U8 14   L£ S DEUX FIGARO, C O M É D I E EN CINQ ACTES EN PROSE; T A R. jtfr. MJRTELL1, COMÉDIEN DE BORDEAUX. ■ Réprefentêe h Paris en Janvier 1791. # Tbèatre de la Haye en OBobre de la mêm* Année* A LA HAYE, Chez H. Constapel, Librairc; MDCCXCI.  •ACTEURS: FIGARO. Mr. Bmrdaiu- LeCÖMTE ALMAVIVA. Mr. Prat. CHERUBIN, fous le nom du Jeune Figaro. Mr. St. Aubin. DON AL VAR.- Mr. Dor/an. PEDRÖ. CifotéÜi. LOPES PLAGIOS. Mr. Perracbon. Ls NOTAIRE. Mr. Decoun. Petit DOMESTIQUJT. Mr. Beau-Fils La COMTESSE. Mad^Dauiuerrc. INES' Mad*» Fleury, SUZANNE. Madn* Dor/an. La Scène eif au Chlteau" du Comte. Êe Tbèdtre réprefente un Sallon avcc un Cabimt fur la gaucbt des, ABeure. Une Table un Bcritoire Plumes &c, &c. -Plufieurs Chai/es. ■  LES DEUX FIGARO, C O M È D 1 E. SCÈNE P R. Ë MIER E, F I G AROj feufi Ik y a troïs Ans, oni mafoi trois Ans pafll's 2 que is fais fépare de ma femme , cc n eft qu'ua Tour- i'ai e'té dix Ans avec clle , c'efl: un fiecle;. Si i'avois fouffcrt que le Comte eut garde la iienne , je ae 1'aurois peut-être pas gouverne fi aifémenr, il eft néceffaire a prefent qu clle rcvienne, & nous amene fa fille , ch bicn , avec un mot V je les fais revenir. c'eit un fort aimable Seigneur que ce Seigneur la, Je Ie mene comme un enfant .... trompé toutc fa vie, il ue pouvoit rechapner. Je vcux couronner rnpa ouvrage: Don Alvar homme de qualite , .v. autrefois Torribio mon Camarade & mon arm , fe Drefente ; il eft amoureux de Mademoifelle Ines il n'a pas ie Sol, clle eft riche , U a une manvaife reputation ;mais on 1'ignorc rei, jl eft Se encore , il a dc naiffancc, elle ne fe mefalliera pas. II aura une jolie femme , tant pis isour luis; ilaccrochera une bonne dot, dunt il me fera part, tant mieux pour moi-, ce manage eft afforti, il me convient, il faut que MonfieuF le Comte le veüille,il eft fi bon, fi bon ... qu il «h eft comme on dit je m'entends. Des ^inftant de mon mariage, H a deploie un genig  4 LES DEUX FIGARO, fi fócond en fottifbs qn'il m'a rrndu honteox de le berner; mettons a proOit eet heureux caractere -, je 1'ai forcé a commencer ma fortune ie Je fürcerai a 1'achever. 'J SCÈNE II. FIGARO DON ALVAR. Figaro. \nc. . . F i c a r o. £e J'intriguc , de Fintrigue ... atttndez  m LES.DEUX FIGARO, •1'y niïs -on] l'l^e.rne plait.un fcrandSebrneur * beaocoup de fortune... un grand r.om & pen de génie, eft fêparé de fe femme &de fe fille, la DcrWfeMe a quinze ans. un Servitcur intn-tuanr homme d'Efprit- allerte', gouverïe Je pere. ij ferme le projet de marier fa fille a un de fes-anciens camarartes qoj ;e ne f?ps tron eomment. fe trouve homme' de qualite , & conduit cette iptrigye par 1'Elpoir d'une bonne partie de la Dot, le Pere eft un bon hum.in ... . c eft un moutoh , par les confeils de ion Serviteur il rappetle fa femme & fa fille routes deux fedbles fe foumettent a fes ordres ü ri en enteté qu'avcc elles , le manage fe' fait iera t clle heurcufe , c'eft ce qu'il nous inporte ptu de f,avoir, la toile e* déia baiffée. Don Pedro. Et point d'obftacle, nul incident qui vienne a la traverfe , rien qui donne du mouvement, (te la chaleur a cette.intrigue. Figaro. Je re venx pa" tout vuus dire en un jour, s'il me vient quelqu'idée nouvelle je vous en feraï rart, maïs fans le vouloir vous étes fervi a fouhait, vous defirez des carafteres en voila; mere & fille timides, pere imbecile entéto, amant ierve, Domeltique adroit, que vous faut il de jsitfs? rerenezbien cela , voi avotre fujet, r»verez me monrrer 1'arrangement de vos icénes & nous travillerons de concert au Dialogue . avec' quelques provcrbes , des calembours, des jeux ó mots beaucoup de farcasmes, nous irons au grand: Si vos perfonnages s'avifoient d'avoirle lens cnmmun, vous n'ubfiendriez pas un coud de main. r Pedro. Vous m'eronrez de plus en plus, que vous merites bien la haute reputation dont vous joüisfez; .ie vafs me mettre a 1'ouvrage & reviendrai dtmander vos avis. F li  COMÉDIE. »| Figaro. Adieu Mefficnrs. Lopes- Deux peres, & deux hierqglyphes. Figaro. Ah mille bravo, adieu. SCÈNE V, FIGARO, feut, Parbleu 1'idée eft fingiiKere ; je ne ferai pas embarras é pour Dialoguercet ouvrage , j'ai mes Acteurs tout prcts.je n'aurai qn'a retenir, & cipier, ils ne s'en doutc.it pas , que 1 jour de plaifir! voici deux de mes Perfonnages. SCÈNE VI. FIGARO, LE COMTE, DON ALVAR. L E C o m t S. "Votre inquictudc me plait SeigneiuDon Alvar mais je vous le rëpéte avec plaifir;, votrenaiffance, vos fentiments, votre Tacon de penter . me parient en votre faveur, vous me convenez infinirriëjit, & je fuis tout difpofé a vous accorr der ma fille. j'ai écrit a ia Comteffe de revenir avec Incs, pour donner plus de prix a votre AU liance , vous përmerrez que je prenne touts les éclaircifiements riécéffairès, ie fuis alfuré d'avance que cette precantion d'nin pere ne peut vous déibbliger puifqu'elle me jüfüfïefa dans la uaute opiüion que j'ay de'ja concue de vous. Figaro. Ces Mcflicnrs font peut-etre en affilre. L e C o m t k, bas a Figaro. Revie'ns j'ay ate parler. B i F i-  Ï4 LES DEUX FIGARO, Figaro. II fuffit Monfieur. Don Alvar. Bon jour mon cher Figaro. Figaro. Excellence ! Don Alvar, bas. J'ay befoin de ton appui. Figaro, bas. Soiez tranquille; de laprudenee, & nous lc ten ons. SCÈNE VII. LE COMTE DON ALVAR. Don Alvar. C'eft un Serviteur fidele que ce Figaro, & qui paroit vous étre bien attaché. L e C o m t e. II Ie doit j'ai alles fait pour lui, il me diftrait dans ma iolitude. Don Alvar. Je le connoiffois de réputacion , il a fait du pruit dans le monde. L e Comte. Tant pis fi 1'on a beaucoup parlé de lui ce ne peut-être que par les tours qu'il m'a joue's, & c eft tout jufte a mes depends qu'il a de la reBommée. Don Alvar. Apart. Au Comte. Imprudent j'ai fait une fottife — ce qu'on ■Vante le plus en lui c'eft fa gaiete', & fon atta^ chement pour fon maitre .. Mais parions d'autre chofe, je reviens a ce que nous difions, & je vous conjure de ne neghger rien de ce qui pourra vous convaincre que le bonheur de vo-  C Ö M E D I E. tfe fille eft allure', s'il peut dependre de moi. L k C o M t H. le vous crois Don Ai var, le nom que vous porie') vo is engage a en foutenïr 1'iionneur, & ée nom leul eft uneg'ande recommendation, ces titres ces papiers que vous m'avez fait parcourir m'om rappei.é des nomsbien chers a ma familie qui s'eft deja alliéj a ia votre . . je parle de longtemps. ]e ne me par?rai pas d'une vaim: modeftie aa füiet de ma naiffmce, il eft vrai qu'elle eft illuftre ma fortune n'eft pas auffi confequente, fi c'etóit un motif d'exclufion je pourrois craindre. Li Comte. Ne ci-agïnéz rien, d'après ce que vousm'ave» dit, & que je dois eroire ; Joint a celle que ma fille' tiendra de moi, votre fortune lüffira a votre noró, & a votre rang. Don Alvar. II ne me refte done a faire valoir auprès de vons que mon amour pour votre belle , & vertucufe Ines, & mon refpect pour fon pere. L e Comte. Vous me charmez, je les attends aujourd'huy & tout fera bientót terminé. SCÈNE VIII. LE COMTE DON ALVAR. t i G A R o, è un Domeflique qui Entre avec hl. C'eft aujourdhuy que Madame arrivé , voi'la vin^t fois que je te le dis, fuis la grande avenue" & reviens grand train nous avertir fitotque tu appercevra les Equipages (le Domeftiquc jortp h E  ïè LES DEUX FIGARO. L e' C o m t e. Figaro j'ai quelques ordres a te donner dDori rMlvar. Vous permettez. Don Alvar. Je me retire. L. e Comte. ■ Pardon , mais ne vous cloigiiez pas , fitot qvte" la Comtefle fera arrivée, c'eft moi qui vous prefenterai, je me fuis refervé ce plaifir. Don A l v a r, bas a Figaro. Tu fais... Figaro, bas. Paix. SCÈNE IX. LE COMTE FIGARO. L e Comte. Figaro. Figaro. Monfieur le Comte. L e Comte. -Que penfes tu du Seigneur Don Alvar. Figaro. Ce que j'en penfe Mr. le Comte. L K C u m t Eo Oui, Figaro. Sa phifionomie me revient affe's. L e Comte. Jaime fon air, fes manieres, fon honnete'te. Figaro. II raifonne, oui, j'ay remarque' en lui de la folidité , des principes L e Comte. IL eft d'une grande familie.  COMÉDIE. rr „ Figaro. Effët du hazard , mais tant mieux pour lui. L e Comte. Je lui crois de la fortune, mais pas bien confidérable. Figaro. S'il l'avoue,onauroit tort de vouloir lui foutettil lc contraire. L s Comte. C'eft de lui que je le tiens. Figaro. II faut que cela foit. Monfeigneur avoit quelques ordres ame donner. L e Comte. Non e'coute , il eft amoüveux de ma fille. Figaro. Ah!' ah! , . L e Comte. II me la demandée. Figaro. Vousplaifantez. L s Comte. Non d'honneur. Figaro. > Cc n'eft pas mal adroit, amaercux de la fille ? vcnir chcx lc pere,. gagner fon amitie', avouer que fa fortune n'égale pas fon rang, s'appuier de la franchife, & de la probite' qiie eet aveu annoncc, portant dailleu'-s un nom illuftre, touc ccia n'eft pas mal vü : malgrë tousccs avantages; fivous n'avez pas rejettè bautement la propcfition, fe penfe bien que vous ne penfez pas non plus vous rendre, & lui accorder votre umquu, héritière. L e Comte. ; ; - #Je ne fcais, je ferois prefque tente' de faire Iflf b'onheur de ce galant homme. F i g a r Oé Cnroi! vous pourriez...  t$ LES DEUX FIGARO', sLe Comte. Pourqnoi non? ma femme & ma fille arriv"cnt' anjourdhüy, je leur ferai part de ce projet?. F i g a & o. Prenez que je n'aie rien dit; je fuis fache'd'a<=~ Voir eu l'air de rejetter cétte idee. L e Comte Par quelle raifon ne ferois tu pas de mon avis? Figaro. Ah mon cher maitre , croiez moi, ne faitcs point ce mariage; le Seigneur Don Alvar, ne peut vous convenir: des defauts fans nombre en verite'; une conduite qni n'eft- pas a 1'abri de repruches.- Jj e Co m t K. Et tu le vois, m'as-.u irt, pour la première fois.- Figaro. Pardon, je vous trompois; mais ccci devient t'rop inrereffmt pour garder plus lougtemps le flience que je lui avois promis. L a Comte. Tu le cónnois? Figaro. Dcpuis longtemps. Je ne m'e'tonne plus fi, fans me parler de Ion arnour, il m'a recommande" d'avoir l'air de ne pas le cónnoitre; il avoit bien fes raifons. L e Comte. Tu m'e'tonnes, pourfuis, inftruis-moi'de tout,< tu feais que j'ai confiance en toi. Figaro. Vous ne ''avezpas coujourseüe cette confiance jc fuis enfin parvenu a 1'obtenir, je la méritois. L e Comte. je n'oublierai pas le fervice que tu me rends. Figaro. Je n'oublierai pas celui que vous m'avez rendu, L u Comte. Scqucl?' ggjr  ,C O M E D I E. H Figaro. Trois ans de repos, lepare' de ma femme. L e Comte. E'.le va arr.ivor, & c'eft toi. . . Figaro. Nous fommes fi bons. . . Le Comte. , Don Alvar, dis-tu ? . . . . Figaro. Don Alvar a éte' mon maitre pendant trois on quatre mois, je crois, il y avoit bien trois femaines que je n'e'tois plus a ion fervice quand j'eus le bonheur de vous rencontrer ,a fe'ville. II eft un peu faible de la. (montrant le front') il n'eft pas infiniment r.ichc , il a bien par ci par laquel.qucs tcrrcs, anciens chdteaux , maifons de familie , mais tout cela ne vaut pas grand chofe.. (avec confidence') Ld pms grande fortune ne fauroit plus fuffire. L e Comte. Prodigue, . . . Figaro. a 1'Excès. qu'un humme aille lui dire ,Sc;gneur Don Alvar, ma femme eft bien malade , j'ai de* enfants, je ibis dans la plus grande mifere. . . Ah ciel! voüa ma Bourfe: un autre arrivé; Seigneur Don Alvar,je luis un de vos vasfaux, je n'ai pour tout bien que le ehamp que mon pere ma laiÏÏe", la grèle a tout d.ctruit, je n'aiplus de quoi vivre, injbrtunè !.... & des larmes qui s'e'cbappent.... tiens mon ami, voila de quoi attendre ia faifon prochaine qui fera peut-être . plus heureufe. Cent occafions enfin , ou on le voit fe cunJuire de cette manieie. M.is mon maitre, lui diloi-..-je qnelquefois, votre fortune ne fuffira pas a touts ces dons, vous ëtes bien jeune encore, Vous n'avez que viugt ars, vous n'avez plus nipere ni mei'e qui vous aident de leurs conleils , fouffrés ceux de votre Serviteur. que veiix tu? me dilbit-ii , je n'aime poiftÉ le Ca jeu,  0 LES DEUX FIGARO, jeu, je ne dépenfc rien avec les femmes, & je prends fur rhon néceffaire pour donnera ceux qui font dans le bèfoin. En ce cas, Seigneur Don Alvar, repliquai-je, nc vous marieziamais, vous pourriez-ëtre-contrarie' dans vos gouts. fi je me mariajs, me difoit-il, ce que je në feraifurejnent pas, il faudroit que le fort me fit de'couvrir une femme, comme il y en a peu; je n'aurois de^volontés que les Hennes, & quoiqu'elle exigeïit, j'accorderois tout fans repüque; je connöis ma faiblcflë , & me tiens fur mes gardes. Voyez maintenant, Mr. le Comte, fi votre fille agée feulcment de quinzeans eft capable degouvcrner de condnire un mari prodigue, d'une complaifance qui iroit jufques a la faibleil'c, affez trifte . & préférant fa rêverie philofophique aux plaifirs recherchés par les grands. L e Comte. Mon parti eft pris maintenant. Figaro. Je fuisfachéde lui nuire; mais nulle confideration ne doit me retenir quand ma finceritépeut Vous étre utfle. L e Comte. C'eft bien Figaro, c'eft bien, Sc je te fuis pbligé des détails que tu viens de mc faire fur ion Compte. SCÈNE X. Les PRECEDENTS, un D OMESTIQUE, Le Domestique. ^Vlonfeigncur, je n'ai pas eu befoin d'alierbien avant dans 1'avqnue; Madame arrivé; fa voicure n'eft peut-être pas a deux cent pas du chateau. Li Comte. Je fors & vais la recevoir. Le Dom?Jli$ut fort. "' ' • SCÈNE,  COMÉDIE 6* SCÈNE XI. . FIGARO, arrltant le Comte. N 'allez pas me trahir au moins. L e C o m t e. Ne crains rién ; je comptois prendre les avis de la Comtesre fur ce'manage , confuïter ma fille; ee n'e'toit encore qu'un projet; je leur de-/ clarcrai que c'eft mon intention, & qu'il faut que les fignaturesfe donnent dans la journée. Figaro. Mais, Monfeigneur.' ... Li C o m t ï. Ne me rèplique pas; c'eft ma volonte'. SCÈNE XII. FIGARO, le fuivant des viux. ! Monfieur le Comte, plus fin que vous,ma fbi, eft encore bien béte: il me dégoüteroit dele tromper, fi je n'y trouvois pas plus de profit que de gloire. SCÈNE XIII. FIGARO, DON ALVAR. Don Alvar. H e bien? Figaro que dit lc Cojrats^je guettoil Fiaftant oü il te quitteroit.  m LES DEUX FIGARO, Figaro, s'inelinav.t. Monfeigneur, voyez ce chapeau bas, cetfe at« Citude refpedtueufe: vous connoiflez Figaro, queft ce que cela prouve ? Don Alvas. Que ma fortune eft afiure'e. Figaro. Et que vous aNcz faire ia mienne. partez que Fon ne nous voye cfemble: vous ferez bieucót préfente'. Don Alvar fort. SCÈNE XIV. FIGARO, FEDRO. Figaro. C^ue voulez vous.auteur que vousêtes? de'-, pe'chez, j'aipeude temps a moi. Pedro. J'ai de'ja gerit fur le fujet que vous m'avez fburni, mais j'y voudrois placer queiqu'incident. Figaro. Point , point; le fujet eft maigre, nous avons malchoifi, cela ne pourra fournir qu'un aóte, le pere fe rcnd tout de iuite, il lui faudroit un autre caraftère, n'eft ce pas? Ou quclqu'un qui croizat 1'intrigue ou 1'intriguant, il ne m'ea vicnt pas. Pedro. Je vais donc faire paroitre tout de fuite le nas taire. Figaro. Oui,c'eft le moment. . P k d r o. Allpns, maisce fera bien court. (ilfort.y SQEN3  C O M E D I E. as S C E N E X V. Figaro. ïi!t nous , prefibns Firiftant des figaaftare»; mais avant tout, avons cel'c de Don Alvar pour ia forte föm'me qui dok me reve'iiir lleiasi touts les biens d'ici bas fort rnSles de quelques peines; je vais revoir ma femme. ACT E I L SCÈNE PREMIÈRE. LA COMTESS E, S U S A N NE. La Comtess e. C3onnois-tu quelque chofe a la conduite demon mari ? 11 nous rappelle auprds de lui, avec les plus belles proteftations, & fes premières paroles font des ordres de maner Jjmës a Don Alvar qu'a peine je connois & quii connoit aufü peu que moi. Susan n e. Moh trés cher Figaro, c'eft mon epoux, mais je re pcux me réfoudre a !e lhttcr, eet honnête' hommc eft furementpoar quelque ciiofe . . . pour beaucoup dans cette airaire la, c'eft lui qui forca Mr le Comte a nous envoier dansun chateau e'loigné du fien , j'en luis fure, & c'eft encore lui qui le méne a prfeéjit. La Comtess e. Oui, nous avons (bupfonné ton mari d'avoir caufé cette leparation; cependaut s'il eft vrai que Mr, Is Comte ne uit siea fans ion confeil, ü faut que" ce  % LÉS DEUX FIGARO; te Figaro ait approuvé nofre retour: mais cotdment concilier ? . . . S u s A n n e. C'eft de la que je pars popr le foupconner. it a été d'avis que nous revinffions, peut-être mêrrre 1'a-t'il' follicite": il avoitfes vues , & je ne lui croia pas une affesfortepaffion pour fa femme pour faire croire qu'il n'ait cherché que ie plaifir de me revoir. La Comtess e. Je ne puis me réfondrc a faire le malheur dc ma fille. Comihènt parer ce coup ? S u S a n n e. II n'y a qh'atenir bon; quitte pour aller revoir notre chateau. dites; je ne le veux pas; mais articule's fi bien ces deciilves paroles, qu'on ne pui'ffe s'yméprendre; votre fille pleurera, c'eft fon role ; de mon coré,je ferai enrager mon petit Figaro: Monfieürle Comte fera ëtourdi de ces cbntrarféte's; Don Alvar fe rebutera; nous dirons adieu a tout le monde. & nousrecouvrerorisnotre chcre liberte'. La Comtesse. Que d e circonftances affligeanf es pour mon cceur, ïnés fe défole, & n'ofe réfifter. S u s a n n e. Elle eftffbonne & fi timide, elle pourroit céder, mais Chérubin eft bien aimable: elle ofera peutêtre de'fobeir a fon pere. L e Comtesse'. Cepauvre Chérubin doit être bien trifte aufiu S u S a n n e. Oui trifte, mais il a du caractèrc; il trouvera quelqu'expédient & ne compromettra perfonne: mais quand j'y fonge . . aurions nous pü le [reconnoitrc, s'il ne s'étoit nommé? Ce tein délicat,' cette peau blanche & fine maintenant brülée par le foleil, cette voix grêle & faiblc qui eft derenue une bbnne voix de poltrine male & fonore . . il eftgrandi, groffi, noirci, & toujours charmant.  C O M E D I Ej ttf La Comtess e. hts par üi bonne conduite il s'eftrcndu digne de mon amitié.' je te 1'avoue Sufanne j'ai vl avec plaifir naitre 1'incliriatiori de ma fille, il a acquit asfez de confiderat.on, il eft parvenu a ün gradc affez e'levé pour être en drait de recbercher la fille de Comte Almaviva. S u s a n n e. Et cette prudence qu'accompagne fes moindres actions . . Votre époux ne 1'aime pas trop jenè fais pourquoy ? Depuis li longtemps qu'il ne l'a vü, il auroit du oublier fes anciennes efpiegieries. La C o m t e s s e. Auffi a-t'il craint dc nous accompagner jufqu'ici." S u s a n n e. It n'eft pas eloigne. L'avis que nous lui avons dnniié du projet de mari ge k. eft dejd entre fest mains, il peut encore palier trois femaines loin. de fon Regiment, & ce teriips fuffit pour operer quelque rcvolution , & j'ai d'ucurcüx prcÜ'ontifnent's. LA Comtess a. Tu me raffurerois prelque. Susan n e. Ma bonne maitrclTe nous avions chacune un mari . . Ah pour nospe'chés, il faut pourtaiu que' je rende juftice aMr. le Comte .. je crois que lans mon aimablc Figaro vous lëricz plustranquille. La CüMTESSE, fourianl. Mon trés cher Figaro , mon petit Figaro mon aimablc Figaro ! Ie ton qui accompagne toae' cela. . . Gomment t'a-t'il recue ? S u S a n n E. Kous fommes les mcilleurs amis du monde' ij» me craint. La Comtesse. A propos de quoi?  so- LES DEÜX FIGAKfJ, s u s a n h e. Quelques mots que j'ai lache's, ah fans inte"ntion en verité , j'ai l'air bien innoccmmcnt de le foupgonner d'intclligence avec-ce Doii Alvar. La Comtess e. Quel feroit le motifde cette intclligencc? S u s a n n f. Quefais-je? Mr. lc Comte veut marter fa fiHe , donc Figaro veut qu'eile fe raarie , Monfieur le Comte veut la donner a Don Alvar, donc Figaro treut qu'on la lui donne. SCÈNE VIT. S US AN NE, LA COMTESS-E, FtGARO, iqui a entmdu les derniers mots de Sujanne.) . Figaro. JLLt toujours Figaro, (  COMÉDIE- ft? Figaro. C'eft ma femme qui vous a dit cela.' LaComtesse. C'eft vous encore je le paric qui confeillez k mon mari de donncr fa fille a un homme qu'eile. ne connoit-pas. Figaro. C'eft ma femme . . . S u s a n n e. Et toujours ma femme. Figaro. C'eft comme je difois & toujours Figaro. s v s a n n e. On a tort de te foupe.mner. F i c a r o. Oui, c'eft trop peu, il faut me convaincre.' 5 u s a n n e. Inexplieable perfonnage , laiffej toi donc •deviner ? Figaro. Tu en faurois autant que moi. La Comtesse. Que fauroic-on , en vous devinant? Figaro. On fauroit, Madame, que Don Alvar que je ne connois pas eft deicendu il y a quelque temps chez Mr. lc Comte , qu'il a parle de fon amour pour Müe. Ine's , cu'a force d'horinêtete' il a resdtt fa perfonne agre'ab'le , que Mr. le Comte eft fcduit, qu'il eft de'cidé a faire ce manage, que j'ay fait 1'impofnble pour 1'en détourner, que cc Doii Alvar ne peut vousconvenir , que je 1'ai dit, redit centfois, que je n'ai pas le pouvoir que vous me fuppofez, & q*e je fuis pret a vous offrir, mes ferviccs pour empêeher ce mariage dusfa-je ctre disgracié après avoir reuffi. La Comtesse. Eh bien Sufanne ? ' S u s a N ïf e. Eli bien Madame; , D 2 La  'sS LES DEUX FIGARO. La Comtesse. Qu'en dis-tu ? S u s a n n e. Qu'en pen fez vous ? La Comtesse. Je ne fai. s tj s a n n e. Acceptons 1'offre, & nous le jugcrons far ls fncces. La Comtksse. Je vouspardonne tout Figaro fi vous paryenez a eloigner Don Alvar. Figaro. Je m'v emploierai tout entier. Trouvons quelque moven qui force Mr. le Comte a changerde Telolntion j'ignorc ce que Don Alvar a en lui de fi merveillcux pour ayoir éte' fi tót accepte' c'eft un de ces eyénements qui confondent.mais nous viendrons a bout de le congédier. SCÈNE III. SUSAN NE, La COMTESSE, Le C9MTE FIGARO, ' L e C o m t ï. E bien Madame avez vous pris confcil êtes vous toujours décidée a contrarier mes d'efirs ou croiez vous enfin devoir accorder cc que ie yous ai demandé. J La Comtesse. Si ie pouvois me perfuader Moniieur Ie Comte qne le bonheur de votre fille vous intereffat afle's peu. . . L e Comte. Je vous demande une reponfe précife ïmu \ f A-,N ? ?? ibasè la Comtejji.y $Uc eit faciie a faire  COMÉDIE. 2y L e Comte. Repondez Madame, pattendóis plus de com* plaifance de votre paft , le Jour de notre réunion. La Comtesse. Inéspleure , elle eft tren maihcureufe. L e Comte. Elle o'bcïroit fans regreta fan ncre , mais vouS ja foutenez par vos ref'us, & voas doublez fej craintes. La C om te ss e. Pourquoy fe preffer tant, elle eft fi Jeune. Susannk, (bas a F/^aro.} AHons une première preuve dé ta fincerite' parle & bien diftinctement. L? e C o m t e. Faut il abfjlument que je Cummandc? Figaro. Monfeigneur , fi vous dönnfez a MLle. letemos de prendre quelque goüt pour Don Alvar lcrnariage eft bien eff aiant quand ie cceur. ' Susannk, (bas a Figaro.]'" Plus ferme, plus ferme. L e Comte. Allez yous me repeter cc que yous m'avcz dit de lui c eft cela precifement qui batera Figaro. Eh bien Mr. Ie Comte qua .d vous devriez vous facber, je dois v^js repreferfter qu'il eft de vctre interêt que Ie manage ne fe faiTe pas La Comtesse, (bas a Sufanne.\ ' II nous parloit vrai. L e Comte. Tu 'te dccouvres donc tout-arfait, quel interêt %s tu pour éloigner Don Aivar, quuy je ferai contrarié rnéme par mes valets. Sus a n n e. Si j'ofois donnet mon aviV. L e Comte., Parle > quoique ma bonté, ou plutöt ma faiJjlefie en laaie ici le droit a tout le monde PJ S u-  %o LES DEUX FIGARO. S y s a N N e. En cela Monfeigneur je prendraï la lifaerte de dire que fi Madame avoit autantde courage que moi, elle vous diroit bien nettement, ce manage ne fe fera pas par laraifon , par ia raifon qu'il ine deplait. ^ L e Comte, (è ia Comteffè.) Vous autonfez cette infolence. La Comtsse. Je blamc le ton quelle a pris, mais le motif la rend excufable. LïComte. (a Figaro.) Par quel miracle ta femme eft elle du inême avis que toi. F i g a ft o. - C'eft bien un miracle, a moins que 1'un de nous deux ne dife pas ce quil penfe. L e Comte. Fut il jamais un mari plus tourmenté, un pere moins obe'i, un maitre plus mal fervi, tu fen repentiras, Figaro, de ta t'éme'rité, mais quel que foit ton avis quel que foit ici 1'avis de tout le monde part va chercher mon notaire, & finifions. Figaro. Monfeigneur. . L e Comte. Tu me refiftes. . . La Comtesse. Afl Sufanne quel jour affreux! La Comte. Partira-tu? crains ma colere. S u s a w N e , (bas a Figaro.') Si tu. . f Figaro. Je ne le puis Monfeigneur, je ne le puis, vous êtes mon maitre, mais il eft des cas. . . SCENÉ  C Ö M Ê D ï È7 ft SCÈNE IV. LES PRECEDENTS, UN DOMESTIQUE; L E COMTE, (au Domefiiaue.) ^^ue veut on ? L e D' o m' e s t r q u' e. C'eft un Domeftique, une lettre pour Monfeigneur. L e C o m t e. De quelle part. Le Domestiq, ue. Je ne 1'ai pas lue. L e Comte. Imbeciie, fais entrer. SCÈNE V. SUS ANNE", LA COMTESSE, LE COMTE, CHERUBIN, fous te nom du jeune Figaro, prefentant ta lettre. \Jn jeune Coionel me recommande a vous Monfeigneur. L e Comte. Donnez. La Comtesse, (d Sufanne.) Ah ! S u s a n n e. Chut. Figaro. 11 a l'air dégourdi. Le Comte, (allant a lajtgnature.') C eft de Cherub», je penfois qu'ii ne vouloie plus ecrire. M  3*T LES DEUX FIGARO. , . La Comtesse. Vous ne repondiez plus a fes iettres. Le Comte, (regardant Sufanne.") Oh ! il a eu de nos nouvelles, — N'eft-ce pas; S u s a n n e. Pourquoynon e'elUuöt fait, deux lignes,une epiegle en cachet. L e Comte. Voyons ce qu'il écrit ? Monfeigneur. Vos bontés pour moi ont éte' fi longtemps ré~ pétées que je n'ai prefque pas le droit de votu importuner, datgnez protéger celui qui vous remettra cette Lettre , c'eft un bon fujet, fidele, zèlé qui chefché a fe placer , je réponds de fes mceurs, j'efpere que vou;, voudrezbien me don- ner cette nouvelle preuve de des com- plimei ts d'ufage. . . (A Cberubin.y Avez vous de'ja fervi f L e J r u n e , Figaro. je n'ai eu qu'un maitre. Lu Comte. Pourquoy 1'avez vous quitté? Le Jeune, Figaro. II eft mort. L e Comte. Ah ! Eh bien je verrai . . . votre nom? Le Jeune, Figaro. Figaro. (T o u s.) Figaro. Le Jeune, Figaro. Oui Monfeigneur, déftiné a fervir, siantquelque s talents agreables, je me fuis honoré de ce nom. 11 me lurfit de m'entendrc nommer póur me rappeller les devoirs d'un bon ferviteur, je n'afpire pas a la reputation de mon modele , mais je veux du moins égaler fon zèle ,&füncü:ivité, F*?  C O M E D IE g Figaro. bites donc mon Cadet, vous rie nï'avez paS cónfulté pour vous hommer aihfi Le Jeune Figaro. Etes vous le veritable Figaro. Figaro. Oui de qti'cl droit s'il vous ptait. . . L e Jeune, Figaro. Anonime comme vous, j'ai cherché le non$ qui me plaifoit le plus. L e C o M T Ei Vous n'ires pas loin pour trcuver un maitre l Vous me fervirés, pour vous Monfieür quil eft maintenant.fi diflicile de faire obeir, parte's ou reftés cela m'éft egal & fcachis moi gré de ce que je ne vous chaffe pas décUiement , gardés (au jeune Figaro) ce nom, puis qu'il vous piait, vous fcresle jcufie Figaro, vousferes ce que l'autre refufe de faire, j'ay befom d'un notairé ici» onvous donnera l'adrefle du mien ,partés tout de füite , & me 1'aménes. Le Jeune Figaro. JJepofés vous fur moi Monfeigneur, il fera ici avant la fin du jour. La ComTesse, (bas a S'.ifanne.y Quoy,?.... 'Susane, (bas d la Cointcjfe.) Laiffés le faire. Figaro, (a pv\) Le chcr Cadet Figaro, c'eft comme s'il ni'o* beiffoit. L fe Comte, (d la Comtèjje.) Je vous laisfe reflechir Madame a 1'ordre quö je viens de donner ,allez y dispofer Ines & quö je n'aie plus de refus a éprouver (il fort.) La Comtesse. J'y vais Monfieur le Comte, helas clle a bé* foin de confolation. S- ü s a n n e. (accompagnant la Ccmteffe.y Prs'venez la fur 1'arrivéc du jeune Figaro- E F>  34 LES DEUX FIGARO. Figaro, (è la ComteJJe.') Madame m'honorera t'eiie de fa protedion>. S u s a n n e, (en s'cn al lans.) Oui mon mari, nous vous protegerons (bas è Ja Comtejfe') je reviendrai parler a Che'rubin. SCÈNE VI. IE JEUNE FIGARO, FIGARO; Le Jeune Figaro. "w'eft vótre femme que je viens de voir. Figaro. II le faut bien, je 1'ai epoufec. Le Jeune Figaro. Elle eft jolie. Figaro. Je n en fais plus rien. LeJeune Figaro. Vous n'avez pas toujours'e'té de cette indifêTence. F i' g a r o. Voila )e mal. L e Jeune Figaro. Monfeigneur paroit faché contre vous. Figaro. II a tort. I ,Ls Jeune Figaro. J avois bien envie de vous connoitre. .,, Figaro. Voua la connoisfance faite. , Le Jeune Figaro. Seroit-il par hazard queftioa d'unMariage, oa «emande un notaire. Figaro. Mariage, ou Teftament, je ne fais le quel.' M  C O M E D I E. H Le Jeune Figaro. Mais c'eft bien different. Figaro. Oui, on fait i'un pour la paix de fon arae,oa fe damne avec 1'autre, Le Jeune Figaro. Si Sufanne vous ecoutoit ? Figaro. Je le dirois plus haut. Le Jeune Figaro. Dcpuis quand avez vous? Figaro. Ah queftionneur abominable vous perdez du tcmps, vous devricz étre dèja parti, allcz vous ehercher le notaire. Le ! e u n f. Figaro. J'irai, mais je voudrois que vous eufiïez connattce en moi, regardez moi bien , ai je l'air d'un. homrne a qui Ton doivc faire miftére de ce qui fe pasfe dans la maifon ? Que vous dit ma Phifionomie ? Figaro. Gageons qu'elle ment. Le Jeune Figaro. En Quoy ? Figaro. Vous avez l'air d'un honnéte homme. L e j Ê u n e F i g a r o. La votre eft plus franche. Figaro. Cm'entcnds-tu mon Cadet? Le Jeune Figaro. Que monfieur le Comte a donne' une maniere d'ordre a Madame . qu'il a dit' d'aller y dispofer Inés, cette demoifelle Ine's eft fa fille, je crois 1'avoir oui dire , qu'il eft quelliun d'un Mariage ■avec je ne fais qni,quon vous envo'ioi: ehercher le notaire, que vous avez rcfufé, que vous ka Paroisfés pas d'ayis que le' mariage ait lieu , & E 2 d'a-  $5 LES DEUX FIGARO. d'ap'ès tout cela, que c'eft vous qui conduifesj Cetteirtrigüe, &mariezlademoifellc de lamaifon. Figaro. A ce comité ma philionomie fi franche vous, Au que je luis. L e j k u n e Figaro. Un Fripon. Figaro, (a part.) Diantre menageons ce drole la (haut). Ce mot de fripon n'eft qu.'uue plaifanterie ,je vois cela. mais d: -moi, mon ami , quel interêt as-tu de s'avoir Ce qui fe paffe , & ce que je fais. Le Jeune Figaro, 'Un trés grand interêt. Figaro. D'abord. Le Jeune Figaro. D'abord ie plaifir de te contra/ié quelle quefbit; ton intention. Figaro. Tu es venu dans ce deffein ? Lk Jeune Figaro. Oui. Tu vois que je fuis franc. Figaro. Oh ƒ Oh! & fi j'avois quelqu'interêt a rornprc le projet de mariage. Le [kuke Figaro, j'irois c.hercher le Notaire. Figaro, (apart.) II n'eft pas fi fin que je Je croyois, &fituavais deviné jufte , fi j'étois le coofeii feerct de Monfeigneur, ou fi par tel ou tel moyen je le een-* duifois a dqnqpr fa fille a Don Alvar. L e Jeune Figaro, C'eft le pretendu? Figaro, Oui. Le Jeune Figaro. I'iroi.5 glierclier Ie Notaire,  COMÉDIE. F i g a r 0 , (è part.') Et il appelte cela me contrafiër. L b Jeune Figaro, Et le mariage ne fè ferqit point. Figaro. Tu parois bien fur de ce qvfe tu avance?. L e Jeune Figaro. Auffi für que je l'étois en rendant juftice a ts» phifionomie. Figaro, (h part.) AHons Figaro voici de quoy Fexercer. L e Jeune F i g a 'r p, (a garf.) je lc decopcerre, & FhitrtgiVé. Figaro, ( a. part.) Bon pied bon ceui', & des oreilles furtout. Le Jeune Figaro, (a part.) Son regne va rinir. Figaro, (a part.) C'eft ici qu'il ett bon d'e'couter pour entendre. S C Ë N E VII. LES PREC EDENTS , SUSANNE, ( dans le fond.) FS V san n 'e, igaro. Figaro, Lcquel. S u s a n N E. Le plus aimable. Figaro. Je connois les hommes, nous irons tous deux. S u s a N N e. Le plus jeune. Figaro. C'eft différent, nous ne fommes pas femmeS neus convenons denotreêge, c'citatoi, (au jew, 'üf Figaro,) qu'elle en veut, E 3 Su?  3S LES DEUX FIGARO. S u s a n n e", au Jeune Figaro, (bat.) Madame vous demande. — Ne vous eloi«>Ti«z pas, je vais renvoyer celui-ei. ö Le Jeune Figaro. Je me rends a fes ordres, F i g a r o , qui afurpris Sufanne parlant bar. (d part.) Un mot a 1'oreille, il reviendra. SCÈNE VIII. SUSANNE, FIGARO. SUSANNE. ÏTlé bien mon Figaro qu'en dirons nous? Figaro. Parle, je te re'pondrai. S u s a n n e. As-tu du plaifir a me revoir. Figaro. Afiez pour ne pouvoir 1'exprimer. Susanne. Ce pauvre petit, tu m'aimes donc toujours» _ Figaro. Comme .je t'aimois. Susanne. A 1 mftant oü nous nous fommes fépare's* Figaro. Et meme comme avanc ce tems la, je te parle bien fincèrement. J F Susanne. Mal-appns tu flattes ta femme. _ , . Figaro. Ce n elt pas mon intention. fer j .Susanne. ' Madame la Comteffe elt fatisfaite de toi. vu r n. Figaro. Elle n'eft pas aa bout» . S u-  C O M E D 1 E. $f 'Susanne. Tu feras encore mieux. F i & a e. o. Je 1'efpère. Susanne. C'eft donc bien fincèrement que tn donnés ta. voix contre ce Mariage? Figaro. En doutcs-tu mon cceur. Susannk. Tu m'étonnes! Figaro. D'oü vient ? Susanne. je fuis fi accoutume'e a ne te pas croire ! Figaro. Ne t'ai-je pas tantót devant Madame donné la preuve que tu demandois? Susanne. Oui, mais! Figaro. Quoy ? Susanne. Ah fourbef Figaro. Douces paroles de ma femme, vous frappez donc" encore mes oreilles? Susanne. ' ' Tiens Figaro je voudrois que tu nous euüeS dit vrar Figaro, Ca part.) S'il attend que je fois forti pour revenir. Susanne. d'honneur je crois que je t'aimerois encoreJ . Figaro, (y és doaa.tsr» fa ferm etd y S u s a n n e; Noüs ti'avons encore que des foupc ms fur les ïne'nées dont nous öcc&forïs Figaro , ir.a;.. ie lovrp*' $onner c'eft déja beaucoup. L e Jeune F i g a r 0; Ne ibi'ez pas ioqufetés fur fes dèn..rch s je' les ob'eryerai fibien que rierrde lui nc m'echappcra, & tu dois penfer que je fatitruerai tam fa tête qu'il ."era fccé d'abandonner fon pioje, , f$ toate foiSn eft v>ai que ce loit lui qui per.uad§ au Comte de marier fa fille a Don Alvar. Susanne. Si toutte fois il eft vrai ,• ah ne luï faiföifs p'aiy ïrop 1'honncur d'en doiner. Le Jeune Figaro. i J'en cönnois ïerirorii, marshïi partieulitfffnlfi'rii je nt k soonois pas.  f4* LES DEUX FIGARO, S u J a n n !, II ne dolt paroïtre ici que pour la fignature: Ie refus que Madame la Conateffe a.fait de le rccevoir, devroit déja Ie rebuter. L e Jeune Figaro. Ah je fens qu'il ne doft pasrenoncer fan-s peine fu bonheur de poffederlnés. Susanne. Ah c'eft de la dot qu'il.'eft affioureux, forezen fur, Monfieur lc Comte avoue lui-même qu'il n'eft pas bien riche , mais cela ne 1'arrête pas. SC EN E ..XX 1ES PRECEDENT S, FIGARO' 'iquientre doucement fe tientau fc.id de la Scène) L e Jeune Figaro.. C3e. projet iitót ccncu ne s'exeeutera pas, iole presqu'en répondre, Mr. Ie comte finira, par fe rendre auxprieres de Madame, aux larmes de fa filic , de mon coté je fcrai rimnpffible pour que ton Figaro ne i'emporte pas fiir nous. S ü s a n N E. II eft bien fin. Li Jeune Figaro. Te lui donnerai de la befogne. F i fi A r o, (fort enchanté de ce quil a entendit.\ ■ ' , i ■ «, SCÈNE XI I. LE J E UN EFIGARO, SUSANNE. (appercevant Figaro qui s'en fuit.) IviSil f0mm- Per-U5' - lkf Ü MUd h 25}  COMÉDIE. ^3 L e Jeune Figaro. Je erois que nous n'avons heureuferaent ric» dit qui jmiffe me faire reconnoitre. Susanne. 11 eft cspable de vous deviner. L e Jeune Figaro. Bonne lecon que ceci, quand on a tout ècraïn» éte on ne Soit rïêri risquer, plus de tête-a-tête. Susanne. Des demi mots en paffant, kous nous entenJrons Isien, je vous re'ponds de moi. S C E N È XIII. LES PREC22ENTS, t% COMTE , FIGARO, Ils uitrent 'dHéertie Vt ils fe 'tiennèüt au fond, Figa* rofait Jiguï tfö Qürtie g'ê'sateter. Söuslli, rêr&'rddni dü coin de 1'celf. (bas.) Xl rentre miltbrieufen'ect rvec Mr. le Comte." L e Jeune F i è a r o, (du rAêMe ton.) Ne fais fem'olant de rien, 'eis tranquüle, & caufoos. (Haut) tnr.is expüque nbi donc Sufanne pournuoy Madame la Comtesfe, fa fille 8c toi êtes^fifcrt pppoffi'es a ee Mariage, il y a la de.sfous quelque chol'e cue je ne concois pas. S u s a n n e. Je te trouve en ve'rité pldfant de me faire tanC de queltions, quil te itfffire de favoir que Dort Alvar nous depiait, $ que malgré ta boring! mine, tu nous de'plais cttant que lui d'obeir» ton maitre, & fans nous canibltcr. L e Jeune Figaro. Saus nous confulterl avec tout lc rcfi^eftqueje f a óoÊ4  '44 T.ÏÏS DEUX FIGARO. fit is a Madame ta CVmresfe , mon premier devoie eft d'obeir aux ordres de fon Maitre , i! Vmt uue Jaiüe chercher ie notaire, & j'irqi malgré vos piièrcs, vos menaces, & tout ce que vous eraploierez pour m'en empecher, Mr. ie Gomte eft jufte & lageil yeutrnarier la fille, &je fuis paid pour croire qu'il a rai.on. L e C b m t e (dans l" fond, d Ftgata.) Eh que viens tn me chanter, Mr. ïe Comte ytnez , jfs for.t la tout dqucement... je ne fuis pas le feul qu. s'opöofe ... & Sufanne, öUc non yeau venu... • f Figaro, paf.') Et le diablp qui emporte man Cadet. L B Co m -i e , (au j tune Figaro.') Tu eftun honnête garcon toi, vas-vïte comme tu I as dit chercher ie noaire, Don Alvar feraici ce loir, il faut que tout le finisfe aujWdhuy. Le J je ü nvé~ F i ó "X R o. Voos ferea obei Mr. le Comte je parts a l'in* Jtant (ó Figaro) cela te contrarie mon camarade j en fuis fjlché, mais tu as beau faire tu ne reufüXa« plus en rien (il fort en faluantle Comte ) S u s A N e , (prenqnt Fig.:ro au menton.) Bonjour mon ami. L e C o m t e, (a Figaro.) Cet imbecile qui yienj... tu me le paiera?f SCÈNE XIV. FIGARO. V uand Jemependrols.nos affaires n'en fferoicnt plusavancées, il veut empêcher le Mar-a4 êftn^ltJ?^S-r!enSt,,re« " ^d'accord avec h&r 0b/1 »?JPW «W ah» Monfféuie ^uej ai befom de toi! fin duftcond 4üe, 4 Q T $  COMÉDIE. *S 4 C T E IÏL SCÈNE ï SUSANNE, LA COMTESSE, IN ES, La Comtesse. A llons ma fille , allons, rcprends co'irage tont lm bien. vieus avec moi vienste diltraire,ailon»faire un tour, I n e 5. De ce có~e' mamaw,- L a C o m r e s s e , (fouriant.) Oui ma fiiie de ce co e'. s anne. , J'ei'tends, e'elï par la que le notaire dois aruver. '• I N 8 Si Qui te parle du notaire ? - S v s a n m e, Vous me p.arlez d'un aurre. > i n e s. Maman grond cz la donc, elle me plaifants fans cesfe. La Comtesse. Gronde la toi, cetf-g mechante Sufanne. 1 n e s, (embrajfint Sufanne.} t!é bien ' voila pour t'apprendre a deviner qu'il n'eft pa's qugtyon du notaire. La Comtesse. Quari-i i's fpnge cependant, cc notaire qui va ftniver m'i quièce. F n e S. CVtoit vous maman qui me rafiuriez tantflt,& Vüua ouj; yous aheas me redonaer ma crainte.  V £ES DEUX FIGARO; S u s £ n n 2. Qnefle timidité.'Ne nous at'il pas ik, je vds e&ercher le notaire, mais foiez tranquille. I n e s. Eh oui! maman il me dit, belle Ines je vous Tepéte fes parolee, ne craignez rien, quand lc aotaire i'sra iei3 Cherubin y lera. S ü s a n N e». Ne prononcez pas ce nom la, gageons qu'il ns 8*sft pas nommé en vous. parlant ? I r.i e s. Efi-ce ma faute & moi ü, fon nom m'e'chappe? La CobstbHse. Marsfi tu allois indifcretenient le nömmer, & me 1'on écoat&t! dis, tout feroit perdu, il faueroit e'poafer Dan Alvar. I ïï e c. Afc corrme je vais m'cbferrer, alloris nous promener mamaai l a c o n x 2 s 3 b. Viens ma fille. S C s a k !! ! v Si vous Ie re/ac'onftez , fo'^V^nés'-fbui qut ^ous ne le connoiflez Das. ■ Ines. Quoi pas ca mot ? LaComtes ff** Mon enfant S u s a x n a. Veras avez de grands yeuxqui pe::?*?it porte? bien lokt la parole, charger ie.i d'un js' vous aime, bien prononce', cela fera rénda en mal(t propre & fur ie champ, il vous en revient autant, I n Jt 3. Altons ptnfque vous le voulez, maisn^uspar* Jerons tous trois en marchant. Susanne. Oai, on ne lui parle pas, mais oa en psrle, Cela coüibie»  C Ö M È D I Ê tuit. Mais tais toi donc, on je t'entbrafife encore. Susanne. Te ne vous scio.mpagneral peut-être pas moi, il faut que j'obferve de mon cóté ou du moins;je reviendrai bien avant vous. SCÈNE I I. SUSANNE", INES, LA COMTESSE3 FIGARO. Figaro, IVf adame eft-elle fffine è. prefent cTe ma feomas* foi? vous m'avcz entendu ofant dire a Monfeigneur que Don Alvar ne convenoit pas a Midêmoilella. * La CöMtESSKi Ta conduite en cette occafion te vaudra mom eftime, fi tu continue toujours de mém-e. : Figaro. MademoFeÜe me craignoit auffi. vous 1'avei* raiiurt e. i n e c. Cnacun vous.rend juitice a-pre'fenc Figaro. Ma femme mime, je le parie, Susanne. Je te I ai toujours rendue. Figaro, (« ta ComttfTe.J Je ne ra en tiendraipas la, & daprèsvosW. ' , . . A CorS t-e s S e. Utt om. je te !e recommaude, tache ou» tms jlts débats finiflènt htentèt. q 0SS  H- tÉS DEUX PIGAFLa Susanne». Ai-je ceffe'. (heS. f Ne fortons nous pasmarn ft' La Comtesse, JqüriaiiU Tu as Befofh de prendre i'air. Figaro, (è part.) Files ont l.e vifage riant (baut) I\ faut foüjours que quelque obfiaeie nous contrarie. Ge nouveau venu. I n e s, Le Jeu ne Figaro'. Figaro. Oui Mllc, qui s'eft dabord offert poiir faire Ia ComraKsfion que j'ai eue ie courage de relu.er a Mr. vocre pè/e mêrne. La Comtesse. li ne poüv..it pas favoir fi cela feroft de Ia peiue a quelqu'un d'iCv t i g a r o. p a du le voir au ton dont Monfeigneur par«t Joit, cela n'a pas empêché ce beau mouvement de ze e dont vous t'auriez difpenfé, il veut anos dépends gagner les bonnes graces dc fora ïnaitre , il eft allé chercher le notaire. La Comtesse. Je le fai Figaro. Susanne. Je le fai mon mari. I n e s. Je le fai auffi. Figaro* II fera bientót de ïetour. 1 n e s , a la Comteffè. Si nous fortions maman.« 11 fait bien beau joutdhuy. Figaro. Ils viendront enfembie p ob:..blement. La Gomtasüe, C eft poffible.  COMÉDIE. # Figaro. "ISette arrive'e m.'inquiète. , Susanne, indijfcremment. Et moi auffi. ... Figaro. Monfieur !e Comte féra dreffer le coritraèi La Comtesse. Aujourd'huy, croiez vous?, Figaro. Je le crains. ,■ Susanne^ Tant pis. _>;-•„.,. > . „Figaro. Jè ferai tout ce que je pourrai pour l'empêcher';? i n e s. Je vóüs ferai bien obligë Monfieur Figaro. Figaro, (a part.) Elles font bien tranqüilles, je m'y perds. g - •■ •■- t '"±4 SCÈNE III. LES PRECEDENT s', LE COMTE. L é C o m t e. /\h vóus voila rè'unis, vous cohfultez Mada« me quel-eft le réfultat de vore asfembléë? La Comtesse. Ce n'e,ft pas de lui que nous prennons. oidi-i nairement les reponfes que nous avons & faire. L e C o m t e.. . Qu'ellcs foyent de lui. ou de vous , le contraè fefigne aujourd'huy, je 1'ai.réfolu. La C o m t ■ s s i. Te fai, Monfieur lc Comte qu'il faut que töu'C. cela finis'fe, & nous attendons. le moment qui de'cidera de ton fort. monirant Iries. L e Comte. , , . . . l Xllonslnès, un peu de complaifanse Potirt^  £o LES- DEÜX'FÏGAHO pérc ,je ne vcux pas que tu fbis malheureure ,j'en ferois deïespére' mais Dm Alvar 'elt un frtmable & galant-hommerf! tu connoisfois'c.ir.i^c mui toutes fes quaktés, tiens Figaro te dira.'; F i g a r o. Mais Monfeigneur, que dirai ; •■ •<• ^n.Icmoifclle pour 1'ehgager a vous obeir f Tout feroit iufpcct après la maniè:'e do~c j'ai -paria a ce fifjeci L 'è 'C (ï t e. Crainds-tu de me re'pondre? Incs, narl'c moi ïhon enfant, quand j'ai va aki ton Mariage js 1'ai fait pour asfurer ton hpnhfur. f I n e s Mon pe're! L e Comte. Eh bien! La Comtesse. Ne demandez pas fon rveu, vous favez bien q'u'elie n'oferoit vous de'fobeir. L e Comte. II n'y a donc que vous ! La Comtesse. Vous-vous trompcz , je ne compte pas lui dieter fa re'ponfe. L e C o m t e, (c Sufanne.'). rf A C'eft donc toi que j'ai le plus a combattre. b> U S A N n e. • Vous me faitcs trop d'honneurje n'ai plus d'a» vis.a donner. L e Comte. • Tu dois pronoccer feulc; Eh bien !' Je t'avertis que Don Alvar & Ie notaire feront bientot ici, m'embrasfcryis-tu a prefent?- I n e s , (einbrajjant le Comte:) Toujours de bon cooer. 'L e Comte. , Nousavons donc fait la paix , c'eft bien, avant Ia fin du jour nous fcrous tous contents. S ii"  c o m e D i e; s\ Susanne, II faut 1'efpeïer. L e Comte. Sortirez-vous ? La Comtesse. Oni. Nous comptions aller la tout auprès nous promener. Tj e Comte. Que je ne voustde'ranee pas,vasma fille; vas: cl! es forteut. 8 C E N E I V. L E COMTE FIGARO. L e Comte. C/om me el les font radoucics, tu as donc perdi* ton credit aupres d'e'lles? F i (i a k o. Madame n'a.pas asfez bonne opinion pour me croire , il n'y* a que vous, Monfeigneur, qui dans toutes les occafions m'aycz rendu iuftice, & <:e.-endant dans cello ci, 'c'eft vous qui mc foupconnez. L e Comte. Qui ne le feroit pas a ma place, je te vois acharne.contre Don Alvar. ? n E i g a r o. i ; Acharne', c'eft trop , j'ai dit cc .que je penfois voila tuut, cela pouiroit nuire a fon Mariage, mais ne iui faifoitpas d'autre tort. L e Comte. C'eft trop de ce lui la: je fuis e'tonne' d'ailleurs que tu ófesme contredïre , ie me vois plutot obei par le jeune Figaro qui h'eft que d'aujourd'huy a mon fervice que par toi qui dcpisis feize and. . . Ga F u  'p LES DEUX FIGARO,7 Figaro. Vous allez encore me ooire mal intentionné ' mais je reneterai que ie 1'ai entèndu proiettant avec Sufanne de s'oppofer a vos deffeins , je vtius ai lencontre, yous ai prié de les écouter ' ils wavcient appercu fans doute, & quand nous fommes entrés, üs ont monté leur converfation fur un autre ton : Voila la vérité, Ia voila' toute pure. L e Comte. Mais enfin fai-je s'ils tont appercu & fuffït-il que tu le penfes, fai-je ce qu'ils difoient au'paravant? Je fai bien pofitivement ce que j'ai entèndu ,ce que j'ai entendua démenti les raDDorts que tu venois de me faire: * irr Figaro. Hé bien! Puisque vous'le voulez, MnnféiVneur,le jeune Figaro elt 1'honnête homme le ferviteur ze'lé, & je fuis le fripon, le Domeftiquc peu fidele. v • • • - ~ j, Li Comte. Ecoute donc, les apparences. .'. Figaro. Quil eft heureuxce nouveau ver.u d'obtenir en êéux heures ce qui m'eift réfufé après fi lonetemps,tout fe découvira, les plus fourbes feront' reconnus ,& c'eft alofs que vous rqe jugercz celui qui vous obèit le piutót n'eft pas celui dont vous devez le moins vous défier , mais pour vouk prouver Monfeigneur', que je ne m 'obitine pas a vous deplaire, oubliez ce que j'ai dit de Don Alvar.&tenez ferme , les refus que vouseprouvez me mettent de votre parti, je dois croire * & je crois a préfentque vous faites bien d'ordonBer ce Manage, je vous y fervirai! je m'y trouve inteieffe. t L e Comte. JntóeW, gourquoy > f ¥  COMÉDIE. $i F I q a r o. JPour vons défabufer fur mon comptc. L e C o m t e. è La bonheure, a cette conditionje te pardonpe . . .fi Don Alyarüc le notaire arrivent,viene p'avertir tónt de fuite , entends tu ?, Figaro. Oui Monfeigneur.' S C E N E V. FIGARO. «Te fai bien que je viendrai a bout de ce qne j'entreprends, mais je ne pardonnerai de ma vie a ceux qui me font eproüver tant de difficuite's, ce Cadet elVquelqu'emiifaire gage, mais dequi?. la Demoifelle eft fi jeune1... elle eft jeune Oui; mais Sufanne eft formée elle a de 1'acquit elle eft en ëtat de fa coriduïre. Ah ehe're roóitié ! Que tu merites bien tout mon aihour! & cé'fèüneTfgaro qui vient ufurper mon nom. & mes droits, qui s'ingère de rufer ,qui me défie, m'attaque, il n'eft pourtant pas fans merite. Ql réve.") SCÈNE VI. FIGARO, PEDRO, (un manufcrit è la main.} Seigneur Figaro , je ne fors de mon humblc redui! qne pour venir' chez vous, je ne quitte ma plume que pour vous confuiter, j'en fuis a món dénouemcLt a ma dernièrc Scène, & comrnc vous me ravez dit, j'ai fais venir le notaire. Figaro, < forfaht dè fa, 'rev(rié.t Le notaire eft arrivé. .'. Ah c'eft vous, j'ai, )a t^ïc bien sutrement occupée, j'irai, vous té* Q 3 yiea,;r  54 LES DEUX FIGARO. viendrez dernain, un autre jour . . . c'eft que adieu. . . Pedro. Un moments'il vous pJait ne m'abandonnez pas, que ferai-je du notaire. F i g a r o, (prêoccilpé.') De quel notaire me parlez-vous? Pedro. Ce lui qui vient d'arriver. Figaro. Vous 1'avez yü. Pedro. Si je 1'ai vü. Figaro. Oui. Pedro. Si je 1'ai vu! Lc nctaire*eft de mon invention, ou plutót de la votre. Figaro. Ah pardon 1 Mes idéés fe croifent, s'embarraffent, mais je reviens a vous Seigneur Pedro, yoyons! Que difiez vcus? Pedro. Je fuis prêt a finïr le Plan dont vous m'avez donne'le fujet, mon notaire eft la, je viens favoir fi rien n'éloigne la fignature, fi vous n'avez rien imaginé. Figaro. Ah vous pouvez renvoyer cc notaire la, j'ay des inc^dents a vousfournir qui prendront placeavant ion ara vee. Pedro. Ah tant mieux. Figaro. Le père a pris un nouveau Domeftique, un jeune égriwrd qui ne s'eft préfenté que pour donner du la tabiature a. i'autre, a celui qui marie la Dcmoi.pl ie. P &.  C O M E D I Ë. fj Pedro. Ën efFct ceia dok donner du mouvement, c'eft comme une lutte. W • Figaro. Ce nouveau venu eft daccord avec la mère, la fille , la fuivante ,|il n'y a pas jufqu'au père qui ne s'y laisfe prendre. 4 Pedro. Et 1'autrc fripon que diM'1, qne fait-il ? Figaro. (a part.) Pefte de 1'apropos-! (haut) il creufe fa cervelle fe dépite & rêvc aux moyens de réuslir. Pedro. Mais on le contrarie. Figaro. Vous y étes. , . f ..... Pedro. .Cette idéé me plait. Figaro. C'eft fort hcurcux. ..Pedro.' En voila au moins pourun acte de plus,a mon tour j'cxamirse une choijj que vous pe Cè aprouVerez peut-êtrC pas', li nous faifionS de ce nouveau Doraeftique un amant déjmifjé & que. . . Figaro, tadris l'ditttuae a un bomme jrappé d?itonement.)Ah quel coup de lumiere! Pedro, (furpris de menie,)-. £'\ Eh mon dieu! Figaro, (avec cha'.evx.) \ Et j'ai pü ne pas le devinerl fes propos, fon audace, fa fermeté, tout ne me le difoit-il pas? Je devois lire dans fesyeux, je devois le reconnoitre, mais je le tiens, leurs projets funtrenverlés, c'eft un jour de triomphe.  %S LES DEUX FIGARO5. Pedro, (ecrit fur fes genoux.) Saifisfons ce moment. Figaro. Que nulle craintp ne me retienne , ce n'eft plus le tempsjTobferver d'examiner, il n'y a quW pas d untel foupcon a la certitude.oh nrécicufe découverte, ün amant déguifé: Ah vous fakes des complots femmes hardies! Vous-vous flattez de reuiiir ,|non non . plus d'efpoir pour vous /c'eft moi feul qui ?öuverne. Pedro; (ècrivanth Le bel enthoufiafme. \ F i rj a r o. Belle infehue vous ferez mariee', rrijus è mon' gré, mais vous épouferez celui que je vous deihne. Ahvous voulezme jouer! Cette tranquiilté qui me iürprennoit,ce vifage riant,c'étoit 1'ouVrage du nouveau venu, qui eft-il? d'oü vient il ? Eh que m'impprte, il partira, voila ce qui m'interesie , oui il partira j'en jurepar la dot oSl! va m enrichir, v ^ Pedro, (fortant.) Elle eft pourtant de moi cette fcène la. SCÈNE VII. SUSANNE FIGARO. Figaro.' Ah te voilé. Susannk. Oui, je reviens. Figaro. Ta as été bien peu de temps a cette promenade." Susanne. Je ne comptois pas aller bien loin moi J'ai afiaue ici. F é  CÖMEDIË, Figaro. ]e le croisen effet, il eft inutile d'allercou\k, de fe fatijruer, tu asdeja bien de 1'ouvrage^ ima pauvre femme., S u s a n n e. Mais aflezi Figaro. Nous travaillons avec plaifir quand nos fervi-? ces font agreables. Susanne. Tu as raifon. Figaro. Madame la Comtefte & fa fille font aifémen& fatisfaites. Susanne. Elles ne font pas trop ex'geantes. Figaro. Elles te donnent cepcndarst de 1'oceupation» Susannk. II faut bien employer fon tems; * F i g a ii o. Et la befogne fe n-nouyellc. SüSANKS. 'Que veux-tu mon enfant, il faut prendre foa parti. Figaro. C'eft ün tréfor qu'une femme laborieufe. ■ S u s a n n e. Celle qui ne 1'eft pas s'cnnuye. Figaro. Je vais avoir ün peu moins d'occupation moi> ce jeune Figaro Susanne. Ü eft de retour, a-t'il ameue le notaire* F i g a r o. je.ne fat en tout cas fi ce notaire s'en retour-* nera. Tu ne faisrien de nouveau? . Susanne. Mon Dieu rien. Figaro. - J« fai moi quelque chofe. H ?*§  fl LES DEUX FIGARO, Susannk. Tu me le dj ras Figaro. Tu parlerois; Susanne. Pourquoy ? Si c'eft' une chóTi' qu'on ne" puïffe jSas dire a tout le monde.' Figaro. II y a bien quelqu'un a qui je fuis für que t« lie le dirois pas. Susanne. A qui ? Figaro. a Monfieur Ie Comte-. Susanne. Dis-moi donc ce fecret. Figaro. Eh ce n'en fera peut-être pas un tou't-a 1'heure.- S u c a n n ï. Tu me fais languir. Figaro. je t'y pre'pare. Susanne, (d part,) Parle-done . . il commence è m'allarmer. Figaro. Cet aimable notrveau venu. . . Susanne, Eh bien? Figaro. II a de la tournure, de la grace , il feprefénte bien , on le prendroit pourua homme de qualité* Susanne, (a part.) Mifericorde ! Figaro, (en confidence.) Je fai qui c'eft; je lc connois. Susanne. (troublêe.) Tu fais , . tu connois, que dis-tu ?  COMÉDIE. §0 Figaro. Je dis que ma Sufanne eft fort aimable, que Madame la Comteffe eft bonne mère que Mademoifelle Ine's qui na que quinze aris dok être fort contente d'avoir fon amant fi prés d'elle. Susanne. (troublée.) Efprit me'chant tu inventes, tu voudrois fairer pafier pour ve'rité. . . Figaro. Le projet e'tok bien conQu,vas porter.cette nouvelle a Monfeigneur. Susanne. Non, je ne crois pas qu'il exifte un hommel F i g a k o. Non, eh bien j'irai moi mêrhe. Susanne. Ton, aftreujf Caradere . . . un menfonge Ie plus noir. . . Figaro. Veux-tu que je te nommc eet amant déguife'? • Susanne. (éperdue.) Ah Grand Dieu ! Grand Dicu! (elle fortui S C E N E V lj'1. FIGARO. H ein, ce trouble eft-il une bonne preuve^ puis-je encore douter! . . AHons Figaro tu es né pour entreprendre", & pour rèuffirt Les obftacles s'applannisfent deux mêmes,&je n'aiqu'a marcher, S C E N E I X. FIGARO, LE DOMESTIQTJE. Le D'omestique. C3'eft yoüs que je cherche Mr. Figaro. H a F  *» LES DEUX FIGARO, Figaro. Je n'ai pas le temp*. L e l) o m e s t i q u e. C'eft une chofe importante pour vous,: Figaro. Laisfc moi tranquille. L e D omestique, Ecoutez moy. Figaro. Quel acharncment/ li e D o m e s t i q u e> Le jeune Figaro. . . F i g a r o , (d part.) Le jeune Figaro .... quelque nouvelle dé> feouverte. Le Domeitique, XI eft anivé, je J'ai vu avec.... Figaro. Avec ie notai 'e : li e Comte, . Non non, ave; votre L-uune. F i g a r o. Quand cela ? Le Domestique* II n'y a qu'un moment. F i (5 a r o. Elle fort d'avec moi. Le Domestique. Eile fortoit d'avec Itix quand vous I'avez vueï Figaro. . Ils etoient feuls \ Le Domestique. , Oui. Figaro. As-tu eu 1'efprit d'écouter. Le Domestique. je, ji'y manque jamais,  COMÉDIE. £$ Figaro. Que difoient-ils ? L e D o m e s t i q u e. Jlien du tout ah pas un mot, .F i g a r o. Au diable 1'imbècile.' L, e Domestiqu e. Mais il lui a pris la main, & il la crnhrasfée^ ïnsis lade bpnneamitie, elle 'ne's'eft pasdelfendue. _F i g a r o. Elle aime a obliger. Le.D o me st. iqtje, II a bien l'air d'en être amoureux. Figaro, (<4vj part.) Elle ne s'attendoit pas alors a.ce qui vicnt de lui arriver. Le.Domestique, Je crois qu'elle entient auffi. Figaro, (2j part.) AHons trouver Monfieur le.Comte. Ij e Do m k s t i $ ü" e, Cela vous eft donc égalï Figaro, Ah laisfe moi. L e D o m e s t i q u e, | (f'en affa".) A la bonheure — fi j'avois une femmc'je nc ferois pas comme ga moi. SCÈNE X\ FIGARO. Je ne diraipasje crois,je foupconne , je erainds," mais je fai , j'ai oui j'ai entëndu; Hutons* nous, la perce d'une. minute ne lg re'parerQit pas. H a SCÈNE  '€% LES DEUX FIGARO, SCÈNE XI. LE COMTE FIGARO LETEUNE FIGARO. Figaro. Monfeigneur vous venez a propos. L k Comte, (au jeune Figaro.) C'ed une écourderie de Jcunesfe, voila toot. Figaro. II s'cft introduit ici. L e Comte. Je le fai. Figaro. Sous un prétexte avec une recommendatkm lurprife. L e Comte, Calme toi. Figaro. Pour féduire . . . L e Comte, II faut lui pardonner. Figaro. Lui pardonner! L e Comte. Oui, oui, baanis toute inquie'tude , Ibis tran« «juille. Figaro. Mais Monfeigneur, c'eft vous qui devez être .... * La Comte. II m'atout avcüe', j'ai entendu Sufanne allarmee qui lui difoit,nous fommes perdus,vousétes découvert, j'ecoute, il parle de fon amour, de fon malheur, je me montre , il tombe a mes pieds, il m'avöüe qu'il eft fou de fa femme, & en mime temps veut s'en éloignser pour t'óter tout  C Ö M E D I É. e$ tètit ibupcon ; la delicatesfe de ce proce'rlé m'a fait plaifir, je 1'ai asfuré que tu lui pardonnerois ca eifet, puifqu'11 fe répend de bonne foi . . . Figaro. Qüoy vous croiez . < . L e Comte. . Regarde , regarde fon air confus. Ce tfautfre jeune homrne! Figaro. Je crois que 1'enfer . . . L e C O M t Ei Encore, jaloux ace point . . c'eft tin cnfafltillage, cela ne te va pas. Figaro.8. Mais écoutez-rnoi. LeComte; Allons, veu.t-tu 1'accabler de reproChes? Figaro* Un mot, c'eft pour . ,. L e C o ü t e. Au refte ce n'eft pas une intrigue, ta femme n etoit pas prevenue de fon arrivëe. Figaro. Ah ma tête i L é' C o m t b. Ta tête, ta tête, ne crains rien , il ne fèra i'honneuri0n d'aInoïir f 11 donaé fa parole Figaro. Je vous dis Monfieur le Comte. L b C o m t e. Si i'avois la moindre idéé que cela continuat je le chasferois tout de fuite; tu peux t'en fier a moi. * Figaro. J'enrage.  ê4 LES DEUX FIGARO.' L e Comte au jeune Figaro. Allons , puifqu'il faijt tout, tu lui dois au'moim des excuies. Figaro; Ah que je fuis . . . L e | e u n e ' F i g a r o. Daignez me .pardonner. Sufanne eft bien joHt* * jë ri ai pü jufqu'a prëfent iurmonter cette paffion criminelle ,_mais j'ouvre les yeux fur ma faute , &je vous jure, mon ami, que deTormais vous n'aurez rien a me reprocher je fuis moins cottpabie hélas que.malheureux. L é C o m t e. Réfifte k cela fi tu le peux, je 1'ai a.sfuré quë tu lui pardohne, &c jé he cqmpte pas m'êErë trompé. Figaro, , (appuiant fur ibagut mot.) Ce n'eft pas de ma femme que. . . L e C o m t e. C'eft de lui que tu as le plus a te platndre je? le fai, tu parles comme un bon mari qui rend juftice a fa femme c'eft bien , mais p;;ur faire nfèux encorte, pu'sqifil elt fi pénêtré de fa faute, touche dans fa main , •& foiez bons auiis. Figaro* Ah! II eft fort ce lui Ia. ' L e C o M t é. je le demande, & je ne l'obtieris pas! je tef 1'ordonne. Figaro. Quoy, je. L'h C o' m t Ïj Si tu balancc. . . Figaro,' fpre'narlt fur tui) Bonjour bon ami . . ..& vivc lajoie. Le Jeune Figaro* Ah que de générofité, & de votre paft Mon"-' feigneur, que de complaifance l i J ' l n  C O M F. D T F. , ^ tj e C o m t t , (aufeüniFigaro.) Voila qui eft bien, vas mon garcon, vas, mais que. . . Le Jeuve FiGAno. Voüsn'avez plus befoin de me ie rccommanier. Adieu Figaro., L e Comte, {lc rappelant.) A Piop<;s , & le notaire' arrivé' t'-il enfin? LeJeune Figaro. 11 fera.ici dan&,une heare au plus tard. (jlforiï) L e Comte, (d Figaro.) A ton age ! marie' de puis un fiécle; tu n'aspas le fens commun. SCÈNE X I 1 FIGARO, (obaniant.} Il fautque je chante , c'eft le meilieur parti qno je puisi'e prendre: ce Comte Almaviva eft Ie complice detousceux qui fetrompent, voulez-vous le jouer? il vous fort furies deux toits . . « . Ui moment entendons nous, il feroit bien poffible que ce fut v;aimsnt a ma femme que ce d óle la en veut compter, c'eft que dam ce cas la, le jnaiiage de Don Alvar fe feroit avec moins de peine, oui, & pour ma paitje ferois . .. . (1/ por' te fa main au front.) , s'H elt amourcux de la dcraorfelle point de dot a partager, s'il eft amoureux de ma femme, dangcr d'une antre elpècc; voyons d'un oótd llibnncur.de 1'autre 1'argent, il faut faire un choix, bah! j'aime micux .... je ne veux pas dire ma facon de penter, mais elle eft asfbz a la mode , . ïe luis quinze mille fois plus bè:e que je nel'aurois cru d'être , prêt d'ajouter foi... je ne me re* connois pas. Ciiercnons l'bcc-afiötl de conv'aincre Monfeigneur de cette joiie intngue, & fachonsprofiter du premie1- moment de fa co■ ere. Fin du troifieme JLÜt. i AC TM.  €6 LES DEUX FIGARO. ACTE IV. SCÈNE I. LE COMTE. Il eft fix heurcs. Don Alvar eft de retour, mais Ie notaire n'edpoint encore lei, j'ay le temps devifitermes ouvriers, de donner un coup d'oeil i mon jardin, les femmes ont été fe promcner, au moment oir il faifi>it cha"d & quand la fraicheur du foir invite a fortir elles fe renferment! II faunpourtant queje leurmontre lesnouyelles dimenfions de-mon pare SCÈNE II. SUSANNE, LE COMTE. L e Comte. o Oufanne, la Comteffe eft-elle bien fatiguée de fa promenade ? Susanne. Non elle y a étè fi peu de temps. L e Comte. Mais auffi quel moment avoit clle choifi? Susanne. Fantaifie. . . L e C o m t e, Eft-ce qu'elle ne compte pas fortir de la foiréei Susanne. Quand le notaire fera arrivé, fi vous voulez, dies iront prendre le frais.  COME D l E LeComte. j. . , Avatit qu'il arnve ou «prés lc contrat figné , * la b riheure. Tu ne fóftrrat pas toi, n eft ee pas? Susanne. Pourquoy me ïrandez v,,us cela? . _ L e Comte., - , Pour rien , c'eft que ft jé fors je ne Vereis pas avoir bcfuin d*emmer,er avec rnoile jeune Figaro. Susanne. Vous me. . • ' • ■ • LeComte. Sufanne Sufanne , il eft bien tourné. § u s a n n e. t, ne 1'ai pas trop remarq^é. J" LeComte. Non pas tropje venx le croire, mats aflïs. Susanne. Vous me foup önïiez donc... L e C o m t k. Te foupconner, eh non.' Cc n'eft pas du tout Susanne. Vous êtes donc bien fur que je faisun peu d af tention a ce ce jeune tomrrii. LeComte. . Tin reu; Voila coïioïé tu ne venx jamai* enteadreque la nviué de ce que je ais. Susannk. Madame a meiheuïë opjuten de moi; LeComte. Mais l'opinion que j'ay de toi eft foft^ej r-r k-une Fisaio en vaut bien la peine. Dail eurs ?JtlS»jSS Figaro , c'eft presque ne pateer» »nfidfl*' susanne. Prcsquc . . . m;,is Monleigneur! LeComte. C'eft une nouvelle connoisfance. U 8 *  S>8 LES DEUX FIGARO, Susanne. ^ Non, il y a fort Iongremps que je le connoi» je r/ttois pas encore maiie'e. L e Comte. Tu le connoiflbis avant ton mariage? Ah le pauvre Figaro ! > ; Susanne. Lequel plaignez-yousf " ", ■ " LeComte, Celui dont nou^- ne parions pas. Susanne. fli bien parlous en Monfieur le Comte, cela chargera la converfation. L e Comte. Elle en lera moins gaïe, parler de fon mari, e'cit i.srés trifte , mais parler de fon amantl Susanne. Ah vous allez trop loin , & oü en ferois-je, fi Ligaro mon maii avoit la même ide'e que vous? L e C O m T t, Ce n'eft pas moi qui la lui donnerai, au contraire, & fi fa grande colère cont é ce jeune homire s'c'tcndoit jufqu'atoi,je m'-.ffre a rè'pondre de tu fidelué. t'as il parlé a ce fujet? S u s a n n Oui, comme un mari pret a.me crojre des torts ^ue je n'ai pas. mais , . pas comme vous. I e C o M T e. N'impcuc, i n j'eü 1' upco! de fa part tireroit plus a cónfeqi ence, jeroit plus fachcux que la certitude que je prux aVoir.. Susanne. Quoy toujours ie . . . L e Comte. J'e'tois la tu Ie fais, nous f mmes perdus,.., vous êtes découvert . . . qu'ellce que celafigni» finir? tu baifles les yeux, tu fuiris. Ce fourire eft de meilletrse foy que toy, mais vas, je n'en park-raipas, jè veux diffiper totalement 1'inquiè» ttide de ton mari, m vas entendre. FlCAKO,( appellant- ) £ is  COMÉDIE op S C E .N E II r. LE COMTE, SUSAN.NE, LES DEUX- FIC AR O, ( de ;ijjrents có-.és t as les deux Enfcinblek) 3\ .icmfei-ny.'Ur. L f, C o m t e, (d F?.i'o.) Ah vous vofl'a tdbs deux! au jeune Figaro ce r'c.T qu'a tói qu.- jé v'ouloj's parler^ fHais.appr cbe p,u%q>ë ce voila, tu ne Jeras pas de'trop" è Figaro)e opi i> b?en gire tu as d .-ja faic tes réfl x'uns. & que- h cpleré eft o-.rTée, rrnis ,on°-e que je n ■ veux pas q ic tu faffes mauvais menage avec ta lemiïie, qai d ms le fond ne peut pas repondre de la folie d'un j mnc étourdi , elle t'aime toujours, & n'eft pas capable de te 'tromper entendstu? Figaro. j'éntends fort bien Mr. le Comte , mais vous ne voute/, pas m'entendre. Susanne, d Figaro. Eft ee qu'il te refte quelqu'idée défavorablcr fur m >n eompte? " Le Jeune Figaro, d Figaro. Ah . . c'eft que vous ne croiez pas a Ja parole d'honncur que j'ai donnée. Figaro. L'MiTLzmoi tranquilje P«n & 1'antrc, fcavrne^ «pus li v us voqlèz, je ne ri&quci rien de v ,as le permettre. L e Comte.. Aimezvous fi vons le voulez, c'eft trop, je re te permer- pas m »i, mat< je luis Ue ton'avis yuand tu dia que tu ne rTsques rien. * 3  p LES DEUX FIGARO; Susanne» Ah rien mon Figaro. Le Jeune Figaxo. Ah rien dn tout, je re leverai feulement pas les ycux fur Madame. (a part.) Figaro. Ils fe moquent de moi tout è leur aife , mais j'aurai mou tour. L e Comte. Safanne vasche/, la Comtefi'e, & dis lui que ft elle n'eft pas trop fatiguée, elle vienne mejoindre a i'entrée du pare avec ma fille. (Au Jeunr Figaro } Et vous le paffionne', allcz dans ma chambrc prendre mon chapeau, & ma canne. Le Jeune Fig o, a Sufanne. Allez avertir Madame la Comtelfe, j'irai aprè* dans la chambre de Monfeigneur. Susanne, (ju jeune Figaro.) Aflez cheïcher la canne, & le chapeau, j'irai tour a l'heu;e avertir Madame. L s Comte. Que fignifie cette ceremonie la? partez Jon© tbus les deux. Le Jeune Figaro. Mais Monfeigneur' Susanne. M;>is Monfieur.le.Cpm.ti ƒ Le Jeune" Figaro, (montrant la porto du fond. C'eft par la qu'il faut palier pour aller chez yous. ... Susanne, ( montrant la meme porte.) C'eit par la qu'ii faut paffcr pour aller che» Madame. LeComte. ' Eh bien ƒ ' Le Jeune Figaro, montrant Figaro. Si nous lortons enfemble . ... la jaloufie va Hu. tuïe croiic cucurc,,.  COMÉDIE Figaro, 4 part.} Ah! ilsne tarjflbnt point. Sus* - s s, d Figaro. Viens avec moi Figaro, accompagne moi , tu feras bien pius für. Figaro. Eh vas t'efl. L ? Comte. C'eft pouiTer un peu loin la fcrupu/e; vout me taitcs rire, je veux que vous fortiez enfemble, nous vous vcto^s vousféparer, ma chambre efta droice jcelle de ma femme a gauche partez. ousanne et Figaro, (.fortent en dêtour1 nant la tête d'un air affeclé.) L e Comte, riant. Ah ! Ah ! Ah ! S i g a r o, (è part.) On le joue, & il truuve cela plaifant. SCENEIV. LE COMTE, FIGARO. L e C o m t J. TPu ne'ris pas. Figaro. J'aurois de la peine a en rattraper 1'envie. L e Comte. Tes ide'es te pourfuivent donc par tout ton.' jours ombrageux 1 Figaro. , Et vous pas afles, Monfeigneur, puisqu'enfi» ^e trouve un moment peur vous le dire. L e Comte. Que yeüx tu donc me faire croireï  fi LÉS ÜEUX FÏGARO; Figaro. Vous ponfez de bonne foy que ce galant elt icï pour ma femme' ? L e Comte. Prcnds garde, Figaro, tu baza;des. Figaro. Non Monfeigneur, je r e hazarde' rien . jé fin* bien couvaincu de la véritë de eequeje dois vous diie. L e C o m t' b; Explique toi donc , car tu m'impatiente. F i g .-1 r o. Eh bien je fai tout ce qui fe pasfe, le jeune homme eft lei pour votre fille. L e Comte. Quoy tu ! . . F i n a r o'. Ecoutez moi fans colcre, je 1'ai devi^e", ou •ppris,c'€ftce que le troub.e deSufa m m aconfinné, & la preuve en eft biqfi dans ce que vous avez entendu v>/us-même. L e C -o '-m t b. Cela n'eft pas polïlble, & je devrois te punir de tes foupcons. Figaro, Vous me piinirez, mais vous ne fferez éclairi, de rien, mais fi vous v 6 ez me croire, vutis faurez tout, óc vous lc djè'couvri ez. L e C 6 m T ' , ( fitc ff >. j Nous fommes perdus , vous êtes de concert. F 1 g a r o. S'il etoit queftion de ma fen-me , nous fommes perdus c'eit bien ce qu'elle av >k a d re , mais vous êtes decouvert ne s'adresfoi.-ii pas a fon égal? L e Comte. Que faut - il que je fasfe dans cette cireonftance? *i Fi.  COMÉDIE. Figaro. Tenez il me vient ür.e idee excellente , vous ftliez fortir, Madame & Mademoifelle vont vous trouve-r, je vais m'en aller auffl, Sufanne & ce jeune Figaro feront bien fürs d'êtrc feuls , ils parleront fans crainte: Cependant, vous, Monfeigneur vousaurez faifi le moment de revemr fans être a'ppereu , & vous ferez dans ce cabinet d'oü vous pourrez entendre tout ce qui fe dira. L e Comte. Eh bien je rentrerai, je ferai la, quand ilsme' croiront occupé ailleurs, mais fi rien ne mecon* vain<3,prends garde atoi. Figaro. . je me foumets a tout, je fuis fur de ce que javance, lc voici, (bas) prennez la canne, & le chapeau & qu'il vous voye fqrtir. SCÈNE V. L E COMTE, L E JEUNE| FIG ARO FIGARO. Le Jeune Figaro , (donnant canne & chapeau. IVTonfeigneur voila ce que vous m'avez de* mande. L e Comte. C'eft bien, je vais attendre la Comteffe & ma F i s a r o , (au Comte.) Vous n'avez rien a m'ordonncr pour le mo* »mcnt? . L e Comte. Non.  '74. les! dëux fiöaro. 4 Figaro. Si je n'ai rien a faire, me permettez vous de fortir? j'irai chez les auteurs. . L e Comte. Les nouveaux prote'ge's donttu m'as parle'! Vas, JCais ne foispas longtemps abfent. Figaro. Pas plus de temps qu'il n'cn faudra. - (/« Comte fort.') SCÈNE VI. LE JEUNE FIGARO, FIGARO. Lx jeune Figaro, (d part.) ufanne s'e'toit peut-être trop tót allarme'e J vo- ■' yons s'il me connoit re'ellement. 'Figaro. • TSchons de le démasquer. L i. Jeune Figaro/ Eh bien Figaro, que dis-tu de Monfieur Je \ Comte qui m'a cru amoureux de ta femme. Figaro. Eft-ce que tu ne 1'eft pas? Le Jeune Figaro. Non, en vérite', c'eft une rufe que lc moment tn'a fourni pour me tirer d'embafras. Figaro, (d part.) C'eft a moi qu'il 1'avoüe! Ce mortel la fatigtie l mon efprit. L e Jeune Figaro. II eft digne de toi ce détour, avoue que to» < Com me va bien. Figaro. Mais fommes nous affez bons amis pour me fai- \ re teile confideuceg :' ' L m  COMÉDIE. 7$ L e j e u n e F i g a R O. Bons «mis point du tout, je te dis la verté tout fmplement pour que tu fois mieux ma dupe. ' Figaro. Et quel eft ton but? Le |eune Figaro. Je te 1'ai dit, d'cmpêcher le mariage de Doft Alvar. Figaro. C'eft donc pour la demoifelle que tu-t-es introduit ce'ans? Le Jeune Figaro. Peut-être. F i g a r o , (è port.) _ Mr. le Comte que n'êtes-vous deja dans le. Cabinet? (au Jeune Figaro otant fon cbapeau.) EÖ pourquoy n'avez-vous pas eu plus de conöance en moi? croyez-vous que j'euffe voulu vous nuire, vous vous montrez en fimple Domeftiquc , & vous m'ótez le merite d'avoir pour vous totis les égards qui vous font dus, mais puisque vous svez fü vous tirer du dangcr que le trouble de Sufanne vous a lait courir, je fu s encore a tempt de vous rendre feivice , fi vous;m'aflurez une récompcnfe proportionr.ee au fucces, je yous aidera^dans vos amours, la condition que j'ymetS doit vous répondre de ma fincenté. L e Jeune F i g a r o. ^ Ah Fiearo ! puifque tu veux me fervir je m abandonne a toi, commencc d'abord par remettre ton chapeau, l'habit que je porte te rend mon eval, apprends, mais ne me trahis pas que m n?eft qu'une pauvre efpèce qui n'en faura pat d'avantage. Figaro. Maitre ou laquais, homme oü démon quel enfcr a député vers nous, puifies tu. . .. ! _ 4 B ijt a ** •  l6 LES DUEX FIGARO. Le Jeune Figaro. Tujures! Des imprécations ! j'ai fur toi bien de 1'avantage , tu ignores qui je fuis, & je te conjiois. Figaro. D'aujourd'huy. Le Jeune Figaro. De longtemps, en veux tu la preuve ? tu li'as d'exiftance que par les bienfaits d'un Seigneur qui t'a accueilli , & pour toute recompenfe tu te mocques de ton bienfaiteur, tu 1'as toujours trompé, tu lui as joué des tours perfides, tu as e'té bien amoureux de ta femme , & bien jaloux de ton maitre, tu n'as connu tes parents qu'a 1'époque de leur mariage , tu n'as pas beaucoup pleuré leur mort, fans toi Monfieur le Comte eut moins négligé fa femme, & ne s'en fut pas féparé. Figaro. Doucement doucement, ce portrait n'eft pas afléz refferablant pour que tu prennes la peine de 1'achever: qu'el diable es-tu ? Le Jeune Figaro. Je fuis le Jeune Figaro au fervice de Monfeigneur le Comte Almaviva demeurant au chateau d'agvas frescas a trois lieuës de Seville, voila, mon nom , mes qualités & mon adreffe. Figaro. Tu ferois fort bien de prendre un autre nom & de loger ailleurs. Le Jeune F i g a e~o. Non pas, je veux être prés de toi, fi je n'ai pas la reputation du premier Figaro , je veux au moins en être 1'ombre. F i g a r q. Jolie fociété que j'aurai la, mais dis-moi comment fais-tu 1'hiltoire de mon mariage, de mes parents de tout ce qui me conccrne?  COMÉDIE. 7?' Le Jeune Figaro. N'as-tu pas toi même conté ton hiftoire a qui avoulu 1'entendre ? Figaro. Excés de confiance: Le Jeune Figaro. Dis plutót d'amour propre. Figaro. Je gagnerai donc a me faire connoïtre ; Le Jeune Figaro. Non, mais en affcftant une philofophic gaïe tu as pretendu faire croire aux bonnes geus quo-tu, etois fuperieur aux autres hommes. Figaro. Je 1'ai prouvé. Le Jeune Figaro. Quand tu n'as eu qu'un Bazile a combattre. Figaro. Tout autre que Bazile 1'cut cmporté fur moi, Le Jeune Figaro. Je te le prouve , tu ne te deffends pas, tu aï voulu jufqu'a prefent paffer ponrun hommc d'esprit, & tu n'as jamais eu qu'un babil entorcille', & vide de fens. Figaro. Vide de fens! quand j'ai déclame' hautemcnc contre lesfots dont ie fage monde fourmille. Le Jeune Figaro. Qui te 1'a dit ? Figaro. Comment, qui me 1'a dit? L e Jeune Figaro, Oui. Veux tu t'en rapporter a moi pour avoucr ton jugement, 1'honnête homme au cosurdroit, a Fefprit jufte. Tu vois les torts les deffuuts, les vices d'un autre homme, mais attends le cripublic pour prononcer, il dit que Terreur, la préyention font inféparablcs de la foible humanite', it fe  7* LES DEUX FIGARO. fe méfie de lui méme, & ne donne jamais Ie fignal de la profcription. Figaro. Un homme quel que foit fon e'tar & fon rang n a donc pasle droit de dire qu'ii elt choqué des vices accre'dités ? & fi Pabus du pouvoir fait commettre des injuftices, fi des loix mal interprétées font perdre de juftes cpufes, fi petits moyens font parvenir aux grands emplois, fi la probité rigide eft un moyen d'exclufion , fi les arts agréables I'emportent furies talens utiles, fi nosgrands efprirs n'enfantent cjue de petites prodoclions, fi nos comedies, le jeu de nos atteurs ne font plus que des bigarures, fi avec vingt vers ou fait un opéra, fi avec trois mots on fait une arictte , il fiut crier au miracle fur tout cela, ou garderun filence ftupide. Le Jeune Figaro. Ou font tes tïtreS pour que la fbciété doive te décerner le droit de parler en fon nom, & d'en être le vengeur? Figaro. Mes tïtres, mestïtres . . tu t'introduis dans le chêteau pour féduire la fille de Monfeigneur au nom, & pour le compte de je ne fai qui, & j'ai tort d'en étre juftement indignétout autant. Le Ieune Figaro. Ah ah! Je fuis de ceux que tu réprouves! Defeends dans ton cceur, & vois-y pourquoy te» projets ne font pas d'accord avec les miens. quel eft ce Don Alvar a qui tu veux quelle s'unifie , & fi il 1'emporte, 1'auras-tu tenté par attachement pour ton maitre, ou par intéret pour toi? Je 1'ijnore, mais j'affirmerois que tes vues font criminelles, les miennes ne le font pas. Figaro. Laisfons cela, & faifonsnousloialementlaguerie, je t'avertis que la journée n'eft pas fini'e , Sc que tu pourrois ie foir chercher un gite ailleurs. L *  tï Jeune' Figa'ft o. Oui > je pourrai te dire adieu mais c'eft toi quï partira. Figaro. Si par hazard tu etoisdéputé par celui la méme qui t'a adrésfé a Monfeigneur,(ton depart n'ea feroit que plus fur, crois-moi vas t'en avant qu'on te chasfe, on pourroit le faire un peu brutalement. Le Jeune Figaro, (/ui frapant fur 1'épaük.J Figaro je te confeille de ne te paS chargerds. cette Commiffion. . S C E NE VII. F I G A R Ó. I_i'ide'e qui m'eft venue pourroit bienfe trouv^^ julte: tant de traits fur mon compte, eet ac* Cord entre lui, & nos Dames, cette recomrtiertdation , cette lettre, tout cela me paroit fufpett* Cherubin depuis plus de douze ans n'a pas pa* ru chez nous, mais il peut avoir vifite fa marai* ne s'être pris d'une belle paflion pour fa fille , t& toutes les deux rappelle'es ici ne renvoyer fêtt valet que pour Jious intriguer, & pour rendrcutt compte exacT: de cc qui fe paffe, cela me paroit vraifemblable , val et de Cherubin , vaïet d'un autre , peut-être 1'amant dèguifé le même, amant de Mlle. ou amoureux de ma .femme , quoiqu'ü en dile je ne fai plus a quoi m'arrêter, tnon efprit s'embarraffe, ne faifis rien , je crois voir tout m'échapper, des foupcons, point de certitude , une preuve arrivé au moment oü je dóute, la preuve du contraire m'arrête , au bout de tout cela que fai-je? quai-je découvert? Mr. le Comte ne rev:ent pas, ce feroit pourtrant le moment, perfonne ici qui 1'cmpêche de fe placer dans le cabinet, ce Diable de notaire m'impatiente avce lalcnteur, Torribio promene fes efperances dans les alle'es du pare. Si lc Jeune Figaro pouvoit fe trahir.' c'eft iciqu'ils font plus a portee de voir 4e loin venir ceux qui pourroient les furprendre. Mais  go LES DEUX FIGARO, Mais ce cabinet qui eft Ia ! Arrivez donc MdrU fieur le Comte, vous me faites mourir. SCÈNE VIII FIGARO, LE C OM T E. L e Comte. M e voila, perfonne ne ma vu entrer. Figaro. J'attendois avec impatiehce. L e Comte. Ce que je vais faire eft bien inutile , plus j'y penfe. Figaro. Nous penfons différemment, entre's par grace, L e Comte. Si tes foupcons. . . . Figaro. Vous me direz tout cela quand vous fere'sbien für que j'aie tort. L e Comte. Prends bien garde a toi. Figaro. Au Cabinet. L e Comte. . Je ne te pardonnerai de ma vie. F i g x r o. Au Cabinet. L e C o m t je. Croire auffi légerement! Figaro. Au Cabinet. L e Comte.' Nous verronspar quel moyen, . , ;  COMÉDIE m Figaro. Aü Cabinet, j'entends du bruit. ... Le Comte, entre precipitament, VigaH ferme la porte voiam Sufanne. II e'toit tems. S C E N É I X. SUSANNE, FIGARO. Susanne. Eft ce que tu attendois? jè n'ai pas pu quitter Madame plutöc, je ne te favois pas ici. Figaro. Hé mais ne feroit il pas néceffaire que je nö teperdiffe pas trop de vuë ? Susanne. En vérité la de bonne foi tu te fens unpeu de; jaloufic. Figaro. Vcux-tu que je te donne lc bras, nous irons chfcmble rejoindre Mr. le Comte. susanne. Non. Madame ne veut pas forcir & je refte. F 1 g a r o. Décidement? Susanne. Out. Figaro. Et Mr. le Comte qui les attend ! Susanne. Pour voir tailler des ailées, combler des fosrc's tracer des détours d'un jardin a 1'Anglaifö, tout ceiane fera pas fini aujourd'huy , nous irons demain. L Fltf  ik LES DEUX FIGARO. Figaro. Je le dirai donc a Monfeigneur,. il faut que j'aille plus ioin moi, mais c'eft mon chemin adieu ma femme. Susanne. Adieu Figaro. SCÈNE X. SUSANNE. l^ous voila libres, nous pourronsj'afer a notre aife , fans crainte d'êcrc entendus: un Figaro de .moins & c'eft celui qu'il étoit bon d'écarter, un 'Figaro qui refte, & c'eft le plus gentil. SCÈNE XI. INES, La COMTESSE, SUSANNE, Susanne. ,C3eft bien, vous fortez de votre chambre au bon moment, Monfieur le Comte vifite fon pare. Figaro s'e'ioigne du chdteau, Don Alvar n'ofera fe montrer, nous fachant feules ici. Ah cbére Iiberté premier_ bien I nous en joüisfons fi peu, enfin rrous voila nanquilles. Nous pouvons parler hardiment. La Comtesse. je crains que mon mari ne nous foupconne davoir quelque raifon pour ne pasalleriejoindre. Susanne. "Bon! Figaro 1'avcrtit que vous n'irezpoint, que yous ren voiezcette partie a demain, que pourroitil corjefturer de ce refus? La Comtesse. Que fais-je I ines  COMÉDIE I n e S. Et lui eft il forti auffi ? S u s a n n e. Qui lui.' I n e S. Tu ne m'entends pas. Susanne. Ah oui je fais ce qui vous voulez dire. I n e S, Eh bien ? S xj s a n n e» II eft par la qui rode & cherchc le Seigneut Don Alvar votre prétendu. I n e s. Pourquoy lc cherche-t'il? Susanne. Simplement par curiofite'. I n E s. Je crains. Susanne, ( montrant te jeune Figaro. J Rafiurés-vous. SCÈNE XII. INES, La COMTESSE, SUSANNE, L e JEUNE FIGARO. Le Jeune Figaro. Jc viens de voir ce Seigneur la, je n'ai pas chorché a 1'interrompre dans fes profondes réveries, & il ne m'a pas appereu , je ne me fuis hazardé de rentrer que parceque Mr. le Comte eft abfent, & que Figaro vient de pafter tout prés de moy , n'ayant pas l'air de revenir fi tót. La Comtesse. je fuis bien impatience de 1'avoir tout ce que ceci.deviendra. La £ *  U les deux figaro: Le Jeune Figaro. Cela tournera a notie avantage , je ne deman-i de.a la belle j'ne's qu'un pen de fermeté, & de chercher dans fon cosur le courage qui lui eft lécelTaire , mais je vous lere'pete, que Don Alvar ne fera jamais fon e'poux , i'ai un moyen a oppofer qui arrëcra Mr. )e Comte, & 1'amour obtiendi-a aujourd'huy ceque la perfidie , &. la fce'lé*rateflè fe propofent de foulever. scène xiii. LECOMTE, LES PRECEDE NTS, FIGARO, (fautant des \joye.) Le Comte, (fortant du cabinet."} Je la punirai cette' fcéle'rateffe. Le Jeune F i q a k o, Ah ciel! *. La Comtesse, Mon e'pouxj Susanne. . Grand Dipu ! La Comtesse. Ecoutez moi Monfieur le Comte. L e Comte. Que pourrais-je entendre qui vous juftifia 2 La Comtesse. Te vous avouerai. . . L e Comte. II n'eft plus befoin d'aveu, ce que j'aientendu me fuffit. nous vivrons e'loigne's 1'un de Tautre, vous partirez demain. LaComtesse, (montrantInés.} Voiez dans quel etat! L e Comte. Quelle pleure & m'obéïile.  COMÉDIE. *$ Susanne. C'eft cette pefte de Figaro. L e Comte. Lui feul ne me trahiflbit pas. SCÈNE XIV. Les Meines, ici entre Figaro. L e Comte. ■Chafle moi eet homme , & donne ordre h mes gens qu'on ne le laifie pas approcher. Figaro. Fiez vous a moi. Susanne, (bas au jeune Figaro.y Que deviendrons nous? Le ','eune Figaro, bas a Sufanne* Ne craignez rien (au Comte,') Monfeigaeur. L e Comte. Sorscle che7; moi, ou redoute ma vengeane.' S u s a n n (bas au jeune Figaro.) Le notaire va venir. Le j e uk e Figaro, (bas o* Sufanne.) Je trouverai le moven de reparoitre, au Comti fivous i'aviez par quel motif. L - C o m t e (d Figaro.) Et eet araour pour Si fannc. . . S u san n e , (bas au Jeune Figaro.y Arriverez vous r.ffés tot?,. . L e Jeune Figaro, (bas a Sufane.y En moins- d'une beure. Au Cjinte. Vous ferez yengé de celui qui vous trompe. LeComte. Je devrois me venger a 1'inftant, forsmife'rable Figaro. Adieu cadet, c'eft moi qui refte. L 3 SCENB  %6 LES DEUX FIGARO. SCÈNE XV. INES, LA COMTESSE. SUSANNE. LE COMTE, Uil. A h maman, que je fuis malheureufe! Le Comte. Je vous ai declaré mes intentlons, Madame; gprès lafignature jefixerai 1'inftant dz votre depart, Susanne, (bas a la Comtefje.) Tout n'eft pas défe'fpére'. L e Comte. Allez Madame vous m'avez entendu. Le Comte, (emmenant Ines.) V'ius êtes bien cruel Monfieur le Comte Sz nien aveugle. Susanne, (è Figaro.) Si je pouvos n'ètre pas ta femme (elk fort."} Figaro. Que le ciel t'entende. . . Le Comte. Je te reconnois pour mon digne & ze'le' Serviteur (il fort.) SCÈNE XVI. FIGARO. Je vous noterai fur mes tablettes journe'e trop tard venue! Rien qui nous contrarie a pre!enc je m'éiois endormi , la Fortune cut craint de me /«'vuiler, j'ai courru après elle , je la tiens. Audacesjortuna juvat. C'eft ma déyifé. SCÈNE  COMÉDIE *7 SCÈNE XVII. FIGARO, LE COMTE. jEh bien Monfeigneur! Vous êtes-vous" convaincu par vous-mème , ayois-jc tort dans mes foupcons ? "\ L e C o m t *, ]fay paru trop tot, on i'auroit nommé, & je faurois qui c'eft. Figaro. je ne puis vous le dire, je n'ai que desdoutes, mais qu'importe nous le connoifious, vous ne le craignez plus. L e Comte. 1'y compte , & ponr n'avoir plus de pre'cautions k prendre, il faut faire Ie mariage de Don Alvar fans perdre de temps, le fcélerat que je viens de chafler n'a fans doute pas averti te notaire. Figaro. Je viens d'y envoyer un autre Domcftique qui nous l'amenera , ce notaire n'a peut-être pas tuute l'activité de fon prédéecffeur. L e Comte. Je fuis fachè qu'il ait céde' fa charge je le regrette, c'eft un honnête homme. Figaro. Celui ci ne 1'eft pas moins, puis que 1'autre vous affure que vous pouvez lui donner votre confiance. L e Comte. A la bonheure , mais je voudroisquil fe hatat, je vais chercher Don Alvar qui n'ofe fe pre'fenter fenl , fi tu le vois arriver. . . (il Jort.) Figaro. Je ne perdrai pas de temps, j'irai vous avertir ^'eomptez fur moa zéle. SCÈNE  o8 LES DEUX FIGARO. SCÈNE XVIII. FIGARO J'aurois bien'pu lui faire part, de 1'idé'e que j'ai eue un ro-ment ,que ce jeune Figaro e'coit ie valet de Cherubin lui-même, je ne fai pas erop, pourquoy je ne 1'ai pas fait, le Comte eft une vraie girouette, & puis 1'habitude d'a voir toujours en referve la moitie' de mes penfe'es, de ne les mettre en avant qu'au plus grand befoin. . . . Allons allöns, tout eft biea, nous touchons a l'initant oü ics fignatures, vont fedonncr. J'ay déja celle qui m'éioit néceffrire, bonne precaution, mais inutile , fi le mariage n'avoit pas lieu, le papier dans ce cas ne feroit qu'un chiffon. De quoy vais je m'occuper.' comme fi j'avois quelque chole a craindre! placons la compagnie. Mon cber garde-note Vous fere's la, voila tm e'critoire, des plumes, du papier au befoin, Madame la Comteffc aura la complaifance de fe tenir la, un fauteuil pour elle, vous, la jeune mariée vous vous -lendrez fur celui-ei, vous pleurere's dans les bras de la maman tandis que du coin de l'oeil vous lorgnerez le futur, mon aimable Sufanne enragera dans un coin , Monfeigneur a cöté du notaire , Don Alvar plus prés de moi, j'aurai la moitie' de fesre'ponfes & lui difter, un demi fripon eft maladroit a re donner l'air d'un honnêïe homme, mais je fuis la moi, c'eft nia place d'un coup d'oe-il je 1'affermis. (Avancantfur le bord du thédtre.) Les affaires bien diipolées font piefque finies dit-on , voila de beaux pre'paratifs courrons h&te'r la cérémonie . . . faffe le ciel que ce mariage fe termine heureufement pour moi, puis-je en douter, il eft fondéfur 1'iatörêt il réuffira, c'eft la coutume d'aujourd'huy. Fin du quatrième A£le> ACTE.  COMÉDIE ?<* ACTE V. SCÈNE I. FIGARO, (entre pour voir fi tout eft com~ me il l'avoit dij'pofé dit au 'notaire qui furvient.) ' . Que demandez vous ? L jj Notaire. Mande' pour bh contrat de mariale ! Figaro. Vivat, le notaire eft arrivé', je cours les avertir , repofés vous, ou fi vous avez quelque chofe a, écrire auparavant, voila tout ce quil vous faut. .L.'e Notaire, (montrant le papier.) ' Oh j'ai déja préparé . . . par devaftt . . . les nomsfönt en blanc, & les atticies ine font donnés. Figaro. ... Vous n'attendre's pas longtcmps. Ne vouséloignez pas d'ici (ilfort en courant.) SCÈNE II. t E NOTAIRE, PEDRO. Pedro, (a Figaro qui fort.) Seigneur Fignro . - il s'en va bien vite . £ quelqu'affaire fans doute. L e Notaire. II ne fera pas longtcmps abfent Monfieur. Pedro. ; je vous remercie, je vais 1'attendre, mon ouvrage s'avance , me voi'a encore au denouement, au moment du mariage voyons fi les fignatureSj feront renvoyées uhé feconde fois. M L«  $ó LES DEUX FIGARO'. Le Notaire. Les fignaturcs! Eft ce qac vous étes-ici pouf le mariage ? Pedro. Vous favez bien que toutes les intrigues, finisfent ordinairement par ua dénouement de cette efpèce. Le Notaire. Et c'eft vous qui en êtes chargé ? Pedro. Oui: L E N o t a r r e* Ah ah! Pedro. C'eft a Figaro que je le dois. Le Notaire. Je fuis ici pour le méme objct. Pedro. Pour le même objet! Vous-vous étes done adresfé Le Notaire. On eft venu me chercher. ' Pedro. Qui donc ? L e Notaire. Un nommë Figaro. Pedro. Ah ah ! Que vous a t-il dit de la Demoifelle ëslaircisfons cela; Le Notaire, (d pari.") Qu'elle étoit jeune & fort jolie. Pedro. De 1'age a peu prés, Le Notaire. De quinze ans. Pedro. C'eft cela -— Eprife du futur e'poux (& part.} L k  COMÉDIE. 51 Le Notaire. Au contraire s'il faut cn croire. Pedro. Seroit-ce le pere qui voudroit la contrdndre.' Le Notaire. C'eft le pé'e qui veut le mariage, & 1'amant eft a peine connu Pedro, (d part.) Je n'ai pas befoin d'en favoir davantage (hautj ce Figaro, je fuis venu moi même le prier de me donner eet ouvrage a faire, il y cunfent, il me Je donne, & dans le même inftant il va en charger un autre que moi, ce procédé me piqué, mais quel que foit votre talent, je continucrai, & nous verrons qui de nous deux aura mieuxfuivi fes intentions. Le Notaire, II ne faut pas vous facber pour cela, je ne dispute pas votre talent ni le droit qne vous avez de teimincrce contrat de mariage , puis que vous êtes venu le folliciter; le prix de eette démarche vous eft du (d pari).c'eft le tabellion duvillage. laut adieu je vous1 céde la place, vous voiez que vous n'avez pas a faire a un concurrent avec qui il foit bien difficile de s'arrenger (il Jorl.y SCÈNE III. P R E D O. Piffeponr cela, mais lc feigneur Figaro n'ca a pas moins de tort d'avoirdonné le fujet a deux auteurs; je brulerois ce maruicrit, fi 1'ouvrage n'etoit pas dèja fi avancé. Cependant pas trop d'humeur j'ai befoin de quelques fcenes encore quiamenent mon dénouement. M 2 SCÈNE  9i LES DEUX FIGARO; SCÈNE IV. PEDRO. LE COMTE, DON ALVAR. L e Comte. Ï^affurez-vous Don Alvar, ma volonté eft une. iói a la quelle il faut ici que chacun fe foumette. Don Alvar. Je ne devrai qu'a cette obéiffance ceqne j'cfpere un jour mériter par mes foins. L e Comte. Je vous ai cboifi pour mon gendre, le notaire eft arrivé, nousattend , & les refns, j'en fuis für, ne feront pas bieu difficiles a vaincre (voyantPedro)' ah c'eft peut-être... eft-cc vous qui attendiez ici? Pedro. Oni Monfeigneur, pardon fi je n'ai pas, pris la, iiberté. . . . L e Comte. Je vous attendpis avec inpatience. Pedro. C'eft trop d'honneur que vous me fakes,'' L e Comte. Pigaro vient de m'avertir. Pedro. Eft-ce que Monfeigneur daigneroit agrèermon Ouvrage & mes foins? L e Comte. Si je daignerai 1'agrée.r! Mais c'eft un vrai fer\ice que vous me rendés. Pedro. Votre protcction. L 13 C o m t e. C'eft la première fois que vous travaillez pour moi, mais je fuis charmé de vous connoitre & je yous cmploicrai toujours avec plaifir. P Et'  COMÉDIE. 93 Pedro. Monfeigneur vous me rendez confus part} je lui de'Jierai ma pièce. L e Comte. Quel eft ce papier? Pedro. C'eft le commencement, une partie de 1'ou* vrage, ce qui me refte a faire eft le plus important (a Don Alvar.) L e Comte, ( d Don Alvar, a Pedro.) Les articles .... je vous d'irai qu'elles font mes incentions. Pedro. Je me ferai un devoir de fuivre exaótement ce que Monfeigneur voudra bien me prefcrire, fes lumieres. . . . L e Comte. Je ne vous dicterai rien-qui ne foit jufte & raïfonnable. Pedro. Je n'en doute pas voulcz-vous, Monfeigneur, jetter les yeux fur ce que j'ai dèja fait? , L e Comte. Le commencement, je penfe,.eft dans la forme ordinaire. Pedro. Oui,mais je ferois charme' derecevoir vos avis; fi vous trouviez par hazard ! Le Comte. Ah c'èft trop de modeftie. Pedro. II y a affés de difference dans les caraftères pour que 1'enfemble foit piquant: la fille eft timide, & ingénue , la mère bonne & le père a tout 1'entêtcment d'un homme borne', iéduit par un fripon. L e Comte. Comment? M 3 P e-  ©4 LES DEUX FIGARO, Pedro, C'eft un grand feigneur qui a fort pen de génie & qui fans s'en appercevoir eft le jouet de tous ceux qui 1'entourent. L e Comte. Que dïtes vous? De qui parlez vous? Pedro. je parle de cc père qui veut facrifier fa fille ea la mariant aun aventurier, Don Alvar. Cette infolence me'riteroit. . Pedro. Non il ne faut pas 1'accufer d'infolence, eet amant eft au contraire foupie rampant & cherche è excroquer une dot, & veut par ce moven fe tirer de la mifêre qui le pourfuit. Don Alvar. Ce notaire a perdu la cervelle, pourriez vous ajouter foy ? . . . . L e Comte. Fi quelle idéé! d Pedro, mais c'eft une im« pudence dont rien n'approehe. Pedro. Je conviens que ce perfonnage eft un fce'Jérat. Dom Alvar. Ah.' c'en eft trop, Monfieur le Comte, vengez moi de eet homme. Pedro, (furpris.) De quel homme .' L e Comte. De toi faquin, je te ferai périr fous le b5ton. P e d r o , t effraié. Monfeigneur Monfeigneur ai-je pu vous offenfer ? L e Comte. II eft fou, il l'eft fur ma parole. P E»  ö ó M E D I Ë. t>$ Pedro. Vous n'approuvez pas lc fujet que je traite ? cc que j'ay dit n'eft pas de moi, tout cela m'a éte' fourni, c'eft de Figaro que je le tiens. Don Alvar, part.) Ah grand Dieu.' je fuis trahi. L e Comte. Quoy Figaro.' P s d r ö. • Oui Monfeigneur je n'ai parle'que d'après lui; L e Comte. C'eft lui qui vous a dit. . . Pedro. Tout ce que vous venez d'entcndre. Le Comte, (a Don Alvar.) Le malheureux en m'aidant & decouvrir tout ce qui fe tramoit contre vous, vouloit avoir feui le plaifir de vousperdre. Don Alvar. Quel monftre ! P' e d r o, ( h part.) Qu'eft-ce donc qu'ils difent? L e Comte. Allez allez, mais re •lés au chateau, la je vous. fappelle;ai, je veux voir fi Figaro ofcra vous démcntir. Pedro. Monfeigneur , je ne comprends rien a tout cela. (ƒ/ Jort en faluant.) S C E N E V. LE COMTE, DON ALVAR. Don Alvar. Je ne peux concevoir par quelle raifon Figaro veut me noircir dans votre efprit &r©mpreman mariage. L s  £6* LES DEUX FIGARO. L e Comte. Eut-on jamais pü deviner cc qui fe fait, j'tu chaiïé 1'autre Figaro'* parcequ'il vous étoit contraire, c'eft celui-ci qui m'a donné lesm iyens de le convaincre , qui fait s'il ne 1'avoit pas apofté lui-même, le notaire eft de leur parti . . ina tête fe perd dans toutes fes conjoncturéss mais je m'en vengerai. Don Alvar; Je ferois bien malheurcux s'il vous reftoit quelque doute fut 1'honnêtete' de mes démarches. L e Comte. Ai-je doncperdu le fens? Ne vois-je pas que 1'on confpire contre vous? puis-je meméprendie a,la conduite de ce fourbe? je vous reftej je vous foutiens foïez tranquüle. Don Alvar. Que dites-vous de cette joye avec laquelle il nous a annoncé 1'arrivée du notaire ? L e Comte. Je dis-je-dis que je fuis indigné, & que ma colère lui léra funefté.' Don A l,v a r. Le voila. SCÈNE VI. LE COMTE, DON ALVAR, FIGARO. Figaro. jVIonfeigneur faut-ii aVertir Mde. la Comtefle Mlle. lnés? me voila pret a vous fervir le plus promptement, & le notaire. L e Comte. Je te tiens donc impudent^aquais , tu verras Ije fai punir ua fcélérat ebmme toi, F i-  COMÉDIE. ?7 Figaro. Óu'eft-ccque eelafignifleü LeComte. Tu feins d'ignorcr . . tës inrames manoeuvres1 font dévoilées," tu n'eehapperas pas a ma ven-; geancc. F i g a r o. Eh qu'ai-je donc fait? L e C ö m t e. Ce que tu as fait miférabfe .' Vas vas, je ne ferai piuston joüet, ie rafiemblerai toütes 1 -s perfidies do; t tu es cQüpable envers moi dcpuis, 16 ans, & je les punirai töutes a la fuis. Liga r o. Y a t-il encore du jeune Figaro la dedans? L e Comte. Son air étohnéj fon fang froid augmente ïfia" , fureur. , . Figaro, Qkdi a Don Alvar.) Expliqiie moi donc cela la tête lui a tonrnê, Don A l v a ji... Injpofteur abominable! Figaro. A 1'autre* Don Alvar. Traitre. 1 , Figaro. Ah quel diable de langage ! D o n A l v A r. Avec l'air de me fervir tu as vouju me perdr* entierenaent. Figaro. j'ai voulu vous perdrc.' Don Alvar.' Si Monfieur le; Comte pouvoit te pardonner, jc faurois te punir moi-même, . N £ r?  98 LES DEUX FIGARO; Figaro. Nous ne nous entendons pas . . meffieurs, je Vous falue. Ij e Co m t e. Arrête, ne penfe pas fuir (a Don Alvar) croyez vous que je Ibis aiTés faible pour lui pardonner? Non non. Figaro. A votre aife, mais que je fache au moins. * . . L e Comte. Ton avis donc eft que je fuis un imbecille entêté. Figaro. Ah! Ah.' L e Comte. Que je veux forcer ma fille a un mariage qui nous deshonore. Figaro. Comment donc ? L e C o m t i. Que je fuis le jouet d'un fripon. Figaro, bas a Don Alvar. Oü peut il en avoir tant appris ? Don Alvar. Je n'ai doncparu ici que pour excroquer cette dot.' Figaro. Ah! Ah! Don A l v a rv Je fuis un aventurier. F i g a r o, (d pari.) Tout eft découvert. Don Alvar. Souple , rampant, & fans fortune* Figaro. Je ne m'attcndois pas a celui-la. L e Comte. fu te taismaintenant, tu cs confondu.'  C O M E D ï E os Figaro. Non, mais ftirpris. Dos Alvar. As-tu cru que Mr. le Comte que je re'vere, & que tu outrages ne fe vengeroit pas de ton infoiencc ? L e Comte. As-tu penfe' que le Seigneur Don Alvar que j'eftime que j'aime, qui va étre mon gendre ne s'uniroit pas a moi pour te punir? Figaro, (a part.) L'un fait tout, 1'autre eft connü, & ils font d'accord! D o n Alvar. Parlcs, re'pond, F i g a r o, (d part-) II y a quelque génie eipiégle qui plane fur cette pnaifön , & s'amufe. ' L e Comte. Mais parle donc. Figaro. Que puis-je vous dire ? je tombe de mon haut," d'oü tenez-vous? .... L e Comte. Et le notaire quetu as féduit. Figaro. Le notaire! Don Alvar. Oui: par la bouche de qui tu as voulu faire parvenir toutes tes impofturcs. L e Comte. Qui nous attcndoit ici pour cela; Don Alvar. Et quiavoue ne parler que par toi. Figaro. Le notaire que j'ai féduit, qui parle d'après moi, je ne le connois pas, je ne 1'ai vü qu'un Luftant ici, &j'ai courru vous avertir. N 3 U ï  aco LES DEUX FIGARO. LeComte. Voyons fi ton audace ira jufqu'a le dementir lui-même' hola quelqu'un. Figaro, ( bas a Don Alvar.y Vous êtes-vous confié a quelqu'antre ,qu'amoii* Don Alvar, (bas a Figoro.) Non c'eft toi que j'aurois du craindre le plus. SCÈNE VII. LES PRECEDENTS, UN DOMESTIQUE. L e Domes, tique. JVTorfieur a-t-il appellé? 1. E C o m t e. N'y a-t-il pas laquelqu'un qui attend? L e D o m e s t i q tj e. Un Moi fieur qui a vin pipier a la main qui. parle bfcut en faifant de grands geiles. L e Comte. II fort d'ici. Lr: 1) o m r s t i q u e, II n'y a qu'un moment. L e Comte. Fais le venir 6c teut de fuite , je fuis curieus ■de voir comme tu foutiendras ton menibnge. Don Alvar. Tes impofiures. Figaro. J'attends 'pour vous re'pondre le notaire aux grands geiles. Don Alvar, (bas a Figaro.) Je ne t'aurois pas cui capabie de cette noirceur» gCENE,  COMÉDIE. ioi SCÈNE VIII. LE COMTE, PEDRO. FIGARO,DON ALVAR. Pedro. Je mc rends aux ordres de Monfeigneur. L e Comte. Le voi'a, bon approchés. F i g a r o, ( vojant Pedro.) Eft-ce Ia ce nótairé? Eh vous vous mocquez tr.us de moi, c'eft un Diable d'auteur qui ,mc fait en rager. L e Comte. Commcnt un aüteu ! i Pedro. Qui n'ofe p!us vousoli ir une pie'ce que vous avez défaprouvée. L e Comte. Une pie'ce, un auteur, notaire un faifeur de Comcdie que venez-vuias faire? Pedro. Confultcr le Seigneur Figaro. L e Comte. Sur quoi? Pedro. Sur le dénouement de mon ouvrage. L e Comte. Quel ouvrage? Pedro. Une Comédie dont il m'a f'ourni le fujet. L e Comte. Et c'eft dans eette Comédie qu'il eft queftion de pere , de eet amant dont vousm'avezparlé? Pedro. Oui Monfeigneur. Figaro. Mtfkiïcur i'auteur ma valu une fuitc d'epithétes N 3 *  tes LES DEUX FIGARO. & des traitements bien doux dont je dcvrois bien lui faire part. Le Comte. Qui jamais auroit penfe! Pedro. Monfeigneur eft il d'avis que je continue. LeComte. Faites votre pie'ce, faites la, me voila tranquille, Don Alvar, (a part.) Et moi je ne le fuis pas. ... Ce rapport (bas '3 Figaro.} Ah fourbe tu me trahis. Figaro. Comrnent donc? Don Alvar. Cette Comédie, mais c'eft notre intrigue; Figaro. Je le fais. Don Alvar. Eh bien! Figaro. Chut nous parierons de cela. L e Comte. J'aipourtant quelqu'inquie'tude, ta m'as annoncé ,que le notaire. Figaro. je le quittois, il e'toit la (a Pedro) yous devcz I'avoir vü. Pedro. Je n'ai vü qu'un auteur a qui vous avez donné Ie même fujet qu'a moi. Figaro. Ah! queft-il devenu? Pedro. II eft forti piqué', difant quepuisque nous e'tions Xci pour la même affaire, il me ce'doit la place. L e Comte. II eft parti! Pedro, Oui Monfeigneur»  C O M E D I É zo£ L e Comte. Qu"on faffetout de fuité courrir après lui. Figaro, {.dit bas a un Domeftique i'cAlef chercber le notaire.) Pedro. Monfeigneur, pour mettre le comble a vos bonte's, daignez agre'er que votre nom lbutiennc mon ouvrage. L e Comte. Si cela peut vous être urile je le veux. Figaro, (d part.) II ne lui manqucroit plus que de proteger eet-* te Comédie, (Jjaut) ah voici ce notaire. SCÈNE IX. LES PPyEC E D ENTS, LE NOTAIRErf L e Comte. O n difüit que vous etiez parti. Le Notaire. Te 1'e'tois en cffet, on m'a invite a revenu-. L e Comte. Qui? LeNotaire. Le même Figaro qui m'étoit venu chercher. Figaro. II rode encore aux environs L e Comte.' Mais comrnent fe fait-il que lui même mc ren* voye le notaire? Figaro. Ce j'eune Figaro eft inconcevable, il n"appro-< chera pas d'ici, voila ce quil y a de für. Pedro, (d Figaro.) ' Quand vous ferez plus librc je viendraivous parier..  io4 LES DEUX FIGAE.Ö; Figaro. Oui oui dans un autre moment. Le Notaire. Monfieur renonce donc. . . LeComte. Vous avez pris le change, ce n'eft point un. aotaire. Le Notaire. Ah c'eft différent. L e Comte. P ren ons n'otre contrat (è Figaro) vas cherclier la Comteife & ma fille. Figaro. J'y cours. S C E N E X. LE NOTAIRE, LE COMTE, DON ALVAR. L e Comte. Je refpire h la fin, & vous allez-être fatisfaitj je vous prouverai i'amitié què j'ai pour vous. Don Alvar. Je fuisperfuadé que ma recherche n'eft pas trop agiéable pour ne pas craindre encore. . . L e Comte. vousétes bien timide , vous verrez que dans peu tout le monde fera d'accord, ma volonté decidera. Don Alvar. Je n'ai qu'elle pour me foutenir. ' SCÈNE  C O M E D I F. 105 SCÈNE XI. LE, COMTE, SUSANNE INES, LA COMTESSE, L E NOTAIRE, DON ALVAR, FIGARO. Susanne. A h je vois pourqnoy on nons afait appelier/ (d Figaro) tu t-eli chargé avec plaifir de cette com-< miffion. L e Comte. Madame vous voyez mon notaire, & vous favez ce qui 1'amêne ici. La Comtesse. Un moment s'il vous plait, Mr. le Comte, fouffrez que je m'adreffe a Don Alvar, jen'ainul doute Mr. fur votre honnêteté, je vous veux croire digne de ma fille, vous ne ncgligerez rien pour fon bonheur, j'cn fuis füre , mais avant de tertniner votre mariage avec elle, je dois vous prévenir qu'elle en aime un autre que vous, que j'autorife fon inclination, & qu'apre^ vous avoir donr.é fa main, elle vous rendrois malgréelle temoin de fes regrets, que ni vos foins ni votre amour pourroient dimimier. Don Alvar. II me fuffit d'avoir vu'un inftant Mlle, pourfentir qu'il elt impcffiblc d'y renoncer. I n e s. Mon père.' L e Comte. Je n'écoutc plus rien. (Aunotaire)approchez Mr, voila un écritoire &c termiuons tous les débats. ft L A  totf LES DEUX FIGARO, La Comtesse, (<* Sufanne.') L'heure fe paffe. Susanne, (bas d la Comtcjfe.') Tant mieux il ne tardera pas., 1 n e s. Maman qui me confolcra? La Comtesse. Cher enfant ƒ Susanne, (d Figaro.') Tu triomphes, ah fcélerat J Figaro. Les voila juftement: je me fuis figure' ee tableau. L e Notaire. Par devant ... & furent préfents . . les noms , des futurs epoux ? L e Comte. Don Alvar. Le Notaire, (écrivant.) Don Alvar, & vos qualirés, & vos titrcs? SCÈNE XII. LES PRECEDENTS, CHERUBIN. (en uniforme fe place entre le notaire & le Comte. Cherubin. TPorribio ci devant laquais du Colonel Cherubin.' Don Alvar. Grand dieu.' Figaro. Tout eft perdu. L a  COMÉDIE. ioj L e Comte. Cm'clle horreur.' La Comtesse.' Monfieur le Comte.' I n e s. Mon père.' , Susanne. Ah Voilé qui nous fauve. Cherubin. Vous voiez , Monfeigneur, le jeune Figaro dpnt vous avez aujourd'hui accepté'les fervices, c'eft Cherubin lui même, 1'amour m'avoit conduitici, c'eft 1'amour qui m'y ramène & 1'efpoir d'obtenir votre aveu, démasquant le fourbe quivouloit vous furprendre. L i C o m t e. Mais comrnent fe peut-il faire que Don Alvar? Cherubin, Don Alvar, lui.' Don Alvar. Cc nom eftle mien , mais je n'en fuis pas moins coupable , rien ne me juftifie , je n'impiore pas mon pardon, mais vengez vous du fceTérat qui me tracoit ma conduite & nrasfuroit le iücce's de mon audace. Figaro. Croiraft'on.' . . L e Comte. Paix. Cherubin. Allez Don Alvar, rendez vous digne du nom. que vous porte's, profite's dc vos remords, pcutétre un jour pourrai-je vous être utile. Don Alvar. Vous avez vü ma confufion , n'oubliez pas mon repentir, je fuis pe'nét-e'de vos bonte's , &je vais. emploier ma vie a reparcr mes torts (il fort.) O 2 SCÈNE  -joS LES DEUX FIGARO. S C EN E XIII. LES PRECEDENT S. L e Comte. Tout ccei me paroït unfonge, ah mon ami, il il n'eft qü'un moyen de reconnoitre lc fervice. .* Cherubin, (montrant Inês.j Monfeigneur. . . LeComte. C'eft ce que je voulois dirc. Tu as fais revenir le notatie, il ne nous fcra pas inutile tu nrentends, allons & je ferai lc bonheur de tous ceux qui m'intereflent. 1 n e s. Ah mon père! . L a Comtesse. Que vous me donnez de joy'e ƒ L e Comte. "Vous me pardonnez? La Comtesse, (en l'embrajffant.) Pas d'autre rc'ponfe que celle Ia. L e Comte, (a Figaro.) Tu as asfe's de mes bienfaits pour ne pas craindre la milère , vas v'vre loin de moi, vas porter nijleurstes indignes manoeuvres, monftre que je devrois punir. Susanne. Monfeigneur.' L e Comte. Tu fouffres, viens Sufanne, allons mes enfans {au notaire) fuivcz nous. SCÈNE  COMÉDIE. ïó§ SCÈNE XIV. FIGARO. Jl ne me refte de toute cette intrigue que lepapier figné de Don Alvar & voila le cas que j'en fais (il le dêcbire) ce Cherubin maudit, eet anijnal de Torribio qui n'a pas fu le reconnoitre. SCÈNE XV. FIGARO, PEDRO. Pedro. Tout le monde vient de fortir, vous-êtes libre &. . . Figaro. Ah le mariage & la dot font au diable , 1'amant déguifé,triomphe, les deux intriguants font chasrés, 1'un eft déja parti 1'autre s'en va, adieu 01 fort.-) SCÈNE DERNIER E. Pedro. JL^e dénouement eft tout fimple, & le mariagë O 3 ^  ïïo LES DEUX FIGARO. excellent, 1 'interêt a le.desfous, 1'amour a le desÜÊis, c'eft bien dans la nature: le père & la me. ïefon contents, 1'amant & la maitresfe le font bien d'avantage, & 1'auteur . . . Dieu fait fa ir/ye quand le parterre . . . il attend tout de fon jadtalgénce. FIN.