3LES BETTEN COMEDIE LTR.IQUE, EN DEUX ACTES. Par Mr. CHAMPEIN, Repréfemée pour la première fois, par les Comédiens Italiens ordimires du Roi h 8 Mars 1787. A AMSTERDAM, Chez CES AR NOËL GUERIN, Imprimeur Libraire du College Dramatique & Lyrique & du Théatre Francois. MDCCLXXXVII. 318  NOMS BES ACTEURS, h V C I N D E. MARTON. Le CHEVALIER. DAMIS, Oncle du Chevalier. MATHIEÜ, Bijoutier. D A M A S, Horlogen DUBOIS, Valet du Chevalier. UN NOTAIRE. UN EXEMPT. Mme. Clairvilte. {Mme. Montrofe. Mlle. Gilliotte. Mr. Soligny. Mr. ia Bruyere„ Mr. Berger. Mr. Mr. Moutón. La Scène fe paJfe dans un'fahn, Jur un cótê eft un Cabine t.  MS DETTES ACTE I. SCÈNE I. Le Chevalier, feul. Dubois, Dubois?... il n'eft point réntré, depuis urie heure qu'il efl: abfenr. Qu'elle lenteur! attendons ; fij'ofois dumoins me orélenter chez Lucinde; mais il e(t encor trop matin. Hèjasl je voudrois la voir a chaque inftant, & ce n'eft qu'en tremblant que je parois devant elle. A R I E T T E. Si tanc de fois, fans Ie penfer J'ai pu prononcer, je vous aime Pourquoi quand ma Mme eft extréme Ne puis-ie plus le prononcer? u De ma Lucinde un doux fourire Suffit pour enflarner; C'eft un devoir de 1'aimer Seroit-ce un crime de le dire, SCÈNE II. Le Chevalier, Dubois. Le Chevalier. Eh bien, Dubois; tu reviens de la pofte? A 3  4 LESDEJTES, d " b o i s. OuiMonfieur, & il n'y a rien pour vous. Le Chevalier. Ni Jettres, ni argenr. D o b o i s, Ni lettres, ni argent. Onclecruel! L* CfIEV^i£r. „ .„ Dubois. Ou raifonnable.' Le Chevalier. II rit de mes peines. Dubois. ^^^^^^ ne favent pas v we & o«i »™« VUJ,rVea,lcl^s qui nêtemem. ' q Vous F*»**»* malhoV Le Chevalier. Mais que penfes tu de nion oncle ? D ü b o 1 S. vo^pftrepri^v;enruqued?0t s smaines & que vous n'en faites rien. * lm Prorae<^ L elt mafgré moi.  C O M E D I E L T R I QU E. $ Dubois. Jc le fens bien, on ne part pas comme on veuf'' quand on a des créanciers. Le Chevalier, a part, Et un ceeur fenfible, Dubois. Ce font les adieux qui nous retiennent. Le Chevalie r. , Mais ma lettre auroit du le toucher. Ma malariie luppofée... D 13 b o i s. Etoit faite pour tout raconimoder. Vnrifemblance, ftile pathétique, écriture tremblante rien n'y manqucdt. Mais nótre oncle eft fin. Le Chevalier. Mes torts envers lui m'affligeut plus encor que ma iituation. Dubois. Ceftjufte, quand 1'argenc senvê, Iesremords arnvent. Le Chevalier. Mais que faire a prèfent? Dubois. Je n'en fars rien, vous ne voulez point quitter Pa» ris, & il eft dangereux pour vous d'y refter, voiu aimez ladépenfe, & vous n'avez pas le lol. Toutcela s airange mal:encor fi vous ètiez homine a füivra A 3  G L E S D E TT E Si mes confeils, je vous eii donnerois bien un excellent pour i'ortir d'embarras. Le C hevalier. Lequel? Dubois. Mariez vous. Le Chevalier. Moi & avec qui ? Dubois. Avec quelque douairiaire bien vieiL'e & bien riche. Le Chevalier. Tu n'y penfes pas. Dubois. Pardonnez moi Monfieur; on fe ruïne, & 1'on fe m-arie , c'eft la regie. A R I E T T E. I. Couplet. On doit foixante milles francs, On prend femme de foixante ans: Ceft ce qui vous défole. Le jour que vous vous mariez Tous vos créanciers font payêz C'etl ce qui vous confole. II. Couplet. Souvent pour éviter ie train Vous lui confacrez le'matiu C'efl: ce qui vous défole. Vous bornez la vótre devoir Et vous vous difpenfez du foir Ceft ce qui vous confole. III. Couplet. Par fois il faut avec douceur  C O M E D I E L T R 1 oo Livres. M a t h I e Ui Tout autant, aulïï plus de grace , morbleu, plus de grace. Marton. De la douceur, Monfieur, de la douceur. DUO. Mathieu. La douceur n'efl plus de faifon Ou de Pargenc, ou Pa prifon. Marton. L'alternative eft un peu dure. Mathieu. Je pretends venger Pinjure, D'étre cent fois venu prier. Et fupplier de me payer. Monfieur le Chevalier! Ah c eft vous? difait il, j'aihonte J>e n'avoir pu vous payer Mon mëmoire fe mome ? Oui je vous dois j'en fuis certain, Mais revenez demain matin Et vous recevrez unacompte. Le lendemain, le mémoire a la m»in L'ame contente ie me préfente )és le matin. Mon üeur Dubois peu t on voir votré maitrer  C O M E D I E L T R I Q U E. 13 II eft forti; rnais revenez demain matin Depuis trois inois toujours demain, Oh je faurai punir le traiire. Marton. Dans tous les cas point de prifon De ia douceur. La douceur n'eft plus de faifon Ou de 1'argent, ou la prifon. SCÈNE VI. Les mêmes un Va let. L e V a L e t. Mademoifelle Marton, Madame vient derentrer & eile vous demaude. Marton. J'y vais tont a 1'heure. Le V a l e t. Elle vous attend. Marton. Monfieur. Mathieu. Allez, Allez. Marton. Je ne vous laiflerai pas feul, la politeffe.... Mathieu, prenant un fauteuil. Je vous en difpenfe. Marton, a part. Allons voirce.qu'elle veut,& tachonsde revenir...^ encore afiis! quand partirez vous donc, Monfieur? B 3  14 LES DETTES, Mathieu. Quand je ferai payé... Mademoifelle. Marton. Vous refierez la longtems. SCÈNE VII. Mathieu. Cectefille la meparoicbier. fine, jegagerois qu'elle efl: du complot, & que Damis elt dans la maifon. Si je pouvois le decouvrir. FINALE, Cherchons partouc & cherchons bien Monfieur j'écoute; & je n'encends plus rien, Voyons, ma foi, mais non, fi fait Quelqu'un ell dans le Cabinet. Il faut agir avec prudence Monfieur, Monfieur. Le Chevalier. Eft i! parti ? Matthieu. Oui. Le Chevalier, Ah ciel!  CO MED IE LTRlQ^UE.i$ Mathieu. Vous voila donc, vous Süence, ne criez pas vouscachez, Vous en aurez, mais par. De fargent. le's bas. Ce font encor Ia des for- Ce ne font point des for- nettes nettes Je veux aujourd'hui de 1'ar- Vous aurez demain votre gent. argent. Mon or.cle va payer mes dettes, Son correspondant Doit vous payer tous & comptant. Me trompez vous en eet Vous ne me rendez pas inltant? juftice. Ce Correspondant doit ve- nir ce matin Attendez jusqu'a demain Vous me rendrez fonice. Le Chevalier. Je vais pafl»r chez lui. M a t h i e u. J'ai befoin d'argent aujourd'hui C'ert fort bien fait je vous y fui. Le Chevalier. Non non il faut plus de miitere Reltez je vais paffer chez lui. D u m a s. Monfieur. Le Chevalier. Mon Korloger, que faire A la fin vous voila J'allois chez vous demeurez Ia. Dans un moment nous parierons d'affaire Ces deux meffieurs ne me quitterontpas Et Lucinde m'actend , comment fuivrefespas, Connoiilez vous ce Monfieur li. Pour vous quel bonheur extréme  IS LES D E T T E S, Ceft la perfonne en queftion. Mathieu. Vótre Correspondant. Le Chevalier. Lui même, vous aurez de 1'argent. Mathieu. Ah! vous êtes trop bon. Le Chevalier. Eh! bon jour Monfieur. D u m a s. Puis-je croire Qu'a la fiu j'aurai quelqu'argent. Le Chevalier. Vous voyez mon Correspondant, Préfentez lui vótre mtfmoire, II va 1'acquiter a 1'inftant. Le Chevalier. , Dumas, & Mathieu, II va 1'acquiter a Tin dan r. Donnons nótre mémoire gilfort) On va 1'acquiter a 1'iuftant. Mathieu. Dumas. Monfieur vous vous mo- Monfieur, Monfieur. quez de nous, Soyez tranquile Vraiment c'eft bien plutót Mes comptes font faits » vous pour Ie mieux, De vérifier le mémoire. Et fa préferce eft inutile; M jnfieur c'eft trop de Sur le papier jettez les complaifance, yeux Si vous ne daignez pas m'en croire Vous êtes jufte & je crois bien Que vous payerez ma créance. Votre créar.ce. Damis a du vous pre'vénir Et fi vous connoifTiZ fes detr.es,  C O M E D I E L T R I QU E. ij Vous favez ce 4'.i'il ne Yous êtei'a«.a doit. Son horloger Pour vous fervir, Mathieu. Sou horloger. D u m a s, Oui vraimenc c'eft moi même. Mathieu. 6 Ciel me dire effrontément Que vous allez payer fes dettes, Et moi qui ie crois bonnement Et vous crois ion Correspondant» Dumas. Monfieur c'eft vous qui 1'êtes Vous devez me payer. Mathieu. Je fuis Monfieur fon Bijoutier Mais qu'il redoute ma vengeance. Doha s. 11 m'a trompécomme vous Contre lui j'ai fentence Par corps voyez vous Tous deux. Alions dès ce foir vengeons nous. FIN DU PR E M I E R ACTÉ.  18 LESDETTESt ACTE II. SCÈNE I. Duboi s, Marton. Dubois. Peste fok des créancieis,,. Marton. Pourquoi les as-tu lahTe's entrer ? Dubois. camarSr°fité ^ m°ment °" J'C g"f°is U" de ,ei,f9 Marton. bok!.'!'011"018 Dub°iS i " £raiC; un *ro§ne D u s o i s» Auprèi d'un médecin habile, C a  ' '■ * i 'O A peine peut on arriver. M a k T o n, Au contraire dans vótre azllc Le créancier vient vous trouver D ö 8 o i s, L'un vous ordonne, i'aiitre prie, Tous deux vous excédent fouvent L un peut vous óter ia vie ' Mais J'autre n'en veut gu'a vótre argent, III Couplet. M ji a t o w. Qne n'eft il un pays fur'terre, Ou 1'on ne doive jamais rien. * Dubois. Que n'eft il un pays ma chere, Ou 1 on fe porte toujours bien, lei 1 on doit craindre peut êtie, Et médecin et créancier, Et je vais fuir avec mon ïnaftïe, i our vivre et pour ne pas payer. (ƒ/ fort.) KU dernier vers de chaque couplet en Duo.) Marton. éto!tdécPouve»r * Pr0P0S' Si Damis eut P»™ *»| SCÈNE II. Marton, Lucinde. Lucinde. Marton, avez vous vu ie Chevalier g  C O M E D I E L T R I QU E. 2j Marton. Non Madame, mais Dubois fort d'ici,, Lucinde. II ne fait pas que Tonele de fon maltre efi: arrivc? Marton. Je me fuis bien gardée de lui apprendre. Lucinde. Et vous avez bien fait. Monfieur Damis va rentrer , vous 1'introduirez ici fecrettemenc» Je veux e.;cor& lui parler. Marton. En faveur du Chevalier? Lucinde. J'efpére fiéchir fon oncle. Marton. Oh oui c'eft un bonhomme, et il y auroit plaillr & faire des fottifes , fi tous les parents lui reffeinfclaient, (elkfort.) SCÈNE III. Lucinde, (feule ) Je nele fensque trop , la fuuation du Chevalierm'intéreffe vivement. Heureufe fi c'elï l'amitié feuic qui me la fait partager. A R J E T T E. Douce amitié, pour mon bonhenr, C'eft a toi de remplir mon ime: We laifie jamais far mon cosur, C 3  m LES D E T T E 'S, Ptf^ner une plus vive Mme, Je c-ains Taniour, et fon pouvoir, üabord il féduit,, il engage; C'eft un beau jour, dont Je foir, Fim't roujóorg par ion orage, Douce auijtié. &c. '° SCÈNE IV. Lucinde, Marton, Damis. Marton, (après avoir regardé.) Entrez Monfieur. Damis. n plan a rcuïü, Madame, et mon arrivée eiïencor un fecret. Lucinde. bien ? Damis, le Chevalier a t'il trouvé ffrace a vos yenx? Damis. II a eu bien des rorts, Lucinde. II faufles pardonner. Damis. II ne ri.ent qu'a vous Madame. Approuvez le proiec «]ne je vous ai p'rópófé, il ya long-tems que je 1'ai formc, et je le crois excellent. Nous fommes un peu parensï ommetels, noiis avonj a partager enfernble un héritage de cinquante mille ;dcus, vous êtes lifo.re, 1'époux que je vous deftine 1'eft auffi. Vous vous converiez,et vous vous unifTez tous deux pour ne pas divifer la fucccflïon. 'm  C O 31 E D I E LT R l Q_U E. i$ L ü C I N D E, Vous allez un peu vite. D a m i s. Etj'ai raifon. TRIO. Marton et Damis. Un delai n'eft pas excufable, Quand on peut faire des heureux. Lucinde. Un delai me fnnble excufabls Quand il faut fe kt de txls nceuds, Damis. L'epoux eft riche! Marton. Eft il aimable? L u (' i n d e. Est il bien jeune ? Marton. Eft il bien amoureux? Lucinde Ah! quelquefois lörsque 1'on alma, Pour chaugeril ne fauc qu'un jour, Et 1'himen fait fouvent lui même, Flus de volage, que 1'aaiour. loc) n d e. Au moins nommez moi eet époux, Damis. Non ma belle parente je veux avant vous d:ci."ei en faveur d'un mariage néceflaire. Car elifiii ii iautvous marier ou plaider ... choiliffez. Lucinde. L'alternativ/e,...  *'* LE S D ETT E S, Lucinde,' Jturiani Permettez moi d y réflechir. D a M i s» Joh & moi ja vais chez mon notaire, & mon n«.' Lucinde. Ne Ie tfaftéz pas féverement. Damis. durL^pÏ! Bi£n f3ire U" PCU r°nde ' ffiais Ccla n£ (Lucinde fêt aveè Marton) SCÈNE V. Damis, feut. puience, i a êté dupe de fon bon cceur ïp Ini pardonnera» fes créanciers rien qu'en Sur du r I quil leur a joué tantót. je me MsreCo„nu IW ^ « / £ T T E. 1. Couplet. Oui ma jeunefïb a mes yeux eft préfente J avois des torts mais üs étoient charmans On les pumt chez qui n'a que vingt ans ht 1 on voirdroit les avoir a foixante. H  Komedie l r r i qu è. &$ II. Couplet. Mais du préfent, il faut qu'on fe contente, Qui fait jouireft heureux en toutteras, Quand oueft triïte, on elt vieuxavingt ans, Quand on eft gai, 1'on eft jeune a foixante. SCÈNE VI Damis, Dübois. Dubois. J'ai beau chercher mon maitre, je ne le trouve pas- _l Damis. Ah c'elt toi Dubois. D v b o i s< Ciel! Damis. Approchez. D u b o i s. Vous ici Monfieur, eh! qui vous y amene? Damis. Ton maitre mon ami. J'ai recu fa lettre, j'ai touï quitté & j'arrive a 1'inftant. Dubois. Vous u'avez encore vu perfonne? Damis. Perfonne. Dübois, a part, Tant mieux. Damis. Et ce cher neveu comment fe porte t'il ? D  c6 LES D E T T E S, Dubois. Ah.' Monfieur ne ïn'intérrogez pas. D a m 1 s. ~ vJu m'éffraies! je veux le voir Dubois, je veux le Dubois. mèlnt?^l°iear> Ü fer0iC da"Sereux de vous y Damis. II eft donc bien mal. Dubois. Plus mal que jamais. Damis. Je 1'aurois dn deviuer a la douieur qui eft peinte fur ton vifage. Dubois. Vous la voyés! Damis, *Jr"en?Jdt 1?onneur--- Ie pauvre chevalier! (a part j oh tu me le payeras. Dubois, a pan. Bon il s'attendric profitons en. ( hout) je vbuJois d abord vous cacherfon état. Javois bien pVévu au'il vous accablerait. 4 Damis. Non. _ Dubois. Comment"? non. D a m i ?. Le lage doit s'attendre a tout. Je le reeretteroi* cependaut car c'eft un bon fujet "J^ois A(r , Dubois. a.'luicment.  C O M E D 2 E L T R I Q^U E. 37 Damis. Fort rangé, &iurtout trés éconöine. , Dübois. Oh! je vous en réponds. SCÈNE VII. Les mêmes, M a t h i e u. D a m i s. Que me veut eet homme, avec fes révérences. Dubois. Que vois je! encore ici. Mathieu. Je ne viens pas pour vous. Dubois. Allez vous en pour moi. Mathieu. Cela n'eft point poffible. Monfieur, je viens d'ap» prendre vótre arrivée.... Dijboi s,a part. Ces gens Ia favent tout. M a t h i e u. Et malgré mon jutte reffentiment, avant de rien faire, j'ai cru que je devois avuir 1'honneur de vous voir. Damis. Monfieur je vous remercie... quet ett eet homme la? D a  *8 LESDETTBS, Dubois, bas, C'eft un de nos médeeins. Damis. II a un iïngulier coftume. Dubois. C'eft qu'il eft étranger. Damis. hh bien qu? me veut Moniieur le Dofteur. Mathieu, après avoir regardé autour de lui. Moi dofteur. Dubois. Tout comme un autre. Oui Monfieur eft un de, ces dofteurs..., Mathieu. A qui Ton doic. Dubois. Fi donc eft-ce qirun médecin doit parler de ga. Mathieu. Eh non Monfieur je fuis un honnête homme. Dubois. v Allez vous en plutöt que de mentir. Damis. LailTez le donc parler. Mathieu. JBien obligé Monfieur je m'appelle..'. Dubois, Ventraimnt dans un coin du théatre. Ah ne vous nommez pas il eft furieux contre vous* Mathieu, effrayé. Contre moi! Damis, a part. Cela fent le créancier.  C O M E D I E L T R I OU E. 29 Dubois. II pretend que vous avez trompé fon neveu. Mathieu. Pas trop en vériié. Damis, a part. Feignons toujours d'être leur dupe. D u b o t s. Et dans fa colere il a promis de vous aiTommer (trés haut) ainü mon cher Monfieur Mathieu. Mathieu. Ne me nommez pas. Dubois. Pourquoi donc , Monfieur, Dami9*fera charmé de vous connartre. MathieuCe n'eft pas nécell'aire. Dubois. I'. fait comme vous avez traité fon neveu. Mathieu, bas. Paix donc (7;a«0 Monfieur je vous jure que j'ai fait de mon mieux. Damis. Qu'elle etoit fa maladie. Mathieu, regardant Damis, Sa maladie. Dubois, bas. Parlez ou je dis qui vous ètes. TRIO. Mathieu. Sa maladie en verii?, Eft celle de beaucoup de monde P 3  go LES D E TT E S, Calmez vótre rlouleur profoade L argent lui rendra la fanté Damis. Tu^dois^oircommentfenornme D U b o i s. Oui, vótre nom. M a t t h i e u, Non: Ca parlez moi vrai le bonhomme Lft il riche? Dubois. Oui. Mathieu. Payera t-ii ? Dubois. Non. Mathieu. Non Un coup d'eclat eft neceiTaire Alors il faudra bien payer. D a m 1 s. Vous nous quittez. D u b p i st Po int de colere Un doéteur a plus d'une affaire. Mathieu. Oui j'ai des vifites a faire Et je commence par 1'huifiier. Damis. Le doéteur un créancier. Dubois. Doéteur poinc de colere Monfieur Je Doéteur point d'huiffier.  CO MED IE L T R 1 QU E. 31 SCÈNE VIII. Damis, Dübois. Damis. II eft parti bien brusquement. Dubois. 11 a bien fait, comine dans tout ceia il yaunpeilde fa faute il craint les reproches. Damis. Tu ne les crains pas, toi! Dubois. Oh! non affurément, ma conduite. D a m i s. Eft exemplaire. Auffi je t'en récompenferai. D u b o i s, d part. J'en doute. D a m i s, d part. iïejoignons Lucinde avant de palier chez mon notaire... adieu Dubois, puisque 1'état de ton maitre exige des ménagements, annonce lui ma vifite. Je viendrai bientót, mes feccurs , lui font fans doute néceflaires? Dubois» Un peu. Damis. Je le crois. (apart.) Le traitre, adieu, mon ami adieu. il fort»  ga LESDETTES, SCÈNE X. Le Chevalier, Dubois, Le Chevalier. Eli bien ? Dubois Lucinde.. . Dubois. Ah! Monfieur ne vous montrez pas. Le Chevalier. Pourquoi donc ? Dubois. Vout êtes bien malade vraiment. Le Chevali er. Moi ? D u b o i s. Vous même, et il ne faut pas qu'on vous voie ... Le Chevali er. ; Mes créanciers font ils encore ici? Dubois. C'eft pis que tout cela. Vótre oncle ell a Paris. Le SCÈNE IX. Dubois, feul. Si notre oncle n'eft pas fenfible au moins eft ilcrédule.... Maintenant allons trouver Monfieur Ie Chevalier, et favoir avec qu'elie fanté il veut aborder Monfieur Datnis.  C O M E D 1 E L T R 1 & £7 E. 53 Le Chevi t i er. Mon oncle! D o. b o i s. ~ Je viens de lui parler. Le Chevali er . Eh qne lui as tu dit? D o n o i s. Presque rien,mais il vous croit trés malade. Le Chevalier. Tu plaifantes. Dubois. Non ma foi. L e Chevalier. Et tu ne Tas pas détrompé. DuboisJ'ai cru pouvoir profiter de fon erreur pour obtenir norre pardon. Le Chevalier. II a paru fans doute bien allarmé? Dubois. Pas trop. Le Cheval i er. Comment malheureux! Dubois. Monfieur ce n'eft pas ma faute. Le Chevalier. Que ta t'il dit enfin? 7 Dubois. ' Ou'il étoit fage et qu'il fe réfignoit. Le Chevalier. Cela n'elt pas pofiible. SCÈNE XI. Les mêmes Marton. Marton. Grande nouvelle, Monfieur. Le Chevalier. Oui Marton. Mon oncle eft a Paris» r E  14 LES D E T T E S, M a r t o lt. II eft chez Lucinde. Le Chevalier. Lnez Lucinde! Marton. Ah fi vous 1'aviez vu, il s'ell défole, mais défolé... , Le Chevalier. Eh bién tu Pentendsi Marton. Enfuite il a ri, mais ri... Dübois. Vous 1'entenuez. Marton. Ce qu'il y a de vrai. C'eft qu'il aime fon neveu, oiais lur teut ma maitxeiTe; et uepuis longtemps il «voit fait liii plan qu'il va enfin exécuter. Dubois. Qüel eft il? Marton. Vous le faurez'bieniót. Le Chevalier. Et crois tu que j'obtiéndrai mon pardon? Marton. Certainement ce fera le préfent de noces. Le Chevalier. Vuoi?ils'agit de mariage? Marton. Eh! oui Monfieur. Dubois. Sérieufement. Marton. Scneufement. Lë Ciïevalieb. Et que dit mon oncle? 'Marton. II eft encnanté. Le Chevalier. Et Lucinde? Jl, Marton. Elle -confent a tout.  C O M E D I E LI R IQU E. & Le Chevalier. Elle content a tout! ali ma chere Martin, usns prens cette bourfe. D o b o i s. Ma foi c'eft la derniere. Marton. Monfieur. Dübois, la lui donnant. Prens Marton, prens nous fommes trop heureux» Marton. Enfin Monfieur avant trois jours ma Maïtreiie.». Dübois, montrant fon maitrt. Sera fa femme? Marton. Non fa tante! Le Chevalier. Ma tante.' Marton. Hèlas ! oui c'eft vótre oncle qui 1'époufe. Dübois, reprenant la bourfe. Rends, Marton, rends, nous fommes trop nul' heufeux. Le Chevalier. Je reftc anêanti. Dubois. Oncle perfide' nous voler a la fois une femme c$ une fuccefiion! Le Chevalier. Quoi je perds tout Sc par lui! Ceft mon onc'e!... Dubois, appercevant Lucinde. Paix voici vótre tante. SCÈNE XIL Les mêmes, Lucinde. Le Chevalier. Ah Madame, il eft donc vrai que voys m facg. - ' £ %  36 LESDETTES, fiez? moi qui vous aimais, qui vous aime, qui vous aimerai toujours- L u c inde. Vous m'aimez / Le Chevalier. Vous le favez trop bien, eh Madame ne diflïmulez plus profitez de mon malheur, époufez mon oncle. Mais n'efpérez pas que je fois icuioin de ce manage. Non je vous fuirai tous pour jamais adieu Madame. Ne craignez de ma part aucun reproche. Je fais-fuuffrir. Mais je ne fais pas me plaindre. (il fort) D u n o i s , le fuivant. Ceft fier! mais c'eft beau. SCÈNE XIII. Marton, Lucinde. L ü c i n d e. Marton ? Marton. Madame. Lucinde» S'il alloit partir! Marton. II reviendroit. L u c 1 n d e. Mais que me dit il de fon oncle? Marton. Ce que je lui ai dit fa put. Oui Madame Monfieur Damis parlede vous époüfer, il ade la iortuiie, & le Chevalier n'a que des créanciers, encore le fufvent ijs de prés ik. il pourroit bien eouehar en ptifon le jour de vos noces. Lucinde. Nous n'en fommes pas li.  C O M E D 1 E L T R I Q_U E. ft S C E N E XIV. Les minus, Dübois. Dubois,