:M8 d2i   L'HEUREUSE E R R E U R, C O M É D IE.   L'HEUREUSE ERREUR, C O M Ê D IÉ, EN UN ACTE ET EN PROSE. Par J. Patrat. R epréfentée, pour la première fois, par les Comédlens Italiens ordlnaires du Roi, le zz/uillet 1783. A AMSTERDAM, Et fe trouve a Pari s , Chez B run et, Libraire, rue de Marivaux-, a cóté de la Comédie Italienne. „— =^^====a. M. DCC. L X X X I I I. Avec Approbation & Permifftotn   A MADAME LA MARÉCHALE DUCHESSE DE RICHELIEÜ. JMLadame, Vo V s ave\ daigné me permettrc de vous préfenter publïquement ce foible tribut de mort -{ele : rien ne peut égaler ma vive reconnoijjance, que le regret que j'ai de ne pouvoïr la faire éclater. Eh.' pourquoi mm-  pofer un fiknee rigoureux? Dans cefiecle oh la bienfaifance efi la vertu favorite, ma voix, en faifant votre éloge, auroit été l'écho de tous les cceurs : je dols obéir, me taire, & jouir, en rougijfant, d'un honneur que je nai pas encore mérité. Mais comme un rayon de foleil fuffit quelquefois pour faire éclore une fleur qui n auroit pu naïtre fans fon fecours , votre bonté bienfaifante va mélever au-deffus de moi-même; & fi je parviens jamais a mettre a vos pieds un Ouvrage digne de vous être offert, cejl a vous que je devrai ma gloire, elle en fera plus chere a mon cceur. Je fuifj avec le plus profond refpecl, MA DAME, Votre tres - humWe & trèsobdLTant ferviteur, J. Patrat.  AVER TISSEMENT. Toutes les fituations font indiquées au commencement de chaque Scène : le perfonnage dont le nom fe trouve placé le premier , doit être du cöté de la Loge a&uelle de la Reine, c'eft-a-dire, a la droite des Acteurs, & les autres vont de fuite. Cette méthode, inventée par la Noüe, eft la plus fimple pouxindiquer, & la plus facile a fuivre.  PERSONNAGES. La COMTESSE DELFORT, richt veuve de dix-huit ans, retirée du monde t> vivant dans Jon ckdteau. Elle eji en négligé £aland- Mme. Verteuii. SOPHIE DELVAL, riche héruiere, &emeurant dans un chateau voifin de celui de la ComteJJè , habillée en payfanne. Mme, Julien. LISETTE, Femme-de-chambre de Sophie Délval, placée par fon ordre cheila Comtejfe, en déshabiÜé. m^ Rayrüond. M. LUVILLE, fiere de la Comtejfe Delfort , jeune komme aimable, enfrac très-uni. Mf Gratige. M. DELVAL , frere cadet de Sopkie, trèsjeune; ilpavoit d'aborden furtout uniforme, enfuite richementparé. - M. Raymond. DUBOIS , vieux Domejlique de la maifon , mis ccmme Dubois, de la Gageure imT^ue. M.Favard. ANDRÉ, Valet ingénu, en vejle de Courier. M. M1NUTE, mis en Notake de Village. JJ.' CoriüT'' La Scène fe pajje dans le fallan de la ComteJJè Delforct  L'HEUREUSE ER R EURj ■tOMÉDIE EN UN ACTE ET EN PROSE. SCÈNE PREMIÈRE. Le Théatre reprèfente un fallon très-orné. LISETTE feule , fortant du cabinet de fa Maürejfe actuelle , de la ComteJJ'e, avec Vair le plus fat'isfait. Otï! pourle coup, ma réuflite eft certaine; me voila re$ue chez la jeune Comtefle , & déja dans fes bonnes graces : elle a donné , tête baiffée , dans les pie'ges que je lui ai tendus; & au vif intérêt que ma maïtrefle paroït prendre a ce badinage, je ne doute point que ma récompenfe _ne foit propörtionnée au plaific que je vais lui faire.  f L'HEUREUSE ERREUK, SCÈNE II. LISETTE, DUBOIS. Dubois. Mademoiseue Lifette, 11 y a U une jeune payfanne qui vous demande. L i s e t t e. Moi? Dubois. Vous-merrie. L i s e t t e. Je ne connois perfonne dans ce Village. 1 Dubois. Elle n'eft pas d'ici; mais elle eft bien jolje! L i s e t t e. Elle fe trompe peut-être. Dubois. Non , elle a bien demandé mademoifelIeLiferce depuis deux jours au fervice de madame Ia Comtefle Delfort & qm fervoit avant mademoifelle Sophie, fille de feu M. le Marquis Delval. LlSETTE. C'eft bien moi ; mais II faut qu'elle attende gadame e'cnt, fa toilette n'eft pas acheve'e, elle  C ö M É D I E. 5 peut me fonner d'un moment a 1'autre, II ne faut pas que je m'éloigne i & je n'ofe faire entrer ici» Dubois. Pourquoi ? Lis e tt e. Madame pourroit y trouver a rediré. Dubois» Elle ? Ah! vous ne la connaiffez pas. — Elle eflbonne... bonne par excellence; & fans fon averiïon pour tous les hommes, ce feroit une femme abfolument parfaite. Lis e t t ë. Mais, d'oü lui vient donc cette haine ? D u b o i s. Ah! elle na pas tout-a-faittork L i s e t t e. Comment? Dubois. J'étois Domeftique de feu fon pauvre pere, & j'ai vu tout cela; a quatorze ans elle eft devenue éperdument amoureufe d'un étourdi dont la fortune, ni le rang, n'étoient p3S dignes d'elle; le bon papa 5 qui 1'aimoit comme fes yeux, n'eut pas la force de réfifter a fes priercs : le manage fe fit, & fon époux la rendit fi malheureufe que ce digne pere en mourut de chagrin. L i s e t t e, Ah! bon Dieu ! Aa  * L'HEQREUSE ERREUR, Dubois. Ce mono-re d'ingratitude , ne lui furvécut pas iiDre s elt retiree dans ce cKfttean, en uromettant de n»y jamais recevoir aucun homme" ? LlSETTE. ■Y a-t-il long-temps que cela dure ? Dubois. Elle n'a vécu que deux ans avec fon mari * B y a plus de dix-huit mois qu'elle eu veuU LtSETTE. n^ffïf. m0I'?! Et cette haine contr« ^s hommes ne s affoibht point ? «"umhcj ÜUEOIS, frerl" nTf 5- e"e Voit ^folument que fon trere, nous nofons pas même Ja fervir ai table, & i une de fes femmes nous parle deux fois.— A la porte. L i s e t t ë. Volei donc notre derniere converfation —. Faites entrer cette fille. D u b o i S. Je vais vous 1'amener, mademoifelle Lifette. (II fort.)  C O M É D I E. 5* SCÈNE III. LISETTE, fade. Personne ne fait que je fuïs iet. — Q"e peut me voulolr cette payfanne ? Quelle foüle de me tourmenter! Eft-ce que je ne vais pas le iavoir i SCÈNE IV. LISETTE, Mademoifelle SOPHIE, DELVAL, DUBOIS. Dubois, è Lifette. Ij a voïla , mademoifelle Lifette. Lisette, trèsfurpfije. C'eft vous, Mad.. .. S o p H i e , tinterromparil & tembraffant enfuue. Oui ma cheré coufine ! c'eft moi. Dubois. Ah ! c'eft votre coufine? Süfrie, bas a Lifette. Prends-bien garde! Aj  H LHEUREUSE ÊRREUR, Lisitte, bas a Sovhie. Tout eft dit. Dubois. Elle eft bien jolie, oui! Lisette, a Dubois* LanTez-nous, s'il vous plaït. Dubois. lavai^ VaS'~Ma:s 3 nyenapasuneiciquï (II fort.) SCÈNE V. LISETTE, SOPHIE. L i s e t t e. TT flÉ, bon Dieu! Mademoifelle, quc venezvous iaire ia dans eet équipage? S o p h i e. Sommes-nous en fureté? L i s e t t e. Le cabinet de la Comtefle eft éloienê* & per, lonne ne peut nous entendre. S o p h i e. Je n'ai pu réfifter a mon impatience. — Com» ment vont nos affaires ?  C O M É D I E, 3 Lisette. 'A merveille! S o p h i e. Tant mieux ! E x T E Je me fuis P^ntïchSl^mt^,^^ choit eneftet une femme-de-chambre, adrojtc, ?ntpn;«nte ' car le projet de la retraite note ja- S o p h i e. Hé bien! ^ ^ * Hé bien! je nai paYeu deerne ^'f^ le premier jour, un coup de pe.gne, donn : avea clégance, ine fleur placée ™c «race , d n en • pas fallu davantage pour me mettre en faveur. S o p h i e. Comment, elle aime encore la parure? Et elk ne recoit que des femmesl Lisette. Cela vous étonne? AU«, Madame , le ptófic propre des femmes. S o p h i e. A merveille! Lisette. Elle m'a demandé d'oü je fortois. - Je vou$ ai nommée.  1 L'HEUREUSE ERREUR, Hé bien? S°PHIE' e« étions convenue" J P°"du COmme nous Ho,'je veuxfavoirtous Ies détaJls< ril Lisette. f "e a commencé par me Hi™» • Ti n . • » etonnant que nous ne „n r " 11 eft biet1 » ayant des tcrres T f°%™ 'anïais vues> - ai fait faire !, ks ,nvJta£l°™ que je lui ^ , Sophie. V« as-tu répondu ? Mafo^Madame^ousnerecevezpointH'f, & votre entêtement fur eet aS? , mes' mademoifelle Sophie 1 6 * Paroft » * table. - cc Ah -Ta n~„ exftravagance infupor- pas lesïommerc^r6"' S°Ph^enecon" - des monftres »?^ü ST' ^ ce font to^ perfuadée que cette aver* MademoikUe eff -op prolongé At ^lT? W fera e'ternelle Eternp!f#o p ?,m?e' m  COMÊDIE. 3 , t>- _ Parle. -*—• Je Staffel |» ittftXo* defirerviveiueut de fevoir ce que |e mourois O de lui apprendre. A merveille 1 Après? vous prouver que v0«VCte'^ntnT tout & n'exécu^ces^e^^^^ fous telU Tfo„ Le — EP-il poffible? Et nom de Ion trere. r ■ t ^ vous elle a meme gage., 1™ ü *le £ joulra enfuite voir, elle fe fera ™« 1 d'avoir eu t^^'Z^ capable de tenir un ferment. S o P H i E. Hé bien?  10 L'HEÜREUSE ERREUK, Lisette. «nd«/; je Ia recevra i £?T3Ue tU vIens de «e '«"-nefe^^ Ie Sj. * recevoir fOUS Oui, Madame. LlSETTE- toila tout ce que je voulois. Lisette. mi/non.^ JC m2 fuis bien ac^ittée de ma com~ S o p h i e. •Onnepeut pas mieux.' S o p h i e. Lisette. rAh!9a!iIvoüSaifne cornme uns &  C O M Ê D I Ê. «« vousrefpede comme unemere^uoKmnnefo, .votre cadet que d'une annee. Comteffe eft jeune, charm*te * ƒ force tiche ; 5 eft dans age ou le b-i ^ toujours a faire un je; choix que depend le bonheur le ctEUC fur un vil objet, les f0.^" ^f?t ~font perdus fans fedéprave, ft ^f^tr Z ^ *ft reffource; mais s il le nxe ïur hs de ble, 1'amour n'eft connu quejbus ^ rinnocence * de h ftgeflb, 1 JP, la vie. volupté pure, & Ion reue r Lisette. Mals i votre frere^imera-t-il » commandement. de mérite, e»e^J^'^Weimpremo, ^r/e^lr^Haire,* Lisette. Comment, a 1'amour? Sans doute,  W fHEüREüSEERRETJR; •Kt • Lisette. Maïs, quand Cous des habiV, A'U gnenez Ie cceur de h C 1dhommes vous g3- *3* Pas plus va cé VOtre frere n?e» fin-inent, 5 n'eft pas p'oSL^'j' v^ ^ble inF« poiiible de s y méprendre. Comment ? TTE' j» ■ . . s o p h i e. commenCda[iolDdrrd'0btenir Une Iet^ de r3- ComtefTe. Jl dot ' ° "eveu & ^re de £ ^•rtnleZX™ aWd'hui ,a Con>! rféfiera pas V , " P°U • üne femme > «" s'en [-virontVdévlpperl^£ ^ _ Lisette. ^ votre fee eft inftru;tdeJarufq? T S o p h r e. Jemenferois bien g3rdéef Pourquoi? ' Li set r e. prójet. 6 leroit Jamais preté ft mon  C O M é D I E; *9 Lisette. Cela peut deyenir très-plaifant. II faut t^^^^^^Z rai dans le village, & tu vrendras nuntormer tout ce qui fe panera. Lisette. Hé, fi votre frere vient a me rencontrer? cations devant la Comteüe. fit c en. éviter. Lisette. LailTez-moi faire , me voilabien ihftruite... SCÈNE VI. LISETTE, LUVILLE, SOPHIE. LUVILLE.. Lisette, eft-il jour chez ma fceurï Lisette. II y a long-temps, Monfieur. Luvule, appcrcevant Sophie. <2u'eft-ce que c'eft que cetjte charmante payfanne?  *l L'HEURÉUSE ERREURj C'eft!... Lu^^e. collT demanderp^nrMonfieur, c eft m, LuviLLE Pourquoime demandes-tu pardon? . -Lisette. •*?fe*« «*! P maifa,,.;. M p«„s ^ £* ta vifiKs des EuvirtE. coufine!^ dU t0Ut; el,e eft charmante Ia petito *-t, ou allez-vous? Que faites-vous? ^^o^auchateauvoiKLuver^coufin.  C O M É D I Ë< *S L u v i l l e. Pourquol faire? Comme mademoifelle Sophie Delval a eu bien des bontés pour moi... Vous connoUTez mademoifelle Delval > Sophie. T.i eu le bonheur d'être élevée avec elle, je Vai auittée que pour fecourir mes parens je 116 rif es Perdre, & faïlois réclamer fes bonviens de les peror , j g n>étoit plus pour moi. LuvlLLEjV^m^. tj e nmirauoi donc, Lifette? Hé, mais , vous il ne faut póint abandonner cette jeune 1C1' S o V h i e. Ah'. Monfieur! qu'elle bontél Lisette. flans lamaifon, jenauroisjamais eu la hardieile vous en faire la pnere.  0 e'heureüsë, er'reuk, Mais, pourquoi donc' t\;mc, i j #- * , moi! Cette ieun^t'r . re"dre fervice» enen'apoimaS 0 3 P'US de Parens comme fi ^5^^ V°USen L I s E T T E; Oui, Monfieur. Luvir.EE, vïvement. .V?a elle demeure avec vous. L I s E T T É. Oui, Monfieur. que la beai»é rAl, T.r (4 Lifette.) Allez Lifette, allez vite donnerordrp \T i^n- l fu- r a q VT PUlffiez vous rappeller avec P 4, 11 linflant oü le hazard vous a rnnH,,;, ƒ -chateau. conuuit dans ce Sophie, avec jcmhnent. Ah! Monfca* je croi.que je ne 1'oublierai jamais ! Que voulez-vous dire ? 'A A' s»t° PrH 1 E ' aller. Adieu, Monfieur. L u v i L e e , /ü we^. prendre ici. viendrezre- Sophie. Permettez que je me retire avec elle. L u v i l l e , öflj/^. front ^ptötóSfw-Ö °° P°rK & 'e 1, r,„„rr . "°Pn,e » qui m a infpiré 'amour Hp K?'* ," ,,™l0u"d,«. q»=ia re«„ue d°nS£  COMÉBIE. * ' Me,-donc, ïS t^^f S U < en vous au-deffus de votre etat , ff*™ d>ad. plus vive fatisfaaian , que vous infpuez luW* jniration que d'eftime. Hé bien! qu en dites-vous? Sophie,^ a Qü>Unhomme aimable dont ftftj**»^' eft bien dangereux pour une femme fenhble. ( EUes fortent). ^^TTTn" v 11. LUVILLE, y&A O^tle neure intéreffante! quel feu dans !e fonne! i.nvente, i dvu» v nPtite éleve m erx bien de Sophie Delval ■ ^ PQeü m isfemme donnela plus haute opnuon *OQ^ , c >elIs n'afaitune telle rmprelfton fur mon «eu _J m'aditens'éloignant, ma ^treflaill. • V ^ feroitdouxdesenfaueajmerlto a fon extérieur, qu il leroit ameux ^ ^  2° L'HEUREUSE ERREUR, SCÈNE VIII. ANDRÉ, LUVILLE. A n d r é , cherchant desyeux. Uam ! je ne trouve perfonne, moi! L u v i l e e. .Que voulez-vous, mon ami ? . A n d k é. Etes-vous de la maifon, vous ? L u v i l e e. II y a quelqu'apparence. A n d r é. Hé bien, allez annoncer que ma maitreflè eft II. L u v i e e e. Ah! ah! & qui eft votre maitreflè ? A n d r é. Non non, c'eft mon maïtre que ïe veux direque je ftus donc béte, moi! ' C* L V v i e e e. Hé bien , qui eft votre maïtre? André. Dam! c'eft Monfieur Delval!  C O M t D I E. 21 luville. M. Delval eft ici? Andke. Dam , oui. L u v i l l e. Et il n'y a aucun de mes gens dans lantH chambre ? A N D R É , ótantfon chapeau. Vos gens ? Eft-ce que vous êtes le maïtre , vous? L u v i l l e. A peu-près. r A n d r e. Dam ! je ne favois pas cela , moi. L u v i l l e. Je vais au-devant de lui. A k d r é. C'eft inutile. L u v i l l e. Comment ? A n d r e. II eft la. L u v i l i e. Qu il entre donc. A n d r é. Entrez, Monfieur, Monfieur. B 3  » L'HEUREUSE E R R E U R; SCÈNE IX. ANDRÉ, LUVILLE, DELVAL. LüVIJLLE. utSerois-je a(Te2 heureux^ pouvoir voUS être Deival, cherchant la faire Je fuu chargé de vous remettre une lettre. la „„„„„ !■ ' , eï" cctte faTO" "ec toute la reconnouTance qu'elle mérite.  COMÉDIE. ^ 4veWfJVl con>mer*fe C'eft denotre chet oncle l m ' porte-t-ü? DeLvAL. ArnerveiUe!..& vous aimant tcujours « tendreffel Lüv;Lre;.(i/^ccievou5 Comment, c'eft une recomma ^ & tel que vous n'en »J**^J le kune Marquis Ifttffa tMWW * } eft connU , & dont es 33 Delval dont le nom vousutu c k ]us I britlantes dnpofitions g^&^pj,, ^ •«^ftffie me défefp«e » i lui que je 1'en pne , fa^ tQUS les deux : 4 vous favez combien JfQ^eur & k feog „ie ne n^occupe que de vo re d r autant que moi. Delval, D'oü vient > L u v i l l e. . elleksatousenhoneur. ■ ^  H L'HEÜREÜSE ERREUR, Ah! c'efl plaifant ?a ! Heim ! D E L V A L ' h reSar^tféuerement, EüVlEEE, a André. ^Queu-ce ^ tu trouves donp de fi ^ , r, a And re, rW. ^:LT^t.?:me qUe * ^vois les aimoit Paix — , .rDEtVAi' a André. *»e auffi fone qutle di^ T aVerfi°" ^ fcul inftam. ' k Permiffion de la voir un ... André. Ah U eft hen dröle toujours ! •ie tairas-tu? SPfinez, mon arni,  COMEDIE. 2* Ben volontiers, Monfieur 1 f^^g fera plaifir a Monfieur, car il aime la todette comme une femme, Delval. Finiras-tu? A n d r e. Hé ben . c'eft fmi. SCÈNE X. Les ABeurs précédens, DUBOIS. L u V i l l E, a Dubois. CoNDursEZ ce garcon a fappartement du Commandeur, que M. Delval va occupcr. Monfieur ben obligé; vous êtes ben honnête ! Delval. ~ ~: A* \p* fuivre ; fi votre aimable ïTL préfen.et devan. elle en lub,, de voyage. luville. Vous êtes le maïtre. - Mais je crains bien que ce ne foit une toilette perdue, Delval. J'ofe encore efpérer que non.  L'HEÜREUSE ERREUR, JP™ DlUA^ enfortant. eV°US 6n 3Urai Ja Pl« grande obligation. ( avec André.) s C E N E X I. ^ L U VIL L E,feul. ^e^ nouveaux fenrimens neï, receVra pas' & mes SCENE XII. LUVILLE, LISETTE. Lisette, üiw^ Vü£ ve« Monfieur? Lu V I L L e Oü eft votre coufine? Tra L r s e t x e. Eft-ce pourcela que vous m'appellez?  C O M Ê D I E. L u v i e l e. _ Non:__DitesamafaurquejelaPnedepairer danscefallon. i s e t t E. Que n'allez-vous a fon cabinet? L u v i l l e. •Non, je veux lui parler ici. Lisette. A. la bonne-heure. L u v i L l E. Écoutes-donc? . Lisettb, vzv««e«. ^U°i? LuViLLE, dprès un Jilence. Rien,rien. ^ , s *|A'S*1* II en tient!  28 L'HETJREUSE ERReu^ &»qu*e!!e,'endoutt?'J c?T™ Ie faire ve"ir fe estte doublé alJiance • Vl • T °nde de'~ Entropie de la ComSfe- L' reuffira~~ La -Je ne crois pas qufma fL arr'vee de Mariane. «ariés de long-temp? ma foeur> "i moi, fovons EU VIL LE, ..COMTESSE. tt E U V i £, jr, B, ■Liilez cette lertrp «, j- i Hé bien, £i^?^*tMl*bJm9.)t He' bien, mon fre«>h " " ' re.larecommandanon demon  C O M Ê D I E. » OIKlceB.out=Pu; Et vous pouvez foupconner le Commandeur de 8 etre prêté a cette fupercherie ? LA COMTESSE. Point du tout; Sophie aura prié fon frere , qui eft a Paris, oü il acheve fes exercices, de demander une lettre de recommandation au Commandeur • & elle s'en fert aujourd'hui pour exécutsr fon deffein. Lu VI LEE. Ah! cela pourroit bien être, car fonvalet,qui elt une efpece d'imbécile, a cornmencé" par rappeller Madame, rr  COMÊDIE. 3* LA COMTESSE. Rien n'eft plus für, vous dis-je ;Ufaut, mon fr£ , nous eïtendre ft Af la badmer fijohment quelle fok obligée de convemr , malgre lout l'efprit qu'on lui accorde, que nous fommes encore plus fins qu'elle. Ah ! laifiez-moi fake I a trompeur , trotnjwrfc demi. - Je vais chercher notre fnpon dhote,& vous" le préfenter. Ah ! parbleu cette aventure m a- muferoit infiniment fi LA COMTESSE. Quoi ? LUVILLE. C'eft que.... rien, rien. LA CoMTESSE. Ah! mon frere! vous avez des fecrets pour moi? L U V i L L E. Pardon ma petite fceur... Je n'en aurai plus, LA CoMTESSE. Dites-moi donc ce qui vous cccupe? Luville , avec effufion. Hé bien ! .. .. (En/efauvant.) Vous le faurez.  32 L'HEUREUSE ERREUR; SCÈNE XV. la COMTESS E,feule. Qu'est-ce que cela fignifie? SCÈNE XVI. la COMTESSE, LISETTE. Lisette, accourant. A H ! Madame ! elle eft ici, je viens de Ia voir! la comtesse. Caches-toi dans mon cabinet, fi elle t'appercoit tout eft découvert. Lisette. Ne craignez rien \ — Elle eft charmante en hommel la comtesse. On vient. Lisette, en fuyant. Je me fauve! SCÈNE  C O M Ë D I E. 33 SCÈNE XVII. ia COMTESSE, LUVILLE, DELVAL,paré. L u V I l l e. M A fceur , voila Monfieur Delval, que je vous préfente. ( Onfefalue. ). DïLVAlji part. Qu elle eft belle ! L u v I l l e. II n'avoit pas befoin de recommandation , _au moins : avec une figure comme celle-la, on eft bien recu par-tout. De l v a l. Rien ne pourra jamais m'acquitter envers votre oncle , Madame; c'eft a lui que je dois le bonheuc de vous préfenter mes hommages. la Comtesse, a part. Qu'elle a bonne grace ! (haut) Ce bonheur n'en doit pas être un bien grand pour vous. Delval. II ne faut que des yeux pour admirer vos charmes; mais avec un cceur,_on court le rifque d'en fentic trop vivement le prix. l a C-o m t e s s e. Ah ! Monfieur, la flatterie eft un poifon qui na G  ?4 L'HEUREUSE ERREUR, point encore corrompu notre retraite; & je' frrois •vraiment tache'e qu'il y pénétrat. Delval. Louer ce qu'on admire, exprirner ce qu'on penfes appellez-vous cela de la flatterie ? la comtesse. Style de Paris, Monfieur , ftylede Paris! Et vous oubliez que nous fommes au village. L u v i l l e. Elle a raifon : nous n'aimons ici que la liberté & Iatrancmfe ; je vais vous inftruire de notre facon de vivre, & vous aurez la bonté de vous y contormer ü vous voulez refter avec nous. Point de facon avec moi. - Point'd'amour avec ma lceur; tant que vous obferverez fcrupuleufement ces deuxcondmons,vous ferez recusa brasouverts; Ges que vous y manquerez — adieu. Cette déclaration-la s'appelle je crois de Ia franchiie. — A 1 egard de Ia liberté, je vous lahfe feul avec ma feur ; vous voyez qu'on n'eft pas gêné Ki! - Adieu, - Bonjour ma fceur ! (lll'embrafe.), la Comtesse, bas d Luville. Qu'elle eft bien en homme ! Luville, bas d la Comteffe. C'eft a s'y méprendre. (d Delval.). Bonjour notre cher höte. 1 Delval. Monfieur, je,.,,  C O M E D I E. 31 Luville, revenant. A propos! Eh vous ne 1'avez pas embrauee « entrant! ^ Delval. Monfieur, je fais trop.... Ah ! que vous timide l Allons, allons. Delval. Cet honneur EmbralTes-le donc toi-même, car cela ne finiroit- pas" la comtesse. Ah' bien volontiers ! . ( Aprês avoir embrajfé Delval aui refle fiurfaU, & Luville éclaient de nre. ). Delval, & part. Qu'eft-ce que cela fignifie? ■ Cela vous *Jrt ?- Ah ( vous en verre* bien d'autres! ril fin en riant.). Ca  m L'HEUREUSE ERRETJR; SCÈNE XVII I. LA COMTESSE, DELVAL. la comtesse. VfUAVEz- vous donc, Monfieur? v iajrtoutinterdit. ^omieur ? Vous avez Delval. JZT> Madame ' 3ue *■ fituation eft embar- Envérité? ^ COMTEssE' Delval. Elle eft neuve pour moi. xa comtesse ia comtesse. ■c-n quoi ? Delval. II me permet de vous vnlr :i «  COMÊDIE. 37 la comtesse. C'eft qu'il eft ennemi déclaré du menfonge. Delval. En vous avouant qu'on vous aime, peut-on s'ecarter de la vérité ? la comtesse. C'eft felon la perfonne. Delval. Selon la perfonne ? la comtesse". Oui. Delval. Comment? la c o m t e s s e... Vous, par exemple Delval. Hé bien. Moi. la c o m t e s s f.' Si vous me difiez que vous m'aimez..; Delval. Si je vous le difois? la comtesse. Vous ne le penferiez furement pas, C 5  L'ËEUREÜSE ÊRREÜR, Del val. Me croyez-vous un cceur infenfible ? LA CoMf esse, finement. Vous n'en avez pas i'air. D e l v a r. Hé pourquoi donc douteriez - vous de mon öfnour ? la Comtesse, riant. C'eft que je ne crois jamais a 1'impoffible. Delval. A 1'impoffible? la Comtesse. Oh! oui, a 1'impoffible. Delval. Ah ! que vous Iifez mal dans mon cceur! la Comtesse Peut-être mieux que vous ne croyez. Delval, avec tendrejje. Détrompez-vous, Madame: - Et pardonneztoomn aveuque votre incrédulité m'arrach- — J- s;:reftcore vOÜS la Comtesse. Cela eft poffible.  COMÊDIE. %? Delval,^ même. Votre premier regard a penetre mu LA Comtesse, plaifantant. Ah!CieU Delval* s Etmaintenant je ne puis plus vivre que pout vous adorer! . LACoMTESsE, nanu Savez-vous que cela imitele naturel? Delval. Pcurriez-vousêtreen doute fut mafïncérité? la Comtesse. En doute? Oh! non je vous alTure. De l val. Vous rendez-donc juftice a mon cceur? la Comtesse. Affurément! Delval. Et vous croyezque je vous aime? la Comtesse. Non. — Mais jefuis fermement convalncué dq contraire. De l v a l. Ah! les fermens les plus forts!...  la C o m x E s s e Ne me perfuaderont pas. la Comtesse. ^n, Monfieur5VOUsvouS e vous mettre au nomhrP A„ l p ' ~~" mo1 > «fcfongue ^ns doute r^rfvolT-e'nents V°US Dee val, awc Cette flatteufe préférence. u Comtesse, flwc ^ Meafavoir fic'eneftune. •Delval. la Comtesse. A ca, par]o„s raifon fl f noïtre Jes gens pour ]eur 3 P m,eu*c°np • . DELVAL. Rl6nde Plus^--&letemps„..  'C O M E D I E. 31 l a Comtesse. Oh ! je fais bien, qu'avec le temps, tout ce découvrira. — Mais il eft un moyen sur de 1'abréger. Delval. Daignez me 1'indiquer. la Comtesse. Eh bien —•, Mettez-moi vous-même dans le cas de pouvoir vous apprécier. Delval. Que faire pour cela ? la Comtesse. Une chofe très-fimple. Delval. Et c'eft ? la Comtesse. De me dire la vérité. De l v a l. Sur quoi? la Comtesse, férieufement. Le voici. — Ce n'eft pas fans deftiin que vous êtes ici: quels font les motifs qui vous ont infpirés 1'envie de me connoïtre? Répondez fans détour, & n'efpérez pas me trornper. Delval. J'aifouvent entendu vanter vos charmes; ón m'a  as L'HEUREUSE ERRÊUR, feit un éloge (i brillant de tout votre mérite, que je n ai pu réfifter au defir de voir une perfonne fi accomplie ; & j'éprouve, au dépend de ma liberté, que Je portrait n'étoit pas flatté. ia Comtbsse, lui faifant une profonde révérence en fouriant. Je vous demande bien pardon, Monfieur; mais Vous mentez! Delval. t CefTez de m'accufer de fauflèté j — j'en fijj's incapable. Mais j'avouerai qu'avant de vous connoitre , j'avojs formé le projet de vous rendre des ïoms, & de tout mettre en ufage pour me faire aimer de vous la Comtesse, tinterrompant. sürth! V°US ParlCZ Vrai è Préfent; ~" ?Cn fuh Delval. Et dès que je vous ai vu , mon cceur a ratifié des projets que la raifon feule avoit formés. la Comtesse. ^La raifon ? Je crois que vous vous trompez de Delval, vivement. II eft vrai, c'étoit un preflèntiment fecret qui m'entrainoit invinciblement vers robjet adorable que je devois aimer toute ma vie !  C O M E D I E. 4! la Comtesse. Toute votre vie ! Delval, d genoux. . Oui, Madame, & je jure a vos piedsque mon amour fera auffi conftant qu'il eft tendre & imcere. la Comtesse. Oh! pour cela, je le crois. Delval. Hé bien, décidez de mon fort. la Comtesse. Volontiers. De l va l. J'attends mon arrêt. la Comtesse. Je fuis franche. Delval. Parlez. la Comtesse. Vous êtes charmant! Delval. Madame la Comtesse. Mais pour de 1'amour, vous ne m'en infpirereï de vótre vie.  '4i L'HEÜRÉUSE ERREUR, D E l v a l , fe relevant. * , Jufte Ciel! XACoMTEsSE, ironiquement. ' 'Ah! c'eft cruel ! D e e v a l , accablé. fu.£tvousaIIe2, fans doute, m'ordonner de vous la Comtesse. Non vraiment. Vous pouvez refter. Delval, avec un peu de fatisfadion. C'eft du moins une marqué de préférence. la Comtesse. Pas du tout. - je vous permets de reft que vous n'ëtes pas dangereux. P Delval. Le compliment n'eft pas flaneur ! la Comtesse. Je pourrois en dire davantage fans mentir. Delval. haiS2.e&t' V°US P°UVeZ me dIre q«« vous me la Comtesse. W°"5 Kne™us tó« Point; & ft vous voulez lever ce voile épais qui me cache le fond YJötre  CO M E D I E. \S cceur, Zc m'aimer de bonne foi, je pourrois a mon tour vous aimer a la folie. Delval, enchanté. r 'Ah! vous me rendez la vie; fi vous mefurez vos fentimens fur les mieris, bientöt un amour mutuel.... la Comtesse. Fi-donc ! cela ne fe peut pas. De l v a l. D'oü vient ? la Comtesse. Allons! allons ! Delval. Expliquez-vous ? la Comtesse, légéiemevu Dites-moi une chofe. Delval. Quoi! la Comtesse. Croyez - vous que les hommes fachent encore aimer ? Delval. Je n'en faurois douter depuis que je vous ai vue. la Comtesse. Oh ! la preuve eft convaincante !  \6 L'HEUREUSE ERREÜR, Delval. Je 1'ai prlfe dans mon cceur. la Comtesse. Je parle des hommes. Delval. J'entends bien; vous faites une queftionge'ne'rale. la Comtesse. Juftement. Croyez-vous, dis-je , qu'ils fachent encore aimer? Delval. Sans doute. la Comtesse. Et moi, je crois tout le contraire. Us prennent quelquefois le defir pour 1'amour, mais le bonheur oetruit bientot l'illulion. Delval, vivement. m Ne les jugez pas tous ainfi ; je fuis encore bien jeune , & cependant jen ai connu beaucoup dont 1 amour augmentoit par la poffeffion. la Comtesse. Beaucoup ? Delval. Oui, Madame, beaucoup. la Comtesse,fouriant, Je vous en fais mon compliment.  C O M É D I E. 47, Delval. Dans une affaire qui me regarde perfonnellement, je n'ai pas befoin de plaider la caufe des hommes en général.... la Comtesse, riant. Én effet, cela ne feroit pas fort de'cent.... Delval. Et puifque je fuis sur de mon cceur .... la Comtesse , luiprenant la mam avec bonté. Hé bien, c'eft a lui que j'en appelle. Delval. Ce n'eft pas le moyen de gagner votre caufe. la Comtesse, de même. Je ne veux pourtant pas d'autre Juge. Delval, avec tendrejfe. II vous dira que je vous adore ! la Comtesse, le fixant avec douceur. Vous ! Delval, avec pajjwn. Et que jufqu'au dernier foupir.... LA Comtesse , quutant^ fa main & lui parlant avec froideur & dignité. Monfieur, - agir en liberté & ne point parler  5j.8 L'HEUREUSE ERREUR, d'amour : voila les deux conditions que mon frere avoit exigées en vous laiffant feul avec moi. ■ Vous avezoubliez 1'une, & je vais profiter de lautre pour terminer un entretien qui nous gêne également tous les deux. C Elle lui fait une profonde révérence , & dit en Jortant) ; C'eft bien dommage! SCÈNE X I X. DELVAL,/^/. OÜEL mélange inoui d'efprit & d'incrédulité, de beauté & de froideur ! — Je crains bien que ma fceur, en cherchant a me rendre heureux, n'ait fait tout le malheur de ma vie! SCÈNE  C O M E D I E. 4? SCÈNE XX. DELVAL, ANDRÉ. André. A.H! bon; c'eft vous que je cherche, Delval. Que me veux-tu ? André. Vous demander quand nous partons, Delval. Pourquoi ? A n d k é. Dam! c'eft que je m'ennuie ici. Delval. C'eft malhëureux ! André. Pardi, je le crois bien! II n'y a perfonne avec qui cauferdansce chateau;fion veutparler a une femmede-chambre, elle fe fauve, fans répondre ; tenez , Madame, je ne peux pas me faire a 5a, moi; j'aime u jafer. Delval. Mais, pourquoi t'avifes-tu de m'appeller Madama a ckaque inftant ? D  ƒ0 L'HEUREUSE ERREÜR, André. Ah ! mon Dieu, ce n'eft pas ma faute , c'eft fans y penfer. Delval. Mais, a propos de quoi? André. Il eft bon que vous fachiez que j'ai e'té fix ans jaquet d'une ben jolie dame; il n'y a que hult jours que je 1'ai qukcée pour entrer au fervice de Monfieur, ca fait que je me bloufe encore q'ielquefois. Delval. lais en forte que cela n'arrive pas davantage. André. Aufli fais-je; mais... SCÈNE XXI. LUVILLE, DELVAL, ANDRÉ. LüVILLE, d'un air Jbmbre. Ah! vous voila, Monfieur, je vous cherchois. Delval. Jen'ai pas quitté ce fallon. Luville,^ mcme. Renvoyez votre laquais.  'C O M Ê D I E» S* Delval, & Andre\ Sors, André. ïrai-je chercher des chevaux? Delval. Non, André, $'e/z allant. Tant-pis. SCÈNE XXII. LUVILLE, DELVAL. Delval, a pan. C^uE fignifie eet air glacé? Luville, a partt en riante Ah ! Mademoifelle Delval, je vous poufTerai a bout. ( Un moment de filence ). Delval. Qu'avez-vous donc ? vous avez 1'air bien férieux 1 Luville, d'un air fombre. Vous êtes Gentilhomme? Delval, avecfang-froid. Je ne penfe pas qu'on en doute. Da  UHEÜKËUSE ERREUR, Luville. EnconnohTez-vous tous les devoirs? Delval. A quel propos me faites'-vous cette queftion? Luville. C'eft que vous êtes jeune encore. Delval. Je le fais. Luville. Et qu'on pourroitvous les apprendre, Delval. Je ne vous entends pas. Luville, s approchant de lui. Je vais m'expliquer mleux. Delval. Parlez. Luville. Vous avez vu ma fceur ? Delval. Avec le plus grand plaifir. Luville. Vous 1'avez trouvée ?.,. Delval. Charmante! Luville, Wous lui avez dit?...  COMÈDIE, $3 Delval. Que 1'amour... Luville, furieux. L'amour! Delval. Qu'a donc ce mot de fi revoltant ? Luville, k prenantparlama'itw Ecoutez-moi. Delval. J'écoute. Luville. Vous connohTez les loix del'honneurj Del va l. J'en fais gloire! Luville, mutant fon chapeatt* II faut me faire raifon. Delval, Raifon! Luville. Vous m'avez manqué. Delval, Moi? Luville, Vous. En quoi ? X>5  Si L'HEÜREUSE ERREUR', Luville. cnI°UVVe£2 Pa/Ïë lGS ,b°raeS ^e »e vous a™is prefcntes. Vous avez violé les droits de 1'hofpitalL'. Delval. Je n'ai pas cru pouvoir vous offenfer, en de'clarant a votre fceur, les fentimens qu'elle rn^pte. Luville. Vous 1'avez fait r& j'en demande raifon. ceIMu^ldnoere7 ^ *^ k ^ Luville, d part, en riant. Delval. Lcoutez-moi... Luville, Vépée d la mam. Rien, rien. Delval. Un mot. Luville. Allons, allons, de'fendez-vous. Delval, mettant fon chapcau. Vous le voulez, Monfieur? II faut vous fat&faïre. Luville, d part, Jurpris. Comment, diable!  COMÊDIE. $t Delval, fonpant fur lui. Ceft vous qui m'y forcez. ( Luville voyant Delval foneer fur Pré' cipitamment, dans la crainte de le blejjer, Delval jaute au déjarmement, & lui otefon épee). SCÈNE XXIII. LUVILLE, LA COMTESSE, DELVAL, la Comtesse, Quel bruitïquevois-je? Delval, lm préfentant Vépée de Luville. Venez , Madame , venez appaifer l'injufte colere de votre frere; il vouloit percer le cceur de fon ami, la Comtesse, rendant Vepée. Quoi! mon frere!... Luville, bas a la Comteffe* Ceft un diable! la Comtesse. Et, d'oü nak ie fujet de votre querelle? Luville. II ofe vous dire qu'il vous aime , & ne fonge point a vous époufer. D4  f6 L'HEUREÜSE ERREUR, Delval. Et vous 1'avez pu croire! La pafÏÏon... la Comtesse, riant. Lapaffion !... Delval. Toujours de 1'ironnie! la Comtesse. fem1entb!emVMOnfieUr' i£ Vais V0US P*I« fénerfïement : m aimez-vous? Delval. Avec la plus vive tendreffe ! ^ laComtesse. A quoi cela nous menera-t-il ? Delval. A tout, fi vous voulez. la Comtesse,founant. Ce tout la ce réduit a bien peu de chofe. Delval. Envifagez-vous comme une bagatelle une al liance affortie , dont 1'amnnr „ ë ■ c " Inceuds? amour aur01t formé les Luville. Une allianceaflbrtie! T. r , • Delval. J. oie le croire.  C O M É D I E. St l a Comtessc En bonne foi, eft-ce que vous y penfez? Delval. Si j'y penfe! Luville. Parions net. Delval. Soit. Luville.. Votre intention eft-elle de vous marier? Delval. Sans doute! Luville. Avec qui ? Delval. Avec votre fceur. L u v i l l ft. Bah! Delval. Comment, bah? la Comtesse. Le moyen de vous croire? Delval. Eft tout firnple; que le Notaire vienne, que votre frere dicte le contrat, & je figne aveuglément. la Comtesse, riant nonchalamment* Vous badinez!  L'HEUREUSÊ ERREUR, Mais quelle horrible opinion avez - vous don. Sdecri? Ah! b3nni(r- W de nT2 qUe:m°n bonheur eft de vous inns cruels que 1 himen vous a fait éprouver. la Comtesse, bas d Luville. Ah! mon frere! LüVule, bas d la Comteffe. bien I f me"-re 3U Pied du mur' ( Haut). Hé£en, Monfieur, Je me rends & je ^ Delval. Ah! quel combledejoie ! Mais il faut que tout fe termine h 1'inftant même. ^Comtesse, avec tendreiïe. Delval ; cher Delval ne me forcez pas è vous ham Je vous aime plus que vous ne croyez & je defire avec une extreme ardeur que vo-Jm' utorffiez a vous aimer toujours de même. Delval. Ah! mon booheur pafte mon efpérance, & je cours chez Ie Notaire. J  C O M ë D I E. ft la Comtesse. Delval... vous le voulez? Delval. II va mettre le comble a ma gloire. la Comtesse. Avo gloire! Delval. Et quel plus beau triorriphe que le don de votre cceur & le titre de votre époux ? la Comtesse, très-féverement. Hé bien , Monfieur, allez donc chez le Notairt, faites dreffer le contrat, fi vous Tofez, mais iongez bien que ma haine fera le prix de votre pernaie. Delval. Mon cceur eft trop pur, pour redouter cette me, nage. (II appelle André.) André? SCÈNE XXIV. Les Meurs précédents & AN D.R E. André, accourant > ]VIe vla Madame. Delval. Hé bien, encore?  *o L'HEUREUSE ERREUR; A n d r é. Dam.' c'eft 1'habitude. C La Comiejfe & Luuille éclatent de rire ). Delval. tQu'avez-vous donc ? la Comtesse et LuyiLLE, Rien, rien. Delval, d André. Vas t'informer oü loge le Notaire du lieu , & viens me prendre pour m'y conduire. André. ch5auPardi' 11 l0ge a' tOUt vis'*_vIs Ia Porte du Delval, voulant fortir. J'y vole; & ce jour fortuné va m'aftiirer l jamais une epoule adorée! & un ami refpedhble. (It fin avec André.)  C O M É D I E. Sr SCÈNE XXV. LUVILLE, la COMTESSE. ia Comtesse, le regardant Jortir. A.h ! c'eft poufler trop loin 1'impudence! Luville. Oh! quelle femme ! la Comtesse. Hé ! vous n'avez pu 1'effrayer ? Luville. L'effrayer ? Bien au contraire. la Comtesse, riant. Commentdonc , au contraire? Luville. Oui parbleu 5 qu™d je me fuis préfenté pour 1'intimider, elle a foncé fur moi comme un hon : j'avois une peur horrible de la blefler, je me tenois fur la défenfive. Quand elle n'auroit jamais fait autre chofe, elle n'en fauroit pas davantage. lacomtesse. Ah ! mon frere!  L'HEURÊUSE ERREUR, Luville. Quöi? la Comtesse. Je ne püis vous exprimer ce qui fe paiTe dans mon ame ! r Luville. La mienne eft plus agke'e que Ia votre ! la Comtesse. Mon frere, fi vous aimez Sophie, il faut tout lui pardonner., qu elle devienne ma fceur, qu'elle partage, ayec vous , toute ma tendrefie, que nous ne nous quittions de Ia vie. Luville. II n'eft plus temps. la Comtesse. D'oü vient? SCÈNE XXVI. LUVILLE , la COMTESSE , LISETTE. Lisette, accoumnt. Voici Mademoifelle Sophie qui revient avec le Notaire.  C O M É D I E. Ó3. la Comtesse, Je vöus lahTe avec eux. — J'e'coute, & je parcïtrai quand il en fera temps. ( Elle entre dans fon cabinet ). Lisette, dpart. Moi, je cours chercher ma maitreflè. II eft temps qu'elle fe découvre. M ( Elle fort). scène xxvii. LUVILLE, feul. Cette plaifanterie m'e'loigne de ma chere Mariane. Heureufement elle va bientöt finir. ""Vce^Te xxv iTl~~ le NOTAIRE, LUVILLE, DELVAL. Lü tule' CoMMEKT donc , le contrat eft déja drefle? l e noxaise. Monfieur ne men a pas donné le temps. II a fait mettre les noms des futurs e'poux , la note de  H L'HEUREUSE ERREUR, fes biens : les articles font reftés en blanc , & vous «es charge Monfieur, de les remplir comme vous Je jugerez a propos. Luville. Rien de plus honnête ! le Notaike, allant a la table. Et fi Madame la Comtefle jouit d'une haute foriune, Monfieur, aflurément, ne lui ce'de en rien. Luville. \ Delval ? Delval. Monfieur ? Luville. Ceft donc tout de bon ? Delval. Quoi! vous en doutez encore ? L.UVILlE, Vous fentez-vous capable de rendre ma fceur: heureufe ? Delval. _ Monfieur, en partageant mon fort, on n'aura jamais a le plaindre ni de mon cceur, ni de mon caraótere, ni de ma conduite. Luville. Cette re'ponfe-la eft tout-a-fait équivoque. Delval.  COMÉÜIË. « Delval. Équivoque? H Luville. Oui, oui; ne biaüons pas, — êtes - vous décidé a vous maner ? Delval. Sans doute. L u c i l l e. Avec une femme? Delval. Comment avec une femme? Luville. Oui, oui.- Jem'entends. Delval. Mais,moi, ]e ne vous entends pas du tout. L u v i l l e , lui montranth contra:. Qu'eft-ceque cela? Delval. Hél vous lefavez bien. c'eft mon contrat de mariage. Luyiue, Avec qui ? Delval. Mais, avec votre fceur. £  L'HEUREUSE ERREUR, E ü v il l E. Et vous Ie fignerez? . Delval. Si je Ie fignerai ! E u v i l l E. Sans faute d'orthographe ? Deltal. ■Belle queüion! E u v i l l e. Ea , ce qu'on appelle figner ! Delval, très-vivement. He' oui, oui, homme cruel que vous êtes ie i* fignerai, & de mon fang s'il le faut. 'J Luville. Dois-je faire appeller ma fceur? _ , Dë l val. oans doute. L u v i l l e. Delval. He', ne craignez rien! Lu v i l l é. Allons-donc: — (ilaFpelULi[etu).  C O M É D I E. '67 SCÈNE XXIX. Us précédent. LISETTE. Lisette, accourant. MoksiEUR? ÜÉ$* Vhonnéecn voyant Delval). Ah! Geil Delval,^ reconnoijjant. Hé, que fais-tuici? Li sette , a Delval a demie-voix. Soyeztranquille, je n'ai rien dit. Delval, étonni. Comment rien dit? Lisette , fortant en voyant entrer la CcmteJJe. Non, dernandezplutöta Madame. ( Elle rentrevite).  L'HEUREUSE ERREUK, SCÈNE XXX. LE NOTAIRE, LA COMTESSE, LUVILLE, DELVAL. la Comtesse. Sa préfence vous interdit ? Duvai. Moi, pourquoi donc ? la Comtesse, bas a Luville. Qucüe audace! I. u v i l l e, bas d la Comteffe. Voyons jufqu'oü cela ira. C Au Notoire ). Allons Monfieur, approchez, & fignons. le Notaike , préfentant la plume a Delval. A vous, Monfieur. D e l v a l. Monfieur, je fais qu'il eft dans lordre que je fiene Je premier,—Mais.... J 6 la Comtesse. La main vous tremble, n'eft-ce pas?  COMÉDIE. Luville Je le favois bien! ^^^^^^ terpretatiomu-- Vos ^ e XoignTpo0;; unTcond engagement; * «*£ faaraffigné, elle pourroit tournet tout cea plaifanterie. ^ ^ Comtesse. Ah ! fort bien, c'eft vous qui me fuppofez b deflein de vous perfiffler. Delval. Pardon, mais je le crains. la Comtesse. Commeonjuged'aprèsfoi-même! Delval. Ah! Madame la Comtesse. Votre embarras eft naturel mais gnezla pikanterie, pourquoi 1'avez vous pouflee fll0ln? Delval. Hé bien, faites-moi voir que ce n'en n'eft pas „n" raffuJez mon c«ur alarmé, tgne h ff* miere.  ?o L'HETJREUSE, ER REU Rj ia Comtesse. Eff-ce Ia ce que vous defïrez > Delval. Oui. la Comtesse,fignant. Soyez content. Delval, tranfporté. Ah ! je fuis au combiede mes vceux ! Allons, a vous mon cher frere. •Luville, fignant. Je Ie veux bien , ma chere fceur I Delval. Ma fceur ? Luville. Oh f ma foi, il n'y a plus de milieu, il feut qurtter le Bal ou lever le mafque. Voila Ia plume. Delval, fignant. Ah ! je n'ai jamais rien %ne' de fi bon cceur. Vous etesa moi ma belle Comteüe, mon tnOrBtlte en partait. 1 la Comtesse. Pas tout-a-fait Madame. Delval. Que dites-vous donc?  COMÉDIE. 7i u Comtesse. dans les piéges qu'on leur a tendus. Delval. Je refte conf ondu. xa Comtesse. voir jufqu'oü vous pouffenez la fauüete. Delval. Moi, daignez m'expliquer. la Comtesse. voulu être mon amie , Sophie. w]c poffible pour vous hair 1 _ SCÈNE XXXI, & «fermere. LE NOTAIRE, derrière. S o p h 1 e , a U Comtefle. PoüR mehaïr? Eh! qu'ai-je donc fait pour mériter Un fenüment ücruel?  p L'HEUREUSE ERREUR, la Comtesse. Quiêtes-vous? Que voulez-vous? ÜELVAt,[a reconnoijjant. Hé ! c'eft ma fceur ! la Comtesse & Luville. Sa fceur! Lisette. Ell e-meme. Sophie. Fardonnez-mei, Madame, 1'heureux artifice dont je me fuis fervi pour rendre votre cceur a lamoor.— Moi feule je vous ai trompée, & je m'en félicite. Je fuis la véritable Sophie, & voila Ie Marquis Delval mon frere. Vous n'auriez jamais confenti a le voir, ft fon fexe avoit été connu de vous; mais j'ai dü lui cacher ma rufe & jelai fait; il ne feroit pas digne de fon bonheur, s'il avoit aidé a tromper ce qu'il aime. Delval. Ma chere époufe ! la Comtesse. Quoi réellement vous n etes pas Sophie ? Delval. Votre cceur a-t-il pu s'y méprendre ? la  COMÊDIE. 73 U C0MTISSE, ^êsunr^^e^ dans les bras de Sophie is dit. Ah 1 Sophie, que je vous aime! — • * ( Elles s mnbraffent). LuviUE,a Sophie. Ah! Mariane ! Mariane! Sofhiï. Êtes-vous fkhé de la méprifeï Luville. Non; mais je voudrois que mon erreur ritte plus longue! SopHlE. Pourquoi? ^uvilLE. Pour jouirduplaifirde vous donnezla marqué Upluséclataatede mon amour. S offre ma main , fommes-nous quitte . Luville. Ah! c'eft moi qui vous doit tout. laComtesse. Et ma promefte? F  fi L'HÊURÊUSE ERRÊUR, COMÉDIE. Luville. Jas ma fceur1'amour t'en dégage; aime bien Delval ,11e merite , c'eft un brave garcon ; qu'it m accorde fa fceur, & que cette doublé union nous reuniffe a jamais. Delval. Je lui dois tout mon bonheur; il eft bien jufte «jue j allure le iïen. ' Sophie. Allons, & que nos cceurs foient a jamais partage's entre 1 amour & 1'amitie'. FIN. Lu & approuvé le iy Juin 1783. SüARD. De lTmprimerie de la Veuve Ballaeo & Fifs Impnmeurs du Ro,, rue des Mathurins, 1783, '