FRAGMENS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ÉVENEMENS qui se sont passés 'aux PaYS-Bas DEPUïS la fin de I787 jüsqu'EN 1789. Publiés pur le Comte de Trauttmaksdoef?, Aoec des notes explicativeu A AMSTERDAM Chez GABRIEL DÖFOÜR, Libmm l % § l,   A VA NT PROPOS, Ces fragmens ne font que les matériaux dont je comptois me fervir pour la rédaction d'un récit fidele & exafö <, de 1'étonnante révolution dont j'ai été témoin ert 1789. Ayant occupé un des premiers Poftes de" 1'État auquel j'avois voué mes fervices, mes concitoyens mefembloient avoir droit'd'êtrë informés par moi-même s d'événemens auxquels ma place m'avoit obligé de prendre part; & ü m'impoftoit d'autant plus qu'ilsj le fuffent avec vérité, que je les ai de toüü tems trop eftimés & aimés > pour ne pas: attacher le plus grand prix au jugemene qu'ils pourroient porter de moi* Je me propofois, avant de leur livrer có que j'avois rapidement jetté fur le papier è cettefin, dele refondre entiérement, pour le rendre plus digne de leur attention; maïs le zele indifefet d'une perfonne, qui a crit pent-être me rendre fervice eri pubïiant k * ê  mon infu , les notes que' j'avois faites , & dont j'avois confié la copie a fes foins, ne me permet plus d'entreprendre un ouvrage qui exigeroit tant de tems (i); & je dois me bomer a prévenir par une édition plus correfte, & par des notes explicacives propres alarendre moins inintelligible, la mauvaife impreffion que pourroit avoir faite celle qui a paru contre mon gré, & qui ne fauroit que contribuer, comme tout ce qu'on a vu jufqu'aujourd'hüi, a défigurer encore davantage des faits que 1'efprit de parti s'eft efforcé de peindre fous des formes fi diverfes, & toujours fous les couleurs rrompeufes des apparences , jamais fous celles de la vérité. (^2) CO Quoique ces fragmens ne paroiffent qu'aujourd'hui, ils étoient écrits des le mois de juillet, c'eft a dire peu do femaines après 1'annonce qu'on' en a vu dans les gazettes, & c'efl: un hazard qui en a retardé 1'impreflion jufques ici. (2) Je n'ai point été furpris de voir parortre dans un moment de vertige tel que ceiui oü fe trouvoienc les Pays-Bas, urie foule d'écrics incendiaires, deftinés a irriter contre le Souverain & fes Miniftres , un Peuple nullement porré ó fe foulever, & il a fallu que je me foumettea ce cruel facrifice; maïs j'avoue  Cv) Ce fera donc moins k Fhiftoire de la révolution momentanée des Pays-bas, dont on a d'ailleurs été informé par les papiers publics, que fervira ce récit, qu'a déveiopper les circonftances, prefque généralement ignorées, qui Font accompagnée, & peutêtre plus encore , a éclairer celles qui me regardent. Je concois qu'au moment oü les grands intéréts de FEurope fixent Fattention générale, & oü Fon ne fonge prefque plus aux troubles des Pays - bas, quon croit finis, on s'occupera encore moins de ce qui y effc arrivé paffe deux ans , & furtout de la facon dont peuvent y avoir contribué direétement que j'étpis aufii étonné qu'affligé, de voir que c'étoit d'après de pareilles horreurs qu'une partie du public me jugeoit, faus égard a la facon dont il m'avoit connu jufques ici , & fans fe donner feulement la peine de fe procurer des notions plus vraies, quoi* que celles qu'il' avoit, portoient a chaque Hgne i'empreinte pofitiue de 'la plus affreufe fauffeté , & n'avoientété diétées a de vils écrivailleurs, que paria méchanceté de ceux qui efpéroient réuffir par de pareils moyens. Jamais menfonge n'a été moins déguifé que daris ces pamphlets dégoutans, tels que les, * 3  C vr ) ou indire&ement ceux qui ont eu le malheur d'y jouer un röle; mais je n en attaché pas moins de prix a inftruire de la vé., rité ceux qui veulent réellement 1 etre; fji) & je choifis même par préférence une pareille époque, ce choix devant prouver que je n'étois nullement inquiet de juftifier des démarches, de la droiture defquelles je fuis auffi parfaitement convaincu , que de Ia pureté des intentions qui les ont dirigées, & qui ont toujours fervi de bafe a ma conduite & a mes aólions. Au refte'je ne prétends donner au récit que je communiqué ici a mes concitoyens, d'autre force que celle de la candeur & de la yérité. Je n'attaque perfonne; ü je réponds aux inculpations dont on s'eft plu a me charger après coup , je ne me fers pour foi - difant lettres de Linguet d Jofeph 11.; celle de Jaubert au Comte Trauttmansdorf; I'infame produclion, des tmfques arrachés &c.; & jamais cependant on n'y ê ajouté une foi plus aveugle! CO Ce n'eft qu'a ceux-ci que ce petït ouvrage eft êclliné', car je renonce a perfuader de la vérité les jperfonn.e? qui ne veulent pas l'étre, & ne doute'pas fté ïoü£ <; cue i'eufTe eu bien fujet de redouter de les voir en Se pareillcs mains, fi j'avois eu la moindre chofe a me reprocher ; mais j'étois trop tranquille a eet ézard pour chercher a empêcher que eet ouvrage ne parüt,\u pour le faire diriger en ma faveur, comme ]e U pouvois, ainQ qu'on le verra par la lettre a-desfous citée, que m'écrivit le rédafteur du Journal Général de 1'Europe , dont Jaubert avoit empranté la * 4  C vin } tais fur plufieurs objets, dont je ne parle rai que dans le ieul cas oü la méchanceté plume habile, & qui s'en eft efFedïivement fervi avec adreffe dans tou. les endroits oü il , avoit des tournures heureufes ü donner. Voici cette lettre.' Monfieur le Comte! ,» II fut un temps heureux o!i votre ïnfluence im„ médjate fur le Gouvernement Général des Pays„ Bas, vous laiffoit tous les moyens de faire répa„ rer une injuftice a notre égard. „ II n'y a pas un an, il n'y a pas même huit „ mms, Votre Excellence pouvoit encore nous s, affurer fans ooitacle, & nous faire obtenir fans „ dela., le rembourfement de tout ce que nous „ avonsperdu pour avoir époufé trop chaudemcnc „ la caufe de feu 1'Empereur. Si vous 1'aviez fait „ Mr. le Comte, ce fervice n'eüt pas été perdu „ Pour Votre Excellence; nous aurions la douce „ fatisfaction aujourd'hui de lui prouver que nou* ne fommes pas ingrats. „ Nous ne chercherons pas a perfoader ici Vo„ jre Excellence, qu'il étoit de 1'intérêt de la Mais, fon d Autnche que nous fuffions complétement " &°sfaitS V" egard- ^" befoin • «ons pour„ nons en donner les motifs, & prouver ^ fi " rn Ta r™' 3 C0UVert de nos Perttt pas„ fées & des nlques fuiUrs, „ous euflions fu J " emP,üyer de* moyens proprea è fixer Ia ferrnen„ cation en faveur du Souverain, malgré les in.  C « ) de mes ennemis m'y obligeroit. En un mot, mon principal & unique but eft de „ trigues des deux partis. Non, ce n'eft point Ie „ moment d'agiter cette queftion; mais Je temps „ eft venu de vous dire, Mr. Je Comte, qu'il cft „ toujours de 1'intérêt du Gouvernement, furtout „ quand il doit compte de fes aétions a un Chef „ fuprême, de ne point dédaigner les repréfenta„ tions fondées des gens de lettres, & principale„ ment de ceux qui ont fu s'emparer de Topinion „ publique. Le Gouvernement des Payj-bas, Vo» „ tre Excellence le fait plus que perfonne, a man„ qué envers nous a cette maxime politique. Si „ nous étions haineux, 1'occafion de nous en dé» „ dommager fe préfente, & nous en profïterions. „ Mais le fiel de la vengeance ne troublera jamais „ Ia férénité de nos ames ; cette paffion eft au„ deflbus de notre caradTere ; il eft plus doux „ d'être utile : nous avons toujours cherché a „ 1'être, & c'ejl le parti que nous prendrons a l'êgard „ de Votre Excellence, dans une affaire trés délicate „ qui la conceme, &f qui implique férieufement d'au„ tres perfonnages importants. Mais comme il efi plus „ que temps que nous penfions férieufement d réparer „ la brêche faite d notre fortune, U faut un accom„ modement entre les intéreffés 6f nous, afin que nous „ coopérions d les fauver d'unë difgrace certaine. Aa„ jourd'hui fur-tout, que pour avoir parlé en favetir „ de Leopold, pour avoir travaillé è lui conferver des partifans, nous nous trouvons de nou- * 5  co placet fous le vrai point de vue 1**11 du leéteur, fans töücher è ce qui regarde lesrejfortsfecrets „ veau la vidrime de notre dévouement a la Mai„ fon d'Autriche, & que pour récompenfe notre „ journal eft encore interdit, prohibé , & arrêté „ pour toutes les Provinces; ce qui depuis deux a „ trois mois nous occafionne une nouvelle perte de 4 a 500 Louis. „ Voici, Monfieur le Comte , de quoi il eft „ queftion de vous a nous: une perfonne que vous devinerez peut-êtrê, mais que nous ne pouvons „ encore vous nommer , nous a propofé de rédiJt ger un mémoire pour la juftification de feu le ,, Général Comte d'Alton, & nous a remis en con„ féquence des papiers de la plus grande impor„ tance : entre autres chofes il s'y trouve beau„ coup de lettres originales , partie de Votre Ex„ cellence , partie de certaines autres perfonnes attachées a des intéréts qui n'étoient pas trop „ ceux du Souverain; des dépêches miniftérielles, „ des rapports &c. Nous ne vous cacheröps pas, „ Monfieur le Comte , qifune main habile pourroit " faire un terrible ulage de eet enfemble de pie, ces, qui toutes portent avec ellés un cara&ere " irrécufable d'authenticité. El les peuvent non feulemênt fervir a 1'enciere juftification du Com*, te d'Alton, mais encore a perdre plufieurs per- fonnes dans 1'opinion publique & dans 1'efprit „ du Roi d'Hongrie, & è eu dénoncer plus d'une „ comme refponfables de la perte acluelle des „ Provinces Belgiques.  C xi ) de la grande politique des Cours, ni les petities intrigues de quelques particu- „ On peut aiféraent conjecïurer d'après tous Jes „ renfeignemens que nous avons, que vous avez „ été, Mr. le Comte, entraïné dans une cabale „ dont vous ignoriez & ignorez peut-être encore „ les projets & le but. Cette cabale exiftoit avant votre nom'nation au Miniftere ; & celui qui la „ conduifoit, 1'homme le plus adroitement ambi„ tieux, avoit tout prévu pour s'emparer de Vo„ tre Excellence è fon arrivée aux Pays-bas; „ c'étoic le plus difficile: i! a aifément alors con„ tinué ö vous diriger, 1'écueil étoit peut-être inévitable. Tout autre qu'un homme nourri dè3 „ Penfance dans les grands principes d'adminiftration , dans ceux de cette philofophie éclairée j, qui conduic aujourd'hui l'AfTemblée Nationale de „ France , tout autre y auroit fuccombé ; & fi la „ révolution n'eüt pas été confommée, Votre Ex„ cellence & le Général-d'armes euflent probable* ment été facrifiés , c'étoit le but. Les affaires „ ayant pris une tournure toute différente de ce „ qu'on efpéroit, il n'a pas été de 1'intérêt de vos „ alentours de vous compromettre , & on a cru „ plus aifé & plus court de facrifïer le Général „ d'Alton & il eft mort J mais pas affez tót «, pour fes ennemis; car il a eu le tems d'inftruire „ un vengeur, & de remetcre entre fes mains de „ terribles monuments des intrigues des Cours; „ heureufement celui-ci s'eft adreffé k nous pour 3» en être fecomlé.  C xii ) liers , quoiqii'elles ayent, l'une l autre , infiniment contribué a ce qui eft arrivé; & que „ Vos intéréts, Monfieur le Comte, exigent d'affou„ pir entiérement cette affaire, &p d'empêcher d tout „ pr ix la publication du mémoire dont nous nous fom~ ,, mes chargés : mais vms concevez bien qjj'il en codtkra pour y parvenir. „ io. 11 faut gagner l'ami de Mr. d'Alton, car il a „ imaginé toutes les précautions pour ne point être pris „ au dépourvu; il a dépofé une copie authentique „ de tous fes papiers en Hollande; il en tient une „ autre; nous en avons une aufli, & les originaux „ vont étre mis fous peu en lieu de füreté. Mais fi nous fommes fecondés, nous pouvons promettre de „ Vamener d nos vues, fcf de terminer Vaffaire d votre „ fatisfaSion. a°. „ Pour facrifier les avantages que nous fommes „ affurès de fetirer de la compofition £ les punitions qu'on eut pu infiiger fans juge ni fentence er> flagrant délit. Si tout le monde eut fait fon devoir* comrhé il a été dit plus haut, & qu'on eut pu obtenir du Confeii de Brabant ce qu'on pouvoit en exiger avec juftice i il jf auroit cettainement eu de quoi fiatuer des exemples & puhir ; mais la conduite criminelle de ce tribuhal tenoit alors ft d'autres caujes l Caitfes auZquelles on pourroü aUrikier isüi fa mal qui s'ejl fanP S 8 -  C 20 ) Lafaifie, peut-être néceffaire, de quelques particuliers, que le Général-Commandant follicitoit depuis longtems, acheva,par la facon dont on s'y prit, le mal que ces événemens avoient produit. Ce fut le 8 Aoüt qu'on s'y décida; quinze cents hommes furent fous les armes pour prendre vander-Noot, & le manquerent ; 0n manqua également tous ceux qui étoient défignés, & on ne s'en attira pas moins de reproches. D'ailleurs, on agit trés illégalement pour leurs papiers & autres effets, & peu humainement envers ceux qui avoient été affez dupes, pour fe laiffer prendre,& qui étoient détenus au chateau d'Anvers. Je cherchois toujours a calmer (i), & effeétivement nous nous tirames paffablement d'affaire, de facon que j'obtins encore, après quelques Si'.. & Mais... les fubfides des deux premiers membres des Etats a leur affemblée de Décembre (2). (O On me 1'a reproché depuis, parceque i'événement n'a pas répondu a 1'attente; mais outre la jufie réfiexion que ie devois faire, que la Monarchie étant en guerre, & S. M ne pouvant par conféquent pas nous envoyer du renfort' il étoit eflentiel d'éviter une exploiion qui pouvoit exiger 'plus de forces que nous n'en avions i lui oppofer; il y avoit aufli une tres grande difFérence entre 1'époque de ce moment-lê ou il s'agiffoit encore de ne pas rendre la Nation notre ennemte, & entre celle des derniers tems, oü elle 1'étoit. Lors qu'elle 1'eft effeftivement devenue, j'ai toujours cru qu'il lalloit la traiter comme telle. (2) Les fubfides ne m'ont jamais été refufé de la part de ms les mis membres des Etats, pendant tout le tems de  ( ) C'eft a cette epoque que S. M. m'avoit ordonne' de me rendre a Vienne. J'ofe le dire, & tout le monde faffurera, qu'on étoit 11 perfuadé que j'allois me mettre aux pieds de 1'Empereur pour chercher k faire le bien , qu'on avoit généralement concu le plus grand efpoir de mon voyage (i). mon miniftere,& j'ai,dans deux ans & demi,envoyé plufieurs millions a Vienne, quoique je n'euffe que la voye deperjuaJion , & nullement celle de la contrainte è employer. Les deux premiers membres n'ont refufé Ie 18 Juin 1789, que parceque le fubfide fixe, & les autres points qu'on leur demandoit, leur paroifibient contraires a leur conftitution, & nuifibles a leurs intéréts. Aujourd'hui que nous avons audelct de 50 mille hommes dans le Pays,& que toutes les circonjlances nous Jont favorables , les fubfides de 1791 & 1792 font refufés, & il faut envoyer d'ici des fommes confidérables, pour 1'entretien du grand nombre de troupes, qui font indifpenfablement néceffaires, fj 1'on veut conferver un Pays, devenu par-la, une vraie charge pour le refie de la monarchie. Cinquante mille hommes contiennent a peine la feule Province de Brabant, & moins de vingt mille ont contenu tout le Pays pendant prés de trois ans, quoique la fermentation fut dans toutes les Provinces! Encore n'ont-ils fait que 1'abandonner, lorfqu'un concours d'événemens auffi incompréhenfibles qu'impoffibles h prévoir, a fait réuffir m coup de défejpoir, qui a Uut dècidi. Sans cette circonftance, il eft plus que probable, j'oferois dire qu'il eft für, que ce peu de troupes eut pu, non feulement contenir le Pays, mais eut ftiffi même pour le faire continuer de remplir fes devoirs envers le Souverain & 1'état. (1) La lettre ci-jointe en eopie, que m'écrivit Ivlme. 1'Archiducheffe au moment de mon départ, prouve que mon voyage n'étoit pas une fauffe fuppofition, comme oa a voula £3  ( 22 ) Le tlers.érat, qui refufoic encore obftinément les fubfides, étoit fur le poinr de m'en affurer le confentement 24 heufes avant mon départ (1); & fi de mauvais efprits n'ëtoient parvenus a perfuader que mon voyage n'étoi't qu'unê rufe, je 1'emportois peut-être avec moi, au moyen de quoi tout eut pu être dès-lors facilement arrangé. Malheureufement {'événement prêta beaucoup k la fuppofition que mon voyage n'étoit qu'une feinte; J'étois a peine arrivé a Mons, que je recus un courïer de S. M., qui me portoit fa Dépêche du 7 Janvier, avec lordre de retourner a Bruxelles pour y exécuter fes nouvelles inftruótions. En conféquence de cette Dépêche, il s'agiffoit le faire croire , & que mon but étoit de faire le bien. ]La voici; Bruxelles le 15 Janvier 1789. „ Voila ma lettre pour la Reine; je fais, M. le Comte, „ des vceux les plus finceres pour votre heureux voyage' „ & prompt retour; que le bon Dieu vous conferve, & M bénifle vos intenüons parfaites : quant è nous, n'otre „ reconnoifiance pour votre fincere amitié fera éternelle „ furtout les marqués que vous nous en avez données' „ encore aujourd'hui, nous remettant entiérement dans vos „ mams. J'embraiTe la Comteffe. Adieu notre eftimable ami: a quoi ferons-nous peut-être expofé pendant votre „ aofence! Mais Ia volonté de Dieu foit faire, II ne laiflera » Pas °PPr™er 1'innocent, ni ne bénira les méchans" O) Linguet, qui m'a fi maltraité krfqu'il crut trouver plus ie profit dfe tourner d'un autre cM, s'employa avec chaleur en ce moment pour me faire réuflir; & fi j'avois obtenu eet important objet, c'eut été en même tems a fes foins que j'ea auiois été redevable. ' '■ '■  C*3 ) d'en venir déja h cette époque, a 1'extrêmité qu'il m'a été impoflible d'éviter quelques mois plus tard. Tout le monde me rendra le témoignage, que je n'ai épargné ni peines ni foins pour n'y être pas obligé; il n'y a pas un membre des Etats qui n'atteftera, que fi j'ai réuffi alors, c'eft parcequ'ils fe laifferent diriger d'après les confeils qu'ils vinrent me demander individuellement, & même en députation au nom de tout le corps, tant avant leur affemblée du 26 Janvier, que pendant fa durée; aufli n'eft-il pas poflible aflurément de demander plus de foumiflion envers S. M. qu'ils n'en témoignerent a cette occafion; elle étoit peut-être (1) fincere de la part des deux premiers membres pendant quinze jours ou troïs femaines; mais le Tiersétat, toujours fecretement dirigé par Van-derNoot, n'étoit pas moins obftiné encore, & arrêtoit toutes les entreprifes que fans cela on eut pu & dü tenter dans le moment (2). (1) Je crois qu'elle 1'étoit effeftivement pendant quelque temps de Ia part de la majeure partie de la Nobleffe, qui dtfiroit voir enfin terminer ces embarras; mais 1'état eccléfiaftique étoit bien plus exigeant encore, & n'a fait femblant de céder, que paree qu'il étoit für que Ie ïiers n'y confer.tiroit pas. C'étoit a peu-prés toujours la marche qu'on fuivoit, quand «n feignoit de [e foumettre. (z) C'eft pour avoir réuffi d éviter la démarche violente, 2 laquelie il a fallu en venir plus tard, que S. M. m'a généreufement récompenfé alors, en 1789, & n°n Pom avoir ré" pandti le (ang de fes fujets a la journée du 22. Janvier I78S„ B: 4  ( *4 ) Plufieurs circonftances contribuerent encore a empêcher les fuccès qu'on pouvoit fe promettre de te démarche foumife ou'avoïent fait les deux premiers membres des Etats a cette aiTemblée. D'abord le Général - Commandant, qui vouloit abfalument que fintroduijijje lefyftêmepropoJéparrEm. pereurem7R7 (i), quoigue^S.M, y eut entièrement comme 1'a dit méchamment Linguet dans fa prétendue fecon de lettre a 1'Empereur, en confondant mal/ciéufement ies" dates, pour faire paroitre cruel, un Prince qui auroit récompenfé une pareille aftion, & moi qui m'en ferois rendu cou. pable. La lettre gracieufe que m'éoivit 1'Empereur a cette occaJïon, pourra en fervir de preuve. Vienne ce 10 Fëvriér ,789. „ Après vous avoir mar„ qué mon cher Comte, tout ce que je penfe fur les affai- res du moment, je vous joins icï une lettre pour ma „ Sceur , & une autre pour le Prince de Gavre • ie |P „ charge de la Commiflion de vous donner comme 'chev* „ her en ma place, le Collier de la Toifon. Te fais h.W ,, qu'il ne vous faut pas de récomPenfe,& que d'avoir fait ë „ b>en vous fuffit; mais il me faut des diltinftions & d« „ marqués voyante, de ma fatisfaction & reconnoiffance „pour ceux, qui comme vous, fervent I'état. AgrL » auffi coramVelle la botte ci-jointe, & fous ce point de „ vue, ayeZ la fatisfnétion de m'en avoir donné, & de „ lavoK fi plemement mérité, que je vous Ja témoign „ pubhquement Continuez de même, tMez d'arrangeb! „ les affa.es alle2 hardime„t e„ ayan & «* „ vor des Députés. Adieu, mon cher Comte, mén gez , votre fanté, & croyez que j'ai m avec pl J "Ze !r -Tinr'ainfi ^ p^hc in:; particulier que je fais de vous. CO II *-e0 Inpoffible de croire ^ Ie Comte d'AIto*  ( 25 ) renonce , fit rouler des brochures qui en faifoienc 1'apologie, même celle de la confcription militaire, ce qui inquiéta & mécontenta infiniment (i). D'un autre cöté le retour du Comte Lannoi, qui avoit été a Paris pendant 1'affemblée du 26 Janvier, & qui en revint furieus de tout ce qu'il avoit entendu dans cette ville (déja exaltée alors), de la dépêche humble que les Etats avoient adreflee a 1'Empereur, changea également la difpofition des efprits dans le corps de la Nobleffe. Outre cela, S.M.,qui avoit recu différensprojets qu'Elle me fit la grace de me communiquer, & auxquels on me preffoit d'adhérer, vouloit beaucoup plus qu'on pouvoit efpérer d'obtenir. II s'agiffoit, outre le fubfide fixe, d'une nouvelle repréfentation du Tiers - état, & d'un changement a la Conftitution, qui équivaloit a une refonte. (5) eüt fi opiniatrément perfiffé è vouloir introduire ce fyftême s'il n'avoit eu fur cela des ordres pofitifs de 1'Empereur. ' (1) Encore en dernier lieu on ne s'eft pas contenté de fe voir rendre la Conftitution, mais on a exigé fpécialement la promefTe, que la confcription militaire ne pourroi^jamaw être introduite. (2) Le Jubfide fixe ne pouvoit s'obtenir de la facon dont on le vouloit; mais on en auroit eu 1'équivalent en fe prê-anc a des changemens dans les formes; on me paria d'un don gratuit qu'on afTureroit fur les fubfides de vfngt ou trente ans confécutifs, ce qui étoit autant, que d'accorder cesfubfi. des pour pareil nombre d'années,& remplifToit dans Ie fond tout ce qu'on pouvoit defirer. Li nouvelle repréfentation du Titrs-éw étoit utile & nécefTaire, comme on Ie voit aujour- $5  ( *s) J'avoue que les gens les plus éclairés de la Na*tion ayant adopté le même avis, ils entraïnerent également mon opinion, fur tout au fujet de la nouvelle repréfentation du Tiers- état. L'arrangement de tout ces points caufa de nouveaux délais, & ceux-ci de nouveaux obftacles; mais il eut été téméraire de préeipiter des objetsfi importans. CHielque diligence qu'on apportit a la rédaclion du plan dont il s'aghToit, le tems s'écouloit, les mauvaifes difpofitions augmentoient, la foumiffion manifeftée a la derniere alTemblée fe diffipoit, & le befoin de terminer d'une facon décifive devenoit plus indifpenfable; les perfonnes les plus inftruites & les plus fenfées, fe réunirent alors a dire: Qjfil n'y avoit pas d'autre moyen pour èviter les malheurs qui menagoient le Pays (i), que de mettre aux Etats Is d'hui, oü elle eft fi vivement follicitée; aufïï n'eüt-il pas été impofilblede 1'obtenir, fi 1'on n'avoit aigri les efprits, & fait naitre des foup^ons fur mille autres objets. Les changemens projettés a la Conftitution étoient effettivement une refonte complette, & d'autant plus impoflibles a exécuter tels qu'ils m'étoient prefcrits, qu'ils n'étoient dans le fond que le fyftême fi Fort en horreur de 1787. L'Empereur m'envoya a la vérité ces projets de Vienne; mais il ne me fut pas difficile d'appercevoir que c'étoita Bruxelles qu'on les avoit fait naitre, en Le perfuadant que c'étoit Ie moment de les faire paffer, ce qui étoit abfolument impoffible dans ces circonftances. Si je 1'avois eflayé, la révolution fe feroït faite d'autant plutot. (1) Je pourrois citer un trés grand nombre de perfonnes de toutes les clafiës, aufli fenfées que bien inftruites, qui toutes  C *7 ) niarché a la main, ö3 d$ cajjfer même la Conftitution , qui prêtoit a de faujfes interpretations, plutêt que dg prolonger la mésintclligence qui régnoit entre le Souverain £5? la Nation, & rendoit le malheur de l'un £§ de Vautre inévitable. On convint des diplömes & des dépêches néceffaires a eet effet, tout le monde avoua en même tems, qiien s'expofant a un éclat, ilfalloit être ajjuré d*une force fuffifante pour le réprimer fur le champ. Je repréfentois le tout a S. M,, & j'y ajoutois la réflexion , qu'on ne pouvoit fonger a fuivre cette yoie quautant qu'on étoit fur de contenir ïintèrieur du Pays, £f de n'avoir tien a craindre du dehors. Le Général-Commandant a qui j'en parlai, me répondit ironiquement: Qu'il enverroit encore un bataillon par régiment h l'armée de Hongrie, introduiroit le fyftême de 1'Empereur, s'il le vouloit, en moins de ftx femaines, (1) étoient d'aceord : que d'après la faftrn dont les efprits étoient inontés, £f les abus auxquels la faujffè interptétation de la conftitution domioit lieu, il n'y avoit abfolument qu'un changement fage de cette Conftitution qui pouvoit prévenir les malheurs dont nous étions menacés; mais ce changement ne devoit pas être na bouleverfement total, ni tendre a réintroduire tous les objets odieux a la Nation, auxquels on avoit déja formellement renoncé. II devoit fe bomer a une repréfentation plus légale du Tiers-état; & a la réforme de quelques abus dans Ia facon de donner & de compter les voix, noinmément pour laccord des fubfides:, (0 Le mémoire pour fervir a la juftification du Comte d'AJ*  ( 28 ) Alors fuïvit le malheureux événement du ij Juin; le Confeil de Brabant fut caffé, la députation ordinaire des Etats le fut également, & tous les privileges de la province de Brabant furent annullés. ; J'ofe encore en appelier, fi non a la Natïon entiere qui 1'ignore, au moins aux principaux membres des Etats qui en font inftruits, que je me fuis donné toutes les peines imaginables, pour éviter d'en venir a cette extrêmité (O, comme j'y avois réuffi au mois de Janvier; mais on ne me fournit pasle moindre prétexte^ pour en différer au moins ton prouve que j'ai rappellé cette circonftance 3 ce Général dans ma note du 2 Oftobre (page 23) , & 1'on voit par fa réponfedu 7 (page 76) , qu'il n'a nullament nié le fait, mafs a feulement remarqué que les circonftances avoient ch'angé, puifqu'il n'ofoitplus compter fur le plat-pays, fur hquel il s'étoit repofè alors. On ne pouvoit cependant, a 1'époque du 7 Oftobre, ni plus ni moins y compter qu'auparavant & plus tard. Si le plat-pays avoit été contre nous alors, & même le 27 Oftobre lors de l'invafion de Ia horde patriotique, & même encore Ie 12 Décembre lors de notre retraite, tout fe feroit foulevé, & nous ne ferions certainement pas fi tranquiilement fortis d'un pays, qu'il s'agiffoit de traverfer dans toute fa longueur. CO J'entrai dans les plus grands détails è eet égard dans une' conférence que j'eus la veille avec les Princes de Grimbergue, de Gavre. & le Comte de Duras; & le jour même de Paflemblée, je ne laiflai aller les Etats a 1'Hótel de ville, qu'après aveir expliqué la chofe a toute la Députation que j'avois fait venir chez moi en corps, & après lui avoir faitprévoir toutes les fuites funeftes, auxquelles on s'expofoit.  ( *9 ) 1'exécution, & il feflnt d'autant plus s'y foumettre, que depuis long-tems le Comte d'Alton repréfentoit la chofe a S. M. comme trés facile & indifpenfablement néceffaire. (i) Tout le Confeil du Gouvernement atteftera que, quoique je fuile le feul qui ne fut pas du pays, perfonne ne regretta plus que moi d'avoir été forcé de porter les chofes a ce point. Le Général-Commandant me fit faire compliment par le'Confeiller Limpens, & me fit dire: Que le 18 Juin étoit un jour heureux pour la maifon d'jiutriche, puifque c'étoit celui ou labataille de Col- (i) Le rapport du Comte d'Alton è S. M. (quoique fautivement daté du 12 Juin dans fon mémoire, puifque ce malbeuï-eux événement n'arriva que le 18) dit pofitivement (page I20) L'opération qui a eu lieu hier, s'ejl exécutée avec lome la facilité imaginable, et se seroit effectuée au moins avec la même facilité, il y a un ah: Si je difois, fans citer ce fait, que depuis plus d'un an il me preffoit d'en venir a cette extrêmité; que je voyois bien par les dépêches de S. M., qu'il L'y engageoit; & qu'il m'étoit par conféquent on ne fauroit plus difficile de ne point executer les ordres qui y étoient relatifs, on pourroit me foupconner de ne changer d'avis & de langage, que parce que 1'événement n'avoit pas répondu a 1'attente; maïs la facon politive- dont s'exprime a ce fujet le Comte d'Alton dans ce rapport, doitprouver, qu'en de pareilles circonftances mon röle étoit bien dangereux, & la refponfab.lité qui retomboit fur moi, trés effrayante fi je n'exécutots pas les ordres abfolus que me donnoit S. M., d'oprès de pwll» injinuatiims.  ( 3° ) ïin avoit fauvè la Monarchie, £f ou 1'Empereur devtnoit maitre abfolu des Pays-bas. Je 1'écrivis aS. M., en y ajoutant: que j'étois trés êloigné de regarder la chofe ainfi; qu'il falloit bien de la pruknce éjf delafagejjè, fcf qu'on devoit furtout ne pas mettre la Nation au défespoir. Jerecus force complimens lelendemain & furiëndemain; tout ce qui étoit royalifle témoignoit une joie iadécente. Je cherchois plutöt a calmer, aramener les efprits,a en gagner.. Je pris en conféquence fur moi d'abolir quelques droits dans le plat pays, pour m'ailurer du peuple de la campagne, & je fis publier, le 20 Juin, un édit qui rappelloit les fujets égarés a leur Souverain légitime, & qui étoit une efpece d'amnifiie» Pendant plus de huit jours mon antichambre ne défempliffoit pas de gens qui venoient me deman* der la grace d'un frere, d'un coufin, ou d'un parent, ou qui remercioient de 1'avoir obténue; tous me témoignoient de la reconnoiffance, & furtout de la joie, de ce qu'a pré/ent tout étoit enfin fini. Je coneus alors le plus grand efpoir, & certaine» ment pas a tort; mais a peine quinze jours s ecou* lerent, que la malheureufe révolution de Trance le détruifit entiérement. (1) (1) II ne fuffifoitpas que j'euffe a combattre tous les obfts. cles poffibles a imaginer , il s'ea préfenta même qu'on ne* pouvoit ni prévoir, ni faire entrer dans aucun calcul politique, & qui devoient néceffuirement augmenter mes embarras, L'é-  ( 31 ) Dés que je 1'annoneai a 1'Empereur & au Prince Kaunitz, je leur dis: que j'en craignois le contrecoup, que je dejirois une augmentation de farces, fcf que je folliciterois le Général - Commandant de faire venir le régiment de Bender, que S. M. avoit laiffè h fa d fpofition. Je 1'en pria effeclivement, maïs il me répondit: Ou'il rten avoit que faire. II le fit cependant venir, & me dit alors avoir écrit a S. M. Que s'ilfe fervoit de ce renfort de troupes , ce n'étoit pas qu'il en eut befoin, mais feulement peur rajjurer le timide Gouvernement, qu'il appelloit cependant en d'autres occafions insouciant «Scincréduli. Néanmoins les efprits s'échaufferent toujours davantage; les fréquentes nouvelles de Paris, mais furtout 1'arrivée des Princes du fang, & d'autres Francois qui fuyoient devant les ennemis de 1'autorité, augmentoient la fermentation; on parloit haut de fuivre le même exemple; on vouloit intimider, en annoncant qu'on feroit fauter des têtes, & on trouva le pare, les rues & les églifes remplies vénement de Ia révolution francoife étoit doublement dangereux, puifqu'il ne fe bornoit pas è propager Ia contagion que favois a craindie, mais qu'il faifoit croltre 1'infolence des mauvais efprits, qui chercherent encore davantage a induire en erreur la Nation confiée a mes foins, dès qu'ils virent S. M. privée du fecours fur lequel elle.auroit pu compter de la part de la ï'rance, dans le moment oh la guerre des Turcs exigeoit toutes fes forces d'un autre cóté , & 1'empêchoit pst cenféquent de nous en envoyer.  ( 32 ) de billets, fur lefquels étoit écrit j ici comme h Paris, (i) C'eft alors que furent amenés les événemens de Dieft, de Tirlemont & de Louvain, fur le dernier defquelson n'a jamais pu s'affurer de Ia vérité. C'eft de cette époque auffi que datent les violences & les voies de fait, arbitraires & fans exemple, dont on ne ceffe de feplaindre encore. f» La bagarre de Louvain ayant produit a Bruxelles un (i) Trés peu de jours après Ia révolution francoife, Mon. fieur Herries, aflbcié d'Edouard Walkiers, me remit un mémoiré rédigé par une fociété de perfonnes, qui fongoient a combiner les intéréts du Prince & du Pays, avec les leurs, & gui deiiroient a peu-prés Ia même chofe que ce qu'on commenqoit a introduire en France. II me dit en même tems, que fi lEmpereur fongeoit a rendre la Conftitution, a réintégrer les Etats, a rétablir le Confeil de Brabant, & è remettre la Joyeufe-Entrée en vigueur; een étoit fait du Pays Ce qui arrivé aujourd'hui, prouve qu'on n'3 pas changé de principesa eet égard. J'envoyai ce mémoire ê S. M & on verra dans I'une de fes réponfes, citées ei-après, ce que ce Prince en pen foit. (i) II femble que, paree que la Conftitution avoit été an nullée, le Comte d'Alton ne fe croyoit plus tenu è aucune regie, comme fi Ie droit de libené , de propriété & de fureté n'éto.t pas celui de tous les individus, la-même oü il n'y auroit pas de Conftitution; au moins eft ce ainfi qu'il vouloit qu'en agit le Gouvernement; Ia févérité étoit certainement devenue néceflaire dés lors, mais la juftice 1'eft toujours, & on ne pouvoit pas s'en écarter. Je ne me ferois jamais op. pofé a ce qu'on employat Ia févérité avec jullice, mais je n'y euffe jamais confenti autrement.  ( 33 ) un moment d'effervefcence le 27 Juillet, on avoit mis la garnifon fous les armes. Je tins Confeil en préfence du Général - Commandant pour convenir des moyens d eviter quelqu'éclat qui dès - Ion pouvoit avoir les fuites les plus dangereujes. II fut queftion de profiter de cette occafion, pour défarmer Bruxelles, comme le Général - Commandant 1'avoit fouvent demandé; mais précifément alors, oü il y auroit au moins eu un prétexte, il s'y refufa & dit: S'ils veulent des armes, je leur en fourniral Peu de jours après fe fit la fameufe faifie de 30 a 40 jeunes gens, prefque tous innocens, pour les tranfporter a 1'armée de Hongrie. (1) C'eft alors que commenca le véritable défefpoir, & furtout la grande émigration qui en étoit une fuite; je voulus employer le moyen le plus naturel pour 1'arrêter , celui d'une augmentation de la maréchauffée qui devoit balayer les frontieres (2); (1) J'avois été moi-même d'accord, qu'ori fit fervir contre les ennemis de la patrie les jeunes gens qui vouloient faire la guerre a leur Souverain & a leurs concitoyens, ceux par conféquent, qu'on trouveroit armés, ou en état de réfijlance quelconque; mais je ne pouvois condefcendre, a ce qu'on traitat ainfi quelques jeunes infolens, qu'on avoit arrêtés dans un cabaret, & dont deux ou trois feulement, s'étoient permis de dire des injures a une patrouille qui pafibit. Ceux - la étoient dans le cas aflurément d'être punis en flagrant délit, mais peut-être moins rigoureufement, & les innocens ne devoient pas 1'être du tout, (2) Toutes mes différentes notes a ce fujet, de même qufe C  (34) rnais le Général - Commandant ne voulut point y eonfentir, ce que je regrette encore; car il eft probable que moyennant cela, cette première caufe de tous nos malheurs n'eut pas eu les mêmes fuites. C'eft alors aufli, que quelques abbés fe joignanc a van der Noot, le Comité de Breda fe forma, & prit quelque confiftance; c'eft alors que commencerent les courfes a Londres, a la Haye, & a Berlin; c'eft alors que plufieurs membres des Etats s'aflemblerent a Liége & a Spa, qu'ils y eurent une conference en préfence de Mr. de Senft, Envoyé de PrulTe a Liége, ainfi que j'ai eu 1'honneur de le mander a S. M.; & c'eft alors que la confpiration des auteurs feerets (dont on n'a entendu parler qu'après 1'abandon de Bruxelles) femble avoir commencé. Quelque peu allarmante que parüt l"émigration d'abord; quelque peu formidable que füt la petite armée qui s'en formoit, quelque peu probable qu'il parüt que les Cours voudroient prendre part a une pareille intrigue; & quelque peu de fuccès qu'on püt attendre d'une horde de vagabonds fans armes, fans chefs, fans argent & fans appui, je crusne ks réponfes du Comte d'Alton, font omifes dans fon mémoire jufiificatif. — Peut ■ être n'eft-ce que pour laifler ignorer les précautions multipliées que je prenois , qu'on n'a commencé A livrer mes notes que depuis le 28 Juillet, & a laifTé une kcune jufqa'au 2 Septembre.  C 35 ) ■devoïr rïen négliger pour empêcher qu'elle ne prït une confiftance plus réelle, fans cependant avoir l'air de la craindre. (i) (i) Je me trouvois dans une pofition trés embarralTante; je ne pouvois négliger aucune précaution, & devois cependant ne pas avoir l'air de craindre, pour ne pas enhardir les méchans, & ne pas intimider les fidéles fujets de S. M. D'un. autre cóté, je devois rendre ce Prince attentif aux démarches de nos Voifins, pour 1'engager a diriger les Siennes en conféquence, & je devois diminuer les inquiétudes du GénéralCommandant.qui foupconnoit la Hollande de nous en vouloir direüement, & qui vouloit fans ceiTe prendre des mefures contre Elle, ce qui pouvoit nous donner de grands embarras. Je fais qu'ignorant ces circonftances, on m'a reproché d'avoir été trop confinnt ou pas affez infiruie. La conduite, qua les différens événemens m'obligeoient de tenir, pouvoit prêter a ces foupgons, de même que plufieurs de mes notes qu'on a citées dans Ie recueil du Comte d'Alton, fans parler de ce qui les avoit précédées ou motivées; mais on veira par les réponfes que me faifoit Sa Majefté, & qui feront jointes ciaprès, que je 1'informois non feulement de ce qui arrivoit, mais lui en tkmoicnois même mes inquiétudes , puifque Ses réponfes font toutes dejiinées a me rajfurer è ce fujet. Les mêmes réponfes de S. M. démentent aufli le reproché qu'on me fait, d'avoir été autorifé arendrs la Conftitution, & de ne l'avoir pas fait. II faut n'avoir pas connu 1'iimpereur, pour croire que quelqu'un eüt ofé agir ainfi contre fes ordres, & qu'II 1'eüt permis. II eft vrai, qu'il m'a dit dans plufieurs de Ses lettres, qu'il falioit donner d'abord une nouvelle Conftitution; mais pouvoit-ce être 1'ouvrage de 24 heures? & fur quelle bafe S. M. vouloit-Elle que cette Conftitution fut établie? J'en ai déja fait mention ci- devant. L'eüt-on jamais acceptée de cette fac,on, & n'aurions nous pasaugmenté C a  ( B<5) On porta donc des ordonnances trés fivèrespour arrêter 1'émigration; & je mis fous les yeux de S. M. les fujets d'inquiétude que me donnoient non feulement le voifinage de la France, mais auffi les intrigues des Cours jaloufes de nos fuccès contre la Porte, & furtout 1'arrivée des troupes pruffiennes a Liége, fous le vain prétexte d'une exécution décrétée par la Chambre Impériale de Wetzlar. 11 étoit impolfible que le Gouvernement civil fit autre chofe, que des repréfentations a S. M., demander des fecours pour réprimer une première explofion, & faire émaner entre-tems des édits propres a arrêter le mal; au moins eut - il été imprudent d'aller plus loin, carle tout n'étoit encore que du commérage , dont le but étoit d'intimider. (i) les embarras en la p/opofant; dèsqu'elle renverfoitabfolument 1'ancienne, & qu'elle établiflbit tous les objets dont lacrainte feule avoit caufé tant de clameurs. (i) II eft eflentiel de diftin guer les époques; dans les commencemens.ce n'étoit efFe&ivement que du commérage auquel c'eut été faire trop d'honneur de le traicer autrement, & auquel on attachoit trop de prix encore. Mais plus tard , des événemens .... a jamais inconcevables, lui donnerent une confiflance réelle, & précifément alors oü il falloit prendre la chofe plus férieufement, on la traitoit de bagatelle. On verra dans le mémoire du Comte d'Alton,. que dans le tems oü il n'y avoit encore qu'une horde de vagabonds, fans armes , fans chefs & fans argent, qu'il s'agiflbit feulementd'ar. rêter aux frontieret, fans fe donner la peine de les combattre , il y attachoit la plus grande importance, annoncoit beaucoup de dauger, ci faifoit des arrangemens comme contre les  (37) Mais il je devois éviter toute démarche qui indiqueroit de la crainte, je devois éviter aufli, celles qui aigriroient la généralité d'une Nation, qui n'étoit certainement pas révoltée encore. Je ne pouvois donc pas approuver non plus les fréquentes faifies qui fe faifoient fous prétexte de prendre des otages, ni ces plantons dont on inquiétoit les perfonnes qui le méritoient le moins, ni une infinité d'autres voies de fait qui ont provoqué le défefpoir, & qui ont décidé la révolution. En fuivant une autre conduite que celle qu'on a tenue bien malgré moi a eet égard, il eft; plus que probable, & Ia fuite de ce .récit le prouvera, que le tout fe feroït réduit h run. II eut fuffi qu'on eüt mis un bataillon aux frontieres du Erabant (i), pour empêcher la fortie, & furtout la rentrée de ces vagabonds; mais on ne fit pas Ia moindre chofe pour cela, ni en général pour arrêter le mal, lorfqu'il en étoit encore tems. ennemis les plus redoutables; tandis qu'en Novembre, oü nous avious déja été repouffés par tout, oü nous avions perdu la Flandre, & oü nous étions refferrés dans un trés petit coin du Brabant, il les appelloit de pauvres heres, qui puuvoient fe monter tout au plus a 4 ou 5000, fcf Var conféquent être facilement %aincus. Ces pauvres heres nous faifoient cependant déja retirer partout, & nous obligerent même bientót après, a quitter Bruxelles. (1) Van der Mersch a avoué depuis, que , s'il y avoit trouvé 100 hommes feulement de troupes réglées, il n'auroit jamais ofé rifquer fon invafion. C 3  C 38 J -D'un autrè cóté, S. M. ne eroyok pas a 1'influencedes Cours étrangeres, qui étoit cependant la feule chofe dont j'étois réellement inquiet, & ne vouloit par conféquent pas entendre parler de céder le moins du monde, malgré cette allarmante circonftance, comme le prouve 1'extrait ci-joint de plufieurs de fes lettres (i). CO Lettre de S. M. du 22 Aout 1789. Ce que vous me marquez des propos que 1'on tient, & des idéés abfurdes que 1'on forge fur les foutiens que les foi.difane patriotes trouverolent chez les PuilTances étrangeres, eft abfolument dénué de toute forte de probabilité, furtout tant que la Monarchie n'eft pas en guerre ouverte avec Ia PruiTe ou avec les PuiffanCes maritiraes. Du 25 Aout. Tout ce que vous m'annoncez qu'on débite a I'égard d'une afliftance étrangere, font certainement des contes qui n'ont pas la moindre probabilité, qui ne font faits Sc répandus, & que beaucoup ne font femblant de croire ou de craindre, qu'uniquement, comme difent les Francois, pour vous miftifier, & troubler les démarches du Gouvernement. Je ctois, comme vous dites trés bien, qu'il ne faut pas heurter de front pour Ie moment, mais il faut du refte aller toujours fon train, fans fe déranger en rien, & regarder les contes que 1'on fait, avec Ie mépris qu'ils méritent, & comme impoffibles a être exécutés, tout comme de voustféranger dans vos démarches. Tout ce qu'on difoit de lafTemblée de Breda a été trouvé faux ou exagéré i un point ihcroyable; il arrivera de même des rapports que vous aurez de la Gueldre, du Pays de Clêtes, & de laHollande; & dans ce moment, il feroit infiniment dangereux de céder en Ia moindre chofe, de même que d'en exiger des nouvelles. Quant è la Con(lituthn, vous con«cijezmss intentians, £? la maniere d'y parvenir; cependant, jk CETTS HEtiBE, CE NEST PAS L'ÉPDQUfi D'r SONGEK,  ( 39) Enfin Elle m'en adreffo une cependant, le 8 de- Da 31 Aout. J'ai recu, mon cher Comte, Votre lettre du 20, & j'y vois avec peine 1'infinité d'embarras dont vous êtes entouré & menacé; dans une pareille fituation, il ne faut rien faire du tout, fans fe laifler allarmer par tous les propos & rapports imprimés; car rien n'en impofe plus qu'une pareille tranquillité, puifqu'elle fuppofe une afflirance de fes forces, & qu'on balance a faire le premier pas lorfqu'on voit la fermeté du Gouvernement. Toute innovation quelconque, toute ceflion grande ou petite, feroit un pernicieux efFet pour le moment. Du 10 Septembre. Tout comme il ne faut pas provoquer les événemens, i! ne faut pas non plus céder & montrer trop de complaifance, ce qui prendroit le caraétere de 1'inquiétude & de la crainte. Pour le moment il ne convient pas de rendre me Conftitution au Brabant, ni de céder en rien aux demandes des Etazs, Du 13 Septembre. On s'appercoit bien vifiblement, que ce n'eft pas Ie moment de gagner la moindre chofe en accordant ou cédant, & qu'on ne fe contenteroit de rien, qu'on fe croiróTt plutöc tout permis a exiger, paree qu'on fuppofe Ie Gouvernement embarraifé. Pour ce qui regarde le projet de Conftitution que vous m'avezenvoyé, ce n'eft pas le moment d'y penfer. 11 faut de toute néceffité, que Ie calme foit rétabli, Sc que les affaires de France ayent pris couleur, avant qu'on ne s'occupe de ce qu'il y aura a faire chez nous; en gagnant du tems & reftant inébranlable, on gagnera beaucoup. Du 20 Septembre. Le mémoire de i'anonyme, que vous avez joint a votre lettre du 5. eft une rapfoaie de la Conftitution angloife , & de la nouvelle Conftitution Francoife, de inaniere que tout le monde y gagne hors le Souverain , & le bon ordre; vous pouvez dire a eet homme, qu'il n'a vu apparemment en idéé , qu'un firople Duc de Brabant, mourant (Se peut comme le Roi de France, & qui feroit farce" par la C 4  ( 40 ) tobre, dont i'ëxtraït eft également joint ici (i), Nation i lui tout accorder, mais qu'il avoit oublié, que j'é. tois encore autre chofe qu'un fimple Duc de Brabant, & qu'une aufli petite partie de mes Etats ne me donnera 'certunement jamais Ia !oi. Quant a la copie de la lettre du Comte de Mercy, (ce Mïniftre m'avoit écrit qu'on lui avoit effen de ha découvrir le plan de corfpiration, moyennant une gratificatiën de icoo Louis.) je ne crois de vrai en tout cela, que le defir de eet ami anonyme, d'avoir les ioco Louis, que nous donnerions pour favoir les noms de deux ou trois mfolens fous, qui ont tenu ces propos, & qui n'.ont que de la mauvaife volonté fans aucun moven pour 1'exécuter. Du 25 Septembre. On a voulu également m'inquiéter ici par des confidences amicales fur les influences & les intrigues des Cours de Berlin & de Londres fur les Pavs-bas, principalement fur Ia première; mais il y a des chofes invraifeiri blables, que je ne puis croire que lorfque je les vois, ou que j'en ai des preuves évidentes. Du 38 Septembre. II eft probable que tous les contes qu'on adébités fur Ie Roi de PrufTe, Ia Hollande, 1'Angleterre, & le Landgrave de Heffe, „-ayant pas été fuivis de lcffet qu'on fe promettoit, on n'a plus fü autre chofe, que de produire Ie Duc d'Orleans. II ne refte a oppofer d'autre parti, que d'être ferme, d'aller fon train fans s'arrêter a tout ce qu'on dit, & de faire mourir d'ennui tous ces contes, quand on fe perfuadera une fois de leur inutilite. Du 2 OUobre. Quant a Ia repréfentation fignée de plufieurs bourgeois de Bruxelles demandant une Conftitution je cro,s que pour le prèfént il n'efl pas encore poffible d'entrer en mattere. O) Lettre de S. M. du 8 OUobre 1789. Vous Javez que j etots toujours ir.crédule fur un certain enfemble que lesmenées, jufqu'a préfentfounles, du mécentens des Pays^bas pourroient  ( 4i ) & qui venoit a 1'appui de ce que j'avois ofé Lui dire fouvent: que les Cours voijines, jaloufes de Ses fuccès, prenoient part a, nos affaires, mais ne s'en mêleroient cependant, que lorsqu'fJ- prendre; je trouvois que fans chef, fans moyens, & fans pouvoir féduire le Militaire, pour avoir un appui confidérable & affuré chtz 1'étranger, tout ce qui avoit l'air de révolte, n'étoit que des bluettes, qu'on faifoit- fonner fort haut pour effrayer & faire changer de facon d'agir; mais a préfent je me trouve a mon grand étonnement dans le cas de pouvoir vous aflurer, mon cher Comte, qu'ü exifte réellement un projet &une intelligence, qui préparent toutes les voies pour fe procurer, a la vérité lentement, les moyens de pouvoir éclater après qu'on aura pris de bonnes mefures, qui donntnt une grande probabilité de réuflïte. II eft de fait que les Cours de Berlin & de Londres en font informées, & qu'elles régleront en conféquence leur fpéculation & leurs démarches futures. Elles trouvent lents les expédiens de nos rebelles & croyent que tout ne pourra être prêt avant le printemspour éclater; elle veulent que la même chofe arrivé fous un prétexte quelconque en Gallicie, pour trouver Ie moyen, en faifant continuer la guerre avec la Porte, de fe mêler a foutenir ces révoltés fous difFérens prétextes, & de nous faire la guerre en fe joignant aux Turcs. La Kollande n'y eft pour rien a ce qu'on dit: il fe pourroit que la feule Princeffe d'Orange en fut informée, & je crois que la France en fait quelque chofe. Je n'ai pas la certitude que l'Angleterre & la PrmTe ayent déja contrafté des engagemens avec ces malheureux; mais ce dont je fuis bien afluré, c'eft qu'elles font parfaitement informées de tout, qu'elles font en relations avec ces gens, qu'elles les animent & les leurent même de promefles. Cs  ( 42 ) NE PROBABILITÉ DE RÉUSSITE DE LA f ART DE NOS MÉCONTENS, FEROIT ESPÉRER QUELQ_UE AVANTAGE, ET LEUR EN FOURNI' ROIT LE PRETEXT E. J'avois eu 1'honneur de marquer a 1'Empereur, dès le mois de Juillet, que van der Noot n'avoit, a la vérité, pas été écouté a Londres, ni a la Haie, fi ce n'elt de la Princeffe d'Orange, mals qu'il avoit parlé a Berlin a Mr. de Herzberg, qui lui avoit répondu: Que tous les moyens des infurgens étoient encore trop infignifians pour qu'on piit fe meier de leurs intéréts ; qu'ils n'avoient q'/a redou» bier leurs efforti, quon fe décideroit alors fur ce qu'en voudroit faire, (i) 11 ne s'agiffoit donc, que d'arrêter le mal avant qu'il ne devint affez confidérable pour engager les PunTances voifines a en tirer également profit, & avant qu'il ne leur en fournit le prétexte. Tout fe bornoit a cela, & rien n'étoit plus facile, même dans ce dernier moment, fi le Général - Commandant , qui ne pouvoit abandonner 1'idée de foumettre ces Provinces par la force militaire, eut voulu (i) Même Ie mémoire juftificatif de van der Mersch fert a prouver ceci, puifqu'il y dit en parlant de 1'armiflice, & de la nouvelle qu'en avoit recu Ie Comité de Breda (page 58,)A peine eurent ils (ceux qui le formoient) appris qu'elle étoit conclue, que fans vouloir en continuer la letlure, ils s'écrierent KOUS SOMMES PERDUS, QUE VONT DIRE LIS TROIS PUISSANCES QUI NOUS PROTECENT.  ( 43 ) fe contenter d'empêcher les progrès de 'nos adverfaires, au lieu de fe ménager 1'occafion de terminer par quelque aclion d'éclat. Vdila la véritable caufe des derniers é^énéraens qui ont entraïné la perte des Pays - bas, comme le prouvera le récit de tout ce qui a eu lieu jufqu'au 12 Decembre > jour de notre humiliante retraite de Bruxelles. Avant de commencer ce récit, je crois devoir hazarder ici quelques réflexions générales. Depuis longtems il me paroilToit que la crife dans laquelle fe trouvoient les affaires de 1'Europe , devoit engager a céder , fans paroitre le faire; j'avois fréquemment repréfenté a 1'Empereur , que j'étois défolé de Le voir enveloppé dans une guerre ruineufe, fans que les Pays-Bas, qui avoient été d'une fi grande reffource en pareil cas, Lui fulTent de la moindre utilité, & fans qu'il put fe fervir de 20 mille hommes d'excellentes troupes, qu'il devoit deltiner a contenir un pays, dont je Lui garantiiToïs la tranquillité & les plus puiffans fecours, pour peu qu'il voulut céder a quelques-unes de fes foibleffes ; mais les lettres ci-delTus citées, prouvent combien peu S. M. étoit difpofée a écouter de pareils avis. 11 nous falloit donc abrolument une augmentation de troupes, que j'ai Jouvent fi? vivement follicitèe ; maïs il m'a été également impoflible de 1'obtenir , vu le grand nombre qu'en exigeoit la guerre contre les Turcs, & le langage différent  ( 44 ) que tenoit a eet égard le Général - Commandant, (i) L'un & 1'autre de ces moyens n'étant pas adopté, que nous refbit-il a faire? Avant de déterminer cette queftion , il faut, je penfe, examiner ce qu'étoit cette prétendue révolte générale. Je n'ai jamais varié dans 1'opinion que c'étoit bien peu de chofe dans fon origine, & que , fi on 1'avoit traitée comme elle devoit 1'être, nous aurions évité tous nos malheurs. II n'y avoit décidément pas de plan de révolte auquel la Nation entiere , ou fes principaux menbres priffent part. (2) Tout ce qui ell arrivé Ci) II falloit avoir des forces fuffifantes, pour n'être pas réduit a la trifie reffource de devoir les employer; mais tou. jours ai^rir, toujours violenter, poulTer a bout, & ne pas avoir calculé qu'on ne pouvoit réfifter en même tems par tout, femble une grande bévue. (2) Quelques vagabonds , des perruquiers , des garcons tailleurs écc. qui ont faifi cette occafion de fe débarralTer de leurs créanciers fans rien faire a 1'armée patrioüque, & qui compofoient a peine une troupe de 15 a 1800 poliiTons indifciplinés lors del'invafiondans la Campine, & de celle de la Flandre enfuite, ne forment pas Ia Nation. Des Vagabonds foudoyés,& nos propresdéferteurs, qui ont opéré la révolution , ne fonnent pas la Nation. Un corps d'officiers de tous les Pays , des déferteurs de toutes les PuiiTances, qui ont compofé enfuite 1'armée, ne forment pas la Nation, & ce n'eft que long tems après 1'organifation de cette armée, & après  (45 ) depuis, le prouve évidemraent par le fait ; car on ne favoit que vouloir, paree qu'on ne s'étoit certainement pas attendu a le pouvoir jamais. Quelques fanatiques avoient a la vérité formé un projet , mais c'étoit fans commijjton &? fans aveu; il n'a été connu, que lorfque fes auteurs fecrets 1'ont rendu public pour s'en faire honneur, & n'a réuiTi que par 1'incroyable quantité de circonftances impoffibles a prévoir , qui l'ont favorifé. La généralité du Pays 1'a toujours ignoré, & n'a été entrainée que lorfqu'abandonnée a ellemême, elle a dü céder a laforce, fauted'appui fes fuccès, düs è 1'argent, a 1'intrigue, a la défeeïion de nos troupes , aux' bévues commifes, & au concours des circonftances développées ci-deffus, que beaucoup decitoyens, les uns mauvais fujets, d'autres fanatiques de bonne foi, ont pris parti dans 1'armée, & ont forcé enfuite par 1'opinion, bien des perfonnes honnêtes peut-être, a prendre les armes. (i) 11 y avoit deux projets; celui de Van der Noot, dont nous étions informés, & celui de Vonk, dont nous ne 1'avons été qu'aux derniers momens, fans pouvoir plus retirer d'utilité de fa découverte. C'eft le'xplofion du dernier qui a décidé larévolution, puisqu'ellea été caufe de notre fuite de Bruxelles, & de tout ce qui en a été la fuite; mais les véritables auteurs de ces deux projets n'agiflbient pas de concert; chacun des deux partis ignoroit ce que faifoit 1'autre, & fi le hazard les ar fait travailler au même but un inftant, ils n'eurent pas plutöt réuffi, que, n'étant pas d'accord entre eux fur les principes d'après lefquels ils vouloient agir, ils fe brouillerent & faciliterent en 1790, la rentrée de nos troupes, dont les fuccès n'eufient pu être aiuTi rapides , fi elles n'avoient trouvé Ie  C40 Si quelques principaux membres de la Nation, ou quelques corporations en ont été informés, ils y ont joué un róle fimplement paflïf, celui de voir ce qui arriveroit, de tout défavouer au cas qu'on échouat; d'en profiter fi on réufiiffoit. Les Cours femblent avoir fuivi le même principe. Mais que pouvoient quelques Avocats ou quelques moines, que les réformes projettées rendoient inquiets de leur fort, & qui vouloient s'en aïTurer un en faifant foulever le Pays contre le Souverain, auteur de ces réformes ? Les premiers ne fourniflbient que les clameurs de leur engeance, & les feconds (quoique puiflam. ment protégés par leurs chefs) que quelque peu d'argent qu'ils déroboient a leurs maifons, pour foutenir leur caufe particuliere. Aufli n'eit - ce, de i'aveu même d'un d'entr'eux , qu'avec 5000 fi. qu'ils ont commencé. Ces derniers étoient les plus redoutables cependant, puisqu'ils joignoient ala puiflanteintrigue d'un Clergé fanatique, 1'abus des moyens que leur fourniflbient Ia chaire & le confeflional ; (i) & Pays partagé en deux partis mécontens l'un de J'autre & plus difpofé chacun a revenir è nous, qu'a fe joindre a celui dont il avoit combattu 1'opinion pendant plus d'un an. Ce qui arrivé encore aujourd'hui, en Juiilet iroi, prouve cette aflertion. (O H eft connu que 1'on prêchoit publiquement dans le Pays, que 1'Empereur étoit hérétique-, qu'il vouloit abolir la Religion Catholique dans les pays-Bas, qu'il avoit déjè  ( 47 ) pervertiflbient par la le peuple de la campagne, qui ne fongeoit a rien moins qu'a une révolte. Malgré tout cela, ce n'eft qu'au bout de pin* fieurs mois, qu'ils parvinrent a raffembler une foi-difante armée, de foi - difant mécontens, qu'une troupe réglée , bien conduite, eut diftipé dans le moment. Ce n'étoit encore qu'un pareil amas de poliffbns que nous avions a craindre même a 1'époque du mois d'Ocfobre. (i) J'ai déja dit que van der Mersch n'eut pas rifqué fon invafion, s'il avoit trouvé des troupes aux frontieres, c'eft donc la qu'il en falloit. Nous favons d'ailleurs, que peu de jours avant cette invafion, nos adverfaires étoient prêts a renoncer a leur entreprife, paree qu'ils manquoient de tout. Nous favons aufli que van der Noot a faillï d'être affafliné par fa troupe, paree qu'il ne pouvoit plus la payer , & que plufieurs abbés qui croyoient tout perdu , vouloient déja fe détacher de 1'union , lorfqu'une réuflite auffi étonnante, défendu de célébrer la mefie, de donner la Coinmunion &c. & il 1'eft aufli, que la première queftion que faifoient les ConfelTeurs a leurs pénitens, étoit, s'ils étoient Royaliftes ? ce qui fuffifoit pour leur faire refufer 1'abfolution. &c. (i) II faut voir fur cela ce que Van der Mersch dit lui«' même aux pages 8, 9 & n. de fon mémoire, mais fur tout Je jugement qu'il porte CPage 17) fur les fuites de fes fuccés a Turnhout: puifqu'il dit: que c'êtoit la baje fur laquelle l:s Etats éleverent leur nouvelle puijfance. Et cette bafe, c'eft nous qui la leur avons faurnie!  (48 ) qu'inattendue , a donné une confiftance réelle a un complot qui étoit fi peu redoutable. (i) Que (i) Ce font la les raifons du fang froid avec lequul Ie Gouvernement a toujours regardé ce qui fe faifoit, & nullement 1'infoufïïance, ou le manque d'informations, comme on youdroit le faire croire; car qui eft-ce qui eut pu prévoir qu'une donquichottade comme cette invafion pourroit réuffir, & avoir la moindre fuite;qui eft-ce qui n'eut pas dü imaginer au contraire qu'elle feroit Ie tombeau de cette armée ridicule , fi bien dépeinte par Van der Mersch même dans fon mémoire; qui eft-ce qui eut pu douter que Ie Comte d'Alton, aufli bien informé que moi, n'auroit pas fait les moindres préparatifs pour Ia recevoir a fon entrée dans Ia Campine, & 1'y exterminer, comme il Ie pouvoir. La facon d'agir du Gouvernement étoit donc d'autant plus analogue aux circonftances, que le but de nos adverfaires éioit de nous intimider, & de nous faire faire de fauflès démarches , comme ils y avoient réuffi en 1787. Peut-être que li nous avions été en force; fi la Monarchie n'avoit pas été en guerre ; & fi Ia pofition critique dans laquelle nous nous trouvions, tant au dedans qu'au dehors, ne 1'avoit empêché, on eut pu faire quelques démarches pofitives, qui euffent deconcerté tous ces projets chimériques, avant qu'on eut ofé fonger è leur exécution. Mais 1'Muence des Cours voifines, & plus encore les intrigues des différetis pnrtis dans l'intèrieur du Pays, jointes au manque de moyens fuffifans pour pouvoir foutenir une pareille démarche, dürent faire préférer de refter fimplement paflif, en ne négligeant pas cependant de faire la plus grande attention a ce qui arriveroit, & fe dirigeant en conféquence, pour empêeher Ie mal qu'on méditoit de nous faire. Je le répete , les Iettres de S. M. doivent me fervir de tétnoignage, que dans le moment oü je cherchois a tranquillifer Ie Général-Commandant fur les vues pofttivement lofliks de nos voi-  (49) Que falloit • il donc faire, pour en empêcher les fuites ? Prefque rien. II eut fuffi d'arrêter ces malheur reux aux frontieres. On ne pouvoit plus décem« ment, ni on ne vouloit plus les tolérer en Hollande; ils n'auroient fu oü aller; le Gouvernement eut accordé alors une amniftie générale; tout le monde feroit retourné a fes foyers; S. M. auroit donné une nouvelle Conftitution , & tout auroit été fini, fans que les Cours euffent eule moindre prétexte de s'en mêler d'une fajon quelconque. Mais il s'agiffoit de vaincre, & c'eft de la que dérivent tous les malheurs dont je vais faire Je récit. Le Comte d'Alton vouloit terminer par un coup -d'éclat, il deftine donc fept a huit mille hommes contre cette horde de vagabonds, quï n'étoient pas 2000, qui n'avoient pas une feule piece d'artillerie, prefque pas d'armes, aucun officier , rien en un mot, de ce qu'il lui falloic pour fe défendre. II tire un grand cordon dans Ie yoifins, afin d'éviter qu'il ne fit quelque démarche propre a leur fervir de prétexte pour fe mêler réellement de nos affaires je cherchois aufïï a inquiéter 1'Empereur fur leurs intentions fecrettes, pour L'engager a Se régler en conféquence; & ma {éamté.apparente n'avoit d'autre but, que d'empêcher Ie Comte d'Alton d'amener par quelque démarche violente, une explofion qu'il étoit important d'éviter dans la pofition danslaquelle nous nous trouvions, ne fut-ce que pour ne pas troubler la tnarche que les circonflances & les enlres que je recevois m'avoknt engagé d? fuivre. D  ( 50 ) centre de la Provinee, en abandonnant la frontiere oü il falloit les arrêter, & laiffe entrer dans le Pays cette foi - difante armée, que le quart de la troupe deftinée a la combattre, eut dilTipée, fi on 1'avoit placée comme on le devoit. (i) On fe laifla enfuite engager a la malheureufe affaire de Turnhout, qui a infpiré autant de courage a nos adverfaires , qu'elle a achevé de dégouter nos troupes. (2) CO Quelques corps détachésaux frontieres, fuffifans pour arrêter une pareille horde, & le refte en maffe au centre du pays, foit dans les villes fi 1'on vouloit s'y renfermer, foit dans un catnp qui eut tout tenuen relpect, pouvoient mieux remplir le but qu'on devoit fe propofer, fi 1'on avoit voulu fe borner a empêcher le mal. (2) Je nemepermets pas-de réflexion fur tout ce qui eftarrivé depuis ce moment. Tout eft étonnant. II doit 1'être affurémentquede braves troupes, commandées par de bons officiers, ayent été repouffées par tout,& qu'en moins de trois femaines, nous ayons perdu Ia plupart des Provinces, & nous foyions trou. vés entourés d'ennemis, & refferrés dans une trés petite partie du Brabant. Cependant ces mêmes troupes quoique dmimêesde moitié, ont été toujours viftorieufes après cela, & ont chaffé a leur tour des adverfaires, qui depuis feulsment étoient devenus un peu plus fignifians. Si nous avions eu dés le commencement les fuccès auxquels nous devions nous attendre, tout eut été dit en moins de 8 jours, & on n'auroit fait que rirs d'une révolution dont les fuites ont été fi malbeureufes, & que nos adverfaires mêmes ont trouvée fi étonnante, qu'ilt 1'appelloient miraculeufe. On femble me reprocher d'avoir gêné le Militaire dans fes opérations dans les derniers tems; d'abord je ne le pouvois pas, iuijqu'il n'étoit Jout mes ordres; mais 11 j'ai fréquemaenï  (5i ) Après ce premier échec , on perdit 10 k ia jours a attendre 1'artillerie & les munitions, & 1'on témoigné le defir qu'on évitat une explofion, dont les fuites étoient incertaines, comme lefait l'a prouvé, & qu'on ne crüt pas au dernier moment, avoir tout fait en confervant le feul point de Bruxelles oü il étoit impofftble de fe foutenir a la longue, j'ai été bien éloigné de vouloir empêcher qu'on ne éombattit nos ad* verfaires, lorfqu'ils s'étoient manifeftement déclarés comme tels; auffi le fait prouve-t-il qu'on n'a ceffé de courir après eux pendant plus de fix femaines, depuis le 27 Oftobre, jour deleurentrée dans le Brabant, jufques en Décembrej & fi nous avons été repouffés par tout, ce n'eft pas è moi aflurément qu'il faut 1'attribuer, car il m'eut été au moins aufli int» portant qu'au Comte d'Alton même, de voir réuflir nos opé» rations militaires, defquelles tout dépendoit alors. II n'en étoit plus de même dans les derniers tems, oü il ne me reftoit plus ■que Ia voye de pacifkation qui m'étoit prefcrite, & que les circonttances fembloient exiger» Je parlerai plus tard de touS ce qui s'eft fait dans ces tems malheureux ; mais il fuffit de voir mes notes au Comte d'Alton, Iivrées au Public avec des omiffions, reftrictions & altérations de dates, qui certainement ne les rendent pas favorables a ceux fur lesquels les défenfeurs de ce Général cherchent a rejetter la faute de ce quieftarrivé.II fuffit, dis - je, de voir ces notes, & on trourera qu'alors même » je n'ai jamais rien propofé, jamais donnéd'avis, jamais fait de repréfentation, fans ajouter que je m'en remettois cepen* dant a ce qu'il trouveroit bon de faire, & que je ne voulois aucu* nemeut le gêner dans fes opérations militaires, fjfc. Je voyois bien par la marche qu'il fuivoit & par Ia tournure qu'il donnoit è fa correfpondance, combien cette précaution m'étoit néceflaire, puifque je ne pouvois douter qu'il ne fongeas qu'a fe ménager 1'occafion de rejetter la faute de fes mauvais fuccès fur Ie Gouvernement, qui cependant n'y avoit certain^ ment aucune part, D 3  C ja ; dègarnit toutes les Provinces, afin d'être en force fuffifante pour réparer cette première bévue. Moyennant cela on laifTa envahir la Flandre aïfolument abandonnée a eUe:même, quoique le Colonel le Roi eut affiiré a fon départ, que le feul bataillon avec lequel il y étoit refté, lui eut fuffi pour la garantir de toute invafion, fi on 1'y avoit laifie; & que le Colonel Haiden fe fut égalsment engagé de la garantir, fi on lui envoyoit feulement quelque peu de troupes a 1'endroit qu'on nomme Ia Tête de Flandre. (i) Je fis les plus vives repréfentations au GénéralCommandant, en lui rappellant combien cette Province nous étoit importante par elle même, par & fituation, par fon port d'Oftende, par fon voifinage avec l'Angleterre. II fe borna a me répondre: Que quand il auroit balayé le Brabant, il Jon. geroit a la Flandre. (2) En attendant nos ennemis acquéroient une confiftance réelle dans cette derniere Province, ce que nous achevames'en les obligeant par une fauffe manoeuvre, a fe jetter dans Gand, qui de même que la généralité du Pays étoit encore aifez fidéle (O II faut voir fur cela, & fur Ie peu de difpofition de Ia Flandre pour un foulevement, ce qu'en dit van der Mer ces propofitïons. Elle envoya Ie Comte Cobenzl avec des phins pouvoirs illimités, tant pour la partie civile , que pour la partie militaire, & efpéroit apparemment qu'il étoit encore tems de remédier a 1'inconvénient des pouvoirs féparés, qui avoient fait tant de mal (i). Mais le Comte Cobenzl arriva trop tard; les circonftances m'avoient déja obligés de prendre fur moi toutes les concefttons qu'il méditoit de faire, & ce n'étoit plus qu'a Bruxelles même qu'il eut pu effayer le feul moyen que les pouvoirs civils & militaires qu'il réuniftbit en même tems, lui fournisfoient peut - être encore. Comme je ne vis point le Comte Cobenzl (2), je (1) Je regarderai toujours ces pouvoirs féparés comme une des grandes caufes des malheurs qui font arrivés; non pas que nous nous foyons contraiiés le Comte d'Alton & moi dans les mefures que nous voulions prendre, comme on le croit encore peut - être, £? o tort; mais paree qu'agiflant d'après des principes diiférens, quoiqu'ayantle même but, & voulant combiner nos opinions , il en eft refulté une marche vacillante donc les fuites étoient que chacun de nous défaifoit le lendemain ce qu'il avoit fait la veille. Je puis alTurer que c'eft plutót la complaifance que nous avions 1'unpour 1'autre, que 1'enviede nous chicaner, qui a opéré ce mal. Nous étions tous deux trop attachés au fervice , & le mémoire du Comte d'Alton psouve en même tems, que nous étions perfonnellement trop bien enfemble, pour chercher a nous nuire. 11 me rend juftice dans tous fes rappons a S. M., jufqu'a ce que défefpéré de fes derniers malheurs, i' chercha a les excufer, en inculpant tout le monde, & moi aufli. (2) Lorfque j'allois joindre ce Miniftre a Luxembourg après  (59) ne pus ni coopérer avec lui a retablirlatranquïllité, ainfi que S. M. me ï'avoit ordonné dans Ja lettre eidejjous citée (i), ni lui donner des renfeignemens notre fortie de Bruxelles, je rencontrai un courier de fa part, qui m'apportoit une dépêche, par laquelle il me difoit; Ou'il étoit inutile que je me rendifje auprés de lui. Peut-être ne Peut-il pas été qu'il fut inftruit du véritable état des cjjofes; je ne doute pas qu'on n'eïlt pris dés-lors des mefures bien difFérentes de celles qui ont fi peu répondu a ce qu'on en efperoit, 1'état des chofes étant déja trés différent de celui qu'on imaginoit & d'après lequel on agiffoit. La ir.ajeure partie du Pays ne vouloit plus i'ancienne Conjlitution, ni les Etats; on ne devoit donc plus fe borner a ne ménager que ceux-ld, mais on pouvoit peut-être s'entendre en même tems avec les deux partis, cequieut étéplus facile alors,qu'il nel'efldevenudepuis. Cr) Lettre de S. M. Vienne ce 23 Novembre 1789. „ J'ai rec,u les lettres que vous m'avezécrites fucceffivej , „ ment le 16,17,18 & 19, tant pareflaffette queparlecou„ rier Strens. Leur contenu furpaflè tout ce qu'on pouvoit s'imaginer de défaflreux, & dont il étoitmêmeim„ poflible de fe faire une idéé d'avance, & encore moins „ d'en prévoir les conféquences, furtout une dijjolution „ générale de tous les moyens propres d caiiferver l'autorité „ dgérer les affaires. „ Profondément affligé & accablé d'un événement qui porte 1'empreinte dc 1'ignominie, & qui dans ces circonflances „ eft d'une conféquence incalculable, pou^ant amener les „ fuites les plus facheufes pour 1'Etat & mon Regne, j'at „ penfé au feul moyen peut-être capable d'arrêter que Ie „ mal ne prenne entiérement racine, celui d'envoyer d'ici „ un Commiflaire muni de pleins pouvoirs trés illimités, „ qui reunlt en fa perfonne Ia Direclion du Gouvernement „ civil & militaire, & qui, par une démonftration voyan„ te, pü.t engager encore les perfonnes les flus fenfées?  (6b) propres a le décider fur la marche que des circonflances qu'il ignoroit encore, 1'euffent peuc-être engagé a prcferer. „ réfléchir : qu'il leur convient plutót de s'arranger a ,, f'arxuable que de s'expofer aux malheurs des troubles qui „ devroient neceffaireinent continuer a défoler ces Provin„ ces, tl j'étois forcé è y envoyer une armée pour les re„ conquérir. Vous recevrez donc de ma part, de même „ que le Général-Commandant, un billet par lequel vous „ êtes ailigné a faire dorénavant vos Rapports a ce Com„ miffaire. Pour en accélerer 1'envoi & trouver quelqu'un „ déja au fait des affaires & furtout des intéréts politiques „ qui y influent beaucoup, j'ai fait choix du Vice- Chan,, celier Comte de Cobenzl, qui partira fous peu de jours. „ Je fouhaite que les chofes foient encore au point a Ie •„ faire arriver a Bruxelles, & je vous prie de vouloir hier,, „ avec tout le zèle, l'intelligence le courage que je vous „ connoisJJ dont vous m'avez donnè despreuvesfi rèiterées, „ coopéber avec lui k remettre la tranquillnè fous toutes „ les conditions feukment faijables. Vous pouvez être entié„ rement tranquille fur la jujlice que je rends h votre zèle „ a votre attachement. fe vous fuis fort obligé de votre „ derniere lettre autografe, (j> de la fincérité avec laquelle „ vous me parlez. Vous verrez par la fuite que j'ai faitufage „ de vos cmijeils. II ne me refte que le regret de n'avoir „ pas fu ni pu m'imaginer plutót ce qui eft arrivé. Je me „ flatte qjp Mme. votre Epoufe & vos tnfans, dont vous „ étiez inquict a bien jufte titre, feront parvenus lans le „ moindre accident a Condé. „ Je vous envoye ci-jointe la lettre originelle que vous „ avez redemandée,& ne puis au refte vous donner d'autre „ dirtciion d'ici, r;ue de vous'dire de maintenir& de fat:„ ver tout ce que vous pourrez, car j'envifage les chofes „ fous le point de vue le plus défallreux."  (CT ) ï! a été dit plus haut, qu'avant de favoir que S. M. eriverroit le Vice • Chancelier d'Etat, je m'étois vu obligé de prendre fur moi les édits des 20, 2r, 25 & 26 Novembre , portant le rétablisfement de la Conftitution, 1'abolition du féminaire , 1'amniilie générale, & la promeffe de faire ceffer les voies de fait du Militaire, pour autant que fans preuves & fur de fimples délations, il faifoit arrêter des perfonnes de toutes clafles; ce qui plongeant la" Nation dans le défepoir,fut peut-être une desprincipales caufes qui décida la révolution (1). (1) Je pourrois citer un nombre infini de repréfentations qui me furent adreifées a ce fujet, mais 1'extrait ci joint de celle que m'envoya le Magiftrat & confeil de Gand , fuffira pour juger fous quel point de vue on envifagoit ces démarches arbiuaires; le voici. Sire! „ Remontre avec un trés profond refpcfl te Magiftrat & Confeil de la Ville de Gand, que Votre Majefté a daigné „ déclarer par plufieurs édits que fes fujets de la Province „ de Flandre feroient trahés par droit {ƒ fentence par leurs „ juges naturels conformément au paüe inaugural; mais pen„ dant que ces aótes publics & folemnels infpiroient la fé„ curité en afiurant en ce point aux habitans de ce Pays „ les droits de 1'homme & de citoyen, & tandis qué l'ordre, „ ou la tranquillité publique, n'avoit pas été violé, des „ militaires font venus inveftir les maifons de plufieurs par„ ticuliers de la capitalede cette province, & ils y reften» de „ faction fans que 1'on fache pourquoi, c'eft a dire quels „ crimes ils auroient commis, ou quels chefs d'accufation „ on auroit porté è leur charge. „ Nous croyons qu'il eft de notre devoir, Sire , de ne  C 62 ) I Mais fi je n'ai pu diffe'rer d'accorder ce qu'on ne pouvoit bonnement plus efpérer de conferver, & fi j'ai cru devoir facrifier quelques objets individuels au maintien du tout, j'ai cherché a combincr ce que je faifois avec la décence ( ) quim'étoit prefcrite, & que j'aurois taché d'obferver, quand même S M. ne me 1'auroit point ordonné. Je profitai donc des inftances que m'avoient faites les Chefs des Chatelainies de Flandre, mais furtout de celles des Magillrats de Louvain, Bruxelles & Anvers (qui feuls pouvoient a cette époque élever légalement leur voix vers le Tröne) pour faire envifager comme complaifance, ce qu'il eut été bien difficile fans cela, de paroitre accorder gratuitement. II n'en -étoit pas moins dangereux pour moi de „ pas voué laifler ignorer que ces coups d'autoritê arbitrairs „ loin d'en impofer par la crainte ne font qu'aigrir les efprits, „ & exciter un mécontentement général; qu'on ne voit „ dans ces écarts de Ia marche accoutumée & de la forme „ ordinaire, que des infraüions d nos Loix Conftitutionelles & „ que par conféquent au lieu d'être propres d amener ou entre„ tenir le calme, ils ne peuvent fervir qu'd l'éloigner. &c. &c." (i) Comme eet objet fera repris plus bas, on verra que 1'Empereur décidé alors de préférer Ia voie de pacification a 1'emploi de la force, a non feulement approuvé ce que j'avois fait a eet égard, mais vouloit aufli donner Lui-même a fédit ;du 20 Novembre, dans Iequel j'avois encore obfervé ce que ■Ja décence & Sa dignité exigeoient, toute 1'étendue que les circonftances m'obligerent depuis de lui donner par les ódits pouétteurs du. 20, 23 & 26 du même mois,  (tf3) me décider a un pareil parti, quelques palTages des lettres de S. M. ci-deflbus citées (i), prouvant (O Lettre de S. M. du 23 OBobre 1789. j corrrme il ne faut faire femblant de rien pour le mo-' „ment, même fi une troupe pruffienne entre dans lepays " de Liége, (Cette entrée déja, efeÜuée alors, n? avoit paru " trés Jufpeüe,& le fait a prouvé que je riavois pas tori) il ne faut changer en rien les difpofitions, puifque cette troupe ne peut repréfenter que 1'exécution décrétée par „ la chambre Impériale. Du 7 Novembre. „ A 1'égard de 1'lnfluence étrangere dont vous me parlez, je vous dirai.mon cher Comte, ce * que j'en fais. Tout ce qui regarde le Duc d'Orleans me paroit abfolument un conté, car je n'y vois ni probabi. " lité ni moyens;du refte, je fais pofitivement que la Cour " de Berlin avoit chargé le Général de Schlieffen de fonder 'l la Cour de Londres fur ce qu'elle penfoit des troubles '„ du Brabant; mais celle-ci n'a abfolument pas voulu entrer en rien qui Ia commettroit en une guerre; la " Hollande fuit le même principe; je fais feulement qu'on " y avoit imaginé de propofer une médiation entre Moi & " les Patriotes", mais que la Cour de Berlin 1'avoit rejettée, en m'épargnant ainfi la peine de le faire. II me confte " aufli que cette Cour, ne voulant pas dans le moment lever le mafque, ni agir feule, regarde comme une grande bévue, que les Patriotes ont commife, d'avoir éclaté " è préfent par leur révolte, oü ils ne feroient point fou„ tenus ni tolérés en Hollande, fachant d'ailleurs, qu'ils manquent d'argent & de rnoyens, & qu'ils pourroient être „ détruits ou foumis avant le printems, époque è laquelle l les Pruffiens croient peut-être pouvoir fe déclarer ; & " alors cette infurreaion leur auroit convenu, ce qui leur a fait défirer que les Patriotes 1'euifent différée jufqu'4 Z ce tems. La marcUe des troupes pruffiennes poui l'wé-  ( 04 ) 'GommentElle avoit envifagélachofe,encore ju/quak dernier moment & pen de jours avant qu'Elle ne s'y fut décidée Elle-même. On y verra qu'Elle ne croyoit pas être dans Ie cas de céder encore , & ne fe départoit pas dn point principal (le fubfide fixe) qui avoit été Ia pierre d'achoppement le 18 Juin (1). Elle „ cution de Liége, étant commune avec 1'Evêque de Mun„ fter, Sc l'Ele&eur Palatin , n'aura aucun rapport aux affai„ res de Brabant; Mr.deHerzberg efpere feulement qu'indi. „ reaement cette marche pourra animer & foutenir le cou. „ rage des révoltés. Du 11 Novembre. „ Ce que le Minifïre de Hollande, „ Baron de Hop, vous a dit, & ce que le Secrétaire de „ légation Schraut vous écrit de la Haye, eft conforme i „ ce que je vous ai déja mandé d'un projet de médiation „ du Grand-Penfionnaire de Hollande,* mais ni médiation, „ ni traité quelconque ne peut avoir lieu entre Moi & ce „ miférable Van-der-Noot. S'il y avoit moyen, foit par „ Ie concours des autres Provinces, foit par un nombre „ fuflifant de poffeiïeurs en Brabant, qu'ils me Ment une „ dematide décente & raifonnable, pour faire rentrer tout „ dans 1'ordre, & obtenir une amniftie générale, excepté „ pour van-der-Noot & les perfonnages particuliéremenc „ notés, furtout eccléfiaftiques, il ne faudroitpas Ie négli„ ger. Les feules conditions que je vous prefcris, font, „ que ce que vous ferez fe fafte décemment Sc folidement; „ décemment, pour fauver 1'honneur de 1'autorité fouve„ raine;folidemeEt, pour que le même défordre ne renaüTc „ pas de fitöt. Du 16 Novembre. „ Le fubfide permanent eft une (boft „ effentielle." Ci) J'ai été on ne fauroit plus furpris, lorfque j'ai appris qu'une  ( 65 ) Elle ne vouloit pas non plus entendre parler des moyens qui euffent pu faciliter un arrangement tel que la médiation des Cours étrangeres, & ne vouloit finir, qu'autant que cela fe pourroit folidement & décemment. Perfonne ne méconnoïtra cependant, que nous étions bien éloignés de pouvoir fonger alors a des objets qu'on n'avoit pas voulu nous accorder, même a 1'inftant oü nous avions la force en main ; & qu'a 1'époque de la fin de Novembre nous 1'étions également de pouvoir efpérer de finir décemment comme S. M. 1'entendoit. Dans les circonftances oü fe trouvoit la Monarchie , & abfolument abandonnés , comme nous 1'étions, quoique nous euffions eu dans le principe vingt mille hommes, qui n'avoient prefque pas tiré un coup de fufil ; il re s'agiflbit plus que de finir (i) a tout prix. Je regrette de ne m'être pas qu'une des premières demandes qu'avoit faitele Comte Cobenzl aux Etats de Limbourg Sc de Luxembourg, étoit de reprendre 1'afte de Confentement 'aux fubfides fixes, qu'ils m'avoient accordé de la meilleure grace du monde peu de mois auparavant, lorfque je le leur avois demandé comme de moi. même, pour mettre dans leur tort les Etats de Brabant, qui venoient de s'expofer a tous les malheurs qu'a entralné leur refus, tandis que d'autres Provinces les öffroient gratuitement. S. M. m'en a témoigné le plus grand contentement, & certainement je n'imaginois pas alors ce qui eft: arrivé enfuite. " (i) 11'fe crouve dans Ia première édition de ce mémoire, E  ( <-*) mis plutót, & avec moins deréTerve au-deflus des ménagemens que je croyois devoir a la dignité de mon Maïtre a eet égard, & que S. M. Elle-même n'exigeoit plus lors de 1'envoi du Cte. Cobenzl, mais furtout au delTus des clameurs du Général-Commandant, qui fe récrioit fur tout ce que je faifois pour éviter les défaftres dont je nous voyois menacés , & dont il n'a cependant pu nous fauver. Peut-être aurois-je encore réuffi; car quoique ce qui arrivoit tous les jours, fc? qu'on mettoit fur le compte du Gouvernement, eüt néceiTairement dü me faire perdre la confiance de la Nation, & que je me fuflê Jaifie entrainer moi-même a des démarches qui ne pouvoient que 1'éloigner de moi; ma facon d'agir a cette époque; des lettres interceptées (i); ia conféquence qu'on en tira, que mes une faute d'imprefïïon, qui feuie fufüroit pour prouver que c'eft a mon infu & contre mon gré qu'il a été publié • puis qu'on a eu Ia maUdrefiè de fubflituer Ie mot de fuir \ celuf de finir, & qu'au moyen de cela j'eulTe dit: qu'il falloit fuir & tout prixl idéé qui ne s'eft jamais préfentée a mon efprit,& ne feroit certainement jamais fortie de ma bouche. CO Les gazettes en ont fait mention dans le tems, & je ne releve cette circonflance ici, que paree qu'elle me fert a parler d'un objet trés propre è éclairer le Public fur Ie véritable état des chofes en ce moment. Ayant appris qlie van der Mersch avoit intercepté de mes lettres a 1'Empereur & de celles que S. M. m'avoit adreiTées, je lui envoyai Ie Secrétaire du Gouvernement, Muller, pour lui dire: que je favois qu'il tenoit en main des dépêches dont le contenu , ou l'explkatim que je pouvris leur donner, m'autoriferoit peut-être ïfaire  C 97 ) Intentions xi'étoient pas rnauvaifes; des hafards en* fin m'avoient fuffifamment rétabli dans 1'opinion da quelque chofe qui pourroit remeltre l'ordre ef la tranquilliti dans tin pays que je voyois avec douleur prtt h fe perdre. Van. der Mersch me fit répondre par Mn, Muller: qu'il avoit dé en* voyer les originauK de ces dijférentes dépêches a fes Principaux k (le congrès de Ereda) mais qu'il ni'en feroit remeltre les copies , (ce qu'il fit effeaivement) £ƒ me promettoit de faire la mêmt chofe, toutes les fois qu'il en tomberoit entre fes mainsi qu'au tefte il avoit vu par mes dépêches les bonnes intentions que j'avois pour le pays, mon dèfir d'épargner l'effufion inuiiie dufang humain; qu'il défiroh la même chofe; que le parti qu'il avoit ptis; étoit uncoup de défefpoir , qu'il feroit charmé de réparer en contrii buant a fauver fa patrie, £ƒ a la maintsnir dans la domination de de fon légitime Souverain; qu'a cette fin, £? pour m'aider dans lé deffein que j'avois également & ce fujet, il me faifoit favoir que comptant fe rendre te lendemam clez fes Principaux h Breda , H leur diroit: qu'il se trouvoit X la tête de 6 X 7oookiiOMs JIBS; QU'lL Y EN AVOIT PARMl CE KOMBRE D'AUSSI SUAVES que POUVOIT L'ÊTRE LA MEIILEURE TROUPE i MAIS QUE LS BESTE N'ÉTOIT QUE DES POLISSONS INDISCIPLINÉS ET saks AltMES, et QUE HOTAMMSNT ILN'aVOIT pas us SEULOFFICIER , de SORTE QUE LE PREMIER BATAILLON DE L'armée IMPÉRIALE QUI LE TROUVr.ROIT en RASE CAMPAGNE, LE METTROIT TSJT FUITE AVEC TOUTE sa TROUPE j Oü'lL LEUR CONSEILLOIT DONG DE CHERCHER X s'ACCOMMODER, ET DE NE PAS s'EXPOSER A UN DANGER QUI SKROIT DECTSIF POUR eux , Et QUI H'ÉTOIT Js'ULLEMENT IMPOSSIELE A P3ÉVOIR. Cet sveu, quoique trés facile a iiiiaginer, me fit faire dé triftes réfiexions fur la facon dont nous aviohs, fix femaincs auparavant & lotfque ces gens étoient encore bien moins fignifians, laiffé pénétrer une pareille troupe dans le centre dê nos Provinces, & avions fui partout devant elle, tandis qu* (t j'avois pu agir comme je le voulois, & que nos adverfaires n'euffent pas déja été trop liés avec les Cours, (ce que j'ignore) je parvenois peut-être encore a renouer & a conferver Ie Pays a mon Souverain, au moins de facon qu'il püt ou s'en affurer pofitivement * ou prendre des arrangemens. Mais le Comte d'Alton, qui m'aveitfait promettre de ne plus faire de conceffions, au moment oü l'£mpereur envoyoit un Commiffaïre chargé d'aller au devant de toutes celles qu'on defireroit, fe refufa abfolument k notre pofition auroit-elle été différente, fi on étoit allé au devant deux k leur première invafion dans le Brabant; fi on fe fut trouvé a celle qu'un coup de défefpoir leur fit tenter en llandre, dans le Hainaut, a Turnhout & a Dieft, par tout enfin, ou nous ne les avons pas attendus & oü nous nous fommes reti.és fans nous défendre; je ne doute nullement qu'una parenleentreprife n'eüt tout terminé d'abord ; au lieu oue celle dont il a été queftion plus tard, lorfque van der tvlersch étek a Tirlemont , eüt été fi non dangereufe pour les fuites" au moins tres inutile dans les circonftances dans lefquelles nous nous trouvions déja alors; c'eft ce que j'ai rappelè, au Comte d'Alton fans m'oppojer a fon expédition, comme le prouve ma note du 25 Novembre, page 44, du mémoire cité plus bas Une des fuites les plus facheufes de ces lettres interceptéês fut que nos ennemis apprirent par celle de S. M. au Comte' d'Alton, qu'Elle ne pouvoit pas nous envoyer un feul homme de troupes, ce qui les rendit encore plus hardis; & par ceii9 que m'écrivoit un Prince refpectable de 1'Empire, au fujet de la part directe que prendroient a nos affaires les troupes prusfennes qui occupoient Ie pays de Liége, ce qui ne pouvoit également qu'encourager nos adverfaires.  ( 69 ) tout, & notamment a me laffer feul a Bruxelles, oü 1'on s'étoit déclaré ne vouloir entrer en aucune négociation , tant qu'il y auroit des troupes: ce Général étoit cependant décidé de fe retirer plus tard , & avoit même rétabli les fortifications de Namur a grands fraix, pour y demeurer. Sans doute il ne prévoycit pas que peu de jours après, nous quitterions ignominieufement Bruxelles, & il vouloit y tenir bon aufli longtems qu'il pourroit. On défarma donc cette ville, & cela fe fit avec une violence qui irrita encore davantage. Cependant, ce défarmement étoit d'autant plus inutile, qu'on n'eüt que des fuGls de chafie ou des armesde grand prix de quelques curieux, au lieu que celles qui devoient fervir a nous combattre, furent foigneufement cachées jufqu'au moment de 1'explofion, oü nos propres foldats en fournrent a nos adverfaires beaucoup plus qu'il ne leur en falloit; & il eft abfolument faux qu'on ait employé contre nous des armes que nous aurions rendues; car elles ne 1'onc jamais été (i) : ce qui fit même beaucoup crier ceux qui les réclamoient comme leur propriété. Les autres préparatifs dedéfenfe, tels que chevaux de frife, portes grillées a tous les aboutilTans (i) S'il y en a qui 1'ayent été, ce n'eft certainement qu'ua trés petit nombre, sppartenant a des particuliers nullement fufpects. Nous n'en avions eu en tout, autant que je mes le rappelle , que 8 a 900, & beaucoup d'entre elles avoient été données a notre corps de chaffeurs, qui n'a été armé, que de cette facon.  C 70 ) des places, fofles donc les rues de Bruxelles étoient labourées &e. &c aigrirent & nürent encore plus au défefpoir, tandis qu'ils annongoient de notre cöté une crainte & une détreffe, qui rendoient toute négociation prefqu'impoffible (1). Cependant nos adverfaires fe bornoient encore k des coups de main par lefquels ils efpéroient d'infimider. ^ lis cherchoient k enlever par repréfailles des individus plus ou moins fignifians, ou a piller quel- , (O S'il sagiflbit de refler dans Bruxelles; fi on pouvoit Ê'expofer a s'y renfenner jufqu'a ce que des fecours, déja refujéspar S. M. vinflent nous dégager; s'il s'agifFoit de foutenir une place , oü Ton nous eüt bientót afFamés, oü nous euflïous rnanqué d'argent, oü nous euflions été bloqués par Jes armées pauiotiques, qu'on a vu fe former un peu plus tard, & oü nous euflions encore dü combattre contre les habitans mêmes de Ia ville, avec des troupes qu'ils avoient tant de moyens d'y féduire ; fi toutes ces circonftanfes exiftoient dis-je, ces précautions étoient néceflaires, quoiquelle* fus' fent d'un autre cóté la vraie caufe de la derniere explofion; puifque Ia mauvaife volonté , & le défefpoir avoient dé' cidé la populace a les détruire de force, & que c'eft a cette Ocesfion que furent amenés les premiers événemens. Mais il femble qu'on ne pouvoit bonnement pas fonger a défendre ce feul point, & qu'il eüt été préférable de fe retirer a Namur, qui ayantété fortifié, auroit fervi a protéger & teniren jefpta plufieurs Provinces. j'avois fouvent, mais toujours jnutdement, follicité qu'on format un camp hors de Bruxel. les, doü 1'on auroit dominé cette vilie fans s'expofer i tous lts mconvéniens ci-deflus menüonnés, nomaiément ia féduo Uofi de» troupes..  C 71 ) ques maifons de campagne des perfonnes qui avoient témoigné le plus d'attachement a la caufe du Souverain. _ La faifie du Chancelier de Crumpipen fut celie qui fit le plus de bruit, &entrainales plus facheufes démarches de notre part; nous voulumes faire de même; cinq membres des Etats furent arreces militairement, en conféquence dbrdres écnts du Général - Commandant, & tous devoient 1'être fans excepter le Cardinal & 1'Evêque d'Anvers (1). (1) La faifie du Chancelier Crumpipen eut décidément les plus facheufes fuites; je n'héfite pas de dire que la crainte de fe voir pareillement traiter,& le defir de fe venger, occafionna tant de clameurs de la part des membres du Gouvernement, qu'on me fit condefcendre a uferde repréfailles, & a faire faiur militairement quelques-uns d'entra les Etats , quoique cela ne put faire que le plus mauvais effet. D'un autre co té, on fut intimidé des actes de violence que fe permettoient nos adverfaires, au point de n'ofer plus rien entreprendre, de crainte qu'ils n'en tiraffent vengeance fur le Chancelier; ce qui m'engagea a remettre au Vice - Préfident fon frere, une note écrite de ma main, par laquelle je lui difois: que comme il pouvoit paroitre intèrejjant a nos ennemis de cltercher d fe faifir de que.que perfonne principale (jutanment de moi j pour s'en fervir comme d'ótage, fcf Her. *** mains du Gouvernement; & «« emm cela ètok trés pofiible , puifque le Men du fervice me parpijfott exiger de n'afiicher ancme crainte, & per conféquent de me monirer partout fans éviter aucun danger, je voulois ptévemr ce cas, W ordonnois au nom de 1'Empereur , qu'on devoit alors me- regarder comme civiUment mort , & ne me frendre en aucune confidération; enfin qu'on ne devoit pas s'miter dans fes démarche,, mais agir en tout ce «ui étoit néèfff t , emmt fi je »*»«< pas txifii. Sé 4,  ( 7* ) La lettre ci- deiTous rapporte'e (r), que m'écrivi, rent les cinq détenus, Iorfqu'ils furent élargis, prouve qu'ils me connoiflbient alTez, pour ne pas m'attnbuer leur afrêt, auquel je n'avois effecHvement confenti qu'a regret. Dans le même tems, le Comte d'Alton crut que nous avions découverc ure confpiration, dont Ia connoiffance feule devoit nous fauver de tous les périls qui nous menajoient, On arréta donc encore les complices de cette confpiration , par le département militaire; la Duchelfe d'Urfel qu'on CO Copie de la lettre que m'écrivirent les cinq membres des fctats détenus, a leur fortie des arrêts : „ Nous avons 1'honneur de remercier V. E. de la per„ miffion qu'elle a bien voulu nous accorder; notre liber„ té nous eft d'autant plus précieufe, qu'il y a long-tems „ qu'on n'en éprouvoit plus les effen, & que nousofons „ le d,re avec la plus grande vérité, la maniere defpoti„ que & arbitraire dont la Nation eft traitée depuis quef. „ que tems, eft une des caufes qui ont achevé de détrui„ re Ia confiance ; Cuufe que nous fommes kin timmer „ a Votre Exellence. Signé: Ie Comte de Spangen, deLanoy, deDuras, de Colomma, de Preud-homme d'Haiily. II eft fi vrai que je m'étois borné a confentir a la détention de ces Meflieurs, & n'y avois par conféquent qü'4 part trés Mduefle, que Me. la Comteffe de Duras m'avant demandé de pouvo.r. aller voir fon mari, & Mr. Ie Baron van der Düft fon Oncle le Ctc. de Colomma, la permiffion que je leur en donna* par écrit ne fut pas feulement relpe'aé, mais qu'ils s.urenten demander une au O*. d'Akou,  C 73 ) foupgonnoit y avoir part, le fut de la même fagon (i). Toutes ces différentes démarches vigoureufes ne pouvant être affez générales, ni alTez efficaces pour rendre nos circonftances plus favorables, ne firent qu'augmenter la haïne & le défefpoir. 11 eüt fallu pouvoir les appuyer du bon clroit, & d'une force fuffifante; mais celle-ci au moins nous manquoit, ou nous ne favions pas 1'employer. Une derniere bévue acheva de nous perdre. On propofa un armiftice a des ennemis qu'on eüt dü ne pas craindre, & a la bonne foi defquels on devoit encore moins fe fier. Cet armiftice, & Ia dé» feftion des troupes qui en fut la fuite, décida abfolument notre malheur (2). On crut 1'avoir conclu pour deux mois. Deux ou trois jours feulement, avant que le terme ftipulé pour 1'agréation de notre part fut écoulé, van der Mersch , que Mr. de Brou croyoit n'avoir pas (1) Cette confpiration étoit Ie rêve de quelques écervelés," qui avoient fait plufieurs projets de révolte, mais point de complot} & Ie tout fe bornoit a une foible efquiffe du trés infignifiant projet des auteurs fecrets, dont il a été parlé ci-devant, & donc i'exécution étoit impofiible, pour peu qu'on s'y fut pris comme il le falloit. (2; Comme on s'eft plu a m'attribuer eet armiftice, que je rt'garde moi-même comme la principale caufe de tous nos défaflres, j'en parlerai féparément, ainfi que de quelques autres objets qui y ont contribué, & qu'on a cherché a m'imputer, pour excufer fa mauvaife réuffite. E 5  ( 74 ) d'acceptation a attendre de fes Principaux (i),écrivit au Colonel de Brou pour lui dire: quil n'avbit pas encore de réponfe de Breda touchant l'armiftice de deux mois, mais quil la lui communiqueroit dès qu'il Vauroit regue, eu du moins dès que les dix jours feroient expirés. Ceci caufa furprife & allarme; d'autant plus que, fe repofant fur cette convention, le Général - Commandant avoit retiré les troupes de Tirlemont, & dégarni tout ce cöté , pour les faire aller vers celui de Ia Flandre, oü il y avoit le plus a craindre; dc que dès le jour de la réception de cette lettre, il y avoit déja beaucoup d'inquiétude dans Bruxelles. On vouloit abfolument que les folfés dans les rues fuffent comblés: on eommencoi: même k effeéluer ce comblement de force dans quelques rues, & le lendemain (10 Décembre ) Ia diftribution des cocardes au fortir de 1'Eglife de Ste. Gudule indiquoit clairement qu'on étoit prêt a agir. Tout étoit dit alors. J'emTe déilré qu'au lieu d'attendre qu'on nous obligeat de fuir, le Comte d'Alton fe füt retiré paiOblement & fans défordre, par conféquent fans perte, avec fes troupes a Namur, oü il pouvoit tenir; tandis que je ferois refté Cr) Le Colonel de Brou, qui avoit conclu 1'armiftïce & lïgné la convention, Ie croyoit effeaivement. Je lui fis connoïtre les doutes que j'avois a eet égard, en préfence du fecrétaire Piftrich; il voulut me raffurer, mais ils ne fe vériSerent malheureufement que trop.  ( 75 ) feuï a Bruxelles, pour effayer encore la voye de négociation déja prefcrite par S. M., & a laquelle on continuoit a fe refufer abfolument, tant qu'il y auroit des troupes; mais il ne voulut pas, & je ne fais en vérité ce qui le retenoit, car il voyoit fondre fon armee par la défertion , fans pouvoir y por» ter remede, & pouvoit par conféquent pré voir ce qui eft arrivé. II y avoit long - tems que les troupes nous donnoient de 1'inquiétude (i). J'en avois parlé a 1'Emreur en différentes occafions; nous en fumes encore avertis la veille de la première invafion en Brabant, (2} & le rapport du Général Schroeder, (1) Ceci eft effentiel a remarquer, car on a dit après coup, que les troupes n'étoient devenues infiJeles que paree qu'on les avoit empêché d'agir. Qui eft.ee donc qui les en a empêché a Turnhout, a Gand, a Mons &c? & en général depuis le 24 Octobre jour de 1'invafion des infurgens, jufques aux derniers momens. Un feul avantage qu'elles auroient obtenu dans ce long interval, eut tout terminé. (,2) Mr. van Lempoel, dont le nom a été connu depuis par fes différentes miffions en Hollande, en avertit fon frere dans une lettre qu'il lui écrivit peu de iours avant 1'invafion en Brabant, pour lui dire qu'il étoit encore tems de renouer, & pour lui propofer une conférence è Namur, en préfence de Mr. de Crumpipen. Cette lettre me fut montrée; mais je ne la vis que le jour même qui itoit propojé pour fentrevue, pir tonféquent trop tard pour pouvoir y confentir. Nous étions d'ailleurs a cette époque bien éloignés de nous croire dans le cas de capituler; car qui eft-ce qui fe feroit imaginé qu'une horde de vagabonds indifciplinés, & manquant de tout, oferoit rif. cuer d'eHtrer dans une province, qu'elle devoit croire défen-  ( 76) que j'ai envoyé par courier a Sa Majefté, tel que ]e Comte d'Alton me 1'avoit communiqué , ne nous laiffoit plus aucun doute a ce fujet (1). due, vü le grand nombie de foldats qui s'y trouvoitnt? Qui eft-ce qui fe feroit imaginé qu'elle y pénétreroit aufli facilement; qu'elle battroit nos bonnes & nombreufes troupes a Turn. hout; qu'elle les feroit retirer devant elle jufqu'aux portes de Bruxelles ; qu'elle envahiroit en moins de huit jours tout le Brabant, éten huit autres la Flandre, le Hainaut &c. ? Et qui eft -ce qui fe feroit imaginé par conféquent, que la défertion dont Mr. Lempoel nous menacoit & fe difoit fur, n'étoit pas une rodomontade, fimplement deftinée a nous faire peur, ainfi que tout ce qui s'étoit fait jufqu'a cette époque? Au moins le Gouvernement fe feroit-il cru trés refponfable, s'il s'étoit laifle intimider par ces menages; car de pareils hazards pouvoient d'autant moins entrer dans fes ealculs, que s'il avoit été poffible même qu'il les prévit, Ie Général -Compiandant, qui ne s'y attendoit certainement pas, n'eut pas nianqué de jetter les hauts cris, de tout imputer au découragement du Gouvernement, & d'aflurer que fi on n'étoit pas entré en négociation, mais qu'on 1'eüt laiffé faire, il eut bientót diffipé cette fameufe armée, avec laquelle on vouloit capituler. J'avoue que j'euffe été le premier a le croire, & je fuis für que tous ceux qui auroient vu ce ramafTé de poliflbns non armés, qui venoit attaquer vingt mille hommes de bonnes troupes, 1'euffent cru également. (i) Voici Ia facon dont il s'exprime dans ce rapport. „ Ich habe gleich vom anfang wahrgenommen dafz die „ attaque nicht recht herzhaft gehe, aüf das einzige batail„ Ion von Bender habe ich rechnen können ; fonft konnte ., ich keinen mann hervorbringen: mit den Wallonern ift „ gar nichts zu thun; wenn fie bey der nacht einen fchufz „ hören, ift gleich alles auseinander: mit den Grenadiers „ bin ich höchft unzufrieden, auf dem marfche kann maa  C 77 ) Le "butin immenfe qu'elles avoient fait a 1'expédition de Turnhout, & a celle de Gand, les avoit retenues; mais s'il retarda leur défecïion , il la décida. II la retarda, paree qu'elles efpéroient qu'il en arriveroit de même dans les autres villes, deftinées comme on le croyoit, a être livrées au pillage, & refterent fourdes aux oifres des Patriotes tant que eet efpoir dura. II la décida, paree que les foldats revenus de ces deux expéditions, rapporterent une fi grande quantité d'argent & d'effets précieux, que 1'indifcipline & la corruption gagnerent en un moment d'une facon incroyable. Les promeffes qu'on leur avoit fakes depuis longtems pour les féduire, étoient hors de proportion avec leur traitement ; mais elles ne 1'étoient pas avec le butin qu'elles efpéroient de faire, & qu*il femble quon leur avoit promis. Dès que eet efpoir ceffa, ils ne réfifterent plus a Tappas de dix fous de. paye, & de quelques ducats d'engagemens, que leur offroient les Patriotes. Outre cela, l'armiftice „ He nicht in gliedern erhalten, und dann halten fie fich „ blofz mit plündern auf. Ich wollte freywillige haben, „ um die kanonen zu retten, ich rief ihnen auf ehre und „ pflicht zu j aber kein mann wollte feine fchuldigkeit „ thun. Ich verfuchte mit Dragonern, diefe giengen aber „ auch gleich zurück: mit diefen leüten mufz man ehre und ,, reputation verlieren. Ich blieb zuletzt allein auf dem „ platze ftehen, &c. étc.  C 78 ) accordant la liberté d'aller réciproquement d'un parti a 1'autre, moyennant des paffe - ports donnés par les chefs, les Patriotes en profiterent pour ve* nir par centaines dans nos villes de garnifons, oü, ils répandirent de i'argent en profufion, & acneverent la féduclion par des promeiTes & des menaces, qui, quoique outrées, n'en étoient pas moins décifives pour des foldats déja plus que vacillans. (i) C'eft de cette époque qu'il faut dater leur défection; jufqu'alors ils ne défertoient que cinq ou fix a la fois, ce qui ne faifoit pas grand mal encore ; mais quand on Gommit la bévue de loger les troupes nouvellement arrivées dans des couvens, oü les moines & les bourgeois les enivroient, & les féduifoient de toutes les manieres pofnblcs, des corps entiers nous quitterent & rendirent le mal décifif & irrémédiable. Le Gouvernement civil fit fon poflible, mais inutilement, pour difluader qu'on fe fervit des couvens ; (2) cent cinquante grenadiers fortirent k la Ci) II eft vrai que lorfqu'on s'appercut de cette malheureufe conféquence de 1'armiftice, & de la bévue qu'on avoit commife en ftipulant pofitivement Ia condition qui y donnoït lieu, on voulut ne pas 1'obferver; mais dès que nous avione tant fait que dc traiter avec ces gens, la bonne foi exigeoit qu'on obfervat ce a quoi on s'étoit engagé; c'eft ce qui a motivé mes notes du 8 Décembre, dries dans Ie recueil du Comte d'Alton. (2) Ma notc du 8 Décembre, citée dans Ie mémoire jufti-  ( 79 ) fois de celui des dominicairts avec armes & bagages, criant dans les rues qu'ils alloient a 1'armée patriotique, & emmenant avec eux les gardes des portes, & autres, qu'ils trouvoient en leur chemin. Depuis ce moment on apprit coup fur coup, qu'il en étoit déferté vingt, trente, quarante a la fois. C'eft alors qu'ils commencoient a animer les bourgeois, a leur promettre de les fecourir, & a leur donner leurs armes, & c'eft la ce qui donna lieu aux événemens du ro, ir, & 12; mais nullement, comme on a voulu le faire croire, la condefcendance du Gouvernement touchant le comblement des folTés (1) , qui d'ailleurs s'effectuoit de force. ficatif, dit pofitivement, qu'on augmenteroit les murmures en logeant le bataülon de Murray dans les couvsns, qui d'ailleurs seroient un logement dangebeux pour les soldats , & que 1'on auroit des reffources prêtes pour ce bataülon dans l'aneienne maijon de force, ainfi que dans Vancien hopital militaire dans les bdtimens de la potte de Laaken. (1) Je concois d'autant moins comment on a pu fe reietter fur le comblement des foifés, pour excufer notre fuite, que le Général-Commandant lui-même, ne comptant plus fe défendre dans Bruxelles, & voyant les embarras auxquels ces démonftrations nous expofoient, m'avoit parlé de les faire ceffer: ma note du 6 Décembre, citée dans fon mémoire dit clairement, (page 54.) „ QBanta 1'article des barricardes, foffés, &c, dont Votre „ Excellence eft déja difpofée de faire lever £f ceffer les „ gênes, j'avouerai que je trouve &c. &c. &c. D'ailleurs je n'ai jamais exigé cette condefcendance, mals  ( So ) Dans ces cïrconftances, il étoit évident qu'on ne retiendroit plus les troupes, fi on reftoit dans Bruxelles; on étoit d'ailleurs réfolu qu'on ne s'y défendroit pas, afin d'éviter un carnage aufli terrible qu'inutile; on pouvoit donc décemment fe retirer avant d'être chaffé: on eut alors confervé nos troupes, & fauvé tout ce que nous avons enfuite honteufement abandonné. Je ne ceiTois de le confeiller, puifque je n'avois pas le pouvoir de l'ordonner; mais mon opinion ne prévalut pas. Alors des corps entiers, commandés contre la plus vile populace de Bruxelles, (car aucun bon bourgeois n'étoit encore armé) tournerent cafaque; tirerent fur les troupes qu'elles quittoient; abandonnerent les officiers qui les commandoïen.t; les pourfuivirent a coup de fufil; livrerent leurs armes au peuple, qui commencoit a commettre des excès, & nous obligerent enfin au parti humiliant que nous avons pris, & qu'au dernier moment encore, il eut été pojjible d'éviter. (i) Si me fuis toujours borné a Ia propofer, pour éviter ou aü moins retarder 1'explolion que je prévoyois devoir être la fjite de Ia mauvaife volonté quecaufoient ces démonftrations, Cjüi étoient non feulement inutiles, puifqu'on étoit décidé de ns pas refter dans Bruxelles, mais en même tems incompatibles avec la voie de pacification qui m'étoit prefcrite, vü la facon dont elles aigriflbient les efprits qu'il s'agiflbit de caimer. Cl) II eft certain qu'au dernisr moment encore, on eut pu. non feulement éviter cette retraite honteufe & inutile, mais aufli  C Si ) Si c'eft i'armiftice devenu peut - être nécefiaire par les mativais fuccès de nos opérations militaires, qui a été Ia caufe de la défeótion des troupes (ce qui paroit hors de doute); & que cette défeétion qui a occafionné notre fuite précipitée, a entrainé toutes nos pertes, il n'eft pas moins certain, qu'il a aufli influé fur les mefures que le Gouvernement eut pu & dü prendre d'avance a 1'égard de celles - ci. Mais un armiftice de deux mois, conclu au moment oü 1'on commencoit a traiter, annonc/oit une envie de fe raprocher, qui devoit d'autant plus infpirer de confiance, que le terme étoit afiez long pour pouvoir efpérer un accomodement, & que le Général-Commandant qui l'avoit propofé & conclu, faifoit toutes fes difpofitions militaires en conféquence. Sans la certitude d'un pareil armiftice on eut été moins tranquille; on eut moins évité de faire aufli concentrer & pofter le refte de nos troupes de facon i rendre la réuflïte des Négociations que j'aurois continuées fous la proteótion d'une force militaire encore aflez refpe&able au moins poffible, Ci non probable. Cette retraite précipitée 1 laquelle j'étois bien éloigné de m'attendre, étoit un fi mple coup de main, motivé par le découragement que donnoit l'exemple des troupes Francoifes, au moment oii on croyoit voir arrii^er la même chofe chez nous, & qui n'avoit nullement été amené par ceux de nos adverfaires qui fe mêloient des affaires générales du Pays; fans cette retraite, & furroat fans 1'abandon total des autres Provinces, qui'en étoit la fuite, tout n'étoit pas dit encore, malgré la malheureufe fituation dans laquelle nous nous trouvions. 11 en fera parlé plus bas. F  ( 82 ) appercevoir de la crainte; on fe feroit peut - être cependant fié a la fidélité des troupes qui devoierit fervir d'efcorte aux efFets qu'il s'agiiïbit de fauver ; & on eut par conféquent mis tout en oeuvre pour n'en point perdre. Ce n'eft auffi que la bonne foi dans laquelle j'étois a eet égard, qui m'a empêché d'exiger, qu'on fe raffemblat hors de Bruxelles, ou qu'on fe retitttt paifiblement a Namur, comme je le follieitois depuis quelques jours, puifqu'on pouvoit, de 1'aveu du Colonel de Brou, y tenir plufieurs mois, moyennant les réparations qu'on 1'avoit autorifé a faire aux fortifications de cette ville. En prenant ce parti, le tréfor, les archives,les caif> fes militaires, les munitions & fournitures; 1'artillerie, les provilions immenfes qu'on avoit faites, auroient été fauvé-s fous ïefcotte f&re de 1'armée entiere; jè ferois refté feul a Bruxelles,pour elldyer derenouer encore, ce qui eut été plusfacile, pendant que la force militaire concentrée, & mieux placée, eüt continué de couvrir la province de Luxembourg; qu'elle eüt gardé celle de Namur; protégé celle de Limbourg; tenu en refpeél celle de Hainaut; & en eüt peut-être fuffifament impofé au Brabant & a la Elandre, pour empêcher ces Provinces de faire les démarches décifives auxquelles elles fe font portées, dès qu'elles fe font vues livrées a elles - mêmes. Nous nous ferions au moins fuffifament maintenus en pofleflion de la majeure partie du Pays, poüf  C -33 ) pouvoir Forcer le refte plus facilement, s'il deyoig être queftion de 1@ reconquérir: au lieu de cela nous avons quitté nous - mêmes précipitamment Bruxel* les, & avons tout abandonné, comme on le verra par le récit que je ferai féparément de cette retraite, ainfi que de fes fuites, & des autres objets qui y ont trait. D'après ce que je viens d'expofer jufquici, il eft évident que, vü les faufles mefures prifes de toute part, la révolution étoit inévitatable , & que fans le nombre infini d'autres raifons qui y ont infiué, mais qui ne font pas de nature a être rendues publiques encore, il en feroit toujours arrivé de même; car je ne poürai jamais juger de cette révolution (malgré la tournure étonnante qu'elle a prife) que comme je 1'aï annoncé au commencement; c'eft-a-dire que tout ce projet d'infurreétion étoit nul dans le principe, & feroic refté tel fans des circonftances impoifibles a prévoir; qu'il n'y avoit point de véritable plan de ré•volte ; que celui qui avoit été concu par que!» ques particuliers obfcurs, étoit ignoré, & 1'eft refté même après fa réuflite. Que ceux qui pouvoient eft avoir été informds-, i'auroient désavoué s'il avoit échoué, comme ü le devoit. Que ft tout le Pays eut été révolté, noüs étion* perdus dès le premier jour de 1'invafion, puifqu'onff feroit foulevé partout en même tems , & qu'cji* n'aurok pas abandonné ceux qui ayaöïeu U ïr F a  ( U j merité de la tenter, étoient facrifiés fans relTource, s'ils avoient été recus comme on devoit s'y attendre. Que s'il 1'eüt été, *même au dernier moment, peu de nos troupes &.aucun de nous ne feroient échappés lors de notre malheureufe fuite. Qae s'il 1'eüt été, on n'auroit pas vu tant de défunion, & de différence dans les opinions, même après la révolution faite. Que s'il 1'eüt été, nos troupes n'y feroient pas rentrées fans trouver la moindre réfiftance, & fans coup férir, comme nous l'avons vu les premiers jours de Décembre 1790, & comme j'ai toujours annoncé qu'il arriveroit. Que les préparatifs de nos adverfaires étoient infuffifans; qu'ils ont toujours été regardés comme tels par les Patriotes mêmes, par les Etrangers, & par les Cours- Qu'après 1'invafion encore, le tout n'étoit nullement redoutable, puifque ce ne font que les prifes faites fur nous, qui y ont donné quelque confillance. (1) Qu'il n'eüt fallu par conféquent que s'y prendre autrement; empêcher 1'entrée de la foi - difante armée patriotique; (2) & lorfqu'elle étoit eflëctuée, XO H n'y a qu'a voir fur tout cela, les mémoires de van , der Mersch. (a) S. M. jugeoit de même de la facon dont on eut dü s'y prendre, pour empêcher 1'entrée de cette horde ds vaga.  ( 85) concentrer nos troupes pour les attendre, au lieu de fe lailfer leurrer fans celfe par eux, d'un bout du pays a 1'autre. bonds, &;pour ne pas s'en laifler repouffer honteufement par tout, après qu'on ne s'étoit pas oppofé a fon invafion. En général, la lettre qu'Elle écrivit au Cointe d'Alton » ce fujet, jette tant de jour fur tout ce qui eut dü fe faire ou ne pas fe faire , & vient fi fort a 1'appui de la facon dont j'avois cru qu'il falloit envifager la chofe fous tous les différens points de vue, que je Ia cite ici en entier, telle qu'elle fe trouve a la page 61 , du recueil imprimé de Ia correfpondance de 1'Empereur. La voici: Vienne ce 7 Novembre 1789. ,, J'ai recu votre rapport du 27, par Ia pofie, & celui „ du 30" par eflafFete. —— Je m'étois attendu que vous ,, m'enverriez Ie premier rapport que le Générai Schroe„ der dnit vous avoir fait, & qui devoit me donner des éclaircifiemens fur la facon inotiie, dont cette expédition „ fur Turnhout avoit été imaginée, entreprife, exécurée, „ ócterminée; mais vous ne m'avez envoyé qu'un rapport „ fecondaire, qui ne contient rien que des détails de Ia „ perte confidérable qu'on a faite, & qui parle d'avoir „ encore trouvé deux canons deperdns, fans qu'on puiffe „ favoir fi ce font deux canons de plus, par conféquent ,, quatre qui font 'perdus, ou fi ce font les deux canons „ que vous m'avez déja annoncés par votre premier rap. „ port. Du refte je ne puis vous cacher mon étonnemenc „ ,ftir 1'inconféquence & le peu d'a propos que je vois „ régner dans les difpofmons que vous avez faites, & dans „ le? projets defquels vous vous laiflez éblouir. „ II y des femaines que 1'on fait eet afiemblage de foi„ difans Patriotes dans les environs de Breda; Ia marche „ que fit le Général Schroeder vers Ie pays de Liége, fit „ fauver tous ceux qui s'y trouvoiént vers Breda; voui fa.» F 3  c «O Qu'alors la malheureufe & ineoncevable révolution ne fe feroit pas faite; que les Patriotes voyant „ viez donc qu'il n'en exiftoit plus ailleurs que dans eet enj, droit. La Hollande déclare de ne pas fouffrir dans fon „ pays que ces Patriotes s'y arment; on avoit fait les dtfr „ pofitionsde la part du Gouvernement, pour mettre en féque,, ftre lesAbbayes qui les foutenoient;il falloitdoncou qu'ils j, feféparent, ou qu'ils entrent dans le pays;& malgré cela, „ point de difpolition faite dans Ia Campine hors quelques ,, recruteurs & de ces petites détachemens que vous appel„ lez volans, qui ne fignifient rien. Si le Général Schroes, der, avec les troupes qu'il avoit pour marcher vers le pays „ de Liége, eut cótoyé ces fuyards,& s'étoit placé vis-a-vis s> d'eux dans la Campine, ou ils n'auroient jamais pu en„ trer, ou ils auroient été facilement repouffés; enfin les „ infurgens étant entrés une fois dans Ie pays, & s'étant em„ parés de plufieurs objets entiérement abandonnés , comme 5, par exemple Ia frégate, qu'on auroit dü avoir l'attention „ de faire approcher d'Anvers pour être en fureté, & la 3, caiffe publique de Lülo, qui également y auroit dü être tranfportée. Les fachant donc entrés dans Hogftraet & „ Turnfrout, vous formez un plan d'attaque par trois co„ lonnes, qüi ne s'exécute pas, parcequ'il plait au Général „, Schroeder de partir feul, fans attendre les autres, pour faire cette équipée. C'eft voir dans un trè; faux jour, „ que de croire qu'il faut attaquer ces gens-la, comme fi c''étoient des Turcs ou des Pruffiens; il falloit faire approcher les trou* fes de Turnheut & Hogftraet, leur faire parler, leut faire cancevoir hs dane^s auxquels ils alloient s'expofir, „ s'il ne retoutnoünt a leurs foyers; enfin s'ils ne voutoient point 4l sniendre raijon, il ne. falloit que fe campe* dans les environs „ les y hloquer; car comment auroient' ils pu y fubfifter, }J £f forti? pour venir attaquer la troupe en nfe campigne , _ ■.(; y auromi summtvais jeu, et suremekt chj'ainsj la  ( 87 ) échouet ce dernier effort, & n'ayant plus d'autre reffource, y auroient peut-être renonce de „ chose auroit été peot - être assoupig, sans grande effusion de sano. Vous n'aviez pas même fait tenir' a „ portée un nombre fuffifant de munitions, & il faut fuf„ pendre a cette heure toutes les démarches ultérieures „ pour attendre qu'il en vienne de Luxembourg. ,, Les difpofitions donc vous me parlez pour 1'avenir, ns „ me paroifll-nt également ni a propos r.i conféquentes; faire ,, venir 1'artülerie de fiége de Luxembourg, quel tems cela „ n'exige-t-il pas, & a quoi bon? Les rebelles ont-ils „ une place en leur pouvoir, & voulez vous faire un fiéye? ,, L'éreélion d'un corps de pioniers & de chafleurs a quoi „ doit-il aboutir? Croyez-vous que vous ferez des an„ nées ou des mois Ia guerre contre ces gens-la? Un corps franc, levé par Doncel, compofé d'avanturiers & de frip,. pons de Liége, outre le tems qu'il faudroit, comment „ pourroit-on jamais fe repofer fur ces gens?& ne feroit„ on pas expofé de leur part a une défedlion en corps, ét „ qu'ils tournent les armes contre nous-mêmes ? Renvoyez „ mon Général, tous ces projets & toutes ces idéés, qui „ ne font pas machées, & que je veux prendre feulement ,, eomme 1'effet de votre zèle échaulFé; mais ce dont je „ dois bien plus férieufement vous interdire toute démarche „ ou réponfe quelconque, c'eft les deux projefs aufli in„ faifables que nuifibles, fi on pourroit nous foupeonner „ feulement de la moindre connivence, favoir: 1'un des „ Patriotes Hollandois, qui voudroient attaquer les forte„ refles de Ia Flandre Hollandoife; & 1'autre le projet de „ la lettre anonyme de Paris, de Francois qui voudroient ,, fe former en corps, & s'armer dans notre pays contre les ,, ordonnances du Roi & des Kdals Généraux , d'accord entre eux pour entretenir les troubles en France. Vous devtz fentir de vous même, en réfléchiffant «n momeat9 ¥ 4  C 88 ) bonne foi, & fe feroient foumis pour toujours a un Souverain, auprès de qui la réfiftance étoit devenue infruétueufe; & qu'enfin, fi on n'avoit pas le moyen d'employer la force, ou fi on ne le vouloit pas, il eüt fallu céder lorfqu'on le pouvoit décemment, aux différentes époques dont je viens d'expofer les événemens. Qu'alors ceux dont la conduite eft blamée par les perfonnes non inftruites des circonftances, auroient obtenu les fuffrages de tout Ie monde, pour avoir réfifté a ce terrible orage, fans faire couler le fang d'un Peuple qui, quoique désobéiffant a fon maïtre, n'étoit compofé que de fes fujets, de fes Enfans! Le fyftême d'après lequel j'avois fupplié Sa Majefté d'agir, & que j'ai ofé encore Lui rappeller Ie 2 Aoüt 1789, (t) étoit qu'il falloit avoir de Ia ,, combien peu cela nous conviendroit, & quel mal en de„ vroit néceffairement réTulter; renvoyez donc bien ver„ tement tous ces faifeurs de projets ou intriguans quï „ ofent vous faire des propoiitions aufli abfurdes que dangrreufes. ' (1) Dès le 7 Juillet je m'étois déja adreffé au Bureau d'Etat a ce fujet par la lettre ci-deffous citée, que j'écrivis au Trince Kaunitz. Bruxelles le 7 Juillet 1789. Monfeigneur J ,, Je ne puis que confirmer a Votre Alteffr la continua. „ tion delatranquillité; on appercoit même quelques mar5> ques de contentement, que je ne puis attribuer qu'a „ ce que; laffés des embarras . at a-m-jes confécj.»  ( 89 ) fermeté fans violence, de la modération, de la bonté „ tives , on ne defiroit plus qu'une fin qr.elconque , & "„ qu'on fe réjouit de 1'avoir obtenue, même a ce prix. Comme il étoit impoflible de s'attendre a une aufG heu„ reufe réuflite, je n'avois rien négligé pour prévenir 1'évé" nement qu'il n'étoit plus en mon pouvoir d'éviter cette '„ fois-ci. Depuis que je fuis ici, je n'ai celTé de prêcher ,i qu'on forceroit 1'Empereur a en venir è cette extrémité; ,[ que fa clémence avoit des bornes; qu'il ne falloit pas Le ,', pouffer a bout. ]e fuis parvenu a en perfuader ceux pres '„ defquels Ia raifon pouvoit encore quelque chofe; de fa^on „ que fi eux mêmes, avoient pu réfifler a la cabale en cette " derniere occafion, nous 1'euffions peut-être derechef emporté; mais le fanatifme du clergé, & Ie point d'honneur , mal entendu de quelques Nobks, humiliés de 1'aQe de foumiffion du 26 Janvier , ont eu le deflus; & les gens feni, fés qui prévoyoient cequtelt arrivé.fefontlaifTésentraluer „ par le torrent. II eft certain qu'il falloit d'une facon ou de I'autre re„ vendiquer 1'autorité fouveraine, fi cruellement avilie; rétablir I'ordre & 1'obéiffance , & faire ceffer 1'efprit de " inéfiance & de cabale qui s'étoit introduit, ainfi que 1'a1 narchie qui en étoit la fuite. J'efpérois que cela fe pourroit fans en venir è ce inoyen ; mais 1'effet prouve que " le foyer de la réfiftance étoit dans les Etats & le Confeil " de Brabant, toujours intimement liés enfemble; & que les intrigues des Prêtres mêmes, fe fondoient fur 1'appui " qu'ils en efpéroient, puifqu'elles ont diminué de même que 1'inquiétude générale qui en provenoit, dès que ce foutitn leur a manqué. „ II s'agit feulement aujourd'hui d'en retirer du fruit, non , pas, comme j'ai eu 1'honneur de le dire aS. M., en vou" laat fe procurer une utilité réelle dans le moment, mais, E 5  ( 9° ) même, fans foiblejjh, ni töcheté; qu'il falloit fur. ; „ en retabliflant ia tranqui!ii:é & le calme; en remsttant 1» „ Pays dans fon état naturel; & en accoutumant au nouvel „ état des chofes, qu'il s'agit de confolider, avant qU2 de „ fonger a en tirer le parti dont il fera fufceptible. „ J'ai cru qu'il falloit commencer par le faire tolérer , & „ & c'eft ce qui ru'a engagé aux difpofitions faites dès Ie „ premier moment, tels que la fupprefïion du droitdetuage, „ & de moulage, qui a d'abord gagné Ie Plat-pays, dont „ il importoit de s'affurer; mais furtout Ia déclaration du 20 „ Juin, qui faifant rentrer des centaines de fugitifs & dedé„ tenus, dans leurs families défolées, les tranquilüfoit, les „ coinbloit de joie, & leur faifoit admirer la clémence de „ S. iMajefté, qui n'exigeoit pour cela, qu'un a£te de fou„ miffion bien jufte, & qui Lui étoit bien dü. „ A préfent, que nous en fommes déja a cette heureufe „ pofition , je voudrois ne plus me borner a ce qu'on Jouf. „fre les nouveaux changemens, mais défirerois qu'on les „ geütdt & les préférdt même è 1'ancien état. „ Je n'ai jamais été ni dur ni méchant, mais il a fallu Je „paroicre jufqu'ici; & je fuis für que, quelque portée „ que ioit Votra Altefte a la bonté, Elle auroit trouvé Elle„ même la févérité néceffaire, fi Elle avoit pu voir fur les „ lieux, è quel point on pouflbit 1'infolence, la défobéiflan,, ce , je dirois 1'atrocité , s'il ne falloit plutót regarder „ comme folie tout ce qu'on s'eft permis. „ Aujourd'hui nous pouvons agir d'une facon bien pjus „ conforme aux intentions de Sa Majefté, a celles de Votre „ Altefle, & fi elles peuvent compter pour quelque chofe, ,, aux mienne*. La fource & Ie foyer de la révolte „ n'exiftent plus. L'Empereur a 1'autorité en main; II a des „ juges; II ne rifque plus d'être compromis par Ia bonté,- je „ crois même, que fon intérêt exige de 1'employer. Je „ 1'avois eflayée plufieurs fois; mais on Ia prenoit aiors pour  (9t ) tout ,être jufie ; que cependant on pouvok avec juftice employer même la févérité (i> „ de la foibleflè, & on en abufoit : aujourd'hui elle fera regardée comme générofité, & gagnera les cceurs, fans „ lefquels nous n'aurons jamais les efprits. ,) Je crois donc, j'oft le confeiller, & je fupplie Votre j, Altefle de me feconder, qu'il faut foigneufement éviter „~tout ce qui pourroit faire ombrage; tout ce qui feroit „ craindre qu'on abufera du pouvoir dont on s'eft emparé; „ & tout ce qui feroit appréhender le retour au fyftême pro„ jetté, qu'on craint tant & dont on n'eft pas encore amême ,_, d'apprécier futilité. CompaJJlon, indulgence, clémence & „ bonté, & on fera dans quelque tems du plein gré de la Na3, tion , ce qu'on n'auroit jamais fait de force. Si j'ofe „ recommander la voie de douceur, & conjurer de ne plus „ aigrir, puifqu'après ce qui s'eft fait, il n'y auroit plus de „ moyen que celui de faire couler du fang, ce qui fait fré„ mir; je dois conjurer cependant aufli, de ne pas faire la „ moindre démarche qui paroitroit qu'on veut faire un pas „ en arriere, les efprits n'étant certainement pas encoreaflèz „ raflïs, pour ne pas en abufer, & obliger par leur info„ lence aux remedes violens qu'il s'agit d'éviter. „ J'ai ofé parler ingénuementè Votre Altefle.aujourd'hui,de „ Ia fituation des affaires; j'aurai bientót 1'honneur de Lui „ parler avec la même confiance de la mienne, qui n'a „ ceffé d'être pénible , difficile & douloureufe pour mon „ cceur, depuis le moment que, me foumettant aux inten„ tions fouveraines de mon Maltre, & aux confeils-de Vo„ tre Altefle, j'ai entrepris une carrière que j'ai toujours „ regardée comme étant au deflus de mes forces, & incom„ patible avec mes intéréts de familie, & ma facon de pen- fer perfonnelle." (i) J'étois efFeftivement parvenu a faire adopter a S. M. ce fyftême, le feut qui eüt pu nous éviter les malheurs que  ( 92 ) Tout cela fe réduifoit a empêcher que Ia Na. tion que j'avois a gouverner, ne fut, pour ainfi nous avons effuyés plus tard, fi, au lieu de le fuïvre, le Comte d Alton ne s'étoit laüTé ébiouir par 1'efpoir de terminer d'une facon plus brillante: erpoir dont il s'eft trouvé cruellement déchu dans la fuite, & qui nous a coüté bien cher; car i! eft certain qui fi on eüt nréféré Ia voie de modération en temponfant frgement, comme les circonftances dans lefquelles fe trouvoit la Monarchie 1'exigeoient, les Pays-bas, qui nous coütent tant , auroient été d'une aufli grande reflburce dans cette guerre, qu'ils I'ont été dans toutes les précédentes lis eusfent fourni de 1'argent, & dès le mois d'Aoüt 1788 , oneüt pu envoyer la majeure partie des troupes a 1'armée d'Hongrie chofe impofïïble dès qu'on n'avoit pas voulu fuivre cette voie' car quand lp Comte d'Alton enaparlé, ce n'étoit plus que les troupes qui pouvoient contenir la mauvaife volonté d'une Nation, qu'on forcoit pour ainfi dire a fe foulever Au refte les ordres que S. M. me donnoit, répondoient a ce que j'a.' vois ofé lui confeiller; & je vois, depuis que j'ai en main Ie recueil imprimé de fes lettres au Comte d'Alton, qu'Elle lui parloit de même,ainfi qu'on le verra dans I'extrait de quelquesunes d'elles. Futak ce 9 Avril 1788, fpage 7 du lecueil imprimé.) „ Au refte je fuis faché que quelques mauvaifes têtes ,. continuent encore a troubler le bon ordre. II faur a cela „ autant de fermeté que de patience; &je vous recommande, „ WW cher Général, de ne jamais oublier d'er.tremêler ?unt ., avec Vautre-, de refter bien uni avec le Miniftre, & de con. „ venir toujours avec lui, lorfque les circonftances exigent „ que vous foyez plus fevèie, & lui plus condefcendant, „ puifque ce mélange ne (auroit que pioduire tout le bien. Luxembourg ce 17 Aoüt 1789, (page ^ du même recueil-) „ fout comme la vigilance & Ie foin de réprimer avec „ févérité & force les excès font d'une néceflicé abfolue,  ( 93 ) dire forcée h devenir 1'ennemie de fon Maitre par les violences & l'injuftice qu'on exerjoit envers elle (i), ou qu'elle n'y füt engagée par 1'infolence „ de même faut-il bien ménager les occafions, diffmuler " bien des petites clwfes pour /rapper feulement dans les grands „ événement; il convient aufli d'éviter des recherches trop véülleufes , dont le rèfultat pourroit mettre radminiftration „ de la juftice dans l'embarras, en n'y trouvant pas de matiere „ pour prmoncer une fentence de peine, en même tems que " cela excite le Public a crier è 1'injuftice & au defpotifme contre les démarches militaires. II faut qu'il craigne le " Militaire, qu'il refpefte une fentinelle comme s'il y avoit un bataülon; mais il ne faut pas non plus t'inqiiéter conti. „ nuellement fcf le pouffer au défefpoir. Vienne ce 14 Mai 1789, (page 23.) „ La miflion d'officiers dans le plat - pays pour y ' „ ëntendre les propos des fermiers & payfans, & pour les '„ inftruire, a fon bon cöté, mais aufli un cóté dékétueux & dangereux même ; car il eft bien difficile de trouver toujours des perfonnes propres a relever le vrai, & qui ont le talent & la patience de faire fentir la vérité jufqu'a „ Ja conviflion. Chacun veut cependant fe donner l'air "„ d'avoir découvert quelque chofe, en juge d'après fa facon " de voir, & finit ainfi par faire de faux rapports, qui in,* duifent en erreur, en faifant également naitre de la mèfiance " aux gens du plat pays contre ladminijlraiion civile, par la "„ différente des propos que leur tient le militaire. Croyez " moi, mon cher Général, qu'il vaut encore mieux de moins ", favoir, que d'employer un noinbre de perfonnes plus ca» pables d'embrouiller que d'éclaircir les affaires." C'eft la précifément ce qui a été une des principales caufes de nos défaftres. (1) Je ne fais pas de difficulté de citer ici la lettre que j'adrelfois a Sa Majefté a ce fujet le 19 Novembre, lorfque les  ( 94 ) que lui infpireroit un Gouvernement lache & craintif; mais je croyois auffi, qu'il falloit traiter platntës fe réunifiant de toutes parts, & les fukes qui en rc'fultoient, devenant tous les jours plus redoutables & plus déciil. ves, je me crus obligé de rompre le ülence que j'avois gardé jufqu'a cette malheureufe époque, & d'en parler a Sa Ma. jefté avec la plus grande franchife. Bruxelles le 19 Novembre 1789. „ Nous fommes en un moment fi important & fi décifif, „ qu'il ne s'agit pas de diflimuler ni de craindre de déplaire. II y va d'une des plus belles parties de la Monarchie; „ le moment eft pieliantj & duffai-je encourir Ia difgrace , „ de Votre Majefté, je dois dire la vérité. II n'y a plus rien a faire ici, j'en fuis convaincu, toute „ tentative feroit nuifible. C'eft ainfi que je me fuis expli„ qué dans mon dernier rapport. f, Je ne faurois cependant abandonnsr tout efpoir d-- ra„ mener quelques efprits fous main , & enfuite nous irions „ plus loin. „ II n'y a qu'un moyen d'y réufiïr. il faut commencer par „ lever la caufe du mal, au moins principale. „ Je n'ai fait que gémir jufqu'ici, de celui que faifoit la , facon d'agir du Comte d'Alton; aujourd'hui je d^is dé- clarer en confcience, que depuis les derniers tems fur* ,, tout, elle eft la principale raifon des événemens décififs „ que nous voyons. „ Je ne parle pas de la mauvaife réufïïte de nos opérations „ militaires; il eft clair qu'elle coüte ces Pays è Votre Ma„ jefté; mais 1'injuftice avec laquelle on procédé contre fes „ fujets, fous prétexte d'ótages a prendre, ou de chefs de „ complots a écarter, doit naturellement révplter, & met „ effeclivement toute la Nation au défefpoir. ,, Une moitié de 1'émigration, première fource de nos „ mm actuels, vient de cette caufe, ainfi que j'ai eu l'hon-  neur de ie dire en fon tems; tout le monde craint la vio" fence; tout le monde fe fauve avant d'être enlevé, car , tout 'te monde eft expofé a 1'êt.e avec 1'appareil le plus révoltant, au rifque de fe contenter de 1'excufe, qu'on ' s'eft trompé de perfonne, ou qu'on a été mal informé. Il ne " s'obferveplus de forme; perfonne n'a fon juge; et leGou" vernement militaire, contre lequel des Provinces entieres ' fe font élevées, exifle effedüvement. Ce n'eft pas les feuls habitans du Pays qui s en plaignent; encore hier 1'Envoyé d'Hoilande.&leRéfidentde " France les feuls Miniltres étrangers que nous avons en ce ''moment, font venus enfcmble, c'eft-è-dire comme en corps , me demander fi je reftois ici, ce dont ils me " prioient de les avertir, parcequ'ils ne vouloient pas, ü je ' partois s'expofer auxmefures extraordinaires du Génëral" Commandant. En un mot, il n'y a qu'unevoix a ce fi* jet" j'en appelle è la Nation entiere, & ileft prefqu'im',', poifible qu'il n'en revienne quelques indications è Votre Majefté par des voies indirefies. faifure en honneur, que fi je n'étois ici par devoir, "ien au monde ne pourroit m'engager a refter un quart " d'beure en v.n pays oü je ne ferois Pas für d'être enlevé par la force militaire du feip de ma familie, de mon Ut, ' du milieu de la rue. Il n'.exifte pas de pays en Eurppe aujourd'hui, dont les.habitans jouiflènt de moins de fureté, 1 liberté & propriété, que dans celui-ci, oü Votre Ma„ jefté 1'a plufieurs fois promife. „11 faut donc, s'il étoit poffibled'efpérer quelque chofe , encore, faire ce facrifice è la Nation. Votre Majefté „ pourra dédommager & récompenfer le Comte d Alton par tant ie moyens qu'Elk a; mais il faut, fofc le répéter ( 95 ) les fuiets de S. M., comme Ses ennemis, s'ils le devenoient réellement par leur facon d'agir envers Elle.  ( 96 ) Au lieu de cela on a fuivi la voie abfolument inverfe: on a meprifé & maltraité un peuple qu'on a craint „ avec courage , rapeler fur le champ Ie Général - Com„ mandant, défaprouver fa facon d'agir, & m'ordonner „ (ou a un autre, fi votre Majefté daignoit me délivrer „ aufli) de faire celTer d'abord ce jufte fujet de plainte, & „ de traiter la Nation comme elle a le droit de le demander. „ Si cette démarche peur. arriver è tems encore, & fi on „ parvient a faire taire les Prêtres , il y aura cependant „ un peu de relache, & il fera poflible peut être, de fauver „ encore ce Tays; fi Ie Comte d'Alton le peut par la force, „ je n'ai plus rien a dire. ,, J'ai parlé! quelqu'en foyent les Tunes, je ne Ie regret„ terai jamais, paree que j'ai fait mon devoir; je regrette „ feulement d'avoir tardé fi long • tems. „ Je me foumets trés humblement au jugement de Votre „ Majefté, & ne réclame que Sa juftice, en La fuppliant „ d'avoir égard au motif qui me fait agir. „ Je ne demande rien; j'ai obtenu, de la facon Ia plus „ chere a mon cceur fenfible, beaucoup plus que je ne pou„ vois avoir mérité ; mais pas de Souverain au monde ne „ peut me dédomager de ce que j'ai foufFert jufqu'ici, & ,, de ce que je fouffre aujourd'hui plus que jamais. Ce fa„ crifice ne me coüte rien cependant pour un Maitre, au„ quel je fuis refpeftueufement attaché, & duquel je defire „ uniquement, qu'il veuille me tirer de eet enfer; que Vo„ tre Majefté me permette de vivre tranquille & oublié, „ excepté d'Elle, dont les bonnes graces me feront cheres * „ même dans la plus profonde retraite. ,. Je doute trés fort, que le moyen que j'ofe fuggérer, „ pourroit , fi même Votre Majefté daignoit I'agréer, être „ employé encore; car les efprits s'échauffent tous les jours „ davantage; & fi les invafions qu'on nous annonce(proba. „ blement pour nous faire peur) avoient effectivement lieu, * >I  t 97 ) craïïit dés quil a 'teiiü tê'te; on 1'a violenté, traité' avec injuftice, forcé a s'oppofer a des aftes de defpotifme & de tyrannie; & dès qu'il s'eft roidi, dés qu'il a menacé, un découragement inconcevafcle a fuccédé a 1'arrogance & k la cruauté: On a fui ignominieufement devant des gens qu'on vouloit Vaincre &aiTervir par la force, au lieu de chercher a les ramener. En un mot : nous avons rendu la Nation notre énnemie; & lorfqü'elle 1'eft devenue , nous n'avons pas eü le courage delatraiter comme telle, mais housl'avons crainte, & les aftions n'ont nullement répondu au langage tenu jufqu'alors. Au refte; fi je n'ai point approuvé cette fa^on d'agir; fij'ai prédit les fuites malheureufes qui en „ il póuvroit bien arriver que cette explofion de mécontentement, qu'on a (je Ie dis a regret) chercbé a amener depuis deux ans, & qu'on craint aujourd'hui, ne tarde „ plus guere." Sa Majefté me fit Ia grace de me répondre a cette lettre Is Novembre 1789. ,, Je vous fuis fort obligé de votre derniere lettre auto„ graphe, & de la fincérité avec laquelle vous m'y pavlez; „ vous verrezpar la fuite, que j'ai fait ufage de vos confeüs, „ 11 ne me refte que le regret de n'avoir pas fa ni Pu „ imaginer plutót, ce qui eft arrivé. Ma lettre de même que la réponfe de L'Empereur prouvent ïvidemment, que je ne m'étois jamais plaint du Comte d'Alton, comme on a voulu le faire croire; je n'eufle cependant pas attendu Ie dernier moment, oü je m'y fuis cru obligé, s'ü avoit exifté entre nous cette inimitié, a laquelle bien des perfonnes ,-jon inftnütes des circonftances, attiibuent ce qui eft arrivé. G  (98) fefülteroïent J fi j'ai fait de fréquentes repréfeiita^ tions pour engager a ne pas 1'adopter, je ne pré* tends pas ne m'être jamais trompé: il y auroit de ia fufiifance a le croire, & il y auroit eu de 1'ar* rogance a 1'efpérer, lorfque je me fuis chargé de la commiffion la plus pénible & la plus dangereufe qu'un homme eut pu entreprendre, a l*époque oü, je m'y fuis foumis par obéiflknce. Les difficul- tés extrêmes qu'éprouve le Gouvernement, même aujourd'hui qu'il a le Confeil de Brabant & parconfécjuent le PouvoirLégislatif conftitutionel pour lui; tandis qu'il eft en même tems foutenu par cinquante mille hommes, fur la fidélité defquels il peut compter ; & que non feulement les circonftances politiques de 1'Europe lui donnent moins de fujet de craindre 1'influence des Cours étrangeres, mais qu'il peut même en réclamer 1'apui, & qu'il n'a plus a combattre dans 1'intérieur du Pays, les obftacles qu'y faifoient naitre fans cefle 1'intrigue des difterens partis, même celle qui provenoit des pouvoirs féparés des deux Chefs, &des ordres différens,fouvent même contradicloires qu'ils recevoient (i);ces difficultés, dis - je, qu'on éprouve encore, doï- (i) Non feulement-les pouvoirs féparés, mais aufli Ia facoa différente de voir les objets & de les potter a la connoi(jfance ie S. M., étoient de grands obftacles a la réuflite de mes en» treprifes. La dépêche ci-defibus citée, que j'adreflbis au Princs Kaunitz le 5 Septembre 1789, prouvera combien j'étois peiné de cette fkuation douloureufe, & des fuheg qu'elle devoit &éseflairement avoir.  ( yO ) Vent convaïncre combienil étoit impoffible de ne pss y fuccomber avant tous ces changemens favorables. Bruxelles ce 5 Septembre 17S9. „ Volei la première occafion fure , par laquelle je puis „ parler a Votre Altefle avec la refpectueufe franchife que „ je Lui dois, des inquiétudes que je Lui ai témoignées „ dans plufieurs de mes rapports.; & de mes regrets.fi Elle „ pouvoit, en ne jugeaht que d'après les apparences, me croire capable d'oublier un inflant les bontés dont Elle „ m'a toujours honoré. „ Votre Altefle m'a fait Phonneur de répöndre 1'autre l, jour a une dépêche que j'avois ofé Lui adreffer au fujet „ de ma correfpondance directe avec Sa Majeflé; Elle m'y „ dit en même tems ce que c'étoit que cette correfpondan. „ ce du tems de mes prédécefleurs, & y ajoute Ia réflexion, que les copies de mes rapports, que j'ai ofé Lui envoyer „ quelquefoisi ne p'.uvent nullement Lui fertiir. „ Les lettres que S, M. me fait Ia grace de m'écrire au„ jourd'hui, font trés fréquentes , beaucoup plus multi„ pliées a ce qu'on m'aflure , qu'autrefois, & inflniment plus circonftanciées; les moindres détails n'y font pas ou- bliés ; & des idéés, fuggerées par mille différentcs voies, y font envoyées è mon avis, ou avec 1'ordre de les dé9, velopper&C; aumoyende cela mes rapports rie font prei» que toujours que des réponfes, explications , ou déve„ loppemens d'idées qui ne feroient Jouvent pas les miemies. „ J'ai, je crois, beaucoup arrêté : la partie fage du Pu> blic le reconnolt & m'en fait gré; mais le reite de la Na„ tion, tout Vienne, & Votre Altefle même,doivent m'in3, culper de bien des chofes que je n'eufle pas faites, s'il „ n'aveit dépendu que de moi de ne pas lei faire. „ Outre la fac.on infiniiuent gracieufe dont S. M. me fait l'honneur de m'écrire, je ne faurois aflez reconnoiA tre la bonté extréme avec laquelle Elle daigue fouvvnt 9 Ê  (ïo° 5 Dans toüs les cas, il feroit injufce de m'attribuef j a moi feul, les fautes qui peuvent avoir été com« mifes par le Gouvernement civil, puifque je n'aï „ s'en remettrea moi, & écoutermes reprëfentations. Elle „ a même plufieurs fois changé d'avis en conféquence; mais Jouvent ces changemens viennent trop tard. Si 1'Em„ pereur avoit accédé en 1787, au furfis que j'avois pris fur „ moi d'accorder touchant le féminaire; s'il avoit peu après „ accordé 1'oubli du paffé que je Lui avois demandé avec „ tant d'inftances, & auquel II s'eft prêté lorfqu'on ne le „ déftroit plus; s'il avoit rendu les féminaires en 1788; s'il „ n'avoit pas fait forcer le Cardinal a fe rendrea Louvain, ., pour donner enfuite une déclaration qui nous embarrafle „ beaucoup; tout feroit depuis long-tems tbès favorable„ ment terminé. „ Je ne puis non plus dévier toujours des ordres de Sa „ Majefté , quand même Elle femble m'y autorifer. Le Comte d'Alton, quife mêle fous main, au moins autant que moi, des affaires du Gouvernement (*). Lui écrit plus „ fouvent que je ne le fais; il a des principes abfolument „ contraires aux miens; il voudroit tout terminer par Ia „ force, & mime fouvent par des démarches illégales , im■ „ poffibles d juftifier: quelquefois Sa Majefté les goüte, & „ alors il eft encore plus difficile de prendre fur foi Ia res„ ponfabilité du mal qui pourroit réfulter de la non-exécu« „ tion de pareils ordres. D'ailleurs, j'ofe le dire a Votre j, Altefle avec confiance, il y a bien des chofes que je „ n'eufle pas faites, fi Ie Comte d'Alton ne répétoit fans „ cefle, que Ie Gouvernement eft lêche; que fes membres „ font intéreiTés i la caufe du Pays ; qu'ils font les vnis „ ennemis de 1'Empereur; qu'ils avoient négligé toutes les „ occafions; qu'on eüt pu fans rinfuffifance du Gouverne- (*) Voyez fes npports & L'fimpereur page 125 de fon mémoire juftificacif.  C ioi ) été que la tête de ce corps, & que fes membres, loin de m'être utiles comme ils le devoient, & comme ils 1'eiuTent défiré, augmentoient par leurs doutes,' mais furtout par le trop de courage des uns & par 1'extrême timidité des autres, les embarras que faifoit naïtre d'ailleurs le concours de tant d'événemens auffi inattendus que malheureux, & auxquels il étoit impoinble de ne pas iüccomber en s'y prenant comme on i'afait. „ ment, introduire depuis long-tems le fyftême S. M.; qu'il ,, eft criminel de ne pas adopter , d'abord en ce moment, celui de France. &c. &c. Votre Altelfe peut fe figuur „ qu'il parle de même a S. M., & que ma csrrefpnndince t'en „ rejjctit; & voila comme ilarrive fouvent bien des chofes „ qu'il eft impoflible que Votre Altefle puifie conprendre. ,, J'ai cru y fuppléer quelquefois > en communiqr.ant i „ Votre Altefle des copies de mes rapports, & compte „ le faire encore, quoique je fois la plupart du tems pres„ fé, vu l'immenfité d'ouvrage; mais je doute que Votre „ Altefle trouve bon que j'en fafle davantage; j'3ttends „ cependant Ses ordres. ,, Quelque blame qu'on veuille jetter fur Te Gouverne„ ment, j'oferois affiuer Votre Altefle, que fi Ellé pou-* „ voit voir le véritable état des chofes, & connoitre tous les détails, Elle n'en feroit pas mécontente; nous avons „ foutenü des chocs étonnans , en combinant la fi/rmeté ,. avec la modération; & je fuis furpris' moi-même, que „ cettg voie nous [uffife en ce moment, pour ne pas ftic„ comber aux dangers qui nous mtourent de tout cóté, „ malgré les dffficültés que me fait éprouver mon Collegue „ militaire, qui, tout en mettant au défefpoir par les voies „ de fait, tëmoigne de la crainte par les nrécautións trop „. muUipliées» G 3  ( I02 ) J'ai dit que pour ne pas interrompre le fil du récit que je viens de faire, je parlerai féparément des objets auxquels on a voulu attribuer après coup notre mauvaife réuffite, & les fuites malheureufes qu'elle a eu; je vai.s donc entrer en quelques détails a eet égard, d'autant plus que ce n'eft qu'a. prés en avoir été fuffifament inftruit, qu'on pourra porter un jugement pofïtif fur des événemens, dont il a éte' rendu compte de tant de manieres différentes. 11 fera d'abord queftion de Tarmiftke qui étoit effectlvement la principale caufe de nos malheurs, dont on auroit bien voulu m'attribuer la faute' dès qu'on a vu fa mauvaife réuffite. Je parlerai enfuite du reproché qu'une partie. du Public mal informé m'a fait, de m'ètre oppofé a ïentreprife décisive , dit - on , fur Tirlemont; de notre départ de Bruxelles; de la perte du tréfor £f des archives,&c. qu'elle a entraïnée; & enfin du foi - difant manque d'approvifionnem-ns, puifqu'il a élement fervi de prétexte pour excufer ioutes les fautes cjmmifes. (ï). (i) Comme il a déja été queiiion de tous ces objets dans ie courant du récit, il ne fera guere poffible d'en parler plus en détail ici fans tomber dans des répétitions ennuyantes vcm fc lefteur, mais inéviables. ' ' ' '  ( '03 ) ARMISTICE. Nous étions , a 1'époque du 26 Novembre, ferrés de trés prés du cöté de la Flandre, par la foi-difante armée patriotique , que nous avions ïaiffe s'y former, & du cóté de Tirlemont par celle de, van der Mersch, qui avoit pénetré jufque dans le centre du Brabant, pendant que nous cherchions (mais trop tard) a réparer nos bévues en Flandre. Le Général-Commandant qui devoit fonger a dégager cette Province , & défiroit pour cela s'affurer du cöté de van der Mersch , projetoit depuis long - tems une fufpenfion d'armes qui nous procureroit la poffibilité d'employer toutes nos forces a déloger nos ennemis de Gand, de Bruges, d'Oitende , & de tous les autres endroits dont ils s'étoient emparés. Mais van der Mersch, qui n'eüt jamais donné dans un piége fi facile a appercevoir , profita d'un hazard pour nous prévenir & tourner ce piége enfuite contre nous. Depuis qu'il étoit entre Liege & Bruxelles, il interceptoit toutes nos lettres; L'une d'entreelles lui fervit de prétexte pour s'adreffer direclement a nous, & pour propofer lui-même une fufpenfion d'armes. Le 28 Novembre vers minuit, le Colonel de Brou m'apporta de la part du Général-Commandant ia lettre ci-jointe en copie de van der Mersch, datée G 4  C 104 ) de Tirlemont k 5 heures du matin'(t% Le Comte d'Alton avoit recu une lettre a peu prés pareille de> (O Voici Ia copie exacte de cette lettre, dont Ie ftile eft un peu difficile a comprendre. Lettre de van der Mersch., éciite de main propre. Tirlemont le 28 Novembre a 5 heures du matin. Monfeigneur! „ J'ai 1'honneur d'informer Votre Excellence que Ie ha„ zard ayant voulu que les dépêches de Votre Excellence „ & les dépêches de Son Excellence le Général Comte „ d'Alton adreffées a Sa Majefté 1'Empereur & Roi, m!étant „ cette nuit tombées entre les mainsjétantconvaincu par les ,, dites dépêches des fentimens favorables de Votre Excellence „ pour la confervation du pays $ l'effufion du Jnng ultérieur, „ j'ai eu 1'honneur de m'expliquer fur eet objet a Monfieur „ le Chancelier de Crumpipen , qui, je. fuppofe, en aura „ fait rapport a. Votre Excellence; j'ai cru de mon devoir, d'après les fentimens favorables de Votre Excellence, de les; „ communiquer aux Etats de Brabant a Breda; en confor„ mité des dites dépêches, & ft Votre Excellence de même „ que fon Excellence le Général des Armes daignent me „ raflurtr que les troupes de Sa Majefté fous vos ordres., „ ne fcront aucun mouvement ultérieur, afin de prévenir „ toutes les calamiiés, j'ofe m'engager fur ma parole d'hon„ neur, qu'a vee les troupes fous mes ordres, je ne ferai „ aucun mouvement ultérieur, jufqu'a ce que Vos Excel,, lences m'honoreront de Leur réfolution fur eet objet.; & „ comme il eft de mon devoir indifpenfabje de faire paffl* „ toutes les pieces relatives a eet objet aux Etats de Br:„ bant a Breda, j'ofe fupplier Vos Ezcellences de m'accor„ der un délai de quatre jours, afin qu'en vertu des dépc„ ches de Votre Excellence, & des dépêches de fon Excel>fl Ipnce le Général Cpmtc d'Alton, que je fais paflir aux.  C 105 ) van der Mersch, qui les avoit adreöees toutes deus au Général la Tour, Commandant alors a Louvain, pour nous les faire pafièr. Notre pofition étant encore afTez paiTable en ce moment, je ne voulus point entrer en eorrefpondance avec le Général des Patriotes, & me bornai a envoyer au Comte la Tour la copie de ce que m'avoit écrit van der Mersch, avec une lettre (i) dans laquelle je lui difois: que je défirois effeóliyement k bien du Pays, £f de pouvoir éviter l'effufion intttité dn favg des fujets de Sa Majefté; que toutes les concejpons que j'avois prïfes fur moi, & après lefquüles oh navoit plus aucun droit de fe plaindre, k prouvoient; mais que je devois diftinguer entre ces fujets de mon Maitre, ceux qui avoient pris hs armes contre Lui ; qu'il ne pouvoit être queftion de faire quelque chofe pour ceux-la, tant qu'ils ne les auroient quiitéss, ou fe fe~ „ Etats de Brabant a Breda, qui, j'ofe efpérer, tèpondrout „ aux vues falutiires de Votre Excellence , en m'bonorant des „ inftruflions relatives aux dites dépêches. J'ai 1'honneur d'être avec refpecr. De Votre Excellence Votre trés - humble & trés • obéiflant Serviteur van der Mersch, L. O. (1) Cette lettre doit avoir été remife au Comte de la Tour par le Colonel de Brou, qui s'en chargeat lorfqu'il accom^ pagnat le Comte d'Alton au corps qu'il avoit fait avancer vers. Tirlemont,. 0 s.  ( xotf ) roient du moins retirés du territoire de Sa Majeftèi dans leqitelon ne pouvoit leur permet tre de refter fur ce pied; que je priois le Comte de la Tour de fair e favoir ces intentions de ma part a van der Mersch, de la fafon dont il le jugeroit apropos; et que le GénéralCommandant qui alloit se rendre sur les lieux , devant y arriver en même tfms que ma lettre, je m'en remetiois absolument a lui sur les arrangemens qu'll trouveroit bon de faire relativement a cet armistice. Peu après le Général-Commandant vint me trouver lui-même. Jl étoit prêt a partir pour fe rendre sa corps qu'il avoit fait marcher vers Tirlemont dans la vue d'en chaffer les Patriotes. Cela étoit dangereux, ou au moins bien ïnutile dans ce moment: je le repréfentois au Comte d'Alton , & lui obfervois que cela pourroit être décifif • mais j'ajoutois que je foumettois cependant mon opinien a la Jienne. II me dit qu'il partiroit, & fe régleroit felon 'les circonftances. Je ne fais quelles ont été celles qu'il a trouvées. fur les lieux; mais étant revenu le même lok a Bruxelles, il fe borna a me faire dire: quil avoit pofté fes troupes defagon a ferrer Tirlemont de fi prés que nos ennemis ne pouvoient pas nous échapper. On affure qu'en gardant cette pofitïon, 1'armée patriotique ne pouvoit pas s'y tenir trois jours fans être obiigée de fe rendre, ou de fe préfenter en  ( ï°7 ) ?afe campagne, oü elle étoit indubitablement fa» brée (i). II faut qu'il en ait jugé autrement, puifqu'il me dit le lendemain chez le Yice-Préfident: que s'étant trouvé devant Tirlemont, il y avoit envoyê le Colonel de Brou , pour parler a van der Mersch d'un armijïice de dix jours, et mü demanda cg que )'m fens01s. (2) Mon opinion devoit naturellement fe régler d'après celle du Général-Commandant, qui feul étoit en état de juger jufqu'a quel point fes forces militaires lui hiffoient d'autres reflburcesj je ns pouvois donc m'oppofer a ce malheureux armiftice a quil avoit d'ailleurs déja propofé. J'ignore ce qui fe fit depuis; mais le lendemain k onze heures du matin, je rejus par eftafette une lettre (1) Je ne doute pas qu'on n'eüt gardé une pofition aufli favorable, fi le danger dont nous étions ménaces de tous cótés, nous avoit permis de vouer nos troupes è tenir nos adverfaires bloqués, jufqu'a ce que manquant deprovifions, ils euflent été obligés de fe préfenter eux mêmes devant nous. (2) ]e citerai plus bas tout ce que ce Général patriote dit a ce fujet dans fon mémoire juftificatif, qui eft exactement vrai quant a la récenfion des faits, quoiqu'il fe trompe d'ailleurs, comme tous ceux qui ne font pas informés, dans les jugemens qu'il porte fur différens objets. II ne favoit pas par exemple, lorfque le Colonel de Brou vint lui faire la première propofition d'un armiftice, que le Comte d'Alton étoit lui-même avec les troupes, & que c'étoit lui qui lui avoit envoyé Mr. de Brou, mais nullement moi, comme il ï'imaginoit peut-être; parceque c'étoit a moi qu'il s'étoit adreffé, dins la fuppofition que le militaire étoit également fous mes ordres.  ( io8 ) du Colenel de Brou, datée de Louvain, par laquell* il m'annoncoit, que le Général Commandant ï'avoit fait êveiller a deux heures de nuit, pour lui ordonner de fe rendre h Tirlemont, & d'y négocier un armiftice d7un a fix mois. J'ai envoyé cette lettre en origipal a S. M. Cc n'efl qu'enfuite, & au retour du Colonel de Brou, que le Comte d'Alton demanda mon avis fur un armiftice aufli long & aufli humiliant, par' un billet qu'il m'écrivit le 2 Décembre, (1) fans m'a- (1) Ce billet eft cité dans fon mémoire jufli-fkatif (page 103,) Le voici. „ D'ap.ès Ia communication que j'ai eu 1'honneur de „ faire remettre a Votre Excellence par Ie Colonel ik Brou , de la conventióri paffée entre ce dernier & Ie Comman„ dant van der Mersch des troupes patriotiques, conven», „ tion par laquelle il eft délïnitivement convenü d'une fuf„ penfion provifoire d'hoftilités pour dix jours, & propofé ., celie de ceffer toute voie de fait de part & d'autre pour „ le terme de deux mois, a commencer du 1 Décembre „ courant, je prie Votre Excellence de vouloit 'bien me fairs „ conmitre fon opinionjur ce point, la priant en outre de voc4 ,, loir me la faire palier le plutót poffible, vü que je natiends „ que fa réfolution pour retirer les troupes des frontieres, £f l:s faire rentrer dans leurs quartiers. f. S. „ Danste cas contraire , il conviendroit que je fafle fa„ voir Ie*plulót poffible a van der Mersch, que la chofe „ ne peut pas avoir lieu. Votre Excellence trouveraci-joinre „ une copie de la convention paffee entre Mr. de Brou & ,, van der Mersch. Ce billet par Iequel Ie Comte d'Alton demande mon opinion en me difant: qu'il r.e feroit rien fans l'avoir, prouve fuüifarn-. ment, qu: le projet ne venoit pas de moi.  C 109 JJ voir dit un mot jufques-la de ce qu'il fe propofbiü a eet égard; & ce n'eft qu'après que cette humiliante propofition avoit déja été faite, qu'il m'en a parlé. Comment peut-on m'imputer une chofe ala« quelle je ne me fuis foumis qa'en rougiffant, lorfque j'ai appris avec douleur, que la mauvaife réuffite de toutes nos entreprifes précédentes nous réduifoit a cette cruelle extrémité. Comme ce qui fe dit a ce fujet dans le mémoire de van der Mersch, pourroit donner lieu a des interprétations différentes de ce que je viens d'avancer, je vais en parler encore avant de finir eet article. Voici 1'extrait de fon mémoire juftificatif: „ Dans ce trifte état des chofes, van der „ Mersch intercepta le rapport du Général d'AIton a 1'Empereur, par lequel il reconnut les dif„ pofitions pacifiques du Miniflre, & les réfolutions , extrêmes du Commandant des armes. La défa„ nion politique qui régnoit entre ces deux , Chefs civil & militaire, lui infpira le projet H d'en profiter, & de gagner du temps pour racommoder des affaires aufli délabrées (i). „ II falloit quelques jours pour pouvoir con' fulter fes Principaux fur un objet aufli inté* (i) On voit par ce que van der Mersch dk lui même ici; tombien les affaires des Patriotes étoient délabrées, malgré tous leurs fuccès, & combien il écott k efpérer, qu'en leur fourniffant les moyens de fe raprocher, ils en faifiroient 1'qcjafion avec empreffsment.  C "O) j, refiant, & pour être informé de leur tétoU,, tion. II leur envoya donc les dépêches inter„ ceptées. Entre- tems il envoya au Miniftre „ les copies des dépêches de 1'Empereur, dont „ 1'une a fon adreffe,& 1'aütre a celle du Géné- ral-Commandant, qui venoient d'être égale„ ment intereeptées a Tirlemont, & lui propofa une fufpenfion d'hoftilité pendant quatrejours, „ terme auquel il efpéroit être informé de la „ réfolution des Etats de Brabant, concernant „ la pacification (i) que le Miniftre paroiflbic ,, défirer. „ Le lendemain 29, M. le Colonel de Brou (1) 11 ne faut pas confondre le défir & I'efpoir que j'avois jtifques au dernier moment, óepacifier, avec les propofitions d'un armiftice auquel j'étois bien éloigné de fonger, & qu'on n'a cherché a m'attribuer que lorfqu'on en a éprouvé les malheureux e fiets. J'ai toujours regretté de nous voir réduits a y avoir recours , & 1'extrait ci-joint de ce que j'écrivis a S. M. fur eet objet, prouve combien je trouvois ce moyen humtliant, Bruxelles le 2 Décembre 1789. „ Le Colonel de Brou vient de m'annoncer de Ia part da „ Général-Commandant, avec une joie pareille a cdle „ d'une vicloire remportée, qu'il a obtenu une fufpenfion „ d'armes de deux mois. II eft douloureux d'être réduit au ,i point de regarder cette convention prefque comme un „ bonheur. „ Sans m'arrêter a ce qui a motivé eet armiftice dont je )r fuis humilié, je vais parler a Votre Majefté de ce que je „ prévois pour 1'avenir, &c.  c **« ) „ fut envoyé pour s'aboucher avec le Lïeute* „ nant-Général van der Mersoh (i), mais cette „ première entrevue fut fans effet. Page \6. „ Le Général abandonné a lui-mê„ me, croyoit fon armée perdue fans reflburce, „ quand vers le foir du 30, M. de Piftrik, Se* „ crétaire du Miniftre, le vint trouver a Leau, „ pour 1'engager a faire des propofitions d'ac~ ,, commodement (2): van der Mersch ne put lu? „ répondre autre chofe, fi non qu'il attendoit „ la réfolution des Etats. II fit la même réponfe „ le lendemain premier Décembre, a Mr. Muller, ,, qui le vint trouver vers midi, en lui apportant „ une lettre du Miniftre, au fujet de la dépêche „ interceptée de 1'Empereur a fon adrefle, dont „ il redemandoit 1'original (3). Cependant le (1) On a vu par Ie récit que j'en ai fait, que ce n'étoit non feulement pas de ma part, ni en mon noin, mais même a mort infti que Mr. de Brou a été envoyé prés de van der Mersch. (2) II en eft de ces propofitions d'accomodement, comme du défir de pacifier dont il vient d'être parlé. Mr. de Piftrik. fut envoyé a van der Mersch le 30, par conféquent après que Mr. de Brou avoit été autorifé par le Général des armes a accepter 1'armiftice de 10 jours, & au moment oü je devois non feulement le croire conclu, mais oü je ne pouvois pas négliger d'en profiter, ne fut-ce que pour favoir ce que van der Mersch entendoit par fes propofitions d'accomodement. (3) Voici cette lettre telle qu'elle fe trouve dans le mémoi-' re de van der Mersch. Monfieur! „ Ayant appris, Monfieur, qu'une lettre de Sa Ma/eftA  ( m ) „ même jour un Lieutenaut de Cavalerie du Réi giment d'Arberg, précédé d'un Trompette, „ arriva chargé de deux lettres du Colonel de s, Brou,- „ a mon adrefle fe trouvoit dans vos mains, j'attends dé „ votre honnêteté & du refpeft qu'on doit a un auffi grand „ Souverain, que vous ne vous refuferez pas a me Ia faire „ remettie par le porteur de celle-ci} ce que je défire d'autant plus, que Ia connoiffance de fon contenu, & I'inter„ prétation que je puis y donner, peut être trés intéreflante „ pour Ie bien de Ia généralité , dont j'ai fréquemment „ plaidé la caufe prés de mon Mafare. „ Vous devez avoir en ce moment quelqu un prés de .vous CM. de Piftrik), qui pourra vOus fervir d'organe -pour me faire parvenir plus pofitivement les intentions que vous m'avez fait connoitre par votre lettre du 28 ,* '„ & Ie porteur de celle ci (M. de Muller) y eft également „ qualifié par 1'état qu'il occupe au fervice de S. M. Jtf „ fuis avec une parfaite confidération, &c. Bruxelles ce 30 Novembre, 1789, Signé, TrauttmansdorfF. Les intentions dont je lui parlois ici, n'étöient nullement eelles qui regardoient 1'armiftice, puifque nous le croyons bonnement déja conclu alors; mais celles qu'il avoit témoigné au fujet d'un accomodement, & du parti qu'il comptoit prendre vis -a-vis des membres du Comité de Breda, dans l'efpoir Cdit-il) qu'ils rêpondront a mis vues falutaires, en lui donnant dés inftntttions relatives li mes dépêches. On a vu plus haut le menage verbal qu'il m'avoit fait faire par Mr- de Muller; & je devois, je crois, en ce dernïer moment, auifi important qu'urgent & difficile, ne rien négliger qui put empêcher les événemens malheureux auxquels nous avons fuccombé pea après.  ( «3 > '„ Brou, par lefquelles il lui arinonjoit qu'il e'toit „ autorifé a traiter avec lui, & lui propofoit une „ entrevue a Orsmal, a une lieue de Leau, en „ engageant fa parole d'honneur pour fa füreté ,1 perfoneüe. (i) Page 65. „ Entre-temps le Colonel de Brou ,, étant autorifé a conclure la trève,& a y com„ prendre la Flandre, en fit palTer a van der „ Mersch facie d'acceptation pour deux mois, „ comme il prétendoit être flipulé dans celui „ du 2; a quoi van der Mersch répondit, qu'il 1'avoit envoyé aux Etats de Brabant, qui „ avoient confenti a l'armiftice, en attendant „ qu'ils fe décidaffent fur la trève de deux mois. „ Le Colonel Autriehicn témoigna fon étonne„ ment, fe croyant ie feul qui devoit être auto,, rifé, & prétendant le prouver par un articlë „ de facie de la fufpenfion; mais van der Mersch „ lui fit réponfe qu'il n'avoit jamais parlé d'être „ autorifé pour le terme de deux mois, & cita un autre article, par lequel il étoit évident „ qu'ils devoient être tous deux autorifés pour „ concure cette trève (2). O) Ce fecond envoi de Mr. de Brou a van der Mersch,' eft celui dont j'ai parlé dans mon récit, en difant qu'il s'étoitégalement fait è men infu, rjf ?«* je n'en avois été averti le lendemain que par une ejlajfette que m'envoya Mr. de Brou ei) chemin faifani. (2) Jc ne difconviens pas que van der Mersch juge dl H  t ) Je ne m'arrêterai pas davantage k ce que dit van der Mersch dans fon mémoire, & me bornerai a citer les deux lettres du Colonel de Brou, qui s'y trouvent (i) , & qui parient cfordres repus, & d'a- cet article de Ia convention , comme j'en avois jugé moimême; il étoit plus que douteux, & on aura pu voir dans une de mes notes précédentes, que c'eft de cette facon que j'en avois parlé a Mr. de Brou, en préfence du Secrétaire Pis« trich, lorfque voyant qu'on fe fioit entiérement a cette convention , je prévis les hazards auxquels elle pouvoit nous expofer. (i) Lettre de Mr.le Colonel de Brou aMr. van der Mercb, Bruxelles le 30 Novembre 1789. Monfieur / „ En conféquence du rapport que j'ai fait de notre en„ tretien hier, & de la fureté que vous nous avez donnée „ que vous ne ferez plus aücun mouvement jufqu'a ce „ que vous auriez une réponfe de vos Maitres; S. E. Is „ Général d'Alton voulant aufli donner des preuves de Ia „ confiance qu'il met dans votre parole d'honneur, a or-] donné que les Troupes fe retirent, & il efpere conféquem„ ment que jufqu'a ce que vous aurez donné la réponfe, fi vous pouvez avec votre corps armé évacuer Ie Pays de „ S.M., pour accélérer les moyens de conciliation, & qu'a„ prés cette réponfe, au cas que cette permiflion vous fut 4, refufée, vous laiflèrez deux fois 24 heures avant d'agir; „ pour,par ce procédé, répondre a ceux que S.E.le Gêné„ ral - Commandant prend dans votre parole, remettre les „ chofes comme elles étoient. Monfieur Votre, &c. Signéj de bkov, Colonelj  C **$ ) grêation h atiendre, mais feulement de la part dij Général d'Alton, fans que j'y fois jamais nommé, puifque je n'y étois effecYivement pour rien. Au refte, j'en appelle, en finiffant eet article a Mr. de Brou même, qui ne pourra que confirmer tout ce qui s'eft dit ici , au fujet du peu de part que j'ai eu a toute cette négociation. Autre du même. Monfieur! „ Ayant rendu compte a S. E. le Général-Commandant „ de notre converfation, il a d'abord ordonné, fe fiant a „ votre parole d'honneur, aux Troupes qui s'étoient avan3, cées vers vous,de fe retirer, comme j'ai eu 1'honneur de „ vous le mander par ma lettre d'hier. „ Aujourd'hui S. E. me charge de venir trailer avec vous; Monfieur, pour prendre un arrangement pour faire ceffer de part & d'autre toute hoftilité, afin de pouvoir paffer 1'hiver tranquillement, & par-la accélérer les arran„ gemens & la confiance, & même les moyens de pouvoir „ jouir de 1'amniftie générale accordée par S. M., que 1'on „ a fait publier, & qui efl: fans exception quelconque. „ Comme je fuis preiTé, je vous prierai de vouloir bieri „ vous avancer jufqu'a Orsmal, oü je vais me rendre d'a, bord, & oü j'aurai 1'honneur de vous entretenir fur tous , ces objets & d'autres trés - intéreflans; j'engage entje „ tems ma parole d'honneur pour la füreté de votre perfon„ ne, & je compte également fur la vötre pour ma lureté, „ j'attends par le porteur un mot de réponfe. Tirlemont le premier Décembre 1780. Signé, ds Brou, Colöneli H *  : ENTREPRISE sur TIRLEMONT. 11 m'eft également difficile de concevoir comment on a pu fe faire illufion fur les fuites qu auroit cette entreprife a lepoque oü 1'on a fait femblant de vouloir la tcnter (i), & comment on peut croire que j'euffe ofé tnoppofer (furtout en un moment auf. li important) a une expédition qui pouvoit être fi décifive. J'ai dit que le Général-Commandant étoit venu me trouver lui-même, lorfqu'il étoit prêt a partir pour fe rendre au corps qu'il avoit fait marcher vers Tirlemont, dans la vue d'en chaiTer les Patriotes, & que je lui avois repréfenté que cela pouvoit être dangereux, ou feroit au moins bien inutile a (i) Je dis femblant, parceque je ne faurois me perfuader qu'on ait réellement compté fur une expédition, qui n'étoit plus qu'un coup de défefpoir fi non inutile, au moins trés dangereux a l'époque oü 1'on en a parlé. Le Comte d'Alton doi't 1'avoir regardé de même, puifqu'au lieu de 1'entreprendre, il a préféré de propofer 1'armiftice dont il vient d'être quefti'on. Ce n'eft pas le 28 Novembre, lorfque nous étions menacés & entourés de tous les cótés, qu'il falloit fonger a une pareille démarche; elle auroit tout au plus fervi a repouffer nos ennemis d'un cóté, au rifque de les voir bientöt rentrerde 1'autre. Que ne 1'entreprenoit-on aux différentes époques auxquelles on en eüt eu 1'occafion depuis la première invafion dans le Brabant? & que ne faifoit-on dès lors cefler, moyennant une attaque dont la réuflïte étoit infaillible, toutes les caufes des défafireB qu'il n'a plus été poffible de réparer fix- femaijjes après,  C ii7 ) cette époque; maïs que je foumettoïs cependant mm epinion a la fienne. Je vais détailier ici les raifons fur iefquelles je fondois mon avis, & qui étoient: qu'en général une pareille expédition neme fembloit pas facile et combiner avec les principes que1'Empereur avoit annoncés au Comte d'Alton dans fa kttre du 7 Novembre, & jmt S.' M. m avoit envoyé la copie; que la retraite de nos adverjaires étoit entiérement libre du cöté du pays de Liége; qu'il étoit probable qu'ils avoient un appui a efiérer de la part des Prufftcns qui s'y tröuvoient fous prétexte de l'exécution du décret de la Chambre Impériale de Wetzlar; que Bruxelles rcjloit avec une garnifon de 2800 hommes feulement; que tout k cêtéde la Flandre, dont on étoit également menacé, étoit entiérement dégarni. Que j'avois d'ailleurs tecu ie même matin une lettre du PrinceKaunitz, qui défendoit toute démarche civile £jf militaire, propre a aigrir les efprits $ Ê? quil étoit poffible que dans les circonftances oü Ja dejlination des troupes prufjiennes n'étoit plus guere iquivoque, le premier coup de fufil qui leur fourhiroit le prétexte de venir au fecours de nos adverfaires, de-. vint le fignal d'une guerre générale (1). Quil y avoit (1) J'ai annoncé d'abord, que je ne parlerois pas de touc ce qui pourroit avoir rapport aux reflbrts fecrets de Ia grande^ polidque j je ne ferai donc pas mention de toutes les pieces, qui pourroient me fervir a prouver combien j'avois fujet de relever cette circonflance; mais je puis citer ici ce queS. M. difoit au Comte d'Alton dans une de Ses lettres, puif.. qu'elles font devenu.es pubüquts. H 3;  C «8 ) outre cela tout a parier que dès que nous avancerions avec la majeure partie de nos troupes du cöté de Liége , on viendroit nous tomberfur le corps du cêté de la Flandre, & quonfe fouleveroit alors dans ïintérieur des villes, ce qui feroit décifif. Sc. &c. Sc Vienne le 31 Oólobre 1789. (page 58 du recueil imprimé.') „ Le mémoire que vous m'avez envoyé, mon cher Gé„ néral, de Ia part de quelques réfugiés Hollandois, reflëm. ,. ble bien a leur imagination exaltée, qui les a toujours fait „ donner de travers dans toutes leurs démarches. „ Vous les éconduirez avec ces projets dont I'ezécution „ feroit tout ce qui pourroit nous arriver de plus facheux, „ favoir de nous atlirer fur les bras la Prufjé, VAnglettere „ £ƒ le Prince d'Orange avec tout fon parti, pendant que „ nous n'aurions a leur oppofer que nos propres forces „ & quelques miférables Patriotes Hollandois, qui encore „ ne pourroient rien faire fans la France, & celle-cin'acer„ tainement dans ce moment, ni la volonté ni les moyens „ de nous être de Ia moindre utilitéj ainfi renvoyez bien „ tout projet a eet égard, & croyez qu'il faut que neus évi„ tions foigneufement tuut ce qui pourroit nous compromtttre „ de quelconque maniere avec l'une oü Vautre de ces Puif„ fances. Je crois même, ainfi que je vous 1'ai mandé par „ ma derniere lettre, qu'il feroit a propos de retirer du „ pays de Liége, les petits détachemens que vous y avez. ,, laifTés avant 1'arrivée des troupes pruffiennes qui doivent „ fe rendre a Liége, pour y faire exécuter les décrets de Ia „ Chambre de Weizlar, Je ne puis affez vous recomman„ der ce point, puij'qu'il efl de notre plus grand intérêt, ,. que peut-être nos adverfaires ne défirent que de faifir la „ première occafion que .nous leur. donnerkns, pour fe mêler „ de nos affaires, & nous caufer une diverfïon trés embar„ raffante pendant que nous fommes encore en guerre avec „ les Turcs.  ( "9) Si ces raifons poivvoient me faire douter de 1'utilité qu'il y auroit eu, a rifquer en de pareilles circonftances , & a cette époque, une attaque qu'on auroit faite avec pleine certitude de fuccès, lorfqüil ne s'agiffoit encore que de difputer 1'entrée d'un feul coin du Pays a des adverfaires prfsqu'absoI.ument nuls alors, la note ci-deflbus citée, (i) (t) Extrsit de la Note du Comte de Trauttmansdorff au Général d'Alcon.Du 27 Novembre 1789, (page 49 du mémoire juftificatif.) II y a bien a craindre qu'il n'y ait un plan combiné, „ d'après lequel, venant du cóté de Dieft, on tentera auftï „ d'ailleurs des incurfions, nommément du cóté du pays de ,. Limbourg, & par Hui du cóté de Namur. Mats de ld „ il ne jauroit en réfulter un objlacle de ma part, d l'entre„ prife que Votre Excellence Je propofe dn có:é de Dieft, ou „ x toute autre , ne pouvant pas, ainsi que j'ai eu l'hon- „ NEUlt EE LUI dire flusieurs fois, et que j'ai celui ds „ lui eéitérer ici, m'opposer ni ahrêter Vctre Excellence „ dans les dijpifttions ou arrangemens militaires qu'elle juge „ ê'.re nécejjaires ou conformes aux circonjlances: c'ejl d elle , d en juger, cf par conféquent je ne puis Ni dlmander, „ ni MÊME DESIRER qu'elle les HATE OU LES SUSTENDE „ en raij'on de l'effet poffible, mais incertain, de l'édit qui ,', a été émané hier. Cet édit en fait fans doute jufqu'a un '„ certain point, fur les gens qui penfent & qui raifonnem, „ & il eft poffible qu'il en impofea la maffe; maisil eft pro. „ bable que cela ne fe dévelopera, ou plutót que cela ne dé. ,', pendra que de la maniere dont le fameux comité aura „ pris la chofe, ou s'y expliquera vis-a-vis de fes affidés. „ D'après cela il eft apparent qu'il faudra quelques jours ■ „ pour que la chofe s'éclairciffe, & il eft poffible que ce „ foit d'une facon favorable: malgré cehjefuis bien èloig'ié  ( ï20 ) prouvera qu'elles ne m'ont pas fuffi cependantfpommettre le moindre obflaclek cette entreprife, & qu-'on auroit grand tort par conféquent,de m'imputer que fayant empechée , j'ai fait manquer ïoqcafion de tout terminer d'une f af on décifive cjf a jamais. Je n'auroïs pas feulement eu le pouvoir de m'oppofer a une expédition militaire quelconque, quand même jel'aurois voulu, & on imaginera facilement qu'en une pccafion comme celle-ci lur tout J'aurois bien moins „ de conseillee d Votre Excellence de ne pas faire une opê* ., ratinn militaire ou même de la DirrÉRüR, m'en rappor.tant ,, abfolument d elle, comme je m'en remets également aiïflï „ a elle fur le fort que, felon les circonftances, elle croira devoir, d'après les regies militaires, faire efï'uyera la ville „ de Dieft, perfuadè qu'elle fera faire au ptéalable les Jom» „ mttions convenables, £f qu'il entre dans Jon iniention de „ prévenir les calamités; le principe devont être, d ce qu'il „ femble, qu'on commencé d'abord d regarder ces gens comw.e ;, des fujets égarês, qu'on chercle d ramener de leur erreur „ fcf qu'on ne traite en ennemis que lorjque leur opiniatreié „ obligera d'en venir d cette extrèmité. " Que veut-on donc, quand on dit que je me fuis oppofé a cette expédition , ou d autune opèration militairs quelconque ? Le mémoire juftificatif, qui cr-pendant n'a d'autre but que de rejetter Ia faute de ce qui eft; arrivé, fur Ie Gouvernement civil, n'en allegue pas Ia moindre preuve. II eft vrai que le Public peut avoir cru, que les édits & conctffions, que j'avois pris fur moi a cette époque, avoient arrêté le Comte ó'Ahon dans fes entreprifes; & je vois, par Ie mémoire de van dtr Mersch, que même nos adverfaires l'imaginoient; mais je laifle juger tout lefieur impartial, s'il peut y avoir une preuve plus pofitive du contraire que ia note que je viens de citer.  ( 121 ) encore ofé me charger d'une aufli grande refponfa-* bilité. En général, j'en appelle au mémoire jufti-. catif du Comte d'Alton même, comme au témoignage le moins équivoque que je puifie aliéguer, pour convaincre que fi j'ai fouvent fait des repréfentations (O > j>ai au moins toujours. foïgneufe- (i) Note du Comte de Trauttmansdorf au Général d'Alton. Du 2 Décembre 1789, (page 52> du mémoire juftificatif.) „ Ayant vu la note de Son Excellence Ie Général-Com„ mandantdu 27 Novembre, concernant laréfolutionannon„ cée parle Confeil aulique de guerre, a 1'égard d;i corps des ! „ chaffeurs dont Ia levée a été commencée, Ie Miniftre „ plénipotentiaire trouve que cette réfolution ayant été „ précédée de différens rapports, faits a Sa Majefté par „ les Départemens civils & militaires, on ne fauroit faire „ autrement que de s'y conformer, & qu'ainfi il eft du „ fentiment qu'il ne conviendroit même point d'aller juf„ qu'a la concurrence des cent hommes dont fon Excellence le Général-Commandant parle, d'autant moins que quand '„ on compléteroit le corps fur le pied projetté r les circonftances font de nature a rendre ces fecours infufJl„ fans & peu utiles. „ Ces circonftances font connues de fon Excdlence, comme le Miniftre plénipotentiaire a eu 1'honneur de le lui dire „ communiquer fucceftioement de vive voix ci? par é,crit, & dès que Ia pofition des chofes n'a pas permis de défenire „ aux infurgens 1'entrée dans le Brabant, & enfuite.le pajjjge. „ tn Flandre , & la prife de Gand, dont la capture des autres. „ villes de la Flandre du Pays rétrocédé a été la fuiti; dès , „ qu'on ne peut pas arrêter les incwfions, dont on eft menacé. , de tous cótés, ni affurer la tranquillité de l'intèrieur du Br%„ bant, il ne refte plus que Ia voie de compofition , lafeule ', qui dans les cinonftances connues puiflè conferVer lePavf H 5  ( 122 ) ment évité de contredire aucune de fes démarches j „ a Sa Majefté, & par conféquent les vues d'économie a futj, vre; a moins que son excellekce le général-com- „ mandant ne puisse s'engager riiÈS de s. m., que l'on peut, avec les troupes que l'on a, dompter et ra' ,, mener le brabant J reconquérir et conserver ies „ i'rovikces qu'on a perdues; soutemir et engourager „ celles que l'on a conservées jusqu'lCI ; recouvrer „ les revenus considérables et intéorans dont nous „ sommes frustbés par la privation des autres; & pré- ■ „ venir d'autres facrifices fjf p-ttes, dans un moment oü nos ,, fonds £? les dépenfes ordinaires £? extraordinaires que nous ,, avons a faire, nous préfentent du cüté pécuniaire, un tableau „ trés effrayant. „ Ce ne font que ces motifsqui engagent !e Miniftre plé-. ,, nipotentiaire a ne pas regarder les circonftances a&uclles j, de nature a devoir dévitr de la réfolution annoncée par ,, le Confeil de guerre, fon Excellence le Général Commandant „ fachant d'ailleurs, compien de fois le Miniftreplénipoten„ tiaire s'eft déclaré ne vouloir pas le uênek, dans toutes les „ opèrations militaires qu'il trouveroit bonnes, ni dans aucune „ des mefures ci? difpofitions de défenfe que fon Excellence ie „ Général Commandant a cru nécejfaires." Dès le 31 Octobre j'avois déja adreffé la note fuivante au Comte d'Alton, touchant l'érection du corps des chafleurs; elle prouve également combien peu je m'oppofois a tout ce qu'il vouloit, fans avoir égard même aux dépenfes fouvent trés confidérables qui en réfultoient. C'eft la raifon fans dou. te, pour laquelle on i'a omis dans les mémoires du Comte d'Alton. Lavoici: „ En réponfe aux deux dernieres notes de Votre Excel„ lence.relativement a 1'éreclion de quelques compagnies de ,% cbaftcurs , je ne pms que lui henouveller faffurance que u le Gouvernement agréera £ƒ foutiendra toujours tous  ( 123 ) peut-être que, fi je 1'euffe ofé, les chofes ne fe, les moyens qu'Elle trouvera nècefjaires pour le biev. du/er" vice de S. M. £? la defenfe de l' État, & qu'il ne [auroit " être queftion de dificulttr aucun de ses motets a rotonde '„' la uépenfe qu'ils pourroiev.t occofionner, dès qu Elle les crott . utiles en eet important moment." _ Ce n'eft que lorfque l'ére&on de ce corps avoit été défaprouvé a Vienne,& que le Comte d'Alton voulo.t: malgré cela, Je potter au moins a 100 hommes, que je lui aiadreffe la note cicée plus haut. r . Note du Comte deTrauttmansdorffau Général d'Alton, fans date ("page 60 du mémoire juftificatif.) ,, En réponfe a la note de Votre Excellence, touchantl enlevement des membres d'un comité, fubfiftant dans cette " ville , je nefaurois que lui répéter : que je confens d'avan" ce a toutes les prècautions tj moyens de défenfe qu'elle trou" -cera nécejjaires * que je ne puis,quant a eet objet tadra* duel, pas donner d'avis pofitif, parcequ'ü m'eft ahfolu" ment inconnu; mais que je crois qu'il feroit bon que Votre ' Excellence voulut parler au Fiscal, que je lui enverm " demainmadn, afin d'examiner quelles efpeces de preuves * il pourroit y avoir contre les perfonnes défignées, dont " je n'ai même jamais entendu les noms. On ne trouvera dans ces notes que des repréfentations & jamais la moindre oppofuion: on verra au contraire, par la note fuivante, que malgré 1'importance du moment, je ne preno.s pas deréfolution avant d'avoir confulté le Comte d'Alton furies reffources qu'il pourroit avoir encore. . ; - Note du Comte de Trauttmansdorffau Général d'Alton du sS Novembre 1789, (page 50. & 5* do mémoire juftincatif) Comme il m'eft important, & indifpenfablement nece[/aire '(pour les mefures 4 prendre) de favoir quelles font les res" fource que Votre Excllence pourra trouver dans les for. I ces militaires pour la défenfe de ce Pays qui eft qoofiè  C 124 ) roient jamais venues auffi fofo ; peut-être „ pnncipalement a fes foins, Je la prie de vouloir bien me » iCS fa,:C C°"n0itre *«' ^S1TIVE ö> CATHÉOORI» " ' *]\mn/eulemm' P<™ *' «*•«*, wis auffi pour la "S;re!f; dire'deque,,cfa?one,,e^JiLl „ rurer a 1 Empereur cette intérelTante partie de la Monar„ ch,e en n ayant mlme d faire qu'd la Nation feule, au cas „ Sa Matefté v.ent de manifefter envers elle, al par\a yo.e de la raifon. Votre Excellence fent bien que je n'en" xellt S"'£ maintiCn d'Un fel" P°ïnt «»»e Bru„ la, S. M. feroit inceffamment réduite a envoyer une ar„ mée pour reconquérir ces Provinces, ou a entamer une „ négocation , dont le réfultat feroit toujours qu'on fobli., geroit a les acheter. » Cette extrémité feroit fi malheureufe, qu'il R\ a rien „ que je ne faffe pour éviter d'y venir; mais IIfaw que „jaye une cenitude pofitive du oui ou du non, pour me „ porter aux démarches qui pourroient en réfulter, foft „ par moumeme fi fe cas 1'esigeoit, foit par des ordresque „ je me procurero,s avec accélération, fi le tems ie permet „toit encore." mwuici- Une autre note citée ci-deflbus, & qui eft également tirée du mémoire juftificatif, prouvera même, que j'af/J J néral-Commandant, de reprendre devant lesGénéraux& Confe, Ier, qui avotent été préfens a une Jointetenue chezmoi ce qu.1 mavou du tcuchant les édits du ai & 2J NÓvÈm^ dans une lettre qu'il m'écrivit a ce fujet, mais qui fo.gneufement oinue dans le mémoire juftificatif. Extrait dela note du Comte de Trauttmansdo'rfRau Général d AltondusDecembre,78p. (p3ge ,3 du mémoire juftin^> „ Je pr,e Votre Excellence de me faire favoir quand, ci „ ou elle voudra raffembler les Généraux jComtes d'Ar-  C "5 ) même, que fi j'avois pris fur moi de conti* „ berg, d'Alton, & le Colonel de Brou, avec le Vice'„ Préfident, & les Confeillers qui avoient été préfens è ïa " Jointe du 21 Novembre , afin que Votre Excellence puifie reprendre devant eux Ie point de fa lettre oü elle me „ dit: Qtie lïnvqfion de Dieft ne (üt pas reftèe [ans ven„ geance ft j'avois adhérè a [a priere, ds différer les édits du „ ai e? 25- ,, Je doute que les rapports da Votre Excellence, ni fes? „ notes, puiffent perfuader Sa Majefté que le Gouverne„ ment, & furtout les édits du 21 & 25 Novembre, foient „ caufe de tout ce qui eft arrivé jufqu'aujourd'hui. Sur cela le Comte d'Alton me répondit fnnplement dam fa «ote du 6 Décembre (page 106 du mémoire juftificatif). „ Quant au fecond point, par lequel Votre Excellence me demande d'aflembler Mrs. les Généraux d'Arberg, " d'Alton, le Colonel de Brou avec Mr. Ie Vice - Préfident " & les Confeillers qui ont aflifté a la Jointe du 21 Novem* ' bre, pour y reprendre le point de ma lettre , oü je dis " que 1'invafion de Dieft ne fut pas reftée fans vengeance, ' fi &c. ■ j'ai 1'honneur de lui obferver qu'il me parot inutile de reprendre ce point que Votre Excellence tient par écrit, & , qu'en preuve de ce que j'ai eu 1'honneur d'avancer a Vo[, tre Excellence a eet égard, elle a pu voir que jamais *' les Patriotes, ou prétendus tels, n'ont tenu en plaine, a " 1'afpeét d'une troupe inférieure a la leur, & que récem'l ment encore ils évacuerent Tirlemont fur la feule appro^ „ che des bataillons que j'y fis marcher." Je ne fuis point furpris qu'il ait trouvé préférable d'éluderma propofition; & je fuis fort d'accord avec lui, que jamais les Patriotes n'emTent tenu en plaine a 1'afpect d'une troupe même inférieure a la leur, fi au lieu de fe retirer fans ceffe devant eux, on les eut attaqué, ou au moins attendu de pied ferme. Je n'ai celTé, d« le d«e au uioHiejjt de leur inva.fion, cu oq  ftüer', malgré fes inftances, Ia marche que j'avois fuivie avec tant de fuccès jufqu'au moment de fon arrivée, il n'auroit pas feulement été queftion de femploi de la force. DÉP ART de BRUXELLES Tout le monde ignore les détails de ce départ j le récit que je vais en faire, prouvera je penfe* qu'il en a été de Bruxelles comme de tout le Pays, qu'on n'a pas perdu, més fimplement abandontié; & qu'on n'a, par conféquent, pas été dans Ie cas de reconquérir, mais donton a feulement repris poiTefüon fans coup férir, dès que les circonftances ont permis qu'on y.envoyat des troupes. Voici le fait. On a vu jufqu'ici combien nos circonftances avoient empiré de jour en jour jufqu'au 10 Décembre, oü pouvoit les chaflër avant qu'ils n'euffent pris pofte a Turnhout, & dans toutes les autres villes de la Campine; van der Mersch lui-même ne 1'a pas nié, ainfi qu'on le voit par ce qui en a été dit dans mon récit, & ce qu'il répéte fi fréquenr ment dans fon mémoire? & je 1'ai repréfenté toutes les fois que je voyois nos troupes reculer de pofte en potte, & abandonner une province après 1'autre, a la feule nouvelle de 1'approchede quelques cents Patriotes, qui encore n'arrivoient jamais. Mais fi le Comte d'Alton étoit fi convaincu de cette vérité, que ne les attendoit-il ces ennemis-, devant lefquels nous nous retirions toujours; ils h'auroient certainement pas ofé venir nous attaquer! & pourquoi tout un bataülon & une ou deux divifions de cavalerie ont-ils quitté Mons & toute la province de Hainaut, a la fimple annonce de 1'apprpche de 1409 infurgens? ? ?  ( 127 ) la diftribution des cocardes au foftïr de Téglife de Ste Gudule fut le fignal de la véritable bagarre, quï ne commenca cependant que le n après midi, mais fut d'autant plus décifive, que les gardes de toutes les portes, & celle qui étoit fur la place de la monnoie.abandonnerent leurs poftes, & que eet exemple fut fuivi par la majeure partie des troupes. Ce n'étoit plus que fur la place de 1'hötel de ville qu'il nous en reftoit encore; nous y avions toujours cette grande garde qui avoit caufé tant d'humeur, & qu'on s'étoit propofé de forcer d'une maniere quelconque, depuis le moment oü le Comte d'Alton 1'y avoit placée a fon arrivée, ainfi qu'il a éte dit au commencement de ce récit; on voulut abfolument s'enrendre maitre; & quoique le GénéralCommandant ne fe fut réfervé que cette feule garde lorfqüil avoit pris des arrangemens avec les Chefs desPatriotes, fur lafagon de faire les patrouilles on ne cefla pas de la demander; toute la nuit fut'employée a s'en emparer de force; je ne fais fi on y réulIït,ou fi ce pofte fut gratuitement aban* donné, mais ayant été évacué d'une facon ou de fautre, cela calma pendant quelques heures; on étoit même aflèz tranquille le lendemain Samed:,& le Comte d'Alton venoit de prendre de nouveaux arrangemens avec les officiers des Patriotes Mr.van èr Haegen & Drogmann, &c. &c touchant les patrouilles, lorfqu'on entendit peu après tirer dans; les rues aboutiffantes au Pare, oü nos troupes  C 128 ) ivoient paffé Ia nuit, & étoient rangées depuis jjr veille. r Dans le même moment arriva un rapport, qu'une compagnie du régiment de Murrai avoit tourné cafaque, & tiroit fur le refte de la troupe: de pareils rapports fe multiplierent fans celle & furent exagérés h un point incroyabk. Je voulus aller chez le Général-Commandant pour favoir ce qu'il comptoit faire; je Ie trouvai devant fa porte oü les troupes avoient paffe toute la nuit.' II me dit: d préfent il ejï plus que tems; vingt offii ciers au moins & beaucoup d'autres perfonnes doi* vent favoir entendu. Je retournai chez moi pour faire partir une partie de ma familie, & ceux de mes gens que je pouvois fauver moyenant mes voitures & mes chevaux, car je n'en avois pas pris un feul qui peut être deftiné au fervice de S. M.; öc je me mis a cheval moi-même, pour être prêt a tout événement; (i) le (i) Depuis le moment oü il étoit décidé qu'on partiroit, létois a cheval, pour pouvoir me trouver partout oü les circonftances 1'exigeroient; & le Comte d'Alton a trés mal informé 1'Empereur dans fon rapport du 17 Décembre page 203 de fon mémoire juftificatif, en difant: que la voiture du Mi. M«, celle du Comte d'Arberg, du Vice-Préfident, & de Ia chanomeiTe Trauttmansdorff, &c. fortirent par la porte de Namur, &c. &c. Je n'avois pas de voiture pour ffioi; ce n'wer,puirqu'iletoit également parti depuis long-tems avec les troupes. Dans 1'entrefaite nous entendïmes une forte décharge, venant de la rue de la Magdelaine vers la place royale; les troupes qui y étoient placées, coururent d'abord vers le débouché de cette rue du cöté de la place, & dans le même moment le Colonel de Renette \ynt me dire: qu'il étoit impojjï-. ble de refter; quil rijqttoit a'être coupé de la colonne,, £f par conféquent entouré avec toute fa trmipe. Mr. Virton étoit a cöté de moi, & fe chargea d'aller au comité de ma part, dire a ceux qui le compofoient, que , comme les dernïeres troupes partoient, &f que je ne pouvois m'expofer , en reflant feuly aux infultes de la He du peuple qu'ils disoient Ne pouvoir contenir, je partkois aujji, mais que 1 4  C n$) neus marcherims lentement; que nous n'alüons que ju/qua Genappe, kS que fi on vouloit que je refcafje, w navQit qua envoyer après moi; que je reviendrois avec plaifir fi je pouvois faire le bien, Le coeur me faignoit en fortanr. de la porte de Namur, & voyant fur les remparts tous lespréparatifs, les fortifications trés coficeufes que nous avions fakes, les bateries érigées, notre belle artillerie, &c. &c. abandonnés gratuitement a nos adverfaires. A peine fortis de la ville, nous ne pümes avancer, 1'avant garde devant forcer les abaris qu'on avoit faits pour nous arrêter. Environ une demie heure après, je rencontral le Licutenant Reuffe, qui avoit porté mon bjllet au Général-Commandant, & qui me donpa pour toute, réponfe: qu'il le lui avoit remis; qu'il favoit lu, & avoit dit que c'étoit bien : ce qui ne prouve pas qu'il fongeoit a rentrer dans Bruxelles. Cependant, lorfque je le vis quelque tems après, k la tête d'une troupe arrêtée,qui faifoit front ver? la ville, dont nous étions encore trés prés, puifqu'on ne pouvoit avancer. il me dit: qu'il n'avoit pas eu ïintention de partir; quil avoit feulement voulu fe faire jour, & quqn favoit fuivi fans ordre; que n'étoit* il refté! ^ Dans le même moment la populace de Bruxelles, & furtout nos déferteurs s'étant emparés. de nos bateries fur les, remparts, 'tjrerent fur nous avec r,ps propres cajjqrjs; %\qx$ oq fit d'abord, faire yoltei  C 13? ) face aux troupes qui avoient fait femblant de vou: fair rentrer en ville, & on eontinua la marche (,) qui fut trés difficile & toujours arrêtée, auffi fêhg* tems que nous nous trouvames dans le vil age d'Ixelles, mais qui devint on ne peut plus rranqui'le dès que nous 1'eümes quitté. Alors nous ne rencontrames plus le moindre obftacle: hien du monde étoit encore pour nous. A Genappe & a Namur on me demandpit avec inquiétude & avec un refte d'efpoir, s'il n'y donc plas de prote&ion a efpérer, & s'il faudroit fuccomber a ces malheureux (2) ? * Depuis Cenappe je continuai feul ma route fur Namur & Liége: ma familie prit celle de'Louvain & de Tirlemont fur Aix. Les Généraux de Ferraris & Lilien arriverent par le même chemin a CO Depuis ce moment je ne vis plus Ie Comte d'Alton • mais j'appris qu'il s'étoit mis dans fon caroffe, qui, de même' que fes chariots de bagages, étoit è Ia tête de la troupe partante, depuis qu'on avoit quitté Bruxelles. C2) II en étoit de cette province comme des autres - elles étoient infeilées dé différens corps détachés de cette horde de vagabonds qu'on qualifioit d'armée patriotique, & 1'on n'eftt' par conféquent pas ofé rifquer de les traverfer avec les effets précieux de S. M., fans efcorte fuffifante; mais dans le fond' elles n'étoient pas encore infideles a 1'Empereur, & encore moins révoltéesi il fallu que ne pas les abandonner , t> leur foumir quelqu'appui, pour qu'elles ne fe détachasfeot pas de leur Iégitime Souverain: ce font les fuccès inattendus, qui ont engagé une partie des habitans, & ]e défefpoir qui a obligé 1'autre, a une démarche auffi vio. |ente. ■ ■ I 5  ( 138 ) Bruxelles, & aucun de nous ne trouva de ï'empêché* ment, 6? ne vit le moindre veflige de rébellion, qu'aux portes de Bruxelles. Si tout le Pays avoit été révolté , comme le difoit le Comte d'Alton dès le mois de Septembre , nous aurions tous péri, & peut-être qu'aucun de nos foldats n'auroit pu fe faire jour depuis Bruxelles jufqu'a Luxembourg, fans devoir en venir a un carnage affreux. Au refte, je ne craius pas le reproché d'avoir fait appercevoir le moindre découragement a ce cruel départ; tout Bruxelles, & même mes ennemis m'ont rendu juftice a eet égard. On fait que je ne fuis parti qu'avec le dernier foldat, & que fi le Colonel de Ligne, de Renette, eüt pu tenir bon jufqu'a 1'arrivée de la garde bourgeoife qu'on devoit m'envoyer, je ferois refté feul a Bruxelles, comme je m'y étois engagé. En un mot, je ne pouvois plus en ce malheureux moment donner d'autres preuves de fidélité & de zele, que de payer de ma perfonne, & de m'expofer a tous les dangers pour chercher a encourager, & empêcher qu'on ne perdit entiérement la tête ; je m'y fuis foumis: j'en ai mille témoins : fi je n'ai point réufli, j'ai au moins la confolation de pouvoir me dire que j'ai fait ce que j'ai pu jufqu'au dernier moment.  ( i39 ) PERTE du TRÉSOR ROYAL, des ARCHIVES, &c. &c. On ne fauroit douter qu'une efpece de fuite comme celle dont je viens de faire le récit, ne dut entrainer des fuites trés décifives, nommément la perte des objets dont j'avois a répondre. j'ai toujours été furpris de la fajon dont le Public jugeoit de celle-ci. II n'y avoit rien de plus facile, dit-on, que de fauver le tréfor & les archives! Si 1'on pouvoit renfermer dans un porte-feuillê la mafTe énorme de papiers d'un Gouvernement trés étendu , & fubdivifé en prés de cinq mille différentes adminiftrations; & fi 1'on pouvoit avec autant de facilité qu'on paroit le croire, foultraire deux millions en efpece (1), a la cupidité d'un peuple qui fixoit d'autant plus fon attention fur ce (i) Ou eiït pu a Ia vérité changer nos fonds en papier, pour en faciüter Ie tranfport; mais ce moyen étoit également difficile & dangereux. Ce n'eft abfolument que Ia maifon de Walkiers qui pouvoit fe charger d'une fi grande entreprife, & on n'ofoit pas fe livrcr a Mr. Edouard, Chef de cette maifon, puifque ce Patriote fanatique, étant en même tems a la tête du tréfor royal, feroit certainement parvenu a faire manquer les mefures que le Gouvernement eut prifes a eet égard. En général c'ett lui qui a gêné toutes nos opérations pécuniaires, puifqu'ayant le peuple a fa difpofition, il n'eüt pas manqué de lui procurer des facilités de s'emparer d'un objet aufli important, quelques moyens qu'on eüt employés pour le fauver.  ( Ho ) précieüx depót, qu'il le lui falloit indifpenfablement pour donner une efpece de poffibilité a la réuifite de fes plans chimériques; une perte auffi importante feroit fans doute abfolument inexcufable, puilqu'elle eüt été alors fi facile a éviter. II s'agit de favoir en combien cela étoit poffible; Dès !e mois de Septembre, la maifon de Walr kiers avoit fait 1'offre de fauver le tréfor; & quoique le moyen qu'elle propofoit, eüt occafionné une tres f'orte dépenfe , on 1'auroit accepté fans les raifons fuivantes; i°. Qu'il n'y avoit encore point de danger affisz, prelTant pour faire ce facrifice (i). 2°. Qu'il eüt été dangereux pour les affaires générales, de faire paroitre de 1'inquiétude, en prenant dès-lors de pareilles précautions. 3°. Que le Tréforier général, Edouard Walkiers, étant plus que fufpecï d'un patriotifme fanatique, comme le fait 1'a prouvé, on n'ofoit pas trop fe livrer a des offres qui pouvoient n'être qu'un leurre pour fonder les difpofitions du Gouvernement & les ébruiter. Ces motifs ont engagé a fe refufer a eet offre; & peut-être que 1'affurance qu'annoncoit ce refus, n'a pas été fans utilité pour le fervice. Mais nos circonftances font devenues plus facheufes depuis. (i) Le Général-Commandant n'en trouva pas même au mois de Novembre, ainfi que le prouve fa ncte du 7 Novembre qui fera eitée ci-après.  ( 141 3 Le 24 Oftobre, 1'invafion a laquelle on he s'ati' tertdoit pas, & qu'il eüt été fi faeile de prévenir, s'eft faite en Brabant. Le 26 elle a été fuivie de la malheureufe affaire de Turnhout. L'ennerai s'étant porté enfuite fur Dieft & Tirlemont, & Louvain même ayant été menacé, le Comte d'Alton me dit: qu'il craignoit que nos ad* verfaires ne fijfent une trouée jufqu'a Bruxelles; qu'il tiendroit bon autant que possible , mais qu'il ne répondoit de rien. Voyant ces circonftances, j'adreflai au Comte d'Alton,le 6 Novembre, une Note (r) par laquelle (1) Note du Comte de TrauttmansdoriF au Général-Commandant, du <5 Novembre, rapportie dans fon mémoire juftificatif (page 35). „ P. P. Dans notre conférence de ce matin, il m'a paru „ entrevoir è travers les bonnes & fages difpofitions pro. „ jettées par Votre Excellence pour la défenfe du centre du ,, Pays contre les hordes patriotiques, que cependant „ Votre Excellence s'arrêtoit un moment a la poifibiüté „ d'une rufe ou d'un coup qui expoferoit même Bruxelles „ è une furprife de leur part. „ Pleinement afliiré que Votre Excellence préviendra par fa vigilance & par fa fagelfe un coup d'ailleurs fi difiküe „ a prévoir, je crois cependant devoir lui demander jufqu'a ,, quel point elle y trouve non pas de la probabilité, mais „ de la poflibilité, a chances même trés inégales, parceque „ je n'en vois aucune :\ courir, qui pourroit Ie moins du „ monde nous légitimer, fi nous expofions un tréfor de „ prés de trois millions, reffource unique pour faire fub„ lifter les troupes, en attendant des rejnforts ou d'autres  C *42 ) jc lui demandois, qu'il voulüt fe déclarer pofitïvement fur le parti a prendre pour la fureté des perfonnes de Leurs Alteffes Royales, & pour celles du Gouvernement, du tréfor & des archives. Elle eft reffcée fans réponfe jufqu'a ce qu'après favoir follicitée une feconde fois par la note cideffous citée en extrait (i),on m'envoya la copie „ événemens;les papiers du Gouvernement, dont la maffe „ trés incommode eft de la plus grande importance; Ia „ perfonne de Leurs Alteffes Royales, & celle de tous les j, membres du Gouvernement, auxquelles S. M. doit pro„ tection & fauvegarde contre les violences,auxquelles les „ foi-difans Patriotes pourroient fe livrer. „ Dans eet état de chofes je ne puis que requérir Votre „ Excellence de balancer 1'importance de I'article avec tous „ les polfibles que fa prudence pourroit lui laifler entre. „ voir, & de me dire fes idéés fur les précautious qu'il „ pourroit s'agir de prendre , & fur les moyens de les „ mettre éventuellement en oeuvre fans danger; les points „ de retraite ne fe préfenteroient guere au cas échéant, „ que dans le centre de la Flandre, a Namur, & en der„ nier réfultat a Luxembourg. Mais il eft des articles „ dont le déplacement & la confervation importante exige- roient un temps moral (tels font les papiers & 1'argent „ fur-tout), & dont Ie tranfport précipité expoferoit a des „ coups de main plus dangereux que l'inaétion. „ 11 feroit donc important de faire filer fucceftivement, & „ dans le plus grand fecret poffible, vers le point de retraite, „ les parties dont Ie déplacement feroit le plus embaraflant. „ Après avoir développé è Votre Exellence mes appré,, henfions, tout éloigné que m'en paroiffe le fujet, je la „ prie de me dire, & ce qu'elle voit d'événemens a crain„ dre, S: ce qu'elle pourroit voir de mefures a y oppofet" (i) Extrait de note du Comte de Trauttmanfdorff au Comte  ( 143 ) de celle qui doit m'avoir été adreflee le 7 (1), mais que je n'ai point reciie alors, & qui annonce d'Alton, du 17 Novembre, rapportée dans fon mémoire juftificatif (page 39). „ II fe trouve a Bruxelles le tréfor royal, les archives du „ Gouvernement, & tous les membres de ce département. „ Tous doivent être protégés. J'avois envoyé l'autre jour „ me note a Votre Excellence, pour lui demontier fes intentions „ d ce fujet, fcf elle efl reflée fans réponfe. En ce momen$ ,, ni le tréfor, ni les archives, ne peuvent plus être trans„ portés fans danger, & les membres du Gouvernement „ font unanlmement réfolus de refter en place jufqu'au der. ,, nier moment, comme leur devoir le leur impofe. CO Extrait de la note du Général-Commandant, qui doit m'avoir été adrefKe le 7, rapportée dans fon mémoire juftificatif (page 88). „ En réponfe au billet de Votre Excellence du 6 de ce „ mois, j'ai 1'honneur de lui obferver que je ne me rap. „ pelle pas lui avoir rien témoigné qui püt lui faire croire „ que je craindrois un coup de main qui püt expofer le „ tréfor, les archives & mêmes les perfonnes de L. A. R.; quoique dans une guerre (fi je puis me fervir de cette ,, exprefijon) femblable a celle dont nous venons de voir „ les prémices, d'une guerre inftigée par le fanauTme reli„ gieux, on puifle s'attendre a tout. Je crois cependant „ que Votre Excellence fe peut repofer fur 1'attachement „ général des troupes, & fur 1'aftivité contlante qu'elles „ ont montrée jufqu'a ce jour." ,, Je ne crois donc pas (quelque puifie être Ie motif des „ perfonnes qui cherchent i fuggérer de telles précautions) „ que Votre Excellence doive s'occnper du rrétekdu danger „ qui n'i'xiste pas. IntérelTé comme je Ie fuis, a prévoir „ les poflibilités dont Votre Exellence parle, je me repofe „ dans une fCcurité parfaite, perfuadé que la fer;ncté «,>  ( H4 ) «hé fêcuritè parfait e + malgré les itiquiétudes qu'il avoit témoignées dès le mois de Septembre (i). D'un „ troupes nationales, jointe aux difpofitions que j'ai faites „ cfétruira tous les projets des fanatiques." (i) Cette parfaite fécurité, au moment oü nous étions déja en un état fi défolant, ne me raflura pas afiez, pour que, Voyant nos circonftances empirer de jour en jour, je ne me cruffe pas obligé de parler encore au Comte d'Alton de eet important objet, en deux difFérentes notes du 25 Novembre, cftées dans fon mémoire a Ia page 44 & 45, & dont voici la teneur: De la première „ En réponfe a la note de Votre Excel„ lence ,par laquelle elle m'envoie le rémltat du confeil tenu „ chez elle aujourd'hui, fur les opérations du moment, je „ dois indifpenfablement prier Votre Exellence, de confidé„ rer fi fon départ avec une force militaire pour Dieft ou „ les environs, ne peut pas avoir Ia fuite, qu'en diminuant „ la concentration d'ici & la force des garnifons , il fera „ plus difficile de répondre de la confervation du tréfor royal, „ des archives a Bruxelles , fc? des fonds de la caiffe de „ guerre qui Jont dépofés au tréfor; & que fi, en fe portant „ contre I'attaque des infurgens vers Dieft, il ne feroit pas „ poffible & probable , qu'il y en eüt une autre décifive, „ venant du coté du Hainaut & de Ia Flandre, oü pourroit „ être leur principale force, pour fe porter fur Bruxelles."' Extrait de lafeconde. „ II ne fignifieroit rien, fi on étoit „ réduit a foutenir le feul point de Bruxelles, dont les „ fuites deviendroient néceflairement Ia deftruftion de cette „ capitale.I'effufion du fang des habitans & des troupes,& finalement le rifque de perdre trois miliions de florins è „ 1'Empereur, & les archives du Gouvernement. SonExcel„ lence eft donc requife de s'expliquer d'une maniere pofi„ tive & cathégorique fur ce qui eft ici p'ofé, pour que Ie Mi-  C '45 D „ D'un autre cöté Mr. de Limpens, chargé du département des caiLTes, me remit un mémoire , par lequel il prouvoit qu'il feroit dangereux a bien des égards de montrer de 1'inquiétude pour le tréfor, de parler de fon déplacement, mais furtout de fonger a le tranfporter a Luxembourg. Ces différentes cireonilances firent tout tenir en 'iufpens, & on fe borna a renfermer dans des tonneaux les argens, & a emballer les papiers (i), >, Miniftre Plénipotentiaire, a qui il ne refte plus d'antre „ reflburce pour Conferver ce Pays a la fouveraineté de „ 1'Empereür, puiffe fe déterminer fur le point, auffi pres. „ fant qu'important, des dernieres démarches a faire." Sur quoi le Général-Commandant me répöndit lê 25: (page 100.) „ Quant au renvoi des archives, du tréfor & de la füreté „ de fa propre perfonne, tous ces objets dépendent abfolu„ ment de Votre Excellence; elle fait que la communica„ tion fur Luxembourg eft & reftera libre." Cette réponfe m'engagea a inférer 1'article fuivaht dans une »ote ultérieure que je lui adrefiai le même jour: (page 46" & 47 du mémoire juftificatif.) „ Quant aux archives, tréfor & perfonnes du Gouver* „ nement, 11 dépend naturellement dé moi de les mettrö „ en füreté; mais je ne compte que pour une perjonne, & ne „ faurois par conféquent fervir d'efcorte ou de proteüion a tous „ ces objets, qui dans ce moment, & vü ce qui vient de fe „ pafler encore dans les environs de Namur, exigeroient „ une efcorte d'autant plus confidérable, qu'on ne laiffèroit „ certainement pas échapper une fi bonne prife fans eftayer „ au moins quelque tentative." Ci) Mr. Fauft, Concipifte de Gouvernement y itoit occupé depuis plus de 15 jours, ce qui prouve qu'on y avoit fangé K  ( MO pour fauver les plus précieux avec le tréfor , & brftler a tout événement les autres. Le 17 Novembre, on recrut la nouvelle de la perte irrévocable de Gand, & de 1'abandon total de la Flandre. Le Général - Commandant me fit dire le même matin verbalement par mon Secrétaire : qu'il n'y avoit plus de tems a perdre, & qu'il falloit fonger k fauver leurs Alteffes Royales , (dont la garde lui prendroit trop de monde) le Gouvernement & les effets précieux de Sa Majefté. II falloit pour cela une efcorte suffisante 6? süue. II falloit déterminer le point de retraite , puifque le Gouvernement , préparé a être bloqué pendant tout fhiver h Bruxelles ou Namur, ne pouvoit plus fe dèpouiller des argens nêceffaires pour fubvenir aux frais d'approvijionnemens £f de fortifications , ainfi qu'a ceux de 1'entretien de l'état civil & militaire. II falloit pouvoir fe procurer la trés grande quantité de chariots quexigeoient ces tranfports, & qu'il étoit prefqu'impoffible d'avoir en un pays , oü les fuccès incroyables de nos adverfaires avoient déja tellement enhardi une partie des habitans, & ïntimidé 1'autre, que ceux-ci n'ofoient plus, & que les premiers ne voidoient plus en fournir. II falloit enfin beaucoup d'arrangemens, moins nécelfaires fi le Comte d'Alton avoit voulu prévoir ce qui depuis long-tems, & que eet important objet n'a été ni oublié, ni négligé, comme on auroit voulu le faire croire.  ( H7 ) arrivoit, au moment oü je lui avois adreffé a ce fujet ma note du 6 Novembre, mais indifpenfablement néceflaires & trés embarraffans en celui-ci. II fut dont réfolu. de tenir une conférence le même foir; mais il n'y eut rien de décidé, paree que le Comte d'Alton fe borna a donner des réponfes vagues au fujet de 1'efcorte , ne penfant dans le fond guere au tréfor, mais feulement a maintenir le principal qui les exigeoit toutes, d'autant plus que ux 'ifaftres augmentoïent tous les jours ; car la province de Hainaut fut également abandonnée fan* coup férir, & les infurgens avoient pénétré dans celle de Namur, dont le pasfage fur Luxembourg, quoiqu'en ait dit le Comte d'Alton dans fa note ci-deffus citée du 26 Novembre , étoic déja beaucoup trop dangereux pour le rifquer avec les effets précieux de Sa Majefté. 11 n'étoit donc pas poffible de fonger k les transporter dans ce moment; leurs AlteiTes Royales mêmes, qui étoient arrivées a Namur, pour continuer leur route par Hui fur Liége, ou fur Luxembourg , dürent en prendre une autre. D'ailleurs les fujets de crainte qu'on avoit fur la fidélité des troupes, ne permettoient pas de confier des objets aufli importans a une foible efcorte, & on fe crut encore moins dans le cas de devoir le rifquer, depuis que 1'armiftice de deux mois, fur lequel on comptoit, eüt un peu diminué les craintes au fujet de ce qu'il s'agiffoir de fauver. On penfa néanmoins au parti ultérieur qu'il y K 2  ( M8 ) aurcit k prendre ; il fut méme tenu une Jointe pour le régler; mais toutes les opinions fe réunirent a conclure que c'étoit un dépót a réferver pour le cas que l'armée entiere dut partir, qui ne pouvoit plus la quitter. Cependant les embarras augmentoient fuccefiivement , & on n'eüt plus ofé toucher au tréfor d'une fac;on quelconque, fans s'expofer a un foulevement général qu'il étoit important d'éviter. II fut quertion de le faire partir a différentes reprifes fur des chariots, chargés de munitions, pour pasfer avec elles fous leur nom , mais on y trouva auffi peu de füreté. Enfin les chofes devenant plus férieufes, vendredi le ir, le départ des archives, du tréfor & du Gouvernement fut décidé. Le Commiffaire-eivil Bradi recut les inftruclions néceffaires pour le norabre de chariots & de chevaux qu'il falloit; le Baron van Swieten, celles relatives au tréfor ; Ie Confeiller Limpens cadet fut envoyé a Namur , pour y faire les arrangemens néceffaires (i) j (r) Cette précaution , indifpenfable au moment oü il s'agiflbit de tranfporter un objet auiü important è Namur, & de 1'y mettre en füreté, eft également mife a la charge du Gouvernement dans le mémoire juftificatif du Comte d'Alton; car il y dit dans fa lettre au Général de Renner: (page 212.)' „ Le Confeiller de Limpens, chargé des caiiTes, étoit „ déjè parti depuis deux jours de Bruxelles , fans s'm ae„ cuper , malgré les prieres récidives que j'avois faites au Miniftre de renvoyer Je trtfor & les papiers fecrets a  ( 149 ) & Ie départ du Confeil fut fixé au lendemain famedi. „ Luxembourg , comme le prouve ma lettre du 26 No» „ vembie " 11 eft étonnant que le Comte d'Alton fe réfere a cette lettre , puifqu'il n'y eft non feulement pas queftion d'une priere quelconque au fujet du renvoi du tréfor, mais qu'il y eft dit au contraire. „ Quant au renvoi des archives, du tréfor & de la füre. „ té de fa propre perfonne, tous ces objets dépendent ab„ folument de Votre Excellence, &c, &c. D'ailleurs cette lettre femble plutót deftinée a raflurer qu'a inquiéter, fur Pétat dans"7equel nous nous trouvións a, cette époque. Le Comte d'Alton y dit pofitivement: (page 100/) ,, D'après tous les rapports, qu'il faut encore fuppofer „ exagérés, les forces des infurgens ne vont tout au plus „ que de 3 a 4 mille hommes; les fccours qu'ils peuvent „ efpérer du pays de Liége, fuppofés a 7 ou 800 hommes „ tout au plus, les porteront peut-être a 5000 en tout; je ,, puis répondre avec 15 bataillons, & 4 divifions de ca„ vallerie, de ne pas nous laifler enfermer dans les villes „ capitales , ayant avec tous les fuccès moraux 4 a 5 ba. „ taillons , & 2 divifions de cavalerie a employer contre ,,. eux. La Flandre eft encore partagée , le Hainaut tran» „ quille , la province de Namur entiérement a nous, le „. Luxembourg & le Limbourg attachés a leur légitime „ Souverain," Comment pouvoit-il dire cela Ie 26 Novembre, oü nous étions déja repoufles de toutes les Provinces 1 car c'étoit le 17 que nous avions perdu la Flandre après la prife de Gand„ & le 19 nous avions également abandonné le Hainaut. Si les eifets avoient répondu aux belles paroles que contenoient toutes les notes du Comte d'Alton, nous ne nous ferions pas trouvés dans ces embarras; & dès le 24 Octobre, jour de la K 3  ■C 15c ) Quant a moi je réfolus, quoi qu'il püt en arri". ver, de refter feut (1) a Bruxelles. II a déja été dit que c'eft dans i'après midi de cette journée que Ia bagarre devint férieufe. J'envoyai encorea huit heures du foir le Secrétaire Orts chez Ie CommilTaire Bradi, pour favoir s'il avoit rempli les inftrudtions qu'il avoit revues; mais il ne fut plus poffible de le trouver. Mr. Orts le chercha au péril de fa vie, & je n'en ai plus entendu parler depuis. On s'adreil* alors au premier CommilTaire-général civil, de Beelen, qui répondit: quon lui demandoit des chevaux £p des chariots de toute part; quil lui étoit hnpojjible d'en donner; qu'il lui en falloit sis A quatre chevaux pour les bagages du comte dalton et du colonel de brou. première invafion, la foi-difante armée patriotique eüt été exterminée, 011 au moins chaffée a jamais de nos Provinces, comme elle pouvoit & devoit 1'être ; d'autant plus qu'elle étoit encore bien plus foible alors, que ne ('annonce Ie Comte d'Alton le 20" Novembre , oü les fuccès lui avoient déja donné beaucoup plus de confiftance. (O J'euiïe pu depuis long-tems quitter Bruxelles, & me retireravec Ie Gouvernement a Luxembo'urg, moyennant quoi j'aurois évité tous les rifques que j'ai courus, fans qu'on eüt pu me faire le moindre reproché; mais il m'a paru que Ie devoir m'impofoit de n'arinoncer aucune crainte, & cela fuffifoit pour m'expofer avec plaillr a tous les dangers ; je me fuis donc facrifié ainfi que ma familie; j'ai tout abandonné , & je ne regrette ni les pertes qui eu ont été la' fuite, ni les peines que j'ai éprouvées.  ( W ) Le même foïr encore, je parlaï au dit Colonel, & lui fis fentir que les effets de Sa Majefté devoient palier avant tout ; qu'il me fembloit m§me qu'il vaudroit mieux fe foumettre, s'il le falloit, a perdre ou enclouer 8 a 10 canons, que de facrifier le tréfor qui pouvoit être tranfporté fur 8 a io chariots pour lefquels le même nombre de chevaux fuffiroit (.)• Le famedi matin le Commiflaire général de Bee* len écrivit: qu'il efpéroit avoir des chariots, mais qu'en attendant on pouvoit en prendre des 40 qui étoient arrivés avec le bataülon de Bender. Effe6tivement, ces chariots dont le Comte d'Alton s'empara d'abord, refterent toute la matinee a attendre leur deftination fur la place royale , & fuivirent vuides, au nombre de 37, les troupes jufqu'a Luxembourg, tandis qu'on en laifla dans Bruxelles 70 autres, chargés de munitions, & qu'on aban-. (l) J'avois dès la veille adreffé la note ci-dellous citée, au Comte d'Alton, telle qu'elle fe trouve dans fon mémoire julli- ficatif. (page 58.) , D'après ce que Votre Excellence vient de dire a Mrs. van Swieten & de Bradi, fur le tranfport du tréfor royal, " en leur annoncant qu'elle croyoit préférable de ne pas le " morceler , je dois avoir 1'honneur d'obferver a V. E., "que ce tranfport en totalité ne fera cependant poffible, " L pour auto* que cette partie effentielle de la propriké de " S. M. AlT LA fRÉFÉRENCE POUR LES CHARIOTS ET CHE- vaux k£cessaires pour le chargement. K4  C 152 ) donna en même tems toute rartillerie, les caiflès, les papiers, &c. &c. &c. Encore le 12 Décembre au matin, j'écrivis au Général-Commandant pour le prier que ces chariots, que j'imaginois devoir être chargés d'effets militaires , ET DONT JE N'AVOIS GARDE DE DISFOSER , paffaflent devant le tréfor royal, ce qui nexigeoil que le délour d'une feule rue du Pare, afin que chacun fe chargeêt d'un ou de deux tonneaux , a que! effet on avoit déja donné des ordres a la re^ cette générale (1): mais la chofe n'a pas eu lieu/ CO Voici ie billet que j'écrivis au Général - Commandant ainfi que 1'ordre qui y étoit joint pour les officiers du tréfor royal, tels qu'on les tro«ve,a dans le mémoire juftificatif(page 58.) . ' „ Dans l'incertitude oü les malheureufes circonftances nous „ met tent fur les chariots £ƒ les chevaux néceffaires j'ai Phon „ neur de joindre a Votre Excellence un ordre ouvert (*)' „ pour les Employés du tréfor, dont je ia prie de „ charger les officiers qui accompagnent les chariots de „ mumttona & autres, pour qu'ils fe procurent par-!a 1'ex„ traditioti des tonneaux roentionnés dans le dit ordre „ autant que la chofe fe pourra." C'étoit 1'unique reflburce qui me refioit pour fauver ces eflfets précieux, puifque les chariots m'étoient enlevés de toute tan 1 rien n'émt plus facile i exécutev, mais tout fut oub'ié & Par' conféquent le tréfor qui e«t pu être tranfporté en même tems fut oublié aufli. Comment le Comte d'Alton a,t-.ï pü dire dans „ | qu, Ie préfent ordce fera produit, de laiOer fuivre ,„ ofliL Hht»£ Porteur, d„ dit PréfeBt ordre, t„ t0flnea^ d>™ ft frifwes tour toe tratftwtfy< « "cjwi  ( '53 ) & il n'efl pas étonnant qu'on aït oublié la dire&hn a donner a ces chariots, puifqu'on a oublié ie chariots mêmes. fa lettre au Général Renner: (page 214 du mémoire juftifkntif.) „ Difons mieux , fi on m'avoit confié le tréfor 24 Iieures „ plutót, j.e l'auroit Jauvé d Sa Majefté." Que ne fauvoit-il fa caiffé militaire, fon artillerie, fes troupes!!! 11 eft certainement douloureux que le concours des circonftances, & même les coniidérations politiques, n'ayent pas permis de mettre en furetéle tréfor & les archives, long-tems avant d'être réduit a cette extrêmité; mais il y avoit bien des réflexions a faire ; & quoique la réuflite n'ait pas répondu a 1'attente , on verra par ce récit , qu'aux difFérentes époques oü 1'on eüt pu y fonger, il y avoit toujours de trés grandes difficuités. 4 la première. C'eft a dire dans le tems oü 1'on ne clierchoit encore qu'a faire peur, & qu'on épioit les moindres démarches du Gouvernement pour juger en combien on y réufliflbit, il ne pouvoit fe faire aucune difpofition qui annongdt de la crainte. A la feconde. Lorfqu'on eüt pu avoir recours h des envois progreftifs , qui cependant euffenl également exigé une efcorte, impossible a .se pkocurer, on n'ofoit plus fe dépouiiler des fonds néceftaires pour les dépenfes confidérables qu'exigeoient les fortifications , approviiionnemens , & autres objets militaires, ainfi que l'er.tretien des troupes du Gouvernement civil, qui s'attekdoit a être bloqué tout i/hivek avec elles a bruxelles ou namur. A la troifieme. Lorfque le danger étoit devenu réel par les pertesfaites & par 1'inquiétude que donnoient les troupes,il étoit encore plus iuipoffible de fonger a une efcorte fuffifante & [üre. 11 n'y avoit par conféquent pas moyen que Ie ttéfor & les archives quittaflent la totalité de nos firces rêuK 5  C 154 ) En général tout ce qu'on a fait, & tout ce qu'on a négligé de faire ces derniers jours, me paroitra furprenant a jamais; tout comme il 1'eft auffi d'entendre dire aujourd'hui , que le départ des troupes s'étoit fait contr.e le gré & a Tinfu du Général-Commandant, qui cependant avoit demandé quelques centaines de chevaux pour 1'artillerie & les bagages &c. &c., & qui étoit venu chez moi le même matin me dire quil faudroit partir : ce qu'il me répéta un peu plus tard, en ajoutant en prëfence du Fice-Préjïdent, du Secrétaire Reul, nies, & ces objets importans ne pouvoient plus partir qu'avee 1'armée entiere. A la quatrieme. Voyant l'impoiïibilité de fe procurer I'iinmenfe quantité de chariots qu'exigeoient les tranfports d'ar. tillerie & autres efFets civils & militaires, en un pays'oü 1'on ne votdoit,m n'ofait en donner, toute 1'armée eft partie iorfqu'on s'y attendoit le moins, & felon ce que le Comte d'Alton a dit depuis, d fon infu & fans fes ordres, en abandonnant tout & oubliant jufqu'aux fentinelles & corps de garde, qui étoient encore reftées en diiTérens quartiers de la ville. 11 devint donc d'autant plus impoflible d'agir au milieu de cette bagarre, (qui interrompoit toute communication) que les membres du Gouvernement , de la chambre des comptes , & les employés du tréfor, dont plufieurs, devenus infideles depuis, avoient déja fongé a leur füreté, ne pouvoient plus fe trouver; & que 1'hótel oü étoit ce précieux dépot, inac. cefTible d'ailleurs, vü la foule qui 1'entouroit, ne pouvoit s'ouvrir fans la participation du Tréforier général, Edouard Walkiers, auquel il eüt été du plus grand danger de fe livrer, puifqu'on connoiifoit dès-Iors les principes qu'il a manifeflés depuis.  ( 155 ) du Baron Schelle, & de mon Secrétaire, aujourd'hui Secrétaire de légatïon a Mayence : qu'il ne nous restoit plus que deux heures (i). Comme on a voulu attribuer les mauvais fuccès de nos opérations militaires, & tous les défaftres qui en ont été la fuite, au peu d'acYtvité qu'auroit mis le Gouvernement a fournir les proviiions & autres articles demandés par le Militaire , il me refte encore a parler de eet objet. APPROVISIONNEMENS. Ce fut au mois de Septembre que le GénéralCommandant en fit la première mention. Le 5 Oótobre il me remit a ce fujet douze points de délibération, que j'ai envoyés a Sa Majefté, avec Je réfultat de la conférence fur leur contenu (2). (1) Comment petit-on dire après cela jue ce n'étoit pas fin» tention de partir? Tout Bruxelles a vu d'ailleurs les chariots de bagages du Comte d'Alton pendant plufieurs jours devant la porte de fa maifon prêts a partir, & tout le monde a fu que 1'on étoit depuis long • tems occupé a embailer fes efFets. Encore une autre circonftance qui prouve qu'on étoit réellement dans cette intention, eft que le Colonel de Brou , (qui dirigeoit certainement toutes les opérations militaires) nous a dit a deux différentes reprifes pendant la njarebe , a préfent cela ira^ mais il étoit bien tems; ii on ne partoit pas» nous ne patlions plus. (2) Ces douze points ne fe trouvent pas dans le mémoire juftificatif, & pour caufe; mais on y verra la réponfe qui y a  C ?5<5) L'article d'approvifionnemens y fut unanimement envifagé comme pouvant & devant encore être différé, a peu prés pour les mêmes raifons que celles qui avoient retardé le tranfport du tréfor; favoir: i°. Que felon les rapports les plus fors & les plus pofitifs , les préparatifs de nos adverfaires , mais furtout leur fameufe armée n'étoit pas affez redoutable encore, pour fonger a faire la guerre, comme ce n'étoit également pas 1'intention de S. M. (i) 2°. Qu'il n'étoit pas de notre intérêt de paroïtre la craindre, par des préparatifs trop voyans (2). été donnée. Les articles 2, 8 & 9, de ces réponfes prouvent que le Gouvernement regardoit a la vérité les précautioas propofées par le Comte d'Alton, comme prématurées & dangerettfc pour les conféquences qu'on en tireroit, ma:s s'en ke- mettoit CEr-ENDANT a SOM avis s'lL les TKOUVOIT nécessaires. &c. &c (i) Les lettres de Sa Majefté au Comte d'Alton, & furtout celle du 7 Novembre, qu'on pourra voir dans le recueil imprimé qui en a paru, ne laiflent pas de doute a eet égard, L'Em. jnereur en m'en envoyant Ia copie, m'a fait 1'honneur de me dire: ,, II eft impoflible de fe faire une raifon de l'affiire de „ Turnhout, & de tout ce qui arrivé: 1'idée , la forme, „ les moyens employés, & même 1'exécution font diamé„ tralement contraires a ce qu'il falloit faire; vous verrez „ par la!copie ci-jointede la lettre que j'écris au Général-, „ Commandant, ce que j'en penfe, & comment je tache de reetih'er fes idéés abfolument fautfes". (t) Sa Majefté Elle - même avoit écrit è ce fujet au Comte  ( '57 ) 3°. Que de pareils préparatifs, qu'on ne pouvoit raifonnablement pas regarder comme deftinés a fe défendre contre une poignée de vagabonds, pouvoient donner de 1'ombrage a nos voifin«, nommément aux Hollandois, qui étoient déja fur le qui yiye dans 1'état de crife oü fe trouvoit 1'Europe. Et enfin, 4°. Que nous avions a peine échappé au danger d'une cherté de grains exceflive dans le Pays, & d'une véritable difette chez nos voifins; que parconféquent, les achats confidérables qu'exigeoient les approvifionnemens, & les fuites qu'on avoit a en craindre, demandoient d'autant plus de pruden-. ce, que le manqua de grains n'avoit été amené que pour foulever le peuple, & s'affurer de fon appui. Cependant on ne négligea pas de s'y employer trés férieufement (i). d'Alton , qui vouloit'acheter des chevaux, & faire d'autres préparatifs: (le 15 Aout 1789. page 42 du recueil imprimé' de fes lettres.) „ A 1'égard des chevaux néceffaires pour 1'artillerie, Sc „ les chariots de munition dont vous me parlez, il me pa„ roit qu'il ne faudroit pas les acheter encore ponr éviter „ le bruit que cela feroit, mais les prendre la 011 on les „ trouveroit dans 1'occafion, & les payer enfuite. (1) J'avois adreffé a ce fujet au Comte d'Alton la note fufvante du 26 Novembre, (rapportée dans fon mémoire juftificatif page 47). „ Quant a ce qui regarde Ie fournifiement des argens, „ des vivres, uftenfiles & ouvriers néceffaires, le Gouverne„ ment n'a jamais été en retard fur aucun des objets qui dépen-  C 158 ) Le Confeiller Feltz fut envoyé dans le Luxembourg, pour y faire les arrangemens relatifs aux approvifionnemens, & en fit effeftivement de trés efficaces avec les Etats. D'un autre cöté le Baron „ droient de fon autorité £f de fes difpofitions : on a établi „ pour cela un Cotnmifiaire Général civil, aux demandes „ duquel il a toujours été pourvu avec emprefftment; & „ lorfqu'il n'y aura d'autre moyen pour les fourcitures que „ la voie d'exécution militaire, il faudra fans doute bien „ y donner les mains: mais il eft d'autant plus néceüaire „ de réferver cette voie a Ia derniere extrêmité, & lorfque „ des efforts d'argent ne pourroient pas y fuppléer, que „ Votre Excellence ne fauroit fe diilimuler combien il im. „ porte dans les circonftances du moment, de ne pas s'ex„ pofer a trouver de nouveaux ennemis dans les babitans „ du plat-pays, contre lefquels on devroit employer la „ force. „ Dans eet état de cbofes, oü le Gouvernement a déja „ tout fait pour chercher a rétablir ie calme, & ramener les „ efprits, je ne faurois voir qu'avec plaifir, que Votre „ Excellence veuiüe fe charger de repouffer nos adverfaires „ connus, dans Ia certitude de n'avoir rien a craindre de „ ceux qui fe démafqueront a la première occafion , & „ qu'elle veuille au rnoyen de cela, faire rentrer les Provin„ ces dans 1'ordre, pourvü qu'elle fache aujfi ce qu'ü y aura „ ii faire en cas de non réuffte, & furtout qu'elle fe charge en même tems de ralïïirer allez par 1'appui militaire, les „ difFérens officiers civils, pour les engager a retourner a „ leurs poftes, & de faire rétablir les bureaux de Recette, „ & rentrer les derniers de Sa Majefté, dont la perception „ vient entiérement de ceffer dans la plupart des Prov in „ ces, fur lefquelles Votre Excellence compte pai ticuliere„ ment."  C *8 ) de Bartenjlein avoit été chargé de faire des achats de grains en Allernagne, oü il a paiTé plufieurs mois a eet effet. II étoit impoffible de faire davantage; & fi les fuccès de 1'un & de 1'autre ont été plus lents qu'on ne 1'eüt défiré, les difficultés qu'on a éprouvées depuis, & encore long-tems après, doivènt prouver que c'étoit le concours des circonftances défavorables, mais nullement le manque d'acïivité de la part du Gouvernement, qui étoit caufe du retard dont on fe plaignoit. Le Général-Commandant fe rejettoit a la vérité fouvent fur eet objet, pour excufer fes mauvais fuccès; mais il lui fut chaque fois demandé d'individuer fes plaintes, & il ne le put jamais que trés vaguement (i); auffi le Commilfaire-civil Beelen, que je conftituai fur ces retards, fit-il un mémoire juftificatif trés convaincant, qui aura fans doute elTuyé le fort de tant de papiers intéreffans, abandonnés a nos- adverfaires dans les derniers momens. D'ailleurs il y avoit déja en différens endroits, même a Bruxelles, des provifions trés confidéra- (i) II eft étonnant que le Général - Commandant ait, dans toutes les occaüons, voulu rejetter la mauvaife réuffite de fes opérations, fur ct qu'il n'étoit pas fuffifamment fecondé par le Gouvernement pour 1'approvilionement & la défenfe des villes; & cependant il ne reftoit plus rien a défirer pour les fortifications de Bruxelles & Namur, qui, de i'aveu du Colonel de Brou, étoient parfaitement en état de défenfe.  C löo ) bles (i); & 9 s'étoit fait des contrats plus confidérables encore, nommément par le Commiifaire Eradi, En (O Le Comte d'Alton, tout en fe plaignant dans fa note du i Décembre, (page 102 du mémoire juüificatiQ dit luitnême: „ En réponfe a Ia note que Votre Excellence m'a fait „ 1'honrieur de m'adrelfer hier, & par laquelle elle demande „ de déterminer fc? précifer ks objets ou les endroits dans „ lejquels il y a des retards d'approviftonnemens autres be„ foins, malgré les ordres précis qu'elle peut avoir donnés d'y „ pourvoir (cette note eft foigneufement omife dans „ le mémoire juftificatif; j'ai 1'honneur de 1'informer „ que la ville de Louvain manque jufqu'a ce moment de pio„ niers & outils néceffaires è 1'abatis que 1'on fe propofe „ de faire, ainfi que de bois propres a paliffader la place; „ qu'tn vivres elle n'eft fournie que pour 20 jours, & qu'a ,, eet égard celle de Bruxelles n'eft en avance que peur 64 „ jours, Malines pour 40, Namur pour 34 , £y'finalement Anvers „ pour 5 mois." Ce qui étoit d'autant plus fuffifant pour le moment, que le Gouvernement continuoit toujours a fournir les vivres & fourages, & qu'avec ce qu'on avoit déja, on pouvoit facilement attendre le reftant de Ce qui avoit été demandé , fans être gêné le moins du monde dans les opérations qu'on pouvoit s'être propofées. D'ailleurs S. M. Elle-même n'étoit pas d'tntention qu'on fit des provifions plus confidérables, puisqu'outre ce qu'Elle m'avoit fait connoitre a ce fujet, Elle dit au Comte d'A'ton même, dans fa lettre du 28 Sept'embie 1789. (page 52 du recueil imprimé). „ L-approvifionnement de la citadelle d'Anvers (qui cepen„ dant étoit le plus effentiel) doit être proportionné aux tir„ conftances. Ce n'eft pas unjiège qu'a tout événement cette ,. ci-  ( lói ) En un mot,le Gouvernement ne peut être chargé d'aucune refponfabilité a eet égard, ni a celui du chariage & des ouvriers, puifqu'il n'a certainernent celTé d'exhorter, de menacer, & de laifler a ceux qui en avoient le foin, toutes les facilités poflibles; mais il en étoit de la difKculté a fe procurer les objets d'approvifionnement, comme de celle qu'il y avoit a fournir des chariots & des ouvriers;beaucoup ne le vouloient., & beaucoup ne 1'ofoienc pas, puifqu'on les menacoit de brüler leurs villages s'ils faifoient la moindre chofe pour le fervice de 1'Empereur; de forte qu'il falloit fe regarder comme en pays ennemi, en évitant même d'employer la force, pour ne point s'expofer a foulever le peuple de la campagne, comme il feroit indubitablement arrivé (i). „ citadelk feta dans le cas de foutenir; mais il fera toujours bon qu'elle foit en avance de vivres pour une quin- „ zaine de jours." Or elle l'étoit, lorfque Ie Comte d'Alton fe plaignoit, pour cinq mois, comme il le dit lui-même dans la note ci-defliis citée. (i) La note fuivante qui eft également omife dans le mémoire du Comte d'Alton, prouvera que li j'ai cherché a évi. ter 1'emploi de Ia force, comme, je le devois, j'ai au mqins taché d'y fuppléer, en lui foumilTant des moyens dont les fuites feroient moins dangereufes. Note du Comte Trauttmanfdorff au Comte d'Alton. Bruxelles le 16 Novembre 1789. „ 11 importe felon les rapports du CommilTaire général „ civü, d'approvifionner inceflamment Bruxelles, & les vil* L  ( *fr ) Après avoir touché prefque tous les objets dont j'ai entendu parler d'une maniere fi étonnante depuis deux ans, je ne faurois que répéter encore, que ces fragmens n'étoient nullement deftinés a paroïtre fous cette forme, & feroient furtout beaucoup trop infuffifans s'il s'agiffoit d'une juftification (i), pour laquelle j'eufle dü livrer au ,, les voifines oü doit fe tenir le centre des troupes Impé. „ riales; il y trouve des difficultés en ce que les prix fixés „ par les Regies normales de la Régie des vivres, ne vont „ pas au taux des prix communs de la campagne, & il pro„ pofoit de faire fournir fur ordres par les villages de la „ province aux prix des marchés. Comme cette difpofition aigriroit les efprits des habi„ tans de la campagne,qu'il nous iraporte tant de ménager, „ & que Pintérêt pécuniaire fera la voie la plus aflurée „ pour obtenir rapprovifionnement néceffaire, j'ai réfolu de „ faire fuppléer par les finances Royales, tout ce que la ,, Régie des vivres fera obligée d'ajouter au taux de fes „ direftions normales, parmi qu'elle continue i s'appro„ vifionner fous la direction du CommilTaire général civil „ par les voies ordinaires, & qu'elle faiTe confter par aquits „ a prodiiire a la chambre des comptes du raontant de ce „ qu'elle fera obligée de fuppléer. Je préviens Votre Excel„ lence de cette réfplution, la priant de donner fes ordres ,, en conféquence a qui i! peut appartenir. (i) J'ai déja dit dans 1'annonce qui a paru dans les gazet» tes.que feu 1'Empereur & Sa Majefté glorieufement régnante, j'étant gracieufement refufés a 1'ofTre que je leur avois faite è ce fujet, je ne me croyois plus dans le cas d'en avoir befoin envers perfonne, & que 1'idée feule m'en feioit rougir. Peutêtre eft ce de la nation même qu'on a cherché a irriter contre moi, que j'ai a attendre une pareille juftiJ5ca;!on, au moins les perfonnes fages & fenfées qui Ia compofent, étant  ( ió"3 ) Public tout Penfemble des pieces importantes que je tiens en mains, & lui découvrir les raifons fecrettes mais pofitives, qui ont le plus contribué a tout ce qui s'eft fait & ne s'eft pas fait; mais ce ne.fera jamais qu'au cas que la méchanceté de mes ennemis m'y oblige , que je me fervirai de pareilles armes pour .ma jufte défenfe; & il fuffira que je dife encore tin mot des différens jugemens que je vois porter fur ma pénible adminiftration, dans les derniers momens. Le Public non inftruit des circonftances , m'a reproché en même tems trop cïindulgence & trop ie févérité, & a la fin une trop grande confian.ee 6c fécurité. Quant au premier point, j'ai dit dans le courant de ce récit, quels étoient les principes d'après lesquels j'avois agi; & fi je me fuis trompé, ce ne peut être que dans le choix des époques oü j'ai cru devoir réparer par une jufte févérité, les injures qu'on avoit faites a ma peut-être trop grande bonté. une fois défabufées de i'erreur dans laquelle elles étoient a mort égard, fe croiront-elles obligées de venger ma mémoire, lorsqu'elles reviendronf dp leur vertige, comme j'en ai déja de fréquentes preuves. au moment oü'j'écris ceci. Quelle meilleure juftification pourrois-je défirer d'ailleurs, que le tableau de tout ce qui fe fait aux Pays-Bas encore a 1'beure qu'il eft, malgré la différence effentielle, que les cir* conftances au lieu d'être nuifibles comme alors, nous fijrit goutes favorables aujourd'hui. L a  C 1*4 ) Mais quanr au fecond, c'eft-ü-dire a l'efpoir que f avois confervé jufqu'au dernier moment dé-Her les malheurs, auxquels des hazards impossibles a prévoir, nous ont enfuite fait fuccomber, il s'agit de favoir. ' i°. Sur quoi mon efpoir étoit fondé. t°. En quoi il peut avoir nui a nos intéréts. 3°. Ce qu'il y auroit eu a faire, fi au lieu de Ie banir entiérement, je n'avois cherché ale faire naitre, & a en profiter. On a vu combien 1'explofion d'une Cabale tramée depuis long - tems, & nommée révolution par ceux qui avoient intérêt a la faire envifager ainfi , étoit peu de chofe dans le principe, & comme elle devoit n'aboutir a rien fi on s'y étoit bien pris. On a vu combien le parti, foi-difant patriotique, étoit jufqu'au dernier moment balancé par celui qui étoit encore attaché a Ia bonne caufe , & combien peu il fe fioit luimême a fes foibles moyens; & on trouvera jufques dans la juftification de van der Mersch, non feulement des détails a ce fujet, mais encore 1'aveu que' fon parti & lui - même , avoient été fur Ie point de profiter des conceflions que j'avois pafes fur moi a la derniere extrémité , au moyen de quoi tout eüt été fini fur le champ (i). Qu'on veuille ajouter a cela, que (i) Voici quelques citations de ce que van der Mersch dit a ce fujet dans fon mémoire juftificatif:  ( 1*5 ) loin d'ignorer des circonftances auffi propres a raffurer, j'étois exa&ament informé de la dispo- Page 35. „ Tellement que plufieurs Patriotes étoient déjè „ retournés chez eux, en profitant de l'amniftie que le Mi„ nijïre avoit fait publier le 20 Novembre, £? qui ma^cbé „ le Comité de Bréda, ew't parver.ue d la connoijfance de „ 1'armée. Page 40. „ Si 1'on jette un coup-d'ceil impartial fur la pofition „ de van der Mersch , on fera forcé d'admirer fa fermeté, „ & on s'étonnera qu'il n'ait point profité de l'amnifiie alors „ publiée, & congédié sou armée. Page 62 6f 63. „ On entendoit les foldats fe dire les uns „ aux autres: Van der Mersch ne reviendra plus! jettons nos armes, fsofitons de l'amnistie et retournons „ chez. nous. Page 77. ,, D'ailleurs, les propofitions que Mr. de Kulberg „ étoit chargé de faire au Comité, paroiiïöient trop favo„ rables d la Nation, pour que van der Mersch les eüt rejetées „ de fon chef, fans attendre préalablement de quelle facon „ elles auroient été recues a Breda. Car il étoit poffible que le Comité de Breia eüt accepté les propofitions qu'on lui faifoit de la part du Gouvernement, „ qui offroit de retirer les troupes AutriclAmnes dans le Luxem- bourg, tandis qu'on auroit travaillè d un accommodtment „ folide. La Nation ne pouvoit rien désirer de mieux. " &c. Cet ofFre, que le Général Comte de Ferraris renouvelfa par ordre de 1'Empereur au moment de fon arrivée, comme on pourra le voir dans le mémoire de van der Mench (page 79 note 41) eft celui que j'avois fait plufieurs fois au Comte d'Alton, favoir qu'il voulüt fe retirer avec fes troupes, £? mi laijfer seul a Bruxelles, pour ellayer la voie d'accommodement, impofiible a efpérer aufli long tems que les troupes y lefteroient. La démarche que fit le Comte de Ferraris a cei L 3  ( irTS ) fldon des efprits de la majeure partie des membres dü Comité de Breda ; que j'avois même entamé une négocïation pour en profiter, & qu'elle fcmbloit fi bien réuflir , qu'on parloic non feulement déja de conditions, oü moment oü farmi/tice de deux mois indiquoit une envie pofetive de fe raprocher , mais que le 6 Décembre encore , c'eft a dire peu de jours avant le coup de main qui fit abandonner Bruxelles, on avoit fait appercevoir le defir de voir afiurer par un di~ plême fignè de S. M. même , toutes les promeffes que j'avois faites en fon nom (i) ; & 0n trou- égard prouve.qtie 1'Empereur, qui s'étoit déja déclaré ne vouloir pas faire la guerre a fes fujets, étoit d'a'ccord qu'on employat ce dernier moyen; & peut-être que fi Ie Comte Cobenzl étoit arrivé de quelques jours plutót, & 1'eüt ordonné comme il en avoit Ie pouvoir , les chofes ne feroient jamais allé auffi loin; au moins n'auriöhs nous décidément pas 'perdu toutes les provinces a Ia fois: aufiï ai-je vivement follicité Mr. le Vice-Chancelier dans mon rapport du 9 Décembre de prefier fon voyage, & n'ai pas même cru devoir attendre fon arrivée, toujours différée , pour envoyer le Confeiller de Kalberg a Hreda , & ie Vicomte de Patin en Flandres, iflVyer la voie de concüiatïon, la feule qui nous refloit encore. (1) J'ai même attaché fant d'importance a obtenir ce di. piéme, auquel tm paroijjoit tenir alors, que je 1'ai demandé tiirectemenc de S. M. mênie, en La fuppliant de mel'envoyèr ïveo toute 1'accéieratiun poffible, & que j'ai donné au Courtier porteur de ma dépêche, 1'ordre d'éviter de rencontrer Ie ï$tif& Cob>»*I, craignent que ce Miaittrq ne I'wêtat & m  ( iö? ) vera peut-être, que je ne pouvois pas entiérement défefpérer d'une réuffite, que la difpofition voulüt attendre fon arrivée pour voir de quoi il s'agiflöit.ce qui eüt fait perdre plufieurs jours au moment oü chaque minutte étoit précieufe. J'en ai cependant averti Monfieur le Comte de Cobenzl, & 1'extrait ci-deflbus cité d'une lettre qu'il m'écrivk en réponfe, me fert de preuve a eet égard. Levoici. Coblence le 12 Décembre. „ La copie de votre rapport du 5 n'étant point docu„ mentée, je ne puis me faire aucune idéé de la négociation „ entamèe avec Mr. van der Borgh , dont vous m'y parlez, „ ni du Diplome que vous demandez d Sa Majefté. &c. „ En attendant que j'aie vu ces pieces, je dois prier „ Votre Excellence de ne donner d ces clofes aucune fuite , „' mais de les t.enir en fufpens jufqu'a ce que je vous a'ie „ marqué ce qui me paroitra être convenable au fervice „ royal & aux conjonétures. &c. „ Je vous prie de vous occuper férieufement des moyens „ de faire aller les affaires courantes, tant pour 1'adminiftra.„ tion de la juftice , que pour les objets du reffort du „ Confeil du Gouvernement, qui font fi fort arrierés, en „ rapelant les Employés abfens chacun a fa place , pour „ qu'a mon arrivée je trouve , fi poffible eft , toute chofe en „ SON TRAIN ORDINAIRE. &C. „ Au moment de clore la préfente, je recois vos lettres „ du 8 & du 9, dont le contenu eft bien différent de celui " des deux précédentes. Mr. le Général-Commandant m'in. „ forme en même tems que le Gl. van der Mersch, lui a „ fait favoir que la fufpenfion d'hoftilité n'aura pas lieu „ au dela de dix jours. Nous voila donc a recommencer ; „ & comme ce n'eft pas li pour moi, le tems de hazarder mon ss voyage vers Btuxelles, je prolongerai mon féjour ici auffi L 4  C r6g ) d'efprit de la majeure partie de Ia Nation , & d'autres raifons (i) impoffibles a détailier ici, ne „ long-tems que les circonftances 1'exigeront. J'ai 1'hon,, rjeur &c." Cette circonftance rendoit Cependant l'arrivée d'un Commisfaire qui fut revêtu en même tems du pouvoir civil & militaire , infiniment plus néceffaire qu'elle ne 1'eüt été , fa 1'armiftice ayant eu lieu, on avoit pu tranquiüement négocier fans courir aucun rifque. D'un autre cóté, ma pofition n'en étoit devenue que plus embarraiTante & dangereufe. Réduit au feul point de Bruxelles; entouré d'ennemis; menacé de toute part; excedé de peines, de fatigues & d'ouvrage ; abandonné d'une partie de ceux qui eulTent dü les partager avec moi; contrarié fans cefte par un Coliegue dont la réuffite ne répondoit nullement a fes bonnes intentions; &c. il m'eüt été bien difficile de ftatuer en un moment fi important & fi décifif, des démarches fur lefquelles feules pouvoit fe fonder encore, I'efpoir de ramener des Provinces que 1'Empereur étoit d'ailleurs décidé vouloir fe borner a pacifier; & ce n'étoit certainement pas des affaires courantes du Gouvernement que je pouvois m'occuper alors. Toutes mes démarches étoient importantes & décifives; chaque inftant en exigoit de nouvelles, & c'étoit moi feul qui devois répondre des fuites dangereufes qu'elles pouvoient avoir, ainfi que de celles qu'il y auroit eu a craindre, fi je ne les rifquois pas: étoit-il poffi. ble que dans cette cruelle fituation j'euffe ofé tout abandonner? & le Comte Cobenzl pouvoit-il efpérer de trouver d fon arrivée toutes chojes en fon train ordinaire? CO Sans entrer dans tous les détails des démarches auxquelles je me fuis cru obligé pour profiter des difpofitions favorables que témoignoit alors le Miniftre d'Hollande, je me bornerai a joindre ici la copie d'un billet que m'écrivk a ce fujet Ie Vice-Préfident Baron de Crumpipen, a Ia fuite d'une converfation qu'il avoit eue avec lui. II fuiiira peut-étre pour  C ) rendoient rien moins qu'invraifemblable. Elle ne 1'eft devenue que par 1'abandon imprévu & a ja- prouver que cette circonftance , jointe & une infinité d'autres, & nommément è 1'impoulbilité de prévoir les événemens décififs des derniers momens, pouvoit encore me faire efpérer. Copie du Billet: „ Je viens d'avoir eu le Baron Hop, qui fortoit de chez „ le Comte d'Argenteau, & qui venoit faire compliment „ fur 1'armiftice dont il m'a dit qu'il alloit rendre compte „ par exprès a fes Maltres. II regarde toujours les chofes „ comme finies moyennant cela , & m'a dit que des Députés ,, s'étant préfentés aux Etats Gènéraux, on avoit répondu qu'on „ ne pouvoit ni les reconncitre ni les écouter. II a ajouté 5) qu'on avoit trés fort approuvé a Ia Haye les déclarations ,, de V. E. au moyen desquelles on croyoit que toute la Nation „ devoit s,appaifer £ƒ rentrer dans le devoir conformément „ au voeu de l. l. h. h. r. r. Monfieur de Hop m'a „ dit auffi , qu'ayant marqué fon étonnement fur ce que „ les Etats ne s'afiembloient pas , on lui avoit répondu „ qu'ils regardoient comme trop humiliant de s'afiembler „ devant les canons fur la grande place; il eft alors tombé „ fur d'Alton, de Brou &c. J'avois outre cela recu une lettre d'un de mes affidés prés du Comité de Breda , d'après laquelle je devois efpérer encore, furtout fi je réujjiffois a obtenir de S. M. ce que 1'on pa. roiffoit défirer, pour pouvoir fe fier a mes concejfions r3f promesfes. La voici: Breda Ie 4 Décembre 1789. „ Le B. a eu hier au foir une conférence avec 1'abbé „ van Eupen , van der Noot, & un autre qu'il ne m'a „ point nommé. „ Vous fentirez toute la conféquence de ne vous expri„ mer la defiüs qu'avec mefure, & fur-tout de ne point „ lacher ma lettre. Voici le fait. „ Tandis que 1'abbé van Eupen étoit a Gand, a traiter L 5  ( *?o) mais inconcevable de Bruxelles, & en même tems de toutes les Provinces, ce qui rendït le malheur ,, avec ies Commiffaires de Ia Flandre , on leur a apporté „ une Dépêche du Comte d'Alton a S. M. II s'y exprï„ moit en homme affuré d'avoir rempli les inteniions de „ fon Maitre dans tout ce qu'il a fait, & avec la confiance de poiféder entiérement fes bonnes graces, & de les >, mériter. II mêloit, difent ces Meffieurs ,du faux au vrai, „ & annoncoit des projets qui devoient détruire tout le „ bon eflet que commejicoient a produire les déciarations „ du 20, II, 25, & la proclamation de Votre Excellence. „ Nous aimons , a-t-on dit, a nous perfuader que >, le Miniftre a toute Ia douceur & la droiture qui con„ viennent a fa place: mais tandis qu'il y aura deux pou- voirs égaux, & qui fe choquent , un Civil & un Mili„ taire, nous aurons toujours a craindre que I'un anéan„ tiffe Ie bien que 1'autre aura fait. Le fvliniftre a des „ Pleins-pouvoirs; mais cette fatale dépêche annonce que „ le Général d'Alton en a auffi. Si donc il arrivoit plus „ tard quelque cataflrophe, nous aurions toujours a crain„ dre pour notre tête, foit de la part du peuple , foit de „ la part du Gouvernement. „ D'ailleurs on a dit déja, que L. A. R. avoient pafTé „ leurs pouvoirs; que le Général Murray avoit pa(Té les „ fiens; & on pourra de même facrifier le Miniftre aétuel. „ Pour nous rafiiirer, (& la Flandre eft du même avis) ,, nous prions S. M de daigner foufcrire Elle-neme le réta. „ bliffement de notre Conftitution, & 1'Amniftie générale. Sa fignature, en nous mettant i 1'abri de la crainte de „ 1'une & 1'autre part, fera renaltre Ia confiance néceflaire „ au bonheur pubüqtie, fi elle eft accompagnée du rappel „ du Comte d'Alton, que nos Provinces ne regarderont ja„ mais que comme un des premiers auteurs de nos mal> „ hturs."  ( i7i ) irréparabie; car fi on étoit feulement refté a Namur , comme je 1'avois fouvent demandé, & comme j'en étois perfuadé en quittant Bruxelles, 1'autorité légiüme fe feroit encore foutenue, & les négociations auroient été continuées fous 1'appui d'une force affez confidérable, pour en impofer a des adverfaires qui n'en avoient prefque pasaoppo* fer, & dont les moyens étoient auffi nuls que les opinions partagées; qu'il étoit par conféquent encore poffible de ramener. Mais s'il étoit vain même eet efpoir, en quoi a-t-il pu nuire aux affaires ? m'a-t-il fait arrêter les mefures qu'il y auroit eu a prendre ? m'en a-t-il fait rifquer dont les fuites auroient pu devenir dangereufes? Je crois avoir fuffifamment prouvé que je n'avois pu ni voulu me charger de la moindre refponfabilité a eet égard. On a vu que dans les premiers tems, mon prineïpal efpoir fe fondoir. fur la convi£lion que de bonnes & nombreufes troupes, bien conduites , feroient ceffer fur le champ, une auffi plate iatrigue que 1'étoit cellë de la famcufe & trés ridicule armée patriotique, fur la nullité de laquelle il ne peut, je penfe, plus y avoir de doute. On a vu que lorfque des revers a jamais inconcevables» nous avoient fait perdre fucceffivement toutes les Provinces, qu'il ne me reftoit par conféquent pis d'autre reffource , que celle d'une négociation humiliante, avec des fujets révoltés de mon Maitre, je ne me fuis fou«  (m) mis a ce douloureux moyen , qu'après avoir plu» fieurs fois demandé fi j'y étois irrévocablement réduit (i) ; & on reconnoitra j'efpere , 1'injullice qu'il y auroit a confondre le fang froid avec Ie» quel j'agiflois, & 1'afTurance que j'annonjois, avec une infouciance coupable , ou une fécurké qui n'eüt été fondée fur aucune efpece de vraifemblance, ou au moins de poffibilité. Et qu'y auroit-il eu a faire a 1'extrémité ou nous nous trouvions, fi j'avois dü rejeter le peu d'efpoir qui me refloit encore , de prévenir par un arrangement , les malheurs que tout autre moyen rendoit inévitable ? devois-je me fier a de grandes paroles toujours fans effet (2) ? étoit-ca (1) Comme ce point me paroit intéreflant è prouver, je citerai a Ia fin de ce dernier article toutes les notes que j'adreflbis au Comte d'Alton dans les derniers momens, quoique plufieurs ayent déja paru en extrait, dans le courant de ce mémoire , en tant qu'elles concernoient les différens objets dont il étoit queftion. (2) Encore le 28 Novembre, je ne recus du Comte d'Alton d'autre réponfe au billet trés preffant que je lui écrivis, que celle qui fe trouve a la page 101, de fon mémoire juftificatif, oü il me dit: „ Pour répondre cathégoriquement, ainfi que Votre Ex„ cellente me le deminde par Jon billet de ce jour, a la „ queftion par laquelle elle défire que je lui dife: quelles „ Jont mei rejfources pour la défenje de ce Pays, j'ai I'hon,, neur de lui dire que je n'en- ai pas d'autre que dans „ mis Ginéraux, mes troupes, & moi - même."  ( m ) fur renlévement de 3 ou 400 fufils dans Bruxel' les? fur quelques folTes dans les rues de cette ville ? fur la défenfe & même fur la confervation de ce feul poiriï d'un Pays dont nous avions abandonné tout le refte a nos adverfaires, que je devois compter, en négligeant le feul moyen que j'avois encore de réparer nos défaftres, fans faire couler inutilement le fang des fujets de mon Maft re. Toute autre voie eüt été inutile a cette époque, & nous eüt tellement aliéné la totalité de Ia Nation , que ce n'eüt été qu'en lui fefant une guerre cruelle, qu'on eüt pu la ramener lorfque les circonftances permirent d'envoyer des troupes; au lieu que je prévoyois , comme il ejï ejJtSlivement arrivé , qu'on n'auroit qu'a reprendre poffeffion d'un Pays, qu'on avoit feulement abandonné , dès qu'on ne le mettroit pas au défefpoir en le quittant. Sï c'eft la le feul mal qui eft réfulté de la conduite que j'ai cru devoir tenir jufques aux derniers moments, je me foumets volontiers a être blamé; car ce ne Cette réponfe eut été grande & noble de la part d'un Général viélorieux, ou fur de fon fait, mais étoit trés hazardée de Ia part du Comte d'Alton , qui malgré fes Généraux, fes troupes & lui-même, fe voyoit fans ceife repoutTé partout, & avoit, en moins de fix femaines, perdu prefque tout Ie Pays dont la défenfe avoit été confiée a fes foins; & que pouvois-je faire, quand c'étoit d'après de pareilles réponfes que je devois régler mes démarches dans les momens les plus imporUns & les plus décififs?  ( *74 ) font que les reproches juftes & fondés qui peuvent faire réellement peine , & nullement ceux qui ne proviennent que du manque d'informations, ou qui font diclés par la méchanceté; on ne fauroit que méprifer ceux-ci, & on doit fe borner a regretter de ne pouvoir détruire les autres , en kiftruifant le Public de toutes les véritables cireonflances.  ( *75 ) COPIE de quelque;-unes de mes notes au Commandant-Général. Comte d'Alton , telles qu'elles fe trouvenc dans fon Mémoire juftincatif aux pages citées. Page 38. Bruxelles Ie 16 Novembre 1789. Comme il eft plus que tems de mettre fin aux malheureux troubles qui agitent les Pays-Bas, & que 1'expérience nous prouve aflez que par la force feule nous auiions plus de peine qu'on ne devoit Pimaginer, a atteindre eet objet dé. firable , particuliérement recommandé a mes foins par les dernieres lettres que j'ai recues de 1'Empereur; que furtout il feroit difficile d'y parvenir, fi nous renforcions Ie nombre des mécontens, en continuant d'arrêter & enlever militairement des citoyens, fans forme ni inftruftion de procés; je prie V. E. de donner des ordres pofitifs, pour que perfonne ne foit plus arrêté par Ie militaire, fans que les Officiers fiscaux , ou a leur défaut, ceux de police dans les lieux refpeétifs, en foyent préalablement informés, & ayent connoifiance de Ia nature des griefs ou des foupcons graves qui pourroient donner lieu a pareilles appréhenfions par corps, fur lesquelles je recois tous les jours & de toutes parts les plus fortes repréfentations. Je fens bien que dans des cas d'émeute, atroupement ou fédition manifefte, il ne faut pas de preuve ni de concours du civil pour fe faifir des coupables, le délit étant en pareil cas prouvé par le fait; mais alors même la füreté publique & la liberté perfonnclle (aux termes des loix du pays & des afiurances réiterées que j'ai données a eet égard dans plufieurs  ( i70 d?cIarations, publiées au nom de Sa Majefté) exigent-elles que des perfonnes arrêtées par le militaire , foyent fur Ie champ délivrées a leur juge compétant, avec le procés verbal ou fpecies faBi des circonftances du cas, qui feroient de na. ture a conftater le déüt. D'après ces principes dont V. E. fentira parfaitement la juftice, je ne puis que la requérir de vouloir donner des ordres, pour que, s'il y a des citoyens aéluellement détenus par le militaire fans la participation ou la connoidance du Civil, comme par exemple Grysperre & quelques autres, ils foyent extradés fans délai a 1'office fiscal , pour être pourvu a leur pourfuite , a leur détention ultérieure & leur élargidement , fuivant la nature des circonftances & des faits dont les Commandans militaires qui auroient fait ou fait faire 1'arrêt, pourroient fournir les preuves ou les indications. Je pourvoirai enfuite, d'après les pouvoirs que Sa Majefté m'a confiés, a ce que leur procés foit inftruit avec autant de célérité qu'il eft poffible. Page 39. Bruxelles le 17 Novembre 1789. Le moment eft trop intéreftant pour pouvoir rien négliger. Les difpofitions militaires faites avec le plus de zele & le plus d'habileté poffibles, ont mal réuffi; je ne puis diffimuler a V. E. que 1'Empereur les a défaprouvées; il s'agit d'en faire pour 1'avenir qui ne nous faflent pas tout perdre, après avoir déja tant facrifié. 1'Empereur veuttrès exprefiément garderle centred'oüpourront émaner des ordres , afin de conferver la fouveraineté. Le centre étoit peut-être jusqu'ici Anvers , Malines , Bruxelles & Louvain; aujourd'hui il femble être plus partiCuliérement Bruxelles, fans abandonner les autres points. II fe trouve a Bruxelles le tréfor royal , les archives du Gouvernement, & tous les membres de ce département. Tous doivent être protégés. J'avois envoyé 1'autre jour une note a V. E., pour lui demander fes intentions a ce fujet, & elle eft reftée fans réponfe. En ce moment, ni le tré-  ( '77 ) «éfo' i-i 'e; archives ne peuvent plus être tranfportés fans dan.uer & l s membres du Gouvernement font unanimemert réfolus de refter en place jufqu'au dender moment, comme leur devoir Je leur impofe. C'eft donc Bruxelles qu'il faut garder avec foln, comme le pnfnt Principal, le fu'ge de tout ce qui tient a l'autorité & Ia repréfente. Votre Excellence fe propofe'de couvrir Bruxelles par un bataülon a Termonde, un autre a Aloft, & un camp entre ces deux points & cette ville. Au moyen de cela la Dendré fera gardée (ce que cependant bien des perfonnes ne croyent pas) & alors nous n'aurons pas d'incurfions du cóté de la Flandre a craindre. Mais que fera-ce de 1'intérieur ? Nous avons une garnifon de 2500hommes & 100 chevaux: Votre Excellence compte en retirer encore un bataülon lorfque le corps propofépar IVir. Desvaux (duquel il faut fe méfier) fera erigé ; peut-être même un fecond, fi une propofitjon ultérteure qui lui a été faite, avoit lieu: je ne parle pas du danger de cette démarche, puifque tout ce monde deftf é & remplacer des trou» pes. peut facilement tourner les armes contre nous, ét les tourneroient a la première occafion. Mais quand même nous conferverions notre garnifon, les 2500 dont elle eft cotnpofée , fuffiroient-ils pour contenlr tout Ie peuple de Bruxelles & des villages des environs, qui peuvent fe fou'ever en moins de deux heures, & fe fouleyerontala première nouvelle d'avantage remporté par les Patriotes? Les 2500 ne devront-ils d'ailleurs pas être trop fé. parés; les canons fur les remparts pourront-iis être fiiffifammentgardés ?l*efpoir de s'en ferviravec avanrage contre Ia > ille ne peut - il pas être réduit 3 rien, d'abord par la inenace d'égorger tous ceux qui font regardés comme Royaliftes, nommément les zélés ferviteurs de Sa Majefté ? Ne vaudroit - ij donc pas mieux concentrer toutes ces forces dans Bruxelles, Ahvers & Louvain, mais principalement dans la Capitale, en formant un camp dans Ie Pare, un autre fur les remparts, ou dans i'endróit qui avoit déji été choifi pour cela 1'année paftée, & ne deftinant que de • M  ( i?8 ) trés petits corps aux frontieres de Ia Flandre, qui pemsroient a chaque événement être renforcés par des détaché. mens d'une de ces grandes garnifons, & fuffiroient alors je penfe, pour combattre les infurgens, qui paroiflent n'être pas encore redoutables, en rafe campagne, & pourroient bien être jettés dans cette Dendre que nous défendons avec foin, & peut-être infrudtueufement. Je le crois, & le crois fi pofitivement, que fachant les intentions de 1'Empereur, & ayant de Lui le plein pouvoir pour tout ce que je jugerai propre a rétablir Ia tranquillité, & a plus forte raifon Ia füreté, je me croirois obligé de 1'exigerj mais n'étant pas militaire, & ne pouvant me fier a mes lumieres fur eet objet , je prie V. E. de me donner mon appaifement par écrit, ou de faire délibérer par un confeil de guerre mixte, compofé de Généraux de la part du militaire, & de quelques membres du Gouvernement civil. Page 41. Bruxelles le 21 Novembre 1780. Si 1'on pouvoit compter avec certitude fur la fuffifance des troupes que nous avons, & être afluré de prévenir 1'exten. ion des malheurs qui nous menacent & paroiflent devenir plus férieux, je croirois n'y avoir rien a faire ni a chercher d'autres moyens de calmer les opinions, du moins jufqu'a ce que Sa Majefté me donne des ordres pofitifs ultérieurs; mais comme •nous avons efiuyés des événemens auffi malheureux qu'imprévüs, & qu'il femble prouvé que nos forces ne fuffifent pas même affez pour arrêter dans les différens points capitaux, des effets que la peur exerce fur des efprits d'ailleurs fidélement attachés a Sa Majefté , & qui ne demanderoient que d'être foutenus pour développer leur zele & leur foumiffion; que d'un autre cóté 1'Empereur m'a déjè autorifé a employer vis-a-vis de fes fujets les moyens de les écouter & de les éclaïTer plutót que de les combattre, & que Sa Majefté m'a même donné des pleins - pouvoirs pour finir les chofes d'une maaiere convenable; je me crois dans le cas de donner dès i piéfent a laNation.des appaifemens fur les objets qtu dans «•  e m) fiiOmcnt-d comme depuis long-tems la iFrappent Ie plus, èmoins jae V. E. ne puiffe donner des affurances pofitives d'un fiutien fuffifant fcf déja exiflant, pour diffêrer encore wie pareiiïé démarche. Dans eet état des chofes; je crois devoir me déterminer a faire émaner Ia déclaration ci-jointe, qui eft déja fous pref. fe, & que je me pröpofe de faire publier encore aujourd'hui • & je n'attends que d'être informé du fentiment de V. E. 'tul le fait, fi elle croit qu'elle pourroit répondre de maintenir le"refte in tranqüillité & en füreté , moyénam les arrangemens qu'ell, pourroit prendre avec les troupes que nous avons acluellemenc pour me décider fi c'eft le cas d'employer encore d'autres moyens, plutót que de rifquer de perdre ces Provinces ou de devoir fe foumettre plus tard a des conditiohs honteufes * furtout a celle d'une garantie d'autres Cours* de laquelle nos voifins femblent trés occupés. P. S. Je prie V. E. de me donner réponfe fur Ie ciiamb' car il n'y a pas un Inïtant è perdre, ayant chez moi des Dé' putés auxquels il faut que je réponde en conféquence. Page 43. Bruxelles Ie 22 Novembre 1789. Jïtaht indifpenfable qu'il he puifle rien être fait de contraire aux promefies & aflurances que contient Ia déclaration qui a été publiée hier, je ne puis me difpenfer de prier V* E. de donner les ordres les plus pofitifs & les p]Us préc,-s i*. pour que le Militaire n'arrête plus perfonne, & ne faite plus de faifie hors du cas du flagrant; a°. pouiqu'dn CeiTe iV Vifites militaires qui fe font dans les maifons particuliere* d'une maniere qui excite une grande fenfation, a 1'effet dt' découvrir & d'enlevef des armes; & 30. pour prévenir les exces & les menaces que les foldats fe permettentj & qui in* quietent même, les habitans paifibles : les circonftances exr gent d'ailleurs tous les ifiénagemens poftlbles pour he pa» perdre 1'opinion des braves & honnêtes citoyeüs, & ceqü'öö peut s'en promettre encore dans une conjonéture eommd'a préf nti Mi  C 180 ) Page 44. Bruxelles le 25 Novembre 1789J Sans entrer dans les détails des fuccès déja beaucoup trop confidérables de nos adverfaires, je crois qu'il importe infiniment plus de terminer tout d'un coup en fatisfaifant Ia Nation fur des objets fur lefquels il faudra toujours céder, a moins de la vaincre, que de tourner les chofes en une guerre formelle dont les fuites font fi incalculables. II ne convient pas que 1'Empereur négocie avec fes fujets. II faut qu'II paroifle donner gratuitement, ce qu'11 ne doit pas fe laifler forcer d'accorder. Mon intention feroit d'émaner dès demain la déclaration ci-jointe, ce qui nefe pouroit pas, s'il fe faifoit en même tems une démarche contraire. II n'y a cependant pas de tems è perdre; & fi 1'on fe contente encore de cela demain, il eft trés poffible que les fuccès faflent tourner les têtes au point de vouloir difputer jufqu'a la fouveraineté de ces Provinces a 1'Empereur, comme V. E. fait qu'il en eft queftion. L'attaque projettée feroit fans doute néceflaire, fur-tout 11 cette guerre devoit continuer, mais ne peut, je penfe, opérer d'autre effet que de charter les infurgens de ce coin, au rifque de les voir bientêt revenir par un autre. II femble en général que nos opérations militaires fe réduifenta conferver Bruxelles & tout au plus la Province de Brabant, ce qui eft autant que rien, puisque nous ne faurions nous y foutenir afiez longtems pour attendre des fecours, & que 1'Empereur paroit ne pas vouloir ni pouvoir reconquérir les autres Provinces que nous avons perdues. La déclaration en queftion eft déja imprimée, mais ne fera publiée qu'au cas qu'elle foit compatible avec la démarche militaire que V. E. trouvera néceflaire. Page 45. Bruxelles le 25 Novembre 1780. La Flandre & la West-Flandre complétement perdue; le port d'Oftende au pouvoir des infurgens; le fyftême d'indépendance s'y fortifiant; les Communications interceptées  ( i8i ) avec Bruxelles; le Hainaut éga'ement perdu dans loute fo i étendue ; les infjrgens poftés fur Ie Brabant par Ia Campine , repoufiant nos troupes jufqu'aux portes de Louvain, menacant d'un autre' cóté le Namur ; le Limbourg égalemenc menacé & peut-être déja envahi; le Brabant, dans les villes principales furtout, uniquement contenu par Ia con. cehtratiori des troupes, mais prêt a éclater a Ia moindre approche, foit du coté de la Flandre, foit du coté du Flainaut; Ia ville d'Anvers déja mife en mouvement dans I'intérieur: tout cela préfente un enfemble qui rend indopenfable de prendre un parti pofitèf pour fauver ces Provinces & les conferver a la Souveraineté de 1'Empereur, fi tant eft que S. E. Ie Général Commandant ne puifle pas affurer pofitivement le Miniftre plénipotentiaire , qu'il y a dans la force militaire un moyen fuffifant ci sur, non feulement de contenir le Brabant, mais même de le prémimir avec ceniiude contre les attaques du cóté de la Flandre, du Hainaut, de la Campine & du Namur; de le garantir des efforts des infurgens qui l'entourent de toutes paris, £f de reconquérir les Pro. vinces déja foulevées: dans le cas de 1'affirmative de la part de 5. E, le Général-Commandant , on pourroit difFérer d'en venir aux démarches a faire , qui, même dans celui du doute, deviennent indifpenfables & a plus forte raifon dans celui de la négative; étant a obferver que dans le premier cas, c'eft a dire 1'affirmative, il ne fignifieroit rien fi ou étoit réduic a foutenir le feul point de Bruxelles, dont les fuites deviendroient néceiïhirement la deftruction de cette Capitale, l'efFufion du fang des habitans & des troupes, & iinalement le rifque de perdre trois millions de florins a 1'Empereur & les archives du Gouvernement. Son Excellence eft donc requife de s'expliquer d'une maniere pojhive & cathégorique fur ce qui eft ici pofé, pour que le Miniftre plénipotentiaire, a qui il ne refte plus d'autre reffomce pour conferver ce Pays a la Souveraineté de 1'Empereur, puifie fe détermincr fur le point auffi preffant qu'important des dernieres démarches a faire. Je prie V. E. de vouloir. bltn répondre encore ce foir. M 3  fa'ge 46. Bruxelles le 2.6 Novembre 1789* En réponfe a la note de V. E. je dois avoir 1'honneur de lui dire que celle qu'elle me demande au fujet des opérations rnilitaires qu'elle fe propofoit , lui a déja été remife hier- Mais comme il feroit poflible qu'elle fe fut égarée, je lui en joins une doublé. C'eft fans doute V. E. qui doit répondre des opérations militaires: ie. lui ai répété fouvent que je m'en remettois abfolu~ me\t a elle d eet égard , & plufieurs de mes notes doivent le lui prouvet:. Elle fait que même, quant aux dépenfes d faire, je m'en fuis également remis d ce qu'elle trouveroit bon. Il ne pftut donc pas être quejlimd'arrêter aucune deces difpofitions, ct" je me garderai bien affiaément de prendre la moindre refponj'abüité fur moi d ce fujet. V. E- feta donc tout ce qu'elle trouvera ion: mais je ne faurois lui cacher ma furprife extréme, qu'après avoir reproché au Gouvernement fon incrédulité fur un foulevement général, t& fur la force de 1'armée patriotique , elle m'annonce aujourd'hui la Flandre feulement comme partagée, le Hainaut tvanq.ui.lle, le Nnmurois entiérement a nous, Ie Luxembourg & le Limbourg fincérement attachés a, leur Souverain , & toute 1'armée patriotique, y compris les 7 è 800 hommes de Liége , réduite a 5000 hommes. Sans doute je ne faurois. imputcr a V. E., qu'avec 15 bataillons &4divifions cavalerie, dont une partie feulement peut lui être néceflaire pour garder les. villes du Brabant, elle n'aille exterminer ce corps de 5000 hommes indifciplinés, & ne vienne enfuite facilement, reprendre Pautre moitté de la Flandre, qui, felon cs qu'elle me f/iit 1'honneur. de me dire, feroit la feule conquête a faire pour jemfttre par-Ia Sa, Majefté en pleine & paifxble pojjeffion de toutes fes Provinces Belgiques. Quant aux archives , tréfor & perfonnes. du Gouvernecept, il, dépend iia(turellement de moi de les mettre en. füreté 1 mais je, ne compte que pour une perjonne , £? ne faurois par. Z67ijéqurrtt feivjr d'efcarte ou de proteïïion d tous ces objets, qui £a£s ce tao&rcnt, & yft ce qui yient de fe paffei encore dans  ( i83 ) les envlrons de Namur, exigeroient une efcone d'autant plus confidérable, qu'on ne laifleroit certainement pas échapper une fl bonne prife, fans eflayer au moins quelque lentative. Comme du refte V. E. conclut par me demander .ie ne point faire de conceftïon ultérieure avant d'avoir vu 1'effet de fon opération militaire, je dois avoir 1'honneur de lui dire qy^yant, de la, connoijjance de V, E,, tout accordé ce qu'on pouvoit raifonablement demander, il entroit trés fort dans mes projets de ne plus faire de conceflion, & que j'y fuis encore plus décidé par Ia requifition qu'elle m'en fait. Ce qui a été accordé aujourd'hui peut faire du bien, mais certainement pas de mal; doit faciliter les opérations de V. E. en tranquillifant & calmant tous les gens fenfés, & n'y porte aflurément aucun empêchement. Quant a ce qui regarde le fournilTement des argens, dei vivres, uteniiles & ouvriers néceiTaires, Ie Gouvernement n'a jamais été en retard fur aueun des objets qui dépen nir a cette extrémité. Page 50. Bruxelles le 28 Novembre 1789. Comme il m'eft important & indifpenfablement néceflaire, pour les mefures a prendre, de favoir quelles font les ref« fources que V. E. pourra trouver dans les forces militaires pour la défenfe de ce Pays, qui eft coftfïé principalement a fes foins, je la prie de vouloir bien me les faire connoitre d'une maniere pofitive & cathégoriqne. & cela non feulement pour Ie moment, mais auffi pour la fuite, c'eft a dire: de quellefagon elle croit pouvoir affurer & 1'Empereur cette intérefifaiite partie de la Monarchie, en n'ayant même a faire qu'cï la Nation feule, au cas qu\ïle m püt être foumife par la clèmence &f bonté que Sa Majejlé vient de manifefler envers elle, ni par la voie de la raifon. V, E. feut bien que je n'emends pas par-la le maintie!» d'un  ( ï88 ) feul jxrint, comme Bruxelles ou Namur; car fi toute la défepfe fe bornoit ft cela, Sa Majefté feroit inceffamment réduite a envoyer une armée pour reconquérir ces Provinces, ou ft entamer une négociation dont le réfultat feroit toujours'qu'°n L'obligeroit ft les acheter. Cette extrémité feroit fi malheureufe, qu'il n'y a rien que je ne fafie pour éviter d'y venir; mais il faut que j'aye une certitude pofitive du out ou du non, pour me porter aux démarches qui pourroient en réfulter, foit par moi-même fi ie cas 1'exigeoit, foit par des ordres que je chercherois a me procurer avec accélération fi le tems le permettoit encore. Page 53. Bruxelles le j Décembre 1789. En réponfe ft la note de V. E. touchant le corps des chasfeurs, j'ai 1'honneur de lui dire que ce point dépend de Ia queftion principale. II s'agit de conferver ft Sa Majefté Ia pleine & paifible pos* feflion de toutes fes Provinces. II y a pour cela deux voies; celle de la force, & celle d'un accommodement. La première eft plus honorable & ne coütera pas de facrifices. La feconde 1'eft moins & en coütera beaucoup. II ne fauroit donc y avoir de doute fur te choix, fi V. E. peut affnrer la réuflite de la première. I! me faut pour cela un fimple oui ou non; car les notes infinies que nous nous envoyons réciproquement ft ce fujet, n'avancent pas le fervice & font abfolument inutiles. Dans le premier cas, je ferai tout ce que V. E. trouvera bon touchant les chafieurs & autres objets de cette nature. Dans le fecond, il ne fauroit en être queftion. Ce fera ft moi ft agir, & je dois alors n'être gêné en rien, fans quoi je ne puis répondre de rien. '- Je prie V. E. de me faire favoir: quand & oü elle voudra rafiembler les Généraux Comtes d'Arberg, d'Alton & le Coionel de Brou, avec le Vice-Préfident & les Confeillers qui  ( 189 ) avoient été ptéfens a la jointe du 21 Novembre, afin que V. E. puifie reprendre devant eux le point de fa lettre oü elle me dit que 1'invafion de Diest ne füt pas reftée fans vengeance, fi j'avois adhéré a fa priere de différer les édits du 21 & 25- Je doute que les rapports de V. E. ni fes notes puiflent perfuader Sa Majefté, que le Gouvernement & furtout les édits du 21 & 25 Novembre, foient caufe de tout ce qui eft arrivé jufqu'aujourd'hui. F I N.