316 L38   X\ it •*» "vvv «J 16 L 3 8 L'AMANT JALOÜX, O f7 LES FAUSSES APPARENCES, C O AI È D I E, EN TROIS ACTES, mêlbe d" Aiiiett r.s, Rêprèfentée devant leurs Majesiés ct Verfailks sn Novembre 1778. Les Paroles font de M. d'Hele. La Mufique de M. Gbetrt. Lejrix eftdi rj. Sols, ou 6 fols, pour les abonnès. A AMSTERDAM, et A LA HATR, Chez HENRI CONSTAPEL, Libraif«0 • M. D, CC, ixxxm.  ACTEURS. DON ALONZE, GenüU bomme Espagnol, amar.t de Léonore, M. Clairval. LOPEZ, Nigociant. M, Nainviüe. TLOMVAL, Officier Fran- guis. M. Julien. ISABIÏLLE, faur de Don Jlonze L-aDlle. Billioni. LEONORE,'filede LopeZ.La Dlle. Trial. JACINTE, fuivante de Lèonore. La Dlle. Dugazon. La feene efl h Cudix. Les deux premiers Atles fe pajjent dans la maifon de Lopez. Le trvifttme dans Ie jardin.  L'AMANT JALOUX, O u LES FAUSSES APPARENCES, C O M k D 1 E. ACTE PREMIER. Le Tbédtre reprêfente une cbambre ave un cabinet, deux pvtes & une ferJtre grillie a l'Efpagnole. SCÈNE PREMIÈRE. Lopez, ojjis, écrivant une lettre. a qui eft fait. — Voyons ce que j'ai écrit, (11 lit la lettre.) „Seigneur Don Diegue „ mon tièscher ami, après un voyage de quaA 2 „ Hft  4 LES FAUSSES „ tre mois, me voili enfin & Cadix. J'ai appris „ ~n arrivant la mort de mon pauvre gendre „ Botre ailbcié. Dieu veuille avoir fon ame' „ au demeurant il a bien fait ies cho'fes, il a „ tout lailTé a ma fiile, les cent miile piaftres „ qui font dansnotre commerce, & un mobilier „ confidérable. J-crains feulement qu'i! nepren„ ne envie a Léonore de fe remarier & de reti- " r E S FAUSSES Lopez. Tu veux mt faire connóitre route fa paremé ... -„ „ jacinte. que^usïSrdrLrUSCG'in0iffieZ KabelIe' T»l I • LuPE z. jelap.ainsd'avance. Que lui eft i! arrivé? *!nn t* Jacinte. 5>on Tuteur veut l'épouftr malgré elle. ~ , Lopez. « «nattendrJs. —Revenons a Don Alonze r ... Jacinte. ,kh i"n Tuteur Ie tient enfermée danc ..» n . . Lopez. «eqw%Ce„óit,Sff°n/0nK Maisenfi». DonAlonze que venou-il faire cheZ ma fille. T . Jacinte. . J.e ™" vous dire. Monfieur, comme Ifa. belle eft I am.e intime de ma Maitreffe . £n frere v^ir***icipour T, Lopez. T entends ■ j'entends. Léonore ne recevroit l«s Vifites du frcre, que par égard pour fa S Jacinte. rrecilêment, comme vous voyez jufte i D. Lopez. fites de D^n'A,ne Penfe---- & fflrem™t ces vl. Jéffe? '°nZe ennuy°ie^ ca pauvre Ma|. . J 4c i nte. Un • je vour en réponds. „ Lopez. bien, u faut y mettre ordre; & pour que ie  APPARENCES. 9 le frere n'sit plus de prétexte poürvenir impor. tuner ma fille , tu n'as qu'a prier !a fosur, de ma part, de ne plus mettre les pieds chez moi, eutends tu ma mie ? J a C 1 Tf TE, Comment, Monfieur! vous voukz priver ma Maitreffe de ia confolation de voir fa meiiJeure amie ? LuTEZ, Si tu le trouves bon. As IETTE. flus de fceur, plus de fiere. Je le dis a legtet; Mais c'eft mon ariêt, Entends iu ma chete? Voila mon arrêt. Mais poiirquoi cette loi févete ? Je^ vais ie le dite en lectet, C'eft... c'eft... c'eft que cela me pla». Entends tu bien ma chete? Plus de fceur ni de frete. Je le dis a regret ; Mais c'eft mon ariêt. De plus li quelque confidenre Malicieufe, impertinente Chetchoit a tromper mon attente; a Elle auroit a faire a moi, Oui lur ma foi, Elle auroit a faire a moi. Maig ce discours n'eft pas pour toi, Car Jacinte eft fage 6c prudente. Mais fi quelque confidente, êce. &c. Stc. Elle autoit a faire a moi. SCÈNE III. Jacinte, feule. O V-*Uf! Ie voila enfin parti. II m'a faft peur Jai voulu me moquerdelui, mais il me 1'a bien A 5 ' ren.  io LES FAUSSES rendu. Vvvsz romme la vieilkffe eft rurée II n'y a que trois jours qu'il eft fcl, & il fait d'éja tout. Un üiro.'.tqu'ildtvenu du Mtxique expres pour nous faire enrager. Mon róie va devenir trés-embarraffant. Ce vieillard fera toojdurs aux aguets; Don A.lo^ze qüi eft jaloux même de fon ombre , vi revénjr, va nous affiéger fans ceffe" & ma Maitreffe, toujours tendre toujours timide; également efclave de l'avarice d'un pere & de la jaloufie d'un amant, n'aura jamais le courage de prendre un parci. comment arranger tous ces eensla enfembie ? c'eft biea difficile; & fans le chapitre des accidens Mais que vois-je? Donna Ifabella, SCÈNE IV. Les ASeurs précédens, Florival, l'èpée a la main , foutenant 1/abelle, NF o r t v a l. E craignfz rien. Madame, je vous dêfendiois contre iou;e l'Efpagne. I gabelle. . Ah, Monfieur! Monfieur! ...vous n'êtes pas bleffé! Floriv a l. Les llrbrs nlaw pas fait de r^fTtlance. ( Ji eowt privdre un fauteuil pour 1/abelle, tandis que Jacinte la fwtmiC ) Jacinte. Vous ici, Madf moifellt! par que! accident!.,. I s a b f. l l f. Cours en avertir ta Mair.refTe. Jacinte. Oui; mais renvoyez ce Monfi.ur, car nous avons un pere..;.. j s A.  APPARENC ES. li i SABEl.le, Va , ne crains rien. SCÈNE V. ISABELLE, FLORIVAL. ISABEL LE. Je commence a refpirer. Non jamais, jamais je n'oublierai ce que je vous dois. Florival. Cequevous me devezlah! fi vous connoiffiez 1'excès demon bonheur. Je fuis Francois. Mademoifelle; je m'appelle Ie Chevalier de Florival. Je paffois par ici pour aller joindre 1'armée en Portugal. Dimnniht: je vous vis è cette fête, ft ce moment décida de mon fort. Quelle fête pour moi! mes yeux fe fixerent fur les vótres-... Vous n'y fites pas attention. I s a E E l L E. Vous le croyezV Florival. Ah.' s'il étoit poffible que l'amour.... Isa belle. Vous vouliez me dire que.... Florival. La fête fir.ie, je voulus fendre lapretTe, pour vous fuivre, une foule importune m'éioigna de vous. Sans reconnnitre perfonne, je quettionaois tout le monde. On me prit pour un érourdi, un fou, & je ne pus rien apprendre. Depuis jeii'ai cefTè de faire des recherches inutiles jufqu'a l'inltent oü Ie hafard a comb:é tous mes vceux : Je ne veux pas me faire un mérite du foible feryice que je vous ai renda. D'sbord je ne vous ai pas reconnu. Je n'ai vu qu'une femme perfé- cuiée,  ■ i* LESFAUSSES. cotée J'aicournpar inftinft a fon fecours; mais quei a été mon raviffemenc lorfque.... isabelle. «éS-V^n ^ eft,bien CrUe' P°Urn,0i deCOn" gedi.r mon proretteur: mais vous devez connourel-auiiérité denosmcBurs. Si on vous voycic Florival. pas poflible de vous voir, de vous parler, de iShés?"1^ t0U6 lesfentimens.1ue vous m'avez isabelle. Je vous dois trop pour vous rien refufer A dix heures ce foir trouvez vous fous cette fe netre, & vous faurez alors toute l'étendue de vos bienfaics, & de ma reconnoifïance. SCÈNE VI. J A C I N T E, ff /« précédent. Florival. lc^!J£LLE h0mél 3h! qUe 'e Jour me Paroi^a jaci nte. Partez, partez, Monfieur. Florival, fafue Ifabelle, ff puis 4 part d jfacinte. Comment fe nomme ca maitraile? Jacinte. Ma maitreffe, Monfieur? ma maitreffe, fe nomme Léunore. Flq.  APPARENCES. r| Florival. Tu es charmante. (ƒ/ emhraffe Jacinte, lui dunne ja houtje. falue encore Ifabetle ff fort. ) SCÈNE VII. ISABELLE, JACINTE, LEONORE* Jacinte, après un moment de jut prijs.. Ah.' que ces Francois font aimables! Isabelle. Qu'eft-ce qu'i! t'a dit ? Jacinte. Ce qu'il m'a dit? oh! il a fait mieux que cela Mais voici ma maitreflV. ISABE LLE. Léonore! ■ Leonore. Ma chere Ifabelle, que je fuis heureufe de te voir, mais par quel bonheur.... Isabelle. Vous favez quelle étoit ma pofltion cruelle. Depuis l abfence de mon frere, mon tuteur barbare faifant valoir tous les droits que Ie teflament de mon pere lui avoit donnés fur moi a voulu me forcer a accepter fa main. Ce malheureux. fans étre rebuté par mes refas r-onHans, a ofé employer la menace. Ce matinj'ai . vu arnver Ie Notaire au chateau. On aüoic dreffer le contrat. Aiors je prends le feul parti qui me refte, je me fauve, dans Ie dtiTein de me réfugier chez toi. Mais bientóc mon perfécuteur eft inftruit de ma fuite.' Accompagné dune troupe de gens armés, il ffie pourfulf. Jen-  H LES FAUSSES J'entends fes cris, mes forces m'abandcnnehti & je retoinbe encore en fon pouvoir. Leonore & JacinteI Ah ! quel malheur! Isabelle. Je ne puis y penfer fans frémif. A T- R. Viflime inforttnée, Vei5 1'autel enrrcinée, Je cédois a ma deftinée ; Et je ne demaudois , hélas ! Que le ttépas! L !• O n O R E & J ac i n T e. Hélas! hélas! ÊHe üeinandüit le trépas. ISABELLl. Hélas! hélas! Oui je demandois le ttépas. Omland tout-a coup une voix inconnüe Réveillez vous mon ame epetdue. Barbares, artêtez. Eh! quoi! traiter ainfi ce fexe aimable Jt tendré. Enbares, atrêtez. Je mets ma gloire a le défendte; Et li vous perfiftez, Je fuis Francois, c'eft vous en dire aflez. LhuNORF. & Jacinte. Ah! que j'aime ce Francois! Jacinte. Oui, je le reconnois, C'eft mon Franeois. Isabelle. Mais quoi! vous agtavez 1'outrage ? Cruels! éprouvez donc ma tage. Alors avec fureur II court brifer ma chaine. Tout céde a fa valeur. La télïftance eft vaine. Tout céde a fa valeur. Tout céde a fa fureur. 11 renverfe, il tenaiïe. Mon tyran petd 1'audaee, Et hifi de terreur Prenii  APPARENCËS. iS Prerid la fuite ; £t moi fous la conduite Du Francois généreux je vole vers ces lieux. Leonore & Jacinte, Ojielle reconnoifTance, Ce gdné.euit Francois doit anendre de vous! Quelie reconnoiflance! 'Is a b e l n 7. Ak ! ce n'eft point de la reconrioiffince Un fentimerit plus doux Sera fa recompenfe. . Leonore & Jacinte. Quelle reconnoifiance ! Isabelle. Non, ce n'eft point de Ia reconnoiiTanc*. je crains qu'un fentiment plus doux..... L k o n o r e & Jacinte. Quelle rfconnoiiTiiice. Isabelle. Non i ce n'eft point de la reconnoiTmcc. Isabelle. Léonore, puis-je compter fur votre amitié? m'accordtz-vous un azile? Leonore. a mon unique amie! a la fcêur de Don Alort1°\ oui, quoique mon pere ms défende de vous voir.... Isabelle. De me voir! Leonore. Jacinte vient de me l'apprendre. I! fortd'ic?. li ett même heureux que vous ne i'ayez pas rencontré. Isabelle. II ne me connoit pas. D'ailleurs je fuis entrée par la porte du jardin. Vous favtz que j'en ai toujours ia def. Ja-  ftf LES FAUSSES Jacinte. Apropos, cela me rappelle Ge Francais faml votre nom? * racers Isabelle. Je ne crois pas. «. .-, , Jacinte. t-elt quil ma demandé celui de ma maitrt'ffe. Isabelle. Ceft de moi fürcment qu'il a voulu parler. Jacinte. Mafoi , fans ypenfer je lui ainommé Madame, Ciais quirrpjre: je vais me mettre aux aguet;. Leonore. Auffiót que tu appercevras mon pere, cours nous tn avertir. SCÈNE VIII. LEONORE, ISABELLE. Isabelle. Que d'embarras je vais vous caufer! & fimon frere alloit rtvenir? Leonore. Je vous avoue que je crains fon retour a préfent, autant que je le defirois. Vous favez quil a toujours favorifé les prétentlons de votre a^'' Vous connoiffes fon caraétere inpétueux. Auffi jaloux de l'honneur de fa maifon que de fa maitrefle portant è l'excès tous les préjueés Öémarche? n°Ue na"0n' qU6 diraS"£ " de vo"e Isabelle. Jamais M ne me le pardonnera. C'eft de lui fur-tout qu'il faut me cacber, car Ja-  APPARENCES. i? J A c i n t e, on entend Jacinte qui crie. Madame.' Madame! Don Alonze! Don AlonzeI Isabelle & Leonore. Ah! ciel! ( Jfabelle fe fauve dans le cabinet. fans avoir le temps de jet me,„an Leonore, le rettnant. Navancez pas, ,e „ous ie déftnds> n.c , . Alonze. Défenfe inutile. nu. , Leonore. Ah! Ciel! Alonze! fi vous m'aimez .. Alonze, la repoujjant & courant versie w. cabinet. Rien ne peut m'arrêter; mon parti eft oris _ ' Leonore. üt que préfumez vous de la? Alonze. Ce que j'en préfume.' vous ofez me ledeman. ce«ainqUeoueeDirréfame! Qüe m°" mal^ SCE-  APPARENCES. zt SCÈNE XI. Les Afteurs précédens, j acimie. Jacinte. Mo tr Maïtre arrivé; vite Seigneur fauveg* vous. Qu'a-t-il donc? Leonore. Alonze: éloignez- vous, mon pere va venir. Voulez-vous me perdre? Alonze. M'éloigner! FINALE. Alonze. Plus d'égaids, plus de ptudence, Tout m'eft égal, Je ne relpire que vengeance; Patoi.iTez indigne tival. Leonocü. Cher Alonze! Alonze. Flus d'égatds. j AC I NTE. Seigneur! Alonze. Plus de ptudence, Je ne tefpire que vengeance. Paroiflèz indigne tival. Leonore. Non tu n'as point de iïval. j 4 g ! n T £. Vous n'avez point de tival. B 3 Leo-  22 LES PAUSSES. Leonore & Jacinte, Vous connoitrezf ™n j i„nocence Partez, partez. AtÓ nz e. Paroiflèz, paroiflèz, Je ne refpire que vengeance. Paroiflèz indigne rival. Leonore & Jacinte. Qael aveuglement fatal ï SCÈNE XII. Les Aüeurs pricédens, Lopez, QLopbz. Hel bruit cUez moi viens-je dcntcndre? Leonore, a part. Mon pere! ah ! Ciel Jacinte. Quel parti prendie ? Lopez. ?n inconmi! ma fille cn pleurt.' Monfieur, appaifez vos fureuis. De ce logis je fuis le rnaitre ; Je puis y «comtnander pemêtre? Que voulez vous ? Que cherchez vous ? Alonze. Je veux me farisfaire, Lopbz. La, 11, li, Ü, point de courroui;, Alonze. Je veux me fatisfaire. JACINTE. On va vous fatisfaire. Lopez. SI fat» we fatisfaire L20.  APPARENCES. 23 Leonore. ' ' f Hélas! que fautil faire: } Alonze. Paroiflèz ensemble. ^ J*£l nt e. Lopez. { Répondez V. Leonore! Jacinte! Jacinte a pari^ II faut ernployer une feinte. Lopez. Vous qui rebutez les galans, Giave mattone de vingt ans; Daignez m'inftruire, Daignez me dire Le fecret. Jacinte. » Je vais le ""dire , Vous en inftruite; Alonze. Que peut-elle dire ? Leonore. Que va t-elle dire ? Jacinte. Voici le faït: Une femme ttémblante; Expirame, Accourt implorer a genoux Un afyle chez nous; pouriuivie, Elle craint pour fa vie; Nous la cichons en ce réduit; Ce monftre bientót la pourfuir Dans la fureur qui le tranfpoite: Il veut briler la potte ; Et fans vous, Monfieur, fans vous; Hélas! hélas! c'étoit fait de noul. a lon ze. Une femme !.. .. Jacinte. c'eft fa majtreöè. B ^ l30*  24 LESFAüSSES . Leonore. Ou,, «-« pere, ,e ttemble encore . ... Loptz. W3,S dcu vAient « grand courroux. A l O n z 8 l infidelle ! l'infidelle . Jacinte.' r! ,"0,t f? maitreiTe infidelle, i' eft ,a!oux, il eft jsiulI3c' T, . • Lopez. II eft jaloux?... Jacinte. • Mais trés (aloux. _ , . Lopez. Qiie les ,aloux font foux ? . _, . Alonze. CT f troP devoter mon injure • ïl ftut confondte rimpofture'' f're"fir„'n,e re"endra: * l Infidelle .' la paijute ; _ La voila (►> LOPEZLïLvo^OHE>-'AC^^, Leonore & JAcINTEi fuyez, Madame. Hedourez ie coutroux De ce monftre jaloux. {1/abelle s'enfuit) (*) Au moment oii Alonrr H;, — ^° »o. ée ou,,e la porte i demf uïfa,m*u' Ifabe»<= & la piace devant Le^ore. U prefid Pat la  AFPARENC ES. %g Lopez, Leonore, Jacinte. Mufique a demi vois.) ii ne fait plus que dite; ii ne s emporte plus ; ii gémir, il foupire. Ah! qu'il a 1'aii confus! l :) n z£. Hélas.' hélas! Lopez, Leono&e, jacinte. ii sémit, il foupire Au! qu'il a 1'air confus! Lopez. Qu'elle a de pouvoii fur fon ame! Elle n'eft pas encora fa femme, On le voit bien. Quoi.' vous ne dites rien? Alonze. 5 Helas ! hélas! ■ Lopez, Leonore, Jacinte. ii ne fait plus que dite, ii ne s'emporte plus. ALONZE. Hébs! hélas! Lopez Leonore, Jacinte. ii gémit ; il foupire ; Ah , qu'il a 1'air confus ! {Alonze regarde Léenore en foupirant fcp s'en va.) Jacinte. Hélas.' hélas! L0vez & Jacinte. La plaifante aventure, La plaifante aventute, Non , je ne l'oublierat jamais, Leonore. , La cruelle aventute, Pour mon cceur quelle injure, Non je ne 1'oublierai jamais. Lop f. z. La plaifante aventute, La plailante aventure, Non, je ne i'oublierai jamiii, B 5 Lao-  m LES PAüsses Leonore. La cruelle aventure. La cruelle aventure, Non, je ne l'onblieni jimiJi t. , -r JACINTE. w plaiiante aventute La cruelle aventure. ' Non, je ne l'oubIierai iaraais# SCÈNE PREMIÈRE. LEONORE fnu. Ft A E I E T T E -L^Lojcnisz vous , vaine tendreTe ' ]e ne dois plus vous écouter " Nesperez tien de ma foiblefle • Mon cceur laura la 'furrnontet " Aptcs cette iujute cruelle,i * , Amour je renonce a ta )oi. Alonze me croit infidelle. Alonze eft indigne de moi. Comme U favoit peindre 1'ardeurf Quel plaifi, j-avof* a y^Xt" s?" f" ,eeeM fljtt™'" mon cceur' Mo , rompre une chaine fi belle > " Ah pun.je y fO0Rer fan> effrQ. ? • Mats •.•• Alonze me croit infidelle • Alonze eft indigne de moi. SCtN«  APPARENCES. SCÈNE II, JACINTE, LEONORE. Jaci nte. Vo us voilé, Madame, qu'avez-VOUS fait dlfabelle?' Leonore. Elle eft cachée dans le pavillon du jardin. Mo» ptre la croit partie ? J a c in te. Aflurément, mais moi, devinezd'oiijeviens? je 1'ai vu. Leonore. Vu! qui? Jacinte. Don Alonze. Leonore. Le malheureuJt! tu l'asvu? Jacinte. Que voulez-Tous ? j'ai 1'ame fi bonne..>Si vous faviez dans quel état il eft. . .hélas! hélas! Leonore. Ecoute bien ce que je te dis; c'en 'eft fait, Jicinte; je ne le verrai de ma vie, & je te défepds de me jamais prononcer fon nom. Enttnds tut Jacinte. Oui, Madame.—Soit — Parions d'autxes chofes. 'Ne craigncz vous pas que le tuteur d'lübelle ne vienne cherchsr fa pupille ici? It  >%* LES FAUSSES Tului as parIé^E0N0RE' fy , Jacinte. courage. m0ur P°urroi't lui donner du T. Leonore. . J«««e.-.fqqVft.ce qu'il t'a dit? n„; i Jacinte. Quif le tuteur d'Ifabelle? kt Jacinte. Won... ce monlhe? Qui? J^inte. ... Leonore. Mais, mais... Don Alonze. ™, , Jacintb. Oh! vous m'avez défendu de !e nommer r> a f . Le°NOre C'eft poui (adernierefois nari.. m. conjure, 'u's' Parles-m'en jet'en u. .. Jacinte. He bien, Madame Don fli„„ ~ bord ü a gardé un moïnZncl ^ V ' ° dant les levres.... fraonanr h •" Y fe morfuite il a iuré aMP^nt des P'tds.... en, puis il a pleurè'.V;. ' C°mme 11 a juré...., Ah? LEONORE, foupire. p • ., , Jacinte. vo^avotföup^nr'i: ^ "éfefpoir de de  APPARENCES. S<, de m'avoir foupconnée, mais de ne m'avoir nas coBvaincue; cat 1'ingrat me croit touiours iefi. delle... enfin? j ac i n te. Enfin il m'a conjuré , fi je voulois lui fan. ver la vie, de lui ménager ce foir un entretien.... avec vous. Leonore. Un entretien! comment a t il eu 1'audace de 1'efpérer? Jagintf. Oh! je ne lui ai rien promis, fik puifque vous ne voulez plus le voir, je vais lui dire que cela n'eft pas poffible. leonore, en bêfitant. Jacinte. Jacinte Jy cours, Madame. Leonore. Non... écoute... oui... je veux le voir. jacin te. Le voir! Leonore. Je connois Don Alonze. Son orgueil feroit trop flatté par un refus. II crfeiroit que j« n'ai pas le courage de foutenir fa préfence. Mais il verra de quoi je fuis capable _ Qu'il vienne recevoir fon congé —de ma bouclie. '" i Jacinte. ^•ifferVOt^ .bouche! oui- «la fera bien plus d ettet _Mais en attendanc je voudrois voir Ifabelle Tantót elle a voulu me parler dun rendez-vous qu'elle a donné a ce Fran. 901S. Leonore. 4 quelle luurc doit il venii ?  SO LÉS FAÜS3Ê8 „ » Jacinte. Qui? ce Francois? Leonore. Non, non. Don Alonze. . _ . Jacinte. Aufficöt que votre pere fera couché. Le onore. Mo:i pere ne fe couche qu'a neuf heures. Jacinte. J'f,™1/1 y/ troïs mortel, quarts d'heu^ Jfabelle. ' J' ^ ^ trouver Leonore. rip^lir^Wen g8rdequs mon *■ Jacinte verrez que.C.r.aigne2rien, ,ailti2moi.faire • SCÈNE III. LOPEZ, JA6INTE, LEONORE. Lope z. Ou vas tu?* Jacinte Fromener au jardin. Lopez. (motel JACINTE- 19-  APPARENCES. * i Lopez. Oui. En voilé la clef. Jacinte. Eh bien, donnez~!a moi, car j'ai befoin de prendre i'air. - Lopez. Prendre 1'air avec le ferein qui tombe! tu n'y pcnfcs pas, mon enfant. Une fanré délicate comme la tienne!... te vuili ma ftlle? "Jacinte, & part. Cette pauvre Ifabelle, que va>t-el«e devenir? plus de communication. — Nous défendre la promenade! c'eft bien dur. Lopez. Hé bien, Léonore I que penfes'-tu de 1'aven. ture de tantót? de notre jaloux? Leonore. Je penfes, mon pere, que fa maltrefle eft bien a plaindre. Lopez. Bas! fa maitreffe ne vaut pas mleux que lui, ia maitreffe d'un fou paieil ne peut être-qu'une folie. Je gage qu'ils ie raccommoderont, Encore deux ou trois hélas! •& la pauvre fotts lui pardonnera tout. Leonore. Je ne le crois pas, mon pere. Lope z. Et moi, vois-tu, je Ie parirois. Jacinte, rl paft. Et moi, je lerois de raoitié. Lopez. Voilé ce que c'eft que l'amour f tu ne connois pas cette p3iÜon fonefte. Tu e» bleo heureufe, Leo-  f| LES FA [JSSES HeUreufe^°I,0RE'e',>^ Jacinte, i pan a Léonore „ , . , Lopez. Vouloir fe marier! Qj^le fottife« Ariette, le manage eft une envie Qu une fois dans la vie On peut bien fe paiTet Mais ce letoit une folie Que de vouloir recomroencet. „ ... jacinte. Vo.la une belle penfée, & t0ut è ftft neUre r» • ,- Lopez. Quen penfes tu, Léonore? afr x Leonore.- Affurément, mon pere, je tui, de votre avis ta u- Lopez. La, bien vrai? - . jaci nte. Oui, Monfieur, je vou* en réponds Dans ce moment ma maitreffe penfe tout " J Lopez. Oh! puisque tu m'en réponds, je n'ai dIus dedoute. Ainfi ma fille. tu confena i refter dans le veuvagt? er Leonore. Oui, mon pere, c'eft bien mon intention. Lopez. Tu m'enchantes. Quant a ta fortune laiffe moi feulement Ie foin de la faire vaïofr; & je te promets qu'en dix ans d'ici tu faas Ia olie richs veuve de l'Efpagne. P S Ja-  APPARENGES. 33 Jacinte. Èndix ans d'ici! la belle perfpeftive! ah! Madame que vous êtes heureufe d'avoir un il bon pere! L 0 p ?. z. Tu me fais des complimens. — Mais Léofiöre, pourquoi cette trifteiL: ? tu rae parois agitée, ma rille c'eft le fouvemr du pauvre défuut qui te tourmente toujours? Jacinte; Ah! Monfieur, ne nous en parle2 pas. La feule i 'ée de ce cher homme nous jette daris une affl ction Voyez comme ma maitreffe eft troublée. Venea, veneZ, Madame, vo'iis retirer dans votre apparrement. Leonore. PermetteZ-vous, mon pere? L ö P e z. Oui, mofi enfant, va te repöfer. Je fuls fiché d'avoir réveillé ta fenfibilité. Jacinte. Confolez vous, Madame, Don Alonze va venir. SCÈNE IV. JLoi-EZ, fettl. E ne fuis pas Ia dupé de cette fenfibilité. Ce n'eft pas la mort d'un époux qui I'excite; c'eft: 1'abfence d'un amant. Par malheur cette abfence ne fera pas longue. Je fais que Don Alonze eft attendu a Cadix. — Cette clef ne fOrtira plus de mes mains. Plus de promenade au jardin. C'eft-la sürement que fe donneroient les rendezG voa»<  34 LES FAUSSES vous. — Que de peine, que d'embarras ie vais fwiL r 8 ,dé"ftable Chufe 1ue ''«"our / ma ] entends quelqu un. SCÈNE V. LOPEZ, FLORIVAL. Lope z. Que demandez vous, Monfieur? Florival. Je demande Ie Seigneur Lopez, loyal Négociant, & le plus honnête homme de Cadix. Lopez. Vous me faites bien de 1'honneur. flo r i va l. Quoi! Monfieur, c'tft vous? mille pardons fi je De vous ai pas reconnu. Lopez. Comme c'eft la première fois que nous nous voyons, la faute n'eft pas grande. Quy-a t-il pour votre fervice? Florival. Une mifere, Monfieur; une petite lettre de change Lopez. Voyons. Deux eens piaftres psffées è Pordre du Chtvalier de Florival. F i- o h i v a l, C'eft votre ferviteur. Lopez. Je vais vous chercher votre affaire, je ne vous ferai pas attendre. Flo.  APP A RENC ES. 35 Florival. Oh! tant qu'il vous plaira, j'e ne fuis pas preffé. SCÈNE VI. Ftoai val , feul. C'Est donc-la le pere de ma chirmante l.é. onore : ah! li par ce prétexte je pouvois la voir un moment! c'eft trop efperer—Mais ce l'oir du moins, j'aurai le 'bonheur de lui pai ler? — Voila la fenêtre! — Lopez ne peut pas ignorer 1'aventure de ce matin; que c'eft un Ofïbier Francois qui a délivré fa fille. — II me parolt bon nomme.. Si je m'ouvrois a lui! refuferoit- il la mairj de Léonore a celui quj a fauvé fes jours, fon honneur? — Vain erpoir!—II croira qu'un vil intérêt me guide. — Léonore eft fi riche. — Quel' doramage. SCÈNE VII. JACINTE. FLORIVAL, &f enfuite LOPEZ, Jacinte, Commsnt! c'eft vous Monfieur. Florival. C'eft toi ma chere amie ! que je t'embralTe Dis moi, par tón moyen puis-je efperei de voir Léonoie? Ca Ja.  3* LES FAUSSES tr • T , jacinte. Cen°éft pas??^ mais ^ dans fp rvi* u- Florival. rendeZusTmS'Z n'SÜ P3S id 'e Iieu v„r„; Lj o p e z, qui entre. Voici votre arg> nt. De Ia d.fcrétion... de i, dilcrétion. r>kf .n. Florival. Oh! ceft par.lè que je brille. n , Lopez. Que fait Madame ki? ,„ , . Jacinte. je tenois compagnie a Monfieur. \r . i Lopez. nous! ' COn,paÊnie a «» Maitreffe, & hflfc Jacinte, « Florival. Je vous falue, Mor.fieur. ... , . Florival. Adieu, la belle enfant. <;„„.„ iaciMT£' <*• Pm h Florival. Soyez d,fcret._Dan6 le pavillon du jardin_ S CEJN E VIII. FLORIVAL, LOPEZ. Flohival, a part. IJ Acts Ie pavillon du jardinl Que veut-eSIe Lo-  APPARENCES. g7 Lopez. Cent quatre vingt dix, centquatre-vingt quinze & deux eens. Comptez. Florival. Compte t'On avec fes amif ? Lopez. Votre ferviteur tiès-humble. Si vous voulez vous repofer un inftanc.... Florival. Je crains de vous déraDger. — Vous autres gens agés, vous vous couchez de honne heure. I. o 1 e z s'affèyont (f prenant fa pi}t. Oh! dans une deniie hture d'ici. Florival, a part. Bon! Lopez, Fumez-vous? Florival, prenant une pip». Je fais tout. Lopez. Etas vous de l'armée alliée? Florival. Oui, Monfieur, Lopez. Vous allez donc combaitre nos ennemis ? cueiilir des lauriers? Cela doit faire une belle réeolte? — Partez-vous bientót ? Florival. Trop tót pour mon repos. Lopez. Comment donc? Florival. Ah! mon cher Monfieur, vous ëtes bien heureux! Lopez. II eft vrai, je lak aflez riche. C3 Flo.  38 LES FAÜSSËS Florival. Ricru! vous poflédez un tréfor.... ' Lopez. Pas abfolument un 'tréfor; mais je fuis i mon aife. Florival. _ • Et moi, Monfieur, je me vois 3 l'inftant de quitter tout ce que j'aime. •"Lopez. Q'ioi! de l'arhour! un guerrier foupirant ; fi donc. Songez que vous êtts notre allié. Florival. Hélas! je voudrois 1'être. L u p e z. Mais vous l'ëtes. Florival. Oui.... Vous avtz raifon.... je 1'avois oublié. D U O. Lop f z. La gloire vous appclle: La gloiie a tanc d'attraïts! ' Vous lui fere». fidele, Vous êtez Fiancoii. Florival. C'ell 1'amour qui m'appelle; L'aiuour a tant d'attiaiis! |e lui ferai fidele , Fidele a jamais. Lopez. Ne fongez qu'a Ia gloira Volez a la vi&oire, Et laifiez In 1'amour. Florival. Chacun aura fon tour. De 1'amour je vole a la gloire,' Ds la gloire a i'amoiir. L o«  APPARENCES. 39 Lopez. Enfin, d'une flimme fi belle, Peut on favoir quel eft 1'objet ? Florival. Si j'olbis . . • . Lopez. Elle s'appelle? Florival. Elle s'appelle L 0 r e z. Elle s'appelle? Florival. Mais il faut être difctet! Lopez. Quelle tête légete! Florival. Quelle toutment de fe taires! Mais il faut être difcret. Lopez. Pourquoi tant de myftete t Florival. {* ]e ctains de vous déplaiie. j De mé déplaire! I ]e devine 1'afFaire. ' Florival. ENSE. ^ ]e ne puis plus me taire. IL o p e z. Sachons ce grand fectet. Florival. I, Vous faurez mon fecret Nouveau motif. Florival. Celle qui m'eft fi chere, Eft celle qui dans les champj Ce matin. ... par des brigauds.,.; Vous devez bien m'entendre ? Lof F z. Moi, ie dois vous entendre? Ca Fli.  40 LES FAUSSES Florival. Moi, contre tous ces bricands, Mot j'ai iu la defendre. Lopi z, Vous me faites coutir les eharnpj. Flokival. C'eft elle qai eouroït les cHamps. Lopez. Et je dois vous entendre? Florival. Et vous devez m'enrendre. Lo f , z. Son nom, fon nom? Florival. Non , non , non, non. Lopez. Venons au fait, venons eu fait. F lor i va l Non, non, tl Uat être discret. C lt fe Jauve. ) SCÈNE IX. L o p e 3, enfuits Jacinte. Lopez feul. V V Oil/i fur ma parole Un plaifant orginal. on dircm que tous les fous de Cadix fe fon donné Ie mot pour ver.irme tourmt-nter. T'avois dabord concu quelque foupcon. _ Mais cette aventure de bngands dans les chimps ip'a ras. lure. — Pour n'etre pas encore expoféd de nou. vel-esimpertinencef.allonsnouscoucher. Jacinte. ( Elle arnve. ) Ferme bien toutes les portes «c quon m-éveille i ia pointe du jour. (II fon.) Ja-  APPARENCES. 41 Jacinte. Oui, Mor.fieur. —Le voila parti Et avec. la clef de la grille.— II a Sürement des foupGons. — Sis (f-nêtres donnnam fur le jardin.— Cette pauvre Ifabeile, que va-t el)e devenir.' Seule, dans !e pavillon, pendant la nuit, fe voir abandonnée de tout le monde! Qu'elle eft; a plaindrt ? — Mais qu'y faut ? — Songeons du moins a fon frere. qei fans doute s'impai tiente; — Seigneur! —Seigneur Don Alonze! SCÈNE X. JACINTE, ALONZE. Jacinte. Ue bien! Seigneur, ëtes-vous revenu de tous vos foupcont ? Ctflerez-vous enfin de faire le tourment d'une femme qui n'a jamais aimé que vous? Alonze. Oui, ma cbere Jacinte; je rends juftice a la vertu: je fens combien j'ai éré coupable; je rou- gis de mon erreur Ciel 1 comme la jaloufie nous avtugle! quoi! j'ai pu voir un riva! dans une femme!..... Car enfin, c'étoit bien une femme. ' Jacinte. a part. II n'en eü pas encore convaincu. ( Haut. ) Quoi vous ofez douter Alonze. Non, jacinte, je c'ai pas le moindre dcute; C 5 ja. is  42 LESFAUSSES mais cette femme, pourquoi me la cach«9 pourquoi tan: de myftere? ca„ner? Jacinte, Oh! c'eft.la notre fecret, que vous faure? cependapt en temps & lieu. ' Urez A i. o n 2 e. Je os veux plus fe favoir, Léonore m'eft fi. de, e queiie me pardonne, & rien ne manquera a mon BOfihesr. ""■"que Jacinte. j&timent, je le crois bien; mais vous n'ó «te» pas encore; vous aliez l3 voir dans une co ere que vous faurez bien adoucir Ie vais lui oire que vous êtes ici. J Alonze Allez ma.cbere Jacinte. - Maïs... dis moi &:f " J6Une Mi!kaire Que J"3i va 'onn Jacinte. C'eft un Officier Francois qui eft -«nu Darler i mon maitre peur 3ffaire. parier Alonze. A tan maitre? Jacinte. Oui. Alonze. Un Officier Frarcois ? Jacinte. Un Officier Francois. — Et vous n'êtes olat jaloux! Ah! Seigneur Don AloLe?ï craS que votre mal ne foit incurable. ( Elk fort.) S CE-  AP PARENCES. 4£ SCÈNE X ï. Alonze, feul. Elle me reproche mes foupgons: peut-être a t-elle r.iifon: mais après tout, ces foupgons, quoiqu'injuftes, lont-ils fi criminels ? A R IETTE. Aimer lans jaloufie. Non, ca n'eft point aimer: Ce n'eft qu'un fentiment léger, Un jtuüt rrivole 8c paflager, Que fans effott on quitte, & qu'on oublie» Mais quand on airae pour la vie, On aime avec fureur. Souvent c'eft un martyre, C'eft un affieux délire, Qui touiméute 8: déchite. Un ttop fenfiole coeur. Je vois de laiumière! on vient. — Ah! Léo. nore! __ Lui apprendrai- je la mort de mon oncle? lui dirai je qu'une fortune égale è ma naifTance? . . Non, mon coeur en feroitjaloux, c'eft 4 1'amour feul que je veux devoir le bonbeur oü j'afpire. SCÈNE XI r. JACINTE, ALONZE. Jacinte. Seigneur, j'ai enfin déterminé ma maitreffe. Ede coulent a vous voir. Alo n-  I $ lesfal/sses, u t r Al-OM ZE. Ma cnere Tacmte i j /• . . scène xm. M-L aura bien de la neine m,:. i ?. l dra.... je |e oinrok , ,ob"e^ Don Alonze Siïïïêiïu* Ceptndant, Seigneur Maitreffe je vous ,1 phae de nia - Ah, Ari ette D'abord, Amans foumi & . """". «««OUD. 4 vos ge„öui . Vict.mes de nos .niuftices gen°UX» t um'"°' goflli, 4 nos c'aprices Sans cefle on les voit afferfu ' Ei tout nous eft perrms. ' Matw.d , foree de fouplefr II ont furpSi, no.re \eml,V Alors ,lo-s Ie charme cefle; ' flus d imans.' Jaloux, mécbans, ^ftimes de leut* injufticea, Noc°?S, rrS *°"''s' 4 le"'* caprices Nos folides cceuis fooi alT-ms * E.itn re nous eft p|„s pe[rais> SCE-  apparences. 45 scène xiv. ALONZE, LEONORE, JACINTE. DUO. AL on ze. Cboells! Dé mi douleut monelle , Veux-tu me voii moutii? Lfonore. D'une chaine ctuelle Je faurai m'afFtanclüt. Alonze. D'une atdenr 11 cor.ftante, Voila donc le leioui. Li on ore. Soupconner fon Amante, Pout piix de tant d'amoui! Alonze. rQue je fuis i plaindre ! ! Ab ! c'eft trop fouiFiic! ihsembJ, Leonore. j Je ue pui» plus fetndie, { C'eft ttop me coniiaindie, « Ec le voii fouffut. {Jacinte fe telirt). Alonze. Léonore ! ma Léonore ! De 1'Amant qui t'imolote; Vois les pleuis, lei tourmens, Leonore a part. Oui, oui, je 1'aime encore. En vain je m'en défcnds, je ne puts pim f«indte, * C'eft  46 LES FAUSSES C'eft trop me conttaindte. Et le voir fouffrir. Alonze. Que je fuis a plaindre! Ah !• c'eft ttop fouffiir I l.eonokk. Helas! hélas! qu; devenir.' Alonze. faut il mouiit.' Leonore, regardant tendrement A'onze. AsiETTE. Jamais le coetir de Léonore Ne fut cachet (es feminiens, Et mcme en ce moment encore Ce cceut fincete qui t'adore Te tenouvelle fes fermens. Alonze , fe jettant avec transport aux pieds de Léonore. , A r i e tte. Jamais, jamals la jaloufie Ne tioublera plus ton bonheur, Mon cceur abjure pour la vie Cette tunefte frénéfie, Alonze en artefte 1'honneur. Luoworb. Crois le ferment de ton amante. Alonze Ctois le ferment de ton épous. Leonore. Léonore eft toujours conftante. Alonze. Ton Alonze n'eft plus jaloux. (On entend préluder une guittare devant la fenètre . ff Florival cbante cequijuit.) Tandis que tout fommeille Uins 1'nmbre de Ia r.uit, L'amout qui me couduit, Me  APPARENCES. 4? Me dit tout bas vietii, fuis mes pas, Oü la Beauié t'appelle ; Voici l'initant du lendez vous. Profiie d'un moment fi doux. Moi,- pour écatter les jaloux, je ferai fentiiieile. (t€t deux Amant marquent tijf* grand 1 nemênt, Léonore veut elier a lafenetrt.A*»ze la talent, 6? Florival continue.) De Vamant le plos tendte Ah ! couronnez 1'efpoir. S'il ne peut plus vous voir Qu'il puiiTe vous entendte. ün mot de vous, Un mot bien doux, Doit confitmet encore Cet ef»oit beuteux & flattent Q,i ce raatin combloit mon cceiir, ÈT d'ou dépend tout mon bonheur, Charmante Léonore, Alonze, courant avec fureur a la Fenttr e, /• & mainjur la garde de fon épie. Malheureux! Leonore. Ah! Ciel! qui que vous foyez, fauvez-vou*. Florival, dans la rut. Sauvow-nous! fauvonsnous! c'eft lepere! ( Alonze £ƒ Léonore Je regardent pendant quelque tempt fant parltr.) Alonze. A r i e t t e. laroais le cceur de Léonore Ne fut cachet fes fentimens, Ce cceut fincere qui t'adote Te lenouvelle fes feimeni. L e 8-  4& LES FAÜSSES Leonore. Jamais , jamais la jaloufie Ne troublera plus ton bonheurMon cceut abjuie pour ia vie Cette funetle frénéfte ; Alonze en attefte 1'honneur. n Alonze. Quelle trabifon.' Leonore. Quelle injute.' Alonze. Catur infidele ! Le on ore. Cöeur patjute! Alonze, Leonore. Kien ne calmera moi courroqx. Leonore. Crois le ferment de ton Amante; Alonze. Crois le ferment de ton Épouit. Le onor e'. Léonare eft toujours conftante. A l o n z :;. Ton Alonze n'eft plus jilour. Fin du ftcond AEk< A C  APPARENCES. 49 ACTE III. Le Tbèdtre reprêfente un jardin tntouré d'un mur, avec un pavillon éclairé. SCÈNE PREMIÈRE, de nuic. Isabelle, Jort du pavillon. A r i et te. O Douce nuit! fous ton ombre paifible, Recois 1'aveu de mes premiers foupirs. Un feul indam m'a fu reudie fenfible: Cet inftant fixe a jamais mes defirs. O douce nuit! lom ton ombre paifible, Recois 1'aveu de mes piemieis foupirs. C'eft au fein des allarmes Que 1'amour a furpris mon cosur. Cruel Amout! n'ai je éprouvé tes charme» Que pout voir tombiet mon malheur ? Un feul inftant m'a fu rendre fenfible. Cet inftant fixe a jamais mes defirs Cher Florival! fous cette ombre paifible , Recois 1'aveu de mes piemieis foupirs. J'entends du bruit — quelqu'un vient, —fexoit- ce Léonore? — B SCE,  50 LES FAÜSSES SCÈNE IL ISABELLE, FLORIVAL, parett fur le bout du mur. Isabelle. M Ais non ... Que voisje! C'eft lui!.... C'ea lui-même. Florival. Ciel C'eft elle! — Que je fuis heureux! ( Il defcend dans le jardin. ) isabe llf. Quoi! Monfitur, vous!_ Vous icÜPar quel hafard....ï Jacinte vous auroit-eile dit,...,? Florival. Elle n'a pu me dire qu'un mot...,. Elle m'a nommé le pavillon du jardin; 1'amour m'a fait deviner le refte._J'ai été d'abord au reudez- vous que vous m'aviez donnédevantlafeuêtre: Vous favez qu'il a manqué_- Alors je me lyis procuré une échelle, &j'aivolé vers ces lieux. Isabelle. Tant d'empreffement, après une connoifjance fi légère, a lieu de me furprendre: je ne fai a quoi l'attribuer. Florival. Ah! fant-il vous le dire!— Je vous aimede 1'amour le plus rendre.— Je fens que ma franchife vous bklTe; votre délicatelTe en eftoff.nfée: mais les momens font précieux pour moicette occafion tftlafeule, peut-étre, oiijepour' rai vous ouvrir mon cceur. - Oui, je vous aime, Madams, & mon unique ambitio'n eft de vous  ■i A P P A R È N C È S. 5£ vous plaire. Me feroit-il permis de m'en flatter Ah! pariez , je vous en conjure. Isabelle. Je devrois plutötme taire, maisfe ne fauroU diffirnuler avec mon bienfaiteur Puisque VOUS 1'exigtz vous connolrrez mes fentimens. DUO. Isabelle. ]e fens bien que votte hommage A de quoi flaiter un cceurj Figute, efpitt, 8c courage , Tout en vous eft féducïeut. }'en ditois bien davantage ; Mais, mais, Vous êtes Ftancois, Et tout Francois eft velagé. F l o iii v a l. Si'1 eft vrai que mon hommage Ait de quoi flatter un cceut, fourquoi cefler ce langage. Et fulpendre mon bonheur ? Ah! dites-en davantage! Isabelle. Mais, maisj Vous êies Francois j St tout Francois eft volage. Florival. Ah ! ditèl en davantage ! Ensemble. Isabelle; Florival. 1'endiroi» bien davantage, Non non , Mais, mais, Non , quoique Franeoi» Vous étes Francois, Je ne feiai point volage Et tout Francoir eft volagé. Florival. Quoi! vous perfiitez donc a me refufer i'avefl aont dépend mon bonheur! Aii croyez moi . Da  52 LES FAUSSES n'écoutez plus une prévenrion lajufte: écarté* des foupcons indignes de votre cceur & dumien. Isabelle. Ces foupcons, letemps pourroit les détruire. Florival. Le temps! Mais fongez. Madame, que ien'ai pas un moment a perdrej forgez è mapofition. •ii M°n ét3t' mon devoir m'appellent ailleurs. Vous-même vous êtes fous Tautoritó SCÈNE HL ISABELLE FLORIVAL, ALONZE parots fur le buut dumur. ' Isabelle. !PH! dehJerUr P"due!--. Protégez moi, de grace. ( Elle fe fauve dans le pavillon. Florival. Ne craignez rien, Alonze. C'eft elle, c'eft la perfide, & ce m'ême Francois; mon malbrur eft certain. Florival. C'eft un fival, il faut le voir venir. DUO. Alonze. s'igneur, fans trop être indifcrct, pourioit on s'infttuire nu fujet Qui vous attire En ce fé/our? Fi».  APPARENCES. 53 Florival. l'Amour. ALONZE. L'amour. Ensemble. Florival. , Alonze. Ilemage, *>! que lenrage! II entage. Quel «u»aÊe! Florival Seigneur, fans trop êtte indifcrct, Ne puts je auffi in'initruite Du fujer. Qui vous attite En ce féjout. Alonze. L'Amour. Florival, L'Amour! ALONZE. ■L'Amour. Ensemble. Alonze. Florival. H enrage. Ah ! j'enrage, II entage. Qnelourrage! SCÈNE IV. LOPEZ, ALONZE. FLORIVAL. TRIO. Lopez. M Essieurs, fans ttop être indifcrct i Ne pounoit on s'infttaite D 3 Db  §4 LES FAÜSSES Dn fujet Qui vous attire En ce lejour ? Florival. L'Amour. Alonze. L'Amour. Lopez. L'Amour.' Teut-on fa voir encore, Sans rrop ë.re indifcrer. ft.«el eft l'aim,ble ob,et üu teu qui vous dévore? T,,k r,'l°rival. La charmante Léonore. . . Alonze. la perfide Léonore. . Lopez. Ou donc eft Léonore ? . Alonze. •^a, dans ce pavillon - Lopbz. Bntronj .., ,. Florival. » . ,Non i non. Je la de'fends. Lopez. Quoi! contre un pere « Florival. Contre toute la terte. Ensemble. Lopfz, Alonze. Fm»,,, Entrons, entron» vt loriva l. 1». tene. SCE-  APPAREN'C ES. 5S SCÈNE V. JACINTE, LOPEZ, ALONZE, FLORIVAL. £ U A T U O R. Jacinte. IVFessieurS, feroit il indifcrct De cheicher a s'inftruire Uu lujet Qui vous attire En ce (é|Out ? Florival. L'Amour. ALONZE. .L'Amour Lopez. l'Amour. Et, s'il vons plat', L'aimable objet, 1 Du feu qui les devote, C'eft la prudente Leonore. Florival. La chatmante Léonore. Alonze. La perfide Léonore- j AC IN TE. Oïi donc eft elle ? Alonze, Lop^z, F lor i va l. Lü • derians Dn renden-vous. a La charmante La perfide Léonore deux «mam Léonore. La p'uderte Léonore, j a • i N r L Vn rendeï-vous a d-ux Arnjns, Lï A i Lo.  $6 LES FAUSSES Lopez. A deux Amans. Jacinte. Quoi.' la dedans. Lopez. Oui, Ja dedans. Faut il te !e dite encore? Oui, Ja dedans, 14, la, ia, li; Peut êue enfin on le verta. Tous. Paroiflèz, Léonore. SCÈNE VI. LEONORE, JACINTE, LOPEZ, FLORIVAL. leonoke.parolt du cité oppofé du pavilhtu Me voila. Jacinte, Lop. z, alonze, Florival, La voila. La voila. La voila. La voila: Alonze. Ciel! qu'ai je fait, Lope z. Que veilt donc dire tout ceci? Jacinte. Vous allez le ia?oir, puisque nous ne pouvons plus vous Ie cacher. Florival. Quoi.' deux Léonores! L e o n o r f. Non, Monfieur, vous avez 6té dans Terreur. Vous  APPARENCES. 57 Vous m'avez caufé bien du chagrln; mais votte faute a été involontaire. Alonze. Et la mienne? Ah! Léonore, ne puis-je en efpéter le pardon? Leonore. Vous! cruel! Alonze, è Lopez. Monfieur, de grace, parlez pour moi. Lopez. Oh! en voici bien d'une autre. Ai on ze. Daignez parcourir cette lettre. Vous verrei du moius combien mes voeux font.définterreiTés. Ar iette. Prenez pitié de ma douleur. l'amout feul m'a rendu coupable. l'amour a caufé mon etreui; Me foyez plus inexotable ; , Prenez pitié de ma douleur. L o p e z. Quoi! fononcle eft mort! — Ilenhérite. —II époufe ma fiile fans dot I — Cela change Ia thefe. Jacinte. AlTurément DUO. Lopez, Jacinte./ 1 Prenez pitii de fa douleur. l'amour leul l'« rendu coupable. l'amour a caufé fon erreur. , Ne (oyez plus inexorable. Prenez pitié de fa douleur. Isabelle, (ort du pavillon (ffe jette auxpitis de Léonore. Ah! Léonoie! Al on.  53 LES FAUSSES nlUNZI, Que vois-je ; ma fee ir, Floritau Sa fceur! ( U Je jette a genoux 4 cóté 4'IJa. belle.) DUO. Isabelle, Florival, d Alonze. Prenez pitié de fa douleur. L'Amour feul l'a rendu coupaöle, L'amour a caufé fon erreur. Ne (oyez plus inexorable. Prenez pitié de fa doulêur. S fi X T U O R. Alonze, Lopez, Jacinte, Florival, Isabelle. L'amotir a caufé ^ """^erreur.. Leonore. Qiiel patti ptendte ! Alonze, Lopez, Jacinte, Florival, - isabel le. II faut fe rendre. Leonore. Oui, oui, je fens qu'il faur le rendre, TOUS. L'amour a caufé j erreur. L eo NO r e. Alon'e, faiiez le bonheur r-e votre foeur, de mon amie. Cor.lentez qu'elle foir unie Aa digne objet de foti atdeur. A L 0 N Z ' . PuifTe t il faire fon bonhear ? TOUS.  APPARENCES. 59 TOUS. Moment pleihs de charmes ! Apics rant d'allarmes, Que none foit eit doux! Lopez, & Jacinte. Mais, pour le goüier davantage, Ne foyez jamais volage, Ne foyez jamais jaloux. TOUS. Momens plein* de charmes, Sec. FIN.