POLITIQUE N°. CXXXII. LUNDI, ce i8 AOUT, 1783- PREFACE, D"È L'EDITEUR. Nota. Queues raifons particuliere!, ont retardé ce Numero ju/qua ce jour. 7 e zele vraimmt patnotipe qui anirhs eet ouvrage, Li nnu< a mérité depids trots ans l efitm des 1 airiotes. Ce font eux qui, convaincw de la puretê de no motifs, ont hen voulunous aider de leurs lumieres Fc? fo -rnir fouvent les matétiaux qui ont rendu cetlf Stt/Ite" interifmte. Ceft fur le mime plan , puuqu ü Zroit avoirla fanSlion du Pubhc, «ar™ de l'indiffé. Ceft auxRepublicains d apprécier un travail qui n'a pour tut que le bien de la République. Ceft è elx que nous le dédions, c'eft eux que lous engageons d le prendrefous leur proteStion. Enflamésdel'entoufi%fme %ZZM Pratnot^.^Kloire efi defervir la Patrie. hlZt rl K 11°S vnllles Pouvo^t contribuer d fin bon. ml'i?a/pm,e^aU deJfus dug^ie a'unefolliculaire, mau üeft dtgne de 1'amed'unCitoyen. Et podrquoiPbonï fllLd ZT61 ?0Ur,qU0i celui S"'Bn zèlepuriotique élearife ne pourroit-il pas même en acquerir de nL velles lumieres dont elle feroit fin profil 11 efi pour tt !*édiatJur, mtre le Gouvernement® k peupie. L efi im qm developpe, auPeuple, la Politique quelquefois faute d'en favoir demêler les reiïorts. C'efi Gouvernement qu'il inffruit de U dif/ofition des JfM "r le conno,iïmce M'vent importante doit t gZlIeS °pératims- C'fi l'^mme de lettres enfin, Sr T T mUtUeiU™nt l" hommes fur leurs vrais éToquentl * ** par une ïerfuafi™ A ^r™mé,de lipreïïe autorife des écrivains obfiurs, j raifinner fins but, aéblaterer fans rai/bn, & mentir fans cramte, paree qu'ilpeuventJipermin/e toul fans dan-  C 3) . ddnger. N'eft'il pas nêcejjaire d'oppofer le fianibeau de la vérité aux fpécieux de leur fopbifmes ? ne Jeroit- ü pas dangereux de laffer accrediter des erreursqui, dans les tems dfficiles, comrnencent par caufer une fermenta' tion fuurde dont i'explofion peut devenir funefte ? Uêcrivain inftruit desdroitsde la nation peut feulles discuter avec juftejfe, II voit les nouveautés qu'on voudroit introduire &f rappelle d l'ordre primitivement éta~ bli par Vaccord génêral. 11 démèle l'efprit de parti de celui de la caufe commune. pefe les cbofes d la balance de féquiié, & prend le public qu'il éclaire pour fon juge. JLes exempjes que le pajjé fournit doivent injlruirepour l'avenir fervir de guide auprefent Ceft en rapprocbant les tems, en cakulant les rapports, qu'on peut établir des réflexions folides, £P tirer des confequences, fur le refultat que les opérations doivent produire- Ceft ce qui nous a fait préfèrer la métbode que nous avons adoptie, mét bode qui nous1 a valu le nom de prophéte en quelques circonjlances. Ceft aujfi l'unique moyen d'empêcber eet cuvrage de rentrer dans la claffe des ouvrages éphémères- * Nous en avons fait une efpece de code oü nos covftitutions je trouvent entierement developpées. Celui qui aura le Politique Hoüandais entier pourra y lire, les droits des Provinces, celui decbaque yüle ,leurs priviléges & s'inftruire des intéréts reff tttifs des unes &f des autres.'. On y pui/era des connoiffances fur les Provinces- Unies de L'Amérique, on y verra le dévelopement des événemens qui ont acceleré fa rêvolution, & ceux qui ont affermi fon indépsndance. Cette Republique qui a réclamé fa liberté du jein de Vefclavage , qui a brifé avec courage lesfers qu'une Metropole injujie appefantijfo.t fur elk a trop d'affinité par Janaiffance, avec la nótre pour ne par fixer L'attention. Ainfi notre utilité n'eft point bornée d la curiofité niO' mentanée. Ce qui n'eft aujourd'bui qu'une feuilk pério. dique deviendra un receuil intéreffant. On appren-,ra d y connoïtre notre nation, qui ne le cede d aucune en courage, ef qui l'emporte fur beaucoup en feience £f furtout en induftrie. A 2 CON-  C4) Contrat entre le Roi & les Treize • Etats-Unis de TAmérique Septentrionale; conclu par le Comte de Vergennes & Mr. Franklin, le 16. Juillet 178a. Comme il a plu au Roi de fe prêter aux prieres, qui lui ont éié faites au nom & de la part des Provinces.Unies de 1'Amérique-Septentrionale, pour les affifter dans laGuerre& ï'invafion , fous laquelle ils ont gémi durant plufleurs années; & Sa Majéfté, après avoir conclu un Traité d'Amiiié & de Commerce avec les dites Provinces Confédérées le 6 Février 1778 aiant eu ia bonté de les fecourlr non feulement par fes forces deterre & de mer, maisauflï au moyen d'avances en Argent, auffi abondantes qu'elles ont été efficaces, dans la lituation critique oü leurs affaires avaient été réduites; il a été jugé convenable & néceffairedefixerexacrementlemontant de ces avances, les conditions auxquelles le Roi les a faites,les époques auxquelles le Congrès des Etats-Uniss'eft engagé a les rerobourfer au Tréfor-Royal de Sa Majefté, & enfin de regler cette matière d'une facon a prévenir dans la fuite routes difficultés capables de troubler la bonne harmonie , que S. M. eft refoluë de mainteuir & de conferver entre Elle& les dits Etats-Unis. A 1'effet donc de remplirun but auffi louable, & dans la vuë de refierrer les liens d'Araitié & de Commerce, qui fubfiltent entre S. M. & les ditsEtarsUnis; nous Charles Gravier de Vergennes &c. Confeiller du Roi en tous fes Confeils, Commandeur de fes Ordres, Miniftre & Sécrétaire d'Erat, de fes Commandemens & Firances, revétu de Piein-Pouvnirs de S. M. a nous donnés a eet effetj & nous Benjamin franhlin, Miniftre PIénipoten. tiaire des Etats Unis de l'Amérique Septentrionale, pareillement revém de Pleins Pouvoirs du Congrès des dits Etats pour le préfent objet, après nous être düment communiqué nos Pouvoirs refpeftifs, nous fomines convenus des Articles Juivans. Ast.I. II eft convenu &certifié, que les Sommes avancées par S. M. au Congres des Etats-Unis a titre d'Emprunt dans les années 1778, 1779, 1780, 1781, & dans Ia préfente année 1782 , munteiitii la Somme de dix-hui: Mjllions de Livres, Argent deFrance, conformémentaux vingt-un Recus fuivans, fignés par le fus-dit Miniftre du Congrès, & donnés en vertu de fes Pleins-Pouvoirs; fcavoir: J , i«  (5) 1. 28. Février 1778. • • • L. 750,000 2. 19 Mai 7Sc,ooo 3. 3 Aoüt 7'0,ooo 4. i Novtmbre . • • • 75° 000 3,000,000 5. 10. Juin 1779- . • • • 250 coo 6. 16. Septembre .... 250,000 7. 4. Oftobre .... 250,000 8. 21. Décembre .... 250 coo i,coo 000 0. 29. Février 1780. • • « 75o,oco 10. 24. Mai 75°>ooo ji. 21. Juin 750.000 12. 5. Oftobre 75°,coo 13. 27. Novembre .... 750,°oo 4,000,000 14. 15. Février 1781. . • . 75°.0O° 15. 15. Mai 750,000 16. 15. Aoüt 75o.coo 17. |. Aoüt 1,000,000 IB. 15. Novembre .... 750,000 4,000,000 10. 10. Avril 1782. . • • i,5co,coo 20. i. Tuil'ec .... 1,500,000 2Ii 5, . .... 3,000,000 6,000,000 Le tout montant a dixhuit Millions; ci 18,000,000 Par lesquels Recus Ie dit Miniftre a promis, au norn du Conaiès de la part des Treize - Etats-Unis, de faire payer & rembourfer au Tréfor-Royal de Sa Majefté, le 1. Janvier 1788 , a la Maifon de fon principal Bnnquier a Paris, la dite Somme de dix huit Millions, Argent de France, avec Intéréts a raifon de cinq pour-cent par an. II Confidéré, que le payement d'un fi gros Capital a une feuleépoque ftipulée.le i. Janvier 1788. pourroit beaucoup incommoder les Finances du Congrès des btatsTluis & que peut-être il feioit même iinpraücabie fur ce * A 3 ., Pié"  CO fié; il a plü è S. M. pour cette raifon de fe relacher a eet égard de la teneur des Recus , que le Miniftre du Congres a donnés pour les dix-huit Millions de Livres Tour. nois mentionnés dans 1'Article précédent; & Elle a confenti, que le rembourfement du Capital en Argent comptant au Tréfor Royal fe faffe en douze payemens égaux de 1,500,000. Liv. chacun, & feulement en douze au. uées , a commencer de la troifièrae année après la Paix. III. Quoique les Recus du Miniftre dn Congrès des EtatsUnis portent, ,,que les dfx-huk Millions de Livres Tour„ nois fits- mentionnés doivent être payés au Tréfor Royal „ avec Intéréts a raifon de cinq pour-cent par an;" Sa Majefté voulant donner aux dits Etats-Unis une nouvelle preuve de fon amitié, il lui a plu de leur faire préfent de tout le montantdes ArréragesdTntérêtsjusqu'acejourd'hui, & depuis cette époque jusqu'au jour de la date du Traité de Paix, & de les leur. remettre; faveur,que le Mini. ftre du Congrès des Etats-Unis reconnoit profluer purement de la bonté du Roi, & qu'il accepte au nom des dits Etats-Unis, avec une profoade & vive reconnoisfance. IV. Le payement des dits dix-huit Millions de Livres Tournois fe fera en Argent comptant au Tréfor Royal de S. M. a Paris en douze parties égales , & aux époques ftipulées dans 1'Article II ci-deffus. Les Intéréts de la dite Somrne a raifon de cinq pour-cent par an commenceront è courir a la date du Traité de Paix: Le payement s'en fera a chaque époque des Rembourfemens partiels du Capital ; & ils diminueront a proponion avec les Rembourfement ; fauf néanmoins au Congrès des dits EtatsUnis de fe libérer plutót de cette obligation par des payements sntieipés, au cas que Fétat de leurs Finances le leur permette. V. Quoique 1'Emprunt de cinq Millions de Florins de Hollande, accordé par les Etats-Généraux des ProvincesUnies des Pays - I'.as, aux termes d'Obligation paffee \e 5. Novembre 1781. entre S. M. & les dits Fiats • Généraux, ait été fait au nom de Sa Majefté & garanti par Elle; il eft néanmoins reconnu par ces préfentes, que le dit Emprunt a été fait en réalité pour le compte & le fervice des EtatsUnis de l'Amérique-Septentrionale; & que le Capital, mon. tant felon une évaluation modérée a la Somme de dix Millions  C? ) Hons de Livres Townois, a étépayé aax dits Etats-Unis, conforméinent au Recu pour le payement de Ia Hite Som ine, donné par le Sous-figné Miniftre du Congrès le 7. Tuin dernier. VI. Par Ia Convention du dit j. Novembre 1781. il a plü au Roi de promettre & de s'engager a fournir & a payer au Comptoir-Général des Etais-Generaux des Pays-Bas le Capital du dit Einprunt avec les Intéréts a cinq pour cent par an.fans aucune charge nidéduftionquelconque au préjudi, ce des Préteurs; de forteque Ie dit Capital foit entièrement rembourfé dans 1'efpace de cinqans, les payement? devant s'en faire a dix époques égales, dont la première commeueera la flxième année après la date de 1'Eroprunt, & enfuite d'année en année jusqu'au payement final de la dite Somme: Mais il eft pareille-nent reconnu par la préfent Acte, que eet engagement a été pris par le Roi a Ia prière du Miniftre fous-figné des Etats-Unis, & fur la promefle faite par lui au nom du Congrès & de la part des TreizeEtats-Unis, de faire rembourfer & payer au Tréfor Royal de S. M. a Paris le Capital, les Intéréts & les frais. du dit Emprunt, conformément aux condidons & aux termes, fixés par la Convention du 5. Novembre 1781. VII. II a été convenu & réglé en conféquence, que la Somme de dix Millions de Livres Tournois faifant par une eftimation modérée le Capital de 1'Emprunt de cinq Mil. lions de Florins de Hollande fus-mentionné , fera rembourfé & payé en Argent comptant au Tréfor - Royal de S. M. a Paris avec les Intéréts a 5 p. c. par an, en dix payemens égaux d'un Miliion chacun & a dix époques, dont la première fera au 5. Novembre 1787. &ainfi d'année en année, jusqu'au payement final de la dite Somme de dix Millions, les Intéréts dimjnuant a proportiou avec les payemeus partiels du Capital: Mais, par un effet de raffëaion du Roi pour les Etats-Unies, il a plü a S. M. defecharger des frais de Commiffion & de Banquepour le dit Emprunt, desquels frais S. M. a fait préfeut aut EtatsUnis; & leur Miniftre fous figné 1'accepte avec remercimens au nom du Congrès , comme une nouvelle preuve de la gériérofité de S. M. & de fon amitié pour les dits Etats-Unis. • ,. • VIII. Pour ce qui eft des Intéréts du dit Emprunt, pendant les cinq années qui précédent la première époque du A 4 rem.  ( 8 ) rembourfTement du Capital, comme le Roi s'eft engggé a les paver au Comptoir-Général des Etats-Généraux des Pays - Bas , a raifon quatre pour cent par ari, & chaque année, a compter du 5, Novembre 17 81. conï'orroêmenra la Convention de ce jour-la, le Mmïftrè du Congrès reconnoit, que le rembourfcment de ces Intéréts eft dü a S. M. par les Etats-Unis; & il s'engage, au nom des dits EtatsUnis , d'en faire le payement dans le méve tems, & au même taux, au Tréfor Royal de Sa Majefté, les Intéréts de la prémière année devant fe payer le 4, Nove.ubre prochain , 8f ainfi annuellement, durant les cinq années qui précédent la première époque du payement du Capital* fixé comme ci-deiTuquelque foit' Padreffe de fes défenfeurs que quelque foit la manière éloquente dont on puiffe colorer les torts, ils n'échappent point aux yeux de 1'univers & on ne renonce point è fon eftimé gratuiternent.. Imaginer que la France ait eu des motifs d'intérêts dans les fecours qu'elle a donné aux Americains - rien de plus jufte, on devroit même s'en defïer fi elle n'en avoit point, il n'y a que les foux qui fe repofent fur la foi des foux. C'eft precifement fon intérêt intimement Hé a celui des Provinces-Unies de 1'Amérique qui aflure la durée de leur intelligence, c'eft lui qui, depuis le Souverain jusqu'au particulier, maintient 1'ordre & dirige toutes les opérations. C'eft une Politique mal entendue que de profker de rabaiiTement d'autrui pour en exiger des conditions dures, on dok être affuréquefi 1'on eftobligé de céder è la néceifité, on faifira la première occafion de rompre ie joug impofé; Voici la caufe de la diffolution des traités, quand 1'un eft fans génerofité 1'autre doit étre fans courage. LaPolitique de Henri le Grand, lorsqu'il reconcue nótre independance, fut d'abaiffer la maifon d'Au tri*  triche, dont la confiftance rompoit 1'équilibre général. Mais fon effet n'a t-il pas été pour nous le même quê li 1'amitié feule en eut été la caufe ? lui en avons nous moins des obligations réelles? lorsque 1'opprelTé implore, qu'importe le motif qui lui attire le bienfait, fa reconnoiffance n'en peut-être alterée. La France a donc eu des motifs d'intérêts en fourniffant h 1'Amérique & prétant des fecours pour s'affranchir du despotisme de la Grande - Bretagne. Elle en a eu, en nous offrant fon amitié, elle en a pour nous la conferver, le fait eft que la oótre nous rend la fienne precieufe. Les motifs de religion qui font toujours les motifs dont fe parent ceux qui n'en onc point, ont été le cri de ralliment au commencernenc de cette guerre. II eft bien étonnant qu'au fiecle dixhuitieme on ait voulu combattre avec des armescontre lesquelles chacun eft invulnérable. Qiie Dieujuge le culte & l'bomme la vertu. Tout homme d'honneur eft nócre frere. ■ Les papiers publics ont retenti d'une fedition Re' arrivée a Philadelphie le 24 Juin dernier & qui è™!j« obligée le Congres a fe retirer a Prince - Town de!. icofoldats animés par quelques chefs féditieux ontphie. entouré 1 Hotel des Etats & demandé leur paye avec violence. Cette Cataftrophe a donné a 1'Angleterre ou, du moins, a fes Gazetiers, 1'efpoir de quelque revolutiou defavorable a la ftabilitê de la Republique d'Amérique. Mais qui ne fait, que des troupes qui ont fait une guerre longue & pénible en prenent un titre d'infolence, qui n'eft jamais dangereux que dans les premiers inftans. Les chefs de la fedition font prefque toujours facrifié par le repentir de la multitude, & 1'ordre fuit leur punition. Dans une guerre faite dans fes propres foyers, la condition eft moins avantageufe pour le foldat que lorsqu'il porte fes armes chez 1'ennemi. Le pillage, les horreurs qui fuivent la guerre, le dédomagent de fes fatigues. Chez lui, il n'a pour recompenfe de la vidtoire, que la vi&oire même tX 1'honneur d'en avoir été un'des inftrumens. Nous avons feu par des lettres particulieres & que nous rendrons publi- ques  C iO L'AmériquedélivréePoëme, ques lorsque nouspourrons en affirmer 1'authenticité, que cec événement n'a point eu de fuites, & que tout eft rentré dans 1'ordre & la fubordination. L'unanimité des parties garantiflent le maintien de la tranquillité générale, & les fouDCons indiqués fur un brave Officier (*) font auffi faux que denués de vraifemblance & injurieux. On trouve le portrait de ce brave homme dans un Poëme intitulée L'AMéRiojjE DeuvaéE (**.). Ce fujet qui avait occupé il y a cinq ans fous le titre de i.'Awtériq_l'iade un Vieillard intéreffant (f) vient d'être traité nouvellement. Le chantre de 1'Amérique nous a paru pofféder parfaitement fon fujet. Comme nous nous bornons aux recherches politiques nos lecleurs voudront bien fe donner la peine de juger 1'ouvrage, nous dirons fimplement qu'il ferait a fouhaiter que tous les Auteurs fiffent un emploi aufii honnête de leurs tems. L'intention feule fuffit pour mériter. Ce Poëme eft en deux Volumes divifés en XII chants. 11 commence a la Révolution. L'Auteur y fait pafler fucceffivement les differens perfonnages dont la Patrie s'honore, 1'tiiftoire y eft fuivie avec exaétitude, & énoncèe avec 1'intérêt de quelqu'un qui eft perfuadé de la bonté de fa caufe. II finit è 1'époque de 1'Indépendance. Cet ouvrage e!t augmenté de notes hiftoriques, raifonnéës, intéreflantes & inftrudlives. II renferme même de certains détails qai pourraient fervir a rhiftoire. Mais un ouvrage qui fournit a 1'attention un fujet trés important, eft la refutation du Memoire de Mr. le Comte di Byland. L'Auteur accontumé a énoncer fortement fes fentimcns (*_), a fuivi fa methode ordinaire, fs'ous doutons que fi le (*) L* Général Washington. (**) ll fe vend chez 1'Ëditeur de cette feuille. (t; M. Ramier, Vieillard de 7a ans. (*) C'eft celui des Avis d Guillattme*  ( 13 ) le ViccAmiral avait befoin d'une piece juitificative ce fut celle la qu'il choifit. QA Vordinaire procbain la notice de eet ouvrage.) L E T T R E. Aux Reda£teurs de cette feuilk. Messieurs L'infinuation odieufe qu*on avoit voulu accreditef fur le compte du général Washington, n'a pas tardée a recevoir le dementi public quelle mérite. Ce brave homme après avoir combattu en héros, vient de refiller fon pouvoir en fage. Vous avez du voir infére dans le dernier fupplement du Journal de Leide un extrait, ouil étoit dit. Que L'armêe du général Was. bington n'ayant par encore étélicenciêe, il en étoit refultè beaucotip de jaloufie entre lui & le Congrès, vu qu'on craignoit quelque cbo 'e, qu'il n'étoit pas encore prudent de dire jusqu'd préfent. Cette calomnie atroce, denuée de toute vraifemblance, ne decele t-elle pas les perfides ennemis qui ont ofé la forger? ne voit on pas le caradtère difr.indt.if de cette nation qui met fa poluique a femer la défiance entre le fujet & le fouverain, & a porter le decouragement dans 1'efprit des alliés? isi 1'envie ne réipedte pas le général Washington , quel homme peut fe flatter d'êtreè couvert de fes traits ? pendant la cours d'une guerre longue & penib'.e il a facrifié fa fortune, fa perfonne, a la gloire de fa Patrie. Toujours défrterefTé, généreux, noble, fur quoi pouvoir.. on fonder, qu'on en craignoit quelque cbofe qu'il n'étoit p La f*) Dans Ia naifiance des Sociétés, ce font les Chefs des Républiques qui font 1'inftitution , & c'ert enfuite 1'inftitution qui forme les Chefs des Républiques. Montesquieu, (**) La folie & la fageffe fe difputent ce code. II fallait être Membre de l'Eglife pour avoir part au Gouvernement. La peiae de mort éiait infligée cuntre le fonilege, Ie bias. phême.  La Métropo'e dont les calculs politiques n'orlt pas toujours foutenu 1'opinion qu'on avait de fes lumieres., a réveillé en eile eet efprit remuant qui 1'a agité dès fa naiflance. La fublimité de fa caufe lui a donné 1'éne gie de Ia foutenir avec force, & 1'enthoufiafme a produit. des héros. Les autres Provinces Septentrionales unies a elle, forraent dans ce moment un vafte corps, qui fe place au rang des autres Pujffances Leur indépendance reconnue, les hauts Alliés qu'elle s'eft acquife, ne lui laiffe que le foin d'affurer,par un plan fage,le degré de gloire oü elle eft parvenue & qu'elle a cimenté de ïbn fang. Réunir la Puiffance légiflative fur un feul Chef en eft-il un mcyen fur? Le premier qui fera revêtu de ccttc charge importante s'en acquittera avec intégrité & fon ambition pleinemenc fatisfaite ne le portera point a envahir au deffus des droits qu'on lui aura limités. Mais 1'exemple du paffé ne nous apprend-t-il pas combien ce pofte eft dangereux & oh il peut conduire un ambicieux qui s'en trouve honoréV Rome en échangeant fes Rois pour des Diclateurs, n'a fait que changer d'efclavage , porter même des fers plus péfans. Le Roi, qui voit en fes peuples une immefife familie dontii eft le pere, ne la facrifie point fans motifs, & le phême, le'faux temoignage Tadultère, lesenfansqui rnaudiflaient, qui battaient leurs psres. Le prix du bied fixé, en tour tems, a 3 livres 1 fols 6 deniers le boilTeau. Le fouet était la peine de ceux qu'on furprenait en menfonge, ivreffe, ou fe livrant au divertiffenient de la danfe. On fau. vait, cependant, par de l'argent,une omilïïon de priere ou un ferment indifcret. On pouvait jurer, pour ilivre 6 deniers d'amende & violer, en fureté de confeience, le Dimanche pour 67 livres 10 fous. Tous les ferviteurs de Dieu ont toujours fu fe frayer un pont d'or pour conduite les fidelles a la béatitude éternelle. B 1 A  C 20) le Cicoyen au contraire, que 1'on décore d'un tftre fupérieure, ne voit en fes Concitoyens que des rivaux qui le jaloufent & qu'il immole fans ménagement è fes intéréts particuliers. Qu'on fe rappelle ces tems affreuxde profcriptions,cesternsqu'on ne peut rappeler qu'- vee horreur, o!i 1'étendard de la liberté fervait a dérober aux yeux leschaines du plus féroce defpotifme; oü chaque parti faifoit fervir le nom de la Patriede piétexte a fes cruautés, comme depuis nos Prêtres ont fait fervir la Religion è leurs reflentimens, a la'vengeance de leurs querelles. Toujours un nomfacré en impofe au vulgaire qui en efi: lavidtime aveugle (*). Je crois qu'en tranfportant la puiffance fur une feule tête, c'eft expofer 1'Etat naiffant de 1'Amérique aux malheurs qui ont déchiré Rome, c'eft allumer en fon fein le feu des guerres civiles; 'c'eft ruiner enfin cette liberté précieufe, le feul bien de 1'homme, fans laquelle la vie n'eft rien, fans laquelle fon exiftence même n'eft pas affurée , fans laquelle la jouiffance du jour eft toujours ernpoifonnée par la crainte du lendemain. je n'ofe, Meffieurs, étendr'e plus loin mes idéés. Avant que de voüsles cornmuniquerentierement;, j'ai cru devoir attenére le jugement du public, fur celles que je lui expofe. J'atiends vos remarques & fuis avec la plus parfaite confidération Messieurs, V. Américain. RéFLEXlONS SUR LES GoUVERNEMENS, Liberté éf Egalité. Trouver une forme d'effociation qui protégé rjf di. ftnae, ae toute la jorce commune, la perfonne & les Mens (*) Jamais on ne conompt le Peupie, mais fouvent on le trompe, Rousseau, Ctntrat focial.  C 2i 3 bi'tis de chaque ajfocié, & par laquelle cbacun , r'wnfr. font d tous, n'abeijje pourtant qud lui- même 6? rejte aujft libre qu'auparavant (*). Telles font les claufes du Contrat focial. Mais pour qu'elles foient religieufement obfervées, il faut qu'elles aient été bien entendues. Les hommes en s'uniffant en fociété, doivent faire un abandon général de leurs intéréts particuliere è 1'intéiêt commun, cette aliénation fe faifant fans réferve, la condition étant égale pour tous, aucun n'a le droit de rien réclamer. En êcartant du paiïe focial ce qui n'eft pas de fon eiïence, on trouvera qu'il fe réiuit aux termes fut. vans. Cbacun de nous met en commun fa perjonne & toute fa puiffance fous la fuprime dire&ion de la volon. té générale, Ê? nous recevons en corps chaque membte comme portie indivifïble du tont (**). Cet afte d'affociation a le titre de République, eet afte d'alTociation eft celui de 1'Amérique Septentrionale; il eft le feul qui lui convienne. Des Peuples accoutumés iêtre Citoyens ne font plus propres a devenir iniets L'homme en formant ce pafte, n'ahene de fa liberté que ce qui pourrait la faire dégénérer en licence, & il en recoit la liberté civile & la propriété de fes biens. Le Souverain étant compofe de particuliere, ils ne peuvent avoir d'intérêts oppofés a 1'intérêt général. La puiffance fouveraine n'eft qu'un feul corps, mais chaque citoyen, a fon tour, en devient membre, ainfi la nation entiet e prononce fur fes intéréts. Quelle eft la forme d'adminifiratton qui convient lemieux d la fociété? C'eft faDs doute celle ou chaque individu fe trouve foumis au bien géne* ^ - ral, (*) Roufjeau. {**) Roufjeau. B 3  ral, fans que la hberté particuliere en foit aüénée; oh n'ayant que la loi pour maitre, la nation entiere eft fon juge, quand il y contrevient, oh jamais la volonté arbitraire ne peut décider de fon fort, ni Pattaquer dans fes pofiefTions; ou fes avantages érant égaux k ceux de fes Concitoyens. il faut nécefl'aire' ment qu'il travaille pour e'jx en travaillant pour lui. C'eft fous cette forme de Gouvernement que la Nation eft réellement caution du Souverain ea ce que !e Souverain n'eft au:re chofe que la Nation elle même repréfentée par un nombre déterminé de Magiftrats. " Liberté 6? Eg'aiité. Le buc de 1'affociation politique eft la confe.vation & la profpérité de fes Membres. Les fignes de fa profpérité fout dans 1'étendue de fa populatiou. Cette grande vérité" doit occuper le Legiflateur qui donnera des loix aux Pïovinces-Unies. iJes loix cruelles & injuftes nuiraicnt a fon accroiffement en s'oppofant a fa popjlation Aions une idéé affez jufte de la vertu pour ne point placet aux rang des crimes, les faibleïïes qiie nos préjug^s réprouvent, & tolérons tacitcment, ce que nous ne pouvons autorifer. Américains ne cherchez plus de coupable? oh vous trouvez des hommes, & ne flétriffezj point la mered'un Citoyen (*).Qi:e de crimes a caufé un crime de convention ! L'Amérique a touies les qualüés propres d la Légii' lotion. Quel Peuple eft plus propre a la légiflation que les Provinces-Unies de 1'Amériquc Ce n'eft point une union d'origine que le hazard fait naitre ,qui les a réunies ; c'eft précifémcnt une Union d'intérêt & de convention. Ces Peuples n'ont point encore porté le vrai joug des loix , & le fanatifme qui le défola a fon enfance, s'eft éloigné de fes bords. II ne craint 'point d'invafion fubite , & fi la baiance eft chargée également , fi chaque Province jouit d'un (*) A !a Nouvel!e-Anglet"rre, on puniffiiit du fouet toute fille qui faifak un enfant, & le Fifc faifilïait fa fottune, fi til* en avait.  ( «3 ) d'un avantage égal (*) , le Hen reiTerré par 1'unanimité d'intérêt allure la folidité de leur Union. La durée d'un Contrat focial dépend de la juftice de 1'engagement de toutes les parties contracïantes. Si 1'une eft lezée, & que 1'autre ait ufurpé des avan. tages fupérieurs, la divifion vient en interrompre 1'harmonie. La partie fouffrante réclame fesdroits', & la désunion brife le lien (**). Quels font les qualités que doit rèunir un Législitcurl Un Légiflateur doit avoir une intelligence fupérieure, une grande connaiffance des paiïïons des hommes, & unplus grand empire fur les Hennes. Le Légiflateur ne doit avoir aucune charge dans PEtac pendant le tems qu'il s'occupe d'eninftituer les Loix. Licurgue abdiqua la Royauté en devenant législateur , & 1'on fait 1'exemple qu'il donna après au Peuple pour 1'obfervance des loix qu'il avait dicties. Cen'eft, ni par la force,ni par le raifonnement,qu'il peut faire adopter fon code, c'eft la néceflité que les Peuples trouvent de 1'adopter pour être heureux, qui les déterminent volontairement De tous lesLégiflateurSjConfufius eft le feul qui ait ofé par- ler (*) II faut que la néceflité qui Iie les hommes foit égale, que 1'un ne puiffe pas fe paffer de 1'autre, ou qu'il n'en accepte rien. La République de Thlascala enclavée dans 1'Empire de M.xique aima mieux fe paff=r de fel, que d'en acheter des Mexicains, & même que d'en accepter gratuitement. (**) Pour ttre propre a la Lcgiflation, il faut, dit Roufjeau, quune nation rèuniJJ'e la confiftance d'un ancien peuple avec la docilité d'un peuple nouveau. Ce qui rend pénible fouvrage de la Legiflation eft moins ce quil faut établir que ce quil faut détruire j & ce qui rend le fuccès fi rare, c'eli timpoffibilitè de trouver la fimplicitè de i« natnre joir.te aux befoins de la Sociétc. "B4  ter aux hommes le langage de Ia vérité. Les autres en mefurant la grandeur de Pentreprife, ck les d.fficultes de la réuffite, fe font donnés une correfpondance immédiare avec Dieu. Le Peuple, toujours plus crédule en raifon de ce qu'il eft plus ignorant, les a crus, & leurs Loix ort été fanftifiées par 1'ap. probapon générale. Le légiflateur n'eft point coupable de faire intervenir ia Divinité a fon fecours, il faut donner aux humains Tappas qui les feduit: mais tout homme ne peut pas faire parler des Die.jx , & celui qui s'eft fervi de leur langage dars les fiecles d'ignorance, n'a befoin que du fien dans ceux de Philofophie. Noits avons annoncé dans notre dernier N°. un ouvrage portant titre: MéMoiRE de Loüis, Comtp. de I'YLsnd, foumis è 1'épreuve de la pierrede touche du bons fens & de la vérité. L'Auteur des Avis d G'iillaume a^ait inféré dans Réfu- fa brochure quelques rcfLxions fur 1'expédition de h'w breft' (->omme c'eft 1'étincelle qui a caufé eet inmoire cendie üttérai'e, nous croyons devoir les mettre du fous I' s yeux de nos Ledteurs pour lui faciliter Comtepiotelligence de eet ouvrage. uad*' " Mr- le ConKe de By'and k qui 1'on a déféré „ 1'honneur de cette Commiffion peut-il efpérer de fe laver du reproche que fes Maitres lui „ font déja, & qui lui en annoncent un bien plus „ férieux II parait cependant que eet Officier ne les craint gueres & s'en embaraffe fort peu, II „ a eu 1'imprudence de tenir un propos indécent h ce fujet, que la Province de Hollande a déja re„ marqué avec indignation. Le voici ce propos hardi: Je n'itais pas fait pour facrifier au Roi de „ France les dix plus beaux Vaiffeaux de la Républi. »> iue (*) L'Expédition de Breff.  „ que, £? j'aurais mieux airné per Are la iête, que 5, d'être jous le Commandem'ent d'un Officier t'tangais. ,, Mr. de Byland penfe t il que les Ktats Généraux „ & i'Amiral-Général de la République s'eatendenc „ avec le Roi de France, pour ruiner & 'lécruire „ la Marine de PEtatP Penfe t-il que le Roi de „ France n'avak démandé cette divifion , que pour la faire agir pour fon avantage particulier , & „ pour ménager fa propre Marine, en expofant „ celle de fes Alliés? Avait.on conflé ce fecret „ important a Mr. le Comte de Byland ? Encore „ dans ce cas il devait obéir ou refufer le Comman„ dement, au premier ordre qu'it a recu de fe te- nir prêt k partir. Depuis quand Mr. de Byland „ eft- i! devenu fi délicat fur les Commiffions dont „ on 1'honore ? N'eft-il pas parti , il y a deux „ ans, avec cinq faibles Vaiffeaux pour obferver un nombreux Convoi & lui faire pafTer la Man- che? Quoiqu'il fgut bien que les Anglais avaient ,, une nombreufe efcorte è Portsmouth prête a 1'in„ tercepter fur fon paffage Tout le monde avait prévu le facrifice que Mr- le Comte de Byland „ ferait obligé de faire aux Anglais; & Pévéncment „ a prouvé, qu'on avait bi;n prévu. Mr, de Byland fe charge néanmoins fans difficulté de cette en„ treprife: il part felon les ordres qu'il en a; il „ rencontre le Commodore Fieldnu avec dix huit „ Vaiffeaux de ligne. on lui fait violence,- il tire „ uncoup de Canon fur une Chaloupe ennemie, qui „ allait vifiter un navire de 1'efcorte; on lui ripos* „ te; il amene fon Pavillon, fait fignal aux autres „ Vaiffeaux d'amener , & fe laifTe cond Jre comme „ unMouton par le Léopard Britanniquedans un des „ Ports d'Angleterre. Voila véritablement un /a„ crifice. Quand on a eu le courage de faire celui- la, tous les autres ne doivent plus rien coüter; „ alors il vaut infinemeot mieux conferver Ja tête „ cjf obéir, que de s'expofer a la perdre pour ne „ vouloir pas obéir. Cette première délicatefïe B 5 „eft  C 26 ) „ eft donc tres déplacée dans le Chef d'efcadre; Ia feconde ne reit guere moins. Mr. de Byland fe , croirak il donc deshonoré d'être aux ordres d'un ,1 Général Francais. N'ya-wl donc pas en France , des Généraux d'auffi bonne Maifon que celle de ', Byland? N'y en a-t-il pas qui foient titrés comme lui ? Les Officiers Francais font-ils donc fans fcience, fans habilicé, fans expérience, fans cou„ rage; en un mot, la France n'a-t elie au lérvice de fa Marine que des Officiers roturiers (*), l, ignorans, laches & point aguerris ? Je ne vois que „ ces raifons, qui puiffcnt juftifier 1'orgueil de.Mr. , de Byland. S'il en a d'autres, c'eft a lui a nous „ les apprendre , ou du moins a les déduire au 5, premier Officier Francais , qui lui eD deman„ dera compte. Mais le Souverain fe char„ gera fans doute de fe venger, de venger „ Monfeigneur i'Amiral Général, de venger la Fran* , ce & les Officiers de la Marine Francaife de 1'affront que Mr. de Byland leur a fait aux uns & „ aux autres: fi cela n'était pas. nous tomberions „ bientót dans la plus affreufe anarchie." Mr. le Comte de Byland dans fon Mémoire juftificatif réclame vivement contre 1'Auteur de ces Rémarques; il fe recrie fortement, fur la liberté de ]a preffe. (**) Lalicence effrenêe {des écrivains') efi poujjêe fi Mn dans ce tems que dans les papiers publics. . . . particulierement fur Vexpêdition de Brejt on a accufé ouvertement le fousfigné de manquement d fon devoir, de défobeifjance, Ê? de trabifon, & qvfoutre cela. on a cbercbéd donner une forte de Crédit légal d ces calomnies en mférant dans les Gazettes, les rapports & Tavis des Membres des Affemblêes Souveraines de l'Etat. On (*) Il faut des preuves de Nobleffe trés rigoureufes pour entrer dans la Marine Ftancaife. Note du RédaÜeur. (**) Mémoire juflifkatif de Mr. le Comte de Byland» page 3.  C *7 ) On voit affez combicn Mr. le Comte de Byland préte le flanc par cette déclamation mal adroite, font ingenieux adverfaire ne la laiffe point échipper; „ Mr. de Byland (dit-il) veut nous faire envifa* ger les Membres des AiTemblées Souveraines com„ me les fauteurs des Calomnies que les Libelliftes, „ Nouvellift.es & autres ont mis fur fon compte. ,, N'eft-il pas clair que les Membres intégrans de „ la Souveraineté font traduits ici comme d'indigues „ Calomniateurs, qui ne méritent que 1'exécration ,, publique? le fait eft inconteftable, & voicicom„ me je le prouve. Les faits avancés fur des rap- ports & des avis des Membres des Affemblées „ Souveraines de 1'Etat, ne peuvënt étre regardés par le Public ,pour des Calomnies,ü ces Membres „ qui ont dónné ces avis & fait ces rapports a 1'As,,a'femblée Souverainc, ne font eux-mêines des Ca, „ lomniateurs; or . felon Mr. de Byland, les Calom- nies débitées contre lui dans les papiers publics, „ font appuyées fur les rapports & les 'avis desMem„ bres aux Affemblées Souveraines de 1'iitat, felon „ lui -même, ces Calomnies mit acquis une forte de cré„ dit lègil, donc les Membres des Affemblées Sou» veraines, qui y ont donné leurs Avis & faic „ leurs rapports. a 1'égard du Vice Amiral, & no„ tamment fur le manquement de l'expédkion de Breft , font des Calomniateurs, ou'tout au moins, „ ils ont indult fortement les Nouvelliftes a' débiter „ des Calomnies fur ie Comte de Mr. le Vice.Amiral. „ De deuxchofes l'une ,ou les Membres des Affem- blées Souveraines dc 1'Etat, ont donné des avis „ fages, juftes, & prudents, & ont fait des rapports „ conformes a la vérité, ou la pafiion a diclé leurs „ avis-., & le menfongeleurs rapports; dans le pre„ mier cas, les papiers publics n'ont pas débité „ des Calomnies contre Mr. le Vice-Amiral, & leur „ licence a dire des vérités un peu dures, ne peut „ être regardée chez nous, comrne effrénée ; dans le lecond cas ils ne font nullement refponfables „ d'avoir débité des Calomnies, puisque les avis & „ les  C *8 ) „ les rapports des Membres des AiTemblées Sou- veraines de I'iitac, doTueDt une forte de crédit „ legal a des faits, que Mr. de Byland prétend être ,, dés Calomnies; donc,fi les accufationsdemanque„ ment d fon devoir, de tmbifon & de defobe'iffance „ faites dans les Papiers publics contre Mr. de „ Byland & appuyées fus des avis & des rapporti „ desMembres des Affemblées Souveraines del'Ét3t, „ font des Calomnies, les Membres des Affemblées „ Souveraines de 1'Etat font des Calomniateurs. Donc moi qui ai écrit publiquement que Mr. de Byland „ avoit manqué a fon devoir par une defobeidance „ formelle aux ordres du Souverain & qui écris s, encore dans ce moment, que leMemoiredu Vice„ Amiral ne m'a point defabufé, je ne fuis nullement l'effronté Calomniateur; puifque je me fuis fondé fur 1'autoritéla plus refpeétable, c'eft-a-dire fur les „ rapports & avis des Membres des Etats Souverains; .& que ces rapports cjf avis donnent une forte de crédit „ lég'U au manque de devoir, k htrabifon & a la defo„ be-ffa:ce de Mr le Vice -Amiral. Voila ce que . j'appelle un argument ad hominem. Si 1'accufation „ de défobeiffance &c. contre le Vice-Amiral eft „ jufte, il n'y a ni effronterie, ni calomnie a la „ publier; fi cette accufation eft injufte, 1'injuftice & le crime de Calomnie retombent fur les Mem„ bres des Etats Souverain*, dont les rapports & „ avis ont introduit les Nouvelliftes en erreur; & comme cette erreur eft involontaire & inévita„ ble, on peut y tomber fans meriter le blame „ d'effronterie. II n'en réfulte pas moins que Mr.„ de Byland, par cette récrimination, manque „ groffierement de refpeól aux Etats Souverains ou les ripports ont été faits, & les avis donnés con- tre lui? Le Comte de Byland n'eft pas plus heureux dans le choix de fes moyens de défeofes. Ce font autant d'armes qu'il prend la peine d'aiguifer pour les faire tourner contre lui - même, (La fuite au Nt procbairt.) Ex-  C 29 ) Extrait d'une Lettre . Le tems. était trop court, „ Je conviens que „ du 1 au n Oftobre il n'v a quehuit jours & que ce tems eft trop court pour commencer & complé"TomeVI, C ,,-m  C 34 ) „ ter les préparatifs d'un voyage qui doit durer „ tout 1'hiver; mais ce n'eft nullement le cas dans le„ que! fe trouvaient nos officiers deftinés pourBreft. „ Car de deux chofes 1'ure, ou Mr. 1'Amiral-Géné„ ral connoiffait 1'état de la flotille de la Républi„ que,i ou il ne le connoiffait pas. On ne peut pas „ fuppofer avec décence qu'il ne le connoiffait pas„ il avait pris la peine d'aller en perfonne au Texel „ pour faire la vifite de la flotte; a la fuite de cet„ te, vifite, il avait affuré fes Maitres, que la flot„ te était pourvue jusqu'au dernier Avril 1783. „ Sur cette affurance L. L. H. H P. P. donnenc „ l'ordre de partir ,1e H Octobre 1782, fi le vent. „ .eft favorable pour la fortie du Texel. Dire donc, que le tems était trop court pour commencer & „ compléter les préparatifs du voyage, c'eft don„ ner un démenti formel a fon S. A. Cette aflertion „ n'eft guerre refpeclueufe de la part d'un Officier „ fubalterne: un Vice -Amiral qui contredit 1'Ami. „ ral Général fur un fait de cette nature lui man>, que effentiellement, „ Ainfi nous devons conclure que très-vraifem„ blablement la flotte deftinée pour Breft était en „ état le 3 Oclobre, & que huit jours fuffifaient „ pour mettre la derniere main aux préparatifs du „ voyage. Mais pour cela il était abfolument né„ ceflaire que tous les officiers commandés pour „ 1'expédition reftaffent a bord & que Mr. le Vice„ Amiral, Chef de 1'Escadre qu'on devoitdétacher, „ ne s'abfentat pas lui-même le 3 Octobre, comme „ il le fit. Voyons cependant comment Mr. de Byland juftifie cette abfeuce." En attendant le hazard voulut que le Soujigné, qui pendant quelques tems avait eté occupé d la tenue de d férens Confeils de guerre , auxquels il préfidait tartit du Texel pour la Haye, le 3 Oftobre, jour auquel la Réfolution fut prife par L.'L. H. H. P. P. „ N'y a t il pas de 1'imprudence de la part de Mr. „ le  C3J) „ le Vice-Amiral de quitter fon vaiffeau le 3 Ofto„ bre & de partir pour la Haye , lui qui devait „ s'attendre, a chaque moment,de recevoir l'ordre de partir pour 1'expédition projetée ? Peut-il di.„ re que c'eft par hazard qu'il parcit ce jour-la; cc ne pourroit-on pas lui dire, avec plus de raiion, „ que ce départ a tout 1'air d'un fat-expiéslCzt „ ordre ne devait pas tarder d'arriver, & il ne „ pouvait pas ignorer qu'il y était compris. „ Selon lui, le Vice-Amiral Hartfinck Comman„ dant au Texel avait reen un ordre de S. A. en „ date du 30 Septembre pour faire approvifionner, le plus promptement poffible, les vaiffeaux, ,, l'Amflerdam & les autres." II y avait un ordre de S. A. d Mr. le Vice-Amiral Hartfinck, Commandant de la flotte, daté du 30 Septembre regu le 1 Oftobre, de ravitailler, pour 4 mois, avec toute la diligence poffible , le vaiffeau l'Amflerdam. Cet ordre recu le 1 Octobre portait, quil pourroit arriver que L. L. H. H. P. P. prendroient demain, ou après-demain, c'eft d-dire le 1 Oftobre, une Réfolution pour que les navires fusmentionês fefc. „ II confte donc par lui même, que Mr. de By,, land, préfumant avec un trés grand degré de pro„ balité, que dans peu il ferait obligé de mettre a la voile , a quitté fon vaiffeau le 3 Oftobre, „ avec la même fécunté que s'il eüt fu que j, 1'expédition n'aurait pas lieu, „ Motif du Voyage de Mr. de Byland a la Haye. „ II y fut (dit-ilj pour remettre d S. A. {*) la Jen- tence (*) Un Officier ne doit point quitter !e pofte oü le Souverain Pa placé fans un Contre-ordre du Souverain quile lui commande ou Ie lui permette. Le premier devoir d'un fujet eft 1'obéifTance, & ce n'eft certainemeiu point dans l'état militaire qu'on en tolere 1'infraftion. Ceux qui nous pourfuivent 1- Dictionaire a la main, voudront bien permettre que nous nous fervions ici du mot Sujet, quoique nous nous doutions bien que tout habitant d'une Républiqueeft C 2 CU  (30 tence capitale rendue par le confeil de guerre &P let pieces y relatives , contre un Lieutenant. ,, Y avaic.il une perfonne plus füre tkplxxs qua„ lifiée pour remplir cette importante commiffion, „ que le Chef d'Escadre van Hoey , compagnon „ de voyage de Mr. le Vice-Amiral? Allant a la „ Haye comme député des officiers plaignants fur les libelles publiés contre eux. Nepouvait-il s, pas remettre a S. A. le paquet de Mn de Byland „ en rnême tems que la requête en plainte, dont il „ était chargé? On ne lit nullement que S. A. ou fes augultes devanciers aient jamais exigé que „ dans tous les cas poffibles, le préfident d'un Con» „ feil de guerre en ait porté en perfonne le réful„ tat a la Haye, ou partout oü J'Amiral-Général „ pourroit fe [trouver." 2°. VEtat des vaijfeaux dèjignéspour cette expédition était trop déldbré. Son Alteffe déclare aux Etats*Généraux „ que tous les vaiffeaux a 1'ancre au Texel font „ en bon état & approvifionnés comme il convient; „ donc tout ce que le Vice-Amiral peut dire de „ contraire è ce fujet tombe de lui-même. Mais .„ fuivons Mr. le Comte de Byland pied-a-pied. En 3, parlant du vaiffeau Fdmfterdam qu'il devoit „ monter, il die que ce vaiffeau était très-fak. On „ pourraitlui demander fidepuis fon retour deCadix ,, il n'avait pas eu le tems de le faire ncttoyer a la „ rade du Texel ? II y avait 16 msAs qu'il n'avait été „ caréné. Seize lignes après le Vice-Amiral nous dit „ qu'il 1'avait fair caréner a Lisbonne : voyons s'il j, s'elt écoulé feize mois depuis le mois de Novem„ bre 1781, tems auquel le Vice-Amiral avait mis „ foa Cifoyen, ce qui r.'empêche) pas que dans le cas préfent, 1'rfta de [défobéiffance , ne foit point un tort de Citoyen è Citoyen, mais un crime capital d'un particulier envers la Nation entiere que le Souverain repréfente.  C 37 3 „ fon navire au carenage, jusqu'au 8 Oftobre T782, „ époque a laquelle l'ordre de partir pour Bresc „ arriva au Texel. Mr. de Byland nous apprend „ qu'il eft parti de Cadix le a üécembre 1781. il „ y était arrivé avec fon vaiffeau dont la caréne „ étaic neuve & fraiche; ainö en coniptant exafte, ment, le vaiffeau L'' Amfterdom n'avait été tout au plus que onze mois fans avoir eté caréné, & de „ puis fa derniere carenage, il n'avait fait d'autr. voyage que celui de Cadix au Texel. Ce voya„ ge fut des plus courts & des plus heureux. . „ Mais fuppofons qu'il eüt été endomagé coniid r; „ blement; n'avait-il pas eu affez de tems pour ie „ calfater dans la rade du Texel? Ilparait c ' „ puisque depuis Janvier 1782, jusqu*en Oftobry „ 1782, on doit compter 9 mois. Le Vice-Am; „ fe plaint k la même page que le gouvernai! „ fon vaiffeau était en mauvais état ; le V i „ Amiral Reynft , pendant qu'il le commanda.r, „ 1'avait fait aflurer avec une bande de fer, ' . }, même avait été obligé d'y en faire mettre ,, feconde, mais cette précaution n'étant pas jugée „ fuffifante, il fallait fe déterminer a donner au \ j, feau un gouvemail tout neuf. II dit encoiL, que fon grand mat était pourri duns k fond;, en„ fin il ajoute que Mmjltrdam dêpêri par vétujlé n'était plus en état d'enlreprendre des voyages de „ tong cours. La defcription que Mr de Byland fait des autres vaiffeaux, n'eft guerre plus con„ folante pour 1'Etat. (1) On peut voir ce tnfte » ta- (*) II eft bien mal-adroit de laiffer appercevoir au Peuple la faibleffe de 1'Etat. La défenfe d'un Officier qui s'appuie fur eet objet, devrait être dépofée entre les mains du Souveraio &n*être rendue pubiique que de fon aveuj a quoi bon poner le découragement dans 1'ame des Citoyens, ou les réduire au défefpoir, par une peinturi effrayame, ils rejettent toujouts ia caufe de leur malheur fur les Chefs de rAdminilttation. La polhiqne du Cabinet ADglais eft bien C 3 pi*»  (38) tableau k la page 13 du Mémoire de Mr. de By- land En attendant je demanderai k Mr. de „ Byland , comment il a pu dire avec décence, ,, qu'il aurait mieux airné perdre la lête, que de faire „ au Roi de France , le facrif.ce des dix meilleurs „ & plus beaux vaiffeaux de la République? Selon „ lui & felon la defcription particuliere de ceux 3, qui devaient monter ces vaiffeaux,ils étaient dans un état fi délabré, qu'ils ne pouvaient entreprendre le voyage de Brefi fans courir le plus grand danger de „ périr dans la msr. Quelle idéé nous donne Mr. „ de Byland du peu de vaiffeaux, qui compofent aujourd'hui notre marine ?(*) Un facrifice fuppoj, fe quelque chofe de grand prix-, & felon Mr. le Vice-Amiral ce prétendu facrifice n'auiait confifté qu'en quelques carcaffes de vaiffeaux, qui „ n'auraient pas pu foutenir le court trajet du Texel „ a Breft." 3°. Le manque de vivres & de provifions de toute efpece etait trop grand. „ Mr. le Vice-Amiral fait un affreux tableau de „ la difette qui régnait fur les vaiffeaux de la Ré„ publique. Cette difette, en Tadmettant comme réelle, eft une preuve de la néf»ligence la plus „ criminelle dans nos officiers de Mer : par cela feul, ils méritent d'être punis féverement par le Souplus infidieufe: malgré la liberré de la prefTe, on fait afiez bien fafciner les yeux de la Nation, pour lui perfuaderqu'elle eft toujours formidable, même dans les tems ou fon abaifTement eft le plus vifible. Les hommes ne valent fouvent qu'en raifon de ce qu'ils croyent valoir, & fi un fecretd'Etat doit être facré pour ceux qui en font les dépofitaires, c'eft furtout celui qui concerne la mifete générale. La perfuafion de fa faiblelfe énerve le courage. (*) Rémarque jufte dans 1'Auteur , mais que Mr. de Byland eft inexcufable d'avoir fournie. Jl eft des circonftances oü il vaut mieux fe taire que fe défendre.  C 39 ) Souverain. Etant a 1'ancre presque continuelle- ment au Texel & ne mettant a la voile de tems en tems que pour fortir & rentrer presqu'auffitót, " les Capitaines étaient a portée de demander aux Amiraucés tous les agrés dont ils manquaient, & !I d'ordonner a leurs pourvoyeurs les yivres né- ceffaires pour fe trouver toujours prets a faire !! telle croifiere , ou tel voyage qu'il plairait au Souverain d'ordonner. II confte par le certifi" cat des Amiraucés refpeftives qu'elles ont abon" damment fourni tout ce que les Capit unes ref" nectifs leur ont demandé. {*) Pourquoi donc " ne pas demander a tems tout ce qu'ils avaient befoin s'il eft vrai qu'ils manquaient presque de '! cout, comme Mr. de Byland & les autres le cerS tifient. Mr. de Byland ajoute de fon chef: — Vutte cela la plupart des vaifleaux étaient /lépourvus d'aerès. Les liftes de ces agrès qui manquaient, ont été envoyêes, après avoir été examinées par le Commandant de la flotte , les Capitaines de baut bord. Mr. de Byland ne leve pas par • la toutes les diffi. " cultés, il ne diffipe pas tous les doutes: il de- vraic nous dire cn quels tems ces lijtes ont été " envovées-.eft-ce avant que 1'expedition fót ordon" née, ou eft-ce après l'ordre de partir le 8 O&o- "bre? Si les liftes n'ont été envoyêes " aux 'Amirautés que depuis le 8 Oftobre on peut " dire que c'eft un après-coup, que cec après-coup ", Iaiffe toujours de juft.es fouptjons, puisque ces liftes font prouvées fauiTes par les certificats pos1 térieurs des Amirautés; fe croyant.è bon droit, offenfés par la déclaration du Commandant du " Texel & que  ( 4- ) „ que G nous avions été en pleine paix avec une „ Nation qui nous a fait une guerre auffi cruelie „ qu'injulte." (La fuite au N'. procbain.') Extrait d'une Lettre (TUtrecht le 22 Aoüt. Oui, Monfieur, il efi vrai, que la Ville d'Utrecht apré. fenté Ie 5 Aoüt derriier deux Requêtes au Grand-Confeil, fignées par un nombre confidérable des principaux Cifoyens de cette Ville. Dans la première on fupplie Leurs Vénéra. bles Seiirneuries, de vouloir bien refufer féance parmi eux a Mr. Ryklof Michael van Goens , & de ne plus entrer avec lui en conférence fur aucunes des affaires concernanc la Police de la Ville, Les Sousfcrivans prient três-humble. ment LL. VV. SS. d'exclure un Membre qui ne peut fervir qu'è diminuer Ie crédit du Grand Confeil dans f efprit du peuple , & désbonorer leur Sénat. Et en cas que leur démande ne puiffe étre accordée fur Ie cbamp, les Citoyens fupplient la Régence de vouloir bien dorenavant, ne plus lui paffer aucunas Commiffions, foit qu'elles foient données par nomination. foit qu'elles foient même a la nomination de LL. VV. SS. fans leur en donner connoifTance. Dans la feconde Requête le Peuple repréfente que c'eft a la Régence feule que Ie droit de nommer les Bourguemaltres & Echevins doit appartenir; ainfi que la difpofition de toutes les Commiffions de la Ville, fans qu'elle doive affervir fa volonté a aucune autre recommandation. Les Supplians proteftent que c'eft avec tout le refpect & la décence poffible, qu'ils prennent la liberté de reptéfenter a LL. VV. SS. qu'ils croient de leur devoir, de prier la Régence de ne point lailfer empiéter dorenavant fur des privileges qui appartiennent auffi notoirement a la Ville & a la Bourgeoifie. Ainfi ils efperent qu'on aura égard a leur repréfentation dans 1'êlection de la Régence qui doitfe faire vers le 12 Oftobre de cette année, ainfi que dans toutes celles qui fuivront, & que les droits de la Ville y feront religieufement confervés; la même liberté de fuffrage indépendante de toute recoramandation particuliere , doit avoir lieu dans toutes les Commiffions de la GéC 5 «e.  C 4a ) néralité, tant pour celles qui durent 6 ans que pour celles qui n'en durent que 3, (*), Intendance, Infpeétiyn des digues; aux notninations desConfeillers, Pro. cureur-Général, Grefïïer de la Cour, enfin aucune comrniflion , diftribution , charge n'étant exceptées: Les Supplians ajoutent qu'ils croyent ferraement leurs demandes juftes & conforrnes & 1'adminiftration du Gouvernement, laquelle eft confiée aux Membres de LL- VV. SS. en committé a 1'Affemblée des Etats aufii bien qu'aux Membres du Grand-Confeil. Les Supplians fereffouviennent avec refpect. du ferment qu'ils ont fait a LL. VV, SS comme è leurs légitimes Magiftrats, de leur étrefideles & de les aider de leurs biens& de leur fang, de détourner& empêc'her toute violence contre eux, contre la Bourgeoifie, ou contre les prérogatives ou privilèges de cette Ville , afin que LL. VV. SS. jouiffent du droit libre & facré qui leur appartient jncontellablement. Après la icélure de ces deux Requêtes il fut réfolu qu'on enverrait une Copie de la première a S. A., on Ia lui envoya le Mardi fuivant; & Ia Régence 1'appuys par une lettre. Pour la feconde 011 ajourna une convocation de tous les Membres au Veridredi le 15 du courant. Dans cette Aflemblée, 011 prit la Réfolution d'aquiefcer a la démande des Citoyens. En même tems on fit choix de Meflieurs le Bourguemattre van Beek Seigneur de Dykveld, les anciens Bourguemaiires Looten, Verbeek & van den Booaabd. & du Secretaire de Reuver, pour en donner connaiflance a S A. Ces Meflieurs partirent Dimanche le 17 de ceMois dans notre Yacht- Provincial, & Lundi ils furent a la Haie intro • duits a 1'Audience, & rendirent compte a S. A. de la Déliberation du Confeil d'Utrecht. Mardi au foir ils étaient de retour en cette Ville. Jeudi inatin ils firent le rapport de Ia Comrniflion dont ils avaient été chargés, & immédiatement Je fecret fut levé. S. A. ayant trouvé la demande de nos Citoyens jufte & équitable, n'a pas héfité un moment d'y condefcendre. De Deventer le ui Aoüt. La Communauté de Zwol vient d'envoyer Jeudi pafTé une Adrefle a S. A. Ie Priuce Stathouder-héiéditaire pour le re- (*) Dykgraaf, Heemraadfchappen» Watergraaffchappen.  (43) remercier três-humblement des Récommandations. Ou as. fure que li Ville de Campen a pris la méme Réfolution. Ainfi les irois Villes de cette P concevnbie! felon Mr. le Vice-Amiral, perfonne n'a tort; „ perfonne n'eft blamable. Ecoutoos Mr de By- land: il va nous expliquer ce paradoxe —— „ Et ce manque (de provifio">s &c ) n'étaitpas, en. core un coup, l'effet d'une inaStivité ou d'-me perte j, de tems,&c. Le Sous/ig-ié a la confiance que ce „ manque de provifions êfc & tous les empêebemens qui en ont été la fuite, rj5 un obfiacle d 1'expédition de Breji, ne doivent pas être imputés aux QipUai* „ nes ni Commandans fupérieurs. Premieremenr.,' Tome VI. L) „ Mr.  C5°) j, Mr» Ie Comte, qui prouve trop ne prouve rien, „ & vous êtes certainement dans ce cas. Mais „ fuppofons que vous prouvez tout ce que vous „ avancez, nouvel embarras pour vous; car il faut „ conclure d'après ces preuves, que Mr. I'Amiral* „ Général eft bien déraifonnable & bien négligent. „ II eft très-déraifonnable en commandant une ex„ pédition phifiquement impoffible: c'eft votre pro„ pre expreffion. —— L'ordre de Son Alteffe, «o. „ tifié pour la première fois le 5 Oftobre dia flotte, j, le 8 du même mois étant fixé abfolument pour „ 1'expédition, fuivant Ia réfolution de LL. BH. PP. „ eet ordre portant de prendre encore des vivres pour „ quatre mois, renfermait en lui-même une impojji„ bilité phifique... Vous auriez dü donner une au„ tre tournure è votre Mémoire juftificatif, Mr. le „ Comte. II ne fallait pas 1'adrelTer au public; il „ fallait le porter diredtement au Souverain; il ne „ fallait pas tant vous y plaindre des Libelliftes, „ desquels certainement vous ne recevrez aucune „ fatisfaétion: il fallait feulement vous y plaindre „ contre S. A. 1'Amiral-Général, duquel vous pou„ viez attendre une réparation proportionnée a „ 1'injure faite aux Officiers fous vos ordres, & „ particulierement è votre perfonne „ Mais je devine votre embarras. Vous avez „ craint fans doute que Mr. I'Amiral Général, atta„ qué diredtement par vous, ne füt indigné de votre hardieffe, & au lieu de devenir, felon fon „ équité ordinaire, (P- 24 Mémoire juftificatif) vo„ tre Protedteur & votre Avocat auprès du Souve„ rain, il ne devint a fon tour, votre Accufateur „ par repréfailles. Votre crainte, Mr. le Comte „ me paraït affez bien fondée , & voici pourquoi „ Mr. I'Amiral - Général aurait pu dire avec vérité: „ Je connaiffais parfaitement 1'état des vaiffeaux „ que je deftinais pour Breft ... avant de donner mon préavis au Souverain fur cette expédition, „ j'ai confulté les Vice-Amiraux Reynst & Zout„ man, les Fifcaux Bisdom & van der Hoop, „ leur  „ leur avis s'eft trouvé conforme è celui qu'aVaient „ donné les Députés des Colléges refpectifs de „ 1'Amirauté; ainfi je me fuis mis a 1'abri de touc „ reproche, &vous, Mr. Ie Comte, vous qui m'ac 3, cufez d'avoir donné des ordres, dont 1'exécution était pbifiquement impofjihle, vous, dis je , reftez refponfable de 1'inexécution de 1'expédition; „ vous êtes coupable de défobéiffance envers le „ Souverain, & envers moi de la plus affreufe calomnie.... II ne vous refte qu'un fubterfuge, Mr. le Vice-Amiral, c'eft de donner un démenti s, aux Meflieurs qui compofent le petit Confeil de ,, Marine que I'Amiral Général s'eft donné pour ,, agir plus furement, & a Meffieurs les Députés ,, des Colleges refpectifs de 1'Amirauté: mais pre„ nez-y garde : Pimmo'tel héros qui commandait „ a 1'action de Doggersbank, notre brave Zoutm\n „ a un crédit dans Ia République, qu'il n'eft pas „ facile de décruire: ce crédit eft fondé fur fes „ connaiffances en fait de Marine, fur fon zele „ pour Ja gloire de fa Nation, fur les grandes qua„ lités qui lui ont mérité la confiance, 1'eftime, ,, 1'admiration & famour de tous fes Concitoyens ji & les applaudiflemens de tous les étrangers; ce crédit. Zoutman I'a acquis a I'ombre de fes „ lauriers: Zoutman a décidé que 1'expédition de Breft était très-faifable: en décidant de la pofïi», bilité, fans doute qu'il en a appergu la conve,, nance & 1'avantage pour Ia Patrie. Zoutman fe„ ra cru par préférence è vous qui décidez trop tard, qu'elle était pbiliqusment impoffible: on aimera mieux croire qu'elle n'était pas de votre goüt, que de croire que le Vice Amiral Zour„ man , & les autres Membres du Comité feeree »> ont jnduit Son Alteffe &c. Peut-on fuppofer „ avec vraifemblance que les Vice-Amiraux Zour9. man & Reynst ignoraient 1'état des Vaiffeaux » deftinés pour Breft? Peut-on fuppofer qu'ils s> auraient été affez imprudens, affez injuftes,afTez D ft „ peu,  C5») „ pen patn'otes pour confeiller une expédition évi« „ demment dangereufe.... La faijon pour ce voyage était trop avancée com. vie ü ejt trés-apparent aam cette faijon.,.. „ C'eft un peu hardi dé votre part, Mr. le ,, Comte. On ne doute pas en général de vos lu- mieres, encore moins de la pureté de vos inten„ dons; mais on trouve fort étrange qu'un fimple „ individu, quoique decoré du tftre de Vice-Amiral „ de Hollande, veuille en favoir plus que 1'Ami- ral Général, plus même' que les Etats-Généraux. ,, Avez vous donc oublié que cette Vénérable As„ femblée eft compofée des Membres les plus ref,, ptctabjes & les plus habiles des Provinces ref„ peétives de 1'Union ? Quoique vous ayez vielli au fervice de la République, qui depuis longues ,, années cepcndant n'avait pas eu roccallon de déployer les foi ces maritimes, vous m'avouerez ,, cependant, qu'il y a un peu de vamté de votre part de vouloir en favoir plus que nos habiles „ Politiques (*). Ceux-ci font au timon des af„ faires, & vous n'y avez pas été appellé encore. „ Vos fervices militaires, quels qu'ils puiffenc „ étre, ne vous donnent pas le droit de 'décider „ en dernier reffort, de blarrer le Souverain & le „ rendre ridicule & d'afficher publiquemcnt „ fon ignorante en fait de Marine : vous „ vous (*) Mr. le Comte de Byland & Mr. Cerifier ont ceci de commun entre eux: Monfieurle Comte redreflè fes Mnitres & Mr. Cerifier lesdirige. Quel malheur pour la République fi i'un de ces deux zélés patriotesn'exiftaient plus! Note du feul propriétaire de eet ouvrage. (**) Je démande pardon aMr. Bernard,il me fembleque dans le Mémoire de Mr. le Comte de Byland ce n'eft point du tout le Souverain qui eft ridicule. Note du Rédacteur; (***) C'eft encore une faufie accufation, n'endéplaifea Mi. Bemsrd. Mr. le Comte de Byland n'affiche point 1'ignorance du Souverain; il tn. eft incapabie. Note du Rédatteur.  (53 ) „ vous êtes pourtant donné ce droit & comme ,, c'eft une ufurpation, je m'infcris en faux contre „ elle. V os fervices vous donnent uniquement le „ droit de dire modeflement votre avis, quand on „ vous fait 1'honneur de vous le demander, mais „ rien de plus." Dans cette Jaifon on a pres que toujours un tems mauvais & couvert.... On doit par pur hazard ap' procber de la Cóte pendant les mits iongues £f oè» fcures, fans pouvoir reconnaüre ni latitude, ni Ion. gitude, puisque dans cette faifon lts vents d'Ouefl £ƒ de Sud-Ouefl empêcbent les obfervations nêceffaires pour les déterminer exaclement.... Dans une Jaifon oü les nuits font Iongues & ués-fouvent pluvieufes , oü on ne peut faire aucune objervation (_*) au Joleil, 6f oü les Courans rapides font très-dangereux. „ ...Dites moi, Mr. le Vice Amiral: u'êtes„ vous pas forti duTexel en Décembre 1779 avec „ une petite efcadre & un gros Convoi pour aller „ a Breft ? Lorsqu'on vous fit 1'honnour de vous „ charger de cette comrniflion dangereufe, fites„ vous les objettions que vous faites aujourd'hui ? ,, Hélitltes - vous feulement d'obéir aux ordres du Souverain ? Expofates-vous alors que la faifon était trop avancée; mais furtout alleguates-vous que vous vous expofiez au péril le plus évident „ d'être intercepté, pr:s & conduit iguominieufe„ ment dans un des Ports d'Angleterre par une flotte très-fupérieure a celle que vous comman„ diez alors? Etiez-vous plus hardi ou plus étour„ di [paffez moi le terme (**)] & moins favant, » il (*) Mr. de Byhnd & Mr. Cerifier aiment a obferver tout, excepté le filence, ee qui, par fois, ne leur irait pas mal. Note du feul propriétaire de eet ouvrage, (*) Partout Mr. bernard nous parait aufïï poli que jutte i il ne s'eft démenti un inftant que pour faire une fortie fur mon Politique: c'était appsremment la condition que Mr. Cerifier impofait pour lui faire la grace d'inD 3 férer  (54) „ il y a trois ans, que vous ne 1'éciez au mois „ d'Oftobre dernier? Pour un Militaire vielli au ,, fevice. trois ans de plus ou de moins ne font „ pas grand chofe, un Militaire eft a peu prés le même è 5. & è 60 ans (*). Craigniez-vous s, moins en Décembre 1779 le Commodore Fiel,, ding avec dix huit gros vaiffeaux de Ligne, qui „ vous attendait au paffage comme le chat atiend »» la fouris k la fortie de fon trou ; que vous ne „ craigniez Howequi luttait efi Oftobre 1782 con,» tre les vents contraires a la hauteur du Cap Fi- nisterre. & qui était trop loin pour vous faire „ aucun mal? Efl>il donc moins dange'reux de for„ tir du Texel pour aller a Breft k la fin de Dé- cembre, que d'en fortir pour la même deftina„ tion le 8 d'Oftobre? Les nuits font.elles plus „ courtes en Oftobre. qu'en Décembre ? Les pluyes, les brumes, I'obfcurité de la nuit. les vents d'Oueft & Sud-Oueft, le manque de Pilo„ tes, la difficulté des obfervations au foleil, en ,*, un mot tous les dangers d'une faifon avancée font-ils moins a redouter a la fin de Décembre, „ qu'au commencement d'Oftobre ? Cependant „ vous entreprftes de conduire a Breft un nom„ breux & précieux Convoi en partant du Texel „ avec une faible efcorte, a la fin de Décembre j> 1779, & le 8 Oftobre 1782 vous refufez de „ fortir du Texel, pour aller è Breft, avec une „ efcadre de dix vaiffeaux de Ligne, fans avoir de 3S Convoi k conduire / Je remarque cette derniere „ circonftance, paree qu'un Convoi peut retardev & férer fon avis dans fa feuille; je dis grace, paree qu'un auire écrivain le lui avait refufé. Je confois qu'il eft des cas oü un galant homme eft obligé de fe lacrifier. |e fuis convaincu que Mr. Ilernard 1'a fenti comme moi. Note da feul propriétaire de eet ouvrage. (*) Ce n'eft plus ïige decroltre & embellir. Noteindiffc* ftnte.  (55) & rétarde toujours la marche de l'efcorte. Rai. „ fonnons, Mr. le Vice Amiral, puisqu'il n'a pas „ plu a votre Avocat de raifonner. II eft inconteftable qu'en Décembre 1779 le pafrage duCanal était pour nous des plus dangereux; la rai-' ,, fon en efi fimple: è cette époque Portsmouth & j, Plimouth étaient garnis de vaifTeaux de guerre, ,. & ces vaiffeaux étaient tous prêts è en fortir „ pour nous intercepter au premier avis de notre „ fortie. Sir Jofeph York était trés- h portée d'être ,, inftruit affez a tems de nos deffeins pour en aver„ tir les Commandans des flottes Anglaifes; fouve„ nez-vous que ce Miniftre Anglais était encore a la Haie, & nous avons tous feu qu'il avait effeéti,, vement averti fes Compatriotes de votre fortie, ,. & vous favez ce qui s'en eft fuivi. II n'eft pas „ moins conftant qu'en Oótobre 1782 le pafrage du „ Canal était très-facile pour nous; car il n'y avait „ pas de forces fuffifantes en Angleterre pour nous „ le difputer, & nous n'avions plus chez nous d^Ef,, pion Anglais tilré & connu, pour donner avis aux „ Anglais de votre fortie. II eft encore conftant qu'en Décembre 1779 vous avez obéi fans réplis, ques aux ordres du Souverain, que vous êtes par,, ti avec la même affurance que fi vous alliez moif„ fonner des lauriers, & que vous n'avez pas craint un danger qui était presque inéviiable. II n'eft „ pas moins conftant aulfi qu'en Oftobre 1782 vous „ défobéiffiez aux ordres précis du Souverain, fans „ vpus mettre en péine de tout ce qui peut arriver „ pour la République en général & pour vous cn „ particulier. Degrace, Mr. le Comte, expliquez „ nous ce paradoxe inconcevable; car tout ce que „ votre Avoeat a écrit ne fertqua répandre les plus „ épaifles ténebres fur un fait qu'il importe haute» „ ment a la Nation d'éclaircir." ( La fuite au N: procbain.) D 4 Lr  C5«) LETTRE d'un Leiïeur bénévole h tEditeur & feul propriétnire du Politique Hollandais. Morfieur, voudriez-vous bien communiquer mi lettre a Mr. Cerifier par la voie de votre feuille; at a la bonne intelligence qui brille entre vous, j'imagine que les correspon dan ci f cretes n'ont plus cours. De tous les lefteurs je fuis le plus patiënt, mongoüt pour les letrre- me ;air fupoorter 1'ennui d'un mauvais ouvrage dms l'éfpoir d'y trouver au moins un trait qui mérite mon atteition. Je fais grand cas des Auteurs &ne méprife point les Itbraires, car les Ubraires font Citoyens comme moi. Ce n'eft pas k ce titre que i'eftime les auteurs, c'eft en raifon de ursxalens. N trou ez doiic pas mauvais, M. Cerifier, fi je vous adrefll i a • :?r>te fur l'emploi que vous faites des vó.res. H-.mnif de Lettres & Pam'ote (dites vous) vous perdez ïe tems a des discufïïons bien au deffous de la tache que vous vous êtes impcfée. Que J. A. Crnjenfchot ahdes tnains mai-adioites, peuimporte au Public, un Jbraire n'a pas befoin de graces. Qu'il foit un plat Auteur, qu'eft-ce cela nous fait? Un libraire n'a pas befoin d'être bel efprit; puifqu'i' ne fait qu? débiter 1'efprit des autres. Qu'il foit intéreflé, c'eft fon métier: vous favez qu'un auteur peut donner au Public le produit de fes idéés fans en exiger une réribution du libraire qui fe charge de les faire imprimer; mais oü avez vous jamais vu un libraire qui ait donné fes livres pour rien ? La librairie eft un commerce; tout commetce doit produire un intérêt & fe fait par intérêt. Le génie eft un Don du Cie!, & quand on en eft doué, 1'on peut cnêtre prodigue;.ce n'eft pas a vous que ceci s'adreffe Mr. Cerifier, vous auriez d'excellentes raiiönspourprouver que vous ne pouvez étre prodigue. Mais que vous, Auteur, vous qui faites cas de votre Cara&ere Mornl (dites - vous) vous vous permettiez des injures-groffieres & mal-adroites, n'eftce pas un tort qui doit nécefruireroent diminuer feftime du Public pour vous, & le crédit de vos ouvrages. Si vos talens font fupétieurs aux autres, avez.vous imaginé les Hóllandais affez ineptes pour ne pas s'en appercevoir.? & .avez vous cru néceffaire de crier a toute voix : Venez, ici, entrez chez moi, c'eft moi qui fuis le bon paifeur, le feul véritable. C'eft traiter avec trop de mépris une nation éclairée qui fait apprécier le mérite & décerner le prix au talent. J'avois cru (& ceue idéé vous prouve que j'aime a bien pen- fer  C 57 3 Fer de moh prochain) j'avois cru, dis-je, que, piqué d'ürie hoble émulation, votre Politique allait recevoir un nouvel éclat, & que Ie Cul- de-jatte du Bss-Rliin (*) qüi vous accufe, d'une maniere déchirante fans döutepour votte ame vraiment patriote, d'avoir caufé la guerre qui a défolé notre pays; que ce Cul - de - jatte ferait forcë de louer en vous 1'heureux médiateur qui nous procure une paix glorieufe. Je ne doute point que fi vous vouliez abandönner un inftant ce pauvre Diable de Crajenfchot pour vous occuper férieufement de nos affaires, vous ne vinffiez a bout d'indiquer les moyens de conferver Negapatnam, & Ia navigation des MoluqueS. Maft aprês nous avoir embarqués, après avoir conduit la République dans cette maudite ga/ere; il fe contente de nous dire: Hol/andais! Hollandais! jadis li refpe&ables, mettez vous en ctat de n'être plus le jouet la viftime de vos voifins. Comment faut-il faire Mr. Cerifier? De grace ne privezpoint notre Nation de vos Secours dans cette circonflance critique. Elle vous crie, M. Cerifier rendez-moi mon antique gloire, rendez-moi Negapatnam; rendez-moi &c... Serez vous infenfible au desefpoir d'uh Peuple qui n'a d'efpérance qu'en vous, quine voit que vous ca» (*) Le Cul - dé - jatte du Bas-Rhin, que nous croyons bien mieux tléfignér ainfi que fous le nom de Courier, (ce dont il conviendra imimement en fe rappellant la maniere dont on eft quelquefois obligé dele hater) s'établit a Cleves une pétiie jarisdiction littéraire, dont 51 nous difpenfe a ion gré les rofes ou Jes épines, pourtant aiant 1'utile précaution de fe réferver toujours les chardons. Ce trés - eclairé Cenfeur & devinë avec une fagucité qui n'eft comparable qu'il Ia bonne-foi avec laquelle I'accufé s'en défend, que Mr Cerifier aété la caufe de la guerre: c'eft ce dont 1'Europe entiere ne fe ferait pas doutée, Mr Cerifier, inriigné d'une accufation aufii injurieüfè & 1'on humeur pacifique, s'eft h&té de prouver Velibi. Ecoutons Mr. Cerifier fe defendre lui - méme. On acctifè F Auteur du Politique d'avoir caufé Ia guerrt avec lei Anglais. Or cette guerre était dé • clarée de-uis pres ie deux weit & 1'iJIe de St. Eufiacbc déja prife, lerfque le Politique fit fa première apparition dans le monde. Si la Calomnie s'attaehea 1'innocence, le trés-innocent Mr. Cerifier d'un mot fait la pulvérifer. Mr. Cerifier fe borne a prevoir, mais il prevoic bien. C'eft lui qui nous a annoncé jour par jour, minute par minute les grands événemens qui fixent notre attention depuis trois ans. Si Mr. Cerifier voulait ie donner la peine de faire des Almanachs, avec un taét aufli fur, je ne doute pas que nous n'y vifiiuns arriver i point nommépluie, éclipfe , brouillards &c., tels qu'il nous Jes aurait prédits. C'eft un petit plan de Commerce que nous lui propofons pour l'indemnifer de l'infuftiiance du Politique Hollandsris.  ( 58 ) capable de lui rendre 1'honneur & fespofTeffions? Eh! qae deviendront nos braves Régens fi le feu de votre imagination ne débrouille plus les téntbres dont leur génie eft enveloppé? le pi de vos idees, ce fil piécieux, quin'eftconw parable qu'a celui d'Ariane, une fois perdu, nous fommes égarés. Daig;;ez ne point le laiffer échapper, c'eft vous qui nous avez engagé dans une guerre crueile, c'eft a vous a nous en retirer avec gloire, ou bien vous ferez que vos talens fi fublimes quand-il faut détruire, déviennent in. fuffifans dés qu'il fautédifier. Travaillé d'infomnie(*) comme vous 1'êies, ne pourriez-vous confacrerune de vos nuits au bien public. II eft beau de perdre le repos quand c'eft pour le donner aux autres; mais, au lieu de faire un auffi noble emploi de vos veilles, vous les confumez aéchauffer votte bile, a brouiller du noir, & contre qui fii fi Mais, fi vous faviez, & je crois devoir vous en prévenir, cette conduite peu fage, vous rend niéconnoiflable: depuis la multiplicité des Politiques vous changez a vue d'oeii: perfonne ne vous reconnait; vous n'étiez pas beau, mais vous étes a préfent laid è faire peur. C'eft avec raifon que vous vous nommez 1'enfant légitime; rien n'annonce en vous les graces que la nature accorde d'ordinaire en dédomagement auxenfansde 1'Amour. Votre légitimité fe.lit fur votre figure & disparait dans vos ouvrages. M. Cerifier faites un beau facrifice de votre dépit , laiffez des débats qui fouillent une plume guidée jufqu'iciparlafiLgtffe. Rendez-nous notre Dieututeleraire, & qu'on life dans nos falies: Cerisier a engagé les Provinces Unies des Pays ■ Bas dans une guerre glorieufe; il leur afait remporter des avantages brillans fur 'une Nation orgueilleufe qu'il a terraffie d'un coup de plume; g? , pour couronner tant de gloire, il a fait un génèreux abandon de fon rejfentiment contre le Libraire J. A, Crajenfcbot, pour ne s'occvper qu'd nous donner une paix digne de la guerre tü il nous a conduits. Ex. (*) Mr, Cerifier eft réellement travaillé d'infomnie: il court Ie jour pour rallier des proféiytes,- & les nuits il s'occupe a raflembler Ia matiere qui doit pulvérifer les Rédaéteurs, Libraires &c. C'eft ua foin qu'il pourrait s'épargner, perfonne de ceux qui connoiflem Mr. Cerifier n'ignoient, que chez lui la matiere eft la partie dominante. Lifez cette tournure élégante de Mr. Cerifier/''Abondance de lamatitrm n'oHigi de renvoyer a VOriinairt prochain, &C. &e. &c.  ( 59 3 Extrait du Régifire des Réfolutions de N. P. Seigneuis, les Etats de Frise. Mr. Jean de Kuffeler, Député de Ia part de cette Province a l'Aflemblée de L. IJ. Puiflances, Mrs. les Etats. Généraux des Provinces-Unies, aïant envoyé a L. N. P. une Lettre de Mrs. Leftevenon de Berkenroode & Br'antfen, écrite a Paris le 13 du courant & adreffée a M. le Greflïer Fagel, par laquelle ils rendent en général compte de 1'état des Négociations de Paix, & en particulier,, que le Minifiere Anglois continuoit d'infifter fur la cefïïon de Negapatnam, fur Ia libre Navigation dans les Mers Orientales, & fur 1'obligation de rendre le falut, en amenant Ie Pavillon &c. fur l'ancien pié: Que, forcés paria néceflité extréme, ils avaient réfolu de confentir a Ia ceffion de Negapatnam fous condition qu'on accepteroit du córé de 1'Angleterre les autres Articles, qu'ils avoient projetès, & tels qu'ils étoient coccus dans la Copie jointe a ladite Lettre, fpécialement qu'on n'infifteroit pas ultérieurement fur Ia libre Navigation ni fur 1'obligation de rendre le falut; qu'ils «'étaient autorifés pour aucun de ces deux objets, & qu'ils ne pouvaient y confentir, alléguant d'ailleurs les dits Minidres des raifons & des argumens, plus amplement mentionés dans ladite Lettre:" Mais que, rAmbaffadeur ö'Angleterre n'aïant pas voulu s'en défifter, eux Mr. de Berkenroode & Brantfen devaient demander les ordres ultérieurs & les Inftruftions de L. H. P. a ce fujet, vu que M. le Comte de Vergennes leur avait communiqué „ que les affaires entre la France ,l'Efpagne,& 1'Aiigleterre avaient été entierement applanies; que les Traitésrefpeftifs avaient été collationnés en préfence des Minillres des deux Cours Impériales & mis au net; 6: qu'ainfl 1'on aurait pu procéder actuellement è les figner, fi 1'on n'avait pas jugé qu il ne convenoit point de précipiter cette démarche, 'avant que les affaires avec la République ne fuflent également applanies; priant M. Ie Comte de Vergennes avec les plus fortes inftances, que, puifque la fituatiou préfente des affaires en Europe exigeait abfolument, que, paria conclufion d'une Paix définitive, tout fut mis de ce cóté-ci dans une tranquillité parfaite, & que les autres Puiflances mtéreilées infiftoient avec beaucoup d'empreflèment fur la conclufion finale & la fignature, eux Mrs. les Miniftres vouluflent faire les plus fortes inftancei, pour qu'on accélér^t D 6 au.  ( 6o ) autant que poffible les délibérations de 1'Etat, & qu'ils fuflent munis au plutót d'une Réfolution qui les rait aufli a même de terminer finalement les affaires." Sur quoi mnrement délibéré, & confidéré que, dans les circonftances tout-a-fait épineufes, oü la République fe trouve, de trois altematives 1'on ne fcauroit en choifif qu'une : „ Ou que la République réfufat les Conditions, qui lui font offertes aétuellement, & que, quoique les autres Puiflances Belligérantes procédaflent aconclurela Paix, elie continuat Ia Guerre contre le Royaumede la GrandeBrétagne: 0'u que, pendant les Négociations en France, 1'on tacbat de traiter direftement avec le Miniftere Anglais & de ftipuler les Conditions de Paix plus avantageufes: Ou enfin, que 1'on concourüt a la Paix générale de la meilleure manière poffible, même aux Conditions tout-a-fait dures, offertes afluellement:" Qu'il étoit certain & inconteflable, que la première de ces altematives ferait de beaucoup Ia plus conforme, fi même elle ne convient pas uniquement, a la dignité de la République, & qu'elle répondrait a tous égards au Syftème que cette Province s'était propofé particulierement depuis le commencement de la Guerre, & qu'elle avait conftamment fuivi: fcavoir,de faire rendre a la République toutes fes forces, pout continuer la préfente Guerre de la maniere la plus ardente, & pour fe délivrer par ce moyen pour le préfent & a jamais de 1'influence pernicieufe &honteufe de 1'Angleterre fur cette République; faeon de penfer, que la Province de Frife a itérativement montrée, particulierement au commencement de, la Guerre, en propofant de conclure avec la Ftance une Alliance formelle , au moyen de laquelle 1'on aurait fait, tant en pousfant la Guerrequ'a laconclufion de laPaix, caufe commune avec ce Royaume: Mais que cette Propoiïtion n'avait eu d'autre effet, finon qu'elle avait été rendue commiflbtiale chez L. H. Puiflances, fans qu'il ait même été fait jamais quelque Rapport a ce fujet. Que de plus cette Province avoit manifefté ce fentimenr, en donnant aux autres Provinces 1'exemple, lorfqu'elle avait téf ufé la Paix particuliere avec le Royaume de Ia GrandeBrétagne, qui avait été offerte a la République fous les prétextes les plus fpécieux: Et qu'enfin cette Province avait montré, combien elle fouhaitait férieufement de poufler la Guerre avec vigueur, lorfqu'a 1'occafion de 1'inexécution de 1'Expédidon, ordonnée pour Breft, elle avait propofé aux  ( 6i ) aux autres Confédérés, non-feulement de rechercher ceux qui s'étaient rendus coupables ou qui avoient étê négligens en cette rencontre, maisauffi, & principalement, derémédier, s'ilétoit poffible, è la direétion fi vifiblementmauvaife des affaires de la Marine, & d'écarter une fois pour toutes les obftacles qui s'oppofaient a 1'exécution des ordres de la Haute-Régence: Tentative, qui n'avait pas eu de fuccès plus heureux que la première, vu qu'a la Lettre-Circulaire, expédiée a eet effet aux Confédérés, aucun d'eux n'avait répondu, & que d'ailleurs elle n'avoit produit aucun autre effet defiré: Qu'ainfi, & eu égard a la dirêction défavorable, qui avait été tenue jufqu'a préfent dans la Guerre, au peu d'effet de leurs efforts bien - intentionnés pour y porter remede, & a la perfpeótive que la Guerre ferait continuée fur le même pié , fi L. N. P. fe déterminaient avec les autres Confédérés a adopter la première alternative, Elles fe voyaient obligées d'y renoncer: Que L. N. P. ne trouvaient pas moins de difficulté dans la confidération de la feconde alternative, attendu que, quoiqu'il ferait poffible, & que même (ace qu'il paraifloit a L. N. Puiflances) il fut très-vraifemblable, qu'en négcciant direftement avec 1'Angleterre 1'on pourrait ftipuler la confervation de Negapatnam & peut-être une plus grande condefcendance & 1'égard de 1'Article de Ia libre Navigation dans les Mers Orientales, il n'était cependant pas moins certain, qu'il faudroit fe procurer cette faveur a. des Conditions qui ne feraient pas plus avantageufes, finon encore plus humiiliantes , que le renouvellement des anciens Traités, peifidement violés par ce Royaume & interprétés fuivant fes intéréts particuliers; démarche, par laquelle Ia République fe foumettrait non -feulement de plein gré, & plus que jamais auparavant, au joug de la Grande-Bretagne, mais fe mettrait peut-être auffi, relativement è d'autres Puiffances voifines, dans une pofition dont les fuites ne feroient pas moins dangereufes: Que par conféquent, dans Ia fituation è tous égards épineufe, oü la République fe trouve, & qui eft encore empirée fenfiblement par les congés qu'on a prématurément accordés k un nombre de Matelots experts, ainfi qu'en discontinaant les Primes promifes pour les Marins, il neparaiflait refter d'autre moyen, (quelqu'humiliant que püt-être ce parti,) que de fe déterminer a la troifieme D 7 al-  ( 62 ) alternative; fcavoir, de concourir, de la meilleuremaniere poffible, a la Paix générale: A été trouvé bon & arrêté: „ de charger le fusdit Sr. Jean de Ruffeler, ou celui de Mrs. les Députés de cette Province aux Etats • Généraux. qui, en fon abfence, le remplacerait dans Ia Conférence fecrette, comme il eft chargé par Ia Prérente, d'autorifer de concert avec les autres Confédérés, particulierement avec Ia Province de Hollande, les Ambafiadeurs de eet Etat en France a conclure, de la meilleure maniere poffible, les Préliminaire* pour prendre part è la Paix générale, & de ftipuler par ces Articles pour la République des Conditions aufïï avantageufes qu'il fera poffible." Et fera envoyé Extrait de la Préfente a Mrs. les Députés fusdits, pour leur fervir d'inftructions. Ainfi réfolu a 1'Hótel des Etats, le 25 Aoüt 1783. S'accorde avec le fusdit Regiftre. CSignêJ A, J. van Sminia. La pluralité des Villes a rejetté Ie voeu de Ia Nobleffe & de quelques autres Villes quidéfiraient négocier direeïement avec la Grande-Bretagne & lui envoyer une perfonne quali, fiée pour traiter avec elle. Notre trés- libre ville d'Amfter. dam, ainfi que celles qui ont fuivi fon avis, airnent mieux faire quelques facrifices que d'expofer la République aux fuites d'une négociation ifolée avec la Grande-Bretagne. Nous apprenons que le 3 Septembre a été figné è Verfailles les Traités définitifs avec les conditions que 1'on craignait. Mais que nous croyons plus dangereufes , eu' partie pour l'Efpagne puisqu'è préfent le canal des Philippines va étre'ouverte aux Anglais. Et la France devait peut-étre auffi, pour la confervation de Pondicheri, défendre mieux le Comntoir de Negapatnam. De quelle importance font le' Moluques. En 1590 la Hollande avait humilié plus d'une fois Ie pavillon Efpagnol. Elle faifait alors le Commerce qu'elle fait encore aujourd'hui. Ses vaiffeaux portaient lesMarchandi» fes d'une Nation dans une autre. Les villes d'Italie, les villes anféatiques faifaient ce tranfport: la Hollande emporta bien-  bientót 1'avantage furelles. Les Négocians prirent de 1'ambition, ils afpiraient a étendre leur commerce; iis étaient déjü enpoffeffion de celui deLisbonne, otiils achetaient les Mar chandifes des Indes pour les revendre a i'Europe. En 1594, Philippell.devenuRoide Portugal, défendit a fes nouveaux fujets toute liaifon avec Ces ennemis. Cet ordre diété par la haine, n'avait point été pefé par Ia pruden. ce. La défenfede Pbilippe, loin de nuire aux Hollsudais leur devint profitable. Exelus d'un Port oü ils puifaient leurs richeffes, ils fe déterminerenr a aller les pren Jre a leur fource. C'eft a cette époque que les premiers Voyages aux Indes Orientales fut entrepris. Les dangers étaient exttêmes, & les obftacles rebutans. Point de Pilotes qui connuflenc les Mers d'Afie , ni de fafteurs qui en entendiflent Ie commerce. On craignait les fuites d'une navigation de llx mille lieues, pendant laquelle les vaiffeaux pouvaienc être interceptés. Ces fages Navigateurs tenterent de découvrir un paffage a la Chine & au Japon par les Mers du Nord. Lss Anglais 1'avaient déja tenté fans fuccés & les Hollandais ne furent pas plus heureux. Corneille Houtman, Marchand de leur Nation, déteuu il LLbonne pour de.ttes, écrivit aux Négocians d'AmfterJim, que, s'ils voulaient 1'acquitter & brifer fes fers, il leur communiquerait les découvertes importantes qu'il avait faites. On paya. Ses lumieres furent telles qu'ils les avait promifes. Seslibérateu-s formerentune aflbciation fouslenom de Compagnie des Pays lointains , & lui confierent quatre vaiffeaux pour aller aux Indes par le Cap de Bonne Efpérar.ce. Le but du Voyage était do reconnaitre les établiffemens des Portugais. Houtman reconnut les Cótes d'Afrique, Ie Bréfil, Madagafcar, les Maldives & les Ifles de Sonde. ' 11 y vit les campagnes couvertes de poivre, & en acheta'ainfi qued'autresépiceries.II fit alliance avecleprincipal Souverain de Java, &fortitviaorieux de quelques faibles combats avec les Portugais , qui, quoiqu'abhorrés dans le pays, lui .avaient fufcité desiennemis. II ramena fa petite flotte en Hollande riche des efpérances fondées qu'il apportait; il menait avec luiAbdiel, pilote de Guzarate, qui connaiflait les différentes Cótes de 1'lnde. Sur les télations d'Houtman, les Négocians d'Amflerdam réfolurent de faire unétablifièmenta Java, qui leur aflurerait le  C64) le commerce du poivre & les mettait a portée d'avoir' d'autres épiceries plus précieufes.Ce fut I'Amiral van Neck qui fut chargé de cette importante comrniflion. On lui donna 8 vaiiTeaux. II arriva a Java oü 1'on était dans des difpofitions peu favorables pour la Nation. La méfinteiligence des habitans, la haine qu'on avait con9ue pour les Portugais, fer» virentcependant mieux les Hollandais,que leurs armes & leurs négociations. Ils eurent la liberté du commerce, & expédierent biemót quatre vaiiTeaux chargés d'épiceries & de toiles dans leur Patrie. L'Amiral ayanc apris que les Portugais avaient été chalfés de quelques endroits des Ifles Moluques par les naturels du pays, il y fit voile, & vit qu'on n'attendait qu'un prétexte plaufible pour les éloigner de celles oü ils étaient encote. Van Neck établit des Comptoirs dans plufieurs de Ces Ifles, fit des Traités avec quelques Souverains & revint dans fa Patrie comblé d'honneurs &de richefles. C'eft a cette époqueque les Hollandais commencerent leur établlflement aux Molu. ques, après en avoir écarté les Portugais dont la mauvaife politique accéléra la retraite. C'eft en 1602 que les Etats-Généraüx réünirent différentés petites Sociétés qui s'étaient élevées pour faire le Commerce de 1'lnde. Ils lui donnerent le nom de Compagnie des Grandes Indes; &on lui accorda le droit de faire la paix& la guerre avec les Princes de 1'Orient, de batir des forts, choifir fes Gouverneurs, entretenir fes garnifons & nommer fes Officiers de police &de juftice. E111637 ils travaillerent a s'ouvrir lesPorts delaChine, mais infructueufement. L'adrefle & Tor des Portugais traverferentleur deflein. Quelques années après les Hollandais affiegerent Macao, place importante: ils échouerent dans cette entreptife; & pour ne pas perdre le fruit de leur armement, ils 1'employerent. former une Colonie dans les Ifles des Pêcheurs. Ces Ifles font un amas de rochers, elles manqueatde Vivres en tout tems, & d'eau pendant la féchereffe. L'invitation qu'on leur fit en 1624 de s'aller fixer è Formofe leur fit quitter un établiffement oü ils étaient ttop traverfés pour jamais y efpérer de grands avantages: en les appelant a Formofe on laiffa aux Matchands Clrinois 1'éntiere liberté de traiter avec eux. La nouvelle Colonie dut fon éclat è un événement inattendü. L'invafion desTartares enChine qu'ilsconquirent,augmenta la Population de Formofe, par le nombre des Chinois qui vin-  e<55) vinrent s'y étab'ir, & y apporter avec eux leurs connaiflances, leurs talens & leur aflivité. Nous devons hommage ici au Miniftre Hambroek, le Regulus de le Hollande. II fut pris prifonnier par Coxinga, Chinois qui faifaitle fiegede Formofe. Envoyé au Port de Zelande pourengager fes Compatriotes a faire une Capitulaiion, Hambroek les exhorte a tenir ferme, &!eur repréfente avec force qu'en tenant bon ils contraindront 1'ennemi aferetiter. On veut leretenir, fesfilles en larmes fe jettent a fes pieds. J'ai promis, dit-il, tTaller rcprendre mes fers; il faut dégagcr ma parole. Jamais on ne reprochera a ma mé. moiré, que, pour meitre mes jours a couvert, faie appefanti le joug, & peut-être caufc la mort de mes Compagnons d'infortune. On le fit mourir. Formofe a paffé fous la dominaiion de PEmpire de Ia Chine, & aucun Peuple depuis n'a fongé è s'y étabiir. Formofe a ceffé d'être confidérable dès que les Japonnois ont ceffé de naviguer, & d'en exporter les produótions au Japon. Pour réparer Ia perte que nous caufent les entraves humiliantes dont le Japon a grevé notre Commerce, les H illandais s'êmparerent des Ifles Moluques. Les Portugiis & les Efpagnols, quoique gouvernés par un même mii.re, divifé par leur efprit, ne fe conciiiaient point dans letr partage; les Efpagnols les avaient forcés a leur céder ce commerce presqu'entierement , ils fe réunirent cette fcis pour repoufler les Hollandais; ceux-ci furent foutenus des Naturels du Pays, & s'en virent maltres & poffeffeurs vers fan 1627. Lorsque les Hollamiais furent folidement établis aux Ifles Moluques, ils s'occuperent des moyens de faire le commerce exclufif d'épiceries. Les forts que leürs ennemis avaient batis leur fervirent; ils en firent conftruire d'autres, & bientót furent en état d'impofer la loi aux Rois de Ternate & de Tidor, msltres de eet Archipel. Ces Princes confentirent a laiffer arracher des Ifles laiffées fous leur domination , le Mufcadier & Ie Girofflier. Le premier recut en déJomagement uue penfion de 64,500 livres, & le fecond une d'è-peu prés 12,000 livres. UneGarnifon de fept cent hommes afl'ura 1'exécution du Traité. Le produit exclufif des Ifles Moluques s'appelle, les mi. nes d'or de la Compagnie. A 1'exception des cpiceries ,ces Ifl.s font d'une ftériüté affreufe; on eft obligé d'aller cher. cher  (66 ) chert des vivres a Java, a Madagafcar, & dans i'Iffe cJe BalisL Pour affurer le Commerce des Ifles Moluques, la Compagnie afbruié deuxétabliffemens, 1'un aTimor; 1'autre aCelebes. Cette première Ifle a cent lieues de long fur quinze ou dix-huit de large. Elle eft partagée en plufieuts Souverainetés. La feconde eft d'environ cent trente lieues. Les avantages que la Compagnie retirait de ces deux établiflemens eft fi médiocre, qu'il y aurait longtems que les Hollandais les auraient abandonnés, s'ils n'euflent craint que quelqu'autre Nation n'en vlnt prendre poflelflon & troubler le Commerce des Moluques. II y a longtems que la Nation Britannique envie a notre République ce Commerce exclufif des Moluques. C'eft un vieille queretle que le Proteéteur a entamée; il ne pouvait fouffrir fans envie que la Hollande s'arrogeat 1'Empire des mers. Le defirdenous humilier, &d'envahir, s'il le pouvait, notre commerce entier, a paffé de 1'ame de Cromwel dans celles de tous les Anglais. Nous rachetames par de 1'or les prétentions de Charles II, comme nous avions éludé avant par adreffe les conditions dures du Proteéteur. Les Anglais, que nos Anglomanes ont Ia fureur de nommer r,os Alliés naturels, nous ont voulu arracher en touslestems, (*) les branches les plus importantes de notre Commerce. Après que nous eümes exclus les Portugais d'une bonne pai tie des Indes & que nous eümes remporté 1'avantage fur les Efpagnols, nous y faifions un Commerce beaucoup plus confidérable. Les Anglais, toujours avides de nos biens, vinrerft nous le difputer. Les vexations que nous en avons éprou vées dans nos Colonies, ne peuvent trouver place que par parties dans cette féuille. Les bornes qu'elle nous prefcrit nous obligent d'interrouipre un détail hiftorique qui peut fournir a nos Concitoyens de juftes réflexions fur la bonne» foi de 1'Angleterre dans fon amitié pour nous. Nous comp. tonsy revenir encore, & faire un tableau de nos pofléflions Ectuelles aux Indes. Ana' I" (*) Les Compagnies des Indes Anglaife & Hollandaife, fignerent en 1Ó19 un Traité qui portait que les Moluques, Amboine & Banda, appartiendraient en commun aux deux Nations. Que les Anglais auraient un tier, & les hollandais «ieux tiers des producïions, dont on fixerait le prix. Cet accord gatanti par les Souverains refpectifs devait durer vingt ans. Les Holiandais furent s'y foustraire, Voyez FHijloire Pbitoftfbiqite £? Pclitiqtte.  (67 ) Anahfe de la longue tirade du Politique Hollandais d'A. M. C. Na. III. ier Septembre 1783- . Pag, go Je fuis trop bien élevé... CeMonfieur n'a qu'è fe montrer pour que 1'on juge que le dernier crocheteur 1'eft mieux que lui. deuxlignes plus bas..-Votre Secrétaire attuellement en fonction fait beaucoup mieux vivre que Panden. Ceia eft facile a croire. la ligne d'après... Je foubaite qu il foit plus conftant que ce redacteur de votre Politique qui vous a planté la fi brusquement. On fait bien que ce Rcdaélenr n'efr rien moins que conftant, furtout ü tenir fes engagemens. En a-t-ilbien tenu un dans fa vie? Nous favons au moins qu'il y a inanqué avec une infinité de perfonnes. A lalinea... En conféquence de votre Avis ... Pardondons a ce Monfieur de faire des menfonges pour s'égayer. Pag. 40 au baut...On fait bien que les Volt air e , les Rousfeau, les Marmontel, les Addifon.... L'Auteur a eu plus d'une fois la modeftie defeplacer fur Ia même ligne que ces grands hommes, 65 il n'en perd pas encore ici 1'occafion. Pa". 40 plus bas. Nous ne pouvons attirer que les fois. A quoi bon ce mauvais compliment è 1'écrivain & aux lecteurs de cettte feuille? ... ligne pénultieme... Vous difiez... Tel étoit notre deflein; aufÏÏ nous étions nous tenus a donner eet avertiff> jnent,qui dans cette circonftance étoit indifpenfable. Pag. 41. .Vous avez fait la piece du plus plat auteur {jf du plus impudent menteur Du plus plat auteur! Je (•) Les Rédacteurs préviennent trés- véridiquemenr les Lefteurs & Mr. Cerifier qu'ils n'ont aucunc efpèce de part a cette analyfe pas même, dans la forme du terme, de la valeur , de la penfée d'un a. Ils veulent bien jouer & badiner avec MVI. les folliculaires; mais leur dcfiein eft de ne jamais fortir des bornes de la plaifanterie. Une fois, pour toutes, ils déclarent ne point fe möler éiei difpmes d'un ancien Rédacïeur & de fon Libraire.  C 68 ) Je ne m* défends pas la-deflus. Mus du plus impudent raenteur! En vérité cette inculpation m'alarmeroit fi elle nc me venoit de Mr Cetifiet. Pag. 42 Note A. La queflion n'eft pas,... Lesamesviles fontprêtes a chan:er la palino.tie a tous les inüans ,felon que leur intérêt 1'éxigë, Je ne ferois pas furpris que dans fix mris le Sieur Cerifier dit qu'il n'a jamais fait une ligne du Politique Hollandais. — Note B. tl y a trois mois que l'auteur vous menaga du même Ichifme; pourquoi nc lui oppofdtes-vous pas alors votre prétendu droitl Pjurquoi, TVIonfieur 1'Auteur, n'en tifates-vous pis vous-méme? Ah!c'eft que vous étiez dans ia derniere détreffe, réduit au point de faire resfoi:rce de tour ce que vous aviez, de votre propt e ttveu; qi'oique vous gagnaffiez annuellement plus de 2500 florins, comme vous n'en pouviez dis:onvenir. C'eft que pour pa« rer aux pourfuites dont vous étiez menacé, vous aviez befoin de mes fecours. Vous fentiez que fi vous eulïïez parlé de eet honnête projet, vous n'euffiez pas obtenu »n Billets 25 ducats de plus que je ne vous devais felon nos conventiotis. Note C. Avec qnif avec-des perfonnes dont J. A. Crajenfchot feroit d peine digne de délier les cor. dons de) jouliers. C'eft un honneur que je n'en vie pas; je le laifle è Mr. Cerifier. Note D. On fait que t'Auteur a refufé depuis plus d'un an de gagner le doublé &c. Imposture 1 Cette générofité eft fi peu dans fon catacT>.re qu'entre mille traiis, qui montrent fa lezinerie, j'en apporterai pour preuve feu. lement que notre fciffion ne vient que de ce que dans le con pte que je lui ai envoyé, j'ai mis a 15 f. 75 Feuiiles qu'il m'avait demandeés de furplus de celles que j'avais coutume de lui donner. Note E. Citez un autre rédaüeur &C. ou confentez a pajfer pour le plus infigne des hrigands Lit. teraires. Je prie ce Monfuur de nous exp^quer ce qu'il entend par brigand. II le peut faire; ce mot doit entrer dans fon vocabulaire. — 43 Note F. II ne faut pas être forcier pour voir que le Politique . Batard a déjd fait plufieurs bévues. II n'eft pas befoin de 1'être auffi pour voir qu'il faut être d'une arrogance & d'une forfanterie infupportables,pour, dans, deux lignes, s'élever foi - même jufqu'aux cieux & vouloir abais-  (69) abaiffer les autres jufqu'aux enferj. Chantez vos talens Httéraires, Monfieur 1'Auteur, ü vous croyez que cela vous aille, mais chut fur le refte. Pag. 43 Note G. Cela veut dire en bon frangais, que TEcrivain de cette kttre avait alors concu l'idée ou tfabandonner entierement l'ouvrage, ou d'en confier la continuation a un autre Libraire: Cette inceuitude dura d puis le Jeudi au foir, tems auquel fut recu un certain tempte d'après lequel on devoit fe déterminer, juf'qua ce qu\n fut afj'uré que vous ofiez en projetter un autre. Dans 6 lignes voici M. 1'Auteur dix impoftures & je ne crois pas que jamais on ait pu appliquer plus jullement qu'a vous cette apoftrophe, Tu mentiris impudentiffme. Comment avec 1'idée ou d'abandonner l'ouvrage ou d'en confier la continuation a un autre libraire, vous étiezvous engagé formellement le dimarche précédent de le continuer avec moi fur Ie méme pied qu'auparavant, & fi formellement qu'en conféquence je vous abandunnai un Exetnplaire complet, que vüus aviez ordonné a- mon Garcon, quelques jours auparavant, & que je voulus bien bien conde:cendre a différer de trois mois le payement de 2 autres Exemplaiies que vous avez vendus a deux Aniéricains, me difant que ces Meflieurs vous en feraiént paffer 1'argent quand ils feraient en Amérique, quoiqu'il ioii notoire que c'était-ia un tour d'adtefl'e de M. Cerifier} uur fe fervir de 1'argent de ces Meffieurs ou plutót dumien.... Juiqu'a ce qu'en fut ajfuré que vous ofiez en projetter un autre.... Quoi! j'en ai projetié un autre! Vousne Iepenfez pas, Monfieur 1'Auteur! vous êtes même dans Ia conviction & Ia perfusfion du contraire; & j'en appelle a 1'étonnement que vous marquaies chez un de mes confreles, cont vous alliez mandier la pro'.eftion; lorfque vous vïtes un billet oa j'annoncois que mon Politique n'étoit différé que de que!ques jours, & la menace que vous 8t.es en le mettant en poche, de trouver bien ie moyen ae m'en en pêcher. Mais vous vous êtes dit: faiforn? noire métier, dans fdpoir que ceux qui ne connaiffent pas la noirceur de votre ame, pourront vous croire. Mais vous ferez décu & dévoilé. Pour moi je protefie ici n'en avoir pas eu la moindre idéé (dans ce mms) car je dois a ia vérité de déclaier que j'ai été fi révolté de vos indignes manoeuvres, que j ai dcfïré fouveutd'êuedifpenfé d'avoirrien a traiter avec vous. Refte » a  C70 ) 3 favoir qui 1'on croira plus volontiers d'un citoyen honnête connu dans fa ville, ou d'un homme fans aveu, jufte objet de 1'averfion de tous ceux qui ont eu quelques affaires avec lui. Page 44 Note I. Défavoueriez-vous que vous tie poutiez fuivant vos engagemens imprimer qu'un certain nombre cTexemplaires ? J'étais maltre d'en imprimer tel iiombre que je voudraisj' mais, paffé un certain nombre, je devais augmenter Ie payement de votre travail. Ert quoi cela nuit-il a mon droit de propriété? Et vous, homme injufle! défavouerez-vous que vous vous étiez chargé de la correétion , & que pour vous difpenfer de cette peine, vous m'avez amené une perfonne de cette ville, difant quec'était votre ami qui corrigerait le Politique &c que vous en faifiez votre affaire. Cependant le réfultat de eet honnête procédé de votre part a éié qu'il m'a fallu payer è ce Monfieur cent quarante & quelques florins, que vous lui deviez, Monfieur, & non pas moi, puisque c'était votre befogne qu'il avait faite, & que c'était d'après vos ordres que je lui avais envoyé les épreuves. Donnez telle couleur que vous voudrez a cela. Pour moi je dis que c'eft un vol, & furement c'en eft un. Voila vraimeut de belles chofes. Aflurément 1'on vous en doit des complimens. Page 44 £ƒ 45- Note L. D''après cette iniquité de votre part, il ny a qu'un écrivain fans ame £? par con. féquent fans talent, qui puiffe proflituer fa plume a des manoeuvres perverfes & iniques dans le fond in/u* rUufes a tous les hommes de lettres que vous attaques en ma perfonne. Vous êtes un infolent, Monfieur 1'Auteur. L'on voit bien que vous êtes dans le délire de la fureur. A quoi bon inlulter qui ne vous dit rien? Vous vous expofez trop: vous avez affaire a quelqu'un qui fait vous apprécier,& malheur é vous s'il tracé votre tableau. Encore une fois foyez plus prudent, ou, malgré votre effronterie, vous ferez obligé de vous cacher: car il n'y aura perfonne qui ne vous montre au doigt & ne crie haro fur vous. Un Écrivain frns ame! Criez contre, Monfieur : c'eft aux belles ames a s'indigner contre ces gensla & a les dévomr a l'opprobre. II ferait bon cependant que vous pufiiez tirer un voile épais fur votre conduite raciale depuis que vous vous targuez du titre d'Auteur; mais la  (70 la chofe n'eft pas poffible, vous étes connu; & il faut Ta. vouer: vous préfentez un vilain coté tant au moral qu'an phifique. A quoi diable- penfez- vous de parler d'écrivain fans ame? Ignoreriezvous qu'en écrivant ces mots vous fixeztous les yeux fur vous> Et par conféquent un honi' me fans talent. Eh! Monfieur encore une fois, niontrez le vótre & ne vous amufez pas a attaquer celui des autres. C'eft aux lecleurs k comparer, a juger, & votre befogne eft de former une pattie des pieces de comparaifon; mais dans le tranfport oü vous êtes il faut que vous répandiez votre bile noire,acre & purulente fur tout ce qui fe préfente. Page 45 dans la meme note. Manoeuvres perver. fes.... injurieufes pour la forme è tous les hommes de lettres que vous attaquéz en ma perfonne. Laiflez - la , Monfieur, les hommes de lettres. 11 n'y en aura aucun qui veuille faire caufe commune avec vous, ou il ne vous connaitra pas. Page 45 Note E. A Dieu ne platje que nous fa/jions È la Nation Hollandaife Cinjure d'admettre au nombre de fes francs loyaux enfans quelqttun qui s'expofe a être ainfi convaincu d'impofture & de mauvaife foi. La Nation Hollandaife connait fes francs & loyaux enfans, &elle fait a quel point je porte la franchife & la loyauté; elle fait auffi que vous n'êtes qu'un intrus, & que par tout ailleurs on ne ferait pas fi indulgent fur votre manque de franchife & de lovauté. Page 45 Note 12. Car ce n'eft pas ici FAuteur} qui fraude le droit au Libraire, ce dont on citerait peu d'exemples, mais c'efi le Libraire qui enleve la propriété de F Auteur . ce qui n'arrivé que trop Jouvent, témoins les contrefagons nombreufes qui fe font en Hollande oü la Librairie eft comme on fait, livrée a une anarchie &■ a un pillage dont-il n'y a pas tTidée. Grand merci pour tous mes Confrères. Après une fi honnête fortie. ils ne peuvent fe difpenfer de vous envoyer une députation, vous remercier au nom du corps, & vous faire tous les offres de fervice poffible. Voila ce que j'appelle de 1'honnêteté, de la décence, de la circonfpection. Voila ce»qui s'appelle agir en galant homme. Page 45 Note O. Fous avez condamné le Steur Wild dans plufieurs de vosNuméros. Auriez - vous perdu Ia mé- moi-  C72 ) moiré de ce qui fe paffa pour lors, Monfieur 1'Auteur? combiende fois je vous ai diffüadé en Ami, de ne pas fouilIer vos écrirs par vos démêlés particuliers. Si vous 1'avez oublié, il m'eft facilede vous le rappeler; car j'ai en main des pieces écrites de votre main, ou vous accufiez ce Libraire d'un larcin public, le taxiez de fcélérat en toutes lettres & fa conduite de fcélérateffe. Cette piece, vous l'auriez inférée telle qu'elle eft dans votre manufcrit fi je ne m'y fuffe oppofé vivement. Au refte, s'il peut vous refter parlafuite quel. ques p^rtifans, ilne t'endra qu'a eux de fe tranfporter chez moi, & je lenrferai voir ce précieux morceau. Page 46. Notre unique foin a nom (Libraires) doit itre d'entretenir, s'il eft pojftble, aux dépens de leurs fueurs & de leur fang, des cbevaux au manege , des cabriolets élcgans & de dilicieufes maifons de campagne. Voila, Monfieur 1'Auteur, qui eft bien ma!-adroit. Je n'ai ni cbevaux au manege, ni cabriolets élégans, ni maifon de campagne; ce n'eft donc pas moi a qui cela s'adrefie. Quelle néceflité de multiplier vos ennemis? Dans la rage qui vous anime,vous frappez a tort & a travers: en vérité vous me faites craindre que vous ne finiffiez par quelque coup de défefpoir. L'éDITEUR. (Aux Adrejfes ordinair es.) j. A CrajeN'chot, éditeur & feul propriétaire de eéttefeuille, vient de raettre en venteL'AMéRiQUE DéLivRéE, Poême en douze Chants, avec des notcs hiftoriques & politiques, concernant fpécialement la République des fept Provinces-Unies. II Volumes, grand 8°. Et fe trouve chez tous les Libraires dans les Pays- Bas. ^  L E POLITIQUE N°. ckxXVI. LUNDI.ce 15SEPT/EMB., 1.783. NB. Il s'eft gliffé dans notre dernier N°. plüfieurs fautes d'irnpreffion, que ceux qui prennent nop d'intérêt k nous, pourraient remarquer avec foin. Entre plafieurs, une trés groffiere fe trouve jntercallëe dans 1'avertiffement qui précede l'ahalyfe de VEiiteur & feul Propriétaire de eet ouvrage. Cette faute nous parait trcs-défagréable en ce qu'elle jette de 1'obfcurité fur un avis.que nous vouüons qui füt trés clair, Au lieu de dire que nous n'avions point de part (k cette analy fe) de la valeur d'une panfe d'd> on a mis une penfée d'a. Dans un autre endroit, on trouve un pluriel pour un fingulier, ce qui fait une faute de Francais. Plus loin encore k. la note du cul-dejatte il y a une inverfion &c. Tomb' VI. Ê Nous  Cr4 ) Nous prévenons nos Ledïeurs & nos amis une foif pour toutes de ne plus faire attention k ces bagatelles qui échapent, malgré foi, a une impreffion hè» tée & une revifion négligée. Suite de la RéFtJTATioN du MéMoiRE de M. le Comte de Byland. i °. Le danger de rencmtrer rAmiral Hcve était tr»p évident &c. „ On craint un ennemi plus puiffant & prét a nous tom„ ber fur Ie corps, lorfqu'il n'eft pas probable qu'on puifle „ échapper k fa haine & a fa fureur; mais on redoute eet „ ennemi beaucoup moins, lorfqu'il eft très-loin de nous, „ lorfqu'on a affez de tems pour lui échapper & pourfere„ fugier dans un azile qu'il n'oferait forcer, pour exercer „ fa férocité & fa brutalité. Mais vous, Mr. le Comte... „ L'Amiral Howe vous fait peur lorfqu'il eft dans les mers „ d'Efpagne & qu'il fait tous fes efforts pour entrer dans t, la Méditerannée, & Fielding, ou tel autre Commandant n'infpire pas méme 1'ombre de terreur a votre grand „ coeur, lorfqu'il eft a Plimouth & k Portsmouth prét d'aller a votre rencontre & vous punir de les avoir bra- vés!.... Vous ne craignez pas les Anglais, lorfque, trés„ fupérieurs 4 vous, ils n'ont qu'abranler la tête pour vous „ faire trembler, & qu'a fortir de leurs Ports pour vous „ enlever, & vous craig~ez ces mêmes Anglais, lorfqu'ils „ font trrp loin de vous peur penfer a vous &c.... Un ,, bruit vague du tetour inopinéde Howe dans le Canal, „ vous infpire une terreur panique & vous tient en prifon „ dans la rade du Texel, & la certitude d'une flotte tres» „ fupériture a la vótre,préte a mettre ala voile de Ports. „ mouth, nevous empêche pas de fortir du Ttxel & d'aller „ pafler a la vue des Ports d'Angleierte! Donnez-nous da „ meil-  „ meilleures raifons, 11 vous voulez houj convaincre qne, „ le 8 Oftobre 1782, vousn'avez pas manqué a votre de,, voir, & comme Militaire, & comme Sujet, & comme „ Patriote." ,, .... Je fuppofe que ce bruit füt fondé, ce n'était ton„ jours qu'un bruit; orun bruit n'eft pas une certitude, & dans un cas comme celui-ci, il fallait, au moins, une „ certitude quelconque pour vous difpenfer d'obéir. Le i, bruit fourd & trés-peu foutenu du retour deHowe s'eft ,, trouvé faux; eet Amiral n'a feulement pas penfé a revenir ,-, dans la Manche, avant d'avoir rempli, ou tenté efficace„ ment fa périlleufe commilïïon, & avant fon retour vous „ auriez pu faire Ie trajet du Canal au moins trois ou quatre „ fois. Qui fait fi ce bruit n'avait pas été répandu exprês „ par nos bons Patriotes, les Amis des Anglais, pour inti. ,, mider nos braves Officiers commandés pour Breft, &pour „ arréter par ce moyen, une expédition qui n'était nulles, ment du goüt de nos Anglomanes? Vous, Mr.le Comte, „ qui dans votre Mémoire ne raifonnez que fur des probabi„ lités,vousmepermettrez, j'efpere,d'établircelle-ci, & pour ,, lui donner un peu de crédit, j'ajoute qu'elle eft fondéefur „ 1'opinion publique, peut-étre cette opinion générale eft. ,, elle auffi bien fondée, que 1'opinion de quelques particu. liers fur Ie prétendu retour imprévu de Howe." „ Mais fuppofons qu'il füt vrai que I'Amiral Anglais „ n'eüt pu doubler le Cap Finifterre, & qu'il eüt été con„ traint derétrogader; que ferait-il arrivé probablement dans ,, cecas? Voici, ce raefemble, ce qu'on peut en jugeravec „ quelque degré de vraifemblance. Howecontrarié par les „ vents & battupar latempête, devait avoir néceflairement „ fa flotte fatiguée, difperfée & en bonne partie défempa„ rée; car il n'en fallait pas moins pour leforcer derenou,. eer è fon entreprife. Dans quels parages fe ferait efFec. „ tuée cette difperfion? Eft.ce dans leGolfe deGafcogne? „ Dansce cas, il eft naturel de croire que Howe aurait tenu „ la mer amant que poffible , pour tacher de rallier fa flotte „ difperfée, & fi le ralliment s'était effeftué, loin de ré. „ trogader.il aurait continué fa route vers la Méditerannée, „ oü 1'intérét de la Nation 1'appelait autant que Ia gloire ,, des armes Britanniques: Si le ralliment avait été impos„ fible, cette flotte ne ferait rentrée dans les Ports d'Angle» „ terre que fucceflïvement, & par petites efcadres battue» E a „ par  „ par Ia tempête & forcées de renoncer a 1'expédition dV „ Gibraltar. Deux, trois, quatre vaiffeaux réunis étaient„ ils capables de vous faire tête, s'ils vous euffent rencon„ tré? L'Amiral Parker avait appris a fes dépens fur le „ Doggersbank, que Ia Marine de Ia République, bien „ commandée, vautbien celle des Anglais. Etait-il même „ probable que vous auriez rencontré quelqu'une de ces „ efcadres Anglaifes repouffées - par les vents contraires? i, Non,- dans 1'éiat oü je fuppofe la difperfion de la flotte „ Anglaife, ces vaiffeaux maltraités dévaient chercher de „ gagnerle plutót poffible le premier port d'Angleterre, ou „ d'Irlande; or le port le plus piés pour eux, était Ply* „ mourh, en Angleterre c'eft le plus prés de la cóte de „ France a 1'entrée du Canal ,• mais en cherchant a rentrer „ a Plymouth, les Anglais ne pöuvaient vous rencontrer „ que par hazard ; puisque, pour entrer a Breft, vous ne deviez nullement gouverner fi bas en débouquant le Canal. „ Si Howe avait été battu & difperfé par la tempête après „ avoir dépaffé leCapFinisterre, vous aviez encore moins „ a craindre; dans ce cas, Lisbonne aurait été le point de „ raIHment; & alors les canons Anglais font trop courts ,, pour vous énvoyer des volées a la hauteur d'Oueflantj „ car ce n'eft qu'a la hauteur de cette Ifle, quevousaviez „ quelque chofe a craindre des Anglais &C. 6°. L'expc'dition de Ereft était en elle- m'me trop inu. tile & trop déshonorantt pour la Marine de la RépubliqUe 5, je ie concius de ces paffages remarquables : l, Puisque cette efcadre défauvrée n'aurait pu itre d"au„ cune utilité pour notre Allié, que pour préter matiere „ aux bcaux efprits de France, qui, felon teurvivacité „ accoutumée, auraient fait des Vaudevilles qui auj, raient prêti a rire aux dépens de la Marine; de la „ République. Qiielles en auraient donc. été les „ futtes, que la ruine totale d'une Marine qui a peine „ reprend vie, & qu'une futrijjure etemelle pour fa „ gloire! ■ „ Le ton ce mai'.re que vous vous donnez dans votre „ mémoire & dans les deux pages qui précédent ■ celles que „ je viens de citer, étönne avec raifon tous ceux qui ont „ une idéé de la fubordiuatien .militaire. Non content „ d'su  C 77 ) „, d'avoïr fait des efforts multïpliés pour montrer 1'irapoflT„ bilité de 1'expédition de Breft, vous vous érigez ouver„ tement en cenfeur du Souverain; vous lui reprochez im„ plicitement fon inconduite, fon ignorance ,fon étourderie & en un mot tout ce que vous pourriez reprocher a un „ 'iübalterne. On pouttait abfolument vous paffer la dés. „ cription exagérée que vous faites du délabrement de la „ flotte; vous y bleflez, il eft vrai, la vérité, mais du >, moins vous n'y bleflez pas la fubordination; vous vous „ y renfermez, bien ou mal, 'dans votre mécier. Mais ce „ qu'on ne peut pas vous paffer, c'eft de chercher a jus. „ tifier votre désobéiflance en annon9ant publiquement „ 1'incapactté du Souverain , & fon ignorance» crafle a „ gouverner 1'Etat. Vous le dénoncez au Public, ce „ Souverain, comme voulant abfolument détruire notte „ Marine a peine renaiffante; comme voulant 1'expofer ,, a la rifée d'une Nation, qui, felon vous, badine Gr* ,, 'rit de tout; comme expofant le Pavillon Hollandais „ d une flettiffure cternelle. En vérité, Mr. le Comte, „ vous vous émancipez a un point qui effraye tout le „ moude; peut-être êtes-vous le feul qui ne vous en ef„ frayez pas ? Quelle idéé voulez. vous donner des Peres de la Patrie V Que pouvons-nous conclure de leurs , lumieres , de leurs bonnes intentïons, en un mot de leur prudence? S'il eft vrai que 1'expédition de Breft ,', düt nêceli'airement avoir les 1'uites que vous détaillez „ avec fécuritê & affurance, nos Seigneurs les Etats-Gél', néraux & les illullres Peres confcrits qui forment les „'lept Sénats des fept Provinces refpeftives de 1'Union, ,', font de' gens bornés qui n'app:rcoivent pas le péril le M plus évident & que vous feul appereei/ez &c." ( La Fin au N: prochain.) E 3 JMf  C 73 ) DisGuffions litléraires fc? politiques adrejjées au Culde-jatte du Ras-Rbin. Souffrez > Monfieur, que j'entre en lice avec vous, & que je vous prouve combien vous vous égarez dans vos réflexions. Trés badin pbilo/o-pbiiogo.biJlorico.géograpbico.moralico.politico.comi.quo extrémijjimo ridiculo, vous êtes d'une ignorance qui fait peine è vos lecleurs & d'un dccoufu qui enchante vos antagonifr.es.. Je veux vous obïieer i en revenir a nous compter les nouvelles de morts enterremens, coucber & lever des Primes que vous' voulez abandonner a vos confrères; j'aime k voir tout le monde fe mêler de ce qu'il fait. Premierement, je vous reproche un défaut de mémoire loca. le inexcufable, le voici: permettez - moi de transcrire quelques-unes de vos lignes. Vn petit état & furtout un état purement commergant doit foigneufement êviter de fe mêler dans les querelles des grandes puifjances, parcequ'il finira toujours par être la viêli» me de Vune ou de 1'autre, & quelquefois de toutes les deux. C'eft une maxime politique, fimple, d la Dartée de tout bomme de bon fens, fondêe ,ur la nature des cbofes:■ & les fopbismes des Cerifcrs & autres qui ont écnt & cabali pour entrainer la République dans une guerre & pour juflifier cette démarche (*) ne pourront jamais en obfcurcir i'évidence (f). Je paffe fur 1'accufation que 'vous intentez a M. Cerifier. Sans vouloir dépriferfes talens, vous iu. gez bien quun pareil langage peut fe tenir en badiriant, & alors il eft une épigramme pour lui; mais fi vous parlez de bonne foi, c'en eft une pour vous £3 r^Tv^-f36"6^16, V0US aPPe,ez une démarche ï voultt Are. VldenC' de la m"xime 9ue fu«ment vous  ( 79 ) vous. Vous êtes cbarmans, Meflieurs les folliculaires; parcequ'on vous lit, vous croyez gouverner 1'état & vous vous imaginez que votre barbouillage eft le fanftuaire oir nos régens puifent les regies de leur conduite. Je viens au tort que vous nous don nez. Nous ne devions pas faire la guerre. Vous avez donc oublié que ce n'eft point une guerre offenfive que nous venons de faire, mais purement défenfive, & s'il y a un reproche a nous faire, ce n'eft pas furement celui d'avoir fait la guerre, mais bien celui de ne l'avoir pas affez faite. Souvenez-vous que nous avons voulu longtems nous reirancher dans les bornes d'une exacte neutralité, & qu'on ne nous a laiffé que le choix des ennemis. Ce choix même, ce n'eft point encore nous qui 1'avons fait; vous devriez favoir que c'eft la Grande. Bretagne qui nous a déclaré cette guerre que vous improuvez. Ce font des faits que vous avez fu auffi bien que moi. Des ce tems vous vous débattiez dans la jatte ou vous étes colloqué. Ces Ecrivaders qui, fe'Mn vous, Oht entrainé la République, vous en étiez ^ors un, c'eft ce qu'il vous eft impardonnable d'ajbir oublié. Ayez la bonté de vous relire, vous verfez que vous n'avez pas toujours été Anglomane. Des raifons que nous connoiffons auffi bien que vous, vous ont fait changer d'avis; mais elles n'auraient pas dü vous faire perdre la mémoire. Plus loin vous dites que nous avons provoqué Ie reffentiment de 1'Angleterre: c'eft, notre prècipitation d accêder d la Neutralité-armée qui nous a mérité fa colère. Mais, Monfieur, vous avez encore oublié que eet acquiefcement fut fort tardit, trop même. Fallait-il nous 1'aiffer enlever nos vaiffeaux fans mot dire? Fallait-il les laiffer fans convoi pour en faciliter la prife aux Anglais ? Fallait-il renoncer aux parties de commerce qu'ils improuvaient, &en recevoir le fouet comme des enfans qu'on chatie, lorfqu'ils leur auraic plu de juger que nous étions coupables? Nous n'avons été battancs qu'après avoir été £ 4 bat-  ( 8o ) hattus. Monfieur, relifez vos Gazettes, ellcs fur» pjéeront a votre mémoire. La ville d'Amflerdam a fait un terrible Gallicifme. La ville d'Amfterdam n'a point fait de Gallicifme.Vous voudriez faire un Anglicifme & vous ne faites qu'un Jollêciftne de bon lens. Pardon , Monfieur , ceci s'eft trouvé au bout de la plume. Revenons au fait. Si jamais Vutiiité 6? la nécejfitê du Stalhouder ut ont été prouvées, c'eft affurément dans c-eite occafinn-ci. fjevouscite) Qui dit le contraire? c'eft donc vous? car il n'y a pas un bon Citoyen qui le révoque en doute. Nam aurions joui u'une heureufe paix. Vous comptiez apparcmment clouer la France dans votre gazette: car certainement fi elle avait pu agir, elle aurait agi contre nous, & cette heureufe paix que vous vantez, aurait pu être troublée par quelques batailloos qui feraknt venu vifiter nos Provinces. Mms aurions, la navig&fion exdufive des Moluques & NegapatnamCela n'eft pas certain. Mais fuppofaap Je fait,pourriez-vous me dire en revanche cdjfeue nous "n'aurions plus V Forcés de choifir cnK'deux Puiflances fonnidables , ob'igés de prendfT p.irti entre e!les,_rions devions felon vous être vMime, nous n'avions donc que i'option de la main qui devait nous fraper, A moins que vous ce jugiez la France être une Puiffance d'un ordre inferieur, ce qui feroit fort poffible, vous n'êtcs ni bon ju.;e, ni bon Frangais. Nüront ils qu'on ne leur ait p/édit les cm, féquences fatafes qui allaüm en réfuller pour la République"? (Vous vo.yez que je" vous fuis) Hé Monfieur! comment ne nous aurait qn.pas prédic réyenernent'? Chaque écrivain s'était'érigé en Prophéte; aucun n'était d'accord, il fallait bieri que ouelqu'un dit vrai; ce ne fut pas vous: relifez vos gazettes. C w affp s'occuper d'objjts ojjtigeans. Ici le comhacfinit, faute de combatcants, c'eft-a- dire que vo~s. paflez a on"au:re obje't faute d'en favoir davan-  C 81 ) tage fur celui-ci. Rien n'eft plus certain. Nous avons affez de motifs de confolation pour que vous nous en apporciez au moins un, s'il vous était connu; votre projet n'eft furement pas de nous defefpé-» rer a plaifir. Dans votre N°. vous piacez une note en forme d'eraifon mentale. Vous fouhaitez que le Prince Stadhouder oublie les jufies reffeniimens que lui ont donné les ennemis, oui, les enr.emis de TE* lat &c. Connaiflez-vous la conftitution des Pro. vinces refpetrlves de 1'Union, pour déterminer fi c'eft au PrinceStadhouder a fe plaiüdre d'elles, ou fi c'eft elles qui ont le droit de fe plaindre du Prince-Stadhouder? Quels font nos privileges? Quels font les droits du premier Officier de la République? Vous^ n'en favez rien? Apprencz !es donc avant de décider lequel a tort ou raifon, & lorfque vous les faurez, expofez-nous-les, fan- attaquer un citoyen honnête, qui a montré plus de connaiffance, plus d'amour du bien public dans fes Avis refpetlueux, qu'on n'en pourra trouvcr dans toutes les gazettes du Bas Khin , faites Sr. a faire. Le 6 Septembre vous aviez un beau chimp a parcourir. Le malheur arrivé a Mr. de Luzac vous le fourniffoit; mais un cul-de-jattene peut que fe trainer, Aü lieu de faifir cette occafion, que pour le bien de 1'humanité, nous efpérons que vous ne retrouverez plus, vous vous égarcz a nous faire votre apologie. Nous avons ri comme des fous en la lifant. Vraftnerrt, vous êtes plaifarit! C'eft apparemmcnt pour réparer lespcrtes que Mr Cerifier a fait faire è la République en 1'entrainant dans cette maudite guerre, que vous voulez vous occuper h nous rendre des citovens. Convenez que c'eft être trop ridicule. Le premier dont vous vous établiffezle proteéteur, eftM. V. G. C'eft pour lui le coupdepieddel'ane ; après avoir été inculpé par fes contitoyens, il ne lui manquoit que d'être défendu par vous. Ex3minons enfemble les vér tables motifs qui lui ont caufé les desagrémens qu'il éprouvc. Vous n'en ditespas un feul mot; nous al*  C 82 ) allons vo is 1'apprendre. A quoi M. V. G. Echevin de la Ville d'Utrecht, Membre du Confeil,par con« féquent faifant partie de L. V. S. eft il obligé ? A maintenir les priviléges de la ville, & a veilier a la fureté de fes habitans. A-t-il rempli eet emploi? Plus prudent que vous, je n'agiterai point a fond cette queftion délicate. Je me contenterai de remettie fous les yeux du Public la caufe première (que vous nommerez le prétexte li vous voulez) de fon discrédit dans la Régence & dans 1'efprit du peuple. C'eft malheureufement le Politique Holland ais qui fut la fource de cette disgrace. On avoit défetadu cette feuille a Utrecht. M.V. G. en fit faire fraudu» leufement une recherche exacte chez les libraires, il chargea un bourgeois d'aller chez un autre bourgeois demander le Politique, au nom d'un étranger logé au Chateau d'Anvers: M. V. G. y attendait effectivement le retour de fon miiïïonnaire. Cet homme éventa la mêche; il avoua qu'il n'étoit qu'un efpion payé par M. V. G. pour favoir fi 1'homme è quiil 1 adrelToit vendoit le Politique. Le Libraire qu'il cherchoitafurprendre portafa plainte autribunal de L. V. S. & M. V. G. y fut convaincu d'avoir voulu échanger le titrerefpectable de défenfeurdes citoyens contre celui de leur délateur. Cetteaftion iniquedans un des Peres du Peuple indigna contre lui chaque habitant de la Province, il ne s'offrit plusè leurs yeux que comme un perturbateur du repos public, qui vouloit établir une inquifition fecrete, faifant du bourgeois 1'efpion du bourgeois , chargeant 1'ami d'arrachcr k fon ami un fecret qu'il ne pouvoit révé]er fans danger. Vous voyez bien, Monfieur, que le Politiek-Vertoog n'a point jeté les premières femences de haine; il n'a fait qu'y ajouter. Cet ouvrage prouve combien Mr. V. G. eót été un citoyen eflentiel a fa Patrie, s'il avoit fait un jufte emploi des talens fupérieurs que la nature lui a donnés. Cependant vous nous accu fez k tort de n'avoir pas fü y trouver un réfutation; fi vous faviez le Hollandais, vous au- riez  C8S) riez vu que Ie Candidus qui le réfuffc, a pardeflus lui le mérite de plaider une caufe jufte. Candidus n'eft- pas moins eftimé des Républicains que le Politiek - Vertoog ne 1'eft de ceux que vous appelez les Stadhouderiens. Vous vous étonnez encore (car tout vöus furprend) que des perfonnes d'jn rang fupérieur partagent la haine populaire. Les injures fines non méritées ou mérkées même ne fe pardonnent point. M. V. G. s'eft plu k multiplier le nomore de fes ennemis par un ouvrage petillant d'efprit & de méchanceté, la Lanterne Magique. Les perfonnes les plus diftinguées ont paru dans cette Lanterne Magique. M. V. G. nie en étre 1'Auteur, mais fon acharnement a attaquer continueilement fes ennemis lui a arraché le voile de 1'anonime. N'eft ilpascruel pour M. V. G. de ne faire que des ouvrages qu'il eft obligé de nier & dont-il pourfuivroit 1'auteur criminellement s'il étoit fon juge? Sa Galerie de Tahleaux eft du même genre: maltjeureufementpour lui, fon génie Ie décele partout, 6c il eft dans la pofition de juger mieux que perfonne, que tropd'efpric eft fouvent un don funefte. Vous ne partagez pas ce reproche avec lui. Monfieur, furtout quand vous voulez défendre. Un ami ma!-adroit eft plus dangereux qu'un ennemi: ne plaidez plus Ia caufe de vos amis; & furtout quand ces amisauront le mérite cc les talens de M. V. G. croyez que s'ils ont échoué a prouver la bonté de leur caufe, il ne vous eft point réfervé d'y réuffir. Surtout ne défignez plus les perfonnes attachées h fonExcellence, par letftreinjurieux deStadhouderien , je vous en prie. Je veux bien vous apprendre ce qu'il fignifie, ce titre, & j'efpere qu'après, vous vous garderez bien d'en faire la même application. 11 implique que les Stathouderiens falTent corps h part des Républicains, puifque leur chef eft Républicain lui-même, & proprement dit le premier Citoyen de toutes & chacune des Villes des Sept Provinces. Unies des Pays-Bas, & de leur territoire. Comme premier Officier de la République , il ne peut, Il ne doit avoir d'autre. intéréc que les iiens;  C84) fiens; Stadhouderien & Républicain font une & même chófe. Le Stadhouder eft Républicain & les Républicains font vStadhoüderiens; car fi le Stad» houderat efi inhérent a la conftitution de la République , on ne peut ötre Républicain fans être partifan du Stadhouder & 1'on ne peut être Stadhouder fans être le plus zélé Républicain. Et le Stadhouder eft plus grand, étant le chef des Ré' publicains, que s'il était celui d'un parti ifolé féparé de la République. Marius Diclaceur de Rome eft bien au defl'us de Marius chef d'une miférable ligue qui partage PEmpire Romain. Ecrivains funeftes, vous êtes desvipêres,qui avec vos mots de ligue, de parti & de cabale, ne cherchez & ne faites qu'empoifonner les efprits des foibles. Voilé votre fottife: en voulant défendre un Prince refpeétable, vous lui faites la plus fanglante injure. La préférence que nous avons donnêe d des traités que les puiffances quiont~ Jlgné avec nous fan&ifient, fera mon dernier article. Vous nous comparez a la femme duMédecin malgré lui, qui veut-être battue: comparaifoü pour comparaifon, n'avez-vous pas un peu 1'air de Sganarel. le? C'eft précifément le mari de cette femme ; ilfalJoitluien trouver un. Mais revenonsa la raifon. Vous auriez voulu que nous fignons une paix ifolée, fous feing privé peut-être avec la Grande Bretagne. Pour vos intéréts particulicrs, je concois qu'il étoit même fuffifant d'une fimple parole, mais il n'en eft pas de méme des noties, & comme 1'anglomanie n'eft point une maladieépidémique , elle n'a pas gagpé nosbraves &fagcs Régens. Qui, Monfieur, les facrificesque nous avons faits étoient préférables a des avantages préC3ires dont rien n'eüt affuré la durée. Par cette con. ccffion nos anciens traités font abolis, notie efclavage ceffe & nousfecouons lejougdel'Angleterre. Si vous connoiffiez notre commerce des Indes Orientales, la fituation de Negapatnam, l'importance de Ja navigation exclufive desMoluques, vos regrets fur notre détreffe feroient moins vifs. Sachez, Monfieur, que ces rijers Moluques qui contiennent envjrpp, deus cents licucs,& qui donnent leur no:n aux ifles, font la-  C §5 ) ia fource d'o'u nous tirons la mufcade & le poivfe que nous fommes en poffeffion de fournir feuls aux nations. Par la liberté de ces mers on n'a point entendu le partage du commerce; au contraire, il eft fpécifié qu'il nous refte exclufivement & fi la Compagnie des Indes a foin d'armer un vaiffeau de guerte pour chaque comptoir qu'elle a dans les Moluques, fi au pafl'age des Anglois, les Capitaines qui les commanderont ne s'amüfent point a délibérer, mais agiffent, notre commerce ne fera point endomagé. Cette précaution devient indifpenfable. L'Anglais en traverfant ces mers peut avoir befoin de quelques répara, tions, faire lui-même quelques dcgats a fes navires pour fe donner le tems de commercer, tandis qu'on les repareroit: nos vaiffeaux alors, doivent leur rendre les fervices que leur fituation exigera & en même tems s'oppofer efficacement aux tentatives qu'ils voudroient faire pour s'infinuer dans nos comp"toirs. Pour vous réconcilicr avec la France, fachez que Negapatnam entre les mams des Anglais expofé plus Pondichéry que nos poffeffions; & une elle proie eft bien faite pour les temer : cette place importante va fe trouver fous les canons de Madras & de Negapatnam. Afin que vous ne fufpe£tiez point 1'efpaSne apprenez que la liberté des Mers Moluques metfent'en danger les Philippincs qui lui apparticnnent & qu'après avoir traverfé le Canal qui termine les Moluques, 1'entrée de ces ifles eft très-facile. Vous voycz donc, Monfieur , que nos alliésne nous ont pas traites auffi durement que vous vous 1'étiez imaginé puifqne le facrifice que nous avons été forcés de faire peut 'eur devenir plus préjudiciable qu'a nousmêmes. Leur intérêt, le plus lür de tous les hens, nous répond de la folidité de nos traités dont vous auriez repondu feul, fi notre paix avec la Crande- I'retagnc cut été particuliere. J'efpcre, Monfieur , que vous ne trouvercz pas mauvais au'on ait préféré la caution de 1'Elpagne & de la France a la votre. Trou-  C 86) Tuoudle è Utrecht. La caufe Ia plus jufte ne peut fervir d'excufe J' Ia Iicence. Je ne doute point que les habitans d'Utrecht n'aient eu horreur des troubles qui viennenc de fouüler leur parti. La force ne ramene point k Ia vérité; la perfuafion doit étre douce. Plus les efprits s'échaufferont, plus il fe diviferont, & au lieu d'être parvenus k rendre la liberté ö notre République, nous ne ferons que nous précipiter dans les dangers de 1'anarchië. Ce n'eft point le peuple qui a ton; le peuple eft une machine que 1'on monte , qui agit toujours de bonne-foi, & 4 qui Ia perfuafion de la légimité de fa caufe ne laiffe plus de frein. L'événetrient cruel arrivé è M. Luzac & au ProfelTeur van Hofftede k deux jours de diftance, ne font que les préüininaires de ce que 1'efprit de parti peut caufer, fi 1'on ne prend le plus grand foin d'y mettre ordre. Sans vouloir nous ériger en prophéte, fans ófer donner des avis a nos mafcres, nous croyons pouvoir expliquer la tendre follicitude d'un bon citoyen qui tremble pour fes freres. Hoilandais, vbtre tene a été baigoée du fang des faótieux. Tremblez de le redevenir encore. Rappelez-vous ces tems malheureux oii Ie citoyen n'était plus paifible dans fa ville, dans fa maifon même. Retracez.vous vo» Chefs, ces refpedtables Dépofitaires de nos loix, arrachés du fanóluaire de la jufiice par une populace effrénée, dont-ils étaient Ia rifée & les victimes.. L'amourde la République, de Ia liberté dans ce défordre, fert de prétexte aux excès les plus criminels: 1'ennemi égorge fon ennemi en Ie nommant traitre, & un nom facré affure 1'impunité aux fcélérats Le Profeffeur van Hofftede de Rotterdam fut inconféquentjmais était-il criminel? tin voy-  (8?) voyant exercer les Volontaires Bourgeois, il dit: Voici des gens qui feraient mieux de Jonger d gagner la vie d leur femme ö* d leurs enfans, que de s'umu* fer ici. Une femme 1'entend, lui demande de quoi il fe mêle. M. H fent fon imprudence, iï veut 1'adoucir. Cette femme le frappe, bientóc d'autres fuivent; il fe voit entouré d'une mukitude de femmes. M. V.. H cherche a fe fauver chez un Marchand degraines. Ces femmes 1'y asfiégent; il croit les appaifer en leur jetant fa bourle que perfonne ne rainalTe, Le Marchand chez lequel il s'écaic caché, le fait pafier par deffus les toits dans une maifon fort éloignée, On fait oü il eft. II y eft pourfuivi avec le même acharnement ,• le Bourgeois qui 1'a reen eft menacé de voir fa maifon abattue, fi 1'on s'obftine k ca- cher le ProfelTeur. M. V.. H fort. Ces furieufes fe jettent fur lui, le déchirent, 1'accablent: de coups & veulent le jeter dans les canaux. Heu- reufement pour M. V.. H deux échevins, deux Scbouts efcortés de quelques valets de ville y viennent h fon fecours. Ces Meflieurs difent au peuple qu'ils vont mener le ProfelTeur a l'Hótel de Ville. Ce ne fut qu'avec la plus grande peine qu'on parvint a le conduire par des rues détournées pour ne point rencontrer de canaux. II y refta jufqu'è 2 heures du matin, & repartit dans un carofie i quatre chevaux bien efcorté , pour fe rendre è Roterdam. Sa femme, k qui 1'on avait envoyé les lambeaux de fa chemife & de fon habit qu'on avait déchirés, le croyait mort quand il arriva. La fureté, le repos public demandent qu'on prévienne par de fages précautions ces troubles populaires, cruels au dedans pour notre République & déshonorants pour fa réputation. La liberté de la prefle eft un objet facré qu'on ne peut toucher, mais réprimer la licence des écrivams eft ua devoir. Ce font ordinairement les gens défceuvrés & le peuple qui nous lifent, rarement nous 1'ins- trui-  C S8 ) truifons, mais très-fouvent nous 1'égarons. Je voudrois pouvoir perfuader k mes confrères, que nous n'avons aucune influence dans les délïbérations de nos Etats, mais que nous en pouvonsavoir fur 1'efprit du commun de nos Concitoyens. Ainfi, que nous devons ne nous occuper qu'a pacifier les efprits non k les exalter. Nous pourrions alors être vraiment utilcs. Enrichiflbns nos lecleurs de nos connailTances, & n'attiflbns point dans leur ame le feu de la difcorde. (Aux Adrejfes ordinaire*.) j. A. Crajenschot, éditeur & feul propriétaire de cette feuille, vient de mettre en venteL'AMéRiQUE DétivRéE, Poême en douze Chants, avec des notes hiftoriques & politiques, cöncernant fpécialement la République des fept Provinces-Unies. II Volumes» grand 8°. Et fe trouve chez tous les Libraires dans les Pays-Ba9.  L E "POLITIQUE N°. CXXXVII. LÜNDI, ce aa SEPTEMB., 1783. Fin de la réfutatïon du Mémoire de Mr. de Byland. Mr. de Byland dans fon Mémoire juftificatif apporte les termes de Ia commiflïon dont il fut honoré, comme une excufe afa conduite; lesvoici: 11 lui eft donné plein pouvoir, autorité & commandement expres, de ce tems exercer öf fervir la fusdit e charge de Vice' Amiral, de pourfuivre les ennemis de cepays, les attaquertS leur porter domage, deplus, autant qu'il le jugera avanta. geux, de faire que les mers, rivieres & eaux intérieur es foient confervées libres & d'un ufage ivolonté, de faire une bonne garde contre toutes les invajions & expédiiions que quelques ennemisvoudroient faire, contre , ou dans ces pays. Mr. le Vice-Amiral tire eette confequence de la teneur de fa commiffion, que 1'expédition étoit adlibitum, & a fon option, felon qu'il la jugeroit convenable ou non. Voyons ce que lui répond. Mr. Bernard. „ Cette autorité, que votre com. „million vous donnes'étend fur tous les Officiers, matelots, „ & garnifqn des vaiiTeaux qui font a vos ordres: votre auto„rité fe trouve bornéeacela feul. l'Obligation de nuire a nFEnnemi autant qu'il eft en votre pouvoir, s'étendfeule, ment lorfque vous-êtes en mer pour exécuter les ordres F „que  Cs>°) j, que vous avez recus: le Souverain laifle a votre prudeflce „ les moyens d'attaque &de défenfe, lorfque, loinduSou. „ verain, vous ne pouvez plus prendre ou recevoir des „ ordres nouveaux Votre commiffion ne vous „ donne aucun pouvoir arbitraire, ni aucune autorité aótive „ pendant que vous n'avez pas été envoyé pour agir..... „ on vous a fait Vice-Amiral pour commander unedivifion, „ efcadre, ou flotte entiere deftinée è une entreprife, ou j, a une Crofiere; mais on ne vous a pas fait Vice- Amiral pour dire a vos maltres, que cette crofiere, ou èxpédi„ tion n'eft pas utile al'Etat &c... Vous prétendez qu'en „ France, en Angleterre & dans les autres pays, les expédi„ tionsnedépendent fouvent que du purcaprice d'un Mi„ niflre, Quelle idéé nous donnez-vous des Monarques & „ des Souverains de 1'Europe ? Selon vous, ils ne font que „ des Machines ignobles dans lesmains de leurs Miniftres, „ ou pour mieux dire des phantómes de Souverain &c... „ Je conclus fimplement que vous, Mr. le Vice-Amiral, „ n'êtes nuliement en droit d'infulter a la direftion de la „ marine des autres Nations. En France, en Angleterre, & „ dans tous les autres pays les équipemens fe font faits „ a leur tems; les forties au jour fixé & les expéditions „ conformément aux ordres recus; chez nous, Mr.le Comte, „ chez nous, rien de tout cela. Vous dites que ce n'ejl „ pas ici, qu'on fait un crime aux Officiers de n'avoirpas fait ce qui ne pouvsit être exècuté fans miracle. Vous „ ne dites pas affez; permettez - moi d'ajouter: que trop „ fouvent cn ne leur fait pas un crime de n'avoir pas fait ,, ce qu'ils pouvoient & devoient faire.' & il eft certain „ qu'on ne les en punk pas affez féverement. Si je parcours ,, les faftes de 1'Hiftoirenationale, je n'y tronverai pas un „ feul exemple qui autorife même indirectement votre dé„ fobeiffance ; j'y en trouverai plufietirs qui la comdamnent „ évidemment. je vous onciterai un feul:.... c'eftl'Amiial ,, de Ruiter que je veux vous donner pour exemple: „ le cas ou il fetrouva en 1675 eft apeu présle mémc-que ,, le votre, que dis-je Mr.! fa pofition étoit bien plus cri,, tiqué que lavótre: vous allez en juger. De Ruiter „ recoit ordre de partir avec une flotte très.inférieure a celle ,, contre laquelle on 1'envoyait combattre dans la Méditer„ ranée; prèsqu'afluré d'être battu par les ennems plus „ forts que lui du doublé, cet Am iral ne délibere pas fur l'ordre „ précis qu'il recoit; il ne le p efe pas cet ordre du Souve- „ rain  19i y „ rain, il n'aflemble pas fur fon bord, les officiers defKhés „ a le fuivre, il ne mandie par des officiers, un certiflcal „ qui prouve 1'impoffibiliré& 1'imprudence de 1'expédition, » & qui colore la défobéiftnce: de Ruiter fait qu'il „ doit obéïr, que ion ferment 1'y oblige?.,... il pan fans „ balancer & fe contente de dire en pattant:"/>«rrö«/ oü lé Souverain o/e bazarder thonneur de fon paviUon, j'ofe auffi bazarder ma vie; les Etats vouluffent.ih bazarder toute leur gloire, tout leur honneur & toute leur pros- périté fur un feul navire. fob:irais „ II fembleque „ 1'éduca'ion des grands devrait être plus propre k les for^ „ nier au fervice de 1'Etat; on voit par 1'exemple d'un hom„ me de Ia lie du peuple, parvenu a la charge d'Amiral, i, que cette'regie n'ell pas fans exception: on voit, dis je* „ queuE Ruiter, malgté fabufle naifl'auce & fon édueation „ uès-iuilique, fait IakconaMr. le Comte de Jjyland, dont „ l'écfucationadüêtreproportionnéearéclatdefanaiirance. „ Je paffe a votre fameufe reffource; c'eft 1'exemple de „ 'fRpj/jp.N'avez-vouspas vUjMonfieur, quecetexemple,!oia ,, de vous juftifier, vous condamne?.... Nous allons en ju- ,, ger. Quand, en 1613, le Lieutenant Amiral ,, Tromp tut chargé de fortir avec la grande flotte ,iln'eut „ pas '. oti/e d\crire : qu'ilfuivrait les ordres desétats, mais ,, avec rcpugnance, & quil verrait avec plaip.r donner ,, a un autre le commnndement de la flotte Sic.,... „ Mr. le Comte, v.ous é'tes allé beaucoup plus loin que ,, Tromp; vous n'avez nullement facrifié, comme lui, „ vos lumieres, vos pruffendroens, votre goüt, & votre „ répucnance a votte devoir. Tromp fe plaignit, il eft „ vrai, & vous vous ("tesplaint; Tromp étoit officier fiéné„ ral, vous l'étes auffi; voilé, je penfe, les feuls traits c'e „ reffemblaica qu'il y a entre vous & ce grand homme*' „ Tkomp commer.ci par dire qu'il obéitair; il refta a. ,, bord de fon Vailleau, & voyant que Ie Souverain n'a„ va^tpas égard 3 fes repréfemations, ilobéï', quoi qu'il en „ dm arive'r , £? il fort avec la flotte conformé'ment a fes „ or./tes. Vous crmmencez par ne er les ordres du Sou"e„ rain ; vous qa'ttez votre bord fur le plus frivol- p'é„ teS e; vi'usy revenez pmir y faire réfoudre que la flotte , ne forti a pas; vous envoyez vos reprélentations trop tard au .-.ouveraiti & vous fiuiftez psr ne pas fortir, envousécar,, M'it ,iev ordres qui commandaient la forti» de laflofïe qui „ > étoitcui'fiée Vou>voye>. donc, Monfieur,queTsoMP, w que vous prenez pour vemple, & que vous avez fi mal Fa „ imi*  ( 92 ) imité, r,e vous lave par du reprode que la naiion vous „ fait. Permettez-moi de vous le dire, Mr. le Comte: c'eft „ infultf rauxmants de ce gtand homme, que de 1'appeleren ,, temcignagepour juftiner votre conduite par la fienne ... „ Tromp a la doubie gloire de s'être vaincu lui-même, dans „ cette cccafion fi délicate pourun hommede fatrempe,& „ ü'avoir tricmphé pluficurs fois de 1'eiinemi de 1'Etat; & „ vou«, Mr. le Comte mais re pouflons par plus loin „ lepatalkle: ilmefulTu d'avoir démonué que 1'exemple de „ Tromt eft tout-a fait contre vous: votre avocat auroit „ düs'en appetcévoir. „ Je pafle a la conclufion de votre Mémoire; je le défère „ au Souverain comme le monument le plus authentique de „ l'infubordii ation militaire, Comme 1'expreflion la plus „ formelle du mépris & de 1'autorité fuprême, &enunmot , comme une preuve évidente de la perfuafion oü vous êtes „' que la comrniflion r.ommée pour vous juger & pour juger „ les autres officiers réfrsftaires, eft incompétente, &ne peut „ prononcer validement dans cette affaire une fentence de „ condamnation ou d'abfolution. Vous dites que: vous êtes dêjd abfous & jugé par Mr, I'Amiral Général. . Quel autre témoignage décifif a-t.on donc ici, que celui de S.yA, Amiral du foufigné mime, qui, dans Jon Mên.oire du I Janvier 1783, jelcn'fon équitê accoutumée', a eu la bonté, non -Jeulement de deel,rer qu'on ne pouvait pas comprendre que des discours particulicrs, tcnus par un Ojjkh r hors du fei vice, pufj'mt étrefujets a quelque recherche & a quelque informc.tion. ... mais qui a encore bien voulu aifculperle foufigné des accufationsportces contre lui, ayant pour objet Le Manque de subordination et de Discipline .Militaire — Ebt comment donc, puifque le Commandant en chef, de la Marine de ces Provinces a CoMPLéTEmem- absous le foufigné & fes Co-officiers, du crime dc dé' fobeiffance d cc fujet, peut il Venir dans la PESséE de faire faire des recherches Jur la Non existence d'un crime dc cette Nature , par d'autres perfonnes moins auT&iuséES a ce sujet (fous corrcélion) dans une commiffion dèlêguée ; quelques vues de vigilance & de Jollicitude qu'on puifje corfidérer dans ceux Qui font de telles DéLéGATioNf; (qui fe multiplier t) dans P époque fmguliere, dans laquelle nousvivons, parott être fans J'blution aujourd'hui, mais qui dans destetns plus reculés trouvera facilement fon txplicatitn. „ Que de confidérations, que de réflexions è faire  ( 93 } „ fur Ia hardieffe d'une telle aflertion! quel fyflêmedeGou. „ verneraent, Mr. de Byland chercha-t-il a introduiredans ,, la république! Si le principe avancé par le Vice Amiral, „ eft avoué; s'il eft vrai, s'il eft certain, la conftitution de „ la république eft fappée par le fondement & la Souverai„ neté eft divilée eu civile & militaire; la premiete fera du „ reffort des Magiftrats; la fecondefeta toute entiere du reflbrc „ de Mgr. le Stadhouder Capitaine ók Amiral Général de 1'U. „ nion: Mr. de Byland lui éleve un tróne a coté de celui ,' du Souvetain , ou du moins le fait alfeoir a fa droite , fur ,j celui qui fut fondé par ï'héroïfme & par la vertudespremiers républicains qui oferent fe dire tels dans ces Provin. ,, ces; tróne qui fut crimenté parle fang de tant de martires „ de notre précieufe liberté.. . Votre fyftêmed'indépendance, „ Mr. le Comte, eft un crime contre 1'Etat, & peus'eu faut ,, que je ne le qualifie de crime de leze Majefté. Qu.ii qu'ilen „ foit de la dénomination qui lui convient,il merite lui feul „ une punition féverc: les principes erronés que vous „ avancez, méritent 1'animadverfion la plus lérieufe du Souverain. V Amiral-Oénéral vous a- déclaré complé,, tement innocent « tous égards; & une commifiion dé,, léguée par le Souverain, s'ingere, dites-vous, 'fans les ,, connaijjances requifes, d faire des recherches fur un „ crime qui na point d'exiftence. Oui, Monfieur, c'eft ;, une impiété politique que vous avez prononcée; c'eft , un facrüege contre le Souverain; car fon autorité eft fa], crée! Je m'arrête, Monfieur, & fiuis par vous faire une queftion. Vous nous avez dit, avec un efpece de dédain, \, qu'en France, en Angleterre, & partout ailleurs, oü la ), direétion de la guerre eft defpotique, tout dépend ab. I, folument de la volonté d'un Miniftre &c. Si tout dé„ pend ici de la feule volonté de 1'Amiral.Général, la di. ,', redtion de la marjne ne fera t-elle pas chez nous plus def '„ potique qu'en Ftance &c. Qu'eft de plus ctiez nous , I'Amiral Général, que le premier Miniftre de la Marine, " qui réunit a ce département 1'honneur de commander en ;, chef quand bon lui femb!e? Mais tout vótre Mémoire „ n'eft qu'un paradoxe inexplicable aujourd'hui; mais qui , pourtant ironvera, j'efpere, fon explication dans des tems pofterieurs, j'emprunte vos paroles pour achever la l, réfutation d'un mémoire foi-difant juftificatif. Mèmojre * que je n'ai pu lire fans me femir pénétré de la plus vive F 3 ». com-  <54 ) „ compaffion pour vous. L'infulte perfonnelle que vous „ me faites, ceile que vous faites au Souverain, n'cmt pas „ pu effacer dans mon cceur la pïtié que tout homme fen„ fible döit a un Officier qui parait avoir désobéi forme!„ lement aux ordres du Souverain, & qui fe défend fi mal „ du crime dont Ia roajeure & la plus faine partie de la Na„ tion le charge ouvertement. Je fais des voeux pour que Ie Souverain foit affeaé k votre égard , comme je le „ fuis moi méme. Procés de M. de Lali Tolendal. La réhabilitation de Mr. de Lali qui n'a pu avoir lieu tientun article dans les feuihes du cul de jatte du Bas Rhin du 10 Septembre. Je dirai un mot de cette affaire. Je puis attefter la vérité de ce que j'avance, ayant été moi-même témoin de la majeure partie des faits , & connaiffant particulierement Mrs. de Tolendal & Defpremenil. Mr. Defpremoml étoit neveu de Mr. de Leri-Depremenil, Chef du Confeil de Pondicheri, lorsque Mr de Lali en était Gouverneur. La mémoire de Mr. de Leri eft revérée dans 1'lnde, & fes habitans ont trouvé en lui un protr&eur & un pere. Lorsque Mr. de Tolendal entreprit la réhabilitation de fon pere, Mr- Depremenil lui écrivit pour lui offnr des moyens, aux: feules conditions de ne point toucher a la mémoire de fon oncle. Mr. Depremenil a tous les papiers de 1'Inde que fon oncle lui a laiffés; toutes les dépofitions contre Mr. de Lali, fignées des habitans, font entre fes mains 11 pouvast n'en faire aucun ufage, & il n'en eüt fait aucun, ii ne ferait point inteivenu au procés, fi fon oncle n'y eüt été inculpé & compromis. Mr. D. pouffa les égards jusqu'au dernier moment. A Kouen, oh Mr de f. plaida lui.mëme, ainfi que Air. D., ce dernier avanc de commencer fon plai- doyer  doyer dit: Si Mude Tolendal veut refpeSter la mi* moiré de mon oncle, je n'attaquerai point celle de fon pere, qu'il me fajje un Jigne de tête je quitte le barreau & n'apporte aucune opp fition d la réhabilitation de Mr. de Lali. Mr. de T. ne tint compte de 1'avis; fans doute il croyait fon adverfaire moins dan. gereux. Mr. D., forcé de juftifier fon oncle, apporta les pieces authentiques fur lesquelles les Pariemens ont prononcé. II n'y a point iei de prévention; fi le cceur des juges penchait pour 1'un des deux cliens, c'eft M. de T. jeune, intérefi'ant & plaidant la caufe d'un pere , qui réuniffait tous les vceux. Loin que Mr. T. ait a fe plaindre de la France, il doit être pénétré de reconnaiffance pour elle, il doit a 1'indulgence de fes loix & k la bonté du Monarque, fon nom, fon exiftence dans le monde, & la gloire d'avoir pu en défendant Mr. de Lali le nommer hautement fon pere. Lorsque le cul de-jatte avance que jamais les corps ne fe font rétracïés, il prouve qu'il n'a pas même une teinture de cequi s'eft paffé fous nos yeux. II y a, en cherchant dans 1'hiftoire de nos jours, trente exemples au moins de réhabilitation. Les gens fages onc trouvé qu'on réhabihtait trop légerement, & que pour plaire h une familie, on biffait fouvent un arrêt jufte. Comme de pareilles caffations démontrent que le corps s'eft trompé, elles tendent a diminuer fon credit dés qu'on les répete trop fou. vent , ce qui doit rendre très-circonfpeét a cet égard. Mais c'eft la fureur de cet homme que la France ait toujours tort. Gagifte du parti Anglican, fi j'étais du nombre de ceux dont vous vous établiffez 1'apötre, je pourrais vous payer, mais ce ferait è coup fur pour vous taire. Vous avez badiné de notre désintéreffement, le vötre eft bien auffi plaifant. Ce n'eft pas une dédicace en tête de l'ouvrage que vous adrefiez aux fauteurs du defpo-, tifme, ce n'eft point non plus k Alser, a Conllanti nople , que vous cherchez vos héros, ils font plus F 4 a  ( crj ; k votre portée, vous aimez k avoir vós affaires fous la main. Vos principes d'humanité font furtout uniques. Pour conferver M. v. G- a la fociété, vous voudriez en faire exclure tous les membres qui le rcjettent: c'eft certainement la plus grande partie des fept Provinces. Le facrifice d'un feul è tous me femble , ne vous déplaife, plus humain, que celui de tous a un feul. Dans ce que vous nommez votre plaidoyer, vous menacez au nom de votre partie, tremblez s'il parle, en attendant nous baillons en vous lifant. Et pour Dieu Iaiftez le métier d'avocat: vous' y réuffiffez mal; a quoi bon des bravades, pauvre cul-de-jatte! LETTRE ^'Utrecht, adreffée d Pcditeur & feul proprktaire de cet ouvrage. Monsieur, J'ai lu 1'article du Courier du Bas Min N°. 71, daté de Cleves du 3 Septembre. Jevoudrais pouvoir vous donner des détails fideles fur 1'afFaire arrivée ici a Mr. Luxac Avocat en pratique, mais on varie de tant de manieres fur les rapports qu'on en fait, qu'il eft plus que difficile de démêler Ia vérité. Quand même j'en ferais parfaitement inftmit, je vous prierais de me difpenferd'entrer fur ce fait en difcuffion avec le Courier du Bas-Rbin. Le rédscteur de cette feuille fait, depuis trois ans, fa principale étude du foin de décrier les Souverains des Provinces refpeftives de 1'Union. II inculpe nos Régences, attaque les membres de laMagiftrature & nous traduit a la face de 1'Europe comme desféditieuxque 1'efprit de pani égare, qui foqlent aux pieds les droits facrés des citoyens; & ne connaiffent pas 1« vraipatriotifme, ou du moins ne font pas guidés par lui, & pour faire un tableaa d'oppofition, il cite ceux qui ont eu part aux déliberations prifesdaijs cette guerre pour enempê£her 1'efficacité, ceux aqui nous avons a reprocher la honte don|  (97) dont la paix nous couvre, comme les vrais fages & les feuls Républicains. Vous trouverez dans le même N°, qu'ils ont eu raifon en oppofant des digues a notre jutteresfentiment contre 1'Anglais, & qu'en tout tems on aurait dü ne fe régler que fur leurs décilïons. L'intolérable faulTeté de cette feuille, la fait placer ici au même rang que Ie Po. litiek-Vertoog, POude Nederlandfche Patriot, Reynier Vryaardz Brieven, le Post naar den Neder-Rhyn & tant d'autres libelies infames, que nos bons citoyens, ceux qui gardent a leurs Régens le refpeét & la confiance qu'ils leur doivent, n'ont lu qu'avec horreur. Cette gazette, au grand préjudice de fon éditeur, a perdu ici tout fon crédit. On y a reconnu plus d'une fois a la touche, des morceauxque 1'auteur du Politiek Vertoog lui avait envoyés, pour plaire a fon comptoir 11 eft tout fimPle narchie. La fociété en corps peur, réclamer fes droits  C 99 ) droits , elle en a le privilege ; le citoyen ifolé , s'il efi mécontent, doit ou s'exiler, ou faire le noblé facrifice de fon reffentiment au bon ordre, a la tranquillité publique. Le citoyen fe doit a la défenfe de la' caufe commune, il doit 1'apuyer de fes forces; mais les fecours qu'il lui donne, pour étre légitimes, doivent être fanclifiés par la généralité. Trop fouvent dans les troubles populaires, le bien public a fervi a masquer des forfaits monftrueux; 1'homme animé ne voit point le crime qui fe commet è fes cótés La poftérité nous juge. & nos defcendans rougiffent en la voyant prononcer fur nos crreurs. La liberté efi le premier bien de rhomme; mais ce bien facré ne peut s'aquérir par la licence: les citoyens font bien moins libres livrés aux horreurs de 1'anarchie, qu'ils ne le font même fous un defpote. II faut pour que notre liberté foit réeüement un bien, qu'elle n'émane point de notre caprice: qu'elle ne puifie y être en butre, & lorsque nous avons fait choix d'un Souverain , c'eft; a lui a févir contre les refradtaires, & non au particulier a les punir. Cet acte de révolte eft cruel pour le citoyen qui en eft la viftime, eftrayant pour celui qui en eft le fpeftateur, & injurieux pour le Souverain, en ce qu'il femble 1'accufer tacitement d'impuifiance & d'incapacité. Nous fommes loin de tomber dans ces excès criminels , la tempête eft annoncée par des nuages, mais tous les nuages n'annoncent point une tempête. Celui qui a couvert notre horizon, ne 1'a point hetireufement fouillé du fan" des victlmes; la prudence de nos Régens va les'écarter pour jamais, & nous pourrons refpirer fous un ciel ferein que nous devrons a leur fageffe.  ( IOO ) De la Haye le i Septembre. Monsieur, Je vais fatisfaire votre curiofité. Vous voulez favoir auel eft ce Monfieur Henri van Dieft, qui vient dëtre élu membre de la Magiftrature de cette ville. M. v. D.eft Miroi tier de S.A. & 1'un de ceux qui fignerent la fameufe adresfe de remercimens au Prince- Stadhouder. Vous favez que cette adrefle fut défendue par les Magiftrats de cette ville Vous medemanderez peut-être fi le pofte honorable oüM* v. D. fe voit élevé, eft la récompenfe de fon attaché' mem a S.A. mais il me ferait aufli difficile da rélbudre cette queftion , que celle que m'a faite un de mes amis, il v a auel ques jours. II voulait favoir fi le fameux Sandberg Vcomiü aufli par fa fignature) n'avait pas droit de prétenrire a la première place vacante dans la Régence. Te ne fais s'il a droit, mais on dit qu'il efpere. Lom que 1 olivier de la paix nous ait apporté le calme & la tranquillité, ïlfembleque lesefprits font encore plus fortement agités depuis ce grand événe. ment. Ceux dont les avis ont eu quelque prépondérance durant la guerre ont achevé de tomber en discredit. Nos regrets, nos récriminations deviennent inutiles a notre gloire & ne font que troubler notre repos. Si jamais 1'unaminité è été néceffaire c'eft eer tainement a préfent. pour rétablir la concordi dans riotre République Nos pertes, quoique réelles, ne lont pas afTez confidérables pour abatre notre courage, & la conduite glorieufe de nos régens dans une poution ou il fembloit n'y avoir que de Ja honte a attendre, peut confoler notre vanité. Nous n'a vons point ravalé notre dignité en mandiantla com. mifération dune puiffance qui fuc im'ufte envers nous, &nous avons appris k l'Univers,que laHollande, qu on fuppole conduite par un génie mercantilis, fait ficnfier 1'intérêt a 1'honueur. Le grand Con- dó  ( ioi ) dé difoit de Mr. de Crequi, lorsqu'il eutété entierenfen défaic a Confarbriek , qu'il ne lui manquoit oue ce«e défaite cour être le plus grand Général de fon tems. Ce n'éft pas toujours le fuccès qui décide la gloire; le courage a foutenir le malheur, asfuréqu'on a les moyen! de le réparer. En dépit de Anglornanes, nous béniffons tous une infortune qu ronfpt les ncèuds qui nous lioient J eu*. Dégagésdu frein de 1'Angleterre , hbres de fesfeis, nous resSons enfin, & notre bonheur ne dépendra plus de fa To onté d'un allié accoutumé k nous traiter comme le Souverain traite fes vaffaux. Hollandajs, peuple libre, vóüs 1'avez recouvré ce bien ineftimable, cette liberté défirée, que tous les yrais païïiotes idolatrent: fi nous la confervons entiere, indéSante, & qu'on ne la laiffe point endomager nariucune influence maligne, nous menterons 1 esKme des nations dont. les yeux mais fi nous revenons fur nos pas, fi 1 Anglomanie fc mêloit k 1'amour de la patrie, nous nefenonsplus quedes êtres abje£ts,que ^^^J^Féentraïne, & qui n'ont ni affez de force ni allez oenerSe , pour vouloir conflamment le bien qu ils ont vouTu une fois. L'habitude & un ancien préjugé nou ont fait croire 1'Angleterre notre alhee naturellf • fi elle eüt été de bonne foi avec nous, fans doute fon alliance nous feroit précieufe, mais cotnelle n'étoit que relative a fes intéréts & que les nótres on: été conftamment lezés , elle nous fut: funefte L malgré toutes fes proteftations, elle nous 1 ferok wufaurl Son orgueil eft un obftacle infur'on able k une union permanente : toujours exigeante, elle femble indignée qu'on ofe lui disputer Ë ufurpations. Comme certams particuhers qui donnenVa leur amis la préférence des «a^procédés, elle referve pour les fiens les traitemens les p us honteux, Anglais, vous avez cru que nou. ne Lions compter que 1'or. Doggersbank ,& notre fermeté aauellè.vous apprennent que nous ne fomme  ( 102 ) point dégénérés. Les .préliminaires de Ia paix onf été fignés le 2 de ce mois & les traités définit fe £ puiflances belligerantes 1'on été le n, On SS que nos préliminaires feront ratifiés par les Etar, des différentes provinces. Dans 1'afiembléedes Etats de Guejdres fix membres de l'ordre équeftre Cles Barons de Nyuenbeim, Pere & deux fii ]» Capelkn tot den Ajarsb, Lynden d'Oldemller, & Zmlen de Nyeveld, ont donné leur avis en ces termet. „Vu lafituation critique & déplorable, oh la République fe trouve plongée , & qui doit unique» ment fon origine 4 la perfide influence que la Grande-Bretagne a feu fe procurer fur tout not e byV-emepolitique. r>rlUence, qui ébranle encore aujoura'hui notre Cocftitution jusque dans fes fon demens, & qui, fi elle n'eft arrêtée efficaJemen°& anéanne par cette Nation trop longtems irritée entrainera certainement la mine affurée dé" "otrê Patrie;; la connnuation d'ure guerre jufte de'nr, tre part, mais qui nous a été déclarée de la rni" nière la plus injufle, feroic fans doute le moven le plus propre a réfréner un ennemi étraneer % 4 épuïfé par une longue guerre, & pour écrafèr 4 jamais cette cabale pernicieufe, qui, fixée au mi! heu de nous, a concouru avec lui 4 couper 1'arrL re vitale a nctre Liberté & 4 notre rJfen. êEre Pour cet effet notre INation auróit affez de cou £ ge & affez de reffources. Oüi, nötre Rép>Se fe trouveroit abondamment en état d'v f ffire C, la neme influence ruineufe en faffofi écbouTr toutes les mefures, qu'on prendroit dans ce deff in • Ce pourquoul ne refte 4 notre Patrie, tourmen«l* & makrauée d autre parti que d'acceper dl* ce moment la Paix, celle qu'elle eft préfcrice & oéft arrêtée entre les Puiflances EelligérUes,PouVSré! vemr une alternative encore plu? perrfic eu7e ^ tamment le renouvellement des anc'ens Traité* avec Angleterre. Quant 4 nous, S laEóns pas-  C 103) paiTer, fans donner notre fuffrage, la Conclufion pour fe joindre a cet égard a la Réfolution de la Hollande : Mais, refponfables a la Nation, aux Générations préfente «Sc future, nous ne fcaunons jamais donner notre aveu a la fignature d une Paix fi ruineufe & fi flétrilTante. Et a cet égard, Nobles & Püissans Seigneurs, nous agiffons conformément au Syftême que nous avons declaré fi fouvent en cette Aflemblée, relativement a 1'Adminiftration des affaires. De concert avec d'autres Membres . de la Confédération, nous n'avons ceffé d'infifter, pour qu'il füt effeccué une Alliance formelle avec la France; Alliance, qui , fi elle eüt pu avoir lieu, nous auroit garand d'une fituation auffi humiliante: Nous avons préfagé les fuites, qui réfulreroient de la Réfolution d'accorder les Convois avec limitation, ainfi que du délai qu'on a mis a accéder a la Neutraiite- Armée, qui nous avaic éré offerte :> Nous avons fait des plaintes itérativeg fur 1'inaftivité fi furprenante & fur la mauvaife direftion de notre Marine , dont 1'effec devoit être naturellement, qu'on mït 1'Ennemi a même d'exécuter fes deffeins: A 1 egard de la nonexécution de 1'Fxpédition pour Breft , nous nous fommes dé]k explinués dans le tems, & nous avons confidéré la désobêiffance qui a eu lieu en cette occafion,comme le fymptóme du danger, dont un pareil procédé menacoit la dignité, le falut même de la République, a moins qu'on ne prit fur ie champ les me- fures le^ plus efficaces a ce fujet. Mais qifeft- il beroin de narler plus au long de cette Direction de la Marine, qu! a vifiblement choqué toutes les régies? Ce qui vient de fe paffer tout récemment, en mettant plufieurs Vaiffeaux de guerre hors de Commiffion , & en congédiant un nombre confidérable de Matelots experts, au moment que la République était encore en Guerre contre un linnemi perfide, ce procédé prouve olus que fuffi amment, que les foupcons de la Nation entière ne  ( io4 ) font que trop bien fondés. Noas laiffons donc les fuites de cette malheureufe Paix pour le compte de ceux qui en ont été les Caufes premières. Que ceux» la juflifient leur conduite prés de la Nation, qui ne fe laiffe pas contenter par des Juftifications volumineufes, mais forcées, & qui fcaic apprécier a leur jufte valeur tous les efforts fincères pour Ie falut de la Patrie! Pour nous, nous aurons foin de laver notre conduite devant fon Tribunal ; & a cette fin nous nous réfervons notre Annotation ultérieure." Sur la propofition de Ia ville de Dordrecht, lesEtats de Hollande ont décidé le 7 Aoüt: Qu'il feroit enjoint aux Conjeülers öf Minijlres refpetlifs des Colléges de Vamirauté, réfiiant dans la Province, de faire d L. N. & Gr. P. le plus promptenient poffible le détail des forces maritimes, durang des vaiffeaux, du nombre des équipages ,&Je leur rendre compte fi 1'on a congedU un nombre confidérable de Marins; & en cas d'affirmative , combien , quand, pour qu'elle raifon, au par l'Autorité de qui 1'on a fait cette diminution dans nos forces navales. Leurs Nobles & grandes Puiflances ont auffi arrêté de faire de nouvelles inflances prés des Etats Généraux pour qu'il foitétabli une commiffion d'un Député de chaque Province pour connoïtre de PAéte de défobéiffance commis par les officiers chargés de 1'expédition de Breft. (Aux Adreffes ordinaires,) j. A Craj'-nsceïot, éditeur & feul propriétaire de cette feuille, vient de mettre en vénte L'AKéRioüE DéuvRéE, Poême en douze Chants, avec des notes hiftoriques& poütiques, coricernant fpécialement la Républkjue des fept Provinces-Unies. II Volumes, grand 8". Et fe trouve chez tous les Libraires dans les Pays- Bas.  L E POLITIQUE MQLX*JÜSTI>JLXS. N°. CXXXVIII.LUNDI,oe 39 SEPTEMB., 1783. Le Politique Hoixandais au Politiquc HoiX&jNDAIS. Mon Frere. tout ce que l'Hifioire nous rapporte des Freres ennemis eft prêt a fe renouveIer entre nous. Une nouvelL' Thébaïde naft au fein de la Batavie , .& non moins crueis que les fils D'Oedipe, 1'ambition de régner feul fait germerdans notre ame les femences d'une haine irréconcdiable. C'eft une terrible chofe que les querelles de familie! mon Frere, ne faurions-nous vivre en bons parens? Vous avez fur moi Ie droit d'aineffe; comme votre cadet, je fais les avances d'une réconciliation fin» cere: il y a beaucoup de mal-entendu dans tout ceci: je fuis doux moi; notre pere commun eft un peu plus irascible; mais auffi vous êtes un enfant défobéiflant qui avez abandonné 1'aile paternelle; en fils bien né vous lui devez quelques égards: cependant vous vous émancipez d'une maniere étrange, G auffi  C 106) auffi il vous deshérite & a Iancé fur votre tête les foudres de 1 exhédération, craignez les fukes de la malédiótion paternelle: mon Frere, tremblez de donner un mauvais exemple a notre familie qui a ca prés des qm rel'es domcftiques, dont maintenant le public efi auffi bien informé quenous,avait toujours vécu dans une union décente. Vous devez être touché, mon Frere. que votre cadet, que vous avez dit C& fait impi-imer qui pis eft}, être un écrivain fans ame & fans' talent vienne humblement 1'olivier a la main, vous propofcr la paix. Vous voyez que fi le Ciel ma refufé une ame. il m'a au moins donné un cceur fenfib'e. Mes talens, mon Frere,ne font pas non p'us fans quelque mérite, puisqu'ils émanent des vófes, S que je glane dans un champ oh vous avez moiffonné fi abondamment: ceci eft un peu obfeur. mais * mon Frere; nous avons été fi clairsjusqu'a préfent, que quand nous prendrions un voile modefte peut-être ne feroit ce pas un grand mal, Vn gaze légere fied h la beauté; elle prête un nou» vel éclat è fes charmes, un écrivain habile doit aufli l"emprunter par fois: un appercu de la vérité eft plus piquant que la vérité; il faut toujours laiffer quelque chofe pour 1'imagination des lecteur»; car convenez en, mon Frere, ils ont quelque intelligence. voir même les libraires. II fauc parler pour tout Ie monde. J'aime la juftice; & dans tous les cas, comme leur ftupidité nenous don ne pas plus d'efprit, è quoi bon la leur reprocher? Vous voyez que je mets de la politique même dans les morceaux d'effi fion. Je veux donner un exemple de modération aux Auteurs mes Confrères; il ne fera peut être pas fuivi; ce fera leur faute; le public & eux y gagnerait. Je veux montrer a mes Concitoy ms que je luis un bon ch> étien , ce qui eft rare au dix-huitieme ficcle, & que le pardon desinjures, cette bellemax;« me de 1'Evangile, eft mife en pratique par moi. Nous avons déja. avec une bonne foi qui devroit être louée dans tous les journaux, abandonné a Cé/ar ce qui ap~ par-  C 107 ) partietat d Cé/ar. J. A. Crafenfibst fe borne au titre de bon citoyen, nous rendöns ceite juftic, ólaverité; noas pouvion no'is enrichir a fes dépens; c'eft nous qui I';,vons déterniiné k avouer fes productions. Nous méprifcns trop la ba fit- envie qui fe plaït a' ufurper a autrui 1'honneur qui lui appartient, pour mettre fur notre compte ce qui dé fait & de droit elt a lui. J'efpere mon Frere que vous voudrez bien faire un beureux retour fur vousrnême; en récompenfe je vous promets de fouetter réguherement chaque femaine le Cul de-jatte qui henniffait contre vous. Js vois, mon Frere .que vous n'aimez par fes ruades & que vous pourfuivez votre chemin fans mot. dire: moi qui fuis d'humeur gaie je vous promets dele fi bien maneer que nous le ferons marcher droit. \ oici les. préliminaires que je vous offre. il ne tient qu'a vous de les fi. gner: j'efpere que cette paix ne tro ïvera pas plus' d'obftacle que celle des trois puiflances qui viennenc de fe réunir, établiffons nos traités a lombre dea leurs ,& gardons-nous la foi que les rois fe gardent rarement entre eux. Aux Partifans de VAngleterre, , Meflieurs les Anglomanes, permettez que je place (bus vos yeux une preuve authentique de l'a« mitié de ceux que vous appelez nos alliés natureis. Je ne doute point qu'avec votre bonne foi accoucumée vous ne leur trouviez des railbns juftificatives : certainement nous avons eu tort; mals' quel efi: ce tort? Les républicains le connaiflent,en géiniflent , & il eft préniement le contraire dë celüi' que vous nous reprochez. Ga , EX,  ( io8 ) EXT'RAIT d'une Lettre de Paris du 29 Aoüt. „ L'expérience de tous les tems n'a prouvé que trop fouvent, que la probité & les principes rigoureux de juftice , qui font la bafe des devoirs de la Société Civile entre Particuliers, ne forment guères la regie des procédés entre Nations , & que le Droit du plus fort eft ouvertement regardé dans les Négociations comme le titre le plus valable, dont on puilTe s'autorifer. Celles qu'il y a eu ici depuis le Nouvel-an pour rétablir la Paix entre la Grande ■ Brétagne & les Provinces - Unies nous fournilTent un nouvel exemple de cette trifte vérité. — Dans la convidiion, oü toute YEurope impartiale a été , de 1'injuftice infigne de la Guerre, que le Cabinet de Londres avoit déclarée a la République, —— fur-tout après 1'aveu que M. le Secrélaire - d'Etat Fox avoit fait en plein Parlement, qu'enfuite de la recherche la plus exacïe dans les Papiers Miniflériaux il n'avoit pas trouvé l'ombre mime d'un prétexte pour attaquer les Hollandais , qui aurait cru que cette mérre Puiffance, ce même Miniftre , auraient profité des circonftances pour confommer l'ouvrage, dont ils avaient avoué eux mêmes 1'iniquité ? Si 1'amour de la juftice n'était rien è leurs yeux , la faine Politique du moins aurait pu leur difter, qu'apiès s'être aliéné 1'affect.ion de tout ce qu'il y a de vrais Citoyens dans la République, en entaffant vexadons fur vexations , outrages fur outrages, le feul moyen de rétablir 1'ancienne amitié entre les deux Pays, & de ramener les Hollandais aux intéréts Britanni. ques, était de réparer, s'il était poffible, les torts qu'on leur avait faits fous le Miniftere de Mylord Norih, en tenant envers eux dansles Négociations de  C 109 ) de Paix une conduite conforme k la droiture & S 1'équité. Le Narré fimple & véridique de tout ce qui s'eft paffé dans ces Négociations mettra VEurope a même d'appréeier k cet égard les procédés du Cabinet de St. James" ,, Le premier trait d'ancienne inclination, que les Plénipotentiaires Hollandais éprouverent de la part de ceux de la Grande-Brétagne , ce fut de les voir terminer les Préliminaires avec les autres Puiffauces Belligérantes, avant qu'ils entraffent en Négo. ciation avec eux. L'injuftice des Conditions, qu'ils leur offrirent enfuite, particulierement la Ceflion de Negapatnam, fur laquelle ils inflflerent, firent trainer ces Négociations jusqu'au 7 Avril, lorsque les Etats • Généraux autoriferent leurs Plénipotentiaires „ k concourir enfin k la conclufion „ des Traités, aux Conditions les plus favora. „ bles qu'ils pourraient ftipuler pour la Républi„ que, fi, contre toute attente & malgré leurs „ repréfentations & leurs inftances, ils voyaient le „ moment venu , que les autres PuifTances figne„ raient le Traité Définitif fans le concours de „ 1'Etat; inhérant néanmoins L. H. P. les ordres, ,, qu'EHes avaient donnés précédemment k Mrs. „ leurs Miniftres, relativement aux obftacles, que „ les Anglais prétendaient avoir été apportés a „ leur Navigation." „ Munis de cette Réfolution, les Plénipotentiaires Hollandais infifterent, de concert avec M. le Comte de Vergennes, prés du Miniftre Anglais , pour qu'il dispofêt fa Cour k des Conditions plus équitables, fur-tout a renoncer k la polTeffion de Negapatnam , qui continuoit d'être la pierre d'a"choppement, oh les Négociations venaient fe beurten Mais, quelque évidentes que fuflent les rai« fons de juftice, dont ils revêtirent leurs inftances, ét quelque appui qu'y donnat M. le Comte^ de Vergennes, elles n'eurent aucun effet; & Mr. FitzHtrbert perfifta dans fes prétencions, parciculiereG 3 ment  ( ) fnent dans la demande de Negapatnam. Les Mi» Bittres Hollandais penferent donc, de concert avec les Députés de leur Compagnie des Indes préfens è Paris, k trouver quelque Equivalent a cette Pnji feffion ; & ils déclarerent en confëquence a Mr. Füz Herben, ,, que pour montrer combien ils 9, fouhaitaient finceremént d'écarter tous les obfta„ cles, qui rétardaient le rétabliffement de la Paix v entre les deux Nations, ils offraient de céder, „ k la place dc Negapatnam, les EtablilTemens de ss la Compagnie fur la Cóte Occidentale de Suma„ tra & è Suratte ■ Cefïion, dqnt 1'importance mé„ ritait que, de fon cóté, I'Angleterre prouvit, „ par une condescendance convenable, la fincérité „ de fes vceux pour le retour de la bonne harmo„ me entre les deux Puiflances. " „ Pour peu que le M inifterc Anglais eüt defiré de donner , dans le cours des Négociations, un témoignage de cette ancienne amitié , qu'il prétendait avoir confervée pour la République, des Conditions qui répondaient a tous égards k 1'idée de la fupériorité Britannique, auraient dü le fatisfaire : Mais il n'en fut pas ainfi; &, après qu'il fe fut écoulé un intervalle de tems confidérable , leg Plénipotentiaires AnglaL informerent ceux de la République. , que le Cabinet de Si James avaic pns en confidération la nouvelle Propoficion , „ qu'ils avaient fake; mais qu'il 1'avait trouvée de „ nature k ne pouvoir être abfolument acceptée - que, quoique la République püt attacher poui „ eile-même beaucoup d'importance a 1'Etabliffe„ ment fur la Cóte de Sumatra & k celui de 5«- ratte, ils ne pouvaient être d'aucune utilité pour „ 1'Angleterre; qu'ainfl eux, Mrs. les Plénipoten,, tiaires . avaient recu l'ordre pofitif d'infifler fur „ Yultimatum. déja remis au mois de Janvier " lis ne s'en tinrent pas même a cette Déclaration • lis drefferenc des Articies, d'après lesquels, fui'. yant eux, Lon pourrait procéder è la fignature des Pré-  C ni ) Préliminaires: Mais, i 1'examen de ces Articles, il fut trouvé, „ qu'outre la CeiTion de Nga^at„ nam & de fes Dépendances , ainfi qu'outre la „ Liberté illimitée de naviguer dans les Mts „ Orientales de l'Inde, V'Angleterre exigeair. que la République s'oblige&t a faluer fon Pavillon " fur Mer, conformément a ce qui avait ècé •,on. H venu par 1'Art. IV du Traité de Wejtmtnflè» de 1674; & que, pour prévenir t utes les plain" tes, qui s'étaient élevées de tems en tems re\, lativement a la Navigation fur la Có< e cl' " rU „ que, le Miniftere Anglais penfait, qu'.l conve- nait de s'obliger réciproquement k n'apporter, l, fous quelque prétexte que ce füt . aucun emré„ chement au Commerce des Nation- Etrangeies „ dans les Ports de 1'uhe ou de 1'autte Puiffance „ fur cette Cóte. „ Auffi-tót que les Plénipotentiaires Hollandais eurent reen ces Articles, il' dreflerent de leur cóté un autre Projet d'un Traité Préliminaire', par lequel ils porterent les objets en Néeociation a toute la fimplicité , 'dont ils étaient fufceptib'es; &, en le remettant aux Plénipo;entiaires A glaïs, ils les prierent de le feconder de le :rs bons offi. ces , en 1'envoyant k leur Cour. Ceux ci nc s'y refuferent point ; mais ils témoignei ent en même tems , qu'ils n'avaient aucune efpérance . que les Mmiftres du Roi agréeraiert ce Projet: Ils prefiërent au contraire, de leur cóté, la reconnaiffance de la libre Navigation dans les Mers d' s Moluques; 1'obligation du Salut en Mer fur Tanden pié la conceffion d'un Commerce libre k toutes les Nations dans les Ports des deux Puiflances fur la Cóte d'AJrique; & particulierement la Ceffion de Negapatnam ou d'un Equivalent pour cette Posfeffion. Les Minifires Hollandais ne manquerent point, non-feulement de faire voir le peu de condescendance, qui carafTtérifbit ces Conditions. mais auffi de faire fentir 1'inutilité de les faire entrer dans les Préliminaires puisque la République était G 4 prête  prête h prévenir dans la fuite tout fujet de pla'ntes légitimes relativement a la Navigation dans les Mers des Moluques, & que ce qui concernait le Salut far Mer, ainfi que le Commerce a la Cóte d'A/riqut , (objet, a 1'égard duquel 1'Angleterre était palpablement dans le tort,) tous ces Articles pouvaient être renvoyés au Traité Défjnitif. Enfin ils infifterent fur rimpoifibilicé qu'il y avait de idonner un Equivalent', autre que celui qui avait 'déja été offert, pour Negapatnam, dont la conlervation intéreffait beaucoup la République, tandis que cet Etabliffement n'apporterait aucun avantage réel & la Grande - Brétagne. Mais ces repré- fentations ne firent pas plus d'impreffion qu'auparavant; de forte que, fentant de plus en plus la néceffité de héter 1'iffiië de? Négociations, les Plénipotentiaires Hollandais déclarerent enfin, ,, que, ,, fi 1'on continuait d'infifter abfolument fur la Ces. „ fion de Negapatnam ou d'un Equivalent, & que, „ par 1'arrangement de ce Point, tous les autres s'applanirrïent (ce que les Négociateurs Anglais ,, avaient fait entendre) ils étaient préts a donner „ un Equivalent en Argent , & a traiter de cet „ objet k des Conditions équitables." Dans la pofition, ou la Grande - Brétagne fe trouve relativement a fes Financës, cette derniere ouverture devait paraitre fans doute de nature a être acceptée avec emprefiement: & ce n'aurait pas été la première fois qu'au moyen d'un facrifice de cette efpece la République eüt fait la Paix avec Ia Cour de Londres, Cependant les PIénipotentiaires Anglais montrerent peu de '.ispofition a y donner les mains , s'engageant néanmoins è communiquer la Propofition aux Miniftres du Roi & k faire connaitre en réponfe leurs intentions a ce fujet, dè» qu'ils auraient re§u les Inftruclions nécelfaires." La Suite au No. Procbain. Au  C 113 ) An Cul-de-Jatte du Bas-Rbin. Vous rompez la glacé, mon cher Cul-de.Jatte, & vous caflez les vitres fans vous en appercevoir. Le Stadhouder n'a pas développé convenablement le pouvoir exécutif qui lui efi confié de droit £5' qu'il n'avait point de fait, puisqu'il manquait de moyens fujfifans, donc le Stadhouderat est inütile'et MêME NU1S1BLE , donc IL FAUX l'abolir. Voila ce qu'on appelle un argument dont S. A. vous doit de finceres remercimens. Votre fureur eft de parler politique; mais qu'elle eft gauche cette politique. Jugez vous-même & voyez qu'il ne fuffit par de clouer des mots, mais qu'il faut attacher une idéé k ces mots: par malheur les vótres font obtues comme votre plume, que le bon fens n'a jamais t ffilée. Venons au fait: vous mettez dans la bouche de ceux que vous appellez les Républicains ce que je viens de citer: aucun n'avait ofé toucher cette corde. Le Stadhouderat était 1'arche du Seigneur, on n'ofait point y porter la main. Je parle des gens qui ont figné leurs écrits, & non de ces êtres obfcurs qui cachent leur basfeffe fous le voile de 1'anonyme. Mal-adroitl c'eft vous qui lancez la premieie pierre. L'amour du peuple pour fes Pnnces eft un fentiment né avec lui: dans fes plaintes, ce n'elt jamais qu'aprè- un très-long tems, & des fouffrances multipliées qu'il ofe 1'attaquer directement; ce font toujours ceux qui Ventourent que 1'on charge du blame: les confeil Iers & lt s Miniftres font traités comme le bouc d'Ifraël qu'on chaffa dans le défert chargé de malédiction. Vous avez la preuve de ce que j'avance dans les circonftances préfentes; ce n'eft point a S. A. qu'on s'en prend direétement; les reproches qu'on lui fait font mitiG 5 gés  C 114 ) gés par le foin qu'on prend d'accufer fös Conieillers de ce que fa conduite peut fembler avoir de reprochable. Je conviens avec vous que ces coups détoui-nés n'en parviennent pas moins jusqu'è lui. Mais au moins le choc indirect, qu'il en recoit prouve qu'il y a du remede, que ce n'eft point a lui perfonnellement qu'on attribue nos malheurs, mais è ceux qu'on reconnaft pour fes flatteurs; ainfi qu'en les éloignant une union fincere peut renaftre entre lui & la République. On lui a dit: vos perfides Confeillers vous trompcnt, il faut les cbas~ fer; & vous avez ofé dire: vous méritez qu'on vous révoque. Pourquoi déchirer un voile qui devroit être impénétrable. Savez vous 1'effet que produit cette inconféquence? II eft fenfible. L'homme froid qui vous lit, & qui n'eft d'aucun parti, choqué de vous voir chercher h tirer avantage des bévues les plus choquantes, & nous les donner pour des aétes de fagefie , révolté contre la fotrife de i'écrivain, en prend de 1'humcur contre celui dont-il s'établit 1'apologifte, & fans Ie vouloir, excédé par de mauvaiï'es raifons, finit par embrafler le parti contraire. Vous ófez dire, qu'on accufe le Stadhouder de trahit 1'Etat. Pauvre cul-de-jatte, vous n'appréciez pas la valeur de ce que vous écrivez. Quoi J paree que des écrivains, vos pareils, ont barbouillé des injures groflières, vous parlez d'accufation. Oh font les honnêtes citoyens qui ont fait une déclaration auffi formelle? Quels font.ils ? Nommez-les On a prié S. A de ne point céder è la bonté de fon cceur, qui fouvent, dit-on, 1'entraine & Ie rend trpp confiant; mais on n'a jamais eu 1'impudence de lui donner le nom de traitre. Ma plume s'eft arrêtée en placant ce mot odieus a la fuite de fon augufte nom. 5avezvous, Monfieur, que fi vous aviez dit vrai, que fi effectivement S. A. était coupable du crime de trahifon, il ne ferait pas plus exemt d'en lübir la peine que le fimple bpur-  ( iiS ) bourgeois'? Si fes Concitoyens voulaient lui faire grace , fes auguftes ayeux éléveraient Ia voix du fond de leur tombeau & démanderaient ju'Hce. Je ne douce point que le mot de citoyen ne vous choque. Vous fujets, vous i-ega'dez vos Princes comme des idoles que vous encenfez ; nous citoyens, nous voyons en eux un homme égal a nous par fon étre , & donc le rang difparait fi les vertus n'en fouciennent Téclat Loin de nous les foupcons injurieux qu'on nous fuppofe: on n'en forme point fur les intentions de S. A. Mais, mon cher cul-de-jatte, la pureté de 1'intcntion affure-t-elle toujours la jufteffe de Ia conduite? Suffit-il de croire bien faire pour faire bien en effet? Si je vous en crois, Ceft U Prince qui a mis le feu d la maifon; vous le dites dans vo» tre N°. 74 , & la République li laiffe brüler pour lui faire pece. II a donc mis le feu? II efi: donc incendiaire? C'eft donc lui qui eft méchanc, & nous fommes des fous entêtés. Concevez-vous Ia pauvreté de vos raifunnemens. Vous dites que 1'on vend la Pitrie aux Puiffances étrangeres dans le deiTein de perdre le Stadhouder. Pourrie*-vous me dire quelles font ces Puiffinces a qui 1'on a vendu Ia Patrie? Quel eft celui qui peut la vendre? Livre t'-on une République comme une feuille périodique? Oh avez vous vu ce pafte fecret fait entre la fusdite Puiffance & le-fusdit individu qui voulaic échanger la République contre la perte de S. r\ C'eft la France que vous nous nommërez comme acquérante. Je ne fais pas fi elle a acheté notre Patrie, mais je fais que 1'^ngleterre nous avait pris une partie de nos polTeffions, & qu'elle nous les a rendues. Cet inconnu qui a conclu ce grand marché qui vous dófole , eft fans doute quelque écrivain. J'efpere que vous lui propoferez incefTamment de boxer avec vous pour nous • venper des torts qu'il nous a faits; car vous & Don  Don Quichote , vous aimez a les réparer • ainfï nous verrons mceffamment le cul de-jatte d'u BasRhin fe faire rouler en champ clos, pour v rom. pre une plume en faveur de la République de Hollande. Certainement cette Dame vauc bien cel le des anciens Chevaliers. Très preux & trés loval* cul-de-jatte entrez en lice. * Avant de vous quitter, il faut que je vous faffe une reproche. Pourquoi attaquez vous toujours ceux qui s'obftinent a vous dédaigner alTez pour ne point vous répondre. Vous leur dites des in jures en ftile des halles. Tu, toi, tien, ton font charmants dans les pieces fugitives de Voltaire mais dans les pieces du cul de-du jatte, c'eft unlangacrè infupportable. Pmjfe l'Amour vous careffant de fes aües dorées, vous amener de Papbos quelque Gr ace ingénue. Puifje alors fa boucbe de rofe vous dire- tu efi le mortel que Je pré/ere aux Dieux qui babit'aient le Jejour encbante que }e quitte pour toi. Alors les toi feront délicieux ; mais quand vous' provo, quez un écrivain mal-acoutreux , quand vous lui direz, tu nous fais borreur, il vous dira tu eiï wifot, & comme il dira vrai, vos leéteurs feront chorus, le beau plaifir que vous vous préparez lè Renforcez-vous dans votre jatte. A quelle heure fe couchent les Pnnces? La Reine de France eft-elle groffe? Combien de morts y a-t-il ? Oh en eft la guerre de Ruffie? Dites-nous cela • point de réflexions; votre manufafture eft en discrédit Si vous faviez celles que vous faites faire fur vous. Mais adieu cul-de-jatte, je vous traite comme une maitrelTe chérie, a qui 1'on dit adieu vmgt fois avant de pouvoir s'arracher de fes bras. Mi  C "7 ) Mr v. G, vienc de donner fa démiffion a la Régence' d'ütrecht. S. A. en écrivant de cette affaire aux Bourguemaftres de cette ville, leur dit: que dépuis deux ans Mr. v. G. le folhcite de Ml Sermetïre de fe débaraffer de fa charge & que c'eft lui qui 1'engageait a la conferver. Si M. v. G avait eu un ami véritable, il y a vmgt cinq mois qu'il fauraic déterminé a prendre le parti qu'il a embraiTé aujourd'hui. 11 y en a cinq, qu'on nous dit a Utrecht que les Bourgeois preparaient la requête d'exclufion qu'ils ont préfenté dénuis peu. Comme le caraftère d'honnête homme n'eft point incompatible avec celui d écrivain, nous ne nous permettrons aucunes rérlexions lur ?e compte de M. v. G. On pouvait ■en tracer dans le tems, ob faifant corps avec le Sénat dune de nos Provinces, fon influence pouvait être dangereufe , mais aujonrd'hui qu'il eft rentré dans la clafle des citoyens. nous nous bornerons a le plaindre Une feule remarque qu'on puiffe hazarder, c'eft aue M. v. G. n'elt coupable que pour avoir été déplacó. 11 n'a jamais feu qu'il était citoyen. Né fujet d'un defpote il eüt été un des plus erands Miniftres. Peut-être meme en recufant les tems notre République aurait-elle fait fon apoloeie. Barnevelt & de Wit furent profents: le fang des martyrs de la liberté teint encore nos nlfses & celui des défenfeurs du parti contraire ne les' a point fouiliées. Confervons donc par devers nous cette douce confolation, ne déshonorons point une belle caufe, par des effets cruels: fovons hommes, on ceffe de 'être quand on elt barbare. Nous voyons avec regret 1 unammité recevoir chaque jour de nouvelles attemtes. I.a Province de Frife vient de refufer le payerrenc de fon contiDgent a la caifTe commune. Cct^tte  C IÏ8 ) fèmble contraire h nos conftitutions en ce que les Provinces fe font Iiées également par le traité d'ü trecht, & qu'il paiaft naturel que lorfque 1'une d'eiie y dévient réfradtake, les autres peuvent employcr la force pour la conrmindre. Cependant a République de Frife a fait le réfu*. de fa' quote-part, & lorque les autres Provin» ces vculent fe liguer contre elle , elle Ieür prouye que c'était un atténtat è la liberté On veut _ févir contre elle, & elle menace d'oppofer la force a la force. Le Bourgeois deviendra foldat pour repouflèr ceux de 1'Etat Les Etrangers & même des nationaux qui n'ont Iqu'une faible idéé de nos Conftitutions, s'étónlieront qu'une pareille discuffion puilTe s'élever 11 eft difficile de donner une idéé jufie de la Réi pubhque, ou pour mieux 'ire des Républiques car chaque Province fe gouverne par fes loix & 1'umon n'exille que pour les affaires du dehors Tout ce.qui regarde la police particuliere ne dépend point de la généralité; elle ne peut en connanre. Je dis plus: chaque Province eft indépendante; ne doit compte qu'a elle de ce qu'elle fait; fe gouverne a fon g.é; a des loix particulieres, & ne tient a 1'union qu'en raifon de 1'atta. que d'uD ennemi étrangef. contre lequel elles font toutes obligées de s'aider. Un autre rémarquc non moins importante, c'eft que le titre d'Etats-Généraux, eft plus éclatant qu'i' n'eft rcel. La' première idéé que nous nous faifons des EtatsGénéraux- c'eft que puifqu'üs font une . flëmblée compofée de Députés de chaque Province ' a qui ces mêmes Provinces ont remis leurs rouvoirs , c'eft eux qui font le Souverain dë la' République C'eft encore une erreur; lts EtatsGénéraux font une Affemblëe - d'Ambaffadeurs mais ces Ambaffadeuis ont des pouvoirs plus ou: moins étendus7 fuivant la volonté de leurMakres Quelques Provinces donnent dës inftiüétioüs illi- rtÜV  C ii9 ) mitées: alors les Députés peuvent agir; mais auffi j d'autres ne donnent que des pouvoirs limités, & dè- que 1'affaire pour laquelle ils ont regu leurs inftruótions eft terminée; fi même il y arivait uü incident imprévu , ils feraient obligés de retourner chercher des ordres nouveaux. Quelque chofe de plus particulier encore. C'eft qu'une décifion paffëe k la pluralité, par conféquent ayant eu 1'agrément figuré de chaque Province , puiffe être rejettée par 1'une d'elles. Elle le peut cependant. La Province mécontente défavoue fes Députés & protefte contre 1'unanimité. Lorsque 1'on trouve impropre le terme de Provinces - ünies , on a raifon; fi 1'on n'écrivait point une feuille hebdomadaire, ce qui foufre plus de négligence qu'un ouvrage qu'on a le tems de mürir, il feraic une faute. Suivant la conftitution il faudrait dire les Etats-Unis, ou les Républiques. Mais un écrivain qui broche toutes les femaines une feuille, ne peut écrire ni avec toute la précifion, ni 1'élégance dont il eft réellement capable, ayant un tems" moins circonfcrit. Ces fortes d'ouvrages ne font faits que pour donner des idéés, le lecteur intelligent y puife des notions qui peuvent le conduire au but Le fchifme de Ia Province de Fnfe naiffant de 1'impoffibiiité oh elle prétend être de payer la quote-part a laquelle elle a été taxée dès les premiers tems de la République, 1'année derniere ils redoublerent leurs inftances pour obtenir une diminution. Au commencement de cette année ils envoyerent une Députation a la Haye pour expofer aux Commifffires pris' dans 1'Affemblée des Etats-Généraux, & au Confeil d'Etat, Ie fujet de leurs griefs. Ils firent le détail de leurs finances. Cependant, malgré leurs in'lances, 1'affaire trainant en longueur, ils prirent le parti le 5 Mai „ de ne confentir a la guerre fans réferve que „ jusqu'au 1 Aoftt 17833 mais qu'a compter de cet-  ( 120 ) „ cette époque ils retrancheraient de leur con„ tingenc certains articles pour 1'entretien des „ troupes de terre, montant a une fbmme de j5 / 3a34!2 : 8 ——." Les Etats-Généraux écrivirent aux Etats de Frife le 4 Juillet pour les détourner de cette réfolution. Mais L. N. P réfiHerent par une feconde déclaration en date du 19 Juillet. Cette affaire füt remife par L. H. P. a 1'examea de leurs CommilTaires pour la partie des Finances & au Confeil d'Etat , ayant Mgr. le Prince Stadhouder k la tête. Le 25 Juillet les Commiffaires porterent leur rapport aux EtatsGénéraux: tendant è employer contre la Province de Frife, en cas de refus ultérieur, des moyens de contrainte, & a charger Mgr. le Stadhouder de leur exécution. Comme Son Alteffe. quoique Stadhouder de la Confédération, eft en même tems Stadhouder particulier de chaque Province individuelle , notamment de la Frife, (doat fes Ancêtres 1'ont été primitivevnent <) les Etats de la Province, informés du fusdit Rapport, prirent le 28 Aoüt, a 1'unanimité de quatre Quartiers, la Réfolution d'écrire k S. A. une Lettre, que nous donnerons au NQ. precbain. Ces Feuilles périodiques paraifTent réguliereraent tous le» Lundis a Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbst; a Haarlem , chez Walree; a Leide, chez Luzac & van Damme , & LesFreres Murray ; a la Haye , chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt & La Feuve Staatman 5 a Gouda , chez Fan derKlos; a Rotterdam, chez Bennet CfHake & D. Fis ; d Dordrecht, chez Blufê; d Deventer, chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzingb; aNimegue, Chez Fan Goor; a Arnhem, chez Troost; d hois-le Duc, chez y. H. Pallier , aHambourg, chez % G. Fircbaux & chez le* principaux Libraire* des Piys-Bas.  L E POLITIQUE N«. CXXXIX.LUNDI, ceó OCTOBRÜ, 1783. Suite des Affaires de la Frisé. LETTRE des Etats de cette Province d S. A. S. SéséNissiME Prince et Seigneuk, Par Ie Rapport, porté le 25 Juillet dernierè 1'Aflemblée des Eiat6-Généraux , au fujet de la Réfolution que nous avions prife de perfifter dans le refus de quelques Postes, portés fur 1'Etat de Guerre pour 1'année courante, nous avons vu qu'on y propofé „ de faire emprunter au „ Bureau de la Tréforerie de 1'Union è notre charge la „ Somme nécelfaire pour la payement des Poftes, que nous „ avons refufés, &, fi nous ne rembourfons cette Som5, me fur le champ ou avant la fin de 1'année pour tout dé„ lai, de la faire exiger en ce cas de nous par forme d'Exé», cuiion, anxquels moyens d'Exécution V. A. feroitpriée „ alors de vouloir prêter fon pouvoir & fon autorité." - Votre Alteffe comprendra aifément, combien nous avons été frappés profondément par une Propofnion pareille, dont les fuites pourroient nous caufer, & a la République Tome VI. h en-  ( 122 ) entière , Ie plus grand préjudice & en troubler même fa tranquiilité. — Puis donc qu'il eft dit dans ce Rapport , „ qu'il a été arrêté, après avoir pris les confidéra„ tions & le très-fage Avis de V. A. Séréniffime;" nous avons cru de notre devoir de nous adreffer a ce fujet a V. A. en Perfonne, qu'on peut coufidérer ici dans une doublé qualité, comme étant a la tête du Confeil-d'Etat & en même »ms comme Stathouder & Capitaine-Général de notre Province, & lui demander férieul'ement, „ fi ce Rapport „ a été concu d'après la propre idéé de Votre Alteffe Séré„ niffime, & furtout quels peuvent être fes véritables fen, timens & fon intention, au cas que ce Rapport füt ap', prouvé & arrêté contre tout efpoir par les Etats-Géné'„ raux, & qu'en conféquence V. A. S. Füt requife & au„ torifée par le Confeil-d'Etat de diriger contre notre Pro', vince, par fon autorité & pouvoir, les moyens d'Exé' cution au nom de la République, dont nous fommes ua " Membre notable." - Nous mettons trop d'importance a être inflruits des fentimens & de 1'intention de V. A. a ce fujet, & nous concerons trop bien 1'influence que cette connoiffance devra avoir fur les mefures que ■ous prendrons dans la fuite, pour que nous veuillons refter dans le doute & 1'incertitude a cet égard. C'eft pour cette raifon que nous prions V. A. Séréniffime de nous en informer au plutót, auquel effet nous avons chargé nos Députés de convoquer notre Affsmblée fans perte de tems, après avoir recu la Réponfe de V. A. Séréniffime. Surquoi &c. Les bons Amis de V. A. Séréniffime. (Signi) Les Etat» di Fiuse. A cette Lettre, datée a Leewwarde le 28 Aoüt, Mgr,le Stathouder fit le 16 Septembre une Réponfe bien différente du Rapport remis aux Etats-Généiaux- En voici Ia teneur.  Cï*3) NOBLES ET PüISSANS SEIGNEURS, BONS ET ftUW CDL1ERS AMlS. . Nous avons bien recu en fon tems Ia Lettre de V. N0' Puiflances en date du 28 Aoüt, par laquelle il a plu a V N. P. de nous ptier de les informer, „ fi le Rapport por„ té le 25 Juillet a 1'Affemblée de L. H. P. au fujet de Is „ Réfolution, que V. N. P. avoient prife de perfïfter dans „ le refus de quelques Poftes, portés fur 1'Etat de Guerre „ pour 1 année courante, a été concu fuivsnt notre propre „ idee, furtout quels feroient nos vrais fentimens & no„ tre intention , au cas que, contre tout elpoir, ie fusdit „ Rapport füt approuvé & arrêté ainfi par les Etats Gêné„ raux, ,& que nous fuffions priés & aurorifés p?.r le Con„ feildEtar a diriger les moyens d'Exécution contre la „ Province de Frrfe par notre pouvoir & autorité " Préliminairement nous devons déclarer, que nous croyonsêcre abfolument hors de toute obligation de rendre compte a V. N. P. des Avis que nous donnons dans le Confeil d'Etat * Mais en méme tems nous fommes dispofés a leur donner dans le cas préfent, comme une preuve de notre déférenca pour V. N. Puiflances, quelque ouverture fur ce fujet; & nous prions V. N. Puiflances de fe rappeler, que le 17 Oétobre 1771, il a été porté, approuvé, & arrêté un Rap. port de la méme teneur, lorsque Mrs. les Etats de Zéelande eurent trouvé a propos de refufer& de lailfer non payés quelques Poltes de 1'Etat de Guerre ;.,V. N. Puiflances n'ayant donné en ce tems-lè aucune marqué qu'Eües trouyaflent quelque chofe d'inconftitutionnel dans ce Rapport qui fut arrêté & conclu avec le confentement des Députés' de V. N. P. aux Etats-Généraux, dont Elles n'ont jamais' desavoué la conduite a cet égard. C'eft pour cette raifon que, le Confeil d'Etat ayant jugé devoir faire la méma Propofiuon qu'en 1771 , nous n'avons pu nous yoppofer, tandis que nous nous flattions, que Ia chofe n'en viendroit jamais a 1'exécution des moyens propofés, & que, par une condefcendance réciproque , 1'on ne troubleroit point 1 harmonie fi haütement néceffaire entre V. N P & les au res Membres de la Coniédération. L'sffeftion & Ie zêle, qui nous ont toujours animés pour !a Province de Frife, furent caufe, que nous ne |:ü'*es voir fans les fenfations les plu» douloureufes & (ans  chagtin Ia perfpe&ive de Ia fciflion, qui pourroitfurvenir entre V. N. P. & les autres Membres de la Confédération ; & rien n'eft plus comorme a nos vrais fentimens & a notre intention que de mettte en oeuvre tout ce qui eft en notre pouvoir , & d'employer 1'tnfluence que les différentes Charges dont nous avons Phonneur d'être revêtus, tant dans la Province de V. N- Puiflances que dsns les autres, pourroient nous donner pour le mamtien de 1'LJnion , & pour prévenir une fciflion entre les Hauts Confédéré.*. Vos Nobles Puiflances peuvent s'affurer, qu'on nous trouvera toujours prêts a lacrifier nos Biens & notre Sang pour la chêre Patrie, particulièrement pour faire jouïr la Province de Frife de fa Liberté & de fon lm.erfndarxe, ainfi que des Priviléges légitimes qui lui appartknnent. . Le Rapport ultérieur, fait aux Etats-Généraux au fujet du payement des Poftes, que V. N. P. ont refufé fur 1'Etat de Guerre , tant pour les cinq defniers mois de 1'année courante que pour toute 1'année procbaine , peut fervii de garant a V. N. P. de notre intention & de celle du Confeil d'Etat, & montrer combien Ton tache de prévcnir qu'il ne foit pró des roefures qui pourroient être dessg éabi.:s a V. N. Puiflances, puisque tant le Confeil. d'Etat que nous-mêmes nous ne fouhaitons riendavantage cué de nous piêter aux d.firs de V. N. PuhTa'.ices, atff ünt q^e cette dispo'fnion peut s'accorder avec les devoirs & la fidéüté que le Confeil. d'Etat & nous avons juiés a la Confériératiun. En particulier, nous ofons eu appeler avec corfiance a la connoiffance qu'ont ies Comroifl'aires, députés au Priïitems dernier par V. N. P. pour afïifter aux Conférences, „ui (e font tenues ici avec le Confeil-d'Etat, fur fa firuation des Finances de la Frife, & fur' le foulagement que V. N. p "rf. firent des autres Confédérés, de !a manière dont nous nóns iorr.rr.es exp);qués. dar..* ers Conférences, &'idu defir oue nous avot s mtntré de vemplif le "ffiu de V. N. Puis(arces amant que cela eft compatible avec notre devoir & tvec la reJation que nous avons tant enveis 1'Unien en gér.éral qu tnvers chacun des Confédérés en parti- CU,'lNous p^rfiftons dan; ce< feri.'mens. & V. N. P peuvent s'aflurer que tien n'eft p.us éloigné de nos vrais fenti-• • ." / - mens  wens & de notre intention, que de conSrmer 1'emploi d> mefures qui entraineroient une fciflion entre la Confedé* ration & par confequent un ton irréparable a rUnion en général & a chaque Ptovince en particulier: Et nous 'aifons des vceux, pour qu'il plaife au Tout-Puiffant d'inlpirer de l'ünanimité a tous les Membres de la Confédération, afin que cette République, qui s'eft aggranlie par la Concorde , croiffe & prospère jusqu'a la fin des Siècles. Surquoi &C. Du Luxe et dé ses PROGRès. Nous avons promis"dans notre N°, CXXXIV de donner un expofé des progrès du Luxe dans notre République, & des dangers oh il 1'expofe. Les évenemens fe font fuccédés depuis, & comme ils fixaient I'attention de nos Concitoyens, nous leur avons donné la préfërence. Nous y révenons aujourd'nui pour remplir un engagement pris, & pour être, autant.qu'il eft en nous, dc quelque utilité a nos Lefteurs. II eft trés-certain qu'il ne faut point attendre que le mal foit parvenu au comble pour y apporter remede, car aiors la guérifon eft h3zardée, pour ne pas dire même impoffible. C'eft donc en s'en occupant de bonne heure qu'on peut empêcher efficaeemenc fa diffémination. Une méthode générale c'elt de plaindre le paffé, & de s'effrayer fur 1'avemr , le tout en blafphémant le préient. Les récrumnations font inutiles, les prédi&ions perdues, & les injures dénuées de bon fens. Tachons, s'il fe peut, de placer fous les yeux de nos contemporains le tableau des mceurs de leurs Pères; fixons leurs regards fur cet objet, & que la comparaifon de notre fiecle fournilTe matière a üe juftes réflexions fur les dangers auxquels nous nous expofons. _-v H 3 Nous  C 122 ) Nous avons dit que chaque Peuple a des mceurs9 des ufages qui lui font pavticulièrs. 'II en eft d'eux comme de ces plantes bienfaifantes qui,transportées dans un autre fol , perdent leur vertu. Si jamais la fobriété a été une vertu de terroir, c'eft aflurérnent pour les Hollandais. Le Peuplé doit a fon auftérké'le degré de gloire oh il eft parvenu; c'eft en fe privant des frivolités brillantes, qu'il a amafié les richeifes réelles que la plupart des Nations leur envient. Dans notre République les derniers emplois n'ont point 1'air, d'être remplis par des miférables. ——- Au premier coup d'ceil 1'étranger remarque dans le petit peuple une aifance de fortune qu'il n'a point aillenrs. L'équil'bre de 1'égalité commence a s'altérer; un autre efprit anime notre Nation, ou, s'il eft poffible de faire cette allufion , une Nation nouvelle s'eft incorporéa dans la nótre. Le luxe a opéré ce changement. Les gens riches affeélent de ne plus paraitre Hollandais , la fimplicité leur paratt mesquine. On diftingue les rangs aujourd'hui ; autrefois on les confondait. Notre conftitution exigeait cette 'apparite. Nos loix primitives nous ont tous faits égaux, & ont remis ]e pouvoir entre les mains du Peuple. Des abus que le tems a fanftifiés 1'ont fait enfermer dans un certain nombre de families, quoique tous les citoyens duflent y avoir également part k leur, tour. Cette obfervance négligée a nécefjairemenc entrainé la balance, & a choqué direcfement le vc;u des fondateurs de notre République. Le peuple n'eft point bleffé de eëtte préférence, parcë qu'il y eft habitué & qu'il ignore fes droits. Cependant, c'eft ure atteinte qu'on a donné a la liberté; je dirai'plus: c'eft une entravc qui altère, k génie. Je conviens que 1'éducation fert k dévelooper les talens, mais pour qu'on les développe, il faut en avoir; & je n'imaginerai jamais que la nature ait deux moules, 1'ua qui fert a former les gëns diftingués, & 1'autre confacré a la lie du • - - peu.  ( 137) peuple. A mérite égal, un homme bien élevé doit 1'emporter fur celui dont 1'éducation eft négligée; rien de plus fimple;mais toutes les perfonnes bien élevées n'ont point un mérite diltingué. Ainfi en reftreignant le nombre des Candidats a »n cercle d'élus, on étouffe 1'émulation, on enfouit les talens. II faut un génie fupérieur pour s'élever de 1'atelier de fes peres au niveau de fes maitres. Dans un état oh chacun devient maitre è fon tour, le mérite perce infenfiblement. II peut fe livrer fans réferve au penchant qui 1'entraine. L'égalité renaft & la roue de fortune tourne pour chaque individu.' L'inégalité dans les conditions en produit dans la fortune des habitans, inégalité irrémédiable pour le peuple puisqu*il ne peut changer d'état. Les Citoyens fe diviient ea clalTes , & la vacité des grands introduit le luxe pour n'étre plus confondu avec le malheureux. Dans les tems dc la République naifiante, 1'unanimité a proclamé 1'union. Chaque Citoyen faifant partie du grand tout a été confidéré comme membre de la fociété; le befoin les uniflait, 1'orgueil les fépare. C'eft è la naifiance des Empires que 1'on trouve de 1'énergie & des vertus, la caufe commune occupe uniquement, paree que 1'intérèt particulier n'étanc fondé que fur 1'efpoir, il n"ab« forbe point les autres fentimens. C'eft par des entreprifes valles qu'on parvient a acquérir une confiftance, & ces moyens ont befoin d'afliftance. Les hommes ne fe rapprochent jamais qu'en raifon de la nécefiité; mais aufli elle les unit , les raffemble, & les attaché fortement. Lorsque les Puiflances deviennent adultes, c'eft alors que cha. cun négligé le tout pour ne s'occuper que de foi. La, Suite au No. Procbain. H 4 Sui-  C 128 ) Suite de la LETTRE pe Paris du 29 Aoftr. ,, Cette Réponfe de ia Cour de Londres tarda plus de deux mois, malgré Pempreffement que les Miniftres Hollandais témolgnerenc pour Pa voir, d'après le delïr de la Cour de Verfailles, qui fouhaitait que Ia conclufion des Négociations ne fouffdt plus de délai. Enfin dimanche , 10 Aoüt, le Duc de Manchefter, AmbaflTadeur de S. M. Britannique, leur commuuiqua, „ que les Miniftres du „ Roi, fon Maitre, aïant pris en confidération ultérieure ,, toutes les Propofitions faites de la part de la République, „ avaient trouvé, qu'jl n'y avait en efTet que trois Points, „ a 1'égard desquels Pon était en difFérend; fipavoir, les „ Cejfions a faire, la libre Navigation dans les Mers „ Oriëntale! , & la Jlipulation de faluer le pavillon Bri„ tannique fur Mer." ,. Qu'a 1'égard du premier point, ils ne pouvaient fe dé» partir de la démande de Negapatnam avec fes Dépendan„ ces; mais que lui, Mr. I''Ambaffadeur, employeraitva.- lontiers fes bons offices, peur qu en confidération de Firn. „ portance que la Rcpublique attachait d la confervation „ de cetEtabiiffement, & vu que dans le momentpréfent „ elle ne pouvait offrir d'autre Equivalent convenable, „ elle fe réfervdt la faculté de fe le faire rcflituer en „ tout tems, dis qu'elle fe trouverait a même de dêdom. „ mager F Angleterre par quelque autre Ceffion." „ Que, pour ce qui concetnait enfuite la Navigation „ dans les Mers Orientales, le Miniftère ne pouvait admet„ tte laPropofition des Plénipotentiaires Hollandais; qu'on „ n'avait pas befoin d'entrer en Conférence pour ftipulerla „ liberté de la Navigation; que la Mer était ouyerte cif „ libre a tout le monde, que les fujets Anglais avaient tou„ jours ravigué dans ces Mers & continueraient d'y navi„ guer; & que, fi Ia Compagnie n'y avait apporté des em„ pêcherrens injuftes, ous'il n'avait été faita fa charge des „ plaintes ttès-grièves fur de mauvais traitemens, Pon n'au„ rait pas mis cet objet fur le tapis; que même dans I'UI-  C 129 ) „ timaturn, qui avait été remis, la période, qui y était re» „ lative, avait était concue en tetmes aufli généraux qua „ poffible, pour ne pas donner d'offenfe a la République; „ qu'ainfi pour ces raifons 1'on ne pouvait fe départir de „ cetArticle; que, fi, ducótéde laRépublique, 1'on vou„ lait entrer, foit diieflement, ou par des Commiflaires a „ établir; dans 1'examen de cette matière, ou discuter les objets de plainte, 1'on renouvellerait, de la part del'An. „ gleterre, to.us les anciens griefs depuis ia Paix de Muns„ ter; & qu'on exigerait aufli, que laRépublique produi„ fit les Titres du droit que fa Compagnie piétendait avoir „ dans les Moluques:" „ Enfin qu'üs ne pouvaient fe défifter de leur rlemande, „ relativement k 1'obligation de faluer fur Mer; & qu'ils ne „ pouvaient s'imaginer que la République ferait des diffi„ cultés a cet égard." ,, Les PlénipotentiairesHollandais répliquèrent, qu'nprês „ tant des ptoteftations multipliées d'amitié pour la Répu„ blique, & après la preuve qu'on avait que celle-ci s'inté,, reflait fortement a conferver Negapatnam , ils n'avaient ,, pu s'attendre que la Cour de Londres aurait infifté plus „ longtems fur la ceflion de cette place; mais que, fi les „ Négociations échoueraient abfolumenc fur cet obflacle, „ ils étaient réfolus, dans l'extrémité ou on les mettait,de „ confentir enfin a cette ceflion, fous réferve que la dite „ Cour accepterait tous les autres Articles, tels qu'ils „ avaient été concus dans le Projet remis par les Plénipo. „ tentiaires Hollandais, particuliérement qu'ou n'infiflerait „ pas davantage 1. fur la concefllou illimitée d'une Navi„ gation libre dans les Mers Orientales; 2. fur 1'obligation „ de faluer en mer, en amenant Ie Pavillon &c. fur fan„ cien pié: Qu'eux, Mrs. les Plénipotentiaires, n'étaieut ;, autorifés pour aucun de ces objets, & que méme ils ne „ pouvaient cacherleur c:ainte, queL. H. P. n'iiéfitaflent a „ y donner les mains; qu'a 1'égard du premier ils devaient „ réitérer encore unefois 1'obfervation, quejamais il n'était „ revenu a L.H. P. des plaintes fur des mauvais traifemens ;; faits a des fujets Anglais dans leur Navigation aux Mers „ Orientales; qu au contraire ils étaient infttuits de très,, bonne part, que, dans des cas uniques oü des fujets An„ glais y avaient demandé le pafl'age, ils avaient été aidés s, par les Officiers de la Compagnie Hallandaife, & qu'on H 5 „ i'é.  C ï3° ) , s'était empreiTé de leur donner du feeours, toatej les foi» qu'ils «'étaient trouvés en détreffe; mais qu'en même „ tems 1'on s'était oppofé au delfein que des fujets Angiais „ avaient de tems en tems voulu exécuter, pour faire le „ Commerce interlope; que ia Compagnie, en y veillatit, n'avait fait qu'ufer de fon droit, & que jamais elle ne pourrait permettre qu'il y füt porté atteinte par qui que ce foit; que, ü Ie Miniftère de Londres n'était pas dis• „ pofé a entrer en aucune Conférence, II valait mieux ne „ point toucher cet article, & laifler le tout fur Tanden „ pié: Que, pour ce qui regardait 1'obligation de faluer „ fur Mer, ils ne pouvaient comprendre, commentdu cóté , de 1'Angleterre 1'on infiftait fur la ftipulation de remettre les chofes fur l'ancien pié, puisqu'il s'agiffaic d'un fimple „ Traité de Paix; que pour le refte le Droit général des , Nations continuatt de fervir de règle entre les deux Puit' v fances, que, conformément a ce droit, & fuivant les ?, Principes même de Meflieurs les Plénipotentiaires An„ glais, toutes les Mers étaient libres; qu'ainfiil nereftait „ pas 1'ombre d'une raifon, qui püt autorifer la Grande?, Brétagne a exiger la reconnaiflance d'une Dominatim „ particulière fur Mer &c. ——— Ces différens argumens „ furent preftés avec tout 1'avantage, que leur évidence „ pouvait leur donner; maisa pureperte. Les Plénipoteu„ tiaires Anglais refterent inébranlables; & ils déclarerent „ pofitivement, que, fuivant les inftruttions de leur Cour, „ ils ne pouvaient fe departir en rien de leur Ultimatum, ni „ entrer en d'autres Propofitions, qui s'en écarteraient en „ aucune facon." „ Les Minilïres Hollandais communiquerent immédiater ment aMr. le Comte de Vergennes tout ce qui s'était paffé dans la Conférence, qu'ils avaient eue avec les Plénipotentiaires Anglais, &ils lui repréfentetent la fituation critiquede ]a Négociation. Mr. de Vergennes leur témoigna, è la vérité , toute 1'inclination poffible pour appuyer les intéréts de la République avec zèle, & il leur déclara, ,, qu'il était ,, très-faché que le fuccès des elforts qu'il n'avait ceffé de „ faire prés du Miniftère Anglais, n'eöt pas été affez heu« ?, reux, pour convaincre L. H. P. du vif défir dont il avait „ été animé pour feconder leur caufe; mais qu'il m voyait „ gueres moyen de ramcnerce Miniftère des idéés auxquel,, les il était opiniatrement attaché a 1'égard de la Républi. fl „ que,  C 131 ) „ que, eroyant, en conféqusnce de fa fupériorité & de la „ Conquête presqu'unique qui lui était reftée, pouvoir „ prendre fur elle fa revanche des facrifkes qu'il avait été „ dans le cas de faire aux autres Puiflances Belligérantes." En même tems, Mr. de Vergennes communiqua non-feule. ment aux Miniftres des Provinces-Unies, „ que les affaires „ entre la Fraace, 1'Efpagne, & 1'Angleterre avaient été „ entiérement applanies; que les Traités refpeftifs avaient „ étécollationnés en préfence des Miniftres des deux Cours ,, Impériales & mis au net; & qu'ainfi 1'on auroit pu pro„ céder a les figner, s'il n'avoit jugé qu'il ne convenoit „ point de précipiter cette démarche, avant que les affai„ res de la République ne fuffent également applanies:" Mais en même tems il pria aufli avec les plus fortes inltances, „ que, puisque la fituation préfente des affaires en „ Europe exigeoit abfolument, que, par laconclufion d'u„ ne Paix définitive, tout füt mis de ce cóté-ci dans une; „ tranquillité parfaite, & que les autres Puiflances intéres„ fées a la Pacification infiftoient avec beauconp d'empres„ fement fur la conclufion finale & Ia fignature, eux Mrs. les Miniftres vouluffent prelfer qu'on accélérac ,, autant que poffible les déiibérations de 1'Etat, & qu'ils „ fuffent munis au plutöt d'une Réfolution qui les mjt „ auili a même de terminer finalement les affaires." Aufïï tót que les Plénipotentiaires de la République enrent recu cette Réfolution, ils fe rendirent a Verlailles & repréfentèrent a M. le Conite de Vergennes, avec Ia plus grande énergie, tout ce que les Conditions que Ia Cour da Londres exigeoit de la République, renfermoient de dur, d'injufte, & de flétriffant; & ils ne négligérent aucuti des motifs, qui pouvoient engagèr ce Miniftre i faire les derniers efforts pour modérer les prétentions exorbitantes de l AHgleterre. Mr. de Vergennes répondit, „ que c'é» „ toit avec une douleur fincère, quTl avoit vu échouer „ contre fon attente fes efforts'preffans & aflidus,- que L. „ H. P. devoient fe rappeler les fervices que le Roi leur „ avoit rendus pendant le cours de la Guerre, particuliè. „ rement par la confervation du Cap de Bonne-Efpérance „ & la reprite de leurs Poffeflions les plus importantes; „ que la République, de fon cóté, avoit été moins afti„ ve, & que par ce moyen la Guerre avoit pris pour elle t, m  C 132 3 „ un t.our peu favorable; qu'en 1763 , Ia France avoit es„ fuyé un fort pareil, fans perdre pour cela rien de fa di„ suité; que lui, Mr. de Vergennes, avoit fait différer ia fignature de la Paix fous différents prétextes, & qu'il avoit fait repréfenter itérativement a la Cour Britannique, ,, qu'elle devoit s'accorder avec la République fur un pié „ équitable, fi 1'on vouloit terminer la Pacification ; qu'è préfent la conjonóture des affaires de 1'Europe, les in„ «snees des autres trois Puiffances, & fintéréi desSujets „ du Roi, exigeoient, qu'on fixat 1'époque de la fignature „ de la Paix; qu'en attendant il tadieroit encore, autant ,, qu'il étoit en fon pouvoir, d'obtenir des Conditions de „ Paix plus modérées, fans qu'il ofat néanmoins fe pro„ mettte de fes bons offices rien de favorable." Le lendemain les Ambaffadeurs Hollandais, s'étant rendus chez le Duc de Manchelier, lui firent connoitre 1'étonnement de Leurs Hautes-Puiffances, „ qu'aprês tant d'as„ furances multipliées de 1'incünation du Roi, pour culti. ,, ver une amitié fiable & permanente avec la Ripubli„ que, 1'on püt exiger d'elle des Conditions fi dures, li „ injuftes , du moins fi contraires aux proteftations qu'on „ avoit faites." L'Ambafi'adeur Britannique ne répondit qu'en déclarant, que par les Infiruiüons ultéi'ieures quil avoit rcguës, il étoit même afireint au contcnu litéral dt toutes fes demandes Les Plénipotentiaires Hollandais 'procédèrent donc avec lui a la révifion de tous les Articles, qui avoient é.é pro. jetds: Mais i!s ne furent pas peu furpns, qu'outre la demande des Conditions déja ptopofées, fans y fouffrir aucune altération , le Plénipotenriaire Anglais exigeat „ le „ Commerce & Ia Navigation Iibres & fans reftreinte dans „ les Ports de 1'une & de 1'autre Puiffance fur la Cóte „ d'Afrique;" Condition déja précédemment rejetéa, & dont même il n'avoit.plus été queftion dans les deruières Confétences. De leur cöté, outre les argumens les plus propres a réfuter la demande du Duc de Mauchefter, les Miniftres de la République firent valoir celle de la Cam. pagi ie Hollandaife des Indes-Occidentales, „ f9avoir, que „ S. M. Britannique s'engageat a ne point accorder de „ proteélion aux Navires Portugais, qui cherchoient k „ frauder les Droits de la Compagnie & it fe fouftraire a „ J'obfervation de fes Réglemeus:" Mais, toutes leurs repte".  C 133 ) préTentntions énnt inutiles, ils propofèretit enfin de laiffer i des Commiffaires de régler ce Point, ainfi que les diffé-, rends concernant le Cap Apollonia; ce qui fut accepté. L'Article des Honneurs du Pavillon & du Salut en Mer donna enfuite lieu aux pourparlers les plu< viPs, jusquè ce oue, cet objet ayant été régléfur I ancien pié, Ion fe trouva enfin d'acco.d fur les Conditions de la Paix entre les deux Nations. Les Plénipotentiaires Hollandais propofêrent alors de les rédiger en un Traité Définitif, qut leroit Gêné fous 1'intervention des Miniftres des deux Cours Impériales, (a 1'exemple de ce qui avoit été convenu relativement aux Tranés avec la France & 1'Efpagtie, & confcrraémentala Rélblution desSE;ats Généraux du *8 Aoüy Mais ici Mvlord Manchefter fit de nouvellesdifficultés;&!es inllances de nos Ambaffa ^eurs furent encore infructueufes. C lui telaGrande-Brétagne qui d'abord avoit témoigné tane d'emprefTement pour figner enfin laPaix.manquad'Inftruéttons pour conclure le Traité Définitif avec la République; & p offrit feulement d'envoyer d'abord un Exprès a .aXotir pour demander les ordres néceffaires. Vu donc qu il n y avoit d'autre alternative que de ne rien conclure du tout ou de figner des Préliminaires, les Ambafladews de la képublique préférèrent le dernier Parti, attendu que les Préliminaires étoient concus fur le pié d'un Ttaité Définitif, & que la relaxation des Prifor.niers de guerre avec es reftiiutions & évacuations i faire avoient été fixées ö la même époque que ce.lts qui devoient avoir lieu entre la Fra-ce & 1'Angleterre. Le Duc de Manchefter fut prié en même tems de communiquer a fa Cour Ia Propofit'on des Plémuotemiaires de la République, d inviter les Miniftres des deux cours Impériales a figner le Traité définitif entre L. H. P. ÓV la Grande-Bretagne, & de demander desInftructions a cet effet. Teile eft 1'ifiue de cette guerre .malheureufe. La République aura longtems a gémir de navoir pas ufé de fes reflources pour prévemr les noltilités d'une Nation ambitieufe, prête au moindre prétexte a fe lancer fur elle pour la dépouiller, & fs dédommager ainfi, au moins en partie, des per-_  t y t'es qu'elle faifait en Amérique & en Alïe. Laf Grande-Bretagne nous a provoqués injuftement, & impunément, elle nous a enlévé nos poflMions, pris une partie de nos vaiffeaux, & bloqués les autres dans nos Ports. Dans un tel état de détreffe nous n'avons voulu ni développer nos forces, ni coopérer avec celles des Puiflances qui étaient en guerre avec notre ennemi. II femblait que nous craigniffions de réduire celui-ci a la néceflité de réparer fes tortsr envers nous. Un feul effort de notre part, & 1'Anglais était k la merci de fes ennemis; & cet effort nous avons refufé de le faire. Etait - ce générofité envers cet injufte aggreffeur? Si cela eft, nous n'avons pas è beaucoup prés k nous en applaudir. Les conditions" honteufes qu'on nous impofe montrent trop que nous n'avions rien de femblable k efpérer de fa' part. Le féroce Léopard a été mis par 1'Amérique, la France & 1'Efpagne hors d'état de leur nuire, & il n'a tenu qu'a nous de 1'affaiblir enCore plus, de maniere que nous n'en euffions aufli rien k craindre. Mais, par un aveuglement dont il n'y a point d'exemple dans les faftes d'aucune Nation, nous lui avons laiffé des forces fuffifantes pour nous obliger a fubir fa loi. Nous voyons' comme il en ufe O' Bataves! d'oh vient qu'avec tant de fageffe dans vos confeils , tant de bravoure dans votre militaire. tant de reflburce dans vos richcffes. vous êtes tombés fi bas . fi dechus: de votre ancienne gloire? Seriez.vous dégénérés? Expliquez ce probléme; les peuples des5 deus mondes vous en demandent la folutioiu  C 135 ) De l'esprit de parti. De tous les fiéajx qui accablent un Etat, 1'efprit de parti eft fans eontredit le plus a craindre. Quoique la difpofition dss efprits femble forÊ éloignée d'une guerre civile, puisque toutes nos Provinces fe réuniffent pour un même*bjet, cependant on ne faurait trop fixer les yeux fur les dangers auxquels la divifion nous expoferait. Le cri unanime eft la liberté. Nous la defirons tous également, & fi queloues citoyens ont d'autres vues, ils les cachent avec loin, par la certitude des malheurs qu'ils attireraient fur eux en les découvrant. Les défenfeurs du defpotifme font rejetés, méprifés, & les vrais Républicains recoivent le tribut de gloire qu'ils méritent. Mr. Zoutman, le héros de Doggersbank, entend fon nom retentir dans toutes les bouches; 1'admiration s'eft changée en fareur, tout eft è la Zoutman, modes, colifichets, par tout, è tout il donne du prix, S'il eft permis de faire une oppofition frappante pour 1'humanité, jetons a préfent les yeux fur Mr. le Comte de Byland. Nous voyons que ce n'eft point un bien' ftérile que la vertu, & que Ia récompenfe fuit celui qui la mérite. Ne ffit.elle même pas auffi exaltée que celle de Mr. Zooi-man, elle n'exifte pas moins; tout homme capable d'une belle aétion a une ame, ainfi il en porte le prix en lui-même. Les éloges particuliers rendus a Mr. Zoutman font flatteurs fans doute, mais quelle jouiffance pure devoir que fa Patrie entière en eft 1'écho, & de fe dire: Je mérite Vamour dont-elle iribonore. Si tout homme, chargé du foin de défendre fa Patrie, s'occupait de fa gloire h lui-même, il n'héfiterait pas un inftant entre 1'admiration publique, ou les bienfaits d'un particulier, qui, quoi qu'il lui donne, lui ravft bien davantage, puifqu'il lui 6te 1'honncur. Eh! qu'im- porte  C 136 ) porte la faveur, les biens, a un homme que Ie mépris général aecable? A quoi peuvent-ils lui fervir? L'honnête homme pauvre & fe nouriffant du pain qu'il achette de fes fueurs, peut être heureux: mais celui dont 1'opulence n'eft que le fruit de la haffelle, eüt-il tous les tréfors du monde, il ne peut en jouir. Oui, c'eft une vérité de fentiment, fi 1'on veut favoir quel eft le plus fortuné mortel, laqueftion n'eft pas difficil%a réfoudre, c'eft le plus honnête homme de tous. Dans les discufuons d'Etat, on peut être d'avis contraire fans être traitre. On peut fe tromper fans être coupable, & lorsque le caractère d'un homme eft connu, fi fon avis diffère du rsótre, il faut tacher de le ramener par la perfuafion, & ne pas fe Mter de le juger. Combien cette fatale imprudence a coüté des bons Citoyens aux Empires! Combien il eft imprudent d'éloigner &de rendre mécontensceux qu'on pourrait ramener fi 1'on voulait en prendre le foin! Tout étre penfant eft attaché a fon opinion, & la van.té fouffre trop de 1'aveu de fon erreur, pour efpérer qu'on ne luttera point contre le facrifice. Laiffons leur 1'efpoir de fe fauver par la purcté de 1'intention; vantons, exaltons ceux qui, après s'être égarés, ont repris le fentier de 1'hpnneur: encourageons ainfi è y revenir; ü en codte tant pour faire le mal, qu'il n'y a perfonne qui ne fe réjouifie de pouvoir trouver un prétexte pouf revenir au bien. Les éloges du Cuide jatte du Bas-Rbin ne peuvent blanchir M. v. G. Envain il envoie fes mémoires, envain 1'autre les apointe: 1'homme eft jugé, le défendu & le défenfeur font pitié , fentiment naturel qu'infpirent les malheureux ; 1'un perd fa place, 1'autre fes fousfcrivans. (La fuite au No. procbain.) (Aux Adrejjes ordinaires.) I  t & POLITIQUE N«. CXL. LUNDI, ce 13OCTOBRE, 1783. Suite de l'Esprit de Parti. Mrs. van Capelle n'ont pas befoin d'apologifte, on voudroit fans fruit leur faire perdre 1'es» time que leur vrai patriotisme infpire. Mrs, van Capelle ont pour eux tous les Hollandais, (jenomme ainfi ceux que la Nation avoue) & Mr. v. G. n'a feu mettre dans fes intéréts qu'un cul de jatte. Qu'il eft fier ce grand Mr. avec fespetitsmoyens, de fe voir interpellé par un homme dont ïestalens font reconnus!. Bon cul de jatte que vous êtes plaifant! Vous êtes doncStathouderien?Non,non, n'en croyez rien, meflieurs les ledleurs- Lui Stathouderien 1 bon! Eft-ce qu'il fait ce que c'eft qu'un Stathouder? Et non vraiment. Imaginez-vous voir Tome VI. I deux  deux mains placées au lieu des deux plateaux d'une balance. Mettez a mefure égale un poids dans les deux bafrns, 1'équiljbre eftconfervé; mais doublez la dofe de l'un des deux cótés , alors la balance panche , & le cöcé fort 1'entraine : voila précifément mon cul de jatte. Ses mains font les deux balances, fon elpritlefleau; le refte fe devine.N'eftil pas vrai, cul de jatte, que je fuis au fait? Mais comme je n'étois point chargé du feeret, je ne fuis par tenu a le garder: toutefoisü vous voulez pourtant, ceci reftera entre nous. Prouvons feulement que vous devriez renoncer bonnement a vous ériger en prophete & furtout en contemplateur. Vous palfez votre tems a faire des bévues; paffe encore pour, des fottifes , on y trouve quelquefois fon compte: mois k en dire! Jamais. Vous vous mêlez de traduire les républicains, comme des ogres qui dévorent la chair fraiche. Que ferois.je, dites vous fi j'ofois aller au milieu de ces barbares? (Premieremént quand nous ferions des ogres, on ne vous mangerciit pas, car vous n'êtes pas de la chair fraiche; Ce que vous feriez, hé bien tenez le voici: Si vous veniez dans nos Provinces, ce feroit paree que vous auriez fait une fciffion è Cléves avec votre commettant : j'aime toujours a mettre de grands mots pour peindre de petites chofes: alors dans Tune de nos villes, vous iriez trouver un libraire , & fuivant fon geut, fa volonté, & furtout fon argent, vous voas établiviez critique, défenfeur, apologifte, & feriez en tout tems vos leéteurs martyrs. Hé bien, voilé qui eft poli, j'efpere: un mot de remerciment, cul de Jatte; vraiment je vous traite tien aujonrd'hui, & puis je m'appergois que vous vous corrigez, depuis deux couriers, vous n'attaquez perfonne: pour vous défendre on n'en parle pas, ce n'eft pas votre fort- Vous reffemblez affez a ces petits roquets qui japperit fur la porte: auffitót qu'on s'ap • pro-  C i3P ) proche, ils s'enfuient au fond de la cour; & vous vous tapilfez dans votre Jatte. Hés peut-or* appeler autre nent les cris que cet homme iappe contre la France , & nos regens. Une m'itiere qui n'a point été traitée férieufement & qui le mérite peut-êcre , c'eft de favoir pourquoi nous av^ons concu cette défiance injufte d'une nation généreufe. On me pariera de Louis XIV: comparons la conduite de Cromwel a la fienne & 1'on verra laquelle était la plus faite pour nous aliéner. Si la différence des perfonnages fait quelque chofe è 1'infulte, on verra que Louis XIV était un puiffant monarque énorgueilli par les viótoi. res & par le nombre des grands hommes qui ont illuftré fon empire, & 1'on verra dans Cromwel un ufurpateur, le, bourreau de fon Roi Jamais égalité ne fut moins établie: fans - doute Louis & Cromwel n'entrent point en comparaifon. Je n'ai fait cette remarque que pour faire fentir combien il eft dangereux de fe livrei- k des impreiTions fauffes & u'embraffer f efprit de parti. Si nous avions tous partagé le délire des habitans du Cap, nous trouverions plus doux-' d'être les efclaves des Anglais que les alliés des Francais. Fatale prévention! & quand même les fieclés paffés nous fourniraient de juftes fujets de crainte , pourrions ■ nous nous en prévaloir pour celui-ci? Qu'a de commun 1'Ambition de Louis XIV & 1'équité de Louis XVI? Le Roi a expliqué , par fes Miniftres , le defir qu'il a eu de nous fervir: nous nous fommes conftammenc défié de fes intentions, & de fait fa généroiité eft il étonnante qu'elle a du nous furprendre. Mr. le Comte de Vfcrgennes, que 1'Europe admire avec juftice, a fait pour nous ce qu'il pouvait décemment accorder avec les intéréts de fon maitre Qu'avons nous fait nous? Rien: & fans le brave Soutman , cette guerre fe ferait pasfée en réfolutions non exécutées. C'eft encore i I 2 1'ef-  C 140 } 1'efprit de parti que nous devons les obftacles qui nous ont arrêtés dans toutes nos opérations, & lorfque 1'événement nous punit de notre inaction , nous accufons ceux que nous avons rejettés pour nos alliés, & nous nous plaignons a eux de nos malheurs. 11 fallait prendre alors le parti vigoureux que nous prenons adtuellement; il fallait fe fouvenir, que le fol qui cache les cendres des Tromp , des Ruiter , n'eft pas ftérile en héros. LAngleterre applaudit a noscraintes & les fortifie de tout fon crédit, crédit d'autant plus dangereux, que nous ignorons ceux qui fe plaifent k le fomenter. Ainfi la Hollande a de faux Freres , qui ne fachant fur qui jeter le poids du reproche, en accufent indiftinctement tout ce qui fe préfente a leurs yeux: voila k qui nous devons rapporter les différens avis, & ce fera encore a eux que nous devrions nous en prendre, puisque ce font eux dont finfluence a toujours entrainé les fuffrages: influence qui chaque jour s'affoiblit, & qui k moins de quelque incident imprévu, n'entaïnera plus deformais aucun Citoyen. Sur  C 141 ) Sur les Conditions de la Paix. Les conditions de paix auffi ruineufes qu'humiJiantes , que 1'Angleterre nous force d'accepter, femblent faire des fenfations différentes parmi les repréfentans du peuple, tandis que la nation entiere ne devrait avoir qu'un cceur & qu'une ame, fi 1'on peut s'exprimer ainfi, pour reflentir en vrais Bataves, les outrages, «Sc les injuftices recues de la parr d'un allié qui a violé a notre égard, tous les droits des gens «Sc de la probité. Cependant nous voyons fortir du Bureau méme de Certaines Provinces, des écrits qui portent le Carac' tere, non pas de 1'indignation qu'ils devraientavoir, mais de la crainte d'oifenfer un ennemi, qui^ourrait, difent-ils, nous prendre encore ce quil n'a pu nous arracher; 1'on voit par la combien 1 efprit Anglomane agite des perfonnes qu'on ne devrait pas même foupconner ; mais le plus grand nombre attaché aux vrais principes du gouverne. ment, ramenera ces têtes timidement réfervées, par des exemples d'un véritable amour pour la chere patrie, en forcant en quelque maniere tous les efprits a confidérer de fang froid & fans préjugé les caufes qui nous ont rendu cette guerre fi funefte. Efpérons donc que nous ne ferons plus pillés, ni infultés auffi impunément que nous 1'avons été par les envieux de nos biens & de notre liberté, «Sc que des forces refpectables habilement employées detourneront de fes projets hoftiles 1'AgreiTeur qui feroit tenté de troubler de nouveau notre repos. Nos pertes font grandes, k la vérité , mais nos reifources le font aufli pour les réuarer, fi la difcorde ne fouffle plus fon poifon fur les mefures aftives que les Peres de la Patrio I 3 vont  C 142 ) vont prendre pour le plus grand bien de la République Attendons tout de leur zele & de leur amour pour notre nation. Deji plus plufieurs membres du gouvernement de différente? Provinces onttenu une affembléedans cette ville,oh 'h s'étoient rendus pour conférer enfemble fur les moyens è prendre, pour mieux raffermir la liberté ,. défendre nos droits, & maintenir la tranquilité; on affure même qu'il doit fe tenir inceffament une autre affemblée pour les affaires en général de la République qui fera compofée de la Majeure partie des Régens de 1'Etat; ce qui nous préfage des évenemens de la plu*- g ande importance: en attendant nous croyons devoir indiquer les noms des Patriotes Zéles qui ont formé ladite affemblée. Ceux de la Gueldre étaient Mrs. le Baron de Nyvenheim, le Baron de Capelle de Maish. le Baron dc Lynden & le Baron J H. de Zuilen de Nyevelt: ceux'de Hollande étaient Mis Geyzelaar, de Vredenburg. van Halteren, Romswinkel, Blok van der Burch Hooft, van Leyden, Abbema. Hovy, Bicker, van der Hoop, Herbach van der Minde, Paludanus van Foreeft. Ryfer, Nanning du Tour, Ebbenbaut, Blok, Le Baron de Capelle, Schoonhauwen, le Baron d'Alva , van Eifi'nga, Adringa, de Kempenaar J. C. Bergman, le Baron de Palland & de Gipelle de Poll. De tous les écrits qui ont paru. au fujet des préliminaires de la paix entre nous & 1'Angleterre, il en eft un, d'une énergie digne d'un Démoftene atiimé contre 1'ennemi de fa patrie ; c'eft 1'Avis que M. le Baron van Dirk van der Capelle a remis aux Etats d'Overyffel le 20 Septembre dernier; il eft fi fortement exprimé dans les principes de notre poütiquc, que nous croyons faire piaifir è nos leéleurs d'en donner la traduclion. No-  C *43 > NOBLES ET PüISSANS SEIGNEURS, Ce n'eft qu'avec cette indienation, ce dépit, ce defir permis de veneeance, que tout Ami honnête de fa Patrie provoquée & mal-traitée doit reflentiren ce moment, que Ie Sous-figné eft forcé de donner fon confentement aux Préliminaires, qife 1'artifice, la perfidie, Ia trahifon & la violence nons extorquent aujourd'hui, & cela fousdesprotellations continuelles d'amitié, d'Alliance, Seflimevéri. tablc , de joye au fujet de tont {ce qui peut avancer le bien-être £? la profpérité de cette République, La fenfibilité fur 1'accumulation de roaüvais trakemens, que notre Nation tranquille & paifible, mais malheureufe aujourd'hui, a éprouvés de la part du Royaume Britannique, qui a toujours forgé des Fers pour nous, quilesforge encore aftuellement avec i'aide de fes Amis dans !e fèiri de notre Pays; — le defir d'une jufte vtngeance, qui convient trés bien a nn Peuple Chrétien clans notre cas; . Ia honte fur notre humiliation; — 1'ardeur a la laver dans Ie fang de nos Ennemi: Héréditaires; —-—. toutes ces diverfes fenfations mêlées ont fait fouhaiter quelquefois au Sous-figné, que la Nation hazardat le par;i le plus extréme, oui même fa ruine entière, p'utót que defe ïoumettre aux Connisions dures de Paix, qui nous font impofées conime a un Peuple vaincu, dont 'es Romains de ce Siècle ont juré la pene, 1'extirpation totale. Telles furent les penfées, tels les fentimens du Soulïïgné comme Particulier. Comme tel il auroit, de crcur & d'ame, & jusqu'è la dernière goute de fon fang, amant q ^e le lui auroient permis fes foibles facultés, concouru a 1'exécution des mefures les plus hardies, auxquelles jamais Peuple, dont la longue patience a été poulfée a bout, s'eft déterminé: i Mais, comme Membredu Gouvernement, il a jugé , dans cette conjoncture fatale, oü nous avons 1'Ennemi dans notre fein & au dehors, ne pouvoir confeiller I 4 la  C 144 ) li contimiation de Ia Guerre. Cependant, fans l'ordre exprés du Peuple, dont il eft un Serviteur refponfable de fa conduite, il ne fe croiroit pas autorifé a donner fon fuffrace a cette Paix, qui peut avoir des effets non moins mortels que la continuation de la Guerre, ne füt-ce que Ie Peuple en ne préfentant point des Adreffes contre cette Paix, comme il fa fait contre la Paix féparée avec 1'Angleterre, ett montré fuffifamment, qu'il Ia regardoit comme lemoindre des deux maux propofés a fon choix, ainfi qu'elle 1'eft réellement, en la confidérant d'après les régies d'une Politique réfléchie. Le Sous-figné donne pour cette raifon fon confentement & ces Articles Préliminaires de Paix , qui néanmoinsne font pas (ainfi qu'on voudroit volontiers les faire envifager è Ia partie peu éctairée du Peuple) la fuite d'un manque d'ap- pui de la part de la France ; de la France, a qui nous devons tout ce que nous avons encore confervé t Mais ils font, ces Articles, 1'Ouvrage, le Chef-d'ceuvrede ceux auxquels, malgré toutes repréfentations, admonitions, «lemandes, prières, fupplications, requifitions, oui malgré 1'indignation du Peuple entier des Provinces Unies, indignation publique & qui leur eft très-bien connuë, 1 ■■il a plü de diriger les affaires avant & durant la Guerre, de facon qu'il ne pouvoit s'enfuivre que cette Paix aufli flétriflante pour nous que convenable a tous égards aux vues de nos Ennemis. Le Sous-figné n'entrera pas en ce moment dans un ex« polé circonftancié de tous les évenemens, que nous avons vu arriver en ces jours d'amertume: II rappeller-a fimple-. ment, que dés 1'année 1773» >' a infifté, en préfence de M. le Stadhouder Héréditaire, fur l'Augmentation fi hautement réceflaire de la Marine, en y ajcutant, que les Ma. rins ne fe drefjoient pas fi pramptement que les Recrues des Troupes de terre. De tous cótés 1'on a fait de tems en tems les raêmes inftances dans cette République. 11 y donc eu du tems en abondance pour nous armer de facon que nous n'aurions pas été témoins dans nos jours ou de eette Guerre ou du moins de cette Paix ruineufe. ■ Oui ce tems y a été plus qu'abondamment. L'Argent,par !a bétiédictioH du Ciel, ne nous a pas manquè non plus.  ('145) On a en l'avaiitage de n'étre pas furpris ptr l'Orage, mais de le voir fe raflèmbler dans le lointain, & ne s'approcher de nous qu'ü pas lents. Cependant, lorsqu'il éclata fur nos têtes, nous n'eümes pas de Flotte, proportionnéeaux facultés de la République, & au danger oü 1'on pouvott prévoir qu'elle tomberoit inceflamment. La Guerre com* menca: Nous avions quelques VaiiTeaux déjè équipés: L'on en conflruifit d'autres: Enfin nous eümes une Marine, qui n'étoit pas rout-a fait a méprifer. Son infériorité en nombre & en rang des Vaiflèanx étoit doublement compenfée par la valeur connue de nos Marins, valeur dont ils donnèrent une preuve éclatante; par la fituation difficile, oü notre Ennemi fe trouvoit; par ll'heureufe occafion, que la ?',"uid?n*CeJ?oos offit' (mais qu'on a né§l'géede propos delibéré & d une maniére qui ne pourra jamais fe jutlifier ) de pouvoir joindre, a 1'exemple de toutes les Nations fages, nos Forces inférieures a celles des Ennemis de n». tre Ennemi haraffé, épuifé, & déjè fur les dents; , pour devenir Membres d'une Confédération puiffame & victorteule ; & pour pouvoir partager lors des Négociations de Paix, comme Confédérés, (la oü nous n'y avons paru aujourd'hui que comme les Protégés de la France ) tous les avantages, que la Confédération de la Maifon de Bourbon a remportés, & dont elle jouit a préfent - - Mais è quoi emplovèmes-nous cette Flotte? Quel domma. ge avons nous porté a notre Ennemi? Quel fervice avonsnous rendu a nos Amis? Pourquoi n'a-t-on pas envoyé fans bruit & a tems (& du tems il y en a eu fuffilamment^ quelques VaiiTeaux aux Indes-Orientales, oü quelque peu de Vaiffeaux de guerre, réunis aux forces de Hyder Aly & des trancots, auroient promtement mis fin a Ia Guerre ? Pourquoi n'a t-on pas envoyé féparément en croifiére no«f Navms les plus légers? Pourquoi, au lieu de les laiffer pourtir dans les Ports, ne les a-t on pas employés a in tercepter, a ruiner Ia Navigation Marchande de notre En nemi, comme le Congrès de 1'Amérique-Unie l'a fait del Hens avec fuccés? Pourquoi, au moyen de Subfides n'a t-on Pas attaqué 1'Ennemi dans cette partie-la même du* Nouveau-Monde, puisqu'au moyen d'un fecours en Ar gent 1 on auroit mis les Américains en état de faire des Armemens mantimes & d'incemmodar 1'Enneini fur ce Element? Pourquoi Mais ce feroit une peine 1 5 in.  ( H<5 ) inflnie que de vouloir épuifer cette matière. Le Sous. figné ajoutera donc feulement encore une remarque: C eft 3 la faute de tout cela doit avoir eté quelque-part: II faut qu'i y ait quelcun , qui en ait été le: Moteur: II 5 point d'effet fans caufe, fans caufe affez pu.iTante dans fon opération pour produire cet effet. Te Sous-figné donne donc fon confentement, mais avec la déclatation expreife, que jamais, a quelque prix que ce foit il ne concourra a renouveler aucun des anciens Traités', annullés aujourd'hui, avec une Nation, qui ne fr «oit liée par les Traités qu'auffi longtems qu', convient è fes intéréts, qui méme ne cherche des Alltances éuoites avec nous qu'uniquement dans la yue de pouvoir | leur faveur nous encüalner d'autant plus atfement dans fes fe s d'employer & de faire fervir le refte de nos forces, que'nous avons déja prodiguées pour la plus grande partie fous fon joug, exclufivement a fon ut.l.té, a fon avantage, Smme un Pla'nteur immiféticotdieux épuife pour fon pro. pre lucre la fueur & le fang de fes Efclaves. Nous connoifibns , nous fentons les injuftices que Ia Grande-Bretagne a commifes dans ces dern.ers tems envers nóus 11 eft donc inutile de les récapkuler ici ducommeninsqu'a la fin: Mais le Sous-figné crott, qu.1 ne S p s hS de propos de rappeler les deffeins pervers, déi* depuls longtems Par ce Peup,1e contre no„e Wen être & contre notre Libetté, & de les expoia a v. W PuTfLces, au Peuple entier des Provinces-Umes, dans £ LofÏ e'rmes d'un des plus grands Hommes de la Na- «ton BrUannique, de H°« «"«us fon fhfiotre de la Grande Brétagne, XM le Baron van der Capellen du Pol fit e ici trois 1 palges de Aiiftoire deMr.Bame: L un fe trouve 2'Tomé VII. Chap. 64. a la fin duréat desévèrcj Zens de 1664. L'Jutre eft au même Tome Chap. 65. I la fin de . Tan 167 & * "oifième en rneme Chap. fur Fan 1672. Le premier concerne les prétextès qui fervirent d Charles II. Le fecond ceux que . Ws II. Lpkya, pour déclarer la Guerre a la Ré. fublique: Letroifième regarde ïattaque du Convoi  C i47 ) Hollandais de Smyrne par Sir Robert Holmes avant la Déclaration de Guerre. Dans tous ces pdjfages Mr. Hume repréfente Vinjufiice de fes Compatriotes envers la République, leurs motifs de jaloufie , d'enm vie , 5? de rapacité . avec toute la vérité & la firn • plicité d'un fidéle Hifiorien : Mais, eomme ils font trop longs peur notre Feuille , nons renvoyons no. Lee teurs a rOuvrage même. Enfuite Mr. de Capellen continue en ces tennesé], Voila, No bles et Puissaks Seigneurs, Ia facon, dont ies Anglais en ont agi envers nous, d'après le proprs té- moignage d'un de leurs plus grands Hommes. Le Sous-figné s'affure donc, que notre Nation eft trop écl.iirée aujourd'hui fur fes vrais intéréts, pour qu'elle f? lailTe enlacer de nouveau par l'apoét d'un NegapntnaTi dans les rets, dont elle vient de s'échapper. II efpère. qu'llecomprendra que, quoique TifTue de Ia Guerre eüt pu être plus heureufe, 1'anéantiflement néantnoins des anciens Hens, qui nous aflujettilfoient a notre Ennemi naturel, larup. ture des Fers déjit couverts de rouiile, dont il avoit feu fi longtems nous tenir enchalnés, n'a pas été payée trop cher au prix de Negapatnam: II s'attend par conféquent, que, quelques efforts que f-ilfs une Faétïoi puis. fante pour y engager la Nation, celle-ci ne fe portera jamais è Ia baffeffe de foulfrir que ce= Enfans. Batards te la Patrie rempliffent leur but & goütent la fatisfaétion d'avoif réduit encore une fois la République a fon ancienne dépendance de l'Anglcerre. Si la Nation fe laiffaic aller jamais a cette lacheté, (événement que le Sous-figné regarde comme impolïïble) il ferait inutile, que des Hommes d'honneur facrifialfent plus long tems a fon falut leur repos, leur contentement, leur füreté même: Elle ne mériteroit pas mieux que d'être abandonnée a fon fort comme un Peuple, dont fétat eft incurable: Mais il s'attend au contraire, que la Nation, que le Peuple Batave , fi rénommé par fon courage & par fon amaur pour la Liberté , fe rappellera toujours a 1'efprit ces mots re. marquables, de M. le Comte de Vergennes a nos Mini» ftres, qu'en 1763 la F'ance avoit auffi dü fubir un fort malheureux , & qtielle s'étoit vu obligée d'accepter les Conditions dures , qui lui avoient été prefcrites\ que par.  C 148 ) par la elle n'avoit pas perdu néanmoint fa dignité; mais qu'elle s'étoit mife en état de ne pas fe voir expefée, dans des conjonüures futures, a un fort également malbeureuv. Le Sous-figné s'attend, que la Nation, jaloufe de fa dignité, ne manquera point d'appuyer, autant qu'il eft en elle, les efforts des Régens bien intentionnés, qui fe font trouvés trop foibles jusqu'ici pour faire prendre a fes affaires un tour plus favorable; & que ceux ci, fecondés ainfi par le pouvoir du Peuple, raettront en ceuvre avec une ardeur courageufe & porteront a une fin defirée les mefures nd» ceffaires, afin de fruftrer les deüeins des Ennemis de no« tre Liberté & de notre bien-être, & de faire même de cette Paix une bénédidtion pour la Patrie. Le Sous-figné demande que cet Avis foit inféré dans les Regttres pour fa décharge. CSigné) ]. D. VAN DER CAPELLEN TOT DEN PoL. M. le Baron de Capelle rappelle dans cet écrit la réponfe que le Comte de Vergennes fit k nos Ambafiadeurs a Verfailles pour les engager k céder aux circonftances facheufes. II efi: certain que la France fubit un fort bien plus malheureux que le nótre par fon traité de 1763 avec la même puiflan. ce, qui comble la mefure de fes iniquités envers nous. Ce traité qui paroiflait être fi humiliant, ne lui a pas néanmoins fait perdre fa dignité ni fon influence dans toutes fes cours del'Europe: imitons fon exemple, s'il eft poffible, & n'oublions jamais que fi nous fommes forcés aujourd'hui d'accepter des conditions dures, nous devons , comme la France, nous préparer k n'étre plusexpofcs, a 1'avenir, k un fort auffi funefte que celui qu'on nous oblige de fubir; c'eft par une acfivité foutenue k réparer fes pertes, & fa profondepolitique, qu'ellea feu fe venger & triompher de 1'ennemi des nations; ceti  C 149 ) cette activité & cette fage politique qui ont pour but le bien de 1'Etat ne peuvent être ignoréesde nos dignes fouverains; il en connaiflent trop bien la néceflité pour négliger les avantages qu'on doit en attendre; ce n'eft point pour eux aufli que nous allons puifer dans un auteur moderne, une définition de la politique dont on parle tant, mais bien pour ceux de nos Lecleurs qui veulent s'en faire une idéé jufte. L'on ne peut pas douter que 1'art de rendre un peuple heureux autant qu'il eft poffible,ne foit 1'objetle plus digne d'occuper une ame vertueufe,il fut dans tous les tems celui des Méditations du Citoyen raifonnable & des Souverains pénétrés de leurs devoirs envers' leurs fujets ; la Politique envifagée fous ce point de vue eft véritablement 1'art de gouverner les hommes & de les faire concourir è la confervation & au bien être de la Société : nous la definirons: 1'expérience appliqaée au gouvernement & au befoin de 1'Etat. Le Citoyen dans la vie privée n'a befoin que de veiller fur lui méme, & de régler fa conduite pour remplir tous fes devoirs en travaillant pour fon bonheur; mais les hommes que la Providence place a la tête des Empires doivent non-feulement veiller fur eux mêmes, vu que leur propre conduite influe de la fa$on la plus marquée fur Ia Société en général, mais encore a contenir les paffions difcordantes d'une multitude trop fouvent privée de raifon & d'expérience, & è diriger les intéréts divers qui fernblent fe contrarier ; enfin, ils doivent s'appliquer è faire confpirer avec eux au bonheur général les chefs des autres nations , en ufant d'abord du pouvoir de la perfuafion , & de celui de Ia force a fon défaut. Rien ne paraft plus difficile que de faire agir de concert les membres d'une Société, rien ne femble demander autant de fagacité & de vigilance que 1'art de diriger  C 150 ) ger 1es paffions divergentes d'une multitude d'hom* me vers un même buc, & de les ramener a un eentre commun dont elles s'écartent fans céffe; c'efl le chef d'ceuvre de la fageffe éclairée par 1'expérience de la philofophie que de faire contribuer toutes les volontés particulieres a 1'exécution d'un plan général qui contrarie fouvent leurs penchants , leurs intéréts perfonnels, leurs préjugés, & de les foumettres a la volonté publique, indiquée par la Loi. II n'y a que Ia fageffe la pius t onfommée qui puiffe donner aux différens refforts de 1'ctat, le degré de tenfion dont ils font fufceptibles; enfin il n'y a que la raifon la plus exercée qui puiffe faire découvrir les nouveaux refforts qu'il faut de tems en tems fubftituer aux anciens lorsque les circonftances leur ont fait perdre leur efficacité: tels font les objets que la politique embraffe- Ce n'eft pas tout encore : non contente de veiller fur lïntérieur de la Société, elle eft forcée d'étendre fes vues au dehors; de porter un ceil attentif fur les mouvements & les intéréts des nations voifines, d'arrêter leurs entreprifes, de prévenir les effets de leurs paffions, de leur ambition , de leur avidité ; d'empêcher qu'elles ne ravifient les avantages procurës par la nature ou 1'induime; enfin de déterrainér des Sociétés indépendantes a feconder fes projets. LET»  LETTRE écrite de Paris le 3 Oftobre a 1'Auteur du Politique Hollandais. Je vous apprends, Monüeur, que les Articles Préliminaires de paix entre votre République & 1'Angleterre ont êtes ratifiés , & échangés par les Miniftres refpeclifs des deux Puiflances: on ne peut pas dire que cet important ouvrage ait été conclu avec une juftice cc une fatisfaftion égale pour les parties contraétantes, puisque tout eft bien pour 1'une, & tout eft mal pour 1'autre. Je doute que la nation Batave en témoigne fon contentement , quoiqu'elle ait dü s'attendre que les prétendus poflefleurs du Sceptre de Neptune uferaient envers elle de leur droit de Conquête, comme ils font accoutumés quand 1'impérieufe néceflité ne peut leur oppofer qu'une faible réfiftance a leurs ufurpations; il faut convenir qu'ils ont merveilleufement rempii leur grand objet de fe faire une reflburce de vos richeffes,'& de porter un coup funefte k votre Commerce, qu'ils ont toujours vu avec la jaloufie que donne une fïerté ambitieufe, qui ne connait d'autres loix que la force. Qu'il eft k craindre qu'ils n'abufent encore de la libre navigation dans les mers des Indes qu'ils ont obtenue avec Negapatnam ! Mais le paflé vous fer- vira  C -5* ) vira fans doute de leeon pour 1'avenir; au refte, recommandëz a vos Patriotes de fe fouvenir que la France ne fut pas moins maltraitée que vous 1'avez été par le même ennemi, dans la précédente guerre : & que dans celle qui vient de fe terminer, elle a feu prendre fa revanche avec tout 1'honneur qu'on pouvait en attendre. Ces Feuilles périodiques parailfent régulierement tous les Lundis è Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbot; il Haarlem, chez Walree; d heide, chez Luzac & van\ Damtne , & Les Freres Murray ; a la Haye , chez J. van Cleef, De tune, vanDrecbt & La Veuve Staalman; a Gouda , chez Van derKlos', a Rotterdam, chez Bennet ffHake & D. Vis ; a Dordrecht, chez Bluffé; il Deventer, chez Leemhorst; a Groningue, chez Huyzingb ; a Nimegue, chez Van Goor; a Arnhem, chez Troost; a Bois-le Duc, chez J. H. Pallier , dHambourg, chez J. G. Vircbaux & chez les principaux Libraires des Pays-Bas.  £ E POLITIQUE N*. CXLI. LUNDI,ce20OCTOBRE, 1783. De l'apus du Pouvoir» II fut-un tems 0ï1 les chefs d'un peuple quelcon 5 que pouvoient donner des Loix fans en craindre. 1'infracf.ion, paree qu'elles étoient. faciles dans la! pratique, & proportionnées au befoin d'un peuple. conauit par des fimples lumieres d'une raifon natu-, relle, toujours fuffifante pour des hommes qui ne pouvoient guere avoir d'autres paffions que de jouïr, des .piatfir; attachés a une vie exempte d'ambition, Tome VI. K &  C 154) 4 des hommes fimples, qui devoient naturellement fuir tout ce qui pouvoit les affiqettir a une ficuation gênante , ou douleureufe : cet &ge heureux difpa» rut fans doute de la terre , quand ces chefs du peuple, féduits par 1'orgueil de commander leurs égaux, formerent 1'ambitieux projet de s'arroger des diftinétions & des prérogatives en petit. nombre d'abord, mais qui furent fi mukipüées dans la fuite qu'on fe trouva infenfiblement enchajné par le pouvoir fouverain, de maniere a ne pouvoir pas même réclamer un droit perdu , fans encourir 1'indignation du maitre a qui 1'on auroit demandé juftice. Dcs-lors les contrées les plus vaftes furent foumifes aux volontés arbitraires d'un petit nombre de mortels a qui le deftin fembloit avoir livré toutes les nations, pour les faire gémir dans 1'esclavage, & fous un joug tyrannique. L'abus du pouvoir n'a point discontinué, le defpotisme n'a ceflë d'être un fléau deftrudfeur, nous le voyons régner encore de cos jours, non-feulement fous les climats des Zones glacées . mais encore dans ceux. des Zones enflammées par un folei! brülant & deftrufteur Nous y voyons, dis-je, dans ces contrées malheureufes, des peuples foumis a des maftres fans pitié.,..qui les gouvernent avec un fceptre de fer, toujours en aftivité contre la partie fouffrante de 1'humanité; nous pouvons citer 1'Afie pour exemple; n'a-1-elle pas toujours été, & n'eft elle pas encore le grand théatre oh fe jouent les fcenes cruelles du defpotisme? N'y voit on pas des Tyrans . tels que ceux dont la fcavante antiquité nous a tracé les portraits avec 1'énergie qu'infpirent la douleur & le defes» poir?Quels remcrciemens ne devons-nous pas a 1'être fupréme d'avoir garanti notre Europe de cette tyrannie, & d'avoir éclairé presque tous les peuples qui 1'habitent, fur le prix d'une liberté raifonnable & fur les droits facrés qui en font la bafe. _ En effet, le defpotisme ne peut plus s'exercer impunément en Europe, depuis qu'une faine philofophie  C *55 ) a pris Ia place des ténebres qui la ten oient dans 1'ignorancè, & a perfuadé aux Princes qui la gouvernent, qu'ils doivent rendre heureux leurs fujets, autant qu'il eft poffible > s'ils veulen; régner paifiblement, & en tirer tous les fecours qu'ils font fi justenjent en droit d'atrcndre d'un peuple qui n'ignore plus jusqu'cü s'étende'nt les davoirs de rob ple. 40. „ Que par 1'ancienne confiitution des par„ lemens , les éleétions des repréfentans ont été „ pendant des fiecles , annuelles , & même plus „ fréquentes dans quelques cas, & que 1'exercice du fuffrage étoit univerfel pour tous les hom9, mes libres. 5°. „ Que .tout ce que 1'on peut faire pour fe „ rapprocher de ces principes fondamentaux tend „ a un rétabliffement, & non pas a une innova„ tion dans la conftitution. 6°. „ Que la franchife éiective devroit s'étendre de droit a tous ceux, & k ceux la feuls qui „ doivent plus probablement 1'exercer pour le bien „ public. 70. „ Que la repréfentation du peuple dans fon „ inégalité aétuelle, & la lengue durée des parle„ mens détruifent 1'équilibre qui. dans 1'efprit de „ notre conftitution devroit fubfifier entre les trois états de la légiflation :. rendent la chambre „ des Communes indépendante du peuple; procu5, rent des majorités toujours füres en faveur de „ n'im-  C 159 ) „ n'importe qu'elle adminiftration , & menacent „ ou d'une monarchie abfolue , ou de ce qui eft ,, encore pire,d'«7z gouvernement plus odieux t d'une „ ariftocratie tirannique. 8°. ,, Réfolu en conféquence , que l'imperfeftion „ de la repréfcntation aéfuelle t\ la long ie durée des pariemens, font des griefs incanfïitutionels & infupportables. co. „ Qu'attendu que la voix des Communes „ d'Irlande n'eft pas moins néceffaire pour tout ,; ce qui a trait a la légiflation, que celle du roi }> ou des pairs; le peuple a un droit jufte & m« „ hérent de rectifier les abus de la repréfentation, „ toutes les fois que de pareils abus auront été „ portés au point de le dépouiller de fa portion „ conftitutionelle dans fon propre gouvernement. io°. „ Qu'il eft de 1'intérét du parlement mé« „ me d'efterftuer une reforme permanente, atten;, du que jufqu'd l'exiftence de cette affemblée ne „ peut que devenir préeaire fi elle perd la confiance j, du peuple auquel elle doit originairement fa créa„ tion , & dont les pouvoirs dont elle efi revêtue „ dérivent uniquement. iio. „ Que nous nous engageons folemnelle„ ment les uns envers les autres & tous envers „ notre pais a chercher un redrelfement promt & 3, effefftif de ces griefs dont nous nous plaignons, & a c opérer avec nos concitoyens dans tout 3, ce qu'il fera néceffaire de faire pour 1'obtenir. ,, Nous appellons è notre aide tout fénateur inté» gre , tout habitant de 1'Irlande ou de la Gran» s, de Brétagne, qui porte ou defire d'acquérir le „ titre d'homme libre. 12°. „ Réfolu unanimement, que nous avons reK 4 „ mar»  ( iöo ) „ marqué avec admiration les efforts nobles, quoi* „que. jufqu'a préfenc infructueux de ces perfon'„ nages. illuftres, & de ces vertueux citoyens qui „ travaillent affidüraént en Angleterre & en Ecos3, fe a fe procurer le redreflément des mêmes „ griefs: puifTe 1'exemple de ces deux nations , „ nos fceurs, animer mutuellement les habitans de ,, 1'une & de 1'autre , k perfëvérer avec une ar,, deur fans reldche jufqu'a ce que Pceuvre glo„ rieufe foit complette. 130. „ L'objet de cette réfolution eft de for« „ .mer une grande convention, affemblée on Con,, grès national, compofé de cinq repréfentans de ,, chaque comté. &-chargé de rédiger un plan de réforme parlementaire ; fee qui fut effeétué fur „ le champ par la nomination des membres res,, peftifs.; •.: - - . - Ci 1 ï4°. „ Dans celle ci, 1'affemblée prefcrit a fon comité la marche de fes procédés, . . , 15P. ,, Réfolu unanimement: Que noas penfons „ décidément qu'k 1'avenir les repréfentans du peu< ple ne doivent donner leur confentement k au„ cun bill de fubfides pour un terme plus long „ que celui d'une année ; & pas au dela de fix „ mois,. jufqu'a. ce que 1'on ait obtenu un-re„ dreffement complet des griefs ci-deffus men-, tionnés." , . • . . , On voit par ces réfolutions vïgoureufes, que les Irlandais 1 ne veulent plus dépendre d'un Gouvernement. Monarchi- Ariftocratique ; les mefures. qu'ils prennent pour venir a leur but ne laiffent pas que, d'intriguer 1'Angleterre, & furtout le parti miniftériel, qui feme, dit- on, 1'or k pleines. mains , pour fe faire des crèatures capables de conjurer 1'orage qui s'annonce ayec tant de bruit j  bruit; mais les Volontaires en font bien inftruits; ils ont rédigé en termes preffants une réquifiuott k préfenter aux villes & aux paroilTes pour- les engager a prendre avec toute la célérité Convenable des mefures propres è donner - du poids a leurs réfolutions, & ont prié leurs repréfentans en parlement de concoin'r, dans la chambie des Co>n,nunes a un ouvrage qui doit combler les vceux de ia Nation. 'Sj ces aflbciations armées ne mo* IhTent pas dans la pourfuite de leurs denandes, comme elles ont fait dans leurs premières démarches, & qu'au contraire elles fe tiennent fermes & étroitement unies en faveur de la caufe commune , alors toute la puiffance des Anglais échouera vraifemblablement contre eux, comme elle a échoué contre les Américains ; Car quand le corps des citoyens, c'eft-a dite le corps de la nation , s'arme contre fes oppreffeurs, le despotisme, comme on 1'a vu récemment en Amérique, & comme on' le voit adluellement en Irlande & én Hollande, pue un róle honteux, & la liberté triomphe. K§ De  C '02 ) De la rcf0rb1e i des abus. ' .Les infiitu'ions humaine? ne fbnt pas fusceptibles d'une perfe&ion inalcérable ; ei les laifferont toujours quelque chofe a défirer. Celles du gouvernement embrafiant un plus grand enfembie offrent par cetie raifon plus de difficukés, quelques efforts qu'on fafle pour les fimplifier ; auffi voit- on arriyer des révolutions que toute la fagacité poffible n'auroit pu prévoir; les gouvernements étant 1'ouvrat'.e des hommes , ils ne peuvent donc pas être fijj abus; tous ont été établis par la force, 1'enthoufiasme , ou les befoins: tous ou presque tous ont' été enfantés au fein du défordre,- des orages & des, allarmes; la raifon & Péquité préfiderent rarement a leur formation primitive; plus rarement encore les nations furent affez prudentes pour prévoir les abus que 1'on feroit de 1'autorité qu'elles confioient a un ou plufieurs indivi.ius; de la s'enfuivirent des changements, des réformes, qui furent commurément l'ouvrage des paffions & de la nécelfité; on ne fongea jamais qu'è remédier aux abus que 1'on fentoit aftuellement ; & quelquefois k ceux que 1'on vouloit écarter , on en fubftitua de plus dangereux La plus grande perfeclion d'un Gouvernement doit confifter principalement a diriger vers le bien public les paffions des Citoyens & 3 les faire concourir au bonheur de la fociëté autant qn'il eft poffible ; les fondateu's de notre république le fentirent bien quand ils fovmerent leur code de Légiflation , après s'êcre fouftraits au joug de 1'Efpagne; mais 1'intérêt, & 1'ambition de quelques uns de leurs descendans, ont produit du changement & caufé une altération fenfible dans les fages principes qui faifoient la bafe du Gouvernement  C l<53 > ment primitif. C'eft a remettre les loix dans leur vigueur & a réformer les abus d'une autorité taal furveiilée, que nos patriotesles plusdiftingués s'occupcnt aéluellement, comme nous croyons 1'avoir dit. N'oublions jamais qu'un Cicoyen honnête & raifonnable doit fe foumettre avec patience aux inconvéniems néceflaires du gouvernement fous Jequel il eft né. Obügé de fervir la focieté dont il eft membre , il doit le faire par fes talents & fes confeils en évitant toute adtion qui pourroit en troub'er l'ordre. Ayons donc pour les défenfeurs des droits de la patrie cette confiance due h leurs lumieres & k leur zele. Les villes de Dordrecht & de Schoonhoven ont jugé qu'il convenoit de faire un changement dans le militaire: Elles propofent en conféquence a leurs Nobles & G. P. fes trois points de réforme que voici. i°. Qu'il ne feroit plus permis a 1 avenir d'admetre des Officiers étrangers dans les régiments natioriaux que fur la répartition de la province. i°. De vendie des compagnies ou autres poftes Militaircs dans aucun c'oïps fans la même répartition. 3° D'y conférer des grades militaires ; & comme 1 arreté pris k ce fujet par leur N. & G. P. ne peut que plaire a nos lefteurs, nous allons le donner purgé des erreurs dont fourmillent les copies qui en ont paru précédemment. EXTRAIT des RésoLUTioNS de Mrs. les Etats de Hotlande & de West Frise, prifes dans CAffemblée de L. N. & Gr. Puiflances: VendREDI 2 Ottobre 1783. Délibéré par réfomption fur le Rapport fait le 1 Aoüt a rAlfemblée, pour fatisfaire a la Réfolution Coramisforiale de L. N. & Gr. P. du 1. Mai précédent, au fujet de la Propofition de Mrs. les Députés de la Villende  c m) Dordrecht, „ par quels moyens les plus convenables 1'on " P"?urr01t ?5P^h«. W de tems en tems 11 ne fü Der" „ mis aux Officiers, qui fervent dans les Régimen»Th " r±artl"°\d!t.Cetle Pf0vince' de vend« leurs C arges „ Militaire, a d'autres pour une Somme convenue entre M ™»> e" eontravention de la Réfolution de L N £ „ Gr. P. du 36 Mars 1675, ainfi que de qUei!e ma„'ière „ la plus convenable 1'on póurroit préveni? les inconvé- " vv1S' qT Ttlkem de pIUS en P'us P°ur i-AtméenVdee „ 1 Etat des Aftes multipliés k la fuitede l'Arml ani „ s'accordent fans ceffe aux Officiers, en leur Xervan „ néanmo.ns leurs Appointemens ou partie d'iceux com» me *uffi PSf Ie S^nd nombre de Grades titulaires' q °on „ confere aux Officiers en fervice aft-iel a,, l „ fenfible de 1'Etat." De plus Ar Ia P^ofi L^ft" „ les Députés de la Ville de Schoonhoven' 'Sur nS' „ ployerdesormais au Service Militaire, au.deffiuïdu g-al „ de Sergent dans l'infanterie ou Ia Cavalerie que dt „ Nationaux nés dans les Sept-Provinces, dan ?es P ,, de la Générahté, 0.1 dans les Colonies de 1'Eta bS „ entendu que les Etrangers aauellenuntauSerlice& leurs Enfans feront tenus pour Nationaux, iï auelt „ fus-dtte hnntation ne fctendra . rL^J^ „ «••" Er en , fur le Pré-Avis des Coffeil " s ül « Put?s' reml3 dans Ia Conférence du i9 luit, rfemier . A eté trouvé bon & arrêté è f-égard du premie? Point pour emp'cber la Vente de Charges Militaires de óer'. „ fitter a s'en tenir a la Réfolution de L. N. & Gr Pd» ,i 16 Mars 1075, pourcbarger férieufement Mrs Ie"* cZ " ^^V 4 'a ^ & ^ Hoorn, dev1": „ Ier avec (om a ce qu'elle foit exaétement obVervée & „ rempl.e, bteh entendu néanmoins , que les 7 MM „charge dune Reverfion aux Prédcce/eurs duramia „ vte de ceux-ct en refleront charges ,& pou "om J* n conferes en conference, avec dispenfatioL 2 T „ expurgatoire: Que dè plus Ivég^Z'Sond S „ fus-dit Rapport pour privenir les Aét'es d la flite de „' l Armée, ces aftjs devront ceffer è l'aven.v „,f/ • „ qu'ils ne devront Aceorder qV^ZTdlTéll "' CaJ ^"T5 P°Ur des raifons * « mouv ntïs du feu „ préalable &avec 1'agrément de L. Ü & S^ JÏ  ( 165 ) & que d'ailleurs 1'on devra obferver desorraais rigGU" " reufement & fuivre les régies contenues dans les Réfo" iutions de L. N. & Gr. P. des 2 Oftobre 1654, H Mars " 1655 , & 18 Mars 1721; que les Officiers Réformes ,qui. " ont été portés a la répartition de la Province, & qui " 'font encore en état de fervir, devront tom&er dans les " Potles vacans fans difiinttion & étre préfêra d tous " autres pour les Charges Militaires du mtme grade. " Que pour ce qui regarde le troifième objet, tendant a " dérendre les Grades tlculaires, qui s'aceordent aux Ofïï" ciers faifant le fervice, 1'on perfide è s'en tenir auxRé* " folutions des 10 Mars 1663, 18 Avril 1670, 7 Juia 1704, 7 Mai, 24 Juillet & 21 Aout 1705, 6 Janvier " 1706, 18 Janvier 1716, 12 Février & 10 Mars 1723, " 26 lanvierêi 11 Février 1724, 15 Mars 1725, 9Aoüt, " 11 Septembre & 10 Oftobre 1727. particulièrement a " celle du 15 Juillet 1729. avec réquifition preflante ï " 1'égard de Mrs. les Confeillers-Députés, pour qu'ils " veillest è ce qu'elles foient obfervées exaftement, & " qu'ainfi 1'on borne desormais la conceffion d'Aftes titu" laires, pour les Officiers fur la répartition de la Province, " uniquement aux Régimens des Généraux effeftifs." Et fera envoyé Extrait de la préfente Réfolution a Mrs. les Confeillers - Députés réfidant a la Haye & a Hoorn, pour, donner toute 1'attention poffible il fon exafte obfervation, Et, a 1'égard du quatrieme ou dernier objet, concernant 1'emploi d'Officiers Nationaux au deiïus du rangdeSergent, a été trouvé bon & arrêté, „ avant de rien déterminer a cet égard , de prier S. A. (Mgr. le Stadhouder) de donner fur icelui a L. N. & Gr. P. fes Confidérations & " Mrs. 7e '/'Ordre Equeftre & de la Nobleffe fe font oppof s d la conclufion des trois premiers Points de la Re', folution ci-defus & fe font rcfervé contre icelle telle Anhotation ultérieure, qu'ils jugeront néceffaire. Mrs. les Deputes des Mies de Dordrecht, Haerlem, Leyde, Ainfterdam, Gouda, Gorinchem, Schiedam, Schoonhoven, Alkmaer, Hoorn, Monnickendam & Purmi-rende, fefont rèfervé contre la fus-dite Annotation telle Contre-Annolation , que Mrs. leurs Commettans jugeront convenir. [Ainfi les Villes de Delft, Rotterdam, la Brille, Enkhui fen, Edam & Medenblik, quoique de 1'AVis de la Nobleffe, n'ont point protefté' comme elle]  C 165 ) LETTRE d'un Nêgociant de Dantzick d fon Correspondant d' Amfterdam, du 20 Septembre 1783. II n'eft que trop vrai, Monfieur, que notre malheureufe ville fe trouve aftuellement dans une fituation bien fêcheufe; & d'autant plus fenfible a nos cceurs, qu'elle nous rappelle ce que nous eümes k fouffrir en 1772, de la part de la méme puiffance qui aujourd'hui nous fait de nouveau la loi. Les feuilles périodiques d'Allemagne, ont expofé au public, les caufcs & les fuites de nos brouilleries avec les Pruffiens. d'une maniere qui porte le caracfère de la partialité", afin de nous rendre bien plus biamables aux yéux de 1'Europe, que nous ne le fommes effectivement. Mon objet eft donc, Monfieur, de vous donner un idéé jufte de cette inquiétante affaire pour ma patrie, & de vous raconter tout ce qui s'eft paffé depuis le commencement de cette nouvelle querelle entre nous & les Pruffiens. Vous favez, Monfieur, que notre Ville a été jufqu'au partage de la Pologne un fief relevant de cette couronne: lors des traités de paix, de garantie, d'alliance & de partage avec les puiflances alliées, traités ratifiés par le Roi de Pruffe cm 1777, nous ne ffirnes pas compris, non plus que la'Ville dc Thorn, dans le nombre des fiefs cédés a la Maifon de Brandebourg. Cette exception ne plut pas k la Cour de Pruffe: elle nous protiva bientöt lc reffentiment qu'elle en avoit: cependant la bonne intelligence fembloit régner entre les Pruffiens & nous. II paroiffoit même que nous avions oublie leur déportement k notre égard, (en 1'année 1772} lors qu'une nouvelle querelle entre nous & les trcu-  C 167 ) troupes pruffiennes a rallumé l'incendie que nous croyions étcint par le tems. Voici, dms le vrai, comment la chofe .s'eft paffee: Sur la fin du mois dernier., un commis de cette douane, prufLenne, établie.pour la ruine de notre Commerce. ayant ca une'commiffion a remplir en notre Ville,' fuc arrêté par la populace des mains de laquelle m ne Kansel» qu'avec peine. Le ier de ce mois le Colonel Pirch, commandant les troupes Pcuiiieanes qui nous environnent de tous les cótés, escorta lui-méme deux Mtimens de fa nation .& prctendit leur faire traverfer le port fans payer les droits d'ufage: il s'embarqua pour cet effet avec qtieiques uns de fes officiers a bord d'un petit bktiment & s'aprocha du territoire Danzickois. Cette enrreprife caufa une nouvelle émeute dont 1'auteur pen fa devenir la victime. La populace, indignée de fa hardieffe, facalsfe d'injures & de pièrres; il en recut plus d'une blefiure, ainfi qu'un de fes officiers, & les foldats qui étoient auprès de leurs perfonnes. Ces Meffieurs furent mêmepourfuivis fi vivement, qu'ils furent heureux da pouvoir rsgagner leur territoire & d'échaper ainfi. a. la furie da peuple. Leux de nos habitans qui avoient été, diton, les plus emportés dans cette affaire, ayant ofe fortir des murs de la Ville quelques 'jours après, furent rencontrés par les Soldats Pruffiens, qui les affommerent. Le réfifident de cette Nation a obfervé dans un mémoire que c'étoit la fuite de 1'émeute derniere, & a requis le magiflrat de rétablir l'ordre & la tranquilité. En conféquence on a fait des deux cö:és les défenfes & les proclamations néceffures. Le Colonel de' Pirch a même traverfé la vüle, depuis, dans un cabriolet découvert. Cependant le bruit s'étant répandu que la populace vouloit attaquer la douane pruffienne du nouveau canal, le Colonel a fait renforcer ce pofte & a mis une foixantaine de foldats en quartier a une detni-lieue d'ici,  C t68 ) d'ici, oh nos plas riches négocians ont leurs mai» fons de campagne, qu'ils ont quittées pour rentrer en ville, Depuis ce tems-lè nous fommes renfermés de tous cötés: nous ne pouvons conféquemment tirer des provifions que du petic diftricT: qui nous appartient. Le réfident de Pruffe vient de remettre è nos magiftrats un mémoire de fa Cour, dont il exige la réponfe dans deux fois 24 heures. II propofé au Magiflrat d'ouvrir provifoirement, le paifage de la Viftule. En cas que la Villé la fatisfaffe k cet égard, la Régence Pruffienne promet dc rendre la liberté de la navigation, qu'elle gêne . au point de ne pas permettre de paffer, même k unejallege des Mtimens étrangers. Voila , Monfieur, oh nous en fommes Je ne vous lailferai pas ignorer les fuites que cette malheureufe. affaire aura piobabl. ment pour notre ville, puifque nous manquons de moyei..s pour appuyer auffi fortemènt nos raifons que notre contendant. J'ai 1'honneur d'être &c. Ces Feuilles périodiqües paraiJent régulieremerit tous les Lundis d Amjierdam , chez J. A. Crajenfchot; d Haarlem vchez Walree; d Leide, chez Luzac & van, Damme, & Les Freres Ylurray t d la Haye . chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt LaFeuve Staatman5 a Gouda, chez Fan der Kies-, «Rotterdam, chez Bennet &Hake & 1 D. Fis ; a Donr echt, cbez Bluffe; a Deventer chez : leemhorst; d Gr^ningue. chez Huyzingh; a~Nimegue,. Chez Fan Goor; a Arnhem, chezTroost; aBois-leDuc^ C%ez J..H.Pallier , a Eambourg, chez J, G*Vircbaux & chez les principaux Lihraires des Rays-Bas.  '% E POLITIQUE N».CXLII.LüNÖI,cefl7 OCTOBRE, 1783. Moyens pour les nations de s'enricbir» < 11 n'eft pour les nations que deux moyens de s'enrichir , la cpnquête & le commerce. Les peuples riches furent toujours forcés de fuccomber fous les efforts des peuples pauvres & belüqueux. L'Afie devint la proie des Macédonieus; Rome. enrichie des dépouilles de Ia terre, fut dépouillée a fon tour par les guerriers indigencs & fauvages du nord. Le Chinois. & 1'Indien font tombés fous les coups du Tartare vagabond. La conquête eut toujours un attrait puiffant pour Jes hommes: elle favorilé leur parefl'e & leur procure Tome VI. L  par un effort fubit , les richeffés que d'autres avoient accumulées pendant des fiecles par leurs foins & leurs travaux. Les motifs du conquérant font communément l'ambirion & le defir de la gloire ; le mobiie de fes foldats n'eft que Tappas du bucin ; ainfi pour la plupart des guerriers le dieu des combats eft le même que celui des richesfes, Le commerce eft la feconde voie des na* tions pour s'enrichir : celle-ci eft auffi jufte que 1'autre eft inique. Le commerce fe divife en intérieur & extérieur ; le premier a lieu entre les fujets d'un même Etac , qui échangent entre eux les fruits de leur induftrie. L'objet d'une po» litique également attentive pour tous fes fujets , doit être de faciliter ces échanges il néceffaires k la confervation & au bien-être de la focieté totale. II n'y a qu'une politique infenfée qui interdife aux fujets d'un méme Etat, la liberté de commercer avec leurs concitoyens, puisque dans un même gouvernement, une'province peut être fouvent dans la difette , tandis qu'une autre nage dans 1'abondar.ee & le fuperflu , ce qui peut décourager I'agriculture, & n'ê'tre fondé que fur des monopoles odieux qui cnrichiffent quelques particuliers au préjudice du grand nombre, Le commerce intérieur e'ft connu fous le nom d'exportation. Une nation recoit ou des produ&ions utiles a elle-même, produclions dont-elle manque, ou des métaux précieux que les hommes font convenus de regarder comme les fignes de la richèffe. Toutes les nations ne jowiffant pas d'un même climat, d'un même fol, & n'ayant pas la même induftrie ni les mêmes produ£tions, fe trouvent dans une dépendance réciproque qui les rend néceffaires les unes aux autres T d'oh s'enfuit que le commerce eft ua lien comnuin qui rapproche les nations les plus .éloignées, qui établit entre elles des rapports & des devoirs mafheureufement trop fouvent méconnus par des commercans avides & armés qui regardent d'or-  C 171 ) d'ordinaire les hommes que la nature a placés loin. d'eux comme des ftupides qu'on peut tromper , dépouilier & opprimer fans fcrupule. Nous en avons vu plus d'un exemple dans la derniere guerre , donné par un peuple toujours mr d'être applaudi, des que fes rapines font utües a fon pays; auffi en eft-il réfulté une révolution dans fes forces & dans fon commerce , qui menace cette nation orgeuilleufe d'une mine qu'elle évitera difficilement, par 1'Sttention des autres nations a !a ftrrveiller , a fe gamntir de fes procédés tiranniques. Son pouvoir fur fes anciens fujets de l'Amérique, ne devant plus exifter que dans l'hiftöire , nous devons confidérer le commerce en général fous un point de vue bien différent de ce qu'il étoit avant la révolution qui a procuré aux Américains leur indépendance, & donné a 1'Europe un nouvel Etat avec lequel elle a déjè commencé a commercer & avec lequel elle 'doit s'unir par des hens avantageüx pour les deux mondes. Un sffd fur le commerce de 1'Europe avec 1'Amérique nous fournfra les lumieres néceffaires pour fixer nos idéés fur un objet fi intéreffant. Le politique & le commercant doivent également le lire avec plaifir. Ejfai fur le Commerce de F Europe avec TAmirique. L'Amérique étant enfin démembrée de fa métropo'e ne doit plus être aujourd'hui rettardée par 1'Europe que comme un Etat, ou une union d'Etats commerems, avec lesquels elle a intérêt de fe lier pour y verfer a fon plus srsnd avantage la production de fon fol & de fes manufactures, & pour en exporter les articles dont elle a befoin. On a propofé lors de la paix & de cette fameufe dilfolution un bil! pour régler le commerce de 1'Angleterre avec 1'Amérique. 11 n'a point puffé en aéte, & c'eft un trait prudent. Car on ne favoic encore d'après quels élémens on procéL 2 de.  070 deroit. Dans la confufion oü tout étoit fur le nouveau continent, il falloit lattier revenir le calme, & attendre tout du temps, pour établir un aftê folide de commetce. D'autres nations plus empreifées ont, fans attendre aucun réglement préliminaire, fans avoir aucune expérience, au. cune certitude , fait des expéditions confidérables pour 1'Amérique. Elles fe font mutuellement croifées, & presque tous les articles font tombés au-deflous de leur valeur. Par exemple, les marchandifes Anglotfes de différentes fortes , étoient 1'année derniere a bien meilleur marché a New-York qu'a Londres, & les dernieres lettres de Philadelphie annoncent fur beaucoup d'objeti un rabaisdeplus de 25 p. C. Cette funefle expérience va fans doute dégoüter les commercans de 1'Europe que 1'avidi.é du gain avoit préci» pités imprudemment dans cette fpéculation précoce. Les autres, loin de les imiter doivent connoitre d'abord les befoins de 1'Anlérique & ceux des Européens, les articles que nous pouvons fournir, ceux qne nous pouvons tirer: ils doivent confidérer quelles Nations peuvent fournir a meilleur compte. C'eft d'apprès ces confidérations feules que 1'honune prudent doit s'embarquer dans un commerce avec 1'Amérique. Nous croyons donc rendre fervice a nosLeéteurs de tous les pays, furtout a nos compatriotes, en leur préfentant cet Mai. II ne confiftera presque qu'en faits, & nous les tirerons de plufieurs auteurs Anglais qui ont récemment éctit fur 1'Amérique, & fur tout des obfervations judicieufes de Lord Sheffield fur le commerce avec 1'Amérique. On ne pent fe dilfimuler que ce Lord fédnit par le ptéjugé du patriotisme, a vu tout en bien dans fon Iile, & presque tout en mal dans les autres pays: au moins il le paroit par fa maniere de les apprécier. Cependant comme fes opinions peuvent être utiles aux Nations, nous les préfenttrons. Ce fera a ceux de nos commercants qui nous lifent, & qui ne trouveront ni fes idéés fondées, ni fes faits vrais, a les réfuter, & nous recevrons avec reconnoiffance les envois qui nous feront adteiTés a cet égard. Quelquefois aulïï nous nous permettrons de comparer ces auteurs avec celui de 1'Hiftoire Philofophique & Politique  que des Etabliflèments des Européens dans les deux Indes. Nous aurons rempli notre million & nos vues fi, De ces cailloux frottés fortent des étincelles. Cet eflai fe divife naturellement en deux parties: importations de 1'Europe, exportations d'Amérique. Dans le temps oül'Angleterrenefavoitpas travailler fes latnes , elle les vendoit aux Flamands & aux Hollandais, qui les feuls induftrieux & presque les feuls commercants d alors , habilloient presque toute 1'Europe. Ces exportations de laine monterent a des fommes confidérables. Sous Edouard III elles alloient a 230,000,000 1. mais depuis que les Anglais ont prohibé ces exportations, ils ont élevé une foule de manufactures oü elle fabtique des draps de toute efpece avec fes laines, excepté cependant les draps les plus fins oü elle emploie des laines d'Efpagne. Les manufactures de Coterford , d'Hereford, de Norwich, de Lincoln, de Durham, &c. font depuis longtemps célebres. La Grande Brétagne n'a point de concurrence a craindre , excepté dans les draps fins, oü Ia France en offre de qualité égale a ceux d'Angleterre. Ils ont même un luftre fupérieur, mais ils manquent de folidité, & nefont pas d'un aufil bon ufé, & font a meilleur compte. La France excelle dans les couleurs fimples, & très-rarement dans les couleurs mélangées. Mais les demandes de 1'A. mérique pour les draps fuperfins feront peu confidérables. La confommation de cette contrée eft principalement de drap a 12 shellings la verge. La quantité des draps plus chers confommée eft bien moindre, en forte qu'il eft trèsprobable qu'en commandant a l'Augleterre des draps ordinaires les Américains ne voudront pas commanderen France des draps fins , mais qu'ils s'en fourniront en même temps en Angleterre a 13 & 14. shellings, d'ailleurs bien meilleurs que ceux de France. En admettant les faits pofés par Lord Sheffield, on ne peut pas étre de fon avis pour la conclufion qu'il en tirs. Panni les mobiles qui dirigent les hommes & font varier L 3 le  C 1-74 ) Ie commerce, il paroït ne compter que la raifbrf de PrnÖ lérêt, la raifon du bas prix. II he compte pour rien 1'empire de la mode. II eft en Italië , dans certaines contrées , des articles de foierie manufo&urés fur le terrein même, a- bien meilleur compte que les articles de France. Les grands , 'les'riches preferent ces derniers, & la clafTe Bourgeoife fuit les grands. Quand '1'Amérique fera enrichie par le commerce, & fe livrera au luxe, aux ra. fü'ements, elle confultera alors autant le goüt que la raifon du moins cher: alors on verra fi les obHs de ma. nufacture Angiaife, même les moins-citers, I'jmporteront. II n'y aura point, continue Lord ■ Sheffleld', de, concttrrence dans les étoffes de laine, dans les camelots, les cal? mandes, les ras de Chalons, &c. Les •manufactures' de Lille & quelques autres villes en France om effayé de faire' les camelots-, les ferges, & d'autres étoffes de laines légeres; mais elles font fi inférieures en qualité que Pon préfére méme en France & dans les Pays-Pas Au'trichier.s les. mêmes articles d'Angleterre quoique chargés de droits. Quant aux fbalkons, ras de Chalons, tammies, ou ëta. mines & d'autres étoffes légeres pour la doublure des habits & autres ufages, les mariufaclnrïers' Fr-ancois ónr? entere, eu moins de fuccès. La laine étant a «5 p. 100 pius chere en France qu'en Anglsterre, quoique la main-cl'oeuvre y foit a meilleur marché, cependant tsnt que Ia laine contiauera d'être fi chere , il eft diflicile qne les draps gros. fiers qui exigent une plus grande propoi tion de matériaux que de travail, puiffent devenir a aufïï bon cotnpteen Fran. ce qu'en Angleterre. Or, il eft certain qu'au moment préf'tu les-laines grofïïeres font a 15 p. 100 plus cheres" ea France qu'en Angleterre. Aujourd'hui même les Francois on*t dontié des ordres confidétables a Londres pour les marchandilès en laines, comme aux manufactures de Spitalfields. Le prix commun de la bonne laine eft dans les Provinces Septentrionales de 1'Amérique a 1 sh. Les grands articles de confommation : eu laine dans les Provinces Méri« dionales étoient: Pr/u-  C -75 ) Prir.cipakment pour les Efc'.ives. ï>es cotons de Kendal faits dans le WeftmörelanJ de 12 jusqu'a 16 d. par verg3. Des flanellss du pays de Galles faites dsns- le pays aux environs. de Shrewsbury, depus 16 d. jusqu'a 20 d. par verge. Des plaidings d'Eeolfe, ou forte de ferge & d'étamins qui fert aux Ecoflbls de manteau, environ 6 d. ou 7 d. par verge. Des bas de la méme étoife depuis 8 shellings jusqu'a 10 sb. par douzaiue. Pour les Planteurs. Des duffles d'Yorkshire, verge large & de f, depuis 3 sh. 8 d. jusqu'a 5 sh. des frizes dito de 4 jusqu'a 6 sh. des draps étroits, de 4 jusqu'a 5 sh. Le fait fuivant eft une preuve frappante de la fupériorité des laines Anglaifes fur les Franeoifes au moins dans 1'opinion des Américains. Lorsque Ia France accorda une fomme d'argent au Congrès pour babiller les troupes Américaines, Mr. Laurens, le jeune, fut employé è pour voir a l'achat ^ mais au lieu da le faire en France, il vint en Hollande, acheta des draps Anglais & les envoya en Amérique. Le Miniftère Fran-. cois- fe plaignit vivement au Congrès de ce procédé d'ingratitude & outrageant pour la France; mais Mr. Laurens fe juftTta en difant, qu'il étoit de fon devoir d'employer cet argent le plus avantageufement qu'il Ie pouvoit pour les intéréts de fon pays, que les draps Anglais, a prix égal avec les draps Francois, étoient bien meilleurs. Un autre fait donnera la preuve de la préférence donnée aux marchandifes Anglaifes fur celles de France dans les Etats-Unis de 1'Amérique, L 4 Pen*  C 176 ) Pendant Ia derniere guerre 1'importation de- premières par diffé.entes voies fut fi confidérable que le MiniftreFrancoiréfidant a Philadelphie fit plus d'une fois des remontrances au Congrès è cette occafion. Preffé par fes inftances, celui-ci paffa un afte qui en défendoit 1'importation fous certaines peines. Malgré cet actisfimportation continua par contrebande cV fut poulTée è un tel point que la Cour de France elle-même remontra au Congrès que fi Ion continuoit a la favorifer, elie retireroit les fecours qu'elle lui donnoit. Le Dorïetir Franklin ayant infifté fur les facheufes conféquences qu'un refus entraineroit, obtint enfin du Congrès qu'il prendroit des moyens erFectits ponr fatisfaire J'Allié des Etats-Unis; & dans le fait, on fit quslques faifies de marchandifes Anglaifes, quoique imponées par la voie de la Hollande. Cette févérité eut lieu environ une année avant Ia paix. Avant qu'on en ufat, les marchands en détail avoient coutume d'annoncer dans les papiers publics des marchandifes Holiaudaifes ou Fraucoifcs, fous le titre de Marchandifes Anglaifes, afin d'en accél'érer la vente. Coutellerie , Manufallure de Fer £? d'Acier, de ' toute efpece.\ Si 1'on fupprime, dit Lord ShefBeld, le'droit fur Ie fer étranger, lorsqu'on 1'exportera, tous les articles ei-delfos déiignés ne leront gueres tirés en quantité confidérable que de la Grande-Bretagne. Avant la guerre on faifoit une quantité prodigieufe de clous de fer étranger qu'on exportoit de Glasgow pour les Provinces Méridionales de lAmérique, & quoiqu'ils coótaflent 15 p. 100 plus que les clous de fer Anglais envoyés de Briftol, &c. cepen«tont ils étoient préférés en Amérique a caufe de leur dureté & de leur qualité fupérieure. Si donc on n'öte pas le droit fur les matieres premières, les articles manufaclurés avec du fer étranger feront perdus pour la Grande-Bretagne, comme on ne peut le remplacer par du fer Anglais, psrticuhérement en faifant les diflérentes fortes d'acier ce qui jadis étoit un objet d'exportation immenfe pour 1'Aménque. II étoit travaillé en Angleterre avec du fer Suédois. Le  ( 177) Le coüt d'un touneau de fer eft de 10 1. a 10 sh. lea droits, le frêt, les charges, la main d'ceuvre dépuis u 1. jusqu'a 45 1. La valeur totale d'un tonneau de fer étranger quand il eft travaillé en Angleterre eft , fuivant 1'efpece de travail,depuis 21 1. jusqu'è 56 l. apeu prés dans lesproponionsfuivantes. Verges . . . 20 1. Cercies . . . 21 Vi.rroux . . *. '25 Ancres . . 30 Clous . . . 31 Hoües, efïïeux . . 49 Enclumes ... 41 Acier depuis, 26 I.jusqu'a 56 On travailloit annuellement en Angleterre pour 1'exportation 15 a 20,000 tonneaux. On peut eh eftimer le prix moyen a 28 1. par tonneau puisque le plus bas eft de 11 1. Je plus haut de 45 1, ce qui pioduiroit un profit par année & ce pays de 484,000 1. Aucune branche de commerce ne peut étre plus intéresfante pour 1'Angleterre. Comment fouffre telle donc qu'on 1'obftrue par un droit auffi confidérable que celui qui exifte? Certainement il rend un produit confidérable, mais comme 1'impót tue 1'impót, ce droit écrafera cette partie de commerce. II eft fur les fers étrangers de 54 sh. 4 d. par tonueau: en 1781 on importa de la Ruffie feule 50,000 tonneaux; mais 1'importation ,comnnme annuelle de cet Empire n'ex. cede pas 30,000 tonneaux. On en tire environ 19,000 de la Suede & des autres pays du Nord. On devroit ou fupprimer ce droit ou au inoins accorder une remife fur 1'exportation. II ne devroit point y avoir de droit fur les matieres premières, furtout dans ce cas. La Ruffie, 1'Allemagne & ies autres pays qui ont du fer fans droit, 1'eraporteront fur TArtgleterre, le donnant a meilleur compte futtout depuis qu'on a élevé des moulins pour fendre & a rouleaux. Plus les matieres premières font a bon compte, plus le raanufacturier gagne, plus le paysgagne auffi. Doit. L 5 on  (178) on donc en faveur des feuls msnufacturiers de fer Anglais, cliarger les matieres étrangeres ? qu'on obferve qu'elles valent mieux que de 1'or en retour, car elles foutiennent une foule de manufactures. Sur le pied oü le droit fe trouve aujourd'hui, Ia Ruffie pourroit vendre les clous 341. par tonneau meilleur raarché que 1'Angleterre: car il faut compter, liv. sh. d. Pour le droit . . .2 16 4 Pour le fret . I 00 Pour l'embarquement & le débarquement • o 38 4 o cV La Ruflïe en fabrique une très-grandequantité pour fa propre confommation. Elle a fupprimé le droit qui exiftoit eidevant:J elle peut donc vendre a bon compte pour le dehors. Mais fi 1'on veut conferver cette branche de manufaöure, quel parti doit prendre le Miniftère? Au projet d'accorder une remife de droit fur les articles. exporiés., il objectera peut-être , que ce fera donner lieu a des fraudes continueües; car qui empêchera. d'exporter des articles de fer Anglais, fous le nom d'articles de fer étranger? Mais pourquoi les Miniftres n'accorderoient - ils, pas une remife ou prima d'encouragement indiftinctement a tous les articles en fer uavaillés en Angleterre ? Ce feroit auffi encourager la vente & 1'exportation du fer Anglais. (L« fuite ^ordinaire prochain.*) t Vé.  C 179 ) VélUTAELES PRINCIPES DU GOUVERNEMENT. Les vrais principes- d'un fage Gouvernement font clairs, évidents & démontrés pour tous ceux qui auront réfléchi de bonne foi & fans préjugé fur ces objets importans. Ce n'eft que les paffions, les rató'êts des chefs, les idéés métaphifiques des théologiens & les menées ténébreufes des cours qui ont §ut de 1'art de gouverner les hommes, un cahos imnénétrable pour les cfprits les plus exercés en cette iratiere: auffi fe perfuade t-on communément que la réforme des abus d'un gouvernement eft une chofe finon tout*a-fait irnpoffible, du moins tres difficile & trés-délicate dans 1'éxécution, par rapport nu repos public. II n'eft que des efprits pareffeux, oui peuvent s'accommoder de cette maxime & la trouver inconteftable ; mais 1'homme de bien, pénétré del'amour public, ne fe livre point k des idéés auffi décourageantes; il penfe, au contraire, aux malheurs de fon païs, non pour les augmenter par ries troubles & des révolutions dont il efpere tirer avantaae , mais pour chercher foigneufement les caufes d'oii proviennent les maux de la patrie , & pour indiquer les remedes compatibles a fon état de détreffe : il fait qu'il faut de la raifon, du fangfroid, des lumieres, & du tems pourréformer un Ftat- quelapaffion, toujours imprudente, d.étruit fans 'rien améliorer: il n'ignore pas non plus qu'on doit fupporter, le mieux poffible, les abus qu'on ne peut écarter brusquemeut fans courir les risques de fe rendre par la encore plus miférable; cet homme de bien enfin , fe confole des maux prélents par 1'efpoir d'un avenir plus agréable. Tels doiventêtre fans doute les fentimens qui amment nos Souverains dans les réformcs qu'ils fe propofent, pour le plus grand bien de notre république. Ils favent bien que nulle forme de gouvernement n.e peut etre parfaite comme étant l'ouvrage des hommes, & que  C «So ) le nóVre auffi beureux autrefoii nn? r, voit fc: coyporter. a fouffen neanmot" «on dans fes principes, & des changement. E diciables aux droits & a la liberté dïpeu ^S' ve. Mais n'anticipons point fur les v ,«T% aétuelles de nos Régens a cet éeard I Lf "ta,res les réflexions que nois nou?étionS Le bonheur de la foeiété eft ccrtainempni- L r de tout gouvernement'f-vn-r. r a , m ent Ja fin & plus heureux e>(> „? P°-U1'eCre P,us t«nquille» foit convenue de donner au%S ' ^ qU Une natIon ^d^c^B^" Jurent dépend ê'd'un!ftj£IieS V°U' tages néceffaires 4 ]/°% Jf P"vat des avanelle voulu que le lieri comm„„La f°5lete. auroitcher les pardes du tou^dêX ?,Vevo« ^ de fa diffolution? GardonsTrJ , f?™™ fata[ dans le délire du pVéjuS• d° Pi») les fondemens de la paix, en fi^nant des Articles Pré'iminaires a Verfaillas , le vingt Janvier de la préfente année. Leurs dites Majeftés le Roi de la Grande-Bretagne, & le Roi Trés Chrétien, fe faifant un devoir de donner a leurs Majeftés Impériales une marqué éclatante de leur reconnoiffance de 1'offre généreufe de leur médiation, les ont invitées, de concert, a concourir è la confommation du grand & falutaire ouvrage de Ia paix, en prenampart, comme médiateurs, au Traité Définitif a conclurre entre leurs Majeftés Britannique & Trés Chrétienne. Leuis dites Majeftés Impériales ayant bien voulu agréer cette invitation, Elles ont nommé pour les repréfenter; favoir, Sa Majefté 1'Empereur des Romains, letrès-illüftre&trésexcellent Seigneur Florimond , Comte de Mercy Argenteau, Vicomte de Loo, Baron de Crichegnée, Chevalier de la Toifon d'Or, Chambellan, Confeiller d'Etat intime aftuel de Sa Majefté Impériale & Royale Apoftolique, & fon AmbalT'adeur auprès de Sa Majefté Trés Crétienne,& Sa Majefté 1'Impératrice de Toutes les Rufïïes, le trés. illuftre & trés excellent Seigneur Prince Iwan Bariatinskoy, Lieutenant-Général des Armées de Sa Majefté Impériale de Toutes les Ruffies, Chevalier des Ordres deSte. Anne, & de 1'Epée de Suède , & fon Miniftre Plénipotentiaire prés Sa Majefté Très-Chrétienne, & le Seigneur Arcadi de Marcoff, Confeiller d'Etat de Sa Majefté lm. périale de Toutes les Rufïïes, & fon Miniftre Plénipotentiaire prés Sa Majefté Très-Chrétienne. En conféquence, leurs dites Majeftés le Roi de la Grande-Bretagne, & Ie Roi Trés-Chrétien, ont nommé & conftitué pour leurs Plénipotentiaires, chargés de conclurre & figner le Traité de Paix Définitif; favoir, Ie Roi de la Grande-Bretagne, le très-illuftre & ttès-excellent Seigneur George Duc & Comte de Manchefter, Vicomte de Mandeville, Baron de Kimbolton, Lord Lieutenant & Cuftos Rotulorum du Comté de Huntingdon, Confeiller Privé aétuel de Sa Majefté Britannique , & fon Ambafladeur Extraordinaire & Plénipotentiaire prés Sa Majefté Très-Chrétienne; & le Roi Tres - Chrétien, le trés-illuftre & trés-excellent Seigneur Charles Gravier, Comte de Vergennes, Baron de Welferding , &c, Confeiller du Roi dans tous fes Confeils, Commandeur de fes Ordres, Chef du Confeil Royal des Finances, Confeiller d'Etat d'Epée , Miniftre & SeM 4 cté.  ( 192 ) crétaire d'Etat, & de fes Commandemens & Finances: lesquels, aprés avoir échangé leurs pleins-pouvoirs refpectifs, font convenus des atticles fuivans. ARTICLE PREMIER, II y aura une Paix Chrétienne, univerfelle & perpétuetle, tant par met que par terre, & une amitié fincere & conftante fera rétablie, entre leurs Majeftés Britannique & Très-Chrétienne , & entre leurs héritiers & fucceffeurs, royaumes, éiats, provinces, pays, fujets & vaflaux, de quelque qualité & condition qu'ils foient, fans exception de lieux ni de perfonnes; en forte que les Hauies Parties Conttaéhntes appotteront la plus grande attention a maintenir entre elles, & leurs dits Etats & Sujets, cette amitié & correfpondance réciproque , fans permetire dorénavant que, rie part ui d'autre, on commette aucunes fortes d'hostilité», par mer ou par terre, pour quelque caufe ou fous qutique prétexte que ce puifle être;& 1'onévitera foigneu. femmt tout ce qui pourroit altéter, a l'aveiiir.l'Unionheu. reufem nt rétablie, s'attachant au contraire a fe procurer récip oquement, en toute occafion, tout ce qui pourroit con.iibuer a kur gloire, intéréts & avantages mutuels, fans donner r.ucua fecours ou pro:eclion, uireétement ou ïndirfcieraentj a ceux qui voudroient porter quelque préjudice & 1'une ou a 'au'ié riesdites Hatttes Parties ContracUntes. II y auia un oubii & amniftie générale de tout ce qui a pu êtie fai' nu commis, av'-nt ou depuis le commencement de la guerre qui vieiit de finir. Art. 11. Les Traités de Wt.ftphalie de 1648: les Traités de Paix de Nimegue de 1678 & 1679; de Ryswielt de 1697; ceux de Paix & de Commerce d'Utrechtde 1713; celui de Bade de 1714» celui de la Triple Alliance de la Haye de 1717; celui de la Quintuple Alliance de Londres 1718; le Traité de Paix de Vienne de 1738; Ie Traité Définitif d'Aix-la-Chapelle de 1748: & celui de Paris de 1763, fervent de bafe & de fondement a la Paix, & au ptéfenr, Traité; & pour cet effet, ils font tous renouvelés & conlirmés dans la meilleure forme, ainfi que tous les Traités en général qui fubfifloient entre les Hautes Parties Contiaétantes avant la guetre, & comme s'ils étoient inférés ici, mot i mot, ealorte qu'ils devront étre obfervés exactement a 1'ave-  C 193 ) 1'avenir, dans toute leur teneur, & religieufement exécutés, de part & d'autre,dans tous les points auxquels il n'eft pas dérogé par le prétent Traité de Paix. Art. III. Tous les prifonniers faits de part & d'aure tant par terre que par mer, & lesótages, enlevés ou donnés pendant la guerre, & jusqu'ê ce jour, feront reftitués fans ranpon, dans fix fmaines, au plus tard, a compterdujour de 1'échange de la ratificationdu préfentTraité,chsqueCou. ronne foldant refpectivement les avances qui auroiènt été fai.' tes, pour la (ubfiftance & 1'entretien de fes pi ifonniers, pnr le" Souverain du Pays oü ils aurontété détenus, conform'ément aux recus & états ccnftatés, & autres titres autbentic,, >s qui feront fournis de part & d'autre: & il ièra donné réci' proquement des füretés pour le paiement des dettes que les prfonniers auroiènt pücontrafter, dans les Etats oii iis au roient été détenus, jusqu'a leur entiere liberté. Et tous les vaiffeaux, tant de guerre que marchands, qui auroiènt été pris depuis 1'expiration des termes convenus pour la celfation des boftihtés par mer, feront pareillement reudus de bonne foi, avec tous leurs équipages & cargaifons. Et on procédera a 1 exécution de cet article immédiatement après 1'éctian ge des ratifications de ce Traité. Art. IV. Sa Majefté ie Roi de la Grande-Bretagne eft mamtenue dans la propriété del'ifle deTerre-neuve &des ifles adjacentes, ainfi que le tout lui a été afluré par 1'Article XIII du Traité d'Utrecbt, è 1'exception des ifles de S'. Pierre & Miquelon , lesquelles font cédées en toute propriété, par le préfent Traité, a S. M. T. C Art. V. Sa Majeflé le Roi Trés-Chrétien, poür prévenir les querelles qui ont en lieu jusqu'a préfent entre les deux Nations, Angloife &Francoife, confent a renoncer au droit de pêche, qui lui appartient en vertu de 1'Articie XIII fus mentionné du Traité d'CJtrecht , depuis le Cap de BonaVifta jusqu'au Cap St. Jean, fitué fur la cóte Otientale de Terre-Neuve, par le 5ee. degré de-latitude Septentrionale; & S. M. le Roi de la Grande-Bretagne confent, de fon cóté, que la pêche affignée aux fujets de S. M TC commencant audit Cap St. Jean, paflant par le Nord' & descendant par la cóte Occidentale del'ifle de Terre-Neuve s étende jusqu'a l'endroit appelé Cap Raye , fkué au 4.7e, degré, 50 minutes de latitude. Les pêcheurs Francoisjouilont de la pêche qui leur eft affignée par ie préfent article, M 5 com-  comme ils ont eu droit de jouir de celle qui leur eft aiïïgnée nar le Traité d'Utrecht. Art. VI. A 1'égard de la Pêche dans le Golfe de St. Laurent, les Francois continueront a 1'exercer conformément a 1'Art! V. du Tiaité de Paris. Art. VII. Le Roi de la Grande-Bretagne reftitue a la France 1'ifle de Ste. Lucie, dans 1'état oü elle s'eft trouvée lorsque les armes Britanniques en ont fait la conquête: & S. M. B. cede & garantit a S. M. T. C. 1'Ifle de Tobago. Les babitants Proteftants de ladite Ifle, ainfi que ceux de la même religion qui fe feront établis a Ste.Lucie,pendant que cette Ifle étoit occnpée par les armes Britanniques ,ne feront point troublés dans 1'exercice de leur culte: Et les habitans Britanniques, ou autres qui auroiènt été fujets du Roi de la Grande-Bretagne dans les fusdites Ifles, conferveront leurs propriétés, aux mémes tiires & conditions auxquelles ils les ont acquifes; ou bien ils pourront fe retirer, en toute füreté & liberté, oü bon leur femblera, & auront la faculté de vendre leurs biens, pourvu que ce foit a des fujets de S. M. T. C. & de transporter leurs effets, ainfi que leurs perfonues, fans être génés dans leur émigration, fous quelque prétexte que ce puifle être, hors celui de dettes, ou de procés criminels. Le terme limité pour cette émigration eft fixé a 1'efpace de 18 mois, a compter du jour de 1'échange des ratifications du préfent Traité. Et pour d'autant mieux aflurer les propriétés des habitants de la fusdite Ifle de Tobago, le Roi Très-Chrétien donnera des Lettres.Patentes, portant abolition du Droit d'Aubaine dans ladite Ifle. Art. VIII./ Le Roi Ttés - Chrérien reftitue a la GrandeBretagne les Ifles de la Grénade, & les Grénadines, St. Vincent, la Dominique, St. Chtiftophe, Nevis & Mont. fetrat; & les places de ces Ifles feront rendues dans 1'état oü elles étoient lorsque la conquête en a été faite. Les mêmes ftipulations inférées dans Partiele précédent auront lieu en faveur des fujets Francois, a 1'égard des Ifles dé. nommées dans Ie préfent article. Art IX, Le Roi de la Gtande-Bretagne cede en toute propriété, & garantit a S. M. T. C. lariviere de Senégal, & fes dépendances, avec les forts de St. Louis, Podor, Galam , Arguin & Portendic; & S. M. B. reftitue k la France 1'Ifle de Gorée , laquelle fera rendue dans 1 état oü elle fe trouvoit, lorsque la Conquête en a été faite. Art.  C 195 ) Art. X. Le Roi Très-Chrötien garantit, de fon coté, au Rot de la Grande Brétagne, la Pofleiïïon du fort Ja*, mes, & de la riviere de Gambie. Art. XI, Pour prévenir toute discuffïon dans cette par. tie du monde, les deux hautes parties coatradtantes nom. uieront , dans trois mots après 1'éclïange des ratifications du préfent Traité, des Commïsfaires, lesquels feront chargé? de déterminer & fixer les bornes des polfeffions respeétives. Quant a la traite de la Gomme , les Anglais auront la liberté de la faire , depuis 1'emboucliure de la riviere de St. Jean , jusqu'a la baie & fort de Portendic inclufi/emenr. Bien entendu qu'ils ne pourront faire , dans ladite riviere St. Jean , fur la cóte, ainfi que dans' la baie de Portendic, aucun Etabliflement permanent, de quelque nature qu'il puifle être. (La fuite Fordinaire prochain.) LETTRE d Vauteur du Politique Hollandais. Monsieur, Vous dites dans votre N°. 14T. que la philofophie avoic banni de 1'Europe le defpotisme, qui tenoit fous le joug d'une fervitude abfolue nos ancêtres , & que nous favons mieux apprécier les droits du pouvoir fouverain, II eft vrai, Monfieur , que de tous les fouverains de 1'Europe il n'en eft aucun a qui 1'on puiffe donner avec juftice le nom odieux de tyran, & qu'il eft même pju de fujets qui confentent a paffer pour efclaves; mais il n'eft pas moins vrai auffi, que fi nous nous croyons plus libres que du tems de nospere>, c'eft 1'habitude oh 1'on eft de ne 1'être que trés - fuperfi. ciellement , qui a rendu 1'homme moins fenfible a la' dureté de fa fituation , & qui 1'a familiarifó , pour ainfi dire, avec les atteintes qu'on donne fans ceffe  C iöff ) ccffe a fa liberté & h fes droits naturels, atteintes qui ne le choquent plus que foiblement & que 1'habitude lui fait prendre pour des chofes trèsnaturelles. Cette difpofition humiliante, jointe au défaut de réflexion fur fon fort, fait encore,qu'il ne fent que bien peu les acfions injuftes dont il eft viclime a tout moment, & qu'alors 1'ufage fe change imperceptiblement contre lui , en droits pour 1'oppreffeur. D'ailleurs, 1'inégalité des conditions perfuade è la longue que tout eft permis aux grands, tandis que la plainte même eft interdite aux petits ? Ne foyons donc pas fürpris fi, comme les Afiatiques , les Européens s'accoutument peu-k-peu a porter le joug, & aux maux qui s'enfuivent. En effet, Monfieur, le fort du plus grand nombre des Européens ne dépofe«t-il pas contre leur liberté prétendue. Efton libre quand on gémit fous un travail excefiif qui ne donne pas même de quoi fatisfaire aux premiers befoins. $i les campagnes ne font pas cultivées autant qu'elles pourroient 1'être, n'eft ce pas que les laboureurs& les autres cultivateurs ne jouiffeat pas de la protection & du bonheur auxquels ils ont Ie droit le plus inconteftable ? Combien d'ouvriers &de joarnaliers dans les villes & dans les campagnes portent fur leurs phyfionomies Pempreinte de la mifere, d'une mifere affrcufe ? Qu'on jette les yeux fur les provinces de la plupart des Etats de 1'Europe, y voit-on une populatinn abondante? Les habitans tremblent de fe reproduire. Effrayés de leur difette , ils craignent de la transmettre è une nouvelle génération. Eft-on cenfé libre quand 1'on eft accablé de corvées & d'impóts, fi infuportables, qu'on eft forcé ou de renoncer è 1'héritage de fes peres ou de le laiffer en partie inculte? Efi on cenfé libre quand le commerce eft gêné par des monopoles, des entraves fans fin ? Comment allier la liberté avec le manque de vêtemens pour fe mettre è couvert de la rigueur desfaifons? Tel eft  C 197 ) eft cependant, Monfieur , 1'état d'une infinité d'individus dans la plupart des contrées dj 1'Kurope ; j'aurois dit dans toutes ; mais j'en dois excepter la Hollande, oh 1'aifance fe trouve plus que partout ailleurs pour toutes les clafies de la fociété. Si Ia liberté & le bonheur diftinguenn 1'Europe du refte de la terre comme on le dit, d'oh vient donc que des loix impartiales ne commandent pas également aux grands comme aux petits? D'ou vient que la fo blefie &l'innocencefont toujours victimes du crédit. & de la faveur ? D'(;u vient qu'on voit fi rarement le pauvre obtenir une prompte juftice contre le riche, ou 1'homme en place? D'oh vient qne le citoyen dans le fanctuaire même de fa familie & dans le fein de 1'amitié, n'eft pas a 1'abri des inquifitions & des déla« tions? La vengeance, le caprice ou 1'intérêt d'un grand, de fa maitrefie, ou de fon valet, ne peuvent-ils pas a chaque inftant précipiter 1'homme de bien dans un cachot? Le grand lui-même eft - il complettement a couvert des coups d'un maitre fan» tasque, & des calomnies de fa cour? L'homme riche a-t-il la jufie confiance de transmettre a fes enfans les biens que fon induftrie lui a procurés? Enfin, un heureufe tolérance permet-elle a tout citoyen de penfer comme il lui plaït, quoiqu'il agilfe conformément aux loix? Je vous avoue, Monfieur, que je ne vois rien de tout cela dans cette Europe fi privilégiée. Tout Citoyen vertueux & fenfible aux infortunes de fes femblables , fe dit la même chofe, s'il fait ufage de fes lumieres. On doit donc convenir, Monfieur, que les hommes, fous 1'apparence de la liberté, font efclaves , plus ou mo;ns , dans toute 1'Europe, En effet, les hommes font efclaves partout oh 1'on a befoin de pouvoir, de crédit, de richeffes pour ob. tenir juftice ; les hommes font efclaves partout oh le puiffant, difpenfé de fe conformer a la loi, peut êtouffer les ais de 1'innocence qu'il opprime; les hom-  C 198 ) hommes enfin font efclaves partout ou la loi peutên-e interprétée , en faveur du puifiant contre i'infortuné. Malheureufement expofés encore è tout ce qui peut contrarier le bonheur de 1'homme policé, nous ne fommes pas en droit, je penfe , de faire 1'apologie des avantages qui nous diftinguent des autres peuples, oh le defpotisme fe montre fous un afpedt. différent. Jamais ces prétendus avantages n'éblouiront les ames généreufes qui fentent & connoiffent les véritables droits de 1'homme. Elles s'indigneront toujours contre 1'injufiice & 1'opprefiion, fous quelque forme qu'elles paroiffent. Quoique ces réflexions different des vótres fur le bonheur des Européens, je n'en fuis pas moins, Monfieur, &c. Suite des véritables principes du Gouvernement. Dans notre dernier numero du Politique, nous avons entretenu nos leffteurs fur les öbligations réciproques du Souverain & des fujets fous un gouvernement fage & utüe, & nous avons promis d'examiner d'après les principes généraux, communément reconnus, 1'origine du gouvernement; c'eft ce que nous allons faire avec le plus de précifion qu'il nous fera poffible. Dans tous les tems les hommes ont été gouvernés: cette verité ne paroitra pas étrange pour peu qu'on y faffe attention. Si homme eft le fruit d'une fociété dans laquelle fon enfance reent des fecours , & a laquelle fes befoins 1'attacherent dans 1'age mür, il fut au moins fous le gouvernement de fon pere: quelque fvftême que 1'on adopte fur fantiquité du monde, foit qu'on le fupofe éternel, foit qu'on ne lui donne qu'un nombre limité d'années, foit que les hommes defcendent d'un feul, foit que le  C 199 ) le genre humain ait toujours fubfiflé dans un étata peu prés pareil a celui oh nous le voyons, il y eut toujours des fociétés; au moins y eut-il une familie qui reconnut un chef; cette familie dut a Ia fin devenir fi nombreufe qu'elle ne put être longtems gouvercée par un feul homme. Le pouvoir, le refpedt, la foumiffion accordés au premier chef de familie, durent fe partager entre ceux qui lui firei céderent, & même s'akérer, s'affaiblir & s'anéantir tout-a-fait. De nouveaux intéréts, des belbins, des circonftances différentes produifirent des difputes, des guerres, des émigrations, & firent naïtre des fociétés nouvelles. D'un autre cóté, des calamités générales fubdiviferent quelques fociétés & bannirent de leurs anciennes habitations ceux qui y avoient échapé; mais, quelque fut leur fort, jamais ces troupes errantes ne purent totalement oublier qu'antérieurement elles avoient déja vécu fous en gouvernement quelconque : c'eft donc de la qu'il faut partir pour trouver la fource des gouvernemens acfuels; car ces fociétés éparfes s'étant trouvées dans une fituation plus tranquille, fongerent a jétablir chez elles un gouvernement déja reconnu néceffaire, & leurs yeux durent naturellement fe tourner vers les perfonnes de qui elles avoient recu le plus de bienfaits, & de qui elles croyoient avoir encore lieu d'en efpérer. La bonté, 1'utihté, voila les tities naturels pour commander des hommes; ces titres firent fans doute les premiers fouverains. La liberté de choifir fes chefs, obligea ceux qui afpiroient a être élus, de s'en rendre dignes par la prudence, la fageffe, la vertu, mais furtout par cette grandeur dame, cette fupériorité de raifon, de talents & de lumiere qui fubjugue le vulgaire, étonné de trouver dans fes chefs des reffources dont-il eft lui-méme incapable._ Voila comment les hommes les plus éclairés devinrent les légiflateurs des fociétés. En établiffant l'ordre, & en rendant raifon des terribles phénomenes qui avoient effrayé &  ( 200 ) & difperfé leurs femblables , ils firent parler l&s dieux; ils enfeignerent des cultes. Ils annoncerent les oracles du ciel, & mêlerenc fouvent le preftige & 1'impofture aux bienfaits réels , par lesquels ils avoient encbainé leurs concitoyens ; ils rendirent par Ja leur autorité plus refpeétable: c'eft ainfi que les Orphées, les Minos, les Numa, leslncas, fe rendirent maitres des efprits en faifant parler la raifon & les dieux. Plufieurs families difperfées ont encore pu fe rafiembler pour leurs avantages & défenfes réciproques : elle ne changerent rien au gouvernement paternel ; les chefs de différentes families conferverent une autorité égale; leurs volontés réglerent la fociété, formée par les volontés combinées de ces troupes détachées, & c'eft fur ce modele qu'ont dfi fe former les républiques ariftocratiques. Ces Feuilles périodiques paraiffent régulierement tous les Lundis a Amfierdam, chez J, A, Crajenfchot; a Ham m km, chez Walree ; a Lelde, chez Luzac & van Damme , & Les Freres Murray ; d la Haye , chez J. van Cleef, Detune, van Drecbt & La Veuve Staatman \ d Gouda, chez Fan der Klos; d Rotterdam, chez Bennet &Hake & D. Fis ; d Dordrecht, ckez Blujfé; d Deventer, chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzingh; a Nimegue , chez Fan Goor; d Arnhem, chez Troost; d Bois-le Duc , chez J. H. Pallier , d Hambourg, chez J. G. Firchaux & chez les prineipaux Libraires des Pays-Bas.  L E POLITIQUE N°. CXLIV. LUNDI, ce 10NOVEMBRE,1783. Sur la liberté, & fur le danger des troubles. La nature a gravé dans tous les cceurs 1'amour de la liberté ; elle a voulu que chaque individu de Pefpece humaine fut attaché a fon être : ce fentiment eft fondé fur le defir de fe conferver & d'employer fans gêne nos facntés pour rendre notre exiftence auffi heureufe qu'il eft poffible. L'habitude, 1'ignorance, 1'opinion, les rigueurs de 1'oppieffion , peuvent quelquefois & pendant un certain tems affoiblir cet amour de la liberté; mais lien n'eft capable de le détruire dans le cceur de Tome VI. N 1'hom.  v (%202 ) 1'homme ; & quelque effort que 1'on faffe k cet égard, on n'y parviendra jamais entierement. Si 1'on pouvoit étouffer ce feu facré, il renaitroit de lui même; nous en avons un exemple bien remarquablc dans la révolution de 1'Amérique Septentrionale, & un autre bien plus grand encore, quoique d'une conféquence moins générale, dans 1'histoire de notre propre patrie, qui combattit pendant quatre vingts-ans pour fe fouftraire au doublé joug de la tyrannie & de la fuperflition des Efpagnols. Cependant lorsque la liberté n'eft point fuboidonnée aux loix de la juftice, de la raifon, de la fociété, elle eft nuifible ; 1'ufage qu'on en fait eft injufte, dés qu'on franchit les bornes que ces loix prefcrivent; dès qu'on ne fe renferme pas dans les limites fixées par le paéte focial. En effet, la fociété, ayant pour objet le bien être & la confervation de tous fes membres , acquiert des droits légitimes fur chacun de ceux qui profitent des avantages qu'elle procure: en vertu de ces avantages, elle peut juftement circonfcrire la liberté de fes membres, ou en régler 1'exercice: fi chacun d'eux en faifoit un ufage illimité & contraire a fa nature d'être föcTal , il rendroit fes affociés malheureux & ne tarderoit pas a le devenir lui-même ; la nature d'un être focial lui impofe donc 1'obligation ou la néceflité de ne chercher fon bonheur, que par des moyens qui ne foient point nuifibles k fes femblables; "elle permet a chacun :de fe rendre heureux, mais elle ce veut point que ce foit en privant les autres du bonheur. Quand on dit que la nature fait nairre tous les hommes Jibres, on ne doit point entcndrc que les hommes naiffent dans une indépendance entiere. Dés qu'il exifte pour eux des rapports, ils font foumis k des regies ; dans tous les ihüans de leur exidence, ils font fujets aux loix que la nature & la raifon leur impofent: ils font enfin fubordonnés a celles de la fociété , qui , lorsque ces loix font jus-  C m) juftes, n'eft que 1'interprete fidele de la nature Sc de la raifon. Le gouvernement, organe de la fociété , ou chargé par elle de fixer les bornes de la liberté de fes membres, s'explique par les loix: lors que ces loix font juftes, elles font jouir les citoyens de toute la liberté que la nature & la raifon leur permettent d'exercer, relativement aux befoins & aux circonftances de la fociété. Mais fous un gouvernement injufte, les loix didtées par le caprice, la violence & 1'intérêtparticulier, privent presque toujours le citoyen de fes droits les plus facrés, & 1'intérêt du légiflateur devient la feuie mefure de la liberté. Ainfi la liberté eft la faculté de faire pour fon bonheur tout ce que permet la nature de 1'homme en fociété. Cette définition eft oropre a diftinguer la vraie liberté de cette in* dépendance totale & chimórrque , qui ne fut jamais le partage de 1'homme'; elle nous fera connoitrè combien elle differe de cette licence dérai. fonnable , dont 1'ufage feroit funefte aux autres & ï nous-mêmes. Lors que la liberté nous faitcommettre des adtions oppofées aux loix de la nature & de la raifon , le but de la fociété eft manqué, elle n'eft plus qu'un délire que nos affociésne peuvent tolérer , & qu'ils doivent , pour 1'intérêt de tous, réprimer & punir; mais, d'un autre cóté , quand la löi nous empêche de faire ce que la nature la raifon , le bien de la fociété exigent de nous'ou nous permettent, elle eft injufte & tyrannique; elle excede fon pourvoir, vu que toute loi civile ne doit qu'expliquer lés loix de la nature ou les i'nterpréter de la maniere la plus conforme au bien de chaque fociété: le bien de la fociété totale doit donc étre la mefure de la liberté de fes membres. Les hommes en s'aflbciant, lui foumettent leurs aftions; ils s'impofent 1'obligation de ne point faire ufage d'une indépendance ilhmitée, paree qu'elle détruiroit 1'objet qui les raffemble. Mais auffi, en renoncant a cette indépendance nu,. N 2 fible,  C *°4 ) fible, aucun n'a confenti k fe dépouiller du droit de faire ce qui, fans nuire aux autres, peut contribuer a fa propre félicité & a fa propre fureté; ainfi jamais ni la fociété en général ni fes membres en particulier n'ont pu renoncer è la liberté. Etre libre , dit 1'illullre préfident de Montesquieu , n'eft pas faire ce que 1'on veut, mais faire ce qu'on doit vouloir: d'aprcs ce principe inconteftable il elk aifé de fentir que nul homme fur la terre ne peut prétendre a une indépendance totale, quelque origine que 1'on donne au genre humain; 1'homme fuppofé feul feroit encore obligé de fe conformer aux devoirs que fa nature lui prefcrit; il ne pourroit les violer fans nuire è fon bien être; mais il ne fut jamais parfaitement ifolé, il dépendit de fes parens, de fa familie, en un mot, de Ia fociété oh la nais. fance 1'avoit placé. Quelles qu'aientpu étre les inftitutions & les conventions humaines, jamais elles n'ont pu accorder è aucun membre de la fociété une indépendance abfolue, ou le droit de faire ce qu'il vouloit. Pour qu'un homme füt indépendant, il faudroit qu'il fortft de fa nature; il faudroit qu'il renoncat a fon efpece. Des loix néceffaires dirigent tous les êtres de la nature, & conftituent l'ordre de 1'univers; des loix naturelles, également néceffaires, dirigent les hommes, & maintiennent l'ordre dans la fociété. Le fouverain, è qui fa Nation a confié le dioit le plus étendu, eft foicé de reconnoitre les loix de cette nature qui lui commande en fouveraine, ainfi qu'au plus foible de fes fujets. Par Ia conftitution éternelle & néceffaire des chofes, ces loix ne font jamais trangrefiees fans péril: 1'homme ifolé qui les viole , en eft puni tót ou tard par la diminution ou la perte de fon bien-être; 1'homme focial qui les outrage, eft chatié par la haine de fes alfociés, dont 1'idee produit en lui la crainte & le remords: la fociété toute entiere eft punie de fes infradlions aux loix de la nature par les désordres, les vices & les crimes qui la trou»  C 205 ) troublent, & les nations font punies de la violation de ces mêmes loix par les malheurs durables qu'elles fe font rcciproquement éprouver : nous pouvons en citer pour exempies la France & 1'Angleterre. Gardons-nous donc de confondre une indépendance chimérique totalement incompatible avec l'ordre des chofes, ou une licence deftructive , avec la vraie liberté qui doit être le partage de tout être focial & raifonnable , droit inaliénable de fa nature, & dont il n'eft que 1'injuftice & la violence qui puiffent le dépouiller : toute nation ou fociété a donc droit a la liberté, puis qu'elle eft ïndifpenfablement néceffaire a fa confervation & a fa prospérité. Etre libre, c'eft n'obéir qu'a des loix tendant au bonheur de la fociété & par elle approuvécs. La licence eft aufli contraire au bi,en public, que le defpotisme ou la tyrannie; la liberté ne peut fubfifter fans vertu; il ne peut y avoir en un mot, de patriotisme , de grandeur d'ame , d'honneur réel, d'amour du bien public, que dans les nations également exemptes d'efelavage & de licence; car dans 1'un & 1'autre cas les nations font mal gouvernées , & la fociété tombera tót - on tard dans une fermentation dangereufe ou dans un état de foibleffe, auquel il lui fera dïfflcile de remédier; dans tous les cas elle doit ufer des remedes les plusdoux, & prendre garde de ne pas renverfer 1'édifice en voulant le remettrc fur fon a-plomb. En politique comme en médecine, les remedes violens font toujours dangereux, on ne doit les emp'oyer que lorsque 1'excès des maux les rend abfolument necesfaires. Jl eft donc a propos de temporifer avec le mal tant qu'il eft fupportable, de laiffer quelque chofe a faire au tems & k la nature. L'expénence nous montre, en effet, que rien n'eft plus funefte que les remedes appliqués aux maux des nations par 1'imprudence, la précipitation ou la paffion. Les Etats périffent fouvent des ébranlemens trop vifs que leur donnent les crifes N 3 ioüt'  (2o5 y dont-ils efpéroient le retour de la fanté; uri peuple doit donc fupporter fes maux toutes les fois qu'il-lui en coüteroit trop dé fang pour les guérir : il eft fage de vivre avec des infirtnités que 1'on ne pourroit détruire fans accélérer fa propre deftruéfion. Une nation, comme un individu, a recu de la nature le droit inaliénable de fe défendre contre un ennemi; elle peut , fans doute, fe foulever contre le tyran qui 1'opprime ; mais tous deux font imprudens & aveugles, lorsque, pour fe défaire de leur ennemi, ils s'expofcntapérir; il faut confentir a fouffrir dès qu'il peut réful'ter de plus grands inconvéniens du remede que du mal même. Il eft conitant qu'un intérêt éclairé par la raifon, doit toujours engager Ie citoyen a fe foumettre aux loix juftes d'une fociété qui travaillé pour le bien-être de fes membres; ayons donc une entiere confiance dans ceux qui nous gouvernent, lorsque nous les voyons occupés a la réforme des abus contraires a nos droits & a notre liberté. Nous venons de voir que cette liberté a fes limites, & qu'en les 'dépalTant, le trouble qui en réfulte peut être dangereux pour la fociété; gardonsnous donc de les franchir; avèc de la vigilance & de la fermeté de la-part- de nos régens, de la douceur & de la patience de la nötrè, nous verrons bientót ceffer le fujet de nos plaintes, & la république des Pays-Bas-Unis profpérer & fieurir comme par le paffé. Suite  ( 237 ) Suite dü Traité Définitif de Paix & d'Amitié wtre S. M. B. & S. M. T. C. Signé a P'erjailles, le $ 3 Septembre 1783. Art. XII. Pour ce qui eft du refte des cótes d'Afrique, les fujets Anglais & Francais continueront a les fréquenter felon fufage qui a eu lieu jufqu'a préfent. Art. XIII. Le Roi de la Grande-Bretagne reftitue è Sa Majefté Très-Chrétienne tous les Etabliifemens qui lui appartenoiènt au commencement de la Guerre préfente, fur la cóte d'Orixa, & dans le Bengale, avec la !ibe"é d'entourer Chandernagore d'un fofTé pourfécoulement des eaux: & Sa Majefté Britannique s'engage a prendre les mefuresqui feront en fon pouvoir, pour affurer aux fujets de Ia France, dans cette partie de 1'inde, comme fur les cótes d'Orixa, de Coromandel, & de Malabar, un commerce fur, libre & indépendant, tel que le faifoit la Compagnie Francaife des Indes Orientales, foit qu'ils le faffent individuellement, ovf en Corps de Compagnie. Art. XIV. Pondichéry fera également rendu & garanti a Ja France, de même que Karikal: & Sa Majefté lïntannique procurera, pour fervir d'arrondiffement a Pondichéry, les deux diftricts de Valanour, & de Bahour; & èKarikal, les quatre Magans qui l'avoifinent. Art. XV. La Francerentrera en pofleflion de Mihé,ainfi que de fon comptoir a Suratte; & les Francais feront lecommerce, dans cette pattie de Pinde, conformementaux principes établis dans Partiele Treize de ce Traité. Art. XVI. Les ordres ayant été envoyés dans Pinde par les Hautes Parties Contraétantes, en conformité de Partiele Seize des Préliminaires, il eft convenu de nouveau, que fi, dans le tetme de Quatre Mots, les Alliés refpeetifs de leurs Majeftés Britannique & Très-Chrétienne n'ont pasaccédéa la ptéfente Pacifieation, ou fait leur accommodement féparé, leurs dites Majeftés ne leur donneront aucune afïïftance , directe ou indirecte , contre les pofléffions Brfanniques ou Francaifes , ou contré les anciennes pofl'cffionsde leurs Alliés refpeétifs, telles qu'elles fe trouvoient en 1'année 1776. Art. XVII. Le Roi de la Grande-Bretagne voulantdonner a Sa Majefté Très-Chrétienne une preuve fincére du réconciliation & d'amitié, & contribuer a rendre folidé la Paix N 4 rétablie  C 20!ï ) rétablie entre leurs dites Majeftés, confent ar»brogation& fuppreffion de tous les articles r^latifs a Dunkerque, a compter du Traité de Paix conclu aUtrechten 17134 inclufivement, jutqu'a ce Jour. Ait. XVÜI. Aufli,ót après 1'échange des ratifications, les Deux Hautes Parties Contraétantes nommeront ces Commisfaires pour travaillera de nouveaux arrangeraens de commerce entre les rieux Nations. fur le fondement de laréciprocité& de la conve nance mutuelles; lesquels arrangemens devront être terminé.'. & conclus dans 1'efpace de deux ans, a compter du premier Janvier de 1'année 1784. Art. XIX. Tous les Pays ék Territoires qui pourroient avoir été coiiquis, ou qui pourroient 1'être, dans quelque partie du monae que ce foit, par les armes de S. Maj. B. ainfi que par celles de Sa Majefté Très-Chrétienne, qui ne font pas compris dans le préfent Ttaité, ni a titre de ctflions, ni a titre de reftitutions, feront rendus fans difiiculté, & fans exiger de compenfation. Art. XX. Comme il eft néceffaire d'affigner une époque fixe pour les reftitutions & évacuations a faire par chacune des Hautes Parties Contraétantes, il eft convenu que leRoi de la Grande-Bretagne fera évacuer les Ifles de St, Pierre & Miquelon, Trois Mois après la ratification du préfent Traité, ou plü ót, fi faire fe peut; Ste. Lucie aux Antilles, & Gorée en Afrique, Trois Mois après la ratification du préfent Traité, ou plütót, fi faire fe peut. LeRoi de la Grande-Bretagne rentrera également en pofleffion, au bout de Trois Mois apres la ratification du préfent Traité, ou plütót, fi faire fe peut, des iöes de la Grenade, les Grénadines, St. Vincent, la Dominique, St. Chriftophe,Nevis, & Montferrat. La France lera mife en pofiefllon des villes & comptoirs qui lui font reftitués aux Indes Orientales, & des territoires qui lui font procurés pour fervir d'arrondilTement a Pondichéty, & è Karikal, Six Mois après la ratific-ruion du préfent Traité, ou plütót fi faire fe peut. La France reinettra, au bout du mêmeterme de Six Mois, les villes & territoires dont fes armes fe feroient emparées fur les Anglais, ou fur leurs Alliés, dans les Indes Orientales. En conféquence de quoi, les ordres néceffaires feront envoyés par chacune des Hautes Parties Contraétantes, avec des paiTeports réciproques pour les vaifièauxqui les por. rtront, immédiatement après la ratification du préfent Traité. Art.  ( 209 ) Art. XXI. La décifion des prifes & des faifies, faites antérieorement aux boftiiités, fera remife aux Cours de Juftice refpeétives; de forte que la validiié desdites prïlés & faifies feta décidée feloo le Droit des Gens . & les Traités, dans les Cours de Juftice de la Nation qui aura fait ia capmre , ou ordonné les faifies. Art. XXil. Pour empêcher le renouvellement des pro* cès qui ont été terminés.dans les ifles conquifes parl'une & 1'autre des Hautes Paities Conttactintes, il eftconvenu que les Jugemens rendus en dernier reflbrt, & qui ont acquis force de chofes jugées, feront maintenus & exé« cutés fuivant leur forme & teneur. Art. XXIII. Leurs Majeftés Britannique & Trés-Chrétienne promettent d'obferver fincerement, & de bonne foi, tous les articles contenus & établis dans le préfent Traité; & Elles ne fouffriront pas qu'il y foii fait deconiravention directe, ou indirecte, par leurs fujets refpeérifs; & les fufdites Hautes Parties Contratfantes fe garantifTent généralement & réeiproquement toutes les ftipulations du ptéfent Traité. Art. XXIV. Les ratifications lölemnelles du préfent Traité, expédiées en bonne & due forme, feront échangées en cette ville de Verfailles, entre les Hautes Parties Contraétantes, dans 1'efpace d'un mois, ou pluiót, s'il eft poffible, a compter du Jour de la fignature du préfent Traité. En foi de quoi , Nous fouffigués, Ambaffadeur Extraordinaire , & Miniftres Plénipotentiaires, avons figné de notre Main, en leur Nom , & en Vertu de nos Pleinpouroirs refpeftifs, le préfent Traité Définitif, & y avons fait appofer les Cachets de nos Armes. Fait a Verfailles, le Trois Septembre, Mil Sept Cent QuatroeVlngt-Troiï. Manchester. (L. S.) Gravier de Vergennes, (L. S.) N5 Ar.  C 110 ) Articles Séparés. I. Quelques-uns des titres employés par les Puiflances Contfa&antes, foit dans les pleinpouvoirs & autres aftes, pendant le cours de la négociation, foit dans le préam. buie du préfent Traité, n'étant pas généralernent reconnus, il a été convenu, qu'il ne pourroit jamais en refulter aucun préjudice pour 1'une ni 1'autre desdites Parties Contraétantes; & que les titres pris ou omis, de part & d'antre, a 1'occafion de ladite négociation, & du préfent Traité, ne pourront être cités, ni tirer a conféquence, II. II a été convenu & arrêté, que la langueFrancaife, employée dans tous les exemplaires du préfent Traité, ne formera point un exemple qui pulife être allégué, ni lirer è conféquence, ni porter préjudice, en aucune maniere, è Tune ni a 1'autre des Puilfances Contracrantes ; & que 1'on fe conformera a 1'avenir a ce qui a été obfervé, & doit-être obfervé, a 1'égard & de la part des Puilfances, qui font en ufage & en pofleffion de donner & de recevoir des exemplaires de femblables Traités, en une autre longue que la Fr*neafe; le préfent Traité ne laiflant pas d'avoir la même totce & vertu, que fi le fufdit ufage y avoit été obfervé. En foi de quoi, Nous fouffignés Ambaffadenr Extraordinaire, & Miniftres Plénipotentiaires, de leurs MajeftésBritannique & Très-Chrétienne, avons figné les préfens Articles Separés, & y avons fait appofer les cachets de nos armes. Fait a Verfailles , le Trois Septembre, Mil Sept Cent Quatre-Vingt-Trois. Manchester. (L. S.) Gravieb de Vergennes. (L. S.) Déclaraiion. Le Roi étant entiérement d'accord avec Sa Majefté Très-Chrétienne fur lés articles du Traité Définitif, cherchera tous les moyens qui pourront non-feulement en asfurer Pexécution, avec la bonne foi éV Ia ponétualité qui lui font ccnnues , mais de plus donnera, de fon cóté, toute 1'tfficace poffible aux principes qui empêcheront jufqu'au moindre germe de diipute a 1'ayenir.  A cette fin , & pont que lespécheurs des deux Nations na faffent point naicre des'quereiles journalieres, Sa'Majefié Britannique prendra les mefures les plus pofitives pour prévenir que (es fujets netroublent, en aucune maniere, par leur concurrence la pêche des Francais, pendant 1'exercice temporaire qui leur eft accordé, fur les cótes del'ifle de Terren^uve; & elle fera tetirer, a eer effet, les Etab'iffemensfédentaires qui y feront formés. Sa Majefté Britannique donnera des ordres pour que les pêcheurs Francais ne foient pas génés dans la coupe du bois néceffaire pour la réparation de leurs échaffaudages, cabanes, & batimens de pêche. L'article Treize du Traité d'ütrecht, & la méthode de faire la pêche qui a été de tout temps reconnue, fera le modale fur lequel la pêche s'y fera: on n'y contreviendra pas, ni d'une part ni de 1'autre; les pêcheurs Francais ne bai;ffant rien que leurs Ochaffaudages, fe bornant ê réparer leurs batimens de pêche, & n'y hy vernam point; les fujets de Sa Majefté Britannique, de leur part, nemoleftant aucunement lespécheurs Francais durant leurs pöchès, ni nedérangeantleurs échaffaudages durant leur abfence. Le Roi de la Grande-Bretagne, en cédant les iflas de St. Pierre & de Miquelon a Ia France, les regarde comme cédées afin de fervir réellement d'abri aux pêcheurs Francais, & dans la confiance entierequecespoffeflionsne deviendrout point un objet de jaloufie entre les deux Nations; & que la pêche entre les dites ifles, ckcellede Terreneuve, fera bornéea M'-Canal. A 1'égard des Indes, la Grande-Bretagne ayant accordé a la France tout ce qui peut conftater & confirmer le commerce que celle-ci demanded'y faire, Sa Majefté ferepofe avec confiance fur les affurancesrépécées de la Cour de Verfailles, que la faculté d'entourer Chandernagore d'un foffé, pour 1'écouletnent des eaux, ne fera point exercée de maniere ale faire devenir uti objet d'ombrage. L'état nouveau, oü Ie commerce pourra peut-être fe trouver dans toutes les parties du Monde, demandera des révifions& des explications des Traités fubfi trans; msis uneabrogaiion enttere de ces Traités, dans quelque temps que ce füt ,jetteroit dans le commerce une confufion qui lui feroit iufhimenc nuifible. Dans des Traités de cette efpece, il y a non-feulement des articles qui font purementreiatifs au commerce, mais beaucoup d'autres qui affarent réciproquementaux fujets refp.ct.ifs des privileges, des facilités pour la conduite de leurs affaires, des por-  C 212 ) protecVons perfonnellss, & d'autres avantages,qui «efatum ne doivent être d'une nature a changer, comme les détails qui ont purement rapport & la valeur des effets, & des marchandifes , variables par des circouftances de toute efpece. Par conféquent, lorfqu'on travaillera fur 1'état du commerce entre les Deux Nations, il conviendiades'entendre,que les changemens, qui pourront fe faire dans les Traités fubfiftans, ne porteront que fur des arrangemens purement de commerce, & que les priviléges, & les avantages mutuels & parriculiers, foient, de part & d'autre, non-feuletnent confervés, mais mêmes augmentés, fi faire fe pouvoit. , Dans cette vue, S. M. s'eft prêtée a la nomination, de part & d'autre, des Commilfaires, qui travailleront unique» 'ment fur cet objet. En foi de quoi, nous Ambafladeur Extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire de S. M. B. a ce dueinent autorifé, avons figné la préfente Déclaration, & a icelle fait appofer le cachet de nos armes. Donné a Verfailles le trois Septembre, mil feptcentquatte» vingt-trois. (L. S.) Manchester. Conti e - Déclaration. Les principes qui ont dirigé le Roi, dans tout le cours des négociations qui ont précédé le rétablilfement de la Paix, ont ou convainere le Roi de la Grande-Bretagne, que Sa Majefté n'a eu d'autre but que de la rendre folide & durable, en prévenant, autant qu'il eft poffible, dans les Quatre Parties du Monde, tout fujet de difcufiion & de querelle. Le Roi de la Grande-Bretagne met indubitablement trop de confiance dans la droiture des intentions de Sa Majefté, pour nepointferepoferfurl'attentionconftantequ'Elle aura d'empêcher que les ifles St. Pierre & Miquelon ne deviennent un objet de jaloufie entre les Deux Nations. Quant a lapêchefurlescAtesdeTerreneuve, quiaétél'objet des nouveaux arrangements dont les Deux Souverains font convenus fur cette matiere, elle eft fuffifamment exprimée par Partiele Cinq du Traité de Paix figné ce-jourd'hui,&paria Déciaration remife également aujourd'hui par 1'Ambafl'adeur Extraordinaire & Plénipotentiaire de S. M. Britannique; & Sa Majefté déclare qu'Elle eft pleinemeut fatMaite a cet égard. Pour ce qui eft de la pêche entre 1'ifle de Terreneu ve & celles  C 213 ) les de St. Pierre & Miquelon, elle na pourra fe faire de part & d'autre, que jufqu'a Mi-Canal; & Sa Majefté Jon. r/era les ordres les plus précis , pour que les pêcheurs Francais n'outre-palfent point cette ligne. Sa Majefié eft dans la ferme confiance qua le Roi de la Grande-Brsta. gne donnera de pareils ordres aux pêcheurs Anglais. Le défir du Roi de maintenir la Paix comprend Hnde aufli bien que les autres parties du Monde; ainfi Sa Mal jefté Britannique peut-être affuiée, que S.i Majefté ne permettra jamais qu'un objet aufli inoffenfif, & auffi innocent" que le foffé dont il s'agit d'entourer Chan-dernagore' puiffe donner de f'ombrage a la Cour de Londres.' ' Le Roi , en propofant de nouveaux arrangemens da commerce , n'a eu d'autre but que de reaifier, d'après les regies de la réciprocité, & d'après la convenance mutuelle, ce que le Traité de Commerce, figné a Utrecht en mil lept cent treize, peut renferraer de défeftueux- le Roi de la Grande-Bretagne peut juger par la, que fin ntuion de Sa Majefté n'eft aucunemenr de détruire toutes les ftipulations renfermées dans Ie fufdit Traité ; Elle dé clare, au contraire , dés a préfent, qu'Elle eft difpofée Jt maintenir tous les priviléges, facilités & avantages énoncés dans ce même Traité , en tant qu'ils feront réciproques , ou qu'ils feront remplacés par des avantages équivalents. C'eft pour pawenir a ce but defiré, de part & d'autre, que des Commiffaires feront nommés pourtravailler fur 1'état du commerce entre les deux Nations, & qu'il fera accordé un efpace de tems confidérable pour achever leurtravail. Sa Majefté fe flatte quecetobjet fera fuiviaveclamême bonne loi, & avec le méme efprit de concil iation, qui on t pré fidé a la .édaclion de tous les autres points renfermés dans le Traité Définitif; & Sadite Majefié eft dans Ia ferm-con fiance, que les Commiffaires refpectifs apporceront Ia plus grande céiérité a la confcftion de cet important ouvrage En foi de quoi , Nous Miniftre-Plénipotentiaire fouffi. gné de Sa M-qefté Trés Chrétienne, è ce duëment auto rifé, avons figné la préfente Contre-Déclaration, & d icelle fait appofer le Cachet de nos Armes. Donréa Verfailles, le Troifieme Septembre, Mil SeDtCenr Quatre-Viugt.Trois. v (L. S.) GRAVIER de VERGENNES. (La fuite au procbaïn numero.) LET-  ( H4 ) LETTRE d'un négociant de Dantzig d fon corretpondant d'AmJterdam, en date du 23 Otïobre 1783. Te me fuis ensagé, Monfieur. par ma lettre da 20 Septembre dernier de vous faire favoir les luites dc notre querelle avec la régence pruflienne; ie vais m'acquitter de mon mieux de mapromefle. Vous faurez donc, Monfieur, que les négociations qui avoient été entamées ici fous la médiation du eomte d'üruhe comme commiffaire du Roi de Pclosne , n'ont pas eu le fuccès que nous avions droit & fujet d'efpérer, puisque la navigation de la Viftule eft toujours nulle pour le commerce de notre malheureufe ville; il paroft méme que ces négociations ont irrité le mal , au lieu de 1 aftenhlir • il eft venu des ordres de la Cour de Berlin au général Baron d'Egloffftain, pour être commu. niqués a notre magiftrat; ils portoient en fubftance- qu'on eüt a déclarer dans 24 heures fi 1 on voüloit accorder la navigation de la Viftule & le paffage du Schottland de la même maniere que eidevant, indemnifer les fujets pruffiens des pertes & dommages qu'ils avoient efiuyés par les entraves apportées a cette navigation , & faire des excufes fur les excès commis; faute. de quoi les troupesdu Roi vierdroient occuper le territoire de notre ville Des conditions fi contraires a Pidee que nous nous fommes faites de la juftice de notre caufe, mrurent fi dures k notre magiftrat , qu'il refolut, acres müre délibération, de ne point les accepter. £ réponfe fut donc négative, & on la rermt au général pruffien. En conféquence celui-ci fit rasfembler fes troupes k 1'entour du Stolzenberg, & marcher par divifions k leurs quartiers refpecïifs rour former le blocus de no-re ville, de maniere que le diftriél d'Ohra fitué entre Je territoire prusfien & St. Albert, & tout le territoire de la ville,  C »5 ) notamtïlent les trois villages voifins, ont été occupés fans la moindre réfiftance ni défordre: nos gens s'étoient retirés auparavant dans nos murs, uès lors toutes les avenues de la ville furent garnies de troupes pruffiennes, tant d'infanterie que de cavalerie,, & le général prit fon quartier dans 1'Ohra; nous avons vu fort tranquillement du haut de nos remparts toutes ces troupes occuper le territoire de notre république fans brüler une feule amorce ; mais immédiatement après cette occupation, M. le cornmilTaire, le comte dTJrhue, en.fit införmer par un exprès la cour de Varfovie, & notre magifirat fit lever les ponts, fermer nos portes, & renforcer notre garnifon par des enrolemens faits avec le pius, grand fuccès ; bien réfolu de nous expofer aux plus grandes extrémités, fi 1'on perfifie a nous.priver de nos droits & de notre liberté. D'ailleurs, nous pouvons foutenir au moins pendant fix mois le blocus de notre ville, d'autant plus que nous fommes non-feulement pourvusabondamment de vivres & de munitions, mais encore de 600 bceufs polonais que nous avions fait entrer dans nos murs avant l'inveftifiement. Tous les ouvrages extérieurs du Biffchoffsberg, Hagelberg & autres, font garnis d'un nombre d'hommes quadruple de 1'ordinaire: les paliffades, chevaux de frife, eu un mot tout ce qui efi; néceffaire pour nous défendre a été réparé & mis 'en état: & 1'artillerie fur les remparts efi; prête a recevoir notie ennemi; nous devons néanmoins fouhaiter qu'il plaife a Dieu que tous ces moyens de défenfe ceffent d'être néceffaires, par un accommodement qui puiffe contenter les deux parties intéreffées dans cette cruelle affaire; ce qui parok certain, c'eft que le corps de notre bourgeoifie ne fe prêtera pas facilerrient a un arrangement qui porteroit quelque atteinte aux droits dont nous fommes en pofieffion depuis tant de fiecles, & qui ne nous étoient point conteftés avant le maiheureux partage de la Pologne. J'en étois la de ma lettre, lors-  ( 216 ) Iorsqu'un ami eft venu chez moi pour me dire que de nouvelles propofitions faites a notre Magiftrat de Ja part de la Cour de Berlin, jetoient dans la confternation toute la ville: elles font, en effet, d'un genre bien plus mortitïant & plus dur, que celles que notre magiftrat avoit-ci-devant rejetées. Vous en allez juger vous«même; je vais vous les transcrire telles que le général Pruffien les a faites. Les voici: i*. 0ue 'a v*'le enverroit une députation a, Sa Majefté Pruffienne , pour faire des excufes formelles au fujet des excès commis, & promettre fo • lemnellement, que jamais officiers ni foldats prusfiens ne feroient infultés dans 1'enceinte des murs de Dantzig. a°. Qu'elle accorderoit le libre paffage k toutes les marchandifes & effets par terre & par eau en remontant, ou en descendant la riviere, fans exception: 30. Qu'elle confentiroit de même au paffage libre des effets moyennant des paffeports de la régence pruffienne, même par la ville & fes barrières: 40. Qu'elle indemniferoit Sa Majefté Prusfienne de tous les fr3is occafionnés par cette affaire. Vous voyez, Monfieur , par ces nouvelles propofitions, que la Ccur de Varfovie n'a pu encore rien obtenir en notre faveur, & que tous nos efforts pour parvenir a un accommodement honnête , femb'ent avoir rendu cette conteftation encore plus épineufe plus difficile k terminer d'une maniere compatible avec 1'honneur d'un puiffant monarque & le bienêtre de notre malheureufe ville : la crife eft trop forte pour qu'elle dure longtems. Vous ferez informé de fes fuites, qui nous obligeront vraifemblablement k tout accorder. En attendant la cataftrophe, j'ai 1'honneur d'être &c. (Aux Adrejet ordinaire*.)  t E POLITIQUE -———i 1; ., - . . p. , mrrrttoog 'aHnsri rap'i-ittitoI>.i'j 6 f | re 'omjulsi • feii jïüo'j 'i ênBfriMüF vur/zon dl ri;o 9tivra 'ab- N°. CXLV. LUNDI, ce 17NOVEMBRE, 1783. «ol. woq intiiln' Jiirb if . j -sfioT =.'9 V^I-frat 5fWi' ——i ; * Sur la liberté de penfer, de parler & ffécrire. -3ï wo\}$«u:>> -.>.:. rib* int tu 3] •.. p •• |\ans nos fehiües précédentes, nous avons tdché x^f de fixcr les idéés de nos lecteurs fur les véritables principes de la lioerté \ & du gouvernement qui doit la maintenir dans de juftes bornes, en montrant que les Souverains & les fujets fbnt liés par des devoi s réciproques. Nous nous propofons aujourd'hui de traiter un fujet non moins intef effent, puifqu'il sagit d'examiner, avec notre impartialité ordinaire, fi la liberté dc penfer.de parler & d'écrire eft effentielie a un bon gouvernement, & quelle ToMa VI. O eft  C ) eft la conduite que celui ci doit tenir relativement aux discours & aux écrits des citoyens. Nous commencerons par avouer que nos recherches a cet égard nous ont trop bien prouvé que de tout tems la tyrannie, ennemie de toute liberté, pourfuivit avec fureur, ceux qui, par leurs ouvrages, ou par des discours raifonnés fur les évenemens, écfairoient leurs femblables dans les matieres les plus importantes de la légiflation; mais nous devons convenir auffi qu'en depit du bon fens & de la faine politique rilyaeu en tout tems des écrivains mencenaires & porfides qui ofoient demander de quel droit, des fujets, même étrangers a la patrie, fe mêloient des affaires du gouvernement, malgré la réponfe viótorieufe & péremptoire mille fois faite h ces fautcurs de la tyrannie, que c'eft par le même droit, qu'un paffager éveillé peut donner un avis falutaire au pilote endormi qui tient le gouvernail du navire oh, fe trouvant lui-même, il court risque de périr s'il fe tait. Les Souverains feroiertt'ils les fèuls rriortels, a qui les confeils fusfent inutiles? Que refte-t il d'intéreffant pour les hommes, s'il ne leur eft pas permis de s'occuper de la religion dont ils font dépendre leur félicité dans 1'autre monde, & du gouvernement fous lequel ils vivent, qui décide de leur bien-étre dans celui-ci, N'efi-ce pas réduire les hommes a une enfance perpétuelle que de leur interdire des occupations férieufes propres a éclairer une adminiftration qui perd cominuellementdevuelebutpour lequel elle eft établie? Et qu'eft-il befoin après cela de rechercher la caufe de la puérilité, de la frivolité, de 1'ineptie que 1'on remarque dans les ouvrages de la plupart des nations? Peut-il fortir quelque chofe de grand de la main d'un homme qui en écrivant tremble de tracer 1'arrêt de fa profcription en montrant les abus de 1'adminiftration & les moyens d'y remédier ? A cette idéé le feu du génie ne s'étéint-il pas? La plume ne tombe-1-elle pas des mains, fi 1'on n'eft en- 1  ( 219 ) entrafné par le.faint enthoufiasme de la vérité. Hé combien peu en font capables? Co-abien peu aiment la gloire plus que le repos? II eft bien vrai d'un autre cóté , que la licence löus le masqué de la liberté, prétend que Ton ne peut fans mjuftice réprimer fes cxcès; mais une raifon éclairée nous montre faciiemeac oü finit 1'une & commence 1'autre. Regie .--générale: tout dhcours ou écrit, qui porte le trouble dan; le cceur, foit des chefs équi» tables d'une fociété, ou des citoyens honnêtes, fans qu'il en réfulte un grand bien, eft condamnable; tout discours ou écrit contre des hommes pervers qui prétendent jouir en paix & fans remords de la mifere patat» que, eftlouable. Quel eft 1'efclave affez impudent pour ofer le blamer. C'eft le devoir d'un citoyen honnête de déférer a la patrie les ennemis publics* ou cachés, qu'elle renferme dans fon fein. 'Mais, dira • t - on peut-être , le dénonciateur ne peut-il pas être aveuglé par 1'efprit de parti, par la paffisn, par l'inté.-êt perfonnel ? Oui fans doute; & alors il eft un calomniateur détestable,-digne de la haine de fes concitoyens. Mais de ce qu'un fcélérat fe fert du feu pour caufer un incendie, il feroit abfurde de conclure quii faut ótcr le feu a tous les citoyens? Faudra-t-il donc rompre tous les chemins, afin d'empêcher qu'il n'y ait des voleurs de grr.nds chemins? tout citoyen doit fes talens a fa patrie; tout homme qui médite lui doit Je fruit de fes réfle* xions. Loin de regarder comme nm'fible un ouvrage dans lequel 1'auteur, guidé par 1'amour de fa patrie, par l'enthoufia?me-de la vertu & de la liberté, indique , fans fiel, les moyens qu'il croit propres a la rendre heureufe, on doit faccueillir avec empresfement: loin de traiter id'attentat puniffabte, 1'action d'un citoyen qui découvre a la fociété, & a ceux qui la gouvernent des abus dangereux, uniquement fondés fur des impoltures, des préjugés» des injuftices que des nations enn'eres payent dj tout leur bien être, 1'on doit 1'encourager a fuivre O 2 cette  C 220 > cette glorieufe carrière. Dira-t-on qu'un écrit éft re* préhenfible, paree qu'ü tend a ramener aux ioixde la nature & de la raifon, des chefs que leurs imprudences en écartent fi fouvent? Les bons fouverains n'ont rien a craindre des fatires ou des libelles; fi quelque dé. elamateur infenfé vient a fronder leur gouvernement, la partie la plus faine de la nation ne manque point de louer leur fage adminiftration, & de rendre juftice a leur amour pour le bien public. La vérité n'eft donc k craindre que pour les méchans; ]a calomnie ne peut rien contre les hommes dont le public éprouve journellement les bienfaits; ainfi les ennemis de la nation méritent d'être couverts de honte & d'infamiè; ceux qui violent toutes les loix méritent que chacun les attaque de la facon la plus ftire & la plus effkace pour les faire rougir, ou pouc les réprimer- La licence & 1'injuftice des hommes puiffans autorifent les citoyens a les citer au tribunal de la fociété qu'ils outragent; quand les loix font forcées de fe taire, chacun peut devenir 1'interprete & le vengeur de la patrie ; un écrit n'eft conféquemment licencieux que quand il nuit vraiment k la fociété , & non quand il ne déplait qu'a fes ennemis les plus cruels. Mais comment afiigner jusqu'ou peut s'étendre la liberté dans les écrits? Lors que la haine particuliere, le defir de la vengeance, 1'envie d'exciter le trouble, auront diété un ouvrage , ne convient-il pas d'en punir 1'auteur? Non: tout auteur de ce caracfere ne tarde pas è 1'être par 1'indignation publique, qui venge bien mieux la vertu & le mérite infultés. D'ailleurs, le mépris, les remords, 1'ignominie font ordinairement le partage des écrivains dont la paflion & la fureur ont feules conduit la plume. Jl peut réfulter, fans doute, des inconvéniens pour quelques individus, d'une liberté illimitée, mais il en réfultera toujours des avantages ineftimables pour la fociété totale, aux intéréts de laquelle les intéréts de quelques membres doivent être fiibordonnés. Si la fatire attaque ceus qui  C aai ) §ui gouvernent fagement les hommes, fi la calorrmie les noircit, 1'opprobre retombera fur ceux qui auront voulu leur nuire. Quant aux opprcffeurs du genre humain, qu'ils étouifent, s'il fe peut, les cris de la raifon; qu'ils génent la liberté de lapreffe; qu'ils effraient les défenfeurs de 1'humanité; qu'ils perfécutent la vérité: tous leurs vains efforts ne ferviront qu'è confirmer leur honte, & a leur attirer la haine qu'ils ont juftement méritée. Rien de plus jnjufte que d'óter aux citoyens la liberté d'écrire ou de parler fur des objets dont leur félicité dépend. JJe quel droit les priver de la faculté de s'occuper des intéréts qui méritent leur principale attentionl La vérité gagne toujours a être discutée: le menfonge ,& le crime i'euls ont intérêt de fe cacher dans les ombres du mjfiere. La vérité, toujours utile au genre humain, peut quelquefois choquer Jes fyrans; mais plus puiffante qu'eux, elle trjomphera tót ou tard de leurs projets iniques, & les peuples i-ecueilleront ce qu'elle aura femé; fi des téméraires 1'attaquent, elle fortira viftorieufe des combats qu'on lui aura livrés. II n'y a que 1'injuftice & le menfonge qui redoutent lesépreuves, &qui craignent d'être dévoilés. Ainfi une nation jaloufe de fes droits & de fa liberté, doit prendre garde de punir & même de décourager, fous de frivoles prétextes, ceux qui lui feront connoitre fes véritables intéréts. Qu'elle prenne garde furtout que des loix imprudentes entre les mains de 1'autorité, ne deviennent les inftrumens de la vengeance de ceux è qui la vérité déplaït. On ne doit donc pas craindre d'écrire avec trop de hardieffe, lorfque 1'on n'a d'autre objet que de faire connoitre a fes concitoyens, des vérités importantes ; il faut leur découyrir des principes qu'on croit utiles, quoique contraires aux préjugés du peuple, ou aux paffions de ceux qui décident de fon fort; il faut les mettre fur la s/oie de penfer & de réfléchir, afin qu'ils jugent euxmêmes fi ce qu'on leur propofé dojt tourner pu non O 3 ts  C 222 ) k leur avantage, & par conféquent s'ils doivent 1'adopter ou Ie rejeter s L'on fe récrie communément fur la témérité de ceux qui attaquent ouvertement des opinions que 1'ignorance, le tems, l'autorité ont confacrées; tandis- que la plupart des hommes ne font que foiblement touchés des vérités neuves qi 'on leur montre: ce n'eft que la poftêrité qui recucille les fruits tardifs de 1'inftruétion que l'on feme; elle apprécie la force des raifons, & en fait lVpplication, quand 1'oceafion s'en préfente. Les perfécuteurs de la liberté ne prouvent rien par leur corduite , fi non que !a vérité les allanne. Sous un gouvernement abfolu, l'on traite d'infolence & de rebellion, 1'inquiétude & 1'impatience qu'un citoyen ofe montrer a la vue de 1'incapacité ou de la tyran' nie. Tout gouvernement a pour but la félicité de la nation gouvernée; par quelle étrange fatalité, fe peut-il donc qu'il n'y ait presqu'aucun pays oh il foit permis aux nations d'examiner comment on les gouverne? Un homme quelconque chargé de radminiftration, s'il refufe d'enterjdre le vérité, ne femble-t il pas faire Paven qu'il fait mal, & qui pis eft, qu'ii n'a aucun deffein de faire mieux a 1'avenir. La fcience du gouvernement feroit-elle la feule qui n'cüt befbin ni des ex-périences combinées. ni d'.s léflexions des hommes? Les dépofitaires de l'autorité auroient-ils la préfomption de croire que les forces de leur génie, que leur pénétration, que leurs rf flbiirces font infaillibles & fuffiront dans les circonft°mces les plus épineufes? Se flatteroient ils que la légiflation ne puiife plus être perfecf ionnée ? La Ü) oi dre attention de leur part fuffit pour les désabufer. L'art de gouverner les hommes eft encore dans 1'enfarce; le gouvernement eft une machine qui, fans ceffe. demande a être remontée, réparce, & entrctenue. Des oies ont fauve, dit on, le Capitn'e. Le moindre des citoyens peut quelquefois ouvrir un avis utile. duauel peut dépendre le falut de 1'Etat. Un écrivain hvré a 1'examen du pu-  ( *«S ) public, eft bientöt apprécié,-& le jugement de la fociété devient communément une regie affez fure nour ceux que la gouvernent. II faüt répondre a un livre par un livre, & non par des prifons & des fupplices qui détruifent 1'homme fans détruire fes raifons. Les gouvernemens qui puniffent les écrivains hardis, reffemblent a ces enfans volontaires qui s'irritent iorsqu'on les avertit du danger oü ils s'expofent. Concluons donc que la hberte de penfer L de parler & d'écrire eft le foutien d'un bon gouvernement, & qu'elle ne peut-etre dangereufe que pour celui qui fe croit intéreffé k n'avoir ni juftice ni raifon. O vous, mes chers concitoyens, qui aimez votre patrie, vous lui devez 1'emploi de vos lumieres Ce vous eft un devoir de lui découvrir les trames & les perfidies des ennemis qui la défolent. Attaquez ouvertement les préjusés & les abus qui lui lont nuifibles-, faites connaure hardiment les maux qui la minent a fon infcu; mdiquez-en les remedes, afin qu'aidée des circonftances & des occafions elle les applique elle-memejce neft que nar 1'aide de vos lumieres & de vos fages confeils que la nation peut recouvrer fon ancien lustre Si l'on repouffe avec dédain vos mftméhons & 'vos avis falutaires, ne vous rebutez pas, car tót ou tard la patrie, rougiffant davoir méconnu fes enfans les plus zélés & les plus fide es, fera folemnellement infcrire leurs noms dans les faftes de fon hiftoire, afin qu'ils jouiffent non feulement de leur vivant, mais dans les fiecles k venir dune gloire juftement méritée. O4 T>8  C 224 ) De 1'impót volonta're. Une des plus grandes prérogatlves d'un peuple libre confifte certainement clans le droit de s'ïm. poier lui-rrême pour ce qu'il juge néceffaire aux befoins de 1'état; des regies juftes & impartiales obligent alors chacun de eentribjer en raifon des biens qu'il poffede, aux dépenfes i.éceiïaires pour le mamtien Cv la furete de 1'enfemble. Les impóts arbit'aires fuppofent communément un gouvernement inique qui s'airoge le droit de ménager fes créatURs & d'écrarer ie citoyen, de forte que fous une adminf rat.on de cette nature, il arrivé crdirairement que 'homme riche & puiffant efi épargné tandis que les fubfides & les taxes de toutes les efpcce acablcnt Ie foibie & le miférable a qui perfonne ne daigne s'iniéreffer. 11 n'en fera pas ainfi dans 1'Amérique Üeptentrionale. Cette nouvelle république, parvenue a ure liberté folide qu'on ne peut plus lui contefler , prend de juftes mefurcs nour la répartition des impóts , enélevant des barrières que 1'intérêt, la cupidité, la rufe, ne pourront pas aifémentfranchir, puifqu'au moyen d'une portion du bien de chacun de fes membres'fur laque'le elle fe réferve des droits, elie.s'engage a affurer a chacun d'entre eux la poffeffion de tout U refte, & è ne plus fouffrir aucune vexation quelconque, dans les impofitions comme fous le gouvernement angiois, qui s'arrageoit le droit de taxer a fon gré les Américains, fous prétexte des befoins de la Mere-Patrie. L'emploi de Pargent provenu des taxes & des impóts doit être & fera désormais connu du peuple. & les dépofitaires du pouvoir exécutif feront comptables eux-mêmes comme adminiftrateurs, & non comme propriétaires des deniers publics; ainfi tout citoyen fauia noQ-  ( 225 ) non-feulement avec précifion en quelle proportion il eft obligé de contribuer pour les befoins du gouverneraerit , mais encore 1'emploi qui fera fait de 1'argent qu'il aura donné pour fa cote-part. En attendant que 1'impót foit fixé fur les produéïions du pays, ie fénat de Ja Caroline méridionale a palTé un bil pour lever & percevoir certains droits & impóts, fur les objets commercables importés des nations étrangeres ; & comme il nous paroït trés effentiel que le tarif en foit connu par tous ceux qui envoient des marchandifes dans cette par-' tie de 1'Amérique, nous en donnons la traduction qui fuit: Principaux articles d'un. Me pafiï par le Sc'rat de la Caroline Méridionale pour lever & percevoir certains Droits & Impóts. II fera payé pour les Negres importés direaement de PAlrique; favoir pour chaque Necre, de la hauteur de quatre pieds & au-defliis 3 1. fteriing, 6V I J. 10 shellings pour chaque Negre au-deflbus, les enfants a la mamel'e exceptés; le méme droit fera payé pour les Negres importés des Indes Orientales, pourvu cependant qu'ils n'y aient refté que trois mois; mais pour tous les esclaves importés des Indes Occidentales oü ils auront refté plus de trois mois, il fera payé 20 livres fteriing. Les Negres 11e doivent pas être payés avant que Ie droit ne foit payé. Les rnarchands doivent après Ia quarantaine faite, faire erregiftrer fous ferment leurs Negres. La peine fera, dans le cas de faute, de 10 1. ft. Les droits a percevoir fur les liqueurs feront, favoir: Sur chaque gallon de rum, un fou fterl. Sur chaque gallon de rum de la Jamaïque, eau-de-vie, genievre, arrack-, anis, &c. 3S.. Sur chaque gallon de rum des Ifles - fous - le-vent & au. tres, as. ' Sur chaque gallon de vin du cru des Etats du Portu. gal, 4s. O 5 Sur  C 22Ö ) Sur chaque gallon de vin du cru des Etats de l'Espa- gDSur3chaque gallon de vin du cru des Etats de la France, & de tous les autres vins, 2S. Sur chaque baril de bierre & de dreche contenant trente deux gallons excepté celui du cru des Provinces-Unies, 2 sh. & a proportion pour une quantité moins ou plus confidérable. Sur chaque baril de cidre, contenant trente deux, gallons, excepté celui du cru des Provinces-Unies, a sh. & a proportion pour une quantité moins ou plus confidérable. Sur chaque galon de mélaffe, is. Sur chaque paquet de cartes a jouer, as. » Sur cent livres de fucre brut, ou manufaauré importé de quelque ifle ou plantation Angloife, a sh. Sur chaque livre de fucre rafiné importé du même en- ^'s'ur cent livres de fucre brut ou manufaauré, importé de quelque Etat de la France, de 1'Efpagne, de la Hollande, Danemarck, ou Suede, i sh. 6s. Sur chaque livre de fucre rafiné du cru de quelquesuns de ces Etats, i demi-fou. Sur cent livres de cacao & de piment, 5 sh. Sur cent livres de café, 3 sh. Sur chaque livre de thé bohea, 4S. Sur chaque livre d'autre thé, 1 sh. Les droits impofés par cet afte feront payés ou aifurés aux commis du tréfor avant qu'aucune des liqueurs, &e. foit déchargée, & ie colleaeur ne donnera permiffion de décharger avant que cela foit fait,avec exception & pro- V'"Les Capitaines de vaiiTeaux, &c. jureront au tems de 1'entrée qu'aucune liqueur, &c. n'a été déchargée a leur connoiffance, fous peine de ioo£. ft. 1 Si on décharge les marchandifes, &c. avant d avoir eu une permiffion, elles feront confisquées. Les negres, liqueurs, marchandifes, &c. feront aebarqués & déchargés dans le jour, fous peine de confisca- tI9Les marchandifes, &c. ne peuvent étre vendues abord du vaiffeau avant qu'on ait obtenu une permiffion pour les  Jes décharger, fous peine de les voir confisquées, & de payer ou re cela la fomme de ioo£. On donnera aux marchands qui importeront des liqueurs & des fucres dix pour cent pour le coulage & déciser. Le collecteur,en vertu d'un ordre obtenu fous ferment, pourra chercher dans le jour après les marchandifes, &c. qui feront cachées avec un provifo. Les commis du tréfor, & les collecteurs de GeorgeTown & de Beaufort, feront receveurs des droi:s, &c. impofés par cet afte. Lorfque les marchandifes feront faifies & réclamées, les frais de la preuve feront fur le compte de la perfonne qui les réclamera. Une moitié des marchandifes, &c. confisquées fera pour 1'état & 1'autre moitié pour le dénonciateur. Un droit de deux & demi pour cent fur la valeur de toutes les marchandifes, &c. dont il n'eft point parié cideflus, & dont la valeur fera fixée par la fa&ure. L'argent qu'on retirera de ces droits, excepté des permillions, fera deftiné a payer la quote-part de 1'état dans 1'intérêt, & 'a plus grande partie des dettes contractées par les Etats-Unis. Suit l'Ordonnance pour lever certains impóts, &c. pasfée le 7 Mars dernier. En 1'Hótel du Séuat Ie 13 Aoilt 1713, dans Ia feptieme aunée de 1'Indépendance des tats-Unis de 1'Amérique. Jobn Llo-jd, Préfident du Sénat. Hugb. Rutledge, Otateur de Ia Chambre des Répréfentans.* Nous avons promis d'inférer dans notre Politique, comme pieces trés irnportantes, ies traités de Paix que les cinq Puiffances belligerantes feroient publier. En conféquence, nous avons commence cette col> le&ion précieulè en rapportant en entier ;e premier qui a paru; celui entre la France & 1'Angleterre : ce ui de Sa Majefté Catholique avec la grande Brétagne étant le fecond, nous allons le faire fuivrc & le donner tel qu'il a été publié feulement en Angleterre, en obfervant toute-  C 228 ) fois que, pour abréger, & fans tirer k conféquen. ce, nous avons cru devoir ne pas faire mention de tous les titres & honneurs que prennent en vertu de leurs pouvoirs respecfifs , les miniftres, ou ambasfadeurs qui ont figné ie fufdit traité cc qui ont coopéré a ia coac ufion de ce grand ouvrage. Traité Définitif de Paix & d* Amitié entre S. M. B. & S. M. Catboiique. Signé d Verfailles, le 3 Septembre 1783. Au Nom de la Très-Saiote & Indivifible Triaité, Pere Fils & Saint-Efprit. Ainfi foit-il. Soit notoire a 'tout ceux qu'il appartiendra, ou peutap. partenir, en maniere queiconque. Le SérénifÏÏme & Trés^ Puiflant Prince George Trois, par la Grace de Dieu, Roi de la Grande-Bretagne, de France & d'Irlande. Duc da Brunswic & de Lunebourg, Archi-Tréforier & Eleéteur du Saint Empire Romain; & le Séréniffime & Trés-Puiflant Prince Charles Trois, par la Grace de Dieu, Rot d'Espagne & des Indes, &c. défirant également de faire cefler la Guerre qui affligeoit depuis plufieurs années leurs Etats respeftifs, avoient agréé 1'offre que leurs Majeftés l'Etnpereur des Romains, & l'Impératrice de Toutes-les Ruffies, leur avoient faite de leur entremife & de leur médiation: mais leurs Majeftés Britannique & Catholique, animées d'un defir mutnel d'accélérer Ie réiabliffement de la Paix, fe font communiqué leur louable intention, & le Ciel 1'a tellement bénie, qu'E:les font parvenues a pofer les fondemens de la Paix, en fignant des Articies Préliminaires a Verfailles, le vingt Janvier de la préfente année. Leurs dites Majeftés le Roi de la Grande Bretague, & Ie Roi Catholique, fe faifant un devoir de donner è leurs Maleftés Impériales une marqué éclatatué de leur reconnoiftance de 1'offre généteufe de leur médiation, les ont invitées de concert a concourir a Ia confommation du grand & lalutaire ouvrage de ia Paix, en prenant part, comme médiateurs, au Traité Définitif ü conclurre entre leurs dites Majeftés • Brj*  ( 229 ) Britannique & Catholique. Leurs dites Majeftés Impériales ayant bien voulu agréer cette inviiaiion, Elles ont nommé pour les repréfenter; favoir, Sa Majefté 1'F.mpereur des Romains, Ie trés-illuftre & trés-excellent Seigneur Fiorimond, Comte de Mercy Argenteau, fon ambaft*. auprès da Sa Majefté Três iChrétienne ;& Sa Majefté PImpératrice de Toutes les-Ruflies, le três-illuftre & trés excellent Seigneur Prince Iwan Bariatinskoy, Lieutenant-Général des Armées deS. M.Imp. deToutes les Rufiies,& fon miniftre piénipotentiaire prés S. M. T. C, & le Seigneur Arcadi de Marcoff, Con. feitier d'Etat de S. M. Imp. de Toutes les-Ruflies, & fon Miniftre PIénipotentiaire prés S. M. Très-Chrétienne. En conféquence, leurs dites Majeftés le Roi de la Grande Brétagne & le Roi Catboiique ont nommé & conftitué pour leurs Plénipotentiaires, chargés de conclure & figner le Traité de Paix Définitif, favoir, le Roi de la Grande-Brelagne, le trés - illuftre & ttès-excellent Seigneur George, Duc & Comte de Manchefter, & fon Ambafladeur-Extraordinaire & PIénipotentiaire prè- Sa MajetléTrés Chrétienne; & le Roi Catholique, le trós-illuftre & trè--excellent Seigneur Pierre Paul Abarca de Bolea Ximenez d'Urrea, &c. Comte d'Aranda & Son Ambafladeur auprès du Roi TrèsChtétien: lesquels après avoir échangé leurs Pleinpouvoirs respectifs, font conveuus des articles fuivans. ARTICLE PREMIER. II y aura une Paix Chrétienne,univerfelle& perpétuefle, tant par mer que par terre, éz une amitié fincere & coru. ftante fera rétablie entre Leurs Majeftés Britannique & Catholique ,& entre leurs Héritiers & Sacceiïeurs, Royaumes-, Etats, Provinces,, Pays, Sujets & Vaflaux, de quelque qualité & condition qu'ils foient, fans exception de lieux ni de perfonnes; en forte que les Hautes Parties Contractantes apporteront Ia plus grande attenrion a maintenir entre Elles, & leurs dits Etats & Sujets, cette amitié & correspondance réciproque, fans permettce dorénavant que, de part ni d'autre, on commette aucune forte d'hollilités, par mer ou par terre, pour quelque caufe ou fous quelque prétexte que ce puifle être; & i'on évitera foigneufement tout ce qui pourroit altérer, a 1'avenir, f Union heureufement rétablie; s'actachant, au contraire, a fe procuret ré- ei-  C 23° ) ciproquement, en toute occafion, tout ce qui pourfoiï contrihuer a leur gloire, intéréts & avantages mutuels, fans donner aucun fecours ou protection, dire&ement ou indireaeraent, a ceux qui voudroient porter quelque préjudice è i'une ou k 1'autre desdites Hautes Parties Contraaaates. II y aura un oubli & amniftie générale de :out ce qui a pü être fait ou commis, avant ou depuis le commencement de la guerre qui vient de finir. Art. II. Les Traités de Weftphalie de ? 648; ceux de Madrid de 1667 & 1670; ceux de Paix & de Commerce d'Uttecht de 1713; celui de Bade de i7!4> de Madrid de 1715 ; de Sevilie de 1729; le Traité Définitif de Paris de 1763, fervent de bafe & de fondement a la Paix, & au préfent Taité; & pour cet effet, ils font tous renouvelés •& coiifrrnés dans la mdlleure forme, ainfi que tous les Traités en général qui fubfiltoient entre les Hautes Parties Contraaantes avant la gne.re, & nommément tous ceux qui font fpécifi^s & renouvelés dans Ie fusdit Traité Définitif de Paris, dans la meilleure forme, & comme s'ils étoient ir.férés ici mot è mot, en forte qu'ils devront être obfervés exaa ment a 1'avenir, dans toute leur teneur, & religieufement exécutés, de part & d'autre, dans tous les points auxquels il n'eft pas dérogé par le préfent Traité de Paix. " Art. III. Tous les prifonniers faits de nart & d autre , tant par terre que par mer, & les ótagés enlevés ou donnés, pendant la Guerre, & jufqu'a ce jour, feront reftitués, fans rancon, dans fix femaines.au plus tard, acomp' ter du jour de i'échange de la ratification du préfent Traité, chaque Couromie foldant respeaivement les avances qUi -auront été faites, pour la fubfiftance & 1'entretien de fes prifonniers, par ie Souverain du Pays oü ils auront été détenus-, conformément ayx recus & états conftatés &■ autres titres authenriques, qui feront fonrnis de part & d'autre: & il fera donné réciproquement des süretés pour le pavement des dettes, que les prifonniers, auroiènt pü contraair dans les Etats oti ils auroientécédétenus .jufqu'a leurentiére liberté. Et tous les vaiiTeaux, tant de guerre que marchands, qui auroiènt été pris depuis 1'expirat-ion des termes convenus pour la ceflation des hoftilités par mer, feront pareillemeut rendus, de bonne foi, avec tous leuts équipages & cargaifons. Et on procédeia a 1'exécution de cet  ( 231 ) cet article immédiatement aprês 1'échange des ratifications de ce Traité. Art. IV. Le Roi de Ia Grande-Bretagne céde, en toute propriété, a Sa Majefté Catholique, rille, de Minorque. Biën entendu que les mêmes ftipulations inférées dans 1'ar. ticle fuivant autont lieu en faveur des fujets Britanniques, è 1'égard de la fufdite ifle. Art. V. Sa Majefté Britannique céde en outre, & garantit, en toute propriété, a Sa Majefté Catholique, la Floride Oriëntale ainfi que la Floride Occidentale. Sa Majefté Catholique convient que les habitans Britanniques, ou autres qui auroiènt été fujets du Roi de Ia Grande-Bretagne dans les dits Pays, pourront fe retirer, en toute süreti & liberté, oü bon leur femblera, & pourront vendre leurs biens & tranfporter leurs effets, ainfi que leurs perfonnes, fans étre gênés dans leur émigration, fous quelque prétexte que ce puiffe être, hors celui de dettes, ou de procés criminels; le terme limité pour cette émigration étant fixé è Tefpace de dix-huit mois, a compter du jour de 1'échange des ratifications du préfent Traité: mais fi par Ia valeurdes poffelfiohs des propriétaires Anglois, ils ne puflent pas s'en •-tiéfaire dans le dit terme, alors Sa Majefté Catholique leur accordera des délais proportionnés a cette fin. II eft deplus ftipulé, que Sa Majefté Britannique aura la faculté de faire .tranfporter de la Floride-Orientale, tous les effets qui peuvent lui appartenir, foit artillerie, ou autres. Art. VI. L'intention des deux Hautes Parties Coutiactantes étant de prévenir, autant qu'il eft poffible, tous les ftjjets de plainte & de méfintell'gence, auxquels a précédémment donné lieu la coupe de bois de teinture, ou de Campêehe, & plufieurs établiffemens Anglois s'étant formés & repandus,fous ce prétexte, dans le Continent Efpagnol, il eft expreflément convenu, que les fujets de Sa Majefté Britannique auront la faculté de couper, charger & transporter le bois de teinture, dans le diftrict qui fe trouve •compris entre les rivieres Wallis,ouBellize, & Rio Hondo, en. prenant le cours defdites deux rivieres pour des limites ineffscables; de facon que leur navigation foit commune aux deux Nations, par la riviere Wallis, ou Bsllize, depuis la mer, en remontant jufque vis-a-vis d'un Jac,oubr,as mort, qui s'introduit dans les terres, & forme un ifthme, ou gorge, avec un autre pareil bras, qui vient du cóté de Rio-Nuevo, ou New-River;de facon que la ligne divilbire traverfera en droiture le dit ifthme, & aboutira a un autre lac produit par les eaux de RkrNuevo, ou New - River, jus.  ( 232 ) jufqu'a fon courant. La dite ligne continuera par le conrs de Rio Nuevo, en defcendanr jurq ie vis«a-vis d'un ruisfeau, dont la carte marqué la fource, entre Rij-Nuevö & Rio-Hondó, & va fe décharger dans le Rio-tl ndo, lequel ruiiléau fervira de limite auffi commune jufqu'a fa jor.ction avec Rio-Hondo, Sc de-la en defcendant Rio-Hondo jusqu'a la mer,aii fi que le tout eft marqué fur la carte ,donc les Plénipotentiaires des deux Couronnes ont iugé convenable de faire ufage pour fixer les points concertés, afin qu'il tegne une bonne convfpondance entre les deux Nations, & que les ouvriers, coupeurs, & travailleurs Anglois ne puiffern oture-paffer , par 1'incenitude des limites. Des Commiffaires refpectifs ."étermineront les endroits convenables dans le territoire ci-deffus defigré, pour que les fujets de Sa Majefté Britannique, occupés a l'exploitation du bois, puiffent y batir , fans empêcbement, les maifons, & les magafins, qui feront néceffaires pour eux, pour leurs families, Sc pour leurs effets; & Sa Majefié Catholique leur aflüre la jouilfance de tout ce qui efi porté par Ie préfent article ; bien entendu que ces ftipulations ne feront cenfées déroger en rien aux droits de Ia Souveraineté. Par conféquent, tons les Anglois qui pourroient fe trouver difperfós partout ai,leurs, lok fur le Continent Efpagnol, foit fur les ifles quelconques, dtpendantts du fufdit Continent Efpagnol; & par telle raifon que ce fü;, fans excepiion, fe réuniront dans Ie canton qui vient d'être circonfcrit, dans le terme de dix-huit diöis, è compter de l'éihange des ratifications; Sc pour cet tffet, il leur (era expédié des ordres de la part de Sa Majefté Britanr;;que; & de celle de Sa Majefié Catholique il fera ordoni é a fes Gouverneurs d'accorder, aux dits Anglois difperfés, toutes les facilités pcffioles pour qu'ils puiflent fe translérer a 1'écablifiement convenu par le préfent artioe,ou fe retirer partout oü bon leur femblera. IleftaulK flipulé, que fi aétuellement il y avóit dans la partie defignée des tortificaiions érigées p écédemment, Sa Majefté Britannique les fera toutes démolir; & Klle ordonnera a fes fujets de ne point en former de nouvelles. II fera permis aux habitans Anglois, qui s'établiront pour la coupe du bois, d'exercer librement la pêche . our leur fubfiftance, fur les cótes du difiricr. convenu ci-dtfltis, ou des ifles qui fetrouvetont vis-a-vis du dit camon, ('ars être en aucune facon inquiétes pour cela, pourvu qu'ils ne s'établiflênt en aucune maniere fur les dites ifles. {La fuite au Numero fuivant.}  L B POLITIQUE N°. CXLVI. LUNDI, ce 24 NOVEMBRE, I783. Réflexions fur les Colonies des Européens dans les deux Indes. Si les Souverains ne font plus, a la rigueur, des Tyrans pour leurs peu->I'es d'Europe, ils paroisfent néanmoins i'écre encore envers ceux -jui fe font exDatriés & tranfportés d%ns des terres ifoiées & féparées du gros de leurs domaines: preique tous les colons traniVon.es en Aiie , eniAfriqu'- & en Amérique fe plaignent hautement d'être es vittimes d'un gouvernement aröitraire qui les opprime & les maltraité. oar des coups d'auiorité révoitans, lis y ToMfi VI. P font  C 234 ) font & doivent être plus ou moins fenfibles, felon le régime de 1'Etat dont ils dépendent. Ceux qui connoiffent la douceur & 1'égalité du régime républicain, fuppouent plus difficilement leur fituation que ceux qui dépendent d'un lïtat monarchique. Combien de fois, ces colons n'ont-ils pas porté inutilement leurs plaintes au Souverain contre leurs oppreifeurs ! Combien de fois n'ont ils pas repréfenté qu'un gouvernement doux, humain & fondé fur de bons principes, avoit bientöt dégénéré en un gouvernement impérieux, odieux, cruel, injufte & tyrannique! Qu'on interroge tous ceux qui viennent de ces différentes Colonies; ils vous diront que, malgré les égards qu'a eu le Souverain pour leurs juftes réclamations, les agens ou les repréfentans des compagnies oöroyées , n'ont remédié aux maux qui les accablent, que par des remedes pallia» tifs qui ne fauroient mettre un frein afluré contre les extorfions & la rapacité de ces meflieurs. II eft cependant inconteftable que les Colons méritent le même traitement de juftice & de douceur qu'éprouvent leurs freres d'Europe ; comme eux ils défrichent & cultivent la terre au profit de la mere Patrie, & du Souverain dont ils dépendent; comme eux ils concoürent par leurs travaux & leur induftrie au bien général ; pourquoi donc ne les pas traiter comme eux? Pourquoi la mere commune, dont ils ont fi bien mérité par les richeffes qu'ils verfent dans fon fein, les protege-t-elle. les accueillet-elle moins que fes autres enfans? Cependant l'on ne peut pas fe diiTimuler que fi l'on continue a les opprimer. & a ne pas remédier aux abus du pou. voir arbitraire dont ils fe plaignent confiamment, ils imireront tót ou tard les Anglois Américains qui fe fint foufttfijsts, comme l'on fait, au defpotifme sffreux fous tequel 1'Angleterre les faifoit gérmr. Leur ïmMnorabfë exemple peut fe faire fentir vivement dans les deux Indes & devenir trés - contagieux pour des peuples qui ont les mêmes raifons qu'eux de  C 235 ) de fe débarrafler d'un gouvernement qui ne ceite de porter atteinte, non-feulement k leurs propriétés, mais encore k leur liberté perfonnelle. Enréfléchilfant a la conduite oppreflive que tiennent prefque toutes les nations de 1'Europe envers leurs colonies, il ne paroit pas jufqu'ici qu'elles fe foient formé des idéés bien précifes des droits des colons; on voit au contraire qu'elles n'ont regardé ceux-ci, généralemcnt parlant, que comme des enfans perdus, peu dignes de leurs foins& de leurs fecours; cependant dés que lesmétropoles fe font appergues qu'ils commencoient è profpérer par leur propre induftrie, oh a voler de leurs propres ailes; guidées par une excelfive avidité, elles ont communément prétendu foumettre leurs colonies k des monopoles odieux , k des vexations fans nombre , k des taxes & corvées de tout genre, & a des gênes capables de les révolter, ou du moins d'anéan'tir leur aéèivité. Les nations les plus libres, qui devroient mieux connoitre & les droits de la liberté & leurs propres intéréts, ne font pas k 1'abri de ce reproche. Elles ont cru mal-a-propos que la maternité donnoit le droit d'opprimer, ou du moins de continuer a conduire par des lifieres incommodes des enfans devenus grands & capables de fe conduire eux-mêmes. Une colonie, tant qu'elle eft foible & peu nombreufe, demeure facilement dans la dépendance dd fa métropole; mais dès qu'elle k pris de 1'accrois» fement & qu'elle a commencé k fentir fes forces, il ne faut pas Te flatter qu'elle ne faififle la premiere occafion favorable pour fec^uer le joug & jouir des avantages ineftimables de la liberté, ainfi que 1'ont fait de nos jours les Amérjcains du nord. Cette féparatïon eft bien plus prompte encore, lors que la métropole veut géner^a i ammerce & 1'induftrie de la Colonie; fur-tout* quand celle-ci fe trouve éloignée, étendue, & en état de fe pasfer des fecours perfides qu'on lui offre. Plus les P a pa-  C 23O parens abufent de leur pouvoir, plus les enfans fe preJTent de s'y fouftraire. Une métropole qui fe conduit en maratte , doit s'attendre è trouver des enfans rebelles dans fes colons. II eft certain que toute colonie fait une nation a part, qui méconnoitra fon origine, dès qu'elle fera mécontente & affez forte pour fe rendre indépendante. Si nous remontons jufqu'a la formation des colonies, nous verrons qu'elles furent chez les Européens la fuite d"une paffion effrénée pour les richeffes, a qui on laiffa un libre cours. Rien cependant de plus infenfé que de former des colonies dans le tems oh' la métropole manque elle-même de fujets. L'rïspagne, déja dépeuplée par des guerres, par la fuperftition, par 1'intolérance , par les vices de fon gouvernement, ne s'eft-elle pas vue réduite a une faibleffe & une inertie honteufe pour avoir fait des conquêtes & des établiffemens dans un nouveau monde dont elle détruifit d'abord les. naturels. pour fe priverenfuite elle - même d'une partie de fes anciens habitans? Néanmoins les colonies font véritablemcnt utiles lorsque la métropole renferme un plus grand nombre de citoyens qu'elle n'en peut nourrir cc rendre heureux. En établiffant des colonies , les nations doivent fe propofer de former un nouveau peuple d'alliés & de concitoyens ; mais , pour parvenir a ce but, il faut que leurs intéréts fe confondent ; il faut que la colonie jouiffe des mêmes avantages que la métropole; il faut furtout que ce!le-ci fe fouvienne que c'eft pour leur propre bien-étre que les hommes tra« vaillent en premier lieu, & qu'ils ne confentent h travailler pour les autres, qu'autant qu'il s'enfuit pour eux un bien réel, ce qui n'a pas lieu pour les colons fi l'on ne les maintient dans la jouisfance des ±---:U & des privileges qu'on leur a reconn 's nrimitivement. Une bonne harmonie entre une Nation & fes colonies ne peut-être que favorable aux intéréts communs de la Société, il eft donc  C 237 ) donc du plus grand intérêt de prendre toutes les mefures que la juftice & la prudence prefcrivent pour la faire fubüfter auiTi longtems qu'il eft poffible, Craignons donc que les colons en général, n'étant pas traités comme concitoyens, ne jouisfant pas des mêmes prérogatives que leurs freres d'Kurope, ne fecouent un jour les chaines qu'ils trainent honteufement, & que n'écoutant plus que les cris de la liberté, & de leur honneuroutragés, ils ne faififfent une circonftance heureufe pour fe venger de leurs oppreffeurs , qui , abufant de la force, ont méconnu tout-è la-fois & les droits du Souverain ét les droits facrés du fujet, en outrepaflant les uns & foulant aux piés les autres. Qu'une juftice libre & paifible , foit déformais 1'objet des tendres foins du gouvernement pour fes pofléffions éloignées , on en verra les habitans laborieux réparer bientóc les pertes occafionnées par la fureur des guerres , dans les deux hémifpheres. Leur indultrieufe aftivité, leur traval! affidu , une affection plus : ncere pour leur mere-patrie, contribueront efferjtiellement è ré. pandre 1'abondance & la félicité dans les deux mondes. Suite du Traité Définitif de Paix SP a* Amitié entre S. M. B. SP 6". M. Catboiique. Signé d Verfailles, le 3 Septembre 1783. Art. VII. Sa Majefté Catholique reftituera a la GrandeBretagne les ifles de Providence, & des Bahamas, fans exception, dans leméme état oü eiles étoient quand elles ont été conquifes par les Armes du Roi d'Efpagne. Les mêmes ftipulations inférées dans 1'Article V de ce Traité, auront lieu en faveur des fujets Efpagnols, a 1'égard des ifles dé. nommées dans le préfent article. Art. VIII. Tous les pays & territoues qui pourroient avoir été conquis, 011 qui pourroient 1'être, dans quelque p 3 partie  C 238 ) partie du monde que ce foit, par les armes da S* Msjêfté Britannique, ainfi que par celles de Sa Majefté Catholique, quï ne font pas compris dans le préfent Traité, ni a titre de ceffions, ni a titre de reftitutions, feront rendus fans diffi. culté, & fans exiger de compenfation. Art. IX. Auflïtót après 1'échange des ratifications , les deux Hautes Parties Contraftantes nommeront des Cómmisfaires, pour travailler a de nouveaux arrangemens de commerce , enrre les deux Nations, fur le fondement de la ré. ciprocité, & de la convenance mutuelle; lefquels arrangemens devront étre terminés & conclusdans 1'efpace de deui ans, a compter du ier Janvier, 1784. Art. X. Comme il eft néceffaire d'alfigrter une époque fixe pour les reftitutions & évacuations a faire p:ir c'iacune des Hautes Parties Contraétantes, il eft convenu, que le Roi de Ia Grande-Bretagne fera évacuer ia Floridé Oriëntale', trois mois après la ratification da préfent Traité , ou plutöt , fi faire fe peut. Le Roi de la GrandeBrétagne rentrera également en pofleffion des ifles de Provideftca, & des Bahamas, fans exception, dans 1'efpace de trois mois après la ratification du préfent Traite, ou plutót, fi faire fe peut. En conféquence de quoi, les ordres néceffaires feront envoyés par chacune des Hautes Parties Coniractantes, avec les palfeports réciproques pour les vaiffeaux qui les porteront, immédiatement après la ratification du préfent Traité. Art. XI. Leurs Majeftés Britannique & Catholique promettent d'obferyer fincêrement, & de bonne foi, tous les articles comenus & établis dans le préfent Traité; & Elles ne fouffriront pas qu'il y foit fait de contravention, directe ni indirecte, par leurs fujets refpectifs: & les fuf. dites Hautes Parties Contraélantes fe garantiffènt généra. lement & réciproquement toutes les ftipulations du préfent Traité. Art. XII. Les ratifications folemnelles du préfent Trai. té, expediées en bonne & due forme, feront échangées en cette ville de Verfailles, entre les Hautes Parties Con. tracr.antes, dans 1'efpace d'un mois, ou plutót, s'il eft posfible, a compter du jour de Ia fignature du préfent Traité. En foi de quoi, nous fcuffignés, leurs Ambafladeurs Extraordinaires & Miniftres Plénipotentiaires, avons figné de notre Main, en leur Nom, & en vertu de nos Pleinpouvoirs,Ie préfent  c w) prêrent Traité Définitif. & y avons fait appoferle Cachet de nos Armes. Fait a Verfailles,. le trois Septembre mil fept cent quatre vingt ttois. Manchester. (L. SO Le Comte d'ARANDAi (L. S.) Articles Sèparês Article Premier. Quelques-uns des titres employés par les Puiflances Contractantes , foit dans les pleinpouvoirs & autre>- ?ctes, pendant le cours de la négociation, foit dans !e préambule du préfent Traité, n'étant pas génétalcment reconnus, il a été convenu, qu'il ne pourroit jamais en réfulter aucun préjudice pour 1'une ni 1'autre d^s ditas Parties Contractantes ; & que les titres pris ou orais de part & d'autre , a 1'occafion de la dite négociation , & du préfent Traité, ne pourront être.cités, ni tirer a conféquence. Art. II. II a été convenu & arrêté, que la langue Francaife, employée dans tous les exemplaires du préfent Traité , ne formera point un exemple qui puiffe être allegüé, ni tirer a conféquence, ni porter préjudice, en aucune maniere , è 1'une ni è 1'antre des Puiflances Contractantes; Sr" que l'on fe conformera a l'avenir a ce qui a été obfervé, 8c doit être obfervé, a 1'égard & de la part des Vuiffmces, qui font en ufage eV en polfeflion de donner & derecevoir des exemplaires de femblables Traités en une auta- ianguè que la Francoife; le préfent Traité ne latffant pas r'avoir !a même force & vertu que fi le fufdit ufage y avoit éfë obfervé. En foi de quoi, nous fouffignés, Ambi'l'deurs Extraordinaires & Miniftres Plénipotenriaires de kin-? Majeftés les Rois Britannique & Catholique, avons fignB les P 4 préfens  ( 24° ) préTens Articles Séparés, &y avons fait appofer Ie Cachet de nos Armes. Fait a Verfailles, le trois Septembre mil fept cent quatre vingt trois. Le Comte d'AR a n da. (L. S.) Manchbstet» (L. S.) Déclaration. L'état nouveau, ou Ie commercepourrapeut. étrefetrou* ver dans toutes lei parties du Monde, demandera des revifions & des explications des Traités fubfiftans; mais une abrogation entierede ces Traités, dans quelque temps que ce fftt, jetteroit dans le commerce une confuliou qui lui feroit infiniment nuiilble. Dans des Traités de cette efpece, il y a non.feulement des articles qui font puremert relatifs au commerce, mais beaucoup d'autres qui affuient réciproquement aux fujets refptctifs des privileges des facilités pour la conduite de leurs affaires, des protections perfonnelles & d'autres avantages, qui ne font ni ne doivent êtte d'une nature achanger, comme les détails qui ont purement rapport a la valeur des effets & marchandifes, variables par des circonftances de toute efpece. Par conféquent, lors qu'on tra. vaillera fur l'état du commerce entte les deux Nations, il conviendra de s'entendre que les changemens, qui pourront fe faire dans les Traité» fubfiftans, ne porteront que fur des srrangemens purement de commerce, & que les privileges & les avantages mutuels & particuliere foient, de part & d'autre, non-feulement confervés, mais méme augmentés, fi faire fe pouvoit. Dans cette vue, Sa Majefté s'eft prêtée a la nomination, de part & d'autre, des Commiffaires, qui travaillent uniquement fur cet objet. Fait  C ) Fait a Verfailles, le trois Septembre mil fept cent quatte vingt trois. Manchester. (L. SO Centre-Déclaration, Le Roi Catholique, en propofant de nouveaux arran» gemens de commerce, n'a eu d'autre but que derectifier, d'après les regies de la récipiocité , & d'après la convenance mutuelle , ce que les Tr-iités de Commerce précédents peuvent renfermer de défectueux. Le Roi de la Grande-Bretagne peut juger par-lè, que 1'intention de Sa Majefté Catholique n'eft aucunement de détruire toutes les ftipulations renfermées dans les fusdits Traités; Elle déclare au contraire, dès a-préfent, qu'EUe eft difpofëe a maintenir tous les privileges, facilités & avantages énon» cés dans les anciens Traités, en tant qu'ils feront réciproques , ou qu'ils feront remplacés par des avantages équivalents. C'eft pour parvenir è ce but defiré de part & d'autre, que des Commiffaires feront nommés pour tra» vailler fur l'état de commerce entre les deux Nations, & qu'il a été accordé une efpace de temps confidérable pour achever leur travail. Sa Majefté Catholique fe flatte que cet objet fera fuivi avec la même bonne foi, & avec le méme efprit de conciliation, qui ont préfidé a la rédaclion de tous les autres points renfermés dans le Traité Définitif; & Sa dite Majefté eft dans la méme confiance, que les Commiffaires refpectifs apporteront la plus grande célérité a la confection de cet important ouvrage. Fait a Verfailles, le trois Septembre mil fept cent quatre vingt trois. (L. S.) Le Comte d'AR anda. P 5 Tous  ( 242 ) Tous les Peuples ont-ils droit a la liberté? Pour jeter une nouvelle lumiere fur ce que nous avons dit dans le No, CXLIX du Politique, toucharit les vrais principes de la iberté, nous penfons qu'il convient de prouver è nos leéteurs que tous les peuples y ont également droit. Qu'on ne dife pas qu'il eft des peuples naturellement méchans, qu'ü faut néceffairement conduire avec des verges de fer, fans quoi tout fera bouleverfé. S'il eft des peuples méchans, ofons le dire: c'eft la faute du gouvernement, c'eft qu'on négligé de les ^éclairer fur leurs véritables intéréts, fur le vrai bonheur; c'eft que leurs chefs, au lieu de veiller fur eux comme de bons pafteurs, les conflent a la garde des tigies & autres anhisux féroces qui fe gorgent de leur fang. S'il eft des peupes méchan9, c'eft que les fautes, les erreurs font punies avec trop de fëvérité, tandis que la vertu refte fans récompenfe; c'eft que le? graces , les faveurs font répandues fan- discernement, far.s choix .• fans égard au mérite. Rois, PrinceSj fouverains de toutes les dénominations vfi vos fujets font méchans, fouffrez que l'on vous dife que c'eft vous ou vos ancé^res qui les ont fait tels. C'eft.la une veriré dure qu'il eft pourtant bon de vous dire. Le mal eft grand, mais il n'eft pas irréparable, Soyez h leur égard ce que vous devez étre. inftruifez - les , refpectez leurs droits, & vous opérerez une révolution rapide fur Jeurs mceurs. Perfüadez vous que tous les peuples veulent être heureux & ont le droit de fonger aux moyens de 1'être . ce qui fuppofe que tous les peupies font libres de droit, quoique fouvent efclaves de fait. II n'y a que le délire qui puiffe renon- cer  ( =43 ) eté, & furtout la crainte étouft'ent dans des nations entieres jufqu'au defir de fecouer le joug de 1'efclavage. Le nom même de liberté eft indonnu k ces peuples orientaux que la rtligion , 1'ignorance & un aviliflement héréditaire livrent depuis des milüers d'années aux caprices & a la tyrannie de leurs chef?; comment ces infortunés defireroient - ils un bien dont-ils n'ont nulle idéé? Ce défir, s'il naisfoit dans leurs ames, feroit une révolte contre leciel, qui, dans leur maniere de penfer, veut que les hommes ibient malheurcux ici bas. D'une autre part, il eft ëes peuples amolis par le luxe & qu'un defpotifme mitigé endort dans 1'efclavage. On croit être libre paree qu'on peut fe livrer quelquefois k fa pétulance., aux faiilics momentanées de fon efprit, ou a de vains propos, que méprife un gouvernement trop puiffant pou>- craindre les mécontens: on croit n'avoir pas de fers paree qu'il eft permis d'en parler. Vainement chercheroit - on dans ces ames énervées, cette indignntion profcmde contre 1'oppreffion \ qui devroit s'élever dajis le cceur de tout homme qui fent fa dignité ; vainement y chercheroit-on cette noble fierté lans laquelle il eft des fujets & point de citoyens; vainement s'attendroiton d'y trouver cette fiöble ardeur dont s'embrafë celui qui médite les douceurs de la liberté j ces paffions font trop grandes pour des ames foibles & étroites. Dira-t*on a ces hommes légers & infenfibles, que des impóts exigés avec rigueur, rendent  t 244 ) le plus grand nombre de leurs concitoyens malheuren*, dépeuplenc les campagnes, laiffent leschamps fans culture? Leur fera-t on voir que leurs tréfors, au lieu de fervir aux befoins de 1'Etat, au lieu dê. tre employés a fa fureté, au lieu d'être la récompenfe des fervices rendus a la communauté, font indignement détournés pour repaïtre les fantaifies d'une cour dilfolue, pour affouvir i'avariee de quelques favoris malfaifans, pour payer la haffelle & le crime? Leur fera-t-on envifager une poftérité malheureufe a qui un pere de familie n'eft jamais für de tranfnettre fa fortune, ou a qui la faveur & le crédit peuvent a tout moment ravir une proprié • té toujours précaire, dés qu'elle n'eft point afturée par les loix ? Leur reprélentera-t-on les incoovéniens d'un commerce troublé par 1'avidité , gêné par l'autorité, üénué de protecfions ? Leur montre* ra-t-on les fuites defolantes & affreufes de ces guerres continuelles,entreprifjs,non pour la défenfe de 1'Etat, mais pour immolSr des victimes innombrables a 1'ambition d'un fouverain fanguinaire, a, la vanité de fes miniftres, ou bien a 1'oigueil & a 1'avidité de quelques grand*-? Ces vues font trop valles pour des yeux accoutumés a ne confidérer que des objets puériles ; ces réflexions font trop graves pour des hommes incapables de raifonner,oui fans ceffe diftraits par des amufemens dont ils font leur principale affaire. Contens de n'être point troublés dans leurs plaifirs, fatisfaitsde la permiifion de babiller fur leurs maux, fans fe foucier d'y trouver des remedes; que dis-je! alfez fous pour en rire, ils tachent de tenir les yeux fermés fur les maux réels qu'ilséprouvent,ou pouffentladémencejufqu'a être fiers de 1'empreinte de leurs chaines, L'enthoufiafme de 1'homme épris de la liberté, paroit ridicule a ces êtres indolens; fideles échos de leur maitre, ils la confondent avec la licence & la traitent de révolte; ils s'exagerent les maux quelle entrafne k fuite. „Voyez, nous difent-ils, lespaysohregne „ cette  C 245 ) „ cette liberté fi vantée, achetée au prix de tant „ de fang, ne finiflent-ils pas tótou tard nar devenir ki „ proie d'un fouverain adroit on ambitieux ? N'eft. ce pas la ordinairement le fruit des factions'qui „ les ont d^chirésV" Efclaves infenfés ou perfides, portez, fi vous pouvez, vos fers avec joie; préférez une léthargie funefte a cette aftivité qui doit fans ceffe animer le citoyen ; baifez honteulement ces liens qui vous garotent; ayez la baifeife de préférer un indigne repos a une liberté laboneufe. Si la fervitude a des appas pour vos ames vicieufes ou engourdies, elle excite 1'horreur des ames honnêtes & raifonnables. 11 faut pourtant conveBir que cette liberté fi chere a 1'homme, fut trés. fouvent 1'ouvage des paffions , & rarement celui d'une raifon éclairée: il fallut des paffions pour détruire des paffions: ce ne fut que 1'excès des maux qui forga les hommes d'y chercher du remede; communément ils fupporterent leurs peines tant qu'elles furent fupponabies, paree que 1'ignorance & la pareife les attachoient a leur fort; cependant, a la fin, aigris par le malheur & fatigués d'un pouvoir qui les écrafoit, ils tenterent de s'en débarras. fer.; ils firent ufage de reftburces quelquefois trèscruelles & très-périlleufes, pour rompre la chainede l'oppreflion dont le poids les accabloit. Mais eft-il bien vrai que ceux qui font pirvenus a fecouer lejougdu defpotifme, font plus heureux que les autres V Leurs defirs font ils plus latisfaits? Sentent-ils mieux leur bonheur? A cela l'on répond que la pofieffi on d'un grand bien efi toujours mêlée d'inquiétude, & cela doit être; d'ailleurs, il eft dans la nature de 1'homme de n'étre jamais parfdtement content de fon fort; 'es defirs fatisfaits, il tombe dans un ennui dont-il ne peut fortir que par de nouveaux defirs, fouvent difficiles a fatisf tire. Mais 1'amour de la liberté, eft une paffion jaloufe toujours éveillée dans 1'homme qui fait 1'apprécier. Get amour faeré . exalte  exaUe 1'ame du citoven, le rend attif & vigilant, afin que cet ineftimable bien ne lui foit pas enlevé, car il n'ignore pas que 1'abus de la puiffance fut toujours de vouloir enchainer les hommes, & qu'ji efi: difficile d'échapper a fes embüches fans une extréme vigilance, & même fans éprouver des perfécutions. Refumons en deux mots, raffemblons fous un même point de vue tout ce que nous avons dit fur les vrais principes de la liberté & du droit qu'y ont tous les peuples du monde. La liberté efi; un droit inaliénable pour toute nation ou fociété , car elle eft indifpenfablement néceffaire a fa confervation & k fa profpérité. Etre libre, c'eft n'obéir qu'è des loix tendant au bonheur de la fociété & par elle approuvée«. La licence eft auffi contraire au bien public, que le defpotiffne ou la tyrannie. La liberté ne peut fubfifter fans vertu; enfin, il ne peut y avoir de patriotifme, de grandeur d'^me, d'honneur réel, d'amour du bien public que dans les nations vraiment libres. Suite de PEffai fur le Commerce de [Europe avec PAmérique. Mais il vaudroit encore mieux fupprimer tous les droits fur 1'importation du fer é'ranger; cependant en accordantle premium fur l'txporiation feule, on gagneroit environ Ia moitié des rroits, cmme on en importé au mom =40,000 tonneaux, & qu'on en txporte feulement 15 ou 2o,coo tonneaux de toute efpece., qui fom msnnfaéhtrés. Quant au projet d'abandonner Je droit fur Ia partie expurtée,ilferoitperdud'ailleurs, files Anplois perdft.t le commero'del'exportation ; cequi artivera biertót fi leursroanuffcturescontinuent d'être furchargéesde droits. Une fois perdu, il ne fera pas mfé de Ie recouvrer. Le fabrquam de fer Anglois fouhaitera fans doute conferver les droits., tels qu'ils exiftent aótuellement; mais les mines de fer d'An.  ( 247 ) d'Angleterre ne peuvent être un objet d'une fi grande conféquence , & la légiflation ne devroit par hafarder ie commerce le plus important en faveur d'une feuleclaffed'hommes, furtout le fer étranger étant meilleur; &commeIacoutumedefabriquer le fer au moyen du charbon de terre au lieu de cbarbon de bois, s'étend tous les jours, la qualit é de notre fer empirera. On a vu jufqu'a préfent, que le fer fait avec du charbon de terre eft d'une trés-mediocre qualité, & furtout celui qui eft fait avec la plus mauvaife efpece appellée redfhort; il perd, prés d'un tiers de fon poids, lorfqu'on le manufafture, il coule comme le métal pour les pots fous le marteau. Le fer importé en Irlande paye feulement 10 fh. par tonneau; celui qui eft importé en Angleterre paie 5öf h. 4S. iln'y a dans ces deux pays aucun rabat fur le fer étranger manufaéturé; mais 1'Irlande a impofé un droit fur le fer matiufacbjré exporté dans les Colonies, lequel joint aux 10 fb.payés fur chaque tonneau de fer brut qu'on y itnporte,égale la dépenfe qu'oc cafionnoit le fer Anglois manufacturé. II eft vrai, que les Etats de 1'Amérique ne font plus des Colonies Angloifes, & qu'en conféquence 1'Irlande peut,fans violer le traité,y envoyer fon fer manufséturé exempt de droits; c'eft une raifon de plus pour fupprimer les droits fur 1'exportation. Les charbons, & autres objets néceffaires a la manufacture font néanmoins en faveur de 1'Angleterre, On devroit fupprimer tous les droits fur les munitions siavales, & le fer en fait partie. La Ruflle en dédommageroit en retour 1'Angleterre fur les articles qu'elle peut avoir au même prix, ou a un prix plus bas dans les autres pays. Quant aux laines, les Anglois ont perdu Pavantage de vêtir i'armée Rufle, excepté les gardes, par les abus qui fe font commis dans la fabrique, furtout en tendant extrêHiement le drap, ce qui le fait retrécir confidérablement lorfqu'on le porte. Leur traité de commerce avec la Ruffie expirera en 1786. Paut-on efperer que nos Miniftres pom> ront avant cette époque enlever quelques momens è leurs débats politiques, pour s'occuper de cette affaire très-intéreffante ? Le commerce avec la Ruffie eft confidérable, & doit toujours 1'étre; elle n'a point d'habitants pour travailIer aux manufactures; elle ne peut point comme les Anglois s'occuper beaucoup du commerce de tranfport; fes efforts comme pouvoir maritime, n'ont eu aucun fuccès, & ne peuvent en avoir; fes ports étant fermés pendant fix afept mois  C 248 ) mois de 1'année par Ia glacé, elle ne peut avoir un grand nombre de matelots. Les articles que 1'Anglererre en tire, nous font on ne peut pas plus néceffaires. Le commerce que nous faifons avec elle , nous eft plus avantageux , qu'on l'imagineroit d'abord. Tous les articles qui nous viennent de la R'iffie, excepté les toiles, ne font point manufaéturés; la plus grande partie de ceux que nous envoyons en échange le font, même fon propre fer; 11 nous admettons la Ruffie en place des Colonies révoltées. & que nous accordions a fes productions 1'avantage que nous accordions aux leurs. elle nous feroit d'un bien plus grand ferviee que ne 1'étoient ces Colonies. Elle nous coirera beaucoup moins. Elle nous payera aufïï pour les objets qu'elle prendra au bout d'un temps moitié moins confidérable, Le long crédit donné a 1'Amérique a ruiné notre commerce avec ce pays & a occafionné les bai queroutes chez les trois quarrs des Négociants de Londres, qui cotn» merfoient en Ainérique, & en particulier dans la Virginie & le Maryland. Les Américains 1'emportent déja fur les ouvriers Franco'^ dans la maniere de fabriquer & de finir leur fer & leur aciejr. Les clous Francois font grofiiers & mauvais. A Liege les clous font a meilleur marché qu'en Angleterre, mais auffi ils font grofiiers, & ne conviennent pas au marché de 1'Amérique. Au moyen d'ouvriers Anglois, plulïeurs articles font faits auffi bien en Amé'ique qu'en Europe; mais la quantité en eft peu confidérable, ex. cepté celle des aiffieux, qui font bien-meilteurs, étant faits du plus beau fer, que les manufscturiers Anglois réfervent pour des ouvrages plus déücats, mais ils font une fois auffi chers. (La fuite au N». prochain**)  L E POLITIQUE N°. CXLVII.LUNDIi ce i NOVEMBRE, 1783. L'Antiquitê eft une foürce de préjugés funeftet aux Loix des Nations de 1'Europe. Dans 1'örigine des Sociétés Politiques , les nations ne furent d'abord qu'un amas de guerriers fauvages , fans agriculture, fans habitations flxes, fans induftrie ni commerce; errant fans ceffe & changeant inceffamment dedemeures: mais peu a peu ces nomades fefixerent, prirent de laconilftance; ils goüterent les douceurs de la paix & d'une vie moins agitée, & virent qu'ils pouvoient, par le travail, obtenir de la terre d'autres biens que ceux qu'elle öffroit d'eile Toms VI. <") móme.  C 250 ) même. Cet appergu donna naiflance k Pagriculttrre & celle-ci au commerce, aux manufactures, & il eft naturel de penfer que les loix furent d'abord en petit nombre , peu compliquées & fufceptibles de beaucoup de changemens; il en fut qui, fort utiles dans lesprincipes,durentêtreaboliesenfuitea caufe du. changement de circonftances. Des loix qui convenoient è des vagabons ou è des foldats ne pouvoient plus convenir 1 des marchands, ni a des cultivateurs. A celles-ci il en fallut fubftituer d'autres & de plus nombreufes, furtout lorfque le luxe , ce fléau deftructeur des individus & des nations, eut commencé k fe montrer. Les loix, comme autant de barrières furent oppofées a fes dévafiations & a fa funefte influence fur les mceurs. La légiflation a donc dü fuivre fétat des nations dans leurs différents périodes & oppofer une digue plus ou moins forte aux paffions des hommes, a mefure que le torrent groffiffoit & devenoit plus rapide: faute d'avoir eu egard h ces diverfes circonftances, les philofophes & les légiftateurs même les plus fages fe font fans ceffe égarés dans leurs fiftêmes: ils ont cru que des loix immuables fuffifoient pour rendre les hommes heureux & leurs gsuvernemens ftables: ils fe font imaginés que les peuples refteroient au même état oü ils les avoient trouvés; ils n'ont point fait atténtion aux événemens imprévus,aux changemens d'idées dc de befoin que le tems pourroit produire dans les fociétés auxquelles ils prefcrivoient des regies. Eh! comment auroiènt - ils pu préyoir des évenements cachés dans le fein de la nature? L'expérience feule devoit leur apprendre que partout 1'habitude, le préjugé , 1'ufage font plus forts que la raifon. On voit par Ia combien font dangcreux les préjugés qui font regarder indiltindlement les loix adoptées par nos Peres, com,me la regie invariable de la conduite acfuelle des Ptats tant monarchiques que républicains. L'antiquité a tant d'empire fur les hommes,qu'ilscraindroient de  ( 251 ) de fe rendre facrileges en s'écartant de fes fcftiüM tions. Une longue fuite de fiecies donne une empreinte refpecfable aux chofes les moins raifonnables. Quand par les changement? de circonftances, les peuple-; & ceux qui les gouvcrnent, fe trouvent dans la détrelfe, on va communément chercherdcs remedes dans ]es loix primitives; on fe flatte d'être plus heureux, dés qu'on fuivra ce qui fe pratiquoit autrefois ; cc l'on ne s'appereoit pas que' des loii antérieures aux circonllances, ne peuvent point remédier aux inconvéniens que ces circonftances ont amenées. Ne fcntira-t on jamais que le tems, en changeant les opinions , les befoins, les paffions, les préjugés des hommes, fait que leur pofition pré* fente eft néccffiirement en contradidxion avec les loix qui étoient autrefois en vigueur ? Pourquoi ne pas 'mi ter le lage Locke qui e;i donnant des loix a la Virginie, ne vouloit point qu'elles duraffent audela d'un liecle. Les So'on , les Licurgue, tout fages & éclairés qu'ils étoient, n'avoient pas affez étudié la nature humaine ; lor-squ'ils donnerent leurs loix, ils ne fentirent pas affez que les paffions & les vices des hommes ameneroient plutóc qu'ils ne 1'avoient prévu, la décadence cc la ruine de leurs républiques. C'eft a la raifon actuelle a corriger, i changer, & a détruire même les inftitutions anciennes dont 1'expérience a fait connoitre les abus, les dangers & 1'inutilité. La plupart des nations kuro péennes font aujourd'hui victimes de loix anciennes qui luttent avec leur fituation aétuelle: de ce qu'on les'refpectoit autrefois, l'on juge qu'on doit les refpecfer toujours: des ufages & des coutumes injuftes, inventées par des barbares fubjuguent encore des peuples policés: des loix militaires faites par des conquérants fauvages, font en vigueur dans des pays paifibles cc qui fubfiftent par le commerce: les k)lx romaines font les regies de plufieurs nations qui n'ont rien de commun avec 1'ancienne Rome Que dis:je? les loix, les coutumes, les ufages ne font Q 2 point  C 252) point les mêmes dans les différentes provinces d'un* même Etat: chaque porcion d'une même Dation, gouvernée d'après les regies qui lui furent données par d'anciens fouverains CSc dans des circonftances qui n'exiftent plus, s'obltine a retenir fes vicilles inftitutions qu'elle appelle des priviléges & des droits, tandis que fouvent elles font très-nuifibles , très-infenfées & trös-injuftes. De ce mélange bigarré de loix & de coutumes, il réfulte parmi les nations modernes, une jurifprudence ténébreufe, abfurde, contradictoire, prefque toujours aux prifes avec la droite raifon. Les tribunaux les plus éclairés, génés fans ceffe par desformes, des ufages, des préjugés, des regies déraifonnables, ne fcavent comment prononcer. Au milieu d'un cahos de loix inintelligibles , 1'équité ne feait quel parti prendre & décide au hazard. Des loix miftérieufes, compliquées & peu claires annoncent urt deffein formé de tendre des pieges aux citoyens & de les enlacer. Les loix doivent être intelligibles pour ceux qui doivent les obfcrver; des loix multipliées annoncent un mauvais gouvernement. Par une étrange fatalité, dans les litats qui le vantent le plus d'être libres, les lo-x & leur réforme font entierement négligées. H-n'exifte point encore de légiflation fupportable: 1'opinion, l'autorité furannée , la routine qui jamais ne raifonne , voila les guides des nations les plus éclairées. Souvent le citoyen feroit plus heureux de n'avoir point de loix & de fe laifler guider par le bon fens naturel que par une multitude de loix qui lui laiffent de 1'incertitude fur fes droits. De la réfultent des jugemens fouvent arbitraires: quelquefois le juge eft forcé, en faveur de la loi & de la forme, de renoncer a 1 équité. De la réfultent encore ces délais, ces longeurs interminables dans les procés des citoyens. Les nations font remplies d'une fou e d'hommes dont la fonétion eft d'interpréter, de commenter, d'éclaircir une fcience miftérieufe pour  ( 253 ) k rede des fujets; perfonne ne peut fe flat ter de voir ciair dans fes propres affaires; perfonne ne peut s'affurer s'il a le bon droit de fon cóté. La forme ejt la proteftrice de> peuples: peu importé que ïe droit foit de votre cóté fi la fortune y eft, It faut de 1'expérience pour fe mettre a couvert des défauts de formaité; fans quoi les droits les mieux conftatós font comptés pwr rien & 1'iniquité triomphe. La fubftance du citoyen eft dévorée par des hommes faits pour le maintenir dans la jouiflance de fes biens; elle eft la proie d'une tourbe de fangfues aviqes, dont 1'unique occupation eft d'obfcurcir & déguifer la vérité qu'ils fe vantent de défendre, ou de mettre dans fon jour; ils promenent les juges dans un dédale oh s'égarent ces arbitres même du fort des plaideurs: les families défolées par leur rapacité, leur mauvaife foi, ou leur incapacité, regardent fouvent la loi comme un fléau, & l'on feroit quelquefois tenté de préfèrer les décifions arbitraircs & promptes des pays les plus defpotiques, a la juftice prétendue de beaucoupde contrées policées & fuppofées libres. Un axiome inconteftable c'eft que les loix doivent céder aux befoins de l'état; par cette raifon, dés que les nations ou ceux qui les gouvernent fe fentent presfés par la force des circonftances, ils doivent remonter aux principes de raflbeiation des hommes; en étudier la nature, confulter 1'expérience & la raifon; ils doivent s'informer, non de ce qui s'eft faitjadis, ou même de ce qui fe fait aujourd'hui, mai3 de ce qu'exigent les circonftances. II n'eft pas queftion de fe régler fur des ufages, des inftitutions & des loix barbares & ridicules, qui n'ont pour elles que la fanfftion de 1'ignorance, du préjugé , de 1'habitude & de 1'ancienneté; qui jamais n'ont été examméesférieufement dans l'origine, objet enfin d'une vénération ftupide & machinale. Qu'ils comprennent donc que les loix font faites pour les peuples, & non les peuples pour les loix; car Q 3 pré-  ( =54 ) prétendre que les loix antiques ne peuvent être abrogées, c'eft-la certainement une idéé auffi abfurde. que d'exigcr que des hommes faits continuent a fe fervir des vêtements de leur enfance , ou des bandelettes dont ils étoient entourés au berceau. A mefure que la vie fociale s'éclaire, fe perfeétionne ou s'altcre, fes régies & fes maximes doivent changer. Prefquc toutes les nations font les dupes de préjugés fuperftitieux & politiques , directement oppofés a leurs intéréts les plus chers ,- 1'expérience & Ia raifon ne font prefque jamais appelées aux conléils des fouverains: la nature & le befoin devroient gmder les hommes, <:■■.! uap tiov »eq Suit§  ( =57 > Suite de l'Effai fur le Commerce de 1'Europe avec FAmérique. PO RCELAINES-I'OTERIES. Les demandes pour cet article fout déja en grand nombre & augmenteroht encore, excepté pour la poterie la plus grofliere: la qualité & le bas prix feront toujours recher» cher la porcelaine & la poterie de la grande 13. on a fait des éffaisdans ce genre a Philadelphie; mais ils n'ont pasreuffi: peut-étre des nouveaux feront-ils plus heureux. Cependant on ne trouve point en grande quantité dans TAmérique Septentrionale le flint fi néceffaire pour la manufaélure de la bonne poterie; la Porcelaine des Indes Orientales qui porte le nom de la chine, eft fouvent a meilleur compte en Hollande qu'en Angleterre. Mais la confommation de cet article en Amérique n'eft pas confidérable en comparaifon de celle de la poterie de la grande B. & depuis que cette branche fe perfectionne, les demandes pour 1'autre diminuent. Verrei. L'importation des miroirs, des verres a boire, & d'aurres verreries, quoiqu'elie monte è des fommes confidérables, ne foutient pas Ia comparaifon de l'importation & da la confommation des verres pour les fenêtres. Excepté les miroirs faits en Hollande & ceux plus grands que iournit la France en très-petite quantité, il n'eft aucun article de verrerie que les Anglois ne puiflent fournir dans les marchés Américains a meilleur compte que tous les autres Européens. II y a des manufactures de verrerie dans la Penfilvanie. On fait dans Ie New-Jerfey de mauvais verre pour les fénêtres, mais généralement on n'y fabrique guere que des bouteilles; jufqu'a préfent ces manufactures ont été dirigées par des ouvriers Allemands. Dernierement une manufacture de cette efpece a manqué a Bofton. Le défaut de flint dans 1'Amérique rendra toujours très-défavantageufes les entreprifes dans ce genre. On n'a point encore decouvert en Amérkiue de terre propre a faire les pots dont Q 5 on  ( *-53 ) on fe fert dans la manufafture des verres. Celle dont on s'eft ïervi jufqu'a préfent, au moins dans les Provinces Septentrioaales a élé importée de la Grande-Bretagne. Bas. La grande confommation de bas qui fe fait dans les Etats de 1'Amérique eft en laine , fil & coton; la quantité de bas de foie qui s'y confomroe ne pourra jamais entrer en comparaifon; ceux de fil, laine, & coton, ont été & conttnueront probablement d'être importés de la Grande-Bretagne: on préfere les bas de foie Anglois, & en donnant un encouragetnent convenable on ponrroit avoir la préférence en Amérique. Les bas de foie Anglois de la première quaHté font a préfent fort recherchés, même en France. II fe fait une gtande quantité de gros bas de laine en Amérique; cependant Mr. Cetis, qui n'étoit en aucune facon difpofé ö défapprécier les produftions de ce pays, a aifuré qu on n'avoit point affez de laine en Amérique pour faire une paire de bas a chacun de fes habitants. Souliers. L'importation des foullers d'homme, excepté en Virginie, & dans les Carolines , n'a jamais été confidérable; mais cependant il s'importe de la Grande-Bretagne & doit continuer de s'importer des fouliers de femme en grand nombre. U eft viai cependant qu'il s'en fait une grande cuanti é dans le Malfachufett, furtout a Lynn, dont on en e'xporte une partie dans les autres Colonies; mais 1 étoffe telle que la calemande, &c. les rubans qui fervent a border & la doublure vjcnnent de la Grande-Bretagne. Le pays aura la pretérence pour les fouüers de femme, jufquia ce que quelqu'autre Nation de 1'Europe ait sppris 1'art de travaükr Ie cuir auffi bien que lui; quant a prélent, la plus avancée dans cette branche eft bien inférieure aux Aroéficai'ns B&MK Les femelles font mieux faites en Angleterre, paree que le cuir eft mieux tanné, & on en | importé une grande quantité de ce royaume en Amérique. L'Amérique n'a pas affez de fonds pour pouvoir tanner le cuir comme en Angleterre, oü i! rc.'e ttob acs ows  C*59 ) Ia foffc; en Amérique on ne 1'y laifle qu'un an. Les cuirs qu'on employé pour faire le deflus des fouliers font aufli bons en Amérique qu'en Angleterre. Boutons. Lorfque Ia Grande-Bretagne fournit cet article a une grande partie de 1'Europe , on ne peut douter d'oü les Américains le tirent, & c'eft une des fabriques qui vaille le moins la peine d'être entreprife par les Américains. ■ Cbapeaux. Les Américains font en état de manufafturer des cbapeaux de caftor pour leur propre ufage; ils leur donnent la préférence fur ceux des pays étrangers, quoiqu'ils ne gararttisfent pas de ia pluie auffi bien que de beaux clupeaux de poil ; mais le prix exorbitant de la laine & de la main» d'oeuvre dans les Etats de 1'Amérique, doit 'es engager a importer des chapeaux ordinaires ainfi que ceux de poil; & la laine étant a meilleur compte en Angleterre que fur le continent, les manufacturiers Anglois peuvent vendre meilleur marché; les poils de cbevre & de lievre dont on fe fert dans quelques pays pour faire des chapeaux communs font plus citers que la laine. Cotans ou Manchefter, Manufaötures de toute efpece. Tous ces articles forment une branche confidérable de l'importation dans les Etats de 1'Amérique, & excepté a. Rouen, en France, il n'en exifte point de manufaélure confidérable dans 1'Europe; les marchandifes de Rouen font bonnes, mais jufqu'a préfent elles ont été de 20 par 100 plus cheres que celles de Manchelter, ce qui a fait préférer les dernieres en Hollande, dans tous les Pays-Bas, en.AIlemagne, & dans la plupart des contrées de 1'Europe; ce qui doit la faire préférer auffi en Amérique, quoique la maind ce'jvre foit a meilleur compte en France, & que le coton y foit au même prix, ou même a un prix plus bas, 1'adrefte des ouvriers de 1'Angleterre & la grande quantité de matériaux leur donnent favantage. Les  C 260 ) Les marchandifes de Manchetler font exportées en France , oü on les vend pour des marchandifes de la France même. Merceries & Modes. Les beaux rubans de fil & le beau fil qui viennent de la Hollande & de la Flandre font les meilleurs; maislesrubans de fil commun d'Angleterre font a meilleur marché, ainfi que toute efpece de rubans de laine, jaretieres, gros fils& foies a coudre. Quant aux rubtuvs, 1'Angleterre en envoie une grande quantité en France, mais lorfqu'on ne recherchera point la beauté, la France aura t'avaniage, conféquem. ment pour "les rubans unis, tels que les noirs communs: les rubans Anglois font faits de foie deTurquie, du Bengale, de la Chine, & de 1'Italie. La France fera la rivale de f Angleterre en fait de tafetas & de fatins ïioirs, mai» en fait de perfians & de farfenets cette derniere a 1'avantage. L°s gafes de la Grande-Bretagne font a meilleur compte & d'une qualité fupérieure. Comme 1'Amérique fe modele fur 1'Angleterre pour les mades, toutes les marchandifes qui concernent cet article continueront de s'importer en grande quantité de ce Royaume. Les mouffelines Angloifes reviendtont a un prix plus raifonnable: Manchefter commence a le difputer avec 1'Inde pour cet article, & en fabrique une grande quantité. Les épingles & les aiguilles & tout ce qui concerne Ia mercetie reviendront k auffi bon compte tirés de 1'Angleterre que de tout autre Pays" Mienes (TEtain, Ptomb en Saumons, & en feuitr les, Cuivre en feuilles, & travaillé en Uflenfiles ' de Cuifine & autres. La confommation d'étain en feuille, pour en faire en Amétique des batteries de cuifiaes & autres articles, & de plomb en faumons & en feuilles, pour différents ufages, a été confidérable, & Ie fera encore plus par la fuite. La Grande-Bretagne peut feule offrir quelque avantage dans 1'achat de ces objets; & quoiqu'11 foit poffible d'avoir le cuivre brut a meilleur compte de Ia Suede que de l'Angle- ' terr».  C =6i ) terre oü des mines de cuivre de 1'Amérique , cependant la cherté de la main-d'ceuvre dans les Etats de 1'Amérique engagera le négociant a acheter en Europe le cuivre, donc on a befoin en Amérique tout manufafturé, & conféquem. ment les manufafturiers de 1'Angleterre doivent avoir la préférence dans cet article, & les Etats de 1'Amérique envoient fi peu d'objets a la Suede, & dans le fait dans toutes les contrées du Nord , qu'il eft plus avantageux de faire palier les articles qui viennent de la mer Baltique a travers la Grande-Bretagne, que de les faire venir direaeraent de ces pays , fi on accorde une remife fur les artices qui font ré-exportés. II y a des mines de plomb dans la Virginie, prés de la furface, qui ne font pas exploitées, ou feulement en petite partie: il y en a auffi fur 1'Ohio & fur le Miffiffipi. Couleurs pour peindre. Les maifons habitées, & autres batiments des Etats de 1'Amérique, excepté dans les graudes villes, font la plupart conftruits en bois, circonftance qui exige 1'emploi d'une grande quantité d'huile & de couleurs h peindre. L'huile eft faite dans le pays, du rebut de la graine de lin, qu'on met de có;é lorfqu'on nettoie cette graine pour 1'exportation; mais on eft obligé d'importer les ingrédiens néceflaires pour la peinture. Le blanc ou la craie, & le blanc de plomb, forment au moins les trois quarts de toute efpece de peinture, & ces articles étant a meilleur marché en Angleterre que partout ailleurs, ils doivent être tirés de ce Royaume. Avant la guetre la Grande-Bretagne a fait palfer une grande quantité d'huile de graine de lin en Amérique. Cordages & Cbandelles de Fai/feaux. Les négociants Américains préferent les cordages faits en Amérique du chanvre provenant du cru du pays, ou importé de la Ruffie; mais quant au cordage étranger importé ils préféreront celui de 1'Angleterre; & on ne peut avoir dans aucun autre pays des aflbrtimenis plus conveuables pour les chandelles de vailfeanx. Le cordage Hollandois fait pour 1'exportation n'eft en aucune facon bon, étant fait du chanvre le plus médiocre & de vieux cables; mais celui qui eft  C 562 ) ■eft fait pour leur propre ufage eft trés-bon. L'Amérique fait une quantité confidérable de cordages, mais en importé de 1'Angleterre au moins la moi:ié. La Ruffie fait beaucoup de cordages pour 1'exportation, & peut entrer en concurrence avec 1'Angleterre, fi elle ne fupprime pas tous droits fur le chanvre &legoudron, afin de pouvoir fervir 1'Amérique è meilleur compte. La Grande-Bretagne importé chaque année de Pétersbourg , dans des vaiffeaux Anglois, entre 15 & 25,000 tonneaux de différentes fortes de chanvre. Joyaux, Vaijfelles plattes & articles utiles £? d'Ornements de la Manufaêïuro de Birmingbam, tels que Boucles , Cbaines de Montre, &c. ainfi que des Manu/aclures de Sheffield. Ces articles feront importés de Ia Grande-Bretagne er» France; ils font ou trop chers, ou trop mal cicelés & finis pour fatisfaire le gout Américain, tandis que le manufadiurier Anglois de ces articles , a poulfé fon fuccès affez loin, en réuniffant le folide & 1'utile au brillant & a 1'élégant, pour avoir la préférence même en France. Matèriaux pour les Car 0ff es, Selliers £? Tapisfiers. Ces articles doivent être importés de Ia Grande-Bretagne , aufli bien que tous les articles néceffaires pour la fourniture d'une maifon , qui ne font pas manufacturés dans les Etats de 1'Amérique. Les matieres premietes feront impottées, plufieurs articles comme ceux de tapifferie étant trop volumineux; mais tour ce qui en fera tiré de 1'Europe fera acheté en Angleterre. Des Toiles. A tous prix, depuis quatre shellings par verge jufqu'aux plus bas prix, font importées en Amérique. On y a importé rarement des toiles au deffus de quatre cb. la verge, & celles même de ce prix ont été en petite quantité. Les toiles de France ne conviennent pas au marché de 1'Amérique: & d'ailleurs les manufactures des toiles de France n'égalect pas fa confommation inférieure pour laquelle elle eft obligée d'en faire venir une grande quanti'é des Pays-Bas Autrichiens & de 1'Allemagne. Les toiles deFlandre, de Hollande ne peuvent étre données a fi bien compte que celles de 1'Angleterre & del'Irlande de la mêmequalité; furtout tandis qu'on continuera de donner un  ( 2<53 ) un preminm d'un fol ft. & demi fur chaque verge dê cette derniere. La toile appelée belle Hollande coüte bien plus cher que la toile d'Irlande qu'on envoyé communément au Nord de 1'Amérique. Les toiles de Gant, de Courtray, & autres villes de la Flandre font très-fortes, & peuvent pour cette raifon étre intrinféquement aufli bonnes que celles d'Angleterre & de l'Irlan.le; mais les toiles de la Hollande &7'7. 177S. Pieces dans les vaiiTeaux Anglas 11580 6757 2659 1505 401 Pieces dans les vaiiTeaux Etran- gers - - 05187 28397 3366o 44156 376fo Total du nombre de pieces - • 36767 35*54 4I3I9 45Ö6I 38Q54 La loi qui obligeoit les vaiffeaux Américarns d'avoir le premier affortiineut de voiles de cannevas de la Grande-Bretagne n'ayant plus lieu,il y aura concurrence dans cet article. Depuis quelques années on a perfeétionné a un trés haut degré en Ecoffe, différentes efpeces de toile a voile , & Ie prix en tft confidérablement baiffé, a caule de la facilité avec laquelle on peut fe procurer le chanvre de la mer Ballique , & du bas plix de la main d'oeuvre dans Ie Nord de 1'Ecoffe. II fera de 1'intérêt des Américains de prendre de la toile a voile de 1'Angleterre, tant que l'on continuera d'accorder le premium aétuel. On dit que la toile a voile de 1'Angleterre eft plus fujette a fe piqaer, mais on peut prévenif en grande partie cet inconvénient, en la marman r étant neuve; on dit auffi que la toile a voile de la Ruffie eft d'un tiffu plus lache; Ia France fait de la toile a voile ,maris elle eft beaucoup plus chere & tont a Ia fois inférieure. Oft en a fait a Philadelphie, mais la quantité doit en être peu confidérable encore pendant quelque tems. (La faite au No. procbain.')  L B POLITIQUE N°. CXLVIII. LUNDI, ce 8 DÉCEMBRE, 1783. L'intêrêt $> le befoin ont réuni let bommes en fociété. Ou Recherches fur le pafte focial. * Xjous avons têché jufqu'ici de faire connoitre k JL>| nos chers lecfcurs les véritables fondemens *ur lefquels porte 1'amour pour la patrie & quelles dispofitions peuvent concourir au bonheur des fociétés politiques. II nous refte maintenant k rechercher quels font les vrais motifs qui peuvent rendre 1 homme fociable. La raifon nous dit que c'eft par intérêt & par befoin que les hommes s'alfocient, paree que la fociété n'a pour objet que de les faire TomeVI. k M jouir  C 266 ) jouir plus furemcnt des avantages que la nature & lêurs facultés, foit corporelles, foit intclleétuelles, ]eur procuient: de \k s'établiffent des rapports néceffaires entre la fociété & fes membres; de ces rapports découlent des devoirs réciproques, c'eft-a-dire qui üent les hommes aflbeiés. Ainfi , fi les parties doivent au tout, le tout doit a fes parties. Mais demandera t-on peut-être, qu'eft-ce que la fociété doit il chacun de fes membres ? Nous répondons qu'elle lui doit le bien-être, c'eft-a dire ou de le maintenir dans la jouiiïance des avantages dont il eft: en pofieifion, ou de lui procurer ceux auxquels il a droit de prétendre,en tant que compatiblesavec 1'affociation; elle lui doit la fureté fans laquelle ces biens deviendroient inutiles. Si 1'homme n'avoit rien a gagner dans la fociété, pourquoi y refteroit 519 Et s'il y avoit k perdre, pourquoi ne la fuiroit-il pas, ne la détefteroit-il pas ? Pourquoi ne préféreroitil pas de refter feul, ou dans l'état de nature, dans une indépendance totale, maitre fans partage du fruit de fon travail? L'homme ne fe met pas dans la dépendance gratuitement; il ne renonce k une portion de Ion indépendance, que dans la vue d'un plus grand bien que ne lui procureroit 1'exercice entier de fa liberté; è portée de fatisfaire fes befoins, ce n'eft que par la motif d'un intérêt plus fort qu'il eft cenfé confentir a fe rendre utile aux autres. La fociété doit donc compenfer par les bienfaits, lesfacrifices que chaque homme eft obligé de lui faire; fans cela elle leur fait violence; les facrifices ne font libres & volontaires, que lorsqu'il en réfulte un bien pour celui qui les fait. Des avantages plus réels, quoique fouvent plus éloi^nés, dédommagent alors l'homme de quelques jouiflances immédiates, préfentes & paffageres. L'homme ifolé feroit totalement indèpendant; mais fon femblable le feroit aufli; l'homme ifolé, lorsqu'il feroit le plus fort, pourroit s'emparer de ce que le travail a rendu propre k fon femblable; mais d'autres hommes en réu. nis-  :mnt leurs forcts, pourroient également s'ernna ;« de ce qui appartiendroit au p?cmier 1'hoE ifolé peut■ fubfifter, mais il fubfiffe plu Sent lorsqu'il eft fecondé; l'homme ifolé peut-êt e heu reux ; ma.s i\ feft encore plus lors que d Ws cooperent a fon bonheur. Ainfi 1'affociation n 0 cure des avantages récis que l'homme feïï fer0ft mcapable d'obteon: Ja fociété lui donne des fo ces; elle lui fournit des fecours; elle iui Xocure des plaihrs. enfin elle lui donné une & eté qu'U n auroit point fans elle. Tous les membres de la focieté lui font donc redevables de la furété % la pa.x de la tranquillité dont ils jouifient, & cela regarde le monarque comme le dernier dés fuiets Ceft pour avoir perdu de vue cette S vénté que la plupart des princes, appuyï cfe tot es les forces de la fociété a la tête de laquefie ils fimt, oub.icnt communément qu'ils dépendent eux-mêmes de cette même fociété j qu'ils feDare!r leurs intéréts des fiens, & femblen't ffiSSSï guls au mfiieu des peuples qu'ils gouverneur Un être indépendant des autres , devient néceffaireJ men indifférent ou méchant. On vient de "oir que la fociété ne peut-être avantageufe pour 1'hom me qu'en le faifant (jouir des biens qu?fa nature u. fait defirer II s'agit maintenant d'exarainer Q la focieté rernpht fon but qui eft de rendre fes membres heureux. Plus la fociété eft narfüte n * elle efi chere a fes membres, p!us? eïe leurP£ vient néceffaire. lin aimant les afibciés elle n'a.me qu'elle même ; en les ftcourant, ceft ellemême qu elle fecoure ; en leur faifant des facrifices, c eft a fon propre bonheur qu'elle facrifie En un mot, Imterét ou famour éclairé de foi eft le fondement des vertus fociales; c'eft le véritable motif de tout ce que l'homme fait pour le fervice de fes femblables, la vertu n'eft que ,'uti. ïvo rmmn viv^nien ^ciété; étre vertueux cöft êtie fociable; c'eft contribuer au bonheur de R 2 ceux  C ft68 ) ceux avec lesquels les circonftances nous lient * afin de les exciter a contribuer a notre propre félicité. Si la fociété ou ceux qui dirigent fes mouvemens, loin de procurer a fes membres la jouis« fance des biens dont ils font fufcepribles, cherchent k les en priver; s'ils les forcent k des facrifices inutiles , douloureux & gratuits; s'ils mettent des entraves k leur travail ou k leur induftrie; s'ils ne lui procurenc ni bonheur ni fureté; le but de la fociété n'eft pas rempli , puisque l'homme ne trouve plus d'avantage dans 1'affociation; il s'en fépare autant qu'il eft en lui; fa tendreffe pour elle s'affoiblit; il ne peut aimer la fociété qu'autant qu'elle eft l'inftrument de fon bonheur ; il finira par la détefter, par la fuir , ou même par lui nuire, fi elle le pnve de tous les biens que fa nature lui fait defirer, ou fi elle lui refufe les chofes néceffaires k fa confervation. C'eft donc le vice de la fociété qui rend fes membres pervers. La nature ne les a faits ni bons ni méchans; elle leur a fimplement donné 1'amour d'eux mêmes, le defir de fe conferver, la volonté d'être heureux. Ces fentimens font légitimes & devicnnent des vertus, lorsqu'ils fe fatisfont par des voies utiles aux autres: ce font des vices, lorsqu'ils ne peuvent fe fatisfaire qu'aux dépens de la félicité d'autrui: la vertu eft 1'utilité, le vice eft le dommage des êtres de 1'efpece humaine: 1'un & 1'autre font des effets de leurs volontés ou de leurs intéréts bien ou mal entendus. Lors que ceux qui gouvernent font injuftes ou remplisfent négligemment leurs devoirs, ils relachent ou brifent les liens de la fociété, & l'homme s'en détache: il en devient 1'ennemi; il cherche fon bonheur par des moyens nuifibles k fes affociés; de ce que la fociété ne fait rien pour lui, le gêne, ou ne lui fait que du mal, il conclut qu'il ne lui doit rien ; les nceuds de 1'affociation s'affoibliffent & fe détruifent, a mefure qu'un plus grand nombre des individus  ( ?69 ) dus quila compofect détachent leurs intéréts des fiens, c'eft alors que chacun devient criminel & yi« cieux; 1'intérêt aveugle & perfonnel eft le mobile de tout, & tout va mal. Le moi eft tout, le refte n'eft rien. On fe lailTe emporter par une imagina. tion deréglée, par la paffion, par 1'ivreffe. Chacun viole impunément les loix, dés qu'il le peut impunément; ou bien il emploie la rufe pour les éluder fourdement. Ainfi dans une fociété mal gouvernée, presque tous les membres deviennent ennemis les uns des autres; chacun ne vit que pour lui-même, & s'occupe fort peu de fes aifociés; chacun n'écoute que fes paifions, ne fonge qu'a fon intérêt perfonnel qui n'a rien de commun avec 1'intérêt général. Et voila comme l'homme devient un loup raviffant pour l'homme, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, & que l'homme de Ia fociété eft quelquefois plus malheureux que le fauvage qui s'enfonce dan* les foréts. II y a donc des devoirs entre la fociété, & les membres qui la compofent: chaque individu contrafte k peu prés en ces termes avec elle: Ai., dez-moi, lui dit-il, de vos forces, & je vous aiderai „ des miennes; prêtez moi vos fecours, & vous pourrez „ compter fur les miens; travaillez a mon bonheur, „ fi vous voulez que je m'occupe du vótre; prenez m Part 4 mes infortunes, & je partagerai les vótres„ procurez-moi des avantages affez grands pour „ m'engager è vous facrifier une partie de ce que je „ poffede. " La fociété lui répond: „ Mets en ,, commun tes facultés; alors nous te prêteronsnos „ fecours; nous multiplierons tes forces; nous travaillerons de concert è ta félicité; nous foulage,, rons tes peines; nous affurerons ton repos, & „ nos efforts réunis repoufferont loin de toi les maux „ que tu redoutes, avec bien plus d'énergie que tu „ ne ferois fans nous. Les forces de tous te proté„ geront; la prudence de tous t'éclairera, les vo„ lontés de tous te guideront. L'amour, 1'eftime „ &l les récompenfes de tous payeront tes acfion-; „ utiles  ( 270 ) utiles & feront le falaire de tes travaux. En un " moe, les biens que tous te procureront tedédom£ mageront amplement des facrifices que tu feras „ obiigé de leur faire." . Telles font les conditions du pafte focial qui be l'homme a la fociété, & la fociété a l'homme; il fe renouvelle a chaque inftant; l'homme tient continnehement la balance pour pefer & comparer les avantages ou les defavantages qui réfultent pour lui de la fociété dans laquelle il vit. Si les biens 1'emportent fur les maux, l'homme raifonnable fera content de fon fort; fi la fociété lui afi'ure la poffeffion des avantages compatibles avec la nature de Jfafiès claxon, il jouit de toute la félicité qu'il eft en droit dei attendre. Si, au contraire, les maux font pencher la balance, s'ils nc font compenfés que par de foiblcs biens, la fociété perd fes droits iur lui, il s'en fépare, Ia folitude eft par inftinft le premier ïemede qui fe préfente k lui: il préfcre de vivre feul i lorsqu'il a vu la fociété complice des maux qu*i> éprouve, ou lorsqu'il perd 1'efpérance de 1'y voir remédier; le citoyen vertueux quitte une pame irtgrate qu'il ne peut plus fervir, qui fouffre qu'on l'opprime , qui méconnoit les fervices qu'il lui rend. * L'homme vicieux, quoique dans la fociété V exerce la même licence que s'il étoit tout ftul: au' milieu de fes affociés, il vit comme s'il n'en ?voit nas; il fuit aveuglément fes caprices, fes fantaifies, ïa'as égard pour les autres, fans en prévoir les confcquecces, fans en preflentir laréaftionfur lui-nême. Les devoirs de l'homme font donc fondés fur la nature de l'homme lui-même; cette nature SB le rendant fenfible, le rendit fociable; en le ïendant fufceptible d'expérience & de raifon, elle lui impofa des devoirs envers les êtres de fon efioece. Cette même nature attacha des récompenfes a 1'obfervation de fes loix, ét en punit féverement les infrafteurs: le bonheur, 1'abondance, la «ranquillité de h fociété & de chacun de fes mem- &é*,  C 271 ) bres» font ie prix nécfffaire de la foumiffion a fes loix faintes: 1 'infortune, Ia difcorde, Ie vice, le crime, la deftruftion font les chatimens cerribles attachés au refus dc s'y conformer. Suite de CEffai fur le Commerce ie 1'Europe avec P Amérique. Papeterie. Le papier a écrire eft è meilleur marend en France. & en Flandre, qu'en Angleterre & en Hollande; mais on en voit bien peu dans ces deux premiers pays qui foit d'une bonne qualiié. En Italië les papiers les plus commuris y font encore meilleur marché. La Hollande peut vendre a plus bas j>rix que 1'Angleterre; mais Ie papier qu'on y fait, quoiqu'aflèz bon cependant, quant a la coulinr & Ia fibrique eft bien inférieur a cilui de 1'Angleterre. II eft ttès-probable que 1'Amérique entrainée par la force de 1'nabitude, donnera la préfétence a celui de ce pays, & qu'onytnvetri une grande quantité de papier, plumes, encre, &c. de 1'Angleterre. Le papier commun pour les gazettes, &c. fe fait en Amérique. Dentelles. L'importation de la meilleure qualité des dentelles de Flaudres, & de Bruxelle, ne peut avant long-tims ê,tre très-confidérable. Quant a préfent les Etats de 1'Amérique demandent davantage de dentelles communes & a bon marché, & de dentelles de foie noire pour garniture. Les dentelles de fil font meilleures en Flandres &, en Angleterre. Quoiqu'on puilfe avoir des dentelles de foie au plus bas prix a Barcelone & a Marfeilles, cependant on en a importé une quantité confidérable de Ia fabrique de 1'Angleterre en Amérique, ce qui doit continuer de former une partie de la cargaifon générale. R 4 Cal.  Callicos imprimès, & autres Marchandifes peintes ou imprimies. Après les étoffes de Laine, les toiles & la coutellerie, eet article eft un de plus confidétables importés, dans les Etats de 1'Amérique; on en a établi de grandes manufaftvires dans les Pays-Bas, la France, la Suilfe, & plufieurs autres pays de 1'Europe: le prix auquel on peut donner ces marchandifes dans ces différents Pays, & le crédit qu'on peut obtenir pour elles, détermineront les Américains a y faire leurs achats. On croit que 1'Angleterte aura 1'avanta» ge dans cette branche furtout pour les callicos pour lits & autres ameublemens de beaux deffeins, diftingués par leur élégance. Les efpeces les plus communes manufaflurées en Suiffe, & envoyêes a un prix affez bas au Rhin, ainfi que celles qui fe font dans le fud de ia France & dans la Catalogne, d'oü PAmériqtie Efpaenole tire la plus grande partie de fes marchandifes, peuvent être a auffi bon marché, mais ne répondront pas au goüt du nord de 1'Amérique comme la manufaéture Angloife. Pendant la guerre, la France tiroit de ce pays une grande partie de fes cottons blancs pour être imprimés; mais fon commerce aftuel avec les Indes Orientales, peut la mettre en état de tirer elleinême fes marchandifes de ce pays. Le grand nombre de pauvres gens laborieux qui font foutenus au moyen de l'importation & de 1'étendne des branches de lin & de coton, les rend d'un grand avaniage a la nation, & méritent d'attirer 1'attention de !a Légillation, afin que par un encouragement convenable on puilfe les conferver a la grande Brétagne, & prévenir autant que poffible toute. concurrence. Soies» L'importation de toute efpece de marchandifes de Soie dans les Etats de 1'Amérique n'a jamais égalé celles des callicos & des toiles peintes, & il n'eft point probable qu'elle la furpaffera par la fuite. 11 n'y a qu'une ttés-petite partie des habitans des Etats de 1'Amérique qui ayent le moyen de porter des Soies cheres. Les hommes en portent  C »73 ) tent très-peit; les uns s'en font des velles; des culotes & des bas, & les femmes préferent en général une perfe, ou un callico, a une étoffe de Soie ordinaire. Il ri'eft point probable que les étoffes de foie miace fe porteront généra. lement dans les Etats de 1'Amérique; la France ni aucun autre pays ne jouira jamais de toute cette branche de commerce ou même d'une partie principale, avec les Etats de 1'Amériqne , mais elle fera diviféa entre 1'Efpagne la France, & 1'Angleterre. La confommation qui fe fait en Amérique de cravates noires, dentelle noire, & motichoirs de foie de toute efpece , égale a peu de chofa prés celle de tout autre article en foie. On eavoie eu Amérique a trés-bon compte une grande quantité de cravates & de mouchoirs de foie mince. II y a un premium de 3 fhellings par livre fur 1'exportation des foies & des rubans manufnoturés dans Ia Grande- Brétagne; les bas de foie & toute efpece de foie minces & apparenr.es, peuvent être tirées de la France, & la foie la plusfubflan. tielle & Ia plus durable, de 1'Angleterre. On envoie de 1'Angleterre eu France une grande quantité de la meilleure efpece de bas de foie: tous les bas & étoffes de foie & coton, & de foie & laine, feront plutöt tirés de Manchefter & de Norwich: on pourra peut-être par la fuite élever des fabriques de foiries en Amérique: on dit que les Francois parvinrent a en faire venir dans le pays des Illinois, mais on ne pourra avant longtems s'en fervir dans les manufactures en Amérique. . . Sel da F Europe. Cet article ne pourra que rarement ou même jamais former une cargaifon entiere, excepté pour les pêches, mais il eft avantageux de s'en fervir comme il eft. Les articles de 1'Amérique font lourds; ceux qu'on prend en retour de 1'Europe ne le font point. On tirera indifféremment le fel de la France, de 1'Angleterre & de par-tout oü des vaisfeaux auront befoin de left a leur retour en Amérique & oü l'on peut avoir du fel: Ie fel Anglois eft a meilleur marché que celui de France. II s'en exporte une grande quan. üté de Lisbonne & de St. Ubês, & eft meilleur pour Ie R 5 pois-  C a?4 ) poifïbn; celui de. 1'Angleterre eft meilleur pour le beeuf, & ce'ui des lades Occidentales, pour le lard & le heurre. Avant la guerre, il s'eft importé une quantité confidérable de Tel de Ljverpool en Amérique, & il formoit une branche trés étendue de commerce, fur - tout daas les Pravitiees méridionales t oü on 1'envoyo.it ordinairement dans des faes de quatre boilleaux, ce qui confummoic un grand nombre de Sacs. Tbi SP Marchandifes des Indes Orientales en général. n•*(<•••<» «Q Aiot wNrw tvax »oi amo.titn- La confommation qui s'en fait eft très-confidérable; &z les nations de 1'Europe qui poutront les donner a meilleur compte & d'une meilleure qualité auront la préférence. Quant au Thé, la Hollande en achete une efpece inférieure, & peut vendre è un plus bas prix que 1'Angleterre, mais ce Thé n'étant pas fi bon que celui de ce pays, il aura une part dans ce commerce. Les Etats de 1'Amérique peuvent avoir le poivre des Indes Orientales en Angleterre a meilleur compte que partout ailleurs, & autrefois ils en tiroient une grande quantité de ce royaume. Les porcelaines de la Chine font aportées dans les vaiffeaux Anglois fimplement comme left, & pour élever les Thés de facon qu'ils ne puiflent pas étre-mouillés; 1'Amérique continuera de les tirer de 1'Angleterre. II y a fouvent a Londres des ordres de la Hollande pour la Porcelaine de la Chine; il ne feroit point de 1'intérêt de 1'Auiérique d'aller a Cantou, elle n'a ni articles ni argent a y envoyer. Le SalpJtre & la Potidre * Canon. Reviendront a meilleur compte exportés que fi on les ftifoit en Amérique; 11 refte a favoir oü l'on peut les avoir k meilleur marché. Le Salpêtre des Indes Orientales eft certainement le meilleur. Les tentatives qu'on a faites en Amérique pour cette fabrique ont manqué , la poudre a canon étoit d'un qualité inférieure & ne convenok aucune. ment  ( *75 ) inent pour la guerre Dans le defièin de tromper leurs gens, les Américains ont fouvent etnpli des barils a poudre de fable noir, & les portoient avec leur artillerie; avant la révolte il n'y avoit point de manufnctiire de poudre a canon en Amérique, & cet article ainfi que le Salpêtre formoient une branche confidérable de 1'exportatiou dans ce pays; & les balwans des provinces méridiouales étoient furtout dtlficiles en poudre a canon. La manufacture Angloife fachant ce qui convient aura toujours Ia préférence: chaque habitant de i'Amérique fe fert de plus ou moins de poudre a canon & de dragées; on fe fert de Salpêïre dans chaque familie pour confervet la viande. Toiles de Cambrah. La confommation de cet article eft plus confidérable que celle de la batifte, & il eft encore problématique, dans quel endroit de Ia Flandre, de la France, ou de la Grande-Brétagne on peut en avoir des efpeces communes , a meilleur marché. II s'en fait une grande quantité a St. Quentin, dans différens endroits de cette partie du continent, ainfi qu'en Ècofl'e ; mais les efpeces les plus fines font importées en Angleterre de la France & de Ia Flandre. Fils. II s'en fait confidérablement en Ecofie, en Irlande , & en Angleterre, mais il y aura concurrence du cóté de la Flandre; la perfectlon a laquelle a été portée depuis peu (paniculierement en Ecofie) Ia manufaéture de fils de toute efpece aflürera probablement a Ia Grande-Bretagne la plus grande partie de Ia vente qui fe fait de cet article. Pendant Ia guerre , 1'Angleterre en a envoyé une grande quantité en Hollande & en France, pour étre dela embarqués pour I'Amérique,  C 37° ) Cbanvres. L'Amérique n'a pas de fon propre cru la cinquantieme partie du chanvre qu'elle confomme; elle le tiroit autrefois par la voye de 1'Angleterre & la Hollande, de la mer Baltique. II eft bon de le tordre afin qu'il ne foit pas trop lourd; mais après avoir efluyé cette opération, il eft fujet è fouffrir de grands dommages par la chaleur, è moins qu'on ne le préferve, qu'on ne 1'embarque très-fec dans le vaiflëau, & qu'on ne le conferve dans cet état. Si non , it fera néceffaire de le décharger pour 1'expofer a 1'air, dans un voyage auffi long que celui de la mer Baltique, en Amérique, On pourroit en envoyer non tordus pour former une cargaifon avec d'autres objets lourds, tel que des cordages; mais 1'Amérique a peu d'articles è envoyer dans la iner Baltique, & il feroit difiicile d'y former une cargaifon pour 1'Amérique. Ce continent pourra fuffire a la longue a fa propre confommation, fon fol étant affez bon. II y a entre 1'Ohio & Ie Mifiiflippi plufieurs milliers d'arpens de chanvre naturel: mais il n'eft pas aufli bon que celui qu'on y a planté & cultivé; & la main d'oeuvre eft a un prix fi bas en Ruffie , que le chanvre peut-être envoyé en Amérique h meilleur marché que fi on le recueilloit & Ie travailloit dans ce continent; il en eft de méme pour le cordage. kObjets que la Grande-Bretagne ne peut foutnir avec avantage. Fins. Les vins que confomme. 1'Amérique font la plus part de Madere, Lisbonne, Fajpel, Térénif, & de Cherès; ces vins ont jufqu'a préfent compofé dix-neuf vingtiemes de toute la confommation qui s'en eft jamais faite dans les Etats-Unis de 1'Amérique. L'importation du Porto & du Claret (Bordeaux) a été peu confidérable. Les Américains lirerom doiénavant les vins direftement des pays qui les ptoduifent, & confommeront peut-être plus de vins Francois qu'auirefois; ils n'ont pu jufqu'a.préfem fe les procu- reï  ( 277 5 rer a bon compte par la voie de la Grande-Bretagne,' les Indes Occidentales, Ie Canada, &c. les auront a meilleuï marché des Etats de 1'Amérique; a moins qu'on nefupprime tous les droits fur Ia ré-exportation de 1'Angleterre. Le vin de Madere, de Fayel, &c. eft fujet a un droit de 7 }. ft. par tonneau, lequel pour le vin de Madere monte a 10 pour cent; mais a caufe du prix modique de celui de Fayel, ce même droit monte è 50 pour cent, droit qu'on devroit changer ou fupprimer; autrement les Colonies qui font reftées en pofl'elfion de Ia Grande-Bretagne feront dans une fituation plus déplorable que les Etats de 1'Amérique, & tireroient leur vin par la voie de ces Etats, qui fe chargeroient furement de 1'exportation de cet article. Eaux de Vie. La confommation d'eau de vie dans les Etats de 1'Amérique n'a jamais été confidérable, & ne Ie fera pas, tant qu'on pourra avoir le bon rum des Indes Occidentales pour la moitié du prix, comme on 1'a eu jufqu'a préfent & que les habitans le préféreront; mais l'importation de 1'eau de vie fe fera de la France & de l'Efpagne. Les eaux de vie de ce dernier 'pays ne font pas de fi bonne qualité, & font en général a bien meilleur marché que celles de France; & c'eft pourquoi on en a exporté, pendant plufieurs années, de três-grandes quantités en France: après une fuite de vendanges médiocres, même jufqu'a 10, 15 & 20,000 pi« pes, y compris ce qui étoit envoyé a Dunkerque, & autres endroits de la Flandre, pour 1'ufage des contrebandiers Anglois; mais lorfque la vendange eft bonne en France, la quanti'é qu'on tire de l'Efpagne eft peu confidérable, & il eft des années oü 3 peine on en fait venir. II ne fe fait point en Portugal plus d'eau de vie qu'il n'en faut pour Ia confommation du pays, & pour mêler avec fes vins. On fait en Amétique de 1'eau de vie de péches, mais elle eft rare; on en fait aufli de mauvaife avec des pommes & de la dreche; mais on préfere le rum de Ia Nouvelle-Angleterre même aux eaux de vie de 1'Amérique. Eau  C *7?> ) Eau de Genévre. Ofi demande moins de cet article qne d'eau do vie, cV il fera importé de Ia Hollande; on pourra bientót le faire en Amérique, étant fait de feigle diftiié. Les terres öpuifées, qui ne portent plus de froment ni de bied de fInde, peuvent produire cette graine. Huile , Raijltis Secs, Figues, Olives S? autres Fruiis.'. L'importation qui n'en eft point confidérable, s'en fen en grande partie de 1'Italie., de l'Efpagne & du Portugal , d'ou on les paflbit en contrebande, principalement avant la guerre. Batiftes. La confommation de cet article dans les Etats de 1'Amérique * eft pen confidérable ; on peut 1'avoir a meilleur compte de la France & de la Flandre. Prefque tous les articles de 1'Europe que les Etats de 1'Amérique importent font compris fons les titres principaux ci-deflus; les quatre cinquiemes au moins ont toujours été fournis i crédit. Les Etats de 1'Amérique out plus befoin de crédit ii-préfent qu'autrefois. On ne pent 1'obtenir qri'erï Angleterre. Les Francois qui leur ont fait crédit, ont tous fait banqueroute ; les négociants Francois ne peuvent en général donner beaucoup de crédit, plufieurs grandes maifons dé commerce de la France fe font ruinées de cette ma» niere. Les Hollandois fe font rarement fiés aux Américains, & ne s'y fieront point; ceux qui leur ont donné du crédit ont fait banqueroute ; ils ne font ordinairement crédit, qu'avec les plus grandes füretés. D'après cette circonftance & 1'expofé des importaticms, il eft donc détnontré dans quels canaux doit néceifaireinent s'épencber le com. merce des Etats de 1'Amérique, & que prés des quatre cinquiemes de leurs importations fe feront direclement de la Gtande-Bretagne. La oü les articles font a-peu-près an même prix, le crédit fupérieur qu'accorde 1'Angleterre fera toujours donner la préférence ; & il eft probable, que plu-  pïufieurs articles étrangers iront comme autrefois p« la voie de 1'Angleterre en Amérique, a caufe des difficultés que rencontreroit Ie négociant Arnéricain, pour aller dans toutes les parties du monde former une cargaifon. . Ainfi que nous 1'avioös promis dans notre politique No, 142 , nous avons donné en entier 1'Effai fur le commerce de 1'Europe avec 1'Amérique tel qu'il a été publié en Angleterre. En le parcourant , nos leéteurs auront , fans doute comme nous, remarqué que 1'Ecrivain Anglois, loin d'être exaft & impartial dans fes comparaifons & dans la maniere d'apprécier les articles mercantiles dont il parle, a été tellenrent féduit par 1'orgueil national, ou , fi ron veut, par le zele du patriotisme, qu'il a vu tout en bien pour fon pays & presque tout en mal pour les nations qui oferont entrer en concurrence avec les Anglois relativement au commerce avec 1'Amérique. S'il faut en croire cet Écrivain prévenu, les Américains ayant plus befoin de crédit que jamais , ils n'en peuvïnt avoir déformais qu'en Angleterre, paree que les Francois qui leur en ont fait, ont tous fait banqueroute, ainfi que les Hollandois malgré leur méfiance: ni les uns ni les autres, ditil, ne peuvent fournir a 1'Amérique ce qui lui eft nécesfaire , k auffi bon compte , ni a un crédir auffi long que les fabricans Anglois , avantages qui engageront toujours les Américains a leur donner la préférence. Voila un langage qui eft bien dans le caraétere Anglois: nous doutons que nos Commercans en foient dupes; car, avec unpeude réflexion'l'on voit aifément que la plupart des idéés de 1'Auteur portent fur des chimères, & fur des faits d'une fauffeté palpable ; nous n'en citerons que ce qu'il dit a 1'égard des Hollandois. Oh a t-il vu que tous ceux qui ont fait des avances aux Américains ont été obligés de faire banqueroute ?  ( 28© ) ?eute? Nous ne connoiflbns aucune maifon qui aïc éprouvé ce défafire; il en eft plulïeurs au contraire qui déja fe trouvent très-bien de leur commerce avec 1'Amérique & qui contïnuent a le faire avec autant de confiance & de fureté que les An. glois eux-mêmes pourront fe fiatter de le faire. Ces feuilles périodiques paraifTent régulierement tóus les Lundis a Amfterdam, chez J. A. Crajenfcbot; d Haar* km, chez Walree; d Leide, chez Luzac & van Damme , & Les Freres Murray ; d la Haye , chez J. van Cleef, Detune, vanDrecbt & LaFeuve Staalman; a Gouda, chez Fan derKlos; d Rotterdam, chez Bennet &Hake & D. Fis ; d Dordrecht, ckez Blutfé; d Deventer, chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzt'ngb; dNimegue, chez Fan Goor; d Arnhem, chezTroost} aBois-leDuc, chez y. H. Pallier , dHambourg, chez J. G. Firtbaux & chez les principaux Libraires des Bays-Bas.  L E POLITIQUE N°. CXLIX. LUNDI, ce ,5 DÉCEMBRE, I?83. Èntretien dun Anglois £f d'un Suêdois. La révolution de Ia Suede n'avoit pas encore eu lieu , & 1'Amérique feptentrionate gémiflbic encore fous le joug Britannique, lorsqu'un Anglois & un Suédois , d'un mérite rare , qui 1'un & 1 autre, s'étoient diftingués dans les affemblées de leur nation fe rencontrerent è Paris: 1'eflime qu'ils coucurent 1'un pour 1'autre, s'étant rencontré, les unit par la plus étroite amitié: ils s'entretenoient fouvent de leur gouvernement, de leurs loix, des partis qui divifent leurs nations, de 1'équilibre de 1'Europe, des forces des principalespuiiTances, de leurs Tome VI. S ri-  C 2g2 ) richeffes , de leurs reffources , des traités qui les uniflent: & quoiqu'ils ne fuflent jamais d'accord fur la légiflation de leur pays,ils aimo:enc tropfinccrement la yérké, pour ne pas fe rechercher. L'Anglois, tvès-prévenu comme l'on fait, nedoutoit point de la profonde figeffe tics loix Angloifes & ne vouloit point d'autre bonheur que celui auquel fes patriotes afpirent ; le Suêdois , plus difficile a contenter & plein des idéés des anciens philofophes fur 1'art de régler une république croyoit tous les état? dont nous admirons la fageffe, prodigieufement é'.oignés des principes d'une fage politique. Nous nous trompons, difoit-il fouvent a i'Anglois. Je crains que nous ne foyons accoutumés a prendre nos préjugés & nos erreurs pour autact de vérités. Ils en étoient lè , lors que les nouvelles qui vinrent de la Suede les engagerent dans une converlation encore plus férieulé. Quelle lenteur dans les opérations de votre diete, dit 1'Anglois au Suédois, & quand commencera.t'elle a agir d'une maniere digne de 1'éclat avec lequel elle a été convoquée? Vos compatriotes ne veulent donc pas fortir de ce cerclc ctroit de mmutles dans lequel ils fon: renfermés? Vous favez combien je m'intéreffe a la gloire & aux fuccès d'un peuple qui a été affez courageux pour rompre fa chaine & fe reodre libre; mais <:nfin, il devroit profiter de fa liberté pour fe rendre hcureux. II y a quarante ans que vous ave/, réformé votre conflitution, & la Suede n'eft pas fiorisfante. Des b.mqueroutcs multipliées , les finances rumées, le commerce anéanti, la confiance perdue, tous les reflbrts de 1'adminiftration dérangés, vous ont forcés a convoquer une diete extraordinaire; elle eft affemblée, on raifonne, on agit, '66 veut réparer les maux dont tout le monde fe plaint, & perfonne ne voit que ces maux font le fruit de votre pauvreté. Voila les fuites de vos loix fomptuai. res dont vous vous êtes entêtés mal-3-propos , & owi ne lont piopres qu'a éiouftér votre induftrie. Je vous  C 2«3 ) Voüs Ie prédis: fi vous ne corrigez pas vos loix, vous n'adopcez pas des maximes oppofées a vos maximes placoniciennes , vous manquerez toujours des manufacfures qui vous font néceffaires: vos campagnes défertes languiront fans culture, & la fecoufle portée aux fortunes des particuliers ébranlera votre gouvernement. Le fingulier projet. continua-t-il, de vouioir vous réduire aux producfions de votre climat; &, pour vous rendre heureux, de profcrire impitoyablement les arts , le commerce & 1'induftrie, tandis que toute 1'hurope vous an. prend que !e^ Etats leur doivent leur profpérité: paffe encore fi la nature, moins maiatie a votre égard , vous prodiguoit des bienfaits qu'elle eüt refufés au refte du monde; nous ferions dans la néceflité de reeourir a vous, & vos fautes ne vous porteroient qu'un préjudice médiocre. Vos triftea réformateurs, qui ne connoiffent pas Jes hommes, fe font conduits par je ne fais quel'es idees, qui, peut-é:re. pouvoient convenir autrefois a quelcue petits peuples de la Grece , qui n'avoient qu'un nourg & les champs néceffaires pour ies nourrir avec beaucoup de fragalité; maif. Ceft bien Ia peine de defircr un parérl bonheur: qu'il feroit infipjde éi faftidieux! Pour peu que cette politique bizarre fafle de prog ès parmi vous , je m'attends a voir bientót vos JauVages fénateurs tirer la charue. Quand propoferez-vous une récompenfe pour la délicieufo invention du brouet noir? II faudra porter uns !oi qui ordonne de le trouver excellent, isavez vous qu'avce vos groffes monnoyes de cuivre, & votre dégcflt pour 1'argent on pourroit déjè vous comparer avec les vénérables Spartiates? Mais je ne veux pas faire de m-iuvaifes pi ifantefies, & vous favez ombien je refpecte une nation jalotifc de fa liberté, féconde et grards hommes, & qui a joué pendant un fiecle, uri róle fi confidérable dans les affaires de 1'Europe Pourqu\bition. Je n'irois po-rtt le cherchcr danp des banques ou daas des magszins. de rwMchanéffea érrangeres, puisque je tics qu'on. le trouve parmi les privations qui vous paroisfent les plus dures. J'en appeïle aux Spardates, a oui les Suédois feroient trop heureux de resfem'blev. Fiers de leur pauvreté , de leur tem. péranee , de leur frugalité ft de leur coarage, ils étoient heureux , paree qu'ils: étoient juftes, & re craignoient rien. lis regardoien. en pitié les autres peuples de ra Grece. Ils croyoient voir des enfans a qui ii falloh fans celle des jouets pour s'amufer & qui fe fitiguoreat mu>tüement a la pourfuite de je ne fais quel bonheur , qu'ils ne pouvoient atteindre. Le philo» fophe , qui , entrant dans le palais d'un riche vo'uptueux , s'écria : que de chofes dont je n'ai pas befoin ! n'étoit il pas plus prés du bonheur que le poffefïeur de ces infipides & raffasiantes fuperfluités ? Pourquoi donc , Monfieur , vous donncz vous la peine de plaindre un peuple qui auroit la fageffe de ce philofophe. Ne foupconnez-vous point qu'il feroit étrange, ou plutót qu'il eft impoffible que la nature ait attaché le bonheur des nations a ce qui feroit le malheur des particuliers ? S'il étoit plus doux pour les Suédois de fe contenter de leur mé■diocrité, que de fe tourmenter pour faire fortune , j'en conclurois que la Suede eft moins a. plaind'e que 1'Angleterre. On peut plaifanter fur nos monooves de cuivre & notre pauvreté; nos auftéres réformateurs font gens de bonne compagnie , & ont affez de fageffe pour ne pas trouver mauvais qu'on eu ait moins qu'eux. Enfin, Mmfieur, vous'faites beaucoup valoir vos forces, vos reffources & votre puiffance; mais je ne me réfoudrai i\ faire quelque cas de. qfi flue vous appelez jouer un grand rê!e dans S 4 les  C 288 3 les tracafferies de 1'Europe , fe faire redouter, étendre fes domaines, & fonder un grand empire fur les ruines de fes voifins, que quand vous maurez proiavé que 1'auteur de la nature, 3ui paroit aimer les hommes, les a cependant eftinés k fe hai'r , k fe tromper , k fe déchirer mutuellement. Pour vous dire ma penfée en deux mots, je fuis convaincu qu'il n'y a de bonne politique & de bonnes lois dans une Société, qu'autant qu'elle fe conforme aux in. tentions de la Providence , qui, certainement, n'a pas attaché le bonheur aux injuftjces de 1'ambition & de 1'avarice. Tèchons donc de connoitre ces intentions, au lieu de nous étudier è contenter nos paffions. LET-  C 289 ) LETTRE au Politique Hollandois écrite d'Anvers le 26 Novembre 1783. Monsieur, En réprefentant dans un devos No. les colons des deux Indes, gémiffant fous un mauvais gouvernement , vous avez traité un fujet qui m'intéreffoit d'autant plus que j'ai été moi-même partie fouffrante pour avoir habité pendant plufieurs années une des principales colonies de votre république. Cependant, quoiqu'en effet le fort des Colons foit affez trifte & que ce ne foit pas a tort qu'ils réclament la juftice du fouverain, il eft une autre dafje d'hommes dans ce pays lointain infiniment plus malheurcufe, dont vous ne faites nullement mention; ce font les efclaves dont j'entends parler, qui font au moins les trois quarts des habitans de la majeure partie des colonies Bataves en Amérique ; c'eft cette claffe d'hommes qu'on peut dire véritablement régie avec une verge de fer par des maïtres impitoyables, qui les ont tellement endurcis aux chatimens , qu'ils n'en peuvent obtenir de fervice qu'en les traitant avec la derniere rigueur. C'eft furtout dans le tems de la cueillete du caffé , & de la coupe des canes è fucre, qu'on entend de toutes parts des hurlemens affreux arrachés par les coups de fouet qui déchirent ces malheureufes créatures. D'une régie ü cruelle & fi mal entendue il eft refulté fouvent des révoltes & trés-communément des défertions qui ont infenfiblemenc formé des peuS 5 pla-  C 29o ) plades redoufables, furtout dans les forêts de ia Guianne, peuplades qui jadis ont été préjudiciables aux colonies voifines, & qui problablement le feront bien plus encore dans la fuite lorfque ces negres devenus libres jugeront a propos de rompre la paix qu'on a faite avec eux. D'oh vient que chez les Efpagnols & les Francois on ne voit que trés rarement les efclaves fe révólter contre la direcfion, & plus rarement encore quitter leurs habitatjons pour s'enfuir dans les bois, quoiqu'ils ne foient guere plus doucement traités que dans les colonies bataves? Tout bien ccnfidéré, je penfe qu'on peut en trouver la raifon dans les principes religieux oh ces efclaves ont été élevés par des miffionnaires. Le gouvernement en les faifant inftruire ainfi, fcavoit très-bien que la re.'jgion ayant été regardée de tout tems comme ia barrière la plus forte k oppofcr aux paffions vicieufes auxquelles toute créature humaine eft fujette, il filioit au moins donner a des hommes qui ne different de nous que par la couleur, & 1'impreffion de fa fervitude, 1'idée d'un Dieu pumfBnt les mauvaifes aétions & récompenfant les bonnes dans une autre vie. Avec cette inftruclion, autant politique que moralc, on eft parvenu, furtout dans les établiffemens Francois, k rendre les efclaves, du moins le plus grand nombre, aulfi attachés a la colonie dont ils dépendent, & k tous leurs autres devoirs, que nos payTans d'Europe peuvent fêtre k leur pays nacal; j'ai vu de ces efclaves inftruits paf des prêtres de la Martiniquc, trantportés dans une colonie Hollandoife, 'fe défolcr de ce qu'ils ne pouvoient pfus pratiquer la religion, difoient-fis, qu'on leur avoit enfeignce; je les ai vus, dis-je, tenir une conduite fi bien'réglée, & fi oppofée k celle dc lems nouveaux compjgmns, qu'on reconnoiffoit aifément que ce n'étoit point envain qu'ils avoient été inftruits L ' , d'u-  d'une maniere convenable. & relative a leur état d'efclave; n'eft il pas naturel, Monfieur, que des efclaves ainfi élevês de bas age ayant une religion commune avec leurs maitres, foient plus porcés au travail & plus doci'cs que des negres abandonnés è différens cultes d'idolatric qui tous tendent, autant que j'ai pu 1c comprendre, a maudire & a détefter leurs maitres; j'ai toujours été étonné, Monfieur, que voste Nation dont la pieté éclairée eft connue de tout le monde, ait négligé de faire inftruire des efclaves dans la religion dominante, a 1'exemple de celles qui s'en font fi bien trouvécs; il eft vrai que plufieurs églifes a batir, & l'ertrctien d'un rombre convenable de mimftres pour les défervir, feroit un objet de dépenfe de plus pour la colonie; mais dès qu'on eft réduit è la néceflité barbare d'avoir des hommes pour efclaves- eft - il dc facrifices qu'on ne doive faire pour fe les attacher par 4es liens qui, en le raprochant de nos opinions & de nos moeurs, ne peuvent que les rendre meilleurs & plus difpofés a 1'obéiflance. Je me fiate Monfieur, que vous ferez de mo" fentiment cc que vous mc ferez 1'honneur de me croire &c.  C 292 ) De la tyrannie & de fes fuites. Prefque tous ceux qui gouvernent les hommes veulent exercer fur eux 1'aucorité la plus illimitée; cependant ils font effrayés des noms de despote & de tyran ; ils ne peuvent fe diffimuler combien ces, titres font odieux. Sous les princes les plus méchans il eft des fujets favoris auffi méchans ou plus méchans qu'eux, qui, partageant avec leurs maftres les fruits de Poppreffion, fouffrent impatiemment qu'on leur donne les noms qui les caraétérifent; 1'adminiftration la plus corrompue trouve & des partifans, & des apologiftes. D'un autre cóté, tout homme méchant croit avoir a fe plaindre du gouvernement qui contient fes paffions, ou qui ne fe prête point a fes vues déréglées; il fe plaint de vivre fous le defpotifme. Bien plus : il eft des hommes qui prodiguent le nom de tyrans aux fouverains les plus' vertueux dés qu'ils n'adoptent point leurs idéés, ou refufent de fe prêter a leurs paffions, k leur fanatifme, a leur es prit d'intolérance, & les empêchent de répandre le trouble dans leurs Etats. L'homme corrompu trouve légitime tout pouvoir qui favorife fes égaremens, -yb. 3ïfi(ii»iw''J r.l 'Vv *q «tè novfi 9ttt3fi nu'up . MONSIEUR, . yjiujcï/rajs nu f.... .• , . . ;:.-iT.:«>-j **t 9Up?t0! Après avoir configné dans votre ouvrage périoj dique le trés - parcial rfLa ftK le commerce de 1'urope avec 1'Amerique feptentrionale, que les Anglois ont publié, vous avez judicieufement obfervé que 1'Auteur de cet écrit patriotique avoit vu tout en bien pour fon pays, & preiqu* tout en mal pour les autres. En effet, fi nous Tome VI. T nous  C J98 ) nous en rapportons h cet obfervateur prévoyant le commerce des Américains doit trouver des avantages mconteftables a fe diriger vers 1'Angleterre de préférence aux Francois, Hollandois &c. qui fe font déja ruinés dans leurs premières tentatives. Voilk une maniere de voir les cboles qui eft , il faut 1'avouer, d'une partialité un peu tropoutrée, mais qu'on pardonnera aifément è 1'Auteur, lors qu'on fera réflexion qu'ayant eu part lui - même au confeil pris au commencement des troubles pour ré» duire les Américains par la force, & que voyant ceix-ci irrévocablement détachés de la mere-patrie . il a cru qu'il étoit elTentiellement politique de donner 1'échange a fes concitoyens fur 1'inquiétante & principale fuite de cette terrible féparation; en conféquence il a t&ché de démontrer par des rapports & des appréciations convenables a fon objet, que le commerce de 1 Angleterre avec 1'Aménque leroit a peu prés le même qu'il étoit, par raport è eux, avant la fatale révolution. On ne peut pas disconvenir que 1'idée de réparer par des confolations flateufes le mal d'un mauvais confeil, & de ranimer Je courage des Bretons humiliés, ne foit autant adroit que louable de la part de ce juge du commerce de 1'Furope; mais ce point de vue Anglois, fi peu agréable pour les nations qui veulent commercer avec les Américains, vient d'être apprécié è fa jefte valeur dans un mémoire tres-bien fait, qui vient de paroitre è Paris, & qu'on alfure avoir été publié par la chambre de commerce de Marfeille; il eft encore fort rare, lorsque je pourrai m'en procurer un exemplaire, j'aurai foin de vous 1'envoyer. Autant qu'on peut en juger après une leéture rapide, je puis vous asfurer d'avance, Monfieur, que 1'impartialité qui y regne le doit rendre précieux a tous nos négocians; car il n'eft pas poffible de jerer un jour plus clair fur notre commerce avec les Treize-Etats - Unis, nos allié* & les vétres: vous en jugerez vons-même par i  ( 299 ) par Pcxtrait que je vais lacher de vous donner des principes de eer écrit, que vous pourrez en attendant inférer dans votre politique, fi vous lejugez k propos. La plupart de nos marchandifes, dit notre auteur patriote font a préfent reconnues en Amérique, fupéiieure*, ou au moins égales a celles d'AnRiet erre. Nos dr.ips.. & furtout les draps fins 1'emportent fur ceux de b Grande-Bretagne; il en efi: de même* des draps de coton, & des toiles peintes. La modidté eomparative de nos foiries, & le goüt de nos modes-, gazes. biondes, rubans, parfums &c. &C., leur alTurent la préférence. Nos baLifies font dans le même cas ; mais nos toiles blanches font d'un prix trop mat), pour entrer en concurrence avec celles d'Irlande. La fayanee, la verrerie, la quincailierie d'Angleterre font des articles oh la Grande Bretagre aura quelque avantagc-, & il ne convient d'en faire des expédiiions que fur des demandes prfcifes Les Américains préferent dans la décoration de leurs appartemens, des glacés ovales de 27 a 30 pouces de hauteur & des tapis de pied de 12 a 15 pieds. C'eft dansce genre qu'il eft a propos de conlulter leur goüt, pour obtenir la concurrence avec l'.mgleterre La bijouterie, les ouvrages d'o/ & dargent, ainfi que les galons, ont réufli en Amérique Nos eaux-de-vie com- mencent a être gofltées par le peuple qui en fait ufage au lieu de punch & de biere, & elles fe vendront toujours avec bénéfice, quand on aura fur les lieux des facteurs intelligens qui les vendront k propos. Enfin, nos vies de Bordeaux obdennent déjtt toute préférence dans les Etats-Unis, & le bas prix de ceux du Languedoc & de la Provence en asfurent un üébit profitable parmi le peuple Américain/ Nos négocians ne doivent point trop haufler leurs faftures, s'ils veulent que les ventes leur foient avantageufes, & mettre plus de foin dans "emballage des marchandifes feches, afin d'éviter une comparaifon facheufe avec la propre té Angloife. T 2 Les  C 300 ) Les maifons folides d'Angleterre rentrent dans Ie commerce de 1'Amérique avec leur ancienne expérience, qui leur donne de grands avantages fur les Francois; ces avantages ne peuvent fe baiancer que par une attention foutenue dans le choix heureux: des cargaifons, la modicité des prix, & 1'intelligence des facteurs placés en Amérique pour faire les ventes ; une derniere confidération, qui milite en faveur des Anglois, c'eft le long crédit qu'ils font aux Américains & qu'il faut imiter, fi nos négocians font jaloux de partager avec eux les avantages du commerce de 1'Amérique feptentrionale ..,. Ce mémoire intérefiant eft terminé. par le tableau des Marchandifes en retour, que peuvent nous donner les differentes provinces djs Etats-Unis, au nord, au centre & au midi. Par cet échantillon vous voyez bien, Monfieur, que 1'Auteur Francois n'a pas donné dans 1'illufion d'un commerce avantageux peur fa nation feule. II a penfé qu'il fuffifoit de 1'éclairer fur fes vrais intéréts pour afiurer fon accroiflement & fa profpérité dans les Etats-Unis de 1'Aménque; impartialité bien oppofée k 1'auteur Anglois, qui n'a pas indiqué, ainfi que vous 1'avezremarqué. une feule branche de commerce avec 1'Amérique, dont la fiipériorité ne doive refter a l'Angleterre* J'ai Phonneur d'être &c.  C 3°i ) Da Bonbeur natioml, fruit de la Liberté. Une nation eft heureufe, Iorfque le plus grand nombre des citoyens jouit du néceffaire comme dans la république Batave; & fa félicité confifte dans féquilibre maintenu par les loix, dans Ia friet é pour fa perfonne & pour fes biens, dans les befoins fatisfaits fans un travail trop pénible; effets heureux qui ne peuvent être les fruits que de la liberté. Le fameux Defcartes, durant fon féjour en Hollande, en avoit fans doute reconnu les avantages puifqu'il écrivit a un de fes amis qui vivoit è la campagne pour 1'engager è venir le trou. ver a Amfterdam. „ Si vous avez, lui dit-il du plaifir „ a voir les fruits croitre clans vos vergers & vous „ promettre 1'abondance, penfez-vous que j'en aie „ moins a voir tous les vaiffeaux qui abordent fur „ mes cótes, m'apporter toutes les productions de „ 1'Europe & des Indes. Dans quels lieux de 1'u„ nivers trouverez-vous plus aifément qu'ici, tout „ ce qui peut intéreilér Ia vanité ou flater le goót? „ Y a-t-il un pays dans le monde, oh l'on foit „ plus libre de penfer, de parler & d'écrire; oh le „ fommcil foit plus tranquille, oh il y ait moins de „ dangers a craindre; ou les loix veiilent mieux fur lescrirnes; oh les empoifonnemens, les trahifons, „ & les calomnies foient moins connues; oh il refte „ enfin plus de traces de 1'heureufe & tranquille in„ nocence de nos peres? fi vous redoutez le froid, un de nos bons poëles vous en garentira mieux „ que vos cheminées; je vous artendsdonc, avec „ une petite provifion d'idées ph,iiofophiques qui vous „ feront peut-être quelque plaifir." Quand un philpfophe de cette trempe loue ainfi un pays oh il fe T 3 trou-  C 302 ) trouve comme étranger, on doit 1'en croire fur fa parole, & ne comn enter fon témoignage qu'en difant: Nous jouiifons encore, Dieu merci, des douceurs d'un pareil gouvernement. Mais levenons au fujet que nous nous fommes premis d'cxamir.er:nous dil'ons donc que Iorfque l'on compare uninftantl'af* peét que préfente une nation libre, telle qu'eft la nótre.^avcc celui que nous nffre un Etat foumis a des maitres abfolus; d'un cóté des campagnes fertiles & cultivées étaleront a nes regardsdestroupeaux nombreux, des cultivateurs fortifiés cc non épui. fés par le travail, entourés d'une familie nombreufe qui refpire la fan té & qui annonce que fes befoins font fatisfaits, On y verra le ncgoce & les manufactures encouragées donner aux villes de 1'acf.ivitc & procurer aux yeux une variété dort 1'ame eft agréablement remuée, 1'opulence répartie donnera aux demeures les plus fimples, un afpeét qui prouve 1'aifance de ceux qui 1'h; bitent: cette aifance n'eft. elle pas furtout t-ès fenfible dès les premiers pas qu'on fait fur le territoires des k tat«Unis des Pays-ltes cn venant de 1'Allemagne! peut-cn s'y méprendre en voyant des villages nombreux dont la propreté des maifons & des rues enchante les voyageurs qui viennent de quitter un pays oü les marqués de la fervitude, de roppreffion, de 1'aviliffement honteux duróturier. contrafte fi fort avec la contenance & J'habillement des artifans & des ouvriers Hollandois. Partout, au contraire, oü le defpotifme exerce fes ravages, onnevoitque des campagnes foiblement cultivées, qui nous offrent le fpeéta'ble hideux d'un laboureur déchamé veilli avant le tems par 1'excès du travail & 1'indigecce. De tendres enfans, voués dès le berceau a la mifere, demandent vainement du Ïain è une mere que le befoin accable elle-même. ,e laboureur que fa cabanne défend a peine contre 1'inclémence des faifons, a la douleur de voir è fes cótés 1 édifice fafiueux de la puiffance qui 1'opprime & de 1'opulence qui s'eft enrichie de fes dépouilles. Des .  C 303 ) Des manufaót.ures uniquemerit confacrées au luxe , ne feront utiles qu'a quelques nommes privilégiés qui ont faudace d'étaier leur iafte au milieu d'un peuple mourant de faim. Ainfi donc nul repos , nulle fureté, nulle faciiité pour le plus grand nombre, dans un pays d'oh le pouvoir arbitraire a banni la liberté. Ce n'eft: que dans les fociétés ou elle regne que l'on trouve de la puiflance , c'eft la feulement qu'exifte une patrie. „ Qu'eft ce donc que la patrie ? dira 1'efclave, dont 1'ame avilie n'eft point accouturnée & „ réfléchir; eft-ce cet amour imbécile du fol qui „ nous a vu naitre ? " Non; c'eft un amour éclairé de nous-mêmes, qui nous fait chérir le gouvernement qui nous protégé , les loix qui nous alfurent notre perfonne & nos biens, la focieté qui travaille k notre félicité- La liberté feule peut procurer ces avantages; fans elle il ne peut y avoir de patrie ; 1'amour de notre pays n'eft jamais que 1'amour de nous-mêmes. C'tft un figne du bonheur national, lorsque l'on voit un pere vivre en paix au milieu d'une familie k laquelle il infpire dès 1'enfance 1'amour du gouvernement a 1'ombre & fous la procefftion duquel elle vivra fortunée; convaincu lui-même que fes champs ne pourront devenir la proie d'un ravifleur injufte , il accoutumera fes fils è cette fierte male & généreufe que donnent la confiance & t'idée de fureté. Le figne au contraire du malheur national eft quand le cceur d'un pere s'irrite ou fe flétrit è la vue des objets auxquels il a donné le jour; il fe reproche alors leur naiflance, paree qu'il craint que 1'injuftice ne les privé ainfi que lui du fruit de leurs travaux: il tremble que des impóts nouveaux nc rendent vaine fon induftrie; il infpire l'abjeclion, la pufillanimité, la balfeflé, ou une ftupide admiratiou de la grandeur a des êtres nés pour l'efclavage & que la fierté ne rendroit que plus malheureux. Vainement attendrok-oa de 1'éncrgk dans les ames de ces homf 4 mes  C 3*1 ) mes dégradés a leurs prop.es yeux: méprifi* de fes maftres, i'efclave indjgent finit par fe méprifer luj« ipéme. D'ailleurs.; quelle tendreffe 1'efcLve peutil avoir pour une terre maudice, arrqfée de larmes' ameres, foumife a des maftres inhumains, qui en dépouillent. les habitms de tous les biens que la nature leur avoit deftinés Quels 'liens peuvent 1'attacher a des fouverains indolcns ou pervers, qui, occupés uniquement d'eux mêmes & de" leurs pas'. fions, oubliert qu veulent ignorer qu'ils ne font les dépofitaires du pouvoir, que pour rendre leurs fujets heureux. Dans un tel pays 1'amour du maitre peut-ii être autre chofe qu'une impulfion machinale, une habitude peu raifonnée, une démence, véritable, ou peut-être une lache hipocrifie? C'eft; mentir fans pudeur que de dire qu'on aime 'fes tyrans. Les bornes d'un Etat font donc pour les fujets d'un defpote un enclos dans lequel i! renferme un troupeau timide pour y choifir ó fon gré les vi&imes de fa voracité. La il n'eft de bouheur a défendre que pour le maitre & pour ceux aveq quiilen partage le fang & la toifon. Au lieu de courage , de grandeur d'ame, d'ardeur guerriere, on ne peut infpirer a des efclaves maiheureux ou frivoles qu'une ivreffe vnom ntcmée, qu'une impétuofité pasfagere que la rtflexion fera bientöt disparofrre. La fociété. pour être puiffante. demapde k être" défendue par des homnes généreux dont un intérêt Commun réuniffe les forces & les volontés, & que le bien-être attaché a la caufe pubh'que. Ces liens exifteroient-ils pour des hommes qui ne peuvent qu'en tremblmt porter les yeux fur 1'avenir, pour qui tout gouvernement doit-êtrc indifférent, qui, étrargers au - bonheur n'ont rien a perdre au changement. Sans liberté, fans propriété , fans fureté point de bonheur national, point de puiffance véritable, point de forces a /sppofer è un voifin inquiet ou fcmbitie.ux- Qu'eft cc qui peut rendre un peuple ref- ' peéla*  C3°5 ) pe&able, ou !e mettre a couvert contre les ennemis qui 'enourenc? La puiffance d'un Etat dépend du nombre de fes fujets. Ce nombre depend de la facilité de fubfifler, & Je courage dépend de 1'efprit patriotiqte. !'&•> ctnfes ne ie rencoKtrent que lorsqu'un heureux gouvernement fait régner la liberté; mais ia conduite dé la plupart de ceux qui conniandent aux nations n'eft elle pa? bien érrange! Ne fentiront ils jamais que ie fouverain d'un Eet pauvre ne peut pas être riche. cc que perfonne ne peut travailler s'il a les bras hés,, ou s'il n'a pas 1'affirance de jouir en paix du fruit de fon labe .r? Un gouverr nement qui connoit les droits ficréi d= la liberté a. t-il befoin de fecours ? il eft certain d'en tr uver dans les mains de fes fujets: la juftice & la bonnq foi infpn-ent la connunce qui fert de bu« fe au crédit: convaincu que fes chef< n'ont aucun privilege qui |qs auto dé a manquer è Uur engagement, le ci'.oyen opulent .leur confie fans crainte le fupeiflu 4ü fes richeffes-, la foi pubüque, garantie par la vertu pubüque, ne lui eft point fufpe-te; s'il court quelques périls, ce font ceus de la néceflité k qui touc eft foumis. On yoit donc enfin que le bonheur national dépend de la libjrté, fans laquelle il ne peut y avoir ni population, ni agriculture, ni commerce ni crédit, ni confiance; c'eft auffi de ces chofes que dépend la puiffance d'un Ktat, l'inégalité de liberté entrafne l'in;galite dans les forces, des nations. L'expjrience de touj les fiecles nous prouve que les efforts menacans des defpotes les plus terrible* ont été mille fois obugés de céder & la puisfance des peup es qui jouïffoient de plus de liberté. Les armées innombrables de Xerxès font diflipées par une poignée d'Athéoien<, & toites les forces de. l'Efpagne. foucerjues d^s tréfors d'un nouveau monde.lont renii-s inuiiies par les courageux Bataves. Souverains da monde , abjurez donc enfin les principes dellructjurs d'une. politique infenfée : T 5 te»»  ( 3<* ) rcndez a vos fujets une liberté fans laquelle tout Janguit dans un Etat: elle eft ia bafe dé leur félicité A de la vötre: devenez citoyens pour réaner lur des citoyeus : voulez vous commander a des peuples nombreux ? Rendez les vótres heureux ils multiplieront; ils peupleront vos provinces Voulez-vous que 1'abondance fe fixe dans vos Etats? Faites que Ie cultivateur moiffonne pour lui & fa familie le champ qu'il a arrofé de fes fueurs Voulez-vous que des foldats généreux fecondent yos juftes entreprifes, intércffez tous vos fujets a la défenfe de la patrie ; faites qu'ils 1'aiment affez pour répandre leur fang pour elle. Voulez-vous que le commerce, les manufactures, 1'induftrie viennent s'étabhr dans votre empire? Ne fouffrez pas que le traitant & Ie concuftionnaire, les génent ét les découragent. Voulez-vous des fuiets vertueux & tranquilles? Souffrez que la raifon les éclaire fur leurs vrais intéréts, toujours unis aux vótres- Laiikz a des tyrans imbéciles, a des defpotes fans prevoyance, le funefte avanta*e de commander a des hommes ftupides, a des^étres avihs & fans vertu. Songez qu'il n'y a de force réelle que dans un peuple bien uni avec fes maïtres. C'eft une chofe vrai ment remarquable que les deux plus célebres, & les deux plus riches compagnie; commenjantes du monde , fe trouvent en rnéme tems,.. dans un tel état de détreffe, que fi elles ne recevoient pas une affiftance imrnédiate du gouvernement dont elles tiennent leurs odtrois, elles feroicnt probablement obligées de faire 1'une & 1'autre une banqueroute oh des milliers d'individus trouveroient leur miné totale, Voila le réfultat afritgeant de la guerre qu'on vient de terminer' Voila Ie fruit des maffacres , des rapines, des dévaftations, des violences exercées par des forcenés contre la pauvre humanité. Quelles pertes immen- fes  C 307 3 fes cette guerre, auffi injufte que cruelle, ne nous a t elle pas caufés, furtout a notre compagnie des Indes Orientales ? Quel tableau effrayant n'en a-telle pas fait, lorsque dans le mois de juin dernier elle préfenta une requéte aux Etats-Généraux pour en obtecir un fecours de quatorze millions? Auffi après avoir pris connoiffance de la facheufe fituation de fes affaires, a-t on fenti la néceflité indispenfable de la fecourir; mais le comité qui avoit été chargé de cet examen , fit fon rapport aux Etats d'une maniere nullement fatisfaifante pour la compagnie, puisqu'il prétend que fix millions peu. vent fuflire pour fes befoins aótuels, & qu'il propofe en même tems une réforme de cette fociété de commerce, Celle-ci réfute le raport du comité, & elle infifte dans la première demande de 14 millions de fiorins par une lettre qu'elle vient d'adrefler a Leurs Hautes Puiflances. Cette piece eft des plus intéreffantes & mérite que nous en donnions ici la traducfion. H4ÜTS  C 308 ) .«'O'ff Sl ó y.i'i'KtiJj1JURY's H^t/TC <£? PÜISSANS SEIGNEURS! L'AssEMBLéE des Dix-Sept, Repréfentant la Compagnie réunie, des Indes.Orientales, établie par Oftroi dans ce Fays, a, le 3 Juin de cette année, pris fa liberté de fairea. Vos Hautes Puiflances un Éxpofé détaillé de l'état critique oü fe trouvaient les Finances de la Compagnie & de Timpoffibilité complette qu'il y avoit que Ja Compagnie fubflfat, fi elle ne tirait au pluiót de Vos Hautes Puiflances un Secours trés-cdnlidérable d'Argent. Aflurés que cet Expofé a fait fur V. H. P. une impreffioti proportionnée a Timporraucè d'une Affaire qui inté« ïefle fi fon le Pays; les Directeurs & les principaux Participsns aflerroewös ont vu venir avec une attente avide la Réfolution de V. H. P. Les Diredteurs & les principaux Participans aflermeniés," attendraient encore avec refpea cette Réfolution; fi les Circonftances de la Compagnie n'étaient effeétivement vertes a cette extrémité que chaque jour qu'ils laiflent couler, fans en donner aucune connaiflance a V. H. P., les expoferait a une refponfabilité de la plus grande conféquence. C'eft le devoir des Dircfteurs & des principaux Participans aflermentés, devoir juré de la maniere la plus folemneile, qui les foice a repréfenter a V. H. P. que 1'Aflembiée aftucile des Uix-Sept, ayant pris fur elle d'examiner l'état des Caiflls des Chambres différentes, a trotivé qu'elles étiiient tellement épuifées que, fans le Secours de V. H. P., non feulement il eft de toute impoffibilité de farisfaire aux demandes d'Argent faites, foit parle Haut Gouvernement de 1'Inde, foit par les Miniftres du Cap de Bonre-Efpérance de la maniere la plus preffante; mais qu'au premier jour il faudra fufpendre abfolument tout schat d'Effets. tout Équipement, toute Conftmaion de Vaisfeaux, fi 1'interpofition d'uu Secours fi indifpenfable vient è mauquer, Nous  C 3°9 ) Nous n'avons, Hauts & Puissans Sbiöneür s , par notre Mémoire du 3 Juin, fait monter qu'a 14 Millions le Secours dont Ia Compagnie avoit befoin; mais ce que nouS avions dans cette Evaluatiotl jugé néceffaire pour l'Inde pofait alors fur la fuppofitioft que le fufdit Ham Gouvernement pourrait encore trouver une Provifion fuffifante de Deniers, pour remplir ce dont il avait befoin pour fes Remifes particulieres, outre ce qu'il attendait de nous. Mais, Hauts & Puissans Seigneurs, par les Lettres1 qui nous font parvenues depuis du fufdit Gouvernement, i! parait è notre grande douleur, que les Emprunts pour lefquels nous lui avions donné des Pouvoirs & des Ordres, n'avaient pu faire que peu ou rien du tout, paree que la Guerre ayant a peu prés interrompu le cours du Commerce de 1'Inde, les Canaux, qui pouvaient faire couler des Efpeces dans la Caifle de la Compagnie a Batavia,avaient été fermés. C'eft donc pour ces raifons & en conféquence des Arrérages des Demandes antérieures d'Argent, que le Haut Gouvernement a dëmandé par fes précédentes Lettres de la maniere la plus férieufe, Un Secours de 14 Mülions de florins. Cet Argent doit fervir a payer les Produétions achetées' dans Ie Pays, il faire les Remifes néceffaires aux Comptoirs" refpeétifs du dehors, & a défrayer les Charges au CliefIieu, —— tous objets que nous n'avons indiqués quö pour donner a Vos Hautes Puiffmces une idéé jufte de' l'importante de chacun d'eux. V. H. P. conpoivenc b«aucoup mieux que nous ne pourrions 1'exprimer, quelles fuites déplorables il réfulterait pour Ia Compagnie, fi !e Haut Gouvernement, fi les Miniftres 'des divers EtabluTemens de la Compagnie fe trouvaient hors d'état de fournir aux Souverains du Pays les Sommes dbnt la Compagnie Belgique peut leur être redevable, foit pour la Livraifon des Produétions de leur Pays, foit pour d'autres raifous. Ces Princes, ainfi que leurs Sujets,tirant de ces Liviaifons Ie principal, pour ne pas dire le feul moyen de leur Subfiftance, fetaient bientöt dans le cas de devoir né^liger les Engagemens exclufifs qu'ils ont contraétés avec Ia Compagnie Belgique & d'appeler d'autres Nations Européennes, pour leur offrir les Produétions de leur Pays. Le Jugement de V. H. P. eft trop éclairé pour ne pas fentit que ces' Souverains trouveraient promptement des reffources poffi- bles.  C 310 ) bles. Ls Navigation libre dans les Mer9 Orientales, flipulée d'une maniere fi forrxieile dans les Prélimmaires conehis avec la Ccuronne d'Angleterre,pourrait en frayer la route, & la route Ia plus dangereufe, Et qui nous aüurera, Hauts & Püi.sans Seigneurs t que Ia jakufie Ju Commerce de la Cjmpign'e, déja fi fatale, ne faflc encore ce plus grands progtes. En attendaut, V, 11. P. concoivent que ces conféqueuces & d'autres non moins funeflx-s, de la difette d'Elpeces for.nantes ne fasraient être préveuu; s par la reflburce du Papier ou d'sutre Monnaie du befoin. ■ Cette Reffource extréme peut opérer quelque tems dans le Cercle bon.é d'un Commerce entre les Habitans d'un niêr.le Lieu; mais hors de eette fphere 1'efTai n'en réuflirait pas, encore moins dans l'Inde. —— On en relTent déjè les fuhes préjudiciables & dangereufes de la maniere Ia plus grave au Cap de Bonne-Efpérance. La Compagnie, forcée par les Calamités de la Guerre, d'y envoyer des Efpeces des Ports de France, la Difette de Numéraire était 11 grande dans ce Gouvernement, qu'il avait toujours fa'.lu s'y fervir du Papier monnaie, qui fe trouvait a 1'envoi des dernieres Lettres des Miniftres dans ces Pays-la tombé dans un fi grand diferédit, que les Geus de la Compagne ne pouvant vendre leurs produétiuns eu Efpeces d'argent, ne voulaient les céder qu'a des prix esorbitans en Papier monnaie; a la fuite de quoi le prix desGraios avait augmenté d'une maniere inouie; & pour comble de maux, plufieurs de ces Habitans de la"Campagne ne pottaient è vendre au Marché du Bottrg, qu'autant de leurs produétions qu'il leur fallait pour s'y pourvoir des chofes les plus néceffaires. L'Agriculture était pat-ia tombée en décadence dans la Colonie du Cap. La Compagnie s'y trouvait dans le plus grand embarras; & l'on y craignait les plus grands déforares parmi les Colons & les Habitans: Encore n'ofons-nous parler des murmures qui ont déja éclaté, a 1'occafion de la cberté, tant des Vivres que des autres Provifions de néceflité, parmi les Troupes Francaifes Auxiliaires , ainfi que dans Ie Régiment Suiffé de Meuren, au Service de la Compagnie, & prLfcntement en Garnifon au Cap de Bonne-Efpérance. Lorfque le Régiment Francais de Luxembourg, éga>eraent au frvice de la Compagnie, partit de ia pour fe rendre a Ceylon, le Gouvernement fut obligé de donner tout ce qui fe trouvait dans  I C 3ir ) dans laCsiffè, confiftant en cinq mille Ryksdalers, pour payer a ces Militaires les arrénges de leur Soldè: Encore, Hauts & 1'uivians Seignkuh;-, n'aura-'-on pas, avec ce P.yement, é'é moins embarralTé a C;y:cn, atcendu que la Gouvernement de ce Pays-la étaii dans la demiere Difette d'argent. (Quelles conléquencis funeftes n'aurair-oii pus t\ ctaindre a préfent, fi, dans l'Inde & aüleurs dans les E'». bliflemens de la Compagnie, on te trouvait, par ie mui» que d'Efpecas. hors cf état de pav^r aux Serviteurs & autres Employés Subalternes de la Compignia ce qui :eur eft dü, & de leur prociirer en même tems ce dont ils peuvent encore avoir befoin J Cts Perfonnes ne fe verront- elles pas forcées d'abantlonner le Service & le Territoire de Ia Corr.psgnie, & de fe tr?nfplnnter auprès d'autres Nations? Ne trouveront-elles pas dans les Endroits a Ia portée delquels elles font, les appd's les plus flatteurs pour s'y rendre? Ne fe trouveront-elles pas, manque d'art-;ce, & que conféquemment fes Revenus s'y réuuiraienr a ri'-n: Q ,and mêïme, cifonv-nous, la Compagnie aiiimée par l'Amour de 1'Humaniié, fe laifferaii enirsiner fi loin, 1 état délabré de fes Fiiian-.es la reticndrait & fon imi(Tance réeile ferait, a cet égard, taire touies les autres Confidérations. La Suite au No. Prochain.-  L E p TÏfBvnos) Cel sa nO ; "-svc acoioT POLITIQUE »ma>^ swiq^i •.. pidijgsaiu) si« sfbsaï an éirrai * ■ ____ h ti JiO 1 »mo" y| syp tiil . ai* 3 " : gqui ab noti N°. CU. LUNDI, ce 29 DÉCEMBRE 1783, La Compagnie des Indes Orieniales a enrichi la Hollande. 11 y aurait de ïingratitude rjf de IHnjuflü ce de ne pas la fecourir. D'après 1'expofé prefTant & énërgiqueque lacom. pagnie des Indes Orientales, vient de faire de l'état critique de fes affaires générales , dans le fecond mémoire qu'elle a remis è Noffeigneurs les Etats - Généraux, inféré en partie dans notre dernier numero, d'après, difons-nous, la peinture qu'elle fait de fon extréme détreffe, on ne peut pas douter qu'on ne lui donne des fecours fuffifans pour la préferver, ainfi que des milliers d'individus qui en Tome VI, V dé-  C 314 ) dépendent, d'une mine totale, que fes envieux verroient avec plaifir. On ne fauroit difconvenir qu'en accordant les fecours que cette ancienne & illuftre compagnie demande, ce fera faire le plus grand bien poffible a la république, furtout dans les circonftances ou elle fe trouve relativement k la paix faite avec 1'Angleterre, qui n'eft pas encore affez bien cimentée pour s'y repofer. Plus éclairée que jamais fur fes vrais intéréts , cette compignie marchande mettra non-feulement k profit les fecours que 1'Etat lui fournira pour s'affurer, ou défendre fes poffesfions contre fes envieux, mais encore en prenant de nouvelles mefures qui remedieront fans doute aux abus & au pillage de fes agents, foumis jufqu'a préfent a un régime très-fufceptible de réforme, comme tout le monde fait. Nous n'examinerons point s'il eft vrai qu'il feroit plus avantageux pour la nation de fupprimer cette compagnie, afin que le commerce de l'Inde devint libre pour tous los fujets de 1'Etat fous certaines conditions; nous laifferons discuter cette queftion délicate par les maitres de la légiftation Batave, qui fauront bien la réfoudre lorsqu'il en fera tems, toujours en faveur de la chere patrie. En attendant, nous croyons que la plupart de nos leéteurs nous fauront gré de leur donner un abrégé fidele & impartial de 1'origine, des proces & des caufes qui ont conduit cette ayeule de toutes les compagnies marchandes privilégiées de 1'Europe a fa decadence; mais pour donner un plus grand jour au fujet intéreffant qui va nous occuper, il faut fe rapeler que lors qu'en 1584 , Phihppe II eut mis fous le joug le Portugal, il confisqua les effets des Hollandois commergants a Lis bonne & défendit a fes nouveaux fujets toute correfpondance avec eux. Cette démarche peu politique du démon du midi fit prendre la réfolution aux Hollandois d'aller euxmêmes aux Indes en dépit des Portugais, qui étoient alors les feuls pofTeffeurs du commerce des Indes avec 1'Europe, depuis qu'ils avoient découvert eu H9 8  C 3*J ) I4©8 le Cap de Bonne-Efpérance. Ce fut fous I* direétion de Corneille Houtmann qu'ils firent leur première tentative. Cet homme d'un génie hardi & entreprenant, fut choifi par une fociété commercante fous le nom de compagnie des pavs lointains pour conduire quatre vaiffeaux en Afié par le Cap de Bonne-Efperance; en conféquence il fit voile dii Texel en 1595 au mois d'Avril. Les Portugais lui fufciterent bientót des ennemis dans tous les lieux oh il vouiut s'arréter II ent a fe défendre contre les hoililités de divers peuples , prévenus par les Portugais que c'étoit un étranger oui venoit avec de mauvais deffeins contre eux. Son expédition fut donc malheureuf: partout: deforte qu'apiès avoir esfuyé bien des revers, il fut obligé de s'en retourner dans fa patrie , ou il arriva deux ans après fon départ avec trois vaiffeaux feulem- nt; mais il eu. la précaution d'emmener avec lui des Negres, des Chinois, des Malabares & quelques autres Indiens qui avoient une parfajte conno fTance des cótes de 1'inde. D'après la relation de ce navigateur, la compagnie des pays lointains. augmentée de plufieurs membres, concut Je projet d'un etabliffement a Ja a, qui leur donneroit le commerce du poivre, qui les approcheroit des ifles ou croiflènt les épiceries, qui pourroit leur faciliter 1'entrée du Japon , & qui de plus feroit éioigné du centre des puilfances qui domi' noient dans l'Inde: pour exécuter ce hardi projet la compagnie équippa en ijy;. huk vaiffeaux, don' elle donna ie commandement t Van Nek. 11 arriva heureufement dans l'ifle de Java, oh il trouva la nation Portugailé déteftée par les habitans Des combats & des négociations p-oeurerent bientót aux Hollandois un cammerce libre dans l'ifle, d'oh ils firent partir quatre vaiffeaux chargés d'épieeries; Van Nek avec le refie de ft flotte part.it pour les Moluques; on lui appnt è fon arrivée que les nacu. réis du pays avoient chaifé les Portugais de quelques endroiEs, & qu'ils n'attendoient qu'une occafïon V 2 favo-  C 310 ) favorable pour les chalfer des autres; il fit des traités avec les fouverains de ces Ifles, & après y avoir établi plufieurs comptoirs, il revint en Europe chargé de richefl'es. Un fi grand fuccès ne manqua pas d'exciter encore plus l'émulation des intérefles, & de beaucoup d'autres qui n'y avoient aucune part. Aufli fe forma-t-il différentes fociétés dans la plupart dis villes niaritimes & commercantes des Provinces-Unies; mais bientót ces aflbeiations fe nuifirent les unes aux autres : le prix exceflïf oh la fureur d'acheter fit monter les marchandifes dans l'Inde & la néceflité de vendre , occafionnerent des pertes énormes en Europe. Ces inconvéniens joints k l'impuiifance oh fe trouvoient fouvent les particulicrs de réfifter aux forces des Efpagnols qui attaquoient partout oh ils pouvoient leurs vaisfeaux, déterminerent les Etats-Généraux k unir ces différentes compagnies en une feule fous le nom de compagnie des' Grandes-Indes. Telle 'efi: 1'origine de la célebre compagnie commercante qui réclame aujourd'hui les fecours de fes proteóteurs. Voici maintenant quels ont été fes progrès depuis' fon Ocfroi du ao Avril 1602. il fut convenu que la nouvelle compagnie feroit divirée en fix chambres, ou fix départemens: la chambre d'Amfterdam devoit y entrer pour la moitié des frais & des profits; celle de Zélande pourunquart, les chambres de Delft & de Rotterdam, ou de la Meufe, & celle de Hórn & Enkhuyzen , ou de la NordHollande, chacune pour un feizieme. La direction de toutes les chambres devoit étre confiée aux adminiftrateurs qui fe trouvoient alors en fondtion. Leur nombre feroit fixé par la fuite a 20 pour Amfterdam, 11 pour la Zéiande & 7 pour chacune de quatre autres chambres. Chacun des intéreffés devoit fournir a la compagnie un ca- Ïital au moins de 6000 florins, excepté ceux de loom & d'Enkhuyzen, a qui il fut permis de n'y mettre qu'un capital de 3000 florins chacun. L'as fem-  317 ) femblée générale de toutes les chambres fcro:t coiri pofée de dix-fept direcieurs , huit pour Amftei. dam; pour la Zélande quatre; les chambres de la meuië & de laNord-Hollande, chacune deux;&le dix-feptieme feroit nommé alternativement p.ir Ia Zélande , la Meufe & la Nord-Ho!lande. Cette affemblée devoit fe tenir fix ans de fuite a Amfterdam, & puis deux ans en Zélande. Quant aux vaisfeaux, ils devoient rentrer toujours dans les mémes ports d'oh ils feroient partis. II fut permis a chaque habitant de ces provinces de prendre part h cette compagnie dans un certain tems fixé. Par fon octroi, la compagnie fut autorifée a faire la guerre & la paix avec les puiflances indiennes, mais au nom des Etats-Généraux ou du Souverain des ProvincesUnies, & n'on pas en fon propre nom. II lui fut permis de même, de batir des fortereffes, dc lever des foldats , & de donner des patentes d'officicr, mais a condition que les foldats & les officiers prêteroient ferment a 1'Etat & a'la compagnie. Les Etats fe font engagés a ne fe fervir des vaiffeaux, de 1'artillerie, ou des autres effets de la compagnie pour le fervice de la république, que du confentement de la méme compagnie ; 1'amirauté percevroit fes droits fur les prifes que les vaifl'eaux de la compagnie feroient fur les ennemis; les direcfeurs ne pourroient être inquiétés ni perfonnellement, ni dans leurs biens pour les dettes de la compagnie; les généraux que rameneroient les flottes de la compagnie feroient obligés d'informer les Etats de la fituation des affaires de la compagnie dans les Indes. Cet oerroi devoit durer vingt-un ans pendant lesqucls nul Hollandois n'auroit la liberté de naviguer aux Indes par le Cap de Bonne Efperance, oh le détroit de Magellan. On évalue communément le premier capital de cette compagnie a fix millions & fept eens mille florins. Ce fonds, quoique médiocre, étoit fuffifant, paree que le commerce étoit alors extrêmement lucratif, puisque le bénéfice furpaffoit V 3 de  I 3i8 ) de beaucoup, tous les frais qu'il falloit faire pour réquipemerJt dc» vaiiTeaux, ia conflruftion de.forts, dos maifons &des magazins, cc 1'entretien des troupes & des macelots. Cette compagnie, fans exemple dans 1'antiquité, & le modele de toutes' celles qui font fuivie, fit partir pour les Indes auffjtör après fon établiflement', une flotte de quatorze vaiffeaux, fous les ordres de I'Amiral Weybra'nd van Warayk-, & un an après cette flotte fut fuivie par treize autres vaisfeaux commandés par Etienne van de Hagen.- L'équiptmrnt de ces' deux flottes monta a deux milliors deux eens mille florins ; avec elles on enleya en 1/05 aux Portugais l'ifle d'Ambome & les autres Ifles Moluques; conquête d'autant plus précieufe ppur la compagnie, qu'en lui d nnant le commerce exclufif des épiceries, elle'lui alfura un rèsgrand avantage dans'celui d'Europe, ainfi que dans les Indes mêmes cii les épiceru.;. Üorjfnétft une grande fupén'orité fur les autres nations pour s'yprocurer les cargaifonsnour 1'Europe. Knióic; la compagnie s'empara du fort de Jacatra, dans l'ifle de Java; lur les ruines de ce fort fut bientót élèvée la ceiebre ville de Batavia, dèvérïüê la capitale de 1'empire de 'la compagnie dans ies Indes. L'ifle de Java peut avoir trois cents lieues dc tour; elle eft partagee entre plufieurs Souverains , que Ia compagnie a peu k peu affoihlis & humihVs, au point qu'actucüement ils font tous foumis 'comme des vasfea'Jx a fqn empire. L'empereur de Java, qui, Suirefois donnoit la loi a toute l'ifle, n'eft lui-mêxnc qüe le premier efclave de la compagnie ou plfirót du miniftère établi a' Batavia; il eft obligé, comme les autres rois de cette ifle, de livrer k la compagnie fes denrtes au taux qu'elle méme y met. Le lcdtcur fe rape'lera que nous n'avons promis qu'un abrégé de 1'hiftoire de cette compagnie, pu'ïl n'eft pas poffibie de la fuivra dans couses fei CQ^-  C 310 ) conquêtes, dont le Cap de Bonne-Efperance fut une des pripcipales; il nous fuffir; pour le moment de lui dire 'que cette compagnie enleva aux Portugais, dans moins de cinquante ans, plus de trois eens vaiffeaux chargés des dépouilles de l'Aüe; quantité de fortcrefles importantes, munies d'une nombreufe artillerie , remplies des provifions que 1'Etat & les particuliers y avoient ralTemblées: outre tous ces avantages , elle eut le bonheur fingulier que les agens & les officiers, qui faifoient toutes ces entreprifes par avidité du gain , étoient eux.mêmes fi peu avares qu'ils ne détournoient rien des tréfors qu'ils prenoient fur les ennemis, ni des richeffes amaffées par le commerce qu'ils faifoient pendant leur féjour dans l'Inde. Leurs fucceffeurs ne les ont pas imités, ainfi qu'on pourra en juger li l'on confulte les auteurs qui ont écrit fur Pinde: nous en dirons quelque chofe lors que nous donnerons la fuite de cet abrégé. V 4  C3ao > La liüérté efi la bafe de la vertu, fans laquelle point de bonheur réel. '"'ril'' ' ,' '. LX '• ■ " IJans notre dermcr politique nous avons taché de prouver è nos leóteurs qu'il n'eft point de bonheur national, ni de puiffance ftable, fans liberté; il nous refte a démontrer par les mêmes principes fur lesquels nous avons ctabli nos preuves, que fans Ia liberté, point de vertu; car fi,comme on n'en peut douter, la vertu ne confifte que dans 1'utilité .gênérale de la fociété; il ne peuty avoir de vertu véritable fans liberté puisqu'un efclave ne peut-être htïi le qu'a fes tyrans. Ce n'eft que dans une nation li. bre que l'on peut rencontrer 1'amour du bien pubhc, le defir d'être utile a tous, I'enthoufiafme de 1 honneur véritable toujours fondé fur la vertu. Des ames vraiment nobles font fenfibles au plaifir d'exciter la reconnoiffance,de mériter 1'eftime, 1'amour, les applaudiffemens finceres de leurs concitoyens, qui ne les doivent qu'è ceux qui s'occupent de leur bien-être. Voila ce qui chez nos braves ancêtres donna naiflance k cette pafiion pour la patrie, que les efclaves du tyran Philippe II, regardoient comme une chimère, ou comme un accès de folie fans conféquence. Ce fut cependant cette pafiion généreufe, jnfpirée par 1'exemple & 1'éducation, allumée par le defir de la gloire, entretenue par la veneration du peuple, qui remplit la rémiblique Batave, bientót après qu'el e fut forméé, de tant de vaillans hommes, de citoyens biemfaifans, & de martyrs de la liberté. Il eft des peuples qui femblent formés pour la liberté, & d'autres pour 1'efclavage; lorsque les nations font habituées au joug qu'elles fupportent depuis longtems & qu'on leur fait  C 3-t ) fait appercevoir les droits de l'homme violós par le pouvoir arbitraire , ces nations res° femblent a des prifonniers accoutumés aux ténebres ; 1'éclat du jour les incommode, lors qu'on les préfente fubitement a la Jumiere: la liberté eft un bien trop important pour être confié a des êtres qui n'en connoilfent pas le prix; entre leurs mains elle deviendroit funefte par 1'abus qu'ils en feroient, ou elle ne tarderoit pas a fe perdre par le peu de foin qu'ils auroiènt de la conferver. Pour bien fentir le prix dc la liberté, il faut avoir Padie élevée ; pour Tacquérir , il faut du courage ; pour la défendre, il faut favoir tout lui facrifïer; l'homme opulent , le courtifan s les grands font partout dispofés h la fervitude. Les befoins imaginaire* & les vices multipliés des êtres dépravés par le luxe , les mettent dans la dépendance d'un maitre qui peut les enrichir, ou exciter les defirs de leur vanité. Le riche tombe bientót dans une apathie totale; il ne penfe qu'a jouir, fans s'occjper de 1'avenir. Les grands, ambitieux ouvains, ne font jamais contents; ils demandent fans celfa cc dépendent toujours. — Comment trouveroiton la grandeur d'ame, 1'amour de la liberté , des fentimens éievés, des vertus dans des hommes cupides, lêchcment profternés devant les diftributeurs des graces? La vertu feroit pour un courtifan avide & vain, le facrifice douloureux de tout ce qu'il defire , elle ne préfenteroit a fes yeux qu'un vain nom, un grand mot, un objet ridicule ou haïffable. Ainfi la vertu n'eft pas faite pour réufiir auprès des despotes & des tyrans. L'amour des richeffes engourdit les natiohs & les livre a la fervitude; 1'homme le plus libre eft celui qui a le moins de befoins: les befoins qui ne font pas dans la nature rétréciffent l'ame & la dégradent. Pour être vraiment libre , il faut ne dépendre que des loix ; la liberté n'eft faite que pour des CQsurs fertnes & généreux. ; Le Sybarite n'en V 5 con-  C 322 ) connoft pas le prix , Pavare lui préfere 1'argent, 1'homme corrompu la vendia pour acquérir de quoi fournir a fes déréglemens. Dans un pays libre la nation eft comptée pour quelque chofe: la feulement on connoit 1'efprit public, ou 1'ambition de plaire a fes concitoyens; on eft fenlibic au plaifir de leur être utile; oneft jaloux d'obtenir leur eilime , que l'on a intérêt de rnériter. C'eft alors que la focieté devient 1'objet de 1'attention de fes chefs; k leur exemple les citoyens les plus diftingucs par leurs richeffes ou leurs places , s'efforcent de lui plaire. Mais dans un pays foumis au pouvoir abfolu, quels motifs pourroient engager le Monarque, les grands, ou les riches a s'occuper d'un public méprifé, qu'ils jugent indigne de leurs foins, qu'ils nc connoilfent que pour 1'opprimer, & dont le bien-être leur eft parfaitement indifférent? S'il s'éleve quelque monument public, ce n'eft que pour flatter la vanité du maitre; fi l'on batit des édifices fomptueux, ce n'eft que pour infulrer a la mifere de la nation qui fe voit forcée de contribuer au fafte de ceux qui la dévorent. Si par hazard il fe fait quelques établiffemens, ce ne font que de vains tro» phées que la fierté du Monarque s'érige aux dé. pens de fon peuple. Les monumens les plus inutiles & les plus ruineux, abforbeut communément fon attention & fes tréfors , & deviennent les objets de 1'admiration ftupide d'une nation fervile asfez peu fenfée pour tirer gloire de ce qui ne fert qu'a lui retracer les malheurs de fes peres, cauiés par 1'orgueil des rois. Nous 1'avons déjl dit, & nous le répétons encore : quoique tous les hommes dcfircnc la liberté , le plus grand nombre des peuples de ia ter, re gémit dans les fiers de 1'efclavage. En effet, prelque partout la fociété eft facrifiée aux paffions de quelque3 individus , & il eft trés peu de con- tré«  ( 32.3 ) trées fur la terre oü le citoyen puiffe dire: „ Je „ fuis maitre de ma perfonne; je puis dispofer de mes biens; nulle force ne peut me ravir les fruits „ de mon induftrie ; nulle puiflance ne peut me „ priver des biens que la nature a mis en com,, mun pour fes enfans." Dans les pays méme qui joui'i)enc de la plus grande liberté, ii eft pour les citoyens un infinité de lkns introduits par les befoins d'un gouvernement avide ou neceifi. teux, qui les gênent fur les moyens les pius légitimes & les plus naturels de "travailler a leur bonheur; il eft mille vex-tions que l'habitude, le préjugé & 1'opinion ont ïvndues prelqum: • libles : les loix, le.-, ufages , les coutumes , les fuperftitions des peuples, fouvent en contradiétion avec le bien public, foumettent encore les hommes qui fe croient les plus libres, a mille vexations dont ils fe plaignent fans en ehercher les remedes : ils les trouveroient ces remedes dans la rai'bn, s'ils daignoient plutót la confulter, que des ufages antiques, des coutumes fouvent nuifibles , des loix furannées , des titres mal digcrés qui prefqu'en tout pays tyrannifent encqre les nations les plus éclairées & les plus jaJpufcs de leur liberté- De ce que la vraie liberté n'eft pas encore connue , n'en concluons pas cependant qu'elle n'eit qu'une chimère; c'eft a la politique de plus en plus perfeftionnée par 1'txpérience, par la connaifl'ance de 1'interêt des nations, a en montrer Ie prix, a la faire chérir; La faine morale ,- la vertu font fes compagnes fidelcs. Elles nous font un devoir de crier fans ceffe a nos concitp^ens que leur bienêtre augmentera d:ms la même progreflion que leurs lumier-es, leur raifön cc leur liberté. Heureufe liberté ! objet chéri de tous les cceurs généreux! fil Ie de lequité & des loixl viens fix er* a jamais ta demeure chez un peuple qui. a com,* battu  ( 3=4 3 battu pendant quatre-vingts ans pour t'acquérir; ranime dans nos ames ce feu dont tu brülas jadis nos braves ancêtres; que les noms refpectables de ceux qui ont banni de nos provinces 1'affreux despotifme, excitent encore notre vénéTation la plus tendre: forme au milieu de nous des hommes qui leur reffemblent; que 1'efclave avili rougifle de fes fers; que le cceur du citoyen s'échauffe & treffaille a ta voix : infpire le fage qui médite, donne-lui ie courage de réclamer fes droits. Anime le guerrier de cette noble ardeur qu'il doit a fa patrie Sc non a fes opprefleurs ; fois dans la bouche & dans le cceur de nos magiftrats, afin qu'ils défendent tes droits contre tes ennemis qui voudroient les anéantir : enfin , que la raifon , fubjuguant les préjugés des fouverains qui te perfccutent, leur montre que fans toi , les états ne peuvent être ni puiflans, ni fortunés; que fans toi leur pouvoir ne peut-être établi fur une bafe inébranlable! 'Suite de la Lettre de t" Affemblée des Dix-Sept de la Cont' pagnie des Indes Orientales aux Etats - gcnóraux, pour infifterfur un fecours de quatorze millions. - Nous croyons ferraement que cette Remarque nous difculpera aux yeux de V. H. P., comme finous étions troptiedes, trop indifférens fur leSort de tant de Perfonnes qui, parlafufper.lion des Affaires ordinaires de la Compagnie, feraient pion» gées dans la fituation la plus déplorable. Nous ratteltons devan t V. H. P., nous 1'atteftons devant Celui qui fonde les cceurs, que les nfltres font pénétrés des fentimens les plus douloureux fur les fuites funeftes & affreufes, qui s'offrent a la vue dequi' conque obfervé avec !a moindre attentiou, d'un cóté, l'état des Finances embairaffé & faute de fecours abfolument défefpéré de la Compagnie, & de 1'autre cóté, ces milliers de Per. fon.  C 325 ) fonnes, auxquellas Ia Compagnie, & Ia Compagnie feule, procure Ia fubfifiance: Nous 1'atteftons de ia maniere la plus iblemnelle, que ces Confidérations font un poids énorme fur nos Ames; que cette circonftance, que la faifon aéluelle, que tout concourt a les remplir d'anxiété. Perfonne ne reflent plus que nous, tout ce que la fimple confidération de ces circonftances facheufes coutient d'aggravant. Non» favons fort bien que les fuires de cette InacVivité, oü ia Compagnie, fans le fecours de V. H. P., fera bientót condamnée, ne réjailliront pas uniquement fur une partie des Citoyens & Habitans d'une Ville feule: Nous fommes intime» ment convaincus que css coups frapperont des Villes entieres de cette Province, auffi bien que d'une autre; que Ia chüte de la Compagnie entraïnera auffi Ia ruïne de ces mêmes Villes, & que les effets de cette Cataftropbe fi redoutée fe feront reffentir très-vivement dans toute 1'étendue de Ia République. Mais avec tout cela Perfonne ne nous blamera de ce qu'abandonnant cette Eftjuifle imparfaite, nous ne tracons pas un Tableau achevé de tous les objets triftes & facheux, que nous envifageons dans cela. II faut que nous élevions ?£tuellement 1'attention de V. H. P. fur cette Partie plus précieufe des opérations du Commerce de la Compagnie, dont 1'influence profpere fe répand non-feulement fur cette partie de nos Concitoyens qui exercent des Métiers & des Tralies, mais qui, s'étendant encore fur d'autres Pays, même fur d'autres Parties de 1'Univers, forment une chalne de Commerce, dont les chainons font innombrables & qui tous procurent une aifance des plus honnêtes è tant de Négocians refpeftables & eftimables de cette République. Certes, Hauts & Puijfans Seigneurs, ce font non feulement différentes Fabriques & autres Produétions de notre Pays, que la Compagnie Oriëntale achete chaque année, tant pour 1'Expédition aux Indes, que pour fa propre confommation ; la Compagnie a encore befoin, a cet effet, de l'importation Etrangere: Ainfi il faut, par exemple, quele Commerce du Nord lui procure chaque année des Livraifons trés - coijfidérables de Boit de Conftruétion & d'autres Munitions Navales. Et quant a ce qui concerne les Effets de Commerce qu'elle recoit aunuellement de l'Inde, on fait que la Confommation intérieare n'en abforbe qu'une tréspetite partie, & que la plus grande partie de ces Productions eft vendue a d'autres Nations Européennes. Celles-ci ex-  ( S2Ö ) exportent ou font venir en méme tems avec les Produ&iorjs de l'Inde acje'téejs-, des Parties coiifidérablesd'aurresEffetsimportant d'ailleurs anfli pour acquitter toutes ces Marchandifes , les Produits d'autres Contrées, ia Navigation ainfi que le Commetce aólif & paffifde la Patrie font rar-la'favorifés d'une maniere tout-a-fiit particuliere, Ce Commerce & cette Navigation ne dépendent pas de circocftances accidentele; ils n'emprtjntent pas leur être & leur exiftence de Caufes qui exi'.tent feulement pour un tems; mais ils font cenains, ils font permanens, puifqu'iis fervent a fuppléer des Befoins toujours renaiffans, & dont jufqu'èce jour la Compagnie Beigique a feule puabforberIa plus gtandepartiefNous difons, Hauts £f Puijfans Seigneurs, jufqu'a ce jour, par rapport r.u danger plus que redoublé, auquel Ie Commerce des Epiceiies 'ce joyau fi précieux de la Compagnie Oriëntale & de la République entiere,; dans la ftcuation actuelle des Affaires fe trouve, a notre avis .expofé. Or, fi toutes les deux, la République & la Compagnie, devaient êtreprivées de ce Tréfor ineftiraable, ou qü*e:ie;-fuflentobligéesdecu.iilir en concurrence avec d'autres les fruits de cette Brioche, combien cette Perte ne ft rait-elle pas urépaiablc, & cette privaücri D'entrsinerait-elle pas & fa fuite ia pene de toutes les autres Brancr es du Commerce des Inties, & ne verrait-on pasfe rompre fur le champ la pbfiaé dont nous venons de faire mention ci deffus ? D'autres N-tioi,s, ex:rpjnt le Commerce aux Indes fercient Uns duute les derniers efforts pour nous rempiacer dans;eMarchéd'Europe.ï:'égard des Eff ts Je l'Orient; p.ir.ia feraient naturellement portés chez elles par les Acheteurs les Effets qui doivent fervir pour acquón'rces Marchandifes & encore acquis d'elies p.ir ces méme. Acheteurs., les Articles qu'ils fe proeurent a' préfent duns I- s Pays-Bas, u;:iquetnent paree que les Ver testaites par [a Compagnie es y attirent. L'Edifice fupefbe du Commerce HolfandaiS qui depuis fi longtems a fait ;'atlmir;;tion des Nations, fe /erratt par-lapiké d'une de fes rcejllêures & de fes plus fojides Cofo^ues,: L'ét'>t dé- ploratjlf cii il lérait alors rédujr, eft fa;i!e a prévoir; caron ne trouveroiti r.:le part une fource qui ars oliat aufli abondarament que la Compagnie Oriëntale, l>s rpeijléures Branches cela Profpérité Belgique. Sou dfir.avecRsfpecT^ma'is l-Cieipréferve qu'on ne ft trouve rédu4* a fe tervir de ia Navigation & du Gomrnerce Particulier' ootirles It des. Jamais, Hauts & Puiffans Seigneurs, on ne pourrait favo- riftr  C 3*7 ) fifër davahtage les Anglais que paree moyen. Ce Voifin fi altier, li animéde 1'efprit de Conquête, qui impofe déja des Loix au Bengale , & qui voudrait auffi en donner a toute ia PresquTle de f Inde;qui,re(tanten Pofléffion de Negapatnam, Sc gardant ainfi entre fes mains les clefs des Magafins agrain de Tansjour, peut alarmer beaucoup 1'Empereur deKandydans 1'Ile de Ceylon; & par la pöfition de Negapatnam, toutes les fois qu'il le juge a propos, troublera a volonté la Siavigation dans ces Parages: Ce Voifin fi dangereux ne pourrait jamais être mieux fervi, que par la fuppreffion de la Compagnie & par la permiffion générale de naviguer dans l'Inde. Neren- contrant alors, nepouvaritmême rencontrerlamoindreoppofition, nul équilibre de la part de ceux qui exerceroient cette Navigation & ce Commerce, larapiditédesprogrésultérieurs que ce Voifin ferait en Puiffance & en Crédit, (ropidité qui a déja été fi étonnamment grande,) s'accroirrait alors encore a 1'infini. D'ailleurs, nous ne pouvons gueres concevoir la maniere dont ces Négocians particullers ob'tiendraient la moindre Proteftion. L'expérience que la Compagnie en 2, eft plus quafurBfante pour prétïgcr avec une efpece de certitude, que ces Particuiiers feraient bientót traverfés dans leur Navigation & ieur Commerce par les Employés de la Compagnie Anglaife, dont les Intéréts patticuliers fe trouveraient fouvent diamétralement oppofés au leur; & comme a 1'Oueft de l'Inde, outre 1'schat du Salpêtre, les principales Branches de ce Commerce fe rêJuiraient de préférence aux Toiles & aux Soieries, V. H. P. appercoi vent ail'émeiu ce qu'il y aurait a attendre de ce Commerce pa ticuüer, entr'autres , pour les Fabriques de Toile Peinte, & pour celles d'Etotf'es de Soie; les un^s & les autres infinimeutprécieufes paria République, vu qu'elles proeïirent du Travail a un grand nombre de Perfonnes. Qu'il nous foit permis, Hauts & Puijfatis Seigneurs, de demander encore Comment, en ocïroyantla libre Navigation dans l'Inde, il fer-iit pourvua laconfervation des Poffeffions Belgiquesen Afie; foit que ces Pofliffions exilteitt fur des Territoires dont la Prop iété appartient a la Compagnie, telles, par exemple, qu'a l'Eft de l'Inde; foit qu'elles faftènt partie d'autres Pays en Afie; comment le Plan d'une Navigation i!limitée& de la difibltitiön de la Compagnie, contiendra-cil le deifein combine d'alTureraux Beiges Is confervation de ces Etablilfemens: Du moins, Hauts c? Puiffans Seigneurs, la payement des Contribu. lioa*  ( 3*8 ) tlons aux Princes. InJiens, raceomplifTement de ces Cenditions ou d'autres, auxcuielles le Séjour & le Commerce de la Compagnie font cffujettis dans l'Inde; Ie foin de veil¬ ler contre 1'intrufion & la fupplantation éttangere, la garde & la défenfe des Pays, tout cela forme des Points qui ne peuvent ni étre exécut*és par des Négocians particuliers ni étre confiés a leurs foins. Nous nous flattons d'avoir ainü foüdement démontré Tincompatibilité de la Navigation libre aux Indes, la derniere Reflbure pourtant oü il faudraitqu'on recouiüt, pourretirer quelque profit de l'Inde en faveur de ces Pays-ci. II nous ferait facile d'appuyer les Raifonspolitiques que nous venons d'ailéguer, de plufieurs autres encore, la plupart mercantiles, que pour abréger nous paffons néanmoins fous filence: . Remarquant feulement encore en paffant, que la Circula. don des Affaires de la Compagnie aux Indes, doit procurer des avantages elfentiels a la Patrie, & que par cette même Circulation la Compagnie fait des facrifices annuels au Fifc public; & qu'on fe perd, en voulant calculer la Somme des Tréfors que la Compagnie fait couler dans les Coffres du Pays par tant de Canaux prefqu'innombrables. Ces Feuilles périodiques parailfent régulierement tous le» Lundis a Amflerdam, chez J. A. Crajenfchot; a Haarlem , chez Walree; d Leide, chez Luzac & van Damme, & Les Freres Murray ; a la Haye , chez J. van Cleef, Detune, vanDrecbt & LaVeuve Staatman; d Gouda, chez Van der Klos; d Rotterdam, chez Bennet &Haie & D. Vis ; d Dordrecht, chez Blujfè; d Deventer, chez Leemhorst; d Groningue, chez Huyzingh ; a Nimegue, chez Van Goor; d Arnhem, chez Troost; dBois-le Duc, chez J. H. Pallier , a Hamhourg, chez % G. Vircbaux & chez les principaux Libraires des Pays-Bas,  L E PO.LITIOUE -«<•>!rit «w fi ;••! .-. i ••"•! -Ciihr. «i j .Min ■ n f'.'Êqusq-;«?->[ ühoj t > ■ ■' I -> ip) ,-:oj taj -ju{> •-j: ïnsiolisl rli do eu: tja >« wfi N°. CLII. LUNDI, ce 5 JANVIER i784. ^i'Ktot»?atwu;; ...i u ■ihï, é, "anitaióAij-z'Jl at • 1 ! -13q'jrt zli'op 's:33i h ■ ;■/> £ # i'jtfce du précis hifïorique de Vorigins, progrès & décadence de la Compagnie des Indes Oriemales» Ï7n finiflant Ia première partie de l'abrégé hiftorique _j concernanr. notre Compignie des Indes Orientales, que nous avons donné dans le dernier numero du Politique, nous n'avons pa-ié que d'une maniere vague & générale de., fuccès de cette Compacnie cél;bre, jusqu'a la conquête de Jacatradans Plfle de Java. Malgré ks bornes que nous nous ibrnmes prescrites, nous pcnfons faire p'a;fir a nos lecteurs de n'en pas refter la &. de leur faire connoitre les établiffements aui ont étés förmés ou Toms VI. X con-  C 330 ) conquis avant & après ladite époque. Lorsque l'on réfléchit k tant d'entreprifes hardies, oresque toujours couronnées des plus brillans fucc'ès, on ne peut pas s'empêcher de convenir que les Hollandois qui fe font établis dans 1'Afie, ont dü furpaffer tous les autres peuples d'aiors, en politique, en courage & en conftance. En effet, il ne faloit pas moins que tout cela, pour mettre k exécution leurs vafles projets, & pour effacer de 1'efprit des Afiatiques Ie portrait affreux que les Portugais en avoient fait, en les repréfentant comme un peuple de brigans, fans loix, fans patrie & fans mceurs. Mais, heureufernent pour nos braves Bataves, que les Portugais eux-mêmes s'étoient rendus, par leurs mceurs fenfuelles & fuperftitueufes, fi odieux a tous les fouverains de PAfie, & k tous les peuples des contrées oh ils faifoient leur demeure.que les Capitaines Hollandois, mettant k profit cette haine générale , furent bientót k portée , nón - feulement de négocier avec les princes de PAfie, mais encore de les déterminer a faire la guerre contre 1'ennemi commun , a les aider a détruire fes forts, & ik faire un commerce avantageux, qu'ils ne perdoient jamais de vue dans le tumulte méme des armes. Dans de telles circonftances, les Portugais ne purent faire tête è des étrangers qui avoient feu fi bien perfuader aux princes indiens qu'ils ne cherchoient que le bien commun, qu'ils ne vouloient que faire Ie commerce avec unégal profit, qui montroient d'ailleurs un caractere oppofé k celui de leurs opprefieurs, c'eft-è-dire plus doux', plus fouplc, plus fociable, & qui pourfuivoient leur premier deffein , avec une patience & un courage qu'aucun accident ne pouvoit altérer. Mais notre impartialité nous oblige d'avouer que quelle que füt 1'oppreffion des Portugais envers les indiens iS lfurTC furPa,T(5s en cela , dans la fuite, par les Hollandois ; car, k peine la compagnie des Indes Orientales fe vit en poffeffion de tant de rich.eséta- Slis-  ( S30 bliffemens,-qu'elle changea peu-è-peu de conduite envers les naturels du pays. Dès lors elle forma le deiTein de s'approprier le commerce exclufif des épiceries, d'empêcher toutes les autres nations de pouvoir. jamais s'en procurer par d'autres voies que par la. fienne, d'éloigner è jamais de ces parages les vaisieaux étrangers, & de tenir les fouverains du pays , dont elle ne jugeoit pas a propos de s'attribuer la propriété a elje-même, dans une perpétuelle foibleile & dans fa dépendance entiere. Cependant le fyfteme politique de la Compagnie pour s'aflurer Je commerce exclufif des épiceries eft véritablement digne d'éloge , & Ia police établie pour le maintenir fait trop d'honneur aux lumieres de ceux qui étoient alors a la tête de la compagnie pour le palier fous filence. Nous allons donc tècher den donner une idéé a nos leéteurs avant. de parler des jfies qui fournifient les précieufes denrees en queftion. Lorsque la compagnie eut chaffc des Moluques les Portugais, fuccès qui avoit été le fruit du courage , de hi patience & d'une fage combinaifon, ene lentit bien que ce n'étoit pas affez, pour rendre le. commerce des épiceries exclufif, d'avoir éloigné des Moluques les Européens: le grand nombre de ces ifles ca rendant'la garde presque ïmpofTible, il ne 1'étoit pas moins d'empêcher un commerce de contrebande des Infulaires avec la Chine, les Philippines , Macaffar, & tous les vaiileaux interlopes qui voudroient le tenter. La compagnie avoit encore plus a craindre qu'on cnleyat des plants d'arbres & qu'on ne parvmt è les faire reuffir ailleurs. Elle prit donc le parti de détruire, autant qu'il feroit poffible, les arbres d'épicerie dans toutes ces ifles, n'en laiffant fubfifter que dans des endroits petits & faciles k garder. Par ce moyen, tandis que la canelle ne vient qu'a Leylan, les ifles de Banda ont été feules deftinées X 2 1 i  C 33* ) k Ia culture de la muscade, & Amboïne feule? a la culture du giooöa. Les autres polier, des Hollandois dans les Moluques & dans quelques ifles adjacentes, ont pour objet d'empêcher les autres nations s'y établir, &.de faire des recherches continuelles pour découvrir & brüler les arbres dv'r>iceries. Au refte, tous- les ingénieurs & marins employés dans cette partie font obiigcs, en fortant d'ernpjoi, de remett-re leurs cartes"& plans a leurs" fupérienr* & de prêter ferment qu'ils n'en confervent aucun Telles font les mefurcs fages & habilemént eoncertée.-* qus la-Compagnie a prife- nourfouterir un commerce exclufif, & ou'ellc maintient encore malgré fes envieux. Voyons a préfent quels font fit? étabhfll-niens- Nous a»raeqrJi«oqJEile 1'cmpereur de Java, qui donnoic auttefois la loi a toute Pi fis /ia rec-oit aujourd'hui da la compagnie. Le Roi de fantam en eft Nuffi 1'es-» clave;. le royaume th Banram occuné presque toute la partie occidentale de l'ifle; la compagnie y 3 deux mauvais forts, dont elle enaaifigné un pour la sÉfidence du Roi, chez qui elle entveriënTime garde.}'1'autre fert d'habitation au gouverneur, qui a auffi'ia;garde. Ces deux aardes enfemble ne paffent pas '^ooi hommes. ïenfibon eft gnuverné par t.ois rois.également dénendans de Batavia: ?oc -hommesfufEfènt. pour tenir fous le joug le peuple le plus doux & le plus civil dc l'ifle. Toure la cóte du nord apa'nient en propre ala compagnie. L';fle de Maduréj dont le fouverain s'étoit révolté en 1769, a dté réunie au doroaine de- Ja compagnie, de mêmequë Batartbuan , riche province qui fait la pointe oïiennailè.'de Java. Avant ces acquifitions la Compagnie m'avoit dam-l'ifle de Java d'autres domaines qüe {e-pctit-Toyastme dc Jacatra: c'eft fur les ruines de Pannienne capitaje de ce pays que fut bêtie, ainfi que ïïörisi.'crbyons IfivBÖa dit, 'la fameufe ville de Bata. via-i le centre de la.dorttiwaiion & du commerce de la Compagnie, Pentrepöt des produétions des. Moluques & de presque. towoes les; marchandifes & den- rée«  ( 333 ) -rées qu'elle tire de 1'Aüe £c.y t.'pand,. !c., fj&Q&T d'un confeil qui donne des loi;; a tous \qs ctcjj.'isfemens. de l'Inde. Sa populatiqn confifro en i.c^o x-fclaves •' dirigés par un nombre proportion iié C hommes libres. üut're que l'ifle de Java a-b'c^de cn poivre,en ris, en bois de charrente & de cpnftruc* tion , 'on y cultive avec fivcèl ie fucre , le gimge-v.bre, l'indigo le caaiair.ómc , le coton, & le caflé aui, après le meka, eft de la mcilleure efpe. ce. .On ne'coniprnor. autrtfoh fous lc nom des Moluques q ie les petites ifles fituées presque fous la iigne entre le 15 degré de latitude Sed , & a 1? mïnutts de latitude Nord , dont les principalcs font Tcrnate, Tidor, M otbir, Machicn &3achian; mais peu a peu ce npfi eft devcnu commun a toutes les ifles qui produifent des.épiceries; Banda, Amboine, Ceram . Boem1. & toute. les ifles adjamtmtet ont été compriie-fou« la. méme dénomination. La Con • a-.nie divife aujourd'hui ce pays en quatre goüvermmens principaux, qui.dépend:nt dc .la haute régence de l.atavia. fes quatre gouvernemens font . /'mboine, i anda, Tcrnate & Macaflar; c'eft d'Amboine que la Compagnie, recoit le girofle donc elle vend chaque année. cn Europe trois cents cin ;uante mille, livres; .& en Afie cent cmquante; mille livrps : cette i#ê eft défendue par plufieurs foits & par d-.-ux cents hommes de gar-ifon. Le gouvernement de Uanda eft plus confidérable pour tes fortificut'.ons, &. la garnifon eft plus nombrcufo que celle d'Amboine: d'ailleurs, 1'entrée a '-vanda eft fort difficile pour qui ne h connoit pas: il n'y a point de fond autour de cette ifle, & il y regne des courant violu'is. Cs gouvernement comprend plnfleurs autres t^tiigg jsks, telles que I'Anour , Neita>; Eop'kway, Poeleïon, Rozegum Goenong &.Apy,- La Compagnie tire de ces ifles fcuiement la-noix mvisctde.; eiken débite en Europe annucUemcnt 2joco> Uv. & icoooo dans ks Indes, outie cent dix mille iiX 3 vres  C 334 ) vres dc macis. Le macis eft cette préeieufe enve« lope, d'une fubftance visqueufe, huileufe, d'une faveur acre , balfamique & fort agréable h 1'odorat, de couleur rouge ec jaune, qui fe trouve fous ]e brou de la noix, & que l'on en détache & laifte fécher au foleil: le gouvernement de Ternate a quatre comptoirs principaux dans fa dépendance . mais cette ifle a fon propre roi abfolument dépendant de la Compagnie qui lui paye environ 33 mille florins de penfion & fix mille aux roisde Tydor , pour avoir permis les uns & les autres qu'on extirpat de leurs ifles le muscadier & le giroflier. Le gouvernement de Macaflar ne doit pas être compté , k parler proprement, au nombre des ifles Moluques, puisqu'il fait partie des ifles Célebes; mais cette contrée eft regardée comme la clef des ifles è épiceries. Les Hollandois s'en font emparés pour empêcher les naturels du pays dV voir aucune liaifon avec les habitans des Moluques, & d'en tirer cn contrtbande du girofle & de la muscade. Macaflar fournit de Por, de la foie, du coton, du riz , de la circ, des bois précieux & m$me dés diamans. C'eft dc méme pour empêcher Ta contrebande que la Compagnie a formé un établiffement è Tidor, ifle qui a environ 60 livres de long fur dix-huit de largc, elle y a une fortereffe avec une garnifon de cinquante hommes. Les épiceries des Moluques durent naturellement faire naitre k la Compagnie le defir d'y joindre Ia canelle. On peut remarquer, dit un politique, que la nation Hollandoife, fi éclairée fur le commerce, a d'abord penfé k fe rendre maitreffe des produftions de première & feconde néceflité, avant de fonger aux marchandifes de luxe; c'eft fur la poffcflion des épiceries qu'elle a fondé fa grandeur en Afie, comme elle 1'a fondée en Europe fur la pêche 'du bareng Les Moluques luifourniflant la muscade & le girofle, Ceylan lui devoit donner It canelle, Spilbergen fut le premier des  C 335 ) EDi raux Hollandois, qui parut fur les cótes de cet. te ifle délicieufe : il y vint en 1602 & offrit fes fervices de la part de ics maïtres a 1'empereur qui tenoit fa cour a Candé; d'autres amiraux vinrent après lui, qui aiderent ce monarque a faire la guerre aux Portugais, Sc obtinrent en récompenfe le commerce exclufif dans fes états. Après avoir perdu Banticalao , Negombo , Galé, Caliture, Colombo &c. les Portugais furent forcés d'abandonner toute l'ifle a la Compagnie, qui en occupa toutes les places , apiès avoir diété la loi k 1'empereur par des traités qu'il fut obligé, comme le plus foible, de recevoir du plus fort. Outre la canelle, Ceylan produit aufli des amétiftes, des fa» phirs, des topazes, des rubis, du cardamóme, de 1'indigo , de 1'ivoire, des perles, du bétel dont les indiens machent les feuilles a toutes les heures du jour & même de la nuit; maisl'objet principal du commerce de la Compagnie , eft la canelle ; elle en débite en Europe environ quatre cents mille livres, Sc deux cents mille en Afie; pendant quelque tems la Compagnie eut aufli toute feule le commerce du poivre, mais elle ne put a la longue en cxclure les Francois Sc les Anglois qui parvinrent k s'établir dans des contrées ou les Hollandois n'avoient pu réduire les habitans fous le joug ; cependant la Compagnie a toujours confervé une grande fupériorité fur fes concurrens: elle vend er.core en Europe environ cinq millions pcfant de poivre & trois millions cinq cents mille dans l'Inde; la vente des épiceries, cc la néceflité de les exporter, firent tomber dans les mains de la Compagnie beaucoup d'autres branches de commerce. Peu-a-peu elle paryint 3 s'emparer du cabotage de PAfie ; mais fes rivaux, furtout les An» glois, prirent le parti de livrer aux négocians particuliers de leur nation le commerce d'Inde en Inde. Par cette concurrence la Compagnie perdit en Afie X 4 pres-  f ■ C 336 ) presnue tout Ie commerce du cabotage qui lui étoit infininent avantagë'ax: Nous nous fommes peutétre trop érendu-fur lés pofTéffiops de la Compagnie dans !es ifles Moluques, -:& fur-fon Commerce des épiceries; nous fevons moins longs au fujet des établiffemens & des cornptoirs qu'elle a druis les autres contrées de PAfie», paree qu'ils font taWhs importans que les premiers. Outre les cinq gouvernemens dont rous avons parlé, la compagnie en a trois en Afie, 1'un a Malaca, capitale d'un royaume du méme nom, formé par une lamme de terrè fort étroite, qui peut avoir cent lieues de long ; les Hollandois enleverent cette ville aux Portugais, qui s'y étoient extrêrnément fortifiés. Les conquerans trouverent une forterefle baoe avec une folidité extraordinaire , un climat fort fa-in, & un des meilleurs pons des Indes: la garnifon que la compagne entretient dans cette ville, la rend maitrefle du détroit entre MalaCa & Sumatra. Ainfi les Hol. fcmdois, devenus pofleiTeurs de Mal.".a & de Bata-ia, fe trouverent d'abord ms/rres de? deux fi u's détroits alcr? connus ; mais 'es Francois ayant découvert, depuis environ trente ans, Ié détroit de Baly ; & fes Anglois ayant trouvé dans le cours de la pjécéchrte-g>;erre celui de Lamboe, Malaca pc-dk 1'unique avancage que lui donnoit fa pofition , au rf,iüie<' de Pinde ; elle a été autrefois !é p'tn conftd'-'rable marché de toutes ces contrées dor,r elle eft le centre • mais les P- rtugais en ont i'aie-fyir • fc -commerce 'h force de ranconne.- les né.-.ocians de cèutes les nations, & les Hol: -idoif tfe font pas rapeié, fans doute pour ne pas nuire au e&ttm&ftte de Batavia. • - i l t> ■ • • ; —': iav*-£»ab incq at Jtistiiq. rrit»! Avant la précédente guerre que les Anglois & les Francois ont eue en Afie &"en Amérique, la com-  ( 3?7 ) compngnie avoit un établiffement confidénble fur la cóce de Coromandel, qu'elle avoit fo-né frJr les ruines des Portugais, & affermi par différens traités avec le famörin dc Caltóut & ie- d:ffér.?ns princ.s de cette cóte, tels que ceux de Bimngor, de Velioer, de Singiar, dé Tarrtaticu; die y avoit élevé plufieurs forts ft ban divers eomptoirs , au «ioy<'n dcsquels elle f.ufivr un com. merce confidérable. Ce commerce s'y efi alfez bien löutenu , dit Paureur de la ÉüchelIV de la Hollande , jufqu'k la guerre „ que les Francois „ & les Anglois s'y font faite, dont les fuites ont „ donné aux Anglois une fuperiorité fi décidée „ fur les autres nations, que les Hollandois n'y „ font de commerce qu'autant que les Ang'ois Js veulent bien le leur laifler faire; " la compagnie Hollandoife entr.tient pourtant fur la cóte de Coromandel plufieurs comptoirs, dont le principal eft Negapatnam. (Nous parierons ailleurs dc la perte de cette place) Eile y vend des épiceries, du cuivre du Japon, de 1'étain. de 1'or. du fer, du plomb & plufieurs autres marchandifes. Elle en retire des toiles blanches, bleues, peintes, imprimées, fines & griffes; elie a auffi des comp. toirs au Bengale, pays qui eft acïuellement fous le joug des Anglois. Ces comptoirs font a Hon* gby, a Caffembazed, a Patna, fans compter d'autres dc moindre importance. Patna eft un endroit céle'ore par 1'opium qu'on y cultive; la compagnie en fait un commerce immerife d3ns les Indes. Ella tire du Bengale de la foie crue, du fi! & des toiles de coton, du fucre, du falpétre, de 1'indigo , du Borax, & d'autres produétions pour lelquelles elle y en voie de 1'or , de 1'argent, de 1'étain, du cuivre, du plomb, du mercure, du vermillon, des miroirs, & principalemcnt des épiceries & une forte de corne de mer, dont les femmes du Bengale aiment i s'orner les bras en guife de bracelet. Ces gouvernemens X 5 font  C 33« ) font tous en Afie; Ie huitieme eft en Afrique au cap de Bonne Efpérance qui dépend, de même 'aue les fept autres,de la haute régenee de Batavia; c'eft Ik oü retèchent les vaiffeaux qui vont en Afie & qui en yiennent: la compagnie a d'ailleurs plufieurs autres établiffemens en Afie, dirigés par des officiers de moindre confidération qui ont le titre de commandans, de chefs, & de faéleurs. La fin f au numero procbain.  C 339 ) Réflexion politique fur la Jituation a&uelle de 1'Europe. La fituation de 1'Europe au déclin de ce fiecle, eft telle, a 1'ceil du politique attentif, que Philtoire ancienne ni moderne n'en préfentent aucune auffi .intéreffante, auffi fertile en évenemens extraordinaires. La partie occidentale qui vient de quitter les armes femble étonnée de n'avoir pas recueilli des avantages plus affurés, ou fi l'on veut, des fruits plus réels, d'une guerre qui avoit été entreprife pour aggrandir fon commerce maritime, & dont 1'effet a été au contraire de le diminuer , foit en le faifant refluer dans les Etats qui ont été neutres en Europe, foit en fe créant des rivaux inconnus jufqu'ici dans la partie feptentrionale du Nouveau-Monde. Ces rivaux font d'autant plus redoutables, que 1'expérience des ages & des nations leur a permis de purger leur conftitution des vices qui ont miné, ou engourdi toutes les autres, cc qui ont amené la foiblefle fur laquelle 1'Amérique a fondé fon exiftence, en démembranr/ le cololfe redoutable qui tendoit a 1'écrafer. Tout pré lage que cette nouvelle puiffance prendra un grand afcendant fur toutes les nations commercantes, & que fon commerce embraflera le globe entier , peut-être avant la fin du fiecle. Le crédit national dont tant de puiflances riches fe vantoient, a donné naiflance a des guerres de luxe, & a la plaie prefque incurable des dettes nationales; mais, après cette reflource du crédit national, les gouvernemens ont repompé par des emprunts les fommes diffipées dans les camps & dans les armées mifes en aclivité d'un pole h 1'autre, fi l'on peut s'ex.- pn-  C 34© ) primer ainfi. C'eft par ce régime conftammeat fui. vi, en Angleterre par exemple, que la dette nationale eft montée a la fomme énorme de pius de deux cents quarante millions de livres fterlings, c'eft-a-dire bien au deifus de la valeur territoriale du royaume. On fent combien les relfources en ce genre doivent devenir progreffivement plus coóteufes & plus oppreffives. Cependant ks Etats oti regnent 1'économie cilafrugalité ne pouvant placer les fruit- de leurs travaux & de leur induftrie fur leur territoire, les répandent chez les nations réputées riches, & qui lont réduites aux ernprunts; plufieurs républiques font dans ce cas: toute 1'Europe s'eft adreffée a ces républiques pour avoir de 1'argent, mais ^ces reffources ne font pas intariffables, & 1'impöt qui doit repréfenter 1'intérêt de i'emprunt pefe de toutes parts, fur I'agriculture, I'induflrie, &principa'emer,t fur le commerce, qui devroit être d'autant pius ménagé que les richeffes qu'il procure fe répartilfent entre un grand nombre d'hommes dont les bias, 1'induftrie & ks facultés font mifes en action dans un gouvernement qui en tire communément toute la fubfiance. Quand on annoncoit, il y a environ fix ans que 1'éclat. la fplendeur de la Grande - Brétagne cacboknt fa véritabk fituation & qu'il ne faloit qu'une guerre dé.fcftreufe, ou même peu favorable, pour détruire Fillufion tb l'on étoit affez générakment k cet égard, on difoit trés-vrai. Le démcmbrement de 1'Amérique feptentrionale étant prévu. dès lors ■ih étoit aifé d'imaginer quel nvantagc auroit fur ia Grande Kretagnc un peuple courageux , idolatre de fa hbeité, fans dettes & foutcnu par unc des plus grandes puilfances de 1'Jiuropc L'evenement a juftifié cette prédiétion: celui oui a dit que 1c fokft de 1'Angieterre étoit édipfe'cn perdant fes colonies feptentrionales , a dit une vérité que le tems confirmera de plus en plus, fuivEnt toute appaience. Dans cette guerre fi majhïureufe pour cl-  ( 34i ) elle, chaque nation commergante a repris pendant fa durée la part que lui donnoit la nature dans le commerce maritime; & ü les principes de la n°utralité armée ne font pas abandonnés par la confidération, trop ordinaire,de quelques intéréts particulier, la liberté des mers fubfiftera longtems, après a longue domination prefque exclufive d'im peuple .nnemi de tous les autres peuples, qu'ib outrageoit in olemment dès qu'il le pouvoit faire impunément- Lc ipedtacle dc ces révolutions ramene naturellemcnt ë Ia réflexion que Ie bonheur le plus folide d'un .tat tient & 1'abondance de fes produétions, & que les produftions ne fa multiplient qu'a Paidï d'une grande populatiom Or, pour que la population profpere, il faut un gouvernement doux & un adminiflration raifonnable, Peut-on jouir de 1'un & de 1'autre quand 1'Etat fe trouve obéré, Concluons donc qu'une bonne adminiflration intérieure efi la fource unique de la richeffe des Etats. Qu'importe aux fouverain? de perdre des remparts, lorsqu'il leur refte des fujets qui les chériffent? Le vrai boulevard d'un pays, c'eft la bonne intelligence & 1'union entre le prince adminiftrateur & les citoyens. Vit  C 34* ) Du vrai Bonbeur d'un Etat fcf du crédit public. Les richeffes fidlives ne peuvent être regardéee que comme le vain fimulacre de )a grandeur & de la puiffance: ce n'eft point 1'opulence qui décide de la force d'un homme; compter fur fa richeffe pour défendre fon pays, c'eft le comble de la folie, c'eft ifniter les Phéniciens qui repéfentoient la puiffance fous 1'emblême de facs d'argent. 11 faut pour un Etat des richeffes plus réelles, moins fujettes a changer de mains, & qui, femblables a ces biens fubftitués dans les families opulentes, réfiftent k 1'inconduite, a 1'extravagance, & au délire des héritiers prodigues. — Une Nation fera toujours puiffante, lorsque fagement gouvernée elle jouira d'une population proportionnée au terrein qu'elle occupe. Elle fera fuffifamment rlche , lorsque fon fol fournira, fans un travail exceffif, les produétions néceffaires è fa fubfiftance; elle fera trésheureufe, lorsqu'elle renfermera des citoyens courageux & vertueux. Réglez 1'intérieur avant de fonger au commerce; il a 1'étendue convenable dès qu'il procure a la nation les objets utiles & néceffaires dont elle manque elle-même. II eft rare qu'un Etat fe contente de ces avantages. De même que les particuliers cherchent k fe fur'paffer les uns les autres , les Nations font tourmentées d'une émulation de richeffes, & fe croient méprifables lorsqu'elles ne peuvent égaler ou furpasfer leurs voifins. Les métaux précieux, deve'nus les lignes de la puiffance, font 1'objet unique des defirs d'une politique abjecte & rétrécie; elle abandonne le certain pour courir après des chimères; elle veut orner 1'édifice avant d'en avoir affuré les  C 343 ) les fondcrnens. Ceux qui gouvernent le peupl* partagent communément leur avidité ; s'ils veu» lent que leurs fujets s'enrichiffent, ce n'eft que paree qu'ils efperent en tirer plus facilement les impóts qu'ils demandent, mais bientót cette facilitè leur devient elle-même nuifible: elle fait qu'ili s'engagent légerement dans des dépenfes inutiles, dans des guerres ruineufes, dans des entreprifes hafardées, auxquelles ils n'euffent jamaisfongé, fans la facilité que 1'opulence de leur fujets leur donne de fatisfaire leurs caprices, ou leurs defirs ambitieux. L'économie eft comptée pour rien; ils pen» fent peu a proportionner leurs dépenfes aux revenus que les impóts mettent en leurs mains, & ils font forcés de recourir k des moyens onéreux pour les nations. — A un impót fuccede bien-tót un autre impót; celui-ci eft bien-tót fuivi d'un troi. fieme, d'un quatrieme: tout eft matiere d'impóts; mais ces impóts ont a la fin des bornes. La Nation murmure & crie: on imagine alors de nouveaux moyens de la preffurer pour ainfi dire a fon inscu, foit en faifant des emprunts, foit en établifTant des lotteries. Ils redoublent ainG continuellement fur leurs fujets le fardeau des impóts qui ne font que cbanger de nom. Telle eft la fource de ce qu'on apelle crédit public. Par Pappas d'un revenu plus facile a percevoir que celui que procure le travail & la culture des terres, le fouverain engage fes propres fujets, ou ceux des nations voifines, k dépofer entre fes mains leur argent. Le gouvernement difpofe des fonds qu'il emprunte, & les employé quelquefois ame objets que les circonftances exigent , plus fouvent k fes befoins particuliers; & les fujets font obligés de payer les dettes qu'on vient de contraéter , fouvent avec imprudence, presque toujours fans aucun avantage pour la Nation. Le crédit n'efl donc au fond qu'un impót déguifé, d'autant plus injufte qu'il tombe fur les pauvres, fur les cultivateurs, fur les propriétaires des terres , qui fe trouvent chargés de payer  C 344 ) payer les intéréts de Ia dette contractie par Ie gouvernement, Ce n'eft nas encore touc; le crédit parle» f.'.ites devient ime fource de corruption pour un grand nombre da citoyens; il favorife ieür indo. lence & leur pareffe, en leur fourniffant fans travail cc fans utilité pour 1'Etat, le moyen-de fubfilter aux' déperis de l'homme tclif & i!:duftn>ux , qui travaillé pour entretenir la moleffe des oififs rentiers. II y a tout a pjrier qu'un homme» inoccupé eft ou fera un mauvais citoyen,un libertin: la fociété'eft d'autant plus malheureufe qu'elle nourrit un plus grand nombre de membres inutiles. Tout rentier vit k la charge de l'homme laborieux\ Tout emprunt eft un mal, & fuppife des dépenfes qui txcedent les forces naturelles de lo nation. Si les emprunts étoient moins facües , les Etats, comme les particuliers , feroiert rnoin~ fujets è fe déranger. Plus 1'intérêt que 1*1 tat p:iye èft fort, pius la nation eft accablée; I'Acgleterre ên eft un exemple frappant. na Jc.ri , L'OüOt nol é dij* ilr>is v orr TaiuHaio tl sf> Ces Feuilles périodiques paraiffent réguüerement tous les Lundjs a Amjlerdai», chef. J. A. Crajmfcbot; d Haar- . km, chez H'alyee.; a Leidc, chez Luzac & van Damme, & Les Fr et-es il'urray j a Ia Haye . chez J. van Cleef, 'Petune, van Drecb: & La^euve Staalman; a Gouda, Chez Van der. K/os; u Rotterda-iChe? Bennet&Hake & D. Vis ; i Do-drecbt, chez Bluffè; d Deventer, chez LeetKpwst; d Gronh gv.e chez Hnyzingh; a Nimegue, Chez 'VanGvor; d Arnhem, chezlroost; aHois-kDuc, chez 'J. Pi. Patoer , d Humbowg, chez J. G. P'irchaux ' & chez les principaux Libraires des Pays-Bas,  L R POLITIQUE N°. CLIII. LUNDI, ce & JANVIER ,784. Suite fi? fin du precis hi/torique fur la Compagnie des Indes. Outre les établiiTemens donc nous avons fait mennon , la Compagnie polfedc encore la cóte occidentale de Sumatra, une des trois grandes ifles de la Sonde ; elle a un fort dans Ia ville de Padang , ou elle entretient un commandant, qui a plufieurs autres comptoirs fous fa direffion: e le a auffi une loge fortifiée § Palembang, ville capitale cLL „° * une^utreJ°ge dans Ie royaume de Toi' VI1 PaniC dv'a méme ifle' tes mar" Y chan-  C 34* ) chandifes qu'elle tire de cette ifle font principalement de 1'or, du benjoin, du camphie & beaucoup de poivre. On fait que les Hollandois font les feuls de toutes les peuples européens auxquels il foit permis de faire le commerce au Japon. La Compagnie entretient un directeur dans une petite ifle, nommée Dejima, que 1'empercur lui a fixée pour tenir fon comptoir; cette ifle communiqué au moyen d'un pont, avec Nagafaki, capitale del'ifle Bongo. Malgré les dépenfes d'une Ambaflade annuelle pour folliciter la continuation du privilege pour Ie commerce , qu'on n'obtient qu'a force de préfens, la Compagnie gagne confidérablement dans fes envois & dans fes retours avec les Japonois. Elle partage encore avec d'autres nations de 1'Europe , le commerce important du vafte empire de la Chine; elle y recoit de la foie crue, des étoffes de foie de différentes fortes, des boiferies, de 1'or, du cuivre , de 1'étain, de 1'acier, du fer, du mercure, des toiles & des fils de coton, des pierres .précieufes, des pierres d'azur, du marbre; des fruits confits, du quinquina, de la rhubarbe, de 1'ambre gris, du thé, de la porcelaine, & autres produétions, qu'elle folde avec des épiceries , du poivre , des draps, des étoffes de laine, des nids d'üifeaux, du bois de fandal, du corail & de Pargent monnoyé. La Compagnie poffcde aufli dans la Perfe plufieurs Comptoirs , dont les principaux font a ifpahan & è Gameron , oh elle envoie de 1'argcnt monnoyé, des draps, des épiceries, & autres marchandifes qu'elle échange contre des foie's crues, des vins, des tapis, des étoffes de foie & de la laine de Kirman. Elle a enfin a Baflbra dans 1'Arabie, un comptoir oh elle envoie, dit-on, tous les ans pour pius de huit cents mille roupies de marchandifes. Tels font ks étabiiffemens & les rïches poffeffions qu'avoit la Compagnie en Afie avant que 1'Angkterre déclarat la guerre a la république. Depuis cette époque funefte , les Anglois  ■ C 34? > glois lui ont enlevé fes établifiemens k Surate, a la cóte du Sumatra, fur celle de Coromandel, de Bengale, Trinconotnale & Negapatnam. Trinconomale a eté repris par les Francois & remis a la Compagnie ; mais Negapatnam refte au pouvoir des Anglais; ils ont'voulu avec leur injuftice connue ajoucer a leur puül'mce cette Cjef des Magazins a grains de Tanjour .& , de Ceylon , pour fe rendre encore pius dal'potiques dans le Bengale & fLr la cóte de Coromandel , & pour troublér fans doute lorsqu'ils le jugeront a propos, la navigation dans ces parages. La ruina, ou le pillage des établiffemen1! dont nous venons de parler, &.la prife, ou la deftruétion de plufieurs de fes ,vaifiéaüx richement chargés, ont caufé ii la Compagnie une per» te de plus de 280 tonnes . d'or d:ins -une guerre qu'elle n'avoit.pas dü prevoir fans doute; puisque j fins les fecours de ia France, fes principales pofïesfions auroiènt été la proie du ravifffeur Anglais, de Paveu de tout le monde On ne congoit pas comment elle avoit pu négliger, au point qu'elle 1'a fait, de mettre en état de défenfe tant d'importantes places, pnur réfifter a un ennemi dont 1'ambition & la perfidie, lui étoient d'autant . plus connues, qu'elle avoit porté fes plaintes aux Etats Généraux bien avant la gueire „ que depuis celle „ des Frangois & des Anglois, en Afie, ceux-ci „ avoient exereé un defpotisme fi ilhmité dans le „ Bengale &. dans 1'Indpftan, que , contre la foi „ des traités, ils ne fouffrpient pas que les Hol„ landais y exergaffent ,d;autre commerce que ce„ lui qu'ils ne vouloient ou ne pouvoient exercer „ eux mêmes; elle repréfenta de plus qu'un navire „ Anglais, après avoir regu toute forte de pro. „ vifions & de munitions avoit attaqué des vais„ feaux de la Compagnie k la vue même de Ba5, tavta , paree qu'ils n'avoïent pas voulu baiffer ,. devant lui leur pavJUon & reconnoitre la fouY 2 „ ve.  ( 348 ) „ veraineté Angloife fur toutes les mers f *y» Quand on a de tels tyrans pour voifins, il femble qu'on devroit être continuellement en garde contre des entreprifes & des coups de main qui ne dépendent que de leurs caprices. La nouvelle é:>rëuve que la Compagnie vient de faire, des injuftices de ces ciangereux voifins, la tiendront déformais fans doute, dans un état de défenfe a pouvoir fe faire refpecler; mais quelques efforts qu'elle faffe k cet égard, la fureté de fes établiffemens dans PJnde fera toujours trés-précaire , fi la république ne 1'apuie pas de fes propres forces. Du moins, il v a lieu de le penfer ainfi , lors que l'on réfléchit a 1 énorme puiffance qu'elle a fans cefie è furveiller & aujourd'hui plus que jamais, puis qu'on a permis aux Anglais une navigation libre dans les mers qui baignent les plus précieux établiffemens de la Compagnie. On ne peut douter qu'une telle permiffion accordée a une nation ambitieufe & redoutable, ne fe change bientót en droit, qu'elle foutiendra de toutes fes forces. ; 5 no?is refle i examiner la raifon de la profpérité paffée & de la décadence acfuelle de la Compagnie , ainfi que nous 1'avons promis a nos lecteurs. Nous avons dit que dans moins d'un demiïiecle , la Compagnie eut le bonheur de s'emparer j PiU/ ieJt0* ce,nts vai'ffeaux portugais, chargés des ëépoui les de PAfie; ce fut la première caufe de fes fucces: Ia feconde fut 1'affoibliffement de la marine portugaife , occafionnée par Ia perte des vailleaux dont nous venons de parler, ce qui faci- lita -( ) On raconte que lord Clive menaca Ie Gouverneur Général Moffel, de revenir avec quelques vaiffeaux de guerre k Batavia pour le forcer a rendre a la marine Aagiaue 1 honneur qu on venoit de lui remfer.  C 340 ) lita aux Hollandais les moyens de chaffer leuren» nemi des établiiTements qu'ils avoient en Afie. 30. L'avantage d'avoir trouve après la viftoire desétabliffemens tout formés, S des forterefles bien baN ties & bien munies. 4°. L'art que les Hollandais curent de faire accroire aux naturels du pays conquis qu'ils n'étoient venus que pour les délivrer de la tyrannie des Portugais , & pour faire avec eux un commerce plus libre & plus avantageux pour eux. 5"! L'équité que la Compagnie eutd'abord de laiffer aux naturels leur relisuon & leurs mceurs & de ne lespasContraindre, comme avoient fait avant eux les Portugais, a changer dereligion & a adopter leur fuperfiition fanguinaira & atroce , leurs préjugés infiniment plus barbarcs que ceux des peuples fauvages; 6°. La politique qu'imaginerent d'abord les Hollandais de placer & de diftribuer leurs forces d'une maniere propre è contenir les peuples, que leur conduite leur avoit d'abord conciliés. 7. La fidélité, la fobrieté, la pro» bité des premiers officiers, des commis, des équipages même de la Compagnie, qui ne detour'nerent jamais rien des tréiors qu'ils enlovoient aux Portugais , qui exercoient leurs emplois avec une exa&itude finguliere, avec une probité fi marquée, qu'avant ttfjö. il ne s'étoit pas fait un feu'e fortune confidérable , & avec une modeftie, & une fimpücité fi extraordinaires , que les membres mêmes du gouvernement de Batavia , vétus dans le cours ordinaire de la vie comme de fimples matelots , ne prenoient des habits décents que dans le lieu même de leur affemblée. Telles fonr les caa» fes , tant civiies que morales , qui conduifirent la Compagnie a cet état de fplendeur, dont on n"avoit jamais vu d'cxe nple & qui fai en Perfe, a Bafïbra, aMoka, dans d'au. tres lieux- encore. 35. La .coacurcnce des autres nations européennes, de vernies'fes livales dans Ie commerce; & furtout le parti pris par celles ci de fv.-cr aux négocians particuliere. ie commerce d'Inde cn Inde/ 4°. L'infidelité des. coramis étabiis dans les différens comptoirs, fournis au gouvernement de Batavia. La Compagnie fut trompée dans toures les affaires,- par des faéteurs qui n'avoient point d';ntérêt ki la faire profpércr. 5". La contagion , qui, après avoir infecté ks comptoirs iu bal ternes, gagna les principaux étabiisfemens, & avec le tems Batavia même, oh le méi pris mê'me de la bienféance fut pouffé, dit-on , fi |ojn , qu'un gouverneur général, fe voyant con- vain-  C 3JO vaincu d'avoir pi Hé les finances au-dela de tous les excès, ne craignit point de juffifier fa conduite cn montrant un pfein-pouvoir figné de la Compagnie. Un auteur dir. a ce propos, que les particulier* attachés au fervice de la Compagnie, ont encore actueliement le fecret de tirer trente, quarante, cent, iulbu'adeux cents mille florins de revenu demplms, dont les gages ne font que de mille, deux mille, trois mille,a fix mille florins au plus. 6C. Le défaut de régiemens fuftifans pour juger la conduite des adminifirateurs. i 7° Les délordres qui fe font ghiTés dans la direction'des affaires de la Compagnie méme en Lurope, par le manque d'habileté dans es directeurs qu, ne font plus, comme autrefo1S, tirés de la claffe: des négocians habiles, mais des maiions puiffantcs de la magiftrature, qui n'envifagent dans les poftes qq el. les arrachent a la Compagnie, que les emolumens confidérables qui y font attachés, la facdité de p acer leurs parents, peut-être même ufage queiles peuvent faire de ieur crédit, Voila pourquoi les détails, les difcuflions les plus importantes de commerce font communément abandonnées a un fecrétaire,qui,fous le nom impofant d'avocat, devient le centre de toutes les affaires. f L'efprit de divifion, que 1'efpr.t d'intérêt produ t entre différentes chambres, fit que chacune voulut avoir fes chantiers , fes arfenaux, fes magazins pour les vaiffeaux qu'elle étoit chargée d expeSter. Les places furent multipliées, & les mfidéhtés encouragées par une conduite fi vicieufe; chaque Phambre voulut fournir des marchandifes en proportion de fesarmements, & ces marchandifes n étoient pas également propres pour leur defhnation. 9°. L'imprudence que l'on eut lorsque les circonffances exiaerent des Secours extraordinaires, d orËSSSuf * Batavia, oh il faloit payer un intérêt de fix pour cent, ou même dans le »enga e & k la cóte de Coromandel, ou il coüioit pour le y 4 moins  C 352 ) 5 ,nmf' ,tand]? qu<* faifant cet emprunt en Hollande on n'auroit payé que trois pour cent dence TuV'8 CaUfCS °nt contSbuéf ïdéc,. dence de la Compagnie, que nous vcnons d'ewofer fous les yeux de nos lefteurs d'après lë jugenS de tous les écnvains qui en ont paFr]é< j\{ feftmc™ au moins; d'exceffivemcnt exagc^ée, c'eftlorsqu'iï diSeu'dS^ ff'; £ CWgnie, en les accuftnt d'abandunner h m feerëtaire tous les détails, toutes les J'r*s> "nites Jes opérations. Pour'eS J nos lefteurs de cette exagération, nous les S,de confidérer la maniere dont les 'affaires deTa Com pagmc font traitées dans les affemblées de* dftec deWg quatre, les aatres ttabre» »„ èffacïïe 6 le dis-fepneme fe prend tour-è-tour dam IW & Middel!-.™,™, , J. i ' j Pend3nt deux années 4 MiaaeiDouig, la première de ces affemblées fe tienr I a'feSe ia>VCntC d6S éP''Ceries»& 1" '-Srtkiöns La feconde s occupe a délibérer fur les rénonfes qu elle don faire aux lettres vcnues des mdes. La troifieme regiems ventes qui fe font en Oftobre & No vembre,& le nombre des vaiffeaux qS juge è nm. pos dfexpédier pour les Indes: on y lit «f ktSe?" Zl Tï^A?" d6S ^ des d'ffins com toirs, c. 1 on difcute toutes les affaires de police de juftice, de finance. de «uerre Hp™i;r;™,„~> ' vigation & de commerce^ tir^S^'g^T Sfiïï'S 'ï Co L'a2miniftrau-on de £ chambres eft donc concentrée dans cette affemblée de-s;  ( 353 } des Dix-fept, & les opérations de cette affemblée font fort bien réglées. Rien d'important ne peuc être fouftrait k la connaiffance des direéïeurs, k aai il ne refte plus qu'è faire leur devoir. Outre cette affemblée des ljix-fept, il s'en tient une tous les ans a la Haye, compofée de dix direfteurs feulement dont quatre de la chambre d'Amfterdam, d^ux de* celie de Middelbourg, & un de chacune des autres quatre chambre; celle«ci examrne les lettres venues des Indes, & en minute les réponfes, qu'on porte enfuite a 1'affemblée des Dix-fept. Nous avons déjè dit que chaque chambre a le choix de fes directeurs, mais nous avons oublié de dire alors que les a'tionnaires ne font que préfenter les directeurs & que le Stathouder les nomme. Les premiers en propofent trois & le Stathouder choifit celui qu'il juge a propos. Par ce fimple expofé de 1'adminiltration des affaires qui fe traitent ici par les Dixfept directeurs de la Compagnie , on voit bien qu'il neft par poffible que los inconvéniens attribués k la Compagnie puiffent avoir lieu jufqu'au point que le prétendent les hiftoriens. Finiffons en donnant en forme de Conclufion la lifle de? dividendes que la Compagnie a payés depuis 1649 jufqu'en 1774, qui eft e vrai termometre de fa profpérité naffée, & de la décadence aétuelle. Le plus haut dividende qu'ele a payé eft de 40 pour cent & le phis foible de m le premier a été paye fix ans de fuite , le dernier quatre ans, depuis 1771 jufqu'en 1774. Y 5 Suite  C 354 ) Suite de la Lettre de 1'Affemblée des Dix-Sept de la Compamie des Indes-Orientales, EtatsGê hér aux, pour injifter fur un Secours de Quatorze Millions. Et quant a ce qui concerne le Commerce de la Compagnie aux Indes, il nous eft , Hauts & Pulpfan: seigmnrs, par les mêmes raifons nagueres alléguées, inriniment agréable de pouvoir encore touchant cette partie de la Direftion Mercantile dj la ^Compagnie, apprendre a V. H. P., qu'une Affemblée des Dix-Sept arrêca, il y a quatre ans, que, pour mettre le Commerce de la Compagnie, auffi bien que celui des particuüers , fur un bon pied, le meilleur expédient ferait de demander, comme effeétivement on demanda aux Membres du Haut Gouvernement, chacun en fon particulier, unPian raifonné, pour accorder aux Habitans refpectifs dans les Poffeffions de la Compagnie, moyennant un certain Droit. Ia Navigation Libre, telle qu'elle püt-être exécntée fans aucun préjudice è Ia Com. pagnie. Ce Plan, Hauts & Puijfans Seigneurs, a été réeilement mis en exécution ; il a déjè ièrvi a refferrer les alentours de ia Compagnie dans fes Comptoirs, a réduire ceux-ci, par la diminution du nombre & du Rang des Employés, fur un pied moins difpendieux. Animés de cette candeur, de cette fincérité qui caraétérife toutes nos Aétions, nous ferons toujours prêts d'expofer a V. H. P. tous nos Livres, tous nos Papiers les plus fecrets, afin que la Vérité de ce que nous venons d'alléguer, fe montre dans unjour aaifi lumineus que le Soleil en plein Midi, — & afin que par ce moyen notre Direétion Mercantile puiffe,  ( 355 ) fe,-autant de fois qu'il plaira a V. H. P., être examinée d'une facon réguliere & jugée enfuitc en conféquence. Si dans le cas d'une pareille Recherche" réguliere'V, H. P. jugeaient convenable dc donner quelque publicité a fon réfu'tat, nous ofons nous flatter que cela fcrvirait direétemcnt a faire paraitre dans toute évidence la Caufe véritable &unique de la' fituation aggravée oh la Compagnie eft réduite, ainfi qu'è démontrer a un chacun. que cette fituation réfulte de la Guerre & de la Guerre toute ieule. Nc ferait-il pas d'une dureté extréme pour la Compagnie . de refter la viétime d'une Guerre a laquelle c-lle n'a donné , ni direfte'ment, ni indïreciement lc moindre fujet. Attaquée par des Flottes Ennemics, équipées non aux dépens de la Compagnie Anglaifedes Indes-Orientales, mais du Royaume même, les Vaiffeaux de la Compagnie, au contraire, n'ont jouï d'aucune Proterftion de 1'Etat. Et la Compagnie qui, voulant reder fur pied, doit aftuellemcnt redoubler d'efforts pour continuer fon Commerce avec la pius grande vigueur & faire apporter de l'Inde les Produétions dont les Magafins k Batavia font furchargés: ■—- Cette Compagnie, certainement infortunée, laiffée i 1'abandon, feraitelle privée du fecours qu'il lui faut pour des objets de cette importanceP Pourroit-on alors oubiier es aucun tems, d'avoir été fur le point de rétablir les Finances de la Compagnie dans un état fi favorable, qui depuis prés d'un Demi - fiecle ne lui étoit pas arrivé, & de voir, par ce moyen, renaitre 1'ancienne prospérité & fplendeur de la Compagnie. Et pourrait-on fans la plus vive douleur alléguer les preuves qui montrent qu'il eft a peu pres certain qu'au moment aftucl la Compagnie aurait liquide fes Dettes , fi la Paix de la République n'eüt pas été altérée; & s'il était entré dans la Caiffe de la Compagnie tous les gains & les avantages qui, naturellcment deftinés pour eile, ont été en grande partie cueillis k Lisbonne; mais furtout auffi a Coppen-  C 356 ) hague & a Trielte; ou p'utót, fi l'on veut, 4 Anvers, Uansce. contra He fi malheureux entre l'état oh nows nous étions flattés de voir la Compagnie &c,lui ou nous la trouvons acluellernent. nous ne pouvons Hauts & Pwjfcms Seigneurs, nous repréfeoter fans douleur cette Nation induftrieufe , toujours d'une li grande uulité pour le Commerce des Pays-Ba*. Ums dont une partie très-confidérable ayant placé tout fon Avoir dans les Aftions de la Compagnie des Indes-Orientales, fe trouve réduite aux extrémités les plus trifies par la fufpenfion des Réparti. tions; tandis que ces Gem , obligés pour fubfifter de reahfer leur» Fonds, ne peuvent le faire ou'a grande perte, vu la baiffe extraordinaire qu'ils ont éprouvée: Nous ne difonsrien des Actions qui paslees en Fidei-Commis nc peuvent étre vendues Voila , cependant, les Fonds dons les braves Curateurs des Pauvres de la méme Nation doivent foutenjr les Pauvres & Néceffiteux qui font dans .on fein. V. H. P. fentiront mieux que nous r-e pouvons deenre, toute la milèrè oü ces Hommes feront piongés, fi l'on ne fburnit bientót a la Cörtfb'a" gme ia facilité de relever la tête. Si donc, Hauts & Fw[fans Seigneurs , pon juge cue 'les Directeurs « les principaux Participans aflermentés ont occupé trop longtems 1'attention de V H. P., c'eft le Zele pour la Compagnie , c'eft 1'amour de la chere Patrie, c'eft la crainte de ne pas dire affez dans une Affaire qui leur tient a creur è tant d'cgaids, oui a renem leur Mémoire fi long. H Si les objets frappens qui font traités dans ce M^mou-e , ne font pas expofés avec cette force cette énergie que fon im'portance& que notre fenfi'" bijtte öuioient exigéesde nous,que lesfoupirsétouffés , mats non moins éloquens de tant de Vcuves & o'Orphelins opprimés , de tant de Gens néceffiteux; & prefqqe réduits a la mendicité . parlent a notre' défaut. & demandent excufe . qu'en leur faveur nous ayons diftrait fi longtems V. H. P. de leurs occu. pa-  t 357 ) pations ordinaires. V. H. P. fe rappellent combien nous, & en notre abfence, !a Chambre Fréfidiaie, a fait de Repréfentations auprès de V. H. P , p-.-ur repréfenter a V. H. P. de la maniere le plus frap. pante, la détreffe des Finances de la Compagnie & faire fentir en même tems la néceflité légitime que la Compagnie foit fecourue convenablement de la Caiife du Pays dans le befoin preflant, jnais.paffager feulement, oh elle fe trouve. Cès le 19 Octobre 178 r. V. H. P. trouverent bon, pour indemnifer la Compagnie des charges énormes qu'elle avait été obligée de porter,dedes. tiner en fa faveur tels moyens extraordinaire-; & précieux de Dé enfe & de'Proteétion que V. H. P. avaient jugé devoir être accordés par 1'Etat au fervice de la Compagnie; mais, en conféquence d'une difette jufqu'a préfent inouïe de Matelots, ainfi que V, H. P. fe font exprimées, ce fecours n'avait pu avoir lieu. — Dès le tg Oétobre 1781, difons-nous, V. H. P. avaient réfolu que pour 1'indemnifation de ces Frais, la Compagnie recevroit de 1'Etat une fomme de 2,294 400 0-0 florins ;. mais, Hauts & Puiffuns Seigneurs, jufqu'a préfenj elle n'a encore dié qu'une fomme de t 337,800-6-0; florins, c'eft-a dire, !a répartition de la Province de [Hollande ; de forte que , Hauts & Puijlfans Seigneurs, fans l'affiftance de cette Province dont les Subfides effeétifs en Argent montent è beaucoup plus de 38 Tonnes d'Or , la Compagnie fe ferait trouvée dans la néceflité de tout abandonner , malgré les Négociations qu'elle avait faites , foit fous la garantie de V. H. P., foit au moyen de converlions des Recepiflës des Deniers Anticipés, en Obligations, fous la garantie de L. N. & G P. Au commencement de ce Méonoire, nous avons pris la L berté de faire voir a V. H. P. que dans 1'intervaiie trés - remarquable de tems qui s'eft écoulé entre le jour d'aujourd'hui & le 3 Juin 1783 , lors. que nous de mandames a V. H. P. un'fecours de 14. Mil-  C 35S ) Millions en faveur de la Compagnie, nous n'avons re$u fur cette demande encore pas un Denier de V. H P. , ni même la moindre aflurance que nous pouvions attendre quelque chofe cette année de V. H. P. Cependant la Chambre 'Préfidiale a, dans fes Mé. moirés des n Juillet & 2! Aoüt paiTés, afin qu'il ne füt .rien oublié de la part des Directeurs, réitéré la demande de la Compagnie pour avoir un Secours de V. H. P.; la néceflité 1'a forcée a y ajouter cette trifte Déclaration , qui n'eft. hélas que trop vraie: „ Que le moment était prés oh les Directeurs' fe„ raient obligés d'interrompre le Commerce de 1'In„ de, d'abandonner les Pofléffions de la Compagnie „ a elles-mêmes, de laifler dans la difette de tout, „ les Vailfeaux du Pays qui s'y étaient rendus, de ,, fermer les Chantiers de la Compagnie & d'öter „ ainfi la fubfiftance è tant de Families d'Ouvriers „ qui étaient employés dans les Chantiers," Elle vous a afluré , Hauts & Puiffans Seigneurs, que tout cela arriverait, a moins que V. H. P, n'intervfnfierit en fa faveur, par un Secours effeétif & provifion«el d'au moins 12 Tonnes & en aflurant les Directeurs qu'on les aideroit encore cette année d'une Somme fuffifante pour continuer le Commerce La Chambre Préfidiale s'eft trouvée en outre obligée de faire obferver par fucroft a V. H. P., que quand on recevroit la portion que la Hollande doit fournir dans ces ia Tonnes, cela nalllfteroit pas beaucoup la Compagnie. Aftuellement il faut, Hauts & Pwffans Seigneurs, trancher Ie mot. Les Directeurs & les principaux Participans aiTermentés ne pourroient en répondre, foit devant la Patrie, foie en particulier devant le "Corps des Aftionnaires, dont les Propriétés ont été acquifes, il eft vrai, fou« Pinfluence fuprême de V. H. P., mais cependant par leurs propres Armes , fans aucuns frais pour la Répübdque; s'ils cachoient aV.H P que fi la Compagnie refte plus longtems privée des Secours de V. H.P.& que fi elle  C 359 ) ne recoit pas au moins huit Millions de florins, avant le i< du mois de Décembre- prochain , pas un feul des lépt Vaiffeaux qui font actuellement auprès de la Chambre Préfidiale & les deux qui font a équiper par ia Chambre de Zélande, ne pourra partir avec les Provifions d'Argent fihautement -néceffaires pour l'Inde • & la conféquence déplorable, Hauts &vPuisfans Seigneurs, (nous le difons encore avec frémisfementfen fera finalemcnt la perte des Établiffemens de la'Compagnie. V. H. P. faVent que ledépartdes mêmes Vaiffeaux ne peut'êrre retardé plus 'longtems que le 15 Décembre fait h raifon des Ordres de V. H. P. EHes-mêmes', foit pour prévemr le danger des glacés. _ Mais la Compagnie pourra-t-elle par les Inlcnptions qui lui feront faites du produit des Ventes , continuer fes Opérations & fes Payemens jufqu'au mois de Janvier tjgfö c'eft ce que nous n'ofons asfurer k V. H. P.; mais bien que fi la Compagnie ne recoit pas avant le 15 Janvier prochain, outre lé fe. cours provifionnel de huit Millions,de florins,encore une autre fomme-de quatre Millions les inconveniens que les Directeurs ont rédoutés- depuis fi longtems, & qu'ils ont préfagés plufieurs fois de la maniere la plus énergique k V. H. P., auront alors effeétivcment lieu; & ils ne pourront être refponfa. bles des conféquenees. Les Directeurs & les principaux Participans affermentés fupplient actuellement de la maniere la plus refpettueuie V. H. P. de leur faire favoir au plutót leur Décifion fur ce Mémoire. Et dans le cas 011 V. H. P. accorderaient lefdits Subfldes provifionnels, de maniere qu'ils foient répartis efftöivement a la Compagnie aux termes mentionnés (Article dont tout dépend) qu'alors V. H. P. aient la bonté de fournir aux Directeurs les infórmations néceffaires, k quelles époques V. H. P. pourront accorder un autre Secours de Deniers. En touc cas, qu'il foit permis aux Directeurs & aux principaux Participans affermentés de prier avec le  ( 360 ) plus profond refpect, mais en móme en prefTanr convenablement V. H. P,, comme üs ontl'CneS de le faire par celies-ci, qu'il foit déclaré , qu'a. prés cet ample Mé noire qu'ils portent pour la der. niere fois dans Ie fein de V H P., ils ont fatisfaït a ce quils devaient a la République en général & au Corps réuni des Participans en particulier afin que , quoiqu'il arrivé a la Compagnie, les Directeurs cc les principaux Participans M'ermentés puiffent toujours dire : nous avons fait k cet égard notre ?evo^;,-,En imP'orant ies Kénédiétions du Ciel fur les Délibératiuns & Décifions de V. H P ainfi que fur le,rs Perfonnes & léurs Families!'nous fommes avec le plus profond Refpeét, Ihuti £f Puifllms Seigneurs, •j D? Vos Hautes Puiffances, les très-humbles j, & tres obéifïans berviteurs, les Députés -Direc „ teurs & prinCKpaux Participans AiTermenté- des „ Chambres rcfpeétives de la Compagnie- Généra. „ le ; Octroyée des Pays. Bas-Unis dans 1'AlTern. „ blee des jjix- Scpt." (SigP.é) F. W. Boers. Ces Feuilles péflodiques paraiflent régulierem^nt tous les Luncus d Amfterdam, chez J. A Craienfchof a LT. ■ tem chf Walree; dLeide LuJc%Zn ÈaZl, & LesPrem Mürray ; & la Haye , chez J. wn c/Z Detune, van Drecbt &> Lal'euve Staatmal; a Gout' chez , an derKios; a Rotterdam, chez Bennet &Hake S? D. Vh \ a Dorarecbt, chez BizfcA a Deventer chez cZTvrSï * Grf">*T' CbeZ aNimegul, chez J. h. Palher , è Hambourg, chez J. G. Fircbaux & chez les principaux Libraires des Pay3-Bas.