325 B *■ -< 206   UN PETIT MOT DE RÉPONSE A M. DE CALONNE , SUR SA REQUÊTE AU ROL Par M. CARRA. Dabis improbce panas. A AMSTERDAM, Et fe troüve a Paris, Hotel de Mefgrigny , rue des Poitevins, <== ^«»rttBfflgaft- ... i =>> I787.   UN PETIT MOT, DE RÉPONSE AM. DE C A L O N N E i SUR SA REQUÊTE AU ROL "VoTRE Requête au Roi, Monfieur, a exclté ,* en France, la plas grande curiofité , maïs fans y faire Ia moindre fenfation. Chacun s'eft cmpreffé de la lire, pour voir Jufipi'oii 1'abus des phrafes & des expreflions pouvoit être porté dans un ouvrage de votre facon; & perfonne de bon fens ne peut reconnoitte , dans vos raifonnemens fpécieux & dans 1'exaltatton de votre dépit, la juftification des torts que la Nation entiere vous impute, & dont elle ne reflènt que trop récllement 1'effet. Vous débutez par manqner de refpect au Roï , a la Nation & a la Vérité tout enfemble, en ïnterpellant Sa Majefté (pag. 8 & 9 de votre Requête ) pour déclarer : « qa'ayant une parfaite „ connoifTance de tous les objets fur lefquels » font dirigés les chefs d'accufatton, Eile les 7) trouve deftitués de fondement, & qu'Eile ?> ju'ge votre conduite dans 1'Adminiïlr astion de i) la Finance , irréprochable en tout potnt. Vous manquea de fageffe & de bonne foi, A z  ( 4 ) lorfqu'en parlant (pag, 166 de votre Requête J des délbrdres que les Pailemens vous accufent d'avoir commis dans les Finances, & que vous fuppofez exagérés, vous dites avec emphafe , a que ce n'étoit pas pour écrafer un mortel , r> mais pour faire la guerre au Ciel mème, n que les 'litans conjurés Jancoient d'énormes „ rochers. » Vous voudriez bien, dans votre dépit coupable , mettre Ie Ciel aux prifes avec la Terre & un bon Roi avec fes fideles Sujets; mais , M. de Calonne, vous n'y réuffire2 pas. Vous manquez totalement de raifon & d'équité , lorfqu'au lieu de reconnoitre humblement vos torts devant une grande Nation que vous avez ofFenfée, vous imputez au Clergé en général, & a M. 1'Archevêque de Touloufe en particulier, la difgrace que vous avez méritée. Vous allez plus loin; vous accufez ce Principal Miniftre des pertes que le Tréfor royal peut efïiiyer de la part de quelques Agioteurs auxquels vous avez livré vous-même des fonds conlidérables de la caiffe du Tréfor royal, qui font aujourd'hui en fouffrance. Vous dites , en apoftrophant M. 1'Archevêque de Touloufe ( pag. 82 ) « que la » perte quelconque , s'il y en avoit, feroit de f> votre fait plutót que du mien , & que s'il feut » qu'il y ait un coupable de cette perte, ce ne »> peut être que vous.^ » Ainfi , M. 1'Archevêque de Touloufe doit réparer vos irréparables torts, fous peine d'être coupable lui-même; il doit faire rembourfer les ErFets que vous avez confiés fi légérement a quelques Agioteurs, quand même ces Agioteurs feroient aujourd'hui dans 1'impoiTibilité de les reprélenter. En vérjté , Monfieur , il faut que vous préfumiez bien de votre logique,  (O & fort peu de la nótre , pour prétendre nous faire adopter de pareils raifonnemens ! Mais votre orgueil s'égare encore d:ivantage : fugitif & réprouvé, accufé & coupable, vous vjlis jetez aux pieds du Roi, & vous ne doutez pas que ce bon Maitre ne foit ému de vos fouffrances, & qu'il ne vous ordonne de vous relever, fans vouloir qu'on croie qu'il vous pardonne (pag. 81 de la Requête). Mais vous n'êtes pas un Sully, M. de Calonne; vous le dites vous-même. Rendez-vous donc juftice , & n'efpirez pas que Sa Majefté vous confonde avec le grand Miniflre de Henri IV, comme vous confondez , pour votre prétendue jintification , le menfonge avec la vcrité, & les exprefTïons d'une ame vertueufe & innocente a/ec celles d'une ame tourmentóe de fon dépit & de fes fautes. Les mots ne font pas des aitions ; les chimères ne font pas des realiiés. Eh ! ne croyez pas, encore un coup , que la Nation vous doiv^ de la reconnoiflTance, & que la Poftérité réhabilicera votre mém.>ire. Vous avez propofé, i! e1 , repréfentation de la Harpie Cceleno , étoit^ un emblême de votre future Adminiftration; c'étoit un prophéte muet qui nous annoncoit les malheurs que nous avions a redouter de votre part. II étoit aflèz bien coftumé pour qu'on ne put s'y méprendre; & 1'événement n'a que trop juftifié & la prédiaion & le coftume. Reprenons votre Requête. Vous ne cefTez d'y répéter que vous n'avez rien fait que par ordre du Roi; & , fur cela, vous croyant p'leinement juftifié , vous contemplez votre innocence d'un air fatisfait. Vous vous récriez enfuite fur la malignité de vos ennemis , fur Paveuglement de la Nation, fur la fottife de 1'opinion publique, & fur 1'injuftice des Magiftrats a votre égard. Soyons de bonne foi , Monfieur, & fongeons que nous parions ici a des Hommes , & non a des Enfans. Nous favons tous, ( & 1'hifioire des Nations & celle du coeur humain nous 1'apprennent affez ) qu'un Miniftre peut tromper le meilleur & le plus éclairé des Rois, & furtout quand ce Roi a mis fa confiance en lui, & qu'il le croit un Homme de bien. Or , toutes les fois que vous avez propofé quelques Projets au Roi, toutes les lois que vous lui avez demandé des ordres, vous avez toujours dit, fans doute, que c'étoit pour le bien de 1'Etat, & non pour le vutre , ou celui de vos Arms; vous avez toujours dit que telle ou telle Opération tendoit au bonheur & a la gloire de la Nation, & non au bonheur & a la gloire de quelques Individus feulement. Eh bien ! Monfieur , fi tous les Projets que vous avez propofes au Roi ; fi tous les ordres que vous lui avez demandés fous prétexts du bien Public, n'o.it tourné qu'au dé- A4  { 8 ) favantage & au malheur de cë même Public, •vous avez trompé le Roi; vous 1'avez trompé ou par ignorance , ou par mauvaife foi : mais, de quelque maniere que ce foit, vous 1'avez bien réellement trompé , puifque !e défordre des Fi*nances n'a jamais été plus grand que fous votre Miniftere ; puifqu'ayant diflipé tous les Fonds comptans, & arriéré tous les Revenus, vous avez jmaginé une AfTemblée de Notables, afin de faire fan&ionner folemnelltment, par la Nation , les nouveaux Impóts que vous voulisz établir ; puifqu'enfin votre mauvaife Adminiftration & vos Spéculations ineonfidérées ayant été reconnues a tems, on vous a congédié. L'allégrefTe publique a fait connoitre aftèz , dans cette occaïion, la véritable opinon qu'on avoit concue de vous, & combien tous les ordres de Citoyens defiroient votre chute (i). En vain direz-vous aujourd'hui que le Roi favoit tout, que vous 1'aviez préyenu fur tout ; cela eft impoftible , & on ne le croira pas. Vous n'avez jamais pu dire au Roi que toutes vos Opérations n'étoient pas pour le bien de fes Peuples; vous n'avez jamais pu lui propofer de féparer fes intéréts de ceux de la Nation qu'il (i ) Le jour oü cette chute tant defirée arriva , c'étoit un contentemeat univerfel c!a;is Paris ; on fe félicifoif dans les rues , on s'erabraffoit dans les maifons & dans les Aflemblées particuliere--:; chacim s'erapreffoit d'en porter Ja nouvelle dans tous les quartiers de cette Capitale , & de la mander en Province. Les Gens de Lettres eux-* mêmes , qui s'étoient laiiKs penfionner amplcment par la vanité intéreffée de ce faux Colbert , étoient les pre-* miers a défapprouver fon Adminiftration , & a regarder fon renvoi comrae un événement trèi-heureux pour la Nation,  ( 9 ) gouveme, & dont il eft le pere ; & fi jamais vous aviez fait cette tentative , vous vous fenez rendu coupable du doublé crime de Leze-Majefté & de Leze-Humanité ; le Roi vous auroit chaffé fur le champ de fa préfence , & fur le champ ^ le Peuple lui-même vous auroit fait votre Proces. * Ainfi , ne pouvant, en aucune maniere , féparer V'miéeét du Roi de celui de la Nation , dès que yous avez trompé la Nation, vous avez trompé fe Roi, comme vous avez trompé le Roi en uompant la Nation. II y a plus : c'eft que , par une marche auffi criminelle qu'odieufe, vous avez toujours commencé par tromper le Roi , afin de vous autorifer a tromper enfuite plus facilement & plus hardiment la Nation ; puifque vous avez laiffé ignorer a ce bon Moharque Tétat vrai des Finances en 1784 , & 17*6 ; & que vous avez compromis fa parole c'ans les Arrêts & Edits du .. . Voyei les piéces ci-jointes , CÖtées I & TL N'eft-ce dohc ricn , Monfieor , que de faire manquer un Roi a fa parole (1) ? N'eft-ce donc rien que de lui en impofer pour faire confentir a donncr cette parole , quand pn fait qu'il ne pourra la tenir ? AHèz, Monhèur , (1) Alexandre ayant fait affembler fes troupes a Suze , & leur ayant déclaré qu'il étoit dans 1'intention de payer toutes leurs Dettes , plulieurs , dans la crainte de faire connoitre leurs diffipations , nierent ce qü'ils devoient, & tous en préfenterent des états au-deflbus de la vérité ; ce qu'Alexandre ayant découvert , il fit dédaret unefeconde fois: « qu'il ne convenoit point aun ,» Prince de tromper fon peuple , ni au peuple de fup- pofer fon Prince capable de le tromper » Auffi-tót chaque foldat donna 1'état vrai de fes dettes ,Sc toutes ftjtent acquittées fur le champ. Hijhire de la Grece , par M. GiWES, chap. XXXIX, tome VI de la traducuaa fcanjpife , par M, Carra,  allez vanter votre innocence aux Sauvages d'Afri, que ou d'Amérique; mais ne croyez pas que nous foyions afïèz bornés pour y croire un moment. Avant que d'entrer dans quelque difcuffion fur les cinq Chefs d'accufation publique , qui font dirigés contre vous , & que vous prétendez avoir anéantis , il eft bon, Monfieur, que je redreffe vos idees fur un Mémoire qui paroit faire votre tourmeirt, & que vous regardez affirmativement ( ainfi que .vous le dites page 23 de votre Requête ) , comme la Produclion ténébreufe d'une ambïtion d'autant plus dévorante , qiCelle a été trop long-temps repouffee. Cette Production n'eft point celle de PAmbition ni d'un Perfonnage qui ait jamais été a portée de prétendre, en aucunemanière, a 1'Adminiftration. C'eft 1'Ouvrage d'un fjmple Citoyen, qui , choqué de Paudace de vos difcours a 1'Affemblée des Notables , & de vos Dcprédations effrénées, s'eft occupé , avec ardeur, a faire des recherches fur votre Adminiftration , & a dévoiler enfin a ces mêmes Notables , & votre conduite paffee, & vos projets futurs. Nul autre motif que 1'intérêt du Roi & celui de la Nation , n'a guidé fa plume. II n'étoit connu, faus aucun rapport, ni du Perfonnage que vous défignez par l'ambition dévorante , ni d'aucun des Notables mêmes , auxquels il en a fait parvenir des copies. II n'attendoit ni récompenfe ni louange ; la confcience d'une action auffi pure & auffi courageufe , dans une pareille circonftance, lui fuffifoit entiérement. Mais aujourdluii que Ie règne du Menfonge eft paffé , & que la Vérité ofe lever fa tête augufte^ celui qui a fait ce Mémoire ne craint pas de fe  pommer : la juftice & 1'honneur lui en font même un devoir. Vous acciilèz publiquement une autre Perfonne d'en étre 1'Auteur; & 1'Auteur, c'eft moi; c'eft celui qui répond , en ce moment, a votre Requête , & qui veut garantir fes Concitoyens du preftige de votre prétendue juftification , comme il a cherché a garantir les Notables de vos artifices & de vos projets (i). Relifez-le , ce Mémoire , & rougiffez, fi jamais votre front peut rougir , des vérités qu'il contient , & que PEurope entiere va connoitre ( 2 ). Voyez enfuite jufqu'a quel point de démence & d'injuftice , Faveuglement de votre dépit & 1'iliufion de votre innocence vous ont égaré ! A vous entendre, ce Mémoire eft rempli de menfonges & de calomnies ; vous êtes pur comme un rayon aü foleil; vous n'avez rien fait que pour Ie bien de 1'Etat, & toutes les perfécutions que vous avez efïüyées, toutes les formes fous lefquelles ces perfécutions ont été reproduites , font 1'effet & Ia ( 1) C'eft par la même raifon & les mêmes principes, que je me ferai connoitre également pour toute autre circonftance oü j'aurai eu occaüon de dévoiler des malyerfations, fk d'en afiirmer les préuves. Cette fuite de ma conduite ne fera point pour arrêter le clabaudage des laches & des envieux ; car 1'envie & la lacheté font des maladies qui tiennent a 1'organifation phyfique de certaines gens , & qu'on ne doit jamais efpérer de guéiir ; mais ce fera par refpecl pour moi-mème & pour rendre compte a la partie la plus fage &c la plus éclairée de la Nation . des vrais motifs qui me feront agir. (a) Ce Mémoire, que M. de Calonne appelie infernal , eft iir.primé a la fuite de cette Réponie , fous la cote III , pour que Ie Public juge lui-même de !a vérité des Paifs que j'y ai avancés , & pour que cbr;cun y reconnoifiè M. de Calonne tout entier , tel qu'il s'efi comporté pendant fon Admininïation dans les Finances, & a 1'AiIémblée des Notables.  ( A ) fuite de la Produclion ténébreufe d'une Amlition d'autant plus de'vorante , qu'elle ayoit été trop long-temps repoujfée. Rien de tout cela, cependant n'a aucun fondement de réalité : Pédifice de votre prétendue innocence, que vous conftruifez avec tant d'art, difparoit comme une ombre, a mefure qu'on en approche la lumiere ; Ia conduite que vous avez tenue dans votre Adminiftration , a produit fans doute un bien pour vous & vos Amis ; mais il eft démontré qu'elle a occafionné un mal réel a prés de vingt-quatre millions d'Hommes ; & les accufations que vous portez hardiment contre les ob,ets immédiats de votre dépit & de votre haine, & en compte de votre juftification , fe trouvent auffi faufTès que la logique de votre Plaidoyer eft fpécieufe. Examinons les cinq Chefs d'accufation publique contre^lefquels vous vous récriez tant, & voyons fi le réiuitat de 1'analyfe qu'on en peut faire avec la plus exacte impartialité, plaide en faveur de votre juftification. Premier Chef. Acquifitïons & Echanges. Toutes les opérations de ce genre vous ont été ordonnées, dites-vous, par Sa Majefté. Mais avant que Sa Majefté vous les ordonnat, vous les lui aviez non-feulement propox'es, mais préfentées comme très-avantageufes a PEtat & au Roi !ui-mé;ne ; cela n'eft pas douteux; &fi néanmoins 1'examen qu'on fait aujourd'hui de ces Acquifirions & Echanges prouve le contraire, i! fe trouvera donc que vous aurez trompé le Roi. Oh -, direz-vous, ces Acquifitions & Echanges étoient fi avantagcux a 1'Etat & au Roi, qu'avant  même de clorre les Proces- verbaux d'évaluatiori ( comme pour le Comté de Sancerre , par exeni-ple, ) j'ai fait donner provifoirement un million k M. d'Efpagnac , & que moi-même je me fuis envoyé en poffeffion , auffi provifoirement, de la Seigneurie d'Hattonchatel, dont je devois donner le prix a M. d'Efpagnac , après 1'accompliffement légal de 1'échange. Mais fi les Procès-verbaux d'évaluation trainent en longueur pendant 30 ou 40 ans, comme cela arrivé quelquetois, vous jouirez donc pendant tout ce tems-la; vous, fans payer M. d'Efpagnac qui n'en feroit pas encore légitime pofleffeur, & tous les deux fans rendre compte au Roi ni a la Chambre des Comptes, de la différence réelle qui pourroit être a votre avantage. Convenez , M. de Calonne, qu'un Miniftre réellement' délicat & bien réellement attaché a fon honneur & aux intéréts du Roi fon Maitre, ne fe hate pas tant dans de pareilles opérations; & jugez vous-même fi, dans celle du Comté de Sancerre feulement, on n'a pas raifon , non-feulement de vous foupconner de léfion, mais de vous en accufer; car Paccufation de léfion ne confifte pas ici dans le fond purement & fimplement, mais auffi dans les formes que vous avez adoptées, en donnant un, million a M. d'Efpagnac , en efpeces du Tréfor royal, & en prenant, de votre cöté, poffeffion immédiate d'Hattonchatel, pour des valeurs non encore évaluées ni échangées légalement. La Piece cotée I, que vous appellez une Piece jufiificative, ne peut étre regardée de bonne foi que comme Ie développement de la tournure que vous avez donnée alors a cette affaire, & que vous croyez fuffifante pour en impofer aujourd'hui au Public. Pour rendre cette Piece authentique & valide; il faudro/t  141 i'* » 'qu'elle fut approuvée & fignée par des Gomrmffaires de la Chambre des Comptes. On ne douteroit pas alors que le Comté de Sancerre, vendu autreibis par M. le Prince de Conti a M. Hifs de Hambourg, pour 1,400,000 livres, & tranfmis a Madame d'Efpagnac, filie de M. Hifs, par contrat de mariage, ne valüt aujourd'hui 103,635 liv. 18 fols 1 den. de revenu. On feroit étonné a la Térité que M. d'Efpagnac voulüt eiïüyer, dans eet Echange, la perte d'une différence de 10,^64 livres 17 fols 6 deniers; mais on n'auroit plus rien a vous objeder. Vous ne feriez pas réduit a prouver trop, pour avoir le regret de ne rien prouver du tout dans cette occanon en faveur de votre ïnrtocence (1). Second Chef. Manoeuvres dans la Refonte des monnoies. On dit qu'il fait bon pêcher en eau trouble , paree que les poifïbns n'appercevant pas le filet y font plus facilement pris. Peu de gens , Monfieur, comme vous le dites fort bien dans votre Piece , cote 11 g Ont des idees nettes fur les combinaifons relatives aux Monnoies. C'eft pour cela qu'il éVit facile, non-feulement de tromper la Nation, mais de vous tromper•vousmême tout le premier; c'eft pour celaju'd^aHoit^, " (1) II va Paroitr7inc^a.r1nietïïun Mémoire appuye de Pieces les plus authentiques , & fur-tout du C^trut d'échange du Comté de Sancerre , entre e Roi & M. d'Efpagnac, & des Baux aduels; qm prouve laAéhoa énorme pour le Roi dans eet échange , & ^montre que ce Comté , évalué par M. de Calonne1. 103,63* livres de revenu , ne rapporte aujourdhui au Roi que 17000 Hvre»  r*r5 avant Je commencer cette Refonte, faire connoitre par approximation , dans un Ecrit public ( tel que celui} cote II , de votre Requête ) 1'état a&uel du numéraire en France, & le terme moyen de la' quantité qui s'y trouve en circulation. Par eet Ecrit préparatoire, "bien différent d'un Arrêt du Confeil qui décide & n'inftruit pas, vous auriez appris a vos Compatriotes, ainfi qu'aux étrangers , d'une part f la véritable proportion i laquelle devoient fe trouver aujourd'hui Por & Pargent; & de 1'autre , la be'néfice réel qui pouvoit en réfulter pour nous, en rendant la valeur conventionnelle de ces Métaux, non feulement égale a leur valeur intrinfeque 6c réciproque, mais a leur valeur d'échange (i). Sï vous aviez fuivi ce plan , & fi vous aviez confulté publiquement la Cour des Monnoies, & non des Intriguans & des Faifeurs de Projets, vous auriez été a Pabri de toute furprife & de toute inculpation. En adoptant une autre marche , cette marche fouterraine, qui ne convient qu'aux Gens trop préfomptueux ou mal intentionnés, vous vous êtes expofé a des récriminations facheufes & a des foup^ons dont vous ne pourrez jamais détruire le germe. Vous avez fait, dites-vous, dans cette opération le bien de tout le monde; mais n'avez-vous pas plutót fait celui de vos Amis, fans le favoir d'abord, enfuite le votre, par réflexion, & point du tout le (i) Sur le développement de la Retonte de 1'or , on peut confulter un excellent Mémoire qui vient de pa*ïoitre , intitulé : Obfervations fur la Béclaration du 30 OSobre 1785 , & fur V augmentation progrefp-ve du prix des maderes d'or & d'argent depuis Cet Ouvra»e anéantit les faux fyftêmes de 1'Apologifte de cette opération , & fait beaucoup d'honneiir au Chef de cette partie d'Adminiftration»•  hotre par diftrachon? Avez-vous bien réfléchi qüè'y par cette Refonte des Monnoies, vons ne faifiefc ■que dctruire Ja proportion conventionnelle qui fubfiftoit entre 1'or & Pargent; & porter cette pröportion en faveur de fargent, pour nous mertrè' dans le cas de refondre a fon tour l'argent même ? Votre prétexte , pour cette feconde manoeuvre', auroit été, comme peur la première, d'égalifer lés proportions conventionnelles de ces métaux a leurt valeurs intrinfeques & réciproques • & toujours ,■ fous ce prétexte , on auroit pu fortdre & refondre , affiner & allier continuellement, fans éfabltr véritablement la balance des valeurs réciproques de ces Métaux avec leurs valeurs conventionnelles & celles des écharïges en denrées. Vous 'n'avez pa'sconcu d'ailleurs que la valeur conventionnelle d'un métal étant plus en raifon de fa quantité que de fa qualité, fa valeur intrinsèque diminue beaucoup dans les échanges de denrées , lorfque fa quantité furabonde , comme elle augmente dans ces mêmes échanges lorfque fa quantité eft rare. Ainfi queique rare qu'eut pu devenir 1'or en France , il y feroilt toujours rentré en nature ou en valeurs repréfentatives, par la proportion conventionnelle étabüe eritrè ce métal qui en feroit forti, & l'argent ou les denrées qui y feroient reftés en fa place. Aujour> d'hui que le Louis n'a cours chez I'Ëtranger que pour 12. livres i o fols, 1'Etranger court a l'argeht plntót qu'a 1'or ; ce qui eft une perte réelle pour nous dans les échanges que nous faifons de notre argent avec les denrées de nos voilins; tandis que d'un autre cóté 1'augmentation de nos efpeces d'or & la diminution de leurs poids vont augmenter néceffairement le prix des denrées pour nous dar\s 1'ititérieur  ,. . ■ ( l7 ) • • - 1'intérieur duRoyaume même(i). Jugez, Monfieuf, d'après ces vérités, qui font bien faciles a faifir , fi la Nation vous devroit quelque reconnoiffance pour la Refonte de fes Monnoies, quand même il n'y auroit eu aucune rrianoeVre dans cette Ref onte. Mais la manoeuvre a eu fééllemattf lieu. Voye\ le» Pieces ci-jointes, cotées IV & V. Troisieme Chef. Fonds du Tréfor royal fournis clandefiinement pour foutenir l'Agiotage. Tout mauvais cas.efl niable; & quand on n'a pas de bonnes raifons pour s'excufer, on emploie toute Padreffe poflible k voiler fes torts , & k lier des contradictions inaliables. Votre défenfe , Monfieur , fur ce troifieme Chef d'accufation, eft dans ce genre. Vous nous avez effrayé vous-même dans votre Difcours du 2Z Février, a PAfTemblée des Notables, fur les dangers de l'Agiotage , que vous regardiez comme un fléau, tandis que vous conferviez les liaifons les plus in— times avec les principaux Agioteurs. Vous nous avez lailTé entrevoir, dans ce même Difcours, que vous alliez bientöt févir contre ces Perturbateurs ( I ) L'augmentation du prix des denrées de première néceffité en Angleterre , n'eft provenue que de la furabondance des efpeces d'or dans ce Royaume ; tandis q^e le prix des mêmes denrées eft refté a un taux modéré en AHemagne , en Italië , en Efpagne oü la quantité de l'argent fi.rmonte celle de 1'or. f .n Ruffie oü le peuple ne connoit pour ainfi dire que Ia monnoie de cuivre , les denrées y font au plus' bas prix. Lycurgue avoit cor.cu cette proportion conve «tionneile des métaux aux échanges des chofes néceiTaires a la vie , lorfqu'il introduiiit la monnoie de fer dans Sparte. Mais M. de Calanne n'eft pas un Lycurgue. B  (18 du repos & de la fortune des Citoyens: vous aviez même nommé une Commiffion pour les pourfuivre rigoureufement; & quelques jours après vous leur avez fourni des Sommes confide'rables de la Caifiè du Tréfor royal, pour foutenir leurs Manoeuvres. Pour accorder aujourd'hui tontes ces contradictions dans notre efprit, comme vous les accordez dans le vötre , vous nous dites, pag. 5 1 de votre Requête: « qu'aux approches de 1'Affemblée des Notables, » l'Agiotage influoit principalement fur la déprel» fion des° EfFets publics; que vous en faviez les » caufes , & que vous en craigniez les fuites ». Votre fagacité vous fuggéra un moyen d'y remédier ; & ce moyen contre l'Agiotage, fut, felon vos lumieres, de fournir des Fonds aux principaux Agioteurs mêmes, pour garantir leur crédit. Les Efferts de l'Agiotage, ajoutez-vous, font frèsdift'mcls des EfFets royauxmais comme tout eft lié dans la nature , & que les bons & les mauvais EfFets agiffent & réagiffent les uns fur les au tres, a la Bourfe comme dans l'Univers entier , il étoit nécefTaire, toujours felon vos lumieres, pour prévenir un choc trop violent des EfFets royaux contre ceux de l'Agiotage, de foutenir ceux-ci par un détachement d'Effets pris dans le Tréfor royal même (1). Par eet arrangement, la partie devenant plus égale , il n'y avoit plus a craindre de déroute pour les EfFets des Agioteurs, & vous étiez tranquille. Vous aviez d'aillenrs donné au Roi Pexplication des abus que les Agioteurs faifoient des EfFets, non encore clafFés, de 1'Emprunt de n5 millions; mais (1) D'après cela , comment vous difculperez-vous Yis-a-viS des Agioteurs , qui s'avifent aujourd'hui de dcmander que vous foyiez mis en Caufe, c efl-a-dire en juftice réglée. comme eux? '  Vous n aviez pas dit au Roi que les Agioteun' fe dïvifoient en deux daffes ( les blancs & les Rouges, par exetnple ), & que vous teniez pour les Rouges, Vous n'avie2 pas dit, en blamant les Agioteurs en général , que vous excufiez les Rouges, & que c'étoit pour eux fenls que vous jugiez a propos de détacher quelques Fonds - du Tréfor royal. VouS n'aviez pas dit qu'en foutenant les Rouges & en leur donnant votre fecret, vous efpériez écrafer les Blancs. Vous n'aviez pas dit que dans le cas d'une déroute des Rouges, ceux de cette bande, a qui vous prêtiez fi légérement les Fonds de 1'Etat-, ne feroient peut-être jamais a portée de les rembourfer , comme cela eft arrivé. Vous n'aviez pas dit qu'en prêtant les Fonds du Roi & de 1'Etat a vos Amis les Agioteurs Rouges, c'étoit pour faire la guerre aux Fonds mêmes du Roi & des Particuliers (i). Enfin vous n'avez dit alors , pour autorifer votre conduite, que ce que vous dites aujourd'hui pour la juftifier • c'eft-a-dire, ce que vous jugez feulement convenable a vos intéréts & a la douce illufion de votre prérendue innocence. Pour combler votre juftification fur la perte des Fonds du Tréfor royal, que vous avez prêtés aux Agioteurs , vous nous citez une Lettre qu'on vous a écrite , & vous vous citez vous-même par quatre autres de vous a différentes Perfonnes. Vous confïatez, par ces Lettres, que vous avez bien réellement fait délivrer ces Fonds a la Société de MM. SenefF, Barou, Pyron , Servat, &c.; vous en citez (I) Non-feulement l'Agiotage eft une guerre décla» rée des gens oilifs contre la fortune des Négocians & des Agriculteurs , mais les Fonds qu'on y emploie font détournés de leur véritable deftination , qui eft celle dp vivifier le Commerce , & de favorifer 1'Agriculture. B %  enfuite un cinquieme , également de vous a M. Pyron, par laqueüe vous lui redemandez une partie de ces mêmes Fonds; & vous appellez ces Lettres des Pieces juftificatives ! Vous êtes donc , Monfieur, le feul Juge & 1'unique Greffier de votre innocence ? Vous croyez plus encore, vous vous imaginez qu'en prouvant fi authentiquement la légéreté & 1'inconféquence de votre conduite dans cette occafion,la faute enretombera néceftairement fur un autre ! Vous ne le croyez pas feulement; vous le dites, page 8z de votre Requête: « S'il y a de la perte, c'eft M. 1'Archevêque de m Touloufe qui doit en répondre ». En vérité, M. de Calonne, y penfez-vous? Q u a t R i e m e Chef, Extcnjïon des Emprunts. Vous nous prévenez , Monfieur, fur eet article, (pag. 98 de votre Requête,) " que cene phrafe fi rebattue, qu'on fur» prend des Ordres, qu'on furprendla religion du. « Roi, eft démentie par l'atuntion trés - fuivie « que Sa Majefté donne perfonnellement a tous » les objets de dépenfe qu'on lui propofe, & » géncralement a tout ce qui intérelTe 1'ordre t> public, mais fur-tout a ce qui peut augmenter w les charges de fon Etat & le fardeau de fes « Peuples »>. Sans doute , Monfieur , 1'intention du Roi eft de faire le bien ; il ne demande que le bonheur de fes Peuples ; il fouffre du mal qui leur arrivé; nous le favons tous : mais les Princ s juftes & bien intentionnés n'ont-ils jamais été tnmpcs, ma'wré toutes leurs lumieres & leur fa iie? N ont" ils jamais eu auprès d'eux des C ..raians & des Miniftres mentcurs, qui leur  (II). en ont impofé fur des Opérations doat ces grands Princes ne pouvoient avoir une connoiflance alTez parfaite par eux-mêmes? Vous me répondrez a cela qu'aulTitöt que ces Princes appercevoient le mcnfonge impur fur les levres mielleufes d'un Courtifan ou d'un Miniftre , ils devoient le chaffer de leur préfence. Ne 1'orit-ils pas fait, M. de Calonne ? Lifez 1'Hiftoire , vous en trouverez mille exemples. Mais quel eft 1'homme fur la terre qui puiffe fe flatter d'être a 1'abri d'une furprife ? Un Miniftre impofteur dit a un Roi bon & fenfible : «Tout ce que je fais, Sire, eft pour le bien » de 'vos Peuples; fi je propofe a Votre Majefté " un nouvel impót, un nouvel Emprunt , une w extenfion des Emprunts antérieurs, c'eft que » 1'Etat le demande & que la gloire de votre » régne 1'exige j vous n'en pouvez douter , Sire, » voici le tableau de fituation. La partie la plus » éclairée de la Nation approuve mes Opéra>? ration, je puis m'en fiatter hardiment. Mais, » Sire , malgré mon zele & la pureré de mes in?> tentions , mes Ennemis ne manqucront pas de v me calomnier auprès de Vous & de décritr mon » Adminiftration ; que Votre Majefté fe défie de ;j leur langue perfide : co'mmènè pourrois-je en « impofer a un Maitre qui m'eft fi cher, a un » Maitre qui m'a comblé de fes bienfaits ? Non, >5 Sire, vous ne prêterez point 1'oreille aux la>? ches infinuations de mes Ennemis ; 1'expérience >j des événemens vous convaincra de ma Pro» b;té, de ma Fidélité & de la juftefïe de rnes » idéés & de mon raifonnement», Vo;la ce que dit un Miniftre impofteur; il fe fert, pour abufer fon Pioi , a peu prés des mêmes exprelfions dont un Sully pourroit fe fervir ; il invoque 1'ex-  périence de 1'avenir pour juftifier fes jntentions & fes opérations préfentes, & 1'expérience finit par défiller les yeux de fon Maitre & par le faire congédier. Vous voyez , Monfieur, par la logique de eet apologue, combien 1'art du langage & 1'adreffe d'un Courtifan ont de moyens pour furprendre la vertu & la bonté d'un Roi. D'un autre cóté, .les Rois ne peuvent pas toujours garantir les Opérations qu'un Miniftre leur propofe, quoiqu'on les faife fans ceffe parler en leur nom dans les Edits & Déclarations de leur Confeil. C'eft au contraire toujours au Miniftre , qui propofe une Opération , a en répondre aux Rois & aux Nations. L'extenfion des Emprunts vous a paru un bien , je veux le croire ; mais elle a produit, dans les circonftances oü étoient les chofes un mal réel , & c'eft vous qui 1'avez fait. Vous n'avez point donné d'extenfion, dites-vous, aux Emprunts particuliers a votre Miniftere, mais vous en avez donné aux Emprunts antérieurs; ce qui ne prouve rien en votre faveur, mais feulement, ou que le Public avoit plus de confiance aux Opérations de vos Prédéceffeurs qu'aux votres, ou que vous aimiez mieux charger de cette extenfion la mémoire de leur Adminiftration que la mémoire de la vótre. On vous accufe d'excès dans les extenfions données aux Emprunts antérieurs a votre Miniftere ; on vous accufe d'abus dans Pemploi des Fonds provenus de ces extenfions, II n'y a point d'excès , dites-vous, dans ce qui eft néceffaire. Mais ce qui paroilToit néceffaire a vos Spéculations momentanées & particulieres, pouvoit certainetnent n'être pas nécefiaire a 1'Etat en général &  pour 1'avenir : dans ce cas, c'étoit nn exces trésrépréhenfible. Vous ferez voir, ajoutez-vous en parlant de 1'emploi de ces Fonds , que la totahte en a été appliquée a des Paiemens inévitables. Pour preuve de cette affertion, vous nous donnez , de votre rriain , un Etat général de tout ce qui a été emprunté depuis Novembre 1781 jufqu'en Janvier 1787, & enfuite une Récapitulation des Dettes de la Guerre & autres a la fin de 1783, avec un fimple appercu des principaux articles de dépenfe pour les années 1784, 1785 & 1786. Mais ce n'eft pas tout, Monfieur; il -faut prouver que les extenfions d'emprunts faites fous votre Miniftere , n'ont pas excédé pendant ce même temps le cajcu'1 des valeurs que vous portez en compte , ou plütót que les eifets de la place , repréfentatifs de ces valeurs , ne furpaflent pas aujourd'hui , de votre fait , ces valeurs mêmes. Vous comprenez bien que, fans de pareüles preuves , on craindra toujours, pour 1'avenir , la fuperfétation de ces EfFets, & qu'en conféquence on ne pourra de fitót allouer un Brevet d'innocence fur ce point. Cinquieme Chef. Abus d'Autorité, & autres en tous genres. Tout homme qui abufe de 1'Autorité ou des Tréfors qu'on lui confie dans une Adminiftration , pour peu qu'il ait qnelqu'aftuce, (&il n'cnmanque jamais) cherchera a fe prémunir contre les Accufations futures, & a couvrir fes Dépridations & fes Injuftices , foit par des Ordres qu'il furprendra a la religion du Prince , foit en fupprimant, autant qu'il pourra , les Preuves écrites B 4  ( H ) ' de fes malverfatioTis; foit en mettant une- telle confufion dans les affaires , qu'il foit prefqu'im- f potïïble d'en retrouver le fil. Pour vous fauver do cette imputation , Monfieur, vous nous dites (page 89 de votre Requête) « que 1'homme in» tegre & fur de la p ireté de fes vues, marche jj avec fécurité , & n'imagine. pas qu'on puiilê » fufpecler fa droiture n ; & eet homme-la , c'eft fans doute vous-même ! Je vous obferverai d'abord, a 1'occafion de cette Apologie , que les phrafes qui la compofent appartenant a chacun pour en faire ufage quand il lui plait, 1'homme le plus coupable peut s'en fervir a fon gré, comme le plus innocent. Je vous apprendrai enfuite (ce que vous ne faviez peut-être pas) qu'il eft des Etres tellement organifés, que ce qui eft regardé dans 1'opinion publique & en bonne morale comme un véritable crime, ne leur parok a eux qu'une chofe toute naturelle & toute fimple. L'aveuglement de certains hommes eft tel, qu'ils s'imaginent qu'en fe cachant la vérité a eux-mêmes , il eft impofhble que perfonne puifte la découvrir, paree qu'iis ne concoivent pas que dans Panalyfe du cceur humain en général , on puifTe jamais pénétrer alTez profondement le leur en particulier pour y trouver la fource de leurs égaremens & de leurs torts. Vous joignez, Monfieur, a eet aveuglement 1'adrelfe 'd'un efprit tourmenté, mais prévoyant, qui cherche a fubtilifer non-feulement les juftes préventions données contre lui, mais les moyens qu'on pourroit employer pour juftifier ces préventions. Vous dites, ( page 1 z 1 ce votre Requête ) u qu'un véritable abus d'auj>. torité , ce feroit, fans doute d'ouvrir une in» formation contre 1'Adminiftrateur d'un grand  ( ) » Empire,, fur une accu fation illimitée». Vous croyez, Moufieur, intimider par ce raifonnement les Miniftres actuels , & forcer leur politique a vous fouftraire au déshonneur , afin de fe faire u-,ep!anchepour eux-mêmes en cas d'événement. Mais, Monfieur, aucun de nos Miniftres aduels ne vous reffemble : on peut affirmer cela, fans prétendre leur faire un grand compliment. Aucun d'eux n'a rien a craindre de ce que vous éprouvez : i°. paree qu'ils ont des principes non équivoques d'économie & de probité : i°. paree qu'ils ne s'aveuglent pas fur 1'Autorité qu'on leur a confiée, pour en abufer a tort & a travers: }°. paree qu'ils ne difpofent pas des Fonds de 1'Etat avec cette légéreté & cette profufion indécentes que vous mettiez dans la diftribution des Penfions & des Gratifications a vos Partifans & a vos Gommis : (i) & 4°. paree qu'ils favent diftinguer le mérite , & qu'ils ne prodiguent pas a la médiocriré des talens, la portion des Graces du Rol qui revient aux plus dignes. (i) M. de Calonne ne renechiffoit pas que les trefors grodigués dans ces libéralités extravagantes ne lui appartenoient pas ; rien ne lui coütoit par confequent pour fe faire des partifans & des pröneurs. II donnoit drdmairemeYit a fes Coramis favoris les deux tiers de leurs appointeraens en gratifications ; ce qui explique poarquoi ces Meffieurs foutiennent encore ia cauie en ce moment. Hs efperent (ans doute le voir revemr comité » Scivion , accujé par les Tribuns & par Caton hun mems\ qui au lieu de fe défendre , ne fait que rap- peller "époque de fes triomph.es ( p. 194 de la P.equ..) Le5 Pröneurs & les Partifans de ce nouveau Sapion , datv; une circonftance pareille , ne manqueroient pas de le fuivré.... au Tréfor royal , & c'eft la que fon mnocence briliefoit du plus grand éclat !  U6) Je dis plus y Monfieur, ouvrez les annales de notre Monarchie & vous n'y trouverez aucun Miniftre qui ait diflipé en plufieurs luftres , ce que vous difiipiez en fix mois pendant votre Miniftere. Jamais aucun d'eux n'a imaginé que la magnificence & la gloire d'un grand Empire GonfiftafTent a épuifer le Tréfor du Roi & les Reflburces du moment. Je fais bien que vous ne ceflerez de dire que vous aviez des ordres ; & moi je ne cefferai de répéter que vous avez furpris ces ordres & que vous en avez impofé au Roi; car fi cela n'étoit pas ainfi, & que les principes de Probité que vous afFectez, euiïènt été dans votre cceur , comme ils font dans votre bouche , vous auriez donné votre démifïïon fur le champ. Cet argument, je crois} eft fans replique. L'apologïe que vous faites de la douceur de votre caractere pendant la durée de vos Intendances eft démentie , malheureufement pour votre juftification ; d'abord, par la conduite que vous avez tenue dans 1'affaire de M. de la Chalotais; enfuite par les récriminations, en tout genre , qu'on ne ceffe de faire de toutes parts contre vous , en ce moment (i). D'un autre cóté, pendant votre Miniftere , qu'aviez-vous befoin d'être perfécuteur en titre ? N'aviez-vous pas auprès de vous des Agens & des Affidés, qui , tandis que vous cherchiez a furprendre la bienveillance du Public par des (i) Le Chapitre de Verdun & les habitans de SaintMihiel vont faire parottre incelïamment des Mémoires dans lefquels ia douceur du caraétere de M. de Calonne & fa bonae-foi foaïtriront de cruelles exceptions.  ( *7 ) manieres féduifantes, ie chargeoïent de fa malédiaion par des intrigues odieufes , néceflaires fans doute au maintien de votre Pouvoir . Un fait avec quelle magnificence vous avez payé les Services qu'ils vous ont rendus. On connoit les liaifons intitnes que vous aviez contraflées, avec les Hommes les plus corrompus , les plus décriés, les plus dangereux de la Capitale & des Provinces. Vous n'êtes pas méchant, dites-vous ? & vous profitiez de la méchanceté des autres pour mieux affermir votre Crédit, & pour augmenter votre influence fur toutes les parties de 1 Adminiftration ! Vous n'êtes pas méchant ? & vous conduifiez une Nation entiere a fa ruïne par le défordre de vos idéés & par 1'orgueil de vos prétentions ! Vous n'êtes pas méchant? & vous accufez fauffement & avec une effrontene lans égale un Prélat refpedable d'avoir fait un Mémoire contre vous , pour avoir occafion de le perdre, d'un feul coup, & dans 1'efprit du Roi & dans celui de la Nation ! Vous n'êtes pas méchant? & vous tentez d'allumer le flambeau de la difcorde entre un Souverain & fes Sujets, pour vous venger, non des remords que vous éprouvez, car~une ame comme la vötre n'en éprouve pas, mais du dépit funefte que vous reffentez aujourd'hui de n'avoir pu confommer leur perte commune. Ah ! Monfieur, que de ravages la douceur prétendue de votre caradere a caufés dans notre Patrie , & combien elle eft a redouter pour le Peuple généreux qui vous a recu dans fon fein ! Je n'entrerai point dans la difcuffion de 1'abus d'autorité dont le Chapitre de Verdun vous accufe, pour avoir fait des percées dans fes  Bois ; c'eft une affaire particuliere qui ne concerne que ce Chapitre , & qu'il aura foin d'éclaircir BientAt. Je dirai feulement que la Lettre que vous avez écrite a ce fujet au premier fecrétaire de 1'Intendance des Trois-Evêchés, n'eft pas une Piece jufiincative, paree qu'encore un coup, vous ne pouvez être Juge &; Partie dans votre affaire. Nous arrivons maintenant a la propofition que vous prétendez avoir faite au Roi, de difcuter, en préfence d'un nombre fuffifant de CommiiTaires choifis dans 1'Affemblée des Notables, la fituation des Finances en 1781, conrradiöoirement avec M. Neker lui-méme. Mais M. Neker vous a fait publiquement cette propofition dans le temps. Pourquoi ne I'avez-vous pas acceptée alors ? Pourquoi avez-vous follicit» enfuite par vos Amis, après la publication de fon Ouvrage , 1'éloignement de eet ancien Directeur des Finances, dont les connoiffances & la réputation tourmentent aütant votre vanité, que la fage Adminiftration de M. PArchevéque de Touloufe rourmente votre dépit ? Pourquoi, aujourd'hui , fugitif en Angleterre, imaginezvous de parler de cette propofcion , comme fi nous allions tout de fuite fuppofer que vous feriez forti triomphant du débat, & qu'une pareille intention , prononcée auffi vaguement & d'auffi loin , feroit réputée en ce moment-ci pour Peffet ? Non, Monfieur, nous ne croyons pas plus a la fincérité de cette propofition , qu'au defir que vous marquez de revenir en France plaider vousmême votre caufe & vous foumettre au jugement de nos Tribunaux. Si vous aviez bien réellement ce defir, vous ne nous renvenïez pas aux Loix  C O T T R L Tableau des Edits & Etats des Finances depuis iy8i» j Édit de Déc. 1782. ÉDIT ARRÊT , y .„_ g ton du 30 D£c. ÉditdeDéc. EXTRAIT DU DISCOURS INTRODUCTION \ £mpratttde^uL, n nv r duConsexl EDIT D>AOUST 1784. decalonnf j ™4' , tnoitU OE DECEMBRE 1783. 1784. 1785- M" CALONNE, »tt TTunnnirM N p r Ir tt t? contrats ; rtmbourfement du 14 Mar*. CAISSE D'aMORTISSEMENT. - , .„. „ , „ .... „ r, ■ o AU LIVRE DE M. JXECKER. en quatone antides . Emprunt de 100 millions. 17S4. Empr. de 115 millions. Empr. de So mdlions. JJutl Fevner 1787. Vol. I", page 5." J'ai quitté «C'eft pour Nous étant fait rendre Sa Majesté Nous avons porti un regard La néceffité de con Töus nos enga- Page 12. Sa Majefté a pu fuivre les mouvemens de » ma place en laiffant lesfonds „ remplir ce point de cmpte des dettes atnirtis, I veut mainte- attentiffur la maffe entiere de la tinuer avec exafti- : 1 gemens ont été fa bienfaifance , lans agraver les charges de fon »affarés pour une aonée en- »vue, & pour mani- nous en avons réglé les nir les difpoft- dette publique; nous en avons tude 1'acquittement acquittés.... Tels Peuple. j> tiere :& il y avoit au Tréfor » fefter dès a préfent payemens de maniere dons ordon- confidéré toutes les parties pour des dettes.... les en- font les fruits; page 10. II s'éleve de toutes parts des momimens..,. »royal plus d'argenteomptant, »l'intention oü nous f^ls ne dérangent en nees pour fes en bien connoitre l'enfemble, & gagemens pris pour telles devoient étre cies décorations qui ont droit a la reconnoiffance na- »& d'effets exigibles , qu'il ne » forames d'amortir ^ien les vues d'ordre , de Finances, en après avoir fait difcuter en notre accélérer les paye- les bafes du plan tionale : la place de Bordeaux, fes Communications » s'en étoit trouvé de mémoire «fucceflivement la Hquidation & d'améliora- facrifiant toute Confeil le coinpte détaillé que mens arriérés.... nous que nous avons les pius beaux points de vue de i'Univers. «d'homme.» «plus grande partie tion que nous avons adop- dépenfe d'agré- nous nous fommesTait rendre, obligent d'ouvrir un adoptè. L'entierac- , des dettes de notre tées pour nos finances. ment, en dif- nous avons reconnu avec une emprunt qui facilite quit doit être con- Page 12. Par le tableau raccourci des opérations depuis Pag. 5 26 du vol. IIV« Qu'on » Etat , même celles Après avoir fermé 1'em-. férant toutes grande fatisfcaion que cette toutes les difpofi- fommé dans le trois ans , vous pouvez juger s ü y a eu de 1 ordre ») ne dife point, pour infpirer » contraftées avant prunt de 200 millions, celles qui peu- dette s'éteindra facilement dans tions d'ordre & d'éco- courant de fannée dans le regime des finances. „ des doutes aux Créanciers de «1'époque de notre encore ouvert pour moitié, vent fe remet- une période déterminée, par des mme, 1786, & nous pa„„ I(5 r)EPuis un an je n'ai pas cejfé de travailler »1'Etat, qu'il refte encore beau- »regne, qui ne font nous avons juge d'y fubf- fre;enfufpen- moyenssürs, gradués.... qui avons la fatisfac- fprem\re une connoiffance plus certaine qu'on ne » coup de dettes a payer de la » pas comprifes dans «tuer un emprunt de dantdesconf- pourront être maintenus en Ceft en augrflen- ! ttoa'd'étre affuris i4Y0it eue jufqu'd préfent de la fituation des finances. »derniere guerre ; car en la » 1'ordre des rembour- 100 millions. truótions fur tout tems même de guerre. tant nos reffources qu'avec le fecours »fuppofant de 100 millions, »femens, que nous les fonds de dans 1'efpace de 25 ans il fera P31" la diminutïon des du nouvel Em- page 18. Le déficit annuel eft très-confidérable. »on verra que 1'accroiffement » nous fommes déter- Occupé de tous les fes Batimens... rembourfé plug de 1,264 mil- f>'ais de recouvremcns , prunt nous pour- ' ti > a 1 • q ' n u c » du produit des droits & les minés a une créa- moyens d'opérer efficace- fe privant pen- lions de la dette publique , & c'eft en foulageant roos efteöuer eet Page 19. 11 sett accru depuis 1781 a JNovemöre 1783 , » extinöions de rente.s pendant » tion de rente a cinq ment cette Übération, nous dantquelque nul motif ze pourra jamais nous nos peuples par une appurement total puiique les emprunts dans eet elpace de tems moment « une ou deux années , fuffi- » pour cent fans rete- avons réfolu d'établir tems du plaifir faire départir d'un plan qui met- diflribution piuséga- fans lequtl 1'ordre ,è environ 450 mtUtons. n ront pour affurer Fintérêt de «nues Nous une caiffe d'amortiffe- de faire des tra 1'ordre dans toutes les parties le du fardeau qu'ils que nous travail- page 20. La réunion de tous les moyens de crédit ne »cette fomme.» «admettrons jufqu'a ment... C'eft ainfi qu'en graces. de la finance; qui donnant au fupportent, que nous lons a mettre dans forrnent pas , a beaucoup prés , une fomme égale a »concurrence de la acquittant nos engage- crédit de la force , étendra affurerons de plus en nos financesferoit cejje ^es acquitemens effeftués pendant ces trois Page 527. « L'on aura vu «moitié feulement , . ~TB?ns , en prenant de juftes 1'agriculture , foutiendra les plus la folidité des imponible. années. L'ordre , l'économie & les arrangemens ont fiiit le j) dans ce chapitre quel vafte » & fur le pied du de- mejfhres pour• affurer tèqui- efforts du commerce , 1'éner- créances publiques. > refle, cS- tout est solde. ( Page 5. Le paffe » champ eft ouvert aux écono- «nier 2j , les capi- M>re entte nos recettes & gie de 1'induftrie nationale, en 1'arriéré , au courant de toutes les parties. » mies & aux araéliorations de » taux des rentes an- nos dépenfes , nous par- rendant tous les foulagemens pa„e 20_ ji n'en réfu;te pas rnoins que le déficit annuel. »tout genre. Heureux le Mi- » ciennes dont les ar- viendrons enfin a dimt- poflibles & toutes les amélio- \ pr;s je nouveaux accroiffemens. »niftre des finances qui peut, »rérages fe payent nuer le poids de 1'inipöt. rations fatiles. f ndansun teö>s calme , faire » au-deffous de cinq Page- *1 • Cs ferolt pouttant une. mee fort exageree du défi- « valoir de fi belles reffources, >, pour cent.» cit ^ de ioindre rmteret de la ™arffe d'emprunts a ce >,& plus heureux encore fi tant qu'il étoit antérieurement; mais jufqu a la fin de 1797, » de faveur eft le prix de fes 11 efl imP°JfMe dc LtiIer rEtat dans lf banger fans cejfe » vertus ' » imminent auquel 1'expofe le deficit qui exifte : impojjlble de faire aucun biet* , de suivre aucun plan Au Supplément, fin du r ^ico^ojwr* auffi long-tems quece désordre susvol. II'.« L'Edit d'Aoüt I784 !; sist era. »a paru depuis 1'impreffion " • Page 22. Economifer...... S. M. Ieveut..„... Ie fait........ » deschapitres précédens, mais j le ferr. Impofer plus , feroit accabler les Peuples que » on doit montrer feulement le Roi veut foulager. » en quoi confiftentles rapports i Page 27. Vous aurez connoiffance de quelques difpofi- » ou les différences qui exiftent tions qui tendent a bonifier les recettes, par des moyens » entre Ie Tableau annexé a eet j qui ne feront pas onéreux ; tels qu'une perception plus » Edit, fous le titre de rem- ! exacte du droit de timbre. » bourfemens indiqués a épo- j; • Page 2 3. Vous reconnoitrez dans Fenfemble du plan , »ques fixes, & Ia fomme dé- J ;! | | qu'il eft fiutilepour le bon ordre, qu'il faudroit en de- wfjgnée dans Ie chapitre des I fn-er I'exécution , quand même la fituation des finances »dettes de 1'Etat, &c. &c.» | \ ne l'exieeroit pas impÈrieusf.mknt.   (1?) romaines, & vous ne citeriez pas les Loix angloifes, qui font très-fages affurement, mais qui ne peuvent être admifes dans ce Gouvernement qu'en changeant fa conftitution. Quand vous exerciez le miniftere des Finances dans cè Royaume , vous en connoiffiez les Loix crimineïles ■ vous faviez bien qu'en cas de pre/arication' vous feriez jugé par ces mêmes Loix , toutes gothiques qu'elles vous paroiflent. G etoit a éviter leur rigueur par votre conduite, & non par la fuite, qu'il falloit vous attacher. Ce n'eft pas , au refte , que je n'approuve fort tout ce que vous dites fur la réforme de nos Loix cc minelies; mais les réflexions que vous faites ne font nas nouvelles pour nos Jurifconfultes, & fur-tout pour le Miniftre éclairé & vertueux qui eft a la tête des Tribunaux du Royaume. C'eft a la fageffe de fes principes & aux lumieres de fa raifon que la réforme de ces mêmes Loix eft confiée. II s'en occupe dans ce moment avec ce zele pour le bien public & ces grands talons qui font héréditaires dans fa Maifon , & que le Roi & la Nation reconnoiffent depuis long-tems. Vous n'attendrez fürement pas, Monfieur , cettte réforme pour prendre votre parti fur ce que vous avez réellement envie de faire par laTuite. Quant a préfent, je vous confcille , en voyant le peu d'effet qu'a produit votre Requête dans 1'opinion publique, en faveur de vorre innocence , de vous concentrer dans une illufion moins grofïïere, & de chercher a étouffer en vous , pour la tranquillité de vos jours , cette vanité des Grandeurs & ce goüt pour les Diffipations efFrénées qui font votre honte & Ie malheur de notre Patrie.  ( 3° ) C O T E II. Ohfervations fur les contradiclions des Edits cités entr'eux & entre le Difcours de M. de Calonne. Sr au mois de Novembre 1783 , il y avoit un déficit de 80 millions de la recette a la dépenfe, il en réfulteroit que dans Pintervalle de Novembre 1783 a Février 1787 , le déficit feroit augmenté de 35 a 4.0 millions, puifqu'on 1'annonce de li 5 a 12.0 millions. II y a certainement erreur quelque part, & cette erreur M. de Calonne ne 1'éclaircit point dans fa Requête. M. Necker dit qu'il a laifië les Fonds affurés pour une Année entiere, & au Tréfor royal plus d'argent comptant & d'efFets exigibles qu'il ne s'y en étoit trouvé de mémoire d'homme; & il porte a 100 millions la dette de la derniere Guerre. M. de Fleury veut que fon Emprunt foit rembourfé en feize années, & qu'il ferve même k acquitter des Dettes du regne précédent. On croit que eet Emprunt n'a été rempli qu'au quart ou environ. M. de Calonne, Edit de Décembre 1783 , juge k propos d'y fubftituer un Emprunt de 100 millions; & pour opérer efficacement la libération, il a réfolu d'établir une Caiffe d'amortiffement. L'Arrêt du Confeil du 14 Mars 1784 , veut facrifier toute dépenfe d'agrément, en difïérant dans chacpe département toutes celles, &c. 1  L'Edit d'Aoüt 17843 étPblit cette Caiffe d'amortiflement , & annonce une libération de plus de 1164 millions en vingt-cinq annees, & que cette libération commencera en 1785 par une fomme de millions- Voyelle Supplément a la fin du ie vol. de Vouvrage de M. Necker. ■ D'après tout cela , pouvoit-on s attendre a de nouveaux Emprunts? Quatre mois cependant forent a peine écoulés, qu'on vit paroitre 1 Edit de Décembre 1784, ?om un Emprunt de 125 millions, rembourfable en vingt-cmq annees, & 1'Edit de Décembre 1785 peur un emprunt de80 millions , & plufieurs autres Emprunts encore , jufqu'a 1'époque du 22 FeW <17%- Du ™»« il réfulte finalement un déficit aftnd de 115 a izo millions, & peut-être plus. On ne peut s'empêcher de remarquer un contrafte auffi frappant que celui qu'il y a entte 1'Edit du mois d'Aoüt 1784 & le Difcours du il Février 1787. C'eft paffer rapidement de 1 opulence k la détreffe , & les caufes de cette detrefle font bien importantes a découvnr. Voyez i hdn de Décembre 1785 , qui promet que tout lera acquitté en 1786, &c. On peut ajouter encore que M. de Fleury a aucrmenté les revenus de plus de 50 millions, ceÖqui joint a un accroiffement de produit dans les différentes régies , démontre qu'au mois de Novembre 1783 , la fomme des revenus étoit auementée de 60 millions au moins. Enfin fi 1'on fe refufe k croire au deficit de 80 millions k 1'époque de Novembre 1783, ceft qu'on n'en voit aucune tracé nulle part, & qu au contraire on voit que tous les Edits annoncent & promettent une libération.  (5>) Extrait d'une Note remife au Palement par M. de Calonne , pour le prejjer Jur l'Enreoifirement de 1'Edit de 80 millions. " ^es Pren"eres annees après Ja Guerre ont dü étre confumés a 1'acquittement des dettes qu'elle avoit occafionnées. C'étoit 1'époque pénible. 11 a fallu les accélérer ( ces dettes ) le plus qu'il a été pofïible, pour arriver plutót a ceüe ( 1'époque) du .rétabliffement de 1'ordre & de 1'amélioration de la conftitution. On touche aujourd'hui a cette feconde époque : les vues font préparées , il y tout a efpérer de leur exécution , fi Pon ne détruit pas les moyens d'y parvenir. ...... Arréter en ce moment la marche de 1'Adminiftration , ce feroit 1'expofer au plus grand des malheurs, lorfqu'on eft parvenu a en effacer jufqu'a la crainte , lorfque tout annonce un état profpere ; enfin lorfque, pour prix de la confiance... .. on garantit 1'acquittement pjrochain de la totalité des dettes exigibles ; en même tems que la libération fucceffive de la dette conftituée fe trouvera affurée par PétablifTèment de la Caiffe des amortiflèmens. Remarque. II eft a propos de remarquer auffi que dans .cette Noteil y eft porté une fomme de ip millions employée pour rapprocher les paiemens des Rentes de PHótel-de-Viile ; & dans le Difcours de Ms de Calonne, c'eft 48 millions au lieu de 19 ; ü y a donc quelque erreur de caicu) dans cette contradidion. COTE III.  ( 33 ) C O T E III. Mémoire envóyé en manufcrit a plujieurs Menvbres de V'AJjanblée des Notables , au commencement de cette Ajf:mblée , en Fèvrier ijby. JL E Roi veut foulager , féforrner, mettre de 1'ordre dans les Finances, & pour cela il aflèmble des Notables afin de les confuiter. De pareilles Aflemblées ont été dans tous les tems le fignal de ia détreffè ; & la feule annonce de cel!e-ci révele les rnaux qui nous accabieut. Tout prend fa fource dans le défordre des Finances & trouvera fon remede- dans 1'ordre a y mettre. On pent eomparer les grands événemens anx petits: lorfipi'iuie maifon opulente eft fiir le point de tomber, on met fes Revenus en direction , on vérifie les Dépenfe;; Cz les Dettes exiftantes pour réduire' 1'abus, reco.ivrer les doübles emplois } pi/— j>k les ufures, & on regie invariablement 'les dépenfes a venir : voila 1'ordre d'oü nait le crédit qui confifte , difoit Colbert, dans Ia bonnc omnion de i'arrangement des affaires. Mais c'eft ici précifément que nait 1'incroyable difficulté de concevoir comment il eft poffible qu'en 17&7 il taille mettre de 1'ordre dans les Finances de la France. Le 14 Mars 1784 Sa Majefté s'engagea par un Arrêt de fon Conleil a maintenir fi exaclemem les arrangemens qu'elle a ordonnés pour fes. Finances , qu'elle déclara Jacrifier toutes d.'penfes : d'agrément } Jüfpendre toutes conftruclions de bd-  (.34)" A J ,^ , timens , & vouloir fe pnver meme du plaifu- défaire des graces. En Aoüt 1784 un Edit folemnel fut publié pour Pétabltflèmeat d'une Caiffe d'amortiffement r& Ie Roi y déclara qu'ayanr porté un regard attentif fur la maffe entiere de la dette publique , elle en a conjidéré toutes les parties pour en, bien connoitre l'enfemble; qu'après en avoir fait difcuter cn fon Confeü le compte de'taillé. elle a reconnu avec fatisfaction que cette dette s'éleindra facilemcnt dans un periode détermi- m\ que des opérations conjiamment fui- yies il refultera que dans Vefpace de vingt-cinq annees , U fera rembourfe'plus de 1,264,000,000 de la dette publique & que nul motif, nuile circonftance ne pourra jamais faire déparür Sa Majefté en aucune forte, de l'exécution dll plan qui mettra i,'ordre j3ans toutes les parties de fis Finances , donnera au crédit de 1'Etat toute la force qu'il doit avoir, &c. &c. . _ Atfurément fi on voulok avoir la dénnition , la théorie & 1'indication de Vordre en finance „ en les puiferoit dans eet Edit folemnel. Deux ans après , cepenclant, on appelle Ia Nation , pour avifer aux moyens de rétabhr Vordre. Les Arrêts & Edits de 1784 n'ont donc été que des impoftures, ou s'ils ont été exéentés, ce qui fe paffe aauellement eft donc un leurre & un piege? S'ils n'ont pas été exécutés, quel en a été 1'obftacle? comment eet obffacle ne peutil ètre vaincu que par de nouveaux moyens ? tout cela offre autant de problêmes que M. de Calonne doit expliquer. D'un autre cóté , le probléme fembie devenir  ( 35 > snfoïuble : i°. fi on confidere le tableau des Em* prunts & affaires extraordinaires depuis le commencement de 1784, montant a plus de 1200 millions, c'eft-a-dire, a-pëu-prés a la fommq que fEdit dé 1784 annoncoit d'avoir en vingt-cincr ans , acq.iitter la Dette publique ; z°. s'il eft vrai que cette dette n'cn ait point été ou prefque point diminué. I! eft évident qu'un défordre auffi exceffif, auflt inoui f ne pourroit avoir pour caufe que le defaiïÉ de confeil , de regie & de mefure dans la diftributiön des dépenfes. Le feul & vrai remede,par conféquent, ne peut fe trouver que dans Ia cef-' fation de ce défordre, c'eft-a-dire dans fétibliffement d'un Confeil fixe pour régleï la répariition des Revenus En eftet, pour peu' que 1'on parcoure 1'Adminiftration aftuclle des Finarfces, on ne voit que fources de maux & de ruines. Cette Adminiftration fe divife en pure Adminiftiation , & en Adminiftration contenüeufe. Pure Adminiftration. Depuis 1'Abbé Terray tout eft concentré dans la vojonté feule du Controleur Général. II n'y a plus de Confeil de Finances : le nom de fes membres n'exifte que dan? rAImnnach & fur les régiftres du Tréfor royal qui les paye ; jamais a préfent on n'examine , on ne difcutè, on ne regie , on n'apure en Con feil ni Recettes , ni Dépenfes , ni Comptes : les IriférefTés les font; des Commis les contrólent, le Controleur les met en porte-feuitle, les fait figner au Roi ; on les porte enfuite au Chancelier & aux autres Miniftres, qui fignent öii ils fe trouvent, ad relationem , en vertu du principe moderne ft commode & fi dangereux : « que la fignature du C %  . ( 3*> » Miniftre de Ia Finance pour les chofes de fon }> département, commande toutes les autres fijj gnatures ». Ainfi jamais le Roi ne fait qnece que le Contröleur-Général veut bien lui dire dans Ion travail téte a tête. Les Commis font tout, & donnent la tournure a tout, felon qu'ils font honnêtes ou payés par les Intérefïès. Dela l'eiïroyable Bureaucratie qui exifte & qui eft telle que ce qui faifoit lept ou huit départemens fous 1'Abbé Terray, en fait vingt-fept ou t ente a préfent. Ce qui coütoit environ 300,000 livres, coüte 3,000,000. Par exemple, le Bureau de M. de *** coütoit en tout par an 30,000 li. yres: depuis qu'il en eft le chef il a coüté i°. pour fes meubles. 40,000 I. 20. Pour payer fes dettes . . . 60,000 30. Pot-de-vin du bail par innovation 80,000 40. Par don pour payer fa charge de Maitre des Requêtes .... 120,000 50. Quatre Commis a 12,000 liv. chaque. . . t. 48,000 6°. Quinze Ecrivains a 15 co & 2000' livres .... environ .... 24,000 70. Donné a 1'un d'eux pour travail dn bail . 16,000 8°. A M. de *** par an en tout . . 40,000 q°. Par contrat de mariage, afliirance d'une retraite de 20,000 liv. . 428,000 Ce qui fait quatorze ou quinze fois plus que n'eut coüté M. de Trudaine ou M. de Villevaut lui-même. Pourquoi ces faveurs a M. de *** aux dépens de 1'Etat ? Un Confeil des Finances etit-il alloué ces prodigalités ?  (,*7.) C'eft de-la qu'eft rëfuué Ia proteftation des Peniions, qui, fous M. Necker, étoient a vingthuit millions , & qui après des extinólions énormes , font encore au même taux, indépendamment de tout ce qui eft affigné aiileurs qu'au Tréfor royal, & tout cela au mépris de 1'Arrét du Confeil de 1784. Un Confeil auroit - il opiné pour M. de *** une penfton de ... 80,000 1. Pour M. *** a valóirfur Ja retraite. 4.0,000 A M. de *** , tandis que le Roi paye les Dettes de fon parent, qui fait perdre le refte 40,000 A MM. de *** , déja engraiffés des dons dn Roi a 1'excès , 40,000 &c. &c. &c. &c. &c. &c. &c. &c. &c. C'eft du même efprit de prodigalité , que provient 1'abus ruineux d'Acquifttions , fans autre caufe que la faveur & la profütution. — Biens de *** _ Serres de *** — Biens de M. *** — Droits régaliens, vendus par M. de ***. — Rachat de 1'Hötel de Marigny , que le Controleur général s'approprie. — Manufaclure de Dunkerque de Cuirs tannés. — Maifon de Charité. — Hotel de M***. — Maifon du fieur *** au Caroufel. — Bois de M. ***, payé 1,800,000 1. — Plus 300,000 livres a M. de *** créancier oublié, qui menacoit de faire éclat, &c. &c. &c. C'eft de-la que provient la rentrée confentie pour le Roi dans une foule de Conceflions, avec. indemnité aux Conceffionnaires. Par exempie. — Conceflion des Marais de Gorges a M. de *** , des Marais de Brevent au même. — Des Marais de Cleville a M. de *** , qui a eu 400,000 liv. en argent, & 30,000 liv. de rentes viageres. C 3  ($) •— Conceffion de Barville, du Pont-Audemet; qui co'iie plus de trois millions au Roi , a qui ij fuffifoit de prott'ger le Concefïiormaire. — Ces exemples ne font que d'une Province. Combien d'autres dans le refte du Royaume ! . . Un Confeil auSoit-il fait ces opérations ? De 1'abolition de ce Confeil réfultent les liouidations arbitraires, & les rembourfemens a toutes fortes de favoris. «— Les rembourièmens de ces rentes au-deffous de 20 livres , font au denier cent, tandis qu'on emprunte a dix & douze. •— Ces rembourfemens ie font au comptant & en plein, pour des EfFets acquis a grofle perte; Ie tout par Arrêt "du Confeil, que le Conleil n'a1 jamais délibéré, & qui font 1'ceuvre de Commis qui y donnent a leur gré la tournure de propre mouvement du Roi, au moyen de 1'expremon .abuiive & fauffe : Le Roi e'tant en fcn Confeil'. De-la le défordre de ces Echanges modernes; tel que celui de M. de *** , neveu de M. de *** , avec le Roi, qui donne trente pour dix. Dc-la provient laléfion desbeaux & traités pour Ie Roi, Iefquels , au mépris du va-u conftant des jEtats-Généraux, des Ordonnances & des Régie?nens, (mais vu Pabolition de tout Confeil ) ne font jamais proclamés a 1'enchere , & font toujjo/urs faits par les Intérefiés, tout-puiffans a a 1'aide de leurs richeffes & de leurs alliances , & par des Membres ifolés du Confeil, & lenrs Commis penfionnés , gages, gratifiés par les Traitans, plus ou moins , felon qu'ils ont plus ou moins été favorables —■ Exempie. — Bail' des MeiTageries, pafli a M. ***'en 1782, pour neuf ans , pour i,ioo;ooo liv. par an. -— En, voici quatre échus'; il s'eft fait donnt-r,  ( 39 ) lB. Pour frais d'établiflement , ïiiaifon , &c 1,800,000 1. 2°.Pourraifon de cherté 200,000 liv. de diminution fur chacpe anhée du bail , ci • 1,800,00-3 30. Pour autres inderarutés . . 1,200,090 II auroit dü 4,4.00,000 livres : il n'a rien payé, & a encore du benefice , : • • 4,800,000 1. Le fieur ***, Commis du Controle pour la partie, n'avoit rien en 1783 ; &c il fe retire avec voiture, Charge de Secretaire du Roi , & 30,000 livres de rente. — Un Confeil auroit-il fermi les yeux fur ce'a ? De-li les ürdonnances de comptant fans hornes , & l'allouement des Comptes fans vérification. M. de *** a porté en dépenfes 40,000,000 1. pour 1'armée de *** : on 1'a payé provifoirement, & ordre de lui donner le temps de juftifier. Ce n'eft Ja qu'un ioible échantiilon des Défordres de 1'Adminiftration en grand. On peut y rapporter 1'ufape effréné d'Emprunts ruineux, de fervices de Banqne plus rongeurs encore, d'Anticipations avec gros intéréts , quoique ce foit l'argent du Roi, &c. II en eft de même en Alminiftraiion contcntieuf'e , qui concerne les affaires de Parties, D'abord il n'y a point de Confeil qui tienne pour les Juges. La DirecTion deiiinée a quelques-unes, ne tient fes féances que très-rarement : tout eft inftruit, extrait, jugé par le Bureau; on ne connoit ni .les formes cie 1'Ordonnance civile , ni dn Régiement de 1730, obfervées au Confcü privé. En C 4^  ( 4° ) finance , point de Confeil ; plus de Grefte qu'en idéé; plus d'inftruclion qu'en apparence. II y a un Comité' de quatre a cinq Membres, qui , pour les chofes contradictoire1; , tient iieu du Confeil nombreux que les Partjes devroient avoir ; & en mattere de Fermes & de Droits du Roi , ce Comité eft payé par les Traitans, qui a la vérité en font déduction au Roi. — Du refte , tout eft jugé par les Commis : tout fe fond dans le Porte-feuille de Controleur Général; feul arbitre fuprême de tout. Que de vexations, de concuffions, d'injuftices , de fraudes, d'orniffions , d'exactions ne produit pas eet affreux régime i Depuis trois ans on ne peut arracher de fignature du Miniftre diffrait , occupé , dédaigneux 5 fur ce miférable contentieux : les Parties gémiffent, font ruinées. — Les Gens d'affakes murmurent; tout le monde crie , & pour remede , arrivé rAffemblée des Notables , qui fufpend encore le peu de travail particulier, & menace d'une fubverfion générale. Mais il ne faut pas oublier que c'eft pour mettre de 1'ordre dans les Finances, que Sa Majefté confuite les Notables. — En pareil cas, il eft naturel de confulter auftl rHiftoirie depuis deux eens ans. Voici la troifieme Crife éclatante que la France éprouve. Qu'a-t-on fait dans les deux premières? L'Hiftoire va nous éclairer fur ce point. En £594. Sully entra au Confeil. Les revenus étoient de quatre-vingt-dix millions: il n'en entroit que trente-fix au Tréibr royal; deux années étoient dévorées d'avance ; les EfFets publics étoient multipüés jufqu'a Taviliffement; les chofes d'alors reffembloient a peiwprès a celles d'aujourd'hui. Que  ( 40 fit Sully ? II ne voulut point s'oppofer au projei qu'uïi Courtifan, plus rempli d'imagination que de bon lens, propofa, celui d'aflembler les Notabics en 1506. — L'Allemblée arrêta deux chofes ndicules: un impót onéreux & infuffifaot, que Pon ne percut point, & un Confeil de raifon , qui deyoit être tenu par les Magiftrats. —Sully laifla clire, & tomber ces plans: il y fubftitua deux chofes: iQ. 1'établiffement d'un vrai Confeil de Finances, tel qu'il étoit ordonné par le beau Reglement de 1582 , qu'Henri III n'avoit pas eu le temps & la force de faire exécuter. 2°. Appuyé de ce Confeil, Sully vérifia les comptes précédens, & fit entrer beau coup d'argent détourné, en même-temps qu'il fit arrètcr invariablement 1'ordre & 1'économie des dépenfes a venir. Avec ce régime il amafla 40,000,000 d'épargnes au Roi. ( Voyez Forbonnais, Tome I, page 75.) Un fiecle après, les chofes étoient retombées au même point de ruine, de déprédation & de confufion 011 SuHy les avoit trouvées en 15 94. Colbert arriva au Miniftere : il n'aflcmbla pas les Notables; 1'expérience 1'avoit éclairé; mais il rétablit la forme rigoureufe d'un Confeil des Finances, partagé en Confeil d'Adminiftration & en Confeil de Parties, conformément au Reglement de 1 582. D'un autre culé , il infifta fur ce que les Fermes du Roi fuffent mifes a 1'enchere; il abolit les comptans ; il obtint les Refiitutions pour le paffé; il arrêta les Dépenfes de chaque année ; fit de fuperbes Etabliflemens; créa le Commerce & la Marine; diminua les Tailles; augmenta les Revenus, & trouva le moyen de fuffire a de fameufes Guerres. Pourquoi avant Sully , entre Sully & Colbert, & depuis Colbert, les Finances font-elles retombées  ( 4* ) dansle défordre ? Avant Sully, nul Confeil, par con,; féquentnulle regie. Après Sully, abolition du Confeil qu'il avoit établi. Depuis Colbert, a la vérité , 1'étabiaTement du Confeil n'a pas éprouvé le même anéantiiFement abfolu : aum la France a-t-elle réfifté* aux miferes de la fin du regne de Louis XIV, a la révolution de 172.0; a la guerre de fept ans., depuis 1746, qui n'a couté d'extraordinaire que I,cf56',i58,i6i liv. Mais 1'Abbé Terray a tout aboli; & M. de Calonne a détruit jufqu'a I'avorton de Comité que M. de Fleury avoit jugé au moins néceffaire. L événement qui neus occupe aujourd'hui , prouve bien ce que de pareils procédés produifent de défaftreux. En effet, quelques plans de réforme & de richeffe que 1'on imagine, 011 tendront-ils? A augmenter fans bornes les moyens de dépenfe. L'ordre que le Roi veut mettre dans fes affaires, confifïe (fuivant Pefprit de M. de Calonne _) , a trouvec les moyens de bien de'penfer, & le préfent & 1'avenir. Plus il lui fera fourni de Recette , plus il fera de Dépenfes. De cette maniere on n'aura remédié a rien ; — on aura augmenté le défordre. Le véritable plan eft donc de régler la dépenfe, & d'empêcher que l'ordre de fa diftribution ne foit interverti. Or il eft évident que le moyen d'y parvenir, eft le rétabliffement des tenues du Confeil de Finances , honnêtement compofé & qui eft toujours exiftant & payé. Quand , au contraire, on réfléchit fur les plan? de M. de Calonne , on ne fait oü il tend. En conduifant PEtat a fa perte, en faifant jurer au Roi le contraire de fon Edit de 1784, il paroit ne vouloir propofer en derniere analyfe, pour opérer Joulagement] réforme & ordre ? que de faire lanc*.  ( 43 ) tionner aveuglément fon Compte rendu, charger les ProvincesVacquitter fa dette, & refter Miniftre , comme par la paffé, & des Recettes & des Dépenfes a venir. C'eft outrager la Nation , que de croire qu'elle pourra foufcrire aveuglément au Compte a rendre, fans rapprocher les paroles de 1'Edit de 1784., & en oubiiant le tableau des 1,200,000,000 millions dévorés depuis trois ans, fans emploi vifible, & contre 1'emploi annoncé. C'eft outrager la Nation , que de lui propofer , en 1'abfence des Etats-Généraux qui tiennent a la Conftitution , de confentir a.refondre cette Conftitution en Aftemblées provinciale*, dont la véritable qualité feroit celle de caiffes d'emprunts au gré du Controleur-Général. Enfin c'eft infulter la Nation, que de croire qu'appellée pour confeiller l'ordre, elle foufcrira a ce que M. de Calonne, Auteur du défordre , continue d'être le feul Arbitre & Miniftre de Ia Finance, fans autre Confeil que lui-même, fans autre regie que celle de 1'efprit qui 1'a conduit depuis trois ans ; & que cette Nation reconnoiffante ne s'occupera qu'a lui donner des éloges, & a multiplier les reffources dont elle le laiilbra Difpenfateur. 11 faut que M. de Calonne fe foit bercé de toutes ces efpérances, & qu'il croye pouvoir les réalifer; car le myftere dont il s'eft enveloppé, les mefures qu'il prend pour empêchev que 1'on ne parle devant le Roi , & que 1'on ne lui faffe entendre des véricés, décelent fon but fecret. Ce but eft de couvrir fon Adminniration , dont il craint 1'examen , & de faire fanctionner 'fes Comptes, dont il redoute la .vérification. Voila le mot de rénigme, Ses propo-  ... ,• ( 44 ) fitions fur les Douanes, les Adminiftrations pro- vinciales, la CaifTe nationale, &c. &c. , font le jargon du Charlatan qui amufe & diftrait pendant qu'il efcamotte. Si M. de Calonne, depuis un an, avoit pu fe choifir un Succeffeur a fa dévotion , nous n'en ferions pas-la; fon Corhpte auroit été voilé par 1'intermédiaire. 11 faut donc aujourd'hui, que, ne pouvant plus impofer ni emprunter, il ufe de machination , & qu'il falTe effervefcence , pour fe fauver dans la confufion des débats. S'il y réuffit, voila fon Compte adopté, oublié, & fes vceux accomplis. Si 1'on fe divife fur les moyens, tout fera imputé a 1'Affemblée. Si on s'accorde, ce fera aux périls de 1'Affemblée même , & alors la chance fera toute entiere pour M. de Calonne, qui, dat-on le foumettre a un Confeil, reftera encore le maitre d'en faire, comme on Ie fait, tout ce qu'il voudra. C'eft donc au pafTé a inftruire fur 1'avenir.  ( 4* ) O T E IV. Re'plique a la Réponfi de M. de Calonne > page 5 o , de fes Pieces juftificaüves. M.deCalonne. Repziqve. II a été néceffaire de II étoit inutile de re- réfondre 1'or monnoyé, fonclre les Monnoies; & paree qu'il 1'étoit de chan- , . , , r ■ 1 i H „• loin de rendre un iervice ger la proportion entre lor " . & l'argent , comme étant a 1 Ftat, M. de Lalonne fort au défavantage du a détruit pour long-tems Royaume. Le Miniftre qui ja pr0portion conventiorta formé ce projet a rendu J, r p & v un grand fervice a 1'Etat. nelle en\l.e 1 or K 1 ar" gent, puilque cettte proportion , trop favorable a l'argent, a fait fortir du Royaume un très-grand nombre d'écus , qui font aujourd'hui en maffe chez nos voifins. Ce qu'il y a de très-certain, d'ailleurs , c'eft que , fur les frontieres du nord & du midi de la France, l'argent monnoyé eft fort rare, & que toutes les denrées font augmentées progrefTivement par 1'augmentation du numéraire conventionnel. Tous ceux qui voyagent chez 1'étranger perdent un feizieme fur le louis neuf, attendu que ces louis n'ont cours que pour 22. 1. io f. II étoit fage de n'em- II étoit fage & jufte ployer a la refonte des d'emplover a cette nouLouis qu'un petit nombre n „r i„ tv vu<, / ï i!/r n„ veile refonte tous les Di- d Hotel des monnoies. Un , . . auroit même défiré qu'il redeurs a qui je Roi avoit eüt été poffible de fe ref- vendu le droit de fabritreindre a la feule Mon- qUer les monnoies. L'en-  . ï '** ï • ... Hoie de Pans, comme on avoit fait en 1719 : la furveillance eüt été plus facile, & il y auroit eu moins d'embarras pour les afhnages. La Cour. des Monnoies a infifte, dans fes repréfentations , pour qu'on augmentat le nombre des Hotels de Monnoies oü s'exécuteroit la refonte; & celui de Strafbourg , qui n'a voit pa's été compris dans Ie premier choix , eft un de ceux qui fut ajouté par les Lettres Parentes du 18 Janvier 1785, tant a la demande de la Province d'rtlface , ■que d'après les repréfentations de la Cour des Monnoies. On n'a pas eu lieu' de s'en applaudir. Cette immenfiiê d'émoturners n'eft qu'une impofture. Les droits fur la fabricalion des monnoies ont toujours paru modiques : ceux qui fe diftiïbuoient ehtre tous les Officiers réunis, montoient en fomme totale a 13 fols 6 deniers par mare d'or : & leur fixation exiftoit depuis plus de cent ans. Ces nfflri^rspn réclamoiént le doublement, paree que toute? chofes' avoient plus que doublé de prix. Deplus , les refontes générales font plus difpendieufes en proportion , elles néceffitent des trais extraordinaires ; & dans un travail continuel, urgent & forcé , on ne peut veiller aux économies. F.n confé•quence, il eft d'ivfage d'accorder en pareil cas le^doublement des droits: *On peut voir a ce fujet 1'Arrêt du du Novembre 1785, au rapport de M. Dodun. Cepen- gorgement « l embarra? qui font réfultés de la lenteur du fervice, au mois de Janvier 1786 , ont affez prouvé que THótel de la Monnoie n'auroit pas fufïï pour la refonte. Mais il paroifïöit vraifeniblablement utile a M. de Calonne que le fecret des n fut connu de peu de perfonnes, & que le bénéfice en füt plus facilemefrt partagé. L'augmefitation dés denrées a pu paroitre un motif pour autorifer le Miniftre a augmenter le dr'oit de tous les Officiers des Monnoies,- mais 011 auroit pu reftreindre ceux des Directeurs.  'flant, en cette occafion , on s eft borne a n accorder aux Officiers que la mbitié de ce qu'ils demandoient depuis long-tems , fans y ajouter aucun extraordinaire' pour la refonte de 1'or ; de maniere que par le doublement ils recurent, en 172.6, 1 liv. 7 f. par mare; & qu'en 1785 , il ne leur a été attribué que 2.0 f. 3 d. pour tous les droits quelconques , quoique le bois , le' charbon & les fourrages fuifent a dej prix excefïïfs. On peut juger, par ce détail, s'il y a eu générojhé &■ pro fu (ion. lei fe manifefte le but de ce Mémoire , & 1'animofité efirénée qui 1'a diclé. Ce qu'on qualifie une fimple lettre minijlénelle , eft un ordre du Roi donné après délibération en fon Confeil, & qui a été enfuite retêtu de Lettres patenfes ( fous Ie titre de déclaration ) , enregiftrécs a la Chambre des Cornptes. Ce qu'on appelle fraude fans exemple , eft la rcftauration c!u titre des monnoies d'or efifectuées aux frais du Roi. Ce qu'on dit avoir couté plus de cinq millions a 1'Etat, lui a rendu , au contraire , ce qui appartenoit légitirnement a lavaieurdes monnoies d'or circuiantes; & s'il en a coftté, non pas au-deffus de cinq millions , mais trois k quatre millions , pour eet acte de juftice , ce n'eft qu'unc cvminution fur le bénéfice que le Roi- a retiré de la refonte. Le titre légal de 1'or monnoyé eft. en effet de 2.2 Ces Lettres pa'tentes , adrefïëes a la Chambre desr Cornptes, étoient inc'ifpenfables pour autorifer les Direcleurs a compter de leurs bénéfïces , & a pouvoir partager avec' leurs Sous - Fermiers' le produit de ces fa-*" meux Si on eüt adreffé cette Loi a la Cour des* Monnoies, elle auroit fait connoitre au Miniftre le' tort réel que 1'on faifoitau Roi. Mais on a eu grand foin d'écarter d'elle tout ce qui avoit rapport a cette manoeuvre , & de lui cachet- les procés - verbaux dreffés pour les effais, les 11 , 12, 13 & I4 No^ vembre 1786. La Déclaration du 30Oclobre 1785 p0rte que  . . ( 4-8 ) Karats, laur te remeac at toi , qui ne doit plus s'étenclre autant qu'on le fuppofe ici; Sa Majefté ayant réglé que les louis ne pourroient plus être au-deffus de ai karats vingt-un trente-deuxieraes. Au furplus , tout ce qui provient desremedes , appartientau Roi. Les Directeurs en comptent, & n'en retirent rien. au titre de 21 karats |l titre eft tel. Mais quan ponfe de M. de Calonm titre de 21' karats , il er II fembleroit , par ce faux expofé, que les efpeces ne lontmifes encirculation , qu'apris qu'un Arrêt de la Cour des Monnoies a confiaté qu'elles font a leur titre. Mais il eft de fait que les efpeces d'or ou dargent font livrées au Public auflï-töt après que , fur le rapport de 1'Effayeur, qui les vérifie dès qu'elles fortent du balancier, les Jurés - Gardes , qui en font auffi eux - mêmes 1'examen , en ont autorite la délivrance. C'eft \k ce qui fe pratique conftamment dans- chaque Hotel des Monnoies. L'envoi des deniers emboités ie fait enfaite a la Cour des Monnoies , qui ne les juge que töus les lix mois, Sc même tous les ans pour les Pro■yjuces. « le travail des nouveaux » louis fera fait aux mê» mes r'cmedes de poids » ck de loi que nos mon» noies d'or aétuelles, ik r> fera jugé en notre Cour » des Monnoies, confor» mement a nos précé» dens Edits & Déclara» tions». Les louis étant , font jugés bons, & leur d le Rédacteur de la Ré: fait fas calculs d'après le impofe très-certainement. Le procés-verbal eft illécral & par conféquent nul. Un Admiiiiftrateur'vraiment fage n'auroit eu aucun égard a des opéra-" tions faites clanddxinement par. des . gens intéreffés a le tromper. Ce procés - verbal a été fait." par le Directeur & ItEP? fayeur de la Monnoie de Paris. L'un a foiïrnj les louis & i'autre a fait les. effais; l'un a rédigé & I'autre a figné. Pour faire connoitre le ridicule de ce' proces-verbal, on 1'a joint ici, avec la lettre du Mi-niftre-, fous la cote V. C'eft cependant ce même proces-  ( 49 ) Comment peur-on dire proces-verbal que M. de que Ie Miniftre afeint de Calonne annonce comme croire,-lorfqu il n a cru que , , ,• e i ^ 1 ce qui réfulte d'un proces- tres-regulier & tres-exa.r. verbal authentique&dreffé L eifayeur général , ék fejivari'6 Ia ferme toujours I'infbeckur général, qu'il citée en pareil cas J c;£e comn)e prcsfens a tou - tes ces opérations, n'ont été réellement appelles & préfens que le 14 Novembre i un feul eflai. On leur a remis deux lingots k eiTayer , Sr ils feroient fort embarraffés de dire de quelles efpeccs ils avoient été fondus. C'étoit le fécret des f*; je veux dire le mot de 1'énigme. II eft conftaté , par ce II fuffit de lire le Proprocès - verbal , que les c^s_verbal , fous la cote louis fabriqués depuis Tr • 1 • ,:i „_ t iix* • \ J V. oour lurrer combien il Ï726 11 étoient pas au tl- T> r ' l b tre , & qu'il falloit ajouter eft fufpect & quelle elpece quatre trente - deuxiernes de coniiance on peut & on pour qu'ils le fuflent. Le d(J:t y ajoiner. On a fait Roi a en conféquence or- , ' ïi „ T„„„ donné cette addition ; eilc des tanfs en l77 1 & l77 fr adiUefaire;elles'eftfaite. des efpeces courantes & S'il eft reconnu que , dans &étrangeres, & le titre un Hotel des Monnoies, il de nos ioujs a ét(i confy a eu a eet égard quelque ï /T\ infidélité,ilfaut fans doute tamment a 21 20. (i). Ia punir ; mais même alors raffinage n'eft point düoué en compte , & il ne doit 1'être que quand il a été effeftff. Peut-on , d'un délit particulier, conclure un délit gé■néral ? N'eft-ce pas un véritable crime que de rendre fufpectes toutes les Monnoies du Royaume, paree que 1'Effayeur de Strasbourg feroit un malhonnête homme.? N'en efi-ce pas un plus grand encore que d'accufer 1'AdmMffea'ttoh d'avoir autorifé la fraude commife contre les ordres précis donnés par elle ? ( 1) II exifte , dans les Bureaux de 1'Adminiftration deux lettres de Racle , Effayeur de la Monnoie de Paris , 1'une de 1778 , 1'autre de 1780 , dans lefquelles il dit que par le réfultat des effais qu'il a cru devoir feite pour fa propre fatisfeétion , les louis fabriqués depuis 1725 font au titre de ai karats ]\. D  Le réfultdt éft 'mcoAtef- Dans une maffe de c}oo table: on 1'a démontré dans mJUions de numéraire, Ie le Mémoire de dévehp- défeaueux d>un ou peuten- ^ deux Directeurs des S'il étoit faux , pourquoi Monnoies, peut-il proIe-. Officiers de la Cour des c]uire uii effet affez conMonnoies qm en ont eu mhhle vicier Ia connoiffance, ai ah que ce» , r ordres donnés en eonfé- mafïe generale ? Quand quence , & de leur exé- on voit d'aiileurs que Ie . cution, n'ont-iis pas averti trava-l du Directeur de le Gouvernement de cette , Mormo;e de par;s etréiir ? Pourquoi ont-ils gardé le füence pendant s annonce a 21-22 , cc quinze mois? que celui de Lille, dont fon pere a été Directeur, s'eft trouvé a 2I-18 , peut-on s'empêcher de rire de J'excès de délicateffe du nis , qui n'a pas même voulu faire grace a fon pere ? Ce Prozes-crïmïr.el n'eft Ce proces n'eft pas en- ■ pas encore jugé ; mais quel core jUg^ . gr cependant qu'en puiflfi être le réiu - M d£ Ca]onne affilre e tat , il n eft relatu qu a la , •■ . "i feule monnoie de Stras- tout le travail de la Monböürg , OLi il n'a été fabri- noie de Strasbourg eft quéauei7ai3millemarcs. défeclueux , & qu'il y a Peut-il être concluant pour , , f b; é Tg mijje larefontetotale.qJiefide l . huit a neuf cents mille niarcs. Peu lui importe marcs ? D'ailleurs , ce d'alarmer par une affer- Procès , loin de prouver t\on aulpj légere les Né- qu'on n'avoit pas-bef om „oc;ans & les Banquiers. WaSinfigera'pr©i»velecon- » . . „ . .\ . traire , puifqu'il en réfulte Mais 1'Effayeur lui aonne que lorfqu'on ne 1'a pas a ce fujet un démenti for- ■ e'mployé , les Louis ne fe mel j & c>eft ce démenti font trouvés être qu'a ai s>effcrce de redar_ karats dix-fepttrente-deu- 1 . 2'uer pas des invectives. xiemes. 0 r On nefaitce qu'on veut „ fe TeinturierdeM.de dire par cette prétendue Calonne le met bien a  f Oïr-K , ... .-5^ rontradicbon entte Ie ré- découvert fur Ja tl(;fec_; mlfat du Proces-verbal & r.' j • ï les Jsfo ^r>7„« co^-i t Ioflte: des anc,ens l gne'j ; peur-être Ia rappor- dont }' pjrée^nd que Sa te-t-on è ée que , fuivant Maj'efte étoit inhVüite. pludeurs des effais , ie t;tre t' - r\ ' i des anciens Louis eft a ai La oeclarar.on q.n or- karats dix-huittrente-deu- donne Ia reronte . eii da xiemes , au lieu qu'on 1'a 20 Odobre ; la Jcttre da conüdéré comme n'étant Miniftre du 4 Novembre qua 21 dix-fept trente- r: q 1 r- deuxiemes.Mais 1'on voit, j 1 t pas trompé. Le Roi ayant 1 prdre» Jc's Lflre Paten- décidé dans fon Confeil tes adreffées a Ia Cham- qu'il convenoit que le ti- bre des Cornptes, (&non tre des nouveaux Louis , | non a ja Q,ÜE ^ M - ne put jamais etre momcre • • que 21 karats vlngt-ton n°ies! f™[ue ce«e Lot trente - deuxiemes , tous düt lui être aulTï adreflée) remedes déduits, il étoit font du même \èa<" & ce- dcten'adÊofde JS- Pe"dant ^ Diredeur tra- rre trente-deuxiemc:, pour vaiU°'r deta , lonuoit^ que la matiere qui n'étoit ajoutoit ou 21'ajoutoit pas. qua 21 karats 17318 Si la fortie de nos louis trente - deuxiemes püt devenoit excefïive com- toujours etrepoitee a ce , ,. ' titre , & qu'il ne reftat au-' le d,c M; de Calonne, CÖS cun prétexte de s'en écar- louis n'étoient cloric pas ter. M. de Calonne a écrit défedueux; & s'ils n'é- en confcquen.ee : & une ..„:,,„.. „ „ auc a j - 1 ■ c toient pas ck-tectueux declaration en forroeacon- K ul 1 fiïmé cette décifton. pourquoi avoir autcrifé quelques Diredeurs i ajouter X de fin qui font inutiles & en pure perte pour le Roi? D 2,.  ( 5» ) OBSERVATION. Le projet de la refonte de 1'or avoit été propofe a M. de Fleury & 4 M. Necker , qui 1'avoic-nt rejetté fur la foi d'un de ces Faifeurs de projets qui n'ont que leur intérêt pour guide, & mille connoiffance des principes de 1'Aminiöration. M. de Calonne adopta ce plan, paree que 1'on propofoit un réfultat de 15 4 18 millions cie bénéfices. II auroit du auparavant confulter le premier Commis, chargé du département des Monnoies , qui eft très-inftruit de cette parties d'Adminiftration , ou le chef de la Cour des Monnoies lui-même ; mais il redoutoit apparemment les lumieres & les connoiffances de l'un, la probité & le dénntéreffement de 1'autre. En 1759 , lors de 1'apport de la vaiffelle aux Hotels des' Monnoies , le Diredeur de la Mortnoie de Paris, pere du Diredeur aduel , obferva qu'il y avoit une efpece de vaiflèlle , qu'il défigna fous le nom de vaiffelle plate foudée , laqueile, 4 raifon defdites foudures, ne rapportost pas le même titre que les autres vaiflelles a la fonte. II fit faire, par les Commiflaires c;e 1'Hötel, des procès-verbanx pour en conftater ie titre. Ces procès-verbaux qu'il dirigea furent fairs a fon avantage ; ils fixerent le titre de certe vaiffelle 4 11 den. 6. gr. Par le réfultat de ces procès-verbaux , il intervint des Lettres Patentes adreflées 4 la Chambre des Cornptes , qui autoriferent les Diredeurs 4 compter de cette vaifleüe fur le pied de II d. 6. gr. II fut même rendu quelques cornptes de Diredeur , en vertu & contormément auxdites Lettres Patentes.  La Cour des Monnoies ayant eu connoiffance de ces procès-verbaux & du titre inférieur de cette vaiffeüe , fixé par lefdits procès-verbaux , fit rendre plainte par fon Procureur-Général , contre l'Affineur & Diredeur de la Monnoie de Paris , pour s'être induement approprié , au préjudice du Roi, une partie du fin contenn dans lefdites vaiffelles. L'Affineur fut décreté de prife-de-corps & le Diredeur d'ajo irnement perfonnel. II fut fait des effais juridicpies qui prouverent la fauffeté du titre porté auxdits procès-verbaux ; mais l'Affineur & le Diredeur éviterent la peine que la loi prononcpit contï'eux , en employant , pour feul moyen de défenfe , le contenu de ces mêmes procèsverbaux. L'Adminiftration éclairée par Ia procédure , fit faire de nouveau des procès-verbaux authenftiques , par le réfultat defqiièls le titre de cette vaiffelle fut fixé a 11 den. 9 gr. ; en ccmféquènce ü intervint une Déclaration du Roi , annuliant les Lettres Patentes , qui aütörifoiënt les Directeurs a compter fur le pied de 11 den. 6 gr. La même Déclaration annulle également les cornptes ren dus , & ordonne qu'ils compteroient fur le pied de 11 den. 8 gr. Ce Diredeur fut interrogé fur la fellette. II eft aifé de voir la reflèmbtancé de I'opération de la fonte des vaifièiles en 1.759 , avec celle de la refonte de 1'or. D 3  ( ,4 ) C o t e V. Copie du Procés-verbal d'EJfai pour la Refonte des Efpeces d'or. I_.'a n mil fept cent quatré - vingt - cinq , le ohzieme jour du mois de Novembre , fur les hü'it heurcs du matih ; nous Noël-Dominique de Bourdelois, Confeitlêr du Roi en fes Confeils , fon Procureur Général en fa Coif' des Monnoies , en cette qnaljfé Commiffaire du Confeil pour rintèriear de 1'Hótei des Monnoies a Paris, étant audit Hotel, aflifté dé Pierre-Louis Gueudré de Fcrrieres, Greffier en Chef de la Cour des Monnoies , Secrétaire de Sa Majefté prés ladite Cour, & Greffier ordinaire de la Commiffion , en conFormité des ordres du Roi a nous notifiés par fa lettre de M. le Controleur Général des Finances, en date du a Novembre de la préfente année , laqielle demeure annexée a la minuté du préfent procés-verbal'; "nous nous fom'mes fait répréfentcr par letïeür Dupeiron de la Cofïe , Directeur de 'ïadite Monnoie , vingt mille louis d'or de 24. livres, lefquèls il nous a' remis ' en'vingt facs qu'il nous a déclaré lui avoir été remis par PAdminillratioa, & pefer 660 marcs, 3 onces 7 den. '12 gr. Lefdi'cs efpeces nórnbrécs, examinées & pefées, après en avoir écarté quelques pieces dont ja légéreté , la couleur & la ftgur'e , nous faifoient, ainfi qu'au Directeur , foupconner la bonté, & y en avoir fubltitué d'autres, dont le poids & Is caratfere ne laiffoient rien a deluer 3  nous avons reconnu, 1°. que lefdits vingt mille louis étoient indiffé rem ment mélés de doublés y de (imples, & de demi loiüs ; i°. qu'il y en avoit de toutes les Monnoies qui font actueliement ouvertes cu qui 1'ont été depuis 17x6 ; 30. qu'il y en avoit de tous les miikfirr.es, tels qu'ils circulent & ont toujours circuit dans le Royaume depuis 1'Edit de lf%6. Nous avons reemis que Jefaites E'peccs nous fuffent remifes, a 1'cffet de les faire torste & convertir en lingcts ; apres les avoir céarimpins fait pefer de ncuveau en préience du Directeur , pour reconnoitre fi le poids en étoit le même, nous avons vu que tefdites efpeces pefoicr.t 660 mares, 3 enecs, 7 den. li gr. A finftant le Directeur nous a livré lefdttes efpeces, &. fait repréfenter par Lebceuf, Fondeur de ladite Monnoie, quatre creufets neufs. Nous étant tranfpottés dans la fonderie a 1'or, ils nous ont remis la clef d'une armoire f?rmante a deux tours, dans iaquelle nous avons dépofé lefdits focs contenant chacun mille louis a 24 livres. Les fourneaux étant allumés , nous avons mis féparément dans les creufets ci-deiliis, les vingt mille louis dans leurs facs, fermés & cachcrés k eet effet, ne varietur; 6; il en eft rciultó vingt lingots de trente-un a trente-d^ux mares environ chacun , fans cotöpter les déehetj ; & lachte? fonie faite , nous avons remis leföits vingt lingots au fieur Racle , Efiayeur particulier de. la Men-, noie de Paris, pour en faire 1'eiTai ; ce qu'il a exécuté en notre préfence. Il,s'eft trouvé par le réfultat dudit eiTai , qu-3 \% titre commtm defdits vingt lingot e§ dg 2}  karats |f, fuivant Ie rapport duclit fleur Racle , c;iü a figné avec nous & notredit Greffier. Ainfi figné , Bourdelois 3 Racle & Gueudre'. ■ Et Ie lendemain douze dttdit mois, fur les buit heures du matin, étant au dit Hotel des Monnoies , afïifté comme deflas, nous avons reepris Ie .fleur Racle, Effayeur particulier de ladite Monnoie , de faire une nouvelle reprife de tous les effais faks la veille.. D'abord nous avons pris cinq de ces lingots au hafard , que nous lui avons remis pour faire lefdits effais, & de fuite nous avons mafqué les quinze autres lingots pour qu'ils ne puiffènt être reconnu j ledit Effayeur ayant procédé en notre préfence aux prifes d'eiTai aux deux bouts & au milieu defdits lingots, & fait toutes opérations néceffair as auxdits effais , il en eft réfuité un titre commurt de 21 karats \\ un peu forts, ou 21 karats 17 a j| , fuivant le rapport duclit fleur Racle , cpti a figné avec nous & notre Greffier , &c Et ledit jour, fur les fix heures du foir; audit Hotel des Monnoies, aflifté comme defliis ; nous avons demandi au fleur Uupeiron de la Cofte , Directeur de ladite Monnoie , quatre nouveaux facs de mille louis chacun , pour en faire une nouvelle iönte , lefquels il nous a remis , & après les ayoir comptés & examinés avec les mêmes précautions que Ie jour d'hier , nous avons procédé en préfence dudit Directeur a leur pefée , & avons reconnu que le poids defdits quatre facs éfojt de I2.2 mares 22 den., après quoi nous avons fait ficeler les facs oü nous avons mis lefdits quatre mille louis, & les avons cachetés & paraphés ne varietur, & avons figné , fee ....  C ?7 ) Et Ie lendemam 13 duclit mois, affifté dudit Me Gueudré, Greffier de notre Commiffion, fur les buit heures du matin , étant audit Hotel des Monnoies ; nous nous fommes tranfportés a la fonderie a 1'or dudit Hotel, ou , après avoir fait allumer quatre fourneaux, nous avons fait vuider dans quatre creufets que nous avons reconnus. pour neufs , chacun defdits facs de mille louis, mis cejotird'hui fous nos fcellés , oü ils ont été fondus en notre préfence. Enfin , nous avons fait remettre les quatre lingots au fieur Racle, Effayeur particulier de ladite Monnoie, pour faire 1'effai de chacun d'eux féparément, lequel après avoir fait fa prife d'effai, aux deux bouts & au milieu de chacun defdits lingots, & fait de fuite en notre préfence les opérations defdits effais, il en eft rcfulté que le titre commun defdits quatre lingots eft de 11 karats, 17 ijl; &a, ledit Effayeur, figné avec nous & notre Greffier , &c.... Et le lendemam , 14 dudit mois de Novembre audit an , étant audit Hotel de la Monnoie , affifté comme deffus, en raifon de nos opérations des jours précédens, furpris de trouver obftinément un titre auffi foible, & croyant devoir apporter plus d'attention & de fcrupule aune explrience de cette conféquence; nous avons demandé au fieur Dupeiron de la Coite, Diredeur de ladite Monnoie, deux nouveaux facs de mille louis chacun , ck avons requis le fieur Dupeiron pere, ancien Diredeur de ladite Monnoie, & le fieur Tillet, Infpedeur général des effais, d'examiner avec nous, piece a piece , lefdits deux facs de 10000 louis: cc qu'ayant fait avec toute Patten don poffible, après en avoir coup; plufieurs dont la figure nous paroiffoi'c défedueufequi, au fond, fe font trouvés bons, &  deux feulement reconnus faux; nous avons Fait procéder, en notre préfence & en celle dudit Directeur , a Ia pefée defdits deux mille louis cpii fe font trouvés pefer 66 marcs zz deniers 12 gr.; ce fait, nous nous fommes tranfportés en la fonderie a 1'or dudit Hotel, accompagnés & afliftés comme deffus, oü nous avons fait fondre, en nos préfences, dans deux creufets neufs lefdits deux facs de 1000 louis chacun, verfés a nud dans lefdits creufets. Ladite fonte faite, il en eft réfulté deux lingots, que nous avons fait remettre aux fieurs Befnier, Effayeur général des Monnoies, & Racle, EïTayeur particulier a la Monnoie de Paris, en les requérant d'en faire 1'effai, en notre préfence &: celle du fieur Tillet, Infpeéteur général des effais; lefquels Effayeurs, après avoir fait leur prife d'effais aux deux bouts & au milieu de chacun defdits lingots, & fait de fuite ès mêmes préfences que deffus toutes les opérations néceffaires ; nous ont dit & rapporsé que le titre defdits deux lingots, eft de zi karats de 7? un peu foibles; & ont lefdits Effayeurs, ledit Infpecteur général des Effais, & notre GxeffiaE figné avec nous , &c. Et le lendemain, 15 Novembre audit an, futles dix heures du matin, affifté comme deffus , étant audit Hótel; nous avons demandé au fieur Dupei ron de la Cofte, Directeur, des iouis d'cr de différentes Monnoies, féparément pour faire une nouvelle expérience ; & après qu'il nous en a eu donné, i°. 100 de la Monnoie de Paris, de différens milléfimes pefés devant lui & reconnus du poids de 3 marcs z onces 14 deniers. Rapport des Effais 2 ikzz 20. 75 de la Monnoie de Lille f pefans, . , . zra 30 zzd xzs—-21 lS  ( 59 ) 3°. 75 de ^a Monnoie de Pau , pefans. . .232212 — 2i 16 40. jo de la Monnoie de Lyon pefans. . . .i^.fj... — 21 19 50. 25 de la Monnoie de Perpignan pefans. . 6 15 ••• — 21 19 6°. 25 de la Monnoie de Bayonne 6 15... — 21 19 70. 25 de la monnoie d'Aix 615.... — 21 21 8°. 25 de la Monnoie de Touloufe 6 ... — 21 17 Total 400 louis , a 24 livres piece , lefquels nous avons , en notre préfence, fait convertir en huit lingots, & enfuite remettre au fieur Racle , Etfayeur de ladite Monnoie pour en faire 1'effai, fans qu'il sut d'oii provenoient lefdits lingots ; lequel après avoir fait les pieces d'effai , en la maniere accoutumée , ainfi que toutes les opérations néceffaires , en notre préfence , & les reprifes defdits huit effais , il a été démontré que le Hngot, mis fous le n°. 1 , fait avec des louis fabriqués a Pau , eft i . . . 2ik 3? . . Que celui mis fous le n°. 2 , Paris, eft a il |i - • . Que celui mis fous le n°. 3 , Lyon , ' eft a 21 19 . . . Que celui mis fous le n°. 4, Perpignan , eft a 21 19 . . . Que celui mis fous le n°. 5 , Bayon- ' ne, eft a 21 19 . . , Que celui mis fous le n°. 6 , Touloufe , eft a 21 17 . . . Que celui mis fous le n°. 7 , Aix , ' eft a . , ,2121... Que celui mis fous le n*. 8 , Lille,  ft * {60) eIt a • • • • : : : : 21 18 . ;; Ce qui fait pour tous un titre com- mun de 21 H & ; fuivant Ie rapport dudir Effayeur qui a liane. Nous avons ' enfüite fait faire , par ledit fieur Racle , un nouvel effai d'un doublé louis de la Monnoie' de Stras'bourg dont le titre a été reconnu être de 21 ?} .'. . D'un louis' fimple de la Monnoie d'Amiens dont le titre 21 19 . . . Stiivant Ie rapport dudit Effayeur , lefdits trois louis ayant été fournis, par le fieur Madinier, ils pefoient , ainfi qu'il a été vérifié, en fa préfence , 19 deniers 3 gr. , & ont avec nous figné , ledit Racle & notre Greffier , &c. Et Ie lendemain , 16 Novembre audit an , affifté dudit Greffier de notre Commifïion , fur les cinq heures de relevée , étant audit Hotel , nous avons procédé , en préfence du Directeur , a ia pefée de tous les lingots d'or , ci - devant mentionnés , réfultans d'une fonte de mille louis chacun , lefquels lingots ont été mis dans la balance deux a deux : enfuite, il a été procédé a la pefée des huit lingots faits avec les quatre eens louis , de huit Monnoies diftinctes & ci - devant citées , & des recoupes de tous les effais ; enfuite, on a pefé les lavures & grenailles de toutes lefdites fontes, dégagées de toutes matieres étrangeres & la totalité de cefdites pefées , fans y comprendrc les trois louis effayés le jour d'hier , lefquels ont été rembourfés , au fieur Madinier , par Ie Directeur , s'efl portée a 869 marcs 4. onces 14 den. ; & il n'efi pas fait mention des cornets d'efiais , gardés par le fieur Racle , Effayeur , lefquels quoiqüe extraits de tous les  . (61 V lingots , dont eft ici queftion , n'ont pas fait corps avec la pefée totale. Nous obfervons que toutes ces fontes ont pu occafionner , au Directeur, une dépenfe de fept a huit voies de charbon. Dont & de tout ce que deffus , nous avons dreffé le préfent proces-verbal , pour fervir & valoir ce que de raifon ; & ont avec nous figné, notre Greffier & le fieur Dupeiron de la Cofte , Directeur , auquel nous avons fait la remife de toutes les matieres fufdites. Ainfi figné Bourdelois , Gueudré, & Dupeiron de la 'Cofte. Copie de la Lettre de M. le Controleur Général d M. Bourdelois , du 4 Novembre 1785. L'intention du Roi , Monfieur , eft que vous vous tranfportiez le plutot poffible a la Monnoie de Paris , en votre qualité de Commiffaire du Confeil en cette partie , pour vous faire remettre , par le Directeur de ladite Monnoie , autant de louis d'or actuellement courans que vous jugerez a propos , a 1'effet de faire toutes les expériences que vous croirez néceffaires , pour en connoitre le titre commun ; vous voudrez bien drefièr un procés-verbal des différens effais , qui auront été faits en votre préfence , & me 1'adreflèr tout de fuite , pour que je puifiè en reconnoitre les réfultats. Je fuis tres-parfaitement , Monfieur, votre très-humble & trés - obéiffant Serviteur , de Calonne. Collationné fur laminute , figné 3 Gueudré.