3172 53   L E NÉCESSAIRE H O L L A N D O I S: gy «3 No. i. Jeudi le 4. Janvier rAo. 1781. PoLTTIQUE. Le Manifefte du Roi d'Angle- terre , qui' exprime les griefs de fa Majefté contre la conduite dc nos Souvcrains , & les principaux motifs de rupture, puifés dans la conduite particuliere des Bourguemaitres d'Amfterdam, effc déja trop connu par tous les fujetsde la République, pour quc nous lui en offrions encore la lccTure dans eet écrit. Mais comme, (malgré la promefle, que nous avons fake dc ne point nous mêler des affaires des puiffan*ces) il fe préfente Toccafion la plus naturelle de démontrer non feulement anos concitoyens, mais encore a toutc 1'Europe, 1'injuflice de ces griefs, & le peu de fondement des plaintes anières de fa Majefté Britannique contre les chefs reffedables de la ville d'Amfterdam, nous la faifirons avec 1'empreffement qui convient a deg bons patriotes. En cela même nous ne paflerons point les bornes que nous nous fommes pré~ fcrites. Au contraire, nous fraperons d'abord au but que nous nous fommes propofé, & nous rem-* ■*~:> ttertzi on^i UjSfim uïï .bwgb 3» i  co plirons la promefle faite de ne rendre compte que des ouvrages véritablement utiles au public, & dignes, par la mamere dont iis font écrits , d'ctre propofé'-a fa curioftté. Celai, dont nous allons offrir le tableau, a tellementprévenu les plaintes de fa Majefté Britannique ,qu'il ïembleraplustöt ,une réponfe faite a fon Manifefte , qu'un ouvrage publié un mois auparavant. II eft fupéricurement écrit en notre langue, & a pour titre. Het politieq Syfttma van de Regeering van uimfterdam, in een waar daglicht voor' gejleld, en haar gedrag tegeis de befchuldiging van den Ridder Torke befcheidenlyd verdeedigd in een brief aan een Heer van Regeering in Zeeland. C'eft-a dire: Sifteme politique de la Régence d'Amfterdam expofé dans un vrai jour, & fa conduite au fujet de Taccufation du Chévalier Yorke, juftifiée fans pallion dans une lettre a un Monfieur de la Régence de Zélande. Cette letre eft une réponfe faite a un Magiftrat de Zélande fur ces deux queftions. I. Quelle impreflion a faite fur les efprits le memoire de Monfieur le Chévalier d'Yorke. II. N'atil pas donné lieu a des efprits remuants de chercher a occafioner quelques troubles. L'Autheur répond en fubftance de la maniere fuivante. Dans d'autres tems, & en d'autres circonftances, on auroit pu avoir de telles craintes: Mais, dans ces moments, ily apeu d'apparence , & même aucun fujet de rien redouter a set égard. En effet il regne parmis les mem-  C 3 ) brc? de la Régence lVcord le plus parfait, 8t la, fagcflb dc ceuxqui la compofent a étabJi entrc, elle. & tous les états de la Bourgcoifie, une harmonie qu'il ne feroit pas iacile de rompre. Le famcux' discours au peuple des Pays-bas: qui a pour titrc , de gepaste Aanfpraak aan het Volk van Nederland, cn£, ena fourni la preuvé: carbon rapporte qu'une perfonne déguiféc en matelot, (mais affez mal, pui-qu'on reconnut fous eet habit qu'il n'étoit point ce qü'il vouloit paroitre) s'étant expofé a lire cct ouvrage en préfence de quelques mariniers & autres du peuple, & y ayant joint des réflexions, fans doute peu refpectueufes pour le gouvernement, efluya d'ahordles marqués dcla plus vive indignation qui fc peignoit fur les vifages & dans les geftes, & il finit par êtrc rofle d'une étrange manicre. Que ce bruit foit vrai oufaux, on voit aumoins par leplaihr, &l'unanimité qu'on a misa le répandre, quellcs font les dispofitions du peuple,. & cc qu'on doit attendre de lui, fi on eiTaye de le fojliciter en faveur des Anglais. Ceux de mes concitoycns,qui malgré les grands ■ domages qu'ils ont effuyé dans les priles qui • ont etc faites par les Anglais, m'ont étcné par leur extreme modération, n'ont cependant pu. s'empécher de faire fucceder au fang froid, la plus jufte indignation, quand ils ont vu le pavillon de Ta tat infulté de la manieredu monde 'la plus outrageante & la plus nouvelle parle Commodore Fielding, & lur-toutla violence cxercée par les Anglais fur le territoire même dc TEtat,a St. Martin. 11 eft plus que probable, cue ces mêmes hommes verroient non feuleBient une rupture ouverte avec plaifir, mais A a  C 4 ) encore qu'ils la défirent dans le fond du coeur. Plufieurs même, ne 'pcuvent s'cmpêcher de té~ moigncr que Monfieur Yorkc ne pouvoit donner°fon mémoire dans des circonftanccs plus heureufes; ayant déja 30 vaiffeaux de guerre armés dans nos ports, & pouvant, d'ici au mois de Mai en armer facilement 60 , tant vaiffeaux que frégates. II fe peut, que 1'Angleterre ait des raifons pour rcconnoitre, un enncmi naturel dans la France: Mais notreRépublique, n'ayant jamais tenté de faire des conquêtes, ni de troubler fes voifms, pcut-elle être 1'ennemi naturel d'aucunc nation? La France fe trouveroit dans ce cas, paraport a la Hoilande, ft elle vouloit abolir la fucccffion proteftante en Angleterre; comme on peut dire que PAnglais devicnt 1'ennemi naturel des Hollandais, lorfque, contre la foi des traités, il trouble fon commcrce, dans le quel confüle principalement le bonheur de la République. A Fégard de votre queftion fur les vues politiques de la villc d'Amfterdam, je vous dirai qu'on y concoit, qu'une dépendance quelconque dcl'Anglcterrcoude la France, feroitauffi funefte pourl'Ftat, que déshonorante pour le Chef héréditaire qu'il s'eft choiii. Tous les veux fe réuniflcnt pour éviter ces deux écueils, & il n'eft prcfque point de citoyen , qui ne foit perfuadé, que de ces deux points de vue dépend abfolument la véritablc grandeur de la Républiqte; & qu'ils font en mème tems le feul & folide fondement de lagloirc de la maifon Stahdouderiene. Cc n'eft donc pas fculernentrintérêtdu com-  C 5 ) merce, mai ausflï celui dc cettc illuftre maifon, i qui ont engagé la villc d'Amfterdam, a infifter en toute occafion fur Paugmentation des forecs maritimes & des troüpes de terre: trop inftruite par 1'hiftoirc des fiécles, que ce ne feroit qu'en mettant la Républiquc fur un pié refpec"table, qu'on pouroit folidement fc flater, que les puiffanccs voiftnes acccptcroient, & même rechcreheroicut fon amitié , & que les Princcs -& Princeffes de la maifon d'Orangc pouroient continuer a afpirer aux plus Auguftes alliances. Pour juger plus folidement de la vcrité du fifteme politiquc de notre régence a ces deux égards, comparez-le, s'il vous plait, a celui de 1'immortel fondatcur dc cette République guillaume premier. Ce grand politiquc comprenoit, que malgré la différence des fentiments & du eulte rcligieux de' la France , & dc notre Etat , il étoit cependant important 'd'avoir fon amitié , & d'en faire autant dc cas que de ccllc de 1'Angleterre , perfuadé que cclle-ci nc feroit pas exempte de quelques nuages d'humeur, en voyant nos progrés dans 3c commerce. C'cft pourquoi il tenoit conftament le milieu, en traitant égalemcht avec ces deux puiflances. Aulli fes fuccefleurs & furtout ce Prince,dont la memoire nous fcra toujours fi chere,1e grand ïiuderik henri, ont ils adopté la même conduite. II' eft vrai que guillaume ui, foit par desmotifs particuliers & peut-être perfonels contre louis xiv, foit qu'il ait été entrainé par d'autrcs circonftances , s'eft éloigné des principes de fes ancêtres. Ainfi quand on dira aujourd'hui que nous fommes portés pour les Francais, qu'on A3  C ) ajoute en même tems, mais c'eft dans les meines vues & dans les mêmcs principes de guillaume i, de maurice, dc fk.ede- hik henri, & de guillaume ii. Bien loin d'être hum li és par ce réproche , nous mettrons notre gloire a le mériter, en fuivant Cünitament les fisftemes politiques de ces Héros , de ces fages Fondateurs & intrépides défenfeurs de notre République. II ne feroit point aufli facile qu'on fe 1'imagine , de s'éloigncr dans cette villc des grands principes de fagelTe qui y dirigent & y détermi' nent les confeils ; les faétions ne peuvent y avoir acces, par ce que ces grands principes font foutenus en vigeur par des Maatrats, dontlc zé e & le travail font infatigables, & le noblc desintéreiiémcnt eft mis dans la plus grande évidence. Quel feroit le citoyen aiTez ingrat, pour manqucr jamais a la parfaitc confiance, que merite par dellus les autres le plus vieux, & le plus ancien d'entre eux. Déja dans la régence longterm avant le Stadhouderat, employé cnfuite pendant 30 ans, dans les emplois les plus pénibles&les plus importants, ilconnoit parfaitement toutes les mefures & les tempéraments a prendre pour le bien public. Plufieursde fes collégues lui doivent & leurs avanccment, & les grandes qualités qui les rendent dignes des places qu'ils occupent; plufieurs le regardent comme leur protecleur , &. tous le refpeélent comme leurs pere. On ne peut donc doutcr de Pinfluence qu'il a dans tous les confeils , & on aura d'autant plus de confiance, quandonpenfera, qu'ils font tous balam és au poids d'une expérïence refléchie, par qui ? Par un vieux Patricien.  C 7 ) auflï fimplc dans le public que dans 1'intérieur de fon domeftique , d'une arlabilité conftament éDale dans toutes fes relations, & qui n'ayant point d'enfants, a ii publiqueraent adopté pour tels tous fes concitoyens , qu'aucuns ne dektent en aucun lens dc le regarder comme leur pere. Eft -il concevable, qu'on puiffe attribuer a un hom me de ce caraclere aucunesvues de cabales ou de facïions. Au fujet de la correlpondance fecrete decette yiïle avec les Américains en 1778 , & dureproche, fait par Monfieur York d'être contrevenu a 1'union d'Utrecht, en s'arrogeant une fupériorité fur les autres provinces (chofe, dit il, dont on ne voit pas d'cxemple dans les annales dc la Répubiique): je vous répondrai, que cette correlpondance préliminaire n'a été ni com-, mencée ni continuée avcc les états des provinces unies de .rAmerique que pour le bien général du commerce de la nation & non point pour un intérêt cxclufif. La lcéture feule du plan du traité fournit des preuves furabondantes pour la juftincanon de la bonne foi & du parfait défmtéreffement de notre Régence a 1'égard des autres villes : on n'y trouvera pas même Pidée d'aucun avantage excluüf. Mais pourquoi, dira t-on , les autres, intéreffés n'en ont ils pas eu connoiffance ? II faut être bien peu verfé dans la politique pour faire une pareille queftion. Depuis quand le fecret n'eft il plusl'ame des confeils, & comment ce fecret communiqué, auroit-il échapé a la connoiffance de 1'Ambaffadeur d'Angletcre. N'a-til donc pas été infiniment plus fage de le laiiler jgnorer aux membres de 1'Etat, & fuivant les A 4  cïrconftances plus ou moins avantageufes, les laiffer. parfaitement les maitres de défavouer les démarches de la ville d'Amfterdam: ainfi ce grief, dont on a voulu faire un épouventail, devient au contraire, au jugement des politiques édairés, la preuve la plus complete, & du zéle de nos Récents pour la furetéde la gloire de la nation, & de leurs' prudence confómmé* dans toutes leurs opérations, & déinomrc que dans ip.dre cy ils n'ont en aucun lens dérogé aluiion d'Utrecht, qu'ils regardent comme la bafe fondamcntale de l'union des états. C'eft ce que je u'aurai aucune pjine a vous prouver. II è\\ notoire qui nou feulement une province, miis auffi des villes, & qui plus eft des Gentüs hommes particuliers, ont fait des traités de leurs authorité privé j , du tems de la Régence desComtes. II n'eft djs moins ceruin qu'ils out fait des guerres, des trêves & des paix fuivant que leurs intérêt particuli.r 1'a exigé• par exemple tt traité de paix entre Utrecht, Muiden, & Weefp conclu le i juillet 1463 L'alliance des Seigneurs d'Amftel & Woerden avec le Comte de Gueldre Otton III. pour faire la guerre a ,1'Evêuue d'Utrecht. On ne peut nAer que l'union d'Utrecht n'ait apporté des moJifications cohfidfirible's aux droits particuliers des vil. les, m iis il n'en eft pas moins certain, que fon but effen, tiel a é'é d'affurer les privileges de chaque pays & de chaque memne,& que üuiliaume premier, qui en a été le motcur, a eu princip nem :nt en vue d'empêcher toute comivence avec les iiipaapols. Mais jamais , ni lui ni 1'Alli .nee n'ont eu 1'idée d empèchcr les traités ou conventions quelconques. & bien moins encore des conventions préparatoires de bouche ou par écrit, furtout quand ell s ije feroient point contraires au corps de 1 alliance. En voici des preuves co yïnnées par' des exemples choiiis dans le nombre de ceux que je pourois citer. Peu de tens après l'union d'Utrecht le 2 Juin 1579. les états d'Hoilande & de Weftfrife envoyerenta leurs fraix au Roi de Dannemark Bartbeiemi Buys Penfionaire dc Gornichcm pour la reftitution des navires Hollandois , ce qui réufflc , ainfi qu'on le voit dans les archives au 2 Juin & 21, Juillet 1579.' Aucun des alliés ne Ce trouva miuvais, & [aj Majefté pinotfe ne fit aucune dilBculta de ir aster avec ce député particulier En 1581 fuivant les meines archives au 18 £25 Juillet,  C 9 ) même o'eputation a la ville de Breme au uijct de quelqucs impofitions fur les harangs, cc fur leur refus, letuc des fufdits états & du Prin:e Guillaume, contenant presqu'une déclaration de guerre pf i',82 autrc députation a l i Reine d'Angletcrre de la part des états d'tloliande, Weft'rife & Zélande & du Prince Guillaune prémier avep des inftructions particulier res dans 1 une des quelles cette claufe eft remarquable., fans fe rigl'er par aucwii ordre de quelqu'autre provi ice e:i général ou en-particulizr. Peude tems, aprèsp'oflïc duComtéde Hollande&dcZelande traité trés iécretemcnt avec Ie même Prince, & il'infcu des autres membres de 1'alliance, qui furentealmés, dés que cè, Prince les eut afluré, que dans ce qu'on faifoit il ne fe paffoit rien de contrairea l'union. Si un traité de cette importance n'a point été jugé contraire a'ux loix de 1 umon ni par le Prince, ni par la Hollande & la Zélande, ni par les autres Ailiés, a quel Hoilandais, pour peu inftruit qu'il foit de la conftitution de 1'Etat, poura-t-on perfuader que les négoüations préparatoires des Bourgumaitres d'Amfterdam avec les Américains font inconftitutioneles. C'eft le repoche de Mr. York. A Ia pajx de Munfter le Prince frede ri k he nr y, & fon fils guillaume , ne crurent point préju.licier a l'union en cbargeant Mr. de knuit, d'inftructions concernants 1'intérêt de leurs maifon? En i68t & 1Ó84 , lors de la propofition de la levée de 16000 hommes, i laquelle la ville dc Amfterdams'oppofa formement, il y eut des conférences particulures , & des co'.'rcfpondances dont 1'interceptation iit bien un autre bruit, que celle des papiers de Mr.'nusENS Ce qui donna occafion aux nobles de la Province de Hollande de propofer.fionne devoit pas interdire aux membres de 1'état cette communication avec les Miniftres étrangers. On frait avec quelle affurance les députés d'Amfterdam, rc~ pondirent a cette occafion. lis voulurenc bien cepc-ndant promettre de communiquer ce qui regarderoit lagénéralité, lorfquil leurs feroit.propofé quelque chofe par les Miniftres étrangers, & ils continuerent leur conférence avec tous les députés des puifTmccs etrangeres. Quellea*doncétél'erreurdeMr. le Chévalier yorke, ae dire que ces négotiations prép iratoircs n avoient point d'exemple dans les annales de la République. L autneurcite en A S 1 1 j ■ . - • •;. \ i'  fuiterexernple.de guillaume in.,,!ors dudtéhronement de Jacques fecond. Le Prince fit toutes fes né.:ojtürtions avec trois Bourguemaitres de la ville d'Amfterdam, & il y mit un tel fecret, qu'il leur fit mê.ne promettre de laiffer tout ignorer au quatrieme. Voila continuetil un trait de négotiation particuliere d'une bien autre mportance que celle dont il s'agit, & dont la fuite a été de déthroner un Roi avec lequel on venoit de renouveller, oude conclure une grande partie des engagements, dont parle fi fouvent Mr. le Chévalier yorke. Par tous ces exemples mais principalement par ce que eft arrivé aux années 1685 * 1684 & 1688, ïleft évident qu'au moins, jufqu'a ce tems la, i! n'y a eu aucune loi, quiait interdit aux membres de 1'Etat des traités fecrets & encore moins) des conférences ou Communications préparatoires, & j'ignore, que depuis ce tems, il y en ait eu. Enfin le dernier reproche de Mr. le Chévalier tor ke, d'avoir violé le droit des gens par cette correfpondancs particuliere & fecrette avec les fujets rebelles d un Souverain lié avec la République par les nceuds les plus facrés, mérité une réponfe. La voici Une nation qui a violé dans toutes les occafions les droits les plus faints & les plus refpcctés, au point de forcer les puiffances du nord de former contre elle une neulralité armée pour fe garantir de fes violences, a-t-elle bonne grace, a réclamer des droits qu'elle a fi ouvertement & fi'folemnellement abjuré. Non. Cependantles Amftcrdamois, qui feroient bien fachés d'avoir jamais violé les mêmes droits foumettent avec plaifir leurs conduite a 1'examen le plus rigoureux. Ont - ils donné quelque fecours public ou fecret aux. Américains? Non Ont il promis ce fécours a préfent ou pour I'avenir ? Non. Aumoins n'ont ils pas fait des promeffes générales, dont les fuites pouroient préjudicier eu quelque chofe a la neutralité . & au droit des peuples ? Non. Ont ils fait une convenrion de fe protéger & de fe fécourir mutuellement? Non Enfin ont ils réconnu directement ou. indire&ement 1'indépendance ? Non. En quoi doncont ils mérité le réproche ? Le voici. C'eft d'ètre convenu en telle maniere que ce foit, de quelques points decommerce avec les Américains, lorfqu'ils feroient reconnus indépendants par le Roi même d'Angleterre. Ainfi donc, elle n'eft point avouée cette indépendence & ils ne  C ii ) pavoueront que quand Ie Roid'Angleterre, qu'ils ne veulens ofFtnfer direcEementniüidirc£terncnt, 1'aura pubhquemcpt avoué lui même. Que devient donc le fondement de ia plainte de Mr. Yorke ? il fe détruit de lui même. Mais nous oppofe ■ t - on encore , fi votre conduite eft équitable & irrepréhenfible dans Ia plus grande rigueur du droit des nations, au moins devez vous convenir, qu'elle eft tout a'fait contraire a la cordialité. Ne pouviez vous pas vous contenter des avantages que vous tinez derabordement des vaiffeaux Américai' sdans vos ports&c. Quand même i! n'exiftctoit aucun traité.d'amitié entre la Repubuque & 1'Angleterre, n'eft il pas de 1'intérêt de le première que celle-ci refte une puiffanc refpeftable ? Et fi quelqu'autre, comme la France, 1'Efpagne, ou toute autre gagne 1'empire de la mer , croyez vous qu'elle en ufera mieux avec vous que les Anglais. Je ne difconviens pas, que dans ces circonltances quelques particuiiers d'Amfterdam n'ayent bien fait leurs affaires , mais ne pcnfez pas , qu'en général. on puuTe dire qie notre commerce eft floriffant. Je n'ignore pas, que quelques politiques, penfent que c'eft un fiecle d'or pour nous. Je défirerois que leurs opinion fut vraye. Mais, belas! quelle difFérence de ce qui paroit , a cc qui eit réellement. Qu'on exagére donc tant qu'on voudra nos avantages : ils ne pouront jamais entrer en balance avec les maux & les pertes que les Anglais nous ont fait fouffrir: & que devons nous attendre encore de la fin te de tous ces troubles ? Nos politiques d'Amfterdam s'attendent bien que toute puiffance qui aura de la fupériorité fur la mer, poura ïncommoder a fon gré notre commerce, fi elle joint-1'injuftice , a 1'ambition , & au pouvoir. Maïs ils favent en même tems, que les grands pouvoirs ne font pas toujours oppreffifs, & ils en ont fait & en font encore 1'expenence la plus confolante. Au refte en fuppofant qu'il n'y eut que des vexationsa atttendre tantót d'un voifin & tantót del autre , on juftifie par cela même les vues pleines de fageffc de nos excellents politiques , dans leurs défirs énonces de voir notre marine fur un pié refpectable. Qu'on n'imaginc pas non plus que les Amfterdamois mclinent aveuglèment vers les Américains. Si ils fe font fravé des voyes d'amitié avec eux , pour en recueilhr les ftu'its, lorfquil fera reconnu par. rAngleterre, qu'on peut  C 12 > rfaris manquer a. cette puifTince les traitcr en Souveraln„, c'eft qu'ils ont prévu, mieux que perfoneles conféquences del'indépendance Américaine. Quel feroit en effetle poiiti-que qui ne calculeroit pas au prémier coupd'teil, le dégré d'influence, que cette nouvelle puiffance aura fur la Hollande, fur toute 1'Europe, & peut-être fur tout le monde entier. Mais Ia boule étoit jettée fans retour par 1'opinia treté inouie du Miniftére Anglais, & 1'Europe étonée des conféquences de ce nouvel empire éclos du fein de 1'oppreffion adu gémir de 1'avèuglement de' ce Miniftére, & calculer dc bonne heure, les eifcts de la haine ou de 1'a' mitié de cette future PuiiTancc. Quelle influence ne peut-elle pas avoir en particulier fur nos poffeflions en Amérique , qui en cas de difpute i avec les nouveaux Etats unis , cxpoferoient notre Répubiique au même danger, que celui qu'on femble nous faire redouter de 1'un ou Pautrc voifin, danger du quel aucune Garantie Européene ne pourrolt nous préf.rver. C'eft auffi cette même crainte qui nous a dirigé dans les délibérations fur la Neutralité armée , & nous- a fait infifttr avec tant de force fur la garanrie de nos établiflemens ; c'eft par le même motif. que la ville d'Amfterdam a cru ne devoir point méprifer les propofitions dun, traité de 'commerce, ni traiter indifféremment les envoyés Ameriricains, uniquement en confidéradon de 1'Angleterre, dans un moment, oir cette puiffance ne negligeoit aucun moyen pour incommoder notre commerce, & dans un tems en. core, oii toute t'Europe étoit étonnée , ainlï que nous , que toute une année Angloife fe fut rendue prifoniere a Saratoga , ce qui foumiffoit déja une preuve incontcftable , que 1 Angleterre elle-même ne devoit plus regarder fes ennemis comme peuredoutables. Apiès vous avoir fait part dc toutes ces confiderations» jedoisvous faire encore quclques remarques fur Ia demande indecente d'une punition, exigée par Mr. Le Chévalier Yorke contre Mr. berk el Penfionaire de notre ville. Ou il n'y a point de crime, eft il honnête, de demander un chatiment? Quand la conduite de nos" Bourguemaitres ne feroit pas non feulement auffi innocente, mais encore auffi digne de louange & d'admiration, qu'eldoit être reconnue telle, par les preuves, que je viens d'en donner; Mr. le Penfionaire feroit encore a 1'abri de tout réproche, puisqu'il n'a fait, qu' ex-écuter les ordres  C 13 -> dc fes mattres, a qui il ne pouvoit fe dispenfer d'obéir j fans manquer a fon devoir, quand même, il n'auroit pas été de leur opinion. La demande d'une telle punition en pareille circonftance eft fi irréguliere, que nous pouvons dire a notre tour, qu'il n'en eft pas d'excmple dans les Annales de; la République, & nous ajoutons. que depuis notre exiftence, jamais aucun memoire du Corps Diplomatique, n'a imaginé une prétention auffi extraordinaire. En effet quel feroit le fort de tel ou fel miniftre d'ém, & même de tous ceux que leur dignité oü leur place farce* par devoir a prendre un intérêt marqué au Gouvernement, fi un Ambaffadeur étrangcr cn prenoit le dröit de le perfécuter jusques dans fes propres foyers? Ce feroit fait de 1'indépendance de notre République, fi la liberté de conlérer fur les intéréts de 1'état & de dire fon fentiment avec franchife étoit genépar les vues politiques des autres puiffances. Alors la France, PEfpagne , laiRusfie, 1.Empire, la Pruffe, & chacunedes autres puiffances , qui auroit affezde forcc en mainpour apuier une pareille prétention .pourroit préfenter a chaque jour, des mémoires analogues, i celui de Mr le Chévalier Yorke. II pourroit demander la punition de tel ou tel membre de.la Régence , depuis le plus confidérable jusqu'un plus pp it, dés que n'ayant pas voulu favoriter aveuglement les intéréts d'une puiffance pir le facrifice de-ceux de la patrie, il fe feroit attiré la disgracc de celui qui feroit chargé des intéréts de cette puiffance, au prés de la Républiquei . je fuis maintenant perfuadé qu'il ne vous refte plus aucuin fcrupule ni fur la conduite & Ia fageffe de nos Régens , Dj fur la pureté & 1'innocence des motifs qui ont di. rigé toutes ieurs demarches &c, &c. J'ai 1 honnour d'êtrc. PRECIS de l'ETAT ACTUEL de l'EUROPE. Notre fituation a 1'égard du refte desnations eft affez connue. Pir rapen a. 1'Angleterre, elle vient d'être décidée par Ie Manifefte de ce Monarque qui annonce une rupture ouverte avec nos Souverains. Dèsle printems, Kim. peratrice de Ruflie avoit propofé une Neutralité armée, & fi elle avoit cu plustot lieu . peut-êtrc que 1'effet en auroic été plus avantageux. Cependant plufieurs, politiques penfeni\, qu'il n'y a encore rien de difefperé. Toute cette  jhnée s'eft encore écoulée, fans que les deux PuifTaricej' qui fe disputent 1'empire de la mer, ayent eu un avantage décifif. Des flottes puiffantes fe font croifées, & ne fefont pointapprochées. Les dépenfes des deux cotes font ïnfinies, la poftérité étonée en cherchera vainement les produits. Néanmoins 1'Amcrique refte toujours & le fujet & le fiége de la guerre, & le tems feul apprendra, quelles ferons les fuites de tout ceque 1'on entreprend pour ou contre les Anglais Américains, devenus déja presque rivaüx des Anglais de 1 Europe. On ignore encore jusqu'a un certain poinr quel parti le Portugal prendra dans cette, affaire Quelques uns efperent que le Roi de PrulTe , fe joindra a la ncutralité armée des autres puiffances du Nord. L'Empereur paroit jouir encore de tous les avantages de la derniere paix, malgré les nuages qu'on voic s'amaffer de loing pour répandre leur maligne influence fur la félicité de fes peuples. La mort trop précipitée de fon augufte mere, les titres & les prétentions acquifes par Ia mort du Prince cha rln de lorB-aine pouront, fuivant le calcul de quelques Politiques, être par lafuitedes fources de divifion. Cependant tout refte encore dans le fecret du cabinet La Suéde, & le Danemark femblent jusqu'a préfent n'avoir d'autres vues que eelles, de I3 neutralité armée. La RuiTie (outre cellcs-cij paroit en avoir encore contte la Porte. Les Cours d'e Naples & de Rome divifées ne répan.lent pas leurs influencts fur les autres puiffances de 1'Europe, & la prolongation du féjonr des troupes Ruffes dans les états de Pologne, ne fait craindre aucun mouvement qui puiffe alarmef les Voifins > na la Pologne même. LEGISLATION. Celle de faMajefté Pruffiene, au fujet de 1'adminiftration de Ia juftice dans fesctats, mérite 1'éternelle reconnoiffance de fes peuples, ainfi que 1'admiration & 1'imitation de tous les fouverains. Nous commencerons a donnerjeudi prochain 1'extrait de cette piece intéreifante, qui a tous les titres glorieux mérités par cc grand Monarque, feront ajouter celui du plus fage Législateur. PHYSIQUE. Nouveaux Mémoires de l'Académie Royale des fciences cjf belles-lettres (de Berlin) pourïannée 1778, avec l'hiftoire de la même année, grand in Ato, enrichi de figures. A Berlin, chez Decker .780. La claffe de philofophie expériment,ale contient les aiUcles fuivans.  C is ■) 1, Des Expèriences de M. Marggraf, fur l'efpece de tem qm'refte dans la derniere iejfive mere du fel commun, ou fur la bafe du Jel amer , en tint que cela regarde la proprieté de rendre d autres terres fufibles. L'autcur avoit déja obfervé une finguliere piopriété de cette terre, fcavoir, que combinée avec le fpath fufïble elle produifoit un mélange qm fondoit aifément au creufet, qu'elle pénéttoit. Cette obfervation 1'a déterminé a mêler la même terre, qu'aucun feu ne rend fufïble, avec d'autres terres, pour voir 1'effet opéré par ce dernier fur ces diverfes mixtions. 2. Dn Memoire fur la dèphlogiftication de Vair phlogifttqué Par M. Achard. L'auteur a opéré, a 1'aide du nitre fondu , la déplogiftication de 1'air phlogiftiqué. „ Cette dèphlogiftication, ditil, eft d'une grande utillté, puisque, par fon moyen , ou peut aifément & a peu de frais rétablir parfaitement & rendre trés f.lubre 1'air le plus gaté, tandis que la produüion de 1'air déphlogiftiqué, qu'on tire immédiatement des corps , eft fujette a beaucoup de difficultés . & devient toujours trescouteufe par la petite quantité qu'on en obtient ". AGR.ICULTURE. Nouvelle méthode de grefer fur raam, tirée d'un ouvrage anglais, intitulè: A new tkea- tise on the art of graft1ng and inoculation, c'eft-a dire, Nouveau traite sur l'art de greffer et d'inoculer. Prenez nne greffe ou un rameau d'un jeune arbre de l'efpece que vous voulez propager , & un petit morceau de la racine d'un autre arbie de la même efpece oü d'nn genre analogue, & entez la greffe fur ce morceau de racine , ayant foin que 1'écorce de la racine joi^ne exaftement celle de la greffe. Cette partie de racine nourrira la greffe comme le pied d'arbre dans la méthode ordinaire. Cette maniere de multiplier les arbres fruitiers eft auffi aifée qu'expéditive , les racines étant plus communes que les pieds. En la fuivant, les pieces ou racines d'un pommier fauvage ou d'un pommier venu de pepin , par exemple, fourniront a 20 ou 30 greffes: elle eft encore excellente pour fe procurcr des arbres qui ne réuffiffent pas greffés fur tige. Ajoutez que des greffes ainfi entées portent plutót, & donnent plus facilement desarbies liains.  C 16 ) L'auteur recömmande encore de greffer & de ïegreffe* jufqu'a trois fois le menie aibre. ■ EFFET du TONNERRE. Le tonnerre eft tombé k Saint Maur proche Paris dans un des potagers du chateau, la mit du 4 au 5 Juin, oii il y a eu un orage, fuite des chaleurs exceffives qui fe font fait reffentir pendant les premiers jours du mois Un herborifte de Taris, ayant été le 5, a la pointe du jour, dans un des jardins qn'on nomme de la plaine, pour y cueillir de la ruc grfè 1'abfynthe; trouva ces plantes couvertes d'une rofée couleur d iris : il en cueillit, & femit dans les bras & les jambes une cuiffon femblable a celle réfultante de la piqure des fourmis. De retour a Paris, fee bras fe font enfiés, font devenus rouges & éréfypelaleux; il s'y eft élevé des cluches femblables a celles que pro. duit Ia bruiure ou les véficatoires; l'inflammation a gagne ju'fqu'aux épaules: la fievre eft furvenue, accompagnée de délire. Le lait, mêlé a une forte décoftion d'herbes émollientcs , a appaifé les accidens. On ne peut attribuer c t événement qua Ja matiere •électrique dont étoit impréanée la rofée qui couvroi: ces plantes. Des beftiaux mis dans un paturage imprégné de cc fluïde auroient pu, a plus forte raifon, être attaqués d'une maladie inflammatoire dont il auroit été dïfficile dc connoitre la caufe; & ce phénotnene peut jetter beaucoup de jour fur nombre de maladies, foit des troupcaux , foit des grains , dont on ignore 1'origine {Artkle.tiré de La Nature confidérée, &c.) La Longueur de 1'cxtrait de la lettre Hollandoife que' nous n'avons pu interrompre a caufe des circonftances , nous a forcé dc renvoyer a Jeudi procbain beaucoup da matieres intéreffantes. ■ Cette Feuille fe debite a 2 fo!s & demi a Amfterdam, chez J. F. Rofart, lmprimeur dans le Warmoeftraat. a Arnhem chez Moeleman , a Bois-le duc chez Pallier', a Delft chez E. van der Smout, a Dord chez Blujfé , a Fra* neker chez Romar, a Groningue chez Hu^ing, a Haarlem chez van der Aa . a Hardervik chez Luntef>ojch, l la Haye chez C. Plaat, dans le Hofftraat, a Le'uwaarden chez Tresling, a Leide chez Luzac rjf van Damme, a Middelbourg chez W. Abrahrms, a Nymegue chez van Goor, a Rotterdam chez D. l^ifrh fur le Black, § Utrecht chez G. T. van Paddenburg £ƒ B. de Wild. Les Soufcriptions font ouverteschez les fusdits Libraires.  L E NÉCESSAIRE HOLLANDO IS- No. II. Jcudl le ii. Janvier Ao. 1781, PoLITlQUE. 1'Auteur de la lettre dont nous avons donné 1'extraict dans la feuille précédente, pour prouver le droit, que les membres de 1'état ont de déliberer dans les affaires qui ne font point contraires au traité de Punion, raconte un fait qui fe trouve non feulement dans les annales de la République; mais auffi dans celles du royaume d'Angleterre nous n'avions fait que 1'indiquer, le voici en fub france tel que TAutheur le raporte. Jacques II Roi d'Angleterre voulant renverfer la conftitution civile & religieufe de fes peuples, & ayant donné des preuvcs inconteftables, qu'il vouloit abolir le proteftantisme; Guillaume III, ne put voir ce reriverfemenc des loix du Royaume d'un ceuil tranquille, furtout aprcs avoir recu plufieurs fupplications des grands d'Angleterre, qui imploroient fon fecours. Ce prince ayant pris la réfolution de fe rendre a leurs vosux, concut que s'il fe déclaroit aux Etats-Généraux, 1'un on 1'autre des Ambaffadeursréfidcnts a la Haye, pouroit éven- K -  ( 18 ) ter fes deiTeins. II prit donc le parti de les tenir cachés, jusqu'a ce qu'il auroit fait les préparations nécefiaires a fon cntreprife. Mais comme il fentit la üiiiicuhé de la faire réuffir, fans s'être allure auparavant des dispofitions de la Régence d'Amiterdam, il envoya vers elle le Seigneur de Dykvveld pour traiter de cette affaire avec les Bourguemaitres Hudde, Geelvinck & Witfen, & non avec d'autres, avec ordre de prendre leurs parole d'honneur qu'ils en garderoient inviolablement le fecret, & qu'ils n'en donncroicnt pas la moindre connoiifance, ni aux Etats Généraux ni a ceux d'Hollande. Mème le Seigneur dc Dykweld eut avec le B 'ur^uemaitre Witfen une conférence plus particuliere & plus longue, lorsque celui-ci le conduifu a la barque, que celle qu'il avoit eue en préfence du Bourguemaitre Hudde. Deux j ours après cette converiation, le Bourgueraaitre Witfen fut mandé a la Haye pour venir chez le prince avec le quel il cüt un en-, trctien fecret, dont le réfultat fut, que ce Régent donneroit connoiffance de tout ce qui s'étoit pafle aux deux autres Bourguemaitres, celul-ci ayant propofé de la communiquer au quatrieme, & a deux ou troix autres membres de la Régence, le prince le lui refufa abfolument. Ayant ainfi pris fes mefures dans le pius grand fecret & s'étant enfuite affuré de quelques Cours d'Allemagnc, il envoya Mr. de Sentink a Amfterdam aux tro x Bourguemaitre1-', pour leur communiquer, le réfultat de fes démarches, & après avoir rempli fa cornmisfion , on le fit fortir fecretement a minuit. Quelques jours après, on traita cette afcüre plus ou-  C S# ) yertcment, & on fcait que les Etats ne firenp pas la moindre difficulté de pretcr leurs llotes & les mcilleures troupes pour favonier le proiet de ce prince. Peu après, 1'Autheur ayant dit, qu il ne fait pas qu'il y ait eu, ni qu'il y au aucune loi qui interdife des conférences préparatoire* aux membres de 1'état, il appuye ion a.ertion par un paffage du Prèfident Bynkershoek, ]urifconfultc de cefiécle qui s'expnme amh: „ aurefte on doic expliquer ceue refoluuon du a» Scptcmbre «$9 de 1'audience qu'on donne en pab.ic aux Ambaffadeurs: Car ceci n eil pas permis mème aux provinces particuueres fa^ la chofe regarde la condition, ou 1'mteret commun du pays: Mais necroyez pas que par cette réfolution, il foit déicndu a ceux, qui lont membres du confeil des chévaliers, & de ceux des villes, ou leurs députés au confeil d etat, d'entendre les Ambaffadeurs des pnnces étrangers en particulier, ou de parler avec eux fur fe falut de la République, car ceci n eit prohibé par aucune loi, & ne peut 1'etre fans blesfer la dignitéde la République : a condition cependant, qu'ils cchent cc qui doit etre fecret, & qu'ils ne jugent pas trop témerairement des choiès qui font au dela de leurs pouvoir & ou ils gardent auffi la décence qu'on doit obfcrlr le fcais tres bien qu'on a reproche aux Amfterdamois, dontlcs députés avoient eu des entretiens avec 1'Ambaffadeur du Rg de france d'avoir commis un crime conliderable, & qu'on amis le fcéau fur leurs papiers dans leurs ïgement » * ,Mds de cela a été fait, on le trouye alles dtmontre  C 20 ) dans Ia lettre des Amfterdamois écrite le dix muffevrier 1684 aux Etats de Hollande & celIe du huit mars de la même année &e. LEGISLATION. Voici cëflte de fe Majefté le Roi de Prufle du 28 Decembre 1779 , ■ pour rAdminiftration d'une juftice prompte folide & impartiale a tous fes fujets. -art. I. Sa Majefté veut trés férieufëment, que les Préfidens , les' Conféillers , & en général tous les Membres de fes Colléges de Juftice fe rappel!ent de nouveau le Serment facré, 'qu'ils ont prêté , & en vertu duquel ils font tenus de rendre la juftice la plus prompte & la plus-'impartiale a tous & chacun, fans la moindre acception dc perfonnes, & fans confidérer aucunement le rang, les richcffes ou les autres q_ualités accidentelies des Parties refpedlives , mais de fuivre au contraire les regies de leur devoir & leur confcience, ainfi que les Loix du Pays & 1'équité qui y eft conforme. C'eft fpécialement la volonté trés férjeufc de S. M., que dans les Procés entre des Seigneurs & leurs Vaflaux , foit des Corporations entieres ou de •firnples Individus, les Tribunaux redoublent conftamment d'attention , afin que les Perfonnes de bar-raug & les Pauvres, dont les Caufes font ordinairement défendues avec trop d'inattention & de négligence par les Avocats, qui ieur font donnés d'office, ne deviennent pas les Ticiimes de la chicane & des artifkes de leurs Adverfaires riches & puiffans , mais que plutöt on les aide a obtenir juftice avec le même zéle & la même vigueur que tous autres. Ceux des •Officiers de Juftice, qui s'éloigneront le moins  C 21 > du monde de 1'obfervation de ces devoirs &: de nos intenüons Royales qui fcJP^igg* re par des Dons & des Préfens a tordre e Droit qui agiront d'une manierc deraifonnable &. par tiale par crainte humaine par amitié ou par d'autres paliions, & en géneral ccox quute quelque maniere ou par que que g^gg foit, donneront lieu de iormer des 1U"^ fondés contre leur intégrité, doivent Wgggg infailliblement, qu'après un M<»ftH*£9£g préalable, ils feront non ^^^Jg aucune connivence ni formalite, mais qu us feront punis de plus, des pemes corporclles les plus féveres ou même capitales , que ï>. m. iu réferve dans tous les cas dc prononcei HUentême contre eux. Quant aux Membresdes Tribunaux, qui par inattcntion, par^onchalan cc & par uneHlégéreté exceffive -néghgen es procés, qui leur ont éte confies, oui qui es laiffent entierement indécis , ou qu du moms ne les étudicnt pas avec 1'attention, la lol d é, & la diligence réquifes, & qui doönent beu par la a des griefs bien fondés , ils feront feSement cofrigés a ee fujet, *^fg par la démiflion, qu'ils recevront fur■ le uamp de leurs Emplois, dont une pareüle condui e contraire a leur Serment les aura rendus mdi'nes mais auffi Par une punition ngoureufe & rexigence'du cas fc fans la mom re connivence. S. M. a pns les ™efurcrs.^s/** efficaces, pour être inftruite avec eert tude de ïoutes les fautes pareilles & de tous les abus dans les Offices de Judicature; & tous lesjgriefs, portés contre les Colléges & Officiers de Jultice leront non feulement examinés avec toute m  C 22 ) güeur; mais il fera auiïï fait de tems er* tems des Vifitations de Juftice , dont 1'annonce fe fera préalabiement tant des Chaires qu'ailleurs dans le Public , afin que chacun , qui croit avoir quelque plainte fondée contre le Collége a vifkcr, la porte au lieu convenaMe ; que Taffaire foit examinée avec teute la févérké & l'exa&itude poffible ; & que ceux, qu'on trouvera a cette occafion s'être rendus coupables de quelque prévarication dans leurs devoirs, jfoient obligés a en répondre, ainfi qu'il appartient & qu'il a été ftatué ci-deffus. II. Lorique Sa Majefté envoye des Suppliques a des Colléges de Juftice , & qu'il lui plak de demander des Inforraations a ce fujet, Elle s'attend qu'on 1'inftruira non feulement de la décifion, qui s'en fera enfuivie , mais auffi qu'on y ajoutera un expofé brief, précis, & clair des prmcinaux motifs, par lefquels il a été jugé de cette faeon & non autrement. III. Veut aufli S. M., que toutes les Difpofitions faites jufqu'a ce jour contre les fubterfuges de la chicane, rufes, expreflïons équivoques & a doublé fens employées par les Avocats , foient notifiées de nouveau , & remifes dans leur première vigueur, en impofant aux Cours de judicature , & en particulier aux Préfidens & Dircdleurs, la itriéle obligation de veiller foigneufement fur la conduite des Avocats qui plaident devant leur Tribunal; & fur le moindre foupcon de manoeuvres illicites que ceux-ci pourroient employcr, de chercher a s'en alfürer par 1'examen le plus rigoureux , afin que dans le cas oh le fait viendroit a être vérifié , ils puiffent en informer fur le champ le Grand- •  Chancelier de S.M., pour que les Contrevenansfoient condamnés, non feulement a le pnvauon de leurs fondions , mais meme encore a des peines plus graves , telles que 1'emprifonne.ment les travaux aux Fomfkations & autres punitions plus féveres , fuivant la nature de leurs délits &c. . . . IV Et attendu que S. M. eft mtunemcnt perfuadée que la plüpart des procés le plus epineux & les plus dangereux aansleurs roientêtrefacilementévités, fi, a la première apparence des difficultés qui les occafiotinent, & avant que les efprits n'achevent de s aignr, foit par les pernicieufes inftuations des Avocats, S par les tournures fpécieufes, qu'ils donnen aux Caufes dont ils fonr chargés, on exammoit 1'Affaire avec la plus fcrupuleufe impartialite , en employant tous les raoyens propres a 1 arranSr ïramiabie ; a cette fin , & pour parvemr S un but aufli défirable, Sa Majefté a juge a propos de prefcrirc ce qui fmt. i° Lorfqu'une accufation fera formee & Te tems de l'audition fixé, on ordonneraaux deux Parties de comparoitre perfonneilement, " en leur indiquant en même tems le jour ou efes devront fe trouver préalablement chez " le Préfident. a°. Qui que ce foit, nepouZ ra être exempté de cette cumpantim en ] er" fonne, excepté ceux qui fe trouvent «sur 1 des, trop éloignés par leur demeure , avaucés en age, ou retenus par 1'exercice mdif" penfable de leurs emplois, ou enfin par quelnue autre empêchement bien conitate & me" -Jirable 2°. Celui, qui arrêté par les obita" clcs fufdits, ne pourra comparoitre hu-meme, " B 4  C 24 ) /, feratcnu de choifir un Avocat, ou telle autre „ perfonne, réfidente dans le lieu ou fe trou„ vera le Tribunal , lefquels il munira d'un 9, Plein-Pouvoir , & inftruclions néceflaires, a „ 1'effet de pouvoir s'arranger a 1'amiable, en „ donnant en même tems avis au 1 ïibunal, „ de 1'arrangement de la conteftation, en cas „ qu'il ait lieu. 40. La Parde, qui au terme „ fixé ne fe préfentera pas en perfonne, ou qui „ n'enverra pas a fa place , quelqu'un chargé „ de fa procuraüon pour pouvoir traiter a 1'a5, miable, fera confiderée, comme ayant refu„ fé de fe prêter a un arrangement: En confé„ quencede quoi, lorfque le jugementde 1'Af„ faire en litigefe prononcera , on ne manquera s, pas d'avoir égard a cette circonftancc , lorf9, qu'il fera queltion de régler les dommages & a, intéréts , rraix & Amandes réglées par les „ Loix, dans le cas de Proces intentés mal a „ propos & fans fondement. 50. Dés que les Parties, conformément a ce qui vient d'être „ prefcrit, fe feront adreffées au Préfident, il „ députera un Confeiller, ou même deux, fui„ vant 1'exigence du cas, qui interrogeront „ féparement les Parties, fans aucune interven„ tion d'Avocat, & feront leur poffible pour les réconcilier enfemble. 6°. Le devoir de „ ces Confeillers-Députés fera d'écouter tranét quillement les Parties dans le détail qu'elles „ leur feront de leur griefs, en commeneant „ par examiner le Demandeur , fur le véritable „ fujet de fa Plainte, & le rapport que fe trou„ veront avoir entre elles, les circonftances fur „ lefquelles eft fondée fa prétention; enfuite , „ ils interrogeront de la même manierc , &  : 25 ) Article par Article, le Défendeur, afin d'entendre de lui-même ce dont il difconviendra " ou qu'il avouera des allégations avancées contre lui par le Demandeur, en requérant de „ ce premier, de déclarer ce qu'il peut avoir a „ ré^liquer contre la prétenüon üe celui-ci. „ Apres quoi, les fufdits Confeillers entendront „ une feconde fois le Demandeur fur les Pomts „ fondamentaux, (Res FaBO établis par les „ répliques du Défendeur , & de cette mamere „ ils pourront parvcnir a développer diftin&e„ ment en quoi s'accordent ou différent les „ deux Parties qu'ils auront fucceflivement en„ tendues. 7g. Les chofes ainfi arrangées, il „ faudra que les Confeillers - Députés exigent „ des Parties,qu'elles pfoduifent lesD tcumens, „ Lettres & autres Preuves Littérales, quipeuvent fervir a réclairciffement de la Caule , „ qu'ils cxamineront avec la plus grande atten^ „ tion, afin d'y découvrir ce qui pourroit fer„ vir a 1'éclairciffement & a la confirmation des incidens contradiéloires. 8V. Des que „ par cette voie les Confeillers Députés fe ie, ront formé une jufte idéé du véritablc état de la Caufe, & que le vrai Point de la „' Difcuffion, dont dépendra principalement le Jugement, aura été clairement établi, alors ils feront des propofkions d'accommodement raifonnables aux Parties, aiïïitécs de leurs „ Avocats , en tachant de les réconcilier par 1'expofition des moyens refpcclifs que 1'une „ & 1'autre pourroient employer, & en leur rc„ préfentant en même tems quelle pourroit étre „ 1'iffue apparente du Procés. Quoique „ 1'Accord ait lieu ou non , il faudra néan„ moins que le Cunfeiller-Député dreffe un  C 26 ) „ Protocole cireonftancié de 1'affaire, de la comparkion, des propofitions d'Accommo„ dement par lui fakes, des Déclarations don„ nées en conféquence par les Parties, & qu'il s, faffe enfuite' figner par les Intércffés & leurs Avocats , cette Piéce effentielle qui fera „ jointe aux autres relatives a 1'Affaire. iov. II 5, en fera ufé de même , quand une Caufe en fcconde Inftance fera portée d'un Tribunal „ Inférieur au College de Juftice Supérieur, & ,, qu'il apparoitra par 1'examen des Piéces, que 9, le Juge en première inftance aura entiérement, „ ou en i artie , négligé d'employer fes foins 9> pour opérer une réconciliation amiable: or , 9, dans ce cas , le College Supérieur fera tenu „ d'ordonner fur le cbamp ce qui eft néccffaire pour mettre 1'Appellant en état de pourfuir9, vre fon Proces, en fixant en même tems un „ terme de réconciliation , pendant lequel on „ employera toutes les voies poffibles pour ac9, commoder a 1'amiable les Parties contcndan„ tes n°. Dans les cas ou 1'objet de la con„ teftation feroit de peu de coniequer.ee , ou „ que le Domicile des deux Parties adverfes fe ,, trouveroit trop éloigné du Lieu oü eft établi „ le fiége de la Juitice , ou enfin que des ob„ ftacles légitimes s'oppoferoient a cequ'ilscom„ parulfent en perfonne, les Colleges de Juftice pourront autorifer un de leurs Subftkuts de„ meurant fur 1c lieu , ou dans le voifinage , a „ tenter eet accommodement , fous condition „ toutes fois d'obferver auffi de fon cöté tout ce „ qui eftpreferk plus baut, a ce fujet. ia°.Et comme il eft fous-entendu que, fi 1'accom„ modement ne peut avoir lieu, le Procés doit jjètre pourluivi ièlon la forme pre/crite ; de  C 47 ) 3 même, Ie- cour? ordinaire de ce dernier ne !' pourra jamais êrrc imerrompu par les tentatives pour oarvenir a un- arrangement, & les termes fixés par les Lcix pour eet objet, fe" r.mt ftridem^ut ybfexvés dans toute leur étendue. 13°. Comme il a été auffi antérieurement ordormé, que fur tout au commen„ cement d'un Procés , il foit accordé a la „ Partic citée ie ,em- néeeffaire pour rafTemb.er „ les preuves & fes moyens de défenfe ; le „ premier 'lerme d ut auffi être fixé de manie„ re que les Farties fe tsouvent en etat , lui„ vant 1c préfent RéVicrmir , lok ee pouvir.r „ comparoitre perfonneilcmont, luit de donner „ conneiflance dans le ums» pref..rit, des ivalons „ qui auront pü les en empê-f.cr , alm d'evitcr „ pa" ce moyen les voyages auffi inutile< q c „ difpendieux, qu'ont" coutume d'occaiionner „ les pourfukes ordinaire^ des Procés. Mais „ ce a quoi on devra faire particulieremcnt at„ tention, fera que les premières Citacions qui „ devront êtrefaites, foient a 1'avenir plus dé„ taillécs que par le paffé & écrites d'une ma„ niere affez intelligible pourque les Parties „ puiffent aifément les comprendre, & qu'en „ même tems elles puiffent s'y inftruire de tout „ ce qui aura été tenté pour opérer un Accom■,' mocement. 150. Quant aux Punitions des Parties qui, fans raifon, fe refuferont a un „ arrangement amiable , ainfi qu'a celles des „ Avocats fauteurs de ces empéchemens , de „ même qu'aux Fraix & Salaires, tout demeu„ rcra fur le même pied , indiqué & prefent M par le Code , Part. IV. Tit. VU. (La fuite djeudi.)  ( 28 ) PHISIQUE. Suite de Vextraxt des nouveavx Mémoi es de V Academie Royale des Saences & belles lettres de Berlin, fur la maniere de talmer l'agitation d'une partie de la furface d'un fluide , foit par feffufion d''un fluide fpécifiquement plus léger, & qui foit de nature d ne point s'unir avec le fuide agité, foit en pofant fur la furface de ce der nier fluide un corps folide d'une moindre mfanteur Jpéc'fique. Par le meme. On a beaucoup parlé dans ces dermers tems, de la propriété de 1'huile & des fubitances graffes pour calmer l'agitation des eaux, & des avantages qu'on pourroit retirer de cette connoiffance. L'auteur s'eft donc applique a faire plufieurs expériences propres a répan-t dre du jour fur cette matiere, & il a re:onnu que 1'huile ne produit 1'effet dont il s'agit qu'en qualité de corps fpécifiquement plus léger que 1'eau, & qu'ainfl des corps plus légers que Peau, & d'une plus grande étendue que celle que peuvent avoir les gouttes formées par 1'huilc dès qu'on la verfe dans 1'eau , doivent produire le même effet, mais dans un plus haut degré. „ Je rejette d'abord entierement 1'huile, dit-il enfuite, par les raifons que j'ai indiquée<;; mais je propoferois d'y fubftituer des tonneaux remplis d'air , dans lefquels. Peau ne put point pénétrer, ou encore mieux des caisfes de fer-bianc quarrées, de 6 ou 8 pieds d'étendue, & d'un ou i pieds-de hautetrr, qui également dcvroient être remplies d'air & imi énétrables a l'eau. Les vaiffeaux pourroient, fans augmcnter par-la beaucoup leur charge, fe munir toujours de quelques douzaines de tonneaux ou de caiffes de fer-blanc, auachés a des cordes, qu'il lurliroit de jetter  C 29 ) dans 1'eau quand elle feroit agitée au point qu'on ptit craindre quelque accident ". (La fuite a Jeudi prockain.) ARTS et MÉTiERS. Nouveau Traité de. la compofition des vernis de la chine a Paris ehez Nyon Cainé Libraire rue du jardmet in ia prix i Uv. 10 fols. Cet ouvrage imprimé en 1723 reparoit avec tous les avantages de la nouveauté, parcequü eft fort interelfant. II eft divifé en 22 charitres. Le premier traite de 1'origme du vernis chinois. Le fecond rapporte differentes préparations de gommes faites dans beaucoup de parties de 1'Europe, pour imiter le vernis de la Chine; & le troifieme, diverfes compolitions de vernis a 1'imitation de celui qui a été publié par le P. Jamart. Le quatrieme traite des vernis tranfparens. Le cinquieme, du vernis couleur d'or. Le fixieme, des ingrédiens qui entrent dans la compofition des vernis chinois. Le feptieme, du vernis ufité au lapon; & le huitieme, de la facon d emplover ce vernis: les cinq chapitres fuivans contiennent des obfervations fur les vernis prêcédens, diverfes compofitions de vernis huileux, differentes manieres de préparer 1 huile de lin pour le vernis, & les vernis qu on applique fur les métaux. Le quatorzieme chapitre nous ramene au vernis de la Chine, en nous indiquant celui qui en approche plus que tous les autres; & nous trouvons dans rarticle. fuivant la maniere de fe fervir de ce vernis. Les feizieme & dix-feptieme chapitre. font la fuite des deux précédens. Dans 1'un on ht des réllexions fur le vernis mdiqué & lur le Chiaram de la Chine. Dans 1'autre, la manie-  C sG ) • re cTo^ence même vernis d'arabefques & de feaillages d'or. Le dix-huitieme rapporte la compofition d'un autrc vernis; & le dix-neuvieme, la maniere dont on poik le vernis. < Les 'trois derniers' chapkres nous apprennent diverfes compofitions de cou'.eurs, la mamere de cuirc les vernis, & diitércns procédés pour les embellir. . , Tclle eft la marche du traite cuneuxque nous annoncons: Ce plan eft fait pour intérefrler-lcs ardftes & les amateurs des arts, R ie prix de 1'ouvrage, pour lui donner un nouveau fuccè". Nous nous arrêterons a ce qui regarde 1'origine du vernis chinois en Europe , comme a ce qu* peut reumr le fuffrage & attir,cr 1'attenüon du pius grand nombre des ■ Pe'^uis auc, dans le quinzieme fiecle, les pp" Je lacunra-r;o de Jefus entrerent dans " la C'iine comme°miffionï;aires, fous la con" duite du P. iVkuheo Ricci, le P. Martmo " Martini, en 1'année 1655, fit im; Timera ■ Amfterdam un gros volume mtitule, Atlas " Chinois, danslequel il rapporte pluheurs par- tieularkcs de ce grand royaume. A la page " 112 de ce livrc, il pavie du vcnu - avec lc" oïiel les Chinois ont coutume de couvnr " non-feulemcnt les éerkoires, les coilrcs, les " tables & les autres meutes de cette nam" ré- mais auffi les meubies, les plats-ionds " & les planchcrs des chambres qui iont ordi" nairement dc bois, ce qui leur donne beau" coup de nobl.elTe, & feit un trc Del effet, a " caufe des differentes coulcurs & des ornemens " dorés, dont ces ouvrages font embellis " L'auteur raoporte enfiüte le paflage du P-  C 31 ) Martini, qui regarde la compofition de ce vernis. On y Ht qu'a Nancheu on ramaffe une ces odieus qui en réfulient, méprifant les occafions que leurs offre leur urn rudence, patients a leurs prémières infultes, eftimant le particulier Ang'ais. & exaltant fes connoiffances, fes talents & fon courage, & enfin forcé par les fureurs de fon. gouvernement è prendre les armos contre iui , non pour 1'opprimer, mais uniquement pour n'en êire plus outragé. Tel eft en rac^urci le tableau de la pofiüon de 1'Kurope entiere par raport a PAnglcterre. Mais aucune puiffance n'a plus rellend les eifets des vices de fon gouvernement, que la France, & enfaite la Hollande. Nous aurons bientöt occafion de préfenter le tableau intérlfant de la conduite pleine de difcrétion , de fageffe & d'équilé de cette derniere puiffance , après que nous aurons defabufé ceux a qui il pouroit refter 1'ombrc même du doute fur Pirrégularité revoltante des [ rocédés Anglais contre la France. L'éloquence envelope par 1'artifice des figures qu'elle emprunte, les erreurs les plus infoutenables, & le véhémence du difcours femblab]e a un torrent, entraine fouvent les efprits qni ne font point fordfiés par des connoiffances biendigeréc- & par 1'habitude de la réflexion. Telles lont les puifTantes armes, dont fe ferc ordinairementleGouvernement anglais, pourfubjuguer les efprits , aufli bien dans fon propre lèin, que dans le dchors. Les Francais en admirant eet avantage, ne manqueroient peut-être pas des meines talents, s'ils vouloient les employer. Frivo]cs & inconféquents dans les chofes de goüt & d'amufement, 1'Anglais leur a donné la vivacité & la légereté pour caractere Mais il n'a point diftingué le petit maitre, fait pourvégé»  ( 35 ) ter & tenir uri coin peu marqué dans 1'ordre de 1'état, d'avec le Francais réflechi qui paroit avec quelque titre dans 1'harmonie guériere ou politique de ce puiffant empire. C'eft Ik qu'il trouvera un courage éclairé, paree que l'hiftoire & 1'expérience produit de plus éclatant- C'eft auffi la qu'il trouvera des yeux vifs & pénétrants, pour bien voir les faces des objets qu'on leurs préfente, des efprits patients a 'contempler tous les moyens, qui garantiffenc contre la furt rife des jugements & des bouches d'autant plus éloquentes & perfuafiv s, que la vérité ümple & naturele , leurs prête conftament fon énergie. C'eft cette même vérité . c'eft-a dire 1'expofé feul des faits qui va nous conduire dans le récit des injuftices des Anglais , & des procédés nobles & remplis dn franchife du gouvernement francais a leur égard. Treize Provinces révoltées contre leur Souverain préfenterent a 1'tturope étonée un fpe&acle intéreffant, pour les ennemis de cette puiffance Le Roi de France voit cer.te pofition fiavantageufe aux intéréts politiques de fon commerce, avec un ceil tranquille & même indifférent. II ne cherche ni direélement ni indirectementdes moyens de Communications avec elles, la nobleffe de fon cceur dédaigne les routes tortueufes ae 1'intrigue, & fa magnaminité 1'éleve au deffus des avantages qui naiffent des malheurs de fes voifins. Les Américains fans d'autre appui que celui de leur courage , fans d'autre confeil que celui d'un défefpoir foutenu par les intéréts les plus chers, & guidé par la fageffe des moyens les  mieux réflechis , changent tout-a-coup leur état de fujets humbles & fuppliants, en celui d'une conféderation reglée & indépendante , qui ne re~ connoit plus dans fon fouverain qu'un oppreffeur , & dans fa mere-patrie qu'une maratre qu'elle dé-, nonce a toute la terre pour fon ennemie décla- Une révolution aufli furprenante a commencé & a été finic avant que le Roi de France en eut eu connoiflance. II en fut premierement mformé par 1'Angleterre & enfuite par Mr. Déane,, chargé de la part de cette nouvelle puiflanee de faire avec la France un traité de commerce & d'aüiance. Le Roi rfaccepta ni 1'ün ni 1 autre, & lans traiter Mr. Déane comme un Miniftre public, il le laiffa jouir du droit 'commun a tout étranger honnête, de refter dans fon Royaume. Un procédé aufli prudent', & nous ofons le dire , rempli d'égards les plus délicats pour le Gouvernement anglais, devoit-il ctre payé par des reproches au Roi de France, d'avoir avih fa dignité en entretenant des liaifons fecretes avec les fujets rebelles. , .•' , Cependant 1'Ambaffadeur anglais ammé par les inquiétudes de fa Cour, tombe lui-même dans le* follicitudes les plus marquées fur le féjour de Mr Déane , qu'il auroit bien voulu envoyer pieds & mains liés a fa Cour. Tous les pons font efpionés, déla des raports infidelles, qm auementent la mauvaife humeur du miniftre & de fa Cour , quoique la faufleté en futtoujours démontrée par le Miniftre francais, ou que le petit nombre des faits vérifiés, fuffent promptement réparés, comme abfolumcnt contraires a la volonté du Roi.  ( 37 ) fed'équiié, étoit dlfe//;^on-0uÓTuresauiri d'Angleterre , ^d^\tZSz Mais les délicatesque celles ou uoe indo- plaintesfoiuléesfurentaccem^ We , que come 1 adlivue de ^ & ks francais a Londres ne put i LaCour torts évidents ne ^\^^Lftnt fans de Londres demandon. toujour, « fondement * onmettogta ^ ^ titude a la tetis^aire. ^ aeS dr01t» %£££%%^&*»****- faires américains la Kepreiau« , é & & le Dolphin & ^^£lT^S%s\ la priere de ^^^^itaccornpagnée, indécents , dont ce Mimide 1 a^ o y R_ fut préfentée ^desyeas g e n w e s avoitbien vonk' ^d ^om» & fé_ de faMajefté ; fur l^amp « ko fetrouveroient queftrer les ™™es amencains ^ yent€S Jans les ports du R%X 4ire artir au premier des prifes, & ordonna de les tra*■ P^rf J deg ventP & ^^gf?*^ -uvasAnglais conue Itsüits fe A une fentunlibre acces dans iei me. ïuftice ausfi prompte, on demaada^1U ie Londres fit au moms cefffel es^ je auxquelles le commerce, desf" condnuellement en ^XSfr^s, de cesdiftinaions,vis-a-vis du ^ura i h faveur des quelles, il y a toujou  posfibiletés de nouvelles chicanes , qui enfin lafferoient les bontés du généreux Monarque. Les Anglais au lieu d'imiter une conduite ausfi réguliere, continuerent a exercer toutes fortes des violences, & leurs Commendants obferverent, non les loix des traités, mais celies de leurs emportemens fougeux & de leurs caprices ; tantöt les forcant d'amener en tirant fureux "aboulets, tantót en énlévantles capitaiïies , pihant & boulevenant leurs cargaifons , & exercant ( artout une jurifprudence ausfi inouie que tiranique, & enfin mettant le comble a tous ces attentats par la violation même duterritoi. re de la France, dans la riviere de Bourdeaux, & eneore a la pointe du Croific, violation reconnue deux fois, comme digne de la plus authentique réparation par le miniftére anglois , qui promettoit a eet effet 1'établiffement d'une commisfion , qui n'a jamais eu lieu.' Qui pourroit s'maginerque tant d'excès n'ont pu laffer les complailances du Roi dé France, pour la Cour de Londres, qui fe font étendues, jufqu'a défendre a fes fujets tout commerce d'armes avec les Améiicains. Les Anglais les ont fenti, mais pour en abufer, & trom per la cordialité & la franchile, d'un puiffant Monarque, qui auroit du plutót, ainfi qu'il le pouvoit, méler a fes juftes demandes ce ton rigoureux vis-a-vis d'une puiffance , qui lui eft a tant d'égards fi inférieure, & qui lé rendoit indigne de tant de ménagements, plus encore par les négotiatiom, infidieufes, que par fes injuitices ouvertes. Cependant le Roi ne fe laffe pas de donner de marqués de la plus grande bienveillance a la  C 29 } Cour de Londres. H renouvclle g» que les vaiffeaux américains ne jouiffent dans Sfports d'autres faveurs, que ^Xbkr loix communes exigent , i\ feit .rcdo^r d'attention a fes mbunaux üe manne £ qu'il n'y alt point de fraudes, ^ ues , ni dans les ventes des pnfes U ne rctu fe qu'une chofe aux Anglais : c'eft dc ne pomt perfécuter les Américains. ' V'^- Llcur glais pouvoient-ils , malgré la gtoie, imaginerl'ombred'unmouf, qui.auto t pu déterminer leRoi dc France , a fe jomdre 4 leurs perfécutions contre leurs ireres. Mais non les Anglais n'ont-jamais eu cette prétendon, leur projet reflêctai a ére d^abnier de cette franchife gauloife rénouve ious le plus jufte &c le plus vrai des| Momar oues & de profiter dc cette heureufe diipoU SS pour favorifcr cette poffeffion de 1'empi e fuprêmc des mcrs , dont ils fe font fi Pubh~ quemcnt & fi kragtems enorgueilli. ^ Ils en donnerent lapreuve, dans lcfuppor que le miniftére accorda aux navires marcuands mS difoient-üs, uniquement contre lesCorfe resamériquains, & qui fur les ju^es & prêvo^ voiem avoir jamais la feculté d'apeller ni de vif er les navires des autres nations , & qui c pendant exereerent les mêmes violenccs que cefies, dont on avoit déja tant dc fb» Srë es juftes plaintes. Peut-on fe perfuaderTu'une fuite conftante de délits auffi graves & fi couünuels, toujours impunis par le minis. fteae anglais, qui avouoit & en condamnoitlcs excès, n'ayent étéque tolérés? Nous ofons preC- 4  C 40 1 fumer que ceux, qui les commettoient contre toutes le$\ regies des traités & du droit commun des nations ,écoient fécretement affurés non-leulement de 1'impunité, mais même de la faveur de ceux qui paroiffoient n'avoir que 1'indolence de fermer les yeux fur le jugement qu'ils devoient en porter. Mais 1'Angleterre a fait voir par toutes fes réponfesaux juftes demendes, faites par Mr. le Marquis de Noaulf.s, qu'elle s'étoit arrogé le droit d'intréprêter les articles les plus pofitifs des traités , fuivant les différentes pasiïons qui 1'animoient, oubliant que la moindre violation des mêmes articles par quelque autre puiffance, lui avoit plus d'une fois fervi de motif fuffifant pour déclarcr la guerre. Cependant la défaite inattendue de 1'armée du géneral Bourgoyne abaifTant le courage anglais, parraport a la réduétion de PAmérique, ne changc pas fes vues & fes menées odieufes contre la France. file ne fait que changer de baterie. Auparavant le Francais pour plaire a PAnglais.devoit devenir 1'ennemi de PAmérique; mais toutes les menées de 1'Angleterre n'avoient pu vaincre 1'indifférence , ou plutót la juftice du Roi^a eet égard. Cette indifférence même,|ou plutót cette juftice va devenir pour le miniftére de Londres une reffource pour payer la Cour de Verfailles de 1'ingratitude la plus noire. On va réchercher 1'amitié de ces fujets rébelles qui peu auparavant n'étoicnt dignes que de PEchaffaat, on va leur perfuader que ce défaut d'appui de la part de la France a été un mépris infultant, dont ils doivent fe venger, & on veut leur perfuader que le moyen  C 41 ) le plus fur, eft de fe réunir a leurs freres, qu cependant vouluient, il y a peu de tems , trés amicalement les égorger, & ne plus faire qu'une caufe commune , pour écrafer une puiffance naturellement leurs ennemi commun. Bientöt on entend des cris quoiqu'étouffés des Américains, qu'il ne faut plus être dupes de la France, & qu'il faut fe relier avec la cour de Londres, pour humiler par des communs efforts cette puiffance. Un tel procédé vérifié par la cour, Parmement précipité & extraordinaire des Anglais, la continuité dc leurs vexations , le dernier tri du Lord Chatham,.. la paix avec les Américains'& la guerre avec les Bourbons,.. forcerent enfin les bontés du jeune monarque. La droiture de fon coeur gémit de la néceffité ou les détours de fes ennemis le mettoient d'accepter des propofitions, que fa délicateffe lui avoit fait rébuter , jufqu'alors. II n'y avoit plus que deux partis a opter, ou expofer , les commcrcants de fon royaume , a des nouveaux ennemis qui pouroient devenir auffi redoutables que les Anglais, ou a detourner 1'orage en établisfant avec cette nouvelle puiffance une liaifon d'amitié & de commerce, en refufant toutes fois ni de juger ni de défendre fon indépendance, ni d'armer en fa tfaveur, a moins que 1'Angleterre, ne declarat elle-même la guerre a la France, Les Anglais ne pourront voir eux-mêmes fans admiration dans Phiftoire de leurs pays, un trait de difcrétion & de générofité aufli marqué dans la conduite d'un jeune Monarque, que la dignité fi gricvement & fi conftament offeaC 5  C 4*> fée, auroït pleinement juftifié aux yeux de toute 1'Europe d'un procédé plus vifs & moins ménagé. Quoi ! devenir 1'ami d'un peuple puisfan t avec les reftriéiions les mieux combinées , pour que d'un cöté 1'Angleterre conferye les mêmes droits fur ce peuple, qu'elle traite de rébelle, & que de 1'autre ces rebelles malgré leur indépendance déja fuffifament démontrée , ne trouvent néanmoins dans 1'ami tiéduRoi aucune reiïource pour la foutenir, & dire aux ennemis de fon ennemi : foyez encore amis, ou même fujets de votre ancien maitre, fi cela eft conforme a vos intéréts: nous pouvons défier les Anglais de pouvoir jamais imiter un procédé en tout point ausfi inoderé & ausfi noble en pareilles circonftances. Ce fut cependant fur cette conduite digne de 1'admiration de tous les fiédes, que le gounement anglais s'émancipa a répréfenter le Roi de France, comme violatcur des loix divines & humaines, deftruéteur de Péquilibre de 1'Europe , & affez ambitieux , pour vouloir renverfer tous les thrones , donner la loi a 1'univcrs. Pour faire voir la fureur & 1'injuftice des ces vaines déclamations de 1'anglais, nous n'avons qu'a lui dire , vous feul de toutes les puiffances de 1'Europe avez reconnu cette indépendance, qui a tant excité & excite encore vos clameurs". Depuis la publication folemnelle de la confédération, vous avez obfcrvé dans la guerre les regies d'ufage entre des puilfances fouveraines, vous avez échangé les prifoniers Américains en vcrtu des cartels iïgnés par cette nouvelle puiffance , vos troupes ont fait avec les leurs, des capitulations, dont les articles  C 43 ) ont cu leurs plein effet & enfin, les commiflai- res de votre Roi fe font préfentés pour traicer d'égal a égal avec ceux de cetce République. Quelle eft la puiffance de 1'Europe qui a plus diftinctement marqué Pépoque de la naiffance de la fouveraineté des treize Provinces-Unies & de fes progrés. Mais quand même le Roi auroit tout fimplement reconnu pour indépendant un peuple déja tel, par les adbs folemnels, qui s'écoient paffes, iln'auroit rien fait au deffus d'un légitime pouvoir. Si même il avoit promis des fecours a cette-nouvelle puiffance, il en auroit trouvé Pexcufe dans le gouvernement politique, même de la cour de Londres, dans la protection ouverte qu'elle donna aux Province Linies des Pays-bas , lors qu'ils eurent déclaré leurs conftitution républicaine, & les juftes motifs de leur independance du gouvernement Efr>agnol. Nous rapellerions aux anglois cette fameufe réponfe de la Reine Elisabeth au Roi d'Efpagne ,qu'en fourniffant des fecours d'hommes & d'argent aux confédérés, fa politique les empêclipit d'un coté de fe donner a une puiffance étrangere, & de 1'autre , qu'elle prévenoit Paffujettiffement abfolu des Pays-bas aux efpagnols a caufe des fuites facheufes, qu'il pouroit avoir pour 1'Angletere; & bientót fit une alliance défenfive avec les Provinces-Unies. Nous ne lifons pas pour cela dans Phiftoire, que le Monarque Efpagnol ait donné a Elifabetb des titres odieux. Mais telle eft & a toujours été la jurisprudence anglaife, d'adopter les interprétations du droit public, a fa fituation & a fes pafiions particulieres, & de condamner dans les autres des om-  t 44 ) bres, dont elle a donné cent fois elle mêrnè les réalités les plus frapantes. Cependant le ,Roi dirigé par des vues bien éloignées de cette politique altiere & ambitieufc qui caraélerife le gouvernement anglais, s'eft contenté de prévenir les maux dont cette politique menacoit trop certainement fes peuples. Sa fageife , fa vigilance ne purent lui permettre une plus longue fécurité, que fes fujets & les fiécles a venir n'auroient pas manqué de lui réprocher. Alors une fermeté néceffaire fuccéda auxbontés, dont le jeune Monarque ne s'étoit point laffé de donner les temoignages les plus variés. L'anglais fentit fa faute & effaya la médiation de PEfpagne pour la réparer. Mais les conditions confidentieles ne furent point du goüt de la Cour de Londres. L'indépendance devenueun préliminaire de néceffité par la protecrion ouverte, que la France , forcée par les hoftilités anglaifes, avoit accordée aux Américains, révolta 1'orgeuil de la cour de Londres , tout 1'équivalent & même le fur équivalent du terme eüt pu paffer; mais ce mot d'indépendance eft d'une digeftion impoffible ,pour cette Cour, & cependant nulle dans 1'Europe n'exige des expresfions plus clairesfe plus pofitives, dans les traités a caufe de fon habilité ainterprêter &adiftinguer fuivant les pofitions plus,ou moins avantageufes, oü elle fe trouve. II ne faut cependant pas s'imaginer, que 1'orgeuil des Anglais eft celui de ces grands cceurs, que nous préfente 1'hiftoire des Héros qui repouffent a 1'inftant avec autant de vivacité que de courage les propofitions qui ont la moindre apparence d'humilier leurs fupériorité. Non!  < 45 3 1'Anglais avoit befoin d'un [certaln tems* pour réfifter a la France, il falloit donc que cette puiffance fufpendit encore la foudre qui le ménacoit. II ne defefperoit pas meme, que 1'habilité de fa politique ne reuffit a rendre 1 Ülpaane témoins indifferent de fa guerre avec la France, & enfin au cas que cette negotiation vint amanquer, il efperoit tout du tems qu'on y employeroit, pour réfifter a la fois aux efforts de ces deux puiffances. La cour de Londres eut donc 1'adreffe d mfinuer au Roi d'Efpagne des vues, même des defirs depacification, & ce Monarque qmn ignoroit pas, que les intentions du Roi de France étoient auüi pures fe ausfi desmtereffees que les fiennes, employa fa médiation avec mutant d'intelligence que de bonne foi. II y etoit encouragé par la fatisfadtion, que la cour de Londres affcétoit d'en témoigner, & la foibleffe des difficultés qu'elle oppofoit paroiffoit, le dedommager des longueurs, qu elle mettoit dans fes réponfes. , , On eut dit, a tous les ménagements, que es deux Cours des Bourbons employoient dans les moyens pour épargner la délicateffe des anglais dans les conjonaures facheufes ou ils fe trouvoient, que'la cour de Londres étoit la troifieme des Bourbons, dont cenx-ci vouloient par les facrifices les plus chers, mettre la gloire a couvert. Les Anglais ne purent refufer a eet egard les éloges les plus diftingués au Roi d Efpagne & lors qu'ils crurent avoir enivré ce Monarque par la fumée de 1'encens, qu'ils lui avoient fa fuftement, quoi qu'infidieufement prodigué, ils laifferent tomber le mafque hipoente, qui  C 4* ) avoit couvert leurs intentions perverfes,& refufercnt ouvercement toute médiation. Ce fut ainfi que les Provinces-Unies fe virent forcées a conünuer leur défenfe contre les perfécutions de leurs ancienne mere patrie, le Roi de France obiigé de foutenir la gloire de fa courone fi évidemment ïnfultée , & 1'Efpagne, fi cruellement trompée par les artifi-es de la Cour de Londres ,ne balanca pas alui témoigner fa jufte indignation , en prénant part a cette guerre qu'elle avoit voulu fi fincerement, ou fuspendre par un trêve indéterminée, ou anneantir entierement par une paix, dont les avantages étoient abfolument pour la nation anglaife. Suitei/c rinflruclion de S. M. le Roi de Pruffc , relativement aux Colleges de fes Ecats. V. Sa Majefté s'étant aufli appercue, que dans les procés, oü il eft queftion de certaines connoiflances étrangeres a la Jurifpudence, on négligé quelquefois dc prendre 1'avis des Experts, ou que du moins on n'y donne pas toute 1'attention néceflaire; fa volonté eft, que dans ces fortes de cas, on obferve ce qui fuit: 1°.„ Que, lorfqu'il fera queftion deBatimens „ ou Conftruétions a faire dans les Eaux „ tels, par exemple, que des ExhaulTemens „ Abaiffemens, ou Changemens de Moulins, „ Eclufes, Digues, Terreins deliéchés , Canaux', „ ForFés &c., il faudra confulter 'un Architecte „ Hydraulique, quant a ce qui concerne tous „ les fuidits objets. 1IÜ.„ Quand il s'agira de vües, & arrange„ menséconomiques, &deftatucr fur lapoffibilité „ ou 1'impoffibiüté des corvees que devroat faire  C '47 ) „ les Sujets de Sa Majefté, &c., un Confeiller „ de laCnambre devradans ce cas être confulté. 111°. „ Ce fera a un Architccte Juré d'éclair„ cir tout ce qui eft relatif aux B timens; foit, j, lorfque des voifins difputent fur les limites 9, de leurs Maifons, ou fur des changemens entrepris par Pun au détriment de 1'autre; ,, fur les réparations que Pun exige de Pautre, ou un Fermier de fon Propriétaire; foit, quand il y aura conteftation fur certaines fer„ vitudes que Pun prétend fur la Maifon de .„ Pautre: foit enfin, quand celui qui a fait „ batir une Maifon, aura des difficultés avec „ PArchitecte, touchant le défaut de folidité „ de PKdiiice, ou les dépenfes occaftonnées par „ fa conitrurérrion, & après que le point en ,, litige aura été exatniné fur les lieux, todjours „ en préfence d'un Officier de Juftice, lejuge„ ment final ferarendu conformément a 1'avis „ qu'auornt dont é les Experts d'Architeclure n &c. — De même, dans tout ce qui regarde „ leCommcrce,lorfqu'il s'agira decertains Ulages & Coütumes, &de la maniere dont un Né,, gotiant a tenu fes livres, ainfi que de leur réviüon; d'une evaluation, de la qualité ou „ du prix de certaines Machandifes &c, les „ Tribunaux prendront toujours au préalable, „ 1'avis dc Négocians fages & entendus, & ren„ ront leur Jugement en conféquence." VI Enfin, S. M. enjoint par la Préfente aux Colleges de Juftice de la maniere la plus exprefie, de ne pas porter en comptc de-fraix trop forts ou excédants ce qui eft réglé par la Lof, ni de furcharger fes Sujets de ces fraix de Jufsice exorbitans, qui trop fouvent ne font aucu-  C 48 ) nement proportionés a la valeur de 1'objet contefté. Tous les excès de cette nature feront rigoureufement punis; S. M fe réfervant en même tems, de déclarerau premier jour ce qu'elle jugera convenable , relativement a la fixation & a la dimution de la Taxe des Sportuks, qui eft trop forte, & qui eft encore en vigueur en plufieurs Endroits de fes Etats. Fait a Berlin le 28 Decembre 1779. (Signi) FREDÉR1C. METAPHISIQUE Du fomeil par P. P L. M. a la Haye, chez. P. F. Gosse , in iamo. La branche de la Métaphifique préfentée par 1'auteur dans eet ouvrage, eft ornée de toutes les graces, dont cette fcience eft fufceptible. 11 y fait jouer agréablement 1'amour avec la fageffe, fans que 1'bumeur folatre de l'un offenfe 1'aimable gravité de 1'autre. La partie phifiologique fuppofe dans Mr. L- M. une connoiffance vraye du Phifique nerveux, & fes réflexions morales & philofophiques annoncent un efprit décidé par 1'habitude a voir bien les cbofes, qui contribuent au bonheur de 1'homme. Sa Profe, vraïment poetique , eft enrichie par des comparaifons aufli variées, que les différents afpeéts fous lesquels il traite , ou la nature du fomeil, ou fes illusfions enchantereffes. II eft a fouhaiter que les occupations importantes de 1'auteur , lui laiffe encore quelques moments de loifir, pour continuer un travail ausfi inftruclif qu'amufant. Cette Feuille fe debite a2fols& demi tous lesjeudisa Amfterdam,chezj. B. Rosart , Imprimeur, dans le War. moesftraat, chez qui on trouve auffi tous les lundis la Corrcfpondance des Medecins de l'Euiope.