J   P L A N d' u n REGLEMENT p o u R LE SERVICE DE CAMPAGNE P a R FREDERIC GUILLAUME BARON DE BESSEL. ' Öuyrage traduit de YAlkmanè avec figures. A LA HATE Chez J. H. MUNNIKHUIZEN^ j 7 8 is   Préface de PEdmon Allemande. Préface n'ajoute point h la bonté du 1ïvre, je le fais; auffi mon intention rieft elle pas de furprendre par ces réflexions préliminaires le jugement de mes Letleurs. J'abandomie mon Ouvrage a leur cenfure ou a leur approbation; faccueil que lui fera le Public éclairé décidera de ce qu'il vaut. Ce ft le fruit de quelques momcns de loiftr que 111 ont laiffé des occupations miiitaires raremcnt interrompites. Jamais je ne penfai a devenir Auteur, pas même lorsque je commengai a jetter ces obfervations fur le papier. Cependant, foit dit fans vanité, je crus en les relifant ,y découvrir des chofes dont la connoiffancs pouvoit nêtre pas tout a fait indifférente au jeune Officier; ce fut c'e motif même qui m'engagea a ne rendre mon livre ni plus volumineust ni plus cher. Ce qui peut y manquer^fe trouve folidement expliqué d»nsdes Ouyrages plus étendus & mieux écrits, tels que ceux de Mejjieurs de Gaudy, le Clair <$? autres. II me fufft d'avoir in f pi ré è mes Letleurs * ■  Ie défir de pulfer dam ces fources, des ïnfïrüc* tions ultérieures. Celles que je leur offre au. ront du tnplns le mérite de l"exa£titude. Si je n'aipü éviter de tomier dans des répétitions, d'empi-umer quelquefois d'un autre Ecri* yaiv. des idéés, des expreffions qui nfont parit les fcuhs propres , le LeEteur bnparital ne in en fera pas nn reproche, Je lui promets de ne pomt Végarer par le fil de mes obfervatiom mihtatrcs, mais peut-étre faudra-t-il referver k une téle plus fyflématique &> a une plume plus habile , le foin d$ mettre la dernière main » mon travail. Si ce premier effai n"efl pas jugê avec trop defévérïté, je ne défefpèrepoïnt de donner moimême plus d'étendue & une forme plus régulib-. re a une maticre qui s'eft accrüe fous ma main, Mais qu'alors même on battende pas de mot nn fhïe recherché; mon éducation ma profrflion s'y oppofent, £f d'ailleurs f écris pour des Soldats. La clarté £f la précifion font les attriïuts effentiels du genre dida&ique, duf ent* ils même itrt rachetés anx dépens de ïélé, gance.  SOMMAIRE P E S CII APITRE S- CHAPITRE I. De Ia Guerre en genéraï. pag: %\ SECTION I. De la guerre offenfive & défenfive. ibid: * II. De la diverficé des pays oü fe fait la euerre. 10. O 1 — ■ III. Des préparacifs de guerre. 12. •*—-»—■ IV. De 1'ouvertiire de la Campagne. 14. CHAPITRE II. Des connoïfjances. nécefjaires a tm . Oénéral, 16. SECTION I. Par rapport au pays oü fe fait la guerre. ibid: t; "■■ II. Relativemetu a 1'Aruiée qu'U comrnande & a celle de 1'Enjaemi. i—** IV. .Desfignaux& desfecours. 216. V. Des ordres a donner aux Magi- ftrats. 21p, * e VI- De 1'exercice des Troupes dans les quartiers. 535. _u-_VII. Du maintien de 1'ordre dan* ks quartiers. .^o» CHAPITRE VIII. De ?4ttaque & de la défenfe des Po fles forüjiés. 234. SECTION I. Del'Attaque, & de ce que 1'fnfanterie, 1'Artillerie & la Cavalerie ont a obferver dans Hne aftion. *37*  èEs CHAPITRÉS. ** ÜSECTION II. Surprife d'un Camp. 255; • III. PafTage d'un défilé dont PEnne- mi s'eft déja emparé. 258. ' IV. Paflage des rivières & moyens de Fempccher. ' 260. *" V. De Pattaque & de la défenfe d'u- ne Redoute fermée. 268. *' ■■ VI. De Pattaque forcée & de la défenfe d'un Retrancliement.275; " *-—VII. Desfurprifes & de 1'attaque d'u- ne ville municipale. 2^3. " *■ 11 — VIII. Des mefures a prendre dans une place oü. Pon craintd'être bloqué ou attaqué. a3p. CHAPITRE IX. Des Sièges. 301. SËCTION I. Ce qu'il faut obferrer arantPouverture des tranchéas. ibid, II. Ce qu'il faut obferver a Pouver- ture des tranchées. 309. * ' III. Devoir des Ingénieurs. 315. — IV. Des Batteries. 325. ~* -— V. Eftimatioii de PArtillerie & des munitions pour un fiège de 30. jours, : 33$* * 5  K S O M M A I R E SECTION VI. Ce qu'il faut obfervcr k 1 egard des Travailleurs. 345. 1 VII. Ce qu'on faic obfervcr aax Ba- taillons a 1'entrée & ala fortie de la tranchée. Des fonétions du Général de jour. 350.. * VIII. De Pattaque du chemin couvert. s6u — IX. De 1'attaque des baftions. 3Ö6. CHAPITRE X. De l'Emr&üen d*unc Armée. 370. SECTION I. Des vivrcs en général, & de la Boulangerie en parricuibid. " II. Prccautions que chaque Régiment doit prendre par rapport . a fes vivr.es: ^76. ■ III- De Fcntretien deschevaux: du fourragc, & du troufïèau de chaque Cavalier. 382. CHAPITRE XL Des Maladies & des Hopïtaux. 386. SECTION I. Caufe des maladies. ikid.  bes CHAPITRE S. jEi SECTION II. Précatttions contre les makdies. 39*. — .— III. Des höpitaux & du foin des malades. 397. CHAPITRE XII. De la déferüon. 404. SECTION ï. Précatitions pour prévenirla défertion. ibid; ——— II. De ce qu'il faut obfervcr a I'égard des Déferteurs ennemis. 4°7' SECONDE DIVISION PRlxNfCIPALE. ContstJam des objervaüons partïcuïïères. CHAPITRE. I. Du coup d'oeil. 4!^ r———- II. Ce qu'il faut obferver quand on va reconnoitre 1'Ennemi. ai 5. , — ju. Des Efpions. 418- —— iv. Des rufes de guerre. 42*.  *B SOMMAIRE des CHAPITRE9. - V. Des dctachemens. 4sör„ • VI. Des Parcifans. 42^ . VII. Des iurprifes. 43t; ■VIII. Des embufcades. 44l. IX. Des déuchemens comptés pour perdus. 443. X. Des concribucions. 448. XI. De la manière d'inrerroger les Prifonniers & les Voyageurs. 45,  CHAPITRE I. De ia Guerre en général. SECTION PREMIÈRE. De la Guerre offenfive & dèfenfive. La Guerre eft ofenftve ou dèfenfive , & pa* conféquent elle fe faic de deux manières différentes. A. La Guerre offenfive confifte a prévenir les opérations de fon Ennemi, a 1'attaquer, ou du moins a le forccr, s'il eft poffible, d'en venir h une aclion : a le délogerdefes camps, a lui enlever fes villes , fes fortereflès , fes Provinces, fes pofTeffions. II faut s'attacher a bien rcmplir Ie plan que 1'on s'efi: formé, profiter de fes avantages & ferrer 1'Ennemi de fi prés, qu'il nait le temps de s'oppófër ames opérations qu'a mefure que je les A  C * ) exécute. Ainfi pour agir offenfivement il faut avant tout: S- i. Envelopper fes deflèins d'un fecrer impénétrable, afin que rien n'en tranfpire & que 1'Ennemi ne puiiïè prévenir les dispolkions que 1'on a faites concre lui. | $. ». II faut occuper quelques poftes avantageux & fïirs, parlesquels 1'on puifTe foutenir fuffifamment les mouvemens qui deviendront néceflaires dans la fuite. 5- 3- Détacher différens perits Corps pour empêcher 1'Ennemi de rallier promptement fes forces, avoir foin de bien couvrir fes derrières & fe ménager la liberté des convois. $. 4- Si 1'Ennemi a déja raflemblé fes forces, ij faut Fattaquer & faire tous fes efforts pour les difperfer. S- 5. Si Ie Pays que Fon attaque eft couvert de forêts & de places forces, coupé par des rivières  X 3 ) ou entouré de montagnes , il faut former des fièges, gagner du terrain pied a pied, fe rendre maïtre des paflages & s'y fortifier avant de s'expofer plus en avant. S- 6. Les magafins doivent être placés en lieux fürs & propres au deflèirt qu'on fe propofe: il faut choifir de préférence les iltuations qui menaoenc d'autres places appartenant a 1'Ennemi & pour la confervation desquelles il feroit obligé de divifer fes forces. L'on attaque enfuite celui defes Corps, dont la défaite puiflè ouvrir un libre paflage dans le Pays ennemi, & conduirc vers la Capitale. C'efl: un but qu'il faut fuivre dès le commencement de la guerre; on réulïïra par la a répandre 1'épouvante, & on contraindra 1'Ennemi a dégarnir fes frontières & fes places fortes, poui couvrir I'intérieur de fon Pays. §. 7. II faut traiter avec douceur les habitans de Ia campagne, les exempter d'itnpöts & leur pro mettre la lureté dc leur commerce. A %  ( 4 > S. 8. Si le Pays dont on veut faire la conquóte, eft traverfé par degrands fleuves & des rivières navigables, il faut s'étendre jufques-la & en occuper les bords; s'il s'y trouve des places non fortifiées, il faut les mettre en état de défenfe. S. 9. Dans les bois, les montagnes & les rallées il faut barrer les chemins & les pafTages faire des abbatis & fortifier certains poftes dê diitance en diftance, pour couvrir la retraite en cas de befoin. §• io. Si 1'Ennemi eft sl portée de recevoir du fecours, il faut avoir foin de lui refter fupérieur en forces. S. ii. Lorfque 1'Ennemi s'eft campé aflèz avancageufement pour qu'il ne foit guères ffibJe de lattaquerfansperte, il faut prendre fte entre fon Armée & les lieux d'oü lui viennent fes renforts & fes convois. II faut tacher de le refTerrer le plus qu'il eft poffible, bruler fe, magafins abattre fes moulins, dévafter fes campagnes & fes villes, & lui couper les vivres, Ie  C 5 } forcer ainfl a fe recirer, & tirer partï alors de fa retraite. B. La Guerre eft dèfenfive, lorfque je fuis attaqué ou pourfuivi par 1'Ennemi, & qu'il me force a régler mes opérations fur les fiennes. Dans ce cas il faut fe conduire avec prudence, & éviter tant qu'on pourra les aètions décifives, a moins que 1'on ne foit certain de remporter une vicloire complette. II faut fouvent négliger de petits avantages, quand même 1'Ennemi les préfenteroit de lui-même. II en coüte toujours quelque monde, & lorfqu'on agit défenfivement, on ne doit pas expofer un feul homme fans néceflicé. D'ailleurs il faut fe défier de ces avantages que 1'Ennemi offre fouvent dans le deflein d'exccuter lui - même dans 1'intervalle quelque projet plus important. II faut donc dans la Guerre dèfenfive: §. 1. Faire échouer les deflèins de 1'Ennemi, R non , en arrêter du moins 1'exécution & y apporter tous les obftacles poffibles; 11 faut éviter foigneufement les grandes batailles, & fatiguer 1'Ennemi par des möuvemens bien entendus. A 3  C 6 ) II faut obferver 1'Ennemi dans fes marches, Somber fur fon arrière-garde au paflage d'un fleuve, d'une montagne, ou de quelqu'autre lieu; occuper des poftes plus élevés, ou plus avantageufement fitués que le fien, pour lui refter en flanc; lui drefler des embuches & le furprendre k 1'improvifte. II faut fe rendre maitre de fes forts, occuper les défilés, lui couper fes vivres, enlever fes convois, brüler fes magafins &; fe retrancher d'afièz pres pour qu'on fok toujours a même de 1'arrêter dans fes emreprifes. Un Conquérant aura de la peine a fe naaintenir dans un pays ennemi, s'il négligé de s'y pofter avantageufement, de s'y fortifier & de s'étendre par des retranchemens. f. 3- II faut lafier la patience de 1'Ennemi, I'engftger a faire quelque étourderie, & faifir ce moment pour lui porter un de ces coups qui changent la nature -de Ja guerre des deux cötés. II eft bon aufli d'établir des poftes fortifiés, d'oü 1'on puiife contrecarrer les opérations de rEnnemi, fans qu'on foit- obligé de faire de  (7) grands mouvemens. Sur un rerrain coupé, vingt hommes en valenc fouvent cent, & avec des poftes bien garnis, je me rends égala 1'Ennemi , me füt-ii fupérieur en forces. 5- 5- II ne faut jamais s'arrêter longtemps dans des lieux oü 1'on puiffe être enveloppé, coupé, ou invefti par 1'Ennemi. II faut aufli penfer a fe procurer des vivres & a aflurer fa retraite. §• 6. Les forterefibs expofées k être indubitablement attaquées, doivent être confiées a des Commandans habiles, & munies de bonnes troupes. 5- 7- L'on employera la Cavalerie par petits détachemens; il faut que fes derrières foyent libres, qu'elle ne courre jamais rifque d'ètre coupée & qu'elle contienne les Corps ennemis qui pourroient jèter 1'effroi dans 1'intérieur du pays. §. 8. Dens un pays ouvert, le temps & les cir- conftances exigent quelquefois que l'on abandonne des provinces entières a 1'Ennemi: fouvent A 4  C8) SI vaut mieüx de les évacuer & de Jes rava^cr plutöc que de les défendre, car elles fonr égalementperdues, &l'Arméeau moins eft ménagé? Au contraire en me fortifïant dans des poftes fürs j'arrete lesprogrèsde 1'Ennemi&jel'obligc am'atcaquer dans un terrain difficile: il m'en rèviendra un avantage presque certain, puifque le deflèin de 1 Lnnemi étant 1'attaque, il doit tout tenter pour y parvenir, & fc pcrte fera cërtaïnement du cöte de 1'AgrelTeur qui ne connoit pas le terrain aufli bien que celui qui s'y tient fur la dèfenfive La guerre offenfive „'eft donc pas a beaucoup prés aufli difficile que la dèfenfive. Un Général qui fait fe décider promptement ötexecuter de même, & qui réunit a ces qualités nn efpricentreprenant, eft für de faire des merveilies dans une guerre offenfive, furtout s'il a en tere un Ennemi moins habile que lui- mais ce même Général ne manquera pas d'ctredèfair ■ il fe trouve chargé d'une guerre parement dèfenfive. Celle-ci exige non - feulement de la promptitude dans les dispofitions & 1'exécution mais elle demande aufli une grande fermeté qui ae s'écarte point du plan une fois formé, & ne donne rien au hafard. II y a même des cas ou un Général qui n'adt quedefenfivement, doic paroicre timide, feule. «ent il «e faut pas q^ fes troupes s'en sp-  (9 ) percoivent; il dok favoir fupporter tranquille- ment les infultes de 1'Ennemi, être infenfible au blame & aux é.logGS, & ne jamais perdre contenance. II a befoin de beaucoup de prudence & de prévoyance; il doit calculer toutes les entreprifes poflibles de 1'Ennemi & en prévoir même les fau„tes. II lui faut aflèz de vivacité & de préfence d'efprit pour fe prévaloir au premier coup d'oeil des prifes que 1'Ennemi pourroit lui donner. S'il fait profiter ainfi des circonftances , il pourra presque toujours fe promettre un fuccès heureux, & il réduira fon adverfaire, qui d'abord agiflbit ofTenfivement, a fe mettre enfin lui-même fur la dèfenfive. L'on voit par la combien il eft néceffaire qu'un Général foit au fait des deux manié' res de faire la Guerre. A 5  IL y a de 1'avantage a faire la guerre dans fon propre pays: chacun'alors y ferc d'espion, & l'on eft fur d'étre informé de tous les mouvemens de 1'Ennemi. On peut détacher de 1'Armée des Corps plus ou moins confidérables, fans avoir beaucoup a craindre pour leur füreté, & fi 1'Ennemi eft battu, chaque payfan devient foldat & cherche a lui faire du mal. §. a. Dans un pays neutre 1'avantage fera du cóté de celui qui faura le mieux gagner 1'amitié & Ia confiance des habitans. Tant qu'on ne fera pas für de leurs bonnes dispofitions, il faut agir avec beaucoup de prudence. SECTION SECONDE. De la dw erf té des Pays ou f fait la Guerre.  (II) S- 3- En pays ennemi il faut jouer au plus für, ne point détacher de partis au hafard, & donner a la guerre la direction la plus reflerrée poffible. Une discipline févère, de 1'exactitude dans Ie payement des vivres livrés & 1'Armée, & de la modération dans les contributions qu'on exige,, foit en argent ou en fourrages, font les moyens les plus fürs d'acquérir dans un pays ennemi l'afFeftion & laconfiance deshabitani, & ces moyens réuffiront d'autant mieux, fi on laiiTe le Vilr lageois dans la paifible poflèffion de fes biens, & fi on lui épargne les pillages & les mauvais traitemens , enfin fi on lui accorde quelques immunités, & qu'on lui allure une condition plus douce que celle dont il jouit fous fon propre Gouvernement.  O* ) SECTION TROISIEME. Des préparatifs de guerre. Comme les hcureux fuccès dépcndcnt des mefures bien prifes, il fauc bien pefer les fuites d une entreprife qu'on veut tenrer & r£ négliger aucun des moyens qui pVuvent en aflurer la réuffite. Rektivetnent aux mefures a ptendre au de*ors, il eft nécefTaire d'êtfe au fait des forces v des Albanees, des moeurs & coutumês de ceux quon veut attaquer; il feut favoir ce qui fe paflè dans leun places fortes, connoitre leur Pohtique & k-forme de leur Gouvernement «re informé des méfintelligences qui régnent' ou que 1 on pourroit fufciter parmi les princi paux d'entr'eux, imagincr des expédiens pour y faire nairre & pour entretenir de k méfiance & des jaloufies, enfin avoir une connoiffimce exacte du locaL  C '3 ) Quant a 1'intérieur, il faut fonger a la (urete des frontières éloignées, lever des troupes, fe procurer 1'Artillerie néceflaire, approvifionner les magafins , & raïïembler tant dans le pays même que dans 1'étranger, le nombre des chevaux dont on a befoin.  ( >4 ) S- i. A moins que les circonftances ne 1'exigent, -L^. Ia Campagne ne dok s'ouvrir qu'a la première verdure. Les matches ne doivent être d abord que de * mi]]es par jour ur rfa_ fiötene, de 3 pour les Cuiraffiers, de 4 pour les Dragons & Houfiards. Le troifième jour doit toujours être un jour de repos. 5. =• II faut é-ker autant que poffible les Campagnes dmver: elles ne fervent qu'a ruiner les rroupes & dans les Pays oü il y a beaucoup atifibleT mfiCCS' dlCS fü-^-toujours Si cependant les places fortes ne font pas en grand „ombre & qu'on puiflb fe promettre des • Le mille d'Alleougne hji s iieues de France> SECTION QUATRIEME. De F ouverture de la Campagne.  C 15 ) avantages reéls d'une Campagne d'hiver, il fam au moins cantonner fort a 1'étroit les Troupes qui font en marche. $• 3- Lorsqu'on approche de 1'Ennemi, il faut leur afïïgner une place de ralliement , & les faire marcher en colonnes. Si l'on en vient a un mouvement décifif, fok pour livrer bataille, ou pour attaquer les Quartiers de 1'Ennemi, ilfaut camper en ordrede bataille; mais ces fortes d'entreprifes exigentbeascoup de célérité & de courage.  C «O SECTION PREMIÈRE. Par rapport au Pays oufe fait 'la Guerre. T a coanoilBncedulocal eft le pofnt eflèn- queI rou,ent toutes leso^- Un Général peut a h véricé 1'acquérir Dar Ie moven de bonnes carces géograph que ?L c«te connoiftance feule ne luf fuVpas il curer en parne par les patrouilles «Sc Jes es- * campagne. Ainfi un bon Général ne doic pas CHAPITRE SECOND. Des ConnoiJJances néceffaires h uh Général.  C H ) pas croire att deflbus de lui d'entrer en converfation avec un Payfan, un Meunier, un Gardechaflè, ou d'autres gens de cetordre; il doitau contraire les rechercher, leur naïveté lui fervira a faire norabre de découvertes. Peu capables de réfléchir (3c de fentir la conféquence de leur indifcrétion, ils fe piqueront d'autant plus d'ctre fincères, qu'ils fe croirönt honorés d'ofer entretenir un grand Seigneur. D'un autre cóté il feroit imprudent de s'en fier a un feul: il faut confronter plufieurs rapports, les vérifier, faire reconnoitre par d'habiles Officiers les rivières & les environs, & en lever des plans. Pour avoir des notions plus précifes encore, il feut bien connoicre les chemins, la fituation des villes, favoir fi elles font tenables, comment elles peuvent être attaquées, & ce qu'elles exigent de garnifon pour fe défendre. II faut de plus avoir une idéé exaéte du cours des fleuves & de leurs difi'crentes profondeurs , favoir fi les rivières font praticables au printeinps ou defféchées en été; de plus il faut fe prociirer des notions des marais les plus confidérables, <'"- fio'I i:o-.!.-(•! . ■ oni»v«rqmsO I H' - 50 P-ir des, chaufiee-s üu. digues. ; A0 par des rivières. O S'il y a des ponrs k paiïèr, jrffc fon CM bon etat, conftruits en bois ou en pierre, *0 y a des -ravins a rraverfer. i b /O SUé terrain en eft fblide & ferme, Ou frft font marécageux , & dans ce cas s lis le font toujours ou ne Je deviennent qu en temps de pluie. ml II faut connoitre le' Jocal de 'Ia route' a trow mille pas k droite & a gauche.  (*9 y 0.) Savoir s'il s'y trouve des hauteurs, "des bois, des forêcs, des ravins & des chemins creux, par oü l'on puifle atteindre 1'Ennemi, ou en être atteint k l4improvifte. «.) Si le terrain eft fablonneux. p.") S'il y a des hauteurs escarpées a gravir & y.) Si le paflage en eft difficile. r.) De plus il faut favoir le notn de tous lés villages & en connoitre les avenues; on examinera s'il eft néceflaire de les traverfer ou fi l'on peut les laiflèr de cöté; enfin le moindre point de vue qui pourra aflurer la marche, doit être obfervé & retenu, afin de prévenir que la Colonne ne s'écarté jamais de fa route.  C 30 > SECTION TROISIEME. Des Guldes des Colonnes. J.I. Après que le Guide aura ainfi reconnu la route que la Colonne doit prendre, il fera réparer les chemins & ponts qui en auront befofn ; il donnera fes ordres en confcquence aux Maires & Juges des plus proches villages , & ceux-ci feront obligés de fournir les Ouvriers & les matériaux néceiTaires; le Guide ne retournera k 1'Année que lorsque le travail fera fuffifamment en train. $. 2. Tant que le terrain le permet, il faut toujours conferver la communication libre pendant la marche des Colonnes, de manière qu'elles ne foyent pas coupées par un défilé. L'intervalle de 1'une k 1'autre doit être d'un quart de mille au plus»  Quand on marche k 1'Ennemi, il faut que Jes Colonnes fe cötoyent le plus prés poffible , fans pourtant s'embarraffer ,• elles ne doivent pdint s'éloigner 1'une de 1'autre au dela de mille pas, ni s'approcher de plus prés de trois cents pas. Dans les plaines on aura foin de marquer les routes d'avance. S- 3- Le Guide doit fe trouver k la tête de la Colonne, une demi-heure avant qu'elle fe mette ea marche; il reftera toujours auprès de 1'avantgarde. S'il fe préiènte des défilés ou des villagcs, il faut les éviter s'il y a moyen, quand même on feroit obligé de faire un dé tour d'une centaine de pas a droite ou k gauche; feulementon aura foin d'en prévenir la Colonne k temps. s. 4. La Tête doit toujours être précédée de fes pontons & d'un nombre fuffifant de Charpeiitiers & de Travailleurs, qui avant 1'arrivée le la Colonne , raccommodent les mauvais chemms & écartent tous les obftacles qui pourrojent 1'arrêter. Ces Travailleurs doivent refter au Quaryer-Général pendant toutc la marche.  C 3* 3 Les Pontons doivent étre exaclement délinés, foit au Quartier Général, foit au BataÜlonquife trouve a la tête; les ponts qu'on aura été obiigé de jetter en chemin, feront démolis & remportés dès qu'ils ne fervironc plus. Leur largeur ne doit jamais'être au deflbus de 18 ou 20 pieds, afin- qu'ils puifTcnt fervir au pafiage de PArtillerie & du Bagage. II faut les couvrir aufii d'un pied de terre. * 5- Tout Chef de Colonne doit fe pourvoir de Guides fürs, & il leur ordonnera de ne pas s'écarter de la route qui aura été préfcrite. On veillera fur eux pour qu'ils ne s'évadent point, & on les relevera dans chaque village. §. C Dès que la Colonne eft arrivée h fa deftination, tous les Chefs de Colonne s'afiemblent chez le Quartier-Maïtre-Général, qui leur aiïïgne Ia place oü chaque Regiment doit .camper.  ( %i> $■ 7- S'il eft queftion de fe remettre en marche le lendemain, il fauc auffitöt que le Camp fera drefté , que chaque Conducteur aille reconnoitre la foute de fa Colonne, & qu'il s'informe de Tordre dans lequel on défilera. C  C 34 3 SECTION QUATRIEME. Ltfférentes manïères de marcber en Colonnes, avec les Plans qui y fint relaüfs. FiS: A- N°. L ^i 1'Ennemi n'eft pas trop prés, & qu'il \3 y aic quatre avenues qui conduifent au nouveau Camp , 1'Avanc-Garde compofée de Cavalerie & d'Infancerie, fe met en route quclques heures d'avance, pour occuper les défilés, rivières, montagnes, villes, ou villages , oü l'on fe propofe de former le nouveau Camp. Elle ne prendra d'autres bagages que fes tentes, & fe fera accompagner par les Fourriers. Quelques heures après, toute FArmée fe met en mouvement. i. La Cavalerie de Faile droite des deux lignés défilé par la droite, & forme la première Colonne.  C 35 ) 2. L'Infanterie de 1'aile droite des deux lignes défilé pareillement par la droite , & forme la feconde Colonne. 3. L'Infanterie de 1'aile gauclie des deux lignes défilé par la gauche, & forme la troifième Colonne. 4. La Cavalerie de 1'aile gauche des deux lignes défilé par la gauche, & forme la quatrième Colonne. 5. Le Bagage & 1'Artiilerie fuivent fous escor te derrière les deux Colonnes d'Infanterie. 6. Enfin 1'Arrière-Garde fait la clóture. Fig: B. N° II. Ó'il faut donner a fa marche une direcuctï ilj parallèle a la pofition de 1'Ennemi, on prendra par ia droite ou par la gauche, en deux lignes partagées en autant de Colofr» nes, & précédées par FAvant-Garde. Si l'on marche dans le delTein de s'engagei plus ou moins avec 1'Ennemi, il faut écarter les bagages, & les envoyer fous escorte dans quelque lieu voifin. Dans ce cas auffi FAvant- C ■  C 3* ) Garde doit être plus forte, & ne pas s'éloigne? de 1'Armée au dela d'un quart d'heurc. Si dans la crainte de voir 1'Armée attaquée en front, on fe propofe de marcherfur fix Colonnes, il faut: 1. Répartir 1'Ardllerie dans Ia Colonne d'Infanterie, de facon que chaque Brigade dans les divifions, s'étende le long du front. 2. Les quatre Colonnes du centre feronr compofées d'Infanterie, & les deux qui occupent Jes extrémités, de Cavalerie,- de cette manière chaque Colonne, en déployant de Ia tête au centre, pourra former la première ligne; le refte a compter du centre, devicndra la feconde ligne ; & le Corps de referve pourra fe tnettre en ordre de bacaille derrière les deux ligncs. Le bagage avec fon escorte s'arrête dans un lieu féparé, mais fur. Fig: C. N°. III. T^ans une plaine oü 1'Armée doit marcher JL/ fur quatre Colonnes: «• L'Infanterie de 1'aile droite de la feconde  ( %7 ) ligne défilé par la droite; elle eft fuiviè de ja feconde ligne de Cavalerie de Faüe droite, Si ces deux Corps réunis formentla 4ra diftance de mille ou quinze- cenc* pas, & de fa9on qu'on ne les perde jamais de vue. ^ Si une telle Garde eft compofée; d'un Officier, Après cela vient 1'Officier avec fa Troupe ' lesarmes hautes; il détache pareillement quel! ques flanqueurs a droite & a gauche. On choifit pour flanqueurs les meiileurs chevaux & les meiileurs Cavaliers; il eft de leur devoirde reconnoïtre très-exacftement tous les fcmffbns, ravins, collines & autres lieux pr«*.  ( 45 } pres aux embuscades; ils arrêteront routes let perfonnes qui viennent a leur rencontre, & tous les paiTans qu'ils pourront atteindre, & ils lés ameheroht a leur Bas-Officier. Un flanqueur qui tombe entre les mains d© 1'Ennemi, en donnera le fignal en lachant urt coup de fon arme a feu. La oü il yabeaucoup de chemins de traverfe, 1'Officier décachcra un plus grand nombre de flanqueurs, pour aflurer d'autant mieux fa marche. Si l'on eft averti de 1'approche de 1'Ennemi, il faut que 1'Officier aille reconnoitre lui-mème, pour être d'autant mieux inftruit, & fe mertre en état de faire un rapport exact. II tachera auffi de fc rendre makre des hauteurs, défilés, bois & villages, afin que la Colonne ne foit poinc arrêtée dans fa marche. De nuk 1'Avant- Garde doit être renforcée; elle ne s'écartera guères du Corps principal, & marchera toujours les armes hautes; fi elle rencontre 1'Ennemi , il feut qu'elle 1'attaque brusquemcnt. Arrivée daas le nouveau Camp, elle doit prendre pofte, placer des Vedettes & détachei? des Patrouilles. Les Patrouilles deftinées & couvrir les flancs, wh les mêmes chofe* a obferver que 1'Avanix  c4o Carde, excepté qu'elles détachent tous leurs flanqueurs du cöté de 1'Ennemi. L'Arrière-Garde fait 1'oppofé de 1'Avant-Garde, car elle détache en arrière les flanqueurs & leur Bas-Officier. Elle doit occuper, aufli long-temps que poflïble, les hauteurs & les défilés, après quoi elle ruinera les ponts & les paflages; pour eet effet il faut lui donner quelques Travailleurs. L'Avant- & 1'Arrière - Garde dok avoir pour foutien des Corps de Cavalerie & d'Infanterie, dont la force fera réglée felon les circonftances, la nature du terrain & le nombre des Colonnes qui fe trouvent en marche. $• 6. Les têtes des Colonnes doivent fe mettre en fnarche a la fois & refter alignées le mieux qu'elles pourront: les Bataillons refleront toujours joints 1'un a 1'autre. §. 7- Le Bataillon qui eft en tête doit être accompagnc de bons Guides. $. 8- Les Travailleurs commandés doivent être pourvusde tous les outils néceflaires, & les Commandans tiendront la main pour qu'ils fe trouvent a temps t 1'endioic indiqué.  C 47 ) $• . Les Patrouilles des flancs obferverónt toiljours la même diftance que leurs Bataillons. $• l0- Les canons des Régimens doivent précéder ou cötoyer leurs Bataillons; les affuts Sc les chariots de raunitions ne feront chargés que de ce qui y appartient. 5- Selon que le terrain le permet, on fait marcher plufieürs chariots de front, & 1'Infanterie raarche a cöté des chariots. §• 12- Si un canon ou un chariot s'embourbe, on y laifTe un détachement chargé de le ramener, un tel accident ne devant point retarder la marche de la Colonne, & bien moins arrêter tour. un Bataillon. $. is- L'Adjudant aura foin que les chariots aillent leur train, & que les Muficiens demeurent au. prés de leurs bataillons & pelotons. S- M- Les femmes refteront auprès du Bagage, ou fous la conduite du_ Grand-Prévöt. Les chevaux  ( 48 ) de bat refïeront a cóté de leurs bataillons & pelotons, afin qu'au paifage des défilés, ils ptaflènt paffër entre les intervalles des pelotons. On ne fouffrira jamais qu'ils fe mêlent a 1'AvantGarde, ni dans un autre bataillon, oüils ne feroient qu'cmbarafier. I i5- Les Fourriers & les Sous-Fourriers, ( FurrierSchützen ) marcheront fur trois rangs, dans 1'ordre que les Régimens obfervent au Camp. Les Officiers de 1'Etat-Major fe tïendronr SS cheval a cóté de leurs Bataillons. §• 17- Les ordres donnés pendant la marche, pasferont d'un Major a 1'autre ,• ils feront infcriti & fignés par le porteur dans les tabletres du Commandant, afin que celui-ci puifie fe juftifier, & retrouver les Officiers qui fe feroient mal ncquittés de leur cemmiffion. §• i8. En marche 1'ordre des intervalles & des dif-  C 49 > tances doit être exaétement obfetvé,' les Officiers & Bas - Officiers qui fe trouvent a la tête & a Ia queue des pelotons, veilleront a ce que les Soldats reftent en rang & file, qu'ils foyent couverts de leurs bonnets ou chapeaux, & que les pelotons foyent toujours divifés en deux» pour qu'au befoin on puifie les rompre tout de fuite. $• *9< Chaque Officier & Bas-Officier doit refter k fon peloton ; de jour les Officiers fe tiennent a cheval devant, & de nuit a cóté de leurs pelotons. §• 2®, II ne faut pas que les Bataillons fe débandent, inconvénient que les Géncraux peuvenc prévenir, en faifant avertir la Tcte de la Colonne , au cas que la marche foit trop précipitée< §• 21. En paflant les défilés il faut marchér en boft ordre & rapidement; mais dès que les pelotons ou divifions auront débouché, ils fe reformeront tout de fuite, & ralentiront le pas, jusquva ce que tout le Bataillon ait regagné le largc. D  ( 50) Pïl fe-trouve au Bataillon deux Officiers de 1'Etat-Major, il en reftera un de chaque cóté du défilé; ils veilleront 1'un & 1'autre a ce que le Soldat porte bien fon fufil, que les rangs & les pelotons reftent ferrés, & que les chevaux de bat traverfent les défilés entre les intervalles des pelotons. Le Général de Brigade au contraire s'arrête jusqu a ce que la Brigade ait entièrement pafie le défilé, & il prend garde a ce que les Bataillons ie luivent exaclement. En attendant 1'Avant-Garde & Ia tête de Ia Co lonne s'avancent a pas lents, jusqu'a ce qu'elles foyent averties que le tout a repris 1'ordre de marche ordinaire,- on en fera pafler 1'avis de brigade en brigade. $. 22. La maraude & le pillage ne doivent être toleres, ni dans fon propre pays, ni en pays ennemi. .Pour prévenir de pareils défordres, il faut quun Officier de I'Etat-Major s'arrête danS chaque endroit oü 1'on paiïè , jUSqu'h ce que le batadlonen foit forti; il veillera auffi a ce que les Officiers maiatiemient 1'ordre dans leurs pelotons. Pour que la Troupe ne manque Pls de boifibn en chemin, on permettra a quelques  C 51 > Soldats par peloton d'aller remplir leurs canti» nes fous l'infpeétion d'un Bas-Officier. Pour prévenir les défordres en pays ehnemi, il faut que de chaque Escadron & Bataillon, a commencer de 1'Avant-Garde, on laifle en arrièrë une troupe, ou un demi peloton qui fera relevé fucceffivement par les fuivans. $• 23- II faut laifler un Sergent auprès des traineuré & des malades, & 1'Arrière-Garde doit avoir foin qu'ils foyent tranfportés au lieu de leur deftina» fion.- $. 24. En temps de pluie, il faut porter les arme$ couvertes & öter les bayonnettes. §• 2 5- Arrivés au rendez - voüs, les Bataillons de chaque Colonne fe remettent en ligne les uns après les autres. On pofe les fufils a terre, & on forme un cordon de Vedettes, qui ne doivent laiffier paffier que les gens exprelfément commandés, mais jamais un foldat feul. D *  C 5* J Aucun Soldat ne dok s'éloigner de fes afmes, & dès qu'on bat 1'Appel, tout doit fe préparer a la marche. Les chariots fe rangent a cóté des Bataillons, les Valets déchargent les chevaux; & lorsqu'ils vont a 1'abreuvoir, il faut que des Commandés ou des Officiers les accompagnent. Au rendez-vous la Cavalerie fe met en ligne par Régimens, par Escadrons, ou par Pelotons. Chaque Cavalier doit remettre en ordre fa felle & fon trouffeau, au cas qu'ils ayent été dérangés ; on mène les chevaux a 1'abreuvoir par pelotons; mais fi 1'Ennemi eft proche, ilnefaut ni donner a manger aux chevaux, ni les mener a 1'abreuvoir. Dès que 1'on eft remonté a cheval, chaque Officier doit examiner fi les gens ont tout remis en ordre, après quoi 1'on défilé par quatre, ou de telle autre manière qu'il aura été ordonné. §. 2 6. Si pendant la marche on eft obligé de faire une attaque, les Officiers doivent mettre pied k terre, & faire prendre la diftance a leurs pelotons; enattendant on renverra en lieu für les chariots & les chevaux. Tout doitfe faire dam Ie plus grand filcnge, & chaque Bataillon fuim  C 53 ) exa&ement celui qui le précède, en gardant bien les intervalles, afin qu'au befoin on puiflè fe remettre tout de fuite en front. Si un Régiment ou un Bataillon vient a étre inquiété par la Cavalerie ennemie , il faut maintenir le foldat en bonne contenance. Lel flanqueurs font le feu de haye , &les Pelotons font front, mais en ménageant leur feu: ils ne tireront qu'a la portée du coup, lorsque 1'Officier ie commande. II ne faut pas tirer le canon fur une feule perfonne, & encore moins a une diltance qui foit hors de portée. S- 27- Si pendant la marche on fait des prifonniers, ou qu'il fe préfente des déferteurs de 1'Ennemi, il faut, dès qu'on arrivé au Camp ou dans les quartiers , les envoyer au quartiergénéral chez le Major de brigade, On remettra aufli a eet Officier une Iifte des pertes en hommes, qu'un Régiment pourroir avoir fait. 5- 28. Lorsque les Régimens rencontrent des fauvegardes de 1'Enncmi, ils doivent les traiter honD 3 nê-  C 54 ) nêtement, ne leur öter que leurs armes, & dé-» livrer les Prifonniers au qüartier-général. Les fauve-gardes & faufconduits donnés par le Général-Commandanc, doivent êcre respeétés fous peine de la corde, & eet ordre doit être rendu public. $• 20- Dès que les Régimens font entrés dans leur* quartiers ou dans leur Camp , un Officier de 1'EtatJWajor ou un Capitaine, ira prendre le mot au quartier-général. Dans une marche ou 1'on n'a rien a craindre del'Ennemi, il fera plus court que ceux qui font commandés pour 1'ordre, s'y rendent d'abord lorsqu'on approche du quartier - général. S- 3°- Lorsque les Régimens & Bataillons qui font en quartiers doivent fe mettre en ordre de marche pour fe trouver a un rendez-vous , les Commandans ne choifiront pas une route arbitraire , mais fuivront celle qui leur a été présente, pour éviter de fe croifer. La  C 55 > La route qui mène au rendez-vous ne doit jamais être embarraflee par des chariots, mais refter libre & dégagée. Pour eet eflet les Brigades doivent fe former a droite & a gauche du grand chemin, & eet arrangement demeure a Ia charge des Généraux de Brigade. 5- 31- Bi la chofe eft faifable, le Général en chef indiquera, le matin du jour du départ, aux Généraux de Brigade: d) la route qu'il faudra fuivre. les villages qui doivent être occupés. c) le lieu oü fera le quartier-général. d) ceux oü 1'on ira prendre du bois, de 1* paille & de 1'eau. e) fi 1'on fourragera ou fi le foivrrage fera livré. Dans ce dernier cas le Commiflaire de chaque Brigade marquera 1'heure de la diflribution, pour ne pas fatiguer le Soldat, ni le faire actendre inutilement Mais fi la marche doit demeurer cachée, les Brigadiers recevront les difpofitibns dans un écrït cacheté, qu'ils n'ouvriront qu'k un certain rendez-vous donné; ils feront part enD 4  C 5* ) fcite du contenu de leurs ordres aux Commaodans des Bataillons, S- 32- Lorsqu'on cantonne, & dans les marches fuivies, tout le train des chariots refte enfemble pc forme un pare.  (57> CHAP1TRE QUATRIEME. Ce qu'il faut obferver relativement aux Colonnes des Convois ou des Bagages. SECTION PREMIÈRE. Des Convois. La force des Convois doit être proportionnée a celle de TEnnerai. Pour naénager un point d'appui au Convoi, ï'on fait entrer des détachemens d'Infanterie dans les villes par oü il doit paffer. II eft d'autros" D 5  occafions ou 1'on envoye de gros détachemens i fa rencontre. Enfin dans un pays oü 1'on a det furpnfes a craindre, il fera a propos de couvrir les convois par de 1'Infanterie & des Houflards. S- 3. Lorsqu'on n'eft pas en état d'appuyer les Convois par des Régimens ou des Bataillons entiers il taut au moins que chaque Bataillon de Cavalerie & d'Infanterie fournifle un Officier deux Bas-Officiers & trente hommes, avec un nombre proportionné d'Officiers de 1'Etat-Major & de Capitaines. S- 4- La veille du départ il faut faire reconnoftre & reparerles chemins, &en mefurerla largeur C'eft a ceux qui ont reconnu les chemins k cordmre la Colonne, & pour plus de füreté ils fe pourvoiront de bons guides. Si 1'on défilé par la droite, le rendez-vous efl I ! aile droite, & fi 1'on défilé par la gauche, il eit a 1 aile gauche du Camp. Les Commandans des Régimens auront foirt que les chariot, fe trouvent au rendez-vous * l heure marquée. *  ( 59 ) S- 6. Pour ne poin: fatiguer le monde inutilement» il ne faut jamais former le Convoi plus d'une? demi-heure avant le départ, 5- 7- On fera une répartition exafte des chariots & pn général de tout ce qui doit être escorté, afin que chaque Officier fache ce quiappartient a fon convoi. On ne permettra pas a ceux qui font employés a 1'escorte des chariots de munitions, de fumer du tabac. §. 8. II faut un bon nombre de Travailleurs & entr*autres des Charpentiers. On les place auprès de 1'Avant- & de 1'Arrière-Garde & entre les Colonnes , en obfervant de leur donner des Officiers pour Surveillans. Le Convoi fera accompagnc auffi de quelques Houflards qui prendront les devants pour reconnoitre les chemins, indiquer ceux qui ontbefoin de réparations, & y appèler en cas de befoin les payfans des villages voifms.  i 9- Les chariots des Pontons, les Fourriers & Sous-Fourriers marchent a la tête. II fera néceflaire auflï que les premiers foyent fuivis de quelques chariots chargés de fascines §• 10. II ne faut fouffrir entre l'Avant-& 1'ArrièreGarde que ce qui y appartient néceflairement. ^tT'^- fCra C°mpofée de tre°" homles & d un Officier, qui détache en avant neuf hommes & un Sergent: celui-ci détache a fon tour un Appointé avec deux hommes. L'Avant-Garde, I'Arrière - Garde & les Pa troudlesdes flancs fe rangent fur deux de hauteur. S. ii. L'Avant-Garde eft fuivie d'une ou de deux divifions, qui lui fervent d'appui. Elles précédent la Tête du Convoi, qui eft diftribuée en trou flancs La tête & k queue feront toujours les plus fortes & propornonnées h 1'éten*ue du Convoi. '  C «i ) 5< i». L'Arrière-Garde feforme commel'Avant-Garde, & la queue comme la tête. S- 13. tp La Cavalerie commandée pour le Convoi, doit êtrepartagée entre 1'Avant-Garde, 1'ArrièreGarde & les flancs. II faut qu'elle détache de petites patrouilles, en avant & de cóté,tant pour découvrir 1'Ennemi de loin, que pour reconnoitre les défilés, les bois & villages , & pour empêcherles foldats de s'écarter de la Colonne, ni d'aller a la maraude. I 14. On difixibue les canons auprès de rAvant-& de 1'Arrière-Garde, & au centre de la Colonne: on les couvrira avec la plus grande précaution. $• 15. Les pelotons ou les divifions des flancs n© doivent pas être féparés par une trop grande distance, afin qu'ils puiffent s'entrefoutenir, & refter en vue les uns des autres. S'ils ne font pas couverts par d'autres Colonnes, ils doivent être  ( ** ) être placés en échiquier a droite & a gauche dé leur Colonne. $. l& ^ Chaque Officier des pelotons & divifions maintiendra fa troupe en ordre, & ne perdra point de vue les chariots qui lui font affignés: il conferyera auffi la fubdivifion de fon peloton. $. 17. S'il y a un défilé a paflèr, il faut faire occuper les hauteurs par des pelotons ou des divifions, qu'on aura foin de relever par les fuivans, jusqu'a ce que tout le train ait pafte le défilé. S. 18. Les patrouilles de 1'Infanterie qui couvreac les flancs, ne devanceront leurs pelotons ou divifions, que de trente pas au plus; ils doivenc prendre pofte fur toutes les hauteurs, & faire front vers 1'Ennemi. S'ils font inquiétés par les Troupes légères de lEnnetni, ils doivent faire fcu pendant que Ie Convoi continue fa marche.  ( 63 ) Mais fi 1'Ennemi leur eft fupérieur, il fout envoyer a leur foutien des pelotons ou divifions» qui doivent faire feu, & tenir ferme jusqu'i ce qu'ils foyent relevés par d'autres. II faut exhorter les gens a garder bonne contenance. Les Officiers doivent ménager leur feu, & ne point tirer fans être fftrs de 1'effet. S- ip. Si 1'Ennemi s'avance en force il faut d'abord former un pare des chariots, le faire couvrir & défendre felon la nature du terrain. En attendant il eft difficile que le Commandant d'un Convoi foit furpris a 1'improvifte par des forces fupérieures, fi fes Patrouilles font exaétes a reconnoitre les chemins, & s'il a foia d'entretenir d'autres bonnes intelligences. $• *o. Les chevaux de bat avec les tentes doivent rester auprès de leurs Compagnies ou divifions, ou bien ils fe tiendront derrière la tête de la Colonne, afin qu'en arrivant au Camp, on puiffe d'abord drefier les tentes.  s- «. L'Officier-Commandant tachera s'il eft pofïïble, qu'au moins la Tête de la Colonne arrivé encore de jour au Camp. U y formcra d'abord le pare, & il fera avertir les chariots qui font en arrière, de la place qu'ils doivent occuper, afin qu'a la reprife de la marche, ils puiilèn: défiler dans 1'ordre. §. 2i. Le Camp doit être pofé de facon que les Ba> taillons enferment le pare des équipages, & la. Cavalerie doit fe tenir dans les intervalles de 1'Infanterie. Les Piquets doivent être avantageufement postés: les Vedettes relleront a la vue les unes des autres,& formeront un cordon. Les fentinelles en faftion auprès des chariots demunitions, n'en laifleront approcher perfonne, & ne permettront pomt qu'on faflè du feu dans leur voifinage. Les vilkges, les hauteurs & les maifons ifolées qui font devant ou a cóté des ailes, doivenêtre occupés, jusqu'a ce que tout je Convoi fe trouve en pleine marche. Ces Piquets font destinés a empêcher 1'Ennemi de fe rendrc maitre  ( *5 ) de qtielqtio pofte avantagcux: ils fe joignent cü-i fukë a 1'Arrière-Garde. ;. • - , II faut faire patrouiller frequerriment, & ïorsqu'on fe trouvè prés de 1'Ennemi, k Cavalerie ne doit poinc deflèller, ni 1'Infanterie fe d'ésha- . 5- 25. • U faun tacher d'avoir de bons efpions, & fe procurer des nouvelles de 1'Ennemi par les Maires des yïlkges & 2es Payfans. 5. 16. I! ne doit être permis a perfonne de paflèr le Cordon , ni pour entrer, ni pour fortir. i k. Tout Ie Camp doit être alerte & prêt avant Ie point du jour. 5. 28. II faut fe précautiönner du mfeux qu'on peut,' contre les dangers du feu, & veiller aufli avee E  ( 66 ) foin fur la défertion des Valets & des Vpitttriers. $• 29- L'Avant-Garde & 1'Arrière-Garde doivent alterner a chaque marche. S- 30- II faut faire atteler de bonne heure, fans ce< pendant fe mettre en route avant le jour.  ( *7 ) SECTION SECONDE. Des Cèarrois. Toute la Colonne de Bagage doit être commandée par un Officier de 1'Etat-Major, qui a foin de la tenir en ordre, & qui eft affifté pour eet effet par quelques Officiers du Corps; ceux-ci doivent être diftribués de facon que chacun ait un nombre égal de chariots fous fa direttion , & ils prendront garde que les chariots fe fuivent toujours tout d'un train. Le Bagage défilé dans 1'ordre fuivantr e) Le Bagage du Général, & tout ce qui appartient au quartier-général. f) La Caiflè militaire. . E %  ( 68 ) O Le train d'Artillerie. «O Les chariots des Régimens & Bataillons, fuivant 1'ordre de bataille. O Les chariots de provifion. ƒ) Les chariots des Vivandiers. 5- 3- Les chariots doivent toujours aller dans Je meiHenr ordre & deux h deux, fi le terrain le permet , ou même quatre a quatrc dans les grandes plaincs. Dansles chemins difficiles, & au paflage d'un défilé ou d'un pont, la marche des chariots doit etrerompue, & ils fe mettront fur une feülefile en paflint alternativement un de la droite & un de k gauche ; dès qu'ils ontregagné le large, ils fe remettent derechef deux a deux, ou quatre a quatre. Au refie ce ne fera qu'a !a dernière nécefiité qu'on rompra la marche du train. Au pafiage d'un défilé, les Voituriers ne doivent m galopper, ni trotter, mais mener lentement, afin que les chariots de k queue puuTcnt  C 69 ) S- 4- En paflant par les villages, ceux qui raènent ne doivent ni defcendre de leurs chariots devant les cabarets, ni s'y arrèter; chacun doit rctler auprès de fon chariot. §■ 5- Tout Conducteur ou Voiturier qui interrompt le train, doit être puni exemplairemcnt. $.6. Si un chariot vient a fe rompre ou h s'cmbourber, il faut y laifTer quelqu'un qui le répa^ re au plutót. Cet accident n'arrctera pas les autres chariots, qui palferont outre :, mais ö le chariot rompu barroit le chemin, on le jettera de cóté, jusqu'a ce qu'il foit réparé & en état de fuivre. S- 7- S'il arrivé quelque inconvénient auquel oa ne puiffe remédier d'abord, il faut en donnet connoüTance a 1'Officier Commandant, & IV vertir de mcme a temps , au cas que la Tête marche trop vite. >l E 3  C 70 ) S- 8. Ceux qui mènent les chariots de munitions ne docent point fumer de tabac. Ils éviteront aufli de rouler trop vite fur le pavé, pour ne pas l'échauffer au point d'en faire fortir desétincelles. S- 9. Pendant 1'aftion, il faut faire attention que les chariots reftent toujours dans le menie train ; il faut brüler la cervelle a quiconque voudroit fe détourner ou dételer. §. 10. S'il y a un rendez-vons marqué pendant la marche, il faut former un pare. Ceux qui en ont 1'infpeétion, doivent avoir foin que les chariots s'y rangent fuivant leur tour, afin qu'ils puiffent défiler de nouveau dans le même ordre. Les Voituriers peuvent repaitre leurs chevaux, mais on ne doit pas lear permettre de les dételer, ni de les mener h 1'abreuvoir fans efcorte, ou fans être accompagnés d'un Officier. Cette précaution eft néceflairc pour prévenir la défertion & les excès qu'on pourroit commettre dans les villages.  (7i ) Les Garcons Boulangers doivent fe tenir auprès de leurs chariots, & cornme ils font armés, ils aideront a couvrir le charroi. $• I* Tous les Commandés, les femmcs & ceux qui appartiennent au Bagage, doivent refter auprès de leurs chariots; ceux qui s'en éloignent doivent être punis févcrement. 5- is- II faut fe prémunir contre les dangers du feu, & ne point permettre aux Voituriers d'établir leur cuifine trop prés du pare des équipages. $■ H- II faut faire atteler de très-bonne heure , pour qu'on puiftè défiler k la pointe du jour; il faut auffi prendre garde que les Voituriers foignent bien leurs chevaux, & on leur ordonnera fous les peincs les plus rigoureufes: tï) qu'en marche chacun fe tienne auprès de fon chariot & de fes chevaux. E 3  C 7* ) f) qu'ils s'abftiennent de roder & de fouiller les maifons, foit en fourrageant,ouen cherchant de 1'eau, ou en allant a 1'abreuvoir &C. C\C. O De ne point s'ëotrter de 1'Armée a motos d une permiffioq expreflè, foit en marche, au Camp, dans les quartiers de cantonnement &c. &c. «0 Perfonne ne doit faire paitre fes chevaux ou aller au fourrage hors de 1'enceinte du cordon. O Tout Voiturier déferteur qui aura été rattrapc fera puni de la corde, & il fu_ bira ce fupplice quand mêrae il auroit repris fervice dans quelque autre Corns de 1 Armée.  C 73 ) CHAPITRE CINQUIEME. Des Camps. SECTION PREMIÈRE. De la diverfttó des Camps. Tout Camp eft ou A. de demeure (StandLager), ou B. de féjour ( Marfch-Lager). C'eft au Général en Chef lui-mcme a choifir fon Camp, & il peut ctre fïir de 1'avoir bien choifi, lorsque : a) par un petit mouvement il s'y verra en état de forcer 1'Ennemi a en faire un grand. h) Lorsqu'en établifTant fon Camp il déloge 1'Ennemi, & 1'oblige a faire plafieurs marches de fuite.  (74> c) Lorsqu'il a affis fon Camp de facon a pouvoiren gagner nn autre, au cas que 1'Ennemi cherchat a le prendre en revers. A. Les Camps de demeure doivent être fortifiés ou par la Nature, ou par 1'Art. Lorsque toute une Armée eft raffemblée, il faut ménager aux Troupes toutes les aifances pofïïbles, les camper par Corps & a peu de diftance des magafins, mais de manière cependant qa^es puiflènt fe retrouver bicntót en ordre de bataille. Dans une Guerre défenfive, il faut occuper des poftes & des Camps qui empèchent 1'Ennemi de pénétrer dans le pays, & qui couvrent en même temps les villes menacées, ainfi que la communication avec les magafins. Les Camps qui ont befoin de fourrages doivent être établis dans les contrées les plus fertiles, & il faut les fortifier, pour qu'on puifl* fans danger en faire fortir de gros détachemens. II faut fe camper tout prés de 1'Ennemi fi 1'on s'attend a fa retraite , & fi en occupant quelques défilés qu'il doit pafier, on voit jour a pouvoir tomber fur fon Arrière-Garde, ou a remporter quelqu'autre avantage.  ( 75) 13. Les Camps de féjour ne fauroienc être toujours fortifiés; il faut fe contenter d'y trotiver de 1'eau, du bois & ce qui eft de première néceftité. Lorsqu'on marche a la vue de 1'Ennemi, il ne faut jamais choifir un mauvais Camp, mais plutót pouffer un ou deux milles plus loin, jusqu'a ce qu'on trouve un bon pofte, oü 1'Armée foit en lïïreté.  C 76") SECTION SECONDE. De Ia manihre d'appuyer & de fortïfier un Vamp?. A. "T a ffireté d'un Camp confifle eflèntielle. JL-J ment a en bien couvrir le front & Jes On choifira pour appui des flancs: *J des ravins longs & efcarpés. h des rivières qui ne font pas guéables, & quon ne peut paflèr fans pont ni barque, 0 des marais qui ne fe deflechent pas. d) des collines qui domfeent tout Je terrain o alentour.  ( 77 ) é) des bois épais, oü on fait des abatis pour barrer Ie chetnin a 1'Ennemi. Ce n'eft qu'a ce prix qu'un bois, une digue, un village, peuvent devenir de bons appuis* I- »• Si 1'on choifir un village pour appui, il fettï' en faire fortifier les dehors oppofés au Camp, y conftruire des retranchemens, & les défendre par 4. a 6. bataillons, & un nombrefuffifantde canons. II faut placer les retranchemens i une certaine diftance, afin que fi 1'Ennemi mettoit le feu au village, les troupes puiilènt fe défendre fans obftaclc. S. S. Quant aux rivicres, il ne fuffit pas feulemeni qu'elles ne foyent pas guéables, il faut encore que le bord oppofé ne foit point garni de hac» teurs qui dominent le Camp, ouqui Fexpofent h être attaqué en flanc. Outre ces précautioni ïl faut encore conftruire de fortes redoutes, & les munir de troupes. S-4. De tous les points d'appui les meiileurs & les plus fürs font ceux d'un marais impraticable, 0u d'une montagne èicarpée & inacceffible.  (7»> S. 5- Si 1'une des ailes eft moins folidement appuyée que 1'autre, il faut la faire couvrir par de bonnes redoutes & y établfr un flanc. J. 6. Si 1'on fe trouve dans une plaine fans avoir de quoi couvrir fes ailes, il faut fe fortifier par des redoutes conftruites en échiquier. Dans les Camps de longue duree on en établit le long du front, & on les joint enfemblc, fi on croitpouvoir le faire fans inconvénient. S- 7- Si Ton peut trouver un Camp dom les deux ailes forment un angle faillant & le centre un angle rentrant, on en retirera un grand avantage, puisque 1'Ennemi eft inévitablement expofé i deux points d'attaque, & au feu concentré de toute 1'Armée. 5. 8. Un autre avantage c'eft d'établir mon Camp dans Ie voifinage d'un bois ou d'un marais qui rétrécit le terrain de mon front, & d'obliger ainfi 1'Ennemi a m'attaquer avec un moindre front que celui de mon Camp.  C 79 ) §. 9- Dans une plaine le Camp ne doit occuper que Vefpace indifpenfablement néceflaire aux Troupes, h I moins que le front ne foit couvert par un fleuve bordé en deca d'un rivage efcarpé, par des marais ou tels autres obftacles. Dans un terrain montueux, 1'on peut & 1'on doit même s'étendre d'avantage , puisque les chemins creux & les vallons qui fe trouvenr en front, offrent une barrière fuffifante contre 1'Enncmi, s'ils font bien garnis. g. 10. Tout Camp doit avoir les derrières dégagés & ouverts, afin qu'on foit toujours maitre de fes mouvemens & de fa retraite. Par conféquent il faut éviter les emplacemens oü 1'on ait un défilé ou une rivière a dos. B. La queftion: Comment il faut fortifier un Camp? eft proprement du reflbrt de 1'Archïtefture Militaire , & ne fauroit être traitée en détail dans un Ejfai de Règlement pour Is fervice de Campagne. Ceux de mes Lefteurs qui voudront fe procurer fur cette matière des inftruétions étendues , folides & prati-  C 80 ) ques, pourront confulter 1'ouvrage donc je leur indique ici le titre: * Inftru&ion adreffét• aux Officiers d'Infanterie pour trafet & conftruire toutes fortes d'ouvrages de BatHpaptè, & pour mettre en élat de défenfe différens petits po fes , avec 39 Plattches,par Fréderic Güili.aujie de Gaudi, Lieut': 'Colonel, ( aujourd'hu* 3fajor - Général £? Chef ffün Regiment) au fervke dë Sa Bïajefté Pruffienne. a la Ifaye, chez Goffe f£ Pi net 1768. Cependant pour ne point pafler eet objet entièrement fous filence, je rapporterai les regies principales d'après lesquelles 011 doit fortifier un Camp. .11 faut tirer tout le parti poffible du local ou 1'on fe propofe d'établir un Camp fortifié.' On recherchera de préférence les haqtcurs, les mon* -ïffevfA'f ttnïtai a« mïrmthfafl' fi i "iNiti rx*»~" •* L'Edition t'leman 'e de c?t Onvras? porte le tirre fliivant: Verfueb eincr Anweifung für Officier von det InfanUrte ,■ wie Feldloanzen allerhand art angeleget und erbavet, und wie verfcèieden; andere Pollen in Defenfions-Stand gefetzt werden h'dnntn, mit 39 Ki/pjfi/n , vtn Fridericb >'Vilbeli* ven Gaudi , &c, We fel bei R-'C~ der 1767.  tagnes, les collines, les marais, les Iacs, lés1 étangs, les grandes & petites rivières, les chemins crcux , les villages , les chateaux , les églifes & les cimetiérés; & efi y ajóu'tant au befoin des ligrtes & des redoutes, on rendral'inrafion du Camp, fi non impoflible, du moins infiniment difficilc. L'eflentiel a eet égard efi de bien aflurer les appuis, & de difpofcr le Camp de manjèré qu'il commande tout le front, & qu'il foit toujours déiendu par les feux croifés des flancs. S- 3- LorsqiAme fituatïon n'efl: pas natureilement avantagcufc, il faut y fuppléer par 1'Art, au moyen des lignes & redoutes. Les fortifications doivent étre dlftribiïées de manièrë que tous les' puvragesplacés devarït le front du Camp, puiflenc fe flanquer réciproquement, a la uiftance de quinze-cents ou deux-mille pas. Les endroits les plus acccfllbles a 1'Ennemï J doivent lui préfenter des faces & non des anglesw F  ( 8= ) | 5- De diftance en diflance il faut conftruire des redoutes fermées, afin que fi 1'Ennemi parvienta les forcer, on refie du moins encore le maitre de tirer fur lui en flanc. S. 6. Les redoutes ne. doivent être éioignées les tines des autres qu'h la portée d'un coup de moufquet tiré de but en blanc; ainfi leur diftance fera de deux-cents-cinquante pas. $• 7- On trouvera dans 1'Ouvrage que je viens de citer, tout ce qu'il eft ncccflaire de favoir par rapport a la forme des parapets, le plus ou moins de folidité qu'il convient de leur donner, les matériaux, le nombre d'ouvriers & le temps qu* exige leur confiruction , les embralüres , la forme & la profondeur du fofle, 1'ufage des paliflades &des fraifes, des gabions,des fougafles, inondations, chaufies-trappes, chevaux de frife , abatis, plattes-formes des canons, batteries mouvantes 5tc. &c.  C 83 ) S- 8. II ne fiuit jamais conftruire plus d'ouvrages que les Troupes n'en peuvent garder. La fixième parcie de 1'Armée demcurera en referve pour être employée dans les cas imprévus. S- 9- Enfin il eft eflêntiel de ne point conftruire d'ouvrages dont 1'Ennemi pourroit tirer parti, fi 1'on étoit obligé d'abandonner le Camp , foit par raifon, ou par néceffité. ¥ •  X U ) A. 11 eft eflèntiel de camper les Troupes dans JL des endroits oü olies puiflënt agir efficacement. II arrivé raremcnt, ca plutót jainais, qu'on foitobligé de s'en renïr a des %nes dr'oites. Le plus für eft de fe eonformer a la nature du terrain ; mais il ya de I'avantagëk farmer beaucoup d'angf è$', poisqa'on fe ménage par Ia un feu flanqué. -Quelciuefois 1'on campc toute Ia Cavalerie fur une fculeaile, & on la range fur une, deux, ou trois lignes. D'autrefois on afTure les ailes par 1'Infanterie. y. i . La plaine eft pour Ia Cavalerie, mais fuppofé qu'elle n'ait que mille pas d etendue, & qu'elle foit bordée d'un bois, il faut pjaCer de PI*. SECTION TROISIEME. A. De la maniïre de btéh camper les Troupes 3 & B. De ce qui eft a obferver ap ès qzion eft emré au Camp.  C 85 ) fanterfc aux extrémités pour les couvrir. Dans un pays montagneux, il faut camper la Cavalerie en feconde ligne, jamais derrière un marais, ni dans des licux oü elle feroic empèchée d'a- l gir librement, ou expofée au feu du canon. II y a encore une autre manière de pofter la Cavalerie, c'eft a dire a une certninc diftance derrière les redoutes avancées, de facon que fi 1'Ennemi vouloit les prendre en gorge, elle puiffe fe jèter fur lui a l'improvifie; & comtr.e elle eft protégée par le feu de la redoute , 1'Ennemi ne fauröic lapourfuivre, quand mème elle feroitbat:ue. Lorsque fur 1c devant du front, la plaine eft entre-coupée de bois & de lieux découverts, il faut faire des abatis dans les bois, öc garnir les endroits découverts de quelques épaulemens,. derrière lesquels la Cavalerie fe pofte pour agir de la contre 1'Ennemi. Si la Cavalerie eft füre qu'elle n'a point de chemins creux il dos, elle ne risque rien d'avancer fes poftesdans la plaine, & fuppofé qu'elle fut attaquée par des forces fupérieures. rien ne 1'empèchede fe retireren bon ordre. Au-contraire, dans un pays munragneux ces poftes feroient expofés aux furprifes: ils doivent toujours être placés de facon qu'ils puifient voir tout a 1'entour, & être foutenus. F 3  C 85 ) $• ». Si 1'Ennemi n'eft éloigné que de deux mil les, il faut que tous^les poftes voifins du Camp foyent occupés alternativement par la Cavalerie & les Troupes légèrcs. L'on enverra toujours des pofles d'avis dans les villages fitués devant le front ou fur les flancs, & s'il eft néceflaire, il faut les fordfier. S- 3- II faut occuper toute hauteur dominante fituóe a trois-mille pas du front ou des flancs, & on y employera des Corps détachés, qu'il faut retrancher fuffifamment, pour qu'en cas d'attaquc ils puiflènt le foutenir jusqu'a ce qu'ils foyent fecourus. Devant la gorge de ce rctranchem ent on campe de la Cavalerie legere. Si la hauteur eft devant le front, 1'on fait camper la première lignc un peu en avant, afin de pouvoir foutenir d'autant mieux le Corps dótaché. 5- 4- Lorsqn'on fait occuper une hauteur fituée vis a vis d'un polie éleyé qui eft au pouvoir de 1'Ennemi, il faut cvitcr de lui pretor le flanc ; fans quoi l'on occafionneroit des enfilades.  C 87 ) , 5- % U ne faut point drefièr de tentes fur Io terrain qu'on a choifi pour champ de bataiile. Si l'on a un fleuve devant foi, le champ de bataille ne doit être éloigné du Camp qu'a mi-portée du fufil, & les piquets doivent être avancés jusqu'au bord du fleuve. §. 6. Dans les plaines 1'Infanterie ne doit jamais être placée fort en avant, a moins d'avoir a dos un terrain propre a favorifer fa retraite; car fi les poftes de Cavalerie étoient culbutés, 1'Infantcrie feroit aifément coupéc. II n'en eft pas de même dans les pays montagneux, oü on peut la mettre plus en avant, paree qu'elle peut couvrir fa retraite a la faveur des ravins & des bois, $• 7- Lorsqu'on campe fur une hauteur fans qu'on ait une autre hauteur en face, il faut pofter la première ligne fur la mi-pente, & la feconde ligne avec la gro'uè Artillerie fur la crête. La raifon en eft, que la grofie Artillerie peut agir très-avantageufement fur une éminence qai domine une grande étendue , au lieu que le feu des pièces de campagne & de la mousqueterie F 4  C ss ■) fait plus d'effet Air la mi ■ pcnte de la montagne, D'aiHeujs quand méme 1'Ennemi cnfoneeroit la première ligne, il trouveroit encore la feconde en bonne pollure. Si au contraire on porcoitdèsle commencement toutes feslbrces luiks plus hautcsémincnccs, & que l'on iüt battu, l'on auroit la pcnte de la montagne derrière foi, & par conféquent rien fur quoi l'on puiffe fe replier. D'un autrc cóté fi l'on campe fur un terrain montueux oü 1'Ennemi a déja occupé quelques hauteurs, on afried la première ligne lür la créte, & derrière elle k fe. co.ide. 5- 8. Si le terrain ne permet pas d'avancer des postes d'lnfanterie pour foutenir la Cavalerie, on détache une Avant - Garde pour obferver les mouvemens.de 1'Ennemi. Ce Corps compofó de Cavalerie légèrc & d'lnfanterie doit ètrc bien fur fes gardes, «Sc refter toujours plus prèsdu Camp que de 1'Ennemi, Öl non a mi-chemin. 5. P- En pays de montagncs on peut pkcer fur lesnancs, des Corps entiers de quelques millicrs d'hommes qui doivent être foutenus, fi le pofie 5II avantageux pour 1'Ennemi; mais s'il n'eft  ( *9 ) point de grande importance, ce Corps doit fe retirer a l'approche dc i'Ennemj, & rcntrer dans le Camp pour y reprendre la place qui lui eft marquée. Si 1'un des flancs eft attaqué & l'autre intaét, & qu'avec cela Tob foit fur que l'iütaque n'efï pas faufTe & que 1'Enncmi ne puiflè fe tourner rapidemcnt vers l'autre aile, le Corps placé aux flancs de celle qui n'cft pas attaquée, s'en fépare pour férvir de referve & 1'autre aile. §• io, Les poftes avancés qui ne fe trouvent la que pour donner des avis & pour amufer FEnnetni, font dispénfés a la rigueur de fe dcfcndrc' jusnu'au dernier homme, mais ceux dont dcpend la füreté de 1'Armée & qui peuvent compter d'ctre foutenus, font obligéi de tcnir ferme, & ils dcmeurent refponfablcs de la moindre négligence. §• ii. Tous les poftes avancés doivent être mis k 1'abri des premières infultes de 1'Ennemi, & pour eet effet on les protégera par des ra'vins, fofles, ou telles autres faretcs. F 5  ( 9° ) §. II. Pour empêcher que 1'Ennemi ne furprenne le Camp, il faut faire fes difpofitions de facon que les Troupes fe-forment promptcment en bataille fur !c terrain qui leur eft indiqué, & que la Cavalerie refte a fon poile pour y faire feu de fes carabines. Dans cesibrtes d'occafions chaque Brigadier doit agir par lui méme fans attendre les ordres du Général-Comniandaut. $• 13- Le quartier-général doit être, s'il il eft pofÏH ble, au centre de rinfanterie cnrre les deux lignes,* les Géncraux doivenc camper auprès de leurs Divifions & Brigades, & les troupes qui cantonnent, doivent être réparties dans les viliages fitués encre les ligncs. ft J4- II faut comptcr pour tin Régiment de Cavalerie de cinq Escadrons ,dont chacun eft de 150 tctcs & au dela, trois-cents pas de front, deuxcents cinquantc de piofcndeur, & quarantecinq d'intervalle. Pour un Bataillon d'lnfanterie de cinq Com* pagnies a raifon de 150. tctes chacune, deux-  C 9i ) cents pas de front, cent-cinqnante de profondear, & trente a quarante d'intervalle. Si l'on campe fur plus d'une ligne, on laifïè entre chacune, trois a quatre-cents pas d'intervalle. L'Artillerie doit être diftribuée avec intclligence, & placée de manière a pouvoir produire tg ut fon effet; le Pare d'Artillerie trouvera fa place au centre de la feconde ligne. Danstous les Camps il faut marquer des emplacemens pour les marchés. S- 15- Dans un pays ouvert & plat, il fuut que la Referve foit compoféc de Cavalerie, & dans unpays coupé ou montagneux, elle fera d'lnfanterie & de Cavalerie légère. B. Toutes les difpofitions étant faites dans un Camp, il faut: §. i« En faire le tour a cheval en dchors, pour tacher de découvrir ce qu'il pourroit encore y avoir a changer. II feut reconndijtre & examiner foigneufement toutes les avenues, routes, rivières&& marais qui aboutiiïènt aux ailes, & ne point s'en rapporter auxinformations des habitans du lieu. II faut pareillement favoir le nombre despuitsqui te trouvent dans chaque village,  ( 9* ) «onnotrre les cndroirs oü l'on peut fe procurer des provifions de bois, &*ceüx oü la Cavalerie peut abreaver. §• 2. II faut ouvrir des Communications entre les Lïgnes & les Bataillons,- elles feront aflèz Iarges pour qu'une Divifion entière y puiflè palier. §■ 3- II faut lever le plan du Camp , y marrus tous les débouchés, & mème y faire entrer les routes, par lesqticllcs 1'Ennemi pourroic dirirer fa marche. °  C 93 ) A. Uun Regiment d''Infanterie. §. i. "f~^cs que les Colonnes s'approchent du Camp, les Régimens y entrent fucceffivcment felon 1'ordre préfcric. Dès qu'un Régiment ou Bataillon approche de 1'endroitoü il doit prendre fon quartier, les Tambours battent la retraite. 5- 3. ■ Lorsqu'il eft dans Alignement de fon Camp, il fe remet en ligne par pelotons, & rOflicier Commandant commande: SECTIÖN QÜATRIEME. Entree d'un Régiment dans le Camp.  C 94 ) a. ) préfentez les armes] b. ) portez les armes. c. ) Grand" Garde , Gardes du Camp! en avant*- marche! La i) Grand' Garde & h 2) Garde du Camp (onene de chaque Compagnie, & ie placent fur deux de hauteur. S- 4. Le plus ancien Adjudant fe tient vis-a-v de Via] tcrvalle du Régiment, & commande: d. ) a gauche a droite! e. ) Marche! f. ) Halte \ front ! La répartition des Gardes étant faire, le plus ancien Officier de la Grand' Garde commande : g. ) Garde du Camp ! demi-tour h droite ! & dès que la caifie bilt, la Grand' Garde fe place devant le Régiment, & Ia Garde du Camp paffe par les intervalles, pour prendre polle derrière Je Régiment. I.) Grand' Garde, Feld-wacbi. tt.) Garde du Camp, Brand-wacbe.  (95) La Garde du Camp ayant fait Ie demi- tour a droite , le Major commande au Bataillon: h. ) Préfentez les armes! i. ) Haut les armes ! k.) demi tour a droite* 1.) Marche\ les Tambours battent, les Compagnies entrent dans leurs rues, & mettent les armes aux faifceaux s'ils font déja enfoncés en terre, fi non chaque foldat emporte fon fufil avec loi. Les Porte-Enfeignes fichent les drapeaux, & les Officiers leurs efpontorts en terre, fur une même ligne. Derrière les diapeaux, les Tanibours pofent leurs caifies, pour lesquelles ils doivent tout de fuite faire des chevalets. Les Bas-Officiers enfoncent leurs halebardes enire les manteaux d'armes de leurs Compagnies. $• 7- Auffitöt que le Bataillon a fait le demi-tour i droite, on envoy'e un Sergentde chaque Compagnie  C 96 ) derrière les rues des Compagnies, & ij y reffc pour veiller a Ia défertion jusqu'a ce que ia Garde du Camp ait difiribué fes pofte. 5. 8. Dès que le Camp eft entièrcment drefle, on commande un certain nombre de foldats pour chercher 1'eau, lebois&lapaille dontona befoin. Onnomme aufTi les Travaüleurs qui doivent conftruire lés flêches ou redoutes, & on leur donne pour SurYeillans un Officier de chaque Bataillon, qui recoit fes inltructions du Commandant. §. 0. Enfuite fe fait 1'appel des Compagnies, §. IC. Cefï au Général de Br'gade a pofer les Grand» Gardes, & le Commandant eft chargéd'indiqujraux Gardes & Poftes, ce qu'ils ont a obfcrverpour bien placer le canon & pour la conflrudlion des ouvrages. B. Entrée cfun Régiment de Cavalerie. S. 1. Dès que le Régiment approche du nouveau camp,  ( M ) Camp, les Commandans des Escadrons commandent; a. ~) Sabre a la main! après quoi les Escadrons fe remetcent en ordre de bataille par pe" lotons. $■ 2. Dès que le premier peloton de chaque Escadron fe trouve en parallèle avec 1'endroit oü il doit camper, on commande Halte! & lorsque tout le Régimeat eft en alignement, Ie Commandant commande: b. ) Halte! par pelotons ! faltes le quarg , de conyer/ion ! c. ) Marche! d. ) Halte! alignez-yotts ! Sur quoi les derniers rangs s'ouvrent en arrière & prennent leur diftance. $ 3- Ënfuite le Commandant commande: e. ) Gardes des Drapeaux & du Camp , e« avant! G  ( 98 ) les lbldats commandés , précédés par le Cornette , avancent a quinze pas devant 1'Escadron, &lorsqu'ils s'y trouvent raflèmbiés, Je Cornette les forme fur deuxrangs, & les conduit avec fon étendnrt vers 1'Escadron du centre, ce qui fe fait au galop & par tout le Régiment a la fois. Les Muficiens de chaque Escadron avancent en même temps. i 4- Arrivés dcvnnt 1'Escadron du centre, les Cornettes commandent: f. ) Halte! faites le quart de converfion! g. ) Halte! alignez-vons! Après quoi chaque Cornette retourne a fon Escadron. 5- 5. Des que les Gardes des Drapesux & des Régimens^ont marché en avant, chaque Chef coupe fon Escadron, & le partage en petites divifions chacune de quatre hommes, S. 6. Cela fait & les Gardes des Drapcaux &du Camp -étantrafiemblées, les premières forment le premier rang, & lesautres le fecond; JesEtendarts fe met-  C 99 ) tent a leur tête, & les Tambours, Trompettcs oe Hautbois font front vers le Regiment. Enfuite le Commandant commande: h. ) Kemettez le fabre! i. ) Tout le Régiment, par quaïre , demi-' tour a droite! . k) Marche\ les Tambours battént, puis au comriiandt» ment: 1) Halte! aügnez-vous! marche! chaque Escadron fe rompt par quatre par le centre, a commencer par le troifième rang du fecond peloton ,• enfuite fuccède le fecond rang de la droite du premier peloton, & après que celui-et a défilé, (uit la gauche du premier rang du fecond peloton. Le troifième & quatrième peloton obfervenc le même ordre, & ces mouvemens s'exécutene au grand galop. Le premier & le fecond peloton étant ainfi ar= rivés a la droite, & le troifième & quatrième peloton a la gauche des tentes, chaque chambrég y fait front & s'aligne. G 3  £ IOO ) S- 7. Alors Ie Commandant commande: m) pied a terre ! & les Bas-Officiers Serre-files fe placent devant le fecond & le troifième peloton. Dès que Je Cavaücramis pied i terre, ilóte fon fourniment & fon fabre. Un de Ia chambrée garde les chevaux , ,pendant que les autres fichent en terre les piquets qu'ils portent avec aux, & aux quels ' ils attachect enfuite les chevaux. L'Officier divife par quatre Ja Garde des Drapeaux& du Camp, après quoi elle fait le demi-tour a droite en même temps que le Régiment, & marche jujques devant la rue du troifième Escadron, oü l'Oilicier commande: n) Halte! c) Par quatre, è droite, rei;:cttez-vcus! ■ Aufikót un des Cavaliers met pied a terre, fc place fabre en main derrière les Etcndirrs en empoignant celui du milieu, & le rclle de Ia Troupe amène les chevaux auprès de leurs Escadrons; ciés quclle efi: de retour, on fait occuper les poftes.  ( xoi ) Le Bas-Officier qui eft a Ja téte de la Garde du Camp traverfe la rue du troifième Escadron pour fe rendre k fon pofte, & renvoye de la même manière hs chevaux auprès de leurs Escadrons, S. 8. Quand tout le Régiment a mis pied a terre, les Cornettes plantent leurs étendarti fur une même ligne devant la terne des Drapeaux, felon 1'ordre que les Esca^rons obfervent au Camp; cinq hommes de 1'Escadron du centre doivent fe trouver prêts pour prendre les étendarts des mains des Cornertes. On plice les timbaks au milieu. G 3  f 102 ) SECTION CINQUIEME. Comment il faut dreffer un Camp, tam pour F Infanterie que pour la Cavalerie. A. Pour un Régiment d' Infanterie. I u \_> haque Régiment détache en avant fon Quartier - Maitre, & chaque Compagnie un Fourrier & deux Sous-Fpurriers, pourtracerle Camp que Je Maréchal-Général des Logis leur affigne, II faut compter-pour un Bataillon d'lnfanterie , deux - cents pas de front, cent-cinquante de profondcur, & trente a quarantc d'intervalle. Chaque Compagnie doit avoir deux manteaux d'armes, deux tentes pour les Bas-Officiers, & vingt pour les Soidats. (ou vingt-fix, fi la ComJtögnie eft augmentée de quarante hommes.)  ( io3 ) On plante les faisceaux d'armes vis a- vis les piquets des tentes des Bas-Officiers. a la diftance de dix pieds de Roi du Bataillon. 5- 4- On tracé cinq lignes fur la place d'armes, la première a feize pieds de la ftconde, les autrei * huit pieds 1'une de l'autre, & la dernière k huit pieds de» manteaux d'armes. i s- Une rue de Compagnie eft de quarante pas, plus ou moins, felon la force du Bataillon. 5- t La tente d'un Bis-Officier a huit pieds de long, a compter depuis Ie front: celle du fimple Soldat en a fept de large. On lahTe entre chaque tente un intervalle de deux pieds, L'une des tentes des Bas-Officiers eft habitée par cinq Bas .Officiers & le Chirurgien; dans l'autre G 4  ( io4 ) tre on met cinq Bas-Officiers, & dans les tentes des Soldats fix h fepc hommes. $. ». Les Appointés tendent les tentes des Officiers & les Soldats tendent les leurs eux-mêmes. S. 9 On place les Drapeaux vis-k-vis la rue de la Compagnie du centre, les Etpontons des deux cötés, «Sc les caiflis derrière Jes Drapeaux. J. 10. On plante les halebardes des deux cotés des manteaux d'armes. §. ff. Le Commandant campe au centre, & les autres Officiers de 1'Etat-Majór auprès de leurs Compagnies. 5- 12. On place la tente de 1'Adjudant dans la rue de la Compagnie du centre, fur la ligne des tentes des Bas-Officiers.  | ïoy ) $• 13- Les tentes des Capitaines font placées vis-k-vis des rues de leurs Compagnies, 1'entrée vers la Compagnie; le premier piquet a trente- quatre pieds du dernier piquet des Subalternes, avec onze pieds d'intervalle ' entre les deux piquets de la tente. Les tentes des Subalternes font placées vis-k-vis des (*) ruelles de leurs Compagnies (Brandgaffe), le dernier piquet a huit pieds de dilïance de la dernière tente des Soldats, 1'entrée tournée vers la tente du Capitaine, avec un intervalle de huit pieds entre les deux piquets de la tente, §• 15; Le petit Etat-Major campe auprès du premier Bataillon derrière la Compagnie Colonelle. La tente du Quarticr Mairre de Régiment au centre,* celle quieft occupée cn commun parl'Aumonier & 1'Auditeur, a 1'aile droite. Celle du Chiïurgien-Major du Régiment a 1'ai- (*) On non-roe ruelh de Cmpagrtie le petit intetr valle qu'oa laifle ians un camp derrière les itmes des Soldats. G 5  ( io6 ) Ie gauche, & celles des Muficiens, de rArmirier & du Fourbiïïèur, derrière la tente de 1'Aumonier. S- 16. Le bagage fe range en long a cinquante pieds du dernier piquet des tentes des Capitaines. s-17. Les creux dans lesquels ou fait Ia cuifine, trouvent leur place derrière la tente de chaque Capitaine a ;cinquante pieds du bagage, & chacun de ces creux doit avoir vingt- quatre pieds en quarré. S- 18. Les Vivandiers drehent leurs tentes entre ces creux. §. i£ On creufe trois latrines pour chaque Bataillon; dans la première ligne elles font a deuxcents pas en avant du Bataillon, & dans la dernière ligne a cent-dix pas derrière 1© Bagage. S. 20. La Grand' Garde drelTe fes tentes a troii-eenö pas en avant des manteaux d'armes du Bataillon : cependant il ne faut point s'en tenir a cette dis-  ( i»7 ) tance a Ia lettre, mais choifir préférablement une pofition avantageufe. Auprès de chaque Garde ïl faut drefier derrière les Armes au centre, un manteau d'armes & vingt-quatre faisceaux fur deux lignes, & au milieu un chevalec pour les caifiès. La tente de la Garde du Camp fert a la Grand' Garde du fecond Bataillon. §• 21. La Garde du Camp drefie fes tentes entre le Bagage derrière 1'intervalle du Régiment, &; chaque Bataillon fournit deux tentes a fon ufage. On y plante les faisceaux égalcment fur deux ligne. B. D'tfpofition du Camp a^un Régiment de Cavalerie. • J. i. Chaque Régiment détache en avant Je Quartier-Maitre du Régiment pour tracer Je Camp, & chaque Escadron y joint fon Quartier Maitre & deux Cavaliers comme Sous-Fourriers.  ( ïö5 ) s- * On compre pour un Régiment de cinq Escadrons trois cents pas de longueur & deux-cents de profondeur. Chaque rue d'Escadron doit avoir quarante - cinq pas de largeur & quinze pour la ruelle. II faut un intervalle de fix pas d'une • tente h l'autre. On donne a chaque Escadron trente-deux tentes, s'il a recu 1'augrnentation. Les quatorze BasOfficiers, ie Chirurgien & le Maréchal-ferrant, font répartis dans 1'Escadron. On loge fix hommes dans chaque tente, en excluant les Muficiens de celles des Bas - Officiers. Le Maréchal de Logis habite la tente No. i. Les Cornettes des Escadrons de 1'aile droite occupent le No. 32. & ceux des Escadrons de la gauche le No. 3, afin qu'ils foyent dans 1c voifinage de leurs étendarts. § 4. Le Chef ou Commandant du Régiment campc a trente pas derrière 1'Escadron du centre. Le Lieutenant-Cobnel, a 1'aile droite du Ré-  ( x®9 ) giment a vingt-cinq pas derrière la ruelle du premier & du fecond Escadron. Le plus ancien Major, a 1'aile gauche a vingtcinq pas derrière la ruelle du Commandant & du quatrième Escadron. Le fecond Major a vingt-cinq pas derrière le troifième Escadron. i 5. Le Commandant d'Escadron campe a dix pas derrière le cöté droit de la rue de 1'Escadron, 1'entrée de la tente tournee vers cette rue; fes chevaux reftsnt derrière fa tente. On drefie les tentes des Subalternes fur Ia ligne des tentes d'Escadron^. II doit y avoir prés des Escadrons de 1'aile droite trois Officiers au premier flanc & deux au fecond flanc. Au contraire, prés des Escadrons de 1'aile gauche il y a trois Officiers au fecond flinc, & deux au premier, favoir: 1'Enfeigne a dix pas de la dernière tente des Dragons du premier flanc: le fecond Sous-Lieutenant a dis pas de 1'Enfeigne, & le premier Lieutenaht a dix pas du fecond. Sur l'autre flanc le troifième Sous - Lieutcnant campe a dix pas de la dernière tente des Dragons, & a dix pas de la, le plus ancien SouvLieucenant,  C iio ) Chaque Officier range fes chevaux en droite* ligne devant fa tente. §. C. L'Adjudant campe a quinze pas derrière Ie Commandant, fes chevaux derrière fa tente. §• 7- Le Quartier-Maitre du Regiment & le Chirurgien - Mijor campent a la droite de 1'Adjudant; 1'Aumonier & 1'Auditeur a fa gauche. Derrière cette tente eft celle des Hautbois, du Sellier & de 1'Armurier. L'Ecuyer refte auprès du Commandant, & le Prévót a la Garde des Drapeaux. §• t La tente de la Garde des Drapeaux eft placée dans la rue de 1'Escadron du centre, & iès piquets de devant doivent être dans le même alignement que le premier piquet de la tente de 1'Escadron. On place les étendarts a cinq pas devant la tente de la Garde des Drapeaux, dans Ie même ordre que les Escadrons obfervent en campant. On pofe les timbales fur des chevalets devan»  ( Ui ) les étendarts, & les caiflès aux deux cötés des étendarts. Entre la tente des drapeaux & les étendarts l'on plante en terre douze fupports d'armes. §• 9- La tente de fa Garde du Camp efl plscée entre le Bagage & les Vivandiers, & devant elle on met onze fupports d'armes. Les Banderoles font placées aux ailes du Ré. giment. §. n. Le fourrage & Ie bagage fe rangent derrière les rues des Escadrons, a dix pas derrière les tentes des Officiers de 1'Etat - Major. §. ie. On creufe les cuifines entre la tente du Commandant & le Bagage; il en faut une pour chaque Escadron. §• 13- Les Vivandiers dreffent leurs tentes a vingt pas derrière le Bagage.  On fait deux latrines pour chaque Escadrori; celles de ia première ligne font a deux - cents pis en avant, & celles de la feconde a deux-cents pas derrière le front. §• 15. Les piquets auxquels on attaché les chevaux font plantés fur une même ligne a deux pas devant les tentes , les chevaux ayant^ les têtes tournées vers 1'entrée des tentes. Ces piquets doivent fortir a 3Ï pieds 'de terre & refter efpacés a 3 ou 4 pieds 1'un de 1'autre, afin que le cheval puifte fe coucher, & qu'il reftè encore afiez de place pour le Cavalier. 5. ii. Le cordeau de Campement qui doit fe trouver "5. chaque chambrée, fera fortement tendu en avant, pour mieux aflurer les piquets & empêcher les chevaux de dépafièr & de s'entortiller. Les cordcaux que l'on tire de nuit a la tête de Is  C "3 ) la rue de 1'Escadron, depuis la tente N°. i. jusqu'a N°. 32. doivent être attachés a deux pieux de cinq pieds de haut, & de quatre pouces de diamètre. Ils doivent être tout auffi fortemenr. tendus que le cordeau de Campement. Ce cordeau doit être élevé a cinq pieds de terre au moins, afin qu'un cheval qui fe détacheroit, ne puiflê ni le franchir ni fe gliflèr par deflbus. L'on tend un pareil cordeau a la dernière rue de 1'Escadron a la queue des tentes d'Officiers. 5- *7- L'on pofe les fcllcs a terre k deux pas derrière le cheval. Dans un Camp de demeure, l'on conftruitun petit treteau élevé k deux pieds de terre & couvert de paille, fur lequel on pofe les felles, mais en temps de pluie on les renferme dans les tentes. S- 18. Chacun prend dans fa tente fa carabine & fes pifiolets. II  C "4 ) §< *9- On range le foin en bottcs a cóté des tentes, 1'avoine eft confervée dans des facs dans les tentes mêmes,& on entafte le fumierderrière les chevaux. S- 20. La communication entre les Régimens doic être afTez large pour qu'on y puifie "faire pafler des Escadrons entiers. $• 21. Quand un Régiment campe en ordre de bataille , & qu'on veut masquer fa force a 1'Ennemi, l'on augmente le front de chaque Escadron de cent a cent-dix pas, mais pour lors la profondeur emporte a peine 80 pas, paree que 1'Escadron ne refte plus que fur deux rangs. II en réTuIte 1'arrangement fuivant: ï.) D'abord on place les chevaux du pre* mier rang, & enfuite les tentes.  ( "5 ) 3.) Les chevaux du fecond rang; & puis le* tentes. 3. ) Les tentes des Officiers. 4. ) Les tentes des Officiers de 1'Etat-Major. §<• «. L'on n'accorde point de tentes aux HouiTards; ils cantonnent, ou bien fe logent dans des huttes. H i  < t*6 5 SECTION SIXipME. De la pofuion des Grand* Gardes, des Poftes & Piquets A. d'lnfanterie, & B. de Cavalerie. C. Des devoirs d'un Offi- „ cier de Cavalerie, détacbédans un village pour veil Ier a la jüreté d'une Jrmée ca?npée. A. Pour l'Infanterie. S- * A u Réveil, a 1'AiTemblée, k h Génerale, k JTX. 1'Appel du déparc, a la descente des Gardes, aux Parades d'Eglife & a la Retraite on commence 1'appel a la droite; les Tambours de tous les Régimens de la première ligne le  'battent de la droite a la gauche, ceux de la feconde ligne de la gauche a' la droite. Les Tambours de chaque bataillon fe rangent devant le centre des drapeaux, & battent vers 1'aile droite, de la vers la gauche & de la gauche jusques devant les drapeaux. Les Tambours doivent tous cornmencer 6c ceffer a la fois. §. 2- La Grand' Garde doit refter de jour & de nuit dans la plus grande activité. En relevant les poftes, & a leur rentrée, il faut ranger la Garde. II faut bien choifirles foldats factionnaires, les conduire a leurs poftes en bon ordre, & faire conGgner le tout ponétuellement. L'Appointé du Régiment qui conduit les Soldats en faétion, relève premièrement la fentinelle de 1'aile droite, puis celle des drapeaux, enfuite celle de 1'aile gauche, & enfin celle qui eft devant la tente du Commandant. Les Sentinelles du Cordon font menées en faétion par un Bas - Officier, & de nuit elles. H 3  ( *i8 ) doivent être vifitées fréquemment par des patrouilles. Quand on court aux Armes, la Sentinelle qui y eft en faftion fe place devant 1'Officier qui eft a 1'ailc, & un Cannonicr doit fe tenir, mêche allumée , auprès du canon. La oü il y a beaucoup de canons & de Cannoniers, un de ces derniers doit refter en faction auprès de 1'Artillerie. La Garde prcfente les armes pour les Officiers qui font de jour & pour tous les Généraux; elle fe met en haie pour les Commandans, mais pour les autres Officiers de 1'Etat - Major elle ne fort pas du tout. L'on rend les mdmes honneurs aux Généraux étrangers, & fi un inconnu approche a cheval, on envoye quelqu'un au devant de lui pour lui demander fon rang. Après la retraite & avant Ie reveil on ne préfente les armes que pour les Rondes & Patrouilles. Les Officiers de 1'Etat - Major qui font Ia Ronde, doivent defcendre de cheval pour recevoir le mot.  C "9 ) II ne faut point donner d'allarme inutile, encore moins tirer fans néceffité & avant qu'on puiflè le faire avec effet. Lorsqu'on découvre quelquc approchc ennemie, il faut courir aux armes, en donner avis aux Gardes les plus voiiines, & en informer le Commandant, qui en fair. paffer auffitót 1'avis au Général en chef, au Général de jour & au Brigadier. Les défertions doivent être dénoncées fur le champ & le mot de ralliemcnt changé. II faut en avertir les patrouilles détachées. Lorsque de nuit on voit approcher d'une garde ou d'un pofte deux hommes armés, ils doivent s'arrêter a une diftance de cinquante pas, quaud même ils fauroient le mot de ralliement; on ne leur permettra 1'accès, qu'après qu'ils auront été examinés, & que la Garde fe fera mife fous les armes. Les détachemens qui reviennent pendant Ia nuit, doivent fe ranger en dehors de la Grand' Garde, & être examinés avant qu'on leur per» niette de paffer. En temps de pluie il faut tenir les armes couvertes, & les placer de facon que chaque H 4  C 120 ) foldat puiiïe retrouver tout de fuite celles qui lui apparticnncnt. II ne doit s'abfenter que deux hommes a m fois; quelquefois on pourra fe fervir aulfi du goujat pour faire le rapport. Les poftes dans la chaine doivent ótre placés en ligne parallèle avec la ficche, & de facon qu'ils puiflent tout découvrir: ils peuvent aufti fuivant la nature du terrain, s'avancer jusqua 1'angle faillanr de la flêche. Ils ne doivent point s'écartcr a dix pas de leurs poftes, ni fumer de tabac, ni quitter leurs armes. U faut examiner foigneufement tous ceux qui fortent du Camp ou qui y entrent, & arrêter d'abord quiconque paroit fufpect. Les mendians, les gens fans aveu & les femmes de mauvaife vie, n'y feront pas admis du tout, & lorsque ces forto; de gens demandent quelqu'un du Régiment, il faut les annoncer. II ne faut laiflèrfortir de Ia chaine ni Bas-Officier, ni foldat, ni valct; & quand meme ils produiroient un pafTeport, il n'en faut pas moins retirer préalablement des inf'ormations.  C i*i ) Tous ceux qui fe préfèntent pour vendre des denrées, doivent être traites honêtement, & conduits d'abord par un foldat de la Garde, a 1'endroit qui leur eil affigné dans le Camp. Les poftes doivent crier le qui vive l tous les quarts d'heures, & le mot de ralliement doit être demandé a la diftance de 10. a 12. pas. Les Sentinelles en faéïion aux ailes d'un Bataillon portent le fufil fur 1'épaule, & fe tiennent fous la banderole. Elles doivent veiller a Ia propreté du Camp, & ne permettre a perfonne, excepté aux Généraux & aux Officiers, de paffer a cheval ou en voiture par les rues des Compagnies. Les poftes devant le Commandant & devanc les drapeaux, ont les armes au pied. §• 3- De la Garde du Camp. (Brand JVacht. ) Les Sentinelles poftées derrière le Régiment doivent obferver tout ce qui a été dit ci-deflus. En outre elles veillent aux prifonniers, au baH 5  ( 122 ) gage & au feu. Après la Retraite la Garde da Camp détache une patrouille pour diffiper les affemblées des joueurs & buveurs chez ies Vivandiers, pour faire ceflèr tout bruit & prévenir tous les excès. Cette même Garde envoye au mot un BasOfficier & quatre hommes entre 1'intcrvalle du Régiment. Les Poftes dans le Régiment ne crient point le qui vive! & ne demandcnt point le mot de railiement,-mais lorsque de nuit quelqu'un approche a pied ou a cheval, ils doivent crier Ie qui vive! & examiner qui il eft. S'il fe gliffie dans le Camp, des perfonnes qu'on accufe d'avoir pris note der, tentes, des drapeaux & d'autres parricularités, ou qui font des queftions fufpectes, les poftes des Régimens les arrêrcront & les dénonceront: en général ils xamineront trés - exaétement tous ceux qui entrent au Camp. S- 4- Lorsque la Grand' Garde & celle du Camp ont monté , toutes les autres Gardes fe forment devant 1'incervalie du Régiment & défilent fans bruit.  ( las ) Tous les poftes placés derrière un rempart, un mur ou une haye , font rangés fur deux hommes de hauteur, fe ferrent a la pointe du fabre, & 1'Officicr fe place a 1'aile droite. Mais les Poftes derrière un fleuve, un foffé ou des chevaux de friiè, font rangés fur trois de hauteur. Les Gardes de village ne vont aux armes pour perfonne, excepté pour leur Prince, les FeldMaréchaux, les Généraux d'lnfanterie & de Cavalerie , & les Officiers de jour. % 5- Les Gardes des Généraux ne vont aux armes que pour le Prince, pour les Feld-Maréchaux & pour le Général chez qui elles font en faction. En mon tan t & defcendant, elles font rangées fur trois hommes de hauteur, & la Garde qui defcend porte le fufil fur 1'épaule; celles qui font conduites par un Officier moment au fon des inftrumens. Les poftes fe placent a la droite de la tente du Général. Ils doivent faire front vers la KJ  ( 1=4 ) gne de 1'Armée ,& pofcr leur armes fur des fupports. Les Poftes extérieurs fe rafTemblentpar ailes, & le Major de Brigade les forme. On ne doit point pofer de feminclle fans qu on puifTe la couvrir au befoin, & on examinera auparavant la füreté de fon pofte. En relevant les fentinelles il faut vifiter fi les nouveaux Factioönairesont la poudre furie baffinet, & fi k pierre efl bien affiermie. Les Pofies extérieurs ne doivent point avoir de piatine. Les Files doivent toujours être complettes & il faut vifiter fouvent les Pofies ifolés. ' S'il arrivé quelque événement important il faut fans délai en faire rapport au Général' de jour. II faut pofer les pofies de Ia manière préfcrite par e Général, fans quaucun Officier puifTe aiterer les arrangemens adoptés.  C 1*5 ) Un Officier qui eft attaqué ne doit abandonner fon pofte que lorsqu'il y eft forcé par Ie nombre, & lorfque contre toute attente il n'a plus de fecours a efpérer; ce qui pourtant ne peut guères être a craindre. S'il arrivé un Trompette avec des lettres de la part de 1'Ennemi, il faut les recevoir, & renvoyer le porteur avec un recu, fans lui permettre d'avancer. S'il arrivé des déferteurs ennemis, il faut les cnvoyer fans délai au quartier-général. B. De la Cavalerie. De la Garde des Drapeaux, de celle du Camp, de celle du Général. Les fentinelles des ailes ne laifleront paftèr aucun Etranger a cheval ou en voiture par la place d'armes ou les rues des Escadrons. Elles doivent arrêter toute perfonne fuspecle, ne point s'éloigner de leurs poftes a plus de dix pas, ne point fumer de tabac, & ne permettre a perfonne de fortir du Camp pendant la nuit.  ( 126" ) La Cavalerie détache les Rondes & Patrou& les comme 1'Infanterie. L'Officier de garde s'annonce en montant & en descendant chez le Commandant, chcz 1'Officier de 1'Etat-Major qui eft de jour, & chez le Chef de 1'Escadron. En marche les prifonnicrs qui font aux arrêts pa(Tent ou a la Garde des Timballes, ou a celle autre Garde expreffèment commandée. Lorsque de nuit on fait fortir des détachemens, 1'Officier doit fe mettre fous les armes; de même auffi il fait prendre les armes a la rentrée d'un detachement, & il envoye un Bas-Officier a fa rencontre pour le reconnoitre. Si 1'Ennemi approche brusquement, il feut pofer les étendarts a terre, & 1'Officier doic défendre fon pofte jusqu'a ce qu'il recoive du fecours, ou que le Régiment ait eu le temps de fe mettre a cheval. La Garde du Camp en agit de même, & quitte la place d'armes pour fc rendre a fes postes par la rue de 1'Escadron du centre. Cette Garde reffbrtit k 1'Officier de celle des Drapeaux, & c'eft a lui que le Bas-Officier qui eft: de garde, doit faire fon rapport le matin &  C i*7 ) le foir, ou chaque fois qu'il arrivé quelque changement. De nuit les Sentinelles pollces derrière le Régiment doivent crier le qui-vive tous les quarts d'heures. La Garde des Généraux monte a pied; elle fe forme en même temps que celles des drapeaux & du Camp, & on la prend tour a tour dans tous les Escadrons de 1'aile. 5- 2. Les Grand' Gardes de chaque Régiment fe rangent devant leur étendarts avant 1'aurore «Sc en préfence de 1'Officier de 1'Etat-Major qui eft de jour. L'Adjudant- forme les pelotons; enfuite chaque Garde marche au rendcz-vous indiqué, oü elle eft recue par le Général de Jour & le Major de Brigade. Les Grand' Gardes de tous les Régimens étant raffemblées, on commande la marche, & chaque Officier fe rend a fon pofte.. Et zlin qu'il foit für de le trouver, la Garde qu'il deit relever détache un homme au rendezvous qui lui fert de guide. On défilé a la fourdine. Lorsque la Garde a dépaffé la place d'armes, on rcmet le fabre, & a cent pas du pofte on le retire.  ( ï ft 8 ) La force d'une Grand' Garde ne fauroic être déterminëe; elle dépend de 1'étendue de la chaine qu'il faut occuper, de la proximité & des forces de 1'Ennemi, autant que de la dispofition du Camp qui doic être gardé. En attendant le pofte principal ne doit jamais être affoibli par des Vedettes, mais refter asfez fort pour pouvoir faire une réfiftance fuffifante. Les Poftes extérieurs font occupés par les Houflards, les autres par les Dragons; mais il n'j faut cmployer les Cuiraffiers que dans les cas de la plus grande néceflité. Comrae la plupart des Régimens de Dragons font montés légèrement , on les entremêle avec les HoufTards, ou bien ils occupent chacun féparément une partie de Ja Chaine. Lc dernier arrangement eft le meilleur & Je plus für, puisqu'alors chacun fe repofe fur foi-même. La pofition de la Grand' Garde dépend uniquement du terrain oü le Camp eft affis. Dans les plaines on peut la poufTer fort en avant, tandis qu'il faut la ménager dans un terrain difficïle. Elle ne doit jamais avoir de défilé a dos; au contraire elle doit être placée de manière qu'elle foit a couvert de toute furprife, & que 1'Ennemi foit obligé de l'attaque'r en front. Les  C **9 3 Lés Vedettes qui font en faftion la carabinè a la main & la crofiè appuyée fur le genot» droit, doivent être pofïées de jour fur des cminences, & de nuit derrière les collines, fur les chemins, dans les fentiers & ravins. II faut nufiï pendant Ja nuit, les raflêmbler plus prés les unes des autres, & les approcher davantagé du Corps de Garde. Elles font obligées de tout examiner avec le plus grand foin $ d'en faire des rapports exacts, d'aller reconnoitre de nuit en avant & de cóté * & d'être attentives au moindre bruit. Si de nuit elles entendent quelqu'un qui les approche, Pune d'elles avancera a toute bride pour crier le qui va la! & demander le mot de ralliemenfc Si au troifième cri on ne répond pas, Ia Vedette fait feu, & fi 1'Ennemi avance, elle rejoint fon Camande pour fe replier fur Ia Grand' Garde; mais fi 1'Ennemi fe retire, 1'une des deux Vedettes doit aller faire fon rapport k 1'Of* ficier, qui dans ce cas doit tout de fuite envoyer reconnoitre. Dès que la nouvelle Garde arrivé a fon pofte',' elle détache fes Patrouilles & refte a cheval ,tandis que 1'ancienne Garde peut en attèndant mettre pied a terre'. I  Toutes les Vedettes de 1'ancienne Garde festent a leurs polles jufqu'au retour des Patrouilles. Celles-ci étant revenues fans qu'il foit arrivé du changement, 1'Officier envöye occuper les pofies. Les deux Officiers parcourront a cheval leurs Chaines, & fe feront tout configner en bon ordre. Après que les pofies font rentrés, 1'ancienne Garde défilé fans bruit, & fe range de nouveau fur la même place oü elle avoit été formée la veille. Le plus ancien Officier fait fon rapport au Général de jour, & les Cavaliers retournent a leurs Régimens. Si pendant qu'on relève fes pofies, on eft infonné de 1'approche de 1'Ennemi , 1'ancienne Garde doit refter a fon pofte jufqu'a ce qu'il arrivé du renfort. Dès que 1'ancienne Garde a défilé, 1'Officier de la Garde mon tan te fait faire rapport. II fait mettre pied a terre foit a la Garde entière, ou a la moitié, ou feulement au quart, felon que 1'Ennemi eft proche ou éloigné. ïl ne faut donner a manger aux chevaux quli i'heure du midi. Une Garde ou un Pofte de  C 13* ) trente chevaux, envoye quatre Cavaliers k 1'a* breuvoir; une Garde de cinquante Chevaux y détache dix Cavaliers. Les Gardes moment a cheval & prennent les armes pour un Général & pour les Officiers de jour. S'il arrivé un déferteur ennemi, il faut 1'examiner exaclemcnt, le défarmer & le conduire au quartier-général. II faut prendre les lettres qu'apporteront les Trompettes, & leur en donner un rccu, mais fans permettre qu'ils paffènt la Chaine. L'Officier doit faire fon poffible pour fe procurer des informations de 1'Ennemi, & s'il eft; aiïez heureux pour en retirer, il détachera auffitot des Patrouilles pour les faire vérifier. Quelques heures avant le foir il donne la parole & le mot de ralliement; il indique en même temps un fignal auquel les poftes qui font vifités de nuit, puiflènt diftmguer fes Patrouilles d'un parti ennemi. Pour prévenir les défertions , il faut bietj Shoifir les poftes. Deux Vedettes qui occunenf I s  C 132 ) 'an même pofte , ne doivent jamais s'éloigner Tune de l'autre, & chacune eft refponfable de fon Camamdc. Dans tous les cas de défertion, le mot de ralliement & le fignal doivent être changés, & il faut d'abord en faire rapport. II faut relever les poftes d'heure en heure, & détacher de tcmps en temps de petites patrouilles , pour vifiter les poftes a la diftancc de deux ou trois-cents pas. Chaquefois qu'on vifite un village ou un bois, les Patrouilles fe partageronta droite & agauche, afin qu'elles puilTent toujours fe voir & fe foutenir mutuellement. Elles ne doivent pas non plus entrer dans le village, avant d'être aflurées qu'elles n'y ont rien a craindre de 1'Ennemi. La retraite fe fait avec la même circonspeétion. Si 1'ort apper9oit 1'Ennemi, il faut que les Patrouilles fe tiennent cachées Ie plus longtemps poftible , afin qu'elles puiflènt donner des avis certains de la force & des deflèins de 1'Ennemi; mais fi 1'Emaemi s'approche en force, elles doivent fe retirer en toute diligence. L'Ennemi fe trouve-t-il aftez prés de Ia Grand' Garde pour qu'il puiflê y arriver en même temps que les Patrouilles, elles font le coup de piftolet aufl! fouvent que la proximité de 1'Ennemi le  C 133 ) permet, afin que la Grand' Garde foit encore avertie a temps. Lorsqu'une Patrouille ne rentre pas au temps préfcrit, 1'Officicr en détache une feconde, & fi celle-ci tarde aufïï a revenir , il fait faire promptement fon rapport. Quand les Patrouilles rcntrent de nuit , les Vedettes ne doivent pas les laifTer paffer, avant qu'un Bas-Officier avec quelques hommes de la Garde n'ayent été envoyés au devant d'elles. Le Bas-Officier leur demande le mot, le piüolet a la mam, & fi tout eft en ordre, il conduit les Patrouilles vers 1'Officier Commandant, auquel elles font leur rapport. Dès que la Retraite dl battue, on bride les chevaux; chacun doit fe tenir prés de fon cheval la bride en main, ou même le monter. De nuit il ne faut point faire de feu, & le mot deralliement ne doit pas être demandé a une trop grande diftance, mais de prés & le -chicn bandé. Tous ceux qui font de garde doivent fe tenir alertcs, & prêts a fe mettre a cheval dans une mipute de temps. Le Corps de Garde peut être changé quclque» fois, mais jamais a plus de deux-cents pas du preI 3  C 134 > mier emplacement,- encore faut-ilque cette transpofition fe faflè avant que les Vedettes foyent' relevées, afin qu'elles fachent oü fe retrouver. Les Grand' Gardes qui fe replient de nuit, doivent reprendre leurs poftes a la pointe du jour, mais feulement après avoir fait leurs patrouilles; elles reftent a cheval jusqu'a 1'arrivée de la nouvelle Garde. L'Officier lui-même doit faire la patrouille,. fur-tout après minuit, & vers le point du. jour. Lorsque 1'Officier fe voit prèt Jt être attaqué & que 1'Ennemi n'eft plus éloigné de lui qu'a cent pas, il doit fe portcr en avant & 1'attaqucr le premier, a moins qn'il n'ait a faire a trop forte partie, dans quel cas il doit fe replier fur un autre pofte. Lorsqu'il voit une Grand' Garde attaquée dans fon voifinage, il doit d'abord voler a fon fecours, fitoutefois fonpropre poften'eftpoint en danger. 5- 3. II eft également difficile de déterminer la for-  ( 135 ) ce des Piquets; elle dépend du local, de laproxiraité & de la force de 1'Enneini. Si 1'Ennemi eft proche , & que le Camp ne foit pas fufïifamment afiuré par des Grand' Gardes, les Piquets fortent en même temps pour les renforcer; mais lorsqu'on n'a rien a appréhender de la proximité de 1'Ennemi, le Piquet refte au Camp les chevaux fellés, les trouffèaux attachés, & les gens habillés & équipés. Le foir après la Retraite, on bride les chevaux , & chacun doit fe tenir auprès du ficn, afin qu'en cas d'allarme le Piquet puifie tout de fuite marcher au lieu qui lui eft afligné. On employé d'ordinaire les Cuirafliers pour les Piquets. Lorsqu'on entend quelque allarme aux poftes extérieurs, 1'Officier y' doit d'abord détacher un Bas-Officier avec quelques hommes, Après que les Piquets ont pris leurs poftes , ils ne montent a cheval pour aucun Général. II ieur eft même permis de débrider leurs chevaux, mais les trouffèaux doivent refter attachés. ï 3  t '36' ) p. Des devoïrs d'un Officier détache' dans un village pour veiller a la füreté d'une Armée campée. 5. i. T ^Officier ne dok entrer dans le village qu'au l^J retour des Patrouilles détachées, & après une vifite des plus exaeïes. Dans 1'intervalle il peut polier une Garde k l'autre extrémité du village , pour empócher les habitans d'en fortir & de porter des avis a 1'Ennemi. II peut auffi faire mettre pied a terre a fes gens, & faire donner a matiger aux chevaux, mais aucun Cavalier ne doit s'éloigner de fon cheval. Si au rapport des patrouilles, 1'Officier na pas lieu de ie croire en 'fureté, il fe précautionnera du mieux pofTiblc contre toute furprife, fera faire rapport au Général Commandant, & en attendra des ordres ultérieurs. S- 3, Dès qu'il peut entrer dans le village, il doit y loger fon Détachement dc facon qu'en cas  C 137 ) d'allarme tout foit pret k marcher dans un quare d'hcure. Si la chofe n'eft pas faifable , les chevaux doivent refter iellés & attachés aux hayes devant le village. Pendant la nuit la plus grande partie du détachement doit fe tenir a cheval. S- 4- II faut faire bien garder toutes les avenues, & mettre en ufage tous les moyens poffibks pour amufer 1'Ennemi. L'application de ces maximes dépend de la prudence & de Pexpérience de chaque Officier. Pour. plus de clarté cependant, nous citerons trois pxemples auxquels fe rapporte le plan Fig: F. Fis: n°. 1. ^ indique un village occupé par 4 Efcadrons, & éloigné d'un quart de mille de 1'aile gauche de 1'Armée campée prés du bourg A. C. Sur la gauche eft -un ruiflèau qui peut être pafte aux troi* endroits a, b, c, fans que a, ait une communication avec b. Ee flanc droit eft couvert par les poftes n°. II. <5i Hl. ï 5  ( -3» ) II faut donc poffer un Bas - Officier avec fix hommes z 1'endroit a. qui eft éloigné du village d'un qoart de mille, Le Bas-Officier doit faire rompre le pont, & placer fes Vedettes de facon qu'elles puiffènt découvrir tout cc qui fe paffe de l'autre cóté du ruiffèau. Cette Garde doit refter toute la nuit a cheval, ne point allumer de feux, & faire la patrouille le long du ruiffèau dès 1'approche de la nuit. Ce Pofte avancé doit être foutenu par un autre pofte d. compofé d'un Officier, de deux BasOfficiers & de vingt hommes. De deux en deux ou de quatre en quatre heures, il fait relever le pofte du Bas-Officier, il détache les Patrouilles néceflaires, & avertit le Piquet de tout ce -qui fe paffe. II peut en tout cas faire débrider les chevaux, leur faire donner a manger & allumer du feu; mais de nuit la moitié de la Troupe doit refter a cheval. Les Poftes avancés doivent faire un prompt rapport de tout ce qu'ils découvrent. S'ils entendcnt tirer de loin, & que le bruit s'approche d'aflèz prés pour donner lieu de préfumer que 1'Ennemi a repouffé les poftes extérieurs, ils doivent fe replier. L'on place encore de pareils poftes avancés, aux endroits b & c, & ils fuivront les mêmes  ( 139 ) régies avec cetce feule différence, qu'elles ei> voyent de l'autre cóté du village une vedette qui fe retire de nuit. En outre il faut enlever quelques planches du pont. S'il ne fe trouve point d'éminence au dela du village, la vedette doit refter en deca. Ces deux Poftes avancés .qui ont communication enfemble, doivent être fputcnuspar le poste de repli e, qui doit être compofé d'un Officier , de quatre Bas-Officiers & de trente - huit hommes. Dans cette pofition il eft néceflaire que le Pofte de 1'Öfficier détache des Patrouilles une heure avant le point du jour. Elles doivent être fur leurs gardes, envoyer des flanqueurs de tous cötés, s'avancer lentement, demgurer jusqu'a ce qu'il faffe jour, examiner les environs, & pouftcr en avant, s'il n'y arien a craindre. Dès que les Patrouilles ont paffe le pont, il faut le couvrir par quelques Chaffèurs ou Cavaliers a pied , & lorfque les patrouilles ont repaffc, on fait öter quelques planches du pont. Les flancs fe trouvant ainfi couverts par le dé? tachement N°. II. il faut dans le village même prendre les précautions fuivantcs. S'il n'y a point de hayes ou de barrières au* tour du village, il faut en garder toutes les a-  C 140 ) vennei par des échelles que l'on affbrmit a des pieux póintas, par des chariots, ou des folies. Mais les pafTages que l'on defiine aux forties, doivent être fermés par des chariots chargés de fmnier, qui au befoin pourront être aifément emportés, & fervir en guife de traverfes pour defendre les avenues du village. On laifTe trois ou fix hommes devant chaque avenue, öc un Corps de Garde au quartier de I'Officier Commandant. Les Gardes qui font le fervice i pied doivent toujours avoir leurs chevaux a portée. 11 faut placer une Garde au clocher. II faut que de chaque Escadron , il y ait une Ordonnance Sc un Trompette auprès de 1'Officier Commandant. Le Commandant doit fixer le nombre de Cavaliers qui pourront deffèller leurs chevaux de jour, & il réglera 1'ordre dans lequel ils doivent fe relever. S'il y a des granges dans le voifinage, on y fait entrer les chevaux; fi non on les laifTe en plein air, plutöt que de s'expofera les mettre dans des écurics qu'on ne connoit pas. Toutes les fois qu'on öte les felles, il faut les pofer a terre derrière les chevaux, relcvcr les  C 141 ) étriers & les trouffes, mettre les piftolets dans leurs fourreaux & la bride par defliis, afin qu'on puifie feller d'autant plus promptement. Au foleil couchant tous les chevaux doivent être fellés. Le Piquet fort, la troupe attaché les chevaux aux hayes & ne s'en éloigne plus. Une heure avant le jour il faut brider les chevaux , & les attacher par le licou. Pendant la nuit chaque Escadron doit avoir fa Garde devant la maifon oü loge le Capitaine. Cette Garde donne 1'alerte au premier coup qu'elle entend tirer; le Trompette refte auprès du Capitaine. II eft: bon auffi de faire fonner quelquefois le boute-felle, pour exercer la vigilancc du Sol¬ dat. Chaque Cavalier doit toujoürs avoir prés de foi fa carabine & fon fabre, & ne point fe déshabiller ni de jour, ni de nuit. On donne a manger aux chevaux deux hcures avant le jour. Dès qu'on'entend tirer, on fait fonner le boute-felle. Le Piquet fort & les Escadrons s'as* femblent a leur rendez-vous.  C i#i) Si l'on a de 1'ïnfanterie avec foi, on la plafce aux avenues du village, on la loge dans les maifons les plus voifines, on lui affigne une place d'allarme convenable, & pour lors la Cavalerie peut deflëller de jour en toute füreté. S'il fe trouve des Cuiraffiers au detachement, on leur donne les poftes les moins éloignés, on les difpenfe des patrouilles, & on leur permet de deffèller pendant la nuit. No. II. repréfente un village fitué dans une plaine, dont le front eft entièrement découvert, mais dont la gauche eft couvcrte par la dispofition N°. I. & la droite par les marais & la difpofition N°. III. On jète fix Escadrons dans ce village , en obfervaüt les précautions fuivantes. On place un Capitaine avec quarante chevaux a quatre ou cinq-cents pas devant le village a 1'endroit A,- un Subalterne avec quatre Bas - Officiers & trente-lix chevaux a 1'endroit B. Ce dernier detachement forme la chaine des poftes C. D. E, qui communiquent enfemble par le moven de leurs Patrouilles. Ces poftes avancés doivent tonjours refter k cheval, & fe re-  t 143 ) ! piier fur leurs poftes de repli au premier coup" qu'ils entendent tirer. II faut pofer les vedettes de facon qu'elles puiftènt découvrir, tout le pays a la ronde; de nuit elles doivent être renforcées. Si 1'Ennemi s'avance, 1'Officief doit auffitöc :en faire avertir'le Capitaine, & fe replier fur lui le plus lentement poflible. Si 1'Ennemi eft de beaucoup fupérieur, il faut que le Capitaine fe retire auiïi vers le village, & qu'il faftè rapport au Général Commandant. De l'autre cóté du village, on place une Grand' Garde F, compofée d'un Officier, de deux Bas - Officiers & de vingt - huit hommes ; celle-ci détache un Bas-Officier & huit hommes au pofte G. Si les Poftes avancés font repoufies, il faut que les fix Escadrons fe poftent derrière Ie village dans un lieu avantageux, pour y attendré 1'Ennemi & lui oppofer Une réfiftance vigoureufe. Mais fi l'on eft forcé de fe retirer touta-fait, le détachement pofté au N°. I. doit en êtreaverti, afin qu'il puifiè prendre fes mefures en conféquence. On a déja parlé de ce qui doit être obfervé dans 1'intérieur du village; il refte feulement &  X 144 ) remarquer que le dernier pofte doit être plu? fur fes gardes que celui du N°. I. N°. III. indique un village fitué prés d'un bois coupé par plufieurs chemins pratïcables a pied. On pofte aux endroits aa & bb. deux Grand' Gardes qui font la patrouille en avant, & qui reftent a cheval pendant la nuit. Tout le Detachement doit refter fellé & attacher les chevaux aux piquets. II n'eft pas néceftaire de garder les avenues de ce village, puisqu'il peut être pris par tout a dos. Lorfqu'on eft accompagné d'lnfanterie, l'on peut de jour faire deftèller pendant quelques heures, mais dans eet intervalle il faut envoyer quelques pelotons en embufcade dans le bois. De nuit la Cavalerie avance en rafe campagne, & vers le point du jour tout doit monter a cheval. £ E C-  C 145 ) Les Régimens ne doivent faire chercher le bois, 1'eau, la paille & le fourrage que dans les lieux qui leur auront été aflignés. §. 2. Proprement ces fortes de lieux doivent être occupés par de petits poftes d'lnfanterie, mais fi cela n'eft pas faifable, & qu'on ait a craindre de 1'Ennemi, on fait chercher fous bonne escorte, ce dont on a befoin. L'Officier doit faire reconnoitre les lieux d'avance, & pofer fes poftes. Pour prévenir la défertion il aura foin de faire rentrer fon monde avant la nuit. SECTION SEPTIEME. Des Détachemens qui vont chercher F eau, Ie bois & la paille; des Abreuvoirs & du Fourrage.  ( -4* ) S- 3- Un foldat ou valet qui cherchc h profitcr de cette occafion pour piller, doit être arrêté & puni exemplairement en préfence de tout le Régiment. A. Le matin a fix & a dix heures, & le foir a cinq, on envoye chercher de 1'eau. A ces heures marquées le Tambour qui eft de fervice, doit battre deux fois 1'appel, pour avertir les Compagnies. Les Soldats s'aftemblent en bonnets de campagne devant le centre du bataillon. L'on prend de chaque Bataillon un Officier, de chaque Compagnie un Bas - Officier, & de chaque tente deux hommes. Le Bas-Officier d'lnfanterie refte armé de fon halebarde. Ces Soldats étant rafiemblés de toutes les Compagnies, on défilé a droite ou a gauche. L'Officier fe met a la tête, mais les Bas-Officiers & les foldats reftent rafiemblés par Compagnies. Arrivé devant le village ou 1'endroit indiqué; FOfiicier range fes gens, & les fait entrer par Compagnies avec le Bas - Officier. Après que chacun a rempli fon vale, & qu'on s'eft raffem-.  f 147) blé de nouveau, on reprend Ia route du Camp dans le même ordre qu'auparavant. On évitera de fouiller les fontaines oü 1'ori va puifer 1'eau, & on veillera a la confervation des bascules & autres uftencües. Si c'eft dans une rivière, ou dans un étang qu'il faut chercher 1'cau, les foldats ne rempliront pas leurs cantines a la fois pour ne pas troubler 1'eau; elle ne doit pas être puifée non plus, trop pres du bord. B. Le matin a 5 heures, & le foir a 6. on envoye chercher du bois. Le ïambour de fervice ba: un appel, & le détachemenr part en obfervant tout ce qui a été préscrit dans 1'Article précédent. Lorsqu'il n'y a plus de provifion' de bois' dans les villages, il faut joindre au détachement des Charpentiers pour couper les arbres. II faut épargner les arbres fruitiers & les allécsy aulïï longtcmps que polfible. En cas de néceflité on démolit même des édiflces, mais on employé a eet ouvrage des Charpentiers, & non des foldats qui ne s'y en 1 éndent pas. Les dégats inutiles doivent être fe-' vèrement défendus. R $  C 148 ) C. Pour retirer les contributions que les villa* ges doivent livrer en paille, on envoye par Compagnies le nombre néceflaire de chevaux de bat. L'Officier raffemblc fon monde devant les granges, & fait diftribuer a chacun fa charge. D. Une heure après que le Régiment eft entré dans le Camp, on mène les chevaux a 1'abreuvoir ; mais auparavant on détache un Officier pour aller découvrir une eau coulante qui foit dans le voifinage du Camp. La mauvaife eau & un abreuvoir fort éloigné du Camp, font une ruine pour les chevaux. Si la chofe eft poffible, il faut faire creufer des puits dans les terrains bas & fe procurer des auges. On ne fait fortir qu'une moitié de 1'Escadron a la fois, pour aller a 1'abreuvoir; 1'Officier de jour du même Escadron en a la conduite, & c'eft dans eet ordre que tous les autres Escadrons du Régiment y vont en même temps. Quaud Ia première moitié eft revenue, or» fait fortir l'autre. Deux Bas-Officiers, pour Ie moins, doivent accompagner le détachement, pour avoir 1'ceil fur les foldats, & veiller qu'ils abreuvent bien leurs chevaux & les tiennent en ordre.  ( J49 ) Chaque Cavalier ne doit prendre qu'un chevaf de main, & même on ne leur en permet pas du tout, s'il y a quelque chofe a craindre de la part de 1'Ennemi. On doit aller a 1'abreuvoir le matïn h j heures, & le foir a 5. Pendant les chaleurs on y va trois fois par jour. E. On doit donner a manger aux chevaux cinq fois par jour. favoir a 5 & a 8 heures j du matin, a midi, a 5 & a 8 heures du foir. L'avoine doit être donnée en petites rations fix fois par jour; fi on la diftribuoit aux chevaux en trop grande quantité a la fois, ils l'échaufferoient par 1'haleine, & ne la mangeroient plus. On peut mêler l'avoine avec de la paille hachée, ou la laiffer pure. Si l'on donne du feigle aux chevaux, il faut y mêler la moitié de paille hachée, & même le mouiller. Une nourriture abondante de feigle eft nuifible aux chevaux,* il les échauffe, & leur deficche le poumon: le bon foin au contraire ne leur fait jamais du mal. II faut avoir grande attention que la pature qu'on donne aux chevaux ne foit pas gaK 3  C 150 ) tée, & furtout qu'ils ne mangent point de paille qui a fervi de litière. En temps de paix on donne a un cheval de Dragon: 2. (*_) picotins d'avoinc. Jfi livres de foin, & iq livres de paille. En temps de guerre. 3. picotins d'avoinc. Iïs de feigle. i) — d'orge. 8. livres de foin & 10. de paille. Un cheval de Houflard recoit en temps de Oaix: (*) L« picotin eft compté dans ce calcul, felon Ia mefurc Berünoifc appsllée eu Alltnund met%t. li cn faut feize pour Uil fic.  ( -5- ) picotins d'avoinc 4. livres de foin & 5. —■—' de paille. En temps de guerre. 3, picotins d'avoine. 6. livres de foin & 8, de paille. K 4  SECTION HUITIEME. Des Patrouilles. S- i. Pour faire la patrouille, il faut de bonnes Cartes topographiques, & bien connoitre les environs; de plus il faut fe procurer des Espions aclifs, & entretenir de bonnes intelligences. s. *. II faut examiner fcrupuleufement tous les payfans & autres perfonnes amenées par 1'AvantGarde ou les Flanqueurs. II faut punir exemplairement les Cavaliers qui font de faux rapports. % 3- II ne faut laificr en arrière ni have, ni maifon, ni vallée, ni bois qui n'ayent été vifités.  C 153 ) En oucre il faut prendre toutes les précautions polïïbles pour s'afTuter une retraite. §• 4- Les Flanqueurs doivent toujours monter fur les hauteurs les plus élevées, quand elles ne font pas trop éloignées; ils s'y arrêteront jufqu'a ce qu'ils foyent relevés, ou que la Troupe foit arrivée fur leurs flancs. Dans les villages, ils fe poftent toujours a 1'extrémité oppofée. Les Flanqueurs doivent fe foutenir entr'eux, & lorfqu'on fonne 1'appel, chacun doit fe replier fur le gros de la troupe. Au défaut d'un Trompette , il faut fe régler d'après le fignal ou le cri qui aura été indiqué. II n'eft point permis aux Flanqueurs de defccndre de cheval devant une maifon, ni de s'y arrêter. Ils tiendront toujours le piflolet ou la carabine prêts a faire feu, & ils porteront le fabre pendant au poignet. §. 5. Les Patrouilles ordinaires ne doivent pas être détachées a la même heure, & elles varieront leur chemin, tant pour Pallée que pour la venue. K 5  C 154 ) § 6. Ceux qui voudront fumer de nuit, garnïront leurs pipes d'un couvcrcle. II faut aufll prévenir le henniffement & le bruit des chevaux. 5- 7. Lorsqu'on doit découvrir la pofition de 1'Ennemi , il faut tacher de fe gliher entre fes postes, fans en venir aux mains, fans s'amufer a enlever fes poftes ou bagages; & dès qu'on aura rempli le but qu'on s'étoit propofé, il faut fe retirer. En cas de néceffité cependant, il faut attaquer & repouftèr les vedettes & les poftes avancés de 1'Ennemi. On 1'obligera par la a des mouvemens qui peut-^tre le trahi* ront; toutefois il nefaut pas s'arrèter trop longtemps, pour ne pas s'expofer a être pourfuivi. S'il y a moyen de gagner un bois fur les derrières , la retraite en fera d'autant plus aifée. Si la Patrouille eft forcée de prés & pourfuivie par 1'Ennemi, il faut fonger a la retraite , mais en tenant les chevaux en haleine. Dans ces fortes d'occafions on fe tire d'affaire, en paffant rapidement les défilés, & en fe remettant de temps en temps, pour faire tête a 1'Ennemi. Si on a le malheur d'êt're enveloppé,.  ( 155 ) il faut tenir fon monde ralfemblé, & refter ferré pour chercher a fe faire jour a travers 1'Ennemi. §. 8. II y a différentes fortes de Patrouilles. a. ) Patrouilles de jour. b. ~) Patrouilles de nuit. c. ) Et ce qu'on nomme Patrouilles fourrées; chacune a fes régies a obferver. On choifit pour les Patrouilles de jour, de bons chevaux & des gens bien dreffés. Elles chercheront a cacher leur marche, autant que poftible, mais pourtant de manière qu'elles puiflênt découvrir les environs. Un ou deux hommes qui entendent le métiert fuffiront pour remplir ce but. Ils avertiront a temps 1'Officier de tout ce qu'ils remarquent, ou ils lui en donneront le fignal par un coup de piftolet, enfuite ils rejoindront le detachement par un détour; ce qui laifle 1'Ennemi dans 1'incercitude. Si 1'Officier trouve fon avantage h attaquer 1'Ennemi, il doit le faire avec la plus grande  C 156 ) vivacité. D'ordinaire 1'Ennemi prcnd Ia fuite, & on fait des prifonniers. On les examinealors auffitöt, <& d'après les avis qu'on en recoit, on fe détermine a continuer la pourfuite de 1'Ennemi, ou a faire fa retraite. S'ily a de Fimpoflifailitéa couvrir la marche, & que la Patrouille foit plusforte que de 30. a 40. chevaux, 1'Officier doit fonner une Avant- & une Arrière-Garde, & des patrouilles furies flancs. qui pourtant ne doivent être compofées que de Flanqueurs. b.) Les Patrouilles de nuit doivent être pourvues de deux ou trois bons Guides, dont 1'un eft a cheval. On ne doit pas fortir du chemin , détacher en avant peu, mais de bons Flanqueurs; la Troupe doit toujours refter cnfemble, & fi 1'Ennemi fait mine de 1'attaquer, elle doit le prévenir par une attaque brufque, car celui qui attaque le premier a toujours de grands avantages. Pour qu'une telle Patrouille ne foit pas furprife, elle cnvoye un Flanqueur 7. a 800. pas en avant. Celui-ci doit s'arrêter a chaque cinquantaine de pas & écöuter. II eft fuivi d'un fecond Flanqueur a la diftancc de aoo pas, ik a celui-ci fuccède un Bas-Officier avec  ( 157 ) quelques hommes. Si Ie premier découvrê quelque chofe, il en donne tout de fuite avis a celui qui le luit; & a 1'approche d'un parti, 1'un & l'autre Flanqueur fe replient fur le DasOfficier, qui détache alors un homme a 1'Ennemi pour lui demander le cri de guerre. Ec au défaut d'une réponfe fatisfaifante, le foldat fait feu, fe retire a droite ou agauche versie Bas-Officier, & celui-ci tombe brusquement fur 1'Ennemi avec le détachement qui lui eft confié, & le renfort qui lui aura été envoyé dans 1'intervalle; Ie gros de la Troupe fuit au trot & Ie foutient. c.) Les Patrouilles fourrées font tout au plus compofées de 4. a 10. hommes. Pendant le jour elles fe tienneut traoquilles & cachées dans les bois, a cóté des grands chemins, pour enlever les Marodeurs, les Vivandiers, ou les valets qu'elles trouvent fculs, & dont elles rctirent des informations, fans pourtant leur faire violence. Les Patrouilles de cette nature ne doivent jamais fe fixer dans le même endroit, mais changer de ftation. Pendant la nuit elles peuveiit s'approcher des villages, détacher un ou deux hommes pour y prendrc des vivres , & pour jrecueillir des informations,  s. 1. Lorsqu'on voudra exercer les Régimens par' bataillons, on en préviendra le Général de jour, pendant qu'il fe trouve a 1'Ordre. Celui-ci en avertit le Général Commandant, & après que 1'ordre ëft donné, il indiquc li l'on cxercera ou non. §• ft Dans un Camp fur & tranquille, on doit plufieurs fois par femaine exercer par bataillons, & faire alors le fervice également par bataillons, afin de les avoir complets fous les armes. SECTION NEUVIEME. De Pexercice des Troupes au Camp.  C ï59 ) Lorfqu'on fort pour aller a Pexercice, les Bataillons défilent en filence, mais ils rcntrent dans le Camp au fon des inflxumens. ï 4- Lorfqu'on voudra faire feu, on n'exercera qu'un quart des Troupes a la fois, pour ne pas raflèmbler un grand nombre de Bataillons fans cartouches a balie. 5- 5- On fera fuivre les pièces de campagne; deux ou 4. hommes du fecoad rang de chaque Compagnie doivent être exercés a fervir le canon , afin que dans la néceflité ils puifiènt y être employés. $• 6. Les Généraux de Brigade doivent être préfens a. Pexercice, & prendre quelquefois le commandement, pour y habituer le foldat & apprendre eux-mêmes a connoitre le Régiment. §• 7- On peut exercer les Recrues le matin de $ ï 9. heures, & même aufli 1'après-diné;  ( 160 ) maïs avant de les faire tirer, il faut en demander la permiffion. $. 8. Les Tambours ne doivent être exercés que i'après-diné, d'une heure jufqu'a trois. SEC-  §. I. II faut introduire & maintenir dans un Camp la plus grande propreté poffible. On doit changer les latrines tous les deux jours, & les pourvoir de perches & de branchages. Les fentinelles doivent avoir foin que perfonne ne falfe fes nécelfités ailleurs qu'aux latrines. 1 Les creux ou foffés qui fe trouvent fur k place d'armes, doivent être comblés, & il n'elr point permis de jetter la moindre fileté qi dans le Camp , ni aux environs. L SECTION DIXIEME. De ce qui doit être obfervé au Camp pour le maintien du bon ordre & de la propreté.  C 162 > II faut faire enterrer par les payfans, les charognes & les entrailles des bêtes tuées. Couvrir de fafcines les endroits marécageux & bourbeux, pour que les chariots ne s'y enfoncent pas. Entretenir la propreté dans les rues des Compagnies , & ne point permettre qu'on y dreffe des baraques, non plus que fur la place d'armes. §• *• On ne fauroit trop fe prccautionner contre le feu. Les Cuifrnes ne doivent pas étre placées trop prés du bied fee, & même il vaut mieux de le couper auparavant. II faut également tenir Ie fourrage a 1'écart, & placer convenableblement les cabanes qui .renferment le bois a brüler. II n'eft permis a aucun Soldat ou Valet, de fumer fans couvrir fa pipe. II n'elt pas permis d'envoyer les chevaux en  ( .6-3 ) pature, & on retiendra les rations pour ceuX qu'on y aura trouvés. |i 4- Dans les Camps de demeure on tdchera de découvrir des lburces d'eau; on les fera 00vrir & garder par une fentinelle. II ne faut ni les épuifer, ni les fouiller. S- 5- Les Porte - Enfeignes auront foin de leurs Drapeaux & des fourreaux, & ils déployeront les Drapeaux par le beau temps,; $. 6. ' Les Fourriers font chargés de la garde des enfeignes de Camp. Les Tambours-Majors des Régimens & Bataillons obligeront les Tambours a tenir leurs cailfes propres & en bon état. $. 8. Quand il fait beau temps il faut öter les man» teaux d'armes, & les Appointés doivent entou: rer de gafon les faifceaux d'armes. L a  ( 16-4 ) II faut examiner fouvent les armes, fur-tout après la marche & le mauvais temps. II faut a chaque foldat deux pierres, 1'une dans fa gibeme & l'autre au fufil. PouF nettoyer les armes & y mettre de la poüdre fraiche, on s'affemblera par Escouades fur la place d'armes ou derrière le front, en préfence d'un Officier de la Compagnie. Les balles retirées feront renvoyées a 1'Artillerie, & échangées contre des cartouches a balles. Chaque foldat en doit toujours avoir foixante. §. p. Les foldats ne doivent pas abimer de gaieté de coeur, les outils qui fervent a la conftructiondesfortifications, & bien moins s'en défaire aleurgré. Si cependant ils en manquent, 1'Artillerie leur en fournira contre un re?u. §• 10. L'Officier ou Bas-Officier de 1'Artillerie, doit aérer fes chariots de munitions, tenir les cartouches bien fèches, & faire obferver une difcipline exaéïe aux Cannoniers, Charpentiers & Valets.  '( 165 ) Ils veilleront auffi a la confervation des chevaux & des chariots. §• ii- II ne faut pas fans des raifons importantes, féparcr du Régiment le petit Etat-Major, ni lui faire prendre fes quartiers dans les villes ou. villages, mais le faire camper. §• 12. Les Officiers qui doivent être de fervice le lendemain, fe préfenteront au Commandant après que 1'ordre aura été donné. Les Officiers & Bas-Officiers doivent affifter a toutes les Parades. Après la Retraite on range les Compagnies dans leurs rues & on les appelle. §• 13. II faut recommander la vigilance aux Gardes & aux Poftes, & les vifiter fréquemment. Les Rondes & les Patrouilles doivent fe. faire exactement, & on les inftruira de ce qu'elles ont k obferver en cas d'allarmc. Lorfqu'on eft dans un grand Camp, ou l'on a a craindre d'être furpris par des corps volans de 1'Ennemi , il faut a 1'entrée de la nuit douL 3  C 166 ) bier les Gardes, rapprocher les pofies & former un piquet de referve. Ce Piquet recoit fes tentes des Compagnies , & ne rentre le matin qu'après le jour. Les foldats doivent refter habillés & les chevaux fellés. Un Officier de 1'Etat - Major paffera toute la nuit a Ia Grand' Garde. 5- -4- II eft défendu a tout Militaire d'entretenir des correfpondances inutiles. On ne doit rien écrire de ce qui s'efl paffe, ou de ce qu'on préfume devoir fe paffer; ces fortes d'aris peuvent donner lieu a des bruits désavantageux & avoir des fuites funeftes. % 15. II faut punir exemplairement toute forte de violence & de dépréiations. Tout ordre donné fera publié a ceux qui doivent s'y conformer. S: is". L'Officier de Cavalerie qui eft de jour, doit avoir foin que le matin a 5. heures & 1'après midi a 1. heure, l'on étrille les chevaux, mais  C -6> ) auparavant on doit raflembler le fumier & le faire entalfer derrière les chevaux. 5- ir- Les Gardes a pied monteront en préfence de tous les Officiers & Bas-Officiers, & ceuxci affifteront de même a 1'ordre qui fe diftribue devant les Étendarts. S. is. Après le fignal de retraite on fait 1'appel des Efcadrons, qui fe rangent fur trois hommes de hauteur dans leurs rues,oütous les Officiers & Bas-Officiers doivent fe rendre également. S'il y a quelque chofe k craindrc de la part de 1'Ennemi, on répartit les Efcadrons en divifions , & en cas de néceffité , les foldats restent habillés, les chevaux fellés & on fe tient prêt a monter a cheval au premier fignal. $• -9- L'Officier de jour fait fortir le foir la Garde des chevaux (Schnarr-wacht), qui efi. compofée d'un Bas-Officier & de fix hommes: elle eft L 4  ( i«8 J chargée de tendre la corde qui entoure les rucs des Efcadrons. Pour empêcher les foldats de fortir après la Retraiteje Bas-Officier de certe Garde paffe la nuit dans la rue de 1'Efcadron , & place en fentinelle trois hommes au front, & 3. a 1'extrémité oppofée. Cette même Garde doit auffi veiller aux chevaux , & avertir les chambrecs des tentes lorsqu'un cheval s'eft détache. Ces fortes de précautions deviennent furtout néceflaires en automne & lorsqu'il commence a faire froid, puisque dans cette faifon les chevaux font toujours plus inquiets. II &btka donc alors que 1'Officier de jour fe rende lui-même dans les rues des Efcadrons, pour voir fi on a prévenu que les chevaux ne puiffènt fauter par deffus les cordes & s'échapper. La même Garde doit éveiller les détachemens & les Grand' Gardes qui fortent la nuit, afin qu'ils puiffent foigner leurs chevaux & fe préparer a temps. $■ 20. rof Le Chef & Commandant de 1'Efcadron  tiendra la main pour que chacun y fafïe fon devoir. II eft du devoir de 1'Officier de jour, de prévenir tout défordre. Pour eet effet il ne doit pas s'éloigner de la rue de 1'Efcadron; ce qui eft d'aurant moins onéreux, puisqu'il fe trouve 5. Officiers dans un Efcadron complet , & qu'ainfi chacun d'eux eft déchargé de ce fervice pendant 4. nuits. Le Maréchal de Logis doit avoir 1'oeil fur les Bas-Officiers, Chirurgicns & Maréchaux ferrans de 1'Efcadron, pour qu'ils 1'averriffcnt de toutce qui fe paffe dans 1'Efcadron, afin qu'afon tour il en puiffe faire rapport aux Officiers. Le maintien de 1'ordre & de la propreté dansl'intéricur de 1'Efcadron eft également de fon reffort, & il tient le détail des Gardes & au tres liftes ufitées. Le matin il fait fon rapport au Commandant & a tous les Officiers de 1'Efcadron , de concert avec les autres Bas-Officiers, les Chirurgiens & le Maréchal-ferrant. Le Quartier-Maitre eft chargé de la recette & de la diftribution du pain, du fourrage & des pièccs d'uniforme. En outre il a i'infpeétïon des Valets de charge, des chevaux de bat & des chariots. L 5  1170) Les Porte-Etendarts qui font en fon&ion font fa Garde des Drapeaux öt ont leurs Escouades. Les autres Bas-Officiers ont chacun fon Escouade, dont il fait la vifite tous les matins au Réveil. II doit en même temps vciller a ce que chaque cheval foit bien nour , étrillé & frotté par fon Cavalier: que le Chirurgicn vifite foigneufement les malades; & que le Maréchal traite les chevaux qui en ont befoin.  (-7- ) SECTION ONZIEME. Du Pare d'* Artillerie & des Canons. S- A. T a force du Pare d'Artillerie doit être proJL/ portionnée k celle de 1'Armée. Cependant il doit s'y trouver néceffairement : un Chef d'Artillerie, plufieurs Officiers de 1'Etat-Major, un Artificier en chef, quelques Capitaines & Lieutenans, le nombre néceflaire d'Artificiers , de Bombardiers & de Cannoniers, les Officiers du Train, un Tréforier, un Quartier-Maitre de Régiment, un Auditeur, un Aumonier, un Chirurgien-Major, desjanniffaires & des Muficiens, un Ecuyer, nn Surintendant des chariots, un Clerc d'Artillerie, un Déchargeur, un Clerc munitionnaire & un autre pour les fourrages, un Fourrier, un Charron , un Vague-meftre, un Maré-  (i7* > chal-ferrant,un Forgeron , un Sellier, & des Charpentiers;& tous cesOuvriers doivent être pourvus d'un certain nombre de Compagnons II faut de plus un Chirurgien de train, les voitures requifes, une provifion d'cnrayoïrs, degumdes ou crics, de cordes, d'affuts & de roues. Enfin des Valets & des chevaux de referve. $. Le Pare d'Artillerie doit être placé au centre de la feconde ligne, & lorsqu'on eft en cantonnement, dans le lieu le plus convenable. On y pofte toujours une Garde. 5- 3- En entrantdans un Camp, 1'Officier Commandant du Pare doit demander au Général en Chef quand & oü l'on tirera le coup de retraite. ' s- Z II faut faire une répartiuon des Officiers Artificiers Bombardiers & Cannoniers, afinqu'ils connoifiènt leurs poftes & fachent s'y retrouver. •Jlifiisss pi,an d'un Traïn d'Arti!ierie •*»»'«  < -73 3 S- 5- Chaque pièce de canon doit être accompagnée d'un chariot chargé de cartouches. On compte pour chaque chariot i<5. quintaux de poids,- mais fi les chevaux font foibles, il ne fauc compter que trois quintaux pour chacun. S. 6. On compte pour chaque Dragon & Houfiard iao cartouches, pour le Cuiraflier 30, & pour le Fantaflin 60. on charge fur un chariot 15. caifiès de cartouches a füfil, chacune de 1000. pièces, & 15. caifiès de cartouches a carabine, chaque caifiè de 1500 pièces. §• 7- Une Armée de 50. mille hommes d'lnfanterie , doit avoir en outils de referve: aooo. pelles. iooo. pioches. 350. haches. 450. cognées. 450. couteaux a fascines. «50. chaines de chariots.  ( 174 ) On diftribue la charge fur les chariots , a raifon de 16 quintaux par chariot. B. Du Canon. v1^ •r-iy■«>»asü-t: ■:-::;-q Les pièces de 3, 6. & de 12. livres de balie ont la longueur de 16. a 18. diamètres du boulct. L epaiflêur du métal prés de la culafic , -eft' de $'i de diametre du boulct, & la charge doit être du tiers de la pefanteur du boulet. La portée droite d'une pièce de trois ou de fix livres eft de 300. pas, & celle des coups perdus de 2. a 3. mille pas. :"',, J e!v!^4< . . . Un canon de 4. livres de balie, doit être pourvu de 90. boulcts & de 20. gargouiïes; un canon de 6. livres de balie, de-80. boulets & 20. gargouftès. S. 4- Deux pièces de Bataillon doivent être pourvoes en outre, de  C 175 ) 2. écouvillons faits de manière qu'ils puif; fent fervir en même temps de tampon. 4. courroyes pour la manoeuvre a bras. 2. facs k gargouffès. 1. pulverin, ou boette k poudre. I. tire - bourre & un tire - balie, outre les tuyeaux & autres outils néceffaires pour Ie fervice des pièces. On donne k chaque bataillon pour le fervicè de fes deux pièces de campagne, un Bas-Officiers , neuf Cannoniers & 7. Charpentiers , de ibrte que chaque canon eft foigné par 8. hommes , dont cependant quatre feulement font employés k la charge. le 1* écouvillonne le canon & y applique la charge. le 2d_ y coule la charge. le 3e_ pointe. le 4e# fait feu , & les autres fervent k dreffcr le canon fur 1'avant-train, a 1'en démonter, & a 1'avanctr,  C 176 ) S- 5- Les pièces de 3 livres font attelées de 4. ou feulementde 3. chevaux; celles de 6. livres ont fix chevaux, paree qu'elles font chargées en même temps des caifTcs de munition, qu'on place fur 1'avant-train. Oh compte un Valet pour deux chevaux. On donne toujours a quatre pièces de campagne un chariot a cartouches, attelé de 4 chevaux & chargé de 16000. cartouches a fufil. t 7. • Les canons de 6. & de 12 livres de balie Ont 24 diamètres du boulet en longueur; 1'épaiileur de la culaffè elt égale au diamètre du i>oulet; la charge elt de la moitié de fa pefanteur & ne varie jamais. On change 1'élévation des pièces, (uivant la différence des diltances, & c'elt par la pratique qu'on apprend a la mefurer avec précifion. La portée de niveau d'un canon de ce calibre eft de 400. pas, & celle du coup perdu entre 4. & 5000. chaque canon elt accoinpagné d'un chariot a cartouches, dont 120. doivent  < m ) re trouver fur la pièce même, Celle-ci dok tttê fournie en outre dei i. écouvillon; li tampon. 4. courroyes pour la mshoenvre a bras, 4. facs a gargoufiès. i. pulverin. 1. tire-bourre & tire-balle, &c. L'escorte d'un canon de 6. livres doit êtr'ë de huit hommes, & le fervice d'tne Batterre de 1 o. pièces exige: i. Capitaine.- 3. Lieutenans. ïo. Bat-Officiers; 80. Cannoniers. 1. Officier du Train. I. Intendant de chariots.M  ( 178) 3. Conducteurs d'équipage». ï. Charron. 65. Valets. 139. chevaux, fans compter ceux des Officiers du Train. Une pièce de 12. livres doit être fervie par 12. hommes, & une batterie de 10 pièces du même calibre fera montée par ï. Capitaine. 4. Lieutenans. ïo. Bas-Officiers. 120. Cannonicrs. I. Officier du Train. 1. Intendant de chariots. 4. Conducteurs d'équipages. 1. Charron. 110. Valets, 2 a 6. chevaux.  C i/9 ) Les pièces de 6. & de is. livres de baÜs font attelés de 10. chevaux. §■ 8- Les Obufiers font ou de 7. jusqu'a 10. li-vres de balie, ou de 18. jusqu'a 25. Ceux de fept livres portent a la diftance de 3000 pas, les autres jusqu'a 4000. Chaque obufier eft accompagné d'un chariot a grenades attelé de 6. chevaux. Les obufiers de 7. livres font tirés par 4. chevaux, ceux de 10. livres par 6. chevaux, ceux de 18. & de 25. livres par 12 chevaux. II faut dix hommes pour fervir un obufier de 7. de 10. 6c de 18. livres de balie, &pour' une battcrie de 1 o. pièces, il faut i. Capitaine. 3. Lieutenans. 10. Artificiers. ioo. Bombardiers. t. Officier du Train, M s  ( i8o ) I. Intendant de chariots. 3. Conducteurs d'équipages. 1. Charron. 65. Valets; & pour une batterie dont les pièces font de 18 de balie, 8 8 valets. 130. chevaux, & pour une batterie de pièces de 18. fg, 182. chevaux. Le fervice d'un obufier de ay.'fg, de balie demande 12. hommes; & une batterie de 10. pièces: 1. Capitaine. 3. Lieutenans. 10. Artificiers. 120. Bombardiers. i. Officier du Train. 3. Intendans de chariots. 4. Conducteurs d'équipages.  C «8! ) ï. Charron. §8. Valets. 182. chevaux, & 9. On donne a PArtilIerie a cheval des 0bu(iers de 7 livres & des canons légers de 6 f£. On compte 7 hommes pour chaque canon, & les Cannoniers font montés légcrement. S- 10. Les mortiers portent 25. I 50. & mime 75. livres; un mortier de 25. livres tire a 2000. & les autres a 3000. pas. On les fait fervir par § ou 12 hommes. Outre 1'attirail de la charge, il faut pour chaque mortier un quart de cercle. §• 11. La portée d'un coup perdu eft trés - difticile a détcrminer; Ia différence de 1'air, autantqua I'inégalité de la poudre ne permettant pas d'eu faire le calcul exacl. m 3  C t8s ) On peut tirer de la même pièce 150 coups par jour, fans qu'elle en foit ruinée ou endommagée,' mais on congoit aifément qu'un canon qui feroit fatigué de la forte plufieurs jours de. fuite, n'y réfifteroit pas longtemps.  C 183 ) CHAPITRE VI. Du Fourrage. SECTION PREMIÈRE. Des arrangemens préalables qu'il y faut apporter. $. 1. & vant de fourrager, il faut s'inftruire de la Xjl proximité de 1'Ennemi, de fes forces & en particulier du nombre de fes Troupes légères ,• enfuite on fait reconnoitre la lituation du local & l'on examine : 7- L'ordrc de fourrager ne doit pas être donne longtemps d'avance, afin que 1'Ennemi n'en puilfe être informé. J. 8. L'Armée fourrage ou tout k la fois, ou feulement par ailes. L'Infanterie fe fait fuivrc do  ( -87 ) fes pièces de campagne, & la Cavalerie eft arjnée du fabre. 5. 9- Quand on fourrage a fee ou en granges, les Communes raftcmbleront les gerbes en plein champ, pour éviter les excès que les troupes pourrpient commettrc.  C ï88 ) SECTION SECONDE, Des Escortes des Fourrageurs. §. i. L'Escorte fe raflèmble fur la route du lieu oü doit fe faire le fourrage, elle devance les Fourrageurs de quelques heures en formant une Avant & une Arrière-Garde. Si cependant les Fourrageurs partent en même temps, on les dillribue, & on en place le quart immédiatement après 1'Avant - Garde. Enfuite Vient une partie de 1'Escorte qui doit toujours être compofée de Cavalerie & d'lnfanterie; elle eft fuivie encore d'un certain nombre de Fourrageurs, & de cette manière on entremêle les deux Corps jufqu'a 1'Arrière-Garde. §. p. Dès que 1'Escorte eft arrivée a 1'endroit oü l'on doit fourrager, on détache de petites patrouilless  C 189 ) & fi elles rentrent fans avoir rien découvert de 1'Ennemi, le Commandant commence a fonner le Cordon. 5. 3- On renferme dans 1'enceinte du Cordon un bois, une montagne, une ville, ou un village des environs; mais fi la chofe n'eft pas faifable, on recule le Cordon de mille pas au moins, & on ne discontinue point d'envoyer des patrouilles en avant, pour ne pas laiflèr a 1'Ennemi le temps de fe former. On place les Dragons & les Houflards aux poftes les plus avancés, & on les fait foutenir par des Cuiraflïers. Dans les terrains montagneux & couverts de bois, 1'Escorte doit être plus forte en Infanterie qu'en Cavalerie; on employé alors celle-ci pour les patrouilles & pour occuper les intervalles de Vlnfanterie. On fait garnir d'lnfanterie les hauteurs & les villages. Au centre du cóté oü 1'Ennemi eft le pfai i r.raindre, il faut pofter des détachemens comman*  ( '9° ) dës par des Officiers, auxquels on indiqüe les objets qui doivent fixer leur attention & les pofies qu'ils ont h foutenir. §• 5. Si Ie fourrage fe fait en face de 1'Ennemi, il faut affurer la retraite des Fourrageurs par des postes de repli, qui doivent s'étendre depuis leCamp jusqu'au lieu oü fe fait le fourrage. Le Front de la Chaine, qu'elle foit compofée d'lnfanterie ou de Cavalerie, doit avoir des Vedettes en avant qui puifiènt tout découvrir i 1'entour, & qui ne doivent permettre a perfonne de fortir de la Chaine. Les Patrouilles de la Cavalerie doivent être continuelleraent en aétivité. Dans une plaine 1'Efcorte doit être plus forte en Cavalerie qu'en Infanterie; Ie cordon y doit être auffi plus ferré , afin que 1'Ennemi ne puiflè découT vrir aufli facilement Ia pofition. S- 6. Quand on fourrage a fee, il faut de même fe réglerfurla fituation du terrain, & faire occuper  ( W ) fes endroits oü l'on vent fourrager, foit par de 1'Irifatit'ërïe feule, ou par de 1'Infanterie mêlée avec la Cavalerie. Dans ce dernier cas la Cavalerie doit fe porter en avant & fe gouverner en tout feIon les principes établis ci-deflus. II faut occuper d'avance les lieux oü l'on va fourrager, afin que les habitans puifient y apporter leurs gerbes en coute füreté. Et pour empêcher 1'Ennemi de ne pas étre inifouit, on ne permet a perfonne de paflèr la Chaine. 5-7- Le fourrage étant achevé, il faut, fi les circonftances le permettent, renvoyerles Fourrageurs au Camp fous de petites efcortes. Enfuite on raffèmble les Patrouilles, & le Commandant rellèrre fa Chaine, de manière que ceux qui la compofoient rejoignent par troupes le pofte principal. Enfin quand tout eft réuni, on défilé & l'on forme une Arrière-Garde, 5- 8- Si cependant les Fourrageurs font vivement attaqués par 1'Ennemi, ceux de la Cavalerie doivent  (lp*) quitter leurs faisceaux pour fe ranger en bataillëï Les Houflards escarmouchent avec 1'Ennemi pour 1'amufer, & en attendant le Commandant prend fes mefures felon la fituation du terrain & les forces de 1'Ennemi; on conduit en lieu de füreté les ehevaux de charge. SEC*  C 193 ) SECTION TROXSIEME, Des Fourrageurs. $. » Les Fourrageurs fe raftsmblent fur Ia route du lieu oü ils doivent fe rendrc. Ils feront munis de faux & de cordes, & ceux de la Cavalerie armés de leurs fabres , afin qu'au befoin ils puiilènt jeter leurs faisceaux & fe mettre en état de defenfe. j. ». . A 1'endroit oü fe fait le fourrage, il faut placer les Houflards & les Dragons prés du Cordon; derrière eux les Cuirafliers, puis les Valets dé charge de 1'Infanterie & 1'Artillerie, enfin le Bagage de 1'Armée, qui doit toujours refter le plèjg prés du Camp.  ( 194 ) Sr 3- II faut marquer fa place a chaque Régiment ou a chaque espèce de Fourrageurs, afin qu'fis n'empiétent pas les uns fur les autres. Chaque Compagnie & Escadron fournira le même nombre de chariots & de chevaux de bat. Chaque Bataillon commande pour le Fourrage un Officier & trois Bas-Officiers, dont 1'un elt prépofé aux Valets, & demeure refponfable de tous les cxcès qu'ils commettent. §• 4- On fait travailler au moins quatre hommes enfemble, pour qu'ils puiflent s'cntr'aider a charger Jes faisceaux. Pendant que l'on fauche, on fait garder par un feul homme les chevaux d'une même chambrée, qui pour plus de commodité font attachés les uns aux autres. S'il y a quelque chofe a craindre de 1'Ennemi, il ne faut point débrider les chevaux. 5- 5- Les Officiers qui commandent les Fourrageurs les empêcheront d'aller a la maraude, & ils auront foin que le travail foit continué avec activité & fans relache.  ( 195 ) §. 6. Ceux qui travaillent de compagnie ne doivent point charger avant que tous les faifceaux ne foyent prêts. Lorfque rOificier Commandant trouve que 1'ouvrage tire vers fa fin, on peut commcncer la retraite, qui fe fera toujours par Régiment, & de fagon que les Valets de charge & le bagage de 1'Armée marchent les premiers. S- 7- Quand on fourrage a fee, il faut afligner a Ia Cavalerie les villages les plus éloignés du Camp, & ceux qui en font les plus prés, a 1'Infanterie & au Bagage. On défendra aux Fourrageurs fous peine de mort, de faire des incurfions dans les villages. On raflemble de tous les Escadrons la quantité de monde qu'il faut' pour emporter les ratiöns. Par cxemple chaque Escadron étant compofé de 130 chevaux, cc la charge d'un cheval étant de 16 gerbes de feigle, il faut 16 chevaux pour transporterles isorations d'un jour. N 2  C H A P I T R E VIL Des Cantonnemens & Quartiers d'biver. SECTION PREMIÈRE. Mamere de prendre /es qua?'tïers. S. x. • II ne faut point s'attacher de préférence ou par' prédileSion a tel & autre Iieu ou pofte pour prendre les quattiers d'hiver; on doit uniquement confidérer la fureté des Troupes,-& les fuites qui pourront réfulter du choix pour lequel on fe déterminerar  $• 2. Le cordon des Troupes peut être formé de trois facons différentes: a.) On Ie place derrière un fleuve; pofition cependant fur laquelle il ne faut pas fe fier toujours & fans exception, paree qu'en temps de féchereflè un fleuve peut avoir des endroits plas ou moins guéables, & qu'en hiver la glacé peut le mettre de niveau avec le terrain même. i>. ) On forme aufli le cordon par des poftes de montagnes, ou c.) Sous la proteétion d'une ville fomfiée. £ 3- B faut placer la Cavalerie légere 5c 1'Infanteri'e de facon qu'elles puiflent obferver les mouvemens de 1'Ennemi, óz s'appuyer mutuellement. Eour foutenir 1'Infanterie il faut placer de discance en diftance hors de 1'enceinte de fon Cordon, plufieurs Brigades d'lnfanterie & de Cavalerie qui y reftent en quartier.  ( 198 ) S- 4- Lfs Escadrons & les Bataillons cantonneront autant que poffible felon 1'ordre de bataille & celui qu'ils ont obfervé en marche dans leur colonne: de plus les Escadrons ne doivent point être divifés. f. 5- II faut que les Troupes ayent autant de place qu'elles n'en ont befoin ,• & pour ne point être trompé par les habicans fur le nombre de maifons, de fermes, de granges qu'il y a dans un village, il faut voir par foi-même, ou fe faire inftriire par la Régence du lieu. i 6. Si l'on fe trouve placé prés de 1'Ennemi, il faut rapprocher les quartiers les uns des autres. 5. 7. II faut relever de temps cn temps les Troupes qui font aux poftes les plus avancés, pour ne pas trop les fariguer. 5- 8. Le quartier-général doit être établi au centre.  ( 199 ) S- 9- II faut toujours couvrir 1'Artillerie & les chariots, & leur ménager des quartiers tranquilles. $. lo. II faut afligner aux Régimens & aux Bataillons, des endroits fixes oü on leur diftribüera leurs rations de fourrage & de pain; pour leur en faciliter le tranfport, on établira quelques dépots «5: boulangcrics. II y aura aufli un Commifiaire pour une ou deux Brigades. §• iJf- II faut pofher de brigade en brigade des Ordonnances, dont on fe fert pour faire circuler les ordres donnés. $. laLes Brigadiers vifiteront foigneufement leurs Brigades , & tiendront la main a 1'obfervation exacte des ordres donnés. De plus ils doivent prendre a cceur tout ce qui concerne la fubfiftance & la ccnfervation des Troupes, le bon ordre & 1'applicadon au fervice. T3- Les rapports'au Général Commandant ne doivent jamais être différés, afin qu'on puiffè s'occuN 4  i »0Ö ) ger k temps de ce qui a befoin d'être redreffë; 5- H- Les Troupes n'entreroqt dans kirs quartiers d'hiver, que Jorsqu'oh fera bien fur qu'il n'y a plus rien a craindre de 1'Ennemi. $• 15. Dans des quartiers ou l'on eft k 1'abri des entreprifes de 1'Ennemi, il faut s'occuper de la reet ue des troupes & de tous les préparatifs né> ceflaires k 1'Armée, afin que tout foit recompletté & en bon état a 1'ouverture d'une nouvelle Campagne.  SECTION SECONDE. EtHrée dans les quartiers & Ma nlère dy pofter les Gardes. A. De Pentree dans les Quartlefs d'hiver. §. i. , Avant d'entrer dans les quartiers, Ie Commandant détache en avant les Gardes néceflaires, uommandées par un Major. Cet Officier diltribue enfuite les poftes, & donne a chacun fes inftrucqons. §• 2. Les Fourriers & Sous-Fourriers partent avec Ia première Garde pour marquer les quartiers; & a cet égard il faut obferver: d) que dans un li?u oü il y a des furprifes \ craindre, une Compagnie ne doit occuper plus de trois ou quatre maifons. N 5 '  ( 202 ) tr) Que les Officiers aysnt leurs quartiers auprès de leurs Compagnies, c) 5c l'Adjudant le fien auprès du Commandant. d) que les Compagnies foyent proches les unes des autres, 6: dans le voifinage de la place d'allarme que 1'Officicr Commandant a choifie, B. De la manie re de fofler les Gardes. ; 5- »• Le Corps de garde doit être bien choifi, 5c affez fort pour qu'en cas d'allarme il puiftè offrir une.première réfiftance a 1'Ennemi; par cette raïfon auffi il ne faut pas affoiblir le Corps de garde par un grand nombre de fcntinclles. On y mettra des mefiagers a qui tous les chemins & fentiers foyent bien connus. Dans un lieu entouré de murailles, ou qui par fa fituarion n'admet point d'ouvrages extérieurs propres a une défenfe fuffifante, il faut pfcreer en dehors de petits poftes, non pour faire réfiftance, mais uniquement pour donner les avis & les fignaux. II faut protcger ces poftes par des redoutes, & tirer un doublé Cordon , qu'on aura foin de garnir égale-  C 203 ) 'ment par quelque oumge contre une première attaque. Mais fi ces Pofies font attaqués par des forces fupérieures, fis don ent fe retirer en bon ordre par ia route qui leur aura été marquée d'avance. 11 faut leur orionner aufli d'examiner avec la plus grande attention ceux qui pafiènt ók^repasfent fous leurs yeux, & d'arrêter tout ce qui leur eft fufpeéb. On pofera de jour une Garde fur la tour. $• 2. Quand la précaution exige de raflembler de nuit la Garnifon, il faut battre 1'appel & donner Ie mot une heure avant foleil couché. En même temps on range les Compagnies & vifite les armes. Après que les Gardes ont occupé leurs poftes, les Compagnies entrent dans leurs quartiers de ruit prés de la place d'allarme, & on fait deftendre les Gardes de jour qui doivent rentrer pendant la nuit. Un Officier de 1'Etat-Major vifite les Poftes & les Gardes, & diftribue les ordres qui doivent être obfervés en cas d'allarme.  I *s>4 J On répète plufieurs fois a des heures differen-- * tes 1'appel des foldats qui.font de garde. II faut a chaque Garde , un Bas-Officier vigilant & qui entende le fervice. II faut tenir les armes fèches & en Iieu de füreté. Dès qu'on crie dehors! le foldat prend le premier fufil qu'il trouve a fa portée & fort promptement. II faut placer prés du canon un Canonnier avec la méche allumée. De nuit il faut tranfpofer & échanger les poftes a diverfes reprifes, pour prévenir tout complot de défertion. Les fentinelles doiveny crier tous les quarts d'heure. II faut ranger la Garde chaque fois qu'on relève les poftes: il ne fuffit pas que les foldats répondent a 1'appel, mais 1'Officier ou le Bas-Officier de garde doit examiner fi chaque foldat paffe au numéro qui lui eft marqué ; pour cet effet, il faut une lanterne a chaque Garde. Le Bas - Officier ou 1'Appointé qui conduit les fentinelles, doit fous les pcines les plus fè-  'C *°5 ) Vères, avoir 1'ceil que chacun prenne le pofte même qui lui a été réparti, & qu'il fe le fafte configner exactement. Les fentinelles ne fe rendront jamais feules a leurs poftes, elles y feront conduites & relevées par les conducteurs. On fait faire deux rondes avant minuit par uh Capitaine, & deux autres après minuit par ün Subalterne. Les Officiers de ronde doivent fe tenir toujours au corps de garde, & c'eft a eux que doivent s'adreftcr les Patrouilles qui rentrent. Les Gardes détachent patrouilles fur patrouilles, & cette obligation eft également impofée atf quartier de chaque Compagnie, afin que les Patrouilles fe croifent toujours. Pour évitef cependant que les Gardes ne foyent dégarnies de Bas - Officiers, on en commande quelquesuns expreffément' pour les patrouilles. Les Grand' Gardes de Cavalerie ne doivent pas toujours être poftées au même endroit; au contraire il faut leur faire changer fouvent de pofition, puifque fans cette précaution on facilireroit a 1'Ennemi 1'occafion de les enlever.  Les Patrouilles de Cavalerie feront détachées tout auffi régulièrement que celles de ^Infanterie elles ne doivent ni prcndre toujours le mcme chemin, ni partir aux mèmes heures; elles feront tantöt plus fortes, & tantot plus foibles. Les autres précautions qui doivent être ob1'ervces pour la Cavalerie, ont été indiquées dans la Jixième Seciion du Chapitre cinquïcme. Elle cherche a allarmer continuellement 1'Ennemi, & a le tenir toujours dans la crainte d'une furprifc. Si 1'Ennemi fait fortir des détachemens ou des efcortcs, il faut tachcr de les enlever. II ffiut prendrc toutes les précautions poffiblcs qui tendent a la fürcté des quartiers, & lorfqu'on fe trouve dans Pinipoffibilité de réfifter a des forces fupérieures, on fe replie fur le pofte le plus proche. S- 4- Le quart de chaque Compagnie doit toujours être alerte. L'on exige la même chofe d'un Officier & d'un Bas-Officier par Compagnie,  ( se>7 ) qui doivent répondre de la vigilance des foldats. Le refte des foldats de chaque Compagnie peut fe coucher fans guêtres, mais prés de leurs armes & fans quitter la giberne. La moitié de ceux qui font de bout doit être employée a fonner un cordon autour de la place d'allarme, a occuper les avenues des maifons, & a faire fentinelle devant les armes. L'autre moitié doit fonner un piquet de refcrve, qui en cas de furprife puilfe foutenir un premier choc & donner aux Compagnies le temps de prendre pofte. 11 faut toujours faire alterner les foldats qui font la garde des quartiers, de manière que ceux qui ont veillé la nuit précédente foyent exempts Ie lendemain de tout fervice. Chaque Officier de 1'Etat - Major & chaque Capitaine doit avoir fon pofte marqué, & il eft défendu au foldat fous peine de mort, de faire feu avant qu'il n'en ait recu 1'ordre. Pendant la nuit il faut entretenir des Iumiè-  SEC> ( 408 j res dans les chambres, les veftibules & lel avant-cours. Au point du jour on détache une patrouille de Cavalerie, & a fon retour les Gardes remontent des qu'il fait grand jour. On retirè alors les piquets, & lorlque chacun a repris fon pofte , les Compagnies rentrent dans leurs quartiers de jour, pour fe coiicher & fe refaire de leurs fatigues.  C 209 > SECTION TROISIEME^ Des Forüjicatïons de défenfc* Nous fommes encore dans le cas dè renvoyer nos Lefteurs a 1'Ouvragc de Mr. dé Gaudi, od cette matière a été tfaitéè fort en détail; nous nous bornerorts feulemënt k donner ici une récapiculation fuccinéte de ce que doit öbferver un Officier qui eft obligé de conftruire dé pareils Ouvrages dans Ie pofte qui lui a été affigné. . II y a différentcs efpèces de fortifications: Non-feulement il faut fe régler fur le local, fur Ie nombre des Travailleurs, la quantité des matéïiaux, fur le temps qui refte pour fe mettre en ordre; il faut de plus avoir égard aux provifions des munitionsde guerre & de bouche , & confulter les ordres qu'on a recu. Quoiqu'il en foit il faut fe décider d'abord pour les arrangemens que les circonftances rendent indifpenfablement aéceffaires, & s'attacher dans la fuite a fufciter £ O  (210 ) 1'Ennemi de nouveaux obftacles auxquels il ne s'attendoit pas. Voici les cas qui fe préfcntent le plus fouvenc. s- Lorsqu'on a choifi pour place d'allarme un eimetière encouré d'un bon mur & qui n'eft point commande par des hauteurs, il faut legarnir d'échaffaudages & le créneler. On place des batteries aux endroits les plus avantageux, on barricade le paflage des portes, on bouche & on défend par le feu de la moufqueterie les chemins & les avenues, on découvre les toits de toutes les mailbus attcnantes, on les démolit même, ou bien on lts met en état de défenfe* S'il til néceftaire, on creufe un foffé en dehors du eimetière, qu'on garnit de paluTades, & en général on oppofe a I'Ertnemi tous les obftacles par lesquels on peut efpérer de 1'arrêter. On barricade les entrées de 1'Eglife; on en cchaffaude les fenêtres , & pour cet effet on employé les tribunes & les bancs. On fait des créneaux aux murs, on place fur le grenier & Ia tourdtl'Ëglife un certain nombre de foldats, qui par leur feu puiflent faire du mal a 1'Ennemi.  5. Dans un chateau i! faut mettre en état de défenfe les batimens extérieurs, & s'y maintenir le plus longtcmps qu'il eft poffible. La Referte refte dans un Keu commode pour donner du fecours en cas de befoiil. Si 1'Ennemi y fait une brêehe, il faut y jeter des tifons allumés. On doit barricadcr les entrées du chateau, encchaffauder les fenêtrcs, créheler les rnurs , les tours & les donjons; couvrir de facs de fable les galeries & les allées, & ttiettre dans 1'étage le plus élevé des poftes détachés, auxquels il faut ménager la defcente. Si le batiment n'a qu'un maitrc-efcalier, il faut pratiquer des efcaliers de communication aux deux ailes. Si le chateau eft fort élevé, il faut en démolir le toit, & raffcmbler le long de la principale corniche, de groftes poutres & une provifion de pierres, qu'on fait rouler en bas, li 1'Ennemi s'approchc de pres. On fait couper tous les arbres qui fonc aux environs & on en fait des abatis a troiscents pas de Ia portée du mousquet. En front de la maifon , il faut élever une bonne ti'averfe dc terre ou de funlier , & la bien garder. En outre il faut fe précautionner contre ?.es dangers du feu. O a  J. 3- Avant d'occuper un village il faut en faire" reconnoitre le terrain, & examiner de quelle manière on peut y foutenir la Garnifon, & afiurer fa retraite. Si l'on n'a pas affez de troupes, il faut fe .reflèrrer, fe contenter de fortifier & de défendreune partie du village, & faire retrancherl'autre par des Iignes. Si cependant cette entreprife même devenoit trop difficile, on occupe feulement le eimetière, 1'églife, ou tel autre cdifice dont on pourra fe fervir utilement. Si le village eft fitué de facon qu'il ne faurok être occupé, il fauc fe choifir dans les environs une hauteur, qui ne foit pas dominéé par une autre hauteur, & dont la montéé foit aifée. On y conftruitun bon fort, dont on fait fon rendezvous en cas d'allarme. La Garnifon prend. fes quartiers dans les maifons voilines, qu'on fépare du refte du village par des retirades, en pratiquant une communication fure entre les Quartiers & le- Fort. Si la Garnifon eft fuffifante, & qu'on veuille occuper un village fitué en front, il faut élever du cóté de 1'Ennemi le plus d'obftacles pofli-  C 213 ) 1 bles pour empêcher fon approche, lui oppofei) j des retranchemens en front du village, applanir- I Ie terrain fur les derrières de l'Armée , & y I écarter tout ce qui pourroit embarraffer. Si le village eft éloigné de 1'Armée, il faut 1 faire des retranchemens tout a 1'entour, y j renfermer les hayes & les palifiades. Si une, aile de l'Armée elt appuyéc fur un pareil pofte,' il faut tacher d'en armer les flancs & ctendre ie' retranchement jusques la, afin que le pofte ne j puifie être tourné. Dans une viÜe il faut barricader toutes les portes qui fe trouvcnt du cóté de 1'Ennemi, & ; les garnir en dehors de foffés, cabans & de . palifiades. Mais du cóté qui conduit a l'Armée, il faut ouvrir une, ou tout au plus, deux por*, tes qui puiflènt fervir de communication entre Ia i ville & l'Armée. Cependant il faut y raflem-' j hier des matériaux, pour barricader les portes a 1'approche de 1'Ennemi; celles qui reftent ouvertes doivent être masquées par des fjèches, ou. tels autres ouvrages. S'il y a des canaux qui paffent de la ville par 1 deflbus les murs, il faut les garnir par des treilI lages de fer & y mettre des fentinelles. O 3  C 214 ) Les murs qui menacent ruine doivent être réparés & échaffaudés. On aflignera a Ja Garnifon une place d'allarme, & il faut en différens endroits faire des appuis & tailler des meurtrièrcs pour les canons. S'il y a une petite rivière ou un ruiftcau qui coule le long de 1'endroit, il faut le couper par des batardeaux, & les conftruire de facon qu'ils puiftènt être protégés par le feu de la mousquetcrie du haut des murs. II faut abattrd les arbres & les hayes qui font k Ja portée du fufil; il eft même des cas oü il faut mettre Ie feu aux fauxbourgs. Vers Ia nuit il faut pour fe précautionner contre les fiuprifes, allumer de grands fcux a cent pas en dehors des murs , & a deux ojt trois-cents pas les uns des autres. Quand 1'Ennemi attaque une des portes, on fait faire au plus vitc quelques nouvelles retirades de ce cóté, & on y pointe du canon. Si 1'Ennemi veut efcalader les murailles, on roule des poutres ou de longues pièces de bois fur ceux qui moment a l'aflïut. IVJais fi Jc caiion a fait une bréchc aux murailles, on y jette  ( »i5 ) des tifons allumés. On faic des retirades derrière, ou bien on place du monde au fecond étage & dans les greniers de toutes les maifons d'oü l'on peut découvrir la brêche, & de la on fait feu fur 1'Ennenr'. Si l'on eft forcé de faire retraite, il faut fe porter vers le batimcnt qui a été mis en état de défenfe. Si au lieu de murailles, le bourg n'eft entoaré que de jardins, il faut de diftance en diftance , y élever des redoutes flanquées, qui fe défendent réciproquement par le feu de leur Artillerie , & au lieu de courtine on fait un abatis. Mais fuppofé qu'une pareille petite ville fou commandée par des montagnes, il faut la défendre par un fort extérieur, de la même manière qu'un village. 9 4  SECTION QUATRIÈME. Des Signaux & des Secours. A' éIèV° d°S fanaux fur des na«re"i's biea \_S choilïes, & au moyen des feux qju'on y fait allumcr, on donne au Secours les fignaux dont on eit convenu. Si le Général Commandant a ordonné d'allumer les fanaux a 1'approche d'un Ennemi fupérieur en forces & dans le cas d'une attaque générale, il ne faut pas allurner les feux a Ia première attaque, mais s'affurer d'avance li le cas préfcrit exifie r.éellemeni-," afin de ne point allarmer inutilement tous les quartiers. Par cette raifon ü elt nécèfiaire tpï'outre les'fanaux on établifle d'autres fignaux, par lesquels les quartiers voifins puiiTent s'avertir entr'eux d'une attaque. On y employé ordinairement des fufées , qu'on attaché dès Je' foir. Une Janterne allumée fur Ja tour, eft auffi un fignal  commode & fur, donc il faut fè fervir fi la ntuadon du terrain le permet. Le pofte qui doit être averti rend un fignal, pour répondre h celui qui lui a été dohné. ï5Uli>'0"tJ*m SOu lüq j',"{j"b 91Ja 8 3iOD9fJ3£j3Ö si IVO B. Avant de demander du fecours, il faut s'affurer par des Patrouilles que 1'Ennemi pen-' fe férieufement h 1'attaque, & qu'elle n'efti point fimulée. L'Ofiicier - Commandant doit entretenir une correfpondance exacle & fuivie avec les quartiers voifins, & leur communiquer tous les avis qui lui parviennent. S'il y a de la Cavalerie fur lés lieux, il faut commander d'avance'quelques Cavaliers qui fe jettent dans différentcs routes, pour avertir la Secours. C. Si le Quartier a ordre de détacher du fecours, il faut divifer la Garnifon en trois parties. Si 1'allarme furvient de nuit, un tiérs cöurt au fecours du quartier qui eft attaqué, & les deux autres tiers reftent a leur Garnifon O 5  De jour on détache la moitié des Troupes pour le fecours, & l'autre moitié refte a la Garnifon. Mais avant que de faire partir le fecours, celui qui le détache doit s'être afturé par des Patrouilles qu'il n'a rien k craindre pour fon propre pofte, & que 1'attaque projettée contre fon voifin n'eft pas fimulée.  SECTION CINQUIEME. Des ordres a donner aux Magijïrats. S- i. 11 ne faut point fonner les cloches, 1'horloge feulement peut frapper les heures. Dans les pays Catholiques, il faut prévenïr TOfficier Commandant de toutes les proceffions qu'on voudra faire. > a. . - .n. M.3 j II faut fe faire donner une Iifte des villages qui font du reffort de la ville, s'informer fuus quelle direction font les villages & les Communes les plus proches, enrin combien de payfaas & de charjots il y a dans chaque village.  > iÉL^^ BI U faut ordonner aux Maires & BaiUifs fous les peines les plus févères: rf.) De faire journellement rapport de tout ce qui fe paffe. *0 D'arrêterles déferteurs, & d'établir pour cet effet des pofies. r.) De fournir pour de Pargent comptan? des vivres de toute efpèce. Et afin que ces ordres foyent d'autant mieux griyis, il faut retenir de chaque village un homme en ötage , qui cependant doit être traité avec honnêteté. Le Magiflrat doit faire publier les ordres qui regardent les habitans de la ville ou du bourg, & il convoquera les membres de la Bourgeoifie, pour les informer de ce qu'on exige d'eux. II leur enjoindra en particulier: a.~) De ne point faire parvenir d'avis a 1'Ennemi, ni directement, ni ihdireclement.  é>.) De ne point envoyer de mefiagers hofal de ville, fans une permiflion expreiTe. c. ) De ne loger aucun Etranger fans 1'avoir annoncé. d. ) De dénoneer tout foldat qui fort de .fon quartier a des heures iiadues, ou qui fe rend fufpect de défertion. e. ~) Tout habitant qui aura facilité la défer¬ tion d'un Soldat, fera puni de la corde. f. ) Dans tous les quartiers il faut erttretenir de la lumière pendant la nuit. g. ) Placer des lumières aux fenétres en cas d'allarme. /?.) Dès que le piquet eft formé, perfonné ne doit paroitre dans la rue fans néceffité urgente, & furtout jamais fans lanterne allumée,- mais s'il furvient une allarme, il n'eft permis ni aux Bourgeois ni a quelque habitant que ce foit de fortir de leurs maifons. 5- 5- La Régence ou le Magiftrat du lieu Jfè cou|"ormera aux articles fuivans. II doit :  C 422 ) <*.) Délivrer es Magafins & provifons de munitions. £.) Faire désarmer les Bourgeois & remettre leurs armes a 1'Officier Commandant. c. ) Indiquer la provifion des vivres qu'il peut fournir , & faire partir auffitöt des Bouchers & des Vivandiers pour procurer ceux qui manquent. d. *) Indiquer tous les moulins qui apparticn- nent h la ville, de même que les conduits par oü l'on peut lui coupcr 1'eau. e. ~) Donner la lifte des Boulangcrs & de la quantité de pain qu'ils peuvent cuire en 24 heures. ƒ.) Un catalogue du nombre des foyers , des habitans & des logemens de guerre. g. ) Entrctenir en bon état les puits & fon- taines. h. ) Faire a temps les provifions néceffiaires de bois de charpente & de chauffage. I.) Fixer pour tous les vivres une taxe tèodique.  C *23 ) kO Examinerles poids & lesmefures, & jr mettre le timbre. I) Etablir un lieu de marché public oü la Garnifon puifTe fe fournir des denréesnéceffaires. Tous les payemens s'y feront argent comptant, & on n'y tolérera pas le moindre excès de la part du foldat. «O Etablir plufieurs ordinaires pour les Offficiers, & ordonner aux aubergifles les mieux pourvus de fournir des provifions aux tables qui en manquent. ».) Procurer aux Hópitaux, des Gardesmalades & les uflcnfiles néeeffaires. t.) Veiller a 1'entretien des chemins & des ponts , faire rompre la glacé en hivef & préferver les puits de Ia gelée. /O Prendre toutes les précautions poffibles contre les dangers du feu, ordonner que les cheminées foyent ramonées k temps, entretenir les pompes k feu , & commander d'avance une Garde pouf les incendies. f.) Déclarer tous les chariots & tous les chevaux du lieu.  C 224 > éi) Tenir prêts des meflagcrs a pied & $ cheval. si) Ouvrir au Bureau des poftes, les lettres que l'on croit fufpectes. t.) Maintenir la propreté dans les rues, & faire obferver en général une police exacle. ui) Envoyer tous les jours chez 1'Officier Commandant une perfonne du Corps de la Magiftrature, qui puifiè donner les informations néceflaires & fervir d'ótage en cas de befoin. $EC-  c y SECTIÖN SISIEME. De PExercice des Troupes dans les Otiartïers d'hiver ou dc K cantonncmènti La parade de la Garde s'alfemble a dix heures. Après que les Officiers ont fait Fin? fpcclion des parades de leurs Compagnies , on. fait faire alternativement le maniement & la charge, une fiemaine de piéd ferme en avant geeft arrière, & l'autre en avant & en retraite, en avancant en arrière, éc eri haye. De plus on exerce les troupes a coucher en joue, a remettre les armes, a porter le chieA au1 repos, & i. coucher en joue a droite & h gauche. Ml  C ) Quand la charge eft achevée, on marche par on , deux & quatre, on s'aligne fur un rang, on fait la converfion a droite & a gauche, de méme que la marche oblique, on forme les rangs & on réunit la parade générale. Dès qu'on bat Faftèmblée, les parades des Compagnies fe mettent en ordre de marche, &prenriènt leurs diftances pour fe former en ligne. Quand la parade apris fon alignement, les Tambours ceffènt de battre, & l'on fe met en ligne a droite ou a gauche , en prenant , s'il eft poflible, une pofition oblique , afin que les foldats puiflent s'aligner plus facilement. Quand la parade générale eft formée, on fait faire quelques maniemens & enfuite la charge, foit a toute la parade ou par pelotons. Si le temps & le terrain le permettent, Ie premier rang mettra genou en terre. Parlemauvais temps les troupes cxercent a 1'hötel de ville ou dans quelqu'autre édifice public. S- « Aux jours du pret, fi le temps le permet, toute la Garnifon fort de ville, a 1'exception de quelques petites gardes ; elle fait alors diffé-  rentes marehes & évolutions de déployementj on fait faire la charge, des contre-marches, le pafTage du pont, former le Bataillon quarré, & exécuter d'autres manoeuvres; enfuite on forme les Gardes ou de pied ferme ou er» marche. Lorfqu'il y a de la Cavalerie ou d'autres Bataillons dans le même quartier, les Gardes & les Drapeaux peuvent fortir auffi, & alors les troupes qui reftent dans la garnifon occupent les Gardes. $• 3' II faut de même exercer fouvent aVec le canon. Les Appointés, Caporaux, Sergens & Bas-Officiers font exercés par les Adjudans, «Sc les Tambours par les Tambours-Majors des Ré ; gimens ou des Bataillons. J. 4. Chaque Recrue doit prêter ferment k fon Drapeau. II faut lui expliquer les articles de guerre, & lui donner tout ce qui lui revienr. On aura foin auffi de le mettre en chambréa avec des gens de bonne conduite, dont Texein* ple puifTe lui être utile. ? *  ( 228 ) II faut qu'il apprenne a s'habiller & a s'ajufH ter, a tenir fes pièces d'uniforme en ordre, a régïer fon petit ménage; il faut Taccouturrier a la fubordination la plus exacte, lui infpirer de Tambition & de 1'amour pour le fervice. TI ne faut ni brufquer, ni battre les Recrues, avant qu'elles ne foyent foncièrement inrtruites de tout cc qu'elles ont a obferver. H faut les exercer tous les jours, le rnatiri & Tapirs-midi; dansles premiers . temps on les met fous la direéUon de Bas-Officiers habiles, qui ont été approuvés pour Fexercice par rOfficier Commandant. On lie donne point d'armes aux Recrues , avant qu'ils ne fachent la pofition , les tours & la marche. Enfuite on leur fait faire Ie» mêmés chofes avec le fufil fur 1'épaulc; & enfin on leur montre le maniement & la charge. Lorfqu'elles font parvcnues au point d'avoir une Hfee claire de tout ce qui appartient a TExercic'e, elles doivent ctre commandées par les Officiers de la Compagnie, & après qu'elles ont fat» cette épreuwe pendant quelque temps, Ton choifit dc chaque Bataillon un bon Officier* qui entende parfaitefflem le fervice. Celui-ci  P 3 c a29 y raflèmble les Recrues de toutes les Compagnies, les inflruit de tout ce qu'elles ont a faire dacs le Bataillon, & leur fait faire 1'exercice a feu» Après ccla on les range encore pendant quelque temps dans les parades de Garde, & elles né mon tent la Garde qu'après que 1'OfficièP Commandant 1'aura ordonné.  C 23° ) SECTION SEPTIEM E. Du maintien de Fordre dans les quartiers d'hiver. Tout ce qui a rapport a 1'intérieur des quartiers doit être 'partagé en plufieurs départemens , qu'on répartit entre Jes Officiers de 1'Etat-Major & les Capitaines, afin que chacun réponde de ce qui lui elt confic. S. *• II faut faire une vifite exacte des granges, greniers & autres batimens publics & particuliers, & prendre note de tout ce que l'on trouve en munitions, rations & autres provifions.  < *3* 5 s. 3. Les Officiers feront fouvent la vifite des quartiers. Les foldats doivent fe comportcr honnótement avee leurs faótes, & ne rien exiger au dela de ce qui leur revient de bon droit. II ne faut faire a perfonne des reproches fur fa religion, ni lui en refufer le libre exereice. On foufiïira tout aufii peu que les habitans foyenc offenfés par des paroles injurieufes; les défordres de toute efpèce doivent être dénonccs pour qu'on y remedie. II faut avoir 1'ceil fur 1'habillement des foldats , les infiruire en détail des ordres qu'ils ont k fuivre, & leur faire la lecture des articles de guerre le premier de chaque mois. $• 4- L'on traitera féparémentdans le Chapitre XI. des foins qu'il faut prendre pour la confervation des Soldats, pour les malades, & les Hópitaux. , §■ 5- II n'eft permis ni aux Soldats, ni aux Valets, de fumer dans les rues qu dans I£"s écuries, ni de roder dans les cours ou dans les écuries avec une lumière découvene; en un mot il fauc P 4  pendre toutes les précautions pofüblcs contrei les dangers du feu. $: 6. Le bagage doit être placé dans un lieu fur sfc convenable, & l'on prendra Ie plus grand foin des munitions, de même que des chevaux d'Artillerie. 5- 7- Chacun doit fe contentcr de Ia portion de fourrage qui lui a été affignée. Si l'on en porte des plaintes fondées, il faut bonifier en argent comptant le dommage caufé.' $. 8. Les Communes ne doivent pas être furchargées, & on n'en exigera inutilement ni charrois fli chevaux d'ordohnance. II faut fupprimer aufli 1'abus des Eftaffettes, & n'en expédier que dans les cas de grande importance. $• 9.> L,'Officier Commandant doit fe ménager de jonnes ihtclljgcnccs & cemmuniquer les avis,  i 233 3 qui lui parviennent, tant au Général de Brh gade, qu'aux quartiers les plus proches, & même fuivant les circonftances au Général en Chef, Si le pofte de quartier eft trop chargé de ♦nonde, & que FOfficier Commandant fe'trouvc? hors d'état de fuffire a tout, il en fera incefiamment fon rapport. II faut examiner fcrupuleufement tous les exces qui fe commettent <5c les punir fans partialité. Le fervice dok fe faire avec exaclitude-, fans fatiguer, cependanc inutilement le foldat. On préviendra la déferrion par tous les moyens poffibles; §. 10. II faut fe procurer a temps les pièces d'unïforme & d'équipage néceffaircs, & entretenir' en bon état les armes & 1'équipage de Campagne. §■ n. Lorfqu'on fait chercher de la poudre pouf les Recrues, il faut y envoyer des chariots.  c m > CHAPITRE VIII, On entend par le mot de Pofte fortifiê tout lieu qui par fa fituation naturelle ou par des ouvrages de 1'Art devient d'un accès difïicile, ou même impofïïble. Tels font les montagnes, les redoutes, les retranchemens & les endroits qui font défendus par des rivières. Un Pofte eft auffi cenfé fortifiê lorfqu'il eft occupé par des Troupes , fans que fa pofition foit d'ailleurs avantageufe. Ainfi une plaine occupée par une Armee, peut être confidérée comme un pofte fortifiê, indépendamment des Appuis & des ouvrages de fortification qui fe trouvent dans 1'cnceinte des lignes. D'après De F attaque & de Ia défenfe des Pofies fortifiés.  K 235 > cés principes il n'eft pas nécefiaire de diltingue? ies cas des attaques. Les mèmes régies pöuyeöt s'appliquer a 1'attaqüe d'un petit & d'un grand retranchement, a celle d'un Corps de cinquance, ou de cinquante-mille hommes. Bien plus', ce qu'on nomme hatailh, n'eft que 1'attaque '& la défenfe d'un Pofte fortifiê; puifqu'en livrant bataille on agit ordinairement par un des motifs que je vais indiquer, favoir: 0.) de forcer 1'Ennemi a lever un fiège. fc.) de le chafier d'une Province dont il s'eft emparé. c.) de pénétrer plus avant dans le pays ennemi. cl.) D'entreprendre un fiège. ».) De tirer avantage d'une faute que 1'Ennemi a commife. ƒ.) De le forcer a demander la paix. En attendant la différence du local exige différentes difpofitions pour 1'attaque & la défenfe. La première règle & la plus eflentielle de tou-  res, c'eft de bien connoïtre fon terrain, les cdtés par oü il eft acceffible, fa fituation, les ouvrages qu'on y a élevés, la force de 1'Ennemi qui en eft poffefleur, & la manière dont fes poftes y font diftribués & garnis. Les Seftions fuiyantes déterminent plus en détail quelquej pas particulier*. SEC-  ( *37 3 SÈCTION PREMIÈRE. De VAttaque, & de ce que P Infanterie, V Artillerie & la Cavalerie ont a óbferver dans une aclion. A. De F Attaque. $. i. TT Tn Pofte de deux ou quatre Bataillons ne doit être conlidéré que comme une ra* doute, & doit être emporté d'aflaut. •' > iióit J. 2. II faut tacher d'éviter le feu croifé des hail* teurs qui appuye'nt les flancs.  C 23» ) S- 3. Lorfqu'on attaque un Pofte fortifiê fur un terrain montueux, il faut entamer d'abord les hauteurs dominantes, & ce premier obftacle une fois furmonté, on fe rend aifément maitre de tout le terrain; au lieu qu'en commencant 1'attaque par 1'endroit le plus foible & le moins clevé, on laiflè a 1'Ennemi la facilité de reprendre une nouvelle pofition avantageufe. S 4- II eft des cas oü il faut faire plufieurs attaques a la föis, afin de partager 1'attention de 1'Ennemi; mais alors il faut tourner la plus grande partie des forces vers le pofte auquel on attaché le plus d'importance. $• 5- II faut occuper toutes les hauteurs voifines . les garnir de canons & d'obufiers, & en concentrer les differens feux contre la hauteur qui doit être attaquec. S- & II faut former fes Troupes derrière des hauteurs, oü elles foyent a couvert du feu de 1'En-  ( *39 ) nemi, & d'oü elles puiflènt faire des forties pour ranimer 1'attaque. §. 7. Lorfqu'on attaque un pofte retranché dan» une plaine, il faut tacher de prendre le flanc de 1'Ennemi, quclque avantageufement appuyé qu'il foit,afin de mettre en füreté les flancs desBataillons attaquans. Lorfqu'on veut,par exemple, attaquer le flanc ennemi couvert par une rivière, il faut s'appuyer également fur cette même rivière. On fait avancer pour 1'attaque le nombre des Bataillons que les circonftances exigent. Suppofé qu'on en prenne fept, les trois premiers forment la première ligne, & les quatre autres la feconde. Celle-ci doit déborder les ailes de la première & en couvrir les flancs; 1'une & l'autre ligne auront toujours 1'aile gauche appuyée fur la rivière. La feconde ligne doit refter a cent ou deux-cents pas derrière la première, qui eft féparée a la même diftance de la première ligne de l'Armée. Les Bataillons de la ligne qui eft la première a 1'attaque, avancent en échelons par 1'aile gauche, tandis que la droite refte en entier hors de la portée du feu.  t -240 J $. 8. Dans toute attaque qui fe fait en plaine, ij Faut tacher de battre 1'Ennemi par la céléritc & Fhabileté des mancenvrês, puifque d'aillcurs on ne peut guères retirer de grands avantages de la frtuation du terrain. \ s. * L'attaque a-t-elle réuffi, il ne faut pas être trop ardent a pourfuivre 1'Ennemi, mais coinmencer par rallier les Troupes, qui pendant I'aetion pourroient avoir été mifes en désordre. II faut également porter fon attention fur celles qui n'ont point eu part a la mélée, & li le pofte dont on s'cft emparé eft d'importance, il feroit imprudent de le quitter avant qu'il n'ait été occupé par les Troupes qu'on attend pour fouticn. On peut: cependant faire pourfuivre FEnrie* mi par quelques détachemens pour 1'empêcher üe fe rallier. , Dans un terrain montueux & coupé, il faut pourfuivre 1'Ennemi avec la plus grande précaution, puifqu'il trouve toujours des lieux ui\ il peut fe pofter, & oü des troupes qui ion:  ( *4i ) én défbrdre ne peuvcnt lui faire sucnn mal; L'Ennemi paliè-t-il un défilé, il faut, autant que pofiiblc, le ferrer de prés; mais s'il a déjk débouché le défilé, il faut renoncer a le pourfuivre davantage. II n'en elt pas de mêmë dans une plaine, oü l'on ne court aucun rifque de pourfuivre 1'Ennemi tant qu'on veut. Cependant s'il fe jette dans un bois, il faut le faire reconnoitre,' & ne le paffer qu'après que les Troupes auront été' remifes en ordre, & qu'on fe fera aflctré fi 1'Ennemi a repris pofie ou non. §. 10. Si l'on a été battu, il faut faire fa retraite' en bon ordre, foit en échiquier, ou en bataillon quarré;- fi l'on a un défilé a dos, il faut prendre pofie dès qu'on aura regagné le large," rallier enfuite l'Armée, & relever le courage de ceux qui 1'ont perdu.  ( ) B. Ce que VInfanterie doit obferver dans une aclïon. §■ i. Le bagage, les chevaux de tratt & tout ce qui appartient au train de l'Armée, doit être raflemblé & refter en arrière ibus bonne garde dans un lieu fur. • i k Si les circonftances 1'exigcnt, il faut débarralfer les foldats de leurs havrefacs & de tout ce qui pourroit leur être a charge. 5- 3- II faut vifiter .les fufils, y faire mettre une charge fraiche & une pierre neuve, & pourvoir a tout ce qui manque. Chaque Soldat doit avoir 59 cartouches dans fa giberne & la óome dans le fsifil. S- 4- Lorfqu'on fait le dépioyemenr, il faut que. les divifions & les bataillons reftent ferrés les uns fur les autres. Mai, fi on marche en fi" £ne, il faut garder entre les Bataillons les diftan-  ces & les intervalles nécefïaircs; on arafieé Tambour battant & enfeignes déployées. §• 5- On remplace au befoin les Régimens de Iapremière ligne par ceux de la feconde. Cel!e-ci n'en refte pas moins a deux ou trois* cents pas de la première ligne , dont le Gênéral Commandant aura foin de couvrir les intervalles. §. 6. Pendant que les Troupes avancent, les Généraux de Brigade & les Commandans feronÉ attention que 'les Bataillons ne fe débandent point, mais confervent dans leur marche la proportion & la direftion qu'ils ont une fois prïfe. Si 1'Ennemi s'cll mis en retraite, il faut char* ger par Bataillons entiers. i ?. Les Officiers & Bas-Officiers ferre-files mai'fttiendront le fiience & la tranquillité dans les ran?s; ils auront foin que toujours la moitié ' des'pelotons porte le fufil fur 1'épaule, que les foldats faffient feu en bonne contenance, qa'ifc Q i  ( 244 ) foyent alignés en files & a trois de hauteur, S'il furvient quelque prefic ou défordre dans la marche, ils y remédieront d'abord. Mais fi un Bataillon vient a perdre le terrain, il faut le rompre par les ailes. Un Soldat qui par inadvertance tire fon ammunition en 1'air, ou la laiflè tomber a terre, doit refter dans les rangs, quand même il n'auroit plus de cartouches, & il ne lui eft pas permis de faire un pas en arrière. S'il s'avifoit de reculer, il faut fur le champ lui pafler 1'épée au travers du corps. Celui qui a 1'arrivée des chariots d'ammunition refufe de prendre fes cartouches, doit être noté pendant 1'aétion & arquebufé le lendemain. S- 8. Chaque Officier doit exhorter fon monde a fe déiendre courageufement & a être alerte a 1'appel. II faut promettre une gratification k ceux qui enléveront k 1'Ennemi un drapeau, an étendart, une timbale, ou un canon. §• 9m Au cas que l'Armée ennemie veuille tirer avantage des ouvertures d'un Bataillon qui s'eft  ( =45 > öébandé, il faut tout de fuite former des flancéménager alors fon feu. §. 10. Le Major fe tient derrière la première diviflon du Bataillon, & 1'Adjudant ou Aide-Major derrière la dernière divifion. C'efl a eux a remédier a toutes les fautes, & a avertir le Commandant de tous les accidens imprévus. Si le Colonel eft tué, le Lieutenant-Colonel doit prendre fa place; .celui-ci eft remplacé par le Major, & le Major par le plus ancien Capitaine, qui dans ce cas prend ie commandement & fait le fervice k cheval. Si dans une bataille les Officiers viennent a manquer, c'eft aux Bas-Officiers a commander les pelotons. II reftera cependant un Officier a chaque Divifion, & trois Officiers derrière le Bataillon. J. ii. II faut auprès de chaque Bataillon quelques Chirurgiens, qui fuivront a une certaine diftance, hors de la portée du feu. lis doivent être prompts a panfer les blefies , & après Faction, ils feront la vifite du champ de bataille. Ils s'informeront d'avance dqs places m»c« Q t  ( »4<5 ) quées aux Chirurgiens - Majors & autres Chjfurgiens. C. Ohfervmhns pour P Artillerie. | i. L'ArtiHewe & les Officiers qui Ia commandent doivent être partagés en brigades, dont Ja f«w fe tient a 1'aile droite, la 2de au Centre, & la 3e a 1'aile gauche. Dans une aclion oü il fera néceffaire de réu« sur les Brigades, elles doivent fe former felon la répartition qui en a été faite; mais fi rArtillcrie doit être traniportée ailleurs , ou paffer en partie de la feconde ligne a la première, il faut, pour éviter toute confuijoo, dpnngr des prdres particuliere. Si 1'Artillerie fait feu fur 1'Ennemi d'une hauteur, & qu'on en découvre une autre plus avantagcufement fituée, il faut y faire (O-i sporter les canons fucceffivemem, & ca-  C **7 ) tretenir toujours le feu de 1'ancienne batterie, jufqu'a ce que la nouvelle puiffe commencer ie fien. Enfuite on faifit un moment favorable pour y placer les pièces qui fonr reftées en arrière. $• 3- II faut tacher de canonner 1'Ennemi en flanc & de démonter fes batteries. Le fervice de rArtillerie ne doit jamais languir & le canon doit étre pointé avec juftefle. 5- 4- On place les gros Canons de 12. livres de balie dans la première ligne, les pièces légèrc-s de 12. dans la feconde ligne & aux flancs, & les obufiers aux ailes. Chaque Bataillon a deux pièces de campagne, qui reflent a cinquante pas des intervalles des Bataillons; elles tirent a cartouches a la diflance de trois ou quatre-cents pas. D. Obfervaüons pour la Cavalerie* | h Pendant 1'attaque la Cavalerie doit être expofée au feu le moins poflible; elle doit ce» Q 4  C 248 ) pendant fe tenir aflèz a portée pour qu'on puiffe 1'employer contre 1'Ennemi battu. On évitera égalemcnt de la placer k la vue des batteries de 1'Ennemi, ni dans des lieux ou nous érigeons les nötres, & qui par conféqncnt attirent Ie feu de 1'Ennemi. Tous ces poftes ne fauroient convenir a la Cavalerie, & elle y feroit facrifiée fans nécefiité. II faut donc lui trouver une place ou derrière des hauteurs, pu dans quelque autre lieu de füreté. Si la Cavalerie doit agir dans une plaine bordée par un bois ou une colline, il faut les faire occuper par 1'Infanterie, ou les garnir de canons, & tacher par un feu bien nourri de mettre le défordre dans la Cavalerie enncmie, & de 1'empêcher de pourfuivre 1» notre, fi c'eft elle qui eft culbutée. Si la pofition de notre Cavalerie eft parallèle * celle de 1'Ennemi, on peut la faire déployer; mais fi elle marche en front, il faut fe mettre cn ligne par pelotons ou par efcadrons Si en faifant le qaart de converfion. En général les mouvemens dont la Cavalerie peqt retirer les plus grand? avantages, £*éft de fe former promptcmcnt, de faifif k  ( 249 ) propos 1'inftant favorable, de faire 1'attaque ferrée (en mur), & de gagner le flanc & 1'Ennemi. S- 2. Si 1'Ennemi fe fait devancer par fa Cavalerie légere , on commence 1'attaque par les Houflards; ils font loutenus par les Dragons, & ceux-ci par les Cuirafliers. Mais fi c'eft la groflè Cavalerie qui fournit le premier choc, les Houflards en couvrent les flancs, & les Dragons fuivent par jntervalles de quatre ou cinq-cents pas. Un détachement de Houflards qui en vient aux mains a forces égales avec un détachement de groflè Cavalerie, doit éviter d'être pris en front, & pour cet effet il doit harafler 1'Ennemi par des Flanqueurs, chercher a lui gagner le flanc & empccher que le refte de la troupe ne fe débande. D'ailleurs il eft plus honorable pour le Houfiard de fe retirer a propos, que de s'engager témérairement dans une efcarmouc.he malheureufe. On gagne toujours a commencer 1'attaque le premier, & il y a presque un défavantage certain a 1'attendre. II ne faut pas fe mettre trop tót Q 5  C 250 ) au galop, afin de ne point fatiguer les chevaux avant le temps. Éloigné de 1'Ennemi a quelques centaines de pas , on courc a 1'attaque ventre 1 terre. La feconde ligne doit être attemive aux progrès de la première , s'en tenir éloignée a deux ou trois-cents pas & fe régler fur fes in tervalles. Lorfqu'un Efcadron de la première ligne eft repoufle ou pris en flanc, 1'Efcadron de la feconde ligne qui eft le plus a portée doit fans en attendre 1'ordre, fe porter en avant, pour attaquer FEnuemi, ou pour couvrir le flanc expofé. Si 1'Ennemi eft battu, il faut faire halte & fe rallier. Les Houflards foutcnus par les Dra-» gons pourfuivent les fuyards, & la groflè Cavalerie s'avance au pas ou tout au plus au trot, pour tacher de gagner plus de terrain. Dans les plaines il faut toujours placer des Corps de Cavalerie légere derrière les in tervalles de FInfanterie. Ils agiflènt féparément, volent aux endroits oü leur fecours eft ncceflaire , & pourfuivent 1'Enncmi ca fuite, pour 1'empêchcr dc fe rallicr. §• 3- Le Chef d'un Efcadron doit fe trouver a Ia tête de fa Troupe, lui infpirer du courage»  ( 251 ) exécuter avec célérité les ordres du Commandant; dans une attaque il doit être attentif a ne pas rompre la ligne, ni a perdre les interval]es; & comme les commandemens ne font pas toujours entendus, il doitrégler fes mouvemens fur ceux des premiers Efcadrons, Quand les Efcadrons qui font a fes cótés ■fuyent devant 1'Ennemi, il n'eft plus temps de penfer a la retraite,& ilne refte plus qu'atacher de renverfer 1'Ennemi. L'Officier y fera fon poflible; il ralliera fa troupe fi elle commence k plier , il tentera une nouvelle attaque, il eflayerade fe faire jour le fabre a la main, & fi malheureufement fes efforts font inutiles, ii fera fa retraite par un détour. Si 1'attaque réuflit, il rallic fa troupe pour charger la feconde ligne de 1'Ennemi, & après Favoir renverfée , il tombe fur les flancs de 1'Ennemi, & ne s'arrête que lorfqu'il 1'aura entièrement difperfé, en prenant garde cependant qu'il ne puifTe être coupé lui-même. S'il s'appercoit que TEnnemi cherche a lui gagner le flanc, il court au devant de lui avec fon Efcadron, ou bien il en détache une partie.  C n* ) $• 4- Les Flanqueurs doivent ménager leur che-r vaux, ne point tirer de loin, fe foutenir les uns les autres, & faire a 1'Ennemi le plus de mal qu'ils pourront. Les. Efcadrons doivent refter rafiemblés en bon ordre, & ne pas fe débander. II faut défendre Ie pillage, & tourner 1'attention des foldats uniquement fur 1'Ennemi. On les exhortera a faire bonne contenance, k ne point craindre 1'Ennemi , k fe défendre courageufement &a nericn ménager. Le Cavalier doit toujours refter maitre de fa monture,& ne point s'arréter s'il trouve des chevaux tués dans fon chemin. Les Officiers & Bas-Officiers ferrc files auront 1'ceil qu'il ne refte point de foldat en arrière; les Muficiens fe tiennent fur les flancs, & au rap* pel tout doit fe rallier. Les timballes font renvoyées derrière le Régiment avec une garde de quelques hommes. $• 5- La retraite la plus füre eft celle qui fe fait en echiquier; ceux qui font a la queue laifient derrière eux quelques pelotons a ladébandade?  ( 253 ) «ml efcarmouchent de la carabine & du piftoïcé avec les Flanqueurs de 1'Ennemi; cette précaution fervira a aflurer & a faciiiter la retraite. Suppofé que les ailes foient bien appuyées * que la plaine contienne vingt Efcadrons en front & que le Corps de la retraite foit compofé de dis Efcad rons de I Iouflards, dix de Dragons öc dix de Cuirafiiers, on fait dans ce cas occuper tout le terrain en avant par les Houflards. Chaque Efcadron fe pofte par intervalle, & détache de perites troupes a fept ou huit-cents pas pour efcarmoucher avec 1'Ennemi. Derrière les Houflards fe forment les Dragons, de facon que chaque Efcadron conferveun intervalle équivalent a la place qu'il occupe. Enfin derrière ceux-ci fe forment les dix Efcadrons de Cuirafiiers a la diftance de cinq oa fix-cents pas. Si les Houflards font repouffés par 1'Ennemi* ils fe retirent par les intervalles des Dragons & fe forment devant les Cuirafiiers. 1 .«♦qUO'13 al 919TO3D ffljitl f!5 Les Dragons s'avancent, & chaque Efcadron pouffe un peloton en avant, qui donne fur fEnnemi a coup de piftolct. Dès que les Houüards fe font remis, ils reparoiffent fur le devant, <&  ( 254 J ïcs pelotons des Dragons rejoignent leurs Efcadrons. Les Cuirafiiers au contraire n'avancent que dans les cas de la plus grande nécefiité, & ils font alors foutenus, ou par 1'Infanterie , ou par TArtillerie a cheval. Si les ailes manquent d'appui. les Dragons forment la première ligne, & les Cuirafiiers la feconde ; les Houffards fervent a protéger les flancs & a détacher quelques Troupes en avant. Quand F Infanterie a défilé, les Cuirafiiers fuivent, puis les Dragons & enfin les Houf* fards. Chaque Officier doit approcher fa Troupe du défilé le plus prés qu'il pourra; enfuite elle fait front, les derniers rangs font le demi-tour a droite , paflênt vite le défilé & fe re mettent derechef en front. Après quoi le premier rang des deux ailes fait a-droite & a-gauche, défilé deux a deux au grand galop , ck fe remet enluita cn ligne derrière fa troupe.  SECTION SECONDE. Surprife d'un Camp. I 1. II ne fuffit pas de connoitre ]e terrain, Ia pofition de 1'Ennemi, les chemins qui mènent a fon Camp ; il faut de plus que chaque Conducteur de Colonne foit bien inftruit, & que chaque Général de Colonne foit au fait des mefures qu'il doit prendre dans tous les cas qui fe' préfenteront. Les deffeins doivent être tenus cachés & fëi cretsau poffible, & il ftut prendre toutes les précautions imaginables contre Ia défertion. i i La marche doit fe faire tranquillement & fan% kruit, «5: il n'y fera point permis de fumér '£} ttbac.  'C 255 5 5- 4. On fait prendre les devants a quelques détachcmens de Houflards, afin de couper les patrouilles ennemies qui pourroient découvrir le mouvement. 5. 5- Si le Camp ennemi efi: dans une plaine; il faut former une Avant-Garde de Cavalerie, qui doit fe jetter bride abattue dans le Camp ennemi, «Sc avoir un foutien d'lnfanterie. II eh faut oppofer aufli aux ailes de la Cavalerie ennemie. §. 6. L'attaque de 1'Avant-Garde doit commèn'cer une demi-heure avant le point du jour, & le Corps de Bataille ne doit être éloigné que de huit-cents pas. Dès que l'attaque commence & que le jour paroit, 1'Infanterie doit fe former en différens Corps, & marcher droit au Camp pour foutenir 1'Avant-Garde.- §. 7. Il faut canonner les endroits qui ont été at }.'abri du ravage de 1'Avant - Garde , & principale-  "C *57 > palement les ailes de la Cavalerie, Cependaué ü ne faut pas tirer avant le jour, %f Si 1'Ennemi eft en défordre , la Cavalerie doit en profiter & le pourfuivre. S'il a abandonné fes armes, il faut laiffer un détachement pour faire la Garde au Camp «3c empêcher le pillage, $ 9> II faut aulfi pofter avantageufement fur fes derrières, un détachement d'lnfanterie & de Cavalerie avec du canon , pour couvrir la retraj» te, fuppofé qu'elle eut lieu. li  i 258 ) SECTION TROISIEME. Pafiage d'un défilé dont F Ennemi s'efi déjh emparè. II faut avant tout faire reconnoitre le terrain & la poiition de 1'Ennemi. i . £ 2-. - Pour cet effet il faut placer en tête les Grenadiers, les Bataillons francs ou Volontaires, foutenus par la Cavalerie légere. 5- 3. Les Officiers qui fe trouvent a la tête des premiers détachemens, doivent marcher dans le xneilleur ordre & fans s'arrêter. S'il fe trou-  ( S59 ) ve dans le défilé une églife ou une maifon oc« eupée par 1'Ennemi, il ne faut pas s'y arrêter long-temps, mais y laifier quelques troupes & poufier vivement l'attaque. g. 4- Les premiers détachemens doivent être fou» tenus par d'autres détachemens plus forts. i s. Quand on a repoufle 1'Ennemi hors du défilé, & qu'on le trouve rangé en ordre de bataille de l'autre cóté, il faut que les Troupes a mefure qu'elles débouchent, foyent placées de manière qu'elles puiffent fe couvrir & aflurer la marche de celles qui font encore en arrière. Celles-ci fe remettcnt également en ordre de bataille , dès qu'elles ont regagné le large. Ainfi pour faciliter le débouché aux bataillons qui doivent faire l'attaque, il faut, tant qu'on pourra , s'étendre des deux cötés de l'iflue, & occuper avantageufement les endroits d'oü l'on peut inquiéter & harceler 1'Ennemi, qui pour couvrir fes flancs fera obligé de dégarnir fon centre , & n'aura pas le temps de s'oppofer aux progrès de 1'Annéc qui fort du défilé. R ft  ( 2^0 ) SECTION QUATRIÈME. Paflage des r'wieres & Moyens de Femfêcher. A. Pa/Jage d'une rivière. $. i. Les entreprifes de ce genre n'admettent guères la force, «5c il faut presque toujours recourir a la rufe ; on aura donc foin de cacher 1'endroit choifi pour le paflage. i ». II faut choifir de préférence les lienx oü la rivière forme un coude, & oü le bord citérieur foit plus élevé que i'. utre. Les collines qui s'y trouvent, doivent être garnies de canon pour chaflèp  1'Ennemi du rivage oppofé, & pour couvrir les flancs des Troupes qui paflènt le pont. $• 3- On établit le pont a 1'angle rentrant de la rivière , ou prés d'un gué, qui puiflè faciliter le pasfage de la Cavalerie & du Bagage. §. 4- Les ponts de dix ou douze pieds font faits de troncs d'arbres & de fascines, de madriers ou de groflès poutres, que l'on prcnd des maifons voifines ; quelquefois on les fait de charrettes enfoncées dans 1'eau & recourertes de planches. $. 5. II faut qu'il y ait prés du pont ou du gué une place vuide, & il faut examiner fi les bords du fleuve font d'un terrain marécageux, fablonneux , ou expofé a des inondations fubites. $• 6. II faut faire reconnoitre les routes qui conduifcnt a cesfortes de pafiages; que ce ne fojent pas R 3 \  des chemins creux, ou trop étroits, qui retardene la marche des troupes & des charrois, «Sc embar» raflènt 1'entrée du pont. S- 7> Les pontons, les bateaux & tout le refte de Fattirail doit être rendu k 1'heure marquée au lieu indiqué. Chaque Pontonnier , & de réfiftance; on les lie encore par des tra„ verfes clouées avec des chevüles de bois. On „ fait régner a 1'entour un rebord de fix pouces „ de hauteur, & on rcmplit de poix toutes les „ jointures, pour empêcher 1'eau d'y pénétrer. Du » cóté qui regarde 1'Ennemi on pofe des facs i tt laine ou des paillaflöns, & l'on approche ces „ radeaux du rivage, a 1'aide de rouages ou de CordeS.  ( 265 ) B. Moyens d'empêcher le fajjage d'une rivière, Lorfque le front que préfente la rivière eft d'une grande étendue, il eft diiliciie d'en empêcher le paftage; mais la difficulté eft bien plus grande encore, quand la rivière eft étroite, & que le bord oppofé domine celui oü fon fe trouve. Si le front par oü l'on peut paffer, eft de huit milles d'Allemagne, & que dans cette diftance il n'y ait que deux forts, on peut faire les difpofitions fuivantes. On commence par faire enlever tous les vaiflèSüx & bateaux qui fe trouvent fur la rivière. §• 2. On fait reconnoitre 1'un & l'autre bord du fleuve, on démolit les lieux qui peuvent couvrir le paflage, & on comhle les gués en y faifant jetter des arbres pour les rendre impraticables. $ 3- On obferve les endroits qui peuvent favorifer Ie paffige de 1'Ennemi & l'on forme de ces cö. (és un projet d'atiaque. R 5  ( 266 ) t 4- On fait ouvrir le long du rivage de grands chemins, afin quon puifie approcher fans obflacle en Colonnes. §• 5- L'Armée campe au centre de ces lignes, afin que d'une extrémité a l'autre elle n'ait que quatre milks de marche a faire. §. 6. On forme aufii feize petits détachemens, fous Ia dire&ion des Officiers les plus vigilans de la Cavalerie légère. Deux Généraux les comman. dent par moitié, & les partagent des deux cötés» huit a la droite & autant a la gauche. De jour ces détachemens montent la Grand' Garde, afin de découvrir tout ce qui fe pafle; de nuit ils font la patrouille le long des bords de la rivière, a la diftance d'un quart de lieue, & ils ne fe retirent que dans le cas oü ils foyent afiürés que 1'Ennemi jette un pont, & que la tête de la Colonne a déja entainé le palfage. On peut aufll foutenir ces détachemens parquelque Infanterie & de 1'Artillerie a cheval; mais il  feu: afiurer d'avance a celles-ci une retraite füre dans les forts ou vers 1'Armée. S- 7- Les deux Généraux & les autres Officiers-Commandans des détachemens doivent faire leur rapport quatre fois par jour. II faut qu'il y ait des relais fur la route entre leur pofte & l'Armée, afin que les rapports fe fafiènt avec plus de célérité; de nuit on allume des fanaux de diftance en diftance pour fervir d'avertiflèment. $• 3. Lorfque le befoin 1'exige, le Général en chef doit s'avancer avec fon Corps, & comme il a fait fes difpofitions d'avance, il en confie l'exécution aux Généraux qui commandent fous lui; en attendant il s'avance lui-même en hate a la eête del'Infanterie, & il attaque 1'Ennemi, qu'il doit fuppofer retranché.  C ) SECTION CINQUIEME. II faut conncnre Ia confliuclion de la redoute, favoir fi elle eft; munie de palifiades ou de fraifes; fi les fofies font entourés d'une galerie de bois & de quelle hauteur elle eft; fi le rempart eft revêiu de ftscines ou de gafon, & fi la redoute eft garnie d'abatis ou de trous caches. De F attaque & de la défenfe a'une Redoute fermée. A. Le f Attaque. %. i. II faut que Ie détachement foit du triple plus furt que la garnilón. S. 9.  5- 3- Le détachement doit fe rendre de nuit au lieu indiqué, & fe tenir prêt a commencer l'attaque a la petite pointe du jour. $• 4- Le détachement de Cavalerie qui marche a la tête, doit arrêter tout ce qu'il rencontre. II prend fes mefures de manière que 1'Ennemi ne s'appercoive pas de fa marche, & arrivé a quinze-cents pas de la redoute qu'on vcut attaquer, il fait halte, fe forme derrière un terrain qui le cache a 1'Ennemi, & 1'Infanteiie fe met en ligne derrière la Cavalerie. 5- 5. La Redoute ayant été reconnue d'avance, il faut au moins en attaquer deux flancs a la fois. S'il fe trouve auprès de ce pofte, des chemins creux, des vallons, des buiflbns, des bofquets, il faut les choifir de préférence, afin que le détachement puiffè s'approther de 1'Ennemi lans en €tre vu. s. Lorfque tout eft prêt pour l'attaque, il faut fommer 1'Ennemi de fe rendre, mais fous la  ( 170) feule condition, que la garnifon fera faice prifonnière de guerre. §• 7- L'attaque doit fe faire fur deux lignes, & quand elles fe font avancées jusques a huit-cents pas de la redoute, on place les canons fur les ailes & au centre, & on les démonte de 1'avant- train. S. 8. Alors les Bataillons fe portent vors Ia redoute en droite ligne, & dès qu'ils font a Ia portée de 1'Ennemi, on fait jouer le canon, de facon que les boulets portent derrière le parapet en enfilade. Le premier coup de canon eft le fignal de l'attaque. L'Artillerie fe tient h peu de diftance devant le front, & continue fa canonnade avec toute la vivacité pofiible. Mais dès que les Bataillons font approchés de la redoute, on transporte le canon de cóté fous une petite efcorte. §• 9- Dès que les Bataillons font arrivés aux foftes de la redoute, ils s'y jettent d'abord & 1'enveloppent.  f 271) La feconda ligne (ou la Referve compofée de quelques divifions ) s'arrête fur les bords du fbsfé, y forme des embrafures, & fait un feu vif & continu jufqu'a ce que les Bataillons defcendus dans le fofie ayent achevé d'abattre les palifiades, & tout ce qui leur fait obftacle; ils feront accompagnés pour cet effet d'un certain nombre de Charpentiers de l'Armée. Si cependant la redoute eft bordée d'une Galerie ou de poutres, les abatis deviennent impoflïbles, & ilfaut employer alors de petites échelles, qu'on fait fuivre h une courte diftance derrière les Bataillons. Si l'on en manque, on prend des fascines, dont on comble le pied de la galerie , pour atteindre le rempart. Dès que la Referve .s:appercoit que les Bataillons qui font dans le fofïë commencent a efcalader le rempart, elle fe jette auflitöt elle - même dans le fofie pour les foutenir; cette attaque doit être exécutée avec beaucoup de vivacité. $• 10. La Cavalerie fe tient a 1'écart: elle peut en tout cas mettre pied a terre & prendre part a l'attaque.  ( *7* ) B' De la défenfe d'une Redoute* Les moycns de défenfe que nous allons pro» pofer dans cette Section, fuppofent une redoute conftruite fuivant les principes indiqués dans 1'Ouvrage déja cité de Mr. de Qaudi. §• U On profite habilemcnt de tous les obftacles que fournit la fituation du terrain, pour rendre 1'approche de la redoute difficile. Nous avons déja parlé en détail dans la feconde Se&ion du y. Chapjtre, de ce qu'il faut faire pour difputer le palfage d'un défilé, & des obltacles qu'il y faut apporter. S- * L'Ofilcier Commandant doit fe pourvoir des munitions & des vivres néceffaires, & fe procurer de bonnes informations. II fait venir de chaque lieu voifin une ou deux perfonnes de con--' fidération, qu'il retient en ötage, & qui demeurent refponfables de 1'exaétitude & de la ponctualité des nouvelles que les habitans fonc obligés de retirer de 1'Ennemi. On fait enlever toutes les echelles des villages, & pendant; la nuit on entrctient des feux allumés a cin- quan*  C s73*> quante pas' du fofie, afin de prévenir les Mi prifes. f A & 3- S'il eft poflible il faut faire creufer un pnits dans la Redoute, ou bien y faire apporter dans des tonnsaux la provifibn d'eau dont on a befoino i 4. Ufèr de toutes les précautions poffibles relatie dement aü pont levis, que l'on fait rompre dé nuit, $• 5- ■ De jour ón, ne fait monter qu'une foibie gaf* de, mais on la doublé pendant la nuit. Aux quatre angles de la Redoute, au centre de chaque face, devant la barrière, & aux environs du pont, 1'oq met de doublés poftes; il n'en hm qu'un devant les armes. $• 6. . De nuit 1'Officier qui eft dans la Traverfe oudans' Ia Bonnette, fait faire continuellement la patrouille par des Bas-Officiers oupar des Soldats deconfiance : ils vont reconnoitre jusqu'a quelques eentaines de pas dans la Campagne, mais toujours dans' S  le plus grand filence. Si par hafard ils appercoïvent rEnncmi,il ne leur eft pas permis de faire feu, mais ils doivent fe retirer fans bruit, & donner rdlarme dans la redoute. 5- 7. A la moinlre allarme, la Garnifon fe pofte derrière le parapet, felon les ordres qui lui ont été dillribués d'avance; elle y attend 1'Ennemi de pied ferme & ne fait feu que lorfque 1'Officier le trouve a propo?. La Relèrve, qui eft compofée de la fixième partie de la Garnifon, refte au centre , ferrée & préte acharger, afin qu'au befoin elle puifTe être détachée par tout oü fa préfence fera néceffaire. §. 8. Si Ton veut conferver le pofte jusqu'a 1'arrivée du fecours, chaque moment gagné devient précieux. S'il fe préfente un Tambour ou un Trompette pour fommer la Garnifon de fe rendre, on ne lui permet d'approchèr qua deux ou trois-cents pas, & on tache de Tarrêter aufli longtemps que poflible. Mais s'il n'y a pas de fecours a espérer, & que les circonftances au la fupériorité de TEnnemi exigent que Tori'capicule, il ne faut cepen-  ( »75 J «lant s'y réfóudre que fous la conditiën eSpreflB d'une libre fortie. 5- S>> S'il y a de la Cavalerie légere dans la garnifon* il faut la faire patrouilier fans cefle a un mille k Ia ronde, & dès qu'elle découvre 1'Ennemi > • ellei doit en informer la redoute, & détacher en même temps quelques hommes par différens chemins pouf avertir le Secours ou l'Armée^ 3 %  SECTION SIXIEME. De F attaque forcée & de Ia défenfe d'un Retrancbement. A. De F Attaque. é i. . . ^~"\uelques jours avant l'attaque on eftaye dif= \^/ férens mouvemens pour fatiguer 1'Ennemi, lui donner le change , & 1'éloigner des poftes qu'on fe propofê de renverfer. On tache de prévenir 1'Ennemi avant qu'il ait entièrement aehevé fes ouvrages; Ja veritable attaque doit fe faire avant le point du jour, afin qu'on ne puifle la diftinguer de celles qui font fimulées. S- 2. Nous avons indiqué au Chapitre huitième,'Secrion première g. 7. de quelle manière il faut attaquer un retrancheraent.  I *77 ) 5- 3. Les Troupes cornmandées pour l'attaque doivent fe formeren échiquier avec des intervallcs; ïa Cavalerie refte a quatre-cents pas derrière la feconde ligne de 1'Infanterie, ou bien on la répand par détachemens, qui fucceliivement font appuyés.par des Corps plus confidérables, c\par l'Armée même. L'Infanterie ne doit pas tirer, maïs Ie feu de 1'Artillerie n'en fera que plus vjf. 5- 4- On commande pour chaque attaque un cenain nombre de Travailleurs munis de pêles, de crocs & de fafcines, pour combler les foffés & pour ouvrir le' paflage a la Cavalerie ; ils marchent a la queue de la feconde ligne. 5- 5- Dès que l'on a forcé les retranchemens, Vin? fanterie fe met en bataille, appuye une de fes ailes au retranchement & fait feu fur 1'Ennemi. La Cavalerie perce alors par les ouvertures , fe forme, & fait l'attaque. Si elle eft renverfée, elle fe rallie fous le feu de 1'lnftmterie. S 3  < *78 ) §. 6. II faut ménager du terrain pour les Troupes qui arrivent fucceflivement, afin qu'ils puiffent fe former en bon ordre derrière celles qui les devancent. 5- 7- Si les premières troupes trouvent d'abord Ie moyen de fe retrancher, on efl: für d'épargner par la beaucoup de monde. B. De la défenfe d'un Retranchement. S- h II faut bien choifir fon terrain , & mettre a profit les marais, les rivières, les inondations, les abatis. On rétrécit par la le rctrancbement, & on force 1'Ennemi a former fon attaque fur *an front peu étendu. $. 2. Pour faire un Retranchement il faut ob« fervcr: a) Que les angles ne foyent ni trop aigus ni trop obtus,  ( »79 ) £.) Que chaque ligne puifle ótre rafée par \t feu d'une autre ligne. f. ) Qu'on puiflè découvrir le pied des hau¬ teurs , depuis le retranchement. . On place ces Batteries fur des éminences qui commandent tout le mur de Ia ville depuis le haut jufqu'en bas. II faut toujours commencer par ruiner le pied du mur, avant que de le battre en brêche & de monter ï 1'aflaut. Le caliMe du canon doit être de is. jufqu'a 24. livres de balie. Les batteries doivent être achevées pendant la nuit & commencer a jouer dès.le point du jour. . 5-4. L'Infanterie doit être poftée hors de Ia portée du feu de la moufquererie ennemie, Si de  ( 116 ) manière qu'élle puifTe foutenir les Batteries Sc le détachement qui les couvre. ' Si 1'Ennemi ne bat la chamade dans la jourmée, il faut fe prcparer a 1'affaut pour la nuit fuivante; on s'aiTLire des endroits oü fe fera 1'efcalade, & on raffemble les«échelles dont on a befoin. • i 6. Chaque attaque doit être afTez vive pour qu'on puiffe s'en promcttre un plein fucccs. Parmi les troupes qu'on y envoye, il doit fe trouver deux hommes qui connoiflènt 1'intérieur de Ia ville & qui pourront y fervir de guides. Si l'on s'attend a une forte réfiflance, il faut remettre 1'affaut a la petite pointe du jour; Sc comme il feroit diflicile d'approcher des murailles fans être découvert, il faut qu'une heure avant l'attaque, les Troupes commandées pour 1'aflaut s'affemblent a la droite & a la gauche des Batteries, qu'elles marchent vers Ia ville, qu'a cent-cinquante ou deux-cents pas de la brêche elles fe forment, & fe couchent ventre  l terre, en obfervant le plus profond filence & fans fumer de tabac. Dès qu'elles font arrivées au lieu indiqué, on détache en avant un Officier, deux Bas-Officiers & trente hommes de chaque aile & du centre. Chacun de ces Officiers détache de nouveau tin Bas - Officier & fix hommes, qui s'avancent encore a une vingtaine de pas, pour prendre garde que 1'Ennemi ne tombe a 1'improvifte fur le détachement; au moindre foupcon ils doivent fe re tirer. Les poftes détachés ont deux doublés fentinelles, qui fe tiennent a genoux, la crofte du fufil pofée a terre devant eux. Dès que le fignal de 1'affaut eft donné, il faut commencer vivement l'attaque. Le détachement doit fe former en face de la brêche, & la déborder. Derrière ces divifions ou Bataillons, fe forme une feconde divifion ou un fecond Bataillon, qui foutient les premiers,- cette referve fait feu fur les endroits du mur que TEnnemi  t i23 ) dófend encore, «Sc ce feu doit coritinuer jufquir ce que la. brêche foit forcée. 1, 'AuiTuót qü'elle eft émportéè, il faut y prendre pofte, le corps de referve y monte également, & les Troupes réunies pénètrent dans la ville, font main bafte fur tout ce qui fe préfen* te, s'emparent du corps de garde, & fe raflemblent fur le m'arché ou telle autre grande place de la ville,- après quoi on fait occuper les rue*? '& on y plante le canon. *iui' sftivQiqmi'I sdÉroi -ju iaisav.3." siip -sbïjjg -hrrcl selcuob xuob jnc :'• • ' "  SECTION HUITIEME. Des mefures a prendre dans une place oh Pon craïnt d9êire bloqué ou attaqué. §. r. 11 faut fe confulter avec les Officiers de 1'AfJL tillerie fur les outils & provifions néceflaires de fer, de bois, & de cordages. On donne aux Ingénieurs le nombre d'ouvriers dont ils auront befoin, % »• S'il y a des fauxbourgs qui embarraffient, il 'faut avertir les habitans d'en retirer leurs meu* bles & leurs matériaux. T  $• 3- Les faules & autres arbres du voifïnage qui font propres a faire des fafcines, doivent être abatus & tranfportés dans la ville, pour en priver l'Ennemi„ S. 4- On fait entrer dans la ville tous les Artifans dont on a befom dans une place afliégée. * 5- II faut rranfporter en ville les briques & les tuiles qui fe trouvent hors de 1'enceinte des poftes. On fait aulfi a temps des provifions de poutres, de folives, de planches & de chaux. t 6- S'il y a un pont, il faut Ie rompre; s'il y a an doublé mur avec une faufte-braye, & que la garnifon ne loit pas forte, il faut 1'abandonner, chercher fa défenfe derrière le mur principal & fraifer de pieux la faulfe-braye. Si le mur a dix huit pieds de hauteur, on peut y pratiquer deux étages d'embrafures, 1'une  aü deflus de l'autre; c'eft a dire, on éléve i deux ou trois pieds au dcfltis des créneaux d'eri bas, un échaffaudage folide de huit pieds de large avec une baluftrade. S'il n'y a point d'ouvrages en faillie & que le mur ne puifTe être vd de terre, on y dreflè des échaflauts de poutres & de planches, & on y place io a 15 hommes pour faire feu fur les flancs de 1'Ennemi. Les autres moyetts de défenfe ont déja été indiqués, Chap: V. Seótion a. Chapitre VII. Seétion 3. ék Chap: VUL Seétion 5. 5- 7- Ori cönferve la poudre fous les remparts dans des caveaux qui font a Tépreuve de labombe.- $. 8. Les Fermiefs doivent apporter eh ville leurs provifions de grains, & acquitter par avance les fermes qui font prettes a écheoir. La Province doit fournir des lits pour léf troupes, & afin que TEnnemi manque de eharrois,on retire des villages les chariots, les chevaux&• lesbeftiaux, mais c'eft aux Communes a ftf* T *  ïnir les foigner en ville, puifque cet embarral ne fturoit refter a la charge de la Garnifon. S- 9< On fe fait délivrer par le Magiftrat une note exacte de chaque familie, & des vivres qui leur reftent. On avertit en même temps les habitans d'économifer leurs provifions. II faut diftribuer les bourgeois en Compagnies, afin qu'au befoin ils puifient concourir a la défenfe ,• mais en pays ennemi il faut défarmer les habitans. II faut s'affurer de tous les lieux voütés qui font a fépreuve du feu, & y mettre en dépot les chartres & documens, le Greffe & les Régir tres des caif es du Souverain. De nuit il faut établir un guet dans la ville, & y allumer des lanternes. On fait provifion de chauffage pour les corps de gardes, & Ton défcnd aux Bourgeois fous les peines les plus févères d'acheter du foldat ni bois de chauffage ni de charpente. On recommande a tous les Artifans qui tra^aiUent a ia ciundclle ou au feu, d'ufer da  C *93 ) toutes les précautions poffibles. Les cheminées tant des édifices publics que chez les particuliers , doivent étre bien entretenues & ncttoyées a temps; les cuves d'eau doivent órre toujours remplies, & il en faut une devant chaque maifon. Dans le temps des glacés les brafferies doivent toujours avoir une provifion d'eau tiède pour le fervice des pompes a feu. II faut pour 1'attirail complet des uftenfiles dont on fe fert dans les incendies, de grandes pompes a feu,des feringues de bois portatives x trois tuyeaux, de petites feringues de maih dans chaque maifon, des crocs a feu & des fourgons, des échelles a feu, des cuves & des feaux de cuir. Tous ces outils doivent être fur les lieux, & chaque Propriétaire eft obligé de les tenir prêtes au befoin. II faut commander tous les jours une garde de Bourgeois pour les incendies, qui doit fe rendre au feu a la première allarme. Le fumier ne doit pas être tranfporté hors «le la ville, mais charrié dans les ouvrages ex»  ( *94 ) tórieurs, oü il pourra fervir utilemcnt en cas. d'incendje. Si les circonftances 1'exigent, il faut dépaTer les rucs, & méttre les pierrcs de cóté en rnonceaux. Si les moulins ordinaircs font bralés, on fe fert de ceux qu'on fait tourner par des chevaux. Chaque Boulanger doit avoir en referve pour les cas de difettc quelques muids de farine de feigle. Les Bouchers doivent être pourvus de boeufs, de cochons & de moutons, afin que les maladcs ne manquent pas de viande fraiche; il faut auffi qu'ils ayent une bpnne provilion de fourrage pour leur bétail. II faut défendre 1'exportation du mare de braiTerie. Les Marchands épiciers doivent fe fournir de1 toutes fortes d'épiccries; les Fabriquans^ ies Selliers, les Drapiers, de draps, de frifes, de toiles, de erin & de poil de vachc.  C 295 > Tous les Artifans en général doivent être fuffifamment pourvus des productions qu'il» fonc dans le cas de livrer en temps de guerre. On doit être für de trouver chez les Ferronniers & les Forgerons, du fer & de la houille; chez les Mégiffiers & Cordomiiers, des peaux & du cuir; chez les Menuifiers & les Cnarrons, du bois a batir bien fee; chez les Serruriers, les Cloutiers & les Armuriers, toutes les efpèces d'outiis & d'ouvrages de fer dont on fe fert a la guerre; chez les Cordiers, du chanvre, du goudron & de la poix; chez les Ciergiers, des flambeaux goudronnés; chez les Chandeliers, dn fuif & des chaiidelles; chez les Potiers, de la terre gralfe & du bois de chaulFage. Les marchands de denrées doivent faire provifion de gruau, de millet, de pois, de farrafin & de beurre. II faut aufii que la poilfonnerie foit bien fournie. Les Charpentiers & les Macons doivent tenir tous leurs outils en bon état & avoir toujoura des matériaux. On fera faire d'avance des charrettes, des pi» ques & des pelles de fer. T 4  C 205 ) Spécification des objecs dont h provifion eft furtout néceflaire: Tabac, ris, Ientilles, fèves, pois, gruau, millet, farrafin mondé, froment & houblon pour les brafferies, froment en farine, orge , eau de vie, morue fèche , harangs, huile, vinaigre, vin, beurre, fel foffile & raffiné, eeufs. En outre du fuif, des chandelles, de la poix, dugoudron, du chanvre, dulin, de la chaux, des briques, des tuiles, des poutres de toute grandeur, des folives, des chevrons, des planches & du fer. En vlande & en bétail; du boeuf falé & fumc, de la graiffe de boeuf, des langues de boeuf, du lard furaé, des fauciffes, des moutans fumés, des tourteaux de graiilè de rognon de boeuf. Les meillcures pièces du boeuf font! mifes en faumure, & l'on fait fuiner le refte. L'on fait fondre une bonne quantité de graiffe de mouton & de boeuf, de même que du feindoux, & l'on conferve a part les flèches de lard des cochons gras. U faut préferyer la viandc de Ja corruption.  Voyez dans la Seftion 5e du Chapitre VIL les autres ordres qu'on peut donner aux Magistrats & Régences. 5- 10. II faut recommander auMédecia Ordinaire de la ville de vifiter les Apoticaireries , & de choifir les médicamens pour le fervice des Höpicaux. Les Chirurgiens & les Baigneurs font obligés d'avoir des garcons, quelque mouvement de k part de 1'Ennemi, 'é Pécrit fur un billet,qu'il enveloppe dans un linge & qu'il lailfe tomber diz haut de la tour, pour être remis a 1'OfBcier Commandant. Si dans la fuite il fait de nouvelles découvcrtes, il arbore fon enfeigne au haut de la tour, du cóté ou il voit marcher le corps ennemi. II faut choifir les places d'allarme felon Ia répartition des Troupes. Lorsque 1'Ennemi a déclaré fon attaque , on dégarnit les pofies oü il n'y a rien a craindre, pour renforcer ceux qui font expofés. Par cette raifon il faut que chaque pofte laiffe un homree d'ordonnance auprès de 1'Officier Commandant. II faut mettre des fentinelles tout autour de la ville, mème aux lieux les plus inaccefïïbles. On renforce le corps de garde en cas d'attaque; il forme enfuite la referve, occupe les édifices fortitiés pour Ja retraite, & détache despatrouilles dans tous les quartiers de la ville, pour faire rentrer les Bourgeois qui pourroientfe montrcr dans la rue. Dans les endroits oü le mur de Ia ville eft Ie plus foible, on élève lur le pavé derrière le mur une batterie de terre, dont la grandeur fera pro-  C *99 ) portionnée au nombre de canons qu'on veut y placer. Cette élevation de terre doit être de cinq pieds, & * trois pieds au deffus on pratique une embrafure, qui toujours doit être a huin pieds au de flus de 1'horifon, & faite de manière que 1'Ennemi ne puiflè y introduire d'armes par dehors. En dedans, cette embrafure n'a qu'un pied de largeur, mais on lui en donne trois en dehors fur autant de hauteur, & en outre un talus d'un pied, afin que le canon puifie être pointé un peu plus bas ; le creneau n'aura que la largeur néceflaire pour y faire pafler la bouche du canon. Si le péril efl: grand, il faut raflembler derrière la brêche tous les Soldats dont on peut fe pafler aux autres Pofies, & l'on en forme deux pelotons. L'aile droite du premier s'appuye au mur de la ville a 1'extrémité de la brêche, & la gauche aux maifons de la ville. L'aile gauche du fecond peloton, s'appuye au mur prés de la brêche , & la droite aux maifons. De cette facon les deux pelotons forment une haye, & font un feu croifé dans la brêche. Toutes les maifons voifines de 'la brêche, ou qui y ont vue , doivent être occupées par des fol-  C 3°o ) flats qui font feu fur PEnnemi lorsqu'IÏ monte » l'affimt. Lorsqu'il n'y a plus d'efpoir de défendre plus long-temps la brêche, tous les poftes qui n'onc point été attaqués rejoignent le dernier pofte de repli, & a la fin ceux qui ont défendu la brêche s'y retirent aulli en combattant. Le refte de ce qui fe rapporte encore k cette matière, a été traité avec plus d'étendue au Chapitre Vil. Seétion 3e.  < 3°* ) CHAPITRE. IX, Des Slèges. SECTION PREMIÈRE. Ce qif'iïfautobferveravantPouver ture des Trancbées. 5- «. Un Général qui veut emrcprendre cn fiège , doit connoitre la fituation de la place qu'il Ié propofe i'attaquer, fes ibrrincations, la force & les dilpoiiaons de la Garnifon. 11 doit  c 3°2 y favoir fi le Gouverneur eft afiez habile pour défendre la place; fi les habkanslui fontafleftionnés; fi fes provifions de munkions & de vivres le mettent en état de faire une longueréfiftance; qucl eft le nombre des habkans & des Communes des Villages; fi le Gouverneur s'eft attendu d'avance au fiège; s'il attend du fecours, & de quel cóté il doit lui venir. 5- =• Le General affiégeant doit être pourvu luïmême d'un nombre fuffifant de troupes , d'une bonne Artillerie, de munitions & de tout 1'attirail nécefiaire: illui faut des Ingénieurs habiles & des plans exacls. Avant que d'avancer le Corps d'Armée pour former Ie fiège, il approche fa Cavalerie de la place le plus prés que pofiible, mais hors de Ia portée du canon; il coupe par la aux Afiiégés la communicationavec les villagea voifins.^ S- 3- II doit aflèoir fon Camp dans Un lieu oü il fok h couvert du feu & des efforts de la Garnifon, ainfi que des fecours que 1'Ennemi pourrok recevoir du dehors. II ne doit pas moins s'aftürer de la communication des Convois, occuper tou-  'C 3°3 > tes les avenues de la place, & diftribuer fës Troupes de manière qu'elles puiflènt agir fans contrainte & avec eflet. S- 4- Tous les Généraux <& Ingénieurs doivent reconnoitre la place & en lever de nouveau plans. Comme le fuccés d'un fiège dépend uni~ quement de la jufteflê des idéés des Ingénieurs , il eft de la dernière importance qu'ils étudienï le local , & furtout le terrain oü l'on tirera des parallèles. 11 faut aufli qu'ils établiflènt trèsdiftincTement leurs pointsde vue & d'alignement, afin qu'ils fachent les retrouver de nuit k 1'ouverturc des approches. s- 5. Après qu'on a levé le nouveau plan de Ia place, 1'ingenieur en chef doit former plufieurs plans d'attaque ; celui qui a été approuvé parïe Général Commandant doit être fuivi pendant tout le fiège: on en fait trois copies, dont te Général Commandant & 1'Ingénieur en chef gardent chacun un exemplaire; le troifième pafte avec le livre des bulletins entre les mainsduGé-" &éral qui eft de jour a la tranchée.  'C 3^4 ) $. 6. La place & fes environs ayant été reconnus, on tracé le Camp, & on marqué les Poftes. On indique a chaque Général le Quartier qu'il doit occuper, on défigne le Quartier-Général, le Dépot, 1'Epaulement pour la Cavalerie, le Pare d'Artillerie, & Penceinte du Commiflariat. ' $• 7. bi .' II faut que la ligne de circonvallation renferme toutes les avenues qui peuvent conduire a la place; mais il ne faut pas lui donner trop d'étendue, pour que la défenfe n'en devienne pas trop difficile- Le devant de la ligne ne doit point être commandé par des hauteurs: il eft effentiel qu'elle foit formée de Redens qui fe flanquent réciproquement; les lignes de défenfe ne feront éloignées les unes des autres qua la diltance de deux-cents-cinquante pieds, puisqu'elles ne fauroient être défendues que par Je feu de la mousqueterie. Si la place eft fituée fur un fleuve ou une rivière qui interrompt la ligne de circonvallation , il faut y jetter des ponts & les couvrir par de bons retranchemens.  C 3°5 > $. 8. Si la Garnifon de la place eft afiez force pouf fe faire redouter par fes lorries, il faut afiurer le Camp par une ligne de contrevallation, & dans ce cas c'eft par Ik que les aftiégeans commencenc leur travail. Des qu'il eft achevé, on tracé la ligne de circonvallation, & 1'Année carape entre ces deux lignes. L'intervalle entre le Camp & les lignes doit être de cinquante a foixante verges de largeur. Si la place n'eft pas de grande importance, fi elle eft hors d'état de faire une longue rcfiftance, & que d'aiileurs il n'y air rien k craindre du dehors, on peut fe dilpenfer de former des lignes de circonvallation. & de contrevallation. s- 9. Le Chef de 1'Artillcrie & celui des Ingénieurs choifiront de concert un lieu commode & fur pour le dépot. Cet emplacement doit être hors de la portée ' du canon de la place, & couvert par une maifon ou un rempart particulier qu'on élève derrière la tranchée. II faut mettre la poudre daag V  un lieu fee & la diftribuer dans différens maga«! fins, pour qu'en cas d'accident on ne foit pas expofé a perdre coute fa provifion. Les fentinelles qui font la garde aux dépots des poudresne portent point d'armes a feu, mais feulement 1'épée ou le fabre a la main; elles ne huttent approcher a la diftance de trente pas, ni hommes ni chariots qui n'y foyent appellés pour affaire. On fait tranfportcrau dépot les gabions, les fafcincs, les outils & généralement toutl'attirail dont on a befoin dans un fiège. Les Travailleiirs & les Piquets fe raflemblent auprès du dépot. C'eft Ik que fe tientaufü le Chirurgicn-Major & qu'il a foin des bleffés. S'il ne fe trouve point de maifons prés du dépot des matériaux, il faut y conftruire une barraque pour les bleflès. II faut qu'il y aït une garde au dépot, peur prévenir le bruit & les défordres. Le Major de Tranchée doit fe connoitre en forti(ications & en attaques; il fe fera remettre par le Chef de 1'Artillerie & celui des ingénieurs une fpécification exaéte, d'aprèslaquelle il aura foin de prociirer les matériaux néceflaires.  C 3°7 5 tl faut rapporter les outils au Depót; la èw iribution en eft confiée a quelques Bas-Officiers qui favent chiflïer & écrire. Le Major de Tranchée fait faire aufli quelques brancards, qu'on diftribue aux tranchées & aux batteries pour tranfporter les blelfés. Cet Officier eft chargé de la vifite des hópitaux, pour y examiner fi les Chirurgiens s'acquittent de leurs devöirs & fi les blefles font bien foignés. Quand la place eft emportée, il a foin de faifè tombier les tranchées & les autres ouvrages; il vend a fon profit le bois & les fafcines. II faut que le Pare d'Artillerie foit bien pourvu de tous les matériaux & des outils qui y appartiennent: on doit y continuer fans interruption le travail des Forgerons, monter a temps les canons & mortiers fur leurs affuts, préparer les fufées & charger les bombes. Sile terrain le permet, le Pare d'Artillerie doit former un quarré. On place le canon de möyen calibre vis-a-vii du flanc de 1'Ennemi, & les pièces de batterie fur les ailes les pièces de Campagne font af V 2  < 3o8 > céntre, oft 1'on metaufli les aftüts de referve ponr le canon , & les chariots qui portent les chêvres. A 1'un des cótés du pare on place les affuts pour les mortiers, le plomb, les mêches, les facs a fable, les cordages, les grenades, les ampoulettes, Sc les caifiès qui renferment les outils. De l'autre cóté on range les bombes & les boulets,- Sc Dans le fond du quarré les chariots de referve, & tout 1'attirail des outils dont on a befoin dans un Camp.  C 309 ) SECTION SECONDE. *|3our faciliter lesapproches onmet a profit les JL chemins creux, les hayes ,& en particulier les hauteurs, dont on fe fert ou pour mafquer les troupes, ou fi elles dominent la place,- pour Istconfiruction des batteries. ; On peut tirer parti aufii des hayes & des buifipns qui ne font qu'a une portée de moulquet de la place. §.2. Tous les Ingénieurs doivent être préfens * I'ouverture de la tranehée^ V 3 Ce qu'il faut obferver h V ouverture des tranchées.  S- 3- Lc jour qu'on en fait 1'ouverrure, les Travailleurs choifis par 1'Ingénieur en chef, & conduits par les Officiers de 1'Etat-Major, Capitaines, Subalternes & Bas-Officiers défignés pour le fervice, s'aifemblent prés du dépot dans le plns grand ordre, deux heures avant le coucher du foleil. * 4- Si le terrain n'eft pas trop pierreux, l'on fait prendre des pêles aux deux tiers des Travailleurs, & des pioches a l'autre tiers; mais dans un terraia pierreux la moitié "des Travailleurs eft armée de pioches & l'autre de pêles. Chaque Travailleur emporte une fafcine & trois pieux. On calcule le nombre des Travailleurs fur Ia grandeur du Parallèle, & l'on compte quatre hommes pour le travail d'une verge. Outre les Travailleurs commandés, il faut en tenir encore un certain nombre en referve pré» du dépöt. On place les Travailleurs a vingt pas derrière fe Détachement qui leur fert defcorte, & ils  ( SU ) s'y rangent dans 1'ordre indiqué par le détail de 1'Ingénieur. i s. L'Efcorte doit être compofée de quelques centaines d'hommes de Cavalerie & de plulieurs Bataillons d'lnfanterie, qui doivent fe trouvcr au Depót une heure avant le coucher du foleil. §. 'i On place la Cavalerie fur le devant & fur les ailes. Les Officiers doivent reconnoitre le terrain d'avance, afin que dans le cas d'une fortie ils puiffent couvrir la retraite; ils fe choifiront k temps un point de vue, au moyen duquel ils puiflènt recrouver 1'alignement pendant la nuk. Chaque Commandant de Piquet détache en avant un Officier & quelques hommes, pour faire la patrouille & veiller fur les mouvemens de 1'Ennemi. Cet Officier place de diftance en diftance des Cavaliers en échelon, qai doivent indiquer au détachement la route qu'il doit prendre. II doit fe trouver prés du Général Commandant de 1'Efcorte, un Bas-Officier de chaque aile qui eft chargé de porter fes ordres. V 4.  K 3**3 Chaque Corps de Cavalerie forme une Avanfï Garde d'un Officier & de douze Cavaliers. CelJe-ci s'avance h. quarante pas du front, & lorfqu'elle rencontre des chemins creux qui nc fauroient être évitésvelle y laifTe un homme de fa Troupe, pour avertir le détachement. En attendant le refte de 1'Avant-Garde pourfuit fa marche z travers du chemin creux, & au débouché elle fe forme en bataille & attend 1'arrivée du Corps dont elle a été féparée. Les grands Corps doivent paffer ces fortes de défilés dans le plus bel ordre, & fe remettre dès qu'elles ont regagné du terrain. La marche doit en même temps s'exécuter avec célérité, puifqu'il s'agit d'arrfver a point pourtombcr fur les flancs de 1'Ennemi, 1'envelopper enfuite & lui couper la retraite vers le chemin couvert. Si eependant TEnnemi y eft déja rentré, les Troupes ne doivent pas s'arrêter davantage, mais fe replier auflicöt fur TEfcorte. 5- 7- On choifit dans 1'Etat - Major du Génie un Officier poür ranger les Bataillons qui couvrent les Travailleurs. 11 les place en ligne droite fur deux hommes de profondcur a cinquante ou foixante pas de 1'endroit oü l'on tracera le premier parailèlc; 1'efcorte doit couvrir les crochets.  'C 313 ) Dans les marches nocturnes chaque foldat doïc tenir fon voifin par Ja main droite, pour ne pas s'en féparer. Chaque Bataillon fe fera devancer a trente •pas par un Officier, trois Bas-Officiers & trente foldats, tous intelligens & de confiance. Chaque Officier détache de nouveau a cinquante pas un Bas-Officier & fix hommes, qui fe mettent ventre a terre, & refrent aux écoutcs fans parler ni fumcr. Ils ne doivent point faire feu fur une Patrouille eiinemie, mais 1'attaquer avec la bayonnette, ou tacher de la couper fans bruit. Lorfque ces pofies avancés remarquent le moiudre mouvement dans la place, ils en donneront d'abord 1'avis. Les Bas - Officiers fe replient fur les poftes des Officiers, & ccuxci fur leur Bataillon. $- S. En cas de fürprife, les Travailleurs, Ioin de s'efl'rayer & de fe fauver, doivent tenir pied a leur ouvragc. On les fera obferver par une Patrouille, qui doit continuellement parcourir la ligne & y faire renfrer ceux qui chercheroient a s'en éloigner. V 5  < 3»4 ) Le . Général qui mène fes Bataillons \ 1'attaque, fait toujours avancer les ailes a grands pas, randis que le centre refte en arrière & ne marche qu'au petit pas. La Cavalerie avance au grand trot, cherche h déborder les flancs de 1'Ennemi & a 1'envelopper. Si le Général s'appercoit que 1'Ennemi fe retire, il s'applique a regagner fa première pofition. Le Général doit régler les difpofitions de fa retraite felon le local, & il inftruira les Officiers des devoirs qu'ils auront a remplir.  SECTION TROISIEME. Devoir des Ingénieurs. $. u T 'attaque d'une Place doit embrafler tous I J les ouvrages du front qu'on veut attaquer , & en même temps les parallèles qu'on fe propofe de tracer. Les parallèles a angles rentrants font préférables a toute autre méthode, paree qu'on peut s'en fervir en même temps pour placer les batteries a ricochet,- d'ailleurs ils font plus facilesa faire & exigent moins de Travailleurs. II faut couvrir les flancs des parallèles. Si le terrain n'en offre point la facilité, on élève  C 3'« ) de bonnes redoutes pour fe défendre des fortie* de 1'Ennemi. Le premier parallèle doit déborder les ailes du fecond & du troifième, c'eft pourquoi fa largeur proportionnelle a 1'angle faillant du chemin couvert, fera d'environ cent ou cent-cinquante verges. Son feu couvre ainfi les flancs des deux autres. Le fecond peut être tracé entre Ie premier & Ie troifième a foixante ou foixante-dix verges des derniers ouvrages extérieurs de Ia place, mais le troifième n'en doft ctre éloigné qu'a fix ou fept verges. Les batteries a ricochet doivent enfiler toutes les lignes qui font parallèles a la face. 5- »• L'lngénieur chargé de tracer les lignes fait planter k 1'extrémité du point de vue oü il vette conduire fon parallèle, deux piquets de cinq pieds de haut; il fait attacher une mêche par les deux bouts & y met une garde de trois hommes. Au moment qu'on leur donne le fignal de la marche des Travailleurs, ils mettent Ie feu a ces mêches & ont foin de les entretenir allumées. On place aufii de pareils piquets au centre.  < 3*7 ) §• 3- Après ceia, l'Ingénieur cn chef s'avance le premier, en commencant par le centre & en fe réglant fur les mêches allumées. Deux hommes le fuivent tenant chacun d'une main le guindal fur lequel eft filé le cordon de paille. Derrière eux fuit le Capitaine de 1'Infanterie, après lui un Bas-Officier & enfuite le premier Travailleur, portant une fafcine fous fon bras droit. Les autres Travailleurs fuivent i trois pas 1'un de l'autre, portant chacun ft fafcine. Des que l'Ingénieur arrivé a 1'extrémité da parallèle, on garnir de redoutes ou de crocheti 1'ouvrage qui couvre les flancs. $• 4- L'Ingénieur qui tracé l'autre moitié du parallèle , obferre les mêrnes chofes, excepté que les Travailleurs portent leurs fafcines fous le bras gauche. C'eft une règle de porter toujourf, les fafcines du cóté oppofé a la Place.  C 3'S ) S- 5 II faut creufer a quatre pieds de profondeur. Le parallèle doit avoir douze ou treize pieds de large, & la communication treize ou quatorze. La largeur du troifième parallèle eft de feize a dix lept pieds, paree qu'il fert ch rendez-vous aux troupes commandccs pour l'attaque du chemin couvert* S. 6*. Les lignes de communication & d'entrce doivent toujours être conduites fur 1'angle fail4ant du chemin couvert, ou bien on les forme' en zig-zag fur la Capitale du Baftion. (Ces lignes feront garnies de Retours, auxqucls on donne plufieurs verges de longueur, pour éviter' les embarras, & laiftër de la place aux voitures; elles peuvent fervir en même temps a couvrir la tranchée. ) Si cependant le terrain ne le permet pas, ou qu'il y ait des ouvrages détachés dans les flancs, il faut conftruire des traverfes pour ne pas s'expofer a des enfilades. ■ S-'7. On donne aux Banquettes deux pieds de largeur & un pied & demi de hauteur au Pa-  C 319 > «pet fept pieds d'élévation. Si le terrahi n'eft pas affez ferme, on a recours aux fafcines. Pour couvrir les fentinelles on pofe de •vingt en vingt pas des facs a fable; il en faut quatre a chaque place, & on les couche en travers deux fur deux. Au défaut de facs on fe fert de corbillons, dont la bafe doit être de dix pouces & la fuperficie de quatorze; leur hauteur eft communément d'un pied 65c demi. En rapprochant deux de ces corbillons remplis de terre, ils laiftent par le bas une ouverture de huit pouces. S- 8. Si le Revers a quatre pieds de haut, il faut y faire une coupure en forme de banquette; elle aura deux pieds de hauteur fur un pied & demi de largeur; la terre qu'on en retire fe jette fur la crête du parapet, & fert ainfi a1'affermir. S- 7. II faut conduire la fappe fur 1'alongement de Ia Capitale des ouvrages que l'on veut attaquer, afin de fe mettre par la a Pabri des enfilades de Ja place. Pour que ce travail foit exécuté avec ,4'autant plus de füreté & de céléfité, on fait  des fappés volames ênvïron a vingt toifes de li crête du chemin couvert; enfuite on élève les cavaliers de tranchée, qu'il faut bien épauler Si bien flanquer. Mais avant d'en venir la 6c avant que la fappe ait été conduite jufqu'au troifième parallèle, il faut fe mettre en garde contre les mines qui peuvent être fous le Glacis. §. 10, 11 faut que les Officiers des Mineurs infiruifenc leur monde de quelle manière ils doivent con•duire les rameaux, & comment ils doivent s'en retirer. Us leur indiqueront aufii un fignal d'avertiffcment. Ainfi lorfqu'on a découvert une mine & qu'on veut la faire fauter, il faut avertir les Soldats qui en font proches, de fe retirer. Un Ingénieur avec un nombre fuffifant de Travailleurs refte a .portée, & dès que la mine a fait fon effet, il fait couronner 1'entonnoir, & conduire un boyau de communication vers la fappe voifine. §. 11. Si l'on poufle l'attaque, il faut fe fervir des tdoubles fappes; on donne peu d'étcndue au  ( 3*1 ) zig-zag, mais il dok être d'autsnt pfus tortneus afin de prévenir les enfilades. §• ia. Dès qu'on efi: parvenu a cinq toïles du parapet du chemin couvert, il faut fe rendre makre des mines qui coupeur le Glacis, & donner une tlévation fuffifante a fes Cavaliers. $• 13- Après qu'on s'eft cmparé du chemin couvert, les Travailleurs s'avancent pour en occuper les angles faillans; ils s'y retrancheront a la hate pour travailler au Couronnement. t Pour mettre les flancs & le Couronnement ï 1'abri de l'attaque du chemin couvert, il faut, du couronnement même, tirer un boyau de communication depuis la place d'armes droit au retranchement de la Contrefcarpe. On donnera a ce boyau la forme d'une doublé fappe; il doit couvrir le revers aufii bien que le devam. On 1'épaule d'un parapet & d'un rang de gabions, pofés le long du chemin couvert ou des bords du fofie, pour couvrir les foldats commandés pour l'attaque.  < 52* ) De ce Boyau l'on conduk de nuit un petit fofie, devant lequel on pkce un rang de chevaux de frife. 11 faat étan^onncr fortement Ie chaperon du parapet de ce logement, de forte que l'on puuTe voir le pied des chevaux de frife. $• 14. Dès que le couronnement eft achevé , on dreiïè des batteries fur la crète du Glacis, pour battre en brêche & en démonte. II faut aufll faire des banquettes dans le couronnement, d'ou la moufqueterie des foifés & du chemin couvert fait feu fur les ouvrages de 1'Ennemi. 5- 15. Pendant qu'on élèvc la batterie qui doit battre en brêche, on travaille 5t la defcente du foffé. S. 16. S'il fe trouve des éclufe9 dans les environs9 il faut élever des batteries, pour démolirtant les éclufes mêmes que les vannes qui y appartiennent.  C 3*3 ) 5- 17- Si la place eft défendue par des ravelins ét des contregardes, il faut les emporter avant d'ouvrir ia brêche au rempart principal. Pour cet efi'et il faut attaquer tous ces ouvrages a la fois j fe loger au pied de la brêche, s'étcndre de plus en plus, & élever des batteries en face du Bafnon. S'il n'y a qu'un fimple ravelin devant le rempart principal, on l'attaque en même temps que les deux baftions, afin de mettre les Aftiégés dans la nécelïité de divifcr leurs forces. S- IS- Pendant qu'on eft occupé autravaü de la Galerie, coutes les batteries de canons, de pierriers Sc de mortiers, de même que les troupes qui gardent le couronnement, continuent a faire fou fur les porties de la ligne qui font en vue de la Galerie. 5- ^ LesSappeurs & Travailleurs volontaires qu'on employé a la conftru&ion de la Galerie, doivent être relevés de fix en fix ou de huit en huis Jïeures. X a  C "324 } II faut avoir foin d'affermir & d'afllirer le paffage,&on ne commencera les Galeries qu'après que les brêches feront entièrement formées* Si le folTé eft inondé, il faut en détourner 1'eaa ou par un conduit, ou au moyen d'une ouverture devingn ou de vingt-quatrepieds,qu'on laifiè au milieu de la Galerie. On pofe huit poutres fur cette ouverture , on les recouvre de planches & on y élève répaulement. $. 20. Lorfque les Galeries fons achevées, il faut examiner fi les baftions ne font point mines au dcfius du niveau de 1'eau. S- 21. Avattt Ie jour défigné pour I'aftaut général, il'faüt examiner fi la bréche eft afiez large pour que vingt-cinq ou trente hommes puifient y paffer de front. Si elle n'a point encore afiez de largeur, il faut recommencer a battre Ja muraille. 5- 22. Dés que 1'Ennemi a abandonné le retranchc-  ment, les Mineurs doivent chercher la chambre le la mine , & la Garnifon prend pofte. S- 23. Le fiège fini, on comble les tranchées & on démolit les batteries. XL 1  ( Sa* ) SECTION QUATRIÈME. Des Batte-ties. f. u T" 'Ingénieur en chef marqué remplacement JLv des Batteries • & c'eft aux Officiers de {'Artillerie a les dreJer. %. i. Toutes les Batteries, excepté celles a ricochct, doivent étre conftruites fur des hauteurs. $• 3- II faut renoncer k 1'ufage des grofTes Batteries;^ leur conftruftionprendbeaucoup de temps} & d'aiileurs elles ne font d'aucune utilité.  C 3*7 ) S- 4- Une batterie de 6 cauons doit avoir 156* pieds de longueur, c'eft-»-dire: pour chaque canon 18 pieds, ce qui fait pour 6. . . 108. pieds, pour 1'épaulement des deux flancs. 40. - - * ■£•.) pour la berme k droite & k gauche . . 8. - - - Total, 156". pieds. La largeur du fofie doit -être. de 16. a iS. pieds, & fa profondeur d'un peu plus de 4. La diftance du centre d'un raerlou a l'autre, fera de 18. k 2.0 pieds. L'ouverture de leurs enabrafures eft de deux pieds ou de deux pieds & demi, 6c fa largeur extérieure de huit pieds. La hauteur doit étre déterminée par les circonftances , & il faut confulter a cet égard a quclle diftancé la batterie eft éloignée de Ia fortereflè, file terrain eft haut ou bas, ÖS X 4  r 3=s > fi les otrwages de la place font garnis de Cavaliers ou non. Plus on pourra approcher d'une fortcrcfle dont les ouvrages font élevés, plus on pourra plonger les-coups des.Batteries. La hauteur de la banquette des embrafures doit être de trois pieds & demi pour les canons de &4livres, & de deux pieds pour ceux de i z ; mais en dehors on retranche fix pouces fur cette me Pure. II faut que' les fafcines & les fauciflons foient bien entrelacés , bien pofés & bien affèrntis. Avant de faire k plate-forme, il faut applatir & niveler Ie terrain fur lequel elle doit être pkcée; on lm* donne une pente de quatre pouces du cóté de Pembrafure. La plate-forme eft compofée de quatre tablouins de dix-htiit pieds de long & de dix-huit pouces en quarré. La moitié de leur épaifiëur doit être enfoncée en terre vers Pembrafure, & de cette manière on gagne k pente qui doit y regarder. Quand on a bien afiujetti les tablouins, on les revêt de bons madriers épais de trois pouces, longs de neuf pieds, & cloués de buit chevilles chacui.  C 3*9 ) On donne ordinairement 40 Ouvriers pour chaque embrafure , 8 Canonniers pour pofer & alfurer les fafcines, & 4 Charpentiers pour travailler a la plate-forme; de forte que pour une batterie de fix pièces, il faut: 180. Travailleurs, 48. Canonniers, 34. Charpenüers. Deplus, on compte 55 fafcines potir chaque merlon , y compris les fauciiïbns. Ce calcul cependant ne fauroit être fixé avec une enticre precifion, püifqu'il varie felon la longueur& la largeur des fafcines. II faut en outre prés de chaque Batterie 4 une provifion de fafcines & de gabions, pour remplacer ceux qui feront détruits. §■ 5- La confirufïion d'une Batterie de mortiers exige pour chaque pièce 30. Travailleurs, 4 Bombardiers & 1 Charpentiers. La longueur de chaque plate-forme eft de 10 pieds, fa largeur de 8, fa diftance de 1'épauleX 5  ffient de 7 a 9, & 1'intervalle d'une plate-for. me a l'autre de 13. k 16*. pieds. Si on maft» que de terre pour 1'élévation du parapet, on peut donner quelques pieds de plus a la profondeur de la batterie. Les tablouins d'en-bas, qui fervent a niveler le terrain, auront vers le parapet un talus de 4 pouces, qui empêchera le trop grand recul des mortiers. On employé k la plate-forme de chaque mortier, quatre tablouins de 10. pieds de long & d'un pied en quarré, 1 o. madriers Iongs de 10. pieds Sc épais de 3 pouces, & 40'. chevilles ou cloux pour les aüujettir. II faut entottrer le parapet de deux ou trois ftanquettes, d'oü l'on puifïè découvrir la ligne & obferver 1'effet des bombes. II faut bien garnir les ailes des batteries, afin qu'elles foient k couvert du feu flanqué de la place; c'eft pourquoi il faut donner aux épaulemens toute 1'étendue requife, Sc leur épaiffeur doit être de 8 pied». La conftruclion d'une Batterie demande un travail dc 54 ou 30 heures.  ( 33i ) Une Batterie qui doit battre en brêche fora de huit canons de 24 livres de balie. Les erabrafures en doivent être rcvètues de chaque cóté d'un ais refendu, fait d'un~ madrier de cmq pouces d'épaifTeur, & enchaiTé dans une rainure fortemcntairujettie.On retire cette planche chaque !'ois qu'on veut faire feu, & Ie ccup.parti on la rer ferme. Moyennant cette précaution les canon» rcftent « couvert, & on peut en tonic füxeté les charger & les remettre dans les embraiures. Les merlons doivent avoir au moins huit pieds de haut, pour empecher -qu'on ne pöüTe rien découvrir du grand rempart de la place. Si cette élévation ne fuffit pas, on aloute encore des facs k fable pofés les uns prés des autres. Dans une batterie deftinée k nrer en brêche, le» deux canons qui font aux ailes doivent être pointés obliquement, & les quatre du milictf en ligne droite, k trois pieds au deilus de la berme du mur. Dans les fiègcs on tire toujours a charge entikte èk fans interruption, & comme le canon  C 33* ) ne fauroit réfifter longtemps a un feu aufó vif, il faut avoir quelques pièces de referve. 5- 7- Les batteries a ricochet doivent être oppofée.? perpendiculairement a la face des ouvrages de la fortercfTe. On place les canons de facon que chacun ait fa propre enfilade, favoir: 2. pour battre la courtinc, i. contre le parapet, 1. contre Ia face du ballion , 2. pour battre le foffc, & en même temps les flancs du bafHon oppofc, 2. contre le chemin couvert. Le but qu'on fe propofc par ces fortes de, jbatteries, c'eit, tr.) De détruire les pièces qui commandent la tranchée, & de renverfer dans 1'intcrieur du parapet, tout ce qui y fert a fa défenfe, tel que les facs a fabk & a laine, les gabions & autres elpèces de mantelets.  C 333 ) b. ) D'éloigner 1'Ennemi dn paraper de lx ligne a ricochet, & d'afllirer par la aux Ouvriers de la tranchée la facilité de continuer leurs travaux fans interruption. c. ) De plonger dans les folfés, & de détrui- re les Communications, celles fur-tout des folfés pleins. d. ~) D'inquiéter 1'Ennemi dans le chemin couvert Si de 1'y réduire a 1'extrémité. De prendre en dos les flancs & les courtines qui font obftacle, & de forcer leur feu a fe taire. Elles ont 1'avantage: a.~) D'être peu difpendieufes, en ce qu'elles peuvent fervir pendant toute la durée du fiège, fans qu'il foit néceflaire de les déplacer. £.) Elles tirent toujours a coup fiir, Sc n'exi' gent que la feptième ou huitième partie de la quantité de poudre que d'autres batteries employent a la canonnade.  ( 334 ) é-.) Leur manoeuvre eft k plus prompte, la plus juite & la plus efticace. L'élévation Ou canon eft ordinairement de fept a dix degrés ou même davantage, fclon qu'on elt éloigné de la ligne. qui doit être enfilée. L'efiet du coup confilte en plufieurs bonds rékérés que fait le boulet de diftance en diftance. On peut employer au même ufage les obufiers & les merriers, feulcrnent ii faut les monter fur des aSuts.les charger & les élevercomme les canons. Avec ces précautions ils offrent même un doublé avantage, puifqu'après avoir ceffé de bondir, les bouiets crèvent & caufent un fecond dommage par leur explofion. s. »• Les pïerriers refiembler.t en tout aux mortiers h bombcs: on les charge également a/ec üh plateau, feulement on met par deiïus la charge un pannier rempli de petits cailloux & ouvert par le haut. Le coup du pierrier doit avoir ittfminietft plus d'élévation que celui des bombes, puif-  C 335 > que la chóte en doit étre plus forte; c'eft pourquoi on les place toujours prés du chemin couvert. $• 9- Les foi-difant Coehorn font des mortiers du calibre d'une grenade; on en attaché douze k une poutre, & on s'en fert principalement dans les en-; droits oü il y a des Cavaliers de tranchée. S- to. Quant k la confervation & aux dépóts des poudres, il faut a tren'te pas derrière les batteries creufer des trous jufqu'k un pied au deftus du niveau de 1'eau. Ils auront dix-huit pieds de long fur dauze de large: le fonds autant que les quatre cotés intérieurs, doivent être revêtus de fascines. On les recouvre d'une rangée de poutres qui doivent avoir un pied en quarré, & qui font raf. fermies par d'autres pièces de bois également forten;. On met enfuite par deftus le tout une coüciiede terre & de fascines, qu'on élère jufqu'k la hauteur de fept ou huit pieds. Tout l'ouvrage doit avoir un chapeau fortemenr ialuté, afin qu'on puiife y entrer par le -co:é 1©  ( 336 ) plüs commode, qui pour cet effet doit être garnx de fafcines & de terre. L'entrée même fera couverte d'un cuir de boeuf mouiilé. Lorfqu'il arrivé des chariots de munitions, 1'Officier qui commande les Batteries les fera décharger hors de la portée du canon, & tranfporter les munitions dans 1'endroit dcftiné a les recevoir. $• il. Quand on monte le canon' fur les Batteries, il faut le faire efcorter. Le Vaguemeftre qui elt chargé de cetranfport, doit examiner les chemins d'avance, afin que le train ne courre point rifque de s'embourber, ou dëtre endommagé par d'autres accidens. On fe fournit de cinquante charges pour chaque pièce d'Artillerie. S- is. Dès que le canon efi: placé fur la Batterie, il doit commencer a jouer. Chaque Batterie doit tacher de démonter celle qui lui eft oppofée; on décharge les pièces 1'une après  C 337 ) après l'autre, de manière que le dernier canon falie feu dès que le premier ell rechargé. Cettd régie elt générale pour toutes les batteries de ca* nons & de mortiers, excepté cependant pour les batteries qui battent en brêche; celles-ci lachen? toute leur bordée a la fois. Les Canonniers doivent toujours tirer fuivant Ja dire£lion qui leur a été donnée, & les Bombardiers au lieu de jetter leurs bombes a coup perdu dans ïa ville, doivent vifer aux batteries & aux magafms a poudre, ou s'il fe peut, tacher d'atteindre derrière la brêche, aux endroitV qui cachent les canons dont 1'Ennemi a deiïèin de fe fer» vir pour la défendre. Dans toutes les Batteries avancécs il faut mettre une bonne provifion de boulets & de poudre.  ( 33^ ) SECTION CINQUIEME. Eftmation de Ia qüapiïu' tjPAr* iitlerie & de Munitions nécesJaïrcs pour un fiège qui peut durer trente jours. 5- 1 fl I' Mo>:::rs ) Canons■__ I; M „ Tctal Munithns 3Artillerie. ~ST~\ z~+ \r§\ \f° S a. Batteries a 2 Obu- j j j , fiers & 2 Canom | pour tirer a ricochet J j j & a 4 Canons pourj I | battre en demente. L 11 - J 4 - - - j 16 2. Batteries pour tirer a ricochet dans leche-' I j min couvert . -1 4 - 2 - ■ 6 I I 2. Bnwries pour battre j le Buftion qui eft en- J j tre les dtux Batterie?.' M °1 • I 6.' Tr*nfpm\ 16 [ - Jj 61 6j 4-j 28|1  '( 532 5 I Camni N 5 / MortirrA'g. I Tot/tH L.,2|14 NT" üjion \\ d" UvA ïv: ,g /;.- . |^,1V picces Tranfport ~6 7 ^ =p = s Batteries fur la prolongation de la Capitale, dont celle des , pierriers eft Ia plus I i avancée .... I . ... 43' 7 8 Batteries comme les précédentes, pour j j battre les deux faces | ! du baftion a gauche . 16 - I 6 ö ' 4 3)1 «5 8 Batteries fur le Rave- lin, comme lesprecé- | | • ■ • • iö - 6 6 4 3I 35 Pour battre les ouvrages dccachés . . 8 8- 6 - - M I 5 Batteries pour battre [ j ' en brêche ... - 20 - - - - 20' J De referve ... 4 2 2 22 13 j .Tötó/ .60,30,'-20" 26 '14,10 rööj j Y 3  c 340 S On compte un affat de referve & un chariot a hou'ets pour trois ou quatre canons; il faut auffi une provifion de pluficurs roues. Le refte de 1'attirail pour la charge eft cenle complet: on y aiotue les coins de mirt néceflaires, & huit leviers pour chaque piècc. il faudra donc felon 1'évaluatioa précédcnte: > 20. pour les pièces de ia livres. j 8- pour les Obufiers. «3 • 6. pour les Mortiers de 50 livres. '1 9- ~ 25 t 3* Pour ^es pïerriera- 35. chariots de tranfport pour les pièces de 24, y compris deux chariots de referve. 22 ; pour les mortiers de 50. 1D . . p0ur ceux jjg 2^ . majs C0Inrri£ les afTuts des pièces de 24 vont a vuide, on peut y charger les mortiers de 25; les billots pourront être mis fur des chariots a canon, deux fur chacun.  ( 341 ) o chariots pour les pitniers. IC0 .,— pour les munitions. 2o ~ pour les bombes; car qunique la plus grande partie de Ia poudre, des boiubes & des bcuicts fe tranfporte fur des charrettes de payfan, il faut pourtant que ie nombre des chariots du Pare foit complet, puisqu'on doic s'en fervir pour monter les munitions fur les Batteries. 5- 3- En boulets, grenades & bombes: cjoooo. boulets de i a f g a raifon de 50 coups en 24 heures par canon . . - 1500. 30000. boulets de t^fëa 33 coups. - 1000. 24000. grenadesd'obufiersa 40 coups - 1200. 24000. bombes de 50 ffi i 40 jets ■ 1200. 24000. —1—* 25 2140-—- - 1200, 15000. grenades de main, foit pour les mortiers, ou pour 1'Infanterie qui eit a la fappe. $• 4. En balles a feu fit carcafles: ' Y3  (-342 ) ioo. balles a feu de 50 fê *j ioo. de 25 . a raifon de 5 jco. carcailès ... de 50 - f b^k8 P**? ioo. de 25 - J mortier- i 5. En cartouches, panniers a pierres, & fu- 300. cartouches de j 2 livres de balie, 5 pas canon. 120. cartouches d'obufier, 5 par obufier. 1 400. panniers a pierres pour les mortiers 8oeo. plateaus pour les mortiers. 30000. fufées d'obufiers. 30000. —— pour les obufiers de 50 livres. 30000. pour ceux de 25. aoooo» *—1— pour les grenades de main, I 6. En poudrc: £090. quintaux pour les canons de 12,35 liv; par coup.  C 343 ) Tr: 4090. ... 2727. quintaux pour ceux de 24,3 10 liv: par coup. 655. ■ pour les obufiers, a 3 liv: 1740". pour les mortiers de 30 )iv: i S liv: par jet. 1090. pour ceux de 25 liv: a 5 liv: par jet. 132. —— pour les grenades de main & pierriers. 11. pour le jet des balles a feu & carcailès. 20, " pour les cartouches. 100. de poulcvrin & dans le labora- toire, 250. pour les Mineurs. 300, «— en referve & pour les accidens. Tot. 11122, quintaux de poudre. Y 4  ( 344- ) «joopoo. cartouches a fufil pour chaque foldat , a raifön de 30 dans les 24 heures, s'il y a iooo hommes qui vont tous les jours au feu. 45, quintaux de mêches.  ( 3450 SECTION SIXIEME. Ce qu'il faut ol/Jerver h Fégard des Travaillei/rs. ' i\our qu'un ouvrage foic achevé promptGment JL il faut que le nombre des Travailleurs fojt du doublé plus fort que les troupes qui doivent Foccuper. Dès que 1'ouvrage eft tracé, on met la moitié des Travailleurs k 1'ceuvre; l'autre moitié fait pendant les trois premières heures du travail le fervice de Manoeuvres, & s'occupe a pré • parer les palifiades, les fascines &c. On partagc . ces Manoeuvres en deux bandek", qui fe relèvenc toutes les deux heures; on en met toujours 28ou 30. fous la direfition d'un Officier ou d'un BasQfficier. V S 'ff  C 346) II faut donner des pêles a la moitié des Travailleurs, des haches a un quart, & des pioches au refte. On rafièmble cn monceaux fur le bord extérieur du fofie, les palifiades & les frnifes. On place dans l'enceinte de 1'ouvrage même la quantité de fascines & de fraifes dont on a bcfoin peur revêtir lc parapet intérieur & les Banquettes; celles dont on veut garnir lc parapet exrérieur restent avec les palifiades fur le bord extérieur du fofie. Les Travailleurs de la face inférieure du fofie font féparés Fün de l'autre a un pas de diftance, le vifage tourné en dedans. Derrière chaque couple de Travailleurs, on en pofie un troifième a la face extérieure du fcfie, & il jette la terre a ceux qui travaillent devant lui; on fe fervira de cette terre pour former le rempart. §. 2. Les Majors de Brigade & de Tranchée doivent avoir un détail, d'après lequel on commande les Travailleurs, & qui fervira en même temps de régitre pour calculer leur falaire. II ne faut commander que le nombre] qu'on eft fur d'occuper.  < 347 y $. 3. ïi faut toujours rsftèmbler & réparcir les Travailleurs en préfenee des Majors de Brigade & de Tranchée, d'un Adjudant de 1'ArtilIerie, d'un des Ingénieurs & d'un de chaque Régiment ou Bataillon. 5- 4. Les Officiers de 1'Artilleric & dos Ingénieurs doivent mettre cux-mêmes les Travailleurs a 1'ouvrage , & fixcr leur tache; ilsne doivent pas non plus les congédier avant d'avoir examiné 1'ouvragc, 5- t Les Officiers & Bis Officiers qui commandentles Travailleurs leur feront obferver une bonne ctifcipline. Les Travailleurs qui forteiat pour tranfporter quelque charge, doivent être accompagnés d'un Bas Officier: ilne fiut rien décharger fur le revers, mais porter d'abord chaque chofe au lieu de fa destiaation. II ne faut pas que les Travailleurs embarraftènt les lignes de la tranchée, & il ne leur eft permis ni de s'afleoir ni de dormjr.  ( 3+8 3 Encore moins faut-il leur permettre de fe ïai trous & des coupures pour fe fouflraire a la vüe le leurs Surveillans. Au contraire on les obligeraa rravailler rousalamcmeprofondeur, ft Ion P&dreqüi leur en fera donné. La terre qu'ils fortent des fofïès ne doit pas êtrejettée ailleurs que dans les endroits indïqués. Chaque Oilicier doit fixer a fes Travailleurs un rendez-vous oü ils puiffent fe raflèmbler dansle cas d'une ftróe. II cd bon auffi qu'ils dépofent dans un lieu ffir leurs armes & leurs havrefacs, afin qu'au, befoin ils foyent d'abord prêts a les rctrouver &a fe mettre en écat de défenfe. ■Les Travailleurs rapporteront chaquefois leun óutiTs furie Kevers, oü ils les raflemblerom en monceau. S'il y en a dëndommagés, il faut les déhvrer au dépöc chez le Major de tranchée. Qumd le trcvailcft achevé , on ramène les Travailleurs au Régiment, & on lesobfervera de prés pour qu'ils n'emportent ni bois de charpente ni oucil. S. 6. On choifit pour Sappeurs, des Volontaires qui sëntendent au métier de Vannier. Ils fe pourvot  ( 349 ) jont de pêles, de haches, de battes, de fourcheï de fer & d'une bonne blinde ou inantelec. On paye a chacun le nombre des gabions qu'il a poféi. Le falaire des Sappeurs qui onr été tués, eft acquitcé tout de même & purtagé entre leurs CaHiarades. s- % ïl faut ramaflêr les boulets tirés par TEnnemi & les iemettre au Pare d'Artillerie, qui en bonifie ungros parpièce.  C 35° ) S- 1. Les Bataillons qui ont couvert les Travailleurs a 1'ouverture de la Tranchée fe retiren: dans le premier Parallèle, & y prennent pofie, Lorfqu'on les relève , le Général remet h fon fucceffeur tant le travail qui eft déja achevé, que les poftes qui doivent être occupéj. §• 2. Les bataillons de la tranchée ne doivent poin: être relevés a des heures fixes. SECTION SEPTIEME. Ce qu'on fait obferver aux BataiU /ons a P entree & h la fortïe de la Tranchée. Des fonblions du Général de jour.  ( 35i ) S'il y a deux Communications, les bataillons qui montent la tranchée défilent par une ligne, &ceux qui la defcendent défilent par l'autre. Et pour que les troupes ne foyent pas arrêtées trop long-temps, le Général & les Adjudans des Bataillons montans partent une demi heure d'avance, pour fe faire configner le tout en ordre. Enfuite les Adjudans re» tournent fur leurs pas & conduifent les Bataillons aux poftes qu'ils doivent occuper. S'il arrivé des changemens dans les Poftes, il Faut que les Commandans des Bataillons en faftènt tout de fuite leur rapport. 5- 3- En entrant dans la tranchée , les bataillons marchent a deux hommes de hauteur, la bayonnette ötée, & le fufil pafte fous le bras gauche. Si c'eft de nuit, ils mettent la bayonnette au fufi! & la poudre au baarnet. II faut faire des coupures dans le revers, pour y mettre les armes a 1'abri de la pluie. Avant que d'entrerdans la Tranchée, les Grenadiers & lesFufiliers doivent tourner leurs bonnets 1  < $5 * ) fifin qu'a Ia lucur du foleil ou de Ia lune 1'Ennefiii ne puifie appercevoir lc luifant des plaques» $. 4. II faut diftribuer les poftes de facon que les Batteries & les crochets foyent couverts. On évitera furtout auiïi de placer deux Bataillons dos a dos, afin que dans Ie cas d'une fortic de 1'Ennemi, ils ne s'entfe-nuifent point par leur feu. Par cette raifon il eft nécéftaire que chaque Colonel connoiftè la pofition dn Bataillon qui avoifine le fien. Les pelotons refteront toujours rafiemblés, tout y doit être alerte & acW; les Of iciers ne discontinueront point de parecurir les rangs, & de faire vifiter leürs poftes avancés. De nuit il faut laiftèr fur Ia Banquette un rang de foldats les armes a la main. Pendant le jour les gers pourront fe repofer, mais fans quitter leurs armes, &ftirtoutfans les pofer fur le revers. Alëxcc-ption des jfentinelles, il ne fera pas permis non plus aux foldats de regarder par deflus le Parapet. Chaque peloton fournit de jour une fentinelle, qu'il faut doubler pendant Ia nuit.  C 353 5 Les foldats qui font en faélion doivent avertif ieurs Camarades lorfqu'ils verront voler ou tombet une bombe , ou qu'ils obferveront que 1'Ennemj fait jouer le canon de fes Batteries. Quand on apporte des munitions aux Batteries 7 il ne faut point fumer de tabac, ni fouflnr que Ips Travailleurs déchargent fur le Revers des matiè- tes combuflibles. Dans le cas d'une fortie, Ie Bataillon doit s'avan-i eer au dela du Parapet. S * Chaque Bataillon laifTe auprès du Général uo Officier d'ordonnance, chargé de recueillir & de faire circuler fes ordres; il faut annoncer auffi au Général toutes les pertes que fait l'Armée tant ea. morts qu'en bleffés. II choifitenourre de chaque Bataillon unBas-OQi•cier qui fache bien écrire , pour drefler les rapports & continuer les bulletins. Le Général de jour peut fe faire conftruire dans ies Tranchées une barraque folide; s'il s'en abfente, il aura foin d'indiquer aquel encroit on pouixa Ie trouver. 2  < 354 ) S'il furvient de la défertion, il faut changer le cri de guerre & en avertir le Géaéral qui eft dc jour au Camp, de même que les Bataillons du piquet de referve. Les poftes des gardes de la tranchée doivent être occupés tour a tour par tous les Bataillons, de manière que ceux qui ont été en premier lieu aux poftes de devant, pafteront enfuite aux poftes de derrière, & vice verfa. Les Officiers - Majors de 1'Artillerie rapporteront au Général quelles font les pièces qui font feu, fur quelles batteries elles fe trouvent, de quel calibre elles font, quelle eft la quantité de poudre & de boulets qu'elles exigent, & enfin le nórri du Commandant de chaque batterie. L'Ofticier Ingénieur qui eft de jour a la tranchée doit de même faire fon rapport & y indiquer le nombre des Travailleurs qui ont été commandés, Touvrage auquel ils font deftinés, & la tache qui leur a éré donnée pour les vingt-quatrc heures; c'eft alors au Général qui vient relever ce pofte} a examiner le travail. S'il y a des lignes d'enfilécs, il faut tout de fuite y remédier par des traverfes.  C 355 ) Si les approches fom k la portée du canon de la place, & qu'on craint de les voir atteintes par le jet des pierres ou des grenades, il faut fe garantir dans la fappe par des barraques couvertes de plaaches. Le Général de jour aura foin de faire porter dans les tranchécs, des provifions d'eau, afin que le foldat ne fouffre point de la fdif. S'il y a des inondations a craindre dans la Tranchée , il faut y faire des rigoles ou des puits, pour détourner le cours de feau. Les lignes & les galeries ne doivent point êire infeétées par des faletés, & pour cet effet on fera creufer aucrepart des latrines, qui pourtant doivent être changeés & renouvelées fréquemment. Derrière chaque Bataillon il doit fe trouver des brancards, pour tranfporter au dépot les morts & les blelTés. Ces brancards font compofés de deux barres de bois garnis de toile. Si la chofe eft faifable, il faut conftruire une barraqueau milieu de la tranchée, pour y panferles Meffés. Z a  ( 3sö ) I! y aura dans ccttc barraque ou au Dépot, i~;ï Chirurgien-Major & quatre Chirurgiensfubalternes,, ï 7- Le foir on fait avancer des Piquets qui doiveriS tfvertir les Bataillons en cas de fortie. On fera reconnoitre d'avance la fituation de ces Pofies, & 1'Officier du piquet recevra fes inflructions du Général même. II détachera de nouveau a cinquante ou foixante pas, un Bas-Officier & quelques foldats, &ce BasOfficier a fon tour pouile encore plus en avant des doublés fentinelles. Si ces Vedettes fontattaquées par un pofte ennemi , elles le laiffent approcher jusqu'a la diftance de vingt pas, enfuite elles font feu & rejoignent le pofte du Bas-Officier, qui de même fait feu & fe replie fur fon peloton. L'Officier ne quitte point fon pofte; il continue a faire feu en attendant le fecours qui doit lui venir de la Tranchée. Mais fi lc détachement ennemi n'eft qu'une petitfc patrouille , les Piquets ironta fa rencontre les ar-  '( 357 ) mes en arrêt, mais fans tirer, ou bien ils chercheront a Ie couper. J. «. II faut relever les Piquets de Cavalerie de douze en douzs heures. On ne fait monter a cheval que Ia moitié du Piquet, pour ne pas trop fexpofer au feu éu Canon, 1'épaulement n'étant pas flfiïfant pour lui procureruneiüreté entière. II ne faut point débrider, bien moins deffcller les chevaux ;on avance quelques Vedettes prés de 1'épaulement. S'il fe fait une fortie, le Piquet doit fe placer devant 1'épaulement 6? tacher de prendre 1'Ennemi en flanc. II faut mettre auiTi de I'Infanterie derrière 1'épaul^ment pour foufenir la Cavalerie. Dans les cas d'une forte attaque, tcras les Bataillons quitteront leurs retranchemens. lis s'a 'an cent en front fur deux de hauteur, jusqu'a' dix pas de la tête de la fappe, & la ils attendent 1'jEnné i'i de pied ferme. Les Piquets avancés, fe ralliei . chacun a fon Bataillon. Z3  ( 353 ) II faut tout de fuite donner avis de ia fortic aux Piquets de la Cavalerie, pour qu'ils détachent des Patrouilles. A 1'approche de 1'Ennemi la ligne s'avance auffi ,mais a petits pas, pour éviter les ouvertures aux ailes. Lorfqu'elle eft a vingt pas de 1'Ennemi , elle fait feu & fe jette fur lui le fufil fur i'épaule. Si 1'Ennemi fe retire, il faut le fuivre a petits pas, & la Cavalerie tachera de lui couper 1'entrée du chemin couvert. Si cependant il parvient a s'y jetter, Ie Général ne doit pas s'arrêter pluslong-tcmps, mais regagncr au plus vite Ie parallèle. La Cavalerie rentre dans fes épaulemens, & les Batteries font feu de toutes leurs pièces. On aura foin de les couvrir par un bon détachement pendant la fortic, afin que 1'Ennemi ne puiffe enclouer le canon. C'eft pourquoi le Général qui commande ï la Tranchée doit y laiffer un Officier & quelques vingt hommes. Les pièces de trois livres qui font fur les ailes, feront chargées d'avance a cartouches. Si 1'Ennemi eft repouffé, •'Officier revient avec fon monde, & reprend fon premier Pofte.  C 359 ) Dans le temps d'une fortie, les Travailleuus fe retirent derrière le premier parallèle. §. 10. Dans les cas d'une forte fortie on doit commander plufieurs Bataillons tirës du Corps de l'Armée, pour faire le piquet '& foutenir la garde de la Tranchée. Le Général de Tranchée doit les faire averti? dès que leur préfence fera nécelïaire, & les Commandans de chaque Bataillon recevront leurs ïnflructions la veiile,- ils doivent reconnoitre d'avance les chemins & les environs. II ne faut pas prendre ces Bataillons de referve des ailes, mais parmi ceux qui lont les plus prés de la tranchée. $• . Les Mes du jour doivent être exaclement conformes a 1'état effeéh'f dés Bataillons ou R Puifqu'il eft a fuppofer que 1'Ennemi s'attend a trois fignaux, comme a l'attaque du chemin couvert, on peut être .für qa'en montant a 1'af. faut on le trouvera encore en défordre. Les Bataillons de foutien fe fuivent de prés, étendent leur front tant que le terrain le permet, marchent en avant, & forcent en paflanc les retirades dont 1'accès n'eft pas trop difficile. Si elles font garnies de palifiades ou de fraifcs, il faut recourir a la hache des Charpentiers. $• 7- Dès que Ie retranchement eft forcé, Ia tête avance, & les Bataillons fuivans fe déployenc a droite & a gauche fur les deux courtines„ Si cependant on rencontre des obftacles qui ne permettent pas de pourfuivre l'attaque, il faut que la tête refte fur la brêche, tandis que les Travailleurs s'avancent pour former un logement. Les Bataillons une fois maitres du raveh'n, paffen! au fil de 1'épée les troupes qui refufeac de mettre bas les armes. Si la garnifon cherche a fe retirer ver* le grand rempart, il faut tirer fur elle, occuper le ravelin, & le couvrir d'un retranchement, qufe l'Ingénieur forme par une ligne oblique. Aa  ( 37° ) CHAPITRE DIXIEME. De Pentretien d'une Armee. SECTION PREMIÈRE. Des vivres en général^ & de la Boulangerie en particulier. A. Des Ma ga fins. II faut Iaifler en arrière de grands magafins, les placer préférablement dans une ville fortifiée, & les former a temps. Pour faciliter les Tranfport» il faut faire de petits dépócs drés des Magafins principaux, s. *. On s'y prend de deux manières pour former i$$ Magafins.  C S7i ) a.°) En obligeant la Ndbleflc ou lei Payfans; a livrer les grains. £.) Ou en engageant des Livranciers, avec lefqueli on fait un contrat. S- 3- II faut choifir des gens intègres pour le Département des vivres, & veiller de prés leur adminiftration. Eloignés de toute fraude & mulverfation, ils doivent s'occuper par devoir de la confervation & de 1'entretien des Magafins. $. 4- En pays ennemi, il faut faire un dépot de farine dans une ville voifine de l'Armée. II faut que le charroi des vivres fe fafle par des charrettes umiquement deftinées pour cec ufage, & qui fuivront l'Armée avec des provifions pour un mois. II faut pour cela que Ie charroi foit foürni de fours de fer, & même il eft bon de donner a chaque Compagnie un moulin a bras. Dans toutes les expédiuons on emportedu pain pour dix jours, & dans celles d'hiveiAa 2  % 37* > ( on ajoute pour la Cavalerie une provifion dc foin pour cinq jours. Le Commiflkriat doit avoir foin qu'il y ait de la bierre & de 1'eau de vie a toutes ies ilations. En pays ennemi il s'empare des Brafferies & Brandevineries qui font voifines de l'Armée. On enjoint aux villes & au plat-pays par des lettres circulaires, de livrer aux marchés du Camp, toutes fortes de vivres qu'on leur paye argpnt comptant. En cas de refus le CommilTariac procédé par exécution militaire. J- 5- On tache de joindre aux tranfports quelques troupeaux de boeuf», qu'on diltribue enfuite entre les Régimens. S- 6. II faut protéger les vivandiers, mais d'un autre cöté fixer une taxe fur leurs denrées & examiner leurs poids & leurs mefures. B. De Ia Boulangerïe de Campagne. On compte pour chaque Compagnie ou Escadron un garc;on Boulanger, & l'on en-met  I 373; > k0u -o fous la direclion d'un maitre garron J qui a fon tour dépend du Boulanger en chef. Leur folde eft fixée par mois, a raifon de ao Ecuj pour le Boulanger en chef. £.) 12. pour le Boulanger c. ) 8. pour le maitre-garcoij d. ) 6. pour un garcon Chacun d'eux recoit en camp.agne uns ration de pain & dc viande en argent; les garcons font payés tous les cinq jours; ils ne portent point d'uniforme, maïs ils font armés, <& dans la marche ils fervent d'elcorte a leur train. S- », On compte un four de fer pour quinze-cents hommes, & il faut une tente de Boulangerie pour deux fours. La conftruélion d'un four dont toutes les pièces font raflèmblées, exige cinq heures de temps; on y employé quatre Compagnons & deux manoeuvres. Aa 3  ( 374 ) On donne douze gargons pour chaque four; ils ne font a 1'ouvrage que par moitié, & fe relèvent toutes les vingt-quatre heures. II faut huit heures pour chaufFcr un four neuf, & on y confume une braflb de bois. D'ailleurs on compte une braffe & demi de bois de fapin pour la cuiflbn d'un muids, ou pour deux fournées. On fait cinq fournées dans les vingt-quatre freures, chacune de deux-cents pains de fix livres, ainfi iooo. pains en tout. $• 3- On tranfporte les fours fur des chariots atteiés de fix chevaux & efconés par deux hommes, II y a pour 50. chariots: I. Infpeéteur. s. Vaguemeftres. 6. Conduéleurs de chariots. 'lio. Valets, y compris 10 furnuméraires»  c 37S ) 310. chevaux, y compris 10 furnuméraires* jPft^oo 6 ff o h a Chaque Boulangerie a fes Charpentiers & fes Menuifiers. On commet aufll pour le train des Forgerons, des Charron» & des Selliers. S- 5> On tranfporte un muids de farine dans quatre tonneaux. Cette provifion doit rendre troiscents pains de fix livres, c-ar une livre & demi de farine donne deux livres de pain. On met trois ou quatre de ces tonneaux fut un chariot; chaque tonneau contient fix boiffeaux ou 450 livres. La provifion de farine qu'il faut a un Corps de 20000 hommes pour neuf jours, confifie. en 100. chariots, chargés chacun de trois tonneaux renfermant 18 boifTeaux. ' La farine doit être bien féche & bien ra» fraichie avant d'êtrc mife en tonneaux; il faut enfuite la conferver dans des lieux fecs oü elle se foit point fujette a lc moifir. Aa 4  ( 3/6 ) SECTION SECONDE. Précamions que chaque Ré?;, mem dolt prendre par rapport a fes vivres. 5- i. Tl faut attacher a chaque Régiment 0ll fofi* ± Ion un Boucher entendu, ftïr & h ' hof me On lui fera des avances, pour qu puifTe fe pourvoir toujours de bons^eiW & quil n'y aft jamais difetce de vhn^'a l'Armée II luien défendu de „V^f ter de befliaux des foldats ou goujatf, 1*^ ceux-c, ne foyent point tentés de s'en prÖCUi- 2 par pillage. r*ucuier S- o. II faut donner aux foldars Ja viande en nature & non en argent. La difbibution fe feraZ! ia part qut lui revient. ^utner  C 177 ) II faut tuer deux fois par femaine, & même trois quand les circonftances 1'exigent. $• 3- Chaque Régiment doit avoir un Vivandier d'Etat-Major, fourni en abondance de toutes fortes de vivres. i Ón fait un accord avec lui pour chaque article, & on timbre fes poids & fes mefures du fceau du Régiment. Cet homme doit être muni de pafïèports , & on lui prêtera afliftance dans toutes les occafions. II faut de même donner des paflèpörts & faire certaines avances a quelques femmes de foldats, qui font en état de faire les Vivandières; mais il leur eft défendu fous des peines févères de ne point acheter leurs denrées d'un Revendeur. Aucun foldat ne peut être Vivandier, & quoique fa femme en fade le métier, il n'en doit pas moins refter dans les rangs. Les Vivandiers des Compagnies doivent fo tenir dans les rues de leurs Compagnies, &cha-j que Compagnie doit avoir en propre fes poids $c mefures. Aa 5  C 37* ) Si otï st établi des marchés publics, il doit s'y trouver tous les jours un Bas-Officier de chaque Régiment; ij efl obligé d'indïquer les vivres qui font a vendre, de prévenir les excès des foldats de fon Régiment, enfin de veiller que les Vivandiers du Régiment n'achêtent point de vivres, dans le deffein de les re vendre enfuite plus cher. ■ Chaque Compagnie fournir un Bas-Officier chargé de conduire & de ramener les foldats qui veulent aller au marché. S'il arrivé des Marchands de denréeau Camp,, le goujat de la garde leur indique le marché public qui fe tient prés de la Garde du Camp. L'Officier de jour aura roei! que ces Etrangers ne foyent point moleftés, & qu'ils foyent exactement payés. II fait avertir auffi les Compagnies par un Bas - Officier de Farrivée des Marchands. Ceux-ci doivent refter a la place qui leur eft marquée, fans qu'il leur foit permis de roder dans le Camp, oü il leur feroit aifé- de faire les efpions. II ne faut point permettre de vendre de la bierre nouvellement bralTée, ni des fruits qui ne font pas mün. Si par hafard on eft h por-' rée de fe procurer de la bonne bierre, il faut I'acheter par foufcription & la dillribuer gratisdans le Régiment.  C 379 ) Dans nn Camp oü il eft difficile de fe procu-' rer des vivres,il faut, fi ie fervice le permet, détacher quelques Officiers, Bas - Officiers & Soldats dans les viliages voifins pour y faire des provifions. Dans ces fortes d'expédidons, il faut défendre févèrement les violcnces & les pïllages. Les. vivres apportés au camp doivent y être diftribués a parts égalcs entre toutes les Compagnies. S'il fe trouve des herbcs potagères dans les environs du Camp, on les fait chercher de même par des détachemens & on les partage enfuite. Lorfqu'un Régiment doit paffer par une ville, ou s'arrêter dans fon voifinage, l'Audkeur doit fe rendre au marché pour s'infosmcr du prix courant des vivres, & les Vivandiers feront obligés de fournir tout ce dont on manque. Quand on fait aux Régimens la livraifon du hétail, de la bierre, ou de telle autre denree, il feut qu'un chacup ait fa part, & cette répartion doit fe faire par un Capitaine. | 4- On doit toujours refter en provifion de pain pour neuf jours, & de fourrage pour trois jours.  Les Régimens tScherbnt de demrurer a ce: égard au pair, afin qu'on puifTe renouveler les* provifions dans le même temps. Le pain & le fourrage feront délivrés ou au Quartier. Maitre du Régiment, ou a 1'Auditeur. ou a un Officier, affiftés chaquefois d'un Four" rier & de deux Sous-Föurriers. Cette limifon doit être atteftée & qaitwncée par.le Commandant. Ceux qui font commandés pour la recette dti fourrage, font en droir de rejèter h paille ou le foin garés, & le blé moifi. Les facs fournis par Ie Commifiariat des' vivres doivent être refiitués ou bonifiés. II ne faut pas négliger de fe procurer de la paille fraiche pour Ia litière des chevaux, Sc c'eft au Quartier Maïtre du Régiment a en fairela répartition. Celui qui eft chargé de recevoir les rations & les portions, eft obligé de rendre fes comptes le premier de chaque mois. Chaque Fonrrier doit noter fur fon livre 1'emploi de la recette , & ces régitres doivent ie trouver d'accord avec le décoinpte.  ( 38ï ) Si le Magafin n'eft pas en état de fournir det provifions aux détachemens qui fortent, ils prendront leurs rations aux Villages & en donneront quittance. S- 5- Si l'on va au fourrage, chaque Compagnie doit y envoier un nombre égal de charrettes ou de chevaux de bat. Chaque Bataillon commande pour le fourrage un Officier, deux Fourriers & un BasOfficier, chargés de veiller k la conduite des foldats & des valets; ils demeurent refponfables de tous les excès qui fe conpnettent. S'il y a des blés dans le voifinage du Régiment, il faut les couper, les diftribuer parmï les Compagnies ou bien les rcmettre aux Bou- chers.  C 3«* ) A. a parlé dans Ia Seclion ^me, Chapitre V du fourrage & des abreuvoirs. S- a. Après qu'un cheval eft bien étrillé & bien panfé, on lui rcmet fa couverture, & le foir on lui fait une bonne litièrc. s. 3. En été il eft bon de guéer les chevaux. II faut cependant éviter les eaux profondes, puifque les chevaux y font expofés a prendre des hernies. SECTION TROISIEME. Be Pentretlen des chevaux: du fourrage9 & du trouf/eau de chaque Cavalier,  ï 383 i §. 4. Au printemps & en automne on peut donner «ux chevaux quelques préfervatifs contre Ia gourme; s'ils ne font point attehude cette maJadie , il faut les faigner. S. 5- Un cheval qui s'eft échauffe k la courfe, ne doit ni manger ni boire de deux heures, fi ce n'eft un peu de foin. On commence par le bien efliiyer, & lorfqu'il eft féché, on 1'étrille. J. b ) un fac a avoine, ' c) quelques cordes de Fourrageurs d~) un manteau. r. marmite 1 ces uftenfiles font paf- i. cantine ) tagés entre les foK i. hache f dats d'une mêiue Ie cordon du camp.j chambrée. Bb  CHAPITRE O N ZIE ME. Des maladies & des Ildpuaux. SECTION PREMIÈRE. Cdufe des maladies. /^Vn peut divifer les maladies en maladies d'éV_/ té, d'auromne & d'hiver, & en maladies de camp & d'höpitaux. Les maladies d'été & d'automne font bilieufes,- elles font communes dans les pays chauds & en général pendant les chaleursde 1'été , ptrif. que dans cette faifon la bile eft fujette a fe corrompre facilemenr.  ( 387 ) D'aillcurs Ia chalcur afFoiblic les pardes folidcs,atrcnuc trop les humeurs & les difpofe aune certaine corruption. Les tranfpiranons arrêtccs après une grande chaleur par le froid de la nuit ou par 1'humfdité, font une nouvelle caufe des maladies d'été, & cette caufe s'exph'que d'elle-mémc, fair chargé' de vapeurs aqucuïes ne pouvant étre fuöifammenc purifié par les vents. Ces fortes de maladies commenc'ent ordinairemcnt leurs ravages, vers la fin de Juillet ou dans les premiers jours du mois d'Aoü:; elles diminuent en automnc a la cbüte des feuilles, & cefient entièrement aux premières gelces. On met dans la clafie de ces maladies d'éto & d'automne, qui font d'une nature bilieufe Sc produites par la corruption ou le dégorgement de la bile: les dytfenteries, les dévoimens &vomiftemcHs bilieu::. La dyfientcrie eft unemaladie très-dangereufe, qui règne fouvent dans les camps & y devient épidémique ; le foldat en eft attaqué lorfqu'après les chaleurs du jour il eft enfuite expofé aux va- Bb t  C 3»? ) péüft htimMes & au froid de Ia nuic. O?! i cru longtemps que cecce maladie étoic cauféepar le fruit, mais des expéricnces plus exaétes & plus fures d'habiles Mcdccios ont enfin détruit ce préjujgé. Souvent Ie foldat eft attaqué de ce mal quand mème il n'a point été a portée de manger des früits ,■ <3c on prétend même avec affez de fotfdement qn'nn fruit bien mur & un peu addc , loirj d'êtfC la-fotirce de cette maladie, en eft un remètte. II faut cependant en moderer rullige ,• les exces fcroient dangereux, comire ils le font dans tous les cas. Lorfque les dyfienteries attaquent plufieurs perfonne? a la fois , les accidens augmement par les exhalaifons corrompues, & s'il y a beaucoup de malades rafiemblés dans un même lieu, il en réfulta des fièvres malignes qui caufent une grande mortal kó. Parmi les maladies lentes qui régntnt tout le long. dc 1'année , & que la corruption & la contagion propagent ou entretiennent, la gal'le eft la plusordinaire, & il ne faut qu'un petit nombre de galleux pour porter 1'inlcétion dans toute une troupe. S. a. Le froid humide de 1'automne eft beaucoup plus pernicieux pour le foldat que les plus fortes gelóes.  C 580 ) ■Sans parler du danger des exhalaifons, 1'humidité affbiblit les parties folides du corps, au lieu qu'un froid fee les fortifiê. En attendant les maladies d'automne & d'hiver fe fuccèdent iipperceptiblement, & font toutes du genre inflammatoire , telles que la tqux, la pleurcfie, les fluxions chaudes, les imflammations du poumon, du cerveau ou des- inteftins, & ces difterentes maladies font prefque toujours accompaguées de la fièvre. Le mauvais air enell ia principale fource: ou croit pouvoir indiquer quatre C|ufes qui le coirompent dansles Armées, favoir: a) La chaleur & 1'humidité continjues d'un air cairae. y) Les eaux croupiflantes, les lieux marecageux & les exhalaiforis qu'ils répandeut. c) Les vapeurs qui s'élèvent néceflairement. dansun camp oüun grand nombre d'horames & d'animaux reftent longtemps raffemblésdans un même lieu, fouventpen-! dant des chaleurs condnuelles & excefiives. Ces inconvéniens influeront d'autant plus fur la fanté du foldat, fi le Camp o'efl point expofé au grand air & au paf»» - Bh 3  C 39° ) fagc du vent; précautions abfolument néceflaircs, a caufe de la quantité d'immóndices qui fe rafiemblcnt dé tout cóté. d) Les Hópitaux oü les malades font trop entaffés, furtout s'ils font attaqués de maladies chaudes & putrides. II eft prouvé que le corps de 1'hommc exnalc dans 24 heures, 19 lots de matières vaporeufes. Ces exhalaifons forment fur tout le corps une fuperficie d'environ Ja trentième partie d'un pouce , ce qui par coniéquent fait un pouce. dans trente jours. Un homme de moyenne taille donne une ft;perfide de 15 pieds quarrés, & d'après ce rapport, la fuperficie- de 60000 hommes embraflc une étendue de 21 arpens; de forte que ces matières vaporeufes, fi elles ne font pas mifes en mouvement ou diffipées par 1'air, couvriront 21 arpens au bout de 30 jours. On peut calculer de la même manière Ja maffe de vapeurs nuifibles & corrompues que doit produire une Armée de 60000 hommes , logés Jong-temps dans un même lieu & dans un air chaud, au milieu d'un grand nombre de chevaux & de bétaïl. II én doit réfulter néceffaiïcmciH des maladies Si deb monalicés.  C 391 ) A toutes ces caufcs ajoutcz encore les exhaJaifons de la terre , furtout dans des terrains bas, huniides & marécageux, ou dans le voifinage des forêts, oü 1'atmofphère n'eft pas fuffifammenn'alraichi & devient par la-même-mal-diin & nuiüble. Les maladies de 1'automne Tont encore plus ftéquentes & plus dangereufes, lorfque les ardeurs du Soleil y continuent fans être tempérées par des vents ou des pluyes. Les terrains fablonneux & les hauteurs jouiffent d'un meilleur air, & fon:: moins expüfés a des cxhalaifons malignes. Les mêmes caufes produiient aufïl les maladies d'hiver,qui d'ailleurs doivent être artribuées en grande partie au paflage alternatif & trop rapide du froid a la chaleur des poêles. Bb 4  ( 39* ) SECTION SECONDE. Précautions contre les maladies.' %• i. Une maxime principale, c'eft de faire marcher les Années en écé avant les chaleun du jour. % 2. Le foldtt aprèi s'être échaufte, ne doit poin» fe déshabiller, ni s'expofex au frais, ni boir* froid, J. 3- Si les troupes oat'été furprifes en marche par la pluie , il faut en arrivant allumer du feu pour fe fécher. $. 4- II faut tenir les foldats dans un mouvement Continue 1. $• S- Ne leur point permettre de fortir de leurs |er|tes pour dormir au foleil.  i y ^ $. 6. Pendant les grandes chaleurs, on relèvc les fentinelles toutes les heures. S- 7- Prfaut renouveler fouvent la paille, & donner au foldat pour la nuit une bonne couvertt* re j furtout en automne. $. 8. En temps de pluye il faut que les tentes foyent fortement tendues, pour que 1'eau n'y pénètre pas; il faut aufli faire creufer autour des tentes, des rigoles ou 1'cau puhTe fe raffembler. S. 9- II faut que le foldat s'entretienne dans la plus grande propreté, qu'il fe lave fouvent ie vifsjge, les mains & les pieds, & même qu'il fe baigne quelquefois par le beau temps, s'il fe trouve a portée d'une rivière. S- is- Dans un terrain bas & inarécageux, il faut„ s'il eft poftible, changer fouvent le Camp. Bb 5  ( 394 ) $. ii. Dans les quartiers il ne faut pas fouffrir que le foldat falie bouillir fon eau ou fes legümes fur les poèles. §. 12. Des qu'on eft entré dans le Camp, il faut en parfumer les quartiers & les corps de garde avec de Ja poudre a canon, des grains ou. du bois de genièvre. §■ 13. II ne faut point donner aux foldats des lits mal-propres ou ce la paille qui ait déja fervi aux malades. On ne doit pas non plus faire un trop grand feu dans Jes poêles, ni coucher trop de perfonnes enfemble , malades ou faines. §. 14. La farine doit être pure & le pain bien cuiï. $• 15. II faut donner une exclufion totale aux fruits verts & aigres, mais faire un grand ufage de fruits murs, d'herbages nouveaux & de légumes; ces fortes d'alimens prélarvent de pluüeurs maladies putrides.  C 395 ) $. 16. L'eau-de-vie prife avec raodération ne fauroiï que faire du bien au foldat. S- J7- L'eau mêléë avec le vinaigre eft une boiffon qui lui convient trés-fort en été,- non feulernent elle rafraichit, mais le vinaigre cornge auffi Ia mauvaife eau quo fouvent on eft obligé de boire en campagne. S- 10. L'eau qui doit fervir a la boiffon du foldac doit être puifée au milieu de la rivière & non prés du bord, oü elle eft impure. S- l9- Lorfqu'il fe manifefte une dyflenterie, Ie plus court eft d'abandonner le camp, & de changer plufieurs fois la paille & les latrines. Si cependant les circonftances s'oppofoient a ces fortes de tranfpofitions, il faut au moins donner plus de profondeur aux latrines, & y jettcr une couche de terre tous les jours; il faut renouyeler fouvent la paille dans les tentes,& en óter 1'an-  ( 39$) cienne, qu'on fait fecouer , étendre & féeher i I'air. S. *o. Les malades attaqués de la dyflènterie ne doivent point entrer dans les autres Höpitaux, mais être tranfportés dans ceux du Régiment, qui toujours doivent être fpacieux & bien aérés. $• «i. Les fajgnées & les purgcs de précaution ne doivent être adminiftrées qu'avec beaucoup de ménagement & dans les cas extraordinaires, U faut confulter alors la fanté & la conltitution des individus. §. ii. Un foldat guéri d'une maladie pour laquelle il a été mis a 1'Hópital, & qui en fort avec un refte de galle, ne doit point être renvoyé au Régiment.  C 397 5 $. i. 11 y a deux fottes d'Höpitaux; 1'un que Vort établit tout prés de l'Armée & qu'on nomme Hópital ambulant; l'autre qui eft permanent, refte toujours fixé au même endroir. Les batimens deftinés a 1'un & l'autre ufage doivent être choifis dans une fituition faine (5c expofés au grand air, beaucoup plus néceflaim aux Hópitaux que la chaleur, puifqu'il prévient les fièvres malignes. On peut fe fervir avantageutement des granges, des écuries, des magafins a blé, des églifes & d'autres grands édifices. Si cependant on eft borné a ds fimples chambres,il faut prendre les plus fpacieufes, qui lie foyent ni trop bafles ni humides; on ne met qu'un petit nombre de malades dans une même chambre. SECTION TROISÏEME* Des Hiïfitduk & da foin des malades.  . ( 393 ) 5 *. C'eft un grand inconvénient pour 1'Armee'* d'être trop éloignée de fon HÖpital fixé,car un long tranfpcrt empire toujours la maladie, & occafionne même fouvent la mort. D'un autre cóté la trop grande proximité des Höpitaux eft incompatible avec leur füreté, & il feroit a fouhaiter que les PuifTances belligérantes convinfient entr'eües de les déclarer pour lieux de franchifes. f- 3- Les foldats qui font attaques au printemps & en été dc flèvres chaudes ou d'inflammations, ne doivent point fuivre f'Armée, mais refter a riJöpital. Ceux qui tombent malades en automne peuvent être tranfportés a moins de rifques, & même le changement d'air peut contribuer a leur guérifon; on pourra donc les mettre dans les Höpitaux des Régimens. 5- 4- En hiver il faut tacher de c&aufFér les Infirmeries par des cheminées, qui fervent en même temps a rafraichir & a corriger te  C 399 ) snauvais air des apparremens. Dans les chainbres oü cette commodité ne fauroit ctre proeurée, il faut placer de toute uéceftité un ventilateur. S- 5> II faut un nombre fuffifant de Gardes-maiades pour le fervice des Höpitaux. S- * On parfume fouvent les chambres avec du Vingigre verfé fur une pierre rougie au feu. $• 7- Le Médecin de 1'HöpitaI eft obligé de donner fous fes foins aux malades, de les vifiter fouvent, de leur préfcrire le régime & les alimens qui conviennent a leur état. II doit en outre avoir 1'ceil fur les Chirurgiens-Majors & fubaïternes, pour qu'ils rempliftènt tous exaclement leur devoir. Le Chirurgien-Major eft prépofé aux Chirurgiens fubaltcrnes; il répartit entr'eux les malades, & tient la main pour que les blefles foyent ptnfés & foignés a temps.  Le Direétèür des Höpitaux: eft chargé de pfoturer le bois, la paille & les alimens néceflaires. Les Officiers & Bas-Officiers commandés sux Höpitaux doivent répondre de 1'obéiffance & de la docilité des malades. Le premier & Ie feize du mois ils envoyent au Régiment une lifté des malades & des cönvalescens. Le Commandant de la ville commet auffiquelquefois des Officiers de 1'Etat-Major pour la vi* fite des höpitaux. S. 8: Les Médecins & Chirurgiens-Majors doivent tous les jours s'afièmbler en confulte, pour déÜbérer fur 1'état des malades. Des Höpitaux des Régimens. $ t. En enrrant dans le Camp les Chirurgiens des Compagnies doivent examiner avec attention tous ceux qui fe difent malades ou qui font les traineurs,- & d'après 1'état ou ils ont trouvé le foldat, ils doivent ou le dénoncer, ouen prendre foin.  ( 4^1 _j Ceux qui font attaqués d'une maladie férieufc doivent d'abord être envoyés a 1'Höpital » afin que par des fatigues incompatibles avec leur état, on ne s'expofe point a les rendre tout-kfait invalides. «ral a 7o *T^Po&^''T < ^ • ^ Chaquefois qu'on entrera dans des quartiers de féjour ou d'hiver , il faut y etablir un Höpital } & lc maintenir d'après les régies que nous avons propofées. -5-4» Le Chirurgien-Majör du Régiment doit féparer ceux qui.font attaqués de iièvres malignes & autres maux contagieux, réels ou feulemens apparens; cette claffe de malades ne doit pas être confondue avec ceux qui ont été mis k 1'höpital pour des maladies moins graves & moins dangereufes* $• s. L'höpital doit être vifité tous les jours pai un Officier, & plirficurs fois par femaine, quoiqu'a des jours différens, par un Officier de 1'Etat-Major. On examinera fcrupuleufement ü Cc  i 402 3 les malades font bien traités, fi le Chef de H Compagnie leur donne les fecours néceffaires* & en général fi on pourvoit a tous leurs befoins, s. JL vent la vifite des tentes , changer Ia diftribution des pofies, & donner un ligne expres pour les Vedettes & les Patrouilles, indépendamment du eri de grterre. S'il furvient néanmoins de la défertion, il faut d'abord changer 1'un <& l'autre. II faut a des heures difTérentes faire rode* des patrouilles de Houflards autour du camp. ... 5-3. H' efi bon aufii de pofier pendant Ia nuit dei fentinelles dans les blés ou dans les bois,-  (4©5) §. 4- Quand on eft en marche, il ïje faut retirer les Gardes des villages &les poftes avancés, qu'aprèji que toute l'Armée eft fous les armes. . ■ 'is. 'V" l \ Dans les marches de nuit on fait cotoyer les croupes par des patrouilles de Houflards; les Officiers vont a cheval a cöté de- leurs pelotons, & chaque foldat doit refter en rang & eu file, , «1 • 5- 6. Si l'on eft obligé de faire un mouvement en 'arrière, il faut en caeher le deffcin. : Dans les expéditions on doublé la chaine, & l'Ofhcier qui eft de garde doit choilir dans ce cas 'fes poftes avec prudence. S- 7- • Quand on s'appercöit que la défertion gagne dans un Régiment, il faut en chercher la caufe & tacher d'y remédier. 8. D'un autre cóté il faut fournir aufii a chaque foldat tout ce qui lui revient, pourvoir l'Armée de vivres, & ne point rebuter les Troupes par des fatigues inutiles. Cc 3  ( 406 ) §• 9- Quand on eft dans les quartiers * il faut ordonner aux Maires & aux Magiftrats, dc poftet des Gardes de jour & de nuit fur les chemins, pour arrêter les déferteurs & les conduire a la Garnifon la plus voifine, oü ils recevront auflitót ia retribution ftipulée par le cartel. En même temps on fait marcher aaftï des patrouilles de Cavalerie, & fi elles trouvent les Gardes en défaut, elles doivent arrêter le Maice-eti Juge dulieu,& faire enfuite leur rapport $• io. Si un foldat déferte du quartier, il faut en avertir tout de fuite, par des Officiers & des Couriers a cheval, les quartiers & villages voifins, & les poftes avancés. S- ii Quiconque dénonce un déferteur ou lui bru,le la cervelle, doit également tirer 1'argent dc cartel. II faut faire marcher exaétement les rondes & les patrouilles. Chaque höte doit avoir 1'ceil fur les foldats qu'il loge, afin qu'en cas de dé» lèrtion on en foit auflitót informé.  SECTION SECONDE. Ce qu'il faut obferver a 1'égard des Défrteurs ennemls. 5- r. S'il arrivé des Déferreurs de 1'Ennemi, il faut les faire conduire au quartier-général. 11 n'eft permis a perfonne de les engager , & c'eft auGénéral-Commandantaenfaire la répartition, Ceux qui font incorporés dans les Régimens, en prennent d'abord 1'uniforme, après quoi on les envoye dans une place forte, pour être exen cés & difciplinés. $. ». S'il arrivé un grand nombre de Dcfertetirs de 1'Ennemi, il ne faut pas les Iaiftèr enfemble, mais leur donner une garde, & les obferver de prés. S- 3- On leur óte leurs armes, mais on leur en scoorde un dédommagement. §• 4. Si ces Déferteurs amènent des chevaux avec cux, il ne faut les acheter qu'après s'être afli> Cc -4  ( 4°8 } ïi qu?ils n'ont pas été volés. Les. chevaux de.. Cavalerie doivent ctre vendus au quartier - général pour la remonte. Mais fi les Cavaliers déferteurs prennent fervice dans la Cavalerie, il faut leur iaifier les chevaux qu'ils ont amenés , & leur en payer fucceflivement la valeur. S- 5- Ceux qui prennent fervice dans les Régimens de Campagne peuvent obtenir un- engagement 4t une capitulation , mais on ne leur accordc point d'engagement s'ils entrent dans un Bataillon franc. " §• & Lorfqu'un Déferteur refufe de prendre fervice, on ne lui donne point de paffeport, & on 1? conduit de Garnifon en Garnifon. II faut prendre par écrit les dépofitions des D.éferteurs pour les combiner enfuite avec d\uitres rapports. On leur demande: *.) Leur noin, Ie lieu dc leur naifiance, leur Religion, le temps de leur fervice,  C 4®9 > 3c Régiment qu'ils viennent de quitrer-, & s'ils n'ont pas fervi déja précédemment dans l'Armée? b.~) Quand, d'oü, & pourquoi ils ont déferté; oü lont les poftes avancés de 1'Ennemi, & comment ils ont pü les pafler? ét.) Depuis quand lc Régiment fe trouve au pofte qu'il occupe actuellement? d.') De quelle force eft le' Régiment & les Compagnies; qui en eftle Commandant? Comtfien d'hommes mon tent tous les jours la garde, & combien de nuits chaque foldat en eft franc? /',) De quelle force eft la Garde, duels font les poftes qu'on occupe, fi de nuit il y a des Piquets & dans quels "endroits ? g.) Quels font les autres pofies & gardes extraordinaires ? S'il y a d'autres Bataillons ou détachemens dans le même lieu; s'ils y rêftene toujours, ou fi on les relève? jf,) Quels font les Régimens, Bataillons ou Détachemens répartis dans les villages yoifirïs?  ( 4i° ) fc.} Si les Compagnies, de Grenadiers fe trouvent au Régiment; de combien de BaT taillons il eft; oü «ft placé leur dépot? I.) Le nom du Général de Brigade qui commande les troupes? m.) Si elles ont des canons, quel en eft le nombre, le calibre, & oü ils fontplacés? ?;.) Si l'on fait des retranehememens oa d'autres ouvrages de dqfenfe? e. ) Oü eft le rendez-vous des troupes en cas d'attaque; f; elles ont recu 1'ordre d'ê* tre fous les armes & de tenir leurs chevaux fellés au point du jour? p.) Si les bataillons font accompagnés de leur bagage, ou bien dans quel lieu on 1'a laiffé? q.~) Si le foldat recoit exaétement fon pain, fa folde & fon uniforme, & en quelle monnoye on le paye ? r.~) Si les troupes manquent de viande & d'autres vivres; d'oü elles recoivent leurs convois; ce que chaque höte eft obligé de fournir? f. ) De quels magafins elles tirent leur cntrc*  C 411 ) tien, dc quelle manière fe font Iestransports, & fi on penfe h etablir de nouveaux magafins? f.) Si 1'Ennemi fait réparer les chemins en avant ou en arrière? «.) S'il y a beaucoup de malades aux Régimens; oü font leurs höpitaux? y.) S'ils font des Recrues, & d'oü ite les tirent ? tv.) Ce qui s'eft pafie a leur dernière Revue? ie.) S'il leur vient beaucoup de Défcrteurs de notre Armée, & ce qu'on en fait? y.) Si depuis peu il n'eft point arrivé, ou parti de Régiment; s'il ne s'eft point fait de changemens dans la pofition des quartiers? Z.) Enfin on tache de recueillir par les Déferteurs jufqu'aux propos qui fe tiennenj dans 1'Armée ennemie.  ( 4» ] Lecoup d'oeil ei! Ie talent dappréejer fur le champ & de ju-er'avec exacTitude un objet nouveau, d'après fa pöfition, fa diftance & autres circonftances acceftöires. Si c'eft 'fur des hommes gue fe fixe le coup d'oeil, ij s'agit d'évaluer d'abord leur nombre & leur force, de déterminer les avantages, le but & les fuites de leur approche ou de leur éloignement, tant pour les cas pardcü, liers, que relativement a i'enfemble de la guerre. Cette jufbftè du coup d'oeil eft une des qualités les plus eftèntiellcs a un Général, & même a tout Officier; auffiexige-t-elle une pratique foutenue, & SECONDE DIVISION PRINCIPALE. Conté nam des olfervatïons partïculïères. . . CHAPITRE PREMIER. Du coup. d'oeil.  ( 413 ) ëncore ne 1'acquiert-on pas toujours, puisqu'elledl un pur don de la Nature. Cependant a force de foins, d'application & de peines, il n'eft pas impoffible d'y réuftir jusqu'a un certain point, dtt moins a quelques égards. Une des premières difpofitions requifes pour lé coup d'oeil, c'eft une bonne eftimative. Pour 1'ac quérir il faut s'exercer fouvent a trouver deperites diftances, dabord a portée, enfuite au dela de hauteurs & de fonds, qu'on eft a même de mefurer h pas comptés; il faut fe faire une certaine mefure idéale, par exemple depuis cent jusqu'a cinq-cents pas ; appliquer cette mefure a des diftances & a des efpaces plus éloignés &c. II faut eftayer fouvent cette méthode, jusqu'a ce qu'on foit habitué k pouvoir déterminer avec beaucoup de juftefie une afiez forte diftance, foit dans une plaine i foit pour la montée ou Ia defcente d'une montagnej foit au dela d'une rivière ou d'un marais. 5 *• Quand on découvre dans les campagnes, des Travailleurs ou un troupeau. de bétail, il faut de loin en eftimer le nombre, les compter enfuite & voir ainfi de combien l'on s'eft trompé. Cet exer:cice fouvent répété fert a fosmer le coup d'oeil, &  C 4*4 ) fourra être appliqué avec utilité en temps de guerre, lorsqu'il feraqueftion d'évaluer le nombre d'une Troupe, foir Infanterie ou Cavalerie. I 3- Toutes les fois qu'on appercoit un terrain grand ou petit, montagneux ou uni, coupé ou continu, il faut exercer fon imagination a s'y repréfen ter toutes fortes d'expéditions & d'opérations militaires, & fe propofer a foi-même un ordre a exécuter; régler, parexemple, une marehe en colonnes; déterminer fi l'on peut afieoir un Camp ou non; combien 1'efpace peut contenir de troupes ,• dans quel ordre on pourroit les y faire camper; quels ouvrages de défenfe il faudroit élever, les pofies qui auroient befoin d'être occupés, & autres chofes femblables. Par ces fortes d'exerciccs on acquiert un efprit géomètre , qui fait efiimer les objets fur le champ & avec exaólitude, & qui dans les entreprifes férieufes forme ce qu'on nomme le coup d'oeil. i 4. La chaflè & les voyages fournifient des occa« fions agréables & utiles pour exercer & perfectionner ce talent fi nécefiaire a un Officier, & qu'on ne peut trop lui recommander.  ( 4*5 5 Quand on va reconnoitre 1'Ennemi, il faut s'attacher uniquement a remplir le buc pour lequel on a été détaché. Or il y a plufieurs raifons qui peuvent engager a faire reconnoitre 1'Ennemi. L'on veut favoir par exemple: a.~) Si 1'Ennemi s'eft mis en marche avec tout fon Corps, ou s'il n'a fait partir qu'un fimple détachement. £.) Si 1'Ennemi a fait occuper un village ou tel autre lieu. eut «ncore fe fervir de lui avec avantage, er.  C 4" ) feignant de fe pepofer fur fa fidélité & en le chargeant de commiffions propres ainduire l'Ei> aemi en erreur. Quand.les Efpions font affez rufés & affcz affidés pour exccuter de vive voix les commisfions donc on les charge, il fuffit de leur donner un mot ou un figne qui leur fert de lettre de créance auprès de la perfonne avec laquelle on eft d'inteliigence. Dans les cas ou l'on eft obligé de leur confier des lettres , il faut fe fervir d'un chiftre oud'un caraetère inintelligible a 1'Ennemi. $• 9« ïl faut écrire letfrs rapports pour les confronter avec ceux des Déferteurs & des Prifonniers, afin qu'on puiftp diftinguer en coniéquence le vrai du faux. S. IQ-. II faut engager les Maitres des poftes noufeulement a accélérer la correfpondance des Efpions , mais a procurer eux»mêmes des noüvelles, Dd $  C 4» ) CHAPITRE QUATRIÈME. Des rufes de guerrc'. Le ftratagême ou la rufé de guerre confifte k faire faire a 1'Ennemi une fauflè démarche dont on efpère de tirer quelque avantage. Elles fervent en outre a cacher les vériwbles dcftèins qu'on fe propofe & a en impofer a cec égard a 1'Ennemi. S'il eft queftion de rafiembler les Troupes il faut faire düférentes fortes de contre- marches, afin d'allarmer 1'Ennemi & de lui dérober le véritable lieu du rendez-vous. Dans un Pays oü il y a plufieurs forterefles, il faut camper dans un lieu qui menace plus d'une place a la fois. Si 1'Ennemi prend le parti de les garnir toutes, il s'affoiblit a fon ffèsavantage, S'il a'envoye du fecours quC  ( 4*3 ) d'un cöté, on fe tourne vers celui qui eft reftê au dépourvu. $• 3- Si l'on a deffëin de fe rendre mattre d'un paflage important ou de paffer une rivière, il faut s'éloigner du lieu que l'on a en vue, afin d'en écarter également 1'Ennemi. Si en eftet il prend le change, on peut par des marches forcées, ou par des détachemens fecrètement envoyés , s'emparer facilement du paflage avant que 1'Ennemi puifiê le rejoindre. §• 4. Quand 1'Ennemi veut éviter une rencontre dans laquelle on défire 1'engager, on fait cour- rir le bruit que l'Armée eft affoiblie, ék qu'elle craint elle-même d'être attaguée. S. 5- Quelquefois il faut reftèrrer fon camp, afin qu'il paroiffè plus foible qu'il ne 1'eft en effet. D'un autre cöté on fait fortir de petits détachemens, que l'on fait pafler pour beaucoup plus forfs qu'ils ne font. Dd 4  ( 4*4 ) $• & Si l'on n'eft pas dans le deftcin de combattre": Hfaut exagérer fes propres forccs, & montrer une honne contenance. On parvient a fon but en chojfifiant de bons Poftes cc en ne les abandomiant qu'i la dernière excrèmité. . Si l'on y eft forcé, il faut commencer la retraite par la feconde ligne & faire fuivre infenfiblement la première. 5. fi Pendant la retraite même il faut prendre des pofitions obliques qui pourront conduite indireftement au bat,, mais qui laiflèront en attcndant 1'Ennemi dans 1'incertitude. II faut préfenter a 1'Ennemi un grand front. S'il prend la fauftè attaque pour la vcritable. l'on a partie gagnée. S- 9, Dans les marchcs qui ié font a Ia vue de 1'Ennemi, il faut tacher de le fcduire par toutes fortes de manoeuvres fimulées, par excmple;  ( 425 ) 1 a~) préfenter l'Armée ftir plufieurs fronts; érendre, fans les afFoiblir pourtanc, les intervalles des rsngs & des'Colonnes, k.) tirer avantage des hauteurs, s'en rendre rnaitre, & y pofter des Troupes, que 1'Ennemi foupconnera fortement appuyées. c.) profiter d'un bois, & par différens tours & détours, faire reparoitre toujours ies mêmes troupes, qu'on fuppqfera beaucoup plus fortes qu'elles ne font en effet. §• II faut auffi forcer 1'Ennemi a s'affoiblir par des Détachemens. Lui drelfer des embufcades dans un défilé, & tacher de 1'y attirer par une fuite fimulée. S- Lorfque les Troupes fe féparent pour entrer dans lpurs quartiers, il faut les diflribuer de, fa^qn qu'elles puiffent fè raffembler facilement.^ pour tomber fur les quartiers des Ennemisc - • 9 '9 ' - '. . "■ ••u'r.CI  $. i. II ne faut faire des Détachemens que par de puiftans motifs, & feulement quand les circonftances le pcrmettent; car en partageant fes forces , on court rifque d'être battu en détail. $ Pendant tout le temps que les Détachemens font en campagne, il faut prendre un Camp fixe oü ils puilTent rejoindre leurs Corps. 5-3. Dans Ia guerre défenfive, on eft fouvent dans Ie cas de faire des Détachemens; mais il n'en eft pas de même lorfqu'on agit offenfivement, a moins qu'on ne fe fente ie plus fort, & que pour obliger 1'Ennemi a s'affoiblir encore d'avantage on ne veuille le forcer a faire des détachemens de fon cóté. Dans un pays ouvert oü l'on eft maitre d$ CHAPITRE CINQUIEME. Des Détachemens.  ( r-7) quelques places, il ne faut faire des décachemensr que pour affurer les Convois. S- 5- Dans les pays montueux les détachemens deviènnent d'une néceffité abfoiue. Toute la chaine de montagnes par ou les convois pafferont, doit être occupée par quelques Corps, qui y camperont jufqu'a ce qu'on foit fuffifamment approvifionné pour plufieurs mois, & qu'on ait a fa difpofition quelque place dans le pays ennemi , pour y établir des dépots. II faut auffi chercher a Te pofter fur les derrières de 1'Ennemi, 1'inquiéter dans fes fourrages & Ié fatiguer par nombre de petits détachemens , qui doivent fe fuccéder fans interruption. S- 6. Lorfqu'on veut faire fortir des détachemens, il ne faut en donner 1'ordre qu'au moment du départ, afin que 1'Ennemi n'en foit point in-> formé. S- ?i Le Commandant d'un détachement doit êtrs un homme ferme & courageux, mais en même. temps prudent, puifqu'indépendamment des inflruélions qu'il recoit du Général, il faut qu'U  fache juger par Iui-même quand il s'agira d'avancer ou de fe retirer. Lorfqu'on a en tête des forces fupérieures, il faut fe décider pour la retraite, mais d'un autre cotë 1'Officier doit tirer avantage de fes forces lorfque la fupériorité eft de fon cóté. Le premier foin de 1'Officier eft de fonger a la füreté, après quoi il peut former des entreprifes contre 1'Ennemi pour le harceler, §• $» Lorfqu'on veut attaquer 1'Ennemi, il ne faut point détacher des Corps dans le deftein de prendre pendant 1'action 1'Ennemi a dos; cette méthode eft trés- dangereufe, en cc que les Détachemens peuvent s'égarer, ou arriver trop tard jou trop tót. 5- 9- Les Détachemens les plus dangereux & qu'on pent le moins excufer , font ceux qui affbibliftènt une Armée d'un tiers ou même de la moitié. Tant que les Détachemens reftent dans le Voifinage de l'Armée, ils doivent confervcr uae communication avec elle.  CHAPITRE SlXIEME. Des Partifans. L'Officier-Partifan dok bien connoitre routes les romtes & tous les fenriers, & fi cette connoifiance lui manque, il faut qu'il fe procure de bons guides. II faut reconnoitre tous les lieux; examiner a fond tous les avis, tous les rapports, ne pas fe fier fimplement fur des oui-dire, mais voir tam qu'on pourra par foi-même, fans pourtane s'avanturer mal a propos. Si la troupe a befoin de prendre du repos, elle ne doit ni s'arrêcer en rafe campagne, ui fe loger dans des villages ou des maifons, mais rechercher un bois. Pour ne point s'expofer a être train, il faut payer libéralement les Efpions &ne pointmolester les gens de la Campagne. 1 429 3 5- 3-  ( 436 } 5-4. Un bon Partifan doit fe tenir caché avec ie Corps qu'il commande, marcher presque toujours de nuit, & fc retirer par un autre chemin, après qu'il aura fait fon coup. Si l'on ne peut éviter de palfer de jour par des lieux habités, il faut que la troupe affecte de marcher en défordre, afin qu'on ne puifTe juger de fa force. Quand on eft forcé de fe montrer, il faut fe partager en plufieurs petites Troupes & les former fur deux rangs, afin de caufer d'autant plug d'ombrage a 1'Ennemi; il faut lui préfenterplufieurs grands fronts, pour s'affurer une retraite facile; mais en même temps on aura foin de difpofer les détachemens de manière qu'ils puisfent fe rejoindre <& fe renforcer en cas de néceffité. Le parti doit être plus fort de nuit que de jour, afin que s'il rencontre un corps ennemi il puifTe lui tenir tête. f- 5- Quand on a eu le bonheur de mettre 1'Ennemi en fuite, il ne faut pas être trop ardent a lc  ( 43» 5 pourfuivre, fur tout fi on a un corps de refervïs a craindre. Une telle pourfuite eft cependant moins dan» gereufe dans les plaines & a la defcente d'une montagne , mais il faut y renoncer lorsqu'il eft Vers Ie temps que Ie fecours peut arriver., POfficier - Commandant qui ne doit jamais trop s'éloigner du Corps de referve, fait fonner 1* retraite, & I'exécute en bon ordre, en envoyanc d'avance fes prifonniers. S'H eft trop difticile de déloger 1'Ennemi par une attaque, il faut mettre le feu au villa-, ge & proiiter du défordre. ir»p' do *; ma *im&imstfföi™r wttii** SP l'on veut furpreudre le Bagage ou un Coi:^ voi de'1'Ennemi, il faut être informé au jufte d'oü il vient, quels chemins il doit prendre & dflns quel état font ces chemins. Si Ie Convoi a un défilé a paftèr, h détache ' ment doit fe cacher dans un bois ou dans des villages, placer fur un arbre, fur une tour, ou dans les blés, une garde qui puiftè avertir k femps de 1'approche de 1'Ennemi. La moitié du Convoi ayant pafte, une partie du Détachement fe tient en referve, bien ferré & 1'épée a la main; une feconde partie attaque le Convoi' a coups de fabre, de piftolet' ou de carabine, pendant que le refte de Ia troupe n'eft «.ccupé qu'a couper les traits des chevaux ? &  (4sr) enkver ou a détrnire les chevaux & les chariots , 3 jetter enfin tout le Convoi dans la confufion, & a fe retirer avec le butin. Enfuite ceux qui ont fait l'attaque fe rallient, pour couvrir la retraite des autres. Si l'on veut furprendre un Détachement de Cavalerie qui s'eft arrêté dans un village, on peut lui fuppofer un doublé motif; ou qu'il cherche k fe repofcr pendant quelques heures, ou qu'il veut lever des contributions & du. fourrage. Dans 1'un & Tautre cas fon féjour ne fera pas de longue durée, Sc s'il a eu Ie temps de prendre des mefures, elles tendront moins k fa défenfe, qua retirer des iuformations de 1'approche de 1'Ennemi. On peut dönc fuppofer que ce detachement ennemi a pofé une garde k 1'entrée du village, & une autre fur la tour,- peut-étrö même une troifième du cöté qui regarde fon Armée. Afin de ne point fatiguer fon.monde & fes chevaux, iï fe difpenfera de faire fortir des patrouilles, 3c jl fe repofera uniquement fur la bonté de fon pofte. Les chevaux abandonnés k la garde de quelques foldats, feront entravés, ou du moirtg Ja mpitié de la troupe aura mis pied k terre, Ee 3 •'  ( 43S ) Dans ce cas, & fi la fituation da terrain le permet, il faut faire avancer la moitié du détachement entre le détachement ennemi & Ie Corps de fon Armée; enfuite attaquer avec vigueur les pofies avancés. Si l'on peut pénétrer avec eux dans le village, on a beaucoup gagné, & dés que 1'Ennemi s'y re tire, il fautle mettre en défordre en le faifimt attaquer par Ia troupe qu'on a mife en referve. Mais fi 1'Ennemi vient a nous, ou qu'il veuille fe défendre , il faut faire emporter le village de force par le corps de referve. S'il refte k 1'Ennemi une troifième voye pour fe retirer, on peut bien a Ia vérité recouriraux mêmes manoeuvres, mais IVxécution en fera toujours dangereufe. B. Manïered' attïrer ? Ennemi dam une Embufcade. II faut faire choix d'excellens Chevaux & dc braves Soldats, que l'on envoye a la rcncon-> tre de 1'Ennemh On met fur fes flancs plnfieurs petites troupes en embufcade, 6c on pofte le refte du détache-  ( 439 ) ment fur les derrières, de facon que 1'Ennenn» venant a découvrir les Troupes qui font an embufcade , ne puiffè couper les autres. J. 3- L'Officier qui commande la première Troupe s'avance pas a pas vers 1'Ennemi avec les plus grandes précautions. S'il rencontre le Bagage* il fait mine de vouloir 1'enlever, ou bien il fait. raflembler les chariots des villages. II peut feindre aulïï de vouloir reconnoitre ou même attaquer les Poftes avancés,iufqu'a ce que 1'Ennemi le pourfuivé. Alors il fe re ure., mais toujours en reftant a la portée de 1'Ennemi. II peut auffi laifler en arrière quelques hommes, qui font femblant d'être hors d'état dè füfvxe les autres. 11 fait halte alors, & s'arrête juf pui ce que 1'Ennemi fe foit approché ,• & quand il croit 1'avoir attiré alfez prés de. lui & du Corps de referve , il fait face, attaque 1'Ennemi & te riem en haleme jufqu'a la fortie des Troupes qui font dans 1'embufcade. On peut envoyer auffi uu Officier avec quaTante ou cinquante chevaux dans un village peil éloigné de 1'Ennemi , & le refte de la troupe fe plaoe fur fes flancs k plus prés poffible. L'Oflider prend pofte dans le village, fait fortir des  C 440 ) Vedettes, & mettre pied h terre a fes Cavaliers,' qui pourtant doivent refter a portée de leurs chevaux. Enfuite il fait aflembler Je Maire & les Payfans, & leur ordonne de lui livrer dans I'efpace de quelques heures le fourrage néceffaire. II dépêche en outre des Meftagers dans les villagés voifinsavec des billets de livraifon,& il leur défend en même temps fous de groflès peines den'averrirperfonnedel'arrivée du detachementen tout cas ils doivent en exagérer fa force & Ie ïjombre, fuppofé qu'on leur arrachat un.aveu par des voyes de rigueur. Dès que les Meftagers font jpartis, il n'eft plus permis a perionne de fortir du village. L'Oflicier continue a raflembler du fourrage, il laifTe les Vedettes fur les dcvants, & fe pofte derrière le village avec toute ]a troupe. Si 1'Ennemi l'attaque, il fe retire avec fes chariots, qu'il défend jusqu'a ce qu'il fe foitrapproché du Corps de referve; il fait volte face alors, Si tombe fur 1'Ennemi qui 1'a pourfuivi.  f 44» ) CHAPITRE HUITIEME. Des Hmbufcades en généraL %. i. On commence par choifir un liêu propré \ 1'embufcade qu'on veut dreffer; on le fait reconnoitre d'avance, & on s'y établk ou de nuk ou dès le point du jour. Le Corps du Détachement doit prendre les plus grandes précautions pour refter caché; de jour il place des Vedettes au haut des arbres ; celles qui gardent les collines, fe tiennent ventre a terre. 5- 3- Pendant le jour il fimt tenir les chevaux bridés & prêts a être montés. On aura foin auffi de faire fouvent la revue du détachement, afin de s'afturer que perfonne ne s'évade. En cas de défertion, il feut auftitót fe pofier différemment. Ee 5  I 44» 5 $■ s- * H faut redoubler de vigilance pendant la nuit, maintenir la tranquillité & le filence, ne point allumerde feux, prévenirtoute efpècede bruit, de cri & d'allarme. Si Ia chofe eft faifable, on met quelques foldats aux écoutes 1'oreille contre terre. On relève fouvent toutes les fentinelles. 5- % 11 faut fuivre a me d'oeil les perfonnes qui arrivent feules vers le lieu de 1'embufcade ; fi ce font de petites Patrouilles, on doit tacher de les couper fans faire feu fur elles. I 7- Pour pen qu'on foupconne d'aroir été trahi, il faut ou changer de pofte, ou fe retirer touta-fait.  443 ) CHAPITRE -NEUVIEME. Ce que doit faire un Ojficier ijiil commande un detachement compté pour per du. Un Officier qui fe trouve dans ce cas dok avoir une connoiffance parfake du pays, de fes habkans & de leur langue ; il a befoin auffi d'être parfakement bien informé dela polïtion dc 1'Ennemi. §• § Une bomTole & une montre font pour lui deux pièces néceffiaires dont il ne pourrok fe paffer. I 3. Le détachement doit être compofé d'excellcns chevaux & de gens furs. Quelques-uns des foldats doivent être pourvus d'habits particuliers pour fe déguifer. • S- 4- II faut fe faire accompagner par quelques guides, mais en même temps leur cacher fe* deffeins, & même toute la marche.  Z 444 ) Si 1'on s'informc de la route, il faut en Hommer cinq ou fix a la fois, afin qu'on ne-< puiflè découvrir celle que l'on veut fuivre. Quand on elt obligé de choifir fes guides parmi les habitans du pays, il faut toujours les garder a vue, & afin qu'ils ne s'appercoivcnt pas de la route qu'on va prendre, il faut les renvoyer après qu'on a fait repaitre les chevaux & avant qu'on fe remette en marche. On niche de les engager aufli tant par préfens que par menaces, a faire de; faux rapports a leur retour. Lorfqu'on n'eft pas bien fur dn chemin, Ie mieux efl: de s'adreffer a des Bergers ou aux habkans de quelque cabane ifoléc. §< 5- II faut favoir par quels chemins Sc en combien de temps on peut être atteint par 1'En» nemi, & on doit fonger a fe retirer d'afiez bonne heure pour qu'il n'y ait point de furprife \ craindre. II faut aufli calculer d'avance le temps dont on a befoin pour effectuer la retraite. En tllant au pas & avec de bons chemins, on peut faire#un mille d'Allemagne en une heure & demie, & par conféquent en 24 heures fix a huit milles. Après chaque trajet de deux milles, on fait une halte de deux heures, pour donner a manger aux chevaux.  C 445 3 '\IÊÊÊÊi *' oraioWa «> §. ii. Dès qu'on fe voit découvert par 1'Ennemi, il faut fe retirer avec la plus grande viteflè. Maia li l'on a déja pafte la chaine de fes troupes & qu'on craigne d'être coupé, il faxrt fe jetter de cöté, & tacher d'échapper par un autre chemin. Si l'on ne peut y réuffir de jour, il faut chercher un bois épais & y attendre la nuit. Vers le foir on fait fortir quelques Houlfards ou Efpions déguifés, qui tachent d'apprendre par les payfans la pofitión que 1'Ennemi a prife. $• 12. Si le Détachement eft attaqué par des forces fupérieures, il doit fe retirer en toute hdte fans faire la moindre réfiftance. On peut aufli indiquer un lieu de ralliement aux Troupes qui auront été obligées de fe difperfer. Tout Bas-Officier ou Cavalier qui fera coupé dans fa retraite, doit fe tenir caché de nuit, & revenir par des chemins détournés, en évitant les villages & les grands chemins. 5- is- A toute extrémité un Partifan peut fe faire paffer pour un Transfuge, & fe fauver de cette manière.  C 448 ) CHAPITRE DIXIEME. Des Contributions. 5. rj Pour lever des contributions avec ordre, il faut connoitre le pays, favoir en combien de temps, par quels chemins & en quel nombre 1'Ennemi peut s'avancer & s'oppofer aux Contributions. % 2. II faut avoir une lifte des villes & villages qu'on peut charger. de contributions, & fe ménager d'avance un lieu de füreté oü 011 pourra «lépofer 1'argent qu'on aura levé. I 3~ II faut envoyer par tout des Me/lagers avec des billets de livraifon, en conféqueace desquels on fait exécuter les contributions par de> Détachemens. Ceux-ci reviendront tous au jour qui leur aura été fixé, & qu'il faut régler felon le plus ou moins de proximité do 1'Ennemi. On aura cu  < 449 5 Ibïn de leur remettre en partant des ordres c&* chetés, dans lesquels on leur indique un fecond & un troifième rendez-vous, mais ils ne doivenr ouvrir ces ordres que dans le cas de la plus grande néceflité. S'ils font obligés de faire retraite , ils doivent fe conformer a ce qui a été dit dans le Chapitre précédent. i | 4- Tout délai eft nuifible quand on veut lever des Contributions. Ainfi lorfqu'on ne peut fe les procurer tout de fuite en argent comptant, on fe paye en marchandifes, en chevaux & en bétail. On emmène même des ötages & on punit exemplairement les réfrattairgs. v $• 5* II faut divifer les tranfports <& les faire marcher par différens chemins. $. 6. II faut placer des détachemens perdus fur toutes les routes par lesquelles 1'Ennemi peut s'avancer; ils fe tiennent cachés jufqu'a fon arrixrée, ou jufqu'a ce qu'ils regoivent 1'ordre de fe retirer. Les Officiers doivent favoir chaqae jour oul fe trouvent le Chef & les autres Partis, afin de Ff  ( 45° ) pouvoir les inftruire de tout ce qui fe paffe. C'ef£ par ces Partis & par les avis qu'ils recoivent les üns des autres , que l'on arrête toute communies don enrre les Habitans & les Ennemis. Dès que 1'Ennemi approche, les détachemens , s'en avertiront entr'eux, & fe redreront au lieu qui leur a été indiqué. $• tfy Si 1'Ennemi détache fes Troupes légèrespour s'oppofer a la levée des contributions, il faut redoubler de févérité, & employer, s'il le faut, le fer & la flamme. §■ 10. Si 1'Ennemi a formé un Cordon de Poftes avancés, il faut les repouffer & enlever aiors tout le bétail. Mais il faut dans ce cas tenir note de la propriété de chaque endroit, & dédpmmager en quelque forte ceux qui acqukteront dans la fuite leur quote-part des contribt^ {ions. II faut marquer aux payfans la route qu'ils doivent fuivre, & le Chef doit prendre fes m$j {ures en confé.quence.  CHAPITRE ONZIEME. De la maniere d'intcrroger les'JPri- ' fonniers & les Voyageurs. Jl faut demander a un Prifonnier; I.) Quelle eft la force du détachement ou du Corps dans lequel il a fervi ? a.) Si ce Corps eft appuyé ou s'il a du fecours a attendre? g.) Qui le commandoit? 4. ) Quand il- s'eft mis en marche, & com¬ ment les troupes fe font formées? 5. ) Si les circonftances 1'exigent, il faut 1'interrogerfurlapofitión &fur le terrain. 6. ) Quelle? inftructions on a données aux troupes ? 7. ) De combien eft leur Artillerie? 8. ) Comment il a été fait prifonnier? Si nous avons caufé une grande pene k 1'Ennemi & s'il y a eu des perfonnes c&. marqué bleflees ou tuées.  ( 452 ) B. On interroge un Voyageur & on lui demande ; 1. ) Si fon paffèport efl: dans les régies? 2. ) D'oü il vient, & oü il va? 3. ) Quel efl: fon métier & ce qu'il porte dans fa valife? 4. ) En quel état font les chemins & les ponts? 5O S'il a voyngé par les grandes routes ou par des fentiers détournés, & s'il y a trouvé des obflacles ? 67) Quels endroits il a paffe & oü il s'efl: arrêté ? 7. ) Ce qu'il a vu ou appris de 1'Ennemi; de quelle manière il occupe les lieux paroü lui Voyageur a paflë; devant quelj. Généraux ou Officiers fupérieurs il a été conduit, & s'il n'a point été arrêté en chemin ? 8. ) Quelquefcis aufli il faut s'informer da prix courant du marché. Les queftions qu'il faut faire aux Défertema, ont été indiquées dans la feétion 2. du Chapitre XII. de la Première Partie. F I N.  Explication de la Fig. A. pag: 34. Marche fur quatre Colonnes. 4.'Ordre de bataille d'une Armée qui doit fe mettre en marIthe. b. Marche de la Cavalerie qui forme les Colonnes de la " droite en fe rompant a droite. C. Marche de la Cavalerie qui compofe celles de la gauche •en fe rompant a gauche. d Marche de 1'Infanterie, qui compofe deux Colonnes, dont celie de la droite s'eft rompue a droite, & 1 autre a gauche. e. Troupes de Houflards qui couvrcnt les flancs de 1'Armée fortie du Camp. f. Chariots de bagage & de munitions.. g. 1'Artillerie. h. Arrière-& Avant. Garde des Colonnes, que chacune fournit de fes propres troupes. L Patrouilles de Cavalerie qui couvrsnt les flancs des Colonnes extérieuresJ k, Avant-Garde, Fourriers & Sous-Fourriers, détachés b veil'e pour prendre pofte. NOT E. ! Les cWlïres indïquent 1'ordre que les Brigades oVetvent au, Camp & pendant la marche.  Explication dela Fig. B. pag: 35, Marche D'une Armée fur deux Colonnes. a. Ordre de bataille. b. Marche de l'Armée fur deux Colonnes qui défilent a drojtéj c. Avant-& Arrière.Garde compofée de Cavalerie. d. Patrouilles qui couvrent le flanc des Colonnes. e. Ordre 'de la marche des chevaux de bit & dü bagage St> tachés a chaque Colonne. f. Obufiers des Bataillons des Ailes. g. Bataillons de Grenadiers pour fervir de löutïen al'Avant-& a 1'Arrière-Garde. Derrière le premier bataillon marchent les Travailleurs, Fourriers & Sous-Fourriers, & les pontons. h. Brigades de Ia groife Artillerie avec leurs chariots de munitions felon la répartition qui en a éié faite dans l'Armée. i. Les pièces de bataillon; deux a chaque bataillon, avec les charrettes de munitions. k. Les deux voitures qu'on permet a chaque bataillon: favoir, au premier, la chaife du Général & celle du Commandant; au fecond la chaife du Commandant & 'a vöïture du Chirurgien.Major. 1. Pofles Ennemis.  Explication de la Pigfd riag: 36^ a. L'Armée en ordre de bataille. b. Marche de l'lnfanterie de l'aile droite de fa feconde ligne: elle fe rompt a droite & forme la 4e. Colonne. c. Cavalerie de l'aile droite de la sde ligrie: elle fe rompt a droite & fuit la 4e. Colonne. d. Infanterie de l'aile droite de la ire. ligne : elle fe rompt a droite & compofe la 3e. Colonne. e. Cavalerie de l'aile droite dela ire. ligne: elle fe rompt a droite & fiïic la 3e. Colonne. f. Infanterie de l'aile gauche de la 2de. ligne: elle fe rompt a droite & forme la 2de. Colonne. g. Cavalerie de l'aile gauche de la 2de. ligrie, qui fuit Ia ade„ Colonne. h. Infanterie de l'aile gauche de la ire. ligne: elle fe romp: a droite & forme Ia ire Colonne. i. Cavalerie de l'aile gauche de la ire. ligne, qui fuit la ire. Colonne. k. Referve de 10. Escadrons de Houflards, qui compolenS i'Arrière-Garde des Colonnes. 1. Répartition des Houflards qui forment F Arrière- Garde. E- Patrouilles qui couvrent les flancs des colonnes extérieures. tl. Grand' Garde de la Cavalerie, qui fert en même temp' d'Avant Gsrde aux Colonnes. Retraite d'une Armée fur quatre Colonnes.  Explication de la Fig. D. pag: 37. Retraite D'une Armée fur deux Colonnes quife font rom~ pues a gauche, & qui ont un défilé a paffer. a. Le Corps d'Armée en ordre de bataille. b. Cavalerie de l'aile droite de la ade. ligne. c. Cavalerie de l'aile droite de la ire. ligne, qui fuit la Cavalerie de la 2de. ligne. a. L'lnfanterie de la ade. ligne, dont Ia moitié fuit la Cavalerie & forme la *de. Colonne a droite. c L'lnfanterie de la ire. ligne, dont la moitié fe joint a " l'lnfanterie de la ade ligne & fait partie de la ade. Colonne. I Cavalerie de l'aile gauche ne la ede. ligne, qui compofe la tête de la ire. Colonne. g. Cavalerie de l'aile gauche de la ire. ligne, qui fuit la Cavalerie de la 2de. ligne. h. Infanterie de l'autre moitié de la ade. ligne qui fe joint a la Cavalerie de la ire. i. Infanterie de la ire. ligne, qui fuit 1'Infantene de la «de. k. L'Arrière-Garde. I Paffage de la Cavalerie de la ire. Colonne par le défilé. xa. Pairage de l'lnfanterie de la ire. Colonne. «. Paflage de la Cavalerie de la ade. Colonne. o. Paflage de l'lnfanterie de la ade. Colonne. p. Pofitión dc 1'Arrière-Garde devant le défilé. v . «..« de la Colonne. q. Patrouilles qui couvrent les flancs d ^ t. Détachemens qui ont occupe la vewe r  Explication de la Fig. E. pag: 40, nr t'I TTrTTWTTMWWMWMWMMgiMEMT-'T, bmb Marche. D'une Armée fur cinq Colonnes. »• L'ordre ds bataille. b. La Cavalerie qui forme Ia 2de Colonne de droite & dé gauche. c. Colonne de l'lnfanterie dela droite , qui s'eft rompue pai mid-droite &s'étend depuis l'aile droite jusqu'au Centre des deux lignes. d. Colonne de l'lnfanterie de la gauche, qui s'eft rompue par un & gaucbe. e. Bataillons d'lnfanterie , qui forment l'Avant-& 1'Arrièrei Garde de Ia Cavalerie. f. Pare d'Artillerie & charroi. g. Marche de l'lnfanterie en Colonnes. h. Marche de !a Cavalerie en colonaes. i. L'Artillerie & le charroi, qui compofeut la colonne du milieu; k. L'Avant-& "Arrière. Garde de l'lnfanterie. I. Fourriers & Sous-Fourriers, avec les Travailleurs de fanterie. m. Bataillons de l'lnfanterie qui forment en marche 1'Avant &* 1'Anière-Ganie de la Cavalerie, n. Fourriers & Sous-Fourriers de la Cavalerie, o. Travailleurs dë la Colonne da Bagage, p. Pontons. q. Les Bataillons qui compofent la tête & la queue des Colonnes; r. Travailleurs répartis entre les Colonnes.s. Patrouilles qui ccuvrent les flancs du Bagage. t. Cavalerie qui fait rAvant-'& 1'Arriére-Garde de chaque Colonne. tt. Ttoapes dé Houflards en dehors des colonnes extérieure?; v. Patrouilles d'lnfanterie qui fervent de foutien a celles des Houflards.  Fig: F. v'eiplication da cette Figure fe trouve k Ia pag: 137-5? fuiv: