X E POLITIQUE N°. LXXIX. LÜNDI, ce 12 AOUT, 1782. CHAPITRE L. Dialogue entre le Courier du Bas-Rbin £f le Politique Hollandais. Le Rédafteur du Courier du Bas-Rhin s'infcrira peut-être en faux contre 1'authenticité de ce récit; il aflurera avec fon ton goguenard, li impofant, que le tems des miracles eft paffé; que deux Humains ne peuvent plus fe parler a la diftance de quarante lieues; qu'il n'a, depuis fa derniere fortie contre Ie Politique Hollandais, vu perfonne dans la cité de Cleves qui 1'ait entretenu fur ce fujet; queluimême n'a pas bougé de la retraite Philofophique d'oti il régente 1'Europe & 1'ünivers depuis plufieurs années. On fent combien cette objettion eft futile & ridicule pour ceux qui favent que même dans les tems éclairés oü nous vivons, ricn n'eft plus facile que de faire parvenir de Verfailles a Breit en tout tems & en dix minutcs, des avis précis & détaillés. Ainfi 1'on nous difpenftra de dire ü, pour faire ce dialogue, le Politique Hollandais fe fera tranfporté cliez le Nouvellifte du cercle de Weftphalie , ou fi ce Nouvellifte fera venu dans les marais de Hollande s'aboucher avec fon antagonifte. Au refte, quiconque douterait de la verité du Dialogue fuiTome IV. A vant,  C a ) vant, ne pourra prouver qu'il y ait rien contre ia vraifemblance; dans cc globe rempli de trompeurs cc de trompés; on aurait tort d'exiger davantage, Le .Politique Hollandais. Soyezdoncunefbisvéridkjue, Mr, leCitovendeSavoye; on peut 1'être, mêmeen rédigeantune Gazette trokUPn^Ue vousrn'iU];iez Pas d" armer le bras de trois Puiffances refpeótables,.contre un pauvre Sebunen; paree qu'il aplua un ardent Démocrate de Genew d eenre une lettre très-analogue au caraciere & a la pofition.des fougueux Républicains dc ceparti. crovez-vous, que vos notes ou notu/es fur la lettre du Genevois foient des articles de foi, qu'il faut croire aveuglénient? Eft-il fi ridicule d'appeler des Fb.iloropb.es connus par kurs principes démocratiques, au fecours d'une ville, qui voufeit les réalifer dans les murs ?■ Le Courier du Bas-Rbin. t>u fru , ^"e/ous ftites jbuer k Meffieurs les Pbuofophes' üs ne font pas fi bêtes que vousles Om! pofez; ils een vent, k la vdriré, des maximes hardieL propres a ouvnr les yeux aux peuples fur la laideur fe pefanteur des chafnes qu'pn leur fait porter; maïs quand !a méche èft allumée, & que le bVnlot eft !an< ce, mes philofophes difparaiW, & fe rangent prudemment a lecart pendant que la canaille fait k fes propres rifques & dépens 1'expérience de leurs recettes philofophiques. Ona bien vu des prétres, mêlés dans des emeutes_, dans des infurreffions contre ie pouvoir etabh, foit qu'il füt légitftne ou ufurpé: mais jamais on n a rencontré de philofophe. appuyantpar la pointe d'une bayonnette ou d'une épée, les & cipes qu H avait enfeignés dans fes écrits. Satisfaits d avoir donné paifiblement le précepte, ces M« ne font pas jaloux d'y joindre 1'exemple. • Le Politique Hollandais. Permettez-moi de vous dire que vótre imagination ou • plutót votre caraciere vous a fait prendre fe change fur 1 efpece de phiiofophes que É Genevois avair en  C3 ) , ffl vue; Ü n'a pas cru s'adreïTer a ceux dönt la coüduite ferait en cóntradiétion avec leurs prïripipés • & jecrois, comme lui, qu'il eft des philofopb.es ca'pables de joindre la pratique a la théorie. II appelle d'abord Jean Jacques Rouffeau ; invocation naturelle a un Patnotedont 1'orgueil phi'lofophique avait dédaigné tous les chemins que fes talens lui ouvraient a la fortune, U réclame, a fon défaut, le fecours du fameux Raynal. On fait que, depuis que fon ame fe fut exaltée par la fierré des principes phüofophiques qu'il répandait dans fes écrits, il jeta le voile que la lyrannie , ce front ouvert & ferein, ces manieres libres & populaires fe développerent a nos yeux , nous „ efpérames voir renaitre les fiecles d'or de la Ré„ publique. A confidérer la fabrique intérieure de notre conftitution, 1'oppofition des intéréts des „ membres divers , & les dangers des prérogatives des corps ariftocratiques, on ne peut s'empêcher „ d'avouer que le Stathoudérat eft 1'heureux contre„ poids qui tient le tout dans un jufteéquiübre, & „ le grand reffort qui donne le mouvement è tou- te la machine. Un feul Stathouder devient le nceud qui refferre les différentes parties de la con„ fédération; le centre ou tout aboutit ; 1'ame qui donne le mouvement aux délibérations dans les „ périls preffans; la regie qui dirige tous les efforts vers un même but, qui fait un Etat de pluficurs „ Etats.... Les bons Citoyens s'appliqueront tou„ jours k maintenir la conftitution fondée fur le Stat„ houderat II nous faut un Magiftrat fuprême. dont 1'oeil adlif & pénétrant veille fur la conduite des „ Magiftrats fubalternes qui pourraient faire fervir „ 1'indépendance oh ils font du peuple, a leur intéA 3 „ rêc  C 6 ) „ rét particulier. II nous faut'un-Général dont la: „ dignité impofe aux gens de guerre & dont la préfence & les faveurs encouragent ceux qui fer» vent la patrie." Le Courier da Ba-..-Rbin. Mais qu'avait befoin 1'Auteur de la lettre d'in« viter 1'Abbé Raynal de voler a Geneve, fous 1'appat d'une Tribune aux harangues ? Voila une belle trouvaille qu'une Tribune aux barangues ; & M. 1'Abhé Raynal, accueilli par un grand Monarque , fêté par un grand Prince, par Ie fecnnd des Henris aurait bien ri, fi on lui avaitenvoyóa Berlin une députation Ger.evoife, pour lui propofer de venir haranguer les faifeurs de Tourne-broches, qui avaient concu le projet infenfé de fe défendre contre uo;s grandes Puiffances. L'Auteur de l'Hiftoire Pbilofopbique aurait' fans doute répondu fagement qu'il ne fallait pas prendre toujours les chofes au pié de ]a lettre, & qu'il rfavait rien d faire dans cette galere. Le Politique BollancUis. L'Abbé Raynal ne fe ferait, fans doute, jamais permis les termes de Faifeurs de Tourne-broches, que vous lancez avec une répétition dégoutante contre les Citoyens de Geneve; aufli ne paralt • ilpas que vous ayiez pris le ftile noble de eet Ecrivain pour votre modele; il aurait pu ne pas fe rendre a la députation Genevoife que vous imagi* ncz; mais non pasen regardant la pratique de fes prin-i cipes d'un autre ceil qu'il les cnvifageait dam la Théor rie. QueUe raifon avez vous de fuppofer h Raynal une conduite oppofée a fes principes? Ce caraclere dans tous les pays eft vil, odieux, exécrabie. Ilau-r rait pu répondre: „ mes forces cbancelantes ne me „ permettent pas d'aljer jouer le röle aftif qug „ vous me faites 1'honneur de m'offrir; je fens ma ., fin s'apnrocher ; il n'y a pas longtems qu'un grand Miniftre me chargea de concilier les es- prits dans votre Pvépublique; mes efïbrts écboue» rent} quelques traits échappés d'une imaginatinn ,? vjve & philantrope vous ont donné unetrop hau: n ,tc opinion de ma perfonne, Ön peut tracer fur le pa-  C7) „, papier les talens du négociateur & de 1'hom.me „ d'Etat; mais il eft rarementidonné au même homme „ de favoir les mettre en pratique; je n'ai jamais cu oc„ cafion d'exercer eet art délicac; je pourrais m'égaj, rer dans la pratique; vieux, infirme, étranger, „ je n'aurais jamais chez vous autant d'influcnce & „ de crédit que ceux a qui vous avez donné votre ., confiance; déliberez avec eux; réuniffez lafages„ fe au courage; &, ü vous ne voyez aucun efpoir „ de vous défendre contre une attaque fupcrieure, fuyez une odieufe domination; allcz, chercher la „ liberté dans des climats plus fortunés." II n'aurait pas imité le Courier du Bas-Rbin om d'un ton moitiégoguenard.moitiéprophétique ,a d'abord demandé au Politique Hollandais ce qu'il dirait au cas que les Genevois fe rendiffent ïla première fommation, &commencant enfuite a douterdefaprédidlion , 1'interpelle avec la même audaee, de répondre fur des mutilations imaginaires, annoncées comme les avant-coureurs de la fubverfion totale de la ville F Comment répondre è ces queftions ridicules? Par le filence. II faut que ce filence ait fingulierement allumé la bile du Courier;autrement aurait-ilpris pour lui ces épithetes d'Auteurs ignorans & de mauvaife - foi, d'ames froides & efclaves, femées au hazard dans la lettre d'un Genevois? Le Courier du Bas-Rbin, Tout ce que vous me dites-la eft fort bien. Mais favez-vous quo PAuteur de la lettre m'avait en vue? Mr. Le politique prodigue aliez leftement l'épithete ^'ignorant , a quiconque n'a pas defliné le lourd Tableau de l'Hifloire Générale des Provinces-Unies. On peut cependant avoir fait ce gros livre , on peut faire aujourd'hui le Politique Hollandais, conjointement avec la Gazetted'AmJlerdam, & ètre encore fort modefte. Le Politique Hollandais. II eft facheux Mr. que dans cette occafion comme dans bien d'autres, vos bons mots ne repofent que fur 1'infidélité de vos informations & 1'ignoA 4 ran»  C R 3 rance de vos correspondans. C'efl très-gratuitement que vous attribuez ces trois ouvrages a la meme perfonne. Je ne défendrai que celui dont je fuis 1'Auteur, le Politique Hollandais. Je n'irai pas chercher mes raifons dans des phrafes fophiftiquées: le Courier du BasRhin me les fournira. Ou je me trompe fort,ou il a dit quelque part, en parlant du 'Politique Hollandais , qu'il fe diftinguait par fon ardent patriotifme, par une éloquence folide, & furtout par une connaiffance très-profonde & très-étendue de la conftitution & des intéréts de la République. II n'a pas craint d'ajouter que eet ouvrage ferait époque dans les Annales Littéraires & Politiques des Provinces-Unies; & que fon Auteur ne jouait pas un róle moins intéreffant que bien des membres de 1'Etat , par 1'influence que fes raifonnemens avaient fur les efprits. Ailleurs il vante la clarté, la folidité & la vérité de fes raifonnemens. Enfin, il poufie 1'enthoufiafme jufqu'a dire qu'un Spartiate ou un Romain fe feraient honorés de fon langage & que dans les brouillards affreux du climat de Hollande, il femble avoir développé une énergie que Pon n'a pas, óu que du moins 1'on n'öfe guere manifefter fous le ciel pur & fortuné qui 1'a ■vu naitre. En voila fans-doute aflez pour être orgueilleux, fi les louanges d'un Ecrivain qui loue ou dénigre avec la même facilité, pouvaient flatter. Sans être'énorgueilli de fes louanges nihumilié de fes inveftives, je penfe que s'il eft vrai,comme 1'affure le Courier du Bas-Rhin, que le Politique Hollandais n'a pas peu contribué k tourner les efprits de la Nation vers le fyflême qui commence a prévaloir; s'il a contribué, felon lui, k hater la reconnaifiance de 1'indépendance Américaine, avant la nouveU le d'une viétoire quipouvait y porter obftacle; fi enfin, felon lui, il joue un róle auffi intéreiTanc que bien des Membres de 1'Etat, je ne vois pas qu'il ait tant de raifon d'être modefte. Vous qui, ne vous contentant pas de rapporter fimplement les faits,  C 9) faks, voulez fans ceffe les juger, de quoi pouvezvous vous énorgueillir? Eft-ce d'avoir dit que cette reconnaiflance était prématurée , épithete que vous appliquites également a la déclaration que firent a ce fujet les Américains dès 1'année 1776. Quand a l'biftoire générale des Provinces-Unies, , je laiffea 1'Auteur le foin de la juftifier. j'en fais aflez , fur ce point, pour asfurer qu'il n'attache pas une grande importance è ce travail, qu'il eft bien loin de le donner pour un chef-d,'ceuvre&qu'il 1'envifage moins commeunbonouvrage,quecomme unaflèmblage de matériaux propres aen faire un bon, Aurefte ,des en* travesridicules&abfurdesfont-ellespropres a réveillerces élans du génie qui donnent la vie, la rapidité & tous les genres d'écrire? Vous meme, avec tous les talens & la meilleure volonté du monde , feriez-vous un beau poëme fur la liberté fi, après vous avoir garotté bras & jambes, Fon vous forcait a enfanter tant de vers chaque jour? On peut être modefle t en faifant le Tableau de 1'Hiftoire générale des Provin» ces-Unies. Mais il y a telle réflexion dans le Courier du Bas-Rhin, que 1'Auteur du Tableau ferait honteux d'avoir faite? V Quant a la Gazette d'Amfterdam, j'avoue encore qu'on peut être modefle en la compofant. Mais il faut, je le répete, que vous foyez bien mal informé ou peu jaloux de l'exaftitude hiftorique, pour attribuer la compofition de eet ouvrage k 1'Auteur des deux premiers, Ce n'eft pas que cette Gazette ne foit a bien des égards, préférable a la vötre. Elle vous précede ordinairement pour les nouvelles générales, fouvent même pour celles d'Allemagne. Perd-elle beaucoup h. ne pas contenir les bouffonneries que vous intitulez tantót vos réflexions, tantót vos notules, & qui dégénérant en bavardages, font fans-doute la caufe de cette diminution de foufcripteurs dont vous vous plaignez fi fouvent. & dont la Gazette d'Amfterdam n'a furement pas è fe plaindre, depuis que celui que vous A 5 ia-  < io) indiquez y a"une bien légere part. La vótre eft cependant Ine: hélas om', leshommes font touj ours hommes, on aime a fe recréer de tems en tems,-avec les Sycophantes, les Jongleurs & les Bouffons. Moi-même, quand je cherche la grofle joie, je vais trouver Searron & même fon difciple Manfon. Illeuréchappe par fojs des trans impayables. Doit-on pour cela les regarder comme les oracles de la politique & du goüt? Le Courier du 'Bas-Rhin. En vérité, les Genevois ne favaient ni ce qu'ils voulaient, ni ce qu'ils faifaient, comme on Pa vu par 1'événernent. Un gouvernement populaire qui ne foit pas populaire; des Magiftrats qui ne foient pas Magiftrats, qui foient amovibles au gré du pre. mier artifan qui ne fachant pas bien faire des tourne» brochesu..prendra la fantaifie de gouvemer un peu 1'Etat pour fe dé'afler. Degrace, Meffieurs, entendez- vous donc mieux & ceffez de nous debiter des phrafes fophiftiquées, comme vous faites depuis longtems. Le Politique Hollandais. Les définitions qu'on vous a données du Gouvernement populaire ne font pas différentes dans les Auteurs les plus fameux. On propofe un Gouverne» ment populaire oh les Magiftrats foient amovibles, ,non pas au gré de la 'volonté capricieufe d'un penple ambideux; mais acertain tems & d'aprèsdes ■ltatuts fixes. Cela eft clair & bien différent d'une conftitution ohfe peuplegouverne&dépofearbitrai» ■rement fes Adminiftrateurs. Le Courier du Bas-Rbin, Mr. Le Politique ne dfmande jamais que plaies & Icffes, & s'il ne tenait qu'a lui, il diffoudrait 1'univers, ou il y a certainement beaucoup de chcfes a refaire, pour faire fortir de ce nouveau cahos, .l'ordre le plus admirable ö5 la Ugflatim la plus fuhlime. Déclamateur odieux, ne ceflerez.vous jamais d'infulter au bon-fens, & d'égarer la mukitude par vos faux raifonnemens? Le  La Politique Hollandais. Un Genevois vous débi.te une maxime politique , puifée dans les Auteurs les plus orthodoxes. fur la politique ; vous la trouverez daps Platon, Cicéron, Locke , Sydney, Montefquieu, Mably , Rouffcau & Raynal. 11 prouve combien le despotifme eft plus funefte que 1'anavchie par ces' mots que vous fupprimez adroitement: „ lc des„ potifme répand un engourdifiement général qui „ étouffe la moindre étincelle de patriotifme; yai„ ncment briferait-on les chaines de celui qui a „ perdu le goüt de la liberté; il fera toujours prêt a recevoir le joug de la première main qui vou„ dra ie lui impofer." Si vous demandez, a préfcnt cequ'a produit 1'anarchie? II repondra: la confédération Helvetique, la République Belgique, le gouvernement d'Angleterre, la confédération Américaine &c Le Courier du Bas-Rbin. Grandes vérités! N'ai-je pas eu raifon de les plaifanter, les voyant mal répréfentées par des raifonneurs faux '& intéreffés ; & je continuerai a m'égayer , quand 1'envie m'en prendra, 'aux dépens de quelques fourbes qui conduifcnt tant de fots. Le Politique Hollandais. Vous faites fort bien de vous égayer; la gaïté contribué beaucoup alafanté,en dilatant le diaphragm.' & fert beaucoun a embellir le fonge hélas! fi court de la vie. Mais vous n'êtes ni heureux ni délicat fur le choix des fujets. Que dc mauvais raifonneurs répréfentent mal une grande vérité; eft« ce une raifon pour la ridiculifer ? La vérité ne devient pas faufieté, fous le plume d'un Ecrivain mal-habile. Vous le dites intéreffé. Mais quelle efpece d'ambition fuppofer a un homme qui ne cherchc a louer ni les Princes, ni les Ducs, ni même aucune Cour; & qui perfóvérant, il eft vrai, avec plus de fermeté que de ralens dans le déve'oppement de fes principes Républicains , ne peut avoir que des vues utiles & falutaires? Le  ( 12 ) Le Courier du Bas-Rbin. Mais pourquoi les Genevois n'ont-ils pas vu d'avance que leurs préparatifs feraient inutiles,& leur fureur impuifiante? Ne favaient-ils donc pas que varia fine viribus irce^ Pourquoi, comme je le leur ai reproché, ont ils compromis 1'honorable caufe de la libertc, contre une force fupérieure qu'ils ne pouvaient repoufier? Pourquoi? C'eft que les Magiftrats deftitués étaient des Ambitieux , que les Magiftrats fubftitués étaient des Ambitieux; & que les faifeurs de Tourne-broches étaient des fots égarés araes BmDitieux: c eit que je vois dans toutes les énubliques des intriauans. des inüuans adroits & des influêi dupes, & que j'y cherche encore le vrai patriote. Le Politique Hollandais. Votre. déclamation prouverait feulement que les Genevois ont manqué de prévoyance, mais le défaut de prévoyance eft il incompatible avec le patriotifme? Encore moins en pourrez-vous déduire qu'il n'y a jamais eu de vrai patriote dans aucune République. II me femble que ceux que je vous ai cités , Licurgue , Socrate, Periclès, Xénophon, Phocion , Scevola , les Fabius, les deux Brutus, Caton, Sydney, &c avaient du patriotifme autant qu'on peut en avoir; a moins qu'il ne vous plaife d'analyfer fi rigoureufement cette vertu, qu'elle foit abfolument un étre de raifon. Accordant même que la reddition volontaire des Genevois fut une inconféquence, comparée aux préparatifs qu'ils avaient faits, en cela ils auraient payé le tribut a 1'humanité. II fe rencontre des inconféquences dans les Corps compofés de plufieurs têres, aufïi bien que dans les Corps qui n'en ont qu'une. S'il fallait adrefiér un pourquoi a toutes les inconféquences qui s'offrent dans ce bas monde, le Courier du BasRhin lui-même en ferait il exempt? On lui demanderait pourquoi il déchire préfentement avec tant d'acharnement le Politique Hollandais qu'il louak autrefois avec tant de complaifance ? On n'aurait jamais  03> mais fini fi 1'on voulait relever toutes les inconféquences qui fe rencontrent dans fes feuilles; & il ferait lui-méme fort embarafi'é de répondre autrement qu'en difant qu'il a été trompé par les premières apparences, .par fes correfpondances, & méme par fon gofttqui rejette aftuellement les mêmes méts qui, jadis, lui paraiflaient délicieux. Je ne vous appellerai pas, comme tant d'autres dont vous avez répété les plaintes, le lêche apoftat des bons principes. Je ne crois pas que vous en ayez jamais eus. Vous qui prodiguez fi légerement le titre de raifonneurs faux & intéreffés, voudriez- vous me donner une autre raifon de cette variation? Comment, depuis que vous avez époufé le parti de perfonages Més a des Maifons Souveraines, vous a qui 1'idióme de ce pays eft étranger, favez-vous vous procurer le premier les pieces qui plaifent a ce parti: vous paraifiez avoir acquis des correfpondans tout-a-fait différens de ceux qui vous menacaient de coups de b&ton , pour avoir inféré dans votre feuille des articles du Politique Hollandais. A chacun, il eft vrai, permis, felon vous, d'avancer fa petite befogne comme il peut: un fyftême auffi commode montre fuffifamment que vous n'étes d'aucun parti, & qu'il faut des raifons particulieres pour vous décider. Vous vous êtes plaint qu'on renoncait par centaines a 1'abonnement de votre feuille. Ces plaintes auraient-elles eu pour but d'obtenir un autre dédommagement? Le Courier da Bas tibin. Déclamateur infolent & punifiable, quoü vous ofez calomnier k la face de l'Europe, un des gouvernement le plus doux, le plus fage, & le plus modéré qui ait jamais éxifté. S chez que 1'Auteur de ces notes fe fait gloire d'avoir pris naifiance au pié de ces rochers, de ces montagnes, fous ce gouvernement, oh je 1'avoue, on ne bavarde pas tant qu'a Geneve, en Hollande, a Pbiladelpbie fur h libertê, mais oli 1'on jouit véritablement de ce bien précieux, dont les orgueilleux Républicains nepour- fui-  C H) fuivent & n'embrafTent guere que le phantóme. Vous mfulfez a la fois (dans 3 lignes a 3 Puiffan» ces refpeétables qui fe donnent la peine de fe remuer, pour rnettre d'accord quelques brouillons qui allaient s'entre-égorger, fi* 1'on n'était accourus a leur fecours. Et vous donnez le nom de libeiié au pouvoir de fe maffacrer pour prouver qu'on eft libre? Mats de quel genre, eft votre impruder.ce, & quels font vos leóteurs? Le Politique Hollandais. Dans une Répubiiqae, comme dans tont autre Etat, oa tie s'emre.égorge plus, dès qu'il n'y a plas de choc, dès qu'un des partis regne feul. Auffi les Reprcfentans de Geneve, devenus les tnaicres, ne fe font afl'urés des perfonnes de leurs adverfaires que pour que les téies des Négatifs répondiflent de celles des principaux Reprérentans. En cela ils ont calculé très-fagement. Car it parait que s'ils n'avaient paseuentre lesmainsdes perfonnages auxquels ils auraienc fait éprouver le fort qu'on pouvait leur defKner, les PuiiTances mddiatrices .auraient porté plus loin les fuitcs de leur médiation triomphante: ce n'était donc pas dans ce cas, de la part des Répréfentans, Ie droit de la libené, mais le droit de la fursté perfonelle. Dóclamateur infolent & punifable! eft-ce bien le Cou. rier du Bas-Rbin a qui échappent ces paroles? Mesoreü. les ne me troropent-eües point? II parait douter de fonéloquence; il dénonce hïchement fon adverfaire a 1'animadverfion terrible de trois PuiiTances. Etquand? dans un rems cü ciil'ji-ci invoquait en fa faveur fes Souverains de Frife qu'il ne ceflait d'omrager. li faut,cependant, que cos Souverains foient encore bien refpeétables, carlesPrinces d'Orange qu'il afTefïe fi fort derelever, ont conftammentpréférédeféjor.rner auprès de ces Etats dans la qualité fubalterne d'Officicrs, plutót cue d'aller £xercer fautorité fupréme dansles Etats dont ils font Souverains. Hélas! les efprits qui ainaentas'égayer, font ils aulïïfufceptlWes du fiel de la malignité? Tu tefdches, Jupiter, donc tu as tort. Mais pourquoi eet importun Genevois eli-il venu fe four. rrr dans lechemin de ce libreSavr yard qui favourait avec tant de complaifance la douceur d'infulter impuné,nent a la diftance de deux eens lieues, ces vauriens de Genevois pour lefquels il paraic avoir confervé une taaine nationale? Eh! n'a-t-il pas le  C ij 3 le-droit exclufif de les traiter de brouillons , de faifeurs de tourne-broches ? Convient-il a un citoyen de Geneve rappeler aux Savoyards Ia fublime efcalade de 1602? Eh na fait-ilpas qu'un des Grands Poëtes de nos jours a fu anno< blir les travaux qui font connaltre la nation Aflobroge è Tu. ui vers entier? Voltaire nVt-iJ pas dit? J'eftime plus ces honnêtes enfans Qui de Savoye arrivent tous les ans Et dont la main Iégerement elTuye, Ces longs canaux engorgés par la fuye? C'eft le propre des charlatans littéraires de confondrs toujours leur caufe avec celle des Souverains. Qu'on, leur fafleune petife égratignure, 1'Etat eft: en péril;c'eft le Souverain qui doit prendre leur caufe en main. II faut être dépourvu de lumieres & même d'bonneur pour ne pas reconnakre dans fa Majefté Sarde, Ie Pere & le Légiflateur de fes peuples. Mais un foagueux RépuJ blicain de Geneve, qui voit entrer les troupes de ce Prin. ce en triomphe dans fa patrie, pour affermir une dominatlöij qui lui eft odieufe, doit fe répandre naturellement en invcftives cohrre ce voifin, confidéré depuis-longteras, comme un Ennemi naturel. 11 fe contente de 1'appeier le trifte gardieu des Montaghes. Eft-Ce un mot dont même une tête couformée puiile s'ofFenfer? Eft-ce une injuredérogatoite a Ia drgnité Soavèraine que de dire d'un Prince qu'il garde trifterfleUt des montagnes? Que ces motsfonc loin d'étre auffi repréhenfibles que ceax que vous vous' êtes' permis contre les'Etats Souverains de Frife! D'ailleurs, ces expreflïdns ïia font-elles pas dans le carséter* & Ia pofition d'un difcrple de Raynal, qui ne reconnaic que deux fortesdïï libeTté, la civile qui aflüre ies biens & la vie des citoyens, indépendamment de la voionté d'aucun individu; & la liberté politique qui donne part & droit au gouvernement, & qui pourrait dire d'après fon urine: „ dès que le Prince fait les loix& les abolit, les étend & ies reitreint, en penner ou fufpeud P'exercice a fon grej dès que 1'interêt de fes paffions eft ta feule regie de fa conduite; dès qu'il devient un ,-être unique & central ou tout aboutit; dès qu'il cr-ée le jufte & 1'injufte; dès que fon caprice devient toi & que fa faveur eft la meiure de I'efiime-publique, on devait fa dignité; ils efpéraient le „ détruire par les mémesmains qui i'avaientéJevé, afin „ de n'avoir perfonne au-deffusd'eux , pourcontró'er „ leurs adtions & tenir leur pouvoir dans les bornes. „ Enfin ils poufferent 1'infulte fi loin, que le Lien B 2 dé-  ( 20 ) „ dépouillé de fes dignités, fut obligé de quittes, „ le pays. . Cet Auteur, aprös avoir repréfenté fous ces traits brillansla conduite de la Régence d'Amfterdam, lui donne enfuite les éloges fuivans qui fans doute ne la fiatteront guere, quoiqu'iis falTent allufion au changement de fyftême qu'on femble avoir remarqué dans fa conduite. „ Tout infames qu'aient pu être les erreurs qu'on „ a commifes; tout méprifables qu'aient pu être les „ procédés qu'on s'eft permis; il eft toujours loua„ ble de revenir a une conduite lage & de montrer „ fon repentir. Sans doute que la pofterité ne cons, damnera jamais affez la conduite d'Amfterdam., „ dans le traité préparatoire avec 1'Amérique, dans „ fa propofition pour adjoindre des Confeillers au „ Prince& dans fa fameufe démarche pour éloigner „ le Duc de Brunswich. Hélas ! ces malheureux, procédés ne peuvent plusfe révoquer! Mais com,, bien Amfterdam, par fa conduite pacifique & tran„ quille, ne montre-t-elle pasèpréfent, qu'elle eft „ convaincue de fes fautes, qu'elle s'en répent ame„ rement, qu'elle n'eft plus & ns 1'intention de faire „ des propofitions féditieufes & choquantes, perfua„ dée qu'il faut une conduite différente pour réta„ blir le bien- être de 1'Etat.... Mr. le Bourguemaitre Rendorp & les autres membres de cette Régence „ fe font enfin rendus ou aux reprochesde leurcon„ fcience, oua 1'éloquence irréfiftible avec laquelle „ on a demontré la perverfité de leurs procédés." C'eft ainfi qu'une feuille périodique intitulée de Post naar den Neder-Rbyn dénigre ou loue la Régence de la ville d'Amfterdam. Lorfque les plaintes des Corps de 1'Etat fur la direction des affaires depuis 1'origine des troubles occa. fionnés par la guerre Américaine, fe concentraient dans le fecretdes affemblées politiques; on attribuait les murmures généraux de la nation, h la perverfité de quelques Ecrivains audacieux, qui avaient pour but infernal de femer la divifion & d'exciter la révolte  C 21D volte parmi Ie peuple. Lorfque Ia Régence d'Amfterdam s'avanca dans la lice pour Tbutenir les droits de fes habitans en particulier & de tous les citoyens de Ia République en général, on la repréfenta comme une cité ambitieufe qui, enflée de 'fes richelTes & de fa puiffance voulait dominer la République entiere, & qui loin d'avoir en vue 1'inté-rët général de la confédération, reffemblait a ces excroiflances dangereufes, qui pompent tous lesfucs vitaux du corps phyfique, & en minent les forces fous une fauffe apparence de fanté & de profpéritéMais a préfent Amfterdam femble avoir abandonaaé le fyftême qui donnait lieu a cette inculpation; & d'aunes Corps de 1'Etat, des Provinces entieres, éclairés par les lecons puiffantes de 1'évidence & de 1'expérience, fe font fubftitués a cette ville. II fuit donc, de toutes les démarches; que nous voyons faire aux Corps politiques de 1'Etat, que ce n'eft ni une populace ignorante; ni des écrivains turbulens & faétieux, qui occafionnent le mécontentement général; puifque les adrniniftrations légiflatives de la confédération exhalent, avec une folemnité conftitutionelle, les mêmes plaintes ; & qu'elles font dirigées contre les officiers chargés d'ex écuter leurs ordres. II eft finguiier de taxer un Souverain de révolte, paree qu'il accufe la conduite de fes Miniftres. Eh ! dans quel nouveau code de loix n'eft - il pas permis au maftre de paraitre mécontent de la conduite de fes ferviteurs ? II faut ajouter I'ignorance des notions les plus communes , k la perverfité des vues les plus dangereufes, pour traiter de révolte une conduite pareille. C'efl vouloir relTufciter 1'exemple de cesfanatiques partifansde Cromwellqui prirent les armes contre leur Souverain & le firent mourir,fousprétexte de rébellion. Les Etats de Frife. ceux de Zeelande,& la plupart des villes de la Hollande,fe plaignentvivêment& conftitutionnellementde lamaniere dont les opérations générales font dirigées; de ce que 1'autre partie de la confédéraB 3 tion  C «O don ne s'eft pas encore joiDte a ceux qui font ces plaintes, eft-ce une raifon pour les accufer de révolte ? Ceux qui fe permettent ces inculpations , ne fe rendent- ils pas coupables d'après 1'obéiffance pasfive qu'ils inculquent fans ceffe? C'eft du moins le principe qu'ils cherchaient k diflcminer, lorfque le fyftême contraire au leur ne paraiffait encore adopté que par la minorité. Mais depuis que la République, par la reconnaiffance folemnelle de 1'lndépendance Amérieaine, par 1'acceffion a l'alliance Francaife , par le refus d'une pacification particuliere, & par les mouvemens d'un grand nombre de membres, pour 1'amélioration des affaires maritimes, parait incliner pour le fyftême oppofé è celui des Anglomanes , ces derniers auraienc dfi garder le filence. Ce ne font plus des particuliers fans miffion & fans autorité , ce n'eft plus 1'ambitieufe Amfterdam qui doivent attirer leur animadverfion; cette ville a montré , dans cette circonftance, comme. dans tous les tems, qu'elle n'avait point de fyftême fïxe; ainfi s'écroule Ia bafe de tous les raifonnemens du détraóteur de cette ville; il pourrait compofer egalement des Politieke l/ertoogen contre) la Frife, la Zeelande, les villes de Leide, de Dort &c. De tous les mémoires préfentés k 1'occafion de Ia direclion perverfe des affaires, aucune n'a expofé les cbofes fous un point de vue auiïi touchant .aufll énergique, auffi fidele que les Régens de la villede Leyde. Ces zélés patriotes commencent par fe plaindre que la République foit réduite a un tel Etat d'abjection, que les PuiiTances dontelle ne fe ferak jamais doutée, hazardaient envers elle des procédés infultans. La Régence fait allufion ou aux démarches de la République de Venife qui refufe de lui rendre juftice dans une demande légkime, ou plutót aux plaintes de i'Amba"ffadeur de Dannemarck, dans une affaire oh notre Compagnie des Indes Orientales obferve tres-bien qu'elle aurait eu droit de fe plaindre la première a la Cour de Coppenhague. Après avoir re-  C 23 ) «marqué combien eet état préfent de faiblelTe & d'ina&ion, eft difficile a concilier avec les refiburces & la vigueur que préfente encore la nation, elle propofe qu'a la fin de cette campagne, on demande a 1'Amiral-Géneral copie de tous les ordres qu'il a donnés depuis le commencement de la guerre, a tous les Officiers des forces maritimes de 1'Etat, dans les diverfes parties du monde , & de toutes les Réfolutions prifes dans les Confeils de guerre , "a bord des Flotr.es. Ils vont jufqu'a demander fi la Flotte fortie le 6 Juillet a recu ordre de chercher la Flotte marchande de la Jamaïque; au cas qu'elle fut obligée de chercher les ports en, tournant le nord de l'Angleterre, Ils veulent enco. re favoir pourquoi les Capitaines Satinck & Volbergen font tombés au pouvoir des Anglais, quoique la déclaration de Sir Jofeph Yorke fe füt fake aiTez a tems pour qu'on eüt le loifir de les préve. air. A cette occafion ils veulent favoir: Pourquoi, PAnnée paffee 1781, lesVaiffeaux de Guerre & fesFrégates n'ont pas mis a la voile, pour protéger tant les Vaifleaux des Compagnies Oriëntale & Occidentale, que les autres Navires de cetEtat,& caufer tout le préjudice imaginatie al'Ennemi dans Ia Mer du A/W/, en interceptant, foic fon Comraerce dehBaltique, foit fes Batimens revenans de h Pêche de la Baieine; foit auffi les Navires de Tranfport, qni arrivaient d'' Allemagne avec desTroupes; prrncipalemenc lorfqu'il fut connu que nombrede ces Navires, fous la fat' hle Efcorte de quelques Frégates, devaient paffer le long des Cótes de cetEtat pour fe rendre en Angleterre? Et pourquoi lorfque 1'Efcadre dirigea, au mois d'Aoüt 1781, foti Cours vers la Baltique, elle ne fut pas renforcée des Vaifleaux commandés par les Capitaines de Bruyn ,van Kinkel&Rauws? Pourquoi^ après avoir ptomis que les Vaifleaux venus.du. li 4 De§.  C 24) Doggersbank feraient réparés fur Ie champ, afin que, conjoimement nvec tfautres, ils efcortaiTent les Convois deftinés pour les Indes . Oriënt ales & Occidentales, & pour la Balttque ; cette Promeffe ne fut pas réali. fée; mais les Navires marchands , préparés fur la foi de cette PromelTe, ont été obligés de paffer tout 1'hiver dans desRades dangereufes, a la perte immenfe deslntéreffés: Etfi 1'onn'aurait pu, avecautantde célérité que 1'Ennemi,remettre en Mer avec lesVaiffeaux qui avaient combattu. Et fi 1'on a veillé d'une maniere convenable a ce qu'il fe trouve une quantité fuffifante de Matériaux de conftruction navale dans les Ports refpeftifs de cette République, & ace que les Magafins néceffaires foient établis dans le voifinage pour, a 1'inftar de ce qui fe pafTa dans la Guerre de 1665 & 1666, pouvoir réparer promptement lesVaiffeaux de Guerre au moment de leur rentrée, les pourvoir de ce dont ils ont befoin, & les renvoyer en mer, afin qu'ua féjour de longue durée ne préjtidicie point au Service de 1'Etat? Pourquoi lesVaiffeaux de Guerre & les Frégates,qui avaient paffé tout 1'Eté dans la Mcditerranée, fans avoir caufé a f En. neoii aucun tort, n'ont pas été détachés pour les poffeffions de 1'Etat dans les Indes- Orientales & Occidentales, pour le renfort fi néceffaire de ces Etabliffemens fans défenfe? Pourquoi il n'a paséiéordonné aux mêmes Vaiifeaux &Fré» gates, en premier lieu, de prer.dre les fix Vaiffeaux de retour de la Compagnie des Indes-Oriënt ales, qui, faute de Convoi, fe trouvent encore au Port de Cadix, & de les efcorter vers 1'un nes Ports de France; — & a leurretour, d'amener les trois Vaiffeaux de la méme Compagnie, qui fe trouvent a Drontheim, & de les efcorter dans les Ports de Ja République ? Pourquoi 1'Equipage du Vaiffeau cominandé par leCapitaine Berg.  ( aj ) Berghuis, inutilem<"nt reparti a bord des Navires de la Com« pagnie des Indes, n'a pas été ramené , afin d'être placé fur lel Vaiffeaux de 1'ütat ? Pourquoi, dès le commencement du Printeras, avant qu'aucun Navire ennerni fe montrat prés de nos Cótes, les Vaiffeaux de Guerre & les Frégates, en état de fortir des Ports & Anfes de cette République, n'ont pas été rafiemblés dans nn lieu propre a cette Opération, pourécarterl'Ennemi de nos Cótes, ainfi que de la Mer du Nord\ pour efcorter jut qu'è une certaine hauteur & faire partir enfuite de bonne heure pour le lieu de leur deftination, les VaifTeaux des Compagnies Oriëntale & Occidentale, armés depuis fi lengteas i la charge onéreufe de ces Compagnies, dont la République ne peut fe paffer & qui cependant font menacées d'une ruine prochaine; pour établir une Croifiere contre les Flottes Marchandes Britanniques, qui allaient fi conftamment a Ia Baltique , ou en revenaient, & contre lesTranfports deftinés a amener les Troupes Allemandes; pour atta.C£s de „ vonloir bien, cbacun en particulier, donner ouverture „ aux Seigneurs Etats, leurs Principaux, de Ma préfente „ intention; me flittant qu'ils voudront bien l'hor.orer de leur Approbation." t Avec tout; le refpccT: du h 1'Illuüre Prince dont ce difcours eft émané; qu'il nous foit permis d'avancer qu'il n'eft ras a préfumer que 1'intention des Etats de Frife, de Zeelande & des villes de Lcide, de Dort, & de Tergow ait été d'arracher a l'Adminiflrateur en Chef des opérations militaires, la connaiiTancc des "ordres qui, par leur communication, feraient expofés a être éventés par 1'Ennemi; auffi ne demar.dentils ia dccouverte qu'a la fin des campagnes, c'eft-adire loriqu'on pourra juger, lans pén], s'ils ont été exécutés ou non. D'aiüeurs il eft contre la nature de fuppofcr qu'un Adminiflrateur fuprêmc dont ia gloire. et ia profperité font effendcllement enchainées aüx intéréts de la patrie, veuiile de gafté. de cceur les facrifier a 1'Enncmi: on ne doit donc pas.douter qu'il n'ait donné' les ordres lespius propres a lui portcr des, coups fénnbles On eft d'autant moins autorité a former des-foupcons injurieux a fon honneur, que les opérations.ayant été concertées avec un allié contrel'tnnemi comrnun, il nepourraitnégligérfa partie dont il s'eü chargé fans s'expofer a des reprochesqui eclatcraient. Kefte a favoir fi les ordrès qu'il adonEés, ont tté fidtlemtnt exécutés. C'eft donc aux C 3 offi-  ( 38 ) officiers de marine auxquels ils ont dü parvenir, k montrcr fi leur conduite eft irréprochable. Que des Citoyens mal-intentionnés demandent s'ils n'ont pas eu des ordres différens de ceux qu'ils peuvent montrer par ccrit; la réquifition des Etats de Friie, & Zeelande &c. forcera ces officiers a montrer leur innocence, k laver leur honneur, avantage fi précieux pour un homme de guerre , avantage qui eft: 1'ame & doit être le mobile de ceux de cette profesfion. Alors on verra les caufes inconcevables de cette lenteur qui n'eft fürement pas un être de raifon La direction fuprême peut-être bonne; mais eft-elle en état d'opérer fi elle n'eft pas fecondée par les officiers fubalternes ? On fe demande actuellement 1 font ce les héros du Doggersbanc qui refufent d'afFronter les caprices de la mer & de chercher 1'Ennemi, quand les principaux Adminiftrateurs. la nation entiere s'attend a les voir agir, quand Poccafion parait s'être préfentée au deveioppement des plus glorieux eftbrts? N'auraient-ils été, 1'annéederniere què les héros du hazard? On allure que le Prince a Ia nouvelle de la derniere rentrée de les Flotte, a fenti toutes les conféquences de cette démarche dans un tems furtout oh le peuple eft fi fa« cile a des foupgons? Ce Prince s'eft rendu lui -même au TtlTel pour favoir, dit-on, les caufes d'une rentrée qui re s'accorderait pas avec la promeffe faite a la France de dominer cette campagne dans la mer du Nord. Mais ce concert eft-il auffi avantageux qu'on le prétend? En a t-on bien calculé les obligations réciproques? Ne ferions-nous pas la dupe de nos alliès éphémeres ? Grandes queftions élevées par les Anglomanes. Nous les examinerons 1'ordinaire fuivant. • Un de nos correfpondans vient de nous envoyer une lettre qui intéreffe la politique auffi bien que la morale. CVft un appercu rapide fur les mceurs aétuelles desHabitan"de ccttéRépublique. On y montre habilement combien la partie morale d'une nation peut coatribuer a la confidération ou k la profpérité de  C 39 ) de 1'Etat. On nous alTure que 1'Auteur eft le même qui nous a communiqué les pieces inférées ci-devant fous la fignature d Ami de Vbumanitê. Quoi qu'il en foit, il n'eft pas inutile de remarquer que ces pieces, quoique elles ne foient pas de nous, nous ont attiré d'injuftes critiques. Nous efpérons que ces Cenfeurs ne trouveront dans la fuivante, rien qui donne prife a leur malignité. „ Le Théatre du monde offre fans celTeat'homme „ des fcenes intéreffantes; c'eft une Ecole oü tous „ les individus peuvent puifer des lecons utiles par „ le moyen des Comparaifons que la différence d'or„ dre, d'état, de condition fait naitre. Pour pein„ dre les hommes il n'eft pas néceffaire de parcourir „ 1'Univers; aux coutumes de leurs pays prés, ils „ font partout les mêmes; d'après cette réflexion „ je me contenterai de tracer mes tab'.eaux fur „ les fujets qui m'environnent. Une grande ville „ fournit feule une ample matiere a la fpécula„ tion; les faits étant plus prés de nous, en de„ viennent plus frapans, & moins douteux: heu* reux! mille fois heureux! fi ces rapports produi. „ fent un bien dans la Société & rendent les hom- mes tels qu'ils doivent étre! ,, Vous medemandez, moncher Ami, queleftmon „ fentiment fur le Luxe & la dépravation des mceurs „ de cette grande ville: que vous dirai- je? Hélas! „ i'entrevois la ruine de ma Patrie. AutantleLuxe „ parait néceffaire dans un Etat Monarchique, autant ., il eft pernicieux dans un Pays Républicain. — j, Le Luxe eft maintenant porté a fon comble, „ il a gagné tous ■ les Etats, chacun s'cmprefi'e „ d'enchérir fur les ridicules des autres nations ; „ les Caprices des Anglais & des Francais font ., adoptés avec avidité ; Paris & Londres font les ., atteliers oü fe forgent les inftrumens de notre „ décadence , & de leur induftrie. Cette vilti le, autrefois fi floriffante, qui faifait 1'admirai, tion des quatre parties du monde, dont la. C 4 „ fran-  C 40) „ franchife la plus exacte & 1'économie la plus ,, fage en cimentant la fortune des Citoyens faï„ faient la Bafe de leur conduite, n'eft plus main„ tenant un modele a fuivre: lesmceursy font comp» „ tées pour rien, 1'Education de la JeunefTe eftnegii„ gée, la fourberie a pris la place de la bonne foi „ les Banqueroutes, autrefois inconnues, font deve,, nues fréquentes , notre Comrnerce a perdu fon „ nerf, notre marine n'eft plus cm'un fantóme , „ ie fiecle des Ruiters & des Trómps n'eft plus' „ notre nation n'eft plus eftimée , confidérée , „ relpectée chez les autres PuifTances, elie n'en„ voie & ne recoit des Ambafladeurs que pour „ la forme. Vainqueurs de Philippe qu'ctes vous „ devenus ! quelle feroit votre. douleur fi vous re„ veniez fur la tcrre examiner Ie fruit de vos tra„ yaux, de votre courage.^ de votre économie] „ Vous rougiriez de vos fuccelTeurs-, & ne vous, dnez p?s refter fur cette terre in?rate, ou- la „ moleffe & la diffipation ont établi leur empi„ re. Quels citoyens peut efoérer un Etat ou la, „ jeunefie eft efclave du luxe ,& de 1'oifiveLé ? Si 1'on „ jette un coup d'ceil fur la partie la plus précieufe „ du genre humain, fur ce ilxe aimable que 1'hom„ me, regut des mains du Créateur pour affurer la „ bonheur de fes jours , quelle éducation recoit il? „ La coquéterie, la frivolité, font 1'unique étude des „ meres qui, gdtées par le fiecle, tolerent les dépra„ vations dé leurs filles dont el les font quelquefois „ les Rivales & fouvent les vidtimes. Les Peres „ croyent que cc foin n'eft pas' de leur reffort, „ & ne penfent qu'a leur comrnerce & leurs plaifirs „ (car kshommes & les femmes mnriées font leurs „ parties féparement.) Si je confidere Ie nombre „ des chevanx, de voitures que Je Luxe & la rrr> „ lefie ont mtroduits, je gémis a 1'examen; chacun „ vcut avoir des équipages, chacun veut imiter ou „ furpaffer fon voifin ; on ne confulte point fes fa„ cultés, on n'écoute que fa folie: combien de fa., 3, mi/  C 4i ) „ milles ruinées & tombées dans la rnifere par cette „ conduite! combien de fauffes démarches, de trom„ peries pour foutenir ces dépenfes! combien de „ chevaux, de voitures vendus publiquement pardes „ créanciers ! il n'eft pas jufqu'aux Médecins qui ne „ fuccombenc fous le poids de la vanité, ils veulent ,, imiterles millionaires; fouvent ils n'ont une voitu„ re que pour fe donner du reliëf, & le cocher. n'a „ d'autre renfeignement que de s'arrêter fur tel ou „ tel pont ou dans tel coin de rue pour attendre le retour du Dodteur; mais il faut ébloui'r & fe rui- ner. Queiles en font les fuites? 1'homme meurt & „ laiffe une femme 6c des enfants avec des dettes & „ la perfpective d'une horrible pauvreté. La République Romaine, fi riche, fi puifiante, qui „ avoitdonné des fers al'univer:;, fut trop faible pour j, réi'ifter aux ravages du Luxe & de la dillipadon: j, quelfört! quelle perfpeétive peut donc fepromec,, tre cette République fi peu comparable a Rome par „ fa force & fes reflburecs, & fi reffemblantc a elle „ par les viccs qui la minent fourdement & qui en „ fapent lesfondemens. Rendez-vous, mes chers Con- citoyens, dignes de vos généreux ancêtres; ils ont „ verlé leur fang pour la p';trie, 1'ont foutenue par leur'économie: voudriez-vous détruire leur ouvra» „ ge , le Chef d'ceuvre de'l'art, de l'induftrie & „ du courage. Méprifez comme 'eux ces frivöli„ tés, ces plaifirs d'un moment qui ne donnent que „ des ridicufes , des Regrets, en faifant ncitre de „ nouveaux befoins toujours plusgrands, plus dan- gercux que les premiers. Sachez vous faire res- peéter de vos ennemis, aime'r'& eltimcr de vos voi,, fins, de vosallié;-, montrez al'univers que vous êces „ hommes & que vous devez trop a votre patrie, a „ vous-mêmes pour être les artïfans de fa ruine & de votre opprobre. Mescompatriotes, mesAmis! „ devenez plus raifonnables! regardez le précipi„ ce ofi vous allez tomber; méprifez cette frivolité „ inutile, rendèz-vous aux cris'dc votre raifon, f-üC 5 ,5 tes  C 42 ) „ tes des citoyens de vos fils & des meres laborieufi» „ fc fages de vos fiHes; fouvenez -vous que le vrai „ bonheur ne confifte que dans la fagefle & dans la ver • „ tu. i>i vous êtes pauvres, foyez économes &actifs „ pour vous procurer un néceffaire honnéte; fi vous „ étesriches, n'en abufez pas; employezvosfacultés ii au bien de votre familie, au foulagcment des indi„ gens & ne laiffez pas après vous la honte d'avoir 5J trop vecu. Adieu. C H A P 1 T R E L. Sur l'admiffion des Etats-Urds de VAmèrique dans la MimaUté-améi & fur les moyens les plus propres d accéiérer la paix. La Grande.Bretagne, épuifée par une guerre saki Je continue avec plus d'éclat que de pront, a fait ïa première les avances d'une" négociation propre a ramener la pa;x. Mais eet heureux infiant bit encore bien éloigne, a moins que les Puiffances neutres n interpofent leur médiation, pour terminer la querelle Un Mmiftre qui s'eft diftingué dans la cal nere politique, nous avait communiqué la niece fuivante avant qu'elle parut dans les papiers pubiics; 1 abondance des matiej-es nous a forcés h en différer la pubhcation, avec les réflexions qu'elle nous a fait naftre. J U!> s, Cette guerre a déja duré tant d^années; elle s'eft „ étendue fur tant de nations, & elle a été accöm. :, pagnée de circonftances fi dénaturées & fi cho„ quantes , que tout homme pourvu du moindrc „ lentiment d humanité, doit fouhaiter de voir une • Paix équ«able rendue au genre humain. Aulfi, „ tout  (43 ) tout le monde fait profeffion de fouhaiter la paix. '* La Grande - Rrêtagne d'un cóté, la 'France, l'Es" pisne, VAmèrique & la Hollands de l'autre le dé" clarent. Les Puilfances neutres manifeftent un dé11 fir pareil; & quelques • unes fe donnent beaucoup de peine pour le réalifer, entamant des négocia" tions, & óffrant leur médiation pour le rétablisfement de la paix, ü ce n'eft générale, au moins partielle. Cependant, les nations en guerre «vee „ 1'Angleterre paroiffent toutes fentir égalcment , , que 'toute paix féparée ne feroit que retarder la , paix générale, & cauferoit ainfi plus de mal que \, de bien. Ce fentiment eft, fans contredit, par' faitement jufte. H ne s'agit donc que des mefures „ a prendre , pour parvenir , avec la plus grande apparence de fuccès, a une paix générale. , Jamais nation ne s'eft trouvée dans une fitu.ition plus critique. que celle oh eft aftueliement l'An» H gleterre. L'Mande, & tous les pai's de la domina" tion externe de \'Ans,leterre, font mécontens, & -• & peu-pres mürs pour fuivre 1'exemple des Etats-' Sa (Jnis de l'Aménque, en rompant toute connexion " avec elle. La nation Angloife elle-même voit fon " fein prefque également divifé entre 1'ancien mi' nilTere & le nouveau; & par conféquent entre le * vieux & le nouveau fiftéme; enforte qu'aucun des " partis n'a aflez d'influence , pour faire réfoudre ?! quelque démarche décifive. II n'eft pas impoffible, quoiqu'il ne foit pas apparent dans une telle " crife, qu'un fentiment de compaffion pour IMh" gleterre ait lieu chez quelques Puiffances neutres, „ & ne les induife h la longue, furtout fi quelque motif fe préfentoit, a prendre parti dans cette " guerre» & a mettre ainfi tout lerefte del'Europa " a feu & k fang. „ De toutes les nations du monde 1'Amérique au, rak peut-être le moins a craindre, peut-être le ',' plus a gagner, fi cela arrivak. Mais la paix avec " toutes lui vaudra mieux, fans doute, qu'un mal fi  C 44 ) „ fi funefte a tant d'autres. Comment s'y prendra „ t-on pour 1'obtenir ? Voila toujours la grande „queftion. Si. 1'Angleterre pouvoic être unanime „ dans lumque planfage dont 1'option lui refte „ elle pourrait aifément réfoudre cette queftion en „ rceonnaiffant inceffamment les Etats - Unis de 1'A„ mérique po«r ce qu'ils font., pour une Puiflance ,, ablolument fouveraine & indépendante, & en in„ vitant cette Puiffance, comme teile, a un con,, gres de paofication générale , fous la médiation " des,,df,ux cours impériales, ainfi qu'on 1'avait pro„ pole lannée derniere. Mais le miniftere Britan„ mque aftuel n'eft Pas aflez affermi dans la con„ iiance, ni du Roi, ni de la nation, pour hazarder M u,n Point fl éclatant, qui dcplairait au Roi qui j, allarmerait la nation, & dont les anciensminiftres » aYec leurs partifans, fe prévaudraient, pour ex* „ citer la yoix du peuple contre eux, comme ayant „ lacrifié 1 honneur & la dignicé de la Courorine, 5, avec les intéréts effentiels de la nation. . „ II manque. donc quelque chofe au eouvernement Anglais, pour être en état de faire ce' qui «I eJ} abfolumcnt .néceffaire au falut. de la nation. ,, ür, pour decouvrir ce que c'eft, il faut fe fou„ vemr d une réfolution du Congrès , du d'une ré! " ïïQ&VVeC ïAméri^e> & d'une paix fepÊ » iee, dont ils voudraierit prpfiter pour fe venïer M des autres. Mais jamais I'Amérique ne fera inS » dele m a fes aliiés ni a elle-même. Ainfi, con. „ duite de chuneres en chimères, la Grande Se» \agtie deviendra a Ia Sn incurable; & Je fiftême , „ de la neutrahté-armée, qu'on neut ofé £ ** f?,hfifW.rrVPmëOD A™é?'lcaine> & oui ne faurait „ fubfifter li les Etats.Unis ne font admis è la fouisance de fes avantages & a 1'obfervation de fes de- " cSinVrefterl5-f^S £ffeC' & s'évanouiradans l'anjj cienne anarchie." Lafuite au A\ prccbain. Petite note fur un petit nouvellifte d'une petite ville de la BaJJe-Gemanie. En jetant nos regards fur Ie nouvellifte d> ru affeaenüUvSuaïeTS " ^Vf, Ï S ceVta nl £, f * ,^imaces 'ée!Ies ^e ^ lefture dLe t.e forti du pays desmarmotes, a troulé cnte fnt' fes rufes ordinaires endéfaut: forcé dans S toms ■ &  C47) & détours, fes faillies lui ont manqué: pour fe dérober aux piqueurs qui le preffaient vivement, il a pouffé des cris d'un genre nouveau. Bite & Nepo. mucene, Lourd & Ctaitde, Sopbijtique & Pancrace avec quelle adreffe il faic allier ces mots Grccs & Savoyards! il ne nous manquak plus que fon noui pour être batifés complétement. Tout cela nous a beaucoup amufés; & nous ne défefperons pas que eet Allobroge nous rendra un jour les lumieres, 1'énergie & 1'éloquence perfuafive, qu'il trouvait autrefois chez nous. Au relic, il parait avoir fenti la noirceurde fesdé. nonciations perfonclles. II cherche a donner lechange fur fon véritablcbut; comme files miniftres intérefl'és 'qu'ellesont effeclivementfoulevés contre notre feuille avaient pu fe méprendre fur ces mots deciamattur infolent 6? puniJJ'able öfc. comme s'il ne laüïait pas percer fa lache intention en invoquant de nouveau la punition des loix contre nous; comme fi une feuille publique avait befoin d'étre uénoncée au public; comme s'il dépendak d'un petit Nouvellifte d'une petite ville de la Baffe Geimapie de régler fes goüts; comme fi ce public avait pu baianeer entre un Protée qui change a chaque inftant de forme & de couleur & un Ecrivain que ni promefies ni menaces n'ont pu ébranler; comme fi le public n'avait, d'après 1'imprudent aveu du Nouvellifte, déclaré fuffifamment a qui il accorde fon eftime ou fon mépris ; déclaration ratifiée plus d'une fois par fes pairs, qui l'ont mis a fa place: fon róle & fon hut c'eft de faire rire; le nö:re eft de perfuader; & a 1'en croire, nous n'avons pas mal réufli. Notre marche, lourde embaraffée & traïnante, notre faire fophiftiqué & découfu ont plus fait que. fon ton plaifant ou bouffon; qui de nous deux poflede la véritable éloquence qui perfuade? Qui de nous .deux joue le róle le plus flatteur? Puisqu'on lui permet de foutenir qu'il vaut mieux vivre fous un defpote dont le coup-d'ceil peut écrafer le premier comme le dernier de lés fujets, que lous  C 48 ^ fous des adminiftrateurs populaires enchainés par la Joi; pourquoi dauties n'auraient ils*pas celui d'enfeigner des maximes républicaines dans une Képubli. iqU J n8rk- tr°rVe bJen P'acées 3ue dans Loc kt, Montefquieu, Rousfeau. Ces grands hommes dont il ne peut nous ravir 1'autorké, n'auraient-ils ecnt que pour les livres? C'eft être démocratico-maniaque que de plaider Ia caufe & les droits du peuple ; ceft vouloir détruire perfidement le Stathoudérat que de montrer, quand on veut Pébranler, la ma- êtie un Pophitte fed.tieux que de chercher décemment la mamere de fimplifier les rouages & d'arcélérer le mouvement d'une machine dont les re'fforts font vifiblement trop compliqués. Pour mieux parvenir a fon hut, il accumule tous les Griefs fur un leul mdiyidu qui n'a peut-être pas fourni la dixieme partie d un ouvrage dont ilavoue les principes, bien lom quon puiffe 1'accufer de les nier pour fuivre Ion interêt. 1 Mais pourquoi oppofer des raifons k des platitudes au- deffous même du Calembourg? Peuconrépondrê Lnrï Tflfrr ia plUme S'abreuve Përiodique. ment dans le fiel? Le ton qu'il a pris ne nous eft point famiher, & nous ne lui en envions point la gloire. Bien loinde lui contefter certe prééminencef nous confentons è le mettre au-deflus de tous les Pasauws anciens & mrdernes. Pour noircir, u/tltdeS me fuffit; pour pe laver, il faut dès pages entieas Si h! Courrier a fes raifons pour vouloir nous S e. ver a des fujets intéreflans, en nous cngageant dans une lutte particuliere, il a manqué fon but. Ce n'eft pas que nous craignions de nous mefurer avec aucua ücnyain dun fentiment contraire au nêtre Mai« tous les moyensindécens révoltent notre maniere de penfer & d'agir. Si Ie Courier du Bas-Rhin veut en mettre d'autre en ufuge, fon cartel eft accepté Au" trement, nous nous contenterons de lui faire la guerre en réfutant fes opinions, fcueire Aux Adreffes ordinaires.  L E POLITIQUE N°. LXXXII. LUNDI,cea SEPTEMBRË, 1782» Suite du CHAPITRE XLIX. ■ Sur l'état intérieur de la RépukUque 6? particulier.n.ent Jut le Concert des Opérations iHÜitaires avec la France, De toutes les mefures, dé toutes les opérations amenées par les événemens qui ont précédé, ou fuivi cette guerre fuhefte, rien n'a paru généralementplus fage & plus néceffaire qu'une harmonie d'opérations avec les Puiffunces engagées en guerre avec les Anglais. Un concert avec celui qui com. bat le même Ennemi, eft de la politique la plus naturelle & la plus ilmple. Cette idéé eft infpirée par la nature même, non-feulement aux hordes fauvages qui vont a la chaffe des hommes, mais encore aux diverfes claffes d'animaux , qui formeht des fociétés, dont les loix , 1'harmonie, étonnent fouvent 1'intelligence humaine. Ne fait-on pas que lorfqu'ils ont jeté leurs vues fur une proie, ils s'accordent pour la guetter a différens paflages, & que chacun d'eux fe piqué de garder fldele'ment fon pofte. En un mot, dès qu'un mtérêt commun fe préfente, 1'on voit fé réumr tous les êtres vivans que le Créateur a difpenfes fur la vatte êr^endue de ce globe. Le même mftiriét naturel e.ig igc toujours celui qui elt le plus '1 ome IV. D fai.  C 50) faible, S fe ranger Ie premier fous les aJles du plus puiffant. Ce n'eft pas ici le lieu d'appliquer la moralité de la fable des animaux alliés du lion; les deux cas font abfolument différens; la France nejouerait pas impunément le róle du Roi des animaux avec les trois autres alliés naturels qui ont k combattre le mémeennemi, quand elle eft ne feraitpas intéreffée a les ménager pour confcrver leur amitié, lors même que la caufe de cette union momentanée ne fubfifteraic plus. II eft autour d'elle plufieurs autres lions qui ne verraient pas d'un ceil indifférent que les Lis abufaffent de leur force & de leur fupériorité. Qui croirait, cependant, d'après eet apologue, qae nos Anglomanes n'ont pas rougi de décrier toutes les mefures que la République pouvait concert er avec la France ? La Compagnie des Indes de eet Etat, fentant le danger oü 1'aggreffion injufte & imprévue des Anglais expofait fes poffeffions & fes richefiés, s'eft Mtée de recourir a la France & de prendre avec elle des mefures pour une défenfe commune. Qui aurait dit que cette fage démarche eüt trouvé des détraéteurs? Qu'il nous foit permis d'expofer les idéés que cette conduite nous a fait naitre. On fait affez, par une multitude de libelles qui paraiffent dans la langue nationale, qu'un grand nombre de citoyens fufpeélent violemment les intentions du Stathouder. On en volt è chaque inftant dans les fociétés qui portent la témérité jufqu'è déclamer indécemment contre ce premier Magiftrat de la République. En raifonnant avec ces efprits inquiets & ombrageux, il n'eft pas. difficiie de renverfer les opinions qu'ils n'ont puifées que dans le mécontentement général, caufé par 1'état déplorable du pays & l'inaclion honteufe denosforces. Mais pouffez les plus avant, ils vous objecleront les principes ■répandus dans les brochures écrites en faveur de ce qu'on appelle le parti de la Cour ou le parti Stathouderien. L'ceil le moins partial ne peut effcélivement s'empêchcr de trouver dans ces écrits un but marqué de  O* ) de défendre les Anglais en tout ft de fronder généralement les mefures prifes contre ces Ennemis Nous ne répéterons pas fes exemplc- que nous avonsckésècè fuiet. Mais nous n'avons pu nrpire & de fa vie lis ont op* pofé a cet cxemp'e celui des Américains dont 1'inaction était auparavant 1'objet de leurs farcasmes & de leur mépris. Quoiqu'il n'y ait aucun objet de pa» rallele entre le- forces de ''une & 1'autre République & leur pofition refpeftive a 1'égard de 1'Ennemi ils ont trouvé daas 1'inacVon politique du Fabius Américain, du Général Washington, un modele a propofer k 1'Amiral-Gén'ral des Pays-bas-Unis. Au moins, fuivant ces fublimes polkiques, nous devrnsnous en tenir fcrup-leufement ö la défenfive. II faut avoner que des idéés pareilles émanées de la plume d'Ecrivains qüi pafTent pour être devoués k la Cour, ne peuvent manquer d'entretenir & d'augmenter encore les foupcons. Ce n'eft pas tout. Après avoir déclamé vivement contre 1'har^onie des opérations avec la France; & préparé d'avance lés reproches qu'on ferait a cette CfUronne au cas qu'elle n'eü' pas iefuccès déilré, ils Jevent abfolument le masqué. VOud rwetfebe Wedtr.and/ch? Patriot allure dans des feuilles qui viennent de pa<-affre. qu'au moins notre Compagnie des Indes-Orient des aurait bcaucoup mkux fait defecon* certer avec les Anglais qu'a vee la Cour deVerfuille L'iD 2 dée  C50 dée parait fi révoltante qu'on pourrait m'accufer de calomnie; mais nous citerons fes propres paroles: en vöToi une traduétion dont 1'Auteur neconteftera pas la fiüélité. „ Si notre Compagnie des Indes-Orientales," ditif, „ eüt, au nois de Décembre 1780, envoyé, non „ en France, mais enAngleterre, uneAmbalTade,.& „ repréfenté que, n'ayant aucune part au délit de la „ ville d'Amfterdam; ni au comrnerce des munitions „ navales, ni aux connivences fourdes avec laFran„ ce , ni k 1'infame négoce de contrebande a St. Euftache, ni aux autres liaifons fecretes avec les „ Américains; fi 1'on eüt fait valoir ces raifons au,j prés d'un Miniftere qui, quoiqu'uutré au J'uprême „ dégié, r,e la".Jj'ail pas d'être raifonnable ; & qu'on „.eüt propoféd'agir de concert avec les Anglais con. „ tre Hydcr-Aly , a condition qu'ils garantiraient „ nos établiffemens dans cette partie de 1'Afie, quel qu'cüt été 1'état des chofes en Europe ou dans les „ Indes-Occidentales, une telle AmbaiTade n'aurait„ elle pas été plus avantageufe & plus effeftivement „ patriotiquc que ceile que la Compagnie envoyaen „ France?" Ii faut avouer qu'un Ecrivain qui prétend intéreffer direöement une partie des Citoyens a la prospérité des Anglais, dans le tems oh 1'Etat autorifait k leur courir fus & a leur caufer tous les maux polTibles, elt trop méprifable pour qu'il puiffe jamais dtvenir dangereux. Mais le dévoüment qu'il fait éclater pour 1'Ennemi de la patrie, montre qu'un pays oh 1'on ófe produire hautement une pareille politique, doit renfermer un grand nombre de traitres. II n'eft pas néceffaire de s'étendre fur un plan dont tout le monde fent 1'abfurdité, & que i'Angleterre dont 1'avidité ne s'eft jamais démentie, aurait rejetéavecle dernicr mépris; puisqu'il n'y avait que nos poffeflions & nos richeffes de 1'Inde qui lui préfentaflent une proie propre afatisfaire foninfatiableavidité, le feul mobile de fa conduite. II eft vrai que des Etati en guerre Fun a- vCc  vee 1'autre font quelquefois convenus de garder la neu-tralité pour certains pays; mais c'eft quand des Puisfances neutres s'y trouvaient intéreffées; & furtout quand letranfport du théatre de la guerre dans cette partie, n'offrait a aucun d'eux un avantage confidérable. Auffi , dans la guerre qui éclata en 1755, les Frangais plus faibles dans 1'Inde ayant propofé un plan de neutralité pour cette partie du monde, effuyerent un refus des Anglais énorgueilfis de leur fupériprité. Mais, dans le plan propoféa la' Compagnie des'allier avec 1'Ennemi; non-feulement il eft queftion d'abandonner la neutralité, en prenant parti contre un Prince ami de Ia France alors de„ venue notre alliée naturelle en Europe & en Amérique ; mais les Anglais a la fin de l'année 1780 avaient dans 1'Inde une Puiffance bien fupérieure a celle de 1755. II eft vrai que la fortune parait depuis s'être tournée contre eux. S'il en faut croire les relations les plus autentiques venu.es de cme partie de 1'Afie, leur puiffance elt ébranlée jufque dans- le Bengale. Ainfi propofer adtuellement un; plan pareil, c'eft non-feulemer.t le comble de 1'ignorance & de la partialité; c'eft même déceler un d,evoüment abfoiu aux intéréts de 1'Ennemi. Auffi , a la première nouvelle de la déclaration hoftile des Anglais, tous les bons patriotes s'écrierent qu'il fallait s'unir avec les Ennemis de notre Ennemi. Vainement les Anglomanes s'oppoferent a cette idéé patnotique ; 1'alliance fut fcellée; on faura bientöt fi c'eft notre faute qu'elle n'ait pas produic tous les avantages qu'on eh efpérait; mais il nefautpas en jeter le biame fur la France, c'eft ce qui parait par la propofition que vient de faire la ville d'Amfterdam, afin qu'on forme pour l'année prochaine de nouvelles combinaifons avec le même Allié. D 3 EX-  ÏXTRAIT des R-cftlutions des Etats de Hol'ande & Je Weflfri/e, prifes dam VAffemhlèe de L. N. & G. PutsJhtices. „ Propofition des Oéputés de la Ville d'Amfterdam, tendanre a Ia conrinua'iin du Concert des Opéra ions avec „ la Fr.incf- contre .'Anïletere, pour laO.mpagn^de 17R"!, „ & le renouvclkrrunt du Traité de Cmraerce de l'année ,, >739- „ MM. les Ddputés de la Vil'e <)'Amfterdam ont propo„ Cé, au nom & par ordre fpéchl des Seigneurs ieurs Prin„ cipaux, a rAffemblée de L. N. & G. P. ,, Que lesdits ^eigrenrs leurs Principitix , aymt pris en confidération féri-'uf; les circmftances cr>tiiues odletnuve la Ré-ublique, & convaincus que l'intérèi de l'Ktat ex'ge que .es liaif'or.s svec la Cour de France (Haifon* qvi as' encore fa dejlination ; qu'H ne pouuait ouvrir fes ordres qu'd une certaine hmteur. Des ordres fecrelsl Mais ft nousfommesdans ie concert, ne devons-nous pas etre auffi dans le fecretï Ondeclarne vivement contre l'inatïion de nos farces maritimes. Aurions-nous dü imiter l'imprudente ardeur des Francais, qui pour profiter , difent-ils, des dernier s inftans de la faifon favorable, ont expofé nos vaisfeauxdes Indes d être pris par les Anglais enfortantde Brejt? Tous ces exemples ne montrent.ils pas^que ces perfides alliés n'ont d'autre vue que de ruiner VAngleterre les Pays-bas.Unis , l'un par Vautre afin de s'élever fur leurs dèbris ? R. On croirak difficilement que ces reproches abftirdes ftient venus d'un de nos cicoyens; fi 1'on ne pouvait citer les brochuies d'oti elles font tirées, les feuilles de X Ouder wetfebe Nederlanafcbe Patriot & les lettres de Reynier Vryaarts, deux Ecrivains van->' tés par ceux du parti, comme des guides infaillibles dans la carrière du raifonnement & de la politique. Le fervice que les Francais nous ont rendu en fauvant le Cap, n'eft donc rien! Aurait-il mieux valu, felon eux, que cette clé de F Inde füt tombee entre les m'ains de nos Ennemis. de Johnftone, que le brave & diligent Bailli de Suffren fut prévenir? Pourquoi reprocher 1'expédition nocturne de Johnftone, aux Francais dont nous méprifames les avis & dont on fait que le malheur ne doit étre attribué qu'a l'imprudente obftination de nos propres Officiers? LesFrancais ont-ils adopté pour politique de donner de nouvelles forces a 1'Ennemi qu'ils veulent écrafer ? Qui font ceux qui, fans attendre nos prieres. dönnerenc partout des ordres pour avertir nos vaiffeaux navigant fur la foi de la paix que 1'Angleterre avait rompue avec autant de perfidie que de brutalké? A qui devons-nous encore le falut de ITfle de Ceylon & des Molucques? L'Amiral JHughes n'a-t.il pas  C 57 ) écrit qu'il alfa'it attaquer Colombo , lorfque 1'arrivqe de la flotte francaife lui fit changer de route Sc de plan? il eft vrai que les Anglais nous ont enlevé deriches comptoirs fur la cóte de 1'Inde: mais il n'eft pas moins ridicule qu'injufte, d'attribuer ces pertes a la faute des Francais qui ne pouvaient nous garantir des établillémens entourés de toutes parts par les pofléflions Ang!aifes.0 Mais attendons. S'il en faut croire les relations Anglaifes clles - mêmes les Frangais commencent a faire paraftre des forces'res"peftables dans cette partie de 1'Afie. Nous en avons déjaéprouvéleseffets. Lespeuples deces régions,que 1'Angleterre tenait courbes fous un jougde fer, fe révoltent de toutes parts contre la tyrannieBritannique. La flotte partie;dernierement du lexei pour fe rendre dans ces régions lointaines, pourrait bien faire pancher (mtierement la balance en notre faveur. Les Anglais eux- mêmes commencent a trembler pour ces contrées dont les richeffes entretenaient depuis fi longtcms le luxe des Darticuliers & les finance chancelantes de 1'Etat. Quant aux vaiffeaux que Don Cordova a refufé de prendre fous fon convoi a qui doivent - ils leur falut & leur retraite a Cadix ? Pourquoi nos propres vaifleaux de guerre leur ontils refufé la protection du pavillon de 1'Etat? Pourquoi femblons-nous avoir oublié nous - mêmes ceux qui pourriffent depuis fi longr.ems a Drontheim? Les Efpagnóls, avec qui nous n'avons formé aucune alliance politique, doivent-ils avoir nos intéréts plus a cceurque nous mêmes? Un Amiral doit - il expofer les ordres qu'il a recus è tranfpirer, en prenant fous fon efcorte des vaifleaux qui auraient trahi fa deftinadon? Quant au malheur arrivé au Convoi des Indes -Orien'tales en fortant de Breft au mois d'Avril, il fuffit de dire que les Frangais n'étaient pas moins intéreffés a leur confervation que notre Compagnie & que leur perte eft bien fupérieure a la nótre. C'eft un tour que leur a joué la fortune de la guerre. La fuite au JS«. procbain. P J Suite  C J8) Suite du CHAP1TRE L. Sur Vadmijfion des Etats-Unis de VAmèrique dans la Neutralité - Armêe , comme le moyen ie plus propre d accélerer la paix. On voit que PAureur du plan inféré dans notre derniere feuille, n'a pas.une idee bien favorable de la politique Anglaife. Le portrait qu'il fait de 1'état aótuel de cette Ifle n'eft pas fiatteur. „ II fuppofe que les puiffances Belligérantes foupirent toutes pour la p2ix; & il en conclud fagement qu'elles „ fe prèteront volontiers a la médiation pacificatri„ ce des Puiffances neutres. II parait avoir concu „ des préventions fi fortes fur Porgucil Britannique, „ qu'il croit impoffible de lui arracher une rénon» „ ciation formelle a fes prétentions fur 1'Amérique. „ Elle courrait plutór, fui'vantlui, lerifque d'être écra- fée de toutes parts au dehors, & d'être déchirée „ cruellement au dedans. II en conclud que lesPuis- fances neutres rendront le plus important des fer« vices a 1 humanité menacée d'un embrafement gé* ,, néral, qu'elles 'épargneraient a 1'Angleterre ce „ qui la révolte le pius dans la reconnaiffance de 1'Indépendance Américaine, en fy faifant foufcri„ re, comme par la nécelfité de ceder a la voix de „ 1'univers entier. „ A ces idéés on oppofe (*) que cet aóte fcul „ de reconnaiffance de la part des Puiffances neutres ferait une infraétion a la neutralité: qu'il eft de leur dignité de ne jamais lever le marqué, au cas „ que leur vceu tcnde fecrétement a PaftérmifTement „ de cette Indcpcndance; & qu'elles doivent jouer „ leur róle jufqu'au bout. L'auteur de ces objcéfions avait publié dans une feuille qui parait en 1'Angleterre, un autre plan, ou cette Couronne eft fuppofée reconnaitre hautement & fans conditions, 1'Indépendance de l'Affié- riquc. (*) Voyez le Cavrier de tEurope 20 Aoüt.  C J9) riqae. Miis comme Ia France a pofitivement déclaié au commence.nent de la querelle qu'elle n'avaic d'autie objet que d'affermir cette indépendance, 1'Auteur voudrait qu'elle ne portd: "pas fes prétendons au-dela. „ Cette indépendance, dje-il; en „ ouvrantlesportsderMnériqueè toutes les nations, „ & furtout aux Puiffances rnaritimes aétuellement „ en guerre avec la Grande-Bretagne , leur ofFre „ un équivalent pour tous les griefs. & pour tou„ tes les préten ions qu'ils peuvenr. former. Au cas „ que ce; ofFres foient refufées, il fuppofe que 1'A.„ ménque ne pouvant plus préfenter un front ennemi, après la reconnaiffance de fon indépendance; la G ande - Bretagne fera dès lors une balance „ trop forte pour les autres puiffances Belligérantes. „ Au cas que les Etats-Unis refufaffent une paix „ féparée, 1'Auteur décide qu'on pourrait enco„ re lui porter des coups iénfibles qui 1'empêche„ raient pendant bien des années de goftter les dou„ ceurs de 1'Indépendance. II fuppofe que 1'Angle. terre, adruellement fupérieure aux Indes Occiden„ talcs, eft en état d'y faire des conquêtes; que ,, 1'arrivée de Sir Ricüard Ihckerton dans 1'Inde, y „ fixera néceffairement Ia balance en fa faveur-, & „ qu'on ne fauraic trop redouter les efforts d'une nation qu'on réduirait au défefpoir par des de„ mandes que des revers bien plus grands encore „ ne pourraient rendre pires. Alors, dit-il, on ver,, ra fi tous les corps de 1'Etat réunis par le danger „ commun &: le refféntiment unanime , fi les qua„ rante millions fterlings que Lord North av.ait a fa „ difpofition lors du dernier Budget, fi une Bour„ geoifie nombreufe, fi deslégionsdejeunes&vigou„ reux citoyens, s'élangant des bureaux, des comp,, toirs ft des boutiques ne feront pas en état d'affu„ rer l'mdépendance au dedans ft; de refeufciter au „ dehors 1'honnenr des armes Britanniques." Pour décider entte les deux plans que nous venons d'expofer & pour mettre tout le monde a portee de voir s'il eft fagile d'accélérer le moment de la paix en  ( 6o ) en conciüa'nt les préténtions' des diveffies:Puiffancesbe'lligérantes, il eft important- d'attirer 1'attention gértóraie fur leur état actuel, fur les vues qu'on peut leur fuppofer, & furtout fur la fincérité ou la fausfeté du defir qu'on leur fuppofe pour la conciufion d'une paix prochaine. Quoique. dans ces difcufïïons, dés Adminiftrateurs diplomaciques'aiént un avantage marqué fur des particuliers qui ne peuvent juger des affaires' que par les évenemens publics. ceux-ci peuvent auffi quelquefois, a force de réflexions, de Bretagne peut bien fènrir une répugnance orgueilleufe a proclamer 1'indépendance de fes anciennes Colonies, a plus forte raifon, k faire d'autres ceffions injurieufes a fa dignité. II eft certain que le Miniftere qui s'était élevé fur les ruines de celui du Lord North , n'a difparu que pour avoir voulu précipiter une démarche' pour laquelle ni le Roi d'entrer en guerre avec les puiffances amies de la France, de 1'Efpagne & de l'Amérique; li cela arrivé, la mefure de nos maux fera comblée; nous verrons arriver la carsllrophe funefte que 1'on a eu fi longtems lieu d'attendre ói de craindre, ce que 1'on pouvait fagement prévenir/'  C°3 ) 'Roi ni la Nation n'étaient pas encore mórs. On afture que leMonarque ne peut fe familiaiïfer avecl'idée de reconnaitre 1'Amérique indépendante; & 1'on adonné un dementi formel aux perfonnesrefpeétablesqui aïïuraient le contraire. LeRoi, dit-on, avant de formerle Miniftere acluel , fit venir en particulier le Lord Shelburne qui avait toujours montré la plus de répugnance k reconnaitre cette Indépendance. Je veux vous parler francbsment, lui dit le Monarqu'e; Vindépendance de VAmèrique eft une cbojè qui pefe fur mon cceur: je fens qu'il ne me fera jamais pofftble d'y foufcrire; je vous donne carte-biancbe fur tout; fi vous voulez me promettre de ne pas toucher d cet article délicat. On dit que Shelburne ne fit aucune difficulté d'accepter , k ces conditions, les rênes de 1'adminiftration. Qu'on juge par ce trait fi le Miniftere Anglais elt difpofé a reconnaitre clairement 1'lndépendance Américaine. La fuite au N°. procbain. LETTRE au Politique Hollandais pour rajfarer ceux qui auraient peur des Négromanciens. MONSIEUR. Vous n'avez pas développé tous les talens du Protée dont vous avez efquiffé le tableau. Le don de changer de forme & de couleur n'eft qu'un de fes moindres attributs. Armé d'une baguette magique, il exerce la puiffance de fon art fur tous les étres qui 1'environnent; il fait plus encore: il donne 1'exillence a ce qui n'était pas même dans 1'ordre des poffibles. On 1'a vu faire jaillir dans 1'efpace, des foleils nouveaux; il foufflait; & ces aftres ne confervaient pas même une lumiere empruntée. On 1'a vu faire fortir du néant une République merveilleufe, féjour de 1'ordre & du bonheur; & le moment d'aprèsj elle n'était plus qu'un cahos informe. 11 produit aux yeux étonnés un monllre, ayant plus de têtes qu'un Hi- dal.  c «4:) dalgo n'a de furnoms; peu a peu les têtes s'effacënt t vous ne voyez plus qu'un chien aboyanc, qui difparait encore. II a des diftradtions qui n'appartiennent qu'a lui. II faut favoir le grimoire pour 1'entendre: ne riez •pas, s'il vous parle d'un efprit Philofopbique dégagé de Philofophie; s'il vous allure qu'il eft 1'Ennemi des Sociétés auxquellcsil fe ferait fake honneur d'avoir été aggrégé. Autrement, il criera d'une voix tonnante, qu'il eft le foutien ou le fléau des Dieuxde la Terre; que ceux qui doutent de fes talens font des fots ou des impies qu'il faut exterminer; que fa plume eft une fource inépuifable de fel attique; qu'il ,en coule plus d'un feul trait qu'on n'en trouverait ailleurs en douze volumes in folio; & qu'a lui feul eft donné de développer le fens des Rifkxions que des grands hommes ont mifes a la ponée de tout le monde. Les magiciens du Roi Pharaon 'le trifte mémoire ne créaient pas & ne détruifaient pas avec plus d'habileté. Qu'on ne fe forme cependant pas une idéé •trop effrayante du pouvoir de ce magicien. II ne faut qu'un nouveauJVIoy fe pour Ie confondre.'Dans les tems des forciers & des enchanteurs, il y a toujours eu des mortels doués du talent de détruire les preftiges. On fera fans doute curieux de connaicre la figure naturelle de cet être fingulier , quand il ne fe transforme pas en tigre, en couleuvre, ou en léopard; car il affeétionne furtout la forme des animaux malfaifans qui font bigarrés. On fe repréfenté d'avance un vieillard fee & long, vêtu d'une fimarre couleur de feu, la barbe grife & trainante a terre, la tête chauve, couverte d'un bonnet en pain de fucre & riant de tout le monde, par repréfaille. Or 1'on voit par la que Pantre d'oh il eft forti, produit d'autres animaux que des ours & des marmottes. Aux AdreiTes ordinaires.  POLITIQUE N°. LXXXIII. LUNDI, cc 9 SEPTEMBRE, 1782. Suite du CHAPl'TRE XLIX. Sur le Cor.cert des Opérations militaires avec la France, Attribuer aux Francais 1'infernal deffein d'avoir cherChédès l'origine des troubles préfens, & de chercher encore a nous détruire par les mains des Anglais & a détruire les Anglais par les nótres, unetehe accufation eft fans doute le dernier effort de la maüce, ou du délire occafionné par le défefpoir. 11 faut avoir trouvé ie modele de cette affreufe politique dans fon cceur; il n'y a que des ames viles & des trafcres a lapatrie, qui puilfent fuppofer ces vues arroces, pour nous prévenir contre des Alliés dont tous ies procédés a notre égard atteftent 1'honneur & la franchife. Auteur des Lettres de Reynier Jy'ryuart, qui ne ceffez d'infinuer ces odicux ibupcons a vos concitoyens, li vous croyez rendre fervice k votre patrie en la précautionnant contre un complot auffi dangereux, fourniffez vos preuves. Autrement, au nom de la vérité que vous trahiffez, au nom de 1'honneur dont vous vous faites un jeu, au nom de la patrie que vous des* honorez . je vous dévoue a toutes les fuites de 1'indignation nationale dont vous avez déja efluyé quelques traits & a 1'exécration de vos contemporains ft de la poftérité Pourquoi, lorfque vous crütes expofer.-le fyftême politique de ïa République, dans 1'ouvrage intitulé la Ricbeffe de la Hollande, oubüatcs vous de repréfenter les Frangais comme nos Ennemis naturels? C était mal prendre votre tems que de choifir le moment oh la République , unie aux Francais par une alliance néceffaire contre les mêmes ennemis, devait leur montrer une con1 ome IV. £ fiance  C ö<5 ) fiance entiere? Pourquoi infpirer des déflances qui re peuvent fervir qu'è augmenter cette honteufe inaclion qui nous rend la fablc de tout 1'univers ? Non, non ; vous ne fauriez jamais appuyer vos odieufes conjedtures fur des raifons fondées; vous ne fauriez jamais nous prouver que la Cour de France foit ftupide au point d'ignorer que fes intéréts font liés a ceux d'un Allié qui combat le même ennemi; c'eft ce que nousdévelopperons encore, en difcutant toutes vos objeétions & celles de vos difciples. Si le Roi de France, dit le Post naar den NederRhyn, nous voulait férieufement du bien, il aurait protége nos établijfemens de l'Amérique, avant qu'ils torn. bnjjent dans les mains des Anglais; mais alors Louis XI/1 faifait ftmblant de ne pouvoir détacber des vaisJeaux; comme s'il eüt ignoré que ces pojjejjions fe trouva' Vos principes poli- (*) Quand on nous communiqué des particularités intéreüantes qui peuvent jeter du jour fur les affaires ou fur les événemens publiés, nous ne faifons aucune difficultéd'en faire ufage : mais nous n'adoptons rien funs preuves ou de la vérité des chofes, ou de la véracité des correfpondsns; car cette feuille étant confacrce a des raifonnemens pull-  C 71 ) politiques fur 1'cffence de la liberté Républicaine, votre prudente fagacité en parlant de notre adminiftration & de nos adminiftrateurs; la déducftion de vos raifons d'une maniere fimple & fans prétention, voila les titres qui m'ont mis au nornbre de vos zélés partifans & de vos vrais admirateurs. Je ne doute pas que le récit fuivant, écrit d'après vos principes , n'intércffe tous les citoyens qui prennent a cceur non 1'avantage, de quelques particuliers, dévoués a une cabale ambitieufe ; mais 1'intérêt général de toute la nation. Je gémiffais depuis longfems de voir Amfterdam, ma patrie, entrainée contre toutes les regies de la prudence & de la faine politique, par d'ignorans ambitieux , dans un fyftême qui n'eft ni le fien m celui de 1'Etat. Je déplorais, avec 1'amercume d'un vrai citoyen, le discrédit, le mépris même & 1'humiliation oh ce changement extraordinaire avait réduit cette ville, auparavant fi respeétée & fi confidérée. En un mot, je ne pouvais apprendre, fans verfer des larmes. que fon afcend^nt & fa confidération fuflènt réduits a rien dans les Affemblées politique?; & qu'au lieu de donner aux autres villes 1'exemple des propofitions vigoureufes & patriotiques, il fallüt employer des moyens extraordinaires pour obtenir fon fufFrage fur cesobjets. Je voyais arriver avec la plus vive ihquiétude le moment de propofer le renouvellement des opérations de la campagne prochaine avec la France. Les intrigues fecretes des Anglais a Paris , montraient combien il importait de prendre au plutót avec cette Cour des engagemens nouvcaux & plus étroits pour ne pas être facrifiés dans ces négociations particulieres. C'étaitè la propofition de la ville d'Amfterdam qu'on devait les premières liaifons; il était de fon honneur de propofer les nouvelles; pour éviter la honte d'être prévenue & politiques, nous favons trop ce que nous devons au public & a nous mêmes pour en hazarderfur des faits incertains ou dou* teux. Dès qu'ils ont uncertain döttré d'auihenticiré, nous les recevons non feulement avec confiance, mais même avec les fentimens de la plus vive gratitude. Note du Politique Rollandais. E 4  C 72 ) a cet égard par quelque autre de ces villes nui ont fuccédé au róle brillant qu'elle jouait autrefois, & dont fa défeftion, fuivantmoi. augmente encore la gloire. Je fouhaitais d'autant plus vivement une révolution dans fa conduite, qu'il y a dans fon fein bien des Régens dont le zele & les lumiercs ne mériteraient pas de porter la honte de cette conduite inexcufable. j'efpérais même d'autant plus de voir mes dcfirs accomplis, que bien des Membres' commeneaient h rougir d'un fyftême dont ils n'avaient pas prévu d'abord toutes les fuites, je goutais d'avance le'plaifir de revoir ma patrie reprendre le titre glorieux de proteftrice de la liberté Belgique & recouvrer la faveur populaire qu'elle avait perdue ; je me livrais avec tranfport a cette idéé délicieulê; &, qupique des incidens imprévus femblent traverfer encore mon agréable attente, je ne dëfèfpere pas de ]a voir fe Téalifer.- Les affaires étaient dans une telle pofition que la Régence entiere ne pouvait s'empêchcrde voir tout le parti qu'elle pouvait tirer des circontfances. Mr van Berckel fut mandé pour faire i'expofé des motif & despoints qu'elle voulait propofer. On faic que quoiqne ce digne Penfionaire ne paraiffe plus dans les Affembléespubliques, il conferve fon titre ftfonemnloi, & qu'il doit toujours fes fervices aux Régens qui les réciament. Ce fut fans doute un beau moment pour ce Miniftre patriote ; fon cceur dut être ■ agréable. ment flatté. iorfqu'après un abandon fi long, il vit les Adminiftrateurs recourir a fes taiens par la néc-efiité de revenir au fyftême qu'on lui connoit. Mr. van Berckel fut donc chargé de rédiger des inftruclions, pourenjoindre aux L'éputés de.la ville aux Etats de Hollandede propofer dans 1'Afiembiée lacontinuation du concert d'opérations pour ia campagne prochaine 'y trouvait une Suppofition erronnée, & que le tems ne leur permettait pas d'en conférer par lettres avec leurs Correspondans. Auffi afTure-t-on que la Propofition a été faita & rAffemblée de Hollande par Mr. Ie Penfionnaire Viffcher, avec 1'approbation unanime de tous les Députés; &parconféquent des deux Penfionnaires ;& qu'il faut bienqu' ils aient par devers eux de quoi fe juftifier devsnt leurs Conflituans; ie Confeil auffi etre convoqué a cet effet. Ainfi on fera bien de fulpendre fon jugement fur cette affaire, juf Sa Majefté fur une Réfolution en date du i du même mois, ou les Etats-Généraux auraient, fuivant lui, jugé devoir dilférer (*) le rétabliffement de leur paix jufqu'a la pacification générale, annoncant que Sa Majefté avait accepté la propofition de ne pas féparer leur caufe de la fienne. La conduite de Meflieurs les Céputés fuppoferait cependant, que les Etats - Généraux fe feraient réfei vé la faculté de féparer au befoin leur caufe de ceile delaF-ance, & de pouvoir conférer fur une paix particuliere avant les Négociations pour une paix générale. II n'y a pas de milieu; il faut, ou que les Etats - Généraux (*) Le Dnc de laVauguyon, ArabalTadeiir de Sa Majefté T. C. auprès des Etats Généraux, a ptéfenté le 17 de ce 'mois leMémoire fuivant: HAUTS ET PUTSSANTS SEIGNEURS! „ Le Roi n'a perdu aucune occafion de rionner a V. H. p4 tes téinoignages les plus elléntiels de fon Affeérion. Ce fentiment feul a dirigé S.M., lorfqu'Elle s'eft bornée au main. tien de leur Indépendarce & de leur Dignité; lorfqu'Elle les a prévenues par des Secours gratuits; & lorfqu'Elle s'eft prêtée au Concert que V. H. P. lui ont propofé. S. M. voit avec beaucoup de fatisfaftion la jufte confiance, que fon défmtérelTement a infpiré a V. H. P.; & Ia riétermination qu'Elles viennent de prendre, en eft une nouvelle preuve. II réfulte de la Réfolution du Kr de cemois, que V. H. P. ont fait parvenir a S. M., qu'arès les plus férieufes Délibératio'fs fur leur fnuation actudle , Elles ont penfé, qu'il était plus avantageux de diffèrer le Rétabliffement de leur Paix avec /'Ang'lereire juf qu'a la Pacification Générale, & qu'Elles onr non-fenlement 1'intention invariable de perlévérer dans Ie Concert d'Opérations contre 1'Ennemi commun, établi entre S. M. & fclles, mais encore 1'efpérance, que S. M. voudra bien, lorfque les Négociations pour la Paix générale auront lieu, s'occuper de leurs Intéréts, & leur douner dés - a-préfent des preuves tranquillifantes a cet égard. Le Roi me charge de témoigner a V". H. P-, que Sa Majefté accepte avec plaifir la Propofition , qu'Elles lui font, de ne pas féparer leur Caufe de la fienne dans cette importante ciiconftance, & que les fentimensde fa conftante AiTtdlion lui feront une Loi invioiable deveiller avec le plus grond foin aux Intéréts de la Dignité & de la Propriété de Vos Hautss Puiflances."  C 7« ) raux enaient impoféa la Cour de France, ou que Mr. de laVauguyon ait voulu tromper le Public, en pré. tant aux Etats • Généraux (en parlanta Eux-mêmes) des fentimens qu'ils n'avaient pas exprimés; ou que Meflieurs les Députés aient, pour des vues fecretes, fait main baffe fur des expreflions déduites de faits trop publics pour être ignorés. D'après cet expofé fentcz • vous toutes les conféquences de cette dé« marche? Mr. le Duc de laVauguyon ne doit-il pas, pour fon honneur, & pour celui de 1'Augufte Souverain qu'il repréfenté, s'adreffer aux Etats-Généraux, & leur demandercathégoriquement s'ils prennentdans le même tems des Engagemens contradiftoires; ou fi leurs expreflions les plus claires renferment quelque équivoque a la faveur de laquelle ils fe réfervent la faculté de fe difpenfer arbitrairement d'un Engage-ment qu'ils n'avaient fans doute propofé les premiers, que pour mieux tromper un Allié confiant & crédule. Les Députés alléguent pour leur défenfe, qu'ils n'ont pas eu le tems d'inftruire leur Conflituans. Vain Subterfuge! Ils rccurent les Inftruétions le jeudi; ils ne les remirent que le famedi. Cet intervalle n'était-il pas fuffifant pour leur fournir la facilité de s'éclaircir fur les difficultés que leur fagacité fupérieure leur avait fait trouver dans les Inftruétions de leurs Maitres? N'envoie-t-on pas fouvent des Exprès pour des fujets d'une importance bien moindre ? Suppofé même que 1'idée de précipiter cette affaire eüt abiorbé toutes les autres, n'auraient - ils pu reétifier les paffages qui les choquaient le plus, fans faire difparaitre le tout ? Au moins ils auraient pu ajouter des correélifs; ils étaient fans doute en état de le faire; car pour découvrir Terreur dans une Propofition, il faut connaitre la Propofition contraire qui eft la vraic. D'ailleurs , pour dépouiller ces inftruclions de 1'efprit qui en tenait toutes les idéés enchainées, & en formait un enfemble, dont toutes les parties étaient liées; & pour 1'adapter a d'autres opinions, il a fallu reconrir a une nouvelle rédaftion; & il ne ferait peut-être pas difficiie de montrer que la propofidon faite par les Députés n'eft point celle de la ville d'Amfterdam. Ils ont donc fait parler  h la Régence un langage qu'elle n'a jamais tenu. Ils ont donc trompé les autres Membres de 1'Asfemblée de la Hollande, en leur donmnt une piece fuppofée a la place des vraies inftruclions de leurs Commettans. Cette conduite ed-elle réguliere, eft. elle conftitutionelle ? II n'eft donc plus étonnant qu'on attentie avec la plus vive inquiérude la décifion de la Régence fur cette affaire, épineufe & délicate. Toute la nation a les yeux fixés fur el. le. Cette affaire touche effende! lement k fon honneur, a fes droits. Quelques fougueux patriotes ne parient de rien moins que de faire un exemple éclatant & févere. Les plus modérés opinent du moins k ce que les Déiinquans réparent leur faute, autant qu'il eft poffible, en retirant ure Réfolution qui n'eft pas celle de la Régence & en remettant a rAffemblée la piece authentique au lieu de la piece fuppofée. ' On craint cepcndant que le crédit des Déiinquans, leur affinité de fang & d'alliance avec la plupart des families Régentes , n'étouffent la voix de la juftice & le cri de toute la nation. Et c'eft ici, Monfieur , que la vérité de vos principes démocratiques parait dans toute fa force. La conduite de la Régence nous montrera fi nous devons déplorer encore la facilité avec laquelle la communuité civile a rémis tous les droits a des corps indépendans qui fe perpétuent eux - mêmes. •C'eft ainfi que Ia liberté civile, qui foumet le premier comme le dernier des Citoyens a la vindidte des loix , eft une fuite effentielle de la liberté politique , qui lui donne quelque in. fluence fur ceux qui gouvernent. Suppofons des Adminiftrateurs nommés par le peuple comme autrefois. Auraient - ils , contre le vceu de la nadon, móntré du penchant a accepter 1'offre d'une paix particuliere? Auraient ils, contre Ie vccu de la nation, balancé a fe déclarer pour 1'Indépendance de 1'Amérique? Auraient ils, contre le vceu de la nation , tardé de fe décider pour un Traite de comrnerce avec les Américains? Auraient ils . contre le vceu de la nation, tenu jufqu'a préfent 1'habile & vertueux Van Berckel écarté des affaires? Le fait préfent montre de plus en plus la néceffité d'employer des  ( 8o } des Miniftres auffi fermes qu'cclairés. Si Ie róle que ce partifan zélé de la liberté vknt de jouer dans cette affaire, augmentelahainedefeslmnemis; cet exemple doit ramener en fa faveurceuxdu rnoint qui n'ont prononcé contre fa réintégration que pour leur plaire? Leurs yeux doivent être deffiliés fur le danger de changer de fyftême. A Mr. k Rédacleur du Courier du Bas-Rbin. L'obftination avec laquelle vous nous demandez le défaveu d'une eertaine lettre eft d'autant plus étonnante que, même fans être forcier, on voit, & parle mot injurieux de cabale qu'on y donne au parti fuppofé le nótre & par 1'affecïation d'un ftile burlefque ; que c'eft, ou un perfifflage groffier forti de la même manufadture 6c peut-être de la même main qui vous a foui ni celle que vous citez plus bas; ou un pkge tendu a votre bonne foi, pour exalter cette bile qui commencait a vous échaufter. Le Politique Hollandair, loin d'avouer pour fes dlfciples, des fanatiques qui fuppofent 1'éloquence du glaive néceffaire a la propagation de la vérité, ferait Ie premier a prendre la déren fe de quiconque ferait expofé a des perfécutions, pour s'étre permis auelques plaifantenes fur fa perfonne ,ou fur fes écrits. La vérité, felon mi, eft a Tépreuve même du ridicule;. & bien loin que cette attaque finguliere ait lailfé du levain fur fon cceur, il s'en applaudit même, en voyant par la tournure décente qu'elle coramence a prendre, qu'elle lui fournira 1'occafion de prouver fes principes avec une nouvelle force, & de montrer la néceffité & la convenance de les développer dans les circonftances préfentes. Quant au cartel fur lequel vous demandez une explication, vous m'avez, en propres termes, céclarè une guerre bonne, vive éf longue. II me femble que ce défi littéraire eft dans les formes, a moins que vous n'ayez cru qu'il y manquait encore 1'envoi d'un Héraut en cotte d'armes, précédé d'unTrompette, comme Cela fe pratiquak dans ces tems d'ignorance & de barbarie, oül'on déclarait la guerre avant de la faire; ou que vous n'ayez penfé qu'un vrai Hollandois ne doit regarder comme un appel aucombat, ni les violences, ni les affronts, ni même les manifeftes. Aux Adreffes ordinaires.  L E POLITIQUE N". LXXXIV. LUNDI, ce 16SEPTEMBRE, 1782. Suite du CHAPITRE L. Conféquences d tirer des négociations entre l'Efpagne & les Pays-bas-Unis pour la paix aEluelle entre les Etats de VAmèrique £ƒ 1'Angleterre ; pour fervir d'introduttion d 1'admiJJion des Etats-Unis de VAmèrique dans la Neutrahté-armée, comme le moyen le plus propre d accélérer la paix. L'Angleterre eft aftuellement a peu prés dans Ia même pofition oh fe trouva 1'Efpagne, lorfqu'après une guerre d'environ 40 ans , elle ouvric également les premières négociations qui amenerent la Trêve de douze ans avec les Pays-bas-Unis. Comme 1'hiftoire n'offre aucun autre événement dont Panalogie foit auffi propre a éclairer les elprits dans la circonftance préfeote il n'eft pas inutile de choifir & d'expofer les traits qui peu vent avoir quelque rapport avec les événemens aót jels. L'Efpagne, après avoir inutilement confumé toutes fes forces pour ramener a ï'obéiffance les Paysba'-Unis, courait rifque de fe voir enlever tous fes établiffemens dans les deux Indes. Les Beiges, libres, avaient conquis une partie de fes poffeffions dans les Indes-Orientales; les établiffemens qu'ils avaient formés fur la cóte d'Afrique , quelques tentatives qu'ils avaient faites fur le Continent de 1'Amérique, enfin les progrès étonnans de leurs forces navales Tomé IV.' F alar-  (80 alarmaient l'Efpagne fnr la fureté de tous fe» riches domaincs. A cette crainte fe joignait 1'épuifement de fes-' finances qui étaient dans un défordre affreux, Ces raifons la déciderent k faire les premières propofitions de paix, Les Paysbas'Unis,de leur cóté,regardaient comme une charge immenfe 26 millions de dettes qu'ils avaient contractées. Ils n'avaient pas été heureux dans les deux dernieres campagnes de terre; les armées Efpagnoles étaient alors commandées par Spinola, un des plus grands Généraux de fon fiecle. Dans cet état des chofes, ï'Archiduc, qui gouyernait les Pays bas Efpagnols , commenca par faire fonder 1'efprit des principaux Adrniniftrateurs de la République. Convaincu qu'on he pourrait en'tameraucunenégociation avant d'avoir déclaré, clairement & formeliement, 1'Indépendancé des Pays-bas-Unis, il fe clétermina, fanshéfiter, a traiter avec eux comme évec des Etats quHl reconhaiffait pour librës ê? fur lefquels fï ne prêtendait rien. Sur cette déclaration les Etats-Généraux accorderent une fufpenfion d'armes pour huit mois. Le Roi d'Efpagne ayant cepéndant refufé d"y ajouter une déclaration précife & formelle, les négociations furent fufpenclues; les Etats-Généraux-, jaloux de s'afiurejdes fecours contre les intrigues & les artifices de l'Efpagne, profiterent de cette fufpenfion pour renouvetór leur alliance avec la France. Hcnri IV promie defaire tout fon poffible, pour leur procurer une paix avantageufe & folide & de icsfoutenir, en casdebefoin. „ La République,"dit unHiftorien pies, il fe laiffa gagner. La plupart des Provinces devinrent même il indifférentes fur la reconnaiffance de leur liberté, dont la trêve leur laiffait la jouiffance, qu'elles auraient préféré une trêve de vingt a, vingt-cinq ans fansexiger le point important. Mais Barnevek & Jeannin s'oppoferent fi vivetnent a cette propofition, infinuée par les Négociateürs Efpagnols, qtie les Etats-Généraux arrêterent de n'entrer dans aucune négociation j fans être tenus pour Etats libres, fur lefquels l'Efpagne ne prétendait rien. A ces conditions les conférences furent ouvertes de nouveau, non a la Haye, mais a Anvers. D'après ces traits, on voit la'différence frappante qui fe trouve dans la circonftance aétuelle a 1'avantage des Etats de 1'Amérique. Ui n'ont pas auprès d'cux, commeles Pays-ba? Unis avaient alors, un voifin plus puiffant en territoire & en population. La force aébuelle du Canada ne faurait être comparée a celle des Pays-bas Efpagnols du tems des négociations pour la trêve d'Anvcrs. D'aïHeurs, les Pays-bas-Unis avaient feuls afoutenir tont le poids des forces de la Monarchie Efpagnole; mais les Etats de 1'Amérique ont pour eux une Puiffance engagée en guerre contre le même Ennemi,& obligée, pour fon intérêt & pour fon honneur, a ne faire de paix que fur la bafe de leur Indépendance. 11 eft. vrai que la France & 1'Angletcrre avaient promis aux Pays bas-Unis de fe déclarer en leur faveur par des fecours d'hommes; mais cet engagement ne les expofait pas beaucoup; puifqu'il ne devait avoir fon effet que dans ie cas oü les négociations réufliraient pour la paix ou Ia trêve. D'ailleurs,lesmotifs quiportaient ces deux Puiffances a s'immifcer alors dans les affaires des Pays bas-Unis, n'étaient pas abfolument purs & défintéreffés. Jufqu'alors la crainte de 1'Ennemi avait maiiuenu 1'union étroite & la forme fédérative de la nouvelle République ; que!ques-uns regardaient la paix comme la pierre de touche qui devait montrer ü cette  5C s? ) te finguliere Conftitution pourrait fubfifter; on était teüement prévertu pour les Gouvernemens monarchiques, qu'on doutait beaucoup que la Confédération Belgique réfiftat a cette épreuve; & chacun des deux Monarques avait des vues d'ambition fur ce petit Etat, au cas qu'il fik obügé de fe choi» fir un mafcre. L'expérience a montré 1'abfurdité de ce préjugé. Si les Pays-bas-Unis ont pu fe maintenir fi longtems avec unc Conftitution auffi défedtueufe,a combien plus de raifon, la liberté Mméricaine, combinée avec tant de fageffe, offre-t-ellc cTavantages fupéricurs? Quoique la France & l'Efpagne jouent aótuellement, a 1'égard des Etats Unis de 1'Amérique , un róle qu'on peut comparer, fous certains rapports, a celui que jouaientla France & 1'Angleterre, a 1'égard des Pays bas- Unis; les deux premières Puiffances , loin d'être pour les Américains des objets de crainte , feraient les premières a devoir les redouter. La fuite au N'. procbain. Suite du CHAPITR E XLIX. Sur le Concert des Opérations militaires avec la France. Vainement chercherait-on a s'aveugler. On voit, malgré ibi, qu'il eft dans la République une cabale arèente , toujours' prête a fronder les mefures qui peuvent être prifes pour nuire a 1'Ennemi. II ti'eft donc pas étonhant qu'un Concert d'opérations militaires avec Ia France , Concert qui ne pouvait "certainemént produire aucun inconvénient, foit dévenu 1'objet de leurs violentes critiques. II parait Jingulier, dit 1'Auteur des Lettres de Reynier Vryaart, qu'Ampierdam ait penjé a rég'er les opérations'de laguerre, avant que la République eüt quelF 4 que:  ( 88 ) ques forces pour l;s entamer. Ceft prendre les cbofes a rebours. Ceux qui ont appergu dans cette propofition un dejjein cacbé d'engager la République dans une alliance entiere avec la hrance, cif d'empêcber par ld le fétabliffement de la paix avec l'Ang.'eterre, n'ont pas, d ce qu'il me femble , frappé loin du hut. Nous uo. •yons t'ufage que 1'on fait maintenant du Concert de la Camptgne avec la France. La Cour de Verfailles, d ce que j'apprends a donné toute fon approbation aux p „ cbeur de la neige. Un feule peau de Martre Zi« „ beline, tuée en hiver, vaut'ijo florins de Hol» lande, fi elle eft bien nourrie depoils, fi la cou„ leur en eft brune & luftrée. Les Hermines, qui „ ne font guere plus grandes que les Taupes de nos ,, champs, coócent 35J140 florins le cent Une peau „ de Lo,utre Marine, qu'on appclle Caftor de Kamt» „ chatka , fe vend aux Chinois 140 a ïjo florins, j, quelquefois même 250. Cel'e de Renard, fi elle „ eft parfaitement noire, va jufqu'a 2. coo & même k 2.500 florins. Les Renards bleus font encore plus „ chers. On trouve en Sibérie . des marbres, des „ pierres précieufes, de 1'ivoire foflile, du mufc,des „ mines d'or, d'argent, de cuivre& de fer. Le cui- vre y eft de bonne qualité & fouvent chargé d'or, „ ce qui en fait défendre 1'exportation. Le fer de „ Sibérie ne le cede point a cel ui de Suede. En 1772, „ les mines d'Or de toute la Ruffie donnercnt 1947 ,, livres de ce métal & celles d'Argent 62,304 li„ vres. — Nul Peuple n'a puimiter jufqii'ici ces ., cuirs fi recherchés fous le nom de cuirs deRoufii ; il y en avait plus de 100 Fabriques, il y a quel- ques années, & le nombre en augmente tous les „ jours. On évalue leur produit annuel a plus de 2 „ millions de florins de Holiande. — La Ruffie „ comrnerce avec toute 1'Europe, avec les 'Xar„ tares, avec les Perfans, avec les Chinois. Ses „ Exporcations montent , années communes, k „ plus de 44 millions de florins, fans mettre en li„ gne de compte les droits de fortie qui vont è plus „ de 8 millions; & fes importations ne paflênt gue„ re 30 millions, ce qui fait pencher en fa faveur „ une balance d'environ 22 a 23 millions." On fent bien que , d'après ce pomreux étalage des richeffes & des produétions de la Ruffie, on aura cherché a Ia dérerminer a prendre parti dans lestroubles aftucls. Mais on n'aurait jamais imaginé que ce  ( ioi ) ce ferait dans ce pays, qu'on fe plairait Ie plus h rcvéler les raifons qui devaient porter cet Empire a fe déclarer pour 1'Angleterre contre les Américains. La Ruffie, dit Ie Pojl naar den Neder-Rbyn, d'après une multitude de pamphlets écrits fur le méme fujet, ne faurait trop s'oppo/er^d ce que 1'Amérique devienne indépendante. 11 y va de la perte entiere de fon eommerce. Les principales Produ&ions qui lui fetvent de bafe, font les bois de conftruttion, le chanvre, la poix, legoudron, le fer, le fe:gle,le froment ,les graines de lin, les pelleteries, le fuif &c. que 1'on tranfporte d'Arcbangel, de Peter sbourg, de Riga fcfV. en EJpagne, en Portugal, en France, en Angleterre, en Hollande. Or VAmèrique a les mêmes produdions que la Ruffie. Ainfi les Américains devenant libres» dimi. nueront , par leur concurrence. ies pro fits de cette branche de Comrnerce. L'Efpagne, le Portugal fif la France iront au meilleur marcbé; le trujet n'eft gueres plus long d'une cólé que d'un autre, £ƒ le tra\et ètmt même plus für de 1'Amérique , les ajfurances y feront conféquemment plus modiques. Les Américains ontd'ailleurs des vents alifès qui les amenent en Europe, tandis que les Ruffes ont d lutter contre mille difjicultis pour arriver dans l'Océan. Leur navigation eft même anêtée une grande partie de l'année par les glacés, lis ne peuVent gueres fortir qu'au mois d'Avril ^jf doivent rentrer au plus turd au mois d'OStobre. Ainfi quelle perte ne cautera pas 1'Indépendance de VAn.érique d VEmpire de Ruffie ? Car ,avant la guerre, les Américains ne pouvaient exporter aucun de ces articles en a'autre pays qu'en Angleterre ; ö5 les Anglais tenaient ce eommerce dans de fi grandes entrave:, qu'il n'avait aucun encouragement. Ce n'était que contre le gré des Anglais qu'ils faifaient un comrnerce de v.Aff-aux tout fabriqués, &? portaient par la un préjudice trnmenJe aux chaniiers Anglais de conjtrueïion navale Ainfi leur pofition les met d portée d'attirer d eux tout le comrnerce de l'Arcbitecture navale, d'en pourvoir les ColoG 3 nies  'C 102 } nies Anglaifes & Efpagnoles (f Se porter de cecotè- la un coup mortel aux Anglais. ...II ne jeraii pas donc étonnant que, pour ja propre Jureté,.la Ruffie. prit parti pour les Anglais dans la querelle pré lente On a plus d'une föis pulvérifé ces objections; mais pmfqu'on ne ceffe de les répéter ■ pour ébranler les efprits, il n'eft pas inUtile d'en parler encore, pour arnver a la difcuffion d'un fujet plus important. Eft-il a croire que la Ruffie, en fe declarant pour 1'Angleterre, lui rendrait des forces aflez confidérahles pour reconquérir les Colonies révoltées?* Quand cette jonclion faciliterait une entreprife que des connaifléurs éclairés regardent .comme Min poffible 4 1'Europe entiej-e conjurée 'avec 1'Angleterre , cette conquéte empêcherait-elle les parties Sep. tentnonales de 1'Amérique d'avoir des produétions femblables a celles de la Ruffie ?-Changerait-elle la direction des venr.s plus favorables au commsrce de 1'un qu'a celui .de. 1'autre? Opererait - el e fur la fingulanté des faifons, rigoureufes a 1'une & favoraa 1'autre? Ce fervice de la Ruffie engagerait - il les Anglais k ne pas tirer tous les fruits poffibles d'un terriioire acheté fi cherement? < N'eft-il pas plus probable que 1'Angleterre, déta. Ghée abfolument de 1'Amérique pour tous ces objets de conftruétion navale, aura recours aux Ruffes plutot qu'aux Américains, dont les intéréts lui deviendront plusqu'inditFérens ? Or.lesconfommations qu'une Puiffance navale telle que 1'Angleterre peut faire de ces objets, mérite, je-crois, une certaine confidération. Pour fe faire quelque idéé de cette obfervation, qu'on demande a ia Ruifie de comparer les gains qu'elle a faits depuis le commencement de cette guerre a ceux qu'elle fit dans la derniere, ou lorfque 1'Amérique était fous la dépendance de 1'Angleterre. On peut demander'encore , fi, dans le cas d'une conquéte de 1'Amérique, on pourrait encore fe promettre de ramener le comrnerce Américain fous la dé-  C 'ic-3 ^ dépendance exclufive de la Grande Bretagne ? Les Américains , fuivant 1'Auteur des objeétions , faifaiect un grand comrnerce de vaifleaux qu'ils vendaient tout fabriqués aux Européens. Croit-il donc que ia conquéte fera fi. entiere qu'on pourra anéantirfacilement cette ancienne branche de leur comrnerce ? Toutes ces objections font donc chimériques. On prouverait plutót que 1'Indépendance de 1'Amérique ferait avantageufe a la Ruffie , d'après cette idéé fi jufte du Mércoire de Mr. Adams aux Etats-Généraux: „ Le fret &. les affurances, dit-il, pour 'es voyages „ oh il faut traverfer 1'Atlantique font fi hauts; la „ main d'ceuvreeft fi chereen Amérique, quele gou„ dron, la poix, la térébenthine &> les bois decon„ ftruétion navale n'en feront jamais tranfportés en „ Europe k des prix auffi modiques que peuvent le , faire les pays a portée de naviguer dans la Baltique." Cette obfervation eft confirmée par les faits les plus auihentiques; puifqu'on fait que le Parlement Brittannique s'eft vu obligé d'affigner des primes énormes, pour encourager la culture de ces articles de comrnerce en Amérique, au lieu d'avoircherchéa la détruire, comme on veut 1'infinuer. L'Auteur de ces objeótions aurait beaucoup mieux fait de difcuter les avantages que la Ruffie retire de cette guerre & de la neutralité; & de chercher s'il n'y a pas des raifons plus fortes encore quidevraient la déterminer a interpofer fa puiffante médiation pour arréter 1'effufion du fang humain, & tous les maux inféparables du terrible fléau de la guerre. C'eft ce que nous examinerons, {'ordinaire procbain. G4 Suite  ( Ï04 ) Suite du CHAPITRE XLIX. Sur le Concert des Opérations militaires avec la France, fur les AlLmce decnte République la Conduite de MM. les Députés a'AiMterdam, J'étais dernierement chez un viehlard dont la converfadon était également inftmclive & agréable. La compagnie rafTemblée autour de lui était plus choifie que nombreufe. Ce vieillard n'avait pas une de ces phifionomies noires & triftes . que iesridesdela mauvaife humeur defigurcnt encore plus que celles de 1'age. QjJoiqu'il n'eüc jamais exercé aucun em. ploi public; une fineffe de ta& extraordinaire & les grandes opérations de comrnerce qu'il avait exécutées, lui avaient donné un difccrnement exquis, un jugement folide; & fur les événemens dont il a été le témoin, un fond de lumieres qu'on chereherrit vainement dans les livres. C'était une bibhotheque vivante. La confiance qu'il m'avait témoignée m'avait engagé a la payer d'une confunce femblable. Je lui avais développé toutes les idéés qu'une étude particuliere fur la conüitutiondela République, m'avait fait naitre pour prévenir-la ruine que les progrès de fes maux éi. de fa décadence femblent lui préparer. II prit furtout le plus grand intérêt a mes idéés fur le Stathouderat-uniquc-héréditaire dans la maifon d'Orange. 11 m'invita a les publier le plut6t poffio'e, pour impofer filence a ceux qui m'ont ac« cufé d'une confpiration horrible contre cette éminente dignité & contre 1'illufire Maifon qui 1'occupc. Je ne crains pas de dire qüe mon plan tend a en augmenter 1'éclat & la folidité. Je puis affurer d'avance que ce projet n'offre rien d'impoffible, ni de fantaftique. Je ne crains pas d'«jouter que, s'il y a, comme on 1'inGoue dans le Courier du Bas-Rbin & ailleurs , un projet d'anéantir le Stathoudérat, il échouera certainement. Quoique j'aie de fortes rai>  ( 105) raifons de penfer qu'il y a contre' le Stathouder adtuel une pré\ ention qui va , dans quelques-uns , jufqu'i la haine & k la fureur, j'en ai de plus fortes pour croire qu'il ne tiendrait encore qu'a GuillaumeV de recouvrer toute la confianee & Paffection publiques', fi néceffaires pour fon bonheur & pour le bien de la patrie Qu'on me pardonne cette digreffion. Je reviens a la compagnie aifife autour du vénérable vieillard. La Converfation aya^t to.ubé fur le concert des Opérations avec ia France, il me rappela les principes que j'avais pofés fur les Albanees relatives k la République. „ J'avoue, difait ■ il, ,, que dans la „ circonftance aótuelle, nous ne faurions former „ des iiaifons trop étroites avec la France. Mai« „ autant la néceffité de repouffer un Ennemi com- mun, de conferver ou de recouvrer nos pof„ feffions loincaines , (St la nature finguliere de „ nos affaires doivent nous porter k lui témoigner aótuellement une confianee illimitée ; autant la fingu'.arité de notre pofition phyfique & les „ fuites fawles d'une malheureufe expérience doi- vent nous mettre en garde contre toute alliance „ avec ün voiiin trop puiffant Vous rappellez- vous, dit-'U, 1'argument, que Sir Jofeph Yorke „ & tous fes adhérens ont employé après lui, con- tre ceux qui ie plaignaient que 1'Anglcterre ffc „ fur Partiele des munitions navales, des deman„ des diamétralement contraires k la lettre des „ Traités? Ils nous objecterent les Traités d'alli- ance que nous avion - faits poftérieurement a cc „ Traité. Cet article des munitions navales étant, difaient-ils, un point efientiel pour le falut de „ cet allié; n'aurions- nous pas procédé contre le „ fens formel de 1'alliance en contribuant k four- nir k fes Ennemis les armes qui Peffrayent le „ plus? Tout faible & ridicule que foit ce rai- fonnement, comme fi les Traités même d'alliance „ ne doivent pas être bornés aux articles qui y „ font ftipulés, voilk cependant le naotif principal G 5 „du  C 105 ) „ du rcflentiment 'qui ne tarda pas è amener la: „ rtbiófe avec IV.ngJeterrc. II aurait donc m'eux „ vÉiu que nous ri'éciiions jamais fongé a faire „ une alliance dont les effeis font fi terribles. „ Le grand fervice que nous a rendu Guillaume ., li' en nous impofant de pareilles rhaines ! „ M?.is, nourquoi fommes- nous deft.nés a être le „ jout-t des 'grandes l'nifia.,ces a^ec Iesqjuelles ., nous avons la folie de conn-acler des alliances ,, perpéteelic--1 Croytz - vous que fi nous n'avions „ pas été les AHics de la France,au mij ju du fiecle » Louis XIV auraic, en confequence de' v notre oppofidon aux progiès de fes ai-mes dans 3, les Pays - Ba-, congu ce reilènnment qu'il nous ,", fit énrouver _ par la funefie mvafion de 16/2. „' C' eft donc a ui e alliance trop étroite avec la ».> France que nous fommes redevables de cette mémordbic expédidon qui faillit a nous faire perdre notre place parmi les Puiffances indépendantes. II faut, cependant, avouer qu'il n'aurait tenu qu'a nous de vivre dans Ia fuite en paix , avec ceRoyaume ; & que,fi 1'on pouvait attendre „ des caprices d'un Gouvernement defpodque la ,,, méme confianee que des pays oü le fyftême po,, litique eft plus ftable, il n'y a pas deux pays qui, „ par leur pofition & le caraótere des Habitans, fimfejjt auffi intéreffés a vivre enfemble en al„ lian.ee étroite. D'ailleurs, ces dernieres guerres „ avec la France font encore des fruitsde la politique „ Lunefte qui nous impofa Ie joug Anglais fous le „ titre impofant d'alliance. Combien ces rcflexions ,: devieonent- elles encore plus eflfayantes, jorf„ qu'on penfe k quoi il a tenu que nous ne fuffions devenus une Province Angiaife. Guillaume III „ a qui nous avions eu la faibleffe de. laiffer le „ Stathoudérat lorfqu'il monta fur le tróne dejac„ que II , n'avait qu'a laiffer un enfant male. Ce fils „ n'.rurait il pas hérité des deux dignité's ? L'Angleterre n'était. elle pas dès - lors a notre égard un „ aftre,  C 107 ) „ aftre impêrieux, dont nous dcvenions 1'humble „ & fervile fatdlite?" , „ II parait," dit alors un Grietman de Frife., „ que les Frangais attachent quelque importance a „ notre Concert d'opérations avec eux, II eft „ certain que nous ne pouvons, fans un extréme ,, danger, féparer notre caufe de la leur. En un „ mot, notre parti le plus für eft d'enchainer „ nos intéréts aux leurs en abandonnant toute idéé j, d'une paix particuliere. Mais avant de prendre, ,, a ce fujet des engagemens étroits avec la Fran^ ce, avant de lui promettre folemnellement de ne „ faire aucune paix indépendamment d'elle, ou fans „ fon aveu, ne devrions- nous pas convenir du ,, fort des poffeffions qu'elle garde ou qu'elle „ a recouvrées pour nous? A ce prix elle pour„ rait peut- être exiger de nous un développement „ plus vigoureux de nos forces. 11 eft certain „ que la diverfion que nous fommes en état de ,-, faire par notre fupcriorité navale dans la mer du ,, Nord , peut lui procurer de grands avan„ tages. Mais hélas ! un vertige funefte fem„ ble agiter notre République depuis 1'origine „ de ces malheureux troubles. L'efprit de faétion „ & de partialité fait oublier k toutes les têtes le „ bien de 1'Etat." Le Concert des opérations avec la France & les liaifons politiques qu'elle peut amener, ayant été difcutés fort au long, on tomba naturellement fur. la conduite d'Amfterdam. Lorfque Moge & la fatyre, 1'admiration & le perfifflage, eurent épuifé toutes leurs traits, pour peindre fidelement la conduite de cette Ville, depuis la fameufe démarche contre le Duc; on s'empreffa cependant k lui rendre le jufte hommage qui lui eft dü, pour être enfin rentrée dans le bon fyftême. On la félicita d'avoir confenti a faire caufe commune avec la courageufe ville de Leyde. Cette converfation amena na-  C 108) patureliement le fujet fur 1'affaire des Députés qui ont mutilé les inftruclions de leurs Commettans. ,, II me femble," dit un Gentil-hommé de Guel. dre, ,.que ces Meflieurs ont-été jugés trop iége„ rement & trop féverement par le public. On „ n'a pas examiné tous ies moyens de défenfe „ qu'ils pouvaient alléguer. Ils font en fi grand „ nombre, que 1'afFaire ayant été remife a un Com„ mitté, celui qui en fit le rapport au Conlëd. af„ fura que les écritures apportées pour leur juftifi» „ cation pourraient bien tenir buit heures de leclu„ re. A ce début effrayant, jugez s'il y eut quelqu'un affez intrépide pour attendre un auffi terri„ ble fermon. On fait que, dans le Synode de „ Dort, les Arminiens ayant apporté dans l'/iflem„ blée de gros Volumes qu'un feul homme n'aurait ,, pu foulever d'une main , tous les vénérables Peres pêlirent & qu'il n'y en eut aucun dont le 5, courage ne füt ébranlé par le poids de ces „ énormes paperaffes. Je ne fuis pas affez initié dans Part de la chicane, pour deviner ce que Meflieurs les Députés avaient inféré dans leur „ éternel rapport. Cette idéé n'a pas laiffé de ,, leur réuflir k quelques égards; & comme je n'ai „ pas un penchant malin a juger les chofes en noir, je crois qu'ils avaient au moins une bonne raifon a citer en leur faveur. II eft vrai que 3, les Etats-Généraux avaient répondu au mois de „ Juillet aux Ambafladeurs Ruffes , qu'ils étaient dans l'intention de différer leur paix jufqu'a la „ pacification générale. Ces mots, nous fommes ,, dans l'intention de faire, fuppofent, me femble „ qu'on n'a pas encore fait. Or il parait, que „ les inftruclions dreffées par Mr. van Berckel fuppofaient la chofe faite & conclue. Elles contenaient donc des fuppofitions erronées." ün Régent d'une petite ville maritime fentantlesinductions queccraifonnement offrait contre Ia conduite des  ( iop ) des Etats-Généraux, prit vivement la parole jnour les difculper du reproche de duplicité. „ II eft vrai," dit-il „que les Etats-Généraux ne parierent pas aux'l'éputés Ruffes de leur arrangement avec la France, comme d'une chofe conclue; ils ia. finuerent ieulement leur intention d'entrer dans ' cet arrangement, ils Pavaient manifefté a la Cour " de France par leur Réfolution du premier Juillet; " mais cette Propofition refta fecrete & ne regut fa „ fanélionquepar 1'acceptation de la France. qui fut manifeftée le 17 du même mois par le Mémoire " de Mr. le Duc de la Vauguvon. Or, la Réponfe „ aux Miniftres Ruffes s'étanr faite dans 1'interval- le du 1 au \j; elle ne contient rien de louche " ni d'inlidieux. 11 n'eft pas dans le Code des na" tions, que des Souverains foient obligés de ré" véler le fecret de leurs déhbérations a d'autrcs '* Souverains. II fuffifait aux Etats - Généraux " d'infinuer leur intention aux Députés; & c'eft ce ! qu'ils ont fait avec la prudence convenable aux • circonftances & les égards düs k une Souveraine !' rcfpeélable. Peut-être Mr. de laVauguyon au- ra-t-ii inféré dans fon Mémoire des expreflions " qui ne fe trouvent pas exaciement dans la RéfoV, lution des Etats-Généraux. Peut - être n'ont, ils pas dit en propre termes, qu'ils étaient ré/ulus de " ne pas féparer leur caufe de celle du Roi de Fran\ ce. Mais ce font de pures chicanes de mots. r, La Réfolution de renvoyer leur paix jufqu'i la pacification générale implique néceflairement cel, le de ne pas féparer leur caufe de celle da „ Roi (*)." La (*) Les Etats Généraux ayant refu Ie Mémoire de Mr. de ia Vauguyon, en envoyerent dans les Villes votantes nne Copie de la Teneur fuivante: Extrait  C HO ) La cüribfité fe réveilla natureHemént fur Ia tour. nure qu'avait prife cette affaire unique dans lesAn* nales de 1'Etat. Une perfonne de la compagnie nous produifit un Avertiffement inféré dans plufieurs Gazettes Hollandaifes a la juftification des Députés. Suivant cet avis, 1 'affaire ayant été exa-r minée par un Committé de fept Perfonnes, avait été décidée fur leur rapport par la Régence. On y affure hautement que les obfervations" faües par 'ces Députés fur l'erreur de quelques affertions injêrées duns les inflruStions , avaient été trouvées fondées; qu'ils avaient eu raifon Je ne pas s'en tenir fcrupuleufement d leurs ordres; & que même ils avaient rendu un fervice réel d la Régence, en prenant fur eux de n'offrir qu'une partie de la teneur ■des injlruStions; qu'autrement on aurait pu leur faire des réfiexions rjf des reprocbes d'une nature bien défagrêabie, & non pas tout - d fait indijférens. /jjou. tant que quoique la Régence eitt pré) ér é qu'ils euf. jent demandé Ê? attendu des avis. elle ne peut ap. prouver leur conduite d cet égard, & que la dêcouverte de ces erreurs ne les auiorifait pas Juffifamment d ■ Extrait des Regiflres des Rêfolutions de L. H. P. (es Etats - Généraux des Provinces - Unies. Mercredi Ie 17 Juillet 1782. A été lu dans rAffemblée un Mémoire de Mr. leDuc de Ia Vauguyon, AmbaiTadeur de Sa Majefté le Roi de France, fervant de Réponfe a la Réfolution de L. H. P. du Ier de ce mois , par lequel L. H. P. ont renvoyé ie rétahliffement de leur paix avec 1'Angleterre jufqu'a la pacificatiën générale, témoignant Sa Majefté Sa fatisfac. tion fur icelle,avec affurance de Ses fentimens d'affection pour 1'Etat, fuivant le Mémoire ci inféré. (Ici fe trouvait le Mémoire de Mr. de la Fauguyon inféré dans le No. 83.) Sur quoi délibéré, Meflieurs les Députés des Provinces refpecïtves en ontdémandé Copie qui leur a été accordée.  C ui ) d fd'rc la ^propofition indêpendamniént des rafonsqnl les motivaient; cependant, convaiv.cue de la pn're't'é de leurs notifs 0* de la bmté de.leurs <6üès ^ 'elle -avait '£XpreJJémer,t .confenti que 1'on re fit auc.m ufage des propofitions trronies qui a~Mient occafiowiié les obfer* vations des Députés, & qu'après les avoir fait difparaitre, on infifterait fur les raifons, qui'motivaient la pr.opofition' .de.la maniere .préfctite par k Qonfeil. La leóture de cet Avertiffement infidele & infi> dieux révolta toute l'^ffernblée* EJle fit aska une mulritud-': de reflexions contre ceux qui cher. chaienr a :rv?nper le public d'une manieie fi gauche & fi perf te. Ori demnnda quel' cit'oyen ignorant & téméfarre óia'it Inculper une Régence "entiere pour juftifier quelques - uns de fes Députés? On demanda s'il était pofflble qa'cüe eüt voulu ficrifier fa réputadon pour fauv.er un affront a quelques individus? On de.p.-inda comnient on ofait tenir au public un. langage bien ..différent de 1'aveu bue les Députés ont réellement fait cn pleine affemblée du Confeil? — Cette affaire n'eft plus un fecret. Le 9 de ce mois le Confei!, après le rapport fait par le Committé auquel il avait remis 1'examen de cette affaire, a défavprouvé abfolument leur conduite cjf leur a enjoint d'exécuter la commifjion dont ils avaient éiê chargés. Une telle décifion s'accordet-e!le avec le fervice qu'on prétend qu'ils auraient rendu a Ia Régence? Comment un remerciment pour un fervice réel- fe concilierait - il avec le fait contenu dans 1'Avertiffement meme, favoir que les Députés ont été défappronvés po'ir leur précipitaiion? Comment auraient - fis regu ordre en même tems, & d'exécuter leurs premières inftruclions, & d'cn faire difparaïtre les erreursqui avaient bleffé leurs yéux délicats? Après cette difcuftion, on convintqu'a la vérité les Députés n'avaient pas été jugés avec la derniere rigueur; qu'il était a préfumer qü'i's s'étaient juftifiës fur la nature de leurs motifs; & que la Régence, convaincue de la fincérité de leurs proteftations1 pa-  patriotiques, & touchée de leurs difpofitions k réparer cette erreur d'un moment, n'aura pas voulu perdre des Citoyens, que cette legon doit rendre Elus prudens k I'avenir, dans les occafions oü le jen de Ja Patrie les appelleia. Ces Feuilles périodiques paraifTent régulierement, toua lej Lundis a Amfterdam , chez J. A. Crajenfcbot; d Haar. km, chez Walrte; a Leidt, chez Luzac & van Damme , & LesFreres Murray ; a laHaye , chez J. van Cleef\ Detune, van Drecht & LaFeuve Stamtman; a Gouda, Chez Van der Klos; a Rotterdam, cbez Bennet&Hake, & D. Fis ; a Dordrecht, chez Bluft; a Deventer, chez leemhorst; il Groningue, chez Huyzingh; aNimeguc, chez Fan Goor; a Arnhem, chez7roost; aBois-ieDuc, chez y. H. Pallier , aHambourg, chez J. G. Fircbaux & chez les principaiur. Libtaires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N°. LXXXVI. LUNDI, ce 30 SEPTEMBRE, 1782. C H A P I T R E Lil. Au Courier du Bas-Rbin. II me femble, Monfieur, que vous avez aftuellemenc jeté toute licreté de votre bile. Vous commencez a parler le langage décent & modéré de la raifon. Cette nouveauté pourrait faire penfer que les accufations horribles que vous accumuliez fur moi, ne feraient pas le fruit d'une animofité impuifTante. R elt donc de mon devoir de me défendre; ce qui n'aurait été ni néceffaire , ni convenable , fi vous aviez pourfuivi fur Ie même ton; car les efcarmouches légeres que je me fuls pcrmifes , n'étaienc qu'un eiTaj; je n'avais d'autre deflëin que de montrer combien il éft facile d'être méchant quand on veuc 1'être. Héias J Monfieur vous voyez combien le mauvais exemple e(t contagieux. Je ne difconviens pas que vous n'ayeg fait rire & que je n'aie ri moi- même le premier; mais vous favez que fouvent on rit pour des motifs dirTérens: & je me que ce foita mes dépens. Vous me difpenTome IV. H ferex  C "4 ) ferez fans doute de tenir compte du jugement de quelques têtes faibles & pufillanimes qui fe laiffent ébranler par de gros mots, & qui vous auraient également jeté la pierre, fi je vous euffe prodigué les. termes malhonnêtes, les épithetes injurieufes dont il vous a plu de me gracieufer fi libéralement, mais que je me garderai bien de tranfcrire iei (*). " Quelque prix que vous mettiez, Monfieur, k ce langage déplacé a mon égard , & indécent vis a-vis de vos Leéteurs que vous devez refpecter, je fuis loin de me perfuader que les bleffures que vous m'a- vez C) Un petit marchand en détail de la ville d'Amfterdam, fe croyant un grand génie, paree qu'il a une bibliorbeque, ne pouvait trop admirer le fel fin & piquant dé la lettre a Claude, Nepomucene, Pancrace &c. & les autres gentilleffes du même goüt dont elle avait été Ie prélude. II répétait dans une cotterie dont il eft membre, avec une complaifance orgueiileufe, ah! que c'eft béte! Ah\ que ce dialogue eft fotl II affurait en propres termes, que lestrois plus grands Auteurs aftuellement vivans étaient Ie Courier du Bas-Rbin, le Courier de FEuripe, & 1'Abbé Raynal, Enfin, quelqu'un qui connaiflait le perfonnage,excédé de fon impertinence, il faut avouer en effet, dk-il, que ce dialogue eft bien béte. Amufons nous un moment aux dépens de l"Auteur. On fait apporter le No. 79 du Poliiiqne. L'introduftion fut d'abord critiquée fans ménagement. Le premier des interlocuteurs eut enfuite fon tour & ne fut pas épargné. Lachaieur du Marchand en détail était fi grande; qu'en arrivant au fecond interloeuteur, il nefe fonvint plus qu'on n'avait mis dans la bouche du Courier dn Bas.Rhin, que les propres paroles de cet Auteur, fans aucun changement. Cet oubli malheureux Ie trahit. Tout en vantant le Courier, il le déchirait fans miféricorde. II aurait pourfuivi jufqu'a la fin fur Ie même ton; mais ii s'appercut bientót que les rieurs n'étaïent pas pour lui. Pour fe dérober aux brocards qui pleuvaient fur fa tête', ii fe retira les yeux baiffés, pétrifié de fa fottife, fe promettant une autre fois de bien s'aflurer du nom des Auteurs, avant de prendre envie de les critiquer.  C 115 ) vez faites, foient plus douloureufes ou plus pföfóndes qae celles que je vous ai fait fouffrir en me dé* fendant. Je ne vois pas comment vous pouniez è cet égard vous parer fierement de la palme que vous a decerné , dites - vous , une Société dë gens de Lettres de Paris, qui, de votre propre- aveu , n'a pas feu comment je repouffais vos attaques? Je ne vous envie point des lauriers fi noblement aquis. Je mets plus de prix au fuffrage d'un arbitre qui a èntendu les deux plaidoye;-s, qu'a celui de cent juges qui décident fur le rapport d'une feule des partics. je ne vois pas non plus comment vos Athéniens auraient droit de méprifer le Politique Hollandais, par !a raifon feule qu'il n'aurait pas eu le bonheur de parvenir jufques dans leur lycée. En fait de gout, je reconnais le Parifien pour un juge compétent; mais en matieres de politique, dont 1'imérêt dépend toujours deslieux & descirconftances,il ne fauraitêtre la regie des autres nations Auffi voit-on des milliers de brochuresParifiennes expirer fur la fronttere. Aufii voit-on les Frangais acheter ici au poids de 1'or des diatrib'es qui ne tröu-> veraient pas dix leéteurs hors de la France, Comment une feuille qui fe bornc en général aux affaires de cette petite République intérefferait elle dis gens qui fe piquent de frivolité? Si 1'on pouvait fup. pofer quelque dialeédque a ces Athéniens, i s au* raient du fe rappeler que celui qui crie le plus haut n'eft pas toujours le plus forr& chercher a s'ittfiruire, du pour & du contre, wiettt de prononcer. Mais le moyen d'attendre un faifonnement parelt d'une fo«' ciété qui penfe fans doute que tout 1'univers Kt les petites Ajficbes, le Journal de Monfieur cc aue 1'Etat eft intéreffé aux irnportantes difcuifions für lejeu d'un Auteur .fur le Début d'une aclriee, fur la Redoute cbinoife , fur Janot , &c. Ce n'eft pas que dans Paris, il n'y ait des efprits fenfés , & délicats qui s'élevent au defi'us des manirs du jour & des préj'ugés de la nation. II en eft, a qui rien de ce qui concerne les intéréts des autres peuples, n'eft indifférent: or, plufieurs de ces refpectables PariLi 2 flens  C 116 ) fiens fe font vivement intéreffés en faveur des pauvres Genevois, au courage & au malheur des quels vous fembliez vouloir inlulter. Ceux-laconnaiffaient bien mon advcrfaire; puifqu'ils me recommandaient inftamment, vous le dirai-je?... Be n* Vbonorer ti'aueune réponfe.. .. Vous m'avez autorifé, par votre exemple, a citer auffi mes correspondans. Mais je me garderai bien de croire, encore moins de citer comme vous les éloges outrès qu'ils m'ont donnés quelquefois. II ne faut pas chanter viétoire avant le combat. je ne vous crois pas auffi makmie que vous voudiiez bien le paraitre. Ceux que vous tenez pour morts fe portent encore aflez bien , pour ófer fe montrer, quand il faudra combattre en bravesAthletes, nuds a nuds, fans fauffes armes. Soyez affuré ; Monfieur, que voscoups de maffue ne m'ont pas même effleuré. j'en ai été moins'aflèété que de la fotte pitié de deux ou trois [imbécilles qui, lous prétexte de s'intérefier a moi, font venus férieufement me plaindre de bleffures dont je n'ai jamais fenti 1'atteinte, bien loin d'en avoir vu les marqués. Dois-je m'avouer bleffé; paree qu'en paflant dans la rue, mon manteau arecu quelques éclabouffures dont un léger frottement fait difparaitre aifément jufqu'a la derniere tracé? Le fel attique eft-il un compofé d'injures groffieres, de délations choquantes & de farcafmes qui font dans les mots , plutót que dans les chofes; qui ne naiffent pas du fein du fujet & ne fervent pas k le développer. C'eft a ces traits que la plaifanterie eft la pierre de touche de la vérité. Faut-il une grande dépenfe d'efprit, pour dire ab que c'eft béte? II faut êtte bien de fen pays &c. ? On penfe que pour étre bon plaifant, il fuffit de faire rire ; mais fouvent les chofes les plus pitoyables excitent le rire par leur bétife exceflive. Les farces des boulevards font plus rire que les chefs-d'ceuvre de Molière: mais quelles fortes de gens font-eiles rire? L'excellente plaifancerie doit perfuader, en feignant de ne vouloir qu'amufer. L'arme du ridicule nc  C 117 ) ne doit fervir qu'è vanger la raifon ; c'eft d'après cette régie, puifée dans la nature, que le Courier du £as-Rb,n, auquel on ne peut refufer du goüt & même du talent pour Ia plaifanterie, verra toujours fes traits s'émouffer, quand il voudra mordre fur la vérité toujours plus ferme que la pointe du ridicule. Peu d'hommes font doués du taleut de manier 1'ironie avec grace & légéreté; les anciens n'ont gueres qu'Ariftophanes, Horace & Lucien; les Modernes n'ont quePafcal, Molière, Defpreaux, SwiftccVoltaire. Apparent rari nantes in gurgite vafto. Je ne fache pas qu'aucun de ces grands hommes fe ïbient vantés de Paffer du gr ave au doux, du plaifant au févere. Je fais au contraire qu'il n'eft rien de plus facile que la caufticité dont ufaientlesScaliger, les Jurieu, les Scioppius & les Garaffe. Comment,Monfieur, avez-vous pu m'accufer d'avoir employé contre vous des perfonnalités odieufes & des injures groffieres; tandis-que vous avouez vous même, d'avoirété 1'aggrefléur par vos notules, oh, non content de tourner mes écrits en ridicule, vous laiffez percer le defir affreux de me nuire; en me traitant d'Auteur incendiaire & féditieux, de déclamateurodieux, infolent & puniffable? A cela vous m'a*vez répondu qu'en difant que j'étais punijjable vous ne foubaitiez pas que fe fuffe puni. Si vous n'eusfiez pas mis de la chaleur k vous défendre de 1'accufation d'avoir appartenu a une certaine fociété , cette diftindtion Jéfuitique ne prouveraitelle pas contre vous? Vous me défignez fous les traits d'un féditieux , envoyé ou venu pour dêcbirer le pays qui me fouffre dans fon fin, fouflant fur le feu qui couve , pourprodaire une explofvm funefte; comme un Dérnogogue effréné, un artifan de révolte, cbercbant d égarer la multitude &c. fur 1'animal: il périt pèrcé de coups, viêlime immolée en apparence au bien de Ia fonété; mais en effet a Ia rufe d un hypocrite, ravi d'avoir trouvé Ie moven de concilier le devoir de fa reiigion avec lepiaifir de la vengeance. Si vous n'avit'zeu , Monfieur, que'des intentions -innocentes amon égard; il vous fuffifait, je crois, dq nPattaqueravec les arines delaraifon Vous rn'nvouerfcz qu'un jugementfondéfurl'équkén'apasbefoindo recourïr aux reffources de la méchanceté. Les gens de Lettres , tant foit peu courageux (il faut 1'être pour annoncer des vérités uciles) ne fauraü nt troii fe foutenir les uns & les autres contrelaconjuration des hommes puiffans, qui fouvent n'ont-d'autrcfrein que Ia crainte de voir leur adminiitration expofée & la cenfure des écrivains hardis. Les hommes de Lettres ont réufli a former une République indépendante des lieux & xdes puiffances; mais leur force eft dans leur union^: ils peuv'ent différer de fentiment j mais leurs piqués pcrfonelies doivent toujours céder ó la néceflité de maintenirlune autorité bien léfje* time; puifqu'elle tend au bien de 1'humanité. D'ailleurs croyez- vous, Mr,, qu'il foit aifé de parler ■politique dans un tems de trouble, fanseléplahea Puri ou a 1'autre parti ? Si vous avez ce fecret, vous devriez bien m'en faire part, puifque vous n'en faites aucun ufa. gc; Vous trouvez leton du Politique-Hollandais d'une hardieffe offenfante; mais, avant de le critiquer, exami• nezfi,dans la chaieur d'un zelephilantropique , il ne vous eft pas auffi éctmppé des vérités peu agréablcs. Si la Co.ir de France que vous n'avez pas.ménagéo fur la détention de Linguet, fi les Miniftres de PEP" pagne contre laquelle vous venez d'inférer un arti- cle  de oftenfantV avec desnotesnon moins offenfantes, fi leurs Majeflés Frifonnes que vous avez cherché k ridiculifer; fi. dis-je, toutes ces têtes refpe&ables fe réunifiaient contre vous, que pourrait leur obiefter TEnnemi de la liberté du Politique Hollandals ? Ne voyez-vous pas le contrafte frappant que vos allégagations contre moi forment avec la noble hardieffe, avec laqitelle vous avez jugé les laches perfécuteur's des Linguet & des Raynal? Qui jamais aurait cru que le Courier du Bas-Rbin irait copier le langage des Rêquifitoires, & dénoncér 1'Auteur du Politique Hollandais a être apprébendê au corps ? ' Quelle ame noble & fenfible ne vous applaudiffaic pas, en vous voyant prendre la défenfe de jLinguet dans les fers & appeler fierement fes perfécuteursautribunal de 1'univers &de 1'équité! Alors vous n'éprouviez fürement pas une diminution d'Abonnés. Mais, quand on vous a vu prendre le parti de la force contre le courage d'un petit peuple enthoufiafte de fa liberté, on avait peine a concilier le premier procédé avec le fecond. Ce contrafte n'autorifait-il pas vos ennemis (Et vous méritez d'en avoir ) a fufpeéter vos motifs ? Ils répandaient fourdement que vöus n'auriez pas attaqué les Repréfentans de Geneve, s'ils avaient eu un Linguet pour défenfeur. ou fi 1'Auteur de la Lettre a Cbrifiopbe de Bcaumont fe ftlt trouvé dans leurs murs? Vous oppoferezè ces raifons que le bonheur de tout iin peuple doit vous intérefiér beaucoup plus que ramour propre d'un petit écrivain, qui met fa gloirc a vouloir bouleverfer un Etat. Maisnevoyez vous pas que vous fuppofezce qui eft. en queftion; puifque loin de vous fournir des preuves pour fufpefler fa bonnefoi il expofe fes idéés non d'une maniere fourde & clandeftine, mais avec 1'attache publique des loix de fon pays; or, les Hollandais doivent mieux favoir qu'un étranger ce qui peut leur être funefte. ' Etes-vous d'accord avec vous-même? Vous me t)H?nez d'abord comme un Ecr.vain fans force, fans fc h . H 4 cha-  C 'ZO ) chaleur, fans délicateffe, barbare, lourd & digne du dernier mépris; enfuite vous m'attaquez comme fi j'étais un écrivain redoucable & affez dangereux pour . embrafer un des peuples les plus phlegmatiques de 1'univers. II me femble que "ces procédés ne font pas conféquens. Un hommeraifonnable qui ne me conaitrait que par vos accufations, ne ferait-il pas tenté d'en conclure que fi mon faire k tous les défauts que vous lui reprochez ; ma caufe doit étre bien bonne & mes raifons bien foiides , puifqu'elles n'ont pas befoin, pour s'infinuer dans les efprits , d'être étayées par les charmes féduéleurs d'un flile élégant & harmonieux. 11 ne s'agit de rien moins, felon vous, que d'incenJier & bouleverfer un Etat; & vous m'attaquez fur la maniere gauche, infipidc, feche, inanimée , dont je m'y prends. Votre hut auraitil été de me donner des lecons dans l'art de détruire les Empires ? II me femble que,fi vos critiques font fondées, elles font dès lors inutiles Quand j'oppofais a vos critiques aineres, les éloges pompeux que vous m'aviez prodigués auparavant, vous n'avez pas craint de me répondrc qu'on ne devait pas prendre vos compliment d la lettre & que le défir très'louable, de voir réujfir ceux qui débutaient dans la même carrière que vous, avait pu vous porter d donner de mon début une idéé un peu plus avantageu' fe qu'il ne méritait en effet. Mais, en raifonnant de la forte, quelle foi voulez vous qu'on ait a vos jugemens ? JN'e m'autorifez-vous pas également k ne pas prendre a lajlettre toutes vos accufations aóluelles de bavardage politique tr ès • ennuyeux, de flile mauvais cu faible &c. La pafhon baffe de 1'envie ou du reffentiment ne diéte-t elle pas encore plus de faux ju. gemens que le noble defir d'encourager un collegue ? Lifez La Rocbefoucault ; puifque vous 1'avez commenté. Les Auteurs feraient bien k plaindre tf leur génie brillait ou s'éteignait fuivant la décifion d'un entique, qui déchire aujourd'hui ce qu'il avait loué la vei 11e. Mais vous me direz: La nation Hollandaife eft aveu- glée  C 121 ) glée par la fureur des partis: elle eft fourde è Ia voix de la raifon. Non , Mr. vous ne connaiffez point 1'état des chofes dans cette nation, quand vous parlez ainfi : il n'y a que deux ans, felon vous, qu'on n'y jurait que par 1'Angleterre & pour 1'Angleterre : j'ajouterai que, ceux du parti contraire au mien ont non-feulement confervé beaucoup de puisfance, mais qu'ils ont eu , continuellement de leur cóté, des plumes trés - favantss & très»habilcs; fans compter le Courier du Bas*Rbin qui n'eft pas demeuré fpectateur oifif. II faut donc en con» c'ure que les meilleures plumes nefuppofent pas toujours les meilleures raifons. Entre mille preuves qu'on pourrait alléguer du fang-froid extréme de cette nation au milieu des fecouffes violentes qu'elle vientd'efTayer, n'êtes-vous pas étonné, Monfieur, qu'elle ne fe foit pas laiffé éblouir par les raifonnemens captieux d'une multitude de Sophiftes, & que, pour mieux examiner les chofes , elle ait toujours levé 1'écorce qui les enveloppe? Quel róle unie & glorieux n'aurait elle pas joué dans les circonftances adtuelles; fi levceu dé la généralité de la nation n'eüt pas été fans cefie traverfé par la funefte influence d'un parti favorable a 1'Ennemi? La maniere dont je medéfends, vousmontre, Monfieur, que je fuis bien éloigné de croire que mon flile foit fans défauts. Mais puifqu'on vous a fi bien inftruit des particularités relatives è ma perfonnc, vous auriez dü ufer fur cet ai ticle de quelque indulgence. On peut me pardonner une certaine négligence; elle annonce même une franchife, un !épanchemcnt naturel du cceur, qui n'a pas le tems de tromper & qui mérite la confianee. Vous me reprochez de tourner fans ceffe dans un même cercle d'idées & de raifonnemens. II me femble , Monfieur, que cette méthode m'a réufli fur quelques points. C'eft celle de tous les écrivains qui ont un grand objet en vue; le zele les emporte ordinairement dans cette occafion: Linguet a ufé de cette licence jufqu'a 1'excès; quoiqu'il n'eüt pas d'auH j tre  C 122 ) tre objct que d'enfevélir Mr. d'Alembert fous les ruines de 1'Académie. ' Vous paraiffez avoir craint de me faire connaitre fous un déhors avantageux. Pour être plus für dans votre genre d'attaque, vous femblez avoir choifi les paffages les plus faibles dë mes écrits ; ce procédé me parait plus prudent que généreux; avec cette maniere de juger on couvrirait de ridicule le meilleur des écfivains. Vous auriez du vous piquer d'autant plus de générofité h cet égard, que vous avez acces auprès d'un million de perfonnès qui ne me connaisfent pas; tandis qu'il n'eft peut-être pas un lefteur du Politique Hollandais , qui nc life le Courier du Bas-Rhin. Une feuiile qui contient des nouveljes a nèccffairement une cxtenfion plus grande qu'un papier politique, borné aux affaires d'un petit pays. Je crois avoir montré fuffifammer.t combien ilm'au> rait été facile de pulvérifer les accufations élevéés contre cette feuille. Mais mon intention eft bien moins dë me défendre, comme Auteur, que de me juftifier, comme citoyen : plus vous | avez de crédit dans le monde littéraire, moins il m'eft permis de refter dans le filence, lorfque vous me peignez fous les traits odieux d'un artifan de difcorde & de ma'heurs: mais, comme je ne puis défendre les motifs qui m'ont guidé, & juftifier la marchc que j'ai prifc, fans difcuter de nouveau les principes que j'ai fuivis, je vais tècher de préfenter dans un nouveau jour les caufes & 1'origine des troubles préfens, les fléfauts inhérens a cette conftitution,quiy ont donné lieu ,& la maniere d'y apporter du remede d'une maniere paifible & légale, fur un fondement aufii folide que peut le comporter un ouvrage forti de la main des hommes; Je ferai enforte qu'on puiffe dire en penfant a cette difpute: De ces cailloux frottés ilfort des étincel/es. C'eft au public h décider, d'après ces raifons, s'il doit prendre h la lettre tout le mal que vous avez 1 du  C 123 O dit de moi; le? difcuffions, oh je vais entrer, feronr une apologie cominuelle de ma conduite; mais vous ne devez plus vous attendre a une défenfe réguliere, a moins que de nouvelles accufations de votre part ne m'arrachenr malgré moi du plan général que je me fuis prcfcrit. Combina-fon des CHAPITRES L È? LI. /ar 1% convenanct d'admntre les Etats-Vnisde\f'Amérique dans la Neutralité-ar mée pour accélerer la paix. Nous croyons avoir, quoiqu'en peu de mots, pulvérifé les o'bjeclions de ces fpéculateurs bornés ou pervers qui prétendfient que la Ruffie était intércsféea s'oppofèra 1'Indépendance .de 1'Amérique. Nous avons même infinué des obfervations qui paraiffenc montrer qu'elle doit gagner a cet événement. Nous pourrions étendre plus loin cette idéé & faire un tableau magnifique quoique fidele, des avantage.; infinis que cette nouvelle fourcede comrnerce, ouverte n toutes les nations, préfentera a 1'extenfion & aux progrès du comrnerce & de la navigation de la Ruffie. Mais tout ce qu'on ne voic que dans une perfpecfive éloignée ne frappe que légerement. La Ruffie fent beaucoup plus les' avantages que lui procure la guerre a&uelle au moyende fa neutralité. On ne voudracertainement pas foutenir que le projet fublime de cette confédération ait été une mefure agréable ou avantageufe a 1'Angleterre. Nous en fentons les influences bénignes plus qu'ancune autre nation; notre comrnerce, couvert du pavillon de cette neutralité, étend, comme auparavant, fes branches fé» condes, & fent a peine les fuites de la guerre. Ainfi cette confédération, imaginée pour profiter des fautes , & s'approprier ie comrnerce particulier des nations entraïnées dans cette grande querelle, leur olfre un moven de lui ravir une portioa de  C .24 ; de fes efpérances. On pourrait donc prouver en« core que la grande moiffun que cette adroite politique devait procurer aux neutres eft paffee. Mais avant de traiter cette matiere dans une plus grande étendue, jettons les yeux fur ies différentes tentatives déja fdites pour amener 1'heureux ouvrage de la paix. II y a déja longtems que les Puiffances belli. gérantcs fe tatent mutuellement ; pour trouver le moyen d'arriver è une paix qui leur devient de plus en plus néceffaire. Mais la reconnaiffance de 1'Indépendance Américaine a toujours été 1'écueil oü. tous ces louables efforts font venus fe brifer. Au mois de Septembre 1778, Lord Weymouth s'adreffa au Marquis d'Almadovar, alors Ambaffadeur d'Efpagne a la Cour de Londres, pour de mander la Médiation {ce font fes propres termes) de la Cour d'Efpagne afin de ménager une paix avec la France; mais il failait abandonner 1'Amérique. L'Efpagne fe montra fort difpofée a prêter fa médiation pour cet objet falutaire; elle propofa la Ville de Madrid pour le lieu dés Conférences; mais elle infiftait en même tems a ce que les Etats. Unis de 1'Amérique fuffent admis dans le Congrès, & regardés comme indépendans, au moins pendant le tems des Négociations. L'Angleterre avait bien d'autres vues. Elle voulait fe débaraffer de la guerre avec la France, pour fondre avec toutes fes forces & fa fureur fur 1'Amérique. Auffi refufa -t-elle ces condidons. II n'eft pas inutile de tranfcrire ici ce que la Cour d'Efpagne allégue a ce fujet dans fon Mémoire ou Manifefie contre la Cour de Londres. „ C'eft," dit-elle, "une chofe bien extraordi„ naire & en même tems bien ridicule que la Cour s, de Londres, qui traite les Colonies comme indé. „ pendances pendant la guerre , non • feulement „ dans le fait, mais auffi dans le droit, montre de la répugnance è les traiter comme telles, feulej, ment de fait, pendant une trêve ou une fufpen- fion d'hoftilité. La convention de Saratoga; le „ Général Bourgoine regardé comme un prifonnier „ lé-  „ légitime, afin de furprendre fon jugement; 1'é., changé & 1'dffranchiflernent que les Colonies onc ,; faits d'autres prifonniers; la nomination de Com,, miffaires pour aller demander la paix aux Améri„ cains chez eux & waker avec eux & le Congrès; „ enfin il eft mille paétes de cette efpece, autorifés „ par la Cour de Londres, & qui font de vérita„ bles marqués de la reconnaiffance de 1'indcpen„ dancc." , Que les tems ont changé! Que la Grande-Bretagne s'efiimerait heureufe, fi 1'oh fe bornait aclue • lement a des demandes pareilles pour 1'ouverture des Négociacions? La Réfolution qu'ont pris les Américains avec tant de vigueur & d'unanimité de n'entrer dans aucune Négociation pacifique indépendamment des Francois leurs Alliés, & fans une reconnaiffance formelle de leur Indépendance , impoferait, outre les motifs encore plus impérieux de la politique, pour devoir a la France, de n'entrer, de fon coté, dans aucune Négociation qui n'aurait pas pour bafe & pour préliminaire 1'admilfion des Plénipotentiaires de PAmérique . reconnue , formellement, indépendante. C'eft auffi, dit-on, la prémière chofe ; que la France a mis devant les yeux de Meflieurs Grenville & Fitzherbert, que la Cour de Londres a envoyés tour-a - tour a Paris pour chercher le moyen de nouer des conférences pacifiques. II n'eft donc pas a douter que 1'Angleterrc, ayant perdu deouis la rupture avec 1'Efp igne un fi grand nombre d^s poffeffions; fe confumant chaque jour par des efforts extraordinaires contre une confédération redoutable, qui n'a befoin pour 1'épuifer que de faire des efforts ordinaires, ne foit prêie h des facrifices bien plus grands que ceux que lui demandait l'Efpagne en 1778. Mais avant de paffer de ces premières propofitions de l'Efpagne, a la Réfolution d'intriguer a Paris par des Emiffaires fecrtts, 11 eft bon que le public fache qu'il y a eu d autres phns pour arranger les affaires. L'année derniere on propofa, fous la médiation de 1'Empe. reur  C 126 ) reur d'AHemagne & de l'Impératrice de Ruffie, la tenue d'un Congrès Général a Vienne en Autriche, oü les différentesPuiffances belligérantes s'afiémbleraient ppur convcnir des Prélimmaires de la paix, Lorfque cette affaire était fur Je tapis, le Miniftere Britannique avait encore les idéés k-s plus extravagantcs fur la poffibiiité de ramcner 1'Amérique fous l'ancien joug. Le Paquebot Anglais qui fut pris & conduit a 1'Orient, contenait une multitude de Lettres & furtout celles du Lord Germaine a- Sir Henri Ciinton, oü les plus ignorans furent étonnés de voir les efpérances abfurdes que le Miniftere Anglais fe formait encore fur la conquéte de 1'Amérique. Egarée par ces notions orgueilleufes, rien ne parut plus extraordinaire que le langage de la Cour de St James fur cette Médiation, relativcment a 1'Amérique. Elle déclara qu'elle defirait beaucoup cn eftét de conclure la paix avec la France & l'Efpagne; mais que fa querelle avec 1'Amérique étant une affaire domeftique , elie n'écouterait jamais aucun plan oü ii ferait queftion d'admettre un Député Américain dans les Négociations. Mais la France, fidele aux engagemens d'honneur & de politique qu'elle avait contraétés avec le Congrès, rejeta toute idéé d'une paix particuliere; elle déclara qu'elle ne pouvait envoyer des Députés su Congrès de Vienne, tant qu'on refuferait d'y admettre un Envoyé Américain, & fi le caraétere indépendant de cet Envoyé n'était déterminé pleinement & fans équivoqüe , avant qu'on ouvrk les conférences. Ainfi parlait la Cour de France, alors organe en même tems des Américains. Voyons fi ellea le droit de pourfuivre fur le même ton; & 1'Angleterre, celui de refter opmiatrément attachée a fes vieux préjugés. II eft impoffible que la Grande-Bretagne ne commence a perdre dcl'orgueil qui 1'aveuglait. Les progrès des Américains dans la Caroline & la Ceorgie, le fuccès des opérations des armées de France &d'Amérique dans la Chefapeak} la perte de la plupart de  ( 127 ) de fes poffefüons dans les Antilies, & de Minorque' dans la Méditerranée, la conftance inouj'e des Efpagnols devant Gibraltar, le mauvais fuccès des tentatives pour ménager une paix particuliere avec les Pays-bas-Unis, & la dépenfe de cent millions fterlings, font des lecons trop franpantes: il faut que 1'Angleterre change de' ton.,La Réfolution de neplus pourfuivre la guerre Américaine fur roffenfive,' femble annoncer un changement de fyftême. II ne faut donc plus s'attendre que 1'Angleterre perfifte dans 1'orgueil de 'fes anciennes prétentions. Mais, avant de fe réfoudre a fceller un facrifice auffi douloureux que celui de 1'Indépendance del'Amérique,elle voudrait s'af. furer une efpece d'équivalent par le reeouvrement de quelques autres poffefiions perdues: il eft impofliblc que cette politique n'apporte de grands obftacles a'a prompte conclufion de la paix : c'eft ce que nous examinerons bientót, ainfi que le fervice qu'on rendrait a 1'humanité & même a 1'Angletcrre , en levant une partie de ces obftacles, par 1'admiiïion des Etats-Unis dans la Neutralité- armée. La Suite au N". procbain. Rapport que S. A. S. le Prince Stadbouiler .a fait au Comittè de LL. HH. PP. relativemer.t aux ordres donnés è la Marine csV. Depuis la rentrée de 1'Efcadre de Ia République dans le Havre du Texel, je n'ai pas manqué de faire tout ce qui étoit en mon pouvoir, pour la faire reflortir•promtemenr. A cet effet je me fuis rendu au Nouveau Diep le 20 Aoüt, afin de m'informer avec exaélitude de 1'état des Vaiffeaux de la République, & s'ils feroient bientót en état de reprendre Ie large. Le 21]Aoüt, j'ai tenu une Conférence avec les Officiers-Généraux de Marine, qui étoienr préfens; & a cette Conférence ont affifté les Confeillers & Miniftres des Amirautés, qui fe trouvoient aufii fur les lieux. Te n'ai pas voulu manquer de communiquer a V. N. Puiffances les Minutes de cette Conféreuce,me référantultérieurement a leur plus ample contenu. V. N. P. y verront entre au. tres, qu'un Vaiffeau & 4 Frégates feroient prêts en peu de jours, ij Vaiffeaux de ligne en dix jours, 4 autres quelques jours  C 128 } jours après, tandis qu'une Frégate devoit étre carénée & une autre réparée. J'ai recommandé de mettre les VaiiTèaux en état auffi promtement que poffible & de ne rien négliger pour leur faire repreudre la mer au plutót: Et, fur favis que je recus que plufieurs Vaifleaux Anglais croifoient dans la Mer du Nord, j'ai donné ordre de détacher du Texel la Goëiette, le Dauphin, & de la Meufe le Cutter 1'Epervier, vers Drontheim , ainfi que de fréter autant de Jiatimens Neutres qu'il feroit poffible pour le méme voyage, a 1'effet d'avertir le Cap. van Gennip, commandant les Vaillèaux de la République, qui efcortent les Navires de la Compagnie des Indes, attendus de Drontheim, de la venuede cette Escadre Anglaife dans la Mer du Nord, pour qu'il put prendre telles mefures qu'il jugeoit les plus propres a mettre fon Convoi en ffireté. Je joins ici Copies des Lettres que j'ai fait expéJier le 22 du mois dernier au Vice-Amiral Pichot, au Contre-Amiral Dedel, & au Capitaine van Gennip, me reférant è leur plus ample coutenu. Les dix jours étanc échus, dans le délai desquels i'on s'étoit engagé a remettre en mer la plupart des Vaifleaux en état de reprendte Ie large, j'ai éc'rit au Vice-Amiral Hartfinck, commandant les Vaisfeaux de la République, une Leitre en date du 1. de ce mois, donc je remets Copie a V. N. Puiflances, me ré érant pareillement pour plus de briéveté è fon contenu, ainli qu'a la Réponfe originale ci-jöinte du fusdit Vice-Amiral en date du 2. du courant, a la Copie de ma Réplique du 3. Sepcembre, & aux deux Lettres du fusdit Vice-Amiral du 4 Sepiembre,dont la premièrem'a é:é apportée par le Lieutenant Hartfinck, la feconde par le Capitaine A. EI. C.Staring. J'ai mandé le 5 prés de moi Mrs. Ies Conleillers-Fiscaux Bisdom de l'Amirauté de Ia Meufe, & van der Hoop, de celle d'Amfterdam, avec les Vice-Amiraux Reyust.& Zoutman , pour les confulter fur la Réponfe a faire au ViceAmiral Hartfinck. Je joins ici Jeurr Cunfidérations, ainfi que la Minute de la Lettre , que j'ai envoyée au ViceAmiral Hartfinck par le Capitaine A. H. C. Staring, le 6 du courant peu après minuit, ainfi que Copie de ma Lettre au Contre-Amiral Dedel du 5 du courant. Le même jour, je recus de la Meufe par le Lieu'enaot Smeer une Nouvelle, que je communiquai par Mtflager au Vice-Amiral Hanfinck. Je joins ici Copie de ia Lettre au fus-dit Vice-Amiral, dunt j accompagnai cet avis. La fuite au J\\ procbain.  L Ê POLITIQUE N°.LXXXVII.LUNDI > ce 7 OCTOBRE, 1782. Suite du Rapport de S. A. S. Le Prince Statbouder; avec des Reflexions pour fervir de juiteau CHAPITkE XLIX fur les affaires intérieures de la République. JLe 7. le Capitaine Comte de Milderen arriva comme Exprés avec la Lettre du Vice-Amiral Hartftcnk du 6 du Courant, oü V. Af. P.trouveront Copie du Réfuitat du Confeil-de- Guerre du 4 du courant. Après avoir recu cette Lettre, je réfolus de faire une tournée au Nouveau - Diep; afin de pouvoir faire tenir Confeil- de- Guerre en ma préfence & de prendre, felon les circonftances, telle Réfolution, que le fervice de 1'Etat 1'exigeroit. J'ai envoyé le Colenel Bentinck au Vice-Amiral Hartfinck avec la Lettre. dont je remets aufii ci-joint Copie a F. P. Le 8 je re' cus la Lettre ci-jointe du Vice-Amiral Hartfinck du 7 du courant en Réponfe a ma feconde Lettre du 6. Le même foir je fuis parti d'ici; & ayant faitroure rome Ia nuit, j'ai fait convoquer, Lundi 9 Septembre, d'abord après mon ar* rivée au Helder, un Confeil-de.Guerre, compolé de toui les Officiers- Généraux de Marine & Capitaines préfens, & auquel a affiflé Mr. le Confeiller Fiscal van der Hoop, de 1'Amirauté d''Amfterdam. j'ai cru devoir communiquer & V.N. P. les Minutesde ce qni s'y eftpaflc , ainfi que 1'A vis du Vice-Amiral Zoutman, auquel ènion retour j'ai demanJé fes Confidérations fur les opinions du Corrfei!-de- Guerre. Vos N. P. y verront les ièntimens unanimes de tous les fus., Toms IV* 1 diii  ( 130 ) dits Officiers Généraux & Capitaines. J'ai fait difficulté d'or donner, contre ces Avis unanimes, Ia fortie de la Flotte; mais j'ai cru devoir me contenter d'enjoindre de tenir les Vaifleaux approvifionnés d'Eau & de Vivres, de facon qu'ils reftaflent en état de fortir au premier ordre, convenablement équipés, & m'adrefTer a F.N.P.avec priere, qu'Ellesm'informent des intentions de L. H. P. au fujet de la fortie des vaifleaux de la République , &m'apprennent-fiL.H. P.defirent que, malgré les Avis unanimesdes Officiers de Marine, f Efcadre doive mettre en mer. J'ai déja chargé le ViceAmiral Hartfinck, en préfence des autres Officiers. Généraux, de mettre en mer, fans attendre des ordres ultérieurs, dès qu'il recevrait des avis dignes de foi, concernant le départ de 1'Efcadre Anglaife, qui avoit croifé fur nos Cótes, & de fa rentrée dans \aManebe, de facon qu'on pütcomp. ter que la Flotte de Mylord Home éto'it partie, ou fur fon départ pour Gibraltar, me référant aux divers ordres que que je lui avois donnés, fpécialement a mes Lettres des t. 3. 6. & 7. Sept. J'efpere avoir rempli par ce que deflus les intentions de L. H. Puiffances; & je fuis prèt a envoyerè 1'Efcadre de la République, panicuiierement pour la fortie, tels ordres, que L. H. P. jugeront a propos, ayant fait tenir tout prêc pour les exécuter fans perte de tems, dès que vent & marée le permettront. Ainfi parle le chef des forces maritimes de la République. Un langage auffi ingénu , auffi clair, aufii folemnel, rendu public pour rinftruction de la nation , mérite une confianee particuliere & doit fermer la bouche a tous les détra&eurs aéluels de ce Prince. Le Rapport fait deux mois auparavant par cet illuftre Chef du pouvoir exécutif le 5 JuiN let, n'eft pas moins remarquable , ni moins pofuif. Nous avons fait obferver fuffifamment combien ce premier récit mettait le zele du Prince au deflus des foupgons. II n'eft donc que trop certain que les avis unanimesde tous les premiers Officiers de Ia Flotte, ainfi que le fentiment des (onfeils & des Miniftres des Amirautés, font oppofés a ce que la Flotte de 1'Etat mette en mer. Dans  C Ö- ) Dans la feconde occafion, comme dans la première, le Prince n'a pas laiffé, d'après les Ordres des affemblées légiflatives, d'en commander la fortie, dès que le vent ferait favorable.11 faut bien que tout ait parii contraire a 1'cxéct'tion de cetordre; puifque la Flotte Anglaife de la Baltique, compofée de prés de 300 voiles, viect d'entrer" dans les ports d'Angieterre. Les nations neutres ne font pas les feules a qui Pinaction de nos forces navales paraiffe un problême inexplicable; voici littéralement ce qu'en difent les Anglais, eux-mêmes, qui ont tant a fe féliciter de cette inaction. Cette Flotte , difent-ils, e[i la plus confidérable qui foit jamais fortie de la Baltique pour le compte de 1'Angleterre; la quantité de munitions navales quelle ad bord eft im,n?nfe: leur perte aurait été d''autant plus fdcbeufe, qu'elle aurait fiverement affeiïé le fervice de la campagne procbaine. Jamais Flotte n'a couru plus de rijques; fon convoi n'était, comme on le vuit, guere prnp"'rtwnné d fon impoitance, elk était obli"ée de poffer dsvant les cótes d'un ennemi qui avait wie3 Flotte fupérieure en mer, & une autre dans fes ports. , La Frovïdence n'a certainement pas encore alandonnê notre pays; car, vü notre pofition, notre nudilè connue de toute la terre , nous ne poutms attri* buer le falat de cette Flotte précieuje qu'd la contmuation At fs faveurs. ., Oiifcmneiliuit, difent d'autres Feuilles, la vigilance des Mynbeers, lorfqu'ils ont laiffé paffer notre Flotte de la 'Baltique fans la moindre moleftation. II aurait certainement été bien-aifé, comme nous n'avions point de forces d leur oppofer après le départ de notre grande Flotte, d'intercepier ces navires de comrnerce dans leur traverfée, ou de les tenir bloqués beuucoup pius long. temps dans l'afiie neutre oü ils s'étaient rèftioiés: la raifon qui les a empêcbés de faire l'une ou l'au. "re de ces tentatives eft un paradoxe politique qu'il n'eft x pas aifê de réfoudre." . .... , . II faut fans doute, difent d'autres, que les Hollandais J J Ia foient  c ï3* 3 foient d'accord avec notre Miniftere &'qu'ils aient crainï de porter'quelque objlacle d la paix, pour ri'avoir pas été d la rencontre de ce convoi. .: Enfin, dit un dernier, notre Flotte, eft rentrée, graee a la lenteur de. Mejfteurs- les Hollandais. Tous ces farcasmes malins de la part d'un Ennemi, ne peuvent manquer de percer 1'ame de tous les citoyens jaloux de 1'honneur national, d'augmenter 1'empreffement de la nation & le de= fir des corps légiflatifs, a favoir quelles caufes fingulieres enchainent ainü nos forces & notre aótivité. II en eft qui trouvent la propofition faite par Ia ville de Leyde, non-feulemencdérogatoire aux principes de la conltitution (*); mais encore injurieufe a te réputation du Prinee-Stathouder. C'eft ce qu'il eft plus facile de dire que dë prouver. Outre que Leyde était autorifée par 1'exemple de la Frife & de la Zéelande, elle ne propofait fa Réfolution que comme un avis qui avait befoin de facceffion des autres Membres de rAffemblée de Holiande oh elle a été faite, & même acceptée. D'un autre cóté, loin de pouvoir nuire au Prince, en fa qualité de chef du pouvoir exécutif, elle le met dans le cas de fe juftifier aux yeux de la nation &de toute 1'Europe des foupcons odieux,concus contre faperfonne & contre fon adminiftration. Les Gens éclairés favent bien que le Prinee eft en état de prouver fon innocence fur tous ces points fi délicats; mais la déeouvcrte des vraies caufes de cet état déplorable mettra les corps légiflatifs en état d'avifer aux; moyens d'y rémédier & de prendre les précautions les plus propres a- ce but falutairei, II eft impoffible de jeter fur le Prince, le blame du long féjour de la Flotte dans le Texel cc de 1'empreffement qu'elle a montré a y rentrer aprè3 une (*) Voyez deux avertiiTemens dans les Gazettes HolUndaifes de la Haye des 6 Sc 11 Septcsubre.  ( 133 ) trne courte croifiere, k peu prés inutile, Les deus Rapports qu'il arendus,próuvent qu'il n'a pas tenu a fon .Alteffe que la Flotte n'ait fait des croifieres p'us longues, plus fréqucntcs & plus efficaces. 11 convient donc que les corps légiflatifs lachent quelles caufes fingulieres ont diélé les Réfolutions de nos Marins dans les confeils de guerre & enchainé leur aéiivité Les principaux Officiers de la Flotte auront, par cette occafion, 1'avantage de fe juftifier également aux yeux de la nation , des bruits injurieux, & des clameurs infolentes, élevées contre eux. Par exemple: combien de cris affreux n'avons-nous pas entendu pouffer contre le Vice-Amiral Hartfinck a qui le commandement de la Flotte était confié? Tous les Officiers ne doivent-ils pas foupirer après 1'occafion de laver leur honneur ip.dignement compromis aux yeux de 1'Univers entier ? II ne pourra donc réfulter de ces examens que des éclairciffemens utilesa tous les Membres du pouvoir exécutif & avantageux aux corps légiflatifs, qui, feuls, font dans'le cas de demander & d'arracher k la nation qu'ils répréfentent les reffources néceffaires pour la défenfe de la patrie. Le Prince-Stathouder a fenti tous les avantages qui réfulteraicnt de cet examen; puifque fans atten;&; nos' Inftruétioïis font de preffer, par égard pour i'humanité, un échapge immédiat.— „ mefure dans laquelle non-feulement le foulage„ ment,,mais le droit des Individus eft intéreifé. „ 11 a déja été propofé que , tous échanges d'houv „ mes de la même condition étant épuifés, ) le j, Matelot ,& le Soldat /foient immédiatement „ échangés. 1'un pour. 1'autre , avec cette claufe „ que nos Matelots auront la liberté de fervir auf- fitót qu'ils auront été échangés, & que les Sol„ dats que nous recevröns en cenféquence de cet 3, arrangement, ne f'erviront pas avant 1'expiration d'une année , contre les Treize Provinces , &r i? nous ne ■defirprts pas de réuafter cette Proppfi-  C 137) „ tion. Nous avons 1'honneur d'être de Votre Ex„ cellence, &c. (Signé) Guy Cbarkton. R. Bigby. Cette Lettre eft d'une teneur trop claire & erop pofirive , pour pouvoir étre défavouée impunéincnt. Des démarches aulft conféquentes ne fe r-évoquent pas a plaifir. Le Miniftere ou plutót la Legislature Britannique a donc autorifé les autres Nations a regarder les Américains pour indépendans. Les Puiffances qui forment la Confédération-armée auraient donc le droit d'admettre les Américains dans leur Confédération , aux ihêmes termes qu'elles y ont admis les autres Puiffances belligérantes. Cette illuftre Confédération tendrait même , par cette démarche, vers le but qui a été 1'objet de fa formation. Après avoir préfervé les Puiffances neutres des ravages de la guerre , elle fe procurerait la gloire de donner la paix a 1'univers.: fjn róle auflï glorieux n'eft - il pas analogue a la grande ame de cette illuftre Impératrice, qui-eft devenue le centre d'une Confédération dont elle avait jeté le ,plan ? La conduite entiere du Miniftere Anglais. & furCout la derniere lettre de deux Commandans. Britanniques au Général Washington, préviennent tout reproche d'infraftion a la neutralité de la part de 1'Angleterre. Paree qu'a la nouvelle de la Viétoire du ïfl Avril Ie Miniftere Anglais a changé d'Adminiftratcurs &, ace qu'il parait, de fyftême, relativement a la reconnaiffance de 1'Indépendance Américaine , il ne faut pas croire .que ce changement foit d une grande irnpoïtance. L'Adminiftration Britannique ,ainft qu'il appert par les aveux que des Miniftres ont faits en pleine Parlement , héfite, non a reconnaitre 1'indépendance; mais a la réconnaftre d'emblée Éf fans conditions. Les Anglais Ia regardant comrne uneceffion importante, fentent de la répugnance a le faire d'une maniere autentique cc formelle; avant de favoir les conditions auxquelles ils obïigndront la paix. Penfant, & non fans raifon,  C 138 ) que cette démarche ne leur procurerait aucunavantage, lï les Américains continuent la guerre avec laÖFrance, il ne parait pas convenable de donner cette fatisfa&ion a un peuple qui n'y répondra que par des hoftilités. Qui ne voit d'après cet expofé fidele, que 1'admifiion des Etats-Unis dans la Neutralité. ne peut que fervir toutes les Puiffances belligérantes, fans en offenfer aucune, & ouvrir, fous les aufpices des Puiffances neutres, Ie chemin a une médiation qui concilierait les difficullés qui paraiffent fe rencontrer dans les Négociations aétuelles entre laFrance & PAngleterre? Après avoir ainfi prouvé que PAngleterre avait autorifé les autres Nations è reconnaitre Pindépendance de 1'Amérique, voyons fi le droit des gens les y autorite également. La fuite l'ordinaire procbain. CHAPITRE LUI. Aux Citoyens éclairés , fages £f pairiotes des Pays* Bas-Unis. Honnêtes & braves concitoyens, c'eft 1'amour de la patrie qui vous a fait prendre intérêt a des réflexions qu'elle feule a toujours diólées. C'eft a votre tribunal que 1'Auteur de ces feuilles croit devoir apponer fes défenfes & fes raifons. Soyez déformais, fes arbitres, fes juejes, & fes foutiens: vous avez obfervé toutes fes demarches , vous avez lu dans fon ame; vous n'avez pu refufer votre fuffrage k une conduite qui ne s'eft jamais démentie, a un zele trop vifiblement dégagé de toute influence étrangere, pour avoir d'autre objet que votre bonheur, qui eft celui de 1'Etat- L'aveu fiatteur que plufieurs de vous lui ont fait de n'avoir pas é$é, dans ces tems malheureux, tout-a-fait inutile, pour dévoiler les déclamateurs vendus è 1'Ennemi, pour décider les efprits chancelans en faveur des mefures utiles, pour contenir ceux que la pafiion emportait au de\k des bornes, & pour pofer les vrais principes qui peuvent conferver a cette République,  C "39 ) ia gioire, fon indépendance & fa liberté; cet aveu, dis-je, que plufieurs d'entre vous lui ont fait, eft bien capable de le foutenir contre les clameurs effrénées des méchans, 1'indifférence des efprits faibles ou frivoles, les menaces des puiffans & la rage ridicule des ignorrms orgueilleux. Au milieu du déehafnement général que 1'efprit de mécontentement & d'animofité dirigeait contre les tétes les plus refpeétables de 1'Etat; vous n'avez pas vu, d'un ceil indifférent, qu'il n'ait époufé aucune querelle particuliere & qu'en parlant libremerat dc 1'adminiftration publique dont la libre difcuffion eft permife dans tout gouvernement qui n'eft pas arbitraire, il ait confervéles égsrds düs aux perfonnes; qu'il s'eft interdit féverement de porter un ceil audacieux fur ces particularités qui ne font qu'ulcérer des efprits qu'il importe de concilier. En mettant k profit les lumieres que plufieurs d'entre vous lui ont communiquées, pour montrer les fuites dangereufes de certames mefures publiques, il a généralement refpeélé les motifs des Auteurs; il ne s'eft jamais borné a des récits partiaux, k des arréts arbitraires; il a toujours motivé fes jugemens. II n'eft pas étonnant que cette conduite ait mérité de plus en plus la confianee nationale; & qu'en écrivant publiquement fous les aufpices & fous les yeux d'une adminiftration qu'il n'a pas flattée, il n'ait jamais eu befoin de fe cacher fous des masques étrangers ou inconnus, k 1'exemple de tous les fanatiques dangereux & mal intentionnés de 1'un ou de 1'autre parti. En fuivant une conduite auffi réguliere, auffi jrréprochable, quels adverfaires pourraient 1'intimider? Leurs efforts ne font-ils pas plus propres, au contraire , k enflammer fon ardeur patriotique ? En luttant contre les perfécutions particulieres, en op» pofant le courage aux cabales, la raifon aux injures, le ridicule k la bouffonnerie, & la décence a la fu» reur, il fera toujours für de vous avoir de fon cóté; & ce fuffrage lui fuffit. Ses Ennemis s'imaginent 1'épouvanter par de grofles Clameurs; ils ne fe-  C Ho ) feront que lui fournir 1'occafion de découvrir de nouvelles reflburces pour étayer la vérité, Ils vou» dront le piquer, mais la dent de la vipere fe brifera fur la lime, On peut difcuter des matieres politiques fans recourir a des perfbnnalités choquantes. Mais il vienc d'apprendre que 1'hornme honnête & décent fe flatterait vainement, s'il croyait pouvoir amener tous fes adverfaires au même ten d'honneteté, s'il eft des êtres même dans les profefiions les plus nobles, qui ne peuvent vaincre les penchans bas & vicieux, que la nature ou 1'habitude leur a donnés; il convient de s'en éloigner le plus qu'il eft poftible, pour ne pas s'aflimiier a eux. C'eft d'après'ces idéés, meschers concitoyens, que j'ai pris le parti de m'adreffer avous, toutes les fois que je rencontrerai dans mon chemin de ces êtres dont je viens de vous faire la deferiptiön. Je n'ai pas befoin de vous déügner perfoone en particulier : ils fe trahiront affez, par les cris que vous les entendrez pouflér, fi jamais cette peinture s'offre a leurs yeux. Vous favez , M. C. C., que 1'Auteur de cette feuille a dit & prouvé qu'un petit Etat comme Ie notre devait ié tenir en garde contre toute alliance fyftématique , permanente & perpétuelle avec un Etat plus puiffant, pas même avec la France. C'était le fyftême de 1'immortel de Witt;mais cc grand Politique avait trop de génie, pour en déduire que , dans un cas d'attaque, nous duf. fions négüger 1'alliacce temporaire d'un puiffant voifin ; encore moins, fi cc voifm avait le même ernemi b combattre Auffi> dans les deux premières guerres que la République eut a cfluyer fous fon miniftere contre les Anglais; prit-il uu foin particulier d'attirer la France k notre fecours; & nous ne pouvons:ca.cner que, quoique la faibleffe oh fe trouvait alors fa marine ne put nous être d'aucun avantage fur mer ; elle ne nous ait rendu de grands  C 141 ) grands fervices furterre contre 1'Evêque deMunfter &c Croirie'z - vous que 1'Auteur de cette feuille, pour avoir adopté le même fyftême , ait été accufé de fervir d'inltrument k la France qui aurait pour büt d'anêantir le Stathoudérat en nous engageant k nous emparer, ( réellement & phyfiquement ) des mers du Nord, pour y transporter nos barrières renverfées dans les Pays-bas. Crbiriez-vous,que, fous prétexte de nous confeiJIer d'être neus.mêmes, de nous fouftraire k toute influence étrangere, & de nous prévenir contre. toute liaifon trop folide & pour un tems indéfini avec telle puiffance que ce foic, on nous infinue adroitement d'atrendre quelqu'autre occafion de former de ces liaifons perma* nentes? C'eft ainfi que le faux patriotifme fe tra* hit toujours par quelque endroit. On infinue d'abord, ainfi que nous 1'avonsfait voir maintes- fo's, que ces fortes d'alliances font toujours des chaines; & tout cela pour nous faire entendre qu'un tems conve* nable pourra venirde former de ces fortes d'alliances; vous favez que nous n'avons jamais été fi loin : car tout parait tendre a montrer que fi nous fommes obligés d'entrer dans une alliance perpétuelle, ce ne fera pas avec PAngleterre qui nous a toujours trompés & tyrannifés; mais plutót avec la France avec' laquelle nous avons une multitude d'intêrecs communs. Hélas, Mes chers compatriotcs , avouons que nos lumieres font trop bornées pour voir la finefiê de cette délicate politique. Nous avons la bétiïe de penfer que le concours aeftuel de toutes les Affemblées légillatives,demandant une alliance int'me avec la France pour tout le tems de Ia guerre, eft la mefure la plus falutaire, foit pour être éclairci fur la meilleure diftribution de nos forces navales, foit pour être affurésfur 1'Etat futur des poffefiions que la France a conqaifes ou qu'elle garde pour nous. Vous avez fans doute cru, chers & refpecftables Concitoyens, que la Régence d'Amfterdam avait approuvé la conduite de fes Députés, pour avoir pro-  C 142 ) propofé,'fans délai, fans circonfpedion, claircment & formellemenr un concerc d'opération avec la France, & qu'elle n'^vait au ronrraire, défapprouvé que la t,irco::lp^l.on avec laqueüe ils avaient rejeté des exprefT.ons qui fuppofaient une efpece d'engagernent déja contraóté d'entrer dans ce concert : c'eft méme aen de les tenir pitrs.  C 143 ) Cc n'eft pas tout. II a cru bonnement, M. C. C, & je vous allure de la meilleure foi dü monde, que la généralité de la nation était cntrée dans les mefures prifes pour faire reconnaitre ici 1' Indépendance des Etats - Unis, & Mr. Adams pour leur Miniftre. Quelle erreur était la fienne ! Un Monfieur, Réhdant k Amfterdam, nous apprend que cette mefure n'a été que le fruit d'une cabale du parti le moins nombreux. Et pour mieux le prouver, il prodigue k quiconque en douterait , les magnifiques épithetes que nous venons de citer. II allure que les cinq ou fix noms de Maifons Francaifes ou Efpagnoles qui paraiffaient comme perdues parmi plus de 500 qui ont figné les Réquêtes faites a cet eftet dans cette ville, que ces 5 ou 6 Comptoirs , dis - je, ont feuls déterminé les Etats de Frife, qui les ont précédés de plus de deux mois, ceux de Zéelande, d'Utrecht, d'Overyffel & de Gueldre , auxauels on a également préfenté nombre de Requéces 011 1'on trouverait a peine un nom Francais; mais auffi toutes les autres villes de cette Province qui ont adopté ces Requêtes, & même les Bourgeois de Dort, qui, cn corps & dans une efpece d'acclamation, ont exprimé k leur Régence leurs vceux ardens i & unanimes fur cet obiet. Connaitriez vous , M. C. C., les Négocians Frangais ou Efpagnols, qui ont fuacquérirun influence fi puiffante fur toute la République ? Nous ne favions rien a cet égard, finon que ces Requêtes avaient paru fort ennuyeufes, furtout aux mauvais Citoyens , vendus k 1'Ennemi. Nous fommes donc obligés de nous rétradler ; & nous attendons de votre complaifance : que chacun de vous, foit a la Bourfe, foit dans les compagnies, voudra biendéfabufer toute la nation, qui eft dans la même erreur. Apprenez lui en même tems, que rien ne ferait plus falutaire pour le bonheur de cette République que d'adopner les maximes calculées fur le méridien des Gouvernemens aöfolus; & qu'on devrait avoir des Bajlüles ou des Lettres  C H4 ) Ltttres de cachet pour fermer la bouche a quiéonque ofera parler politique, s il n'eft partifan du pouvoir arbitraire, & ennemi de toute alliance avec la Franee, avec le Congrès, &c. &c, J'efpere,refpeclables Concitoyens, que vous continuerez a m'afiifter de votrê crédit; car, quoique mes Ennemis m'aient déja, difent - ils, terraffé, il leur arrivé a chaque inftant de nouveaux renforts, ils veulent fans doute m'expédier. Pauvre Politique Hollandais ! Que je te plaius! Que vas tu faire contre eette ligue effrayante , dont le Général vient d'acquérir unfecond, a qui, M. Chers C om patriotes, vous devez toutes les nouvelles j extraordinaires que jé viens de vous raeonter. Ces Feuilles périodiques parailTent réguHerement, tous les Lundis a Amfterdam, chez /f. A. Crajenfchot; ü Haarlan, chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Datnme, & Les Freres Murray i a laHaye , chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt & LaFeuve Staalman; a Gouda, chez Fan der Klos; a Rotterdam, Chez Bennet &Hake, & D. Fis ; è Dordrecht, chez Bluftè; a Deventer, ches Leemhorst; il Groningue, chez Huyzingh; a Nimegue, chez Fan Goor; a Arnhem, chez Troost; ö Bois-le Duc, chez y. H. Pallier , a Hambourg, chez J. G. Virchaus & chez les prineipaux Libraires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N0.LXXXVIII.LUNDI, ce 14 OCTOBRE,i782. Suite du CHAPITRE XLIX. Sur la Propofition de la ville de Leyde & fur Vétat des affaires intérieures de la République. T JL_je paragraphe le plus frappant qu'on ait trouvé dans les papiers Anglais a l'occalion de l'immobilité de notre Flotte, pendant qu'un Convoi nombreux des ennemis devait paffer preique a la vue de nos cótes, eft tiré du London- Courant dii 26 Septembre , feconde colonne de la feconde page. La teneur nous en avait paru fi odieufe, méme dans la boucbe d'un Anglais, que nous n'aurions pas eu le courage de la trahfcrire, fi nous n'avions été précédés par des Gazettes de ce pays, & s'il n'hnportak d'examiner des récits pareils, pour montrer la nécelfité de laver 1 honneur de la nation compromis avec celui des Adminiftrateurs que 1'on y traite avec tant d'indignité a la face de toute 1'Europe. Notre Miniftere , dit le Papier Anglais dont il s'agit, a donc öjé faire partir tous les vaiffeaux qui pouvaient marcber , abandonnant ainfi la Mer du Nord a la merci de la flotte Hollandaife. 11 montre donc que nous pouvons faire fond fur le pencbant du Stadhouder d tenir les Hollandais dans t'inaêlion. Peut-être aujfl leur flotte ne fera - i- elle rien; mais ToMi IV* K ne  C 140') ne pourrait • il pas arriver que la poputace de la Haye voulüt faire quelque cbefe ? Les Mynbeers ramperont comme des ferpents pour découvrir la trame de la trabifon; ils s'ilanceront comme des tigres pour s'en venger. Tout le monde eft doué (furie portion aflez grande de pénétration ou d'impartialité, pour voir dans ce langage d'un ennemi. 1'affreux defir d'ajouter aux _ maux de ce pays , les horreurs de la guerre civile. Nous difons ce que nous penfons dans •le fond du cceur; eri déclarant que nous ne croyons pas qu'on puiffe porter plus loin la fureur de calomnier & de nuire. Non , il eft également odieux & abfurde, de fuppofer une trahifon auffi noire dans un Prince intéreffé lui - même au bienétre de fes Concitpyens. 1 Mais comme ce/accuïations s'accordent avec les bruits infames, répandus méme dans cette République , rien ne paraït plus propre a rétablir la réputation de ce Prince t\ le honheur de la patrie que Fexamen rigoureux des Propofitions faites par la ville de Leyde. Suivant le Rapport rendu par le Prince après fon dernier voyage fait au Texel; il devait y avoir 9 vaifleaux de ligne & 4 frégates, prêts a mettre en mer, dix jours après le 20 Aoüt, c'eft a dire le 30; & 4 autres vaiffeaux de ligne peu de jours après. La Flotte aurait donc été en état de mettre a la voile vers les commencemens du mois de Septembre. Elle pouvait donc en fortir au départ de la Flotte Anglaife , fous les ordres de 1'Amiral Milbanke, qui, après avoir abandonné le blocus du Texel était de retour a Portsmouth le 7 Septembre. On fait encore que le vent fouffla de 1'Eft jufqu'au 16 du même mois. On s'eft rappelé, a 1'occafion de cette immobilité^ un événement tiré des Annales_ de ce pays. En '66< , dans le tems de la première guerre avec les Anglais, la Flotte de la République attendait m vent favorable pour fortir du Texel. C'était au mois d'Aoür On avait cru jufqu'alors que dans les divers rumbs du vent il  C H? ) il n'y avait que dix ravons du compas qui fuiTent favorab'es a cette fortie." Mais De Witt, qui joignait 1'étude des Sciences les plus abftraites a laconnaiffance de la plus fublime politique, orouva qu'elle pouvait profiter de vingt - huit rumbs: la fonde a la main, ii explora lui - méme 1'embouchu. re appelée Spanjards-gat; &Ie 17 du moisd'Aoüt,il fit fortir par ce paffase non- tenté jufqu'alors, avec un vent Sud & Sud- Oueft, toute la Flotte au nombre de 93 vaifil-aux dc guerre, fans compter les brulóts, le? yachts, les galiotes, &c. II eft vrai que les vaiffeaux de ligne , de la groffeur dont on les conftruic a-préfenr, ne pourraient entrer ni fortir par des pafiages, qu'ils traverfaient facilement autrefois ; il eft vrai que celui auquel on donna le nom de Dc Witt, après 1'expériition dont nous venons de parler, n'eft plus praticable a préfent: il ne s'agirait donc plus que de favoir: fi pendant prés d'un mois que l'Efcadre du Texel a du. étre préte, 1'occafion ne s'eft pas offerte d'obéir aux ordres de 1'Amiral- Général, qui, fuivant le rapport en queftion, cbargea le Vice-Amiral Hartfinck, en préfence des autres Officiers-Généraux, de mettre en mer , fans attendre des erdres ullérieures\ dès qu'il recevrait des avis digiles d-e foi du départ de l'Efcadre Anglaife cf de fa rentrée dans la Man. cbe, de facon" qu'on püt compter qu'elle était partie avec la Flotte du Lord H'ovce pour Gibraltar. Sans doute qu'on trouvera moyen de fatisfaire & cette derniere queftion , ainfi qü'aux autres. Oa eft, donc, nous demanderait- on, cette cabale dange. reufe vendue d l'Ennemi'? Quelle irftuence funefte a- t-elle eue dans la République; puifque les affaires y ont êié adminifhées avec autant de zele d'babi'leté qu'elles pouvahni 1'êire? Cette queP.ion parait embarafiante au premier coup d'ceil. Elle mérite unedifcuflion particuliere, Nous la donnerons bientót — Nous montreronsla réalitéde cette cabale. Nous pourrions d'abord recourir k K 2 rexem»  ( 148 ) l'exemple de ce jeune Officier , de la garnifon dans ï'Isle de Schouwen, que 1'on vient d'arrêter pour une correfpondance criminelle avec 1'ennemi. Outre que cet exemple prouverait affez contre les Auteurs du Poft naar den Neder - Rbyn , de l'Ouderwetjcbe Patriot , & des Lettres de Reynier Vryaart &c. (*) , qu'il y a des 1'raftres dans le pays, (*) M. Le Francq van Berkhey, dont nous avons parlé ci devant page 30 No. LXXX, a déja publié fur la Bataille de Doggersbanc un Poëme a peu prés auffi long que 1'Iliade. II eft vrai que fi 1'on en faifait difparaiire les déclainations qui s'y trouvent contre les Francais, les louan. ges du Prince d'Orange, & même par ci par. la les éloges des Anglais, il n'en refterait pas grand' chofe. Un de nos amis, qui jojnt aune connaiflance prófonde de la Poè'fieHollandailè , des connailTances plus rares encore dans ce pays, des principes du goür, nous a promis un extrait de ce Poëme bizarre & monftrueux , qui révolte également le cceur & l'efprit Je fuis bien éloigné de faire un crime aux poëtes ou aux profateurs , de donner des éloges a un Prince qui les mérite par fon zele aóttf & par fes vues patriotiques: mais il eft bien mal. adroit. de ks lui donner, en le faifant paraitre, comme 1'ami des Anglais & 1'ennemi des Francais. Je ne fache rien qui ait fait tant de tort au Prince que ces éloges qu'il défa»oue furement; paree qu'ils le fuppofent dans des principes qui ne.marquent ni le grand homroe d'Etat, ni le bon citoyen, deux qualités également incompatibles avec toute partialité pour ou contre une nation étrangere. Nous avons, entre autres, remarqué que ce Rimeur ne lance jamais une de ces épithetes odieufes que fon fujet plus que fon penchant lui arrachait contre les Anglais, qu'il ri'yjoigne un trait contre les Francais , qu'il défigne ordinairement comme une nation lacbe, perfide&impie, comme s'il voulait adoucir le trait lancé aux premiers en le faifant partager aux feconds ; comme fi .les Frargais fe trouvaient auffi nos ennemis dans cette circonftance. Zoutman & Parker , avant de combattre, font chacun un difcours jd'environ 150 vers, qui méritent d'être connus de funivers; & nousendonnerons latraduftion. On n'eft pas étonné qu'il mette  C i49 > pays, & que ces Traitres ne font pas les partifans des mefures vigoureufes ; nous montrerons combien la cabale, hélas! trop réelle des citoyens dé. voués a 1'Ennemi a caufé de maux dans la République. Des efprits méchans & fatyriques tournent en ridicule la Propofition de la ville de Leyde , paree qu'elle contient nombre d'articles auxquels il parait ^ trés mette des horreurs contre les Francais & même contre Mr. le Duc de la Vauguyon dans la bouche de Parker, qui, cependant, pourrait avoir 1'ame affez noble pour les défa. vouer: mais porter 1'impudence julqu'a faire dire au généreux & brave Zoutman, que les rufes de la France nous entretiennent dans la divifion, que fa fourberie ne tend qu'& nous défunir j que les Anglais font 1'effroi de la France & le fleau de l'Efpagne, que le luxe de ia Maintenon futle moven, par lequel Louis XIV fubjugua les Provinces Unies", n'eft.ce pas violer toutes les regies des convenances, de la pudeur, & de la probité. Cette obfervation était faite avant que nous eulTons remar. qué qu'on nous faifait auffi 1'honneur de nous donner une petite place dans ce Poëme, honneur que nous aurions prifé davantage, fi de pareüs ouvrages pouvaient aller a rimmortalité. L'Auteur pouffe la fiflion jufqu'è .met. tre fon langage dans la bouche de la pucelle de Hollande , parlant dans 1'Isle de Cretea la Fille d'Agenor. Nousavoue. rons, a cette occafion, que 1'Auteur conferve admirable. ment un caractere eifentiel a la Poëfie , celui de la fiction. On pourrait encote nous accufer de partialité, fi nous refufions a ce Poëme une élogi qu'il mérite certainement, c'eil que la partie typographique en eft exécutée avec uneiuxe& un délicatefle qui doivent rendre cetouvraga précieux a tous les- amateurs des impr<.ffions élégantes, du beau papier, & des eftampes faites avecgoüt. Tout en maudiffant le poëte , on ne peut trop louer le travail des deffinateurs, des graveurs, de 1'imprimeur, & du libraire. Nous prjons 1'Auteur, cependant, de ne pas nous accufer d'avoir trahi le fecret de 1'Etat, en parlant ainfi de fon Poëme: nous avouons norre faute: fans nous les autres nations n'auraient peut-être jamais deviné que la Hollande eüt dans fon fein un poëte de cette efpece. K3  C 150 ) trè? aifé de répondre. Nou? avons Iu !es remarques publiées fur cette Propofition; c'eft avec plaifir que plufieurs nous ont paru fondées. Un bon ciroyen ne doit rien dcfirer avec plus d'ardeur que de voir, dans cette occafion, les corps exécutifs s'entendrc enfin avec les corpr; lég^slaufs: il eft impoffible que ces derniers aient toujours des lumieres füres touchant le département des premiers. Mais quand les affaires font dans un tems de crife & de trouble, oh la nation fe croit trahic, il eft non-feulement du droit, mais encore du devoir des Régens, de demander des éciaircifiémens qui la fatisfaffent. Plus on trouvera de facilité k donner ces éclairciffemens; plus on verra fe former entre tous les membres du Gouvernement, cette intelligente réciproque & cette confianee intime, ft néceffaires pourfmver le vailTeau de 1'Etat, au milieu des orages & des tempees qui 1'affaillent de tous les cötés. Cette queftion eft de la derniere imnortmee : elle pourra même donner des lumieres h 1'Europe, tentée de croire, d'après les papiers Anglais , k une intelhgence entre Londres & la Have. Combien öe gens ne feraient pas en effet ineliné'sa croire que la derniere campagne a été concertée avec les Anglais, plutót qu'avec la France? Notre Flortc eft fortie, il eft vrai, mais loin de porter quelque coup k 1'Ennemi, elle n'a pas même ramené les vaifleaux mouillant a Drontheim. On ne faurait dire qu'elle aefcorté Ie convoi des Indes-Oriertales, qui n'avait furement pas befoin d'efcortc. Enfin nos vaiffeaux des Indes étaient prêts a arriver dans les ports, mais teut - a coup une Efcadre Anglaife s'avance jufqu'a la hauteur du Texel, & répand une alarm e qui les force aretourner d'ou ils font partis? Après cette brillante expédition , les Anglais que 1'on eroyait venus, pourramener leur Flotte Marchande du Kund, s'en retournent fans 1'avoir vue; paraiffant dire a tout 1'univers: Nous n'avons rien cl cruindre de \a Flotte Hol/andaife. lis vont fe joindre rapidement a  (151) k te Flotte deftinée è 1'expédhion de Gibraltar & trois femaines après leur Flotte marchande de la Baltique entre tranquillement dans les Dunes? La faite ait N°. procbain. Suite des CHAPITRES L Êf LI. Sur la Convenance d'admettre les Etats - Unis aux principes tracés par la Neutralité - armée, ainfi qu'on y a rcgu l'accejfion de la France y de 'l'Efpagne, 11 parait que la fameufe Lettre du Gouverneur Carleton & de 1'Amiral Digby au Général Washington , eft deTavouée par ie Miniftere Anglais. On fent combien cette démarche, en augmentant les foupcons des Américains, ferviront k les aigrir & a les éloigner d'une paix, qui pourrait la ren* dre a 1'univers entier. Suppofons que les Angius vouluffent oppofer de vaines chicanes aux conféquences que la Neutralité - armée tirerait de leur conduite pour réconnaitre 1'Indépendance de VAmérique • voyonsfi le droit des nations ne 1'autoriferait pas £ cette démarche. Examinons quelle eft la nature de la Neutralité. ' Neutralité , dit un Auteur moderne, d après les défmitions de Grotius & de Puffendorff, eft, en droit politique, l'etat dans lequel une Puiffance ne prend aucun parti entre celles qui font en guerre. (*) II faut dijlinguer, difent les mc-mes pubhaltes, deux fortes de Neutralité: la neutralité générale, & la r.eutralvé particuliere. — La Neutralité générale , feil lorfque, fans être alliè a'aucun de deux mmvns qui fe font la guerre, onefi tout pret a rendre également a l'un & d Uutre les devmrs auxqueU (*~) En ce cas, dïrons.nous, la Confédération ■ armée ne rierogeraitè la Neutralité, qu'en donnatu quelquej efpece de fecours pbyf.ques a quelqu'un des Pays bell.gérans. Or une déclaration bornée a des mots, neft fureffleut pas -uu fecours phyftque, K 4  C 152 ) chaque peuple ejl naturellement tenu envers les autres. — La Neutralité particuliere, c'eft lorfqu'on s'eft panicuiierement engagé d être neutre par quelque eonventionou exprejje ou tacite. — La derniere forte de Neutralité eft, ou pleine ou entiere; lor/que 1'on agit également a tous égards, envers'l'une 1'autre partie; ou limitée , en forte queA'on favorife une partie plus que 1'autre d 1'égard de certaines chofes £ƒ de certaines attions. On ne faurait lègitimement contraindre perfonne d entrer dans une Neutralité particuliere ; paree qu'il eft libre d chacun de faire ou de ne pas faire des Traités ou des Alliances; ou qu'on ne peut au moins y être tenu, qu'en vertu d'une obligation imparfaite. Mais celui qui a entrepris une guerre ju/Ie, peut obliger les^ autres peuples d garder exaÜement la Neutralité générale'; c'eft d- dire d ne pas favorifer fon ennemi plus que lui - même. Vnci donc d quoije réduifent les devoirs des peuples neutres. Ils font obligês de pratiquer également envers l'un cjf 1'autre de ceux qui font en guerre, les loix du droit naturel, tant abfolues que conditionelles, foit qu'dles impojent une obligation par faite ou feulement impar faite; s'ils rendent d l'un d'eux quelque fervice d'bumanité, ils ne doivent pas le refufer d 1'autre, d moins qu'il n'y ait quelque raifon manifefte qui les engage d faire en faveur de l'un, quelque chofe que l'autre n'avait d'ailleurs aucun droit d'exïger. Ils ne doivent fournir ni d l'un ni dl'autre les chofes qui fervent d exercer les acles d'bofiilitè, d moins qu'ils n'y foient autorijês par quelque engagement particulier ; éf pour celles qui ne font d'aucun ufage d la guerre, fi on les fournit d l'un, il faut auffi les fournir d 1'autre.. Ils doivent travailler de tout leur poffible d faire énfrte qu'on en vienne d un accomodement ; que la partie lêfée obtienne fatisfaclion , & que la guerre finijfe au plutót; que s'ils fe font engagés en particulier d quelque chofe, ils doivent l'exécuter ponftuellement. D'autre cótê, il faut que ceux qui font en guerre 0*.  C 153 ) abfervent exaFtement envers les peuples neutres, les loix de la fociabilité, qu'ils n'exercent contre eux aucun a&e d'bojhhté, & qu'ils ne fouffrent pas qu'on les pille ou qu'on ravage leur pays. Puffendorf hvr. 2. c. 6. & Grotius livr. 3. c. 1 & 17. Cet Extraic tirè des publiciftes les plus accrédités, contient des principes applicables a la queftion préfente. La Confédération des Puiffances maritimes-neutres n'eft pas un Traité, ni une Convention, fait avec PAngleterre, ou avec quelqu'autre des Puiffances Belligérantes. Elle n'aftreiw donc aucune des Puiffances neutres a|une neutralité particuliere. Elles peuvent donc choilir parmi les différentes efpeces de neutralité que nous venons d'expofer. Elles fe font bornées a un Traité fait Pune avec Pautre. Elies ont confervé toute liberté de fe reiacher Pune & Pautre des obligations d'une neutralité particuliere & de prendre, de concert & unanimement, part a cette guerre, en fe déclarant, foit pour PAngleterre , foit pour fes ennemis. Si donc, reconnaitre 1'Indépendance Américaine, était une hoflilité contre PAngleterre, ou refufer de la reconnaitre, une hoflilité contre la France, 1'Espagne & 1'Amérique, rien n'empêche les Puiffances neutres de prendre tel parti qu'elles jugeront convenable, pourvu qu'elles y confentent toutes- Quelle raifon pourrait doncempêcher les Puiffances neutres de reconnaitre unanimement 1'Indépendance Américaine, en admettant les Etats-Unis a la fignature du Traité dont elles ont pofé & défeudu les principes? Qui peut leur contefter ce droit? Au contraire, Phumanité ne leur Crie-t-elle pas que c'eft le moyen le plus propre a fermer les plaies du genre humain ? L'Angleterre elle-même ne femble-t-elle pas attendre cette déclaration bienfaifante, pour n'avoir plus a dutter contre Porgueil qui la porte fur le bord de fa ruine, pour ne pas s'humilier a une déclaration qui ne larévolterait plus, dès qu'elle paraïcrait lui être diétée K j par  C w ) par 1'univers entier? Si les Miniftres Anglais font de bnnne foi, ne doivent- ils pas defirer une mefure fi propre a les tirer d 'embarras & a fauver leur honneur ? Laient-ils s'expofer a faire la guerre avec tout le continent de 1'Europe ? Enfin les Puiffances, autrefbis fi jaloufes de maintemr 1'équilibre, peuvent-elies voir d'un ceil indifférent 1'accroiffement formidable de la Puiffance des ennemis de PAngleterre, qui s'épuife, même dans les plus brillantes victoires , tandisque les moindres fuccès de fes ennemis entrainent les fuites les plus facheufes pour elles. Nous aurons bientót occafion dc nous étendre fur ces raifons ; mais il importe de bien confrater fi la Reconnaiffance de 1'Indcpendance Américiine ferait «ne hoflilité fc-ontre PAngleterre ?D'abord les neutres nont-ilspas pour eux la néceffité des evénemens, la grande régie de toutes les mefures politiques ?N'ont-i!s pas en leur faveur la pratique ordinaire de tous les Souverains? Peut-on faire quelque reproche a des fujets de ce qu'ils obéiffent au Souverain cxiftar.t, k la Puiffance de fait ? Scrak-il défendu a des Etats êtrangers, de traiter & dc négocier avec le Souverain qui eft en poffefiion ? A moins qu'ils n'aient été mus par der raifons departialité manffefte; ont- ils jamais héfité a reconnaitre les Puiffances qui font telles de /aii? Peuvent-ils juger du droit ? La décifion de ce droit n'appartient-clle pas au peuple qui poffede le pays? Défavouer les pouvoirs établis, n'eft ce pas facrifier les loix de la nature & le droit des nations? II eft, cependant, des excmples de ce facrifice. Mais ne peut-on pas Pappeler un délït diplomatique? Quand la France s'en eft rendue coupable, PAngleterre ne 1'a t-elle pas rappelée vivement, & forcée de défavouer un Monarque héréditaire, dépouillé du Diademe par fon peuple; paree qu'il avait abufédupouvoirremis dam fes mains, pree que laSouvcrainété eft une commiffion & non une proprieté?Les Anglais n'ont pas voulu fouffrir alors qu'un Prince étranger jugeèt oe leur droit. lis ont réclamé contre cette prétention jrréguliere. Us ont montré que ce droit leur appar- te-  C 155 3 tenait exclufivement. Les Frangais ont enfin reconnu pleinement cette grande loi des nations. Un Roi de France a donné audience aux Ambaffadeurs de Cromwel , dans le tems même oü la familie des Stuards chaffée du tróne & de fa patrie, cherchait dans fa Cour un azile contre la fureur d'un peuple irrité. Louis XIV re^ut les Plénipotentiaires de Guillaume III , dans le tems même que Jacques II, ce Defpote mal-adroit, trouvait a St. Germain les honneurs dus aux têtes couronnées. Combien de nations en paix avec 1'Autriche , n'ont pas traité les Suiffes comme une nation libre? Ont-elles eu quelque égard pour la longue opiniatreté de cette Maifon fuperbe qui pendant plufieurs fiecles refufa de les reconnaitre pour tels ? La République des Paysbas-Unis & le Royaume de Portugal n'ont-ils pas été traités & reconnus pour Puiffances Indépendantcs par des Etats, alors en amitié avec l'Efpagne; avant que cette Monarchie, devenue fage a 1'école de 1'in. fortune, eüt gagné fur fon orgueil d'abandonner des prétentions impoffibles alors a réalifer. Ces raifonnemens & ces faits montrent que non-feulement la reconnaiffance de 1'Indépendance des Etats-Unis n'eft pas une hoflilité contre PAngleterre, mais que le refus de cette Reconnaiffance ferait plutót une partialité que les Etats-Unis pourraicnt envifager comme une efpece d'hoftilité; fi le filence meme des neutres nemontrait fuffifamment qu'ils n'ofent nier cette Indépendance. Plufieurs des Puiffances neutres femblent aétiiellement reconnaitre indireftement 1'Indépendance dc 1'Amérique. Leur pavillon commence a flotter dans les ports des Etats-Unis. Ils défavouent ainfi la prétention reclamée par les Anglais d'y faire un comrnerce exclufif. Mais 1'Amérique étant reconnue libre, par cette admiffion dans les principes pofés par la Neutralité-armée, la guerre fera t-elle terminée ? Non furement: une multitude d'obftacles empêcheront encore que les intéréts des Puiffances Belligérantes ne puif.  C 156 *» puilTent fe concilier: or, dans ce cas, on fent les heureux effets qu'une interpofition comme celle des Puiffances neutres ne manquerait pas d'avoir pour la prompte conclufion d'une paix générale. Mais comme peu de perfonnes font a même de fentir les obftacles^qui s'oppoferaient encore è la paix, dans je cas même oh PAngleterre paraitrait difpofée a reconnaitre 1'Indépendance de 1'Amérique; voyons les prétenrions réciproques que les Puiffances Belligérantes propoferont vraifemblablement a Pouverture d'une pacification générale. La juite L'ordinaire procbain. CPIAPITRE LIU Sar les fuites de V'Indêpendance Amèricaine. On cberchera;t vainement dans les papiers Anglais des idéés faines fur la n3ture des affaires entre la Grande-Bretagne & 1'Amérique : Pefprit de parti y aitere de part & d'autre les vraies idéés, au point que la na'tion parait encore dans les tenebres fur cet article: nous défefpérions de rien trouver de fatisfaifantacet égard dans leurs papïers; lorfque nous avons rencontré les refléxions fuivantes qui nous ont'paru trés - propres è éclairer PEurope fur Paffaire importante qui doit être Pobjet des négociations prochaines pour la paix. Ces réft xions fontdonnées fous le titre de: Lettres d'un Américain d l'occojionde' lalecture d'unpampbletintitulé: Penfées froides fur 1'Indépendance Amèricaine. „ II n'y a que peu de tems , que j'ai vu , dit PAuteur, plufieurs produétions , attribuées a Mr. Galloway, mais avec des circonttances qui me per*fuadent qu'elles font éclofes d'un concert formé entre les Réfugiés Américains & le Miniitere Britannique. J'appercois dans quelques unes les traces non.équivoques de la main du ci-devant Gouverneur HutChinfon. Je les ai lues avec étonnement; car il me parait que fi 1'intention des Auteurs eüt été de  C 1J7 ) de convaincre 1'Arnérique ; non-feulement il fervit de fon intérêt & de fon devoir de foutenir fa Sou. veraineté & fes alliances; mais qu'il fervit auffi. de 1'intérêt & du devoir de toutes les Puiffances'maritimes de 1'Europe de 1'appuyer: ces Ecrivains ne pouvaient adopter une méthode plus efficace." ,,' L'Auteur des Penfé-s d'une the Ir olie /ur les confêquences de 1'Indépendance Amèricaine, obferve qu'une alliance entre la France & 1'Amérique conciliera ncturellement les vues & les intéréts refpecl.fs de ces deux Etats; dès que 1'lndépendance del'Amérique fera reconnue par les Puifl'ances de 1'Europe. L'Amérique, pour s'élever de 1'enfance a un Etat profpere & puiffant, cherchera nauirellement, a cou. vrir fes pofieifions de la proteftion de la France; & la France trouvera de nouvelles fources de pouvoir dans le comrnerce, les a'rmées & les forces navales de 1'Amérique. Ce nouvel Etat fe re'evera avec une étonnante rapidité du défaftre & des malheurs de la guerre; il n'ira pas en décroiffant comme ces pays anciens qui font arrivés au plushautdégré de la population, de la culture, du comrnerce & de la puiffance. L'augmentation de fes habitans & 1'accroiflément de fon pouvo r furpafferont toute attente. Si les progrès qu'il a faits fubitemenc, ont déia réalifé les plus brillantes efpérances , fi eft certain que fes forces, étayees du fecours de la France & encouragées par de grands motifs, dérivés de fon intérêt particulier, de fa propre fureté , & de la perfpeftive de fa gloire & de Ion importance, s'augmentantchez les autres nations, excéderont de beaucoup toute idéé qu'on s'eft encore formée de fa population." ,', C'eft unechofe agréable que de voir la force irréfiftible de la vérité ODérant fur les efprits même des ennemis les plus invétérés & les plus prévenus contre 1'Amérique. lisjie pouvaient nier que l alliance entre ia France & 1'Amérique ne fut naturelle & fondée fur les intéréts mutuels des ttenx Etats. II  Cus) nc leur était pas poffible de nier que toutei'Améri» que ne füt dans le cas de fe relever avec une éton* nante rapidité des défaftres de cette guerre." ,, Mais cette idéé autorijé.t-elle i'Angleterre d conti, nuer la guerre ? L'Anglecerre a- t-elle également la perfpeclive de^pouvoir fe réparer fubitement des défaftres de cette guerre ? En la continuant plus longtcms, ne fe met-elle pas dans le cas de ne pouvoir jamais s'en relever ? Ainfi 1'état préfent & futur de Ia Grande-Bretagne , eft une raifon décifive, ( fi toutefois la raifon pouvait être écoutée) pour faire ia paix immédiatement pendant que 1'etat préfent & futur de 1'Amérique j la porte au contraire a continuer la guerre, jufqu'a ce que fon Indépendance ioit réconnue par 1'univers entier. II eft également de 1'ihtérêt de la France, de l'Efpagne, & des Paysbas-Unis de foutenir 1'Indépendance Amèricaine, pour fe procurer les titres les plus puiffans fur fon affedlion & fa reconnaiffance ; & furtout pour fe préparer plus de moyens de nouer au plutót des correfpondances intimes avec elle; & la maniere fubite dont 1'Amérique fereleveradesmaux de cette guerre, la mettra en état de payer telles dectes qu'elle ait contraólées ; & de devenir un Allié capable de foutenir fes amis au befoin. Mais dans le cas oü 1'Amérique adopterait la paix & Ia neutralité pour fon fyftême invariable. comme il parait que ce doit être fon but, ces deux Etais trouveront k jamais en Amérique un comrnerce & des munitions navales qui leur affureront pour toujours la liberté des mers. Ce même motif doit également intérefler toutes les autres nations maritimes de 1'Europe a 1'lndépendance Amèricaine. II eft de leur intêrêt réel que 1'Amérique ait fes ports & fon comrnerce ouverts a toutes les -nations & qu'elle garde la neutralité dans toutes les guerres. II n'eft perfonne qui ne fache que le retabliffement du Monopole Britannique fur le Comrnerce Américain ramenerait une tyrannie fur 1'océan, & que  C 159 ) que tout vaifleau mettant h la voile rèntrerait lous la dépendance de ces Infulaires defpotes. S'il y avait quelque probabilité que les Frangais & les Efpagnols puffent s'arroger ce comrnerce exclulif, ils obtiendraient fur toutes les nations une fupériorité qui ébranlerait la liberté de tous les peup!es navigateurs. 11 eft donc évidemment de 1'intérét & du devoir de toutes les Puiffances maritimes, de tenir le comrnerce de 1'Amérique ouvert & libre a tous, & d'empécher qu'il ne tombe fous le monopole exclufif de quelque nation que ce foit. Oa peut déduire une autre obfervation de 1'état de richeffe & de puiffance que 1'Amérique fe procurera rapidement a 1'iffue de la guerre. On peut dire que tous les Capitaliftes en Europe réaliferont le plu tót poftible les fonds qu'ils ont en Angleterre, pour les tranfporter cn Amérique: car, non-feulement il eft certain que I'Angleterre ne fe relevera pas fubitement des défaftres. de la guerre; il eft même douteux fi elle pourra jamais s'en tirer: ainfi ni 1'intérêt du Capitalifte, ni celui du Spéculateur ne feront ftfts dans les fonds Anglais; pendant que tout 1'argent transmis en Amérique, fera également fur; & folide, foit pour le capital, foit pour les intéréts; & 1'Amérique aura tous les jours plus de facilités a payer l'un & l'autre. La fuite au AT», procbain. P. S. Nous avons recu de différens cótés plufieurs détails relatifs aux derniers Troubles de Geneve & furtout a 1'état de décadence^de ruine vers lequel cette ville, auparavantfifioriffante, s'achemine a grands pas, par 1'émigration de la plupart de fes habitans. Nous ne r'ouvrirons pas une plaie fi douloureufe aux amateurs de la liberté, en rappelarit des torts, dont le fouvenir ne peut plus guérir le mal: nous n'avons jamais mé qu'il n'y ait eu dans cette malheureufe difpute, des fripons ou des dupes dc part öc d'au-  C l6o ) d'autre; quel parti ne renferme pas des ambitieux qui font agir des fots ? Mais, les Genevois étant dans une ivreffe dont toute oppofition étrangere devait augmenter le délire, nous vimes (& 1'expérience a montré que nous avons.bien vu) qu'une médiation étrangere ramenerait une paix , qui ne produirait dans Geneve qu'une trifte folitude. En conléquence, il nous paraiffait plus convenable, plus analogue a la politique, a la dignité des Puiffances voifines d'abandonner ces enthoufiaff.es a eux mêmes; lorfqu'ils paraiffaient toucher a cet état de liberté qui était robjet des infurrettions fi fréquentes,& des vceux fi ardens de la plus grande partie. Ces Feuilles périodiques paraiflerit régulierement, tous les Lundis a Amfterdam , chez J. A. Crajenfchot; a Haai. km, chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Damme & Les Fr er es Murray ; a laHaye , chez J. van Cleef Detune, van Drecbt & Lafeuve Staatman; a Gouda ' chez Van der Klos; a Rotterdam, chez Bennet cYHaie, & D. Vis ; i Dordrecht, chez Blufé; a Deventer, chez leemhorst; a Groningue, chez Huyzingh; aNimegue, chez Van Goor; a Arnhem, chez Troost; a Bois-le Duc' chez J. H. Pallier , a Hambourg, chez J. G. Virchaux & ehez les principaux Libraires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N°. LXXXIX. LUNDI, ce 21 OCTOBRE, 1782. CHAPITRE LIV. Sur lesTraitis d'alliance qui conviennent aux pet its Etats. I_jes petits Etats font entre Scyl!a& Caribde, environnésjde toutes parts de dangers; il leur eft bien difficiie de ne pas devenir la proie de 1'ambition, ou la viclime des querelles des Potentats. On ne connaïc point de grandeur proprement dite dans les Souverainetés. Elle eft plus confidérable en proportion de celle desvoifms qui Penvironnent: la force des princes n'eft que la faibleffe d'au* trui. Flaminius difait au Conful Attilius qui propofait de détruire les fortereffes des Etoliens, que ces ruines donneraient trop de force au Roi de JVIacédoine. La pofition des Etats qui n'appercoivent autour d'eux que des grandeurs auxquelles il ne peuvent fe comparer, rend leur exiftence difficiie a foutenir. II femble d'abord que le parti le plus prudent qu'ils puiffent embraffer, eft celui d'entrer fous la protec tion de 1'Etat puiffant, le plus a fa bienféance;c'eft traiter alors par alliance inégale,&ce n'eft pas la Finconvénient. L'ufage des proteétions a été frequent,tandis que Tomb IV. L Pon  a penfé que la politique & Ia bonne foi poutaient fimpatifer. Mais 1'expérience a démontré que cette conduite a été funefte le plus fouvent. Rome acquit une autorité infinie a 1'ombre de ces traités ; c'eft par eux qu'elle fe rendit maitreffe de Ia plus grande partie de la Grece. Ges Républiques étaient confïdérables autrefois; mais a. mefure que des puiffances fupérieures les environnerent de plus prés, leur grandeur s'éelipfa, Preffées par les Rois de Macédoine, de Pont & d'Egypte, elles regarde rent les Romains comme les pr'otecteurs de leur liberté; elles leur livrerent leurs citadelles, comme i des amis pour les défendre. La Grece introduifit chez elle de la forte, fon plus dangereux ennemi. Plus la distahce eft grande du protécleur au protégé, plus diminue la liberté de celui-ciqui ofeapeinc lever la té.te pöur envifager fon protecteur: il eft dans la même condition que le fujet du despote. Plufieurs Etats dans PEurope fe font accrus en accordant leur proteétion. La mauvaife foi de part ou d'autre, & quelque fois des deux cótés, y a donné lieu. Un Etat faible s'eft jeté dans les bras d'un Etat plus puiffant; le péril paffé, il oublie le proteéteur, il prend même les armes contre lui fous une proteétion nouvelle; il fe fait un ennemi qui demande des furetês , lors' qu'on a befoin de lui une feconde fois, & qui faifit de la forte 1'occafion de fe venger. II n'eft pas befoin dc rappe-' Ier a cette occafion la conduite des Pays-bas-Unis a 1'égard de la France, lors de la tripte alliance; & la vengeance qu'en dra Louis XIV. par 1'invafion de 1672. La fituation du protégé eft périlleufe pour.l'ordinaire; a. tous momens elle eft humiliante. II eft' plus dur a celui qui prétend être libre de recevoir des ordres, qu'è celui qui a foumis volontairement fa liberté. S'il faut abfolument rechercher une proteétion, celle d'un peuple paifible & commergant eft préféxable a celle d'un peuple guerrier; celle d'un Etat médiocre  C 163 ) üiocre a celle d'un Etat trop puiffant; celle d'üfie République a celle d'une Monarchie,celle d'un Prince éloigné a celle d'un voifin. • Si 1'on eft au midi d'un Ennemi que 1'on doit craindre, il faut fe mettre fous la proteétjon de la puiffance qui le touche du cóté du nord ; & vice-verja on eft uti» le au protefteur par les diverfions que Ponpeutfaire en fa faveur; fon intérét 1'engage iprotéger, 6c fa grandeur n'eft pas a craindre: c'eft entre les fituations d'un petit Etat, une des plus defirables. C'eft en ce cas, que le Portugal dans 1'intérêt de fon continent d'Europe , devrait être étroitement lié avéc la France; c'eft ainfi que l'Efpagne devrait être 1'alliée naturelle des Pays-bas-Unis. . La neutralité eft le parti le plus convenable aux: petits Etats, paree que leur véritableintérêt eft d'être uniquement occupés de leur confervation & d'éloigner toute idéé d'aggrandiffement.— Nous parions toujours des grandeurs relatives. Un Etat faible doit étre 1'ami de tous pendant la paix; ni Ifami ni 1'ennemi de perfonne pendant la guerre. L'obfervation bien exaéte de ce principe" eft cé qui peut le maintenir le plus longtems. , Si cette maxime n'a pas paru réufiir quelquefois^ c'eft qu'on ne 1'a pas fuivie parfaitement ou qu'ori a eu a faire a quelque voifin extrêmement orgueilJeux de fa puiffance cc jaloux de montrer fa fupériorité: quelquefois les petits Etats, en confervant les dehors de la neutralité, ont artifé le feu parmi les grands, afin des'élever. fur leur abaiffement, C'eft une politique fatale a celui qui Femploie; elle s'écarte du principe qui lui défend 1'ambition; la trame fe découvre, les Puiffances fe réuniffent & démenbrent 1'Etat qui les a mis en guerre. Nous n'entendons pas par neutralité une inaüionpaffii ve. Les petits Etats doivent conciure avec tous ceux qu'ils peuvent craindre, de ces traités d'alb'ance&d'a-i mitié qui'n'engagent a agir pour aucun ni contre au-> cun. ■ II eft différent de n'êrre que neutrt fans traité d'amitié avec perfonne , ou d'être neutre allié avec les deux partjes. La Cg  C 164 ) Ce n'eft pas même aflez pour eux d'être compris dans les traités des grands Etats ïbus le nom général d'alliés ou de neutres, ils doivent s'y faire nommer fpécialement: c'eft k cet avantage qu'ils doivent borner la démangeaifon donnée a tous les Souverains de faire parler d'eux, & de jouer un róle fur le théatre politique. Si Ia fidélité aux engagemens, & Ia droiture conviennent a tous, c'eft encore plus particulierement aux Etats trop faibles pour fe défendre par euxmêmes. De légeres fautes d'attention peuvent leur être aufii préjudiciab'es que des manquemens effentiels; elles fourniffent des prétextes que 1'on fou. haite. S'ils fe renfermentdans une exactitude fcrupuleufe, cette conduite doit reculer leur anéantiffement, Mais comment donner des regies certaines en politique ? On ne faurait fe fixer dans la bizarrerie des évenemens que 1'ambition & la cupidité des hommes font naitre, & dont une fortune aveugle décide. Qui jamais aurait ofé penfer que les Pays-bas-Unis, attentifs a conferver entre la France & I'Angleterre la plusexadte neutralité, paraiflant méme inclinerpour cette derniere, furtout en refufant a fa recommandation d'accorder des convois a des marchandifes qu'ils avaient droit de porter partout, feraient attaqués par I'Angleterre? La neutralité peut donc dans quelque cas, devenir un mauvais parti. Les Etoliens conclurent dans leur Confeil qu'il failait fe déclarer pour ou contre les Romains: ils Ïenfaient très-judicieufement dans les conjonétures. ,ors qu'un petit Etat s'appercoit qu'une puiffance a déterminé de 1'envahir, foit pour étendre fes frontieres, foit pour fe faciliter de plus grandes conquêtes, la neutralité ne peut plus le fauver; il doit mettre en oeuvre d'autres reffourccs. C'eft alors qu'il peut fuivre la maxime d'Etac, qu'il faut êtrele plus fort, ou fe ranger du parti des plus forts. La neutralité ne donne pas des amis, elle n'arrête pas des Ennemis qui le veulent être de deffein pré-  C 165 ) prémédité. La néceffité oblige de s'en départir; mais fi on le fait fur de fimples ombrages, on précipite fa perte. Les petits Etats ont encore un autre genre de reffources dans 1'extrémité. 11 leur refte de devenir partie d'un Etat confidérable & de s'incorporer avec lui. lis ont a choifir entre leurs voifins ce qu'ils eftimeront de plus avantageux & de plus durable. Quelque facheux que devienne le choix du meilleur rnaitre, il eft préférable a la ruine qui fuit une réfiftance téméraire. C'eft ainfi que les Capouans fe déclarerent fujets des Romains pour éviter le joug que leur aurait impofé la victoire des Samnites. C'eft ainfi que les Pays-bas-Unis» s'ils ne font disparaitre au plutöt de leur excellente conftitution fédérative, une multitude d'inconvém'ens qui leur ótent toute la force & 1'énergie qu'ils devraient tirer de leur union & de leur liberté , fe verront dans 1'alternative la plus critique & la plus cruelle. L'amour - propre fait que 1'on aime mieux exifter par foi • même que fous le nom d'autrui: dans le fond, il doit être bien indifférent au fujet de vivre fous les loix d'un Etat, ou fous celles d'un autre, a chofes égales. Nous abhorrons notre propre deftrudlion ; de même, nous répugnons a celle de la fociété politique dont nous faifons partie. Une fagon de fentir nous conduit a une maniere de penfer, fans réflexion. L'une eft un fentiment naturel, l'autre un préjugé. Ce ferait quelquefois un bonheur réel pour une petite République de perdre fon nom, pour prendre celui d'une République fédérative ; pour les fujets d'une petite Monarchie, de faire partie d'une plus grande. Les circonftances varient a 1'infini. La fituation d'un petit Etat peut être telle, qu'il pourra fe conduire par d'autres principes que ceux que 1'on a établis en général. La pofition des Etats de la M ai fon qui regne en Savoie, a fait fa fureté, & lui a même permis de fuivre une politique qui ne L 3 con-  ( 166 ) éonVient pas a la nature des petits Etats; elle a pu travailler a s'aggrandir. Les Alpes placées au couchant, 1'éloignement du fiege de la puiffance qui la borne au levant; k l'un de les cótés, 1'indifférenre d'une nation qui ne s'intéreffe a aucun des démêlés des Princes , & de 1'autre la faibleffedes Républiques qui l'avoifinent, ont donné a ces Etats une force relative qui les approche de la grandeur abfolue. Suite du CHAPITRE LIT. Sur la réalité d'une cabale vendue d 1'Ennemi, Mes chers Conc'itoyens! ' Vous ne fauriez trop méditer les maximes d'Etat que 1'on vient de tracer a vos yeux. Elles font puifées dans les fources les plus pures & les plus fideles. Qu'on nous juge d'après ces regies: nous n'avons rien a caindre. Quand ces feuilles ne porteraient pas le cara&ere le plus frappant & le plus authentique du patriotifme & de ia bónnè-foi, nous avons par devers nous des preuves convaincantes de la droiture de nos vues. Mais ceux du parti contraire pourraientrils en dire autantV Si leurs principes, cxaminés a la lumiere de ces maximes, n'ont jamais tendu qu'a foumettre la République au plus dur des efclavages, comment peuvent-ils s'obftiner a les foutenir ? Us ne nierout pas qu'un des principaux articles de foi de leur fvmbole, ne foit que i'Angleterre eft 1'Alliée naturelle de la République. Ils ne nieront pas, furtout, que même depuis la guerre qu'elle nous fait avec autant de perfidie que d'animofité, ils n'aient vivement foutenu que nous lui avionsfourni des motifs fuffifans d'aggrcftion. Quiconque a lu leurs pamphlets, leurs feuilles hebdomadaires ou menftruelks, & furtout le Politiek Vertoog, ne peut pier qu'en raffemblant les raifons qu'on y déduit en faveur de I'Angleterre, ceRoyaume pourrait en former Un Manifefte.bien plus éblouiffant&plusperfuafif,que celui qu'il a publié. Quand on fait que ces fortes d'écrits  C «57 ) font appuyés par des membres du haut gouvernement; quand on fait les liaifons intimes qua ces membres ont eues avec 1'Ambaffadeur d'Angleterre; & quelles tentatives ils ont faites pour engager la République è faire caufe commune avec un Royaume qui 1'a toujours traitée avec tyrannie & cruauté; quand on les entend répéter encore que nous n'aurions pas dü héfiter a prendre ouvertement parti pour I'Angleterre au rifque d'expofer cette République a 1'invafion de ]a France; quand on fait enfin toutes les intrigues qu'ils ont mis en oeuvre pour nous prévenir contre 1'Impératrice de Ruffie (*) iorfqu'elle nous invitait a accéder a la Neutralité-armée & en faveur de cette même Souveraine, Iorfqu'elle interpofait ia médiation pour nous réunir a I'Angleterre au rifque de perdre nospoffeffions gardéesou reconquifes par la France- quand on voit les Ecrivains de cette cabale, montrer plus de penchant pour I'Angleterre, que les Anglais n'en témoignent eux-mêmes ;fronder fcandaleufement les maximes du parti de 1'oppofition Britannique, paree qu'il a paru le mieux intentionré pour notre caufe & nos intéréts; adopter les idéés les plus révoltances du parti contraire; porter 1'aveuglement ■ juf- f *) Quand la Ruffie jeta le plan de Ia confédération armée, nous n'étions furement pas en état de nous défendre feuls contre un peuple qui ne refpecbit aucune Tiation. Son invitation folemnelle fe fit Ie 3 Avnl 17SC On ne peut nier que rien ne fuc plus avantageux a la Répu. bliqu'eque fon acceffion a cette puiflante ligueque la tyrau. nie feule de I'Angleterre avait fait éclore ? Que douor» rénfer de ceux qui, féduitsparles artifiees des Anglomanes & par les intrigues du Chevalier York, traverferent cette mefure fi évidemment utile pour nous, qu'on Ia regardait comme un fruit de notre territoire"? N'eft.ce pas a ces mauvais citoyens ou a ces Politiques infenfés qu'on doitattribuer ia rup;ure avec I'Angleterre, qui n'aurait ófé rompre avec nous; fi i la première inftance nous aviotis accédé a la grande confédération? Qu'il foit permis, en paflhnt, a tous ks bons citoyens de defirer que la Conftitution üelgiqne fut éombinée de fa9on que 1'exécution de mefures auffi ;ni. portantes n'échouat jamais par la lenteur des déhbémions. L 4  C 168 ) jufqu'a propofer h une fociété de ce pays une alliance particuliere avec des Ennemis,qui déchiraient lefein de leur patrie;quand on les voit au contraire décrier lesFrangais jufques dans lesfervices mémes qu'ils nous (*) Perfonne n'a plus brillé, ou pour'mieux dire, n'a fait plus de bruit dans cette carrière que VOuderwetfcbe Neder, landfcbe Patriot. Ce n'eft pas qu'il ait furpaffé fes co«freres, par les charmes & la magie de 1'éloquence; mais c'eft, qu'il a procédé avec une impétuofité ou plutót une impu. dence quj les autres fe font bien gardés d'imiter; car ils ont toujours fu couvrir leurs defleins pervers, d'expreffions modérées & doucereufes, afin d'infirtuer le venin avec plus de fécurité. VOuderweifcbe Patriot n'a pas eu cette referve ou cette adreilè. II a répété a la lettre contre les Francais, toutes les horreurs des détradeurs anciens & raodernes de cette nation. II n'a pas même caché ces uotions abfur. des & injurieufes qui ne font répandues que pirmi la plus vile populace d'Angleterre. Qusndil apu déterrer des matériaux propres è noircir les Francais, il n'a jamais été délicat fur le choix. Les préjugés les plus groffWs, les bruits les plus abfurdes, les documens les plus fufpecli, tout alors lui a paru bon , authentique , inconteftable. Dans fon 14 No. il avait, comme nous 1'avons déja fait remarquer, (No. 44. p. a86.) voulu alarmerlesefprits crédules & fuperftitieux, en leur faifantaccroire que la FranceSavait, «n i688,formé le projet d'exterminer tous les Proteftans de ce pays par les mains des Catholiques, & qu'il n'était pas hors de pro. babilité que Mr. de Vergennes n'eüt C0119U le même projet, •yoyez fon No. i4. H était impoffible que dans un tems oü les efprits commencent fi fort a s'éclairer fur la religion & fur la politique, ce lache impofteur ne lüt relevé vivement. II avait fourni des armes contre lui en publiant une lettre qu'il difait avoir étéjetée dans la bolteaux poftesl'an 1688, oü le complot de la France pour exterminer les Proteftans était révéié par un foi-difant Catholique. On lui a demandéla preuve de 1'authenticité de cette lettre. II a pris Ie parti fingulier, mais toujours analogue è fon impudence mal-adroite, de donner 1'adrefle d'une raaifonde la Haye oü teus & un chacun pourraient en avoir rinfpeclion; comme li l'exiftence même de cette lettre anonime prouvait la réalité du complot; comme fi un complot auffi abfurde, auffi > atroce  ( 169 ) nous rendent; peut-on douter qu'il n'y ait dans ce pays , une cabale venduc aux intéréts de 1'Ennemi ? On demandera adtuellernent comment cette cahale aurait eu dans la République une influence affez funefte pour nuire a, 1'adminiftration des affaires générales ? Rien n'eft plus facile a prouver. On ne peut nier que le fyftême de cette cabale n'ait été combiné avec beaucoup d'adreffe & de génie. On n'a qu'k lire les principaux ouvrages écrits en fa faveur, & furtout le Politiek Vertoog. On ne peut nier qu'un grand nom- atroce que celui de faire périr la plus forte & la plus nombreufe partie de la nation par la plus petite & la plus faible, eüt pu être corcu par une Cour auffi éclairée que celle de Louis XIV; comme fi, en prouvant même que cette lettre anonime aurait été trouvée dans la bolte aux poftes, le 31 Décembre 1688, il n'en réfultait pas plütót un préjugé terrible contre quelque Proteftant fanatique, ou quelque ambitieux Machiavelifte, de ce tems-la, qui, pour parvenir a fes fins, aurait voulu jetar des foupcons contre les partifans d'une religion dont les partifans auraient paru fufpe&s a. fes vues. Mais quel affreux deflein que celui de chercher aétuellement a prévenirle public par des inipofiures odieufes, contre une narion qui ne s'annonce envers nous que par des traits de bienfaifance & de générofité ? Ce ne font pas les feules impoftures de cet inlame Ectivain que 1'Auteur du Politieke Vertoog ne rougit pas d'appeler eftimable,uüle, &c. II inféra dans fes feuilles je nefaisquelle lettre tirée de laGazette de St. Chrillophe vifiblementcontr'ouvée, paree qu'elle tendait au méme but d'infpirerdes foupcons contre Amfterdam & la France. Enfin, il a porté ia mal-adrefle del'impofture jufqu'è donner pour authentiqueun difcours du DocteurWitherspoon, prononcé, dit-il,dans le Congrès. Si quelqu'nn pouvait avoir encore quelque penchant a croire qu'une déclamation contre les Frangais, ait pu être faite en plein Congrès, qu'il vienne, non a la Haye, mais chez le Libraire de cette feuille, on lui communiquera des preuves authentiques pour convaincre 1 'Ouderwet'febe Patriot d'impofture, furce fujet; comme on 1'a déja convaincu de caloranie, en le réduifant au filence quand on la fommé de prouver les crimes exécrables qu'il attribuait a 1'Auteur de cette feuille. L 5  C 170 ) nómbrede nos citoyens, méme dans!Ia claffedes plus puiflans n'aient un penchant particulier pour les intéréts de PAngleterre , foit nar Ia part qu'il ont dans les fonds Anglais; foit 'par entétement pour les vieux préjugés religieux ou politiques. On ne peut nier qu'il n'y ait de ces perfonnes dan* les plus hauts & les plus importans emplois de 1'adroiniftration , des départemens . foit légiflatif, foit cxécutif. Pour peu qu'on connaiffe Pefprit humain, ne fait-on pas combien il eft porté a fuivre dans ces occafions, fon penchant plus que fon devoir? Nc peut-il pas arriver que des Adminiftrateurs, aveiiglés paree fyftême & par les fophifmes de fesdéfenfeurs, s imaginent que notis ne faurions trop tót renouer avec PAngleterre? Cette idéé n'eft.elle pas propre k mfluer fur leurs procédés? L'adminiftration générale ne peut-elle pas s'en refientir, fans qu'on puifle découvnr la trame ourdie en fecret contre 1'Etat ? On yient d'arrêter un jeune homme, convaincu du crime affreux de haute-trahifon, Cet exenpb montre fuffifamment combien les Etats de Frife & d'autres membres refpeclables du ;corps politique ont eu raifon d'affurer qu'il devait y avoir des Traftres dans le pays. Nous ne connaiffons pas ce miférable, qui n'a pas atteint fa vingtieme année. Si jeune encore, comment fe trouve-t-il parmi ceux qui, fuivant les expreflions des Etats de Frife, ne'craignent pas de porter lepoignard dans le fein de leur tendre mere? II s'appelle De Witte. II appartient aune familie honnête: fon Pere était Architcclede la ville d'Amfterdam. Suppofons ce jeune homme élevé dans les principes des Anglomanes. Suppofons qu'on lui ait fait fucer les principes répandus dans YOudervoetfcbe Patriot & dans les autres Ecrivains de cette cabale: les Anglais feront k fes yeux nos alliés naturels & les plus fermes remparts de notre religion & dé notre liberté. 11 fera perfuadé, d'après nos Auteurs Anglomanes, que nos intéréts étant efléntiêllement liés avec éeux del'Angleterre nousdevionsfouffrirpatiemmentlesoutrages & les injuftices qu'elle nous faiföit; que la moindre démonftratiön d'impatience,: & le penchant fi naturel aux nations comme-aux individus, de fouhai- ter  ter du mal a ceux qui nous en font, était, comme 1'affure 1'Auteur du Politiek Vertoog, un crime puniffable- aue nous devions renoncer k nos droits les blus Vacrés pour plaire a cet Allié; que nous navdons aucun befoin d'entrer dans la Neutralite-armé-- aue la violation du terntoue a St. Martin , CC renlevement du Convoi du Comte de Byland, n'étaient pas des offenfes diplomatiques; quenous avons été entrairiés dans cette guerre par la cabale de la ville d Amfterdam & le délit de trois ou quatre citoyens, téméraires ou pervers, auxquels on ne fauraitinfliger yne punition trop rigoureule ; que la France. & a ville d'Amfterdam font les ennemies naturelles de la République; que le progrèsde nos liaifonsavec 1 Amerique & de nos vigoureux efforts pour retablir notre marine , pouvant devenir fatal a I'Angleterre , il conviendrait de lui fournir tous les moyens de nous forcer k la paix particuliere la plus prompte, fis memea la néceffité de faire caufe commune avec elle contre la France, qui ne cherche qu a nous aneantir' & contre les Colonies rebelles quinemanqueront pas'de s'élever en nous écrafant; fi elles peuvent par* venir a' faire reconnaitre leur Independance._ ünhn, funpofons ce jeune homme nourri des Ecrivains nationaux, qui font éclater publiquement leur douleur fur la vittoire de York-town, fur la reprife de ht. Euftache & de fon Convoi & des Colonies de Deme•arY & d'Effequ'ebo ; & n'ont pas fu cacher leur ioie fur la malheureufe affaire du 12 Avnl: honne!es Citoyens, j'en appelle a la portion commune de uRement qui n'a pas été pervertie par les préjugés; De voyez-vouspas tous, le peu de dffiance qu'il y a de ces principes a la réfolution d'entretenir correfpondance avec 1'Ennemi, pour favorifer fes projets? Une tête jeune & faible verra-'t-elle 1'horreur de fon crime dans cette occafion? ' On a donc lieu d'être étonné de ce que 1 autorité publique prend moins de précautions; pour empêcher la difféminadon de ces fortes d écrits; S n'en prend, pour interdire des brochures ou SS zélés paSotes,dans des momens d'attendriffe-  C 172 ) ment & de dérefpoir fur les maux de leur patrie, ne peu« vent quelquefois retenir leur indignation contre 1'admimuration & les adminiftrateurs? Mais la furprife ceiTe, quand on réfléchit combien la cabale An« glomane eft puiffante, excepté parmi la portion Ia plus nombreufe & la plus«faible qui n'a ni emplois èeipérer,ni fondsen Angleterre. Or. fi un grand nombre de nos admimftrateurs font dans ces principes, eft - il étonnant que 1'on voie fi peu d'effets de la direftion générale? Eft il étonnant qu'on foit toujours porté è févir contre ceux qui n'ont d'intérêt que celui de Ia Patrie, & non contre le parti qui ne ceffe de s'intéreffer pour 1'ennemi ? Remarquez-vous, chers Concitoyens, que les Auteurs de tous ces projets probibitifs ne prennent en général Ia défenfe que des Princes de la maifon d'Orange ■ quoiqu'on infulte journellement a Ia mémoire des Bar^ nevelt, des De Witt & des autres grands hommes dont les noms ne font pas moins chers aux vrais Bataves que ceux de plufieurs Princes , Comtes ou Stathouders qui nous ont fait paycr bien cher par leur conduite ambitieufe ou tyrannique,les Services qu'ils ont pu nous rendre par leurs talens militaires. (Warde un filence abfolu fur 1'indécence avec laquelle le Grand Barnevelt eft traité par 1'Auteur de la Ricbeiïe de la Hollande; fur la maniere injurieufe dont les De Witt font traités par 1'Auteur du Politiek Vertoog \\ fe. rait fingulier que des perfonnages , conftitués en dignité pullent fouler les hommes par une conduite arbitraire ou tyrannique, fans qu'il füt permis de montrer aucun reffentiment, & que le tombeau même qui doit lever le voile de leurs aélions les dérobat encore a la jufte vengeance de la poftérité Prétentionfinguliere, abfurde, inconnue, même dans les pays les plus defpotiques ! II eft furtout une chofe qui rend plus dangereu- fe, i (*) On a vu dernierement un des plus faraeux Profeffeurs de Ia première Univerfité de cette République, fouremr'en public que louer Barnevelt &De Witt était une par. miné dont il devait chercher a garantir les jeunes • gens connés a fe» foins.  C i73 ) fe la cabale dont nous venons de oarler ; c'eft qu'elle a fu former de tous fes principes, un fyftême combiné avec tant d'art & repréfencé par lesmeilleurs Ecrivains du pav?, d'une maniere fi infidieufe, ouil faut être bien a'ffermi dans les bons principes, pour fe garantir de la féduftion-, fyftême d autant plus dangereux, qUe fes partifans en repréfentent notre Stathouder comme un des plus fermes protecteurs; infinuation calomnieufe, qui n'a pas peu contribué a expofer ce Prince éclairé & patriote aux forties iniurieufes de quelques enthoufiaftes. üui: Pidée nrétendue qu'il protégé les principaux partifans de ce fyftême fait que fon zele connu pour e bien de la patrie, ne peut le dérober aux foupgons & a la haine d'une nation dont il devrait être 1'amour par les qualités de fon cceur & de fon efprit. Le patnote éclairé qui ne fe laiffe pas éblouir par les fophifmes, le nésociant qui fent la réalité des outrages de la nation Anglaife, plus que la force des arpmens éblouiffans.imaginés pour les pallier, gémiffent fui le fort dc la patrie : ils pouffenc des cris de fureur contre ceux qui voudraient lesramener au joug Ang'ais, fous le titre fpécieux d'alliance. Le la ces divifions cruelles, ces débats fcandaleux, ces dénonciations infames qui expofent cette malheureufe République k la rifée des autres nations & qui tenteront lelprit du premier ambitieux qui voudra 1'envahir. Le deplorable état des chofes, dont les deux parus jet-tent le blame l'un fur 1'autre, dans 1'impoflibilité d en nier la vérité, ne montre-t-il pas la néceffité dadopter enfin des maximes invariables de conduite , cc de diriger vers cet 'objet toute 1'économie de la machine politique? k ., • Eft-il donc étonnant, d'après ce tableau que nonfeulement le peuple, mais encore plufieurs des adminifirations fuprêmes, non-feulementlagenerahté de la nation, mais auffi les étrangers, aierit conga les not:ons les plus odieufes fur notre République & fur la maniere dont elle eft admimftrée De latent que des membres de la confédération refufent de fournir leurs conungens; puifque, difent-ils, ou nen  C 174 3 fait aucun ufage ? De Ia vient qu'un des peuples lés plus riches de 1'univers qui, dans fa détreife même. eft en état de fournir des fecours pécuniaires aux Royaumes les plus puiffans, cherche vainement des reffources pour fe fauver lui-même. De la vient mais nous fuivrons une autrefois cette faible efquiffe, vos plaies & vos maux; qu'il importe de connaitre avant de penfer a lés guérir. Lettre de la Cour de la Hollande, aux Seigneurs Etats de Hollande &" de Weft.frife. La Haye, le 17 Sep> tembre 1782* Nobles, Grands £? Puiffans Seigneuru Nous nous trouvons aujourd'hui dans l'ebligation de porter 1'attention férieufe de V. N. & G. P. fur un objet qui nous parait étre de la derniere importance. Le ProcureurGénéral de cette Cour a porté de tems a aurre a notre connaiuance, ia licence extréme qui regne afbellement dans Ia compofition & la diflribution d'injurieux & féditieux libelles; nous donnant en même tems a connaitrej qu'il prévoyait peu de fruit des efforts de la juftirJe pour réprimer cet abus, 3 moins que V. N. & G. P. n'y interpofent leur autorité. En effet, la licence de la preiTe eft ponée ï un tl haut degré qu'on aurait de la peine a fe le perfuader dans une République oü i'oft veille au maintien du bon ordre. Nuu-feulement on publie par la voie de f impreffion, des chofes qui devroient être dérobées a la connaiflance du public; mais on juge & 1'on apprécie la conduite du Souve rain, de la maniere la plus libre & la plus indécente. L'jf femblée de V. N. & G. P. & les différens membres qui la compofent, les Régens des Villes & tous ceux qui ont quelque part a la direétion des affaires, font calomniés & expofés a Ia rifée publique. Le Sgr. Stadhouder eft infulté „ calomniö d'une maniere inouie; & la méchancetda cet égard a été fi loin, qu'on a fait contre fon illuftre perfonne les imprécations les plus hotribles: que même on a flétri de la maniere la plus ingrate la mémoire de fes prédéctffeurs, en oubliant les fervices fignalés qu'ils ont rendus a la République, ou en les repréfentant fous un jour odieus," „ Souvent méme on a fait dans ces fortes de libelles les eöbrts les plus ctiminels pour exciter une fédition parmi les boas  < 175 ) bonshabitans du pays; tandis-que d'autres de qes produc. tions, quoiqu'en apparence écrites avec plus de modératioa, n'en font cependant pas moins dangereufes. L'impudenca de plufieurs rédacteurs de. feuilles publiques va fi loin qu'ils ne craignent plus d'annoncer ouvertemer.t dans leurs Gazet, tes les libelles les plus fcandaleux & les plus atroces, Sf que' même ils en recommandent la lefture; quoique cette audace a placer dans leurs Gazettes ces lorres de libelles & ces Écrits féditieux, de même que des réfolutions & propofitions foit des Etats, foit des Villes, en les accompagnapt des.réflgxions les plus odieufes, n'ait pas peu contribué a femer 1» difcorde, è échauffer les efprits, a exciter le mécontentement parmi le peuple, ces Gazettes devenant dangereufes i proportion qu'elles font plus ou moins répandues. Nous ctoirions faire tort k la fagefle & 3 la pénétration de V. N. & G. P., li nous voulions leur faire envifager les fuites fuT Heftes que fait appréhender une. telle licence. Elles concevront d'eiles-mêmes que cette licence ne tend qu'4 mauiles» ter publiquement on manque de refpect pour la juftice, un mépris des placards de V. N. & G. P., & au renverfement de tout bon ordre, en infpirant aux h&bitans une méfiance dans 1'adroinifiration, occafionnant des troubles, & jetant parmi les fujets de la Rép. des femences de difcorde & de fédition, «u. grand détiiment de cette même Rép. & desdus iU)^S'cependant, quelque funefte & crtminelle'que foir cet. te 'licence , avec quelle indignation que V. N. & G. P. 1'envifagent, nous ne pouvons nous erapêcher de craindre que nombre de perfonnes ne fe foient formé Pidée que cette licence pourrait aller impunément fon cours, & que même elle ferait tacitement approuvée. Les conféquences de cette fauffe opinion feraient fi dangereufes pour tes'ïntérêts de la juftice, fi attentatoires a 1'honneur de V.N.& G. P., que nous , a qui le maintien de la juftice la confervation de la dignité du Souverain fontfi folemnellemenc confiés, ne pouvons plus cacher a V. N. & G. P. qu il nous parait être plus que tems, & que V. N. & G. P. doivent a la juftice , au bon ordre, a Ia tranqmlhté des habitans de ces pays , a 1'honneur • du Sgr. Stadhouder-Héréditaire, & de ceux qui ont part è Ia direclion des affaires &des régences des Villes, qu'elles fe-doivent_a elles. mêmes, enfin, en conformité de ce.qui a été pratiqué cidevant en pareilles occafions, de faire émaner de nouveau un placard rigoureus contre ces fortes de libelles & écrits  (i48; fttitiques , de manifefter la liaute indignation qu'elles en ont concue , & de dorner par la une preuve éclatante qu'elles font très-éloignées de voir d'un ceil indifférent, que des fervices fignalés, rendus ci-devant a la patrie, foient payés d'ingratitude; que le Ser. Stadhouder qui fa trouve a la téte de la direction des affaires, foit expofé par des écrivains calomniateurs, au mépris & aux outrages du public ; que 1'honneur de beaucoup d'autres perfonnes & celui des Régens auxquels le manïment des affaires eft confié, foit attaqué indignement, & que les habitans foient excités a la révolte." „ Une pareille démonftration publique de 1'indignation de V. N. & G. P. pourra, felon notre opinion, fervir non-feulemtnt a réprimer une licence qui eft parvenue a fon comble, mais encore a difliper Ia méfiance que ces libelles & ces écrits fatiriques ont fait concevoir aux bons habitans contre les adminiftrateurs de la Rép. A ces caufes, nous avons cru ne pouvoir nous difpenfer plus longtems d'offrir en toute foumiffion, mais en même tems avec tout le férieux que 1'importance de la nsatiere exige, a la confidération de V. N. & G. P., fi elles ne trouveraient pas bon de faire émaner un placard, dans leqnel, en même tems, & par d'autres moyens, que dans leur fagefle elles jugerontconvenables, it foit pourvu efficacement a réprimer la licence de Ia preffe & des feuilles publiques." Sur quoi, &c. Ces Feuilles périodiqufs paraiffent réguliereraent, tous les Lundis è Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbot; a Haar. lem, chez Walree; a heide, chez Luzac & van Damtne & Les Freres Murray ; a laHaye , chez J. van C/eef Detune, vanDrecbt & La Veuve Staalman; a Gouda. chez Van der Klos; aRotterdam, chez Bennet &Hake, & D. Vis ; 4 Dordrecht, chez Bluffè; a Deventer, chez leemhorst; a Groningue, cbez Huyzingh; aNimegue, chez Van Goor; a Arnhem, chezlroost; a Bois-le Duc, chez J. H. Pallier , aHambourg, cbez J. G. Vircbaux & chez les princlpaux Libraires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N°. XC. LUNDI, ce 23 OCTOBRE, 1782. CHAPITRE LV. Reflexions dècentes fur les efforts tentés pour faire mettre des bofnes d la liberté de la preffe, par la Cour , de Hollande, par fon Alteffe Sêréniffime le Prince d'Orange êf par les Officiers de Marine. Lje Prince-Stathoudef a rémis le 7 de ce möisi L. H. P. un mémoire juftificatif de fa conduite, en qualité d'Amiral-Général, particulieremect depuis la guerre avec les Anglais. Ce mémoire, néceffairenjent trés-volumincux, a Caufe du grand nombre de pieces juftificatives dont il eft accompagné, ne parok pas encöre en public; mais voici la teneur d'une lettre qui a été remife en méme tems par le Stadhouder aux Etats-Généraux. Hauts & Puiffans Seigneurs. „ Nous nous trouvons „ aftuellement en état de 1'atisfai.re a 1'eagagement que nous M „ avotii  C 173) ,", avons pris fur nous,il y a quelque temps,de mettre fous „ les yeux de V. H. P., & par la fous ceux des Confé„ dérés, le tableau fuivi de nos efforts & de nos opéra„ tions avant & pendant les troubles intérieurs & exté,, tieurs qui menacent la patrie d'une ruine irréparable; & „ «fin de laiffer dans les regiftres des délibérations de V. „ H. P., ainfi que dans ceux des Seigneurs Etats de tou„ tes les Provinces, un monument éternel de nos vrais „ deffeins & de notre amour pour la Patrie, auffi bien „ que de Ia fauffeté des foupcons & des défiances que „ 1'on chercHs & infpirer depuis longtemps, & avec trop „ de fuccès; contre les intéréts de la République, a une „ nation au fein de Iaqiielle nous fommes nés & élevés, „ dont les intéréts font les nótres, & dont la profpérité „ & Ie bonheur, inféparablement liés è ceux de notre „ Maifon, forment conféquemment une partie & même „ la plus grande partie de notre bonheur perfonnel. Nous „ avons été obligés non - feulement d'entrer dans beaucoup „ de détails qui étoient requis, pour répandre le jour né„ celTaire fur toutes nos actions & fur nos opérations, „ confidérées dans leur eufemble, (fans quoi il n'eft pas „ poffible de porter un jugement fain fur les defleius & „ fur la conduite de qui que ce foit;) mais encore de „ rappeler a V. H. P. & aux Seigneurs Etats des Pro,, vinces refpeétives, diverfes & même plufieurs circon» „ ftances qui ne leur font point inconnues: Et comme „ nous nous fommes propofés de rétablir cette confianee „ réciproque , & de faire revivre cette harmonie , fans ,. lefquelles il eft impoffible de fauver la patrie du dan„ ger imminent oü elle fe trouve, nous avons cru devoir nous garder foigneufement de toutes réflexions quipour„ raient donner occafion a de nouvelles animofités, ou a la „ diminution des égards & de la confidération que fe „ doivent entre eux, ceux qui ont part & la régence du „ païs. Par ce même principe, nous nous fommes abfte„ nus de relever telles expreflions & remarques par Pu„ fage defquelles, dans plus d'une réfolution, propofition „ & lettres, on a manqué a cette difcrétion néceflalre Si „ 1'égard de notre perfonne. Nous nous fommes fimplement bornés 3 Pindication des faits & des évenemens qui pourront convaincre tout homme impartial, non. „ feulement parmi nos contemporains, mais encore dans » Ia  C m ) „ Ia poftérité non prévenue , que fi notre conduite eft „ jugéa n'avoir pas procuré tour le bien poffible , au „ moins nos intentions ont toujours été pures & n'ont „ eu d'autre vue que ce que nous avons cru & croyons encore étre le plus convenable aux vrais intéréts de la „ patrie. Comme nous ne doutons point que le mémoire „ dans lequel nous avons coropris le récit détaillé & fui„ vi de nos principales «pérations, & en particulier de tout ce qui a rapport k Ia marine de 1'Etat, ne réponde „ parfaitement a notre deflein, nous penlbns auffi devoir „ attendre des feminiens patriotiques & équitables de V. „ H. P., que, conjointement avec les Confédérés, elles „ voudront concourir avec nous a tarir la fource d'ovj font dérivés ces troubles & ces diiléntions inteftines, „ avant qu'il foit trop tard, par des mefures effieaces & „ convenables , contre les efforts puniifables qui rendent „ de jour en jour non-feulement a renverfer la forme ac „ tuelle du gouvernement, mais encore a détruire les fon» „ demens de 1'adminiftration." A la Haye, le 6 Oclobre 1782. Plus bas. De vos llautes Puijjances 1'obéïiTant Serviteur. CSigné.-) GUILLAUME, Prince d'ORANGE. „ Surquoi, ayant été délibéré , Mrs. Ies Députés des Pro. vinces refpectives ont pris copie de la fufdite lettre & mémoire pour être communiquée plus amplement a leurs pruil* cipaux." Le Prince Stadhouder affiftok a 1'affiemblée des EtatsGénéraux, du 7 de ce mois, dans la quelle il remit a L. H. P. le mémoire dont on a parlé & la lettre qu'on vient de lire. On verra par les pieces qui fuivent, ce qui fe paffa encore dans cette féance intérellante. Extrait du régiftre des Réfolutions de L. H. P. les Etats des Provinces-Unies, lundi 7 Oflobre 1782» S. A. S. Mgr. Ie Prince d'Orange & de Naffau ayant M 2 com-  C 180 ) comparu a PafTeaiblée, a communiqué a L. H. P. une re* quête qui lui a été préfentée par tous les Officiers du pavillon & Capitaines de cet Etat qui fe trouvent it la rade du Texel, par laquelle ils fe plaignent, dans les termes les plus forts, de' plufieurs papiers-nou velles & de feuilles périodiques dans lefquels fe trouvent des termes déshonorans & offenfans contre tout le corps de la marine; comme fi, les Officiers de ce corps ne s'acquittoient pas de leur devoir, dans 1'ordre requis'& én conformiié de leur ferment. Ces Officiers déclarent en méme temps, qu'en cas qu'il ne füt pas pris des mefures contre ces libelles diffamatoires, ils fe croiroient dans la néceffité abfolue d'abandonner lecommandement a d'autres. S. A. S. le Prince Stadhouder a déclaré „ a cette occafion, qu'il devoit convenir de 1'équité desdites plaintes, comme fachant par expérience combien il eft fenfible, après avoir fait tout ce que le devoir exige, d'être resdu fufpeét auprès de fa nation , & a en conféquence très-fortement appuyé le contenu de la requête, &démontré la néccffité d'étabür enfin les ordres nécefl'aires contre les forties infultantes & les pafquinades qui paroiffent journellemenr." Voici la teneur de cette requête. A. S. A. S. Mgr. le Prince d'Orange & de Naffau , Stadhouder-Pléréditaire, Capitaine & Amiral-Général des Provinces-Unies dis Pais-Uns &c. &c. &c, ,, Donnent refpectueufement a connaitre les fouffignés Officiers de paviilon & Capitaines au fervice de ces Provinces, qu'ils ont dü reffentir pendant toute cette campagne, non-feulement que tout le corps des Officiers de Ia marine s été infulté, d'une maniere flétriffante & injurieufe dans plufieurs papiers nouvelles & feuilles périodiques ou hebdomadaires; mais encore que plufieurs Ecrivains fe font permis d'aecufer la conduite de diverfes perfonnes des plus notables de leur corps, favoir Mts. le Vice-Amiral Hartfink, les Contre-Amiraux Rietvelt &.van Kruynen, & le Capitaine Story: Que les mêmes Ecrivains s'étaient permis 1'an. née pafiêe de blamer & condamner le Contre-Amiral Zout. man, lequel a donné depuis des marqués fi éclatantes de fon courage & de fa conduite. Ces mêmes auteurs de feuilles ont chercbé a rendre fufpeétes de faufleté les déclara. tions desdits Officiers, fans qu'il ait été pris, malgré Patter». te légitime de -ces derniers, aucune mefuie contre ces li- belle»  C 181 ) belles diffiimatoires. Les fouffignés penfent, avec Ie refpeét convenable, qu'ils ont néanmoins fatisfak , autant qu'il a été en leur pouvoir, aux ordres exprès de V. A. S,,pour caufer tous les domraages poffibles a 1'ennemi, autant du moins que 1'état acluel de Ij marine Ta permis; d'autant qu'on n'a pu avec juftice s'attendre qu'une marine tombée en décadence, & au rétabliflement de tequelle on n'a irsvaillé avec activité que depuis peu d'années, pot être en état de faire tête a un puiffant royaume qui' depuis un grand nombre d'années n'a ceflé d'augraenter & d'araéliorer la fienne- lis font en outre pleinement perfuadés, (foit dit avec refpeét,) que pour s'acquitter de leur devoir en dignes &braves Officiers, de même qu'en fujetspatriotes, i!s n'ont pu employer d'autres rooyens, ni en pius grand nom bre pour le fervice du païs, que ceux dont on a fait ufage ; que toutefois ils s'étaient flattés jufqu'ici, qu'il ftrai! émané du Souverain des ordres pour prévenir la publication ultérieure- des libelles injurieux, ainfi que pour punir ceux qui ont ofé inculper divers Officiers de rang en les nommant par leurs noms dans leurs écrits; mais que Mrs. les requérans fe voyant trompés dans leur attente & continueileuient attaqués d'une maniere fenfible dans leur honneur, lequel, en qualité d'Officiers, doit leur étre & leur eft vé» ritablement plus piécieux qu'aucune autre vue ou ictérét quelconque; confidérant en outre que les fuites & les conféquences de ces infultes ne peuvent étre que de les priver emierement de la confianee de la nation; & qu'enfin ils fe trouvert expofés, tant a 1'égard de leurs perfonnes que de leut état, a des rencontres ttês-défagréables, ils doivent déclarer ouvertement, que fe trouvant encore uitérieurement attaqués de la même maniere par des infultes & des pafquinades iniatnes, ils fe voient, par leurs principes d'honnenr, dans la néceffiié d'abandonner le commandement des vaifleaux de cet état, dont ils fefont fait honneuriufqu'ici, & de les remettre a d'autres perfonnes, en la direflion defquels les habitans monrreront cette conthnce dont on cherche a les dépouiller d une maniere fi leandaieufe. Pour ces raifons, les fouffignés fe trouvent obligés de s'adrcfler ö V. A. S. comme l'Amiral-Général des Provinces-Unies, & conféquemment chef du corps des Officiers de la marine. Inftruits du zele reconnu de V. A. S. pour les intéréts du païs & de fes feminiens favorables pour le maintien de M 3 la  la marine en particulier, ils fupplient, avec tout le refneft convenable , qu'il plaife a V. A. S. de porter leur préfeme requête, confidérations & demandes refpe&ueufes contre les écrits offenfans qui font sujourd'hui fi multipliés; de mettre ladiie requête fur la table, & fous les yeux de L. ft. P. de la maniere qu'elle jugera la plus convenable , con. formément a fa grande fagefl'e, & de 1'appuyer de fa haute & puiiïante interceflion. " Ce que faifant &c. Nous fommes &c. &c. Signé A. Hartfinck , L. Comte de Byt.wd, IV. van Braam, J. H. van Kingtbergen, J. van Hoey, J. P. van Braam, J. Stavorinus, C. H. Mulder, E. C. Starin" J R. C. Comte de Rccbteren, M. M. de We/deren, A. "ff. C Staring, P. J. Hooft, A- A. Bofcb , T. A. Meuren , L. Aberfon, A. IV. Willinck, S, Story. „ Sur quoi avant é:i déübéré, il a été trouvé bon & arrêté que copie des fufdites propofuson & requête fera envoyée aux Seigneurs Etata des Provinces refpeftives, avec priere férieufe de donner, chacun chez foi, les ordres réceffaires & de prendre des mefures, pour que la grande licence des gazetiers & des ecrivains de feuilles périodiques foit prohibée & qu'il foit procédé conformétcent aux placards des Etats contre le« auteurs, imprimeurs & diftributeurs des libelles diffamatoires & pafquinades qui parailTent juurnellement." II y aurait beaucoup a dire fur cette Requête des Officiers de Marine, ainfi,que fur celle de la Cour de Juftice. Mais que pourrions • nous ajouter è ce que nous avons dit fur la liberté de la preffe ? Ainfi nous nous bornerons a répéter les réflexions que la publication de ces documens, effentiels pour l intelligence des affaires actuelles, a fait naitre. Nous n'avons, fans doute, rien a craindre en hafardant de les répéter; puisque les membres du pouvoir légiflatif, n'ont pas encore jugé è propos de déférer aux follicitatiqns des différens Auteurs de ces adreffes. / • ' •<■ La décadence de laMarineeft-elleuneraifona alle* guer? N'a-t-elle pas acquis des forces depuis l'année derniere que les mêmes Officiers fignalerent leur valeur  C 183 ) * leur au Doggersbanc ? II ne ?.'agit pas de leur'demander ce qu'ils onc fait avec une Flotte de 100 navires qu'ils n'avaient pas, comme on 1'avait dans les tems des de Witt & de Guillaume III, mais ce qu'ils ont fait avec le peu de forces qu'on leur a confié. On n'eft pasétonnédeliredans cetteRequète les noms des fix Capitaines, van Weideren, Staring.'t Hooft, van Braam, Rechteren & Bofch qui ont oppofé des excufes fi fingulieres aux ordres de fe rendre a Breft; on n'a pas été fur pris non plus d'y voir celui du Capitaine Story qui fe trouvait impliqué dans la derniere affaire arrivée en Zéelande; mais on ne revient pas de la furprife caufée a la vue des noms de Byland, Kinsbergen & d'autres fur lesquelsja eenfure publique n'a pas encore mordu. Faut-il chercher la folution de cette énigme dans la répugnance qu'avaient ces Officiers d'obéir au Souverain, en fe rendant a Breft ? II eft; bien fingulier, a-t-on dit, que la Requête des Officiers paraiffe juftement dans le tems oh ils ne pouvaient obéir aux ordres du Souverain, 1'on peut aiouter, & aux vceux de la nation? Ne dirait-on pas qu'ils ont voulu enchafner les plumes de leurs concitoyens a qui leur conduite étonnante ne pouvait manquer de fournir un objet de cenfure? N'aurait-il pas été plus courc & plus convaincant d'expofer aux yeux du public les obftacles qu'ils ont rencontrés, dans 1'exercice de leur zele patriotique & de déduire les raifons qui devaient confondre les détraéleurs de leur conduite? A quoi ferviraient de nouveaux Edits prohibitifs fur la publication de pamphlets & brochures fatyriques & calomnieufes ? Les Etats n'en ont-ils pas déja publié un affez grand nombre? Les peines les plus féveres n'ont-elles pas été décernees contre les Auteurs de libelles diffamatoires? A quoi fervirait un nouvel édit dans ua tems de trouble & de divifions ? Ce qui ferait profent a la Haye ferait bien accueilli a Dort & vue. vtrfa' W li M 4 -11  ( 184 ) II ferait fingulier que tous ces efforts viflblement dirigés pour ne faire taire que les langues d'un feul parti vinffent a réuffir, pendant qu'on garde un filence profond fur la licence effrénée des Ecrivains du parti contraire (*). Les tribunaux feraient-ils fermés k ceux qui voudraient procéder judiciairement, contre les detracteurs de leur réputation? Un tel foupcon ne ferait pas feulement injurieux; on peut affurer qu'il eft: défiitué de tout fondement, & qu'il n'eft pas un tribunal oh 1'on ne fatisfit ceux qui demanderaient vengeance conti eunéatteinteportéea leur réputation; au cas que Ie filence ou une apologie ne leur paruffent pas des moyens fuffifans pour terraifer la caiomnie. Le farcafme le plus fanglant qu'on ait lancé contre la Requête de la Cour de jufiice, c'eft d'en faire paraitre la première pubücation dans la Gazette de Diemer .meer, contre laquelle elle paraiffait princi» palement dirigée. Aufii, dit cette Gazette, en parlant de Ia démarche des Officiers, il y a apparence qu'elle ne réuffira pas mieux que la multitude des requêtes préfentées par les Négoeians, afin d'obtenir les convois, pour lefquels ils ont payé réguliere, ment les droits qu'on leur a demandés. II eft vrai que la proteftion accordée aces efforts contre la liberté de !a preffe par le Prince d'Orange, doit y donner un grand poids. Mais il avoue luimême qu'il eft partie intéreffée; on ne peut que le |ouer d'être fenfible aux traits lancés contre fa perfonne : (*) Voyez h Requête du Sleepers-Gild, celle des Danfeurs decorde &c \ la Lanterne magique , & toutes ces cnricarures. grofiiercs & burlefques oü les Régens les plus refpeétables, Jes Membres! meme de Ia Souveraineté, du Corps politique, enfin le carsctere facré des Ambafladeurs, révéré partout, & qu'on n'offrnfe pas impunément, même en Angleterre, font traduits. & bafïbr.és avec Ia derniere indécence par des plumes qui ne cefl'ent de tracer les louanges dé lamaifprj d'Orange & des Anglais.  C 185 ) fonne: cette fenfibilité fait honneur a fon ame: imig ce Prince verra lui - même fi fon mémoire apologétique, dont tout ie monde attend la publication avec impatience,& qui fans-doute eft fait de maniere k perfuader tous les efprits, ne fera pas un bien plus grand effet qu'on ne peut en attendre de toutes les inquifitions cenforiales. Dans un pays; libre, on ne décide pas toujours les chofes fur Ja dignité de la perfonne qui les propofe ; on examine auffi; leur nature, leur objet, & la tournure qu'eiles prendront. D'après cet examen, il eft fort douteux fi une prohibition aura le fuccès défiré. L'honneur des. Officiers eft la portion la plus précieufe de leur emploi; c'eft ce que nous avons remarqué a peu prés dans les mêmes termes; mais un placard contre les libelles injurieux, a-t-il jamais garand l'honneur de perfonne? Cet honneur confifte dans les aclions ; le Souverain aurait beau vouloir régler le jugement du public a cet égard; on n'a pas oublié ces deux vers d'un Poëte fameux. Envain contre le Cid un Miniftre fe ligue Tout Paris pour Cbimene a les yeux de Rodrigue. II eft vrai,que 1'Etat eftlui-même intérèfle k 1'honneur des Officiers qui font a fon fervice; mais il aurait beau chercher a le maintenir, par une défenfe d'écrire ou de parler contre eux; cette précaution ne reuffirait jamais aufii bien que la publication du compte rendu de leur conduite. II eft bien douloureux, il eft vrai, pour de braves gens qui fervent fidelement la patrie, d'être en bute aux farcafmes, aux calomnies de leurs concitoyens; mais y feraient-ils moins expofés quand on briferait toutes les prefles du pays? En France,oü la preffe eft furveillée d'une maniere fi rigide, la Cour eft-elle en état de défendre la réputation des Officiers, de ceux même qu'elle protégé? On n'écrit, peut-être, pas des brochures fatyriques contre eux; M t mais  mais les vaudevilles les plus mordans, les chanföns les plus cauftiques volerit de bouche en bouche & font des bleffures fouvent incurables. Louis XV luimême n'a-t-il pas été cbaflfonnéfur le Pont-neuf? Quoique la voix publique foit génétalement affez juffe dans ces fortes d'occafions; on ne peut diffimuler que le mérite eft queiquefois auiTi 1'objet de la fatyre & de la caiomnie. Mais, dans ce cas, des édirs pour ench&fner les Iangues & les plumes, n'auraient iis pas un effet contraire a ce qu'on fe propoferait? Quand il s'agit de détromper le public un expofé fidele de faits que perfonne ne peut contefter, n'eft-il pas un moyen plusefflcace que tous les édits prohibitifs? Nous-mêmes, qui ne pouvant fervir la patriede 1'énée & fous les drnpeaux d'un baraillon régulier, avons arboré 1'étendard des volontaires. pour la défendre avec la p'ume, quelles pasquinades injurieufes & gr< ffieres la fureur de 1'envie ou 1'efprit de parti ne fait - il pas circuler jonmeliement pour nous faire tomber la plume des mains? Nous nous croirions indignes de la noble caufe que nous avons époufée , fi des attaques auffi méprifablcs faifaient fur notre efprit d'autre effet, que de nous engager a redoubler d'efförts, pour foutenir jufqu'a la fin les principes que nous avons adoptés. Au Politique Hollandais. Votre feuille étant lue par un grand nombre de perfonnes qui cherchent a fe former une idee de la fituation générale des affaires, '& les difcuffions particulieres qui entrent dans votre plan, vouséloignar.t trop fouvent d'un but auffi vafle, j'ai cru devoir vous communiquer le réfultat que j'en tracé chaque femaine pour ma propte inftruclion: il me femble qu'un pareil cadre renfermant fous un feul point de vue les principaux traits noyés dans le déluge des feuillespubliques, pourrait fouvent fervir de bouf- folc,  < 187 ) fok, non - feulement aux négocians, aux capitaliftes & aux fpéculateurs qui s'intéreffent dans les fonds étrangers; mais auffi aux perfonnes Cbargées de négociations politiques: je ne me flatte pas d'avoir des lumieres aflez fiires pour attetndre un but auffi important; intis tel eft celui de mes obfervations; c'eft au public a juger a que) point j'ai réuffi. Je vous préviens d'avance que je n'appartiens a aucune feéte, faction, ni cabale ; & que n'ai aucune prétention a 1'efprit; & c'eft par 14 que j'ef. pere d'attirer la confianee générale. Coup d'ceil fur 1'état aüuel des affaires générales. Les Pays-bas Unis , étant le pays qui nous intérene le plus, feront le premier objet de notre attention. Cette République parait avoir renoncé a toute guerre au dehors, mais elle eft menacée de fe voir la proie des horreurs d'une guerre inteftine. Les deux partis qui la divifent font aótuellement a contefter fur un point important: il ne s'agit de rien moins que de favoir fi le reproche qu'on fait a la République, fur fon inaétion, eft fondé: le pouvoir légiftetif parait croire en général, qu'on na pas exécuté les ordres qu'il a donnés, ni tiré parti des refiburces qu'il a fournies: le pouvoir exécutif, ayant le Stathouder a fa tête, aflure qu'on a fait tout ce qu'il était poffible de faire dans les circonftances préfentes: il ne nous appartient pas de juger entre d'aufli redoutables champions, un procés auffi délicat; il eft k fouhaiter qu'ils s'accordent a 1'amiable , fi, toutefois, la rupture n'eft pas irréparable: & fi la maladie n'a pas atteint ce période oh il faut des remedes vio* lens, pour rétablir 1'économie de la machine. En attendant, on ne faurait trop rappeler aux chefs des deux partis 1'exemple terrible de la Pologne. On attend avec impatience comment le Roi de France prendra la finguliere défaite qu'on lui a donnée fur fa demande de dix vaifleaux, afin de for-  ( 183 ) former, conjointement avec quelques vaiffeaux de Ereft , une efcadre pour quelque expédition tendante a 1'avantage des deux Etats, contre 1'Ennemi commun. II parait bien difficiie de concilier leRapport fait par fon Alteffe, que la Flotte ferait préte a fortir dans les commencemens deSeptembre, avec la déclaration faite vers la fin du méme mois par fix vaiffeaux de ligne, qu'ils manquaient de vivres, de voiles, de cordages, & de caréne. On attend avec impatience des éclairciffemens fur deux déclarations auffi contradicloires. Pour augmenter la divifion & nos maux, il a fallu que 1'affaire du malheureux de Witte réveill&t un ancien conflit fur 1'étendue de la jurisdiélion militaire: les Etats de Hollande n'ont pas attendu que ceux de Zéelande réclamaffent leurs droits, comme Souverains du Pays qui était la Réfidence du délinquant .& devait êtrele théatre de fon crime;-fous prétexte que la Cour de Juftice de Hollande eft la méme pour la Zéelande, & que la trahifon méditée contre rille de Schouwen pouvait avoir des fuites fur celle de Goerée qui appartient a la Hollande, les Etats de cette Province ont évoqué le coupable a leur tribunal; mais le Prince d'Orange foutient que le Confeil de Guerre eft fon juge compétent. Puiffe ladécifion de cette affaire, terminer enfin un conflit dangereux & donner lieu de fixer les bornes des parties contendantes! LA'NGLETERRii vient de recevoir d'une main fupérieure un échec qui peut caufer un dérangement confidérable a fes projets. Elle avait dégarni fes ports & fes cótes pour envoyer des fecours aux Héros de Gibraltar. La Flotte de la Jamaique, dont elle attendait les renforts, pour équipper les vaiffeaux qui lui refiaient, n'a apporté que des débris: car on peut donner ce nom au petit nombre de navires & d'hommes qui ont lutté contre la fui;eur des tempêtes & font arrivés dans un état plus propre a recevoir des fecours qu'a en donner. Si la Flotte du Lord Howe éprouve un autre échec de  C 199 ) de la main des ennemis,' quelle refïburce reftera» t-il k ce Royaume? 11 étale, il eit vrai, un tréfor de bonnes nouvelles srrivées de 1'Inde; mais le Gouvernement a-t-il ófé en publier d'autres que celle d'un Convoi de fept vaiffeaux , efcortés de deux navires de guerre arrivés, le 31 MarsaMadras; & celle du départ de la Flotte Francaife , de la Có«i te de Coromandel ? La fameufe lettre de Carleton & Digby fait toujours beaucoup de bruit; le Miniftere ne peut la défavouer, comme d'ignorans fpéculateurs l'ont cru. Ainfi I'Angleterre parait avoir déclaré, d'une maniere affez haute, affez formelle, 1'Indépendance de 1'Amérique. On eft étonné que cet exemple n'influe pas fur la conduite des autres Puiffances, furtout fur celles qui.compofent la Neutralité-armée. On ne peut nier que la Déclaration de 1'Indépendance Amèricaine dans les Paysbas-Unis, n'ait contribué beaucoup aux déterminations des Miniftres Britanniques. Ceux qui avaient prévu ce changement de fyftême ont donc bien vu. On ne doute plus que le Parlement Britannique ne donne fa fanrftion'a cette démarche. Mais fera t-elle un effet puiffant fur la conclufion de la paix? Les Etats - Unis de l'Ameriquk n'ont pas témoigné , k la nouvelle des difpoficions exprimées dans la lettre de Carleton & Digby, les difpofitions qu'on arendait d'une démarche aulfi humiliante. Ils ont répondu froidement, a la notificadon de leur Indépendance reconnue, non comme une condition qui fuivrait la paix, mais comme un de fes préliminaires effentiels; qu'ils n'avaient reeu aucune information de leurs Miniftres refidaHt en Europe a ce fujet & qu'en attendant ils chercheraient a pouffer; la guerre avec la plus grande vigueur. Ils n'ont fans doute pas befoin d'efforts extraordinaires pour affurer leur exiftence & leurs poffeflions: 1'Angleterre parait vouloir abandonner, toutes les pointes de terre, oh elle dent encore, dans le territoire des Etats • Unis; elle leur abandonne voioncairemenr, Sa-  ( 190 ) Savannah, la dernkre place qu'elle avait dans fa Georgië, cette fortereffe ou les armées Francaife & Amèricaine avaient vu échouer leur courane & flétrir leurs lauriers. II parait que Charles-Town ne tardera pas è leur être abandonnée de la méme maniere. Les Anglais ne veulent fans doute garder New-York, que pour conferver un lieu de rehkhe entre les Indes Occidencales & le Canada, & furtout, pour conferver la facilitéd'entretenir les Américains dans 1'attachement aux manufa&ures Britanniques, le feul & le principal fruit que les Anglais retireront d'une prompte paix. La Francs eft loin d'avoir pris toutes les précau* tions poffibles, pourretirer de cette guerre, un aes principaux avantages qu'elle avait lieu d'en efpérer; celui d'infpirer aux Américains une forte inclination pour les productions & les rnanufaêtures Francaifes. Peut-être ce gouvernement n'a-t-il pu vaincre le' caraétere de la nation Francaife, qui n'eft guere propre au comrnerce en grand. Les Francais s'attachent trop au préfent, pour pouvoir jamais devenir une nation fyftématiquement commereante. Ils perdent leurs correfpondans, en voulant trop gagner dans les commencemens; ils dérangent le cours de leurs affaires, en fe retirant du comrnerce, dès qu'ils ont gagné fuffifamment pour mencr une vie tranquille & heureufe. II eft impoffible de calculer combien ces idéés, qui tiennent aux moeurs nationales, ferviront a tourner, a la paix, la direétion & les avantages du Comrnerce Américain vers I'Angleterre & la Hollande. On dirait que la France ignore combien le Comrnerce influe fur la puiffance politique. Auffi parait-elle avoir tourné fes vues vers la conquéte des lfles Antilies & vers 1'expulfion des Anglais de la cóte de 1'Inde L'Espagne doit beaucoup h la France, fans qu'on appercoive dans les fervices de cette derniere, un but marqué d'intérêt préfent ou futur, qui cependant a toujours été le grand mobile des tracsaclions po-  { 191 ) politiques. C'eft une queftion qui ne tardera pas \ être réfolue après la paix, s'il ne convenait pas a la France de voir Minorque & Gibraltar entre les rnainsdel'Anglterre, plutót que dans celles des Ffpa* gnols. Ou ne peut douter que la France ne leur fournilfe des fecours férieux & importans. C'eft une fuite du pafte de familie. On ne pouvait moias faire pour une Puiffance qui n'a guerre allégué d'autre prétexte de' la guerre, que ce pafte, dont la préponderance des Anglais plus que les liens du fang avaient ferré lesnceuds, qui fe relacheront naturellement dès que la paix aura affuré la perte de cette prépondérance. Quand on connait le caractere ferme & opiniatre du Roi d'Efpagne, on fe fiatte peu de voir la fin du fiege de Gibraltar, a moins qu'il ne foit affuré de recouvrer par lapaiscefieuron de la couronnc, auquel fon honneur eft plusintéreffé que fon avantage. Le fiege de cette fort'erefiea peutêtre plus coüté que jamais la cour n'en retirera par une pofieifion de deux milie ans, Cette Monarchie avait encore jeté fes vues fur un fleuro:i plus précieux de 1'ancienne Monarchie tifpagnole, la Jamai'que. On a lieu d'être étonné de l'indifférence des autres Puiffances Européennes fur cette union étroite de la France & de l'Efpagne, pour chaffer abfolument les Anglais des deux Indes. Ces deux Puiffances ne trouveront jamais une aufii belle occafion de reprendre è I'Angleterre, les dépouilies dont elle s'était parée a leurs dépens. Ainfi va le deftin des chofes humaines. De toutes les ennemies de I'Angleterre, la plus maltraitée , la plus capable, peut-être, de lui porter des coups terribles, la Holande, eft la feule qui, loin de'tenter des conquêltes, n'a pas même fu fe tenir fur la défenfive. La Rus.me, depuis Ia retraite du Comte de Pannin, femble incliner pour les intétêts Britanniques Cette Puiffance paraft irritée contre les Etats Généraux, paree qu'ils ont refufé fa médiation qu'ils étaient dans l'impollibilité d'accepter. Cette Puiffance . ' a  a beaucoup perdu de fon crédit, depuis ce changement de fyftême. Quel róle brillant ne joueraitelle pas encore, fi commencant par déclarer 1'Indépendance de 1'Amérique a la tête des autres Membres de la confédération-armée, elle propofait fa médiation, pour terminer les différends des Puiffances Belligérantes, dont la conciliation apportera néceffairement de grands obftacles a Ia prompte conclufion de la paix! Ces Feuilles périodiques paraiffent régulieretnent, tous les Lundis a Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbot; d Haarlem , chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Ba mme, & Les Fr er ei Murray ; d laHaye , chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt & La Feuve Staalman i a Gouda, chez Fan der Klos; a Rotterdam, chez Bennet &Hake, & ï>. Fis ; a Dordrecht, chez Bluftè; a Deventer, chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzingb; aNimegue, chez Fan Goor; d Arnhem, chez Troost j dBois-le Duc, chez 3f. H. Pallier , d Hambourg, chez J. G. Fircbaux & chez les principaux Libtaires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N°. XCI. LUNDI, ce 4 NOVEMBRE, 1782. LETTRE au Politique Hollandais pour fervir de fulte au CHAPITRE L. fur les affaires intérieures de la République, Avez-vous remarqué , Monfieur, les feenes étonnantes que nous reproduit le thédtre des affaires aftuelles? Malgré les brouillards & les orages qui couvrent 1'atmofphcre de notre République, je ne défefpere pas d'en voir fortir un jour plus pur & plus ferein. Ce qui me confirme dans mon attente, ce font certaines circonftances que 1'on chercherait inutilement dans nos annales les plus reculées. A-t-on jamais vu aucun de nos Stathouders, obligé, comme Guillaume V, a folliciter le bras de 1'autorité légiilative, pour mettre un frein aux libelles publiés contre fa perfonne & fon adminiftration ? A-t-on jamais vu aucun de nos Souverains, Princes, Comtes, Seigneurs ou Stathouders, interpellé par la nation, a rendre compte de fa conduite? A-t-on jamais ofé fouilier, comme on le fait a préfent , dans les fondemens des fociétés pour y trou- Toms IV. N ver  C 194 ) ver les devoirs des Adminiftrateurs & les droits des Citoyens ? A-t-on jamais ofé foutenir, comme a préfent, que la liberté de la preffe ne pouvait dépendre d'aucun tribunal ou fentence arbitraire, mais ne devait avoir d'autre frein que les loix ? On ne peut diffimuler que des procédés qui font naitre des doutes fur le patriotifme, les lumieres ou les principes d'un Prince auffi intéreffant par fa naiffance, fa jeuneffe & fes bonnes qualités, ne doivent attirer 1'attention générale; la pofition du premier Citoyen de cette République ne peut manquer de toucher le cceur de tous ceux qui ne fónt pas dépourvus de fenhbilité ; on ne peut s'empêcber de vouer lesfentimens de la plus vive indignation a ces confeillers pervers qui égarent les meilleurs Princes. On ne peut faire aucun reprochea ceux'. qui, dans ces circonflances facheufes, obligés de choifir entre 1'intérêt de la patrie & ies ménagemens düs au premier Citoyen de 1'Etat, n'önt pas balancé pour le premier parti. Combien n'eft pas^t plaindre le fort dc ces hommes qui, nés pour gouverner une nation übre, ont le malheur d'être élevés dans les pril cipïs qu'on infpire aux Monarques abfolus! Les queftions preffantes des Etats de Frife , de Zéelande & de Hollande , fur ia non-fortie de la Flotte,dévoüent de plus en plus lefyftéme de la cabale vendue a 1'Ennemi. Obligés a la fin d'avouer qu'ils n'ont pas fait tout ce qu'ils pouvaient faire, on entend leurs défenfeurs réduitsè pailièr cette conduite fous ces pretextes odieux, s'ils étaient fondés: „ La République, difent-ils . a tenu Ia conduite la plus fage en fe conciliant la reconnaiffance de 1'Angleterre pour n'avoir pas fourni a fis Ennemis des fecours efficaces contre elle; fans avoir manqué a la France contre qui elle aurait pu fe déclarer, en faifant caufe commune avec fon Ennemi/' Nous avoueronsque nous avons notis-m?mes entendu fouvent des Anglomanes réduitsaéchapper par cette  C i£>5 ) cette hontaifidéfaire, qui, fi elle était fondée ne ferait proprequ'èréunircontre une politique auiïi perverfe^ auffi perfide, les.puiffances mérne qu'elle pré'end c:énager, &. è fiere frcmir tous lesvrais patriotes'. Les Réfolutions des Etats de Frile, de Zéelande & de Hollande prouvent que nous avons frappé au hut , en montrant qu'on devait bomer les infor. rriations a la conduite des Officiers: nous avons dit, jleft vrai que le rapport de S. A- mettaic fa bonne foi au deflus de tout foupcon; mais il n'était pas encore- queftion qu'il interviendrait pour défendre cette conduite: il n'eft pas méme a préfumerqu'illefaffe; quoique les mal-intentionnés répandent qu'il eft de connivecce avec eux dao^ cette affa're, 11 eft vrai que le Prince a pris fortement a coeur la Requête des Officiers : mais il n'appartient pas è un fimple particulier de porter fes rcgards téméraires fur les aétiens des perfonnes pub'iques,a moins qu'il ne foit bien inftruit di;s particularités qui fontle mobile, de leur conduite. Ainfi nous nuus bornerons aux réflexions queiesdernieres circonftances ont fait naitre aux Souverains du pays. Nous ne pouvons fuivre des guides plus fürs. Diins la Propofition pu le Rapport, que Mgr. le Prince Stadhouder fit, Son Alt. Sér. dir, en le tertninant, „ qu'elle était prête a envoyer a 1'Efcadre de la République, particulieremént pour fa fortie, tels ordres que L. H. P. jügeraient a propos, ayanc fait tenir tout pret pour les exécuter fans perte de tems, dès que vent & marée le permettraient." Cependant 1'on aappiis sucommeucement de cette femaine, que les 10 Vaifleaux de ligne, qui avaient recu 1'ordre de fe rendre a Brefr, n'avaient pu 1'exécuter, n'étart pas prêis & manquant de Vivres , Voiles , Cordages &c. Ce délai fi inattendu ayant catifé la plus vive fenfation a 1'Alïeinblée des Ëtats de la Province, qui a fait ici fon ouverture le 22 du mois dernier, le Quartier d'Ooftergo y poita le 12 du courant une Pro. pofition, dont voici la traduélion. Comme il al paru par les deux Mémoires remis le 31 Septembre & le jour fuivant par M. le Duc de la Vauguyon a Son AlteiTe, que Sa Majefté le Roi de France, en vertu du Concert doat on eft convenu , avait deraanN 2 dé,  dé que dix Vaifleaux de ligne de la République fufïéK envoyés a Breft a 1'époque préfeute, (la fe*le, qui en offre la poflibilité par 1'abfence de la Flotte Angloife de la Manche,) afin d'y agir de concert avec les Vaifleaux du Roi contre 1'Ennerni; ie Quartier d'Ooftergo a vu av c la plus vive lenfibilité par Ia Lettre du Membre qui a sflifté de la part de cette Province au Comité-fecret, adreffée le 8. Oétobre au Secrétaire des Etats, que ce deflein falu» taire (comme a toutes les occairons précédentes, lorfqu'iï s'eft agi de porter dommage a 1'Ennemi) a de nouveau écboué; notammant que S. A« i'Amiral-Général de 1'Union avait déclaré dans le Comité - fecret de L. H. P. le 7 Octobre précédent, „que les Capitaines de fix Vaiffeaux de ligne avaient écrit a Son Alteffe, que,manquant de Vivres, de Voiles, & de Cordages, & leurs Navires ayant befoin d'être carénés, ils fe trouvaient hors d'état d'obéir aux or. dres de S. A. S. pour fe rendre è Breft." Le Quartier a donc cru, dans une affaire de n giande importance & d'une perfpeftive fi dangereufe, ne pouvoir refter tranquille, mais devoir foumetrre a la férieufe confidération des autres Quarliers, „ s'il n'eft pas abfolument nécèflaire de la prendre a cceur a tous égards, & par conféquent d'écrire & S. A. as nom de la Province Ia Lettre fuivante ? " 1 Se're'ni ssime Prince, Nous avons appris avec une vive douleur par la Déclaration que V. A. a f aite le 7 dans le Comité - fecret , qu'il «e pouvait être fatisfait a Ia Propofition, faite par M. t'Ambaflaceur de France a V. A. le 21 Septembre dernier, afin qu'il fut envoyé dix Vaifleaux de ligne a Breft, pour fe joindre a ceux de Sa Majefté ; paree que les Capiiaiues van Welderen, Staring, V Hooft, van Braam, Recbteren, & Bos, avaient déclaré , que leurs Vaiffeaux étaienr hors d'état de remplir les ordres de V. Apourfe rendre h Breft, maDque de Vivres, de Cordages, de Voiles de rechange,& que la plus part de leurs Vaiffeaux avaient befoin d'être carénés." D'après les ordres, que V. A avait donnés, lors de fa préfence fur la Flotte, fuivant la Propofition de V. A. du 1 a Septembre dernier, „ pour que les Capitaines & Comman. „ oants de Vaifleaux fufleut pourvus de tout & fe tinflent prcts k fortir au premier ordre ,\ „ nous nous élions flat» tés  C « 97 ) ïcs que, du moins a cet égard, il n'y aurait point de caufe de reiardement. Nous femmes donc extremément furpris, qu'en faifant ce rapport aux Députés de L. H. P. Votre AltefTe n'ait donné aucune ouverture de la caufe de cemanque, ni a qui 1'on en doit attribuer 1» faute, la oünous arrendions avec raifon ces ouverturss de la part de Votre Alteife, a'.aqiielle. comme Amiral Général de 1'ünion, doivent s'adreffer & font envoyés fans doute les rapports de 1'état de la Flotte de la République & de chacwn des VaiÉ feaux qui la compofent. Nous ne faurions nous difpenfer de faire, par la Préfente, a Votre Alteife, outre les difncultés propofées ci deffus, les Queftions fuivantes; Comment il eft poffible, que ces Vaifleaux, qui, fui. vant les Tableaux de la Marine, avaient été mis en Commiffion jufqu'au i. Mai 1783, manquent a préfent de Vivres, puifque le tems de leur fervice n'eft pas fi prêt d'expirer, & que les Vaifleaux ont été renferraés (poi:r ainfi dire) tout le tems dans les Ports ;qu'ainfi le* Capitaines, qui fenls font tenus de pourvoir leurs Equipages de Vivres, pa. roiflent avoir eu une occafion complette de remplacer de tems en tems ce qui leur manquoit?" „ Comment il eft arrivé, que ces Vaifleaux, quidevaient s'attendre journellement a recevoir 1'ordre de fortir & par conféquent a un Combat avec 1'Ennemi, qui même avaient déja recu a cet effet les ordres de Votre Altefle.aientmanqué de Voiles de rechange & de Cordages, vu qu'en cas d'A leur tranrfport. Pendant q-ue la politique anne les Monarchies abfolues pour forcer une Monarc n'e limicée a donner en Amérique 1'cxifi.ence k de no-ive-ies Répubiiques, on voit ces Mocarchids abfulües-. diminuer en Europe le nombre des Etats libres* La deftruétion du parti démocrarique" a Geneve contraftera toujours avec ies fecours- donrvr- Ais Américains. 11 eft très-doureüx, fi cette deftnic-, tinn convenait a h politique des Puiffances qui l'ont effedluée. Le Roi de Sard ligne ne fera pas celui qui perdra ie. mrsüis a la révolucion que Geneve vient d'éprouver. Ecoutons les voyageurs lesplus inttruks» ,. La meilleure fureté, dit Mr. Moore, en parlant de j, Geneve, qu'ait cette République dé conferver fon j, Indépendance,ertfondée llir la-jaloufie de fe< voi„ fins. Elle n'a point a redoucer le malheur que la Pologne a effuyédepuis peu. «.— Geneve, comme „ Etat, eft un li petit atome, qu'il n'eft prefque „ pas  ( 203 ) „ pas fufceptible d'être divifé. —! II fert cependanE „ d'une efpece de Barrière aux Cantons Suiffes, fur„ tout a celui de Berne qui ne confentirait certaine„ ment jamais a le voir paiTer entre les mains des „ Rois de France ou de Sardaigne. Cette acquifi„ tion ferait de bien peu de valeur pour le premier, & „ il vaut mieux pour le fecond que la République „ refte dans fa pofition adtuelle, libre & indépen„ dante, que fi elle retournait fous fa domination & 3, redevenait fujette aux mémes loix que fes autres Provinces. Cara peine Geneve ferait au pouvoir da „ Roi deSardaigne,que les plus opulens de fesCitoyens „ 1'abandooneraient & fe tranfporteraient,eux,leurs „ families & leurs richeffes, en Suiffe, en Hollan- „ de ou en Angleterre, Le Comrnerce ét les „ Manufadlures périraient avec le patriotifme & 1'in„ dépendance des Habitans; & la ville de Geneve, „ aétuellement floriffante, heureufe & éclairée, de„ 'vieudrait, ainü que les autres villes de Savoye & „ du Piémont, le centre de 1'oppreffion, de la fu. „ perftition & de la mifere(*). Dans cette fituation, „ elle ajouterait bien peu aux revenus du Roi, tan„ dis qu'aétuellement les payfans dc fa dépendance „ fe rendent, chaque jour de marché, en foule a Ge„ neve, oh ils trouvent le débouché avantageux ,, des produélions de leurs métairies: par ce moyen leurs terres ont plus de valeur, & les propriétai, res font plus k leur aife; quoique les impóts y „ foient plus forts que dans aucune autre partie de „ la Savoye. — Par conféquent cette Républi,, que, dans fon état acmel d'indépendance, eit plu9 utile au Roi de Sardaigne qui fi elle lui apparte,, nait en propre. (*) On voit que c'eft un Anglais qui parle. Nate da Politique Hollandais. La fuite au N: procbain.  L E POLITIQUE N°. XCIL LUNDI, ce n NOVEMBRE, 1782. Suite au C H A PIT R E L V. fur la li'mti de la Prejfe. LETTRE aux Editeurs du Politique Hollandais. D'Utrecbt le 3 Oftobre 1782. IJ1 nfin, le parti de la liberté commence a triompher li partout, même k Utrecht Pourquoi n'avezvous pas tenu la promeffe que vous aviez faite, de configner les exemples réceïis qui prouvent combien nos Adminiftrateurs ont de refpeét pour la liberté civile de leurs Concitoyens V II eft, on le fait, des ames, laxhes & tyranniques, deux qualités a peu prés inléparabies, jufque dans 1'ordre facré de 1'adminillracion; mais ce font des int rus que le peuple défavoue pour fes repréfentans légitimes ik que leurs collegues même regardent comme 1'opprobre de leur corps. II eft des Van G.... qui, tour a tour impies ou religieux , Patriotes ou Anglomanes, voudraient s'arroger a eux feuls les prérogatives de la liberté civile. ès que la fortune, la brigue ou la faveur les a élevés a la dignité refpe&able d'Ad ■ miniftrateurs , ils fe croient d'une efpece fuToaih. IV. O pè-  C 2IO ) périeore k leurs autres concitoyens; ils croient pouvoir fe jouer impunément de leurs femblables. Vous fav.z par quels efforts divers un fameux Régent de cette ville a attenté a cet égard fur leur liberté, & comment il a été le jouet & la viétime de fes ridicules projets. Nous ne désefpérons pas de voir qu'ils n'auront fervi qu'a faire ériger la liberté de la preffe en loi d'Etat. Déja on . n'ofe plus en foumettre 1'effor k des arrêts arbitraires, defpotiques. Vou? favez combien la fameufe feuille, intitulée: De Post van den Neder-Rbyn , écrite dans Pidióme national, a contribué, dans ces tems malheureux, a éclairer les efprits fur les vrais intéréts de 1'Etat. Depuis longtems les chefs de parti, dont elle traverfait les vues, vovaient en frémifTant les heureux effets de cette feuille patriotique. Ils avaient tenté plufieurs fois de la faire fupprimer despotiquement. Mais 1'Editeur , ayant répondu qu'il ne fe foumettrait jamais a une punition arbitraire; & menagant, qu'au cas que 1'on tentat de violer fes droits de citoyen, en employant contre lui une autorité qui ne fut pas légale, d'appeler le peuple a fon fecours, ajoutant qu'il était prêt a fe foumettre h toute fentence prononcée par fes juges compétens, on s'eft vu dans le néceifité d'inftituer contre lui des procédures judiciaires. Vous favez cue la perfonne nommée denuis peu par le Stathouder a la dignité de Grand-Bailly d'Utrecht, eft Membre de la légiflation Britannique , en qualité de Pair d'Irlande. Soit que Mylord Athlone ait vu que ce titre étran£er était clans les circonftances préfentes, une pré. fomption contre lui, foit que naturellement doux, jufte & humain, il foit attaché fincerement a la République , fa patrie & celle de fes ancéires , il a montré pendant longtems de la répugnance a entreprendre ces procédures. Réduit enfin, par des coniidéi ations fupérieures , a les entamer , il y a mis toute la décence & la nobleffe de fon cara&ere. On attend avec impatience 1'iffue d'un procés qui intéreffe toute la nation. On fe promet beau- coup  C 211 ) cöup'de la juftice & de 1'impartialité des ju^es ; car vous favez que, quoiqu'U:recnt ibit°véritablemenc une Province dépendante des Stathouders par les immenfes prérogatives qu'ils ont fu s'y procurer , les efprits des Adminiftrateurs même, a Pexception d'un très-petit nombre, n'y font rien moins que les vils efclaves du defpotifme. "lis fentent leur dignité; & les lumieres de la liberté de leurs voifins répandent fur eux leur influence bénigne Qu'il me foit permis de vous faire remarquerècette occafion combien les vraies notions des intéréts de ]a République ont influé fur le crédit des én-es? mal-faifans qui voulaient s'oppofer a leur propaga. tion. Un nom jadis refpedtable, quand ceux quTle fiortaient jetaient les fondemens de la Compagnie des ndes Orientales, eft devenu un nom injurieux, uri opprobre depuis qu'il eft porté par un homme foup. conné violemment d'avoir travaillé a des brochures auffi infames que le Polititiek Vertoog, le Zeven Dorpen in Brand, 1' Oliekoek, la Lanterne Magique; & que 1'Auteur n'a pas rougi de menacer du banniffement, de jouer le vil róle de délateur & d'invoquer publiquement le bras féculier contre quiconque ofait déclarer n'être nas de fon opinion, foit politique foit religieufe. Puifque je fuisfur ce fuiet, qu'il me foit permis d'inférer ici trois remarques, i. fur le Politiek Vertoog , 2. fur 1'Ouder■voetjebe Patriot , 3. fur la Lanterne Magique. Quant au premier (*). L'Auteur prétend qu'étant compofé par un Régent, & le titre du livre étant placé a la fin, a la malC*) On dit que 1'Auteur en a envoyé plufieurs exemplaires en Angleterre. On ajoutemême que queiqu'un en ayant parlé a un Miniftre Britannique & lui ayant expofé comment on y développait les raifons de la Grande-Bretagne ii 1'égard de cetce République, le Breton répondit froidement' qu'il n'était pas furpris qu il y eüt des Trsltres en Hollande, comme dans les autres pays. O 2  C 212 ) maniere des hébreux, il a un caraétere plus refpectable que s'il était fait fous le nom d'un fimple particulier avec le titre placé, chrétiennement, dans fon lieu naturel. Le pouvoir des Membres de la Régence, s'écrie, k cette occafion, 1'Ecrivain des Lettres de Candidus, (voyez fa je. Mifiivepleine d'idées originales & lumineufi-s fur la conftitution de ce pays) avec cette éloquence fiere & hiülante qui caraéiérifc ce jeune Auteur, ne s'éiend pas au- deld ducercleétroit de la folie d'affemblèe oü ils donnent leurs avis, fur les matieres qu'on leur propofé, avis qui ne pajfent même qu'a la faveur de la pluralitél C'ejt doncun trait de la derniere extravagance & de dêlire, de la part de 1'Ecrivain du Politiek Vertoog , de vouloir attacber d fon Ecrit un caractere particulier, fous prétexte qu'il ferait forti de la plume d'un Régent. 11 aurait dü connaitre ajjtz notre gouvernement, pour fe rappeler qu'en entrant dans jon cabinet ,mettant la plume dia main, pour donner au public fon infame libelle, dès ce moment il n'était pai plus que le moindre de fes concitoyens, attendu qu'il n'avait aucune autorifation de ia Régence pour écrire. Et la Régence , bien loin d'avoir rattfié fon écrit, ayant montté par le mépris quelle a fait jentir dl'Auteur, celui qu'elle avait pour l'ouvrage, de quel front cet bomine altier, impêrieiix &■ vain ófe-t-il intituler fon libelle un Papier fecret d'Etat, PAvis, le Mémoire d'un Régent? Occupiez vous un fiege dans la Régence, Monfieur , lorfque vous donnd'.es cet avis ? Qui vous 1'a demandêl A quoi devait-ilJervir? Par la même raifon, vous pourriez nous faire auffi regarder comme papier d'Etat, YOlykoeken in Brand, & il eü pu ajouter, les nombreux morceaux de YQudervoetJcbe Patriot oh 1'on connaft la touche du méme Régent. Ainfi parle cet Auteur, d'autant plus étonnant par fes lumieres & fon jugement, qu'il fort è peine de fon quatrieme luftre Quant a VOuderwetfcbe Patriot, favez-vous le biaisque le digne Régent a pris pour ne pas paffer pour un des collaborateurs de cet ouvrage périodidique? Voulanty inférer un avertiffement jelatif aux in-  C 213 ) intéréts de fon grand in-fölio, il a vu toutes les conféquences facheufes qui devaient réfulter contre lui, s'il paraiffait avoir part a cette feuille. II apris, en conféquence, une tournure auffi maladroite qu'analogue a fa conduite toujours inconféquente Ou ü 1'on veut, il s'eft trahi par fes propres artifices; car la fraude fe décele toujours par quelque endroit. II favait le fcandale qu'avait caufé cet ouvrage infame , au point que le Stathouder, quoiqu'il y foit continuellement loué, l'avait plufieurs fois indiqué parmi ceux dont la licence devait être réprimée. II y avait inféré une longue annonce oh il réclamait contre les contrefaéteurs de YonPoLitiek Vertoog &c.&c. L"rfqu'elle fut prête a paraitre, il inftruifit le public par la voie des Gazettes, que fi les Rédaéteurs de YOuderisetfcbe Patriot, la publiaient au plutót, il fe chargerait lui-même de la donner au public. Mais puifqu'il a fu 1'adrelTe des Rédaéteurs de cette feuille périodique pour leur envoyer fon ouvrage, a-t-il pu 1'ignorer, pour leur faire fecrétement la menace dont il aurait pu fe difpenfer de fouiller nos Gazettes ? II n'a donc voulu que donner le change. Mais, aux yeux des efprits éclairés, fon annonce n'a pu manquer de produire un effet tout contraire au but qu'il s'était propofé. II a échoué dans fon deffein. Une fois, dans votre vie, Mr. le Régent, Auteur de tant de libelles, accordez-vous avec vous même. Si YOuderinetfcbe Patriot eft, felon vous, une feuille eftimable,pourquoi rougiffez-vous de paffer pour y avoir part? Si vousy avez réellement part, comme on n'en peut plus douter, pourquoi héfitez-vous de vous déclarer, même fous 1'anonime qui voile encore, d'une gaze légere, votre véritable nom? Répondez è ce dilemme, li vous pouvez. . Quant a la Lanterne Magique, il faut avouer que le fameux Régent s'eft furpaffé dans cet ouurage; jamais on n'a badinè avec plus de grace, de fineffe, de légéreté. II eft vrai que tout cet édifice eft fantaftique; mais i'idée n'en fait que plus d'honneur au Magicien , dont la baguette puiffante a fu reproduire fuusdesfigures fi grotesques, les originaux mêmes les O 3 plus  C 214 ) plus rerpeftables Nous ne pouvons trop le remercier de nous avoir introduit dans une compagnie, ou fe trouvent tant de vénérables perfonnages: nous fommes fachés qu'il ne nous ait pas confultés; nous aurions pu lui fournir plufieurs traits qui n'auraient pas terni 1'éclat ,de cette produótion briilante. Dans ces fortes d ou» vrages de pure imagination, i! eft des traits qui fouvent feraient plus d'effet, s'ils étaient confervés dans leur vérité primitive, L'exemple duSavoyard, avec fa marmote, eft on ne peut mieux imaginé, furtout dans un tems oh celui qui joue le róle du Savoyard 1'appliquait a fes adverfaires. Mais comme la nation Allobroge n'eft pas moins connue par 1'innoccnce des mceurs que par la difette d'argent; il aurait pu conferver a fon héros un cnraétere non moins intéreffant fans altérer la vérité. Pour rembrunir le caradtere du prétcndu Juif, il était inutile d'inventer qu'il s'était fait un contrat par écrit entre les deux perfonnages. O 1 fait que les Savo. yards font un des peuples de la terre les plus fideles a" obferver leurs engagemens ; on pouvait ajouter quelque chofe de plus piquant au róle du prétendu Juif, en montrant comment il fe prévalut des expreflions tirées des lettres d'un homme bon & confiant, pour s'arroger des droits abfurdes fur fa perfonne & fa liberté. On aurait pu conferver encore la vérité en montrant le prétendu Savo. yard , s'adreffant plufieurs fois au prétendu Juif, pour 1'avertirdefa tranfplantationfuture,ferendant en toute confianee a une entrevue que lui Savoyard avait de. mandée avant fon départ, & le prétendu Juif, 1'accablant de carefies, & 1'arrêtant chez lui en le fai. fant boire dms la coupe d'amitié, jufqu'a ce que les fatellites fuffent arrivés a fa porte, pour enlever le pauvre Allobroge. II eüt encore été inutile de lui faire jouer un róle vil & rampant devant fon perfécuteur : car un Savoyard, trahi d'une maniereinique & perfide, a, comme les autres hommes, toute la fierté d'une ame honnête. II me femble que ces traits, confervés dans la piece, n'auraient rien óté a fon prix:  ( 215 ) prixrau refte, 1'Auteur peut en profiter pour une feconde éditibn. II eft tems d'abandonner le ton du perfifflage. Ce dernier ouvrage, qui viole toutes les loix & toutes bienféances, a dévoilé le but perfide de la cabale Anglomane. N'ayant pu rcuffir a faire mettre des bornes a la liberté de la PreflTe, elle en porte Pabus au dernier excès , afin de forcer les bons patriotes qu'elle déchire avec une indécence trop maladoite pour faire impreffion , a fe prêter auxbornes qu'elle voudrait y faire pofer & les en* lacer ainfi eux-mêmesdans le filet.Mais qu'ont a crain • dre des Adminiftrateurs éclairés & vertueux des vaines clameurs de la calomnie & de la fourbe? Leur vertu, leurs fervices, leurs talens , leur procureront toujours la faveur populaire & Peftime de la nation qui doit leur fuffire & les vanger. Qu'ils fe défient de ces artifices. Qu'ils fe pénetrent de plus en plu* des penfées , qui jufqu'i préfent ont été la regie de leur conduite. i Le premier bien de Phomrne & de la fociété, c els 'ia Raifon. A quoi peut lui fervir ce tréfor ina" préciable, fi des entraves puiffantes viennent lui " en ravir la puiffance? Ce bienfait même de la " nature deviendra Pobftacle le plus funefte a fon " bonheur ,fi doué de la Raifon, il n'en peut faire " ufaae pour en appeler hautement contre tout •- homme qui a violé les droits naturels d'un autre " homme , de la fociété générale , ou les droits paV triotiques d'une fociété particuliere. La précieufe liberté de penfer que nous avons recue de la na" turej & la noble faculté de s'exprimer que nous l1 donne la raifon, font les titres glorieux & facrés qui nous confiituent ce droit. Quelle épouventable anarchie ne régnerait pas dans 1'ordre des êtres moraux de notre efpece, fi quelque génie t malfaifiint, venait dans notre berceau nous arrach"r la langue & nous couper la main, pour nous empêcher de faire voler le trait de nos penfées dans 1'ame de nos femblables, leur montrer Jes a' O 4 bleffu.  C 216 ) „ bleffures qu'on nous a fakes, les prier d'y mettre „ promptement un appareil falutaire, & les avertir „ eux-mêmes de fe garantir de ia main cruelle qui „ vient de nous bieder? Cet ordre folemnel, cet„ te progreffion infaillible, abfoluè, de ia morale „ & de la vérité, feraitnt donc im erven is pour toujours! L'nomme rétregraderaic fur fon exiften„ ce, fur fes relations, fur fes principes, fur fa „ deftination même, pour s'accommoder éternelle. , ment aux infolens caprices de fes Tirans! Non: „ 1'homme e(t fait pour fuivre la marche de Pof- dre, pour obéir aux impulfions de la nature, & „ a celles de la vérité En vain 1'orgueil qui le dé« „ nature quelquefois, Ia paffion qui 1'aveugle de ,, tems en tems, s'oppofeut a fon bonheur & aux „ moyens d'y attemdre; la maffe des caufes & des 3, elfets 1'entraine fans ceffe & malgré lui, vers „ ce grand but moral. C'eft donc une folie pré„ tention, un attentat odieux contre la penfée de „ l'nomme, c'eft donc le priver du fervice de Ia „ Raifon. le dépouiller de fa principale richelfe, „ contre Ia deftination de fon être, cnncre 1'ordre „ immortel des chofes, que de vouloir enchaicer „ fon cceur & fa langue; c'eft lui ravir fes plus no„ bles droits " „ Les Tirans fe font follement perfuadés qu'en „ empêcbant furtout la liberté de la pieffe, ils „ parviendraient enfin k étouffer le germe de la rai„ fon, & les idéés de droit naturel dans le cceur „ des humains. Un homme que je n'ai jamais vu „ envoie un autre homme que je ne connais point' „ & quia, dit il, un ordrede m'enlever mon pain, „ mon lit, mes enfaus, & quelquefois de me traf„ ner moi-méme dans une obfcure prifon, ou de „ m'égorger; & cela pour un prétendu droit poli„ tique, qui me punit, dit-on, d'avoir penfé & „ parlé: on appeiie cela 1'Etat, l'Ordre, la Police „ la Sübordination; & c'eft pour maintenir cet or., dre que 1'on viole les loix les plus- faintes & les „ plus politives de 1'ordre focial! Ou l'nomme eft fait,  C2.7) gj fait pour être libre, ou il eft né pour 1'efcla. vage. s'il eft fait pour être libre , de quel droit „ un homme comme lui prétend-t il le droit dc ., lui ravir fa liberté? s'il eft né pour les fers, „ quel efclave a le droit de tirannifer fes fem„ blables ?" , - „ Partout ou !a preffe n'eft pas libre, Ie peuple ,, eft efclave & le Chef un Tiran. Partout oh 1'on „ craint le génie de la Raifon, & les argumens du ,, vrai droit naturel, 1'autorité eft abfurde & le gou„ vernement inique. L'affirmative ,eft incontefta„ ble Un Tiran me défend, fous peine de mort, j, ou.de prifon, de penfer ou de communiquer ma „ penfée aux autres; le voila jugé; il prononce lui„ méme fon arrêt: il eft coupable ou capable de „ toutes fortes de crimes & d'injuftices ; & c'eft ,, précifément pour cela qu'il craint le flambfau de „ la vérité; mais la poftérité a déja lu fon hiftoire. „ s'il fe contentait au moins de la fueur, du fang, „ & des pleurs d'une foule d'infortunés, Iaches & „ avilis! Mais non, il faut encore qu'il captive leur penfée; qu'ils aient la complaifance de le „ croire un Dieu, s'il veut 1'être; de Ie dire, de „ 1'écrire, de 1'imprimer, tandis que fes aéh'ons „ prouvent, a chaque inftant, qu'il n'eft pas même „ un homme. Oui, je le dis & je le répete, non „ feulement devant une Nation , mais devant tou„ tes: tout gouvernement qui défend la liberté de la preffe, eft un gouvernement ignorant, in„ jufte , criminel, mal • intentionné; qui fent fon „ défaut, fon illégitimité & fa tirannie. Le pre,, mier droit de l'bomme ejt celui d'être ; fon fecond ,, droit eft de penfer é? de communiquer feu penfées." ,, O braves Américains, peuples de philofophes, ,, obfervez bien que vous & vos anciens Tirans „ êtes les feuls peuples réellement libres: fouvenez„ vous que c'eft du fond du nouveau X onde que „ vos exploits, vos vertus & la fageffe de vos „ loix immortalifent, que doivent partir lesfoudres ,, pour confondre les méchans & pour inftruire le O 5 „ refte  ( 218 ) refte de 1'univers. Craignez que 1'infame génie qui a conjuré contre la liberté, le repos de 1'Eu„ rope, ne fe glilfe quelque jour dans votre gouvernement, & ne vous ravilfe le plus noble de „ vos droit?, celui de prouver par 1'impreffion que „ vous favez également fentir, penfer & écrire." Suite du CHAPITRE XXXI. Sur Mr. de Capelle, Seigneur de Poll, £f fur les Sertiitudes jéodales. „ L'Affaire de Mr. de Capelle de Poll eft enfin décidée. La voix du Peuple a triompbé. [Ce courageux Patriote, dont le fort paraiflait dépendre de la décifion des Etats d'Overyffel, aftuellement afTemblés, eft enfin rétabli dans fes Droits & dans fes Fonétions. L'lutérét que fon a pris au Deflin de ce zélé Régent, Victime de fon Courage républicain & de fon Amour pour I'Humanité, [fait honneur a la Nation, & montré qu'elle n'a 'pas encore perdu 1'énergie qui carsftérifait les fondateurs de fon indépendance. Cette Affiiire a fait trop d'éclat & la tournure qu'elle a prife, montre trop les progrès des faines Notions de la Liberté, pour que le Public en apprenne avec indifférénce ï'heureux dénouement. On fait que Mr. de Capelle, ayant pris avec chaleur la défenfe des Payfans d'Overyffel, que les Drofts ou Baillifs affujettiffaient a des Scrvitudes tachetées en deux occafions différentes, fut accufé de Ré. volte & de Sédition, & qu'on lui ferma l'Entrée des Etats, Une multitude de Réclamations & d'Ecrits avaient montré 1'injuftice de cette Exclufion, qui n'allait a tien moins qu'a renverfer 1'ordre des Délibérations, c'eiba-dire le Droit qu'a chaque Régent de s'expliquer librement fur les Affaires publique?. Enfin, les trois Villes d'Overyffel, ayant voix a la Diete,convaincues de la Juftice de la Caufe du Baron, & preffées par le Peuple des Villes & des Campagnes qui fe foulevait de toutes parts, n'ont pu s'eropécher de propofer cette Affaire dans la Diete, affemblée le 24 Octobre. Dè« Ie premier jour, elles y ont porté une Réfolution pour que Mr. de Capelle fut rétabli inceffamment & fans referve d'aucune Procédure. A ces mots, le brave Mr, de Palland, Drofl d'Yffelmuiden, dé- cla.  C 219 ) clara noblement que, quoiqu'ilfüt intérelTé au maintien des Servitudes en qualité de Droft, il ne pouvait s'empêcheE de les regarder comme injuftes ,& qu'il tenait Mr. de Capelle comme ayant tout droit deparaitre dans 1'Affemblée, avec réferve cependant a chacun de fes droits. La Nobleffe n'oppofa pas de difficulté a ce rétabüfTement, a condition que les Villes & la NoblelTe commencaffent inceffamment les Procédures. Les Villes ayant déclaré n'avoir aucune Action a former contre Mr. de Poll, fe refuferent a cet Avis; & cette différence de feminiens menacait de retarder cette Affaire. Mais les Communes-Jurées des villes ayant refufé leur confeutement a un fubfide , la fermentation devint fi vive', qu'il fallut donner quelque chofe aux voeux &au cri du Peuple. Les Villes fe préparaient -a conclure malgré 1'Oppofition du Corps Equeftre; mais celui-ci, voyant la nécefïïté de céder au torrent, prit la Réfolution fuivante." Bxtrait du Regiftre des Réfolutions des Mrs. du Corps Equeftre de la Province d'Overyffel. Z w o l l, 31 Octobre 1782. Après Déliberation il a été arrété de déclarer a Mr. Capelle de Poll que Mrs. de 1'Ordre Equeftre veulent & peuvent bien fouffrir que le Décret' provifoire d'Exclufion dudit Mr. de Capelle de Poll, ainfi que les Procédures décernées contre lui, fuivant la Réfolution del'Ordre Equeftre & des Villes du 24. Octobre 1778, ceffe dès a préfent & quant aux effets, refte nul & fans conféquence : cependant fous cette condition expreffe, que Mr. de Capelle fera obligé d'étendre ia Déclaration faite par lui le 26 Octobre 1778, a Mrs. les précédens Droits & Régens de 1'Adminiftration Provinciale, & le Greffier eft chargé de remettre 1'Extrait de cette Réfolution audit Mr. de Capelle & d'attendre la-deffus fa décifion, afin qu'il foit pris enfuite par L. N. P. telles mefures qu'Elles jugetont convenables. (Signé) P. Putman. Mr. le Baron de Poll ayant recu cette Réfolution y fit la Réponfe fuivante. Monsieur. Je fuis facbé que Mrs. de 1'Ordre Equeftre fe foient, par la chaleur de leur Mécontentement contre ma Perfonne, portés i des démarches qu'ils font enfuite obligés de de-  C 220 ) déïapprouver. Ma Réadmifïïon m'eft une chofe trés-indifférente; je n'ai jamais cherché, ni goüté d'avantage particulier dans 1'Adminiftration, & ce n'eft pas non plus ce que j'y cherche. Même, dès'l'année 1778, au comraencement des Troubles préfens, j'ai fait fous main, afin d'en prévenir les progrès ultérieurs, des offres d'abandonner volontairement une Régence dont j'éiais déjh fatigué; &, Monsieur; fl je pouvais ainfi fatisfaire la Nation qui m'honore de marqués fi nombreufes & fi publiques d'approbation, & qui m'apelle a grands cris a la Régence , je me déchargerais volontiers, je le pratefte, de ce fardeau & je remercierais Dieu de pouvoir reprendre mon ancienne Tranquilliié. Faire des Déclarations pour être réintégré dans l'Aflemblée de 1'Ordre Equeftre & des Villes, & légitimer ainfi ma Dépofnion réelle, c'éft une démarche a laquelle je ne me réfoudrai jamais, Lorfque les Déclarations que je faifais auparavant volontairement, furent rejetées, je les retirai; ainfi elles n'exiftent plus. Cela eft bien connu de Mrs. du Corps Equeftre. Une information folemnelle faite par devoir a ia Puiffance légiflative , touchant 1'abus d'un pouvoir d'une autorité confiée ne faurait jamais être une injure, panicuiierement dans mon cas, étant moi mêmeMembre du Pouvoir Légiflatif; tdtidis qu'en même tems j'ai aufii fur le» Prédécefieurs de Mrs. du Corps Equeftre , du chef de mon Epoufe & de ma Fille qui comptent plus d'un Drost parmi leurs Ancêtres, un intérêt fi grand a cette affaire, que j'efpere que Mrs. du Corps Equeftre voudront bien croire, après réflexion uitérieure, que je n'ai jamais eu 1'in tention d'offenfer aucun d'eux, ainfi que je le déclaré par la préfente, „ Moi, Soufïïgné, reconnais avoir donné de bouche a Mr. le Greffier Putman la Réponfe ci-deffu- a la Réfolution du Corps Equeftre, en daté du 31 Oftobre 1732, qui ra'a été communiquée le même jour." (Sigr.é) J. D, VAN DfcR CaPELLEN tot DEN PoLL, Environ trois quarts d'heurês après, le Greffier eft revenu auprès de Mr. de Capelle, & lui a préfenté a llgner une Déclaration cirée littéraletnent de la derniere Période de fa Réponfe, ajoutant: Que  C Ml ) . „ QueMrr. du Corps Equeftre regardaient le Préambule, comme n'ayant aucun rapport a h fin & f avaient en conféquence omis." Mais Mr. de Poll a prié le Greffier de rapponer a ces Mrs., qu'il lui était impoflïble d'y faire aucun changement; que le Préambule était fi étroitement lié avec la Conclufion, & avait tant, de liaifon avec les circonftances oiiil s'étaittrouvé, ainfi qu'avec ia Réfolution qu'on venait de lui communiquer, qu'on ne pouvait féparer l'un de 1'autre; & qu'ainfi fa Réponfe devait refter telle qu'il l'avait diftée au Greffier. En conféquence , le Corps Equeftre a pris Ie ier. Novembre une Réfolution , par laquelle ces Meflieurs confentent enfin k fa Réintégration. C'eft ainfi que le courageux Baron de Capelle de Poll, -après une Difgrace de quatre ans, s'eft vu rétabli avec 1'éclat le plus honorable, dans le Droit de comparafcre aux Etats d'Overyffel. Et en conféquence, il a cornparu dans cette illuftre Affemblée le meme jour, ier. Novembre, a la grande fatisfa&ion de tous les vrais Patriotes. La fuppreffion des férvitudes féodales, ayant été le prélude de cette réintégration, 1'on efperé de voir renaitre les beaux jours de la liberté dans un pays oü la portion la plus utile des Habitans était privée. de ce bien précieux. Mais comme 1'affaire de Mr. de'Capelle a eu une influcnce finguliere fur les affaires générales , il ne fera pas inurile de remonter aux premières caufes de fa disgrace. La Suite au No. procbain. Coup d'ceil fur les afaires géuérales. Si les fecours démandés k la République par la Cour de France, n'ont pas fait grand tort k 1'Ennemi commun, on peut affurer que le mauvais fuccès de cette demande a porté une atteinte confidérable a la caufe du pouvoir exécutif contre le pouvoir légiflatif. Le Prince-Stathouder ayant montré quil avait donné les avis & les ord-es nécef- faires  C 222 ) faires pour exécuter cette expédition, tout le btème a tombé naturellement fur les Officiers de la Flotte. Les Etats de Groningue & Ommelandes, marchant! a cette occafion, fur les traces de ceux de Frife & de Hollande, ont éclaté contre leur conduite. En parlant de la demande faite par le Vice-Amiral Hartfinck aux Officiers, s'ils étaient prêts pour l'expédition propofée? ils ont fait une obfervation bien jufle, mais^ qui avait échappé jufqu'alors: ils ont demandé s'il convenait de Jubordonner ainfi les ordres êf les mefures concertées tfrég/ées par l'Jmiral-Général avec les Confédérés, au bon p'aifir £f d l'opinion des Officiers de merl Ces Officiers auront d'autant plus de peine a échapper a 1'examen, que les Amirautés (*) d'Amfterdam & de la Meufe ont montré qu'el. (*) On trouve è cette occafion deux articles remarquable» dans le Reglement tot beeter Oeconomie op en in $' Lands Vloot den 20. October 1703. Groot Placaat- Boek V.289. ' Article I. Qu'aux Capitaines & Commandans refpectifs des vaiffeaux de guerre, il foit ordonné a tems, avant la fortie de la Flotte, par les Colleges d'Amirauté de fe pourvoir de biere, d'eau & de bois de chauffage, pour autant de tems qu'il f.-ra praticable, fans de grands empêchemens. fuivant la fnuation des vaifleaux a leurs ordtes, toujours & dans tous les cas, au moins pour le tems de fept feraames, & de fe tenir en outre en éiat d'avoir toujours avec eux des provifions de bouche pom trois mois,acompterdesDunes,fous peine que fi dans quelque tems il s'y trouve un défaut, les riits Capitaines & :Commandans, pour chaque fois deux jours qu'ils fe trouveront ne pouvoir tenir moins que le 'tems prelcrit, de telle efpece que foit le manque oü ils feront , feront punis par le retranchement du payement d'une journée' de chacune des bouches qu'ils ont a bord; & au cas que le dit manque excéderait le terme d'un mois ou environ , eans ce cas les Capitaines en défaut feraient en outre caf. tk',  C 223 ) qu'elles avaient rempli leur devoir, en procurant aux vaifleaux tous les moyens de fe pourvoir fuffifarament des articles dont ils difaient manquer pour cette expédition: la conduite des Officiers a d'autant plus révolté la nation, que plufieurs fe font trouvés le 12, ainfi quatre jours feulement après le terme ftipulé par les Etats-Généraux, en état de mettre a la voile pour le Nord; expédition inutile, car il n'y avait plus de vaiffeaux Anglais a trouver , & les trois vaiffeaux de la Compagnie étaient déja fous la protection de trois vaiffeaux de ligne & de deux Frégates; expédition périlleufe dans des faifons & des mers auffi orageufes, puifqu'un vaiffeau neuf de 64 canons a péri: les regrets que cette perte affligeante a caufés , ont été d'autant plus vifs, que les flots ont englouti avec tout fon équipage, le Capitaine Comte de Weideren , jeune Officier qui promettait beaucoup: accident douloureux, qui a fait tant d'impreflion fur le cceur fenfible & patriote du Stathouder, qu'il n'a pu retenir fes larmes. „ La fés, & le Confeil de guerre, ainfi que tous les autres juges, feront chargés expreflement de faire juftice, fans aucun pardon. Article H. Que par les Comités a choifir desdits Colleges de 1'Amirauté, il fera encorepourvu pour fix fematnes del'eau, de la biere, & du bois de chauffage, pour être tranfportés après la Flotte, ainfi qu'en outre une bonne quantité de toutes fortes de provifions de bouche & de chofes nécefliires, auffi des furtouts, des bas, desfouüers, desche. mifes & des Combaarfes, & a Poccafion auffi quelques ra. fraichilfemens de choux, de caroites, de navets, de prunes, de pommes, d'oignons, & pareilles chofes, les frais que tout cela pourra coüter devant être payés desconfentemens extraordinaires des Provinces refpeéiives pour le maintien des affaires par eau, de forte que 1'achat préfeut "s'eu fafla autant qüii eft praticable,avecréferve de la liberté de pouvoir dans certüins tems Ie reltituer, a condition qu'ils laifleront tomber quelque chofe du prix.  C 224 ) La France & 1'Rspagne viennent d'éprouver un revers, dont Paffront eft plus grand que ledommage, II eft fortdouteux fi le Roe qu'elles affiegent fe ferait rendu, quand le Lord Ho we n'aurait pas réulli a le ravitailler. . L'Angleterre a plus gagné dans cette expédition, par 1'inutilité ou elle a tenu les forces marines de fes plus formidabes ennemis, que par les fecours qu'elle a donnés aux Héros de Gibraltar. Elle a corfervé ainfi la fupei iorké dans les mers de 1'Amérique. C'eft une remarque finguliere, mais vraie cependant, que depuis que la France a pris part aux querelles de Geneve, dont elle avait déclaré ne vouloir pas fe mêler, lafortune, qui commencait a lui devenir tout-a-fait favorable, lui a tourné conftamment le dos. Quoique les évenemens de Geneve n'aient aucune liaifon politique avec ceux de 1'Amérique, les affaires des deux Républiques ayant un rapport moral , il femble que 1'on aurait dü fuivre le même -lyftême a 1'égard de 1'une & de Pautre, & que ccttê confiftancc aurait donné plus de confianee, de crédit & de confidération a ce fyftême. Au refte, puifque les Genevois menacent de tranfporter ailleurs leur induftrie & leurs richeffes, il ne ferait peut- être pas inutile de prévenir les fuites de cette émigration pour laSuiffe, pour la Savoye & même pour la France, en femettant les Genevois dans le même état oti on les a trouvés. Ces Feuilles périodiques paraifTent régulierement, tous les Lundis a Amfterdam , chez J. A. Crajenfcbot; d Haarlem , chez Walree; d Leide, chez Luzac & va» Damme, & Les Freres Murray ; d la Haye , chez J. van Cleef, Detunt, van Drecbt £? LaFeuve Staatman; d Gouda, chez Fan der Klos; d Rotterdam, cbez Bennet CfHake, & D. Fis ; d Dordrecht, chez Bluffé; è Deventer . chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzingb ; d Nimegue, Chez Fan Goor; d Arnhem, chez Troost; dBoss-leDuc, chez y. H. Pallier , d Hambourg, chez 3*. C. Firebakx & chez les principaux Libraires des Pays Bas.  L E POLITIQUE MQZ1JLJLWJDJL1& N°. XCIII. LUNDI.ce i3 NOVEMBRE, 1782. Combinaifon des CHAPITRES L, LI, tjf L'II Sur les intéréts communs entre 1'Amérique'Unie £f les Puiffances maritimes de l'Eurepe. N' [ous avons raifonné jufte, en annoncant qu> la 1'lndéDendance Amèricaine ameneraic néceflairement une déclaration pareille de la part des Anglais, déclaration qui leve leplus grand obltacle a ia paix. s-.e munucic uiu-uum-^ »u.uutré fes difpofitions pour reconnaitre 1'Indépendance Amèricaine ; & quoiqu'une portion nombreufe de citoyens s'éleve avec une fureur effrénce contre cette démarche, les principaux chefs de 1'adminiftration font trop éclairés pour n'en pas fentir les avan • tages. Puifque la Oomination de 1'Amérique eft irrévocablement perdue, on ne faurait prendre trop de préciutions, pour regagner la confianee & 1'amitié des Habitans & pour lesréunira 1'ancienne métropole par les liaifons avantageufes d'un comrnerce réciproque. De la, fans doute ,1'évacuation de la Georgië, de la les ordres donnf s pour celle de la Caroline entiere, politique qu'on eut fan^ doute fuivie a 1'égard deNewy/ork, fi 1'on n'avait jugé devoir la conferver juiqu'a la To.tf & IV. P P*1*  C 226 ) paix, moins comme une place d'armes pour des conquêtes futures, que comme un entrepot, un magazin, pour entretenir les Américains dans 1'habitude des manufaclures Anglaifes. On voit, è n'en plus douter, que I'Angleterre n'a fait les premières démarches pour la paix, qu'afin de s'alfurer des difpofitions & des vues de fes ennemis , & d'agir en conféquence. Convaincue par ces négociations artificieufes que les Francais font auffi jaloux de conferver leurs conquétes, que I'Angleterre le fut a garder celles qu'elle avait faites dans la guerre derniere ; on la verra porter toutes fes vues & tous fes efforts vers les Antilles. Défespérant de recouvrer fes établiffemens des Illes par 1'éloquence des négociations, elle fera les plus gra ds efforts pour les conquérir par ia force. La France & l'Efpagne ne fauraient prendre trop de mefures pour faire échouer cette adroite politique. Mais, comme toutes les Puiffances font également intéreffées aux affaires de 1'Amérique ; il n'eft pas inutile de reprendre enfin les Lettres intéreffantes d'un Américain fur l'écrit intitulé: Penfées d'une Tête froide fur 1'Indépendance Amèricaine , interrompues depuis le No. LXXXlX. „ Mr. Galloway," dit 1'Auteur des Lettres, "eft „ donc lui même 'obligé de dëcouvrir dans cet écrit, des vérités qui tendent a maintenir ie crédit de „ 1'Amérique & a liguer 1'univers entieren fa faveur contre laGrande-Bretagne. L'Amérique," ajoute Galloway „n'a aucun intérèt d s'oppofer dl'amhition des ,, Francais, tant qu'ils Je tiendront dans les limites de „ l'Europe. Sa dijtance & ia fureté qu'elle en tire, ,, la rendra indifférente fur le fort des nations Euro„ péennes. dès qu'elle aura cimenté fes propres forces. La „ profpérité ou la ruine de Royaumes qui ne peuvent „ lui infpirer des craintes par leur pouvoir, ni lui pré„ ter des fecours, dont elle n'aura jamais befoin, feront „ pour elles des chofes également indiffêrentes. Elle ne peut dèfirer d'autres liaifons avec 1'Europe que des :„ liaifons de comrnerce, ces rapports Jeront mieux » ga-  j, garant is dms les mains d'un Alliê que dans celles „ d'un peuple avec lequel elle a d'autres liaifons i ce ft„ ra pour elle une chofe égale; fi la Grande.Bretagne t l'Efpagne',- la Hollande , 1'yJllemagne ou la Ruffie j, font gouvemées par un ou plufieurs Monarqu -s. Ain„ fi parle Ie Réfugié Galloway , partifan fanatique „ de I'Angleterre." ,, II faut avouer que , dans cette occafion, cet „ Auteur a développe les vrais intéréts de 1'Améri- que & fon fyftemê politique, rel' tivement al'e u„ rope & les vrais intéréts & le fyftême de 1'Euro., pe, relativement a 1'Arriérique. Le toutconfifte „ en ces deux mots, paix& comrnerce, A la fin de la „ guerre lors de 1'étahliffement défim'tif de 1'Indépen„ dance de 1 Amérique, il ne peut être de f >n in- térêt d'emrer en guerre avec aucune nation de 1'Europe ; & aucune des Puiffances maritimes ne faurait étre intéreffée a avoir guerre avec elle, fi „ ce n'eft Ia Grande-Bretagne qui ne nous fournit ,, pas des raifons affez plaufib'les pour 1'excepter. II ., n'eft , cependint, pas improbable , que Pefprit „ d'égoi'fme , d'infociabilité & de tvrannic qui 1'a „ entrainée jufqu'a préfent dans le fyftême fatal de 3, faire la guerre a toute nation qui a un commer- ce & une marine confidérabics, ne la porte enco„ re a tacher de détruire la marine des Américains. Si cela arrivé jamais , elle ne réuflira pas ; elle „ n'aura travaillé qu'a fe ruiner." Mais fi 1'Amérique n'a pas d'intérêt a faire Ia ., guerre a aucune Puifiance de 1'Europe, elle en a certatnement a commercer avec toutes; carplus „ les marchés qu'on lui ouvre font nOmbreux & va» riés, plus grandes font les demandes de fes proj, duftions. la quantité qu'elle en debitera: & p'ns „ elle fe procurera, avec aifi-.nce &bo.-. marché, les „ commoditcs du cm . du produit & des m .nufac- tures d'Europe dont'elle a befoin. Au contraire, s'il n'eft pas de Tintérêc d'aucun peuple Européén j5 d'entrer en guerre avec elle, enaebfi d'eux éft re.-tai„ nement intèreffé '4 commercer' avec 1'Amérique: P 2 „ car  C 222 ) „ ear elle a des produ&ions dont chacun d'eux a h©. „ fom; & chacun d'eux a des marchandifes dont el„ le a befoin également: de forte qu'il fe fera un „ trafic avantageux de part & d'autre; en outre, „ chaque Puiffance maritime de 1'Europe doit ta„ cher d'avoir part au comrnerce Américain , afin de „ conferver fa portion dans le comrnerce de 1'huro„ pe, de maintenir fa marine fur un pied égal, & „ de garder fon rang parmi les autres nations mari,, times." „ Cette obfervation, cependant, au lieu d'auto„ rifer aucune nation a continuer la guerre , fuf„ fit au contraire pour montrer aux autres Puiffan„ ces de 1'Europe, le danger qui ies menacerait, „ au cas que les anciennés liaifons entre I'Angleterre „ & 1'Amérique vinffent a fe renouer; & pour faire „ voir en même tems que toutes les Puiffances ma„ ritimes de 1'Europe font intéreffées a maintenir „ 1'Indépendance de 1'Amérique, ainfi que fon vrai „ fyftême de reutralité pour 1'avenir , afin que les „ bentfices de fon comrnerce foient toujours ouverts „ a tout le monde. Quant aux projets ambitieux de „ la trance vers la Monarchie üniverfelle. c'eft une „ chimère qui n'eft plus bonne a rien qu'a amuférles „ Anglais quL dans ce moment de délire, faififfent „ tout ce qui s'offre a leur efprit de plus extrava„ gant, pour fe caulér des chagrins & des alarmes. „ Mais, aux yeux du reftedel'ünivers . cette idéé n'eft » phJ» qu'un objet de rifée. La Monarchie univer„ lelie eft une chofe impoffible a réalifer fur terre; „ mais fur mer peu s'en eft fallu que cette Monarchie Üniverfelle n'ait été établie, cet ouvrage tut „ été confomn.é, Ji la Grande-Bretagne & l'Amérique m Ment rejiées unies. La France ne faurait en for„ mer 1'efpoir; a moins que le délire de la Grande„ hretagne ne füt fecondé par la folie, 1'indolen„ ce & i'inaction des autres Puiffances maritimes au » point de faire tomber tout le comrnerce Améri„ cain au pouvoir de la France, ce qu'on ne faurait » luppofer; au contraire , toutes les nations com. ,s mer-  „ jnei'cantes voudront participer au commerce Américain & augmenter en conféquence k proportion ,, leurs richefies & leur puiffance navales. Nous allions continuer la publication de ces obfervations originales & lumineufes fur les intéréts communs entre 1'Amérique & 1'Europe ; lorfqu'on nous apporte un ouvragebien propre aen montrer la folidité , par des applications tirées de 1'expérience fiir le commerce.de 1'Amérique. On ne peut trop faire connaïtre un ouvrage fi intéreffant dans des circonftances oü chacune des nations maritimes cher» chent, avec un ceil d'avidité , la maniere d'attirer de fon cóié les canaux de ce commerce que la paix doit ouvrir a toutes. Ce Livre eft intitulé: Le Voyageur Américain , ou Obfervations fur tat aütuelf la culture, le commerce des Colonies Britanniques en Amérique ; les exportations é? les importations refpeEtives entre elles & la Grande-Bretagne, avec un état des revenus que cette derniere en retire &c. AareJJées en forme de Lettres au-trèi Honorable Comte de traduit de 1'Anglais: augmentê d\n précis fur V Amérique - Septentrionale & la République des Treize Etats ■ Unis, par Mr. Ja. M d Amfterdam cbez J. Schuring. On nous allure que ces lettres initiales ne peuvent défigner que Mr. Jofeph Mandrillon, qui, livré tout entier a fes occupations de commerce. n'avait encore débuté dans la carrière des lettres que par quelques pieces fugitives, inférées dans les Mercures . & qui déceiaient un efprit délicat & cultivé. (*) Le (*) Preuve de ceei, ces deux vers fi concis & fi pleins II a mis a profit les idéés que cet onvrage lui 'a fait naitre , celles qu'il a puifées dans fon exrérience dans le commerce, &, è ce qu'il parait , dans des leébures choifics fur cet objet, & dans fon propre génie. Après avoir comparé les commencemcns du commerce des Pays-bas-Unis avec ceux des Etats - Américains il jfait cette réfkxion. '*" „ En reconnaiffant 1'Indépendance des Américains, Ia République • 11 e pouvait agir avec plus de fageffe, puifquelle déféraic en même temps aux voeux de la nation; mais cela ne fufiir pas, il faur mériter la confianee de ces nouveaux alliés, nos richefles & notre crédit nous reudent la chofe facile, 1'Amérique n'igaore pas que les eniprunts qu'elle a faits, fe font négociés a ia bouri'e d'Amfterdam; eüe en aura neceffairement d'autres a faire ; ne nous rendons pas difficües. Montrons lui du zele, notre amitié lin fera préeteufe, & nous ne tarderons pas a nous apper» cevoir'combien la fienne peut nous être utile. Dans peu nous verrons s'établir entre les deux nations une correk pondance qui, aysnt pom1 bafe une confianee & une amitié réciproques, fera circuler entre elles les tréfors des deiix montfes , 1'Amérique ne nous donnera pas d'abord ouvertement la préférence; fes liaifons aftuelles ne le lui permettent pas; heureux fi elle fe perfuade que de touies ks nations, il n'en eft aucune qui foit plus fidele a fes engagement, plus conftante dans fes liaifons & plus noble duns fes procédés. A la confianee que nous lui infpirerons liiccedpra une eflime particuliere pour nous. Notre Commerce recouvrera ainfi fon ancien luflre; nous ferons heureux par lui, & nous verrons de nouveau renaitre l'abor> dance & la profperité dans notre Républ'que. Avec de la prudence, de 1'économie, de 1'amour pour letravail, on eft für de captiver la fortune,quelque inconftante & caprick-u•fe qu'on la fuppofe. Après ces réfiexions fages, nous ne pouvons nous difpenfer de faire mention de cette note que 1'on peut regarder comme une propbéue, „ ■  C *35 ) It eft d'autant plus eflentiel a la Hollande' de s'attacher 1'Amérique, qu'il eft a préfumsr que I'Angleterre, ne pouVant donner des loix a fes anciennes Colonies, s'occupera a la paix des moyens d'attirer chez elle le plus qu'elle pour(H de leurs produftions; «He y réuffira d'autant plus aifémer.t, difent certains politiques, que fi les Américains ont de i'éloignement pour'i'Angieterre, ils n'en ont point intirieureinent pour les Anglais. A la paix ce feront desCompatriotes qui, n'étant plus ennemis pour les intéréts refpectifs de leurs pays, feront amis pour leurs intéréts particuliers. Même langage, mêmes principes, prefque même familie par leur origine, tout parait préparer entre eux une réeonciliation foiide & durablé, Qui fait meme fi 1'Amérique, malgré fa délicatefie naturelle , fa reconnoiiïance actuell'e, n'éprouvera pas le fort des Puiffances de 1'Europe, én dev'enant, par un effet des circonftances, 1'amie & 1'alliéé "d'une nation autrefois ennemie, pour faire la guerreècelles qui avait auparavant avec elle, un intérêt commun & une méme caufe? Qu'on ouvre 1'hiftoire, on en trouvera vingt exemples. Enfin, que ces confidérations foient-juftifiéës" ou non parl'avenir, riousne devons pa? moins profiter des circonftances, & chercher les moyens d'y réalfir." On trouve enfuite un recueil des latitudes & des lon^itudesque des connaifleursnous affurcncêtre fait avec un ordre & une jufteffe qui ne peuvent manquer d'intérelTer les marins. En parlant des produc tions indigenes, 1'auteur fait, a 1'occafion des mines d'or, cette réflexion philofophique. L'Amérique Septentrionale eft abondante en mines dor, d'argent,decuivre &de fer; c'eft a ces précieuxdépots que la terre recele dans fon fein, c'eft a 1'infatiable avidité des hommes pour les richeffes que 1'Amérique eft redevablé aux Européens des lumieres qu'ils y ont portées; mais quand on confidere a quel prix 1'Amériqué a acheré fes Wmieres, ce problême propofé, fur le bien ou le mal de la dêcouverte de PAmérique, loin de pouvoir fe réfoudre ne lalfle a Pefprit quö des doutes & des entravês, & rend la queftion encore plus embarrafiante: ce ne fera jamais, qu'après avoir comparé ces biens & ces maux, qa'après les avoir pefés dans la balance de la juftice & de la raifon, qu'on pourra prononcer. De quel Coté pehchera t-elle ? ten 1'ignore; Heft douteux qu'il en refulte un equihbre, encore  C 230 ) «ore moins «ne apparence en faveur de ia fomme des biens. Cette queftion intéreflante, propofée par 1' Académie de't Sciences de Lyon, avait excité autant mon admira»ion que mon entboufiai'me; elle me fit naitre 1'idée de 1'approfondir & d'en chercher la folution; mais, arreté au miiieu de mes recherches par mon infufïïfance & par les obftacles qui fe préfentaient en foule, j'ai penfé qu'il ne m'appartenait pas de la réfoudre, & je me borne a faire des vceux pour que le travail d'un homme de génie vienne nous éciairer fur cette incertitude. Avant de donner 1'énumeration des poffeffions Anglaifes avant la préfente guerre, 1'Auteur fait ces reflexions: Plus il eft flateur d'exercer une immenfe domination, plus il eft douloureux de ia perdre; plus le degré de gloirc ou Pon eft parvenu eft léminent, plus Ia chute en eft ordinairement rapide & honteufe. Les Carthaginois & lesRo. mains offteut des exemples frappans de cette trifte velité. . . . La fortune fe joue de 1'ambition des hommes en leur faifant entrevoir ces jouiflances; & le tems en prouve la chimère. Après avoir parlé de 1'origine des Colonies, I'auteur nous donne des détails intéreffans fur le commerce , & principalement fur les fourures du Canada; paree que, dit-il, il ne fuffit pas au négociant de connaftreces fourures de nom, mais il importe de connaitre auifi 1'animal qui les fournit. On ne faurait annoncer avec plus d'intérêt ce que 1'auteur dit fur les Etats • Unis, que par ce début. Un des plus grands & des plus mémorables événemens de ce fiecle eft fans doute 1'Iadépendance Amèricaine. S'il eft beau de lever 1'etendart de la liberté & de s'alfrauchir des vexations du defpotifme, il eft dangereux auffi de 1'entreprendre , è moins qu'un fentiment intime de confianee, fondé fur la juftice des réclamations, {1'auteur eüt pu ajouter & fur la conviftion de fes forces) n'exalte dans 1 elprit du peuple le befoin d'une révolution préparée en fecret par Ia politique prudente & ^iéfléchie des chefs qui la  C 237 ) la méditent. Alors cette effervefcence devenant général, on tenterait en vain o'en détruire les principes & de foumettre un peuple pareil aux loix de Tanden gouvernement qu'il veut abjurer. Tel eft le point de vue fur lequel on doit confidérer la caufe Amèricaine, & le peu de fuccès des armes firitanniques dans cette partie du monde. II fe palTera encore bien des fiecles & des fcenes de défolation, avant que 1'Indépendance des treize Etats Unis amene celle de toute 1'Amérique, c'eft du conflit des biens & des maux des deux Hémilpheres que doit naitre cette fceffion générale qui ébranlera les trónes de 1'Europe, en leur fcifant perdre les fources abondantes oü ils puifaient leurs richelfes. Le Nouveau - Monde en recouvrant fon ancienne liberté, deviendra peut - être aflez redoutable pour nous in. timider jufque dans nos propres foyers. Les naturels de 1'Amérique ne font fans doute pas fans vices, mais il s'en faut beaucoup que la corruption foit auffi grande parmi eux que chez les Européens; leurs vertus, puifées dans la nature & dans la fimplicité des mceurs, ne font point comme chez nous, ou 1'ouvrage de 1'bypocrifie , ou celui de 1'orgueil. C'eft la vertu lansmélange, fans ornement, telle enfin qu'elle était dans les temps heuteux d'innocence primitive, ou 1'homme n'avait point a lmter contre 1'empire des paffions, le danger toujours renaifiant du mauvais exemple & de la féduftion. Nous aurions expofé un plus grsnd nombre des traits analogues a nos principes . fi nous n'avions pas d'autres fujets a traiter. Mais avant de terminer, nous ne pouvons pafler fous filence qu'on y rencontre fur Je monopole ancien du riz & du tabac des éclairciflemens qu'on chercherait vainement ailleurs. Nous avons vu avec plaifir, que cet ouvrage utile eft. imprimé avec une élégance & méme une luxe, qui paraiflait banni de librairies Hollandaifes: on y trouve une carte trésexacte du territoire des Treize Etats. Si 1'objet de 1'Auteur était de raflémblcr pour 1'utilité des Négocians, tout ce qui pouvait les intéreflér dans ce commerce & de réunir 1'agréable a 1'utile, il a parfaitement réuifi. Coup  C 238 ) Coup d'eeil fur les affaires générales. Les Pays-bas.uvis commencent è fortir du ca* hos; un des deux partis devant triomphcr pour ramener la paix & 1'union , la fortune femble vouloir, fe déclarer en faveur des ardens Républicains II s'introduit un efpece de Democratie dans le gouvernement, & la voix du peuple a pris un afcendant heureux dans 1'admmiftration des affaires, par le moyen de la liberté de la preffe, prérogativeinhérente a tout conüitution libre, & par la préfentation de fréquentes Requêtes, ufage affeclé particulieremcnt a cette conftitution. C'eft a ces deux avantages que Mr. de Capelle de Poll doit fon rétabliffement dans les Etats d'Overyffel ; & c'eft aux opinions que 1'exercice en a répandu dans toute la nation, qu'on doit auffi 1'entier retabliffement de Mr. van 'Berckel, écarté des Affemblées & des affaires par les artifices de la méme cabale qui avait caufé la disgrace de Mr. de Capelle. La nouvelle de la perte d'un autre vaiffeau de guerre, le Zirikzée de 6 j. canons, échoué fur la cöte prés de laquelle fUnion avait péri, n'eft guere propre a relever le crédit du pouvoir exécutif. L'iffue de cette derniere croifieie ne fervira pas a juftifier ceux qui ont refufé de fe rendre a Breft. La FRAriCE n'imputera pas a ia République le blame d'un'refus, defavoué par les Adminiftrateurs. Louis XVI eft trop magnamme pour s'en vanger, en abandonnant la défenfe de St. Euftache, du Cap, de Ceylon &c , cette idéé puérile ferait d'ailleurs oppofée a la bonne politique, en expofant ces établiffemens a 1'invafion d'un ennemi qui fe renforcerait par leur conquéte. Nous apprenons avec plaifir que la honte que le ravitailiement de Gibraltar faifait réjaillir fur les flottes combinécs des deux Puiffances, eft effacé. Don Cordova & la Motte - Piquet ont atteint 1'Anglais; & quoique les circonftances aient empêché le combat d'être décififils ont montré cependant que 1'en-  C 239 t 1'ennerni devair tout h fon bonhear, qui avait rendtt inutiles 1'ardeur & 1'habiieté des Ctiefs Efpagnos & Francais. Le ravitaillcrnent de Gibraltar, fous les yeux des forces fupérieures de deux Puiffances conbinées, n'eft cependant pas un événement indifférent. II prouve que l'AMGLErfi«RK eft encore & fera toujours, finon la feule comme autrefois, du moins la première Puiffance maritime de 1'Univers. Jamais ce Royaume n'a déployé des reffources auffi brillantes que dans les différentes opérations de cette année. Cette campagne lui fait un honneur immortel. Elle prouve la fottife ou la mauvaife - foi de ces Anglomanes. (qui tantót appellent toutes les nations au fecours de I'Angleterre contre des ennemis prêts a la détruire, & tantót la repréfentent comme feule en état de tenir tête a PUnivers enticr Cette remarque montre qu'on peut admirer', louer les Anglais, fans étre Anglomane j quahfication qui défigne ces enthoufiaftes , qui préferent les interets de I'Angleterre a tout, même a ceux de leur propre patrie. P. S. Le C'nirier du Bas-Rhin fera bien faché de 1 trt décente fortie qu'il s'eft permife dans fon No. 91, quand il faura qu'elle tombe a faux & ne regarde aucunement celui qu'il appelle Apoflat de fa patrie ,, demewant fur le Cingle, miferable, famélique, empoifonneur &c. &c. comme s'il manquait toujours de bonnes raifons, & nepou. vait traiier un fujetfans fe tépandre en perfonaütés étrangeresa la chofe. Celui qu'il défigne fous ces titre*, quoi. qu'il facbe trés-bien que le Politique Hollandais n'eft pas Pouvrage d'un feul, loin d'apeler avec le Docleur Moore, les villes de Savoye & de Piemont le centre dc l''opprefion, de la mifere et de la fuper/iition, donna, quand ce paflage lui fut communiqué, une note qui renvertait cette aflertion, non par quelque motïf de crainte; car nos Magiftrats font trop juftes & trop éclairés pour 1'avoir jamais reprimandé; pour la lettre d'un Cenevois ni pour avoir uié d'une reprëfaïlte innocente envers un adverfuire qui inlulte tour a tour toutes les nktons; mats ce fut püw rendre hommage a la vérité qui i'avait dé- 1*  ( 240 ) ja engagé a repréfenter le Roi de Sardaigne cömme le Pere d'un peuple bon, honnête & beureux. Et c'eft abfolument,a fon infcu & certainement contre fon gré, qu'on s'eft fervi de 1'articie du Docteur Mèore , fans le correflif, qui n'était pas auffi long, ii eft vrai, mais plusconvaincant que le plaidoyé de 1'Orateur de Cleves qui fait tort aux meilleures caufes; depuis que 1'on a vu qu'il n'eft gueres délicat fur le choix, qu'il défend par fois le pour & le contre & qu'il fait mieux injurier que raifonner. Hélas il eft le feul qui ne sapperpoiVe pas que fes déclamations forcenées & fes manoeuvres laches pour foutenir fon crédit prêt a crouler , ont un effet tout contraire. Tout le monde vo.i que , quoiqu'il ait dans fa pauvre & facüe compilation , ufé plus fouvent & beaucoup plus d'encre contre nous; que nous n'en avons employé pour montrer la fottife de fes allégations, il ne peut jamais nous répondre en fe bornant a 1'examen de nos affertions, fans recourir & des pauvretés , k des turlupinades qui ne font tort qu'a lui feul; car elles montrent qu'il eft plus propre a jouer le róle d'un faltinbanque fur les treteanx de la foire qu'a figurer dans une tribune aux Harangues. Nous ne craindrons jamais de répondre pour nos écrits devant les juges corapétens: peu de nos adverfaires oferaient comparaitre devant un pareil tribunal. Mais nous défavouons toute autorité qui prétendrait nous fermer la bouche ,& nous empêcher de reveler quelquefois la turpitude d'un vil Ecrivaiu quine fait que faire des plirafes & vomir des injures. Sur une queftion de fait, nous aurons toujours égard aux lumieres de ceux qui font plus inftruits que nous; mais en matiere de droit, il n'eft pas de corps ui ü'mdividu qui puiffe nous impofer fon opinion pour la regie de la nótre, & nous forcer a penfer ou a dire que la deftruftion du parti Républicain a Geneve était une mefure conforme a laboune politique. P. S. de TEditeur. L'Editeur de cette feuille n'eft pas moins difpofé ife prê* ter ii des voies juridiques. Mais bien loin de fe croire reprehenfible pour avoir cité le paffage deMoore fans correétif, il croit qu'on doit lui favoir gré d'avoir défavoué ïüffiTamment les expreflions choquantes du Dr , en faifant retaarquer dans une note, qu'elles étaient d'un Anglais & non du Politique Hollandais. Le voyage du Dr. Moore n'eft, d'ailleurs, pa« un ouvrage profcrit; il eft répandu dans toure 1'Europe; c'eft même le libraire de S. A. S. qui 1'a pabliê en Francais.  L E POLITIQUE N°. XCIV. LUNDI,ce 25 NOVEMBRE, 1782. LETTRE remife aux Editeurs du PóWiquè Hollan* dan, propre a former un CH^PiTRE L1V. fur le fyftême'de la République d 1'égard de la France c? d". I'Angleterre. Avant de livrsr ces idéés a l'imprelfiion, je m'informai ii les Auteurs du Politique Hollandais n'étaient pas dans 1'intention de vanger l'honneur db ïa nat.on Itelgique, indécemment compromis dansles écrits d'un Nouvellifte Etranger qui, non content de de nous attribuer le fyltême le plus odieUx & le plu's pervers qui foit 'jamais forti d'un cerveau fêlé & d'une ame Machiavelifte , porte 1'orgueilleufe préfomption jufqu'a prétendre que nos Souverains lui doivent favoir gré de ce qu'il leur a indiqué le vrat moyen de fe tirer du pas gliffant oh iis font engagés.&qu'ils doivent faire de fa querelle une affaire d'Etat, en chatiant fes adverfaires C*). Ce n'a été qu'r.« (*) Ceci rappelle ces deus vers du Satiriqtie Francais 5 Qui raéprife Cotin , n'eftime point fon Roi Et n'a, felon Cotin ; ui Dieu, ni foi, ni loi.- Tom is IV. q  f 24a ) qu'aprês m'être bien affuré que perfonne autre ne iongeait a traiter cette matiere, beaucoup plus importante qu'elle ne le femble au premier abord, que j'ai pris la liberté de faire pitraftre mes obfervations dans la feuille fi répandue & fi goürée du Politique Hollandais. Comme ceux qtïe j'attaque paraiffent attacher beaucoup d'importance au nom, a la patrie, au caractere, al'emploi, a 1'habitation de leurs adverfaires, nous les avertifibns, au cas qu'ils ne puiffent nous répondre fans relever toutes ces intéreflantes particularités , que nous nous haterons de les fatisfaire amplement fur tous ces points , auflitót qu'ils nous auront communiqué les motifs qu'ils ont d'être inftruits la deffus: mais nous les prévenons que nous fommes nés en Hollande , & méme d'une trés ancienne familie du pays & furtout que nous ne demeurons point fur leCmgle, particularités qui, (nous les platgnons d'avance) vont les mettre fort a 1'étroii ; ce r.'eft pasque nous penfions qu'on nepuiffe b'en raifonner fur les affaires de notre pays, après avoir fixé fon habitation fur le Cingle &c. Nous avons même, a cet égard, dépouilléles préjugés au point de penfer que Mr. C eft beaucoup" meil- leur Hollandais, que bien des gens nés, & conftitués en dignité dans le pays. Nous croyons devoir avertir iVtrs. les Nouvelbftes, de faire ure nouvelle provifion d'injures; car leur fonds doit étre bien abondant, s'il n'eft pas déja épuité par les dernieres largeffes qu'ils viennent d'en faire; nous allons les ferrer de fort prés, mais en raifonnemens fculs; notre plume fe rcfufe même a les caraélérifer de. Turlupns NouveUijies , quoique le public, fans avertiflément préalable, entende, a ces mots, de qui nous voulons parler & foit déja convenu de ne plus les dcfigner fous d'autres dénominttions. Nous n'imiterons pas le public a cet égard Nous avons même tant de répugnance h dire des irjures, que nous ne prononcerons pas même le nom de ceux que nous allons réfuter. Après ces préiiminaires, hatons nous d'entrer en ma-  ( H3 ) matiere; citons d'abord les paroles'qui font 1'objet de cette difcuflïon. La République, dit on, a tenu la conduite la plus fage, en je conc iiant la reconnaiffance de i'Angleterre, pour n'aioir pas fourni ÜJ'es Ennemis desfeeour: tffica* ces contre elle; Jan; auvir manqué u la France contre qui elle aurait pu fe déüarer tn fdjai.t c.uje commune avec Jon Ennemi. J'avoue qu'a la première lefturé, ces paroles me firent frémir. Mais, apiès avoir laiffé mes lens fe calmer, je crus que celui qai tenait t&èmg .ge, avait voulu faire lafatyre la plus fangiante de'la conduite du parti qu'il paraiffait vouloir défendre. Auffi fusje étonné devoir le Politique flodandais, le relever férieufement. II me femblait manquer cette fois de pénétration : & puifqu'il refufe de s'engager avec un tel adverfaire, il importe infiniment de"'montrer' le peu deffondementdes préiextes odieux qu'on nous aitribue. Mais aces mots j'entendsceecris de fureur: Ecrivtdn aujft furieux que pervers, comment as tu renoncé d toute pudeur, d Houii bonte, d tout refpeft pour l'évidence & pour ui-même, jufqu'd quahfier de prétexte odieux, ia fujtification la plus naturelle, la plus fatisfaifmte de la conduite de tes concisoyens? Quau. rais-tu voulu ? Que 1'Auteur de ces paroles fe fut refpcdlé luiméme. II a la poitrine plus forte que la tére; mais nous, a qui ce langage n'excite que Ie fourire, voyons oir ce prélude ampoulé le menera? Qu'ili euffent, dit-il, armé une Jlotte puiffant e tj1 fait ttneguerre vigoureufe d kurs ennemis ? MaisJoit par une fuite de leurs divifions, foit foute de concert dans kurs vues, dans leurs intéréts , joit amour de fon intérêt propre qui douane avec plus de force cbez les Républicains que dans les monarebies ab/vlues, Ui ne l'ont pas Joit. Si ce font leurs divïfions, leur peu de concert, 1'amour de leur intérêt propre, qu'ont ils befoin de préiextes, avec d'auffi bonnesraronv ? .'ii toutes ces caufes les ont mis dans Fimpoifibilké de fervir la France Q2 &  C =44 ) &• de Huire a I'Angleterre ; la première ferait bien peu généreufe de leur montrer du dépit, & lafeconde bien fotte de leur montrer de la reconnaiffance : la Francepomrait, feulement, ajouter , dans 1'idióme de 1'Auteur : „ ah ! ah 1 vous aimez donc bien vos intéréts , vos cari danari ; vous ne trou„ verez donc pas mauvais, que je fente aufii „ 1'mfluence puiflante de ce vilain intérêt propre : „ la reprife ou le maintien de vos établiffemens m'a „ couté beaucoup, afiurément beaucoup , il etl tems ,., de régler nos comptes: ah! vous n'avez pas aflez „ d'argent pour me payer; apprenez Mrs. les-amaj, teurs des cari danari que I'Angleterre n'a pas ae« ff quis autrement la pofléflion de Gibraltar & de „ Minorqus., "Ainfi parlerait Ia France en adop- tant le fyftême & le langage de cet Ecrivain: mais ce n'eft pas tout, . L'Angtetme , dit-il, eft dans le cas de conferver contre eux {les Pays-bas-Unis) un vif reffen timent, de ce qu'ils ont manqué aux obligations ftipulêes par les traités les plus folemnds, &? qu'ils n'ont éludées que par de vrais jnbterfuges politiques. Ainfi la République aurait fourni des motifs fuffifansd'aggrefiionè I'Angleterre. Ellefentirait actuellement fa faute, & pour Pexpier , elle aurait bien föir> denepas s'élancer contre Ia verge qui la punk.- Vraiment cet Ecrivain commence a prêcher leChriftianifme & 1'obéiffance paffi ve, avec autant de zele & d'onc tion , qu'il mettaitautrefois d'enthoufiafme a prêche? la übertc philofophique & religieufe; mais ce qu'il gagne en piété , en religion, en docihté , il le pcid,me femble, en jugement & en lumieres. 11 oublie que parmi les fociétés, ainfi que parmi les individus, ee ne font guere les plus faibles qui manquent de refpect aux plusforts : auffi dans toutes les guerres que nous avons eues avec les Anglais , leurs propres hiftoriens font ils unanimement convenus qu'ils avaient toujours été les aggreffeurs» Comment un homme qui mille fois a reconnu la jufti.  C *45 ) •juftice de notre caufe & 1'injufte aggrefïion de tiob ennemis, ófe-t-il actuellement nous accufer d'avoir violé les traités les plus folemnels? Eft-ce donc nous qui avons commencé k enlever les batimers qui naviguaient fur la foi des traités ,& n'avaient d'autres marchandifes que celles que la teneur expreffe des traités déclarait libres & permifes? Eft ce nous qui avons attaqué un convoi fous le pavillon de 1'Etat & déclaré de bonne prife les vaiffeaux enlevés a ce convoi? Eft-ce nous qui avons violé un territoire étranger k St. Martin & a Goerée? Aurionsnous enfreint les traités les plus folemnels, paree que nous avons refufé a une Puiffance qui s^était déja fouftraite aux obl-igations impofées par ces traités des fecours qui n'entraient dans aucune des ftipulations, .qui les boment aux limites de 1'Europe, aune guerre jufte & è une invafion prochaine? Voyons a préfent ce qu'il die de la France. De fon cóté, la France ne peut voir fans doute qu'avec un vif dépit, que Jon plan{'de concert eft uvorté, & que la République a fu garder au moins un bras Qj> un pied bors des filets dans lejquets il lui imporiait de .l'enlacer toute entiere. Je n'ai pas le courage de citer davantage les phra' fes tortueufes ou puenles dont cet Auteur veut foutenir fesraifonnemens Lui qui copie , liltéralement, les gazettes, loi-tiiümFrargaifes de Hollande, jgnore-t-il qu'il n'a jamais convenuèla France de nous propofer unplan d'opérations réciproquesf;qu'en qualité d'Etat inférieur, nous avons 'été les premiers k lni demander ce concert; que nous feuls en avons redréde.-,avantages réeU ? Dc quel front ófe-t-il infinuer que la concefiion de nos vaiffeaux demandés pour Breft auraic mis la République toute entiere dans les fers de ia France? Quant k moi je crois que le voyage de Breft nous aurait été fon utile, 11 y a même dans cette invitation de la France une efpece de générofité , dont je doute que beaucoup d'autres'nations eulTent été capables a la place des Frangais. En géQ 3 aé-  C 246) néral, les Etats maritimes font extrêmement jaloux & ombrageux . par rapport aux renfeignemens que 1'on peut tirer de la vifite de leurs ports & chantiers. Le Prince luï-même dans fon apologie &fes défcnfeurs dans leurs pamphlets, fe plaigiv'nt généralement.que la taftique navale a été perfea'ionnée dans les autres pays a un dégré qu'il nous eft bien difficiie d'atteindre. N os hiftoriens fe plaignent vïvement que dans le fiecle paiié . en admettant les Officiers Francais dans nos ports écfurnos flottes, nous les avons mis a portee depuifer'des connaiflances qui netardcrent pas a donner k Louis XIV. cet afeendant fur mer qu'il avait acquis fur terré. Et maintenant que les chefs du pouvoir exécutif, rejettent fur no<-re inexpérience, en partie,Ie blame du peu d'cffet de nos opérctions, nous fommes les premiers h refufer de nous rendre dans 1'Ecole la plus favante de la taclique navale,a Breft? Eft-ce préjtfgé, eft-ce antipathie nationale ? Eft ce dévouement a. la cabale Anstfomane? On raconte k ce fujet, que 1'ordre ayant été notifié aux Capitaines, un d'eux porta 1'imprudencc jufqu'a dire qu'il ne fe rendrait jamais a Breft; pourquoi? Paree que n'entendant pas le Frangais , il y ferait, difait-il, une trifte flgure pendant 1'hiver. Cet hommelè n avait fans doute pas fait fes premières campagnes fur un vaifLau marchand ; quel commerce ferions-nous fi nos marins n'ofaient vifiter les Ports de France, fous prétexte quMs n'entendent pas le Francais? Cerrainemenc Tromp & de Ruiter n'ont jamais Fait des obieftions pareüles. Mais ferait-il impoffible davoir des De Ruiter & des Tromp? Serait i! ïmposfiblede trouver des moyens pour ftimulernos habitans aprendre fervice dans la Marine? C'eft une queftion que nous fommes occupés a exammer & qui fera 1'objet d'un ouvrage particulier, qui, par fa nature n'eft auere propre k prétendre ,aux réeompenfes affignées a ceux qui pourront oonner des éclairciffemens fur ce fujet.  C*47 ) II ne faut pas refufer aux PoÜtico • nouvelliftes que nous prenons ]a peine de reiever, un autre talent, un génie fenile. en fuppofitions & une adreife admirable a les repréfenter com» me des réalités , & a invoquer le courroux des Dieux contre les incrédu'es réfraétaires des articles de foi qu'ils ont créés. Après avok reprérenté Ia Répubüque aux pieds de Ia France & de 1' Angleterre, leur difant humblement qu'elle a dü reder neutre (NB. dans un tems oü I'Angleterre était aeharnée a fa deftruftion ), n'avoir ni la vanité ni la fottife de fe meier de leurs demêlés , r'ayav't contribué ni aux dêfaites de l'un ni aux triomPbes de l'w tre; prctendant même, ii ces excufes ne font pas valables, que la République en a befoin ; qu'elle a réel'ement agi en wféquence ; £? fi quelqu'un ofe douter, qu'elle a tenu cette conduite & la qualifier de pcrverfe & perfide , marquer fon étonneinent, qu'il u'y ait pas des loix pour pufiir un attentat crim;nel, qui tend d provoquer l'indignaiion des deux Ruif' fances, II fuffit d'expofer ces idéés pour en faire fentir le ridicule & la fottife. On dirait que les Pui (Tances i eg!ent leurs opérations fur les idéés fubrilés des Sophh'.e & des Rhéteurs; j'aurais cru que la République , dans le Cas oü elle n'aurfit pas eu d'engaRemcnt avec aucune des deux Puiffances, aurait dó fe mettre en état d'être refpcclée de l'une & de 1'autre; 1'élotiuerce des forces guerrieres, procurant toujours plus de faveur auprès d'un allié, & plus de crédit aupiè.s d'un Ennemi: mais 1'Auteur fuppofe que nos divifi ins & 1'intérêt particulier ont fait édiouer ce fyftême: il devrait cependant favoir que les Etats. c'eft i-dire les Souverains du pays ont donné des déclarations publiques, direcfement contraires au 'angage dont il veut bien leur fournir le modele. Suppofé même que le prétcxte qu'il nous fournit fut la juftification la plus naturelle & la plus fatisfaïfante de la conduite des chefs de 1'Etat; fuppofê Q. 4 qu'il  C 248 ) qu'ils fe réglaffent Aar cette idéé pour intéreffey. la Cour de France en leur faveur. Ecoutons ce qu'c!le nous répondrait. , Qui vous a, dirait-elle, „ fuggéré une excufe auffi mifénble, tandis que vous en avez tant de bonnes? Penfez-vo is que s, j'ignore, ou que j'aie oublié, tant de Réfolutions; „ vigoureufes que vous avez prifes a la face de „ rÜnivers,pour tacher de fortir de la léthargie & „ de l'in3ction dont vous- même avez reconnu la „ honte & le danger ? Combien de démar. „ ches males <5c patriotiques n'avez - vous pas „ faites folemnel ement. pour porter è 1'Enncmi des „ coups féricux & fenfibles ? Lorfque des caufes „ imprévues firent avorter le projet de joindre une „ partie de vos forces aux; rniennes, n'avez-; „ vous-pas, en corps d'Etat, témoigné, foit cn „ général a vos Cancitoyens, foit en particulier a. „ Mr. le Duc de la Vauguyon, combien vous „ étiez afiligés des obftacles qui avaient fait écbouer cette mefure utije ? Vou« êtes-vous „ bornés a des réfolutions ftériles? N'avez-vous „ pas fait des démarches qui femblaient annoncer j, une révolution dans votre gouvernement? Tout ce pompe-ux appareil n'était donc que pour je „ ter dei la pouffiere aux yeux des. peuples & & pour tromper un Allié crédule & confiant, „ a qui vous aviez, propofé un concert, afin " dificz vous, „ d'être plus en état de nuire a 1'Ennemi 3, commun? Si, jufqu'a préfent, vous n'avez pas „ réaiifé ies brillantes efpévances que vous paraiffiez concevoir & donner, fa-vafs cru que des circon- flanccs finguüeres, imprévues, contraires a vos „ défirs, avaient enchainé vos bonnes difpofitions;que les vents, d'accord avec Ia mauvaife volonté des „ perfonnes char„ées • d'exécuter vos ordres , „ avaient fait échouer vos plans falutaire.«. Je ne 3, faurais penfer que vous n'ayez tenu que pour „ la forme, le langage d'une nation refpjrant la vent „ geance, & s'ailccant a nous pour la rendre plus si füre  C 240 ) „ füre & plus vigoureufe." Ainfi parleraic la France. Suppofons la République tenant enfuite aux Anglais le langage qu'on lui met dans la bouche. „En vérité, " -diraient les Bretons ," vous nous „ fuppofez bien peu de jugement, pour ima„ gincr nous faire accroire que vous avez eu „ foin de ne pas nous faire tout le mal poffi. „ ble ; ou vous êtes bien fots d'avoir négligé „ de tirer des repréfailles d'un lïnnemi qui „ iébranlait vos étanliffemens dans les Indes„ Oritntales & Oecidentales , & détruifait vo,, tre commerce dans l'Univers entier; & de 1'a- voir ménagé tandis qu'il attaquait les bafes ,, fondamentales de votre exiftence: en vérité, vous entendez le droit de la guerne autrement „ que les autres nations; elles ont toujours cru }, que 1'objet & le hut de la guerre étaient de faire a fon ennemi tout le mal poflible; & vous auriez fenti „ bien vivement la force de nos bras & notre ardeur .„ pour les conquêtes, li les Francais ne s'étaient pas „ trouvés partout dans notie chemin. Sans doute ,,'que le Quakerifme eft devenue la religion dotni- nante de votre République: grand bien vous faffe 3} d'avoir adopté de pareilles maximes; mais ft vous , avouez que vous avez fait réellement toutce qui t était en votre pouvoir; comme vos Réfolutions • imprimées dans tous les papiers publics le prou» „ vent fuffifamment ; de quel front prctendez, vous que nous devions vous tenir compte de ce „ que vos forces n'ont pas égalé vos defirs? Ainfi le lana,age qu'on prcte a la République pour intéreffer la France & 1'Angleterre en fa faveur, ne ferait que la rendre ridicule &z méprifable. Quel ordre dans 1'Etat oferait avouer un parejl fyftême? La puifPmce légiflative a non • feulement publié des manifeftes.. délivré des lettres de marqué, mais elle a donné des ordres & fourni d'imlnenfes fubfides, pour caufer a 1'Ennemi tout le mal poffible, el-  C 250 ) elle ne s'eft pas bornée hees précautions. Elle mu!t:V plie journellement les plaintes & les reprr-ches contre lc pouvoir exécutif; une efpece de divifion s'eft même élevée entre les deux corps: les Souverains acenfent haurement les Officiers auxquels ils ont confié 1'exécution de leurs ordres, d'avoir manqué de zele, d'aétivité, & même de bopne* foi. Ces fait* ne font-ils pns authentiques? - Le pouvoir exécutif, c'eft-a-dire 1'Amiral- Général, ies^'ommandans des vaiffeaux & les Amirautés j inculpés fi vivernent par la puiffance légiflative,leurs maitres, ont.ils eu pour but de ménager les Anglais , afin d'en avoir de meilleures conditions de paix ? Au contraire , ils réclament vivement contre cette accufation injurieufe. Le Prince, dars fon Mémoire Apologétique, répete a chaque inftant & ne négligé rien pour prouver qu'on a fait dans fon département tout ce qu'il était poffible de faire. Les Amirautés ont rendu leur rapport pour montrer qu'on n'avait rien négligé de leur có é pour mettre, conformémént aux ordres des Souverains, la marine dans un état refpeétable. Je n'examinerai pas fi les défenfes du Prince, des Officiers & des Amirautés font valablef; Ie pouvoir legifhfif, c'eft è dire nos Souverains, ont encore des douces la deflus & font des enquêtes féïiewfes pour les éclaircir: au moins eft il certain qu'ils défavf.uent tous, par 1'étalage de ce qu'ils ont tenré pour nuire a 1'Ennemi, les excufes perfides qu'on leur attribue pour fe difculper auprès de la France & de I'Angleterre. Si le Stadhouder avouait ceé excufes en faudrait il davantage, pour léL'itimer les sccuf tions de fourberie & de trahifon dont fes cruels ennemis le chargent chaque jour ? Un tel langage ne peut donc étre adopté que par la cabale Anglomane dont les partifans font trop peu norrbreux pour ofir fe montrer, mais lont affez puiffans par les pofi.es qu'ils occupent , pour traveifer fourdement & faire échouer toutes les Ré- fo-  C 251 ) folutions de nos Adminiftrations patriotiques, Si • nous n'avons pas fait toitt ce que nous avons pu faire, il ne faut i'atcritner ni a nos divifions, car to is le* ordres de 1'Etat font d'accord pour les mefures vigoureufes ; ni a 1'intérêt particulier, car des frmmes'immenfes onr. été fournies; ni a de I&ches ménagemens pour 1'Ennemi, car tous les ordres de Yü(it riennent extérieurement: le même langage contre lui ; il faut donc qu'il y sit dans le pays une cabale venduea 1'Ennemi; & les Auteurs du Po iitiq'ie HoUandais en ont prou^'é trop évidemment 1'éxlffencéj nos Souverains, les Etats de la plupart des Provinces- développent trop clairement leur facon de penfer k cet égard, pour qu'on puiffe attribuer a d'autres caufes, le btème de la d'reclioh perverfe qui enchaine nos projets & notre ardeur. Sans doute que toutes ces circonitances ont fait fur les perfonnes mêmes les plus inclirsées k nier la vérité, une impreffion dontéllesne fe font pas appcrcues; obligées de reconnaitre que nous n'avons pas développé toutes nos forces, elles prétendent excufer cette conduite en 1'attribuant a 1'Ktat entier; quoiqu'elle n'appartienne qu'aune cabale particuliere, dont un des buts les moins criminels eft d exagérer la faibieffe de 1'Etat, de trayerfer le développement di fes forces, afin qu'il fe réuniiTe au plutót a I'Angleterre par une paix particuliere. Et c'eft dans un tems oti la voix publique femble défigner fes perfonnes qui conftituent. cette cabale; c'eft dans un tems que ces Citoyens défignés publient des Mémoires pour montrer qu'ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir, pour nuire a 1'Ennemi; c'eft dans le tems I qu'ils font meria* cés hautement par le Souverain lui-même: c'eft: dans ce tems mém1 que leurs prétendus défenfeurs ofent foutenir qu'ils ont dü ne pas fournir des fecours efficaces i la France pour fe ménager la reconnaiffance de PAngleterre? Eft-ce perfidie, eft - ce fottife? Du moins, fi ces Ecrivains font ' au»  C *52 ) autorifés a paricr de la forte, ce n'eft pas le moyen de ditninuer les foupgons. La Lettre circulaire des Etats de Frife fait une appücation fi frappante des ces idéés, qu'il ferait inutile de les développer davantage. Le Politique Hollandais ne peut s'ernpêcher de citer une piece auffi propre a prouver fes principes. D'après ces raifonnemens, il faut fermer les yeux al'évidence , pour ne pas voir que Ia politique que nous prêtent d'ignorans & fots nouvellifl.es, qui eft celle que les Anglomanes de ce pays n'infinuent que fourdement, n'eft vraiment propre qu'a faire frémir tous les bons patriotes & è réunir contre nous les Puiffances même qu'elle prétend mcnager. II faut donc coovenir que la conduite énergique & male des Etats nos Souverains, pour porter, de concert avec nos alliés, des coups fenfiblesa 1'Ennemi, pour veiller fevérement fur la conduite des Officiers du pouvoir exécutif,pour les forceramériter la confianee de leurs maüres & a travajller de concert avec eux a mettre nos forces dans un état refpecfable, eft la politique la plus faine. la plus propre a nous procurer les conditions d'une bonne paix. Avant de finir, cependant,je ne puis m'empêcher de relever encore Pignorance de ces Ecrivains étrangers qui veulent parler de nos troublcs & de notre gouvernement. On fait que 1'affaire del e Witt vient d'offrir une heureufe occafion de limiter les prétentions du haut Confeil dc guerre. C'eft ce qu'ils appel lent caufer des cbagrins au Prince Q? ditninuer fes prérogatives fon influence. Ils vont jufqu'è fuppofer qu'il devrait diie aux Catilinas de fon pays: Ouo ufque tandem abutere patientid noftt&l Ils ne voientpas que ces limitations ne pouvaient fe faire que par les Etats , que le Stathouder lui-même apelle toujours les Souverains du Pays; or le nom de Cati* lina ou de confpirateurs contre Ia fouveraineté peutjl s'appliquer aux Souverains? C'eft dans le mê. fne feos que ces mêmes Ecrivains portent 1'ineptie juf-  ( 253 ) iufqu'a traiter de rebelles ceux-la précifément qui, dans leurs écrits, défendent la caufe du Pouvoir légifiatrf ou des Souverains contre le Pouvoir exécutif ou les ferviteurs ? fs'e peut-on pas s'écrier ici? Quis tulerit Graccbqs de feditione querentes? II ne faut pas approuver quiconque aurait menacé le Prince du fort de Cefar ou de Charles I. Lors de la fameufe députation des Etats de Hollaride auprès du Stathouder pour lui demander compte de fa conduite, le Prince ayant donné pour mot du guet a la garnifon, ces mots Pologne & Gerieve, quelqu'un a qui cette affeétation, dans une circonltance auffi impofante, parut une infulte aux Souverains, comme ii leur conduite & non pas celle des mauvais citoyens qui traverfent leurs vues, tendait a préparera la République le fort qu'ont éprouvé la Pologne & Geneve, infinua dans la Gazette de Diemermeer , qu'on pourrait bien donner un jour pour mots du guet Cejar ou Charles I. li eft certain que le Prince n'eft point un Cefar, puifque nos Sénats montrent affez que, quoiqu'on fe joue de leurs ordres, ils n'ont pas encore laiffé ufurper leur fouvcraineté. II n'eft pas non plus un Charles L\ puilqu'il n'a jamais porté la Couronne dans ce pays. Ainfi les deux exempies étant également déplacés, ou fijl'on veut, la feconde idéé n'étant qu'une repréfaiile de la première, il convenait de ne pas relever ces chicanes indécentes ; on ne pouvait en faire un commentaire & une application , a 1'exemple du Gazetier de la Haye.', fans compromettre les deux partis. En mettant dans la bouche du Prince ces mots; » faut quytl y ait une oppofition dans une République libre , en défignant par ces mots Ie parti qui s'eft accru par la modération du Prince dont il « ubujé, on demande naturellement., fi ce mot oppofition rfa pas toujours défigné ceux qui s'oppofent aux mefures du Souverain? Ce nom ne faurait doac conveniv aux  C 254 ) aux Etats, c'eft-a-dire aux corps revêtus de la Souveraineté. Eft - ce qu'on prétendvait que )e Prince ferait Souverain du' Pays & ou'au lieu d'être trop bon & trop indulgent, il devnr r'd'fire fes fujets par la voie de )a force, faire marcher fes fvoupes ccnrrc les rebelles &c ? Le Stathouder eft fans doute è plaindre des amertumes qu'on lui fait dévorer tous les jours. Mais è mes yeux il Pelt encore plus d'avoir de fi pitoyables défenfe u#s; Siiiccro - Batavus. Nous efpérons que J'Auteur de cette fetue ne pretidra pasen mauvaife part les correétiorjs & les alditions légeres que nous avons pris la liberté de faire dans fa diflèrtation, & qu'il voudra bieu nous comimier l'honneur de fa cor-r refpondancej Nous trouvons l'expücation qu'il donne au mor oppofition fi jujle & fi viaie, que r.ous fadopions pour 1'avenir, ikréusctens les indprifc; qui nous font quelquefois échappées a cet égard. Pour marquer encore mieux notre déléVerce pour 1'Auteur, r.ous tertninetons ce Numéro par Ia Lettre ïntérefljfftte que les Etats de Frife viennent d'écrire aux autres Membres de la Confédération. Nobles & Puiffant Seigneurs, panicuiierement Bons Amis, Voijins & Confédérés. Ce fut Ie li du mois paffé, qu'a Poccafion de i'Entre. prife échouée d'une-maniere fi impiévue* pour envoyer, d'après la Réquifition de S. M Três-Chrétienne, quelques Vaifleaux a Breft, Nous dor.rames a connsfcre a V. N. P. que Nous avions écrit, a ce fujet, une Le tre a S. A. S., dont Nous envoyames en même tems copie a V. N. P., vous exhortant ultérieurement de vouloir concourir avec Nous pour découvnr & pour faire difparaltre les Caufes la cette Négligence qui fr.ute aux yeux par. rapport a ia direction des Affaires de la Marine.. Et ce n pjl pas, fans le fentiment vif d'une fatisfaction reconnaiffante, que Nous avons appris le fentiment male & conforme au nótre, dé V. N. P. a cet -égard, par un Rtfcript peur Nous, en fat. fant pafler la Copie de la Réfolution a L. H. P. & la Miflive adreffée a S, A. S. fur le.même objeL Nous ne pouvons Nous empêcher d'h-former V. N. Pi que Nous avons recu Réponfe fut ladite Lettre que Nous avons envoyée a S. A. S., dont-Nous ajoutons ici une Copie. La  C 255 ï La leéitire attemive de cette Lertre!, ainfi qua de la Let- tre également parvenue a Nous du Vice Aroiral Hartfinck, fervant è éclaircir les Rapports des Capiraines & Corrjmandans des Vaifleaux, iorfqn iis Nous paffere'it fous les yeux, au lieu d'éclaircir le grand nombre des obfcurités*, Nous confirme au contraire , a Notie douleur intime, de plus en plus dans Feffrayante idéé , que les Affaires de la Marine ne font du tout pas sdminiftrées de facon qu'en continuont fur ce pied , elles puifllnt contribuer k rel avantage que ce foit pmir !e maintien de cette Rémb'i. que , ou potir nuire eflicacement a i'Ermemi de Notre Patrie Et Nous ne doutons nullement que V. N, P., après une mirre Délibéraiion, fur la Réponfe d; S. A. cun» parée aux Papiers mentionné? ci-deflus, dont V. N. P. auront certainement Copie, ne foient du même Avis qua Nous. Dans ce furcroit douloureux d'incertitude, Nous n'avons pas jugé è propos de Nous engager davaniage en Correfpondance de Lettres avec S. A., quoiqu'eile donne ample matiere a la difctsfiïan d'une multitude de diflicu rés non développées quife contrediftnt diattiétraleraent fune Si 1'autre, & par-ia donnent lieu a des circonftances, a des événemeos & a des Opérations inexplicables. Afin que V. N. P. en foient convaincues par le fair, Nous ne pouvons Nous empêcber (f2ns cependant prétendre vouloir donner la moindre atteinte a la pénétration des Confédérés) d'expofcr eu peu de mots a V, N. P., & de leur faire touchor quelques exeinples, tirés de la Direétion des Affaires rfttielles, comme autant d'ohjets accablans de Notre inquiérude. Nous prions, en premier lieu, V. N. P., dVxamtner d'a. bord avec attention , comment on peut concevoir & concilier avec le bon Ordre que les Capfaines des Vaiffeaux aient ree" le ter. Oftobre , du Vica-Amiral Ilanfiock, Ordre de fe pourvoir de Provifions da bouche, tandis que, fuivant le Rapport propre de Son A'telïe, Ia cho^e avait été déja décjdée v»rs le commencement de S;pterabre, & qne S. A. avait déja vers ce tems-la donné Ordre que la Flotte eüt a fe pourvoir du néceffaire & a fe tenir prête è mettre en IVIer? Ordre qui poruit, fans contredit, avec foi ('obligation de s'approvifionner. Tombe enfuite en cpnfidération le Rapport de S. A., favoir qu'elle avait préalabiement averti en fecret le ViceAmiral Hartfiack, qu'on pourrait donner des Ordres pour faire  C 2^6 ) faire fortir un Detachement, & que !e Vice-Amiral devaie fe préparer en con'éqüence. afin que toutes les précair, tions fuflent prifes pour cxécutcr pmmpt'-ment cet Ordre. Mais qu'eft-il réfuité de cet Avis préaiabie? Comment peuton Ie concilier avec la co.Klui e du Vice-Arniral, qui, a la réception de 1'Ordre pofuif de faire un Détacheme! t le 3 Oétobie, fait la demanJe aux Capi:.dnes laquelle demande, exaroinée en elle même, a pa»u a fi julle titre, finguliere aux Etats de Groningue & Ommelandes,) favoir, fi eux Capitaines font en état de faire le Voyag.' de Br-ti? Enfuite , eft-il a concevoir que les Capitaines difent, dans leur Rapport, marquer de plufieurs chofes néceffaires, tandis que l'Amirauté d'Amfterdam, au Rcffort de laquelle appartiennent la plus graruk- partie des Vaiffeaux défitrnés pour cette Expédition , déeiare hautem nt le contraire: Ainfi cette derniere Déciaaiion contredit manifeftemenr la première. Sjus quel point de vue peut-on confidérer les Déclarations dijwétftletfieni oppofées du Capitaine van Welderen & dó Vic-e - Amirai Ihitfinck'? Car le premier déclaré dans fon Rapport du 5 Oftobre., que fa Poudre g'étant évemée , doit étre grenée de nouveau, & que Ie Vaifléau qu'il a fous lui , eft fi fale qu'il a befoin d'être nettoyé, d'après quoi on le dirait totatement inhabile aux Manoeuvres. Mais lé dernier, dans une Miffive écrite le 9 a S. A., ne fait aucune difficulté de mettre le même Vaiffeau au nomb'e des bons Voiliers, & des plus propres è uue bonne Déf-nfe. La fuite au N'. procbain. Ces Feuilles périodiques paraiffent régulierement, tous les Lundis d Amfterdam , chez ,'f. A, Crajenfcbot; d Haar* lem , chez Walree; d heide , chez Luzac & van Damme, & Les Freres A'Jurray ; d la Haye , chez J. van Cleef, Detune, van Tirecbt La Feuve Staalman; d Gouda , chez / dn dei Klos; d Rotterdam, chez Bennet ffHalee, & D. Fis ; d Dc at echt, chez Blufte; d Deventer chez Leemhorst; d Groningue , chez Huyzingh ; d Nimegue, chez Fan Goor; d Arnhem, chez7roost; dbois-leDuc, chez 'j h. Pallier , d Hambourg, chez J. G. Fircbaum & chez Les princlpaux Libraires des Pays-Bas.  LE POLITIQUE N°.XCV. LUNDI, ce 2 DECEMBRE, 1782. Suite de la lettre intérejjante des Etats de Frife. En outre, comment accorder enfemble, que les Capitaines ayant ordre de mettre en Mer, & s'attendan: ainfi a entreprendre des Voyages a chaque moment, foient dépourvus a ce point d'une bonne quantité de gros Cordages, d'Ancres & de Voiles; vu que tous les Maritu regardentces Provifions comme étant de la derniere néceffité pour un Vo. yage a Ja Mer du Nord, furtout dans 1'arriere- faifon & même baaucoup plus nécellaires que pour un Voyage a B-elt, 0C1 iis peuvent fe rendri'. même eu Hiver? Que' jugement doit-on porter fur la Direftion , qnand 1'on jette ies yeux fur ce qui s'eft paffé au fujet du ViiiTeau la Gueldre: LM 8 Oftobre il vint Ju Vlie au Texel ; il fut défuné par S. A. pour mettre en Mer dans le même tems, tandis que' le Vice-Amira! Hartfinck , dans une lettre du 13, avettiffait S. A. quX s'en faliait beaucoup que l'Equipage de ce VaiiTeau fut cotnplet; & f Artillerie inférieure de ce Vaiffsau avait été plpriée a Medemblik; qü'ainfi i! était hors d'état de fatisfairej a 1'intention de L. H. P. pour fortir. Enfin , peut-on (potir ne pas afïïgnetj un plus grand nombre de chofes inconcevalles) fe former une idéé jufte de 1'Adminiftration des Affaires de la Marme, quand on confidere-que L. H. P-, lorfqu'ellès renoncerent le 9 Oftobre a 1'Expédi. Tojie IV. 11 üorj  * ( 25» } tion de Breft, réfolurent le méme jour de faire fortir un« Efcadre pour nmener le Convoi de Drontheim, mouillant a Bergen; & que S. A avait déja donné 1'ordre au ViceAmiral Hartfinck de faire mettre aufïïtót H la Voile Ie» Vaiffeaux préts, &, ace qu'il parait par les ordres donnés , pour faire une Croifiere dans le Nord. Comment cet ordre doané d'avance par S. A. eft-il foutenable, dans un tems oü les Délibérations de L. H. P. fur 1'Expédition de la Flotte n'étaient pas encore artêtées ? Du moins faut-il accorder l'un de ces deuxPoints: Ou, qua L. H. P. aient cru que, ponr la pourfuite de 1'Expédition en France, par un ordre de faire difparaitre promptement Jes Difficultés alléguées & Approvifionner les Vaifleaux du nécefiaire, ils devaient prendre néanmoins leur Réfolution fur ce point important qtii, contre leur attente & durant le cours de leurs Délibérations, avait été rendu inutile & abfolument impraticable; Ou.quefï L. H. P., entralnées par les Avertiflemens férieux des Pilotes-Cótiers, qui, fuivant la Miflive du Vice Amiral en date du 5 Oftobre, infmuaient qu'il ne ferait guete poffible de mettre fans danger les gros Vaifleaux en Mer; mais qu'il faudrait plutót, dan< cetteSaifon svancée, qnitter la Rade & fe mettre al'abri des glacés, L. H. P. aient jugé a propos, conformémént ir ce Confèii (vu que le Plan du Voyage è Breft était tombé) de prendre une Réfolution; il en réfulte donc que 1'ordre donné d'avance par S. A., qui a fi manifeftement anticipé fur la Dé» libération de L. H. P., a rendu 1'exécution de cette Réfolution impoiüble & 1'anéantit dans ie fait. Si nous réflé. chiffons fur tout cela & co»fidérons en même tems a quel degré inconcevable S. A. paratt porter findifférence fur tout ee qui concerne cette Affaire qui fait tant de bruit: Que o'ailleurs L. H. P. ont tenu fans rien plus, en Déübération, ce qui s'eft paffé a 1'égard des Rapports rendus, alors nous nous abimons dans un Océan d'incertitude. Et c'eft pour cette raifon , N, & P. S., qu'un fentiment douloureux de fembarras dont nous fommes environnés;& ne pouvant pour notre Tranqnillité touchaiit les Difficultés alléguées (qui ne forment qu'une partie des chofe? ificoin* préhenfibles qui s'offrent partout.) obtenir quelqu'Eclaircilfement ou Lumiere, d'une part; & de 1'autre, Une idéé' pénible de 1'accroifiement de la fi ustion critique & défef. pérée de la cbere Patrie, nous incitent a nous adreffer delechef a Vos Nobles Puiflailces & a les exhorter de ia ma. »iere  C i59 ) lïiere la plus folemnelfc, a les animer, paree qti'il y a rJC plus cher, fcar'la confavation du Pays y eft '.ifibleraenr. inlérelfée) de ne pas refter plus longtemscrsnquilles, mais, fans aucune perte de tem» & en mettant de cóté tous Intéréts paniciiüers, d'etnployer de concert les derniers Efforts, pour ie donner mutueliemedt ia main £n toute fmcé'iié 6c amour ardent de la Patrie, afin de redrefler fi efficacemeuc les Affaires, que p ur p.irvemr a ce gut facré & principal i il foit avec célérité employé les moyens les plus faiutair*s, les plus eflkaces, A cet effet,nous nous trouvons obiigés de p'opofer a V. N. P. par lapréfente, & de foumettre a votre Délibératkm lërieufe, s'il ne fenit pas indifpenfabJement néceffaire, que les Confédérés refpeclifs, aox foins defquelsfont conQés les plus chers Intéréts de ces Pays. Bas encore Libres , choififfent parmi eux quelques Membres capsbles, pour, al'inrtation des tems intérieurs, eenférer enfemble perfonnellemenr, dans un lieu ii défigner, fur la cohfervation du Pays & concerter des Moyens, qui, aprés avoir été mürement pelés, & employés enfuite avec vi;rueur, feraie«', fous la Bénéd;cT:ion.Divine,troüvés propres a faire difparalrte cer.e Direétion des Affaires, jufqu'n préfent fi défeétueufe & fi perverfe, & qu'afin de fauver la Patrie chancelante, il en füt établi une autre, potte fur 1'efprit d'ordre & d'A&ivité, afin que la République foit mifê en état de fortir de cette Inactiviré odieulé, & a tous égards pernicieufe, qui, hélas! s'eft manifeftée, avec honte, h 1'exrérieur & dans le cceur de ce Pays, afin qo'au conrarre, avec un Zele & un Courage dignes des anciens Beigé», nous puilBons .caufer tout le tort poïïible a 1'Ennemi juré de notre Patrie, & rendre tous las Services réels & fen. fibles aux Intétêts inappréciables du Commerce & de la Navigation libre. Et puifque le molnare retard a ce fujet pourrait porter un coup infjtüraent dangereux & mortel au Piys, nous follicitons V. N. p. de la maniere la plus preflant-: , de vouloir bien nous bformer le pluiAt poftitile do leur Con- fentemert a cc* égard. Nous flatrant d'auiat:. pms de la promptitude de V. N. P., que nous avons des raifons fondées de croire que V. Bi'. P. , tout c mme noot v.? les Sommes immenfes fournies par les Habitans, ma;s inutilement dépenlëes,liéfiieront fortemenc a fournir leursCon. fentemens, avant qu'un Redrefi'ement confidérable clans t*S R 2 Affai-  C aöo ) Affaires ait eu lieu, aux Pétitions des Equipemens fi néceffaires pour l'année prochaine. Faffe le Dieu des Pays. bas Unis, que cette Propofition, roürement délibérée & faite de notre part, trouve accès chez V. N, P. & devienne en fes mains un Moyen pour détourner Ja Ruine, qui menace fi vifiblement notre République. Sur quoi, &c. Leeuwarden, le 15 Nov. 178*. II eft néceffaire de montrer de 1'impartiali'é dans la difcuffion des affaires pubüques: pour voir aquel point ]es griefs allégués dans la lettre des Etats dc Frife font fondés, il convientde lire la lettre de fon Alteffe, qui a paru fous le titre de R E' P O N S E De S. A. S, Mgr. le Prince Stathouder, Capitaine & Amiral-Général de la République des Provinces-Unies &c. d la lettre de L. N. P. les Seigneurs Etats de Frife, en date de Leeuwaarden le 11 Oftobre 1782. De la Haye, le 29 Octobre 1782. Nolles et Puifants Seigneurs et int/mes Amis. Quoique nous ne foyons pas refponfables è chacun des Confédéres ,en particulier, relativement a ce que nous avons fait ou omis en notre qualité d'Amiral-Général de I'Union, nous penfons néanmoins devoir donner è Vos Nobles Puiffances , par déférence pour elles , les ouvertures qu'elles nous demandent ,par leur lettre du 11 de ce mois , ck nous nous y portons d'autant plus volontiers que nous efpérons faire évanouir par-la toutes lesfauffesimpreffionsquele manque d'informations néceflaires parait avoir occafionnées. C'eft donc dans cette vue que nous in/bimons V. N. Puiffances, par la Préfente, que, lorfqu'il nous fut remis, le 31 Septembre detnier, de la part de Mr. le Duc de la Vauguyon, Ambafladeur de la Cour de France, les deux Mé> moirés connus, terrdant en fubftaace a faire partir 10 Navires de Guerre de la Républ que pour Breit & envoyer enfuite une autre partie des Forc.-s Navales de 1'Etat ce 1'au.  ( 261 ) 1'autre cóté du Canal, pour intercepter un Convoi riche. ment chargé, que 1'on affuroit être parti, au commencement d'Aoüt. des Ifles Anglaifes de 1'Amérique, fous 1'efcorte de 1'Amira! Rodney, nous primes, le Iendemain, a. cet égard, i'avis de quelques Perfonnes affidées: mais plufieurs d'entr'elles, que 1'on peut regarder comme très.expertes dans les Affaires maritimes, alléguerent beaucoup da difficultés,tantrelativemeutaux rifques que coureroit la Marine renaiffante de la Répub'ique qui, fuivant leur fenttaient, eft a peine fuffifante pour couvrir nos propres Cótes , que paree qu'un détachement fi confidérable 1'affoibliroit trop pour pouvoir aller enfuite, de 1'autre cóté du Canal, intercepter le fufdit Convoi , que par conféquent ils étaient d'avis qu'il convenait de tenir les forces de 1'Etat raffemblées, afin de protéger, d'une maniere füre & convenable, les Navires de la Compagnie des Indes-Orientales & autres contre les forces qui rentraient fuccefïïvement en Angleterre ou qui s'y équipaient de nouveau, comme aufïï, afin de tranfporter des Navires qui feraient éloignés, quelques Officiers & Matelots exercés fur d'autres Navires, mis nouvellement en commiffion, avec le deffein de les employer tous enfemble au printemps prochain, d'une maniere honorable & utile, contre 1'Ennemi commun. Que, par ces raifons, nous n'avons ofé prendre fur nous 1'exécution de cette Affaire: mais que nous avons communiqué, le 23 Septembte, dans le Comité Secret, les deux fufdits Mémoires, avec inftance d'apprendre 1'intention de L. H. P. fur cet objet. Qu'enfuite L. H. Puiffances, fur l'avi.s de quelques Comités préfents des Colleges refpeftifs des Amirautés de cet Etat, ont trouvé bon de nous prier, par leur Réfolution du 3 Oaobre, de détacher le plutót poffible un Officier du Pavillon avec 5 Navires de 60 pieces de canon, 3 de 50, une Frégate de 36, une de 24. un Kotter & un Yachtd'A. vis, fous le commandement du Vice Amnal Hartfinck,pour Breft, afin d'y hyverner & attendre ies ordres ultérieurs d'ici, ou de coopérer, avec une F.fcadre Francoife, a talie expédition, dans les Mers de 1'Europe, que ledit Officier de Pavillon, de concert avec 1'Officier Commandanr, trouverait convenable, a cette intention néanmoins que le fufdit ordre devrait être tenu comme annullé, fi les vents d'Oueft continuels, ou d'autres vents variables, ou enfin quelques cas imprévus retenaient & empêchaient les NaR 3 vires  ( 252 1 vires de 1'Etat d'entreprendre ce voyage, avant Ie 8 Ofro> bre, dans la crainte de donner a l'Arniral Howe, lors de fon retour de Gibraltar, ou a toote au;re force enneraie fupérieure, occafion de prendre ou détruire Ia fufdite petite Efcadre. Qifimmédiatement & le méme jour, cette difpofition avait éré faite en conformité, & les ordres envoyés par un exprès, dans 1'attente qu'il y ferait littéralement fatisfait; ou qu'ü  ( 267 ) nn'il s'arnffait de rétablir la Marine, foic dans Ia * dénonciation violente de Mr. van Berckel, foit " en mei tant des obftacles a notre affociation k la " Neutralité-armée; & lors même que la rupture " eut éclaté en condamnant hautement la recon" naiffance de 1'lndépendance Amèricaine dans ce " navs v Oferiez- vous maltraker un pays dans " leciuei vous avez tant de bons anus , des anus " finuiffans, & par conféquent fi intereffésè cequ il " ne «  & peu conforme h la bonne politique. Les Pays„ bas Unis & 1'Amérique-Unie font des preuveé frappantes de cette remarque. Que ces deux pays devienuent les Alliés de la France & de t. l'Efpagne; & la Grande Breta^ne aura pour eux du ménagement & même du refpecl; qu'ils re- deviennént les Alliés de 1'Angleterre. elle con„ tinuera a les infulter & k les piller. Dans le pre- mier cas, elle craint de les offenfer, paree qu'ils „ ont des forces pour la fecourir; dans le fecond „ cas, ces craintes n'exiftent plus. Au moins tellé „ a été fa conduite." Le méme Auteur fait aufii plufieurs réflexioös intéreffantes fur la politique de I'Angleterre a 1'égard de 1'Amérique; mais cette matiere doit faire 1'objet d'un CHAPITRE LV. Sur la pacificatiën procbaine relatvoement d 1'Amérique. L'Indépendance Amèricaine eft aöuellement aufll fermement établie que celle d'aucun autre pays dans un état de guerre, Ce n'eft pas la longucür du tems; c'eft le pouvoir qui donne 1a ftabilité. Les nations en guerre refpecient peu les prérogatives de 1'antiquité. C'eft leur force immédiate & préfente; ce font leurs liaifons politiques qui doivent les foutenir. Ajoutons a cela qu'un droit qui s'éleve aujourd'hui, n eft pas moins un droit que s'il avait la fanétion de douze fiecle?; ainfi 1'lndépendance & le Gouvernement préfent en Amérique ne font pas plus expofés a la deftruclion, paree qu'ils font nouvellement établis, que ceux dc 1'Angleterre 3 paree qu'ils font plus anciens. La politique de la Grande Bretagne, relativemerit a 1'Amérique , fut commencée par 1'ignorance & pourfuivie par le déire. Pas une démarche qui an. non-  C 271 ) nonce des traits de lumieres. On dirait qu'elle n'a fait la guerre que pour fe rendre miferabie & odieufe • & dans fes dernieres propofitions d'accommodeT ment elle a encore montré une totale ignorance du cceur humain & des fentimens naturels «3c ïnaltérables qui le meuvent généralemeot. L'ancien Miniftere Britannique a«iffait avec les hommes comme avec des .êtres fans ame; St le Miniftere aftuel agit avec les Américains, comme sits étaient fans mémoire. On dirait que le premier les jugeait incapables d'être affeétés, & que le fecond les croit incapables de reffentiment _ II eft encore un autre point ou les politiques le trompent; c'eft de ne favoir pas calculer jufte; de iuser mal des conféquences qui doivent réfiilter de telle ou talie circonftance. Rien n'eft plus fréquent, dans la vie publique d'un Adminiftrateur, ainfi que dans la vie privée d'un particulier, dentendre les eens fe plaindre que tel ou tel moyen a produit un événement diredtement contraire a les intentions Mais la faute en doit être attnbuée au manque de prévoyance; car les moyens produifent toujours leurs conféquences propres & naturelles. Tl eft affezprobable que, dans un traite de paix, la Grande-Bretagne voudra fe réferver quelque póste dans 1'Amérique Septentrionale, peut-être le canada ouHalifax , ou ces deux Provinces a la fois. Ft ie tire cet augure des vues etroites qu elle a manifeftées dans fa Politique qui employé toujours des moyens dont les conféquences naturelles font Tla MS contraires a fon intérêt & a fon attente. Tl s'agit ici d'examiner fi ces établifiemens lui vaudront la peine d'être gardés & quelles feront les conféquences de cette poffeflïon. » Ouant au Canada, un des deux cas doit arriver: fi cette Province vient a fe peupler, elle le revotera; fi elle ne fe peuple pas, elle ne vaudra pas la peiuè d'être confervée. On en peut dire autant d Hah-  C 272 ) fax & des pays circonvoifins. Mais le Canada ne fe peuplera jamais; & il ferait fuperflu d'employer des moyens pour cet effet; la nature feule fera tout. La Grande Bretagne peut prodiguer. les dépenfes pour envoyer de nouveauxColons dans le Canada; fliais les defcendans de ces Colons feront Américains, ainfi que d'autres l'ont été avant eux. Ils regarderont au tour d'eux & verront leurs voifins érigés en Etats Souverains & libres, rofpedcés au dehors & commercant au loin avec I'univers entier; & 1'amour naturel de la liberté, les avantages du commerce , les charmes de 1'indépendance , d'un climat plusfortuné' & d'un fol plus fértile, les attirerönt au midi; ainfi la Grande Bretagne fera les frais & 1'Amérique en cueillira le fruit. La fuite au N". procbain. Ces Feuilles périodiques parailTent régulierement, tous les Lundis s Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbot; d Haarlem, chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Damme , & LesFreres Murray ; d la Haye , chez jf. van Cleef, Detune, vanDrecbt & LaFeuve Staalman; d Gouda, chez Fan der Klos; d Rotterdam, chez Bennet Cf Hake, & D. Fis ; d Dordrecht, chez Blujfé; d Deventer, chez I-eemborst; d Groningue, chez Huyzingh; dNimegue, chez Fan Goor; d Arnhem, chezTroost; dBois-leDuct chez f, H. Pallier , d Hambourg, chez J. G. Fircbaax & chez les prineipaux Libraires dos Pays-Bas.  L E FOLITIQUE N°.XCVI. LUNDI, ce 9 DECEMBRE, 1782. Suite du CHAPITRE LV. fur la Pacific mon procbaine relativement d 1'Amérique. On penferak que 1'expérience qu'a fait la GrandeBretagoe en Amérique, 1'aurait guéne de toute idéé de fonder des Colonies dansle continent; & toute ce qu'elle pourra s'y réferver ne fera pour elle qu'un champ d'épmes & de jaloufie, de débats & de contentions avec un peuple, qui lans ceffe in» réclamant des privileges & projecanc des revoltes. Elle formera des établiffemens ; mais lis feront pour les Etats-Unis; ils en deviendront parties, malgré tous ies projets que 1'on tentera pour 1'empêcher, même fans que les Etats-Unis aient befoin de faire aucun eifort pour feconder cette révolution. Da. bord elle ne pourrait en tirer des revenus , avant qu'ils fuffent en état d'en paver; & lorfqu'ils feront dans cet état, ils auront auffi le pouvoir de fecouer la ioug. On prend bien vite de l'attachement pour le fol ou 1'on vit; on s'intéreffe a la profpénté de ce lieu, préférablement k tout autre: peu importent les opinions avec lesquelles on y arrivé; letems, Iintérêt & de nouvelles liaifons les deracinent ailement; la génération fuivante n'eft plus celle qui précédait. c} Tom* IV. S Sl  C 274 ) „Si J* Grande • Bretagne était vraiment fage eiie famrait cette occafion pour fe. débaraffer de toutes les entraves qui la lient a 1'Amérique-Septentrionale ; non- feulement pour éviter des trouMes & des brouilleries dans 1'avenir, mais auffi pour Tauver la dépenfe. Les conditions auxquelles lAngleterre conferverajt le Canada, ne doivent temer 1'avidité d'aucune Puiffance Européenne C eft une de ces poffeffiom qui ne peut manquer détre conftamment onéreufe è tout propriétaire etranger. * Quant a la nouvelle Ecoffe, Hallifax. devient inutile a 1 /In gleterre après la guerre aétuelle & la perte des gtajs. Unis, Un.pofte, lorfque 1'on a perdu la domination au maintien de laquelle il pouvait lervir, ne peut occaflonner que des dépenfes il eft, lans doute, des milliers de gens en Angleterre., qui fuppofent que. ces places font un avantage pour la nation; quoique ce foit tout le contraire; & qu'au heu de produire des revenus, leur maintien abforbe une partie confidérable de ceux de. 1 Angleterre. Gibraltar eft un autre exemple de la mauvaife politique Angi.aife. Un pofte dont 1'on n'a pas befoin en tems de paix, & qui n'eft daucun fervice en tems de guerre, doit être inutile dans tous les tems; Au lieu de fournir des fecours a la marine ïl exige au contraire le fecours d'une marine pour S,UpP°fer 1ue Gibraltar Gommande la Mediterranée ou bien le paflage du commerce de cette- mer, c'eft fupnofer une fauffëïé mamfefte; paree que, quoique la Grande - Bretagne ret.enne ce pofte, elle a perdu les deux autres & tous les avantages qu'elle en attendait. Et dire aue tout cela arnve , paree que ce pofte eft affiéyé nar terre & par mer, c'eft ne rien dire, car il en fera Kf*de,.?rêmF Cn tCmS- de guerre' tant W la**a6ce & 1 Efpagne cntretiendront des Flottes fu. peneures & que la Grande Bretagne gardera Iaplace. De forte que, dans le tems ouSelk? fera pour  c 5 flr&¥ 1'une un roe imoénétrable' & inaccefllblé, il' l'era toujours dans le pouvoir de 1'autre de ;e rendre inutile 81 extrémement onércux. Je funoofe qu'un des principaux objets de l'Efpagne 'en affiëgeant ce roe, foit de montrer al'Anfleterre cue, quand elle ne ferait pas en état de fe prendre elle peut toujours ' le commander, c'eft-a dire 'le tenir bloqué, & montrer, que fi 1'on nepeut en détruire la gamifon, êa peut y détruire le port. La feule maniere de rèduire Gibraltar, ferait d'attaquer la Flotte Britannique. Cette place a pour fe'foutenir, autant de befoin d'une Flotte, gu'u' oifeau a befoin d'ailes pöur fe procorer la fubfiftance ; il meurt s'il eft-bleue dans cet ea- droit. 2 y . ii i i • II eft un autre circonftance a laquclle le peup'eAn'dais n'a pas donné la momdre attentidn, & dont même il n'a pas la moindre notion; c'eft W différente entre un pouvoir permanent 6l un pou-' voir accidëhtel, confidérés "par rapport aux nations. , J'entends par pouvoir permanent , cette force inhérente dans une nation naturellement & perpe* tuellement, qui exifte toujours, quoiqu'elle ne foit pas toujours en adion ou toujours dingée avec la' même habileté; & j'entends par pouvoir aeeïdentel, la difpofition ou 1'éxcrcice heureux & accidente! de la force nationale, en tout ou en partie. II fut, certainement, un tems oh toute nation Européenne, avec feulement buit ou dix vaiffeauxde guerre, égaux h ce que nous appelons aftuellement vaiffeaux de ligne, aurait jeté 1'epouvante chez toutes les autres, qui n'avaient pas commencé' a conftruire une marine, quoique 1 nature leur eüt' procuré des forces fuffifantes p >ur cela. Maïs c'e'1 ce' qu'on ne peut envifager que comme aecidentel, & non comme le mödele d'une puiffance permanente. & cela ne pouvait durer que jufqu'a ce' 'que ces Puillances euffent- buti autant & plus- de vaifleaux qïieMa. première. Cette opération faite, une flotte fupé1 S 2 rieure  C 276 ) neure eft néceffaire, pour acquérir la fupériorité; & une flotte, plus puiflante encore, pour la furpaffer. Ainfi vont les hommes, batiffiint flotte fur flotie, fuivant 1'occafion ou la fituation des chofes: d'après cette obfervation, il ne s'offre plus qu'une queftion a faire, favoir: qnelle Puiffance peut conftruire & armer une plus grande quantité de vaifleaux? La réponfe naturelle eft celle-ci: c'eft la Puiffance qui a le plus de revenus éi le plus d'habitans avec des ports commodes & des cótes bien fituées. La France étant fituée fur le continent de 1'Europe, & la Grande • Bretagne ne voyant autour d'elle que la mer, ces deux fituations diverfes ont infpiré aux deux pays des idéés différentes. Les habitans de la Grande-Bretagne n'ont pu commercer ayec 1'étrangcr ni quitter leur fol natal, qu'a 1'aide dédifices mobiles fur une furface liquide; la France ne s'eft pas trouvée dans ce cas. Ainfi 1'idée d'une marine ne s'eft pas offerte a la France d'a. • prés la néceffité immédiate & primitive qui l a fait naitre en Angleterre. Mais la queftion eft de fa. voir, lorfque 1'une & l'autre portent leurs efforts & leurs revenus vers le même objet, qui des deux doit 1'emporter? Le revenu annuel de la France eft prefque le doublé de celui de PAngleterre, & le nombre des habitans eft encore au de la du doublé; chacune a la méme étendue de cótes le long de la Manche • la France s'étendant en outre ccnfidérablement dans Ja Baye de Bifcaye, avec une pofition trés-avantageufe fur la iViéditerranée. L'expérience journaliere prouve encore que la pratique & 1'exercice forment dans l'une & l'autre des matelots auffi fa« cilement que des foidats. Si donc, la Grande Bretagne peut entretenir cent vaiffeaux de ligne, la France peut en maintenir au moins cent cinquante, paree que fes revenus & fa population lui fourniffent pour ce furplus les - •— . l. ma~  ( 277 ) moyens qui manquent k I'Angleterre. Et la feule r ifon pourquoi elle ne 1'a pas fait, c'eft qu'elle n'v a porté fon attention que depuis peu. Mais voyant enfin que la marine eft le premier rellbrt du pouvoir, elle réulfira aifément k 1'obtenir. L'Angleterre s'eft imaginée, faufiement& malheureufement pour elle, qu avant eu le Jeflïis avec la France quand celle- ci était inférieure en forces navales , elle devait 1'avoir dans tous les tems. Mais il eft facile de voir que la France n'avait pas effayé fes forces fur mer, & qu'elle eft en état d'être auffi fupérieure a 1'Angleterre fur cet élément, qu'elle I'eft en revenu & en populaiion, L'Angleterre peut avoir k déplorer le jour qu'elle n'a confulté que fon infolence & fon injuftice pour provoquer la France fur mer II eft au pouvoir des flottes comDinées de conquérir toutes les isles des Indes - Occidentales & d'anéantir la navigation Britannique dans ces parages. Si la France & l'Efpagne envoyaient toutes leurs forces navales de 1'Europe vers ces isles, la Grande-Bretagne ne ferait pas en état de les y fuivre avec des forces égales. Elle ferait encore inférieure de vingt ou trente vaifleaux, quand elle y enverrait tous ceux qu'elle a, laiflant tout fon commerce étranger k la merci des Hollandais. . C'eft une maxime qui, je penfe , ne fouffre pas d'exception, furtout dans les opérations navales, que de grandts forces ne doivent jamais mar. cher par détachemens, quand 1'on peut les faire mouvoir enfemble. Mais il faut conduire toutes fes forces a quelque objet important; & dont 1'heureux fuccès doit avoir un effet decifir pour la guerre. Si les Efpagnols & les Frangais euflent conduit au printems toutes leurs forces dans les Indes- Occidentales. les isles feraient toutes tombées en leur pouvoir; ils euflent pris ét Rodney & fa flotte. Les Ktats-Unis peuvent fournir des provifions aux flottes combinées; elles n'ont pas befoin S 3 ÜC  C 278 ) de les' faire venir de 1'Europe, comme 1'An■gleterre Le hazard a procuré aux Anglais des avantages .que l'infériorité de leur marine ne leur donnait pas lieu. d'efpérer lis f- font vus obligés dei fuir devant les ftottes combinées; mais Rodney a "deus •fois eu le bonheur de rencontrer des efcadres détachées, auxquelies il était fupérieur en nombre: la première fois prés du Cap St. Vincent , oh il avaic prés de deux vaiffeaux contre un; & ia feconde fois dans les Indes•• Occidentale?, oh il avait une fupériorïté de prés d'un quart. Des vicloires de .cette-efpece s'obtiennent d'ellcs-mêmes. On peut les gagner fans gloire , & les perdre fans h.(jnte;.on ne les doit attribuer qu'au hazard de la rencontre, & non a i'habileté fupérieure. L'Amiral qui les remporta, dans trois engagemens antérieurs au dernier-, ne put obtenir aucun avantage avec des flottes égales a la fienne, & fe dra d'affaire en évitant le combar. Enfin, fi 1'on peut dire que ia Grande* Bretagne a ide.nambreux ennemis, cela prouve aulli qu'elle a dommis un grand nombre d'infultes. Les outra. ges attirent Ia haine des nations comme des individus. Le mépris des bienféances de Ja part de la Cour Britannique femanifefte égalementdans les odes des jours de naiffance & de la nouvelle année; ces' pieces de poüfies ne font propres qu'a entretenir ie bas peuple dans 1'iiiufion éc h choquer les gens de'goür: fes procédés tyranniques & fes outïïges intolévables fur les mers, lui avaient attiré Ja hainé de toutes les nations commercanr.es. Ses flottes n'étaicnt pour elle que des inllrumens de pillage; elle jouait fur la furface des mers le róje que joue le requin dans les flots: mais les Puif. fances combinées ont pris un róle bien différent, elles tendent è 1'immortalité en jetant les fonder mens d'une liberté partaite fur 1'océan, a laquelle toutes ks 'nadons'ont un droit inconteflable, qu'el-  C 279 ) cu'elles font intéreffées k voir étabhr. La mer eft un chemin ouverc h toutes les nations; quiconque Jïrroee des prérogatives fur cet élément, eft un LSm duPdroit°des gens; il s'attire, a jufte ntre, Ja punition des autres. - Peut- être ferait il bon pour le repos futur du genre humain, d'établir pour article de la paix profhame,qu'en tems de paix, aucune nation ne potrrmir entretenir qu'un certain nombre (ie vameaux S gue e Au moins cette idéé devrait-elle être adoftée en partie; car, fuivant le torrent de la mode, la moitié du monde va fe répandte fur les mes; & 1'on ne faurait affigner 1'étendue que va orendre la navigation des diverfes nations Un luïe raifon, c'eft que la navigation n'ajoutc nen aux mosurs du peuple. La vie fequeftree qu, ac fompagne le fervice de mer, écarté les occafions §e fe mêler dans la fociété; elle n'occafiqnne que Sop fouvent une rudeflé d'idée & de langage , & nlus encore dans le fervice des vaiffeaux de guerre aue dans celui des vaiffeaux imrchands ; dans ce dernier fervice il y a plus d'occafiohs de communiquer avec le monde &la fociété. Cette remarque eft. cependant générale, elle n'appartient pasaun pays ¥Sde'. Bretagne a fait actuellement une . épreuve.de fept ans& une dépenfe d'environ deux m millions de livres Sterlings:chaque mois quelle diffcre de conclure la paix, hu coftte un autre muiion de livres Sterlings au deffus des dépenfes ordihaires du gouvernement qui exigent un autre mi lion ; de forte que fes dépenses par mois font de deux millions de livres Sterlings, fomrne qu* équivaut juftement a la dépenfe annuelle de IA. Sr que, compris toutes les charges. Qu on |gÖ par lil qui de deux eft en état de foutenir la partie ^Él^ïSment bien des fautcs I exnier. Au lieu donc d'affefter le même ton d"-Vrog',nce qui ne feft qu'a diminuer fon.crédit cn aügmenwnt  C 280 ) Ie rclTentiment des autres peuples. elle fer.fr coup mieux de s'occuper chez"elte de £ ÏÏfoSï" tion des mceurs&de 1'économie fifiaie d'enrÏÏ hpaix avec fes voifins & de ne p,*' ffi^ ffaito j V« »«, enfant Jet r/tTnZ 1 V" f'rons mu*» qu'il trouveraic bien le moven de ft/£ li CC,davo,r dit du Roi de France. On a Wfoï - ef'Ch°Uer ,a de™nde qui peut juftifier la conduitdeceZZS£J*ZÏ t0Ut ce « eft des incidens qui mettenr 1 g ?ds Perr°n^geS s P|us forte: qui cro'ir it qu'o„ " 'a bienfdances & de .„ - e mépns dei prés, fous le..ufticeïriSna n^n? datm°DCer 8 Peu mois chez B. Vern eu en I Zll'Jr *m CË\trois derDie" herbes è la Hiye! ™«wfi«ion de ! fi," «rand-ma«*é aux mman daBysie ïfflB*  C 281 ) fer cette expédition, paree que les vaiffeaux auraient couru risque d'être interceptés par la Flotte de Howe i Ion retour de Gibraltar. Sans relever cette fuppofition abfurde, le Souverain ayant parlé ; on ne pouvait plus lui défobéir. Le Stadhouder aurait-il ufé de cette exceffive prévoyance, s'il fe fut agi de fecourir les Anglais? C'eft ce que 1'on verra par fa conduite dans 1'affaire de la Brigade EcoiTaife. Voici la traduétion de plufieurs pieces intéreffantes qui n'avaient pas encore paru fur cette affaire. NOBLES ET PüISSANS SEIGNEURS! Son Alteflê le Seigneur Prince Stadhouder d'Orange & de Naffau a rapporté ce matin, dans un travail avec Meflieurs les Députés des Affaires étrangeres qu'il avait été prié, il y a quelques femaines, de la part de S. M. le Roi de la Grande-Bretagne , de vouloir bien faire parvenir a ia connaiffance de Leurs Hautes Puiffances le defir de Sa Maj., favoir fi la République ne pourrait pas abandonner pour quelque tems, par maniere de prêt, è ce Monarque, le Corps au fervice de L. H. P. connü fous le nom de Brigade EcoiTaife, non com« me une marqué d'amitié, ni aucunement en vertu de quelques Traités d''alliance fubfijlants 6f obligatoir es; afin que ce Corps puiffe durant les préfents troubles, élevés dans les Colonies Américaines, paffer au fervice dudit Monarque; offrant Sa Maj. en même tems que pour remédier a la diminution que la milice de 1'Etat fouffrirait par la perte de fix|Batailtons, de les remplacer d'un nombre égal de troupes Hanovriennes ou d'autres qui font d la Jolde de la Couronne. Que cette Propofition ayant été mife en férieufe déliberation par S. A. & voyant d'un coté les différentes difficultés & inconvénients qu'il y aurait a prendre des troupes êtrangeres au fervice de la République, & de les placer dans fes villes & frontieres, & étant convainca de l'autre coté de 1'imS 5 Por"  C 282 ) portance des raifons qui militaient contre une Da. reil e dumnuuon de ]a milice du pays dans Vfi mt,on préfente, qui Jui eft enderenïntSvora bic, & Altefle acru devoir faire parvenir fes ohfrr Que Ja fuite en avait été, que S. M. nar un multam fur la première demande , fit en même S^?esndei£n?f°/ld0n Ultén'eure P°ur f^re difparS! tre Tes difficultés , en promettant de prendre fur £ re °nn les M. * ia délibéranondes F at f v-cnciaux ues rrovmces vp:m>fl-;„»n c fut prife ainfi\u'on Ku^SS^^ Nbus ne pouvons nous difpenfer de Mre fur r b^VT-an t CetCe P^PnfitionT Vous X bits & Pu,fl,ans Seigneurs, ainfi qu'aux Eta's-Gé ceraux des autres Provirces & none ,>r / qu'une demande de Sa fij^ Roi T Ia Bretagne, qui ne faurait lui être acconlrt nZ votre confentement , faiis ^SKl! dres  ( 283 ) , e »v &n* diminuer le nombre modique de la m oC n\r, trouvera un facile accés auprès de cune ^"^iW^'Hr °cJs & que Vos Nobles PuiffanVos Nobles Puiffances «q f ces voudroot fn».F ^ e"MCf. & en noS repofant la-deffus, nouspnon. ra&Ie ; & tn nou h' m avoir no. ^c?PmS!feign^ ^c^n?S«Ssfc les Ftats -Généraux des Provinces Omes. ****** , & -N B^WT Par ordre duquel ^J^S?«S**S< a la prfcre 4» de 1'Orare equeiuL. ? /- " • pouriaitait que u„e Miffive & Retota ™ extraordinaire dePOrdre équcltie sf ^némbIer alors retoSvernent a »"= P'f '°" fa ,e dans PAiVem. pc a fon fervice fiU fa folie. ,  C 284 ) . (.Pofi alia) Nous ne pouvions pas nous difpenfer de Vmc prier, Tres - nobles Seigneurs, de vouloir bVn Vous rendre au tems & lieu . pour afrfte, i riHi hérer & décider, tel qu'on trouvera qu'il fera bón «Sc néceiiaire: Etant aurefte q Arabon TRLS- Ni E! ; S SFTGNEURS ! Votre trés ■ humbiè Serviteur Vollenhoven le 26 du Nov. 1775^°^' Le 15 Decembre cette Miffive Ait- -*m;r commiflion de L. H. P. k ï^fi^^ff qui, lejour fuivant, c'eft-è - dire ie rrt v^TTï 1'Aflemblée qu'on était cl'avis- ' PP°rta k Que Meflieurs les Comités de Ja Général,.* mSTt ê"etautorifés 4 confentir dans I'Affemf blée de L, H. P au tranfport de la Brfide Ecof faife au fervice & k la folde de tne piece , qui faifait tant de bruit, nepoavai être dérobée a la curiofité du pujlic Rilt parut ÏÏffi en plufieurs formats, & furtout ^pMeura gazettes étrangcres. L'édition authenuque doit ie trnnver chez F H. Demter d Am iet dam. tTT^-^M^ les Leputés ordinaires d'Ovef-yffel recurent une Miffive des Députés de k ProvTnce dansfaflcmbléedeL. H P. c°n«:,adke Que ces Seigneurs avaient été fuppliés dans ladite Müfive, de feSendre, a un jour marqué prés de fnn Alteffe Ce Prince leur avait iait ïavoir nu" Mr de'Poll avait donné un avis qu. non -leuternentav^ mais que cet avis fe trouvait encore dons les ^zettes ^vendait chez les Libraires-. ^g**effe fouhaitait favoir s'il était permis en Over-yfftl, de confier k la preffe des pieces tirées des iNotulcs les Sovinces dPe ies divuïguer & de les, rendre pubULes une entf'autres, dans laquelle , Jans par q Ier d s paiïages & exprejjions les moins ameres te " Seiznew-pSeefi enbute aux traits de la cenjure " fSp. jL aucun des ménagemens n des egards *&'£%l£m Comités y..v^t «« fubhance 0 le „ fqf.  ( 287 ) faffent pajfer a fon Service £? a fa\ Solde pendant " les troubles qui agitent aEtuellement fes Colonies " Amèricaine s." Donné le 16 Décembre 1775,^72* VAffemblée des Nobles & des Villes, compofant les Etats de la Province d'Overyffel. NOBiLES ÏT PUISSANTS SeICNEURs! La demande d'une Puiffance voifine, ne tendant a rien moins qu'a faire paffer a fon Service & a fa Solde des Troupes qui font au Service de cet Etat, parait au Soufligné, dans la fituation aduelle de 1'Europe, une affaire de fi haute imponance pour une République comirte la nötre, qu'il ne faurait fe difpenfer de communiquer fes idéés fur ce fujet par écrit, & de fe réferver de plus la faculté d'inférer cet Avis fur les Regiftres de 1'Affeiublée. Fournir a une Puiffance des Troupes, dont elle a befoin pour fe tirer de fes démêlés, c'eft tout nettement prendre parti, c'eft fe mettre en danger d'être entrainé plus ayant qu'on'ne 1'avait prévu d'nbord ou qu'on ne le foubaiterait enfuite; c'eft s'expofer ainfi a tout ce qui peut réfulter d'une première démarche. SéMte par 1'influence prépondérante des uns & par le zele aveugle des autres, notre République qui ne peut fleurir que par la Paix, & qui a conftam» ment cherché l'infruéfueufe Guerre; qui ne peut fubfifter que par le Commerce & 1'Agriculture, & qui ne les a jamais convenablement encouragés, panicuiierement celuiIk. notre République s'eft réduite a cet état de foi- bléffe extréme, d'oü elle ne peut fe tirer, (fi tant eft qu'il • v ait encore du remede} que par des mefures touta-fait. oppofées, notamment par 1'obfervation de la Neutralité la plus exafte dans tous les différends , qui furviennent en Europe. ' C'eft a cette pierre de touche que toute Propofition doit être éprouvée, quelque bien intentionné qu'en foit PAuteur; & fi elle ne peut foutenir cette épreuve on doit la rejeter comme r.uifible. La Propofition, fur laquelle vos Nobles Puiffances déliberent maintenant, eft de cette efpece; du moins le Sousilgné 1'envifage fous ce point de vue: Et il fe flat te, que perfonne ne prendra de mauvaife part, qu'il communiqué ouvertement & avec une franchife Belgique fes idéés fur im ob'et qui touche de fi prés le bien-étre de fa Patrie. II s'y  C 288 ) £y croit appelé; & i! regarde le filence comme un crime toutes les fois que c'eft un devoir de parler ' Le feu, allumé en Amérique, eft rés-propre è incendier 1 Europe ent.ere, remplie d'ailleurs de rnatieres combuftt bles. Si des fecours ont été offerte a Sa Majefté Brita que, ils ne manqueront pas non plus au>: Américains , grandeur de I'Angleterre, a 1'a Jncement i Iaque 'nou* avons facr.fié d'uoe facon fi inexcufable notre proS Huis aucun avance na,ional, fans aucUn retour de ferWc s & par laquelle le prétendu Equilibre de 1'Europ', Tui a' couté des fleuves de lang, fe t,?0Uve fi abfolument détru t que cet Emptre exerce de nos jours fur le. ES narch.e plus redoutable que jamais il n'en fut aucune ; cette gr ndeur n'eft pas regardée d'un ceil indifférent pa? I Mai! bené de 1 Europe & du commerce: 11 eft plus que probable que les Pnnces de cette Maifon faifiront iWafion fa f r?°Ur ?°Uer leUrs C0UPS av<* d'autant plus de eer- n.ude: Et qu arr.vera-t-il alors? &dSP doute M & P. S., que nous nous trouverons de nouveau en^agés comme autrefois, dans une Guerre pernicieufe avec fun de nos plus punTants Voifins, qui par la réciprocité d'ime. Guerre les aurait interrompus. q a poS' ft' eftfr1 S,°UfÏÏgné déiè d'un affi* St»nd fortes.' P n 3Dt d3UtreS qu'" «»» "uffi La fuite au AT: procbain. Ces Feuilles périodiques paraiffent réeulierement ton, i*. Lundis men fingulier du Roi prouvent clairement que 1'on avait deffein de furorendre la République Snv enak.il au Chevalier Yorke de s'adrefier dan» cere oSafion au Prince? N'était-ce pas déroger aux droits des Etats-Généraux ? Cette cn-conttancc fert encore a orouver une collufion infidieufe. Auffi la barangue de M, de Capelle ne: manqua nas de fixer 1'attention publique. Une machination Knt on avai' voulu dérober le fecret aux yeux du ayant paru avant celui ^Amfterdam & de tiaarltm  C 294 ) & 1'ayant probablement fait naitre , combien Ia République ne doit-elle pas a un citoyen qui a tant contribué a Ia préferver d'une guerre avec la France & 1'a mife dans des circonftances dont elle s'applaudira éternellement par la tournure que prennent les affaires de ce pays & celles de 1'Amérique. Auffi cette démarche a-t-elle jeté les Anglomanes dans le dernier exces de la fureur. lis ont porté 1'abiurdité jufqu'a prétendre qu'il ne convenait pas è nn Régent de donner fon avis par écrit fur une affaire pendante alors a la généraiité, & que cet avis étant expofé en préfence de fon Alteffe & dans le tems que le Prince faifait en Overyffel fa joveufe entrée en quahté de Stathouder-héréditaire, lé Baron n'avait cherché qu'a le mortifier & a traverfer fes vues. (a) II eft certain qu'il failait un courage extraordinaire & tout le patriotifme d'un ancien Romain . pour ofer alors une démarche pareiüe. Auffi Mi' de. CaPe"e ne tarda pas h montrer par 1'ardeur qu'il mit a défendre la caufe des payfans forcés k des fervitudes barbares , injuftes & contraires aux pnviléges de tout Habitant d'une République, qu'il n'avait en vue que les intéréts de fes compatriotes. Le devoir la plus facré des Régens efi de veiller au maintien des droits & privileges de leurs concitoyens. Ils ne feraknt par feulement inutiles a 1'Etat, ils feraient méme puniffables,s'ils manquaient a ce devoir facré. Tous les partis avouent ces vérités. Mais on prétend que Mr. dc Capeüe, en foutenant une eaufe jufte, aurait du y mettre plus de décence & plus d'égards pour ceux dont il attaquait les opinions & les intéréts. On prétend qu'il a troublé le repos public par Ces avis, fes propofitions & fes proteflations; & furtout en les foumettant au jugement du peuple par la voie de la preffe: il fuffit d'alléquer ces accufations pour en montrer 1'abfurdité: Mr. de Capelle & plufieurs autres bons citoyens ont pulvérifé ces ob- (a) Ouderwetfche Patriot V. 155.  ( 295 ) «,(San£ «,la terne de Ion gouger luivanc ic. cnwa2emenc contrafte pan raidre compte de fa conduite a fes conftituans; 4. ^"eSTpublique ayant ^S^SS^ décénerer en gouvernement militaiu. , 11 convicu dSit de prendre les plus grandes précautmns pour diminuer e nombre des troupes Ktotden? Schoudertas , toora ces OW» ^ ffiSfe fe garder de confondre le peuple avec 11 laut men ie ^ confondre iïJSSbe flétriffantefurles pricipauxAuteur.& 1 4  C 296 ) fur ies vib inftramens qu'ils emploverent? Pourauo? . eft_on accordé è regarder comme une injurelerÏÏ C eft qu on n a guere fait agir alors que des gens ramaï. fes^dans la derniere lie du peuple dar, ™ clafte indifférente fur la forn/duTgouverneS dont elle ne connafc ni les principes ni les Sét" Ma.s pour tout ce qui s'eft fait dans les éhcot ?oTf/MUell£S' °n,a pr0Cédé bienautiJnen . ee fontJes Negocians, les Bourgeois, les Marchands les Manufaótuners, les Fabncans les PoffeffeS des biens-fonds & des richeffes dè la Républ nue en un mot, les véntables propriétaires de 1'Ê'at & par conféquent les plus intéreffés a fa confervation & k fa profpenté, qui fe font déclarés, & co™ ment? Eft-ce par des attroupemens féditieux" par des menaces mfolentes de piller- les mS2 des perfonnes fufpecles d'AnglomÏÏie ? Eft?cfpar des violences ouvertes ,' des cris d'alarme & de ™\™ïLV S? 3 VU dansle*^es i%T, 174? ét 1748 1 lift ce même en attaauant in' dneeïement l'honneur du Souverain f comme j seft pratiqué au commencement de ce mo s n 1'adrefle vraiment féditieufe,..propofée a la Havo pour remerner le Prince? Eft. ce en SiftriK de 1'argcnt a ceux qui violenteraient' le«4Xaëcs des Citoyens en portant ces adreffes de mailbn en maifon?. Eft-ce en forcant les paffmt T f," mêler a leurs orgies bruyantes? Eftfee* ün mot, en imitant 1'exemple de ces vérita'bles Ca- Sur^d^ cfmni *dit^X' qUi' dans ««prS.ie» jours de ce mois , avaient pro eté d'allumer 1'in- Smm'bTU18 rent fy"bué ^s matil e totatetaables? Non. On a fait des adreffes & des xequêtes, foit pour demander des convois foi cour engager les Colléges légiflatifs a décla er'i'Indépendance de 'Amérique & a rcjeter toute pa x parti cunere, foit pour folliciter Ia réintégration dePMr de Capelle, foit pour remercier les Magiftrats da *ur sete a .'informer des caufes funeftef qui onï  ( *97 ) 'enchamé nos forces navales, &c. Qui les a fignées & préfentées? Ce font des Bourgeois, des Habitans, notables, honnêtes, connus. Comment la fignature s'eft-elle faite? En géneral, fans violenter m compromettre ceux qui, par leur conduite ou leur filence étaient foupconnés de penfer différemment. 11 eft vrai qu'en Overyffel la réintégration de Mr. de Capelle De s'eft pas faite avec cette décence & cette tranquillité qui a caraftérifé les démarches des'Bourgeois & Habitans des autres pays. Nous fommes loin d'approuver ce qu'il peut y avoir eu d'irrégulier dans cette occafion..Mais il ne convient suere aux défenfeurs du rétabliffement du Stadhouderat, de relever & de dénoncer cette irrégularité. II s'en faut beaucoup qu'on puiffe la comparer aux défordres de l'année 1747 & 1748. On ne mit gueres alors en avant que la derniere clafle du peuple ; mais ce font les principaux Bourgeois , les Répréfentans même de la Bourgeoifie, Colleges appelés de la Commune , tous les Habitans de la campagne, fans compter le cri de la nation dans toutes les autres Provinces, la voix même folemnelle des Etats de Frife, qui demandaient hautement que Mr. de Capelle füt rétabli dans 1'adminiftranon. Si iamais la voix du peuple s'eft manifeftée d'une maniere frappante & digne d'être écoutée, c'eft dans cette occafion- 11 n'eft donc pas étonnant que, duns une ivrefie auffi générale, le peuple ait par un zele & une fermeté alors neceflaires, & fans doute légitimes , intimidé quinze k vingt perfonnes qui voulaient que la confidération de leurs intéréts & de leurs reffentimens prévalüt iur le vceu général. Le peuple était d'autant plus excufablef qu'il ava't en fa faveur la partie la plus fiune la plus défintéreffée & la plus nombreufe du Corps légiflatif. II ferait donc abfurde de comparer la fédition arrivée dernierement 1 la Haye, ou ies défordres violents qui rétablirent le Stadhouderat, i ce qui s'eft paffé dans le rétabliffemenc de Mr, *Cap8U0, Tj . Avèi  C 298 ) Avant de finir cette difcuflion, il n'eft pas inutile de rapporter quelques traits propres è montrer combien ]a réintégration de Mr. de Capelle s'eft faite au gré de la Nation Lorfqu'il fut décidé d'appeler cet illuftre Ciroven dans rAffemblée.' plufieurs des Membres de I'Ördre équeftre voulurent fe retirer. Mais le Droft dé Salland, un de fes plus ardens amis, prdfidant alors les Etats, les pria de refter II infinua, d'un ton ferme & touchant, que cette retraite était déplacée & qu'il convenait de rétabhr Mr. dc Capelle avec décence. Son élo. quence arrêta les mécontens. lis fe bornerent a dévorer leur dépit. L'affemblée refta complette. Le jeune Baron fut introduit dans la Salie par une porte de derrière. En entrant dans l'affemblée, il fit une profonde révérence. Le Droft de Salland le complimenta de fon fiége préfidial ; le Baron lui repondit par une inclination de tête. Le Préfident re put réfifter k 1'émotion de cette fcene attendnffante; fon cceur palpitait, on voyait les larmes couler Ie long de fon vifage. Quelques-uns des Membres de 1'Ordre équeftre préfenterent Ia main a leur :ancien Collégue. Tous les Députés des villes s'emprefferent pour lui témoigner leur joie par cette marqué amicale d'attachement. L'affemblée rompuc, le Baron fortit par Ia porte de devant avec les autres Membres II ne fut plus poffible alors de contenir les tranfporta & les acclamations du peuple. Les maifons du Saffenflraat, ou le Baron devait paffer, étaient bordées de fpecïateurs. jL'alégreffe était peinte fur tous ies vifages. On pleurait de joie; le Baron lui - même ne pouvait arréter fes larmes. Jamais fpeétaclene fut plus touchant! Foi/d, fe difait-on l'un a l'autre foildle rejlaurateur, le défenfeur de nos droits 1 Foi la le fiéau de la tyranniel Voild notre pere! Ces pa. roles répétées par milie bouches av c les acclamations d'une allégreffe vive & cordiale, formaient le plus raviffant des concerts. Les pavfans, venus en fouJe dans la ville, montraient 4 leurs enfans celui qui  C 299 ) fcrat mille fois ce te^ ütua ion ^ ^ prcs ce récit f°^f,^\Vefmérite dc fes compa- f nt, SfSSS & eneut ne font pas 2* tnotes, de ieaitreox a rhumamte. ttS.' wS™»» rSnfie dans les autres SI ««el» SSÖ femW dSnc une «« > 't/lrince Bourgeois qu'il ajuré ^m'Jn{gUautremcnt, en & d'autres pour un ob et contraue, ce qu alors, comme toujours, 1pluf^Jf1 au£lle.  C 3°o } petit nombre de gens contraires aux principes aue nous avons expofés; que les diverfes requêtes o?é fentees par le parti des ardens Républicans ont eu la fanécion de toute Ia nation, puS nV a pas eu de réclamations & de requêtïs contrairs • tl 1 e-ffW P?s .avt=c éclat les chaines qu'il ffi tolt laifle impofer infenfiblement, au pré.udice de fes droits & de fes \ intéréts. C'eft ce qUe nous examinerons plus amplement 1'ordinaire fuivant ™ parlant en détail du tumulte arrivé a Ja Slve Suite des CHAPITRES l, li & lTi't Sur les interets Communs entre l'Aménque-Uniè & les Puiffances maritimes de VEurope Ou font donc ces citoyens perfides & dangereux ?e fif^Crfaient t°UteS]les mefures Prife PoS nuï ie diredlement ou indireétement è 1'Ennemi? oi «de0lTndénên^Ui WJ^««** h «Sïïïftï furenuUht f 1 °Q Amér]Cai"e comme une me. luie nuifib e è ce pays., parce qu'elle pouvait nui- queSes fits" BiSons^ 4* ^fout^ suc ies neis Jjiecons ne fuccombcra ent iamais W lereversqu'ilsavaienteffuYéenVirginie?oS qui décnaient les patriotés éclair! qui avaïen pré! vu les fuites de cet événement, t\ montré quMes Anglais ne tarderaienc pas a fuivre 1'exemnie la République? Qui ne voit qrtbïi^$°*£ LVe wHi? raire/Tprévue & extraordinaire du oouze avnW Cet événement n'a donc fait oue re. dans le cas d'être couverte de^tenébres nui Ei derobent a jamais la vue du foleil. Ouan? auï perfonnes éclairées fur les vrais intérétsTe ce pays & de fon commerce ; elles font bien éloionéef de  C30O De Philadelpbie, le 3 OSebre 1782. .... ■ Le Congrès ayant re9u des nouvelles authen rnillion de rhonorable John Adarns, PWniootentiaire des Etats-unis aupres des Etars-geneiaux, u f Smmindé 'nx Affemblées des différens Etats d'informt lé p°^les de cet événement, afin q^ils "nfidwentlej Ws des Pavs-bas-unis comme amis, & les «rutent en SoccaGÏcommeune Nation,avec J^"'* «J5 être incelTamment unis par une alliance qm fi 1or1 en. juge par celle qu'ils ont contraftée avec la France, contribuera i la profpérité des deux Etats. anamant s, ies jyii- Le peuple . marqué fa joie de cet evenement, & les Mi nittres du Congrès fe font également empteffes è donner des r^moisnaees de la leur. En 1'abfence du fieur Livinglton, Affaires étrangeres, le fieur Morris, «Jant des rinances, a donné un repas a tout e Congf«, « Minifïre de Sa Maiefté Très-Chrétienne & & tous les auue*» E^le dlffi.iéflden. iPHl^Pfle Parordre de Èurs Souverains. D'autres perfonnes dans les emp o» publies, & plufieurs particuliers, fe propofent de manifefte la joie que cette un ion caufe a tous les Amér.cun* & * leur. """on voit par 1'impreffion que cet événement i faite dans lesWs-Ünis, quel avantage ceüté: épour cette République qu'on eüt commencé plutot 4 ouvïir 1=P ch?minqa des liaifons. avantageufes de rnmrnerce nar celles de la Politique. 11 n eft pas Sle de fuivre?Sé" les lettres inUre[fantes d'un dépendance des Américains. . Tous les Américains, dit-il, conviendront avee 1'Auteur des penjées, que les Etats-unis, f^fj^ ; \n%endancePnefera plus difputée « 'f^ïSr d'fltt»r« liai/bfM « 1'Europe que celles du Comnerce. ' Aucund'eux ,il eft vrai, nevoudrait envelopper fon pays dans le labyrinthe desnégociaoonsEuiopéennes,ni dans 1'miquité de leurs guerres.L Arnér que n defirera que d'être utile a toutes les autres nations , ^fcï fai?e tort a aucune Les demandes quelle fera de leurs produQions feront telles que ch.cu ne en tirera dL avantages fonMérables par 1 augmentation deskmoyens defubfiftance, &. par con- ; féquent de la population. Chacunedelks a be.  ( 302 ) „. foin de fes denrées en échange; aücune d'elles ne „ peut raifonablement defirer de borner les prógrès „ & d'étouffer le bonheur de 1'cfpece humame dans „ les deux mondes,en s'attirant exciufivement ce 3, Commerce. „ II eft également clair que ce commerce fera beau„ coup mieux protégé par la fagelle des Etats-Unis „ que par la dominan'on d'a'ucune puiffance Euro„ péenne; & beaucoup plus füre dans les mains d'un „ Allié que dans celles d'un Maitre. Mais il eft furprenant que la méchanceté de Galloway contre fa „ propre patrie ne lui ait pas fait dérober au public . „ des vérités auffi importantes, Cela montre qu'il „ n'entend rien è conduire la caufe qu'il a entrepris „ de défendre, & qu'il a la tête auffi mal organifée „ que fon efprit eft méchant & infidieux. „ Les Nouveaux Etats, continue-t-ïï. font 6? refte. it ront les Alliés de la France, notre Ennemie natu„ relle. d moins qu'on ne les ramenefous le joug. En „ ce cas I'Angleterre ne devrait-elle pas examiner fi „ tous fes efforts pour foumettre les Américains „ n'ont pas tendu au contraire a confolidcr leur al„ hance avec la France, & a les reduire a la né„ ceffité de former avec elle des liaifons de plus en plus étroites; è rendre pour jamais 1'Araérique en„ tiere, 1'Ennemie naturelle de I'Angleterre; h la „ forcer de renoncer abfolument a tout commerce „ Britannique; a en faire même une interdidtion totale & finale, &, pour irieuxatteindrece but, èfor„ mer des engagemens aVec la France, l'Efpagne, „ la.Hollande & d'autres puiffaneesmaritimes? On „ aurait dü confidérer encore fi les nouveaux Etats „ ne deviendront pas bientót auffi les Alliés de 1'Esj> pagne, pour 1'être k jamais, au cas que cette „ guerre foit pourfuivie Quant a la réduflion de „ ces Etats, cette idéé n'eft plus qu'un objet digne „ de nfée ou du mépris. II n'eft pas fi petite „ communauté en Amérique qui ne s'en moque. " L'Anglaisnegoüterait jamais la poffeff on tranciuülê „ d aucun des treize Etats. pas même de la Georgië. „ La Caroline Méridionale oh ils ont envoyé périr une  C 3°3 ) une armée qu'ils auraient pu employer a la défenV. fe des mes Antilies ne leur refterait pas un mois, " nas même une heure. " Oallowav continue en ces termes: La plus grande partie de la nation efpere tj dejire une réw " nion avec la mêiropole. " Tl ferait impoflible d'inventer un menfon2e plus évidemmcnt palpable. Un Lord Germaine, un Général Conway peuvent étre es, " cufés fur ce point; ils n'ont pas été a portée de " Sruire ou de confulter des mémoires fideles. " Mais Galloway fait bien que les chofes font au5', trement qu'il ne les repréfenté Auffi voyant fa " perfonne foumife a la vindiéte des loix de fa paJl rrie & le fombre catalogue de fes crimes luiótant " tout efpoir de pardon, ü a juré de ie vanger, tl non coté Coriolan par 1'épée, mais par des " PeÏÏtaVoute" gtf fa >ZaJ grandepartie des Américains font plets dferéunir aux forces du Roi en réiwfait " le pouvoir de fes tyrans. II veut fans doute par* " Ier du Congrès & du gouvernement nouveau: " pour bien faifir le fondement de cette affertion , ■ il faut fe ranpeler les ordres qui font donnés " conftamment par les Officiers Commandans de " New-York & publiés dans les papiers-nouvelles. " lamais ils n'ont ófé fe confier a ceux qu ils appel. " S es Provinciaux, les Volontaires ia Mihce V, &c, dont ils font cependant un étalage fipom- peux dans les depêches des Officiers en Chef 6c " dans les Gazettes de la Cour. Ils ne les exercent " que dans le jour; leurs pierres a fufil font des ? morceaux de bois; on les défarme toutes les muts; on porte chaque fois leurs mousquets dans les ma. " «azms- on fe garde bien furtout de leur confier " iSune quantité8de poudre. Ce qui eft vra, c'eft " que le feul fruit que les Troupes Br.tanniques " ont retiré en donnant des armes, des habits,des munitions è quelques uns des habitans des endroits oïToat pénéSê, seft ré4uit a fournir auxbe*  ( 3°4 ) h lotos que ces deraiers avaient d'habic, d'armes &de' „ munitions. C'eft cequ'ontéprouvéle Général Bour„ goine dans la Nouvelle Angleterre & la nouvellej, York; le Général Howe dans le Nouveau Jeriev „ la Penfylvanie, le Maryland & la Delaware- & M Sir Henri Cliuton & le Comte Cornwallis dans U j> Georgië & la Sud-Caroline. Quel encouragement „ a-t-on pu leur donner, qu'on ne leur ait pas don3, né? L'exemption du pillage eft-elleunencourage„ ment? Défendre le pillage, c'en eft affez pour faire „ déferter la moitié d'une armée: mais en prenant „ des provifions,des chevaux, du bétail, ils répan„ dent les gumées d'Angleterre dans le Pays; ils fourniiTent aux habitans de nouveaux moyens d'a„ cheter des armes, des munitions, des habits & „ tour è tour ils ont befoin des foldats Britanniques. »' 5? £runes confidcrables, des commiffions ., éblouiflantes peuvent attirer quelques baDdits „ lans honneur, fans principes qui les lient a aucun „ pays, k aucune caufe; mais des hommes pareils „ trahiifent leurs maitres k la première occafion fa„ voraole; ils ne formeront d'ailleurs, jamais un „ nombre confidérable. La Généralité des Habitans „ dans tous les Etats, ojit pour le Congrès beaucoup 5, plus de vénération que les foldats Britanniques „ n en ont pour leur Roi. Ils les vénevent comme „ oracle de la patrie, le gardien de leurs droits, „ la voix de Ia Divinité ; 1'indépendance & 1'al„ hance avec la France font k leurs yeux les deux! „ plus grandes faveurs que la providence ait jamais „ dispenfées au nouveau monde. Ils vont plus loin „ encore: ils croyent que 1'Europe eft intérefréeS „ ces faveurs; ils penfent généralement qu'un Congrès 3, d hommes d'Etat, affemblés pour Ie bien-êtrede „ 1'Amérique & pour celui de 1'humanité n'aurait pu „ former un plan fi favorable a leur honneur, leur „ intérêt, leur liberté,leur félicité, que celui qui a' 3, été l'effet de 1'imprudence & de la folie des Ani, glais." La fuite au N». proebain. (.Aux Adreffes ordinaire;).  X. E POLITIQUE N°.XCVIII. LUNDI5ce23 DECEMBRE, 1732. C H A P I T R E L V. Remarqües' fut les fiiites beureufes de la liberté de la Prefe & de l'exercice d.es Adrefjh & Requêtes, d l'occofion de plufieurs événemens arrivés depu:s peü. De toutes les propriétés d'un Citoyen , la plus refpefiable fans doute eft celle de fon honneur. Qui m'tite mon bien ne m'öte run, dit Shakefpear; ü devient le partage d'un autre; mais qui m'ote ma réputation. me fait un tort réel,fans qu'il en tire aucun avantage. II y a au moins bien de la légereté è porter atteintea la réputation d'un individu quelconque, en fe permettant contre fa perfonne , des aflertions calomnieufes, uniquement fondées lur des difcours vaaues, fur des inculpations conti Ouvées, & louvent fur des menfonges, imaginés par 1'envie & par la haine. Auffi le métier de libellifte, d'Auteurbatyrique,eft-il odieux, vil, &méprifé. Tout Ecrivain qui employé des perfonalités étrangeres au fujet qu U traite, eft un homme qui décele laméchanceté de foü cceur & de fes intentions & qui doute de la bonte de fa caufe. 11 peut quelquefois avoir époufé le bon parti; mais, a coup fur, ce n'eft ni la juftice, ni la connaiffance des faits qui ont entram'é U AtTome IV. V ^r-  C 305 ) termination; Ia pafllon, le relTentiment particulier, le vil intérêt, font les feuls mobiles qui le font agir. • D'après ces réflexions on fent que nous fommes bieri loin d'approuver ceux qui ofent prendre le maf. que du patriotifme pour fatisfaire leurs haines particulieres,qui profanent la plus noble des caufes, par Ia maniere dont ils prétendent Ia défendre. Tous les gens honnêtes & éclairés n'ont vu qu'avec horreur les moyens obliques & laches dont certaines perfonnes mal.intentionnées ont cberché a verfer du poifon fur la vie privée de fon Alteffe le Prince Stathouder & d'autres perfonnages refpeótables. La conduite publique d'un Adminiftrateur eft foumife par fa nature méme a 1'ceil de la cenfure; dans une République furtout, chaque citoyen, comme membre plusou moins éloigné de la fouveraineté, a le droit d^expoièr fes obfervations è cet égard, foit dans les aiTemblées d'Etat, foit d'une autre maniere. L'Adminiftrateurle plus habile&le plus éclairé peut être attaché a des fyftêmes& a des idéés erronées, qu'il importe de détruire; mais qu'y a-t-il de commun entre fes affaires de familie & fa conduite publique? Les plus grands Princes peuvent avoir des faibleffes; Henri IV & Céfar en font un exemple; & les Princes les plus mal-adroits dans 1'art de gouverner ont fouvent eu une conduite exemplaire dans la vie privée. II y a donc une infigne méchanceté è jeter des foupgons, prefque toujours dénués de fondemens, fur ce que fait un homme dans des occafions, dont 1'on ne_ peut favoir le fecret fans la révélation perfide des loix de Phofpitalité, ou fans une connaiffance qu'il n'eft guere facile de fe procurer. C'eft cependant ce que 1'on voit tousles jours panicuiierement dans les pays de liberté, &furtout dans les tems de trouble&dedivifion. Pour arrêter cet abus, plufieurs moyens ont été propofés; le Prince Stathouder n'a pas cru au deflbus de fa naifiance d'en indiquer. Avant dedécider une matiere fi importante, il n'eft pas inutile de rapporter ce que difait un Anglais, interrogé fur une matiere femblable. „ Je  ( 30? ) „ Je fuis, difait.il, indigné viverre^t, contre ceux „ qui cherchent a troubler le repos des families par des libelles, & je partage fincerement la douleur !' de la perfonne indignée contre PAuteur que 1'a at; „ taquée. Je ferais pourtant très-faehé qui 1'on ré- médiat a cet inconvénient, en donnant la moin« „ dre atteinte h la liberté de la Preffe, paree que je , me convain.es tous les jours davantage que fes produébions les plus licencieufes je n'en excepte '! pas méme nos gazettes & nos autres papiers pu, blies, ont infpiré a tous les habitans de la Gran' de Bretagne , malgré leur impertinence & leurs !' mauvaifes plaifanteries, un plus grand refpeftpour ' la Conftitution,une idéé plus nette & plus appro, fondie de nos droits & de tout ce qui nous inté. reiïe, que celle d'aucune des nations connues n'a f eu jufqu'a préfent de ce qui la regarde. Une loi ' telle que celle que votre ami propofé en bor" nant la liberté de la Preffe , mettrait , je 1'a" voue, les individus a 1'abri des attaques de cette ' nature; mais elle leur ravirait en même tems un " des remedes les plus efficaces'contre la calomnie, " & les plus propres h manifefter leur innocence & , " le tort que leurs ennemis ont eu de chercher & " les noircir; ce ferait r river les Anglais ae la fa" culté qui leur refte , de s'adrefllr dircdtemei'.t h. " leurs concitoyens, toutes les fois qu'on les infulte " ou qu'ils font opprimés paf 1'abus de la loi ou par la prévarication des magiftrats, chargés de la " maintenir & de la faire exécuter. II ferait facile d'alléguer des exemples de gens de la probité la mieux établie , perfécutés " de la maniere du monde la plus inique & la plus " atroce par ceux qui occupaient les premières pla" ces de 1'Etat, & qui étaient tout-puiflans v es " premiers n'avaient d'autre reffource pour obtenir " iuftice, que d'en appeier a 1'équité & au juge*' ment du public. Toutes les fo-s qu'ils y ont eu recours ils s'en font bien trouvés 1 out etre fenfé " ne faurait fe cacher qu'il fe commet journelle** Va » ment,  „ ment, je ne fais combien d'injuft'ces & de vexa»tions par 1'homme opulent, par le fourbe ou le puiffant, en dépit, ou même a 1'aide des loix donc „ Ie pauvre, 1'homme franc,, & celui qui eft <:'énué „ de proteétion, deviennent les viétimes. Plufieurs „ de ceux qui ont impofé filence a leur confcience , „ & fu éluder ia loi, tremblent en penfant que leur iniquité peutparaftre au grand jour;rien n'eft, „ rien ne faurair. être un frein plus efficace contre ,', 1'abus du pouvoir, que le privilege de porter au „ tribunal du public les griefs que j'on a contre fes „ oppreffeurs. De cette fagon , la caufe des indï„ vidus devient la fienne, & 1'indignation générale „ qu'excitent les torts qu'on leur a faits forme 1'une „ des plus féveres punitions que 1'on puiffe infliger y, au coupable, & devient en même tems l'un des „ plus forts remparts des opprimés. „ Par ce moyen, i'alarme la plus prompte & Ja „ pluis falucaire eft répandue dans la nation, toutes „ les fois que le public eft abufé par une fauflé dé„ marche,ou qu'ilya la moinrlre apparence de quel„ que machination contre Ja Confiitution , on pré„ vient & on découvre plufieurs pratiques, dont, „ fans cela, on ne fe ferait douté, ou'au moment ob „ il n'aurait plus été tems d'y rémédier. Et quoi. „ que cette liberté foit la fource de piufieurs avis „ ridicules , & produife un grand nombre de cen„ feurs demauvaife foi, elle ouvre en même tems la s, porte a d'autres avis d'une efpece tout a-fait oppo. „ iée, & procure la facultc d'en faire parvenir de „ falutaires aux gens en plaee; qui, fans la facilité „ de les publier en gardant 1'anonime, n'en auraient „ jamais eu connaiffance. „ Les défordres momeatanés, fm'tes de cette li„ bené, ont été fort exayérés, & repréfentés com„ me plus confidérables que les avantages de cette „ modération & de cette lénité civj'e. Si ces mê,. mes gens s'étaient donnés Ia peine de réfléchir fur „ la nature des inconvéniens que 1'on éprouve dans „ les.  C 3C9 ) s, les gouver-nemens defpotifques, ils auraient bien. „ tót reconnu leur erreur „ Le plus grand mal qui puiffe naitre de la licence j, attachée a cette condefcendance eft que le peu„ ple ne vienne è fe dégofiter tout-a-coup de la li,e bertéméme, fatigué des impertinences & des abfurdités que publient journellement quelques-un6 „ de fes partifans les plus zélés & les plus empor„ tés: tout ainfi qu'il pourrait arriver qu'un homme ferait moins empreffé a rechercher la compagnie „ de fon meilleur ami, s'il le voyait' toujours fuivi 5, d'un vilain chien hargneux., grondant & aboyant „ eontinuellement & fans fujet „ Pour prouver 1'irrégularité d'une pareille con„ duite; il fuffit feulement de fe rappeler que la li„ cence n'eft peut-être jamais montée a un fi haut „ point qu'elle 1'eft depuis quelques années en Anj. gleterre. .... Qaels font les grands maux qui en „ ont été la fuiteV..,. Piufieurs perfonnes refpectables ont été cruellement calomniées dans des „ brochures.... Certains barbouilleurs impudens onc „ eu Padreffe de fe fouftraire au chatiment qu'ils mé9, ritaient:.... on a caffé desvitres ; & les caroffes „ d'un petit nombre de membres du parlement ont „ été couverts de ï oue par la populace.. . Que „ font ces petits défordres comparés a la fombrt- & morne rcgularité. produite par ledefpotifme, fous „ lequel les fujets font forcés d'ufer de la circon, fpédtion la plus pém'bie dans toutes leurs aétions: !, ne difent jamais leurs fentimens fur les objets mé> t, mes les moins importans , craignant que le gou„ vernement n'ait des efpions a gage dans leurs propres domeftiques, fe défiant de leurs parens Le RuJJe. Notre Commerce s'accroft -depuis qu'il combat pour la liberté. Le PruJJien. Le nótre auffi. h'Autrichien. C'eft tOut comme chez nous. IJEjpagnol Nous avons repris Mahon. L'Américain. Et nous avons acquis la liberté. L''Anglais. Graces a il n'en put dire davantage 5 ' les injures éclaterent bientót, on en vint aux coups, & un Juge de paix furvint: il ordonna que l'An*glais ferait envoyé dans une Ijle voijine feul & que les autres Interlocuteurs, quiauraient quelques griefs contre les Irangais, vivraient loin de lui. lis demeurerent tous enfemble £f ils nt trouverent plus entte eux aucun fujet de rire. Ce badinage jette un trait de lumiere fur les affaires générales, On ne peut fe diffimuler que les tems sétuelsne foient prêtsa enfanter les plus grands événemens. Le partage de la Pologne ayant détruit d'uncóté 1'équilibre & le refte chanceiant des anciens principes encore refpeétês en liurope, & plufieurs p.oienuts de cette partie du monde indiquant affez fes vues ambitieufes qu'ils couvent dans leurs cceurs, on doit s'attendre aux plus grandes révolutions. LaErance (.qui le dirait V) ej.t arftuellement le cenrre cl'c- cet équilibre; c'eft elle qui eft la plus intéreffée è le maintenir & la plus puiffante pour le faire refpecler. . Tous les yeux font actuellement fixés fur la pacification procnaine entre les Puiffances maritimes. On peut alïurer, fans crainte d'être démenti, que fi elle réuffit cet hiver, la paix ne fera pas de longue durée. Les Anglais ne la defirent viiiblement que pour avoir un moment de répit, s'armer avec plus de facilité , attirer les Américains dans leurs intéréts & prévenir le danger que court I'Angleterre de perdre jufqu'è 1'efpoir d'avoir jamais quelquc'influence en Hollande, par 1'ardeuravec laquelle le parti Républicain profite des troubiespréfens poui? ;  C 32J ) recouvrer fes anciennes prérogatives envahies par le Stathoudérat. Pour concevoir cette derniere idéé, al n'eft pas néceffaire qu'il y ait une corrcfpondance réguliere entre Londres & la Haye; les affaires publiques en montrent la jufteffe ; & le Stalhouder, fans avoir befoin d'un tel moyen , femble expofer affez fes principes & fes idéés politiques relativement a la France & k I'Angleterre dans diverfes brochures qu'il n'ofe défavouer. Mais les Anglais peuvent-ils fe flatter de regagner ii promptement 1'amitié des Américains? II eft certain d'abord que la France eft fingulierement intéreffée a prolonger encore cette guerre, au moins d'une année, pour cimenter de plus en plus fes liaifons en Amérique & 1'influence qu'elle commence a acquérir dans les Pays-Bas-Unis, Mais eft-H bien fur que les Américains ci les Hollandais, dans le cas oü la paix fe fit cet hiver, retourneraient auffi facilement qu'on le fuppofe, dans les intéréts de Ja Grande-Bretagne ? Ecoutons les Américains s'expliqüer a cette occafion. On fait que le célebre Raynal a, dans la derniere édition de fon Hifi oir e Philofophiqui Politique, donné un précis fur la Révolution Amèricaine. Cet ou» vrage qui a emporté tous les fuffrages par la jufteffe des principes & Ja fublimité des idéés, a révolté tous les Américains par 1'infidéiité de la narration. L'Abbé, ayant ófé avancer que YAméricam te. na.it fecretement fes regards tournés vers fa Me* re-pairie êf Je téjouirait du défajtre de fes allés', s'ils étaient compatibles avec Jon inóépendance, un Américain en place qui s'eft donné la peine de réfurcr les affertions erronées de cet ouvrage , réfute ainfi cette derniere. „ Tracer des portraits de fantaifie eft une efpece „ d'sttaque & de repréfaiiles a laquelle une grande „ partie des hommes aiment ife livrer avec complai„ fance. Le vrai philofophe devrait être au defu fus de cette faibleffe, furtout dans un cas qui X 3 „ peut  „ peut caufer du mal, fans produire aucun bien; dans un cas oü 1'ofFenfe ne peut étre jufiifiée par ., aucune provocation. L'Auteur aurait pu imaginer „ une différence de caractere pour chaque nation „ du monde; ies autres, cn revanche, en imagine„ raient de leur cóté, jufqu'è ce que dans ce conflit „ d'efprit, on ne put plus diflinguer les nuan„ ces du caraélere véritable. La gaïté d'une nation & la gravité d'une autre peuvent étre , par „ un coup kger de pinceau, ;répréfentés fous les 3, couleurs les plusbizarres; & le peintre peut deve„ nir aufli ridicule que la pdnture. „ Mais pourquoi 1'Abbé n'a c-11 pas plongé fes regards plus avant, pour peindre aufii les bonnes quaïkés des diverfes parties? Pourquoi ne s'eft-ü „ pas arrêté avec complaifance fur cette grandeur „ d'ame, cette nobleffe de fentimens qui a carafié* „ rifé la conduite de la France dans fes conquétes „ aétuelles & a arraché des expreflions de recon„ naiflance de la part même de la Grande-Breta»» g°e? „ II efl. cependant un point C & Ton pourrait en j, indiquer plufieurs autres ) fur lequel les Puifl'ances Alliées font d'accord; c'eft dans la maniere avec „ laquelle elles fe difputent a qui montrera le plus de nobleffe envers leurs ennemis. L'Efpagne a „ confirmé cette remarque dans fa conquéte de Mi* norque & des Ifles de Bahama. L'Amérique ne s'eft jamais démentie en procédés humains depuis „ le commencement de la guerre, malgré les pro,, vocations révoltantes dont elle a été la vidtime. „ L'Angleterre feule s'eft piquée de perfifter dans ,, le fyftême d'infolence & de cruauté qu'elle avait adopté. „ Mais pourquoi 1'Amérique demeurerait - elle „ chargée d'un accufation qu'elle n'a pas méritée par j, fa conduite, encore moins par fes principes, & qui, „ fi elle était vraie, ferait une tache a fon honneur? 3) Pourquoi 1'accuferde manquer d'attachement pour « fes  ( 327 ) „ fes alliés , ou de fe réjouir'de leurs défaftres? II „ eft vrai qu'elle s'eft attachée opiniatrément h „ montrer k 1'ünivers qu'elle n'était pas 1'aggreffeur „ vis-a-vis de I'Angleterre, qu'elle n'avait nicher„ ché, ni même defiré cette querelle, Mais tirer „ des induétions de fa candeur & même de ce qui „ la juftifie, pour porter le coup mortel a fa répu„ tation, C & je ne vois'pas qu'on puiffe en tirer d'aüV „ leurs) cela n'eft ni beau ni jufte." „ La maniere dont les Américains rejeterent en„ 1776 les propofitions Britanniques, avant qu'ils euflent aucun preffentimcnt d'une alliance avec „ la France, peut-elle fe concilier avec lë tab!- au „ que fait Raynal de leurs diipoiuions? Ont„ ils laiffé échaper dans leur conduite ün feul trait,, qui ait fourni matiere a cette peinture «"Mais iieft „ untémoignage irréfragable, bien pfóprêè montrer 3, le contraire; c'eft que de tous les paquets de let„ tres que 1'on a interceptés en diftérentes parties „ de 1'Amérique & portés^ New York, lettres dont ,, 1'on a publié les traits les plus Dropres a femer „ la divifion & a noircir les Américains, il ne s'eft: trouve dans aucune rien qui puiffe avoir donné lieu „ a cette accufation." „ II n'eft pas un pays, oü 1'on foit moins gêné „ par le gouvernement dans Ia liberté de produire ies fentimens & fes idéés; & s'il eft quelques en„ traves k ce fujet, elles ne viennent que de la „ crainte du reffentiment populaire. Si donc au„ cun trait de la correfpondance particuliere ou „ publique n'aurorife des induétions pareilles, il „ même a raifon des difpofidons générales du peuple „ il ne ferait pas fur de montrer de la joie du „ défaftre de cet allié: fur quels fondemens , dis„ je, une telle accufation poferait - elle ? Nous „ ne pouvons favoir quelles fortes de compagnie „ Raynal a fréquentées en France; mais nous „ pouvons aflurer que les informations qu'on lui a „ fourniesne regardent aucunement 1'Amérique." „ Si Mr. Raynal fe fut trouvé en Amérique X4 lorfi  ( 3-^3 ) „ loïfqu'on y apprit la nouvelle du malheur arrivé „ a la Flotte du Comte de Grafie dans les Indes-Oc,, cidentale^, il aurait vu clairement fon étonnante „ méprife. Je ne me rappelle pas un feul exemple, „ fi ce n'eft la perte de Charlestown, qui ait af„ feété plus yivement les eiprits & qui leur ait „ caufé plus d'agitation, de crainte & d'efpérance , „ que les premiers bruits avant - coureurs encore „ douteux de la vérité ou de la fauffeté de cette nouvelle. Si la perte n'eüt regardé que nous , elle n'aurait pas fait une impreffion fi profon* „ de; cependant cet accident n'avait aucun rapport „ dircét a 1'Indépendanee de 1'Amérique." „Peut-être, "dit ailleurs le même Ecrivain, „ jamais deux événemens ne fe combinerent d'une maniere plus forte & plus intime pour combattre „ & diffiper nos préjugés, que 1'indépendance de „ 1'Amérique & fon alliance avec la France. Nous en fentons les effets, & leur influence s'étend „ déja a 1'ancien monde, auffi bien qu'au nouveau. ,, La tournure des idéés, la maniere de penfer du „ peuple, ont éprouvé une révolution encore plus „ extraordinaire que la révolution politique du ,, pays. Nous voyons avec d'autres yeux; nous em? tendons avec d'autres oreilles, nous penfons avec „ d'autres idéés que nous ne faifions auparavant.. ,j Nous envifageons nqs anciens préjugés, comme, „ s'ils euflent été les préjugés d'un autre peuple. „ Nous voyons & connaiflbns aêhiellemcnt que, c'é» „ taicnt des préjugés & rien autre; & dégagés de ,, nos entraves, nous poffédons une liberté d'efprit f> dont nous n'a vions aucune idée.Jamais les argumens, tout éloquens qu'ils aient pu étre, ni les raifons les „ plus fubtiles n'auraient produit un changement fi „ néceffaire a 1'extenfion de 1'efprit & a la ccnnaifi? fance du monde, fans ces deux événemens, la ?i Révolution & 1'Alliance." Si 1'Amérique fe füt dé achée peu - a - peu de la n Grande- Bretagne, on n'aurait obfervé aucun, ,j chan-  C 329 ) „ changement important dans les idéés. Les même* 3i notions, les mêmes préjugés, les mémes fenti. „ mens auraient prévalu, comme auparavant dan* „ les deux pays, & toujours efclaves de 1'eiTeur ft " Se, uét-cai105j S-ls auraieöt fl,ivi Ja route battue „ de l habitude.Mais,remuée par les moyens que Sn „ fait, par rapport a nous mêmes, k la France & A „ l Angleterre, toute la maffe du cceur s'eft pureéo „ des fouillures, du poifon & de la rouille qui YiZ „ fcöaient, & s'eft ouverteaux impreffions des idéés „ faines & généreufes." s ,, Jamais peut-étre il n'y eut d'alliance pofée „ fur une bafe plus étendue que celle entre la Fran„ ce& 1 Amérique, & les progrès qu'ellea faitsfont „dignes de remarque. Ces deux pays n'ava ent „ ete ennemis l'un de l'autre, que par rapport a l'Anl „ gleterre Ils n'avaient originairement aucun fujet „ 1 intérêt de I'Angleterre qui armait 1'Amérique " ??ntf ,a/ran^e-J Dans ce tems lAIes Américain» n féparés du refte de 1'ünivers par un efpacé im. „ menfe, &bercés dans tous les préjugés de ceus„ qui les gouvernaient, croyaient de leur devoir " dag'r comme on leur infinuait. C'eft ainfi qu'ils „ sepuifaient pour faire des conquétcs non k leur „ avantage, mais pour celui de leurs maïtres, oui s, les traitaient comme des efclaves." * „ üne longue fuite de duretés & d'outraees & Ja " lTTn°fC/Tïée -enfin Par le eommencement „ des hoftilués a Lexington le 19 Avnl 177? fir „ naitre de nouvelles idéés. L'efprit, auparavant'uni„ quementtourné vers I'Angleterre, feporta furl'Unf 3, vers entier, & nos préjugés ainfi que nos foufl 3? frances fubirent une épreuve qui Je fit replik fur; „ lui-meme; enfin, nous trouvÉmes les premier* „ aufii contraires h la raifon & a 1'humanité que les dermers étaient peu compatibles avec nos droits 3? cmls & politiques. Pendant que nous avancions p ainfi par degrés dans le vafte champ de 1'amour: x ? „de  C 330 ) de tous les hommes, 1'alliance avec la France fut " concilie; alliance formée, non pour être éphemere, '* maiséternelle, paree qu'elle eft affifefurdesfondc*' mens folides& génereux, avec des avantages égaux & rêciproques$&la maniere ai fée&affeaueufe avec „ laquelle les parties ont communiqué enfemble de» puis, en a fait une alliance-non de cours mais de nations. Les efprits font acluellement unis aufii bien que les intéréts , & nos cceurs auffi bien que notre profoéricé nous invitent a les maintenir." Les Anglais, n'ayant pas éprouvé ce changement, n'en avaient aucune idée. Ils caref„ faient avec complaifance les mêmes préjugés que. „ nous foulions aux pieds; ils imaginaient confer„ ver prife fur 1'Amérique par la confervation de „ ces mêmes idéés étroites que 1'Amérique re< ,. jetait. Ils s'énorgueiliiffaient des chofes que nous „ méprifions: voili la principale caufe qui a fait „ échouer toutes leurs négociations, fondées fur ]f cette bafe. Nous fommes réellement un autre „ peuple; nous ne pouvons plus retourner a notre ., ancienneignorance &ènosvieuxpréjugés. L'efprit , une fois éclairé ne retombe plus dans les ténebres. II " n eft ni dans 1'ordre des probabilités, ni dans ' 1'ordre des poffibles, que l'efprit retombe dans rignorance d'une chofe qu'il fait; ainfi toute en*, treprife de la part de I'Angleterre, calquée fur w les'anciennes idéés de 1'Amérique, & fes vues „ pour les renouveler, reflemblent a ceux d'un homme qui voudrait perfuader a quelqu'un peur„ vu de bons yeux de fe rendre aveugle, ou doué „ de bons lens, de devenir un fot. La première fuppofition eft contre la nature & la feconde im„ poffible." „ L'Abbé Raynal remarque qu'un de ces pays eft „ une Monarchie & l'autre une République. Mais „ quelles fuites peut avoir cette diftérence? Les „ formes de gouvernement n'ont rien de commun „ avec des traités. Les premières n'ont rappnrt  C33l ) „ qu'a Ia poli'ce intérieure des pays; les feconds h „ leur politique extérieure :& tant que toutes d'eux ,, rempliflént leur devoir, nous n'avons pas plus „ de droit a nous ingérer dans les affaires domefti„ ques de 1'uneoude f autre, que nous n'en avons a ,, nous informer des intéréts particulier» de telle ou „ telle familie." „ Si Raynal eüt un peu réfléchi., il aurait vu que „ les Cour* ou les Puiffances invefties du pouvoir fu- prêmedans chaque pays, quelle que foit la forme „ du gouvernement, forit des Républiques è 1'égard „ 1'unede l'autre. Voilale premier» voilale vraiprin„ cipe des alliances. L'^ntiquité peut donner Ia „ préféance, & le pouvoir p>oduit naturellement „ leplus ou moins de credit; mais leur droit refpecfif „ n'eft jamais un fujet de difpute. C'eft auffi une chofe „ digae de remarque; qu'un pays monarchique ne „ faurait éprouver aucune altération dans fa tran-, „ quillité par une alliance avec un Républi„ cain ; que 11 les gouvernemens républicains ont a „ craindre quelque chofe, ce n'eft pas de leurs liai„ fons étrangeres, mais de quelques convulfions & „ complots inteftins. La France eft en alliance avec „ le corps Helvétique depuis plus de deux eens „ ans ; & la SuilTe ne laiffé pas de conferver fa „ conftitution Républicaine auffi intacte, que fi elle s'érait alliée avec une République. D'ailleurs, ce „ n'eft pas unmal qu'il y ait une mélange pareil „ dans le monde politique, II y a quelque chofe a „ apprendre de la différence des mceurs & des fen„ timens; c'eft même par cette liberté de corre„ fpondre enfemble, fans s'ingérer dans les affaires „ domeftiques l'un de l'autre,que l'amitié s'étend & „ que les préjugés fe détruifent," Ainfi parle ie celebre Auteur du Sens Commun, Thomas Paine (*)t Américajn , qui, par fon génie (*) Dans un ouvrage intitulé: Lettre d Mr.CAbbèRay s:al fur les affaires del'Amétique-Septentrionale,dans fcquelle on  ( 332 ) nie & fes emplois, était a portée de connaitre afond 1'état des chofes. Nous autres Européens, qui voulons juger des difpofitions de ce peuple éloigné, voila les- guides que nous devons fuivre, plutót que les idéés creufes des faifeurs de projets, ou les récits intéreffés dont le Miniltere Anglais s'eft longtems laiffé bercer en voulant tromper les autres Nations. Ga croit que les Anglais ont adopté pour fyftême d'abandonner toute hoftilité contre 1'Amérique, d'inviter même les Américains par toutes fortes de prévenances, k former avec eux des liaifons mercantiies & politiques. Ces réflexions montrent s'il fera facile de réuffir dans ce projet fans le concours de la France, c'eft-a-dire, fans une pacification générale. Voyons a préfent quel efpoir ont les Anglais de réuffir dans le projet de ramener la République des Pays bas - Unis k l*ahcienne dépendance qu'ils caehaient fous le titre brillant & trompeur d'alliance. Pour rendre la voie de la réconciliation plus facile entre les deux pays, nos Anglomanes ont imaginé de jeter tout le bMme de cette guerre fur la République. Ils ont même , a force de fophifmes & de mauvaife foi, fu lui trouver des griefs que les Etats-Généraux ont laiffé fans réponfe dans leur manifefte. Mais comme il importe infiniment dé la prévenir a jamais contre 1'idée de former une alliance nouvelle avec I'Angleterre; comme on ne faurait dans ce cas, trop expofer lesdangers & les malheurs d'un petit Etat,s'alliant avec un plusgrand(*) dont «m releve les erreurs qui fe préfectent dans fHiftoire de la Révolution de P'Amérique. Certe brochure imeVeflante & propre a fervir de correclif & de fuppiément a ia derniere édition de Pfji/Uire Pbllofophique & Politique eft sétuellement fous prefle & paraitra dans peu en Francais ehez 1'Editeur de cette feuille. . (*) l'Efpagne, dit le plus lache des Anglomanes de ce pays, fera toujours le perdant par rapport au pafte de famille avec la France.Elle n'a,dit-il, que neuf millions d'habitans &  C 333 > dont 1'intérêt contrarie 1'intérêt du plus faible. On rie difconviendra pas que nous ne foyons fortement intérefles a maintenir une marine guerriere pour faire refpecter notre marine marchande. Qui ne fait tous les artifices des Anglais pour nous tenir défarmes a cet égai'd. En 1759, dans Ie tems que Ie timon des affaires de la République était tenue par une PrincefTe dc la maifon régnante en Angleterre, & qu'on parlait dans la République de repouifer par la force les violences & les pillages des cörfaires Anglais , voici la déclaration menagante que nous fit le Miniftere Britannique. „ Qu'en cas que la Hollande ou les Vil„ les commergantes fituées dans cette Provin„ ce, pour la prétendue proceétion de leur com„ merce, ^équipaffent & miffent en mer 18 k „ 25 vaifleaux de guerre Qce qu'elle n'était pas en „ droit de faire, en vertu de leur union avec les autres „ Provinces (**),) on traiterait ces vaiffeaux com„ me des forbans, & que fi les Etats-Généraux „ équipaient une flotte , on regarderait eela com,, me une déclaration de guerre." Voila le langage infolent & inufité parmi des Nations libres & indépendantes, qu'on employait en Angleterre pour éluder les juftes demandes ,des négocians Hollandais. lis eftimerent leur perte a 100 millions, mais ils n'en eurent aucune fatisfaélion. Le foulevement des Colonies Anglaifes dans 1'Amérique-Septentriönale fit naitre une nouvelle guerre entre la Grande Bretagne & la France; cette derniere ayant pris le parti de fecourir les infurgens & de les reconnaitre indépendants. Cette guerre commenga fans déclaration formelle, & n ;anmoins les vaiffeaux de ;guerre & les armateurs Anglais prirent un grand nombre de batimens marchands neutres, fous le préte quatre-vingt millions de revenus 1; [elle fe tronve par 14 fous Ia tutelle de fon aliié qui a vingt millions d'habitans & auatre eens millions a fon fervice. Preuve qu'il y avaic alors dans ce pays de6 Citoyens qui facilfiaient la patrie a 1'étranger.  C 334 ) prétexte ordinaire qu'ils contenaient des marchandifes de contrebande ou ennemies. Les Envoyés de Pannemacrk, de Suede,de Prufle, de Rufïie & des Etats-Généraux firent des plaintes. Plufieurs Navires furent rendus avec dépens & dommages; mais on mint les prétendues marchandifes de contrebande en les payant auffi bien que Ie fret. C'était une indulgence. "difait 1'Anglais , tnais rriömentanée; paree que les fréteurs de ces batimens n'avaient pas été inftruits de Ia rupture, mais il ajouta, qu'a 1 avenir cette raifon ne fervirait plus d'excufe Au nombre des marchandifes de contrebande, lei Anglais mettaient non-feulement les armes & mümV tions de guerre; mais auffi le bois fervant k la conftruétion des vaifleaux & tous les autres matériaux propres a leur équipement: cependant les munitions navales font, felon'l'ufage recu en Europe,des marchandifes permifes, fi dans des traités' particulièrs elles n'en font pas exceptées. Dans le traité de Commerce fait en 1764. entre I'Angleterre & les Pays-bas-Unis, on a expreffément compris parmi les marchandifes licites, les effets fuivans, comme cbanvre, lin, toutes fortes de poix , cordages, voiles, ancres, nats, plancbes, poutres & bois travaillês de toute efpece d'arbres, £f ce qui peut fervir d conftruire des vaiffeaux ou d les radouber, Malgré cette llipulation favorable,les Anglais prirent tous les batimens Hollandais chargés de muni« tions navales. 11 eft vrai qu'elles furent payées, mais, d'après lesplaintes que les propriétaires en firent, a un prix arbitraire. Les Cörfaires attaquerent auffi d'autres vaiffeaux Hollandais, & y exercerent fouvent des violences énormes, comme ik avaient fait dans la guerre précédente. Surlesréclamationscontinuellesdes Négocians ,des Propriétaires & des Maitres de vaifleaux ^ les EtatsGénéraux réfolurent de faire convoyer leurs baiirnents marchands par des navires de guerre. Les  C 335 ) Les aftaires étant dans eette fituation, leChevalief Yorke, Ambaffadeur de la Grande-Brétagne, qui dépuis le commencement des troubles s'était donné tant de mouvemens pour engager la République a faire caufe commune avec I'Angleterre. voulut faire changer les Etats de Réfolution II allagua dans un Mémoire, qu'il leurs remit, les raifons qui les-y devaient déterminer. „ 11 feflattait, "difait-il enfin," qu'iis • n'autorifaient point leurs fujets, de tranfporter „ fous Convoi en France des municions navales; ou en d'autres tormes: il demanda. „que les Etats fa „ retèchaffent fur Partiele du Traité fusdit, qui psr„ met le tranfport des marchandifes k des places en* „ nemies," La conféquence fut une déclaration des Etats, oh ils dirent, „ que les Mei mens chargés de pareilles marchandifes, n'auraient pas k jouir de Ia proteftion des vaiffeaux de guerre." Cette complaifance, qui facrifiait les droits effentiels de la République aux convenances intéreffées d'un voifin, prouvait 1'extrême defir de maintenir la paix avec lui: mais cette déférence extréme dépluta la Cour de France; elle regarda la déclaration de§ Etats comme incompatible avec une exacte Neutra, lité, paree qu'elle lui était préjudiciable & favorifait fon ennemi Louis XVI révoqua donc k 1'égard des fujets de la République,non-feulement les avantages annoncés par fon ordonnanceconccrnant le Commerce & la Navigation des batiments neutres, mais, par un nouveau réglement, il affujettit aufii les navires des Pays Bis- Unis k quelques droits dont ils avaient d'aillea'rs été affranchis dans le Royaüme. La Navigation & le Commerce des habitans des' Pays-Bas-Unis fouffrit paria, tant du coté des Francais que de celui des Anglais. Les plaintes fréquentes & fouvent réitérées que les Négociants en firent, porterent enfin les Etats-Généraux a la réfolution (25 d'Avril 1779) de donner indiftinfternent des convois aux bidmens marchands; & de faire équiper a cette fin trente deux vaiffeaux de guerre & Frégates. Cette Réfolution produifit une déelarution du Roi de France, par  (336) par laquellë le dernier Réglemerit, fi préjudiciable aii commerce des Pays-bas Unis, était fupprimé L'infime Auteur du Polttiek-Pertoog, qui a dénaturé la verité de ces fairs, ne pourra nier que les Etats-Généraux ne fuffent encore plus autorifés a cette derniere Réfolution qu'a la première. Mais les Anglais, accoutumés a nous propofer leur volonté& leur convenance pour notre regie, en prirent occa. fion de pouffer plus loin leur entreprife. Non feulement ils faifirent les batimens des Etats chargés dei munitions navales, ils en confifquerent même Ia cargaifon. Le premier janvier 1780, le Commodore Anglais Fielding attaqua le Convoi méme de la République , commandé par le Contre-Amiral Comte de Byland "Tout 1'Univers fait les détails de cette attaque inique & odieufe de la part des Anglais. Cette hoflilité manifefte autorifut les Etats a en venir aux voies de' fait & a repouffer la force par la force- II femble'qu'en Angleterre on avait formé Ie projet defe dédommager en partiede ce qu'on pourrait perdre dans les Indes-Occidentales, fur les propriétés des habitans de la République, & même fur leurs établiffemens-; on les provoquait a la guerre pour tomber fur leurs poffeffions dans les deux Indes, qu'on favait êcre fans défenfe. On connaiffait parfaitement fa faibleffe aétuelle, la décaden ce de fa marine, éc furtout 1'inclination de quelques uns des principaux adminiflratcurs a faire échouer tout ce qui pouvait tendre a les relever. On ne craignait pas d'irriter un Ennemi qu'on méprifait. On efpérait profiter de cette circonftance pour en tirer des avantages confidérables & même des moyens pour continuer une guerre qui devenait tous' les jours plus onéreufe & plus funefte. (Aux Adrejfes ordinaires.')  L E POLITIQUE N°. C. LUNDI, ce 6 JANVIER, 1783. Suite des CHAPITRES L, IJ, & LUI. fur les intéréts communs entre l''Amérique-Unie & les Puiffances maritimes de 1'Europe , contenant les raifons tffmtielles qui détermineni I'Angleterre d reconndire l'indépendance Amèricaine. Nous pourrions arrêter nos regards fur la fituation préfente de la Grande- Bretagne; jamais fpeêtaclc plus intérefrant ! Ce Royaumc qui , n'aguere, failait trembler toutes les Puiffances de 1'uniyers, qui feule balaneait par fes forces navales toute la marine des autres nations, qui avait conquïs des empires & qui même ?u milieu de fes revers fe couvrait de lauriers, ce Royaume dis-je, eft obligé de fceller, a la face du monde entier, le démembremenC d'un nouvel Etat forti de fon fein. Un facrifice auffi douloureux , doit couter beaucoup a fa iierté: il n'eft pas étonnant- que cette crife excite les clameurs de la foule des enthoufiaftes ignorans, qui peuplent cette Ifle orgueilleufe: Treize Colonies difent-ils, abandonnées Jans retour , fans équivalent, fans iniemnifaiion! Le moindre commis de Londres dont le commerce avec les Cbbnies était comme une goucte d'eau dans la mer, poufte le'slnuts cris cette idéé; ifjiarlê comme s'il avait pcrdu fes établiffemens, . Tom ï IV. Y fes  fes Colonies, fes terres, fes biens, fes poiTeffiofis. Aucun ne s'avife de fe rappeler que ces prétendus* rebelles forment une nation, une nation puiflante avec laquelle il a fallu rompre le padie focial qui 1'attachait 4-la métropole; qu'ils n'ont pas plus été les fujets d'un Citoyen de Londres, qu'un Gallois n'eft le fujet d'un fermier du Comté de Lancaftre. Perfonne n'obferve que ce n'eft pas une grande faveur que d'accordcr aux Américains ce dont ils font en poffeffon. [/Angleterre n'eft-eüe-pas fortement intéreffée è faire la paix , pour recouvrer par le commerce ce qu'elle a perdu en autorité chez les Américains,& a prévenir les ravages intérieurs que la guerre caufe dans fes firances, fa population C*) dc? Voyons comment 1'Antagonifte des Pen* (*) Plufieurs calculs de compsraifon pris dans le Comté «ie Worcefter, ont montré une grande augmentation de population, dans ceue partie du Royaume,'depuis la cinquieme année de la Reine EIiTabeth. La Perfècution de La gratitude envers /es nations, dit Gallowav L' queft,on revient a une autre: favoiS de? cWfr partjes a le plus d'efpoir de fuccè q u r! J ? ce, de l'Efpagne & Se 1'Amér^ue', ftvtóftedS voeux & des efiorts fecrets de Juniversi entier Sf I'Angleterre condamnée, traverfée nar rn^l tions ? A qui Dieu & la nature r^^f ° tCS Ies na" tre ce fuccès? Le Miniftere Brirann^n pl'0umet" & de.la nature, qui juftifient fes gg^^ hofti-  C 34i ) hoflilités contre toutes les Puiffances maritimes. Eh bien les Américains peuvent réclamer les mêmes droits. Pourquoi ne proftteraierjt-ils par des faveurs que la Providence leur a également difpenfées & qu'ils peuvent goüter fans nuire è aucune nation. Mais , dit Galloway , avec l'indépendance de VAmèrique, il> nous faut abandonner trente-cinq mille matelots Américains, en outre vingt*buit mille autres qui fe forment £ƒ s'entretiennent dans ces exellentes pepinieres de marine, les pêcbes. Notre commerce pré* cieux que 1'Amérique nous donne occafion de faire avec les Etats Catboligues-Romains (*) refiera au pouvoir des (*) Les vexations & le monopole excefiifs des Anglais dans TAmérique feptentrionale ont été les premières caufes de la révolution célebre qui devoit élever 1'étendart de la liberté fur les ruines du delpotifme. Nous 11e pouvons en donner une preuve plus frapante qu'en choifiifant dans Ie Voyageur Américain (dont nous avons donné un extrait dans notre précédent numero XCI1I} les endroits les plus propres a convaincre. Qu'on juge, dit 1'Auteur, des fommes énormes queproduifoit ce commerce a la mere Patrie; puisque fur Ie monopole feul exercé fur le tabac les f du capital étoient abforbés par les droits. Foyez le compte courant qui fe trouve dans cet ouvrage page 124., oü le propriétaire de 131 boucauts de tabac ne recut pour folde que 1307 4S. ids. par le produit net de 3005 6s. 7ds. £fterlings de droits & de frais. Enfin page 123 on trouve que l'Anglererre bénéficioic annuelleraent fur fon commerce d'exportation & d'importation avec fes anciennes colonies au-dela de quinze cent mille livres'Sterlings. Maintenant, dit lemême auteur page 138, que les colonies ne font plus afl'ujetties aux taxes onéreufes de 1'Angleterre & que leurs liaifons de commerce vont être libres avec toutes les puiiTances de 1'Europe, il leur fera facile de tirer un meilleur parti de leur induftrie. Nous efpérons que 1'Auteur fera bientót en état de nous faire jouir des détails intéreflans qu'on lui a ptomis fur Ir y 3 com-  ( 342 ) des Américains. Ces pépini'ret, ce nmmetce devies dr ont pour toujours les poffeffions naturelle* dn ptupfo qui habite ce pays. Un commerce a»$ avantLux, me pipimere fi excellente de matehu f fèeffmf pnr U fout.en aes forces navales de l'. jngletene miaarlent Ctre abandonr.es ou du moins partagés par l\-imhiav.e avec aucune Pwfifance que ce foit. . ?ur 1 Miaue Si ces obfervations font juftes, qu'en réfulte-t,il? £>i 1 Angleterre perd tout ceia par 1'mdépendar e rV méncaine, qui le gagnera? Ces avantages ne difparaitront pas de la furface de Punivers. Oui l<-s ob. uendra, fi ce n'eft la France * 1'Amériqüe Si tel les font les conféquences néceffaires de l'indépendance Amèricaine, ces deux Puiffances ne font eins pas fortement intéreffées a combattre auffi obftinément quet les Anglais afin de les obtenir? On funpofe que ce font les droits naturels de 1'Amérique Ne voila-t-il pas un nouveau motif pour échauffer fon courage? Qu, donc feront les plus forts ou de tro2 peuptcs ou d'un feul? Ces trois renforcés encore, quotque faiblement, par la Hollande, pouraient bien acquérir d'autres (outiens , fi la auer-e n'eft bien. tót terminée? Une aceelfio'n de fokante md e ma telots donnerait- elle moins de puiffance a 1'Amt SSrS ^ Fran,Ce .qU'ene n'cn donne a 1'Ang^el terie? Ces manns deviennent-ils au fervice de 1'Amértque fous Jes ordres du Congrès, des inftrumens plus fa,bles d'opulence, de pouvoir & de gloirequ'ils Roi? Ainfi la queftion eft toujours: qui fera le nlus fort ? Cependanteft.il bien décidé que 1'Angle^re par l'indépendance Amèricaine, fera une aulïï er,ndê perte dans fes matelots, dans fa pêche dans" fon commerce avec les Etats Catholiques-Romains ?Le" Amé» commerce & Ie gouvernement des treize Etats-Unis. nour Smit mere maiB * UU 0Umge auffi ««SSfflm^? Note du Politique Hollandss.  ( 343 > Américains n'ont jamais penfé è enlever la pêche h 1'Angleterre; elk pourrait conferver fes manns, fa part dans la pêche; & le commerce de l'Amé ique avec les Etats Catholiques pourrait encore fe concentrer en Angleterre. fi elle avait fu faire apropos la paix avec 1'Amérique. Mais qu'on ne perde pas de vue que l'Amérique devient tous les jours plus mdépendante des manufaftures Anglaifes,pir 1'accroiffement étonnant des fiennes propres: que la France, VEfragne, la Hollande, & même les Etats d'ltalie, d Allemagne, fit, que 1'Irlande même fe mettent tous les jours plus en état de fournir a 1'Amérique ce dont elle a befoin ; de forte que la prolongation de cette guerre ruineufe augmente chaque jour la facihté & linclination des Américains a fe fournir chez les autres nations & la faculté des autres nations a fatisfaire a fes demandes ; ainfi c'eft de gaité de cceur que 1'Angleterre s'expofe de plus en plus a perdre les matelots, & les pêche;, &le commerce que fes correfpondances avec 1'Amenque lui fourrifiaient ües lors revient encore la première queftion : qui des deux pourra foutenir la partie le plus longtems, ou de 1'Amérique qui accrok tous les ans en forces & d'une maniere dont I'Angleterre n'a pas didée ou de la Grande-Bretagne qui s'épuife de plu» en pliis ? Mais le malheur de 1'Ang'eterre eft de n'avoir jamais connu 1'Amérique, ni fes reiïources, ni le caraftere des Habitans. MUis, dit Mr. Galloway, on prétend que IA» tfiriaut par des confidèraüons d'inteitt donnet-a dansUe commerce, la préférence aux Anglais, paree au'ils peuvent lui fournir des manufatlures a meil. Uur compte qu'elle ne peut les fabnquer elle-meme ou fe les procurer des autres nations. Cet Auteur aurait bien dü nous montrer comment I'Angleterre peut approvifionner les Américains i meilleur marché que les autres p^ys Si cet avantage lui eft inhérent, il en réfuke néceflairement qu en leur accordant l'indépendance, ils commeiceront avec elle de préférence a toutes les autres nations. Si  ( 344 ) elle ne 1'a pas, on aurait beau les ramend r„ , joug de la dépendance, on ne Suï™ n? f US Ie pêcher de fe rendre awmJW plus les emE ont aöueliSent ïfMï„r!l,1Btioi,t plus arréter les efiW $ "fe fonr In™? nJ peut monde, ils tireront pard„tte niï^ da"S le le monde en proficera. WpSancr^^' & dance, ce titre ne nPnt tiT. ■ nce,°u mdepen- ftcilité de vendre fef m« k " 1'r 1Ie,encore. .la compte que les^uf^ è lneiJ,eur lui M.,?g long tems^ Lnfrl non Ia guerre n'eft bSR^| doute <^ vafte étendue des terrës "en'f £ 'CS 9&&ï La 3 cultiver, font ks garand n"C,e ^ leur re(tent montré qu'auffi long-tems ol n? rJ' dt dé" * grand rnarché 1'fcmdfir^^ P m fe Proc"icr & cet érat ifckStaPJ^ trrreS nouvelles, des fiecles, rAJ^ÏÏLiïZt*}^ bif'n produélions de fon aeri« ö1 Qéchanger ies manufaclures Cpéeï? tL °e,,es des chofes durera, onverra ce n,?£qUe Cet état des jufqu'a préfent, qUe es' Ö a- touj°u" ™ de 1'Europe ne ardero^ naTi é™grans Agriculteurs; parS%K en friche.  C 345 3 frichement des terres rend au moins les deux chelings en produétions feulement <3c donne en outre a la terre une valeur de deux autres chelings. Nous pouvons affurer en conféquence, qu'a la paix 1'Amérique tirera fes manufaétures de 1'Europe & méme des Anglais, s'ils ne perfiftent dans leur endurciffement. Mais, dit-on, U a déja été conclu & ratifié des traités d'alliance & de .commerce, extrêmement préjudiciables dl'mtérêt de la Grande-Bretagne, 11 eft vrai que ces traités affurent la liberté de commerce aux Francais & aux Hollandais. Mais les Anglais peuvent fe procurer les mêmes avantatages. II n'eft aucun article dans le traité conclu avec la France, qui lui donne des privileges particuliers & qui exclue la Grande-Bretagne d'aucune branche du commerce Américain. II eft, dans ce moment, auffi bien ouvert & libre anx Anglais qu'a toute autre nation, a moins qu'ils ne veuillent le rejeter par leur propre imprudence. Peut-on fup« pofer que la France voudrait renoncer aux avantages qu'elle a acquis par ce traité? Le commerce, la navigation, l'indépendance, 1'exiftence même de la France en qualité d'Etat maritime^ ne dépendentils pas de l'indépendance Amèricaine ? A moins qu'on ne vcuille fuppofer qu'elle a pour but de laiffer 1'Amérique retourner fous les apparences de 1'ancienne domination, fous 1'efpoir d'y faire clandeftinement un commerce qu'elle aurait pu faire publiquement. N'eft-il pas plus probable qu'elle eft autant intéreffée h cimenter l'indépendance des Etats - Unis que I'Angleterre de la renverfer? Avouons donc, que le traité de commerce avec la France nuit a I'Angleterre, en préjudiciant au Monopole qu'elle a déja perdu fans retour. Mais» dit-on, fi la France réujjit d cimenter l'indépendance de 1'Amérique, cette derniere fera bien d'autres traités encore plus préjudiciables d I'Angleterre que le premier* Y 5 Gal-'  C 34<5 ) Galloway fait fans doute entendre nue l'A^ ■ dans cecas, fera d'autres traité" de cnV™Pmériqac> d'autres nations maridmesTen ceh nT"-^60 mats die ne s'tcanera iamak Lf * 1 a ra^oni de liberté «fe SdproeitTT ^"1^ l Ang eterre.a moins'au-nn n^P ' fans exclure excés de fureur & de cruLréi nP", £ nouveaux «WK.faffe afluelleme la naix?^ !^2* P^SS^S ce CHAPITRE LVII m^mi!^^ri^m de Publier de. dans J'avant propos de eer F'W? réPandus tellenxnt ,n .iogues"aüx SLT"* n°ÜS ORt Pa™ réfiüer a Ja temlïónde Sgff ™us n'avons pn noncer avec d'autant nl ,7 11 ]Jr'P(>' ^ d'an- fhaine d'un oJSS?i? ^««BWitièn proPAuteur auquel 1'aSnce en a étéTT""'' "ue depuis queiqüe tems des Dfice' affiche a Ia liberté cu'ü n'adPn 'pT P S pcu ^§8#<* tcurs en France3 & ™?I n 'd TrqUC Peu de *ecchaque Jour, ceuï qu Pv£' ^ f™. F°pre aveu, Mémoires fur- h flafii Je £ Vn «°uande. ce chareau !0yal, depuhfje J w""^ de Auteur da« lp Mai ,F89; ' CepUIS le 2 7 Septembre i730, jufqu'sa Je Aiis en Angleterre: il me difpenftr d'v revenir L .fS^^"Ye' e P*« pu prouver qfc) je nl jlm 11 P!us S !«U ft faut vent être convainco» i^SS^ 'l"'1''8 ne ^"f^s,3uges, puniS) quefuivart les ldx,(*) (*) Dirs norre feuille de a w..* , „ ^ *>«>* cnpabh & rtdebê Til ï,•,/"/°rw«. «fi» «Wil fit pu„i s'il  C 3*7 ) ou'on n'en (uit aucune, ou plutót qu'on les vioie toutes * la Baftitle-, paree que, fice n'eft en en fer peot-etre, il ny ae fupplices qui approchent de ceux de la Biftilles & aue s'il eft poffible de juftifier 1'inftituiion de la Baftille en elle-tnême, dans de certains cas, il ne 1 eft dans aucun d en. iultifier le régime: il faut faire voir que ce rég.me aulfi honteux que cruel, rdpugne également a tous les principes de la juftice & de 1'humanité aux roteurs de la nation, 4 la douceur aai caraftérife la Maifon royale de France, & furtout a la bonté, a 1'équï é du Souverain qui en ocenpe aulourdhui le tróne. C'eft par cette difcuffion que je vaisconfacrer la reprife de mon travail, & ma renrróe dans na pe- "'Ltrpremlérs articles femblentm'êtrepurementperfonnets, & n'imérefler que moi. On verra qu'ils lo.it hés inféparablement avec Ie trofieme, & qu'ils en font une partie effentielle. Ils forment enfembie un cours d'opprelïïons, un Sinement d'miquités & de douleurs dont aflurément il y a bien peu d'exemples depuis 1'hiftoue de Job. D «U leurs ferois-je digne de traiter le dernier. fi ]e ne cormnen, cois par éclaircir les deux autres? Si tuee aftamé de vengeance, ou un coupable flétri du pardon, qu8elp5ds auroient mes réalarnations? Mais apres avoir vu las preuves de mon innocence, on fera plus vivemen? frappé du tableau des horreurs dont elle n a pu me préferver. L'intérét augmentera encore, fi 1'on penfe que ces ho eurs.il n'y apoint de Fran?ois, ni d'étrangers, de ceux au volgent en France, qui puiffent s'affurer de ne les éprouve jamais. Les Baftilles Francoifes ont dévoré, elles dévorent journellement des hommes;de tous les rangs & de roates les nations: on poutroit graver fur les avenues de S. Vouffres 1'avis adreffé aux paffms, fur la porte de quel, nnes dmetieres (*). Qui peut en effet fe promettre d évuet KTKiJtlfoa-hérider pié&mprlf de h couronne n'a pu garantir un Louis XII, ai des lautiers accumulés un cindéf un Luxembourg; ni les vernis ou la fc.ence uu Sacy, & tant d'autres; ei la morgue des compagnies de Robe, un Pucelle; ni les plus importans fervicei un la Bourdonnaie, ni le droit des gens, cette mulumded Anglais tfAUemands, d'Itaüens, dont ks noms fculptés fur ces mm faneftea, forment une efpece de géographie auffi va- «hlmmtr en paffant AVtc plufi^rs littératiurs ilivant la p.ru dt 1» Ba~  C 343 ) tiée qu'effrayante? C'eft donc, pour ainfi dire, Ie carafïére d'une épidémie redoutable a tout le genre humain que je vais déterminer ici: & quelle épidémie pourroit être plus meunriere que la Baftille? Malgré ia prodigieufe quantité de téraoins qui ont involontairement vifiié ces ablmes, lés détails intérieurs en font très-peu connus: les mémoires de la Porte, de Gourville, de Mde. de Staal, n'en apprennent prefque rien; du moins de ce qu'ils difent il ne réfulte que la preuve d'un fait inconcevable : c'eft que de leur tems ce Tartare étoit une efpece de Champs Eliiées auprès de ce qu'il eft aujourdhui. Alors les prifonniers recevoient des vilites: ils fe voyaient enir'eux familierement: ils fe promenoient enfemble.- les officiers de 1'état-major parloient, mangeoient avec eux; ils étoient pour eux des confolateurs autant que des gardiens: La Porte parle en propres termes des libertés de la Baftille; il donne ce nom & tous les adouciflemens que 1'on vient de voir, dont jouiffoient lui & tous fes compagnons d'infortune. Et la Porte parle du regne du cardinal de Richelieu. La Porte étoit un des hommes du royaumequi devoit être le moins ménagé: ledefpotifme de 1'impitoyable miniftre étoit perfonnellement intéreffé a luiarracher un fecret précieux dont il étoit le confi. dent, ou fa vengeance a le tourraenter: LaBaitillen'avoit donc point dans ce tems-la d'amertumes qu'il n'ait dü boireni de tourmens qu'il n'ait du fubir? Que 1'on compare fa defcription avec Ia mienne. Comment s'eft opéré cet accroilTement debarbaries? Te 1'ignore: mais une bien douioureulé expérience ne m'en a que trop appris la réalité. Tandis que tout paroit tendredans les moeurs générales a la molleflè, plutót qu'a la rigueur; tandis que Ie prince qui regne aujourd'hui fur la France ne manifefte que des intentions bienfaifantes; tandis que des modifications humaines ont affuré par fes ordres, dans les prifons ordinaires, des foulagemens , même aux criminels convaincus, on ne s'occupe a Ia Baftille qu'a multiplier les fupplices pour 1'innocence. Ses cachots ont acquis plus d'atrocités que les autres n'en ont perdu.Révéler cette incroyable dépravation, c'eft, fous un prince équirable, en néceffiterlaréforme: ainfi mes derniers adieux a ma patrie font encore un-fervice que je lui rendrai: mon dernier hommage au roi vertueux qui Ia gouveme, fera pour lui une occafion de plus de faire le bien qu'il ainie, & qu'il cherche. Mais cette révélation n'y a-t'il rien qui me 1'interdife? Tous les «abjets que je naite ici, puis-je les tiaitsr fans fcrupule? • Puls.  C 349 ) Puis-je en confcience metre le public dans le fecret des terribles inifteres auxquels le 2/Sept. 1780 m'ainitié? Les gardiens de la Baftille n'ont pas a la vérité a leur difpofitionles eaux du Létbé, pour détruire dans la mémoire de leurs viftimes le fcuvenir de leurs cruautés: mais ils tachenC d'y fuppléer. Le defpotifme qui fait du filence un des tourmens de la Baftille quand on y eft, en fait un devoir religieux quand on en fort: on force rous les Jonas qu'elle revomit ajurer qu'ils ne révéleront jamais rien, ni direélement,. niindiredtementdece qu'ils ont pu yapprendre ,ou y fouffrir. C'eft un magiftrat dans le coftume confacré en apparence a la juftice, ce font des militaires décorés du gage apparent. d'un fervice pur, & d'une vie dévouée a la dél'enfe des citoyens, qui préfident a ce deraier acte d'nne oppreffion dont ils ont été les inftrumens. On montre au demireffufcité la porte qui peut le rendre a la vie, a demi-ouverte, & prête a fe refermer s'il héfite: on veut ne lui laiffer de choix qu'en:re le filence, le parjure, ou la mort. Hommes fenfibles de toutes les nations, cafuiftes rigides qui favez ce que l'honneur & la délicateffe prefcrivent, prononcez (*). Ma plume doit-elle être liée, parcequemesmains 1'ont été injuftement? Non, fans doute; vous me criez d'une voix unanime que 1'infraction de cet engagement ignominleux n'eft pas un parjure; que le crime eftdel'exiger, & non pas de le rompre. Vous avez abfous le cékbre Dellon d'avoir brifé ce frein fabriqué par une inquifition rel'gieufe, qui, ayant préciféroent les mêmes principes que celle-ci, emploie les mêmes reffources pour en enfeveür la honre, & Ie fcandale. Vous vous réuniffez tous pour renouveler & coufacrer a jamais cet axiomedont Toubli donneroit trop d'avantage aux méchans armés du pouvoir, que le ferment a été inflitué pour garantir les con vemions légitimes, pour affurer 1'obfervation des loix, & non pour défendre, pour aider ;t perpétuer les abusquiles enfreignent. „ Nous nous bornerons, dit le rédacteur de la feuille eü fe tiouve cet avant-propos, it faire un vceu qui fera celui de tout bon ■Francois, & même de tout citoyen du monde, c'eft que 1'on ouvre enfin les portes de ces lieux abhorrés, aux prifónniers qu'ils enferment, pour les faire juger felon les loix,i'v& qu'on en rafe les murailles pour élever a leur place une frame au roi régnant, avec certe inlciption: A Louis XVI, fur F emplacement de la Baftille. Cette inicripiion au- (*) ïputesles natiotis prenonceront fans doute )qu'un pareil ferment n'eft pas obligatoire; maisilfembie que Mr. Linguet, étant icijuge dans Ja propre caufe, auroitdü commencer par les inrerroger, & attendre leur eecifior., qt i 1'auroit mii a 1'abri de toute elpece de reproclie.  •tooit, finon quelque chofe de pit» fublime, au molnë de plus touchant que celle, A Louis XIV aprês fa mort Aucun Francois ne paiTeroit fans la lire, & ne la liroit fans fe fenur attendn Nous doutons fi un pareil monument qu. conlacreroit la deftruétion de ce cbéteau.dont, èmille heues même on ne parle qu'en frémilTant, ne contribué! ro.t pas plus a «nmortslifer le nom & les venus du monarque Franss, que les conquêres les plus glorieufes & les iSZscy édatantes pourroit ren,P°"er ^ S chapitre lvii. Sur les Affaires acluelles de la République & fur ree querelks avec VAngleterre. lettre écrite de la Haye le 29 Décembre 175». La cabale vendue a 1'Ennemi, ce monflre qui a eaufé t3ntde ravages dans 1'Etat, eft prête d'expirer rous les efforts redoublés, fous les coups vigoureuxde nos bons Régens; le defpötifme,ayant perdu le per fide appui de la Cour de Londres, voit fon tróne ébranlé de toutes parts: les citoyens, éclairés par une' multitude d'écnts Iumineux& patriotiques ,concoufent de tout leur pouvoir aux mefures qui peuvent affurer la précieufe indérendance de 1'Etat audedan* & au dehors: au milieu de toutes les attaques la ca bale amie de 1'efclavage & de la fédition, fe débat encore; les reffources les plus lêches, les movens les plus dangereux , rien ne lui coftte pour main. tenir fes ufurpations : quelquefois même elle nré faite un front menacant &, k 1'aide des diviilons ^ C„?^?* des'idées brlllantes nóus les avlons déja lues dans Iét e>Hw deMr.Mercier; mais comme 11 y a plus d'une Baftille enF/ance * que la démolitton tfbne ci.adelle ne détruirait pas és,buii d'unVou ine füt Uée de facon qu'on nepüt jamais per.er atteinteaux droitt ré. claniés C v.vemenr Parchaque Francais du tems de la fronde , de ne nou voir én e emprifonné plus de 24 heures, fans que fon VmJe M, ü" mifeaonnbun.1 légi.ime * cmp^Cün^A^iuSm^^ pnfon d'trar, comme prifon civile oac7lminelle;confervonS al'ldmi nflraaw le dn.it d'y faire conduite toute perfonne ftfee&7ni, ?„e tturpnfonnierait auffi le droit & ie pouvoir de filre »„7p„j« ï q lieufunetlefescrisau tribun»! de la juftice, Z eft Inlu fnr CC des Rois, paree qu'elle eft le *H^'l?^f£]™.^^™  (3JO •qu'elle feme adroitement, parmi fes ennemis même, elle ne défetpsre pas de fe relever. Nous avons vu les deux partis, femblables k deux êth\& tes feheurter, fe prelfer, fe balancer, fe renverfer'tour a tour; l'un plus faftueux , plus impofant, plus defpotique, paree qu'il avait un point de ralliement. efpérait dominer par la faveur, la corruption , les menaces: l'autre, d'abord circonl'pe cl, lent & prefque puüllanime , n'ofait parahre que par intervalles,par accès : jufqu'ace qu'enfinappuyé, excité par la nation qu'il a fu é'clairer & mettre dans ies intéréts, il fe produit avec l'ardeur & 1'impétuofité populaires: le premier eft plus ferme, plus fouple, plus uniforme , paree qu'il a un centre de réunion & qu'il eft compofé d'hommes exercés dans les affaires, rompus dans les intrigues & munis de la panie, finon la plus relevée, du moins la plus précieufe de 1'autorité. L'autre n'étant guere appuyé que fur 1'antiquité de fes droits & fur le faveur du peuple dont les opinions font fi mobiles & fi précaires, ne pouvant former un corps compaéte & ferré, ofFre trop de prife k fes Ennemis, pour 1'attaquer en détail, lesuns pouvant êtrefubjugués par la crainte, d'autres par 1'appat des honneurs. Le parti populaire fentant les avantages qui coulent de la collauon attrayante des emplois, s'attache auffi a attirer de fon cóté cette précieufe prérogative;mais quel mal peut. on faire a un arbre, qu'on a laiffé devenir fi gros & fi toufFu. la fection de quelques branches gourmandes qui peuvent repouffer d'un autre cóté? Les vents & 1'orage en feront tomber les feuilles fuperfiues; mais attendez le calme, il reprendra toute fa force & de nouveaux ornemens. Ce parti ne défefpere pas de triompher a la longue. Ils porte la préfomption au point de menacer déja fes adverfaires. Mais, dans ce tems de calme au deho's, le germedu mécontentement & de la divifion fera t-il détruit au dedans ? , Le parti Républicain & populaire ne faurait prendre trop de précautions pour cimenter fon autorité renaiffante fur une bafe a jamais inébranlable jamais 1'occafion ne fut plus favorable; jamais ü ne cou-  C 35* ) courut de plus grands dsngers, s'ü ïa iaiffe é^m per; ce ne font pas quelques démarches hazardée, ici pour rendre 1'anftocr-tftie plus indénendanrV pourmtroduire plus de démocratie dans Kou!?* nemenc qm peuvent détruire les abu, & Sïir I harmonie dans le corps politique ; il faut un Tn ■ géneral une nouvelle refonte: 1 We doit fe lifter, il n'efl pas auffi mauvais que 3e tr 1? s foé" culateurs le prétendent; d'heureufe répara™! £, vent lui donner une folidité qui dé^la fuS des Ennemis & les ravages du tems r Le parti Républicain ne doit laiffer échaner au en oeuvre. On travaille h remonter * ia ce mouvement féditieux; lw$Z^S*t . teurs forme une préfomption des plus fimitrel- mS les ? JN ont-Us pas marqué les traces qui peu vent cón duire jufqu'a eux ? li s'imprime fous ies veuv dn . m"" unefeuille périodique quPleen^S,étltöe^on ir è Ia fource. On connaft les imprimeurs & les S de l'Ouderwtfcbe Patriot, les ES ks|dlteurs pourétre^daS'le fecret cette*3?' fflffi favoir a Delft è qui Pon délivre les paquets avoir été mtimement lié avec le fugitif VemSen C était chez Vermeulen qu'il avait expofé I?w fuppofée de .688, pour prévenir les efprircoSt la France, & dont vous avez parlé. Cvovéz cfde! eVP!?ce% dI! uïePbrfilanteD SS£f^ granbique de f£ feuille doiïkS coüter oeaVoïp°' vu le bon marché &. le petit nombre H« rl -P* teurs :I1 eft donc alfez riSSS^Si^Sé'Sm beaucoup dans le complot du 6 Secémbre ? P Ccetura dejunt.  L E POLITIQUE N°. CI. LUNDI, ce 13 JANVIER, 1783. Suite des CHAPITRES L, Li, & UIL fur let intéréts communs entre ï'Amérique-Unie & les PuiJfance? maritimes de 1'Europe , contenant les raifons effentielles qui déterminent I'Angleterre d faire la paix- Quile dirait ? L* Angleterre viétorieufe , triompban» te, dans cette campagne eft cependant la feule qui délire & qui doive défirerdeconclure acluellement la paix. Attaquée par la ligue puiffante de tant d'Ënnemis, il eft impoffible qu'elle puLTe faire face de tous cótés. L'babileté de fes Amiraux, l'aftivitéde fes marins, les combinaifons favantes de i'Adminiftration peuvent la mettre en état d'éviter les forces de fes Ennemis, qu3nd ils font fupérieurs;& de les attaquer,quand ils font plus faibles; elle pourra fe défendre en fe couvrant de roehers inacceffibles; mais elle fera toujours hors d'état de former des en* treprifes fur ies Ennemis. La journée du douze Avril a peut-être fait échouer le projet des Francais & des Efpagnols fur la Jamaique ; mais bien loin que Rodney, le triomphateur , ait pu foumettre a fes armes victorieufes toutes les Ifles Antilies, comme l'efpoiiCen était général a Londres,on avu, dans le même tems. les ifles Anglaifes deKattan & deBahaTom IV. Z n»  C 354 ) ma contraintes de fe foumettre k te domination EC pagnole; & biemótjine divifion de la flotte vaincue aller conquérir & ravager lesétablilfemens fi riches & fiprécieux de la Baye d'Hudfon. II eft même fort douteux fi la bnllante viöoire du ia Avril n'a pas, par fes fuites, coüté davantage aux Anglais qu'aux frangais? Les équipages des vaiffeaux enlevés aux frangais en ont du moins été quittes pour la nerte faits è St. Euftache, a St. Chriftophe, & è Yorktown &c. leur offraient 1'efpoir d'être promn ement échangés. Mais 1 es Anglais, en voyant périr tiophées de cette viftoire, le Ramillits même & le rerSi?'^?1'2 Marquésdes Slorieufes, mais funef"'^ffures dont fis avaient payé leur triomphe,ont &i;l f 1S r£t0Ur 3 ^ §ra^de Panie de« équipages, r, n it 1CUf? manns- Minori^ Savanmb, Nevis ,St. CtrtMbe, Aattan, Babama, Cbarks-iownySt. Euflache EJJequcbo Demerary, les Berbkes, Hudfon, fans parler des Indes.Orientales, dont la perfpeétive anS.ch^ aVlnVeu riant aux Anglais, voila les êSÏÏ&ËZ llknt' camPagne> f»ns qu'ilspuiffent citei un feule conquéte qui vaille la peine d'être nom. meej du moins fur la France, l'Efpagne & I'Améque-ün.e. La Hollande a Iaquelk & ont eSevé quelques comptoirs cc une fortereflè dans 1'Inde auraient pu leur faire payer bien cherces avantageselle avait le champ libre, pour détruire tout leur comrnerce éc leur navigation dans le Nord; fans lui-méme mconcevables. Si donc, dans une campagne ou Kempenfeld, Barrington, Rodney & fload, ont joue un róle fi brillant & pris ou detruit tant dl vaifleaux de guerre ennemis, les Anglais font encore les perdans, au bout du compte, quel avantage peuvent-ils efpérer de la continuation de la guerre > Ouand on a la guerre avec tout l'univers , on eit lujet a de facheuiés rencontres. Et fi leurs flottes marchandes ont été plus heureufes dans ce*tte année  C S55 ) née que dans les autres*, les poiTeiïlons terriennes ne fe déroberont pas auffi facitement a 1'arnbition avide des Ennemis de I'Angleterre. La continuation «e cette guerre n'oftre donc k cette Ifle orgueilleufe que des peripedtives de défaftres & d'eiï-Yoi. Eik eft donc principakmentintérefféc ala prompte conclufion de„la paix. II eft encore ure autre raifon qui doit pörter I'Angleterre k en défirer aftueilement le fuc« ces. Ayant enfin cédé k la politique de la France , en reconnaiffant l'indépendance d'un Pays fur lequel elle avait feu!e des prétentions, elle a dès lors autorifé toutes les nations a former en Amérique ouvertement & librement des liaifons de commerce qui porteront le plus grand préjudice au fien . au cas qu'elle ne faffe pas la paix au plutót. Par la même raifon les nations ennemies de I'Angleterre font intéreffées a prolonger cette guerre, encore au moins d'une campagne. Depuis que les Américains ont prononcé une interdiétion févere des manufaftures Britanniques , interdiétion qu'ils auraient dü fulminer longtems nupa-avant, les Anglais fentent encore plus la néceffité de faire au plutót la paix avec 1'Amérique. C'eft la feule reiTource qui leur refte , pour conferver encore par les liens du commerce les avantages qu'ils ont perdu par la rupture du nceud focial. ÏVlais cette même raifon doit infpirer naturellement k tous les Etats maritimes & commercans le défir d'une proiongation de la p,uerre, afin d'étabür & de eonfolider leurs correfpondances nouvelks de commerce en Amérique & d'y introduire le goüt de kurs propres manufaétures. Ainfi l'Allema&ne, ks PcysBas, & la France ont encore befoin au moins d'une année de guerre pour donner au commerce Américain une direétion qui 1'empêche de retour* ncr vers I'Angleterre, oü 1'affinité du fang, des moeurs & du langage 1'appelk naturellement.' Voyons ce que dit a cette occafion 1'Antagoniflc profond des Peiféss d'une tête [ruide fur ïlfidépendance Amèricaine. Z 2 Quand  C 3*6 ) Quand VAmèrique, dit «alloway , aura des in. térets Jeparés & propres d foi , jj vues s>ag " dironf fa politique s'exaltera pour fon Jeul intérêt Cet Ecrivain s'imagine-t-i] que les Américains font affez ignorans, aflez itupides pour ne pas favoir touc cela, aufii bien que lui? Penfe-t.il froidement qnlb déïrent que leurs vues foient reffcrrées dans un cercle etroit, ou que leur politique fe développe contre leur propre intérêt, comme il arnvait autrefois , 0,1 pour le bénéfice des autres, a fon propre préjudice? Ji n y a que des ames de glacé qui pdffent défirer que leur fpfaere foit bornée, ou que S lumieres loient employées contre elles-mêmes. Eft! SA?" /'^ent propre a prouver que la plupart des Américains fouhaitent de rétourner lous I ancienne dommation ? Ce ferait le vrai moyen de ré. wécir leurs vues ; mais cet Ecrivain doit favoir que ie mal fi touterois c'en eft un pour PAngleterre , eft déjèfait: ies vues de Américains font aggrandies i s ie connaiflént les uns les autres; ils connaiflént 1 Angleterre ; üs connaiflént 1'Europe, mieux S n avaient jamais fait. ils favent ce dont iVfont capabks, & ce dont 1'Europe a befoin. Mats les intéréts de VAmèrique , dit Galloway au lieu de la tammer a ceux de la Grande. Uretaed y feront totalement oppofés. Cela n'eft pas étonnant. Tant que i'Angleterre continuera d'être 1'ennemie des Américains ils fe ront mtérefles a 1'affaiblir le p]US! qu'S pVuïoS' Mais rien n'eft plus clair que leur intérêt ne tra verfera celui d'aucune puikce de JEurope oui voudra commercer avec eux. ils feront de' pro gies; & chaque puiffance qui aura établi des corlefpondances mercantiles cbez eux,»uememera éaalement en forces, a proportion de ce commerce & celui de PAngleterre y participera de même fi elle fait faire Ja paix è propos. ' Ü tJ^rJt", Amiïicain° Soppercevrontque lesmanufac tures font le grand /moment du commlrce. Um. Mais ks productions de 1'Agriculture ne font-  C 357 ) .font-dies pas des fondemens auffi bons que les manufadtures ? Cependant le commerce eft le grand véhicule des ricbejjes & de l'opulence! Oui pour tout autre peuple. Car les manufactures ne font pas en Amérique les fources du commerce; ni le commerce, le principal véhicule des richeffes. L'agriculture & 1'augmentation de la valeur des terres, voila les vraies fources de l'opulence Amèricaine. Les manufadtures & le commerce n'y font que des objets fecondaires, qui ne font pas avec l'agriculture une proportion d'un a vingt. II eft de 1'intérêt des Américains de s'appliquer aux manufaétures pour remplir les intervalles de leur loifir; mais rien de plus: il eft de leur intérêt de commercer, afin d'envoyer audehors leurs productions fuperflues & d'en importer ce dont ils ont befoin ; d'être enfin les 'voituriers de ce commerce", afin de vendre leurs vaiffeaux & leurs marchandifes ; mais tout leur commerce & leurs manufaétures fe concentrent dans le projet de donner a leurs terres la plus grande perfedtion: 1'état des chofes reftera fur ce pied tant qu'il y aura des terres dé'fertés en Amérique; il eft donc impoffible, d'après les loix de la politique, qu'elle traverfe jamais les intéréts de 1'Europe , dans les manufaétures & le commerce, avant que bien des fiecles foient écoulés. En un mot, elle ne peut s'occapcr de manufictures ni d'un commerce qui puiffe nuire è 1'Europe, encore moins a I'Angleterre, au cas qu'elle voulüt mettre fin a fes abfurdes hoftilités. Jjais, dit Galloway, on accordera des primes pour encourager ks manufaeïures; on établira des impufilions pour décourager & interdire les importations de VEtranger. Cette conjedture eft abfurde. LesAméncains lont prefque tous cukivateurs. Eft il a préfumer qu'ils s'accorderont pour encourager les manufaétures nationales , tant qu'ils auront 1'efpoir de les avoir h jneilleur marché des autres pays ? Les Marchands Z 3 w  C S58 ) fe réuniront-ils pour pérdre les profits qu'ils retirent ,des msnufadlures importées? Eft-il poffible de concevoir une combinaifon de fuffrages pour un procédé pareil? Tout cela eft contre la raifon , contre 1'expénence. Une preuve frapnante de cette obiérvation, c'eft ce qui eft arrivé aü fujet du falpêtre & du fel. On a, dans bette guerre, donné des primes pour ces deux arncles; on voulait en encourager la manipulation en Amérique ; on ne voulait pas en permettre. 1'importation. Dans cette circonftance on yitunexemple frappant du génie & de l'efprit d'invention qui caraclérife les Américains. En psu de mois • des centaines de tonnes de falpêtre furent fabriqucés. Les femrnes en apprirent la manipulation, en .fauantdu favon dans leurs families. 'Des fabriques de fel furent élevées tout le long des cótes; ils font actuellement en état dc fe fournir eux-mê'mes de ces ai ticies , quand ils ne peuvent ié les procurer de 1'Europe: mais que réfulte t-ilde ces travaux? C'eft qu'ils ont vu qu'ils nepouvaient les continuer qu'aux dépers de 1'agriculture; & quand leur commerce commenca a renverfer ies obftacles qu'on y avait mis, ces manufaeïures allerent en décadence; actuellemcnt fembiables au flux & au reflux, elles renaifftnt ou rctombent, fuivant que 1'importation de ces articies eft. abondante ou rare. Voilé 1'état des chofes: on ne peut le changer. L'Uniformité des Lois & de la Religion, dit Galloway, combinée avec la fubordination d la méme autorité fuprème, forme l'attacbement national; mais quand la Loi & l'Autorité fuprême font abolies, alors lm manieres, les babülements les coutumes, qui endenvaient, s'effacent d'abord ; les Américains ont aclueU lement érigé^ un Gouvernement oppojé aux principes fur lefquels eft établi celui de la Grande Bretagne. Ils ont fait de nouvelles Loix pour foutenir leur nouveau fyJtême politique, & pour détruire l'attacbement d la nation Anglafe. Ces nouveaux Etats, tous populaire;, ont adopté des lois qui reffemblent d celles des Cantons Démocratiques de la Mjfe, mais nullement d celles de  ( 359 ) de la Grande-Bretagne. Auffi trouvons - nous , dani leurs premières démarches , la pieuve la plus forte de i'averfion de leurs légiflateurs pour la Police Brit* tannique. lis ont déja jeté un fondement ftir pour faire oublier au Peuple toute affec~ïïon, tout attachement pour la Grande-Bretagne. L'attacbement qui dénve de ï'identitè de* mceurs, des manier es £? des loix n'exifla pas longtems entre les Provincea-Unies des Pays* Bas & les "Èfp'ignols, ni entre les -Ccrfes & les Génois; ils cbangerent dès qu'ils furent féparés; ils'concurent une antipathie dont les traces ne font pas encore effacées. Comment ferait-il poffible k des Légiflateurs dans un Gouvernement tont nopulaire. a des hommes cfui font les créatures du Peuple , qui dépendent conftamment de lui quant è leur exifterjce ,-ohtique. d'avoir la plus forteaveriionjpour la Police nationale de la Grande-Bretagne; pendant que la plus gfkn* de partie du peuple fouhaiterait & efpérerait une réunion avec I'Angleterre, & ferait prête k s'unir pour réduirele pouvoir de ces Légiflateurs? Je ne comprends point les aflértions de Galloway. C'eft k lui de concilier ces contradidrions; mais fes lumieres & fa fincérité font des chofes de peu d'importance aux yeux du Public, Ce qui eft vrai, c'eft qu'il n'y a pas beaucoup d'attachement dans l'efprit des Américains pour les loix & le Gouvernement de la Grande-Bretagne. II eft au contraire bien avéré qu'ils ont une forte averfion nour fes loix & fon Gouvernement. On y conferve'une profonde & forte antiphatie pour deux branches effentielles de la Conftitution Britannique, la monarchie & 1'ariftocratie. Il n'y a pas un pays fur la terre oü cette maxime, tout pouvoir doit réfider dans le corps du peuple, & tout bonneur> toute autorité en derivent , foit fi univerlèllement & fi fincérement adoptée qu'en Amérique. Tous les titres, les pouvoirs, les dignités héréditaires , font deteftés d'un bout du continent a l'autre; & rien n'a plus contribué a réunir 1'Amérique dans la refiftance Z 4 qu'el-  C 360 ) qu'elle a faite,que cet aéte du Parlement, pour rendre une branche de la Légiflation de Maffachufet indépendarte du Peuple & des Repréfenrans. Le Gouvernement de ces Colonies était déja populaire dès le berceau de leur établiffement. II était bon fage, jufte & néceffaire que la chofe füt ainfi. 11 n'y a que 1'importance donnée dans ce gouvernement a 1'artifan comme au laboureur; il n'y a que iaperfpeclive d'une vie libre & indépendante, qui en eft le fruit, qui aient peuplé 1'Amérique a ce point. Les rudes travaux de la campagne, dans une contrée agrefte & dans les dangers des déferts, a travers lefquels le cplon eft obiigé de trainer fes armes, fes outils & fa faucille pour défendre fa vie contre les fauvages & avoir du pain pour la foutenir, aurait entierement découragé un tel établiffement, fi 1'amour d'une liberté fupréme n'avait attiré des colons & ne les avait flattés d'un avenir agréable pour leurs enfants. Les premiers colons de la Nouvelle Angleterre, Winteheap , W-'nfbw, Salten Hall , Cotton , Wilfon , Norton étaient de grands hommes. Ils modelerent leur gouvernement avec beaucoup de fbin fur le plan des anciennes Repqbliques da Grece. Penn, qui forma la Colonie qui porte fon nom , était un grand homme; & la forme de fon gouvernement était auffi populaire qu'aucune autre .-de la Nouvelle- Angleterre SirWaker Rawleigh fit la méme chofe dans la Virtnnie , dcforte, que les feminiens & les principes 1 'emocratiques adoptés dans une Colonie le furent dans toutes. Et même dans la Nouvelle York la Virginie & le New-Hampshire &c., 011 le Confeil était nommé par la Grande-Bretagne, l'efprit dopulaire gagna ces mêmes Confeillers; & ils furent conftamment obligés decéderalaprépondérancedugouvernementdérnociatique. I! n'eft donc pas étonnant, que chaque Etat de ce continent aitétabli une Démocratie, & que le peuple foit extrêmement attaché è ce Gouvernement. UnPhilofophe, qui confi. dere leur tranfplantation dans une npuvele con^ trée9  ( 3 me  C „ me en t fournl plufieurs exemples frappani; obiet d* „ venu de plus en plus ,mp9rtanc pour elle, fii'on e'flécïït „ que dans le cours de cetre année méme, la RépubliW s, a été depouillée de tout ce qui pouvait poaeMnZ " n! farr,ere' fe maniere qu'actuellement un Ennemi ne „ peut-etre attendu que fur les Frontiers anciennes&Proprës " / °? £tat' que Voa ne Peut tót mettre dans un " SMS Dvf:ftfe r^ab,e .& P°UrV0ir dë " u *q , *&0£eV-u* A cette occafion, f„„ Aitef,, fe & le Confeil d'Etat ne peuvent guere s'abfteni de „ déclarer rondement, que files Confédérés veulentférieus, fement mettre dans un état de Défenfc requis toYtes es " ÏZnF' ' ¥**A Ceh ne Peut abfoh™ «voi eu " i,T JUB ICS Confédérés «ccordent non-feulement „ leurs confèntemens aux Pétitions faite, pour cet effet " rJ " W esJannées. mi» qu'ils propofent & fourn f! r?neS ^ "éceiraires 311 Comptoir-G né. ."requfs! 1ÜNI0N' afin »Êffl Puiffe ^ faire 1'emploi ,, Le quatrieme & dernier point, dont a cette occafion ,, d faut encore faire quelque merit.on, & que fon ?Ue" „ fe , conjointement avec le Confeil d'Ecat, doit aufïï „ abandonner a la follicitude "reelle des Confédérés con " ^ms^emauüon & 1'amélioratiou de la Marine du ,, Pays & de fes forces Navales. La Mer eft & Froltil „ re dei Provinces-principale! ; & la Mer eft la Sour. ce de la profperité de cette Républiqae; c'eft la que 1'on „ trouve les moyens de foutenir les finances&de feprocurer „ tout ce a quoi 1'ar^ent eft néceffaire; cette frontiere ne „peut étre convenablemeut. affurée contre un Ennemi „ que par une Puiffance Navale, que par 1'ufage &lei aïin' tages de la Mer, mis è f abri des vexarions, J™£s .„ Vaiffeaux de guerre. Rien de plus notoire cependant „ que la décadence. déplorable des Forces Navales de a ,, République, qui, depuis ie commencement de ce Sie cle a de jour en jour panché vers fon dépérifiement & „ dont 1 encourageraent n'a aucune.nent été pris a co^r •„ aiafiquil aurait convenu; au contraire,il eft raaintenató * ,b'en certa'n'. 98» féruptiou de la Guerre fi injufte da 1 Empire Bntannique contre cette République, on s'eft apphque au rétabliffement & a 1'extenfion des Forces naya|es avec beaucoup de zele & q energie, tellemen? « qu on y a déjè fait uue reforme, une augmentaln ral „ fon-  C 3^5 ) „ fonnable: mais, comme en même tems ilne doit pas étre „ révoqué en doute,que Ie rétablisfement convenable d'une marine auffi déchue, exige le travail fuivi de plufieurs ,, années, chacun doit aulïï être Juffifamment perluadé , 5, que celle de cette République n'eft pas encore portée k cette élévation, & ne 1'a même pu être, au point qui ,, ferait néceffaire pour pouvoir faire tête a un Ennemi „ puiffant: Or, fi fon peut è cet égard fuivre 1'ancienne maxime de la République, en portam la marine è un ,, état formidable, alors il faut, non-feulement dans 1'oc,, currence préfente, continuer de tenir la main a 1'ouvrage „ avec zele & fermeté, tant pour la conftruction que pour ,, 1'équipement, mais encore ne pas s'en défifter, lorf„ que les tems feront devenus plus calmes, ou qu'une „ Paix delirée fera conclue, d'autant plus que pendant la „ durée de celle-ci les opérations de la Marine pourronttou» ,, jours avec moins de fraix & plus d'avantage, être por» „ tées a une confiftance, a une élévation convenables; a. „ quoi doit encore beaucoup contribuer le plan , déja con„ ciu par les confédérés , concernant la formation d'un „ Corps de Marins, afin que 1'on foit, par ce moyen, con,, ftamment pourvu d'Ofhciers bons & expérimentés au ,, fervice de Mer, dans tous les grades quelconques : „ Plan, qui pouna auffi, dans le même efpace de tems, „ être effectué de Ia maniere la plus facile & la moins onéreufe pour les Confédérés. Alors & au moyen de ces1 „ objets réunis, pour vu qu'on y tienne la main continuel,, lement, la République pourra, dans ce Département„ ne „ peu d'années, parveniraune telle élévation, que le titre de „ Puiflance Maritime lui appartiendta & lui fera donné ., réellement, & non pas feulement de nom. Néanmoins, „ comme pour tout ce qui vienr d'être allégué, il faut des efpeces, & que les Colleges d'Amirauté refpcctifs t'e „ trouvent hors d'état de pouvoir faire la moindre avance, „ foit pour conllruire des Vaifleaux, foit pour les équiper j „ fon Alteffe & le Confeil d'Etat doivent encore, a cet „ égard , folliciter de la maniere Ia plus preffante les Con„ fédérés, qu'il leur plaife, le plutót poffible, fe montrer ,, réellement, par la prompte contribuiion & le payement effeclif de leurs Quotes refpeétives dans les Pétitions cou„ rantes, tant pour laConftruciion des Vaifleaux, que pour „ les équipemens déja faits; deux objets oü diverfes Pro- vinces font eucore aflèz fortement airicrées, ce qui ces*  C 5<5ö ) „ tainement ne peut prodnire qua Je retard & Ie raUentifle. „ ment de tout ce qui doit être eftedué pour le bien du „ Pays & pour laplus grande utilicé de la Caufe Commune." Le reproche que 1'on fait dans ce difcours du peu de compte qu'on a fait des repréfentations du Confeil d'Etat, eft bien fingulier dans la bouche d'une affemblée qui, quoique indépendante par Ia maniere dont elle eft compofée, eft cependant dans ce cas fubordonnée aux Etats-Généraux, dont elle doit recevoir & executer les ordres: il eft vrai qu'un Miriftre patriote peut & doit, dans des cas extraordinaires, faire des repréfentations & même des reproches vigoureux a fon Souverain; mais ce ne faurait être dans le cas oü le Miniftre aurait adopté des fyftêmes contraires aux vceux de la nation,& du Souverain qui la répréfente. Cómparez a ce fujet Tintéreffante Colleflion des Documens que 1'on vient de publier fur t'augmcntation des forces de Terre de Mer de la République avec les pieces & les raifonncmens que 1'on trouve dans les Lettres de Reyniers Vryatat & le mémoire apologétique du Prince. Quant h ce que la Patrie a de plus cber, c'était fans doute la création d'une marine dans un tems oü nous n'avions h. craindre que fur mer: voyez dans la Colle&ion des Documens &C., a quel point cet article effentiel a été pris è cceur par le Stadhouder & le Confeil d'Etat. On dit dans ce difcours que la mattere des allian. ces eft d'une extréme déiicateffe, & l'efi devenue enco ■ re plus, depuis les attaques injuftes d'une Puiffance fur laquelle on devait fe confier naturellement, vu qiCon était avec elle en paix & amitié depuis plus de cent ans. Sans doute que la matiere des alliances eft d'une extréme délicateffe , furtout.pour notre République qui a toujours vu, comme le remarque ailleurs fon Alteffe, fa liberté & fon indépendance compromifes dans 1'alliance d'un plus puiffant. Ainfi le Prince aurait pu faire obferver que notre alliance avec I'Angleterre n'a jamais été qu'un vain nom; puifqu'elle a toujours abufé de ce mot & de fa  C 36/ > fa fupériorité pour nous maltraiter, _ Et Ia chofe ne pouvait être autrement, vu 1'oppofition des intéréts des deux pavs en fait de commerce & de navigation ,oppofition que rien ne faurait faire difparaitre, paree qu'elie réfide dans la nature des chofes , & qu'un trop grand nombre d'exemoles en a prouvé la trifte vérité. Nous devons donc renoncer pour toujours a tout projet d'alliance nouvelle avec 1'An rieterre. Si, cependant, comme 1'affure fon Alteffe, nous ne pouvons Yubfiiter fans alliance , roüs devons fans doute tourner nos regards vers un pays avec lequel nous avons des intéréts communs, dont 1'alliance, lorfquelle a fubfifté, n'a pas été pour nous un lien perfide comme celle de PAngleterre, & dont noas avons retiré de grands avantages. La République, comme Etat commercant, maritime & du fecond ordre , doit avoir pour principale maxime d'entretenir paix & amitié avec toutes les puiffances , furtout avec des voifins plus puiffans qu'elle, avec la France pour en obtenir des avantages & des prérogatives de commerce, avec I'Angleterre , pour écarter les mauvaifes difpofitions que Foppofition d'intejét doit nourri dans l'efprit de ces avides Infulaires: aufii a-t-elle toujours profpéré avecl'alliance de la première,& k proportion qu'elle a eu foin de ménager I'Angleterre, fans contraéter avec elle des engagemens trop étroits. Elle doit bien fe garder de s'engager dans des alliances ou des garanties qui puiffent lui attirer des guerres avec d'autres puiffances, iurtout avec quelqu'une de ces dernieres. (Voyez d cette occafion le JSo. 89 de cette Feuille.") Puifque la crainte eft un mobile qu'employe Ia Politique, & qu'il eft quelquefois uécelfaireque de petits Etats chercheat la prote&ion des plus puiffans, pour n'étre pas engloulis par une puiiTance préponderante ; la France, dans ce cas, n'elt-elle pas 1'Etat don: nous devons le plus ménager Famicié? N'eft elle pas 1'Etat dont 1'amitié peut nous être le plus utile ik le reffentiment le plus a craindre ? Au- CUM  curie autre puiffance n'eft plus en état de nous défendre coritre des voifins ambitieux, ou d'envahir notre territoire. L'Empereur & Ie Roi de Pruffe font même plus faibles que" nous politiquement; paree que leurs Etats qui nous avoifinent nous font inférieurs en forces, & font trop éloignés du centre de 1'Empire, pour étre a portée d'en re. cevoir des fecours. Cependant dans une alliance avec la France, il faut toujours veiller a ce qu'elle ne uous entraine jamais dans des guerres étrangeres; il faut avoir pour politique d'éviter tout traité de garantie & d'alliance offenfive & défenfive: la neutralité de notre part doit en étre k fondement unique: une Puiffance fupérieure, comme ia France, peut bien s'engagera une garantie envers nous: notre amitié, notre neutralité feule doivent lui fervird'éqiiivalentj au moins, fi nous lui promettons des fecours, que ce foit non en troupes, ni en vaiffeaux , mais en argent feule. ment; paree que cette derniere maniere de fecourir un allié peut fe faire fecrettement, & fans nous attirerlereffentiment de quelque autre nation. On prétend cependant que Ie Prince d'Orange a fucé avec le lait 1'averfion de la France. Ses prétendus défenleurs accréditent même cette opinion, en afièaant, dans les circonftances même du tems préfent, de relever les Anglais & de déprimer les Francais, & de repréfenter le Prince d'Orange comme 1'ami des premiers & 1'Ennemi des feconds. II n eft pas naturel de fuppofer une affertion auffi abfurde. Le Prmce-Stadhouder a toujours protefté, & 1'on n'a jamais douté de fa franchife, que fon intérêt était efientiellement hé avec celui de Ia patrie. Ome ferait-ce pas Ie repréfenter comme un citoyen pervers, ou comme un mauvais politique, que de lui fuppofer une antipathie pour un peuple qui nous a rendu & nous rend encore tant de fervices, & un attachement particulier pour une nation qui, fuivant 1 aveu même du Prince , nous a traités de la maniere Ia plus iDjufte & la plus cruelle? Cette opinion, fi préjudicable a fa réputation, exifte cependant ; les Anglais eux.mêmes ofent sen prévaloir, comme il parait par la la piece, traduite li.éralement du Lloyds Evenin&i Poji Q5--7 Decembre 1782, qu'on verra dans le No. prochain. (Aux AdreJJes ordimires).  L E POLITIQUE N°. CII. LUNDI, ce 20 JANVIER, 1783. Stötó us les regnes de Louis XIV & de Guiliaume ToMfi IV. Aa „III.  C 37e ) „ III, les Francais avaient plus de quatre-vinet vaif. feaux de I.gne k oppofer aux flottes combinées „ d Angleterre & des Etats-Généraux. Ces derniers „ avaient une puiffance bien fupérieure a celie au'ils „ ont è préfent. Lorfqu'ils combattaient avec nous ,, la proportion de leurs vaiffeaux était toujours comme anq eft è huk. Ils ajouterent quaranïè„ huit navires aux foixante & dix-fept que nous " f ^ lU* ?rdres de Sir Geor8e Rooke : ils en „ avaient buit de 90 canons, quatorze entre 70 & H a7ln?s°ene^e *i & tr°is de ^ ^sFranSais étaient „ alors en état de nous oppofer quatre-vingt vaif- " ™: °f qu lIs ?'ont Pu faire dans toate cette „ gueire. Au contraire, nous qui n'avions alors que " nl.t 2,rmX '*rn0US,en. comPtons aétuellcmenc " S 4 °' Noiis n ylons que cinquante-neuf " & LVvïn f°ixante & dix neu? ™^*r " ?Pf £ 7ImDS d en voter cent dix müle. D'après „ partie en défefpérant du fuccès?" On fent combien SkUffC,0nS ftSff^^ combien même S ieiait plus naturel de les appliquer a I'Angleterre qui, après tout, ne faurait préfenter un front égal nt, 3ue . n ayant pu fubjuguer 1'Amérinue avant qu'elle eüt aucun allié, les Anglais font Se* mams en état ayant épuifé leurs forces & leurs financel dans une guerre de huit années, d'en faire;Iac. Péfances chimériques § Elle ne recoivrera jamais  C 371 ) j, fancienhe affeéïion des Américains ; ce qu'ellë pourra obtenir d'eux, c'eft en faifant qu'il foit de ieur intérêt d'être fes amis par les avantages réci „ proques d'un commerce égal ; & en concouraiit s, avec eux pour propager la liberté , la tolérance, 1'humanité, les loix civiles dans le nouveau mort„ de, pour le bonheur de 1'efpece humaine dans les ,, deux hémifpheres. Les Américains font un peu'„ ple dont les fentimerts font trop délicats, & les «, vues trop fublimes pour un peuple comme i'Anglais. corromtni par la diffipation, par 1'avidité & „ les plaifirs. Ils regardent la caufe de leur patri.; comme un dépót facré que la Providenee a mis j, entre leurs mains pour le bonheur de tant de miTj, lioris d'hommes qui doivent peupler leur immenfe continent. Ils font dans 1'idée que leur liberté" ne faurait être en furetë fous le gouvernement „ d'aucune nation Européenne: Cette idéé feule les i, fait frémir. Les Bretons avec leurs ceeurs glacés 3, peuvent barbouiller du papier, fpéculer & com„ battre, fi tel eft leur bon plaifir; mais ils ne re„ tirerontde 1'Amérique d'autres avantages que ceux 3, qui réfukent d'un commerce d'égalité & de bohne-foi avec des Etats indépendans. „ Galloway a fans doute raifon d'obferver què i'attachement qu'on fuppofe a l'Amérique envers „ 1'Ahgleterre, par rapporti 1'analogiedereligioneft „ extrêmement faible. II n'y a pas én Amérique 's, de religion dominante; & c'eft une politique. que les chofes reftent fur ce'pied. I!s appartiennent tous k quelque fociété religieufe forméé en Eu* 3, rope. Us font Anglicans, Luthériens, Calvinif„ tes, Méthodiftes, Presbitériens,Moraviens,Con" „ gréganiftes, Quakres, Anabaptiftes» Mennonites, ",, Swinfielders, Dumpiers & Catholiques-Romains. s, Si, d'après'Galloway lui-même, les rapports qui „ réfultent des loix, du Gouvernement, de la reli„ gion, des coutumes, des moeurs. des modes, & „ du langage ,. font des liens fi faibles , quelle au,, torité"peut-on feprométtre fur les Américains, fi Aa a „ ce  c 37-) ., ce n'eft par les intéréts généraux d'un commerce ii & réciproque, ainfi qu'il fe pratique avec „ uiie nation indépendante. Cet Ecrivain prétenjs dra-.t-il qu'il ferait de fon intérêt de retourner fous ïj 1'ancience domination ? Cëla ne fe peut; il eft „ fouvent convenu du contraire. Le plus zélé des „ Torys en Amérique n'a jamais défavoué que fi s, l'indépendance pouvait s'obtenir, elle ferait 1'épo„ que du bonheur le plus brillant pour 1'Améri,, que; Ceux de ce parti n'ont jamais prétendu autre chofe, finon qu'elle n'était pas en état d'arracher 39 ce slpneux avantage au pouvoir formidable de „ la Grande-Bretagne. Que dirait le refte de I'Eu„ rope , fi nous avancions gravement qu'il eft de „ 1'intérêt de 1'Amérique de fe remettrefous le joug & ious le monopole Britanniques? L'intéret qu'a » 1'Amérique è l'indépendance eft donc une chofe trop claire pour être mi ie en queftion. Dans ce m cas> comment les Anglois pourront-iis la gouver„ ner? La tiendraient-ils foumife a leur fceptre & k .„ leur monopole par la force? Son pouvoir & fes rcf., fources ne trouveraient-ils pas des encouragemens „ & des fecours dans la France, l'Efpagne, laHol„ iande & chez toutes les autres nations maritimés „ de 1'E'iropeV L'Angleterre avait donc formé une „ entreprife qui furpaffiit fes forces. Elle ne peut „ donc fortir dc cette (kuation périüeufe qu'en fai. fanfe avec 1'Amérique une paix folide, honora„ bic & avantageufe, fur la bafe d'un commerce ré,, ciproque & parfaitement égal. Suite du CHAPITRE XXXI. sSS? Mr: de Capelle de Poll & fur fa rémégratión dans l'sijfemblée des Etats a'OveryJJ'eL Les irformations tjü'e nous avions pu rccueillir de • nos correfpnndans & de quelques papiers publics fur la rtmtegracion de Mr. de Capelle, n'étaient pas .-.'' "• . ' * toü«  C 373 ) toutes également fideles, L'amour de la vérité nous oblige h faire cet aveu. Nous fatisfaifons avec d'autant plus de plaifir a ce devoir facré, que les éclairciffemens qu'on nous donne, jettent un nouvel éclat fur.-la caufe du parti patriotique , en le lavant d'un blAme que nous n'avions adopté fur des rapports publics, que pour montrer notre impartialité envers c;ux même que nous défendions, Voici la lettre qu'on vient de nous écrire a cette occafion ; nous n'y changerons rien , pas même dans le ftile. _ . D'Overyffel 12 Janvier 1/83. Je fuis un de vos Leéleurs, & je puis vous déclarer franchement que ie lis votre ouvrage pénodique avec un iënfible plaifir; paree qu'indépendamment du nombre de chofes très-intéreffantes que j'y rencontre, je penfe avoir remarqué que votre grand but eft de dire la vérité; & quoiqu'il me foit arrivé quelquefois de ne pas être de votre avis , votre fincérité que je n'ai jamais eu lieu de révoquer en doute, a été caufe que j'ai lu avec plaifir, même ce qui ne me convainquait point. . JVfpcreoue.de votre cóté, vous voudrez auili bien ne pas prendre de mauvaife part que je vous indique une erreur qui s'eft gliffée dans votre No. XCVII. page 297. Vous dites: II ejt vrai que la réintégration de- M. de Capelle ne s'eft pas faite avec cette Aécence &. cette tranquillité qui a caratlérifé hs démarches des bourgeois ÉP habitans des autres pays. Nous fommes bien loin d'aprouver ce qu'ilpeiit yavoir eu a'irrégulier dans cette occafion. Je me flatte, Monfieur que voüs voudrez bien oermettre è un citoyen d'Overyffel, trés inftruit de 1'affaire tn queftion de vous dire que vous n'avez pas été bien informé. Et comment ferait-il poffible que, dans un fi grand nombre de faits qui vous font communiqués de toutes les parties de la République, il n'y en tut pas quelques-uns que vos Correlpondans, quelquefois trop peu inftruits, ne vous monAa 3 tral-  C 374 ) miTcnt point dans leur véritable jour? Peut-être que k Patriote de la vteüle rocbe, quoiqu'il ne foit nas pour vous un auteur au-deflus de tout foupcon , a contribué k vous mduire en erreur. II fait mention tC ideU?A 1'°Chures ,qui ont Paruï 1>une. fa laquelle il infifte pnncipalement, porte le titre d'Entretien dun bourgeois &> d'un t>ayfan; (Zamenfpraaktuiïcben een Burgen een Boer) & il ]es regarde comme un des moyens quon a employé pour effeöuer la réintégration de Monfieur de Capelle, ce qui ferait penier naturellement que ces brochures ont difpofé nos bourgeois è figner les requêtes auxquelles on doit lts Réfolutions prifes en faveur dudit Baron. Mais remarquez, s'il vous plait, Monfieur , que ces pieces n'ont paru qu'après que les Requêtes étaient déjk fignées;; que de plus pendant la tenue de la diete oh 1'affaire de Mr. de Capelle cc celle des Corvées devaiept étre traitées, il n'yaeu aucun attroupement; qu'il ne s'eft manifefté aucun trouble, que tout a été tranquille comme k 1'ordinaire, öt qu ainfi res irrégulariiès n'ont eu lieu que dans le cervtau de ceux qui poiTedent le talent de voir ce qui nexifte point. Pour ce qui regarde Ia fignature des requêtes, je n'v ai rien vu d'irréguliernid'indecent ; bien loin qu'on ait forcé les gens h les figncr, il y a eu le plus vif emprefiement è le faire, Le vodu général de fa Nation s'eft manifefté de lamaniere la moins équivoque, mais fans bruit, fans tumuite, les Lorps dc métier ont été convoqués, chacun féparément; les fu ff rages ont été prefque unaniBiesj & je puts mus afjurer, Monfieur , que le petit nombre de ceux qui ont refufê formeilement de concou. rir avec les autres (peut êtreferait-il difficiie d'en comp. ter une demi. douzame ) jouiffent (N. B.) de la même ftqnU* 8 Sé,aient,?10,urés Ies P^ardensamis des Payfans ' P défen^urs de la caufe st i?Cr de la P°Pulace> n'eft point turbulen. te chez nous, ce n'eft pas k elle que 1'on sfcft adreffe»  ( 375 ) adreiTé, mais k la bonne bourgeoïiïe: je fuis même informé de bonne part, que dans i'une de nos Villes on a porté ia précaudon au point de ne pas préiênter la fignatureaux porceurs de tourbes,quoiqu'ils forment un corps, une coinmunauté, & qu'ils y euffent les mêmes droits que tous les autres citoyens. Oü fe trouvent donc les irrégularitès? Les requêtes elles-mêmes, 1'empreffemert a les figner, lebon ordre avec lequel tout s'eft fait; la liberté laiffée a chacun d'être ou de n'être pas du nombre des foulcripteurs , la précaution de ne point y inviter Ia derniere claffe du Peuple ; y a-t-il dans tout cela rien d'arrégulier, rien qui pêche contre la dëcence? Mais peut-être aura-t-on eu en vue les réjouiffances qui ont eu lieu, après que Monfieur de Capelle fut réhabilité. J'en conviens: la joie était uru> vcrfcl'e; il aurait été réellement irrégulier que les Bourgeois de nos Villes, qui s'étaient ii vivement intéreffés k la réintégration d'un Régent cbéti de la Nation entiere, & fi digne de 1'êr.re; d'un Régent qui peut rendre a la patrie les fervices les plus fignalés; que nos Bourgeois, dis-je, euffent regu froidement; la nouvelle que leurs requêtes avaient produit 1'eftet dcfiré. Que 1'air ait retenti pendant plufieurs jours d'acclamations réitérées de Pive Capelle de Pol, que des focietés de Bourgeois aient fait des repas enfemble & illuminé les maifons oü ils étaient aiTembiés, que des fufées & autres feux d'artifices aient cxprimé la joie publique , comme nous 1'avons, vu ii fouvent le 8 Mars, fans que perfonne y ait trouvé la moindre irrégularité ou indécence; quoi de plus naturel & de plus innocent ; puifque perfonne n'a été maltraité ni forcé de fuivre 1'exemple des autres, & que tout s'elt paffé très-pacifiquement? ^ Non, Monfieur, les foirées confacrées a la joie n'ont point été chez nous des prétextes pour caufer des féditions. Et fi les illuminations n'ont pas été plus générales, dans nos cités, la raifon en eft Aa 4 qu'on  C 370 ) qu'on a voulu prévenir fagemenc tout ce qai pourrait donner lieu a des irrégularkés. Quoiqu'un trèsg'-and nombre de nos Bourgeois f uilen t dfpofés h illuminer leurs maifons, ils s'en font abftenus pour ne point donne;- occifion a des inconvéniens, peu pro-.a --les a la vé.-itc.. mais 'poffibles. En particulier h Deventer tu la Bourgeoifie eft la plus ardente, il a fü'ffi que le Magiftrat fit connaftre fimplemcnt fpn defft , qu'on n'iüumirat point, de peur de ces accidens qui ne font que trop ordinaires en pareilles circonftances ; tout le monde s'eft empreffé k témoigner fa défe'rence ifc a facr;fier le plaiOr qu'on ie promettait, au refpect dü au Gouvernement. Mon deffein n'eft pas d'expofer qui que ce foit au ridicule; mais fi un certain Monfieur de notre Province, s'était attiré quelque défagrément, il aurait du 1'imputer k fa propre imprudence. II s'avifa d'attaquer un bourgeois qui, le voyant pa fier, dilait, lans nommer perfonne : Ceici encore un patriote. Dans 1'idée que ce difcours le regardait & que s était probablement une ironie, ii apoftropha rudement le bourgeois. & le fit citer devant le prefident-Bourguemafrre, ou le prétendu oifenfé ne recut pas une fatisfa;tion bien éclatante, ^ Ne trouvez-vous pas, Monfieur, que de telles imprudcnces font t;ès - procrcs, furtout dans ces tcms-ci, a caufer des irrégularités; & cependant ón én a H; & voila tout. Jé me flatte, après ce narré, que vous ferez fuffifamment perfuadé que les habitans d'Overvifel fe font conduits avec la méme tranquillité éVdécence, qui a cnraóterifé les démarches des Bourgeois & Habitans des autres pays. Permettez, Monfieur, que je vóusfaflerernarauer encore une petite inexacritude, qui vous eft échappée, pag 2:.8. oii vous dites, que le ietine Baron fut introduit dans la Salie &c Monfieur de Capelle n'eft pas abfolument jeune ; c'eft un homme de 42 ans. R E"-  C 377 ) R E' P O N S E. Nous voyons avecun plaifir inexprimable\ par cette lettre, que, dac.s tout le cours de ces troubles, on ne faurai. faire aucun reprochs fondé au parti que nous avons défendu. Ii eft donc vrai qu'il n'a jamais fianchi les bornes des loix, & que, quoiqu'il ciïtpu ié prévaloir du fuifrage,du dévoument de toutes les claffes du peuple, il a toujours, dans fes demandes , procédé d'une maniere tranquille, décente & conftuutionnelle. Comment des Nouvelliftes étrangers ofent-ils, après cela , nous calomnier au point de fe rendre les organes d'une faction déteiiée, en publiant que ce pays eft dans la derniere anarchie, & que toutes les loix y font mé» connues & foulces aux pieds ? Nous fiwons qu'a plufieurs égards nous differons des deux 0:1 plfttót des trois partis qui partagent la République.On nous difpenfera certainementde prouver que nous ne fommes pas au nombre de ceux qu'on a fi bien caraclerifés par le nom de Laodicéens; êtres cquivoques, qu'om pourrait appeler d>_js hermaphrodites politiques, paree qu'on ne fait pas a quel fexe ils appartiennent; paree que, quoique défavoués par les deux partis, ils adoptent le hngage de l'un ou l'autre fuivant les circonftances ou leurs intéréts, & qu'ils lont toujours prêts a fe rariger du cóté du plus fort. Nous avons, plus d'une fois, démafqué ces ames viles & pufillanimes,ces individus méprifub!es,quin'ont de mobile que le fordide intérêt, & de but qu'une dangereufe ambition. Nous penfons avecSolon que dans un tems de trouble, aucun citoyen ne doit refter neutre, & que, quand mêmeildiftererait a quelques'égards desprincipes du parti dont il a arboré le drapeau, il doit faire entendre ouvertement & fincerem'ent ce qu'il penfe. Nous ofons même dire que, quoique plufieurs denos adverfaires aient porté le culte & la pratique de leur fymbole k des excès fanatiques, ils font encore plus eftimabks k Aa 5 nos  C 378 ) dos yeux;, que ces fpeclateurs mercenaires, intéreffé* perfides, qui veulent gagner le prix, fans s'eXp0fer au danger du combat. picr C'eft principaleroént fur I'article de 1'alliance Francaife que nous différons le plus des deux partis Cette mattere étant de la derniere importance, nous allons contmuer ce que nous en avons dit 1'ordinaire dcrnier. e Suite du CHAPITRE LVI1I. Sur üne Alliance avec la France. Commencons d'abord par i'anecdote fur laquelle on prétend qu'eft appuyée 1'averfion des Stathou, ders contre la France. „ Le Prince d'Orange a, dit le papier Anglais dont nous avons parlé, une forte d'averfion héréditaire pour les Francais. II parait avoir acquis avec les domainesde Guillaume III, la haine contre le Roi de France. Guillaume III concut cette averfion dans un Sge bien tendre, a la fuite d'un 'affront public qu'il recut d'un Ambaffadeur Frangais, lorfqu'il n'était encore qu'un enfant. A la mort du pere de ce Prince, Je parti Republicain trouvant une occafion favorable d'humilier la maifon d'Orange pendant fa minorité parvint, après beaucoup de debats a fupprimer le Stadhouderat , & de réduire par 14 le jeune Prince a la condition de fimple particulier Dans cet état des chofes, Guillaume fe promenait un jour en caroffe avec fa mere, la Princeffe Marie, fille afnée de 1'infortuné Charles I, & petite fille de Henri IV. Le caroffe fe trouvait dans une allée qui menait k une cour, oü ie cocher devait paffer; mais ayant rencontré le caroffe de 1'Ambaffadeur Francais , qui venait du cóté oppofé les voitures s'embarrafferent. Les domeftiques du Prince crierent au cocher de 1'Ambaffadeur de ré- culer,  C 379 ) culcr, & de faire place au Prince d'Orange: celuici était pret a obéir; mais fon maftre lui ordonna de ne pas reculer d'un pas. La deflus deux Gentilshommes ducortege, fe mirent a parler enfemblc, chacun pour 1'intérèt de fon majtre refpeétif. Celui qui était du parti du Prince fit obferver a 1'Ambaffadeur , le rang &la fplendeur des Princes d'Orange fondateurs du Gouvernement auprès duquel fon Excellence avait été envoyée comme AmbaiTadcur. Le Miniflre Frangais répliqua qu'il refpeélait le Prince d'Orange autant que perfonne, mais qu'il avait encore beaucoup plus de confidération pour fa dignité d'Ambaffadeur du Roi Très-Chrétien, & qu'en cette qualité il avait unjufte droit k la préféance k laHaye.ou le Prince d'Orange,privé duStathoudérat, n'était regardé que comme iimple particulier. On rappela k 1'Ambafl'adeur la haute naiffance & la dignité de la mere du Prince. L'AmbalTadeur répondit qu'il avait le plus profond refpeél pour fon Alteffe Royale, & que s'il n'était revêtu que d'un caraétere ordinaire, il fe croirait honoié d'être k la fuite d'une fi grande Princeffe, qui, quoique trés refpeftable pour être defcendue de Henri IV, 1'était encore davantage par fes propres vertus öc qualités; mais qu'il efpérait que fon Alteffe Rovale voudrait bien lui pardonner de ne pouvoir lui faire place, étant obligé de foutenir les droits & prérogatives du Monarque dont il était le Repréfentant.- La difpute dura quelques heures, mais 1'Ambaffadeur fut inflexible; il ne voulut jamais permettre que fon équipage fe rangeat de cóté; & la Princeffe ne put fe rcfoudre k faire place k fon Antagonifte. A la fin on crut avoir imaginé un expédienc pour fauver fon honneur & celui de fon fils. On perga la muraille contigue è 1'allée; le palTage devint libre ; 1'équipage du Prince baiffa un peu d'un cóté, & laifla le champ libre a 1'Ambaffadeur de France. Cet expédient épargna au Prince & a fa Mere la mortification de recourner en ar-  C 380 ) arriere; &.1'Ambaffadeur refta maftre du chamn de bataille,_ Mais on dit que Guillaume ne pardonna jamais cet affront : jufqu'au dernier moment de fa we il conferva une haine perfonelle contre Louis XIV, paree qu'il avait approuvé la conduite de fon M.mftre & 1'on prétend que Ie Stadhouder aftueUiucé fur ce point les fentimens de fes ancêtres. On cite d'autres traits pour infinuer que notre Stathouder eft mal difpofé pour Ia Francecelui-ci montrc fuffifamment fur quel fondement fragile cette fuppofltion eft appuyée. Nous fommes bien éloignés d'attribuer 1'averfion que Ion iuppofe aux: Stathouders puur Ia France» cette rencontre imprévue & fitcheufe entre Guillaume III & e Comte d'Eftrades. On en trouverait une caufe bien plus plaufible, bien plus natureüe dans les alliances de fang entre les S.athouders & la familie regrtante en Angleterre, fi 1'étude attentive de I Hiltoire ne prouvait encore que cette alliance même n aurait pas fuffi pour infpirer a Guillaume III des principes qui ont eu des fuite^fi fa-heufes pour Ja République. La France, il eft vimi a toujours regardé avec inquiétude les liaifons particuiieres entre les Stathouders & les Kois d'Angleterre, Lorfqu'en iöi3 1'Ambaffadeur de hcques 1 è la Haye, préfenta a Maurice 1'ordre de la farre«ere, dont le Roi d'Angleterre 1'avaitdécoré, 1'Ambaffadeur de trance ne vit pas cette cérémonie d'un ceil indifférent. II écnvit a fa Cour que les Etats fe jer aient her dc la Jarretkre par le col cif par l»s jam. bes Qvoyez Uitenbogaard Kerkelyke Jiedienitte t iqS ouleFab/eau del Hilioire des Provinces Uniea;/'i8oS Cependant Frederic-Henri, quoique fils d'une'mere Francaife, quoiqu'élevé i la Cour ce dans 1'amour de la trance, forma des liaifons bien plus étroi tes encore. II fit époufer k fon fils un.que unePrincefle d Angleterre. Mais 1'Hiftorien cité (T VI p. (7?.) remarque k cette occafion que Frederic'. Herin aurait pre/ére de s'allier avec la mai/on de Bourbon .  C 381 ) bsn, (ainfi que Guillaume I, fon pere,)./t.'a diffirence des religïons n'y eüt mis obfiacle. Ainfi la France n'aurait a imputer qu'a elle-même, qu'a la néceffité ou elle a mis la maifon de Bourbon & toutes les principales families du Royaume, de changcr de culte, les conféquences fachëufes qui pourraient fe déduire contre elle des liaifons de fang que la Maifon d'Orange a contraétées en Angleterre. Frederic Henri, continue le même hiftorien, n'en refia pas rnoins attaché aux Frangais, paree que fes vues s'accor. daient toujours avec les leurs fur le partage des, PaysBas. Le partage des Pays Bas! Qui dirait que cet incident ,redouté de 1'Angleterre. incident qui fit que Guillaumell, Pere de GuillaumelII.fut unpartifan zélé de la France alors fufpeéte au parti Républicain, que cet incident, dis-je, füt la véritable caufe qui bi ifa les nceuds de 1'ancienne alliance avec la France & qui jeta la République dans les bras de I'Angleterre. Amfterdam & la Hollande , qui fe déclarerent avec tant d'éclat contre Guillaume II, n'entralncrent les autres membres de la Confédération dans une paix particuliere avec l'Efpagne, que pour faire échouer plus furement 1'exécution du pian de partage des Pays-Bas, auquel la France, les Stathouders, & cinq des Provinces de ia Confédération , prenaient Je plus grand intérêt. Le reflentiment de la France ulcérée par cette défeétion, ne fut augmenté que par la politique des ardens Répu» blicains, Ennemis-du Stathoudérat, de de Wit leur chef, qui, pour artêter les progrès des armes Fiancaifes dans le Pays-Bas, ménngea le traité fameux de la Triple-Aliiance. C'eft ainfi que les ardens Républicains, par une politique imprudente ou faufle, porteient Louis XiV k cette invafion dont la fuite néceffaire fut la deflruction du parti dedeWit&le rétabliffement du Stathoudérat. Guillaume III, ainfi redevablede fon élévation k cette fauffe mefure, devaitd'autant moins conferver du refTentiment contre la France, qu'il n'avait été queftion de rien moin* entre  C 32* ) tre les conrjuérans de fa patrie, Louis XÏV & Charles II qm(Tableau Tomé VII. ïSi. i78)de lerendre Souverain, eny abohiTant la forme Kéoublicaine II fallut donc des morifs de Ia plus grande iniDortance pour porter Guillaume lil è fe jeter dans le fyftême politique nnaginé par fes Ennemis même contre la France. 6.0n les trouve dan* le manage de Guillaume III avec une princeffe d'Angleterre; encore ce mariage ï'aurait-il pas eu plus d'influence fur fa noliti. que, que. ces fortes de liens n'en ont ord nairement fur es potentats, fi cette Princefle n'eüt alors été 1'héntiere préfomptive de Ja CourSne. Guillaume III, dévoré d'ambition , tourna dès lors toute ia politique vers ce briljant appanagc. Des lors il ne perdit jamais de vue le di-ojet de ravir la couronne a fon beau-pere • & lorfque ia naiffance du Prince de Galles parut lui avoir fermé 1'entrée du t.óne, il porta les chofes au dernier excès de la violence & de la noir! ^Ur' enJTm des f°mons fur cette naiffance, en accréditant une impofture dont il conniiiT^r trés-bien la fauffeté, Ie tout fousï prétexte flï cieux de maintenir 1'équiübre de 1'Europe, la fi,r«é de a religion proteftante & les libertés de Ia nation Britannique Les haifons étroites, qui fubfiftaent alors entre ia familie des Stuards & celle de Bourbon, montrent les conféquences qui devaient réfulter de ce fyftême politique. Ce tableau fidéle prouve donc que ce n'eft pas Ie mariage avec une Pnnceffe «ngkufe en lui-même qui porta fans re tour Guillaume III, & par fon influence puiflante" Ia République, a toutes les mefures qui nouvaien? traverier les vues de Ia France. Si ce mariage ne M eüt_donné aucun efpoir de monter fur le tróne Britannique, i aurait du remrer infenfiblement dans le fyftême politie dc fes ancëtres. On nrétend meme qu'd ne faifait aucune difficulté de dire aae qua,a la France ferait d la République ce qiclïle éZ du  C 383 ) dü tems de Henri IV, la République ferait d la France ce qu'elle était dans ce tems-td. II faut avouer auffi que la politique de Louis XIV ne fut guere pro. pre k ramener Guillaume III aux anciens principes. Lans le tems oti il indifpofait tous les Etats Proteftans, & forcait le parti même des ardens Républicains de Hollande a. fe déclarer contre lui par les perfécutions qui furent la fuite de ia révocation de 1'Edit de Nantes, il aigriffait encore Guillaume III par la confifcation de fa petite ', Principauté d'Orange, lorfqu'il aurait pu faire fervir cette poffeffion peu importante , de lien propre a 1'enchainer dans fes intéréts. Cet appergu impartial & fidele, découvre a nud 1'impudence & Ia mauvaife foi de PAuteur de la Ricbejfe de la Hollande, qui, jetant fur la France feule le btóme de Ia rupture de fon ancienne alliance avec la République , ofe, pour difculper les Stathouders, impeccables fuivant lui, avancer „ que la France ayant „ mis la République dans un état de guerre par „ Tinvafion de 1672, 1'a obligée de perpétuer cet „ Etat de guerre par 1'intérêt de la barrière, & 1'a „ forcée de concourir par fes alliances, par fes for„ ces & par fon crédit è 1'élévation de la marine „ & du commerce de I'Angleterre." Nous ne releverons pas ces mots obligée, forcée, barrière. dans un tems oh la barrière n'exiftait pss, oit la République avait été vifiblement entrainée par le crédit & les artifices de Guillaume III, a entrer dans des mefures qui ne convenaient pas a fes intéréts & dont elle éprouve encore les fuites. Nous nous bornerons k remarquer k cet égard, ainfi qu'k 1'occafion des erreurs fur lefquelles ce même Ecrivain a été fi vivement relevé dans le Tableau des Provinces-Unies T. VI. p. 450. 570". qu'on pourrait a,ppliquer k Mr. Elie Luzac , Avocat & Libraire de Leide, le reproche qu'il fait è fes adverfaires p.... du T. VIII- de fes Lettres de Rsynier Vryaart, favoir que le génie fans érudition n'en f ante que des mon-  C 384 ) mnfireé; fi toutcfoison ne devraic pas Ie mettre pi utót au nombre de ces faux, monnoyeurs qui emploient Ia connaiffance des métaux* pour les fa>fifier & les altcrer par des alliages , imaginéa' par 1'intérét & 1'impofture. 1 Je paffe fous filence ce qu'il a ofé dire p. 183 & 1Ö4 du T. III. dés mêmes Lettres , en date du ic Novembre 1781, 'qtffl vaudrah beaucoup .mieux faire la guerre avec les Anglais contre la France, que de la faire avec la France contrefAngleterre. lorfque dans Ie même tems, i! difait, p. 345 du T. Ut. Rykdom van Holland , que de toutes fes allianees aicc des Etats êtrangers, la Fran.ce était celui, dont la République avait tiré les plus grands avantages. , Mais avant de fuivre la matiere importante d'une alliance avec la France ; nous verroris , dans les écrits du bon Luzac (c'eft le titre par Jequel on eft. convenu de diftinguer le Gazettier de ce nom ) quelle eft la maniere de penfer de la Cour de France a notre égard & quelle facilité il y aurait è renouve'.er cette alliance dont nous avons retire de fi grands avantages. La Suite au i\r,. procbain. Ces Feuilles périodicues psraiflfent régulieren ent, touslrs Lundia «4 Amjlerdam chez J. A. Crajenfchot; è Haar. lem, coez Walree; a Leide, chez Luzac & van Dam** & Les Freres Murray ; a la Haye , chez % van Cleef Detune, van Drecht &> LaFeuve Staalman; a Gouda* chez i'au der Klos; a Rotterdam, chez Bennet & Hake & D. Fis ; a Dordrecht, cïez Blujfé; a Deventer, cbez Leemhorst; a Groningue, chez Huyzingb; aNimegue. Cbez Pan Goor; a Arnhem, chez 'Iroost.; aBois-leDuc chez J. H. Pallier , aHambourg, cbez J. G. ïlrcbaux & cbez les principaux Libraires des Pays-Bjs.  L E POLITIQUE N°. CIIL LUNDI, ce27 JANVIER, 1783. Suite du CHAPITRE LVIII. Sur une Alliance avec la France. Le Miniftere Anglais a devoilé enfin le fyftêm<ï qu'il avait en vue, relativement k cetce République. Quoique de tous les Ennemis qu'il s'eft: fairs dans ceae guerre, les Pays«bas.Unis foient ceux auxque's il a fourni les griefs les plus violens, cn dirait, al'entendre, qu'ils ont été les aggreffeurs. II ofe affurer qu'il a tout tenté pour éviter la guerre ; quoique tout i'univers fache qu'après les provocations les plus injurieufcs & les pius révoltantes, il a été le premier a lever le mafque de la rupture, afin de fe procurer un pillage plus facile & p!u3 abondant. Mais hélas. ces infu'aires altiers montrent fuffifamment qu'ils font déterminés a mêfurer leur conduite non fur 1'équité., mais fur la force, & qu'ils ne refpt éteront la République que lorfqu'a 1'exempie des Francais cc des Américains, elle fe fera rendue refpectabie. Cet infolent Ennetói fuppofantce que les Anglais de bonne foi n'ofent pas mettre en queftion, a fait dé'ivrer le 31 Décembre dernier le Mémoire fuivant, en réoonfe k celui que Mrs. Leftevcnon & Brantzen avaient reTomk IV. B b mii  C 380 ) mis au Congrès de Paris a Mr. Fitzherbert de Ia part des Etats - Généraux. Le Sousfigné Plénitotentiaire de Sa Maj. Britannique a recu ordre de fa Cour de propofer d Mrs. les Plênipotentiaires des Etats-Généraux en réponfe d leur Mémoire les Articles fuivants: ier Comme les différentes relations particulier es, qui avaient fubfijlé depuis un fi grand nombre d'années entre la Grande Bretagne £ƒ la République des Provinces Unies, font venues d pajfer, autant par une fuite naturelle de ia préfente guerre , que par la conduite de la République, antérieurement d la rupture; comme L. H. P. paraiffent étre trés ■ peu difpofées d renouveler dans le moment acluel toutes ces anciennes liaifons, Sa Majefté propofé que les deux Etats fe gouvemetont, quant aux relations de Commerce qu'ils puiffent avoir entre eux, purement 6? fimplement par les principes généraux du droit des gens, d quoi le Soujfignê a eu ordre d'ujouter, qu'avffitót que les Nations, engagèes dans la préfente guerre, commenceront d former les nouveaux arrangemens de Commerce, que les nouveaux rapports qui fub lifter ont entre elles rendront pröitüblftnem néceffaires, Sa Majefté, par une fuite de fes difpofitions 'connues envers la République des Provinces Unies, fera prête d contracler-avec elle tels enga' ekens de Commerce qui pourront convenir d la fituation des deux Etats tj? d leurs intéréts refpetlifs. Cette Propofition, qui place L. H. P. dans la méme 'Jituation vis - d - vis de I'Angleterre, que celle oü elles fe trouvent vis-d-vis de plufieurs autres pays rnaritimes cf commercants de 1'Europe, contient tout ce que le Roi pouvait leur accorder, eu égard d la pofition relative 'des deux Nations ij1 conformémént d la raifon (S d la juftice; car quant a ce qui eft allégué dans le Mémoire de Mrs. les Plénipotentiaires de Hollande re. lanvement d la Propofition faite par Mr. Fox d Mr. de Simolni, il efi ir.conteflable que cette Propofition a été néitffairement liée avec celle de la conclufion d'une Paix Jéparée avec la hollande, £ƒ que cette feconde offre ayant été rejetée par L. H. la première 'fi  ( 387 ) e[i devenue de l'injlant méme nul £? de nul effet, & enfi-i, fous quelque point de vue qu'on voudiait l'envijager, comme entierement non avenue. 2e. Le /i'/i, p.irun effet de fi mo-.ération ,confent de reftituer d L. H. P. toutes les pojfeffions qui leur ont été enlevées par fes Ar ma dans la p^éfente guerre. £ƒ dont il fe trouvera fiiifi d la conclufi'>n de la paix, u l'exception de Trinconomale dans l'ijle de Ceylon avec fes Dépendances. 3e. Le Roi ne faurait admettre 'en aucun degré la demande d'un dedommagement des pertes que les Provinces-Umes ont effmées dans la guerre pré/ènte. puifque une telle prétention répugne également aux principes les plu- ciairs de la raifon & du droit des gens. Mais Sa Majeflé canfentira "fans ptwe d ce que la décifion des prifes. faites avant la rupture par fesS^jets fur ceux de L. H. f., fo:t remife aux Cours de Juftice de 1'Amirauté Lritanniqne, covfoimcment aux regies établies par toutes les Nations. Du refte, le Souffignè ne faurait fe difpenfer d'ajouter dcet article, que, quant d ce qui eft injinué dans le troifieme article du Jus ■ dit Mémoire, relativementd la prétendue origine de la rupture entre les deux pays l' Angleterre aurait de quoi conflatet par des raifonnements üréfrngables, qu'il n'y aurait pas de moyens qu'elle ne tenta pour étiter cette guerre, £ƒ que ce ne fut avec un rep/et extréme, qu'elle s'y eft vue néceffairement entrainée: Mais on n'infijle pas Jur ce R aifonvement, paree qu'il ejl difficiie de ne point fentir combien une pareilie dijcuffion . dont l'uniqne effet ferait d'aigrir les animofï'és de part 6? d'autres, aurait été nuifible £5? dépLicée au moment d'une Négociation pour le rétabUJJerueni de la 1 aix La Cour de Londres a lieu de fe flatter que ces Articles feront regnrcté; comme fournij]'int une nouvelle preuve de la moaeiation du Roi, & de fon dejir coajlant de parve. ir d une riconciiiation prompte c? permanente avec toutes les parttes impliquées dans la prêjente guerre. fait d Paris ce 31 Dec 1782. Cjigné') ArxiiYflü Fitzherbïrt. Bb 2 La  C 388 ) La hauteur & la mauvaife foi du Miniftere Britannique percent dans cette réponfe, On y voit une ambiguité étudiée & une infulte a la complai» fance de fes Ennemis, en leur préfentant comme un eftet de fa modération, la reftitution de ce qu'il n'eft plus en fon pouvoir de reftituer, & ie refus infolent des feules propriétés qui font'encore dans fes mains Aufii Mrs. Leftevenon & Brantfen ayant communiqué cette réponfe a Mr. le Comte de Vergennes, conformémént au concert & a 1'harmo. nie la plus parfaite qui fe font établis entre eux, ont remis Ie 5 Janvier è Mr. Fitzherbert une Réplique coneue en ces termes: Les Soujfignés AmbaJJadeur £? Miniftre Plênipoten. tiaire des Etats ■ Gêné?aux des Provinces - Unies, ayant examinêla Réponfe que Monfieur Fitzberbert, Mini. fire Pïênipotentiaire de Sa Majefté Britannique, leur « remis le 31 Décembre dernier de la part de Ja Cour, y ent vu avec beaucoup de peine le peu de difpojition que la Cour de Londres y fait paraüre pour accélérer la lèconcüiation avec la République a des conditions èquitaUes. Quant au premier Article, les SouJJignés fe trouvent dans la nêceffitê de demander des éclair cijfement s fur ce que la Cour de Londres entend par les principes gé. htravx du droit des gens. Si par cette oénomination générale elle entend celui qui eji püifé du droit primitif des Nations, quirend la Navigation & le tranfport de toutes fortes de marchandifes mdtjiintiement cf entierement libres, fans reftriélion queiconque, excepté de ce qui eft cömmunément reconnu pour Contre. bande par laplus grande partie de toutes les Puiffances, Javoir les Munitions de guerre, telles qu'elles Jont nommément exprimées dam le Traité de 1674 , qui fubfifiait ci-devant entre I'Angleterre & la République, & celui ie Navigation de l'année 17iq entre la France £f la Grande-Bretagne, les Soujfignés ofent fe perjuader que L.h.P ne jeront aucune difficuhè de l'admettre pour bafe de la Négociation fc? qu'Elles fe préteront meme avec plaifir a fondtr fw cette baje irrévocable le Traité  C339) Traité définüif de la Paix, ou bien enfuite un Traité de Comrnerce particulier, av'fltót que les Nations, engagées dans la guerre préfen'te, commenceront d former ks nouvet.ux arrangemens de Commerce, que ies nouveaux rapports qui fubfijïeront entre elles, pourraient tenare rfêceffaires, Quafit aujecond Article, les Souffigné; ne peuvent guete concilier l'exception de Trincohomale avec la rnoüêration reconnue de S. Af. Britannique: Q?> quoique les ordres des Etats-Généraux ne leur permettent point a'entrer en dijcvffion fur cet objet, tant que le premier point ne foit ajujté é? atrangé, ils ne préfument pas quedans aucun tems, L. H. P, puijent les autorifer d Joufcrire d cette condition. Pour ce qui regarde enfin le troifume Article, favoir le dédommagtment, on peut fe réferver, de s'en occuper, lórfqu'on aura pu sentendre fur les deux autres Articles. Aurejle,les Soufftgnés Plénipotentiaires, guidéspar le feul. viotifd'éviter tout ce qui pourrait aigrir les efprits au moment qu'ils s'occupent du rêtabliffement de la paix, s'abliiendront de faire des obfervations fur quel. q :es pafjages, qui fe font gliffés dans la réponfe de Monfteur le' Piénipotentiaire de S Af. Britannique; ils fe "flattent que la Cour de Londres ne tardera pa, d donner des éclaircijjemens plus fatisfaifans, 6? que MonfrFizberbert vouara bien employer fes bons offices pour que le Miniftere de S. l-aj. je rapp;ocbs davantage des demandes rnodérées, propoj'ies dans le Mémoire du 6 ie Tjéctmb, & concourre au rétabhfftment d'une paix fi: lide £? durable. Fait d Paris ce 5. Jdnv. 1783. En remettant cette note au Plénipotenciaire Anglais, Me.T.eurs Lcftevenon& Brantienlui 'firent fentir dans un éntretien de bouche toute 1'impofiibilké qu'il y avait de parvenir jamais a une pacificatiën d'après les fentimcns que fa Cour vmait de mani, feiten & ils lui déclartrent que „ fi fa Cour était animée d'un défir vrai & fincere, de voir la paix B b 3 ré-  C 390 ) ,, rétabTie entre les deux Nations, ils attendaientune réponfe plus fatisfaifante & plus propre a faire la balê des Conférences ultérieures." Le Cabinet de France de fon cóté, a prouvé de nouveau en cette occafion, qu'il prend les intéréts de la République réeliement a cceur: non-feulement Monfieur de Vergennes fait les plus vives inltances , pour que la Grande Breta. ne accorde des conditions juftes & équirables k une Nation que fes propres Miniftres ont reconnu avoir été injuftement attaquée, mais il a fait déelarer plos d une fois h la Cour de Londres, „ que la France n'accéderait jamais è une pacifica,, tion , avant que les autres Puiifdnces en guerre „ avec l'Ang'eterre auraient recu une fatisfaclion ,, conforme a i'équïtêï Fn même térri's que cette conduite, raffermiftant de plus en plus la confianee er tre les deux nations eft la plus propre a ramener le Miniftere Anglais è une modération, qui confifte en faits & non en pa. roles, ou plurót k une fnödef&e convenable k 1'épuifement de fes romances, 1'on fait,de bonnepart,que le langage ferme, mais modéré,denos Plénipotentiaires a été hautement approuvé par norre Gouvernement , & nous ofons garandr que la Nation Hollandaife facrifiera volontiers fes biens & fon fang plutót que de foufcrire a des conditions qui met' traient le fceau k 1'infamie dont Ia Grande-Bretagne t* fes partifans ont voulu la flétrir, en Ia forcant è fe foumettre paifibLment aux traitemens les plus injuftes & les plus onpreffifs. Ainfi parle 1'Auteur de la Gazette francaife dc Leide, Mr. EtienncLuzac. Mais combien d'autres réflexions n'offxe pas ce Mémoire du Miniftere Britanniques' II eft bien certain qu'il n'a jamais pu alléguer pour juftifier le pillage de nos vaiffeaux avant la guerre, qu'un droit de convenance, oppofé a la teneur formelle des Traités, & cet Empire de la Mer, dont fes Ennemis & la Neutralité armée lui ont difputé le droit &montré la vanité. C'eft paree que nous nous  C 391 ) nous préparions enfin a maintenir le refpeft dü k notre pavillon, qu'il plut au Miniftere Britannique de déclarer toutes les anciennes liaifons politiques & les traités entre les deux peuples fufpendus , avant qu'il füt queftion du Traité préparatoire avec 1'Amérique. Ce dernier grief, dont I'Angleterre voudrait encore couvrir la réfolution qu'elle pnt d'éclater en guerre ouverte eft - il foutenable? 1 e titre & 1'apoftille de cette efquiffe ne montrent-ils pas que les Etats Généraux n'y avaient aucune part ? Cependant, fur les plaintes de la Cour Britannique , les Etats de Hollande demanderent aux Magiftrats d'Amfterdam le rapport de ce fait Ceuxci ne le nierent pas, & pour le juftifier, ils dirent qu'ils avaient agi ainfi par un motif de zele pour la future profpérité de 1'Etat. - ' . , IA - deflus 1'indignation de la Cour Britannique ie tourna contre les Magiftrats d'Amfterdam. Elle detnanda leur chatiment. Les Etats-Généraux ne pouvaient prendre une réfolution dans une affaire de cette nature fingu'iere; car, felon la Conftitution de la République, les Etats de Hollande font les Souverains de la Ville d'Amfterdam. Ceux-ci jugerent donc a propos de demander 1'avis de la Cour de juftice de Hollande fur cette queftion: Si les Autejrs de 1'efquiffe du traité préparatoire avaient comrms un crime contre 1'Etat & en étaient puniffables i Mais avant que cet avis, & par conléquent Ia déclaration des Etats fur la punition des coupables püt étre donnée, 1'Ambaffadeur Anglais infifta le 12 Dec. 1780, dans un Mémoire menagant, lurune réponfe immédiate & fatisfaifante. # ■ En Angleterre on connaiffait la Conftitution de la République des Pays-bas Unis trop bien pour ignorer que des affaires auffi épineufes ne pouvaiem: être démêlées dans un oudeux jours. Mais on i v fes raifons pour demander une réponfe fi prompte. Les Etats, qui avaient retardé fi longtems leur Bb 4 réfo*  C 392 ) réfolution fur I'acceffion a la Neutralité armée. preffentirent affez clairement, que Ie ton férieux& la chaleur avec laqueüe la Cour Britannique preiTait premierement 1'afFaire du fecours , & puil aprés celle au tracé préparatoire, vifricVune rtrSre prochame & formelle. Jls prirent donc enfin Me ao Nov. i78o) Ia réfolution d'accéder fans délai £ la Neutrahté armée. Ils envoyerent ainfi a leurs AmbaiTadeurs a la Cour de Pecersbourg 1'ordre de conciure mcelTamment h traité Après éela ils voulurent notifier a la Cour Britannique cette acceffion. & pour cet effet faire remettre leur réfolution-prifê la-dcfTus a fon Ambaffadeur, avec une excufe du retardernent de leur réponfe a la demande du chati. fv?r AUt?rS -du otraité Pr°je,é de commerce AI^r,cains Scptectrionaux. Mais 1'Amballadeur refufa de recevoir ces écrits La - deffus les Jitats les envoyerent au Comte de Weideren. leur £.nvoye a Londres, mais ilsn'y furent pas recus non • La Cour Britannique avait cependant auffi accéléré la derniere démarche, pour exéeuter fon deifein. pns, il y avait longtems, de faire la guerre aux Etats. V^hJV3ec^bl"^ i? o, 1'ordre fut expédié a 1 Ambaifadeur Chevalier Yorck, de partir de Ia Have fans prendre congé Mais les vents ayant été contraires 1! ne recut cet ordre que hraq du même mo-s & ii lexecuta inceflamment. Trois jours avant ( le ap Dcc.) il avait été publié a Londres une déclaration du Roi, contenant une lonme énumératiou des griefs qu'il avait a la charge des EtatsCc le meme jour, des repréfailles fu ent ordonnées contre les vaiffeaux & les effets Hollandais. Le motif de 1'accélération de ces mefures' violentes, etait de faire enforte que I'acceffion des , s ? a Neutralité ne füt pas acceptée, paree qu après la déclaration des repréfailles, ils ne pourFgérante1"2 COnf,dérés comme une partiei'bel. C'eft  ( 393 ) C'eft de cette maniere que la guerre s'eft allumée entre la Grande-Bretagne & les Pays-bas-Unis: le projet d'un traité de commerce entre les Amfterdamois, & la fatisfadtion non pas abfolument refufée, mais retardéc par des raifons importantes & fondées fur la Conftitution même de la République, ont fervi a la politique Anglaife deprétexte aux hoftilités contre les Etats Généraux. Ceux ci étaient tout-a fait innocens de ce qui concerne le projet en quettion. Ils ne 1'avaient ni fait ni agréé, ils n'en avaient pas même eu la moindre connaiflance. Au contraire, ils le défavouerent & le défaprouverent, dès qu'il leur fut connu. Comment donc leur demander fatisfaüion , pour une aftaire qui s'était faite a leur inftju & fans leur participation? . ,..„„. Suivant la demande des Anglais, cette fatisfachon devait confifter dans le chikiment des auteurs d'un projet, par lequel la couronne de la Grande Bretagne ctait offenfée & injuriée. La queftion fera donc, s'il y a ici une vraie & aftueile offenfe & injure? L'injure fuppofe des faits ou des entreprifes injuftes,J par lesquels la perfonne, les droits, la dignité ou l'honneur de quelqu'un, ou fa propriété, fes biens ou fes poiTcflions font attaqués & lefés. Elle regarde autant les Souverains, les Nations, & les Etats que les particuliers. Suivant cette notion, Meflieurs d'Amfterdam feraient en vérité fort a blamer,fi,publiquerr.ent & en face de toute 1'Europe (ce qui pourtant felon la Conftitution de la République eft une impoffibilité,) ils avaient ölé conclure & ratifier un traité de commerce avec les Etats-Unis de 1'Amérique-Septentrionale , qui n'étaient encore reconnus par aucune puiflance Européenne,al'exception de la France: en faifant cela les Amfterdamois auraient attaqué & léfé l'honneur, la dignité & les droits de la Couronne & les domaines cc les poifelflons de l'Empire Britannique; par lails fe feraient rendus inconteftablement coupables d'une grande offenfe envers cette puiffance; mais rien de 6 Bb 5 touc  C 394 ) tout cela ne s'eft fait. Le traité pour leque] les Anglais demanderent un fi rigoureux chatiment des Auteurs n'eft , comme 1'apofrille même le fait clairement voir! quune ebauche gnjjiere qui ne devait devenir un traité formel que dans lecas oè I'Angleterre reconnaftrait ies Amencains.Septentrionaux libres £f indépendans. fel ce cas n'amyait pas, 1'ébauche était un germe ftérile qui fe flctrilTait , fans produire aucun fruit. Mais fi le cas arrrvait, qui pouvait alors empêcher les Etats des Pays bas-Unis de faire un tel traité ? Ce ieraiten ce cas-lè, une chofe parfaitement jufte & permife. ht c'eft ce que les Amflerdamois ont ici iuppofé. Sans cette condition, le traité ne pouvait abiolument parvenir a fon exiftence réelle. Le pjus, le projet du traité n'avait pa's été fait publiquement, mais fort fecrétement, & le fecret garde tres-foigneufement; ce qui eft une forte preuve qu'il n'y avait aucun deffein de bleffer l'honneur & la dign;«é de la Couronne Britannique. Aufii ce P!0jetn-n^lui a'Ml nen enlevé defes domaines, de ies poüciTions & de fes droits; en un mot, il n'a pas eu des fuites défavantageufes pour 1'Empire Britannique. lout cela étant confidéré, on ne trouvera dans ce projet ncn qui puiffe être nommé June vraie ofienle & qui méritat un chatiment. Tout ce qu'on pourrait en déduire, ferait ces deux conféquences i». les auteurs de 1'ébauche du traité ont cru le cas poffible que ce projet pourrait etre un jour couronné du fuccès ; 2°. ils ont probablement fouhaité 1'exiüence de ce cas, & par coniequent 1c malheur des armes Britanniques , ce qm marquait des intentions peu favorables envers PAngleterre. _ Pour la première conféquerce. j'v remarque qu'un jugement, vrai ou faux, fur la jo'fiibilité d'un événement futur qui pourrait étre dósavantageox aquelqu un, n'eft pas un crime. En Angleterre même, il y a beaucoup de gens, & parmi eux plufieurs de ceux qu'on nomme des patriotes, qui croyaknt alors le cas poffible; favoir que les Colonies ié foutien- draieftt  C 395 ) draient dans leur indépendance. Ils ont pour cela dans les afiêmbiées N.;tionales, propofé un accommodement avec elles; ils ont même defendu la juftice de leur caufe Or ceux ci n étant pas puoiiTables pour un tel jugcment felon les loix d Angleterre felon quelles loix des étrangers doivent-üs donc êtr'e punis , pour en avoir jugé de la meme ma- "'En'confidérant la feconde conféquence, on pourrait demander, fi les Anglais peuvent bien efpercr quune nation,dont ils ont,dans les guerres paffées, & dès le commencement de lapréfente, troubtó le commerce maritime, par des violences continuelles , & contre la teneur des traités les plu? clairs , fans faire attention a fes juftes plaintes, & fans lui avoir donné la moin.lre fatisfation, pour fes enormes perte*: on pourrait, dis-je, demander fi les: Ang.aw peuvent bien efpérer qu'une telle nation fouha.tac le fuccès de leurs armes ? Peuvent-ils attendre de cette nation qu'elle leur foit attacbée avec une fincere amitié , & qu'elle ait de bonnes intentions nour eux? C'eft ce qu'on ne faurait concevoir a moins ciu'on ne veuille adrnettre ce paradoxe : 911e far desVolnces £ƒ des coups trés. fenfibles on peut fe % eft' donc hors de toute conteftation que nous avons été attaqués injuftement par Angleterre, que fi nous lui avons marqué des fen imens peu favorables elle ne doit 1'imputer qu'a fa mauvaife conduite ' & qu'il faut avok fermé les yeux a touSlS notSn? de 1'équité & de la Mg***% butive nour nous alléguer qu'une demande d ndemnifationPpour une |* «t£$X% principes les plus clairs de la raifon & du droit des SêCes Citoyens aveugles «St pervers qui s'imaginaient que le Stathoudérat n'avait de foutien que 1 Angleterre, doivent aftue'.lement convenirqu ellenepeut 'plus fervir qu'a rendre cette augufte d.gm é fufpeéte & odieufc au peuple des 1'ays bas-Unis.  C 39<5 ) Oh font ces autres Citoyens vendus h 1'Ennemi qui prétentiaient que les Anglais, ayant,1'Ifle de Ste Helene, n'avaient aucune vue fur ie Cap; & qu'il aurait encore mieux valu qu'ils 's'en fuffeuc emparés ainfi que de Ceylon, & qu'ils euflent confervé leurs autres conquétes fur nous, que de voir tous ces établifiemens entre les mains des Francais? II parait donc tous les jours plus certain que nos intéréts font diamétralement oppofés avec ceux de I'Angleterre. On voit donc tous les jours, d'une maniere plus iriconteftabfs, que nous ne p -uvons plus penfer a renouer nos anciennes liaifons avec ce pays. Mais avant de voir qui de nos voifins a le plus de droit a notre confianee & a notre amitié , examinons ce que les politiques les plus fenfés ont dit au fujet des garanties & des autres conféquences des alliances. ;, La garantie eft de deux efpeces. Deux états jurent „ entre les mains d'un troheme, qui fe rend garant „ de leur foi. II s'engage par conféquent a répón„ dre pour celui qui la violera, ou du moins il pro ■ „ met fon afliflance pour le contraindre a remph'r „ fes promeifes. Ce troifieme s'expofe gratuitement aux plus grands dangers. „ S'il ne regarde pas cet engagement comme fé„ neux, s'il penfe qu'il n'eft obligé qu'autant que „ 1'occafion & fes intéréts le voudront,il perd la „ confianee des deux: II fe fait un ennemi fecret „ de celui auquel il refufe fenfecours; celui contre „ lequel il n'en donne pas, cefie de le craindre & 3, la garantie n'eft plus qu'une dérifion. „ Si on veut qu'elle foit obligatoire entre les „ Princes, comme elle 1'eft de faSnature entre les „ particuliere, elle eft funej.eaux peuples du garant. „ On les mene a la guerre , on épuife leurs finances „ pour des querelles qui leur font étrangeres ; & fi, „ comme il peut arriver, cette guerre cn entraine 33 d'autres, fi elle devient générale . les malheurs, „ les pertesde leurs Etats feront la fuite du manquej, ment de foi d'un Souverain, auquel ils ne doivent ,i rien  ( 3£>7 ) rien & qu'ils ne connoiffent pas. Ainfi 1'on peut M affurer que 1'aliiance avec 1'Angletterre n'a jamais " tré aue préjudiciable ace pays; & il faut toute " Pimnudence d'un Reynier vaart, pour nier " cette propofition fi viaie du Politique Hcllandais: " aue le République n'a jamais reeu des fecours " réelsde fon alliance avec i'Angleterre, quau con"■"traire, elle a expofé plufieurs fois fon exiftence " en faveur d'un aliié. . ■ n , , L'nbligation naturelle d'un Souverain eft de ré Verver le fang & les richeffes de fes fujets, pour " le feul intérêt de leur corps politique ; lorfqu on " muitiplie les occafions de la guerre pour vou" loir fe mêler des affaires d'autrui , on peut \l Ijien dire, Quidquid delirant Reges plettuntur " '*ïa feconde efpece de garantie eft lorfque les parties contraétarites fe garantiffent mutuellement "leurs poffeffions. Cette expreffion qui, filon " veut, engage plus précifément, ne donne pas une l pks gnndl certitude de la ïolidité de la pio- " " Lorfque trois puiffances fe font garanties réci, 'proquement, & que la guerre fe rallume entre deux " de ces trois le ners également he avec tous les " deux ne doit plus rien ni a l'un m a 1 autre. " II n'eft point au jourd'hui de puiffance en Europe qui n'ait garand plufieurs états; il n'eft point d état " qui ne foit garaoti par plufieurs puiflances. Plus " 2es traités ie multiplient, plus ils fe détruifent. " Si tous les potentats de 1'Europe Chrétienne fe " font garantis leurs Provinces, il ne peut y avoir " des guerres entre eux. Si les guerres font f ré" quentes malgré ces garanties, la garantie eft un " mot vuidedefcns, un traité de paroles, duquel " on ne doit point attendre aucun effet. *' L'affurarce la plus forte de 1'exécution des 'traités, c'eft d'en faire les conditions equitables " & convenables a 1'intérêt de chacun, fans egard * aux avantages de la guerre; on doit peucompter ' fur les loix qui font dures & qu'impoie la iupério-  ( 298 ) „ rité préfente. Les Privernates vaincus par les Ro „ mains envoyerent un Ambafladeur pour demander » fPfF' Sera t-elle■ afiurée fi on vous purdonneï „ lui dit Ie Conful. L'envoyé répondit: Elle lira, „ perpétuelle & fidele ft elle eft bonne (f telle qu'elle „ eminent d des peupes qui veuUnt être libres • „ Ji vous la dunnez autrement, elle ne durera peut-être „ pas plus d'un jour Cette réponfe leur valutle droit „ de bourgeoifie romaine. On ne doit pas compter qu'un peuple, qu'un Etat „ demeure dans une fituation qui les géne ou les „ humilie ; on attend 1'occafion. ,. Peut- être la plus excellente politique que le „ Prince d'un grand 1'tat pourrait mettre en ceuvre ,. aujourdhui, ferait de convaincrefes voifins par les „ effets, que fa principale jegle po> r fonder& exé„ cuter fes traités , ferait ia bonne foi. i;e même que cette méthode & la Neutralité confervent les pétits Etats, ceux qui font déja puiflants v trou„ verajent leur affermilfement & leur gloire. s, Si le Prince efl fidele dans fes alliancesi neutre „ autant qu'il lui fera peimis de 1'être, fi ces pro„ cédé 4UC  C 400 ) i que de conferver & fa perfonne fa domination furies „ Pays-bas-Unis & Ie Royaumedont il avaitehaiTé „ fonbeau-pere: il craignait les forces de Louis XIV „ qui lui donnait un afiie. Ni 1'Angleterre, ni la Hol* „ lande ne couraient aucun danger. Ce fyftême fatal a forcé ia France de demeurerde. puis dans un état de défenfe & d'atraque perpétuel, paree qu'il lui a fufcité des ennemis de principe. Laugmentation néceffaire de fê's troupes en tems dc paix a obligé les autres Princes a 1'imiter; il n'y a plus dmtervalle, 1'Europe eft en un état de guerre continucl. C'eft la fuite de 1'intérêt perfonel de Guillaume. Lorfqu'on a combattu pourdifputer l'Efpagne a la maifon de Bourbon, ona combattu pour unfantóme. Cette fucceiïion dévolue a un Prince de France ne derangeait pas réeilement le prejet de 1'équilibre. Ce qui s'eft paffe dans la fuite & ce que 1'on voit encore en font une preuve bien fenfible. Les Princes n'ont d autres families que leurs Etats: fi on n'eütdemandé que les affurances les plus fortes contre la réunion des deux Couronnef fur Ja mêmetête, LouisXIVr.e les aurait pas refufées. On pouvait méme fe repofer 'fur l'Efpagne de lexecution de cette convention. On vit alors que fon feul objet etait d'éviter le démembrement de fes I roymces; elle aurait recu pour Roi 1'Archiduc comme leüuc d'Anjou pour n'étre pas ébrechée: il eüt éte tems, lorfque 1'occafion de Ja réunion fe ferait préfentee, de faire la guerre qu'on fit alors pour ,un être de raifon. La facon de penfer des Efpagnols était un iur garant aux Etats qui s'allierent, qu'ils pouvaient compter fur tous les efforts de l'Efpagne pourfeconlcrver ou fe donner un Roi & ne pas de venir Province. Quelle était 1'imprudence de I'Angleterre, de la Hollande & de 1'Empire? Les deux premières travailJerent pour Ja grandeur énorme & préfented'un mémer'nnce, dans la crainte de la grandeur incertaine d un autre dont onenviiageait feulement la poffibilité dans un avemr doutenx;& i'Empireélevaitfur fatête une puiffance qm aurait été eir.plovée furle.champi v1vSUg'üer', ^es pafiions agiffaïent; on choquais ou vertement la Politique & la Morale.  L E POLITIQUE N°. C1V. LUNDI,ce 3 FEVRIER, 1783. Suite du CIIAPlTRËLVIÏI. Sur les Alliance; que la République pourrait contraÜer avec les Puiffances voifiaes. II eft certain que 1c fujet des alliances eft d'unè extreme déiicateffe. Tel voifin que nous regar- dïons comme un 'Etat intcrcffé a notre exiftence, ferait fouvent le premier a défirer notre démembrement & notre ruine. Tel autre au contraire, contre lequel nous nourrilïïons les préjugés les plus odieux, eft quelquefois intéreffé a notre exiftence & même k notre profpérité. On. ne devrait jamais faire des alliances éternelles entre Puiffances. L'éter.'uité n'appartient pas a fceavre des hommes. Les intéréts des Puiffances changeert d'un jour k l'autre. Mais comme ce mot étevuité, dok toujours s'entendre, comme on dit, cum graho Jabs, encore ferait-il permis de 1'appliqucr aux confédérations dèplufieurs Républiques en un feul. C'eft fous ce point de vue que 1'immortel Montefquieu appelle .la Suillê & les Pays bas-Unis des Républiques éter 'nellcs. Mais n'eft- il pas aufii entre divers Etats abfolument indépendans des relations naturelles qui les intéreffent réciproquement a 1'exiftence & k Ia ToMü IV. C c pro«  C 402 ) profpérité l'un de l'autre ? II s'éleve dans les Etats les plus compaétes des divifions inteftines; & de quelques guerres élévées entre deux Puiffances par des caufes accidentelles & éphémeres, en devraiton conclure que ces Etats ne font pas alliées naturels? La France, quoique alliée naturelle de la Porte, de la Suede, &de la Suiffe, n'a -1 - elle pas eu quelquefois des démêlés violens & même des guerres avec ces trois Puiffances? De vives difputes peuvent éclater entre les meilleurs amis; mais quand il n'exifte pas de raifon effentielle, permanente & naturelle de divifions, la querelle n'eft qu'un feu léger qui paffe rapidement. Souvent méme une difpute , en faifant fentir plus vivement les befoins réciproques, feit a refferrer encore plus les anciens nceuds. II eft vrai que 1'antipathie entre la France & la République,' ou plutót de Ia République contre la France ( car les Puiffances du premier ordre ne haïffent jamais celles du fecond) fubfifte depuis longtems: mais cette haine eft-elle fondée? c'eft ce qu'il importe d'examiner: nous allons rapporter ce qu'un Anglomane de ce pays dit a cette occafion, & montrer par fes propres paroles que cette haine eft contraire a toutes les notions de la faine politique, du bon fens & des affeétions ordinaires ; mais on nous demande auparavant quelques réfiexions fur le dernicr Mémoire de Mr. de Thulemeyer en faveur du Prince. Stathouder. ;Ce Mémoire nous donnera occafion d'examiner a quel point les alliances du Stathouder avec les Puiffances étrangeres peuvent étre dangereufes a 1'Etat. II était concu dans les termes fuivans: Hauts et puisjans Seigneurs! Le Roi s'était flatté que les repréfentations & infinuations amicales, que le Soufiigné a faites par ordre exprès de Sa Majefté h plufieurs Membres di-  C 403 ) diftingués des Etats - Généraux des Provinces-Unies, au fujet de la malheureufe fennentadon mténeure, qui fe manifefté préfentemen; en Hollande, produiraient un effet defiré cc conforme aux affurances pofitives qu'on lui a donné a cet égard. MaisS. M. viem d'apprendre, avec autant de déplailir que de furprfe. que ces mou^ements intérieurs, au lieu de fe calmer, vont toujours en augmentaut- & qu'on neva pas amoins qu'a óter au Prmce Stadhouder le Commandement des Troupes cc de '.a Marine,!^ a le priver par la. des principales & p!us effentielles prérogatives de fa charge de Capitaine & Amiral • Général & Héréditaire. Le Roi ne faurait s'imaginer que ce foit la le fentiment & le vceu général de la Nation & des Régens de 1'Etat. Sa ivlajefté eft plutót periuadee, que ce n'eft que 1'idée particu icre de quelques perfonnes qui veulent du mal h la SérénifflrreMaifon de Naffau , par une fuite de quelque haine ou vue particuliere a elles fans, confulter le véntable bien & 1'intérêc général de 1'Etat Tout bon Hollandais fe fouviendra avec reconnaiffance que les fondemens de fa liberté $ de fa profpérité préfeme ont été jetés par les Princes de 1'illuftre Maiion d'Orange & de Naffau & acquis en partie aux depens de leur fang; que c'eft elle qui a formé (fi raflermi toute la conftitution prefer.te de la République & qui après des viciiTitudes & révolutions extraoi> dinaires, reffemblantes en quelque fa^on a celles d'aprélént, a reriré les 'Provinces-Unies des dangers émmens donc eiles étaient ménacécs & les a rétablies dans leur ancien luftre. C'eft fans doute de la co>>fervation de cette for. me de Gouvernement:, qui a fi heureufement fubfilté dépuis deux fiecies, & de celle du Stathoudérat qui en eft inféparable, que dépend le bonheur & la fireté de la Répuoiique. Tout bon Patriote HoUahéais doit être convaincu de cette vérité. lo ites ies Puiffances voifines , en paraiffent également pénéirécs & font ftnpriiés de voir fubfifter Cc 2 &  C 404 ) & augmenter dans le fein des Provinces-Unies des diffenfions auffi dangereufes & déplacées dont les tunes pourraient devenir auffi funeftes a la République qu'elles 1'ont été ó d'autres Etats, qui fe font trouvés dans le méme cas: ks Puiffances voifines font toutes également intérelfées au maintien du fyftême préfent de ia République de Hollande Le Roi 1'eft encore plus particulierement, tant par les hens de parentage , qui 1'uniffent è la Séréniffime Maifon d'Orange, qu'en qualité de voifin le plus proche & d'ami conttant & fincere. Sa Majefté eft perfuadée & tik fait par les affurances les plus pofitives que le Prince Stathouder a les vues les plus pures & les plus falutaires pour le bien de la République & pour le maintien de fa préfente conftitution. Que fi des perfonnes mal intentionnées, lui en attnbuent d'autres, c'eft par une firftion auffi deftuuée de toute vraifemblance qu'injurieufe a fa perfonne & a fes lumieres: Que le Prince jüivra èr" exécutera pluiêt invariablement le fyftême & les principes, qu'il trouvera adoptés & étublis par la Puijjame Souveraine des Provihces - Unies, qu'il écartera d l'avenir jujqu'aux Juupfon du lonuaire. Le Souffigné Envoyé Extraordinaire a l'honneur d'expoier toutes ces coniidérations importantes a L. H. P. ks Etats-Généraux des Provinces-Unies; il eft chargé par ks ordres les plus précifes du Roi de ks recommander a leur plus férieufe réflexion & de les requérir, qu'Elles veuillent rejeter & fairj mettre de coté toute propofition & idéé tendarit a dimmuer ks juftes Prérogatives du Stathoudérat & è changer la forme de leur gouvernement, érablk & ii heureufement fubfiftante dépuis fi longtems & qu'Elles prennent plutöt des mefures effkacts* pour étoufter ks difleniions inteftines, pour arréter les entreprifes des faétieux, pour fupprimer les libellesmjuneux, & pour rétablir non-kukn ent 1'union nécefiaire , mais auffi 1'autorité & la cocfid ra. tion due au Prince Stathouder cv aux perfonnes qui concourent au Gouvernement de la République. Sa  C 405 ) Sa Maiéfté ft flatte que L. H. P. voudront regevoir ks repréfentations d'un voifin, qui eft Leur véritabk ami, qui n'eft pas indifferent au fort: de la République, mais qui prendra toujours 1 intérêt le plus vif & k plus zélé a la voir confervee dans fon état préfent. De la Haye le 21 Janvier 1783. Cfigné) Dü ThUlemeyer.. Nous n'examinerons pas a quel point ces plaintes peuvent .être fond'ées fur des faits: nous voyons même avec plaifir dans ce Mémoire, que le PrinceStathouder a donné les affurances les pms pofitives qu'il fuivra fj? exécutera invariablement le Jylteme |f les principes qu'il trouvera adoptés & étabtis par la Puiffance Souveraine des Provinces- Unies £f qu'il écartera d l'avenir jufqu'au foupcon du contraire. Ainfi nous n'entendrons plus dire que ks Auteurs &Ediceurs du Politiek-Vertoog, des Lettres deueymerVriiart, de l'Ouderwetfcbe Patriot, du Poft naar den Neder.Rbyn, de la Lanterne Magtque & leurs parens & amis, enfin de tous ces libelles tendan h luftïfier les Anglais, a décrier la nation & le cabinet Francais & 4 noircir tous les bons patriotes , font protégé, eacouragés, éleves a des emplois par la faveur Stathouderienne. Des libraires de Rotterdam, Anglais dorigine & dopmions connU5 p'ir la publication de ces infaines libelles , ne feront plus dans k cas de dire en pleine affemblée du Magiftrat, que le -Stathouder les a honorés de fa confianee particuliere, en recourant k eux pourladutribution de 1'abrcgé de fon Mémoire. P Ainfi de Prince n'affectera plus de donner des emplois diftingués a des hommes, qui par leurs intéréts, par leurs réfations de fang , kurs principes ou leur conduite, étaient juftementfufpects& odieux k U neïnnera plus occafion a ces hommes; aveu. glés par 'les préjugés ou^o.mnes par lmterét^ue  C 40Ö ) cacher leurs vues fous un attachement apparen* pour la perfonne & la dignité du Stathouder. 11 ne fe déclarera plus contre les liaifons politiques avec la France & 1'Amérique. dont la nation fe promet des avantages fimanifie'ftes &fi confidérables. Au contraire,il intéiefleia les amis de 1'Amérique & de la Fi-ance notre bienfaitrice, a la défenfe même du Stathoudérat, en leur maiquant la même fa. veur qu'aux autres citoyens. 11 ne leur fera plus èprouver fa difgrace, non plus qu'a ceux qui auraient demandé que 1'Etat fit protéger fon commerce & refpecfter fon pavillon. Au cas cue la Puiffance Stuze aine des ProvincesUnies fe déciiat a envoyer des fecours a no<. alliés, il ne couvrira.pas de fon augufte nom ia faute de ceux qui auraient montré de la répugnance a exécuter ces ordres facrés. On n'entendra plus parler d'augmentation de troupes de terre fur des prétextes chimériques & frivoles, lorfque le danger & la néceffité demandent une augmentation dans la Marine. Ainfi nous ne verrons plus deux intéréts oppofés dans 1'Etat. Puifqu'il eft inconteftabie quefce font toutes ces caufes équivoques & bien d'autres de la même efpece qui ont fait naitre le foupgon dont on parle dans ce Mémoire; on peut afiurer d'avance qu'il y a encore dans la nation un attachement alfez grand pour la dignité & la perfonne du Stathouder, pour qu'il puiffe efpérer dc regagner dans peu toute fa confianee & fon amour. On peut voir par cette légere efquifle, dont les traite font trop publics pour pouvoir être niés, que ii le Prince Stathouder a efluyé des outrages,il n'en doit rejeter le blame que fur lui-même & fur fa facilité a prrter i'oreille aux membres d'une cabale défavouée par la nation, On ne contefte point au Prince des qualités morales&civilesqui devraient lui cöncilier 1'amour & Ie refpecï, On fait, a ce fujet,  ( 4C7 ) SSte Eta« ïtJrrecht, eu orincptemcnt ea a preicut mie arrivait même qu on eüt pro- **b "X^ rhÓftau Sm du Stathouder 5 ce tar? Roi rfit il eft vrai, qu'il eft lié au PrinLe Roi dit, i eit vr, l fourde- mentdans f°n Mé^ire qu »i bandonner rCXffieau SdSefoït d'y faire fa réfidenf° n Be aue ces infinuations ne font propres Ce'' Jrè na1trl de nouveaux ombrages contre les Sta£S^£p Stathouderienne ferait inch- néCe Sfrapelle infenfiblement la matiere des .al-  C 408 ) liance*. Avant de s'étendre plus avant, il convient de rapporter le paffage de la RicbeJJc de i mlnlf dont Ie Mémoire de Mr. de Thulemeyer nous a fufpendre la publication. y US 0 tdlt li t£rA' *M>W» que la République peut " sffits fe? '■ fefaic H c°™Sre „ ks nterets Ccft a laide des alliances, aue les „ Hollandais ont élevé leur CommerceVfW " ?eft è 1>aide Mesalliances que Ia Ré & pubbque 1'a foutenu, qu'elle doit le fouten , & le ,, peipetuer; & fes Alliances doivent s'eSré che* " r« cs £ np 10ns fon CQtnmercè péSÏÏttêf" „ die. Son Commerce , comme Ie fiege de fes „ grands intéréts eft le principal objet de fes Néeo! „ ciations aupiès des autres Puiffances. Nontó„ ment elle doit affurer partout Ia Iibe té de fon " ^T^-u ' raais encore con^ver les pi?v lé„ ges quelle a acquis par des traités,, ou cl obte" n?7ea« s'il fe peut. C'eft furtout o t n- „ térét qu. doit tenir les yeux de la République tot „ iNations.... Guillaume L ne prévovait nas Iorf„ quil ordonnait a fon fils Maurice de'maintenii■ fi r „ toutes chofes, avec foin & refnert w in „ ces du Roi de France & „ les Anglais ffraient .inceffam.nent kf K „ reux nvaux du Commerce de la Répub ique? „ conféquemmentde h puiffance & de fifSpéf " li-A>qU e\ 1672 Ie Roi de F™ce viena aftè Ia " Améf de P!us d^entmiiie hommeï „ faire rapidement la conquéte de plufieurs P Z in " 2£ 53 R«ique è deufdo gts de fa' " Fn ;AqUa]el maux des Aupiès feraient revivre „ la loi du Stathoudérat en faveur de Guillaume I f „ fon arnere petit fils; que ce jeune Pr ree fe,- 1 „ le reftaurateur dé Ia République... L\mÓm „ endre desiept Provinces pou? leur eftaura ëu? %,Jï! lg ' " ./w d'uppercevoir aue U „ ^ttMt d to fl^». , jj don*  C 409 ) £ dont l'intèrit ne permet point de partage. L'avene- „ ment de Guillaume a la couronne d'Angleterre fut „ un accident arrivé au Stathoudérat, imprévu par ji la loi & dont on ne doit pas craindre le retour; „ accident féwheux cependant, (fc qui ne donnaa la „ République qu'un éclat éphemere & une fauffe „ profpérité, „ Louis XIV fit bien moins de mal è la Républi- que en 1671 par fon occupation momentanée de „ quelques Provinces, qu il n'en fit a la France par „ la haine qu'il fit naitre contre la France généra„ lement dans les cceurs de tous les Hollandais, „ dont il refte encore des traces. Cette conquéte „ fut également malheureufe pour la France & pour „ la République. Elle jeta dans le Gouvernement „ de la République ies fondemens de cette défianj, ce éternelle, qu'il y a eu depuis dans les négocia,, tions de la France, & donna a la France au lieu d'un allié naturel & fouvent néceffaire, un enne,. mi dangereux. -La République ne vit plus dès ce „ moment la France que comme une puiffance am„ bitieufe, qui voulait étcndre fa domination & re* ,, culcr les limites de fon Empire aux dépens de fes „ voifins. Elle fembla oublier pour toujours & les „ fervices importans que la France lui avait ren* „ dus, fe3 que la France efl la nation dont l'alliance „ peut le plus contribuer d rendre fon commerce florif. „ fant.... D'un autre cóté, 1'avénement de Guillaume „ III au tróne de la Grande Bretagne , unifiant en fa perfone le Stathoudérat & la Couronne d'Angle„ terre, donna naturellement a la République pour „ allié I'Angleterre & 1'obligca même a préférercet» „ te alliance d celle de la France dont la République „ n'avait certainetneni pas tiré de grands avantages... ,, De tous les Traités de la République avec les Puif,, fances étrangeres, il n'y en eut point dont elle re„ tira plus d'avantages que de ceux qu'elle conclut „ fuccejfivement avec la France (*_). „ Hen- t*) Oa aurait peine a croire que les trois pbrafes C c 5 mar-  C 4'0 ) „ Henri IV. Roi de France n'oublia, rien de ce qui pouvait mettre la République cn Etat de foutenir le poids de la guerre contre l'Efpagne, ' & concevant que les Hollandais n'avaient d'au" tres fonds pour y fuffire que les avantages qu'ils retiraient du Commerce : il le leur facilita mé^ me dans fes Etats de toute fagon. Ce Prince „ accorda aux fujets de la République 1'avantage „ de naviguer , négocier & trafiquer en tous fes „ Royaumes & Pays avec la même liberté & les „ mêmes Privileges dont fes propres fujets jouif„ faient: dans le iome. Art. du traité fait le 31 Oét. ■„ 1596. entre Henri IV. & la République il eft j, Itipulé: Que les Habitans de l'un & de l'autre Etat, ,, pourront librementfréquenter, vendre Stacheter, „ échanger & tranfporter dans les Provinces, Villes „ & Places l'un de l'autre toutes fortes deMarChan* difes, fans que lesuns ni les autres foient obligés „ de payer pour leurs marchandifes & denrées d'au„ tres ou de plus grands droits, impofitions, ou „ péages, que les habitans naturels des Provinc^, marquées ici par des italiques fufTent du même Auteur, fi 1'on ne connaifiait les principes & les motifs qui guident fa plume : c'eft ainfi qu'écrivait 1'Avocat Etienne Luzac en 1775 & 1776, dans un tems de paix & en Francais, c'eft-adire dans une langue oü il était obligé de faire paraitre quelque impartiaüté, pour donner du crédit a fon livre. Qu'on juge par ces traits ce qu'un tel Auteur a dü écrire dans un reins de trouble comme celui-ci: on n'aurait jamais feil fi 1'on voulait relever les tbphifmes, le fiel & la mauvaife foi mamfeftes qui regnent dans les nombreux écrits qu'il a publiés dans les circonftances préfentes en faveur des Anglais contre les Francais. Porter Ia baiTeffe & la partialité julqu'a préconifer une nation qui nous outrage & décrier celle qui nous comble de biens, c'eft un phénomene dans' 1'hiftoire de l'efprit huinain: il faut avoir vécu en Hollande & dans les ttoubles préfens pour le croire.  C4*0 T7-ii„* *• Plare-' oü le trafic &le commerce fe » Lilt — Cette pleine & réciproque " HbeuéPdï Commerce fut confirmée, du moins ne " fS elie pas altérée par les traités qui fUrent faits " mnle'S laFSce 'étant intimementliguéeavec to'fStó^^^»Sh jufqu'a la Par* " Ünies depuis le Commencement de la Revoiu"^aoce " Sle pouvait faire des reproches fur la p.ix d „ amvésdepuis lafondaton W P Guillaume 1II, „ Pépoque la neceffi a* de ré ouur a tenir la RéPb .que dans f« 1DJ^t qayutnent nee a Ia maifon dürange,  C 412 ) „ les peuples d'impots, peut-on fe diülmuler que ce „ font la encore des fuites du fyftême politique „ que de Witt a fait adopter au miniftere de Fran. „ ce? L- La fuite au Ni>. prtcbain. CHAPITRE LIX. Sur la paix procbaine. Les nouvelles certaines de la proximité de la paix ont fait dans cette République, des impreilions différentes , fuivant la différence des opinions, des intéréts & des partis. Les uns défirent la continuation de la guerre , d'autres foupirent ardemment pour la pa;x, & comme les uns & les autres fem, blent également mécontens de la France, il convenait de prendre un parti. Nous nous perdions dans un abtme de réflexions qui fe détruifaient les unes les autres ; nous ne favions en effet ce que nous devions penfer des différens raifonnemens que nous entendions faire, lorfque étant entrés dans unc fociété nombreufe, nous eümes ie bonheur, fans être reconnus de perfonne. d'affifter è laconverfation fui« vante entre unzelé Républicain , un Anglomane Hol. landais & un Frangais de nation. Nous avons cru qu'il fuffifait de faire ici le róle de Rapporteur- la matiere paraiflait trop délicate pour porter une décifion : comme on s'eft attaché a rendre fidelement les raifons des trois perfonag.-s c'eft aii pubhc è les apprécier & a fe décider pour ceux qui lui auront paru les meilleures. UAnglomane Hollandais. Enfin voila la paix conclue, ou i peu prés Elle nous coüte un peu cher a la vérité; mais fi nous avons perdu quelque chofe au dehors, ce font les Anglais qui gagnent k nos pertes: le calme cousoffnral'occafion de réparer les échecs que nous avons  (4-3) avons effuvés au dedans. Nous allons jouir enfin avons euuyca ™ encore mieux, de quelque repit, a ce qui vdui. » de 1'occafion de faire remrer dans le ^att cetw fa-ftion turbulente & ambitieufe qui, poui parve nir a fes vues particulieres, nous ayait brouil es ïvec no« «HiS l^PlurnCiLnRrancePlUS Mesrel oui nar fa part ahté pour la u rance..... ivies fieuïsTes'Si-Stathoudériens , vous alliez teut de bon k 1'ouvrage. Le Francais. E Dites nlutAt que fi quelques-uns de vos citoyens onttSS »ous «'avons éprouve de otre part avant & pendant la guerre, queeffetóu ne partialité réelle pour ^f^Jf^S^ nation plus que 1 autre, c eit ce l » de donner des affurances auKoi de Luanc, des un née méme 1777, Q^e i'Atmospheve politique com menra b fe couvrir de nuages en Lurope. ï^ouquc cl l?oftilites euitnt éclaté *sverrez,avótre tour,Mrs. lesFran(jais., fi les vaifleaux nous manqueront quand ce parti aura combmé les chofes de maniere k nous lier k I'Angleterre pour vous attaquer. Voila les morfs qui font que cette paix caufe (sant de j: ie aux aveugles Stathouderiens. Mais les bons patriotes en frémis» fent. Le Frargais. Je nevois pas ce qui vous empécherait de fuivre Ie cours heureux de vos reformes falutairc-s pendant la paix. La guerre que v >us faifiez & la paix étaient è peu piés la même chofe, L'ardent Républicain. Pas tont-a-fait pour nous. Au moins Ia guerre founuflait 1'occat.on de rendre le Stathouder o-  opeist m^nfable, fafpeft. Nous n'avions pas même ffl^dïlafaire naitre: i'es confeiUers l'engagea.enc chaaue Touv dans un fi grand nombre de faulTes demarches de bévues groffiëres, d'erreurs politiques, dmcc^SéreKS qu'a peine avions nous befoin d'échauffer fópf St Peup?e: les faits parlaient affez Ecjaid la mauvaife volonté avait paru tout-a-fait a découve t comme dans 1'affaire de Brest., nous ne era Sons pas de déchirer le voile & d'étaler la turpitude de nos Anglomanes aux yeux de la nation & de 10rifve?s. Mais la paix va faire dilparaitre ces heurcuf f oceafions, ün ferait bien borné bieri ftunide ou bien malheureux, fi 1'on ne trouvait pas ETeiques confeillcrs propres a guider en tems de paix. Ls Frangais. Onaeffcftivement obfervé ^«^^J nublicains ne pouvaient être trop fu leuis gaitus S les entreprifa d'un P^«|» e^ ^ riorité d'un ceritré d'umon, de 1 ntngue, de la ter me é mis puWle danger qui'1 court eft grand Sm H doit voir la réceflité de fe reunir, de fe ?pfferrer afin d'offrir une maffe plus compacte, plS fo ide & Plus inacceffible aux attaques de fes Smis. Us 'doivent redoubler de zele & de " 5 & S'ils n'ont plus les mêmes oceafions de d?e éftèr le pani dePleurs adverfaires; il para t cue le grand coup eft porté, qu'il aura peine è averlatache dont il s'eft couvert & a regagnei:jaZ\ la confianee & la faveur populaire. Ce n eft H 1'aide de cette faveur, adroitement miie en Kon qu'il était parvenu k ce degré de pouvo r aui éclipfait le parti patriotique & qui dans Te ems même de fon déclin, avait encore affez d'inflTncT^our traverfer & faire échouer toutes fe nrStioPns falutaires. Ainfi la ba ance pand* encore du coté patriotique; & la guerre lui pro^  C 416 ) cure auffi 1'avantage de n'avoir qu'un point a atta. qutrj & dans cette J ce, il ne pourra s'en prendre qu'a lui s'il se fait pas s'étayer è - propos de Pami. tié de la France & de la confianee du peuple. Quant aux vues que 1'on prêteaux Anglais, ffrlerenouvellement des anciennes alliances avec 1'AnVleterre tout cela n'eft que pure conjefture; & vous ne fauriez nous perfuader que le Stathoudérat encore ébranlé des fecoufles qu'il vim" dÏÏSer'' puiffe acquénr dans. peu une influence aflez S de pour fermer aifément la playe ouverte Se les deux nations & rétablir 1'anc enne confianee Votre alliance avec PAngleterre étaft contraire a tous les principes de ]a politique & de 1'in- fSf ' c'ffï6 IV*VÏ& utile qu\u plus pufiant, ceft. a dire a 1'Anglais, Un prettige enchanteur a pu couvrir queTque-tems\ds veux fafd" chapitre des copjeftures, n'eft.ii pas plus vraifem. ble qua les Anglais ont de vueSP fin£ S vous. Ils font Uéfefpérés des facrifices qu'ils vïennentde fane. Is ont vu trop clairement qu'u ne pourraient jamais s'en dédommager fur la France Lardeur qu'ils montrent a vouloïr s'établ r dans" os' ppfleffioDs de 1'Inde prouvent qu'ils ont des vuS ulteneures. Ils voulaient d'abord %$ue2lJ a toute force; fi a fallu tout 1'afcendant dea France pour les faire défifter de cette preWon Sv?z oTfu H?fUeHfmenCa ^S^Patnanf que vous n avez pas ft défendre. Encore ne fait. on na* encore bien s'ils perfifteront dans cette demande? rons en'nrt? a. \ ""ereU^te de ce dialogue, vous fe. autre Nó • d'pubker le "fi* «tte femaine dans un feuilles f lÜn"mS Ce mlume * piqués mItieref P?*' ^ f TUre la dernie" rnain d des matieres qui doivent nècefjairement en faire partie.  L E POLITIQUE N°. CV. LUNDI.ce 10 FEVRIER, 1783. Suite [du CHAPITRE LVIIL Sur une Alliance avec la France. Les plus violens Anglomanes. pourfuivis dans leura derniers retranchemens, font donc obligés de reconnaitre 1°. que la République ne peut fe paf/ér d alliances ; 2o. que les Anglais Jont les êternels & lerplut dangereux EnnemU de Jon commerce, de Ja pwjjance £ƒ de fa profpérité, 30. que leur alliance n'a éie que l'effet des circonjlances épbemeres & fingulieres qui éleverent Guillaume UI fur le tióne Britannique, 40. que la France ejt la nation avec laquelle elle a fait les' traités les plus avanta^eux & dont l'alliance peut le plus contribuer d faire fteurir Jon commerce & co». féquemment Ja puiffance &? fa projpérite Nous ne réo'consici que les termes de Mr. ElieLuzac C*J- U» * avnnent (*) Nous demandons pardon aMrs.Etienue & JeanLr». z.c d'avoir, dans la note page 41° de la feuille precédente. confondu leur nom avec celui de Mr. 1 Avocat L.brai. ToheIV. ö<* '  Princes de Liege & de Munfter, II a paru cependant que ce dernier n'était pas un voifin a méprifer. L'Hiftoire n'oubiiera jamais le fameux Van Galen, cet Evêque-foldat, penant tour a tour la mfcrc & le cafqu'e, l'épée & le ba on paftoral, efprit inquut , turbulent , ambitieux fanguinaire. Si de nouveaux Van Galen. foudoyés par 1'Angleterre ou fi d'autres voifins plus forrmdables encore, fonnaient des deffeins fur notre territoire, quelle puiffmce ferait le plus intéreflee & le plu^ en état de nous donner des fecours? Si la Fa nee fut capable autrefois de nous en envoyer, foit contre 1'Evêque de Munfter, foit pendant toute la guer* re d'Efpagne, contre les Souverains des Pays-bas Autrichiens; foit méme dans nos guerres contre les Ang'ais & furtout dans les circonftances aftuelles par les forces navales qu'elle a acquifes ; elle eft donc la plus capable de nous défendre contre les voifins qui poun;aient avoir d_s defleins fur nous. Les f?its que nous eicons fort pu-, blies. Dans quelques années d'ici , nos Anglomanes, s'il en refte encore , avouerönt que la j r.rce nous a fauvés dans cette 9.uerre; comme ils ne font aucune difftcubé d'avoue<- que jgdjs elle c«,ntnbua le plus ,a nous délivrer des Efpagnols & de l'Lvèque de Munfter. Muis, dirait unAnglomane, puifq'te le% vraies liaifons politiques >.e /ont reff r-té s que par l'intérét; quel avantage l,i France ama-tiL a nom fecourir contre des vofins ambitieux? Ne po-ara-tlle pas avoir intérêt d fe Vgv.tr a%ec eux pour nous aemembrer? iüt fi jamais une invafion p'reitle d celle de l'année 672 avait lieu, en écbappeiions nout auffi uijément que nous le jimes alors ? Trouverions-nou\ dans la fituation de 1'Europe l s n.êmes diffofiüors qui Je développerent dans ce tems-ld? L'En'pereur & ia Pruffe Jont en état de faire d préjent ce qu'ds n'euffent jamais ófé imagmer dans le fiecle pajfé Le Roi de FruJJe luiLd 2 mêmt  C 420 3 méme, auquel on ne faurait réfufer un génie profoni en politique ê? une expérience confommée dans ces fortes a'affaires, ne nous u-t-il pas mfinuê 'en bon voifin, que nous courions le même danger que d'autres Etats qui étaient diiifés comme nous ? Le Grand Frédéric fait comme on profite de ces fortes d'occa» Jïons A cela je réponds que fi la Ftance fe liguaitavec tous nos voifins, favoir avec I'Angleterre, 1'Autri» che & la Pruffe pour nous démembrer & nousanéantir, certainement nous ne ferions jamais en état de refifter k une pareille ligue Tous les autres Etats du fecond ordre font dans le même cas. La Suiffe même, ce pays fi fort, foit par les remparts de fes montagnes ioit par le courage militaire de fes Habitans, ne réfifterait pas a une telle confédération. Mais cette fuppofition eft abfolument gratuite & oppofée a toutes les probabilités morales. Notre fituation eft telle, les Puiffances dont on nous fait appréhender la conjuration, ont le (iege de leur empire fi éloigné de notre territoire; il eft fi peu de com-binaifons oh elles puffent fe réunir pour nous conquérir & nous démembrer; que 1'on peut regarder cette idéé comme un être de.raifon qu'a pu feul enfanter un délire politique. Au contraire.le jugement, 1'expérience & la raifon nous montrent que I'Angleterre eft intérefiêe a nous défendre contre la France, la Pruffe ou l'Autriche; que la France eft intérefiêe k sous défendre contre toutes ces puiffances ou contre quelqu'une d'elles; & que la Pruffe & l'Autriche, outre qu'elles ne nous offrent pas dans les parties de leurs domaines qui nous environnent, un voifinage bien redoutable , trouveraient dans la France un ennemi prompt/ & naturel. Suppofé méme que le Roi deFrance & 1'Empereur fuffent une fois d'accord; que lepremier, pouravoir unepartie des Pays-bas qui lont k fa bienféance, donnat, a 1'exemple de Charles II, carte-blanche a 1'Empereur pour le refte; le Roi de Pruffe & I'Angleterre ne feraient-ils pas vivement intéreffés as'oppofer a cepcnage? Mais  C 4" ) Mais fiippor™ qw 1'Empereur ,pour.^r kt Pro. vinces Européennes de la Turquie qui Mtfi fortJ fa bienféance & qui lui former aient un Etat flVfl' jant ptr fon arroldiffement & fa fituawn, abandon* ndt fes Provinces béréditaires des Pays - Bas a la ^abord il n'eft pas für que la France mette une importance confidérable a 1 'acquifit.on des Pays. Bas. Elle aurait pu s'en emparer plufieurs fois, £ fi jamais elle a eu une occafion favorable de faire cetJte acquifition, ce fut dans la gwjre w Ü'ötaïike a trouhlé prur toujours ïbarmoliie qui devait fubfijter entre ies deux Etats. 1.1 n'y a donc aucune autre caufe de méfintelligence erttre les deux p'iys Les Anglomanes 1'ont avoué. Le fameux El e bviiét én eft convenu. Pourquoi donc, dans fes Lettres de Reynier Vryaart. a-t-il fubfifué a cette caufe particuliere &'fi facile a faire difparaftre, de prétendues caufes ef. fentielles & perm'anentes de méfintelligence éternelle entre les deux nations? fes chofes ont-elles donc changé fi fort depuis 1'éruption de cette guerre? Ah! je le vois,- M". les Anglomanes ne peuvent digérer les fervices importam & rééls que lesFrari$ais viennent de nous rendre. Ils ne peuvent pardonneracesgénéreux auxiliaires d'avoir arraché des mains des Anglais, une par ie de nos vaifleaux & tous nos établtlTemens dansles Ii des-OrientaJe& Occidentale.Mais puisqu'ils veulent que la France foit pour les Stathouders aéluelsce ou'eSle et'ait pour Guillaume I, Maurice, FredericHenri, Guillaume II; que les Stathouders commencent eux-mémes a étre pour la France ce qu'étaient pour elle leurs illuftres ancêtres La forme plus ou moins Répubiic inc; ne faurait être un objet important pour la France. Tant qu'elle verra les Stathouders prendre avec affeclation Ie parti de fes ennemis ou de fesrivaux, elle ne pourra certainement pas s'affectionner a leurs intéréts : mais \± France peut-elle faire dans ce pays plus de mal h nos Stathouders que nos Stathouders peuvent lui en faire? elle n'a que de rinfluence , & méme n'en  ( 4*3 ) n'en a que chnuis peu ; poun ait;«lle, balancer Ie. Stadhouder revêcu des charges émmentes dcl'Ecat, d'unéa« ■ torité réelle & dc 1'influence la plas importan. fe? Et fi1'on confidere,dans les circonftances préfentes, toute les démarches que le parti Stathoudénen a faites pour traverier les mefures de la France qui des deux a le plus de griefs contre l'autre ? Saus doute aue les Stathoudériens commencent a voir la iufteffe de ces idéés. Auffi dit-on, que le voyage l Paris de Mr/Heyden de un des principaux amis du Prince J pour objet ce changement de fvliême II n'elt donc pas itnpoffible de voir la Sance s'intérefler comme autrefois en faveur des s Soudé? . Mais c'eft a ces de niers, puisqu'ils ont ét? lè premiers a 1'offerfer , i lm prouver Sr leur conduite qu'ils font rentrés de bonne?oi dans le fyftêmeVs anciens Stathouders è fon ég rd. Autrement la France fera naturken portee a favorifer le parti de ceux qui paiTent pour les Ennemis du Stathoudérat. Suite du CHAPITRE U'X. Sur la Paix procbaine. L'Interlocuteur Frargais ayant repréfenté 1'Angleterre comme un voifin qui n'aurait plus que des vues dangereufes pour la République; ayant par la montré PabOirdité de fuppofer qu'elle püt jamais deven?un a ié de la République, l'Anglomane> qui, foI'apparence du patriotiime , voudrait infinuer des foupcons contre la France, parle ainfi de la ccffion de Negapainatn. V Anglomane. I 'intérêt de la France n'aurait-il pas exigé alors Qu'elle s'oppofat férieufement a des prétentjons qui tendent a augmcntcr a un point fi effrayant la puiffance de fes rivaux dans 1'Inde ? Elle n'avait donc dStres vues que de nous facrifier pour fes mtérêts. C'eft I nos dépends, c'eft avec notre fang , ceft avec notre fubftance qu'elle achctte une pa* avanDd 4 14  C 224 ) rageufe pour elle feule. Le Roi lui-même n'a-t-il pas engagé fa foi facrée de ne pas féparer Ja caufe de celle d'une République qui, pour avoir voulu conferver a fa confidération la plus exacte nèutralité s'eft: vu expofée au reflentiment injufte & oppreffif de I'Angleterre? Tout cela méritait des égards. La perfidie de la nation Frangaife.... Le Frangais. Tout beau, Monfieur 1'Anti-Gallican. Notre Momrque a promis de ne jamais féparer fa caufe de celle de la République. C'eft un engagement public quil a bien voulu prendre, fans qu'il eüt a attendre quelque retour de votre part. 'Mais il s'en faut beau?ouP ^ü aitraanquéa cette parole infpirée par la qohlefle & la généroflté. S'il n'eüt pas confulté vos intéréts, croyes vous qu'il aurait acheté la pai\ a un prbcficher. St. Euftache, Saba,St.Martin, Demerary, Jillequebo , les Berbices , lui appartenaient léeitimement & fuivant tous les droits de la guerre C'é« taient des prifes faites fur les Anglais. Ceux-ci les redemandaient en effet; & 1'on voit par les depêches de Rodney, lorfqu'Ü en flt la'conquéte, que L&^eterre les reSai'daic d'avance comme des étabhilemens ou elle efpérait ié dédommager de la per te de fes autres Colonies. Pendant les négociations de paix, elle a infifté en conféquence fur cette rcftitution. Vos propres Miniftres a Paris furent eux-memes alarmés de ces inftances. Ils firent des repréfentations è cet egard. Mais, a la gloire éternelledun Roi bienfaifant écgénéreux, ils recurene Ja réponfe la plus fatisfaifante, la plus propre a dif. }ipe: leurs iuquiétudes (+;. Le Roi a donc plus fait que (*) La Déclaration que Mr. Ie Comte de Vergennes re. m a cet effet aux Miniilres des Et«s - Géaéraw S ffifrfP Ce;!.erme/: » Lefoufligné, Miniftre & Secrétaire * J-ut des affaires étrangeres, a mis fous les yeux du Roi  ( 4*5 ) que de lier intimement votre caufe k la fienne. Iï 2 facrifié fes intéréts aux vötres. II rend aux Anglais les établiffemens les plus importans; puifqu'il ne s'agit de rien moins que de larefiitutionde laGrenade, & desGrenadines, de St.Chriftophe, de St. Vincent,de la Dominique, deNevis &Mont-Serrat; en un mot,il fe dépouille pour vousconferver vos établiffemens. Et vous óferiezdire qu'il ne prend pasa cceur vosintérêts?Qu'avez vous donc fait pour lui dans cette guerre, qui rneritattant de bienfaits ? Ne vous a-t-il pas fait comprendredans le traité? Son crédit n'a-t-il pas contribué beaucoup a engager I'Angleterre a fe défifter de ïrinquemale? II ne vous abandonne donc pas a la merci de vos ennemis. Is Mémoire que fon Excellence Mr. de Berkenrode, Ara. baffadeur de L. H. P. les Etat-Généraux des ProvincesUnies & Mr. de Brantfen, leur Miniftre-Plénipoter-tnire ont eu ordre de préfemer pour prier Sa Majefté de vouloir bien leur promettre la reftitution des Colonies de la République qui ont été prifes par les armes de la France fur rEnnemi Commun. Le Roi , toujours difpofé è donner k Leurs H P. des preuves de fon conftant & fincere intérêt, ne balance pas a les faire alfurer que Sa Majellé, en reprenant fur 1'Ennemi Commun que!ques-unes des Colo. nies, qu'il avait enlevées k la République a eu principalement' en vue de lui épargner les facrifices qu'elle. aurait pü être dans le cas de faire pour les recouvrer a la paix. ■Jamais S. M. ne s'eft propofé de faire entrer ces Colonies clans la balance des reftitutions & des compenfations qu'elle pourrait offrir a I'Angleterre." „ Le Roi n'héfite donc pas a faire déclarer que fon ïntention' conftante eft de rendre a la République , celles de fe» Colonie, qui pourront fe trouver dans fes mains, lorfque la Conclufion de la paix générale permettra a Sa Majefté de donner k L. H. P. cette nouvelle marqué de fon a£ ifeftion." , ' Fait a Verfailles, le a. Decembre 1782. Dd j  C 426 ) Si vous eufficz été dans le méme cas quei la France g en auriez-vous agi avec la méme générofité , la même délicateffe ? Lors des négaci tioii de Munfter , vous étipz obJigé par ies engïgemens les plus facrés & les traités les plus pofitifs ée les plus folemnels, k ne pas faire la paix f ns la France Vous l'avez abandonnée alors, non feulement contre la teneur formelle de ces traités, mais en achetant une paix avantageufe k fes dépens, en la forcant aicfi a continuer jufqu'en 3öj9 une guerre qu'elle aurait pu terminer en 1648. Et loin de parvenir alors au but qu'elle aurait ob« tenu facilement, fi vous euiïïez été fideles k vos propres engagemens, vous futes les premiers k la traverfer, fous le prétexte frivole d'un voifinage dangereux auquel vous n'aviez pas penfé, lors du partage de 1635. , II eft vrai que la France eft intéreffee k vous conferver toutes vos pofleflions dans 1'Inle. > II eft vrai que la pofieliion de Pondicheri fera tics précaire, s'il faut que vous cédiez Negapatnam & un Port de 1'lïle de Ceylon. Mais la néceffité 011 fe trouve la France de faire une pareille ceftion contre fes intéréts manifeftes, montrerait encore qu'elie ne fait pas la paix qu'elle veut. Savons-nous bien fi 1'impérieufe loi de la nécefiité ne la force pas k rendre le repos a fon Royaume & k fes fujets? Savons-nous bien 1'état d'épuifement ou peuvent fe trouver les finances de l'Efpagne & des Etats-ünis? Louis XVI ne doitil pas a deux alliés aufii'intérefians, aufii fideles, plus qu'a une République dont une partie feule eft affeclionnée pour lui ? Vous favez vous-même que la France n'a pas été également heureufe partout. Cette année-ci?, une partie aflez confidérable de fa marine a paffé au pouvoir de 1'Ennemi. Encore fi elle pouvait faire quelque fonds fur fes partifans dans ce pays. L'événemerst n'a t il pas montré que fi 1'on ne 'pouvait douter de 1'ardeur & de Ia fincérité des difpofitions du parti patriotique; il n'avait, réelkment, pas affez dc pcuvoir' pour me; tre fes  ( 427 ) fe, défirs è exécution. Par confidération pour des £fir; ftériles, la France ira-t-elle rejeter 1intérêt de l" S vceu de fes peuples les fo licitations Tc KS alhés, & les cris de 1'humamté qui de*gSSSÏÏ & * bonheur? Je ne vo.s pas que votre condition foit. fi forti plaindre. II eft vrai que vous avez fait des pertes confidé,ables en vaifleaux. K n'avez-vous pas eu plus que desindemmfations paM'avantage dont vous avez joui par deflus touSs les autres Puiffances belligérantes de faire un commerce avantageux fous ie pavillon de la neutraS?eP pendant quï tous les autres Etats s> font • méeï Le chef de votre pouvoir executff avoue Slme dans fon mémoire prétendu apologétique* qtfiïffa jamais ófé expofer la flotte defEtat; vouj «cms pas mis en mer trente vaiffeaux ae ligne , les autres Puil? nces fe font épuifées par les armemens ks plus difpendieux; de longues croifieres, des entreorifes étonnantes, des efforts immenfes qui n one Sét(Wonnés partout du fuccès, peuvent leur ïJoir rendu la paix néceffaire ; en un mot vous navez rien mis San? la balance ; tous vos étabhffe- mens lointains auraient été Pe^us,^n^^eC^f fi Francais - vous mériteriez de les pc die tous, u rZ ne fa'vait que cette politique malheureufe na nrévÏÏL que pa? 1'influence perverfe d'un parti ven§u ri'ennemi: on vous fait rendre a peu pres wat; feüs étabEnens fur lefquels 1'Angleterre fc«g» «fttiellement font uftcment ceux que laïtanceau Sle Plus d'intérêt a vous faire reftituer: elle vous fauve le Port important de Trinquemale, qu. ne finauiéterak pas autant dans les mains des Ang ais ^TacquS de Negapatnam: Ec vous cnez .4 la trabifonl a laperfidie! Vat'  C4=8 ) Vardent Républicain. Au moins Ia France aurait dü montrer quelques égards pour Pénergie & 1'unanimité avec lefqueiles nous avons refufé 1'offre d'une paix particuliere aux conditions les plus avantageufes, le tout par confidération pour la France Le Francais, Dites plutót par confidération pour vos établiffemens retombés des mains de 1'ennemi au pouvoir des Urancais. Et quant a cette prétendue unanimite, nous lavons a quoi nous en tenir. Pouvons-nous Jgnorer que la puiffante ville d'Amfterdam, conduite alors, il eft vrai, par des guides qui 1'écartaient £ Vm Vru^ ^ï™' fuC,la Premiere a voter dans es Affemblées d'Etat en faveur de la paix pamcu. nere { C^u'on juge par la des autres L'Anglomane. Ainfi nos politiques éclairés avaient donc bien raifon de défirer que ces établiffemens fuffent reftés au pouvoir des Anglais plutót que des Francais.... Le Francais, Et qu'ils euffent aufii pris le Cap, I'Ifle de Ceylon & ies Molucques; ce qui était ffirement le but des Anglais en vous declarant la guerre; & ce qui ferait indubitablement arrivé , comme il'parait par les depêches de Johnftone & de Hughes, fi les Francais ne fuffent arrivés a propos pour fauver ces éta» bhffemens. Eh bien fi les Anglais euflent fait toutes ces conquêtes, croyez-vous qu'ils vous euffent offert de vous les rendre, pour obtenir une paix particuliere? Penfez-vous même que 1'offre d'une paix particuliere qu'ils vous faifaient, ne renfermat au. cun piege, & que vous n'auricz pas été la dupe les vieftr  ( 429 ) vicftimes de leuts négociations, pendint les fix mois d'armiftice qu'ils vous propofaient { L'Anglomane. Mais ne comptez-vous pour rien les fomme*, immenfes que nous avons fournies è la France f La Compagnie des Indes n'a-t-elle pas Le Francais. Te vous entends: vraiment vous avez , vous autres; :JE toute neuve & d'une efpece vraiment pïtSre : vos cótes, vos ports^mpagnfés a 1'ennemi: votre marine eft trop faible pour qu ene puiffe prSêr votre navigation : nous vous ouvrons So po?ts Lus vous offrons nos convois notre pavillon , pour lafureté de vos armemens: & vous ïpelez cela nous fournir des fommes immenfes. L'ardent Républicain. Au moins la France n'aurait pas«V a^ril de favoir quel, étaient les f»|«2j Généraux. Ils auraient au moins meiité ces égards. Le Frar.gais. Oue vouliez-vous qu'elle fit? Vos Miniftres étaïent admis dans le congrès mais, par une négli. gence impardonnable, ils n'avaient aucui : mftiuction cour les guider dans les demandes imprévues 5e PAngkterre C'eft-ce qu'ils reconnaifient eux-meme dan leur réponfe au premier Mémoire du,M> ruitere Britannique. Lifez le traité en re 1 Angleterre & 1'Amérique; & vous verre fi les P1«»P° tentiaires d'une Nouvelle République f^blable^ U vótre , étaient en défaut fur ce point ™P°«adnc' Les Américains. font acftuellement vos mode-  C 430 ) ies.Pourattcndrc lesdélibéra;mns éternelles, fuite de 13forme compliquéede votre Gouvernement, devions nous laifl'er échappér 1'occafio'mde termine? une guerre qui faifait gémir i'humanité & qui nous épuifait ? Et fi vos Etats-Généraux euflent rejeté ces propofitionsil aurait donc fallu que la France, l'Efpagne & les EtatsUnis, pour complairea un allié qui n'ava't rien mis du fien, euffent fait érernellement la guerre V Vous ne pouvez donc accufer que vous-même, fi vous n'avez pu vous faire admettre dans la fignature des préliminaires. Et par les conditions auxqueiles on vouspropole de conclure, après avoir fait une puer-re fi honteufe, vous devriez encore vous eftimér heureux , au lieu de porter des plaintes contre ceux qui ont montré par des effcts qu'ils prenaient fincerement vos intéréts a cceur. L'Jnglomane. Eh quels effets avons-nous vu réfulter de toutes ces démonftrations d'amitié? L'ardent Républicain. . Vous 1'entendez, Mr. le Frangais.* Quelle idéé cette maniere de parler vous donn -t ci!é de notre nation? Je re puis difconvcnir qu'il n'y ait ici des monfires d'ingratitude, qui mëconnaiffent les bienfaits les plus fignalés & les plus importans. Nous ne pouvons nier que Louis XVI, fes Miniftres & fes alliés n'aient été chez nous les objets des décjamations les plus violentes & les plus injuftes. Nous ne pouvons nier que ces indéccntes & mon* ftrueufes déclamations ne foient venue. d'un parti qui parait conduit par Je Chef Eminent de 1'tuat. Nous ne pouvons nier qu'on s'eft beaucoup plus apphqué a réprimer quelques fornes véhénuntes contre des Chefs & des Régens qui avaient infpiré de juftes foupcons è la nation ; & qu'il n'a nas été févi contre 'as infimes décracleurs du vertueux Adams, du refpec- table  C 43* ) tiWe Mr. de la Vauguyon , des courageux De Capelle van Berkel, & de plufieurs autres per, qui par leur caractere & kurs ferv^cesméritaient le refpeeft & la véneratiom Pendant (va'on dévouait a la profcnpLion la plus terrible les Auteurs de rAdreff* au peuïle d,s & de la Lettre trouvée, on avu vendre ouvMKinent & pubUquernent la Lanterne AUgiyie^on J même vu 1'Auteur & le Libraire ne pas cramdrq d'Suer dans des annonces publiques les traces qui euvent conduu-e jufqu'a eux. La pofterné pourra. felle croïe qu'il y ait eu dans ce pays des monfires aff z inWmes pour infulter au malheur de nos alliés t lorftuc ceux.ci venaient de nous rendre les ferv.ces ■ ïïplus importants? N'a-t-on pas puéiciladerniere LES Frangais & des Efpagnols, 6c le Se tdo^phe des Anglais a Gibraltar tem le temsque S« de nous joindre a la France, dans une CTDédidon qui aurait pu-faire payer choremeat a lXemi? commun ce triomphe éphemere? Nous ne r,ou?ons difconvcnir que dans les cnarres de la veSé quefques miniftres du üieu v.bvant n aient prottitué Ye plus refpcftable des caracleres jufqaa info ier a leurs auditeurs des préventions odieufes conïe une nation qui nous comblait-de b.enfaits. IiS lota que 1'on ait pris des précaunons twur lépHmer cette licence ré- oltanre, on a vu Ie Stadélever aux honneurs, foutenir de fa pre, f^ol^ être niés Mais croyez, Mr. le Frangais, que cetté Sdfe eft défavouée par la plus fame & la plus nombreufe partie de la nation. Lhorreur avec |» He êlleSvifaeé ces monftres d'ingratitude le Êdk ^W tombés, les a^nteqtfon*ar fJk dévorer dans tous les endroits oh lis paraiffent, fout cela prouve que la maffe de la natron penfe (Snement & confcrve unejufte reconnaiffance des ferSeesSS par ksFrangis Pour vous prouver que cet.e circonftance ne nous a pas fan oabhu ks fer  C 432 ) vices de la France, je vais vous répéter Ifttéralemew' ce que nos écrivains patriotes ont publié a ce fujet» „ N'eft ce pas", ont-ils dit , „ la France qui, ,, dès les commencemens de la guerre & lorfque ,, la perfide Angleterre tomba fur nous h 1'im„ provifte, fauva des centaines de nos vaiffeaux, „ en leur ouvrant fes ports & en envoyantde tous cótés afesfrais des batimens pour. leur donner avis „ & les protéger, avant qu'étourdis nous-mêmes par „ cette attaque imprévue & fouciaine, nous euflions „ pris des mefures pour cet effet ? N'eft- ce pas k „ elle que nous devons laconfervationde la plupart „ de nos Colonies Oriëntale & Occidentale ? C'eft „ aux combats de Mr. de Suffren avec Johnftone & „ 1'Amiral Hughes que nous devons fans contredit „ la confervation du Cap, de 1'Ifle de Ceylon & „ des Molucques. La France avait droit d'atten„ dre quelque retour pour des fervices auffi lig„ nalés. Mais loin de nous joindre a elle lors„ qu'elle nous appelair a faire caufe commune pour „ porter de concert des coups fenfibles h Pen* nemi, on a trouvé moyen d'arréter les fe„ cours que 1'Etat n'avait pu refufer de lui en„ voyer pour cet effet. La Cabale des Anglomanes „ a eu du pouvoir aflez pour faire échouer les bon. ,, nes réfolutions de 1'Etat. Nous n'aurions mé. „ rité de fa part que de 1'indignation & du cour„ roux." Ainfi parient nos écrivains patriotes. La Suite au N°. procbain. Ces Feuilles périodiques paraifTent ré?ulierement, tous les Lundis a Amfterdam , chez J. A. Crajenfcbot; a Haarlem , chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Domme , & Les Freres Murray ; a la Haye , chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt La Feuve Staalman; a Gouda , chez Fan der Klos; a Rotterdam, chez Bennet &Hake & . D. Fis ; .a Dordrecht, chez Blufte; a Deventer, chez Leemhorst; a Croningue, chez Huyzingh; 4 Nimegue, chez Fan Goor; a Arnhem, cbezlroost; aBois-ieDiic, chez J. H. Pallier , dliambourg, chez ']f. G. Firchau» & chez les principaux Libraires des Pays-Bas,