na is   318 5515 MONTROSE E T A M È L 1 E, D R A M E en quatre actes en prose, : , ; ™ fa nremiere fois par les Comédiens bre 1783. & a Amfterdam le Aout 1784. Le />n'* eJ? de 04 /o/s. ^ AMSTERDAM. Chez cesar noel guerin, Libraire, mdcclxxxiv.  PERSONNAGES. Milord SUFFOLCK. AMELIE, fa fille. MONTROSE. Lord SURREY. Le Chevalier STAPLEY. FANNY.Suivante d'Amélie. HENRY. GARDES. DOMESTIQUES. M. Corbin. Mde Beaumont. M. Beaumenil. M. Dalainval. M. Montrofe. Mde. UAncey. M. Qrecour, Le Thédtre repréfente aux deux premiers slües un Pare commun a la tnaifon de Sufolck, & a celle de Surrey. Dant U fond on voit des kauteurs, & la Tarnt'fe dans le lointain.  MONTROSE A M E L I E. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. SUFFOLCK, SURREY. O ui, Suffolck. Les projets de Cromwel s'accordent parfaitemem bien avec mon coeur: il veutreflerrer les liens qui unifient nos deux families, en me faifant époufer Amélie. Vous y confentez; & cencndant ce coeur rempli d'amour, n'ofe fe livrer au bonheur que fon fort femble lui promettre. SUFFOLCK. Eh' pourquoi donc, Surrey? N'êtes-vous pas certain de mon amitié? Les bien-faits dont nous fommes comblés par Cromwel, loin de faire naitre entrenous la jaloufie, ont cimenté notre attachement. Nevoyez en moi que le pere le plus tendre; j'efpere trouver en vous un fils dont je n'aurai jamais qu'a me louer. A 2 SUR- E T SURREY.  4 MONTROSE SURREY. C'eft me rendre juftice; mais Amélie!.. SUFFOLCK. Ma fille! elle connoit tout ce que vous valez; depuis plus d'ün an, nous habitons prefque enfemble: ce pare, aux portes de Londres, eft commun a nos deux maifons; nous nous voyons tous les jours. Amélie connoit mon eftime pour vous; elle eft a même d'apprécier combien elle eft fondée, & tout me fait croire que la fille vous voit des mêmes yeux que le pere. SURREY. Je Ie defire, & crains de m'en flatter; dans d'autres temps,. Montrofe, 1'infortuné Montrofe, avoit obtenu la main d'Amélie. Profcrit, fugitif, il a dü y renoncer. Mais fi tout efpoir lui eft ravi, il n'en regne peut-être pas moins dans le coeur de votre fille. Souvenez-vous de fon défefpoir a la nouvelle du délaftre de cette familie illuftre; il annoncoit plus qu'un limple attachement: voyez depuis ce temps, la triftefTe dans Iaquelle votre fille eft plongée. Tout me porte a croire que Montrofe eft encore aimé.' SUFFOLCK. Et quand il le feroit, ce que je ne puis croire penfez-vous que 1'amour furvive long-temps oü 1'efpoir n'eft plus? Montrofe, qui a fuivi le parti de Charles dont la familie eft profcrite par Cromwel, ne peut paroltre en Angleterre que pour y porter la tête fur un échafaud; croyez-vous qu'il puifle balancer dans 'le coeur de ma fille & mon autorité & mes projets ? Enfin , s'il étoit poffible qu'Amélie confervat un fouvemr indigne d'elle & demoi, ma volonté vous aflureroit fa main. SUR-  ET A M E L I E. 5 SURREY. Et c'eft précifément a quoi je rougirois de la devoir i'adore Amélie; & tant que j'ai cru le retour de Montrofe poffible, j'ai combattu ce fentiment qui doit faire le bonheur ou le tounnent de ma vie; je ne voulois point avilir 1'amitié en profitant de fes depouilles • mais Montrofe condamné ne pouvant plus reparoitre dans fa patrie, m'a permis de lainer éclater des fentimens d'autant plus forts, qu'üs avoient étc contraints. Cet amour, tel violent qu'il fok, ne chminue rien de ma délicateife; je veux devoir Amehe a fon choix , & non point a votre autorité. L amour peut-il offrir le bonheur, quand il n'eft paspartagé? SUFFOLCK, Hé bien, je vais vous prouver tout mon attachement; dictez ma conduite. SURREY. Parlez a votre fille d'un établiflement avantageux offert par Cromwel; mais furtout je vous, fupphe de ne pas me nommer: le malheur rend plus confiant; Amelie, preffée par vous, combattue par fon amour, m'ouvrira fon coeur, fi elle aime encore Montrofe, & j'y lirai mon devoir. SUFFOLCK. Ouel fera-t-il! . SURREY. De vous prier de ne la pas contraindre & d'attendre tout du temps; fi, au conn-aire, fon coeur eft hbre, laiifez-moi le plaifir de lui annoncer moi-meme , 1'époux dont vous avez fait choix. SUFFOLCK. J'y confens; mais vous parlez en amant, & moije vais agir en pere. ^ SUR,  « MONTROSE SURREY. .faPPercois Amélie. Je me retire pour vous laiffer la liberte de lui parler. (// fm.) SUFFOLCK. noïrSiï^ZT*^™*11 P°Ur étre inflruit de SCÈNE IT. SUFFOLCK, AMÉLIE. SUFFOLCK. V ous venez a propos, ma fille; j'aUois vous faire part d un projet important; il s'agit de votre bonheur! A M E L I E. mélieffe b°nheur' mon pere' eft le Premier vceud'A- SUFFOLCK. ü faut me Ie prouver. Cromwel, dont vous connoillez les bontes pour moi,veut ymettrele comble en uniflant a notre familie une des plus confidérables' de lAngleterrej des dignités, despofïes éminens font le pnx de cette alliance. A M E L I E. II s'agit de mariage; vous voulez SUFFOLCK. Vous rendre heureufe. Quand vous connoitrez celui  ET AMELIE. 7 lui que je vous deffine, vous conviendrez que je ne pouvois pas mieux choifir. AMELIE. Mon pere, je fens tout le prix de ce que vous 5 ÏÏS£^*f* eft pasmoinslebourreau de fon Roi. SUFFOLCK. nonnez un autre nom a celui qui nous commanDonnez un aut fok V'",; nnn fes deflrs s'accordent avec mavolon74 iSïïi?*£* ^ ma fille un confente- ■. ment qu'elle fait que je puis exiger. AMELIE. Ahl mon pere, que demandez-vous? Je ne pré- Kï'.aiheur de ma vie. SUFFOLCK. Et tu veux donc faire le mien en refufant de m'o- béïr? , „ AMELIE. pere, & de ne jamais le quitter. A4 SUF'  8 MONTROSE "SUFFOLCK. II faut remplir les devoirs de Ia fociété, il fautren dre a 1'état ce que vous en ave/ reen „fi„Tf étre .a cpnfolatloh d'un per^fndgé ^ 1oS ïeS' mms afTez bon pour les pardonner dans ce pS 17 *,Vr0m connotoez Wentót celui que je Tou deftuie, & fon mérite achevera de vaincre des refü dont je ne veux plus entendre parler. AMELIE. Ah! telqu'ilfoit, ne comptez pas que iamak !I puiffe obtenir ma main. 1 J " ls " SUFFOLCK. Je me laffe a Ia fin de votre réfifhn™. r, vouloir mettre obltac.e fSlSfeSSS drè0ir°" rfe™^^ vousyaime^c r dre de m'y hvrer; vous me connoillbz • 2?^ AMELIE. Ah! fi vous pouviez lire dans le mien ! SUFFOLCK. Qui verrai-je? répondez. AMELIE, aprèi un moment de filence, Le défefpoir le plus aftreuxT SUFFOLCK. Ecoutez, je crains d'y voir plus que je ne veii* Amei'eAuriez-vous confervé desfen L"L inch'' gnes de vous ? 'wuuiens incii- AME  ET AMELIE. 9 AMELIE. Moï, mon pere.... je n'en ai jamais concu dont je doive rougir. SUFFOLCK. Von-e obftination n'eft pas fans motif... Montrofe fugkif, banni, privé de fa fortune vous occuperou-ü encore ?... AMELIE. Songez, mon pere, que vous me 1'aviez donné pour époux. SUFFOLCK. Montrofe, j'en conviens, eut mon aveu dans des temps plus tranquilles, mais la révolut.on de lEtat a tout changé. AMELIE. Suis-je donc coupable fi mon coeur n'a pu 1'imiter? SUFFOLCK. Oui vous devez étouffer des fentimens auxquels il ne vous eft plus permis de vous livrer; le pere de Montrofe trainé fur 1'échafaild, fon Als n echappant au même fort que par la fuite, tout devroit vous rendre a la raifbn. AMELIE. Ah, mon pere, qu'elle a pen de force contre 1'amour» Mais plus Montrofe eft malheureux, moins il m'eft permis de renoncer a lui. C'eft pour une caufe iuftequ'il eft dépouillé de tout; le fupphce qm lattend, s'U reparoit en Angleterre, ne 1 avilit pas a mes veux, il fait fa gloire: celui qui meurt pour fon Roi, en montant fur 1'échaflaud, eft plus grand que celui qui 1'y fait conduire. A 5 SUF"  io MONTROSE SUFFOLCK. déSdïï toVperel11' ^ ^ iufflfiBtt M« « AMELIE. Ah!... Pardon... J'oubliois!... SUFFOLCK. „,,I°Ut' je lf V0is' Ponr^ous livrer a un fentiment AMELIE. • ^UOi',,11ien ne Peut vo"s attendrir furie fort d'nn infortuné? Songez que les merries révolutionsqui om renverfé du tröne notre légitime Souverain, peüven y faire «monter Charles fon ffls, & que M™trofP alors couvert de gloire, recevra lés récotópS É a fon attachement pour fon Roi: je I'aime fldfS , N°tre ftraiUe d£Vra Pe«-être ui', jouffon" fourd'hui. m V0US V0UlCZ que ï^onnea™ SUFFOLCK. Lamour feul peut s'arrêter a ces chimères, Montrofe, dailleurs, n'exifie peut-être plus; mais il vi vroit, queinen ne peut te foulfraire a 1'obéüTance Ja ternelle; demam tu verras tonépoux, demain ie te conduis a l autel. - J AMELIE. Dites plutÓt a mon tombeau; ne me forcez pas d poufer un protégé de Cromwel; je ne puis par donner au'a mon pere de n'être pas du parti de fon SUFFOLCK. Je retiens a peine ma colere... Crois-tu donc m'é- blouir  ET AMELIE. ii ., - - n fanfle vertu? ton attachement pourCharl^rq5^S-Se Pour nourrir une paffion qui Soffenfe Cromwel feroit juffifiè a tes yeux fi Monrrofe avoit fuivi fes drapeaux; C'eft. ton amour qui Won cr me' .... Encore une fois, crams de ne Sóuver en morqWn maitre, & qu' un maitre irnte; ie ne fuis plus ton pere Je voulois Oublies Montrofe, ou bien.... AMELIE. T'oublier" Non, eet effort n'eft pas en monpou«* Te faime, jè le dirois a 1'Angleterre, au Tiran Se/auquel vous voulez m'alfervir, 1'umvers entier 12 que je fuis prête a mourir pour Montrofe. SUFFOLCK. O Ciel! tu me punis d'avoir donné le jour a une fille indigne de moi. AMELIE. Mon pere! SUFFOLCK. Te ne t'écoute plus. C'eft a fautel oü mtedcfarmer ma colere ; nous verrons fi ^TSluïe femporter fur ton pere, ton pere, a P^e""«c' & que tu-ne peux fléchir que par ton obeiilancc. SCÈNE III. AMELIE feule. Ordonnez donc ma mort, puifque rien ne peut toucher... Moi! je trahirois Montrofe!..... Non, ne 1'efperez jamais. Mon coeur demennroit mes promeffes.  12 MONTROSE. SCÈNE I r. AMELIE, FANNY. F A N N Y. tesEtvTs.votre pere' iim'a *™U AMELIE. Fanny, il vient de décbirer mon cceur!... FANNY. Comment! AMELIE. Tu connois mon amour pour Montrofe: tu fit, quabfent periecuté, profcrit, fon infonune a aü gmente, s'ri eft poffible, mon attachement™our lui.! FANNY. Eh bien! AMELIE. Eh bien, mon pere m'ordonne de renoncer a ^«en, ieSois témoin du ferment ™?&g FANNY. lordaIrVfiMifrCet V-ioIem' v^ connoifTez Mi- que  ET AMELIE. *3 larmes. AMELIE. r„ i dms le moment oü ma ten- fenfible' N N Y de Montrofe. AMELIE. jamais du moins je ne^ijaicelle*j» JJ» £ ?8vóis la kleffe f «de ™™ e faire?Unfeul yeUX' FANNY. Mais, enfin, quel eft votre efpoir? AMELIE. Ne me parle point ^*<$^ "ft ï ffl0n amour, de ee qu«^o vidime de fon ^f^J?" pays, prêt a troum0i abandonné, errant de pays e P y. ^ f . ver par-tout la encore plus cher. voila les titres qm ^, ^£es hauteurs du Pare...... Mais ïffl^,fJg^J?ftIfc les eruautés de C'eft peut-etre un ïmonuuc ( Cromwel.  h MONTROSE FANNY. ^HéWi tous fa, jours on ne volt que de fe, vielf. AMELIE. FANNY. scène r. AMELIE, feule. l^kC* ™ «alheureux> fans penfer a ce 3J Kufe S r 6 éprouve P«»*». » fon m! rendre chere. * 1M°rtUnés eftJa fien«e, c'eft me la & c e IV e 2 fr AMELIE, MONTROSE. MONTROSE. ^^.:iez^tlJe rmarche **» taille fhV„l ■V eft cette femme?... Sa AME-  ET AMELIE. IS AMELIE. Amélie, qui m'appelle? MONTROSE, fe jettant a fes pieds. Montrofe, il eft a tes pieds. II vient réclamer tes fermens, & te jurer un amour éternel. AMELIE. Ahi laifle-moi reprendre mes fens! Toi Montrofe en ces" lieux! Sais-tu a quels périls tu t expofes!.... Sais-m que tu es chez mon pere ? Fuis, délivre-mo. de la crainte affreufe que ta préfence minfpire. , MONTROSE. Ouoi" ce premier inftant n'eft pas celui que tu donnes a 1'amour? Amélie! mes malheurs auroient-ils changé ton ame?.., Eft-ce donc la le pnx de tous tes maux que j'ai foufFerts lom de toi? AMELIE. JVattribue mon trouble qu'a ton danger;i raffnretoi Te t'aime plus que jamais, & le coeur d'Amel.e n'a'pas cefle un inftant d'être a toi. MONTROSE. Voila le premier plaifir que je goute depuis nooe féparation! Après avoir attendu vamement le retablisIment de Charles, & voyant Ia fortune fe ranger du pani de Cromwel, prifé d'efpoir, ne pouvant plus Se fans te voir, 1'amour feul m'a fait funnonter tous iTobftades; je quitte les montagnes de la Suifle que SvdÏÏ cnoifi pouVma reu-aite ; je traverfe la France , ffive en Angleterre, mes gens ont ordre dematenTe dans un afyle fur... & moi, gu dé par ma tenS , ne voyant pms que toi dans 1'umvers, j approfhe dè Londres dans le deffein de te faire favoir mon an-ivée; & le premier objet que je rencontre, c  16" MONTROSE mon Amélie; la fbrtune fe laffe enfin de me perfécu heur V0Ük kS premiers pas 1ue J'e fais vers le bon- SCÈNE VII. AMELIE, FANNY, MONTROSE. FANNY. IVÏiss, eet étranger a difparu. AMELIE. Cet étranger, Fanny, c'eft Montrofe. FANNY. Montrofe! quelle imprudence! MifT, fi quelqu'un vous appercevoit, fi fon pere.... 4«eiquun MONTROSE. ^XTllZr^ce que j'aime & ie ne m AMELIE. Si je te fus jamais chere, éloigne toi de ces lieux tu ne peuxy faire un pas fans expofer tes jours, 1 font profents par Ie Proteéteur, tout ici lui eft vendu, najoute pas a mes douleurs 1'affreux tourmentde te voir en fa puilfance. MONTROSE. Tu veux que je fuie! mes jours me font odieux sil faut les pafTer loin de toi...' raurai donc5 d7te vofrf " P°W ne inftanSplX AME-  ÉT AMELIE* 17 AMELIE. Mais eet inftant peut te perdre. Ah! Montrofe ^ tu ne connois pas encore tous les malheurs qui m'accablent; mon pere veut en combler la meiure en me forcant d'accepter pour époux un favori de Cromwel. MONTROSE. O Ciel! & j'arriverois en Angleterre pour être témoin de ton parjure?... tu paflerois a mes yeux entre les bras d'un autre ?.... AMELIE. Ingrat! peux-tu douter de mes fentimens? MONTROSE, Eh bien, Amélie j'en attends une preuve éclatante; mais'fonge qu'un refus fera 1'arrêt de ma mort. AMELIE. Parle.... explique-toi. MONTROSE. Rappelle-toi nos premiers fermens Ton pere a-t-il le droit de les rompre? Quand la fortune plus favorable mettoit mon pere au rang des favorls de Charles, SufFolck rechercha notre alliance avec empreffement; on nous ordonna de nous aimer; mais nos cceurs avoient déja prévenu 1'ordre de nos peres; c'eft fous leurs yeux que nous nous. fommes livrés aux plus doux fentimens de la nature, ils s'en applaudiflbient alors; & Suffolk aujourd'hui veut nous en faire un crime ? il a tout trahi... voudrois-tu 11miter? B AMË-  i8 MONTROSE AMELIE. Que veux-tu dire? MONTROSE. Le vaiiïèau dans lequel je fuis venu dans ce pays mo tie T C°ndUi"e fCUl en France? ta"dis cfu?k Z ™'-m^e perfécutée Par de cruels pa- iuls Iu mentends... AMELIE. Qu'ofes-tu mepropofer? MONTROSE. » ^6 qUH ram°"r te confe311e Iui-même; fonge oue je arrache a la tirannie, que je ne quittérai ces lieux quavec le ntre de ton époux; que Fanny ne nous abandonnera pas; qu'arrivés en France, nous ratifie rons fous es yeux de notre légitime Souverainlts fermens qui nous uniflent depuis longtemps ' AMELIE. Qu'ai-je entendu?... C'eft Montrofe, c'eft mon que j abandonne mon pere... L'amour t'aveugle > feul peut te pardonner un projet qui blelfe m! vertu MONTROSE. Tu parles de ton pere.' ignores-tu qu'il eft nntr* nran? Tu parles de vertus! & n'en a t-i Z trahi toutes les loix en renon9ant a la parole $1 2 donnée de nous unir enfemble, & en fervant fousTe drapeaux d'un Ufurpateur? Tu parles deTn pere £ AMELIE. Arrête, Montrofe, je connois tous fes torts mais je ne veux pas qu'on m'en falie rougir. ' MON-  ET AMELIE. 19 MONTROSE. Ehbien, c'en eftaflez: je «^j^J^ me fuivre; cédez k von-e P«£m^»wra«g pour y recevoir un époux de fa mam; mais peniez que vous prononcez 1'arrêt de mon fupphce Adieu AMELIE. Oü courez-vous, Montrofe? MONTROSE. Au palais de-Cromwel, il fera moins tiran que la barbare Amélie. AMELIE. Arrêtez MONTROSE. Non, vous me faites renoncer au bonheur & je dois renoncer a la vie... AMELIE. Cruel' & c'eft ainfi que Montrofe fait aimer!... Eh bien, puifque tu n'écoutes plus que la pallion qui t'égare puifque ton ame eft muette aux fentimens les plus facrés de la nature, viens jouir de mon defefpoir, viens voir Amélie expirer de regret d avoir ahné un ingrat tel que toi... Mais, que disje| ah, Montrofe! tu fus fenfible & vertueux, ne demens point ton caraétere, renonce a tes projets,... ne me réduis pas a caufer par ma fuite la mort de mon pere. MONTROSE. Tu me vois a tes pieds, ame de ma vie, toi par qui je refpire, qui feule m'as fait fupporter le fardeau du malheur; prends pitié de ton époux, fonge qui ■ ne peut vivre fans toi, que 1'univers eft un tombeau  20 MONTROSE Join de fon Amélie, & qu'il te conjure a genoux de fuir les tirans qui nous perfécutent. AMELIE. Je ne puis m'y réfoudre. MONTROSE. Puifque l'-amour n'k plus d'empire fnr ton cceur ne combats donc plus ma réfolution; je ne pouvoisvivre que ton époux, & je meurs fi je ne puis 1'être- je vais donner des ordres pour accélérer mon départ & je redens dans ce lieu méme pour t'arracher a tes'parens ... mais fi tu refufes de partagér mon fort, j'ïia hvrer a Cromwel la viftime qu'il cherche depuis 11 longtems; & demain ton malheureux amant uZ par toi, deteftant 1'univers entier, ira perdre fur un échaffaud une vie qui lui eft a charge. (tl fort.*) SCENE F III, AMELIE, FANNY. AMELIE. Daks quel état il me laiffe! concois-tu toute 1 horreur di. fort qui me pourfuit? Mon pere & mon amant déchirent mon cceur; 1'un veut que je trah ffe mes fermens en acceptant 1'époux qu'il me Vropofe & autre exige que je renonce a mes devoirs en ymit avec lui... Cruelles extrémités! je n'ai d'autre choix que la mort ou lahonte... Mais j'apper^s Sur-  ET AMELIE. Surrey, fortons; le trouble qui m'agite lui découvriroit les fecrets de mon cceur. (Elles. fortent tont es deux par un cSté different, Surrey entre par le milieu du Thédtre.') SCÈNE IX. SURREY feul. Elle eft donc enfin connue la caufe des refus d'Amélie!... Montrofe eft dans ces lieux, je viens de le voir au moment oü il quittoit la fille de Suffolck... II a des projets, m'a-t-il dit,& brüie de les épancher dans mon fein;... il m'attend chez moi pour les confier a mon amitié... Eh qui pourroit méconnoitre 1'amour a la témérité de fes démarches? mon malheur eft certain. Eft-il de fituation plus cruelle que la miemie ?.... J'adore Amélie, & mon rival eft mon ami;... encore je n'ofe me plaindre, la moin- dreindifcrétionle conduit au fupplice.... Ah dieux! qui ne feroit pas généreux a ma place?... SCÈNE X. SURREY, STAPLEY. S T A P L E Y. A 111 c'eft vous Surrey; j'allois chez Milord Suffolck vous féliciter fur votre mariage avec Amélie. B 3 SUR-  sa MONTROSE SURREY. Mais qui a pu vous inftruire ?... S T A P L E Y. Ce n'eft plus un fecret, la nouvelle s'eft répandue ce matm chez le Protecceur, & je faifis cetteoccaiion de vous prouver mon zêle. surrey; Vous êtes mal informé: je fuis bien loin d'un femblable bonheur... S TA P LE Y. Quel difcours vous me tenez, mon ami! éprouvenez-vous quelque difgrace ? SURREY. Je fuis le plus malheureux des hommes. S T A P L e Y. Vous m'efFrayez, Surrey, ouvrez-moi votre cceur & croyez que je fuis capable de partager vos peines. SURREY. Mon cceur brülc de s'épancher... Jurez-moi de garder inviolablement mon fecret. S T A P L E Y. Je vous le promets. SURREY. Vous connoilTez mon amour pour Amélie jamais il n'en fut de plus violent; j'allois 1'époufer. Le Pro tcfteur, fon pere, tout concouroit a me rendre heu reux.... eh bien! en un inftant un feulhommeatout change. STA-  ET AMELIE. 23 s T A P L E Y. Et quel eM ? SURREY. Mon amü... S T A P L E Y. Un ami... & peut-U exiger que vous vousrendiez malheureux? SURREY. TP le fais comme vous; on peut tout céder hors ce Jonaimei mais eet arm a prés de moi les utres les plus facrés. S T A P L E Y.% Quels font-ils ? SURREY. Ses malheurs... Heureux, je lui difputerois la main cTAmélie, je ferois capable de lui óter la v.e ou de Périr fous fes coups; je ne connoitrois plus lam.dé dés qu'eUe feroit en rivalité avec 1 amour. Ma s eet ami eft aceablé fous le poids.de l'mfortune le moindre éclat le livre a fes ennemis, un feul mot le S a la mort. Sans défianee, il vient fe mettre fous la fauve-garde de 1'afflitié, il m'ouvre fon cceur; vovez fi 1'bn peut être plus a plaindre que moi ; forcé d'être généreux, je n'ai pas même la libertedelaiffer éclater ma douleur. S T A P L E Y. On peut trouver 'des moyens. SURREY. II tfen eft aucun; point de choix pour moi, le défefpoir ou 1'infamie. B4 STA-  H MONTROSE delfde S «S les jours, & figce ficrifinJ S 801 .du repos de vos cédé au-deffs des Sït3 U" ami me P^oltun prote eft refpeSble SSelteV r"^ 'amWé fans do«allarmé de 1'éta né h P ^ ,fes bornes- • ■• Je r«« ifes Jours gu'elle vient d'empoifonnen ■ * #' öfc premier A8e, AC-  ET AMELIE. 25 ACTE SECONU SCÈNE PREMIÈRE. MONTROSE, SURREY. SURREY. O ui, Montrofe, oui, l'amkié dok 1'emporter fur 1'amour, mes confeils doivent enfin te détermmer a t'éloigner promptement de ces lieux,.... jamais tes jours n'ont été plus en danger;... ton pere,qui feul a balancé quelque tems la fortune de Cromwel, a oavé de fa tête fon attachement pour fon K01; ie même fort t'eft réfervéfi tu t'obuines a pourfuivre tes projets. MONTROSE. Ah Surrey combien ton amitié m'eft chere! tes craint'es, fans itfeffrayer, ne fervent qu'a me faire mieux apprécier le cceur de mon ami... Calme toi, ie fuis déterminé a quitter 1'Angleterre; mais apprends en même-tems que je ne partirai pas feul, SURREY. Que veux-tu dire? MONTROSE. Je dois t'ouvrir mon cceur; cette nuk même AmdJie doit me fuivre en France. B 5 SLTR-  26 MONTROSE. SURREY. Vous fuyez avec Ia fille de SufFolck? MONTROSE. Elle a longtems combatru mes projets; mais ie viens de la quitter a 1'inftant, & 1'amour, plu fort què & raifon, triomphe enfin de fa timidité. q SURREY. Ravir une fille a fon pere!... y penfez-vom Montrofe? Vous êtes perdu fi AméJvïï aecompa! gne. De grace, éloignez-vous feul, fuyez... MONTROSE. Moi, fuir fans Amélie! J'ai réfifté aux prieres de 1 amour, juge fi je dois céder aux terreurs de 1'amitie?.... Dailleurs, mon cher Surrey, cefle de craindre pour mOI; j'ai tout prévu pour ma fuite; le rivage n eft pas loin; 1'obfcurité favorifera mes deflêins ■ il me refte un dernier fervice a te demander: donne moi des gens sürs pour me fervir d'efcorte jufqu'au port;... c'eft pour Amélie feule que j'ai befoin de ces précautions... Tu le vois, mon ami, j'épanche tous mes fecrets dans ton fein, & tu ne trahiras pas ma confiance. SURREY. Quoi! vous voulez me faire concourir au malheur qui vous menace; n'y comptez pas; je tremble • vous ferez découvert, votre perte eft certaine. ' MONTROSE. Rien n'eft capable de me faire changer de réfolution, il ne me refte plus que ce parti... Tu ne connois pas tous les maux qui m'accablent; apprends que ial "c S-,,"." juge combienjelehais;demainpeutetre Siiftolck lui donne la main de ce que j'aime. Amé-  ET AMELIE. 2? »m*He dans les bras d'un autre! Si tu connoiflbis 1'amour!:2ifenSoi» qu'il eft impoffible de fupporter cette idee. SURREY. Dieux! MONTROSE. Tu gemis; avcme qu'il n'eft pas de fituation comme la mienne. SURREY. Ah>... tu ne connois pas celle oü je fuis, . . . prends pitié des tourmens que tu me fats fouflr.r . vas rejoindre tes geus....pars feuli j ai des prellcn timens que ton retour te fera funefte. MONTROSE. fans Amélie; & qui ne craint pas la mort, eft sür réuffir. SURREY. Mais on peut t'avoir. trahi. MONTROSE. Qui? Seroit-ce Amélie qui m'auroit dénoncé a Cromwel?... Seroit-ce toi?.... SURREY. Montrofe, défie-toi de tout ce qui t'environne. Le coeur humain eft füjet aux plus temb es revohmons cn"ns 1'amour, crains 1'amitié, quelquefois le plus hoTnête homme peut devenir le plus coupable; les pafïïons nous entrainent.... nous emportent... ^  28 MONTROSE MONTROSE. Surrey, oü tend ce difcours?... Veux c, am* «on cceur au moment de „otre fép Jtion? ^ SURREY. dirgle efl « pour moi; apprend,.. qu'allois-je MONTROSE Parle... MONTROSE. r,; n'me/et,te aSitation; da"s une heure ie ne cour- ZÏÏf v ra"êer: f°nge aux feco»rs q«e je t'ai de mandé. J efpere que nous nous rejoindrons • tót ™, ard ma patne rougira d'obéir au miurmer de'charles" Je ne te fais pas un crime d'avoir fuivi le narti 7,1 les voeux Je fais pournotre maïtrelégJtune , s i ne rend un jour les droits de ma naiiTan ce fois sur que Montrofe alors ne fera PoL"nS" Adieu; crois qu'en abandonnant l'AngIeterre "gnv regrette nen que mon ami. (// fort j' ' ]e n y SCÈNE li. SURREY feul. mort; ne Puis-je pas ySe^i^* * le  ET AMELIE. =° ces... Com™5™ ,'amour commande en tiran dans S C E N E li?- SURREY, STAPLEY. STAPLEY. JE vous cherchois, Surrey, apprenez unOouveUe iü intéreflè vivemem votre ^'^^^3 découvrir que cette nuit meme la, fille de Suftolclc pal fe en France avec Montrofe... SURREY. Neprononcez qu'en tremblant ce nom-la; dans la doïïeur "tois"j'ai eu la fbibleflê. de vous nommer mon amT.L mais fongez aux iermens que vous m'avez faits de ne pas le trahir. STAPLEY. Comptez fur moi... Aimez-vous Amélie auffi éperduement que vous le dites ? SURREY. Si ie 1'aime! il n'eft point d'exprelïïons pour rendre les fentimens qu'elle m'infpire. STAPLEY. Comment verrez-vous fa pene? SURREY. Avec le défefpoir le plus violent.... je fens que je n'y furvivrai pas. STA_  3° MONTROSE STAPLEY. II fuffit, mon attachempni- -m'„ c„-* yen dont I'effet eft inSlTble. *" tr°UVer 1111 m°- SURREY. Expliquez-vous. STAPLEY On peut faire pafier des avis au Protecïeur. SURREY Jcm ofez me propofer d,enyoyer Montrof£ ^ ^ Montrofe. r °btemi davanee h grace de SURREY. Que vous connoifTez peu rrnmnm,. tout pour étrë Je maitre dP rL I • : Prom«troit de 1'irmnoler' fa süreté i? 6mi; mais Je P*3^ promeffe 1 emP°«eroit bientöt fur fa STAPLEY. deïfiE" dU m°inS P^SufFolekdefemevemenc que de vivre h^tTco^ * STAPLEY. Mais, Surrey'; famitié vous égare. . . . quel eft  ET AMELIE. 31 eft donc Montrofe? un homme condamné, un profC" •• SURREY. Montrofe eft mon ami, & c'eft tout pour moi. STAPLEY. Mais eet ami doit-il voüs plonger un poignard dans lefdn? SURREY. Eh! fait-il feulement le mal qu'il m'a fait? STAPLEY.' Le temps fuit, il vous refte Peu d'inftants pour délibérer; je vous fervirai malgré vous. SURREY. Arrêtez! vous avez mon fecret, vous ne le. devez qu au premier mouvement du défefpoir. J ai eu la foibleffe de m'ouvrir a vous, je n'ai que trop km en repentir puifque j'ai découvert que vous étiez 1 ennemi de Montrofe;.... mais fongez que s'il.vous arrivoit une indifcrétion qui put expofer fes jours, que ie ne connoitrois plus rien que 1'aminé; que lans excuferle motif qui vous auroit fait agir, je ne verrois en vous qu'un homme infame, & que vous fenez la première viétime iramolée a mon ami malheureux. STAPLEY. Fexcufe le défordre de vos fens,... & plus vous vous égarez, plusje vois ce qui me refte a faire... j'entends du bruit.... SURREY a pari. ' C'eft peut-être Montrofe; écartons ce témoin daneereux. (W.) Venez, Stapley, je ne veux pas vous quitter... Voila donc le moment.... Je ne me connois plus.... Fuyons de ces lieux.  32 MONTROSE ^^%M> P&^C^ £ d* por- s C E N E iFm SUFFOLCK, AMELIE. SUFFOLCK. Phis devoir ton obéiïee a mon ,7 ^ ,6 "e veux ^^uvei^S™^^ AMELIE. Ah, mon pere; votre bonté nfaecable. SUFFOLCK pS ê^r^dtandS' ^e teS Pour toi...' Ma fi^ elce Pnr ^ ? qU'a a fait n exanune pas fi Montrofe eft coupVd ? p™ je peut être ton époux; taehe d* 50uPable' maïs il ne que j'ai approuvé autrefoisdemf"[mon[er ""penchant peut être que funefte t^^ p -qm maintenam Cielm'aitlaifK, ™ c^^tiTT enfant ^ le AMELIE. Montez-moi moins de tendrefTe ii» icumcne, je ne la merite pas. SUF-  ET AMELIE. 33 SUFFOLCK. Mon enfant, ton repentir te la rend toute entiere. Ne me dérobe pas tes lannes, laiflé les couIer fur le cceuTdeIon pere, heureux de retrouver celui de fa fille. AMELIE. Mon pere!.. • SUFFOLCK. i Eh Pourquoi ai-je concu le deflein de te donnet ' ^fnVft re Das pour me procurer une confoMT^JX^S^ Ma fflle, quand tu to me e, tu fentiras le plaifir que fon gpüte k érabhr fes enfans; tin vieillard entoure de fa familie femble dérober une patrie de fon exiltance a la mort .... SoitSïe PrivePr de cette jouiffance? guWhj de toute ta tendrefle; e n'ai plus que peu dmltans a vrvre & tu peux les rendre li fortunés,que ces derniers momens vaudront ma vie entiere. AMELIE. Vos bontés déchirent mon cceur... j'aurois préféré votre févérité. SUFFOLCK. Pourquoi? pourtelivrer ^ ment aue tu dois combattre.... Ma luie , ouvre les yeux; oublie Montrofe: Cromwel a jure fa perte. AMELIE. Ah, mon pere!... Cromwel- SUFFOLCK. Sacrifieroit tout pour 1'avoir en fa puiiTanee. ' c AME-  34 MONTROSE AMELIE a part. UXJ lG moindre re^d Ie perd pour toujours. SUFFOLCK. AMELIE. Voüsm'aimez, mon pere? SUFFOLCK. AMELIE. JSLtïJZT"™ qU'™^ votre SUFFOLCK. t£c£F remp0rKra' demai" J**« te tronver AMELIE. Demaind™ain, mon pere ó Ciel!.. SUFFOLCK. SCE.  È T AMELIE. 35 s c E N E V. LES PRECEDENS, STAPLEY. STAPLEY dans le fond du Thcatre. ]V1ilord... fai deux mots a vous dire. SUFFOLCK. Que voulez-vous fitard, Stapley? * STAPLEY. Vous rendre un grand fervice; fuivez-moi. SUFFOLCK. Maehere Amélie!... je te lailfe, fonge que ton fon dépend de ta foumiffion.' 10" V (11 fort avec Stapley.) SCÈNE VI. AMELIE, FANNY. AMELIE. Ah, Fanny! faut-U que je retrouve le Cceur de mon père au moment oü je 1'abandonneI... Moi fuir! FANNY. Cédez, Miff, cédez * de fi juftes regrets; il en  36 MONTROSE eft ten» encore, rentrons, mon Amélie, ne réfiiW pas a la voix de la nature. z AMELIE. . Ah,!Xe-,era,is' tout me condamne;... mais Montrofe! Voila donc les fuites funeftes de f efrrftde parti! Stiffolck fidele a fon Roi feroit itni df mon mon pere **P°a P3S to douleur d'abandonner FANNY. h£*v32f' A^éUe'ce ^ue ie ftó pour vous : nJa ! voda donc le pnx de la confiance dont Milord a bien voulu mhonorer; c'eft pour fuir avec vous de a maifon paternelle que je vous ai re9ue dans mes bras! pourquoi vous perdre? AMELIE. Plus le moment approche & pJlls mon cceur eft combattu; mais Montrofe n'a jamais été plus e7dan' ger'•&fi,f°^refuS Ie livre a Cromwel....- K que je ft» file dénaturée pour être amante fidelIe / fë vs oute 1 horreur du projet que j'exécute, & je ifai pas ia force de m'en défendre. J P SCÈNE vil. AMELIE, MONTROSE, FANNY. MONTROSE. Est-ce vous, Amélie?.... AME-  ET AMELIE. 37 AMELIE. , O Ciel! c'eft Montrofe! MONTROSE. Oui, c'eft ton amant, viens, tout eft prêt;ne perdons p'as un feul inftant. FANNY. Amélie? AMELIE. En fais-je aflez pour 1'amour? cruel! MONTROSE. Tu pars avec le nom de mon époufe... Le temps preffe, viens, fuis-moi. AMELIE. n faut quitter ces lieux... Mon pere, recois au moins les adieux de ta fille. MONTROSE. Précipitous notre fuite Mais quel bruit! FANNY. O Ciel! nous fommes perdus! MONTROSE. Tout eft découvert.. . mais je vendrai cher ma vie. . • AMELIE. Cruels! refpeaez fes jours... Dieux! ... mon pere! C 3 SCE'  33 MONTROSE. S C E N E FIII. LES PRECEDENS, SUFFOLCK SOLDATS. rtOLCK> _ SUFFOLCK. Xndigne Amélie.... tu me tr*h; 1'épouie que tu rnÜil^^^^ me crois coupable, je t'X mn r m'Cn- Si tu Pas tes fureurs juiques' fur Améfie! ^ SUFFOLCK. AMELIE. Mon pere!.... SUFFOLCK. Pfes-tu profaner ce nom ? tremble perfide. MON-  ET AMELIE. 39 MONTROSE. lp crovois fcnfible a la prae. V* ., .„•. :i „p te 5S, infidele aux _^*Jff£'££ de SórreürSs Lu cceur eft du moius fans remords. Adieu. gilfort.]) s C E N E IX- LES PRECEDENS, SURREY. SURREY. MAtHEüREüx! r^vetroptard', le crime eft Smmé... ah! Montrofe! SS'fl fuivra fon pere fur 1'échaflaud. SURREY. Suffolck, la fureur vous égare; vous pourriez vous couvrir de cette ignomime? SUFFOLCK. En livrant Montrofe a Cromwel, je fers ma parrie & mon reflentiment. C 4 SUR'  40 MONTROSE SURREY. Vous vous deshonorez. AMELIE. Je tombe a vos pieds. SUFFOLCK. Crains d'irriter encore ma colere: AMELIE. . Elle eft jufle & je viens m'y livrer: puniflez mni Je ne m'en plaindrtd pas. Mafs ne fouiliez Fas™e' gloue;.. rendez la liberté a Montrofe. ' SUFFOLCK. Quoi! jepourroislui pardonner? non, il mourra. lui rendre Ia liberté; SteSSiTSdSS^S? fi? lindigjie, 1'infame Stapley a cru me fervir e, mettl obftacle au pro et de Mürttmfi. m„; • m«tant tratt de vertu qui va vous honorer a vospr^prS SUFFOLCK. Ne me parlez plus, Surrey d'épargner les jours de 1 homme quej e d:tefte le plus. V 1 de syPv-  ET AMELIE. 4* SURREY. Tai caufé fa perte... c'efl: un rival qui vous parle en faveur de fon rival; je fais plus fans doute que ce que i'exige de vous; vous me faurez gré d'avoir empêché votre premier mouvement; je vous connois, Sulfolck, fi vous alliez dénoncer Montrofe, je ne vous donnerois qu'un jour pour fentir le remord. SUFFOLCK. Eh bien • je pourrai me rendre... mais c'efl: a une condition. Amélie, c'efl: le feul moyen de me défarmer. ( AMELIE. Que puis-je faire? SUFFOLCK. Reconnoitre a 1'inftant Surrey pour ton époux & demain aller a 1'autel. La liberté de Montrofe eft a ce prix. AMELIE. II vivroit!... il feroit libre!... oui, mon pere, je fais ferment de vous obéir. SUFFOLCK. Te vous immole mon reffentiment, & je veiixbien céder a vos inftances. Ma fille, tu vois ce que « faiT? ie détefte Montrofe, il eft en mon pouvqir, & e vai lui rendre la liberté. Tu dois fent>r comb.en Ken coüte; mais je te montre un exemple que tu ne pe^ réfufer de llüvre. Je fors ^ur temyna Parole, & j'ai Heu de compter lur la tienne. loru) C 5 SCE'  42 MONTROSE SCÈNE x. AMELIE, SURREY. SURREY. i.Vxiss vous me rendez aflp7 do ;„n-;„ gnez de fuivre les völontés de vo™ oere ■ '• moins le bonheur de vous ^^^S» du AMELIE. Ah! Surrey... vous me rende7 Ja vto r> • * Cée de brifer ,es liens qui S I MorSoVe meTjourf8 d'Un f?*» * ^ ^êol donVez!rmVs SSb^ * SURREY. Vous me voyez partager vos allarmes; Stanley ne S eft peut etre pas contenté d'inftruire votre pere. AMELIE. Ciel! 0 Cromwel apprend que Montrofe eft dans cesheux! Oü courez-vous, Fanny? SCE-  ET AMELIE, 43 SCÈNE XI. LES PRECEDENS, FANNY. FANNY. IVliss, rappellez votre courage! Milord, volez au fecours de votre ami! SURREY. Suffolck manqueroit-il a fa parole? AMELIE. Mon pere auroit-ü'livré Montrofe? FANNY. Non, mais il n'eft plus en fon pouvoir, AMELIE. O Ciel!.., FANNY. Des Satellit.es de Cromwel viennent d'arriver en foule, Us ont arraché Montrofe des bras de Suffolck, qui lui rendoit la liberté. AMELIE. Milord, j'implore votre affiftance... vous vous de- vez  44 MONTROSE vez a vorre ami... aliez trouver le Protefteur i„ va>s embraffer les genoux de mon pere touché' de mon defefpo.r, il joindra peut-être fes fo licuatioï aux votres & vous obtiendrez la grace deM^nTo! reüfeAméle ' ^ fldé de Ja s c E E X I f, SURREY, STAPLEY. SURREY. L>'EsTcefcélérat de Stapley qui caufe tous no, malheurs; ma» je crois l'appeUoir... oTaJlez? STAPLEY. C'eft vous, mon ami.... j'allois chez Suffolck. SURREY. Vous vanter apparemment de 1'action que vous venez de commettre. ! 1 ve STAPLEY. Jai fervi 1'amitié. SURREY. Tu la deshonores, STA-  E T AMELIE. 45 STAPLEY. Quand vous ferez moins prévenu... SURREY. Tu veux excuferune lacheté; un galant homme ne fe pardonne pas même une foiblefTe. Eh! qui n en a pas? Dans la douleur j'ai été foible envers vous, & vous en avez abufé pour caufer la mort de mon ami. STAPLEY. J'ai voulu prévenir votre perte & fervir ma patrie. SURREY. Tu veux cacher ton attrocité fous le voile de 1'amitié? infame! tu n'es pas fait pour la connoitre; vas, je lis dans ton coeur, ce n'étoit pas 1 amitie que tu voulois fervir, c'étoit 1'ambition, la hame. lu as perdu Montrofe paree qu'il fut ton ennemi; tuascru que Cromwel récompenferoit le délateur; mais apprends que les tirans même profitent de la traniion óméprifent les traitres. STAPLEY. Surrey, ménagez des difcours... SURREY. Te ménager, toi 1'initrument du malheur de Mon-' trofe, toi qui me fait fentir le remord de 1'avoir trahi toi fans lequel j'aurois pu vivre malheureux, mais au moins avec mon innocence! je ne te vois plus que comme un monftre affreux dont il faut purger la terre. STA-  46" MONTROSE STAPLEY. amf.!f,eneft^'&i'°« que je fus votre SURREY. bMo„ami! ce „om eft profané en fortant par ta STAPLEY. J'aurois pardonné votre égaremenr s'ïl nw* • dure; mais vous m'infultezfuandïVo s '"^ moigu.vousendemande iK'^vSno?' SURREY. «Ap^^ manl^vie; mais fi le C e efl.uZ ?' ?Ue de m «er ^ gouter le plaifir dëtetltförvll^* me fe' malheureux ami... Sortons Vlft™e a mon Fin du Second Me. AC-  ET AMELIE. 47 ACTE TROISIEME. Le Tbcdtre repréfente une Prifon. SCÈNE PREMIÈRE. MONTROSE feul. Qen eft donc fait!... plus d'efpoir; le plus affreux réveil fuccède au fonge qui me promettoit le bonheur. Amélie, je te perds pour jamais. Au moment oiï je croyois recevoir ta main... C'eft le coup mortel qui tombe fur ma tête. Je vais fubir le même fort que mon pere, j'efpere montrer le même courage ; mais je fens qu'il m'abandonne quand je me repréfente Amélie défefpérée, s'accufant de mon fort, & prête a mourir du coup qui va tenniner ma vie... Dieux! donnez-moi la force d'écarter ce funefte tableau !.... Que vois-je? c'eft toi Surrey! SCÈNE II. MONTROSE, SURREY. MONTROSE. JVl o n infortune ne réfroidit pas ton amitié! Com-  48 MONTROSE Comment ofes-tu pénétrer dans des lieux dévoués 5 la tirannie? SURREY. J'y viens remplir mes devoirs... je fors du Palais oü je n'ai pu encore parler a Cromwel. MONTROSE. Ah! parpitié n'expofe pas tes jours pour fauver un malheureux.... Hélas! un feul initant de plus ie fuyois avec Amélie... Ah! mon ami, fins doute on m a trahi. SURREY. Oui, tu 1'as été. MONTROSE. Quel homme afTez lache? SURREY. II eft devant tes yeux. C'efl moi qui t'ai précipi té dans cette prifon, qui t'expofe a la mon, & oui doit m en punir... . > i « MONTROSE. Toi Surrey!... non je ne puis croire. SURREY. La douleur m'a fait révéler ton fecret; finfame Stapley en a profité pour être ton délateur: le Ciel yient de permettre que je 1'en punifle; mais quel fera le chatiment de mon indifcrétion ? MON'  ET AMELIE. 49 MONTROSE. Quoi! Surrey!... quandjé t'ouvrois moh cceur... SURREY. Tu 1'ouvrois a ton rival.... Apprends que j'allois époufer Amélie au moment de ton arrivée en Angleterre; juge de 1'impreffion qu'elle a dü faire fur moi? concois 1'état violent oü tes confidences memettoient; cette agitation, ce trouble que tu attribuois a 1'amitié; c'étoit de la rage, du défefpoir; vingt^ fois j'ai été'fur le point de te trahir moi même; il m'a fallu le plus grand efFort de vertu pour réftfter a ma jaloufie; c'eft elle qui m'a rendu indifcret. Te voila dans les fers & c'eft mon ouvrage. Ah! je fens qu'apres eet aveu que le remord m'arrache, je vais être en horreur a 1'amitié comme je le fuis a moi-même. MONTROSE. Toi mon rival!.... ó Ciel! & c'eft un ami!... voila le comble des maux. SURREY. Oui, fans moi tu ferois heureux!... MONTROSE, Je polféderois Amélie!... SURREY. Je fuis un monftre indigne de pardon. MONTROSE. Tu m'enleves tout ce que j'aime;... tu me pri-  5o MONTROSE n'eft pas dansjes tZ^£^Z*^. £? ne... je te rends juftice,... tu as S „h« ? -m hai' coupable. as 6té Pius fbible que SURREY. Quoi.' tu ne me hais pas? MONTROSE. un^\\!7enPa?bSiVer%k ^ Surrey. ln'"'' Vlens da"s mes bras, SURREY. Répéte moi que tu me pardonnes T„ , 'amour, tu fais quel eft fon empire fi ie 1 r °'S le plus coupable des hommes «V- J "e flusPas plus malheureux. nommes> Je fuis au moins le MONTROSE. redoute fa douleurplus que SSS^S^^ SURREY. Amélie , livrée au plus affreux défefpoir, s'accufr detrela caufe de tes malheurs; tantót fexcé de & douieur lu, ravit 1'ufage de fes fens; tantót ele t'aï pelle embrafte les genoux de fon pere, lui jure cue luTombear ^ C'alTaChera 13 *^ * la MON-  ET AMELIE. 5* MONTROSE. Ah! c'eft tout ce que je crains! chjfts Angel « luaux augmentent les miens... juge fi je: teftme en core' c'eft a ton amitié que je la confie; ceft tol que je charge du foin de la confoler dé ma perte. SURREY. Te brüle de réparer mes torts... Suffolck lui-même eft attendrirce n'eft plus ce pere inflexible qui veut IScre' fa fille , c'eft u/pere tendre qui t che d'effuyer fes larmes, qui ne voit plus en toiquun ami qu'il avoit choifi pour gendre dans des temps plus heureux: enfin tous les cceurs font pour toi. MONTROSE. Hors celui du Tiran qui me tient fous fa puiffances SURREY. Tefpere 1'attendrir; 1'amitié va me donner cette perfuafion qui fait émouvoir. Cromwel ne réfiftera pas a 1'afcendant que donne la vertu. Je lui pemdrai mes torts; l'amitié outragée & malheureufe par ma faute; mes remords le toucheront.... & j aurai la mee de mon ami. Adieu, les momens font chers, fe m'arrache de tes bras pour te fervir, & je reviens avec ta liberté, ou je meurs avec.toU J) 2 SCE*  52 MONTROSE. SCÈNE lil MONTROSE, HENRY. H E N R Y. Ah! mon cher Maitre! dans quels Iieux faut-il que je vous retrouve ? MONTROSE. Henry, mon pauvre Henry, c'eft toi! je te cro. yois victiine de ton attachement pour mon pere. HENRY. Je dois Ia vie a mon obfcurite', mon fang eft trop abject pour intérefler Ie Protefteur. Après avoir rendu les derniers devoirs a votre malheureux pere on m'a rendu la liberté. , ' MONTROSE. Eh! comment as tu pu venir dans cette prifon? HENRY. T L'rÏT^6 ,V°tre déKntl0n s'eft dé& re'Pandu dans Londres, &plusencore, mon cher maitre, celui du fort qui vous attend; vous croyant en Francè je n'ai pu dabord ajoüter foi a cette nouvelle, il a fallu qu elle me fut confirmée; alors je „e balance pas ë prends fur moi tout 1'argent que je poftéde dans e deflein d'en faire facrifice au Geolier pour obS la li-  ET AMELIE. 53 liherté de vous voir un moment; je vole a la tour; •f roir au" Cromwel n'imagine pas qu'on puifle A\Km\tfi on m a con luit: oc je gouce ie P5edeTouvot'offdr I mon jeune maitre tous les fecours dont il peut avoir befoin. MONTROSE. Ah! mon ami! je les «^"^J^. les même, devoirs que «as ^ ZZ^- HENRY. Si jeune perdre la vie! Ah ^dJ^e^ f°nn ^'^"S^' lotrfexiaance, ^ntdeff^. voila tout ee qut vous refte. MONTROSE. de 1'équtté. Tot on tard o P apr-s 3 ^ del'a H* *fe fujet dott a Ton Roi. HENRY. TOM pere. II nes »e™ ' >olltlo„ en moucruauté de Cromwel. D 3 MON-  54 MONTROSE MONTROSE. dolatrois; eh bien eet amour n'a fiit f'cV^ encore par 1'abfence; j'ai tout bravé TolAnf revoir Amélie Amélie.' qu'elle dok S douleur!... Henry, mon cher Henry, quandie n*. fonrS: W ï dinS qT mo" deTnieffoupr fu pour elle, & que je la conjure au nom de r7 mour, de furvivre au coup affreui qui nous fépare! HENRY. Ne puis-je donc me livrer a 1'efpérance? Le généreux Surrey... r"*"*^ i,e MONTROSE. re IrZf cfa PertÊ ?"S pouvoir me faurer; mon pere a rrop fait connoitre a Cromwel ce qu'il avoit k praindre des Montrofe! Celui qui a fait lembllr "on tiran n'echappe pas a fes coups. SCÈNE r F, LES PRECEDENS, SUFFOLCK, SUFFOLCK. Je fits ton ennemi, Montrofe, mais tes malheur»™, Jouffi mes fentimens de haine tu me vo? af£ du Rrg,* & vais tout tenteert MQN-  ET AMELIE. 55 MONTROSE. SUFFOLCK. Non, Montrofe, celui qui dans le P«™«^ J j fa Colere vouloit vous denoncer a Cromwei, val je Jr iiApieds Pour implorer votre grace. MONTROSE. maisjadore Amdie. ui h é e vais je fuis, il eft digne de pitie!... SUFFOLCK. jecroyois trouver ici Surrey? MONTROSE. Ilvient de me quitter pour aller implorer Crom- wel. SUFFOLCK. • • i« i ini &'i'efpere vous apporter le vais me joindre a lui, ct ] d'heureufes nouvelles... MONTROSE. wei! vous favez s ü fait paruonnei. cQn  56" MONTROSE ******** SUFFOLCK. nonTr/a^qUeI'arrétde mort e{i dés long-temps pro flexible. °nt efpCTCr s ^e ;al^t0us les biens du monde des ncheffe , manquerw moins ^ auprès du plaifir d^ tranqdlle.^ Montrofe, au *'"SCS mes inftances; laiife-moi le nom de lamme, ceue être gSS^ le * ^moment demaVie' MONTROSE. Oui tu m'attendris, Surrey.... Ouvre-moi ton fein po'ur y laiffer tomber mes larmes. SURREY. Ne perds pas de tems, fors de ces lieux. MONTROSE. Te fens tout le prix de ce que tu veux faire pour Ji; mais ne me' crois pas aflez lache pour y confentir. sURREY. Fh bien, puifque rien ne peut vaincre ton opintè,refé que m préferes une gloire chimenque au plaifir de rècevoir de moi la liberté, je te fuis au fupplice nü 1'on va te conduire, & la tu me verras me pumr l tes yeux d'avoir caufé ton malheur. MONTROSE. O ciel! au nom de 1'amitié.... . §UR_  te MONTROSE SURREY. Laconnois-tu barbare?... fa„,;i n„„ fok moi qui teparle d'Améle/iJ tl Ta0'6 Ce ^ pour la vok & tu le reïS?..; e moveiï MONTROSE. ceAméliel...cruel! quel nom vien,ru de pronor, MONTROSE. Ah! que tu connois bien ma foibleïTe" m ra,v , pouvoir de ce nom facré ! eh hr>n vT™ V fils Je & je vole aux pieds cfAmi ift Urlemp0rte' que je devrai ce bonheurfÏÏ ne cL °Ie 3 toi puifle un inftant oublier m'on devoir. ^ qUe SURREY. MONTROSE. Ah! mon cher Surrev' ftiirfi ™ ■0. Monroft, «JSlRSfiSa *?  ET AMELIE. 63 s C E N E Vil. SURREY feul. crifice que 1'amitié vient de faire. SCÈNE VUL SURREY, HENRY. HENRY. TVliLORD, tout eft perdu! rappellez votre couïïerÓn vient vous chercher!... Mais que voit-je? qu'eft devenu mon Maitre? SURREY. Tefpere mon cher Henry qu'il eft en fureté!.... HENRY. nuoi Milord, vous auriez pu fauver votre ami? Ah! je tombe a vos pieds! SURREY. Releve-toi Henry on vient, garde le filence..... SCE.  6*4 MONTROSE SCÈNE IX. SURREY, HENRY, GARDES, ü N GARDE. o r d , il faut nous fuivre. HENRY. (Surrey met le cbapeau de Montrofe Cf fort en baiffant la tite. Mon étonnement me laiffe a peine la force de f«s compagner. Ftn du troifieme Aüe. AC-  et amelie. 05 ACTE QUATRIEME. SCÈNE PREMIÈRE. SUFFOLCK feul. JEvoudroisme cacher a moi-même Ia réception de Cromwel; quels regards il a lancé fur moi, quand je lm aiparlé de Montrofe! Je ne fuis donc a fes yeux qn'un vil inftrument dont il s'eft fervï pour parvenu * la grandeur fuprême! Fai'tes votre devoir fm a-t-n dit avec févérité), & ne venez pas demander la gr ace de ceux qui lont trahi. Je ne lui fuis plus utile, il eft ingrat; voila les hommes! S C E N E II. fanny, suffolck. suffolck: Que cherchez-vous Fanny?..... que fait ma^filje? pourquoi ce trouble?que venez-vous m au. n0nc£r? fanny. Ah, Milord! Amélie, après 1'agitation la plus violente eft tombée tout-a-coup dans un anéantiffement profond, qui m'a fait craindre pour fes JOW»..,».j  ■ 66 MONTROSE Mais aprés avoir repris fes fens elle m»« m. > „ SUFFOLCK. Ciel.' que fera-t-elle devenue? FANNY. Le défefpoir oü elle étoit redouble mon inquiétude. SUFFOLCK. Ye^PPareo,S fefc de M°ntr0fe aura veux. Quel fpeétacle pour elle!.... Que n'ai ie pas fait pour le lui dérober? V ] F A N'N Y. ne/6 ^«W*^ j'auroisJdü ne ,a P™t abandonAmélie J S entendre- Ah-' Milord, c'eft SCÈNE III. SUFFOLCK, AMELIE, FANNY. AMELIE. Ah, mon pere! mon pere, j'ai donc tout perdu? SUFFOLCK. Le Protecteur peut encore s'attendrir. AME.  ÉT AMELIE. U AMELIE. Je n'ai pas même la douceur de rdpte. je viens de le voir, ce tigre impitoyable Je lais tout. Montrofe va périr SUFFOLCK. Quoi, ma fille? AMELIE. . Oui, ie viens de me jetter aux pieds du Protec- teur; pardonnez, j'ai ^é }\h[ef^celTLmé mou au défefpoir m'a conduit, & jai tout t en té ï'ai ofé croire que Cromwel feroit affez genéreux pour accorder a mes prieres la grace de Montrofe, mais il eft fans pitié.... J'ai tu dans fes yeux le plaifir que lui caufoit la perte de mon amant; il ma vu mourante a fes pieds, & fembloit jouir de ma dou™ . Ah! mon pere, voila 1'homme que vous avez préféré a notre légitime Souverain! SUFFOLCK. Le coup mortel n'eft pas encore porté. AMELIE. 11 va 1'être, & c'eft moi qui fuis caufe de fa mort. SUFFOLCK. Amélie, ma chere Amélie!.... Toute efpérance n'eft pas encore perdue ? — AMELIE. Dé Fèfpérance, je n'en ai plus.... E 2 FAN-  68 MONTROSE FANNY. Mifs, ne rejeitez pas nos foins; vivez pour votre pere, je n'ofe pas dire pour moi; voyez dans quel état nous réduit votre douleur. AMELIE. Laiflez-moi, j'ai tout perdu! SUFFOLCK. Cruel enfant, ne te refte-t il pas un pere! AMELIE. Demandez-moi ce que vous voudrez (me dit-il), & le barbare fait bien qu'il m'aflaiïine, en me refufant la grace que j'implore. SUFFOLCK. Amélie! AMELIE. Sans le nouveau malheur qui nous accable, Montrofe vous eüt attendri; il feroit votre fils: vous etifiiez eu deux enfans pour vous aimer... Cruelle différence!.., Son fang va couler.... Ah! Dieux quelle affreufe image! SUFFOLCK. J'efpere encore de la générofité de Cromwel. Si Montrofe échappe au fort qui le menace, je te jure qu'il fera ton époux Mais enfin, fi rien ne peut fléchir le Protecteur, ton cceur tout déchirè qu'il eft, doit s'occuper encore de moi;aie la force de fuppor- ter  ET AMELIE. 69 Tnll amant t'auroit confolé de ma ^^■^^^ obtenir de tol que tu vives pour lui? AMELIE. Mon pere, m'aimez-vous? SUFFOLCK. Monexifteneeeftattacbéealatienne,&tu»ne demandes fi je t'aime? AMELIE. J™ine7-m'en donc la preuve Eh bien, «MP».J^JSSte fortdeMon; la plus füre! Je ne pms m aveug expire, Jfe; ü va pen ^g^^ , fa prifon..... Guidez mes pas J^blajM ce ^ m. £t PdrboSr;T«d°prix feul je puis vivre pour vous. suFFOLCK. AMELIE. Joi Mnn pere, que j'attende que Mon?Ue )rrius ^uoi!P e ne^ecueillerai point fon SS^&IP pas d'un inftant- SUFFOLCK. £• 3  ?o MONTROSE fibilité. Si Montrofe eft condamné fans retn,,,irons enfemble lu| dire les dernicrs adeix°l ,'nous ina fille ce que'je fais pour toi: S0SieTS t'amie, & fi tu dois te conferverpS'jj ne peut exifter fans toi. (II fort.) q SCÈNE iv AMELIE, FANNY. AMELIE. Sl anky, nous fomrnes feules. Profimn.: d„ inftant. Volons a la tour. «ontons de C6t FANNY. treQpëri? ^ V°US n'attendrez Pas ,e de vo- AMELIE. Mon pere redoute 1'excès de ma douleur &chPr che en s'eioignant a éluder fa nrnrnpffi, 7'r r" fon abfence: viens. Pnmefle, profitons de FANNY. ^ Vous voulez que ce foit moi qui vous donne la AMELIE. '1 7eux voir Montrofe; je ne puis funonr ter 1'tdée d'étre éloignée de lui...'.J Je n'e vo s que mon amant. Je voudrois après favoir vu, que S- cès  ET A MIE L IE- 71 FANNY. Te fuis prête a donner ma vie pour vous; mais je „eWpasexpofer la v6tre. AMELIE. r io r^nrfli le courage de pénétrer dans bïn' f!nit^Sends du b?uit. Dieux, vientonSóncenue1 Montrofe n'eft plus? S C E N E V. MONTROSE, AMELIE, FANNY. MONTROSE. Non, iljouit encore du bonheur de te voir. AMELIE. CielüefuccombeU'excès demajoie! MONTROSE. 0ui, .eft ton ^^^fSèS^R fon cceur. _ . X AMELIE. Ceft toi, Montrofe? Quel Dieu te rend a la malh.ureufe Amelie! ^  P* MONTROSE. MONTROSE. Celui de 1'amitié. C'eft Surrey; il m'a procuré lesmoyens de fuir.... Depuis une heure je mi che eu tremblant dans les rues de Londres 'c a Jan i chaque inftant d'étre reconnu.... j'ai vu ffid que le Tyran a fait drelTer pour moi ... Enfi,2 mille dangers, le Ciel a permis que je v£?S «Sfit reV°iS' & je me ftnS le courage de bm! AMELIE, Eloigne cette affreufe idéé, cher époux. Sonore que je ne vis que pour toi; je te tiens dans mes brasg Tes malheurs excufent bien 1'excès de mon amout'" MONTROSE. Amélie! AMELIE. Je fuis donc avec toi! MONTROSE. Je ne croyois plus goüter Ie bonheur J AMELIE. Je n'implorois que le trépas. MONTROSE. La mort m'étoit affreufe, fans t'avoir vue. AMELIE. Eh! pourquoi notre bonheur eft-il empoifonné par la crainte de ton dangerP... Tant que tu refpirem dans Londres, chaque inftant peut te ramener a 1'é":. * cha-  ET AMELIE. 73 ^ MONTROSE. Te ne le puis 1 AMELIE. L'amour te le commande. MONTROSE. L'honneur me le défend. AMELIE. Que veux-tu dire? MONTROSE. , tM mieres font des ordres, tu le Chere époufe, tes Fieres is fobéjr. fais; mais dans eet inftant, ]e ne Pu AMELIE. Que prétends.tu faire? * MONTROSE. Mon devoir. AMELIE. Cruel! en as-tu d'autres que d'affurerma tranquilli- é ? MONTROSE. Tu fais a quel point tu m es cneic un facrifice impolïïble. AMELIE. Impoflible! en eft-il a gmour? MON»  74 MONTROSE MONTROSE. Oui. Quand ce qu'il commande nous déshonore! AMELIE. De grace, explique-toi. MONTROSE. Eh bien! apprends a quel prix je jouis de ma liberté. J allois mourir; Surrey vole a la tour m'offrc les moyens d'en fortir, me force de les acc'epter & a la générofité de fe mettre a ma place. AMELIE. O Ciel!.... MONTROSE. Son ame fublime a été capable de eet efFort Mais il eft expofé au même fort qui m'artendoit; me' crois-tu alfez lache pour fuir dans un pareil inftant? Je connois ton amour; mais je connois ton cceur' Seras-tu alfez foible pour me le confeiller? AMELIE. Je fors du tombéau, & c'eft pour y rentrer.... SCÈNE r I. SUFFOLCK, AMELIE, MONTROSE, FANNY. SUFFOLCK. -IV jf a fille!... Toi Montrofe ici! Que n'as-tu prc^ ké de ta liberté pour quitter l'Angleterre ? MON-  ET AMELIE. 75 MONTROSE, Suffolck, de grace, inftruifez-moi du fort de Surréy 1.. •«i SUFFOLCK. Par pitié, ne m'interrogez pas. MONTROSE. Au nom de famitié, parlez. Daignez m'appren- ^re Votre filence me fait entrevoir le danger de mon ami; je cours le délivrer. SUFFOLCK. Ah! Montrofe! MONTROSE. Suffolck, rompez donc ce filence fatal, ou je vais & 1'inftant même reprendre mes fers. SUFFOLCK. Malheureux!... Qu'exiges-tu ? AMELIE. Mon pere Quoi, Cromwel ?.... SUFFOLCK. Eft un Tyran implacable; il a refufé de me voir. MONTROSE. Auroit-il condamné Surrey ? SUFFOLCK. Tallois encore folliciter ta grace; je vois un^on-  ?6 MONTROSE cours de peuple qui fe porte vers Ie Palais; j'en demande la raifon, j'apprends ta fuite & 1'action héroïque de ton ami... On 1'avoit conduit a 1'échafFaud, Ie prenant pour toi; mais reconnu au moment de 1'exé^ cution, elle a été fufpendue. On ignoroit la caufe de eet échange, quard Surrey rompant tout-a-coup le filence:,, Peuple, s'écrie-til, je fuis un monftre;j'ai „ trahi mon ami5 mon indifcrétion a livré Montrofe; „ j'ai eu le bonheur de réparer ma faute en le fau„ vant, & je viens mourir pour lui; qu'on me porte „ le coup qu'on lui defh'noit: voila ma tête." Le peuple applaudit, en criant qu'on lui rende la liberté. Cependant les fatellites de Crom/vel Ie conduifent au palais; il marchoit comme en triomphe au milieu du peuple qui le bénilToit: fes cris redoublés demandojent la grace des deux amis; (tant il eft vrai qu'une adlion généreufe intérene tous les cceurs!) Cromwel feul eft inflexible; Surrey qu'il aimoit devient fon ennemi, en lui raviflant fa vi&ime; 11 fe livre a fa rage; ^ foulant aux pieds tout fentiment humain,' il ie condamne a mourir pour toi, fi dans deux heures tu ne reparois pas. MONTROSE. Dans deux heures; ó Ciel! il pourroit avancer Ie moment. Adieu, chere Amélie, je vole oü 1'honneur me rappelle. AMELIE. Montrofe, cher époux! MONTROSE. Vois Surrey traïné pour moi fur un échafTaud! voisle mourant pour fon ami! & j'aurois la Iacheté de ne pas voler oü 1'honneur m'appelle! Adieu, chere Amélie. Je t'adore plus que jamais, mais 1'amitié 1'emporte... Mon pere, mon pere, lauvez la de fon défefpoir, & fouvenez vous du malheureux Montrofe. Adieu, adieu pour toujours. 6CE~  ET AMELIE. 77 SCÈNE VU iSderniere. Non, 1'amitié te rend a 1'amour. AMELIE. , ie vous dois mon Quoi!...- Surrey! le époux?..- MONTROSE. Cher ami, je puis t'embraffer encore!.- HENRY. Moueher maitre, je vous revois! SUFFOLCK. Cromwela.donc été généreux? SURREY. . mo liberté qu'a 1'amour du peuple; c'eft AMELIE. Vous nous fauveza tous la vie. 1 SURREY. Tai dit aCromwe! que tuavoisunvaiffeau tout  73 MONTROSE prét pour ta ftritei g te cr • , , voulu ra'en punir *£SZS^rk-& n 3 pour moi, guand je penfoiSr°" d'afFreux toro envers mon ami! q 6 reparoit tous mes MONTROSE. Ah! Surrey- tu en as trop fait! SURREY. Je ferai d'avantaa-e & pü toi.. Profitons de Tenrhoufiairïwfflei?e i