VOYAGE D'VN AMATEUR DES ARTS.   V O Y A G E D' V N AMATEUR DES ARTS, EnFlandre,dans les Pays-Bas, en i hollande , en franc e , e n savoye, i en Italië, en Suisse, FAIT DANS LES jlNNÊES IJ7S~76-JJ-j8; )ans lequel 011 indique; 1 * les êdifices & les Monumens antiques & modemes, dignes d'itre recherchés : a0 les colle&ions de Peinture , de Sculpture, d'Hifloire Naturelle ; les Bibliothèques, &c.: avec des jugtmens particuliers fur tous ces ebjets, motivês d'après le fentiment des connoijfeurs les plus eftimds: 3 © Une defcription foignée desVallies de Glacés du Faujfsgny, dt celles du cantott de Berne, & de diverfes autres Curiofitês que pré/entent les Alpes: 40 Vltinéraire de quelques PaJJages pen conntis d travers ces tnémes Alpes: 5 0 L'état aBuel des Routes d'une Ville h Vautre; les Fleuves , Rivières & Torrens 1 ique Van deit traverfer furpont volant, en bac, chaloupt, ou a gué : 6* Les prix courans des Chevaux , Muleis , , Voitures de ville, Barques, Gondoles ; celui des Laquais de, louage , des Guides, des Cicerone.... & beaucoup d'autres 1 renfeigncmens, dom il ejl utile , & méme important d'étrs. : infiruit pour voyager le moins difpendiittfement & avec le ; plus d'agrémens pofible. ?ar M. de la R***, Écuy., ancien Capiu d'Infi- au Service de France, &c. tome premier. A A M S TE EDA M~ M. DCC. LXXXIII. I   INTRODUCTION. Jf^'uTii.iTÈ des Voyages, eft une vérité démontrée : le Savant, 1'Homme de goüt, 1'Artifte, acquièrent ou perfe&ionnentdes connoiffances que 1'afpeft des lieux, 1'examen & 1'étude des objets peuvent feuls donner, & auxquels rien ne peut fuppléer: ils forment la jeunefle, ils hatent chez elle la maturité de la raifon; mais, en général, on la fait voyager trop tot, & fur-tout avec trop peu de connoiffances acquifes (*). Nous (* ) Nos letteurs remarqueront, que les réflexions qui fuivent, ne regardent nulleraent ceux qui fe ttanfportent d'un point du Globe È 1'autre uniquemenc pour leur fanté: cette clafie de voyageurs eft très-ctrangère au motif qui nous fait pren,a üj  6 Introductioït. croyonsqu'au lieu de jeter brufquement tin Jeune-homme dans le monde, ainfi que cela fe pratique affez communément; il feroit plus prudent de 1'eflayer fur une fcène moins valte, & de 1'accoutumer par degré, a paroitre fur une plus grande, avec tous les avantages dont il feroit fufceptible: le Jeune-homBie airiïi préparé, mériteroit durant fes Voyages, 1'eftime des Nations étrangères, & cette eftime, ajouteroit inconteftablement a la gloire nationale (*). dre la plume: Nous n'avons & ne pouvons avoiï en vue, que ceux qui voyagent pour tucr utilemens le temps, & pour s'inftruire. (*) La rcflexion que nous faifons ici ne pa-, ïoitra point hazardée pour quiconque aura etc" ï portee d'obferver de prés nos jeunes Voyageurs: a peine un, fur dix, fe conduit - il de manière i captiver le fentiment dont nous paVlons. Le Fran-fois ne laiffera chez 1'Etranger qu'une empreinto plus forte de 1'inconféqucnte lcgéreté qui lui eft fi univerfellement reprochée. l/Anglois, y aggraTera cette inflexibilité, cette fiertc de caraftère qui lui eft propre, & qui prend fa fource dans utt demi-fiicle de fuccès nationaux ; 1'or qu'il répand  Introduction. 7 Nous placons a la tête des inftruftions néceffaires aux jeunes gens que 1'on fe propofe de faire voyager; i ° L'étude particuliere de 1'Hiftoire des Peuples qu'ils doivent vifiter: i Celle des principes fondamentaux des Sciences & des Arts. Nous ne nous appefantirons pas fur la néceffité des connoiifances hiftoriques; elle eft d'une évidence fenfible: celle relative aux Sciences Sc aux beauxArts, ne 1'eft pas moins. Nous favons qu'il eft des génies privilégiés qui naiffent avec un tacl: aufli jufte que délicat; inais le nombre en eft peu confidérable: encore, ne pourront-ils prononcer fiientifiqwment, qu'autant qu'ils fe feront familiarifésavec cesmêmes principes, ces mêrues régies de goüt. On nous permettra de développer ces alfertions par quel- è pleines mai*s, lui ouvrant toutes les portes, ajoute a fa confiance innée, & dès-lors toutes les diftinftions, tous les honneurs lui femblent dus: il enjouitavec cette morgue, & plus fouvent encore tyec eet ennui qui l'accable & qui le fuit par-toufc 9 iv  Introduction. ques détails eflentielleraent liés a Tob» jet de notre ouvrage. Le Beau, le vrai beau, en faitdes Arts, n'eft pas auffi idéal, auffi indéfini qu'on pourroit le croire. II eft fans doute dans une infinité de chofes des goüts de terroirs, li nous pouvons nous exprimer ainfi; mais il exifte également des principes re?us, adoptés de tautes les nations policées. L'Archite&ure, la Peinture, & Ia Sculpture, font aftreints a des régies immuables & certaines: Jamais on n'a pu les franchir fans altérer leur mérite. Les Grecs (que 1'on pourroit appeler les Précepteursdu genre humain), trouvèrent les premiers cebel accord des parties, & ce mérite intrinfèque de leur enfemble qui caraftérifent les productions de ce peuple auffi aimable qu'ingénieux. Dans les beaux fiècles de leur empire,  Introduction. 9 les Romains, devenus appréciateurs éclairés des Arts, ne tardèrent point d'adopter le goüt & les principes des Grecs. L'ordre Tofcan qu'ils imaginèrent, exprime fi 1'on veut la plus impofante virilité; mais ce même caractère de force Se de rufticité, ne peut convenir qu'a des édifices d'un certain genre: Auffi 1'employèrent-ils peu fréquemment; enforte qu'il nous eft plus facile de nous inftruire des régies d'Architecture établies par les Grecs dans Rome même , que d'y puifer celles qui font particulières a ces conquérans du Monde!.. C'eft que les proportions des ordres Grecs, réunilfent a la fois, l'élégance & la majcfté; la plus noble fimplicité, & fi 1'on veut, la plus grande richelfe. Quand le Nord eut cefTé de vomirces formidables eflaims de Barbares; lorfqne las de courir, d'enfanglanter, de dévafter la terre : ces peupies forcés a fe fixer, purent connoitre les douceurs a v  ïo Introductio», • d'une vie agricole & paifible: Alors une nouvelle Aurore parut renaitre pour les Arts! De toutes parts on vit s'élever des Edifices fur les ruines de ceux que la haine du nom Romain & le fanatifme avoient détruits! Mais trop fiers pourimiterfervilement lesna'tions qu'ils avoient vaincues, ces peuples ofèrent créer un nouveau genre: II eft fans doute moins régulier , moins noble, que celui qu'ils dédaignèrent; mais il développe quelquefois des formes heureufes, 6e fóuventd'une hardiefle impofante. C'eft le feul mérite de l'Archite&ure Arabe & Gauloife. D'ailleurs, nullê correction de deffein, nulle vérité, nul effet, nulle grace enfin dans tous les morceaux dè Peinture & de Sculpture depuis cette #époque, jufqu'au fiècle de Léon X; & celui du Grand, dutrès-grandCÖME d» Médicis ! Larévolution qui fe fit alors dans les Sciences&dansles Arts devint bientót univerfeJle: L'Italie eutlagloire, une fccondefois de fournir de noutcaux Modèles a 1'Univers. C'eft a 1'é-  ÏNTRODUC TIÖN. II tude de ces modèles que nous invitons ceux (qui relativement aux Arts), fe propofent de voyager avec fruit. La connoiflance acquife des principes d'Architefture, prépare naturellement a l'étude de ceux particuliers a la Peinture, Se a la Sculpture; de ces Arts (nous ofons dire) céleftes, dont les chef - d'oeuvres excitent 1'admiration des hommes même les plus iridifférens!.. Mais fi le fpeftatéur vulgaire, en eft involontairement remué, affe&é; quelle fenfation délicieufe n'éprouvera point le génie en état d'en apprécier tout le mérite 1 Tranfportons 1'un & 1'autre fur les lieux, 5e comparons leur jugement fur les mêmes objets. Le premier ne verra dans le eélèbre Temple de Cdius-Lucius , a Ni/nes (* ) (*) Ce Temple eft plus coniiu fur les lieux fous le nora de la Mmfon Carrit : c'eft ds 1'avea a vj  1% ÏNTRODUCTION, dans 1'infiniment beau Périftyle du Panthéon a Rome, qu'un enfemble dont le ton de grandeur (caraétère diftin&if de ces deux immortelles productions), le flattera fans doute : mais il n'éprouv era point cette'douce émotion de 1'ame, réfervée au vrai connohTeur: 1'élégance de chacune des parties, & leur heureufe & favante harmonie, n'échapperont point a celui-ci; il en faifira, il en favourera tous les détails précieux. La Madonna della Sedia (*), & Ia Transfiguration (**) (ces deux premiers tableaux du monde !) , ne manquent jamais leur effet; perfonne n'eft infenfible a la douceur attendrilfante du premier, de tous les connoïfieurs le plus beau morceau d'Architefture qui nous refte du fiècle d'Augufte» Voy. 1'art. Nlmes. (*) Voy. i Partiele Florence : Palais Pitti. - (**) Voy. 1'article San Pitlro in Vincoli a Rome, fecond volume.  Introduction. 13 ft 1'expreffion pénétrante du fecond; mais l'ceil éclairé y découvre de plus, une. correótion inimitable de delfein; une intelligence fublime dans la compofition, dans la diftribution des groupes; unejuftelfe, une force d'expreffion admirable.... en un mot, toute la magie de ce premier des Arts. UHercule Farnefe ( * ), YApollon du Belvédère (**), la Vénus de Médicis (***), intéreffent d'abord , c'eft un (*) Voy. 1'article Palais FarnefeiRoms, fecond volume. (**) Voy. 1'article Palais du Vatican , ibidem. (***) Voy. 1'article Galerie de Fhrenct . idem. Nous choififfons de préférence ces trois cdlèbres Antiques, comme ceux dont la perfeftion doit moins échapper a 1'ceil du vulgaire. II eft certain que l'drrotino ( galerie de Florence ), & le GUdiateur moitrant (au Mufium k Rome ), le pré▼iendront, le captiveront moins : Pourquoi ? paree que le dcveloppement de ces deux délicieufes Statues, ne fe préfente point d'abord au commun des afpiiu avec toute fa juitefle & toute fon énergie,  14 ÏNTRODüCTIÖtf. tribut que 1'ame la plus calme, la plus indifférente, ne peut manquer de payer a l'afpea de ces chef - d'oeuvres!... Mais quelle différence de ce dernier fentiment, & 1'enthoufiafme dont 1'amateur inftruit fe fent alors irréliftibjement pénétré 1 Et que 1'on ne s'imagine point que 1'étude que nous propofons, foit d'une difficulté rebutante : quatre ou fix mois fuffifent, & fouvent moins encore pour L'artifte, & 1'Amateur éclairés au contraire, remarqueront dans ces deux produdions fublimes, mille difficukés vaincues, mille graces, mille beautés de détails qui les rendent i fes yeux inappréciables. Nous ne parlons ici que d'après ce dont nou» avons ététéraoins nous-mèmes, & le jugement que nous avons entendu porter de 1'inappréciable Sta? tue du Faune qui dort QFoy. Palais Barberini 4 Rome); ouvrage inconteftablement grec :1e» traits fublimes de 1'art que les connoiflèurs admirent dans cette délicieufe produdion , non feulement échappent au vulgaire des Amateurs, mais même leur paroiifent fouvent des défauts qui les previenneat contre ce genre de chef-d'oeuvre.  ÏNTRODUCTION. 17 L'antique célébrité del'Italie; les phénomènes qu'elle renferme ; les chefd'ceuvres dans tous les genres qu'elle la vie. Tout de glacé pour les chef-d'ceuvres de* Arts qui les environnent, ils ne fe déterminent ales parcourir que dans les derniers inftans qui précédent leur dcpart, & feulement, paree qu'ils ne peuvent s'en difpenfer. Nous avons connu un de ces voyageurs, qui après trois femaines de füjour a Paris, ne connoiffoit que le chemin de fon Hötel au foyer de 1'Opéra, & qui en étoit parti fans avoir vu aucune des raretés qui honorent le plus cette Capitale. Nousretrouvames ce même Gentilhomme a Rome: il y pafla joyeufement cinq femaines fans s'embarrafer comme étoient faits le Colifèt, la Ro~ tonde, hColonne Trajans, la Fontaine Navone , &c. Nous n'oublierons jamais, fur ce fujet, une I Anecdote que nous tenons d'une perfonne très-lure, & qui peut trouver ici fa place. Un de ces intéreffans Voyageurs, ne voulant point partir de Rome fans avoir ( du moins ) entrevu les principaux chef-d'ceuvres qu'elle renferme, fit prier un Antiquaire trés - inftruit ( & qui fe charge volontiers de guider les recherches des curieux) de palfer chez lui: „ Combien (lui demanda-t'il) me faudra-t'il de temps pour jeter un coup d'ceilf fur les principales raretés que vous venez de me décrire? —-Huit jours au moins, lui répondit  18 Introöuctioet, pofsède encore (*); la beauté du cli- mat font autant de motifs qui y ap- peleront toujours le favant, 1'homme de goüt,l'artifte: & véritablement cette partie de 1'Europe, eft 1'une des plus intérelfantes a connoitre. Nous ne croyons pas cependant que ce foit celle oü de- 1'Antiquaire. —— Huit jours!.. yvpenfez-vous ? A peine puis-je vous en donner quatre. Mais, Monüeur, la Ville eft très-vafte, & tous les objets que vous ne pouvez vous difpenfer de voir, font fort diftans 1'un de 1'autre. Bon! n'eft- ce que cela ? Je ferai mettre quatre chevaux k ma voiture; nous refterons moins de temps en route. (*)Nous difons encere; paree qu'une infinitd de morceaux précie»x (etifait de Peinture & d© Sculpture) font perdus pour 1'Italie ; iln'eft point d'année qu'il ne s'en exporte plus ou moins : Dei Amateurs riches, éclairés, les acquièrent; ils en enrichiflènt leur Patrie. Les Galeries de Drefde, de Berlin, de Vienne, de Verfailles, du PalaisRoyal, &c.; & 1'innombrable quantité de Cabineta moins célèbres qui exiftent en Europe, ont une fource commune : Mais quelque perte que 1'Italie puifle fucceifivement faire en ce genre, il lui reftera toujours des richeiïes inapprcciables, & qui ae peuvent en quelque foite lui échapper.  ÏNTRODÜCTION. 19 rroit fe porter d'abord un Jeune-homme : en général, trop d'objets de diffipations s'y réuniffent; trop de circonftances locales femblent concourir a la féduction d'une jeune tête naturellement exaltée. Nous croyons qu'il feroit préférable de diriger fes premiers pas en Allemao-ne, en Hollande, a Genève, Iou en SuiiTe; nations chez lefquelles les moeurs confervent encore (du moins dans la majeure partie) une teinte de candeur & de folidité, plus rare, ou plutöt moins apparente ailleurs. Mais quelque parti que 1'on prenne : 3l eet égard, nous regardons comme indifpenfable de fe faire un Plan de Voyage, dont on ne s'écarteroit que dans le cas d'une néceffité abfolue. Ce plan ! doit être arrêté; 1 0 en conféquence du temps que 1'on veut employer (*) : (*) II eu eft qui s'imaginent fuppléer alors au aianque de temps, en donnant i leurs cour fes la rapidité de 1'éclair : fouvent même fans néceffité,  Introduction. *3 huit a trente mois fuflifent pour 1'exéluter, en accordant par-tout le temps néceiTaire pour voir ce qui mérite réellement d'être vu. de quelques Livrets de poftes & Itinéraires conaus, on peut variei a Pinfini ces fortes dè plans; les étendre ou les reiferrer a fa volonté. Nous n'indiquons ici que provifoirement celles de ces Cartes, dans lefquelles on pouiroit avoir le plus de confiance ; la Géographie fe perfeaionne tous les jours : C'eft donc a 1'époque même du Voyage, que le choïx doit en êtrc fait. En voici plufieurs dont nous garantiflbns 1'exaftitude; Carte générale de la France, contenant les gouvernemens des Provinces ... avec les Pays-Bas ; la Hollande; lamajeurepartiedel'Angleterrc ; les confinsd'Efpagne ; 1'Allemagne, dans le plus gTand détail; & 1'Italie , jufqu'a Rome : Carte en 6 fcuilles léunies. Prix 14 Üv. colées fur toile & pliées dans vn étui, & ioliY.4folsles 6 fcuilles en blanc. Chez Dejhos, Ingénieur géographe, &c. me St. Jac^ups, a Paris, &c. C a b. t e de France dreffee pour 1'ufage du Roi en 1721, pa* feu Guillavme Delifle, &c; augmentée en 1764, par PMlipfe Buache fon gendre, & revue en 1775, &c. chez 1'Auteur a Paris, quai de 1'Horloge. L'Itaue diftinguée fuivant 1'étendue ds  x4 Ïntroduction. La manière de voyager, n'eft certainement point indifférente. L'Angleterre eft le feul pays au monde, oü 1'on pourroit tous les Etats, Royaumes, Républiques, Duchés, Principautés , &c. Par Sanfon, &c. k PaTis, chez H. Jtiillot, &c. quai des Auguflins. Carte de . la Suffe, &c. par Francais Graffit, &c. 1769, a Laufanne. Entre la foule des Itinéraires de routes, &c. on doit efientiellement diftinguer celui récemment publié par M. du Tens. C'eft, dans fon genre un utile , un excellent ouvrage. Quant aux Livrets dt Poftes, il faut les prendre de Pannée même; paree que les routes , & fur-tout les Stations oü font placcs les relais , ne font point conftamment lei mêmes: tous ces petits renfeignemens fe trouvent dans le corps de 1'ouvrage. Nous obfervons quant au Plan de voyage cideflus, que nous ne le donnons , que pour avoir occafion de développer notre idee fur la ncceffité de fe circonfcTire un cercle n«ckonque : N ous te-» nons fi peu k celui-cï, que nous ne 1'avons poinc fuivi nous-mêmes. On en trouvera plufieurs autTes encore qui pourront avoir leur utilité aux •rticles Toulon , Gènes, Chambéry , Turin , Milan , &c. &c. Les Voyageurs qui nous prendront pour guidc,  ÏNTRODUCTION. rok fe paffer d'avoir une voiture a foi: Par-tout ailleurs, c'eft. un embarrasindifpenfable. Légéreté, commodité, folidité, doivent êtreles feuls mérites(*) guide , reconnoitront fans peine, & notre exactitude, & le déiïr que nous avons de leur épar* gner des pas & des frais inutiles. (*) Nous difons les feuls mérites, paree que ceux, qui par un orgueil malentendu, croiroient déroger s'ils végécoient dans une caiffe unie, & fur-tout, li leurs arnies & leur chiffre ne s'y trouvoient pas pompeufement placés fur chacun des pan-, jieaux; payent inconteftablement par-tout (quelque mefure qu'ils prennent) en raifon du rang que 1'on préfume qu'ils tiennent dans le monde. Or, ces dépenfes fe multiplient a 1'infini : il eft tant d'occalions d'en faire d'indifpenfables! .. Pour qui ne feroit point maitrifé par le temps, nous croyons que ce feroit un plaifir de plus, de marcher avec fes propres chevaux. Nous pourrions douner ici pour exemple une Dame Angloife d'un rare mérite. On lui a vu pareourir depuis Calais, ! les principales Villes de France, la Savoye, toute 1'Italie, la Suiffe, &c. avec fes chevaux, qu'elle faifoit fimplement relayer, lorfque ce fecours lui paroiffoit néceffaire. Sa marche n'étoit rien moins que lente, & fes chevaux étoienc conftamment dans le meilleur état, Tom» l. k  1$ Introduction. d'une Voiture de voyage. Nous confeillerions qu'on ne fe permit point de voyager de nuit: indépendamment des dangers , des rifques de différens genres que 1'on peut courir (*), ne fe privet'on pas d'un plaifir qui ne fauroit être trop multiplié ; celui de voir4? Lé fommeil gagne & 1'on eft dès-lors a la •anerci des Poftillons, fouvent pris de vin, & plus fouvent encore mal-adroits : dans un pays ouvert, & fur de trèsrgrandes routes, ce n'eft guères que demi-mal; mais par-tout ailleurs, c'eft effentiellemeut manquer de prudence. II feroit facile de citer vingt accidens arrivés de cette forte : Nous ïi'en expoferons ici qu'un feul, mais bien connu. Soit fommeil, fok inattention du guide; en pleiue eourfe, une énorme branche d'arbre pénètre par la portière dans une voiture, & s'y développe de telle forte, qu'elle en occupe toute la capacité. La profondcur de la nuit ne permettant pas au Poftillon de juger ce qui s'oppofoit a fa marche, il redouble d'effortpour animer, pour preffer fes chevaux : les cris des Makres dont il ignore les motifs, iui font multiplier les coups de fouets; & c'eft au dépend de' la caiffe de la voiture (brifée en pièces, ou du moins féparée en deux parts ), qu'ilparvient enfiu a frauchir 1'obftacle qui le retenoit.  ÏNTRODUCTION. IJ Peu de Livres vieillijfent auffi vlte que. ceux qui traitent des Voyages. La révolution de quelques luftres fuffit pour les priver de leur premier mérite; celui de 1'exaclitude. Les lieux changent d'afpefts : des Monumens, des Édifkes célèbresdifparoiffent, d'autresfe découvrent & s'élèvent!.. Des Collettions précieufes fe difperfent; il s'en forme qui les remplacent, & réunilTent de nouveaux objets de curiofité. Un Voyageur ne peut donc fe difpenfer de confulter 1'auteur le plus récent , fans néanmoins rejeter ceux qui confervent encore de la réputation. Lorfque nous nous propofames de paffer en Italië, nous voulümes nous y préparer par la Ieflure de Voyageurs qui nous avoient précédés : plufieurs nous guidèrent utilement; d'autres nous égarèrent : aucun ne nous parut tenir un jufte milieu entre le laconifme , qui n'apprend rien, & cette prolixité faftidieufe, favantafque, quifatigue en pure bij  2.8 Introduction. perte. Voici notre fentiment a 1'égard de plufieurs. Quelque furanné, quelqu'inexaéï que foit le Voyage de Miffon; il trouve encore des le&eurs; fa malignité les lui aflure : Le foin d'ailleurs que les derniers éditeurs ont pris de 1'étayerdu Voyage d'AddiJJbn (*), peut lui conferver long-temps un cer« tain mérite. Les Obfervations fur VItalië & les ItaUens, par Grojlay (**), feront toujours recherchées : Cette produ&ion doit être comptée entre le petit nombre de celles véritablement utiles : mais 1'au- (*) Ce Voyage eft auffi favant qu'agréable: 'Jidijfoa parcouroit 1'Italie, avec Cicéron, Virgile & Horace a la main : fes defcriptions des lieux, (ordinairement exaétes & toujours ornées de r<5flexions ingénieufes), plaifent par cela feul, qu'elles rappellent des auteurs chéris. La plus récente ddition (que nous connoiffons) du Voyage ie Mitfon, eft en 4 vol. grand in-12. (**) La demière édition, très-augmente'e, eft en 4 -vol, jjï-ia,  Introduction. 2.9 teur plus favant qu'exaft, voltige plutöt qu'il ne voyage; il femble ne chercher que les chofes qui peuvent prêter le plus a fes réflexions auffi fines que brillantes. La Defiription hiftorique & critique de V'Italië, par V'Abbê Richard (*), offre 'plus de feffource aux Amateurs des Arts : Pauteur a vu & bien vu : prefque toutes fes critiques font juftes & lumineufes, & Pon ne peut que gagner beaucoup a lire ce Voyage : Nous ne lui connoiffons d'autre tort que celui d'avoir un peu trop vieilli. Le Voyage d'Italie, par M. Cochin (**), c'eft a bien des égards un (*) En fix vol. ia-li, avec quelques Cartei géographiques. (**) En 3 vol. in-u. II y faut joindre «ne petite brochure (très-bien fake) & du même format, intitulée ; Objervatim fur l» Antiquitis. d'Hcrtulauum, b iij  3o Introduction. excellent guide : mais ce bon ouvrage, eft malheureufement incomplet, 1'auteur n'ayant point jugé a propos de publier les remarques qu'il a dü faire fur les antiquités & les chef-d'ceuvres modernes qui embelliiTent Rome : cette partie eft la feule qui manque, mais rien ne fupplée a ce vide : c'eft le fil qui rompt au milieu du labyrinthe. Le plus complet de tous eft le Voyage d'un Frangois en Italië, par M. de la Lande (*). Cet Ouvrage eftimé réunit une muïtitude de chofes qu'on chercheroit inutilement ailleurs : mais feroit-ce être injufte que de le trouver un peu trop volumineux4? ne rifqueroit-on pas de perdre beaucoup de temps, fi 1'on fe déterminoit a voir tout ce qu'il indique, tout ce qu'il décrit*? Enfin fes éloges & fes critiques, font-elles conftamment juftes & réfléchies*? Que de (*) La derni^re édition fake a Tverdun, eft Ca 8 vol. grand ;'«-8 0.  Introduction. 31 changemens d'ailleurs fe font opérés depuis la dernière édition de eet ouvrage! Quant au Voyage de Hollande & (Pitalie, par M. Vabbé Coyer (*); nous en demandons pardon a la très-belle Dame , a laquelle ces lettres jolies & galantes font adrelTées : mais de tous les Voyages d'Italie que nous avons confultés, ce dernier, quoique le plus récent, eft le plus fuperficiel & le moins complet. Nous n'avons point la préfomptïon de (*) En 3 vol. in-16. C'eft dans mie de ces Lettres que 1'auteur enchanté jufqu'au délire de trouver k Gènes des Fleurs k une époque oü les Jardins de fon héroïne, devoient être couverts de neige. .. „ Ah, que n'dtes-vous ici ( s'écriet'il), dèlicieufe Afpafie : Vous cueilleriez aBuelItmtnt des Fleurs, dont vous orntricz votre beau fein l" La defcription qu'il fait plus bas a cette même dèlicieufe Afpafie, du Neptune (célèbre chefd'ceuvre de J. Boulogne'), n'eft ni moins vive , ui moins plaifante : nous renvoyons nos leeteurs a 1'ouvrage même.  32. Introduction. croire nos réflexions fur les Arts fupérieuresa celles que renfermentpartie des ouvrages que nous venons d'indiquer: Nous reconnoilTons même leur devoir beaucoup, & nous nous effimerions heureux de mériter une part des éloges qui leur font dus a bien des titres. Au refte, nous avons apporté tous nos foins pour ne rien laifier échapper de ce qui mérite réellement d'être vu : quant aux chofes reconnues pour médiocres, nous nous fommes abftenu de les indiquer. C'eft par une fuite de ce même principe, que nous nous fommes interdit tous détails étrangers aux beaux Arts. Si nous euffions voulu nous étendre fur l'Hiftoire, les Moeurs, les Lois, les Coutumes, Ia Population, Ie Commerce, &c; des Etats que ce Voyage fait parcourir, les volumes fe feroient multipliés fous nos mains, & nous euffions mérité, peut-être les mêmes reproches que nous avons ofé écrire quelques paragraphes plus haut. D'ailleurs, indé-  Introduction. 33 pendamment de la difficulté qu'il y auroit a dire aujourd'hui beaucoup de chofes neuves fur tous ces objets; c'eft que nous fuppofons le voyageur pour qui nous prenons la plume, fuffifamment inftruit de ce qu'il eft eiTentiel qu'il fache, pour retirer de fes Voyages tout le fruit & les agrémens qu'il .M. l'Emnereur y entr.etient en concurrence garnifon. DeS cette note écrite, ces place? font fuppnmées & 1'on eft aétuellemcnt occupé a en rafer les Fortifications. Cette Ville, cédce a. Philippele Bel en 1312, fit enfuite partie du riche apanage que le roi Jean Lna en 1*363 a " ^J'mSZl eoene , fon quatrième fils : elle n eft rentree lous fit Louis XIV lcsEfpagnols , en 1667 Les Alfés s'ën eniparèrent «1708 , apiès un long ficge A ui  € NourxAu Voyaoè *aie. dée comme 1'une des plus belles & des plus fortes places de France : La Citadelle furtout, eft 1'un des ouvrages dont le maréchal de Vauban s'applaudiffoitle plus. La fituation de Lille eft agréable : la Deuk s'y partage en plufieurs bras & facilite 1'exploitation de fes Manufaftures & de fon Commerce , qui eft confiderable, particulièrement en diverfes fortes d'Etoffes de laine. La Place darmes eft vafte & belle. Entre les nombreux Batimens publics qui décorent cette ville, nous indiquerons de préférence l&Bourfe, VIntendance, VHöpitalgénéral, le Magafin des Etats, les Ca^ernes, la Pom Royale, VHdtel-de-ville, &c. : YEfplanade donne une promenade charmante. La Salie deSpectacle eft jolie, &-fait un bon effet. Les amateurs de Peinture trouveront ici plus d'objets pour exercer leurs connoiffances ; Voici a peu prés 1'élite des curiofités de, qui rappeloic le fouvenir de celui de Troyc, pour le nombre de Princes & de grands SeiVneurs qui s'y trouvèrent. Leroi dePologne, le PrinceElectoral de Hanovre, ( depuis roi d'Angleterre ^ & le Landgrave de Hefle-Caüel ( réfrnant alors ) y affiftèrent. Lille a été rendue a fa France par la paix d'Utrecht, en échange d'Ypres & fa Chatellenie, qui retourna a 1'Empereur. En paflant de Calais a Bruxelles par Lille , on alonge la route de quelques poftes , mais nous doucous que 1'on regrette ce leger détour. VmteUSxga eft 1'une des Auberges de Lille 4a plus eftimée.  enFljndre. ii mais elles font en général refierrées, irré- Gaai gulières & peu décorées. On remarque dans la principale, 1'effigie de Charles V (*), qui prit nailïance dans cette ville : ce monument a peu de mérite (**)• UHdtel-de-ville mérite d'être vu ; les Salles en font belles, & plufieurs font ornées de Tableaux de bons maitres. Celle (Site) de la Cavalcade, la plus vafte de toutes, (*) Le bon moede eet empereur , qui, Iots de fon retour de Paris, prétendoit que cette capitale de la France tiendroit dans fon Gand, n'a pu faire fortune dans le'temps qu'a fa cour, & conferver fon identité, que dans 1'efprit de ceux qui ne peuvent ou ne veulent point fe convaincre du. contraire. Plufieurs Moines que nous eümes occafion d'entretenir dans la vifite que nous fimes de leur maifon,nous répétèrent très-affeétueufement cette fottife fur la vafte enceinte de leur ville : Les pauvres gens ! . .ils ignorent, que le feulfaubourg Saint-Germain occupe plus de terrein que deux fois Gand, y compris même fes nouveaux Faubourgs.' . (**) Des perfonnes inftruites nous ont aflura que cette Statue n'étoit qu'enbois doré, que 1'on avoit foin de revernir fouvent, pour 1'empêcher de tomber en pourriture, peut-être les Gantois lui en euffent-ils érigé une de plus de valeur, s'ils avoient pu oublier la rigueur avec laquelle il punit la dernière révolte qui eut lieu fous fon règne. L'on fait qu'il fit exécuter 15 des principauxBourgeois, & enprofcrivitprès de 100; confifqua les biens des coupables; leur öta leur artillerie, leurs armes, leurs privileges; les cpndamna a 11 cent mille ccus d'amende, 81 y -batit nnc Citadelle , &c. &c. A vj  n Nouveau Voyage Gand. contient huit grands Tableaux allégoriques k Ihiftoire de Charles V , peints par G. de Cray er; ce font de fort bons morceaux. L'Eglife Cathédrale fous Pinvocation de faint Bavon,& un vafte vaiffeau d'un beau gothique, dont les proportions heureufes irappent d'abord. Oa voit derrière le Chceur r fur 1'Autel d une Chapelle a droite , un fuperbe- Tableau par Rubens : il repréfente „ 1'Empew reur Charles V abdiquant la couronne „ en faveur- de fon fils : on y reconnoït „tous lesperfonnages qui compofoient ulors fa cour „, Les Têtes en font belles-; les Groupes y font Hés avec une harmonie füpeneure; le coloris en eft précieux, & les eonnoiflèurs donnent a ce Tableau le rang le plus diftingué entre les meilleurs de ce maitre. La Chaire a précher, partie- en marbre. & partie en bois, eft de 1'exécution de Delvaux (*) .<■ ]a compofnion en eft heureufe fans être neuve. Ce monument ( il taut 1'ayouer), n'eft pas dans toutes fes parties a 1'abri d'une critique judicieufe & eclairée; mais il a inconteftablement pour lm 1'enfemble général, qui féduit au premier coup d'ceiL Eglifé de Saint-Michel. Le Tableau deJ Autel ( dit) de la Sainte-Croix , elt de van Dy etc; il repréfente J. Ch. crucifié • „ d'un cótéeft la Vierge,de 1'autreSt. Jean,' (*) Sculptcur ïêMmtimvMe. Vovizci-après  EN FL AND RE. T3 „ & la Magdelaine aux pieds du Chrift. On Gau& voit auffi des bourreaux & des militaires a cheval: " Ce tableau , quoique digne è. bien des égards de ce grand makre , n'attache point autant que celui des Récollets de Lille , dans lequel il a traité a peu prés le même fujet. On voit dans YEglife de 1'Abbaye de St. Pierre , huit pièces de Tapifleries tendues extérieurement autour du Chceur , qui ont été faites vers 1'an 1500 : elles repréfentent des fujetspris dans 1'ancien Teftament. Leur antiquité & leur belle confervation , fait prefque leur feul mérite ; elles fe font cependant examiner avec plaifir. Le Choeur eft richement décoré ; 1'ceil du connoifléur y diftinguera les quatre Vertus traitées en marbre qui entourent le maitre-Autel; elles font (ainfi que les quatre Evangéliftes, placés dans les pendentifs de la coupole) de Pexécution du Sr. Gilles d'Anvers. En général cette églife peut être regardée commeune des plus belles de toute la Flandre. UEglife des Récollets, eft enrichie de trois Tableaux de Rubens. Celui placé fur le maitre-Autel eft cité par les connoifleurs r pour 1'une des plus eftimables produélions de ce maitre. ,, On y voit J. Ch. la foudre ,> a' la main , pret a accabler le monde pé„ cheur ; la Vierge a fes pieds, en lui montrant fon fein , implore fa miféricorde & 5> veut fléchir fon courroux; faint Francois „ eft également en prière , &c. " Ce tableau eft peint avec beaucoup de vigueur? d*expreffion & de feu.  14 NOVI'5 /IV FOYA GE Aiott.Afch. Saint Francois recevant les ftygmates, & la Magdelaine expiranre, font les fujets des deux autres Tableaux: le dernier eft trésattachant. Eglife des (ci-devant) Jéfuites. Les amateurs viennent y voirun très-beau Tableau de Rubens , repréfenrant le Martyre de St. Lievain : c'eft une excellente & magnifique produc"tion. Les Cabinets particuliers dePeinture font ici en trés-grand nombre. Ces colleiftions étant fujettes a changer de propriétaires, nous croyons devoir nous abftenir de les indiquer. ALOST, Ville médiocre, fituée fur la Dendre. Les Francois s'en emparèrent en 1667 ; ils en rafèrcnt les fortifications & 1'abandonnèrent auffi-töt après la bataille de Ramillies, en 1706". VEglift dt Saint-Martin, eft ornée d'un grand Tableau , & de deux petits peints par Rubens: le plus grand repréfente St. Roch en prière pour obtenir la guérifon des malades attaqués de la pefte; que 1'on voit fur le devant du Tableau. Ce fujet eft fupérieurement rendu. Les deux petits Tableaux placés au-deflbus du premier, ne font proprement que des efquifi'es, mais terminées avec foin. ASCH. On voit dans 1'Eglife Paroiffiale, une Réfurredion par van Örley , c'eft un Tableau capital de ce maitre-: les connoiffeurs 1'eftimem beaucoup...  Ejy F LA ND HE. £J ift, plufieurs Fêtes dans 1'année , couvert Bnaeiies. fun juftaucorps i la francoife très-riche; l'un chapeau a plumet; il eft ceint d'une Ipée, &c. rien ne manque a fa garderobe: ieft bien alors la plus fmgulière plaifamefie qui fe puifle voir. On peut donner un coup d'ceil a la Chaire l prêcher de YÉglife des Grands-Carmes: la compofition en eft plus fmgulière, qu'eftinable, & 1'exécution d'un mérite médiocre. La Salie du Concert Bourgeois a été confrtnite en 1736 : 1'intérieur n'eft point fans inérite. Le corps de la Noblefie vient dJen faire élever une, a 1'extrêmité du Pare & brés la Porte de Louvain; cette dernière Malle eft intérieureroent décorée d'un tresbon goüt. , f Églife des Capucins. Le Tableau qui dejeore le maitre-Autel, eft attribué a Rubens. ■j)Dn y voit J.-Ch. mort, fur les genoux de ka Mère; un Ange, faint Francois & Ia Magdelaine , cnrichiflent cette compofition. Le fentiment de la douleur y eft fupérieukement rendu ; le celoris en eft beau & jfrais : c'eft en tout un très-beau tableau, f Les deux petits Autels qui clofent le Sanctuaire, font ornés d'un Tableau de vanDyck; celui a droite repréfente St. Antoine tenant iTEnfant Jefus dans fes bras: celui del'Autel ïa gauche, offre St. Francois en prières : ces i!deux morceaux font dignes de ce maitre (*). (*) En parcourant les autres Tableaux de cette fEglife, les amateurs en rencontreront fur lefquels ps fe fixerent quelques minutes avec plaifir.  EN F LA ND RE. *7 :peu d'éxamen lui fait bientót perdre. Les Bruxeflw. pignons manquent (a 1'ceil) d'une certaine 'force : 1'artifte auroit dü fe réferver un arrière-corps (folide) qui parut dépendre , i&ccompagner & foutenir eet avant-corps. jToute cette idéé eft d'ailleurs calquée fur Vingt édifices connus; mais dans lefquels on a évité les défauts que les vrais connoifi'feurs reprochent a celui-ci. Le Trottoir (fi 1'on peut appeler ainfi la :ipetite Berge, qui longe les batimens) eft dépourvu de grace & de caraftère : ce trottoir devoit être élevé au-deflus du fol de ,jla place de deux ou trois marches, & bqrdé ien paremens de pierres : outre fon utilité [pour le public, il auroit encore donné aux »Mtimens une forte d'empatement qui leur Imanque. La Statue du Prince Charles de Lorraine (*) décore cette place. Ce monument ia fes approbateurs & fes critiques. II eft certain que le deflèin manque de quelques :corrections: les connoifteurs deiireroient y (*) Erigée par les Etats le 17 janvier 1775. "Nous avons été témoins des fètes qui précédèrenc, haccompagnèrent & qui fuivirent cette inaugurattion : Tout y caraftérifoit 1'enthoufiafme : pen c de princes ont été aufïï géncralement cliéris, adotrés, regrettés. Cette Statue (iquiftre') a été modelée & fonf due a Manheinr, fous la direftion du fieur Wet\ehufft , fculpteur de 1'Elefteur Palatin. Voyez [f fur cetartifte, plufieurs articles k Rome; fet cond vol. B ij  n8 Nour&Ju Fqyag e Bruxeiics. trouver plus de fvelité; & tout le monde, plus de reflemblance (*). Promenade du Pare. Les voyageurs qui auront parcouru ce vafte terrein il y a quelques années, & qui le reverront dans fon état actuel, auront peine a s'y reconnoitre. L'on vient de border fon enceinte d'un rang de fort belles maifons. Cette difpofition na ;nous paroit pas la plus heureufe que 1'on pouvoit choifir; nous croyons qu'il étoit poffible de 1'afliijettir, de 1'amalgamer mieux aux différentes localités de ce vafte terrein, & particulièrement avec la Place de Lorraine. On diftingue entre les batimens qui décorent cette belle enceinte , celui que doit occuper le Confeil de Brabant & la Chambre desComptes de SaMajefté; cette compofition eft d'un foible mérite; le foubafiement & 1'étage fupérieur, n'ont entr'eux aucun rapport; nulle harmonie : Quant a Vattique, il eft exactement mauvais. Pourquoi d'ailleurs Parchitecte a-t'il interrompu 1'uniformité de déeoration entre les ailes & leprincipal avantcorps de fon bêtiment (**) ? c'eft une bien ( * ) Si, comme il eft préfumable, 1'adminiftration reconnok enfin 1'impardonnable maigreur du piédeftal qui fupporte aftuelleinent cette fta« tue; & qu'elle fe détermine a la replacer fur un autre d'une proportion qui lui foit plus analogue : alors vue de plus haut, fon effet fera inconteftablement plus fatisfaifant. (**) L'ccil s'arrète avec peine fur eet avantcorps; les Portc-a-faux du foubaffemer.t frappent  Luvre abondance, que cette union de dirïé- BruxeU*. lens caractères de décoration dans la meme facade d'un édifice. Le Pare, proprement dit, fera entoure td'une grille de fer : La diftribution pourroit <être mieux traitée. II eft orné de quelques /IFieures & Buftes traités en marbre, d autres 5 en bronze, en pierre, en ftucs, &c Plufieurs rde ces morceaux de fculpture ont du merite: nous indiquons de préférence une Magdelai„ ne : Diane & Narciffe; ces deux dermers au,i roient yu être mieux places. Le Vmx-Uall ,i que 1'onvient d'y élever, & la Rotonde que '| Pon y conftruit aftuellement, ne font (il faut i en convenir) que d'affez légères bagatelles; j, mais néanmoins fufceptibles d'eloge : c eft 1 toujours mieux que rien. ■ Le Pavillon Ifabelle, dans lequel eft pla1 cée la Bibliothèque Royale , donne fur le pare (*) : Cette bibliothèque commence a ! fe former. Le vaiffeau qui la recoit, eft peu vafte & d'une forme aflez ingrate : Llle eit i ouverte au public trois fois la femame,matin & foir : on y conferve quelques manulcrits dc mérite. EgUfe de Sainte-Gudule , beau vaifieau, d'abord, ainfi que 1'extrême maffivete du fronton On eft également fatigué du genre de baluftrade que 1'arcfiitedte a répétc par-tout : il fembleroit ne connoitre & n'avoir qu'une meme routine, qu'un même goüt; nous lui favons cependant plus de talens. . (*) On aflure qu'elle doit être inceffarainent tranfportée ailleurs. _ ...  3° Nouveau Voyage Bruxelles. d'un aflez bon gothique. On voit dans la Chapelle (dite) du Saint-Sacrement de miracle, fur le premier petit autel, un beau Tableau de Rubens; repréfentant 1'Election de faint Pierre : les Figures font a micorps : c'eft un fort bon morceau , & d'une aflez belle confervation (*). On doit remarquer un petit Maufolée , è la mémoire de la dame Schotti: fon Portrait eft encadré dans ce médiocre monument; il eft peint par van Dyck, & 1'un des beaux de ce maitre. Ce petit maufolée eft appuyé contre le pilier de la nef, visa-vis la Chapelle de la Vierge. La Chaife d prècher, appeile d'abord les (* ) Le Tableau du makre-autel ( de cette chapelle) repréfente la Scène du Sauveur" avec fes Difciples : il eft de Coxie, élève de Rapball, & qui a pu comptcr entre les flens le célèbre Ruims. Si ce tableau eft foible de coloris & peu harmonieufement groupé, on ne peut lui refufer cette correétion précieufe de deflein, qui caractérife fi fupérieurement 1'Ecole Romaine; ce tableau eft inconteftablemcnt 1'un desmeilleurs entre ceux qui décorent 1'Eglife .de Sainte-Gudule. L'Afibmption de la Vierge, par PbUippc dc Cbampage (tableau placé fur ]'autel érigé al'honneur de la Mère du Sauveur), a également du mérite : c'eft celui que eet artifte citoit avec le plus de complaifance. La Rcfurrection du Sauveur (tableau qui décore le maitre-autel du chceur ) eft comptée entre lei produftions les plus diftinguées de Lairaiffe. Le Chrift s'élève bien : le fommeil & 1'épouvante des gardes produifent de l'effet; mais les chairs font d'un rouge qui affligel'ceil.  en Hollande. 43 \ A-N V ER S (*). Cette ville, qui pendant Anvers. orès de deux cents ans, a été 1'une des plus .ommercantes de 1'Europe, ne prefente au- ourd'bui qu'une bien foible efquifle de fon antique fplendeur (**). On y comptoit en ■ikko, au dela de aoo mille habitans. Anvers eft célèbre par le long fiége qu'elle foufeint contre le prince de Parme, qui ne is'en empara (1'an i585)qu'aPrès plus de dix imois de tranchée ou verte. Elle avoitefiuye :ien i ï66, de la part des Jconoclaftcs, un dommage évalué pour lors a 400 mille couronmes : en 1576 , elle fut pillée, ravagee, in>cendiée trois jours de fuite par lagarnifon efIpagnole qui gardoit la citadelle, & qui fe reivolta faute de payement. Le£>uc d'Alenprt ieflaya de la furprendre en janvier 1502: il y ; périt beaucoup de monde de part & d autre. : Anvers a donné naiffance a de tres-grand» |hommes, entre lefquels on'doit diftmguer Abraham Ortélku , célèbre Géographe ; | han-Baptifte Cramaye, Hiftorien eftime; \JRubcnA van Dyck; Plantin & Morctus, f Imprimeurs du plus grand merite. 1 (*-) Au bon Laboureur , bonne Auberge : meilI 11 leurc table,meilleurs logemens qu a la Pofte, oU les Poftillons mènent toujours. (** ï Les Hollandois, foutenus de 1'Angleterre, obtinrent par le traité de Muf er (en 1Ó47), a fu'ppreffion de la Compagnie des Indes ^abhe a Oliënde; & la propriété exclufive de emboutta£*VEicaUt; ils n'aecordèrent plus deslors, qu'a de bien petits yaiffeaux la hbe te de remonter ce flcuve jufqu'a Anvers ; & les aflujettirent a d'affez gros droits, &c.  44 Nouveau Voyage Anvers. _ Les Eglifes, les Couvens, les Fondations pieufes, regorgent pour la plupart de ricbeffes. La Place, de Mer (ainfi appeiée paree qu'elle formoit autrefois le baffin du port intérieur) eft vafte , mais irrégulière : elle eft ornée de quelques belles Maifons. La Bourfe eft petite, mais d'une jolie conftruction (*). La Facade de V Hotel-de-Ville (conftruite en 1560) offïe 1'emploi de beaucoup de marbre, & 1'entaffement recherché d'une multitude d'ornemens : heureux quelquefois dans leurs détails, mais plus fouvent bifarresdans leurs formes, &prefque toujours déplacés. Plufieurs Salles du premier étage, font ornées de Tableaux de bons maitres. V Eglife Cathédrale eft d'un trés-beau gothique (**): on y voit la célèbre Defcente (*) Ce batiment (élevé en 1531, époque ou cette ville jouiffbit de toute la plénitude de fon commerce) a 194 pieds de longueur, fur 154 de largeur : on y entre par quatre rues qui aboutiffent au centre, &c. Le batiment des Ojierlins a été conftruit en 1564 aux frais , dit-on, des villes Anféatiques , autre preuve pariante du commerce prodigieux que faifoit alors Anvers ! Cette fabrique a 250 pieds de longueur : on comptoit 3°o cliambres dans les étages fupérieurs, a 1'ufage des négocians étrangers. (**) On afture qu'elle a 500 pieds de longueur fur 240 de largeur. La Tour de cette même églife (citce comme 1'une des merveilles du pays) s'élève a la hauteur de 466 pieds (mefure de Brabant) y compris la Croix dont elle eft couronnée : Elle, eft conféquemment la plus élevéc de tout  Ien Hollande. 45 de Croix, tableaucaphaU &juftement placé ***** li la tête des chefs-d'ceuvres de Rubens: Ce morceau unique décore 1'autel de la confrérie de 1'Arquebufe. L'on ne fait quelle partie on doit le plus admirer « tableau! Compofition, correéhon de deffein, : expreffion, coloris: tout eftici dans un dePré de mérite furprenant. Les Voleuooierts repréfentent, a gauche, la Vifnarion de la Vierge ; a droite , fa *>*&™*' cefont deux beaux tableaux. On voit, fut ■ es volets fermês, un faint Chriftophe portant 1'Enfant Jefus fur fes epaules; i eft , éclairé par un Hermite : cette partie - ci eft fupédeurement traitée : Le faint Chriftophe e\fTa°bÏÏu du maitre-Autel eft également de ce maitre j il repréfente l^Toag tion de la Vierge: „ elle eft enrouree d une Cour célefte, & au bas font un grand nom" bre de Figures: ce fujet eft compofe en ''Sand^esLfansdanslagloirefontadmira- " bles les Têtes font par-tout belles, &c. " On Voit contrele premier piHerdesbas cötés, k droite, un très-joh Tableau, encore de Rubens; il décore & fait partie d'un ce vafte horifon ; la Tour dc SaM-MicM ét Briixd£ n'av-int que tf4> & celle de Malmes fcule! ™nt S Pieds , la maffe de la Tour d'Anyert X aufyfee pyramide ^arrce qui s eve en retraite fur ehe-mcme par une fuite d é ages traités en galerie, toute cette fabnque plait au premier coup d'ceil: quant au travad, \* e* ProSigicux, & fouvent d'une délicate» qui féduit.  4<$ kovvzau Fo\~aue Anvers. petit Maufolée érigé a la mémoire de Moritus. (*) ■La Chapelle de la familie de Rubens fait partie de VEglife de Saint-Jacques: le Tableau de PAutel eft peint par ce maitre : il repréfente „ 1'Enfant Jefus fur les genoux „ de fa Mère ; faint Jéröme & faint George „ font prés d'elle: ce dernier eft le portrait „ de 1'auteur, & fes deux belles femmes font a fes cótés. C'eft un précieux Tableau, „ compofé avec génie , deffiné avec fineffe; „ les graces féduifent par-tout, & par-tout „ on les découvre „. L'on prétend, mais fans preuye, que la petite Vierge en marbre, placée dans le couronnement de ce même autel, eft du célèbre & malheureux Francois du Quefnoy , furnommé le Flamand; (**) ce petit morceau eft; véritable- (*) Le milieu de ce Tableau repréfente la Réfurreétiondu Sauveur; les foldats efFrayés de 1'éclat de la lumière divine, fe précipitent avec confufion les uns fur les autres. Le portrait de Moretus qui ome le frontifpice de ce petit monument , ainfi que les volets qui clofent ce tableau , font également peints par Rubens. ' (**) Ce n'eft qu'a Rome, que l'on peut le rmcux juger du mérite éminent de eet artifte. La Statue de faint dndrl (de proportion coloffale ), placée dans une des niches pratiquées dans les pendentifs de la coupole de faint Pierre, eft fon plus grand ouvrage & fait 1'admiration des connoifieurs : ce chef-d'ceuvre étonne , intéreife & fait naitre d'autant plus vivement 1'admiration, que jufques-la le Fiammingo (nom fous lequel il eft immortalifé a Rome ) ne s'éwit fait connoitre  4* Nouveau VorAGÉ Aaven. „ Jefus qui donne un anneau a fainte Cathé„ rine profternée a fes pieds. C'eft un des ,, grands tableaux de ce maitre : la compo„ fition en eft pittorefque & ingénieufe; il y „ a un grand nombre de Têtes de tous les „ ages & de tous les caractères. Eglife des Carmes Defchaujfês. „ En eil,, trant dans la petite nef a droite, on voit ,, fainte Anne qui montre a lire a la Vierge; „ derrière elle eft faint Joachira; dans le haut „ font des Anges qui répandent des fleurs,,. Rubens, auteur de ce tableau, en a peu produit de mieux deffiné, de mieux colorié, & qui faiïe plus d'effet que celui-ci. L'Autel de fainte Thcrèfe (même églife) eft orné d'un très-bon Tableau du même maitre; il y a repréfenté cette fainte aux pieds du Sauveur. Eglife des (ci-devant)JeyüZres. Le Tableau placé fur 1'autel de la Vierge eft peint par Rubens; il repréfente 1'Afibmption. Lesconnoiflèurs placent cette compofition au rang de celles qui illuftrent le plus eet artifte. Certains jours de 1'année, le maitre autel étoit orné de deux très-beaux Tableaux de Rubens: 1'un repréfente faint IgirUte, 1'autre faint Frangois Xavier (*). Indépendamment des trois tableaux que nous venons de noter, les connoifléurs en remarqueront plufieurs autres de beaucoup de mérite; ainfi que plufieurs (*) Les efquijfes de ces deux derniers Tableaux font placées contre les piliers du Chceur de droite & de gauche : ce font deux charmaiis morceaux.  Ejv Hollands. 4$ .plufieurs morceaux de fculpture intéreffans. Anvcta» Eglife des Jacobins (*). Le Tableau du tmaitre-Autel eft de Rubens. „ On y voit '„ Jefus-Chrift la foudre a la main prêt a la „ lancer fur les pécheurs •, la Vierge arrête „ la colère de fon Fils; plus bas font d'au„ tres Saints & Saintes en prières pour calmer la vengeance & le courroux du Sau- U,veur les Têtes font dignes d'admi- L ration les Groupes y font liés avec L beaucoup d'art „. C'eft un bien excellent 1 morceau. Eglife des Récollets. Le maitre-Autel eft : orné du Tableau capital de Rubens. „ On. , „ y voit le Sauveur crucifié entre les Lar, „ rons; un bourreau lui perce le cóté ; un [ j autre bourreau rompt les jambes d'un des [ „ larrons : La Vierge, faint Jean & la Magl „ delaine font au bas du tableau : plufieurs [ „ Soldats & pieds & a cheval terminent cette 1 „ compofition L'effet en eft prodi- „ gieux; tout y eft correét, fur-tout le nu : ', „ Le Chnft eft peint avec finëfie & force; ! „ les Figures des Larrons, font deffinées d'une . „ nature chargée, &c. (,**). (*) Cette Eglife eft 1'une des mieux décorées 1 d'Anvers : le vitrage eft peint par Diepenbeek. Le Calvaire qui tient a cette églife ( & que queli ques Anverfois eftiment beaucoup) eft exafte1 ment mauvais;nous entendons quant aux figures 1 qui le compofent. (**) II faut fe faire montrer Vefquijfe de ce beau tableau qui fe conferve dans une des falies dc cette maifon : elle eft foigneufenient finic. Tonic I. G  jo Nouveau Voyage Aavecs. Cette petite Eglife poflède encore deux Tableaux de Rubens ; 1'un repréfente faint - Francois recevant la communion jl'autre ,1a "Vierge couronnée par la Sainte Trinité, perfonifiée (*). Les amateurs ne peuvent fe difpenfer de voir un très-beau Tableau de van Dyck, placé fur 1'Autel de la Chapelle de la Vierge: II repréfente J. Ch. mort fur les genoux de fa Mère : cette production eft fort eftimée. Nous indiquons encore du même maitre un fecond Tableau dans lequel il a groupé la Vierge , 1'enfant Jefus & fainte Catherine. Cette Eglife eft d'une grande propreté : les ornemens y font diftribués avec aflez de goüt, & font d'un bon choix. La beauté de plufieurs parties de Sculpture qui enrichiflént la Chaife d prêcher & le Jubé, ne fauroient échapper a 1'ceil du connoiffcur. Eglife des Capucins. Un Tableau Capital de Rubens décore le maitre-Autel: il y a repréfenté „ le Sauveur crucifié entre les deux larrons; a cóté de la croix font la Vierge , faint Jean , la Magdelaine , & ' „ plufieurs Soldats qui paroiflent effrayés ou étonnés de ce qui fe pafle. Cette compoli- (*) On attribue au même maitre, U Crucifix placé au-deffus de la porte de la Sacriftie : les Tableaux qui ornent & font partie du Maufolée du Bourgmeftre Reckox, font plus certainement de lui. Le premier nous a paru très-pur de deifein, mais la tête du Chrift intérelTe peu, & les chairs n'offrent point a 1'ceil cette vérité de nature, que Rubens n'a prefque jamais manqué.  EiV Ho L L ANDE. Jt „ tion eft pleine de feu & de mouvement; Anvers. „ tout y eft bien deffiné, les caractères font . „ de la plus grande beauté." Les religieufes Jacobines poflèdent un I Tableau capital de van Dyck; il eft placé I fur le maitre-Autel de leur Eglife : on y I voit le Sauveur attaché a la croix; fainte I Rofalie & faint Dominique enrichiflènt cette I compofition , 1'une des mieux penfées & I des plus fpirituellement rendues, entre les plus eftimables de ce maitre (*_). La Salie de 1' Académie de Peinture mé• rite d'être vue; on y conferve plufieurs Tableaux de grands maitres, quelques bons : platres d'après 1'antique, & le Fauteuil du I célèbre Rubens. Nous nous fommes peut-être un peu trop I livrés au plaifir que nous avons éprouvé dans I 1'examen des Tableaux publics que nous verons d'indiquer ;nousprévenons cependant, que nous en avons paffé beaucoup ,dignes d'être notés, & que la feule crainte de trop alongernotre journalnousa fait fupprimer : a eet égard, & dans ce genre de magnificence, (*) VEfquifft de ce Tableau, également précieufe, fe conferve dans 1'intérieur de cette mai fon. Nous croyons devoir faire note ici d'un Tableau , auffi très-beau & du même maitre, qui décore le grand - Autel de VEglife du Bêguinoge, On y voit la Vierge qui tient fon Fils mort „ fur fes genoux: la Magdelaine lui baife la maia „ droite; derrière elle eft faint Jean. La Vierge eft d'un beau caraétère, & la couleur de la plus „ grande fineffe. C ij  ^2 Nouveau Vota ge Anvers. Anvers peut (prefque) fupporter le parallèle avec Gènes, Bologne & Naples. L'aifance de beaucoup de particuliers (& fi nous ofons nous exprimer ainfi, un heureux goüt de terroir qui s'y conferve plus qu'ailleurs ) y multiplie journellement les Cabinets, les colleftions de Peintures; il en eft nombre d'intéreffantes & de trèsprécieufes. La Salie de Spe&acle eft peu vafte, mais aflez bien décorée : celle du Concert (dans fon genre) eft beaucoup mieux; en général , elles font ' peu fréquentées : ici les mceurs, le goüt, le ton de fociété approchent beaucoup de Püpreté & de la fécherefle (pour ne pas dire pis) qui caracbérifent la nation Hollandoife : on y calcule plus que l'on y rit. La Citadelle eft une des curiofites, le» plus intéreffantes d'Anvers; elle a la réputation d'être trcs-forte. Celle actuellement exiftante, a été élevée fur les ruines de 1'ancienne, fous le règne de Phllippe V, 1'an 1701. Le Duc d'Albe fe fervit d'un aflez dur artiflce pour conftruire la première (1'an 1568): il nnt dans cette ville une grofle garnifon qui de voit être entretenue aux; dépens du peuple, & leur notifia qu'ils n'ert feroient pas délivrés que fa Citadelle ne füt batie... Le peuple s'emprefla dés-lors de finir'l'ouvrage, pour faire cefler un plusgrand mal. Lorfque don Jtian d'Autriche vint prendre Padminiftration des Pays-Bas,. fon premier coup d'autot ité, fut de procéder a la démolition de cette première Ci-v  en Hollande. 53 tadelle. Le Duc d'Albe y avoit fait placer en ik6q, fa Statue en bronze, provenant des canons qu'il avoit pris au comte Louis , rfe iva/Tatt, a la bataille de Gueminque. „ II s'v ctoit fait reptéfenter debout & atme * de toutes pièces... ayant a la mam un 3 ba'on de commandement, & 1'autre mam Z tournée du cöté de la ville pour marquer qu'il la protégeoit & lui avoit procure la paix. II fouloit avec fes pieds un corps Z monftrueux a deux têtes, reprefentant la Z noblefle & le peuple , qu'il pretendent ! avoir vaincus & terraflés : cette efpece de monftre tenoit dans fes mams un flamZ beau , un marteau rompu, un livre, une Z bourfe , &c.. Le marquis de Requefens Z qui fuccéda au duc d'Albe dans je gouverZ nement desPays-Bas, fit tranfporter cette Z ftatue dans un endroit moins public; mais . ' quelque temps après (Pan i570,les me' contens s'étant emparés de cette Citadel- 'le... renverfèrent cette ftatue, & la mi3, rent en pièces. . * * Enpartant d'Anvers, on a le choix Avis utüe. de%lufieurs chanins pour fe rendre d. Amfterdam : celui qui fait paferpar Breda , alonge de phfieurs poftes; mais il eftauftt le plus agréable. Celui qui fe djuge fur le Moërdyck, traverfe un vafte & tufte deren ; & le pajfagc de ce golft, repugne a bien des voyageurs. Cette traverfee e/ï cependant peu de chofe; avec un vent favorable , elle fefait en 30 ou 40 mimues; avec h calme & quatre bons rameurs, une heure C iij  ex Hollande- 63 goerhaave, fe diftinguent d'abord. Plufieurs Amfe-Am». de ces portraits font parfaitemcnt bien peints; les trois que nous venons de citer, font de la main du célèbre van Dyck. i% L'on ne peut s'empêcher de fe plain- *Vg£* dre ici de la vexation indecente, exercee fur les étrangers que la curiojité attire au Tardin Botanique, auCabinetd'Hifloire naturellede. LesGagiftes ou Valetsprépofes a la garde de ces divers endroits, taxent d'autorité, & exigent de la manière la plusignoble & la plus révoltante,leprix quilleur a plu de déterminer (tant pour voir la Bibliothèque ; tant pour le Cabinet; tant pour le Tardin , Sc): Ce qui, aïlleurs, eft laijje a difcrétion & dia générofité des curieux, eft ici Curceptible d'un tarif, qui, s'd eft atitorifé des chefs, ne fait guères Moge de leur délicatejfe. AMSTERDAM (*) , ville fuperbe le centre du commerce de la république, & dont on fait monter la population a tro;s cent mille ames. L'on ne peut gueres voir un plus beau coup d'ceil que celui du Port (**). Les quartiers du Pnnce-Hoff & de (*) A la première Biblt, bonne Auberge. A l'Etaile d'or, dans le Neifs, prés la Bourfe. La quantité de Vaiffeaux qne l'on voit «ffemblés dans ce vafte baffin y donne le fpectaclede la plus épaiiTe forêt. Ce n'eft cependant que le torrent du comtnerce ( ft nous pouvons nous exprimer airifv) qui y amene un fi grand concours ; il a par lui-mème peu d'avauuges locaux,  en Holland e. 67 LtöB plus heureufe il a pour fujet 113-tmatt*** rnion des fept Provinces: 1'execunon a peu de mérite. L'un & 1'autreGroupes font traités en pierre mêlés d'ornemens en bronze coloriés & dorés: mélange, qui, aflurement ne fera jamais applaudi del'homme de gout. Ce Salon diftribue de droite & de gau■ che une Galerie qui embraffe deux petites ; Cours : 1'impofte des grandes Arcades du : Salon, fert de corniche a 1'ordre ionique qui ;■ v eft encore employé. Les bafes, le corps ' des pilaftres & les chapiteaux font traites en marbre dans tout le pourtour de cette galerie ; la corniche eft partie en bois & par: tie en ftuc: celle du grand Salon n'a pas : -plus de richefie. : Cette Galerie conduit a diverfes Salles de ' Tuftice , de Magiftrature, de Treforene , d'4dminiftratioS, &c. On voit au - deflus de la porte de chacune, des Bas-rehefs en marbre ou en ftuc, dont pluiieurs font uaités avec goüt, & de laplus heureufe invention. L'on trouve dans quelques-unes de ces Salles des Tableaux d'un merite rare : •nous indiquons de préférence ,1e Jugement de Salomon , attribué a Rubens. La Femme adultère j par Quellyn. La reine de Saba devant Salomon; par VaLaCContinence de Scipion , par Jordans: La Signature de la Paix de Munjier,mjignifique Tableau peint en 1648 , par van der HUne Affemblée des Etats; tableau capita} de van Dyck. Toutes les Têtes en font pre-  68 Nouveau Votaoe *nfteidaD.cieufes; les Groupes y font favamment diftnbues: c'eft une bien excellente pièce La tenue d'un Confeil ou d'une Aflèmblée des Confedérés, par Thomas Rembrant. Deux Flambeaux, que portent des Valets, éclairent la icene: 1 on ne peut exprimer l'effet piquant de tableau : le paffage des divers «chappemens de la lumière , produit des efiets qu'on ne fe laffe point d'admirer Malheureufement ce fuperbe morceau poufiéfortement au noir; c'eft aflurément un grand dommage (*). L'on ne doit pas oublier de jeter un coup d'ceil fur les Basreliëfs qui decorent les Cheminées de plufieurs des Salles que nous venons de parcourir ; la plupart font tres-fpirituellement compofés, & rendus d'une manière très-piquante. LzMéridienne tracée dansle grand Salon, 1 a ete par le celebre Huygens: malheureufo! ment le Mtiment a un peu fléchi depuis: c eft toujours un fort bel ouvrage. L'Arfenai occupe le fecond étage, il fe développe dans ïfl?te^J°-?gl|euf de cev£fte batiment: il eft -aiiez difficile de s'en procurer la vue L'on va voir dans le Temple neufle Tombeau de Ruyter, & quelques autres Maufolees qui ont du mérite. La Chaire a prêcher eit d une ancienne, mais belle fahrique. Le Pont fur VAmftel, eft d'une fort belle LeS Amateurs s'affligenc du peu de foin  yo Nouveau Voyage Tm** rojfes roulans fur quatre roues, il y a vingt ji'Amfter- anS5 v étoient fort rares; ils font depuis, dam confidérablement multipliés. (*). Les Pro-, menades y font charmantes, mais prefque toujours défertes. Les Cabinets de Peinture.-, d'Hiftoire naturelle , & des Arts, font en très-grand nombre a Amfterdam : Tous ne font aeceffibles; le. poffeiïeur Hollandois eft naturellen) ent peu communicatif. Ceft aux Amateurs a faire fur les lieux la recherche de ceux qu'ils voudront, ou pourront voir. II part régulièrement & réciproquement quatre Barques publiques par jour d'Amfterdam , pour Sardam; mais communément les compagnies de ces barques ne font pas trop bien compofées; il vaut mieux en fréter une pour foi & pour fa fociété. Le trajet eft agréable & de peu de durée pour peu que le vent foit favorable. A un demi-mille de terre, 1'oeil embralfe en entier le baffin d'Amfterdam, & il eft difficile d'exprimer le bel effet que produit cette immenfe quantité de mats, a travers defquels s'élèvent les Tours des Horloges, les Clochers, les faites d'une quantité immenfe de batimens. Avis utile. On donne communément depuis fix, jufqu'd neuf florins pour /'aller & le retour : on n'a point trop de toute lajournée pour parcourir ce riche & curieux village. (*) II n'y a guèrcs aujourd'hui que les fcmmes du peuple qui fe fervent de ces caiffes de Voitu» res, pofées fur un traineau, & tirces par un cheval que conduit un cocher a pied : c'eft en effet la plus lente & la plus ridicule voiture poffible.  en Hollande, yi ' II faut s'expliquer bien clairement avec le Sardam. intron de la barque fur l'heure que l'onensnd partir de Sardam ; du lieu du debar'uement au retour, paree qu'il leur arrivé wour leur commodité particuliere , qu'ils covent de vains prétextes) de débarquer les royageurs ou il leur plait ,& que cela n'ejt ]as toujours égal pour fe rendre dfon Auerge. L'on trouve fur le Port d Sardam lulïeurs bonnes Auberges; onymange d'exellens poilfons, que l'on fait payer fort her aux amateurs , lorfqu'on négligé de souvenir, au préalable, du prix de toute êhofe. ,: SARDAM. Ce n'eft véritablement qu'ici jue l'on peut prendre une jufte idéé de Paifance, de la propreté, & fur-tout de 1 mduftrie Hollandoife. Ce village eft, fans conrredit, 1'un des plus riches & des plus peublés de 1'Europe. II a plus d'une heue de longueur : On y voit dans une quantité furprenante toutes fortes de Manufaétures, fde Fabriques, des Chantiers pour la conltru&ion des Vaiffeaux : des Magafins imiroenfes de tous les genres : des Forges, aes Papeteries; des Moulins a moudre toutes fortes de grains & grenailles; a poudre , a ciment; a fcier les marbres, les pierres,le bois: a foulon, a huiles, &c. &c. Ici, Ure du méchanifme eft porté a fon plus haut degré de fimplicité, & conféquemment de fa perfection. . Toutes les Maifons font exteneurement ^peintes, vernülëes, dorées : prefque toutei  7* Nouveau Voyage Onrecht, font précédées d'une petite cour traitée en • p jardin, fort joliment ornée. Le pavé qui ICt borde extérieurement les maifons, eft du aio plus beau choix, plus régulièrement pofé . m que celui du rez de chauliëe de beaucoup de li palais de très-grands Seigneurs. L'on ne doit fc point oublier de fe faire montrer la Maifon 'li (dite Péterskoff") & nommée fur les lieux p Vorftenburg, q ue Pierre le Grand occupa pen- '|t dant le long féjour qu'il fit a Sardam ; c'eft fe une curiofité qui arrêtera peu, & que l'on tt regretteroit de n'avoir point vue. m Les Voyageurs qui pénétreront plus avant I dans la Nord-Hollande, ne regretteront ;|Si leurs peines: ce pays diffère, en une infinité m de chofes, des Provinces qui 1'entourent. |li Qualité du fol; principe de culture; éco- 'li nomie rurale; propreté; induftrie fupérieure I: de fes habitans; richetfes; mceurs; lois; ipi coutumes Tout, nous le répétons, mé- te rite d'être vu, confidéré, examiné. Prefies 1 par le temps, nous bornames ici notre voya- U ge, & nous rétrogradames fur Utrecht : Le j| Canal qui y conduit (a partir d'Amfter- 1 dam), longe une fuite de belles Maifons | de campagne, toutes ornées de fuperbesjar- u dins: c'eft un enchantement continuel que |; cette route. i UTRECHT, eft regardée comme la troifième Ville de la Hollande; elle eft célè- j ( bre par 1'Union des Provinces qui s'y con- { I fomma en 1579 ; & par le fameux Congres '' 1 qui s'y tint en 1712. Son Univerfité conferve ! j fa réputation : laBibliothèque qui en dépend ; eft: fort eftiraée. L'Hötel-de-ville a quelque mérite; j  en Hollande. 73 'mérite ; fa facade prévient bien. VEglife Loo,H«^fCathédralc fe fait voir avec plaifxr : la Tour tied, Zet», jui y eft jointe (1'une des merveilles du says) a,dit-on, trois cents quatre-vingt |eds de hauteur; on parvient a fon fommet, par environ cinq cents marches : aria vé au plateau, on y jouit d'une vue imimenfement riche; & dans un temps calme & ferein , on peut obferver prés de vingt Villes dans un cercle aflez borné. La Promenade Idu Mail eft d'une grande beauté; c'eft une des principales curioiités d'Utrecht. Le Ch&teau de Loo, appartenant au Prince iStathouder, doit être vu par les curieux jjque le temps ne prêffe point,- & quine veulent rien perdre. II eft agréablement fitué : jl'kitérieur eft orné de Tableaux de bons tnaitres, & de quelques morceaux de SculJptures eftimées. Les eaux plates y font dans tune grande abondance. Les Chateaux ó.'Hamftéed & de Zeïjl, Ibeaucoup plus prés d'Utrecht, font moins Iconildérables-, mais également très-beaux. A partir d'Vttechtpourfe rendre d Bréda, Obfemêpar Gorcutn, le pays change fubitement prefmqu'entièrement de face : aux éternels canaux, ^fagré\qui d la fin , par leur continuité lajfent&fati- mens de kguent la vue , fuccèdent de vaftes pdturages coupés en une infinité de portions bordées de llhaies vives: quelquesparties mifes en culture , [ ajoutent d la beauté de ce tableau. Les délf fagrémens de cette route, font, le manque \i de Poftes réglées, ou du moins une fixation Ïdu prix des Chevaux, d'une fiation d l'autrc. Tomé ƒ. D  74 Nouveau Voyage1 Gorcum. On fait communément pnyer aux Voyageurs étrangers, depuis trois jufqiïd quatre florins, pour chaque cheval, d'Utrecht d Gorcum; & l'on évalue la dijlance qui fépare ces deux villes, d un peu plus de fept lieues du pays. De Gorcum a Bréda, nouveau marché:' l'éloignement eft d-peu-près le même, mais ils eftiment les chemins plus pénibles, & en conféquence, ils exigent un demi-f.orin de plus également par chaque cheval. Les fréquens pajfages de rivier es, doivent encore être comptés comme défagrémens de cette route. On traverfe le Leek en fortant d'Utrecht: ce premier pajfage employé communément trois quarts-d'heure, fur-tout ft l'on court avec fa propre voiture C*_) •> & fi l'on traine avec foi un volumineux bagage. Lalenteur, le fiegme , & la mal-adrejfe des bateliers, fait perdre fouvent patience'. En fortant de Gorcum on traverfe la NeuveMeufe , & enfin la Vieille-Meufe, un peu avant d'arriver d Capel; ces derniers paffages, il eft vrai, font perdre moins de temps que le premier: le dernier fur-tout, ne forme guères qu'un gros ruijfeau. GORCUM, Ville médiocre, mais dont (*) Les Voyageurs qui ne fe feront point una trop grande peine de quelques jours de mal-aife & de cahotement, devront préférer 1'ufage des Voitures du pays, & fe charger du rnoins de bagage poffible : ils en voyageront plus leftement, moins difpendieufement, & s'éviterout enfiu bien des cmbarras.  So NOVVEAV VOTAQE Roye, traverfe, & conféquerament chicaner long- Saint-De^' ttmVS ^eS aPPrOCheS. H'iS, ROYE (*), petite Ville qui commence | a fe rebatir avec goüt, dont les' rues s'élargiiient, & dans laquelle on pafle maintenant avec plaifir. CHANTILLY. La route directe, a partir de Roye, fur Paris, laiflè véritablement Chantilly fur la gauche; mais ce détour eft I peu confidérable , & les cüriètfx ne le regretteront point. Le Chateau (appartenant I a la maifon de Bourbon-Condé) eft 1'un des plus beaux qui fe voyent en France. Tout ce qui caractérife la demeure d'un grand Seigneur s'y trouve rafiemblé : Gal- I lerie de Tableaux, Cabinet des Arts, Bi- 1 bliothèque, Salie de Speftacle, Salie de Con- | eert, &c. Les Ecuries font uniques dans 1'Europe par leur étendue & la beauté des bronzes & des marbres qui les décorent : Les Jardins méritent également d'être vus. SAINT-DENIS. Lariche Abbaye Royale de Binédictins fondée dans cette ville, a des droits fur la curiofité des Amateurs des Arts. La Maifon clauftrale récemment reconftruite , annonce plutót la demeure d'unSouverain que 1'habitation d'un corps de Religieux. L'on doit voir dans ce Coüvent les Salles du Chapltre; celle qu'ils appellent Royale & dans laquelle (lors de certaines cérémo- (*) A la Pofte, bonne Auberge.  £ £ k aflez belt o'n y a prodigué les % richés embelliflémens. Quelques MauSes a Sent 1'attention des connoifleurs 'ia les beaux morceaux de Sculpture & de Fon e qui les décorent j nomméuient cehu du ntóhal de Turenne, toJ ^W • pft fort belle. L'on peut voir fi 1 on veut tcZ ofrepofent fes j^^Si | des Rois & des Princes de la Familie Royaal 1? • c'eft une trifte curiofite. L£é2 confié aux foins de 1'Abbaye 1 eft fineulièrement riche, curieux & conhdérab f on y remarquera fans doute quelques Pièces dl rempliffage, ^^g* i font que pour les fots : mais le connoilfeur & kmateur des Arts, y trouveront nombre de morceaux d'un merite rare, & , ; qui ne fe voyent que la. i Hotic e des principaux Mommens, Édifices & Curiofités de Paris. Nos lefteurs ne perdent point de vue les i enMBemens que nous avons pris avee eux; ! SKonféquent ils ne s'attendent pas a trouver j fc aucun'détail relatif a 1'origine fc i 'ac croiflément de cette immenfe capitale . En nous Sfermant dans les bornes que nous nous fommes prefcrites, nous ne nous p opofons d'indiquer & de ne faire connoitre , ; ^e ce qui mérite effentiellement detre  EN FR.ANCE. *J feau, & très-intérefïant pour les embellif- Paris : ^ femens modernes qui décorent principale- 4^ ment le choeur. Les changemens faits a la principale Porte d'entrée, fur les defleins de M. Soufflot, font d'une belle idee. ( II faut laiffer les Badauds s'extafter a la vue de la figure coloffale de faint Chnjtophe : nous nous difpenfons d'avernr feneufement, combien toute cette fabrique eit déteftable. Quarante-huit grands Tableaux decorent le pourtour de la Nef, la croifée & 1'extérieur du Chceur : ces morceaux , fans me du premier mérite, appellent cepenciant Pceil de Pamateur ; nous indiqueronsles plus remarquables. Le premier a droite, eft une des meilleures ■ produftions de k Sueur : ce tableau repre-< fente laint Paul qui prêche a Ephefe,& lait brüler aux gentils leurs livres de magie. Saint Pierre, délivré de prifon; paryea/tBaptifte Corneilk; c'eft le feptième dume- mOn voit de Philippe de Champagne une • grande machine de compofition , repfefentant le Voeu de Louis XIII, apres la maladie qu'il eut a Lyon en 1630. Nous crovons ce tableau fupérieur a unevmgtame de ce même maitre employés dans cette eglife • il eft placé dans la croifée a droite. Le Crucifiement de faint André, par Ie fur a4 de laigeVles deux Tours out chacune 34 toifes de haut; aux plates-formes defquclles ou prvieat, par un efcalier de 389 matches.  84 Nou feau Voyage Paris: Brun; & le Martyre de faint Etienne du » F-g>>fiCa- même maitre : ces deux bons tableaux dé- tbsaralt. « . , . corent ce meme cote. i; ■ En continuant, onremarque un des chefs- e d'ceuvres de Bourdon; c'eft le Martyre de Ijt: faint Pierre a Rome : ce beau Tableau, malheureufement, pouflébeaucoup au noir. j La Décoration du Chceur produit un flb bel effet : le premier coup d'ceil eft on ne peut plus fatisfaifant; mais les connoifléurs \ ] y defireroient moins de papillotage & plus |li de repos» Les Anges de bronze adoffés contre les ,*| trumeaux qui féparent les arcades, ont du ! f mérite : on s'appercoit qu'ils ne font pas tous i les fix de la même main. i Le Sanïïuaire s'annonce avec majefté : le maitre Autel eft d'une belle forme : le basreliëf en bronze exécuté par VaJJe, eft une excellente chofe. La Croix & les fix Chandeliers ( de même métab) ne font pas moins ; 1'éloge de Caffieri, fur les deffeins duquel ils ont été modelés.. Le Groupe en marbre placé derrière le maitre-Autel, eft de 1'exécution de Coufiow 1'ainé , & 1'une des meilleures produ&ions de eet artifte.La Vierge y eft repréfentée „ affife, les bras étendus & les yeux fixés au 5, ciel .-fur fes genouxeftla tête & une partie„ du corps du Sauveur pofé fur un linceul „ r 1 plufieurs. Anges enricliifient cette compoii- i tion- Les Starues de Louis- XIII & de Louis XIV, font médiocres : la première eft de I Couftou le jeunela fecoade eft de Coize-  EN F S.AN CE. *ó vox : cettedernière eft d'une belle intention P*fe* ^ La Chaire Archiépifcopak, les btanes « le Lambris , font ornés de Bas-reliefs, ingenieufement compofés & d'une exécution iaïisfaifantè. I Le Li/tri/i placé au mihea du Chceur, 'mérite également un coup d'ceil; ileft d'une belle fonte, & compofé avec feu. Huit grands Tableaux décorent le Chceur» tent d'être vus. La Menuife-rie eft parfaittement bien traitée : Toute cette decoration ttft de M. Soufflot. Les Armoires font pleinesr ' 1—~ ~ i I (*■■) C'eft, dit-on, le dernier ouvrage de ce.„ Jrattre, qui le- peignit de la main gauche, itaafc .7> devenu paralytique de ladtoitei.  $4 NOU FE A U VoYAüE Paris: Brun; & le Martyre de faint Etienne du aurf,"' même maitre : ces deux bons tableaux décorent ce même cóté. ■ En continuant, on remarque un des chefsd'ceuvres de Bourdon; c'eft le Martyre de faint Pierre a Rome : ce beau Tableau, malheureufement, poufie beaucoup au noir. ■ La Décoration du Chceur produit un bel effet : le premier coup d'ceil eft on ne peut plus fatisfaifant; mais les connoiffeurs y defireroient moins de papillotage & plus de repos. Les Anges de bronze adoffés contre les. trumeaux qui féparent les arcades, ont du mérite : on s'appercoit qu'ils ne font pas tous les fix de la même main. Le SanSluaire s'annonce avec majefté : le maitre Autel eft d'une belle forme : le basreliëf en bronze exécuté par VaJJe, eft une excellente chofe. La Croix & les fix Chandeliers ( de même métalj) ne font pas moins 1'éloge de Caffieri, fur les deffeins duquel ils ont été modelés. Le Groupe en marhre placé derrière le maitre-Autel, eft de 1'exécution de Couftou 1'ainé , & 1'une des raeilleures productions. de eet artifte. „ La Vierge y eft repréfentée „ affiia, les bras étendus & les yeux fixés au y, ciel .-fur fesgenouxeftlatête& une partie3, du corps du Sauveur pofé furun linceul,, :■ plufieurs. Anges enriclfifient cette compofition. Les Statues de Louis XIII & de Louis XIV, font médiocres : la première eft de Couftou le jeune, la feconde eft de Coize-  EN FS.AS CE. %ó vox ^ cettedernière eft d'une belle intention. Paris : J°ïa Chairc Archiépifcopak, les Stalles fcggf ie Lambris, font ornés de Bas-reliefs, mgenieufement compofés & d'une exécution ia«isfaifante. , .J. :', Le Lutrin placé au mihen du Chceur, mérite également un coup d'ceil; ileft d'une ■belle fonte, & compofé avec feu. Huit grands Tableaux décorent le Chceur. La Viütation de la Vierge, qu'on appelle le Magnificat, nous paroït le plus remarquable : il eft peint par Jouvenet (*). ■ La Fieure de la Vierge, en marbre , placet fur la Chapelle de ce nom, eft de 1'execution de raffé; elle eft jolie , mais nous ne lui croyons que ce mérite. Celle de faint Dems * qui décore la Chapelle oppofée a la precedente, eft de Coufiou 1'ainé : cette ftgurea du mérite. En général, le ton de la décoration de ces deux Chapelles, eft plusnche ;que noble, & frappe plus qu'il n mterelle. Toutes les Chapelles de cette Eglife, font Tort décorées; toutes méritent d'être pareourues : celle qui doit être cherchee deLréference, eft celle appartenante a la familie tfHarcourt; elle eft brnée d'un Mauhfolée par M. Pigale • c'eft un joli morceau. Le TrdCor, & la grande Sacriftie, mentent d'être vus. La Menuiferie eft parfaitement bien traitée : Toute cette decoration ?eft de M. Soufflot. Les Armoires font pleines C'eft, dit-on, le demier ouvrage de ce.„ maitre, qui la peignit de la main gauche,feaat [7> deven» paralytique de ladtoita.  104 Nouveau Voyage Paris: Pa- La Vierge au panier; par le Correge. lais-Royai. Une Sainte Familie; par k Titien. Une Magdelaine ; par le même. Le Calvaire; par Annibal Carrache. LTJnfeigne du Mulet; par le Correge. Le Mariage de fainte Cathérine; par le Parmefan (*), Sainte Appoline; par le Guide. L'Apparition du Sauveur a la Magdelaine (petit ovale); par l'Albane. Le Portrait du Titien; par lui-même. Une Sainte Familie ( en rond ) ; par Raphaël. Saint George préfentant a Cléodolinde (fille du roi de Lydie) des cordons dont elle a lié le Dragon qui perd fon fang, & fur lequel il marche; grand tableau, d'un très-bel effet; par Rubens. L'Enfant Jefus nu & couché fur fa Croix; par le Guide. Une Sainte Familie (peinte fur cuivre); par-Z''Albane : Saint Joieph y'paroit appuyé fur un piédeftal orné d'un bas-relief. Galton de Foix, a qui un Page raccommode fon Armure ; joli petit tableau ; par le Giorgion. Le Sauveur apparoilfant a la Magdelaine; par le Correge. Saint Etienne couronné par deux Anges; (*) Ce maitre s'eft plu a répéter cinq a fix fois ce même fujet: il eft ici très-bien; mais néanmoins inférieur a celui que l'on voit dans le palais Borgbife, a Rome.  io8 Nouveau Voyage Paris: Pa- Joas élevé fur le Tróne; par Antoint Jais-Royai, Qoypel. La Nourriture d'Hercule ; par Jules Romaln. Une Femme nue, vue par le dos, qui fe peigne ; par le vieux Palme. La Vierge & l'Enfant Jefus, qu'une jeune Fille trent; par le Perugien. L'Adoration des Rois; par Jean Bellin. Démocrite & Héraclite en pied ; deus grands tableaux; par 1'Efpagnolet (*)» Ganimède; par Rubens. Trois Hommes autour d'une table avee une Fille qui joue de la Guittare ;par \eValentin. '1 Notre-Seigneur fur le Thabor, grand tableau ; par le Caravage. Vénus & Adonis; par le Cangiage. Une Mère de douleur ; par le Guerckin. Une Defcente de Croix ; par le Tlntoret. Le Maflacre des Innocens; par le Brun. (* ) L'on voit dans cette même Pièce , les. Sulles de ces deux Philofophes, par le même maitre. Nous élaguons du catalogue, quelques Portraits peints par Halben & le Moore. Celui d'une Princeffe veuve, par van Dyck ,.■ eft d'une grande fraicheur. Un Portrait d'llomme, par Alben Durery eft auffi très-beau. Ceux de Dante; de Pétrarque; de Guido Cavalcante; de Bocace; de Cino de Piftoye; & de Guiton d'Arezzo, font peints par le Vajfari. On peut remarquer encore, nne Tête d.tien. , , w „ -: Le Bain de Vénus; par Jules-Rotnam. j Le Portrait de Thomas Morus, tenant 'iune Lettre; par Holben. ! Henri IV, peint a 1'flge de quarante ans; Ipar le Parbus. . i Pic de la Mirandole ; par Ze Giorgion. ' Le Martyre, de faint Pierre, tableau caipital; par Ze Calabrois. [] La seconde PiÈce eft ornee de 24 Tableaux : on y remarque; L'Alaitement dTIercule ; par le Tintoret. Les Vendeurs chaftés du Temple; par le ïtnême. La Pifcine; par Lucas Jordans. Le Payfage du Batelier ; par Annibal 'ÏCarrache. - ' ' Loth & fes Filles; par Velafquei (*> f*") A la fuite de ce dernier Tableau,, onrej, marqué deux grands Canons par 3^Rma,nr, : lepréfentant JupiterSiSémélév Scjupitei & Alc-  no Nouveau Voyage Paris: Pa- Moïfe fauvé des Eaux; par le même. tais-Royai. La Réfurre&ion du Lazare , grand tableau ; par le Murcien. Payfage aux Chevaux; par Annibal Car~ rache. Une Defcente de Croix ; par le Schiavone. Adam qui regarde expirer fon fils Abel; par Andrea del Sacchi. Un Contemplatif; par le Cavalier Bernin. Saint Jean au défert; par Annibal Carrache (*). Les fept Sacremens, en fept Tableaux; par le Poujjin f**>. Troisieme Pièce. On y compte 49 Tableaux. David & Abigaël, tableau capital du Guerchin (***). mène : ils font peints k Gouache fur du papier, & ils ont fervi de modèles pour des Tapifleries. (*) Prés de cc Tableau fe trouve placé le Portrait de ce Peintre célèbre, peint par lui-même. (**) Une des Salles du palais Coftaguti k Rome , eft ornée de huit Tableaux du même maitre, & qui offrent les mêmes fujets que les précédens : la compofition, & proportion de ces tableaux font exacbement femblables. Voy. art. Rome, II. vol. f**#\ On en remarquera plufieurs que nous fupprimons ici pour abréger : tels, qu'un Portrait du comte d'Aarondel, par van Dyck: Une Apparition de la Vierge a fainte Cathérine, par Louis Carrache : Le portrait d'une Jeune-fiile, par le vieux Valmc : celui de Hubet & de Jean uan Eyck, inventeurs de la Peinture a 1'huile : celui d'un Homme armé de toutes pièces, par Jordan: celui de PEnipereur Charles-Quint ache-  en FrA nce. Ut Des Toueurs de Cartes, petit tableau fur Paris: Pa, cuivre ; par le meme. Une Sainte Familie, avec fainte Cathéi. rine; par k Barochi. Moïfe fur les Eaux; par le Poujjin. La Prédication de faint Jean; par l'Ali bane. Charles I«, roi d'Angleterre & Henriette Ide France fa femme, avec Te prince de 1, Galles & le duc d'Yorck leurs enfans; par wan Dyck. David & Abigaël; par k Guide. Une Magdelaine fur une Nuée accompa; gnée d'Anges; par le mime. \ Sainte Hélène faifant la recherche de la vraie Croix; par le Giorgion. L'Adoration des Bergers; par k même. Saint Jean au Défert, préfentant une taffe ; è une fontaine, tableau capital; par Ani nibal Carrache. I' Saint Jean dormant; par k meme. L'Apparition de la Vierge a faint Laurent ' Tuftinien, grand tableau; par l'Albane. ' Alexandre prenant la médecine que vient < de lui préfenter Philippe, lui donne a lire i la Lettre oü ce Médecin eft accufé de Pa- • voir voulu empoifonner. Ce tableau eft cité i entre les chefs-d'ffiuvres de le Sueur. val, par/« Titien : celui d'une Flamandc, & celui d'unHomme avec un Chapeau noir, par Remb'rant : Lc Pavalvtique & 1'Enfant Prodigue, par Franfois Bafan : la Converfion de faint Thomas, par le Tintoret : Un Ecce Homo de Louis Carrache : Uu Hommeavec un Chat, parGentilefchi, &c. &c. kc.  n$ Nouveau Voyage Paris: a», Saint Etienne , figure demi-nature ; Ca-.! (! lais-Royai, lifto dont la grofléfle eft découverte par fesjt compagnes; & la Toilette de Vénus : troiMf tableaux; par Annibal Carrache. Grand Cabinet. En commencant a droite, ft on voit un Payfage rempli de Figures & d'A*ï Bimaux; par Herman Swanefeldt. • La Vieille a la Lampe (*) ; un joueur dei l' Violon : deux charmans tableaux, peints parif Gérard Douw, Quatre Sujets de Chafle; par tVowvermansml Une Mafcarade : on y remarque plufieurs/ji Muficiens & Mafques qui entrent dans uneafl Salie remplie de Spectateurs; par MichelMt\ Ange des Batailles. Un Jeune-homme qui lit a cöté d'une vieille Femme, & fur le devant un EnfantH dans fon berceau; par le Rembrant (**). Céphale & Procris : des Baigneufes : deMi Bergers avec des Animaux; trois Suj ets peintsm par Corneille Poelembourg. Un Homme qui donne une Bague a u-nelf Femme (***) : la Reconnoifiance de la Bo-M hémienne; deux tableaux; par Schalcken. au roi : ils font parfaiteriient feniblables entr'eux,» & tous quatre originaux. Voy. ci-après Palais duffl ■ Luxembourg. (*) Gérard Douw , a repréfente fa Mèrc te- §| liant une Cuiller de bois & un Pot. (**) II eft peu d'amateurs, qui ne connoiffent II ce délicieux tableau, fous le nom de la Nuit ds V Rembrant. f***) Ce Tableau eft d'un charmant efFet: u»e JV feule Bougie éclairé la fecne, & c'eft le plus beau IJ Schalken que l'on connoiiTe.  8 N FZJNCZ. fit mais nous ofons dire que ces merries formes Paris: E&a ïfont ici un bien mauvais effet ( * ). fi *> Saint- On eft plus fatisfait de 1'intérieur de cette oc {Eglife; il eft plus fagement traité. Les yeux fe portent d'abord fur le Maufolée du cardinal de Fleury, exécuté par le Moine. L'idée de ce monument eft grande, mais peu iproportionnée a la petiteffe du vaiffeau quile ;recoit. Ce prélat y paroit étendu fur un L tombeau prés de rendre les derniers fou„ pirs entre les bras de la Religion. L'Efpé„ rance fur un plan plus élevé , dirige fon „ gefte & fesregards vers le féjourde 1'Eterv nité promife aux Juftes. La France faifie i de douleur , femble s'éloigner du tombeau „ pour fe dérober aux horreurs de la cataftro„ phe. Les Symboles dont le Cardinal étoic L décoré , font aux pieds du Tombeau avec ÏL lecartel de fes Armes. Dansle fond s'élève E une Pyramide, furmontée d'une Urne ci„ néraire qu'accompagnent des feftons de | cyprès. « ! Le Bas-relief qui tient lieu de tableau ld'Autel dans la Chapelle vis-a-vis ce maufolée, eft également de le Moine: il repréfente nne Annonciation : les figures ont fix pieds de proportion; c'eft un bon, mais non un beau morceau. Eglife de Saint-Roch. Le principal Portail eft d'un mérite médiocre. De Cotte, fur (*) Le Bas-relief placé au-deffus de la porte, eft de 1'exécution de M. Pigallc; mais ce mor:ccau ne peut être cité entre fes chefs-d'ocuvres, Tome I. F  ma Nouveau Voyage Tvïs-.Egii- les defieins duquel il a été élevé, 'en a trop fi Nous ne noterons de cette églife qu'un feui Tableau, mais digne d'être recherché des amateurs • c'eft un Chrift mouranr, par le Sueur. Ce tableau décore le Chceur. Eglife de ïAjfomption. Cette compofition mérite un coup d'ceil: les connoifleurs y remarqueront le germe d'une bonne idee, & des parties de détail bien traitées (**). (*) L'on fait que le projet donnc par Manfard étoit beaucoup plus noble, beaucoup plus hcureux: il déterminoit deux percés, que des motifs d'economic ont fait profcrire. L'un s'ouvroit dans 1'cmplacement ou fe trouve conftruit l'Hötel du chancelier de France ; il aboutiffoit a la rue de Luxembourg. L'autre percc fe prolongcoit danc le même alignement, & fe terminoit a 1'enceinte clauftrale des ïacobins, &c. &c. Cette place dan* fon état aftuel, a foixante & quinze toifes de long, fur foixante & dix de largc. (**■) L'Hötel de la Vrillihre, & prefque tous les batimens qui avoifinent & qui amcnent a la Place de Louh XV, font traités avec élégance St fouvent d'une maffière qni féduit & qui plait.  MN FR..1NCL.. '2J Place des Victoires. Sa forme Paris: fc eft ovale, & fon plus grand diamècre n'a que j quarante toifes. La décoration des batimens !i qui 1'entourent, fatisfait d'abord , fans être i abfolument excellente : Jules - Hardouin , Manfard en a donné les defleins. Cette pe:i tite Place eft la plus avantageufementpercée i de Paris: Elle eft ornée d'une Figure pédeftre de Louis XIV. „ Ce Prince eft revêtu des ., „ habits de fon facre; un Cerbère eft fous „ fes pieds (*). La Vicboire lui met d'une „ main fur la tête une Couronne de lau„ riers, & tient de 1'autre un faifceau de „ Palmes & de branches d'Oliviers. Les at„ tribuis d'Hercule (**) font placés derrière „ lui, & fe lient artiftemeüt bien avec ce „ groupe qui a feize pieds deproportion, & „ que l'on allure avoir été fondu d'un feul „jet,,. Quatre très-beaux Bas-reliefs en bronze ,enrichifient lesfaces du piédeftal. Le i ier de ces bas-reliefsrepréfente;La Préféance de la France fur 1'Efpagne en 1662. — II. La 1 Conquête de la Franche-Comté en 1668. — L'intérieur de la maifon de M. du Beaujon (ci-dcvant l'Hötel des Ambaffadeurs extraordinairgs) eft très-richcmcnt décoré. On cite, entre une infinité de raretés qui enrichiflent eet hotel, la Colletlion de Tableaux raffemblés par ce fik ainé de la Fortune. (*) Pour marquer, dit-on, la triple Alliance dont ce monarque avoit d'abord triomphé. (**) Sa MafTue, un Bouclicr , un Faifccatt d'arraes,la Peau du lion, &c. &c. F üj  ut? Nouveau Voyage Paris:.£*/<•- ^ Pafiage du Rhin , en 1672. — IV. p its Au- La Paix de Nimègue en 1678. guains. Les Faces latérales des corps avancés du Piédeftal, font également ornées de Basreliëfs en bronze; ils expriment-Pabolition des Duels, la deftru&ion des Héréfies, &c. &c. Aux quatre coins des corps avancés, font autant de Figures d'Efdaves en bronze de douze pieds de proportion , qui dcfignent (dit-on) les Nations dont la France venoit de triompher. En général cette compofition eft trèschaude, d'un beau mouvement & pyramido bien : 1'exécution en eft heureufe & favante, & tous les détails en font fatisfaifans (*) : Néanmoins, quelque beau que foitce monument , peu d'amateurs le contemplent, fans éprouver une forte d'indignation contre Padulation baflé & fervile qui le caracbérife & qui le fit élever. Louis XIV eüt été fans doute plus digne de fes premières vicboires, s'il fe fut oppofé a Pére&ion de eet infultant trophée, L'Eglife des Auguftins (vulgairement appelés les Petits - Pères~) eft ornée de quelques bons Tableaux, par Carles van Loo; de Bon Boullogne, & de Gallodie. On y voit auffi un très-beau faint Auguftin traité en marbre, par M. Pigalle. (*) „ Cette compofition eft due a Desjardins, „ qui en a donné tous les devfeins & conduit la „ fonte, avec un fuccès qui furprittout Ie monde; ,, perfonne en France n'ayant avant lui entrepris „ un tel ouvrage.  EN F S. AK cs. 1-7 UBMiothèqut dece Couvent eft confi- Ptó= dérable & fort eftimée ; ainfi que le Cabinet du Roi> d'Antiquités & celui d'Hiftoire naturelle* Ces pères pofledent auffi nombre de beaux Itableatrx : voici ceux qui nous ont le plus ifatisfait. , \, Bélifaire après fa difgrace; par le huerchin; beau tableau. Une Sainte Familie •, par Anirea del iarte. David tenant la Tête de Goliath; par le ' C°Deuxjolis Tableaux; par van der Meulen; 'd'une belle fraicheur. Quatre Payfages; par Vouwermans. L'intérieur d'une Eglife, charmante pro'duftion, de Peternef. Un joli Teniers. Ptolomée & Copernic ; deux bons 1 ableaux, par Jordans. La Nativité dans la Crèche; par van Dyck. I Ce tableau a fouffert, mais il eft encore tres: agréable. , . Bibliothèque du Roi. Le merite , de cette collection immenfe eft trop umverfellement connu, pour en efquifler ici 1 éloi ge : on y compte au-dela de cent cinquante t mille Volumes, &près de quatre-vingt mille 3 Manufcrits (*). A cette riche bibliotheque (*) Ces deniers remplifTent une galerie, qui faifbit autrefois partie du Palais Mazarin, aujourd'hui la Compagnie des Indes : le Plafond de cette galerie eft peint par Rotnanclh, & ce n elt pas une de fes moindres produétions ; on y lemarqueaulFi quelques Figures traitées en ftuc, d une beauté fupcrieure. F ïv  txtl Nouveau Voyage Paris .Ba* eft joint; I, un très-beau Cabinet d^Aaii<•» «* gaes. II, un Médailler du plus rare mérite. III, ane colle&ion d'Eflampes que l'on peut dire unique par le nombre & le choix de* morceaux qui la compofent. Eglife des Capucines. Les amateurs dtf Sculpture y viennent voir le Maufolée du marquis de Louvois, exécuté par Girardon, Desjardin, & Vancleve (*). Hotel de Richelieu. L'on remarque dans le Jardin deux Figures en marbre repréientant des Efclaves; par Mickel-Ange: elles ne font qu'ébauchées; mais ces ébauches font préférables a des morceaux finis d'artiftes vulgaires. Elles étoient, dit-on, deftinées a orner le Tombeau de Jules II k Rome. Eglife de Saint-Euftache. Ce vaiflëau eft fort vafte & d'une élévation peu ordinaire; nous ne lui connoiffons que ce mérite. II faut y voir le beau Maufolée de J. £>*. Colbert, placé derrière le Chceur, prés de la Chapelle de la Vierge : Le Brun en a donné le deffein, & il a été exécuté par Coy^evox & Tuby. Halle au Blé. Toute cette fabrique n'eft pas fans mérite ; mats la Halle, proprement dite , eft d'une petitefle ridicule, eu égard au fort approvifionnement de Paris. On remarque dans cette enceinte une Colonne ifhlée, conftruite en 1572 , par les or- (*} Les cendres de la marauife de Prmn>aJr<,jr repofent dans la première Chapelle de eette petite Eglife, en entrant a gauche : Cette chapelle is'offre rien de remarquable.  en France. J~S res de Cathérine de Mêdich, pour des ob-Paris: ';..rvations aftronomiques. Cette colonne ™^ fappartient a aucun ordre, & prodiut peu 'effet: elle n'a guères plus de cent pieds Ie hauteur: un efcalier pratiqué dans 1 mItfeur donne la facilité de monter jufques i le Taiiloir du chapiteau. On a adopte ne Fontainejailliffante dans une des faces u piédeftal; & vers le haut du fufte de la •blonne , un Cadran folaire très-jngenieux, rès-favant (*"). '. . . , Hotel de Touloufe. La diftribution des Ippartemens a beaucoup de mérite ; ils font -més avec nobleffe, & renferment nombre e Tableaux des plus grands maitres: voici es principaux. Dans les premières Pièces du premier etare, l'on • voit: . i ■ La Charité Romaine: Efther devant Afuerus- Agtr dans le défert; Conoland qui ■elève fa Mère & fa Femme qui s'étoient aroiternées a fes pieds: Le Combat des Rumains & des Sabins-, cinq trés-beaux tableaux , par le Guerchin. ; L'Enlèvement d'Hélène par Paris; excelente produ&ion du Guide. Augufte' fait fermer le Temple de Janus, \k offre un Sacrifice a la Paix; fort beau tableau de Carlo Marati. r*S „ Les Cannelures de cette colonne font „ornées de Fleurs de \y*i Egll. -ces deux intéreflans objets: leur mérite eft ƒ« * St. Ni* ■; trop univerfellement connu, pour ne nous "jg^ ■ point difpenfer d'entrer a eet égard dans un net ^ m. plus long détail. - J "fZ)TL Eglife de Saint-Nicolas du Chahdtonet. JL'on voit ici dans la Chapelle de faint Char- Egllfe ie ■ les, deux Muufolées de beaucoup de merite: ste.Gene'll'un élevé par le Brun, a la mémoire de ia vieve. ,1 Mère, & le fien propre, que lui a fait enger ifon Epoufe. Le premier de ces maufoleesa :i été exécuté par Tuby ; fa fimplicite pre- vient, & le faire en eft très-beau: Le ie,1 cond ne fait pas moins d'honneur a Coyie- vox. Le tableau qui pare PAutel eft de le ■ Brun, & 1'une des meilleures productions de ce maitre: il repréfente faint Charles Bor- ':' romée, fuivi de plufieurs Clercs qui portent i desflambeaux. V, ''~ I - Hótel Royal des Manufactures des Uo1 belins. Nous allons encore ne faire qu ïndi: quer eet établiflément célèbre. Indépendamj ment des fuperbes Tapiiïeries qui fe confervent dans les Magafms, l'on peut voir une belle fuite de Tableaux originaux, d apres l kfquels elles ont été exécutées. Ibbaye Royale de Sainte-Genevieve. j L'on élève a&uellement la nouvelle Egliie, les Batimens qui la circonferivent Les Infcripi tións gwiées fur lePiédeful, font éentes en vers j francois; infiniment plus mauvais, que n en a I jamais fait Chapelain !  en FB.ANCE. 137 ifagdelaine abforbéedans ladouleur. Tout Parisr 'ft admirable dans cette produtfion ; la v*Jw ïorreétion dedeflein, lesdrapenes, i exTfervawiEt Jreilion,lecoioris(*). u prRoyiL VaZ-rfe-Gróce. L'on vante beaucoup eet Mee a Paris; il faut le voir fans doute; «is les vrais connoiiïeurs le trouveront lt au-deübus de fa réputation. La maflivert < Dörae ne nous paroic point rachetee r aucune autre partie de cette coropoion. L'intérieur eft mieux: les propomoni » la nef font heureufes; le maitre-Autel beau, & la Coupole eft 1'un des roeiU ]irs & des plus grands ouvrages de Mignard. |ya repréfente la Félicité des Bienheu- Observat oire Royal.Nous ferons auffi coniques fur eet article, que nous avons iu devoir 1'étre fur plufieurs objets de cuofité , trop célèbres, pour devoir etre anafés, & trop connus, pour devoir meme re indiqués. Ce dernier édifice , doit ne. kirement y appeler le favant, 1'homme t goüt, & l'artifte. Nul monument de ce enre, en Europe, ne réunit autant d obSts curieux, utiles, & d'un auffi rare me- *ïd Sorbonne. Nous invitons a voir•dans l'F-life de cette maifon, le cékbre ManWe da cardinal de Rlchelieu (*), execute \m La Tête de la Magdelaine eft le portrait te la nucbtfe de la Vallilre : on n'en connoit auLn qui lui air été plus renemblant. r**s 11 y eft repréfenté a demt-couche fur  ZN FRANCE. 139 4 communication des Galeries du rez de Paris : Paömffée, avec le grand Efcalier, au pied du- *M ^ cel on ne peut arriver qu'a découvert; & terie de bpeu de nobleffe de ce même grand Ef- Rubens, dier, &c. Mais ce Palais fera conftamment ttherché des curieux, pour les belles Peintres qui y font confervées. I En 1621, Marie de Médicis attita pres id'elle le célèbre Rubens, pour peindre une ■des Galeries de ce palais: il y a repréfente ■ iPHiftoire de cette Reine d'une maniere lallégorique, depuis fa naiffance jufqu'a •paccommadement qui fe fit a Angers en h62o, entre elle & Louis XIII. Cette ïhiftoire eft renfermée en vingt-quatre Ta¬bleaux placés entre les croifées qui donment entre la cour & fur le jardin ; dix de chaque cöté; un grand qui occupe tout le fond, & trois Portraits. I Le tableau du cöté du jardin ; en entant par les Appartemens, repréfente la Jeftinée de la Reine : On y voit les trois •farques occupées a filer les jours de Marie e Médicis, fous les aufpices de Jupiter & II lunon (*). . . ' II. La Naiffance de cette Prmcefle. III. L'Education de la Princefle. (*•) Nous nous difpenferons d'expliquer ici ,'aliéeorie des Tableaux qui fuivent : indcpenaamment de la facilité d'en iaifit le fens, on trouve li les lieux un petit livret dans lequel ces pardcularités font données dans le plus grand detaü. Rubens commenca cette belle Galene en 1620, Islle fut achevée en 1623: Elle a cté gravée fou« da conduite, St d'après les deffeins de Xattur.  i4o Nouveau Voyahe IV- Henri IV délibère fur fon Maróge. K-anS,CaH- V' Le Mariage du Roi & de la Reine, net de Ta- conclu a Florence au mois d'ocbobre 1600 bieaux du. VI. Débarquement de la Reine au Pon de Marfeille, le 3 novembre 1600. VII. Mariage du Roi & de la Reine accompli a Lyon le 9 décembre 1600. VIII. La Naiffance de Louis XIII, a Fontainebleau, le 27 feptembre 1601. IX. Première Régence de la Reine. X. Le Couronnement de la Reine a SaintDenis, le 13 mai 1610. XI. L'Apothéofe d'Henri IV , & la Régence de la Reine. XII. Le Gouvernement de la Reine. XIII. Le Voyage de la Reine au Pont„de-Cé. XIV. L'Echange fait lep novembre iSicï d Anne d'Autriche , infante d'Efpagne , époufede LouisXIII, aveclfabelle de Bourbon, femme de Philippe IV, roi d'Efpagne. XV. La Félicité de la Rége-ce de la Reine. XVI. Le Gouvernement du Royaume remis au Roi Louis XIII. XVII. LaDifgrace de laReine & faRetraite., XVIII. L'Accommodement de la Reine mé re fait a Angers avec le Roi fon fiis, XIX. La Réconciliation de la Reine avec : le Roi fon Hls. XX. L'entrevue du Roi & de la Reine fa . mère , au Chateau de Coutfères prés de: Tours (*) , le 5 feptembre 1610. (*) Ce Chateau appartient a M. le princc de Rqhan-Kecbefort.  '■sn France. 141 | XXI. Le Temps q^d<4o^^y*t^. JJgJ* I XXII. Au bout de la Galerie lur ia une- Cabinet de ïjUnée , eft la Reine mère , fous la iorme de Tabi*«a fölinerve, déèfle des Arts. du Ruk W XXIII & XXIV. Aux deux cótes de la foieminée, on voit le Portrait en pied du Iferand-DucdeTofcane, Francois de Medifcis fon père , & celui de la Grande-Duchefle Bde Tofcane , Jeanne d'Autriche fa raere. Tableaux du Cabinet du Roi (*): Jlpremière Pièce. IT Un Soleil couchant; par Claude Lorram. | Un grand Crucifix , avec la Vierge, faint llean & la Magdelaine; par Rubens. Ij Te Portrait du cardinal Hyppohtede Me- Jldicis, par le Tuien. . 1 Le Portrait d'un Homme, & celui d une iFemme avec fa Fille ; par van Dyck. ] Jefus-Chrift couronnant fa Mere , &c. par MLanfrunc. r*h , L'Appartement qu'occupoit la Reine | d'Efpagne eft, depuis quelqu^anné^, décortf ' d'une partie des Tableaux du Cabinet du roi t Ces tréfors avoientlong-temps éteenfermés dans ; les appartemens de la funntendance de Ver| faillesf Sa Majefté a permis qu'ils fuffent tranfnorté! a Pnns, afin que les amateurs de Ja I Eure, & les'Artifte's fur-tout fuffent a portée de faire d'utiles remarques fur ces rare» I prodïaions que nous devons a plufieurs fiecles. i*V li» Galerie & ce Cahinct font ouverts le Mercredi &le Samedi de chaque fcmaine, le rnaS, depuis le mois d'oftobre jufqu'au mens d aïiiU&l'aur«-midi depuis avrd jufqu'en Ocbobre.  i4? Nouveau Voyage Stó*Ï22^ du Pa?e Clément VII; Cabinet de J! ' Tableaux "etite Galerie. En commencant iu Roi. a droite, on voit Ie Portrait de Jeanne de Clèves, époiiie d'Henri VIII,' roi d'Angleterre; par Holben. La Bataille que gagna en 1099, Godefroidde Bouillon, contre le foudan d'Egyptea par Brenghel de Velours. J Notre-Seigneur chaffant les Marchands du Temple ; par le Benedette. Judith; par Valentin. Un Payfage ; par Paul BriU. Le Déluge ; par Alexandre Veronefe. Une Magdelaine pleurant devant le CruJ ciiïx , par le Guide. L'Hiver, repréfente pair le Déluge ; par le PouJJin. 4 Une Vendange ; par Jacques Bajfan. Un très-grand Tableau de la Vierge aaj pilier ; par le PouJJin. Du même; 1'Automne, défigné par Jolué S$ Caleb, portant la Grappe de Raifin de la Terre promife. Moïfe fauvé des Eaux; par Paul Veronefe. Une Charité Romaine; par le Guide. Saint Jéróme, par le Titien. . Notre-Seigneur faifant la Cène avec fes Apótres; par le Tintor et. La Femme adultère; par Laurenio-Letto. Moïfe a qui Dieu apparoit dans le Buiflbn ardent; par le Fetti. Les Noces de Cana; par van Dyck. - Une Perfpettive oü l'on voit 1'Ange qui  en Trance- 143 divre faint Pierre de la Prifon; par Peter- Paris: Paiais - tVOrléans, ^ )• Cabinet de ;Suzanne & les Vieillards devant Daniël; Tableaux ir Valentin. du Roi- ilL'Eté, fous la figure de Ruth coupant des Es; par le Pouffin. |Du même; 1'Enlèvement des Sabines. JNotre-Seigneur mis au Tombeau; par JjCques Bajfan. ïLe Jugement de Salomon; par Valentin. Xe 'Piïntemps, défigné par Adam & Eve ins le Paradis terreftre; par le Poujftn. Ï|Salle du Tróne. On y voit en comincant par la gauche, le Portrait de Heni IV ; par Porbus. iLe Portrait de Henri II; par Jannet. jLa Reine de Saba devant Salomon; par i-eughel. pu même; Abigail devant David. ,La Cavalcade du Pape, & la Marche du ■sirand -Seigneur : deux tableaux peints a puache; par Guillaume Bawr. La Vierge préfentant. une Grappe de rai- is a 1'Enfant Jefus; par Mignard (**). Une Magdelaine; par Santere. I Une Élévation en Croix; par le Brun. Diane au Bain, accompagnée de fes Nym- les; par de Troy le fils. ILa Vicboire tenant dans fes bras Louis III, encore enfant; par Fbuet. Marie, fceur deMarthe, profternée aux eds du Sauveur; par la Fojfe. £*) I/es Figures font de Poëlcmburg. (**) On prétend qu'il étoit ilors agé de 80 »t«,  144 Np U FE AU P~OYA GE Paris: Palais Une fainte Cécile; par Mignard. d'Orléans ; Efther devant Afmérus ; par Antoint Cabinet de /*_.,_-; ... I Tableaux «Wef. , . ... , vc , t\ du Roi. Ptolornee qui donne la liberte aux Elcla- 11 ves Juifs. Solon expliquè fes lois. L'em- h pereur Alexandre Sévère fait diftribuer du I Blé a Rome dans un temps de difette. Tra- | jan donne des Audiences aux Romains & a |" toutes les Nations qui fe trouvoient a Rome: p Ces quatre Tableaux font de Noël Coypd. 'I Le Raviflément de faint Paul ; par le, l PouJJin. L'Entrée du Sauveur dans Jérufalem ; par * Je Brun. Du même; une Bacchanale. Du même ; PEfquifle terminée, du Ta- fci bleau de la Conquête de la Franche-Comté. e Un Payfage , & une Marine ; deux charr mans Tableaux: par Claude-Lorrain. Un Concert; par Francois Pujet. - Jefus-Chrift attaché a la Colonne ; par 7i l Sueur. La Préfentation de Notre-Seigneur au Ie Temple ; par Rigaud. -Iti Tréve conclue entre PArchiduc AlbertL avec la Hollande ; par le Porbus (*). Grande Galerie. La Vierge, le Jefus f &faint Jofeph, 1'un des Tableauxcapitaux; | par Raphaël (**). . .^jp Herminie I (*) On' t?^iv*s/ïpp^ ^é^tte même Pièce,M( lo 1 •'•"»i?-.-'5j:-. ~.jr?*isère y par Vivicn. II G#ïm ia dsc di^Jfeisi; -~: ~ sfi mime. Celui déjl' Li - . ZZr-s-"-- ^Rigaudt &c. &e J|( {**) C';ê T- J&a&s^ ---i^^iiu des amateurs u. m ~ ~~ il crar i  1G4 N OVV E A U VOTAQE ©riéans; de la monarchie francoife. On travaille de-iS ciarabord. pUis trente ans a 1'embellir. La Rue Royalel s & le magnifique Pont récemment rcconf-|ii truit, offrent un coup d'ceil d'une grandeltl beauté. Un peu après la Place, en allant & fc ce même Pont, fe trouve placé un Groupe|ii de bronze, d'une exécution médiocre, maisil» dont 1'intention eft heureufe. II repréfente ifl Charles VII, & la fameufe Pucelle d'Or-f léans : des Anges, & d'autres Saintetés 1'ac-fï compagnent. Ce monument étoit placé dans» une efpèce de Chapelle fur 1'ancien Pont* qu'on a détruit : il eft maintenant porté furl un Piédeftal de fort bon goüt. I L'Egtife de Sainte-Croix eft un beau vaif.» feau; la Nef & le Portail dont on continue la U conftruélion, s'avancent, mais lentement. % Plufieurs branches de Commerce rendentff cette ville riche & floriflante. Celui des Vins du crü du pays & de tout le cours de la I ï Loire, eft d'un fort gros objet. Les Brafferies d'Eau-de-vie, les Raffineries de SuJ« ere font nombreufes & d'un débit confidé-| f rable. Orléans communiqué avec la Seine ,11 par un Canal de prés de dix-huit lieues delf longueur, fur lequel on compte trente Eclu- i I' fes : c'eft un beau travail qui a dü beau- 3 i coup coüter, & qui ouvre a 1'Oiiéannois la plus riche communication. Le Chêteau de Chambort, eft fitué dans 1 Ia belle & vafte forêt d'Orléans : il ne lui I refte guères aujourd'hui que fon ancienne | réputation : une partie de fes batimens I tombent en ruine. La route d'Orléans a Blois, paffe j  EN FR.JNCh\ , 'ft L^Velques annéespar le haut £4»,»» I, & ne longe plus, comme ci-devant, s'bords de la Loire. _ Les cuneux qui ne veulent nen perdre, oivent voir le fuperbe Chateau de Menrd, reconftruit prefque a neuf, par feu marquife de Pompadour : elle y avort nm! tout ce que les arts & le gout peu-. "en" produire de plus intéreflant & de plus Eierché. M. de Marigny , qui l a pofdé nfuite , a encore embelli cette fuperbe emeure. Les Jardins fom fort vaftes: la ter aflequibordelaLoire eft tres-belle. La Cour t la Facade d'entrée font mediocres: les Ecues & tous les Batimens qui dépendent du pedtHötel, ont beaucoup de merite. La diftubution & les décorations mteneures du Cliaieau laifient peu de chofes a defirer. f BLOISk*], P«ite Ville affez agréablement Ituée, & qui commenoe afe rebatiravec Wit. Le Chateau (célèbre par la mort du Ëc de Guife, que Henri III y fit aflaffiEeÓ n'oftre rien de véritablement cuneux. lün vafte Faubourg fe forme fucceffivement tau ried de la Ville haute , & couronne tresJheureufement le très-beau Pont fur lequel ion traverfe la Loire (**). f*-) A la Galère, hormt Auberge. On doit (dit-on) admirer un Obiliftut Iflui porte en fidUie fur la rivière , & pratiqué 1 Zr lVclef de la maitteffe Arche : mais cette pyI ïm de nous paroit être trop maffive ; & ce moJ . Burncnt ne nous femble être uullement a fa pUse.  i66 Nouveau Voyage . Amboife, AMBOISE, eft fituée, pour la plus grande ft tempT" Partie » rur la ri"ve gauche de la Zuire • * Cette Ville eft moins confidérable encore qu^f' la précédente. Les curieux montent voir le !: Chateau conftruit fur la crète de la mon- : tagneau pied de laquelle Amboife eft batiê. ;! Ce que ce vieux Chateau offre de plus cu-j' • rieux , eft fon emplacement, qui donne une! ' vue auffi vafte que riche (*). CHANTELOUP. La fituation de ce Chateau n'eft pas dans tous fes points égalemerj avantageufe : il ne domine qu'en partie fut' la plaine que parcourt la Loire au-deffus i prés dJAmboife, qu'il ne plonge point dari fon plus beau. L'Avenue qui conduit au Chaj teau, 1'annonce avec nobleiïe. Une fort belï Grille difpofée en fer-a-cheval, & appuyé contre deux pavillons, fert d'enceinte a ui Parterre d'un vafte impofant. L'ordonnance du Chateau eft médiocre} les ornemens y font multipliés, mais d'ui mauvais choix : le cóté de 1'avenue eft li feul régulier (**). L'intérieur nous a paru (*) II ne tient point au Conciërge de ce ChMl1 teau, que l'on ne regarde comme une huiticmejr merveille, un Efcalier qui pcrce perpendiculai-f< rement la montague, & que l'on peut defcendrmP & monter en voiture. La Cage en eft fort lar-lf ge, & la pente affez douce; il eft taillé dans leb' roe: cet ouvrage a dü cotiter un grand travail. w (**) M. le duc de Cheifeul faifoit bcucoupP travailler (en 1776) dans la partie du Jardin qui 1) regarde le Pare ; il y raffembloit des eaux qu'ili* fe propofoit d'ameaer ea nappes ea face defon|!:  en France. i&y t'une diftribution heureufe : La Bibliothè- Tours, ié eft jolie; elle communiqué du Cabinet I M. le Duc a celui de la Duchefle : elle eft i'née de quelques Figures en marbre & de ietit bronze. Nous y avons remarque un prt beau Portrait de la feue marquife de sfompadour , peint par van Loo, celui de louis XV, fait le pendant. Le Cabinet le la duchefle de Choifeul eft noblement décoré : fon Boudoir eft éclairé en lanJerne ; il eft agréable , mais fort au-defious fe 1'éloge que l'on en fait fur les lieux. i TOURS (*). Sa ütuation qui s'étend f long de la rive gauche de la Loire, préte f cette ville 1'apparence d'une étendue aflez lonfidérabie : les nouveaux quartiers qui le jcuplent & fe batiffent fucceffivement, hu lonnent déja un certain luftre. La grande fcue-neuve, conftruite dans 1'alignement du Luveau Pont, offrira un des plus bearac loints de vue poffible ! Du lbmmet de la Inontagne, d'oü Pon arrivera de Chartres , 1'ceil peut parcourir fur une feule ligne, le ifront: les fuperbes Quais auxquels on trafaille ; cette même Rue-neuve ; la belle salon Les Ecuries. les Etables, les Granges f & toutes les dépendance* d'une balfe-cour bien Bétaillée ~), embTaffent un très-grand terrein diW iibué fur la droite. M. le Duc fait rcgir lous [fes yeux une partie de fes terres , & il paroit fs'en occuper en cultivateur Philolophe. (*~) A la Galère; aux Barbeaux; au Faucon ; (bonnes Auberges; la dernicre eft la plus agréa- iblement fituce.  iG8 No uveau Voyage ïours. Grille qui clóc la ville vers la grande routf de Polders ("& cette route elle-même, qdfe eft d'une grande beauté J jufqu'au pied dd, la montagne; enfin , la vue après avoir errJré brafl'é toute cette belle plaine , fe repofe fuiL Jes batimens de Grand-mont: emplacement p qui n'attend pour être délicieux, que Pépo-ïw que oü il ppurra appartenir a quelque richtfcurieux. Le Pont, eft d'un beau fimple; il mérite}'" une attention particulière : les Arches fontjV d'une égale largeur, & leur are eft tellementfc furbaifle, qu'il eft d'un bout a Fautre-d'unfc . niveau parfait : Les Batimens qui doiventf: couronner fon extrêmité (du cöté de lSf!' ville ) fe conftruifent acluellement. _ L'intérieur de la Ville ne préfente rien dep bien remarquable : on exalte beaucourï (fur les lieux) les Tours de la Cathédrale :h elles offrentun travail immenfe! mais elles ¥ n'ont que ce feul mérite : le vaifieau eft fort li vafte, mais fombre & mal orné (*). La Promenade du Mail, eft trés-belle;] (*) L'Eglife Collégiale de Saint-Martin, a I' «ncore moins de mérite. En général, ou ne peu» e'cmpécher de reprocher (non -feulement k ces* deux Eglifes , mais a toutes celles de la ville»1 une mal-propreté dégoutante. Nous n'avons d'aibM' leurs remarqué dans aucune ni Figure, ni BasJB' reliëfs , ni Tableaux dignes de 1'atteir.ion destt curieux ; on croiroit k 1'abord toutes ces Eglifesil fort pauvres , fi le nombreux Clergc qui lesif defiert, 11'en affichoit point au contraire i'op»- Il Sence.  EN F RA NSB. ift? «apratiqué dans toute fa longueur une Ter- Marmoa» jfe qui domine fur une plaine charman- tl£rst, & fur le payfage le plus riche & le plus tréable. IiLes manufa&ures de Soie, qui rendoient |y a vingt-cinq ans cette ville fi floriffante, int bien tombées, bien diminuées. Le genre Jétoffe connue fous la dénomination de fros-de-Tours, ne s'employe plus aujourïhui que pour les ameublemens; encore, eftpm meuble très-cher, & par conféquent, ie peu de perfonnes commandent. On y fafique depuis quelques années des Velours pis de très-bonne qualité; mais ce qui ocjipemaintenant le plus d'ouvriers, c'eft une ïftoffe de foie & coton, qui imite parfaifcment les plus beaux Damas (*). 1 Abbaye dn Marmoutier. Ce Couvent ce.; bre dans les faftes de 1'otdre de Saint-Bébit, eft ütué fur la rive droite de la Loire: fes murs de clöture longent en partie le I- (*) Tours réunit une très-aimable fociété; il j- règne' un trés -bon ton & beaucoup d'aifance. La noblcffe & les gros commercans , fe font mi ilaifir d'accueillir les Etrangers qui viennent fe Sxer quelque temps dans leur ville, & qui fe lont connoitre. L'air y eft très-pur ; le ciel y |tft (communément) le plus beau du moude. La de y eft fort faine , même (fi l'on veut) fuccuï.ente, & affez peu difpendieufe , comparativement tde bien moins grandes villes, que Tours. Tous. les hivers , on y peut jouir du fpeétacle , qui (affez fréquemment) eft bien compofé: la Salie ou. l'on repréfente, & dans laquelle il fe donne des ÏHeiloutes & des Bah, n'eft point du tout mal. Tornt ƒ, H  ïyo Nouveau Voyage cb/ttau chemin qui conduit d1'Amboife a Tours, au4w| Verrei. ' quel il tient par une forte de Faubour L'abord & Pextérieur de la maifon ne pré^M viennent point pour elle : le Portail da* 1'Eglife refte a faire; mais en revanche laj Maifon clauftrale eft magnifique & d'une; étendue immenfe ; la Facade qu'elle déveJj loppe du cóté des Jardins a plutöt le ca-1 ra&ère d'un Palais, que celui d'une Maifon._ de recueillement & de pénitence. Les Jar-'| dins font fpacieux & fe diftribuent en terrafies le long de la pente de la montagne.| On fait voir comme une curiofité auxl Etrangers, un Efcalier a doublé rampe enj vis, qui conduit a la Cellulle qu'a occupé : (dit-on) , le faint Fondateur. Nous dirons ? en paffant que cette celluie taillée dans le : roe, & dénuée de toute commodité quelconque, fait un contrafte bien frappant avec la magnifkence oftentieufe des Palais dans lefquels, pieufement, végètent ces riches fainéans. Quant a VEfcalier, rien n'eft moins merveilleux ; il eft d'une conftruétion tréspoftérieure è faint Bénoit; & ceux du même genre récemment exécutés ala Halle aux Blés k Paris, font bien d'un autre mérite ; ; 1'efcalier de Marrnoutier eft néanmoins tresbon a voir. Le Rèfe&oire eft décoré d'une fuite de grands Tableaux, mais tous exactement mau- f vais : on en trouve dans la Salie du Cha- Ij pitre de plus fupportables. Verk.et, Chateau appartenant au duc J d'Aiguillon : Sa fituaticn lui fait dominer | un horifon immenfe , très-riche, St le plus |  en France. tji ïgréablement varié. Indépendamment de la Angers. lille de Tours (qui de ce cöté fe développe vee aflez d'avantage), on peut compter dus de quatre-vingt Villages & plus du ouble de belles Maifons de campagne. ANGERS (*), Ville médiocre dans toutes 2s parties; mal fituée, mal batie , & de peu ue reffource: les Manufacbures d'Etoflës font éduites a un fort petit nombre: le Comlierce des Vins & des Eaux-de-vie s'y fou•ient mieux. ï Le grand Portail de la Cathédrale s'anionce avec quelque prétention; dans le fait Jl eft mauvais: le vaifléau intérieuremenc ï'a pas plus de mérite; le Chceur & le InaitrerrAutel font fort ornés •, ils offrent de a richeflé & très-peu de goüt. Le Chateau , Lui a joui long-temps de la réputation d'être -rès-fort, tombe tout doucement en ruine: Les Angevins le regarderit encore comme:ane place redoutable (**). Le Batiment de \'Académie d'Equitationt •jfe tous fes acceflbires, font diftribués avec |tntelligence & décorés avec goüt: Sa fituaJtion eft trés-belle ; les logemens commodes |fc meublés avec beaucoup de propreté. Ea i général cet établiflement eftnoblement mon- j (*) A la Poftt, affez bonne Auberge. (**) Le feul jour' de 1'année oü Angers foiè liiitérefiant a voir, eft celui de la Fête-Dieu : il fe f fait alors une Proceffion célèbre, que l'on appeile ïh Sacrt d" Angers, qui y actire un grand concours lilde peuple, & de curieux de fort .loin a la ronde;. fi ij  i-ya. Novveau Voyage Names. té: il mériteroit plus d'encouragement de la part du Gouvernement, & d'être plus connu des étrangers: nous entendons de ceux qui viennent en France, pour achever, ou pour perfecbionner leurs exercices: nous y avons vu d'excellens Profefléurs de Lan- \ gues, de Mathématiques, de Defleim, d'Ar- : mes, de Danfes, &e. NANTES, la feconde Ville de Bretagne , mais la plus cónüdérable , & la plus ■ i peuplée de la province: elle eft fituée fur la rive droite de la Loire. Ce qui conftitue 1'ancienne Ville, eft d'une diftribution & d'une mal-propreté déteftable. L'//7e Feydeau, les quartiers voifms de la Bourfe & les nouveaux Faubourgs (entre lefquels on doit : diftinguer celui que l'on nomme la Fojfe ) , font décorés par de fuperbes Batimens, & par de beaux & vaftes Magafms. Au prolongement de ce magnifique faubourg , font fitués les Clianders de Conftru&ion de Vaiffeaux ; la Conftrucbion y eft communément acbive, par 1'abondance des bois qui defcendent la Loire, & du Fer que produit 1'inté- \ rieur de la Province. _ Nous n'avons remarqué a Nantes, aucun Édifice public, intérefl'ant a voir. La Cathédrilt eft médiocre ; la haute élévation de i fes Tours (*) eft prefque fon feul mérite. On (*) On nous conta (lorfque nous y montames), qu'un jeune homme de la ville, un jour de la Fête-Dieu , voul'ant voirrentrer la proceffion dans 1'églife, fans êtie pouffc ni preffé par per-.  e n France. '73 tngage les Etrangers a voir le Tombeau de N«n«s. Frangois II, duc de Bretagne, dans VEghfe des urands Carmes , dont la Sculpture eft de Michel Colombe. L'effigie de cepnnce couchée dans fa longueur, eft d'un lourd qui afflipe: feize petites Figures placees dans des niches qui décorent le nu de ce tombeau, ie font examiner avec plaifir; plufieurs ont de il'expreffion, & font touchées avec finetfe • tout ce monument eft traité en marbre: iOn eftime beaucoup fur les lieux.le.^ itrage au-deffus du maitre-Autel de VEghfeSaintmcolas, oü font repréfentés les myfteres de 3a Paffion.... Quand on apeu d'abondance, ■U'on ramaffe les miettes. i Le Pont (ou pour mieux dire les Points) nqui traverfent la Loire, font encore (pour 3 les Nantais) une rareté de leur ville. Maïs I ces Ponts font pour la plupart , ridicu•llement étroits : La longueur du chemin qu'ils traverfent, fait leur plus grand luftre . ;: ils communiquent a cinq Ifles, qui feparen» 1 les deux terres fermes. ï Le Batiment de la Chambre des Comptes, 3 fnnne f & peut-être auffi par une forte de brat vade), s'avffa de fe placet a cheval fur une goutI rière fên pierre) qui fait faillie fur une des deri tóres corniches de 1'une de ces Tours II y refta J peu; fon poids, & plus encore la vétufte de ce te | Eoüt'tière, le précipita en bas de cette haute éle1 vation. Sa chute coüta la viea quatrepcrfonnes, & J en bleffa daugereufementneuf autres, qin, comme j] lui, fe difpofoient a voir cette rentree de procel| flon • il ne fut, lui, que légerement bleffe. ba chute avoit plus de 260 pieds de hauteur. H lij  i?4 Nouveau Voyage Kantes. eft d'une ordonnance très-belle & très-noble J >'! mais fon emplacement eft ingrat, & quelques j faméliorations que l'on y faffe, cet édifice ,( fera toujours trés-mal fitué. L'Hótel-de-ville I$ n'eft rien; & le Palais eft peu de chofe. Lef Ckdteau ( honoré fur les lieux du nom formi-» ¥ dable de Citadelle) eft agréablement fituée, & donne une trés-belle vue (*) : il eft confié ! è la garde de quelques Invalides, &fe trouve: encore muni d'une affez belle artillerie, i La Promenade du nouveau Cours, fera: charmante, lorfqu'elle fera finie, & que les arbres y donneront du couvert : Sa fituation entre la Loire & VEdre, eft on ne fauxoit plus heureufe & plus pittorefque ;|de^ • belles; Maifons qui fe batiffent de droite & de gauche, ajoutent encore beaucoup au i mérite rare de fa pofition. LaBourfe, que l'on a été forcé de démolir ; depuis quelques années, a agrandi d'autanc une très-jolie Promenade qui fe trouve prefque au centre de la ville (**). A 1'extrê- (*) II eft deux autres points de vue , infiniment plus beaux: Le premier doit être pris de la fenêtre de la (foi-difatite) Bibliothèque des Capucins, autrement dit l'Hermitage: Cette vue domine les Chantiers de Conftrucbion; la Foffe; les Ponts qui traverfent la Loire, & 1'infiniment belle & riche campagne dans laquelle ferpente la Loire: Le fecond point de vue', a pour foyer la Terraffe d'une maifon, oü s'eft établie avec i fuccès une belle Manufaebure de Toïles peintes • Cette vue-ci embraffe la ville dans fon plus grand déyeloppement; elle préfente une infinité d« détails agréables. (**) Le défaut d'unanimité de fentiment fur P  en Trance. i33 fiédiocre: la Campagne & les Faubowgs, Renncs. jnoncent plus d'indigence que de nchefie. ,e qui conftitue la nouvelle Ville, eft forme I larges rues, bien alignées, & ornees de Itimens, dont quelques-uns d'ailez bon out. La Vïlaint qui s'y partage en plueurs branches, n'eft navigable qu au-del>us de la Ville & lors de fa joncbion avec petite rivière W'/JZe. On fent par-tout les lïforts que la Province a dü faire , pour domer a cette ville 1'efpèce de fplendeur dont Je iouit. ,. „. Les Monumens les plus intereflans, font , i Statue équejlve de Louis XIV, & celle *de(tre de Louis XV. La première: eft d une jffez belle fonte, le deffein en eft elegant - correcb; on remarque dans f attitude du oi un fort bon mouvement: mais il eft ial a cheval, & le Cheval lui-même eft meiocre • fa Tête eft lourde 8c inanimee; on ,e devine point s'il s'arrête, ou s'il part, ,es Batimens qui entourent la Place ne font ©int fans mérite. | Le Palais de Juftice, que les Rennots, üacent au rang des curiofites de leur ville, fi d'une ordonnance froide & qui n a auuun caraftère ; il eft mal couronne. Le •, fni-difant ) grand Efcalier eft petit & mal i ilacé. La Cour*dé 1'intérieur eft d'un fombre L d'une mal-propreté dégoutante : elle eft xcnpée par des Tonneliers & desMarchands. Bevin , qui y vendent en détail: nen n'eft fcoins noble aflurément.. Quelques-unes des, fSalles font. d'une belle proportion, boiiees & • kécorées avec goüt: De ce nombre eft le-  i%4 Nouveau Voyage Rsnnes. Parqutt clvil, & la première Chambre desl i Enquêtes. Les Plafonds de ces Salles font traiJf tés en Peinture: celui de la Chambre Crimi-Bnelle a beaucoup de mérite (*). On remar-f1 queradans les Salles que nous venons de no-l ter, des Cheminées de marbre enrichies def Bas-reliefs, d'une touche fort eftimable. % Le Batiment de l'Hdtel-de-vilk , eft forttf petit: on ne nous a point dit fur les lieuxfJ qu'il renfermoit rien de remarquable. Ce» contre cet édifice qu'eft appuyée la Statue\pédeftrede. Louis XV (_**"). La Bretagne &| la Santé (perfonnifiées par leurs attributs) ,|; accompagnent le Piédeftal, qui eft très-bieaf traité. Ce Groupe eft fort beau; mais 1'effecf en eft dur & repouffant: la proportion des» Figures eft trop forte, pour être vues de ff p prés. Les Draperies font pefantes & manié-f rées, mais les Têtes font d'une beauté attachante. Cette nouvelle Place pourra, avec le f temps f devenir jolie. (*) C'eft dans celui-ci que le Conciërge a foirt- 11 «e faire remarquer ( comme une huitièrae mer-1 veille ) ïa figure de faint Michel armée de fort I glaive , laquelle figure ( felon lui) fe voit ea I face de quelque point de la falie que l'on v.euilleehoifir pour la regarder. Le raccourci de cette* tgUTe eft véritablement favant, mais c'eft fon feul mérite: en général toutes ces peintures fentent la. détrempe & la découpure : leur effet eft dur & forcé. (**) Les Etats arrêtèrent en i744Pérecbton de ce monument, relatif a la convalefcence du Roi: ï* eit de 1'exésution de le Moine: il a été po<ö eo '254-  en France. i$ó ke Batiment des Halles, oü l'on conduit Remtes. fcbituellement les Étrangers, eft une bien kédiocre curiofité. La Cathédrak, n eft redarquable, que pat le travail & la grande auteur de fes Tours : 1'interieur du yaifi«au eft peu de chofe. Le Chceur de l AbLye de Saint-George eft petit, mais beau 1 décoré avec noblefle. La petite Eglife da Collége (traitée a 1'Italienne, avec une Roonde) mérite d'être vue. la Chapelle de 'ancienne Congrégation de Meffieurs eft olie: mais c'eft tout. L'Höpital g^^e« lafte , mais mal fitué. L'extérieur de la Matton des Dames de Bude, donne une des meiliieures décorations de la ville. Enfin la MaiIbn des Bcnèdictins , eft belle & fpacieufe ; Lms Jardins font beaux & l'on y jouitd une krès-belle vue. , | La Salie de Speclack n'eft pas fansmente latroupe de Comédiens qui 1'occupoit, lorl.uue nous y pafsames, étoit bonne : on nous affura qu'elle étoit^outes les annees de ce Wie haute de la Ville, & ou fe rafiemL le plus de monde, eft jolie j fa forme a U-peu-pres celle d'un triangle equüateral. Irm de ces angles domine fur une campagne ?ort a^Sble Le Mail, eft une belle & Ionigue Promenade peu ftéquentée, & qui pourKnt mériteroit de Pêtre : De vaftes praiI ries la bordent dans une de fes extrémites, I& cette partie eft du plus beau champetre. T Le Commerce de Rennes confifte prindpalement daas des Toiles a voües, des  i86 Nouveau Voyage Rennes. Fils , quelques Bonneteries, beaucoup dëjï" Beure, Cuirs, Charme & Lin. On compte fa dans la Ville & dans fes environs, quelques r Manufaétures de Cotonnades & de petites h Eroffes, qui fe confomment pour la plus li grande partie dans la province; ce qui eni<= fort eft d'un foible objet. Entre Rennes & Bout-de-Landes ('route p de Rennes a Nantes), les curieux doiventéi s'arrêter a Pompian, pour y voir la riche * Mine de Plomb, qui s'y exploite. Le célèbre «c Pdris du Virnay qui en avoit fait Pacqui- & fition, 1'avoit mife dans la plus grande acti- k vité. II eft inconcevable les premières dé- Ie penfes que 1'exploitation de cette mine a né- i ceffitées: il falloit une fortune comme celle de ie .ce financier pour y fubvenir, & fon courage a: pour vaincre tant d'obftacles réunis. On a |o amené d'afiez loin une Eau courante qui fait te mouvoir avec le plus* heureux fuccès les | Pompes d'épuifemens,1es Roues d'excava-i tion, &c. Cette belle machine eft d'une fim-1§ plicité qui _ étonne : elle eft de 1'invention |[ de M. Loriot, fi bien connu pour la beauté b de fes Defleins, par fon fecret pour fixer Kt le Pafte!, & le Mortier qui porte fon nom. I ■ Cette Mine s'exploite a plus de cinq cents II pieds deprofondeur; elle a produit immen- i fement, & on y a compté jufqu'a douze cents travailleurs : mais la maigreur des fil- il lons qui fe fuivent depuis quelques années, a redui t ce nombre a environ trois cents hórnmes. Elle a été affermée par le marquis I \ >de Brumoy, pour feulement le prix de onze |:  EN F KAN CE. '$7 Ma l\mk& une Compagnie que l'on dit faire bien fon compte. Les débouches pour ; tranfport, paroiffent eependant peu aifes, I difpendieux. ta ROCHELLE. Sa célébrité eft con^uïft5u de Villes founnffent autant de=^ Xs intérefians dans 1'hiftoire. L'Encrage la Ro. feSSlft ^^^^^ joins: 1'entrée en eft difficile & meme dan- sM ereufe en quelques endroits; elle eft forteES déSiduc.V des Fortins & ces Batipries très-ingénieufement places. « Cette V lkeft d'une certaine étendue : es anciennes Rues font fort étroites, & Smïs par des Maifons (pour la plupart) To aft, eftun édifice médiocre. C'eft dans xette paSe de la ville, & en dtfcradaM • veis le Port, que fe trouvent quelques maifon! d'une confttuftion fatisfarfante : des l?ajjïn duPortproprement dit, eft valeux,  :U8 Nouveau Voyage Rochel- les immondices qui s'y rendent & qui $W-: amoncèlent, rendent ce quartier mal-fairiff1 Le deux Tours gothiques quidéfendoientaiif8'" trefois 1'ancjen Baifin , fubfiftenc enc3t?a! prefque dans leur entier : celle de la gauchdp (laplus entière) fert de Prifon, & 1'autJl^ de Magafins; toutes deux impriment ufï-certain refpeét, dont il eft difficile de fe dé-jp fendre. Les anciennes Fortifications fe fontFégalement voir dans plufieurs parties de lafG ville ; elles décrivent une vafte enceinte* i:ï & devoient être (pour le temps) véritable 6 ment formidables. Ce que l'on appereoit encore de la fa- 'f* meufe Digue, imaginée & exécutée fous le yeux du Cardinal de Richelieu, fuffit pour _ donner une idéé de la hardieffè & du courage Mflexible de cet impérieux miniftre. Le W temps & les foins que l'on a conftamment '" pris pour détruire cette digue, fait qu'il n'en refte aujourd'hui que les deux petits arrachemens qui tiennent aux rivages. Des Battenes placées de droite & de gauche fur ,'■ des hauteurs qui commandent la mer , faci- ;: hterent fans doute, cet immenfe travail (*). i ■ On ne concoit point, comment les Rochellois (ou pour mieux dire tout le parti Proteftant) purent laifier fans défenfe toute i cette partie de terrein , prife depuis les tbr- ■ ufications de la place, jufqu'a 1'entrée propre- ■ ~ * ■ ■ .—— _ (*) C'eft du fommet de 1'cminence a droit» que 1 on decouvre aflez diftinetement (dans un f temps eonvenable) les Ifles d'Ott™, de Ri: d" 11 Breuages; & de Marmots. '  en France. i%9 «pt dite du Havre... L'exafte circonvalla- La RoctóI de la ville, eüt été j»*«f grient des défenfeursen quantité fumlante, «ifque fft l'on peut ajouter foi a ce que difit les plus accrédités entre leurs hiftonens), l iombre des affiégés arméspafibitquarante Ik hommes. Du pied de leur Glacis juf1 la Digue (*), Ü u'Y » gueres pu» Ine forte portée de canon r mais dans 1 endroit le terrein tourne un peu pat 3droite, & ne peut plus être deiendu pat ï canon de la place : le refte du Canal fe ulonge enfuite a-peu-pres en hgne droite Wa fon embouchure dans la mer. Un Vd vafeux & 1'éminence formee par un . |r$ II eft fenfibleparl'infpeftion deslieux que i flotte angloife , envoyée au ftcwsdesRolellois, ne put plus dès-lors remplir fon objct, PeuT reftoit que la voie d'une^defcente& :Ue de battre les affiégeans : c eft donc a tort, nous femble , que les ennemis du duc de Buc,1'accu'fèreBt de s'être baifle corrompre t les aoens fecrets du Cardinal; d autres Tent (& ce fentiment feroit plus analogue W iractèreplus romancier que galant du duc;qu il irffa lotte du havre de la Roebelle, fur une .ftante prière qui lui en futtaite par une Fcm"f d p us baut rang, dont le Duc s'etoit puliouement déclaré amoureus ! ..La ventablerain eft, qu'il'arriva trop tard & que la digue ftoit trop bien défendue, pour pouvoit etre forj & mpunément. Cette partie de 1'hiftcnre du ficge e la Roebelle , eft très-curieufe dans le Vavafor. £ les autres écrivains du partij nous y reavoyoas Jjtos letteurs.  i€>o Nouveau Vovage Kochefbrt. rocher prefque a pic & d'une défenfe facilKl u défendoient la digue du cóté de la mer. 'v • Le Commerce n'eft pas ici dans la mcme; aétivité qu'autrefois; il fe foutient cepen-' dant, mais les gros Capitaliftes y font plus' rares qu'alors: La Pêche & 1'exportation des Eaux - de - vie , font toujours du plus grand objet. ROCHEFORT. Cette Ville, batie fous» lé règne de Louis XIV, ne dédommagera' jamais des frais immenfes que fon érecbion1 a dü coüter. Les Chantiers & tous les B* timens qui dépendent d'une Place de Conftrucbion , font ici traités dans legrand: mais: lesfables que roule avec elle la Charente^ & la vafe que les marées amoncèlent journellementa fon embouchure, ont tellement, élevé le terrein depuis quelques années que même dans les plus grandes eaux, la fortie, comme 1'entrée eft fouvent labo-' rieufe, & toujours difficile. Les Magafinsfont vaftes & patfaitement difpofés; ils viennent d'être tout récemment réparés. On travailloit (lorfque nous y pafl'ames) a former un Quai, qui devoit longer toute cette étendue de terrein ; ce qui élargira d'autant la riviè- I1 re; mais quelques améliorations que l'on y I1 faflé, cet établiflement ne fera jamais que f médiocre; jamais il n'atteindra la beauté , la I commodité , la fureté, & tous les autres I1 avantages qui fe réuniliént aux Ports de Breft f & de Toulon. La Fonderk de Canons paffe, a jufte titre, ji pour l'une des plus belles & des plus acbi- %  zn Frjnce. 151 % du royaume: c'eft une vraie curiofité. Saintes. tSalk "de Spéach (nouvellement conftjite ), eft très-jolie; elle mérite d'être vue. jU Ville eft médiocrement peuplée; fort Cmmerce n'eft guères qu'intérieur, & ne sjlimente que fur fon propre fond. La Gar3bn & les Ouvriers, employés en nombre . tks ou moins confidérable fur les Chantiers, ft la principale bafe des confommateurs; sfn 1'herbe croit-elle dans beaucoup de fes Is : nous y vimes régner laplus froide tnquillité. SAINTES. Cette Ville conferve peu de -■jftiges de fon antique fplendeur; on ne Jvine guères même le terrein qu'elle a du librafler pour contenir le nombre d'Habins que fes hiftoriens (•) difent qu'elle a fiedés. On ne peut nier d'ailleurs fa haute jtiquité, & quelques ruines des Edifices ont elle a jadis été embellie , lui mentent Icore de la part des Antiquaires, une forte 1 vénération. Elle acquiert, mais lentejent, quelques améliorations modernes; | mes s'élargiflent & fe reconftruifent de aifons d'un meilleur genre: au refte, nulle iace, nul Monument public d'un certain érite. Nous en exceptons une Promenade u fpacieufe, mais bien tenue, & qui fourt une vue dèlicieufe; un bras de la Chante, baigne les murs de la terrafle, & forte enfuite un fort beau Canal, &c. f*) Voyez nommemene, Antiquités des Gaus , &c. par M. de. la Sauvagire , un vol. m-4 .  icyt Nouveau Voyage Saintes. IJ Are de Triomf ht fous lequel on pafte I pour fe rendre de Saintes a Bordeaux, eft: (maintenant) fitué vers le milieu du Pont qui fépate la ville du Faubourg ; & cette première partie du Pont(*), a été, inconteftablement élevée vers la même époque, oü Pon place 1'éreclion de PArc de triom-phe: tous deux font de conftrucbion Romaine: & tous deux datent du bas Empire, fous le-ïi quel les Arts avoient infiniment dégénéré :. auffi le caradère de cet Are eft-il lourd, &l de mauvais goüt. II diftribue deux Arcades: ' de dix pieds environ d'ouverture , fur vingt-! quatre a vingt-fix de hauteur fous clefs. II j règne du fol z 1'impofte , de mauvais petits! Pilaftres qui n'ont aucun caradère : cette impofte leur fert de corniche. Un corps del refend taillé en boffagf , décore Pefpace de 1'impofte, a l'archivoke. L'entablement eft exceffivement lourd & mal profilé ; il eft couronné (*) Quant a la feconde moitié du Pont qui tient au Faubourg, elle eft d'une batifie récente: cette partie formoit autrefois une Ifle, &l'on paffbit alors le bras de la Charente , par lequel elle ttoit formée, au-deffus du Faubourg. Ce bras de la rivière a fagement été réuni a la grande eaül pour lui donner un plus grand volume, & rendre la Charente plus navigable. Conféquemment 1* pofition de cet Are , étoit moins vicieufe danïi l'on principe,, qu'elle ne paroit Fêtre aéiuelle-i inent; puifqu'alors, le terrein ferme que donnoit cette Me , a pu i'anuoaccr avec quelqu» neblefie. * ^  r;n France. i$3 •ouronné par un focle affez élevé (*). LesSain»». •ótés latéraux, font d'une ordonnance plus Irniférable encore : on y voit quatre toutes aetites Niches placées Tune fur 1'autre , de petits corps de pilaftres: tout cela eft bien mauvais. Des pierres d'un équarriffage énorme , amoncelées 1'une fur 1'autre, font prefque le feul mérite ( aujourd'hui) de cet anken monument. Le laps de temps qui s eft Écoulé depuis fa conftruftion & le defaut fi'entretien , a fait qu'une partie des pierres fe font disjointes par les eaux qui fütrent a. travers ;tellement, qu'une des Arcades memace une chute prochaine : Ce ne fera point iune perte pour les arts. On doit voir les Ruines de VAmphithea•kre , fitué a peu de diftance des dernières maiifonsdu Faubourg de Saint-Eutrope : il a éte i conftruit entre deux éminences aflez fortes , ia 1'extfêmité du chauderon que forme cette ïpetite gorge. Son grand diamètre peut avoir •'Ê environ 4*0 pieds, &fon petit diamètre 290. «On parvenoit fur les Degrés par un Efcalier dl fort large, diftribué fur des voütes a droite i&a gauche du grand Portique d'entrée. A J juger par Pépaiffeur & le talus des maffiis t encore fubfiftans, quinze rangs de Degrés ont (*) Les Crèneaux qui exhauffent mainteuant ce | focle , ou Vattique , 011c été r.joutés dans des temps J poftérieurs ; afin de défendre plus meurtnerement i la tête du Pont. Ce Pont (nous parions de la partie Antique) a beaucoup plus de merite que 1 PArc : S'il n'a pas la magnificenoe & la hardieffe j de ceux conftruits fous le règne ü'Augujic; il en I a du moins la folidité. To:ne I. 1  en France. W me promenade moins champêtre: le dé-Borden, ïuvert qu'elle fournit, eft délicieux. Ta Place que 1'oneonftru* ^jjgjg ■a Cathédrale, ainfi que e Pala i^chie & en plus grand nombre qu'ici . ü iembie ou ^ toute la ville foit conftrmte d hier. 9 Les E- ifes font a Bordeaux en un fort f ° i o . mai« nous n'avons trouve ncrand nombre ; mais n°us n ; f rt S-m aucune (peut-être, eft-ce notie taute; K de emarquable, quant aux beaux Arts. !Nous en exceptons deux Bas-rehefs oui 1 que par la hnguiante quinéfuirecBas-relief .a gauche «e^&™£& tion : on y voit Je us-Clu* ' ^ 'autre ftn Epée flamboyante : dans le haut onaTpersoitun Phénix fur un bucher, q» paroit renaitrede fes cendies,  aoo Nouveau Voyage Bordeaux. Le Bas -reliëf a droite, a pour fujet la Defcente de Jefus-Chrift aux Enfers. On le ■ voit fur le devant combattre avec les armes (&fous la figure) d'Hercuk, 1'Hydre qui s'oppofe a fon entrée; Caron & fa Barque font de 1'autre cöté du fleuve. Nombre de Diables regardent ce combat, d'autres fuyent Une nuée d'Anges paroifiént en attendre 1'iffue, & femblent tendre une main fecourable a quelques Ames heureufes, & afperger toute la fcène avec une forte de goupillon. Les Tétes des Damnés font principalement remarquables: on en voit qui portent des Cafques, des Mitres, des Capuchons, des.Couronnes, &c. On nomme ici Colifée , une Salie d'une aflèz médiocre étendue, mais décorée avec le meilleur goüt : On y a joint quelques Promenades agréables, & une petite Salie de Specbacle; c'eft une j olie tabatière. On repréfente fur ce petit Théatre des Ambiguscomiques (c'eft une imitation du fpecbacle d'Audinot k Paris). Une troupe de jeunes Enfans 1'occupoient lorfque nous y paflames: Cette troupe, n'étoit rien moins que merveilleufe. L'on danfc & l'on exécuté des Concerts dans la grande Salie : Nous affiftames a un de ces Concerts; Pexécution nous parut affez médiocre; mais deux Sceurs ( Allemandes de nation) aflez jolies, jouèrent plufieurs Airs fur le cor-de-chafie, avec plus de précifion que de goüt; elles chantèrent, mais mal: en revanche, elles danfèrent quelques Polonoifes, quelques Allemandes, de la manière la plus vive, la plus brillante, & la plus voluptueufe.  en France. *>/ } Onpeut voir dans le voifinage les ruines Bordeaux 'un bltimènt, que l'on nomme fur les heux e Palais Gallen ; il communiqué a d autres mines (mais plus emièfes), d'un Simplu- ■ . héatre.Cs qui tefte du Palais ne peur. en lonner aujourd'hui aucuneidée. A juger des Hnq Arcades qui fubfiftent encore de 1 Anv ihithéatre , & de Pellipfe apparenr. que la nafle générale femble décrire, cec édifice na ui être que d'une médiocre grandeur. Un •emarque quatre Vomitoires placés en oppoition, & deux vaftes Souterrains oul on te(aoit enfermés les animaux, oumeme leslrladiateurs deftinés a s'entre - dechirer & le combattre. . . , _ r La Portc-Bajfe (autre Antiquite de BoiIdeaux) a été dans fon otigine un Ave de tnomphe : il eft d'un caracbere mfmiment kus lourd, infiniment plus mauvais encore que celui de Saintes : On ne peut gueres Eependant; fe difpenfer d'y jeter un coup | La Tour Saint - Michel, domine toute Ha Ville • fa hauteur a été de trois cents • pieds- en différentes fois le tonnerre lui en 'la abat'tu plus' de quarante , fans compter la Iflèche, très-haute ,dont elle a étéantenenre- i ment couronnée. La vue dont fait jomrla • Terrafle de cette Tour, eft fort belle afiureÉaenf, néanmoins ce n'eft qu'une vue d'oi<|feau, & dès-lors aflez peu agréable. La plus belle Vue, la feule même dans 1 laquelle Bordeaux fe développe dans tous ifes^avantages, eft celle prife de leemte I de la Bajlide , fituée de 1'autre cote de la i " I v  0O2 NOUrZAU VOYAOE Garonne : ce point eft a-peu-près le centre !i' du demi-cercle que ce fleuve décrit; il eft !:! peu diftant du Port oü Pon s'embarque» \ï en arrivant de Cubac, pour fe rendre i ' Bordeaux., JtM» rfe AIGUILLON, petite Ville fituée fur | Bordeaux une aflez forte éminence (*), fur la rive I a .viontpei- gauche , & au confluent de la Garonne & i < Monwu- du Lot- Le CMteau eft rebati prefque a ijl ban, Tou-neuf; fa fituation eft heureufe: on y re- | loufe, marqué une Terraffe fort élevée & très-bien' lil conftruite.. MOISSAC, vieille & Taide Ville, mais 11 ©ü il fe fait un fort gros commerce de i •Grains :enya conftruit récemment des fi Greniers magafins d'un vafte & d'une fo- I liditévraiment impofante. On voit fur le f Tarne (qui paffe au pied des murs de cette li ville) les Débris d'un Pont d'une conftruc-. | tion très-reculée, & remarquable par les I malies énormes de menu Cailloutage que I lioit enfemble un Mortier que le temps n'a l pu encore diffoudre. C'eft en fe rendant d'ici a la Pointe, que- | Pon monte la Montagne nommée la Franaijl , qui domine fur un horizon des plus ( ) Le duc Jean de Nornwndie, affiégea infruflueufement cette bicoque, quatorze mois deluite & perdit, dit-on, a ce fiége plus de fix  ■ sn France. 203 étendu, & d'ou l'on prétend que (dans un Momauban, temps fcvorable), on peut appercevoirles Pyrénèes, fituées 4 environ 35 ll£ues de diftance. MONTAUB A.N. Cette Ville eft célèibre par les üéges qu'elle a foutenus dans les temps malheureux des Guerres de Rehgion (*) Elle eft fituée fur une éminence qui borde le Tarnt f un Pont ( qui a quelque beauté ) •communiqué de la Ville au Faubourg de Vd• U-Bourbon , grand & fort bien bati. A 1 extrêmité de ce Pont, eft un Are de triomphc moderne , d'un effet exceffivement lourd ; .que précède une petite Place difpofee en feri4-cheval : Le tout enfemble produit nean•moins un joli coup d'ceil. A gauche de ce 'IPont, fe trouve une Promenade qui longe la rive gauche de la rivière, dans un aflez Jon» & bel alignement: un vafte corps de (Cazernes borne la droite de ce terrein; ferimée a fon extrêmité par une fimple barrière li d'enceinte. L'ÉgUft Cathédrak eft nouvelTement reI conftruite , & l'on en termine acbuellement ile Portail: c'eft (du cóté de.l'art) un bien i médiocre édifice. La Place d'Armes, donne 1 une Promenade charmante; elle domme une i Campagne très-riche , très-variée. L'Inten- (*) Lowis XIII 1'alTiégea en perfonne en iöai ; it y facrifia beaucoup de mande , & fut oblige de fe retirer : Le cardinal de Riclielieu rplus patiënt , mieux fervi, & plus heureux, s'en empara fc Ji < sn fit rafer les fortifications en 1629.; I Vj  zo4 No we au Voyage Tsuiouft. dance eft peu de chofe; le Batiment de l'É- I vêché eft mieux : les Jardins de celui-ci ont ö de 1'étendue , & la terrafle fait jouir d'une Éi vtre qui ne s'arrête, qu'aux montagnes des is Pyrénées & des Sévennes, qui bornent ce vafte horizon. L'intérieur de la Ville eft peu agréable ; ; ju il y règne eependant du mouvement & tous itip: les dehors de 1'aifance que procure un com- Ir; merce aétif & foutenu. Outre les Grains qui li abondent dans la province; la bonne qualité, jt & le bas prix des Comeftibles de première A néceffité, retiennent dans fon fein un aflez grand nombre de Manufacftures de diverfes éi petites Étoffes de foie, de coton, &de me- L''Eglife Mètropolitaine, n'eft point ache?ee; le Chceur eft beau & noblement décoré. On montre comme une rareté dans i cette églife, la Chaire oü l'on veut qu'ayent prêché faint Bernard & faint Dominique • du cóté de Part, cette fabrique eft dé- i teftable. L'Eglife des Dominicains , eft d'un l genre de conftruétion peu commun ,. & c'eft ; cette fmgularité, qui nous fait noter ici ce vaiffeau: fa haute antiquité ne 'fait*Oit lui être conteftée. E n'a ni Chceur ni Nef ! caracbériiès ; de fort gros piliers foutiennent les arcs-doubleaux de la voüte, qui eft fort elevée (" *). L'Eglife des Cordeliers eft égale- .(*) Voyez ci-rfevant l'art. Bruxelles: La Fon- l «me { d,te ) Manntck -pis, développe la même idée. ('*■*) II faut fe faire montrer de prés , fa CM/fe, ou Pon conferve ( dic-on ) les dépouilles cerreltres de fait* Thomas iTAauin, confervées dans  en France. 207 nent d'une-très-ancienne fabrique; elle neCarc»Q»ne. brme qu'une feule Nef, d'une largeur Sc d'une hauteur qui furprennent (*)'. : L'on prétend que du Pont fur lequel on ;:raverfe la Garonne au fortir de la ville , £>n peut diftinguer (dans un temps pur Sts ferein) les montagnes des Pyrénées, fituees :i plus de trente lieues de diftance , ainfi que helles des Sévennes, qui joignent lesjes, par les montagnes d'Auvergne. CARCASSONE (**), Ville fort anïette Eglife. Le travail en eft fort beau; d'un ini étonnanï, & d'une grande richeffe; mais lans ■ b'ombre de goüt: La matière de cette chaffe eft •de vermeil dorc ,, enrichie de quelques. belle* iPierres précieufes.. j (*) L'on fait aujourd'hui que la prétendu* vertu de la Cave de ces pères , pour delfccher le» ilCorps & les préferver de pourriture „ n'eft. dans le fait qu'une fable , & qu'un dire purement populaire. Les Cadavres, au nombre d'environ aoq,. J«ue l'on y voit rangés en haie, ont étetirés (te S 0 au'ils font) de la Nef de 1'Eglife, lorfqu'ils la Képarèrent : ce ferok donc au fol de cette net, 'Jque 1'honneur en feroit proprement du Enefiet Ion a remarque,. qu'une quantité confiderable de .chaux avoit été éteinte dans ce terrein, lors, ivraifemblablement, de la conftruétion de 1 Eglile i'Voila la fource du miracle. Ces caves ont fi peu lle mérite qne le vulgaire leur prète,. que la pl«- 1 part de ces momies modeines approchent.de leur f deftrnction totalen ! (**) L'on compte deux poftes de CarcafI fi„, k Btrbeyrac , ea s'y rendant pat h route {ordinaire; St deux poftes St dejiue, lorfque lm  5.o8 NOU FE AU VqTASE patc«rpM. cienne, dont' 1'étendue & la population forjt\ aflez confiderables. La petite rivière dei! Laude baigne une partie de fes murs : gal attribue a la qualité mordante de fes eaux, . la fupériorité de fes Teintures. Les Manu-É factures de Draps (connus fous la dénomirif nation de Draps du Levant), foutiennentï conftamment leur première réputation. Quel-B ques éloges que faife de Carcafibnne un Au.-M teur moderne fort eftimable; nous ofonsii dire d'après un aflez mür examen, que cetteJ VillaffeeQ., peut-être, la feule du royaume, qui tarde le plus a fe défencroüterI (fi nous pouvons nous exprimer ainfi ) ; onl • n'y peut citer aucun Édifice public d'un % genre fupportable : La feule Eglife des Ca- I pucins peut mériter quelques éloges. Nous recommandons eependant 1'examen 1 d'une Fontaine, appuyée contre 1'angle que E forment deux Rues qui aboutiflént au Pont Ë prés de 1'H'ópital: on y voit Neptune armé I de fon trident'; il eft porté fur un Piédeftal | traité en rocaille; au-deflbus, fortent a de- k mi-corps quatre Chevaux marins, qui jet- I tent par leurs narines un petit filet d'eau: I La forme du baffm qui la recoit & la répand : enfuite, eft contournée de la'manière la plus I prend celle de Tribes: les curieux font ce léger d*étour, pour voir le" Canal Royal paifer fur urr f Aqueduc qui fert en même teinps de Pont k 1» I petite rivière d'Orbeil. Nous prévenons que ce travail n'offre rien de furnaturel, mais qu'il vaut eependant la peine d'être. vu de quiconque voyage po.ui s'araufer & pour s'inftruirc.  en Fr-since. aq? jUnale: tout ce monument eft en pierrer, oêlée de bronze: il réjóuif par fair de preention avec lequel il fe préfente. Si-MM. tcarcajTonnoS fe piq«nt de connmflanjes & de goüt en fait des beaux X&h .«« « le juftW guères en laiffant fubiifter idans un paffage auffi fréquente) un monument ft ridiculement, ft complettement Inauvais. I N ARBONNE, Ville d'une très-haute anliquité, mais aftuellement trés-mediocre, a lomes fortes de titres; nous doutonsque l'on puiffe y compter cent Maifons paflableEtWen conftruites: elle ne renferme guères SS de fix mille habitans, & l'on peut faire |e tour de fes remparts ( aftuels), en moms .d'une demi-heure: ^/^.««^ 'nfort gros commerce de Grams, & 1 on y IKue quelques articles de bonnetene. iLfituation eft agréable: on v.ent dy forILer deux petit.es Promenades qui bordent |f ëa£' üe la Cathédrah, eft d'une élévation qui furprend; c'eft ^/eul meri . Tt- maitre-Autel eft d'une conftruftion re- i ;!int^ïe Baldaquin eft d'un effet médiocre: r*^ Ce Canal, formé par les Rmnains, étoit péoit ïnconteftablement tout fon lultre.  210 Nouveau Voyaov. Narbonne. On regrette que de fi beaux marbres foyent employés avec fi peu de goüt. La Boiferi» des Stalles eft d'une fort belle exécution elle ne fait que d'être pofée. Le Tombeai de Philippe le Hardi eft placé au milieu dl Chceur; on vient de le réparer & de Per* tourer d'une Grille (a hauteur d'appui) dji trés-bon goüt. La Figure couchée qui représ fente ce Prince, eft d'un mauvais genres mais l'on remarque avec plaifir, les petitef Statues pofées dans les niches qui décorent le focle de ce tombeau: elles font prefque toutes touchées avec une intelligence fupérieure (*). On travaille a 1'éreclion du Portail: Si 1'on^ne fe hate pas plus, le corps de 1'Eglife pourra bien tomber de vétufté-,' avant qu'il foit fini. Le Palais Archiépifcor pal n'offre rien extérieurement qui mérite d'être noté: 1'intérieur eft peu de chofe. L'on remarque en faifant le tour extérieur des Fortifications le long des fofïës,z une quantité furprenante de Pierres empreintes d'Infcriptions latines (**), & beau-* (*) Ce monument eft exactement femblable &1 celui que nous avons ci-devant indiquë, en par-ï courant la ville de Nantes; auffi fort-il des mainsl du même artifte; celui-ci eft beaucoup mieux f confervé que le précédent. ('"") Nommément un très-beau fragment d'une § ■vafte Table de marbre blanc : on lit d'un cöté le I Vceu que cette Ville fit d'offrir a Augufte de eer- 1 tams Sacrifices & a certains jours; & de 1'autre 1 les Iois & conditions fous lefquelles cet \utel I étoit dédié. 1  s.12 Nouveau Votage Niflkn; pofte de Narbonne a BéziersJ, les curie™. PercTe3"2 'Q font 01"dinairement conduire a la Mooi tagne percée, au travers de laquelle paffe lf Canal Royal, & l'on paye une demi-poft! pour ce léger dctour. Ce percé a cent ving» huit toifes de longueur; plus de la moitii vient récemment d'être voütée; le furpli» refte en ciel de rocher ; mais on prévoit qui le filtrage des eaux & le peu de dureté dl tuf, néceffitera par la fuite un même traf vail. Cette voute eft d'un bel exhauffernentl fa largeur eft confervée la même que cei'J donnée au Canal durant tout fon cour» (*) II a par-tout ving-t-cinq pieds de lareeuf1! gaucne ae quatre pieas chacune. Ce Uanal coffl* mence fou finit comme on le voudra^l a un new louiou c , « va dcüoucfier a Cette. ou Pnrt-I miiw' fur la Méditerranée: Ce n'eft guères qu'en fui-ï- portance, & les travaux & les fommes immen-| fes qu'il a dü coüter. „ On a pratiqué un Baffiif, ^.»^r« j„i„„.,r,„. : i.J* ,• u>,ui,i.Ai.i.uia lunto m-iuiigiui tciiLLinquanie !■ „ laree a. jsorou e, qui s elt trouve 1'cndroit el »„iv — Ku.tu&^. j. uui *.C UülUll^li „ ue maniere qu n ne arme jamais, on a coiu-K „ truit le réfervoir de Saint-Ferrol prés de RevelM „ ii a izoo tones ae long, iur 500 de laree, Sa „ vingt de profondeur. Sa figure eft un triangle j „ & eft formé par deux montagnes , & par une] „ grande & forte Digue qui lui fert de bafe. Cettei „ digue eft traverfée par un Aqueduc , qui porte) „ 1'eau au bafiin de Noroufe, lequel eft par-la- en „ état d'en fournit toujours le Canal.  en France. *>3 I rè«me en outfe une banquettë de quatre Béters; Is , potil la facüité du tirage des chevaux. ***** Be Canal, on doit 1'avouer , n'a certame- rtat point Pafpeft impofant de pikeurs de Sx qui enrichiffent 1'Italie, la Hollande, % Pays -Bas, &c.: mais'quand on fe rend 'lipte des obftacles locaux qu'il a lallu 3ncre: quand on confidère que cet ouLe a été concu & .exécuté par un feul Inme: quand enfin on peut connoitre les Images confidérables, qu'il procure dans ïcendne d'une mer a 1'autre: alors cette eniprife femble s'agrandir & prendre une imirtance qu'on eft peu difpofé a lui accor- II d'abord. 1BEZIERS (*). Cette Ville eft fituée fur ie hauteur dont Paccès eft fort pénible, fort •lide: nous n'y avons rien remarque d mreffant: fes Faubourgs qui longent le pied k la montagne, font plus agréables & mieux *tis. laTerrajfe pratiquée un peu en avant \\t 1-EeUre. Saint-Jacques, donne une vue iFune beauté peu commune; on appercoit Jila forte portée de canon)/èpt Eclufes emLvées a retenir les eaux du canal: c'eft en fout un bien riche & bien agréable coup d ceil. J MONTPELLIER (**)• On y diftirgue TT^Ti/Auberffedu Pitit-Paris, étoit la mieuxreliommée, lorfque nous y pafsames; & dans te fait, ij.lle ne valoitrien : Appartemens, Salles mal mcu>}|.3lées , mauvaife cuifine & très-chère. 'I (**) Lorfque l'on fe propofe de faire quelque fé-  zi4 Nouveau Voyaq% Mompel- fenfiblement deux Villes: 1'ancienne do4! S£ les rues font fales, étroites & fetigantes pa ' leurs finuofités. Montpellier moderne d\i 1'une des plus belles Villes du royaume-'f rues larges & bien alignées : belle ordoql nance de maifons; fréquens Monumens utifi les & agréables. La Place da Peyrou, eft de la plus nobÉ fimplicité; elle domine fur un horizon irrl menfè, & dont la variété n'offre rien de pa f reil en Europe : On appercoit a gauche 11 Méditerranée, de 1'autre cöté les Montal gnes du Rouffillon; & dans un temps claï & ferein, celles des Pyrenees. L'on parvierf a cette dèlicieufe place ( du cóté de la ville m par un bel Are de triomphe, qui mérite unff toute autre iflue que celle qui y conduif Cette Place eft traitée en Terraflè: de largeu Trottoirs circonferivent fa vafte enceinoÉ Quatre grandes parties de gazon entourerm & fervent d'empattement au piédeftal furlö| quel eftpofée la Statue équeftre de Louis XITE en bronze, exécutée par Coyievox : c'eft ui fuperbe morceau; & de 1'aveu des connoM feurs, 1'un des plus beaux de ce genre qui; jour a Montpellier, il vaut mieux prendre un Logot ment garni (qui y font très-propres & touj om s affep i communs), oü l'on fe fait apporter a manger pafn ies meilleurs Traiteurs , a un prix honnête. LI dame Pcrrit a de fort jolis batimens , & très-prof frement meublés ; elle demeure même me, qui l'Hötel du petit-Paris ; conféquemment a portéi des plus belles Promenades, & de la Salie de Speel tacle,&c. 1  IK z,i6 Nouveau Voyage Mompel- Au pied de cette immenfe & magnifique: ,ier' Terraffe, & dans le pourtour que tracé fonlt': enceinte, font difpofées deux Promenades? charmantes, omées chacune d'une piècel d'eau: l'on communiqué du fol de la placés! a ces deux Promenades, par de -vaftes Mr beaux Efcaliers. Les Grilles qui clofent cettffl' belle place, font d'un goüt, & d'une exé# cution qui laiflént peu de chofes a defi/i rer (*). La Place que l'on difpofe fur PEfplaaade, fera d'un autre genre : La maffe n'ei eft encore que préparée. Le Jardin Royal n'offre qu'une feule Allee fupportable'; 1( refte du terrein eft de la plus mauvaife diftribution ; il feroit facile eependant d'ei tirer parti. Aucune Eglife (& la Cathédrali elle-même) ne renferme (du cuté de l'art rien de remarquable. L'Hötel-de-ville, eft cóté: fon extérieur eft' au-deflbus du médiö ere. La Fontaine que l'on élevoit vis-a-vi (lorfque nous y paflames) , eft d'une com pofition neuve , & d'une exécution tout charmante : C'eft Pégafe , qui de fon pied fait jajliir la fource d'Hypocrène: il lui man* que aftuellement une Place. ' 'L'Hötel du Gouvernement a quelque no< blefle : celui de V'Intendance eft médiocre Le Batiment qui réunit les Salles de Specta clez ( * ) II eft probable, qu'avec le temps , ol ne lailïera point fubfifter les anciennes & laidel murailles qui ferment & clofent la Ville de cJ cöté.  azo Nouveau Voyaoe . tiUm, L'on voit dans la frife du foubaflément audeffus d'une Arcade (la plus prOchaine de la porte du feptentrion) , un Bas-relief qui repréfente Rémus & Romulus alaités par une Louve : plus haut, en remontant par la droite, deux Gladiareursqui fecombattent: en fuivant encore & dans le fronton d'une desgrandes Portes deux Taureaux a mi-corps en faillie, qui baiffent leurs comes pour s"attaquer. Sur le ceintre.de plufieurs des VmU toires qui communiquent aux gradins, on trouve des repréfentations de Phalus, ou ■ - Friapes, en reliëf (*). L'ordonnance de cet Édifice (en général) gft noble & majeftueufe. Le foubaflément eft enfuite, a permis la dégradation de ce beau monument; de même que la conftrucbion de nombre de Bicoques élevées dans fon enceinte , qui interceptent a 1'ceil de 1'amateur 1'enfemble de ces favans & curieux details. Les Etrangers s'attriftent, de ce que 1'Adminiftration de la Ville ne premie point un parti a cet égard, & tel que Vtronna leur en fournit un exemple, généralement loué de tout le monde. (*) II en eft qui font traités d'une bien fmgulière manière! on en voit un entre autres , fur lequel une Femme eft montée qu'elle paroit diriger.avec une efpèce de rênes, & hater fa marche. ( ou fon vol) a coups de fouet—Emblême, dont le fens moral n'eft point (que nous fachions) venu jufqu'a nous. Cette image devcnue obfcène dans nos mceurs aétuclles, étoit néceiïairement un type aux yeux des anciens, auquel il n'eft point vraifemblable qu'ils auachoient, dès-lors, un fens déshonnête.  2jo N ovr eau Voy au e Beauaiire, bloes de 18 a ao pieds d'un fens, fur 8 i f 'farafcon, dix de 1'autre; tous pofés abfolument u lec;| & le trait eft fi exact, que le tout femblef ne faire qu'une feule & même mafl'e: c'eftP une bien magnifique chofe. Les deux étages des Ponts fupérieurs, éle-i1 vés en retraite ( d'un cöté) fur le premier f Pont, procuroient un paffage pour les feuls jr gens de pied. La Province ( en 1747 ) a fait f1 conftruire un nouveau Pont.au niveau du pre-11 mier, d'une largeur fuffifante pour le paffage de deux voitures: Cette addition a été. long-temps follicitée & demandée : ce der- i nier ouvrage eft parfaitement bien fait. Le chemin depuis Rémouüns jufqu'a Beaucaire, luit a-peu-près le cours du Gardon, jufqu'a fon embouchure dans le Rhöne. r] BEAUCAIRE, excepté le temps & la duïée de la Foire célèbre, qui s'y tient an- i nuellement a la Magdelaine, n'eft qu'un gros 5 bourg défert, inanimé & de nul mérite: on B pourroit le regarder comme un des Faubourgs de Tarafcon, avec laquelle il communiqué par un Pont (*) qui traverfe le 8 Rhöae.. TARASCON, eft une aflez grande Ville;: mais tnfte, fombre, & mal batie. Son Ch&- (*) Ce Pont eft conftruit partie fur batcaux; partie en bois, & le refte en pierres. II eft permis de ne le point traverfer fans un peu d'inquiétude. Le Rhónt eft ici très-large, & de la plus impétueufe rapidité.  e n France. 2ji Eu (auquel on donne pompeufement le nom Saim-Rele Citadelle) aeujadis quelque célébrité: mria garde en eft confiée a quelques Invalides :. il fert aujourd'hui de Prifons d'état. I SAINT-REMY. II exifte aun demi-mille i|e cette petite Ville deux Monumens antilues, dont un particulièrement aflez bien Jonfervé, & digne inconteftablement de Par- _ lention des curieux C*) : Le premier offre les Lines d'un fort bel Are de. triomphe. Le terKin qui s'eft fort exhauflë en cet endroit (par |s pierres & les fables que les eaux qui deffcndent de la montagne', doivent néceflaireEent y voiturer) ne permet point de projoncer bien affirmativement fur les propor|ons que devoit avoir cet édifice. Dans fa Jtuation actuelle, Pare eft d'un furbaiflèlient qui n'eft point heureux; mais plus de Amoitiédu focle eft inconteftablement fous 3erre. L'ouverture de 1'Arcade a 18 pieds ^ fes Caiflbns & les Rofettes , dont le ceintre Intérieur eft enricbi, font d'une belle exéution. Les pieds droits qui décident a droite i a gauche la largeur de 1'Arc , étoient foraés chacun par deux Pilaftres , entre lefquels toit pofé un Bas-relief, couronné (fans oute) par une table d'infcriptions. Ces pieds loits font cruellement altérés;. ce qui en : ;fte indique Pordre Tofcan » fupérieure- ': 1 (*) Soit que Von arrivé ou que l'on parte ile Avii. fent-Reriiy , pour fe rendre h ces monumens, les \ mtresdes Pof es refpeBives, font auterifés h fe faire met une demi-pofte pour ce petit ditour,,.  aja Nouveau Vovage sMnt-Re- ment bien profilé. Les débris des deux Bas-f my. reliëfs, repréfentent des Captifs énchainëïjf parmi lefquels on remarque quelques Fem-fr1 mes. La proportion de ces Figures eft del' grandeur naturelle : 1'exécution en eft fiére JF & d'un cifeau très-vigoureux. A cinquante pas de la, & fur le même!" alignement, eft un autre Monument ( de xm¥ me date), de forme pyramidale, beaucouw' mieux confervé que le précédent; & que fufr les lieux, la tradition appelle le Maufolée W il flatte l'osil du connoiflèur par fa noble firn-*5 plicité. Son premier & fon fecond plan, fonti' carrés ; le troifième eft de forme circulaire* Celui du rez de chauflëe préfente un foubaf-i1 fement de 40 pieds environ de hauteur, furr 27 de largeur : il eft traité en PiédeftalÉ ayant bafe & corniche architravées de carac* tére d'ordre Tofcan. Un large Bas- reliëf (pra*f tiqué en table creufej, occupe chacune de»8 quatre faces: ils font traités fupérieurementl Celui qui regarde Yoccident repréfente uv Combat de Gens de pied; a 1'oppofition unéw affaire de Cavalerie ; une Bataille gagnécw avec la Fuite des Vaincus, eft le fujet du» troifième ; enfin toute la pcmpe d'un triom-1' phe, eft déployée dans le quatrième Bas-rc-l lief. Au-deffus de ce foubaflément, s'élève urrl1 ordre Compofite: Quatre Colonnes canneléesip1 & enclavées au tiers de leur diamètre, dé-ifc terminent les quatre Angles de cet étage, &l chaque milieu eft ouvert par une Arcade,! de fort bon gout. C'eft dans la frife de cetfl ordre, qu'eftplacée (du cóté du feptentrion)m  en France. ' ne Infcription que l'on prétend devoir être Aix, 1 ainfi : SEX. L. M. JULL£ J, C. F. PAuENTIBUS SUIS. . Un doublé Socle de forme circulaire lupine douze petites Colonnes cannelées , •u'ordre Corynthien; elles forment ici une èlie Lanterne, couronnée par une petue ffoupole formée de larges dalles, qui la terJinent agréablement. L'on voit dans Pinteneur de cette Lanterne , deux Figures lofées debout, plus grandes que nature: elés font face a Porient: il eft impofiible rivues d'en bas) de pouvoir prononcer fur iieur plus ou moins de mérite. En général >le dernier monument , nous a paru mériter ies éloges il pyramide élégamment •, fes ifnafl'es font belles & diftincbes ; & fi Pon ixcepte 1'engagement des quatre Colonnes feu fecond plan, tout fon, enfemble alors fetfroit excellent. L'opinion commune eft que ces deux Mqfflnumens furent élevés pour perpétuer la déIfaite des Cimbres & Teutons, par Caïus MaIrius, & Quintus CatuUus, qui triompbèrent lenfemble de ces peuples, entre la DuranJce, Orange & Saint-Remy, 99 ans avant IpEre chrétienne. On prétend que \'Jrc dl ütriomphe, dont il exifte encore de précieux lleftes a Orange, a été élevé a la même inr fj ;tention. AIX (*). Les environs de cette Ville I [ font des plus agréables; Son enceinte eft peu (*) A Saint-Jacquet, excellente Auberge.  2j4 Nouveau Voyage < Aix. vafte, mais elle eft pour la plus grande pari bien batie; on y trouve de larges Rues biel alignées, & formées par des corps de BÉ timens de bon goüt. Le Cours (co'mmenc en 1646 ) eft le quartier de la Ville le pli intéreliant: On lui donne treize cents pie< de longueur. Une doublé rangée d'arbr (qui laiflènt au milieu une voie d'une fo belle largeur pour les voitures ), font er core diftanciées de vingt a vingt-cinq piet de la file des Hótels, Couvens & Maifoi qui bordent cette magnifique rue. Quatre Fontaines (*), d'un deflèin mé diocre a la vérité, mais jailliflantes & qi répandent une forte quantité d'eau , foi placées au milieu de la grande voie, a d« points d'enfilades, dont plufieurs font heü reux. Une Terrajfe conftruite vers la port des Auguftins, fixe de ce cöté cette befl Promenade: 1'extrêmité oppofée , commd nique aux quartiers de la Ville que cett partie diftribue (**). La Place des Prêcheurs eft vafte, mai fa forme eft irrégulière & peu agréable: L'É (*) Celle dn cöté de la Terrafle eft d'eau miiiérale. (**) II eft dommage que l'on ait négligé dl fupprimer une petite iile de maifons qui fait faci a 1'Eglife des Carmélites, fituée a 1'extrcmité i droite du Cours. Si ce terrein étoit débarralfé fa fuperficie qui femble décrire d'elle - meme ui demi-cercle, au centre duquel fix Rues aboutiffent, offriroit un coup d'ceil , qui feroit , peutêtre, unique pour fa beauté.  £N FtLANCE. ■Êk qui lui donne fon nom, eft peu de cho- Ai*. 1 La Fontaine qui décore cette Place eft trai# en Obélifque (*) : La maffe totale: fait *Lbon effet. La P/aca du Marc/ié, eft fulcepAle d'embelliffemens & de plus de commo'.Ités; dans fon état aétuel, ce n'eft rien La \kace de l'HÖtel-de-villc, eft la moins bien 1 toutes; il feroit eependant facile de tirer ■ iantage de ce terrein. L'Hotel-de-vdle (K- dfoiftruit en 1640) offre un morceau de decoVltion des plus médiocre (**).Le Grmierpu%, occupe tout le cöté droit de la Place: ce Jtiment (élevé en 1760 ) eft vafte & d'une ilnftruftion folide : nous ne lui connoiilons Jae ce mérite. La Fontaine placee au eentre 1, cette Place, eft formée d'une aflez belle J)lonne ( antique ) cannelée , de granit 'tiental, trouvée dans des fouilles faites pres :1 porte des Auguftins : on y a ajoute une Jafe & un Chapiteau Coryntien (que 1 on a Art mal-a-propos dorés). Cette Colonne eft Xféefur unPiédeftal d'un effet mediocre; Jlle eft couronnée par un Vafe dont la forme [| ■— 1 f*ï Cet Obélifque a été élevé en 1760. On - 1 gravé fur une de fes faces, la Fondation de a iTille d'Aix, par C. Sextius; fur la fecondc fa- 31 e la réunión de la Provence a la Couronne; ür la troifième, la Naiffance du Comte de P o:f; reoce; fur la quatrième, la Dedicace de cet ,';.{ )bélifque a Louis XV. : \ (**■) La Grande Horloge, eft une tour attenant ,1 'Hötel-de-ViUe : ce monument d'un mauvais go»ti| -hique, interrompt 1'enfilade d'une Rue mteref1 fante: on le conferve (dit-on) pour fon antiquiié; il eft regardé comme le Palladium d Aix.  2jt? Nouveau Voyage Ak. devroit être plus fvelte & plus pyramida)ts La Fontaine des quatre Dauphins, flati;! plus que les précédentes, fans être cependai d'une exécution fupérieure. La Place a l| quelle elle donne fon nom, eft petite, rn» joliment percée. En général, les eaux font,» très-abondantes; elles jailliflènt, & couleft: par-tout. L'on doit chercher dans VEglife Catltf] drale ( vaifl'eau trés-vafte & d'un aflez bel gothique), les Fonts Baptifmaux, plus col nus fous le nom de la Rotonde : elle eft fel. mée de huit Colonnes (antiques) canneléa; d'ordre Corynthien; dont fix de marbre ve* & deux de granit oriental : elles ont feil pieds de hauteur, & faifoient partie ( ftjj; vant la tradition ) d'un Temple conftnl dans le voiflnage (*), Cette Rotonde eft bil dans fon genre ; il eft difficile de Pexamitf fans intérêt. Les Egüfes de l'Oratoire & des DomiM cains, font les feules de la ville que les amï teurs verrontavec plaifir, & les artiftes avff utilité : On remarque dans la première, deil tableaux peints par Mignard qu\ ont du ml rite. Le Portail & 1'Eglife des ci-devam Jéfuites, font comme tous les édifices de ■ genre que les bonspères polfédoient dans ff chrétienté ; nous voulons dire , furchargj d^ornemens, & oü la dépenfe fe fait plB (*) Le Palais Epifcofal (batiment des pl|8 ordinaire) a été élevé (aflure-t'on) fur une pafa tie des anciens foudemens de ce Temple.  en France. *37 Aarquer que le gout. Les Chapelles rfesAis. ftitens bleus, & des pénitens blancs (*) fft richement ornées: nous neleur connoiifis que ce mérite. lious indiquons aux curieux, nous les Jtitons même, k voir le joli Maufolée,^ SM Prulïienne vient de faire énger dans Iglife des Minimes, &u Marquis d'Slrgens. I Piédeftal eft' de marbre gris veine , fans iniche; il fupporteles Armesdudéfunt: un slnie tient de fa main gauche un Médaillon lans lequel eft le Bufte du Marquis)-, fa feite embraflè une Couronne & une branÏï de Laurier : a fes pieds font places quel]es Livres, & lesSymboles de la Science tfde la Juftice, &c: Tout le Maufolée fem■ être appuyé contre uné Pyramide de |rbre nok ia laquelle le Piédeftal C**) fer» .]/-:■ ) Efpèce de Congrégations féculières, comlifées dans plufieurs endroits , des deux fexes; liles, peut-être, dans leur principe ; mais qui 1' préfentent extérieurement aujourd'hui, que I s plus Tidicules mafcarades. Un long Sarau de i te blanche, grife , bleue, rouge, ou noire (fm£ int leur ordre) couvre ces Penitens des épaules •l (ix pieds • ils portent fur la tête un Capuchon de "j Ême couleur , peTcé vis-a-vis des yeux & de la j ouche On ne peut rien imaginer de plus hideux 1 u'une Procefion noiïurne de ces pénitens, & furfjut ceux vêtus de noir ..! Mais quelque fcjout j a Italië familiarife avec ces fortes de fpeétacles. 1 (**) On y Ut. „ A féternelle memoire de haut j|& puiuant Seigneur Jean-Baptifte de Boyer, ft marquis d'Argens, chambellan de Fréthrie le i Grand, roi de Pruffie, qui lui a fait elever ce  2jS Nouveau Voyage Marftiue. de bafe. Cette compofition a été exécutéf par C. Bridan. Nous avons parlé ci-devant (d Parfö Bruxelles), d'une Proceffion célèbre, qui il' faifoit ici le jour de la Fête Dieu. Elle att' tire a Aix un concours de fpeétateurs qrjï furprend; & quoiqu'il fe foit fait dans 1'oJ1 donnance de cette proceffion de grands reltranchemens, de grandes réformes; c'em néanmoins encore le plus fingulier (nouff dirions prefque ridicule) acte de dévotio qui ait lieu dans toute la chrétienté. M. le baron de Galllard eft poflefleur d'u Cabinet d'Antiquités, très-curieux, qui tou tes proviennent (dit-on) de-différente fbuilles, que di verfes circonftances ont fai faire dans plufieurs quartiers de la Ville Nousindiquonsce cabinet-ei,comme le plu connu & le pjus acceffible, entre une ving taine d'autres, qui honorent la Ville d'Ais MARSEILLE (*). Le premier col d'ceil que l'on peut jeter fur cette Ville ei y arrivant du cöté d'Aix, lui eft peu favo rable : on eft loin alors de foupeonner f vafte étendue; moins encore lui fuppofe roit-on la multitude des batimens élégan ;, Maufolée comme un monument étemel de f „ bienveillance & de 1'eftime dont il 1'honoroit » 1775- (*)Aux//«fee Cantons, bonne Auberge.-—Ai Comte d'Artois, a 1'entrée du Cours. La politioi de cette dernière Auberge eft dèlicieufe; elle domine toute cette belle promenade.  en France. • 239 ■ fes murs renferment. De hautes Mon- Marfeiiie. t-nes incultes & de pur roe, circonferivent l'baffin dans lequel cette Ville s'eft fuo . .qfivement agrandie, développée, Le Fau"ïirg Saint-Lazare, qui précède la Porte Jyale, eft vafte, peuple, & l'on y compte .ca nombre de fort belles Maifons. La Rue .Syale qui précède le Cours 1'annonce bien. ':jlLe Cours eft beau; mais c'eft par erreur ■Ms doute, qu'un auteur moderne lui donne •~3t cents toifes de longueur : celle totale, I>artir de la Porte Royale, jufqu'a celle .jj Rome (fituée a 1'autre extrêmité) n'a .le ó30 toifes; & le Cours, précédé de cette ..Inie Rue Royale, & fuivi de celle de ;;lmie, n'a dans le fait que deux cents toi- 1, fur environ vingt de largeur. De belles Ipifpns, d'une ordonnance prefque uni|ïme, décorent de droite & de gauche ce uiig terrein : une Allée d'arbres occupe le llieu (*). Deux Fontaines de fort mauvais , Jut font placées vis-a-vis Pune de 1'autre ft milieu du Cours. rlL1'ancienne Ville embrafiè toute la hau;f.ir ; les Rues y font étroites; mal per••.jfes, & très-fales : auffi ne font-elles fré• ffentées , que par ceux que leurs affaires '=s|conduifent: elles paroiffent être abandon— es (pour la majeure partie) au plus petit del ,uple. On doit en excepter une partie des lOIOÜ . ______ .ti (*) II eft dommage que cette Allée ne foit ".'j Int doublé ; il 1'eft encore plus , que cette belle 4 unacnadc ne foit point prolpngée dans fa même ' rgeur auffi loin que la Rue qui lui fucceds.  240 Novfeau Voyage Marfeiiie. deux Rues parallèles au Port : Ce quartief' eft 1'un des plus marchand de la Villeifl2 La Ville neuve eft formée de Rues larges|H bien alignées & de Maifons agréablemetif baties; de nouveaux Quartiers fe dévelolf pent fucceffivement, & les terreins qui paf roiflènt offrir quelques avantages locaux, ff' couvrent infenfiblement de Maifons. f: Deux Forts; la Citadelle & le Fort Salnk Jean, conftruits a 1'entrée du Port, défenf/ dent avec fuccès fon approche : ils font prwD cédés & foutenus par plufieurs autres, fitul1! fur les principaux Caps des environs. II Chdteau d'Jf, tient le premier rang; il el' conftruit fur une Ifie qui lui donne fon no«! fituée aunquart de lieue du Port, & pr# de laquelle ifie, mouillent les gros vaifleavle qui ne peuvent entrer dans le Port. li1' Chdteau de Notre-Dame de la Garde (**!; brochf1 ^ (*) On connoit la plaifanterie heureufe , inf<§; rée dans le charmant Foyage de Bachaumont, & de la Chapelle. „ Tout le monde fait que Marfeiiie ,, Eft riche, illuftre, & fans pareille „ Pour fon Terroir & pour fon Port; „ Mais il vous faut parler du Fort, „ Qui fans doute eft une merveille; „ C'eft Notre-Dame de la Garde, l ,, Gouvernement commode & beau, „ A qui fuffit pour toute garde „ Un Suiife avec fa hallebardc „ Peint fur la porte du Chateau. Ce Fort (continuent nos Voyageurs), el „fut le foramet d'unroclier prefqu« iaacceffibl  en France. 241 iroche fur le tout; non par fon inexpu- jjarfeiue. jnabilité (car nous ofons le croire d'une jjfez médiocre défenfe ); mais paree que fa jofition fort élevée, lui fait dominer fur un jorizon immenfe : c'eft de ce Fort que fe jgnalent les Vaiflèaux qui arrjvent a la Cöte. ] Le Fort eft un des plus beaux & des plus prs du royaume : fon feul défavantage eft je ne pouvoir recevoir que des vaiflèaux mm port médiocre. Le coup d'ceil qu'il présente eft délicieux, & d'une richeflè qui en inpofe;il y règne le plus grand mouvement» j L''Hotel-de-ville eft heureufement fitué; I orne le Port, qui réciproquement lui eft «vorable. Ce batiment eft petit (*), & fort ju-defibus de fa réputation; des arrachemens Ie murs qui fe font remarquer dans la Fajade oppofée au Port, indiquent que ce baj.ment devoit avoir plus d'étendue (**). i'elt dans le veftibule du rez de chauffée, & fi haut élevé , que s'il commandoit a tout ce k qu'il voieau-deffous de lui, la plupart du genre humaiune vivroit que fous fon bon plaiiir, &c. (*) II manque d'Efcalier ; celui par lequel on aTvient au premier étage, eft pratiqué dans une Maifon voifme. (**) On s'extafie (ici) fur 1'Eciifon des Armes \'e France , pofé a*u-de(Tus de la Porte d'entrée : i l'on en applaudit fimplement 1'exécution, nous pchériffons fur 1'éloge ; paree qu'a bien des tgards, on peut compter ce morceau de Sculpture pntre les meilleurs fords des mains du Puget: mais a proportion eft beaucoup trop forte pour le peu l'élévation d'ou cet ccuffon eft vu ; ii eut été hieux placé dans le couronjjement. Tome X. L  z42 Nouveau Voyage wr.rfciiic fe tient la Bmr& (luel'on aPPellyci| loge) emplacement beaucoup trop refter-* ré, mais dont on fe contente en attendantf mieux (*). f L'on peut voir dans plufieurs des balles !| de 1'étage fupérieur, quelques Tableaux J d'un vrai mérite : dans celle du Confeil, onj temarquera la Pefte que Marfeiiie eut le mal-1 heur d'effuyer en 1720, peinte par de SerreJ Dans la même Salie , un grand Tableau de| Défaudran, dans lequel il a repréfente 1'A-i pothéofe de la Ville : Ce morceau eft cora-j pofé avec génie, & dans le goüt de le Brun :§ les couleurs s'éteignent; c'eft dommage. Oii montre dans la Salie de Police, 1'entrée dJ Louis XIII dans Marfeiiie : Ce tableau faitf peu d'effet; fon principal mérite eft dans li coftunae de ce temps-la (*). • La Cathédrale eft un vaifleau peu vafttf & très-fombre. On voit dans la Chapellfi (dite.) du Saint-Sacrement, trois bons TaJ f*) Le commerce qui fe fait a MarfeillJ apris depuis dix au» une tellc cxtenfion, que lei Négocians s'affemblent k la Bourfe deux fois le jour ; k midi & au foleil couchant : indépendarti ment des fortes affaires que les Capitahftes diri^ gent de leurs Cabinets. J (**•) Dans une autreSalie, on voit le PortraJ du dernier roi de grandeur naturelle , qui en 9 préfent k la ville de Marfeiiie, en récompenfe dè fon fcèle, lors de 1'expcdition de Mahon , & ceuï du maréchal duc de Beïifle , du duc de la Vrtlh* re &c La vuequeprocurent les Salles qui preOT n'ènt leur jour fur le port, eft dèlicieufe : auffi 11 - célèbre Vernet en a-t'il nré le plus grand paru. I  ea' France. 243 üleaux da Puget; celui au-deffus de 1'Autel MarfWie. ippréfente le Salvator mundi : les deux aures font placés dans les panneaux qui font «ce a la croifée : 1'un a pour fujet le Bap3tjême de Conftantin, 1'autre celui de Gods : ces derniers plaifent beaucoup plus que mï grand; ils font touchés avec efprit & d'un iaire gracieux. La Chapelle Saint-Lazare, eft rnprmée d'une Colonne & deux Pilaftres antiHues de marbre blanc : les feuilles de pampres tfip de vignes qui entourent la Colonne, & § lui garniffent le fuft des pilaftres, font d'une sffelle exécution. On prétend que ces marijlres faifoient partie d'un Temple de Diatle, érigé dansles environs. M Le Palais Épifcopal, ne mérite (extérieuÉement) qu'un coup d'ceil. On loue (fur les uaeux) quelques Tableaux qui ornent fes Appartemens : Nous ne les avons point vus. J ISEglife des Carmèlites, eft jolie & d'une [Órrande propreté; le Sancbuaire a de la masiefté. Le Tableau du maitre-Autel (peint "Aar Onaffe) repréfente la Magdelaine aux ïAieds du Chrift : Ce tableau a du mérite. Le Wortail de 1'Eglife des Dominicains, a pour ;,|ui le premier coup d'ceil; 1'examen lui fait iiilour perdre. L'intérieur de 1'Eglife eft mieux: la Chaire d prielier eft d'une bonne exécu:#ion (*). L'Eglife de la Vifitation (prés la j (*) On cite le Portail de YEglift de VOraA ttoire, comme un bon morceau d' Architefture : dan» I ifcfait, il eft très-médiocre. L'intérieur de 1'Eglife ;| i plus de mérite. On doit y remarquer quelque* II öas-reliefs qui ornent le fond du Chceur : de L ij  Marfeiiie. *44 Nouveau Voyage porte de la joliette) , poffède un beau Tableau de Parocd; nous ofons même 1'annoncer, comme le feul ( entre tous ceux qui décorent ici les Eglifes) digne d'être recherché. On y voit la Vierge admirant 1'Enfant Jefus dans fa première enfance; c'eft la nanrro pmhe.lbe nar les eraces de l'art: Heft r>W fnr une iolie Chapelle en entrant 4 T ,c Tnhlpau nlacé fur le maitre- Autel de cette même Eglife, eft de Pugctl fils; il a pour fujet la Viütation : Ce tt.bleaul a, mconteitaDiement ou iuchlc , ujou «■ perd beaucoup a être vu, après le FécéJ|; dent (*). 1 » nni Tpnrpfpnrp l'Adoration des Bergers , & un autre dans lequel on voit une Anif nonciation ■, ces deux morceaux font joliment'touJf" chés. La Bibliothcque, le Cabinet ü'ffiftoire n«*«TT relle , & VObfervatoire de cette maifon, veulent être « vus : le tout arrêtera peu de temps. (*) Les Cicerone de Marfeiiie, ne manqucnS point de conduirc les Etrai;gcrs dans 1'Eglife d# grands Cordeliers, pour leur y montrer un Tableau (placé en entrant dans 1'Eglife a gauche)1 Tcpréfentant un Ecce Homo , que l'on dit avoir étt peint en 1473 par Reni d'Anjou, pénultième Comö de Provence: c'eft aflurément fon feul mérite . ( Voy. plus bas art. Avignon; Eglife des Célel tins). L'on montre dans la Sacriftie une Tête ïlumaint I d'une grofleur peu commune: elle a (dit-on) 5' f pouces de circonféreuce. Le corps qui la fuppor I toit, avoit un peu moins de quatre pieds de hau | teur : cette partie étoit la feule de fon corps qvi I fut chez lui difproportionnée ; il étoit Notaire 1 Marfeiiie} fou nom étoit BorgUni.  EN FR.ANCE. 245 II faut voir dans la rue des grands Car- Marfeiiie. :nes, la Maifon & la Statue, que la traditiqn lit être celles de Titus Annius Milon , Sélateur Romain, exilé a Marfeiiie , pour idtaufe du meurtre de Claudius: Cette Figure «antique), eft d'un bien mauvais genre ; elle ift portee fur une confole, dont le principal Rnement eft une Tête de Louve (*). 4 Sur la Place de Lencht, contre une Maifon :|ui fait le coin de la rue des Roudéaux , eft jflacéun petit B as-relief(zntiqué) de marbre, epréfentant un Vceu nautique : c'eft peu de -hofe. La Poijfonnerle neuve, eft (dit-on) du leliein de Puget : nous voulons bien le Ëroire, puifque tout Marfeiiie lui attribue ifie batiment ; mais alors il feroit notoire 'lue Puget a été un excellent Sculpteur (**), fin aflez bon Peintre , mais un pauvre Arjthitecte. '1 (*) La Boiferie du Chceur de VEglife des fcrands Carmes, eft une des curiofités de Marfeil' j'e • elle eft joliment traitée : on y trouve encadrés 'lans les panneaux, de petits Tableaux d'une 6,|dmable intention. Au refte, tout ceci n'appelle !*ue les Voyageurs oififs , & qui n'auroient rien de mieux a voir. J (**) Ce n'eft qu'aprcs avoir vu le Saint-Sdbaf'iien, & 1'Evêque Alexandrc Sauli (figures plus Kandes que nature)-qui décorent 1'Eglife de Santa '\ 'yiaria di Carignan» , a Gênes, & 1'Aflbmption de I a Vierge dans 1'Albergo de Ia meme Ville , que 1 -"on peut prononcer fur le mérite fupéricur de cet ': itifte : le Saint-Scbaftien fur-tout, eft de la plus 1 rrande beauté. L iij  246" Novveau Voyage &#&ge. On conferve préeieufement , & avec rai-l fon, dans un petit Batiment nommé la Con-1 jlgne ( fitué a 1'entrée du Port), un Bas-I reliëf en marbre, d'environ trois pieds & de-1 mi de longueur, fur quatre & demi de hau- ij teur : il repréfente la Pefte de Milan. C'eft I un bien excellent morceau : une partie n'eitf malheureufement qu'ébauchée. Le Jardin de PintenJance, eft peu vafte, 1 mais agréable; c'eft une des curiofités del Marfeiiie : une qui 1'étoit (*) beaucoup| plus, mais dont on ne jouiflbit pas facile-| ment, étoit, \'Ar fenol & Parend''Artillerie,* Tous les Batimens qui dépendent de ces for-| tes de départemens étoient vus avec plai-l ik: de larges Canauxqui communiquent avec| le Port, facilitoient les travaux de l'inté*ij rieur. II y avoit, lorfque nous y pafiarnes'J bien peu de mouvement. UEglife de Saint-Ferréol, eft la plus ré-| cemmentbatie ; ell-en'en vaut guères mieux :| Son Portail eft d'un maiïif écrafant. L'inté-| •rieur de 1'Eglife eft mieux traité , mais tropp fombre : la Lanterne qui éclairé le centref de la croifée, eft bien. On voit au fondi< du Chceur trois grands Tableaux; celui dui (*) Sa Majefté ayant jugé è propos de fup-K primer ce département; la Ville vient d'acquérirE (au mois d'avril 1781) le vafte terrein qu'ilr occupoit. En faifant cette acquifition pour fon» compte , la Ville a follicité & obtenu la permik F fion d'y former une Place au centre de laquelle! |; il fera élevé une Statue pédeftre a la gloire dèj i Louis XVI.  Nouveau Voyage 1 M»rfeiiie. c'eft une Promenade; & ce n'eft qu'a ce tkre li que nous en propofons 1'examen aux ama-| teurs. Le Portail de leur Eglife eft mauvais :'|; le Périftyle eft fans grace, fans caracbère : on» vouloit ( fans doute ) qu'il füt fimple ; il effcli plus que fimple, il eft pauvre. L'intérieur Iq plait d'abord par fa grande clarté & fon ex-I treme propreté. La petite Chapelle a droit&ï'i en face de la Porte d'entrée, eft enrichie dei deux petites Colonnes ( antiques) de mar-| bre noir veiné d'or, de la plus grande beauté.|( Au-deffus de la grande Porte d'entrée, efts't un Tableau peint par de Serre; il repréfente» 1'extafe de Ia Magdelaine fur le mont Pilon :|i c'eft une vafte compofition, & la plus grande» qu'ait traité ce maitre; mais ce n'eft poinrai fon chef-d'ceuvre. Le grand Tableau pofélt au chevet de 1'Églife, offre un Calvaire : on» le dit peint par le Frère Imbert , Char-|l treux : il eft d'un pinceau aflez large, maislj rude, fee ; il fait eependant de l'effet < ■== ==■ 3. Excurfion Une tradition re9ue dans le pays ( dont m i'êierina- la fource eft au moins apocryphe ), veut que. sainte- fa}nte Magdelaine (fceur de Lazare, que lesi Provengaux croyent fortement avoir ete leur premier Evêque ) fe foit tranfportée de fa première retraite, pour venir terminer fes jours dans une Caverne , depuis nommée Sainte-Beaume. Avant que Part eut un peu embelli cette folitude, elle devoit être affez trifte. Les Dominicains, qui y ont une maifon , ont vifiblement aidé la nature \_ &  ïtxcepté la Grotte proprement dite, toute :;Cette enceinte nous a paru agréable (*). Le chemin qui conduit de Marfeiiie a la eSainte-Beaume , eft montueux & peu agreatble; auffi ne fait-on guères cette petite exycurfion , que pour tuer le temps, & faute de me favoir mieux 1'employer. La route de Marfeiiie a Toulon , n'eftExenrfloni pas une des plus agréables routes de la Pro- Tovaon, ef ,vince : il y a dans le temps de fecherefle d,HyèreS„ une pouffière étouffante; & des boues afifreufes , après quelques heures de fortes Ipluies. Des murs éternels, a partir de Marfeiiie, interceptent la vue de la campagne durant deux lieues : ces murs clofent une infinité de Baftides qui ne céfient point de fe fuccéder jufqu'a Aubagne. On voit ici une iiolie Maifon de campagne que 1'Evêque de Marfeiiie vient d'y faire batir : elle eft i fort agréablement fituée. De Baujfet a Toulon, on fuit les finuo| fités les plus répétées d'une Gorgefort trifte , ■ fort étroite, que laiffent entr'elles des montagnes de purs roes, très-efcarpées & fo (*) La Grotte dans laquelle on prétend que 1* fainte Pénitente a fi long-temps habité, eft tapiffeed'une mouffe très-fine, & qui annonce peu d'humidité 11 croit dans les environs une grande quantité de plantes odoriférantes, dont 1'odeur portee par le vent fe fait fentir d'afiez loin : fi ces plantes font naturelles , ou étrangèros au fol, c'eft ce que bous ignoroas, ^  ' sjo Nouveau VoYaqe Tuuion. élevées : 1'ceil eft néanmoins de temps \ \l autre fatisfait des tableaux pittorefques que it ces montagnes produifent. On voit dans quel- li ques Jardins du Villsge d'Olivaks des Oran- i la gers, des Cédras, des Grenadiers plantés en 11: pleine terre : la vue fe repofe avec d'autant plus de plaifir fur ces objets, qu'on les attend F moins au milieu de toutes ces montagnes. si '1 tl TOULON (*), eft d'une médiocre gran- ■ s deur; quelques-unes de fes Rues fontl pafla- f( blement belles: il y règne, dans plufieurs, u aflez de mouvement: le commerce des Vius' ' c eft celui qui y eft le plus acbif. Le Port, ( eft d'un vafte qui en impofe; Pceil embrafle i difRcile'ment fon étendue. Le Quai, eft en { partie décoré de belles Maifons : VHötelde-ville qui s'y trouve placé, n'offre de re- I marquable que les deux Termes (traités en É, marbre) du célèbre Puget: 1'exécution en I eft fupérieure. La difpofition, 1'ordre & 1'emplacemenE 1 des Magafins d'approvifionnemens de toutes fortes; les Arfenaux; la Fonderie; la Voi- lerie; la Corderie (**); les Formes; les Baffins & Chantiers de Conftrucftion ; les Cazernes; le Bagne des Forcats, &c... oc- 1 cupent ici un terrein plus reflerré que celui de Rochefort : mais tous ces détails y font (*) A la Croix verte, bonne Auberge. (**) Ces deux derniers batimens, font voütcs a 1'épreuve de >la bombe : Ia longueur de la Corderie, eft (affure-t'on ) de trois cents pieds; fa largeur intérieure, eft de quarante.  e sS France. 231 ildiftribués avec une correfpondance qu'on ne Toulon. peut affez admirer. La Porte de l'Arfenal ift d'un bon genre, mais les Figures & toute ,:la Sculprure de 1'avant-corps, font d'une l'exécution bien médiocre. On a ajouté récemment aux anciennes )|Fortifications, de nouveaux Fortins, qui den chicanent avantageufement les approJches : la montagne contre laquelle la Ville .js'appuye, & les cótes qui bordent la rade, dfont hériffées de Potles d'obfervation & de inouvelles Batteries (*). L'on pourroit dire , sjque cette Place, déja très-forte en 1707 (puifqu'elle a réfifté aux forces combmées idu duc de Savoye & du célèbre prince EuIgène), eft aujourd'hui inexpügnable. I (**) Le chemin qui conduit de Toulon laux /{les d'Hiér es, eft fréquemment trésl agréable. La vue de ces Ifles (***) eft peu f"*") II ne nous fut pas poffible (dans notre I dernier paffage a Toulon) de pénétrer dans 1'ArI fenal : les défenfes du Gouvernement s'étendoier.t I alors jufqu'a même ne point permettre aux étranIgers de monter fur la plate-forme du Clocher ■de la Cathédralc, paree qu'elle domine en partie , les balans & les Chantiers de conftruébion. I (**) Les Voyageurs fe portent volontiers a la li fuite 1'un de 1'autre; oü 1'un paffe, 1'autre paffe ; Ic ce que 1'un a vu, 1'autre le veut voir. De la, nomI! bre d'excuTfions qui mettent fouvent hors de la \ route direfte, que l'on s'étoit propofé de temr \ d'abord : mais quand le temps ne commande ponu , 1 & que l'on ne peut pas mieux, c'eft autant de ■1 plaifir de plus qu'on fe procure.! ■ _ 1 1 (-***) Ces Illes font au nombre de trois ; on tts L vj  2j2 NovVeav Voyage. rnerveilleufe; elles font prefque défertes. La ville qui. porte le nom- d'Hyères ( fituée fur terre ferme), eft petite , mais propre & aflez peuplée : fon Port ajadis été célèbre; il eft maintenant aux trois quarts comblé. L'heureufe température du climat, qui per-ï met la culture en pleine terre des Orangers, 'des Cédras, &c. eft la feule curiolité qui puiflé y attirer les Étrangers. *■—— ■ 1 ■■ ■ —i-8> 1 Projet Ut *L ^ ^es Voyageurs, qui, de Toulon f Route dl prennent leur vol pour 1'Italie; & alors ils ; Toulo"> dirigent leur marche ; par Antibes; Nice; 2* ^G ' le Col-de-Tende, Novi, & Gènes, &c.. La faifon dans laquelle on fe trouve, doit décider. Cette route n'eft pas également agréable par - tout: nous en allons donner une. courte analyfe, & nous en garantiflbns 1'exacbitude, fi toutefois quelques localités des lieux n'ont point changé depuis 1770.. De Toulon. a Nice, fort beau chemin ;. il faut eependant en excepter ; 1 °'. ia rudemontagne que- l'on trouve entre Fréjus (*} & l'Eftreile , & qui defcend très-rapidement nomtne Portquerolhs; Port Croz ; 1'ifle du Levant. 11 s'écoulera peu de fiècles , pour que ces trois Iiles-, fe réuniifent a la terre ferme... £*■) FRÉJUS, ville. batis par les Romains,. qui y avoient. conftruit un Port, qui fut longtemps célèbre : il eft entièrement comblé.aujourd'hui : la- mer s'eft retirée de plus d'un demimille. On remarque a Fréjus quelques reftes d'uu. Amphitheatre, & ceux d'un bel Aqueduc, &c.  ejv France. 233 \ la Napoule. 2°. Le Paffage du Var, qui Antibes» ffe fait a mi-chemin A'Antibes (*) aA7iceNiee* ■ **). Ce paffage dans les crues d'eau , eft Ibuvent dangereux. 3 0. Enfin la Montagne |3e la Scarena, que l'on monte au fortir de siNice , pour fe rendre a la Chiandola. 1 L'on eft nécejfité de quitter fa voiture a Avis utU«> wNice,&de l'envoyer par mer d Gènes; paree I (*) ANTIBES, joli petit Port de mer-, Ville kgréable, commercante, & fort peuplée, relatie itement k fon étendue. Les fortifications ont été ■renouvellécs par le maréchal de Vaulan ; elles font ■■belles, & bien entretenues. Les Jardins qui enJltourent la Ville, font curieufement foignés; on y IremaTquc par-tout les plus belles Fleurs, d'excelj lens Fruits. Les Orangers, les Citronniers, y croif'Ifent en pleiue terre. 'I (■ ** ) NICE , Capitale du Comté de ce nom. ICette -ville eft fituée, pour la plus grande par'ftie, fur un rocher très-efcarpé; le Chateau eftbienffortific ; eependant quelque avantageufe que foit ïlfa pofition, il n'a jamnis pufoutenir de longs fieJges. Francois Ier 1'affiégea par terre, tandis que jüifoii aliié Barberoujfe en bloquoit le Port, 1'an.K543. Le maréchal th Catinat le prit en 1691; le' iliiic de Bei-wiek en 1706; le Prince de Conti en '11.744. Beaucoup d'Etrangers viennent y pafier ïfhiver, qui, communément y eft peu fenfible :. 'c'eft le plus beau Cicl de 1'Italie, & pcut-étre de 1'Europc. La température y eft dèlicieufe, & la> terre ne ceüc de s'y couvrir de produéhons. Les légumes & les fruits y font exccllens. On a beautoup bati , & l'on conftTuit tous les jours de nouvelles Maifons, vers la partie la plus bafTe de. «■Mirf-• re!n Téop.nd. fur aflez loin a la ronde, im- air vivant & peuple qui fatisfait..  «34 Novveau Voyage Pafage in que le Col-de-Tende (~d travers duqutV\f Tcnde" on P^tre ^ans cmt Pan'Le des Alpes), n'ejl m point préparé pou.r ce tranfport: les zig - zag i|; y font trop courts & trop fréqueni. L'on 4 prend d Nice des Muiets, qui vous condui-$> fent jufqu'd Limont; ou fi l'on veut des Por- i teurs, qui fe préfentent en nombre pour ce m' fatigant fervice. Le prix de cette courfe lf n'eft point ïïxé; ilfaut faire le meilleur marché pojjible, & fur-tout, s'expliquer bien claire- P ment fur les conditions. On donne commune- P ment, depuis kuit, jufqu'd dou^e livres de §> Picmont pour cha,que Mulet, par jour, lel Muletier compris : £? trois d quatre livres V (également par jour, pour chaque Porteur h ("*J): Muiets, ConduÈieurs & Porteurs /e l nourrijfent; & vous paye^ autant pour leur m retour : en tout quatre jours de folde. II ne faut pas moins de vingt-cinq mor- i telles heures de marche (pour peu que l'on m traine après foi de bagage), pour fe rendre m de Nice a Limont; quoique l'on ne compte |: guères plus de dix poftes moyennes: il eft li; donc prudent de s'arranger en conféquence. I Le meilleur moyen, feroit de partir a fon I aife de Nice, & de venir coucher a la Chian- nt dola; mais il ne faut pas oublier de porter 1 avec foi des vivres: 1'auberge de ce petit 1 bourg, étant communément, affez maigre- I ment approvifionnée. On quitte le lende- I (*) II ne faut pas moins de (lx Porteurs, pour chaque Perfonne d'une corperance ordinaire: ils I ont le pied très-fur, beaucoup d'adreiTe & d'agilité. ■  en Francs. 23.5 main la ChianJola avec le jour, pour fe ren- Conl, a«. ire a Tende. L'on met ordinairement trois :brtes heüres pour la montée de ce coté-ci, k une demi-heure de moins pour defcendre i Limont. A partir de Limont, mais plus furement le Coni, les Voyageurs qui fe trouveroient löp fatigués , pour continuer la route k pheval jufqu'a Gènes en pofte, trouveront de petites'Chaifes du Pays, (unpeurudes, tin peu mal-propres a la vériré) ; mais qui faute de mieux, font reflburce. I De Coni (*), (Ville très-forte & que les Francois ont inutilement affiégée en 1691 , hn 1706, & 1744); on fe rend iAfti,(**) lliftante de huit forr.es Poftes. Le chemin eft j'réquemment beau; il traverfe de belles campagnes , très-peuplées & bien cultivées. j Arrivé è. ASTI, on fe trouve dès-lors fur Ja grande Route de Turin , a Alexandrie, hènes , Plaifance , Panne , &c. Nous ne luivrons pojnt plus avant cette route , pour fee pas nous répéter; & nous allons reprendre jaotre courfe, a partir de Marfeiiie. J Les Voyageurs, pour lefquels nous defti-. \10ns ces Mémoires; en comparant les trois Uaffages des Alpes (le Col -de -Tende; le Mont-Cénis; le Mont Saint-GqthardJ), a ïravers defquels nous les conduifons; feront • (*) A la Pof-t, trifte Logement, mais aflez bonne Auberge. . A la Rofa Rófii, bonne Auberge.  zjS Nouveau Voyage tf''amant plas en état de choifr celui des trok m qui conviendra le mieux au point de leur dé- #e part, & au but ou ils fe propoferont d'arriver. ib •e -=^^===» * Route ii S' Cette route eft quelquefois pénibler|t Marfeiiie mais elle eft toujours gaye, vivante, agréa-|. Avf "wn"' ble '■> P faut pourtant en excepter le paiïage| orange"' de la Durance, qui a lieu entre Andiol &|. vaience B ylvignon: une partie de ce paflage; fe fait a i,, Vienoe. gué ? & le refj.e au m0yen d'un bac : cette fc partie-ci eft peu large, maisprofonde, &: de; la plus grande rapidité. ■ AVIGNON plait, fans être eependant fort agréable : fon heureufe fituation fai$ tout fon mérite : on y trouve plufieurs belles Rues, des Promenades 2gréables, & quelques Maifons baties avec une certaine magniricence. Les Papes qui régnèrent depuis Cle^jHentF'jufqu'a Grégoire II, y firent leur réfidence ; ce qui embraffe un efpace de 62 ans. La Cour de Romeentretient a Avignon, une garnifon de 150 hommes d'infanterie &: 25 chevaux légers qui font leur fervice a pied (*). On découvre du Plateau prés de la Ca- (*) Nous avons vu ces deux Troupes & lee ft douze Suifles de la garde du Lcgat, dans leur I plus beau, paree que nous affiftames a la réceptiotip & prife de pofleflion de ce nouveau Commandant, 1: Nous doutons qu'il foir poifible de voir un fafte pi plus mefquin, & plus oftentieux a-la-fois.  EN FRANCE. 2£7 tédrale , une vue dèlicieufe. L'intérieur AvJgnoji. >e cette Eglife eft fombre & de peu de méite : mais il y faut cbercher un beau Taileau par Raphaël: il eft placé dans la première Chapelle en entrant a gauche; il reJréfente 1'Aflbmption de la Vierge. Compofition , exprefiion, coloris.... Tout y eft iléïicicux» ■f Le fond du Sancbuaire eft décoré d'un TaAleau peint par Parocel; le fujet eft le même ihue le précédent: c'eft un très-bon Tableau, tinais ce que fait valoir encore mieux le preinier. Une Adoration des Rois-Mages, & une 4'ies Bergers, font placées dans lespanneauX ■ Jau-defius des Stalles: ces Tableaux font de Misnard, &lespluseftimésde ce maitre (*). II Le Tréfor de cette Eglife, eft extrêmement firiche : il confifte dans une infini'té de Rehsjquaires, d'Ornemens, de Vafes facrés, dont slbeaucoup font enrichis de Perles & de Pier- • elres précieufes. . L'Églife de la Miférlcorde, eft joliment Jdécorée : on y remarque fept bons Tableaux >|par Mignard. Un Crucifix en ivoire, par Ir. Guillemont, mérite d'être cherché par la «beauté de fon exécution; c'eft une fort belle ■jfPièce : ce Chrift a environ deux pieds de ilproportion : On le conferve dans une arii i moiré de la Sacriftie de cette Eglife. I 1 (*) On remarque prés du Chceur, dans le paf| l-fage qui conduit ala Sacriftie, une excellente CoI , pic d'un Tableau célèbre de Rcipbaël , appele \ v-vulgaitement la Jardinièréi on croit que cette ! I Copie eft de Jules-Romain.  *?S Nouveau Voyage Avignon; 'L'Eglife des Céleftins, pofléde deux très^ bons Tableaux de Parrocel: 1'un repréfente la Vierge, 1'Enfant Jefus, Saint-Jofeph & Sainte-Anne; dans 1'autre on voit la Vierg? affife fur un nuage, tenant 1'Enfant Jefus dans fes bras; faint Roch & faint Sébaftiefl paroiffent la fupplier pour la ceffation de li pefte : ce dernier eft placé dans une Chsj pelle prés du Cheeur. L'on fait remarquer dans cette Eglife /l comme un effort de 1'Art, un grand Basrelief en marbre placé derrière le maitreAutel : dans le fait, toute cette fabriqu« eft affez médiocre; elle offre eependant d'excellentes parties, ce qui feroit croire qua tout n'eft point de la même main (*). Les curieux ne manquent point de chercher dans VEglife des Cor deliers, le Tombeau de la Belle Laure; il en eft peu qui foit auffi pauvre : II confifte dans une fimple pierre pofée en épitaphe contre un des pieds droits d'une efpèce de petit Caveau en entrant dans 1'Eglife a droite. Le Maufolée du brave Crillon, eft un peu plus diftingué; il ('*) C'eft dans une des Salles de cette Maifon que l'on conferve un Tableau peint par Rcni d'Anjou : Ce Prince y a repréfenté le Squelette d'une F^rnme (que l'on dit avoir été fa maitreife ); une Bière eft a cóté , dans laquelle quelques toiles d'araignées font imitées a faire illufion : de mauvais Vers gaulois ( également de la fabrique du Duc) fe lifent fur une Table que tient le Squelette : nous nc citons au refte ce Tableau, que pour fa fingularité. Voyez ci-devant l'Art. Marfeiiie.  e iv Fh^kce.- -53 Lt élevé dans la feconde Chapelle è gauche. Avijnot. j 1? Eglife des Dames de Saint - Louis, ( qui Jtoit ci-devant celle du Noviciat des Jeiui(ïes), eft jolie & décorée avec gout. L Eghfe lies Dames de Saint-Laurent, peut. etreafümilée avec la précédente • le Plafond de celle! Ei, a beaucoup de mérite : On prife infimment jfur les lieux deux Tableaux, par Mignard, lt placés aux deux cötés de la Grille du ifehceurV, 1'un repréfente PEnfant Jefus qui fbmmeille fur les genoux de fa Mère; 1 auJtre Judith & Holopherne : ils font verita' blement beaux. , I La Chapelle des Pénuens hlancs, eft deicorée par une Boiferie d'une belle execuItion • le Plafond eft lourd & fent la detremilpe • le petit Döme & 1'Autel a la Romame Ifont d'un bon genre. h'Églife des Bénédiclins, ieft encore une curiofité d'Avignon; on y 3 voit le Tombeau de faint Marcel: c'eft urie «grande machine de compofition gothique, ijentièrement de marbre : les connoifleurs y ilremarquerontquelques beautés de detail (.*). 1 Avignon eft médiocrement peuplee, & ÜTon commerce eft peu confidérable : on y " irécolte & ü s'y fabrique des Soies, & les r -Moulins a organciner y font pratiques avec || i intelligence. ; C*1 Le Squelette (en marbre) couché au bas > du Sarcophage, a (dit-on) le rare merite de gue' rir ou de uier dans les vingt-quatre heures, les I Enfans & les Adolcfcens attaqués d une maladie \ de langueur. Ce miracle s'opèie , en coucliant le i malade fur ce merveilleux Squelette, &c.  2óo Nouveau Voyage Villeneuve- VILLENEUVE-AVIGNON. Cette pe-t1 ö™Vite Yille> appartienc a la France, prendif Vaucliife. depuis quelques années un accroiffementEf fenfible. II ne refte plus que quatre Arches entières des dix-neuf qui formoient 1'ancier Pont fervant de communication (pour lèi gens de pied feulement) d'une rive a l*M tre. On paffe maintenant le Rhóne dans ub bac; il eft ici d'une prodigieuie rapidité. Les Eglifes & les Couvens des Chartreux & des Bénédiftins, font ce qui fe peut voii ïci de mieux : la vue dont fait jouir la Terraffe de cette dernière maifon, eft d'une beauté attachante. Excuriion<) La Fontaine de Vauclufe, immortalifée u Jout™, par Fétrarque , n'eft plus ce qu'elle a été «vaucwie. autrefois. Sa fource s,eft partagée en troiJi: branches principales, qui ne fe réuniffentl qu'a prés de cent toifes au-deffous de fonl ancienne fortie. Une partie confidérable duf rocher (dans 1'enfoneement duquel, ellel s'étoit pratiqué un vafte baflin), en s'écroulant, a comblé ce grand efpace de terrein (*). II eft difficile de citer une plus belle fource; plus abondante, plus impétueufe, & qui en impofe autant que celle-ci. Elle fait agir un Moulin a peu de diftance de fa fortie. (*) Une longue Infcription latine incruftée fur une porcion de Rocher , prés de cet ancien Baffin, donne lc Précis hiftorique de cette révolution, qui fut entendue & fentie de plus de fix lieues a la ronde.  en France. 261 ,M Les mines du Chdteau de. Fétrarque, fe owngc. ..jloyenr a droite au fommet d'une montagne .jslui a la forme d'un pain de fucre. Ces yefti.j les ne donnent point une bien haute idée ;1|e ce qu'a pu être autrefois cette gentilhomrinière. A partir du pied du vieux Chateau, ■'■jjjette gorge s'élargit infenfiblement y elle de: a-ient un vallon des plus agréable , qui fe l'ilermine dans une campagne auffi riche que :;:lharmante. La Fontaine de Vauclufe, perd ...lès-lors fon premier nom ; elle roule avec ^Abondance fes eaux dans la ville d'Avignon , ..." toü l'on ne la connoit plus que fous le nom ' ! jje la rivière de Sorgne. ji Cette petite excurfion fe fait commune. rlment a cheval : il ne faut guères moins de ; :||fix heures de marche , pour Palier & le retro] tour' "fi ORANGE (*). Cette Ville eft mainte- cw/*s#. ; ',a nant affez filencieufe, affez trifte; elle eft mal- Hm i>u X\ propre, peu peuplée & n'annonce nulle ab-^arfeUle h \ fance, nul commerce. Son ancienne enceinte Ly0n. :: 1 ia dü occupeï un terrein fort vafte. On y voit ::!': des ruines encore confidérables d'un Cirque ï* rélevé par les Romains: mais fi l'on ne peut Pï refufer un coup d'ceil de fatisfacbion pour ce •; qui refte de cet édifice, on doit réferver :itoute fon admiration, pour les reftes pré- (*) Capitale d'une petite Principauté decenom. : Louis XIV'Ven empara fur Guillaumt UI , rol (■d'Anglcterre, dernier poffefleur. La réunionde ce ■ petit pays a la couronne futénoncée, & fait par1 tie des aiticles de la pais i'Utrecht de 1713.  %<& N O WE AU VoYAGE Oranje, cieuxde VArc de trlomphe, fitué a 1'autra extrêmicé de la ville, & qui, malheureufeïnent dans les temps poftérieurs a fon érection , paroit lui avoir fervi de Porte (*). | On juge difficilement des proportions de 1'ordre Corynthien employé dans cet édifice, le fol s'étant confidérablement exhaufié. L'Arcade triomphale a quinze pieds de largeur, fur trente-fept ou trente-huit de hatw teur: les deuxpetites Arcades ont, a-peu-près, la moitié de ces premières proportions : audeffus de chacune d'elles eft placée uneTable faillante, qui développe une multitude da Trophées militaires (terreftres & maritimes); ces Trophées font compofés lourdement, & exécutés de même. La frife eft décorée d'une] -fuite de Combats de Gladiateurs. Dans toutes les pofitions polïïbles, cette partie efb favamment traitée, & d'une aimable exé-cution. L'attique qui couronne cette compofition eft d'un bon genre ; il diitribue deux magnifiques Bas-reliefs au-deffus de la grande Arcade de 1'un & de 1'autre cöté : 1'un repréfente un Combat de Cavalerie; 1'autre un Couibat dTnfanterie : les Figures y font f**) Les Amateurs doivent au goüt éclairé del feu M. de Baville, Intendant en Provence, la forte de reftauration de ce beau monument : Une] partie confidérable s'étoit écroulée en 1707 &] 1709, & le refte menacoit d'une ruine totale: -Les ouvrages que l'on y a faits pour foutenir la .juafle générale, fembleut lui affurer la plus lo»-l gue durée.  t xV F.R A N C R. ^3 [dmployées de grandeur demi-naturelle. Les Stés latéraux en offroient d'une proportion racore plus forte ; il n'en refte des veftiges ue d'un feul cóté, & ces veftiges annoncent ine exécution très-fière & trés - eftimable. les caiffons & Fleurons de 1'interieur des Xois Arcades, & tous les ornemens qui enïchiffent les moulures & autres pames de létail, font parfaitement bien traites. 1 PONT-SAINT-ESPRIT (*)• Ce Jont commencé 1'an 1265, fct termine vers 1'an iqoo. II a quatre cents vingt toifes de Jongueur, fur feize pieds de largeur : il eft 1-ompofé devingt-fix Arches. On remarque lians chacune des vingt-quatre Piles, une ij ouverture pratiquée , dans leur axe, ahn , lf vraifemblablement) de procurer dans les llrandes crues d'eau, plus de paffage & opbofer a fon courant une moindre refiftance. «1 forme dans fon plan un angle aflez aigu , hitlont le fommet regarde 1'arrivee du fleuve : «Cette courbure peut avoir pour motil celui ijlde brifer fa première impétuofite. il Ce Pont eft pavé avec une fmgulière proIpreté : pour le moins gater poffible, les roues . ïdesVoitures qu'on y laiffe palier, fe potfent fur une efpèce de Sabots, ou de petits m (*) La route VOrangt a MontélOnarl, Valwet, M flinke, s'écarte d'une demi-pofte de Pont-SawtMfpriti mais les curieux ne regretterom: point « riéger détour : ce Pont (dans fon genre) eft vu.i1- que en Europe.  z(>4 Nouveau Voyage Moméii- Tralneaux. Le fol de ce Pont eft fort élevé J mart , Va- & fa conftrucbion eft auffi folide, que hardie, Vkunè. La Ville de Pont-Saint-Efprit eft peu de chofe; il s'y fabrique quelque Soie. Le Chateau ( appelé fur les lieux la Citadelle ) , n'efi pas d'une force bien impofante ; il paroli être commandé de plufieurs cötés: La gard{ en eft confiée a quelques Invalides. MONTÉLIMART. La iituation de ce tl Ville eft agréable : il s'y élève journellemeni de jolies Maifons: La Citadelle paroit tornber en ruine. A partir d'ici jufqu'a Lyon la route eft on ne peut pas plus riche & plui belle. V ALEN CE, eft un peu plus confidérable que Montélimart: elle eft auffi avantageufement fituée : fon Chateau ne fembli guères mieux entretenu que ceux du PontSaint-Efprit , & de Montélimart. On trouve fur la gauche du chemin, a un< portée de canon des portes de Fitnnz, un< Pyramide fêpulcrale , élevée , vraifembla blement, a la mémoire de quelque Romaii diftingué : elle ne porte plus aucune infcrip tion. Un corps d'Architecbure d'ordre Ruf tique fert de bafe a 1'éguille qui couronni cet édifice. En général il ïft lourd, & n'; guères pour lui que fon antiquité, & le mé rite de fa conftruction , qui offre aux artifte un exemplc curieux d'appareil & de folidité VIENNE, Ville très-ancienne, dont le Rues fales & étroites, n'offrent (dans 1 ma  £iv France. 26"^ majeure partie) que des Maifons conf-vienn«>. ruites en bois. II y règne eependant du nouvement & plufieurs quartiers agréables 'e conftruirent. Les environs de la Ville . ont très-beaux. Pour peu que Pon parcoure bn intérieur, on rencontre nombre de vef:iges, & des rufnes antiques, qui dépofent iu rang diftingué qu'elle tenoit entrs les rrands établiifemens que les Romains s'é:o:ent formés dans les Gaules. Le feul monument de ce temps de fplenleur pour Viennc, qui foit paflé jufqu'a nous, eft celui que l'on appelle fur les lieux Jle Palais Prétorial, fervant aujourd'kui Jd'Eglife fous 1'invocatiön de Notre-Dame\de-P~ie. L'ordre Corynthien employé dans leet édifice, offre a-peu-près le même caracjtère de celui de la Maifon Carrée a Niapies; mais les ornemens n'y font point trai.1 tés avec le même gout, la même fupériorité: ld'ailleurs il eft beaucoup moins bien conJfervé. II eft dommage que l'on ne puifle Ijuger qu'irapavfaitement de tout 1'enfemble '|de cet édifice; les Maifons qui 1'entourent ■Iprivent les amateurs d'un examen qui pourilroit devenir utile & intéreflant pour les .«Arts. "jj ' II faut voir dans la Cathédrale (vafte & j|beau Monument Gothique) un beau Mau4 folie, de 1'exécution de Slodt^: II renferme {■* les cendres de deux Archevêques de Vienne (Je Monxmorin , & du Cardinal d'Auvergrce) : tous deux y font repréfentés. Cette compofition eft pleine de poêfie, de feu, de fentiment. Tome L M  iGG NO UPEA V Vo Y A Cr E X-yon. LYON (*). Cette Ville eft 1'une des plus belles & des plus riches de France : les Lyonnois, fiers d'avoir donné naiffance ii de trés-grands hommes (&nommément ik 1'Empereur Marc-Aurèle'), placeut model tement leur ville, immédiatement après Pa^ ris.. La Saone, s'y réunit avec le Rhöne't ce dernier eft ici fort large & très-rapide; Le Pont de la Guillotière, eft d'une bellt conftruction : en arrivant de ce cöté, Lyoij fe développe dans tout fon avantage : les Quais de droite & de gauche , offrent un fuperbe coup d'ceil. La Place de Bellecourt, ou de Louis li Grand, eft la feule confidérable a Lyon. Le: Facades qui regardent le levant & le couchant, font les feules baties avec fymétrie; elles ont été élevées fur les defleins de de Cotte Le cóté du midi, eft compofé de différente» Maifons particulières: on a mafqué l'irrégu-l larité que préfentoit celui du Nord, par unJi Promenade aflez agréable : Ce terrein formeli un parallélogramme de cent toifes d'un fensf fur cent cinquante-huit de 1'autre. La Statue équeftre de Louis XIV a^ ét* fondue par les frères Keiler, fur les deffeini de Francois Desjardins; elle a été pofée eJ (*) A r Hit el d'Arttit, prés la Place de Belle« court; bon Traiteur , beaux Appartemens, & Vue dèlicieufe. I Hótel' de le Elanc, même rue, mais vieille Mai-p fon & généralement peu propre. Aux Armes de France, même rue; très-bonndfc Table d'hóte, Sc, communément bien compoféel  EA' FltANC E. 267 1715 : le Piédeftal qui la fupporte eft d'une Lyon. fonne heureufe : il devoit être revëtu de différens marbres; en attendant, on les a imités en ftucs, mais 1'imitation eft pitoyable. Le Rhöne & la Saone, font modelés d'après les frères Couftou; leur exécution eft peu fatisfaifante: en général tous ces bronzes , font traités lourdement; ils ont peu de mérite. Deux Fontaines (mais qui ne diftribuent point d'eau) font placées fur la perpendiculaire du plus grand cöté de la place : cette compofition produit peu d'effet. Hopital de la Charlté. Cette vafte maifon , eft compolée de neuf cours, autour defquelles font de grands corps de batimens, occupés parjdes Pauvres qui y font féparés fuivant leur age & leur fexe. La fageflé & le génie qui caractérifent Padmimftration de ce bel établiflement eft connue: il n'exifte nulle part une régie mieux montée & plus définté, reiïément remplie; elle fait véritablement honneur a Phumanité. L'on voit au-deffus du principal Portail de l'Egllfe d'Ainay (fous le clocher), un petit Bas-relief antique de marbre, qui repréfente trois Déefles affifes ; c'eft peu de chofe pour un artifte: permis aux Antiquaires en titre d'en faire plus de cas. Le Pavé du Sancbuaire de cette Eglife étoit entièrement de Mofdique: dans la partie que le temps a le plus épargnée , on voit un Pape tenant dans fes mains un petit modèle de Batiment: pauvre curiofité ! Les quatre Colonnes de marbre grahit qui foutiennent le petit Dóme de la croifée, formoient, dit-ob, M ij  zS8 Nouveau Voyage Lyon. clans leur origine, deux des Colonnes d'un 1 Autel, dédié a Augufte , au confiuenr. du 1 Rhöne & de la Saone ; elles furent fciées is en deux pour ce dernier ufage. Leur dia-^ mètre a prés de quatre pieds. Le Portail de YÉglife des Jacobins, conf-| truit fur les defleins de Lepautre, eft mé| diocre. L'on remarque dans l'intérieur de 1'Églife, quelques bons Tableaux ; de préférence, faint Thomas qui met fon doigt dans le cóté du Sauveur, par Salviati; faint Eloy, par Stella; & Moïfe qui ordonne aux Ifraëlites: la fonte du Veau d'or, par Sarrabat père. L'on voit dans la Chapelle de Notre-Dame de Confort, un très-agréable Tableau de Théodore vanTulden : il repréfente la Viergfl & PEnfant Jefus dans une Gloire ; au hasj font trois Rois Mages. UHotel-Dieu, a été fondé vers le milieu du fixième fiècle; la grande Infirmerie a 560 pieds de longueur; elle eft difpofée en forme de Croix Grecque : Au milieu de cette vafte croifée, s'élève un Döme fous lequel eft un Autel ifolé a quatre faces, qui peut être vu des rangs de lits les plus éloignés: L'Eglife répond a la magnificence de cet édifice; le'plus vafte , le mieux diftribué , & ie plus favamment adminiftré, de tous ceux de ce genre qui exiftent en France. La Fa5ade de celui-ci fe prolonge le long du .Rhone : fa principale entree, & le petil Döme, font traités d'une bonne manière. Les amateurs de Peinture, doivent voh dans 1'Eglife des Cordeliers, un des meilleurs Tableaux de Jacques Stella , placé dans  EN FR-f N CE- 2% (la Chapelle des Peintres; on y voit les An- Lyoc Mes adorant le Sauveur» au moment de fa fejaiflance : c'eft une charmante petite prooi du&ion ; on s'afflige de la voir fi peu foignée. Prés de ce Couvent, eft la magmfique i Chapelle des Confalons; elle appartient a ni une Congrégation de Pénitens. L'entrée de ■heette Chapelle eft précédée d'un Veftibule. a d'un aiïez médiocre effet .: la Chapelle eft ;i mieux. La Boiferie eft très-bien traitée, & I trés-riche : l'on voit dans les panneaux ui qu'elle diftribue , huit bons Tableaux. ] L'Adoration des Bergers a la crèche, eft 3| de Blanchet. I La Vifitation eft de la Fojfe. II La Salutation Angélique, eft d'Alexandre. i 1 La Conception & le Couronnement de la I Vierge , par le Beau. 1 L'Affomption, par la Trêmolière. 1 Une Fuite en Egypte, par Corneille. •J La Purification, par Sarrabat; & :; L'A doration des Rois-Mages, par la Fojfe. sj Mais on doit économifer fon attention, tl pour en donner une plus grande a 1'examen I d'un très-beau Tableau de Rubens, placé I dans le Sancbuaire a gauche : il repréfente 1 le Sauveur fur la Croix & la Magdelaine I a fes pieds. On connoit fans doute des morI cea\ix de ce maitre, d'une compofition plus I riche , plus étendue; mais il n'en eft auI cun, qui réuniiTe une plus grande coïteétipn de deffein , une expreffion plus attachante, & une vérité de coloris auffi fupérieure. Le Tableau qui lui eft oppofé, repréfente una Defcente de Croix; il lui eft attribué, mais il M iij  270 Nouveau Voy age lyon. eft trop inférieur au premier, pour étre forti de la même main ;°c'eft au plus 1'ouvrage de quelciues-uns de fes élèyes & retouchepar ce maitre célèbre. L'Autel placé au milieu du Sanéluaire, eft formé de marbres rares, avec des ornemens en bronze doré fur les angles: le Basrelief en marbre qui occupe le devant a beaucoup de mérite. La Faeade de 1'Hótel-de-ville, & celle de 1'Abbaye Royale de Saint-Pierre, font, jufqu'a préfent, les feuls batimens honnêtes qui décorent la Place des Terreaux : elle eft joliment percée, & fufceptible d'embel-' liflément : on a pratiqué au milieu une petite Promenade : c'eft peu de chofe. L'Hdtel-de-ville, eft le plus vafte, entre les édifices de ce genre qui fe voyent en France; mais il n'eft point le plus beau quanc a fa décoration : le plan, eft fufceptible d'éloge. On a placé fous le veftibule en entrant agauche, YdHarangueque l'empereur Claude prononca dans le Sénat en faveur de la Ville de Lyon (*_). Cette antiquité mérite d'être recherchée des curieux. Le grand Efcalier fe développe avec noblefie; le grand Salon a également beaucoup de mérite. L'on a placé dans la Salie oü 1'Académie tient fes affemblées un Taurobole antique (**) (*) Cette Uaraiigue eft gravée fur une Table de bronze, en deux colonnes; elle fut trouvée en 1518 : elle eft affez bien reftaurée. (**),, Ce monument, 1'un des plus curieux qu'il „ y ait dans ce genre, eft une forted'Autel traité  EN F HA N CE. 27/ «couvert en 1704, dans le Jardin d'un par- Lyon. ïiculier prés de 1'Eglife de Fourviére : ce cuIfieux monument eit de la plus belle confer4vadon. 1 C'eft dans une aflez mince Chapelle pres ijdu Chceur a droite de Y Eglife des Feuillans, alque'repofent les cendres de Cinq-Mars hde OThou , que le vindicatif & fanguinaire 20jchelieu fit exécuter fur la Place des Ter'sjreaux , en 1642. aai ï~.Le Tableau qui décore le maitre-Autel iide 1'Eglife des Carmélites, eft généralement lattribué a le Brun; il repréfente une Dei■cente de Croix : c'eft un bon tableau. Le ■jslTabernacle & tous les acceffoires de cet of Autel, font exécutés d'après les defleins du icavalier Bernini: cette compofition eft belile ■ tout y eft d'une grande richefie. 'I *Eslife des Chartreux. Cet édifice eft moJderne & n'eft point achevé; il eft traite II, en forme de Piédeftal carré; fa hauteur eft ,I„ de quatre pieds y compris la bafe & la cormIL che & fa laTgcur de dix-huit pouces. On y ht I L une'infcription gravée pour conferver la me1 moiré d'unfacrificcfolenmel ,offeTt par la Ville *' " de Lyon, 1'an foixante avant Jefm-Chrifi, pour I' " k fanté de 1'empereur Antonih & de fes Enfans , ; "' & la profpérité de la colonie de Lyon. Au ffiiI lieu de 1'Infcription, on voit en dcmi-relief, I la iisure d'une Tête de Taureau, couronnée d une f de ces Guirlandes de grains donton omoitles "' viétimes pour les facrifices. Au milieu de la ! ! face a gauche, paroit une Tète de Biche avec les mêmes guirlandes; & fur le cotc droit u» ' V Couteau viétimaire d'une forme fmgulière. M iv  372 Nou fe au Voyage tyon, avec une belle fïmplicité. L'Autel a la RaB rnaine, eft d'une forme heureufe, couronné avec goüt, & compofé de marbres précieux. On voit fur une Porte feinte ( du cöté de PEvangile ) un faint Bruno a mi-corps fculpté en bois, d'une fort belle exécution| Deux grands Tableaux peints par la Tré~\ molière, placés de droite & de gauche dd/i Sancbuaire , méritent d'être remarqués; ils repréfentent 1'Afcenfion du Sauveur & celle de Ia Vierge. II faut voir dans une petite Chapelle igauche prés du Chceur, un fort beau TaA bleau ( dont on ignore Pauteur, mais a coup für de 1'Ecole Romaine), repréfentanr une Adoration des Bergers: fon effet eft féduifant; il eft bien confervé (*). Les Greniers d'Abondance, offrent une belle & longue faeade : La Salie a tirer des Armes, eft dans le même batiment. La Chapelle moderne prés du Chceur a gauche , dans VEglife de l'Obfervance , eft conftruite fur les defleins de Michel Ange : c'eft une compofition digne de ce célèbre artifte, mais Pexécution n'y répond point. Le Tableau de 1'Autel eft de Francois Vamus; il repréfente faint Frangois tenant PEnfant Jefus dans fes bras, & la Vierge (*) Cet excellent morceau a été acheté ciuquante écus par le dernicr Prieur de cette Maifon, d'un Ouvrier en Manufacbure de foie, qui Ie pofi'édoit par héritage depuis long-temps, fans en foupconner le mérite : On tient de lui, qu'il 1'avoit plufieurs fois offert pour un louis d'or.  en Fr ance. V3 mus une Gloire au-deffus: c'eft un joli Ta- Lyon. ■eau. . , I Le Chdteau de Pierre-Ciie, qui domme la porte de la ville que i'on trouve aprcs favoir paffé l'Obfervance, étoit autrefois la demeure des Archevêques de Lyon : MLouis XIII en a acquis la propriéte , & jldepuis cette époque il fert de Pnfon d Etat; |la garde én eft confiée a quelques Invalides, ï Le Tableau du grand Autel de V Eglife ïde Saint-Paul, eft de le Brun; on y voit ila Vierge tenant Jefus-Chrift mort fur les ■genoux. Dans la Chapelle de la croifée a rfdroite, repofe un très-beau Tableau par le ÉGuerchin; il repréfente la Vierge affife tetlnant l'Enfant Jefus dans fes bras : les Tetes I font parfaitement belles : ce bon Tableau a ss.un peu fouffert. La Chalre d prêcher de l'Eghfe des LarILes Defchaufés, eft une des curiofités ae 41 Lyon: elle eft compofée de differens marbres: lle deffein en eft heureux & d'une exécution tilfatisfaifante. . ] A quelque diftance hors la Porfe iamtsl Irenée, on remarque des reftes confidérables 1 d'un Aqueduc, conftruit par les Romams. Ce \ magnifique ouvrage alloitrecevoir (dit-on) '1 une partie des Eaux de la rivière de Furan , ■1 prés Saint-Etienne en Jbn^.Onen retrouve I des veftiges d'une certaine étendue pres 'I des villages de Saint-Foy & de Chaponot (*). ! (*)Les Amateurs, & plus encore les Architeètes, peuvent s'inftruire dans Fexamen de ces juines, de 1'an fupérieur avec lequel les Romams Mv  %J4 Nouveau Voyage Lyon. On trouve dans le clos des Rellgieufes Urfellnes, prés de Saint-Juft, des reftes de Bains antiques. Ils confiftoient dans une tril ple enceinte de Portiques voütés : il y a peu de morceaux antiques du genre de celui-ci, d'une auffi belle confervation. II faut voir dans le voifinage, un joli morceau de Mofaïque antique, parfaitement bien corfervé : la difpofition du lieu indique que ce devoit être une Salie de Bains. Le deffein repréfente (au centre d'une vafte Étoile) le Dieu Terme , devant lequel un Satyre paroit être forcé de rendre une forte d'hommage (*). La Cathédrale (**) eft d'une ordonnance, éleveient leurs édifices : le détail en feroit ici fuperflu ; nous aurons d'ailleurs plus d'une occafion d'y revenir. (*) C'eft au Clos de M. de la Cour, plus connu fous le nom de l''Hotel dt Vendóme, ( montée du Gourguillon) qu'il faut s'adrelTer , pour voir ce joli refte antique : la vue que donne le Jardin de cette maifon, eft de la plus grande beauté. L'on jouit également d'un découvert fort riche fur la Terralfe du Clos de M. Olivier, prés de Fourvière. Le- Pavillon de Fourvihe, élevé prés de la maifon précédente, domine une partie de la Ville , & les bords délicienx de la Saone. (**) Les Chanoines de cette Métropole, portent letitrede Comtes de Lyon, & doivcnt être nobles de quatre races pour y être admis. Ils officientla mitre en tête, &c. Divers auteurs remarqucnt que dans le 3e. fiècle, le Chapitre étoit compofé de 74 Chanoines , dont 1'un étoit fils de 1'Empereur; 9 fils de Rois; 14 fils de Ducs; 30 fils de Comtes, & 20 Barons.  eiv France. ajó ( llaid gothique ) qui n'a guères d'autre mé- Lyon. rite que fa vafteté ; elle eft d'ailleurs peu & mal décorée. Tous ceux d'entre les Lyonnois qui font peuples , exaltent beaucoup leur grande Horloge; & s'ils ne lui donnenn point le premier rang, entre les lept merveilles du monde , ils la comptent du moins pour la huitième. Dans le vrai, cet ouvrage eft curieux (*), fur-tout pour le temps ou il a été fait. . • La Sallè de Spectacle , eft tres-belle : bel avant-fcène, bonne forme de loges; de la nobleffe & du goüt par-tout. La Salie du Concert eft vafte & également bien decoree. Les Moulins pour VOrgancinage V le Uevldage des Soies, méritent d'être recherches des curieux, & particulièremenc des Artiite« • ceux-ci, font uniques en France , pour la beauté & la fimplicité de leur méchamfme. Ces Moulins font réunis en un plus grand nombre, a VHotel de Milan, rue Grenette. Les Munufaciures d'Etoffes d'or & d argent; celles de Velours a quatre couleurs, & ( *) C'eft une efpèce d'obélifque .... qui s'é~ léve de terre.... fur un lat ge piédeftal.... tout au haut eft un Coq, qui, toutes les fois que \ heure eft prés de fonner, bat des a'iles &fait deux ens Audeflbus eft une Tepréfentation mouvante de Annonciation.11 yaplufieurs Cadrans acette horloge: • celui dei Heures; celui des Joürs de la femanie, du mois ; celui des Planètes qui out un cours regie Un remarque dans ce dernier une _fingulante : ü elt ovale, 1'aiguille s'alonge & fe raccourcit, fuivant qu'ellê parcourt le grand ou le petit diamctre de 1 ovale,&c. Mv.  &yS Nouveau Voyage Lyon. a bordures, &c. font autant de curiofités qui méritent d'être vues. Le Tirage de l'or, eft ;; une opération ïntérefiante qu'on n'a point oc- j cafion de voir par-tout: ce travail s'opère i ici fupérieurement. Le Commerce qui fe fait a Lyon, eft plus ] important encore que les apparences ne lel font concevoir. Le nombre des Fabriques ] d'Etoffes de foie a eependant peu augmenté :[ depuis la dernière paix; mais il s'en eft élevé , d'autres de diffcrens genres. L'exportation des Vins , des Fers, du Bois, Papiers, &c. at font autant d'objets lucratifs pour la Ville & ■ l'intérieur de la Province. 1 Les Quuis font beaux & fufceptibles de h le devenir encore plus. La Promenade du petit Bois ( vulgairement appelée le Breton) eft charmante : les prairies & autres localités champêtres qui 1'entourent, fourniffentdes pointsde vuespittorefques&agréa-. bles. Le Pont en bois, nouvellement élevé fur le Rhöne, eft très-beau : fon caracbère eft hardi , & de la plus belle exécution. Les bords de la Saone , font délicieux ; auffi les maifons de campagne y fourmillent-elles, & l'on ne peut rien imaginer de plus agréable & de plus riche. La Maifon de plaifance de 1'Archevêque , fituée fur la rive droite du Rhöne a quelques lieues de Lyon , eft peu confidérable; mais les Jardins font beaux, vaftes & diftribués avec goüt. L'on s'occupoit, lors de notre paffage a Lyon, a la conftrucbion d'une Levée qui devoit reüerrei le cours du Rhöne, fervir de  IEN FR.ANCA. 277 Chanflee pour une nouvelle route en Lan- Lyort, uguedoc par le Forez & le Vivarais,& former lenfin un vafte Baffin pour abriter les baIgeaux , &c. Ces travaux s'exécutoient aux Kais d'une Compagnie a laquelle la Ville a ijfait ceffion de tout le vafte terrein dont cette llongue levée doit la rendre maitrefie : Le Ifieur Perrache, conduifoit ce grand ouIvrage. Nous avons fuivi pendant plus d'un Jmois fes opérations, & nous olons dire, que Ijamais nous n'avons vu opérer avec moins s de principes & plus d'incertitudes : S'il ne i met pas dans ce travail plus d'intelligence, 1de vigueur & d'activité, nous oferions prefI que douter du fuccès de cette belle entreI prife (*> V La aualitè des Fm fes, & la beauté Avis mït*. I des Dejfiinsquifefabriqiicnt&s'cxêcutent d l'Lyon ,font généralement efiimés; on imiteaillleurs (meme avec fuccès} ces mêmes Deffeins, 1 ces mêmes Ftoffes; mais on n'invente nulle Ipart rien, qui foit fupérienr au goüt élégant qui M ies caraciérife. Nous avons éprouvé par nousl mêmes, & vérifié par beaucoup d'exemples, if que l'on bénéficie de plus d'un quart fur la I dépenfe dfepourvoir ici des Habits que l'on | eft nécejfné de fe faire faire : paree que la (*-) Depuis cet article écrit, neus apprenous , cue cette Levée eft enfin achevée , & qu'elle paroit : avoir toute fa foliditë qui lui eft néceffaire : de magnifiques Magaiins, & de vaftes Chimaera , 1 s'élèvent au long du Baflln que circonfent cette longue Levée.  / 2j3 Nouveau Vo r a g e main d'ozuvre eft d Lyon d un ajje%_ bonjh, compte; que de plus, on achète de la pre-m mière main , & que le fabricant trouvanth d vendre argent comptant, préfère un béné-fk fice médiocre , mais fur, d une vente (fur%. Paris ou ailleurs),peut-être plus avanta-f geufe, mais pour laquelle Heft obligé d'ac-, corder un crédit fort long. Rome Dimes, Cenfes & Lods, ne monte qu'a environ la moitié de cette fomme. Une Taxe perfonnelle & réelle qu'un chacun peut iixer dans de certaines limitcs, rend environ 100 mille livres; tout { le refte eft le produit des Taxes indirectes fur 1'induftrie, des gabelles, des droits d'entrée, des halles, des ventes, des péages, &c. Après déducbion des dépenfes ordinaires de 1'état, il ne.  en Suisse. *f& dLes bords du Lac, dans le court territoire Cenète, Jla république , font enrichiS des Maifons Jarmantes & de Jardins tres-agreables, les Jrds oppofés qui font partie du territoire de Jvoye, reflémblent (comparativement) a 'As déferts; rien de plus contrafte que ce Ibleau : la culture y eft languiflante , maimée, & les établifiemens pauvres & rares. «Le ton de la bonne fociété a Geneve, eit l ne peut pas plus aimable : un etranger li fe détermine a y faire quelque fejour, I s'en éloigne que forcément & avec reiet • la vie n'y eft pas abfolument frayeuI, Fair très-falubre ,.&.... nous le répetons, |ut y porte 1'empreinte de la plus pariaite Itisfaftion (*). Ifte qu'une fomme annuelle d'environ 80 mille sLes pour les cas foituits & imprévus. Les pen'3>ns 1 tous les officiers publics , moment plus laut que le quart de toutes les dépenfes : 1 enI xtien de la Garnifon abforbe chaque année une .mme de 130 mille livres. . . L entretien des ■ atimens publics & des Fortifications , divers Lis de police, & quelques dépenfes extraordi.faires, fans le refte des charges annuelles Dans cette énumération des Revenus & Uhar1 es'publiques ne fe trouvent point compns les Reenus appartenans a 1'Höpital, qui mentent a plus e 100 mille livres; mais ils ne fuffifent po.nt ux fubfides dont il eft chargé... II devient donc I ncore a la charge de 1'état." DiBionn. de la StnJ/e, I (*) Le nafard nous fit amfteT a U"e "Tl * I ie Fête donnée k madame la Comtetfe de. M* lors de fon paffage k Genève) , par M. de Cb , I dors un des Syndics de laRepubhque : Rien ue  2#4 Nouveau Vo t a ge Femay. FERN AY.Lorfque M. deVohalre j| 'fit 1'acquifition de cette Terre, on n'y cornWi ptoit que quelques vieilles bicoques, & laiL plus grande partie de tout ce vafte terrein! (aujourd'hui fi bien cultivé), étoit en frl che : il a tout créé, tout fait. On y remark que actuellement plus de 80 Maifons bieijj baties, & 20 au moins qui fe conftruifent< II a attiré , & il recoit auprès de lui toui ce qui peut être utile a fa nouvelle Colonie & lui donner la plus grande confif-i tance poffible. II fait 1'avance des frais dj batiffe & de premier établifiement, a 1'intérêt de quatre pour cent; ou bien a celui d| ; fut mieux ordonné. Nous y vimes plus de foixante Femmes parfaitemcnt bien mifes, & plu! parées encore de leurs graces naturelles. On fi promena quelques heures fur le lac, dans une galère, ornée du Pavillon de la République, ai bruit du canon, & d'une fymphonie guerrièrji bien compofée. Toutes fortes de rafraichiitemen! y furent prodigués. L'on fe rcndit enfuite k une promenade appelée le Petit-fiois; on y trouve une Collation aulfi élégante que fomptueufe. L'on ie,tourna a 1'approche de la nuit a la Campagne de M. de Qh***, (fituée a la demi-portee de canon des remparts de la ville ) dont lei Jardins & les Batimeus étoient illuminés avec goüt; on y fervit un grand fouper : enfin cettt jolie fête fut terminéc par un Bal trés agréable & fort gai. (*) Cetarticle, comme 011 le voit, a été écri peu de temps avant la mort de M. de Voltairej on nous a confeillé de ne le point fupprimer.  B N SUIS SS, x viagèrement fur fa tête & celle de Ma- Femay. ame Denis fa nièce. La Manufa&ure de Fayence de Femay, ommence a acquérir dans le pays une ceraine réputation: SesBriqueteries&Thuilleies réuffiront moins; la pate en eft d'une üualité médiocre. Les Fabriques de Bijouli eries & d'Iiorlogerie , augmentent fenfiimlement. y Le Chdteau de Femay t&^u vafte, mais 1.1 ne manque point de noblefie; la diftriijution en eft heureufe , Si les Appartemens font décorés & meublés avec gout. On voit ■lans le Salon du milieu plufieurs Tableaux ■ie grands mafcres; quelques bonnes pièces ■ ■de Sculpture, & le Bufte de M. de Voltaire en ■marbre parfaitement refïemblant. Dans une ISalle de Bi! lard,on trouve quelques Portraits 1de Familie bien peints, une belle Marine ■de Vernet; deux jolis Tableaux par BouVcher; quelques jolis Defleins fous ver|res,& un grand Tableau allégorique (*) f ( mal compofé, mal peint) , qui a pour f fujet 1'Apothéofe de M. de Voltaire. L'on «remarque dans le Cabinet de Madame Delnis (oü communément la compagnie fe | (*) On regrette de voir ici ce mauvais Tailbleau; 1'adulation la plus bafle a pu le compofcr, ifl'exécuter Si le préfenter; nous ofons ajouter, ■trqu'il y a eu, peut-être, un peu de foibiefïe a 1'acIccepter.... & a le laiffer expofé i la vue de tous Jcrceux qui veulent s'y arrêter ! Mais M. de VolJfctaire eft fi fupérieur aux hommes de foa fiecic, qu'on peut bien la lui pardonner.  zZ6 Novfeau Voyage Femay. raflemble), un beau Portrait de Plmpéap trice de Ruflie actuellement régnanre; ra t autre du Roi de Prufle, auiii très-bien peint x Les Jardins & le Potager font vaftes & par faitement bien traités; on s'inftruit en e examinant les détails : tout nous a pai ii caracbérifer chez, M. de Voltaire, le philo « fophe aimable qui fait jouir noblement d si fa fortune & de fa gloire. L'Eglife qu'il a fait conftruire aflez pre & de fon Chateau , eft jolie & proprement df| pi corée ; mais elle eft devenue trop petite pi pour le nombre de Paroiffiens qui en dt] ti pendent. L'Infcription (Deo erexit Voltai s re), dont il a fait orner le frontifpice, n^ ï chappe point a 1'ceil des curieux. Le Tombea $ qu'il s'eft préparé ( partie hors & partie dai e 1'Eglife), eft on ne peut pas plus fimple: il e ó aujourd'hui (en 1776) un peu en défordre La Salie de Speetacle , eft fituée a-peu-prè au centre de Femay; elle eft jolie, & peut con tenir environ fept cents fpecbateurs tousaffii C'eft ici une affaire autant de goüt, que d fpéculation :M. de Voltaire a fait conftruir cette Salie a fes frais, & Pentrepreneur ac tuel le dédommage de fes avances. Les coni titutions de Genève quine permettentpoin dans fes murs & fur fon territoire 1'établiffe ment de Salie de Speétacle, fait d'autan plus rechercher celle-ci : on en a mêm récemment établi une nouvelle a Chatelain fituée fur terre de France, a un quart d lieue de la ville ; elle a été conftruite provi fionnellement&a la hate ; elle eft beaucou moins fuivie que la première par le bea  EN SVISS E. 287 t|nonde ; mais fa proximité lui attire tou- vWobc ■Jours un grand concours de fpe&ateurs dans H bourgeoifie du fecond ordre. fi VERS OIX. Cet établiffement que le Jniniftère de France fit commencer en 1767, dépoque des premières divifions qui faillilent de perdre la petite république de Geybève), eft préfentement dans un état d'af éantifl'ement, qui ne peut plus caufer d'inïuiétude a la partie commercante des Etats ilui lui font voifins•, avec lefquels il étoit tiertainement poffible de lui faire foutemr Ja concurrence. Ce Port pouvoit devemr un ifcntrcpót conüdérable, & du moins partager slvec les Etats de Berne , de Genève, &c. ! e Commerce qu'ils font feuls le long des ifötes du Lac. Une économie mal entendue ; jiane tolérance trop refferrée ,& quelques moïifs d'une politique peu ferme ou mal édairee, lont fait abandonner le projet. II n'y refte ■que quelques Barraques & Chaumieres dans bjane partie defquelles cantonne un petit detachement dTnvalides. Il eft peu de Voyageurs, qui, arrivés™fi ■net (*) au plaifir de voir les vallees & & retour è tnontagnes de Glacés fituées dans le Fauf-o^^ I (*) On ne peut choifir que eellé qui fuit im- n« e Lau" loiédiatemencles dern'è-es fontes.desneiges;avant, • ■e sraviffement des montagnes eft impraticable, ou ■du "moins fort dangereux; le p:u de durde des ' l.ours, les brouillards, les pluies qui furviennent ■tont autant d'obftacles qui s'y oppofent.  2&8 NOVFEAV VOYAQE Zxeurfion jlgny. Six ou huit jours fuffifent pour ce "J" Fauffi" v°yaSe (*)» qui fournit en même temps ; Sny, 1'occafion de connoïtre (fi l'on veut), h f[ plus belle partie du Lac, & du Canton de Berne. II eft moins embarrafiant de faire cetti ^ courfe a cheval, paree que les voitures n{ l peuvent pénétrer par-tout. Le parti que dol vent prendre ceux que 1'ufage du cheva fatigueroit trop, feroit ("étant arrivé I Bonmvilh) de faire rétrograder leur voiture fur Thonon ou Evian; elle traverferoi le Lac dans 1'un ou 1'autre endroit; & en lu faifant longer la grande route qui bord toute cette belle cöte, elle fe rendroit : "Vévai, ou même jufqu'a Villeneuve : alor ïl ne refteroit que la courte traverfée di Fauffigny, pour aller la rejoindre. L utile. (*) Les Poftes n'ézent point établies d Genève non plus que flans aucun des Cantons Suijfes, on et vbligé de fe fervir de Voiturins, que l'on peut pren dre, fi l'on veut, de ville en ville , ou les reteni pour une partie ou peur toute la route que l'on J propofede faire. Lc prix ordinaire eft de fix livre de France, par jour, pour chaque Cheval de trait e de monture : ils doivent faire Qdans la belle faifon huit d dix lieues par jour. On leur pgye la mém folde pour le nombre de jours qu'ils devront employ'i $our revenir oü ils ont été pris. II eft bien ejfentn de s'expliquer clairement avec eux, par écrit o devant téouoins, fur toutes les claufes du marchi fpécifier jour-par-jour le lieu du diner ïi du coucher Ie nombre desféjours (fi l'on juge dpropos d'en faire \ paree que ces jours de repos, ne fepayent commuuémet. %ue la moitié; S? enfin du nombre de jours dont 0 fera tenu dt leur faire bon pour leur retour.  IE ff SUISSË. 2o*9 La vallée qui conduit de Genève a Bonne- Bonneviii» ■yille, eft agréable & bien cultivée : les maifons de campagne y font fréquentes; elles Jont, pour la plupart, un air d'aifance & a de propreté qui plait. La rivière d'-^rve, m volumineux torrent qui vient réunir fes (leaux a celles du Rhöne, a la demi-portée de leanon de Genève ), ferpente dans le vallon la la droite du chemin ; on la traverfe a la «fortie de Bonneville fur un Pont de pierre leompofé de cinq grandes Arches : une InfIcription apprend qu'il a été reftauré par la ïmunificence de Bènoit XIP~. II eft conftruit lavec folidité, mais beaucoup trop étroit. % BONNEVILLE, eft affife au pied du ■lüfo/e, entre cette chaine de montagnes & j la rivière d'Arve. Ce n'eft qu'un amas d'une Tcouple de centaines de Maifons, affez mal j baties. On y voit une forte de place, au I milieu de laquelle jaillit une vieille' Fonii taine entourée de quelques arbres. L'EgliI fe (*) eft laide, mal éclairée & d'une odeur J' (*) Nous eümes ici le fpecraclc d'une pompe ,,jlfunèbrc, dont tout le cortège(un ou deux préJ| tres exceptés, étoit compofé de femmes, au nomjSl bre d'une foixantaine, toutes mafquees par une «longue chemife & un capuchon de groffe toile griIfe, horriblement fales. Les prières a 1'Eglife txJl pédiées, elles portèrent & mirent bravement le cercueil dans la foffe qu'elles avoient préparée, 'M & qu'elles comblèrent: enfuite chacune plia avec 'Ij grand foin fa fouquenille, pour une autre occa'|1 fion fans doute : on nous dit que la défunte étoit 1 douairière de leur pisuji Qnnfrêrit. 1 Tom I. N  290 Nouveau Voyage ci«fc •■ Ca. cadavéreufe qui révolte. Vis-a-vis eft fitué wrnt'tt un Couvent de Bemabites; la facade de 2'aime. cette Maifon , donne la meilleure décoration de la Place & même de toute la Ville: c'eft a cöté de ce batiment que demeure M. 1'Intendant de la Province : on doit le plaindre, s'il eft obligé a réfidence. Le chemin de Bonneville a Clufe, & enfuite k Sallenche, longe toujours 1'Arve, dans un vallon fouvent fertile, & quelquefois agréable. CLUSE , autrefois la capitale du Fauffigny, eft dans une fituation encore plus refferrée, plus trifte que Bonneville : elle lui eft auffi fort inférieure dans le nombre, comme dans 1'extérieur des Maifons : elle a" toute 1'empreinte de la pauvreté. On y traverfe 1'Arve fur un affez mauvais Pont •de pierre fort élevé. A un quart de lieue j en s'avancant du cöté de Sallenche, le chemin fe prolonge fous un bloc de rocher d'une groffeur énorme, éboulé du fommet de la montagne, & qui fait une forte faillie; de loin, on le croiroit prêt a tomber & n'avoir qu'un foible appui. A une lieue environ audeffus de Clufe , on rencontre le hameau de Balme : il eft fitué au pied d'une trèshaute montagne, vers le milieu de laquelle la nature s'eft pratiqué une Caverne ou long fonterrain , que Pon compte pour une des curiofités du pays, & que beaucoup de Voyageurs veulent voir (*), (*") Cette montagne étant fort efcarpce, noual CqnfeUlons anx curieux de faire en forte d'arri\-ci  en Suisse. 2qz- On trouve fur les lieux des guides, quj o***,«« fe préfentent auffi-tót que quelque étranger Souterrain paroit s'y arrêter. II eft prudent d'en pren- 1 tre encore en avant une trentaine de toifes , alors le refte eft devenu impraticable, & l'on eft obligé de rétrograder fur fes pas; il fe trouve dans cette dernière partie-ci, quelques fiaques d'eau, & d'autres embarras qui ralentiffent, ou gènent la marche (*). T~ (*) II eft feafiblc que ce long Souterrain eft N iij  zr)4 Nouveau Voy a ge On defcend fi l'on veut cette montagne ,n Grom de avec moins de fatigues, qu'il en a falu preni sum^Nant- dre Pour 13 monter: vos Guides vous pro- ■ r''Arp'en»z. pofent alors de vous laifier glifler fur un amas de branchages fur lequel ils vous font afieoir , & qu'ils dirigent avec adreffe &eélérité: vous n'avez d'autre accident a craindre , que 1'éboulement des pierres que votre courfe entraïne quelquefois après vous : I c'eft proprement: une ramajfe (*). L'on reprend la route de Salknche, qui remonte conftamment Vs/rve. A partir de Balme, le vallon s'élargir, & la bafe des montagnes qui Ie bordent, eft affez bien cultivée. On trouve le village de Magland, & après une petite heuré da marche, on voit fur la gauche la Cafcade, ou plutöt la Chute d'eau du Nant-d'y/rpenai- Ce torrent tombe d'environ 200 toifes de hauteur (**); il eft habituellement pen 1'ouvrage d'un volumineus courant d'eau, dont quelque forte rcvolution aura changc le cours. Nous avons propofc de fe munir de quelques Grenades : leur effet, lorfqu'elles éclatent dans le gouffre, fournit une détonation qui a fon agrcment. (*) Voyezplus bas, 1'article du Mont-Cénis. (**) On lit dans la brochure ci-devant citée, 500 toifes ; 1'exagération eft trop forte : nous «'entendons point même garantir les douze cents pieds que nous attribuons a cette chute; mais nous croyons notre eftimation la plus approchante du vrai. On veut que la nature, la couleur & la conforination du rocher fur lequel fe répand cc tor-  EN SÜISSE. 2.93 cónfidérable ; il n'aquiert un certain volu-Mnt-ivL-. me, qu'a la fuite de fortes pluies, ou lom des erandes fontes de neiges : le coup d'ceil de cette chute d'eau eft toujours tres-frappant, & très-beau. On traverfe 1'Arve, au village de bawu Martin, (vis-a-vis & a une portee de canon de Sallenche) fur un aflez beau Pont de pierre. SALLENCHE (*). La fttuation de cette rent, exigent une particuliere attention desnaturaliftes Nous avouons que rien ici ne nous a frappé : Les Cottches concentriqv.es du rocher, ne nous ont pas paru un phénomène auiTi caraéténfe, qu 011 a defiré nous le faire croire. (*) La feule Auberge qu'il y ait d Sallenche, eft Avis mue. tttcnant les murs du Convent des Capucins; leschambres & les Lits y font d'une vial-propreté d faire poffer la plus violente envie de dormir. Le meilleur parti d prendre, feroit celui-ci: Faire partir la veille de Jon départ de Genève les Chevaux de tnonture, qui vltndroient coucher ici: partir de Genève après-dtni Ê? veuir coucher d Bonneville : V'Auberge Qappelée la ville de Genève) eft mauvaife; mais il faut fe mlf nir de quelque provifion d Genève, que Ion porte dans fa voiture; cela géne peu & une michante nuit efl bientót paffee. Quitter Bonneville le plus grand matinpofMe; déjeuner folidement d Balme au retour du Souterrain, & fe rendre en diligence d Sallenche, d'oü la voiture rétrograde fur Genève. Les erdres doivent avoir été donnés tels, que l'on puijfe monter d cheval d'abord h fon arrivée d Sallenche : alors la traite d'ici d Chamouny ne fera point trop forte, & l'on y arrivera facilement avant la fin du jour. Cette route of re des tableaux d'un pittorefqu» très-fier, & toujours neuf. _ M IV  2o£ NOWE A V Vö YA (i E Satienche, très-petite Ville, n'eft point défagréable: VtiUe it de fort hautes montagnes, forment ici une . ■"nouny-forte d'amphithéatre, au een tre duquel elle s'eft établie. La majeure partie des maifons font conftruites en bois; la maffe totale eft» peu de chofe : L'Eglife eft jolie; elle vient d'être nouvellement reconftruite; les Capucins y ont une Maifon; elle eft la mieux' fituée & la plus apparente de toutes. Le chemin d'ici a Chamouny eft impraticable avec des voitures; il faut néceffairement les quitter & s'y rendre a cheval. On repaffe au travers du village de Saint-Martin & l'on continue de remonter vers la fource de 1'Arve: dès-lors, la route devient de plus en plus montueufe & difficile, fans eependant offrir aucun danger. On traverfe 1'Arve plufieurs fois fur des Ponts de bois d'une conftrucbion hardie & fingulièrement ingénieufe & légère. Ce torrent continuellement refferré entre des roehers, y précipite fa fource avec un bruit, une impétuofité , & des fifflemens, qui ne permettent point de s'entendre. La Vallée de Chamouny plait au premier coup d'ceil; fa bafe eft parfaitement bien cultivée, & toutes fortes de grams & de légumes y réuffifiént : les Fruits feuls y font d'une qualité médiocre. Le contrafte qui réfulte entre de fi beaux champs, & les glacés éternelles qui couronnent une partie des hautes montagnes qui 1'environnent, offre un des plus beaux tableaux de la nature. On eftime que le fol de cette Vallée eft élevé d'environ 340 toifes de France au-def-  en Suisse. 297 fus du niveau du Lac de Genève; qui lui- aamonny. même domine la Médlterranée de 186 toifes (*). L'on porte la population de cette 'vallée de 450, a 500 feux , qui donnent environ 2000 >mes. La plupart des maifons font conftruites en bois; elles font éparfes dans 1'étendue de la vallée, a laquelle on donne un peu plus de fix lieues de longueur , fur un quart de lieue ( & fouvent beaucoup moins) de largeur. CHAMOUNY (**), cheflieu de la Vallée, eft compofé d'une centaine de Maifons. C'eft a une demi-portée de canon de ce petit Bourg, ( fur la droite en y arrivant de Sallenche ) , qu'eft fituéIzGlacier duBoffon. Ce Glacier a deux branches, larges cha' cune d'environ 80 toifes (***) : une chaine (*) Ces mefures font données par M. du Luc. Cette élcvation jointe aux Montagnes couvertes d'e neiges qui bordent dans toute fa longueur^ y rendent naturellement 1'air très-vif& 1'hiver tTeslong Mais fa fituation du couehant a 1'onent d'eté, 1'expofe au foleil huit a neuf heures pendant plufieurs mois , & les rayons de cet Aftre concentrés, y caufent d'affez grandes chalcurs." * • N. B. On trouvera ci-après une Table, oü la , hauteur des principales Montagnes de l'ancien £? du nouveau Monde, font indiquées d'après les obferva, tions les plus gcnéralemcnt adopties. _ , (-*#S L'Auberge eft bonne, propre, & ordinairement bien approvifionnée , & a un prix raifon1 nable. /-***) C'eft entre ces deux Glacïers que Michel face*rL'ceil embraflè cette Vallée dans 1'étendue a peu prés d'une forte lieue : dans cette longueur elle conferve un quart de lieue de largeur environ. Les Montagnes qui la déuplnnnent font toutes trés-hautes, & pour la Plupart fe terminent en pointes ou ai- guilles,. fort exhauftées & vifiblement mac- qui vaut encore mieux ) y adapter ( fur les lieux) unecfpècede Crampons dont les Guides font communément ufage,qui fixent & affurent Dien plus folidement les pieds. Les Souliers ferres foulagent beaucoup dans la montée, comme dans la defcente des montagnes : on gliffe moins, on fe retient mieux : fans cette précaution & avec des Souliers ou 'Bottes ordinaires, on eft fréquenment expofca faire des chutesdangereufes. Ces Crampons emboitent le talon, comme des éperons, mais ils s y ajuftent beaucoup plus folidement : on peut faire'cette petite emplette a Genève. (*) Nous avertiffons 1 1'égard" de toutes ces mefures, que n'ayant point eu la facilité, ni ie temps de les vérifier avec quelque fom, nous ne les donsons ici, que pour ce qtfelles nous ont 'paru a nous-mêmes fur les lieux", ceit-a-dire, pour un d peu prés jufle. Voyez. plus bas la-ZVW* d-devant indiquéc-  302. Nouveau F'o vage Vallée de ceffibles. L'SAgniUe da Dru, eft celle qui> 82'£S ,in,P?ft .? P1^ •• la vue slois. de la Peine a le famihanfer avec de fi pro- • digieufes hauteurs. Si l'on en croit quelquel • Voyageurs, cette Vallée, qui, a partir dq [ ce point, n'a guères plus d'une demi-lieue^ en defcendant vers la fource de l'Aveiron, ; s'étend, en remontant par la droite, a pluj 'l de fix lieues, entre la chaine des hautej [c montagnes qui entourent & fervent de bafe au célèbre Mont-Blanc. On remonte fur le plateau du MontanN Vert (*); mais avant que de nous y rendre, nos Guides nous firent remarquer un banc de rocher, auquel on a donné le nom « deTable des Anglois (**): elle eft commode & nous en fimes ufage. ( * ) Quelques jours avant notre arrivée a Chamouny , un Ours avoit attaqué un troupeau de 40 moutons , dont il avoit eu 1'intelligence de diriger fa fuite vers un fond inacceifible. Des Chafleurs étoient a fa pourfuïte le jour de notre départ de Chamouny, & nous apprimes k la Vallojirfine, qu'il avoit été tiré dans le bouquet de bois qui fépare le Glacier du BolTon. (**) II paffe pour conftant fur les lieux, que les premiers êtres raifonnables qui pénétrèrent dans ces régions glacées, furent des Voyageurs Anglois; & fon fixe cette tentative k feulement une quinzaine d'années. II faut couvenir, qu'il faloit plus qu'une curiofité ordinaire pour furmonter ies fatigues & même les rifques de ces fortes de courfes. En général, les Voyageurs de cette nation brave & favante, apprécient mieux qu'aucune autre ces Tableaux fiers & pittorefques, & ces majeftueufes horreurs de la nature.  en Suisse. 303 i Du Montant-Verr, on defcend a la Source Sonrpe fe We l'Aveiron par une pente fort roide, dVVAveiroa fpord , a travers quelques bois, & enfuite fur un terrein totalement a découvert. Les Sréquentes Avalanges (*), qui détruifent 3 & entrainent tout ce qu'elles parcourent, jïendent cette defcente fort pénible, pat B'amas de troncs d'arbres & de débris de Irochers fur lefquels on eft néceffité de pafier. ILe torrent de l'Aveiron a fa fource, comme Inous 1'avons dit plus haut, au pied de la ■Vallée des Glacés; on le voit fe précipfter javec la plus impétueufe furie & dans un Itrès-gros volume , de deffous une Voute ou Iarcade de pure glacé. La forme de cette $ Voute, ainfi que fon emplacement ^ne font "itpoint toujours les mêmes : nous fümes té1 moins de la chute d'une partie faillante de Ij cette Voute, qui en recula le plan. C'eft llci oü le mélange des couleurs aurore, bleue i|j & verte, fe fait remarquer dans fa plus grande Ibeauté : il n'eft point de coup d'ceil plus ipittorefque , plus agréable , plus attachant. l| Après avoir fatisfait fa curiofité a cet 'iiégard, on remonte fur fes Muiets, l'on reIpaffe 1'Arve , (déja groffi des eaux de 1'A1 veiron), & l'on retourne a Chamouny, d'oü Ion n'eft éloigné que d'une moyenne lieue, Lu- — 1—• (* ) Ces Avalanges impriraenc un bruit plus i ou moins fort en raifon de leur volume ; on pren1 droit fouvent leur cxplofion pour un violent coup i de tonnerre •, pour l'effet d'une mine, ou celui d'un , canon de gros calibre. La chute, ou la féparatioa 1 de quelque maffe dc glacé fait le même effet. .  304 Nouveau Voyage Mmtagne La Montagne du Bréven , longe (paria! <*Br^n: droite , en defcendant 1'Arve) une partiei tohrhie" de la Vallée de Chamouny ; elle fait face au Glacier du Bofibn, ainfi qu'au célèbre Mont-Blanc. Le Bréven domine de beaucoup le Montant-Vert; & les montagnes i qui s'élèvent a deux & trois lieues a la ronde, j On parvient a fon fommet par deux endroits : celui directement derrière Chamouny , eft le moins long, mais auffi le plus pénible : nos guides nous firent monter par celui-ci, & nous préférames de defcendre par 1'autre. L'on fe fert encore de Muiets, pour monter auffi haut qu'ils peuvent fe foutenir (*) ; c'eft toujours autant de fatigue de moins pour ceux qui ne fe piquent point d'être excellens marcheurs. Cette montée eft longue & trés - laborieufe : le premier tiers eft gami de quelques fapins & menus bois; le refte eft de pur roe (**). On ne peut guères mettre moins de quatre fortes heures pour arriver au pied d'un large banc de rocher, que les Guides appellent le Cabriolet: (*) La fermeté , 1'adreffe , & 1'intelligence de «es animaux font inconcevables : il ne s'agit que de les laifier fe conduire eux - mêmes, & leur mettre en toute affurance, ce qüi s'appelle la bride iur le col. (**) II faut fuivre ici pas k pas fes- Guides. Nous faillimes apérir dans une fonvrière que nous ne devinames point paree que la fuperficie de 1'eau dont elle étoit pleine étoit glacée, & que nous fuppofames cette glacé affez forte pour nous fupporter.  Isn Suisse. 30J % n'y parvient qu'en gravifiant fur des Éébris de rochers qui s'écroulent de tempsBrcvcnI autre, & qui fouvent pat leur inégalite , , jpu paree que leur fuperficie eft couverte de ■iiieige & de glacé , ne préfentent qu'une afjfiette auffi chancelante que dangereufe. Ici, Diaucun fentier ne dirige votre marche; .la ivue , & 1'habitude , conduifent feuls vos ifGuides: on doit fuivre fcrupuleufement leurs pas. ï\ Arrivé au Cabriolet, on y diftingue trois qjefpèces de brèches , ou d'embrafures (*), dpeu diftantes 1'une de 1'autre; toutes trois rla pic, dénuées d'arbrifleaux qui aideroient I \i les gravir : Cette partie de rocher préMfente exacbement un mur d'environ 10 pieds Me hauteur: Voici de quelle manière nous inous y iflames. Un de nos Guides aidé de ajfon Camarade , fe porta fur la plus balie de Bces embrafures; celui qui refta prés de nous, blenfonca fon baton dans un trou du ro|i|cher ; cette manoeuvre nous procura un preiifmier échelon; fon épaulefut le fecond, & blnous nous cramponames comme nous pumes li fur unpetit rebordqui nous éleva a peu prés la la moitié de la hauteur: alors, a 1'aide d'une tólcorde que nous tendit notre premier Guisl de, nous parvinmesfur le plan qu'il occupoit iJlui-même (**). A partir de ce point, il faut (■*) Ces embrafures font vifiblement 1'ouvrage ■S ides eaux, lorfqu'elles s'écoulent dans de forts aiorages, des rochers fupérieurs. (*•*) II faut avouer que ce paffage offre queluj i ques dan§ers; il pourroit u'être que pénible, fi  joö" Nouveau Voyage Mom- ■ monter par la gauche fur une pente trés-:: Mon^Mau-r"oide' l'e*Pace encore d'une forte demi-u du? * a " heure pour atteindre la fommité du Bréven : 11: lorfque vous êtes le plus prés de fa créte, u vous appercevez a quatre pas du fentier que ei vous êtes obligé de fuivre, un Précipice abfo-f p: lument a pic , ou perpendiculaire de plus deïs guitige cents pieds de profundeur. Cette crête, j cette fommité actuelle du Bréven a dü nécef-: fairement être beaucoup plus élevée qu'ell ne 1'eft aujourd'hui ; il eft préfumable quer cette fommité (*) fupportoit antérieurement plufieurs aiguilles que la foudre, le laps de temps ou quelque tremblement dei terre aura détruites. Les malles immenfes de débris que l'on voit éparfes fur cette montagne, femblent juftifier ce fentimerit. C'eft inconteftablement d'ici qu'on appereoit le mieux la prodigieufe élévation du Mont - Blanc , ou Mont - Maudit : Sa fommité qui, continuellement perce les nues, fe laiffe affez rarement appercevoir; & l'on les Guides s'approvifionnoient d'une petite échelle ;| ou bien, fi aidant a la nature, ils creufoient danslc le roe deux ou trois gradins; ou encore , s'ils en-Jti foncoient avec folidité dans ce même roe autantlj d'échellons : Ce travail feroit peu confidérable' :| le roe n'étant pas fort dur. - (*) On porte aflez généralement a t6i Toifss\\ la hauteur de la plus haute fommité du Bréven,! prife du niveau de la Vallée de Chamouny : nous!1 croyons cette indication a-peu - prés jufte : .Lel' réfuitat de nos opérations Barométriques nous at' donné cette quantité, a de légères différences prèï.ll  Ie jV Suisse. 307 e doir point fe décider a monter le Bréven, Mont? Bat peu que 1'atmofphère foit difpofé a f "SSrfSfc iïhargerdevapeurs : il arrivé meme fouvent, dit_ me dansles inftansles plus clairs, les plus feieins, il s'y forme tout-a-coup des nuages iïpais qui 1'enveloppent & 1'interceptent enilièrement. , , I Le fpecftacle dont la fommité du Breven ifait jouir , eft véritablement d'une^mail efté , d'une étendue impofantes... L'ceil, Ijkprès avoir contemplé la maffe immenfe Iele neiges & de glacés du Mont-Blanc, voit i$'élever fur fa gauche (entre beaucoup de Arès-hautes montagnes) 1'une des cimes du ÏMoiu Saint-Gothard • a droite, on découIfre le Mont-Jura, les Salèves, le Mole m (montagnes voifmes de Genève) : On voit ] i fes pieds le dégorgement des Glaciers du tcBoffon :■& quittant par degré ce vafte hontczon, la vue alors fe repofe avec plus de fate tisfacbion fur la petite Ville & la jolie CamIfagne de Sallenche; & enfin, fur la Vallée deÖ Chamouny, qui ne préfente point un ticoup d'ceil moins agréable. L'air a cette élévation , eft fans doute ïtrès-vif, mais fupportable. Nous nous arreitames a une foixantaine de toifes plus bas, I près d'un vafte amas de neiges & d^'une exaf cellente fource d'eau; nous y dinames, & nous nous y repofames une couple d'heures. 1 Le cercle que nous fimes enfuite pour re•| defcendre a Chamouny, alongea de pres !a de deux lieues notre route ; mais auih, il 2 nous procura une pente moins pemble & 1 moins dangereufe que celle du Cabriolet.  30S Nouveau VóV4ge ! 1 T A B L E Qui indique VÉlévation de quelques \ parties du Globe t prife du niveau I de la Mer. DE LA MÉDITER.K.ANÉE. Toifes. I Lac de Genève . . . (i) j88 1 Lac de Neufchatel ...(i)... 214 I Vallée de Chamouny. . . (1) . . . 526 1 , Vallée des Glacés , du Montant- J H Vert . . (1) 877 1 % La Sommicé du Bréven . . (1). . . 1387 La Sommité du Mont-Blanc. (1). . 2391 % ! La Source du Rhöne (a) 899 | Le Couvent des Capucins du Mont j Saint-Gothard. . (2) 1061 f Le Plateau du Mont-Cénis. (3). . 1000 I La Sommité des Montagnes qui bordent ce Plateau. . . (3) 1490 La Sommité du Véfuve. . (3) . . . 300 1 La Sommité du Mont-Ethna, en Sicile. . . (a) 167a j La Sommité du Canigou , la plus haute des Pyrénées. . (2) . . . 1441 1 (O Mefures donnécs par Mrs. du Luc, Saufliire, Needham, &c. (2^ Mefures données par Mts. les Profcfleurs I Saullure, & Needham. (3) Mefures donnécs par Mrs. de la Lande , I I ! Needham, &c. 15  en Suisse. 3°'j De l'Océan. Toifes. La plus haute Sommité du Snow- don, dans le pays de Galles . . 576 Sommité de la Table, au Cap de Bonne-Efpérance. . . (4). . . . 54^ Sommité du Ténériffe. . . (5)- • - *9°4 Sommité duPicdeRuco, dans lTile de' Madère. . • OO795 Sommité du Catopaxi, dans laPro- rince de Quito . . (4) • • ■ ■ 3120 Sommité du Chimboraco, la plus haute des Cordillières. . (4). . 3220 | (4) Mefures données par Mrs. de la Conda| mine, &c. !jj i (S) Vov. Ie Voyage, &c. de MM. Verdun de la « 1 Rrerie, Pingrés & le Chevatier de Bord* ; Paris, 'l a voi. in-40. t|  310 Noufeav Voyage Route de Le chemin de Chamouny a MartignyW Chamouny fuit aflez long-temps le cours de 1'Arve*' «Laufanne. en remontant vers fa f0urce : Une partiaP de la route que nous allons tenir, n'eft prai tiCable qu'a cheval. Nous vimes, chemi: Aibhos faifant, deux Frères, Orphelins, agé de EuroPéens.-onze a treize ans, regardés dans les envb' rons comme deux phénomènes. Nous leui trouvames les cils, fourcils, & les cheveux) d'un blond extraordinairement pale, & prefque blanc; leur carnation eft de même Leurs paupières ne font que s'entr'ouvrir elles ont peu de vibration, & ne fe fépa rent guères plus d'une ligne & demie l'un< de 1'autre. Ils ne peuvent voir les objet un peu élevés de terre , qu'en renverfani proportionnellement leur tête en arrière; & 1'afpect d'une lumière trop vive, paroit leui êtte nuifible : tel, les Voyageurs nous peb gnent les Albinos. Le Village oü demeureni ces Enfans, eft fitué prefque au pied dt Glacier des Bois, peu diftant de la Vallés des Glacés, & du Montant-Vert. A un quart de lieue environ de cettx Vallée, & du même cöté, on rencontre deux autres Glaciers peu diftans 1'un de 1'autre (*) : celui de VArgentière, eft le plu large; il donne fon nom a un village fituf aflez prés de fa bafe, & il fait la limite d« la Vallée de Chamouny. De ces deux Gla- (*) Tous les Glaciers, font autant de branchei defcendantes du Mont-Blanc : La ciftonférence de la bafe de cette impofante montagne, a plu; de quiaze lieues de circonférence.  IEN Sv IS SE. ■ SU Iers fortent deux torrens qui viennent C!ec!er Bn , Iroffir celui de 1'Arve , que l'on remonte Bnet, CafImcore plus d'une lieue : on traverfe ce***^* 1/olumineux torrent fur un pont de bois enitore plus hardi & plus lefte, que ceux dont uhous avons fait mention précédemment. I[ci, 1'Arve fe précipite a travers des bancs ■ ie rochers, avec la plus bruyante impéliuofité : les fources de ce torrent, remon|:ent environ deux lieues vers le nord de & 'Argentière. 1, De la Vallée de Chamouny, l'on pénètre llans celle de Ia Valorfine, qui n'a guères Klus de trois lieues de longueur, fur moins ll'un quart de lieue de largeur : cette A^allée-ci eft beaucoup moins peuplée, moins «èrtile, moins agréable que la première. |3'eft dans Penfoncement d'une gorge fituée Mi la gauche du chemin, & au débouché de laquelle s'eft ralfemblée la majeure partie de «e Village, que fe trouve une Chute d'eau ïonfidérable, qui doit fa fource au Glacier Ttfu Buet. Cette montagne s'appereoit ici Jdans toute fa majefté : Sa hauteur diffère Joeu ( en moins ) de celle du Bréven (*). Le mauvais temps que nous eümes en fortant de Chamouny , dérangea nos projets ï 1'égard de cette Montagne, & de la célèbre Cafcade qui y attire les curieux; nous be faifons donc ici que 1'indiquer. A peu de diftance de la Valorfine, notre (*) Les Amateurs trouveront a la. Valorfine, tpc même a Chamouny, des Guides pour les conduire fureraeiit par toutes ces belles horreurs. É  j/2 Nouveau VorAot. ijiTèw Guide nous montra les limites qui féparent ri uoirc. la Savoye du Valais; & un peu plus hautj nous remarquames, a la tête d'un défilé fort:< étroit, les ruines d'une Porte & d'une an-ti cienne tour carrée , conftruite autrefois c pour la défenfe de 1'entrée du pays : ce pof-c te, eft depuis long-temps abandonné. Lei chemin continue de s'élever, & devient de), plus en plus pénible: il cötoye une longue &, I haute Montagne appelée la Tête-Noire ,jj dontlapente eft très-roide, hériffée de ro4 diers monftrueux , & néanmoins toute couJ verte de Sapins & de Mélèfes d'une hauteurl & d'une beauté furprenanr.es: PefcarpementJ de ce vallon étonne fouvent la vue... II efrl nombre d'endroits; oü le précipice a depuiJ 600, jufqu'a 1000 pieds de profondeur abfo-l lument a pic; & 1'étroit fentier quilonge cel fréquens abymes , n'eft conftamment forméf que de plufieurs Sapins pofés fur leur lon-l gueur, chargés &. recouverts de brifures dJ rochers & d'un peu de terre: quelques pieux J entrelacés de menus branchages, tiennena ici lieu de garde-foux. La cime de la Montagne oppofée , eftti parfemée de Cultures, de Paturages & de quelJ ques Habitations : ce tableau agréable con-l trafte fingulièrement avec la trifte aridité del celui-ci: Le chemin tourne infenfiblement fu| • la droite : on quitte cette dernière gorge 8| Pon pénètre a travers une autre, dont lel montagnes moins élevées & toutes garniesdJ bois, fourniffent a leurs bafes de fort beau J Paturages. C'eft de ce point d'éléVation I que tommence Peanuyeufe St fatigante defi ceutè  en Suisse. 313 cente qui conduit a Martigny, que l'on ap- Martigny. percoit de plus de deux Heues de diftance , ainfi qu'une partie de la jolie plaine du Valais , lorfque le temps le permet. II ne faut guères moins de deux heures de marche, pour arriver au bas de la montagne. Cette route eft mauvaife ; c'eft plutöt une continuelle ravine , qu'un chemin : on y rencontre aflez fréquemment des Habitations qui bordent cette ravine de droite & de gauche. A peu de diftance du pied de la montagne, & a celle a-peu-près d'une portee de canon 1 du Bourg de Martigny, on traverfe la DranI fe, fur un affez méchant Pont de bois : ce i torrent eft ici exceffivement rapide : Ses 1 eaux vont peu loin de la fe réunir a celles 1 du Rhöne, comme nous le dirons plus bas. Le Bourg de MARTIGNY (*), eft diftant 1 de la Ville du même nom , d'un fort quart 1 de lieue : le chemin qui les fépare eft bordé 1 par de vaftes Prairies & de beaux Jardins : ; le Rhöne & la Dranfe roulent leurs eaux ; ! le premier par la droite, 1'autre par la gauiche. Nous n'alongeames point notre route 1 pour voir la ville de Martigny : le Bourg que l'on traverfe dans toute fa longueur, confifte dans une principale rue , d'une Ifort belle largeur, bien pavee., très-pro- (* ) L'Auberge , appelée la grande-Maifon ( la 1 feule oü. l'on puiiïe s'arrêter ) , eft dénuée de Meu1 bles ; du moins de bons Lits : d'ailleurs elle eit 1 proprc & bien aërée : les vivres n'y manquent ] point. Cette maifon a été dans fon origine un Cou■ vent de Béuédictins. Tome I. O  j;4 Nouveau Voyage, Skmrft Pi'e> & bordée de maifons aflez, bien büKfle-Yache. tieSi La Vallée dans laquelle defcend & ferpente le Rhöne, s'élargit confidérablement a fur & a mefure qu'on s'éloigne de Martigny. On appereoit, a environ deux heues de diftance fur la droite, la petite Ville de Sion , que l'on dit être jolie. Le chemin qui conduit d'ici a Saim-Mauricc, cötoye d'affez prés la chaine de Montagnes qui bordent lecóté gauche de la Vallée; il eft d'une belle largeur, bordé d'arbres & bien entretenu. Vers la moitié environ de cette route , eft fituée la Chute d'eau , appelée Ze PiJJeVache; cette chute eft élevée de terre d'environ 280 a 300 pieds (*) : fon volume eft coniidérable; lanappe que ce torrent développe eft large, impétueufe & de la forme la plus agréable. Une partie de fes eaux fe perd" au loin par une rofée charmante; le refte forme un torrent rapide, qui court fe réunir avec la Dranfe, qui coule prés de la montagne, & que l'on paffe peu loin de la fur un Pont de pierre de deux arches, ridiculement étroit, & plus encore mal-droitement pla' cé : la Drance fe précipite dans le Rhöne, a une portée de fufü de ce Pont (**). On ap- (*) Dans lc DiBionnairt de la Suifc,lkc. (ouVwe, a bien des égards unie & curieux), on trouve fous 1'article Saint-Mauricc , que cette belle Cafcade tombe de huit cents pieds dc hauteur : c'eft fans doute unefaute de copifte ; il feroit difficile de faire de fang-froid une telle exagération. (**) On ne fauroit voir fans étonnement, la cntiftruêiim hardie d'un Sentier qui arrivé du Uaut del*  ca' Suisse. jij pereoit un peu avant d'arriver a Salnt-Mau- Saim-Mwrice, un joli Hermitage. II efl: aflis fur un rice' rebord de rocher au milieu de la hauteur de la montagne , qui eft ici a pic; un Sentier pratiqué avec beaucoup d'art dans le roe, communiqué de cet Hermitage aux Jardins & Terrafiès de 1'Abbaye dont les batimens commencent de ce cöté-ci ia ville. SAINT-MAURICE (*). Les approches Montagne, qui paffe fous le vafte bereeau que forme le Pitfe Vacht dans fa chute , & qui vient aboutir par échelons au Pont que nous venoni d'indiquer quelques lignes plus haut. Ce fentier eft formé (dans tout ce que 1'ceil en appereoit) de longues planches affez étroites, pofées fur de petitcs parties faillantes du rocher (qui eft ici d'un efcarpement très-roide), & foutenues dans d'autres , par de petits étancons de bois enfoncés dans ce meme mur de rocher : ajoutez, que la Dranfe en baigne la bafe, & qu'elle eft ici profonde & ra~ pide. Ce Sentier eft vraifemblablement a 1'ufage des habitans de la Valorfine. & d'autres Cantons voifïns , qui s'évitent le long trajet qu'il leur faudroit faire pour tourner cette montagne lorfqu'ils veulent fe rendre au centre du Valais: Le cours de la Dranfe, qui s'eft creufé le profond Canal par lequel fes eaux arrivent au Valais, a dirigé cette communication ingénieufe & hardie. (*) „ Une tradition fondée fur des Légendes & des Martyrologes (titres toujours fufpects) fixe 1'introduftion du Chriftianifme dans Ylldvêtis vers la fin du IVème fiècle, a 1'époque ou la Ligion Thébéicnnc doit avoir été décimée par ordre de Maximilie», pour s'être refufée au Sacrifice des faux Dieux. Saint-Mtturice, le chef de cette laO ij  3i6 Nouveau Voyage *ïL Mau-de cette petite ville, lui font plus d'honSS neut qu'elle n'en mérite: elle eft mal ba- ■ tie , mal pavée : elle paroit peuplée , & 1 on v voit du mouvement & de 1'aifance. Les curieux qui ne veulent rien perdre , fe font montrer ici divers fragnuns d'fnfcriptions Romaines, & des débris \le grofles Colonnes de marbre, qui doivent avoir été tresbelles. La fortie de Saint-Maurice, qui regarde les frontières du Canton de Berne, fe trouve relferrée entre deux montagnes peu élevées , mais aflez efcarpées ; elle^eft fortifiéeparun vieux Chateau dont le Rhöne baigne les murs. On traverfe ici ce fleuve fur un Pont de pierre d'une feule arche. Ce pofte dans lequel réfident quelques gardes, gion, eft révéré dans le Valais, & plus particulièrement ici. Plufieurs de fes Compagnons cchappés au glaive fe répandiient dans 1'Helvetie, oü long-temps après on confacra des Chapelles a leurs Reliques. On fit accroire au peuple que ces Saints , après leur décolation , portèrent leurs têtes fous le bras , jufqu'aux lieux de leurs fépultures. „ Dïcthnn. de la SuiJfe.SatntDenis, 1'Aréopagifte (comme l'on fait) n'eft pas demeure en refte fur un femblable miracle. Nous avons lu quelque part, qu'une Dame de haute naiffance, & (ce qui vaut beaucoup mieux) de beaucoup d'efprit, admettoit volontiers ce prodige, en ajoutant, que dans une pareille aventure, il n'y avoit jamais que le premier pas qui p ütcoüter a faire. U Auberge fituée a peu prés au centre de la ville, eft vafte & très-propre, mais malmeubleei la Cuiüne abondante, mais mauvaife.  en Suisse. 31 j a pu être autrefois d'une certaine force & Salines de défendre alors avantageufement 1'entrée duBïïbas Valais : ce feroit une bien foible barrière aujourd'hui ; la feule largeur du Rhöne (qui n'a pas ici plus de vingt pieds), fépare les deux territoires. Arrivé vers le milieu du talus de la montagne, & a la demi-portée de carabine de cette première limite , on traverfe une aflez grande arcade fermante, ou eft également établi un petit corps de garde; on eft dès-lors fur le territoire du Canton de Berne. A partir de ce point, les Montagnes s'abaifïent; le pays s'ouvre prefque fubitement, & la vafte étendue de terrein que 1'ceil peut parcourir, eft de la plus grande beauté: rien ne peint mieux 1'aifance & le bonheur du peuple libre qui 1'habite. BEX (*), eft un gros Village très-peuplé, bien bati; il dépend du Gouvernement de VAigle. Les uniques Sources Salées de la Suifle exiftent dans fon voifinage; elles y font amenées d'affez loin. Après que les eaux ont été dépouillées de leurs parties les plus groffières (au moyen d'une filtration a travers quelques milliers de fagots), le fel eft précipité par évaporation artificielle dans des chaudières. Ces fources font médiocrement abondantes; toutes enfemble, de même que le filet d'eau falée qu'on trouve au Bouilkt, ne fourniffent qu'environ huit mille quintaux par an {\Voy. h Dictioiin. (*) A l'Ecu de France , bonne Auberge; Logeméns très-proprement meublés , bonne Cuifine. O iij  j/g Nouveau voyage 'smm de de la Suijfe, au mot Bévieux"). Un fifoible U=x. produit, doit balaneer a peine les dépenfes que l'on continue de faire, dans 1'efpérance oü l'on eft, de trouver le dépót originaire de fel eii roche. Ces travaux font prefque inconcevables. La maffe de la montagne eft minée & percée dans une infinité de fens: On a pénétré dans le roe, a la longueur de plus de trois mille pieds; & le tuf s'eft trouvé dans la majeure partie, d'une tella dureté, que ce n'a été qu'a 1'aide des mines , que l'on a pu ouvrir petit-a-petit ces longs & curieux fouterrains. C'eft de cette dernière manière que l'on opère aujourd'hui dans un nouveau boyau (déji prolongé è plus de 400 pieds), que l'on dirige vers le Jttd de la montagne : quelques veines heureufes & qui s'annoncent bien,femblentjuftifier cette coüteufe tentative. En général ces travaux font dignes de 1'attention des curieux (*) & des amateurs des Arts; & quoique le méchanifme qu'ils préfentent n'offre rienabfolument d'extraordinaire , les connoiffeurs y remarqueront néanmoins quelques parties de détail trèsingénieufement traitées, & qui ne fe voyent point ailleurs. Nous citons de préférence . . (*) II faut fe prdcautionntr avant que ie fe ' rendre aux Salines, d'une permifion des Directeurs; elle eft accordée facilement; le maitre de l'Auberge de Bex la fait avoir gratis, fi? l'on donne aux Mineurs qui vous conduifent felon fa gdnérofitd. Celle tourfeit partir de Bex, donne une très-jolie pro»::vêdt, pour ceux qui ttiment tt mereber.  en- Suisse. 3*9 les brifures qu'il a failu imaginer pour le gg*jfc jeu des Balanciers des Pompes qui portent viu-.^ft, les eaux des fources a 1'étage fupéneur du ve. leffivoir (ou fagotage). Nous avons vu en Lorraine , dans le Palatinat, & ailleurs, beaucoup de ces mêmes opérations; mais aucunes ne nous ont paru égaler la fimplicite & 1'aifance de ce mouvement-ci. Nous faifons le même éloge relativement au jeu de la grande Roue, mue dans l'intérieur des dépots, qui nous a femblé réunir les memes avantages. Un peu au dela de Bex, le chemin qui conduit a Vlvai s'approche du Rhóne, qui roule impétueufement fes beiles eaux a travers une prairie charmante & des campagnes délicieufes. On traverfe la jolie petite Ville d'AIGLE (*) & celle de VILLENEUVE (**); & c'eft a la fortie de cette dernière que le Rhöne fe précipite dans le vafte Lac de Genève. Depuis Ville-Neuve iufqu'a Vévai, on cötoye les bords du Lac par un chemin fort agréable quand il fait beau , mais qui doit être très-boueux, tresfangeux, après quelque forte pluie. rm\ Le Diftionnairede la Suiffe, ne la défigne que comme un Bourg ; au refte bien des Villes du fecond ordre, n'ont point fon étendue , la population : II s'y fait habituellement une pêche de Truites, affermée atrès-haut pnx, par lc Gouvernement. (**) Ville-Ncuve fe flatte d'une origine tresancienne ; elle produit fes titres, confiftant dans quelques Infcriptions Romaines, qui appuyent a fon avantage niiftoire & la Tradition. O iv  Szo Nouveau Voyage vey*i,Laa- VÉVAI (*). La fituation de cette petite faaue. Ville eft, on ne peut pas plus heureufe; le Port eft commode, & il paroit y régner du mouvement: prés de la , eft une jolie Promenade, qui longe la rive droite du lac. La Place du Marché (qui fert auffi de Place d'Armes), eft vafte & bien percée. En général, Vévai a un air d'aifance & de propreté qui prévient. Les environs en font délicieux,&fourmillent de Maifons de campagnes les plus avantageufement fituées. Le chemin • de Vévai a Laufanne, continue de fuivre les bords du Lac, & d'offrir les tableaux les plus fatisfaifans : Ce chemin pourroit être meilleur. La montagne que Pon eft forcé de traverfer a environ une lieue de ce cóté-ci pour arriver a Laufanne, eft longue, roide, trèstrifte, & conféquemment fort ennuyante. LAUSANNE (**). Un Voyageur qui ne feroit que traverfer cette ville , ne pourroit guères lui fuppofer 1'étendue , la population, la richeffe, le commerce, & les agrémens de fociété , qui lui affurent le premier rang, entre les principales Villes de la Suiffe : batie en partie fur une éminence affez élevée, & partie dans un fond, la communication en eft auffi pénible que peu agréable. On y remarque plufieurs Rues larges, bien alignées, & dans lefquelles fe font élevées de jolies Maifons. (*) A la Couronne, bonne Auberge. (**) Au Kenard ni/ir , très-bonne Auberge.  en Suisse. 321 VEglife Cathédrale , eft un fort beau Laufanne. vaifleau; 1'arc qui fupporte 1'Orgue eft hardi & favamment exécuté. L'Académie (*), qui réunit toutes les Salles de différens genres d'études, &c. eft un batiment dont 1'enfemble a du mérite : Pexamen en efl fatisfaifant La principale Promenade, eft petite , mais agréablement fituée , & les environs de la ville, font on ne peut pas plus riches, plus variés, plus délicieux. La Population eft confidérable; les Maifons de la majeure partie de la ville, ont communément quatre étages. II s'y eft établi quelques Manufacfures de Lainage , de Cotonade & de Chapellerie : mais il ne s'y fait guères d'exportations; tout fe confomme fur les lieux. Le Commerce dominant de Laufanne , confiftedans fes Prejfes Typographiques & dans fes Vins, qui font recherchés , paree que ordinairement ils font fupérieurs a tous ceux qui fe récoltent dans les Vignobles a la ronde. La Campagne que l'on traverfe pour fe rendre de Laufanne & Pverdun , eft riche & parfaitement bien cultivée : ce chemin de traverfe n'eft praticable que dans la belle faifon. (*) L'Académie de Laufanne, déja f0rt eftimée , jouit maintenant du plus beau luftre , par les Profeffeurs diftingués qui s'y trouvent réunis. Le célèbre M. Tifot attire a fes lecons de Medecine un nombre confidérable d'étudians de toutes les nations. Le ProfefTeur de Vort d'Equitation eft auffi très-fuivi; c'eft une des meilleures Ecoles dc 1'Europe. _ 1 O v  3Ï2 Nouveau Voyage Yyerdun : YVERDUN (*), 1'une des plus anciennéraux M'*nes Villes de 1'Helvétie, qu'une longue fuite de révolutions a réduite a fort peu de chofe; elle paroit eependant renaitre de fes cendres: fes Preffes Typographiques augmentent fucceffivement de réputation; elles y attirent un numéraire confidérable. Deux fort belles Rues développent a peu prés toute fon étendue : Sa fituation eft très-agréable; le Lac de Neufchatel forme devant elle un large & magnifique Canal (**). Le Port & les Promenades publiques, longent fes murs; une infinité de jolies Maifons de campagne éparfes dans tout fon voifinage, fourniflént autant de points de vues très-agréables & très-variés (***). Lorfque (*) Aux Bains des Eaux Minèrales, médiocre Auberge. L'on en conftruifoit une, lors de notre paffage, a 1'entrée de la ville : les dehors s'aujaoncoient bien. (*.*) Une fociété dans laquelle entrèrent des perfonnes du plus haut rang, forma au milieu du liècle paffé 1'entreprife d'établir un Canal qui devoit joindre les Lacs d'Yverdun & de Genève, en partant d'Yverdun & tendant a Mor ges, fur une longueur d'environ fix lieues : cet ouvrage qu'on envifageoit comme très-utile pour favorifer le commerce, a été pouffé jufqu'au-deffous de Coffbnay, k enviTon quatre lieues d'Yverdun ; mais le défaut de fonds & d'autres circonftances, font fait difcantinuer ckabandouner, &c. Diclionn. de leSuitfe. (***)„ En 1769, en creufant un terrein, pour une Cave, prés des Moulins de cette ville, on y découvrit plufieurs Squélettes bien confer^és, dont le vifage étoit uniformément tourné  en Suisse. 3s3 nous pafsames a Yverdun , on y élevoit un Yverdun: Hötel-de-vilk : ce batiment fera médiocre; ™vuur" il décorera en partie la jolie petite Place qui précède la nouvelle Eglife. Les Eaux Minéraks d'Yverdun, ont eu, il y a quelques fiècles, la plus haute célébrité. Elles font naturellement chaudes & fulfureufes : elles recommencent depuis peu a être fréquentées; on cite même (fur les lieux) de nouveaux miracles opérés par fes vertus. La Magiftrature a fait conftruire a fes frais (en 1730) un vafte Batiment pour recevoir les malades, les amateurs, 8^ les défceuvrés aifés. Cette maifon fert en même temps d'Auberge pour ceux des Voyageurs que leurs affaires n'obligent point de demeurer en ville, dont ces eaux ne font féparées que d'une forte portée de canon. vers 1'orient; ils étoient dans une coudve da fable fans qu'il y parut aucun refte de plancne, nVdeveftige d'aueun tombeau; ils avoient entre leurs jambes de petites Unies de terre de verre; elles étoient accompagnées de petits Plats de terle, ou il reftoit encore des os de yolaille bien confervés ■ les fragmens de ces Plats font en terre rouge, connue fous le nom de urrt fisf lée, k laquelle 1'antiquité attribuoit plufieurs vertus : il s?eft auffi trouvé a cöté de ces Squclettes , quelques Médailles en cuivre, & une en argent ; elles font du temps de Conftantin & meme anterieures; tous ces monumens font dcpofes dans la Bibliothèqne publique d'Yverdun," &c. Voy. le DiHionv. de la Suife. Nous ajoutons que cette Bibliothèque eft 1'une des plus cuneufcs-, des plus vifitées de toutes celles qui honorent la rcpublique; O vj  $«4 Nouveau 7ro Y ag e Morges,.*/. Tout le pays que l'on traverfe d'Yverdun Ro"e' & aMorges, eft également riche, fertile, bien Evi-m', Ri- cultivé ; les Yillages y font fréquens & bien paiues. batis. MORGES (*), eft ungros Bourg fitué fur le bord du Lac : deux Rues parallèles fort larges, développent toute fon étendue. Le Port, eft un des plus vaftes & des mieux abrités de tous ceux que diftribue cette belle & riche cöte ; il eft protégé par un vieux Chateau, qui, s'il eft inutUe pour fa défenfe, embellit beaucoup ce délicieux, ce charmant morceau de payfage. L'Eglife, eft nouvellement reconftruite : le Portail, & toute la made en général de cet édifice, font médiocrement traités. La route de Morges a Genève, & extraordinairement agréable, par la quantité deBourgs& de gros Villages, ou de trèsbeaux Biens de Campagne que le chemin cótoye, commande ou traverfe. Saint-Prex , Rolle (**) , Nyon font les lieux les plus (*) Vis-a-vis de Morges, eft fitué le Bourg A'Evian, dont les Eaux Minimies, ont, dans le pays, quelque réputation : le chemin qui y conduit de Genève, eft parfaitement bien tenu ; il cótoye une partie de la rive gauche du Lac, & cette courfe,efttrès-agréable afaire. L'on traverfe la petite Ville deTbonon, capitaleduChablais,&le chemin hriffe alaportée d'une carabine les ruines du Chateau de Ripailles, célèbre dans l'hiftojre des Ducs de Savoye, par le choix, qu'AMÉDÉE YIII, fit de ceféj.our ,(alors , dit-on, délicieux ), lorfqu'il aödiqua la Papauté. (**) A la Tite neire, très-bonne Auberge.  en Suisse, 32j cönfidérablesque le chemin fait traverfer : il*»»" M n'eft guères pöftible de voir un pays plus riant, t^uT mieux cultivé, plus peuplé. Le chemin de Genève (*) a Chable , eft bon, & la campagne qu'il fait parcourir eft très-belle; il n'en eft point de même de Chable a Caille : cette traverfée eft hériflée de Montagnes, dont plufieurs fort longues & fort rudes. ANNECI (**); petite Ville fituée fur le Lac de ce nom , au centre de trois Gorges affez étroites qui y aboutiffent : les Rues y font étroites & fales; & la majeure partie des maifons y font conftruites en bois. Cette N. B. Les Voyageurs qui voudroient fe bomer a la feule excurfion de la vallée de Chamouny, peuvent venir (en rétrogradant fur leurs pas ), reprendre leur voiture a Bonneville , & de la fe faire conduire a Evian; la route eft belle ; traverfer le lac aEvian pour fe rendre i Morges & Genève : ou bien d'Evian , revenir direétement a Genève. (*0 Les Po/les font établies dans les états de Sa Avis util«. , Majeftè Sarde , &? pajfablernent monties : lorfqtCon fe détermine d ne point faire ufage de Voiturins , l'on fait chercher des Chevaux d Carouge ( Pofte . Franpoife, fituée d une petite demi-lieuc de Genève') , qui conduifent d Caille, première fiation (fur la \ préfente route ) des états de Savoye. Le mattre de Pofte de Carouge eft autorifé d fe faire payer ( lorfque. j fes chevaux rétrogradent fur Genève ) un quart de j Pofte de gratification : on s'arrange facilemeut avec i lui , ê? d meilleur compte. (**) L'Auberge fituée hors de la Ville, eft t très-bonne.  3Z6 NOUVEAU VOYAGE Sa!nt-Phi- Ville, qui annonce peu de population, d'aiüppe, aïx- fance & de commerce, eft néanmoins dévo- c Chambéry rée Par trois ou Emmanuel II, versla fin du dernier fiècle), - qu'il a eté encadré dans le rocher une vafte ■Table de marbre, dans laquelle on lit une Infcription (**) que l'on dit avoir été com- (*) II n'a guères moins d'une demi-lieue de • longueur ; une voute, jadis, le couvioit dans fa maieure partie : c'étoit une vraie Cavenu dont 1'accès étoit infiniment pénible, & même fouvent dangereux. Ce paffage célèbre eft depuis 1670, dans 1'état a peu prés, oü on le voit aujourd'hui. (**),, Carolus Emmanuel 11. Dux. Sabaudiit. p.edeé Princeps. publicd.felicitate partd fmguliorum. commodis. inteutus. breviorem. fecurioremque. viam. naturd occlufam. Romanis. intentatcm. cateris. defperatam dijeÜis.Scopuhrum. repagulis aquatd. montium. ïniquitate. qua ccrvicibus imminebant.praa-  330 2Vo uve au Voy ag e &w Echel- pofée par le favant Abbé de Saint-Rcaï, originaire de Chambéry. Arrivé aux Echelles, on fuit durant uneforte portee de canon la grande route qui y amène de Pont-B eauvoifin ; on la laiflé enfuite fur la droite & l'on s'enfonce dans un vallon, large d'abord de prés d'un qu art de lieue, mais qui fe retrécit infenfiblement & ne forme plus qu'une gorge, moins large fouvent que la portee d'un piftolet. On ne peut guères imaginer de tableau plus pittorefque que celui qui s'offre a 1'ceil du Voyageur , qui fe rend d'ici a la Chartreufe. On voit un énorme volume d'eau précipiter fes fiots écumans avec le plus impérieux fraca's, du fein d'une gorge a peine éclairée du jour, & bordée de rochers qui n'ont pas moins de huit cents pieds de hauteur. Une Forge fituée fur la rive droite de ce torrent & quelques Maifons qui en dépendent, communiquent a la rive oppofée (que longe le chemin) par un Pont de pierre d'une feule Arche; un batiment qui ferme chaque foir & a volonté 1'entrée de cette gorge ; 1'Éclufe qui dirige une partie des eaux vers des Roues de travail... .Enfin , diverfes autres localités intéreffantes , femblent fe réunir, pour offrir un de ces pitia pedibus. fubjlcrnens. aztemis. populorum. commerciis palefecit. Anno M. D. C. LXX. Cette Infcnption dit beaucoup ,■ & prefque rien de trop : L'entreprife étoit certaiueraent hardie, & le fuccès digne de tous les éloges.  ty Suisse. 3Sl rnavfages uniques, & dont le fouvenirnes'ef- QmÏ r#ce jamais. C'eft ici, que commence (dans £h<*«^ islcette partie) le vafte terrein dependant de ila Chartreufe. ; \ " , I Le travail que ce chemin a du couter, fleft inconcevable : non-feulement il a fallu lle creufer dans le talus d'un roe très-dur, sjmais encore pratiquer pour le foutenir, des idterrafles en maeonnerie d'une hauteur & j'} d'une longueur furprenante. Les eaux qui «iabondent de toute part, ont également nerf ceffité une infinité de petits Ponts pour leur )(écoulement, ainfi que d'autres plus grands riqui traverfent cette profonde vallee , fuisWant la direcbion que l'on a du donner a I cet ingénieux , a ce fmgulier chemin ; unitïtquement praticable pour des chevaux ou 4 des muiets. On y voit fréquemment des 'tfprécipices abfolument perpendiculaires deijfèpuis ^oo jufqu'a iooo pieds de profondeur. f Le Couvent de la Grande Chartreufe, 4 eft fitué fur une forte hauteur, qui, néan4 moins eft dominéé par des pointes de roëchers beaucoup plus élevées encore. La H maffe des Batimens eft affife fur un plateau I affez vafte, dont elle occupe toute 1 etenI due ; le refte fe développe par terrafiès, en |] remontant une gorge dont 1'encemte prinI cipale traverféMa largeur. Tous ces Batimens § font d'une ordonnance fort limple ; mais ils | réuniffent dans l'intérieur toutes les commo9 dités &; 1'aifance dont ils font fufceptibles. »| Tu'EgUre , eft d'une très-grande propreté ; I on én a écarté avec foin toute cette pompe 1 d'ornemens qui n'ötent que trop fou-  33* Nouveau Voyage cèvvmit vent aux Eglifes ce caractère de maCttltTeufe Je^^ c5ui devroitfeul leur être propre. Ici ' i'on fent naitre en foi (même involontaire- s ment) un fentiment de pure vénération : il y règne un beau fimple & cette richefie de gout, que n'exclut point la plus rigide modeftie. La Salie du Chapitre, eft bien dans fon: genre ; elle eft ornée d'une excellente Boiferie.La Bibliothèque, eft peu vafte : on la dit! compofée d'excellens Livres : on y compte'< un nombre confidérable de manufcrits; tous ouvrages de Religieux de cette Maifon. L'Apotliicairerie, eft également une du~ riofité a voir : les Caves & les Celliers, font* au moins aufli intéreflans. Notre curiofité fatisfaite, nous rétrogradames fur Chambéry , d'oü nous continuSmes notre route vers Turin. > Contir.ua- De Chambéry (*) d Montmélian , on ««"/* Ge- comPte une Pofte & demie ; le chemin eft nève«*r«- bon, & la vallée dans laquelle il fe dévelopritt. Mont- pe, eft dans beaucoup d'endroits agréable &; melian. culcivée. MONTMÉLIAN (**) , s'eft établie fur Avis utiie. (*) Arrivé éi Chambéry, on ne doit point négliger de faire chercher chez le Commandant un Bulletin de Pofte , qui devïint indifpenfable pour le rejle de la route. Les Po/les y font indiquées, ainfi que le prix des Chevaux, le falaire des Poftillons , £? le droit de Garpon d'écurie qui attèle , &C. (**) De Montmélian, on peut fe rendre en Ittlie, par la Tarentaife, en paifant la montagne appclée le Petit-Saint-Ëemard, & defcendre'par le  Sxnssr. 333 3hne aflez forte éminence , fituée au centre Aiguebetie. rrjl'une petite plaine oü aboutiflént plufieurs jlorges. Cette Ville étoit autrefois défendue 'Aar'une Citadelle, dont Louis XIV s'emftiara en 1706, & qu'il fit démembrer : les fortifications ont été réparées depuis, & Imfuite abandonnées. Cette place eft impétijieufement commandée de deux hauteurs i'rès-proches. Les Vins de Montmélian, ont lil réputation d'être les meilleurs du pays. I AIGUEBELLE (*). Nous ne faifons aiote de ce petit Bourg . que paree qu'on \ voit une fingularité , dont le fpettacle he peut être indifférent a toute ame honiaaête & fenfible. Une Avalange occafionnée apar une fonte de neige confidérable & pré icipitée, entrama par fa chute du faite de la arnontagne une fi prodigieufe maffe de bripjfiiresde rocher, de pierres, de Sable, d'aribres, &c., qu'elle couvrit en moins de 24 Iheures, 1'Eglife, & une vingtaine de Maiplfons qui 1'avoifinoient, conftruites a miHcöte de cette montagne : on diftingue encore Hla toiture & le clocher de cette Eglife , ifituée du même cóté de 1'Eglife acbuelle & mVal d'/toffe; cette route eft plus courte de quelRques lieues que celle du Mont-Cènis; mais les cheBmins y font infiniment moins commodes, moins ■frayes que la route de la Maurienne : les muiets ne Hpeuvcnt traverfer lePetit-Saint-Bernard , qu'avec «demi-charge; les contrebandiers & les gens de pied, ffont les feuls qui lui donnent la préférence. (*) A la Pofte, bonne Auberge.  334 Nouveau Voyaüb SaJnt-jean. a la diftance d'une demi-portée de canon. Cet événement arriva en 1750. D'Aiguebelle (*) a Saint-Jean, le chemin devient moins beau, moins agréable; mais il eft bon par-tout La petite Ville de SAINT-JEAN, s'eft] Conftruite dans une vallée peu large, mais qui paroit fertile. Le Périftyk récemment ajouté a la Cathédrale, fait un joli effet: nous y avons remarqué un ancien Tombeau des premiers Ducs de Savoye, nouvellement reftauré : le Bas-relief qui fait partie du Sarcophage , laiffe peu de chofe a défirer: nous n'avons rien vu fur notre route , qui nous ait fait autant de plaifir. L'on conftruifoit lors de notre paffage a Saint-Jean, un Pont en pierre, qui en redreflant 1'ancien chemin, adoucira beaucoup la defcente qui y amène de ce cöté : Tanden Pont (*) L'Infant Duc de Parme, commandant les Troupes Francoifcs & Efpagnoles , remporta fous les murs d'Aiguebellc en 1742, un avantage affez confidérable fur les Troupes de Sardaigne qui y étoient retranchées : le Fort, détruit & abandonné depuis cette époque, occupoit une pofition très-avantageufe. C'eft k partir d'Aiguebelle , que 1'ceil commence a être fatigue de la vue des Gottrcux : hommes &femmes, jéunes & vieux, en portentd'exceffivement groffes, & fouvent doublés. Les Habitans de la Vaüèe d'Aoft, paffent pour en être les plus affiigés : il en eft nombre dont les goitres defcendent jufques vers la poitrine & d'un.egroffeur effrayante : en général le fang, fur toute cette ■route, jufqu'a Suze, eft exceffivement laid.  en Suisse. 335 (en bois) étoit placé bien bizarrement (pour Lanrtene pas dire plus), relativement a ce mêmebourschemin & & la direcbion de la rivière qu'il faifoit traverfer. On continue de monter de Saint-Jean a Lanjlebourg , & le chemin fuit toujours a mi-cóte un Vallon extrêmement finueux, dans lequel fe précipite VAar, torrent extraordinairement rapide, que l'on paffe affez fréquemment, fur de petits Ponts de bois, qui, au premier coup d'ceil font peu propres a donner une certairie confiance aux Voyageurs, par la fimplicité & la légèreté de leur trait ; mais qui malgré leur mobilité, réfiftent eependant a la force du courant & au poids des voitures qui paflent deffus. En général toute cette route eft pénible ; quelques foins que l'on ait apportés pour la perfecbionner , il refte des montagnes a fran[chir très-longues & fort roides : mais nulle | part la route n'eft dangereufe; les barrières l& les garde-foux y font prodigués de maI nière a difliper jufqu'a Pombre même de la 1 crainte. Lanflebourg (*), eft fitué au pied du Mont- (* ) L'Auberge de Lanflebourg eft diteftable ; mal Avis Btilé. I, soproviftonnée , Logement mal-propres, <£ ridicule\ ment cbire. Nous propofons aux Voyageurs qui fe; roier.t cette même route , de difpofer leur marche, 1 d'après les deux plans ci deffous. Premier Plan. De Genève k Chambéry.. . Poftes. 8 \ "\ De Chambéry a Saint-André. ... 9 \ C s peft(Sr De Saint-André a Suze 7 C £>e Suze a Turin S J  Nouveau Voyage Lanfle- Cénis; c'eft de ce cöté-ci le dernier Village boursv ^u Duché de Savoye : II eft le plus riche Mom-Cé- de tQus ceux que traverfe ceue route. Un nombre Second Plan. De Genève h Aiguebelle 11 s~? D'Aiguebelle a la Novalaife.. li >2Q§ Pofles. , De la Nova lat fe a Turin. . .. 6 ) Suivant le premier Plan, on partiroit u fa commodité de Genève, & cette première couchèe efl trésbonne : la feconde fera moins favorable; il fera prudent même de s'approvifionner de quelques vivres ; uvant de quitter Chambéry. De Saint-André d Suze , «ti a la traverfee du Mont-Cénis, qui fait perdre du tempt : on peut s'arrcter d la Grand'Croix pour le diner ; on efl für d'y trouver d'excellens poiffons, mais rarement autre chofe : cela donnera le temps de remonter & de recharger la voiture. L'Auberge de la Pofte d Suze, efl paffablement bonne. Le fecond Plan , nepeut être adopté que dans la plus belle faifon , & lorfqu'fin ne tratne point avec fêi un trop volumineus S? trop pefant équipage. La journêe de Genève A Aiguebelle, eft facile fi l'on part d l'ouverture des portes, 6? fi l'on ne fait que fe rafrutchir en route : 11 faut compter fur prés de 15 heures de marche , d'Aiguebelle d la Novalaife ; on doit s'attendre d prés de 16 heures de route; encore fuppofons-nous qu'ttn Courier intelligent 6" au fait de ce paffage , aura été envoyé quelques heures en avant , pour s'affurer des Muletiers nêceffairei & de convenir nvec eux du prix de toute chofe , &c. en forte que la. voiture arrivant d Lanftebourg, elle foit auffi-tót di- chargêe, & les malles 6? équipages mis avec la mime diligence fur le dos des muiets , He. &c. Deux Muiets font employés d port er la Caijfe de la voiture; un troifième eft chargé des deux Malles c? du Panier Qou,Fache~), ft ces troit articles n'tM cidmt  en Suisse. 337 nombre confidérable de fes habitans, ne Mont-Céceffent d'y être occupés pour le paffage des nisVoyageurs, le tranfport des équipages & des marchandifes qui prennent ce débouché : On ne compte pas moins de 200 Muiets ou Chevaux qui ne cedent de faire le trajet d'ici a la Novalaife : Le nombre eft moindre d'un tiers ( dit-on ) a la Novalaife pour ce même fervice, paree que, peu de Voyageurs cedent point le poids qu'il eft prefcrit que ces, animaux tloivcnt porter : On en attlle deux autres au train de la voiture , & ony ajouté quatre Hommes , qui ne, font point de trop : en tout cinq Muiets & fix Hommes. Cette journée eftpinible fans doute, mais elle avance leaucoup: on fe repofe it la Novalaife, èf pendant votre fommeil, la Voiture fe ranonte, fe rechargi, & vous ■urrivez le lendemain d Turin fort è Vaife pour y diner. On ne fauroit trop furveiller la 'manoeuvre des '.Ouvriers qui fe préfentent pour dêcharger & démonter la Voiture; non-feulement a caufe de leur mal adrejfe , mais encore par l'infidélité de quelques-uns d'entre eux. On doit conftgner au chef conducteur par êcrit ou devant témoins, & dans le plus grand détail, tont ce dont on les charge, afin qu'ils les r:priftn' tent de 1'autre cdté de la montagne : Encore quel~ 'que précaution que l'on premie a leur égard, s'appercevra-t'on que l'on n'aura point tout prévu. Notre avis fubfifte également, & pour les mimet motifs, relativement aux Ouvriers & hommes de mains de la Novalaife : ces demiers ne font pas plus ■fcrupuleux que les premiers; nous en parions d'après i''expérience. w*4 Nous donnames foixante livres de Piêmont, zant pour le roulage du train de notre Voiture dans fon entier, que pour le-tranfport de la Caiffe, de deux Malles, d'un vafie Panier, Cs'c. Ils étoient fix Hommes & autant de Muleis. Tome ƒ. P  2^8 Nouveau Voyage Mont-ce. rétrogradent fur ce pafl'age; beaucoup paflenÊ ri'i. dTtalie en Allemagne | d'autres préfèrent de s'embarquer a Livourne ou a Gènes , pour ie rendre a Antibes ou Toulon : d'autres enfin pénètrent d'Italie en Suiffe par le Milanois & le Mont Saint-Gothard (*). Ce paffage célèbre, auquel on ne ceflè point de travailler, n'a prefque plus rien de fon ancienne roideur; il ne lui refte aucun endroit dangereux : on a tellement adouci le chemin, que l'on parvient des deux cótés fur le plateau, fans defcendre de cheval; il eft même probable qu'on le perfe&ionnera , avec le temps, au point d'y faire palier les voitures avec leur caiffe. On commence depuis quelques années a tranfporter dans leur entier les trains a deus & a quatre roues: il en coute un peu plusi de cette facon , mais elle eft néanmoins plus ayantageufe au propriétaire de la voiture. Le démembrement qu'il en falloit faire, occafionnoit une perte de temps confidérable de 1'un & de 1'autre cöté & fouvent nécefïïtoit des réparations difpendieufes (toujours mal fakes), par le manque d'attention, la mal-adreffe, ou 1'envie de gagner de la part de ceux qui fe prérenten t pour ce doublé travail. Quatre Hommes, aidés de f *) Nous avons donné ci-devant ( page 252) ' Itinéraire foigneufcment détailló, de k route. &'Antibes a Gènes. par le Col-dc-Tende : nous en préfenterons un autrc auffiexact, auffi foigne, a partir de Milan a Iierne, par le Mont Saint Gotkanh  en Sursss. 33$ deux ou trois Muiets fuffifent pour ce tranf- Mom-Céport. La Caiflè & tout le refte de 1'équipage nisfe voiturent féparément, & employent plus ou moins de Muiets, en raifon de leur volume & de leur pefanteur (*). L'on paflè l'Aar sa fortir de Lanflebourg, & dès-lors on s'élève tantót lentement & pat* un talus peu pénible; tantót rapidement, & felon que la localité des lieux a néceffité plus ou moins de %ig-%ags. On paiïe quelques endroits défagréables; ce font ceux qui traverfent les torrens qui defcendent du fommet de la montagne'vers Lanilebourg : mais ces paflages font courts, peu fréquens, & le refte n'eft que pénible. Arrivé & la plate-forme (**), on traverfe . _(*) Sa Majeftó Sarde , avoit précédemment établi a Lanilebourg & a la Novalaife un Bureau, dans lequel étoit expofé un Tarif qui déterminoit le prix de chaque objet a tranfporter : tant pour la Caifle, pour les Roues, le Brancart, &c... felon leur poids. Cette fage police vient d'être fupprimée. II aétéétabli une Pofte :\ Lanilebourg qui conduit k Tavernette, & de Tavernette a la Novalaife.: elle fe paye fur le .même pied que toutes celles des Etats de S. M. ; c'eft a dirc , quarante foU de Piémont pour chaque Cheval, & quinzefols pour chaque Poftillon. Quant au tranfport des Voitures, Malles ou Ballots quclconqucs, on eft aujourd'hui néceffité de s'arranger le moins défavantageufcment que l'on peut avec les Muletiers qui fe préfentent, & qui font toujours en nombre de 1'un & de 1'autre cöté de la montagne : cette concurrence, fait que les Voyageurs font un peu moins ranconhés. (**) L'on met comraimcment irae forte heure Pij  34b Nouveau Voyage ravr-a- une Gorge d'une cinquantaine de toifes de nis. T.iver- largeur, mais'qui s'ouvre eniüite aflez pre»««• cipitamment: elie conduit par une pente . peu fenfible dans une efpèce de vallée af' fez plate , & qui peut avoir une forte lieue de longueur, fur une largeur inégale, mais médiocre : elle eft bordée de hautes montagnes de purs roes , & dont 1'accès paroit être difficile : plufieurs pointes de ces rochers , reftent conftamment couvertes de neiges. Ces montagnes produifent vers le milieu de leur pente d'excellens paturages, fur lefquels on voit dans la belle faifon de uombreux troupeaux de Beftiaux, qui y reftent , jufqu'a ce que la rigueur du froid obligede les en retirer pour les ramener dans les fonds. ' On compte fur cette petite plaine trois Etablifiemens (*): celui de Tavernette (place a peu prés au centre) oü s'eft établie la Pofte. r>oury arriver a partir du Pont de Lanflebourg, & on peu moins'pour defcendre de ce même plateau a Lanflebourg. Quand les heiges couvrent cette pente, dix fflinutes fuffifent; c'eft ce que 1 oft appelle lur les lieux fe faire ramafer. Le Voyafeeur fe place dans une efpèce de petit Trameau, cu'un Conducteur dirige de la manière la plus adroite & la plus füre , au moyen de deux coutCS batons ferrés qu'il tient dans fes mams, qui la» fervent a ralentir , précipiter ou arrêter fa courfe felon 'la nature du terrein. La ramaffc du cote Öe la Novalaife, eft beaucoup moins vive, pat la grande fréquence des zig-zags qu'il faut fuivre, & qui ralentitfent la marche. (*) II ne refte i'lüver que 'fept Feu* en tour,  en Suisse. 341 VFÏöpltal (*) , fitué a une portée de ca- M;ont-C*rabine de Tavernette j & l'Hutellerie de la n£j*vcl*" Grand'Crolx, placée a 1'extrêmité de la d^u, d% plaine, & peu éloignée de la première Def- Mwiies. cente, dite des Echelles. Un Lac (**) d'une eau vive & claire, occupe la majeure partie de ce vafte bafiin; il paffe pour être fort poiffonneux, & nourrir d'excellentes truites. Les Maifons, ou plutöt les Barraques que l'on voit éparfes ga & la fur les eötes & dans cette petite plaine, ne fopt habitées que 1'été , par ceux qui y amènenf leurs beftiaux , & qui y fabriquent des fromages. (*) Fondation fake pour le fecouTs des Pélerius. II y réfide un Chapelain & quelques gens néceffaires pour lefervice del'Hofpice: c'eft peu de chofe. „ Peu loin de li, eft fituée la Chapelle (dite) des Tranfis, deftinée a la fépulture de ceux qui meurent dans le paffage du Mont-Cénis,ou d'accident, ou de froid. Cela arrivé quelquefois a de pauvres gens qui entreprennent le paffage fur 1'apparence d'un beau temps , & qui font furpTis par le froid, ou enfevelis fous les neiges qu'un tourbillon de vent précipite du fommet des montagnes." (**) „ Ce Lac , eft formé par la réunion des eaux qui découlent des montagnes qui bordent & circonferivent cette petite plaine; il a fon écoulement du cóté du Piémont, & fait la principale fource de la PetitcDoiria , que 1'on fuit en defcendant jufqu'a Suze, oü elle fe réunft a la Grande Doiria, qui \ient apporter fes eaux a Turin , & les confondre avec celles du Pö, a la demi-portée du canon de cette place." P üj  j^s Nouveau Voyage Vtfce»teie> La Defcente des Echelles, étoit, il y a Echelles, peu de temps, aflez défagréable :' 011 peut Saim-Nico- iuoer combien elle étoit pénible autrefois las, grande (même dangereufe), par ce qui refte de 1'anDsfcente. cjen chemin qu'on devoit fuivre alors. Le peu de talus du rocher , & quelques autres localités, ont néceffité des ^ig-^ags fréquens & fouvent fort roides: mais ce chemin n'offre plus aucun danger. Le fpectacle de cette première defcente, vue d'en-bas, eft, on ne peut pas plus pittorefque (*). On voit un torrent d'eau confidérable, fe précipiter avec furie du plateau que l'on vient de quitter, & former a plufieurs reprifes des cafcades de la plus rare beauté. Ici la gorge entre laquelle longe le chemin, s'enfonce & fe xetrécit. On marche enfuite par un terrein aflez plat (**), 1'efpace d'un quart de lieue, & l'on arrivé au fommet de la grande Defcente, qui ne celfe qu'a la portée de la carabine de la Novalaife. Cette defcente eft d'une longueur défefpérante, & dans quelques endroits extrêmement roide. On met (*) Nous ferons remarquer, lorfque nous donnerons un précis des principaux Tableaux qui décorent le Palais du roi kTurin; plufieurs Vues (très-exaftes & très-bien peintes) de ce paffage célèbre. (**) On donne a ce terrein le nom de Plaine ele Saint-Nic'olas. La Petite-Doiria , qui forme déja un volume d'eau confidérable, fépare (dans cette partie) le Duché de Savoye, de la Principauté de Piémont: on traverfe cette rivière fur un Pont, & dès-lors on fe trouve en Italië.  èn Suisse. 343 Communément deux heures.pour la defeen- Grande dre. On évalue fa hauteur perpendiculaire, ^Lj"[|rV a environ dou%e cents toifes : fon talus eft fort raccourci; auffi , a-t'il exigé des zigzags étemels : en un mot, on defcend en' deux heures de marche, 1'élévation oü l'on étoit parvenu affez graduellement, dès au fortir de Chambéry; c'eft a dire,.pendant 25 lieues de chemin.' On trouve vers le milieu de cette ennuyeufe defcente, une aflez belle Forge (*), quelques Barraques, & le très-pauvre Village de la Ferrière. II faut voir les lieux| pour fe forrner une jufte idée de^l'immenfité du travail que ce chemin a dü coüter, 8c combien fon entretien doit être frayeux. Lorfque l'on eft en pofte, on met communément trois heures & demie, ou quatre heures pour fe rendre de Lanflebourg a la Novalaife, y compris le temps néceflaire pour relayer a Tavernette : les Mulets chargés du bagage, employent ordinairement le doublé de temps. II eft encore une autre manière^ de Obferva» faire ce paffage, pour ceux qui ne pourroienttloafupporter 'la fatigue du cheval. On trouve d Lanflebourg, ainfi qu'd la Novalaife des Porteurs (**) , qui vous tranfportent d'un (*") Les maneaux & tous les mouvemens qui en dépendent, agiffent au moyen des eaux de la Petite-Doiria : le coup d'ceil que donne cette Forge, & les chutes d'eau qui lui fuccèdent, • forment un tableau délicieux. (**) „ On affigne communément quatre Porteurs P iv  344 N ovvt.au P~o r aot. KiNovaiai- cöté de la Montagne d 1'autre dans des Chaife* fes, depuis peu couvertes, fermées, & même affc^ propres (car tout fe perfeciionné & le luxe per ce par-tout). L'on peut fe fier d Vadrejfe de ces Porteurs & ne craindre aucune mal-adrejfe, aucune chute de leur part; quelle que foit la vitejfe de leur courfe, om ne cite d cet égard aucun exemple qui leur foit défavorable. On ne ceffe point de defcendre ainfi què nous venons de le dire plus haut, qu'a fort peu de diftance de la Novalaife. Ce Village , conftruit dans une gorge beaucoup plus refferrée que celle oü s'eft établi Lanflebourg , a quelque chofe auffi de plus trifte. Cent, ou 150 Maifons, bordent de droite & de gauche, une Rue extraordinairement étroite , que le continuel paffage des Muiets & des Chevaux, rend de la plus grande mal-propreté. On remonte & l'on recharge les Voitures a la Novalaife (*), & des-lors, l'on a chaque Perfomie d'une taille ordinaire, & davantage a ceux qui pèfent plus. Ou paye d ces Porteurs 50 fois ou 3 livres de Piémont (felon la faifon), quand ils portent en montant & en defcendant; & feulement 30 ou 40 fois, iorfque l'on ne les employé que pour la defcente ou la montée de 1'un & de 1'autre cöté..... les Porteurs de la Novalaife, paflent pour être meilleurs que ceux de Lanflebourg; du moins on dit dans le pays : Porteurs de Novalaife, Muiets de Lanflebourg." Avis utile. (*) On eft barceli dans ee village par les Com-  en Suisse. 34$ n'a plus que de médiocres hauteurs a tra-La Bru-. verfer. Les montagnes qui bordent le vallon*16"6' s'abaiflént graduellement jufqu'a Su^e, 011 l'on arrivé par un chemin , fouvent coupé par des ravines, mais d'ailleurs aflez fatiffaifant : un peu avant d'arriver a cette petite ville, l'on pafle fous le canon du fort de la Brunette, conftruit fur une monticule peu confidérable, & peu élevée, mais qui intercepte entièrement la gorge qui ouvre de ce cöté 1'entrée de la Lombardie. Ce Fort, qui doit fon origine a une fimple Redoute ™„fl-v,-,;i-a 1» i-nai-ór-lul rif» Porinnr r>Q_ roït être d'une excellente défenfe : il eft eependant entouré de fortes hauteurs, qui piongent fes défenfes; mais ces montagnes paroilfent Cdu moins au premier coup d'ceil) du plus difficile accès. La majeure partie des Fortifications de ce Fort, font taillées dans le roe : on affure (fur les lieux ) mis des Douanes de Piémont: leur vifite efl de rigueur 6? fait perdre beaucoup de temps, fi l'on fe refufe d'abrégcr la cérémonie, au moyen d'une petite rétribution qu'on leur fait donner. Dans tous ces cas, c'eft affurément le meilleur parti que l'on puifteprendre ; paree que, outre le dérnngement des Mallei qu'ils peuvent vifiter de fond en comblc, & la né-r ceffitê de les refaire enfuite Qce qui n'eft point une petite befogne ),- on eft alors entouré d'un tas de co, tjuins qui dévorent des yeux vos effets; ef qurtque attention que vous y donniez, il eft rare de les fuuftraire tous -de leurs mains. Nous avons dit ci-devant, que /'Auberge de lii, Novalaife étoit fuppoHable ; elle a pour cuftigi/i , les Armes de France. P V  346 Nouveau VoYace Ia Brunei- que tous ces batimens y font voutés a 1'éte' preuve de la bombe : mais il ne peut contenir qu'une garnifon médiocre ; & fi, comme nous le croyons, il eft poffible de le tourner par fa gauche; il cefléroit alors d'être auffi redoutable ,~ que le premier afspeel: peut le faire croire (*). - (*) Un vieux Déferteur Francois homme paffablement inftruit, établi depuis 45 années a Lanflebourg, que nous avons eu occafion de ' connoitre, nous a affuré que la montagne appelée Rochemclon , qui domine & longe la gauche de la Novalaife, & fur le fommet de laquefle, il a été conftruit une Chapelle (fous 1'invocation de Notre-Dame des Neiges}, & que l'on appereoit de la Defcente (dite) des Echelles; que cette moutagne, difons-nous, étoit beaucoup plus praticable qu'on ne le penfoit : qu'a partir d'uuquart-d'heure de chemin de cette petite Chapelle , le terrein s'abaiffoit avec aflez de douceur , vers une gorge prefque parallèle au célèbre Pas de Suze (qu'il laiffoit fur la droite), & qui, comme lui débouchoit dans la plaine-: que peu de travail perfeétionneroit cette traverfée; comme & affez fouvent pratiquée par quelques Marchands forains de la Tarentaife, qui fe rendent avec leurs Bêtes dcfomme en Piémont. Si le Chevalier de Belleifle , avoit eu révélatïon en 1747 de ce défilé, & qu'il eüt pu le faire reconnoitre, il eft préfumable qu'il n'eüt point tenté 1'infructueufe & meurtrière attaque du pofte de l'Afiette, &c. Une Carte ( manufcrite) très-détaillée, que nous avons eu occation d'cxaminer en même temps que d'autres curiofités qui enrichiffent Ie grand Cabinet de S. M. a Turin, nous a confirmc le récit qui donne lieu a la préfente Note.  en Suisse. 347 Les Murs de la petite Villende SUZE,su2e. font baignés, par la grande. & petite Doiria. Cette bourgade, fondée (affure-t'on) par Pompée, a conferve de bien foibles reftes de fon ancienne fplendeur. On jette un coup d'ceil rapide fur fes Tours Gothiques, & fur fes Clochers couverts de fer blanc verniffé ( chofes merveilleufes aux yeux des gens du pays); mais on doit plus d'attention pour les ruines de VArc de triomphe qui fe font voir encore avec plaifir. Ce Monument anticue eft le premier de ce genre que l'on rencontre en arrivant en Italië de ce cóté. Sa compofition eft peu merveilleufe; fon exécution eft mieux; ce qui refte des parties de Sculpture, eft fupérieurement traité : Les petits Bas-reliëfs qui ornent la frife, ont fur-tout beaucoup de mérite (*). (*) L'on prétend que 1'Infcription doit fe lire ainfi : „ lmperat. Cafari Tyber. Divi. Aug. Fjt. Pont. Max. Imper. XXIII. Irèb. poteft. S. P. £. R. quoi. ejus. duclu. aufpiciifque. gentes Alpina omnts. qua. a. Mari. fupero. ai. niferum pertinebant. fub Imperium, populi Romani funtteiaBa". Nous ne garantiffons point ici 1'authenticité de cette Infcription, & nous n'ignorons pas qu'elle eft rapportée diverfement dans plufieurs auteurs : Nous la donnons telle qu'elle fe voit dans le Voyage ie M. ie la Lande, qui 1'a extraite de VAbhi RicJmnl, qui la tenoit, lui, du volumineux recueil de Gruter, imprimé en 4 vol. in-folA Amfterdam en 1707. Voyez auffi VHiftoria Diplomaiica du marquis de Maf ei. Dito, le nouveau Théatre de Piémont & de Savoye, en a vol. in-fol. Amfterdam 1725. P Vj  j^c? Nouveau Va yaoe St joire,- De Suze, a Turin, la vallée continue de Sr; Ambroi- s'élargir & d'offrir a 1'ceil une campagne fe' nA,'lan" riche, peuplée, & bien cultivée. On traEaye de st. verfe plufieurs Villages & Bourgs; nomméMichei, ment ceux de Saint- Joire, de Saint,-AmlUv-oii. broife, Veillanne , &c. : ce qui rend cette route fort agréable. Le Village de SaintAmbroife, eft fitué au pied d'une montagne fort élevée, fur le fommet de laquelle eft VAbbaye de Saint-Michel, la plus ancienne & la plus riche du Piémont. C'étoit autrefois 1'afyle d'une multitude de Religieux; mais depuis long-temps ce Couvent eft, pour ainfi dire abandonné; il n'y réfide aujourd'hui qu'un fimple Deffervant, & le Fermier qui roet en valeur les terres dans les environs : tous les Batimens ( la Chapelle exceptée) tombent en ruine. RIVOLI. Ce Bourg eft peu confidérable. On y voit un Chateau, qui dans fon origine, n'étoit qu'un rendez-vous de chaffe. Le duc Chahles-Emmanuel I«"'(furnommé le Grand _) qui y étoit né, affectionnoit ce féjour, & en a augmenté les Batimens. Le corps principal a trois Etages, avec une douzaine de Croifées de face. Les augmentations cómmencées (f& qui, Vraifemblablement ne s'acheveront jamais), auroient formé une maffe confidérable, mais dJune diftribution peu heureufe. Dans fon état acbuel, ce Chateau n'a d'autre mérite que fa fituation qui domine la fuperbe plane de Turin : 1'effentiel refte a faire; c'eft a dire, une Ter-rafie qui décide l'empateinent  en Suisse. 3<® des Batimens; le Jardin & une Entrée dé-Rivoü. cente. II eft depuis plufieurs années entièrement démeublé; & fi l'on en excepte quelques Plafonds alfez bien peints, & quelques Deflus de portes médiocres, le refte 'ne vaut point la peine de s'y arrêter : mais lorfque l'on paffe a Rivoli (*) pour fe rendre a (*) „ C'eft dans cette réfidence que le Roi FiSor-Amédée eft mort prifonnier, le 31 oétobre 173a. II avoit abdiqué la couronne en faveur de fon fils (Cbarles-Emmanuel III~) le 1 feptembre 1703. Les motifs cxprimés étoient les ^fatigues d'un règne de 50 ans; les infirmités d'un ige aiTez avancé, & la néceffité de mettre quelque intervalle entre le Tróne & le tombeau." On prétend que le véritable motif de cette abdication étoit 1'embarras ou ce Prince fe trouvoit a roccafion de la fucceffion de Parme & de Tofcane , & de 1'introduftion de 1'Infant Don Carlns en Itdie. II avoit pris, dit-on, des engagemeus au fujet de cette affaire, premièrement avec Ia cour de Vienne, & enfuite avec 1'Efpagne ; & comme il ne pouvoit contenter 1'une des deux Cours , fans s'expofer au reffentiment de 1'autre , il prk le parti d'abdiquer , du moins pour un temps, ne voyant pas d'autre moyen de fe tirer d'affairc. II voulut enfuite remonter fur le Tróne, dés qu'il appnt la condufïon du Traité de Vienne, ou 1'Empereur. confentoit a 1'introduétion des Efpagnols en Italië- mais fes mefures mal prifes, le laifsèrent au pouvoir de fon fuccefieur : II fut arrctc a Montcailler, & cc furent tous les Confeillers d'état & les Grands , qui, aflemblés par ordre du roi, & conlultés fur le danger preifant, furent tous d'avis de s aifurer de ce Prince & de fon Epoufe. En quittant Montcailler, il demauda trois chofes; fa Femme, fes Papiers & fa Tabatière ; il obtint feulement la  3óo Nouveau Voyage Rivoü. Turin, cette curiofité coüte peu de temps, & l'on regre-tteroit d'avoir pafte outre. ■ On arrivé de Rivoli a Turin, par un derrière." Sa 'détention ne eaufa aucun trouble dans 1'état; on fuppofe que fon retour k la CouTonne devoit en produire beaucoup, ainfi que fes reffentimens contre plufieurs Pcrfonnes de la Cour. On prétend que ce Prince fut induit a cette démarche peu philofophique, par la Comlejfe de SaintSébaftien, femme haute & ambitieufe, qu'il avoic époufée a Chambéry peu de jours après fon abdication. Cette femme peu fatisfaite d'un fi trifte féjour, forca en quelque forte ce Prince a fe rapprocher des Etats qu'il venoit de céder." ViétorAmédée avoit régné 55 ans avec gloire; il avoit fait beaucoup de biens daus fes états. Les établiffemens les plus utiles, les batimens les plus fuperbes, 1'Adminiftration la plus fage, ont éternifc fa mémoirc." ,, Lorfqu'il époufa la ComtefTe' de Saint-Sébaftien, il lui donna cent mille écus , dont elle acheta le Marquifat de Spigo pour fes Enfans ; elle en prit le nom & quitta celui de Saint-Sébaf-* tien. Ce Prince 1'avoitaimée avant qu'elle époufat le comte deSaint-Sébaftien; elle fe nommoit alors Mademoifelle de Cumiane ; elle étoit Demoifelle d'honncur de Madame Royale ; elle fut Dame d'honneur de la Ducheffe de Savoye; enfin Damö d'atours de la Princeffe de Piémont, depuis Reine de Sardaigne. Elle étoit veuve depuis 1723. Quoique mariée au Comte Saint-Séballien, elle avoit conferve 1'amitié & 1'eftime du Roi, & avoit toujours fur lui affez de crédit'. Lorfqu'elle devint veuve, les anciens feux fe rallumèrent, le Roi lui donna au Palais, un Appartement oü il pouvoit la voir fans être vu, & il prit foiu de fa Familie."  en Suisse. 3S' magnifique chemin, orné d'une doublé ran- Rivoil. gée d'arbres, qui traverfe dans un feul alignement , une Campagne parfaitement unie, & parfaitement bien cultivée. A une petite lieue de Turin, on laiffe fur fa droite , la' Chartreufe, dont la principale Facade eft nouvellement reconftruite : elle eft toute de marbre, mais elle n'a que ce feul mérite. Fin du premier Volum*.  ^2 T A B L TL TABLE . Des principaux Jrtïcles ' Contenus dans ce Volume. Route de Calais d Bruxelles. Fille de Calais * . Graveline 2 Dunkerque..... 3 ■ Berg Sr. Winnogs .- . 4 Ypres. 4 Lille S (*) . . . Eglife de Ste. Cathérine . 7 (*) . . . des Capucins . . 7 (*) . . . des Récollets. . -. 7 Ville de Menin 9 ■ Courtray 9 (*) . . . Eglife de Notre-Dame . 9 Ville de Gand. ...... io (*) . . . Hötel-de-ville .... II (*") . . . Cathédrale 12 (*) . . . Eglife des Récollets . . 13 N. B. Quoique l'on. fe foit attaché dans ce Voyage, a ne faire mention que des objets qui méritent le plus 1'attention du Voyageur inftruit & des Artiftes ; il eft encore néanmoins un triagt' a faire, pour ceux a qui le temps ne permettroit, pas de fuivremême ce choix: on a donc cru devoir marquer d'une Aftérique (*), les Articles les plus cuneux, & ceux que l'on fe reprocheroit Ic plus de ne pas voir.  DBS PRINCIPATJX ARTICLES. Ville d' Aloft 14 . . . Eglife de Saint-Martin. 14 Afch ....... 14 — Bruxelles 15 (*) Place & Hdtel-de-ville. 20 . . Fontaine da Mannek-pis. 22 (*) .' . . Eglife des Capncins, . . 23 (*) . . . Fontaine & Place du Sa- blon 24 (*) . . . Chapelle Ste. Urfule. . 24 . . . Hotel d'Aremberg. . . 24 ' . . Eglife des Carmes Def- chaux 25 (*) . . . Palais duGouverneur-gè- niral 25 (*) . . . Place deLorraine. . . 26" (*) . '• . Promenade du Pare. . 28 . . Eglife de Ste. Güdule. . 29 >*) . . . Place St. Michel. '. fi (*) . . . Canal 33 ... Salie de Spe&acle . . . 33 Environs de Bruxelles : Tervuren, Marimont, &c 35 Avis relatif au Voyage de Hollande. ...•>•••• 37 Route de Bruxelles d Roterdam. 3* Vdle de Malines : 4° (■*) . . . Eglife de St. Rombaut. . 40 j de Notre-Dame. 40 de St. Jean. . . 41 * ' _ des Récollets. . 41 . .' '. ylrfenal & Fanderie. . . 42 Anvers. (*) Place de Mer (*) Bourfe 43 (*") , . . Eglife Cathédrale. . ,. 44  334 Tail e .• / Eglife St. Jacquet. . . 46 . , . St. Walburge . 47 . . . _ St. Michd. . . 47 (*) . . . _ des Auguftins. . 47 (*) . . . — des Carmes Def- chaux : . . 48 . . . des Jéfuites . .48 . • . des Jacobins. . 49 (*) . . . ■ des Récollets. . 49 (*) : . . des Capucins. . 50 . . . desjacobines. . 51 . . . Académie de Peinture. : 51 : . „ Salles de Spe&acle — de Concert. ..... 52 {*) . . . Citadelle 52 Avis utile. ....... 53 Fille de Roterdam 54 (*) . . . Bourfe. — Hötel-de-ville: — (*) Compagnie des Jndes — (* ) Place & Statue d'Erafme. . . 55 • I . Grande Eglife. — Pro¬ menades 55 Fille de Delft. — (*) grande Eglife; Maufolée de l'ami- ral Tromp g6 5 ■ • Hótel -de- ville. — (*) Arfenal ..... 55 Ar is utile 57 . . . La Haye. — Palals du Stathouder. — Collection de Tableaux. . . 57 (*) . . . Cabinet d'Hiftoire naturelle 58 * . Le Temple neuf. — Mal-  DES PRINCIFAUX ARTICLES. $jj fon du Comte de Bentheim. — (*) Maifon du Bois 5"9 (*) . . . Maifon du Greffier des Etats ...... 60 (/>) . . . Schevelinge 60 Avis utile. .' 60 Fille de Harlem. — (*) Grande Eglife 60 , Leyde. — (*) Hötel-deville . . . Jardin Botanique. . .62 . . . Cabinet d'Hiftoire naturelle, &c. . . . 6a Appel d la Nation 63 Ville d' Amfterdam. (*) h Port. 63 (*) . . . Bdtimens de l'Amirauté. 64 (*) . . . Magafins de la Compagnie des Jndes. — (*) Bourfe. — Hotel-de- ■ ville °5 (*) . . . Temple neuf.— (J»)Pont d'Amftel. — Synagogue Portugaife, &c. . • 68 Avis utile 7° (*) . . . Sardam 71 Fille d' Utrecht. — Hotel-devllle. — Eglife Cathédrale. — (* ) Promenade du Mail. . . • 72 . . . Chdteau de Loo. . . . 73 Obfervations, &c • • 73 Fille de Gorcum 74 Breda 75 Route de Bruxelles 7>z jolis appartemens. 638 6 ///èz qui fe fait ici £5i 3,4 l'fiz & que l'on ne peut pas mieux 1'elB» ployer. 857 13 lifez mais qui fait valoir. S87 32 lifez dangereux : plus tard, le peu de durée, &c. *95 3 ou lors des grandes fontes de neiges. 596 23 lifez y précipite fes ondes avecun buut 30a 22 lifez diriger la fuite. 904 31 lifez dans une fondrière 310 32 lifez tous ces Glaciers. 332 13 lifez des religieux. 348 33 lifez fuperbe plaine.     Introduction. ïj béaucoup de fujets. Nous le répétons; on ne fauroit trop appuyer fur les avantages, qui, néceffairement en réfultent. Le goüt des Arts une fois faili, fe développe, fe fortitie avec 1'age; & dèsIors il eft rare qu'il nous abandonne jamais. Combien de jeunes Voyageurs ruinent leur bourfe, Sr qui pis eft, leur fanté, en fe livrant au torrent de la plus dangereufe diffipation, qui fe fuffent conduit plus utilement pour eux, s'ils euflènt été invités , follicités . preffés (en temps convenable) a fétude des Arts en général, Sr du Deffein en particulier!.. . Nous en avons connu nombre dans nos Voyages, qui, livrés trop tot a eux-mêmes, reftoient, a 1'égard des beaux-Arts, dans une apathie inconcevable. On nous demandera peutêtre, quel but ces derniers peuvent fe propofer en voyageant'! Le voici : celui de fe diftraire; la recherche de souveaux plaifirs, St 1'envie de rem»  x6 Introductios. plir une tache a laquelle la nation (infiniment eftimable) que nous avons en ce moment en vue, femble accorder une diftinction particuliere : c'en eft réellement une chez elle, d'avoir parcouru les prlncipaux pays de 1'Europe. Mais quels font les objets de prédilection, & fouvent les feuls que recherchent dans leurs courfes la claffe de Voyageurs qui donne lieu h cette réflexion 1 les meilleures Auberges; les Cafés ; la demeure de leurs Banquiers; les Speaacles, &c. &c... Et fi, quelquefois, a 1'exemple de leurs compatriotes, ils fe font introduire dans les cercles, dans les fociétés diftinguées; comme 1'orgueil alors eft a peu prés le feul fentiment qui les y conduit, ils y apportent leur défoeuvrement, leur fafte, leur inutilité.... & leurs Guinées, qui font conftamment bien regues de tout le monde (*). (*) C'eft dans cette forte d'engourdifTement de 1'ame qu'ils paüent le temps le plus précieux de  ao Introduction. a° D'après les confidérations locales qui peuvent inviter a fe rendre dans un pays plutöt que dans un autre a des époques déterminées : développons ceci par un exemple. De toutes les nations de 1'Europe, Ia NobleiTe Angloife, ik les particuliers qui jouiiTent d'une certaine aifance, voyagent inconteftablement, leplus (*). Voici un on les voit fe tranfporter avec cette impctuofité d'une des extrêmitcs de 1'Europe a 1'autre; uniquement pour fe pavaner de Pcfpèce de ghriolequ'ils attachent a faire beaucoup de milles, dans le moins de temps poffiblc : mais n'eft-ce point plutöt courir la pofte, que voyager ? (*) Sur cinquante Voyageurs qui paflent annucllement les Alpes, on comptera communément, quarante Anglois, fept ou huit tant AlIemands , que Polonois, Ruffes, &c.; & deux ou trois Francois. Au refte il n'entre point dan» les motifs de cette remarque, de déterminer quelle eft la nation qui voyage le mieux; quelle eft celle qui rapporte réellement dans fa Patrie plus de lumières, plus de mérite, plus de vrais ïalens. Ce aue Pon ne peut nitr ; C'eft que nou*  ÏNTRODUCT ION. XI I plan pour qui quitteroit Londres dans 1 les derniers jours de 1'hiver. Débuter par laHollande; quatre ou cinq femaines fuffifent pour la bien voir. Diriger fur Hanovre, Berlin, Drefde, Prague & Vienne. Se replier fur Munich, InfI pruck & Milan: On doit faire enforte \ d'y arriver vers lafeconde moitiédel'automne. Prendre enfuite la route de Moi dène, Ancone, Lorette & Rome : ne . devonsinfinimental'efpritcontemplateur debeaucoup de Voyageurs Anglois: vingt pages du petit Voyage A'Mdifo», autant de ceux (plus récens) XHamilton , de Sherlock , &c ; en plus, que vingt volumes Italiens & Francois, que nous pourrions citer: en général, rien de plus favant & de plus intéreffanc que les recherche» littéraires du premier : peu d'obfervateurs mcritent plus d'éloges que le fecond; &lafagacite, la fineffe des réflexions !que nous préfente le dernier, lainent bien peudechofes a défirer. On ne fe plaindra point de la monotonie de celui - cr; peut-être au contraire pourroit-on fouhaiter qu'il fe füt affervi z une marche moins impctueufe & plus didaftique: mais les trois ouvrages que noua citons ici (entre vingt autres d'ua égal merite) femblent décidex la queftion,  JiJTR ODUCTIOï, faire que s'y repofer, & fe rendre dire&ement a Naples. Partir de Naples aiTez tót pour jouir des huit derniers jours du Carnaval a Rome. Refter dans cette ancienne Capitale du monde, jufques Sr compris les dernières fètes de Paques. Reprendre la grande route de Florence, Bologne & Venife ; oü il eft intérelTant d'arriver pour la Foire de FAfcenfion. Gouverner fur Vérone, Parme 6c Turin. PalTer ce fecond automne en Suiffe, 6c 1'hiver qui fuit a Nice, Aix, Marfeille ou Montpellier. Enfin confacrer le printemps fuivant a 1'examen des principales Villes de la Guyenne, de In Bourgogne, de la Bretagne, de la Normandie, Sec.: retomber fur Paris; y féjourner trois ou quatre femaines, 8c regagner les rives enchantereffes de la Tamife. En récapitulant cette efquiffe de voyage (*), on s'appercevra que vingt- (*) A 1'aide de bonnes Cartes géographiques,  34 Introduction. Le premier Volume, comprend, leg principales Villes de Flandre, & les Pays-Bas Autrichiens. La Hollande, Paris & fes environs; la Bretagne, la Saintonge, le Languedoc, Ia Provence (*), le Dauphiné & le Lyonnois : Ie Genevois, laSavoye(**) & la route jufqu'a Turin. Dans le fecond Volume, Ie Voyageur décrit Turin, Gènes, Pife, Livourne, Florence,, Sienne, Rome & fes environs. La route de Rome a Naples; Naples & fes environs; Lorette, Bologne, (*) On trouvera a V#rt. Marfeilh, un Itinéraire trés -ioigné d'une route pour pénétrer de la Provence en Italië par Ie Col-du-Tendc ; pour ceux, qui fe propofant de fe rendre en Suifle en quittant 1'Italie, voudroient éviter de paJTer une feconde fois le Mont-Cénis. ^ (**) Qui comprend une Excurfion dans les Glaciers & Valides de Glacés du Faufligny, & autres curiofités que renferme cette parciedes AIpcs.  Introduction. 35 I Modène, Venife, &c. foht la matière j du troifièrae Volume. Dans le quatrième, le Voyageur di- * trige fa route par Verone, Parme, Plaifance, Milan, &c. (*) En parcourant la Suiffe, il s'arrête aux Villes pvincipales, Lauzanne, Berne (**), So- jlleure, Lucerne, Zurich, Bale, &rc. ||Dans l'Alface,dans la Lorraine, il s'arrête a Strasbourg, a Nancy, a Metz, &c. Enfin il termine fon Voyage, en reve- t nant au point d'oü il étoit parti, après avoir vifité Luxembourg, Liége, Spa F& la Ville Impériale d'Aix-la-Chapelle. (*)Qui comprend une Excuriion aux Ifles s| Bormméts, k Cómo, Sec., avec un Itinéraire très- I détaillc pour la traveTfée du Mont Saini-Golhard , ]| a partir de Milan , fur Lucarno, dltorf, & Lucerne ; 1 route peu connue, & fort intéreifante. (**) On y trouvera 1'Itinéraire d'uneExcurfiort i i Langnau, réfidence du célèbre Midecin de 1& \ . Montagne & vers les Vallées de Glacés du Grtn: delwald, & la magnifique Chute d'eau , de Law . \ terbrunn , &c....  36 Introduction. A la fin de chaque Volume on trouve une Table des matières d'autant plus * utile, que 1'auteur y a défigné par une' aftérifque (*) les objets que les curieux ne peuvent fe difpenfer de voir dans chacun des pays oü ils fe trouvent. NOUVEAU  NOUVEAU YOÏA6E En FlANDRE, EN HoLLANDE, EN France, en Italië, en Suisse, Fa i t dans les A jy n é e $ i 77S -76 - 77- 78, C A L AIS (*). L'afpedl de cette Ville, *mt d* en y abordant de Douvres, & vue a quelques grixeiits milles du port, lui fait plus d'honneur qu'elle par Dun-' ne mérite; elle s'annonce plus confidérablekcrciue» qu'elle n'eft en effet. Son Port eft médiocre : (*) Chez Deffaint, très-bonne Auberge. N. B. Les Voyageurs qui fe propoferont de faire, route en France & de faire ufage des chevaux de Pofte, ne peuvent fe difpenfer d'achcter ici, ou i Li He , le pet'a Uvrtt des Pvfies, & avoir foin qn'il fo'it de l'annct. Tornt L A  3 NOUVEAV T^OYAGrE Gravelines. fes Fortiikations font eftimées; celles furtout de la Citadelle. Tous lesBatimens militaires ( Arfenal, Cazernes, Höpital, &c.) font batis avec folidité: c'eft leur feul mérite. La Population y eft peu nombreufe, & le Commerce peu confidérable. Édouart III prit Calais par famine en 1447. Le Duc de Guife remit cette ville fous la domination Francoife, 1'an 1553. L'Archiduc Albert s'en empara en 1596; mais elle fut rendue a la France par le traité de Vervins. Le Pas de Calais n'a guères plus de fept lieues de largeur: le Port de Douvres eft fitué prefquevis a vis. On employé communément fix heures dans ce paflage (*) : avec un vent afouhait, il fe fait fouvent dans la moitié de temps; quelquefois auffi les vents reftent contraires plufieurs jours de fuite. Le chemin de Calais a Gravelines, & de Gravelines a Dunkerque , eft exceffivement fablonneux : malheur aux voitures pefantes ou trop chargées! GRAVELINES. Cette petïte Ville eft fituée a peu prés a moitié chemin de Calais a Dunkerque. M. de Vaubanya perfeétionné les premiers ouvrages dirigés par le chevalier de Ville: ce n'eft cependant point une bonne place (**). (*) Le prix ordinaire eft d'une guinée pour ehaque paflager : pour cinq ou fix guinces, ou peut faire partir un paquebot pour foi feul. (*■*) Elle eft fort mal-faine : les marécages qui 1'entourect, font une jaitie de fa force ; les  enFljnds.e. 7 On voit dans VEglife de Suinte-Catherine, Lüiê, fur lemaitre-Autel, un bon Tableau de Rubens : il repréfenre le Martyre de cette Sainte , & lePeintre a faifi le moment oü le Bourreau va lui abattre la tête. On voit fur le devant le Grand-Prêtre , peint du plus grand caractère & favamment drapé : la Sainte eft également trés-belle (*). UEglife des Capucins pofvede trois lableaux du même mattre, mais qui malheureufement ne font point d'une auffi belle : confervation que le précédent. Celui placé fur le maitre-Autel , eft le moins gaté ; il ■ repréfente une Defcente de Croix : les deux • autres ontpour fujets, 1'Adoration des Bergers ; & S. Francois recevant 1'Enfant Jefus des mains de la Vierge. Trois Tableaux peints par van Dyck, font rechercbér YEgUfe des Récullets. Celui (*) Nous faififfons 1'oecafion de ce Tableau , pour indiquer nn ouvrage, dont il eft bon de fe pourvoir ; en voici le titre : „ MBionnaire Icotiologique, ou introdudtion a la connoifance des Pciutures , Sculpturts , Eflampes , Médailles , Pierres gravées, Emblèmes, Devifes, &c. par M. Prozei; ' nouvelle édition, 2 vol.petit format. Paris 1779.' La connoiflance du fujet d'un Tableau , ou d'un morceau dc Sculpture , Eftampes , &c. quelconque, aioute infiniment au plaifir que 1'on peut prendre a le confidérer. Les Peintres & les Sculpteurs ont un langage qui leur eft propre : obligés de parler rapidement aux yeux, leur reflburce , eft celle de 1'allégorie : il' eft donc indifpenfable de fc familiarifer avec cette langue muette, & cette efpèce de pantomime. A iv  8 Nouveau Vor ag a me. placé fur le maitre-Autel, eft le plus intéreflant des trois : il repréfente le Sauveuf attaché fur la croix : „ a fes cótés font la „ Vierge & faint Jean; au bas de la Croix, „ la Magdelaine en pleurs : fur le fecond „ plan , des Soldars qui retournent vers la „ ville „. L'effet en ell heureux & piquant. T.PC /lon-o- n,.t--a- TV UI J< _ _ . , _ «unt» muicaiix Qöcorent jes Chapelles appuyées contre le Chceur. Celui a droite repréfente faint Antoine dans la difpofition de communier un Vieillard profterné a fes pieds, &c. C'eft une aflèz foible compofition. La Vierge fur un croiffant, . porté par des Anges, & couronnée par la fainte Trinité ( perfonnifiée ) , fait le fujec du Tableau de 1'Autel a gauche. Ce morceau nous a paru ( quant a l'effet ) trésinférieur aux précédens ; néanmoins on y reconnoft toujours 1'excellent colorifte & le grand peintre. Cette Églife tient le premier rang pour la clarté & la beauté , entre tous les édifkes de ce genre que 1'on peut citer a Lille. Hupltal général. On attribue aflez généralement a van Dvck, une Adoratinn Hm Mages, qui embellit lemaitre-Autel: ce Tableau a beaucoup de mérite. Eglife Saint-Etienne. Ce vaiffeau eft d'un bon gothique; il eft vafte & bien éclairé. Les nouveau* embelliflemens du Chceur, ( que 1'on prife beaucoup fur les lieux ) nous ont paru. aflez médiocres ;& nous doutons que la Chaire a précher, conftruite en marbre, pour laquelle on y conduit expres les Etrangers, mérite plus d'éloges. Nous ofons  EN FLANDRE. 9 en dire de même de la Coupole ^iéu'e ^ de 1'ÉgUfe de la Magddame: c eft. (en architefture) une bien mauvaifc chofe: le erand Portail a quelque merite. 6 II faut voir le Cloitre de la maifon des Minimes, dont les vitraux font pemts par S Diepenbeek: on y remarquera d'excellen- tes parties. _ . ~ VÉeülï des ci-devant Jefuites, eit, intérieurernent, affez belle; le: Portai s'an- nonce bien, mais il n'a pour lm que le premier coup d'ceil. On trouvera dans plufieurs Salles de 1'Hótel-de-ville quelques 1 ableaux qui fe font voir avec plaifir. MENTN, jolie petite Ville fituée fur la Lvs ■ Elle avoit été fortifiée avec foin fous Louis XIV, par M. de Vauban, en 1667. Les Alliés la prirent en 1706. Reconquüe par les Francois en i744> en démohrent les Fortifications. Nous n'y avons nen obfervé qui mérite d'être indique. COURTRAY, Ville également fituée fur Ia Lys • elle eft plus confidérable que la préeédente, mais moins agréable , moins vivante, & (eu égard a fon étendue) bien moins peuplée. Elle a été très-forte jufqu en Fannée 1683;, que Louis XIV en fit fauter les fortifications. On voit dans VÉglife de Notrt-Dame, on des plus beaux Tableaux de Van Dyck, il eft placé dans la Chapelle derrière le ChcEur : il repréfente „ 1'Elévation de la „ Croix fur laquelle le Sauveur eft attaché. A v  'O NOVFEAU VOTAGE «kud. „ Cette compofition pittorefque eft d'une „ grande chaleur, la correcftion & la finefle „du deflein fe trouvent jufques dans les „ moindres details; les têtes, de la plus vive „expreffion font belles; la couleur de la „ plus grande vérité, y eft fondue en appa„raice avec le plus pénible traVail; mais „ i artitte y reconnoït un pinceau facile, „tantot moelleux, tantót ferme, qui ex„ prime lesformes avec un art ineftimable: „ i eriec en eft harmonieux, vigoureux & „ piquant, &c. " La décoration du Chceur de cette Eelife, offre de belles.parties de détail; les malles genera! ne font point d'une belle forme. GAND (*), grande & belle Ville, capitale de la Flandre Autrichienne: Elle eft fituée au confluent de VEfcaut & de la Lys • la Live ei la Moere s'y réuniflènt. „ Elle eft remarquable par le fameux Traité ap„ pele la Pacification de Gand, qui s'y rit „ en iS16 Louis XIV la prft en 1678, & „la rendxt a 1'Efpagne, par le Traité de „ Nimegu:-. Le duc de Marlborough s'en em„para en 1706,& ]es Francois en 1708 & £ lU5 „: Cette place eft, en général, d'une bien plus fojble défenfe. On porte fa P0PuJanon a foixante mille ames: il s'y fait un tres-grand commerce, & les nouveaux batimens qui s'y élèvent, annoncent de l'opulence & du goüt. On y compte treize places pubJiques; (*-) A Sai/u-Sébafliai, excellente Auberge.  en Fl a n d £ e. Le Tableau qui décore 1'Autel de la Cha- Sruxolletf pelle de 1'Höpital, mérite également d'être recherché: il repréfente le Sauveur beniffant les cinq Pains, &c. On remarque une heureufe variété dans les Têtes; beaucoup d'art dans la diftribution des Groupes; un coloris précieux, & du plus bel effet; le plus grand éloge que nous puiffions faire de ce tableau, eft d'avertir qu'il a fouvent été attribué a Rubens: II eft certainement de G. de Crayer. BRUXELLES (*). Un auteur qui a donné, en 1762, quelques détails utiles fur i cette capitale, appuye trés - férieufemenc 'fur 1'honneur qu'elle a (felon lui) d'être comptée entreles villes feptenaires! Son nora., : dit-il, s'écrivoit anciennement par ftpt letftres (Bruflél, Bruefel, Brugfel, ou Brul fola ! ): On y trouve fept Eglifes; feptUofels-Dieu\ fept Maifons Pieufes; fept Porïtes (**);/èp? Montagnes;/èpt Tribunaux; {fept Families Patriciennes, qui, feules onr. (*) Chez Sprojt, a 1'Hótel de Belle-Vue,, au i eoindela place de Lorraine; chez D/?«ez,a 1 Ho; t tel d'Angleterre; — al'Hötel d'IIollande, &c. (**) Savoir, celles de Lonvain , de Namur,de Hall, d'Anderlccht, de Flandre , de Lachen, & .VEfcarbeck!... Il eft vrai qu'il y en a une de plus , i & même 1'une des plus frëquentéés & la mieux i 1 décorée; mais pour ne point dcranger fon nombre ■ ] hcureux de fept, 1'auteur cité ne donne pas a cette ( entree le nom de Porte, mais celui de Treu du favage : Au refte , Trou ou Potte, le nom n y tait 1 rien.  i6 Noufeav Voyage Bmxeiics. droit a la Magiftrature : on y a vu ïéfider en même temps fept Têtes Couronnees (*), &c. Nous n'ignorons point le mérite attaché au nombre myftérieux de fept; mais nous croyons que la ville de Bruxelles n en feroit pas moins recoramandable, fi le nombre de fes paroifiés n'étoit point tout jufte de fept; & nous eftimons fur-tout, qu elle fe pafleroit très-bien des fept montagnes qu'elle renferme. Son origine eft très-ancienne; il eftprefque certain qu'elle exiffoit vers 1'an pgo. On peut faire le tour de fes remparts actuels, en une heure environ de marche: & cette promenade eft des plus agréables. La Ville eft bien percée; on v compte quelques belles rues, & des batimens particuliere qui annoncent de 1'aifance & du goüf elle eft éclairée par des Réverbères, qu'on n y a point épargnés. Environ deux cents Carroflés de remifes ou Fiacres très-propres, facilitent la communication. On croit que cette ville renferme 80 mille ames (**). Sa (*) L'Empereur Charles'V; Philippe II fon Sis, roi de Naples; Maximilien, rot de BohèmeEleonore , reine de France; la reine de Honeric Gouvernante des Pays-Bas; & Mulaï-Hazen roi de Tunis.; & la ducliefie de Lorraine, reine de Jerufalcm. (**) Cette Ville a dü nécefiairemcnt éprouver diverfes viciffitudes par fapoikion , fon opulence, & par 1 influence qu'ont eu fes Souverains dans preique toutes les guerres anciennes & récente*  EN PlAND RE. <7 fituation eft très-agréable & fon commerce Bruxeïjt* |' fort étendü : peu de villes en Europe offrent des environs auffi riches, auffi intéreffans, auffi wiés. Les léguraes y font excellens, & les fruits qui ne demandent qu'une chaleur douce & tempérée , y croiffent avec fuccès (*). TJnemaladie contagieufe lui ernporta ( difent quelques auteurs ) plus de 30 mille habitans en 1489 : elle fut pillée & a moitié détruite par les lconoclaftes, en 1580. Le maréchal de Villeroy la bombarda en 1Ó95; il réduifit en cendres dix l douze Eglifes, une partie de 1'Hötel-de-ville, un nombre confidérable demaifons; & cedéfaftreaffreux, n'opéra pas même la diverfion qu'il avoit alors en vue. Les Alliés s'en rendirent maitres en 1706 ; elle effuya un fiége en 1708 , par le Duc de Ra•vière , qui ne la prit pas ; enfin les Francois 1 ïnveftirent le 23 janvier 174Ó , s'en rendirent maittes le ao février fuivant, & Pévacuèrent en février 1749. , ,' La Seutie, petite rivière qui prend fa fource a quelques lieues au midi, traverfe la baffe vitte1, & s'y partage en plufieurs branches qui fe reuniffent vers la porte de Lacken. Une éclufe placec hors la ville, conftruite par les Francois en 1747, prévieut les inondations auxquelles elle expofoit la bafle-ville , avant eet utile travail. (*) Nous donnons en preuve de cette heureufe température, le fuccès dont nous avons été témoins, d'une culture de Müriers & de Vers-afoye, entreprife& dirigée par M. Rameau de la Motte (ancien lieutenant-colonel au fervice d'Autriche). II eft trifte que eet établiflement n'aic point recu du Gouvernement tout 1'encouragement qu'il méritoit •, il vient d'être totalement anéanti.  l8 N OVV EAU VOYAdE Bfttteiie.. On yremarque généralement de 1'aifance paree que 1'abondance des comeftibles de premier befoin les tient prefque toujours a un pnx médiocre. Cette aifance ne fe developpe jamais plus fenfiblement que lors de quelque Fête nationale , ou même particuliere (*). par exemple, on ne peut fe faire une idee des dépenfes qui furent faites, lors de la Fête Jubilaire, de ce que 1'on appelleici le Saint-Sacrementde Miracle?. . Lesfacades detoutes lesmaifons qui bordent les rues par lefquelles la proceffion dut pafIer,^ furent blanchies, peintes, verniflées, dorees, refaites a neuf. Cette proceffion ellenieme ( dont 1'ordonnance étoit aflurément tres-finguhere , très-pittorefque ), néceffita des frais prodigieux (**). On y vit plufieurs (*) Chaque Fête de Paroifie ou d'une fimple ^napelle amene dans tout fon diftricT:, une illun.matio.1, des tirages de boites , des feux de joye & des danfes. La Fête des Com, fe prolon'e trois a quatre femaines; & quoique ce fok dans 1 epoque la plus chaude de 1'année, la jeuneiïe des deux fcxes allume de grands feux, autour defquels, elle danfe des rondes • Des Couronnes foxmées dé fleurs ( vra,es ou artificiclles) font fufpendues audefius. On en voit de tres-induftrieufement faites neme de tres-curieufes, par les diverfes matières qui y font employees. (**) Nous tenons d'un des aéteurs de cette * ete, qui,l depenfa feulement en rubans employés a fa. mafcarade ) au dela de 2| louis d'or. Ces fortes de fetes font annoncées long-temps d'a- ZrTt™\ eS Papiers pub,ics du P^5. avec un piofpectus de tout ce qui s'y doit voir & obfer-  znFlandb.e. 19 Chars allégoriques, tirés par buit, dix & BraxC.itó douze chevaux ; une nombreufe Cavalerie ; ■nombre de grands Perfonnages tant iabuleux qu'hiftoriques, & enfin d'autres bizarrenes femblables. Les corps de Maitrifes & Communautes alors fe furpafsèrent a 1'envi dans la richefle de 1'habillement, dont ils vêtirent leurs Gardes , Bedeaux ou Porte-bannières; & c eft un fpeétacle dont on peut jouir encore aux trois principales Proceffions (*) qui ont lieu chaque année. ver, pour déterminer les amateurs. II eft inconcevable a quel nombre moment les cuneux, qui s'y rendent de plus de 30 lieues a la ronde. f.éS La Pite annuilli du Saint - Sai rement de Miracle (qui eft proprement la Fête de Bruxelles) eft toujours placée au troifième Dimanche de juillet : la Fête-Dieu, & la Fête St. Miehel; mais cette dernière proceffion eft un peu plus lefte que les deux précédentes. • Ceux qui ont vu la proceffion de la grande FeteDieu a Venlfe, a laquelle affifte la Seigneune, & également tous les Corps & Métiers de la ville, retrou- y veronticile même fond d'ordonnance, & prelque le même coftume dans les habillemens de ces bedeaux ou porte-bannières. Ces bannieres font anemie comme a Bruxelles , des repréfentations (plus ou -moins riches) du faint Patron adopte par chaque corps, ornées des attributs & outils qui leur lont proprcs. Si la longueur de ces proceffions, peut ajouter \ leur beauté, nous avertiffons que celle de V enife dure au moins trois quarts d'heure de plus a defiler que celles de Bruxelles. Voyez article Centje. Les amateurs de ce genre de fpeftacle trouvcront dans la proceffion qui fe fait a Aix en fro-  20 Nouveau Voyage fcweue,. Le Carnaval eft iei (fi non plus gai, du moins) plus long qu'ailleurs : II cefiè dans tous les pays de la communion romaine , le mercredi des Cendres exclufivement; a Bruxe es, leplus brillant,le plus beau jour (ou, folies, eft e premier Dimanche de Carême. Nous allons parcourir le petit nombre de Monumens & de Curiofités publiques que cette «He renferme; en fuivant la marche qu. nous indiquons, on fera fur de faire peu de pas inutiles. v . Place hHotd-de-nik. Cette place eft affezgrande, mais irréguliere, &ladécoration desMnmens quil'entourent, indique plus de tichelle, que de goüt: la facade de celle au- *1 7 ~ r ^^«"imunaute cies JiraJJeurs, - .-^^uuu u un /irc-ae-1 nomphe , lequel eft couronné de la Statut équefire de f,.A; R- Ie du<= Charles de Lorraine, &c L idee d'une femblabie décoration eft abfurde : quant a 1'exécution de ce monument, elle eft au-deflous du médiocre (*) r£LMffV du C*ol'Ps des ^ateliers Cfatuee de 1'autre cöté de cette place) vence a pareille époque qu'a Vcnife, beaucoup plus encore de fingularités; nous entendons parIer en nous exprimant ainfi, des diverfes mafcarades qm precedent & fuivent le Clereé. yeye, 1 art. Jix en Prtvctice. 6 y (*) II eft de cuivre & battu au marteau • s'il i ÖSt' c'eft celui d'être parfaitement bien dorc. Cette Statue a eté crigée en juillet i7r2 a Ia place de celle du duc de Bavièrc (précédemment gouverneur des Pays-Bas), qui étoit toinbéJ  EN F LAND B.E. 2* repréfente une proue de vaiffeau!.. II faut Bruxtiies, convenir que ce n'étoit pas ainfi que les édifices publics fe décoroient dans les beaux jours d'Athènes & de Rome. La principale Faeade de 1'Hótel-de-ville, eft irréguUère & de peu d'effet; mais 1'ceil ife repofe avec complaifance fur la Tour ;(dite) Saint-Michd, qui s'élèvé a une aflez . belle hauteur dans une gradation vraiment ipyramidale : le travail en eft foigné & fes fori mes ne font point dépourvues de goüt (*). On remarque dans la Cour de 1'Hótel-de- ■ ville deux Fontaines de marbre fous la rej préfentation de deux fleuves •, il y a du bon i dans ces deux Figures, exécutées en 1715, i par D. Plunder : elles font ornées de quelï ques faifceaux de rofeaux & autres produc- ■ tions aquatiques, que le mauvais goüt a fait colorer & dorer (**)■ (*) Les curieux qui veulent monter jüfqu'aü plateau fur lequcltourne faint Michcl, y jouiffent d'une affez belle vue : Cette Tour a été achevce i'an 144a; trois ans après onya placé 1'effigie de eet archangc, haute de 17 pieds; elle eft de cuivre battu, & a été redorée pour le Jubilé de 1770. (*•• ) Nous obferverons k cette occafion , que eette fervile imitation de la nature, eft ici déplacée, & qu'elle eft le comble de 1'abfurdité & du mauvais goüt. Ce melange fera toujours profent par 1'artifte éclairé. II condamnera de même la Lance & la Trompette dorées, qui déparent fi fcnfiblement le groupe de la Fontaine du Sablon. II n'applaudira point non plus a 1 ufage barbare f dont on voit tant d'exemples a Bruxelles! ) qui . couvre d'une couche de peinture ou de vernis quelques Figures de merite traitées e» pierre: En .  22 Nouveau Voy ach Bruxelles. La Salie dans laquelle s'aflemblent les Etats de la Province, eft vafte & noblemenc décorée : On y remarque le Portrait de S. M. 1'Emrereur régnant, peint par Herreyns. La compofition en eftfroide & de peu d'effet, il eft d'ailleurs bien peint & il a le mérite d'être très-reflemblant. Fontaine du Mannek-Pis. Cette figure eft d'une très-jolie intention; on la croit modelée par Henri da Quefnoy : malheureufement on 1'a dorée & furdorée, ce qui lui imprime une croüte qui la privé d'une partie de fon mérite. A la rigueur , la peniee n'en eft pas fort modefte, mais Pceil s y repofe avec plaifir (*). Ce petit pi[feur% effet, cette opcration leur óte pour toujours cette fleur de cifeau, cette fineffe de touche, que leur avoient imprimées les mains favantes qui les ont produites. Nous citons ici pour excmplc, un forc Mi Groupe de fainte Anne & de la Vierge ( aflez généralemcnt attribué a Hcnri du Qitefnoy} : ce morceau inte'reffant étoit refté long-temps placé dans une niche au-deffus de la porte de la Chapelle fainte Anne : on lui a fait récemment 1'honneur de Pen retirer & d'eu décorer la niche du maitre-Autel. On ne pouvoit que louer ce déplacement; & ce beau groupe fe trouvoit dès-lors a la place : mais il eft entièrement dénaturé par le vernis dont il eft couvert. On remarque encore les fuites défaftrcufes de cette ignorante opération, lur une jolie petite Vierge ( que 1'on croit aflez communément du même maitre ) , placée derrière le Chceur de Sainte-Gudule. (*) Voyez ci-après la defcription de la Ville aeTouloufi, dans laquelle on voit une Fontaine qui enchérit fur cette joyeufe idée.  24 Nouveau Voyage ïroxeiies. La Place da Sablon eft vafte & bien percée; c'eft, jufqu'ici fon feul mérite: aucun batiment important ne la décore. On y remarqué une Fontaine traitée en. tnarbr"e, d ai ez bon goüt: 1'exécution de ce groupe eft de J. Berger (*), né a Bruxelles. La Chapelle fainte Urfule, dans 1'Eglife de INotre-Dame du Sabion, mérite d'être yue. La Fignre de cette Sainte, placée audefius de 1'Autel, eft tfHcnri du Quefnoy; & c'eft ce que nous connoiffons de mieux de ce maïtre (**). Les Vertus placees dans les niches & les Enfans qui voltigent fur la corniche, font également üune belle execution : en général, toute cette fabrique eft très-bonne dans fon genre Le deflein que VHötel d'Aremberg embrailoit, n'eft pas entièrement rempli: il refte également plufieurs parties de 1'inténeur a terminer. Les appartemens fe développent bien ; ils font meublés & décorés evec autant de goüt que de richefies, & „ tout (*) Mylord Bruci, comte A'Ailsburi, que 1'on a yu demeurer prés de 40 anuées a Bruxelles, 1'a fait enger a fes frais en 1751. On y voit Minerve aflile tenant un medaillon, fur lequel font en demi-rehefs, les Portraits de Francois Ier & de 1'Impératrice-reine fa femme : une Renommee eft a fa droite, & k fa gauche VEfcaut fous la forme d'un genie : un 3me. cient le bouclier & la lance de la deefle. (**) II a peu travaillé le marbre, & c'eft c« précieufe fis"reque nousin»i.«onsd'autantplB«  ■EN F LAN URE. 2J jtout y caractérife le grand feigneur qui Bruxelles, jThabite. On y remarquera plufieurs exeelalleiis Tableaux : nous indiquons de prcfénjrence un Repos de Vénus attribué au ■ÈTitien ; il y a de jolis épifodes dans ce dttableau. i Les autres font de Rubens; des Teniers; s|des Wateaux; des Breughels; des Gérard- (WOUW, &c. On y obfervera quelques bronzes anti'rlques & d'après 1'antique, de beaucoup de jmérite. Une Copie antique du célèbre ÏHermaphrodite , de la Villa Borghèfe d iRome: enfin, une Tête (également antique) idu plus grand caraftère (*). Eglife des Carmes Defchaux. On y voit ifur 1'Autel a la gauche du cboeur, un bon '.siTableau de Rubens: il repréfente une Aprl parition du Sauveur a fainte Thérèfe. Le :|Chrift eft debout, la fainte eft profternée a I . (*) On a de fortes préfomptïons pour croire urn que cette Tête eft celle qui appartenoit au ma1 gnifique groupe du Latcson du Belvedère a Rome, I & qui échappa long-temps aux recherches que 1'on «fit pour la déterrer. On fait avec quel fuccèi ' | Wichel-Ange remplaca cette perte, & combien la \ I' Tête qu'il a fubftituee a 1'antiquc, eft digne d'ad\ miration. L'on dit communément a Rome; que lorf1 que la vraie tête fut trouvée, tous les connoiifeurs fe [ rcunirent pour que la nouvelle fut préférée : Cette li tête eft généralement placée entre les nombreux 1 chefs-d'ceuvres de eet inimortel artifte. Enfin, I'J foit que le fragment qui donne lieu a la préfente note, foit original ou copie; antique, ou moderne; c'eft toujours un excellent morceau. Tornt I. B  ïS Nouveau Voyage Bruxeiies. fes pieds; deux Anges font prés d'elle: 1'une des deux dirige vers fon cceur une flèche enflamrnée. Ce tableau eft d'une trés-belle confervation. Celui qui. décore le maïtre-Autel, eft une excellente copie d'après le même maitre : la compofition en eft un peu éparfe, & les groupes peu harmonieux entr'eux. Palais du Gouverneur-Général, &c. L'emplacement fur lequel il eft élevé, eft ingrat: il étoit dirncile (pour la diftribution ) d'en tirer un meilleur parti : la décoration extérieure pourroit être d'un meilleur genre. On voit au bas du grand Efcalier , une Statue d'Hercule, traitée en marbre, par Ddvaux; elle eft imitée de 1'antique, & elle a des droits inconteftables aux éloges des connoifléurs. Ce grand Efcalier eft petit, mais il fe développe bien; la rampe de fer eft parfaitement bien traitée. En général, les appartemens font beaux, noblement & richement meublés. Place de Lorraine. Le terrein prêtoit peu fans doute aux talens de 1'artifte; mais en a-t'il tiré tout 1'avantage qu'il pouvoit? C'eft ce que nous nous garderons bien d'affirmer. L'ordonnance des batimens qui la décore, eft dans fa maffe fufceptible d'éloge: mais 1'interruption dans les angles pouvoit être mieux traitée; le foubaflement eft tenu dans une proportion trop forte & peu relative a 1'étage qu'il fupporte. La fagade de YÉglifc de Caudenberg s'annonce- d'abord avec des prétentions, qu'un  MN F.L. A N P-S. 2» o! curieus : on y trouvera quelques parties bien W#« tr tées parmi un plus grand nombre d'au5 plus médiocres. Elle décoroit c,-deSant 1'E-life des Jéfuites a Louvain ( * > Place° Saint-Michel. Le premier coup , d'rlil eft pour elle; la réflexïon ne lui eft | ^ uffi favorable. W^nomie .: fpréfidé dans la diftribution de: fonn, , elle a privé eet emplacement du peice qui I lui eüt donné le plus de merite ( )• La Foruaine de Neptune, plaeee a l ex i trêmité de la ^^vt?f^t^f" ! cette figure ne manque point de cartótei e. granrf ^g"^ C**0- Les ' (*) Les amateurs de ee genre , I , ^ 7a* 1, Phiire cue nous leur avons ci-cie- ^«^J-nTeSSai 1ue de cü,,feTVeI 1 ticulier , devient, au moins ridicule,_ a, 1 egard „omméBègue^^^Ktoetemp.. ïmeTou veuv ; o droft d'y'être admifes; e les n lien^ue pa'rdes vceuxfimples en forte qu el-  ja Nou fe au Voyage Sr^Bruxelaires placent complaifamment cetta Bglife au rang des curiofités de leur ville fel ? & 1 eXU'éme Pr°Preté de ce vaifSté • ™ r*nS:ons volontiers de leur cóte, mais c'eft aflurément la, tout 1'éW ï^orïïlBSteUr«fdailé e" P°l'rra **Eë lortail eft exadement mauvais : le tam- bour qui enveloppe intérieurement la grande porte d'entrée a du mérite. " On vante ici beaucoup le Portail de l>Belifh ï^guftins, élevé fur les deflèins UP£ cefias Kouberger; il pêche par trop de dt vzfions dans fes maffes: c'eft néanmolnsjufqu ïei le feul. morceau d'architecïure de ce genre, quipuiflb être indiqué aux curieux. capïal d?rS?UrS C6tte ESlife un ™eau rapital de G. de Crayer, placé au-deflus de cette iainte : ce beau morceau eft rlus des trois quarts perdu; tel qu'il eft, les amateurs le voyent avec plaifir. les changent d'ctat quand bon leur plait EHes vivent dans des maifons féparées ou en f0CSS eomme elles le veulent; paree que leur entret en LdUueftrTeUèrement kur Pr°^e • Par;ro"'oücetétabIiffementalieu,leur m»t» aux heures convenables. Elles „e font aflujenS qua peu (ou point) d'office, & difpofent entS? mentdeleurtemps.EIles fortent feules& ecovem diezei es qui bon leur plait. Leur hab llemeS T peu-près femblableaceluides reli^eufeTclturement appelées » Paris HirondcL Jc c X  EN FlJNDRE. 33 Canal (*). L'Europe ne fournit peut-êtm a«xc««. point un coup d'ceil femblable a celui-ci ! Deux très-belles Allées d'arbres bordent les deux lives de ce canal, qui fe prolonge dans un feul alignement de plus d'une iorte demilieue Ce canal communiqué avec VEJcaut, & le travail qu'il a néceflité, fait autant 1'éloge de celui quil'a dirigé, que celui des Magtftrats fous les aufpices defquels il a ere entrepris: On peut le regarder comme 1 ame du commerce de Bruxelles, &l'un des beaux ouvrages des Pays-Bas. Saüe de Spe&acles: Elle eft d'une aflez belle proportion , & décorée avec gout: on y compte quatre rangs de loges: 1 Orcheftre y eft excellent. On comptoit encore a Bruxelles, il y a peu d'années, plus de vingt Tableaux capitaux, qui ornoient plufieurs de fes Lgliles. L'avidité des propriétaires, plutótque e befoin, les leur ont fait vendre (**); & le (*■) La Senne lui fournit une partie de fes eaux: Sa longucur eft de fix lieues, depuis Bruxelles, jufqu'au village nommc Petit-milebrouck ; les eaux v font retenties par 5 éclufes; fon point de départétant élevé de prés de 50 pieds au-deflus du niveau du Rupel, dans lequel il fe decharge. Ce canal fut commencé en 155°, & rendu navigable en ic6i fous la direftion de Geofgz Rmaldt :on eftime qu'il a coüté 18 eens mille Aojins (**\) Récemment Sa Majefté le roi de France a fait 1'achat d'un très-beau Rubens, que poffedoient les Dames Annonciates de cette ville; il repréfente une Adoration des Rois: cc tableau doit etre ' compté entre ks meilleurs de ce maïtre. B v  34 Nouveau Voyage Bruxelles. peu de Tableaux qui reftent de ce premier mérite, difparoitront comme les autres, dés qu'il fe trouvera des acquéreurs aflez riches pour les payer. La Ville a vraifemblablement perdu pour toujours, les fuperbes Rubens qui décoroient 1'Eglife (détruite) de Caudenberg; ainfi que ceux du même maitre que les curieux alloient admirer dans 1'Eglife des Jéfuites. Au refte les vrais amateurs applaudifiént a ces acquifitions des fouverains & des riches: Ces chefsd'ceuvres entre leurs mains, reprennent une nouvelle exiftence, & font plus fürs de palier a la poftérité. Quel chagrin ne reflent point unconnoifléur, en remarquant le peu de foin que 1'ignorance barbare donne a des morceaux dont s'honore le fiècle qui les a vu naitre? Le délicieux Tableau de 1'Eleétion de faint Pierre dans Sainte-Gudule, eft dans ce dernier cas. Entre plufieurs Fêtes annuelles, particulières a Bruxelles, nous indiquons de préférence , celle appelée La Veille des Dames : Les cloches de routes les Paroifles 1'annoncent, & les Dames ne manquent point de porter.ce même foir pompeufement & joyeufement, leurs époux dans leur lit, auxquels elles font promettre en récompenfe de leurs peines, un déjeüné a leur choix pour le lendemain, ou quelques menues bagatelles. L'origine de cette fête fe perd prefque dans la nuit des temps; les auteurs qui en ont éciït, vaïient fur le motif qui peut y avoir donné lieu : le fentiment le plus raifonnable, p-ifoit être celui de  EN FLJ ND RE- 30 ■ _ hiftorien Puteanus; il dit: Quel'an uoo , BruxeUe». ] Gorfe/roW Ze 5«röa , duc de Brabant parut ; pour 1'expédition de la Terre>oainte, accompagné de plufieurs bourgeois de BiuxeI les ils eurent ainfi que lui le malheur f d'être faits prifonniers en -Syrië, par les \ infideles : un temps confidérable s'ecoula, fans qu'on eüt aucune de leurs nouvelles; , • on les crut tous péns : mais qu'au grand ■ contentement des époufes des Croiies!.... i Godefroid arriva a Bruxelles le >SJ**V<" no7, avec fes fideles bourgeois (fept ans i après fon départ de cette ville): la joye fut ] fi grande & fi univerfelle que les Bour- i geoifes pour témoigner a leurs mans a quel I «oint leur étoit fenfible ce retour, les portei rent elles-mêmes au lit. On en celebre annue - lement la mémoire, & ce jour eft appele la Veille des Dames. Environs de Brvxelles. TERVUREN: Chateau agréablement fitué fur la lifière de la forêt de Soigne, 4 deux Üeues de Bruxelles. Le defunt pnnce Charle^de Lorraine affeétionnoit beaucoup cette réfidence. Les jardins, qui font tresvaftes, étoientalors très-omes: L interieur du Chateau méritoit également d etre vu; tout y caraftérifoit la demeure d un treserand prince & celle du philofophe & de 1'amateur de toutes les fciences & des beaux- B vj  3& Nouveau Voyage liSde 6 °n P6UC voil* encore Ies Chateaux de Maouanae. RIM0NT ( apr»rtenarit également au Gouverneur -général) ; celui de Belceil (appartenant a M. le prince de Lignej ; celui d Enghien, maifon de chaflè de M le duc d'Aremberg, &c. &c. Toutes ces courfes peuvent fe faire avec facihté ; les routes qui y conduifent font belles, & ces chateaux font fitués aflez prés de Bruxelles pour trouver le temps de les voir (chacun féparéroent) & revenir chez loi le même jour. Nous croyons d'ailleurs devoir prévenir , que ces Maifons de Plaifance n'offrent dans le fait, rien de fort extraordinaire, Arrivé a Bruxelles, on eft fi prés de Ia Honande, qu'il eft difficile de fe refufer Ie piaiffr de ce court & curieux voyage Ce pays fi digne d'être vu, ne peut être comparé a aucune autre parrie de 1'Europe ■ ileft, fi nous ofons le dire, 1'ouvrage de fes heureux habitans; & le témojgnage le plus authentique de ce que 1'amour de la liberte, & le courage éclairé des hommes, pouvoicnt produire de plus furprenant. La mer femble ne point leur pardonncr les premières ufurpations qu'ils firent fur elle ; ils ne réfiftent a fes perpétuelles attaques , que par des travaux inouis, infiniment coüteux, mais indirpenfables. Le public a dans les mains trop de defcnptions bien faites de la Hollande, pour nous appefantir ici fur fon origine, fon accro.fiement & fon état acluel: en nous rentermant dans les bornes que nous nous fommes  en Hollande. 37 prefcrites,nousnepréfenteronsanoslecT:eurs, Voyage «te que de fimples notes fur les objets que nous ef- Hoiiandc. timons être les plus dignes de leur curiofité. Il part de Bruxelles (*) tous les jours Avis utiie. de l'année, une Barque pour Anvérs; on la quitte d Wilbrouck, oü fe termine Vt canal; on y traverfe (**) le Rupel, & Ion trouve fur l'autre rive, de petites voitures légères, toutes prêtes, avec lefquelles on arrivé dire&ement d Anvcrs : ce trajet par terre, eft d'environ une heure & demie de chemin. La communication d'Anversfuv Bruxelles eft la même. Cette manière de fe rendre de Bruxelles è Anvers , eft peu frayeufe, & dans la belle faifon, cette route a beaucoup d'agréimns; mais elle eft ennuyeufement lente. Les campagnes que le canal traverfe font tres-peuplées, très-riches, très-belles. II part également chaque jour réciproquement de ces deux villes, une Diligence, mais dure, pefante; d'ailleurs aflez bien montée. Nous en faifons note ici, afin que les Voyageurs quipourront fupporter la privalion de leur voiture, fe détêrmiaent d'amant (*) On ne doit point oublier en partant de Bruxelles (fi 1'on doit fortir des frontières) de faire plomber fes malles, &c. Cette précautïonpeu difpendieufe, empêche d'être molefté, retarde ou ranconné aux bureaux des frontières ou la vifite eft de rigueur. (**) Cette rivière perd fon nom a peu de diftance de Wilkbrouck, en fercuniuant a 1'Eftaat. B vij  38 NOUFEAV VoYAGE plusfacilement d la laffer d Bruxelles. Nous obferverons que les Poiles ne font qu'en partie établies & mal établies en Hollande; que Vufage des Vutures d quatre roues fur-tout y eft peu commun, & conféquemment que les Poftillons les mènent mal: Ajoute^ que le taux des poftes eft très-cher. On trouve par-tout en Hollande, des Voitures particulières au pays (depuis deuxjufqu'd huitplaces), fortentent fecouantes d la vérité; mais communément bien attelées; & dont lesprix fontfixés. II faut s'affurer pour ce voyage, d'un interprète intelligent & le moins fripon pofJlble; & lui ordonner de convenir du prix de toute chofe, avant que de s'étabUr dans aucune Auberge : cette précaution eft indifpenfable, fur-tout pour les petites courfes de traverfe que 1'on fe propofera de faire : nous en exceptons les premières Auberges des grandes Villes, dans lefquelles on eft traite affei raifonnablement. Rome de La route de Bruxelles a Anvers, par MaBnixeiies ilines, eft 1'une des plus belles de 1'EuropeSfi' ellf longe d'abord la rive gauche du canes,Anrersnal> jufqu'a la petite Ville de Wilvorden. &i(; Moër-diftante de deux lieues de Bruxelles- & dès-lors elle traverfe une plaine imme'nfe & de la plus grande richelTe. On remarquera fur la droite du canal (un peu avant d'arriver a Wilvorden) un énorme Batiment conftruit aux frais de la Province, pour fervir de Maison de Correction (*) .(*) Elle eft élevée en parcie fur un Chateau  en Hollands. 3D Lot les deux fexes. Ce qui fe trouve éle-wilvorden. Zé < fuffit pour juger de Fordonnance geI file de eet édifiee, qui n'eft pas umverfellement applaudi, & moins encoie par ?eurq™Vuvent le juger comparativement fvecks batimens du même genre eleves en Hollande, en France , en ltahe, M) wmivordm ne renferme rien qui meute ''d'être noté. - , rruire 1'ari n?'?, pour temr en refpeft Bruxelles llLouvam :f eChatean fervitlong-temps depn- forTd™comme Rupdmondc enfervoit pour les l E rats de Flandres : on y depofa enfuite les Arclui ves, jufqu'afadeftrufhon. (*-) Nous remarquerons engencral; I • qu " étoUiüblement poffible de Piment Pl= Sree aux prifonniers des deux fexes, fijamais remS es il en réfultera immanquablement une nefte non générale, du moins pWuüère dans L provLe)f malheur alors . è qm approehera de ce féiour de larmes & de mort. M leTomte W*« a fait élever il y a que -T' x Milan nar ordre de ^immortelle sr\^ uner' | dcfunte impcrai i , badment eft un que 1'infalubrké n'augmentat jamais le poids des chaines. Quant k la régie de cette maifon, c eft le comble de la fageffe & de la reflexion.  40 Nouveau Voyage Malines. MALINES (*), jolie petite Ville I capitale du Marquifat de ce nom. On y trouve plufieurs belles Rues & quelques Maifons agréablernent. baties. La rivière d'fT//e la traverfe : elle communiqué avec Louvain par un canal conftruit dcpuis peu d'années: f La Place d'Armes eft paffablement vafte ; nous ne lui avons remarqué que ce feul mé- I rite. Eglife Cathédrale de Saint-Rombaut. Le ' vaiffeau en eft vafte, & aflez bien éclairé: I le Chceur eft traité d'un trés-bon goüt. La "f Chapelle (dite) de la Communion, eft dé- 1 corée de trois Tableaux de Rubens. Celui placé fur 1'autel, repréfente la Cène, fujet éclairé de nuit. Ce tableau, quoique bon, fatisfait foiblement: il eft froid & monotone de compofition. Les deux petits Tableaux du même maitre, nous paroiflent avoir plus de mérite ; ils font touchés avec goüt, avec finelfe. Celui placé a gauche repréfente le Sauveur lavant les pieds a fes Apótres: I Son entrée dans Jérufalem, eft le fujet du fecond. Eglife Collégiale de Notre-Dame. L'Autel placé dans la croifée a gauche , eft orné d'une des meilleures productions de Rubens: il y a repréfente le Sauveur fe rendant a bord de la barque de faint Pierre. Les volets qui ferment ce tableau , font 'également | peints par ce maïtre; mais ils concourent moins a fa gloire que le précédent, qui réunit les plus grandes beautés de 1'art: Les (*) Au Cygne, fur la Place, bonne Auberge.  en Hollande. 4l jtrois petits Tableaux placés au - deffous, Maiinéj. font encore de Rubens. Eglife Paroilfiale de Sainte-Cathenne. Le Tableau du maitre-Autel, a pour fujet la ÏNaiffance du Sauveur :-il a fouvent ete attritbué a van Dyck. F. Quellyn, a qui il appartient, s'eft furpaflé dans cette compofition: elle eft ingénieufe , d'un deftein correct, r& du plus aimable effet. Deux autres pej.tits Tableaux du même maitre, decorent :i également cette Chapelle. Eglife Paroilfiale de Saint-Jean. Le mail'tre- Autel eft orné d'une Adoration des ilRois-Mages, beau tableau de Rubens (*). ' Trois autres petits Tableaux (auffi de Ru, bens) font placés au-defibus du grand; ils ! font intéreflans & dignes de eet immortel ; artifte. Eglife des Récollets. Les amateurs de pemtures, cherchent dans cette églife, 1'un des chefs-d'ceuvres de van Dyck, & celui de fes grands Tableaux , qu'il citoit avec plus de complaifance : ce beau morceau decore le maitre-Autel. „ On y voir N. S. crucifié entre les Larrons; c'eft 1'inftant. ou je Sauveur expire : on voit les Larrons fe tourmenter comme s'ils faifoient des . f*") Rien ne prouve mieux 1'heureufe & riche fécondité du genie de ce maitre célèbret On connoit onze compofitions fur ce même fujet forties defesmains; dans toutes il eft neuf & luperieur i lui-même. Les Volets qui clofent cc tableau , font auffi peints par lui : La Décollation de faint Jean (fujet du volet intérieur a droite) donne un tableau d'une grande beauté.  4- No VFEAU TrO TACT. Jtfaiinet. „ efforts pour fe débarraffer de la croix. „ A droite eft placée la Vierge dans la plui „ yive douleur ; derrière elle eft faint Jean; „ & a fa gauche eft un foldat a cheval & „ arme , appuyé fur fes mains; il femble „ etonné & dans 1'admiration de tout ce qui „ fe pafie : Devant lui eft encore un bour, » reau a demi nu; plus loin eft le peuple 3-, en foule „. Ce morceau fuffiroit feul pour imrnortalifer van Dyck ! La compofition en eft favante, chaude, & pittorefque; ie deflein correét; 1'expreffion des Têtes eft admirable, & coloriée comme la plus belle nature: c'eft en général un morceau précieux. ., J /aut,tacher de fe procurer la vue de L Arfenaï, & particulièrement de la Fondene : tout y eft dans le plus bel ordre & le plus favamment traité. Le Ralais Archiépifcopal eft trés-bien dans fon genre (c'eft une des fept merveilles de Malines); les Appartemens font vaftes & decorés avec plus de goüt que de magmficence: tout y caraclérife la candeur peu commune, & le mérite rare de celui qui 1'habite. 1 Le portrait de 1'Eglife des Jéfuites, eft bien dans plufieurs de fes maffes : 1'intérieur de 1'Eglife eft d'un bon genre, & ]eg colonnes ioniques qui foutiennent la voüte, font un bel effet: le Chceur eft fort orne & trop orné. L'EgU/k du grand Béguinage peut aller de pair avec la précé* dente : ces deux édifices font honneur è Ja ville de Malines.  zn Hollande. 47 fflent fort joli: la tradition dit, que: Rubens Anvers. i'apporta foigneufement avec lui, lors de Ion WTlifi^nt Walburg Le Tableau du itnaiu-e-Autel eft de Rubens: il repréfente ?e moment oü les bourreaux elèvent la " croS fur laquelle Jefus-Chvift eft attaché: £ Ceue belled compofition eft fupeneure' ment rendue,,. Les Volets qui ferment fe tableau, font également peints par ce ÊaSe7%ne Catherine qu'il a reprefentee le volet a droite , eft d'une grande pLetiaitre-Autel de YEgUfeAe JTAbbjy. \ieSaint-Mlchel, eft décore d'unbeau'Ta' bleau de Rubens: il a pour fujet 1 Adoia- ïondes Rois: « La Vierge eft belle & pkine de graces; 1'Enfant Jefus eft admirable . " pourl'expreffion: II exifte des preuves que ,| j£' bel ouvrage ne 1'a occupé que quipze v &(S Augufiins. Le Tableau du maitre Autel, eft encore de 1'executioni de Rubent On y voit la Vierge tenant 1'Enfant que par de petits groupes d^nfaus; genre dans leIel aucun maitre n'a jamais fu legaler. f *0 Dans la croifée a gauche de cette meme édife les curieus qui ne yeulent tien perdre p! vent voir un faint Bernard qui port* fes refards vers le ciel: très-beau tableau du même Se Le portrait placé dans ,1e haut du pen Zument funèbre élevé 1 la mémovre de W Rubens, eft peint par Rubens fon ftere . il a beat coup de mérite.  $4 Nouveau Voyage H*tQrdim.fuffit: mais avec vent contraire, le pajfage eft pénible & fouvent même dangereux. Du Moërdyck d Roterdam, la vue cejfe d'être attriftée des landes & bruyères qui couvrent Pimmenfe plaine qui fépare Bergop-Zoom & Breda , & dans lefquelles ,on entre d un peu plus d'une lieue d'Anvers (*) : dès-lors, de riches pdturages couvrent les campagnes ; on traverfe de beaux villages; le pays devient peuple, & Ion peut déjd appercevoir Vaifance qui caraïïêrife les dépendances de la rêpublique. ROTERDAM (**). L'on regarde eert* Ville comme la feconde & 1'une des plus commercantes & des plus riches de la Hollande : on évalue fa population a cent foixante-dix mille ames. Le Port, les Quais, ■ les Batimens publics, fonc très-beaux. Les Canaux (tous bordés d'arbres) font d'une largeur qui étonne! Les plus gros vaiffeaux marchands, bordent 1'un & Paatre cötés, & laiffent encore entr'eux un intervalle fuffifant pour la manoeuvre de ceux qui arrivent, ou qui partent. (*) On a tenté depuis quelques années, quelques défrichemens ; mais oü ces tentatives font mal dirigées , oü le terrein fe refufe a toute efpèce de culture : en général, une femblable opération demande les plus grands frais en avance ; & ce n'eft guères dans un pays de commerce, oü de forts capitaliftes fe portent a ces fortes de fpéculations. (**) A la Ilure de Sanglicr (fur la place d'Erafme), très-bonne Auberge.  en Hollande. 55 Le féiour a Roterdam eft infiniment plus Roterd*». fain que celui d'Amfterdam, paree que Peau des canaux ne ceffe de s'y renouveller, & que les terreins qui environnent cette première ville, font beaucoup moins mareeageux : néanmoins Amfterdam eft plus peuplée • & malgré le défavantage du port, elle efta'uffi infmiment plus marchande. La Bourfe eft d'une grandeur mediocre, mais d'une conftruftionagreable.L HÖtel-de-ville a beaucoup de merite; on y voit de fort belles Salles, & noblement décorées. Les Batimens de la Compagnie des Indes font vaftes & bien diftribues -, Les l\Ja■gafins font d'une grande beauté; Les Arfenaux occupent un terrein immenfe : tous ces détails font onne peut pas plus cuneux. La Statue d'Erafme (*) décore la Place du Marché : c'eft, jufqu'a prefent, le feul monument de ce genre qui exifte en Hollande : il n'eft pas fort merveilleux; lenude la figure eft mal accufé, la draperie eft lourde & maniérée : la tête & les mains ont néanmoins quelque beauté. La Grande-Egüre, que l'on pnfe beaucoup ici, eft très-fombre & d'un très-lourd gothique. Parmi le grand nombre de Maufolées qu'elle renferme, il en eft plufieurs qui méritent d'être remarqués. • Les Cabinets de Tableaux, & ceux d Hiftoire naturelle , font ici en très-grand nom- (*) Ses compatriotes lui en érigèrent une de bois 1'an 1540; une de pierre 1'an 1557; eniin celle actuelle de bronze en ióaa. C iv  j$ Nouveau Voyage Delft, bre: il faudra s'informer furleslieux quels de ces cabinets font les plus acceffibles & les ■plus curieux. Les dehors de Roterdam, annoncent une fflifance peu commune : des Maifons de campagne s'élèvent de toute part, & les Terres en culture font fupérieurement bien traitées. Les Promenades ( ainfi que dans toutes les villes de la Hollande) y font multipliées, bien foignées, mais toujours défertes. Les Fortifications paroiflent fufceptibles d'une bonne défenfe; elles font garnies ■d'une.nombreufe & belle artillerie. La communication la plus agréable de Roterdam a la Haye, fait paffer par DELFT, jolie petite ville , intéreflante a voir! on y dine ordinairement, & cela donne affez de temps pour la parcourir. Les deux Grandes Eglifes méritent d'être vues: on trouve dans 1'une le Tombeau de 1'amiral Tromp : il nous a paru bien petit, pour un fi grand homme. Celui du prince de NaJfau-0 range eft placé au centre du fancbuaire de la feconde Eglife: 1'idée de ce monument eft triviale & de peu d'efiet: 1'exécution a du mérite. 'L'Hutel-de-ville eft un des meilleurs Mtimens, entre ceux du même genre, fi multipliés en Hollande. L'Arfenal des États de Hollande & de Weft-Frife eft, dit-on, 1'un des plus confidérables des fept Provinces : les batimens qui le compofent font vaftes & bien folidement conftruits. La Fabrique de Porcelaine foutient fa réputation : les magafins font très-curieux a voir.  EN HOLhANVZ. 57 * II van rêgulièrement chaque demi- Avis utiie. hen* des Barques fur kfquelks onfirenda u Haye, veu de frais, d'une ville d Vautre. Ceft la Cnièrlde voyager, dans , peu difpendicufe & ne donne nul ^banas. il s'agit feulement de s'affurer du Roufle Ccabinetfépavé du corps & . communément ajfei propre), f^^reje- paré du vulgaire des pajfagers, & dejomr iieux de fïfociété propre Aurefi* , on n trouve prcfque par-tout des Caledies, aes \Cabriokts& dis Chevaux, dont les prtx foTd-leu-près tarifés & fixés: mats cette Sonde méthode n'ejl pas toujours la plus \fxpïditive. Une troifième Oor^onvoy^ , uncertain nombre en fociete) 'ft f'f'™ ■ une barque (V uniquement pour foi, avec i laquelle on fe fait condiure par-tout: alorsy ileft bien important de convenir de tous les , articlesavcc le Patron,par écnt,ou devant Témo ns admiffibks; bien libelier les trams qïon entend faire; le lieu & le nombre_ des , %purs; & fur-tout les charger de* frats de tirage, pontage, éclufesr c?c- L \ HAYE (**>. On continue de qua. lifierde Village, une Ville charmante, pleine I' de batimens fomptueux, de promenades les On en, trouve communément a AmfteTdam de très-propres qui ne font guères que ce fervice; Ses ontla forme «Fte 0n 7"°"!! depuis quatre, jufquri fix hts de manie : une bacterie de cuifine affez complette, &c. &c. (**} Au Msricbal diTurenne , bonne Auberge v J Cv  j8 Nouveau Voyage ik naye. plus agréables,& peupléede plusdequarante mille ames! Le Palais du Stadhouder eft un vieil édince, qui, extérieurement n'a aucun mérite: la diftribution eft meilleure ; les meubles y font plus riches que beaux- La colMion de latüeaux appartenant au prince, eft 1'une des plus eftimées de 1'Europe. On diftingue C?b7net m01'CeaUX Précieux de cemagnifique Une Sainte Familie, par Raphaèl, d'une tres-belle confervation. Une chafte Suzanne, par le Guide; de fa première manière. Deux très-beaux de Paul Veronefe; celui fur-tout de la Femme adultère eft du plus rare mérite: la Tête du Sauveur eft admirable; ce tableau eft compofé grandement & peint avec la plus étonnante facilité. Diane & Endymion, par le Correge'. Vulcain& fes Cyclopes, par AnnibalCarrache. Une Vierge & 1'Enfant Jefus, par Rubens. Venus a fa Toilette, par van Dyck. Un fuperbe Payfage, orné de beaucoup d Animaux, par Paul Potter; c'eft le chefd'ceuvre de ce maitre, & le plus grand morceau qui foit -forti de fes mains. Une magnifique Chafie au Cerf, par van der JVeff". Nombre de Breughel, fur cuivre & fur bois du premier mérite. Des Gérard Douw, óesTeniers, des ffataux, &c. Deux belles Marines de Vernet... &c. &c. Le Cabinet d'Hifioire naturelle offre hdc  en HOLLJNDE. Ó$ niques & qui ne fe voyent que la Le regne Sal eS le plus complet Quandona vu méthodiquement ce magmfique cabinet,, il eft permis de montrer peu d'empreflement SureTconnrftre d'autres, même les plu, ce , & fa colleftion de Pierres gravées, ont 'beaucoup de mérite. La Salie ou s'aflemblent les Etats eft fpacieufe, noblement décorée, & ornee de quelques bons Tableaux: On attribue aflez ge„éralementa van Dyck celui qui reprefenté le Tueement de Salomon. L'on va voir au Temph muf, 1'affembla-e de la Cbarpente qui couvre ce vailfeau • c'eft véritablement un beau morceau de 1'art , mais cependant beaucoup trop VaÊ— «les dam la plus heureufe fituation; quant au batiment, c'eft peu de chofe. , ™Malfon du Bois, appartenant au prmce d'Orange, nous a paru au-deflous de fa reputation elle fe tuaifir. Le parterre eft d'un mediocre eftet, ïxt ieur du batiment eft moins bien encore : les appartemens font meubles avec goüt (*). • . fW) On voit dans le Salon de Compagnie un fok biau Luftre, des Bras * cheminées, de Porcelaine de Berh . eelt »a Vj vj  6b Novveau Voyage schcvelin- Maifon de Plaifauce & Jardin de M. greffier des Etats. Ce Jardin eft lort vafte & diftribué dans le goüt Anglois : C'eft 1'une des plus jolies curiofités de la Haye. On a conftruit fur la plus haute des Dunes qui bordent & circonfcrivent ce grand terrein, un petit Belvedère, d'oü l'on jouit d'une vue très-ttendue, fort riche & lort agréable. SCHEVELINGE, Port de Pêcheurs, diftant d'une petite lieue de la Haye. La route qui y conduit eft champêtre & dèlicieufe : on y va volontiers déjeuner & voir le retour de la Pêche. Avis nét »\On doit être en garde ici plus qu'ailleurs, contre Ie ranconnage des Auberges : ce font les plus ejfrontés corfaires qui exifl tent peut-être dans le monde, * ?tA£LEM (*)> Pune des jolies villes de la Hollande, très-marchande & fort peuplée : elle fe glorifie d'avoir donné naiffance a Laurent Cofier, 1'un des inventeurs de Part de JTmprimerie. - On doit remarquer dans la grande Eglife, un Monument fépulcral en marbre d'une fabrique récente, dont plufieurs parties font fupér-ieurement bien traitées. La préfcnt de Sa Majefté k roi de Pruffe aétoellemeutregnanr. CO Au jLiop ,c0r, bomie Auberge.  jSjV HOELANDE. 6l Force & FEfpérance, font deux fort belles Leyde. figures : Jean Buitel eft le nom de 1'artifte. On engage les Voyageurs a s'arrêter devant la repréfentation d'un petit Vlijfeau ffufpendue a la voute par une chaine) dont la poupe eft armée d'une fcie. L'on pretend que ce petit monument rappelle Fépoque de la furprife de Damiette par les Croifes , qui, au moyen de cette invention , parvinrent a fcier une chaine qui leur lerrpoit 1'entrée du port de cette ville, dans laquelle ils pénétrèrent, & d'oü ils prirent deux Cloches d'argent qu'ils rapportéren! avec eux. Ces deux Cloches fonnent, dit-on, chaque foir , en mémoire de eet événement. Le Buffet d'Orgues de cette même Eghfe» eft impofent par fa grandeur : il jouit de la réputation d'être le plus complet & le plus harmonieus, entre les plus célèbres que l'on connoifle. LEYDE (*),. très-agréable ville : fa fituation eft charmante, & fes environs délicieux : elle eft ornée de fort beaux batimens. Vffltel-de-ville (très-vanté fur. les. lieux>eft des plus médiocres; le Peyron par lequel on y anive du fol de la rue, eft loide & fans noblel'fe. | C'eft dans une des Salles de ce batiment,. ' que l'on conferve avec le plus grand fom un Tableau (que MM. de. Leyde regardent commeune huitième merveille,) peint a 1'huile, par leur compatriote Jean de Leyde t II re- (*) Au Lion (Tor , bonne Auberge..  6*2 N'ouve/tv Voyage Uyde. Préfente le Jugement dernier. II eft fur bois, arrondi & contourné dans le haut: on voit dans cette partie Dieu le Père, affis fur un arc-en-ciel, entouré de toute fa cour célefte. L'aétion oppofée des Anges & des Diables; le contrafte de la joie des bienheureux, avec le défefpoir des profcrits; la forme bizarre des démons, quelques épifodes piquans & un certain feu répandu dans toute cette compofition, ont pu, a certaiias égards, lui mériter la réputation dont elle jouit : mais en général ce tableau fait peu d'eflet; il fent même la détrempe & la découpure. Le Jardin Botanique, eft une des curiofités de Leyde : fon emplacement eft reflèrré, ingrat & d'use diftribution peu fatiffaifante. L'on voit dans une forte de Salon qui partage deux vaftes ferres chaudes quelques Antiques (Figures, Buftes, Vafes, Infcriptionsj; elles font toutes mutilées, d'un aflez mauvais ftyle, & peu adroitement reftaurées: leur principal mérite, eftd'avoir été trouvées dans des fouilles faites fur les lieux. Le Cabinet d'Hiftoire naturelle, quelque curieux qu'il foit, paroitra médiocre a ceux qui auront vu celui du prince a la Haye. La Bibliothèque. On la dit renfermer quelques livres & manufcrits rares ; mais fa pofuion déployée dans une fuite de petites Salles au rez de chaufiée , érroites, balies & mal éclairées, prévient peu en fa faveur. L'onremarque dans la Salie de Médecine, les Portraits de la plupart des Profefléurs: ceux de Jules Scaliger, de Gaubius, de  64 Nouveau Voyage Amfterdam. VAmfiel, font décorés de Maifons de particuliere que l'on prendroit ailleurs pour de beaux hótels : elles font occupées par Pélite des Négocians, la Magiftrature & quelque Nobleflè. Les BMmens de VAmirauté font fpacieux : on n'a rien économifé pour la beauté & la folidité de leur conftrucbion O). & un vice que tous les efforts de 1'art ne peuvent vaincre; le défaut de profondeur : tous les vaiffeauxd'un certain port qui arrivent au Texel, font obligés d'y prendre des allèges, pour décharger d'autant le batiment : opération difpendieufe , genante &retardive, fans laquelle néanmoins ils ne pourroient entrer dans le port : & réciproquement ces mêmes vaiffeaux lors de leur départ d'Amfterdam, vont achever la leur chargement. Amfterdam s'eft exaétement élevée fur les ruines d'Anvers, dont la iituation lui eft infiniment fupérieure : les plus gros vaiffeaux arriyoient autrefois a cette dernière ville par YEfcaut mais ce fleuve eft a préfent barré par des batimens remplis de pierres & autres chofes que lce Hollandois y ont fait couler a fond , peu de tems après la paix de Munjler ,couelue 1'an 1647, entre Philippe IV, roi d'Efpagne & les Etats-Généraux. lis conftruiiirent en 1684 le fort Lille (fitué a deux lieues d'Anvers) & peu de temps après celui de Liefkenhock , fur la rive oppofée & vis-a-vis le premier : ces deux forts les rendent abfolument maitres de la navigation de ce fleuve. O) L'on ne peut pénétrer dans cette curieufc enceinte que rnuni d'une permiffion d'un des MM. les Commiffaircs. II en eft de même pour pouvoir pénétrer dans les chautiers &magafins de compagnie idsslndes. * 6  Les Magafms & les Cbantien; de conf- Anu—, truétion de la Compagnie pent un terrein rmmenfe. On y voit des iamas prodigieux d'Epicenes, de Tabacs, Tvorc^Ls, &c. IIy règne par-tout un mouvement & une adivité étonnante : c eft une ville, dans une autre ville, ties-inte- , IWpe d| i xr^mrians au' s'v raflemblent. C elt un , oju-r 1ongfconftyruit tranfyerfalement fur •Sn canal. Cet édifice, conftruiten1608 , a prés de deux cents pieds de long , fm^cent & trente de large : la galerie qui 1 entoure eft formée par une colonnade qui fe lepete dans 1'étage fupérieur, dans lequel font eta: blis divers Bureaux. , bmiel-de-ville, eft dans fon genre, 1 un des plus beaux de 1'Europe; b mcovteteblemen , celui dont la conftruétion a du e SuTcoüter. On lui trouve au premier coup dVil une forte de grandeur (même de mafefté) qui etonne!5. mais ce fentiment ne K point a s'affoiblir, dès qu'on en egSine avec foin les détails. Le foubaflement m n'eft point dans un rapport heuSux avec 1'ordre ïonique qu'il fupporte, (*■) On v remarque fept Arcades ou Portiques , praüqués /ans Vavant-corps pour ïejréfenterte % Provinces-Unies, fous 1 umon defquelles la ville d'Amfterdam jouit de la bberte & de fon commerfe Ces fept arcades , par leur ndicule petkeTe, défigurent fingulièrement tout ce grand corps d'édifices.  66 Nouveau Voyage Amfflcrdam.& eet ordre lui-même, eft aflez mal courorme (*). Le rez de chauflëe eft d'une diftribution déteftable. II comporte les Prifons; les Chambres du tréfor; le Depót des Arcliives. Ce que l'on y voit de mieux, eft la Chambre dejuftice, dans laquelle les Criminels reeoivent leur fentence; elle eft ornée de très-beaux bas-reliefs en marbre: le Jugement de Salomon eft d'une excellente main. On parvient au premier étage par un efcalier d'un mauvais plan, & fort mal éclairé. Le grand Salon en impofe d'abord ; mais' il feroit un bien plus grand effet encore, s il etoit précédé par un Veftibule qui 1'annoncat. II eft décoré en pilaftres de marbre d'ordre corynthien. A chacune de fes extremités font deux grands Portiques du plus mauvais genre , couronnés par unamas confus d'ornemens qui fupportent 1'un, un Atlas d'une exécution médiocre & difproportionné avec le Globe f**) , qu'il porte on ne peut pas plus mal: eet Atlas fait face a 1 efcalier qui amène au falon.L'Arcade fous laquelle s'ouvre ce même efcalier, eft également décorée d'un Groupe d'une compo- ( ) Un pent Dome (perce de huit arcades') qui fert d'emplacement a un Carrillon, öte k eet édifice le mérite de l'enfembh & fa dignité Le fronton qui fuit le plan de 1'avant-corps , eft d'un affez bel effet : le morceau de fculpture, dont il eft décoré, eft foible quant k la compofition, mais o une execution ferme & correcte. _ (**) Ce Globe eft peint en bleu; les conftellations s'y développent en demi-relief & dorées.  Hollande. 65» Itécutiorj: il mérite d'être vu. La Synago- Atnftetdta, lae Ponugaife, eft peut-être lefeul Temple de ce *enre qui foit intéieflant a voir : 1'exÉérieur de celui-ci s'annonce avec quelque grandeur. , ^ n, „n. Le grand Hópital nomme Gafthuys, eft fort vafte , richement fondé & adminiftre avec beaucoup de foin : on y recoit mdifïtindtement tous les malades, de quelque relision qu'ils foyent. La Maifon de Force (dite) Rafphuys, eft curieufe a voir, pour la diftribution, 1 ordre , i-économie, & pour les di verfes manufaftures qui y font établies: c'eft un chef-d'ceuvre de ■régie & d'adminiftration: tous les details en font curieux. - - - La Salk dt Spe&ack paroitra peu vafte» comparativement avec celles erigees dans l beaucoup de moins grandes villes que celle; ci • mais il eft fort rare qu'elle fe rempMe , i elle n'eft euères fréquentée que par les etrani gers, qui ne s'y rendent même que pour tuer i le tems & faute de ne favoir mieux 1 em| ployer : communément ce fpeftacle eft pi- tovablement monté. Quelque riche, quelque belle que foit Ia j- ViUed'Imfterdam, c'eft de toute la HollanI de, celle oü les Étrangers fe plarfent le moins. ii y règne tout le jour un embar- m 1 „„- io, -„„«ré dans les mes )fuite> ras, une uiai-j-iuf— .. inévitable de fon prodigieux commerce), qui ne laiffe iouirque difficilement des coups d'ceils heurêux que produifent la beauté de fes quais, Scl'élegance de beaucoup de fes batimens pubiics ci particuliere. Les Lor-  en Hollande. 75 les Fortifications font eftimées : elle ne ren- Breda, ferme rien (quant aux arts) de bien remarquable (*). Le chemin de Gorcum a Breda ne cefle point de longer de hautes levées qui domitient de vaftes paturages, mais aflez déferts^ ie fol y étant fort marécageux. La campagne devient enfuite plus agréable , plus peupée, lorfqu'on approche de Breda. BREDA , Ville très-forte fur le Merck;: toen b&tie, ornée de Canaux bordes d'arnbres, & dans laquelle on compte plufieurs ?Places publiques, peu vaftes, mais aflez bien :percées. Le Palais des princes de Naflaul'Orange ( a qui appartient la Baronie de i!Breda) eft fort beau; les Jardins en font vaftes & curieux. Le baffin dans lequel ïBreda fe trouve fitué, oftte une culture très-riche, très-foignée. A partir de Breda, les poftes commenxent a être réglées mais les poftillons mènent mal; on ne court bien qu'a compter Anvers. En général, qui voit une ville de Hollande, les a vues prefque toutes. On y re1 marqué une opulence fenfible, mais non fafttueufe; une propreté, fouvent trop recher< chée (**), mais habituelle & néceflaire ;une (*) Au Doelen, fort bonne Auberge. (**) L'extrêrae 'numidité du pays , néceflite indifoenfablemeiit cette propreté que les étranger* Be'cef&nt d'adnfriv ; le vert-de-gns, ou une D. ij  Breda, vielaborieufe, a&ive, &extraordinairement frugale; & des mceurs, que l'on prendroit au premier examen, pour une dureté dé- rouille deftructible couvriroit bientót 1'extérieur ..IJ: de leur maifon, & dévafteroit également le dedans | J s'ils ceffoient deux fois vingt-quatre heures (& 'Af inoins encore dans de certains temps de Fannée), f d'emporter par un lavage & recurage perpétuel, li les impreffions de cette vapeur funeftc. Dans j] chaque maifon, quelque petite qu'elle foit ,ilya I toujours un Appartement inhabité , & c'eft le tJL plus beau du logis. C'eft un fanétuaire dont la ||. première Servaute eft la grande prêtreffe..On n'y entre jamais que déchauffc, de crainte de fouiller jj le plancher II eft de ces Chambres qui ne font point ouvertes quatre fois dans l'année, i i j' moins que ce ne foit pour aërer les meubles.il en jij eftde même de mille belles chofes qu'ont les riches , || Hollandois, dont ils ne fe fervent point, crainte ~4l\ de les gater : ils végètentau milieu des richcifes, . fans en jouir. „ Dans le fond, le Hollandois eft 1 fur lui-même peu propre; & le fexe (nous entendons parler ici de la mafle dominante de la na- j tion) 1'eft encore moins , avec tant de raifons pour 1'ètre plus. II eft tel négociant très-Tiche (dans 1'appartemcnt duquel on ne vouslaiffera point pénétrer, fans vous être fait chaufler au préalable d'une paire de chauffons, dans la crainte qu'un peu de pouffière ne fe dépofe fur la natte qui couvre un beau tapis, qui lui-même couvre un fuperbe parquet), qui, dis-je, fait ufage habituel d'une chemife de toile bleu-pale : vous lui voyez un gros bonnet de laine fale & craffeux fur la tête, & une robe de-chambre tout auffi peu faftucufe. i Pour fe rendrc a la Bourfe il met une dmi-chemift , des bonts dt manches, & va conclure pour un million d'affaires!.. Nous dirons peu de cho, !  ÉN F HA X C E. 77 Lée ; mais qui n'eft ^ffJ^^Zl^ l inroupkjre dans le caraftere, ou fi 1 on veut, M une gróffièreté habituelle, &, fi on 1'ofoi M Vafref nationale. L'argent, lar-tout le monde, eft adore en Hollande, Chiintilly> 1 v tient lieu de naifiance, d'efprit & de &c. mérite. Ün homme peu partagé de la iortune eft négligé prefque par-tout; tawna* il eft univerfellement mépnfe : la meiure de I'eftime publique , eft toujours en raion de la valeur du coffre-fort, & du credit que procure une aifance palpable, & authentique:ment reconnue. HALL, Pélerinage célèbre. Les curieux , Uti n'ont point vu, & qui ne fe propofent •point de voir les richeffes immenfes offertes ;& accumulées dans les tréfors de Samt-Antoine de Padoue; dans celui de Samt-Lharles a Milan, & fur-tout dans celui (ïnappre1ciable ) de Korre-Dame de Lorctte , pourront en prendre une idee dans celui-ci. Le r temps de relayer (fi 1'heure eft convenable) f fuffira pour le parcourir : c'eft la première [ftation de pofte en fe rendant de Bruxelles ia Mons. MONS (*), Ville capitale du Hainattt , Autrichien. Son étendue eft peu confidera- ffes ici, de cc meuble revoltant, qu'eux feuls : connoiiTent (Je Cto'cbtff) : Ö faut convenir que ( Ce prétendu raffinement de propreté , eit bien < défagréable, bien dégoutant. A la Cturonne Impériale, bonne Auberge. v ' D iij  j8 Nouveau Voyage wenden- b!e ; elle eft fituée en partie fur une émi'lts- nence & dans la plaine. La Trouille arrofe fes bords: VAbbaye de Sainte-fValtrude, lui donne fon plus grand luftre; les dames Chanoinefies qui la compofent, font rigoureufement preuve de Noblefiè & font a la nomination des Souverains du pays. Les Prébendes dontellesjouiflént d'abord, font peu contïdérables, auffi n'exigent-elles de leur part que des vreux fimples, qui ne les y retiennent qu'aivtant qu'elles le veulent ou qu'elles ne trouvent pas mieux. LesBénéfices ne font d'objet, que pour celles, qui, avancées en age, fe déterminent au facrificc entier de leur liberté. Excepté les heures d'offices, elles font habillées comme des féculières; on ne les diftingue que par une forte de petit Scapulaire noir qui pend fur leur poitrine: leur vêtement de chceur a quelque chofe d'agréable, même de galant. VALENCIENNES (*), place forte que traverfe VEfcaut: on prife beaucoup fes fortifications ; particulièrement celles de la Citadelle. Cette Ville eft d'une médiocre grandeur , mais peuplée. Les manufacbures de Dentelles; celles de la Filature, & de Toiles fines (appelées Batiftes~), y entretiennent de 1'aifance & du mouvement. L.'Hotel-de-ville, eft d'une architeétnre demi-gothique, dont la maffe totaie fatisfait: on y remarque une Horloge que les Valenciennois regardent comme une huitiè- (*) A la Pofle, boniic Auberge.  en France. 79 ,ms rnerveiïïe. La Statue pédeftre en bronze Cafc de Louis XV, ékvée a Tune des extrerrmes de la Place d'Armes, a (du cote de 1 art) affez peu de mérite: c'eft toujours un moriiceau a voir. >. L'on ne doit point négliger de faire Avis ««e. iciplomberfes malles, afin d'éviter d'être retardé, moleflé , tyrannifé au paffage de Péronne, ou la vifite (communément) je fait -.avec la plus défefpérante rigueur. Cette ope, radon fort peu frayeufe, conduira fans au~ Ure embarras (d eet égard) jufqu'a Paris. CAMBRAY (*), autre Ville de guerre , i élément affffe fur VEfcaut, avec une Citadelle très-forte, &c. Cette ville eft heureu- I fement fituée, riche, marchande & peuplee: 'Ses fabriques de fines Toiles de lin & les : blanchifferies, foutiennent leur réputation. L''Eglife Cathédrale eft un vafte vaifieau d un i beau gothique: on prife beaucoup fur leslieux le Clocher conftruit en pierres, & qui s eleve a une hauteur confidérable: cette fabrique a véritablement du mérite. i PÉRONNE, place qui a la réputation I d'être très-forte, & 1'honneur de n'avoir ! iamais été prife dans aucune des guerres qui ont défolé cette belle partie de 1'Europe: elle peut faire refluer fort au loin autour de fes murs, les eaux de la Somme qui la (*) A la Pojle, bonne Auberge. D iv  #2 NoÜFE/tU VorjGS vms -. vu des Amateurs des Arts, & des Artiftes (*) • EgNjèCa- II eft aflez indifférent par quel quarties tbiereic. pon COmmence fes recherches ; nous fuivrons ici 1'ordre qu'ils tiennent entr'eux : Nous adoptons d'autant plutöt cette marehe ,' que nous la trouvons toute tracée dans le Voyage pittorefque de Paris; ( ** ) ouvrage d'une prolixité fatigante, mais que nous airons éiaguer a notre manière; c'efta-dire le réduire aux feules chofes véritablement curieufes. Eglife de Notre-Dame (***) , beau vaif- .(*") Ceux qui, par une affecbion particulièrepour Paris, fe fentiroient difpofés a donner une plus grande extention a leurs recherches, doivent confulter ; 1°. fEjfai fur Paris par M. de SainteFoi •■ 11°. le nouveau & volumineux ouvrage fur Paris, par Jaillot: III°. le Diclionnaire hifloriquc de la Fille de Paris & de fes environs . &c. par MM. Hurtaut & Magni, 4-vol. in-S. IV °. les Foyages Pittirefques, Pbyfiques & Littiraires de Paris , avec la defcription de fes plus beaux monumens, gravés par Martinet. V 0. Itinéraire Civil, £c~ cléfiaflique , Phyfique & Littéraire de Paris, avec la defcription de fes plus beaux monumens, gravés par P***, &c. II faut faire 1'emplette d'un Plan portatif de Paris, au moyen duquel on pourra diriger fes courfes avec moins de perte de temps poffible. Le ficur Jaillot, ingénieur géographe du roi, quaï des Auguftins, ticnt un afforciment de ces plans. (**) Un volume in-ia , ornéde quelques planches , &c. a Paris, chez les frères Debure , Hbraires, &c. (***) Achevée vers 1'an 1185, fous Ie regne de Pbilipps-Augufte. Sa longueur eft de 65 toifes  86 Nouveau Voyage Paris: d'Uftenfiles, de Vafes, de'Reliquaires, & f-ndi-St' h d'Ornemens très-riches. On doit diftinguer Pakiisf' dans la foule, un Soleil de vermeil de cinq u ste. Cha- pieds de hauteur, exécuté par le célèbre pe"e> JBallin; ce morceau eft d'un excellent goüt de defléin , & du plus bel effet (*). La Facade du Batiment qui précède la première cour de 1'Archevêché , eft d'un affez bon genre : ce coup d'ceil fait plaifir, mais il n'arrête point. Les amateurs cherchent dans la petite Eglife de Saint -Landry, le Tombeau de Cathérine Duchemin, époufe de Francois Girardon, & exécuté en 1705, furies deffeins de ce maitre célèbre : la penfée en eft belle, & le faire très-intéreffant, tréseftimable (**). Le Palais offre quelques belles Salles: on les voit toutes; on ne s'arrête dans aucune. UEglife de la Sainte-Chapelle, eft d'une eonftruétion hardie ; c'eft le feul mérite que nous lui connoiffons. Entre les raretés con- (*) Quelque fupérieure que foit cette pièce, elle eft encore bien au-deifous pour la richefTe, pour le mérite du travail, du célèbre OJlcnfoir appartenant a la maifon Pamfili a Rome (Voy. tom.II) cetOftenfoir eft eftimé 130 mille fcudis; environ 693 mille livres de France. ('**)„ Le fujet eft Jefus-Chrift détaché de „ la croix; la Vierge eft a cóté : fa douleur eft admirablement exprimée. Ces figures grandes comme nature, font fur un fond de marbre de ,, couleur , pofées fur un grand farcophage de marbre vert antique , accompagnées de cinq petits Génies, &c. „  E n Fhance. §7 ervées dans le Tréfur de cette Chapelle,Paris-. I on diftingue un Camee antique, que t'on*^. | croit être une Sardonyx : cette piece eit l de trois couleurs; elle a un pied de haut, | fur dix pouces de large. On y remarque L Tibère. dans toute fa gloire & dominant fur 1'univers entier. Les Princes & Prin, cefiés vivans de la familie d'Augufte 1'acL compaenent, tandis que eet Empereur & ï les Princes de fon fang qui ne vivoient „ plus font placés dans le ciel „. Ce beau morceau a été dépofé dans ce tréfor par ICharles V, en 1313 (*)• i Place Dauphine; mauvais plan, mauvaiie décoration : il faut fe hater de la traverier pour fe porter prés de la Statue de Henn IV, Cette ftatue a été modelée par Dupré : elle eft bien pour elle-même, mais elle ne paroit pas fatisfaifamment affife fur le cheval qui la porte , & que l'on allure (fans preuve) •être de Jean Sologne (**). Le Piédeftal eft 'd'une penfée triviale & froide : les quatre 'Efclaves enchainés, ont peu de mérite: méanmoins ce mouvement attaché ; on le ,• re voit toujours avec un nouveau plaifir. (*) Voytz a 1'occafion de ce Caméc, les artiIcles Gèncs & Naples, de ce Voyage. (**) On prctend qu'il a été. modelé & fonds | h Florence par ce maitre ; & que c'a été un préi fent de Cofme 11, grand-duc de Tofcanc , ala reine Marie de Midicis fa fille, veuve alors (en 1624J L de Henri IV. Nous ofons néanmoins ailurer, que tout ce que nous connoiffons de J. Bologne, , eft infmiment au-deifus de cette dermere proti duétion.  S8 No WE AU Vo YA G E Paris; Le Pont-Neuf, qu'il feroit temps d'apPom-Neuf, peier je p0nt-Vieux (*_), eft décoré d'un bon goüt; ce n'eft pas un Pont magnifique, mais c'eft un fort beau Pont (**). L'on doit chercher dans la petite Eglife de Saint-Leu , le Maufolée en marbre de la préfidente de Lanioignon : il eft de 1'exécution de Girardon. La penfée en eft fage & brillante : tout eft ici digne de ce maitre célèbre. L'on y voit deux Génies dont 1'un tient le Portrait de la défunte. Dans un trèsbeau bas-relief, également de marbre, on remarque desPauvres qui creufent une foffe, & qui femblent enterrer cette bienfaitrice,. de peur qu'on ne la leur enlève. • L'effet de cette compofition eft on ne peut pas plusintéreflant, plus piquant. Eglife de Saint - Germain - 1'Aaxerois. Nous invitons a voir ici, le Maufolée élevé a la mémoire du comte de Caylus. „ C'eft „ un ancien Cénotaphe de porphyre , avec quelques ornemens dans le goüt égyptien, „ qui a été trouvé a Rome & que ce curieux .,, après en avoir fait 1'ornement de fon cabi- net, a légué a fa Paroiflé, pour être placé (*) II a été eommencé en 1578, par Ducercetu t Si terminc en 1604, par Guillaume Marchand. II a 170 toifes de longueur, fur ia de largeur, y compris les deux banquettes ou trottoirs. (**) II faut laiifer les Badauds s'enorgueillir du beau Carrillon de la Sanmritaine , & ne jeter qu'un coup d'eeil rapide fur les figures du Sau■reur & de la Samaritaine (traitées en plomb do•ié) ; cette fabrique n'eft pas fans. mérite..  E N FZANCE. 8c> „fur fa Sépulture." Ce monument eft le Paris: tul de ce genre k Paris. Les Ornemens qu'on v a aioütés, font de 1'exécution de Vafte: Is pourfoiént être mieux : on delireroit iqu'ils euflent été traités plus dans le gout ide 1'antique. ... i La Grille du Chceur de cette Eglife, merite d'être remarquée : fa forme , fon exercution , laiffent peu de chofes a defirer. Palais du Louvre (*)• H fuffit d'un premier coup d'ceil pour juger des_ differentes rmains qui ont dirigé ce vafte édifice ; toutes [front pas été également heureufes : eepenlant il réfulte de ces différentes malles, un tout, impofant par fon etendue, & qui léünit des détails d'un trés-grand merite. Le vieux & le nouveau Louvres fe eonï fondent aujourd'hui, par les corps de ba:.timens fucceffivement ajoutes fous^les regr.es „de Louis XIII St de Louis XIV On reomarquera que 1'Aile parallèle a la Galerie , qui longe la rivière , n'eft qu'indiquee : en la fuppofant conftruite , on ne pourroit s em, pêcher de donner a ce palais le premier rang ! entre les édifices de ce genre du monde ( connu : Ce plan, étoit inconteftableinent d'une majefté impofante : dans fon etat adtuel, ce palais eft encore 1'un des plus grands de 1'Europe. Grande Entree; facadedu cote de Saint- C*0 Francoh l fit commencer eet édifice en I«3 , fur les deffeins de Pierre LeP-aut: Henn II; Charles IX ; Henri IV, Louis XIII & Louis XIV, en out fucceffivement étendu les plans.  go Nouveau Voyage: Paris: Germain 1'Auxerois. La France, & peutPdais da gtre i'Europe , n'offre point un morceau ouvre. (j'Architeéture fupérieur a celui-ci : il eft digne des plus beaux jours d'Athènes & de Rome : il y règne un goüt, une harmonie, qui laiffent peu de chofe a defirer. Ce magnifique Périftyle (*) , introduit dans la Cour du vieux Louvre. Nous pafiérons rapidement fur le caraébère des batimens qui la circonfcrivent; les eonnoiiVeurs n'en applaudifient que les maffes, & divers morceaux de Sculptures d'une exécution trèseftimable. Le Percé que donnent les quatre Pavillons, élevés au centre de chacune de ces facades, fait un bel effet. Celui (le Pavillon) placé fur la perpendiculaire dupérif- \ (*) Comment Dtfprcaux a - t'il pu méconnoitre tout le fublime de cette compofition , & refufer a Tirault (fon immortel auteur) le tribut d'admiration que lui devront une longue fuite de fiècles ? Sans la crainte de prononcer un blafphème, nous accuferions ici ce Prince des Poëtes Francois , d'une partialité révoltante; ou nous le foupconnerioni d'avoir abfolument manqué de goüt. Le Cavalier Bernini, appelé a grands frais de Rome, par Collert, pour donner des defleins relatifs a cette facade (alors a conftruire) fut plus jufte que le célèbre fatyrique, s'il eft vrai qu'il reconnut de bonne foi 1'infcriorité de fon projet, comparativement a celui de Pérault, qui lui fut communiqué. En effet , tout ce que nous connoiflons de mieux (en fait d'Architeéture) du Bernini, eft infiniment loin de ce morceau-ci. Vuy. le Siècle de Louis XIV par Voltairt; Difcours en vers, fur FEnvie, du mème auteur, &c.  en France. 9l :yle, développe une fuite d'Appartemens r.ris;. ^ üie nous allons parcourir. ( * ) _ Louvre. Salie des Cent-Suijfes. Sa decoratie* eft 1'un aflez bon effet. On y conferve les modèles en platte des pius fameufes Antiques He Rome & de Florence. Les quatre Lariatides qui foutiennent la tribune, font de 1'exécution de Gougeon : cejendant iles connoiffeurs trouvent un caraétere de öurdeur trop marqué dans toute cette de;coratiori. ... Diogène, demandant k Alexandre pour toute grace de fe retirer de devant fon Soleil: excellent bas-relief traité en marbre, par 'le Puget (**). ' L'on ne doit fe faire montrer de l aaiden Appartement de la Reine, que leialon :des Bains, dont les Peintures font de DicgoWelafquez, peintre aflez peu connu, & dont He ftyle a beaucoup de mérite. Ce que 1 on iappelle le nouvel Appartement de la Reinc, fe développe fur 1'aile qui part du Pavdlon _ du roi, en retour fur la riviere, jufqu a la r«n Les Étrangers qui parcourrnnt ce Palais, ne doiventpoi.it s'étonner du dégarniffetnent, du ! défordre & même du peu de foins que 1 on prend de toutes ces falies : depuis long-temps_, elles ne font point habitéesi tout ce qui pouvoit en ctre oté a été tranfporté aillcurs, ou fe conferve dans le Gardt-meuhle de la Couronne. (•*■) Le pendant de ce bas-relief fe conferve dans une des Salles du batiment de \^&n'l Marfeille; il repréfente la Pefte de Milan. Foj. j ci-après 1'article Marfeille,  $2 Nouveau Voyage Paris: grande Galerie. RomanelU a peint è frefque touw/* la PluPart des plafonds qui décorent cette fuite de Salles, particulièrement celui de la Chambre a coucher, & du cabinet. Sur 1'eau : ces derniers font très-beaux (*). II faut pafier rapidement le Salon qui conduit a la Salie (dite) des Antiques (**)! & cette même dernière pièce , qui, dans fon état actuel a peu de mérite. La Salie qui fe préfente fur la gauche, eft remarquable par un très-beau plafond de Romanelli. Le grand Efcalier fe préfente enfuite : ii conduit k 1'Appartement du Roi. IS Académie, des Sciences , celle des Belles-Lettres & 1'Académie Francoife, occupent plufieurs pièces de eet appartement. Ces Salles font ornées avec une noble fimplicité : on obfervera dans plufieurs quelques Tableaux & Buftes d'un certain mérite : eet examen prendra peu de temps. La Salie occupée par VAcadémie Royale de Peinture & Sculpture, embraffe plufieurs (*) Ce maitre a répdté depuis ces mêmes fujets ( mais avec moins de fuccès ) dans les appartemeus du Palais du roi a Turin; & dans celui des Vignes-la-Reinc , prés de la même ville. Les morceaux de Sculptures (traités en ftuc) placés entre les compartimens de ces Tableaux, méritent une attention particulière. (**) Ainfi appelé, paree que les Statues antiques que Colbert fit venir de Rome, y furent d'abord placées j elles décorent depuis long-temps la galerie & le jardin de Verfailles : il y en, a dans le nombre, de très-belles.  en France. 33 oièces du premier étage, & la Galerie (dite) Paris: ÏApollon (*). On y remarque nombre de ™" ^ norceaux de réception qui décèlent de vrais ouvlv' .alens. La partie du plafond du coté de 1'eau, :ft ornée d'un des chefs - d'ceuvres de le Brun ; il y a repréfenté le Triomphe de Meptune, Cette compofition eft d'une belle •ichefie , pleine de feu, & fupérieuremenc ::endue. La Salie occupée par 1'Académie d'Arehite&ure, eft tapiffée (fi nous pouvons nous fexprimer ainfi) d'une innnité de morceaux le réception entre lefquels il en eft de trèsnntéreflans. f Le Cabinet des Deffeins de Sa Majefté, bffre une coüeftion que l'on prétend monter ji plus de dix mille ; tous reconnus pour tètre originaux & fortis des mains des plus ïi-ands maitres, anciens & modernes. La garde de ce riche Cabinet eft confiée a M. Èochin, fecrétaire-hiftoriographe de 1'Aca- ( * ) Dc la Galerie d'Apollon, on paffoit a la Xtrande GaUrit proprement dite : cette immenfe prolongation, n'a plus rien aujourd'hui qui y ap[pelle les curieux , depuis que les Plans en reliëf ides principales Places de France , qui y étoient dépofés , ont été tranfportés a l'Hdtel des Invalides. L'on aflurc , que fintention de M. le comte WAngivillers , eft de placer dans cette vafte galerie , la riche colledion de Tableaux du Roi , ainfi que les Statues des grands-Hommes dont la nation s'honoTe. Cette idéé très-grande, Sc qui me peut que beaucoup aider a la perfeeïion de "art, :eft univerfellement applaudie ; on en attend ira| patieniraeat 1'exécution.  54 Nouveau Voyage Paris: démie de Peinture aux Galeries du Louvre. Paiaisdes j^g pajais jes Thuikries, n'a pour lui Thuiicncs. lg premjer C0Up d'oeil, & quelques beau- ' tés de détails, que les connoifièurs ne tar- I dent point de faifir. Ainfi que le Louvre, il a été bati fous différens règnes & dirigé t fucceifivement par plufieurs Architecbes (*). Le Veflibule eit médiocre; VEfcalier n'a || pas plus de mérite : la Chapelle, a laquelle t il conduit d'abord , n'öffre rien de remar- '| quable. La Salie des Cent-Suijfes; celle des j Gardes, & 1'anti-Chambre du Roi, font ornées de quelques morceaux de Peintures, qui arrêteront peu. La grande Chambre du J ■* Roi eft auffi peu curieufe : le petit uippar- J tement eft mieux; on y remarquera de jolis | Stucs, & quelques Peintures d'un bel effet. I La Galerie des yJmbaffddeurs , qui fe ï préfente en fortant du grand Cabinet du 9 Roi, eft une imitation fort eftimable de j la célèbre Galerie Farnèfe, a Rome, peinte | par yinnibal Carrache. Cette dernière galerie conduit a 1'Appartement de la Reine , | qui ell bien, fans être fort beau. La Salie de Spe&acle, vulgairement ap- j pelée Salie des Machines (a caufe des Ballets | que Louis XIV y faifoit repréfenter pour fa | cour), occupe une partie de 1'aile droite. J Cette falie eft comptée entre les plus vaftes ] & les plus fuperbes de 1'Europe. Six mille j fpectateurs ont pu y être placés a 1'aife. | (*) Pbilibcrt de Lormt; Jean Sullet, Leveau, & d'Qrbuy,  zn France. 5.5 bavant-fcène a beaucoup de mérite ; en gé- Paris: léral le ton de cette décoration eft d'un band goüt fans néanmoins mériter d'être até pour modèle (*). i La diftribution du Jardin paffe pour 1'un Bes chefs-d'ceuvres de Lenotre. Sans nous h-:ger ici en apologifte du goüt francois (quant a cette partie de Part), nous douItons néanmoins qu'on méconnoiffe dans fcette diftribution, le ton de grandeur qui ta caracbérife. La Terraffe qui fert d'empatement au corps du palais , eft ornée de deux Vafes & de fix Statues traitées en marbre : ce font, a beaucoup d'égards, d'excellens vmorceaux (**). En avancant vers la grande Allee , on re- (*) L'on peut juger de la vafte étendue de cette felle , lorfqu'on obfervera , que la Salie oü les .Comédiens Francois repréfentoient avant d'aller toccuper leur nouvelle falie prés le Luxembourg, létoit feulement conftruite dans ce qui conftituoit de théatre : la falie proprement dite, fubfifte avec fa riche avant-fcène.Le plafond de cette falie eft eftimé-, il a été peint par. Noël Coypel, d'après m-k. lentièrement terminée , pour prononcer fur Pijce de fjfon mérite. Le plan ne féduit point; les fof- Louis xv" lés qui la circonfcrivenf, trouvent plus de icritiques, que d'approbateurs. Le Piédeftal qui fupporte la Statue èqueffre, eft d'un bon genre : les connoifleurs apiplaudiflent Bouchardon , d'avoir fubftitué :des Vertus (en forme de Cariatides) a ces groupes d'Efclaves qu'on voit par-tout : :cette dernière idéé , fans être entièrement aneu ve, a beaucoup de mérite. La Force & 1'A•jmour de la paix, caracbérifent les deux Figures qui font face aux Thuileries: celles qui iregardent la Grillede Chaillot, repréfentenc la Prudence & la Juftice : ces quatre figures ■ftraitées en bronze, ont été exécutées d'après Bés deflèins de M. Pigalle. L'on a d'abord ibeaucoup critiqué ce monument, mais on a ildü convenir enfuite de fon mérite. Le CheJval manque , peut-être , d'un peu de feu : il left d'ailleurs d'un deüèin correct, & d'un iheureux choix. ■ Le héros eft mieux aflis , mieux pofé ; il offre enfin un meilleur enfemi.ple , que plufieurs morceaux de ce genre, que : l'on oppofoit a celui-ci: nous pouvons nous 'tromper, mais nous ofons placer cette derI snière produétion de Bouchardon, au rang : Ide celles qui contribuent le plus a fa gloire. Deux grands corps de Batimens fixent k Idroite cette vafte enceinte. Le caractère de : cette décoration eft noble & d'un trés-bel i:effet (*). Les Hotels qui fe développent au (*) Elle a été élevée fur les deffeins de M, Galriëh Tonn L E  28 Nouveau Voyage Paris: Gar- long des iflues qui conduifent a cette place, de-meublf, s'agrajfent bien avec ces mêmes grands baCoüfée," tjmens : ia difparate que l'on craignoit de" oya voir en réfulter, n'eft point, ou très-peu fen- fible: en général, tous ces nouveaux édifices font bien. LJHotel du Garde-meuble de la Couronne, fait partie de ces nouveau x batimens. On conferve dans celui-ei les Tapifleries & les Meubles qui fervent au Sacre des Rois de France ; une colleftion d'Armes Chinoifes& Sauvages; quelques Armures des Rois de France : enfin la plus grande partie des Bijoux de la couronne : tous ces objets, & beaucoup d'autres (que pour abréger nous ne citons point) font dépofés dans de fort belles Salles heColifêe, élevé a 1'extrêmité des Champs , Elifées, a des droits inconteftables fur la cu- riofité de tout amateur des arts : on y remarque des Parties fupérieurement traitées, d'autres médiocres, même de trés - défecbueufes: mais les mafiés, mais 1'enfemble, & un trésgrand nombre de beautés de détail qu'il réunit, devroient ce nous femble, défarmer la critique, qui s'opiniatre a refufer a eet édifice les juftes éloges qu'il nous, parolt mériter. II a été élevé en 1770, fur lesdeffeins de le Camus. II s'élève acbuellement dans le voifinage de la place de Louis XV, une Eglife (dite de la Magdelaine) fous la direétion de M. Contant : les defleins, qui font publics, en paroiffent beaux. Le Pont-Royal, eft le feul a Paris qui  en France. $9 traverfe la Seine dans toute fa largeur: Paris, pa,fa conftruétion eft folide & hardie : il a foi-lais - w*;xante-douze toifes de longueur, fur huit de largeur, y compris les deux Trottoirs. Palais-Royal. Quiconque auroit vu ce 'i palais il y a vingt ans, & 1'examineroit aufóurd'hui, auroit de la peine a le reconnoitre. BA. le duc d'Orléans depuis 1'incendie de Ü'Opéra (arrivé en 1763) n'a ceflé d'en | étendre le plan, & de 1'embellir dans toutes j fes parties. MM. Mor eau & Contant y ont i déployé a 1'envi nne partie des reflources I de leur art. La principale Facade (rueSaint■ Honoré) eft élevée fur les defleins du pre- . 1 mier; celle qui décore le cöté du jardin, a 1 été dirigée par le fecond : ces deux compoi; fitions ne nous paroiffent point merveilleufes. Le Feflibule au rez de chauflee manque de nobleffe & plus encore de clarté. Le GrandEfcalier eft ovale dans fon plan : il eft vraifemblable que M. Contant aura été maitrifé par le terrein, puifqu'il ne lui a pas donné plus de profondeur & une afcenüon plus douce, moins précipitée. II eft d'ailleurs noblementdécoré: la.Ram/jede/er,eft,dans fon genre, un chef-d'ceuvre: les bronzes qui 1'enrichiflént, font également bien traites. Arrivé fur le palier, trois Portes fe prefentent. Celles a gauche & du milieu, conduifent aux Appartemens de M. & de Mdela ducheffe de Chartres : la troifième fert d'entrée aux nouveaux Appartemens de M. le->duc d'Orléans (*). (*) Nos lefteurs ne doivent point craindre E ij  200 Nouveau Voyage Paris: Pa- Les quatre Deflus de porte qui décorent ïais-Royai. ia Chambre a coucher de madame la Ducheffe, font les Portraits de Marie de Médicis, de Stiyders & fa Femme, tous trois par van Dyck : celui de Philippe II, roi d'Efpagne, eft peint par le Titien. On voit au-defius des deux Portes du grand Cabinet, Loth, fortant de Sodome, & les Ifraëlites fuyant d'Egypte : deux bons Tableaux de Paul Veronefe. La nouvelle Salie d manger, eft bien dans fon genre. Le nouveau Salon eft traité d'une manière grande. La Salie de Jeu que l'on traverfe enfuite, n'a pas moins de merite. On a réuni dans la Chambre du Ut de Parade , tout ce que la tichelle, le goüt & les arts peuvent offrir deplus brillant, de plus agréable : 1'ceil parcourt avec fatisfacbion que nous nous appefantiffions dans la defcription que nous allons efquiner de cc palais : mais la ColleBion de Talleaux qui le décore, étant 1'une des plus eftimées de 1'Europe, nous croyons devoir la faire connoitre avec quelques détails. Au refte, nous paflerons rapidcment fur tout ce qui n'annonceroit que la richeue des maitres qui 1'habitent & nous ne nous arrêterons qu'aux chofes que le goüt & la perfecbion de 1'art caraaérifeut. Nous fuivrons ici 1'ordre. dans lequel font préfcntés tous les détails qui regardent ce palais , tels qu'ils fe lifent dans le Voyage Pittorefque de d.,„;. firr AM* ritéi en ufant du privilege que nous nous fommes gratuitement donné; celui de nous taire fur tout ce qui n'eft pas d'un merite univerfeflementreconnu, & la liberté de UWS, étendre fur d'autres.  F. N F RA NCK. 101 (tous ces heureux détails. La Chapelle qui ter- Paris: Pafeine eet appartement, eft peude.chofe. te-Royai. La Salie d manger des grands Apparteimens, eft décorée de neuf grands Tableaux, jdont quatre de van Dys; ce font des porItraits d'une exécution précieufe : ori remar;que de préférence celui de la princelle de fPhalsbourg, qui s'appuye fur un Negre. | Vénus couchée, tenant 1'arc de 1 Amour 'jqu'elie a défarmé ; par le Broniin. ! TJne Danaé ; par Annibal Carrache. Philopcemen a Mégare (*) •> Pai" Rubens: l'effet de ce tableau eft des plus piquans. ,La Volaille &' le Gibier préparés pour le {feftin, font peints par Snyders. Salon. Saint Jéróme &da Magdelame qui ; baifent les pieds de 1'Enfant Jefus, par Aninibal Carrache (**)• ■ ; Chambre des Pouffins (***> L'entrce des •Ahimaux dans 1'Arche ; par Léandre Baj- fe« (****)• Ce fujet eft tiré de Plutarque; le général > des Athénjens arrivant, dit-il, feul & mal vêtu a VMigare, '1'hötcffe le pTit pour unvalet; & oci cupée pour la réception de ce général, elle 1 en-. ■ eagea de fendre du bois & a 1'aider a faire la ■luifine; Rubens a traité deux fois ce même fujet; \ nous le ferons remarquer. (**) La Fuite de Jacob , par Pierre de Cortone i 'Tableau qui, fans être un des chefs - d'ccuvres de ce maitre , eft néanmoins très-digne de lui. Ainfi nommée, des Ouvrages de ce m aitre iqui y ctoient autrefois placés. /•****) On trouve ce même fujet, traité par le E üj  loz Nouveau Voyage Paris: Pa- L'Enfance deJupiter; par Jules-Romain. lais-Royai. UneMufique; par Valentin. Un Philofophe devant un Manufcrit; par 1 le Schidvone. Une Femme dont les bouts de la coiffe pendent ; par le Titien. Les quatre Ages; par Valentin. Cabinet d Lanterne. On y voit gó Tableaux. En commencant par le cóté de Ia j porte, on doit remarquer; un Portement 1 de Croix; par Andrea del Sacchi. Le Sauveur apparoiflant en Jardinier a la Magdelaine; par le Titien. Une Sainte Familie ; par Michel-Ange. Un Martyre de faint Barthélemi ; par ^juguftin Carrache. Une petite Vierge avec PEnfant Jefus; par Raphaël. Un Chrift; par Annibal Carrache. L'Amour qui travaille a fon Are, charmant tableau ; par le Correge. L'EnfantProdigue; tableau capital, par Annibal Carrache. Le Frappement du Rocher; par le PoufJïn: tableau de la plus dèlicieufe harmonie , & parfaitement confervé. Le Payfage avec Pêcheur ; compofition charmante , du Dominiquin. La Colombine tenant du Jafmin ; par Léonard Delvince. même maitre, a Gènes, k Florence, a Venife, k Naples : il eft moins frais , moins bien confervé ici, que les deux premières repétitions.  en France. '°3 Une Defcente de Croix; tableau capital, ■de Sèbaftien del Piombo. L'Amour piqué par une Abeille, fe plaint kVénus; par leGiorgion. i*.r«j«. La Vierge & faint Antoine de Padoue, par Annibal Carrache. La Vierge, le Jefus & faint Jean; par ^sïint jean au défert; tableau capital du 'wiême maitre (*)• , La Samaritaine ; par Annibal Carrache. Une Sainte Familie; par leCorrege. S Saint Pierre, martyr; par le Giorgion. _ La Vierge & PEnfant Jefus, tableau capftal, par Raphaël. On diftingue ce tableau, •par une gaze blanchc que porte la Vierge. P La Naiflance de Bacchus; par le Pouffitu La Vie Humaine, par le 2 uien. La Vierge tenant PEnfant Jefus fur fes ;genoux; par Raphaël. „rj^^ t. La Vierge montrant i lire a PEnfant JeHRiS' nar le Schidone (**> „ Une Sainte Familie avec faint Francois I * mi-corps; par le Parmefan. (.vs Ce magnifique Tableau eft répété dans la | galerie de Florence : tous deux font recomras pour iêtre orifdnaux, & parfaitement femblables. * (*h, Nous pairons une Circoncifion de Jean Beltin ■une Nativité A'Innocent da Mola; une Sainte ' Kil le° oufe voyent faint Pierre & faint Fran, Ss par Laurenl Lelto: paree que nous croyons loue 'ces Tableaux n'ont guères d'autre rnente cue celui de leur extréme raretc, & qu lis font , époque dans la renaiffauce de 1 art. r E iv  e n France. ">3 L tableau deforme ^fg^Jft* me bordure dorée; pat .toftaZ Carr^cfce Une Fille tenant une Cafiette; par Ze f me/i. Une Defcente de Croix; morceau iupeleur : par Annibal Carrache. Une Magdelaine les mains jomtes devant P Crucifix ; par Ze Correge Si-sc Frifes; par Tules-Romain (*> L?CabmetPdeM.leDuceft orné -de r Tableaux : on trouve, en commencant droite prés du jambage de la porte qui communiqué aux Appartemens: ! La Viiion d'Ezéchiel, lorfque Dieu lui jipparut au milieu des quatre Ammaux; pai Raphaël. _ . . I Saint Francois; par le Donuniqtun. 1 St. Jean-Baptifte avec une Gloire, par Anhibal Carrache. i.nL'u, I Une Tête de Magdelaine; par leGu ide. La Maitreffe du Titien, a fa Toilette , ■ Une Sainte Familie, aPPelée le Repos, par ■Annibal Carrache. n Saint Jéröme dans un Payfage; pai le uo ü miniquin. (*) La paix entre ^.^^K?-5Sïï 1'Enlèvement des Sabines; la prife: de Gartvage ^a neuve, par Scipion; a ^mille de Corwlan a fes eenoux; Scipion récompenfant fes bolrlats t f iff" la revne des Pxifonniers de guerre fiu» h Carchage-, la Continence de Scipion tous e* Lorceaux font corapofés granderaent, il y rtgne run feu prodigieux. ^  ioG Nouveau Votage Paris : Pa- La Vierge qui apprend a lire a PEnfant lais-Royai. jefus • par le P arme fan. Ce tableau eft d'une grande beauté : fa forme eft circulaire. Une trés-belle copie de la Transfiguration du Sauveur (par Raphaël) , de même grandeur que le célèbreoriginal; par le Garafalo. Une Procellion du faint Sacrement dans un Payfage; par Annibal Carrache. Saint Jean PEvangélifte; par le DominU quin. Une Sibylle; du même. L'Enlèvement d'Europe; par Paul Véronèfe. Ce maitre a fouvent traité ce fujet: on en connoit deux excellens a Venife, un troifième a Rome, &c. Une Mère de douleur; par le Guide. Un Martyre de faint Etienne; par Annibal Carrache. La Communion de la Magdelaine; par VAlbane. La Samaritaine; par le même. Un Ecce Homo ; par le Guide. La Vierge & l'Enfant Jefus; par VAlbane (*). Un Chrift mort qu'un Ange tire du tombeau ; par le Schidone. Une Sibylle ; par le Guide. Une Defcente de Croix par 'Daniël de Poherre (**). (*) Ce joli tableau eft céicbre, & connu des amateurs fous le nom de la Laveufc; paree que la Vierge y paroit occupce a blanchir du linge. (**) C'eft la même penfée que ce maitre a exécutée ifrefque dans une des Chapelles del'Eglifc de la Trinité du Mont, a Rome.  EN FRANCE. 107 La Vierge, le Jefus & ^^h£"Kip5 Lillant de menuiferie; par Annibal Car- Une Magdelaine •, par 7e Guiie. Un Confiftoire; par Ze 77iiror«. Une Préfentation au Temple; par Ze Guer- CftNotre-Seigneur au Défert avec li; Tentateur; par Ze Titien. . -, La Fraétion du Pain; par Paul Veronefe. Un Portemenr de Croix; par Ze Donuni- 5"une Tête de Chrift; par le Guide. Le Raviffement de faint Paul; par le P stfnt Jean qui montre le Meffie; par Annibal Carrache. ' . » . Saint Téróme; par 7e Dominiqum ( > Première Pièce d'enfilade du grand Salon, dans laquelle font placés 55 'lableaux. luditn ; par k Cangiage. Les trois Graces; par le Pohdor. La Naiffance de Bacchus; par Jules-Ko- ™ Ntoïfe foulant aux pieds la Couronne de Pharaon ; par le Poujfm. Le Bal; par Watteau. (*) Ce tableau eft plus connu fous le nom du IXabotcux. C**VNous indiquons encore deux Tetes en leeard au-deflus de la Porte, par wn Dyck: U* Poreaio du Titien & de 1'Aretin, pemts p» hSHSt. font placés au-deffus de la Porte qui xend dans le Cabinet a lanterne. L Vj  ii2 Nouveau Voyage Paris: Pa- Le Songe de Caravage; peint par luilais-Royai. même (*). Douae Efquifles peintes fur bois, par Rubens : elles repréfentent les principaux fujecs de 1'hiftoire de Conftantin, & ont été exécutées en tapifferie ( ** ). Quatrième Pièce : elle eft ornée de 23 Tableaux. UneSLéda; par le Tintor et. . Une Sainte Familie; par le Barochi. Jefus-Chrift au milieu des Do&eurs; par 'Ëfpagnolet. La Décolation de faint Jean , grand tableau; par le Guide. Une Vierge; par Raphaël: elle eft vêtue de rouge, & tient en Pair une gaze claire fur PEnfant Jefus. (*) Ce Peintre, couvert de haillons, fe regarde dans un miroir : au-deffus eft une Tête de mort fur une feuille de papier, qui eft placée fur un livre fermé. Le Deffus de porte qui repréfente le Sacrifice d'Ifaac, eft du même maitre. (**) Dans la première de ces efquiffes; on voit eet empereur prêt apaffer les Alpes; le Signa de Ia Croix lui apparoit en J'air. II fujet; le Labarum, ou Enfeigne Militaire, faite fur le modèledelaCroixluminsufe qu'il avoit vue. III ,Le Paffage des Alpes. IV, La Défaite de Maxence. V, La VicboirequicouronneConftantin. VI, Son Entree triomphante dans Rome. VII, Couftantin voit lePlan de Conftantinoplc. VIII, Son Mariage avec Faufte, fille de Maxïmien. IX, La Renommée couronne eet empereur. X, II adore la vraie Croix. XI, Sa Converfion. XII, Soa Eaptême.  zn France. ll3 Saint Sébaftien ; par k Guide. SJ&X La Femme adultère; & Hercule arrachant ^ ;Qe Corne a Archeloüs : deux beaux ta- jieaux; par Pordenon. Philippe II, roi d'Efpagne, & fa Mai- •efie; par k Titien. , 1 La Réfurrection du Lazare, tableau ce- lire; par Sébaftien del Piombo (*> f Milon le Crotoniate; par k Giorgion. » Notre-Seigneur devant Pilate, qui lave \is mains; par le Schiavone. Le Jugement de Salomon ; par Paul re- ronefe. , * „ Moïfe fauvé des Eaux ; par k meme. l!. Saint Roch a qui la Vierge apparolt; pat Mnnibal Carrache. . |i Diane & A&éon ; par le Tmen. I Vénus & Mars; par Gentdejclu. I ■ Grand Salon (**)• On y compte trente ;Tableaux. j (*■) On prétend, peut-être fans trop de fondement, que Michel-A«ge a fait le denera de ce Jèeau morceau. t.:x™I On remarquera encore dans cette qua neme Ipièce, un faint jean qui tient 1 Enfant Jelus , que d'excellcns connoiffeurs jugent etrei de U Bordone. Hercule affommantles Chevaux de DioÊinède; par le Brun. Une Vénus couchée qm re- coit une Flèche del'Amour ; par e vieux Mme paintBonaventure enhabit de Prélat; par le Gui\ide, &c &c. ,01 (■**} Au-deffus des quatre Portes de ce Salon, font placés autant de Tableaux, dans lefquels lïaul Vèroncfe a repréfente allégonqucment diffe- rentes révolutions auxquelles fout fujets bien des  ii4 Nouveau Voyage Paris: Pa- En commencant a droite; Acbéon dévorê jj jais-Royai,par fes Chiens; par le Titien. Les Portraits de Vefpafien & de Vitellius; h par le même. Mars défarmé par Vénus; par Paul Ve~ f ronefe. L'Efclavone : une Fille tenant une Let- * tre : Vénus qui fe mire : Perfée & Andro-Wfe méde : & 1'Education de P Amour; cinq ta-ffl, bleaux ; par le Titien. La Sageffe compagne d'Hercule; PaulVe- |j( ronefe entre le Vice & la Vertu: deux bons L tableaux de ce maitre. La Continence de Scipion ; par Rubens. ; w Galerie d'EnéeC*').,, SaCheminée |; 5, placée au bout de la Galerie terminée en *]| „ovale,eftunedesplusmagnifiquesquiayent \i été exécutées. Sa Tablette porte deux Grou- l „ pes d'Enfans qui tiennent des Girandoles , || „ le tout de bronze doré d'or moulu. Le Tru- I „ meau de glacé eft terminé par deux Génies ja ( fupports des Armes de S. A. R.) & furies M mariages oü le refpeft, le dégout, 1'amour heureux, & 1'infidélicé fe fuivcnt affez ordinairement. (*) Ainfi nommée, paree que les quatorze Tableaux qui la décoroient repréfentoient 1'hiftoire de ce Prince: ces tableaux, peints par Coypel, 1 foutenoient difficilement le parallèle avec les chefsd'ceuvres que nous venons de parcourir. A 1'époque oü nous vifitames ce Palais, ces Tableaux venoient d'être enlevés de leurs cadres : on nous dit, que 1'in'tention de M. le duc d'Orléans , étoit de leur en fubftituer d'autres d'un plus grand mérite.  en France. i'ó iótés on a élevé deü*grands ^^«j^fe 5rnésdeTrophées,&furmontesd'unAjgle»«' Jéployé , qui terminent cette decoration rompofée par Oppenord. 1* Jj Appartement privé de M. le auc iChartres M orné de nombre de Tableaux éoifis: la vue n'en eft pas facilement perjfe. Le premier Antichambre de eet aptrtement eft décoré de quelques Tableaux l Rembrant & de Jean Miel. Chambre a coucher. Au-deflus de la „rte ; Salmacés & Hermaphrodite ; par UnrFemtne qui fort du Bain , a qui fa iïvante effuye les pieds: une Jeune Fille dort au pied de 1'Autel de 'Amour a-une autre Fille réveille au fon d'un tam3ur de bafque : deux très-jolis tableaux par LDTnaë'affife fur un lit dont un Amour a éfait le drap de deffus qu'elle tenent■ .a as font deux Enfans, dont un a.guife une 'lèche fur une pierre que 1'autre tient par L Correge. Les connoifleurs placent ce tableau entre les plus cfti més de ce maitre. Un Repos en Egypte; par le Mole. _ _ Le Sacrifice d'Abraham; par le Domini- f1 Vernis a la Coquille; par le Titien. Henri IV, en pied, petit tableau, peint ozxle Porbns. ; s Ji La Vie Champêtre; par le beu C ). (*■) Ce Tableau & le précédent, fe trouvent Lépétés dans la collection de ceux appartenans  en Francs, uy i Des Satyres,& une Bacchantequi tient une P4ris: Pairappe de raiiins, dont elle exprime le jus «« ans une talie. Une Femme en Manteau I lit d'écarlate doublé d'hermine , ayant un Bon de fatin blanc, mange des huitres qu'un Iros Bourgmeftre lui préfente & tient de la •j ain gauche un Verre de vin : deux tableaux, % Guillaume & Francois Mieris. I Unejeune-Fille ayant un Manteau fourre, < jouant du Luth; par Teniers. I Un Bal, compofé de différentes perfonnes >e qualité ; par le Palamède (*). . Un Clair de Lune; par Gofredi. OlUne Vendange ; paf Jean Miel. \ Deux Enfans jouant avec un Nid d 01êaux; un Enfant qui a caflé fes ceufs : deux ibleaux d'un trés-rare mérite; parNeftcher. Du meme; la Maitreffe d'Ecole : une Femke affife montre a lire a une petite Fille; n petit Gargon a droite, joue avec un Chien. I'eft un bien joli tableau, j Un Homme affis fur un banc, qui tient ine Cruche & boit a même; par Brouwer. J La Lifiére d'un Bois oü paffent des Chaiiots & des Animaux; tableau capital, du ■hreughel de Velours. | Six Payfages, par Bartholomé. On eftime Aeaucoup celui oü il a repréfente un Satyre «anfant au fon d'un tambour de bafque dont Jioue une Bacchante; & celui oü l'on voit Laban condüifa'nt fa Familie & fes Troupeaux. f Un petit Payfage d'Elfcheiner, ou de8 (*) Cette aimableproductioncftplacée en face des feuêties,  ii$ Nouveau Voyage paris: Pa- gens fe chauffent durant la nuit au bord de l ius-RoyaJ.i'eavi. p La Prédication de St. Jean; par Bloemaert, l Galathée; par Carlo Marattl. La Vue d'une Forêt; par Paul Brill. \k Des Gens qui jouent autour d'une TableJp: & fur la droite un Jeu de Quilles; trés-:» beau tableau de Te.nie.rs. te Une Marine & des Pêcheurs; par Breit* fes g/ze/. k Une autre Marine avec des Pêcheurs qui |ü tirent un Filet: par Stalbent. Du même; le Payfage au Chariot. 1||L Une Fuite en Egypte ; par van Kebol. p Petit Cabinet. Une Léda ; tableau|: . capital de Paul Veronefe. Nous ne pouiïe-< Kt ïons pas plus loin ce détail. Le Jardin : nous ne lui connoiflbns d'au-i L. tre mérite, que celui d'être très-fréquenté,:i & d'offrir fouvent leplus beaucoup d ceil de { Paris : les Figures en pierres qui les déco- t rent, font de bonnes mains (*). (*) Suivoit ici une defcription de la nouvelle f Salle diOpéra malheureufement incendice le 8 & Juin 17bi. Cette falie, d'abord trés-: * critiquée, avoit réuni enfuite le fuffrage des vrais 'fi amateurs : c'eft une perte qui mérite rcellement d'être regrettée ; elle faifoit inconteftablement 1'é- h loge des talens fupérieurs du fleur Mor eau, qui en p avoit dirigé la conftrucbion. Vavant - Scène (largej:' de 36 pieds, fur a-peu-près autant d'élcvation')ii!5 avoit beaucoup de nobleffe.La hauteur totale dif-i|« tribuoit quatre étages de loges, & le ton de fali décoration en général, étoit très-bien dans fon geu-lj,  MtonsB St. Honoré. Les amateurs dePein- Paris; Es viennent voir ici un des meilleurs W£ t'ableaux de Philippe de Champagne, place ir le maitre-Autel, dont le fujet eft une Vréientation au Temple. Nous pouvons nous "•omper; mais le pinceau de eet artifte, ous paroit ici (ainfi que dans prefque toutes fes compofitions), fee, maniéré, pretenieux, & manquant prefque toujours de cette mergie, de cette fougue & de cette humeur ui cara&érife le faire des grands maitres de art. , - Les curieux qui prendremt la peme de le ïndre dans cette Eglife, ne doivent point neli-er de jeter un coup d'ceil fur le Mauiolee ^levé a la mémoire du célèbre Cardinal Dui ois (*). II eft traité en marbre, par Bouf- e • Toute la Salie pouvoit raffembler deux mille pect.ateuTS.Le Foyer n'a trouvé que des approba•eurs; cette partie ne pouvoit être mieux trance. 1 f*-) L'hiftoire de eet homme devenu inopinément célèbre, eft connuede tout le monde: Yoici lux Anecdotes , qui complètent afTez bien on uortrait. „ Les Domeftiques du Cardinal Dubois ik ceux du Cardinal de Noailles, pnrent dilpute |iu fujet de la prééminence de leurs maitres. Les ierniers difoient: notre maitre eft plus ancien Cardinal, Duc &Pair & Commandeur des Ordres du Roi. Les premiers répondoient : le notre fcft Prince de 1'Ernpire , Duc de Cambray & premier Miniftre. Le nötre, reprirent les premiers, Itacre les Evêqucs , donc il doit avoir le pas lur lle cardinal Dubois .... Plaifante raifon ! dit un. iLaquais de ce dernier cardinal; fi le Sacre y lait Luclque chofe, mon maitre eft plus grand bei-  nb Nouveau Voyage Paris: feau: la tête eft parfaitement reflëmblante; teïlint c'eft a-Peu-Rrès le feul mérite de cette comLouis du pofition , d'une idéé triviale & ufée. La pofij Louvre. tion donnée a cette figure paroitra bien bifarre, bien ridicule-, fa tête tournee fur 1'épaule gauche , regarde directement la porte. N'accufons point ici 1'artifte d'avoir voulu faire uneépigramme contre la défunte Éminence : on fait que cette Figure devoit être placée fous une arcade a droite du maitre-Autel : dans cette difpofition fes regardl auroient été fixés fur 1'autel. Tout cela eft peu de chofe. L'EGlise de Saïnt-Louis du Louvre, aétl élevée fur les defleins de Germain , célèbrl orphévre , mais trés-médiocre architeéle] Les formes bizarres qu'il sreft efForcé de don-* ner principalement dans la décoration du Portail, ont pu lui réuffir dans les beaux. morceaux d'orphévrerie fortis de fes mains! mais gueur; le vètre facre les Evêques, & le mien fa-ft ere Dv... tous les jours." E „ Le comte de Nocé ( dit le même auteur) fou-H pant avec Son Alt. Royale , lacha contre cette» Éminence une raillerie bien fanglante : tous lesH convives s'étoient a 1'envi évertués fur la qualité f de premier Miniftre qu'il venoit d'obtenir . . -li Le Ré gent fembloit inviter le comte a dire égale- I ment fon mot... .Ctlui-ci s'adreflant a Son Al- I' tefie Royale , lui dit: „ V. A. R. peut 1'honorer I „ des plus bautes illuftrations , elle en fera ce I „qu'elle voudra ; mais elle u'en fera jamais ua I' ' n uoatóte bonune. n \  i3eau. , . Renaud & Armide; par le Dominiquin. : L'Adoration des Mages; par Paul V l"onefe. I Une SainteFamille;par Andreadel Sarte. ( La Vierge coufant du linge, accompagnée ie quatre Anges; par le Guide. Saint George combattant un Dragon; par a Raphaël. Une Sainte Familie avec faint Michel te: i Dant la Balance oü doivent être peféesles Ac:: tions des hommes au jour du jugement; par Léonard del Vinei. La Vierge au Lapin blane; par Ze Titien. La Vie Champêtre ; par le Feti. Saint Michel combattant des Monftres ; par Raphaël. I Une Sainte Familie ; par k Guide. Le Mariage de fainte Cathérine; par Pierre : 'de Cortone. v I (paT les Eftarnpes que l'on en troure par-tout) ifous le nom de la Helle Jardiriiere. i , Tome I. G  14S NOU FE JTV VO Y A C' E Parïs: Palais La Continence de Scipion , par le Moine. «roriéans ; La Vue du Port de Naples; par Guillaume Cabinet de »-„„. Tableaus &aWl ■ du Rui,' Diettle Père dans fa Gloire; par VAlbane. L'intérieur d'une Eglife ; par SteenwyeM Jupiter & Antiope ; par le Correge. ■ La Prédication de faint Jean; par VAlbane.: Saint Bruno dans le Défert; par le Molei Tobie profterné devant PAnge qui difpa-| ïoit après s'être découvert a lui; par le Rem~ brant. , ] Adolphe de Vignacourt, grand maitre del Mal te; par Michel-Ange de Caravache. Le Baptëme du Sauveur ; par VAlbane. Un Concert; par le Dominiquin. Une Fête de "Village; par Rubens. Du même; une Paftorale, nommée 1'Arcen-ciel. . Un Crucifix; par van Dyck. Une Bergère qui file. Une Femme qui fort: du Bain; deux Tableaux d'un grand mérite, par le Berghem. Des Chevaux dans une Ecurie ; par fTouwermans- Du mên\e; une Amazone avec plufieurs Cavaliers. Biblis & Caunus; par VAlbane. Du même ; Apollon & Daphné. Une Vierge, le Jefus, faint Jean & fainte Agnès; par le Titien. Le Déluge univerfel ; par Augufiin Carrache. Les Marchands chaffés du Temple, grand tableau; par le Jordans. Le jardin de ce Falais eft fort vafte; le ter-  en Francs. 147 nein eft fufceptible d'une diftribution plus Pms: } i heureufe que celle a&uelle. Les amateurs f.fj{'rfdlt '.d'Architecbure remarqueront a 1'une de fes ctacreu* , Rxtrêmités, une Décoration fort eftimab'.e , saint-suiique l'on appelle la Grorte : les proportions Picc- I en font belles, & 1'idée ne manque point de II grandeur (*). Eglife & Couvent des Chartreux; 1'une & 11'autre font tapiffés de Tableaux de maitres i eftimés. La fojfe ; Jean-Baptifte Corneilk; .. Dumont le Romain; Jouvenet; Ph'dippe de tChumpagne ; Boa Boulogne ; Jollain ; ie I Sueur ( ** ) , ont concouru a la décoration l de cette maifon. Séminaire de Saint-Sulpice. Les amateurs | de Peinture viennent voir dans cette maifon, * lè magnifique Plafond de la Chapelle, dans (*) Le Roi vient de faire préfent k Moniïeur de ce Palais : il paroit par les acquifitions confidérables que le nouveau propriétaire a dcja faites de diverfes portions de terrein qui 1'avoifinent, qu'il fe propofe des cmbellitTemens, dont la public attend avec impatience le dévcloppement. ("**) L'Apparition du Sauveur a la Magdelaine eft de ce dernier : ce Tableau, trés - conuu, fait partie de ceux placés dans le chceur de cette Eglife. * ^ Le Petit CloItre des Chartreux ctoit ci-devant orné de vingt-quatre Tableaux peints fur bois, dans lefquffs U Sueur a repréfenté les principaux traits de la vie de faint Bruno. Sa Majefté a acquis récemmentces précieuxTableaux, pour en dccorer (alïure-t'on) fa Galerie du Louvre. Les Eftampes en font devenues extraordinairemeat rares. G ij  14$ N OUVRAU P"0 TA G £. Paris: Ègli- lequel on eftime que 7e Brun s'eft furpafie; L» ji ie Saint-Defcente du Saint-Elpritfurles Apötres(futuipice. jet ^u tableau qui-décore le principal Autel) eft également de ce maitre (*). Eglise de Saint- Sulpice. Trop d'Architectes ont fucceffivement préfidé a 1'érection de eet édifice, pour n'y point reconnoïtre 1'empreinte de leurs différens goüts. Leveau; Guittard; Oppenort; Szrvando- ni; Chalgrin tous, en n'écoutant que 1'irnpulfion de leur génie , ont plutöt cherché a fe fignaler perfonnellement,qu'a perfectionner la première penfée de ce Batiment (commencé en 1655), qui fans conrredit, offroit plus d'harmonie entre toutes fes maffes, que ces mêmes malles n'en préfentent aujourd'hui. Le grand Portail (immenfe carrière del pierre), n'eft nullement proportionné avec le vailfeau qu'il doit annoncer. Les trois Ordres d'Architeéture employés a fa décoration, font un médiocre effet. Le Périftyle que donne le premier ordre, eft d'une mefquinerie fenfible ("**). De quelle utilité peut être (*) Les partifans du pinceau de le Sueur vont) voir dans la Chapelle de la Petits Communauti, (cul-de-fac de Ferrou) une.Préfentation au Temple : Tableau que le Sueur lui-même citoit avec le plus de complaifance. (**) 11 feroit encore pftlTible, ce nous femble, de lui donner plus de dignité; il ne faudroit pour ccla , que prolonger le plain-picd de ce périftyle cinq ou fix toifes en avant du batiment, auquel cette prolongation donneroit alors une forte de terraffe, qui, en lui fervant d'empattement, aW  EN FR.ANCZ. 143 La Colonnade du fecond ordre? Quelle com.tnunication ouvre-t'elle ? Les deux enormes^*^ Tours qui flanquent ce portail, manquent de feracedans leur forme, & pyramideront toujours mal; düt-on les élever jufqu'a la plus ■haute de nos planètes. . II eft fenfible que 1'étranglement actuel du terrein , nuit infiniment a ce morceau de décoration : fans doute que 1'ceil en embraffera plus complaifamment la mafle, lorfque la place (*) qui doit 1'entourer fera deciijdée; mais eet avantage eft conditionnel, & le mérite qu'il peut lui afiurer, n'attenue point notre première remarque. L'intérieur de 1'Eglife eft beaucoup plus ifatisfaifant • la plupart des détails en fontheureux (**) :La décoration porte le caracItère d'un très-beau fimple (***)• téeeroit beaucoup toute cette maffe, & lui affu&e"roit plus d'effet: mais cette operation ne lauroit avoir lieu, que lorfque la Place fera formce. f*) L'adminiftration de la Ville s'eft engaLée Cdit-oif) a fournir un fonds de 450 mille hKres, q"i doit être employé pour former cette Place- qui nécciTitc la démolition du Séminaire, lequel' fera reconftruit fur 1'cmplacement de 1 Ar cadémie de Jouan, qui fait le coin de la rue du RVieux Colombier & de celle des Cannettes. '(■**") Nous en exceptons le Jübi qui doit recevoir TOrgue : cette décoration a certainement du mérite par elle-même , mais fon manque de liaifon avec 1'ordonnance génerale de la nel, lui •, fait un tort que rien ne rachète. (***) Les amateurs d'Hiftoire naturelle doivent tvoir les deux Coquilles qui fervent de bénitiers : G üj  iJQ Nqvvkav Voi'AGE ™.sr: II faur. chercher dans la cinquième ChaSafnt-sui- Pellea droite, le beau Maufolée de Languet, pice. en fon vivant, Curé de cette Paroifie : le defièin & 1'exécution de ce monument appartiennent a Slodei; 1'un & 1'autre lui font honneur. „ II eft le premier artifte (a Paris) „ qui ait tenté d'imiter le mélange des Mar„ bres avec le Bronze & la Dorure, dont 11J „ talie offre une infinité de morceaux d'un „ trés-bel effet (*). Les huit Figures d'Apótres, qui décorent le Chceur, font de Fexécution de Girar-' don; le Chrift appuyé fur 1'arbre de la Croix; la Mère de pitié qui fait pendant acettedernière figure; & lejoli Maufolée de la duchejfe c'eft un préfent que la république de Vcnife fit5 «lans le temps k Franfois l; & dont Louis XV* Jait don a cette églife. C*) „ L'Immortalitc ayant une Couronne an" ^w* fur la tè^ > repoufle d'une main le voile „ funebre dont la Mort alloit envelopper ce digne Pafteur, & de 1'autre tient un Cercle d'or „.ious fon bras eft le Plan géométral de cette r> Eglife. Pres d'elle & dans le milieu du monu„ ment, eft la Figure du Curé k genoux, en furplis „ & en étole; il a les bras ouverts & les yeux " JWnÖ vers le maitre-Autel, comme pour of„ Inr a Dieu 1'édificc du Temple qu'il fait conf„ truire. La Mort confufe & défefpérée , eft dans „ 1'attitude de fe relever fur fes genoux pour pren„ dre la fuite. Ces trois Figures dont les deux „ premières font de marbre , & la dcrnière de „ bronze, ont fix pieds de proportion. Elles font „ elevees fur un Sarcophage de vert antique „ dontle piédeftal préfente une Table fur laquelle „ 1'Epitaphe eft gravée, &c. &e.  EN F RA N CE. 'Ól • r*> fhnt également'deParis: 'e Lauraguais (*)» lonT; „ ö, T „n . E?nfi <** e maitre L« i Halli,Cark van Loo, Sail/t.Sul. lerr &c. ont cóntribué de leurs Pin-pke. 'eaux L 1'embelliffement de cette Eglife. "ïa 'chapSle de la Vierge eft pIusrKhenent, que noblement ornée : la Coupole ete peinte par le Moine; il y a repréfente 'Sfomption de cette Mère du Sauveur : ,ette compofition lui faithonneur.L* Statue en marbre placée **-^*Ve^£ nerite une attention particuliere, elle elt le U Pinale, & c'eft une de fes plus annables par Cark van Loo, ajoutent beaucoup au I r*0 II eft compofé d'une Figure de Femme folorée & appuyéc fur une colonne: l expreffiori de cette FemmeJ e& d'une grande beauté; ce pent monument eft traité en marbre. L'on conferve dans la grande Sacnftie de cette Esbfe une repréfentation de la Vierge en grient, de grandeur'un peu plus que naturelle, PTétémodelée par Bourdon *\ todIte Parement expofée aux yeux du ■ftatue que quelques mauvais plailans appelaren': -dans le tëmps Notre-DaMEPE Vieiluss VAisKis C dénomination qu'elle conferve meme enfore parU le peuple)? & ceto Curé d'alors, pour procéder a la fonte de cette figure invita, follicita. quêta & recut d'une infi«fté d'ames pieufes, de vieiües Boucles , de vieux d s i conto d vieuxGobelets, de vieux Galis &c , au moyen defquels il pamnt a raftomblefce qu'il lui falloit de matière pour^ ce ttravail Cette figure ne manque point de caTac ■Se i a tóte eft |racieufe & jolie; mais elle nou» i paru drapée lourdement & de petite mamere. r G iv  i& Nouveau Votagb paris: Fon- mérite de cette Chapelle ; ils repréfentent órénete 1,A™onciation, la Vifitation, la Nativité &c ' & la Préfentation au Temple. L'on peut voir dans le voifinage de cette Eglife le Vaux-Hall de la Foire Saint-Germain; le plan en eft ingénieux, & la décoration eft d'un ton agréable : c'eft une jolis Tabatière. Le Noir en a été l'archite&e. Abbaye Royale de Saint-G er main dei Prés. La Nef, le Chceur & les Chapelles - de cette Eglife föntornés de grands Tableaux, que les connoifiéurs ne parcourent point fans plaihr. Les pinceaux de Halli; de Ca^es; de Reftout; de Marfy; de Schuit, de leClerq; de le Moyne; van Loo;Jaurat;Natoire; Pierre, &c. s'y préfentent fouvent avec fuccès. II faut fe faire montrer dans cette maifon le favant Efcalier qui communiqué du Dortoir a 1'Eglife; la Sacriftie, &de préférence la BibliothÈque (1'une des plus confidérables entre toutes celles appartenantes a eet Ordre) a laquelle eft joint un Cabinet d'Antiquités, & un Médailler infiniment eftimés. Fontaine de Grenelle. Ce monument eft bien dans fon genre ; il laifié peu de chofes a defirer : le delléin & 1'exécution appartiennent a Bouchardon, qui y mit la dernière' main en 1739. II ne falloit rien moins que Ie génie de eet excellent artifte, pour tirer d'un femblable emplacement, un auffi agréable, un auifi heureux parti. La Ville de Paris perfonnifiée eft aftife fur une Proue de Vaiflèau fous le périftyle d'un Temple qui lui femble être dédié, & qui fait avant-corps fur la rnaflé générale de cette  en France. ló3 :compofition : a fes pieds font jfleuve de la Sünt & la nyiere de Ma,< ne. MonnoyM. Ces trois figures W «to « * iouchêes d'une mamère plus fpintueue que 'grande Sur les ailes font quatre Niches orAc. fieures repréfentant les Genies des quatre Saifons (*). cet 4 tföteZ des Mo/intues. Le caiaftei ! de cet édifice. porte FempreniLc uu • - San en eft fage, & l'on remarque dans KcoÜp de mo^eaux de décoranon, un o-raif tres-eieearn. v*. tu . _„i> g S/ 2 On P^t jeter en paf- fant un coup d'ceil fur ce batiment conftiuit enXto les defleins de Lam Leve** • ks connoiffeurs s'y airêteront peu Le MauCoUe du cardinal Matann qui fait partie^cie {a décoration de 1'Eglife, a eteregwgjgj Coy?evo*:Üeft riche, mais mediociement penfé (*»)■ ,*< On diftineuc le Printemfs, fous Ia figure & quJi foutient un Beker, i £eft ï'dfs qRaifins entre les g^fc«g£ Génie, défignent VJuumtie. La figure de eft accómpagnée du Capricorne. . A Jon prétendque FMtf ^ wi Ta dais li veilige) ^JjgJjSJSS St bleaux fords desmainsde a«^^/»n uB deux Payfages „ ^^dp^ f;rd'architeaure,  i~ó4 No WE AU VÓ TA C, £ *Z^'d^£°^!T11 n'en eft aucun * Pa™ natel- d aul» vafte; celui du Louvre excepté • & Royai ,ie« nous en connoifiöhs peu en Europe qui le te*' furpaflent, quant aux richeflès de décoration, & a 1 intelligence qui caraftérife toutes fes diftnbutions. L'enfemble eft trés - grand tres-beau ; & beaucoup d'objets de detail lont traites d'une manière infiniment fatisfaifante. L homme de gout ne peut guères fe difpenfer de faifir Pinftant qui pourra lui permettre 1'examen de ce fuperbe Palais (*) Hótel Royal des Invalides. La penfée de eet hotel (le premier de ce genre qui ait été conftruit en Europe), caracbérife afiurément bien la magnanimité de Louis XIV. Quelques écrivains plus rigoriftes qu'éclairés, ont blame le fafte (felon eux) trop oftentieux de plufieurs parties de cet édifice ; comme s il falloit regretter que ce grand prince en ordonnant 1'éreétïon de cet établiflement aufli utile que glorieux, fe foit plu a facrifier en meme temps aux arts dont il fut conftamment le protecteur & qui 1'immortalifent » - La Grille d'entrée & 1'Efplanade qui précede le grand batiment, fait un fort bel effet. Ce principal corps de batiment, n'eft vérita- iiimaux, & de Figures dont les Danfes infpirent la gaieté. r (*') II faut voir dans le voiiinage VHótel & Particulicrement le Jardin de M. le maréchal duc de Biron: nous ofons annoncer ce jardin comme 1'un des plus curieux de Paris. Celui de M. Boutin (fitué fur la chauirée d'Antin) mérite également d'être recherché; il eft traité dans le gout Anglois., & l'iraitation eft heureufe  en France. 3 SS iblement point une f^f^^^^^ * cette rorte ( prétendue RoyaleJ), plai.ee InvaUdes> m «entre, eft d'un affez mauvais gout; mais fa maffe totale n'eft point dépourvue de no- f1 NouÏÏ'entrerons dans aucun détail quant aux logemens des Officiers & des Soldat > Rrf que fur les autres diftribution,. ocales Lus ne ferons feulement qu'mdiquei , les ié/eêMres,les Cuifines, V Jpoucanenc M RftiJTiS^ ^t, s'éiévyu ■rentte d'une Croix grecque, qui diftnbue iftx Chapeiies très-richement & noblement iornées. Cette compofition a beaucoup de Souvement, & mérite bien des doges. I* 'lCout)ole a été peinte a frefque par l.a \ fo7 les quatre Evangéliftes qui decorent Spendentifs du Döme, font du meme^maitre. On doit a Jouvenet les douze Apótres i oui occupent un plan plus bas. 4 On voit dans la Chapelle de Saintfr, goire, une fort belle Statue de ce faint, en Le Plan en général (la nouvelle Eglife exceptie), appartient a Buant le jeune. (A Cette Eglife eft un peu forabre; elle eft tailleurs d'un fort bon genre : le maitre-Autel eft très-riche & d'une belle penfée; on lui reproI che un peu trop de lourdeur. Les Plans & E évation de cet edihce, ie t.ou vent chez tous les marchands d'Eftampes, rus Saint-Jacques , &c, G V]  ijC Nouke.au Voyage RoSef !£25» kMolne- Le Bas-rdltf placé IrSet au-defius de cette chapelle eft de /e Gros. Les Peintures font originairement de Michel Corneille; M. Doyen vient récemment de les reparer prefque entièremenr. La Statue de la Vierge placée fur 1'Autel qui lui eft dédié, eft également de marore, & de 1'execution de.M. Pigalk : cette figure eft fort belle. Basreliëf placé fut «forte qui conduit de cette Chapelle dans celle de Saint-Jéröme, eft de van Cleve. Chapelle Saint-Jéróme. La Figure en mar- \ bre de ce faint, a été fculptée par Adam : laitu.Oa la trouve d'une belle correftion de defiem , mais d'une exprefiion fileneieuie & froide. Les Groupes & les Basreliëfs qui enrichiffent cette compofition, font de CouftouVainé; AefEfpingola & de van Cleve. Toutes les Peintures appartien- ' nent a Boullogne 1'ainé. Chapelle Saint-Auguftin. On doit au eifeau de 3VL Pajou, la Statue en marbre de ce Samt Docbeur; elle eft fort belle. Les Peintures font toutes de Boullogne k jeune. Chapelle Sainte-Thérèfe. Sa Figure en marbre, eft de k Moine : elle eft de la plus, I heureufe exprefiion. Chapelle Saint-Ambroife. Slode?, a exéeute en marbre la Statue placée fur 1'lutel Les Peintures font de Boullogne l'ainé . En ,fe P%ant au centre du Döme, on jpurt d un des plus beaux fpeétacles quepuifiè oifnr PArchiteélure. La beauté desproportions, Pelégance des formes, la fupériorité öel executionj tous les genres de richefiès '  t.n France. 15? •nfin, concourent unanimement ici pour Paris: Ecofeérer fur 1'ame des fpecbateurs une féduc- jjgg™ ;ion prefque totale. | La Faeade de cette Eglife du cöté de la campagne, n'eft pas auffi univerfellement ipplaudie ; les malies en font trop fubdiitifées : Quant au Döme, toutes les voix 'e réuniflent pour en faire 1'éloge. II s'éève & pyramide, on ne fauroit plus no:fiement, plus heureufement. Sa décora■ion extérieure eft très-riche, &, peut-être :rop riche: La Lanterne (*), qu'il fuppor1, eft fort agréable: enfin la Pyramide furnontée de la Croix qui termine cette belle compofition, fait le meilleur effet. Ce mo-mment eft digne -des beaux jours d'Athènes & de Rome. Ecole Royale Militaire. En convenant avec les critiques du peu d'har>|tnonie qui règne entre plufieurs parties de le bel Hotel, nous ne craindrons point d'avancer que nul batiment de ce genre, ne Kéunit plus de beautés de détails. La Cour -Royale eft fort belle; elle eft ornée d'une (figure pédeftre en marbre de Louis XV, fexécutée par te Moine: cette figure eft bien, Lais nous ne luicroyons que ce mérite. \ Le Veftibule qui précède le grand EfcaEier eft fort beau: cet efcalier eft également |di«-ne d'éloge. eft décoré des Statuss péïdeftres ( en marbre ) du maréchal de Luxem- (*) On parvient a cette élévation, par un effealier afièz. commode-, & la vue dont on y jouis eft fort riche » & des plus éteudue.  ij8 Nouveau Voyage Jaris: Eco- bourg., parM. Mouchy; de celles duvicomte Kiiiwire S cie Turenne ' Par M- Païoa i du Grand Condé, par le Comte; & du maréchal de Saxe, par M. Dhuei- II faut fe faire montrer la Salie da Confeil, le grand Cabinet, les Réfectoires, &c. La Chapelle, ne doit pas être oubliée, elle eft traitée avec goüt, & ornée de onze Tableaux , entre lefquels on en remarquera. de fort eftimables: nous indiqnons comme reis, celui placé fur 1'Autel, peint par M. Doyen : c'eft une grande machine fagement compofée, & rendue avec beaucoup de feu. Le premier Tableau a droite , eft également fort beau; il eft de M. Vien (*). La Facade de cet hótel qui fe développe du cöté du Champ de Mars (**) , eft du plus bel effet. On ne peut trop faire 1'éloge de ce morceau de décoration ; tout y annonce 1'empreinte du vrai génie. Nous terminerons par cet article nos obfervations pittorefques fur Paris: peurC-tre, malgré nosfoins, avons-nous omis plufieurs objets-dignes d'être recherchés des (*) Notre filenoe fur les neuf autres Tableaux ne fauroit affoiblir leur mérite : mais ici, ainfi que par-tout ailleurs, nous notons de préférence ceux qui nous ont le plus eflentiellement affecté. (**) Ce Champ de Mars pourroit prefque fupportcr le parallèle avec ceux que conftruifircnt en tant d'endroits les Romains : celui-ci forme un quarré long, entouré d'un foifé revêtu. Sa longueur eft de 470 toifes, fur 200 de largeur : ks Terrafies & les Grilles dont il eft orné font na fort bel effet.  laent peu de fits cbiris de Plutus (_ & quei. n raflemble plus que Paris ! ) qui ne réuni Lxe infiniment Techerché (caraétère di fe leurs ameublemens ), le fafte auffi préte su'impofant, d'une nombreufe Bibliothèq jelui d'une riche colleftion de Tableaux [[■oup même jouifientde 1'une &de 1'autre a kous citerons entre les premiers les Cab M. le comte de Vence, celui de M. le ma Uvfr; celui de M. le marquis de Vorige ij?armi les feconds , nous indiquerons 1 Eollec"tion de M. Mondei de Gagny; de 1 lot d"Houteville; de M. de la Borde, de T \on , &c. &c. Mais nous obfervons , qu'i llamment que ces Hotels , ces Cabinet bollections ne font pas toujours d'un a jiile; c'eft que ces mêmes Cabinets ou Lions; n'ayant pas une permanence atfurée Jnie nous en pourrions placer ici, deviendi Litablement inutile. Un Etranger ne fe rem ji Paris , fans être porteur de quelques ree Jiations; & n'en eüt-il d'autre que celle jfianquieT, celle-ci lui fuffira pour être ir Icet égard des portes oü il pourra le plus ft Be le plus utilement frapper.  1G0 Nouveau Voyage Envirensde de Paris; mais en portant la main a la plu-i Paris. mö ? nous avons remarqué que ce projet nous meneroit loin , & qu'il nous feroit inévita-i biement palier les bornes que nous nous fommes prefcrites: nous nous contenterons donc d'endonner ici unefimple indication. «= 1 ^^s=======-.====ë jBrÈv e Indication des principaux Pa* lais, & Chdteaux, Jitués dans les enviA rons de Paris (*). LA MüETTE, Chateau Royal, fitué 1 1'entrée du bois de Boulogne. Les Appartemens y font peu vaftes, mais décorés avec le plus excellent goüt. Le défunt Roi faifoit cul-j tiver, fous fes yeux dans le jardin & les ferres-: chaudes de ce Chateau, nombre d'Arbuftes rares & curieux. BAGATELLE, jolie Retraite appar-f tenante a M. le Comte d'Artois, fituée k 1'autre extrêmité du même bois. La décoration intérieure & les meubles fout d'une élégance enchantereilè. SAINT-CLOÜD , Chateau appartenant, 4 M. le Duc d'Orléans. Pare agréable; Tardins, (*) On trouve chez les frères de Birres, Libraires, le Voyage Pittorefque des environs de Paris* Ce guide eft un peu prolixe; mais il eft a(Te&, exact, & c'eft a-pcu-près ce qu'il y a de mieux»  rnésde beauxMarbres & de§±** I eaux jailliffantes font fort eftirnees ( )• J VER SAlLLES. Tableaux & Plafonds préW beaux Antiques. La grande Galerie>. es Salons, les ^^*f**2*ï Jhapelle ,1a Salie de Specbacle, 1 Oranga , es Ecuries , & le Jardin, ^f^^0' lieués des Chefs-d'oeuvres de 1 art en mar i/erfailles eft, fans contredit, Pune des plu* EKatótatiens Royales de 1'Europe. TRIANON, fitné dans le Pare de Vetrailles, a Pune des extrêimtes du grand Oanal. La diftribution des Appartemens & leut décoration, font extrêmement rechercl«es. Beaux Tableaux ; beaux Plafonds , beau* tëtucs •, beaux Meubles, &c. (**) SAINT-HUBERT, Maifon de Chaffe, Joue le défunt Roi affecbionnoit particube- Kent Ses »^\Ï^J£g£l qui ne fe voyen^que lajjohs moiceaux I de Sculpture, &c. (*»») La magnifique ManufaUurl Royale de Pór* ï celaine de Sè,-e eft dans le voifinage : c'eft une bien I agréable curiofité a voir. 1 %**) La Menagerie. On y voit maintenant J peu d'animaux abfolument rares ; cependant on Jourroit regretter de ne point voir ecu,. qu. ref, tent • ce n'eft d'ailleurs qu'une promenade. jl.es Appartemens du petit Chateau , mentent d tere vus : toute cette fabrique eft uue jolie rmmature, r***) Saint-Germain sa Lnys; ancienne  /6a Nouveau Vota ge E,!Vir,n, de MARLY (*), trés - beau Chateau , & < I qui a repris faveur fous le nouveau règne. f Les petits Appartemens; les Jardins richement ornés, & fur-tout les magnifiques Eaux lï qui y jailliflent & coulent de toute part... .ff ont beaucoup de droits fur la curiofité des f amateurs. « MEUDON, ancienne Réfidence Royale. I Belle iituation; joli Pare: le Chateau neuf^ ï n'eft pas fans mérite : Celui-ci & Pancien fe f reflentent de 1'abandon dans lequel ils font I laifiés. M BELLE-VUE. Ce Chateau eft fort heureu-» fement fitué, & trés-beau. Les Peintures, lafl Sculpture qui le décorent, font du plus beau h choix : tout y caraftérife 1'excellent gout del feu la marquife de Pompadour , qui Pa fait* élever. Mefdames (tantes du Roi) 1'habitent ■ Jes deux tiers de Pannée. Habitation Royale. La fuperbe Terrafle qui horde le Chateau, & d'qü .'on jouit de la plus belle 1 vue poffible, eft le feul dftjet qui peut y appeler I les curieux. WÊ (*) La Machine, ronftruite par Renkln. \ Eiegeois, au moyen de laquelle un volume im- 1 menfe d'eau ne ceffe d'être tranfporté de la Seint & Verfailles , mérite une particuliere attention | fsans^ doute que l'on opéreroit aujourd'hui pour Je meme but, moins difpendieufement & plus firn- 1 plement: mais 1'idée n'en eft ni moins grande ni I moins hardie ; & fon exécution offrira toujours I lempreinte de grandeur & de magnificence, qui fl iorme le caractére définitif des entreprifes formées I fous le regne de Louis XiV.  EN F HA N CE. ' CHOISY. Ce Chateau eft peu vafte, mal- En^m de é plufieurs augmentations qui y ont ete • fcceffivementfaites: c'eft 1'une des Refidenk Royales, la plus ornée apres Verfailles. MOUSSEAUX: Retraite charmante, apsrtenante a M, le duc de Chartres. Le Cha«u eft peu confidérable, mais diftnbue, )iné & meublé avec une intelligente oc un Et exquis. Le Ja^in, ou plutót lel are, I traité dans le goüt Anglois: il eft difficile Inaeinet une diftribution plus agréable, «is pittorefque, plus riche, plus vanee. Ce rdin (le feul de ce genre en France qui ,it traité auffi en grand ) eft veritablement Le des plus intéreffantes curiofites qui emlïlliffent les environs de Paris. ; LA route de Paris a Orléans eft. une lus belles & des mieux entretenues /(r0t övaume; elle traverfe une campagne tres- ,éans> iche, agréablement variée, & ornee d'un Tours ,A* frrnbre confidérable de Chateaux & de Maions de campagne CO- 1 ORLÉANS, Ville célèbre dans les falies (*■-) Lapetite rivière de Julne, fur laquelle fcftVuée Eflampes (petite Ville que la route ft. - averfer, eft fameufe pour les bonnes Ecrevtja Cl'onypêehe :les amateurs ne manquent poine K!'LberSrde la , 1 OrW* ,eft lübonne.  bn Francs. '7J mpelé Bois Launay : i^P^P^^rmet& 7/f rhanelW) a 1'honnêtete d en permet Ie We ony trouve despofitions charé .3blLeCommerce de Na^^^ Kdq«s Rubaneries & Meteen*: qui y Ibriquent, ou dans fes environs. La Mes Nè-res s'y foutient avec aflez d aftivitf, fon CommerL avec les Colomes ,peritous ïi defSs de 250 tonneaux, ne peuvent Iv^r avec toutf leur charge jufqu'a Names; S font obligés de s'alléger a Paymkoeuf,& i'v aller également achever leur cnargement. ia SaÏÏe de Speclacle, n'eft point belle , I-tres en^opofent dejiou/eau^ ^ ^ ^ öïLar« frent i ment fur .1 ali^ne™ s'emparant du pe-  tyff Novvéau Vota au Kantes,.qui règnenta Nantes, fait que le SpecT;eltf y eft fort fréquenté, & ordinairement bierf compofe : en général la fociété y eft trés- ' agréable, & du meilleur ton. Le'fexe y eft i1 communément joli : enfin, nous croyoniP Nantes (*)(?. une infinité d'égards) un fort \ aimable féjour. ijl °n ne fauroit tr°P faire Péloge d'un Et ai bhjjement imaginé & exécuté par une fociété I de Négocians de cette ville. Plufieurs fe font i Teunis, & au moyen ( d'abord ) d'un premier fonds, & d'une cottifation annuelle & i iixee, ils fe font compofé un fonds de Bibliotheque choifie , dont la maffe s'augmenta l fenfiblement tous les jours. Ils y raffemblent' les papiers Publics, & autres Ouvragespériodiques les plus eftimés. Tout annonce dans. I cette fociété une aménité & une aifance peu communes. Le jeu , les rafraichifiémens, & I tous amufemens autres que la ledture & la converfation , en font fcrupuleufement banBis. Ce premier Cabinet de Le&ure, a donné I aaiflance a plufieurs autres formés fur fon $ plan , & d'après fes mémes ftatuts. ( ) C eft dans cette ville que la mémoire de Iimmortel Henri IV eft le plus conftamment véBcree. Pcrfonne n'ignore que c'eft ici qu'il promulgua , en 1598 , YEdit tn faveur des CahiJdes, pour leur permettre le libre exercice de leur rel iJgion : Edit, iafimment fage, & qu'une dévotion mal entendue fit révoquer par Louis XIV en 1605. Les plaies que cette blefiure a faites au Toyaumc font encore faignant.es; elles as fe ci. catriferont jamais, 4  ejv Fn-siNCZ. '77 Le chemin de Nantes a f,annes, étoit, ilnrfaue nous y pafsames , dans un etat creBref ^r :déïerte, trifte & pauvre : on n appeicoit ^uTllndes & Bruyères auffi lom que la vue :peut s'étendre. * Le Paffage de la Vilaine, d la Rd-frflfcr** ■chtJnnivdreJldéfagréable & quelquefois™™Wng™u£ü LceffJde la part des Foya- «. ïeurs Vattention de calculer le temps neceffairepour y arriver d fheure de la marée pleine i paree qu'd baffes eaux , le bac ne ffauroit approcher d'affei pres des deux bords Lour y embarquer & débarquer les voituWes, & qtfalors il y a du danger, fur-tout "Ct elles fout fortement ckargées. On a des exemples récens, oü des voitures ont couli § fond : les bas fonds & les rockers a fleur \d'eau qui règnent fur 1'une & Vautre nve* W& verslefquels porte avec force le courant, Wendent ce paffage ajfei inquiétant. \ Les Montagnes qui bordent ici les deux irivesr font d'une extréme roldeur : il ejt I furprenant que l'on ne cherche point a les \ adoucir : ce travail feroit honneur a la \ Province. . Nous confeillons d ceux qui feront cette route, departir d'affei' bonne hmre deNani tts, pour venir coucher d Vannes : Muail- lac f n>ayant qu'une mauvaife Auberge. TAN NES, petite ville agréablement  p8 Nouveau ronsE ÏSfe fi^ée» & dont le commerce paroit être fi». ro«-Lo«ls.nffant> Le Port eft peu de cPofe? «je «j ne peut recevoir que des Navires de foixante a quatre-vingt tonneaux; mais c'eft toujours un débouché utile. L'Evêché eft fort bien bati. La Gar enne eft une fort jolie Promenade, pratiquée le long des anciens remparts. La route qui part d'ici pour 1'Orient, n eft guères mieux foignée que celle que nous venons de tenir; elle ne devient meilleure, qu'aux approches de 1'Orient. L'ORIENT. Cette Ville eft devenue bien peu de chofe, depuis la défection de la Compagnie des Indes : il s'y fait cependant en- ■ core un peu de Commerce. Les Bdtimens & ; les Magafins de la défunte Compagnie, dépofent en faveur du grand commerce qu'elle ; a dü, ou pu faire : Partie de ces batimens j tombent en ruine. Les Chantiers font beaux, & tout ce qui a rapport a la conftrtiction des Vaifiéaux, s'y trouve diftribué dans le meilleur ordre poffible. Le Port eft peu vafte ; il refte prefque a fee d'une marée a 1'au- : tre; on le dit für: il paroit que le Gouvernement en fait aflez peu decas. PORT-LOUIS. Ce fort eft bien fitué, & d une bonne défenfe : les Fortifications nous ont paru mal entretenues : L'Artillerie y eft belle & nombreufe.. Avis ntiie. L'Auberge fituée fur la Place au Port-.' 1 n t" Vaft£ &ProPrePKnt meublée ; on y eft bien. Nousconleillons aux Voyageurs qui  Tuivront notre meme route, de fe faire con-Breft. Mre direUement au Port-Louis; ih ente- ant d VOHent VAuberge de VEpee Royale , Vnle mauvaiCe & très-chère. alLa ZuJjie qui mine de VOrient a Rnfl. >lï un peu mieux tenue , que la prece fente ; le pays eft aujft plus vivant, mieux CUB?EST, eft non-feulement le plus maLffiquPort de France, mais, a bien des S i'un des plus vaftes & des plus beaux IflSu ope li la nature a prefque tout feit elle - même : a Roehefort, au Portft*,: au Havre , a Dunkerque, &c. il a Ëlu ^trS Vrnenfes, pour vaincre Se oPpoütions accidentelies, ou pour ai£• Seufes circonftances locale»; & le Jfuccès n'a pas été égal par-tout. ï L'entrée de la Baye, au fond de laquelle it-Rreft eft fituée, eft fortement defendue; a 5 ofte , par un Chateau, dont les ouvrage. font p'our la plupart taillés dans le= roe^ gauche, par plufieurs Foruns & I baffes, du plus meurtner effe, Cette entiee L Pavantage d'être peu large, mais pioJfnnd- & 1'encrage par-tout ce vafte batfin eft excellent : les plus gros vaifieaux 'J v font toujours a flot. Breft, vue de cette J Ltrée, fe développe agréablement: Sa po■ gSn AmphithéaWe, la faitparortxe beaui coup Plus confidérable qu'elle n eft en et f« - & les ouvrages des fortifications qui la , Smfnen , enJ-mêlés de jardins & de joUs petits Pavillons de plaifance, próduifent un coup d'wü des plus intereifans: auffi a! 1* vj  iSo Nouveau Voyage ***m*X%ém au célèbre Varrut, le fojêtdJ de fes plus beaux tableaux. La Ville , proprement dite, eft peu confiderable : elle doit inconteftablement tout le luftre dont elle jouit aux travaux royaux qui y emretiennent un trés-grand mouvement, & qui y verfent néceffairement un lort numeraire. Le Commerce intrinfèque qm s'y fait eft peu de chofe. Le Pare & les Chantiers de Conftruétion ; la Cordene; la Voilerie;- les Magafins d'approvifionnemens; les Forges ; la Fonderie;les Arfenaux; le Bagne a 1'ufage des For£at.s; ^sACaze™es; le Pavillon d'étude, & le Depot des Plans; la Chapelle Royale £ ; InTuh----- T°Ut enfin « qui conititue un etabhflement de cette importance, s'y trouve difpofe de la manière la plusheureuie , quoique dans un. terrein aflez reflerré eependant des connoifieurs préfèrent la diftribution qui règne a Toukn, v H fitittP^ dG Bl"^ft a S^nt-Malo, peut; Breit 4 être affimilee avec les précédentes: on ren- retour 4s J contre eependant fur celle-ci plus de mou^ Rennes , cement& les campagnes valent mieux. SAINT-MALD. Cette Ville eft affife ftr un rocher naturellement environné de la mer ; elle. eft jointe a la. terre ferme vers \ ir palVJne Chauffie ^ue 1'onnemme le ZdlLQti „ d une conftrurftion dont on ne fauïOit trop admixer la folidité. On fait le tour  sn France. i8ï e l'enceinte de Saint-Malo, en moins de Safflt-Mal* marante minutes; & cette efpèce de remKit y tient lieu de promenade , qu'un terjein fi refl'erré ne peut guères offrir. Queljues parties de la ville font décorées par .'affez beaux Batimens: mais en général les lues y font extrêmement étroites & mal■ropres: la plupart des Maifons font confruites en bois.' On engage les Etrangers k i'oir VEglife Cathédrale , & celle des BénéWins: pauvres curiofités LOn voit pourtanc ilans la feconde, fur le maitre-Autel, une jrès-bonne copie de la célèbre Defcente de dbroix, par Rubensree dernier vaifleau eft ïuffi plus vafte, plus. éclairé , & décore de meilleur gout.. • ' | Le Chateau feroit d'une mediocre delenjfe , fans les trois. Forts qui le foutiennent. Celui d'yJiguillon ,.nouvellement conftruitr lift le mieux. fitué. Au refte la nature da iterrein donne a ce port fa plus grande füreïé : 1'abord en eft très-difficile, par fes basrfbnds & fes rochers a fleur d'eau. Les vaifiaux reftent a fee dans le port d'une maïée a 1'autre, fur un fond de fable tres-finifcans les grandes Marées de Mars& de SepJsémbre, la Mer s'élève (dit-on) alors a pres; Me quatre-vmgt pieds.. fl Le Commerce de Saint-Malo a beaucoup. Iperdu de fa première fplendeur: on attnJbue cette- décadence fenlihk a la psrte du ÈCanada, a une plus grande extention dans, lies expéditionS des Ports de Nantes f de Ia. (koebelle-, & fur-tout de Bordeaux, & enieore a quelques autres caufes.iocale&& parti-  ffls N o-uvla u" Voyage «i Rennes. culières : la plus connue, eft celle qui naJt 8 du dégout que prennent naturellement les » Négocians aifés pour un féjour auffi peu tc agréable, qu'ils s'empreffent de quitter pour v fe tranfporter ailleurs, dés que leur fortune ii peut le leur permettre. Cette ville néan* i moins renferme encore de fort gros Capita- a liftes. La réputation des Armateurs Malouins ffi n'eft point équivoque. C'eft la patrie du cé- p lèbre du Guétrmin, & de Jacques Cartier; fe qui, en 1534 , fit la découverte du Canada, e: Avis utile. *** Arrivé d Lamballe, deux chemint lt conduifentd Saint-Malo; 1'un par Jugon,Di- L nant & Chateau-Neuf: 1'autre par Mignon .1 & Dinant, oü il refte un très-petit filet dt i mer d traverfer pour fe rendre d SaintM i Malo. Ce dernier chemin eft plus court non- :i feulement de deux poftes , mais encore ijl m évite le paffage de la ville de Dinant, que \ï l'on eft obligé de monter & de defcendre par jo un chemin trés-mal pavé, abymé, d'ornières ie & d'une roidmr extreme. Cette traverfee dim e Dinant eft fréquemment l'écueil des meiUm i leur es & des plus folides voitures. Quant au I ] paffage de mer d Dinant, il eft très-court;-W,i U fe réduit même prefque d rien, d marée M bajfe; & rien n'eft plus aifé que de s'y rendre WL afheure laplus favorable. L'on mefure trè^-W diftinclement de 1'ceil; cette petite fiacque ft; d'eau, du haut des murs de Saint-Malo, qui l n'en eft féparé que d'une forte portee de- %. canon. RENNES. Les approches, & 1'anciennr 1 ville elle-même, n'ofïïent rien que de trés-, Jl  i$4 Nouveau Voyage Saintes. pu yêtre pratiqués, & recevoir a-peu-près neuf mille fpeftateurs. Tout cet édifice eft conftruit par lits de briquës très-larges, al-, ternés avec des affifes de pierres de petit équarriffage : le tout lié enfemble par un ciment d'une dureté admirable (*). En avant de ce terrein, & joignant les premières Maifons du Faubourg , on remarque de droite & de gauche, diverfes Ruines, dont le plan paroit tracer un quarré long: une ancienne tradition confervée a Saintes, veut que e'ait été un Champ de Mars. En examinant extérieurement les remparts, on voit qu'une partie des murs qui les foutiennent, eft formée de différentes ruines, amoncelées a fee, & avec même affez peu d'ordre.. On y diftingue nombre de tron- $ cons de Colonnes; desBafes; des Chapiteaux encore entiers; des portions de Corniches, de Frontons, &c. Ces Colonnes avoient aufl moins quatre pieds & demi de diamètre; & j ce que l'on appereoit des bafes, des Cha-jB piteaux & des fragmens de Corniches, in- f dique 1'ordre Corynthien. L'on a des preu- f ves que toutes ces ruines proviennent de la I (?) En examinant mie Fontaine, fituée aquel- 1 ques toifes en avant de 1'Amphithéatre, nous avons I foupconné qu'elle a pu fervir originairement de m Éains publlcs; elle eft aflurément bien pauvre au- 1 jourd'hui; mais d'affez gros matonages qui 1'en. ■ .tourent, ont dü néceffairement lui appartenir dans ces temps reculés. L'eau étoit amenée k ces bains, par un Aquedüc dont on peut fuivre encore le* -S traces le long du penchant de la monlagne qui | forme le cóté droit de ce valion.  en France. i$S ieftruclion d'un Temple dédié au Soleil, & Sainte*. lont les anciens hiftoriens parient avec le dus grand éloge (*). . Lorfque l'on partira de baintes avec Avis utile. e deljein de s'embarquer d Blaye pour fe rendre d Bordeaux, il faudra fe mettre en route d'alfez bonne heure, pour arriver d 'Slaye d'la marée montante, d moins que 'e vent ne foit abfolument favorable. Ce paffase au rtfte ne plairapoint d tous les Viya\*eurs. Les petites Chaloupes qui fervent * %et ufage, font peu propres d donner une •ertaine ajfurance; elles ont fi peu de longueur , que Ion eft néceffné de féparer Vagant-train de la voiture, quiglneroit la maInoeuvre : opêration défagréable & qui n'acïcommode )amais un équipage. D'ailleurs [arrivé d Bordeaux, il fout faire chercher (*") Lorfque nous pafsames a Saintcs, un nombre aflez confidérable d'Ouvriers étoient employé» i foTmer une nouvelle Route, dont on fe promettoit fur les lieux les plus grands avantages. Dans les fouilles que ce travail néceffitoit, nous remarquames nombTe de débris que nous regrettames de voir ainfi abandonnés. Nous y obfervames nommément une jolie petite Colonne de pierre , d u» grain extraordinairement fin : la bafey étoit joir.- tê & fupéricurement bien pTofiléc Les ou- vriers nous dirent qu'ils ne ceflbient de rencontrer de ces fortes de débris, plus ou moins entiers, maïs qu'ils n'avoient point d'ordre de les tner: II eft (peut-être) trifte pour les arts, qu il ne fe rencontre point a Saintes , quelques curieux qui fuivent ces découvertes : il eft probable qu U s'en trouveroit de fatisfai&ntes. I Ü  igG Nouveau Voyage t:aye. des chevaux dans la ville pour fe rendre d fa dejlination, & c'eft une pene de temps fouvent conftdérable: Ajoute^ , que pourfouunir l'établijfement de la Pofte aux chevaux dBlaye (*), le maitre de cette Pofte eft autorifé dpercevoir trois Livres par chaque perfonne qui arrivé jufqu'd Blaye en pofte (d cheval ou en voiture) & qui quitte la Pofte pour remonter la Garonne. Néanmoins , nous prévenons que le chemin de Blaye jufqu'd Cubac étoit, lorfque nous y pajjames, dans un état de dilabrement qui nepeutfeconcevoir; & quelepaffage que l'on fait ici de la Dordogne , s'cjfecï'uc au moyen de pareilles petites Chaloupes que celles qui fervent d la traverftie de Blaye d Bordeaux. A partir de Cubac, le chemin eft excellent; les campagnes qu'il traverfe, font riches & vivantes : il amène enfin fur la rive de la Garonne oppofée d la Ville, & ce dernier pajfage fe fait avec d'autant plus de plaiftr, que Bordeaux, vue de ce point, préfente un des plus beaux fpecfacles de 1'Europe. (*) BLAYE, petite Ville affez agréable , fituée a fept lieues au nord de Bordeaux: on y remarque une Citadelle conftruite fur un rocher fort élevé , & qui paroit d'une bonne défenfe. La Gironde a ( dit-on ) ici, prés de neuf cents toifes de largeur. On a bati en 1689, un Fort nommé le tdti, fur une ifle diftante de Blaye de fept cents toifes : un autre Fort défend la rive gauche (dite) Ap Mtdnr. T.'nn vrvir Hans l'FVlife de Saint-Au- guftin , le Tombeau de Cherebert, roi de France, mort a Blaye 1'an 570 ; ce monument eft une pauvre curiofité.  eiv France. i£>7 BORDEAUX (*), trés-grande & trés-Borden, , belle Ville,fort peuplée,& 1'une despluscomunercantes du Royaume. Tout y caraftcnfe [fon aifance, fes reffources ,& le bon gout . de fes Chefs. Le Port & les Quais font d une létendue immenfe ; ils embraflent toute: la , portion de cercle que la Garonne (**) decnc 1 depuis les Chantiers de conftrudion, 3 ufques i & au dela des dernières Maifons du fuperbe ■ Faubourg appelé leChartrort. Les Batimens : que tracé ce demi-eerde, font pour la plu- ■ mrt recemment conftruits & d'un bon genre. La Porte du Chapeau rouge, pêche Par un peu trop de lourdeur; mais c'eft toujours : une belle Entrée de Ville : Les Portes de 1 Bourgogne & Dauphine, ont le meme de: faut- celles traitées en fer, ont beaucoup , de mérite. L'uniformité des Maifons qui I C*) A la Cour des Princes — Au Marêchal de I -RUhelUu; deux fort bonnes Auberges. On trouve auffi quelques Penfions Bourgeoifes an l faubourg des Chartrons; beaux Logemens; bonne I Table Nous indiquons de préférence la veuve Rites chez laquelle nous fümes bien : fa mailon I eft parfaitement bien fituée j ony jouit d'une vue i dèlicieufe. (**■) L'on donne k la Garonne , 350 toifes de krecur , vis-a-vis le Chdteau Trompette, & 400 toiI fes, vis-è-vis le Chartron. Les trois Forts qui J défendent & commandent la ville, font; le Chateau Trompette & celui de Ha , conftruits en 1461, par les ordres dê Charles VIL Le Fort Satnt\ imis a été élevé en 1676. Ce dender eft le plus avantageufement fitué. Ces trois Forts enve oppent la ville , la contiennent & peuvent la défendre i en meme temps. .. I uj  l$8 NöUFEAU VorAGS Bordeaux, bordent le Port, jufqu'a la Place Royale, plait au premier coup d'ceil: l'effet que donnent ces maffes, eft fort beau. La Place Royale eft trop peu vafte, & xnanque d'iffue; 1'ordonnance des Batimens qui la décore eft d'un mérite médiocre. La Statue équeftre de Louis XV (traitée en bronze) gagne toujours a Pexamen; tou» les détails en font beaux. La Bourfe eft jolie, mais trop petite. L'Efcalier qui conduit a la Chambre Confulaire (*), eft fort beau, mais le plafond eft mauvais : cette chambre & le Cabinet de Confultation, forment deux belles pièces, décorées avec goüt; même avec magnificence. II s'élevoit dans le voifmage de la Bourfe (lorfque nous pafsames a Bordeaux) une Salie de Spe&acle. Ce batiment, déja fort avancé, s'annoncoit avec beaucoup de nobleffe & de grandeur ; & jufqu'a préfent, il n'exifte aucun édifice de ce genre en France, qui puifle lui être comparé. II a de plus encore (fur eux tous) 1'avantage de la polition : on peut, fans outrer 1'éloge a cet égard, affurer que cette dernière eft unique. Nous croyons eependant qu'il feroit a defirer , que l'on eüt donné plus de largeur a la galerie extérieure du rez de chauffée. Le Jardin public eft vafte & d'une heureufe diftribution : il y manque de Peau; c'eft dommage. Les Allies. de Tourny , offrent (*) C'eft du Balcon de cette chambre, que l'on dccouvre le mieux toute la beauté du Port: la richcfie de ce point de vue ne fe peut rendr».  sjv Francs. 2// rap de morceaux de Sculpture, qui don- Narbon»*, tent la plus haute idée du monument (ou Kót des monumens) auxquels ces fragiiens appattenoient, & que le laps de jfmps, ou des viciifitudes malheureufes, i'ont pu faire arriver dans leur entier juflu'a nous. Nous y avons obfervé de fupersjés débris d'entablement & de corniches fusférieurement profilés; des Chapiteaux de Pi- iftres d'ordre Corynthien encore entiers; ifuelques portions de Frifes d'une richefie Jeu commune, & une infinité de Bas-reliefs Kiien confervés. r4 Nous indiquons de préférence une Figure SrHarpocrate , de la plus jolie intention ; le Jras droit eft plié avec grace , & fes doigts de pofent bien fur la bouche ; fon air de slête féduit, & les draperies font parfaitettlnent bien traitées: Phaëton, conduifant le ifthar du Soleil, autre très-joli Bas-relief, ilnais moins bien confervé que le précédent, !ikc. &c. Les Pieds droits de la Porte de Ville, par laquelle on fort pour fe rendre a Be\Mers, font formés de divers débris également akntiques, & tout auffi intéreffans (*). . „** Arrivé a Niiïan (dernière ftation de obferva- ■ Mézéray, vol. I, liv. I, pag. 107 édition de Holl. 1755. ■ (*) Les Infcriptions font innombrables , mais cla plupart mutilées; on en rencontre quelquesmnes d'entières; mais les mieux confervées ne font jque des Epitaphes, qui n'apprennent rien d'mts^reifant.  èji France. 2/3 ön connoiffe; après toutefois, celui de Mompéfc larc-Auvik, que l'on admire a Rome. licrOn a élevé a Pextrêmité de cette Place, ■n oppoiition de 1'arc-de-triomphe) , une >rte de Belvédère, que l'on nomme fur les eux k Chateau d'eau; il eft d'une jolie forme ; d'une exécution féduifante : tout y eft llffi foigné, aulli recherché, auffi fini, que Eft une Tabatière de prix ; mais fon genre \l peu analogue au fujet qu'il remplit; qui tmandoit du rocailleux , des congellaLons, &c. D'ailleurs fes angles maffifs font srdre autant de points de vues, qu'il etoit nportant de conferver. II eft fenfible qu une jtonde formée de Colonnes ifolées, eut neux rempli le doublé objet, qui femble voir préfidé a 1'éreébion de ce Pavillon-ci: lors 1'ceil percant a travers des entre-colones, auroit joui du découvert que l'on eft fn>é de perdre. On réproche encore la lour,eur du couronnement de ce petit édifice; il ft vrai qu'il n'eft point heureux. Nous ofons .roire qu'un Obélifque bien traité, eüt terhiné plus fatisfaifamment cette partie de la »lace;le Piédeftal qui Peut fupporte, pouroit être difpofé de manière a rendre les lancemens,les nappes & fuites d'eau (*), Li partent du focle de ce petit Temple, fans beaucoup de convenance & d'a propos. ,— ~ (*> L'on ne doit point oublier de remarquer He bel Aqueduc qui amène (d'envircn trois lieues fiin) 1'eau qui décore cette charmante Place; L& d'oü elle fe porte enfuite danfl divers quarLiers de la 'Ville.  en France. zij cles & du Concert, s'annonce bien ;le Pé- Cette. I riftyle du rez de chauflëe, fait un fort bon Seffet: La première de ces Salles eft d'une igrandeur & d'une décoration qui plait: celle ü du Concert a beaucoup de mérite. L'EcoJe %de Chirurgie pour la Démonftration (corifitruite & fondée par feu la. Peyronié), eft :une rotonde , imitée del'ancienne Ecole de iSaint-Cofme a Paris: On ne pouvoit gneis res choifir pour Pérection de celle-ci un plus apauvre modèle ; d'ailleurs ce batiment eft ■ placé dans un terrein ridiculement reflerré:' :JLe Public y perd peu. CETTE, ou PORT SAINT - LOUIS, ïx™rfi0." , „ . au Fort ae li fur la Mediterranee. Queique peu important Cctte. ,'lque paroit être ce Port au premier coup id'ceil, les curieux ne regretteront point la » sj-peine qu'ils prendront pour s'y rendre : I le chemin qui y amène de Montpellier , j traverfe une Campagne des plus agréables (*). J Ce port fe bonifie , & s'accrédite de plus en II plus: on y a conftruit depuis quelques années li nombre de beaux & vaftes Magafins; & la ij' ville a également acquis plus d'étendue , de |l population, & une aifance fenfible. Le Pont di qui traverfe une aifez longue Flaque d'eau , li & la Digue fur laquelle on arrivé a Cette , I forment deux très-beaux ouvrages. C'eft prés ' (*) La fituation de Cette , ofFre un coup d'ceil infiniiTient piquant; on oferoit prefque dire, qu'il eft unique : auffi a-t'il fourni au célèbre Vernet, un bien delicieus Tableau! L'on en trouve partout les Eftampes. Tome I. K  tiS Nouveau Voyage n«m. de la tête de ce Pont, que commenee, ou fe débouche le Canal Royal. Le Chdteau qui commande & protégé le Port, eft conftruit & taillé en partie dans le roe; fa défenfe plonge un peu trop. Les deüx.Fortins fitués a Pentrée de la Rade, font heureufement placés; mais, peut-être , tropadécouvert: rien ne les foutient. II y a un Cap peu éloigné qui leur feroit du mal, & dont 1'abord n'a rien de difficile : on ne devine poiut pourquoi ce pofte eft négligé. Route it NISMES (*). Son origine, (dit Pauteut' Montpei- de PHiftoire de cette Ville) fe perd dans la ii«,cMar- nuit des temps : Tout dépofe véritablement Nimèsf&r en faveur de fa haute antiquité ; & les chefsAfc. d'ceuvres de tant de fiècles écoulés qu'elle renferme encore dans fon fein, font destitres d'une authenticité biendigne de notre vénération La Ville proprement dite , eft trifte, inanimée, mal bitie ; mais les Faubourgs & les nouveaux Quartiers qui s'y conftruifent fucceffivement, réuniflent tous les avantages du goüt moderne. L'Efplanade , formera ( avec le temps) une fort belle Place : mais quelque foyent les édificesdont Nimes pourra s'embellir par la fuite, aucuns n'égaleront jamais fon Amphithéatre , & fur-tout la fuperbe Maifon Carrée , chef-d'ceuvre de Part & du vrai goüt. Amphithéatre. Ce qui refte de ce monu- - (f). Au Petit-Louvre, boinic Auberge, vafte, „ bien fituée, beaux Lugemens.  en France. a.19 igment, fuffit pour en donner une fort belle Nimes. i| idée : c'eft un des premiers Edifices de ce 33 genre qui exiftent dans le monde. La folidité 9! de fa conftruétion étonne! II eft encore dans lil bien des endroits auffi frais, auffi bien conisl fervé , que s'il fortoit des mains des artiftes ui qui ont eu la gloire de 1'élever : le laps de ■A tant de fiècles, les incendies & les fiéges qu'il I a efliiyés & foutenus, dans les guerres & les èj dévaftations qui fuivirent la deftru&ion de M PEmpise Romain, lui ont imprimé une forte a couleur noire, qui le dépare au premier coup 1 d'oeil, mais qui ne peut lui ötera 1'examen du. A connoiffeur , la beauté de fes proportions , ■ fa nobleffe , & le goüt fupérieur qui caracté1 rife tous fes détails. On a calculé qu'il pouM voit contenir environ dix-huit mille Specm tateurs. Son ellipfe dans fon grand axe, a 1 foixante-trois toifes de long; fon petit diaImètre eft de quarante-fept toifes, & fon 1 pourtour de cent quatre-vingt-dix. II y régInoittrente-deux rangs de Siéges: on en peut I compter encore bien diftincbement feize d'un 1 fens & onze de 1'autre: Ces Siéges étoient Irevêtus de marbre. Sa hauteur extérieure 1 eft de foixante-quatre pieds. IQuatre grands Portiques & huit vaftes Efcaliers, facilitoient 1'entrée , le placement , & la fortie de cette multitude de fpectateurs. Deux étages de Galeries (non compris celle du rez-de-chauflee) , pratiquées dans les maffifs de 1'édifke, perfeclionnoient cette diftribution (*). (*) La baibarie des temps, & 1'igiiorance K ij  EN FllANCE. ZZl d'une virilité qui en impofe; 1'ordre Tofcan Nimes. caraétérife Pétage de defïiis : l'on compte foixante Arcades qui fe répètent 1'une fur fur 1'autre. Prés des sirenes, que nous venons de parcourir , au coin d'une des Rues qui y aboutiffent, on trouve engagée dansle mur une Statue d'une Femme nue de grandeur naturelle , a laquelle 1'artifte a donné quatre Cuiffes, quatre Jambes; mais un feul Corps, futmonté par une Tête d'homme, & d'homme très-laid : c'eft un ouvrage médiocre (*). Plus loin (prés del'Hötel-de-ville), on voit i une Figure, vulgairement appelée le Sauteur: elle eft dehauteur ordinaire ;il eft repréfente un bonnet a la main (**) j fon mouvement eft excellent. Affez prés d'ici, Pencoignure d'une Maifon eft décorée d'un Buftede l'Empereur Néron, bien confervé; & dans le cóte latéral de cette même maifon , on remarque-un petit Bas-relief foit agréable repre- (*") II s'eft forraé diveTfes opinions fur cette Statue; nous adoptons celle qui fuit, fans en garantir néanmoins 1'intégrité. „ On prétend qu'elles étoient faites pour flétrir ces hommes laches " & efféminés qui fe rendoient fans combattre a " un ennemi viéborieux, & qu'elles étoient ainfi placées dans les voies publiques, pour leur ïuf, piTer de la honte, & donner aux jeunes Ro=" mains de 1'émulation pour la gloiie. (-* «•) Cette marqué d'honneur ne leur étoit accoTdée, que lorfqu'ils s'étoient eifentiellemcnt diftingués dans leurs exercices : ils perdoient le droit de la porter, dès qu'ils ceiToient de don-* ner des preuves de leur fupériorité. ^ K iij  i22 Nouveau Voyage Nimes. fentant Penate , ainfi qu'un petit Bacchus fort joliment touché : plus loin fe voit un Aigle , a ailes déployées de la plus grande beauté; il y manque la tête; c'eft un trésgrand dommage (*). Tous les morceaux de Sculpttire Antique que nous venons d'indiquer, font traités en marbre. L'on montre dans 1'Hötd-de-vilh ( & c'eft la feule chofe qui peuty conduire les curieux) les Carcaffes de deux Lé^ards d'Afrique , d'une grandeur monftrueufe , qui ont été trouvées dans des fouilles faites dans un des fouterrains de PAmphithéatre. Maifon Carrêe. „ Si 1'heureux mélange X du gigantefque & du majeftueux fait nai„ tre 1'étonnement dans la conftrucbion auffi „ folide que favante de PAmphithéatre ; „ c'eft ici que 1'élégance, la tichelle du tra„ vail, & la juftefle frappante de toutes les „ proportions , forcent ie fuffrage dü con'„ noiffenr le plus difficile, & 1'admiration de „ Pamateur le moins inftruit „. Ce monument eft non feulement le plus beau, mais le mieux confervé de tous ceux qui datent de (*) On rencontre de ces Aïgles dans beaucoup d'endroits de la ville, & tous plus ou moins mutilés (fans doute en haine du nom Romain); mais il en eft peu d'une exécution auffi précieufe que celle que nous venons d'indiquer : le vent femble enagiter les plumes. Nous indiquons encore, (pour ceux qui ne veulent rien perdre) une fort belle Perfique, & deux Cariatidcs; ces dernières font adoiïees contre iui mur, prés la Porte de la Couronne.  EN FR. ANCE. 22J cette antiquité. Dans fon origine, c'a été un Ntoies, Temple élevé (vers 1'an 754 de la fondation de Rome) par le peuple de Nimes, a Phonneur de Cdius & Lucius, fils d'AgrippaC*):. fon plan forme un parallélogramme de treize toifes quatre pieds de longueur, fur cinq toifes cinq pieds de largeur. Sur un maffif (formant un doublé focle) de douze pieds environ de hauteur, s'élèvent trente colonnes d'ordre Corynthien, dont vingt font engagées au tiers de leur diamètre dansle mar qui clót le temple : les dix autres Colonnes font ifolées, & fix d'entr'elles forment la Faeade d'entrée; difpofée du cöté du feptentrion : ces dix Colonnesdécident le Parvis, ou Veftibule. Ces Colonnes font cannelées : les Chapiteaux & les Omemens de 1'architrave, delafrife, dela corniche (**) , font de 1'exécution la plus élégante & laplus exquife. Un Fronton.couronne cette majeftueufe & fuperbe Facade. Un fimple focle règne fur la Corniche des trois autres cötés; & 1'édifice eft: terminé par un toit qui fuit (•) Ce fentiment eft le plus généralement adopté : Quelques auteurs prétendent qu'il a été élevé a la gloire de Plot ine , femme de Trajan, k laquelle ce Prince étoit redevable de fa fucceffion a 1'Empire. Mizeray, liv. 2, page 241. (**) L'on remarque ( comme une fingularité) que les Modillons employés dans la Corniche, font pofés dans le fens contraire a 1'ufage univcrfellement rccu; c'eft-a-dire, que leur partie'la plus renflée, profile en faillie, au lieu d'être placée contre le fuft du mur : au refte cette licence fait ici un fort bel effet. K iv  224 Nouveau Voyage Jömes. tour fimplement le mouvement du fronton,! avec lequel il eft lié. On parvient au Veftibule, par neuf Marches, ou Degrés: la Porte du Temple eft d'une proporrion qui n'eft ni moins heureufe, ni moins agréable. Ce délicieux édifice fert maintenant d'É- . glife a des Religieux de 1'ordre de. faint Au- i guftin. Heureufement qu'on ne leur a point permis d'y ajouter un Clocher. Le Panthéon; autrement appelé IsTemple de Diane. II refte peu de parties entières de ce Temple (*) : On y conferve nombre de | fragmens de Corniches, de Bafes de Chapiteaux; quelques Infcriptions, & même quelques Figures qui ont été trouvées, lors des i fouilles faites pour la reconftruclion de la célèbre Fontaine de Nimes , regardée fur \ les lieux , comme une huitième merveille 1 du monde. La Fontaine que l'on nomme ici ( par excellence! ) la Nymphée, eft fituée au pied d'une montagne efcarpée & de pur roe : elle vient d'être réédifiée fur les anciens fondemens, & dans la même forme (afiure-t'on) que i lui avoient donnée les Romains. Ce plan eft irrégulier ; nous ofons le croire peu heureux, & nous ajoutons qu'il feroit, peut-être , a i fouhaiter que l'on en eüt adopté un nouveau plus analogue au terrein aduel. (* ) Palladio nous en a confervé le plan dans le recued de fes CSuvres d'Architecbure. Ce Temple, fort poftérieur au précédent, préfentoit un melange de dignité & de petitefle : les Arts i cette époque, avoient déja fort dégénéré.  EN FS.ANCE. Cette Fontaine veut être devinée ; il faut Nimes, même une certaine foi, pour ne pas domeide 1'écoulement de fes ondes. Un etranger qui ignore combien cette petite fource eft précieufe aux habitans ( pour leurs Teintures, leurs Lavages, &c. ) , ne peut comprendre , comment ils ont pu facnfier de fi grands frais, pour fe conferver une fi petite portion d'eau. On a élevé fur un aflez haut focle entoure d'eau (un peu en avant des baffins qui ré$oi* vent 1'eau de la Fontaine , & verfle milieu de tout le terrein qu'elle embraffe ) une Nymphe , repréfentant la Source, & tenant dans fes mains une Urne, d'oü fes eaux font fuppofées ferépandre; elle eft appuyée contre un palmier auquei eft enchainé un Crocodile : quatre Génies enrichiflent ce Groupe, Sc portent les Médaillons d'Augufte & d'Agrippa, &c. (*) Malheureufement cette Statue eft d'une exécution des plus médiocre ; 1'eau qui fe répand de fon Urne n'eft qu'imitée, & mal imitée. Les grandes Urnes, foutenues chacune par des Génies couches (*) La Colonie de Nimes témoigna en divers temps a Augufte fa vénération par des Médailles , fur lefquelles elle fit graver le Symbole qu il aimoit le plus ; favoir un Crocodile enchaine a un Palmier , qui repréfentoit la Conquète d'Egypte. C'eft de lavTaifemblablementque cette Ville apris le blafon des Armes qu'elle garde encore aujourd'hui: Elle porte d'or au Crocodile d'azur attaché de deux chaines d'aTgent, ï un Palmier de fmople & ces mots abiégés : Col: Nem: Colome Nimoife, xr K. v  226? Novfe au Voya ge Nimes. fur des faifceaux de glayeul, qui ornent (a quelque diftance) les quatre coins de ce grand Socle, font beaucoup mieux traitées. De vaftes Terrafiès ornées d'arbres, font diftribuées de droite & de gauche; elles amènent a de fort belles allées de Tilleuls d'Hollande; le tout compofe unePromenade d'un genre neuf, & du meilleur effet : II ne lui manque que de fubftituer d'autres Figures a celles déteftables, que l'on s'eft trop haté d'y placer. Les Terrafiès, le Revêtement des fofies & les Grilles de clöture de cette charmante enceinte, font conftruits avec foin, & l'on en a apporté beaucoup dans le choix des matériaux. L'on a pkcé fur une des premières Terrafiès, un morceau de Mofaïque antique, de 50 a do pieds de long, fur fix a-peuprès. de large, encadré dans une bordure (du même genre ) formée de guillochis : cet ouvrage eft d'un mérite médiocre (*). La Tour-Magne, monument gothique fitué fur le fommet de la montagne d'oü s'échappe la Fontaine ci-defius décrite : Une partie s'eft écroulée, & ce qui refte, indique une compofition pefante & lans nobleffe t la vue dont cette hauteur fait jouir eft vafte^ riche & trés-agréable. La Porte de France, eft inconteftable- C*y. L'on peut voir dans un Batiment voi-fm (a\ï s'eft établie une Calandre Anglaife ) , un autre^ morceau de Mofaïque r également antique ; mais d'un travail fupérieur, &d'une plus belle confervation que ce prenjier.  en France. 227 i ment de fabrique Romaine, mais conftruite Nimes; i lors de la décadence des Arts. C'eft un Efrc de triomphe, qui a dü toujours être ] très-pauvre : il ne vaut pas la peine d'être jcherché (*). La Salie de Speelacle, n'eft point brililante, mais elle eft bien; elle eft peu fouvent joccupée, & les Comédiens y font rarement afortune. Le Cabinet de M. Seguier, doit etre mis {au rang des curiofités les plus intérefiantes jde Nimes : II eft eompofé & rangé avec une I méthode particuliere au poffefleur ; favant léclairé, & de la plus aimable affabilité. La t partie la plus étendue de fa colle&ion, confifte, dans un nombre confidérable de Poif( fons pétrifiés, qu'il avoit collecbés & raffemblés, pendant fon féjour a Veronne ; ainfi i que beaucoup de Minéraux & d'autre3 curiofités. Nimes eft fort peuplée : un nombre confii, dérable de Manufacbures s'y font établies avec j fuccès : Les petites Ëtoffes qui portent fon nom, fe débitent par-tout: l'Heureufe ToUérance (**) avec laquelle le Gouvernement (*) Le Couronnement que Fon y voit aujourBhui , eft foit poftérieur al'époquede fon éreetion : dans les temps de guerre , on a tiré pani de 1'extrême folidité de ce monument, pour en faire un pofte de défenfe. (**) Cette Tolérante eft teïïe , que tout Ie mondt connoit leur Minijlre & fes affiftans : leurs Prêehes, leurs Affemblées religieufes fe eélèbrent avec icgularité & fans trouble, ni empêchement K vj  « u c, y EAU y O YA (} E Aquccw* en ufe dans cette province a 1'égard de ceux mee, en attire beaucoup du dehors: la beauté , Ia falubrite du climat, Pabondance des comeftibles de première néceffité, fait que bientot ils s'y établiffent, & ajoutent iournel ement a 1'aifance, ainfi qu'a la fplendeur de la ville. PONT, ou Aqueduc da GARD , fituéi un peu fur la gauche de la grande route de Nimes i Beaucaire (*)• Ce monument mé- quelconque, a une doublé portee de canon de la ville, dans un endroit appelé le Défert. LoTfque nous pafsames k Nimes, la communion Proteftante avoit pour pafteur le fieur P***; jeunehomme du plus profond favoir : il s'étoit concilie Tamitié des meilleures maifons Catholiques, & 1'eftime de toutes. Sur fon invitation, nous nous rendimes au Défert : Nous avounns. m» nn». fumes pénétrés du recueill ement & de la piété, ue ion numoreux auaitoire i^n montoit a plus de quatre mille ames! ); & fort fatïsfait de fon fermon. La quête donna ce jour-la, prés de treize cents livres. Une politique très-adroite de la part des Proteftans, leur a fait offrir k MM. les Adminiftratenrs des Pauvres de la communion Catholique Romaine, de partager le produit de leurs fement, ou plutöt fentiment de fraternité , qui n'a pas manqué d'être fenti, apprécié ; & qui n'a pas peu contribué a la paix dont ils jouiflent. Avis. (*) Au ftirtir de Rémoulins ( première pofte en par tant de N(mes^), on prcnd un peu vers la gauthe, pour fe rendre a ce Font; S? le Maitre de la  EN F 11 AN CE. 220 itè d'être vu; il en eft peu de ce genre , qui Aqueduc/fc beignent mieux la fierté , la magnificence & Galdga grandeur des premiers Empèreurs Romains. Ü'on attribue Pérection de ce fuperbe Aquelluc, a Agrippa. II apportoit a Nimes 1'eau d'une forte fource , éloignée de prés de fept mieues. I Ce Pont, ou pour mieux dire ces Ponts, /naverfent unlarge vallon, dans lequel coule ia rivière du Gardon; ilsjoignent deuxmonmtagnes aflez élevées. Le premier de ces Ponts ;Va partir du niveau de la rivière) a 83 toifes [ 5de longueur ; il eft formé de fix arches, de 13 toifes d'ouverturechacune, fur prés de 10 lloifes d'élévation. Le fecond Pont élevé fur qïe premier , a 133 toifes de longueur ; il eft jtfbrmé de onze arches: de la même largeur & ihauteur (a-peu-près) que celles de deflous. t&nfin le troifième & dernier Pont, ( fur leidquel eft affis le Canal qui voituroit Peau ) a )ii36 toifes de longueur: on y compte trenteafix petites Arches. L'afpeét de cet Aqueduc en impofe , ïnon-feulement par fa nobleffe, & fa belle Iconfervation; mais encore par le procédé de ffa conftrucbion, que les connoiffeurs ne fe I laflent point d'admirer. Toutes les pierres fl'employées a ce bel édifice, font autant de I! Pofte de Rimoulins eft autorifi a fe faire foyer une 3:demi-Pofte pour ce petit détour : ce droit de fuplltliment de Pofte eft également dü lorfque l'on arrivé . ü Rémoulins, de la ftation oppofée. Ce chemin eft d'ailleurs délicieux; il fournit continusllemint les foitits de vues les plus pittorefques.  E fi FS.JNCE. $47 hilieu eft peint par Notoire : ce.ux de droite 1 de gauche (au-deffus des.tormes) font de È. Vien : tous trois font bien , & ils gaInent a 1'examen. [ La óV/e rfe ópeffac/e eft vafte & nobleaent décorée; Favant-fcène a beaucoup de nérite. La Salie du Concert, eft très-belle fc décorée avec goüt: la Galerie qui regne ur trois de fes cótés, fait un bei effet; la •arme de 1'Orchcftre, ne fatisfait pas moms. Allées de Meilhan. Cette Promenade, dekendra charmante avec le temps: Quelques J>eaux batimens commencent a s'elever a l'entour. Le terrein eft un peu contre elle; Inais les Percés que Pon fe propofe de lui ftonner, ajouteront infiniment a fon merite propre (*). • , „,->,, r I II faut voir la Place Saint-Michel, feuJ ement en paffant; elle n'eft encore qu'inJliquée. Son enceinte eft vafte, unie, bien Joercée : on commence a y élever des Bati- fnens. , „ _ , , I Le Monaftère des Chartreux , eft fitue a Jane petite demi-lieue des murs de la ville j 1 (*) Pour tuer 1'ennui , nous indiquons la i petite Eglife des Bernardinnes, fituée prés de cette fPromenade : elle eft décorée de très-bon gout : INous ajoutons celle des Minimes, parfaitement ibien fituée : elle eft décorée d'une vingtaine de : grands Tableaux , tous de 1'infatigable de Serre : Idans ce nombre on en remarquera de tres-bons; Inommément ceux placés dans la riche Chapelle de llaint-Francois de Paule. Le Jardin de ces p'èrei '■eft des plus' vaftes, & des mieux fitués de la Ville. L iv