jff J1 j W 318 J17 L E RI VAL' C O N F I D E N T; C O M É D I E ÏN DEUX ACT ES ET EN PROSE; MÊLEE D'ARIETTES; Par M. Forgeot, MüSIQUE DE M. GrÉTRY- Repréfentée pour la première fois, par les Comérlicns Italiens ordinaires du Roi, Je 26 Juin 1788. & au Tbéatre Francais a la Haye, le 10 Fevrier 1790. a i'occafion d'une Fêtedonnèe par Mr. Pretto , pour cêlébrer Pjain-nïverfaire de fon Epoufe. Jt l ^ h ji r e, Chez H CONSTAPEL, IAbrafc* T 47 O •*%  PERSONNAGES- JERSONNAGES, acteurs. A Paris» a la HAYifc &/>let , Avocat. Mr. Trial. Mr. Is Comte. Soligni , fous le nom de Georget. Mr. Micbu. Mr. St. Fa/is,. Dolmont, Marin. Mr. Pbilippe. Mr. Dupris. Thibaut , Fermier. Mr. Mhiter. Mr. Jofps. Le Chevalier, fils de Dolmont. Mik. Carlins. Mie. Auzml Ro'iALie , feur du ghevalier. Mme.de Saint-Aubin, Mik. du Rivierï Choëurs de paysans. La Scène ejl dans une ter re. Le Thêatre reprêfente un jardin. On voit fur 1® droite un pavitlon avec un balcon faillant. du fond il y a une grille, & une porte au milieu.  L E RI VAL CONFIDENT, C 0 M É D I E. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. S 0 L I G N I, feul. C3UI: c'eft bien ici que Thitmu m'a dit d'? Va~ tendre. L'honnê Plaider.' il 1'e'poufe demain. t II i b a u t. Eh! qui vous parle de 9a? vous ne fongez qu'a votre amour. Monfieur, Mademoifelle Rofaüe eft toen gentille, mais tarnt mille e'cus font bien beaux. s o l 1 g n r. Mais commsnt s'efï-il fait adjuger cette terre? t h i b a u t. Voict le fait. M. le Marquis de .Saint Clair votre père, croyoit devoir une fomme d'argent a quelqu'un, & M. Rolet lui difoit que. non. Or pour qu'il ne payat pas, Monfieur Rolet a écrit, écrit, écrit. Bref votre père eft mort, & n'a pas pay£ Alors Monfieur Rolet a encore écrit, mais tant & tant pour cette fois qu'il s'eft fait bailler la terre pour payer fes tcritures. A 3 8 °-s  6 LE R1VAL CONFIDENT, S O L I G K I. Eft-ü poffible! T H I B A U T. Je ne voulois par le croire; mais on m'a dit que ce n'étoit pas le premier Seigneur de cette facon-la. S O L 1 G N I. Que faire enfin? T H I B A U T. Attendez. . . depuis un mois que vous êtes cache' ici. autant par amóur que pas inte'rêt, Rolet ne vous a pas encorc vu. D'ailleurs il ne vous connoit pas. Ce n'oft que depuis quatre ans qu'il vient ici; il y en a cinq que votre regiment eft dans les ifles-, morgué, il faut profiter de ca pour vous venger & lui fouffler la femme & la terre. Pour la femme, c'eft aifé. Mademoifelle Rofalie qui fait qui vous êtes, vous aime déja prefqu'autant que vous 1'aimez. Pour la terre, c'eft plus dimcile. Avez-vous confulté? S O L I G N I. Oui, 1'on m'e'crit que je puis revenir eontre tout ce qui a été fait, que 1'on m'a trompé affreufement, & que Rolet lui-même a vendu mes intéréts. T H I B A U T. C'eft bien lui qui les achetés, le frippon? Pour le punir, Monfieur, fi vous alliez trouver le père de Mademoifelle Rofalie, & lui avöuer votre amour & votre nom. s o i/ i e N r. Puifqu'il a prêté le fien a Rolet, je n'en dois rien. efpéter. T H I B A U T. Vous avez raifon. S O L I G N I. Mais depuis quand fe connoiflent-ils P T H I B A U T. II y a longtems vraiment, c'eft Rolet qui était chargé des enfans de M. Dolmon pendant fes voya-  C O M E' D I E' 7 ges; c'eft lui qui a fait élever Madumoifelle Rofalie au village pouf fe conferver fon coeur, & vous voyez Comme ccla lui réufiit. s o l i g n r. ]e n'aurais jamais cru que Dolmont füc d'intellifence avec lui. t h i b a u t. Ni moi non plus. Qu'un Rolin nous trompe? c'eft tout fimple. Mais un militaire & un marin encore! tenez cela ne fe peut pas. s o l i g n i. Ah! fi je pouvais parler a Rofalie! t h i b a u t. Cela fe peut, ca; oui, j'en ai un moyen fur. Depuis que Rolet eft ici, j'al fi bien fait, qu'il m'a donné toute fa eonfiance, & pour vous le prouver , apprenez que. . . . Chut; le voici, retirez vous du cóté de la grande avenue, je vous rejoindrai feientöt. (Soligni fort.") SCÈNE III T H I B A U T, ROLET, r ó h fi t, \Juel eft ce garcon-la? M. Thibaut. ^~ thibaut. Monfieur, c'eft Georget man neveu. rolet. Ah! c'eft ton héritier. thibaut. Oui, j'efpère bien que ma ferme lui reviendra quelque jour. ^ A4  6 LE RtVAL CONFID E NT. ROLET Je ne 1'avais pas encore vu: fa figure inte'refle. THIBAUT. ' C'elt un aflez joli garcon, & ?a ne manqüe pas' d'intelligence. ROLET. Que fait-il a préfent? THIBAUT. Rien encore; il attend l'occafion.1 ROLET. Je peux la lui procurer, moi. Ecoute, Thibautj il y a longceras que nous nous connoifions. THIBAUT. Oui, vraiment. Je vous ai vu venir ici plus de cent fois avec défunt Monfieur le Marquis de Saint -Clair, Vous n'e'tiez que fon petit fervitcur alors, & morgué, vous voila notre maitre a préfent; c'eft aller, vite. ROLET. Cette terre me coute cher, vraiment. THIBAUT- Eft-ce que vous avez des remords ? ROLET. Des remords! moi! & de quoi donc? THIBAUT. Pargue', de 1'avoir fi bien payée! ROLET. Non. L'acquifition n'eft pas mauvaile. C'eft k cette terre, d'ailleurs, que je vais devoir la main de Rofalie. THIBAUT. Elle eft jolie, cette main la, mais elle ne vaut pas la vótre! ... Au fait, que voulez-vous de mon neveu? ROLET. Tu le dis intelligent? THIBAUT. Oh! tout-a-fait. R O-  C O M E> D 1 Et | ROLET. Et tu m'en réponds? THIBAUT. Comme de moi. B O L E T. En ce cas , je n'he'fite plus a m'en fervir. THIBAUT. Et vous faites bien. Vous verrez qu'il a de 1 efpnti ROLET. Tant mieux! THIBAUT. Et même une for.te d'éducation. ROLET. Tant pis. THIBAUT. Pourquoi donc? DUO. ROLET. Te mins un tel hc-mme , entre nous; II fera fcrupuleux peut-être. THIBAUT. Raffurez - vous , notre bon maïtre ; II ne doit pas 1'être avec vous. Expliq«ez-vous donc, je vous prie. ROLET. On dit qu'autour de ce c^Steau On voit roder un Dimoifeau. Fort amour.^ux de Rolalie. THIBAUT. Vraiment, c'eft qu'elle eft fort jolie. Après, après; voyons un peu, Oue voulez - vous de mon neveu ? ROLET: Pour être au fait de 1'aventure Te veux qu'il fuive ma future. THIBAUT. Bon! bon ! bon ! bon! il la fuivra. Si vous voulez, je vous le jure, Jamais il ne la qufttera. A $ R °'  to LE R1PAL CONFIVENT, ROLET. Jamais il ne la quittera, II 1'épiera Et me dira Ce qu'il verra. Ce qu'il faura. THIBAUT. II 1'épiera. Et v us dira Ce qu'il verra, (a part.) Ce qu'il voudra. Oui, raffurez vus, nntre maïtre. R Ü L E T. Je crains un tel Domme, entre nous : II fera fcrupuleux peut ètre. THIBAUT. II ne doit pas 1'être avec vous. ( Thibaut fort.) SCÈNE IV. ROLET, feul. TT jP.ycAR.TONS d'abord ce rival; après, nous obtiendrons plus facilement le eccur de Rofalie. Mes foins, mon bien . . . Mon bien! . . Mais eft - il bien amoi? & ne dois-je pas craindre ? . . . Bon! on chicane celui qui veut faire fortune, on approuve ce* lui qui 1'a fake. Oui, mais Dolmont! . . SCE-  CO ME D IE, il SCÈNE V. ROLET, DOLMONT. dolmont. JQ^H bien! Monfieur 1'Avocat, oü font donc lespre"pararifs de la noce? Tout eft ici d'une trifteffe effroyabi . On ne trouve par-tout que des paperafles & des grilles; On prendrait vqs gens pour des huiflïers & votre chateau pour un greffe. rolet. ïïous changerons tout ceia. dolmont. Derêchez-vous, morbleu! on crie après vous dans feviliage. O™ dit que vous défendez la joie & que vous refufez jttfqu'aua: v:olons. Pr .nez-y garde mon Cher, les jeutïes filles aiment la danfe. rolet, Je ne l'aime pas, moi-, cela fait trop de bruit. dolmont. Vos vaflaux difent tout haut que votre pre'décefleur ïl'en agiflait pas de même. rolet. Oh! je ne fuis pas Marquis, moi! dolmont. Au moins êtes-vous Seigneur. rolet. Poir recevoir 1'argent de mon bail, & voila tout» dolmont. Aulïï fe plaint - on déja que vous épargnez. rolet. Et je fais bien. Quand on diflïpe, on vend fes terjes i quand on épargne, on en achette. DOL-  *4 LE RIVAL CONFIDENT. d o l m o n t. "Et a bon marcbé encore! car celle- ci eft fuperbej &je vous 1'envierais. . . Si je connaiffais 1'envic. rolet. Cette terre n'eft-elle pas a vous? dolmont. Je pourrais le croire, puifque 1'aequifition s'eft faite en mon nom. Je ne le voulais pas. Vous m'y ayej; forcé. rolet. Quel mal y a-t-il? dolmont. C'eft une fuperchcrie. rolet. Du tout. Ne m'avez ■ vous pas prête' de 1'argent ? Cette terre ne va-t- elle pas appartenir a votre fille ? Le contrat même n'eft-il pas refte' entre vos mains pour parer a tout? C'eft donc comme fi vous e'tiez le ve'ritable maïtre de ce chateau. Dans la vie il faut par fois diffimuler un peu. Ici par exemple, j'avais de bonnes raifons pour ne point vouloir pafler pour 1'ao» que'reur. dolmont. Oui, .comptez iur le fecret. II n'y a que tout tle village dans la confidence. rolet. Le village croit que vous me donnez cette terre pour la dot de votre fille. dolmont. Tous ces de'tours me font enrager. r o l t t. Ils font trés - ne'ceffaires. Mon cher Dolmont, les héritiers font quelqucfois mutins, & comme j'étaisl'Avocat du Marquis de Saint-Clair, on pourrait me chicanner. . . dolmont. Eh! morbleu*. vous me faites pitie'avec toutes vos craintes; on vous prendrait pour un fripon. ro-  C O M E' D I E. I O L E Ti On aurait tort. DOLMONT. Je 1'efpère. ROLET. II eft bien vrai que je fuis un peu plus rufe'que vous. DOLMONT. Je le concois. La mer & le palais font deux gouffres qui ne fe refiemblent guère: nous devons diflerer auffi. Vous êtes fin, je fuis franc. Vous plaidez, je me bats. Vous attrapez de 1'argent, & moi des coups de fufil 3 tout cela c'eft affaire de goüt. Vous cherchez le profit, je trouve la gloire , & fi entregendre & beau-père on pouvait fe partager 1'honneur comme la fortune, morbleu! je ne vous en demanderais pas. ROLET. Croyez que j'en ai. DOLMONT. Vous n'auriez pas ma fille fi j'en doutais , ou fi je pouvait penfer qu'elle fut un inftant malheureufe avec vous. ROLET. Elle ne le fera pas. DOLMONT. Mon bonhenr dépend du fien, je vous en avertis; je parais dur quelquefois, mais j'aime mes enfana plus que moi-même. AIR. Loin de mon nis, loin de ma fille. Je fus longtems un étranger pour eux. Mais de retour dans ma familie , Montrons nous père, en les rendant heureux. Ne jugez point fur la mine, Pardonnez - nous ootre ton? Nous avons, dans la marine L-air méchant & le cosur bon. S C Ê-  ,4 LE R1VAL CONFIDENT, SCÈNE VI. LES MEMES, LE C HE VAL IER. l e chevalier. J^Lh! mon père, le beau coup-d'oe'l devant la grille du chateau! on ne voit que de jeunes garcons & de jolies filles. dolmont. Et de jolies filles! ah! frippon, tu t'y connois déja I l e c h e v A L i E r. Ils difent que c'eft la fête du village; ils voudroient danfer & demandent kur Seigneur. rolet. 3'irai tout-a- 1'heure. dolmont. Et moi j'y cours. Laiflez faire , je veux raflembler tout le village. rolet. C'eft inutile. dolmont. Si fait vraiment, je veux qu'on fe divertifle. En Bier j'aime le feu, a terre j'aime la joie. D'ailleurs ces pauvres payfans m'intéreflent toujours. Laiflezles donc danfer, morbleu ! depuis trente ans que vou£ plaidez pour eux ils ont bien payé les vioions. cès pour 1'amöur. LE CHEVALIER. Non_, votre état n'y doit rien faire; De jeunes Robins peuvent plsire. Mais fi les vieux ont des fuccès, C'eft moins en amour qu'en procés, II. Ah.' croyez en ma jeune tête, En ami fage , en bomme honnêtp, Pour plaire k ma fosur , dès ce jour Quittez les procés & 1'amour. RO-  CO M E> D I E. «7 ROLET. Oh! je ne me rends pas fi vlte; Ma fortune a quelque mérite; Et 1'argent donne des fuccès En amour tout comme en procés. CU fort.) SCÈNE VUL |L E CHEVALIER. j3on! il retourneau chateau. ProStons du moment pour favoir oü eft Solignl. . . c'eft lui que je veux pour frère & je 1'aurai. ... Ah! voici Rofalie. SCÈNE IX. LE CHEVALIER, THIBAUT, ROSALIE. ROSALIE. I^^)n, Thibaut, non, je ne la prendraipoint. THIBAUT. Eh! morgue', voila bien des facons pour un chiffon de papier. L E CHEVALIER. De quoi s'agit-il donc? ROSALIE. C'eft une lettre de Soligni. THIBAUT. Et qu'elle refufe encore! ROSALIE. Je ne dois pas la recevoir. . . . N'eft-il pas vrai? THIBAUT. Et moi, je dis que fi. . . . Ai-je ton? B LI  ïB LE RIVAL CONFIDENT? l e chevalier. Non, vous avez raifon tous deux, (II prend la let» tre en cachette.) & moi aufiL thibaut. Eh! oui morgué, nous voüa d'accord. Adieu, Mademoifelle Rofalie; bonjour Monfieur le Chevalier. (II fort.) SCÈNE X. ROSALIE, LE CHEVALIER. r o s a l i e. Jl part bien vïte!' le chevalier. Sa commifiion eft faite. ROSALIE, (foupirant.) Et j'ai rempli mon devoir. le chevalier, (regajdant la lettre.) Et moi le mien. ros a l i e. Mais peut - étre que Soligni fera faehe'. le chevalier. II auroït tort. rosalie. Sans doute. Mais ce qu'il m'e'crivoit pouvoit êtr® ïntéreffant. le chevalier. Le facrifice en eft plus beau. rosalie. Oui, mais. . . . l e. chevalier. Mais, mais. . ... Tiens, Rofalie, tu te repansdéla de ton refus.  CO ME'DIE. ,1? rosalie. je puis Tavouer puifque Thibaut eft bien loin* LE CHKVAL er Oui, mais la letcre eft bien prés. (Il la lui donne.) r i s a l i e , avec joie. Ah! ... ah! monfrére, en ve'rité. . . . LE CHEVAl IER. Oui, gronde-moi maintenant que tu la tiens. . . i tas, vas, lis plutöt. FINALE. ROSALIE. Nori, non , non , je dois réfifter. LE CHEVAL tER. La réfiftance me fait rire. Au moins rermets-moi donc de lire. Et je te permets d'écouter. (II Ht.5 „ Ma Rofalie, 6 vous que j'aime, „ J'efpèse enfin pouvoir biemöt. „ Cent fois vous répé'er moi-même. . • ROSALIE. Lui-même ! le CHEVALIER, H.ti „ Ma Rofalie, 5 vous que j'aime 1" Que j'aime! Dans fa bouche, le joli mot! ensemble. Dans fa bouche le joli mot! ROSALIE- Je le verral . • . bonheur extréme! LE CHEVALIER. Chut, c'eft Rolet. ROSALIE. Malheur eïtrêirië ! LE CHEVALIER, Celui-la vient toujours tröp-t&r. ® 2 SCENÜ  t£ LE RÏVAL CONFIDENT, SCÈNE XI. LES MEMES, ROLET. rolet. Rofalie, ö vous que j'aimei . . ► le chevalier, Que j'aime! CA part.) Dans fa bouche le vilain mot! rolet. Puis-je efpérer qu'k ma tendreffe Votre cosar réponde en ce jour! L'hymen , pour prix de mon amour „ Va nous unir. rosalie. Oh! rién ne prefie. rolet. Et pourquoi, pourquoi pourrions nous. Différer un Hen fi doux! rosalie. Pour être plus digne de vous. ensemble. Et'pourquoi, &c. Pour être, &c. SCÈNE XII. LES MEMES, SOLIGNI au fond, THIBAUT. i mon neveu , notre maïtre, Qui vient exprès pour vous parler. l e chevalier, a part. Ah ! je vois Soligni paraïtrej Si Rolet pouvoif s'en aller l R G"  C O M E D I E. |j rolet. Que fa préfence m'e-mbarraffei rosalie. Que fa préfenee m'embarrafle! rolet. Jl choifit mal le tems , la place. thibaut. Croyez qu'il les choifit très-bien. le chevalier. II choifit mal le tems, la place. thibaut, (bas au Chevalier.> Laiffez faire , ne craignez rien, s o l i g n i. A vos ordres je viens me rendre. r o l ,e t. Parlez plus bas, on peut entendre. thibaut. Parlez plus haut, qu'on puifTe entendre. s o l i g n i. A vos ordres je viens me rendre. Setvir mon maïtre eft pour moi trop d'honneur. Dans mon devoir je trouve mon bonheur. rolet. On a du plaifir k 1'entendre. II parle bien. thibaut. Qu'en dites vous ? Voila comme on parle chez nous. xe chevalier. Vraiment je n'y pnis rien comprendre. rosalie. Mais j'ai du plaifir k 1'entendre. S o l i G n i. Heureux fi 1'on daigne m'entendre! thibaut, rolet'. On a du plaifir k 1'entendre. rolet. Mais plus bas, qu'il parle plus bas » Ou bien je ne 1'emploira pas. thibaut. Parlez plus bas , parlez plus bas. s o l i G n i, (bas a Rofalie.) A ce que j'ofal vous écrire Daignerez-vous répondre un mot ? B 3 M  £S LE RlVAL COmiDENT^ l e chevalier. Avant de répondre, il faut lire. Et nous ne lirons que tantót. rolet. Eft- connu de Rofalie ? thibaut. Oh! bieu plus que de veus vraiment. rolet. Tant mieux! tant tm'eux ! t h J b a u t. Afiurément. Ne craignez pas qu'on s'en défie. rolet. Tu fais ce que je veux de toi. S o l i g k i. Ah! comptez, comptezfur ma foi. Ck Rofalie.) Ah ! comp'ez , comptez fur ma foi. rolet. Tu peux EUfTi compter fur moi. thibaut. Oh' oui, beaucoup. KOLKT. Beaucoup. , s o l i g n T. Beaucoup! bonheur extréme! (bas a Rofalie.) Si vous m'airriez un peu. le chevalier, ( a fa fceur.) Un peu. rosalie. Un peu. thibaut, (a Rolet.) Que dites-vous de mon neveu? rolet. Que c'eft un garcon que j'aime. le chevalier, (regardant fa fceiir) Chacun ici dit de même. t o u S. Chacun ici dtt de même. S C E-  C (TM E' D IE. sa SCÈNE XIII. LES MEMES, DOLMONT. PAYSANS, ET PAYSANNES. (On entend un air chanipêtre.) ROLET. \Jv e l bruit! THIBAUT. Ce font tous nos arrris. ROLET. Vous m'amenez tout le village • D o i 11 O 8 T. Ma foi, je vous 1'avois promis. Allons, mes chers, mes bons amis, Vive la joie & le tapage. Voict le maïtre du cfcSreau, C'eft un Seigneur un peu nouveau. Pour faire avec lui con?:oiiTance, II faut qu'on boive, que 1'on danfe. II faut qu'on boive , que 1'on danfe. Pour plaire au maiire du chateau. TOUS. }\ faut qu'on boive, &c ROLET. Mais a quoi bon cette dépenfe ? DOLMONT. Rions, chantons, & danfons tous, ROLET. Mais a quoi bon cstte dépenfe? D O L M O N T, Paix donc, paix donc; gr2ce a la danfe, On va vous 'aimer malgré vous. THIBAUT ET LE CHEVALIER. Paix donc, &c. DOLMONT. Que votre crnur dur m'indifpofe , Peiirs Seigneurs de grand.s chiteauxj Hélas ! il i'aut fi peu de chofe •Pour ètre aimé de fes vaiTaux. jj 4 Allon»  24 LE RIVAL CONFIDENT, Allons, qu'on boive , que i'on danfe, AlJons, courons tous au chdteau. ro iet, (a part a Soligni.) Suivez-moi jnfques au chateau. le chevalier, (au même a part.) Suivez-nous julques au chSteau. dolmont. Alions, allons, maïtre Thibaur, Danfons , cha.'jtons jufqu'au chateau, Que la fête commence. tous. Que la fête commence. ronde. thibaut. L'3ge a fu borner nos défirs Au vin vieux qui pétille. Mais il eft de plus doux plaifirs Pour une jeune fille Et fon coeur dit pour refrein: L'amour vaut mieux que le vin j Ah! le cceur a la danfe, Un rigaudon, Zig, zag, dondon, Le plaifir en cadence Vaut mieux que la raifon. CA chaque couplet, on voit partir des Payfans pour le chdteau.) I I. A fe p'afTer de deux beaux yeux, Un buveur met fa gloire. Mais je défie un amoureux pe fe pafier de boire. Cela prouve qu'k fon tour Le vin vaur mieux que l'amour. Ah! le coeur k Ja danfe , Un rigaudon , Zig, zag, dondon / L-: plaifir en cadence Vaut mieux que la raifon. III,  CO ME* DIE. || 111. L'amant jaloux de fon tendron L'enferme ou le f«rveille; Le buveur, toujours fans fa£on, Vous prête fa bouteille. J'en reviens h mon refrein, L'amour vaut mieux que le vin. Ah! le coeur a la danfe, Un rigaudon, Zig, zag, dondon, Le plaifir en cadence Vaut mieux que la raifon. I V. Aimer & boire font vraiment Deux chofes néceffaires. Mais il faut fuivre prudemment L'exemple de nos pères. II faut prendre tour h tour, Peu de vin & peu d'amour. Ah! le cceur a la danfe, Un rigaudon, Zig, zag, dondon, Le plaifir en cadence Vaut mieux que la raifon, ^Us fortent tous en danfant & en chantamle refrein.) Fin du premier Acte. BS ACTE  «6 LE RIF AL CONFIDENT, ACTE IX SCÈNE PREMIÈRE. ROSALIE, LE CHEVALIER, tous deux ftir le balcon^ Rosalie, feule d'abord. A I R. Que 1'efpoir m'anime en ce jour! Lui feul nous donne la conftance. Et nous trouvons dans 1'elpérance. Le premier bienfait de l'amour. Douce efpérance que j'implore, Tu fais qu'on aime fon malheur; Et qu'au fein même du bonheur Souvent 1'on te regrette encore. LE CHEVALIER, ¥ois- tu Soligni? ROSALIE. Non, & cependant a peine ai-je pu lui parler pendant la danfe; Rolet me fuivait toujours. LE CHEVALIER. C'eft 1'ordinaire; qui ne plait pas , obfède. II faut pourtant voir Soligni. C'eft effentiel. ROSALIE. Et difficile. LE CHEVALIER. Plus que jamais, vraiment; nous fommes aux arrêts. ROSALIE. Comment donc? l e  CO M E' D IE. 2j» 1/ e chevalier. Rolet fans doute a communiqué des craintes h mon père, & mon père, par fon confeil, nous défend de fortir fans lui. N'importe, nous ferons plus fins qu'eux.. Ec ta réponfe pour Soligni ? rosalie. J e n'en ai point fake. le chevalier Je m'en doutais, & la voici. rosalie. Mais. .... le chevalier" Ah ! plus de mais. J'ai lu la lettre, c'eft a moi d'y ïepóndre. r o s a l r e. Et qui viendra chercher ce billet ? le c h e va L er. Soligni ou Ttiibaut; tous deux font avertis. Oh! j'ai de i'ordre, moi! . . . . r - :— SCÈNE II. LES MEMES, SOLIGNI. soligni. J^Lprochons. le ch&valier, Quelqu'un eft au bas du ba Icon. rosalie. Je me fauve- le chevalier. Si c'e'toit lui! Voyons. Soligni. s o l i g n i. Chevalier. le chevalier. Juftement reftez-la. s o-  a? LE RIVAL CONFIDENT* soligni. Oü eft ma Rofalie? l e chevalier. Bon. C'eft un enfant qui s'eft allëe cacher, maisi attendez un moment. (II rentre.) soligni. Prenez - garde J'entends quelqu'un. . . . Je; vais revenir. (II fe cache au fond du the'&tre.) le chevalier, (reparoiflant.) Un cordon» . . Bon. SCÈNE III. SOLIGNI, caché, LE CHEVALIER, ROLET, entrant par la coulilfe, qui eft au bas du balcon. rolet. "|"e ne fuis-point tranquille. La froideur de Dolmont m'inquictte. le chevalier, (defcendla lettre avec un cordon.) Tenez, prenez cette lettre. rqlei, (fous le balcon.) Ah! Ah! le chevalier. L'avcz-vous? rolet. Oui. le chevalier. Bon. Sur - tout de'pêchez-vous, & prenez garde £ Rolet; car ce vieux renard eft toujours aux aguets.' (Il rentre.) rolet. Ccmme il devine! SCÈNE  C O M E' D I E. 29 SCÈNE IV. ROLET, SOLIGNI. rolet. soligni. O ciel! Rolet tient ma lettre! rolet, lit. ,, Mon cher frère. . . . Mon cher frère .' ce n'eft pourtant pas pour moi, je penfe. „ Mon cher frère! efperez tout; mon père commen„ ce a croire que Rolet eft un fr. . . . Un fripon! . . . Oh! non, la lettre n'eft pas pour moi. Un fripon! le petit drole! il faut. . . . (a Soligni) Ah! vousvoila; il eft tems d'arriver vraiment! soligni. je fuis ici avant vous, mais. . . . rolet. Mais vous êtes un mal-adroir. . . . D'oii viens-tu ? que fais - tu , qu'as - tu vu ? soligni. J'ai vu roder ici quelqu'un tout - a- 1'heure. rolet. Ah! c'eft cela, on fe fera mépris. . . . Commcnt étoit-il fait? s o l i o n i. Mais c'eft un garcon de ma taille. Vous avez para, il s'eft enfui; je 1'ai fuivi, fans cela je tenais la lettre. rolet. Je la tiens, moi, cela revient au même;maisvoyons ee qu'elle dit; écoute bien. s o-  So £E R1VAL CONFIDENT, soligni. Oh! je vous le promets. k o l e t. C'eft qu'il eft poftlble que nous y trouvlon quelque lumiére fur le nom, fur 1'e'tat de ce Rival que 1'on me préfère fottement. Lifons donc. „ Mon cher frère, efpérez tout. Mon pére com„ mence a croire que Rolet eft un fr. . . . Ma fceur „ n'a pas ofé. . . . soligni. Vous paffez quelque chofe. rolet. C'eft mal e'crit. „ Ma foeur n'a pas ofé vous répondre, & voudraic pourtant vous parler, — Hein ? 1'entens - tu ? soligni. A merveille. rolet, lifant. „ II eft cfientiel que nous décidions enfemble & fur-» „ le-champ , quel eft le meilleur moyen de vous pré„ fenter a mon père. Le tems prefle, & comme il „ nous eft défendu de fortir, le plus fur eft de monter par ce balcon. Tiens, c'eft par - la. soligni. Oh! je le vois. r o l e t, lifant. n Et de vous rendre fur terrafle oü je vous attend „ avec ma fceur. Vous trouverez une échelle contra le troifième arbre," soligni. Monfieur. elle eft contre le premier. On s'en eft fervi fans doute, & 1'amoureux pourrait bien être fur la terralTe. rolet. Eh! non puifque j'ai la lettre. soligni. Monfieur, un amant qui trouve une échelle n'attend pas  CO ME' D I E. 31 pas toujours qu'on lui en indique 1'ufage. II peut être monté & entré fur la terrafle, mêrne fans que le Cüavalier 1'ait vu. rolet. Oui, mais fi tu Tas rencontré. soligni. Ce n'était peut-être que le valet; il en avait la mife, & fans doute il n'était la que pour óter 1'échelie & la remettre au befoin. rolet. Tu pourrais avoir raifon. Pour m'affurer de tout a il me vient une idéé excellente. soligni. Voyons, nous en profiterons peut-être. DUO. rolet. Quelqu'un eftla-haut, je fuppofe, j'y puis monter en pafeil cas. soligni. Non , je ne le fouffrirai pas. Voyez un peu ia belle chofe Si vous tombiez du haut en bas. rolet. Ah! laiffe-moi me fatisfaire. soligni. Non, Monfieur , vous rifqueriez tropT Pour vous empêcher de le faire, Tenez , j'y monterais plutot. rolet. Ah! cela te ferait facile ; Si 1'on ofait, 1'on t'en prierait. soligni* Vous m'en prieriez ! rolet. On t'en prierait, Et 1'on t'en récompenferair. soligni, (allant chercher 1'échelle.) Oh.' la promelfe eftinutile, Je ne fais rien par intérêt. rolet, (le voyant monter.5 Qu'il eft adroit! qu'il eft agile! Un amant n'eft pas plus habile. so-  a3 LE RIVAL C0NF1DENT, soligni» Oh! je ferai bientöt La-Jiaut. rolet. L'échelle me parait mauvaife, Mais je la tiens. soligni. C'eft trop de foins. rolet. On n'y doit pas être a fon aife. Ah!, prends bien garde, elle eft mauvaife; Mais je la tiens. soligni. C'eft trop de foins. Fut-elle cent fois plus mauvaife . Oh! je n'y monterais pas moins. (Sur le balcon.) Ah' m'y voila. rolet. De la prudonce. Je connais ton intelligence; Obferve tout comme pour toi. s o l i g n iOui, j'agirai comme pour moi, Comptez fur mon intelligence. rolet. II faut furprendre le galant, II faut aller tout doucement. soligni.' Difpenfez-vous de me le dire ; Pour tromper, j'ai quelque talent. rolet. Trompons celui qui veux nous nuire. soligni, (montrant lc cabinet.) A fes dépens nous allons rire. rolet. Oh! oui, le tour eft excellent. ensemble. Oui, oui, le tour eft excellent. * (* Péndant la ritournelle, Rolet s'aiTied fur l'échelle , Soligni reparait enfuite avec le Chevalier, qui fe cache derrière lui. Ils fj moquent tous deux de Rolet, en reprenant avec lui la fin du duo:) Trompons Celui qui veut nous nuire, &-c. SCENS  CO ME' D IE. 53 SCÈNE V. ROLET, feul. J^/hoNnête garcon! cela le regarderait, qu'il n'y mettrait pas plus de zèle. Tant mieux. II faut me dépécher de conclure. Thibaut m'a dit qu'il avait recu des nouvelles du fils du Marquis; cela pourrait me nuire. Je crois même entrevoir que Dolmont cherche k diiTérer un hymen qu'il preflait ce matin; «Sc je crains. . . . SCÈNE VI. ROLET, DOLMONT. dolmont. _L^LH- c'eft vous que je cherche. rolet. Eh bien! comment va la joie? mon ami. dolmont, Fort mal, Monfieur Rolet. rolet. Quelle en eft la caufe? dolmont. Les difcours de tout un village. rolet. Quel en eft 1'objet? dolmont. Vous. rolet. Moi? C d P l-^  34 LE R1VAL CONFI&ENT, dolmont. Vous-même. Je fuis franc, imitcz-moi. Cette terre eft elle a vous? la bien a vous? rolet. Aflurément. dolmont. Vos preuves? rolet. Le contrat d'acquifition que vous avez dans vos mains. dolmont. Quel argent avez-vous donne'? rolet. Douze mille francs, que vous m'avez avance's fui* la dot de Rofalie. dolmont. Enfuite. rolet. Trente-troïs mille livres pris dans ma cailTe. d o l m o n t. On dit que non. rolet. Et moi Je dis que fi. Sans compter tout ce qii m'e'tait dü par la fucccffion. dolmont. Eh ! bien , montrez-moi votre cre'ance. Prouvez* m'en la juftice, faites-moi parler a quelqu'he'nüer. rolet. Je n'en connais pas. dolmont. Pourquoi les craignez-vous donc? rolet. C'eft pour 1'avenir. Le Marquis a laifie' un fils, un e'tourdi, fans doute, un chicanneur dolmont. Non. Je fais, a n'en pas douter, qu'il eft franc & loyal, brave Officier; en un mot rempli d'excellentes qualite's, & dans cette affaire, c'eft a lui, a lui feul que je veux m'en rapporter. r o-  CO M E> D IE. 35 rolet. Bon! il eft en garnifon au bout du monde. dolmont. II en arrivé au premier jour! rolet. Au premier jour! dolmont. : Cela vons fait peur! Q U I N Q U E'. dolmont. Quand on eft fans reproche Un ne doit pas irembler. rolet. Ah! je fu's fans reproche, Rien ne me fait trembier. SCÈNE VII. LES MEMES. LE CHEVALIER, ROSALIE. SOLIGNI. Touc trots fur le balcon. le chevalier. "V^iens, viens; ma fceur, approche» pentends quelqu'un parler. rosalie. Ah! tu me fais trembier. ensemble. dolmont. Quand on eft fans reproche , On ne doit pas trembier. rolet. Rien ne me fait trembier. soligni, rosalie. O Ciel! comme il s'approehe! le chevalier. Un rien vous fait trembier. Ca dol-  35 LE RIF AL CONFIDENT, dolmont, Rolet.) Enfin que la vérité brille, Et fur un examen nouveau ROLET ET LE CHEVALIER. Et fur un examen nouveau! dolmont. Vous entrerez dans ma familie, Ou vous fortirez du chSteau. le chevalier, (a Soligtlii) Vous entrerez dans ma familie, (a Rolet.) Et vous fortirez du chlteau. ENSEMBLE. dolmont. Vous entrerez dans ma familie, Ou vous fortirez du drSteaü. v ROLET. Oui, j'épouferai votre fille, Et je garderai mon chateau. le chevalier, (a Soligni.) Vous entrerez dans ma familie, ( a Roler.) Et vous fortirez du chftteau. SOLIGNI, ROS ALIE. Cau Chevaliar.) Paix dont, ne parles pas fi haut. dolmont. Oui, fi vous me trompiez. . . . . le chevalier. II vous trompe. ROSALIE, (tremblante.) r Mon frère! dolmont. Dans ma jufte colère. Je m'en vengerais; Je vous traiterais • A la militaireVous m'entendez bien. I< e chevalier. A la militaire, Vous ne rifques rien. SOLIGNI ET ROSALIE, (voulasnt le faire rentrer.) Paix donc, mon frère. o"  CO M E' D I E% £f ROLET. Point de colère. DOLMONT. A la militaire , Vous m'entendez bien. (LE CHEVALIER. A la militaire, Vous ne rifquez rien. (Quand Dolmont fort, Soligni & Rofalie entraïnent le Chevalier.) SCÈNE VIII. ROLET, leut. J^L Chaque inftant 1'embarras augmcnte. Si Soligni rcvient avant mon manage, tout eft perdu. Dolmont cependant veut 1'attendre; que faire? Ii n'y a qu'nn grand coup qui puifle me rendre le'poux de Rofalie; fi je Non, cela n'eft pas poffible. Ah! ft j'allois. .... Cela ne réulTuoit pas II vaut mieux Oui, c'eft un trait de lumière (II appelle.) Georget! Aujourd'hui marié, demain le beau-père s'embarque; &, lui parti, je ferai tête a 1'orage- Georget! Georget! " ' J —— ._—w SCÈNE IX. ROLET, SOLIGNI, fur le balkon. SOLIGNI. O NS IE Uil. ROLET. Eh bien! qui as-tu vu la-haut ? C 3 s o-  38 LE RJVAL CONFIDENT, S o l i g n i. Perfonne. II n'y a que moi. rolet. C'eft aflez; defcends vice. s o l i g n r. Encore un moment. rolet. Non, non, j'ai befoin de toi, vraiment. . . . I Oui plus j'y fonge, plus ce projet me rit. . . . . Le tems prefle d'ailleurs, & je n'ai pas le choix des mo- yens. Celui-ci eft un peu hardi, mais il eft fur (A Soligni qui defcend. ) Vas doucement E- coute, Georget, ton oncle m'a tant dit qu,e je pouvois mettre en toi toute ma confiance, que je ne balance pas a te la donner: mais il faut y repondre avec franchife; parles, te fens-tu capable d'un grand coup? soligni. Oh! très-capable. rolet. Fort bien. Dolmont t'a-t-il vu quelque fois ? soligni. Oh! tout-au-plus a la danfe; encore n'a-t-il pas pu me diftinguer, car je 1'évitais toujours. rolet. Bon. Si tu veux, je fais ta fortune. soligni. Ma foi, cela feroit aflez jufte. rolet. Je la fais, te dis-je, tu n'as qu'a m'e'couter. soligni. Parlez donc. rolet. Tu fais fans doute que Soligni doit arriver inccflamment/' s o l i g n r. Oh! très-inceflamment. R O-  CO M E' D I E, 35 rolet. Eh bien! moi, je veux qu'il foit de'ja k'u soligni. Et oii eft-il donc ; ce Soligni ? rolet. C'eft toi. soligni. C'eft moi! rolet. Oui, toi-même. .... Je coneois ta furprife, mais écoutes jufqu'au bout. II faut que tu prcnncs fon nom pour fervir mes projets. En un mot, qu'aux yeux de Dolmont & de fa familie, tu paffes pour Soligni. soligni. C'eft très-aife'. rolet. Pas fi aifé. D'abord il faut prendre mes intéréts, prouver mon hormêteté s o l I G n i. Vous avez raifon, c'eft difficile. rolet. le te ferai la lccon chez Thibaut. II doit avoir encore quelques habits du Marquis, tu t'en ferviras. Moi, je te donnerai quelques avis fur la fac/m de t'exprimer & de t'babiller; il y a d'abord des regies générales. COUPLET S. Pour faire 1'homme d'importancc; Tranche fur tout, n'épargne rien. L'au^Mcs couvre 1'lgnorance; Qui parle beaucoup parle bien. Si 1'habit eft riche , n'importe, Ne prends point un air emprunté; Dès le premier jour qu'on le porte On croit 1'avoir toujours poné. I I. soligni. L'homme d'afiaire agit dg même,Ne fongeant qu a fes intérêty, C 4 D D 1 E. 41 DOLMONT. Dites-lui bien que fi 1'on a dts torts envers lui, 1 ne les partage pas. T H I Bf A U T. Oh! j'en e'tais fur. SOLIGNI- Et lui auffi. DOLMONT. Dites-lui que je m'eftimerai trop heureux, fi je peux lui être utile. SOLIGNI. Vous pouvez beaucoup pour lui. Sa fortune eft entre les mains Rolet, mais fon bonheur eft dans les vótres. . . . (Thibaut lui fait figne de fe taire.) DOLMONT. Son bonheur eft für en ce cas. Je me le dois a moi-même , pour iatisfaire mon honneur & juftifter mon nom compromis. Allez, tachez de me ie trouver, 1'un oul'autre, & qu'il paraifie en toute afiurance. SOLIGNI. Vous le verrez bientór. (II fort.) DOLMONT. Ce gargon m'intérefle; il parait fort attaché a Soligni. THIBAUT. C'eft bien naturel. Soligni eft fi bon fi honnéte! DOLMONT. Je le fais, & fur fa réputation je 1'aime déja. THIBAUT. Vous n'ëtes pas le feul-, & M. le Chevalier.. D O L H O N T. L'aimc auffi ? THIBAUT. Oui, Monfieur; & Mademoifelle Rofalie. . . . DOLMONT. Encore! . . ..C'eft l'ami de toute la familie! . . I Mais dans quel tems, dans quel endroit 1'ont-ils vu? C S THI-  48 LE RIVAL CONFIDENT. thibaut. Ici même, & depuis un mois; pour tout dire en*? fin, c'eft lui qui vous quitte a 1'inftant. dolmont. Soligni! thibaut. Lui-même; & s'il ne s'eft pas nomme', c'eft quë Rolet feul doit vous le prsfenter. dolmont. II le connaït donc ? thibaut.' Du tout vraiment, & le plaifant de 1'aventure,c'eft qu'il 1'a pris pout fon confident. Bien plus, prefle de conclure fon mariage, & voulant prévenir le tort que pourrait lui faire le retour de notre jeune maïtre, il a imaginé de faire paraitre un faux Soligni, qui put 1'aider a vous tromper. . . . dolmont, voulant fortir. Ah! le mal heureux! thibaut. LaiiTez-1e faire, morgue'! j'ai fi bien arrangé les chofes, qu'il a choifi Soligni lui-même pour jouer fon propre róle. II faut donc le convaincre de fa perfidie, c'eft eflentiel. En attendant je vais le rejoindre pour qu'il ne fe doute pas de notre rufe: morgué tromper ce vieux coquin-la, ca doit faire autant de plaifir que d'honneur. dolmont. Enfin tout eft e'clairci. Ah! ah! Monfieur 1'Avocat Corfaire, nous verrons comment vous foutiendrez 1'abordage. S C E-  CO M E' D IE. 4s SCÈNE XII. DOLMONT, LE CHEVALIER, ROSALIE, FINALE. DOLMONT. O ui, monfieur 1'homme de juftice, Je Cjiicr>it vóire bonne foi. L E CHEVALIER. II eft feul, 1'inftant eft propice: Approchons - noui. ROSALIE. Approche - tol. Tu trembleras biens moins que moi. iE CHEVALIER. Oh! ie ne tremble jamais, moi. DOLMONT. Eh! bien! que voulez - vous de moi! LE CHEVALIER. It s'agk je irtmble, je croi. Parle, ma fmur. DOLMONT. Mais quel myftère! ROSALIE. II s*agit de . . . pari:, mon frère. DOLMONT.^ Parle, ma fixur, pade mon frère; Enfin, je le faurai, j'efpère. LE CHEVALIER. D'un hymen. . . . R O S A L I F. D'un hymen. . . . LE CHEVALIER. D'un hymen qui doit lui dépiaire. DOLMONT. Ah.' voila donc le grand myfiére! ROSALIE. D'un hymen qui doit me dépiaire. D O L M O N T£ II n'eft pas fait, je le promets. L E  ^ LE RIVAL CONFIDENT, l e chevalier. Et nous venons prier mon père Pour qu'il ne fe falie jamais. dolmont, (a Rofalie.) Eh! mais, qu'elle idéé elï la vótre? 1/hymen n'eft-il pas fait pour vous? l e chevalier, Eh ï mais , refufer un époux, C'eft vous en demander un autre. dolmont. Bon, juftement, Dans ce moment, II s'en préfente un autre. tous. ROSALIE, LE CHEVALIER. Quoi! juftement, &c. dolmont. Oui, juftement, &c. le ch&valier. Eft il bien jeune, s'il vous plaitf dolmont. II n'eft pas li vieux que Rolet. SCÈNE XIII, «Sr" dernière. LES MEMES, ROLET. SOLIGNI, en uniforme, THIBAUT, PAVSANS. rolet. M on cher, Ie hazard nous feconde. Je vous préfente Soligni. D OLMONT. Enfin je vois dor.c Soligni. TOUS LES ACTEURS, ET LES PAYSANS. Oh! oui, oui, c'eft lui, c'ell bien lui. rolet, (bas a Thibaut.) As tu prévenu tout le monde. On dirait. Qu'ils font du fecret. dolmont. Quoi! vous Je piéfentez vous - même! tous. Oh ! la complaifaflce eft extréme. RO-  CO ME1 DIE. 45 r O L E T. Oui, je le préfente moi-même, Vraiment, c'eft que je'ne crains rien. D O l M O N T. e Oh! oui, c'eft un homme de bien. ROLET. Pour que mon hymen s'accomplifie » II va me rendre enfin juftice. TOUS. Oui, oui, 1'on vous rendrajuftice; Vous êtes un homme de bien. ROLET. Oui, je fuis ui homme de bien. LE CHEVALtER. Ah! quel homme de bien ? rolet, (bas a Soligni.) Dis comme moi. SOLIGNI. Laiftez- moi faire. ROLET, (haut k Soligni.) Parlez avec fincérité. soligni. Comptez fur ma fincérité. rolet, (a Soligni. 5 J'étais aimé de votre père. I e c h e va l i e r, (a part.) II avait bien de la bonté. SOLIGNI. II était aimé de mon père, Oui, c'eft 1'exaóte vérité. rolet, (bas a Soligni.) Fort bien, fort bien, en vérité. (haut,) A fa mort je le regrettaï. Et mon amitié peu commune S'occupa de votre fortune. SOLIGNI. II s'occupa de ma fortune, Oui, c'eft encore la vérité. rolet, (bas a Soligni.) C'eft h merveille, en vérité. (haut.) ! Enfin pour vous tiror d'affaire, Pour votre propre fureté Moi- même j'ai tout acheté. Et j'ai bien payé cette terre. s o-  4 Ma foeur 1'a choifi pour époux. dolmont. Elle a mieux choifi que fon père. TOUS. Monfieur Rolet, qu'en penfez-vous? r o-  CO ME' D IE. 47 rolet. Morbleu ! vous m'avez joué tous; Mais craignez, mon courroux soligni, ( a Rofet.) AUons, allons, point de courroux. Si je vous redois quelque fomme, Pour être payé, montrez-nous Un mémoire dreffé par vous. . . . thibaut. Mais revü par un honnête homme. dolmont, (a Roler) En attendant. . . Le plus prudent. . . thibaut. C'eft de parür. rolet. Moi, que je fortet Non. dolmont. Morbleu! craignez mon courroux; Et croyez moi, dépêchez- vous De paffer par la porte. rolet. Mol , que ie forte! TOUS LES PAYSANS , ÈT ACTEURS, (en Ie conduifant.) Oui, Monfeigneur, dépêchez . vous. De paffer par le porte. rolet. Je fors, mais craignez mon courroux. TOUS. Oui, Monfeigneur, dépêchez - vous De paffer paria porte. (IJ fort.) thibaut.' Croyez qu'il retourne au palais Pour vous plaider vous & les vötres, dolmont. Oh! non, jamais. Ces Meflieurs craignent les procés Et ne plaident . , . que pour les autres. TOUS. Ces Meflieurs, &c. VAU-  48 LE RIVAL CONFIDENT, CÖME'DIE. VAUDEVILLE. dolmont. Suivant la commune route Rolet s'éiabüt frtpon. Son cosur eft mauvais fans doute, Mais fon calcul elt trés bon. Aujourd'hui qu'on en impole, Pourvu que 1'on ait du bien,Un,honnête homme n'eft rien, Un fripon eft que'quc chofe. I I. soligni. Que 1'on fe donne de peine Pour nous tromper ici bas ! Philis a la quaraMaine , Mais Philis ne le croït pas. Elle a 1'éclat d'une rofe, Sa figure eft encore bien , La nature n'en fait rien , Mais 1'art eft fait quelque chofe. I I I, thibaut. Le char brillant de Valère Ne femblait pas fait pour lui. Jadis il était derrière, II eft dedans aujourifhui. Son opulence en impofe; II eft fier dans fon maintien. S'il ne difait jamais rien, Oh le croirait quelque chofe. I V. r o s a l t e, (au public.) L'indulgence la plus grande Peut a la fin fe laffer. le chevalier. Celui qui toujours demande Ne doit pas intéreffer- rosalie. Souvent même il indifpofe; Aulfi le fentons-nous bi'èn. l e chevalier. Et nous ne demandons rien Pour obtenir quelque chofe. FIN.