H I S T O I R E DE CE QUI CONCERNE L'ELECTION D'UN ROI DES ROMAINS E T LE COURONNEMENT D' U N EMPEREÜR, I. E S CÉRÉMONIES ET SOLENNITÉÏ USITÉKS DANS CES OCCASIONS. A la HAYE, Chez van Gieei, 1 7 9 *•   AVE RT IS SF ME NT. O n ne difconviendra pas que toutes les cérémonies et les pompes iolennelles qui intéreffent une grande nation , n'excitent la curioiité de fes voifms et même celle des nations , non - feulement de toute 1'Europe, mais même de tout le monde policé. Celles que 1'on obferve a 1'élection d'un roi des Romains , et au couronnement d'un empereur, font de ce nombre. Elles font d'une utilité inconteftable, nonfeulement par 1'ordre de grandeur et de majefté qui y règne , mais eu égard a la politique. Peu avant 1'élection et le couronnement de 1'empereur Léopold II, la première  vj AVERTISSEMENT. édition de 1'ouvrage intitulé , Merkmtrdigkeiten bey der römifchen Königsvcahl, ttnd Kaïferkronung. Gotha, bey Jujhts Perthes, 1790 8°. , parut et fut favorablement accueillie du public. L'éditeur, pour fatisfaire a de nouvelles demandes , fe détermina a en donner une feconde édition; et 1'auteur qui avait affifté a Francfort a toutes les cérémonies du couronnement qui vient d'avoir lieu, ne s'eft pas refufé, non-feulement a faire des additions néceffaires a la première édition, mais a y joindre des détails exacts des cérémonies et des folennités qui ont eu lieu a 1'élection et au couronnement de Pempereur Léopold II, dont il a été fpectateur. C'eft d'après cette feconde édition et a la réquifition de 1'auteur, que Pon a entrepris cette traduction. On s'y eft prêté d'autant plus volontiers, que Pon a cru  A VERTISSEMENT. vij faire plaifir aux étrangers, en leur procurant les moyens de fatisfaire au déür de s'inftruire ou a celui de leur curiofrté. On a beaucoup d'ouvrages oü ces matières font traitées fort au long: mais outre qu'ils ne font éerits que pour les favans, ils le font en latin ou en allemand ; ceux dans lefquels elles fe trouvent éparfes font fi volumineux , qu'ils ne peuvent être entre les mains , ni a la portee de tout le monde ; d'ailleurs la féchereffe du ftyle rebuterait la majeure partie de ce qu'on nomme le beau monde , et il faudrait fe foumettre a des recherches auxquelles la fimple curiofité s'alfujettit difficilement. L'auteur n'a pas eu d'autre but, et il 1'a atteint de facon a ne rien laifTer a défirer a fa nation ; mais le traducteur ayant remarqué , d'après fa propre expérience, que les étrangers fe trouveraient peut-être  viij AVERTISS EMENT. dans le cas de fouhaiter dans certains endroits des explications plus de'taillées, a hafardé de communiquer fes réflexions k 1'auteur, qui a approuvé qu'il ajoutat les notes qu'il croirait nécelfaires. C'eft d'après ce confentement qu'il a ajouté k fa traduction celles qui ne fe trouvent pas dans Poriginal. Le traducteur a fait fon poffible pour fuiVre littéralement le texte et pour en rendre le fens. II ne fe natte cependant pas d'avoir généralement réuiïï ; mais s'il a commis quelques inexactitudes , il efpère qu'elles ne feront pas alfez importantes póur lui attirer le reproche d'infidélité que 1'on fait k la plupart des traduetions de Pallemand en frangaisi TABLÉ  T A B L E DES MATIÈRES. M ort de l empcreur et dcuih Page 1 Du vicariat de lempire. 5 Election d'un empereur Romain, et ce qui la précède. 21 De l'endroitoü fe fait 1'élection. - 23 Affemblée des électeurs. 27 Autres prêparatifs pour les conférences ckc- tives. 30 Autres prêparatifs par rapport aux conférences pour 1'élection. 35 Des perfonnes qui ont droit d'ajjlfter aux élections. 40 Entrée folennelle des électeurs quife trouvent en perfonne aux élections. 43 b  x T A B L E. Tranfmifion que fait un électeur de fon droit de voter, d un de fes co - électeurs, ou d fon ambajjadeur. Rang et privilege des derniers. Page 45 Cérémoniefobfervéd l'égard des ambajjadeurs et envoyés des autres états de tempire et des puijjances étrangères. 48 De la diète et des conférences pour télection. 51 Sujets de délibération dont s'occupe la diète, fur-tout pour ce qui concerne la capitulation impériale. 57 Continuation du précédent. 62 Force de Ia capitulation de l'empire. 64 Prêparatifs qui précédent ïélcction<. 65 Qiialité que l'on requiert dans le candidat qui afpire au trdne impêrial. 7l Le roi ou empereur des Romains doit-il ètre dorigine allemande ? 72 De quelle condition doit ètre ïempereur ? 73 Unpriacequi aurait embraffé tétat cccléfqftique peut-il parvenir au tróne impêrial? 74 Une femme peut - elle parvenir d l'empire ? et autres quejiions. ?5  T A B L E. xj Quelle religion doit profeffer ïempcreur et roi des Romains ? Page 77 De 1'élection. 85 Des prêparatifs pour le couronnement. 109 Continuation fur le même fujet. Defcription des joyaux de 1'empire. 115 Lieu oü fe fait le couronnement et cérémonies obfervées au couronnement. 134 Fonctions des archi ■ grands - officiers , ou des grands officiers héréditaires de l'empire. Banquet du couronnement. 164 SUPPLÉMENT. Election de Léopold II , et arrivée de ce mnnarque d Francfort fur le Meyn. 179 Extrait des nouveaux artic.les ajoutés d la capitulation , dont ïempercur Léopold II a. juré ïobfcrvation avant fon couronnement. 202 Du couronnement de ïempereur. 220  xij EXPLICATION DES VIGNETTES. 1) Une pièce de monnaie de Félecteur Palatin , pendant le vicariat. Page I 2) Une pièce de monnaie de Vélecteur de Saxe, pendant le vicariat. 176 3) Une médaille frappét d l'occajïon de l'éiection de Léopold II. 179 4) Une autre médaille frappée pour le couronnement de Léopold II. 249 Mort  Mort de 1'Empereur et Deuil. La dignité d'Empereur du Saint empire Romain , ou d'Allemagne , étant élective , la mort de chaque empereur caufe un interrègne, ou vacance du tröne , fi de fon vivant on n'a pas procédé a 1'élection d'un roi des Romains , qui lui fuccède. Jofeph II eft mort le 20 février 1790; et comme pendant fon règne le collége des électeurs ne s'eft pas aflemblé pour élire un roi des Romains , il y a eu un interrègne qui a A  dure jufqu'a ce que les princes électeurs cuflent élu fon fuccefleur. (*) (*) Les interrègnes les plus conftatés depuis Charlejnagne jufqu'a la publication de la bulle d'or, font: celui de deux mois depuis la mort deHenrill le 13 juillet 1024. jufqu'a 1'élection de Conrad II duc de Franconie et de la France Rhéane, qui comprend 1'étendue du pays fitué fur les deux rives du Rhin depuis Basle jufqu'ü Coblenz , qui eut lieu le 8 feptembre de la même année. Celui de deux ans, qui fut très-orageux par 1'anarchie abfolue oii fut plongée 1'Allemagne , après la mort de Richard de Cornouailles le 2 avril 1271. jufqu'a 1'élection de Rodolphe d'Habsbourg, tige de la Maifon d'Autriche le 30 feptembre 1473. Depuis la publication de la bulle d'or: celui de 14 mois, après le de'cès de Robert le 18 mai 1410. jufqu'a 1'élection de Sigismond , ftconi, fils Ae Charles IV le 21 juillet 1411. Celui de trois mois, après la mort de Sigismond le 9 décembre 1437. jufqu'è 1'e'lection d'Albert II le 18 mars 1438. Celui de 4 mois depuis la mort d'Albert II le 27 octobre 1439. jufqu'a 1'élection de Frédéric III le 2 février 1440. Celui de fix mois, après le décès de Maximilien I le 12 janvier 1519. jufqu'a 1'élection de Charles V le 28 juin de la même année. Celui de cinq mois depuis la mort de Rodolphe II le 12 janvier 1612 jufqu'a 1'élection de Matthias le % juin de la même année. Celui de quinze mois depuis le décès de Ferdinand III le «3 mars 1657 jufqu'a 1'élection de Léopold, le 18 juillet 1658. Celui de fix mois depuis le décès de Jofeph I le 17 avril 1711 jufqu'a 1'élection de Charles VI le 22 octobre de la même année. Celui de deux ans depuis la mort de Charles VI  ' 1 3 Dès que l'empereur eft décédé, on en donne avis a 1'électeur de Mayence , de même qu'a ceux de Saxe et Palatin de Bavière. Au premier , comme étant directeur du collége électoral qu'il préfide , et aux deux autres comme étant adminiftrateurs ou vicaires de 1'empire pendant 1'interrègne. On le notifie aulïi aux autres électeurs et premiers princes fouverains de l'Allemagne, foit eccléiiaftiques ou féculiers , par des lettres de la part des plus proches parens du défunt. Les autres Etats de 1'empire n'en re^oivent point ordinairement 1'avis par la chancellerie impériale, mais par un comité principal de la diète impériale perpétuelle de Ratisbonne. La jurisdiction du confeil aulique impérial cefie d'être en activité fitöt après le décès de l'empereur. Le vice-chancelier de 1'empire, le 20 octobre 1740 jufqu'a 1'élection de Charles VII, le 24 janvier 1742. Celui de huit mois depuis la mort de Charles VII, le 20 janvier 1745;, jufqu'a 1'élection de Franqois I, le 13 feptembre 1745. Celui de fept mois et dix jours depuis la mort de Jofeph II, le 20 février 1790, jufqu'a 1'élection de l'empereur Léopold II, actuellement régnant le 30 feptembre de la même année. A %  au nom de 1 electeür de Mayence qui en ell archi-chancelier, appofe le fcellé fur la porte de la chambre du confeil après que chacun. des membres qui compofent ce tribunal y a dépofé les actes dont il était en poffeffion. La raifon pourquoi ce tribunal ceffe d'être en activité, eft que fes membres en font nommés et falariés par l'empereur , et qu'a fa mort ce droit devient une jurisdiction des vicaires de 1'empire , qui fe la partagent, et qui en forment un nouveau, chacun dans leur département refpectif, dont 1'activité ceffe de même après 1'élection et le couronnement d'un nouvel empereur. (*) Les lois de 1'empire ne ftatuent rien pour ce qui concerne le reglement du deuil qu'occafionne la mort d'un empereur, et que chaque prince de 1'empire peut ordonner dans fes Etats fuivant fa volonté. De la (*) Le confeil aulique fut créé a la célèbre diète de Mayence, tenue fous Fréde'ric II en 1135. Son premier juge eft tiré du corps de la noblelfe , affifte' d'un nombre d'aireffeurs nobles, dont la moitié font jurifconfultes. Ce confeil fut réuni fous le règne de Maximilien I a la chambre impériale, puis enfin récabli par Rodolphe I en 1287. 4  > vlent la diverfité que 1'on remarque dans les différentes provinces d'Allemagne, tant pour la durée du deuil que pour celle de la fonnerie funeraire. Les feuls électeurs eccléfiaftiques font porté et fait porter jufqu'a préfent a leur cour pendant un an et fix femaines. Les villes impériales fe difbinguent dans ces occafions. Plufieurs d'entr'elles défendent les fpectacles , les concerts, les danfes, pendant plufieurs femaines ; pendant lefquelles on érige des catafalques dans les églifes, chante les vigiles , célèbre des meffes et prononce des oraifons funèbres; les magiftrats ne fe préfentent que dans le deuil le plus profond dans les tribunaux oü ils rendent la juftice , qui font auffi tendus en noir. Du Vicariat de 1'Empire. ANT la rédaction de la bulle d'or publiée en 1356, par Charles IV, comme nouvelle loi fondamentale de 1'empire , et par laquelle plufieurs points de la conftitution germanique , qui jufqu'alors avaient  été fouvent conteftés, et qui n'étant fondes que fur les anciennes coutumes, rendaient les régies pour la nomination au vicariat de 1'empire très-incertaines. Par cette nouvelle loi cette dignité fe trouve fixée a perpétuité dans les maifons de Saxe et Palatine; au lieu qu'antérieurement les veuves des empereurs et les papes formaient des prétentions a 1'adminiftration de 1'empire. La partie de 1'Allemagne fur laquelle , d'après le reglement de Charles IV, s'étend 1'adminiftration du vicariat palatin, comprend toutes les provinces, qui font régies par les lois fouabes et franconiennes. Celles qui font régies par le droit faxon font adminiftrées par 1'électeur de Saxe. Cependantles limites n'en farentpas déterminées affez fixément pour empêcher qu'il ne s'élevat a diverfes reprifes, entre les deux cours adminiftrantes des conteftations fur leurs bornes , qui furent enfin fixées de nos jours , par la convention paffée entr'elles 1'an 175c, qui mit fin a toutes difficultés fubféquentes. Les provinces adminiftrées par le vicariat palatin de Bavière font : 6  i". Le cercle du Bas-Rhin et les quatre électorats qu'il renferme; celui de Mayence, Treves, Cologne, lePalatinat, et les provinces que 1'on nomme France Rhéane. 2°. Le cercle du Haut-Rhin , dans toute fon étendue: 3°. Le cercle de Franconie, a. 1'exceptiort de la comté-princière de Henneberg. (*} 4°. Le cercle de Souabe. 5°. Le cercle de Bavière. 6°. Une partie des provinces annexées au cercle de la Weftphalie, telles que 1 evêché de Munfter , la principauté de Minden, 1'abbaye de Hervorden, les comtés d'OftFrife, de Ravensberg, de Tecklenbourg et de Bentheim , avec ceux qui font fitués fur les deux rives du Rhin, que le vicariat éle&oral (*) On nomme comté-princière un état de 1'empire dont le fouverain a le titre et les prérogatives attachés k la dignité de prince, fans que les terres de fa domination ne participent en rien a ce titre , elles confervent toujours celui de comté. Le comte Berthold de Henneberg fut élevé dans une diète de Francfort en 1310. par l'empereur Henri VII a la dignité de prince , fans ériger le comté de Henneberg en principauté. Le même empereur eleva au rang de comte-princier du St. empire le comte Amédée de Savoie fon beau-frère.  de Saxe ne s'eft pas nommément réfervé .et qui font partie du cercle de la Weftphalie. 7°. La nobleffe immédiate de 1'empire, de Souabe, de Franconie, de la Wétéravie, du Haut et Bas-Rhin. 8°. La juftice fupérieure de Rothweil et le tribunal fuprême en Souabe. Les provinces adminiftrées par le vicariat faxon, font: i*. Tout ce qu'on nomme le cercle'de la Haute-Saxe y compris les électorats de Saxe et de Brandebourg. 2°. La comté-princière de Henneberg. 3°. Les évêchés de Paderborn et d'Ofnabruck , 1'abbaye de Korvey , le duché d'Oldenbourg (*) , les comtés Hoya, Diepholz , Pyrmont , Lippe -Schaumbourg et Rittberg, èt tout ce qui eft fitué fur les rives du Wefer et au-dela , qui n'eft pas (v) Oldenbourg n'était ci-devant qu'un comté ; mais 1'impératrice de Ruffie Cathérine II 1'ayant cédé en 1773 au prince évêque de Lubeck, duc de Holftein-Gottorp; le comté d'Oldenbourg et celui de Delmenhorft réunis furent érigés en un feul duché fous le nom de duché d'Oldenbourg par l'empereur Jofeph II du confentement des états de 1'empire. 8  riornmément réfervé par le vicariat duRhin dépendant du cercle de Weftphalie. 4°. Tout le cercle de la Baffe-Saxe y compris 1'électorat de Brunfwic-Lunebourg. U y a plufieurs états d'Allemagne, qui ne fe foumettent pas a la jurifdiction du vicariat de 1'ernpire; 1'Autriche par exemple, qui eft exceptée de cette jurifdiction, ne fe foumet pas aux lois du vicariat. Les états de Bourgogne foutiennent de même qu'ils ne dépendent point de la jurifdiction du vicariat; ils fondent leur refus fur le traité de 1548 , par lequel le roi d'Efpagne Charles V. déclare que ce pays fera exempt du vicariat de 1'empire; mais les publicifles y oppofent de leur cöté des objections. (*) (*) Par états de Bourgogne il faut entendre ici la Franche-Comté et les XVII provinces des Pays-lias qui paiïerent a la maifon d'Autriche , par le mariage de Marie de Bourgogne, fille et unique héritière de Charles le téméraire avec Maximilien I , célébré a Gand le io Aout 1477- Ces provinces furent unies a 1'empire par Charles V a la diète d'Augsbourg en 1548. comme formant le cercle de Bourgogne, pour refter fous la protection de 1'empire et jouir de tous les droits et prérogativcs appartenants aux membres du vafte corps germanique, & la charge, que ce cercle partagerait toutes les charges qui 9  La Bohème qui n'cft point foumife a la jurifdiction de 1'empire accepte auffi peu le vicariat. La Saxe a protefté a plufieurs reprifes contre cette affertion ; elle foutient qu'au commencement du XVII fiècle la patente du vicariat fut affichée dans la Bohème. L'électorat de Mayence foutient que de toute antiquité il n'a point été foumis aux vicariats impériaux, et le Palatinat par un traité de 1658 reconnait en forme cette franchife; cependant les patentes du vicariat y furent affichées 1740 fans oppofition. L'expérience et plufieurs exemples prouvent que le vicariat impérial s'étend jufque fur 1'Italie comme fief de 1'empire. L'électeur de Saxe et félecteur Palatin ont été chargés de l'adminiftration de 1'empire depuis Ie XV fiècle, fur-tout depuis les années 1410. 1437. 144°- 15l9 et l6l2< Lorfque le comte palatin Frédéric V fubit leur feraient impofées et qu'il contribuerait dans laproportion d'un doublé contingent électoral. La Hollande ou 7 provinces unies fe font fouftraites a la domination efpagnole par 1'union d'Utrccht le 2 fe'vrier 1579. fous l'empereur Rodolphe II et furent reconnues imlépenJantes par le même empereur en 1609. LaFranche-Comté en fut de'membrée par la conquête qu'en fit Louis XIV 1'au 1674. 10  ! / 1a fatale deftinée d'êtrc mis au ban de 1'empire par Ferdinand II J'an 1613. L'électorat fut conféré au duc Maximilien de Bavière, ainfi que le vicariat de 1'empire qui y était anne'xé , et quoique Charles Louis , hls de Frédéric V fut réhabilité k 1'électorat par le traité de paix de Weftphalie lan 1648 au moyen d'une nouvelle dignité électorale créée en fa faveur , il n'y eft pas fait mention du vicariat de 1'empire. A la mort de l'empereur Ferdinand III, arrivée en 1657 , les deux électeurs de Bavière et du Palatinat prétendirent au vicariat. L'électeur palatin prétendait que le vicariat était annexé a la dignité de comte palatin du Rhin. Celui de Bavière foutenait que cette charge lui avait été conférée en même tems que la dignité d'électeur palatin a qui elle appartenait. L'électeur de Bavière avait fait expédier les patentes du vicariat quatre jours avant celui du Palatinat. L'électeur de Saxe, celui de Mayence et même la chambre impériale reconnurent l'électeur de Bavière pour vicaire. Lorfqu'il fut queftion de procéder a 1'élection d'un nouvel empereur, l'électeur palatin du Rhin,  li Charles Louis , fe rendit en perfonne a Francfort, oü il arriva un événement extraordinaire. Le docteur Oexel, envoyé de l'électeur de Bavière, fit lecture, dans le collége des électeurs, d'un écrit rempli de termes injurieux pour la mémoire du feu père du prince palatin. Charles Louis, qui était préfent, s'en trouvant offenfé , exigea que fenvoyé ceffat fa lecture. Voyant que fa demande était fans effet, il faifit un cornet plein d'encre et le jetta a la tête de 1'orateur. II s'en fallut peu que cette vivacité ne fit naïtre des événemens entre les deux maifons qui auraient pu avoir des fuites facheufes. Cet événement donna lieu k un récès ou réfolution , par lequel il fut décrété, que: lorfqu'a 1'avenir un électeur préfent en perfonne a une diète d'élection , ou a une diète de 1'empire s'abandonnerait a de pareils excès , il ferait pour cette fois privé totalement du droit de voter. En 1724 les électeurs de Bavière et du Palatinat, après de longs débats concernant les droits de vicariat, s'accordèrent enfin a  figner une convention par laquelle iJs exerceraient conjointement cette charge; ce qui arriva après ia mort de Charles VI; mais comme il s'élcva encore de nouvelles difficultés, on propofa en 1745 1'alternative entre les deux concurrens, ce qui fut accepté. L'électeur de Bavière exerca feul le vicariat après la mort de Charles VII. L'électeur palatin 1'exercerait aufTi feul actuellement après le décès de Jofeph II, fi la branche de Bavière n'était pas éteinte. L'adminiftration du vicariat de 1'empire commence dès que 1'on a appris la nouvelle du décès de l'empereur, et le premier acte en eft la publication de la patente de notification, qui eft envoyée aux états de 1'empire, ce qui cependant, ne fe fait quelquefois que quelque tems après. La formation de la cour aulique du vicariat eft fnjette a plus de difficultés ; et il s'écoule ordinairement quelques mois avant qu'elle foit en activité. Les adminiftrateurs de 1'empire font notifier leur geftion a chaque prince ou états de 1'empire qui fe trouvent dans le reffort de leur vicariat par des envoyés extraordinaires, ou par des lettres officielies de leurs '3  chancelleries qui leur en remettent la patente; chaque état a fon tour la fait imprimer et afficher dans les hotels.de-ville, aux portes des villes et même dans chaque village de fa domination. Comme les adminiftrateurs de 1'empire font obligés a faire de grandes dépenfes pendant la durée de leur vicariat; d'un autre cöté ils jouiffent auffi d'une certaine autorité et de certains privileges. II faut mettre au nombre de ces derniers. i°. Qu'ils ajoutent a leurs titres ordinaires, par exemple du Palatinat: Adminijhateur et vicaire du St. Empire Romain, dans les provinces du Rhin, de la Souabe , de ia Franconie et celles qui en fuivent les lois; pour 1'électorat de Saxe : Adminijirateur et vicaire du Saint Empire Romain dans les provinces qui fuivent le droitfaxon, et toutes celles qui fe trouvent enclavées dans la dépendance de leur vicariat. 2°. Les Vicaires de 1'empire peuvent avec le confentement des autres électeurs, princes et états de 1'empire déclarer et faire ia guerre, conclure des traités d'alliance, recevoir des ambaffadeurs et en envoyer , et faire tout ce que peut faire un empereur pour le mam- M  . tien de 1'ordre et la profpérité de 1'empire. De même les dernières capitulations leur om accordé le droit imprefcriptible de veiller k la fureté intérieure de 1'empire, entretemr 1'ordre et la paix entre les provinces de veiller k ce que les lois émanées du fouverain pouvoir foient obfervées ; de confirmer les décifions du confeil de 1'empire, de convoquer, préfider, prolonger les, diètes et de confirmer le récès pour leur diffolution. Mais plufieurs cours électorales et de celles des anciennes principautés de 1'empire , fondées fur des principes valables, leur con-, teftent ces prérogatives. ( * ) (¥) Les trois colléges 3 la diète de 1'empire, ont terulu fur cette matière dans le courant du mois de juin 1790. un de'cret, {Condvfum de la iilte} dont voici la fubftance. l°. Qjie les vicaires de 1'empire pourront nommer au» prés de la diète une Commiffion principale vicariale, laquelle fera munie de pouvoirs communs de la part des deux vicaires et de lettres de cre'ance a préfenter au directoire de 1'empire. 20. Mais que cette Commiffion, les vicaires ne jouiflant pas de toute 1'autorité et des prérogatives d'un empereur, ne pourra pas s'attribuer la même repréfentation etle même cérémoniald'une Commiffion principale du chef de 1'empire. 3°- 5>ue les vicaires pourront par le canal de leur Com.  i6 11 — 3*. lis peuvent accorder des franchifes et des privileges. Par exemple , ériger des miffion et au moyen des déerets de commiffion , faire porter a la connaiflance de la diète , ou remettre a la délibération des états de 1'empire , les objets qui y appartiennent, en forme de recommandation etc. 4-.. Oue la diète cependant ne fera pas aftreinte, dans ces délibérations, a 1'ordre dans lequelces objets lui feront préfentés par la commiffion vicariale; libre a elle de s'occuper d'autres matières , felon les circonftances. 5°. Que la forme et le mode Savis de Vempire n'aura pas lieu durant 1'interrègne, et qtie ce qui aura été arrêté a la majorité des voix, d'abord dans les colléges tefpectifs et enfuite entre ceux-ci, formera dans le premier cas un décret de collége, conclufum coltégial, et au fecond cas un décret de 1'empire, conclufum de la diète. 6°. Les déerets, expédiés et fignés par la chancellene de Mayence , doivent ètre déférés a la connaiflance de la commiffion principale des vicaires. 7°. Laratification, oufanction, n'appartenant qu'a l'empereur, les vicaires en qualité de provifeurs de 1'empire, frovifores impcrii, accepterontfimplement les fufdits déerets par des déerets de commiffion , et s'il y a lieu a des promulgations en conféquence des déerets rendus par 1'empire, les vicaires en auront foin et en feront part k la diète. 8°. Une confirmation générale de toutes les lois de 1'empire , faite de cette manière durant 1'interrègne , fera inférée dans la capitulation du nouvel empereur. Ce conclufum de la diète, n'ayant point été accepté par les vicaires, qui 1'ont eftimé préjudiciable a leurs droits, n'a point eu de fuite. , . academies.  académies , donner le droit de cité , de foi.e, de marché, d'étape et de battre monnoye ; celui d'afile et de protection; émanciper des mineurs. Ils ont le droit d'infpec* tion fur le tribunal de la chambre impériale, comme fur leur propje confeil aulique du yicari t; d'ou il "éfulte queles adminiftrateurs de 1'empire peuvent nommer a. toutes les charges de haute judicature qui viennent a Vctquer pendant 1'interrègne dans le reffort refpectif dépendant de leur vicariat en tant qu'eiles font dépendante* de la dignité impériale : Ils ont auffi le droit imprefcriptible de révifion de la chambre impériale ; et le conleil aulique de chaque adminiflrateur ou vicaire de 1'empire fait les fonctions du confeil aulique de l'empereur qui fe trouve totalement fupprimé au décès de ce monarque. C'eft a ce tribunal que les grands vaffaux et autres états de 1'empire recoivent 1'inveftiture de leurs fiefs et oü 1'on expédie les lettres d'inveftiture, a 1'exception néanmoins de celles des princes fouverains. Le droit de premières prières (*), comme celui (*) Les premièrts tracés du droit de premières prières, jus frimarhirum precum, en allemand} Erjle Bittt, fe B  de délivrer des mandats, ou lettres alimen» taires (*), dont, quant a ces derniers et même aux premiers, on cite des exemples qui leur ont été conteftés. 4'. Parmi les droits inconteftables dont jouilTent les vicaires de 1'empire, il faut compter celui de conférer des dignités , d'accorder des titres de nobleffe &c. &c. que Ton peut confidérer comme des privileges trouvent fous le règne de Rodolphe I; ce n'eft qn'un faible refte de celui que les empereurs s'étaient arrogé" de nommer aux bénéfices d'Allemagne. II donne a chaque empereur le droit de préfenter a fon avénement au tróne un chanoine ou un religieux a tous les chapitres , foit catholiques ou proteflants et dans toutes les abbayes immédiates d'Allemagne qui ne peuvent pas produire un privilège particulier qui les en exempte. Les électeurs de Mayence et de Brandebourg jouiflent du mêrae droit dans leurs états refpectifs. Ce droit fut confirmé a Ferdinand III par le traité de "Weftphalie. Le pape Clément XI voulut contéfter cette prérogative a Jofeph I a fon avénement au tröne impérial en 1705. mais le monarque 1'exerqa fans le confenteinent du pontife, et fes fuccefleurs en ont toujours ufé de même depuis. (*) On nomme ces mandats, en allemand , Panis Brief, ou fains d'abbayes. Ils différent du droit de premières prières en ce qu'ils n'ont pour objet que de petites prébendes laïques 'que Ton donne a ceux qui en fonS porteurs.  tg ïéfervés a l'empereur. II y a beaucoup de families en Allemagne qui font redevables aux vicariats de leurs titres de comte et de gentilhomme. Le droit de tranfmettre la dignité de comte palatin leur appartient de même que celui de légitimer les enfans naturels de la haute nobleffe, de réhabiliter la réputation et daccorder des lettres de répir. 5°. Les adminiftrateurs ou vicaires de 1'empire peuvent auffi difpofer des revenus impériaux pendant 1'interrègne , conformémcnt aux régiemens de la bulle d'or; mais fuivant ces mêmes lois ils font obligés d'en rendre le compte le plus exact au nouvel empereur après fon couronnement. II faut avouer que lors de la proclamation de la bulle d'or ces revenus étaient conhdérables, et qu'a préfent ils font fi confidérablement diminués que 1'on pourrait les compter pour très-peu de chofe. A bien confidérer 1'état des chofes il y aurait de la juftice a ce qu'il fut accordé certains revenus aux adminiftrateurs de 1'empire pendant 1'interrègne, pour les dédommager des dépenfes confidérables a quoi ils font indifpenfablement B 7,  20 ■■ obligés, et dont ils ne font rembourfés nï par l'empereur ni par 1'empire. Pendant 1'interrègne les vicaires ajoutent 1'aigle noire impériale a deux têtes a leurs armes. Ils font appofer 1'écuffon des armes de leur maifon et celle de leur archi-grandchar ge fur fa poitrine. La couronne impériale feule en eft fupprimée. Ils font auffi ordinairement battte beaucoup d'efpèces a ce coin. On fait mention des vicaires de 1'empire dans les prières dominicales qui fe font dans les églifes. Quant au rang qu'ils tiennent entre les princes de 1'empire il eft toujours le même. Lorfque 1'adminiftration du vicariat a ceffe, les vicaires le notifient a 1'affemblée des états de 1'empire a. Ratisbonne , au tribunal de 1'empire a. Wetzlar, a qui on redemande les fceaux dont 1'une et 1'autre ont fait ufage pendant 1'adminiftration, aux ambaffadeurs &c. et les préviennent tous de s'adreffer a. 1'avenir au nouvel empereur. Les patentes du vicariat qui avaient été affiéhées aux portes des villes et ailleurs par tout 1'empire en font dtées, et dépofée? dans les archives.  SU Election d'un Empereur Romain, et ce qui la précède. Ïl eft ordonné par la bulle d'or , que l'électeur de Mayence en fa qualité d'archichancelier de 1'empire invitera, dans 1'efpace d'un mois après la date du jour que la mort du dernier empereur lui aura été notifiée, les électeurs a s'affembler pour procéder k 1'élection d'un nouvel empereur. Ces princes agiraient contre les lois de 1'empire s'ils y envoyaient leur fuffrage par écrit; mais ils peuvent en charger un de leurs collègues, ou y envoyer des ambaffadeurs qui les repréfentent; ce qui fe fait ordinairement. L'invitation pour 1'élection d'un roi des Romains doit ètre faite par l'électeur de Mayence, paree qu'il eft directeur du collége des électeurs, qu'il préfide, avec toute la folennité qu'exige le rang des princes a qui l'invitation s'adreffe. 11 envoyé un ou plufieurs ambaffadeurs , tous de la première qualité, aux cours des électeurs laïques; et ;i  22 u- ,' — celles des électeurs eccléfiaftiques il y envoyé des chanoines capitulaires de Mayence. Chacun de ces ambaffadeurs recent les lettres d'invitation qu'il doit préfenter aux électeurs? écrires en langue allemande fur parchemin, toutes fignées de la main de l'électeur et fcellées du grand fceau. Chaque ambaffadeur fe rend a la réfidence de l'électeur ou il eft envoyé, quand même l'électeur ferait abfent; c'eft-a-dire a Coblence, Bonn, Prague, Munich , Dresde, Berlin et Hanovre. Les électeurs rer^oivent eet ambaffadeur avec toute la pompe et la folennité poffible, et ce dernier dans une audience publique préfente a l'électeur , ou en fon abfence a la perfonne ou au collége qui le repréfente la lettre d'invitation dont il eft chargé. Après 1'audience 1'ambaffadeur prend acte en forme par-devant un notaire et des témoins de ce qui vient de fe paffer rélativement a fa miffion. Au cas que l'électeur de Mayence n'euvoyat pas des lettres d'invitation aux électeurs, ils font néanmoins obligés, d'après les régiemens portés par la bulle d'or, de fe rendre dans le délai de trois mois au plus  tard a Francfort fur le Mayn. Si lors du décès d'un empereur il arrivé que le fiége archiépifcopal de Mayence foit vacant; il eft ordonné par Ia bulle d'ór que le collége des électeurs s'affemblera , fans invitation dans le délai de quatre mois pour procéder a. 1'élection d'un nouvel empereur. De 1'endroit oü fe fait 1'élection. I-/A ville franche et impériale de Francfort fur le Mayn (*) , eft 1'endroit défigné par la (*) La ville de Francfort fur le Mayn eft une des plus anciennes cités de 1'Allemagne. Ouelques auteurs croyent que fon nom dérive du paffage des francs lorfqu'ils pénétrèrent dans les gaules. lis fe fondent fur les fyllabes Franck, qui en franqais fignifie Francs; et Furth: qui fignifie gué ou pajfage. Ce qu'il y a de plus probable eft que du temps de Charlemagne Francfort était déja une cité ïemarquable. Cette ville jouit de grands privileges , qui lui ont été confirmés par Charles IV, moyennant 20000 marcs d'argent. Entr'autres celui d'étre le lieu de 1'élection des rois des Romains futurs empereurs; et depuis Charles VI celui de leur couronnement. Que l'empereur ni 1'empire ne peuvent aliéner ni la ville ni fes domaines. Que ni 1'un ni 1'autre ne peuvent faire élever fur fon 3 territoire , ni ü ; mille d'Allemagne a la ronde de la ville de Francfort, aucun fort ni redoute, ni y exiger  34 _ bulle d'or, ou doit excluüvement a toute autre ville, fe faire 1'élection d'un nouvel empereur, a moins que quelques obflacles imprévus ne s'y oppofent ; dans ce cas feulement elle peut fe faire dans un autre endroit. Jufqu'a préfent il n'v a aucun exemple que ce cas ait exifté. II s'en fallut peu cependant qu'il n'arrivat en 1745 , qu'une armée francaife campait aux environs de cette ville lorfque les électeurs y étaient aucun péage; tandis que le fénat de la ville y peut faire élever telle fortereffe qu'il jugera a propos. Qu'il n'y a que les citoyens de la ville qui puifluit pofTéder des biens-. fonds fur fon territoirt'. Ses foires font fous la protection de l'emnereur et de 1'empire. Les feules villes de Nuremhi-rg, Worins et Bimberg y jouiffent , a celle de feptcm» bre d'un privilege de com;nerce moyeiinant une faible rétribution. M^iis ce privilege doit être renouvelé tous les ans avant 1'ouverture de c^tte foire; pour eet effet les commerqans de ces villes vont en requérir la rénovation précédés par des joueurs de Hfre; de la vient le nom allemand de Pfeifer-Gericht, fécince ie fifres , que 1'on a donné a cette démarche. Ces citoyens ne peuvent être traduits en juftiee par-devant d'autres tribunaux que les leurs. Tous les membres du fénat profeffent la reügion luthérienne. La nation juive y a droit d'afile , dans un quartier qui lui eft aflïgné, et dont des offin'ers nommés par le fénat, fous la dénomination ri'architectes, ont la direction.  25 affemblés. On a des exemples que 1'élection d'un roi des Romains s'eft cependant queh quefois faite dans une autre ville. Celle qui éleva Ferdinand I a cette dignité, fe fit a. Cologne en 1531 ; celle de Maximilien II a Ratisbonne en 1562; celle de Rodolphe II dans la même ville en 1575; celle de Ferdinand III auffi dans la même ville en 1637; celle de Ferdinand IV en 1653 (*) , et celle de Jofeph I fe firent a Augsbourg en 1690. Augsbourg fut aufli défignée pour 1'élection de 1764, paree que cette ville fe trouvait par fa fituation plus a la proximité de Vienne que celle de Francfort. IVlais l'électeur de Mayence étant malade pour lors et les électeurs des environs du Rhin s'étant réunis pour repréfenter qu'un endroit aufli éloigné de leurs réfidences les conftituerait dans des dépenfes énormes ; il fut décidé que eet acte fe ferait a Francfort, Lorfque 1'élection d'un roi des Romains ne fe fait pas a Francfort, la ville fait au (*) Ce prince ne parvint pas a 1'empire, étant mort du vivant de l'empereur Ferdinand III fon père , le 9 juillet 1654. C'eft par cette raifon qu'il n'eft pascompte' au nombre des empereurs.  collége des électeurs de refpectuenfes remort. trances, tendantes a repréfenter 1'infraction faite aux droits qui lui ont été accordés, et demande que ces repréfentations foient jointes aux actes de la diète. Sur quoi le college fait délivrer aux députés une affurance comme quoi cette dérogation accidentelle aux régiemens de la bulle d or ne préjudicieraen rien a 1'avenir k leurs prétentions; a quoi la ville fait fes remercïmens par écrit. Les privilèges dont cette ville jouit par rapport a fon droit d'être le lieu choifï pour 1'élection d'un empereur , et les avanta^es qu'elle en retire, tout confidérables qu'ils font, 1'obligent a des devoirs qu'elle doit ïndifpenfablement remplir pendant la durée de ces folennités fuivant la bulle d'or, elle doit non-feulement veiller a la fureté des électeurs et de leur fuite, qui eft, ou peut être de 200 chevaux et de 50 hommes armés ; mais auffi empêcher qu'aucun étranger de quelque qualité et condition qu'il "puiffe être, s'il n'eft pas de la fuite d'un électeur, ne refte dans la ville durant et jufqua Ia fin de 1'élection; et cela fous peine d'être  mife au ban de 1'empire. Le concours des étrangers de tous les états et de toutes les claffes a toujours été très-grand a toutes les cérémonies d'élection et aux folennités de couronnement des empereurs. A celui de 1'année 1790. il paraiffait journellement a. Francfort une lifte par laquelle on était inftruit , non - feulement de 1'arrivée des électeurs et de leur fuite, mais encore de celle des perfonnes de diftinction qui fe rendaient dans cette ville pour affifter a ces folennités. On a eu lieu de s'étonner du grand nombre. AfTemblée des Électeurs. La bulle d'or ordonne expreffément que chaque électeur, dans 1'efpace de trois mois, a dater du jour que les lettres d'invitation lui auront été remifes, fe rendra a 1'endroit qu'elles indiquent pour procéder a une nouvelle élection. Cette époque peut néanmoins être prolongée fans beaucoup de difticultés , fi les électeurs y confentpit;  ars =r=* mais il eft plus difficile de 1'abréger, paree que les droits des adminiftrateurs en fouffriraient. Lors de 1'élection qui eut lieu ert 1711, plufieurs électeurs furent d'avis d'abréger le ternps prérix , mais 1'oppofition qu'y fit la maifon electorale de Saxe, fut trouvée fuffifante, pour faire rejetter la propofition. II n'ya point d'exemples que ce terme ait été abrégé , mais on en a qu'il a été prolongé. Après le décès de Ferdinand III le 23 mars 1657, la diète pour 1'élection d'un nouvel empereur fut fixée au 4 d'aoüt de la même année; cependant les conférences a ce fujet, ne commencèrent que le 30 de mars 1658. Après la mort de 1 empereur Charles VI le 20 octobre 1740 le jour de 1'atfemblée de la diète d'élection fuivante fut fixé au 27 février 1741 , et peu de temps après il y eut une prolongation jnfqu'au 1 mars. Plufieurs cours électorales en déliraient une plus longue, a quoi la cour de IVlayence ne voulut pas confentir. Cette cour fit même annoncer au jour indiqué , dans tout Francfort, au fon des trompettes et des tymbales qu'on allait commencer a procéder a 1'élection. Ce coup d'autorité donna lieu a quelque méfintelli-  ===== 29 gence, mais comme il ne fe trouvait pour lors que peu d'envoyés des électeurs, les conférences pour 1'élection ne commencèrent que le 20 novembre de la même ; année. L'élection qui eut lieu en 1745 fut t fixée au premier juin de cette même année; mais la préfence de 1'armée francaife quï (fampait aux environs de Francfort, futcaufe que les conférences pour 1'élection ne com1 mencèrent que le 20 aoüt, et queFrancoisI ne fut élu que le 13 de feptembre fuivant. I Ce fut le 11 aoüt 1790, après le décès de I Jofeph II, que fe tint a Francfort la première 1 conférence folennelle des ambaffadeurs préI fens, pour procéder a l'élection d'un nouvel empereur d'Allemagne. II fe tint trois conférences par femaine a ce fujet jufqu'au 30 I feptembre de la même année; jour auquel I Léopold II fut proclamé.  Autres préparaüons pour les conférences électives. I-/ORSO_UE le temps et le lieu pour une diète d'élection font défignés, les officiers municipaux de la ville défignée en font avertis par un mandement particulier de l'électeur de Mayence, comme directeur du. college électoral et archi-chancelier de 1'empire , et par un fecond de la part de l'électeur le grand-duc de Tofcane :n ayant pris le commandement le 6 juillet fuivant, et 1'arméefranqaife ayant repalfé le Rhin, les obftacles ceffèrent D %  5z =========== Tous les électeurs ou leurs ambaffadeurs affiftent a ces conférences, qui fe tiennent dans une des falies de fhötel de ville de Francfort, que Ton nomme ordinairement le Ramer. Ces conférences font connues fous deux différentes dénominations , les conférences préliminair es, ou préparatoires et la grande conférence. Dans les premières on s'occupe de la légitimation des pleins pouvoirs; a prêter les fermens d'ufage, dont un eft, de ne point révéler ce qui fe traite dansles conférences; du cérémoniel, et de tous les autres points relatifs aux circonftances, qui pourraient caufer des obftacles dans la conférence grande , ou principale. Le nombre des féances de ces conférences n'eft point fixé. II y en eut quatre de tenues a l'élection 1741 et trois a celle de 1745. La conférence grande , ou principale ne commence que lorfque les préparatoires font terminées, et le jour fixé par le collége des électeurs pour fon ouverture. Les objets de cette conférence font de délibérer fur l'élection actuelle et fa conclufion; fur les points de la capitulation que doit figner le futur empereur; fur la forme du ferment de fureté  1 ' " 53 ;qu'ildoitprêter;etfurl'évacuation de Ia ville Ide tous les étrangers qui s'y trouvent lors ] de l'élection, etc. C'eft le maréchal héréditaire Ide 1'empire qui annonce les féances qui fe tiennent le matin au Rcemer auxquelles il eft tres-rare que les électeurs préfens affiftent. :en perfonne. Les ambaffadeurs s'y rendent ! én grande cérémonie précédés ordinairement ide trois carroffes a fix chevaux et de leur 'fuite. Cependant il eft libre a leurs cours Ide régler la manière dont elles jugent a pro!pos qu'ils s'y rendent. Dans cette marche chaque ambaffadeur eft précédé de fa fuite. A chaque feflion un détachement de Ia Igarnifon , commandé par un officier d'un rang fupéricur eft en parade devant 1'hötel de ville, et chaque fois qu'un ambaffadeur I y entre , ou en fort, on lui rend les honneurs i militaires. Au bas de 1'efcalier du Rcemer, ainfi qu'a. la porte de la falie oü fe tiennent les conférences, font placés des hallebardiers. LorsI qu'un électeur ou un ambaffadeur defcend 1 de voitui e , il trouve au bas du même efcalier ■ quatre députés de la municipalité dont deux 1'accompagnentjufqu'alafalie des conférences;  54 lorfquil en fort, il n'efb accompagné que jufqu'au haut de 1'efcalier. Le maréchal héréditaire de 1'empire recoit les électeurs qui viennent aux conférences a la defcente de leur voiture , et les y reconduit de même lorfqu'ils en fortent; mais il ne recoit les ambaffadeurs qu'au haut de 1'efcalier et ne les reconduit que jufque-la. Tant que dure une féance du collége électoral, le maréchal héréditaire, le maréchal des logis de 1'empire et les quatre députés de la municipalité font obligés de fe tenir devant la porte de la falie oü ellé fe tient. II n'y a que ces 6 perfonnes et 1'huiffier qui ouvre et ferme la porte de cette falie, qui puiffent y être. La fuite des électeurs et des ambaffadeurs les attend dans une des grandes falies adjacentes , ou dans une autre pièce préparée a eet effet. Lorfque toutes les perfonnes qui doivent affifter a la féance de: la diète d'élection font arrivées , chacun fe rend a la place qui lui eft affignée par le réglement des conférences préliminaires. On' nomme banc des reprc'fentans ou fièges latérauxl 1'endroit oü fe placent les électeurs préfenl ou leurs premiers ambaffadeurs. Ils fiègent dans 1'ordre fuivant:  55 I'é'lec- L'élec- félec- L'élec- L'élec. 1,'élec- T/élee- L'électeur teur teur teur teur teur teur tetir de Pala- de de de de de de Biande- tin. Euhè- Mayen- Trè- Colo. Saxe. Brunfboutg. me. ce. ves. gne. wie. 7 5 4 1 3 3 6 8 Les feconds ou troifièmes ambaffadeurs des électeurs fiègent a la table des propofans ou votans. Ce banc eft ainfi nommé parceque ceux qui y fiègent portent la parole et votent. Les fecrétaires d'ambaffade, ou delégation, ont auffi féance, ou table, dans la falie des conférences. Dans les feffions c'eft ordinairement l'électeur de Mayence qui dirige les opérations par 1'organe de fon votant qui eft fon chancelier. C'eft lui qui ouvre la première feffion par un difcours relatif a Ia circonftance , dont la teneur ordinaire eft: 3, On falue et fouhaite une bonne fan té „ aux électeurs et a leurs repréfentans, afin b que cette affemblée parvienne plus aifé„ ment au but qu'elle fe propofe, a quoi „ l'électeur de Mayence employera toute p 1'activité poffible. „ On y répond par une approbation.  %6 ===== Enfuite on s'occupê de 1'examen des pouvoirs qui doivent toujours être écrits fur parchemin; puis chaque ambaffadeur annoncé quel miniflre et confeiller doit affifter aux feffions. Toutes ces formalités font minutées fur-le-champ pour être portées fur le regiftre des actes de 1'affemblée. Ces affaires étant terminées, on procédé a la preftation du ferment de tous les affiftans , concernant le füence a garder fur les délibérations de 1'affemblée ; mais le célèbre publicifle J. J. Mqfer affure que pour un carolin on peut fe procurer la copie du procés-verbal de chaque feffion, Oü fe trouve le détail le plus exact des délibérations. Chaque point propofé fe décide a la pluralité des voix , a moins que ce ne foient des matières de rcligion ou le droit d'un feul , dans lefquels cas chaque parti foutient ce qu'il a avancé , ou cherche a arranger les points en difcuffion par un accommodement. On a des exemples que des cas dont la décifion préfentait de grandes difficultés , ont caufé la diffolution de la diète. [a) (n) Ainfi qu'il arriva en 1745 , les ambafladeurs de 1'électeui- Palatin et de Brandebourg fortirent de la ville  -■i- 'l 57 Le nombre des grandes feffions pendant les diètes n'eft pas fixé. II s'en tint 26 en 1711; 49 en 1742; 12 en 1745, et 10 en 1764. A la diète de 1790, depuis le 11 aoüt jufqu'au 30de feptembre, jour de l'élection de Léopold, il s'efl tenu trois feffions par femaine. Souvent même les feffions de la diète continuent après l'élection, et même après le couronnement. Sujets de délibération dont s'occupe la diète, fur-tout pour ce qui concerne la capitulation impériale. D'APRÈS la loi énoncée dans la bulle d'or, 1'objet principal , dont doit s'occuper la diète d'élection, eft uniquement d'ciirc un roi des Romains, comme futur empereur. Depuis le règne de Charles V il a paffe en coutume de préfenter a chaque roi des de Francfort, oü fe tenait la diète et fe retirèrent a Hanau , paree qu'on ne voulait pas acquiefcer a leur réqiülition , qui était de différer l'élection de quelques femaines. Note de f auteur.  58 Romains, ou empereur nouvellement élu , une nouvelle capitulation , et cela demande néceffairement toute la réflexion des membres de la diète, et par conféquent du temps. II n'eft jamais fait mention du candidat au tröne ïmpérial avant la rédaction de 1'acte qui 1'y élève, quand même on connakrait d'avance celui fur qui le choix doit tomber. On entend par capitulation impériale ou de l'empereur, un acte de convention folennelle paffé entre les électeurs , les états de 1'empire, et généralement tout 1'empire d'une part, et le nouvel empereur d'une autre, par rapport au gouvernement de 1'empire, et que le nouvel empereur doit jurer d'obferver. Cette capitulation devient une des plus importantes lois fondamentales de 1'empire , en ce qu'elle oblige non-feulement l'empereur en vers 1'empire, mais même lie encore les électeurs, les princes , et les autres états entr'eux. L'hiftoire nons apprend , il eft vrai , que les anciens rois d'Allemagne, a leur avénement au tröne, promettaient folennellement de conferver a chaque électeur, chaque prince et état.-ies rangs , titres, privilèges  —-• 59 et libcrtés dont ils avaient joui jufqu'alors , et de les protéger de tout leur pouvoir. Mais ces promefles font fans contredit bien différentes des capitulations qui ont été dreffées depuis Tavénement de Charles V au tröne impérial. Après le décès de Maximilien I en 1519, il y eut un intenègne de prés de fix mois. Charles, roi d'Efpagne et petit-fils de Maximilien, afpirait a 1'empire; mais il avait en Francois I, roi de France, un grand concurrent ; il 1'emporta enfin après avoir furmonté plufieurs obftacles. On craignait en Allemagne, que Charles ne s'engageat dans quelque gucrre étrangère , et qu'il ne voulüt, k 1'aide des Efpagnols, gouverner I'Allemagne comme il gouvernait 1'Efpagne. Cette crainte détermina les électeurs, a offrir la couronne impériale a Frédéric le fage , électeur de Saxe, qui, étant ami de Charles, la refufa, et engagea fes co-électeurs a élire le roi d'Efpagne. Mais en même temps il leur donna un fage confeil, qui fut que le collége des électeurs fit dreffer un acte oü feraient énoncées des conditions, par lefquelles 1'empire ferait protégé contre les attaques de la  6o g tyrannie et du defpotifme, et les états en fureté contre celles que fon pourrait faire a leurs droits, privileges et libertés ; que eet acte ferait préfenté au nouvel empereur pour qu'il 1'acceptat et en jurat 1'obfervance. Le vrai but primitif de la capitulation était donc de reftreindre dans de juftes bornes la puiffance impériale , qui jufque-la s'était étendue de plus en plus , et de rétablir et entretenir la paix et la tranquillité mutuelle entre le chef et les membres de 1'empire. La capitulation qui fut dreffée pour Charles V, n'eft que de onze pages in-4°- d'impreffion ; mais a chaque élection 1'expérience du paffé mit les électeurs et états de 1'empire dans lanéceffité indifpenfable den augmenter les claufes; de facon que la capitulation que feu l'empereur Jofeph II figna , était de quatre-vingt pages in-40. d'impreffion {a). L'empereur Rodolphe II ayant refufé de donner audience a des envoyés de quelques états qui la follicitèrent, donna lieu d'inférer O) On a auffi ajouté quelques articles a la capitulation de l'empereur Léopold II, dont il fera parlé dans le fupplément. Note ie Vauteuv.  eu un nouvel article dans la capitulation de fon frère et fucceffeur Matthias , par lequel il était expreffément dit, que l'empereur donnerait il 1'avenir une prompte audience aux envoyés des états. L'empereur Ferdinand II ayant mis Frédéric V, électeur palatin , au ban de 1'empire de fa propre autorité, fans le confentement des électeurs ; ce coup d'autorité engagea les derniers a ajouter dans la capitulation de Ferdinand III, fon fils ainé et fucceffeur, la claufe expreffe , que l'empereur ne pourrait mettre qui que ce foit au ban de 1'empire, a 1'infcu des électeurs, ni fans leur confeil et confentement. Depuis Charles VII on a ajouté beaucoup d'additions aux articles des capitulations des empereurs, et comme la propofition qui fut faite alors , de rédiger une fois pour toutes une capitulation perpétuelle , ne fut pas unanimement approuvée par le collége électoral , il eft néceffaire d'en rédiger une nouvelle a chaque élection. La capitulation du dernier empereur fert ordinairement de bafe a la diète des électeurs pour la rédaction de celle qui doit être faite  62 pour le nouvel élu ; on en lit et difcute les articles dans les féances , on recueille les fuffrages, et y ajouté les avis donnés par les électeurs ou les autres états de 1'empire, qui ont été approuvés. Continuation du précédent. Il n'y a encore aucune décifion exacte qui indique les matières qui doivent être inférées dans les capitulations, et fi les divers articles qui s'y trouvent, font de fon reffort ou de celui de la haute jurischction de 1'empire. Avant l'élection de l'empereur Matthias , en 1612, 1'hiftoire ne nous fournit aucun exemple que les princes et autres états de 1'empire ayent contefté, ni même révoqué en doute, que le droit de dreffer les articles de la capitulation d un empereur nouvellement élu , n'appartint exclufivement aux électeurs. Ce fut lors de la tenue des conférences pour cette élection, que fut agitée pour la première fois la queftion : Si les princes et les autres états de 1'empire ne devaient pas auffi concounr par leurs avis  ===n 63 a la rédaction de eet acte, qui, étant confidéré comme fefant partie des lois fondamentales de 1'empire , intérene tous les états, ou fi les électeurs continueraient a le dreffer fans leur participation ? La queftion refta indécife pour cette fois; mais lors de la conclufion du traité de Weftphalie, les couronnes de France et de Snéde infiftèrent fur la décifion de cette importante affaire, qui pour lors ne fut pas encore décidée, mais renvoyée a la prochaine diète, comme un réglement quï exigeait les plus müres délibérations. Les princes et les états toujours attentifs a eet objet, clierchèrent 1'occafion de faire valoir leur droit a l'élection de Ferdinand IV en 1653 (a), et les électeurs le leur cédèrent , d'autant plus volontiers que cela fymparhifait avec les lois de 1'équité; avec cette reftriction qu'ils admettraient les propofitions des états dans la capitulation de l'empereur et en feraient ufage , fi ces mêmes propofitions étaient («) II était fils de Ferdinand III, et Fut élu roi des Romains a la diète d'Augsbourg le 31 mai 1653 , mais il ne parvint point au tröne impérial, étant mort prefque fubitement le 29 juin 1654. Nots de 1'auteur.  64 ===== conformes aux conftitutions de Fempire , ainfi que doit 1'être toute la capitulation ellemt-me. Depuis ce temps, non-feulement les électeurs acceptent en partie les propofitions des princes , mais ils les infèrent parmi les articles de la nouvelle capitulation ; pour eette raifon il eft dit que la capitulation a été rédigée par les princes et états de 1'empire , ou au nom du Saint empire Romain. II y a eu dans ce fiècle un électeur qui a voulu difputer ce droit aux princes et ne leur accorder que celui de recommandation, oü les villes impériales ne devaient mème faire que de très-humbles remontrances. Force de la capitulation de Fempire. I-/A capitulation de fempire devient par fon effet une des principales lois de fempire, qui non-feulement circonfcrit exactement les bornes du pouvoir impérjal , mais unit enfemble les états de 1'Allemagne et ceux qui en dépendent, y compris les fiefs fitués en Italië; c'eft par cette raifon que l'élection d'un  65 . d'un empereur influe autant fur ce pays que ! fur 1'Allemagne. Elle ne pcrd rien de fa force a la mort d'un empereur, paree que le confeil aulique 9 du vicariat et le tribunal de la chambre J impériale, règlent dans de certains cas, leurs Si décifions d'après elle. i Prêparatifs qui précédent l'élection. Lorsque les électeurs ont achevé la nouj veile capitulation pour le futur empereur, I ils fixent le jour auquel fe fera l'élection. i Pendant un interrègne le collége électoral i doit encore s'occuper de certains prêparatifs indifpenfablement néceffaires. On diftingue ;i parmi eux, le ferment de confiance , que la i ville oü fe fait l'élection doit prêter, d'après ) le réglement exprès de la bulle - d'or en c préfence du collége électoral; et 1'évacuation de la ville par tous les étrangers. Lorfque le jour auquel la ville doit prêter s le ferment par devant le collége des électeurs, l efl fixé , les officiers de la municipalité en font avertis par une députation, qui leur E  66 ===== remet en même temps par écrlt le formulaire du ferment. Au jour indiqué, les officiers municipaux fe rendent en grand cortège dans une des falies de Fhötel-de-ville, ou Roemer, préparée a eet effet; la, en préfence de tout le collége des électeurs , et de-s premiers ambaffadeurs a la diète d'élection, ils prêtent le ferment folennel entre les mains de l'électeur de Mayence, ou de fon premier ambaffadeur, en lui donnant Ia main. Tous les officiers del'état major etles capitaines de la garnifon, font admis a la même promeffe folennelle, et s'y obligent en donnant auffi la main. Puis toute labourgeoifie et toute la garnifon, depuis le lieutenant jufqu'au foldat, qui fe trouvent raffemblés fur le mont du Roemer, prêtent le ferment entre les mains de l'électeur de Mayence, qui leur eft lu d'un balcon de 1'hötel-de-ville, oü font raffemblés a eet effet toutle collége des électeurs etles ambaffadeurs a la diète d'élection. La formule de ce ferment eft concue a-peu-près en ces termes: „ Vous tous, maire , bourguemaïtre et „ confeillers, devez premièrement promettre „ et vous obliger envers 1'illuftriffime prince , „ Monfeigneur • N.. N.. archevêque de  ===== 6> „ Mayence etc. pour lui-même et au nom „ de tous les électeurs, de même que les „ plénipotentiaires des électeurs , leurs con„ feillers accrédités , ambaffadeurs et envoyés „ ici préfens ; pour vous-même et au nom de toute la bourgeoifie commife h vos „ foins , des troupes et de tous ceux qui „ fe trouvent fous votre direction ; vous „ rendre folidaires pour vous , et pour tous ceux qui dépendent de la jurifdiction „ municipale ici préfens ; ce que vous „ affirmerez par ferment: Que vous appor,, terez tous vos foins et la plus exacte „ fidélité , a protéger , défendre et garder „ tous les électeurs ici préfens, et chacun „ des ambaffadeurs des abfens; les perfon„ nes de leur fuite y compris, les 200 chevaux, „ et enfin tout ce qui leur eft attaché et qui „ leur appartient , tel qu'il eft mentionné „ dans 1'état qui en a été remis a votre „ compagnie par le fourrier qui 1'a apporté „ a Francfort , fous les peines et punitions „ portées par la bulle-d'or; et que pendant „ le temps que durera l'élection d'un roi des j, Romains, vous vous conformerez en tout „ a fon contenu; que pendant ce temps E 2  68 vous n'admettrez dans la ville qui que ce „ foit, de quelque état, qualité et condition „ qu'il puiffe être, ni ne lui permettrez d'y „ refter, a 1'exception des électeurs, leurs „ ambaffadeurs ou des gens a eux appar„ tenants; et après que tous les électeurs, ,, leurs ambaffadeurs et leur fuite feront entrés dans ladite ville de Francfort, vous en „ ferezfortir tous les étrangers. Vous,maire, „ bourguemaitre et confeillers , et autres, „ obferverez tout ce que deffus, d'après „ votre ferment, fous les peines portées par „ les ordonnances. Ainfi donnez vos ordres ,, en conféquence, et veillez a ce qu'ils foient „ obfervés , fuivant qu'il a été réfolu , conclu „ et approuvé par le collége électoral, et „ qu'il vous a été enjoint. ,, Quoique par un réglement de la bulle d'or, il foit expreffément ordonné , que pendant qu'on procédé a l'élection aucun étranger ne peut refter dans la ville, s'il n'eft pas de la fuite d'un électeur ou d'un ambaffadeur ; cette ordonnance n'eft plus obfervée avec autant de rigidité que par le paffé. On comprend fous la dénomination d'étrangers qui ne doiyent pas refter dans la  .. — ji ville pendant 1 election , ceux qui n'y ont i pas le drcrit de bourgeoifie ni d'habitant, et I ceux qui ne font pas fous fa jurifdiction. Ij Les feigneurs même qui font partie des | états de fempire , qui pofsèdent des maifons I dans la ville , ou qui yréfident ordinairement, I font priés d'en fortir dans cette occafion. . Le nonce du pape , de même que les envoyés >f des états étrangers relevans de fempire , en >' fortent. Mais les étrangers qui ont obtenu < des difpenfes de la diète d'élection, ou qui I font fous la protection d'un électeur ou de 1 fon ambaffadeur, et qui en conféquence font 1 regardés comme faifant partie de leur fuite, 1 peuvent refter dans la ville, même le jour •. de l'élection. Ceux des étrangers qui ne font I point mums des exemptions ci-deffus men- I tionnées, et qui par conféquent ne peuvent 1 pas refter dans la ville, font avertis le foir i du jour avant celui fixé pour l'élection, d'en fortir. En conféquence de cette indulgence qui [ dans le fond eft une infraction au réglement i expres de la bulle d'or, on publie un décret < de difpenfation ( Decretum faloatorium ) , par 9 lequel on déclare : qu'oh s'eft relaché pour  7° ===== cette fois feulement, par rapport au féjour des miniftres et des députés des états étrangers dans la ville , jufqu'aujour de l'élection ; mais qu'a favenir on fe conformera aux termes de la bulle d'or. On ferme les portes de la ville, fitöt que les étrangers en font fortis ; puis les clefs font dépofées dans deux caiffes fermant a clefs, qui font portées par une députation de la municipalité chez l'électeur de Mayence, qui les fait demander, et oü elles reftent en dépot. On s'écarte dans bièn des cas, avec raifon, des régiemens prefcrits par la bulle d'or, paree que les circonflances ont changé avec le temps. De ce nombre eft entr'autres celui qui prefcrit que les électeurs ou leurs repréfentans élifent un nouvel empereur dans le terme préfix de trente jours , a dater de celui auquel ils ont prêté le ferment, ou, dans le cas contraire , ils doivent être condamnés , a compter du trente-unième jour, au pain et a 1'eau pour tout aliment, jufqu'a ce qu'ils ayent enfin fixé leur choix. Apréfent la preftation de ferment n'ayant lieu qu'après quq tous les membres du collége électoral font  Jfc ======= ?t d'accord fur le clioix du candidat qu'ils doivent élire, ce reglement devient nul. Qualités que 1'on requiert dans le candidat qui afpire au tróne impérial. .A.VANT que de parler des cérémonies qui fe pratiquent lors dc l'élection et du couronnement, nous croyons néceffaire de faire mention des qualités que fon exige que pofsède le futur empereur. Plufieurs auteurs qui ont écrit fur le droit public, ont traité cette matière dans beaucoup de volumes, avec beaucoup d etendue. Ils onf entalfé hypothèfe fur hypothèfe; quoique la bulle d'or, qui doit être regardée comme la feule loi fondamentale, s'explique auffi fuccinctement et nettement fur ce fujet que les premiers y emploient de prolixité. Charles IV dit expreffément dans cette bulle : que 1'on doit choifir un homme jufte , bon et utile, homo jujlus, bonus ct utilis. Dans le ferment qui précède l'élection , et dont nous parlerons ailleurs, il eft dit qu'il faut élire un empereur  73 n A Capable, idoncum. Ces défignations générales ont donné lieu a une fi grande quantité de queftions fur la nature des qualités que doit pofséder un candidat au tröne impérial, que nous nous trouvons néceffités d'en citer quelques-unes. Le roi, ou empereur des Romains doit - il être d''origine allemande ? Les lois de fempire ne défendent nulle part aux électeurs d'élire un prince étranger, et fi la pluralité des voix dans le collége électoral décidait en fa faveur, l'élection ne ferait certainement pas déclarée illegale. Les élections de Richard de Cornouailles et d'Alphonfe d'Arragon , font une preuve de ce que nous avancons, mais ce fut dans un temps antérieur a la publication de la bulle d'or. En 1534 l'empereur et l'électeur de Saxe propofèrent la queftion : comment on en agirait vis-a-vis d'un étranger , ou de quelqu'un, qui ne ferait pas né allemand, qui aurait été élu empereur ? Le collége électoral ne décidapas plus cette fois-ci qu'il ne le fit aux élections de Charles VII et de Francois I oü elle fut de nouveau propofée et difcutée.  f - 73 De quelle condition doit être l'empereur ? Cette queftion n'eft pas encore décidée monplus. Mais comme l'empereur eft le premier juge né de 1'empire, qu'il 1'eft de Ja plus haute noblefle et que lui-même ne peut ;être jugé que p;ir fes pairs ; il s'cnfuit que 1'afpirant au tröne impérial doit être né de la première condition. On peut choifir un empereur dans toutes les claffes de la haute nobleffe, entre les électeurs, les ducs, les princes, margraves et landgraves , les anciens comtes et dynaftes , [a) ainfi qu'il eft prouvé par 1'hiftoire. (b ) La plupart des princes qui font parvenus a fempire avaient des fouverainetés; le feul IJofeph II a de nos jours fait e\.ception a cette règle, n'étantparvenu a la fouveraineté ides états dont il était héritier préfomptif i (a) Souverain dont les états font peu confidérables, et qui relèvent d'un autre fouverain plus puillant qui eft fon fuzerain. (b) Charles VII était électeur de Bavière; Conrad III et Fréderic I ducs de Suab^ ; Robert on Rupert comte palatin du Rhin. Les empereurs Rodolphe I comte de Habsbourg, Rodolphe de Naffau , Henri VII de Luzelbourg ;t Gunther de Schwartzbourg, étaient auffi comtes. Notc \e ViuUeiir.  74 ■■ ■ que quelques années après fon intronifation a fempire et après la mort de fa mère 1'impératrice reine Marie Thérèfe en 1780. Un prince qui aurait embrajjë ïétat ecclc'Jiafiique peut - il parvenir au tröne impérial? II n'y a pas d'apparence qu'un eccléfiaftique puiffe parvenir a la dignité impériale. Les raifons que quelques anciens publiciftes alléguent pour démontrer 1'incapacité des eccléfiaftiques a afpirer a fempire ne feraient pas difficiles a retorquer ; c'eft un principe prefque généralement recu a préfent, que ni les lois fondamentales de fempire ni la juftice civile ne feraient lezées li le choix des électeurs: tombait fur un eccléfiaftique. II eft même: vraifemblable que dans un cas pareil le pape: ne ferait aucune difficulté d'accorder un brefl de difpenfe. La France , lors de 1'élection' de 1'archiduc et roi Léopold I en 1658 fe: donna tous les mouvemens poffibles pour le; faire exclure ; et ce plan auquel l'électeur 1 de Mayence avait beaucoup de part, n'ayanti pas réuffi, ces deux cours propofèrentl'onclei de Léopold qui était grand maitre de 1'ordre(  75 , teutonique et évêque. (a) Cependant Léopold I fut élu empereur. Une femme peut-elle parvenir d 1'empire ? O) II eft encore a remarquer que 1'ambition de'mefure'e I de Louis XIV portait alors ce prince a afpirer a 1'empire; 1 qu'ayant fait entrer dans fon projet les électeurs de Mayence' j de Cologne, de Bavière et Palatin. Ces 4 princes fecondés i par les infinuations du maréchal de Grammont ct de M. de Lionne , propofèrent ie monarque francais , qui s'était ■ avancé jufqu'a Metz, pour donner plus depoidsauxpropofij tions.Lesquatre autres électeurs les rejettèrent en alléguant les i prétextes qui avaient fait exclure Franc/us I en 1519. Ce J projet ayant, manqué les électeurs de Mayence, de Cologne et Palatin, aidés du crédit de la France offrirent la coui ronne impériale ;\ l'électeur de Bavière, et les ambalTadeurs 'de Louis XIV lui offrirent, au nom de leur maitre un million d'écus, pour en foutenir 1'éclat; mais Marie-Anne • d'Autriche , tante de Léopold roi de Bohème , qui avait i beaucoup de crédit fur 1'efprit de ce prince , 1'engagea a refufer toutes propofitions. Les trois électeurs propofèrent : alors le grand-maitre de 1'ordre teutonique , qui était en fjnême temps évêque de Strasbourg et de Paffau; mais 1'amfbalfadeur d'Efpagne, a force d'intrigues et de largefTes ' parvint auffi a éloigner ce concurrent. Les trois électeurs' 0propofèrent eficore le comte palatin duc de Juliers et de Nenbourg; ce que voyant les autres éiecteurs, ils décla) rèrent que fi 1'on n'élifait pas 1'archiduc Léopold roi de Hongrie et de Bohème, ils fe retireraient a Ratisbonne oü gsprocéderaient a fonélection. Lesantagoniftesdece prince, icraignant un fchifme , et les ambalTadeurs de Louis XIV :s'etant défiftés, 1'archiduc Léopold fut élu.  ?6 ===== Cette queftion n'eft pas décidée par la bulle d'or, car il n'y. eft pas dit exactement un homme, mais auffi une perfonne, homo, [a) fera élu. II n'eft cependant pas a foüpconner que les électeurs élèveront une femme a cette dignité ; paree que 1'occafion qui s'eft préfentée en 1741 et 1745 de pouvoir le faire , 11'ayant pas été faifie, il fe paffera peutêtre quelques fiècles avant qu'elle fe préfente. Les lois de fempire ne ftatuent rien non plus fur fage des candidats a. la couronne. II n'eft pas a révoquer en doute qu'un enfant mineur n'y puiffe parvenir. Jofeph I n'avait pas douze ans lorfqu'il fut élu ; il eft dit dans fa capitulation qu'il ne prendra les rênes du gouvernement que lorfqu'il aura atteint fa dix-huitième année ; mais par une convention particuliere du collége des élec- | teurs , il eft ftipulé, que fi l'empereur, père : de Jofeph , vient a mourir avant qu'il ait: atteint eet age , il fera majeur a la feizième: année. («) On peut exprimer, homo, en aliemand de deux 1 Facons, Maan, homme; ou Jllcnfch , qui fignifie auffi t homme , quelqu'un, ou une perfonne.  77 Par le I3e article § 9. de la capitulation, il eft accordé aux vicaires de 1'empire, d'affembler une diète impériale pendant la minorité ; article que les princes leur conteftent encore. Ces deux exemples démontrent qu'on peut élever au tröne impérial un enfant mineur. Une queftion qui n'eft pas moins importante eft celle-ci: Qiiclle religion doit profcjjer l'empereur et roi des Romains? Les lois de fempire exigent abfolument qu'il foit chrétien ; mais il n'y en a aucune qui dicte laquelle des deux religions tolérées en empire il doit profeffer. II était impoffible que la bulle d'or en fit mention, ayant été publiée un fiècle et demi avant la réformation ; et dans les lois de fempire publiées depuis , il n'eft pas fait mention qu'un candidat de la couronne impériale de la confeffion d'Augsbourg puiffe être élu. La décifion de ce doute fe trouve dans le traité deWeftphalie, oü 1'égalité des deux religions eft admife par rapport au vicariat de fempire en fabfence de l'empereur ; cette dignité pouvant être  exercée par un prince proteftant, comme ü eft arrivé les années 1612 et 1619. (a). Les preuves que 1'on pounait alléguer : que jufqu'a préfent aucun prince proteftant n'a été élu empereur ne peuvent être admifllbles ; paree qu'il eft pojfibie que ce qui na pas encore eu lieu, arrivé. U n'eft cependant pas a préfumer que le cas exifte fitöt, paree que dans le collége électoral les fuffrages des électeurs de Mayence , Trèves, Cologne , Bohème et Palatin , qui font catholiques, ont une fupériorité marquée fur ceux de Saxe , Brandebourg et BrunswicHanovre. L'électeur de Saxe, quoique catholique , trouva en 1741 tant d'obftacles a fes prétentious a 1'empire, qu'il fut forcé de s'en défifter. . ,. ' II fepréfente encore une queftion : Sü.fafd que le candidat d 1'empire foit pojjeffeur d'e'tats qui lui donnent une forte de puijjance ? («) L'électeur de Saxe profeflait le Luthéranifme et l'électeur Palatin le Calvinifme. L'un et 1'autre exercèrent le vicariat de 1'empire a ces deux époques. ( 6) Ouoique l'électeur de Saxe et une partie de fa coun profetTent le catholicifme, la nobleffe et les autres membres, quicompofentles états dupays profeffent leLuthéranifme, et tous les tnounaux lont compotes ne memui« ^  79 Les publiciftes affurent qu'un empereur trop pu.rTant/eraitauflïpréjudiciablepourrempire i que celui qui ferait trop faible. Les préro; gatives des états d'Allemagne feraientfouvent f en danger fous Ja puiffance du premier, comme I le prouvel hiftoire des règnes de Charles V et de Ferdinand II; et dans le fecond cas ce ferait la dignité de l'empereur qui perdrait de fon eclat, et avec elle celle du maintien de Ja tjuflice dans 1'empire ,dont Ie règne de Charles V II nous fournit 1'exemple. L etat de modicité ou font réduits les revenus de Ja couronne imperiale, force Ia politique de préférer, au defaut d un état mitoyen , un prince puilfant, a celui qui n'a que des revenus modiques. Nous ajouterons aux remarques que nous ivons faites par rapport aux qualités que doit ooffeder un afpirant au tröne impérial, pielques réflexions par rapport aux qualités urfonnelks que 1'on requiert dans ceux qui clifent Nous, les électeurs duSt. empire Romain „ et les plénipotentiaircs ici préfens des élec35 teurs abfens, après nous être affemblés ici ; * aujourd'hui, dans cette églife , et après iw avoir obfervé toutes les formalités ordon, j> nées par la bulle d'or concernant l'élection K d'un roi des Romains, futur empereur, M nous avons procédé a la fufdite élection 3, au nom du Tout-puiffant , et après la 13, collection des fuffrages nous avons élu 13, unanimement N. N., que nous reconnaifi „ fons être en état de remplir cette dignité, \ j> qui, par les preuves qu'il en a déja données, . ,, peut être utile a Fempire. Lefquels fuffra, 33 ges, déja donnés , nous répétons a préfent . ,3 en faveur de N. N. et les lui donnons dans : M les formes les plus folennelles. L'électeur de Mayence interpella les élec-  jo4 ■ 1 teurs et les ambalTadeurs préfens de lui déclarer : Si tels nétaient pas leurs fentimens et leurs volontés ? a quoi tous répondirent: Oui. Tout ceci fut encore joint au protocole des notaires. L'électeur demanda de nouveau : Si parmi 1'aJJenihlée il fe trouvait quelqu'un charge des pleins pouvoirs de C empereur élu , pour accepter et jurer d fa place la capitulation ? Comme il fe trouve ordinairement quelqu'un parmi les ambaffadeurs chargé de cette commiffion , le ferment fut prêté fur le champ, et les notaires en drefsèrent acte. Alors le chancelier de l'électeur de Mayence préfenta a ce prince 1'acte de proclamation, et il en fit auffi-tót la lecture dans le conclave ; et fi le nouvel élu eft préfent, ou fon ambaffadeur, tous les membres du collége électoral lui adreffent leur compliment de félicitation. Après cette formalité les portes du conclave s'ouvrirent, les votans en fortirentpour ferendre dans le chceur de 1'églife , précédés du maréchal héréditaire de fempire, et montèrent a la tribune, magnifiquement décorée a eet effet, oü fe trouvèrent des fiéges pour les électeurs qui s'y placèrent chacun fuivant fon rang. Derrière chaque électeur  105 fe placa le maréchal héréditaire de fa cour avec fon baton. Puis l'électeur de Mayence remit a un des chanoines capitulaires de fou 'chapitre copie de la proclamation. Le maréchal des logis de fempire ouvrit les portes de 1'églife ; 1'entrée en fut permife au peuple, et la proclamation fut publiée comme il fuit. (a) n Les très-vénérables princes et feigneurs s L meffeigneurs et électeurs de fempire , j, s'étant affemblés par un motif d'équité pour ,3 procéder a 1'acte très-important de l'élection 33 d'un roi des Romains; leurs alteffes éleci33 toralesetles plénipotentiaires des électeurs 3, abfens , d'après 1'avis de leur confeil et 33 une müre délibération, ont élu, a lalouange ,3 et en 1'honneur du Tout-puilfant, pour le 3, bien et la profpérité du St. empire Romain „ et celui de toute la chrétienté, d'un con,3 fentement unanime, fa très-illuflre alteffe 3, féréniffime etc. etc. N. N. etc. etc. notre 33 très-gracieux fouverain , roi des Romains 33 et futur empereur; qu'ils ont élu et nommé («) Cette proclamation fut publiée après l'élection de il'empereur Léopold II par Monfieur le comte de Leyen , comte du St. empire et prévót du chapitre de Mayence. £?ote de l''auteur.  io6 u— .» „ au nom du Dieu Tout-puiffant ; laquelle „ élection unanime , electorale , j'annonce k J3 tous et un chacun , pour qu'il refpecte „ comme il le doit 1'illuftriffime élu. Vivat 55 Rex •' . — Tout le peuple répète Vivat Rex! Les trompettes etles timbales de l'électeur de Mayence jouèrent une fanfare; on fonna toutes les cloches de la ville et une falve de tous les canons des remparts concourut a annoncer eet heureux événement. Les électeurs , après être defcendus de la tribune, reprirent leurs places dans le chceur; puis on entonna le cantique Ambroifien, Te Deum laudamus qui fut exécuté par toute la mufique. C'eft ainfi que fe termina l'élection du roi des Romains, futur empereur. Les électeurs et les premiers ambaffadeurs fe rémirent en marche pour retoumer au Rcemer , dans le même ordre qu'ils avaient obfervé enfortant; pendant la marche de ce cortége on fit trois falves de f artillerie des remparts; et la troifième eut lieu lors qu'il entra dans: le Rcemer. Les électeurs entrèrent dans: leurs appartemens pour y quitter leurs habits électoraüx ; après quoi chacun s'em  ===== 107 retourna a fon hotel dans le méme ordre cérémoniel dont il en était forti. On rendit les clefs des portes de la ville qui furent r'ouvertes, et 1'on expédia des courriers k toutes les cours pour y annoncer la conclufion de l'élection. Lorsque le nouvel élu n'eft pas dans la ville oü fe fait l'élection , on lui députe une perfonne de la première iqualitépour lui annoncer la dignité a laquelle il vient d'être nommé. Lors de l'élection de Jofeph II ce fut Monfieur de Pappenheim, comte, et maréchal héréditaire du S'. empire, qui fut chargé de la part du collége électoral de fe rendre fur le champ aHeufenftam, oü ce prince était alors, pour lui annoncer verbalement fon élection. Le , lendemain le comte palatin, Frédéric de deux-Ponts, général de 1'armée de fempire, précédé de 52 poftillons, plufieurs maïtres de poftes , officiers et commiffaires, vint préfenter le diplome d'élection, le décret et la notification a l'empereur et au nouveau roi des Romains. L'empereur gratifia eet enivoyé d'un cadeau vraiment royal. (a) Le ( a) Léopold II arriva a Achaftenbourg le jour de fon élection. Les électeurs deMayence, deTrèves et de Cologne  nouveau roi en recevant le diplome d'élec-: tion , donna en même temps a chaque électeur oü a fon envoyé un exemplaire de la capitulation fignée de fa main auquel il a fait appofer fon fceau. Les officiers de la municipalité de la villeJ oü s'eft faite l'élection , ne manquèrent pas d'ordonner des actions de graces dans toutes les églifes fituées dans le territoire de leur domination , a 1'occafion de eet événement.!: Cette folennité eft annoncée la veille, par le fon des cloches de toutes les églifes de la ville et de celles de la campagne, que 1'on fonne pendant une heure. Cent coupsij de canon 1'annoncèrent encore le lendemainj matin. Une autre falve d'autant de coupsji fe fit a la fin du fervice divin, et une troi-t fe rendirent encore le même jour de Francfort en cettej! ville, oir fe rendirent aufli 1'archiducheiïe Chriftiue et Ie: comte de Pappenheim maréchal-héréditaire de fempire. Lei lendemain le prince Charles de Mecklenbourg StrélitzJI frère de fa majefté la reine d'Angleterre, chargé d'apporter| au nouvel empereur le diplome de fon élection, arrivaji accompagné du colonel comte a Ponte de Leon , précédélj: de 30 poftillons fonnants de leurs cors, ayant a leur têtetë un écuyer maitre de pofte. Le prince fut très-bien recu delf fa majefté impériale , qui le gratifia d'une épée d'or garnie de brillants. Note de 1'auteur.  io9 fième falve fut réitérée le foir du même jour. La ville de Francfort célébra cette fête le '3e Octobre 1790. le 4e jour après l'élection de Léopold IL Des prêparatifs pour le couronnement. Le collége électoral ne fe fépara pas après la clóture de l'élection; les électeurs reftèrent encore affemblés, foit pour arranger quelques affaires qui les concernent, foit pour régler les prêparatifs néceffaires a la cérémonie du couronnement de l'empereur. Les ordres oour faire venir de Nuremberg et d'Aixa-chapelle les joyaux de la couronne impériale , néceffaires a cette folennité , font ^xpédiés plutöt , lorsque le couronnement I! lieü quelques jours après l'élection. Ceux que 1'on conferve a Nuremberg en partirent e 27e feptembre 1790, et ceux que 1'on r.onferve a Aix-la-chapelle en partirent le <5 du même möis, pour être tranfportés a (francfort. La fuite des magiflrats qui les ;ccompagne eft très-nombreufe; et les villec  I lo de Nuremberg et d'Aix-la-chapelle, d'après d'anciens ufages , facrifient de groffes fommes dans ces occafions. Chaque électeur envoya un ambaffadeur au nouveau roi pour le féliciter de fa part, exemple qui fut fuivi de prefque tous les princes , états, et même des comtes de fempire, et de la ville oü s'eft faite l'élection. Lorfque le nouvel élu fe rendit a Francfort, les électeurs préfens et les premiers ambaffadeurs des abfens furent au-devant de; lui jufques hors de la ville; ils mirent pied: a terre a quelque diftance et s'avancèrent ki pied jufqu'a fa voiture; il en fortit et recut de l'électeur de Mayence les nouvelles; félicitations d'ufage, fur-tout par rapport a' fon heureufe arrivée. Après quoi il remonta] en voiture et continua fa route vers la ville: de Francfort, oü il fit fon entrée avec toutes la pompe poffible, fuivi des électeurs ett ambaffadeurs, qui avec toute leur fuite com-pofaient le cortége le plus brillant. II entrai dans la ville et fe rendit a 1'églife de S. Barthelemi au fon de toutes les cloches, mêlé:  ut k une falve de 300 coups de canon, (a) Le nouveau roi des Romains, après avoir fait fa prière, fe rendit dans le conclave, accompagné des électeurs, et de tous les ambaffadeurs, oü 1'on avait pofé fur 1'autel les articles de la capitulation qui avaient été dreffés pour lui, et oü était auffi pofé le livre des évangiles ouvert a celui de Sc. Jean, fur lequel il pofa les deux premiers doigts de la main droite et prononca le ferment, a-peu-près fuivant la formule qui fuit. " Nous N. N. etc. élu roi des Romains, n agréons, promettons, et jurons d'obferver „ fidèlement tout ce dont nous avons été 53 inftruit par les relations et les articles de „ la capitulation , rédigés , conflatés et 33 approuvés par les électeurs qui ont donné ,3 leur fuffrage pour notre élection, lefquels 33 ils fe font obligés folidairement et par 33 ferment de maintenir dans leur forme et 33 teneur, et nous nous obligeons en outrè 33 d'apporter tous nos foins a leur exécution, >3 ainfi que le doit un roi des Romains, en (a) L'entrée de l'empereur Léopold II, le 4e Octobre 1790, fut des plus fplendides. (On en trouvera la defcrif« toin dans le fupplément. Nott ie Vauteur.  112 „ quoi Dieu nous foit en aide et fon S'. „ évangile". Après la preftation du ferment, on chanta le Te Dcum laudamus, a la fin duquel le roi nouvellement élu, accompagné de tout le cortége fe rendit au palais qui lui était deftiné. Le même jout le roi envoya au collége électoral un acte reverfal figné de fa main etfcellé de fon fceau , [a] par lequel il promit de nouveau la plus fcrupuleufe obfervation des articles de la capitulation impériale. Depuis la cérémonie de la preftation du ferment jufqu'au couronnement, le nouvel élu ne prit que le titre de roi des Romains, et les électeurs lui donnèrent de bouche et par éerit les titres de férénijftme, trés-puiffant roi, ou votre majejlé Romaine. Le nouveau roi annonca fur le champ, fon élection a la diète des états de fempire affemblée a Ratifbonne qu'il avait accepté la couronne, et qu'après avoir fait ferment (a) Ce fut fous le règne de Sigismond que 1'aigle noire a deux têtes fut admife dans le feeau des armes de 1'empire, et y eft refté immuablement depuis ce temps. d'obferver  == U3 i d'obferver Ja capitulation, il avait pris les rênes du gouvernement («). Les vicaires de Fempire, fitöt après l'élection, font öter les patentes du vicariat, et retirer le fceau dont on s'était fervi pendant 1'interrègne a Ja chambre fouveraine de 1'empire ; tout ce qui a été décidé par les vicaires eft ratifié par le nouveau roi; et tous les actes concernant les affaires fterminées et celles non-terminées, doivent être remis dans 1'efpace de fix mois a la chancellerie impériale. Pour ce qui concerne Ja ratification impériale aux déerets rendus par les vicaires de '1'empire pendant 1'interrègne, on met encore en queftion s'il fuffit de leur ratification [générale, telle qu'elle eft mentionnée dans ia capitulation de l'empereur, ou fi une ratiification particulière eft néceffaire ? L'électeur («) A 1'article XXX de la Capitulation de l'empereur Francois I, §. 4. il eft dit : " Nous promettons & affirmons d'obferver la préfente capitulation; ce que nous jurerons „ en perfonne, par ferment, avant de recevoir la cou'„ ronne , et nous renoncerons 0 régner flutèt que d'y .nanquer." Ces dernières paroles furent omifes dans lx capitulation de Jofeph II; paree que fon père Franqois I Klit et régnait. Kete dei 'auteur. H  ii4 Palatin, et anciennement l'électeur de BavièrCj regardaient comme une loi indifpenfable de demander au nouvel empereur la ratification de leurs déerets, ce qui était accordé fur le champ. L'électeur de Saxe au contraire prétend que ceux qui font émanés pendant fon vicariat n'ont pas befoin de ratification, paree que le droit que lui donne 1'adminiftration de fempire leur donne affez d'efficacité. Auffi jamais les électeurs de Saxe n'ontils demandé de ratification , quoiqu'il y ait des auteurs qui affurent que l'électeur de Saxe Jean-George fait fait, ce qui eft contredit par d'autres écrivains, qui affurent de leur cöté , qu'il ne fe trouve aucun document dans les archives de fempire qui prouve cette affertion. Cependant la chancellerie impériale envoie a la fin de chaque interrègne a l'électeur de Saxe un acte de ratification; mais on le joint, fans 1'ouvrir, aux actes du vicariat. En en accufant la réception, la chancellerie électorale, après fes remercimens de cette attention , ajouté que eet acte n'était d'aucune néeeffité.  H5 Continuation for le méme fujet Defcription des joyaux de 1'empire. Chaque empereur nouvellement élu ayant accepté par ferment la capitulation qui lui eft préfentée, promet de fe faire couronner Ue plutot pollible; et comme il eft indifpenlifablement néceffaire d'^voir pour cette céréunonie les joyaiix de fempire, qui fe confer- vent dans les villes impériales de Nuremberg iet Aix-la-Chapelle, et qui confiftent en ce que fon nomme les ornemens et marqués de ia dignité imperiale et les rehques; le collége (électoral, ainfi qu'on 1'a remarqué plus haut, iprend de bonne heure les mefures néceffaires jpour fe les procurer. Les députés de ces Ivilles qui font chargés d'apporter ces effets :précieux, recoivent de chaque ville par ou pis palfent, le long de leur route, jufqu'a celle oü doit fe faire la cérémonie du cou[ronnement, une efcorte süre, des chevaux pour leurs voitures et des fecours de toute iefpèce. Lorfqu'ils approchent de la ville H 3  n6 défrgnée pour le couronnement, le maréchal des logis de 1'empire et des députés de la municipalité, vont a leur rencontre, les complimentent et leur font des préfens. Les députés de Nuremberg et d'Aix-la-Chapelle reflent en poffeffion du tréfor confié a leur garde jufqu'au jour du couronnement. Ce tréfor eft confervé a Nuremberg dans 1 'églife del'höpital, qui eft fous le vocal du SaintEfprit, et a Aix-la-Chapelle, dans la grande : églife, nommée Munfter. Dansles temps oü on ne reconnaiffait pour : véritable empereur que celui qui poffédait C ces joyaux (fl), ces princes les avaient tou-Vóurs avec eux, foit qu'ils fuffent en voyage,, ou a la tete de leur armée. On croit queft l'empereur Richard fut le premier qui depofaj f a-) Ce fut la poffeffion de ces omemens qui fit que l*o* xeconnut Conrad III de Hohenftauffen, duc de Francome,, pour légitime empereur en i,3B. Henri le Superbe, duc. de Saxe et de Bavière , fon compétiteur a 1'empire, qui, poffédait auffi quelques - uns de ces joyaux les m Lit. Conrad IV, avant de mourir envoya les o nemen* de 1'empire i Frédéric.II. Louis le jeune , ayant ets invefti de 1'électorat de Brandebourg par Charles IV remifc He prince en I55I les omemens et le tréfor de r»*»* dont il était en poffeffion.  les omemens de 1'empire k Aix-k- Chapelle |] pour y être confervés ( a ). L'hiftoire nous : apprend que l'empereur Louis de Bavière | portait ces joyaux avec lui dans toutes fes ::expéditions, et que fon fils Louis les remit, p après la mort de fonpère, a l'empereur Charles IV. II n'eft pas fait mention dans la bulle d'or de 1'endroit oü ils doivent être confervés. jLa guerre que l'empereur Sigismond eut k Ifoutenir contre les Huffites en Bohème, forca ce prince, pour mettre les joyaux et les ornetmens de la couronne impériale en fureté, de fes faire tranfporter du chateau de Carlftein ien Bohème, oü on les gardait, dans la ville de Nuremberg; et il en confia la garde k perpétuité au magiftrat, par des lettres parentes de fannée 1424, et le pape ordonna i cette occafion un jour de fête, et accorda des indulgences plénières. C«) Ils en furent probableraent enleve's depuis; car les "ftoriens marquent que Rodolphe de Hapsbourg, lorfqu'il ut couronne avec Anne de Hohemberg fa femme a Aixa-Chapelle en 1273, eet empereur manquant de fceptre >nt un crucifix, fur lequel il requt 1'hommage de fes nou,' :eaux lujets.  lig 1 On conferve d Nuremberg i\ La couronne impériale. Elle pèfe qua* torze marcs, cmq onces et fept huitièmes, elle eft doublée de velours rouge et haute d'environ un pied; elle eft de rigure octo, gone, et chacune de fes faces ou pans, font arrondies paren haut etjoinres enfemble par le bas; foudees et affermies p„r un cercle de fer[u). Quatre de ces faces ou pans font gar- («) Ce cercle de Fer défigne apparemment la couronne deLombardie, dont Charlemagne Fut couronné a Monza, après avoir vaincu et tué Ohlier, qui en Fut le d et nier roi. Tous fes fuccelfeurs de fa race furent couronnés rois des Lombards avec la méme couronne. Celle de Charlemagne dont on fe fert pour le couronnement des empereurs , et dont on donne ici la defcription. fut t.rée du tombeau de ce prince par Othon 111 pendant la diète qu'il avait alfemblée a Aix-la-Chapelle en 1001. Cet empereur , qui s'était donné Charlemagne pour modèle, fit ouvrir le tombeau de ce prince, que 1'on dit avoir été trouvé affis fur un tröne, et revêtu de tous fes ornemens impériaux Othon en tira tout ce que le temps et 1'humidité n'avaieut pas détruit; la croix d'or que le défunt inonarque avait pendue au cou.i fa couronne, fon fceptre, fon cimeterre , on dit auffi fon. livre d'Evangile , et une partie de fes vêtemens. Wagenri feil, natif de Nuremberg , puis profelfeur a AltorF, quii ■vivait encore au commencement de ce fiècle , a qui Louis XIV, pour marquer le cas qu'il faifait de fon favoir,i  - "9 nis de diamants bruts, et de perles, les autres font en émail, repréfentant des figures et des mots latins en lettres d'or. Le pan de devant efb plus haut que les autres; il eft garni de douze pierres précieufes de diverfes fortes, placées dans le même ordre que celles qui étaient fur 1'Ephod, ou pecToral du grandprêtre des Juifs ; et les intervalles qui féparent ces pierres font remplis par de groffes perles d'un grand prix. Sur la feconde face, ou champ, du cöté gauche de la couronne, peint en émail, eft repréfenté le roi Salomon , ayant la couronne fur la tête, et tenant dans fes deux mains un rouleau fur lequel on lit: Time Dominum et regem amato. ( Crains Dieu et aimc Ie roi). Au-deffus de la tête de la figure eft une légende, oü eft écrit: Rex Salomon, (le roi Salomon). La troifième face, ou champ, eft garni de dix faphirs et de dix grenats. La quatrième face auffi en émail repréfenté le roi David. Au-deffus de fa tête eft une légende avec ces mots: Rex David, ( le roi David); et fur un rouleau que le roi tient fit de très-grands préfens, fait dans fon traité, de Urbe Norhnberga, cap. 36. p. ajj. fqq. la defcription de cette couronne.  120 dans fes mains, font ceux-cï: Honor regis judicium diligit [la gloirc d'un roi eft d'aimer lajufiice). La cinquicme face, qui eft celle de derrière , eft auffi garnie de faphirs, d'éméraudes orientales, de topazes, d'améthyftes, de grenats, et de perles. Pendant la marche pour le couronnement de Jofeph II, en 1764, un magnifique rubis balais fe détacha de cette face, tomba et fut perdu. L'empereur Francois I délivra aux députés de Nuremberg, commis a la garde de la couronne, un certificat qui affirmait qu'ils n'avaient aucune part a cette perte, et le monarque promit par le même éent de la réparer. Sur la fixième face, auffi en émail, eft peint, Ezechias roi de Juda, dans 1'attitude d'un homme malade, ayant a cöté de lui le prophéte ïfaïe [a], La feptième face! eft encore garnie de faphirs, d'améthyftes,, de grenats et de perles. La huitième eft eiv (a) Le roiEzechias foutient fa tête avec fa main droitel Le prophéte Ifaïe eft placé debout I la droite du roi. On lit ces mots fur un rouleau : Ecee adjicium fufer dies titêè XV armos. (Je frolongerai encore ta ce globe, dans les lettres patentes, eft  124 ======== exprimé par, mundus, globe de la terre. Il y a encore dans le tréfor de fempire deux autres globes, mais dont on ne fe fert pas aux couronnemens; tous deux ne font que d'argent doré, creux en dedans, et ne font pas garnis de pierres précieufes.' 4°. Le Cimctctre, ou l'Epée de Charlemagne. La Isme en eft longue de deux pieds onze pouces, large de deux pouces et trois lignes, fous la poignée, tranchante des deux cötés, ayant une raïnurc crcufe a fon milieu dans toute fa longueur, très-pointue et pliante. La poignée en eft quarréc, de bois, couverte d'une lame d'or et émaillée. Le pommeau en eft gros, et d'argent doré, d'un cöté üya la figure d'un aigle, et de f autre celle du Lion de Bohème a doublé queue. La traveife, ou croix de cette épée, qui eft longue de 7 pouces et 3 lignes, eft de bois, recouverte de lames d'or fondu et ornées d'émail. Le fourreau eft d'écliffes de bois recouvertes de cuir très-fin, qui eft encore recouvert de toile, fur quoi font appliquées des feuilles d'or fondu, et des perles. Cette épée avec le fourreau pèfe dix marcs, deux onces; fa longueur eft de trois pieds fept  125 pouces. C'eft. d'elle dont fe fert l'empereur pour donner Faccolade, lorfqu'il crée des !; chevaliers le jour de fon couronnement , ; comme nous le dirons par la fuite. 5°. Le glaive de St. Maurice eft porté devant l'empereur a la cérémonie du couronnement. f Maurice était chef de la légion Thébaine, I il recut la couronne du martyre avec tous fes foldats pour avoir, ainfi qu'eux , refufé [ de perfécuter les chrétiens (a). Le pomS meau , le quillon , ou branche de la garde, (j font d'argent légèrement doré ; la poignée i, en eft ds bois recouvert de fil d'argent; le > fourreau eft de bois garni de plaques d'or : cifelées, repréfentant des figures, et garnies (a) Cette le'gion fut appelée Thébaine, paree qu'elle iI avait été levée en Egypte dans la Thébaïde. Elle était 0 compofée de 66,000 hommes y eompris les officiers, tous 1 chrétiens. L'empereur Maximien voulut fe fervir de cette légion pour anéantir le chriftianifme dans les Gaules. 3 Cette propofition ayant été rejettée par Maurice et fa troupe, j l'empereur la fit décimer. Ceux qui reftèrent, refufèrent ai de nouveau, et furent encore déeimés. Enfin le refte de 3! cette légion, dont la cinquième partie avait fubi la mort, ' ayant perfévéré dans fes principes, Maximien la fit entou- s rer par fes troupes et fit tout maflacrer, officiers et foldats, vers 1'an 286 de 1'Ere chrétienne.  i2Ö 1 ' '■• d'émail , de pierreries et de perles. Sur un des cötés de la lame font gravés ces mots: Benedictus D>>> , c. a. d. Dominus , Des, c. a. d. Deus. Sur f autre cöté font gravés ceux-ci : D' us qui Dócet manur. La traverfe ou la croix a 7| pouces de long , elle eft d'argent legére m e n t doré, et a du cöté de la lame cette infcnption : -b Chrijhti vindt.: Chrijlus icinat: ("onnt) Le Ckrijl triothphc} le Oir ijl rè^ne. Et de 1'autre cöté, vers le pommeau , on lit la même infcription en fens inverfe. Hf» Chriftus vincit i Chrijfus reqnat, Chrijius imperat Suivant quelques auteurs, ce glaive pèfe n marcs, cinq onces et demie. La lame de ce glaive eft ronde par le bout; il a trois pieds, neuf pouces et demi de long. II y avait anciennement plufieurs anneaux, comme il eft prouvé par les inventaires, que 1'on en a encore. S'ils exiftent encore, on ne s'en fert plus dans les cérémonies de 1'inauguration , car 1'anneau dont on fe fert pour le couronnement, eft donné par le nouvel empereur. Les omemens, dont le nouvel empereur eft revêtu a fon couronnement, font ceux-ci:  12? I*. Le Pluvial, (fl) ou Ie mantcau, l^i ch^pe , a été fait a Palerme fan 1133 de 1'ère chrétienne, d'une étoffe de foie rouge, doublé de taffetas d'une autre couleur, il eft très-ample, ayant 16pieds de contour paren bas, étant ouvert par devant , tombant jufques fur les pieds, et étant garni d'un galon d'or par en haut et attaché avec une agraffe d'or enrichie de pierres précieufes, qui fe joint par le moyen d'une clavette. Sur cette chape font brodées en foie et en perles des figures de lions qui déchirent des chameaux. Elle eft échancrée par le haut et bordée de galons d'or ; fur la bordure d'en - bas eft de même brodée en caractères arabes, en or, une légende qui fignifie a-peu-près ce qui fuit. " Ce manteau „ fait partie des chofes qui ont été faites „ dans la capitale de la Sicile pour augmen„ ter les richetfes que renferme le tréfor „ royal , en fouhaitant a fa majefté toutes («) C'eft ainfi qu'on nommait anciennement une efpèce de manteau dont les évêques et les prétres fe fervaient pour fe garantir de la pluie lorfqu'ils allaicnt ü pied adminiftrer a la campagne les facremens aux fidelles. Ce vêtement eft devenu par la fuite un ornement facerdotal, que 1'on nomme chape.  128 „ fortes de profpérités, protection, confidéra3, tion, perfection, Ion gue vie , bienfaifance, 33 affabilité , libre accès , bonté , indulgence, 33 condefcendance, magnificence, ornement, „ poffeffion de toute fureté, fortune, des 35 jours fortunés et des nuits heureufes, fans „ changement ni décroiffement, ia puiffance, 33 faccompliffement des fouhaits , converfa33 tion,protection et bonheur, falut, victoire 3, et abondance ; fan cinq cents vingt huit 33 (f 28 de fhedfchrah, du Chrift. 1133 )." 2°. Les deux Dalmatiques, font des vêtemens qui tirent leur nom de la Dalmatie, oü ils étaient en ufage. Les dalmatiques, dont on fe fert encore aujourd'hui au couronnement des empereurs, font un vêtement de delfous trés - riche , elles font d'étoffe de foie violette, bordées de pourpre , affez étroites , fermées par devant , defcendant jufques au-deffous des genoux. Files ont des manches brodées d'or et de perles. On ne fe fert plus de 1'autre dalmatique qui fe trouve entre les joyaux qui lont dépofés a Nuremberg. Elle eft d'étoffe de foie brune, et de la longueur des premières , ornée d'aigles noires , en broderie, dont les yeux font  '■ 129 font de grenats , et de buftes d'un empereur et d'une impératrice auffi en broderire. 3°. L'Aube eft auffi un vêtement de taffetas blanc, long d'une aune trois huitièmes , et très-ample. Dans la bordure d'en bas on lit cette infcription latine : HF" Operatu : felici. urhe. Panormi. XV anno regni Dni. W. D~. gra: rtgis. Sicilië. Ducaty. Apulie &fc. principaty. Cap. filii. regis. IV. indictione XIIII. { ce qui fignifie l'an 1181.) Elle fe met par-deffus la dalmatique. Elle eft ornée au col, fur les épaules et a la bordure des poignets, des manches, qui lont eh amadis , d'une broderie d'or et de perles. 4°. L'Etolc, ornement facerdotal que portent les prêtres catholiques, d'étoffe a fond jaiine et a fleurs, ornée d'aigles noires en broderie, large d'environ fix pouces, plus Iarge au deux bouts. Elle fe met fur le col, fe rapproche par-devant, oü elle fe croife fur lapoitrinej et eft dans eet état affermie. par la ceinture, ou le cordon. La bordure en eft brodée avec des perles comme celle de la dalmatique. 11 y a encore une autre étole qui eft tiffue de fin fil d'argent doré I  i3o, ffl 1 1 et longue de plus de 17 pieds, mais dont on ne fe fert pas aux couronnemens. 50. Trois ceinturcs, qui fervent a retrouffer les vêtemens impériaux. L'une eft de cuir garnie d'une agraffe d'or. L'autre eft un cordon tiffu d'or et de foie. On ne fe fert point de la feconde ni de la troifième ceinture. II n'y a que la première dont on fe fert au couronnement. 6°. Les gands font de foie pourpre et richement garnis d'or, de pierres précieufes et de perles. Sur le deffus des gands dans le milieu eft un ange en broderie, avec une auréole autour de la tête, et dans le dedans, une aigle brodée en or avec un nimbe auffi autour de la tête. 7*. Les Bas font de foie cramoifie , brodés en feuillage, avec une bande en haut, fur quoi font auffi brodés des caractères arabes. Superbes jarretières royales. 8*. Lts Sandales font de fatin cramoifi, garnies d'or et de perles, piquées en foie cramoifie ; les femelles font rondes par-devant et les fandales font doublées de maroquin rouge. II y a encore deux autres paircs de fandales, dont on ne fait pas ufage.  1 13» - Les épérons d'or, fagraffe de la toge (a), i le fuaire , Ie chaperon rouge , pour les voya;ges, et d'autres ornemens impériaux, dont ^ón fe fervait ordinairement aux inaugurations des empereurs, ne font plus en ufage. 11 eft poffible que plufieurs de ces ornemens aient été trouvés dans le tombeau de Charilemagne; mais on peut auffi démontrer qu'ils (font poftérieurs a eet empereur. Outre les ornemens impériaux dont nous venons de parler, on garde encore dans la ville iibre et impériale de Nuremberg beaucoup de reliques de fempire, dont on ne fe fert plus pour la cérémonie du couronneiment, et dont nous allons parler ici fuccihctement. i\ Un morceau de la nappe fur laquelle Jéfus-Chi ift célébra la Paque«et inftitua lïEuchariftie. 2*. Un morceau du tablier dont («) La toge était nn vêtement des Romains , taillé en jrond comme nos manteaux. Au moins eft-ce le fentiment nlu célèbre Winkelmann , d'après Denis d'Halicarnaire. Elle fe jettait par-deflus 1'épuule gauche oü elle était ointe par une agrafFe, ou un bouton de métal plus ou moins précieux. Elle couvrait 1'epaule et le bras droit; es plis qu'elle formait en la relevant, fe nommaientJïnus. ;^es Grecs et les Romains ne portaient la toge qu'en ville, arement ou jamais a la campagne. I 2  132 " il fe fervit lorfqu'il lava les pieds a fes apötres. 3*. Trois épines de fa couronne. 40. Le morceau de la vraie croix oü une de fes mains fut clouée. 5*. Le fer de la lance dönt Longin fe fervit pour lui percer le cöté. 6°. Un des cloux qui fervit a 1'attacher fur la croix. 7°. Un morceau de la crèche oü Jéfus fut mis après fa naiffance a Bethléem. 8". Un bras de Sainte-Anne. 9°. et 10°. Une dent et un morceau de la robe de Saint Jean-Baptifte. 11*. Enfin trois chainons des chaines avec lefquelles SaintPierre, Saint Paul et Saint Jean furent enchainés. Toutes ces reliques font pour la plupart dans des chaffcs d'or et de criftal. On conferve d Aix - la - Chapellc. 1". Le livre d'Evangiles en langue latine , qui fut trouvé dans le tombeau de Charlemagne. II y a cela d'extraordinaire , que 1'on, n'eft pas d'accord par rapport a la matière fur laquelle il eft écrit ; les uns prétendent que c'eft fur de 1'écorce d'arbre ; d'autres que c'eft du parchemin teint en bleu célefte; fécriture eft en lettres d'or. II parait trèïi  '33 •probable que c'eft du papier de cotton peint en bleu. Ce livre eft in-folio; la couverture :eft en argent doré garnie de pierres précieufes. Le portrait de Charlemagne eft fur le :milieu de cette couverture, et fur les coins 'font les attributs des quatre évangéliftes. Xü'eft fur ce livre d'évangiles que le nouvel :empereur, prête le ferment en pofant deffus, comme on fa déja dit, les deux premiers doigts de la main droite. 2°. Le fabre de Charlemagne, que 1'on dit avoir été trouvé dans le tombeau de ce monarque. II a la figure d'un fabre arabe, courbé vers Ia pointe. Le jour du couronueiment il eft préfenté a l'empereur, qui le prend, le rend, et enfuüe on le lui ceint. 3°. Un reliquaire d'or en forme d'églife, igarni de rubis , dans lequel font quelques os de St. Etienne , premier martyr , et de la terre imprégnée de fon fang. C'était fur ce reliquaire que les empereurs prêtaient autrefois le ferment.  134 " Lieu oü fe fait le couronnement I et cérémonies obfervées au couronrienent. Le reglement porté par la bulle dor dé* figne expreffément la ville impériale d'AlXjj ]a-Chapelle pour le lieu oü doit fe faire Ie couronnement; mais avec cette claufe, que cette cérémonie pourra fe célébrer dans un autre endroit, ft des empêchemens légitimes s'y oppofaient. Aix-la-Chapelle a été regardée depuis Charlemagne comme la ville capitale et la réftdence des empereurs. Ce prince y fit élever fon tröne dans la principale églife, et dés que l'empereur nouvellement élu a pris place fur ce tröne , les électrurs le reconnaiftent pour chef de fempire. Ce tröne qui eft de marbre , garni d'ornemensen cuivre, eft très-élevé, étant pofé fur une eftrade dc clnq gradins auffi de marbre. Lorfque le couronnement a lieu dans une autre ville , on y élève un tröne de pareille forme a celui qui eft a Aix-la-Cbapelle [al (a) On ignore quet a été le fo*!ateur de la ville d'Aixla-Chanelle. On fait que Luitbrand, diacïe de To'.èJe,  - -35 Avant la publication de la bulle d'or, dixhuit empereurs d'Allemagne ou rois des Romains ont été couronnés dans la ville d'Aix-la-Chapelle, et lorfque dans des cas de néceflité on a été obligé de célébrer la cérémonie du couronnement dans une autre ville, elle a été répétée dans celle-ci, comme il eft arrivé au couronnement de Henri II en 1003. Depuis la publication de la bulle fjui vivait au dixième fiècle, le nomme Grani fahtium ; ce qui pourrait Faire croire que les auteurs qui attribucnt fa Fondation k Sercnus Granus Tan 114 de notre Ere, fous le règne de l'empereur Adrien, ne Fe feraient pas trompés. Charlemagne y fixa fa réfidence , tant par rapport k la beauté de fa fituation, que pour être plus k portée de contenir les peuples de la Germanie qu'il avait foumis k fa domination. II fit bitir, ou réparer et agrandir la belle églife de Notrr-Dame, qui en eft la cathédrale, dont il fit célébrer la dédicac; avec beaucoup de pompe, le jour des rois 1'an 804; il y fut inhumé, et 1'on y voit encore fon tombeau ainfi que celui de l'empereur Othon III, qui y eft aufii inhumé. Les empereurs font chanoines nés de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Charlemagne fit auffi batir prés de fon palais des bains fuperbes, oü il fe baignait lorfqu'il revenait de la chafTe. Cette ville fut dévaftée par les Normands 1'an 822 fous le règne de Louis le Faible. L'empereur Othon III fit ouvrir le tombeau de Charlemagne 1'an loot et en tira les ornemens et les joyaux dont il a été parlé.  136 d'or, il n'y a eu de couronnés a Aix-IaChapelle que les empereurs Wenceslas, Sigifmond, Albert II, Fréderic III, Maximilien I, Charles V et Ferdinand I en 1531, qui a été le dernier couronnement qui s'y foit célébré. Us fe font faits depuis , tantöt a Ratisbonne, tantöt a Augsbourg, mais Ie plus fouvent a Francfort fur le IVleyn. Ro. dolphe II et Ferdinand III furent couronnés a Ratisbonne; Jofeph I a Augsbourg ; Maximilien II, Ferdinand IV , Léopold I, Charles VI, Charles VII, Francois I, Jofeph II, et Léopold II, le furent a Francfort fur le Meyn. L'éloignement dans lequel eft: Aix-laChapelle (défignée pour le couronnemeHt) de Francfort oü fe fait l'élection, et les fraix énormes qn'entraine le déplacement des électeurs, des ambaffadeurs, des autres perfonnes et de leur fuite, eft une des caufes principales qui empêche qu'il ne s'y célèbre. IVIalgié cela , cette ville n'a point ahandonné le droit que lui donne la bulle d'or, d'être le lieu oü doit fe faire le couronnement; en conféquence, chaque fois que cette folennité fe celèbre ailleurs, le collége des électeurs, de même que le nouvel empereur,  —_,. I37 délivrent des revers a la cathédrale, par lefi quels ils déclarent que cela fe fait par con■ venance et fans prétendre attenter a fon i droit. L'électeur de Cologne eft auffi inté• reffé a conferver ce même droit, paree que Aix-la-Chapelle fe trouvant dans fon dioi cèfe, le droit de facrer le nouvel empereur I lui appartient, lorfque cette folennité a lieu ( dans une ville qui en dépend. L'empereur nouvellement élu peut, auffii tót après fon élection, de concert avec les i membres du collége électora(, fixer le temps i oü fe fera le couronnement. Moins 1'époque' l eft éloignée de celle de l'élection, plus les ; électeurs en font fatisfaits, paree que plus elle eft différée, plus leur féjour a Francfort fa * five regi tanquam praexcellenli?" " Voulez-vous accepter ce prince pour n votre fouverain, affermir fa puiffance, le „ fervir fidellement, et obéir a fes ordres; ,3 d'après les paroles de 1'apótre : que cha33 cun obéiffe a fes fupérieurs, qui ont 33 le droit de lui commander; et au roi  ■ Tg» „ comme k celui en qui rende la fouveraine J3 puiffance ? Tous répondent a haute voix: Fiat! Fiat! Fiat.' ( Nous y confcntons.) Le roi redefcend des gradins de l'autel, s'agenouille de nouveau,et 1'officiant lui donne la bénédiction, et récite cette prière(*). *' Seigneur, qui règnez fur tous les empires 3, depuis le commencement des fiècles, ré33 pandez vos bénédictions fur N. N. notre ,3 roi, et permettez qu'il devienne puiffant, 33 afin que fon fceptre, fon mérite, et fa 33 gloire, égalent celle dont vous gratifiates 3, David. Accordezdui par votre infpiration ,, divine, la fageffe néceffaire pour gouverner ,, fon peuple avec bonté et en paix, comme 33 autrefois Salomon gouverna le fien. Per33 mettez qu'il vous foit foumis a. préfent et 33 toujours , et accordezdui, dans le cas d'une 33 guerre inévitable, la victoire et 1'honneur. 33 Gouvrezde de votre égide, afin qu'avec ,3 votre grace et le fecours des états il foit (n) Cette prière fe fait auffi en latin ; nous en donnons ici feulement la traduction ; paree qu'en la mettant ici dans les deux langues, cela aurait pris trop de place. Note 1'auteur.  Sg# ■ „ par-tout vainqueur. Accordezdui une con„ fidération marquée entre tous les rois de „ Ja terre; qu'il rende fon peuple heureux, „ afin qu'il foit révéré des nations. Qu'il 3, vive long-temps et foit magnanime; que 33 1'équité le diftingue dans fes jugemens; ,j répandez fur lui vos bienfaits; qu'il habite 33 une terre fertile; donnez a fes fujets tout 33 ce qui peut leur être néceffaire. Répandez 33 fur fon règne une intégrité univerfelle; ,3 affermiffez le tröne de l'empire, et permet33 tez que le roi puiffe a 1'avenir triompher 33 dans le royaume des cieux. Dieu ! dont 33 la grandeur eft ineffable, qui avez créé 33 1'univers et les peuples, qui êtes le fou33 verain de tous les empires et leur foutien, 33 vous, qui avez choifi dans la race d'Abra33 ham , votre fidele ferviteur, le roi des 3, Nations, comblez de vos abondantes béné3, dictions, par ï'interceftion des Saints, N. N. 35 ici préfent, et affermiffez fon tröne fur une 33 bafe folide. Manifeftez-vous alui, comme 33 a IVIoïfe au bord de la mer rouge, comme 33 a Jofué lors de la bataille dans la plaine de 33 Gédéon, et comme a Salomon dans le 3, temple. Faites pleuvoir fur lui la bénédic-  ===== 153 3, tion célefte et la rofée de la fageffe que „ David promet dans les Pfeaumes et dont |L 33 fut doué Salomon. Soyez la cotte de maille L 3, qui le mettra a 1'abri des attaques de la h 3» multitude de fes ennemis. Son cafque dans , 33 la profpérité, fa patience dans les adver- 33 fités, et fon bouclier éternel pour fa pro: 33 tection. Faitesdui la grace que fes peuples ■ 33 lui foient toujours fidelles et que fes états 33 goütent les douceurs de la paix. Faites ;»3 qu'il foit toujours hu main. Eloignez de . 33 lui toutes palïions nuifibles ; faites qu'il >5) foit jufte et ami de la vérité, afin que fous i33 fon gouvernement fon peuple augmente '» en puiffance et qu'il trouve fon bonheur j, dans la paix. Que tout cela foit accordé 33 par celui qui eft le vrai Dieu, et qui vit Ik) dans les fiècles des fiècles. " Le clergé répond: Amen! Cette prière finie le roi fe léve de deffus Ie carreau et monte jufque fur la dernière nmarche ou 1'on fait les prêparatifs pour le facre. Les premiers ambaffadeurs de la diète rs'approchent de l'autel, et plufieurs des premiers de Ja cour du roi déshabillent le prince iufqu'a la vefte oü 1'on a pratiqué des ouver-  i54 ====== tures pour 1'onetion du facre. L'électeur officiant óte fes gands et fon anneau paftoral, et s'affied fur un fiège. Des gentilshommes de fa cour lui préfentent feau avec laquelle ïl lave fes mains, et d'autres lui préfentent la ferviette. II prend enfuite 1'huile pour 1'onction et dit : " Pax tïbi, " " La paix foit avec vous. " A quoi le clergé répond: " Et cum fpirilo tuo. " " Et avec votre efprit. " L'officiant commence enfuite la cérémonie du facre. L'onction fe fait dans 1'ordre fuivant: i°. Sur le fommet de la tête. e; 3°. Sur la poitrine. • 3°. A la nuque. 4*. Entre les épaules. 5*. Sur le bras droit. 6°. A la jointure du bras droit. 7 . Dans la paume de la main. A chacune des fix premières onctions l'électeur, archevêque de Mayence, prononce ce qui fuit: " Ungo te in regcm de oleo fanctificato, in  ■ i55 i nomine patris et filii et fpiritus fancti. Amen. " "Je vous oins roi avec 1'huile fainte, au nom du Père et du Fils et du Saint Efprit. ! Ainfi foit-il." A fonction de la main , 1'officiant pro■nonce d'autres paroles. Pendant cette cérémonie la mufique de la chapelle du roi exécute un motet dont voici les paroles : Unxerunt Salomonem Sadoc facerdos et Nathcm upropheta in Gihon et ambulante* lati dixerant : .'Vivat rex in aternum! Alleluia. " Lorfque le prêtre Sadoc et Nathan le prophéte IE eurent oint Salomon, ils allaient en criant joyeu,„fement: Vive éternellement le roi! Alléluïa. * Après fonction la mufique ëxécute encore un autre motet, dont le fens eft : Le Seigneur üivous a oint avec 1'huile dalêgrejje, etc. Deux icoadjuteurs de farchevêque de Mayence )j ( ce font ordinairement. ceux de Mayence et d'Erfort ) effuyent les endroits oü le roi a - été oint avec du coton blanc et du pain de feide. Le premier ambaffadeur de l'électeur de Brandebourg , aidé de quelques premiers officiers de la cour du nouveau roi , referme iles ouvertures des vêtemens par oü fonction  a été adminiftrée ; pnis les électeurs de Trèves et de Cologne , accompagnés de tous les votans a l'élection , reconduifent le roi dans le conclave. Pendant ce temps 1'electeur de Mayence refte a l'autel oü il a fait la cérémonie du facre, avec fes affiftans. Lorfque le roi eft entré dans le conclave ilfe place dans un fauteuil, et un des députés de Nuremberg lui chauffe les bas et les fandales qui fervent au couronnement des empereurs. Le premier ambaffadeur de Brandebourg lui revêt les habits facerdotaux, tels que 1'aube , f étole , la dalmatique. Les ceintures qui fervent a ferrer et relever les deux premières, lui font préfentées par un député de Nuremberg, qui les lui remet a genoux et le monarque s'en ceint lui-même. Ainft revêtu des ornemens impériaux, le roi retourne dans 1'églife , s'agenouille de nouveau fur la marche d'en bas devant l'autel, et toutes les perfonnes qui font accompagné, reprennent leurs places a 1'exception des premiers ambaffadeurs qui reftent autour de lui. Les députés de Nuremberg retoument auffi prés de la table oü font pofés les ornemens impériaux.  1 15? L'électeur de Mayence récite de longues ioraifons en latin par lefquelles il invoque ,1a Divinité pour qu'elle accorde fes bénéIdictions pour le bien-être général de f em;pire et de l'empereur; il chante auffi quelques collectes et d'autres oraifons qui tenident au même objet. Enfuite l'électeur de Trèves et celui de Cologne préfentent au imonarque la grande épée de Charlemagne inue ; il la prend de la main droite et la itient pendant que 1'officiant récite quelques prières, puis il la remet au premier ambaffaIdeur de l'électeur de Saxe, qui la remet Idans le fourreau et qui, aidé des autres preimiers ambaffadeurs des électeurs laiques , en ceint le roi. Les gands deftinés a cette cérémonie, et dont il a été fait mention, font préfentés au prince fur une crédence :et mis par le recteur et le prévót des xhanoines du chapitre de St. Barthelemi. L'anneau lui eft auffi mis au doigt; on lui Idonne auffi le fceptre qu'il prend de la main droite, et le globe impérial qu'il prend Ide la main gauche. L'ambaffadeur qui fait les fonctions de l'électeur de Saxe , qu'il repréfenté , tire  15» 1'épée de Charlemagne du fourreau et la remet nue au maréchal héréditaire de l'empire, qui pour la prendre replace le glaive de St. Maurice , qu'il avait tenu jufqu'alors, fur la table oü font les autres ornemens de l'empire. Lechambellan héréditaire de l'empire, aidé d'un député de Nuremberg, revêt le roi du pluvial ou de la chape , et le tréforier héréditaire apporte la couronne impériale, que les trois électeurs eccléfiaftiques prennent et pofent fur la tête du nouveau roi, qui la recoit a genoux. L'électeur de Mayence prononce encore plufieurs oraifons en latin, a la fin defquelles l'empereur revêtu des ornemens et joyaux impériaux fe prépare a prêter ferment. II fe léve de deffus le carreau,et accompagné des électeurs affiftans, il monte au maïtre-autel fur lequel le livre pontifical eft pofé et dans lequel il lit la formule du ferment ; premièrement en latin et qu'il répète enfuite en allemand. Pendant qu'il prononce cette formule dont voici a-peu-près la teneur: il a les deux doigts de la main droite pofés fur le livre d'évangile qui a été apporté d'Aix-la-Chapelle.  ■- m "Jejure et promets devant Dieu et fes angs, „ que je veux gurder et maintenir les lois, la „ jujiice et la paix dans la Ste. Eglife de Dieu ; ,, être utile aux peupbs qui me font foumis } que „ je leur ferai rendre la jujiice et la leur rendrai n moi-même; que je foutiendrai le mieux qud me „ fera p«jpble , dans toute la conjidcration con,, venable , avec l'aide de la miféritorde divine 33 et celle des confeils des princes , des états et 33 de mes jidelles fujets, les droits de l'empire. » Que je témoignerai au très-Jaint père, l'évêque 3, de Rome, et d 1'églife romaine tous les hon,3 neurs dus d l'état eccléjiajlique ■ que je confer,3 ver ai d 1'églife et d tous les membres du clergé j, les biens et les autres dons qui leur ont été 33 accordés et faits par les empereurs et les rois, 33 fans les alter er, ni permettre qu'on les altères de même je rendrai aux prêlats, aux états et aux „ pojjejfeurs de Jiefs de l'empire les honneurs qui „ leur appartiennent; le tout, autant qu'il plaira j, a Notre Seigneur Jefus-ChriJi de men accorder „ la grdce , l'aide et la force. " Après que ce ferment eft prononcé , que l'empereur a quitté une partie des marqués Ide la dignité impériale qu'il portait, et qu'ori les a remis aux perfonnes qui poffèdent les  160 : grandes charges héréditaires de 1'empire, les électeurs eccléfiaftiques affiftans , et les premiers ambaffadeurs des électeurs abfens reconduifent le monarque a fon prie-Dieu au fon des timbales et des trompettes. Alors on continue la meffe. L'empereur va a 1'offrande et y communie ; pour marquer qu'il eft en préfence du roi des rois, la couronne lui eft ötée pendant eet acte. Le grand maréchal héréditaire de l'empire qui porte 1'épée nue de Charlemagne , la pointe haute, la baiffe pendant la confécration et la communion. Après lacommunion on remet la couronne fur la tête de l'empereur. Après la meffe l'empereur fe place fur le tróne, oü il recoit les complimens de félicitation du collége des électeurs , qui lui font préfentés par 1'officiant, qui en eft le directeur, et qui enfuite retourne a l'autel oü il entonne le Te Deum, Pendant que 1'on chante ce cantique, on fonne toutes les cloches de la ville, on fait une falve de 100 coups de canon des remparts, et le peuple fait retentir la ville des cris de vive l'empereur. Pendant le Te Deum , les électeurs eccléfiaftiques fe rendent dans la facriftie , oü ils  "' i6t ils quittent leurs habits pontificaux pour reprendre les électoraux. L'empereur reftc 'furie tröne, entouré des ambaffadeurs des électeurs et des grands officiers héréditaires de l'empire. Le premier ambaffadeur de I l'électeur de Saxe remet au monarque 1'épée nue de Charlemagne , avec laquelle il crée rcheva liefs , tant ceux que lui-même a :choifis pour être honorés de cette dignité tj:que ceux qui lui font préfentés de la part 'ides électeurs , et leur donne 1'accolade. Le cj-nombre de ceux a qui l'empereur peut ifconférer cette dignité de fon propre choix keft illimité ; mais chaque électeur n'en peut fpréfenter plus de douze, dortt l'électeur de ^Mayence donne les noms au vice-chancelier de l'empire; ceux de la familie des barons de 'Walberg jouiffent de la prérogative d'être créés tchevaliers de préférence a qui que ce foit; et ss'il fe préfente un baron de Dalberg il peut )y paraitre fous le coftume complet de >chevalier. Ceux qui afpirent a cette dignité font preuve de quatre degrés de vraie nobleffe pa:ternelle et maternelle , et de n'être coupables (d'aucun délit. C'eft l'électeur de Saxe en L  \6z ■'- ■ " qualité d'archi-maréchal qui eft chargé de cette vérification. C'eft le capitaine des hallebardiers de l'empereur qui , a cette cérémonie , cite a haute voix , par leur nom, jes afpirans ; et le monarque frappe deux fois avec 1'épée 1'épaule droite du nouveau chevalier qui eft a genoux devant lui. Jofeph II créa quatre-vingt-quatre chevaliers a fon couronnement. Après cette cérémonie l'empereur defcend de fon tröne et revient a fon prie-Dieu, accompagné de ceux qui portent une partie des marqués de fa dignité, des ambaffadeurs et de tout le clergé. Le doyen et grand-chantre du chapitre royal d'Aix-la-Chapelle, s'approche du nouvel empereur et lui repréfenté que c'eft un ancien ufage que chaque empereur immédiatement après fon couronnement fe faffe recevoir chanoine de fon chapitre, et prête: le ferment accoutumé , ce que le monarquei accepte , et il prononce en même temps la; formule du ferment en ces termes : " Nous N. N. par la grace de Dieu roi» „ des Romains et chanoine de 1'églife de „ Notre-Dame a Aix-la-Chapelle , prp-j p mettons et jurons par les Sts. Evangiles,,!  „ d'être fidéle a la fufdite églife, et de la „ protéger, et faire protéger, elle et toutes „ les perfonnes qui en dépendent, dans tous „ leurs droits , biens et privilèges, contre t, toute oppreffion , violence et préjudice „ quelconque; comme auffi Nous confirmons ,, et approuvons de nouveau par les pré„ fentes tous fes privilèges et immunités. L'empereur fait un don au chapitre, et lui fait délivrer un acte par lequel il confirme de nouveau a la ville d'Aix-la-Chapelle le droit d'être a 1'avenir le lieu oü fe fera le couronnement. La cérémonie du couronnement étant finie, toutle cortége retourne a pied par le même chemin au Rcemer, oü le fcftin eft préparé. La bourgeoifie eft de même fous les armes; les ornemens et marqués de la dignité impériale font portés devant l'empereur par les grands officiers héréditaires, de même que le grand fceau de fempire, qui eft porté par un chanoine du chapitre de Mayence, devant le vice - cbancelier, au bout d'une verge d'argent, enfuite le drap rouge , jaune et blanc , qui couvre le* planches fur lefquelles le cortége a marché L 3  i64 ■' ■ " ■ eft abandonné au peuple. Pendant la marche toutes les cloches de la ville fonnent, et 1'on répète les falves de 1'artillerie. Fonctions des archi-officiers, ou des officiers héréditaires de l'empire. Banquet du couronnement» .Avant que le banquet folennel du couronnement commence, les archi - officiers T ou en leurabfence, les grands officiers héréditaires de l'empire, exercent les fonctions de leurs grands offices, furie mont du Roemer, a Francfort fur leMeyn, dans 1'ordre fuivant, ainfi qu'il eft prefcrit au titre 27 de la bulle d'or. L'électeur de Saxe, en fa qualité d'archimaréchal de l'empire, ou en fon abfence Je comte de Pappenheim, en qualité de maréchal héréditaire, fort du Roemer accompagné d'une efcorte de Suiffes, monte a cheval et fe rend , au fon des timbales et des trompettes, a la place qui eft vis-a-vis le Rcemer, fait entrer fon cheval jufqu'aux fangles dans:  ===== i65 i un grand tas d'avoine; la il emplit de ce igrain une meiure d'argent qu'il porte eu i main a eet effet, puis prenant une racloire, auffi d'argent, il racle cette mefure, enfuite ii.1 rejette le grain fur le tas, remet la mefure |vide et la racloire, qui enfemble pèfent idouze mares , au maréchal des logis de I l'empire, et il retourne a cheval au Rceimer [a). Après cette cérémonie, la mefure iet la racloire appartiennent au maréchal ! héréditaire de l'empire. («) Outre cette fonction, celle de porter 1'épée de [Charlemagne aux cérémonies du couronnement , d'être i vicaire de l'empire pendant la vacance du tröne impérial, | pour les provinces d'Allemagne qui fuivent le droit Saxon, comme nous 1'avons déja dit; l'électeur de Saxe donne le cinquième fuffrage pour l'élection d'un roi des Romains, f utur empereur. II eft Palatin , directeur du cercle de la haute Saxe, et directeur des diètes de l'empire en 1'abfence ide l'électeur de Mayence. Pendant la tenue des diètes, il . eft juge en dernier reffort de tous les différents qui peuvent s'élever entre les gens de la fuite des électeurs, tant au civil qu'au criminel, et en tout temps protecteur et juge I de tous les timbaliers et trompettes des provinces de l'empire foumifes a fon vicariat. Les deux épées de gueule en fautoir, les pointes en chef, en champ coupé de fable en chef et d'argent en baffe , qui font dans 1'écuffon en fur:tout , dans les armoiries de Saxe, défignent la dignitéélej;torale et la charge d'archi-maréchal de l'empire.  i66 L'électeur de Brandebourg, en fa qualité d'archi-camérier ou chambellan de l'empire, ou en fon abfence le prince de Hohenzollern chambellan héréditaire, fort de même du Rcemer efcorté par des gardes, monte a cheval et fe rend a une table couverte d'une nappe placée fur la place au bas de la montagne du Roemer, fur laquelle eft placé un lavoir et une aiguière d'argent, qu'il prend amfi que 1'effuie-main qui eft placé auprês ; retourne au Rcemer , defcend de cheval et porte le lavoir, 1'aiguière et 1'effuiemain dans la falie du banquet. Le baffin et 1'aiguière, qui pèfent enfemble 12 marcs, appartiennent au chambellan héréditaire de fempire (a). («) LVlecteur de Brandebourg, autre cette fonction, donne le fixième fuffrage pour l'élection d'un roi des Romains, futur empereur; il porte le fceptre devant l'empereur a la cérémonie du couronnement, lui préfente 1'eau pour fe laver avant Ie banquet de cette folennité, pofsède le droit allodial fur toutes les principautés et feigneuries de fes domaines , de même que ceux d'impofer des taxes et des péages a fa volonté fur tous fleuves, rivières, moulins, etc. de fes états. II eft directeur des ccroles de la baife Saxe et de la Weftphalie. L'empereur Conrad III conféra la dignité electorale , ainfi que la charge  1 i6? L'électeur Palatin, en fa qualité d'architréforier de l'empire , ou en fon abfence le comte de Waldbourg, en fa qualité de tréforier héréditaire, monte auffi a. cheval et va fur le mont du Rcemer, dans une grande cabane batie en bois, oü fon a roti un bceuf entier. 11 s'en fait donner un morceau dans un plat de vermeil , qu'il recouvre d'un couvercle d'argent et s'en retourne auffi a cheval au Roemer, met pied a terre et porte fon plat fur la table de l'empereur. Le plat et le couvercle appartiennent enfuite au tréforier héréditaire. Le bceuf roti eft ordinairement abandonné au peuple; mais c'eft le corps des encaveurs de vin de Francfort qui s'en emparent (a). d'archi-camérier ou archi-chambellan aux Margraves de Brandebourg dans la perfonne d'Albert Tours Tan 1150. Ce fut Othon I, fils d'Albert, qui le premier en prit le titre. Le fceptre d'or , en champ d'azur, qui eft dans Técuflon, furmonté d'un bonnet électoral placé en furtout, cn chef dans les armoiries de l'électeur de Brandebourg, roi de PrmTe , indique la dignité electorale et la charge d'archi-chambellan. (n) L'électeur Palatin donne le feptième fuffrage pour l'élection d'un roi des Romains, futur empereur. II porte la couronne impériale dans les cérémonies du couronnement. L'électeur Palatin était autrefois en polfeffion de la  i68 Le roi électeur de Bohème, én fa qualité d'archi - échanfon de l'empire, ou en fon abfence le comte d'Alton, en celle d'échanfon héréditaire de l'empire , monte de même a cheval et va fur le mout du Rcemer, prend fur une table dreffée a eet effet et couverte d'une nappe, deux gobelets, dans 1'un defquels il y a du vin, dans 1'autre de feau, et les porte jufqu'au Rcemer, oü après ètre defcendu de cheval il entre dans la falie et les préfente a l'empereur. Après la cérémonie ces gobelets appartiennent a 1'échanfon héréditaire (a). charge d'archi-féiiéchal; mais cette charge ayant été donnée après que l'électeur Frédéric V Fut mis au ban de l'empire en 1621 par Temperenr Ferdinand II, au duc de Bavière, ainfi que la dignité électorale, celle d'archi-tréforier Fut cpnférée a fon fils Charles-Louis, lorfquela dignité électorale lui Fut rendue en 164S par le Traité de Weftphalie. L'électeur a le droit de WildFangiat fur tous les étrangers qui viennent s'établir dans fon pays, s'ils ne Font pas réclamés par leur fouverain refpectïF dans 1'efpace d'un an ; Fur tous les batards qui y naiffent, et les gens fans aveu. Ce droit Fut réglé par fentence arbitrale du 17 février 1667. Les armoiries de l'électeur portent en furtout un écufibn avec une couronne impériale d'or en champ de gucule, pour la charge d'archi-tréforier. (n) L'électeur de Bohème donne le troifième fuffrage póur l'élection d'un empereur. II y a 'dcs auteurs qui  S======5 I6g L'électeur de Brunfwic - Hanovre , en qualité d'archi-tréforier, ou en fon abfence monfieur le comte de Sinzendorf en celle de tréforier héréditaire, monte auffi k cheval comme les précédens, etefcorté d'une doublé garde, va fur le mout du Rcemer, qu'il parcourt en jettant au'peuple des pièces d'or et d'argent, dont font remplies deux bourfes qui pendent a chaque cöté de 1'arcon de la felle, et qui ont été frappées en mémoire de eet événement (a). croient que 1'électorat et la charge d'archi-échanfon furent confére's par l'empereurFrédéric II aPremislas (Ottocarl). II y avait des ducs de Bohème dès 1'an 1190, fous l'empereur Henri VI. Ce duché fut érigé en royaume fous l'empereur Philippe en 1100, en faveur de ce même Ottocarl. L'écuuon furmonté d'un bonnet électoral qui eft en furtout au milieu des armoiries de la Bohème, qui porte une bande d'argent en face, en champ de gueules, indique la dignité électorale. ( a) Ce fut l'empereur Léopold I, qui, en reconnaifTance des fervices que lui avait rendu Ernefte-Augufte, duc de Brunfwic-Hanovre , lui conféra la dignité électorale en 1692. II ne fut reconnu comme tel que le 30 Juin 1708 ; et la charge d'archi-tréforier lui fut conférée le 2 avril 1710. II donne le huitième fuffrage pour l'élection d'un roi des Romains , futur empereur. L'écuflon qui eft en furtout dans les armoiries d'Hanovre, porte une couronne impériale d'or en champ de gueules, par rapport ?. la dignité electorale.  ï7o Les chevaux qui ont fcrvi a faire les courfes que nous venons de décrire, pour remplir les fonctions des archi - grandescharges de fempire , appartiennent auffi après la cérémonie , a ceux qui en font les. fonctionnaires héréditaires. Pour augmenter la joie du peuple, il y a fur le mout du Rcemer une fontaine que 1'on y conftruit k cette occafion, dont il découle du vin blanc et du vin rouge, et on y jette auffi a ce même peuple une grande quantité de pain. La quantité immenfe de monde qui remplit la place du mont du Rcemer, celle des fpectateurs placés fur des échafauds batis en amphithéatre , de ceux qui font aux fenêtres, et même jufque fur les toits des maifons; les cris réitérés de vivat, les fanfares de timbales et de trompettes etc. forment un fpectacle plus aifé a imaginer qu'a décrire. Après cette fomptueufe cérémonie l'empereur s'affied a une table dreffée pour lui feul.. L'électeur de Mayence , affifté des deux au-, tres électeurs eccléfiaftiques, dit le Benediciu, auquel ils répondent. Pendant ce temps  ===== T7t 1'artillerie des remparts fait une falve de 100 coups de canon. Lechanfon héréditaire öte la couronne de deffus la tête de l'empereur. Le camérier ou chambellan héréditaire préfente le lavoir et 1'effuie-main au monarque. L'archi-fénéchal héréditaire porte fur la table le premier plat. La fuite des perfonnes qui les accompagnent compofée de comtes de l'empire, précédée du maréchal héréditaire, du maréchal des logis, du héraut de l'empire, eft efcortée par un détachement de la garde impériale et de la garde Suiffe Saxonne. Lechanfon héréditaire préfente a boire a, l'empereur, et un prince de l'empire tranche les viandes. Pendant le repas l'électeur de Mayence préfente au monarque le grand fceau de l'empire, que ce prince lui remet fur le champ et que l'électeur remet dans une bourfe qu'il pend a fon cou. Chaque électeur eccléfiaftique fe met a la table particuliere qui lui eft deftinée et dreffée dans la même falie oü mange l'empereur. II y a auffi des tables fervies dans Ja même falie pour les ambaffadeurs des électeurs abfens, fur lefquelles font placés des plats couverts. Les ambaffadeurs ne s'y placent pas, ils vont  172 r~ manger a leurs hotels et revierment dans la falle'avant que l'empereur fe leve de table. On fert auffi dans la même falie une table pour les princes de l'empiremais oü prefque perfonne ne fe place. La table pour les grands officiers de l'empereur, les officiers héréditaires de l'empire, et les miniflres étrangers, eft dreffée dans une falie particuliere ,"dc même que celle que la municipahté de Francfort fait dreffer pour les députés d'Aixda-Cbapelle et de Nuremberg , et a laquelle, outre plufieurs membres de la raagiftrature de Francfort, on invite des perfonnes de la première condition [a). («) Johann-Petcr Ludewigs *, publicifte allemand, au titre "73- §■ I- 'le fon ExpUc'ation complette de la bulle d'or , imprimée a Francfort fur le Mcyn en 1719, cite plufieurs archi- charges d'empire dont il parait que 1'auteur n'a pas jugé I propos de faire mention iCf , foit paree qu'il n'en eft pas fait mention dans la bulle d'or, foit qu'ellcs n'exifter.t pas. I. Celle d'archi-veneur de l'empire, dont le margrave de Mifnie exerea les fonctions lorfque l'empereur Charles IV tint cour plénière a Metz en 1356. II. Celle d'arehigrand-maitre , qui a été jointe depuis a celle d'arch.fénéchal, et qui fut conférée par Alphonfe X, roi de Leon etdeCaftiHe, dit le Sage, élu empereur dans la ville de Francfort en 1257, V» duc de Lorraine , lorfqu'il tut en-  ■ 173 Après le repas l'empereur toujours vêtu des habits impériaux, fe rend a fon palais voyé par les électeurs de Trèves, de Bohème, de Saxe et de Brandebourg en 1:58, pour lui préfenter le diplome de Ton élection. La Fonction de eet archi-office devait être de porter dans les grandes folennités le premier plat fur la table de l'empereur, et d'avoir la garde auprès de fa perfonne. Mais le duc n'eut pas occafion d'exercer fouvent cetté charge, Alphonfe n'étant pas venu prendre poffeffion du tröne, tandis que fon compétiteur Richard de Cornouailles, qui avait été élu par les électeurs de Mayence et de Cologne et leurs partifans hors des murs de Francfort, fut couronné a Aix-la-Chapelle en 1257 avec Sanclu-tte de Provence fa femme. La giierre qu'il avait a foutenir contre les Sarrafins et la révolte des CaiKllans , 1'empècha de fe rendre en Allemagne. III Celle d'archi-porteenfeigne ou bannière de l'empire , annexée a la maifon ducale de Wirtemberg. -IV. Celle de furintendant des poftes de l'empire, dont les princes, alors barons de la maifon de la Tour-Taxis , furent inveftis par Maximilien I pour la route de Vienne a Bruxelles. L'empereur Mathias ctendit cette furintendance pour toute 1'Allemagne , et 1'érigea en lief de l'empire en faveur de Lamoral de Taxis et de fes defcendans. Ce mëme Lamoral de Taxis fut élevé a la dignité de comte d'empire par Ferdinand II. Le comte Eugène Alexandre de la Tour-Taxis fut élevé a la dignité de prince d'empire par Léopold I en if,86, et le prince Alexandre Ferdinand obtint de Francois ï en 1758 1'admiffion a avoir féance et voix dans le collége des princes de l'empire. V. Celle d'écuyer de l'empire , dont les princes de Schwartzböurg ont hérité par 1'extinction de la maifon des barons de Leuchtenberg, qui en était décorée.  i74 dans un carroffe de parade, fuivi des électeurs préfens et des ambaffadeurs des abfens, VI. Celle d'e'cuyer tranehant de l'empire , dont il fera fait mention dans le fnpplément. VII. Celle Sorateur on procureur de l'empire, dont les landgraves de Thuringe étaient revêtus, mais qui parait être tombée en défuétude. VIII. Celle de protecteur des Juifs dans l'empire, dont eft revêtu l'électeur de Mayence. IX. Celle de protecteur des chaudronniers pour les provinces de 1'oueft de l'empire, exercée par l'électeur Palatin. X. La direction des batimens, digues, ponts et chauflees de Temprrë , tombée auffi en défuétude, chaque prince en ayant pris 1'adminiftration dans fes domaines : telles font, la direction de la police par rapport aux incendies et au ramonage des chemïnées , dont les ducs de Lorraine avaient la furintemlance; 1'infpection des pêcheries de l'empire , exercée par les comtes de Barby de Weriiigerode, etc. ; celle de grandmaitre de la garde-robe de l'empire , exercée par les ducs «e Gueldcrn, dont un fut invefti par l'empereur Louis de Bavière en 1339 ; celle d'huiffier de la chambre de l'empire, exercée encore de nos jours par les comtes de Werthern, dont il a été fait mention en fon lieu; celle d'écuyer d'armes, abolies etc. L'exercice des fonctions de ces grands offices ayant donné anciennement lieu a des difcuffions, il eft k préfumer que c'eft ce qui détermina Charles IV a faire le reglement que 1'on nomme la bulle d'or. Voy. 1'auteur ci-deffus cité. Joh. Pet. Ludewigs Vollflandige Erlduterung der guldenen Bulle : ƒƒ Theil Tit. XXVII. §. i. VBn den Ertziimtcrn der Churfürjlen, bey offentlicher Hoflmlhing des Kaifers. paS. 6J. &c. Francfort, 1719.  chacun dans le leur , et précédé des grands officiers héréditaires de l'empire k cheval portant les ornemens et joyaux impériaux. Tous les membres du collége électoral, ceux des états, des villes et autres colléges de l'empire, font k l'empereur leurs complimens de félicitation. On célèbre cette fête k Francfort par des divertiffemens variés; le foir prefque toute la ville, et fur-tout les palais des électeurs , font magnifiquement illuminés; et dans les églifes même on célèbre eet événement par des difcours et des prières qui y ont rapport. L'empereur recoit pour 1'ordinaire en perfonne le ferment de fidélité de la ville et de la bourgeoifie. Un commiffaire de l'empereur recoit celui de la nation juive établie dans la ville. Le collége des comtes d'empire et celui de Ja nobleffe immédiate préfentent le don impérial, et Ja nation juive le denier d'offrande , ou joyeux avénement. Tous ces préfens et tous ces dons ne dédommagent pas a beaucoup prés l'empereur des dépenfes qu'il eft obJigé de faire pour les frais du couronnement , tant par rapport aux éJecteurs et aux ambaffadeurs d'élection, qu'aux officiers de J'empire etc. : qui fe montent fouvent a quelques milJions.  37f3 ^- ! Le départ de l'empereur eft auffi folennel que fon arrivée. Toute la milice bourgeoife et la garnifon font fous les armes et en parade. La cavalerie bourgeoife accompagne le monarque jufqu'aux frontières de fon territoire. L'artillerie des remparts fait une falve de 100 coups de canon, et au départ des électeurs on fait la même falve qu'a leur arrivée, c'eft-a-dire de 125 coups.  SUPPLÉMENT CONTENANT CE Q_V I S'EST PASSS A L'ÉLECTION E T AU COURONNEMENT DE L'EMPEREUR LÉOPOLD II, EN 1790. M   Election de Léopold II, et arrivée de ce Monarque a Francfort fur le Meyn. Peu après la mort prématurée de l'empereur Jofeph II , l'électeur de Mayence , en fa qualité de directeur du collége électoral, envoya des lettres d'invitation k fes coélecteurs , afin que chacun d'eux fe rendit a. Francfort fur le Meyn , pour y procéder fuivant les lois conftitutionnelles de l'empire , a l'électioji d'un roi des Romains , futur empereur. M 2  M- le baron de Schnetter, maréchal des logis de l'empire , chargé du choix des hotels et maifons convenables pour loger les. électeurs et leur fuite, arriva dans le courant de mai 1790 a Francfort. L'électeur de Mayence s'y rendit auffi au mois de juin a. diverfes reprifes , pour préfider aux arrangemens néceffaires par rapport a l'élection et au couronnement. Peu après les trois électeurs eccléfiaftiques fe trouvèrent enfemble au chateau d'Oberlahnftein ; probablement pour fe concerter enfemble fur les affaires qui avaient rapport a ces objets. Les cours électorales, l'invitation recue nommèrent leurs ambaffadeurs , qui fe rendirent a Francfort dans le courant des mois de juin et de juillet. La nombreufe fuite de perfonnes qui accompagnait les ambaffadeurs , la fomptuofité des équipages et des livrées , le nombre des domeftiques , annoncèrent d'avance la magnificence qui xégnerait a la prochaine cérémonie du couronnement (a). Chaque ambaffadeur fut (a) Nous croyons faire plaifir a la plupart de nos lecteurs , en mettant fous leurs yeux les noms des ambaffodcurs des électeurs qui ont affifté a la diète d'élection »  eomplimenté a. fon arrivée au nom de la ville , par une députation du fénat. Tous les ambaffadeurs des électeurs fe trouvèrent FrancFort, en 1790, en obfervant 1'ordre qu'ont leurs fouverains refpectiFs. Pour l'électeur de Mayence, M. G. K. baron AeFcfchenbach , de Laudcnbacb , premier ambaffadeur ; M. C. A. , baron de Weghalen, de Fürftenberg , deuxième ambaffadeur ; M. Pb. C. baron Deel, de Deelsbourg, troiFième ambaffadeur ; M. J. C. de Keiler , mort a FrancFort pendant la diète. Pour l'électeur de Trèves, M. le comte deP. F- W. N. de Walderdorf, de Molsberg et Ifenbourg , premier ambaffadeur ; M. le baron F. de Duminique, deuxième ambaffadeur 5 M. /. A. J. Hügel, troiFième ambaffadeur. Pour l'électeur de Cologne, M. le comte d'OettingeuB&Utrn , premier ambaffadeur ; M. le baron J. C. de Waldenfels, deuxième ambaffadeur ; M. le baron de Forftmcifter , troiFième ambaffadeur. Pour l'électeur de Bohème, S. E. Antoine-Théodore, archevêaue A'Olmütz , prince du St. empire , premier ambaffadeur ; M- le comte F. K. G. de 3Ietternich-Win■yiehourg , &c. deuxième ambaffadeur ; M. le baron J. de Bartcnftein, troiFième ambaffadeur. Pour l'électeur de Bavüre , M. le comte Fr. A. Z. A'Ohirndorf, comte d'empire, premier ambaffadeur; M. le baron F. de Hertling , baron d'empire , deuxième ambaffadeur. Pour l'électeur de Saxe, M. le comte de Schmnberg , premier ambaffadeur; M. le comte de Riuucour, deuzième ambaffadeur; M. le comte Aelabe», troifièmc ambaC fadeür.  182 a Francfort avant Ja fin de juillet , et la première de leurs affemblées pour les conférences particulières , fe tint le 28 du même mois dans 1'hötel de ceJui de Mayence. L'afHuence des étrangers , de tous les pays de 1'Europe , augmentait de jour en jour. Parmi plufieurs princes et comtes du St. empire on compta Monfujnor Caprara, nonce du pape , et plufieurs ambaffadeurs des grandes puilfances. La première conférence folennelle fe tint au Roemer Je ne aoüt. Les ambaffadeurs des électeurs s'y rendirent en grand cortége, a dix heures du matin , dans vingthuit carroffes a fix chevaux. Le comte de Pappenheim , maréchal héréditaire de l'empire , accompagné de quatre députés du fénat de Ja ville, Jes y avait précédé, pour introduire chacun d'eux dans Ja falJe oü fes tiennent les conférences. Cette première Pour V électeur de Brandebourg , le prince Charles de Sacken , premier ambaffadeur; M. le comte de Goerz, deuxième ambaffadeur. Pour Vélecteur de Brunfwic, M. le baron Louis Fr. de Beulwitz , premier ambaffadeur } M. le baron D. Li'Owpteda, deuxième ambaffadeur. Note de Vauteur.  183 féance dura jufqu a deux heures après midi, et les ambaffadeurs s'en retournèrent dans le même ordre chacun a fon hötel. On avait conftruit un corps - de-garde devant le Rcemer ; et a 1'arrivée de chaque ambaffadeur la garde prenait les armes et lui rendait tous les honneurs militaires. Les mêmes cérémonies et les mêmes honneurs d etiquette furent obfervés a chaque feance, qui furent au nombre de trois par femaine, jufqu'a celle oü Léopold II fut élu. Le 16 feptembre 179° > f ordonnance pour la police, la taxe des vivres, les logemens etc. dont il a été fait une mention détaillee ci-devant, ala page 37 etfuiv-, fut publiée par ordre de 1'archi-maréchal de l'empire, au fon des timbales et des trompettes dans toutes les places et carrefours de la ville. On eut aufli 1'attention de procurer aux étrangers tous les amufemens convenables. Outre deux théatres allemands, il y en avait un pour la comédie francaife. II y a eu des bals mafqués a la maifon rouge et dans les falies de comédie. Les concerts furent, entre les divertiffemens , ceux qui furent les moins fuivis. Ce n'eft pas qu'il y ait eu  i5?4 ■ difette d'excellens muficiens dans tous les genres , foit pour la mufique vocale ou inftrumentale. Entre tous les virtuofes qui fe trouvaient alors k Francfort , le célèbre abbé Vogler fit entendre fur f orgue , k plufieurs reprifes , ce qu'il nommait des peintures. Tantöt c'était le bruit et le tumulte d'une bataille ; tantót celui d'une ville prife d'affaut ; tantöt il exprimait la fureur et les mugiffemens d'une mer agitée par la tempête ; tantót au doux murmure des zépbirs fuccédait le fillonnement des éclairs et les éclats de la foudre. II fit fubir au généreux duc Léopold de Brunfwic un fecond martyre de fon humanité; (heureufement ce ne fut que fur forgue ) et plufieurs autres pièces femblables. Ce qui rendit le féjour de Francfort encore plus agréable, fut le camp formé k Bergen par les plus belles troupes du landgrave de Heffe-CafTel. L'électeur de Mayence, d'après les repréfentations qui lui furent faites de la part du département du maréchal héréditaire de l'empire , pour avoir un corps de troupes qui affurat la tranquillité pendant la tenue  1 iS5 i de la diète d'élection et les folennités du couronnement , s'adrefla au landgrave de Heffe-Caffel, et le pria d'envoyer de fes troupes a eet-effet. Ce prince , apiès 1'arrivée du courrier qui lui apporta cette requifttion, fit affembler fes troupes , S. A. S. fe mit lui-même le 17 feptembre 1790 a la tête de onze bataillons et de quatorze efcadrons qu'il conduifit au camp de Bergen. Le collége des électeurs s'était occupé peni dant toutes les féances de la rédaction des articles de la nouvelle capitulation (a) et («) Un des électeurs fit propofer a la féance du premier feptembre, qu'a 1'avenir, lorfque 1'occafion fe préfenterait de nommer dans les conférences un électeur qui ferait revêtu du titre de roi, on lui donnat celui de Majcfté. L'électeur de Cologne , s'oppofa a cette innovation , comme grand-maitre de 1'ordre Teutonique ; paree que eet ordre ayant, ainfi qu'il eft connu, des prétentions fur le duche' de Pruffe, ne donne jamais le titre de Majefté au roi qui ■en eft fouverain. La propofition refta indécife malgré la proteftation que l'électeur de Brandebourg fit a Ia féance fuivante contre les prétentions de celui de Cologne. Dans la même féance il fut abfolument défendu de porter dans Francfort une cocarde nationale quelconque , fous peine d'être chaffé de la ville. L'afFaire concernant la nonciature sn Allemagne, fut propofée dans la féance du trois feptembre; mais elle fut unanimement rejettée au défavantage de Ia cour de Rome , malgré les vifs débats qui eurent lieu entre le nonce et 1'ambaffadeur de l'électeur de iCologne. Notc de 1'auteur.  ment vêtus. Les trois électeurs eccléfiaftiques enliabit électoral, venaient enfuite, rnontés fur 'de fuperbes chevaux, magnifiquement harnachés, et chacun d'eux précédé de fon maréchal héréditaire auffi a cheval, portant le glaive électoral dans le fourreau. Après les électeurs eccléfiaftiques fuivaicnt les am-1 baffadeurs des électeurs laïques abfens, dans: 1'ordre accoutumé, auffi a cheval, et vêtus de: fuperbes habits et manteaux a f efpagnole. Les i feconds et troifièmes' ambaffadeurs s'étaient! rendus a 1'églife avant le cortége. Monfieun Heimes , chor-évêque de Mayence, a la tête1 du clergé, fe trouva a la grande porte de 1'églife; quand les trois électeurs eccléfiaftiques et les ambaffadeurs des électeurs laïques yarri-. vèrent. Lorfqu'ils eurent mis pied a terre, il leur préfenta 1'eau bénite et les accompagna dans le chceur. On entonna le Vtni fanctt Spiritus, et le chor-évêque célébra la grand* meffe, qui fut chantée par la mufique de l'électeur de Mayence , et que M, Ricchini j maitre de mufique de la chapelle de S. Aj Ele a compofée a cette occafion. Pendanf la célébration de la meffe les ambaffadeursi proteftans fe retirèrent dans une chapellei  ===== i89 attenante a 1'églife et y reftèrent jufqu'a ce qu'elle fut finie; ils rentrèrent lorfqu'on entonna 1'hymne Veni Creator. Enfuite les électeurs et les ambaffadeurs prètèrent le ferment dans 1'ordre annoncé ci-devant (a). Les deux notaires ayant dreffé la minute de tout ce qui venait de fe paffer, on fe prépara h procéder a l'élection. Les électeurs et les i ambaffadeurs entrèrent a eet effet dans le (conclave, et M. le comte de Pappenheim, i maréchal héréditaire de l'empire, enfermala porte. Peu de temps après, l'élection étant laite, il la rouvrit et invita les notaires et lies conclaviftes a y entrer. Léopold II, qui en 'régénérant la Tojcane, Ca rendue une des plus ' heureufes provinces s ce prince qui, par fes fentimms et fes difpofitions pacifiques fera le bonheur de fes Etats héréditaires, ainjl que celui de teute 'il'Allemagne, en leur fcfant goütcr les délices de ila paix, et dont le règne fera certaincment une -.époque mémorable pour l'empire germanique, fut lunanimement élu. L'élection fut auffi tót proclamée dans 1'églife en préfence des électeurs et des (a) Voyez pages 97, 98.  ambaffadeurs , par M. de la Leyen , comte d'empire et prévöt du chapitre archiépifcopal de Mayence , fur une efpèce de jubé qui avait été élevé a. eet effet; les cris de joie réitérés de Vive Léopold! joints au fon des timbales et des trompettes, firent longtemps retentir les voütes du temple et furent accompagnés d'une falve d'artillerie des remparts. Après qu'on eut chanté le cantique ambroifien , Te Deum laudamus, les électeurs et les ambaffadeurs retournèrent au Rcemer accompagnés du même cortége et dans le même ordre qui avait été obfervé le matin, II était alors trois heures après midi. Les rues qui conduifent de 1'églife au Rcemer et tout le mont du Roemer étaient remplis d'un peuple innombrable qui, lorfqu'il appercut l'électeur de Cologne , frère du digne prince, nouvellement élu a l'empire, redoubla les marqués de fa joie , par fes cris de Vive Léopold II. L'électeur pénétré de fenfibilité , répondit a cette univerfelle alégreffe, en ötant plufieurs fois fon bonnet électoral et en difant: quilvive! Le peuple accueillit de même 1'ambaffadeur de l'électeur de Bohème, fur-tout lorfque le  , 1* prélat ayant Öté fon chapeau, 1'agita par trois fois en fair en criant Vive Lc'opold! Les Juifs de Francfort prirent auffi part a la joie publique, en adrefTant des actions de graces a 1'Eternel dans leur fynagogue, qui était magnifiquement ornée et ifluminée avec goüt. Léopold, perfuadé des difpofitions oü étaient a fon égard les états qui compofent le Corps germanique, et prévenu qu'ils lui décerneraient la couronne impériale, avait quitté fa réfidence affez tót pour arriver k Afchaffenbourg le jour de fon élection. L'électeur de Cologne et 1'archiducheffe Chriftine quittèrent Francfort peu de temps après l'élection pour fe rendre auprès de lui; le maréchal héréditaire de l'empire les y fuivit de prés. Enfuite Je duc Charles de Mecklenbourg, accompagné d'un colonel de fes troupes, le' comte a Ponte de Léon et de M. de Graf, major des troupes électorales de BrunfwicHanovre, précédés de 30 poftillons fonnant du cors, arriva et préfenta au nouveau roi des Romains, au nom du collége des électeurs, le diplome de fon élection. Le lendemain les électeurs de Mayence et de Trèves fe rendirent de même k Afchaffenbourg. II  192 * fe donna plufieurs fêtes a Francfort pour célébrer l'élection de Léopold, parmi lefquelles celle que le prince évêque d'Olmütz a donnée a la Maifon rouge le premier octobre, mérite d'être citée avec diftinction. Cette fête était dirigée par les foins de M. le Noble, fourrier de la chambre de S. M. L etR. qui s'attira dans cette occafion les juftes éloges de toutes les perfonnes de la première diftinction qui y furent invitées, et qu'il mérite par eet art ingénieux , qui lui eft propre, de favoir reünie 1'opulence et la fomptuofité au goüt le plus exquis. On jouafur le théatre allemand de la ville de Francfort une nouvelle pièce dramatique intitulée Frédéric d'Autriche, de la compofition du fieur Ifland , acteur et auteur dramatique , que 1'on regarde comme le Garrick . de 1'Allemagne (a), qui fut généralement: applaudie. La fête que le corps de la magiftrature de Francfort fit célébrer dans toutes 1 les églifes de la ville et celles de fa dépen- . dance, le 3 octobre, en actions de graces 1 (a) Cette pièce dramatiqiie eft déja impriniée a la librairie 1 d'Ettinger a Gotha. par  193 ] par rapport a l'élection, fut auffi très-agréai ble aux habitans. A peine l'élection fut-elle proclamée, que 1'on s'occupa des prêparatifs néceffaires pour . 1'entrée du nouvel élu dans la ville et pour la folennité du couronnement. Les joyaux de la couronne impériale étant arrivés d'Aixla-Chapelle et de Nuremberg; Léopold après ; avoir fixé au 9 d'octobre la cérémonie de ifon couronnement (a), fixa au 4 du même 1 mois fon entrée a Francfort qui fe fit dans 11'ordre fuivant. Vers une heure après midi on s'apercut 1 du haut des tours de la ville que le nouveau iroi , qui était parti le matin d'Afchaffenibourg, s'approchait avec fa fuite, du territoire de la ville. Le monarque s'était arrêté [pour prendre un déjeuner dans une maifon ide foreftier appartenante a la ville; on avait («) Le monarque témoigna dans cette occafion que Tori ;pouvait choifir pour fon couronnement, lequel des preimiers jours d'octobre on croirait le plus convenable, a Texception du fixième jour, auquel e'tait arrivé en 1789 la funefte cataftrophe de Verfailles, oü fa fceur, la reine de •France , avait été expofée a tant de chagrins. Ces notes font de 1'auteur. N  ï94 ======== dreffé des tentes a Riedhofe, endroit fituc k environ une demi-lieue de Francfort, fous lefquelles les trois électeurs eccléfiaftiques, les premiers ambaffadeurs des électeurs laïques , et beaucoup de perfonnes de la première qualité, ainfi que tous les membres du fénat de la ville s'étaient raffemblés. , L'arrivée du roi des Romains en eet endroit fut annoncée par une falve de toute 1'artih lerie des remparts de la ville de Francfort; les magiftrats lui préfentèrent, felon 1'ufage, les clefs de la ville, et 1'on donna 1'ordre pour la marche, qui dans aucune des occafions précédentes n'a jamais été fi fomptueufe. Chaque fpectateur s'imaginait affifter a la pompe d'une entrée triomphale dans 1'ancienneRome. Cette marche qui durajufqua quatre heures après midi, paffa par Saxenhaufen, traverfa le pont, paffa par les rues Fahrgaffe, Zeil, la porte Sainte Cathenne, lemont du Roemer, puis par le marché pour fe rendre k 1'églife de St Barthélemi, oü le roi nouvellement élu fe rendit pour préter le ferment d'obferver la nouvelle capitulation. La milice bourgeoife et les troupes de la garnifon étaient en haie dans toutes les rues,  195 «ambour battan t et enfeignes déployées. Chacun répétait avec enthoufiafme: Vive Léopoll! A cesc:i< réitérés fe mèlaient le bruit de 1'artillene et lé fon de toutes les cloches. L'ordre de la marche était réglé comme il fuit: i°. L'écuyer de la ville fuivi de fix p.ilefreniers, conduifant a la longe chacun un très-beau cheval dê main, couvert d'un caparacon fuperbement brodé. 2°. Quatre meffagers et quatre archers ou fergeans de ville; tous en livrée de la ville , et a cheval. 3°. Un timbalier et quatre trompettes. 4°. Les deux échevins de Holzhaufen et de Barkhaufen, les fénateurs D. Moors et Willemer, députés du fénat; tous k cheval. 5°. Les trois efcadrons de la milice bourgeoife de Francfort a cheval, avec leurs étendards et leurs trompettes. 6°. Le prévöt de l'empire , k cheval, tenant en main fa baguette. 7°. Les écuyers du comte de Pappenheim, a cheval. 8°. Quatre palefreniers, conduifant chacun un cheval de main couvert d'un riche caparacon» N %  196 9°- Le fourrier de l'empire a cheval. 10°. M. Lceblein , confeiller de la chancellerie, et M. de Loevling, fecrétaire de la •chancellerie, tous deux a cheval. 11°. M. de Schnetter, maréchal des logis de l'empire, a cheval. 12°. Tous les officiers de maifon, a pied. 13°. Un carroffe a fix chevaux , dans lequel était le fecond des'comtes de Pappenheim, tenant le fourreau du glaive électoral de Saxe. 14*. Deux pages. 15°. Un carroffe de parade a fix chevaux. 16°. Tous les gens de la fuite de 1'ambaffadeur de l'électeur de Brunfwic -Hanovre. i°. Un grand nombre de domeftiques en livrée; 2°. les fourriers de la cour; les officiers de la maifon électorale et trois carroffes de parade a fix chevaux. 170. Tous les gens de la fuite de 1'ambaffadeur de l'électeur de Brandebourg, dans 1'ordre précédent, et trois carroffes de parade a fix chevaux. 18°. Ceux de 1'ambaffadeur de l'électeur de Saxe, comme les précédens , fuivis d'un écuyer et de trois palefreniers conduifant  ===== igr chacun un cheval de main; puis venaient les trois carrolTes de parade a fix chevaux. 190. La fuite des ambaffadeurs de l'électeur Palatin de Bavière , et de celui dc Bohème, 1'une et f autre trés - nombreufe , fe fuivaient, ayant chacune trois carroffes de parade a fix chevaux. 20°. La fuite de l'électeur de Cologne, outre la livrée qui était nombreufe, confifb.it en un écuyer et fix fuperbes chevaux de main, couverts de caparacons magnifiquement brodés , que conduifaient fix palefreniers. Un timbalier , quatre trompettes, quatre poftillons ; douze carroffes a fix chevaux , dans lefquels étaient les gentilshommes de fa cour , et un carroffe de parade auffi a fix chevaux. 21°. Celle de l'électeur de Trèves, outre une nombreufe livrée, un écuyer et fix palefreniers, conduifant chacun un cheval de main, couvert d'un caparacon* magnifiquement brodé ; un timbalier, fix trompettes , douze carroffes a fix chevaux, dans lefquels étaient les gentilshommes de fa cour, et un carroffe de parade a fix chevaux.  22°. Celle de l'électeur de Mayence. Une nombreufe livrée ; deux ccuyeijs fuivis de fept palefreniers. Douze chevaux de main avec de fuperbes caparacons , que condui, faient douze palefreniers. Un trompette , un timbalier fuivi de huit trompettes. VingN deux carroffes k fix chevaux pour les gen, tilshommes de fa cour , et un magnifique carroffe de parade. 23°. Le premier ambaffadeur de l'électeur de Brunfwic - Hanovre , vêtu a 1'efpagnole dans un magnifique carroffe de parade , attelé de fix fuperbes chevaux de couleur ifabelle, précédé d'un nombreux domeftique a pied. Aux cótés de la voiture marchaient les pages et les heyducs. 24°. Le premier ambaffadeur de l'électeur de Brandebourg. ' 25°. Celui de l'électeur de Saxe. 26°. Celui de l'électeur Palatin de Bavière. 27°. Celui de 1'électeurde Bohème. Chacun précédé d'une fuite nombreufe. 28°. L'électeur de Cologne dans unfuperbe carroffe a fix chevaux, précédé d'un nombreux domeftique, des officiers de fa maifon, de fa garde fuiffe et de fix pages k cheval.  199 29°- L'électeur de Trèves, auffi dans un fuperbe carroffe a fix chevaux, que précédaient fes domeftiques , les officiers de fa maifon, fa garde fuiffe et douze pages k cheval. 30°. L'électeur de Mayence de même que les précédens, tant pour le nombre que pour 1'ordre. 31°. La fuite du roi des Romains, qui s'ouvrait par une quantité de palefreniers; puis venaient les ferviteurs et officiers de fa cour ; fuivaient huit chevaux de main, couverts de riches caparacons ; chacun d'eux était conduit par deux palefreniers. Les feigneurs de fa fuite, dans fix carroffes a fix chevaux. Un timbalier, et fix trompettes, trois hërauts d'armes k cheval , avec leur maffe. Un grand nombre de valets-de-pied, et les trabans a. pied. Le fuperbe carroffe de parade attelé de fix chevaux gris-pommelés , dans lequel était Sa Majejlé, le nouveau roi des Romains , accompagné de fainé des comtes de Pappenheim, maréchal héréditaire de l'empire. Seize pages k cheval accompagnaient le carroffe que fuivait la garde noble a cheval , avec fes timbales et fes  aoo trompettes. Enfuite venaient les gardes dü corps a cheval des électeurs de Mayence, de Trèves et de Cologne , avec leurs étendards , timbales et trompettes. La marche était fermée par 1'écuyer de la pofte impériale de Francfort, fuivi de cinquante poftillons a cheval; deux carroffes de voyage attelés de fix chevaux chacun; dix - huit maitres des poftes impériales ; les officiers du fénat de Francfort k cheval; fix meffagers de même en leur uniforme; et enfin , tous les membres du fénat et de la magiftrature de la ville , dans vingt carroffes. Après que le monarque fut arrivé a la cathédrale , et qu'il eut prêté Ie ferment d'ufage, d'obferver les articles de la nouvelle capitulation , on chanta Je Te Deum , et le cortége fe remit en marche dans 1'ordre précédent, et accompagna Je roi des Romains au palais qui était préparé pour lui. Pendant cette marche on fit une nouvelle falve de 1'artilleiïe des remparts. Tout le cortége était compofé de 82 Carroffes k fix chevaux, et de 22 k quatre chevaux , de 1493 perfonnes a cheval e,t 1336 a pied.  1 — 2or Le beau temps qu'il fefait, ne contribua pas peu k augmenter la pompe de cette entrée folennelle. Le nouveau roi Iogea dans le chapitre des demoifelles nobles , nommé Kronfladt , au 'marché aux chevaux ; mais cette maifon n'étant pas affez vafte pour loger toute la fuite de fa majefté , on prit encore plufieurs maifons dans une des rues adjacentes, nommée GallengaJJe. Le monarque fut recu k la defcente de fon carroffe par la reine fon époufe, par les archiducs et archiducheffes , fes enfans, qui 1'avaient accompagné , et par le roi et la reine des deux Siciles. Toutes ces augufles perfonnes s'étant mifes aux fenêtres du palais pour voir défiler Ie cortége qui avait accompagné le roi , la reine óta un de fes gands , 1'agita en fair, en criant vivat t Ce cri d'alégreffe fut répété fur Ie champ par tous les fpectateurs et par Ja foule immenfe de peuple, dont le marché et les rues voifines étaient remplies. La milice bourgeoife fit , en défilant devant le palais „ une falve générale de moufqueterie.  202 Extrait des nouveaux articles ajoutes a la capitulation, dont l'empereur Léopold II a juré 1'obfervation avant fon, couronnement. Avant que de donner la relation de la cérémonie du couronnement de l'empereur Léopold II , nous croyons néceffaire de donner ici 1'extrait des nouveaux paragraphes qui ont été ajoutés a la capitulation , foit par des additions importantes faites aux anciens , foit par des nouveaux. Mais nous ne ferons pas mention des petits changemens ou de quelques mots ajoutés ou retranchés par 1'éclairciffement des anciens paragraphes {a). Art. I. §. 2. De la confervation des droits et privdéges de chaque état. cc Voulons fpécialement que chaque arche- • M vêque et évêque conferve fans empêche- ■ (a) Les nouvelles additions etles nouveaux paragraphes i Tont marqués dans le texte par des („) ; ce qui ne 1'eft : pas, elt ce qui fe trouve dans 1'ancienne capitulation, et : n'eft rapporté ici que pour 1'éclairciffement de ces mêmes i additions. Note dc 1'auteur.  p ment quelconque , 1'étendue de fes pof„ feffions métropolitaines et diocéfaines, le 3, droit de jus diocefanum , dont il a joui „ jufqu'a préfent , et de tous ceux de jurif3, diction eccléfiaftique , tel qu'il a été ftipulé 33 par la paix de Weftphalie. " §. 5, De la réception des nouveaux membres de la diète de fempire. Aucun prince, comte et baron immédiat, rie peut être admis a avoir féance dans le collége des princes et comtes , fi préalablement il n'a pas prouvé qu'il pofsède une principauté , comté, ou baronie immédiate. " Alors fadmiffion fuivra la vérification p des preuves authentiques , mais elle ne 33 pourra avoir lieu fi les titres ne font que „ perfonnels, et s'ils ne font pas accom„ pagnés des poffeffions immédiates pref33 crites. " §. 7. Des recherches par rapport aux membres de la diète recus jufqud préfent. Le département comitial des recherches étabh pour 1'examen des preuves produites  204 B==5 par les princes et autres membres des états admis aux féances de la diète de l'empire, depuis 1654 juqu'a préfent, doit faire fon rapport. " Afin que dans le délai d'un an , a M dater de notre avénement au tróne impé5, rial, le décret de commiffion impériale „ donné a eet effet puiffe avoir lieu." §. 8. Defenfe de porter atteinte aux droits Jeir/neuriaux quelconques. Nous faifons trés-expreffes inhibitions aux tribunaux de fempire et a toute perfonne qnelconque , " tant dans 1'étendue de 1'em„ pire , que hors de l'empire" de porter atteinte aux droits territoriaux, " feigaeu,3 riaux, de gouvernement, police, militaire?, „ féodaux , de lettres de grace des états, 33 fpécialement des villes impériales, dans „ leurs immunités , confbtutions, et la forme „ de leur gouvernement, et d'y faire des „ changemens arbitraires, ni permettre qu'on » y en faffe."  20$ §. 9- Des mandats, ou lettres alimentaires, nommées PANis briefe (a). " Nous devons et voulons ne point dif,j tribuer de panis briefe h la charge des „ couvens ou chapitres d'Allemagne ; fauf „ a ceux fur qui nous avons le droit impref53 criptible de re'fervat impérial a eet effet." Art. II. §. 8. De la liberté du commerce pour les livres fymboliques prohibition des livres dangercux. " Tout ouvrage qui traitera de matières 53 incompatibles avec celles dont traitent les „ livres fymboliques, des deux religions „ profeffées dans l'empire-, ou avec les „ bonnes mceurs , qui tendront a détruire le „ fyfbème du gouvernement actuel, ou k „ troubler le repos public, ne doiventpas 33 être tolérés. " Art. III. §. 3. Des avis des électeurs dans les affaires importantes. Nous devons et voulons, " recevoir trèsM volontiers les repréfentatiohs et les avis (a) Voyez ci-tlevant page 18.  20Ö „ des électeurs, fur-tout lorfqu'ils nous les ,5 communiqueront de leur prop re mouve55 ment, et d après les circonftances des cas, ,5 notre confiance impériale s'y conformera. " §. 4. Du maintien des droits des électeurs. " Spécialement auffi les maifons électorales „ laïques feront maintenues dans leur droit ,5 de primogéniture, fans aucune reftriction ,5 quelconque. " §. 18. Ratification de Texercice du vicariat. " Nous devons et Voulons confirmer et ,5 ratifier tout ce qui a été fait et conclu par 53 les deux cours des vicariats , pendant la „ vacance du tröne impérial jufqu'après que 33 nous aurons juré 1'obfervation de la capi„ tulation, et qu'en conféquence nous ferons 33 véritablement en poffeffion du gouverne33 ment de l'empire , foit en ce qui concerne 33 la juftice , ou la diftribution des graces, 33 autant que les bornes prefcrites par la „ bulle d'or le leur ont permis et qu'ils ne » fe font pas écartés des anciennes coutumes;  -' 30? „ et tout ce qu'ils auront ratifié, ainfi qu'il „ appartient et convient, nousle confirmons ,, et ratifions par le préfent. " Art. IV. §. 6. Des fortereffes fituèes fur le territoire d'un membre des états de L'empire. Toutefois, nous devons et voulons n'ériger ni fur le territoire — des électeurs ni,— " fur aucun territoire ou domaine de la no„ bleffe immédiate de l'empire " ■— aucune fortereffe etc. — " Nous voulons au con„ traire, que celles qui exiftent en faveur de l'empire dans certains endroits, et qui j, ont été conftamment pourvues d'un gou» verneur, que celles-la ne puiffent, fous „ aucun prétexte , et fans le confentement M des électeurs , princes et barons, être déM truites ou abandonnées, ni permettre que „ fancien poffeffeur du terrain fur lequel n elles feraient baties , puifle s'en emparer 3J de fa propre autorité, et peut-être la faire M démolir. "  2o8 §.8. Des troupes de 1'empire. " Les contingens , foit en troupes ou en M argent qui auront été accordés par 1'em5, pire, ne feront employés pour aucun autre „ but, et contre aucun autre, que pour „ celui, et contre qui, ils doivent 1'être." §. li. Des traités dc paix. " Cependant il fera libre aux électeurs, ,3 princes et états de l'empire, lors d un s3 congrès pour un traité de paix, d'y en33 voyer leurs ambalfadeurs pour y traiter jj de leurs intéréts particuliers , et ces amM baffadeurs feront admis fans difficulté aux 3, conférences." §. 14, Du fervice militaire étranger. " Quoique par 1'acte Inftrumentum pacis, 33 et les conftitutions de l'empire , il foit 33 alfez exprimé jufqu'a quel point il eft 33 permis a. un polTeffeur de fief d'entrer 33 dans le fervice militaire ou de contractei* „ alliance avec une puiffance étrangèrc, fans „ préjudicier  t> prêjudicier aux lois de l'empire; notre „ prévoyance paternelle impériale nous injj vite, pour que 1'Allemagne ne fe dégar„ niffe pas d'hommes en état de porter les „ armes , a ne pas permettre que fans notre „ confentement formel, d'accord avec celui ,3 des électeurs, princes et états de l'empire, 33 aucune puifïance qui ne pofsède pas de 33 fiefs confidérabies en Allemagne, puilTe „ être admife a y recruter : encore moins a opprimer les états de l'empire , ou leurs ,, appartenances, par des affemblées de trou,, pes , convois, logemens de recrues, places 33 de revues et toutes chofes femblables , ou ss d'autres moyens contraires a la conflitu33 tion de l'empire. Art. VII. §. i. Du maintkn de la police et du commerce. ' "Plus'nous devons et nous voulons requérir „ les opinions circonflanciées de la diète de „ l'empire, pouravifer aux moyens deréfor„ mer et améliorer la police de l'empire d'après „ les circonftances des' temps actuels, ainfi ,, que fur tous les moyens poffibles de trouver O  „ des régies certaines pour améliorer et„ augmenter le commerce dans fempire, „ tant par terre que par eau , pour le bien „ des états et des fujets. Spécialement vou„ lons auffi ne pas négliger de prendre 1'avis „ de la diète par rapport a 1'important comrnerce de la librairie, les moyens de ren„ dre a cette branche de commerce tous fes „ avantages en défendant totalement les „ contrefactions et en rétabliffant un prix „ d'impreffion plus modique (a)." / Art. X. §. 10. Du maintien des fiefs dans ïempire. „ Dans tous les cas nous devons et vou„ lons ne négliger aucun moyen pour con„ ferver dans toute letendue de l'empire s, Romain, et fpécialement en Italië, toutes „ les prérogatives des fiefs aux termes du „ récès de la diète de l'empire du 9 décem„ bre 1722 — de ne pas permettre au (a) II parait indubitable que par le prix d'imprejïon, ou a fous-entendu le prix des livres : nous fefons cette remarque paree que 1'expreuion de prix d'imprejïon pourrait donner lieu a un mifentendu.  3, contraire , ni confentir qu'il foit porté ia „ moindre atteinte audit récès a 1'infcu et „ fans le confentement et convention de. „ l'empire; mais auffi d'avoir égard que les „ droits compétens de l'empire foient obfers, vés et maintenus. " Art. XII. §. 5. Des exécutions des déerets de l'empire. Dc 1'ordre des cercles. ^ Nous ferons enforte que 1'on achève bientot la révifion concernant 1'ordonnance d'exécution, _ " et qu'elle foit rédigée de „ facon que Je réfultat pour le bien et la „ fureté générale en foit parfait et durable. „ A ces fins et pour parfaite conclufion „ d'une affaire auffi importante pour 1'em„ pue, fitöt après notre avénement au tröne „ impériaJ, nous ferons les démarches né„ celfaires prés de 1'affemblée générale de „ l'empire pour en prefferla conclufion." Art. XIV. Des griefs contre la cour de Rome. §. 3. Protection des conventions et privileges. Affaires de nonciature. Mais puifque les griefs dont fe plaint „ depuis long-temps la nation allemande auO ?  „ fujet des entreprifes de la cour de Rome, „ etparticulièrement concernant les nonces, „ ne font pas encore terminés, nous nous „ ferons faire fans délai, fitöt après notre „ avénement au tröne de l'empire, le rap„ post de 1'acte conforme k ce fujet, et „ déja demandé le 9 aoüt 1788 , par Jofeph II & de glorieufe mémoire, notre prédéceffeur „ kfempire; et nous accélérerons fexécution „ du récès qui émanera de la diète de 1'em„ pire a eet effet." 5. 5- Séparation des affaires eccléjtajliques (Pavee les laïques. " Mais comme il y a des matières qui, „ fans contredit, font du reffort de la jurif„ diction eccléfiaftique; nous voulons, lorf„ qu'il s'élèvera des procés fur ces fortes de „ matières, que conformément au concor„ dat des princes, les caufes'en foient por„ tées par-devant les évêques en première „ inftance, et par-devant les archevêques „ en feconde inftance; Nous protégerons „ de toute notre autorité les archevêques et „ évêques qui auront été choifis par des  fcïj „ fynodesprövinciaux diocéfains, ou d'après „ 1'avis des chapitres métropolitains, qui 3, feront ou pourront être approuvés par le „ pape, pour prononcer en troifième inftance fur ces diffétens , qui ne pourront être „ portés que devant les juges approuvés „ par le pape et jugés collégialement par „ eux au nom de fa fainteté. Obfervant m néanmoins que les matières, caufz majores „ in jure exprejje enumerata, ne font pas de M leur compétence." ART. XVI. §. 8- Garantie de la juridiction de la chambre impériale. " Spécialement nous n'enverrons de notre „ propre autorité aucune inftruction ni in„ hibition, non plus qu'en particulier a no„ tre juge et a celui de la chambre impériale „ en matière de juftice ; et même aucun refcritfur 1'envoi, protocollorumpit niet fena„ tuum; mais que dans les cas de commu„ nication a ce tribunal, il lui fera envoyé „ de notre part conjointement avec les élec„ teurs, princes et états de l'empire et non. „ autrement"  §. 15- Des dêcifons d'après les opinions du confeil aulique impérial. De même dans les caufes importantes, oü le confeil aulique aura donné fon avis et qui doivent Nous être référées, elles ne le feront pas autrement qu'en préfence du confeil aulique, du vice-chancelier de l'empire, affiftés des référendaires , co - référendaires et^ des confeillers des deux religions du même confeil , " et 1'on obfervera comme, „ Formam ejfcntialem, Je modum qui eft pref„ ent. II faut même que le rapport de ces „ Vota, en matière de jurifprudence, qui doit 33 nous être fait par le confeil aulique,- ait ,, lieu et foit dreffé, d'après J'inftruction „ énoncée au tit. V. §. ig et 20 du régJe„ ment du confeil aulique qui détermine ce » cas: ou s'il s'y joint des caufes importantes 3, concernant le repos public, le cours de 33 la juftice, Join d'être interrompu, doit 3, être accéléré."  215 ART. XVII. §.3. De l'infpcction de la chambre impériale. Recours d la diète de l'empire. H Et paree que le mamtien de ladite cham33 bre fouveraine et la bonne juftice exigent, ,, que comme non-feulement il a été d'ufage ,3 dans les temps antérieurs de faire des infS3 pections ordinaires de la chambre fouve,3 raine dè l'empire, ainfi que la révifion ,3 des actes qui en dépendent, pour la re33 mettre en ordre et lui rendre fon activité, 33 mais même dans les derniers temps ( au „ défaut du remedii revifionis) ad coinitia, on s'efl fervi de beaucoup de recurfus pour y 33 prefcrire des bornes ; ainfï Nous voulons, 3, fitöt après que Nous ferons en poffeffion 33 du tróne impérial, non-feulement travail3, Ier avec empreffement pour qu'il foit ,3 donné dans peu une conclufion de la 33 diète, aux fins que les députations ordi,3 naires de l'empire foient remifes fur 1'ans, cien pied, et qu'on reprenne les révifions 3, des anciennes et des nouvelles affaires; ,3 mais auffi que le recours que 1'on a eu et 35 que 1'on peut avoir par la fuite a. 1'affem3, blée des états de l'empire pour demander  2iö » une inftruction légale et une fixation, » tant pour la chofe que relativement a fon » effet; Nous voulons pareillement faire ce » qu'il eft poffible pour procurer un réglcment conforme a la conftitutión de 1'enr33 pire et a ia juftice , et néanmoins n'ap,3 porter aucun obftacle pour que les recours 3, qui font en état d'être examinés le foient K fuivant farrangement dicté par la diète; 3, et en cas de trop grande quantité de 3, recourans , les expédier en attendant *> pour qu'enfuite chaque procés puiffe être 35 décidé dans les formes légales." Art. XIX. §. 6. Des plaintcs des états et des fujets envers leurs feigneurs et envers les chambres feigneuriales. Lorfque les états et les fujets auront a fe plaindre de leurs fouverains refpectifs, en affaires privées , — « par rapport aux cham3, bres feigneuriales, Nous devons et voulons 3, qu'elles foient décidées par les juridictions 3, feigneuriales ordinaires , ne permettant pas 3> que la chambre de juftice de l'empire con„ naiffe et juge fur de pareilles plaintes en  217 A dernières inftances, s'il exifte des privilegia „ de non appellando et s'il n'y a point de réferve M expreffe, ou d'autre part, s'il n'y eft pas 5, expliqué que quelques tranfactions ont » été paffées avec les domaines et juftices 3, fupérieures. Nous devons et voulons en 35 outre que, dans les procédures de plaintes ,3 des états et des fujets envers les feigneurs 53 refpectifs "— ilnefoit délivré aucun mandat — " ou refcrit qui porte ordonnance, „ in meritis caufk, ni difpofition etc. etc." §. 7. De la mav.ière de procéder. Mais — " dans les procés de plaintes que 3a les états et fujets , ou 33 dictions des pays héréditaires, mais encore 35 ne peuvent et ne pourront 1'être au 33 confeil aulique."  319 'Art. XXX. §. 3. Des dépêches tnuoyées d l'empereur par le collége des électeurs. " De même Nous devons et voulons I prendre en confidération toutes dépêches .„ qui traiteront de matières importantes, et o, qui nous feront adreffées de la part des L électeurs affemblés collégialement pour ,3 les élections; et Nous veillerons a ce que ,3 leurs avis aient leur pleine exécution. " §. 6. Commencement du règne de Cempereur. tc De même avant que de le prononcer „ (le ferment d'obferver la capitulation ) et de 33 prendre les rênes du gouvernement, nous 93 confentons a ce que les vicaires de 1'em„ pire, nommés par la bulle d'or , continuent a adminiftrer l'empire en notre lieu et », place."  220 Bu couronnement de l'empereur. Léopold II, avant d'être élu chef de l'empire, ƒ était déja gagné tous les cceurs; mais les différentes preuves de bienveillance et de bonté qu'il donna depuis le jour de fon entrée a Francfort jufqu'a celui de fon départ de cette ville, fit monter 1'enthoufiafme a fon comble. Chaque inftant en fut pour ainfi. dire marqué par un trait d'affabilité. II s'occupait chaque jour du foin qu'exige le pefant fardeau d'un fage gouvernement , en diftribuant les ordres néceffaires pour fes états , depuis les frontières les plus reculées de la Hongrie jufqu'a celles de la Beigique rebelle. {a ) (a) Le manifefte remarquable adreiïé aux Flamands que le monarque figna le 14 octobre a Francfort, refpire par-tout 1'amour paterncl, et chaque honnéte homme fera outre' en apprenant que 1'opiniatreté de beaucoup de Beiges puifle avoir été pouffée jufqu'a 1'excès de ne pas accepter avec la plus parfaite reconnaitrance, un manifefte par lequel ils rentreront fans réferve dans tous leurs anciens droits. II eft indubitable que c'eft ie clergé qui poufTe ees peuples a perfe'vérer dans leur endurciffement, et les ; fouhaits géne'reux qire Léopold exprimait par ces paroles:  221 Des milliers d'habitans de Francfort et la I foule d'étr.mgers s'afferablaient journellement i devant le palais impérial pour voir le monarque ct fa familie. L'entrée de la falie a. matiger était libre lorfque le monarque était a. table , et fa majefté avait elle-même donné fes ordres pour qu'elle ne fut refufée k perfonne (c ). Toutes les fois que l'empereur Mes fouhaits feront reniplis quand fapprendrai que mes troupes , au lieu dc remporter des victoires fur les Beiges induits en errcur, «V» rapportent que des branches d'Olivier, I font reftés fans effet. Les vosux ile ce digne monarque ont i été exaucés. A 1'approche de fes troupes toutes les villes des provinces belgiquet rebelles ont ouvert leurs jortes , et elles y ont été reques par les babitans avec les démonftrations de la joie la plus vive et la plus fincère , fur-tout de la part des citoyens dévoués au bonheur de leur patrie. Toutes ces provinces étaient rentrees fous l'obéhTance de leur légitime fouverain dès les premiers jours de décembre de 1'année 179b; graces a la fageffe et a la clémence de fa majefté I. etR. fecondées par M. le feki-maréchal baron de Beuder , commandant-général de fes troupes dans les provinces bclgiques , qui en a été 1'interprète et' par la bonne difcipline qu'a fait obferver ce refpcc.table militaire. («) On racontait a Francfort que la reine dc Naples, étant a table. fit la remarque , qu'il ferait poffible que parmi cette multitudc qui ,fe tronvait dans la falie, il y eüt quelqu'un a qui 1'cnvie pourrait prendre de dérober quelques-unes des chofes précieufes qui s'y trouvaient.  222 paraifla.it en public, il était accueilli par les cris de joie du peuple ; mais fauf le jour du couronnement, elle ne fut jamais plus marquée que le 8 octobre, lorfqu'accompagué de fon augufte familie , le monarque honora le fpectacle de fa préfence. La magiftrature de Francfort ne laiffa éch.ipper aucune des occafions qui put lui mériter les bonnes graces du chef de l'empire. Le 5 octobre une députation de ce corps lui préfenta le don que la ville fait a chaque empereur le jour de fon couronnement. Celui-ci confiftait en un lavoir et deux chandehers d'argent, fuperbement travaillés, cent doublés et mille fimples ducats frappés a cette occafion. Le lendemain la même députation préfenta auffi de la part de la ville un don a rimpératrice. II y a eu tous les foirs cercle nombreux chez l'empereur , oü le luxe et la parure étalaient la plus fomptueufe richefle. II y eut le 6 octobre une trés-belle fête a 1'occafion de la promenade que l'empereur , la familie Cette re'flexion n'eiït aucune influence fur la fe'curite' du monarque, qui, pour calmer 1'inquie'tude de fa feeur, lui (fit, qu'il était ferfuadé de l'bonnitcté allemande.  - 223 impériale et leurs majeftés Siciliennes firent fur le Meyn , depuis dix heures jufqu'a midi. Un des plus beaux yachts de cette, promenade , et qui fut généralement admiré, fut celui de l'électeur de Trèves, qu'on dit avoir coüté 90,000 florins (a) , fur lequel S. A. S. E. donna un déjeüné. Sur la grande voile était cette infcription en lettres d'or, VIVAT LÉOPOLD II. Ce yacht était fuivi de celui de l'électeur de Cologne. Le fleuve était couvert d'une multitude de jolis bateaux remplis de monde. De ces bateaux ainfi que des deux rives du Meyn , qui comme le beau pont qui le traverfe, étaient couvertes de fpectateurs qu'attirait ce beau fpectacle, partaient des cris d'alé-. greffe qui fe mêlaient au bruit de 1'artillerie des yacbts. Les prêparatifs pour le couronnement fe faifaient dans la ville avec toute la célérité poffible. L'églife oü s'en fait la cérémonie était fi ricbement ornée, que les tapifferies, le velours , les galons d'or, qui y étaient employés jufqu'a la profufion, furent eftimés («) Environ 196364 tyvres argent de Franae.  224 J- a quelques millions. Les propriétaires des maifons du Roemerbcg et des rues qui y aboutiffent, par oü paffa le fuperbe cortége du couronnement, firent élever devant ces mêmes maifons des échafaudages en gradins, dont ils louèrent les places fort cher le jour de la folennité aux étrangers et aux citoyens qui s'y placërent. On dreffa fur le Roemerberg 1'enceinte de 1'endroit oü fe place 1'archimaréchal de l'empire pour exercer les fonctions de fa charge et d'oü il diftribue fes ordres. La vafte cuifine oü 1'on rótit le boeuf eft auffi batie fur la même place. Cette victime, dont les cornes font dorées, eft parée de guirlandes, coüverte d'un tapis de drap d'or, et promenée par les principales rues de la ville, précédée d'une troupe de. muficiens jouant du hautbois et de-la clarinette et enfuite égorgée. La fontaine d'oü découle le vin que 1'on donne au peuple le jour du couronnement , eft batie dans le même endroit, et une quantité de charpen- | ticrs font occupés a dreffer la charpente du chemin planchéié par oü l'empereur fe rend de 1'églife au Rcemer après le couronnement. Le  ======== 225 Le 6 octobre ?près midi, il fut publié au fon des trompettes et des timbales, dans vingt-une places de la ville, que la cérémonie du couronnement aurait lieu le famedi fuivant, et on enjoignit en même temps au peuple d'obferver 1'ordre le plus rigoureux. Le iour fixé pour le couronnement, le tocfin fe fit entendre dés les fix heures du matin, et de ce moment toute la ville fut en mouvement, toutes les portes et les fenêtres des maifons s'ouvrirent, les équipages rempliffaient les rues , les quatorze compagnies d'infanterie et les trois efcadrons de cavalerie bourgeoife, de même que les troupes réglées de la garnifon, fe rendirent aux poftes qui leur avaient été affignés, enfeignes déployées, tambour battant et au fon de leur mufique militaire. Tout fe préparait, tant au palais de l'empereur qu'aux hotels des électeurs et des ambaffadeurs des électeurs abfens , pour la marche folennelle. Vers les neuf heur.es du matin, les trois électeurs eccléfiaftiques fe rendirent dans leurs habits électoraux a f églife de St. Barthelemi, ou fe fait la célébration du couronnement; et y revêtirent leurs habits pontificaux. P  •22f> Les députés de Nuremberg et d'Aix-laChapelle fe rendirent dans leurs carroffes de parade a la même églife et y déposèrent les joyaux de l'empire. Les ambaffadeurs des électeurs abfens, en habits de cérémonie, fe rendirent au Rcemer , oü ils s'affemblèrent , fuivis d'une fuite nombreufe et fuperbe. Vers les dix heures, le comte de Pappenheim , maréchal héréditaire de fempire, fortit du Roemer au fon des trompettes et des timbales de la cavalerie bourgeoife en parade fur le Rcemerberg , monta a cheval, et fuivi des premiers ambaffadeurs des électeurs, auffi a cheval, tous précédés de leur.s gentilshommes d'honneur, des officiers de leur maifon, et de leurs gens de livrée, fe rendirent au palais de l'empereur, pour accompagner le monarque a 1'églife. A dix heures et demie le cortége fe mit en marche, au fon de toutes les cloches des églifes de Ja ville, des fanfares de trompettes et de timbales et aux cris d'alégreffe d'un peuple immenfe. On peut juger de la grandeur et de 1'étendue du cortége, lorfqu'on faura que la fin n'en arriva a 1'églife qu'a  1 ' 32? fhidi. Le prévöt de l'empire tenant fa baguette, ouvrit la marche. Deux trabans et le fourrier de l'empire fuivaient; après ceux-ci venaient les fourriers des ambaffadeurs et les gens de livrée, chacun dans 1'ordre de leur cour. A la fuite des fourriers royaux venaient les gens de livrée. Des gentilshommes , et des chambellans du roi, des comtes , des princes , et des grands officiers héréditaires de l'empire; après eux venaient encore les fourriers et les gens de livrée du roi. Les pages des électeurs et leurs gouverneurs ; les pages du roi; les grands maréchaux des ambaffadeurs ; leurs gentilshommes d'honneur ; Ie grand rnaréL chal, la tête découverte et portant fon baton, i deux écityers tranchans et le maréchal des il logis du roi. Enfuite venaient les chambelijdans de fa majefté; puis les comtes etles ij] princes de l'empire féants k la diète ; les ii timbales , les trompettes , lc héraut d'Au!i triche et deux hérauts impériaux k cheval, L ces trois hérauts portant leur maffe haute. 1 Après venaient les premiers ambaffadeurs fi des électeurs magnifiquement vêtus a 1'efpa;;gnole avec leurs manteaux, et montés fur P 3  238 ■ de beaux chevaux fuperbement harnachés et conduits a la longe par des palefreniers. Le prince évêque d'Olmutz était en habit et manteau violet. Les officiers héréditaires fuivaient, vêtus auffi k 1'efpagnole et la tête découverte, le maréchal héréditaire de l'empire , .portant 1'épée de St. Maurice, et la tête découverte, précédait a cheval le monarque. Léopold II venait enfuite auffi k cheval, vêtu d'un manteau royal de velours très-riche, et ayant fur la tête la fuperbe couronne de fa maifon, que 1'on eftime a trois millions de florins (a); ce monarque était fous un dais de damas jaune garni de galons d'argent, dans le ciel duquel eft brodée 1'aigle de l'empire ; ce dais était porté par dix magiftrats du corps municipal de la ville de Francfort. Le monarque était accompagné du grand-maitre, du grandécuyer et du grand-chambellan de fa cour. Les archers , les trabans, et .la garde noble, tous k pied, entouraient le dais. La moitié d'une compagnie bourgeoife avec fon drapeau fuivait; enfuite venait un carroffe de («) 6545454 livres argent de France.  j=- - " 229 parade; puis 1'autre moitié de Ia compagnie bourgeoife fermait la marche. II eft difficile d'exprimer la beauté du coup d'ceil que préfenta ce fuperbe cortége lorfqu'il traverfa la place du Rcemerberg. Quoique cette place ne foit pas d'une très-vafte étendue, on croit ne point exagérer en difant que dans ce moment il s'y trouvait plus de cent mille perfonnes raffemblées, tant dans fon enceinte que dans les maifons qui 1'entourent. Le bruit que fefaient tant de fpectateurs empêchait que 1'on n'entendit , au moins que très-faiblement, celui des cloches et des canons des remparts.' Lorfque tout ce monde apercut le dais fous lequel était le nouvel empereur , 011 entendit tout d'un coup un cri général de vive Léopold! qui toucha nonfeulement les ames fenfibles , mais dont le monarque lui-même parut ému. La cérémonie du couronnement fe fit dans J/ordre que nous avons décrit ci-devant page J39 et fuiv. , oü nous renvoyons le lecteur pour éviter les répétitions. Le premier acte de puiffance qu'exerce cbaque empereur, fitót après fon couronnement , et qu'exerca de même Léopold II  33» eft de créer de nouveaux chevaliers. M. dc Dalberg, baron du St. empire, chambellan du prince évêque de Worras, fut appellé a trois différentes reprifes, par le héraut d'armes de l'empire, pour recevoir cette dignité. Les autres afpirans y furent appellés par le prince de Lobkowitz, comme chef de la garde noble de l'empereur [a). («) I'ancien ufage de créer des chevaliers au facre des empereurs a fouvent donné occafion a la queftion: fi cette dignité honorable procure a ceux qui la reqoivent, des privilèges , des franchifes, des marqués diftinctives (telles que 1'habit particulier, la croix ou autres marqués) un rang plus élevé &c, ? II n'y a aucune prérogative attachée a ce titre. II faut que les afpirans faffent preuve de nobleffe ; ils ne reqoivent point de brevet, et cela ne les oblige a aucun fervice. II ferait k fouhaiter qu'un favant, qui ferait a même de puifer dans les archives, voulut fe donner la peine de faire des recherches hiftoriques concernant 1'origine des chevaliers de l'empire. Mofer en parle dans fon droit public, mais ce qu'il en dit, n'eft pas fuffifant (f). Au couronnement de l'empereur Léopold II, l'électeur de Mayence préfenta dix gentilshommes pour recevoir 1'accolade; l'électeur de Trèves en préfenta douze, l'électeur de Cologne, onze ; l'électeur de Bohème, vingt-trois; l'électeur Palatin de Bavière, fept; l'électeur de Saxe, fept; l'électeur de Brandebourg, neuf; l'électeur de BrunfwicHanovre, fept. En tout quatre-vingt-fix gentilshommes qui requrent 1'accolade et furent élevés a la dignité de chevalier de l'empire. Plufieurs d'entre eux. follicitèrent  ■ 231 Pendant la célébration du couronnement, on drefia avec toute la célérité poffible le 1'agrément de l'empereur pour qu'il leur Fut permis de porter un uniforme qui ferait la marqué diftinctive de la dignité dont ils venaient d'être honorés ; mais cette follicitation refta fans effet; fans doute paree qu'elle n'eut lieu qu'après le couronnement, et que pour lors le monarque était furchargé d'afFaires très-importantes. Les relations que nous fournit 1'hiftoire des courounemens des empereurs dans les fiècles précédens nous apprennent : que des gens dc tout état s'empreffaient autour du trêne impérial pour être créés chevaliers. C'eft ce qui arriva au couronnement de Maximilien II le 30 novembre 1560. II fe préfenta une fi grande affiuence d'afpirans devant le tröne , que cette cérémonie durant trop long-temps, les électeur» eccléfiaftiques furent obligés de prendre des mefures férieufes pour en écarter la foule, et faire ccffer la folennité. Plufieurs princes de l'empire furent auffi armés chevaliers a ces mêmes couronnemens. Aujourd'hui il n'y a que les gentilshommes qui peuvent faire preuve d'une certaine quantité de degrés de nobleffe qui puiffent être admis 5 recevoir 1'accolade ; cependant 1'examen que 1'on fait de ces mêmes preuves n'eft pas de rigueur ; ainfi que le dit Sabini dans fa relatlon de l'élection et du couronnement de Charles V, que voici: Creavit interim regia majcflas gladiodivi Caroti pergravi plurimos equeftris ordinis viros variartim nationum , futmnu cum folemnitate horum perpauci Germani fuère, qui hoe Aecus per hoflium ftragem demereri maiuut atque in ponte Tiberino , fplendidijjtmo ordini initiari , magis pulchrum atque egregium putant: $cficruntque Germani pracipue nobi-  232 -r. plancher qui conduit dc 1'églife au Rcemer, on le couvrit de drap , et tout le cortége litatis afertores , bttnc ordinem magnifware , quando viderunt humilibus fordidijfrmifque mercatorilms pretio aditum ad amplijjimiim honorem patere : fitim , ardoremquc gloria plurimum hac indignitas refirinxit. SabINI electj.0 et coïonatj.0 Caroli v. Colonia- 1550. g. (t) Grc'goire de Tours remarque, que fous les rois de France de la première et feconde race on conférait 1'ordre de chevaie. rie en donnant un baifer au récipiendaire fur la jnue gaiicne , et un coup du plat d'une épée fur 1'épaule. M. de la Curne de Sainte-Palaye, dans fes mémoires fur 1'ancicnne chevalerie, dit: Que 1'ordre de chevalerie était la plus haute dignité a laquclle un homme de guerre put arpirer, on I'appelait le temple de l'honneur. Charlemagne arma f.in fecond fils Louis, Sgé de 14 ans, u Ratisbonne, étant déii rcconnu roi d'Aqui. taine; lorfque ce jeune prince lui amena un renfort de troupes qu'il avait demandé. Le même auteur dit que Ia vraie inftitution de 1'ordre de chevalerie ne remonte guères qn'au Xle fiècl.-. II fallait fuivant les régies avoir vingt un an pour V être adrois. a 1'age de fept 1'enfant de condition était tiré d'entre les mains des femmes et remis entre celles des homnies; les premières pla.-es qu'ils occupaient étaient celles de pages , variets ou damoifeaux , dans les mailbus des rois ou des grands. a 1'age de qnatorze ans il; p'affeient de 1'état de page i celui d'cruyer, dont ils remplifTaient les fonctions jufqu'a leur admiflic-n dans 1'ordre de chevalerie. II faut avoir recours k I'ouvrage cité pour s'initruire- des céré. tnon.ies et prérogatives des gentilshommes qui avaient été armés chevaliers. Entre toutes ces prérogatives nous ne citernns que celle qui donnait Ie droit aux chevaliers hanneres d'arborcr une girnuctte qunrrée fur leurs maifons , et les fimplcs chevaliers en arbornient une eu pointe cm* me les pennons; ils étaient exett-pis de payer les droits dc vente dc denrées et autres marchandifes achetées pour leur urage, &i. K. Pfeffel dit dans fon nouvel Abrégc chronologiqu'e de  233. qui fe trouvait augmenté par la préfence des trois électeurs eccléfiaftiques , paiTa 1'hittoire et du droit public d'Allemagne ; que fous le règne de Louis le faible c'étaient les eccléfiaftiques qui ceignaient 1'épée aux nouveaux chevaliers. M. de Suinte-t'alaye dit ex. preflëment. Tom. I. page 12. Le jeune gcntilhomme avant de paffer de kétat dc page a celui d'éeziyer, était préfntè a kantel par fon pere et fa m 'ere ■—le pritre célébrant prenait dc dcffn.i l'autel une épée et une ccinturc , fur laqutllc il fefiit plufieurs bénédicdons et l'attachait au coté du jeune gentilhommc , qui alors commetifait a la porter, &c. d'oü il conr.lut que c'eft cette cérémonie religieufe qui a induit bien des auteurs k croire que les eccléfiaftiques conféraient rinciennenicnt 1'ordre de chevalerie; mals qu'ils ont été dans Terreur Par 1?. fuite les empereurs fe firent armer chevaliers dans les dièies. L'empereur Henri IV encore mineur, fut armé chevnlier k la diète de Worms en 106?- Cette cérémonie cquivalaic nlnrs i uu acte d'émancipation pour celui qui Ia recevait étant encore mineur. Ce prince agréa-dans cette occ-ftfion Godeitoi duc tic Lorraine pour fon écuyer fervant d'armes. Frédéric I, dit B;tr. berouiïe , ceignit 1'épée k fes deux fils airiés, Heuri ct Frédéric , a Ia diète de JMayence en HG4 avec de grandes folennités. Guillaunie de Hollandc , couronué empereur a Aix-laChapelle par les intrigues du pape Innocent IV et celles des électeurs eccléfiaftiques, reent 1'ordre de chevalerie, avant fon couronnement, des mains de Wenceslar. roi de Cuhème, paree qu'il n'était alors que dans fa vingtième annte. Le même auteur dit: que Ie premier exemple qite 1'on puifle citer de I'ufage qui s'eft perpetué iufqu'a 11 os juiirs , en vertu duquel les empereurs créent des chevaliers immédiatenirnc après leur couronnement, date de Hénri VII, rjui cn fit une nombreufe promotion k Milan en 1310 dans cette óccafip», Charles IV lors de fon couronnement k [lome en ijsS.èn créa l?co k qui il donna 1'accolode fur le pont du Tibre. Ferdinand IM facré empereur dans la. même ville en 1451, conféra 1'ordre dj chevalerie ;i plus dc 3c~ afpirans fur le même pont. Les doutes qui fe fout élevés, au fujet de la mailtere de  234 i delïus k pied , après la cérémonie , pour ac compagner l'empereur au Rcemer; mais 1'ordre de la marche fut interrompu par la trop grande affluence de peuple. L'empereur, revêtu des ornemens impériaux, marchait fous le même dais fous lequel il était venu k cheval; afa droite, mais unpeu en arrière, marchait l'électeur de Mayence ; et a fa gauche, a la même diftance, l'électeur de Trèves, et derrière l'empereur , l'électeur de Cologne. A peine la dernière perfonne du cortége était-elle paffée, que le peuple serapara du drap qui couvrait le plancher. Lors donner I'accolade • favoir fl les empereurs en créant des chevaliers de l'empire devaient fe fcrvir de 1'épée de Charlemagne ? Ces doutes feront bientöt levqs vis-a-vis de ceux qui croient 1'ufage de cette épée aüfolument indifpeufable a cette cérémonie, a 1'exclufion de toute autre , lorfqu'on fe fouviendra que l'empereur Othon III, après avoir fait ouvrir en looi le tombeau de Charlemagne , en tira 1'épée, la croix d'or, le livre d'évangile et tous les joyaux qui y étaient renfermés, qui fout devenus ceux de l'empire; que depuis ce temps les empereurs fes lücceiTeurs font toujours reftés en poUHuon de ces joyaux, qu'ils tranfportaient par-tout avec eux ; jufqu'a ce que ce Sigismond les mit en dépot i Nuremberg , quant & la partie des reliques en 141?, pendant la guerre qu'il eut a foutcnir contre les liuflnes, oti elles font toujours reilées depuis. I.'empereur Henri III accurda aux magiilrnts de la ville de Zwickau le droit de confércr 1'ordre de chevalerie. Frédéric premier, dit Barberouffe, admit des roturiers a eet honneur, ainfi que Conrad IV, mais probablement avec des rellrictiuns.  235 du dernier couronnement prefque chaque perfonne du peuple avait apporté un couteau pour couper un morceau de ce drap , ce qui fit qu'il y eut beaucoup de monde de bleue. Cette fois-ci la municipalité a fait publier une ordonnance par laquelle il a été défendu a. qui que ce fut, de fe fervir de couteau dans cette occafion ; ce qui a été ponctuellement obfervé. En général, le peuple s'effc conduit dans cette occafion avec plus de modération qu'il n'a coutume de le faire ordinairement; les poutres et les planches.préparées pour la conftruction du plancher , étaient fouvent enlevées en parties pour fervir a la conftruction des échafauds, dreffés dans la place du Rcemer et des autres rues , pour placer les fpectateurs. Mais cette fois , fitöt qu'on a commencé les prêparatifs pour le dreffer, le peuple s'eft retiré de lui-même, pour ne point embarralfer les charpentiers. Le retour de l'empereur de 1'églife au Rcemer, fur-tout lorfque le cortége qui 1'accompagnait fut en ordre de marche fur la place de ce nom, formait un coup d'oeil magnifique; le peuple renouvellait a. chaque inftant fes cris de vivat! La  236 1 ■' familie impériale , qui était fortie d'avance de 1'églife, fe rendit dans la maifon appellée de Limbourg, et s'étant placée auxfenêtres, mêlait fes cris d'alégreffe a ceux des fpectateurs, en agitant fes mouchoirs. A-peu-près une demidreure après fon arrivée au Rcemer, l'empereur fe préfenta fur le balcon, toujours vêtu de fes habits impériaux , et y refta pendant que les électeurs remplirent les fonctions de leurs archi-grandes charges {a). Toutes ces cérémonies s'exécutèrent fans le moindre accident, fauf 1'écroulement de la cuifine mi 1'on rötit le bceuf; mais les charpentiers étant accourus, eet événement n'eut aucune fuite facheufe. Le bceuf roti ne fut pas dépécé comme il eft ordinaire dans ces folennités. Les gargons bouchers 1'enlevèrent tout entier avec la broche ; un d'entr'eux fauta en califourchon deffus, et ils le portèrent en pompe a leur bureau ou herberge. Le peuple recut avec les mains la majeure partie du pain qui fut jetté dans la foule; mais celui qui, ainfi que la viande, lui fut jetté par les fenêtres , aurait prefque caufé (b) Voyez ci-devant page 164.  237 du défordre, le peuple ayant commencé a y rejetter ce qui en venait. L'exercice de la charge d'archi-tréforier, qui fut remplieparle tréforier héréditaire de l'empire, caufa le plus de tumulte parmi ce même peuple; chacun voulant pofféder quelques-unes des pièces de monnaie, frappées a 1'occafion du couronnement (a). Après avoir fait a-peu-près une quarantaine de jets de ces efpèces, les deux bourfes dans lefquelles elles étaient, dont les fermoirs ((») Avant 1'inftitution de cette archi-charge de l'empire on jettait auffi a chaque couronnement d'empereür des pièces de monnaie au peuple. Dans la defcription des cérémonies du couronnement de iMaximilien II, le 24 novembre 1562, a Francfort, qui fut imprimée en mai i6iï dans la même ville, il eft dit: " En revenant de „ 1'églife trois hallebardiers de la garde de fa majefté „ impériale qui étaient auprès d'elle hien armés de toute „ leur armure complette pour fa garde , commencirent h jeter au peuple des pièces d'or et d'argent monnoyé, fur „ l'un des cétés defquelles était le bujle de fa majefté impé„ riale avec cette infcription : maximihanus d. g. „ rex eohemije, et fur le revers ces mots: coronatus „ est a"n k.egem romanorum, qui uvaient été frappées „ en 1562 ; ce qui occuftonnu une foule , une prejfe, des difputes, des coups , en forte qu'il y eut quelques pcr„ fonnes qui coururent rifque dé perdre la vie pour avoir „ été foulées aux pieds et battues ; cela dura jufqu'a ce que „ fa majefté impériale fut entrée h l'kóttl de ville. "  238 étaient dargent, furèut aufli jettées. On dit que Tune d'elles était tombée entre les mains d'un garcon boulanger qui, n'ayant pas voulü lacher fa proie a ceux qui la lui difputaient, en avait été fi maltraité , qu'il en était more le lendemain; cette nouvelle s'eft heureufement trouvée fauffe. II eft certain que dans cette occ;fion beaucoup fe font expofes a perdre la vïe. Lorfque toutes ces cérémonies ( qui n'onfc guère d'autre mérite pour être encore pratiquées que 1'antiquité de leur origine, et qui doivent être très-incommodes pour l'empereur qui eft obligé d'y aflifter debout, avec une couronne d'or du poids de fept livres fur la tête, et tenant dans la main droite le fceptre et dans la gauche le globe dc l'empire ) furent finies , le monarque fe retira pourfe mettre a table (a). Les tables étaient («) Ce fut cette fois-ci le duc de Saxe-Meiningen qui fe chargea de I'office d'e'cuyer tranchant (f) et qui trancha les viandes. En 1764 ce fut Charles -Fre'dénc margrave re'gnant de Bade-Dourlach , qui fe chargea du même office vêtu en manteau de velours noir. On obferva a ce feftin toutes les ce'rémonies décrites. (f) JcanPicr/cLuilewig, dans Ton explication de la bullè d'or, ouvrage allsmand, imprimé X Francfort en deux volu*  239 drefTées dans la grande falie du Rcemer ; le dais ou baldaquin, fous lequel était affis l'empereur , ainfi que ceux des électeurs étaient de toute magniricence. Les huit buffets étaient garnies de ce qui fe trouve de plus riche et de plus précieux en vafes, vaiiTelles, et autres meubles femblables d'or et d'argent, dans les argenteries et les tréfors des cours électorales , dont la valeur pouvait être eftimée a plufieurs milliers de thalers. II eft a remarquer que quoiqu'il y eut parmi ces grandes pièces d'argenterie beaucoup de »petites dont on s'était fervi pendant le feftin, le jour du couronnement, qui fe trouvèrent éparfes tant fur les tables que fur le parquet, et que les fpectateurs de toutes les claffes fe fuccédafTent par centaines, il n'y eut rien de perdu. Vers les fix heures du foir l'empereur retourna a fon palais, accompagné des électeurs préfens et des ambaffadeurs des abfens, tous dans leurs fuperbes carroffes de parade. mes in-4. en 1719, remarque au 1 volume page 6S2 : que eet office était (lans le qnatorzième fiècle un des grands offices de l'empire ; que Charles IV le conféra au duc de Luxemuourg, ainli que le rapporte Miraeus , Tom. I, Diplom, c. qj, et que c'eft en conféquence de cette charge que les ducs de Luxeintonrg avaient ajouté derrière leurt armes un «qiiteau et u»e fourenette.  240 - Des miJIiers de fpectateurs raffemblés dans les rues fur fon paffage ne fe laffaient pas de faire retentir fair de leurs cris de vivat. A f entrée de la nuit les palais des électeurs et ceux des ambaffadeurs furent magnifiquement illuminés ; la plupart en décorations tranfparentes. Une des plus brillantes fut celle de f hotel de 1'ambafïadeur de Bavière; celle de celui de 1'ambaffadeur de BrunfwicHanovre fe diftinguait par un goüt exquis. Celle de 1'hótel de 1'ordre teutonique oü logeait 1 électeur de Cologne dans le Saxen, Haus, vis- a- vis du pont, faifait un trèsBel effet; mais les piétons ne pouvaient en approcher fans danger , par rapport a la quantité prodigieufe d'équipages qui fe fuivaient et fe croifaient. L'empereur, accompagné de toute la familie impériale , allait dans tous les endroits oü il y avait des illuminations dignes d'être vues. Parmi ce qui s'eft fait de remarquable dans ce jour folennel , il ne faut pas oublier que le monarque, étant encore dans 1'églife après la cérémonie, fit publier par le prince de Colloredo, vice-chancelier de l'empire , qu'il avait élevé au rang de prince de l'empire, le  ======= 241 le grand chambellan comte de Rofenberg, les comtes régnans de Retifs, de Lobenftein , de Salm , et de Schcenburg-Waldenburg. Le lendemain du jour du couronnement la nation juive réfidante a Francfort, députa vers l'empereur les plus célèbres d'entre fes chefs, pour exprimer au monarque la joie qu'elle reffentait de pouvoir 1'honorer comme chef de l'empire, et ils lui préfen téren t diverfes chofes qu'ils le prièrent d'agréer. Sa majefté impériale accepta leurs dons avec bonté, et chargea les députés d'affurer leur nation qu'il lui accorderait toujours fa protection. Ils rendirent le même foir des actions de graces a 1'Eternel dans leur fynagogue , qu'ils avaient magnifiquement parée a eet effet, et tout leur quartier fut illuminé. Le 11 octobre le landgrave de Hefie-Canel jouit de 1'honneur de recevoir , a onze heures du matin, dans fon camp prés de Bergen , la vifite de l'empereur et de toute la familie impériale , du roi et de la reine de Naples, des trois électeurs eccléfiaftiques, du duc de Saxe-Tefcben , de 1'archiducheffe C h riftin e , de la princcffe Cunégonde, du  242 landgrave de Heffe -Darmftadt , du duc Eugène et des deux princes de Wirtemberg, du duc de Saxe-Meiningen , des princes Louis de Waldec, de Dietrichftein , et de Colioredo , et de beaucoup de princes, princeffes et comtes. Le beau temps attira a cette fuperbe fête une multitude immenfe de fpectuteurs , tant de Francfort que de Hanau et de tous les environs, qui en augmentèrent encore la magnificencé. L'empereur fut falué h fon arrivée par une triple falve de toutes les pièces d'artillerie de campagne ; toute 1'armée HefToife était fous les armes, en grand uniforme, commandée par le landgrave. L'empereur a cheval, ainfi que tous les grands feigneurs de fa fuite, et accompagné du landgrave, paffa devant le front de ce corps d'armée et revint de 1'aile gauche vers le centre , oü 1'on avait dreffé une vafte et fuperbe teute, oü madame la landgrave, le prince héréditaire et les deux princeffes fes enfans, recnrent leurs majeftés impériales et royales , et leur fuite. Enfuite cette petite armée défila devant la teute et rentra dans fes lignes, oü chaque régiment fit une triple falve de moufqueterie.  "~ ' 243 Toute rilluftre afferablée fe rendit enfuite au quartier général ou elle dina. Au départ de l'empereur tout le corps fe trouva en parade, et fit le falut militaire; la mufique militaire fe fit entendre, et fut accompagnée d'un cri d'alégreffe général, de vive Léopold, empereur d' Allemagne! Vers les cinq heures du foir la familie impériale retourria a Francfort; tout le corps feretrouvaen parade, et fit le falut militaire; il fe fit une triple falve de 1'artillerie de campagne , et une triple falve de moufqueterie fut la clöture de cette fête. Le 12 octobre fut marqué par une autre folennité. L'électeur de Cologne, grandmaitre de 1'ordre Teutonique , fit la cérémonie d'armer chevalier le baron d'Andlau dans 1'églife cathédrale (a). Après cette (a) L'ordreTeutonique doit fon origine, ainfi que tous les ordres religieux militaires , aux croifades, etfur-touta 1'humanité. Les mêmes mains qui plongeaient 1'épée dansles flancs des peuples que 1'on nommait alors Sarrazins ou infidèles, répandaient les bienfaits fut leurs compatriotes infortunés.' Quelques gentilshommes de Lubec et de Bremen , dont 1'hiftoirc n'a point confervé les noms, qui avaient fuivi 2*  244 ceremonie on donna a manger a foixante pauvres, qui tous avaient été vêtus deneuf; 1'empereur Frédéric I, dit Barberoiiffe, en Syrië , fe trouvant en 1190 au fi£ge de Ptolémaïde, ou St. Jean d'Acre, touchés de la misère ou étaient expofés leurs compatriotes blefl'és ou malades, faute de pouvoir fe faire entendre aux autres nations qui couraient la même carrière, prirent les voiles de leurs navires et en formèrent une grande tente, fous laquelle ils les retirèrent pour les foigner ; ce dont ils s'acquittèrent avec toute 1'humanité poffible. Ces commencemens donnèrent lieu a une atfociation de quarante feigneurs allemands qui fe réunirent et fondèrent un hofpice a Jérufalem, dans une maifon fituée fur le mont Sion, qui avait été auparavant batie par un riche allemand pour recevoir les pauvres pélerins de fa nation. Henri, roi de Jérufalem, que d'autres nomment Guidon, et le patriarche de ce royaume , en reconnailfance des fervices que rendirent les gentilshommes allemands par leur bravoure au fiége d'Acre, de Jérufalem et dans d'autres occafions, proposèrent en 1191 d'inftituer en leur faveur un nouvel ordre de chevalerie, dont les ftatuts fuffent dreflës fur le modèle de ceux des Templiers et de St. Jean de Jérufalem, a préfent Malte. Un des principaux ftatuts eft , que pour être requ dans eet ordre il faut faire preuve de trente-deux quartiers de nobleffe allemande, dont feize de père et feize de mère, et être agé de vingt-fix ans au moins. Ces preuves font de rigueur. Cet ordre fut approuvé par l'empereur Henri VI, et le pape Clément III, fous le nom d'ordre de Notre-Dame de Sion; le dernier ftipula que les chevaliers fuivraient larègle deSt.Auguftin.  -' " - ■ 245 1 électeur les fervit a table ; et après le repas on diftribua a chacun d'eux un ducat du couronnement. Henri Walpot de Pappenheim , de la nobleffe immédiate, en Fut le premier grand-maïtre. Tous les potentats et princes de 1'Europc s'empreöerent a 1'envi de Faire des donations a eet ordre. L'empereur lui annexa des biensfonds en Allemagne. Le pape entre quelques libéralite's en indulgences leur donna toutes les terres qu'ils pourraient conquérir fur les infidèles au nord de 1'Allemagne , fous la condition qu'ils en recevraient 1'inveftiture de l'empereur. Philippe II, roi de France, y contribua auffi par fes largeffes. L'habit de 1'ordre était alors blanc ainli que le manteau, avec une croix noire de la forme de celle des chevaliers de Malte ; leur bannière et leur écuflbn de même. L'habit fut changé, fous la grande maitrife du feu prince Charles de Lorraine, frère de l'empereur Franqois I, dans un chapitre tenu le 2 octobre 1762 a Mergentheim, ou Maricnthal, chef-lieu actuel de 1'ordre pour 1'Allemagne et 1'Italie. II y fut décidé qu'a 1'avenir il ferait d'écarlate avec des paremens bleus , vefte blanche, le tout galonné en or a la Bourgogne. Les grands-maitres portent un doublé galon , les commandeurs portent auffi un double galon, mais fur les manches et les poches feulement; les chevaliers n'ont qu'un fimple galon. Aujourd'hui l'habit eft bleu et les paremens pourpre, la vefte auffi pourpre; le tout galonné en galons d'or feftonnés. Le manteau eft blanc avec la croix noire. Ce fut fous Hermann de Salza, quatrième grand-maitre, élu en 1210, que 1'ordre requt de grands accroiffemens en Europe. II conquit la plus grande partie de la Prufle,  246 _______ Le 14 octobre , k dix heures du matin, les électeurs eccléfiaftiques et les ambaffa- la Livonie et la Courlande. II reent du due de Mafovie es provinces de Culm et de Lubonie. II fw.da en PruiTe les evêchés de Kölnitz de Rofenberg, de Semland et de Heilsberg; et cinq évêchés en Livonie et eu Courlande; outre plufieurs villes et chateaux. Le .néme Hermann avec fes chevaliers ayant retiré des mains des infidèles, dans une bataille que les croifés perdirent contre Noradin, Jean , fils de Heijri, roi de Jérufalem , ce prince ajouta k la croix que les chevaliers portent fous leur habit , une autre croix potencée d'or, ce qui était les armoiries de Jérufalem. Ce fut un de fes lieutenants nommé de Balke, qui etait maitre provincial en PruiTe, qui jetta les fondenrens des villes de Thora en l»2i,deC«lin en »3a, de Manenbourg en 1*33, et de plufieurs autres, en fefant batir des citadelles pour contenir les penples de Ia PruiTe qm ne fe foumettaient qu'avec peine fous le jong de leurs vamqueurs. Salza réunit auffi Vordre des chevaliers de Livome, ou porte glaive, k 1'ordre Teutonique en u38 ce qui en augmenta beaucoup la puiffance. Ce -rand' homme mourut k Baleto, dans laPouille, en .Mo. Conrad de Heffe frere du landgrave Louis , lui fuecéda. Ce fut fous fa grande maitrife q„e Louis IX, dit le Saint, roi de France, etant venu vifiter les chevaliers k Acre, oü ils étaient etablis alors, leur permit d'ajouter quatre fleurs de hs a leurs armes , et leur fit préfent de deux mille flonns d or. Les quatre fleurs de lis ont été depuis ótées de lecuffon de 1'ordre. Le même roi leur fit encore d'autres dons confidérables. Popo d'Ofternan, d'autres difent  ■ 247 deur-s des électeurs abfens fe rendirent au Rcemer , pour jurer 1'union des cours élec- Hanno de Sangerhaiifen, 1'iin feptième, 1'autre huitième grand-maitre , jetta les Fondemens d'une fortereffe dans Ia Pruffe en 1254, a qui il donna le nom de Königsbetg k 1'honneur de Prémislas Ottocar, roi de Bohème , qui lui ayait confeillé de la batir. Cette fortereffe eft devenue une ville qui eft a préfent la capitale du royaume de PruiTe. Les turcs s'étant de nouveau rendus maitres de la Syrië, et ayant repris la ville d'Acre ; cc qui refta de chevaliers Teutons revint en Allemagne , fous le onzièmc grandmaitre, Conrad de Feuchtwang , et s'établit a Marbourg en Heffe, qui fut le chef-lieu de 1'ordre , qui de la fut transféré en 1300 a Marienbourg en rniffe, par Siegefroi de Feuchtwangen, treizième grand-maitre. L'ordre fe foutint en Pruffe et dans fes autres conquêtes au nord de 1'Allemagne, malgré les gucrres qu'il eut a foutenir avec fes voifins, les Polonais et les Ruffes; lorfqu'Albert margrave de Brandebourg, qui avait été chanoine du chapitre de Cologne, alors grand-maitre, ayant embraffé la religion protcftante, quitta l'ordre et garda fous fa domination les provinces qu'on nomme aujourd'hui le duché de Pruffe. Ce fut après la retraite d'Albert que le chef-lieu de l'ordre fut transféré a Mergentheim enFranconie, oü il eft encore. Depuis on a admis dans l'ordre des chevaliers proteftans, a qui on donne les commanderies qui font fituées en Saxe, en Thuringe et en Heffe. Le grand-maitre ds l'ordre Teutonique a féance a la diète de l'empire , après les archevêques et immédiatement avant les évêques. L'ordre poflede encore douze  «48 torales ; et une heure après la rentree du confeil aulique fut décidée dans le même endroit. Le jour fuivant les citoyens de Francfort, affemblés devant le Rcemer, prêtèrent le ferment de fidélité a l'empereur , et le 16 fa majefté impériale quitta , non fans émotion, la ville de Francfort , après y avoir recu des preuves non équivoques du refpect et de 1'attachement dont chaque homme de bien doit être pénétré pour un prince qui, par fa facon de penfer , s'attache tous les cceurs. II grandes commanderies , que 1'on nomme prévóte's, et en allemaud Balleyen , qui toutes en ont de moindres qui leur font fubordonnées. Q_uatie de ces grandes commanderies font celles d'Alface , de Bourgogne, de Coblence et d'Etfch ou Tyrol ; les buit autres font celles d'Allemagne, favoir: la province de Franconie, celle de Heffe, de Bieffen, ou Vieux-Joiics , de Weftphalie, deLorraine, de Thuringe , de Saxe et d'Utrecht. Toutes enfemble font foumifes au grand-maitre. II n'y a que la province d'Utrecht qui n'appartient plus a l'ordre depuis que les Hollandais s'en font emparés , quelques inftances que les grands-maitres et même l'empereur aient faites. On fait monter les revenus du grand-maitre i plus de trente mille thalers d'Allemagne; 120000 livres de France. On a de très-bonnes hiftoires de eet ordre par Helyot, Pierre Duisbourg, et autres.  ' 249 alla joindre fes fidèles Hongrois , qui fuivent 1'exemple des Allemands , qui 1'honorent comme leur père et qui lui jurèrent fodennellement , le 15 novembre 1790, jour de fon facre , une fidéjité, et une foumiffion fans réferve.  J5o CORRECTIONS A FAIRE. Page 126 ligne 3 , la phrafe latine Beneüctus Dos Bes, etc. Au lieu d'être fur la lame du glaive de St. Maurice, comme on 1'a écrit, fe trouve fur le pommeau de ce glaive. Page 130, ligne 4, aucune des trois ceintures n'eft «le cuir , comme on 1'a dit; 1'une eft de filigrane ; les deux autres font de lil d'argent doré , treffé. On peut % ce fujet confulter 1'ouvrage de M. de Murr , fur les joyaux et les reliques de l'empire , qui fe confervent k Nuremberg. Imprimé k Nuremberg i7o0.  FAUT ES A CORRIGER, Page 17 ligne 21, aulieu de: et oil 1'on expédie les lettres d'inve,1itlires; lifez, et oh 1'on en expédieles lettres. Page 18 ligne aulieu de, quileur; lifez, qu'ils leurs. Page 19 ligne 21, A bien confidérer; lifez, examiner. Page 24 liiriie 13, de la note 5 Ces; lifez, Ses. Page XS ligne 10, de Jofeph l.fe firent a Augsbourg en 1690 lifez, de Jofeph I. en 1690, fe firent a Augsbour g. Fage i(> ligne 18, de ets folennités fuivant; lifez, de ces folennités. Suivant. Page 42 ligne 3 , qui fujfnt; lifez, qui f Ar en t. Page S- ügue 1;, conference grande, ou principale; lifez, grande ou principale conférence. Page 81 ligne 12, ne put pas envoyet ; lifez, ne put pas y envoyé 1". Page 83 ligne lf, comme valablt; lifez, comme valide. Fage 8? derniereligne, depuis leurs palais; lifez, de leur p a1 a i s. Page (08 ligne f, a fait oppufcr fon fcean; lifez, a vait fait o p p o f e r fon fceau Page 128 ligne 8, convr.fat'on; lifez, conferva tion. Page J40 ligne 18, a fix chevaux ; lifez, de fix che- va ux. Page 202 ligne 13, rttranchés par; lifez, re tranches pour. Page 210 ligne 2, de la note, 01» «; lifez, 0 11 a. Page 227 ligne a, omrit la marche; lifez, ouvraitla mare h e.   . Xe- m/?///v au/s/. ■>'£^)'J™ éCny?treur en.f /'i'/ss/,w. ,/<•. ILayetux. . / • I we* '/■/' f.vy/rf'r, orr /c/?an/r t/e/fórymt Az//,i-. , r/rv yefr'r1, *ttt/ê/, sar /eau*/(m yj/aa> /a awróltsU ,•/ aufcttr matyuet e/ ormmejM c Jmyjnr//zu.r . aul'ëitör'your /'cQegéatr a/é > ///aye/ic&. rvsfs ai' . idi,ou tri/iuu, ou, .re fa// /'t/i-m/yrtru/ü^n U/ar„ uu -rrntj /eyut/ .re-y?£/£é- /'c^'b^ur a?._,/f{/#ui:U{'i' .rdhf otr .1,'yy/a.v &f' .r'auyenoutfó /'rmy^ereu^r- >Jke ou . v ydtzce /'énty/errt/r pour crèe-r cjkva/ürj . ■zeu ccc /'lühdgur c& éé/oym . Ja C /t/ert' . . byer yjo/rr bêl^-üt */bn/>ay(faa/<'//r.j . "•èyrcry/our <£r Ci?7yu#i c/' ("jui , ^/<5/ f>our /&fy%'rLc^ eé 6o>u/^r Jf /'/m/jir? wfaMUafo ou te p/ai s,,/ . //n/ïj/itu ,////t> ay>r<:r /s , ///■»/{<'/,iru/.