué par un charme plus impérieux; Ia fortune en realifant cette feule partie de mon fonge, ne me laisfait plus de facultés pour m'occuper du refte Je fuis revenu fouvent vifiter la Divinité de ce charmant fejour, & j'ai conftamment éprouvé cette verité fi bien fentie par 1"Auteur dé Ia Nouvelle Hékïfe ; ce n'eft qu'aux champs que la beauté jouit de tous fes dioits, que 1'on goute de vrais plaifirs , toujours corrompus dans les cités par lnir contagieux qu'on y refpire FRAG-  FRAGMENT No. ÏL Èn placant ici ce morceau, auquel nous rer.voyons dans notre Discours Préliminaire , mus defirons principalement tious mettre h portée de connaitre le goüt du plus grand nombre de nos lecteurs , afin de nous y éonformcr, de re&rfier ce qui pour ait paraitre déplacê dans les tableaux que nous comptons faire fuccesfivement des dijférentes parties du Globe. DE LA MACEDOINE. La Politique ou plutot le hazard & Ia fantaifie des Souverains de l'orient de 1'Eutope - n'ont rien changé aux limites dont la nature a circonfcrit la Macédoine. Plufiéurs' Golfes pénétrent dans cette contrée, & au fond de ces Golfes fe reiident toutes les eaux qui 1'arofent. K ?. Cet-  I ] Cette province forme un baffir. térreftre divifé en deux parties affëz diftirictes, Tune eft inclinée vers le Golfe d'Emboli & Tautre plus confidérablc vers celui de Salonique. L'Athos actucllement Mtntt Santo paiait le. point le plus élevé duprolongementdelah.auteur des terres qui divife les eaux de la Macédoine en deux départemens. Si Ton veut Ie former une idee de la grandeur & de Timportance des deux principaux fleuves de cette région, on peut compater le Strimon qui tombe dans le Golfe d'Emboli a la Marne, & le Vardari, le principal de ceux qui portent leurs eaux dans le Golfe de Tesfalonique , a la Seine réunie a f YonJ ne s cette grandeur annoncerait une naviganon interieure,- bien intéréffante, bien faite pour animer Ie commerce & la culture de cette province, mais cette navigation eft-elle. exiftante, ft elle exifte qu'elle eft fon activité ? je ne connais pas de renfeignemens fur cet objets . . . . on ne peut fe repréfenter les admtniftrateurs Turcs comme plus veitueux & plus habiles que ceux de beaucoup' d'autres peuples de 1'Europe . . . . *. ai.nfr pa*  [ H9 ] par une fuite inévitable de 1'inexperience des depofitaires d'une authorité arbitraire, ces eaux mal contenues ont du s'épanclier, Jes débouchés s'obftruer, la culture s'anéantirj de ces vices on a vü naitre la mifere des peuples de cet ancien royaume, dont les rcuources font presque nulles pour le pofiësfeur aétuel. la population a diminué fans doute, ainfi. que dans la Grece, la Sicile. & 1'Afie mineure; mais nous manquons de terme de comparaifon pour evaluer 8c cette diminution Sc la population acluelle. notis favons bien que celle de la Sicile, grace a fon heureux climat, s'éleve a prés.de onze Cent mille habitans; fi la Macédoine moderne etait peuplée dans la même proportion, elle en aurait deux millions, mais cette population fupérieure a celle de nos meilleures provinces de France ne s'y trouve vraifemblablement pas (a), Combien eft el- (a) La Bourgogne & la Franche Comté, ne contiennent enfemble qu'un million d'habitans ou environ. Ces deux provinces forment un K 3 tér,  C 150 ] elle donc différente de ce qfelle fut, qujrd elle mettait Alexandre en etat de contenir les Grecs du Péïoponefe, & de conduire fes armées, des bords du Danube, a ceux du Nil, de 1'Indus & du Gange (a). La Macedcjne aétueilement refférée, & comme engloutie dans les vaftes poffeffions du Sultan des Turcs n'ajoute pas bcaucoup de puis- térritoire k peu prés auiïi grand que la Macedoine. Ces détails fur la conftitution phyfique des pays que le Géographc decrit, fur leur population , me femblent plus intéréflTans que ceux qu'on trouve dans la pluspart des ouvrages fur ia Géographie; voila pourquoi je me fuis permis de les étendre. C<0 Les ctats moderncs les plus riches & les plus peuplés font écrafés, aprés fix ou fept années de guerre. la grande Bretagnc, malgré fes immenfes reflburces, malgré la valeur de fes arrjiraux, 1'intelligcnce de fes adminiltrateurs, p'a pil foutenir plus Iongtems, le fardeau de fa querelle avec les Américains & la maifon de Bourbon, elle s'eit emprcflee de joindre 1'Olivq de Ia paix aux Palrrtes de la Victoire.  [ i5i ] puiffanee a 1'Empirc des Ottomans. Cependant la bravoure de fes modernes habitans, peut-être le fouvenir de leur gloire ancienne, pourrait devenir le plus ferme foutien de cette pui france qui femble pencher vers fa chute! mais detournons les yeux du trifte fpectacle que préfente 1'incapacité, la criminelle infouciance des depofitaires d'une autorité despotique , & portons nos regards fur les réfultats, fur les fpeélacles vraiment grands , du genie emploié a 1'adminiftration des empires. Philippe le pere d'Alexandre, avait commencé a faire jouer a la Macedoine un role brillant parmi les etats de Ia Grece; & ces etats étaient alors au plus haut point de fplendeur & de puiffanee; presque tous avaient repouffé les invaftons des Perfes; les armées de quelques uns traverfant leur vafte empire, fuivis de troupes inombrables, avaient operé cette inconcevable retraite que Xénophon f5Ut fi bien éxecuter & décrire. Agéftlas enfin avec une armee de Lacédemoniens > avait fait trembler le Grand Roi dans Ecbatane & Perfépolis; mais ce qui plus K 4 ravaient profitésdclalon. gue abfence, d'Akxaadre pour attaquer la Maecdoine. K S  C 154 3 La Macedoine cette partie de la Grece, dont nous venons d'esquifTer le tableau topographique, jusqu'au pere d'Alexandre , n'avait pas joué un grand role. Philippe, comme nous 1'avons remarqué , luiprocuraun cclat 6c une pre'ponderance qui décele le "rand taier.t de ce prince pour 1'adminiftration, fi Teil s en raportait a fes contemporains il perdrnit beaucoup fans doute: la haine, Tenvie, la crainte des autres peuples de la Grece, durent multiplier contre lui les fatires , les inculpations les plus violentes» mais ces Clameurs n'en impoferont qu'a ceux qui preferent Terreur, a la pcine que donne la recherche de la vérité : 8c Tun des plus grands hommes de Rome, celui qui etait le plus capable peut-être de le jugtr, lui rend toute la juftice qu'il devait attei., dre de la pofterité. Phiüppe fi grand par lui même, voulut perpetuer la gloire de fon regne: il fongea a fe former un fucceffeur. Pour remplir fes vues, il choifit Ariftote, perfuadé fans doute , que fi le bonheur pouvait defcendre fur la terre, c'etait a la fcience, a la philofo- phiej  [ »*5 1 phie, fi fouvent calomniée, qu'etait réfervé ce miracle. Rien n'honore plus Ie monarque, rien n'eft plus glorieus pout Ariftote, rien ne doit plus confondre les ignorans détracleurs de la Philofophie, que la letfre que recut d'un illuftre monarque (a) le philofophe de Stagire a Tinftant de la naiffance d'Alexandre : outre Ariftote le jeune Prince eüt differens inftituteurs du plus grand merite, 8c il répondit a leurs foins. L'etat des affaires a fon avenement au throne, 1'obligea de porter fes vues, de diriger fes talens vers la guerre, 8c il le fit a- vec C * ) Cette correfpondance des Souverains avee des hommes qui n'ont d'iHuftratiorr que leur merite ou leurs talens, eö un Phenomêne bien rare, dans nos tems modernes. un monarque dont le ficcle préfent, dont il a cte! la plus étonnante merveille , s'enorgueillira dans tous les tems de porter le nom! a pluüeufs fois, ainü que les Rtinces de fon augufte maifon, renouvellé cec cxcmple.  [ 156 ] vee un fuccès qui dut remplir d'étonnement fes inftituteuis mêmes. Mais tefe etait la yigueur dc fon genie, developpé par une excel-rx lente inftifutjon, qu'il parut fuperieur dans toutes les parties de 1'Adiruniftratjon , au milieu du biuit des armes , du fracas des conquetês, il executa les plus valles entieprifes; il encouragea les fciences, les aits, les cultiva même avec fuccès: il feut fonder des villes; le former une marine militaire qui des fa naiffance en impofa au peuple dorninateur des mers; & fit flotter fes pavillons, fur 1'Jndus, 1'Euphrates tk 1'Ocean. Mais ce prince foimé par des philofophes qui devaient lui infpirer comme la. vertq principale a un monarque, 1'amour de 1'hurnanite, fit la Guerre? fans doute il la fit; mais jamais guerie ne fut auffi jutte, jamais ver.geance ne paiut plus néceffaire («). Les («) Voyez a la fuite de ce morceau un Fragment qui démontre que la guerre eft pcut.être de tous les fléaux qui peuvent affliger les Corps pulitiou:s, le moins a craüidre & le moins funefte,  Les anciennes invafions des Perfes dans Ia Grece, les inquietudes que le voifinage de cette puiffanee formidable devait continuellement infpirer a une multitude de petits etars, fouvent divifés; tout portait depuis longtems les Grecs a fe venger des ravages qu'ils avaient effuiés & a s'affranchir de leurs craintes continuelles, en renverfant un Empire dont les fouverains avaient fouvent tenté de les affervir. Philippe fur le point de former cette grande entreprife,- fut affaffiné; Alexandrc en faififfant les rénes du gouvernement refta chargé de venger les Grecs, 8c termina cette longue quereile qui avait fait verfer tant de fang; cette guerre importante öccupa tout fön rêgne ! Ia mort prématurée de ce prince nous a privé d'un giand ipeétacb; nous favons bien quelle grandeur impofante Ie monarque Macedonien fava't donnetst tous fes projets, mais nous ne pouvons que préfumer combien ils auraient influé fint le bonheur des peuples. Une vie plus longue t rious eut laiffé le tems de faiür les refforts de la politique de ce prince, 8c d'etwdier les grands moïens qu'il eut fans doute mis  [ 153 ] efa ufage pour perfeétionner fAdminiftratiori du vafte empire qu'il venait de reunir a la Macedoine, ce genie élevé, nourri de toutes les connoiffances, formé par les plus grands philofophes de la Grece, eüt perfeétionn; 1'art de gouverner; il eut éclairé du feu de fes regards, le labyrimhc obfcur oü fe font perdus tant d'adminiftrateurs. Comme dans le cours de fes conquêtes il avait tranche ce nceud gordien dont un autre eut voulu deviner laborieufement le petit & vain artifice ; de même, on peut fe le perfuadcr, d'une main hardie, & fans héfiter, il eut écarté de fa politique les petits moïens , fmiple & grand dans toutes les parties de fon adminiftratiort, il en eut laiffé voir fans crainte les refforts: la force, la grandeur font des quaiités dont on ne peut rougir, on ne les cache point, comme on cherche a voiler la faibleffe, 1'aftuce ou 1'impuiffance; quand on veut le bien , quand on veut 1'opérer férieufement, quand on a de grands moïens, de grands talens , que pourait-oh gagner a s'enfevelir dans les tenebres ? ceux qui merittent la gloire, ceux qu'elle inveftit de fes rayons  £ 159 ] rayons les plus brillants, pouraient - ils vortloir échaper a fon echt qui les pourfuit ? Esfaions de préfenter une esquisfe du grand & magnifique fpectacle que nous eut offert au fein de la paix le conquerant Macedonien environné des chef- d'oeuvres des arts ; appliquant au bonheur de plus de deux cent millions d'hommes (a) les lumitres qu'il avait pui- O) On me trouverait peut-etre temeraire d'affigner cette enorme population aux Etats confjuis par Alexandre , fi je n'expofais ks rai~ fons fur lesquelles je me fonde. Confiderons que ces climats font de tous ceux de 1'univers, les ï>lus fcrtiles & les plus favorables a 1'efpece humaine; les armées prodigieufes de Semiramis, de Xercés, du dernier des monarques Perfans, qui put les renouveler affez rapidement & a plufieurs reprifes, en font les preuves ks plus frapantes. Ces preuves acquierenc de nouvelles forces, fi Ton confidere 1'etat des terres cultivables, Ia facilité des arofements dans les terres , deja les plus fertiies. fans ce grand moïen de fccondités fecilites- procurées par ks nombreux eanaux dé-  C '60 ] JSulfées dans le commerce des philofophes v femblable a cet Atlas fabuleux, il eut foutenu , fans fléchir, le poids énorme de cette importante 8c vafte adminiftration , 8c eut encore acgüis plus de gloire par fes etabliiTemens de paix , que par fes triomphes militaires. Exaniinons lïnfluence que put avoir 1'etat des connoiflances, fut le fort des hommes. Cette periode 1'une des moins incertaincs de celles de 1'hiftoire ancienne, deviendra d'autant plus intéreflante qu'elle fera plus etudiee 8c mieux aprofondie.- St rivés du Tigre, de 1'Euphrates, des fleuves qui arofaient la Baétrianè & toutes les parties de 1'Empire des Perfes : facilités multipliées Si' augmentées par les nombreufès cofiduites d'Eaux , que prbtegaient & encouragaient de toute leur puiffanee fes rhonarq'ueS perfans, comme s'ils eufient eu' le bon efprit de fentir, malgré le luxe dont ils étaient environnés, que' jeurs rïefteffés n'avaient point de bafe plus folfi de, que l*amelioration du territoire & la perfeéttöri de h" culture.  C 16-1 ] Si nous portons nos regards fur Ia partis rnilitaire , nous voyons toutes les branches cïe ia fcience immenfe des annes, perfectionnées, & eviter ces flots de fang, que font toujours couler dans les combats le défaut de fcience & de capacité des Généraux. les champs d'Iffus, & d'Arbelles, furent couvers de morts il eft vrai , mais les mukitudes effroyables de cadavres qui joncherent ces champs de Batailles, étaient formées des debris de peuples, qu'une bravoure aveugle égarait , Sc qui oferent fe mefurer contre les armées les mieux difciplinées 5c le plus grand des Généraux : ce qui prouveles grands effets confervateurs de la fcience militaire, ce font les pertes a peine fenfibles qu'éprouverent les armées Macedonieflnes, les plus exercées &c les plus manceuvrieres du monde connii. Le fiecle d'Alexandre militairement examiné fut preparé par le Philofophe Epaminondas: & 1'on doit remarquer que depuis Miltiades jusqu'a cet illuftre Thebain , la fcience de la guerre dut fes progrès les plus rapides a des Philofophes qui joignirent le doublé  talent des Lettres & de la Science des armes. Epaminondas, d'après les principes duquel fe formerent Philippe le pere d'Alexandre, tk les Generaux qui fervirent fous les ordres des deux Princes, avoit commencé la perfeétion de la tacuque des armées & de 1'ordre oblique, cet ordre qui fait triompher le petit nombre des multitudes armées, cet ordre dont les Arheniens qui combatirent a Marathon femblent les premiers avoir entrevu, les avantages («). Alexandre le varia plus qu'au- cuns C*~) „Le Leéteur curieux de fuivrc les pro„gré; de la grande taétique, cherchera * Marathon, Cannes. (Batailles de) quoique 1'on ne „puisfe a la rigueur regarder comme 1'ordre en „ doublé oblique celui adopté par Miltiadcs a „Marathon & par Amiibal a Cannes. * Par ce mot cherctiera, on peut voir que ce morceau avait 1 eté deftiné pour une Encyclopedie .... nous a- i vons fondus les deux articles, Siècle d'AIexan- ! dre tk Macedolne. nous ferons fouvent ufage I l.SS velUffles üüvans do notre ouvrage qui i eft I  r 1 cuns des Generaux de Tantiquité ; il s'ea fervit au pnsfage des rivieres, il s'en fervit dans les plaines de la Mefopotamie fur les rives des fleuves de 1'Inde eontre Porus 1'un de fes plus briljants adverfaires; (a) cV per- fec- eft en partie, comme notre Titrc 1'annonce, Vtt (fioix de LeHures des manufcrits dont les artU cles, Siècle d'Alexandre & Macedoine, font tirés. Les Conquerants par leurs vietoires, les bons adminiftrateurs , par leurs negociations & 1'afceridant qu'ils procurent a un peuple par un bon gouvernement, changent & detcrminent,lcs limites des empires .. . . il faut donc neccflaircmcnt & furtout dam cèrtaines epoques, s'arrêter fur l'hfftoire des hommes celebres qui ont gouvernés, qui ont operés le plus grand nombre de changemens. Sans cela on ne connaitrait rien de la Geographie Politique. («) Ce n'cft pas le fentiment de Monfieur Linguct, mais ce fera celui de tous les Leétcurs militaires qui voudront fe donner Ia peincd'examincr les defcriptions & les plans de la BataHle Üvree fur les rives de 1'Hidaspe. Li  feclionna la taétique dés fes premières Cam> pagnes, plus que n'avaient fait pendant quatre fiècles, tous les généraux de la Grece. Les lièges de ïvlilet, d'Halicarnasfes, de ,Tir, de Gaza.... prouvent qu'il connoisfait j les branches variées de la fcjence des armes %C du genie militaire dans toute 1'etendue '<)u'rl avait alors J les roes efcarpés de la Baa■ trfane déffehdüs par des armées, & les places Cju'il eut a foumettre dansles indes, chez les Malliens, les Oxidraques, 1'obligerent de varier les applications de tous les principes de 1'art des fièges 8c il le fit avec les plus ballans fuccès. S'il eut eü a deffendre des places, ou des Postes fortifiés comme Charles Douze, qui voulant 1'imiter, deffendit longtems après, une , maifon prés de Bender 8c fa ville de Stralfund, il y a tout lieu de croire qu'il fe ferait touvert de gloire dans cette partie; il eut connü, il eut mis en ufage 1'art d'etre offenfif 8c menagant, pour fe défendre avec plus d'efficacité: il eut rechasfé des breches, les agresfeurs; comme au fiège d'Halicarnasfes H repousf» cette fortie que commanda run des  [ i6S ] !<» tures, fufceptibles de nourrir beaucoup d'homt mes, de donner un immenfe fuperflu , 6e bien plus de produit, que des bois qui ne font, quoi qu'on puiffe dire , que des produétions des pais incultes 8c depeuplés; auffi Jamais les contrées feptentrionalks, (fi elles I ne mettent que les mêmes foins 6c la même intclligence) ne pouront fe procurer des moïens auffi efficaces de puiffanee 8c de population, puisqu'on eft obligé d'y laiffer fubfifter des forêts fur les trois quarts du fol, afin de fe ménager ks moïens de combattre par des feux continucls, la rigueur des longs hivers qui les défolent. La culture 8c k commerce qui fe foutiennent mutuelkment, fe feraient donc perfeétionnés . dans 1'Europe 8c dans 1'Afie, une circulation rapide, eut liée au vafte empire de Macedoine tous les peuples voifms, puisque tous ces peuples y auraient trouvé des avantages. on aurait encor cultivé un Commerce immenfe qui n'exifte point pour 1'Europe moderne. " L'Egipte erait dans fa fpkndeur, la ville d'Akxandrk fondée par k conqueiant Macc- 4o-  C 174 ] donien (d) portait dans cette antique cot> tree, les aits des Grecs, leur indultrié, leur courage £c leur activité. 1'on fcait combien ce pays etait avantageufement litué, combien il était fertile. les avantages qu'il posfedait lors de la Conquête, auraient eté augmentés par des relations avec les régions de 1'interieur de 1'Afrique, & par des Colonies etablies le long de la mer Rouge & de la Méditerannée, avec le difcernement & k» genie qui caraétérifaient les entreprifes du fondateur de la fupeibe Alcxandre. Le Nhil, ce fleuve dont la navigation eft interrornpue a fon entrée en Egipte par d'effroïables cataract es , aurait peut - être eté contrahit dc verfer une partie de fes eaux vers la Mer Rouge, d'ouvrir un immenfe débouché aux produétions de 1'Abisfinie & de la Nubie, de lier tout a la fois pa^ une même opcia- tion; (ö ) Fondée pendant une guerre qui aurait abforbé toutes les attentions de tout autre que d; fon fondatcur, & fondée dans une fituaiion unique (voïez les Memoires du Baron de Tott.)  [ i75 1 jion ; la navigation du haut & du bas fkuve : enrrc er.x, la Mer Rouge & la Méditerranliée! Vingt fiécles après, le Grand d'Albuquerque , avait formé un projet presque autanc audacieux; mais ne s'occupant que de vengeances, il ne cherchait qu'a changer 1'Egipte en dcfert, en la privant des bienfaits du fleuve qui la ferülife .& ferukhit. Le projet qu'on fuppofe au héros Macédonien aurait rencontré plus de facilités cue celui du Géneral Portugais; celai-ci ne pouvait reusiir que par ie fecoürs de 1'Empereur d'Abisfmie ; les moïens du Souverain des Grecs étaient autrement puiffans, & les artifles nécesfaires a la direétion d'une pan-ilk entreprifc.bien plus éclaires chez les Giecs a cette brillante epoque de leurs Annaks , qu'ils ne 1'etoient ches les Abisfins & les Portugais du quinzieme fiéde. Mais quellt enorme différence dans la grandeur des deux projets, dans leurs réfultats ? D'albuquerque changeant en un delért fterile & inhabitabk un pays peuplé de fept a huit millions d'habitans; livrait a la dcftruélion , a la faim & a la mort cette muititude; il faifa.it a 1'univers une playa  [ i?6 ] playe irreparable. Alexandre ouvrarrt un dump vafte & ncuf a 1'induftrie & au commerce des fujers de fon empire, animait le commerce de ce long Golfe qu'on nomme Mer Rouge; mer dans la.quelle aucun fleuve remarquable ne porie le tribut de fes eaux; ü facilitair encore la plus prompte civilifation des peuples d'une partie confiderable de 1'Afrique , paree qu'elle ferait devenüe plus aceesfible, & qu'elle aurait eté plus fortemerit follicitée de former desliaifons avec les Grecs. Sur Ia Méditerannée des resfentimens auraient vraifemblablement attirés les Enfeigncs des Macedoniens dans les domaines des Carthaginois: mais ces républicains inftruits par la cnüte de Tyr (a) auraient désarmés fans doute un Prince qui avait confervé fur h tröne Taxile & Porus. Sous la protcérion puisfante d'un empire que le tems eut difTicilement détruit, fi fon fondateur eut vecu qua- f(«)Il faut convenir que la Dcfrruction de •ette villeternit la gloirc du Héros Macédoir'tn» \ «cc. &c.  r-77 ï Kyaraftie rins de plus, ils n'auraient eü rien: a craindre de ces Brigands d'Italië ; de ces Romains qui masfacrerent tant de milliers d'hommes a la prife de Carthage, 8c fufpendivent comme ils le firent partout ou ils porterent leurs armes (a) lés progrès des coh- (*) Si 1'on en cxcepte quelques grands hommes, comme, Marius, Cezar &c. les Romains furent non feulement bien moins habiles dans les 1'cienceS & les arts qu'on ne le croit comunement ; mais merrie en' génêral aflës mediocres tacticiens. uhe feroce bravottré , une discipline Üe fer, leur tint lieu de taleni, pöiir conquerir ce vafte empire, qu'ils furent fi longtems a forincr. fi cette opinion que nous avons de leür peu de Jumieres paraifiait hazardée; pour trancher, nous citerions les fuccès de Pirrhus & les lecons qu'ils reciirent de cc prince, qtfi ne regnait que fur une province de la Macedoiöe, & dont les armées n'etaient compofées preSque entierement que d'auxiliaires amolis par les deliccs. Aprés pirrhus & malgré les progrès que de-* Vait faire dans la fcieiice des armes un peupi« toujours occupé de guerres & de combats:  [ i?8 ] contuifiances. Sous 1'empire dc ces cortqucrans fanguinaires, les principes de la cul- tu- Anniba! formé par les Grecs, & avec une tactique femblable a celle dont ils fe fervaient, fit cflu* yer a ces farouches Romains, les plus humilil ans défaftres : ils furent pfis aux pieges les plus grumers. le Général Cartbagiuois qui n'avait ccr. (■aincment pas pris toutes les précauüons necesfaires pour s'etablir folidcment en italie , y rcfra t-ant qu'il voulüt. fes compatriotos ifFraiés ou ï>?ut-être jaloux de fa goire,- 1'arracherent feuls èe cette presque-isle dont il n'aurait dü fortir qu'après avoir annéanti cette republique impcrieufe & fanguinaire qui détruifit Carthage. .... mais pourait-on nous objeéter, 1'ordonnance 1cgionaire trioropha des Phalanges; dabord ilfauc obferver que les Romains diviferent les Grecs pour les combattre .... ils eurent toujours dans fcurs armóes dos troupes grecques a la Ba- iaille de Magnefie les Romains avaient pour alMés des Grecs d'Europe,- tous enfemble n'ava ient a faire qu'a des Grecs d'Afie...! Les légions ne triompherent done pasfeulsdé, ffcalangesj & PeKbe & Vegece exaltent Erop 1'or. . doifc  [ 179 1 mr: 8c du commerce furent bien peu tonmis; ils fr.cnt traduire il eft vrai les ouvrages du Carthaginois Magon fur 1'econcroie ruralïe, mais cette plante exotique, ne profpera jamais en italie ; cet hommage rendu par le vainqueiir aux lumieres du vaincu, ne fervit de rien ; il n'a pü même nous faire connaitre qu'elles étaient les connaisiancee des dominateurs de la cóte feptentrionale d'Afrique fur les objets l.es plus utilei a la grandeur 8c a la puisfance des corps politiques. Confcrvés ou foumis, les Carthaginois auraient été ob'iigés d'ouvrir leurs ports aux fujets de 1'empire des Macedoniens. Ils auraient communiqué les lumieres -donnance des Romains; il m'a toujours paru que •dans ces évenemens , les legions ne détuifirent pas plus les Phalanges, qu'elles méme le furent lorsque dans les plaines de Pharfale Cezar batic Pompée avec des forces infiuiment inferieure?, fouvent les diverfes ordonnances ccderent aux Ciforts d'une discipline nerveufe, ou fuccombeient foui 1'afceidant d'un homme de genie, M i  t 180 1 res qu'ils avaient acquis fur les peuples de'3 cotes d'Afriqüe Sc de 1'interieur de cette va. fle peninfule. Des Colonies auraient portés les arts de la Grece fur les bords du Niger, du Zaïre, & du Coanza, & peut-être depuis longtems 1'Afrique, cultïvée, civiliféej aurait - elle été pour 1'Europe le fujet des plus valles fpeculations, Sc fes habitans asfés puisfans pour faire refpeéler leurs foyers, leurs territoires, & éviter a 1'Europe 1'éternelle ignominie de la traite des noirs. Ce ferait trop nous ecarter des limites que nous prefent la nature & la forme de cet Ouvrage , de devefoper d'une marïiere plus etendue, les heureux effets , les inombrables avafftages, que la puisfance Macedoniene confolidée , eut proeuré aux peuples d'une grande partie du Globe ma>is on ne disconviendra pas que cet ordre des chofes n'eut proeuré des biens infrnis a 1'éfpece hurnaine. la civilifation de 1'Afie, de 1'Afrique & de 1'Europe, fe ferait rapidement effeéluée; les invafions de ces hordes de Barbares que 1'Afie fournisfait au nord de 1'Europe pour la deftruélion de ÏEmpire Romain , eusfent eté contenucs par kaf  lps forces de 1'Empire Grec. Vraifemblablement ces hordes auraient porté, leur principale attention , elles auiaient tremblé pour elles mêmes, vers la mer Cafpienne & le Tanaïs d'Afic, fur les bords duquel elles avaient ofé combattre Alexandre, qui les avait vaincus, après avoir pasfé de vive force & en leur préfence, un fleuve large & rapide ; peut - être les Colonies grecques , voifines de leurs frontieres, eusfent fixé ces peuplades & acceieré leur civilifation. dès lors étaient anéanties les caufes de ces ravages & de ces fcenes horribles, qui pendant plufieurs ftècles firent de 1'Europe un repaire de Barbares & un fejour d'ignorance 8c d'horreur. Peut-être n'exifterait pas cette féodalité qui etend juscue fur nous fes chaines, cette féodalité qui même a la fin du dix-huitieme ftècle, répand les plus funeftes influences, 8c oppofe un obflacle presque invincible a la régénération des Corps politiques. les grands ouvrages qui auraient etabli de nouvelles Comunications, (ouvertes \ Ia circulation des plus immenfes ridiesfes) auraient été 8c feraient encor un objet d'emulation pour les differens peuples j ils auraient M 3 cm-  [ rt'a ] empeché peut-être la dévaflation, 1'etat de dénesfe & de njifere ou fe trpuvent aélueliement les contrées oü ils auraient eté exccjfés; devenue le centre de la I'hilofophie , des arts, des richesfes, Babilone, fituée au. milieu des trois parties de Tanden continent, aurait animé ce vaftè efpace ! mais un avantage inestimable & précieux , c'eft que ta philofophie a laqueüc 1'humanité aurait du tant d'avan'tages, aurait eté-plus cultivée, moins calomniée; elle ferait vraifémblabJemen't demeurée en posfesfion de furmer -les enfans des rois tk de les forrner a faire le bonheur des peuples: le? fouvérains pousfés par la philofophie aux chofes verhablement grandes, B'auraient formé que des entreprifes, faites pour leur asfurcr une glóire immortelle & fondée fur la réconaisfatice & Tadmiration des hommes de tous les fiècles. Ces caufes de bonheur developées d'une maniere ausfi énergiqué , rar une philofophie bie»ifailante , parl'ap.pücation des grands principes del'cconomie politiqne a Tadminidration. eusfent été coniiderablement augmentées par la perfeétion de tous les arts, enfaïis d'une jmagination brillante. Quoi  [ 1-83 ] Quoi qu'on en puiffe dire : kt arts, les lertres , fervent au bonheur de ceux qui les cultivent, &c affurent aux natiors une gloire immortelle qui feule , & indépehdamment de toute autre caufe , rend les peuples illuftres & refpeftab'es,' lors même que ï'impéritic de leurs chefs accumule fur eux les plus humiüans désaftres (.;). mats 1» (/ï) Voici ce que dit Rouffeau, qu'on a cité fi fouvent comme le detracfeur des lettres & des arts. Un gout croiffant pour la Litteratijre, m'at> tachait aux Livres Francais , aux auteurs de ces Livres, au païs de ces auteurs, au moment même que défilait fous mes yeux 1'armée francaife, je lifais les grands capitaines de Brantijnic. j'avais la têtepleine des Cliffon, desEayard, des Lautrec, des Coligni, des Montmorcnci, des La Tremouille, & je m'affectionnais a leu?» , defcendans comme aux heritiers de leur merite & de leur courage; a chaque Regiment qui p.asfait, je croiais revoir ces fameufes bandes noir res qui jadis avaient tant fait d'exploits ei} Piemont; enfin j'appliquais a ce que je voyais les m 4 i^ei  [ **4 ] Ia culture de ces arts eft plus facile, pu du rapins elle prend un caraclere plus brillant ; lors Idéés que je puifais dans les livres; mes lecmres continuées & toujours tirécs de la meme na, tion, nouriffaient rnon affect-ion pour elle, & m/en firent enfin une pasfion aveugle que rien n'a pü furmonter. J'ai eu dans la fuite occafion de remarquer dans mes voïages que cette impreffion ne m'etait pas particuliere, & qu'agis1. font plus ou moins dans tous les pays fur la partie de la nation qui cultive les lettres, elle balancait la haine générale qu'infpire 1'air avantageux des Francais, les Romans plus que les hommes leur attachent les femmes de tous les pays;leurs chefs d'ceuvres - dramatiques afFeélionnent la jeuneffe i leurs théatres. la celebrité de celui de Paris y attire des foulcs d'etrangers qui en reviennent entoufiaftes, enfin 1'exceHent gout de leur litterature leur foumet tous les esprits qui en ont; & dans la guerre fi malheurcu. fe dont ils fortent, (la Guerre de 1756.) j'ai vu leurs auteurs & leur philofophes foutcni? 3a gloire du nom francais temic par leurs Guer.  I i85 ] ïprs qu'une nation prospere; lors que de; adminiftrateurs habiles & vertueux, la conduifent au bonheur & que fes Generaux par leurs talens , enchainent la vidoire & la forcent d'accompagner fes étenda.rts. C'eil ce qui qrriva lors des giandes & mémorables vidoires d'Alexandre. jusqu'a cc prince les artiftes encouragés furtout par Periclès avaient rernpli la Grece de chefs-d'ceuvres de Peinture , d'architecture, de fculpturc au desfous desquels fpnt reftés ceux de ces Romains trop vantes, dont la majefté neanmoins nous etonne & nous en impofe. les ftaiues des dieux & des grands hommes furent executées de la maniere la plus fubliik; & au merite de 1'élégance & de la pureié des formes, la magnificencc Athénienne, avait ajouté la richelfe des fubftances Sc la grandeur coloffale des dimenlions. mais cesflatues étaient renfermées dans les temples, fous des portiques, ou dans les places publicaties au centre des cités. tout changea fous le prince dont nous esquilTons 1'hiftoire, tou| fe perfedionna ; il feut imprimer aux producf jons qui fignalerent fon rêgne, un caradere M j de  [ .86 ] [ de grandeur, que nous ^ui fommes retrecis dans nos conccptions par une foule de caufes trop faftjdieufes a de'ailler, pouvons apeine concevoir. Nous avons parlé deja de la fpndation d'Aiesandrié pendant le cours d'une guerre opiniarre dont les operatipns ne furent jamais retardées. nous ne favons jusqu'a quel point de peifeétiom s'eleva la peinture, que par le temtignage confervé de tous les connaiffeurs qui purent admirer les prodiges du pinceau d'AppeMes, & ces prodiges sont de plus atteftés par 1'etat brillant de la fculpture , employee fouvent par ce prince a éternifer le fouvenir de fes guerriers moiffones dans les combats. quel eft donc ce mortel étpnant qui jette dans le délire de 1'entoufiasmc les artiftes qu'il infpire ! C'eft au milieu des mers qu'ils projetent de placer fa flatue ! les Isles de la mer Egée, 1'Europe & 1'Afie formant la vafte & fuperbeenceinte du ColofJe le plus impofant. Xercès ayant'reuni fous fes ordres, Ia plus incroïable multitude , pour conquerir la Grece , fi fouvent 1'ecueil de la politique & des armées de 1'Lmpire Perfan, n'avait pu reus- fir  [ i87 ] fir a ifoler le mont athos: fous un fouverain eclairé dont le fublimc & pniffant genie femblait elever a fa hnuteur ceux qui 1'environaient & multiplier toutes ks forces & tous les moïens: un de ces hommes dontks talens, 1'audace ne trouve tien d'impoffibk , concoit de transformer, 1'une des plus enor? mes excroiffances du Globe, dans le ColofTe du prince dont il voulait éternifer k fouvenir & confacrer la mémoire: on ne proj'ettait point de donner a ce monument comme a ceux qui nous rapellent les trans de nos fouverains, une forme roide, fans mouven.ent, le monarque n'aurait pas été repféfenté fous la forme triviale d'un homme oifif, ni vraisemblabkment avec 1'allure comune d'un cavalier qui voyage, on n'aurait pas va k vengeur de la Grece, fouleraux pieds des nations ou des hommes, qu'un grand génie refpeéle , protégé & n'avilit jamais; d'une main il aurait foutenu une ville de dix mille habitans; de 1'autre il aurait conduit un fleuve nourri des eaux reffemblées de toutes les parties du vafte mont auqucl on voulait imprimerks traits du plus grand.deshurnains. Ces ac-  t ïS8 ] ^cce.Toires impofans auraient eté des emblêïnes de la facilité, 8c tout a la fois de la grandeur, avec laquelle il foutenait le poids d'une immenfe adminiftration 8c gouvernait les peuples des clima's les plus differens 8c des coutumes les pius oppofées. Les fciences , recevaient toutes, des encouragemens; 8c fi Ion confidere qu'Ariftote préceda Pline 8c Buffon , 1'hiiloire des animaux du philofophe de Stagire, fera pcut-etre le monument le plus étonnant du fiecle d'Alexandre. Depuis Ariftote, 14 fiecles fe font ecoulés! un monde entier a été decouvert! Sur tous les points du Globe, la navigation peiieétionïice des modemes, a porté des foules d'obfervateurs: Dix nations rivales, 8c a 1'enyi les unes des autres, ont ouvertes de vastes champs a de npuveljes découvertes. Arisrtote profita quatorze ans ou a peu-prés dc la proteélion ou plutot des foins d'un prince veritabiement ami des fciences. ce prince p'épargna pas les moïens; il les prodigua rncme avec une magnificence 8c un discerncment dont lui feul peut-ctre a donné réxemplc, &c c'eft un de fes titres de gloire les  i i8> i les plus éclatans. Mais comparons quatorzé' ar.s de recherches a 24 fiecles d'obferva'*tions furtout n'oublions pas quf' Ariftote dévanca fes rivaux, que ce philofo- phe , inftituteur, naturahile peut etre encoré compte, au nombre des législateurs * des poè'tüs ik des orateurs. Le Siècle brillant d'Alexandre notis a déterminé a nous arrêter fur 1'éta't des fciences & des atts; nous avons cherché a faire conhaitre les avantages qui fefultent fouvent des reunions de certaJns pays. ces avantages doivent être faiftsfic etudiés par Ceux quis'occupent de la Geographie , comme on doit s'occuperde cette fcience. Souvent deux régions, deux provinces reünies fous une même domination, s'eleveraient rapidemeïit a la plus brillante profperité: fous deux fouverains differens elles langui (Tent la Silefie par exemple a fans doute Mniment gagrïei  [ 190 ] z paffer au pouvoir de Ia maifon dc Brandebóurg. L'Oder qui eft Ie grand canal par lequel dolt s'exécuter presque toutes les expörtations de cette fertile province, traveife comme on Ie fCait, une partie de la Marche Electorale & de la Pomeraife ; C'eft-a-dire deux Provinces des Etats Prufliens, qui pouraient lui interdire toute communication avec la Baltique . . . tous moïens efiïcaces d'exportations. Reünie fous la meme domination, la Siléfie n'a pü que gagner infinimenr .... cette impottante &c vafte province s'élevera rapidement a la plus brillante profpelité, fi 1'on parvient a rendre meilleurs, & a multiplier les chemins qui la traverfenr, furtout a rendre navigables la plus grande partie de fes rivieres, qui toutes vont gtoifir roder"; foit par des eclufes, ou mieux encor en creufant leurs lits. Ce qu'on dit de la Silene , on le peut dire de la Luface, de la Saxe Electorale ; peut- être ces païs prortteraient plus qu'ils ne le font de 1'Elbe & du Vefer. ainfi la Cour dc Berlin propofmt des echanges convenables, fongera'it moins a fon agrandiffement qu'au bonheur d'une partie de 1'Al-  r m ] l'AIlemagne ; ainfi 1'on pourrait calomnlef, des projets quL ne tendraient qu'au bien de rhurnanité, 8c les faire paffer pour être le refultat de vues ambitieufcs, Sc d'un firfeme d'agrandifTemcnt («) lots qu'ils r,e feraient infpirés que par une phiiofophie prévoyante. En général il ferait utile que les divifions politiques, fuflent les memes que les divifions phyfiques; que le baffin , ou le berceau d'un fleuve & de fes aflluens, pui ne former qu'une province, ou n'etre au moins as- («) Dans les manufcrits que nous avons fous les yeux, nous voïons, combien il irhporre a la tranquilité non feulement du Corps Germaniquc , mais même de 1'Éuropé, qu: ia fllaifön de B.randebourg devienne de plus én plus piiiiïante & en etat de maintenir 1'equiübre entre ceux enipires qui paraiflent, (quoique deja tröp ftendus peut etre) deflrer fans cefTe de nouveaux accroiiTcmens. Ges Discusfions, font Sfcfoüment du reffort de la geographie politique, il faut les réferver, ou pour un autre ouvrage, ou puur ks volumes fuivaHS.  t i?3 1 affujeü qu' a une feule domination; prcf(iue toutes les puiflances de 1'Europe paraiffeftt ne rêver que Commerce .... mais ponr faire un Commerce avantageux il faut v.n- dre beaucoup pour y parvenu, ii faut que des chemins faciles , une 'navigation intérieure bien combinée, bienanimée, diminue autant qu'il eft poffible les frais de transport, il eft indispenfable furtout d'abolir les [êtges; ces droits qui obftruent presque partout la navigation intérieure , 8c portent les coups les plus funeftes au commerce le' plus utile de tous. mais comment parvenu a abolir les peages, a léver les obftacles, lors qu'un fleuve ou fes afflueiis coülent föus vingt dqminations differentes '. Ces discus- fions nous entraineraient trop loin , cependant fi ce genre pouvait prendre, nous nous y livrerions 8c nous traiterions ces obje^s d'une manière plus developée. Nous joignons a la fuite de ce fragment le morceau que nous avons promis, c! y joindre.  [ 193 1 Comparaifon des maux que peut occafion* ner la guerre, avec ceux que peuvent faire conflamment aux corps politiques , dijfèrens abus qifon a crus jusqu'a préfent inêvitables ou imposfibles a re- former. E xaminons Ia fomme des maux, que la guerre entraine: comparons-les avec tant d'autres qui nous affligent; nous verrons que les premiers font fouvent compenfés (i) & que ja- O) De toutes les guerres, les plus extravagantes furent celles des Croifés. cependant Mr. Robertfon dans fon Introduélion & 1'hiftoirc de Charles-quint en parle ainfi „cesexpéditions tou„tes extravagantes qu'elles étaient, produifirent «cependant d'heureux effets , qu'-on n'avait pff N „ni  [ 194 ] jamais les autres ne nous offrent cféquiv» lent. Dans „ni aJtendre, ni prévoir. Les Croifés en mar„chant vers la terre fainte , traverferent des „pays mieux cultivés & mieux civilifés que les „leurs. Les croifés trouverent dans 1'Afie meme „les débris des fciences & des arts , que 1'ex„emple & les encouragemens des Califes- „ avaient fait naitre dans leur empire C'eft: k „ces bifarres expéditions, 1'effet de la fuperfti„ tion & de la folie, que nous devons les pre„miers rayons de lvrmiere, qui commencerent „a diffipcr les ombres de 1'ignorance & de la „barbarie. Mr. Maury dans fon panégyrique dc St. Louis s'appuye de 1'autoriré de 1'auteur que je viens de citer, pour disculper ce monarque du reproche d'avoir porté fes armes dans 1'Orient ; & il dit „on lui rcproche fa défaite, plutot que fon „émigration, il ne lui a manqué que des fuccès „pour obtenir des éloges .... avés-vous donc „oublié que vos moeurs n'ont perdu cette rouil„le de harbaric qu'a. la vüe des villes policées „ & des peuples civilifés dc la Grece St. „Louis  £ 195 ] Dans ks tems de troubks & de calamité Cm la discorde entraine 1'élite des peuples fur les champs de carnage & de gloire, ces grands möuvemens des corps politiques font précédés de la ruine momentanée des pays oü 1'explofion fe détermine , & fe fait fentir: il faut en convenir, alors ks Militaires acteurs néceffaires de ces fcenes donloi reufes, paraiffent opérer les plus grands dcsnftres qui puiffent affliger 1'humanité ; on ne voir fur le theatre de tant d'aétions héroiques que lë tombeau de plufieurs miliers d'hommes, & les champs de batailk paraiffent ks feuls gouffres oü les hommes s'engloutifTent. Egaré par cette fenfibilité, on regarde Ia guerre, comme k plus redoutabk, ou plutót comrrte Ie feul des fleaux, & ks militaires pres? que ^,I.ouis alluma en vous Ia foif des fciences, & „après avoir emmené de fon pays des esrlavcs „& des barbares , il Itü rendit des filjets & «des hommes, ah, plaignons ce grand roi d'a,-, voir acheté aux depens de fa gloire le bonheur „ d'une ingrate pofterité. N z  [ I9ö } s ] nos guerres modernes devennes moins funestes , en raifon dc la perfeétion de 1'art; mais que ces guerres longues & cruelles ( i) des fiecles d'ignorance & de fuperftition. Ces 'de ce Prince rapportées par le continuateur de rhirtoire de France. A cette autorité que nul francais ne pourra rejetter , je joindrai hardiinent celb d'un de nos plus éloquens philofq. M. RouDTeau „quand un refte d'humanité . dit il „po-ta les Espagnols a interdire a leurs gcns de „Loix, 1'entrée de 1'Amérique, quel'e idéé fa„!ait-il qu'ils euflent de la jurisprudence? ne „dirait-on pas qu'ils ont cru reparer , par ce „feul aétc, tous les maux qu'ils avaient faits a „ces malheureux indiens?" a quoi il faut ajouter qai nous avons vu des g ns recommandables quitter ks eecupations de la Robe & du Ba» reau, pour fe livrer a celle de la guerre ou d* la philofophie : fans choifir des exempbs trop rnoiernes, je citerai Lucien homme de mérite, en plus d'un genre, que Mare Aurelle fit Intendant d'Egypte, je citerai Catinar, ce Général Phi» lofophc, le digne ami de Fe;,élon & de Vauban; je citerai Mo itesquieu &c. &c. &c. (i) C'eft cette imperfection de 1'art militaire, qui  [ m 1 Ces terres en friches qui déshonorent nos campagnes jusqu'aux portes d'une capitalg immenfe, font-elles reduites en cet e'tat par les ravages qu'occafionnent les mouvemens des grandes armées ? non : depuis longtems nul des habitans de cet heureux empire n'a vü les feux d'un camp ennemi; dans les guerres les moins heureufes, nos guerriers ont feu repouffcr loin des fronüeres fes déprédations. Les vraies caufes? peut-on les méconai- -tre les colons ont - ils a fe déftndre contre les entreptïfes d'un Décimateur, d'un voifin puiffant, contre celles du fisc: il faut qu'ils abandonnent leurs atteliers qu'ils rompent la chaine de leurs im.portantes opérations, qu'ils viennent de loin fol- qui fit durer pendant des fïecles une guerre fans interruption entre Ia France & FAngleterre. C'eft - faute de combattans qu'on combattait fans cefie. Hift. Phil. & Pol. Liv. 10. ch. 59. édition in 4tc. N 4  [ 200 ] folder a grands frais ces tïtulaires de charges inutiles ou trop rnultipliées, auxquels par un vice inexp icable ils font fouvent forcés d'avoir recou's, obligés d'échanger leurs capitaux contre des fatras de papiers fabriqués dans les laboratoires de la chicanne; ils ne peuvent fouraettre des terres rebelles , bientot couvertes de rorc^s , de landes ou d'eaux croupilïmtes , plus funestes que les corabats ( i) par les conftantes & meurtrieres ex- (i ~) A ces maux caufés par 1'abandon de Ia cultures fuite inévitable des ravages de ces legions d'infcétes que propagent les Bureaux des Traitans, des gens de Loi joignons ceux qui les accompagnent: moins detravaux, de falaires, plus de mifcre & de mendicité: diminution de Ia masfe des fubiiftances pour toutes les dasfes de la Société; que le Lecteur impartial nous dife ce qu'il penfe de 1'effet terrible de ces fleaux combines qui pefent tous fur Ia génération pré* fente. anéantisfent les germes de celles qui doivent fucceder, & prolongent les défastres & la mifcre Iongtems après 1'époque, oü un admini- ftra-  [ 201 ] exhalaifons qui s'en échappent ; fi des efforts toujours renaiffants, foutenus de fortes 8c riches avances, ne les forcent a fe couvrir de moiifons. flrateur habile a pris le foin de reprimer les abus & les maux qu'ils entrainent. N 5 FRAG-  FRAGMENT No. III. £e fragment fe rappor te a la page 22 du Discours préliminaire & aux remarqués qui y font rclatives. Ce morccau nous a parü jetter des jours fur les mozurs de quelques peuples, & encore fur une affaire malheureufement trop cé'ebre , fat te pour int ér esfer les militaires, & tous ceux qui regafX dhnt la pièté filiale comme Pttne des vertus les plus recommandaties. Jl n'cft point étranger a mon plan de montrer dans le jour qui leur convient, les guerriers de tous les ficcles: cela me fera til marquer comment 1'esprit militaire (1) en» tre- £f ) On peut regardercet esprit militaire com. mé  [ 203 ] ttetenu, formé par des études Sc des occupations militaires, a influé plus ou moins directement fur la perfeétion des arts, & fur cette fomme de bonheur de Iaquelle les hommes ii'ont qu'une trop faible part. Ces Perfes ii fupérieurs pendant longtems aux peuples de 1'Afie qu'ils fubjuguerent Sc dont ils firent le bonheur (i) recevaient fous me le germe des vertus, le moyen le plus puisfant de conferver parmi les peuples, 1'energie qui les porte aux grandes chofes & qui les empêChent de s'avilir. 1*Auteur de 1'hiftoire philofophique & politique, le diftingue bien lörsqu'ii dit Liv. 12. „Cet efprit mcrcenaire de milice „qui n'eft pas l'efprit militaire, perdra tot oii „tard 1'Europe; mais bien plutot les colonies, „& peut-Ctre celles d'Espague avant les au„tres. (i) „Les hommes par leurs foins & par de „bonnes loix ont rendu la terre plus propre st „être leur demcure lorsque les Perfes eta. „ient les maitres de l*ABe,ils permettaienta ceux „qui amencraient de 1'eau d'une fontaine en quel„que licu qui n'aurait point étéarrofé ,d'cnjouijf „pen-  C -°* 3 fous les yeux de leurs magiftrats, 1'édncation la plus militaire (i) & 1'on fait avec cuel- „pendant cinq générations , & comme il fort' „quantité de ruiffeaux du mont Taurus, ils n'é-i „pargnerent aucune depcnfe pour en faire ve|] „nir de 1'eau: aujourdhui fans favoir d'oü elle t „peut venir, on la trouvc dans les champs, dans i „les jardins. Ainfi comme les nations dcffruc-i: „trices font des maux qui durent plus qu'elles,': „il y a des nations induftrieufes qui font des 1 „biens qui ne finiffent pas meme avec elles. ( i) Voici ce que dit Xenophon dc cette éducation des Perfes: „Cyrus fut elcvé fuivant lés ufages de Ia Per„fe, qui paraiffent avoir cu 1'utilir.é publique „pour principal objet les Coutumes des „Perfes ont 1'avantage de prévenir le crime en „formant les citoyens de maniere qu'ils ne fe „portent jamais a rien faire qu'on puiffe leur re- • „procher, ou dont ils ayent a rougir. j'en„droit deftiné aux excrciccs de Ia jeuncffe eft „prés du Palais du Roi, les marchands en font „bannis & relegués ailleurs avec leurs cla- ; „mcurs, leurs marchaudifes, & leurs groiliere- »té:  i =05 ] i quelle valeur (i) ils combattirent même' I fous le dernier de leurs Empereurs, & combien „té: il ferait a craindre qu'un voiflnage C bru-, „yant ne troublat les exercices de la jeunes- (fe Lorsque le Roi fort pour aller a la Lchaffe, ce qui arrivé frequemcnt cbaque mois, „il fe fait accompagner par la moitié de ces „jeunes gens; chacun d'eux doit porter un are, Lun carquois garni de fleches , une epée &c/ &c< &c fi les Perfes font' de la chas- Lfe un exercice public, oü le Roi marche a la „tete de fa troupe comme pour une expéditioa LTnilitaire, oü il agit lui meme, & veut que les „autres agiffent, c'eft qu'ils la regardent comme „un véritable apprentiffage du métier de la guer- rc du refte ces jeunes gens font "employés par les magiftrats, foit a faire la „Garde dans les endroits qui en ont befoin, foit a exécuter certaines comrniffions qui deman„dent de la vigueur & de la célerité. (i) II eft vrai que les Athéniens appellerent i leur fecours la Cavallcrie Thcsfalicne ( dit 1'auteur de la nouvelle Traduétion de la retraite des dix mille, dans fon discours préliminaire; c'était di-  [ ao6 ] bien i!s étaient fujets fidels & foumïs. Les bataüles dlfltis & d'Arbelles les feraiéi t mal con- difoit-on . la meilleure del'Europe, elleavaitcependant paru inférieure a celle des Perfes, quoique dégeneréc, lors de 1 invafiotl de Xerxès & du fecond Gónèralat de Mardonius. on attribueroit mal a propos cetfe fupcriorité dc la Cavalerie des Perfes, aux cxcellentcs qualités des chevaux Afiatiqües : fondé fur ce que dit Mr. de Turpin dans fes Commentaircs fur Montccuculli tom. 3. p. 306. miis il eft facile de prouver qu«" la valeur des Perfes, la vigucur, & la conduite militaire de leurs Gencraux, étaient des qualités qu'on ne peut leur contester; fi les Grecs le3 posfederent dans un degré fupérieur, ils durent cet avantage a des caufes que je developpcrai.... A la bataille de Marathon les Perfes cnfonccrcnt le centre dc 1'armée Athenienne, mais Miltiades & Callimaque par Pavantage qu'ils avaient obtenus aux ailes, leur arracherent la viétoire; cependant par une audace rare aux vaincus, les Generaux des Perfes fe porterent fur Athencs & peu s'en fallut qu'ils ne ven^casfent leur defai- te ils prouverent au iiège d'HaJicarnasfe qu'ils  [ =07' ] eonnaitre; eh quelles nations n'ont point ï rougir de désaftres aufil humilians! Je demontrerai qu'ils étaient fouvent dé braves foldats & cette vérité releve davan' tage 1'eclat des talens militaires des Généraux Grecs & furtout d'Alexandre le grand ^ fans rien diminuer de 1'eftirne due aux adminiftrateurs d'une nation cultivatrice ] ches citoyens pour perdie un grand homme (I), aurait maintenu 1'equilibre de puisfance. Les Aigles Romaines enchainées fur les bords du Tibre, n'euffent point porté le ravage dans les plus floriifantes régions de 1'univers, & la terre n'eut point été abreuvée de fang dans tous les pays oü elles con- ( i) Annibal né dans les camps, au milieu dii tumulte des armes, fut auffi grand homme d'etat, que grand militaire; il ne fut point cruel comme les hiftoriens Romains veulent le faire croire: on le vit dans 1'horrcur des combats ordonner d'epargner les vaincus, malgré fa haine pour des ennemis implacables, dont fa patrie avait tout a craindre, &t ce grand nombre de morts, qui couvtit le champ de Bataille de Cannes , fut une fuite inévitable de Tignoranee préfomptueufe du Géneral Roraain , homme inepte que des intrigues avaient porté au rang de Seuateur; il crut ce témeraire que le defaut de con. noiffance & de capacité, pouvait fe masquer k la tête des armées, comme au milieu des pere* confcripti. O  C aio 3 conduifirent les armes de ces farouch.es conquérans. Nous avons vu dans ce fiecle fe renouveller un exemple presque pareil a celui que les Carthaginois donnerent vers la fin de la feCönde guerre punique: une efpece de Senat Biarchand formé en grande partie de miférahks que 1'Europe avait vomis dans 1'Inde pour la honte 8c 1'opprobre du nom francais , s'indigna des fuccès réels 8c véritabkment glorieux qu'obtenait un Général , au-, quel le fouveiain de la France avait remis Ia plenitude de fon autorité pour mettre ehfin un terme aux manccuvres infames, aux déprédations, qui devaient caufer tant de pertes, 8c faire tomber entre les mains de nos fiers rivaux , d'immenfes pofTeffions. Mr. De Lallf fecondé de Meilieurs d'Eftaing , de Crillon , de Montmorenci 8c de beaucoup d'officiers dont ks noms a 1'abri de tous reproches, fout chéris 8c refpectés de tous les braves gens, procura aux falies m-ilitaires de la France la plus brillante epoque. 1'infulte des ouvrages exterieurs du fort St. David; Ie fiege de cett« place formé fans ks moyens dont les Géi  [ 211J Généraux dispofent en Euvope, dans un pays. OÜ une cabale peu prévoyante & perfide, Tobligeait de fe créer toutes les reffources, & de fe füpléer, par la plus grande audace 8c la plus incroïable activité, a tout ce qui lui manquait pour le fiege d'une place de cette importance. Cependant ce fiege fut Court, peu tneurtrier, & peut - être ausfi glorieux pourles vair.queurs, que ceux de Bergen-opiom 8c du fort St. Philippe. Je ne parlerai point de la belle manoeuvre executée pour 1'enle■vement des magaïins anglais établi» a Cangivaron , afin de faciliter le fiege de Vanda-. vaclii. ... 8c de mille autres; mais je retnarquerai que ces faits de guerre étaient Certains: ce n'etait plus ces relations de victoires fabuleufes dont on avait rempli les gaaettes Sec. Par ces vains artifices jerant fut la natton un ridicule de forfanterie 8c l'odieux de 1'impofture qui ne doit couvrir que les auteurs de pareilles pieces. l'acharnemeut devint général contre un homme qui deploiait de grands talens , 8c qui laisfa trop. appercevoir combien il etait vivement affecté des abus qu'il avait decouverts. De nom- 0 2, brcuX  [ 212 ] breux fcélcrats s'untrent;la crainte des chStfr mens qu'ils meritaient fe tourna en haine contre l'adminiftrateur vigilant qui pouvoit les devoiler. Mais dans ce pays, plus active qu'elle ne fut a Carthage en raifon de la basfesfe des chefs de cette moderne faction , elle pasfa les mers, pourfuivit le Général, les officiers qui avaient milités fous fes ordres, Sc vint impudemment les ealomnier en France devant 1'Europe entiere ces laches imposteurs eurent des fuccès qu'ils étaient loin d'attendre ! II faut que ceux qui comdamnerent un Général auquel le Souveraia avait remis'fon autorité, qu'il avait honoré de toute fa confiance ; confiance meritée fous fes yeux ayent été induits en erreur par cette foule qui revenoit riche des depouilles de 1'Inde! mais ces richesfes rapportées par les ennemis du Général, ne devaient - elles pas les rendre fufpefts; leurs • calomnies portaicnt-elles donc tellement Ie caraélere de la vérité , que des gens fans paffion dusfent s'y tromper ; 1'arrivée des troupes du Roi dans 1'Inde expiait - elle les malverfadons des agens de la compagnie, Sc le  C 213 3 Ie fang du chef de cette armee • devait-il couler, pour effacer Ia tracé des crimes qu'oa 1'envoiait dévoiler & punir ? Si comme on eft fondé a le rroire., il y a une méprife de Ia part des magiftrats, qu'elle terrible méprife que celle qui fait égorger en place publique ua etunger * qui Ia France etait redevable ( i). ■Qu'oa (i) Des gens inftruits témoins de 1'acharnement qui pourfuivait Mr. de Laliy, de ce tombcreau,& de tout 1'accesfoire ignominieux, ajouté aprés le jugement , a la rigueur de 1'arrêt, crurent voir une viétime immolée a 1'envie dé dominer; dans les accufations écrites, par la hai'ne, & dirigécs contre ce Général, ils crurent voir un moyen que quelques gens de robe n'ont point voulu laiifer échappcr, dc frapper .un coup injuricux pour les militaires , & furtout pour 1'autorité Róïale, en faifant tomber fous Ja faache un officier qui en avait été revetu! &c. 1'arrét du confeil qui caffe 1'arrêt de mort (ceci était écrit en 1780.) lan.cé contre ce Général, les maintient dans leur croyan'ce, nous verrons bïento' fi elle eft fondée. Mr. DeLally ne fut pas a beaucoup prés le feul friandais qui fe diftingua; les troupes de cette O 3 aa-  C 814 5 'Qu'on ne reproche plus a la goerre d'enfandanter la terre'! . . . . : natiën fervirent dans tous les tems la France *vec une valeur & une fidelité diftinguée; il faul voir dans 1'hiftoire du Prince Eugene les detail* de f'incroiable bravoure, avec laquelle ils com» battirent a Cremone en 170a. a coté de la porte du Pö : Pofte important pour la réusfite des des'feins de ce Prince & pour 1'introduct.ion du ren», fort que Jui amenoit le Prince de Vaudemont. cette brave infanterie refifta aux offres avant». geufes du General de 1'Empereur, elle rendjt. Une multitude de combats fanglans contre des corps infiniiricnt fuperieurs ; chargée a deux reprifes par les Cuirasfiers conduits par un chef intrépide > elle rcpousfa conftament cette cava. lerie, qui prit enfin Ia fuite, epouvantéc, & de la mort du brave B tan de Freibcrg & d'une réflftance qui n etait point dans 1'ordre ordinaire. Cette valeur des Irlandais ne s'eft j- mais démcfttie Le feu Rol fut temoin a Fonienoy de 1% bonne conduite des troupes & des ofljjiers de cette nation. Mr. de Lally s'y diftingua d'une toaniere particuliere. FRAG-  FRAGMENT No. IV. Le fragment fuivant fe rapperte a ce pasfage de F ouvrage, thé de Partiele des mers. Une ohfervation fe préfente, ,, fi Veffet de la Lune est fi confulcra„ ble fur rOcéan terreftre : quelle doit etre Vaclion de la terre fur ïGcéan ,, lunaire, &c> A prés avoir étudié la partie de rHistqire naturelle dans laquelle M. de Buffon examine les tems on les Planettes furent ou deviendront habitables, il nous parait intéresf.mt d'appliquer a ces differens corps cclestes, les recherches & les brillantes hypothèfes de ce favant Ecrivain. ' Portons nos premiers regnrds fur jupiter: Saturne & plus encore la plapete d'Herfchel font trop loin de nous, & nous font moins connues. 04 ' m  r »« ] Jupiter dut pendant longtems paraitre aux habitans de fes fatellitès, moins une planete dun ordre inferieur , qu'un foleil bruiant dont la violence & les feux étaient mille fois plus grands que ceux de 1'aftre qui régit le fyftême dont Jupiter lui même ne fait qu'une partie. Le mouvement rapide & la charge de fes quatre fatellitès, durent entretenir longtems le feu primitif qui tenait en incandescence (a) cette groffe planète , & la faifait brilIer d'un éclat qui n'était point emprunté. (é) 3. O) Même encore aétuellement, Jupiter pa. lait livré a un bouleverfement continuel, c'eft I'image du cabos. hif. de 1'A. m. c'eft au peu d'ad'iéfion des matieres qui forment fa masfe encor dtfunie pour Jong temps par le feu dont elle eftpénétrée, quii faut attribuer 1'applatisfefement de fes poles & 1'extréme élévation de foij équateur. (*) C'eft furtout en ce fens qu'on peut dire avec 1'hiftorien de 1'aftronomie. „Les Corps „obfeurs commencent i fe rapprocher des corps „ lumineux."  [ 217 ] 1 1'époque prefente cet éclat n'eft plus le même , mais la nature animéc telle que nous la concevons ne peut être établie fur une terre encore trop bruiante & trop agitée, ce n'eft que dans les fatellitès qu'on peut 1'éxaminer; elle y exifte avec la plus grande vigueur. on peut voir dans 1'ouvrage immortel du Pline francais, les tems oü les quatre fatellitès ont commencé d'étre habitables & ceux oü ils cefferont de 1'étre. Occupons - nous des recherches qui ont échapées a 1'hiftorien de la nature. Les fatellitès de Jupiter ont chacun leur Atmosphère; des terres & des mers fe divifent la furface de chacun de ces globes. Examinons ce que font les balancemens qui agitent ces Occans, & portons nos recherches fur le premier des fatellitès. JL'Analogie demontre que cette terre tourne fur fon axe avec une promptitude (a) qui (/■) Jupiter tourne lui même fur fon axe *. vee une rapidité incoucevable e»9 heures 50 miO 5  Hul foumettant rapidement fes difïérens rné* ïidiens, a 1'atraction puisfante de la planete principale , multiplie les oscillations des mers qui couvrent fes plus grandes profondeurs: fi leur fréquence fe combine avec 1'elévation prodigieulè, ou les porte la masfe énorme qui les attire : il doit s'enluivre une ccntiriuelle effervescence & un tumulte dont nous n'avons point d'idées. Les autres fatellitès ne peuvent que peu contribuer a élever ou a diminuer les marées auxquelles fe trouve asfujeti 1'Océan du premier : trop prés de Jupiter pour n'etre point enticrement foumis a fa puisfance , 1'im- jautes , chnque point de fon équntcur parcourt plus de trente mille lieues, lorsque fur la terre un point du même cercle ne parcourt pns 9000 lieues en prés de £4 heures, ce I. fatellite lui même, décrit en un jour 18 heures 29 minutes un orbite un peu plus grand que celui que la Lune, fatellite de notre terre,nc parcourt qu'cn 28 jours.  t ai9 f ï'immenfité de cette planete principale doit faire évanouir toutes les forces qui pouraient paraitre coincider avec les fiennes, ou con'trarier fes puisfans efforts. En fuppofant les fluides. analogues aux eaux de notre Océan , d'une denfité relative a celles de Jupiter & de fes fatellitès (a) les marées, fur le prtm'cr qui nous occupe, doivent etre dans les mers les plus libres de quatre-vingt quatre mille pieds, & dans celles qui font resferées dans la proportion oü fe trouve le canal'entre la Frante ik 1'Angieterre , de vingt a vingt-cinq fois cette quantité; c'eft» » - dire , fei/.e c ,-nt quntrevingt mil'e , a deux millions c;nt mille pieds: ou deux cent quatrc- vingt (a) Jupiter eft moins denfe ou moins pcfanc que la terre dans ia nroportion de 29a a 1000. ne peut-on pas préfum r que les f'Ux dans ces régions ne pefest pas le tiers de celles qui font repandues fur notre globe, & que les diverfes fubftances, font rclatives 4. la pefanteur de la maffe tetale de la planete & de f.< fatellitès.  [ »0 ] vingt mille , a trois cent cinqirante mille toifes! (a) quelle doit être la profondeur des mers, capables de comenir les eaux nécesfaires a ces énormes tuméfaclions: qu'elle prodigieufe élévation doivent avoir les rnontagnes qui dominent fur les terrains habitables de cette planete , ou la nature vtvavtc eft affuedement en ple'me exiftence (l). Du point le plus bas oü ateignent les eaux dans leur retraite, jusqu'a celui oü elles arrivent dans leur plus grande élévation , il exifte une différence cent fois plus •grande que celle qui cfl entic les fommets ks plus O} La Lune 70 fois plus petite que la tcrie élève les marées d'un pied , dans les mers les plus libres; de 20 a 25 & plus dans .celles qui font resferées. Jupiter ctant S4 mille fois plus gros que la Lune & auflj prés dc fon fatellite, y doit élever les marées relntivcment a fa grosfeur. (*) Hift. nat. Sup. tom. 4. partie hypothedque.  r 221 j plas élevés de notre globe & Ie niveau de fes mers; a quoi il faut ajouter que dans le premier fatellite de Jupiter, les marées parcourent ces grands espaces, dans un tems peut - être bien moins confidérable que celui qu'elles emploient fur notre globe a en parcourir de quatre vingt quatre mille fois plus petits. Si 1'on admet une configuration qui rende cette terre un peu femblable a celle fur laquelle nous exiftons , fi 1'on fuppofe fes terreins habitables & coupés par des fleuves , ils doivent avoir une pente confidérable & une prodigieufe rapidité; fans cela les inconcevables mouvemens des mers les feraient déborder & rejeteraient fans cesfe leurs eaux dans le centre des terres qu'elles convertiraient en marecages inabordables.. cette pente doit etre d'autant plus rapide que les continens ne peuvent avoir une grande étendtie, fur un globe qui n'a pas 800 lieues de diamètre, même en le fuppofant un peu plus gros que le fatellite qui nous accompagne. Si 1'Océan de cette planete eft nécesfaire a la communication de fes différens continens , d'autant plus multipliés fans daute que les  [ 222 ] les efforts des flots font plus redoublés; Combien font dures aux navigateurs, des mers ausfi violement agitées independament des tempêtes qui peuvent renforcer leur ineoncevable eifervescence & leurs terribles balancemens. Sans dou*-e la Nature animée , plus vigoiireufe, les êtres penfans plusaciifs, plus forts, doivent a cette continuité degiands fpedtacles une intclligence plus etendue ? ils peuventemploiër plus de puisfance pour tourner a. leur avantage les forces d'une nature genereufe, qui verfe aótuellement & venera encore fur eux pendant des ilècles, des biens fans nombre: mais qui deploie en même tems & leur offre a furmonter fans interruption ,. des obflacies qui nous fembleraient invinci-. bles, des phénomenes qui ne doivent cesfer de leur paraitre effroiables que par leur fréquence, & de grands & fublimes fpedacles (a) faits (*) Au nombre de ces fpectacles , il faut Siettre ceüx que leur offre Jupiter qui doit leur pa-  [ "3 ] fa;ts pour exalter leur imagination, agrandir & multiplier leurs combinaifons, exercer enfin toutes leurs facultés. Nous terminerons ici 1'extrait du manufcrit que nous transcrivons. Si nous voulions fuivre 1'auteur, fes differentes fappofitions fur ce qui peut exifter dans les planetes & leurs fatillites: notre ouvrage pourrait para'itre trop ferieux , & forcar.t un grand nombre de leéteurs a une attention trop fuivie. Comme on ne piête point communement cette attention paraitre énorme; (environ 1900 fois plus grand que la lune ne nous parait) les continuelles révolutions des autres fatellitès, leurs eclipfes frequentes & fuigulierement variées; tantót ils voient Saturne a une diftance bien plus grande que celle oü. la terre eft de lui, tantöt a une moitié moindre; alors il voient bien mieux que nous ne pouvons le faire, les phafes de fes cinq fatellitès! & de fon amneau, qui doit produire de linguliers effets fur la grosfe planete qu'il circoij» fcrit,  [ «4 ] tlon aux fpeétacles que préfentent les corps céleftes aux yeux des obfervateurs; cette partie de notre ouvrage pasferoit peut etre pour tme fpéculation oifeufe : comme fi les études qui peuvent donner a un être intelligents, augmenter même chez lui le fentiment de fes forces & de fa grandeur, pouvaient jamais être inutiles. Re-  Réponfe de Monfieur de Be/air, Capipitaine d''Artillerie dans la Légion de fon Excellence M. le Comte deMaillebois, au fervice des Etats Généraux, a la Lettre de Mr. le Baron de * * * M ille remercïmens, Monfieur, des chofes trés flateufes que vous me dites: mais recevez je vous prie mes excufes, fi je n'infere pas dans cet ouvrage la Lettre que vous m'avez fait 1'honneur de m'adresfer; je la ferai paraitre avec mes obfervations, trés incesfament. En ce moment, je me borne k vous obferver, que je ne puis confentir a faire paraitre mon projet de Chambres pour faire as> Turer lés produits des recoltes : ce projet pour être developpé a befoin d'etre accom' pagné de tous fes accesfoires, quelques uns p. fom  [ 22Ö ] font pent-ctre plus importans que le principal, qui cependant facilite & affure les fuccès; alors cela demanderait un volume qui feul ferait un ouvrage. Je craindrais de parler dans le defert; & perfonne au monde ,n'aime moins que moi, prendre une peine inutile. Comme mes enfans 1'ont obfervé , les balons tournent les tètes! on dépenfera pour chercher a les diriger; que fais-je pour des chofes moins importantes encor, des fommes immenfes: & on ne prendrait pas garde peutEtre a un projet, qui procurerait des augmentations de revenus confiderables, a tout etat qui 1'adopterait; en meme tems qu'il fournirait un moïen de conferver, intaétes, les avances des cultivateurs, que les gréles, les débordemens, les gelees , les incendies; anéantifftnt, détruifent annuellement, dans plufieurs des contrées de chaque province («). Ma («) On doit regarderl'etabliffement descham- | fcre» d'affurances agricoles, comme le fondement | -*> I  [ 227 ] Ma propofition de faire aflurerles differentes recoltes, paraitra dabord charger les cul- ti- le plusfolide,dclaprofperité de la culture, parmi les colons qui efiuient des désaflres qui les réduifent a la mendicité, combien y en a t'il qui fans ces accidens auraient fait une fortune & auraient perfectionné leur art. Ce qu'on peut faire pour les cultures d'Europe, peut fe faire avec plus d'avantage encor pour los colonies inter-tropiques: combien nos Isles d'Amérique&d'Afrique,ne fouffrent-elles pas des ouragans, des ravages des infeéics & de mille autres accidens! files compagnies Anglaifes,Hollandaifes, ou toutes autres asfotiations quclconques, voulaientprendre cet objet en confideration, elles trouveraient,je n'en doute pas, de nouveaux objets de fpeculation ; plus grands, plus produétlfs, tout k la fois plus nobles,plus dignes de Corps riches &puiffans & de ce fiecle eclairé,qüe ceux dont elles fe font occupé jusqu'a préfent. Si j'en etais requis, je demontrerais ces asfertions qui ne peuvent que perdre k n'etre qu'in» 4iquées dans une note, & depouillécs par confeP a quent  r 4*11 iivateurs d'un nouveau droit; mais ce droit li modique repartit fur une longue fuite d'années, un malheur qui écrafe, ruine fans res- ? fource, ceux auxquels il arrivé, mais ce droit I en confervant les capitaux emploiés a 1'ex- i ploitation de chacune des parties du territoi- ij re , aiïu.re une exiftance plus agréable 8ï I inoins orageufe a toutes les families des" cultivateurs: il empêche la disperfion , 1'anéantiiïement annuel, d'une partie de ces families , dont la deftruftion fuit ordinairement les désaftres, caufés par les grandes intempéTies des faifons. Vous me dites avoir vö (fans doute entre les mains de mes copiftes) que j'avais adapté ce projet, aux poffellions des differentes puiffances de 1'Europe; ce travail ferait tien vafte! non Monfieur, je ne 1'ai encoï tenté que pour la France , pour les etats fruffiens, pour la Hongrie, pour Ia Mosco. j vie, *ment, de toutes les preuves qui les etayent, c% de toutes les obfervations qui en demontrent le» nombreux & folides avantages.  [ 2f>0 ] piet en ébauchant la Suede, j'ai vü que re-, lativement au nord de ce royaume, a fes climats extrêmes, fous les ha ut es Ïatitudes, il ferait difficile de former meme un apergu fatisfaifant, fans connaitre non feulement les fois, mais les differentes viciffitudes des modi flcations de 1'Atmosphere , par un allés long fejour. Vous me demandez qu'elle puiffanee gagnerait d'avantage a 1'adoption de mon projet; fans contredit ce ferait la Ruffie. (