3112 C 32    L E T T R E svr la —D1 4" CAMPAGNE DE 1778. ADRESSEE a Mons. le Bar. de Holtzendorff , Officier pruj/icn au Service de France , fervant en Amerique. P A R MONSIEUR WIGTHON, Officier écnjfois au Service de Hollande , Volontaire au Camp de St. Roch, (3 employé aux mines jmi' deyoient faire faut er Gibraltar quel^ues années aprés. a Maeftricht, M. DCC. LXXXIV,   -A-^ ous avons eu le tems, Monfieur, de nous occuper des Affaires des autres, les notres ne nous en prenant pas beaucoup : & il eft bicn plus intéreffant de voir deux Officiers a mille lielies de la Bohème, faire la Relation de la Campagne qui s'y eft faite, que fi c'e'toit des Officiers qui y euffent fervi. C'eft un Officier - Ge'ne'ral de merite qui vous a fourni des materiaux; c'eft mon frere, qui en a fort peu, mais qui eft fort exaft, qui m'a dit, qu'on pouvoit vous repre'fenter quelques erreurs. Il m'a communiqué' fes remarques, & a cite' en marge les paiïages de votre livre, ou il eft d'une opinion differente de la vötre, en ajoutant cependant, qu'il en omettoit encore plufieurs, qui, felon lui, valoient auffi peu la peine d'être e'crits que d'étre refutê*s. Je vous transmers tout cela, Monfieur le Baron; & fi j'ai ajoute' de tems en tems mes propres reflexions a celles de mon frere, foyez bien perfuade' que c'eft uniquement parceque je voyois avec peine, qu'un Auteur, d'ailleurs fi exaét, fi impartial, & fi inte'reffant, n'eut pas eu fur la guerre de 1778 des renfeignemeiis auffi authentiques que les miens» A a  4 Citütions, Page V. de 1'avertiiïeir.ent: » La demarcation exatle des limites ; la direHion précife des Chemins ; le cours des rivieres; la diftance des Villes Capitales & autres , font les parties les plus effentielles d'une carte ge'nérale, & voila cequi a e'te* obferve' ici avec le plus grand foiu, " Page XIV. de Pintroduftion, „ Cette fucceflion (de Baviere ) dans fon principe, ne paroiffoit pas pouvoir être difpute'e, quoique fEle&eur de Baviere mourüt fans enfans, &c, " Page XX. de i'intr: „ Peu après Charles-Theodore fe rendantau Miniflère deVienne, ligna le j 8 Janvier une convention par laquelle eet Ele&eur ce'da la baffe Baviere a la Maifon d'Autriche pour toutes fes pretentions " — Page XXI. „ Le Duc de Deux - Ponts s'e'leva contre cctte Couvention " —• Remarques. Voila, Monfieur le Baron , ce que mon frere na pas trouvé: il croit méme, que vous aurie\ pu nous difpenfer entiérement de vos cartes, ou vous mette^ des chemins , des Communications, vous par les places d'armes de la Bohème dont l'ennemi ne pojfêdoit aucune ? Prague méme ne pouvoit pas lui faire pnjfer l'Hyver dans ce pays la ; il avoit bien raifon de s'en aller. Porté plus avant que Nimes, fon rétour eüt été bien fackeux. Mon frere étoit a Pattaque de Pöjig. II fut trahi vraifemblablement par un efpion du Maréchal Laudon. On mit le couvent en état de défenfe. On renforca le pofte. Möllendorff eüt l'adrejfe de donner contreordre a deux Bataillons a. qui l'on fuppofoit l'envie de couper les attaquants, Zj qui feroient tombés entre les mains de mon frere , qui les auroit traquês entre un Bataillon de Croates poflê a Vocken, i3 lui, qui fe trouvoit fornié dans la plaine de Weis~ wajfer avec quelque Cavalerie, Mon frere ne croit pas que  *5 Page I JO. ,( A ces cir- conftances il faut ajoüter que le Roy de Pruffe n'auroit trouve' aucun avantage a conferver pendant 1'Hyver la. partie du Cercle de Küniggratz que fes trouppes occupoient, dans les quelles d'ailleurs les moyens defubfiflance, provenants du pays, étoient en majeure partie confommés. " Page 134„ „ II y avoit tout lieu de pre'fumer, que les Autrichiens faifiroient eet infbnt pour parohre en force, & inquiéter cette Marche du Roy &e, M que M, de M'óllendorff fe Jolt deskonorê, en eviiant de Je faire battre, C'étoit lapourtant l'objet du premier en attaquant Fojig, oh ilrfy eüt de tuê quun Officier ij 6 Croates. Tout le refte ejl vrai , excepté les prétendus prifonniers que ft le Lieutenant Lagerkreut? a Hunerwajfer. On fabra au contraire quelques Pruffiens. Ce fut Ji peu de chofe , que mon frere dit qu'il ne s'en fouvient plus. Encore un Eloge du Plan de S. M. 1'Empereur. L'ennemi trouve qu'il feroit mort de faim en Bohème, Vous comptiez que l'on alloit battre les Pruffiens dans leur retraite. Mais les défilés, quon eüt eu meilleur marché des Autrichiens en entrant plutót en campagne ; Eh ! n'y eüt on pas felon votre dire, dêja trouvé ces redoutes, iJ ces lignes inattaquables dont vous vousplaigne% fi amérement ? Elles auroient arretê P ennemi alors, comme elles tont fait plustard. Monfieur le Baron croye\ en mon frere, il y auroit eu tout auffi peu de lauriers a moijfonner. La defenjive de S. M, 1'Empereur auroit eu le même fuccès : les Pruffiens n'eujjent pas gagné un pouce de terrein de plus. Mon frere dit que vous ne pouvie% pas Javoir tout cela ; mais moi qui d'ailleurs fuis auffi três-indu/gent, je trouve qu'il ne faut pas donner fes Juppofitions pour des certitudes, trancher du prophéte £j fe contredire. Je ne fais ce que c'eft que les trouppes hongroifes du Général Bauer, dont il n'y E  34 Page 2II. „ Frederic voülant s'en convaincre par lui même, refolut de fe rendre incontinent dans la Silelïe Autrichienne &c. " a perfonne de ce nom dans les Armées autruhiennes. Mon frere dit qu'il ne reléve ces petites erreurs, que pour monirer que vous n'étes injlruit de rien exaÜement. 11 n'a pas vouiü accuniuler les objeilions Jur des chofes plus ejjentielies ; la réjutation feroit devenue trop volumineufe ; il craignoit a juJle titre de sennuyer U a'ennuyer fes lelteurs. Voila des fcrupules que vous n'ave^ pas. (5) Voici donc un projet de campagne, U une nonvelle campagne dans ia haute Silejie. La faifon n étoit pas trop avancée, comme vous (5) J'aime beaucoup aufi 1'aufeur allemand dont j'ai pailé oidevant. Selou lui le Cabinet de Berlin ne regarda toute cette miférable petite campagne que comme un procés politique, que comme un jeu de lanterne magique ( ce font la fes expreffions rage 185.) on diroit a 1'entendre qu'on n'a pas même daigné fong^r a faire le moindre mal aux Autrichiens; il n'en dit pas moins au refte quelques lignes plus haut, que li on n'avoit pas fait la paix , on eut fait voir du pays aux Autrichiens 1'année fuivante. D'un autre cóté Monfieur le Ba. ron ne ceffe de déclamer confre leurs retranchements, préfe aux Pruffiens toute 1'envie imaginable de les y forcer, ou de les en faire fortir, & accumule en attendant Batailles fur Batailles, lauriers fur Iauriers, ménaces , défis, prédiflions &c, Tout ce clabaudage eft fort diyertiiTant.  Page 222. II y a fort peu d'exemples a citer oü les Autrichiens ayent e'té furpris dans leurs camps." Page 223. Note. „ Les attaques de nuit font ge'ne'ralement de'fendues au fervice de Pruife, par rapport a Ia confufion qui peut trop aifemcnt s'en mêler. Page 227. „ Un de'tachement du méme corps de Wurmfer tente de furprendre le Re'giment de WUrtembcrg Dragons. page 249. „ Cependant les Autrichiens tenoient encore divers pefles , tant autour de Jagerndorff & de Troppau, que fur les fronE Pavei d'* p!us hut. Les Pruffiens n'étoient pas accoutumés autres fois a finir au commencement de Septembre. Cependant tout étoit dêja fint en Bohème. Quel a été le fruit de ce retour d Parmée. QjPen ejl-il arrivé? les trouppes Pruffiens mouroient dé froid (J de mifere dans ce petit coin des montagnes de la Silefie autrichienne. Encore une éloge, fans le vouloir, des difpofitions des Autrichiens, Zj de Pimpoffibilité de les reconnoitre de trop pres, de les furprendre, ZJ de les aitaquer. Mauvaife raifon que la confufion de la nuit , puis qu'il y en a bien plus pour Pennemi, qui ne fait pas ou on Pattaque. II me femble qu'il n'y avoit pas de Dragons de Würtenbetg a Parmée pruffienne. Tout cela vaut-il la peine de faire poffer un hyver auffi trifie au Prince de Brunswick ? On fait combien il ejl entreprennant, i  frontieres du Comté de Glatz — le Prince Héréditaire de Brunswick , conjointement avec Ie Ge'ne'ral Tauenzien & Wunfch d'un autre cöte', entreprirent une expedition particuliere pour les en deloger au plutöt. Page «55. » Comme les Autrichiens paroiffoient difpofe's a faire la plus forte refiftance pofhble dans cette pofition — Ie Ge'ne'ral Wunfch ne jugea pas k propos de s'engager plus avant. Page 260. ». Un autre pofle avancé de Wunfch , occupoit une grande Baraque retranchée (ïlofbfiué en allcmand) auprès de,,. &c." Comment , Monfieur le Baron, vous faites lécher prife aux Prujfiens , des qu ils prévoyent de la refiftence de la part de leur ennemi ? Oh! en vérité pour un Panegyrifle auffi décidê que vous l'e'tes, cela nejl pas du tout d fa place. Je ne fais vraimentpas par quel heureux hazard vous daigne\ feulement accorder aux Autrichiens tintention de faire refiftance kS pourquoi vous refufe^aux Pruffiens la refolution de la vaincre. Cela ejl fi nouveau dans votre livre, que mon frere dit avoir lu deux fois eet article, ne vous y reconnoijfant pas du tout, Votre defcription Zj votre attaque du Blokhausfont prèsque vraies. Mais la fin ' de tout cela ri en eft pas moins qu'on brüla la Baraque, qu on fit prifonnieres les troupes qui la défendoient,  Page 271. „D*après les difpofitions du Prince de Kinsky , on s' attendoit a. étre oblige' de difputer le terrein pied k pied. " Page 273. «Enatfendant Ie Prince Kinsky fe difpofa a faire dans Brix la meilleure refiftance, qu'il fut poffible &c. " Page 275. Après avoir fait tirer environ une demie heure on parvint enfin k faire taire la batterie du flanc gauche de Brix. " Page 279. „ Enfuite il (le Prince de Kinsky ) fit e'tablir fur une colline en avant du centre de fon pofte une batterie de deux pieces de canon — Szekely s'empara du canon autrichien, '* Page 282. «Je ue puis m'empecher d'ajouter ici les de'tails d'un eVe'neraentatroE 37 celles qui arrivoient pour les foutenir. Le Prince de Kinsky êtoit a Viefine dans ce tems ld, Monfieur le Baron, Zj cavfoit peut - étre avec le Prince de Colloredo auprès de lacheminéede cedernier. On ne fongeoitpoint d faire de refijlence dans Brix qui ejl un trou commandê de toutes parts. Tout ce quil y a d dire la deffus , ce qu* on ne s''attendoit pas qu' on fatigueroit 30OOO Prujfiens d peu pr'es , mis en mouvement de fi loin, pour une expêdition qui ne pouvoit avoir aucun but. On ne fit rien, II n'y avoit pas de Batteries. Les deux pieces de Campagne furent prifes dans un chemin creux. Les troupes fe retirerent en bon ordre , Zj fans échec. Les Prujfiens furent harajfês de fatigue. Le Roy pouvoit donner Üaigle noir au Général M'óllendorff, fans lui donner autant de peine inutile pour une mauvaife reprejjaille de Habelfihwerdt. Vous trouve^ eet événement atroce, vous femblex. même blamer les Autrichiens 3  38 ce (dont il n'y a peut étre point d'exemple que je fache ) caufe' la^ même nuit par la vengeance préméditée d'un caporal du Regiment de Wunfch. — Ce caporal paffe aux Autrichiens le foir, rencontre une de leurs patrouilles , & propofe de lui livrer , fans coup ferir le Major ( Auerswalde , Commandeur du Regiment prufJien") & les trapeaux du Regiment alors dépofés chez . lui, &c. w Page 289. „ Les Autrichiens abandonnerent promp • tement la Ville d'Habelfchwerdt, & la plupart des poftes qu' ils tenoient dans 1 e Comte' de Giatz. - Page 295-. „ Les Généraux Olivier Wallis , & Stain furent chargés de cette expédition (contre Neuftadt') d'avoir profxté de cette trahifon d'un de vos caporaux. Je conviens que le trait ( sfil eft vrai, ce dont mon frere dcute infiniment) ne lui fait pas honneur. Mais croye\ vous que les Pruffiens eujfent renvoyé le traitre pieds ij poings Hés 0 l'ennemi? Un hijlorien militaire auffi inJiruit que vous, devroit favoir, que ce n'ejipas le premier cas de cette nature qui foit arrivé. II falloit ou taire cette petite hijloire, ou la raconter fimplement, fans vous echaujjer : 11 y a dans i'armêe pruffienne des traitres comme ailleurs. On ejl rentré dans Habelfchwerdt , il fi les Puiffances médiatrices ne s'êtoient pasmêlé de faire la paix, il y auroit eu des echelons de trouppes ij de vivres, non feulement pour conferver ce pofte, mais encore pour commencer la campagne par la prife de Glat^. L'ennemi fe feroit - il tenu long tems ci Braunau ? M. de Stain n'y étoit pas. Vous vous trompe\ cette fois ci par hazard, II n'y a dans i'Armée Autrichienne  39 d'un Regiment de Lan- ni de Regiment de Bis - ni glois du Regiment de Bis- de Birkenfeid. kenfeld &c. 1 RESULTAT. Je ne vous fais aucun reproche, Monfieur Ie Baron. C'eft votre Officier Ge'ne'ral qu-i vous a mal inftruit, & c'eft a lui que mes remarques s'adreffent. Vous euffiez du feulement chercher a avoir des informations plus exaétes , avant de vous de'terminer a grollir le nombre des ouvrages qu'on e'crit depuis 6 ans fur une guerre qui a dure' fi peu. Je remercfe mon frere qui m'a prouve' que tous les deffeins des Pruffiens ont e'te' de'jouées, rendus nuls , ou nuifibles k leur inte'rêts par S. M. L' Empereur, qui les a battu par eux - mêmes, en leur faifant perdre vingt cinq mille hommes de de'fertion , confide'rablement de morts par maladie , tout leur tems, partie de leurs tre'fors, leur train de vivre , & ce qui eft d'un prix ineftimable, beaucoup dans 1'opinion publique.