VERS. COMME ON EN VOIT TANT DEDIES A UNE FEMME. COMME ON EN VOIT PEU. J. AMSTERDAM, Chez f Ameur in de Voetboogftraat, chez le Sienr NEUMEYER. MOCGLXXXIX.   VERS. COMME ON EN VOIT TANT j DÉDIES A UNE FEMME. COMME ON EN VOIT PEU. * # A MADAME C***. Si vous parcourez ces eflais; Je jure, aimable Catilie, Que jamais femme, auffi jolie, N'aura lu vers auffi mauvais, A 2  ( 4 ) FORTRAIT DE NADIRE. Nadire eft une rofe, & Ia reine des cceurs, Comme la rofe, eft la reine des fieu s: Tom a mes yeux peint Nauire une rofe, C'efr fon éclat, c'eft fa fraicheur, Sur fon fein fi ma main fe pofi, C'eft Ie •farin de cette fleur, L'odeur d'une rofe enibaurnée, Flatte moiiis, pone rr.oins svx fens, Qu'un fcufle de ma bien ai nte. Vous avez vu la rofe de ros champs, Qu'a fon lever épanouh l'Aurore, Hé bien! telle eft Nadirs encore, Quand des bras du fommeil l'artache un fomje heureux, Et l'amour, dar.s fon cceur, porte les mêmes feux, Son teint i'anime, fe coloie. Dans cette ivrefle da bonhew* Si je la tiens dans mes bras expiraue, Que Nadire reconnaiffance, Colle fa bouche fur roon cceur, Le coloris quelle y dépofe Eft auffi vif qu'une feuille de rofe : Si tVune rofe avec 1'aftre du jour  (5) On voit la beauté difparaltre i Ce t qn'il difparait a fon tour, Et qu'a fes feux elle doit tout fon étra» Mais, des feux f.crés de l amour, Nadire töupurs animée, Ne p»rd jamais fes brMantes couleurs; ïoujours Iraic'ne, toujours aimée, Nad r' eft la reine des coeurs, Comoie ia rofe" eft Ia reine des flcurj. # $ *• Pour Monjieur Hope. Riehe fans c.fler d'étre afFable. Au vain fafte de Lucullus , Ilpréftre 1'honneur durable, D'être ciié par fes vertus* A3  c6 ) S T A N C E S. 0. h vl •■ : 1 C'eft dans Ie doux printems que Flore, Etale a nos yeux fes couleurs: C'eft au printems, qu'amour encore, Parle de plus pres a nos cceurf. Avec fagefle, il faut qu'on cueille, Les fleurs des champs, les fleurs d'amour} Que jamais on ne les effeuille, Si 1'on veut jouir plus d'un jour. Ainfi que Zéphir, de fon aile, Se plait a caicifer la flenr: Si 1'on veut qu'ii fe renouvelle, 11 faut efltenrer le bonheur. ■& & & Q_ U A T R A I N. Sur la mort de Mr. de Vergenises. L'Amour du bien public fans celTe 1'anima,. Pour fervir fa patrie, il füt tout enireprendre» Et les pleurs qu'a fa mort la France lui donna front les feuls, qu'il lui fit répanare.  07) A Mlle. LA VOT. Après une répréfentation desfauffet confidences. D.ms h pa'ifibie indiffirence Vous eotreteniez votre cceur", Quand ire fauffe confideoce Vous fit abjurer votre erreur. Vous refientez bien la bleffure Et vous gardez le fecret de famour. Mais ü en eft, chacun 1'aflure, Que vous divulguez cbsqus jcur.... Et ce font ceux de la nature. 4» * * g, U A 'T R A I N. Ftur le portrait de M. Mayeur, Alteur du théatre Francais, d'Amfteldam. Pincé: Crhpin, la Fleur, par fa variété li nous caufe toujours une heureufe furprife. Sous quel masqué qu'il fe déguife 11 fait parler la vérité. A 4-  ( 8 ) ROMANCE. Air: ó ma tendre Mufette. Tu ne veus plus rrfentendre , Je t'adore toujuus , J'ofe encore préiendre, A fixer tes amours; Jfelle me ddiailFe! Jfelle par pitte, Du troubie qui me preflj, Partage la moiiié. A 1'apr-ftt des richeffes, Tu m'as facrifié: Tes Sermens, nos promeffes-, Tout eft donc oublié : Mon Ifelk me quitte,. Pour fuivre un grand Seigneur, Jfelle fut féduite, Je connais bien fon cceur,. Il te dira fans cefle, Qn'il n'adore que tci'; Et fa faufie piomefl'e, Abufera ta foi. L'amour eft bien 1'idole, Qu'encenfent fes défits, RJais eet amour s'envole, Sur 1'süè des plaifirs.  (9) IMITATION DE LUCRECE. Suave mart magno turbantibus mquora veutit. Sur un navire agité par 1'oragê, Quand de loin nous £xons les yeux Les cris afFreux de 1'équipage, Pénêirent notre cceur. Chacun de nous partage, Le danger de ces maiheureuxi Et puis a cette horrible image, Vient fe n ê'er je ne fais quoi de doux; Ce n'eft pas de voir un naufrage, Mais, bien, de le voir loin de nous. A MADAME CLAIRFILLE.- April une répt éfentation de COpéra de Bidon. J'ai vu St. Huberti.... q'u'une amante abufés» Sous fes traiis m'a couté de pleursT Sous les vórus-, Didotr, è mes yeux retracée, M'a fait partager fes douleurs... Par vos talens , comme elle, für les cceurs, • Ah! que vous favés bien regner en Souveraine! - Auffi le laurier immortel, Qui pour St. Huberti croic aux bords de la Seiiie, S'élève pour Clairville, aux rives de 1'Amftel.'A 5  ( io ) 1M1TAT10N DE VODE U HORACE. Donec gratus eram. Paulin. ^uand tu gardais Ia foi q-je tu m'avais jurde,. Quand je poffedais, feul, & Juline & fon cceur:: De plaifirs raon kme enivrée Savourait en paix le bouheur. Quand tu ne vis que moi, que Jufline & fes charmes ,. Avant que Zélaï's t'eüt rangé fous fa loi: Sur ton fein, j'étais fans allarmes; Les dieux jouifTaient moins que mo\ Paulin. Que Zêlate me plait! qu'elle elt touchante & belle! Zéalïs a jsmais fixera mes amours, .S'il faut que je meure pour elle, Grands dieux! difpofez de mes jours. Ju ft ine. J'iime Dapknis, lui feul a toute ma tendreffè, Lap/mis n'aime que moi, fes plaifirs font les miens, Aux ddpens des jours qu'il me laiffe, Que le ciel prolonge les fiens.  Paulin. Si j'oubliais ma cocquête nouvelle , Soumis, a tes gecoux déteftant mon erreur, / Jurant d'être toujours fidele, Si j'allais te rendre mon cceur. Jufline. Que tu lis bien dans le fond de mon atne, Jujiine de bon ccear va te rendre fa foi: Vivre & mourir auprès de toi, Eft. le feul déftr qui m'enflame. # # # A M AD A ME Ho * **• En lui envoiant Célestin» D'une ame généreufe & belle L'Auteur a feulement efquifle le porirait; S'il vous avoit eu pour models Soa ouvtags eü* été parfait.  ( M ) LES DEUX FRANCAIS A. FLORENCE. Hiftoriette. Deux étrangers arrivenc a Florence, Et tous deux par hazard'dans le même logis. En deux mots on fait connoiffance, Les voila bientót granrls amis. Si vous vouièz, dit 1'un, nous dinerons enfemble? Tiès volontiers, dit 1'autre, oü nous trouverons nous?; — Ma foi fur la pkc. ; il me fembie, Que c'eft le plus fur rendez-vous. 11 eft midi; je u'ai qu'une petite affaire, Ainfi , mon cher, tn're une & deux , Le premier, comrne a 1'oruinaire, Attendra, — -d'accord, — fars adieux.. Et les voila partis pour courir dans la vilie. lis fe rendent, enfuite., a 1'endroit arreté. Chacun , des yeux, cherche dé fon cóté,, ' Le tout envain. Une troupe imbécille Qui regardait des bateleurs, Empêche nos deux voysgeurs, De fe voir & fe reconnaitre : Tous deux trés mécomens, peutêtre, Allaient réjoindre la maifon: Quand des cloches le trip'e fon, Vint annoneer 1'rieure d'une priere, Soudain, chacun a.fa maniere, Trois fois fe figne, & puis aprós,. Tous enfemble t'agenouillerent, Tous... excepté nos deux francais, Qaireftant, feuls, debout, sjnfi fe rencomrerent..  C '3 •) A' MON INFIDELLE, Traduiïion de Code d'Horace. 4 Quis multa gracilis te puer, C^uel eft le mortel amwreux, Qui, dans l'alcóve ou tu répofes Sur tes couffins voluptueus: Baife ta bauche de Rofes?. Q.ael eft 1'amant qui t'i lo'a re ? Dis moi pour qui tes blonds cheveux. Torabans en feftons onduleux Voltigent fur ton cou d'albatre?' Par ün fentier couvert de flitirs Tu le conduis au précipice. Ah! que ce moment de déace Un jour, lui couteta de pleurs.. Hélas! de tes discours, perfide, Loin de foup9onner la noirceur; A tes genoux, tremblant, timide 11 entretient fa folie erreur. A 7  C MO Sous tes loix, adroite fyrêne, Malheur a qui vient s'engager, Et qui fans fouiever ta chaine Aveugleraent veut s'en charger.. A la fin j'éch3pe au naufrage Et bravant les flots impuifians A Neptune, fur le tivage, Je confacre mes vétemens. # Ö LA BONNE PRIE RE.Conté, Uu cavalier dormait fur fa monture. Loin du chemin la béte erra fort a fon gré: Natre dormeur s'éveille, il érait égaré, Le bois était épais, la nuit étaic obfcure. Quoi! dans ces lieux je refterais toujours!' Fais que j'en forte, ó Ciel! exauce ma priète, Et ce fera je jure la demièré Que je ie ferai de. mes jours, .  Cs ) E P IT RE A M * * * Sur fon dêpart d'HoUande.. Quoi, vous partez, quoi tout de bon Vous qulttez les états d'Hollande Pour parcourir ceux de Bourbon? Ce voiape, ma foi, demande Que je vous faffe un compliment. Je trouve ce projet charmant. Oui, les bords fieu-is de la Seine Djivent bien Teriiporter fans peina Sur les triftes bords de FAinltel. Nos modes & nos mceuts frar-faifes, Sur vos coKiumes Hollanaaifes Ont un avantage réel. Vous aliez donc voir cette ville, Ou tous les beaus ans réunis Otfriront a vos yeux furpris Le vrai, 1'sgreable & l'u'.ile. Du faible & crédule Jafon L'époufe cruelle & perfide S.ura bien remplac^r Eifride. Puis, fous les traits de Dugazsn Vous verrez, Laurette, Jufline Nina, famante de Sargine. Sous Ia figure de Contat  C 16 ) Vous verrez renattre Thalïe. Saint Huberti vous féduira Par fon étonname magie; II eft auffi des enchanteurs. Ttrare, Admete, Po'yniee Vous feront répandre des pleurs. Molé, Lainez les ieuls acteursDont Ia France s'ennorgueüliffie Fixeront vos vceux indécis, Ei la raaniere de Saint Prix Vous fera régreiter Ia Rive. Gui de Melpomene plaintive Vous partagerez les ennuis. Les beaux arts, 1'efprit, réloquenceAuront vótre encens tour a tour. Vous verrez nótre augufte cour Louis & fa magnificence Devant Sully - Neker en france Vous tomberez a deux gdnoux. Rien n'y fera nouveau pour vous. Partout, on 1'amitié fincere Le gout, les mceurs, Tamour du bienTiendront une cour pléniere Vous ferez toujours citoyen.  ( 17 ) A S O P H I E. Air: La mufique & les fiiics. Si je croyais iopHe , Que par reiTemiraent Ton cceur me facrifie, A Terreur d'un moment; D'nne ardeur peu fincere J'accufcrois ta foi, Saus chercher a te plaire Je ne piaindrais que toi. SV par inconféquence J'ai faufiTé mon ferment, Un peu de complaifance Et ja fuis ton amant. Oui, je fus infidele, Mais je n'aimai que toi; Et jamais d'autre belle, N'a fuiprife ma foi. Pardonne ,, ó ma Soph'e, Sois fenfible Ji mes vceux,. Que 1'amour nous ralhe, Ah! refltrons nos Eceuds.. Je reviens moins vo'age , Plus tendre que jamais, Qu'un baifer foit le gage, D'une eteruelle piix.  ( iS ) L'HEURËUX BERGER. Ma Gentille amie, Un petit chicn, Voila mon bien: Dans Ie Village, Par leur accord, J'ai pour partage, Un heureux fort. Sous la tutele Du chien fidele, Mes agnelets Paiflent fans craiute. Afiïs auprès De mon slmintt, Et le plaifir, Et la rendrefie, Me font fans eefie, Chanter, jouir: Le plaifir monte Mon inftrument. Je lui raconte Maiignement, Fine amourette D'une fillette, De fon canton. A la chanfon, Notre poulette,  ( 19 F Fait tout de bon, Attention, Et s'intérefle.... Le défir preïTe, Et la tendrefle, Tout aulTï tót, S'empare d'elle , A tire d'aüe, L'Amour bientót, Vient, & nous couvre, A tous fes feux, Notre étne s'ouvre; Et tous les deux, Sous la coudrette, Nous badinons, Et répetonss La chanfonetce. Üf # M O R A L I T É. Ï--E feu! bien, le feul défnable, Serait de dire en terminant fes jours, Jamais un fouvenir coupable, N'en viut üiterrompre le couis.  C*0 ) LE > INCQNVËMENj DE LA tCIEN E. Fable. Sur des rnffiqrie's chalumpaux ■ A cbsiirer, tour a tour, & les Dieux & Sibie, Coridon, Licidas, en gardant leur tronpeaux, JeuifTaient sfim.'iit de Ia vie. LTnfouciauce afiurak leur bouheur. >s ignoraiein jiifqu'au nom .ie Genfeur. Qutlques faux tei.s leur éc'iapa'ent peut-êuev Mais quand le ccé ir eft de moit.4» Et que nature fert de maicre On jouit, tout eft oublié. Un jour Ie S.igneur du villsge, Aux nobles de fon voifinage, Donnait un fuperbe repas. Tout fut au m eux corarae 1'jon penfe. Mets recherchés & le fuir vint la danfe. L'orcheflre fut par excdlence... Certain air, plut a Liddas, II s'exerce fur fa mufette, Deux fois, trois fois Licidas le repéte, Licidas reufïït enfin. Au rendez vous le lendernain, A Coridon, il vante fon génie. A fa facilité Coridon applaudit. Notre Doflsur s'ennorgueiljit, Et bientót dans fes ciunts copie,. Le ridicule & la manie, Des bons bergers du pays. Qu'arriva-t-il? il perdii fes amis*.  (») LA FEMME CUARIL/1HLE. Conté qui n'en eft pas un. D'un férail rerommé TabelTe ét>genaire Allait plk-r bagage & fermer Ia pmp:ere. Le coude fur fon lic, un .tévot Théatiti Luidit.. mie ceuvre pie, un répeiuir (incere Ma fi'le! peut des cieux vous ouvrir le chemin. La mourame prêiant fortille Suifir Icu^ain 1'occ^fijn De mé ere a profit la ie'con Du direjeur. S'»n zèie la confeille. Je cede, lui dit elle, a vos fages avis: D'une ceuvre pie , il faur que je m'acquite. Allez un peu la haut, dir.es a la petite Q\ie le premier venu foit exp -dié gratis. Qu'il me dife un de pro fundi's. •§• IMPROMPTU. A M...> qui difait que Ie Mariage de fa Demoifelle la vietlliftait. ^e crain? pas que l'hymen vainqueur, Aujoutcfhui r'óte quelque chofe: Le bouion qu'on cueille a la rofe, N'enleve rien a fa fraicheur.  (IS) C O U P L E T S. Chantés, dans une Socié;é le jour des Roïs. LA FOLIE, Air: la Bonr.e Aranture. Que la mauiTade raifbn, Chez nous foh bannie; Et ne prenons de Iecon, Que de la SaMie, Et qu'a tous fes gouts, livré lei, chacun, a fon gté Fafle fa folie ógué. ■ LE CHANCELIER. Air: Je fuis Lindor. Mcs bons amis, comptez tous fur mon zele, Pour vous fervir, je ferai toujours prét: Ne craifi^ez pas que pour voire intérêt, Jamais le cceur du chancellier, chaccelle.  ( 23 ) * LE MAITKE DE CEREMONIE. Air: Avec les jeux. \ ous êtes reine, aimable, bonne, Vos fujets feront vos amis, Tous, auprès de votre perfonne, Tous fans ciainte, fcront admis. Et fi 1'étiqueae eft baunie, Des etats ou regne 1'amour, Un maiire de Cérémonie, E.ft inutiie a votre cour, M 0 MU S. Air: Toujours, toujours, il eft, toujours. Je fuis !e Dieu de Ia plaifanterie, Un peu, dit-on, Fou de profeflTon. Tór ou tard ma raifon, Devait m'être ravie; Si je la récouvrais, lei, je la perdrais, Et vous airaei: deviendrait ma folie.  ( H ) LEFAVORI. Air: De Calpigi. Le favori de votre reine, Des bontés de fa Souveraine, Aura toufours Je cceur re-npli, Ah! Bravo caro favori. bis. Hélas! ap-ès cette joumée, Elle fera toujours aimée, Mon regne a moi fera fini, Ahi! povéro favori. bis. & ^ * UNE DAME D'HONNEUR. Air: II pleut, il p'eut. Une eflimable femme, Sait garder fon honneur, Pourquoi, prés de Madame, Une dame d'honneui ? Pour vous, ma bonne amie, Ma paróle d'honneur, Je perdrais dans la vie, Tout, excepté 1'honneur. Un  ( 25 ) UN MUSICIEN. Air: 6 ma iendre Mufette. PuiiTe Ia mélodie! Qui fait tout mes plaifirs, D'une reine chérie, Occuper les Ioifirs. Je pourrai, comme d'aotres, Donner un ton difcord, Mon cceur avec les vótres. S:ia toujours d'accoid. # # «■ B A C C HU S. Air: Vtvf le vin, vive Pameur. Je fii's Ie Dieu , des ris des jtux Et fi quelqu'un eft foucieux, De fes rliagrins je Ie délivre. Celui qui piés de vous peut vivre, Madame, eft cent fois plus neureux, Et fans mon jus dé icieux, Vó>re ré^ard bien micux 1'ennivre. B  ( 2G ) LE B OU LANGER. Air: Que le fultan Saladin. Je fuis un fameux micron, Renommé dans mon canton, Pour faire lever la pate, D'une facen delicate, Puii)taJroitement je fais, Pains frais, Trés frais, Comme ceux de vos corfets, Je les retourne, je les retourne, Et puis j'enfourne. VA M O U R. Air: Annette a lage de 15 ans. O n m'accufe d'ètre inconltant, Accueillez mei, complaifament, Aimable reine, & 1'on verra, Comme a fa belle, L'amour ndele , Deineurera.  C 27 ) UNE VIEILLE* Air: Des trembkurs, Je fuis, une vieille folie, De ce ridicule róle, Je jure fur ma paróle, Si mon cceur écat jaloux; D'être acariatre & prude, De mon caractere rude, Je perdrais bien fhabitude, Si j'écais auprês de vous, & ^s- LE MED EC IN. Air: De Raimonde. Si c'eft fur moi que fe fonde, L'état de vótre famé, Que le fuccês y réponde, Je ferai partout partout vanié. Dans ma fcience profonde, Je crains peu d'é re éclipfé, Si je guéris tout le monde, Que vos yeux auront blcflë. B 2  C 28 ) U N PAGE. Air: Chanjons, cbanfons. Je ferais prés d'une duchefle, Une inarquife, une conuelTe, Page de cour: Mais un page de mon efpèce, Eft toujours, prés de fa malcreife, Page ö'amour. « # $ VINTENDANT DES MENUS PLAISIRS. Air: Un mouvement de curiojité, Difpenfez moi, Madame, de paraitre, Si mon emploi doit fixer vos déCrs, Dans tous les lieux, oïi la beauté peut éire, II n'eft, ma foi, point de menus plaifirs.  C»0) LA SOUBRETTE DE LA FOLIE. Air: De Malbourough, Point de cé'émonie, Tout c ia, tout cela nous ennuic, Dans cette compagnie, Trêve de comp'imew: Si vous voulez, pourtaut, Que le raifonnement A la grace s'allie , Ma Mahrefle, Maiireffe jolie, Sous 1'air de la folie, Patleia fitrfémect. & ft ■& UNE DAME DE LA COUR. Air: Des Dei fes. Ce n'eft, ici, qu'une fois Tan, Que regne ce que j'aime tant, C'eft ce qui me défole. Dans nos cceurs c'eft bien autrement, Vous y regnez a chaque inftant, C'eft ce qui nous confole. B 3  U N COURTISA N. Air: Daigne écouter. J'ai régardé longtems, comme une faWe, De voir enfemble efprits, talents, beauté., En les voiant unis a cette table, La fable a'ors devien; la vérité. <&■ # L A R E INE. Air: De la Batailk fin. Croyez que la reine efl: bien fiere, De,voir qu'en fes henreu x inltans, Pour raimer, la chanter, lui piaiie, Vous réur.ifiez vos talens. Dans cette allegreile, Quand mon époux efl de moitié, Mon cceur, ici, goüce la doublé ivreffe, De famour & de 1'amnié.  ( 31 ) LE ROI, IL ETAIT EN V1EILLARD. Air: Du Vaudeville de Tom Jónes. Avec plaifir, je porte ici Ia marqué, Du rang ou vous m'avez admis. Mais foyez tous, prés de votre monarque, Soyez fujets, foyez amis : Que le bonheur, la gaité, la franchife, Regne toujours dans mes états. Sous eet habit qui me dèguife, Pour vous, mon cceur ne vieiliit pas. 4$? & i& INSCRIPTION. Pour le Cabinet d'un Philofophe. Ici , fans nulle iuquiétude, Loin du bruit, da fracas des cours, De la mort je fals mon étude: Pour apprendre a vivre toujouii. B4  (32 ) E S O P E. La Pomme & la Fêve des Rois. Fabk. Une pomme dans un pinier, Se trouva par hazard a coté d'une fêve; ^ Celle ci voulait babiller.... Crainte de fe méfaüier, L'autre ne difaic rien, dont Ia voifine endéve. La pomme enfin, parle en ces mots: t, Mtis, il vous convient bien detenir des propos, „ A moi, moi, qui fuis dgfcendue, De cette pomme qu'on a vue „ Au bar.quet des Dieux : „ Lórfque Junon, & la déi-fft „ De la beauté, celle de li fageffe,. Se difputaient le titre glorieux „ De...." c'eft cela qui fi loit vous éleve, lncenompt brufquement la fê/e. „ Mais vous avez brouilié les cieux? „ Puis a cette table vantée, „ La difcorde vous a jende, „ Je rougirais de briller a ce prix. „ Mais, moi, fi je fuis difputée, „ C'eft par les amouis & les rh, „ Une fois qu'on m'a méritée, Tous mes rivaux font mes amis.  (33) A M. . . R * * *. Capitaine au Regiment d'Infanterie de Ctnti, en lui donnant dei fleuru Bonne nature A leur culture A pris plaifir. Quand un cceur aime 11 veut jouir : Je viens moiméme- Vous les offrir. ■& # 4fc REPONSE DE M. R * ♦- Si ia nature A leur culture A pris plaifir. J'en ai moi même' Pris un extrê;ne A les fentir. Qui vrniment aime Veut plaire: il feme Pour receuillir. Une ame pure Eft toujours fure D'y réulfir. B5  C 34 ) A Mll. G E L I O T E. Actrice a Amflerdam, Enfant aimé de la nature Qui poffede les agrémens Da la plus riante figure; Et tous ces dons intérefians Qui font une femme accomplie. ó Toi dont j'aime a la foüe Et les graces & les accens. SoutTriras tu jeune Dénife (*) Qu'un invalide a foixante ans Qu'amour encore tirannife Te préfente auffi fon encenr... Des il'ufions du jeune age Hélas! j'ai perdu tout le feu; Et quand je rifque un tendre aveu Peut on foupc/ontier mon homage? Je ne fuis plus amant, m.iis je fuis amaeur. Je ne pui? plus que pailer de tendre-fle. Sous les glacés de la vieiik fle A tes rccens je re;rouve mon cceur. Que du jeune Profper je chéris la candeur Que tu fais bien avec délicateffe (*) MJle. Géliotte me croyait plus vienx de moitié.  ( Dè fes défirs naiflans rendre toutè 1'ivrelTé ' Et ferabarras & Ia rougeur. Ainfi les gracös toutes nues Dans leurs danfes ingenues Flattent les yeux fan» blefler la pudeur. Colette a mes amours, Colette eft un peu fiere Mais elle eft belle, & chez une bergère Ce defaut eft un agrémeut. Comme elle foisvive & légere: Chaque jour défole un amant Vïngt fi tu peus... aux plaifirs conftament' Toujours chez toi donne un azile:' Nos jours paffent comme un momenc Dorfque la volupté les file. ft ft ft POUR LE PO RTR AITi de Mll. Wattier -f aBfice du théatre HollaHdaiU' Sablime actrice, & femme fage. Elle unit le talent aux qualités du cceur; « Chacun eft fon admirateur, Et fon ami bien d'avarttage. B'6  ( 36 ) C O U P L ET S. A Aline le jour de fon mariagt. Air: Pour la Baronnen De notre Aline Vénus envirait les attraics. Oui, c'eft une grace divine Qui fe repand fur tous les traits De notre Aline.. Chez notre Aline .11 eft un bien plus précieux Sans les charmes que 1'on dévine L'efprit, le cceur vaut encor mieux. Chez notre Aline. De fon Aline L'Epoux fera toujours charmé Et ce qui bien plus nous chagrine C'eft qu'il fera le feul aimé De fon Aline.  ( 37 ) A N A D I R E. En lui envoiant un petit amour mènacanu Air: Annettt a Page de 15 Chacun avec empreffement Vous fait fon petit compliment, Recevez celui d'un enfant Qui pour vous plaire Quitte Ciihere Et fa maman. Si mon petit air menacant Vöus paraiffait trop impofanr. II deviendra foumis & doux S'il peut vous fuivre Et s'il peut vivre Auprès de vous. B 7  ( 38 ) SER MENS V AI MER. Télaïre è tait infi lelie. Daphnis bïila fes cbalumeaux» Daphnis rédifait aux échos L estourmens que lui fit éprouver la cruelle.Télaïre avait eu fes premières amorurs: 11 crut que fa douleur devait étre éternelle Puis qu'il avait juré de 1'adorer toujours. II repetait dans fa mélancolie: Je t'êimerai toute ma vie, Non, moncceur ne changera pas; Et me punill'e le trépas Si, jamais, ton amant t'oublie. Le jour baiffak; Lise vers le hameau A grands pss prvflait fon troupeauv Elle entendit la Romance nouvelle Du pauvre berger langoureux. Hélas! il mén tait, dit elle, De jouir d'un fort plus heureux. S'il tn'eüt aimé de eet amour extréme.... Daphnis l'entend, il vole 11 tombe a fes genoux. Le mot eft tout, c'était Life elle meme Qui 1'avait pronorcé. Life füt fans courroux. Daphnis favait aimer. Life é.ait peu coquette. Le défir hara fa defaite. Daphnis reprit fes pip^aux fon amour. Life & Daphni, chantereut tour a tour. . Je t'aimerai &c.  ( 39 5 AM... EMMANUEL. Premier acteur du tbéatre Francais d'Amfteldam, fur ce qu'il venait d'être nommé Dire&eur. Santé, plaifir, honneur Au nouvel élu directeur. Non pas directeur de nonettes De qui les oreilles difcrettis Vout receueillir avec ferveur Les doux aveux de nos fillettes. Non pas de ceux tels qu'on en vit Nommés diredeurs de finance;, Qui tenant en main la balance L'inclinaient bi>n a leur profh JMais bien au direfleur aimaBle D'une troupe de bons acteurs. Ses foins, fon Zêle infatigable Méritaienr, ma foi bien, MdïïHrs Qu'il obtint le pofte honorable Dont il jouit en ce moment. Vous ne pouviez afiürement D'une maniere plus jolie Faire votre cour a Ibalie Qi'en fefant choix de fonamanr.  C 4°O LES SEPT PECHES CAPITAÜX. Ah! c'eft bien vrai, 1'oifiveté Devient la mere de tout vice Difait Paul, aufrere Cêiiffe. L'autre jour avant notre office J'étais en pleine liberté. J'éviiai la fociété De notre gros benêt Sulpiee1 Avec lui fi j'avais gouté ; Certes il m'en aurait couté. Chez la jeune & vive Clarice Soudain je me fuis tranfportf. Prés d'elle certain éventé, Dont le tendron eft entêié, M'a fait fouffrir cruel fuplice. Elle fervit un gros paté Qu'a belles dents j'ai vifité. En revanche auffi jai pefté Contre du vin un peu gaté. Je fors, on était a 1'office. je vin* trop tard, je fus pointe.  ( 41 ) COUPLET S. Air... Toujours de tes rigueurs La folie amhition Ne trouble point mon atne. Une plus «Jouce fla. ne Eflaire ma ra'fon. Oui, la feu'.e étude Qui fait mon bonheur, Eft de plaire a Gertrude Et de £xer fon cceur. La mufique, le chant Plaifent a mon ,amie : Les vers, la mélodia Font mon amufement. Toujours je prélude Sur fes sirs ebdris Et pour refrein, Gertrude Eft le nora que j'écris. retrouve en tous lieux, L'taiage féduifante De la bnne piquante Dom je fuis amonreux. Djiis ma folitude Rien ne me dillrait: Pour penfer a Gertrude Tout objet d':parait.  C40 POUR LE PORTRAIT DE M. DE SACT. Auteur de ïhonneur Frar,gais, J-''honneur du nom francais lui difla fes écria, Comme un oracle vrai, fon pays le ré/ère. Mais ce fage toujours prèfere, A fa céldbrité, le cceur de fes arnis. ft ft ft A C ATI L I E. En lui envoyant Cdleftin. J'ai craionné d'un jeune enfant L'ame fenfNe, bonne, pure. Je ferai biemót la peinture D'une femme, en qji 1'enjouement A la grace, a 1'efprit s'allie: Et pobr que chacun a fon gré Trouve l'héroine accomplie; D'après vous je dciïïuerai.  (43; LA FEMME (ECONOME. A fa femme un peu trop coquette Mondor difaic avec humeur: Vos atours & votre toüette Me coutent de puis peu mille louis d'honneur C'eft payer un peu dier, ma Reine, La faveur, que chaque femaiae J'exige une fois feulement. Si vous vouliez, repond Cloé, fur ma parole, Chaque pompon féparement Ne couterait pas «ne oboie. <0L \ # \ : 'ff A MADEMOISELLE MARIGNI. Dn Théatre de la Ilaye, aprês une répréfentation de Fanfan & Colas. Que j'aime Farfm en ce jour! Que fous vos iraits, il fait intéreffer & plaire: Sans la ceinture de fa mere Chacun vous ptendrait pour famour.  C 44 ) E P I G K A M M E. J cur étre admis, au rang- des fils de Loyola 11 faut, difait un jéfuite: Faire, preuve cornplette ou d'uu rare mérite Ou de nombre d'ayet-x. Ou ne peur fans cela Entrer a la maifon profciTe: Sans doute vous comptez des Siec'es de noblefie Dfc, quelqu'un qui fe trouva la. * «- * A NADIRE. En fui envoyant FAlmanach des grates. Chez moi , vous avez oublié Un livre qui vous intérelTe. Aux graces il eft dédié; Et je le mets a votre addreffe.  ( 45 ) EPIGRAM ME. ^lllin difait a tout le monde, Que bientót il nous ferait voir Sortt de fa plume féconde Le nee plus ultra du favoir: Hélas! quel deftin eft le nótre; II eft, de fon talent, le martyr & i'Apótre l Car je viens d'apprendre aujourd'hui Qu'en relifant fon oeuvre il était mort d'ennui. * * EPIGRAMME. Pouiquoi Clèoni garde-t- il donc chez lui Un impertinent paraficei Bavard extréme, & qui blame aujourd'hui Ce qu'il almait hier... d'honueur, cela m'irritte? - Mieux que vous ne croyez, 1'ami Cléon agit. Partout eet homme approuve fa conduite Vante partout, ce qu'il fait ce qu'il dit. S'il le chaflaic, adieu tout fon mérite.  E PIT RE A Mik. P. , . êst Ne crains point, qu'amant téméraire, J'aille ici defiiner tes draits: Je fais, autant que tu m'es chere, Refpeéter tes ordres fecrets; Et jamais mes doigts indifcrets , N'oteront la gaze légere, Qui fous le cachet du miftere, Saic te voiler a tous les ^eux, Oui, pour toi, feule,-fur ma Iyre, J'occupe mes loifirs heureux: Je te nomme toujours Nadire, Et c'eft fur ce refrein, crois moi, Que 1'écho fe plait a rédire, Les chanfons que je fais pour toi. La gloire & fa palme briljante, Ne fixa jamais mon défir: Cette idóle toujours errante, Traine après foi le déplaifir, Et tel, fouvent, croit la faifir, Qui n'embraffe, hè'as! que fon ombre. La gloire expofe a mille maux: La mort eft fouvent de ce nombre; Et noiis pleurons fur les tombeaux, Be St. Romain & de Pildtre (*_) (•) Tout le monde connait la fin tragique de ees deux artonamet.  ( 47 ) Sur ce vafte & mouvant théatre, Tout, pour le jeune homme emêté Qui d'un coup n'ceil hardi J'embrafle, Laiffe appercevoir une tracé, Qui mene è la poltérité; Mais, qu'y découvre l'homme fage? Un lauri.r mort pour fon vieil age, Apiès lui!... l'immortalité. Mais tout fourit dans la nature, Aux yeux fitisfaits d'un amant; Lorfque le fentiment Tépure, L'amour renait a tout moment. Pour lui les parques étonnées, Filent d'heureuiès deftinées. Indifferent a tout objet, Qui ne lui peint pas fa maitrefle, Tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait, Ne tend qu'ü nourir fa tendreffe. Dans le Dieu qui regne au Permeffe, L'un, reconnalc !e proteéteur Des arts & de la poéfie; L'autre le Dieu dont la faveur Echauffant fon brisant génie, Donne ft fes tableaux leur vigueur: Mais, Pamant n'y voit autres chofes, Que 1'aflre bienfaifant qui luit; Et dont la cha eur reproduit, Le printems, Ie gazon, les rofes. Au crépufcule de fes jours, L'amour qui lui reffe fidele Se clarge encor de fes atours. Il rechatffe encor fous fon atle,  ( 4* ) Le cceur de ce fenfible am«nt. Sa maiii délicate détend Les rides que fur fon vifage, A laiffé la tracé du teins. La mort & fon affreufe image Jamais ne vient troubler fes fens: Pour lui, c'eft le dernier ouvrage, Qu'il lui.refte encore a finir, Et s'il rend fon dernier fotipir Sur la bouche de ce qu'il aime , Ce plaifir... ce bonheur extréme En mouiant le confolera.... 11 fait, qu'è fon heure fuprême, Son amante ne le rendra , Que pour le réjoindre a lui même. i 4 > $ V E R S. Mis au bas du Portrait de Nadirs. Oette image adoucit ma peine, Et furpond un peu mes regreis: Loin d'elle, fi le fort ïn'enchaine,, Mon cceur ne la quitte jamais.  (49^ R O M A N C E. Sur 1'Air: Daigne écouter. Que ton abfence, ó mon aimable Adele, A ton ami fait répandre de pleurs, Cent fois ie jour, il te chercbe, il t'appelle La nuit, hélasl augmence fes douleurs. Sous les bofquets témoins de notre ivreffe, A chaque inftant, je reviens m'égarer, Mais j'y fuis feul, feul, avec ma triflefre, Et ton amant finit, par y pleurer. J'ai ton portrait, je Ie baife, je 1'airne, Et d'en jouir ton amant eft charmé, A mes regards fe font tes traits toi même, Mais fur mon cceur il eft inanimé. POUR NADIRE. Il n'eft perfonne en Ia voyant Qui ne vouiüt étre infidele. L'anifte en la peignaat Avaic la vertu pour modele. C  LES JUGEMENS A LA MODE. Epigramme Dialoguée. Si Madame voulait régarder le Portrait De Ia Marquife Alcime fon araie ? — Fi donc, Monfieur, mais, c'eft une infamie De Ia Marquife il n'eft pas un feul trait. — Vous m'étonnez; a tour Paris encore Je jure qu'il eft iuconnu: — Je vous crois bien: & je ne 1'ai pas vu: Mais celui A'fp'iife & SAglaure, Eft fi mal peint, eft fi peu reffemblant Que de tous, fans les v»ir, je juge maimenant.' & Ut % Q_UATRAIN. Autour de toi, laiffe fiffler 1'envie. Ta * *ie. Sur ton front place un nouveau laurier Pour 1'intrigue & Ia calomnie Tu feras toujours le premier.  ( Si ) A MA SCE U R. En lui donn/inl un Bouquet de Lys & de Rofes, pour Mik. Ga**. Recois de ton frere, en ce jour Les Lys de l'amitié, les Rofes de l'amour. Je t'aurais voulu pour maltreffe, Et eet amour aurait fait mon bonheur; Mais l'amitié quand Marie eft ma Sceur, Eft un fentiment fins foiblefle, Plus digne d'elle & de mon cceur. ft ft ft QUATRAIN. Pour k Defieur... C * *. S'il marche I'égal des favans Dont 1'europe aujourd'hui s'honnore: Par fes vertus il eft encore Bien au deflus de fes talens. C t  CsO A MADAME.. M * *. Rmerciment. Je la recois cette cocarde je la prens de tes mains comme un don de ton cceur; Et maintenant je la regarde Comme un gage allure de gloire & de bonheur: Paré de tes couleurs je vole a Ia viótoire Et je fers a la fois le dieu mars & l'amour. Peuc-on ne pas chérir la gloire? Quand on fonge iu prix du rétour. ft ft ft . i £ ü A T R A I N. Tour M. Grammont , aüeur du théatre Frarpais. Du fublime le Kain imitateur heureux Et digne émule de la Rive. De Ia perte de tous les deux 11 pourra confoler Melpomene plaintive.  ( 53 ) A Mde. * * *. Qui voulait arot'r deux eaurs. O ui, charmante & fage julie, Oui, vous avez raifon & la nature a tort; Et de deux pafiions quand votre ame eft remplie Ce n'eft affez d'un cceur, il en faut un encor. A 1'un, le mari doit prétendre L'amant a l'au:re, ils y gagnent tous deux. En penfant au mari, la femme eft bien plus tendre En penfant a l'amant 1'époux eft plus heureux. ft ft ft A Mik. 10 NG E AU. Aprês une répréfentation de DIDON. Sj comme vous, Didon, avait eu Part flatteur D'intérefler, de plaire & de parler au cceur: Si comme vous, Didon, avait été jolie: Le fils SAncbife aflurement A vos genoux en un moment; Ent oublié Fenus & 1'Italie. C 3  (54) FRAGMENS. A M. le Mar qui s de Marnêfia auteur du ptêtne, Effai fur la nature cbampètre. Au milieu du bruiant Paris, Vous deffinez un païfage; Et vous firjez fous vos lambris Ees amours galans du village. Vous enflez votre chalumeau Quand tout atrifte la nature: Malgré 1'hiver & fa froidure Vous arrondiffez an berceau. Quand récho fe plait t redir» Les airs joyeus qua vous plncez: Mof, jo ne.criante plus, mi Lyre Se détend fous mes doigts glacés. &ca,... ft ft & GASCONNADE, • — Je vous croyais du cceur? du moins votre langage, Semblait Panneneer: vous fuyés? Mais! ou donc eft votre courage? — Cadédis, il eft dans mes pieds.  Ifabelle, eft dans le veuvage. Damis la confole en voifin: Sur Thyrnen, fur fon avantage II fait rouler tout 1'entretien C'eft pour éprouver fa conftance. Honni foit, qui mal y penfe. F R A G M E N S. Pour être aimé, qu'il eft affreux D'avoir recours a 1'artifice : Un cceur dont on fait le fuplice Peut il jamais nous rendre henreux. Qu'un j'our, Nadire s'attendrifTe Qu'elle partage mon ardeur: Et de ma cruelle injuflice, A fes pieds, j'abjure Terreur. Quoi j'ai pu caufer fes allarmes! ]ai pu Taffliger au momenr. Ah! 1'époux effuïra les larmes Qu'aura fait répandre l'amant. C 5  ( 53') A Mie. DU RIFIER. Aprés ur.e rèprèfentation de blaife ö? Babet. Un fimple ruban, un bouquer, Qu;lques mines, une querelle; Me femblaient un mince fujet; Et je traitais de bagatelle L'opera de Blaife & Babet, Mais dés que Ton te voit paraitre, Bientót on change d'avis: Tous ces riens ceffent d'en étre Par Ia facon dent tu les dis. A N A D I R E. En lui envoyant un collier de cheveux. Semblable a ce collier tiffu de nos cheveux; Que ton ame a la mienne a jamais foit unie: Si des doigts étrangers ont fu former ces nceuds. Que l'amour forme feul, les rceuds de nctre vie.  ( 59 ) LE DEFIN CONSULTE. Air: Trifte Raifon. Vous, qui favez partout ce qui fe paffa, Qui jouiffez de 1'honneur Ia plus beau, Sage Vieillard, expliquez moi de grace, Pourquoi j'éprouve un trouble tout nou,eau. Ah! dilïïpiz le trouble qui m'agite, Et pour préfint je vous donne un a*naau; Prés de Lubin d'ou vient, que je palpiie? D'ou vient hélas! un trouble tout nouveau? Je le regarde & Lubin me regarde, Et nous reftons tous deux comme un tableau, Si dans ma main la fienne fe hazarde, Soudain j'éprouve un trouble teut nou /eau. Au baln jadis, ou 1'enfanca s'amufe, Avec Lubin je me jjttais a Teau; Mais ja rougis; je demmaure co.:fufe, Et ma-rou-geur e.1 un trouble nouveau. C 6  (do) Avec Lubin nous conduifions enfemble Sans y penfer paitre notre troupeau ; Et maintenant 1'inllant qui nous raffemble. Fait que j'éprouve un trouble tout 'nouveau. Si de trop prés mon cher Lubin me touche, Je fens mon cceur s'agiter auditor; Mille défirs expirent fur ma bouche Et je reflens un trouble tout nouveau. L e D é v i n. Pour éelaircir eet amoureux miftere« Du dieu des cceurs je vais étre 1'écho; Ne craignez rien, trop aimable bergère, Car mon oracle eft un plaifir nouveau. De quatorze ans, belle, vous avez 1'age; Avec Lubin qu'on vous joigne au plutót, Ce n'eft qu'au fein d'un heureux mariage, Que finira ce trouble fi nouveau. ft ft ft H U A T R A I N. A une jolie femme en deuil. Vous pleurez la mort d'une amie Que vous enléve le trépas. Le tems calme nos maux, il fait qu'on les oublie: Pour qui vit loin de vous, le d cuil ne finiipas.  (6l > COUPLET S. Air... PAmitiè vive & pure. D es beautés de Ia ville Si je veux peindre les traits d'un joyeux Vaudeville j'arrange quelques couplets Le plaifir toujours piéfide, a mon ouvrage badin ; Et le nom d'Adélaide, Vient fe placer fous ma raai;:, De fa blonde élégante Lindor me vante le tein. De fa brune piquante, Albin aime 1'air lutin, Le fentiment feul ine guide. J'aine mieux, je fuis plus fin; Je leurs nomme Adélaide, Nous la chantons en refrein. Je peins par complaifance, a mon viel ami Damis La candeur 1'innocence De 1'objet qui m'a foumis: Je le vois qui fe déride Le plaifir paffe en fon fein Et du nom d1'Adélaide , 11 chante auffi le refrein. C 7  (6*« ) Que l'amour, la tendreffe Couronnent nótre printems, L'amitié la fageffe Confoleront nos vieux ans. Que toujours ton cceur- décide Du bonheur de mon deftin Et jamais, Adélaide, Je ne change, de refrein. ft ft ft LA BON NE RE PART IE. Pour deux baifers, plus d'ardeur, plus de feux, Vas, — vas,— tu n'es qu'une franche Mazette, Difait, au beau Lucai, la goffe Marinette. Ah' ce matin Guillot me fervait mieux. Pardonne moi, ma bonne amie, Lui repatt Lucas a 1'inftant, Mais è ta Coufine Euphêmie, J'en dois, ce foir, donner amant. ft ft ft A MADAME A** C** En lui enveyant Célefün. De Céleftin, de fa mere, peut-écre Ou croira le portrait flatté. Celui qui pourra vous conr.aïtre Y verra bien ia vérité.  (ft) A £ / S E Sur fa convalescence. Jai fu que par Ia maladie Vos beaux jours étaient obfcurcis; Jai vu les amours & les ris; Je les ai vus, trembler pour votre vie; Le talent éveille 1'envie: Auffi, j'ai vu femme jolie Au fond de 1'ame être ravie En ayant fair de pleurer bonnemenr. J'ai vu vos amis, leurs allarmes: lis craignaient tous qu'un feul moment Les condamnat a d'éternelles larmes; Us avaient tous le cceur de votre amant. Dans cette commune trifteiTe Je n'ai pas mélé mes douleurs, Le dieu qui regne fur les cceurs Avait raffuré ma tendreffe: Je le courtifais autrefois 11 fut protdger mon enfance; Toujours par la reconnaiffance II a fur moi des droits. L'autre jour, dans fon fancluaire Qumd pour vous je fefais des vceux, 11 répondit a ma priere: Life vivra, vous ferez tous heureux  CÓ4) Ici, comme chez vous, a qui porte mes chaines, Je donne au jour de 1'an quelques préfens fiatteurs: En rendant, Life, a fes adorateurs Je m'acquitte de mes êtrennes, Et je les donne a tous les cceurs. # # « TRADUCTION DE ÜODE tHORACE. A MON A M I. Diffugêre nives. *■* L'hiver a fui, l'herbe fleutie Nous annonce les plus beaux jours; Les ruifieaux reprennent leur cours Et ferpentent dans la prairie. Les nymphes, pour former leur pas Ont brifé leur palais de glacé. Une heure... une autre la remplace. La demiere mene au trépas. L'hiver, & le printems enfuite. L'été, puis l'automne a fon tour. L'hiver qui les met tous en fuite Nous avertit de fon rétour. Phebé, parcourant fa carrière Donne, öte & redonne le jour; Quand l'homme a fermé la paupiere II ne revoic plus ce féjour.  (O'S ) Sais tu fi la parque hommicide Voudra bien finir Ie fufeau? Jouis: que ta familie avide Whérite que de ton tombeao. Une fois paffé Ie Cocüti Une fois jugé par Minos; Ni tes vertus ni ton mérite Ne pourront ranimer tes- as, Diane n'eft point exaucée Hypolite refte aux enfers: Prés du ftix le Valllant Tbifêé Laiffe Pirrithoas aux fers. E P I G R A M M & Hortenfe, rlcbe Douairière En dépit de Clot fon unique héritiere, Légue a Damis tout fon avoir. Devant Cloé, Damis vantait un foir, Ses digni'ös, fon train, fes chevaux, fanobleffe: — Tous ces biens., dit Cloé, vous conté" i. eu., Marquis ? -—C'eft vrai, Madame, auffi, vous étes la mattreffe* De les avoir aii inême prix.  ( 66 ) COUPLETS EN BOUTS RIMES. Air... Pour la baronne. J'aime .... Lolotte. Je vais vous faire fon . . portrait. Ne craignez pas que je . . radote. Dans mon cceur elle eft trsit pour . trait. J'aiffle .... Lolotte. De mi ... Lolotte. Les yeux font vifs le tein eft . fraii Son fein eft ron comme une . pêlotte. Finus ne ferait rien , . auprès. De m» • . . . Lolotte. De ma . .. . . Lolotte^ Bientót 1'hymen fera . . Vainqeur. 1'Epoux portera-t-il . ; la hotte% Non je connais trop bien le . cteur. De «na . . . Lolotte.  (6>) LAPRÉrOTjNCE' Le comédien Linval veut devenir époux. II prend femme jeune & jolie Atteinte pour l'inftant, de cette maladie ' Que Colomb apporta chez nous; Décidement ta vas prendre Lucik Lui dit, en fouriant, fon camarade hainvilleï Ah! mon ami, tu vas nous perdre tous. f) U A T R d I N. Vtur le Vortrait de M... Vivier, peintre. L'amour des beaux arts qui fenflame Dorine a fes pinceaux leur vigeur: II doit aux vertus de fon ame Et fes amis & fon bonheur.  CHANSON DE TABLE, De 1'aimable dieu de la vigne, Amis, favourons les bienfaits. D'un amour dont fhonneur s'indigne, Dans Ie vin, noyons les regrets. A tous les chagrins qu'il éprouve Que 1'homme oppofe fa liqueur: II faut a Ia fin qu'il rétrouve Le répos, ou la bonne humeuf- ENfVI D'UN PETIT CHIEN A NADIRE, Si de Nadire intéreflante & belle, Le foldtre Fanfan, eft aujourd'hni recu: Sur les genoux de la vertu, De Ia fidelité 1'on verra Ie roodele.  C«9) £ V A T R A I N. A Mde qui me difait de faire des vers fur le bonheur. Vous Ie voulez, il faut vous fatisfaire; Je vais efqdffer le bonheur: Au moins, par un rétour flatteur Que de vous j'apprenne a le taire. ft ft ft &UATRAIN. A Mr. R... qui me Reprochait , de ne faire que des Quatrains. —• tJn Quatrain flatte ma parefle, II eft bien tót expedié; Jamais trop court, s'il intérefle; S'il déplait; trop long de moitié.  ("O CHARRADE. Sur mon premier, la bergère jolie A quatorze ans abahdonne fori cceur. Pour mon fecond trés fouvent elle oublie Et fes fermens & fon *ainqeur. De tous les fecrets de Thalie Mon tout eft i'heureux pofleffeur. * m - * COUPLET S. A deux Dlles. dont le frere était Poete. Air: Je fuis Lindor. Jeunes beautés, je fais ce que m'infpire Taille de nimphe, un ceil vif, pied charmant. Mais je me borne au tendre fendmest Quand vous avez Appollon, pour le dire. (*) Le mot a la.fil du receuil.  (7* ) [| IMPROMPTU. Fait en apprennaut, que M. de Malesherbes, êtait rappellé au confeil, Quand ce titre éclatant aujourd'hui Ie décore On reconnait Louis, a ce nouveau bienfait: Et ce choix a Ia fois honnore L'état, le prince & le fujet. ft ft ft A Mde. MONTROSE. Après une rèpréfentation de Nina. Oui, c'eft Nina, quelle eft touchante! C'eft fa pudeur, fon modefte abandon! Que fous vos traits, elle eft intéreffante! Qu'avec elprit, elle perd la raifon.  (72) A MONSIEUR. A***. £*•*. Sur Ja convalefcenee de Madame fon éponfe. Le ciel te rend une époufe chérie Que lui redemandaient ton amour & nos vceux. Puiffe longtems la parque amie Pour faire encore des heureux Tourner le fufeau de fa vie! Puiffiez vous, longtems, tous les deux Aimable époux, fenfible mere Vivre pour nous & vos enfansl Ce font les feuls fouhaits que pour vous on peut faire. Car chacun fait, que le goüt, les talens L'amour du bien, chez vous tour a tour brille: Et que 1'efprit & le bon fens Sont un bien fonds dans la familie. QUA.  (73) 2, U A T R A 1 N. Pour le porlrait de M. Provoft, avocat du Rot au Baillage d"Avranehes. Le pauvre, 1'opulent, font égaux devant lui: A 1'innocence feule il prête fon appui. L'erreut, a fon afpeét, quitte focair farouche: La chicane s'épure on paffant par fa bouche. B O UT S R I M E S. I , l. ~ - ) , "' V ,-.| ■£{ Retnplis en impromptu, chez Mie. Breignac, un chateau de Québriac en Bajfe Normandie. Si, le grand Alexandre. Etabhoe cjP ab hac : Détruifant tout & mettant tout a fac, D'un fuperbe palais fefant une baraqus. Eüt rencontré les yeux de I'aimable breignac. A 1'inftant défarmé, je gage que ce * braque. Aurait en fa faveur fait grace a québriac. D  C74) dmjlerdam oe 7 Janvier 1789. J'ai recu Ia lettre que vous avez bien voulu mettre a mon adrelTe: recevez mes remercimens finceres pour les chofes obligeantes quelle contient. Vous me marquez avoir été bien fatisfait du compte que je vous ai rendu de mon jeune élêve. Depuis ma deraiere leure; loin de fe ralentir, fon zêle sugmente: il marche a grands pas dans la carrière des Sciences, je fuis fur qu'un jour il paraitra avec avantage au barreau. II y brillera, n'en doutez pas? il illuftrera le nom qu'ont illuftré fes ancêtres. Les qualités de fon cceur, ne le cedent en rien a celles de fon efprit fi méme elles ne les furpaflent. Vous allez en juger par une fcène qui s'eft paffee a la maifon hier & dont mon jeune ami a rempli Ie premier Hóle. Que ce trait fert bien mon infuflifance! il n'a pas befoin pour étre lu, du charme de feloquence. Tel eft le précieux caraétère des belles acliops. Lifez & pleurez.... Les lecons que je donne au jeune Cilellin, nos ctonfervations portent bien fouvent, fur les plaifirs purs, les jouiffances intimes, que procure la bienfefan. en cela je touche fon endroit fenfible; auffi m'écoutet-il avec attention. Depuis le froid rigoureux, qui fe fait fentir ici, nos entretiens ont été plus fréquens plus vifs.  (75 ) Jelui pariede 1'état affreus oufe trouvent maintenant, ces hommes qui, pour gagner leur vie, s'occupoient du foiu dégoutant de nétoyer nos canaux infects. Je lui laiffe voir, dans un galetas étroit & mal faiu, une familie entiere reünie manquant de tout; une mere prcte a voir fon enfant expirer contre fon fein, dont le defaut de nouriture a tari les fources: il la voit avec moi fe défefpérer, il partage fes douleurs, il s'attendrit fur 1'horreur de cette fituation... 11 verfe des pleurs.... Je les recueille ces larmes précieufes que repand 1'innocence! Mais, bon ami, me difait il dernierement; ceux qui ont beaucoup de pain ne leurs en donnent ijs pas a ces pauvres gens? il eft, lui dis-je, des ames compatiffantes, il eft des hommes vraiment hommts. Mais le nombre en eft petit. Rarement un Riche eft fenfible: auprès d'un bon feu il brave 1'intempéiie de la faifon. Sa table furchargée de méts délicais, ne lui permet pas de penfer que des milliers de fes femblabl-os meurent de mifere. II ne peut pas croire que des families entieres feroient riches de fes profufions; cc que fes reltes arracheraient a Ia mort des victiines que la faim lui irnmole. De ce nombre efl celui qui a travaillé pour lui procurer les commodités dont il jouit.... Ce malheureux expire, peut-être, a fa porte. ... II faut, repond, Cékftin, il faut donner de quoi manger a ceux que tu connais.... Le petit bon-homme que fait tes commiflions, Henri, n'efl pjg venu hier, aujourd'hui non plus,... II eft peut-être ' * ia  ( 7« ) mort? & fa raere, fon frere,... mais.... tout cela eft poffible.... moi je n'ai pas d'argent, toi tu en as.... donne le pour moi. Je te le rendrai quand je ferai grand, car nous fommes pour toujours enfemble, tu ne me quitteras jamais. Je te rendrai tous les florins, tous les ducats que tu auras dépenfés: je vais mettre mon habit, toi le tien & puis nous irons porter du pain a ceux qui ont faim.... Ah! Monfieur, fi vous faviez entendu prononcer ces derniers mots , ils partaient du cceur. Si vous aviez vu fa figure elle était toute celefte; fon ame toute entiere était fur fes levres. J'étais hors de moi.... je le prens dans mes btas.... ie le preiTe contre mon cceur; je fentais les battemens du fien.... oui lui dis-je, oui, allons foulager les malheureux. Nous habiller fut 1'affaire d'un momenr. Ses jambes tremblaient fous lui.... tant il était ému, & nous voila partis. II donnait a tous ceux qui nous demandoient, la ons voir Henri? dit il? volontiers.lui ai-je répliqué après avoir cherché longtems: un efcalier étroit & mal aifé, nous conduifit a une petite porte balie qui, s'ouvrant a ma priere, nous laiffe voir auprès de deux mauvaifes tourbes allumées, une pauvre femme entortillée de fales|guénilles, un petit marmot fur fes génoux & Henri appuyé contre 1'épaule de fa mère. A ce tableau, Céleflin s'écrie, en donnant tout 1'argent que je lui avais remis en partant, tenez, allez chercher de quoi vous chauffer.... puis, en parlant a Henri, il faülait venir a la maifon ? ... . Hélas,  ( 77 ) Monfieur Cékflin, Replique Henri. i! fait trop froid , & je n'ai pas de fouliers. Monfieur, dit-il, en s'addreffant 3 moi, il faudra lui donner des vótres.... moi.... j'ai la pied trop petit. II embraffl enfuite le plus petit enfant, faiua la mère & nous partimes comblés de béiiéd''ftion?. Ne croyez pas ; Monfieur, qu'il ait borné la fes générofués : le plaTir de faire des heureux efl un ibefoin pour lui, & un befoin impérieux. Cékflin rècut il y a deux jours fes étrennes, il. en recut beaucoup, & de toute efpece, il paraiffdit plus flatté de celles qu'on lui donnait en argent. J'en dévinai bien la caufe, chacun fe fit un plaifir da mettre dans fa petite bourfe. Je m'apparcus le lendemain quelle était vide, malgré toutes les innocentes précautious qu'il prit pour me le cacher, je lui demandai 1'emploi qu'il en avait fait... ah 1 je ne puis vous en rien dire, me répondit il avec candeur, ce n'eft pas que je craigne que vous me grendiez, lacraintedevous déplaire m'empêchera toujours de faire une mauvaife aftion; fi cela ne regardaic qua moi, je vous le dirois de bon ccenr; mais d'autres pourraient s'en facher. J'allais infifler quand le Domeftique, vint m'annoncer qu'on voulait me parler, & a moi feul.... je fis entrer. Je vis paraitre a 1'inflaut une ft mme tenant par la main deux petits garcons... je légarde Ctlejïin, il rougir... Monfieur, me dit la Mere, d'une voix faible, reprénez cette bourfe & 1'or quelle renferme. Monfieur Cékflin, 1'a remife hier a mon homme que D 3  (78 ) M***, veut bien employer a caffer la glacé qui eft a fa porte, ce n'eft pas que je croye que Mr. Cékflin a dérobé c;tte fomrae , mais elle n" était pas déftmée pour nous.' Mon marl fe plaignaic de la froidure & de la mifere, il parlalt de fes deux enfans & de fa femme, Monfieur Cékflin fentendit, il lui donna ceite bourfe, mon homme la prit paree qu'il ne voyaic que cótre fituation, mais je vous la raporte.... répréfentez vous ceite femme étonnante me forcant de réprendre le feui bien qui pouvait la rendre heureufe, regardez fes deux enfans le chapeau d'une main , tenant de 1'autie la jupe de leur mere, admirez Cékflin derrière la table, refpirant a peine, & fe cachaut le vifage dans fes deux mains. Voyez moi, Monfieur, muer, immobile. Je rompis enfin lefilence-, affeyez vous, dis-je, a la femme je fuis a vous dam un momenr. Célejlin aufiuót approche une chaife,& place vin enfant a chaque cóté de la chéminée. Je rentre avec Madame M***, qui était inftruite: elle fe jette dans les bras de fon fils, regarde la fa« mi'Ie venueufe, mefixe.refte interdite, s'attendrit.... quel fptftacle! que de vertus j'avais fous les yeux! la refpedable infortunée, fes enfans Clleflin & moi nous formions un groupe autour de Mde. M***. Allez., dit elle a la femme, mon fils ne pouvait faire «n plus bel ufage de 1'or que vous me rendez, & que je reprens: oui, je le garde il eft ennobli en paflant par vos mains.... mais prenez ma bourfe & comptez que pour toujours vous me ferez chere. Digne Me-  (79) reJ. combien je vous honore! que de graces è vous rendre repond d'une voix baffe la femme? point de remercimens, c'eft moi qui vous en dois, rep'.ique vivement, Mde. M***, puis en fixant Cékflin, 6 mon aimable fils.,.. quel bonheur pour ta mere! quelle feticiié pour nous deux... ici fes fanglots étouffent fa voix, elle s'arrache aux tendreffes de fes hennes gens & nous quitte en emmenant fon fils. Voila, Monfieur, la vérité & la vétité toute nue. Je laiffe un libre cours a vos réflexions.... quelle femme! quel fils!.., quel modele a propofet! J'ai 1'honneur d'étre, &c. D4  ( 8o ) LETTRE A M. le Mis. DE M * *. Amjlerdam le 3 Avril 1789. Je vous avais promis, Monfieur le Marquis, mes effais fur Amflerdam. J'ai totalement changé mon plan. Cette ville mérite bien un hiftorique détaillé de fa fondation, dé fes édifices, & des grands hommes qu'elle a fournis en toss genre & qui 1'ont honorée. Je m'oceupe a reffembler mes materiaux. Jevous addreffe en attendant queiques articles que j'ai efquifies. Veuillés être mon cenfeur mon appui & me croire &c... P. S. Mes vers a 1'addreiTe de Mdes. Clairvillc , Céliotte & Momofe , vous donneront , en attandant ma première , mes idéés fur le talent aimable de fes actrices. Je vous parlerai auffi des Ballets qn'ou donne na Théatre national. LE  ( 8! ) LE HOLLAND AIS. Eft en général réfervé, froid , filencieux , ma's bon par caraétere , plein de fens , de jtifteffe. II gagne a étre connu. L'avantage réel qu'on recueille de fon amitié vaut bien qn'on travaille a la mériter. Les fociétes on j'ai eu 1'honneur d'éire préfenté fonr trés agréables. L'étranger y eft fort bien accueilli, & il regne dans les maifons que j'ai fréquen:ées, un ton de décencct, d'aménité bien fait pour excicer des régrets , chez quiconque s'en éloi^ne. Je répondis a un ami qui me difait que j'avais l'air d'un Hollandais: „ Oui, mon ami, j'ai fair Hollandais & ,, je ferais bien facbé d'en avoir un autre ici, Pour„ quoi s'il vous plait voudriez vous que j'affichafle le 9, ton , les gouts , la móJe , les ufages de mon pays. „ Ce ne pourrait étre que par un motif de vaniié, „ qui, en cas même qu'elle ne fe trouvat point en j, défaut, ferait toujours dèp'.acé. „ Quand on vient chez des étrangers , il faur „ commer.cer par apprendre 1'idiöme courant, s'eiïayer „ mêr.e , je ne dis rien trop, s'effaier devant une D 5  ( 82 ) ,', g'ace a copter leur geftes , leur mainiien , enfulte „ é:udier leur caraflere. Uue fois chez eux ne rien „ faire que comme eux , afin de ne les point gener en uotre préfence: ils fe communiqueront plus aifement s'ils vous croyent nés fous le méme ciel. „ Autremen. ils font refervés , ne fe livrent pas, fe „ contraignent & la contrainte entraine la mdfiance. ,, On n'eft pas pour 1'ordinaire, expanfif avec celui „ que Ton foupconne n'avoir pas le méme efprU „ d'adpotion en fait d'idées."  C 83 ) THE AT RE NATIONAL. C'eft fans contrédit è l'amour irflpertubable du bien , de 1'ordre , du progrés des arts , aux foins des magiftrats, des Régents qui veillent fur 1'établiifement du théatre national qu'il lui doit fa fplendeur. Le talqnt encouragé, récompenfé avec grandeur eft comme une plante bien entretenue. En 1561 kt comedie Hollandaife était envelopée d'épaiffes ténêbres. Dans ces tems de Barbarie & d'une ignorance craffe, on voyait fur dc mauvais tréteaux , de plus mauvais acteurs encore réciter, on pour mieux dire braire de longues & ennuieufes périodes. Le théatre était une boucherie ou une focieté fous Ie nom de Rederijkers , réprefentait des tragédies ou 1'on coupait des tétes fur la fcene & autres monstruofkés. Tout change de face. taadis que Pierre Comeille en France immortaiifait un art qu'il avait régénére: un autre Pierre Corneille Hooft a Amfteldam, éclairait ia fcêne Hillandaife, & lui donnait ine nauvelL' forase qui s'eft acrue de plus en plus. D befoin cefTe, le Hen naturel fe diffout. Les enfans, s, exempts de 1'obeiffance qu'ils doivent au pere , le „ pere exempt des foins qu'il devait aux enfans, ren,, trent tous également dans 1'indépendance. Sec. Si Ie jeune homme avait lu ce paradoxe déteftable en morale... qu'elle léconl Inftituteurs, foyes circonlpeftts, retenus dans toutefc vos a&ions. L'enfant eft ia qui vqui êpte, „ Maxima dtbetur puero reverentia. Perei, ne pienez jamais un égoifte, c'eft un pefte pour la focieté, il fera un monilre de votre enfant,  C*i ) THÉATRE F R A N Q AIS. , j'ai vu peu de théatre , & méme de ceux qu'oa renomme, qui réunifle faut de talens, de talens faits, & d'autres dont 1'aurore promette un plus beau jour. Sous la direction de perfonnes éclairées, eitimables i en plus d'un genre, & toujours bien intentionnées, ce i fpeftacle eft le rendez vous de Ia meilleure Société. Le premier rang des balcons efl un partere animé. On y voit des fleurs de toutes les couleurs de toutes les faifons , (car ou fait que l'hiver a les fiennes) quelques enfans enlacés dans cette guirlandeajoutent aux charmes du coup d'ceil. Ici, c'eft le bouton qui preffe la Rofe, Ia, c'eft le fuperbe Lys qui s'incline fur la verrrreile giroflée. Partout le coloris eft frais; & lonque Mlle. Lavoye laiffe 'voir toute entiere 1'ame aimante, fenfible de Ia vertueufe Zaïre, que Mr. Emmanuel recite les beaux vers de 1'homme fingulier, que tous deux il jouent les fauffes confidences, & que le public appliudit, il eft.beau de voire fignal du] plaifir que donne Ia main des graces. Mr. Mateur me parait fortir de la claffe des. comédiens que je vois depuis quelques années :fila modet  C»i ) ne prevalaiten tout,ft maniere ferait, je crois ,1abonne pour jouer les livrées. Mr. Ia Bravere!.... pour celui Ia vous voudriez bien 1'avoir aParis, quelle beau phyfique! quelle voix! ne me parlez plus de C***. Quand a celui qui joue les Colins, je vous ai enten Ju dire que dans eet emploi ou le nommait apiês Hj* * * Je vois toujours avec plaifir Ie Sieur Berger dans fes Baillis. Je remets a mon nouveau travail les de*:ails plus circonfianciés des talens de tous ces Meffieurs. L'union, Ia décente intimité qui regne dans cette troupe ferait bien faite pour déraciner le prejugé attaché a cette claffe dhomme, fi nous pouvions être corrigés. Les fujets qui Ia compofent, ont Ia fttisfaftlon de jouir de l'eftime des gens les plus dïflingués. Quelques-uns fe plaifent a les encourager d'une maniere particuliere.. Qu'après troismois de fon féjour ici, une tranger ne puiffe plus entrer a ce college; je concois aifement le motif. Mais ce que je ne concois pas & qui me fache c'eft de voir que Ie Rang des fecondes foit fouvent mal garni. Cette affemblée eil 1'inaage en grand des fociétés particuüères & affurement ou ne recevroit pas chez foi pareiile compagnie. Indépendament des queftions indifcrettes que fait Ia jeune demoifelle a ft maman & qui entrainent de&  ( 93 ) differtations qui ne fatisfefant pas 1'enfant Ie forcent \ vouloir déviner; il mefemblequela crainte de rencontrer les yeux d'une femme galante & d'en étre efTrontemenc fixée," gêne les regards, puis arrivé la contrainte qui amese rennui,& le fpe&acle devient infusportable, on fe léve, facteur eft interrompu? fe refroidit ; & 1'on pourrah éviter tout cela.  Cs*) ÖRCHESTRE, Le même difcernement pour le choix des acteurs s'etend fur ce lui des Muficiens. Ils font tous en général hommes de mérite. M. Rauppe le violoncelle brille autant par fon talent précieux & rare que par fa modeftie & fes qualités perfonnelles. Jelui ai entendu rêpondre a quelqu'un qui 1'engagait a paraitre fur un plus vafte théatre. „ j'ai ma familie ici; toutes mes afFeclions, on veut bien applaudir a mes efforts, jefuis content je ne trouverais pas tout cela ailleurs," Paroles qui decelent une belle arne. Vous avez bien raifon,Monfieur, êtrechéri vaut mieux qu être vanté. M. Paris conduit eet Orcheftre avec une intelli' gence peu ordinaire. II eft d'ailleurs compofiteur agréa« ble et j'ai bien pris ma part du plaifir que fait éprouver a toute la monde , fa mufique délicate, & harmonieufe. Son Opera du Nouveau Sortier, eft rempli de morceaux d'une délicateffe d'un précieux fini. II ferait a fouhaiter qu'il travaillat fur un poëine qui Frê:a d'avaniage au rithme mufical.  C 9S) Te lui demandai, uu jeur, pout quoi il avait adopté ce lui de Mr. Buijfon, „ Je défirais, dit-11, „ eflayer me forces, pour ce faire j'ai cru ne pouvoir ,, mieux ehoifir que le poSme d'un homme connu."... Et de la modeftie encore, par tout de la modeftie. Je crois, moi, que fi 1'un fait paffer 1'autre a Ia pofterité. ce ne fera pas Ie Poëte.  (96) ENSEIGNES. Ce que dit, M. Mercier dans fon tableau de Paris, de ces nombreux appendices qui vous ménacent a chaque nflant de vous écrafer & du bruit désagréable que fait leur cliquetis; ou pourrait bien le repeter it Amfteldam: quand les vera t-on difparaitre? Je confidère avec plaifir celle qui réprefente Ie brave Ruiter, & Ie guerrier Zoutman. Celui ci dans tine rue trés étroite qui aboutit a Ia bourfe, eft placé on ne peut plus avantageufement. II femble dire a tout ce peuple travailleur qui s'affemble pour convenir des moyens d'aiTurer le commerce & le probitifme .. .• allez mes bons amis, allez éteudez votre génie dans toutes les parties du monde, négociez, foutenez 1'honneur de votre nation, & 11 quelque voifin mul intentionné attaque votre pavillon, je le deffendrai je le protegerai... AAN-  (97 ) AANSPREECKER. Oeft lui, mes chers amis, qui viendra vous annort eer que votre plus proche parent, votre frere, votre asfocié eft parti pour ne revenir jamais dans cette terre de mifere & de calaraité. Je n'en vois jamais fonner a ma porte, que tout mon fang ne remonte vers mon cceur. II eft fi cruel d'étre fêparé de fes plus douces afTefrions...., Ne plus revoir ce qu'on aime... Cette idéé eft attérrante; la fecouffe qui nous arrache a leur embraffemens eft moins rude quand elle nous affeéte nous méme. On eft toujours flatté de pouvoir revivre dans Ie fouvenir de ceux que nous laiffbns après nous. Mais furvivre a fes chers, vivre fans eux... Quelle fituatioti déchirfante pour une 4me aimante, pour un cceur qui fut aimé, quimettait fon bonheur a 1'ètre. E  (9») C A N A U X. Jls font tous infedls. Les exhalaifons qui s'en élevent font maifaines. A en juger par leur tction fur les metnux; leur influence fur les corps ne peut qu'étreirès pernicieufe. Elles doivent corroder les vifceres. Les 'im.mondic.es qu'on y jette des mailbus voifines, la boue ferrugineufe, qui, liquefieé par les pluyes y déooule doivent néceffairernent donner a ces miasmes évaporés quelque chofe de peftilentiel. On m'a dit qu'un Ingénieur avoit propofé de nètoyer a gré tous ces canaux; que méme il avair ajouté a fon plan un devis des frais qui n'étaient pas exorbitan?; & fur ce que je parus furpris qu'on n'avait point laifi avec empreffement eet réel avantage, on m'a répondu, que ce travail, une fois fait, empecherait de fubiliier 1500 Hommes dont les bras font employés a curer les cauaux. Voila donc 1'ir.térét de 1500 Hommes qui I'emporte fur une peuplade eniiere. Au moins, pour diminuer la caufe de putrêfaction, ne pourrait 011 pas placer fur les bords de ces can>ux de diftaiice en diftarce quelques uns de ces mérnes bateaux qui tranfportent les ordures, y pLcer un des conducteurs &. publier une ordonnance qui enjoigne  (99) aux particuliers de pouffer plus loin & fufqu'au bateiu Ia jerée qu'ils font de leur ordures. Cela couterait peu de peine; outre qu'on n'aurait pas toujours devant les yeux au milieu des rues, au coin desponts desmonceaux dégoutans: en ne diminuant rien d'ail'eurs du foin de nétoyer les canaux, ou parviendrait avec le tetns a- les purger. Je ne fais eucore, pourquoi ou fouffre que de petite enfans, des citoyens fe baignent dans cette eau croupie. J'ai peine a me perfuader que cette immerilon puilTe étre falutaire. E a  EAU. Il eft impoffible cTen boire de bonne a Amfteldam. Celle des citernes eft daDgereufe. Elles font bien fouvent prés des folies d'aifance; celles-ci venant, je ne dis pas a fe rompre , mais les matieres filtrant a la longue empoifonnent les refervolrs, la citoyen infouciant fait bouillir cette eau, en fait fon thé, en cuit fon légume. II eft attaqué de coiiques, de douleurs d'entrailles, d'apathie , fa langue s'épaifiit, les facultés s'appefamifïient: il croit une purgation bonne il 1'achete & fait avec cette méme eau la décoótion des herbes dont il attend la guérifon. II eft un autre inconvénient non moins préjudiciable pour 1'eau que 1'on conduit dans des barqties. Ces barques font quelques - fois heurtées en chemin par d'autres, portent avec trop de force le long du rivage ou elles abordent, il s'y fait descrevaffes; & elles recoivent Teau faumatre des canaux. M. Ma. fon époufe & moi fümes trés iodifpofés de l'ufage que nous fitnes, plufieurs jours, de cette eau.  C 101 ) aerait ce de fargent mal employé qvre de nommer d'office des gens pour vifiter ces bareauxd'approvifione* ment, en faire réparer le dommage fur le champ aux frais du proprietaire & en cas de négügence, ou de récidive de fa part, dans quelle clalfe de délits pourrait on, devrait ou mettre celui qui attaque le corps de la Société & de fhumanité? E 3  DEMOCRITE. J'ai vu a Rotterdam, Ea/sME fur Ia place pubüqne. Ce lieu m'a paru peu fait pour un per.feur, & pour un philofophe en méditation. Ici j'ai vu au Keifersgragt addoffé a une maifon u« basreliëf réprefentant Démocrite. Je rendrai cetiejuftice aux Hollandais, je ne crois pas que ce foit a leurs dépens , aux dépens de leur ridicule que fe puiffe exercer notre Rieur. Tel étranger Pa regarde qui n'a pas voulu le voir rire. Je dcfirerais, moi, que cette figure put prendre une phifionomie animéa , que mon Déoiocrite fit du rire une application jufle au.-; paffans. j'irais, ie vous jure, me loger en face, & les deux coudes sppuvéi fur ma fenêtre je paflerais mon tems a leconfi Jerer. Quel plaifir, que de belogne il aurait a faire ?  ( 103) PHAETONS. c, "—'eft Iè vrat nom, le feul conwenable a fes légerts vokures qui portent les Amfteidamois. A 1'exceptiolti d'un ou deux étourdis qui mettent trois & même quatre chevaux a la file pour trainer cette petite caiffe, on ne rifque pas ici comme ailleurs d'être fonléaux pieds des chevaux par la faute d'un impertinent, & diftrait JMiiliflor. On ne voit point deriere ces voitures frêles, de ces petits grédins que nous nommons Jokeis & qui font dev«nus un objct de mode. Un homme!... une mode!.... Les conducteurs, ici, prennent la paine de crier eux mêmes pour avertir le tranquile piéton & il ne fe remettent pas du foin da la vie de leur frere, a Ia vo x grèle & p aillarde des petits polifibns dont j'ai parlé. On m'a dit que c'était par gageure que quelques maitres attelalent plufiaurs chevaux a eet équipage. La vie de votre femblable eft donc de bien peu de conféquence, puis que vous enfaites uneLotérie?  C 104 J) G A Z E T T E S. Ou auraient elles pu étre inveniées plus a propos que chez un peuple, ifolé au milieu du monde & qui a intérêi a fcavoir ce qui s'y paffe, puisqu'il entre pour quelque chofe dans toutes les délibérations, les fecrets, Jes révolutions de tous les Etats. S'il était pofiible d'en faire une vraie, je la voudrois pour les Bataves. Je fuis indigné de voir queiles font toutes imprimées fur du vilain & fale papier, que les marges ne foient pas épargnées. Quelle idéé cela peut il donner a l'étranger d'un pays fi renommé pour fes belles papeteries. II y a quelques mois que j'en vis une fous Ie titre de Lefture du falon Le projet pouvait étre bon par Ia fuite, mais le rédacteur jaloux de jouir ne lui avait pas donné une forme flabïe. Cette avidité naturelle aux gens de fon pays éteint en eux le germe du mieux. Le méme m'a dit en vouloir propofer une autre par -foufcription intitulée Journal des enfans celle-Cl réufiirait mieux je crois. Je vous erfvoye fa lettrc en date du 7 Janv. V. p. 74. qui devait compofer le premier numero,cette idéé mérite d'être encouragée. C A F-  C 105 1 C 4 F F E S. h font en général bien éclairés Ie jour: le iofr trés mal. Ne pourrait-on pas è ces dégoutantes chandelles dont on fe fert, mühuet une lampe qu'on appelle, Je croIS a Ia Qiiinquet, elle fuffirait pour toute Ia falie: une bougie, qu'on apporterait aux joueurs d'Echecs & de Dames, ferait plus propre , la Iumiere plus douce pour des yeux fatigués par un travail aride, durerait plus longtems & pour Thomme qui aime a reflechir fur les moindres objets, catte cire, fon origine, Je peuple ailé qui la compofe du fuc des fleurs, fon mdullneufe aétivité; tout cela „e peut-être indifférent Pour un peuple Republicain. Des bougies? & l'on n'aurait pas le désagrément de voir & de fentir fur fes épaules m, garcon fouvent difirait, qui, s'il „e vous reuverre pas du fuif fur vos habits, vous heurte lourdement. Les tables de bors, mies ; d'autres recouvertes de toile, font toujours fales, humides, tachetées de brulures des pipes qut y repofenr. Des tables de marbre feraient plus propres, moins cheres en cotnparaifon de leur utilité: elles le feraient d'avantage qu'elles devraient toujours 1'emporter. E5  C ) Ces maifons qui font peut-être aiileurs des rendez vous de plaifirs, font ici un point de ralliement pour 1'homme de comptoir. Pour diffiper le nuage qui couvre nos idéés abforbées par le travail, il faut des objets, rians, qui récréent i imagination, la détendent & on ne trouve rien de tout cela ici. Je conviens que la fumée qui s'évapore de cinquante pipes aurait bientot noirci une tenture précieufe , mais on pourrait pffqueter comme le coté des cbeminées, & plufieun Corridors , laver fouvent ou efluyer ces petits arabesques de fayance, les choifir d'un genre agréable. Si cela eft hnpratiquable, j'en reviens toujours aux tables de marbre. J'en ai vues auxquelles étaient inhérentes plufieurs jeux de dames je préfererais celles la. Avec un chiffon mouillé & la table & le Damier feraient propres en un inftant. Des tables de marbre furtouH j'ai vu du marbre bien plus mal employé; la cour de la maifon ou je demeure, vingt corridors font pavés en marbre. ]e bois peu de liqueurs: je trouve bonnes celles ,ue je prends; mais elles font trop chaudes, on devrait les éloigner des fourneaux qui les avo.finent. La fraicheur dolt.étre une qualité effendelle: ne pourrait-on pas les mettre comme en France, en Angleterre, dans des furtouts pleins d'eau. Les maitres les garcons font d'une honêteté amant eflimable quelle eft plus rare aiileurs. Ils ont pour vous des lo.ns prevenans que dedaignenit 1'orgueilleufe impertinence  de nos êlégm garcons limonadiers. Un étranger ft fait_„rement reconnaitre dans u„ caffé. Vingc Bataves oruirom moins que lui feul. Je voudrais que Ies pendules futfent J carillon q*> elles fonnaffenr ies quans, ,es denjies & Comme elles font presque toutes placées aflez loin des habitués, on entendrait Ie bruit du timbre il leveilierait le donneur, & |e leéteur attentif. On voit, au plafond du caffé nommé Toifeau du paradis, un fuperbe bas -reliëf fculpté en bois rep^éfentant le tems qui emporte Ia Vérité; je crois mol qu'il atrendra Iong'erns avant d'être chargé, & leg Gazettiers n'auront jamais 1'aonneur de le fréter... £ 6  ( 'io8 ) KISTEMAKERS G R A G T. C'eft la rue étroite ou fe fabrique notre deruiet vêtement. Ici un cerceuil eft un objet de luxe. On ffiatelaiTe nntérleur, ou ^ ^ reoofer votre tête. Pourquoi s'il vous pl.» fervtr Q élement, fi délkatement la pature aux vers? je connais une dame trés folie. mort affefte fi douloureufement, qa.lle ■ t fouvent w étre décidée perdre cette méme beauté qm l r'end fi facisfaite, ptatót que de paffer fur le Kiftemakers Gragt. Plus d'une femme qui fait la femme forte, ne me Va pas dit, mais en ferait amant.  C kv) RU E AU D / A B L E. C'eft la que le front Gllonné par la débnuche , !e col tendu , les yeux caves & éraillés , les levres épaiffe3 & livides , les dents pourries , les joues barbouillés de gros rouge , le teint plombe ... de malheureufes créatures, la tête furmontée d'un pannache fale Sc dégoutant, provoquent le robufte matelót au plaifirs des fens & Tempoifonnent. Je ne fais pas encore bien juftement d'ou vient è cette rue étroite Sc fale fe nom de Rüe au Diable: mais je vous dirai qu'il entend fort mal fes intéréts; & que s'il veut fe ftrvir de ces triftes objets pour feduire, il reuffira peu. E N F A N S. On s'appercoit bien ici qu'on eft dans un pays dont ils peuvent faire la richeffe. Les families font nombreufes. Jufqu'a buit, dix ans, leurs traits ont quelque chofe de fin, de délicat, de fpirituel. Avec fage ils me paraiffent perdre de ces agrémens, les garcons furtout. Je conaais des petites filles charraantes. Age heureux de l'innocence ! vous ignorez, aimables enians & vos dangers & ceux auxqueis vous nous expoferez, uae fois que l'amour fera palpiter votre fein .. .. e7  Mals ne m'ecoutez point, continuez vos jeux, amufez vous avec vos poupées, vos colifichets: de tous les bochets, le vótre efl le meilleur. CroilTez fous les yeux de vos mamans, croilTez parmi mes des fleurs... ó Nadire! ó mon amie! ....... POUR NADIRE. A tous les yeux que fa mine eft joliel A tous les cceurs Ie fien plait encor mieux; Pat la puJeur, fi 1'une eft embellie, Par la vettu, 1'autre eft bien précieux.  C O U P L E T S» Air: Au Coin du feu, A. la trifte froidure Succede la verdure Dans les forêts, Et Ton voit la nature Prendre une autre parure Dars les foiéts. L'amour, pour nous inftruireSe plait a nous conduire Dans les forêts, Et dans un doux délire Exerce fon empire Dans les forêts. > C'eft toujours a 1'ombrageSous un épais feuillage Dans les forêts Qj'a la fl?ur de notre ageLe plaifir nous engage Dans les forêts.  C U2 ) Quand famoureux Ciitandre Vient foudain nous furprendre Dans les forêts. J>iemót on laiffe prendre Ce qu'on pourrait défendre Dans les forêts. Le plaifir eft tranquile, La pudeur eft fragile, Dans les forêts, Iris devient dociie, La victoire eft facile, Dans les foi éts. ft ft ft EPIGRAMME. Superbe hótel, riches appartemens, Equipages, laquais, maitrelTes, Mondor a tout... II aurait du bon fen* Si 1'on pouvait le payer en elpeces.  C 113 ) FRAGMENS. Vous me parlez du cenfeur dont la bile S'exhala contre les travers De fon fiêcle en Cotins fertile. Que n'ai-je comme lui 1'art de tourner un vers? Vous me parlez de ee Roi rédoutable, Qui, profond politique & guerrier indomptable Du bruit de fes exploits, fatigua 1'univers! Prés de ces noms fameux le mien trés mal figure1/ Et c'eft trop d'honneur je vous jurê: Si quelque traic peut me reprocher d'eux Avec Boilleau, c'eft le défir de plaire; Avec Louis, c'eft Ie defir de faire Des conquêtes & des heureux. ft ft ft DISTICO N. In interitum abhattis Reyrac. Interiit Rcirac, caris fpes nulla; dolores Relligio Ienit: Relligio ipfa dolet.  ( "5 > IA FILLE DESINTERESSÊE. Prés de Julie, épris d'une lubrique Mme Un Cardinal bien vieux parlait de fes défirs, Roulement d'yeux, jeu de mains, longs foupirs Répondaient mal a 1'ardeur de la Dame. Au jeu d'amour, la belle de tous tems, Qui fefait bien forte partie Eüt préféré deux robuftes amans. Le Bonhomme épuifé paria de lTtalie, Vunta bien haut Rome & le VdticanUn Cardinal!. .. lors, un peu brufquement Ahl finilTez lui dit Julie A d'au'res contez vos Rehus J'aimerais mieux, j'en jure fur ma vie Un fiaiple Evêque in partibus.  C '14 ) L E SIBARlTE* Air: De Raimonde* Vous écoutez trop, ma mie Les amants & leurs langueursj Tout cela pour moi m'ennuie, Je hais toutes ces fadeurs, Et quand j'y penfe, s»phie, Je m'endors & je me meurs. D'une heureufe fimpathie Me peignez vous les- douceurs, Mo:i Ame efi trop attendiia Et je fens couler mes pleursj Moins d'aaje, belle, Sopkie t Moins d'efpiit, ou je meur». De votre gorge jolie De grace écartez ces fleursj De parfuns toujours remplie Cela donne des vapeurs; Otez les, belle aephie, Otez les, ou je me meurs.  (Hó) r e * s. Fain a Casfan chez Mr. Bergeret, Receveur Gértiral des Finances, aprè> avoir parcouru fon bois d'Apollon. Je n'ai jamais vu le portique De ce temple fuperbe a Phébus coufacré, Et dans fon bois fi réveré Je n'ai point vu 1'arbre magique. La fable feule a mes efprits A tracé ces fameux menfonges, Et la fibylle & fes écrits M'ont toujours paru de vains fonges. ~~ Afiie du bonheur, bosquets filentieux, Combien je vous chéris & que vous valez mieux! Ce n'était qu'un vain fantóme Qu'encenfaient les Delphiens; tout annon?ait un dieu, Tout infpirait la crainte. — En eet aimable lieu On fent au premier pas, que 1'on eft chez un homme. r e p o n s e. Aux vers charmans que je recois II eft aifé de reconnaitre, Que ilu pinde 1'aimable malcre Les a compofés dans fon bois. Trop heureux fi mon hermitage Vous a féduit quelques inftants; Vous y pouvez de tems en tems Aux mufes..par fois rendre hommage; On devine a vos vers galans, Que vous êtes bien avec elles.  C "/O Dans ce féjour les tourterelles Servent d'éxemple aux cceurs conftans. N'abandonnez jamais ces favantes pucelles: Quand on chante auffi bien que vous, Pour tout Ie monde il fera doux De les voir vous refter fidelles. — repliq_ue. Je recois a 1'inftant la lettre, Que de fa petite maifon Le maitre du iacré vallon A mon addreffe fait remettre; Et j'ai bien recontiu le ton Du favori des neuf pucelles ^ Vos vers faciles & galans Seront toujours d'heureux modèles, Comme le font vos tourterelles, Pour tous les cceurs vrais & conftans, ft ft portrait de deux sceurs. Air,.. Fout, qui de famoureufe ivrejfe... Lifetteeft vive & s'abandonne A fon vainqueur; Urfule fans être moins bonne, Défend fon cceur. 1'Amourchez 1'une eft 1'interpréte Du fentiment; De fa raifon 1'autre l«i préte A tout moment.  C u8 ) C O U P L E r s. Par M * * *. Par fa lögereré, Lile croit fe défendre D'un femiment bit-n tendre Qui piqué fa fieité. Ai' pauvre Life Quelle eft >on erreur? Dans ton ême furpnfe L'amour rcgne en vainqueur. D'un ceil fripon tu fuis L'amaut qui t'idolarre: Et puis d'un air fólatre Tu 1'évites tu fuis Ah! pauvre Life £tc. Tu chantais l'autre jour. II courui pour t'entendre. Ta vcix devint plus tendre Eft ce la de 1'amnur? - Ah! pauvre Life &c. Qu'on en dife du bien ; Qu'on vante fa fag< iT- ; Ses grac s, fon addreffs, Jamais 'u n'en dis rien Ah! pauvre Life &c. A ton refus, Chris Recut d'un air bien tendre Un bailer de Sihandre Tu ris, mais tu rougls. Ah! pauvre Life &s.  ( "9) Ouï , crois moi, tu refters Cc trouble inexp-imable, Ce femiment aimable Qui makrife nos fens. Ah! pauvre Li fel Quitte ton erreur. Livre ton ame éprife A ton jeune vaiuqueur. REPONSE DE LISE. Un air un peu coquet Entretient mieux Ia fiame Du Berger, que notre ame Chérit & qui nous plait. Quoiqu'on en dife, Si ceft une erreur Mon cceur, qui 1'autoriie Ajoute a mon bonheur. J'aime fon embarras, 11 me fuit, je l'évite; Tout bas mon cceur 1'invite A voier fur mes pas. Quoi qu'on en dife &c. A ma chanfon il vint. C'eft pour m. i qu'il 1'a faite: Mon ame farisfaice Songe au prix qu'il obtirr. Quoi qu'on en dife &c. Votre éloge ftatteur 5ar;e de fon addreffej Life qu'il intéreffe, Ne juge que fon cceur. Quoi qu'on en dife &cv  ( 120 ) Je boude en lui parlant De cette autre conquéte; Et dans le tête a tè;e II eft plus careiTant Quoi qu'on en dife &c. Oui, cher Silvandre, héls! Toi feul me rends heureure; Viens, qne Life araoureufe Te p'efle dans fes bras. Q i'on dife encore Que c'eft une erreur. De Life qui t'adore Viens fairê le bonheur. ftt ft ft E N V O L A Nadire. L'amour montait ma lyre; Le fentiment dictatt, Le plaifir me'les fit écrire; Mon ouvrage fera parfait, Si l'amitié daigne les lire F I N. I NOTA. Une incommodité grave ayant empeché 1'auteur de corriger lui méme les épreuves: on voudra bien aider un peu a la Lettre & a, la ponftuation furtour. Le mot de la charrade, eft Prcville , acteur da Théatre Ftancais.