LETTRE D'UN MÊDECIN D E LA FACULTÉ DE PARIS, A UN MÉDECIN DU COLLEGE DE LONDRES; Ouvrage dans lequel on prouve contre M. Mesmer , quele Magnétifme ammal n'exifte pas. Qualibus in uncbris vit* , quantifque periclis verfamur , hoe tevi quodcumque eft. l u c r e t. w A LA HAYE. M. DCC. LXXXI,   AVANT - PROPOS. L'o b jeT de eet écrit eft de démontrer que le Magnétifme animal, dont M. Mefeer prétend avoir fait la découvertej n'efl ni exiftant, ni poffible. Peut-être fe difpenferoit-on de ie publier , fi fon ne favoit que plufieurs perfonnes, féduites par lalbguiarité du fyftêrae de M. Mefiner, ont employé & emploient encore, tous les jours, un temps précieux, a chercher la route qui doit 1'avoir conduit au terme oü il annonce qu'il eft arrivé. Comme Terreur dont il s agit ici peut avoir 1'influence la plus dangereufe fur les progrès, & même fur Ja pratique de la médecine, on a cru que cétoit faire unechofe, non feulemenc Ai;  •W „aisnéceffaire.quedelaco»- battre-, & ion i Qulules réflexionsque conuetf ce j„ crens feront tentés de vrage, peu de gens la défendre.  IETTRE jiï' Trir m± jü> jéCxst d e LA FACULTÉ DE PARIS 9 A UN MÉDECIN DU COLLEGE DE LONDRES. \r ■ v gus me demandez, Monfieurquelle eft ici 1'opinion de nos Do&eurs fur Ie Magnétifme animal; quels font les fondements de cette opinion; ce que c'eft que ce Magnétifme, & s'il eft vrai que M. Mefmer opere s en Pemployant, des cures véritables? Les brochures publiées jufqu'a préfent contre M. Mefmer, foit en France, foit en Allemagne, ne vous paroiffent pas afTez profondément raifonnées pour déterminer ïrrévocablëment votre maniere de penfer fur A iij  C 6 ) le compte de eet homme fameux. Vous trouvez abfurde que des hommes qui n 'ont ni vu, ni voulu voir, s'obftinent a nier ce que d'autres ont vu, & ce qu'ils peuvent euxmemes voir tous les jours. M. Mefmer annoncant une découverte qui peut mfluer de la maniere laplus univerfelle furies progres des connoilTances humaines; offrant de conftater cette découverte par des expénences publiques; demandant a former des Eleves capables de la manier & de la répandre : M. Mefmer ayant une réputation a conlerver & fe placant volontairement dans la fituation laplus propre a la perdre, s\\ ne la mérite pas , vous patoït être en droit d exiger au moins qu'on ne le juge pas fans 1 entendre; & & vous femble que ce n'étoit pas par de. triftes farcafmes, ou de ridicules imputatiöns, qu'il convenoitde lui répondre (l t. Si je vous ai bien lu, Monfieur , voici, fe crois, a quoi peuvent fe réduire tous les doutes que vous me propofez. Ou M. Mefmer eft un impofteur , & »taut le punir; ou il eft un enthoufiafte , & B faut (I) Voyez la brochure ,ui a pour iitre , Ifwto ie M. Mefmer , Ouviage que reut Paris a cru plaifant.  C7) le plalndre; ou il eft un homme vrai, & il faut 1'écouter. Mais, en premier lieu, ü M. Mefmer eft un impofteur, ou un enthoufiafte, pourquoi, parmi fesnombreux adverfaires, aucun n a-t-il ofé lui dire publiquement: je vais vous prouver que vous vous êtestrompé, ou que vous vouleztromper? Pourquoi aucun n'a-t-il ofé lui contefter d'une maniere férieufe la vérité des effets qu'il peut produire ? On a raifonné fur la poffibiÜté, fur les caufesde ces effets, mais on ne s'eft pas avifé d'en nier formellement 1'exiftence. Pourquoi encore , & cecï eft remarquable, aucun n'a-t-il aüez compté fur fes propres forces pour courir avec lui les rifques dun combat régulier ? On 1'a décrié dans les Sociétés favantes, dans les Journaux, dans les cercles ; mais on n'a pas accepté les défis qu'il a propofés , mais on a évité toutes les manieres de fe compromettre avec lui, & ce n'a jamais été que loin du champ de bataille qu'on a préfagé fa défaite „ ou qu'on lui a contefté fes vföoires. En fecond lieu , fi M. Mefmer eft un impofteur ou un enthoufiafte , que faut-il penfer des Do&eurs, qui, pendant huit mois , A iv  ( 8 ) 1'ont fuivi dans le cours de fes expériences ? Parml ces Do&eurs , un feul a rendu compte de ce qu'il a vu , les autres ont gardé le filence. Si ceux-la ont vu comme leur Confrère j que ne parlent-ils? S'ils n'ont rien vu, que ne parlent-ils encore? M. Mefmer 5 opérant fur la vie des hommes, ne peut être un fimple objet de curiofité. Aux yeux de ces DocTreurs, qui s'obftinent a fe taire , il eft ou un homme utile, ou un homme dangereux. S'il eft un homme dangereux , pourquoi n'ont-ils pas éclairé le Public fur fes preftiges ? S'il eft un homme utile, que faut-il penfer de leur filence ? Qu'on raifonne comme on voudra, ou ils n'ont pas dü approcher de M. Mefmer, ou a 1'inftant qu'ils 1'ont abandonné, ils ont dü le faire connoitre tel qu'il eft, tel qu'il s'eft développé devant eux; annoncer des doutes , s'ils ont eu des doutes ; s'exprimer avec franchife fur le mérite de fa découverte , s'ils ont cru fa découverte véritable ; mais , encore une fois, ïls n'ont pas dü fe taire, & cependant ils fe font tus. Car ce n'eft pas parler, que de femer en fecret des foupcons fur le compte d'un homme avec lequel on craint d'entrer  C 9 ) en lice; que de s'éloigner de lui pour le calomnier, après s'en étre approché pour le furprendre. Ce n'eft pas parler, que de rei pandre avec myftere, dans les Corps littéraire» dont ondifPofe,uneoPinion qu'on ne fauron aiïez publier; que d'emprunter Ia plume de quelques hommes qui n'ont pas voulu voir, pour établir que foi-même on na „en vu. Ainfidoncils n'ont pas parJé: & ce quon diffimuleroit en vain , c'eft qus f Mefmer étant banger, fans relations lans appui, ne pouvant dès-lors leur infpirer aucune cramte , il eft impoffibIe de fUppofer * $ï flIence d'^s motifs qUe VZis l-terétperfonnel,ouIa n^m^ Enfin, fa M. Mefmer eft un impofteur ou de fa conduite? San, avoir égard aux circonftances dont il eft environné, fans mé nager les préjugés qu'il veut détruire, ja]°UX U"'^nt de répandre fa docir ne un enthoufiafte n'a qu'une marche, & "e^ conn01t quW route, paree Jü n'ppe ! 5o«quun obJet;&Ie moment oü Zok opererlarévolution qu'il médite, n'eft jama,  C io ) tr0p voifin de lui.Plus adroit dans fes moyens plus froid, plus tranquille, mais connoiffant tout le prix du temps; mais fachant que toute erreur quinapour bafe qu'une i lufion de nos fens, n'eft pas une erreur durable; un impofteur qui ne fait opérer que des prefti«s , profite de la confiance momentanee qu'Uinfpire^ilfehate de faire des dupes, & plus il en raffemble , plus il approche du terme auquel il lui importe d'arriver. Or ft c'eft ainfi qu'agiffent 1'enthoufiafme &l'impofture, que faut-il donc penfer de M. Mefmer? Sa marche eft abfolument geométrique,&il eft impoinble d'en unaginer unequifuppofeplusde défantéreffement& de xnodération. Comme fadodrine eft etrange e è toutes les dodrines recues, comme elle heurte d'une maniere trop direéte des preïugés d'autant plus difficiles a détruire qu ds ont leur germe dansla fcience mêmequ d vent cpurer , il a fenti que, s'il préfentoit fon fyftéme comme une fimple opinion, ce fyfteme feroitapeine remarqué parmi tant dopinion* qui fe combattent & fe détruifent tous les jours-, qu'il convenoit donc, avant de le developper dans toute fon étendue, d en conf-  C ii ) tater la vérité par des faits; & il a cherché a fe placer dans des circonftances oü il put donner aux faits qu'il fe propofoit de raffembler, toute 1'authenticité dont ils font fufceptibles. Une cabaled'autantplusdangereufe, qu'elle manie 1'opinion avec cent mille bras, s'eft élevée contre lui} non pas pour le combattre , mais pour le perdre. Seul contr'elle, il a compris qu'il feroit de vains efforts pour lui réfifter. Certain que dans d'autres lieux Sc parmi des hommes moins frivoles, & moins dominés par 1'ufage & le préjugé, il lui feroit toujours facile de fe faire entendre , il s'eft condamné parmi nous au filence le plus abfolu. Obftiné a ne plus traiter d'autres malades que ceux auxquels il donne depuis long temps fes foins, malgré les follicitations les'plus pui/Tantes, les plus nombreufes & les plus vives, on le voit perlifter , avec •une opiniatreté bien inconcevable, a ne point faire ufage de la confiance qu'il infpire , & réfifter a toütes les occafions particuüeres de gloire ou de fortune qui lui font offertes. Cette marche , encore une fois , eft -elle donc celle d'un homme qui eft féduit ou qui veut tromp er ?  ( ii) Ainu donc il Aft «mOTlrl ft"5 M Mefmer fok un impofteur ou un entW n!LftuonoPoft.b,e^foftunho™: vrii. MaUs-ileft un homme ™ > < ^ opinion doit-on fe former de f. decou "Ter.es c'eft une découverte immenfe que Jr7»i nOferf* daus un feul tous h Nature ; qui, dans u" P«-«ne,offr.rne^^ loix; qui Hé , non pas par des mais par des expénences cette foute de vérités phyfiques , que depots fi long^ &toujoursfivainement,noos^o&rcons tfenchaïner&demettreenfemble. _ C'eft une découverte bien precieufe que iw mii aorès tant de théories incertaines, STdes P^cipesinconte^ plus utile comme au plus dangereux de tou L Arts, celui de conferver & de guenr , ieVurale,orTre des routes lumineufes ou ]ectur<1 ' . j„c fpntiers obfcurs  C 13 ) tout entier a la Nature, dont l'homme en efFet ne doit être que le miniftre ; qui , en un mot, s'il faut tout dire, nous difpenfe de deviner , quand la vérité nous abandonhe & nous fouftrait a la cruelle néceffité de tromper avec méthode , de mettre nos erreurs en théorême, & de fauver a chaque inftant la foibleiTe du fonds, par Ie myftere & la dignité de la forme. Or telle eft la découverte de M. Mefmer. Qu'on life avec attention les propofitions qu'il a publiées; qu'au lieu de s'attacher a examiner combien elles font étrangeres aux connoiflances que nous avons acquifes, on parcoure le cercle immenfe de phénomenes qu'elles embraflent; qu'on obferve que, dans le fyftéme qu'elles forment entr'elles, il n'eft aucun des procédés de la Nature qui échappe ou qui puifte échapper a leur Auteur; & fi Ton eft de bonne foi, on conviendra qu'on n'a point offert jufqu'ici k la curiofité humaine, de découverte plus étonnante, plus univerfelle & plus utile. Comment donc eft-il arrivé que les Savants ne 1'aient pas accueillie ? Vous n'êtes point étonné, Monfieur, que les Académies  ( 14 ) n'aient pas cru devoir s'en occuper. Ce n'eft pas dans de telles fociétés que fe préparent, felon vous, les révolutions avantageufes au progrès des Sciences. Il n'y a guere que 1'homme qui s'ifole, qui penfe a part, qui fe conferve indépendant des opinions & des coutumes de fon Cecle, qui ait le courage de faifir & d'annoncer une vérité hardie. Par-tout oü les hommes font enfemble , il fe forme des mceurs , des habitudes , des bienféances communes ; 1'efprit & le caradere perdent de leur reflbrt; on n'ofe rien, paree qu'on ne fait plus rien qu'en troupe , la prudence remplace 1 energie ; on s'occupe plus de conferver que d'acquérir ; & ce n'eft que lorfqu'une vérité eft devenue triviale , qu'on 1'ajoute au dépot des vérités connues. Mais, hors des Académies & loin des préjugés qu'elles enfantent, il eft encore même parmi nous des hommes , qui, échappant a 1'empire de la mode, emploient tout leur loifir & toutes leurs forces a étenare le domaine des Sciences. Pourquoi ces hommes n'ont-ils pas parlé? Pourquoi M. Mefmer n'at-il trouvé parmi eux qu'un feul Apologifte? Comment, annoncant d'importantes vérités,  ('I) offrant de les démontrer par des faits, c'efta-dire de les appuyer fur des preuves qu'il eft impoffible de contefter; comment nkÜ rencontre'par-tout que des contradideurs ou des incrédules ? II avoit d'abord excité la cunofité , 1'enthoufiafme même ; pourquoi cette curiofité, eet enthoufiafme ont-ils cefte ? Eh ! n'eut-il annoncé qu'une erreur «ètte erreur étoit fi grande , fi impofante^ elle embrauoft de fi vaftes découvertes, elle' tenoit par de fi profondes racines a toutes les branches du fyftême du monde, elle fe développoit fous un point de vue fi intélelTant pour 1'humanité toute entiere, qu'il etoit encore beau de la foutenir, ou du moins qu'il n'y avoit point de foiblefle a fouhaiter qu'elle devïnt une vérité. /oila bien des queftions , Monfieur: C, pour y répondre, il me falloit entrer dans tous les détails qu'elles fuppofent, j'aurois un trop grand nombre de faits k raïTemblerj&Ieréfuitat que je vouspréfenterois,  C 16 ) ne vous offriroit peut-être rien d'alTez décifif pour déterminer votre jugement. Mais il me femble que j'aurai fatisfait a toutes vos demandes, fi, laiffant la des faits qui peuvent être conteftés, je réuffis a vous démontrer: i°. Que le Magnétifme animal n'eft pas poffible ; 2°. Que lors même qu'il feroit poffible, il n'exifte pas; 30. Que lors même qu il exifteroit, on ne pourroit 1'admettre fans imprudence & fans danger. Alors, Monfieur , vous concevrez pourquoi M. Mefmer n'a joui, parmi nous, que d'une réputation éphémere j 1'opinion de nos Savants, furie mérité de fa découverte, vous fera connue i vous verrez que cette ptétendue découverte n'eft pas une vérité utile , qu'elle n'eft pas même une grande erreur, 8c vous ne nous ferez plus un crime de notre indifférence. 1°. Il faut être de bonne foi; tout n'eft pas faux ou ridicule dans le fyftême de M. Mefmer (2). (2) V. is Mémoke de M, Mefmer , fur le Magnétifme animal. Si  (i7 r Si rien n'eft ifolé dans Ja Nature, fi l'Qn fl ÏTT FS Z feUl Phe'nomene qui ne foulefTer d une caufe, & qui ne ^ «necaufe.fon tour ;fi même il eft impo/ïiWe djrconcevoir un être n'obéiüant qu i deslotx pamcufieres^a^ d>autres q que des loix générales déterminent, on ne peut guere douter, comme 1'avance M Mef ShTT ^ PllyfidenS édairés e%e de le démontrer avant lui, qu'il nV W une mfluence univerfelle & réciproque en re tous les corps qui fe meuven dan lefpace . queJque diftance « pofe places les uns des autres. P C'eft dès-lors une chofe vraie que ce fluïde ou eet élément dont parle M. Mefmer &qu.I confidere comme le moyen de cette -fluence. Qu on admette ^ e * quon voudra,il eft impoffible depWver" ^e deux corps féparés par un interval e quelconque.puiuent agir p„„ fur 1'autr ouobeir a une même aclion, fi on ne ^ ruppofepIo„gésdans un élément commu dans un élément fufceptible de recevo^r outes les ™preüions du mouvement 3 pour les commumquer & ies répandre> P B  C 18 ) Mais eet élément qu'on peut confidérer comme 1'oeéan des êtres , ee fluïde dans lequel & par lequel tous les corps font modifiés i obéitMl en efiet au mouvement alter. Sf qu'on lui attribue C3)l Eft-ce par ce mouvement alternatif que s'operent toutes ks relations d'adivité qui exiftent entre les corps céleftes,la terre & fes parties conftitutives? Les propnétésde la matiere, quelque variées qu'elles foient, ne réfultent-elles, comme on le prétend, que de cette première acTionde la Nature ? Eft - il vrai fur-tout qu>onpeutimiter cette adion, la renforce , l propager a fon gré préeipiter «Bh marebe de tous les phénomenes, & hattt dans tous les êtres les révolutions dont Bi tóftence du fluïde de M. Mefmer, le mouvement alternatif qu'il Uu attribue , ne t rien moins qu'invraifemblable Comme e S dit,iln'yapas de fait ifole dans le rii'mc animal , ?■ 75>  f lp) fyftêrte du monde. Or de tous fes faits que ce fyflême raffemble , il n'en eft point de plus confidérable, & dont 1'influence dès-lors foit plus univerfelle & plus profonde que le , & reflux> 1™ agite , par un mouvement alternatif, la maffe des eaux de 1'Océan. Une anajogie conftante entre les révolutions que fubiiïent la plupart des corps organife's, & les periodes d'accroiffement ou de décroiffement de ce fingulier phénomene j une analogie non moins conftante entre ces mêmes periodes d'accroiffement & de décroiffement & les périodes de tous les autres grands phénomenes que nous offre la Nature ; tout annonce, tout prouve même que le mouvement de 1'Océan s etend & fe reproduit bien au-delè des bornes fenfibles qui paroiflent lui être affignées, Orfi,d'une part, il eft vrai que fe mouvement le plus général qUe nous connoifells imprimeace fluide, eft abfo ument lemême que celui qu elle impnme a 1 Ocean & par lequel nous voyons qu elle opere icibas tous fes phénomenes. Car on ne peut fuppofer , fans contradiction, qu'un fluide dans lequel tous les corps ont longés, par lequel toute adioneft exe, cée ou produite, dans le mouvement duqu ilfaut aller chercher la raifon de tous les effets , de toutes les modifications, de toutes les formes, puille obéir a un mouvement oppofé acelui qui eft inconteftablement dans nottefyftême, la caufe de tous les effets, de toutes les modifications , de toutes les f°Cela'pofé, comme les modifications des corps ne font que le produit du mouvement, comme les propriétés de lamaner, ne font que le réfultat de fes modifications , des qu'on aprouvé que le fluide dans lequel & par lequel tout eft modifié, obeit a un mou-  C 21 ) vement alternatif, il eft vrai de dire, & Pon ï "eCeflairement Prouvé que la matiere doit « ce mouvement toutes les modifications quellerefoit.fc toutes les propriétés qUe ces modifications enfantent. Onwnsoit alors que s'il exiftoit un hom»e qu, eut appercu le fluide répandu dans v2 %' S VO!t VU " flddefe ^ouvoir, si avoit trouvé non feulement la loi Pnnapale en conféquence de laquelle 'ü fe »eut, mais encore toutes les Joix particuliere, qui de'pendent de cette première loi, perfonne mieux que lui ne pourroit rendre «fcn d. touS ,espnénomenes deJaN jeter p us de J0ur fuf 1 nebreufe, de Ia phvfiquej & nous theorie du monde plus fetisfeifante * p,us Onconcon encore que fi eet homme étoit Parvenu a semparer de ce fluide, s'il favoit en concentrer, en e'tendre & en diriger pac. T ' * P°Urroit 0Pe^r comme la Nature a fon exemple ; qu'en appliquant ainfi fa dé_ couvert» aux corps organife's, il produiroit dans Ja Me'decine une re'volution aufïï Biij  ( 22 > prompte quabfolue; que pour luui nVau^ véritablement qu un remede, paree qu »fo* auroit & qu'il ne pourroit y avoir quune maladie. Une maladie ne feroit autre chofe cu'unobftaeleal'aaion du fluïde qu il aurort découvert; lo remede ne fero.t que f deftruftionde l*obftacle en augmentant 1 aetion ordinaire du fluideG*)- i p^pd» p ItainWBt. ïu-on v i.r- dss prepriir« analogues d celles ^ ^^^^££!3£*S«. £JmmumSucS , ^"'8^. On Cent que fi tont n:ne ^ * fjrtjjOj»* „ mohiles aevcnant celaeftvra.,la du humain , celui qu, ^* " '"s enfot'et k fon (rf. doö pcut déFlacer c: P.« u ^ ^ Qrga. pouroir aufli , quand .1 »« extraordinaires & les plus nifation les changement* les r'-15 heuieux. f,„rïeté- de la doctrine de Aur;fte rwS^'^ M.Metmet me fut démon : , f ^ ap, dans fon fyftÊme que cette «» S' du corps per,„e entre les ptopt.etés e 1 « fi , Limal = i'étois même ^j**^ PaSe:f 1^:; d' «-dte ,c.e .emps leut efl, conviens qu'ils ont bien _ commencc a croir.e plus une opinion ^ j de quelque féduifante qu'elle fo*,tt»M ï  c n) La Méd'ecrae n'eft conjedurale que paree que nous connoiflbns très-imparfaitement Ia maniere dont les corps agiuent les uns fur les autres, & quel eft, dans toutes les circonftances données, le produit de. leur actiën. Si M. Mefmer a furpris a la Nature fon fecret, s'il connoit 1'Agent qu'elle emploie pour modifier tous les corps, s'il peut nous donnet une théorie vraie des loix du mouvement, & nous compofer, fans recourir h des qualités occultes ou de vaines abftractions:, un fyftême du monde dont il pui/Te démontrer la vérité par des faits : comme nous obéifions uniquement aux loix de ce fyfteme, comme il pefe fur nous & nous modifie dans tous les fens, je 1'avoue, M. Mefmer a ttouvé un autre art de guérir, bien plus certain que celui que nous avons jufqu a. préfent pratiqué. La Médecine devient, entre fes mains, une fcienoe véritable» Tout y eft démontré comme en Géométrie. La fanté, la maladie, n'étant qu'une maniere d'être des corps organifés, dès qu'il peut changer cette maniere detre, comme la Nature la change & par les mêmes. v.oies, il lui. eft impoffible B iv  C 24 ) 'de ne pas apprécier avec juftelTe les moyens qu'il met en ceuvre pour opérer une guérifon: le lieu du mal qu'il veut détruire, lui eft ïnfailliblement connu ; tout pour lui devient méchanique ; & 1'action du remede qu'il emploie, eft calculée comme une force qu'il oppofe a une réfiftance. Mais , Monfieur , croirai-je qu'une telle découverte foit poffible ? L'expérience de plufieurs fiecles n'a-t-elle pas dü nous apprendre que fi 1'homme peut acquérir autour de lui un petit nombre de vérités utiles, toutes les fois qu'il veut étendre fes fpéculations au-dela de fes befoins naturels, ou exercer fa curiofité fur d'autres objets que ceux qu'il eft donné a tous de voir, de toucher ou de connoitre, il ne fait que d'inutiles efforts, & retourne , après de longues erreurs, au point d'oü il étoit parti ? Que nous refte-t-il aujourd'hui de toutes ces théories brillantes, de tous ces fyftêmes fur 1'univerfalité & 1'enchaïnement des êtres, qui atteftent d'une maniere fi folemnelle, la patience & 1'audace de 1'efprit humain? Rien autre chofe que la certitude morale, que jamais nous ne parviendrons a connoïtre & encore  C 2j ) moins a imiter Paétion des premières caufes fur cette maffe d'efFets que notre curiofité raffemble. Eh ! ne voyez-vous pas que s'il nous e'toit donné de connoïtre, & fur-tout d'imiter cette aöion, rivaux de la Nature, non feulement nous opérerions comme elle, mais nous pourrions encore, a notre gré, gêner interrompre , contrarier fa marche , & porter amfi le trouble dans le fyftëme néceffairement calculé de fes révolutions? Ne fentezvous pas que précifément, paree que la découverte de M. Mefmer eft immenfe, paree quelle donne al'homme, c'eft-a-dire a un etre qui abufe de tout, cette même puiffanee avec laquelle tout s'entretient & fe régénere ; "e, ,!en!eZ " Vous Pas qu>iI eft impoffible qu elle foit vraie ? qu'il faut d'autant moins Iadmettre, que la route que M. Mefmer a parcouruepouryparvenir, eft loin de toutes les routes dans lefquelles on a jufqu'ici rencontré quelques vérités. Car enfin les vérités forment une chaïne, & ce n'eft pas en s'éloignant de celles qu'on connoït, qu'on peut efpérer de découvrir celles qu'on ignore. Or je défie, & M. Mefmer ne Ie prétend pas , quon puiffe appercevoir aucun rapport entre'  C 26 j les vérités nouvelles qu'il annonce, & eel!=9 qui ont formé jufqu'a préfent le fyftême de nos connoiffances. Je fens bien, Monfieur, que ce raifonnement ne fera pas grande impreffion fur vous qui obéiflant a une légiflation hardie, vivez parmi des hommes qui admirent les écarts du génie comme ils applaudilfent aux excès de la liberté. Vous ne pourrez pas vous perfuader, comme nos Savants , que paree qu'une découverte eft vafte, elle eft fcuffe ; que paree qu'on peut en abufer , il convient d'en contefter 1'exiftence: avec de tels principes, voustrouverez qu'il n'eft pas de vérités phyfiques qu'il ne f»Ue rejeter; qu on feroit bien fondé, par exemple, è nier les propriétés du feu, de la lumiere, de 1'éleftricite, paree qu'en doublant, en eombinant a&on de ces agents,il eft tres - poffible doperer tous les jours des effets funeftes. Peut-me même appercevrez-vous de la contradiébon, dans la maniere defaire de nos Dofteurs , qui, tandis qu'ils foutiennent qu'on ne peut s elever aux premières caufes des phénomenes., épuifent cependant toutes les reffources duraifonnement & de 1'expérience pour les. de-  r xj ) cauvrir; qui ne veulent pas que M. Mefmer puiae difpofer d'un Agent univerfel, paree qu'il 1'appüque a 1'art de guérir; & qui permettent au fieur Comus d'imprimer & de faire croire qu'il a trouve' eet Agent, paree qu'il n'en difpofe que pour amufer. Eh bien ! Monfieur, je veux avec vous que ces réflexions foient vraies; je veux qu'avec plus d'audace dans 1'efprit , une maniere d'être plus e'nergique , nous puiflions devenir a la fois, & plus téméxaires & plus crédules , il n'en réfulteroit encore rien d'ava»tageux pour M. Mefmer. Voici deux obfervations de'cifives que vous ne connoiffez pas fans doute,& que füreroent vous n'efTaierez pas de combattre. Première Observation. Le fyftême de M. Mefmer eft compofé de parties fi bien liées entr'eiles, que prouver qu'il eft faux dans un feul point, c'eft établir fa faufteté dans tout le refte, Or M, Mefmer réduit toutes les maladies a une feule, & foutient qu'il n'y a qu'un remede vraiment efficace pourles gue'rir. Sicela eft, le premier remede avec lequel on a guéri une maladie, a dn n^ce/Tairement les gue'rir toutes. Mais 1'expe'-  C 28 ) tience nous apprend qu'un remede qui convient aune ma!adie,peut accroitreles dangers d'une autre ; qu'il y a prefque autant de moyens de guérir que de manieres de fouflnr. II eft donc démontré par le fait qu'une maladie unique & un remede unique , font des chofes impoftibles, & qu'un fyftême qui conduit a un tel réfultat, s'il contient quelques vérite's , n'en eft pas moins infoutenable. Seconde Observation (j). M. Mefmer n'opere une révolution dans les corps organifés qu'en augmentant dans fon propre corps 1'aótion du fluide dont il difpofe, & en la communiquant ainfi augmentée aux individus qui 1'environnent. Or pour ces individus une telle aótion n'eft pas indifférente ; comme tout autre remede , elle doit produire un trouble dans leur organifation , qui, s'il étoit prolongé,pourroit lui devenir funefte ; ce trouble , elle doit donc le produire aulft dans 1'organifation de M. Mefmer. II y a donc long temps que M. Mefmer auroit dü ceffer f.) Voyez 1'Ouvrage de M. de Hom, qui a pour titre , Lettn Méiecin ie VarU iun Méiecin ie IW« . Oumge qui adu coüter prodigieufemenc a fon Auteur, & qu. ,&M I q»= c'eft donc toujours le Magné- unique, n'eft donc pas une idee r.d cule , ^Lft Wen aonnan, cu'on ne veu,l e P« concevoir , que des êtres qui «m« i "* ftence Au. ne fe conferven, qn'en ver» ^eloif.mple^nmqne.ne peuvent-Ift l rémblir , lorfque leur - ' » ciée cue par la même lol qu. les fait ex,ft« & ,ül les conferve , quenfln il eft abfurde tfoppofe, a un fyftême dont on ofte de ^espremlerescanfes.nUamutuelledepen 'Tfecondfteu, qnant^M. Mefmer q"V t.on repliquê ï Que le fluïde qu 4 me, en luvrene détruitque les obftacles qu, p^fentUon aaien ;,ue dans un corps fain Pce fluïde ner=ncon,re aucun obftacle qu i „e peu, donc y por,er aucun trouble que L principe' effet eft de hater les crifes de de ces crifes.ou qu'il ne les excepomt  C5i ) «pandlelevain qui doit les produire n'exifte Fs ; qu'ainfi fon adion eft abfolument indif- »? lU/,Un indIvidu n'eft Pas salade ï que M Mefmer ne court donc aucun rifqué a sy foumettre ; & qu>après tout il y a de 1 extravagance a s'appuyer fur des conjeöures ^rees de la maniere d'être phyfique de M. Mefmer, pour fe difpenfer de croire a des effets dont Ia vérité peut être conftatée tous les jours (6). Oh! certainement, Monfieur, fi quelque chofe prouve combien mes deux obfervarion, fon fondees: c'eft une maniere de raifonner to■ alaf01sfifaurre&firidicu]e ;jenevQus ta pas nnjure de croire qu'elle punTe vous fedulreuninftant)&que ^ ^ öun fecours étranger pour échapper a des mauvaife foi. Mais, Monfieur, fi mes deux obfervations °nt Vraies ■ com™ elles font appuyées fur M J.W*jW«É que ce n'eft pa» i M. Mefmer , mai, 4 Po fe. jufqu 4 préfent M, Mefmef ^ devo.r ïi£Zie lc ***** M * ^ 4-  ( 32 ) des faits incbmpatibles avec la pochte de h découverte de M. Mefmer,il eft evident que fa découverte n'eft qu'une chimère. q Ma première propoütion eft donc inconteftable , ou , ce qui eft la meme chofe , tl eft démontré que le Magnétifme animal n eft pas poffible. Je viens a mafeconde propofmon, ï'eft-a-dire que je vais prouver , que , lors même quele Magnétifme animal feroit poffible , il eft toujours certain qu il n exifte pas. IP Vous trouverezici, Monfieur, nos Dodeursconvaincus comme vous, qnilneit point dart dont les procédés foient p us mcertains,oül'on s'accorde moins fur le, me déterminés que celui de la Medeane S ils Int pas aftiz de bonne foi, ou plutot affez d'imprudence pour faire , d'une mamere publique , i"aveu de leur impéritie , vous les verrez gémir en fecret fur 1'impuiuance ou ils fe trouvent de répondre a la confiance qu'ils infpirent; s'étonner de ce que les lumieres qu'ils raffemblent, les éclairent moins fur les maux qu'ils peuvent guérir , que Int les fautes qu'ils peuvent commettre ; sarnv  ( 33 ) m für-toutdece que, parmi les plus grand* motifs d mquiétude & de filence , il ne leur eft Prefque jamais permis d'héfiter ou de fe taire Appelles , chaque jour, pour prononcer for des effets dont la caufe leur échapoe, chaque jour , üs fe voient réduifs . ]a néceffitó malheureufe de corriger la Nature, qu'ils ne connoiffent point, par les procédés d'un Art qu ,Is ne connoiffent pas davantage. Chaque jour ils ont donc des fouhaits k former, pour qu une révolution avantageufe au progrès des lc.ences développe enfin quelques germes de venté furie fol ingrat qu'ils cuftivent depms fi Jong temps, avec tant de conftance, & 11 peu de fuccès. D'après ceIaj Monfieur, fi J, docmne de Mefmer ét™ véritable, s'il eut pu démontrer cette docïrine par des faits , VOU5 ne devez pas douter qu'il n'eüt trouvéparmi neus autant de partifans qu'il y a rencontré d'advefaires. Je fais qu'il eft mille circonftances ou a venté même que nous avons defirée avec le plus d'ardeur, nous importune & nous bleffe , des qu elle s'offre è nos regards. Je fcfc que l orgueil, lenvie, 1'intérêt perfonnel, Je defir de dommer ou de nuire, peuvent quel* c  ( 34 ) quefois didter les réfolutions des liommes eftimés les plus fages ; mais , prenez-y garde , ce ne fera jamais que d'une maniere momentanée, ceneferapas fur-tout, lorfque, pourembrafler le parti de 1'erreur , il nous faudra combattre , ou étouffer la Nature. Ainü des hommes deffinés a foulager 1 nutnanité fcuffrante, qui ne s'occupent que des moyens de diminuer la fommedesmaux phyfiques auxquelselleeftenproie, dont la pitié eft a chaque inftant exercée par toutes les fcenes de défolation & d'effroi que la tril' tefle, lacrainte, 1'efpérance trompée, peuvent développer fousnosyeux; des hommes qui ne vivent, pour ainfi dire, quavec la peine & la douleur, qui n'exiftent que pour gémir & cor.foler, vous ne croirez pas, Monfieur , qu'ils puilTent devenir jamais affez infcnfibles, fe dépouiller aft» de toute efpece de morale & de probité , pour facrifier a des confidérationS de gloire ou de fortune, ou, ce qui feroit bien plus condamnable , a urt efprit de Corps mal-entendu, 1'intérêt de 1'efpece humaine toute entiere. Et pourquoi ne le croirez-vouspas? Paree que tant d'indifférence & de méchanceté ne  font pas dans la nature ; paree qu'il n> auS 0It n""e p,rop°rtion entre 1 °n°™té du cnme dont ü S'agit id, &.,e befoin que ]„ tax . il y auroit rion feulement de iWftice *"? f rfb^afupPofer30u,,;ótCd;; > a apres Ia maniere dont nous en femble, Monfieur, quelle eftPidéeque vous deve2 vous former de fes connoiiTances Comment avons-nous traité M. Mefmer? Loin d aller au-devant de lui comme au-de^ vant dun homme qui nous apportoit un» grande vérité, nous 1'avons pZcrk de a maniere la plus folemnelle dans Ia perfonnde celui de nosDodeursqui,féduitparfeï Preftige., s'eft chargé de les annoncer & de les repahdre. Et quel étoit Ie crime de ce DocW? Comme plufièüfs de fes Confrères, il avoü C ij  C 3<5 ) faivi M. Mefmer dansle cours de fes expsriences ; comme eux, ïl avoit été témom de faits en apparence extraordinaires; comme eux , mais plus long temps qu'eux, U avmt penfé que foit que M. Mefmer employat, pour produire ces faits, quelques-unes des caufes dont la Phyfique moderne a decouvert 1'exiftence; foit que lui-même il eutappercu dans la nature une caufe encore inconnue, perfonne plus que lui ne méntoit ks regards des Savants , & ne devoit excitet leur attention. En conféquence ll crut deV0ir puttier ce qu'il avoit vu; il lui parut même q,'ü y auroit plus que de la mauvaife foi a le difïimuler. Vous ne voyez la ,, en fuis fur, Monfieur, ni délit, ni faute, & cependant notre Faculté , c'eft-a-dire une Compagnie a-hommes graves qui peuvent bien LorerbeaucoupdechofesenMédecine,maiS qui du moins font inftruits des premières regies de la morale; mais qui connoiffent tout le prix de 1'opinion, & qu'on doit fuppoferincapables de la bleffer dans leurs demarches & dans leurs Jugements: eh bien . cette Compagnie d'hommes graves dehberantfurl'Ouvrage de M. d'Eflon, lui enjomt  ( 57 ) de défavouer toutes les chofes que eet Ouvragerenferme, & lui déclarc que fi, dans 1'efpace d'une anne'e, il ne föurnit le'défaveu qu'elle exige, elle ne le comptera plus au nombre de fes membres. Je ne me permets aucune re'ffèxion fur les conféquences de eet arret. II faut donc que d'Eflbn, après avoir dit qu'il a vu, dédare qu'il n'a rien vu; il faut qu'il publie qu'il a voulu tromper ; que les faits qu'il rapporte font faux; & quand il aura établi d une maniere authentique qu'il eft un frippon, Ia Faculte' s'emprelTera de le recevoir dans fon fein, & Ie maintiendra dans tous les honneurs dont elle menace de fe de'pouiller. II y a bien 11 quelque chofê de ridicule. Mais je ne vois cette affaire que dans fes rapports avec Ia prétendue de'couverte de M. Mefmer, & voici COmme Je raifonne. Je vous ai prouve' qu'il ne pouvoit pas le fane que nous fuflions détermine's, dans nos délibérations, par un autre motif que par 1'mtérêt toujours préfent de Thumanité, paree que, nous fuppofer un autre motif', C iij  c 38) p'eft nous accufer dun crime Impoffible 'k commettre, Or, dans la circonftance a&uelle, qu'exigeoit de nous 1'intérêt de 1'humanité ? Que nous examinaflions avec 1'attention la plus fcrupuleufe la nouvelle do&rine qu'on nous annoncoit; que puifqu'on prétendoit appuyer cette doctrine fur des faits, nous nous occupaffions du foin de vérilïer ces faits & d'en confrater l'exiftence. Mais, fi telle étoit 1'obligation qui nous étoit impofée, nous 1'avons infailliblement remplie. Perfonne, il faut en convenir, ne nous a vu proce'der a 1'examen dont il s'agit; mais il n'en eft pas moins vrai que nous y avons procédé, car nous ferions coupables s fi nous nous en étions difpenfés , & 1'on ne peut fans abfurdité nous préfumer coupables. ' II eft donc certain que le jugement que nous avons porté contre M. Mefmer, dans la perfonne de M. d'Eflon , a été précédé d'une difcuffion fuffifante pour parvenir a la découverte de la vérité. La vérité qu'il falloit découvrir ici étoit 1'exiftence ou la non exiftence des faits avancés par M. Mefmer,  ( 39 ) Orce Jugement déclare ces faits non exiftants ou faux. Donc ils n'ont jamais exifte', donc ils ne peuvent être vrais; Donc M. Mefmern'eft plus un homme de genie qu'il faiile refpecfter, mais un homme apreftiges qu'il faut ou méprifer, ou punir. Ce raifonnement qui repofe tout entier fur le défintérefTement bien connu avec lequel nousexergons notre profefïion, paroït ici d'une fi grande force, que je n'ai vu perfonne eliayer d'y répondre. Voilé donc la doétrine de M. Mefmer jugée faufTe, d'après notre maniere d'a^ir avec lui. Voulez-vous, Monfieur, porter fur cette doctrine un jugement encore plus fé* IT» feZ l6S yeuX fur la conduite de M. Mefmer lui-même, depuis qu'il a voulu devemr pour 1'Europe favante un objet de curiofité. Obfervez bien 1'homme que la fortune deftine a occuper une grande place dans 1 opinion des hommes. Une inquiétude vague, une forte d'impatience & de mal aife général le tourmente jufqu'a ce qu'il ait appercule point d'oü il doit s'élancer dans la. C iv  C 4° > carrière qui! lui eftdonné de parcourir: tant qu'il n'eft pas parvenu . ce point, tant qu'il eft réduit * diffimuler, fous des dehors ordinaires,rame aftive & profonde qui le meut, vousle voyez s'agiter, s'irnter, foutfrir; fes idees, fes- fentimcnts le fatiguent comme des befoins qu'il ne peut fatisfaire j trop grand pour obéir è.1'envie , cependantla gloire d'autrui 1'importune; c'eft Sylla qui s'indigne des triomphes de Marius; ceft Céfar qui pleure fur les viftoires l Alexandre; la confcience de ce qu'il eft , de ce qu'il pourra devenir un jour, le portee développer par-taut un- ca,aftere d audace &. d'énergie bien au-deffus des circonftances dans lefqueUesil eft placé 5 la modeftie memo n>cft que 1'orgueü quiVafflige ou fe tait & pour lui le repos ne cornmence que lo* qu'écbappé a tous les obftactes , tl a franchi Pintervalle obfeur qui le féparoit de la re- nommée- , . _ r Or fi tels font les hommes qui influent Uw ks opinions&les événements de leur fiecle; ft pour mefervir d'une expreffion de Tacite, la'loire eft leur premier befoin & leur derniere paflion , que faut-il penfer de la patience, de la tranquillité, fur-tout de la mar-  che myftérieufe deM. Mefmer? Rien deprus etonnant que fa découverte, rien qui fuppofe , h eiie eftcertaine , un efprit plus vafte, pIus élevé. Un nouveau fyftême du monde, une Médecine nouvelle „peut-être une autre théone des fenfations & des idéés, peut-être auffi une morale plus univerfelle & plus vraie que celie que nous connohTons : voilé ce que doivent attendre de M. Mefmer, ceux qui ont bien étudié toutes les conféquences de la découverte qu'il annonce; & lorfqu'il ne tienr qu'a lu. de feplacer a la tête des Savants de ion fiecle, quandille peut, quandille doit, quandles événements le lui commandent; qnand, en un mot, placé entre la gloire Sc' I>nfamie, il n'eft peut-être pas le maïtre de cnomr entre la réputation de grand homme & celie d'impofteur; comment fe fait-il qu'il re.te dans une volontaire obfcurité, & quefc peuvent être les motifs de fon filence> Car enfin vous devez fuppofer a M. Mefmer unefenfibilité égale auxtalents dont vous Ie croyez pourvu. Le cceUr eft le foyer du gen.e, & ce ne font pas les hommes fur lef, quels 1'opinion pubüque n'a point d empire, qui eb/ent ou qui font de grandes chofe,, Ufll5au commencement de fa carrière,  ( 42 ) M. Mefmer a cru devoir faire un myftere de fa découverte, & fe bomer a en conftater 1'exiftence par des faits; dès 1'inftant qu'on s'eft prévalu de fa maniere d'agir, pour le confondre avec ces Charlatans qui abufent de la crédulité du vulgaire, & qui n'ont des fecrets que pour les vendre-, dès qu'il a vu 1'Europe favante, je ne dis pas héfiter entre fes adverfaires & lui, mais le profcrire comme un homme dont les fyftêmes ne valoient pas la peine d'être difcutés; dès qu'objet du ridicule ou de la calomnie, lui-méme il s'eft vu preffé par toutes les circonftances qui peuvent exciter i lafois & bleffer 1'amour-propre: certainement, Monfieur , s'il eft un homme de génie, il a dü parler ; il n'avoit qu'a dire un mot , & il faifoit rougir les Savants de leur indifférence , & U ne comptoit plus d'ennemis, & tous les doutes injurieux a fa réputation , doutes fi pénibles pour une ame délicate , étoient effacés. Or ce mot, il ne 1'a pas dit : ne faut-il pas conclure des circonftances dans lefquelles il s'eft trouvé, qu'il n'a pas pu le dire ? On me répondra, je le fens bien, que pour juger M. Mefmer, il faut être dans fa con-  < 43 ) Wencejque comme on n'a point de donneespourapprécier fa découverte , on n'en * P°Int a"ffi Pour apprécier fa conduite; que Purfquna déclaré qUe toutes les circonf! tance, ne lm conviennent pas, pour publier la theorie des phénomenes que Ia nature opere par fes mams, on ne fera bien fondé a Ie Warner qu autant que, placé dans les circonfence. qu^l demande, on Ie verra toujours obftnerau filence. Ne feroit-il pas poffible eneffet que le fyftême de M. Mefmer, une fou connu & développé, tout ce qui nous « eclaircuTant, une preuve de fon jugement *-da fa prudence? Ne feroit-il pj pVb aio que ce rnépris pour 1'opinion publique, cetemd^erencepourlesoutragesquenou lu reprochon;,nefüten lui que la patience d un homme de génie, qui, dans une époque defavie facrifie tous fes reflentimentsau fuccè, de la révolution qu'il médite, paree quil apper901t, dans une autre époque Ie moment de fa gbire & de fa vengeanee ï Jadopterois ces réflexions, Monfieur fi je nelavois, qu'au raoins une foisM. Mefmer  C 44 )' a etc !e maitre de difpofer des événements a fon gré. Quoiqu'aientfail nos Doóteurs pour le fóuftraire a 1'ceil du Miniftre qui balance avec tant de gloire & de fuccès les deftinées de la France, ils n'ont pu empêcher qu'il n'ait vivement excité fon attention. Confervant, dans un age avancé un efprit avide de connoitre , & ne voyant, dans le fyftême de M. Mefmer que le germe d'une révolution utile , le Miniftre dont je parle n'a rien négligé po-.T le fixer parmi nous, & 1'engager a nous donner le fecret de fa docïrine; il lui a fait, au nom du Souverain , les offres les plus brillantes & les plus honorables, & M. Mefmer , qui devoit être emprefle de fortir de fon équivoque & myftérieufe obfcurité, a refufé ces offres, fous le vain prétexte, qu'errles acceptant, il ne fe trouveroit pas encore dans une fituation propre adévelopper fa méthode avec fuccès. Oh! Monfieur, que penfez-vous de ce prétexte? M. Mefmer feroit-il donc comme la Sybille de Tarquin , avec laquelle il n'étoit pas permis decontefter furieprix qu'elle mettoit a fes oracies? N'y auroit - il en effet pour  lui qu'une feule fïtuation convenable (6)ion plutöt n'eft-il pas ici plus clair que le jour que ce n'eft que paree qu'il a craint de.fe compromettre avec le Gouvernement, qu'il a rejeté fes bienfaits f Jene fais, Monfieur; mais, après cela, il me femble qu'il faut avoir une bien grande difpofition a croire , pour regarder le Magnétifme animal comme une chofe -exiftante. (6)Voili, par exemplc, ce que perfonne ne pourra fe prrfuader : que M. Mefmer prenne Je, précaudo*i pour publier fadoflrine, puifqu'elle n'a aucun rapport avec les doe«rinei revues, puifqu'eilc peut nuire univerfellemem i un* elafie d'bommes qui ne ,ivent que des erreur, qu'il fe pr0pofe de détruire ; c'eft Ik certainement un afte de prudence mais qu'il ait une telle idéé du crédit des Médecitu & de leurinfluence , fur 1'opinion publique, qu'il prétende, que toute «autorité du Gouvernement ne fuffit pas p0Ur le garantir de leurs piegei; qu'il penfe qUe les Médecins pratiquant un an menfonger, trompant tous les jours, & fachant qu'ils trompent tous les jours, ont pour nuire des refiWces & une volonté qu'on chercheroit vainement dans d'autres profeffionsqu'en conféquence, plein de teconnoi/Tance. s'il faut 1'en croire, pour les offres qui lui ont élé faites, mais averti par une expenence de plufieur, années, il s'obftine 4 vouloir qu'on lui compofe une maniere «Mtre tellement indépendance qu'aucun .événement public , aueutie intriguc particuliere ne puifle la troubler: c'eft, feIon moi , pour échapper è une fïtuation embarralTante, exiger exprès une chofe impoffible • c'eft exagérer des obftacle*, pour fe difpenfer de les combattre.'  f 46 j Cepetidant Je ne veux rien taire. Voici * Contre tout ce que je viens de dire , une objedion que bien des gens ont trouvée fpécieufe , & qui, en effet, au premier eoupd'ceil , ne paroït pas facile a réfoudre. Le Magnétifme animal ayant été annoncé comme un remede , ce n'eft, nous dit-on , ni au caradere moral de M. Mefmer , ni a la conduite de fes adverfaires , mais uniqueirient aux effets qu'il peut produire qu'il faut avoir recours pour en établir 1'exiftence. Or, il eft certain que M. Mefmer, en 1'employant dans les maladies les plus opiniatres , a obtenu & obtient encore d'éclatantes guérifons. Et ce fait eft prouvé , d'abord par 1'aveu de tous ceux qui ont écrit contre M. Mefmen Vous les voyez bien tourner en ridicule , ou diflimuler les cures qu'il a faites; mais aucun, comme vous 1'avez déja. remarqué, ne les nie pofitivement ; plufieurs même , ou plutöt prefque tous , conviennent qu'elles font véritables. Ce fait eft encore prouvé par une anecdote aflez connue : on fe rappelle 1'expérience finguliere que M. Mefmer nous propofa , ;!  f47) y a environ une année; il demandoit qu'on choufe vingt-quatre malades , dont douze ieroient confiés a ceux de nos Doéteurs qud plairoit a notre Faculté de choifir; * douze feroient abandonnés a fes foins . ü ajouto.t,que ceux qui lui écheoiroient en partage, feroient gue'ris plus promptement, &d une maniere plus efficace que les autres ; & en conféquence, il vouloit qu'on fufpendit tout jugement fur fa découverte , jufqu'a ce que 1'événement qu'il annongoit eut décide, laquelle de fa méthode ou de celie de fes antagoniftes, étoit Ia meilleure. Nous refusames le dén. Ne 1'aurions-nous pas accepté, ii nous avions été perfuadés que M. Mefmer netoit qu'un homme è preitiges , fi nous avions cru férieufement, comme nous le pubhons aujourd'hui, que les cures qu'il fe vante d avoir opérées, ne font que des illuiions ou des chimères ? II n'y a donc pas lieu de douter, continuet-on , que le Magnétifme animal ne produife des effets certains. Or, il y a plus que da labfurd»te a nier 1'exifW d'une caufe dont on a les effets fous les yeux, donc les effets du Magnétifme animal étant démontrés ,  t 48 5 Pexiftence de ce même Magnétifme nepeut être mife en doute fans extravagance. Je le répete , Monfieur , cette objeótion eft fpécieufe ; mais vous voyez, comme moi, qu'elle ne peut être fondée , qu'autant que les preuves fur lefquelles on appuie le fait général qui en eft 1'objet , feront inconteftables. Or,la feconde de ces preuves ne figmfie abfolument rien. Ce n'eft pas, comme on 1'aiTure, a la crainte que M» Mefmer nous a infpirée qu'il faut attribuer le refus que nous avons fait d'aecepter fon défi. Un pareu motif ne pouvoit prévaloir fur 1'intérêt de Phumanité entiere. Mais nous avons penle qu'il ne convenoit point è un Corps^ qui a une exiftence morale & politique dansl'Etzt, de fe compromettre avec un individu ilole , quels que fuftent d'ailleurs fes talents & les connoiffances; bien ou mal nous nous lommes comparés a Turenne , qui, après avoir porté 1'incendie dans le Palatinat, refufa , fans rien perdre de fa gloire, le cartel du Souverain malheureux, dont il venoit de ravager 1'héritage ; & il nous a paru , qu'entre tous les moyens d'établir fa dodrine, M. Mefmer ayant choifi précifément le feul que  ^ n°US "e Pouvions adópt€r Art ma"quer a nouS-mêmcs nrt "°US difpenfés de l J T Cn°nS PIeine- doncrien conclut ! T ^ 0" "6 Peut ' '-onciuie en faveur de M M r °n peut bien avouer ft i' encore tous 1PC !a . P e & °Pere «ons du les dédarer fmF- °0,,S me'rique & „„„ C3UIe abfo'^ent chi_ _ 1 Ceuc dependance C7J. (7) J'ai d!e plus hautöu7^e7l~~ ] ~~ D  A quelle caufe , me direz-vous, falloitildonc les attribuer? A quelle caufe,Monfieur i A la plus puiffante de toutes, a la plus ordinaire, quoique la moinsremarquee, \ celle dontilfaudroitle plus etudier 1 mfluence, & dont on a trop négligé ]u(qu a P Oh' comment croire qu'avec le fimple fecours de fimagination , on P^ér^' obftrudions, des rhumatifmes , des par ,ly2es rétablir un eftomac délabré diffoudie des'gUndes fquwteufey, doener 1*. ^ voir , d'entendre, de toucher *c. C« M Mefmer opere tous ces miracles? Lom Ltle croire, Monfieur? Ecoutez bien CeN'efroe pas a notre imagination toormentée par tous les befoins que la fociéte nous reufes ou pénibles , dans lefquelles la fortune 1 iette que nous devons la plupart des de la nature, avec des befoins qm ne fa'g ent pas notre fenfibilité; des defirs qui paree quils font toujours faciles a fatistaire,  Médecins de k ^T" > V°U* ,e* fes 7eHe;parce paree a ^ COmme be- Ie d'une »a? j.UI,COBln,e Ponr nous , ^'e faifoit vivre Or r m0Uve™-£ Zomens prefque/ousT5 ^ * auxquels nous f0Z ™UX P1^ *a>ne maniere qu'il & , , C d une cer- -agination exercée dans unInT^ «eventcapable delesde^re p ""^ meme quantité de for Pourquoi Ia un effet,ne fuffiro^10^ P°Ur Pro~ P»ncipes, oü fe^ lalt ""'^ m" *-«*»p* admettre les ^ POrCero;t —__-__________Y c°niequences C?; ? (7) Malgré Ja fo e' j~ ~ —- Dij  C P ) Revenons dónc auvrai, & concluons que* foit qu'on s'arrête a 1'opinion de nos Docteurs fur le Magnétifme animal, foit qu'on difcute la conduite de M. Mefmer pour trduver 1'opinion qu'il en a lüi-même , il demeure certain que ce Magnétifme n'eft pas plus exiftant qu'il n'eft poffible. Maintenant, & dans le cas ou cétte découverte ne feroit pas une chimère, ne conviendroit-i.1 pas de la profcrire comme pouvant produire une révolution dangereufe ? C'eft la derniere queftion que j'ai promis d'examiner. fonr.es, je le fens bien,- auront de la pei-ne i croire qu'on puifTe «aincre une maladie chronique, e'eft-i-dire fondre des cfctWHons anciennes, (!purer des humeurs dépravées , foririer desorgar.esaffoiblis, pat Je Grapte fecours del'lmaginat.on; ils, dïmanderoni f. 1'on a jamais vu une feule coliqueappa.lée , une fievre éphëmere ÜBpéc par ce fingulier remede. II y auroit a tout cc'.a breft des chofes a répondre , & ce feta la matiere d'un Ouvragc abfolument neuf , dans lequel je prouvetai jufqu'a 1'éVidencc Qu'on peut employet i'imagination comme acide , ou comme alkali , fu.vant les diverfes citconftances des maladies qu'on eft dans le cas de traitet. En attendam , ie dois dire ici que j'en ai obtenu de ttès-bons effets , en Ia prefcrivant comme eau de poulet, ou eau minérale, dans les paralyf.es oPipi itres & les maladies n«veufes.Voyezenctrt i'Ouvrage de M. de Horn.  ( f3 ) ^eUe n'aparm; PP eft a rnoij & «ux de nos Dofteurs P, ^Ue ^PP-ientt t nampoJUne InflitUtIOn Pas moins T lnftltut,°» qui.n-inté, Voicidonctourm 'nT' faUt COnduiCeft W 'yfteme, ** '«bimde, Jl° c ta «««■ *. Dii;  c ;4 ) pofition plus ou moins prochaine a c-tre emu ou imté par les objets qui nous environnent, qu'on psut trouver la raifon de cette prodigieufe variété de cara&eres qu'on obferve tous les jours dans la fociété, & qu'on ne fuppofe pas devoir exifter parmi des^ êtres , que les mêmes befoins, les mêmes loix, une même éducation ralTemblent. Tout changement, toute altération dans notre conftitution phylique , produifent donc infailliblement un changement, une altération dans notre conftitutiop. morale. II ne faut donc quelquefois qu'épurer pu corromprele régime phyfique d'une Nation pour opérer une révoiution dans fes mceurs. . On fait tout ce que les Egyptiens, les Perfes, les Spartiates dtirent de force & dè vertu, au genre'de vie fobre & auftere que leurs Légiflateurs leur avoient impofé ; on fait auffi que le moment de la dépravation de leurs mceurs, fut celui oü ils commencerent a porter avec impatience le joug des inftitutions falutaires auxquelles leurs peres s'étoient alTervis. Cela pofé, fi le but des hommes qui le ralTemblent dans un même lieu eft de vivre  ( SS ) en Jociéte', fi la fociété eft dans I'ordre de Ja Nature, il eft évident qu'il n'y a de révolution utile dans la conftitution phyfique dune Nation que celie qui tend è développer dans leS individus qui la compofent, toutes les habitudes propres a les rapprocher & è les unir. Or Monfieur, comment fe forment de telles habitudes? Tant que nous n'avons d'autres befoins que ceux de la Nature, comme il eft auez rare qu il nous faüJe recourir a Ia volonté d'un autre pour les fatisfaire, nous exiflons fans rapports conftants avec les êtres qui nous environnent,& les habitudes quiréfultent de ces rapportsnenousfont ^ Les chofes changent, lorfque la malTe de nos befoins s'accroït. Avec plus de defirs & Iesmemesfacultés,il nous faut, pourjouir, ajoutera nos forces, une force étrangere! Ce n eft plus en nous feulement que nous plafons la vie, maisauffi dans tous les êtres qu« en contribuant a nos p!aifirs, peUvent amehorer notre deftince. Alors notre folitude «ous pefe, nousfentons Ia néceffité d'être enfemble,&aveccette néceffité commen. D iv  ( $6 ) cent toutes les habitudes fans lefquelres !jfociété humaine ne fubfifteroit pas. Maintenant, Monfieur, tous les hommes font-i!s fufceptibles au même degré , d'acquérir des habitudes.? Non. Ce n'eft pas dans. toutes les ames que fe développent avec énergie les affeétions douces que fuppofent nos habitudes fociales, & qui, comme par autant de fibres, nov$ attachent a toutes les, parties de 1'Univers moral dans lequel nous exiflons. Ce n'eft, pas non plus pour tous les hommes que, font faites les Ctuations fortes, les paffions orageufes , tous les événements qui irnpriment a 1'ame un ineffa9able & grand caraótere. Celui, par exemple, qui n'obéit qu'^ des fenfations paiTageres , qu'un fouvenir pénible n'a jamais tourmenté, qui ne conr noft ni 1'efpérance , ni la crainte, ni les regrets, qui n'a pas befoin d'émotions pour, vivre & pour être heureux , eet être , s'il, exifte, dans quelque fituation que la fortune le jette, n'aura certainement ni caraótere, ni mceurs, ni habitudes. II ufera des hommes fans les aimer, ni, les hïir; il vivra d.ms la focicté , mais a coup sur il n'eft pas né pour, elle.  (m > ne font rf Verre* 9ue no* comme je a< du plus haut,zl n'eft aucune de nos qui Se Sd^ej a^a P- évident que een ft que paree que les hommes n'ont tous lamêrne conftitution, qu'ils ne font Parement fufceptibles des'Lmes ^- p!u?So na d°nC aI°rS ,a la Jett r " Pr°grès de ,a foc^1 u' n atUe du"ec^ution robufte,& fance d ^T^6"' P^vé, dès ^ir^ricfiy,e,quii,üpor- . 1ue des ienfations eroffiere, ™ lans rdta,o„ comme fans resrae f.  ( 1 outes chofa égaies d'aüleurs i] .» j q ins notre ^xi/r •Sta 23b— l'eflèt d'une fembbbfe r • T.d,ra"'ue- Or s " 'or« commune. Avec  ('C2 ) des organes plus robuftes, nous éprouvé* nons moins fouvent le fentiment de la peins & du befoin. Tous nos rapports avec nos femblables qui ne réfultent que de ce fentiment, toutes les habitudes que ces rapports enfantent, perdroient donc de leur vanete , de leur énergie ; les mceurs qui nous mettent dans une dépendance fi douce les uns des autres 5 les Arts qui épurent, qui embeMent les mceurs , retourneroient promptement a leur groffiéreté première; avec une fenubilite moins développce, moins acTive , une intelligence plus bornée , un caradere moins ttexible i une opinion plus décidée de nos forces , &fur-tout, avec moins d'occalions d'exercer autour de nous cette pitié dont la Nature a dépofé le germe dans toutes qui entre comme un élément nécelTaire dans la compofition de toutes nos qualites lociales & de toutes nos vertus; il nous faudroit d'autres coutumes , d'autres inftitutions d'autres préjugés, & ce ne feroit plus par les loix qui régifTent des hommes civilifes , qu il conviendroit de nous conduire. Et lei, Monfieur , j'ai une obfervation a faire, que je crois abfolument neuve. Ce  (^) «'eft pas feulemem dans nos vertus dan, un element nécefTar*> ™ • toute, „„ "ecellaire» mais encore dans toutes nos pamons ,8c dans tous les phifirs dont nos paffions font Ja fource P cha?rbffemm^bdle CnC°re' mais «ont un chagrm fecret de'vore lentement tous les char avec tantdinquiétude& d'intérêf nL ff* auque, elle a 6.^^ Peme; qui rejette vos confolatinn, : aime tant les pleurs ' !f 7n' qU> "'pandre ; cett femm V0US ^ mee, f, l ' qUI Par,e ave^ des graces li touchantes le laneaee dP l, i • * de la douleur „„ g , 3 plainte mille Foï,T ' V°US attache-t-eile pas pas a,6Uneffe&deIa b—'^a è iouïr ^conde, vous chercherez P'«r me pa(li0n dllrab, vousL™ÜS,'nrtb» 7' Etpo"r1°°" P«ce qU'e!!eexerce  ) 6*4 ) hgés . «fccine refpeflable . alnfï " ^ Ia Mc'" Corps des Médecin , ^ ' ,e ^nt la deftinée fe L av T P°Iitique > profpemé- alfi, effentisJ,e "ous faut abfol' IWre il droguss & des m,, j • d'flr,bu«>"-s des ™«t fa les Ltó f5-,,'"''"'"' P-M» '« d^ dtti (™ Nlti0"- *« «on délicate n'eft pas Ia ^J' °n. organifa- comme «ne organifation lbJ"\ „ ff °' dC '3 . V0DS Ia d«°» a des circoniWe' ' < «tuttons vicieufes „ui font nn ' * * de, i„f. aigrie paria douleur, la m„ J PMWJ 9,16 la fenfibilité *conde de ,a plupart de * ^S"" ' * * par les circonftances ^'.«^«p^ »°« ^e.eftunpoifon ^7 £ V^''"f°™»= «nceS:auefi Ie bu{ d.^"[e^ lage leg.flataon eft de E ij *  68 M. Mefmer , qui ne veut pas de 1'influence de nos Dodeurs, paree qu'il n'appercoit que les effets phyfiques qu'elle peut produire ne nous feroit donc qu'un préfent funefte, h en publiant fa découverte , il rendoitleur profeffion inutile. L'époque de notre retour vers les mceurs barbares de nos ancêtres, feroit infailliblement celie oü fa docVine feroit les hommes heureux , ce n'eft Fas a fair. des hommes tenfibl», mais des hommes bons qu'il faut s'attacher. Or « mmes d'autant meilleurs, exifte pIus exafte entte nos befoins & nos tefiources. Le méch n ft celui qui ne peut pas tout ce qu il veut. Atnfi donc plus lsfetonsrobHftes,& moins nous fetons méchants, patc? Z, comme je l'ai démontté , nos defits a.ots fetont peu 'ombteux, &nous manquerons ratement de moyens pour le fatisfaire. M. Mefmer opéreta donc une révolution ut.le dans noS mceurs , en diminuant la fomme des maux phyfiques "Iquels nous fommes en proie ; il ne déttuita pas notre MfcfUBlé. ppifqu-pn regatde la fenfibilité comme un bien, mais illa tégleta, i, empêcheta qu'eUe ne fe cotrompe ^ corps fain il nous feta trouvet une ame faine, & s .1 Pe»J s-emparer de nous dès 1'enfance, nous lui devtons cette bonte qui eft Tapanage de tout fee qui ne fouffre pas , & ,u. . dans 1'ordre de la fociété , vaut encore mieux que la vettu , &c. I, , auroit k tout cela plus d'une réponfe : mais il faut laiffer „udque chofe a faire I la fagaci.é du Lefleu,Encompa-t q e je viens de dite , avec ce qui m'eft objecré. ,1 déme fans peine de que. c6té fe «ouven, 1'abusdes & le f.»* sm^loi du rüifonns1116^1  6> ™f EtJU' S^^-noU! en ac,„é«tt. au dépens de tous les biens q„e la « labonne heure, mais une exiftence rtupidé J°»'r que comme le veut la Nature> ;r„;r;vour'ave2prop°&-a"?tt je nïï. fuffif 6 ^ V°S ÏUefti0ns J Ia1"e»e i-a r Ld nSm-Le"re'«Mes J 1 aurois pu traiter avec dIlis <\* r • ' . ««.oientd^de^p*dSi?: " ' m med.tane fur 1'exilience ou la Po/übdné du Magnétifme animal, vouslou -MMqn^bWionqneje^0^ operefe!;, " ** °" * Mef™ foudr, P SCS' V0US Paröt diffi«le i réfoudre »ouspouve2mëcrireavecconfia„ce insle „„del,S" ^ ne la difcuflion pémble è laquelis  7o )e viens de me livrer, ne me difle encore mes réponfes. J'ai Thonneur d'être, &c, P. S. Je vous enverrai inceiTamment Ie Difcours que j'ai prononcé dans nos Ecoles publiques, fur le défintéreffement & l'humanité avec lefquels un Médecin doit exercer fa profeffion. On a trouvé ici 1'Ouvrage un peu trop dénué de faits , mais en général plein de cette morale raifonnée & de cette philofophie délicate qui caraótérifent toutes nos bonnes produftions modernes. FIN.