1/1/1^/318 H-3 LA BONNE MERE; C O M É D I E EN UN A C TE ET EN PROSE: repréfentée fur un thèdtre de fociétê le s Février i2^5>' & A Am/Ier dam le 4 Juillet 1785. PAR M. LE CHEVALIER DE FLORIAN. h AMSTERDAM, Chez CES AR NOËL GUERIN, Libraire. MDCCLXXXV.   A SON ALTESSE SERENISSIME MADAME LA DUCHESSE DE CHARTRES- ^'avois jurd cent fois d'ahandónner thalie\ Et je vous uffre en ce moment Une nouvelle Cemédie, A vous qui tfoubliez jamais vötre ferment.' Mais c'est La bonse Mere : aCceptez-en Phommages En voyant ce titre.fi douX, On vous feupgonnera d'avoir part d l'ouvrage, Et vos enfants fur tout croiront qulU est de vous. m  ACTEURS. MATHURINE, Fermiere du pays de Caux. Me. Dalainval. LUCETTE, fille de Mathurine. Me. Montrofe. LU BIN, payfandu village- Mr. Mayeur. DU VAL, neveu du Bailli. Mr.Montrofe, LE TAB'ELLION. Mr. Bergé. UN VALET de ferme, jouè par un enfant. Mr. Grecour. La fcene eft au royaume d'Iuvetot, dans le pays dt Caux.  LA BONNE MERE, C O M Ê B I E EN UN ACTE ET EN PROSE. SCÈNE PREMIÈRE. L U B I N , MATHURINE. l V b i n. A llezj Madame Mathnrine, j'ai bien du cha^rin. m a th U r in e. Je m'en doute bien, mon pauvre ami. l d b i n. Je iie m'y ferois jamais attendu de la pare de Mademoifelle Lucette. Après la promefie qu'elle ni'avoit faire de m'aimer toujours, rpres la peimifiion que vous lui en aviez donnée, comment eft-il poiiibïe qu'une fille élevée par vous qu'une fille, quieft votre fille y foit une perfide & une changeufe ! mathurine. Mais es-tu bien sur que Lucetlte ne t'aime plus ? A 3  c LA BONNE M ERE. L U B ï Ni Ah! Madame Mathurine, il yalongtemps que je fais lout ce que je peux pour ne pas le voir; mais cela me creve ie yeuX & le cceilr. Ori dit quel'atnour ne peut pas fe cacher; croyez que quand ou cefie d'en avoir, cela fe cache encore bien moins. MATHURINE. Je ferois auffi facliée que toi du changement de ma fille; ton manage avec elle étoit arrangé depuis ü long-tcms! Lorfque ton pere vint s'établir dans le pays de Caux, je fus la première a 1'accueillir, h raider, a lui donner des fecours pour faire valoir fa ferme. Je fuis devenue veuve prefque en même temps que ta mere , Madame Rofette; je 1'aimois déjabeaucoup , ta mere : mais on s'aime bien mieux quand ona pleuré enfemble. Tu es fon fds unique; je n'aid'enfant que Lucette ;ton caraólere franc, ton bon cceur, m'ont toujours plu; j'ai vu qu'ils plaifoienta ma fille: Sge, fortuneinciination, tout fe rapportoit entre vous deux , tont fembloit affurcrvotre bonheur&celui de vos tiieres; car tu fais bien que les meres ne font heureufes que quand les enfants fon contents. Juge du chagrin que j'aurois de renoncer a de fi douces efpérancss. L V P I N. Èh bien, je fuis fiché de vous dire que vous ne rifqüez rien d'avoir du chagrin. MATHURINE. Peut être auffi raffliges-tu fans fujet. Les amoureux & le« enfants pleurent fouvent apropos de rieii; tu es bien amourcux, & tu es un peu enfant.  C O M E D I E. 7 L U B I N, Je fuis oublié de votre fille, & voiia ce qu'il y a de pis. Depuis que ce Monfieur Duval, lenevendenotre Bailli, eft arrivé de Paris, avec foncatogan, fon gillet a fieurs, fa petite badine , & fon air de importance& d'impertinence, votre fille n'eft plus la même. Elle eft toujours avec M. Duval; elle apprend toutes les chanfons qu'il dit; elle rit de tous lescontes qu'il fait. Dimanche dernier jls ont toujours danfé enfemble; moi, je pleurois derrière le joueur de violon; elle ne s'en eft feulement pas appercue. Le foir, on a joué a colin-maillard; c'étoit moi quiétois le colin-maillard; je 1'airefté toute la foirée , pareeque vous fentez bien qu'on n'a plus iii bras nijambes quand on eft sur de u'être plus aimé. J'entendois fort bien que M&demoifelle Lucette & Monfieur Duval fe moquoieut & noient enfembie de moi: & quand je 1'ai voulu reprocher a Mademoiièlle Lucette; pour toute jultification. elie m'a dit que favois triché, puiique j'y avois vu clair. C'eft-ii clair, Madame Mathurine? MATHURINE. Tout cela peut être un enfantillage que tu anras pris trop au lérieux. Au lieu de gronder Lucette, il vaudroit mieux faire femblant de ne t'appercevoir de rien, & redoubler d'efforts pour être aimable. L U B I N. Mon Dieu! Madame Mathurine , je ne Ia gronde jamais; je pleure queiquefois, parceque je ne peux pas empêcher les larmes de venir; mais fitót que Mademoifelle Lucette me regarde, je me mets tout de fuite k rire, de peux que, cela ne 1'impatiènt^,  , « LABO N-N E MERE. Quant a être aimable, dame- je fais ceque jepeux, Madame Mathurine; jc mets toss ks jours mon habit dep dimanches: vous Ie voyez bien. Ma mere m'a donnée tous fes joyaux; je ne les tienspas dans mon coffre, je les porte tous fur moi: je me fajs ie plus brave que je peux, maisjen'aipoint de catogan, comme M. Duval; je ne fais pas fiffler tous les peI ms au-s qu'il fiffle. II a appris k Paris jene fais com b.en de chanfons, qu'il compofe enfuite dans le mo." ment pour Mademoifelle Lucette. je n'en fais point moi: jai voulu elTayer d'eo compofer une?, j'v ai paffe toute ma journée d'hier; mais je n'ai pu trou ver autre chofe finon que j'aime Lucette plus que' ^je\v?rdJ'aiditcdauile^^ r«**™« ma -th u rink Tu m'affliges beaucoup, mon ami; car ce petic iJuval ne convient pomt du tout a ma fille. l U B l N. Non, sürement. m a t h u r i n e. C'eft un affez mauvais fujet.... i-'. V b i n, Je vous en róponds. m a t h u r i n e. Que fon féjour a Paris na fait que gater encore. l u b i n. Oh! je le fais de trés bonne part. mathurine. II eft d'une joiie figure Lub in. Ma foi, comme cela; je ne Ie trouve pasjoli, n10i.  C O M E D t E. 3 MATHURINE» ïl a de 1'efprit. L t) 111. On le dit, mais favoir fi c'eft vrai. M A T H U R I N E. Toutes les jeunes fifes du village courent après lui. L v b i n. Qu'elles courent, je re m y oppofe pas} pourvïï que Lucette fe tienne tranquilie. M * t H UK 1 MA Duval n est pas riche* l t' i'i.'fté Ca n'a rien que fon cato an M A T H U 'R 1 N B. Ma voifine, qui le conm.ït bien, m'a dit qu'il étoit fort intérefie, & que la dot de ma fille luipiai" foit pour le moins aiimn: que fon vifage. l v B I N. Oh! tous ces dróks la, qiii a;mentl'argent, n'ont point de goüt. MATHURINE. Econte, il ne raut pasencore nousdéfefpérer, Ltt« ce te a pu ê^re flartée de la pré'eVence que lui a rtoitnée M. Duval fur toutes les filles dn v.1 age. Ch e. £h bien? fes défauts .... Il u c e i te, embarrajfée Ses défauts.... c'elt que.... je cro.s que je ne 1'aime plus. mat h u r i n H. Celui-la èft le pire ; mais tu fais bien de m'en avertir ; parcequ'^i npul deux nou? vermits bisn n i ux Ie parti qu il faudia prendre, s'il no.is eft impt.ffib ede corriger Lubin de ce dêfaut la. l : c e t t e. Que vous êtes bonne, ma mere.' j'avois peur que cela ne vous fêchat. m a t h u u i n f. Tu me connois ben mal, Lucette! rien ne peut me facher quand c'eft ma fille qui me le dit; comme rien ne peut me plaire, quand c'uft un autre. B 3  14 LA BONNE MERE, lucette, I'embratfant. Ah! vous favez que je ne vous cdChe rien. mathurine. Revenons k ton amour: m n'en as doncplus pour Lubin ? lucette. Je ne vous affurerai pas la chofe; mais voici tout bonnement ce qui m'arrive. M. Duval eft un trèsioli gar§on, qui a beaucoup d'efprit, qui a vécu dansle beau monde a Paris, o • pns f Uffi-ir cela. CeFenda MZ^IL? W  C O M E D I E. 17 SCÈNE III- MATHURINE, DU VAL, LUC E TTE. d v v al, d'un ton trés fat. Oui, Maderhoifelle. (d Mathurine.) Madame, j'ai 1'honneiar de vous préfenter mon refpect. (dLucette.) Depuis que vous m'avez permis de vous ofïrir des fleurs, elles viennent d'elles mêmes dans la jardin de mon oncle, lucette» Vous êtes bien honnête, M Duval. mathurine. ü part- Ces fleurs-la vont détruire tout mon ouvrage. duval. j'efpere que Madame Mathurine me permettrabien de faire deux parts de mon bouquet. je mettrai d'un cóté les rofes pour la mere, & de 1'autre les boutons pour la fille; chacune aura ce quiluireflemble.Quoiqu'en vérité, quand vous êtes auprès i'une de Pau. $re, je vous prends toujours pon*- les deuxfceurs, & j'ai de la peine a difiinguer 1'ainée. lucette. Ma mere, entendez vous ? mathurine. Tenez , Moufieur Duval, vous croyez me faire un compliment, & vous vous trompez. Je ferois bien fichée d'être fa fceur , car je ne ferois plus fa mere: & je ne connois pas dans le monde un nom plus doux, ni un plus bel état. duval. En ce cas, les rofes vous appartiennent. (JV chan* te 4 Mathurine.) c  i? LA BONNE MERE,- En approchant de vous ces fleurs, Vous alle2 ternir leurs couleurs , Bien moins brillantes que les votres. (d Lucette.') C$s tendres boutons s'ouvriront Quand fur votre fein ils feront Accompagnés de quriques autres. LUCETTE. Eh bien, ma mere , a-t-il d> 1'efprit ? DUVAL. A propos , madame Mathurine, mon oncle m'a qhargé de vous dire qu'il avoit trouvé, dans de vieux papiers, un titre par lequel vous avez des droits certains furies biens d'un nommé Lubin, un payfande yillage, une efpece d'imbécille, k ce qu'on dit.Mon pncle vous offre de commencer le procés, & vous répond de le gagner. MATHURINE. Monfieur votre oncle a bien de la bonté. DUVAL. Cela vaut la peine d'y penfer. (d Lucette.) Vous ne favez pas ce qui m'efl: arrivé ce matin ? LUCETTE. Non. DUVAL. J'ai recu une lettre fort tendre de Ia fille de ce gros payfan... comment l'appellez-vous donc?qui a 1'honneur de vous appartenir. LUCETTE. Qui, mon oncle Thomas ? DUVAL. Juftement. Sa fille, qui n'efi: pas trop mal, envérité, m'écrit qu'elle m'adore, que mon amour pour.  C Ö M E D ï E. vous la fait mourir de chagrin, qu'elle eft; fille unique & fort riche, qu'elle s'eftimera la plus heureufé des femmes fi je veux bien (Ii's''appercoit que Mat' hurine l'écoutt , & il s'interrompt />our lui dire:) Mon oncle m'a recommandé de vous dire, air fujet de cé titre, 'que fon frere, Procureur a Paris, vous fervira de tout fon ceeur; & c'eft. un homme fur lequel on peut compter, un fiomme du plus grand mérite; il a ruiné plus de vingt families avec bien moins dé ftioyens que ce titre-la n'en fournit. M A T H U Rlü£: Oh! je le crois bien, duval. Je vous] confeille de vous en oecuper. (d Lucette) j'ai répondu que mon cceur étoit pris;que jela plaignois de toute mort ame, mais que j'avois déja 1'ha. bitude de vous faire des facrifices, puifqu'enfin vous feule m'empêchiez de retourner k Paris, oti cinq ou fix femmes de la première volée font malades de moil abfence (d Mathurine.) Que faudra t-il dire è mon oncle ? m a t h u k i k É. Vous le remercierez de ma part, & vous luidirez qu'avant toutes chofes je ferois bien aife de voir ie titre dont il s'agit. Si vous voulez me 1'apportertari» tót, nous en raifonnerons enfemble. DUVAL. Ècoutez, Cefl: aujourd'hui dimanche: tout le mortde efl: déja affemblé fur la place pour danfer; je vais y mener Mademoifelle Lucette , & de Ia je cours chercher le titre que je vous apporte dans rinftant l u c E t T E. Mais vous reviendrez danfer après ? C -  LA BONNE MERE. d ü v a l, a demi- voix. N'en doutez pas. Mademoifelle, il fautque les affaires marchent avant les plaifirs: mais on peut tout arranger, en s'y prenant bien. mathurine. Je vais vous attendre ici. l ü c e t t e, i/tf mere. Comme il eft raifonnable pour fon age, & comme il eft poli! duval. Eh bien, venez vous fur la place ? je fuis fur que tout le monde vous defire. (11 chante.) Allons danfer fous c*s ormeaux , Venez, venez , belle Lucette; Allons danfer fous ces ormeaux; J'entends déja les chalumeaux. A tous les jeux que 1'on apprête, Vous fèule donnez des appas ?Si 1'on ne vous y voyoit pas Dimauche ne feroit point fête. lucette, & Mathurine. Comme il efl aimable! Oli! ma mere, me voild décidée; & vous n'avez qu'a direil'autre de prendre fon parti. (Lucette donne le bras d Duval, & ils s'en vont en chantant:) Allons danfer fons ces ormeaux, Venez, venez , belie Lucette; Al ons danfer fous ces ormeaux , J'entends déja les chalumeaux. (Ils fortent.')  C O M E D ï E. 2t SC ENE IV. MATHCRINEj feule. Tout efl: perdu, ma fille aime Duval; & ce qui Ia féduit en lm me prouve clairement qu'elie fera mclheureufe. Si je voulois me fer.-" un moment de moil autorité de mere, je f-iis bien lüre que Lucette obéiroit. Obéir! ce mot-la tue tout. D'ailleur> c'eft. un mauvais moyen. En m'oppcfant k fon amour , je ne !e rendrai que plus fort; je ferai haïr Lubin en ordonnant qu'il foit aimé. Ah! Lucette, Lucette, ce n'eft que ton bien que je veux, & pour te rendre heureufe, il faut que je rufe avec tol, Hélas! que nous payons cher le bonheur d'avoir des enfants! A peine font ils hés que mille maux les menacent; ils n'en foufTren-: quelovfque ce maux font venus, leur mere en fouffre même avant qu'ils viennent. Dans lajeuneffe , des dangers plus grands : paffionnéspour tout ce qui peut leur nuire, travaillant avec ardeur a devenir maiheureux, & ne fe fouvenant de leur mere que quand ils ont è l'iffliger. Je fais tout cela, je me le répete fouvent; & un fourire de ma fille me le fait toujours oublier Allons, prenons icourage: puifque nous les aimons tant; il faut pourtant bien que le plaifir paffe la peine. Mais voici ce pauvre Lubin; il me fait pitié. C3  *9 LA BON NE MERE, s G E N E v„ MATHURiNE> LTJBIN. dfe> eu. mon Dieu, que je fuis è plairi* ^as-tu dönc, monamiïtupleuiw. 83115 d°üte' J'C ^ & n'en ai que trop fuJeÉ. Q"e feft-il arr^?™"141^' |;afine Lucette. ?™ ^ f' blen; J*'aime Lucette, Eu bien? MATHÜ^NE. Éh bien, comme matemoifcile Lucette . tv ■ J , Lucette. En conféquence, fe rJ tflï 7 ? J aitne lui ai attaché a Ia patte du pluVbea tb n . ^' * ' fille Ah! mon Db m„n n kvotre MATHURINE. lid bien , as-tu vu ma fille ? Sürement, Je l'aiVue* ^Vai rencontrée avec  C O M E D I E. as M. Duval, qui s'en alloit a la danfe.Pardi, ils chantoient tous deux comme deux rofïïgnols ; cela m'a fait un peu de peine: mais cependant je n'ai pas dit autre chofe que d'öter mon chape.au, & j'ai préfenté le fanfonnet a Mademoifelle Lucette. Ahl c'eft la, c'eft-la que j'ai bien vu quej'étois perdu. MATHURINE. Explique-toi donc, car tu m'impatientes. Quet'a dit ma fille. LUBIN, Ce qu'elle m'a dit ? je le fais bien ee qu'elle m'a dit, & je m'en fouviendrai long-temps. MATHURINE. Mais fi tu veux que je le fache, il faut auffi me le dire. LÓ B I H. Elle m'a dit qu'elle n'aimoit point tous ces aniroaux-lè, qui difoient toujours la tnême chofe; ainfi a-t-elle ajoutée, vous & votre fanfonnet pouvez vous aller promener,je vous donne la clef des champs. En difant ces paroles, elle a laché le ruban , & le fanfonnet s'eli envolé, en répétant: J'aime Lucette, J'aime Lucette. MATHURINE. Ge trait-li n'eft pas de ma fille. Etqu'as-tu fait? LUBIN. Moi, je n'ai pas pu m'envoler; je fuis refté pétrifié , & [malgré cela, mon cceur difoit toujours comme le fanfonnet; J'aime Lucette,  84 LA BONNE MERE. Mathurine. C'eft ce malheureux Üuval IIt titre a. daUgmencer fa en luiabaudonnantce 3*. 'S °nde ^ ftroi£ u» P^fir de vous li 0n M A T H ü R I ft fieSVu^S,e"^V^^ ^ais, Monfeule qu'ü PDarr ! eft Perfo« moi; c'eft amoi que dqa„ ^ £ "f P°Urroit fervir * »« ^ mariant. J h fer°1S mon ****** en Ia Madame Mathui " Zr JLlT'V^^ donnere, tout a Mademoi" 11 £ et" * laiiW choifir 1-époux qui iu7l" ' T'T vous n'avez amaffé vos richel? ' & qU enfin Plaifir de lui en faire ™ ^ ^ ^ P°W avoir *  C O M E D I E« *7 mathurine; | eft ceminque, ftn. moi, m ff. sfouf.: 4 r se & qui eft le plus grand , fans doute, qae puiffe donne?. ; VouVretrouverez l plaillr/Madame vous le retrouverez quaudvous direz ^« ^ ra choifiMademoifeüe Lucette: M°n*^:"5a mable, & ma fille t'aime; c'eft fon méuer: ma» m es pauvre, & je te donne toute ma fortune vojUe Jn. En prononcant «s.paroles, vousJ * dans fes mains vos contrats, vos baux ,; vos^biUets votre argent; vous jouirez de fe furpnfe de a re connoiffance. Ah! quel momentI Ma «e, quelle fatisfaöion pour Monfieuvotr[ ^ Madame. Mathurine! mathurine. res? D a  •8 LA DONNE MERE, DUVAL. Pour cela , Madame , ce ne feroit point du tout fingulier. MATHURINE. Eh , bien , fi après avoir mis d'un cóté le bien qui revient a ma fille, je mettois d'un autre le rede de ma fortune qui eft quatre fois plus confidérable, & par la-deffus le titre que vous tenez , & que je vinfie avec cette dot trouver un aimable ganjon, comme vous, je fuppofe ; il ne faut pas que cela vous fiche , ce n'eft qu'une fuppofition, & que je vous dife; Mon cher ami, vous me plaifez, c'eft votre métier; je vous époufe, c'eft le mien,jevous donne tout ce que j'ai, c'eft mon plaifir; & qu'en prononcant ces mots , je vous miffe en poffefiion de tous mes biens, de tout mon argent, de tous mes contrats; c'eft une fuppofition, comme vous entendez bien: mais vous conviendrez que dans cette fuppofition Ih je jouirois bien mieux de la furprife , de la joie, de la reconnoiffance, de celui que j'enrichirois. Ah! quel moment.' Monfieur Duval, quelle fatisfaétion pour mon époux & pour moi! Tenez, je ne le cache pas, je fuis encore fenfible, & mon cceur treflaille un peu k cette idéé; il me femble^'que j'y fuis.... & je fens.. .. en vérité.... Oh ! c'eft un joli moment, Monfieur Duval! DUVAL. Oui, oui, Madame Mathurine; & plus joli encore pour celui qui le paiTeroit avec vous que pour vousmême.  C O M E D I E. 29 MATHURINE. Allons dcnc, vous vous moquez, parions de queïqu'un qui vaut bien mieuxque moi, de ma fille. Car, fi ie m'occupe jamais de la fuppofition que j'aifaite, ce ne fera qu'après 1'avoir établie. Tous mes arransements font pris la delfus; 1'argent qui lui revient eft prêt; j"y ajouterai même quelque chofe, pareequ'une mere eft toujours obligée de faire plus que fon devoir, on me permettra de difpofer enftute de ce qui me refte, en faveur de la perfonne que mon coeur aimera le plus. Vous raifonnez fibieV, Madame Mathurine, que chacune de vos paroles pénetre jufqu'a mon ame. Mais votre grand malheur, celui dont je ne pms me confoler, c'eft que vous êtes trop riche. Comment voulez vous qu'un amant un peu délicat ofe vous faire fa cour. MATHURINE. Oh' vous fentez bien que je n'irai pas raconter ainfi toutes mes affaires a un homme qui pourroit m'aimer. Je vous ai tout dit, a vous, parceque 1'on ne peut fe flatter de rien avec un homme auffi couru avec 1'amant fidele de Mademoifelle Lucette. AL lons, allons, changeons de propos, car cela m'impatiente ; vous venez ici me demander ma fille, me dire qu'elle vous aime, & que vous 1'adorez. Eh bien , tant mieux pour vous. Je vous la donne y fa dot eft prête, le mariage fe fera quand vous voudrez. D u v A t. Mais, Madame Mathurine, qui vous dit uu mot D 3  00 LA BONNE MERE, de cela? Voulez-vous me faire la grace de m'entenore un moment & de me crolre ? mathurine. Vouscroire, c'eft bien fort. Mais, voyons, dépêchez-vous. H!y a trois mois que je fuis dans ce village & que je pourrois être k Paris, oü je jouis, fans vanité d'une exiftence fort agréable. Il faut donc qu'un puis. fint motif me retienne m, & ce motif que peut-ilêf re finon 1'amour. mathurine. Et je lefais, Monfieur, je le fais, ce n'eft pas la peine de me Je répéter. «uva L. Non, vous ne le favez pas; je n'ai jamais ofé vous Ie dire; maïs daignez 1'apprendre aujourd'hui puif. que vous n'avez pas vouiu le deviner. En arrivant dans ee village, je vis une veuve de trente ansa peu prés, plus jolie, plus frafche que toutes les filles de qTT ?* ^ r°nd' U" Dez r^ouffé, des yeux vifs & fpmtuels, trente deux dents bien blanches & bien rangées, 1'air de Ia franchife & de la gaieté avec tous ces charmes, un caratfere d'or, bon.vra/, fenfible, paftionné pour faire du bien. Vous u*ez que eet être la me tourna la téte; mais comment ofer de lui dire, moi, jeune étourdi, fans figure, fan* efpnt, fans aucun de ces agréments qui compenfent le défaut de foxtune? Je réfolus donc de ne jamais parler k cette }veuve de 1'amour qu'elle m'avoit infpiré. Peu de jours après je rencontre une jeune «He qi» luj reflemUeit i s'y méprendre; cette feule  C O M E D I E. 3a raifon me la fait préférer k toutes les Beautés du village; je la diftingue. je lui marqué des attentions; elle m'accueille, elle accepte mon hommage; & moi, n'ofant porter mes voeux jusqu'iToriginal, je me trouve trop heureux de les adreffer au portrait. Voila fhiltoire de mon amour pour Mademoifelle votre fille. MATHURINE. Monfieur Duval, il eft impoffibledefe ftchercTune pareille déclaration, fur-tout quand on n'a pu s'empêcher de laiffer voir qu'on la defiroit; mais enfin c'eft le portrait que vous voulez, C'eft Ie portrait qu'il vous faut, & vous ne feriez pas homme k la facrifier & Toriginal. D ü V A L. Ah ! dites un mot , un feul mot, & vous verrez.... MATHURINE* Vous abufez de vos avantages. Mais , écoutez: M. Duval, Vous m'avez racontê 1'hiftoire de vos amours; il faut que je vous raconte la mienne.Quand • mon marl vint k m'aimer, il faifoit la cour 4 une petite payfanne du village, qui apparemment me resfembloit auffi. ]e lui fisentendre que je n'aimois point ces diftraftions; & j'exigeai qu'il éerivit k mon portrait une lettre bien claire, par laquelle il lui annoncoit qu'il ne 1'avoit jamais aimée, & que tout fon ; cgeur écoit k moi, D U V A t. Cmel fut le prix de ce facrifice? JtATHVRIWE. 14% oaaio.  32 LA BONNE MERE, DUVAL. Vous lui fignates , fansdoute, en même temps qu'il écrivit la lettre, une promeffe de 1'époufer le lendemain? 'MATHURINE. Le jour même. DUVAL. Avez vous une plume & de 1'encre chez vous? MATHURINE,, Tout ce qu'il faut. DUVAL. Donnez-vous la peine de palier dans votre maifon; nous terminerons notre converfation par écrit. MATHURINE. De tout mon cceur, Monfieur Duval, '& que ne parlez-vous ? Souvenez-vouscependant qu'avant tout ilfaut que ma fille foit mariée, & que le titre foit dans mes mains. DUVAL. Avant tout il faut vous plaire & vous adorer a jamais» (Ils tnttent dam let maifiti.)  C O M Ë D I E. 33 SC ENE VIII. LUCETTE, ftule, Duval eft avec ma mere; fans doute, il luidetnanDuval elt av ^ ^ Duyal ma T* mais fon c^ur ne vaut pas fon efprit: il eftannab e maisioft c ^ ihTL"^^^^.nCioicpasbien.Jevoisenco, nal malhéureux, interdic, les larmes au* ■£ T C endant fans ce plaiudre: ce fouven* ^e'X^mienne, toute la jourr.ée .... ^ ^ rieh qttl Quand j'aunois Lübin, ü u exi0eo tj niV me donner du chagriö.... Je je iaw i" » Sbien a plaindre. II faut attendre ma mere, yc lui dirai tout, cela me foulagera. S C E N E IX. LUCETTE, LUBIN en habit de dragon» avec le cafque & * fabrt. LUCETTE. Mais cuevois-jev c'eft Lubin....Ou., c eft lui... ienemetpompcpas. Et cctmnent.... j l u b i n , fi rettrant. te vous demande pardon, Mademoifdle,; c'eft Madame votre mere que je cherchoW. Lubin , arrêtezVréponde^nol Que veut dire E  34 LA BONNE ME R E. c« kabit? que vous eft-ü arrivé? Je tremWe de ft». t D li I H, _ Ne tremblezpas, Mademoifelle, ne tremblez pas? h 11 T k rP1'0jet ^ fUCr M' Duval' Je »e veux ia mou de perfoane que la mienne. Mais expliquez-vou" lonc, Vtirez-moi d'inquié. gagé? qU01 CÊt Uniforü?e? vous ^^Ln- donné mon c é, vou.^SSffi Poffible.P.fWe qUevoilsayezTf^'cette folie? eft il Mademoifelle, [j'ai fak quelquefo;s des foIie dangereufes; car enfin je „'ai engagé qalZ\t l lapeidre, & une fo.s mort, on nefouffre plus Mais quand on engage fon crcur, quand onle donne qJand on le l,vre tout entier è celle que Ton Z u T que foi-même; ft qu'après 1'avoir accepS f e ^ dédalg„e, le déchire.le piqué de centcoups d'épTnl le dans les endroits qu'elle connoft les pin, reS Mademoifelle, cela fait plus de mal &cela fait mal bien plus long-temps.' 9*%  C O M E D I E. 35 Ft « dira votre Lre? vouïne fongez pas qu'en ffi'aDandonnant , vous 1'abandonnez auffi. C ■ velt pas moi qui voüs'abandcnne, puifque je eSte dan, mou cceur, & que vous m'ayez V?U wlen Quant a ma mere, je n'ai point d exC 'e :' )e aisij'eu pleure. Mais Madame MathuCJ ';c :. :ry, premlre foin d'elle pendant mon S?e e. J vcn^l'enprier^-evenots lm demanV ;„Urmaplaceauprèsdema mere Cen^ g pas que je cherchois, Mademotfelle, ,e vouiois partir fans vous voir. LUCETTE. Partir! Quoi vous voulez partir dè5 aujourd huiT dit que le généra étott 1 a ve VouS ju. ^L"- Pe-Paes faJattendre cetbonnate homtne. Mais, L,bin,''l'»nt:»ouIaT,.»pê. Sojez^ L V B 1 N. L , fais bien que 1'on m'a trompé, mais ce l,rtae, votre rnere, iqoi je veu! temettre ce pa pier. Eft-elle chezelle? E a  P LA BONNE MERE, r- o c E T T E. E"e eft en affaire. (Luhin s'en va.) Vous me fluittez donc? J m l u b i n, s'arrête. p'J; riche de m'en aIler5 mais je „e^vous quitt6 Z. ü e E T T E. Lubin.... luein. Eb bien? Qlrevhnt.) LUCETTE, Q»e je fuis malbeureufe! l u b i n. Jen'aurois jamais cru que c'eüc été è moi de vou* Confoler aujourd'hui. lucette. N'en parions plus, puifque votre parti eft pris... < L< tk P,eure.) Dites-moi feulcment ce que c'eft qua cc papier que vous voulez donner a ma mere, l o b in, tefufant de k montrer. Oh! ce n'eft rien, Mademoifelle, ce n'eft rien. lucette, • Comment! je ne peux pas le voir? Vous le verrez quelqtJ ;}our*: ce n'eft pas mou tattutwa que vous Ie voyiez dans c* moment. l ü C E T T E. Je vous en prie. lubin, Vous me priez, vous me priez, de queJque chofe » vmil voiq donc encore un pecu. mmm bQ^  C O M E D I E 3~ LUCETTE. Laiflez-moi lire. (Elkprend ie papier & Ut:) * Mon Testament." Comment! votre teftament i LUBIN. Sans doute, puifque 1'on m'attend pour cette baJle , U faut ' bien mettre un peu d'ordredaus fes affairCS' LUCETTE Ut. . Comme ainfi foit que dès que Ton n'eft plus «mé dansce monde , on n'a rien de mteux a fa,rc que d'en fortir, j'ai pris mon part, de d'un capitaine qui vent bien m'envoyer a la bataille 1'efpere qu'auffitöt que j'y fcrai arrivé, W™&ff? fera finie le plus promntement poffible, & c elalois dxe je prie Madarhe Mathurine, mere de ivlademoir felle Lucette, de vouloir bien Être mon ezecutnee "^^^^^^ fait tuer fans fa permiffion; mais comme c eft le premier cha§rin que je lui ai donné , j'efpere_ qu elle me le pardonnera pour cette lo.s; 1'aflurant bien, du fond de mon ame, que jamais il ne m'aniven plus de rien faire qui lui déplahe, & que je ne regretta de ce monde que le bonhenr c< le pladir de lat- donne & lègue * Mademoifelle Lucette, tout le bien paternel dont je peux difpofer, lans mettre ma mere mal a fon aife; lui pardonnaut ma mort & u ut de qu'elle m'a fait fouffrir, & defirant de toute mon ame qu'elle foit heureufe avec celui qu'elle m'a préféré. je mets pourtant la condinon h ce kgs, que le premier garcon de Mademoifelle Lucette ,&*  38 LA B O N N E MERE, nommé Lubin, Sc qu'elle penfera quelquefoisamoi, en armant & en carefFant Lubin, ce quLempêche a de m'ennuyer dans 1'autre monde. Je donne encore & legue une petitefpenflonalimenta.re au peut chien Aza, que j-ai donné a Mademo.ielle Lucette; fentant fort bien que cepetit chien ne fera plus a.mé de fa mairreffe, quand elle aura époufé mon nval, & „e voulant pas qUe ce bon pemch.en, qui a été mon camerade, meure de faim pour avoir déplu comme moi. Voila k quoi fe réduifent toutes mesvolontés c'eft la première & la derniere fois qiie j'en ai d autresque celles de Mademoifelle Lucette. Signé lübin. (Lubin veut reprendre k teftament , Lucette k retient). Lubin , gardez votre bien, mais laiffez moi eet éent; ,1 ne me quittera jamais, je Jirai toute ma vie, du moins jusqu!a ce que mes larmes 1'aient effacé. l O p l n. i.Vos larmes.' quoi! vouspleurez! & de quoi pleu rez-vous? que vous eft-il arrivé? mademoilélle Lucette ? Ah! parlez, contez-moi vos petnes;, j'iibïeo cddè votre bonheur a M. Duval, mais je ne veux céder a perfonne vos chagrins. l ü C R t t Ei Mon ami lubin. Oui, je le fuis votre ami, je le fuis toujours, jele fcrai tant que je vivrai. Vous n'avez plus voulu être mon amie, vous m'avez ótê votre amitié. C'eft un  C O M E D 1 ê. 39 bien grand malheur pour moi: mais ce quil'a unpeu foulagé, c'eft que je n'ai jamais pu vous óter la mienne. Aépondez moi donc, qu'avez-vous? queft-ce qui vous chagrine? l v c e t t e, Le repentir , la honte d'avoir pn vous mécon„ottre un moment, d'avoir été ingfate envers vous. Ma vanité, mon age, m'ont égaré, mon cceur n a Das été cnuoable, mon cceur vous a toujours aimè, Lubin, ioyez en bien sür? & eet amour fi vrai One dites vous donc? Lucette , répétez , répétez, je vous en prie. Je n'ai sürement pas bien entend,, Vous m aimeriez! vous m'aimeriez encorel hélas! mon Dieu, votre changement a penfé me faire «oaSr de douleur, votre retour me feroit mounrdejoie, je n'ai pas befoin d'aller a la bataille, vous me tuetez quand vous voudrez. l ü c e t t e. V Oui je tVime , je t'ai toujours aimé , je pleure. ,iai toute ma vie le malheur de t'avoir perdu; je te le dis je te le répete , je trouve du plaifir a te 1 avouer dans llnftartt oü je n'efpere plus de pardon, eüje ne me^atte plus.... l u k i k. De pardon! ma bonne amie, qu'eft-ce que c'eft que ce mot-la F quoi! j'alloW mourir, tu m'accordes la vie ; & tu me parles de te pardonner! mais c eft.a moi de te remercier, puifque c'eft moi qui recois ma grace. lucette, Quoi! tudaignerois...?  4© LA BONNE MERE, lubin. Oui, je daignerai être heureux. Car, il ne faut pas t'abufer, toute perfide, toute Infidele que tu étois, je n'ai jamais, pu de haïr. Tu faurois été cent fois davantage , que je faurois toujours chérie, it dépendoit de tol. mon amie, dem'ötermon bonheur, mais non pas mon amour. tucÈ x te, lui tend la main. Faifons donc la paix, veux-tu ? lubin. J)e toute mon ame; mais vous ne danferez plus avec M. Duval? L ö C H T T E. Je ne lui parlerai de ma vie; mais tu n'iras point a la guefre ? l v b i n. Ah! dame, c'eft [difficile k arranger k caufe de ce généial qui m'attendj mais dcoute., je lui écrirai qu'il donne toujours fa bataille, parceque j'ai eu des affaires , & que je me fuis arra'ngé avec toi & s'il lui falloit abfolument quelqu'un, nous pourrions lui envoyer è ma place M. Duval; ma mere arrangera tout cela avecsle capitaine, qui eft un bonhomme. lucette. Et le fanfonnet ? lubin. II eft revenu chez nous; ce dróle-Iès'eftdomèque nous nous raccommoderions. LUCETTE. Puifque tu me pard; nnes , je fuis heureufe, & je te promets bien que M. Duval ne te donnera  C O M E D I E. 4> i>Bais de !• veux lui déCrer d«»„« toi... • SCÈNE X. TTirvTTEi UN VALET LUBIN , LUCb ui" de Ferme. % T r v A le t , une lettre a la min, VAL . ! ,„ hMei ,jL1e M. Duval m'a Mademoifelle, voici un billet que chargé de vous remettre. je «'en ai que toe "voul pouvez le lui rappor, ter. A l e t Oh! KW^^'^K feroit enrager tont a fon aife. Qu8 parles-tu & ^ "ie Madame Mathu- je dis cequi eftvrai; que M. Duval va époufer Mademoifelle Lucette. lubin. M. Duval va époufer Lucette! qui t a dit cela i Je lefais bien^u^  4» LA BONN'E MERE, cosifulté, je lui aurois dit de vous donnet plutót fa fille; car en vérirë, quoique vous foyez un petitpeu innocent, je vous aimerois cent fois mieux pourmaï tre que ce petit freluquet. Mais je perds montemps £ babiller, jvpus avez votre lettre, bon foir, Dieu vous maintienneen joie. // s'en va, S C E N E XI. LUBIN, LUCETTE. i- o B i n. Comment! vous me proraettez de ne plus danferiVec M. Duval, & vous allez vous marier avec lui? LUCETTE. Mem ami, je te réponds, je te jure que je 1'ignofe que ma mere ne m'én a pas parlé, & que rien au monde ne pourra m'y faire confentir. LUB IN. Je vous crois, Lucette. je vous croirai toujours, YQÜh pourquoi ce feroit bien mal a vous de me trompet. Maïs lifez votre lettre, que je ne vous eêne pas. LUCETTE. Non: mon ami, c'eft a toi de la lire, c'eft a toi d'en faire tout ce que tu voudras. Lubin. Ppïut du tout; elle n'eft pas pour moi,.. •* L U C E T T E. Elle eft pour toi, .puifqu'elle me regarde. Te „e pms u. ne veux avoir de fecret pour le maïtrede mon mnn prends cette lettre, li,, & ]J§ te ftche ■  C Ö M Ë ' D 1 Bi 4 .iprefïïons de tendreffe qu'elle contiént. Duval cro,t «/époufer, il m'adore , il t>a,le aüremept de fonbonheur avec toute la vivacité de fon amour; pardon^ le lui, mon ami , & fois bien sur que plus cette lettre eft tendre, plus j'ai de plaifir a te la facnfier. lubin. Allons, voyons donc, puifque vous le voulez..a.„ cela me fait pourtant un peu de peine; je n'aime pas a entendre dire par un autre ce que je voudrois ftr & dire tout feul. Mais allons, il faut s y refou^ dre, quand ce ne feroit que pour m'inftruire, Scvolr un peu avec quelles douceurs M. Duval toürne il bien la tête aux jeuues fiïles. (Itetvre & lil O Mademoiselle, J'ai été poli & salant avec vous comme je le fui3 avec toutes les femmes ; & vous avez pris cette galanterie pour de 1'amour. J'en fuis dautant p!usiic_ bé que vous m'avez offert voue cceur & qu ü m eP impoffible. de 1'accepter, puifque le mien eft tout en^ .tier a celle h qui je vais m'unir. pjjvAL; l u c è t t è , riant. C'eft toi qui t'amufcs % faire cette lettre-la ? l u H i n. Moi, je ti'ai jamais fait nït éeritdepafcillesum^ ünences. Je lis ce qu'il y a. l u c e f t k pretul ia kttrii ■ Cela n'eft pas poffible. l u b I Ni Voyez vöüS-mêmë. lucettE, après dvoir lü■ Ah! le traïtre! Mon aini, ne ïii'aecable pas| je ï i  4| LA BONNE MERE, n'avois pas encore recu cette lettre , je ne m'attenuois pas a la recevoir, quand je t'airendu mon amour, quand je t'ai dit... LUBIN. Ne parions plus de tien, Lucette; fi ta faute n'avoit pas été punie, j'aurois pu te la rappeller quelquefois pour te faire enrager; mais après cette lettre ci j je mériterois que tu m'oubliailes tout a fait fi je pouvois m'en fouvenir un feul moment. KIl dé' chire la lettre.') Parions de notre mariage. Je t'aime plus que jamais; je ne t'ai jamais vue fi belle, fi jolie qu'aujourd'hui; & tout mon bonheur. toute ma confiance, toute ma gaieté font revenus dans mon cceur. LUCETTE. Ah! mon cher Lubin, combien je fens ton procédé!... LUBIN. Ne fens que ma joie , c'eft tout ce que je deman- * de , & oublie & jamais tout ce qui n'eft pas toi ou moi.. .. Mais voicï Madame Mathurine avec M. ie Tabellion, toujours ce Monfieur. SCÈNE DERNIER E. LUCETTE, LUBIN, MATHURINE,DUVAL, LE TABELLION. MATHURINE. Ma fills, voici le moment de terminer bien des affaires. Pil. le Tabellion nous aidera; il porte avec lui ton contrat de mariage, oii le nom de ton ma-  C O M É D I Ë. 45 , , ^vf> >i toi. comme de raifon , a te LUCETTE. •»i ma mere, ie n'ai pas befoin de ré? Grace au f'™*^ ce papier k „om qui a Sr»Jcrivez ,ue monmari.monamant, mon ami, s'appelle Lubin. Oui, Monfieur, ente" dV-vous? & n'oublle* «xcune de mes qualités. LETABELLION. _ Je vous en fais mon compliment; mais ett-ce la votre habit de noces? Non, non, c'eft mon habic de la veille. M A T H V R I N E. Ta mere fort de chez moi: elle favoit déja la folie que tu as faTe, & elle eft allée chez lecapitaine pour acheter ton congé. ^ ^ Elle a raifon, mam"e- car voici mon colonel & ie quitte le capitaine pour fuivre ie colone.. Jc fais ce que eelt que la fubordination. M A T H U R I N r» Te n'eft pas tout. Voici un titre avec lequel jepouvols ruiner ta bonne mere & toi même Tant que tu le faurois dans mes maina , tu te cro-rois ohhgè de Zr pour que je n'enfiffe pas 0%e. 11 faut que "Se ecletu difoiatanrör, feulemempottr Tpllr- tiens, voila ton titre. « Elk le déclure.y  46 U B.ONNE MËR'Ë, DUVAL. Ah, Madame.' Mathurine. Un moment. Sais-tu ce qu'il m'en acoütè, aiafiliépour alTurer le repos du bon Lubin, de fa mere, & pour fa,re avouer k Monfieur qu'il ne t'avoit jamais. temr, fi Monfieur 1'exige, après certaines difpofitions que je veux faire auparavant. M. le Tabellion écnvez que , outre la dot qui revient a ma fille il M donne dès aujourd'hui tout ce que je poflededans ie monde, tout ce que je pourrois jamais pofféder que je me remets entièrement a fa difpofition ; &eX! pliquez cela de maniere qu'il foit auffi clair que tout mon bien eft a ma fille, comme il eft clair qu'elle » tout mon cceur. LUCETTE. Ah, ma mere.' MATHURiNE. refte'ntT1 T^* A^rc»c'Monfieur, qu'il ne me refte pllls que es appas ^ ^ voulez ma mam, vous n'avez qu'è dire, e fi£ mon fort. Mais om fortune felle Lucette; c'eft k elle a me faire une dot p0 ume tor è un mariage que je détefte. DemaL z7u donc fes intentions: voilé ma mere. O U V A E, Madame, il m'eftimpoflibledevousexprimerèquel point cette plaifanterie-la m'encbante. Je fuisravid'v être pour quelque chofe. Je vous rends votre prl mefie. En vous époufant noiis ferions tous deux malheureux; en ne vous époufant pas, nousfommes  ,C O M E D I E. A? ■ tous les quatre content? il n'y a pas decomparaifon. Et d'après ce calcul, je crois n'avoir rien de mieux 3 faire que de prendre congé de la compagnie. mathurine; Vous devinez notre avis. l u b i n ie r.ippelle. Monfieur, Monfieur! / duval. Quoi? lubin, Comme vous avez beaucoup d'efprit, & que je ne fuis qu'une béte, ne pourriez-vous pas me faire quelques petits couplets fur mon mariage? je vous ferois bien obligé. mathürinkó Lubin. Allons, mon ami, allons faire la noce chez ta mere; je veux lui porter un bouquet & en recevoir pn de fa main: le jour du bonlieur des enfants efl: 1» fête des bonnes meres. F I N,